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BIBLIOTHEQUE
ORIENTALE,
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DICTIONNAIRE UNIVERSEL
CONTENANT
Tout ce qui fait connoître les Peuples de l'Orient.
LEURS HISTOIRES et TRADITIONS tant FABULEUSES q.ue VÉRITABLES.
LEURS RELIGIONS et LEURS SECTES.
LEURS GOUVERNEMENS , POLITIQUE, LOIX, MOEURS, COUTUMES,
£T LES REVOLUTIONS de LEURS EMPIRES.
LES ARTS EX LES SCIENCES,
La Théologie , Médecine , Mythologie , Magie , Physique , Morale,
Mathematiqites , Histoire Naturelle, Chronologie, Géographie,
Observations Astronomiqites, Grammaire et Réthorique.
LES VIES DE LEURS SAINTS,
Philofophes, Dodieurs, Poëtes, Hiftoriens, Capitaines, & de tous ceux qui fe
font rendus illuftres par leur Vertu, leur Sçavoir ou leurs Aftions.
DES JUGEMENS CRITIQUES et des EXTRAITS de LEURS LIVRES,
Écrits en Arabe, Perfan ou Turc fur toutes fortes de Matières
& de Profeffions.
PAR
AF D'HERBELOX-
TOME SECOND.
F M.
A L A H A T Ey
Avx DEPEINS DE J. NEAULME & N. van DAALEN, Libraires.
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BIBLIOTHEQUE
ORIENTALE.
F A D H A I L.
#^C§)^ÉA D HA I L, les Vertus. C'eft le plurier de Fadhilah qui fignifîe
"^ "^ vertu, fur ce qu'il eft dit dans î'Alcoran au chapitre Nahal,
Qii.e Dieu a étendu les mers fur la tirre , çj' a àomié rinvention
_-, _^ .--^. _ aux hommes de bdiir des vaiffeanx pour les traverfer , afin au' ils le
%i^C^# remercient. J ^ J ^
•L'Auteur du Kabchf Afrdr dit qu'il y a deux fens renfermez dans ces paro-
1er, Le premier qui eft littéral cil, qu'eifeclivcraent il y a des mers fur la
terre, & des vaifleaux fur les mers, & que Dieu prétend que les hommes
lui rendent des aftions de grâces , pour leur avoir procuré les grands avanta-
ges qu'ils tirent d'un élément fi 'fier, & li dangereux, par le moyen de la
navigation & de la pefche . v . '
Mais il y a un fens myftiqye" dans ce ipafTagc qui cil beaucoup plus relevé,
à Içavoir qu'il y a dans l'horahiq plufieurs mers, qui font celle des foins,
& des occupations de la vie , ce;lle aes affligions & des peines , celle de la
convoitife & des paflions , celle de l'ignorance & de l'oubli , & enfin celle de
la diiïipation fur la multiplicité & variété des objets , & Dieu a préparé
auflî à l'horame des vailfeaux pour voguer fur ces mers qui font fort orageufcs.
Ces vaifleaux font les cinq vertus dans lefquellcs confifte toute la vie
fpirituelle, à fçavoir, Taouvakklil, Ridha, Candat , Dhekr ^ & Taiihid.
Celuy qui monte fur le vailleau de la première qui efl la confiance en la
Providence , -traverfc heureufement la mer des foins de la vie prefente , &
le met en repos.
Celuy qui s'embarque fuF le vailTcau de la féconde, qui ell la conformité
à la volonté de Dieu , fe fauve de la mer des afflictions , au rivage de la joye.
Celuy qui prend place dans le vaifll-au de l'abnégation & du retranchement
qui ell la troifième vertu , pafl^e la mer de la convoitife , & demeure en
fureté fur les bords, dans l'exercice d'une vie aullere, & pénitente.
Celuy qui fe fcrt du vaifieau de la prière , quatrième vertu, quitte bien-
TOME II. A tôt
a F A D H A I L. F A D H E L.
tôt la mer tencbreure de l'ignorance, & arrive eg peu de tems à Ta terre
des luniicrcs.
Enfin ccluy qui s'embarque dans h contemplation de l'unité de Dieu, qui ..
eft la cinquième , après avoir vogué long-tems fur l'océan de la multiplicité
des êtres , arrive au port de cette union , qui raircmblant tous les objets
differcns, n'en fait plus qu'un.
En effet la vérité eft que l'anité ne fe trouve proprement que dans ce
qui eft neccffairc & éternel, & que l'alfemblage , ou compofition de pluficurs
chofcs , ne fe rencontre que dans ce qui eft contingent & palfager.
De-là vient que C2ux qui fe regardent eux-mêm2s, & qui vivent encore à
eux-mêmes , font toujours dans le danger de fe perdre par la multiplicité des
objets: au lieu que ceux qui fe font entièrement dépoiiillez d'eux-mêmes, fe
trouvent dans l'unité qui eft un état d'affeurance. Paffez la plume , & effacez
hardiment tout ce qui eft couché fur le compte de vôtre être , & de vôtre
propre fonds: Marchez courageufement , & prenez le chemin royal de l'ab-
négation & de l'aneantiffem.ent : car à force de battre ce chemin dans lequel
on ne voit encore rien , on arrive enfin à cette retraite facrée où on ne
voit plus que Dieu feul. Voyez fur cecy Kafchefi dans fon Commentaire Per^
fien, page 488.
Il y a dans l'Anvar Sohaili une defcription très-belle de la vertu , où il dit
qu'il eft vray que la vertu fe trouve entre deux extremitez vicieufes: mais
qu'entre les degrez de vertu qui font dans ce milieu, il y a autant de diffé-
rence , qu'il en paroît entre le Soleil , & l'étoile appcllée Soha , qui eft la
plus obfcure de la conftellation de la grande Ourfe.
La fentence la plus approuvée par les Phiiofophes Moraux, que rien d'ex-
ceffif n'eft bon, eft ainfi exprimée par les Arabes, Khair al euir aoufathha. Le
meilleur d'une chofe eft fon milieu, c'eft-à-dire ,Ja médiocrité.
Les Orientaux difent auffi commmiément que l'homme vertueux n'eft étran-
ger en aucun pays ; que la vertu eft femblable au mufc , lequel quoyque
caché, ne laiffc pas de fe faire fentir , & au Soleil dont les rayons ne re-
çoivent point d'atteinte , ni de l'obfcurité dss nuages , ni de la fange d'un
bourbier.
FADHAÎL Mefr, les excellences, & les prerogati\^s de l'Egypte, Titre
d'un livre compofé par Ebn Amrou Alkendi, que Soiouthi cite dans h pré-
face de fon hilloire d'Egypte.
FADHAIL Schahar Ramadhan , les prérogatives du mois de Ramadhan,
Ouvrage compofé par Abou fbrour Sadiki , où il eft traité d'abord du jeûne
qui s'obferve par les Mufulmans pendant ce mois , après quoy l'on trouve
quarante Hadith, c'cft-à-dire, Hiftoires ou Traditions qui concernent le même
fujet. Ce livre eft dans la Bibhotheque du Roy, n'. 669.
FADHEL Ben lahia, étoit de la famille des Barmecidcs, & devint puif-
faht auprès du Khalife Haroun Al Rafchid, auffi-bien que lahia fon pcre , &
tous fcs autres frères. Entre plufieurs caufes de la difgrace de cette famille,
il eft conftant qu'une des principales fut que Fadhel ayant obligé lahia de la
Maifon de Halfan, fils d'Ali , qui avoit été acclamé Khalife dans le pays de
Giorgian & de Dilem, de venir à la Cour du Khalife, & di fe foûmcttrc à
^ ' luij
F A D H E L. j
Kji : Haroun reçut d'abord fort bien lahia ; mais confidorasit qu'il c'toit fou
compétiteur au Khalifat , & que la prétention à cette dignité fubfiftoit tou-
jours dans la Maifon d'Ali contre le droit des Abbafîidcs, il rcfolut de le
ifaire mourir , & donna le foin de cette exécution à fon favori Giafar , frère
de FadheL
Jahia ayant appris la refolution du Khalife , dit un jour à Giafar: Crains
Dieu, & ne fois pas du nombre de ceux qui auront au jour du jugement le
Prophète pour ennemi, à caufe qu'ils auront trempé leurs mains dans le fang
innocent de fes dcfccndans; car tu fçais fort bien que je n'ay rien fîiit qui
mérite la mort, & que je fuis venu ici fur la parole du Khalife, & fur celle
de Fadhel ton frère.
Giafar fut touché de ces paroles , & bien loin de faire mourir Jahia , il lui
Et toutes fortes de careiTes. L'on dit que Haroun averti de tout ce qui fe
paflbit , en conçut un fi grand dépit , qu'il dit ces paroles : Dieu puijfe niotcr
La vie, fi je ne te prive de la tienne.
Giafar ayant été mis à mort par Tordre du Khalife , Fadhel & Ces autres
frères furent enfermez dans une étroite prifon où ils finirent miferablement
leurs jours, auffi-bien qu'Iahia Ben Khalcd leur père, duquel il faut voir le titre.
Ben Schohnah a remarqué que Fadhel étoit frerc de lait de Haroun Al
Rafchid; car Khaizuràn mcre de ce Khalife lui a\'oit donné la mammelle.
L'Auteur du Nighiariftiin rapporte que Fadhel étoit également fupcrbe &
libéral. Un de fes amis les plus familiers lui demandant un jour la caufe de
cette fierté, dont il accompagnoit toujours fa magnificence, il lui répondit:
J'ay pris ces deux qualitcz d'Amarah Bpn Hamzah , lequel les pofTedoit toutes
deux en un haut degré, je les admirai, & comme elles firent une forte im-
preffion fur mon efprit , je l'ay imité , & l'habitude a produit en moy l'efFet
d'une féconde nature.
Une des principales aéhions d'Amarah , pourfuivit Fadhel , & qui m'cil le
plus demeurée dans l'efprit, efl celle-cy: Mon père lahia ayant dans le pre-
mier état de fa fortune , un gouvernement , le Vizir qui n'étoit pas de les amis ,
voulut qu'il envoyât au trelbr Royal les deniers de fa Province , avant qu'ils
eufil'nt pu être recueillis: mon père ayant fait un eflx)rt, & cherché dans U
bourfe de tous fes amis, ne put jamais faire la fomme que l'on lui deman-
doit , à beaucoup près.
Dans cette extrémité où il s'agifToit de fa fortune , il fongea qu'il n'y avoit
qu'Amarah qui pût le fecourir; quoyque ni luy, ni moy, nous ne fuflions
pas trop avant dans fes bonnes grâces. Cependant la neceflité obligea mon
père de m'envoyer lui rcprefenter le befoin d'argent dans lequel il fe trouvoit
dans une occafion fi preffante. Je me tranfportai donc chez Amarah que je
trouvai affis fur une eflrade élevée, & appuyé fur quatre couflins: je le fa-
luay d'embas fans qu'il ouvrît la bouche pour me dire un feul mot , & bien
loin de me faire aucune civilité, il. tourna le vifage vers la muraille, & k
peine me regarda-t-il.
Je lui fis cependant les complimens de mon père , & lui reprcfentai de fa
part ce qu'il m'avoit ordonné. Il me laiifa debout fort long - tcms fans ré-
ponfe, puis me dit feulement: Je verrai. Après cette réponlè je me retirai
fans efperance de rien obtenir , & je n'ofai pas même retourner fi-tôt chez
mon père, n'ayant qu'une mauvaife réponfe k lui porter. Cependant ayant
A i quelque
4 ' F A D H E L,
quelque tems après pris le chemin du logis , & trouvé des mulets chargez
à la porte , je fus fort furpris d'apprendre que c'étoit l'argent qu'Amarah
avoit envoyé.
Pour finir l'hiflroire , mon père ayant reçu peu après l'argent de la Pro-
vince, le fit porter chez Amarah, & m'envoya pour lui fau-e de grands re-
m-rciemens de fa part; mais luy ayant appris ce que c'étoit, il me dit comme
en colère :^Suis -je le banquier de vôtre pereV Emportez-moi cet argent hors
de chez moy, & Dieu vous condùife.
Mondir Ben Mogheirah raconte qu'étant tombé dans une très-grande mrfere ,
il quitta Damas fon pays , & vint à Bagdet avec {es enfans , du tems que
Fadhcl le Barmccide ét'oit en faveur auprès du Khalife Haroun. Lorfqu'il'
fut arrivé fur la grande place du marché, il mit fes enfans à la porte de la
grande Mofquée, & fut chercher fortune. Il vit d'abord beaucoup de gens
de qualité qui paroiflbient s'afiembler pour aller à quoique feftin : comme la:
faim le prciToit, il prit la refolution de les fuivre , & entra avec eux dans
un Palais magnifique , où d'abord la porte ayant été ouverte y on les fit pafiTer
tous jufques dans la fiillc, du fellin.
Chacun, dit-il lui-m.ême, s'étant mis à table, je pris auffî ma place, & ayant"
demande à celui qui étoit aflis auprès de moy, le nom du maître du logis,,
il me dit que c'étoit Fadhel. Quoy qu'à ces paroles je me fifi^e connoître
pour étranger , on ne laifla pas d^ me fouffrir avec les autres , & de me.
prefenter une affîctte d'or comme l'on faifoit à tous les conviez, & après le
repas deux fachcts de parfums, lefquels on cmportoit chez foy avec l'affiette.
Enfin la compagnie fe feparant, je prenois le chemin de la porte, lorfqu'un-
valet de la maifon m^arrêta: alors je crus que l'on me vouloit faire rendre
ce que j'emportois ; mais il me fut dit feulement que Fadhel me vouloit parler.
Je me prefentai donc devant lui, & il me dit d'abord qu'il m'avoit reconnu
pour étranger parmi les autres , & que fa curiofité _ l'avoit porté à apprendre
de moy quelle avanture m'avoit conduit en fa maifon. Je lui fis donc urr
détail de tout ce qui m'etoit arrivé : mais lui non content de ce récit , voulut
s'enquérir de toute ma vie palTée ; & Thiftoire de mes mifercs le toucha
fi fort, qu'il me pria dé demeurer le reftc de la journée en converfition.
avec lui.
Comm^o la nuit s'approchoit , je lui demandai congé d'aller apprendre des
nouvelles de mes enfans ; il me demanda où je les avois laifTez , & lui ayant
dit qu'ils étoient à la porte de la Mofquée : Hé bien, dit-il, il n'y a rien à
craindre pour eux , ils font en la garde de Dieu , & appellant incontinent
un de fcs domeftiques auquel il dit un mot à l'oreille , il continua fon dif-
cours , & voulut que je demeurafle chez lui jufqu'au lendemain , qu'il me don-
na un homme pour me conduire à In, Mofquée:. mais cet homme, au lieu de
prendre ce chemin-là, me mena dans une belle maifon fort proprement meu-
blée, où je trouvai mes enfans qui me dirent y avoir été conduits dès le
jour précèdent. Nighiariftan
Un Poëte célèbre nommé Mohammed Demefchki raconte qu'étant un jour
en converfation chez Fadhel dans le tems que l'on lui recitoit plufieurs vers
qui avoient été faits fur la naifilmce de fon fils , & tous ces Ouvrages ne lui
plaifu..it pas, il me demanda fi je ne compoferois pas bijn quelque chofe fur
i©
F A D H E L7 5
Te même fiijet. Je le fis pou" lui obcïr, & ma compofition lui plut de telle
forte, qu'il me fit donner dix mil ccus pour recompcnfe.
Sa diigrace étant arrivée dans la fuite des tems, je me trouvai un jour dans
ie bain, où le maître me donna un garçon affez bien-fiut- pour me iervir: je
ne fçaj' par quelle fantaifie alors les vers que j'avois faits fur la nailfance du
fils de Fadhel , me vinrent en Tefprit , & je les chantois, lorfque tout d'uo
coup le garçon qui me fervoit, tomba de fon haut, puis s'étant relevé , me
quitta aalîi-tôt.
Je me trouvai- fort furpris de cette avanture, & étant forti du bain, je me
plai^qnis au maître de ce qu'il m'avoit donné pour me fcrvir , un homme qui
tomboit du haut mal. Le maître me jura qu'il ne. s'en étoit jamais appcrçu ,
& fit venir ce garçon en ma prefence , lequel me demanda d'abord qui étoit
l'Auteur des vers que j'avois recités. Je luy répondis qu'ils étoient de moy.
Pour qui les avez vous compofés , me rcpliqua-t-il: & moy lui ayant répondu »
pour le fils de Fadhel, il me demanda fi je fçavois où il étoit alors ce fils de
Fauhel ? Non , lui d'-"-je ; & auffi-tôt il me déclara que c'étoit lui-même qui
me parloit, & que m'ayant ouy reciter mes vers, l'état de fa fortune paflee
lui étant venu dans l'efprit , & la trifteflTe lui ayant faifi le cœur , il étoit
tombé accablé de douleur.
Après que j'eus entendu des chofes fi furprcnantes , touché de compaflion
pour le fils d'une perfonne à laquelle j'avois l'obligation entière de ma for-
tune, je lui dis: Vous voyez que je fuis déjà vieil, je n'ay point d'héritiers,
venez avec moy devant le Cadhi ; car je veux dès maintenant vous pafler
une donation de tout mon bien après ma mort. Ce jeune homme me répon-
dit la larme à l'œil: A Dieu ne plaife que je reprenne ce que mon pcre vous
a donné, & quelque inflancc que je lui fis, d'agréer de ma part quek]ue rc-
connoiffiuice des biens que j'avois reçus de fa Maifon , il ne fut jamais en
mon pouvoir de lui faire accepter la moindre chofc.
. FADHEL Ben Rabia, Vizir du Khalife Amin , fur lequel il avoit tout
pouvoir. Pendant le règne de ce Prince il avoit fort mécontenté Mamon
ion frère qui lui fucceda dans le Khahfat ; cela fut caufe qu'après la mort de
Ibn maître, il fut obligé de fe cacher dans Bagdet; quand Mamon y fit fon
entrée, parce qu'on le cherchoit pour le faire mourir. Schahck fut chargé
de cette exécution : mais il falloit le trouver. Schahek cependant fit tant de
diligences , qu'il l'eut entre fes mains , & le conduifit devant le Khahfe jMamon
qui lui pardonna. Ce Prince étant depuis entré en converfation avec luy,
voulut fçavoir comment il s'étoit fi bien caché, & de quelle manicre il avoit-
été découvert.
Fadhel commençant le récit de fon hiftoire, lui dit: M'étant laflc un jour
de demeurer en un même lieu, je rcfolus d'en c'aanger, & ayant pris un far-
deau fur mes épaules, afin que l'on me prît pour un porte -faix, je rencon-
tray fur mon chemin deux hommes l'un à pied, & l'autre à cheval , le piéton
m'ayant reconnu, en avertit le Cavalier. Àufïï-tôt que je me vis découvert,
fans perdre tems je pris le fardeau dont je m'étois chargé , & le jettai fi à
propos à la tête du cheval de ce Cavalier, qu'il en prit l'épouvante, & jetta
fon homme par terre. Je pris en même tems la fuite de toute ma force, &
rencontrant une vieille femme fur le pas de fa portp , je la priay de me
cacher chez ellc>
A3 I^
La V
pas beaucoup
F A D H E L.
vieille m'accorda cette grâce , & me mit dans foii grenier qui n'ëtoit
aucoup élevé, oïi à peine mï'tois-jc caché, quand un moment après ,
ce môme Ctu-alier qui m'avoic fuit prendre la faite , lui demanda de mes
nouvelles. Je mourois de peur entendant ce difcoufs , & un eternucmcnt
qui me prit alors alloit achever de me perd.-e , û la vieille n eut pris fom
de moi: car le Cavalier entendant ce bruit, lui demanda qui ctoit en haut?
Elle lui répondit froidement que c'étoit fou neveu, nouvellement arrive d un
voyage , dans lequel il avoit été détrouilé par des voleurs , & qui n oloit
paroîtrc à caufe de fa nudité. i , • » r •.
Le Cavalier lui dit, en lui prefentant fon manteau, portez-le lui, & faites-
le defccndre , afin que je le voye. La vieille ne perdit point pour cela con-
tenance, & lui répliqua au(îi-tôt: Il meurt de faim, prenez de grâce cet an-
neau, & allez au marché lui achepter quelque chofe, afin qu'il puilfe manger,
& \'0us entretenir. Le Cavalier prenant la bague , s'en va au marché , &
dans cet entre-tcms la vieille monte en haut , & me demande fi j'étois celui
que l'on cherchoit , & lui ayant avoué que j'étois celuj-là même , elle me
confeilla de prendre le tems de me fouver.
Te Ibrtis de mon grenier tout étourdi , & . fort troublé , ne fçachant où
i'allois, jufqu'à ce qu'étant arrivé à laj porte d'une grande maifon, je m'affis
"à la porte pour y prendre quelque repos; mais je fus bien-tôt reveillé par
le bruit des chev\aux , & un moment après je vis arriver Schahek , celuy-là
jullemcnt qui a\'oit ordre de me chercher de la part du Khalife , & c'étoit
"fa maifon dans laquelle je me trouvois fans y penfer.
Auni-côt que Schahek eût jette les yeux fur moy, faifi d'un grand étonne-
mcnt, m'aborda avec ce Diftique Perfien: Je cherche par tout un ami ou décou-
yert, ou caché , en quelque lieu des deux mondes qu'il fe trouve. Et me dit: Q Fadhel,
que faites-vous icy? Je lui répondis que je venois implorer fa proteélion , &
me mettre fous fa fauvcgarde.
Schahek entendant ces paroles, me fit beaucoup decivilitez, me mena dans
fon appartement, où il m'interrogea fur tous mes accidens pafTez , & me fit
préparer à manger. Quand l'on fut preil de fe mettre à table , je lui dis:
Avec quelle efpcrance , A Schahek, puis-je manger avec vous? Il me répon-
dit : Avec toute la confiance que Fadhel doit prendre en la gencrofité de
Schahek : en effet il me tint trois jours chez lui , pendant lefqucls je reçus
de lui mille honêtctez. Après ce tcms-là, il me dit en me congédiant: Il eft
«n vôtre choix d'aller oi!i il vous plaira fans aucune crainte.
Je fortis donc de fa maifon , pour me retirer chez un Marchand qui m'avoit
beaucoup d'obligations , à caufe des fervices que je lui avois rendus pendant
Suc j'étois en fortune : il m'accueillit fort bien en apparence , mais il alla
onner au!Îî-tôt avis à la Cour que j'étois chez luy , où Schahek étant venu
de vôtre part, Seigneur, il m'a conduit en vôtre prefencc. Almamon ayant
ouy cette hiftuirc envoya une fomme confiderable d'argent à la vieille & après
avoir fuit une grande réprimande au Marchand, le bannit hors de la ville.
Alirkhond.
FADHEL Pen Sahal, Vizir & premier Minifcrc du Khalife Almamon fep-
tième des Abb-ifTidci;, qui lui avoit donné le titre & le furnom de Dliùlrialfa-
Etdin , c'cll-à-dù-e , de policlfeur des deux commandcmcns, à caufe qu'il lui
uvoit
F A D H E L. 2
avoit conféré dans une feule charge toute l'autorité attachée à l'épée , & à
la robe.
Ce fut lui qui confeilla à fon iVîaître de choifir un fucceffeur dans la JMaù
fon d'Ali, à caufe que ceux de cette race levoient la tète de tous côtcz, fe
faifoient fuivre par les peuples , & que l'on ne pouvoit mieux les appaifer
qu'en mettant le Khaliftt dans leur Maifon,- & leur ôtant ainfi l'unique fujec
de leur révolte. Ce confcil qui fut fuivi par Mamon coûta la vie à fon au-
teur: car les Abbaflîdes ne pouvant fouffrir cette tranflation duKhalifat, de
leur Maifon, dans une autre, entreprirent de le faire aflalîiner.
Fadhel qui étoit grand Ailrologue avoit appris par fon horofcope qu'un cer-
tain jour lui ctoit fatal, & qu'il dcvoit mourir entre le feu & l'eau; il avoit
pris toutJS fes précautions pour éviter ce funefte fort, & il étoit chez lui dans
le bain, lorfque quatre perfonnes apportées entrèrent chez lui, & le tuèrent
dans le même lieu , ce qui vérifia û prédiction Aflrologique. Ce funefte acci-
dent lui arriva l'an de l'Hegire 202 , & l'Imam Riza qu'il avoit fait élire fuc-
ceffeur du Khalife, mourut l'année fuivante. Khondemir.
Ce Vizir avoit donné au Khalife Almamon plufîcurs témoignages non feule-
ment de fa fidélité, mais encore de fon habileté dans la fcience Aitronomiquc,
& dans la Geomance; & le Khalife raconta lui-même l'hiftoire fuivante à ion
Médecin , nommé Gabriel Bachtilbuah , Chrétien de Religion , qui la rapporte.
Lorfque j'étois encore, dit le Khahfe , dans le pays de KhorafTan, je me
trouvai obligé d'envoyer Tliaher pour combattre Ma Ben Ali, 'Général d'armée
de mon frère Amin qui polFcdoit alors le Khalifat, je vuidai entièrement mes
coffres pour payer mon armée. Les troupes qui étoient reftées auprès de mov ,
me prefTerent auffi de leur côté pour le payement de leur folde ; mais comme
je me trouvois épuifé d'argent, & dans l'impoflibilité de les fatisfaire, elles fe
mutinèrent & xinrent afïïeger mon Palais dans la ville de Merou , oii je fai-
fûis pour lors mon fejour.
Fadhel mon Vizir qui étoit grand Aflrologue , me voyant dans cette per-
perplexité , me dit qu'il étoit d'avis que je montafîe au plus haut de mon Pa-
lais, & que je miffe la tête à un balcon qui regardoit la campagne: Je lui
demandai fi cela appaiferoit la mutinerie de mes troupes, & fi faifant ce qu'il
me difoit, j'aurois de quoy les payer. Il me répliqua: Je croy que fi vous
y montez, vous n'en defcendrez point qu'avec la qualité de Khalife.
j[e pris ce qu'il me difoit pour une raillerie, & néanmoins pour lui com-
plaire, je ne laiirù pas d'y monter: cependant mes foldats devcnoient toujours
plus féditieux , & je roulus plufieurs fois defcendre pour tâcher en me mêlant
parmi eux , de les appaifer par mes paroles ; mais Fadhel s'y oppofoit toujours ,
& obfervoit pendant ce tems-là avec fes inftrumens fort cxaéleraent tous les
points & tous les momens du cours des aftres.
Enfin l'infolence de mes troupes croiffant de plui; en plus , arriva jufqu'à
menacer qu'ils mcttroient le feu au Palais, fi on ne les contentoit ; & j'étoii;
refolu de defcendre, lorfque Fadhel m'aifùra avec ferment qu'il >ne fe paileroit
pas plus d'une heure avant que je fuffe déclaré Khalife. Sur cette alfurancc
je demeuray encore une heure dans ce même lieu, & à peine fut-elle écou-
lée , que Fadhel me demanda , fi je ne voyois point dans la campagne un
homme qui couroit à toute bride.
Je fis alors regarder par un de mes efclaves , qui me dit feulement voir quel-
que
g F A D II E L. F A D H E L I.
que cliofe de' noir que Ton ne pom^oit pas aflez diflinguer, à caufe de l'éloi-
gncmcnt ; mais peu après il s'apperçut que c'étoit effectivement un Courrier
cui vcnoit en grande, diliscnc.e, jnonté fur un de ces animaux que les Arabes
appellent Giammazcli (c'eii un Dromadaire). Cette nouvelle ne fut pas plutôt
fçuë, qu'une partie .des foldats mutinez partit pour aller au-devant du Courrier,
& pour apprendre ce qu'il, portoit.-
Ce Courrier étoit celui que Thaher avoit dépêché pour me faire fçavoir
la viftoire complète qu'il venoit de remporter fur le Général du Khalife Amin
mon frère, & cette nouveUe changea tellement la face de mes affaires, que
la mutinerie de mes foldats fc tournant tout d'un coup en rejoiiiffances , ils
me proclamèrent aufli-tôt Khalife, Toute la Province .du Khoraffan fuivit leui*
exemple, & réfuta entièrement fon obeïlîance à mon frère. Ainfi la prédic-
tion de Fadhel fe trouva vérifiée de point en point par cet événement mer-
veilleux, Tar'ikh al Abbas.
- Le Khalife Almamon ayant appris la mort de Fadhel , que quelques-uns
cependant difent lui avoir été donnée par fes ordres, fit dire ' à *fli mère, quj
s'il y avoit quelque choie parmi les papiei-s de fon fils qui regardât fa per-
fonne , ou fes affaires , elle le lui envoyât. Cette Dame ayant trouvé une
layette fermée, & cachcttée par deffus, la porta à Mamon, qui la fit ouvrir
incontinent: mais on n'y trouva autre chofe qu'un papier de foy^, fur lequel
étoient écrits ces mots : Voici ce que Fadhel a jugé par l'infpeâtion des aflires
lui devoir arriver. Il vivra quarante-huit ans, puis fera tué entre le feu c^i
l'eau. En effet il arriva, comme nous avons déjà vu, qu'en l'an 202, qu'il
crai^noit le plus , il entra dans le bain, en la ville de Serkés , pour éviter
la (fireclion fatale de ce jour auquel tous les hommes font trompez; car ft
c'cfi; le deft:in , ou l'arreft du ciel, il n'arrivera jamais d'autre manière qua
de celle qui eft prefcrite : mais les affaffms qui le cherchoient , le furprirenC
dans le même lieu où il croyoit trouver fa fureté entre le feu & l'eau du
bain. Chacun pour lors plaignit fon malheur , & admira fa fcience. Nighiarijian.
Nous avons un livre d'Allrologic Judiciaire compofé par le Vizir fadhel Ben
Sahal, auquel il a donné le titre d'Ekhtiarat, c'efl:-à-dire , des Eleftions & des
jugemens qui fe forment fur l'horofcopc.
L'on peut voir dans le titre de Thaher l'horofcopc que Fadhel dreffa pour ce
grand Capitaine, & CQ qu'il prédit fur la durée de la dynafiiic des Thahericns,
FADHEL Ren Ibrahim, furnommé Al Moaferi, étoit Imam & Khathib,
c'efl;-à-dire , Chef fpiritucl & Prédicateur de la Mofquée de Grenade en Efpagnc.
Ployez le titre de Moaferi.
FADHEL Ben Zacaria. C'efi: Mohammed Al Cazuini, Auteur des vies des
hommes illufi:res en pieté, f^oyez Cazuini.
FADHEL Esfaraini. Voyez Aboulabbas.
FADHEL Schah Hoffain, Auteur d'uu commentaire fur le Livre intitulé
Jdab al Samarcandi. Voyez ce titre.
' FADHELI, Poëtc Perficn , lequel étant fort Mo. de vifa^e , donna lieu
à Souzeni, duquel il cenfuroit les vers, de lui faire une réponfe ingenieufcî
& piquante Voyez Sowzcm. -pAnwr
F A D H L. — FAIS. p
FADHL Al Khoddâm, Livre comporé à la louange des Efclaves Eunuques,
par Aboulabbas Ahmed Al Tanoukhi Al Cothri.
FADHL ALLA H, furnom-né Bafchtmi, pcre d'x\bdalrazzâk , premier Prin-
ce, & Fondateur de la Dyna^lie des Sarbedariens.
FAEL Iffuf Rabban, nom d'un grand Philofophe, & Médecin qui vivoit
du tems de Giamfchid , Roy de la première dynaftie de Perfe , qui eft le pre-
mier Eicander, lurnommé Dhulcarnein des Arabes.
FAGFOUR, Titre & furnom dos Roys de la Chine, que les Hiftoriens
de Perfe difent avoir été donné" par Feridoun , Roj^ de la première dynaftie de
Perfe, à fon fils nommé Tour, lorfqu'il lui abandonna le gouvernement des
pays du Turkeftan & de la Chine.
C'eft de ce nom que les Porcelaines de la Chine , font appellées Fagfouri
dans tout le Levant, & fouvent par corruption Farfouri.
FAGIOULI, fils de Toumenah Khan, frère de CoublaKhan, & de Kil-
khan. Empereurs des anciens Mogols. Il fut auflî oncle de Bortan Bahadur ou
Behadir , duquel il commanda les armées , & laiifa un fils nommé Jardumgi
Perlas qui lui fucceda dans la même charge.
Bortan Bahadur fut Tayeul dj Genhizkhan , & d'Iardumji eft iffuë la Tribu
des Mogols nommée de fon nom. Perlas, de laquelle étoit Tamcrian. l^oyiz
Coubla Khan , âf Toumenah Khan.
FAHAD. H:ifedli Ben Fahad, Autcui- d'un Livre intitulé Dorrar al fmniah
u giauvahcr al hahiah , qui eft un traité des loix du Mahometifme compofé
l'an 855 de l'Hegire. Il eft dans la Bibliothèque du Roy n°, 671.
FAHFAH, Nom d'un des fleuves que les Mufulmans mettent dans leur
Paradis.
FAHOVATU Alnaderat, les chofes curieufcs & rares. Ouvrage du célè-
bre Dofteur Afmâi , cité par l'Auteur des Rakaik alholal.
F AID, Nom d'un lieu en la Province d'Arabie, que l'on nomme Neged
& Hegiâz. On pafle par ce lieu-là, quand on va de Coufah à la Mecque.
FAIEZ Benafrillah , fils de Dhafer, Khalife d'Egypte , qui fucceda à fon
père à l'âge de cinq ans, l'an de l'Hegire 549, de J, C. 1154. Le Vizir le
porta fur fes épaules, & le plaça fur le trône.'
FAIK Fi logat al hadith , Livre de Zamakhfchari fur les traditions Mu-
fulmanes.
FAIOUM. Voyez Fioum, ville d'Egypte.
FAIS ou F AI A S. Ebn Fais Al Mocadeffi eft Auteur du Livre intitulé
Anfâb Al Mohadethin. Les Généalogies des Auteurs des Traditions.
Tome IL B FAISSAL,
f^r
îo F A I s s A L. FAKHR.
F A ISS AL) Livre de Généalogies, compofé par Abou^magd Ifmaël Ben
Hebatallah Al Moairali. Il ell foùvent cité dans les Anlab ou Généalogies
d'Abulfeda.
FAKARL Voyez le titre d'Abou Dher.
F AK EH AT Al Kholafa u Mofakehat al dhorafa, Titre .d'un Livre d'Apo-
logues , & de fables , divifé en dix chapitres , & compolé par Ahmed Ben Arab-
fchah. Ileil dans la Bibliothèque du Roy n . 1221.
FAKEHI, Surnom de Tagcddin Omar Ben Ali, mort l'an 731 de l'He-
gire , qui a compofé un Ouvrage de grammaire Arabique intitulé Kjcharat
fil iialiou.
FAKHERL Voyez le titre d'Abcar al afcâr.
FAKHOR ou Nakhor, Nom du père de fainte-Anne, mcre de la fainte
Vierge Marie: nous l'appelions ordinairement faint-Joachim.
FAKHR Al daoubt , ou Fakhr eddoulat , S Itan de la race on dynaflie
des Bouides , étoit le troifièmj fils de Rokneddoulat , fils de Bouiah. Il fut
chaiTé de fes Etats de Rei , à. de Hamadan par fes deux aînez nomm^^z Muiad
eddou'at, & Adiiad-edJouIat , & fut obligé de fe retirer auprès de v^abous, fils
de Vafchmeghir Roy du Tabarellan, & du Giorginn, Provinces qui compren-
nent rancienne Hyrcanic : imis il ne s'y trouva pas en fureté , car Muiad-
eddoulat entrant dans le Giorgian avec une puifiante armée, ces deux Princes
avec toutes leurs forces jointes enfcmble , ne pouvant fe mettre en état de
lui refifter , furent contraints de s'enfiiir à Nifchabour, ville du KhorafTan,
où Timurtafche, qui. gouvernoit cette Province au nom de Nouh, Sultan, de
la dynaitie des Sam?nides, leur donna un azyle afieuré.
Fakhr-eddoulat étoit encore à Nifchabour, lors qu'il apprit la mort de fon
frère Mouiad: mais cette mort ne Fauroit jamais fait rentrer dans fes Etats,
fi Sahjb Kafi, dit communcmcnt Ebn Ebad, qui avoit été Vizir de Mouiad,
ne l'eut fait rappelîer. Ce Vizir, fort célèbre dans l'hiftoire pour fon grand
mérite , ayant alf^mblé 1^ confeil auffi-tôt après la mort de fon maître , il y
fut propofé quel des Princes de la Maifon des Bouias il étoit plus à propos
d'appeller à la fucceilion de la Coui-onne de Mouiad, & qui paroifibit être le
plus digne de la porter.
Le Vizir dont l'autorité étoit grande, fut d'avis qu'il falloit jetter les yeux
fur Fakhr-eddouht , Prince eftimé pour lors le plus capable de ^ toute cette
famille; & fon i':ntiment ayant été approuvé de tous, l'on dépêcha auflî-tôt
an Courrier, peur lui en porter la nouvelle. Fakhredoulat ne l'eut pas plutôt
reçue, qu'il fe tranfporta en diligence à Ifpahan , où il prit poffeiTion du Ro-
yaume de Perle. Il confirma d abord Sahcb, fils d'Ebâd , dans la charge qu'il
avoit poilcdée avec tant de; re::aitation fous le règne précédent, & en l'an 377,
de J. C. 987, il lenA^oya en Thabarcfi:an pour y régler les afi^ires de ce nou-.
velEtat: S^h-b y en trouva de fort épincufes ; car il fallut chafier plufieurs
petits Seigneurs des châteaux qu'ils avoient accupez en ces quartiers-là.
Dans cette niême année , Fakhr -eddou'at entreprit de chalTer de^Bagdet le
Sa.tan B.dia-edûoulat qui y coxiiniandoit, fous le nom du Klialife Taîlillah. Ba-
ha-
F A K H R. II
ha-eddoulat, qui écojt fils d'Adhad-edJoulat, & par confcquent neveu de Fakhr-
cddoulat , n'eut pas plutôt apjAs que fon oncle venoit à main armic contra
luy, qu'il prit la réfbiution dj J'aîler recevoir: les deux armées le ti-ouveicnt
campées dins la province d Aliovdz, qui appartient à la Chr.ldée , où il arriva
qu'une nuit le Tigre débordiint infcnfiblement , gagna jufqu'iia carap de Fakhr-
eddoulat. Les foldats épouvantez par cet accident , crurent que leurs ennemis
avoient, par quelque llratagcrne, fait remontrer la rivière jufqu'à leur ca.np pour
les furprendre , & fans f.àre d'autre relicxion , prirent honteusement la fûiie,
& abandonnèrent leur Prince. Ce milheur lit manquer à Fakhr-ed.ioulat fon ea-
treprife , & l'obligea de faire ia retraite dii côté des villes de Rei \Sc de tia-
madan. • .
L'an 3S5 de l'Hegire , le Vizir Saheb Ben Ebud tomba malade de fa derniè-
re maladie , le Sultan Tallu viliter en perfonne , & voulut recevoir de la bou-
che les derniers avis, qu'il lai donna avant fa mort. Ce iage Miniilre dit à !bn
Prince : Seigneur, vous voyez quel bon ordre j'ay rnis. Dieu mercy, dans vô-
tre Etat ; la juflice y ell re'iJue exaflement , & vos finances font bien réglées:
fi vous voulez remporter toute la goire de CL-tte conduite , il fiut que vous faf-
fiez obferver le même ordre après ma mort; car fi vous le négligez, & que lo
defordre s'y glifi^e, j'en auray moy feul toute la gloire, & vos^'pcuples ne man-
queront pas de dire , que l'on me doic tout ce qui s'ell fait de bon pendant
mon miniftère.
Ces paroles firent d'abord quelque impreffion fur l'efprit de ce Prince : mais
peu de teras après la mort de Sahcb , il fe lalifa tellement gouverner par fes
domefliiques & par tes f.-;voris , que tout l'Etat changea bicn-.'k de face ; l'in-
iufl:ice & la violence prirent le dofllk;, & les finances fe diïïpperent bien -tôt ;
en forte que les peuples ne manquèrent pas de regretter le Vizir , & de louer
de plus en plus fa prudence.
L'an 387 , Fakhr-eddou'.at étant dans le château de Tabarek , fut faifi d'un
très-grand mal d'eilomacqui lui furvint, après avoir m.mgé du bœuf rôti & du
raifin ave: excez. L'indigefhion lui caufa une fièvre violeuLe , qui l'emporta en
peu de jours, après un règne d'environ quatorze ans, pendant lequel il amif-
fa, dit-on, de grands trélbrs pour fon fuccefl;eur. khondemir. l^oyez Saheb Ben
Ebad.
Le Nighiarifi:an rapporte, qu'après la mort de Saheb Ben Ebâd, Seidat, fem-
me de Fakhr-eddoulat, prit un ^i grand empire fur l'efprit du Sultan fon mari,
qu'elle s'empara de tous fes tréibrs , & en difpofa abfolument , ou plutôt elle
n'en difpofoit point du tout; car fon avarice étoit extrême , & arriva jufqu'au
point de refufer les chofes néceiTaires pour enfevelir le Sultan, qu'il fallut em-
prunter du Refteur de la Mofquée de Tabarek, où ce Prince étoit décédé.
Cependant on dit, qu'il avoit laifl'é dans fa garde -robe trois mil paires d'ha-
bits, faits pour fa perfonne, & plus de quatre-vingt-dix millions d'argent mon
noyé dans fes coffres, c'efi; ce qui fait dire à FAuteur du Nighiarifl;an contre
les avares: Riches du monde, infl:ruifez-vous, par cet exemple, on ne peut
vous le dire afiTez.
Ce Prince a donné un des plus grands exemples de gcnerofité & de récon-
noifiTance que l'on life dans rhifi:oire ; car au rapport du Tergimeh Al Jemini ,
ayant été bien reçu dans fa difgrace par HuiTâm-eddoulat Tafche ou Timurta-
fche, Gouverneur du KhoraflTan, comme nous avons vu cy-defilis, celuy-ci ne
B 2 put
i£ F A K H R. ' FAKIR.
put jamais être porté à le livrer à fes frères , quelque offre qu'ils lui fiffent
pour l'avoir entre leurs mains , & le défraia entièrement jufqu à ce qu'il fut
rentré dans fes Etats.
Il arriva , par fucceffîon de tems , que Tafche ayant été difgracié par fon maî-
tre Nouh , Sultan de la dynaftie des Samanides , eut recours à Fakhr-cddoulat,
qui pour lors réfidoit à Aflcrabad, ville capitale du Giorgian. Ce Prince le re-
çut à ion tour, fi magnifiquement , qu'il lui céda fon Palais & même la ville ,
qu'il quitta pour aller demeurer à Rci. Il lui affigna de plus tout le revenu
de cette province pour fon entretien, lui fit de très-riches préfens , & entr'au-
tres, un de cent chevaux de main, dont les harnois étoient d'or.
Saheb Ben Ebâd, fon Vizir, fut étonné de cette largeffe , qui fcmbloit paf-
fer les juftes bornes de la réconnoilfance ; mais ce Prince lui raconta fi parti-
culièrement & fi pathétiquement tous les bons traitt-mens qu'il avoit reçus de
ïafche pendant fon exil, qu'il lui fit avoiier , que fa réconnoifllance étoit enco-
re beaucoup au-delfous des bienfaits de fon ancien hôte.
Tafche au milieu de tous les avantages que fon ami lui avoit procurés dans
le plus fort de fa dilgrace, & fe trouvant en un état lequel furpalfoit de beau-
coup celui de fo prcinlère fortune, mourut d'un accident de pefle , laquel-
le ravagea en ce tems -là le Giorgian, & défola entièrement la ville d'Afte-
rabad.
L'on trouve dans un Poète Perfien la defcription de cette pefte en ces termes.
L(i pejîe femblable à un feu vengeur., ruina tout -h- coup cette belle ville, dont le
terroir rcfpire une odeur qui pajfe celle des plus excellents parfums.
Il ne reftà de tous fes habit ans ni jeune , ni vieillard :
Ce fut un foudre qui tombant fur une forêt , y confuma le bois vsrd avec le fec,
FAKHR Al Eflûm , la gloire du Mufulmanifme , titre d'honneur qui a été
donné au Schcikh, ou Dofteur Bezdaovi. Foyez ce titre.
FAKHREDDIN, Fils de Schamfeddin, troifième Prince de la dynaflie des
Molouk Kurt.- l^oycz le titre de cette dynafldc.
FAKHREDDIN, Titre & furnom d'Aboul fadhl Mohammed Ben Omar
Al Razi , fameux Théologien parmi les Alufulmans. i^oyez Razi.
FAKIH Al OHouli, Titre d'honneur, qui fignifie le Jurifconfulte Fondamen-
tal, donné à Ebn Athir. F oyez fon titre.
FAKIR, les Perfins & les Turcs appellent Dervifche , un Pauvre en géne^
rai, tant celûy qui l'efl par néceffité, que celui qui l'eft par éledion & par pro-
fefiion : Les Arabes ont le mot de Fakir , qui fignifie la même chofe ; c'efl
pourquoy il y a des pays dans le MufuliTianifmc, où les Religieux font nommez
Derviches, & d'autres où on les nomme Fakirs, comme l'on fait particulière-
ment dans les Etats du Mogol.
Voici des vers Turcs à la louange de la pauvreté en général.
Souffre patiemment ia pauvrdé , ô mon ame , fi tu prétends obtenir de Dieu une
récompenfe fans fin,
DemeU'
. F xi K I R. 13
Demeure încejfamment à la porte un bon plaifir de Dku , âf tu verras qu'à la fin
on t'ouvrira celle de fts plus riches t réfors.
Fourqmy déplores-tu cj miprifss-tu fi fort ta condition^ laquelle eji, fi tu le fçais
connuùre, plus élevée que le ciel même.
Puifque la Providence t'a dsjliné de toute éternité le bien dont tu dois jouïr en ce
monde, ^ l'a tellement fixé que tu ne peux jamais y rien ajoiUer,
Quitte tous hs foins inutiles (f indignes que tu pj-ens pour en acquérir. Voyez
le titre de la Providence dans Cadr & Tacdir.
Dans l'Alcoran , au chapitre Ràad ou du Tonncre , on trouve ces paroles :
Salam dlaikom hsmi fabartom. Bien vous foit de ce que vous avez foujfeit patiem-
mmt. vos vnux. C'eil le falut que les Anges donnent à ceux qui entrent en
Paradis. L'Auteur du Coût AI coloub dit fur ce paOage: La qualité que Dieu
aime le plus dans fes créatures, elt la pauvreté : & j\Lihomet, félon une tradi-
tion, dit un jour à Belâl : Faites de telle manière que vous arriviez pauvre ,
& non riche auprès de Dieu; car les pauvres tiennent les premières places dans
Ê Miifon.
Belal étoit efclave de Mahomet & devint fon Muezin , c'eft-à-dire , celui qiri
avertit & qui convoque les Mullilmans aux tems marquez pour la prière publi-
que, & il avoit acquis beaucoup de crédit auprès de fon maître.
Pour ce qui regarde la pauvreté l'eligieufe, de laquelle les Mufalmans font
beaucoup d'état, elle demande, félon eux, une grande pcrfeflion. 11 n'y a qu'à
lire le chapitre fécond du Guliftan de Saàdi , où vous trouverez qu'il ne faut
pas ôter la pauvreté aux Religieux , parce que fans elle ils ne font plus Reli-
gieux, que leurs biens font les biens de tous les pauvres généralement, que les
Religieux ne prennent point d'argent , & que ceux qui en reçoivent ne font pas
Religieux: far quoy il y a une hiftoire agréable de celui qui n'avoit point trou-
vé de Religieux pour leur en dillribuer.
Lamai fait le conte fuivant , dans lequel il a inféré des maximes fort fevè-
res pour les Religieux. Un Derviclie qui avoit perdu un œil , & qui avoit la
cervelle un peu démontée, deraeuroit jour & nuit dans une grotte, où il fouf-
froit beaucoup à caufe de fa nudité; il s'adreffa un jour à Dieu & lui dit : O
Créateur des hommes , je n'ay point honte d'être borgne , & je ne me plains
point de ce qu'il vous a plu me faire tel: mais je fouÎFre beaucoup à caufe du
froid , & j'ay abfolument befoin d'un habit : je fçais bien qu'il ne m'appartient
pas de vous faire cette infiance ; mais enfin , où eft vôtre libéralité , & qu'eft
devenue cette profufion de grâces que vous répandez fur tous les hommes , fi
.vous m'ababdonnez au befoin?
Il n'eut pas plutôt dit ces paroles , qu'un de fes camarades qui étoit caché ,
lui fit entendre ces mots : Si vous avez trop froid dans vôtre grotte , fortez-en ,
& rechauffez vous à mon Soleil. Le Derviche crut, que cette voix venoit du
ciel & repartit auffi-tôt: (^uoy donc. Seigneur, n'avez -vous point d'autre ha-
bit à me donner que le Soleil ? En vérité , là libéralité n'ell pas trop grande.
La même voix répliqua auffi-côt : Borgne infolent , attends encore huit jours,
& tu auras un habit qui ne te coûtera rien.
En effet, au bout de la femaine, le Derviche vit un vieillard qui lui prcfen-
ta une Khircah ou.robe de Derviche, fî vieille, fi ufée & fi rapetailée, que lorf-
B 3 qu'il
14 F A KIR.
qu'il l'eut bien confidérée , il s'écria : Seigneur , qui gouvernez toutes les cho-
fes de ce monde, eft-cc là tout l'ouvrage que vous avez pu ûiire en luiit jours ?
Vous ne vous êtes pas ennuyé de la garder, & vous ne l'avez pas laille fortir
de vos mains, tant qu'il y a eu un feul lambeau entier. Il ajouta encore plu-
fieurs autres dilcpui-s dignes d'un extravagant , fur lefquels l'Auteur de cette
hiftoire fait les réflexions fuivantes.
C'eft icy l'hiftoire d'un fol : mais fi vous la confidérez avec attention , vous
trouverez que c'eft la peinture naïfve de l'état des hommes : car fi vous en-
tendez parler les gens du monde , pour un qui rend grâces à Dieu , il y en a
mil qui lui font des reproches. L'un le plaint de la pauvreté, qui comme une
fièvre lente le mine & le confume : L'autre dit , qu'il a tant de charges à ad-
minillrcr, & tant de biens à gouverner, que l'occupation continuelle où il eft,
l'empêche encièrement de penfer à Dieu & de vacquer à fon falut.
La grotte de nôtre Derviche efl; l'image du monde , l'homme eft celuy qui
l'habite , ou plûcôt c'eft fon anie qui demeure dans le corps , dépouillée , nue
& plaintive : mais la robe de Derviche toute ufée & déchirée , que l'on lui
préfente , eft plus précicufe que tous les plus riches brocards d'or & de foye :
car quel eft le propre habit de l'homme, finon la robe de la piété & de l'hu-
milité.
Prenez donc ce vêtement d'honneur , qui vous eft préfenté de la part de
Dieu , comme a fait Lamai , & n'ayez jamais honte de porter les livrées de la
pauvreté.
J'entends par la pauvreté Religieufe , dit ce même Auteur , la privation de
toutes chofes , & cet abandon glorieux , dont Dieu favorife les plus parfaits :
le corps mal vêtu, les mains vuides d'argent, & le ventre affamé : voilà l'état
de ceux que Dieu honore particulièrement do fon amitié.
Les riches ne trouvent point de chemin ouvert, ni de route afTùrée qui con-
duife au Palais du Très-Haut. Il faut être dépouillé de biens , & anéanti d'ef-
prit , pour parvenir à celui qui eft lui feul , (Se qui poifede lui feul toutes
chofes.
Combien de gens, dit-il encore, font venus à cette Cour, croyans y être bien
reçus en qualité d'amis & m'me de favoris, lefquels cependant en ont été chaf-
fez & bannis comme des milerables? Et combien de miférables s'en font-ils ap-
prochez avec humilité, qui y ont trouvé de la faveur & reçu des carefies. Con-
ficîere donc , mon amc , que ce monde n'eft qu'une école d'apprentillage &
d'exemple, & que le dénouement de la pièce, qui fe joue fur cette fcène, fur-
prendra & étonnera bien des gens.
Un de ces Religieux , véritablement pauvres , étant interrogé par un grand
Prince, s'il ne penfoit jamais à lui dans les néceffitez, il lui répondit: J'y pen-
fe quelquefois ; mais c'eft lors que j'oublie de penfer à Dieu.
L'on peut ajouter icy le mot de Dhoualnoun , célèbre pour la fpiritualité
dans l'Orient. La crainte de la pauvreté eft une marque de la colère de Dieu
fur celui qui en eft faili. Et cet autre : Le vray pauvre ne poffede rien, &
n'eft poffedé de rien , ce qui fait connoître que la pauvreté volontaire rend un
homme maître du monde.
L'exemple de Saladin eft admirable ; car ce grand Prince aimoit la pauvreté
au milieu des richeifcs & de l'abondance de toutes chofes , comme vous pou-
vez voir dans fon titre : il ne pouvoit pas garder chez lui plus d'un habit, ni
plus
FALAHAT. — FALASTHIN. 15
plus d'un cheval dans fon écurie. Foyez l'exemple de la pauvreté volontaire
des premiers Khalifes.
Doulet abadi a fait un traité , qui a pour titre /Isbàb al fdhr u al ghina , des
caules -le la pauvreté & des richelFes , où il difcoure problematiquemont fur cet-
te matiè.e.
FALAHAT, l'Agriculture: Falahat Nabatheat, l'Agriculture des Nibatheens,
Ouvrage d'Ebn Aovàm Al Cothai. Ebn Vahafchiah a aufli travaillé fur le mê-
me fujet. Les Turcs difent , que cet Art eft le vray foufÎTe rouge, c'ell-à-
dii'e, la Pierre Philofophale.
FALANBEKI, furnom de Khalil Al Roumi, qui a écrit fur le livre inti-
tulé Efchardt u Al Nadhair.
FALAOUAN Al Hamaoui, furnom d'Aliah Ben Athiah, qui a compofé un
commentaire fur le Poëme intitulé Taïah de Safadi.
FALASTHIN & Falefthin; les Mufulmans appellent ainfi la Paleftine, qu'ils
qualifient aulîî comme nous du nom de Terre -funte. Ils difent, que les deux
villes capitales de ce pays-là font Elia & Ariha , c'efl - à - dire , Jerufalem & Jé-
richo; qu'il y avoit dans cette province mille Bourgades y qui avoient chacune
de très -beaux jardins; que cinq hommes pouvoient à peine porter une feule
grape de leurs raifins , & que cinq perfonnes pouvoient demeurer dans l'ccorce
d'une feule grenade de ce pays-là.
Les Géants qu'ils nomment Giabbaran ou Giababcrah , qui étoient de race
Amalecite , occupoient cette terre : les plus petits d'entr'eux étoient hauts de
neuf coudées. Ôg , qu'ils appellent Aoug , fils d'Anak , les furpallbit tous en
grandeur, & a prolongé fa vie jufqu'à 1 âge de trois mille ans. Il dcfcendoit
lui & fon peuple de la poflérité d'Ad : c'eft pourquoy ces Géants font auflî ap-
peliez Adiân ou Adites.
Moyfe ayant reçu ordre de Dieu de faire entrer les enfans d'Ifraël dans cet-
te terre , il envoya douze hommes choifis des douze tribus , Icf-iuels , après
avoir reconnu le pays , en rapportèrent la vérité à Moyiè & à A.^ron ; mais
ils convinrent enfemble de n'en rien dire au peuple , de crainte de l'ciFrayer,
& de lui faire prendre la réfolution de retourner en Egypte. Mais de ces dou-
ze hommes , il_ y en eut dix , qui ne purent garder le fecret , & qui racon-
tèrent naïvement tout ce qu'ils avoient vu.
Ce rapport excita une très-grande fédition; le peuple fe foùleva contre fes con-
dufteurs : mais Jofué &Caleb, qui étoient les dcuK autres Plnvoyez, qui avoient
gardé le fecret , s'employèrent à les appaifer , & leur reprcfentercnt que ces
Géans ne dévoient point caufer de la terreur à des gens qui étoient ailûrcz de
la proteftion de Dieu , pui{l|u'il leiu* avoit promis de les mettre en policllicn
de cette terre dont il leur avoit fait le don.
Une partie de cette hiftoire efl comprife dans le chapitre de l'AIcoran , inti-
tulé Maidat ou de la Tabk^ mais en paroles conciles & obfcures, que les Inter-
prètes développent & expliquent, comme el e cft icy couchée.
Le pays d'Ardcn, c'efc-à-dire, du Jourdain, eil fouvcnt employé dans les li-
vres Orientaux pour exprimer la Terre -fainte. 'l'ira Jurdiuis dans l'Ecricu.xv
y efl effectivement comprife : mais elle a éué diltinguée de la Judée, auili-bicn
que-
i6 TALOUDHI. FARABEKI.
que la Palefline , fi nous entendons feulement par ce mot le pays qui comprend
les cinq fatrapies des Philiftins.
Ahmed Al Fafli dit , que tous les anciens Rois de la Palefline portoient le
titre de Gialout , qui eft le Goliath de l'Ecriture fainte : de même que ceux
d'Egypte, celui.de Pharaenah , ou Pharaons; & ceux de Perfe AkaÛerah ou
Khoiroës.
L'hiltoire de la Palefline efl écrite fort au long dans le livre intitulé : Uns
al Khalil. Voyez ce titre.
Falaflhi , un Philiflin ou Chananeen ^ c'efl-à-dire , un des anciens habitans de
la Terre-lainte ou Palefline. Les Arabes écrivent, que ce peuple fut chalfé de
fon pays & relégué en Afrique , premièrement par Jofué , puis par David , après
la défaite de Goliath. Il faut entendre , par la première tranfmigi-ation , celle
des Chananeens, &, par la féconde, celle des Philiftins.
FALOUDHI, furnom de Ptolomée l'Aflronome , tiré de fon pays: car ce
mot efl le même que Felujîota, c'efl-à-dire, natif de Damiette.
FAMIAH; les Syriens & les Arabes appellent ainfi la ville que les Grecs &
les Latins nomment Apamcea. C'efl Apamée , ville de la féconde Syrie , fituée
fur le fleuve Orontes, qui efl maintenant ruinée.
FANARI, furnom de Schamfeddin Mohammed Ben Hamzah, mort l'an 834
de THegire , qui efl Auteur d'un fupplément fur les Eflhelâat Al Sofiah. C'efl
un ouvrage qui traite des Uz & coutumes des Sofis. i^oyez le titre de Sofi.
FA NO UN, Ville Royale du tems fabuleux, que les Arabes appellent Ante-
Adamite : C'étoit le fiége des anciens Solimans ou Salomons , qui rcgnoicnt fur
une efpèce de créatures , différente de celle àQs hommes, f^oy^z le titre de So-
liman.
FARAB, Fariab & Fargiab. C'efl une ville du pays de de -là le fleuve Gi-
hon , fur les contins du Turqueflan à l'Occident : elle a une journée entière de
longueur & autant de largeur, & fes habitans font Mufulmans de la Scfte Scha-
feienne. Gieuhari, Auteur du Sihat aîlogat, qui efl un Ditlionnaire Arabe très-
ample, en étoit natif, auffi-bien qu'Alfarabius, &c.
Cette ville efl plus Septentrionale que Schalthe, & fli rivière, que l'on nom-
me de Farûb, efl une àes, deux qui palfc'nt à Schafche.
Farâb femble être plutôt un pa3's entier qu'une ville : car il y a des bois &
de fort grandes terres labourables dans fon enceinte. On l'appelle aujourd'huy
Otnir, & on la compte entre les villes du Turqueflan, qui font au de -là de
Schache & plus proches de Balafgoun.
Le mot de Fargiab , qui efl en iifage dans ces pays-là , fignifie une terre ar-
roufée p^tr les eaux des rivières & des canaux, au contraire de Dim, qui, dans
la même langue , fignifie celle qui n'cfl arroufée que des eaux du ciel. AL
Bergendi.
Ebn Haucal donne à la ville de Farâb ou Otrâr 98 degrez de longitude , &
Birouni ne lui en donne que 88 : mais tous les Géographes conviennent à lui
en donner 44 de latitude.
FARABEKI, Auteur d'un livre fort eflimé , qui a pour titre Bahagiat al
gialesy la récréation de ceux qui converfent cnfemblc.
FARABER,
FARABER, FARABI. 17
FARABER, petite ville, fituée fort près du fleuve Gihon. Il y a un gué
où l'on traverlè ce fleuve pour venir de la Tranfoxane en Khorafl'an ; & quoy
qu'elle foit des dépendances de la ville de Bokharah, Abulfeda l'a inférée daas
la table du Khuarezm. Sa longitude varie , félon, les Auteurs , de 87 à 89 de-
grez: mais fa latitude eft fixée unanimement à 38 degrez.
FARABI & Fariabi, furnom d'Abou Nafl!ar Mohammed Tarkhani , que les
Arabes appellent ordinairement par excellence Al Fariabi , le Farabien , & nous
autres Al Farabius , parce qu'il étoit natif de la ville nommée Farab , qui eft
la môme qu'Otrar.
Ce Dofteur étoit réputé le Phénix dé fon fiécle , le Coriphée des Philofo-
phes de fon tems, & furnomraé Maailem Tfani, le fécond Maître, duquel en-
fin Avicenne confeA^e avoir puifé toute fa fcience.
L'an de l'Hegire 343 qu'il mourut, il avoit fait le pèlerinage de la Mecque,
& paffa à fon retour par la Syrie, où regnoit alors Scifcddoulat, Sultan de la
Maifon de Hamadan , fous le Khalifat de Mouthi , vingt -troifiènie Khalife des
Abbaflîdes. Il vint d'abord à la Cour de ce Prince, chez lequel il y avoit tou-
jours un grand concours de gens de lettres , & il fe trouva préfent & inconnu
à une célèbre difpute qui fe faifoit devant luy.
Fariabi étant entré dans cette afl'emblée , il fe tint debout , jufqu'à ce que
Seifeddoulat lui fit figne de s'afl"eoir : Alors il lui demanda , où il lui plaiibit
qu'il prît fa place. Le Prince lui répondit : Là où vous vous trouverez le plus
commodément. Fariabi, fans faire autre cérémonie , alla s'alfeoir fur un coing
du Sofa ou Eftrade, où étoit affis le Sultan. Ce Prince furpris de la hardieife
de cet étranger, dit, en fa langue maternelle, à un de fes Officiers: Puifque ce
Turc eft fi indifcret , allez lui faire une repriraende , &. faites lui en même
tems quitter la place qu'il a prife.
Fariabi ayant entendu ce commandement , dit au Sultan : Tout beau , Seigneur,
celuy qui commande fi légèrement eft fujet à fe repentir. Le Prince furpris
d'entendre ces paroles, lui dit: Entendez- vous ma langue? Fariabi lui repartit:
Je l'entends & plufieurs autres , & entrant tout d'un tems en difpute avec les
Dofteurs alfemblez, il leur impofa bien-tôt filence; il les reduifit à l'écouter &
à apprendre de lui beaucoup de chofes qu'ils ne fçavoient point.
La difpute étant finie, Seifeddoulat rendit beaucoup d'honneur à Fariabi, &
Je retint auprès de lui pendant que les Muficiens , qu'il avoit fait venir , chan-
tèrent : Fariabi fe mêla avec eux & les accompagnant avec un luth qu'il prit en
main , il fe fit admirer du Prince , qui lui demanda s'il n'avoit point quelque
pièce de fa compofition.
Il tira fur le champ de fa poche une pièce , avec toutes fes parties , qu'il
diftribua aux Muficiens & continuant à foûtenir leurs voix de fon luth , il mit
toute l'afi'emblée en fi belle humeur , qu'ils fe mirent tous à rire ^à gorge dé-
ployée; après quoy faifant chanter une autre de fes pièces, il les fit tous pleu-
rer; & en dernier lieu changeant de regiftre, il endormit agréablement tous les
afliftans.
Seifeddoulat fut fi charmé de la mufique & de la doftrine de Fariabi , qu'il
l'eût voulu toujours avoir en fa compagnie : mais ce grand Philofophe , qui
étoit entièrement détaché des chofes du monde, voulut quitter cette Cour, &
fe mit en chemin pour retourner en fon pays. ' Il prit la route de Syrie, dans
Tome II. C laquel-
i8 FARACLITHA.
laquelle ayant trouvé des voleurs qui Tattaquerent , comme il fçavoit très -bien
fe fervir de l'arc , il fe mit en défenfe ; mais une flèche des aflaflins l'ayant
bleffé, il tomba roide mort.
On rapporte encore de ce grand homme , qu'étant un jour en compagnie
avec Saheb Ben Ebâd , il prit le luth des mains d'un des Muficiens ; & ayant
joïié de ces trois manières dont nous avons parlé, lorfque la troifième eut en-
dormi les alTiflans, il écrivit fur le manche du luth, dont il s'étoit lèrvi , ces
paroles : Fariab eft venu âf l^s chagrins Jont dijfipez. Saheb ayant lu un jour ,
par hazard, ces paroles , fut tout le refte de fa vie dans un grand dépJaifir de
ne l'avoir pas connu : car il s'étoit retiré fans rien dire , & fans fe faire con-
noître.
Alfarabius eft qualifié, par Ebn Khalccân , Acbar Filaflefah . al mofîemin , le
plus grand Philofophe des Mufulmans, & Azhed alnas fi dunia , le plus détaché
du monde parmi les hommes. Abulfeda foufcrit à ce fentiment , & cependant
plufieurs Dofteurs Mufulmans , du nombre defquels eft Fakhreddin Razi , l'ont
accufé d'impiété, & Gazali le range, avec Avicenne fon difciple, parmi les Phi-
lofophes qui ont cru l'éternité du monde , quoy qu'ils admilfent un premier mo-
teur, ce qui paffe chez ks Mahometans pour un pur Athéifme.
L'on attribue ordinairement à Alfarabius la tradu6lion des Analytiques d'Ari-
ftote, fous le nom d'Anolouthica.
11 y a un autre Fariabi , qui mourut l'an 619 de l'Hegire , qui eft Auteur
d'un livre intitulé JJJoulah allameâh. Son propre nom étoit Emadeddin Maha-
moud.
Il y a auffi des Auteurs qui marquent la mort d' Alfarabius l'an 339 de l'He-
gire, & mettent dans celle de 350, celle d'Ishak Ben Ibrahim, Auteur du livre
intitulé /idad al Cateb, qui eft auflî fur nommé Fariabi.
Ahmed Ben Mohammed , qui a compofé le livre intitulé Idhah al Honafa ,
ou l'hiftoire des Doftem-s Hanefites, tirée de la Chronique de Ben Aiàs, porte
aufli le même furnom de Fariabi.
FARACLITHA, le Paraclet. Les Mufulmans diftînguent entre Rouh al-
cods, qui fignifie le faint-Efprit ^ le Paraclet.
lis difent , que le faint-Efprit fe peut entendre de Jesus-Ghrist, lequel
eft devenu tel par un foufle de Dieu, de même que la terre devint Adam par
le même foufle : mais qu'il faut entendre ordinairement par ce mot , l'Ange Ga-
briel , le dépofitaire & le Miniftre de tous les myftères divins révélez aux hom-
mes, lequel eft encore appelle Rouh Amin, l'Efprit fidèle.
Pour ce qui regarde le nom de Faraclitha, que les Arabes ont pris des Sy-
riens, & ceux-cy du Grec Paraclet os ou Paraclitos , le fentiment commun des
Mufulmans modernes eft qu'il faut l'entendre de Mahomet , qu'ils difent avec
beaucoup d'impudence & d'ignorance, avoir été promis par Jesus-Christ à
fes difciples , pour leur expliquer le véritable fens de l'Evangile , en quoy ils
font d'une opinion fort oppofée à celle des anciens Mufulmans , qui n'ont ja-
mais penfé à une telle fiflion , de laquelle ils n'ont aucune preuve dans l'Al-
coran.
Ben Catcb ou Hagi Khalfa écrit , fur le titre de Gefr u Giamê , que perfon-
ne ne pourra jamais connoître le fens des myftères couchez dans ce livre , où
eft comprife la fuite de tous les grands éveneincns , qui doivent fucceder les uns
aux-
FARAD HL — FAR A H. ip
aux autres , jufqu'à la confommation des fiécles , à la feule exception du Me-
hedi ou douzième Imam , auquel cette connollFance eft refervée , & que c'eft
lui duquel Je sus-Christ parle dans fon Evangile en ces termes (forgez à
plaifir. ) Nous autres Prophètes , envoyez de Dieu , nous vous apportons les
livres que nous avons reçus de lui : mais pour ce qui concerne leur explication ,
ce fera le Faraclitha qui vous l'apportera après moy.
Voici donc un nouveau Paraclet , à fçavoir le Mehedi , que les Schiites ou
Hérétiques Perfiens ont inventé , à l'imitation de Manés , lequel avoit ufurpé
ce titre dans la Perfe, long-teras avant le Mahomctifme.
Les Mahometans cependant, qui ont eu quelque connoifTance plus particuliè-
re du Ciiriftianifme par la communication des Syriens & des Grecs, difent, que
le faint-Efprit efl appelle Mehaia, Vivifiant, & Menahemia Confolateur, qui eft
la véritable fignification du mot Faraclitha, quoique quelques-uns d'entr'eux ayent
voulu que ce dernier mot foit formé du mot Grec Perklytos, & qu'il faut pro-
noncer Fericlita, pour fignifier lUufbre & Récommandable , & le faire ainfi qua-
drer avec le mot Arabe Mohammed, qui fignifie la même chofe.
FARADHI Al Scheliereftani , furnom d'Abou Abdallah Mohammed Ben AI
Fadhl, Auteur du livre intitulé urbain âfcharidt. Voyez le titre ri'Ocberi.
FARAGE , Fils de Barcok , fécond Roy d'Egypte de la race des Mamlucs
Circaffiens. Il fut le troifième Prince de cette dynaitie, & commença à régner
l'an 802 de l'Hegire, de J. C. 1399.
Une fédition s'étant émue au Caire l'an 808 , il crut que l'on en vouloit à
fa perfonne, & prit la réfolution de fe cacher; puis s'cnnuyant de demeurer dans
fa retraite, il parut de nouveau & dépolfeda Abdclaziz fon frère, qui avoit été
mis à fa place & régna encore près de fept ans.
Les troupes de Tamerlan , qui avoient conquis une grande partie de la Syrie ,
l'ayant défait en plufieurs rencontres , il fut obligé de s'accommoder avec ce
conquérant, & d'abandonner les intérêts d'Ahmed Ben Avis llekhani & de Ca-
ra Jofef le ïurcoman. Il fut enfin tué par les ficns dans la ville de Damas
qu'il pofiedoit , & jette fur un fumier l'an de l'Hegire 815, de J. C. 1412.
Raoudhat almenadhir.
FARAGE Bdad al fcheddat , Confolation des affîgez , livre compofé par
Abou A!i Hafiàn Al Tanoukhi , qui fe trouve dûns la Bibliothèque du, Roy,
n'^, 1228.
FAR A H. Ebn Farah & Ebn Alfarah Al Afchbili. C'ell le furnom d'Ahmed
Ben Mohammed Aboulabbas Schehabeddin , natif de Seville en Efpagne , qui mou-
rut l'an 699 de l'Hegire. Il efl Auteur d'une Caffidah & d'une Mandhoumah
fil hadith, c'efl-à-dire , d'un Poëme Arabique fur les Traditions, La première a
été commentée par Schamfeddin Ben Giumâah & par Cafl;em Ben Cothluboga ,
& la féconde par lahia Al Farakhi ou Carafi. Ces deux ouvrages font dans la
Bibliothèque du Roy, n^. 11 27 & 1148.
^ Nous avons deux autres ouvrages de cet Auteur , dont le premier efl intitu-
lé Ëbthâl altaovil fil ojfoiil , de l'inutilité qui fe rencontre dans l'explication des
points fondamentaux du Mufulmanifme. Le fécond efl une explication des Ar-
bain Mokhraràt, c'efl-à-dire, des quarante Traditions choifies.
C 2 FARAKI,
20
F A R A K I. — — F A R A N G E.
FARAKI, Surnom de celuy qui el- natif ou onginaire de la ville de Mia-
ùrekin en Mefopotamie. Abou Nafr Mohammed Ben Afàad porte ce furnom.
llclt Auteur du Livre qui a pour titre ylfbdb al nozoïil, les caufes ou fujets
qui ont fait defcendre du ciel , comme parlent les Mahometans , chaque verfet
de TAlcoran en particulier. Noirs avons aulïï de luy Efcbarat fil coran qui traite
à peu près de la même matière, l^oyez plus bas Fareki.
FARAMORZ, fils de Ruflam, l'Hercule des Perfans. Il étoit né après
Seherâb fon frère aîné, lequel avoit été tué malheurcufement par fon propre
père, qui ne le connoilToit pas. 6'a mère étoit fille d'un Roy des Indes, & avoit
apporté à Ruftam une très-riche dot , de forte que Faramorz fon unique héri-
tier devoit devenir un jour très-puiffant : c'eft ce qui donna de la jaloufîe à
Bahaman, fils d'Asfendiar, Roy de Perfe, lequel d'ailleurs haïflbit Ruilam , & ce
qui le porta à le faire alfaffiner.
Il y a un Auteur cité fous le nom de Mohammed Ben Faramorz qui elt
qualifié Schehid, c'eft-à-dire , Martyr.
FAR AN, Nom d'une montagne des Madianites en Arabie qui fut réduite
en poudre , à la vûë de la Majefté de Dieu, f^oyez les titres de Moufl'a cf de
Colzoum.
FARANGE, & Afrange , les Francs, les François, les Européens, & les
Latins en général. Ben Schonah raconte en l'année 591 de l'Hegire , de
T. C. 1097 , que les Francs prirent de force Antioche après un fiege de fept
mois, quils défirent les Mufulmans qui vcnoient au fecours de la ville, & qu'ils
les pourfuivirent jufqu'à Mâarah où ils en tuèrent plus de cent mil, qu'enfuite
ils fe rendirent maîtres d'Emcfle, & allèrent affieger Hierufalem.
Ce fiet^e dura plus de fix femaines ; mais enfin les Francs la prirent l'an 492 ,
& y firent un butin ineftimable. Il y eut dans cette prife plus de foixante &
dix mil Mufulmans tuez, quoy qu'ils fe fufient retirez dans le Temple, & dans
les E-^lifes demandant quartier. Ceci arriva fous le règne de Moftedaher, vingt-
huitième Khalife de la Maifon des Abbaffides à Bagdet^ & fous celuy de Moftaali,
fixième Khalife des Fathimites en Eg>'pte.
L'an 495 les Francs affiegerent Tripoli, & prirent plufieurs places des Muful-
mans, pendant que ceux-ci, dit le même Auteur, étoient acharnez à fe faire la
guerre les uns aux autres , ce qui fit enfin tomber Tripoli entre leurs mains
l'an 503 de l'Hegire.
Le pays des Afrange ou des Francs , félon tous les Géographes Orientaux , s'étend
du côté du Septentrion, depuis le déti'oit de Conftantinople qui comprend le
Bofphore de Thrace & l'Hellefpont, jufqu'à l'Océan Occidental, que nous appel-
Ions Atlantique.
Cependant ils ne comptent point le pays de Roum qui comprend la Grèce ,
non plus que la Natolie, parmi les Provinces occupées par les Francs; ils mar-
quent toutefois dans leurs Chroniques que les Francs fe rendirent maîtres de
Conftantinople l'an 600 de l'Hegire , ce qui n'aiTiva néanmoins que l'an 1224
n'y eut l'an 618 de l'Hegire, & de J. C. 1222, une paix folemnelle & géné-
rale faite entre les enfans de Saladin & les Francs, après que ceux-ci eurent
perdu Damicttc. Les Mufulmans prétendent que les Francs furent les infrafteurs
- de
PARAS. F A R E D H. 21
de cette paix. Il eft vray que les Papes de ces tems-là ne fe foucioient pas
beaucoup des traitez que les Chrétiens failbient avec les Infidèles, & ne laifîbient
pas de continuer la publication de leurs croi fades en Europe ; c'eft ce qui fit
perdre enfin aux Francs tout ce qu'ils 'avoient conquis fiar les Mufiilmans.
Il y a plufieurs Auteurs Mahometans qui ont écrit l'hilloire delà Terre fainte,
& lefquels ont aufïï décrit par occafion les guerres que les Francs y ont faites.
Les uns ont deguifé ou altéré la plupart des faits qui nous regardent, & les
autres plus fînceres ont fait des déclamations fort pathétiques fur la divifion des
Mufulraans qui fut caufe des pertes qu'ils foufTrirent.
F ARAS, Un Cheval. Le Maître d'Ecurie, & Médecin des chevaux du Sul-
tan Kelaoun, Roy d'Egypte, nous a laiffé un Ouvrage curieux intitulé KameL al
Sanatcin, dans lequel il enfeigne les deux arts de dreifer, & de guérir les thevaux.
Il parle de dix races de chevaux, à chacune dcfquellcs il donne l'épithete
qui lui convient. Il dii que des trois races qui fe trouvent en Arabie, ceux
de la Province de Hegiâz font les plus nobles, ceux de Neged les plus furs,
& ceux de l'Iemen les plus durs au trav^iil, & les plus patiens.
Il paffe enfuite dans la Syrie, & prétend que ceux de Damas ont le plus beau
poil , & ceux de Mefopotamie , la plus belle taille , & qu'ils font les mieux tournez.
En Afrique les chevaux d'Egypte font les plus légers , ceux de Barcah les plus
rudes , & les plus difficiles à dompter , ceux de Barbarie les plus propres à
faire race.
Les Tartares font les plus courageux , & ceux d'Europe , les plus lourds , &
les plus lâches.
Il y a dans la Bibliothèque du Roy n'. 94^, un livre de manège en Arabe
avec les figures; mais il eft fans nom d'Auteur, & fans commencement. Abou
Obeidah IVIàmar a fait un Livre exprès des noms qui appartiennent aux chevaux
fous le titre d'Efma al khail.
Le Khalife Hefchdm l'Oramiadc nourri/Foit quatre mil chevaux dans fes écu-
ries; Malekfchah le Selgiucide en entrctcnoit quarante mil pour fa garde, & pour
fa vénerie, & le Khalife Motaflem l'AbbaffiJe qui ne fe fervoic que, de chevaux
Pies, tigréz, ou truitéz, en entrctcnoit 130 mil.
Il n'y a point de chevaux dans le pays des Zenges , qui eft le Zanguebar;
mais ils fe fervent de bœufs , qu'ils dreflent , & qu'ils montent même dans les
combats.
FARAT. Ebn Al Farat NaOereddin , eft l'Auteur d'une hiftoire d'Egypte
de laquelle Ebn Haggiar s'eft beaucoup fervi pour compofer la fienne..
FARAZI, Surnom de Borhaneddin Ibrahim, duquel nous avons une hiftoire
de Damas fort complète, fous le titre d'Eéiam befaahail al fchàrn. Cet Auteur
ne parle pas feulement dans fon Ouvrage de la ville de Damas ; mais il s'étend
auffi fur les autres lieux de la Syrie , dont il avoit une plus particulière con-
noifTance.
FA RED H. Abou Hafs Scharfeddin Omar Ben Al Afaâd, Ben Al Morfched,-
Ben Ahmed Al Afâadi, eft plus connu fous le nom d'Ebn Faredh. Il étoit ori-
ginaire de Hamah en Syrie; mais il naquit au Caire l'an 577 de l'Hegire, & y
mourut l'an 632. C'eft un des plus illuftres Poètes Arabes que les Mufulmans
C 1 ayent
22 F A R E K I. FARGANAH.
ayent eu. On a recueilli un Divan de fes poëfies, lequel a été commenté par
plufieurs Auteurs auflî bien quefon Poëme intitulé Taiah qu'il compofa en fa-
veur des Sofis, ou Religieux Mufulmans. l^oyez dans la Bibliothèque du Roy les
w". 859 & 1153. On dit que la famille de cet Auteur defcendoit de Halimah
Sâadiah, nourrice de Mahomet.
FAREKI, Natif ou originaire de la ville de Miafarckin en Mefopotamie.
Tel étoit ce fameux Prédicateur ou Homiliafle des Mufulmans, connu ordinaire-
ment fous le nom d'Ebn Nobatah. Ebn Afaâ.1, & Ebn Azrak étoient auflî du
même paj-s. Voyez plus haut Faraki.
F ARES ou Fars. Ebn Fares eft le même qu'AbouI HolTain Ahmed Al La-
gaoui, ou le Grammairien qui mourut l'an de l'Hegire 395. Il eft l'Auteur
du Livre intitulé Efma al Nabi, des noms du Prophète, c'elt- à-dire , des difFe-
rens noms que les Mufulmans donnent à Mahomet leur faux Prophète.
Il a auflî compofé un traité fur les difFerens fentimens des Grammairiens Ara-
bes , auquel il a donné le nom d'Ekhtelaf al Nahàt.
Nous avons auflî de lui le Mogimel allogat qui elt un Di6lionnaire Arabe
aflTez ample & correct.
FARESCOURI, Surnom du Dofteur Mohammed Ben Mohammed Al Ha-
nefi , Imam de la Mofquée nommée La Gauride , au grand Caire , qui vivoit
Tan 964 de l'Hegire. Il efb Auteur du Livre intitulé Jlba^wt fi mdrtfat al Jma'
nat , Eclairciffement fur la matière des dépôts félon le Droit civil des Mufulmans.
FAR ES SI, Surnom d'Aboul Faovares Ibrahim, Auteur d'un Livre Perfien
intitulé Bojîaji al madrefat, le Jardin de la fcience.
FARGANAH, Nom d'une des contrées de la Tranfoxane , dont la ville
capitale porte le même nom. Le nom d'Andoghiân & d'Andugian lui eft auflî
commun, quoyque ce foit proprement une de fes dépendances, auflî bien que
les villes de Coba & de Nelîa. '
Ce pays s'étend le long du fleuve Sihon ou Jaxartes, quoy qu'il ne foit qu'à
92 degrez de longitude, & à 42 degrcz 20 minutes de latitude Septentrionale,
félon les Tables d'Abulfeda dans le cinquième Climat , quoyqu'AIfragan le place
dans la fin du quatrième.
Quelques-uns ont cru que la ville d'AIihficat ou Akhfiket eft la même que
Farganah; Ulug Beg luy donne Tépithete de Cafbat Farganah , & la met à 42d.
25m. de latitude. Voyez fur secy les notes de Golius fur Alfragan.
Al Bergendi qui place cette ville dans le cinquième climat, écrt qu'elle eft
voifine de celle de Schafche (quoy qu'elle en foit cependant éloignée de cinq
journées de caravanne) & que la ville de Coba , d'où font fortis plufieurs grands
perfonnages, eft de fes dépendances; cependant quelques-uns veulent qu'elle appar-
tienne à celle de Schafche.
On trouve dans les montagnes de Farganah des Turquoifes , & du charbon
de pierre dont les cendres font de très-grand ufage; il y a auflî des mines d'or,
d'argent, de cuivre, de fer & de plomb, & des fources de Naphte.
Quelques Géographes mettent auflî les villes de Khovakend, de Khogiend, &
de Marghinan dans le pays de Farganah , & fixent en cet endroit les limites
du Mufulmanifme.
FARGANL
F A R G A N I. F A R O U C. 23
r FARGANI. Ahmed ou Mohammed Ebn Cothair Al Fargani, eft le nom
d'un célèbre Aftronome que nous connoiflbns fous le nom d'Alfragan , auquel
Aboulfarage donne pour contemporains Habafch , Al HalFeb Al Merouzi , & Ebn
Naoubakhc, avec lefquels il travailla aux obfcrvations Aftronomiques fous le Kha-
lifat d'Al Mamon environ l'an 1S4 de l'Hcgire, ou 800 de J. C. l^oyez Golius
fur Alfragân.
Il y a un autre Auteur nommé Abufàid Mohammed Ben Alfargani qui mou-
rut l'an 700 de l'Hegire , duquel nous avons un commentaire fur la Taiiah
d'Ebn Faredh.
FARGIAB, Terre arroufec par des canaux tirez des rivières. Voyez Fardb.
FARIAB & Fariabi Voyez cy-dejfus Fardb.
FARIRI, Auteur d'un de ces Ouvrages que les Arabes appellent Amali,
c'eft-à-dire , Cahiers diftez par un Profefleur à fes Ecoliers.
FA RM A. Abou Navds dans la defcription d'un voyage de Syrie en Egypte,
qu'il entreprit pour viilter Abdal Hamid , Auteur du Divan intitulé KJioza , qui
ell fort eftimé, dit qu'il palfa par les villes de Gaza de Hafchcm, qui eft Gaza
en Syrie , & par Farma de Hagiar.
Ben Khalccan dans la vie d'Ibrahim Algazi , dit que la ville de Farma étoit
la capitale d'Egypte , & le fiegc Royal des Pharaons qui y regnoient au tems
d'Abraham; que Hagiar mère d'Ifmaël en étoit native, ou de quelque Bourgade
d'alentour, & que cette mère des Arabes ell reconnue par ces peuples pour
être originaire, de leur pays. Cette ville fut tellement ruinée dans la fuite des
tems, qu'il n'y refloit qu'une colline aflez élevée que l'on voyoit à main gau-
che, lorfqu'en venant du Caire en Syrie, on palfoit par le milieu des fablons
du Coflir.
Cette ville ayant été rétablie par les Fathimites, fut pillée & brûlée par Bar-
douil qui eft Baudouin Roy de jerufalcm. Voyez Gaza , àf ce qu'en dit le même
Abou Naovâs.
FAROUC, Epithete, ou Titre d'honneur qui fut donné par Mahomet à
Omar. Un Mufulman opiniâtre ayant procez aVec un Juif, l'affaire fut portée
au tribunal de Mahomet qui la décida en faveur du Juif.
Le Mufulman ne fe tenant pas bien condamné , dit au Juif qu'il appelloit de
cette fentence, & qu'il prétendoit que fon procez fût revu par Omar qui n'étoit
pour lors que particuUcr. Etant donc convenus tous deux fur ce point , ils
allèrent trouver Omar, lequel après s'être informé de toutes les procédures de
l'affaire, & ayant appris que le Mufulman avoit refufé d'acquiefcer à la fentence
de Mahomet, leur dit: Attendez-moy à la porte jufqu'à mon retour, & paroif-
fant peu après devant eux le fabre à la main, il en déchargea un li grand coup
fur le Mufulman , qu'il lui abbattit la tête à fes pieds , & dit tout haut : Voilà
ce que méritent tous ceux qui n'acquiefcent pas au jugement que le Cadhi a
prononcé.
Mahomet ayant fçu cette aftion , l'approuva , & donna en même tems à Omar
lé furnom de Farouc qui fignifie celuy qui fcpare, voulant faire entendre qu'O-
mar fçavoit auflî-bien diftinguer le vray d'avec le faux, & le jufte d'avec Fin--
jufte, qu'il avoit fçu feparer la tête du corps de cet opiniâtre.
FARRAKH.:.
î4 FARRAKH. FARS.
FARRAKH, Nom d'un perfonnage, qui paffe en Perfe pour le modèle
achevé de la juflice, & de la magnanimité, auflî-bien que Feridoun. AlTadi Poëte
Perfien dit : Feridoun & Farrakh n'étoient pas des Anges ; leurs, corps n'étoient
pas compofez ni d'ambre , ni de mufc: c'elt la jullice & la libéralité qui leur
ont acquis cette grande réputation qui les fait refpefter dans l'hifloire. Prati-
quez ces deux vertus, & vous deviendrez un Farrakh, & un Feridoun.
FARS, les Arabes difcnt que Fars étoit fils d'Azaz ou d'Arphaxad fils de
Sem , fils de Noc, Quelques-uns le font néanmoins defcendre de Japhet , . &
tous conviennent qu'il a donné fon nom à la Perfe, que l'on appelle le pays
de Fars, & d'Agem en gênerai.
Cependant les Perfans prétendent tirer leur origine de Kaiumarath qui eft
parmi eux, ce qu'ell Adam parmi nous, & difent qu'ils ont toujours eu des
Roys de leur nation , dont la fucceUîon n'a été interrompue que pendant un
efpace de tems qui n'elt pas confiderable.
Les Pilemites, les Curdes, & même les Turcs Orientaux, félon quelques Au-
teurs, defcendent des Perfans. Les Dilemites habitent le long des rivages de
la mer Cafpienne, que les Orientaux nomment la mer de Thailefan, laquelle
porte auflî le nom de Dilem à caufe du voilinage de cette nation.
Pour les Curdes qui font répandus vers Scheherezur dans l'Affyrie, à laquelle
ils ont donné le nom de Curdiltan , plufieurs veulent qu'ils foient Arabes d'ori-
gine, & qu'étant venus établir leurs demeures dans les marais des Nabatheens,
aux emboucheures de l'Euphrate, & du Tigre, on les a appeliez Arabes Agem,
c'ell-à-dire , Arabes Barbares, nom qui cil demeuré depuis aux Perfans.
Les Turcs fe font retirez au delà du Gihon, c'eft-à-dire , du fleuve Amou ou
Oxus , dans le pays qui a été appelle à caufe d'eux le Turkeffcan.
Mais pour revenir aux Perfans , c'eft une nation dont la Monarchie & h Re-
ligion font fort anciennes ; car ils reconnoilîent pour fondateur de l'une & de
l'autre , leur premier Père & leur premier Roy ; c'eft pourquoy ils appellent
leur Religion Kaiumarathienne.
Les principes de leur Religion font qu'il y a un Dieu éternel qu'ils appellent
en leur langue Jezdân, & Oromazde qui eft le vray Dieu, appelle parles Ara-
bes Allah, auteur de tout bien; & un autre créé des ténèbres, auquel ils don-
nent le nom d'Ahermcm , qui eft proprement l'Eblis ou le Diable des Arabes,
principe de tout mal.
Ils ont en très-grande vénération la lumière, & ont une extrême horreur des
ténèbres, ce qui les porte jufqu'à la fuperftition d'adorer le feu.
Cette Religion n'a pas fait grand bruit jufc]u'à Zerdacht ou Zeradafcht (c'eft
Zoroaflre) qui voulut paiïer pour Prophète parmi eux, & leur enfeigna que le
Créateur de toutes chofes qui ne connoît rien de femblable à luy , a produit
la lumière & les ténèbres ; & que du mélange de ces deux chofes , le bien & le
mal, la génération, &: la corruption; & enfin la compofîtion de toutes les par-
tics du monde s'eft faite , & llibfîftera toujours , jufqu'à ce que la lumière fe
retirant à part d'un côté, & les ténèbres de l'autre, cauferont fa deftruftion.
^ Cette doctrine de Zoroaflre eft celle des Parfis appeliez auffi Mogdn , & Ma-
gious, ou Mages, comme aulîi Ghebres , lefquels fe tournent toujours vers le
Boleil levant, quand ils prient-
Ben Schohnah, Auteur fort eftimé, parle ainfi des Perfans dans fon Raoudhat
alme-
F A s. 25
almenadhir, & leur attribue l'inflitution d une réjoûifîànce que les A'-abc* a]5pel-
lent la fête des Mages; mais il n'en fait point la d.ic! iption , comm- il fuk de
celle qu'ils appellent Rokoub al Kaoufage , célébrée au commencement du prin-
.t«ms en la manière fuivante. Un homme fans barbe & fans dencs, monté fur
un afne, tient d'une main un corbeau qui bat des ailes, & qui l'éventé, &. de
l'autre une baguette; cet homme court ainfi par toute la ville, & frappe tous
ceux qu'il rencontre fur fon chemin, c'eft luy, difent-iîs, qui chaife l'hyver.
Cette fête ell affez femblable à quelques mafcarades qui fe font parmi les
Chrétiens, dans la même faifon. Les jours que les Arabes appellent al agiouz
de la vieille , y ont auffi du rapport , & il femble que Ségar la vecchia . "^fcier
la vieille, qui fe dit en Italie au milieu du carefme, ait pris de-là fon origine.
La fête appellée Sedéh ouSedouk, dans laquelle les Perflms allument de grands
feux pendant la nuit, autour defquels ils font des feftins & desdmfes, eil des
plus folemnelles parmi eux; les Arabes l'appellent Leilatal voiicoud, l^oyez les
titres de Neurouz , de Mihirgian , de Tirghian , ^'Abrizghiàn , &;c.
Le mot de Fars pris plus fpecialement , eft la Perfe proprement dite. Cette
Province eil bornée à l'Orient par celle de Kerman, à l'Occident par le Khu-
ziftan, au Midy par le Golphe Perfique, & au Septentrion, par un grand defert
qui la fepare du Khoraflan.
Elle a 160 parafantes d'étendue le long de la mer Oceane , ce qui revient
à 300 lieues Françoifes. Jezd cil la ville la plus Orientale de cette Province,
& celle de Hamadan en efl la plus Occidentale , Gireft ou Sireft la plus Méri-
dionale, & Rei la plus Septentrionale.
Le grand defert dont on a parlé , s'appelle Naubendighian , & il appartient en
partie au Khoralfan par où il fe joint au pays de Fars, vers les villes de Co-
rnus, de Com, de Cafchian, & de Rei, & en partie au Segellan & au Kerman.
Toute cette grande Province eft divifée en deux parties , celle qui efl plus
unie s'appelle Nerm, qui fignifie douce & traitable, celle qui ell plus raboteufe,
fe nomme KouhelTar, ou GebâI.
Voyez ces titres éf cpux ii'Ellekhar, de Schiraz , ^'Esfahan , de Cazuin , & de
Tauris, qui font les principales villes de Perfe.
Il y a dans la Perfe auprès de Hendekan un puits qui exhale continuellement
une groffe fumée, dont la vapeur efl fi maligne, que perfonne n'ofe en appro-
cher, & les oyfeaux qui palfent par delfus , y tombent morts infailliblement,
comme au lac d'Averne dans le Royaume de Naples. Meffahet al ardh.
FAS & Fes, Ville de la Province que les Arabes appellent Magreb al Acfa,
le dernier Occident. Elle efl fituée à 18 dcgrez de longitude, & à 32 & 3 mi-
nutes de latitude Septentrionale félon les Tables Arabiques , & cenfée être des
dépendances de la ville de Tangiah qui efl Tanger.
Le Géographe Perfien écrit dans fon troifième climat que la ville de Fes ou
Fez efl divifée en deux parties, qu'elle a douze portes, & une rivière qui coule
le long de fes murailles, laquelle fait moudre foixante moulins.
On y voit trois grandes Mofquées principales accompagnées de Collèges &
d'Hôpitaux, & plufieurs belles rues garnies de boutiques remplies de toutes for-
tes de marchandifes , qui la rendent la plus belle & la plus agréable vDle du
Xttonde, félon ce même Auteur.
Elle a été long-tems le fiege des Princes & Sultans de la Mauritanie; mais
ToMB IL D elle
j^ FASCHOUSCH. F A T H.
elle efl aujourd'huy fiijette au Roy de Maroc. Il faut voir fur ce fujet l'hiftoire
intitulée Carthas, compolce par Ebn Zorâ l'an 72.6 de l'Hegire.
L'on appelle ordinairement en Turquie Pas, ou Faffi ce que nous nommons
ordinairement un bonnet de Fez, qui eft de couleur rouge, & d'une laine fort
fine, fabriquée dans la ville de Fez.
11 eft forti de cette ville un grand nombre de fçavans qui prennent tous, le
furnom de Faffi; l'on en peut voir quelques-uns plus bas.
FASCHOUSCH fi ahkam Cara coufch, les fimplicitez de Caracoufch. Ce
perfonnage étoit Vizir du Caire en Egypte fous le règne de Saladin. Soiouthi
compofa l'an de l'Hegire 899 , cet Ouvrage qui eft plein de rencontres agréa-
bles & divertifiantes. On le trouve dans la Bibliothèque du Roy, n^. 1322.
FASSA, Ville de Perfe, que les Naturels du pays appellent Rafla & Befla;
ceux qui y ont pris nailîance ou leur origine, font furnommez Faflaovi.
F AS SI, Surnom de Fakieddin Mohammed Ebn Ahmed Ali Al Hoflàini,.
natif de Fez , & habitant de la ville de la Mecque où il fut Cadhi. Il a com-
pofé une hiftoire fort ample de la Mecque en plufieurs volumes, qui ont chacun
d'eux un titre particulier. Ces titres font Tohfat alkerâm^ ScJ/afa al garam, Acd
al timnin, Ogialat alkera, ^c. Cet Auteur mourut l'an de l'Hegire 833.
Faffi , eft auffi le furnom de Schehabeddin Al Mocri , Auteur du Ketab Al
Giamman. Voyez ce titre ^ ^ celui dEhn Catthân.
FASSIH, Livre qui enfeigne l'élcgance de la langue Arabique, compafé par
Aboul Abbas Ahmed Ben lahia Al Scheibani.
F ATAO VA, Décidons des points de Droit, faites par les Muftis ou Cadhis.
Il y en a un recueil fait par le Cadhi Zakaria , dans la Bibliothèque du Roy
n^. 706, qui porte auffi le titre d'Eêiâm u Ehtemdm. Un Fetua ou Fetfa à
Conftantinople eft une de ces decifions du. Mufti; ce nom tire fon origine du
mot Arabe Fata, qui fignifie décider en matière de droit.
FAT H Al Mouffih, C'eft un Saint des Mufulmans, dont Jafeî a écrit la vie
dans la 78 fcdion de fon Ouvrage.
FAT H Al abouâb u Hakikat al addb , Titre du fixième volume que Seidi
Gcmali a écrit tant en profe qu'en vers fur les prérogatives de Mahomet. Cet
Ouvrage eft écrit en langue Perfienne.
FATH Al Coffi fi fath al Codfi; Hiftoire de la conquête que fît Saladin delà.
ville de Jerufalem l'an de l'Hegire 583, de J. C. 11 87, écrite par Mohammed
Eb.i Ahmed furnommé Emâd Àl Catcb Al Esfahani, lequel a été comparé pour
réloouence à Colf, les Arabes ayant parmi eux la coutume de dire d'un excel-
lent Orateur : Il eft plus éloquent que Coll. Ce livre eft daiis la Bibliothèque
du Roy.
FATH Al Schâm , Hiftoire de la conquête que les Mufulmans ont faite en
divers teras de la ville de Damas & de la Syrie , écrite par Abou Abdallah Ben,
Omar Al Vakodi. Il eft dans la Bibliothèque du Roy.
FATH
F A T H. FATHEMIAH. 27
FATH AI ongioud u Scharh al gioud, Eloge divifé en 24 chapitres, & ter-
miné par un Poëme Acroftiche fur Mahmoud Pafcha Gouverneur d'Egypte. Il
cfl dans la BibUotheque du Roy.
FATH Al raouf al cadér, &c. Commentaire fait fur le Livre intitulé Emad
al red/ia, qui n'eft qu'un autre commentaire fur les Adâb al cadha, livre dans
lequel on trouve les règles qu'un Cadhi doit fuivre dans fes jugemens félon les
principes des Schafeiens. Il ell dans la Bibliothèque du Roy n -. 605.
FATH Al Rahmàn be Cafchf ma iolbas fil Coran , Explication des paflages
les plus difficiles , & les plus enveloppez de l'Alcoran , compo;ee par Zakaria
Ben Mohammed Al Anfari qui a emprunte de Fakhreddin Al Razi ce qu'il a mis
de meilleur dan? fon hvre. Il eft dans la Bibliothèque du Roy, n". 583.
FATHAVAT ou Fothovdt Mekkiah , les conquêtes de la Mecque, C'eft
une hiftoire de toutes les guerres qui fe font faites en divers tems au fujet de
cette ville. Foyez Bedr, (Sec.
FATHEAT Al ôloura , les ouvertures, ou les clefs des fcienccs , Livre
d'Abou Hamed Al Gazali, divifé en fept chapitres. Il ell dans la Bibliothèque
du Roy n'. 902.
FAT HEM AH & Fathimah , fille de Mahomet, & d'Aifchah , naquit à la
Mecque, cinq ans avant que fon père voulût palfer pour Prophète, & mourut
fix mois après lui dans la ville de Medine, âgée feulement de 28 ans. Elle fut
mariée à Ali, coufin germain de Mahomet, & fut mère de Haflan & de Houffain.
Les Mufulmans la font paifer pour une femme fort vertueufe.
FATHEMAH, Reine ou Princeffe des Arabes en Syrie, laquelle ayant
appris par fes livres qu'il devoit naître d'Abdallah Coraifchite un très-grand Pro-
phète , le fit rechercher pour l'cpoufer ; mais la deftince de mettre au monde
Mahomet , étoit refervée à une autre.
FATHEMIAH. Doulat al Fathemiah: La dynafi:ie des Fathimites, c'eft-
à-dire, des Princes qui prétendoient defcendre en ligne direde d'Ah, & de Fa-
thima fille de Mahomet , fon époufe.
Cette dynallie commença en Afrique l'an de l'Hegire 295, de J. C. 908, par
Abou Mohammed Obeidallah, lequel fe fit fuivre comme un Prophète, chcdTa
les Aglebites de la Province proprement dite Afrique , «Si peu après les Edriflites
de la Barbarie, Numidie, «Se Mauritanie où ils regnoient.
Ce premier fondateur de la puifl^mce des Fathimites qui conquirent enfuite
l'Egypte , «Se s'y établirent en qualité de Khalifes , prenort le titre de Mehedi
qui fignifie le Direfteur des Fidèles, quoique ce titre foit refervé au douzième
& dernier Imam qui ne doit paroître qu'à la fin du monde.
Plufieurs ont conteflé à ces Princes l'origine qu'ils prétendoient tirer d'Ali «Se
de Fathima : quelques-uns ont écrit que ce premier Fondateur de la dynailie
s'appelloit Sâid Ben Alimed fils d'Abdalla Al Kadâh , & que ce furnom de Kadah
lui avoit été donné , à caufe qu'il avoit les yeux fort enfoncez dans la tête ;
c'eft ce que rapporte Ben Schonah. Dahebi dit qu'il n'y a que les ignorans qui
les appellent Fathimites, car bien loin de defcendre d'Ali «Se Fathima , l'on avoit
D 2 de
ag F A T H E M I A H.
de bonnes preuves que le grand père d'Obeidallah étoit Mage ou Juif de Reli-
t^ion, & Serrurier de fon métier, exerçant fon art dans Salamiah, ville des dépen-
dances d'Emefle en Syrie. Cette origine d'Obeidallah eft confirmée par Aboul
Vahab Al Bafri, & par Aboubecre Al Balani.
Soiouthi dans la préface du Tarikh al Kholafa ou Hiftoire des Khalifes qu'il
nous a laiflee , dit qu Aziz fils de Moêz le Fathimite , Khalife d'Egj^pte , ayant
écrit à celuy d'Efpagne qui étoit Ommiade de race , & fe mocquant du titre
de Khalife qu'il prenoit, vu fon origine, celui-ci lui récrivit: Vous vous moc-
quez de moy , parce que vous me connoifl^ez ; fi je vous connoiflbis auffi , je
pourrois vous répondre. L'on dit qu'Aziz fe fcntit piqué jufqu'au vif par ces
quatre mots qui font Arafcâna hegi ou-tana laou arafnak Agibnak.
Thabatheba ayant demandé un jour à Moêz de quelle branche des Alides il
étoit, ce Khalife tira fon épée du fourreau , «& lui dit ces deux mots : Hadha
nesbi : voici ma généalogie : puis jcttant l'or à pleines mains à iés foldats , il
ajouta: Hadha ghîji , voici ma race.
Cader billah Khalife de la race des Abbaffides à Ragdet, voyant que les Fa-
thimites ufurpoient le titre fi vénérable parmi les Mufulmans , de Khalife , fit
faire un manifelle contre eux dans lequel il prétcndoit prouver qu'ils n'apparte-
iioient en aucune manière à la Maifon d'Ali; mais qu'ils étoient Kharegiens ou
Se6laires de la faftion d'Ebn Diiîlm.
Cette dynaftie des Fathimites efl auffî fouvent nommée par les Auteurs Al
Khilafat al âloidat , le Khalifat des Alides ou Aliades , c'eft-à-dire , des dcfcen-
dans d'Ali, & contient la fucceffion de quatorze Princes ou Khalifes fuivant cet
ordre : Obeidallah ou Mahadi. Caiem. Manfor. Moêz. Aziz. Hakom. Dhaher.
MoHanfer. Moftaâli. Amer. Hafedh. Dhafer. Faiez & Adhed.
Il eft bon de remarquer que l'on doit ajouter à tous ces noms LediJiillah , qui
fignifie dans la foy ou dans la Religion de Dieu, comme à ceux des Khalifes
Abbaffides, les mots de Billah, Lillah, ou Bemr illah, qui fignifîent en Dieu, à
Dieu, & par le commandement de Dieu, ce qui a allez de rapport à nôtre, Par
la grâce de Dieu.
La durée de cette dynaftie depuis que Mahadi fe fit connoître à Segelmafia
en l'année 296 de l'Hegire , jufqu'à la mort d'Adhed qui arriva l'an 567 efl: de
172 années Arabiques de lunaires.
Il efb vray, félon le témoignage de plufieurs Auteu'rs, qu'en 569 de l'Hegire»
deux ans après la mort d'Adhed, les Egyptiens voulurent rétablir le Khalifat dans
Ja Maifon des Alides, & avoient déjà jette les yeux fur Amarah fils d'Ah leme-
ni: mais ce fut fans fuccez; car le Khalife de Bagdet y fut reconnu, ce qui
dura juf]u'en l'an 656^ que les Tartares abolirent entièrement le Khalifat, ce
qui n'empêcha pas cependant que la Maifon des Abbaffides n'ait encore pofiedé
en Egypte i au moins en apparence, cette dignité fous les Sultans Mamlucs,
jufqu'à la conquête que Sultan Selim, premier du nom, fit de ce Royaume.
Pour fçavoir les caufes de la décadence , & enfin de la chute entière de cette
dynafl:iG,%7 faut voir les titres d'Mh^à, &' de Snladin. Je me contcnteray d'in-
férer icy l'hiftoire d'un fongc que fit Adhed, félon qu'elle eft rapportée par
Ben Schohnah.
Adhed dernier Khalife de la dynafi:ie des Fathimites, un peu avant qu'il fut
dépofiTedé , vit Cii fonge un Scorpion forti de la JNIofquée qui le vint piquer.
Ceux
FATHIRAH. FEHEREST. 29
Ceux qui lui expliquèrent fon fonge , lui dirent , qu'il pouvoit fignifier qu'un
homme de cette Mofquée lui ôteroit fa dignité, ou entreprendrait ilir fa vie.
Le Khalife far cela fit venir en fa prélènce l'Intendant de la Mofquée , &
voulut fçavoir de lui qui y demeuroit; l'Intendant lui dit, que c'étoit un vieil-
lard qui faifoit profeffion de la vie Religieufe des Sofis , nommé Nagemeddin
Al Gioufchani. Cet homme ayant été mené devant le Khalife, lui avoiia, qu'il
étoit venu -là exprès pour fa dépofition. Adhed confidérant cet homme, le
trouva fi foible & fi miférablc , qu'il ne le crut pas capable d'une telle entre-
prife : c'efl pourquoy il lui donna l'aumône, & le congédia en lui difant: Priez
Dieu pour moi.
Il arriva cependant quelque tems après que Saladin voulant fe rendre le maî-
tre abfolu de l'Egj-ptc , prit la réfolution de fupprimer le Khalifat des Alides,
& de faire reconnoître celui des Abbaffides. Il fit pour cet efi^et une aflïmblée
géiierale des principaux Chefs & Docteurs de la loy, où cette afi'aire importan-
te dcvoit être décidée. Le vieillard , dont nous avons parlé , ne manqua pas
de s'y trouver , & il parla fi fortement contre les vices & les erreurs des Ali-
des, qu'ils furent déclarez infidèles par ce Synode, & leur Khalifat aboli.
Quoy que l'on compte quatorze Princes dans cette famille, il n'y en a pour-
tant qu'onze qui ayent régné en Egypte ; car les trois premiers établirent le
fiége de leur Khalifat à SegelmelFe , à Cairoan , & à Mahadie dans l'Afrique ,
& ce fut le quatrième, nommé Moêz, qui le transfera en Egypte dans la vil--
le du Caire, qu'il avoit fait bâtir, où il a fubfifté pendant le cours de 208 an-
nées Arabiques.
Ce fut l'an 362 de l'Hegire , de J. C. 972 , que Moêz ledinillah entra en
Egypte, & que l'on celfa d'y reconnoître le Khalife de Bagdet, qui étoit pour
lors Mothi lillah ; mais fes prédecciïeurs , outre l'Afrique qu'ils pofTédoient ,
avoient conquis la Sardaigne &. la Sicile, dès l'an 920 de Nôtre Seigneur, qui
réppnd au 308 de l'Hegire.
FATHIRAH. L'Oblation ou Sacrifice de la Méfie, que les Mufulmans
mettent au nombre des cinq points capitaux de la foy des Chrétiens, mot Ara-
be , qui fignifie proprement la fête de Pàque , à caufe du pain azime qui y eft
confacré.
FAT H I R I , furnom de Mahmoud Al Cafchi , Auteur d'un commentaire fur
le Poëme d'Ebn Faredh, intitulé Taiiah , qui mourut l'an 785 de l'Hegire.
FAZARI, furnom d'Abou Ishak , que les Mufulmans révèrent pour faint ;
Jafëi a écrit fa vie dans la fection 150 de fon hifloire.
FA Z I N I , furnom d'un Mohammed Ben Mohammed , difciple de Gaiathed-
din Manfour. Il a travaillé fur les Elemens d'Euclide , & a intitulé fon ouvra-
ge Tahadhib al OJfoul.
FEGANI & Figani, les Perfans le prononcent Figoni. C'efl le nom d'un
Poëte , qui a compofé en Perfien un Iskender Nameh , c'efl-à-dire , une hiflou-e
d'Alexandre le Grand en vers. Cet ouvrage a été traduit en vers Turcs.
FEHEREST & Fihirifl:. Feherefl: Ebn Nedira , Catalogue de livres Arabes
recueilli par Ebn Nedim.'
D 3 FEHIM,
30 F E H I M. F E L E K.
FEHIM, furnom de Tageddin Ali Ben Mohammed Al MoufTali, Auteur d'un
livre intitulé Athàr al rabe4t,
FEK & Fekehat, l'étude & la fcience de la Loy, la JuriCprudence ; Fakih ,
un Dofteur de la loy , ou , fi vous voulez , un Jurifconfulte. C'eft d'où vient
le mot Efpagnol Alfaqui.
Il faut remarquer, que l'Alcoran étoit chez les Mahometans le feul livre de
leur loi; il renferme, par conféquent, tout leur Droit civil & canonique, pour
parler félon nous, & comme il comprend aufîi toutes les véritez qu'ils doivent
croire , il s'enfuit qu'un Dofteur en cette loy , ell auiïï Do6leur en Théologie
à leur mode, & que les deux profelîions^ de Théologie & de Droit, font chez
eux inféparables.
Cette loy, fur laquelle eft fondée toute la Théologie & toute la Jurifpruden-
ce des Mufulmans , eft donc comprife dans l'Alcoran , de même que celle des
Juifs l'eft dans les cinq livres de Moyfe; c'eft pourquoy ils appellent par excel-
lence l'étude qu'ils en font, Ders, c'eft-à-dire , méditation, mot qu'ils ont em-
prunté de l'Hébreu Derafch, qui fignifie recherche & éclairciffement de la loy,
d'où fe forme celuy de Darlchan , qui eft chez les Juifs un Prédicateur & un
Interprète de la loy.
On trouve dans le livre intitulé Uns Jlmoncathein , une fentence ou tradition
de Mahomet en ces termes : La chofe la plus excellente de la Religion eft la
fcience de la loy , & la chofe la plus excellente de la loy eft l'obfervance des
commandemens de la loy, Dieu ne pouvant être plus honoré que par l'étude
& par l'accomplilTement de fa loy. Il ajoute enfuite , qu'un homme bien verfé
dans la loy, eft plus fort contre le Démon que mil perfonnes dévotes & pieu-
fes ; & il en rend cette raifon , qui eft que chaque chofe étant appuyée fur fon
fondement , & l'étude de la loy étant le fondement & la colonne de la Reli-
gion, celui qui s'y applique, demeure toujours ferme & inébranlable.
Moavie fut autrefois qualifié du titre de Calil alhadith, c'eft-à-dire, d'homme
qui s'attachoit peu aux traditions prétendues de Mahomet & de Çqs premiers
compagnons; & il difoit fouvent : Appliquez-vous, Mufulmans, à bien étudier
la loy, parce que j'ay ouy dire au JProphete , que Dieu rend celui qu'il aime,
fçavant dans fa loi.
Il eft aifé de voir, que tous ces fentimens font pris des Pfeaumes de David,
& particulièrement du cent-dix- huitième.
FEKEHAT Allogat, l'intelligence de la langue Arabique , Ouvrage qui con-
tient les mots les plus propres & les plus recherchez de la langue Arabique ,
rangez fous divers titres , à la manière d'un Onomafticon , tel qu'eft celui de
Pollux en Grec, & le Janiia Ungiiarum en Latin. Il eft, in folio, dans la Bi-
bliothèque du Cabinet du Grand-Duc. C'eft Thaalebi qui en eft l'Auteur.
FEKHERL Voyez k titre d'Afchgi Zadeh.
FELE K, le Ciel. Ce mot Arabe, auffi-bien que le Perfien Kerdoun, fe prend
ordinairement chez les Poètes Orientaux , pour le deftin & pour la fortune , à
caufe de fes révolutions continuelles. Dunia & Deher, Gehan & Rouzghiar, qui
fignifient en Arabe & en Pcrfien le monde , le fiècle & le tems , fe prennent
aulS
F E L E K I. g,
auflî dans le même fens. Von -peut voir ces titres , pour fçavoir ce que difent
les Orientaux fur la viciffitude des chofes humaines. j.o|||
FELEKI, furnom d'un Poëte Perfien, natif de la province de Schirvan ou
Medie des anciens, dont le nom propre eft Aboul Nazâm Mohammed, On le
qualifie ordinairement du titre de Schems al Schoâra , Soleil des Poètes , & de
Melikal fodhala , Roy des fçavans ; & l'on préfère fa poëfie à celle de Khaka-
ni , & à celle de Zehir.
Le Sultan Sâid Ulugh Begh Mirza dit, qu'après les Poëmes d'Envari , il n'y
a point de poëfie qui ait plus de force que la fienne , & Hamdallah Moftaoufi
croit qu'il a été le maître de Khakani ; mais l'Auteur du Tezkereh Afchoara
réfute cette opinion , par le témoignage du Scheikh Azéri dans fon poëme , in-
titulé Giavahir al afrdr, où il aiTùre , que Feleki & Khacani ont été tous deux
difciples d'Aboulôla, le plus illuftre des Poètes Arabes.
La ville où. ce Poëte prit naifîance eft Schumakhi, ou, comme nous l'appel-
ions , Schamachie , proche le rivage de la mer Cafpienne , dans la province de
Schirvan, dont le Prince qu'il a entrepris pai-ticulièreracnt de loiier, étoit pour
lors Manugeher Schah, auprès duquel il avoit grand crédit.
L'on donne le furnom de Feleki à nôtre Poëte , à caufe , dit - on , du com-
merce qu'il eut au fujet de fes amours , dans la maifon d'un Ailrologue , qui
lui fit naître le defir d'apprendre l'Allrologie , que les Arabes appellent Elm al
felek, la fcience du ciel. 11 fit de ïi grands progrcz dans cette fcience , qu'il
compofa même un traité intitulé Jhcdm Nogioum , des jugemens Aflrologiques 3
ouvrage fort eftimé par les gens de cette profelîion.
L'on dit, que fes amours le portèrent à un fi grand excez de mélancholie ,
qu'il refolut de rompre tout commerce avec les hommes , & de fe retirer dans
le coin d'une maifon écartée , qui étoit à l'extrémité de la rue où loo-eoit fa
maîtrefl^e. Il y compofa d'abord ce quatrain qu'il lui envoya , où il s^'adrefle
au vent qui paffoit devant fa porte , avant que d'arriver au logis de fa Dame,
& il lui dit :
La rançon âf le prix de ma vie fera ta récompenfe, Jî dajis le moment que tu pas-
feras devant le logis di ma maitrcjfe, tu lui dis ces paroles:
J'ay vu en pajjant au coin de cette rué un amant éperdu , qui prejfé de l'extrême
d'fir de vous voir eft fur le point de rendre Came.
Un jour ayant appris que la perfonne qu'il aimoit, étoit dans fon voifina-^e,
& qu'elle lui donnoit part de fon arrivée, il effuya fes larmes; & paflant tout
d'un coup à une extrême joye , il chanta ces vers :
Le plaifir que fai fenti entendant feulement le bruit de vos pas:
O vous, qui afafinez fur les grands chemins le bon fens de tous vos amants,
Faffionné que je fuis^ de voir l'unique objet de tous mes fouhaits , après mil mo-^
mens lattgufftants d'une foib.'e efpérance.
Ce plaifir, dis-je, a laijfé enfin échapper mon cœur fur les prunelles de mes yeux,
âf a fait courir toute mon ame à la porte de mon oreille.
Lorfqu'il eut le bonheur de la voir, il s'écria : Ne croyez pas que je puiffe
jamais -
32 FELEKI. FERAIDH.
jamais avoir de la patience à vôtre égard , ou que je puifTe demeurer un mo-
ment éloigné de vous : Mais , que dis-je , & que fais-je , fi je n'ay pas de pa-
tience? puis que la fortune des vrais amants efl de foufFrir toujours.
Il fallut pourtant enfin fe féparer, & la Dame en partant chanta ces vers.
Jufqv'à ce que -vous foyez entier eme^it perdu , quelque playe que vous fajje l'amour ,
vous lie demanderez jamais au Médecin qu'il vous guérijfe.
Ne craignez donc, ni mal, ni perte dans la voye de l'amour ; car fi vous ne cejfez
entièrement d'être, vous ne ferez jamais un parfait amant.
Quoy que Feleki fe fût rendu excellent dans les Mathématiques , il les quitta
cependant , pour fe donner entièrement à la Poëfie. Il nous a laiiTé plufieurs
de fes ouvrages, dans lefquels on compte plus de quatorze mil vers, qui l'ont
rendu illuflre dans toute la Perfe. Il mourut l'an de l'Hegire 577, & fut en-
terré dans la ville royale 5chamachie. Cet abrégé de fa vie eft mis en guife
de préface, à la tête de fes ouvrages, en langue Perfienne.
FELEKI, furnom d'Aboulfadhl , qui a travaillé fur les Efma. Voyez ce titre.
FELVARIS Ai. C'eft ainfi que les Turcs appellent le mois de Février du
Calendrier Julien; ils difent, qu'il correfpond au mois, nommé dans le Calen-
drier Syrien 5 Schubat, & le comptent pour le dernier mois de l'hyver. Ils fe
fervent beaucoup dans leiu-s Ephémerides , auffi - bien que les autres Orientaux ,
du Calendrier Julien.
FENEK ou Fenk; les Aftronomes du Cathai & del'Igur, au rapport d'U-
' \\i^h Begh , divifent le jour civil de 24 heures en douze parties égales , qu'ils
appellent Tchagh, & chaque Tchagh en huit parties qu'ils nomment Keh: Mais
par une autre divifion plus particulière, ils partagent nos vingt -quatre heures
en dix mil parties, dont chacune eft nommée Fenk.
Ces mêmes Aftronomes ne mefurent pas cet efpace de 24 heures d'un midy
à l'autre, comme font tous les autres Mathématiciens de l'Orient & de l'Occi-
dent ; mais d'un minuit à l'autre, ce qui leur eft particulier.
FERAIDH, les commandemens & les obligations de la Religion Mufulma-
ne. Seragiah , Auteur célèbre , en a fait un livre fort eftimé des gens de fa
fefte, qui fe trouve dans la Bibliothèque du Roy, n°. 714.
Cet Auteur , avant que d'entrer en matière , difcoure de toutes les qualitez
qui tombent fur les différentes chofes ,qui font commandées ou défendues par
la loi. Cette diftinftion eft curieufe.
Il dit premièrement , que tout ce gui eft clairement déclaré dans la parole
de Dieu, laquelle félon lui eft l'Alcoran, s'appelle Fardh , & que quiconque ne
le reçoit pas, eft infidèle.
Vagcb s'appelle tout ce qui eft clair par la raifon: celui qui ne l'obferve pas
eft un ignorant & un miférable, mais il n'eft pas infidèle.
Sunnah ou Tradition. Il y a du mérite à l'obferver, & celui qui ne l'obfer-
ve pas eft digne de réprimende, mais non pas de punition.
Moftehcb eft ce qui mérite d'ôti-e obfcrvé ; & ce qui ne l'étant pas , n'obli-
ge ni à punition, ni .à repréhenfion.
Mobah
F E R A O U N. 35
Mobah efl tout ce qui peut être obfervé , ou obrais également & fans dif-
tinftion.
Macrouh eft une chofe pour laquelle on ne loiie point celuy qui s'en abllient,
& on ne blâme point celui qui en ufe.
Harâm efl ce qui mérite repréhenfion & punition, en un mot, ce qui efl dé-
fendu expreiïëment par la loy ; & le contraire de Halal , qui fignifie tout ce qui
efl permis par la même loy.
Adab tombe fur tout ce que le Prophète, c'efl-à-dire , Mahomet, a pratiqué
une ou deux fois.
FERAOUN & Firaoun; les Mufulmans appellent Feraoun celui que les Hé-
breux nomment Perô , & nous autres Pharaon , & ils difcnt , que ce mot efl un
titre que prenoient les anciens Roys d'Egypte , de même que les fucceffeurs
d'Alexandre ont pris celui de Ptolomée. Ainfi le nom de Refera ou Khofroes
étoit commun à tous les Roys de Perfe de la quatrième dynaflie , que l'on nom-
me auflî des Saffanides, celui de Cailfar auv F2mpereurs Grecs & Romains, ce-
lui de Khacàn aux Tartares , de Fagfour aux Chinois, & de Tobâ aux Roys
de riemen ou Arabie Hcureufe.
Le Pharaon , qui regnoit en Egypte lorfque Jacob y vint avec fcs enfans ,
s'appelloit félon les Arabes Rian , celui qui lui fucceda Malfàab, & celui auquel
Moyfe s'adreffa Cabous ou Valid.
Le premier éleva Jofcph à ce point de grandeur que les faintes Ecritures
marquent, le fécond continua à bien traiter les Juifs, en conOdcration des grands
fervices que Jofeph avoit rendus à fon père : mais le troilième ayant oublié Jo-
feph , s'oublia fi fort lui-même, que de vouloir palfer pour une divinité , di-
fant à fes peuples /ina liakom , je fuis vôtre fouverain Maître, c'efl-à-dire,
vôtre Dieu.
Il maltraita fort les Ifraëlites, à caufe qu'ils réfufoient de le reconnoître pour
tel , & il leur dit : Jofeph étoit un efclave , acheté à prix d'argent par un de
mes prédecelfeurs , & par conféquent vous êtes tous mes efclaves ; & fur ce
fondement, il les reduifit en fervituJe jufqu'au tcms que Moyfe les délivra de
fcs mains.
C'efl ainfi que parlent les Interprètes de l'Alcoran fur le chapitre Aaraf.
Le Tarikh Âfontekheb veut , que les Pharaons appeliez par les Arabes Faraê-
nah , foient de la race d'Ad , Père de la Tribu des Adites , & que Valid ou
Velid, qui fut fubmergé dans la mer rouge, vcquit du tems de Manugeher ,
Roy de Perfe de la première dynaflie.
Les Alides , qui ne pouvoient foulfrir que le Khalifat fût hors de leur Mai-
fon, appelaient les Ommiades Faraenah Béni Ommiah, les Pharaons de la Mai-
fon d'Ommie , & les Arabes appellent auffi généralement du nom de Pharaon
toutes les tribus ou familles des impies & des infidèles.
Dans le chapitre de l'Alcoran, intitulé Nazéat ^ l'on trouve, que Pharaon vint
jufqu'à cet excez d'orgueil & d'impiété, qu'il prononça ces paroles: Je fuis yo-
tre -fouverain Seimeur , Éf le plus grand de tous vos Dieux: mais Dieu punit fa té-
mérité en ce monde-cy ^ en l'autre. D fut en effet fubmergé dans les eaux de la
mer rouge, & fut condanné au feu éternel de l'enfer, difent les Interprètes,
Cafchiri dit, dans fon Livre intitulé Lathaif ^ que le Démon ayant entendu
ces paroles de Pharaon, fc plaignit de ce que pour avoir feulement tente Adam
ÏOME IL E du
54 F E R A O U N.
du dsfir d'une fcience égale à celle de Dieu , il fe trouvoit en un état fi m'-
lerable, & que Tharaon , qui avoit voulu palTer pour Dieu même, n'étoit paa
plus puni que lui.
Quelques-uns veulent, que ces deux peines auxquelles Pharaon a été condam-
né, regardent les deux paroles impies qu il profera, la première qui ell rappor--
tée cy^delTus , & la féconda qui fe trouve couchée ailleurs. Je ne crois pas quil
y ait pour vous d'autre Dku que moi: Et plufieurs avancent, que cet impie de-
meura pendant Tefpace de quarante ans dans ce fentiment.
Le Scheik Ah-eddou'at rapporte, qu'étant allé vifiter HoufTain, fils de Man-
for, furnommé Hallage, il le trouva ravi en extafe, ce qu'ayant vu, il lui vint
dans l'efprit cette peniée: Pourquoy Pharaon pour avoir dit, Je fuis vôtre Dieu^
eft-il condamné aux fiâmes éternelles ; & que Houlfain qui dit : Je fuis Dieu ,
eft-il élevé au plus haut degré de la contemplation , & jouit-il en ce monde des
délices du paradis?
Dans le tcms que je faifois cette réflexion , dit le Scheik , une voix fe fit en-
tendre , en ces termes : Pharaon difant ces paroles , ne regardoit que lui-même ,
& m'avoit entièrement oublié , & HoufTain en les proférant ne penfe qu'à moy,
& s'eft oublié lui-même. Pharaon blafphemoit & m'abandonnoit, HoufTain s'u-
nit à moi & m'adore. Ce , je fuis ^ dans la perfonne de Pharaon , étoit une
malédiftion pour luy : ce , je fuis , dans celle de HoufTain , efl un efTet de ma
miféricorde. Enfin, ce Tyran étoit l'ennemi déclaré de la fouveraine Vérité,
& celui-cy en ell un amant paflionné , & ti'anfporté. Voyez Le titre de cet Houf-
L'hifloire de Pharaon e(t rapportée par lambeaux en plufieurs endroits de TAl-
coran. Dans le chapitre de Jonas , Mahomet fait dire à Dieu les paroles fui-
vantes : Nous avons fait pafer la mer aux enfans d'Ifraël , Pharaon les pourfuivit
avec fon armée pour les perdre, jufqiià ce qu'il fe noyai lorfqu'il fe vit à l'extré-
mité de fa vie, il dit: Je croy qu'il ny a point d'autre Dieu que celui des Ifraëli'
tes, ce(î en lui qu'ils croyenî , & je protejîe, que je fuis aujfi du nombre des Fidè-
les, On lui dit alors : Vous avez été rebelle jufqu'icy , 6? n'avez employé votre vie
qu'à offenfr Dieu , vous augmenterez maintenant le nombre de ceux qui font perdus
fans refource. Dieu lui dit encore : Je retirerai aujourd'hui vôtre corps mort du
milieu 'des eaux , afin qu'il ferve de figne èP de monument de vôtre rébellion , ^ de
ma puiffance à ceux qui viendront après vous.
Les "Interprètes Mufulmans ont chargé, félon leur coutume, cette hifloire de
plufieurs contes fabuleux ; il ne fera pas inutile d'en rapporter quelques - uns.
Ils difent premièrement , qu'il faut voir dans le chapitre Schoara de quelle ma-
nière Moyfe fendit les eaux de la mer rouge, pour ouvrir le palîage aux Ifraë-
lites, après quoy voici comme Pharaon y entra.
Gabriel , l'Ange conducteur de ce peuple , monté fur une hacquenée , étant
demeuré le dernier de tous fur le bord de la mer du côté d'Egypte , Pharaon
y arriva, & voyant la mer entr'ouverte, qui lui frayoit un chemin, il ne vou-
loit point y entrer ; mais fon cheval attiré par l'odeur de la hacquenée de Ga-
briël , l'emporta , & fit que toutes les troupes qui fuivoient leur Prince , fe
trouvèrent fans y penfer au milieu de la mer , laquelle en fe refermant ,. les.
engloutit tous.
L'Auteur des Medarek dît , que Pharaon fe voyant dans cette extrémité , fît
une déclaration & profefîion de foi en trois manières difl'érentes, lorfqu'il n'é-
toit
F È R A O U N. 3j
toit plus tems , & qu'une feule de ces trois formules lui auroit auti-efois fuffi :
c'efl pourquoy Gabriel lui dit : Vous n'êtes plus en état de choifir , vous en
avez perdu l'occafion.
Le même Auteur & celui de Tebiiân écrivent , que ce même Ange s'étoit
prefenté autrefois devant Pharaon, fous une figure empruntée, & lui avoit pro-
poie un cas à décider en cette manière: Un maître avoit un efclave qu'il avoit
élevé & diftingué de tous fcs compagnons , par une infinité de faveurs dont il
l'avoit comblé. Cet efclave oubliant fa condition & les grâces qu'il avoit reçues
de fon maître, devint fi méconnoiffant , qu'au lieu de demeurer dans l'obcilTan-
ce , il entreprit de faire le maître , & palfa dans une rébellion ouverte contre
fon Seigneur.
Pharaon n'eut pas plutôt ouy ce récit, qu'il fîgna de fa propre main la condam-
nation de l'efclave, & déclara qu'il méritoit d'être jette & noyé dans la mer.
L'Ange , qui avoit gardé cette fentence de Pharaon par écrit , ne manqua pas
de la lui préfenter , lorfqu'il fut fur le point d'être enfcveli dans les eaux de
la mer , & lui dit pour dernier adieu ces pai'oles : Vous vous êtes condam-
né vous-même, & vous ne fouffrez que ce que vous avez mérité de vôtre pro-
pre aveu.
Les Ifraëlites, après avoir pafle la mer , ne furent pas encore délivrez de
toute forte de crainte; car ne fçachans pas que Pharaon fut péri dans les eaux,
ils appréhendèrent qu'il ne fill préparer des vaiffeaux pour la palier, & ne les
pourfuivît jufques dans le defert : c'ell pourquoy, difent les Mufulmans en con-
tinuant leurs fables : Dieu fit venir au-delTus de l'eau à la vue de leur camp ,
le corps de Pharaon qui fut reconnu à la cuirafl'e de fer qu'il portoit , & ce
miracle de faire flotter un corps chargé de fer les alfurant de plus en plus de
la proteffion de Dieu, leur ôta toute forte d'inquiétude.
Les Egyptiens , qui ne voyoient point revenir leur Roy , difoient , qu'il
étoit allé dans quelque Ifle de la mer , pour y chafl'er aux oyfeaux ou pour y
pêcher; mais Dieu fit encore un autre miracle, car les vagues de la mer pouf-
fèrent le corps de Pharaon fur un des rivages les plus élevez de cette mer du
côté de l'Egypte, afin qu'il fût vu de tous fes fujets , & que l'on ne doutât
point de fa mort.
Ce fut-là ce figne dont il ell parlé dans ce verfet, & un exemple à fes fuc-
ceifeurs & à tous les plus grands Roys de la terre , afin que celui qui eft par
nature un efclave, foûmis à la domination du fouverain Maître, comme tous les
autres hommes, ne dife pas comme Pharaon: Je fuis vôtre fouverain Seigneur ^
Maître^ titre qui n'appartient qu'à Dieu feul.
Un Poëte Perfien dit fur ce fujet : Quelle ignorance n'efl-ce pas à un hom-
me qui ell efclave du fommeil, du boire & du manger, de fe vanter d'être in-
dépendant & abfolu; & que celui qui eft fi foible à l'égard de foi-même , falTe
tant de bruit du pouvoir qu'il a fur les autres?
Dans le livre intitulé Lathaif, Lamai rapporte , que Pharaon tenoit fouvent
çonfeil avec le Démon & qu'il lui avoit fait plufieurs inftances , afin qu'il le
lift paifer auprès de fes fujets pour une Divinité. Le Démon lui répondoit •
toujours, qu'il n'étoit pas encore tems , & qu'il ne manqueroit pas de le fatis-
faire en tems & lieu. Sur ceci l'Auteur s'écrie : Quelle folie n'eft-ce pas à
un homme de vouloir paifer pour Dieu , pendant que fouvent la faim & la
maladie le preffent : Tu te veux élever , malheureux , au - defllis de la condi-
E 2 tion
3^ F E R A O U N.
tion des autres hommes , & tu as befoin de fubvenir à tes nécefîîtez , com-
me eux.
Un jour enfin le Dé.non le vint trouver & lui dit : Le tems efl venu de f.ù-
re publier vôtre Divinité. Piiaraon lui demand.i alors .* Pourquoy avez-vous at-
tendu prcciilment jufqucà ce tems-cy pour accomplir vôtre promefle. Le Dé-
mon lui répliqua : C'ell que vous vous êtes 11 mal comporté , & avez fi mal
gouverné vos Etats juiqu'à ce tems -ci, qu'aucun de vos llijets ne vous peut
plus foulFrir, de forte que déformais ils fe révolteront tous contre vous, à moins
que vous ne palliez dans leurs efprits pour un Dieu : car lorfqu ils auront cet-
te croyance, tout ce que vous ferez, & tout ce que vous direz pour extrava-
gant qu'il puilic être, fera regardé & écouté avec refpeft.
La moralité de cette fable ell , qu'il n'y a que les infenfez qui puilTent con-
cevoir des penfées fi vaines , ce qui fait conclure à Lamaï fon conte par cet-
te réflexion inftruftive. Quand un homme de peu de valeur feroit élevé juf-
ques fur le trône, il ne paifera jamais pour un grand Roy. L'homme dénué de
mérite ne trouve point d'élévation dans la grandeur même. Vous voyez fou-
vent une vapeur s'élever de terre julqu'au ciel & former une nuée éclatante ;
mais elle a beau monter, elle n'arrivera jamais jufqu'au Soleil, ni même jufqu'au
plus bas des planètes. En effet , toutes ces Lunes que l'on employé aux orne-
mens des bàtimens & des habits pourroient- elles jamais attirer l'admiration des
hommes Lien fenfcz, comme fait l'Aftre véritable de la nuit.
Les Magiciens de Pharaon , fuivant le fentiment des Mufulmans , s'étant con-
vertis à la vue des véritables miracles de Moyfe, par lefquels leurs preftiges &
leurs impoilures furent entièrement difîipées , ce Prince ii-rité les foupçonna être
d'intelligence avec JVIoyfe, & les condamna tous à la mort.
Ces Profclytes , bien loin d'être épouvantez par la crainte des fupplices , s'af.
fermirent de plus en plus dans la foi du vrai Dieu, & témoignèrent une très-
grande joye de mourir pour fon amour ; c'eft ce qui leur lit dire à Pharaon :
Non feulement nous ne craignons pas la mort ; mais nous la fouhaitons plus
ardemment qu'une perfonne alt>jrée ne dcfire l'eau la plus fraîche. Nôtre mort
ne fera qu'un retour ;i Dieu, & qui ell celui qui ne doive pas foupirer après
ce retour ?
Gelaleddin Mohammed Al Balkhi chante fur ce fujet : Nos âmes font enfer-
mées dans des vafes d'argille , qui ne font que terre & eau. Quand elles font
une fois dépêtrées de cette boue, avec combien de joye vont -elles fautant &
bondiffmt dans les airs de la Divinité. Elles paroiffent comme autant de lunes
dans leur plein, auxquelles il ne manque plus rien de leur éclat. Auflî-tôt que
le voile dont elles étoient enveloppées efl levé , combien d'ouvertures ne trou-
vent elles pas pour aller voir & poffeder leur Bien -aimé. C'efl alors qu'elles
font retentir tout l'empyrée de leurs cantiques , & qu'elles redifent inceffam-
ment ces paroles : Piût à Dieu, que tous les hommes fçuffent & connuffjnt.
Les Chrétiens Orientaux, félon le témoignage d'Ebn Batrik, donnent le nom
d'Amious , au Pharaon de Moyfe qui fut fubmergé. Il y a au/îi des Mufulmans
qui le nomment Sendn Ben Uluân. Le nom d'Amious femble avoir quelque rap-
port à celui d'Amafis, ancien Roy d'Egypte, fort connu des Grecs.
Il y a dans la Bibliothèque du Roy, n^. 1121, un livre, intitulé Ketâb fi imîn
Fdrao'tn, oli il efl: traité de la profeffion de foi , <Sc.de la pénitence trop tardi-
ve de ce Prince.
FERARIGE. F E R I D O U N. 3^
n y avoit autrefois , félon le Géographe Perfien , un lieu proche la ville da
Colzum, qui portoit le nom de Kiofchk Feraoun, c'eil-à-dire , le Balcon ou le
Portique de Pharaon. Foyez le tare de Moulfa ou Moyfe.
FERARIGE. Màmal al ferarige, l'art de faire éclore des pouflins dans un
four, qui n'cft en ufage qu'en Egypte. Foycz le tare ûlê Giavaher Bohour.
FER CAD, Auteur eflimé , également pour fa doftrine & pour ft piété,
par les IMululmans. On cite de lui cette fentence : Faites état que ce monde-
cy n'cft qu'une nourrice étrangère & empruntée , & que l'autre vie eft vôtre
\''.ritable mère , & coniiderez que le Faon , qui tette une autre biche que fa
mère, ne commence pas plutôt à fe fentir & à fauter, qu'il abandonne fa nour-
rice pour courir vers la mère.
FERDOUSI , furnom de Haiîlui Ben Scharf ou Scharfschah , auquel on a don^
ne le titre de Danifchmcnd Agcm , le Sçavant de Perle. C'eft le plus célèbre
Poëte que la Perfe nous ait donné , dont le Poëme intitulé ^chahnameh , c'eft-
à-dire, l'hiftoire ou les Annales des Roys de Perfe, eft le plus fameux de tout
l'Orient.
Ferdoufi le compofa en foixante mil vers , dont chacun cflr proprement un de
nos Diftiques, à la requifition du Sultan Mahmoud, fils de Scbccteghin, qui ne
l'ayant recompenfé que de foixante mille drachmes d'argent , ce Poëte irrité en
eut tant de dépit, qu'il quitta la Cour du Sultan, & fie des vers contre lui. Il
mourut à Thous , fa patrie, l'an de i'Hcgire 411. On l'appelle ordinairement
Ferdoufi Thoufi.
On parlera ailleurs plus au long des avanturcs de ce Poëte. Foyez cependant
le titre de Schahnameh.
FERIDOUN & Afridoun, feptième Roy de Perfe de la première race ou
dynaftie , étoit fils d'Apiten ou Alkian , Prince qui defcendoit de la lignée de
Giarafchid. 11 défit en bataille rangée Zohak, ufurpateur de la couronne de Per-
fe, il le fit prifonnier & le tint fous bonne garde dans une grotte dé la mon-
tagne de Damavend. Le jour qu'il gagna cette fameufe bataille, & qui délivra
la Perfe de la tyrannie de Zohak , fut appelle par les Perfans iVIihirgian , &
tombe juftement au point de l'Equinoxe d'Automne , qui porte ce nom dans
le Calendrier Perfien.
Gomme le principal Auteur de cette viftoirc fut Gaou ou Gao, fimple For-
geron, lequel ayant attaché fon tablier au bout d'une perche affembla , & ex-
cita le peuple contre le Tyran Zohak , Feridoun pour conferver la mémoire
de cette aftion fi hardie & fi hcurcufe , fit enrichir le tablier de Gao , qui
avoit fervi d'étcndart le jour de la bataille, de pierres prctieufcs, que tous les
Roys fes fucccifcurs ont augmentées, jiifqu'à ce que fa valeur eft montée à un
prix ineftimable. Les Arabes le prirent fur les Perfans à la bataille de Cade-
fie, qu'ils gagnèrent fous le Khalifat d Omar, & l'ayant partagé cntr'eux , cha--
cun fe trouva recompenfé d'un trè'-'-riche butin.
Quand Keridoun fe fentit avancé en âge, il refolut de partager les Keats en-
tre trois cnfans qu'il avoit. Il donna à l'aîné , nommé Salm"^ la partie Occi-
dentale de fes Etats , qui s'étendoient jufqu'on Afrique. Le léconJ , nommé
Thour, eut pour partage la partie Orient le jufqu'au Gihon. Et le troiCème,
E 3, nom-
p F E R I D O U N.
nommé Irage, fut pourvu des Provinces qui en occupoient le milieu , avec la
prérogative du trône Royal , & la pofleffion des trefors que fon père avoit
Feridoun , après avoir ainfi difpofd de fes Etats, choifit un lieu de retraite,
pour y vacquer uniquement au fervice de Dieu: mais le^ repos de fa folitude
fut bien-tôt troublé par fes propres enfans , dont les deux aînez piquez de jaloufie
contre leur cadet , qu'ils difoient avoir été avantagé par leur père à leur pré-
judice , lui firent une cruelle guerre. Cette guerre ne finit que par la mort
d'Ira<ïe qui fut vaincu & tué par fes frères : mais ceux-ci non contens de fa
mort^ envoyèrent par une impieté deteftable , fa tête à leur propre pcre Feri-
doun^ lequel outré de cet attentat, maria la fille d'Irage à un Prince de fa fa-
mille, & c'eft de luy que Manugeher naquit, lequel étant arrivé à l'âge de por-
ter les armes, vangea la mort de fon gr4nd-pcre par celle deSalm & de Thour
fes grands oncles.
C'efl; ainfi que l'Auteur du Lebtarik raconte l'hilloire de Feridoun , laquelle efl
rapportée par l'Auteur du Tarikh Cozideh avec quelques circonllances différen-
tes. Cet Auteur dit que Feridoun étoit petit-fils de Giamfchid, & qu'il por-
toit le furnom de Ferrakh , qui fignifie généreux & libéral ; il le fait palfer
pour Mufulman, c'efi;-à-dire , pour un très-religieux obfervateur de la loy du
vray Dieu.
11 ajoute qu'il partagea fes enfans en grand Seigneur; car il donna à Salm fon
fils aîné le pays nommé Magreb, c'efl:-à-dire, toutes les Provinces de l'Occident
conquifes ou à conquérir, avec le titre de KailFar. A fon fécond fils nommé
Tour, la Turquie Orientale qui comprend les pays des Turcs, Tartares, & Mo-
gols, & toute la vafi;e étendue du pays de Catha Ôc de Tchin , c'efi;-à-dire, le
Cathai & la Chine, avec le titre de Fagfour.
Le Cadet qu'il aimoit plus tendrement demeura maître de la Perfe, des deux
Iraques, de la Syrie, de l'Arabie & du Khoraflàn, avec leurs dépendances , &
prit le titre de Schah : Celui-ci fe nommoit Irage ,^ & l'on croit que le grand
Empire de Perfe qui comprenoit les Provinces lailfées en partage à Irage, prit
de lui le nom d'Iran, de même que les Provinces qui étoient à l'Orient & au Sep-
tentrion de la Perfe, prirent le nom de Tourln à caufe de Tour qui en étoit
le maître.
Feridoun, félon le même Auteur, fit ce partage après avoir régné 500 ans,
& fut le premier qui dompta des Elcphans, & qui inventa la Theriaque.
Khondemir qui s'étend un peu plus que les Hifl:oriens précédents , dit que
Feridoun étoit fils d'Atkian, & non d'Apiten; mais il y a peu de différence dans
les chara6leres Perfiens , de l'un à l'autre de ces deux noms , & qu'après que
Gao eut par fa valeur , délivré la Perfe de la tyrannie de Zohak , & mis ce
Prince fur le thrône , il fe fervit du commandement général des armes qu'il
avoit entre les mains , pour affujettir tous les peuples voifîns de la Perfe à l'o-
boïffance de Feridoun; car ces peuples avoient fecoûé le joug des Perfans fous
le règne de Zohak.
Après cette expédition il pouffa fes conquêtes bien avant dans l'Occident, où
il fubjugua pendant l'efpace de vingt années, tous les peuples qui ne reconnoif-
foient pas la majefté & la puiffance du Monarque de Perfe , lequel faifoit fon
fejour pour lors dans l'Adherbigian, qui eft la Medie. Gao portoit dans toutes
fes expéditions l'étendart dont il fe fervit , lorfqu'il fit fa première entreprife
contre
F E R I D O U N. 39,
contre le Tyran Zohak , & cet étendart n'étoit autre qu'une peau dont il fe
ceignoit pour travailler à la forge qui étoit fon métier ordinaire; car il l'atta-
cha au bout d'une lance en forme de guidon, & la faifoit toujours porter à la
tête de fon armée.
L'on dit que les foldats regardant feulement ce guidon, fe promettoient tou-
jours une victoire complète, & infaillible fur leurs ennemis, & il devint fi fa-
meux, que les Perfans l'ont toujours confervé depuis, tant que leur Empire a
duré, c'eft-à-dire , jufqu'au ÎMahometifme.
Après que Gao eut fini fes exploits , il retourna à Ispahan fa patrie dont
Feridoun le fit Seigneur abfolu , auffi bien que de toute l'iraque Perfienne dont
cette ville étoit la capitale, en forme néanmoins d'appanage reverfible à fa cou-
ronne. Gao y commanda l'efpace de dix ans , à la fin defquels il pafla' en l'autre
vie, fort regretté de fon Prince, & de tous les Perfans dont il avoit rétabli la
réputation, & l'Empire.
feridoun, pour immortalifer la mémoire d'un û grand homme, fe fit appor-
ter fon guidon que l'on appelloit Dirfeic Gaviani, fétendart de Gao, & le fit
broder de perles, & de pierres prctieufes pour le conferver dans fon trefor.
Les Rois de Perfe fes fuccefleurs l'enrichirent tous à l'envi l'un de l'autre ,
& ne le firent jamais porter à la guerre , que lorfqu'ils marchoient en perfonne,
& il leur fut toujours le fignal d'une viftoire certaine, jufqu'au tems d'Omar,
fécond Khalife des Mufulmans , fous lequel il fut pris , 6c l'armée des Perfans
entièrement défaite au combat de Cadefie, terme fatal de leur Monarchie.
Feridoun aj-ant déjà régné cinquante ans , époufa la fille du Tyran Zohak fon
predeceiTeur, de laquelle il eut deux enfans qui furent nommez Tour, & Salm.
Ces deux Princes eurent tous les traits du vifage , & tous les mouvcmens de
l'ame femblables à ceux de Zohak leur aycul maternel , ce qui fit que Feridoun
n'ayant que peu d'affeétion pour eux, fe remaria à Irân-Dokht fille d'un Seir
gneur Perfien, de laquelle il eut un troifième fils, qu'il nomma Irage.
Ce Prince mérita par les dons natiueîs qu'il polîedoit, & par les vertus qu'il
acquit, le droit d'aînelFe fur fes frères; car il leur fut en effet préféré par Feri-
doun, lorfque de fon vivant, & fans quitter fa couronne, il leur partagea fes
Etats, à condition néanmoins qu'ils le reconnoîtroient toujours pour leur fouve-
rain Seigneur.
Nous avons déjà vu plus haut le partage qui échut à un chacun d'eux ; les deux
aînez n'en furent pas contcns , & rcfolurent entr'eux de faire la guerre à leur
père pour l'obliger à un nouveau partage dans Icqujl Irage, auquel ils portoient
une extrême envie, ne fut pas avantagé à leur préjudice.
Ils avoient déjà fait la jonétion de leurs armées, & marchoient vers l'Adher-
bigian quand Irage demanda au Roy fon père la permidion d'aller trouvei- fes
frères dans l'efperance qu'il avoit de les appaifer , & de leur faire changer de
refolution; mais ces frères dénaturez, au lieu de bien recevoir celui qui venoit à
eux pour leur donner toute forte de fatisfaftion , le mafilicrerent impitoyablement
au(îî-tôt qu'il fe fut mis entre leurs mains , & par un excez d'impiété barbare ,
envoyèrent fa tête à Feridoun leur père.
Ce Prince pénétré de douleur à la vue d'un fpeftacle fi affreux, après avoir
pris le deuil avec toiit;i fa Cc>ur, ne fongea plus qu'à la vangeance d'un fi cruel
affront. Il fut cependant obligé de paffer plufieurs années fans en témoigner au-
cun rellentiment, jufqu à ce que Manugeher, fils d'irage & d'Afridmah, ou félon
quel-
40 F E S H.
quelques Auteurs, neveu feulement de Feridoun, & non pas fon petit-fils, eut
atteint l'âge de porter les armes ; car aufli-tôt qu'il eut allez de force , pour les
manier , il fe mit à la tête d'une grolfe armée , & alla combattre fes oncles
qu il délit & tua dans la bataille qu'il leur livra.
Manugeher, après avoir tiré une vangeance fi complète de la mort de fon père,
retourna vidorieux & triomphant auprès de fon ayeul. Feridoun le reçut avec
mille carefTes, & le déclara aulTi-tôt fon fucceffeur , & enfin lui mit le Tage,
c'eft-à-dirc , la Couronne fur la tête, fe contentant d'avoir régné cinq cent ans,
L'Auteur du Lebtarikh cite un beau mot de Feridoun: Rouzglndr nameh ker~
àâr fchuniajl: lier angia Kerdâr niku baied kumafcht: La vie de l'homme eft un
papier journal: Il ne faut écrire fur ce papier que de bonnes aftions.
Sâdi rapporte auffi que ce Prince avoit ùit graver fur le frontifpice d'une de
fes galeries, ces vers.
Souvi m-toy, qui que tu fois, que le monde manque à un chacun:
Donne ton cœur au Créateur du monde, il ne te manquera jamais.
Ne fajfure point fur la puifance , ni fur les richejfes d' ici-bas :
Car le ficcle m a nourri 6? élevé beaucoup de fanblables à toy quil a enfin fait périr.
Quand un homme de bien efî fur le point de pafj'er en l'autre vis, que lui importe
de mourir fur un trône ^ ou fur le pavé.
Ben Schohnah veut que Feridoun ou Afridoun foit l'ancien Dhoulcarnain du-
quel il eft parlé dans l'Alcoran , & que plulieurs Mufulmans mettent au rang
des Prophètes, k'oyez le titre ^'Efcander.
Giami parle dans fon Bahariftan de Feridoun , comme d'un Prince qui avoit un
grand fond de clémence, & qui étoit doiié d une profonde fagelfe ; entre les
traits d'une rare prudence que les Hiftoriens racontent de lui , ils difent qu'a-
vant fa mort il laifla écrit comme par teftamcnt à fes enfans , cet avis impor-
tant. Faites état que tous les jours de vôtre règne font autant de feuillets du
livre de vôtre vie. Prenez donc garde de ne rien écrire dans ce livre , qui ne
foit digne d'être tranfmis à la pofterité. C'eft à peu près la même fentcnce qui
a été rapportée cy-delTus , laquelle un Poète Perlien explique en ces termes :
L'étendue du ciel qui par fon mouvement mefure le tems de nôtre vie , eft
comme une grande feuille de papier , où toutes les allions des hommes font
écrites. Heureux celui qui n'y couche- que celles qui font dignes de loiiange,
& de mémoire.
FESH, & avec la tcrminaifon du nominatif abfolu , Feshon , la Paque àes
Juifs & des Chrétiens. Ce mot vient aufli-bien que celui de Pafcha , du Pefakh
des Hébreux.
Les Chrétiens de l'Orient, & particulièrement les Syriens , foûtiennent que la
Pâqijt dans laquelle N. S. Jésus -Christ mourut, fe célébra le treizième du
mois Adar, le Samedi qui commençoit dès le foir du Vendredy précédent, &
que N. S. la prévint d'un jour, & la célébra le Vendredy qui commençoit dès
le foir du Jeudi précédent, à caufe qu'il devoit mourir le Vendredi.
Calvilius met la même Paque aufli le Samedi, quatrième jour d'Avril , l'an 33
de l'iEre vulgaire, & la 35 de l'âge de Jésus- Christ , qui tombe dans l'an-
née 344 d'Alexandre.
Il
FETHAL. FIL. 41
Il - paroîc que les Orientaux pofent quatre fêtes de Pîlque qui fe font pafTées
pendant la prédication de Jesus-Christ, ce que plufieurs de nos Auteurs
admectent.
FETHAL; les Arabes ne font point d'accord fur la fignification de ce mot
qui fe trouve dans l'Alcoran. Les uns veulent que ce foit le tems qui s'eft palfé
entre la création du monde , & celle de l'homme , pendant lequel les pien-es
étoient encore molles, & les autres foûtiennent qu'il fignille cet efpace de tems
qui s'écoulera depuis que la génération des honynes fera ceflee , jufqu'au jour
du Jugement dernier.
F 1 1 0 U M & Faiioum , Ville de la Thebaïde inférieure , ou de la haute Egyp-
te, ficuée fur le Nil dont elle eft entourée avec fon terroir qui efl fort bas,
& qui ne fe défend de l'inondation que par des levées fort épailles & fort hau-
tes. Elle efl éloignée du Caire en remontant le Nil d'environ lix journées, &
demeura inconnue aux Arabes pendant plus d'un an , après qu'ils eurent con-
quis l'Egypte.
Les Auteurs Arabes attribuent au Patriarche Jofeph la fondation , ou la reftau-
ration de cette ville , à caufe des grands Ouvrages qui s'y voyent , & qui ne
peuvent avoir été faits, ou tracez que par d'excellens Géomètres. Il y a ce-
pendant apparence que c'efl: l'Heracleopolis Supérieure des Anciens, qu; porte
aulïï le nom de Htrculis magna urbs , pour la diftinguer d'une autre ville du
même nom, qui efl: à une des emboucheures du Nil, que l'on appelloit autre-
fois Oftium Heracleoticum.
Saadias Gaon Juif qui a traduit le Pentateuque Hébreu en Arabe, eft furnom-
mé Al Faiioumi , parce qu'il étoit natif de cette ville.
FI Kl AH, nom de la femme de Jefus fils de Sirah, que les Orientaux difent
avoir été Vizir ou Miniftre d'Etat de Salomon. C'eft celui de qui nous avons
le Livre de l'Ecriture fainte intitulé V Ecckfiajlique. La vie de fa fainte femme a
été écrite en Arabe , & fe trouve dans la Bibliothèque du Roy n°. 792.
FIL & Pil, le premier de ces mots eft Arabe , & le fécond eft de l'ancien.
Perfien; ils fignifient tous deux un Elefant que les Arabes difent n'avoir été
connu dans leur pays que depuis qu'Abrahah, Roy de l'Iemcn & de Habafche,
c'eft-à-dire, de l'Arabie Heureufe, & des Abiffins , en eut fait palfer de l'Etîno-
pie en Arabie pour aflieger la Mecque,
Caous fil dendân. Caous aux dents d'Eléphants eft un des anciens Héros de
la Perfe. Piltcn qui fignifie Corps d'Elefant eft l'épithete que les Anciens' Ro-
mans de Perle donnent à leurs plus vaillants guerriers.
Pilpai, Pied d"Elcfant , eft le nom du Vizir de Dabfchelim, ancien Roy des
Indes qui compofa le fameux livre de Calilah & Damnah.
Ce fut Mahmoud fils de Sebecleghin , Sultan des Gaznevides , qui impofa le
premier à l'Empereur des Indes qu'il avoit fubjugué , un tribut d'Elephans ,
dont il fe fervit dans fes armées qui faifoient la terreur de la Perfe, & de tout
le refte de TAfie. II en montoit un blanc .qu'il eftimoit être un gage certain
de la vicloirc.
Khondemir rapporte dans la vie du Sultan Mahmoud, qu'en l'année de l'He-
gire4Q5, ce Sultan qui faifoit la guerre aux Indes ayant appris qu'il y avoit
Tome IL F xine
4î F r L A M E N G H. ■ F I L S A F A T.
une; PiOvi;ics entre les mains d'un Prince Idil itre d.ins laquelle il fe trouvoit
une race d'Elephans que Ton appelloit Mufuiiiians, c ell-à-dire, fidèles, cet avis
lui fit entreprendre la conquête de ce pays-h\, d'où il rapporta de très-grandes
richelies. Ces Elephahs faiibicnt des elpeces de génuflexions, & de proltrations
qui firent ci'oire alFez fottement aux Mahometans qui les voyoient pratiquer des
chofes femblubles à celles qu'ils faifoient dans leurs prières , t^ue ces animaux
étoient de leur religion. Pline , & quelques autres Auteurs ont écrit que les
Elefans étoient capables de religion , & qu'ils adoroient le Soleil levant ; m^is
c'eft une fable. •
Les Indiens ont une tradition encore plus ridicule: car ils croient que la terre
eft foLitenue par huit Elefans. Il y a cependant apparence que cette tradition
eft plutôt chez eux une fable tirée de leur mythologie, qu'ils allegorifent de
même que les Mufiilmans font celle du Taureau , qu'ils difent tenir fur fes
deux cornes.
Nous avons déjà vu que Feridoun a été le premier qui a dompté les Elephans,
& qui les a rendus domeftiques. Nous avons dans les hilloires de l'Orient deux,
fameux combats d'hommes avec ces furieux animaux, celui de Baharam Gour,.
«Sf celuy de Bakhtiar. Foyez ces deux titres.
FILAMENGH, & Flanbeki. Les Turcs appellent ainfi les Flamands fous
le nom defquels les IToUandois font compris. L'on trouve auffi dans lem-s livres
Balandrah Vilaieti pour fignifier la Flandre..
FI LIE. Abulfarage remarque dans l'an 587 de l'Hegire qui eft de J. C. 1191,
que Filib, c'eil Philippe Augufte, qu'il appelle Malek Alfranfi Roy de France,
& qu'il qualifie des plus illufi;res en noblelle, entre les Roys Francs ou Latins,
fut le premier de tous les Princes Croifez qui apporta un renfort confiderabla
aux Chrétiens, lefquels affiegeoient depuis deux ans la forte place de S. Jean
d'Acre ou Ptolemaïde. Il fut caufe que cette ville importante fut obligée de
capituler , après avoir rendu inutiles tous les effbrts que Saladin fit pour la
fecourir.
Le même nom de Filib efb aufiî donné par les Orientaux h l'Empereur Phi-
lippe, qu'ils difent avoir été Chrétien , du nombre de ceux qui n'entroient point,
dans l'Eglife, & qui étoient feulement Catéchumènes. Plufieurs de nos Auteurs
ont jugé que cet Empereur étoit fort indigne de porter ce nom.
Il faut remarquer ici que Philippe Roy de Macédoine n'eft jamais nommé par
les Orientaux Filib; mais toujours Filikous , & qu'Alexandre le Grand fon.fils
ou véritable, ou putatif , eft toujours furnommé Ebn Fihkous, fils de Philippe
de Macédoine.
FI LIE A H, la ville de Philippopolis en Macédoine, d'où les Turcs ont tiré
le nom de cette Province , qu'ils appellent Filibali Vilaieti , le pays de Phi-
lippopolis.
FI LIS TIN. Foyez Falafti^.^
FIL S AF AT, mot corrompu du Grec, qui fignifie en Arabe la Philofophie ,
cependant les Arabes l'appellent plus communément en leur langue Hekmat,
mot qui fignifie proprement la Sageffe,
L Au-
F I L s 0 F. F I R F I R. 43
L'Auteur du Lebtarikh dit dans la vie d'Alexandre le Grand qu'Ariflote, maître
de ce Prince, porta la Philofophie du pays d'Iran, c'eft-à-dire , de la Perle, ea
celui de Roum qui eft la Grèce.
L'on peut voir dans les titres d'Elahioun, & de Deherioun les feftes différen-
tes de Philofophos que les Arabes connoiffcnt.
Les Indiens les divifent en iix fe61:es , dont les Dofteurs qu'ils appellent Pendets,
ont une efpece d'Univerfité à Banarfi, ville fituée fur le Gange. La fixième de
ces fe6les efl l'Epicurienne.
FILSOF, ce mot ell corrompu du Grec , &: fignifie en général un Philo-
fophe ; mais en particulier il fc prend pour un Auteur particulier auquel on
attribue le Livre intitulé OJoul u Dhoiiabat , les Principes & leurs dépendances.
Foyez le jugement qu'il porta d'Abou Temam dans le titre particulier de ce
pcrlbnnage.
Khondemir dit fur le fujet des Philofophes qu'il appelle Falafafât, plurier de
Filfof, que des deux feéles de Philofophes qui rcconnoifTent Thaïes, & Anaxa-
gore pour leurs Auteurs, celle de Tiialcs qui admet l'eau pour principe de tous
les corps naturels, efl la plus, conforme aux fentimens des Juifs, & des Muful-
mans, & que celle d'Anaxagore qui pofe le feu pour premier principe, a plus
de rapport à la Religion des Zoroaftriens qui font les anciens Mages de Perle.
FINHAS, Phinees fils d'Eleazar, fils d'Aaron. Les Orientaux difent qu'il
gouverna les Juifs pendant vingt-cinq années , après la mort de Jofué , & que
les Juifs ont une tradition , félon laquelle ils veulent que ce grand Prêtre de la
Synagogue foit le même que le Prophète Kheder ou Êlie , lequel vécut plufiturs
fiecles après , ce qui ne pouvoit être arrivé que par la metempfychofe , que
plufieurs des anciens Juifs femblent avoir admife fous le nom de Ghilgoul, & de
laquelle il y a même quelques vertiges dans le nouveau Teftament.
FIRASSAT, la Phyfionomie. Les Orientaux prétendent que Philemon qu'ils
font vivre du tems d'Hippocrate , à été l'inventeur de cet art.
Nous en avons un traité d'Anfari Al Sofi qui ell dans la Bibliothèque du
Roy n°. 930.
Le livre intitulé AJfds al riajjiit fi élm al firajjat^ traite aulîi fort amplement
de cette fcience; de même que celui qui porte le titre de Bahagiat al enjiat, où
il efl aufîî traité de la Chiromantie.
Outre cette Phyfionomie qui eft naturelle, il y en a une autre que les Mu-
fulmans appellent ceielle; mais c'efl un don de Dieu que nous appelions le Difcer-
nement des Efprits.
FIRFIR, la Pourpre. Ebn Batrik rapporte que fous le règne de Hiram, Roy
de Tyr, contemporain de Salomon, le chien d'un Berger ayant mangé un limaçon
de mer que les Arabes appellent Halzounah , c'efl celui que les Latins nom-
ment Murex, fon mufeau en fut teint de telle forte, qu'ayant été frotté avec
de la laine, elle en prit la couleur, & fut portée au Roy qui fit faire la pêche
de cette forte de coquiUage , & en tira la pourpre , dont on lui attribue fin-
vention.
Les Arabes la nomment auflî Birfir , & donnent pareillement ce nom à une
F 2 efpece
44 FIRISCHTEH. F I R 0 U Z.
efpece de violette dont la couleur efl fort vive , & bcaucou«p plas éclatante
que la nôtre.
FIRISCHTEH, c'eft le nom d'un Ange, en langue Perfienne ; car Fi-
rifchten dont ce mot eft le participe, fignifîe en cette langue envoyer, aufîi bien
que le. mot Grec, duquel celui d'Ange efl dérivé. Les Hébreux l'appellent Me-
Idk de la racine Ldk , laquelle ne fe trouve point dans la langue Hébraïque ,
mais qui s'eft coniervée dans l'Ethiopienne, & lignifie auflî envoyer. Les Ara-
bes ont tiré leur mot de Malek ou Melik qui fignitie auflî chez eux un Ange,
du Melâk des Hébreux.
Ebn Firirchteh ou Ebiî Melik ell le furnom d\m Auteur nommé Abdellathif,
qui a fait un commentaii-e fur le Menar ou Fanal du célèbre Dofteur Naflafi^
y'oyez le titre de Menar.
FIROUZ & Pirouz, mot Perfien qui fignifîe premièrement le troifième jour
des cinq que les Grecs, & après eux les Latins, ont appelle Epagomena , qui
s'ajoutent à la fin de l'année folaire, compofée de 360 jours, telle qu'étoit l'an-
née des Egyptiens, (S: des anciens Perfans félon h Calendrier Jezdegirdique , &.
félon le Gelaleen.
Les Perfans appellent ces cinq jours qu'ils ajoutent à la fin da douzième
mois de leur année, Penge Duzdidé, ôc les Arabes les nomment Mofiieraca,
comme qui diroit, les jours dérobez, & difent qu'il faut necefi^airement les ajou-
ter, fi l'on veut avoir le cours entier du Soleil depuis le premier degré du Bé-
lier jufqu'au dernier degré des Poiflxjns, en quoy ils fe trompent groflierement,
parce qu'il y a de furplus cinq heures, & 49 minutes.
Secondement ce mot fignifîe bonheur &vi6loire; & c'efl dans cette fignifica-
tion qu'il entre dans la compofition de plufieurs noms de lieux & de villes.
^oyez les titres de Firouzabab, Firouz Schabour, Firouz Cobad, Firouz ghoueh,
Firouzan, ôic.
Firouz & Firouzeh ou Pirouzeh fignifîe auflî en Perfien une Turquoife, & c'efl
de ce mot que les Arabes ont dérivé celui de Firoufage , qui fignifîe chez eux
la même pierfe, dont la mine eft dans les montagnes de Farganah félon le rap-i
port d'Ebn Haucal, & dans celles de Gaur.
FIROUZ Ben Belafche , cinquième Roy de Perfe de la D3'naflie des Afch-
caniens. 11 fucceda à Belafche fou perc, & acquit la réputation de Prince très-
vaillant.
La Chronique Giaferienne rapporte que Firouz pourfuivant un cerf à la chafTe,
fe trouva proche d'une caverne où étant entré, & où ayant lu une infcription
gravée fur la pierre qui portoit que Feridoun avoit caché en ce lieu un de
fes trefors , il y fît fouiller , & en tira une fomme très - confiderable d'or &
d'argent , qu'il fit diftribuer toute entière à fes foldat?.
Le même Hiilorien dit que fous le règne de Belafche père de Firouz, plufieurs
Juifs qui n'obfervoient pas la loy deMoyfe, furent changez en fingcs, & mou-
rurent tous au bout de fept jours.
Cette même fable efl rapportée par des Hiflioriens Arabes, qui attribuent cette
metamorphofe des Juifs au violement du jour du Sabath, dont ils furent punis,
en cette vie-cy & en l'autre.
Firouz régna dix -neuf ans , & eut pour fiaccefll^ur un de fes frères nommé
. Narfi
F I R O U Z. 45-
Narfi ou Narfes , lequel après quatorze ans de i-egne , laifla fa couronne à
Firouz Ben Firouz ion neveu. Celui-ci la polFeda dix-fepi; ans, & la perdit
avec la vie par une confpiration qui fut faite contre lui. Les conjurez mi-
rent fon iils Belafche , fécond du nom , fur le trône de la Perfe , & celui-ci
s'y maintint jufqu'à fa mort qui arriva la douzième année de fon regue.
FIROUZ Ben Jezdegerd Ben Bàharam Gour , feizième Roy de Perfe de
la d\Tialtie des SaiPanidcs, étoit fils d'iezdegerd, & petit-fils de Baharam Gour.
11 fucceda à fon frère Hormouz, lequel n'étant que fon cadet, lui avoit été
cependant préféré, par la difpofition d'iezdegerd leur perc.
Hormouz pouvoit être avec raifon préféré à fon aîné , puifqu'il portoit le
furnom de Firzaneh, c'efl-à-dire , de Sage, félon le rapport de l'Auteur du
livre intitulé Mefatih aklown, les clefs des fciences.
Cependant Firouz ayant imploré le fecours de Kliofchnaovaz , Roy des Haia''
thclites , contre fon frère Hormouz, le dépoffcda de fes Etats, & le fit pri-
fonnier avant que la première année de fon règne fût expirée.
Ce Prince y après avoir ôté la vie à fon frerc , changea auffi-tôt toute la face
du gouvernement , & fit régner impunément l'injurtice , exigeant fans neceffité
des fommcs immcnfes de fcs fujets : mais le ciel le punit de ces excez par
une fécherclfe fi exti'aordinaire , qu'il ne refta prcfque point d'eau dans les
grands fleuves du Gihon & du Tigre, en forte que la famine qui s'enfuivif,
mit tous les peuples hors d'état de lui payer leur tribut ordinaire.
Cette famine dura près de fept ans, au bout defquels la colère de Dieu
étant appaifée, les pluyes firent en peu de tems rcv^erdir la terre, & rame-
nèrent l'abondance qui en avoit été bannie: mais Firouz au lieu de profiter
du châtiment qu'il avoit fouftert, & de la grâce qu'il recevoit, reprit fon pre-
mier train de vie, & après avoir appauvri Ces fujets, entreprit de dépouiller
fes voifins.
Firouz avoit d'extrêmes obligations à Khofchnaovaz-, comme nous avons vu
cy-delfus ;. cependant il prit la refolution de l'attaquer avec toutes fes forces.
Ce Prince ne fe trouvoit pas pour lors en état de refifter à l'armée de Fi-
rouz, s'il ne fe fût fervi d'un flratagéme que lui fuggera un de fes Officiers.
Cet Officier qui avoit une main couppée lui propofa que s'il vouloit l'en-
voyer lui feul au devantde Firouz, il fe faifoit fort de l'arrêter, & de le mettre
lui & fon armée entière entre fes mains. La propofition ayant été acceptée,
rOfficier alla fe pofter en un détroit de montagne où il fçavoit que Firouz
devoit pafler. Ce Prince l'ayant apperçu, le fit venir devant lui, & finter-
TOgea fur le fujet qui l'arrôtoit en ce lieu-là.
L'Officier lui répondit que c'étoit le defefpoir de fe voir réduit en un fi
miferable état par Khofchnaovaz qui lui avoit fait couper la main, & fouffrir
plufieurs autres traitemens indignes , pour avoh: eu le courage de lui reprefen-
ter les injurtices qu'il faifoit foufirir à Ces fujets , & le danger auquel il s'en-
gageoit en voulant foûtenir contre le Roy de Perfe, une guerre fi préjudicia^
ble à fiîs Etats.
Le Roy touché de ce récit, accorda fa proteftion- à l'Officier, & lui de^
manda l'état de l'armée de fon ennemi : Celui-ci ayant déjà gagné créance dans
l'elprit du Rov, lui dit que s'il vouloit venir à bout aifémcnt de Khofchnaovaz,
F 3 il
4^ F I R O U Z.
il n'avoit qu'à prendre une route qu'il lui montreroit dans la campagne du
défert, parce qu'en la fuivant , au lieu de celle de la monta'^ne qui étoit la
plus longue , il tomberoit par derrière fur fon ennemi & l'envelopperoit in-
failliblement.
Firouz ayant fuivi malheureufement le confeil de cet efpion , tomba jufle-
ment dans le piège qu'il lui avoit tendu ; car fon armée périt prefque toute
entière de faim & de foif , & il fut obligé , avec peu de gens qui le fuivi-
rent, de demander quartier à fon ennemi.
Khofchnaovâz le lui accorda, à condition qu'il s'engageroit par un ferment
folemnel, de ne plus entrer dans fcs Etats à main armée. Firouz ne fit au-
cune difficulté de prêter ce ferment ; mais auffi-tôt qu'il fut rentré dans fon
Royaume, fans y avoir aucun égard, il ne fongea qu'à fe vanger de l'affront
qu'il avoit reçu , & lailîant le gouvernement de fes Etats à Saoukh , Frincc ,
iflu de la race de Manugeher , il marcha incontinent avec une puilTante ar-
mée contre Khofchnaovâz.
Ce Prince extrêmement indigné de la perfidie de Firouz, lui drcffa un fécond
piège, qui lui fut beaucoup plus funcfte que le premier ; car ayant fait creufer
un folié très-profond , & l'ayant fait cnfuite couvrir de paille , il vint camper
entre ce fofl'é & l'armée de Firouz.
Au(îî-tôt que les deux armées furent en préfence , Kofchnaovaz commanda
aux fiens de faire leur retraite , par un chemin fur qu'il avoit fait lailfer au tra-
vers du folle; l'armée des Perfans voyant fuir les ennemis, les pourfuivit avec
chaleur, & voulant les envelopper de tous cotez, prit à droit & à gauche, &
s'engagea avec tant de précipitation dans cette fondrière, que Firouz lui-mê-
me, avec fes principaux Officiers, y demeura, &y perdit la vie.
Les Haiathelites eurent, après cet événement, bon marché des Perfans; car
fe fervant du grand avantage que le llratagême leur avoit procuré , ils tournè-
rent vifage à l'ennemi, & achevèrent de défaire ce qui refloit de leurs troupes
au de-là du fofiTé.
Saoukh n'eut pas plutôt reçu la nouvelle de cette déroute , qu'il entreprit de
la reparer : il fit fes derniers efforts , pour mettre fur pied une nouvelle ar-
mée : mais enfin voyant que Kofchnaovaz , nonobllant les avantages qu'il avoit
remportés, lui offroit la paix à des conditions honorables, car il lui rendoit fans
rançon tous les prifonniers qu'il avoit faits dans la dernière bataille , & tous les
équipages du Roy qu'il avoit enlevés : il accepta fes olfres , à. la guerre finit
entre ces deux Etats.
Firouz, auquel l'Hillorien donne en cet endroit le furnom de Mardaneh, ré-
gna trente ans ou environ , & laiffa pour fucceiTeur Belafch , qui ell le troifiè-
me du nom entre les Roys de Perfe. Il eut auffi un autre fils, nommé Cobad,
lequel fucceda à Belafch fon frère , & fut père du grand Noufchirvan , le plus
célèbre de tous les Roys de Perfe. Khondemir.
Ebn Batrik lui donne vingt-fept ans de règne , & dit , qu'il bâtit deux villes
de fon nom dans le pays de Cafgar en Turquellan , dont l'une porte le nom
de Douriz Firouz , & l'autre de Ram Firouz ; & qu'il eut de grands démêlez
avec Khafchnaovar , ( c'ell Khofchnaovâz ) Roy des Haiathelites , dans le payj
de Ralkhe en Khoraffan.
Aboulfarage écrit que Firouz , fils d'Iezdegcrd , regnoit au commencement de
J'Empire de Léon Premier , fucceifear de Martian , qui eft l'an 879 d'Alexan-
dre,
FIROUZ. FÏROUZABAD. 4;^
drc , ce qui ne s'accorde pas avec nos Chronologides , félon lefqueîs , la pre-
mière année de Léon le Thrace commença dans l'année 769 d'Alexandre , &
de J. C. 457.
FIROUZ, nom d'un Efclave Pcrfien, qui tua Omar, troifième Khalife. Vo-
yez le titre d'Omar.
^ FIROUZ A BAD, lieu & demeure de la félicité. C'efl le nom d'une ville
de la Perfe proprement dite, lituée proche celle de Schiaiz, qui eft aujourd'hui
la capitale de cette province , comme étoit autrefois Eltekhdr , que les Grecs
ont appellée Pcrfepolis.
Cette ville a donné la nailTance à plufieurs granJs pcrfonnages, dont Ibrahim
fils d' Ali , fils de Jofeph , eit des principaux ; c'ell pourquoy il porte le furnom
de Senirazi & de Firouzabadi.
Abju faid Samâni dans fon livre intitulé Anfâb, ou les Généalogies, dit que
Firouzabab efl la même ville que Ton appelle plus communément Khouz , qui
donne fon nom à une petite province, nommée le Khouzifl:an , qui efl l'ancien-
ne Sufianc. Ce pays fait partie de la Province de Perfe , prife dans une plus
grande étendue.
Ibrahim, dont nous avons fait mention ci-delTus, étoit un grand Dofteur dans
la loy Mufulmanc, lequel, après avoir étudié dans la ville de Schiraz, fe tranf-
porta à Bagdet , où Nezàm Al molk , premier 'Vizir de Malek fchah , homme
fort illuftre , lui donna la direftion du fameux Collège qu'il avoit fait bâtir à
fes dépens, & qui portoit, à caufe de fon fondateur, le nom de MedralTat Al
Nezamiat.
Ce Doftcur avoit étudié à Schiraz fous un autre celèbfe Dofteur , nomme
Al Beidhaovi, & palTa de-là à Baffbra, où il écouta les leçons du Dofteur, nom-
mé Al Gioudi , après quoy il vint à Bagdet , qui étoit la ville Impériale , & le
fiége des Khalifes , où il prit encore des leçons du fçavant Jurifconfulte Aboul
Thib Al Thabari.
Après avoir profité fous ces habiles maîtres, il fit profeffion de la fefte Scha,
fêienne. Il refufa d'abord l'employ que Nezâm al molk lui voulut donner dans
fon Collège ; & ce fut en etfet Abou Nalfer Ebn Al Sabbagh , qui en eut Li
première dire6lion, pendant laquelle il compofa le livre , qu'il intitula Schamel y ■
mais enfin Ibrahim ayant accepté cette charge, il s'en acquitta très - dignement
jufqu'à fa mort, qui arriva l'an de l'Hegire 476, en la 82 année de fon âge.
Tous fes difciples portèrent un grand deûii de fa mort , &, Nezàm al molk
voulut que fon ' ollege fût fermé une année entière , pour mieux marquer la
douleur qu'il refièntoit de la perte d'un fi grand homme. Ebn Sabbagh , qui
avoit été fon prédécelfeur , fut auflî fon fuccelTeur. B n Khalecan
Ce Docteur , qui portoit auifi le prénom d'Abou Ishak , efi: l'Auteur d'un li- -
vre fort efl:imé parmi les Mahometans , dont le titre efi; /Il I anbih , l'Avertif-
fement en général , où il traite des principaux rites & obfervances de la loy
Mufulmane. Abulfadhl Ahmed y a fint un commentaire , intitulé Hcharh al
Tanhih.-
Maffdeddin Abou Thahcr Mohammed Ben Jacob , efi: auffi furnommé Al Fi-
rouzabadi & Al Schirazi. Il efi: l'Auteur d'un Diéli mnuire très-ample de la lan-
gue Arabique , qu'il compila en 60 volumes , & lui donna le titre de Lavé :
mais -^
4S F I R 0 U Z A G E. F Ô D H A I L.
mais étant lui-même épouvanté de la grolTeur énorme de fon ouvrage , il en
retrancha toutes les autoritez, & le reduifit en deux feuls volumes fous le nom
de Camous. t^oyez ce titre.
Ce même Auteur a compofé auffi Ahafian al lathaif , qui efl: un recueil de
facéties & de plaifanteries , & un autre ouvrage nommé AJfadd bel JJfdad dla
dzregiat al egtchd'd^ le moyen d'acquérir la félicité autant qu'il fe peut faire, le-
quel il dédia à Ifmaël Al Afchraf , Roy de flemen. Magdeddin mourut l'an de
l'Hegire 817, & compofa fon Diftionnaire après celui de Giaouhari , dont la
grofleur n'étoit que la foixantième partie du fien.
FIROUZAGE. yoy2Z plus haut Firouz &' Firouzeh , qui fignifie une Tur-
quoife.
FIROUZCOUH, Ville de la province de Tabarellan ou Mazanderan, qui
a pris fon nom d'une montagne affez proche , où il y a une mine de Turquoi-
fes. ^oyez plus haut Firouzeh. Il y a' préfentement un Palais des Roys de Per-
fe, aufli-'^bien qu'à Ferhabad & à Afchref, qu'Abbas, premier du nom, y fit bâ-
tir, pour y aller goûter les délices que fournit la Mer Cafpicnne.
Quelques Auteurs font auffi Firouzcouh , capitale de la province de Gaiir.
Voyez le titre de Mahmoud., fils ,de Gaiatheddin.
FIRZEND Aâz, nom d'un Poëte Pcrfien , qui porte auffi celui de Safied-
din. Il étoit fort fpirituel & dévot, & a écrit pkifieurs chofes fur la prière &
fur la contemplation , qui font citées par les Auteurs ; mais on ne trouve au-
cun de fes ouvrages entier.
FITHAGORES, Pythagore. Le Tarik Montekheb le furnomme Hakim,
c'efl-à-dire , le Sage ou le Philofophe , & dit qu'il étoit de nation Jounani ,
c'eft-à-dire , des anciens Grecs , qu'il vivoit fous le règne de Giamfchid , cin-
quième Roy de Perfe de la race des Pifchdadiens , du tems du Patriarche Noé,
& que l'on lui doit l'invention de la mulique , & de pkifieurs fortes d'inftru-
mcns muficaux.
Le Lebtarikh auffi-bien que Khondemir difent plus probablement, qu'il vivoit
fous le règne de Cai-Khofrou, troifième Roy de Perfe de la race des Caianides,
& qu'il avoit été difciple de Locman, contemporain de David.
Ben Cafchem écrit /que ce Philofophe étoit natif de la ville de^Tyr en Phe-
nicie; qu'il voyagea long-tems en Grèce & en Egypte, & compoia 280 livres;
que fes envieux le voulurent faire mourir, & qu'il fe fauva avec 40 de fes dif-
ciples dans un temple, où il fe fortifia de telle forte, qu'on ne put jamais le
forcer pendant quarante jours ; mais qu'enfin fes ennemis y mirent le feu & le
firent périr. Il ajoute, que ce Philofophe jeûnoit & prioic beaucoup, que l'ofl
ne l'avoit jamais vu rire , ni pleurer , & qiie fa devife étoit Khair la iedoum ,
fchcrr la iedoum, ni le bien , ni le mal n'ont pas une longue durée. Il parok
que ce Philofophe a tiré plufieurs de fes maximes de Zoroaftre.
Abulfarage fait vivre Pythagore fous Darius, fils de Hifi;afpe, & dit qu'il po-
foit les nombres pour premiers principes de toutes chofes.
FODHAIL, furnom d'Abou Ali Ben Aiadh Ben Mafibûd Al Temimi Al
Khoraffani, qui étoit natif des environs de la ville de Merou en l^dioraifan. Sa
première
FODHOULI. FOMM. 4^
première profeflîoti fut d'être voleur de grands chemins. On dit do lui , qu'a-
yant entrepris pendant la nuit d'efcalader une maifon pour y joiar d\in^ per-
Ibnne qu'il aimoit, oc y ayant entendu lire un verlèt de l'Alcoraii , ii fut tou-
ché de Dieu & fe convertit.
Ce perfonnàge n'eft pas leulement eftiraé des Mufulmans pour fa doctrine ;
mais il paife encore chez eux pour un de leurs plus grands Saints , & Ton ti-uu-
ve fa vie écrite dans Thiftoire d'Iafei, feclion trente-deuxième.
Il vivoit fous le Khalifat de Hv^roun Al Rafchid , & l'on rapporte , que ce
Khalife lui ayant demandé un jour s'il connoilfoit quelqu'un qui fîc prof.'^ou
d'un plus grand détachement que le fien, il lui répondit: C'efl: vous-même, Sei-
gneur, que je croy être encore beaucoup plus détaché que raoy; car pour moy
je n'ay quitté que les choies de ce monde qui Ibnt fort mépriiables , & il me
paroît, que vous avez abandonné entièrement celles de l'autre vie, qui font d'un
prix ineftimable.
Il avoit accoutumé de dire au fujet de la Cour des Princes , que le pire d'en-
tre les gens de robe & de lettres, eft cJui qui fréquente les Gr?nds , <Sc que
le meilleur d'entre les Grands, eil celui qui fréquente ceux -ci. Que la meil-
leure marque qu'un fidèle pulifc avoir d'être chéri de Dieu , ell de fc voir
chargé d'afflictions, & que celui qui en efl abandonné , vit ordinairement dans
les plaifirs & dans la joyc.
On dit auffi de lui, qu'on ne l'avoit jamais vu rire, finon à la mort d'un fils
qu'il aimoit beaucoup, ce qui fit dire à Mobarek, lorfqu'il eut appris la mort
de Fodhail, que la trilleirc avoit quitte le monde.
Sur ce que les Arabes difent, !c monde efl un cadavre, & ceux qui le dé-
firent & qui s'y arrêtent, font des chiens. Zamahfchari dans fon Rabi al abrar,
le Printems des jufles, cite cette fentence de Fodhail: Quand l'on m'offriroit
le monde entier avec toutes fes pom.ies , & toutes fes richcifes pour le pofîe-
der & pour en joiiir juftement , je le refuferois dans la vûë de la vie éter-
nelle; & je me garderois do fes impuretez, comme fait celui qui pafie par-def-
fus une charogne , & qui relevé avec grand foin fa robe , de peur qu'elle ne
contracte quelque fouilleure.
Fodhail dilbit encore : Je fers Dieu par amour ; car je ne puis pas m'empê-
cher de le fervir; & étant interrogé quel étoit celui qu'il eftiraoit être le plus
trompé en matière de Religion, il répondit: Celui qui ne iert pas Dieu au-def-
fus de toute crainte & de toute efpérance. Quelqu'un lui dit enfuite: Et vous,
comment le fervcz-vous "? Il luy fît cette réponfe : De l'amour d'un ami ; car
c'efl l'amour de bien-veiilance qu'il me porte , qui m'a conduit à fon fervice ,
& qui m'y retient.
FODHOULI, furnom de Mohammed Ben Soliman Al Bagdadi , qui eft
l'Auteur d'un poëme Perfien , intitulé A7tis alcalb , l'Ami du cœur , & d'un au-
tre ouvrage en Turc , qui porte le nom de Benk u Badeh , fur le Behgh & fur
le vin, Foyez le titre de Benk.
FOMM Al Salah, nom d'une ville de la province d'Erak ou Chaldée, fituée
fur les bords du Tigre entre Vafeth & Coufah ; c'efl en ce lieu-là que cet hom-
me fi puifl[ant, nommé Hafian Ben Sohal , faifoit fa demeure, l^oyez le titre de
ce perfonnàge.
Tome IL G FONCE
5»
F 0 N G E. FORFOURIOS.
FONGE & Fongiah , Peuples qui habitent entre la Nubie & IVEthiopie ,
des deux cotez du Nil. On appelle ordinairement leur pays Bagiah & Beggiat:
ils ne font connus que par les courfes & les larcins qu'ils font fur leurs voi-
fins ; car ils manquent prefque de toutes chofes chez eux. Le Bâcha ou Bey
de Girge, dans la haute Egypte, eft obligé de leur donner la chaiTe pour met-
tre ks frontières à couvert de leurs brigandages.
F O NO UN Al adab, les Maximes de la Morale. C'efl un ouvrage de Nou-
vciri. Foyez le titre de cet jliitair.
FORAT, l'Euphrate. Ce fleuve de l'Afie, qui eft fi célèbre, & dans l'E-
criture faintc & dans ks Auteurs profmes , eft divifé , par les Arabes , en
grand & en petit.
Le grand Euphrate eft celui qui prenant fa fource dans les monts Gordiens,'
fe décharge dans le Tigre près d'Anbar & de Felougiah: le petit, dont le ca-
nal eft fouvent plus gros que celuy du grand , prend fon cours vers la Chal-
dée , paftè par Coufih & va fe 'décharger aufïï de fes eaux dans le Tigre ,
(après en avoir laiffé néanmoins une grande partie dans les marais des Naba-
theens) entre Vaffeth & Naharvan, en un lieu nommé aujourd'huy Carna , par-
ce qu'il eft la corne, c'eft-à-dire, le Confiant de ces deux fleuves.
De ce petit Euphrate l'on palfe dans le grand , par un canal que Trajan fit
creufer : c'eft la FoJJa Regia ou le Bafilius Fluvins des Grecs & des Romains ,
que les Syriens ont appelle \'aharmalca , par où l'Empereur Severe palfa pour
aller allîéger la ville de Ctefiphon fur le Tigre.
Les Hiftoricns de Pcrfe difent que Manugeher , un des Roys de leur premiè-
re dynaftie , fut celui qui fit travailler le premier à partager les deux fleuves du
Ti^re & de l'Euphrate en plulieurs branches, pour empêcher leurs inondations.
Les Roys de Perfe , fes fuccefll-urs & les Khalifes mêmes , y ont fait auflî tra-
vailler à plufieurs reprifes , fans que tous les grands ouvrages qu'ils y ont fait
faire , ayent pu empêcher que les teiToirs de Coufah, de Vafl!eth, & de plu-
fieurs autres villes de la Chaldée , ne foient inondez tous les ans à peu - près
comme l'Egypte. Voyez les titras de Nahar al meiik , de Naharvan èf de Nil
Faidh.
Ce fleuve eft fouvent appelle par les Arabes, aufîi-bien que par les Hébreux,
Nahar ou Neher , c'eft-à-dire , le Fleuve par excellence ; de même que les Per-
fans appellent h Gihon ou Oxus , Rond , qui lignifie la même chofe que Na-
har. Voy^z ks titres de Rou.l 'îf de Maovaralnahàr.
L'Euphrate eft fouvent auffi appelle par les Arabes Nahar Coufah , le fleuve
de Coufa.
FORAT; nous avons une hiftoire d'Egypte , qui porte le nom de Tarikh
Ben Forât. Ce Ben Forât eft le même que Nalfereddin Mohammed Ben Ab-
dulrahim Al Mefri, qui mourut l'an 807 de THegire.
FORFOURIOS Al Souri, Porphyre le Tyrien , Philofophe Platonicien,
difciple de Longin , de Plotiii & d'Ameiius , qui vivoit fous les Empereurs Ca-
rus, Carinu;;, Numerianus & Diocletien. Il compofa fon Ilagogé , que les Ara-
bes appellent Al Medkhal , &, Idagogi du mot Grec , pour Icrvir de préambule
ou
F os SOUL. FOSSOUS. 5r
ou préface aux œuvres d'Ariilôte, à la réquifition de Chryfaurius fon ami, qui
avoit peine à entendre ce Phiiofophe.
Abulfarage met au nombre des ouvrages de Porphyre, un livre des fylloTif-
mes Topiques, deux livres à Libinius , une réponfe à Pamm^.chius , Jli àcL u al
micoul i de Tintelleft & de Tinteliigible, & une hiiloire des Ph'Iofophes.
Le même Auteur dit, que ces deux derniers ouvrages le trouvenc traduits en
Syriaque , & ne fait aucune mention des quinze livres qu'il a écri:s contre la
Religion Chrétienne , que l'Empereur Thcodofe fit brûler. On ne trouve en
Arabe que fon LTagogi, dont on peut voir le titre.
FOSSOUL Bocrath , Aphorifines de Hippocrate. Ils ont été traduits en
Arabe par Honain Ben Ishâk, avec le commentaire de Galion. Ils font dans la
Bibliothèque du Roy, n"*. 866.
Il y a dans la même Bibliothèque , n\ 947 & 918, les Aphorilmes de Hip-
pocrate , divifcz en fept livres , commentez par Abulca'Jem Abdalrahman .'?en
Ali, Ben Abifadik , natif de la ville de Nifchabc;K en Kiioi.'.Tan , qui a com-
polé pkifieurs autres ouvrages de médecine, lefquels fe crouvi.' ut dans la Biblio-
thèque du Grand- Duc, n". 130.
FOSSOUL Al Ahcam fi ofToul, les Préceptes du Mufulmanifme , divifez par
aiticles, & appuyez fur les points fondamentaux de la Riagion. Ce livre eft
fans nom d'Auteur.
FOSSOUL Al Mehemât fi mâtefat al Aimât, &c. les vies des douze Imams.
Ouvrage d'Ali Ben Mo'iavamed Ebn Al Sabbâgh , qui fc trouve dans la Biblio-
thèque du Roy, n°. 847.
FOSSOUL Al mehemat fi maovarith al ommât , Livre qui traite des fiic-
ceffions qui viennent du côté maternel , compofé par Aboulabbas Schehabcdnin
Ahmed iîen Haiem , & commente par Schamfeddin Mohammed , furnommé
Sebth Al Mardini. Il efi: dans la Bibliothèque du Roy, n . 711,
FOSSOUL Fi hagiar al mokarrem , Livre qui traite de la Pierre Philofo-
phale , compofé par Athai Afchar. Il efl: dans la Bibliodicque du Roy, n°. 967.
FOSSOU^ Al fofibul u ôcoud al ôcoul , les Elégances de la langue Arabi-
que, recueillies par le Cadhi Al Saîd, c'eft-à-dire, le Bienheureux Cadhi , nom-
mé Aboulcaflem Hebatallah Ben Al Agel Al Rafchid. Il cft dans la Bibliothè-
que du Roy, n . 1133.
FOSSOUS Al Hekdm, Livre de Théologie Myftique , félon les principes
du Mufulmanifme. On dit , pour accréditer davantage cet ouvrage , qu'il fut ,
ou difté, ou infpiré, ou envoyé par le faux Prophète à Ebn Al Arabi , Doc-
teur de Damas, l'an 627 de l'Hegire.
Ce livre contient 27 Hekâm ou Inft:ruiR:ions , chacune defquelles efi: attribuée,
à' un des anciens Patriarches ou Prophètes, à la referve de la dernière, qui efi:
de Mahomet , & s'intitule Hekmat Ferdiat Mohammediat. Les Dofteurs Muful-
mans font fort partagez fur le mérite de cet ouvrage ; car les uns le louent,
& les autres le rejettent abfolument , comme étant plein de fuperflitions & de
mcnfonges. Il eft dans la Bibliothèque du Roy, n'. 625.
G a FOSTHATH5
5i FOSTHATH. F O U R E K.
FOSTHATH, Ville bâtie par Amrou Ben As, auprès de l'ancienne Baby-
lonc d'Egypte, au même lieu où ce Capitaine avoit fait drefTer fa tente, lorf-
qu'il en forma le fiége. Foflhath en Arabe fignifie Tente & Pavillon.
C'eft la ville qui s'appelle aujourd'huy le vieil Caire, fur quoy il faut voir
les titres de Mefr, de Caherah èc de Bablioun.
FOTIA Seldh al âmcl le entidhàr al agel , la Néceffité des bonnes - œuvres
dans l'attente du terme fatal, c'efl-à-dire , de la mort. C'ell: un ouvrage fpiri-
tuel, compofé pour les Solis ou Religieux, par le Dofteur Fakhreddin Al He-
rali. Il elt dans la Bibliothèque du Roy, n". 616.
F O T O U H Medinat Bahanah u maoulad IlTa , &c. Les diverfes conquêtes
qui ont été faites de la ville de Bahana, depuis le tems du Patriarche Jofeph,
jufqu'à celuy de Mahomet & de fes compagnons , qui font les quatre premiers
Khalifes.
C'eft une hilloire fabuleufe , dans laquelle font décrites les merveilles d'une
ville d'Egypte , qui n'a jamais fubfifté que dans l'imagination d'un Auteur in-
connu, qui nous a débité fes révenss. 11 y efb parlé de la naiiîance dlffa, &
de tous les Princes qui y ont régné fucjelfivement devant & après cette naif-
fance. Ce livre elt dans la Bibliothèque du Roy, n. 835.
FOTOUH Mefr u akhbarha u acalimha , les conquêtes qui ont été faites
de l'Egypte en divers tems, avec une defcription hiltorique & géographique du
pays. Ouvrage compofé par Abdalrahman Ben Abdallah Ben Abdalhokm Al
Coraifchi , fur les relations d' AbulcaiFem Ben Khalaf Al Vakedi. Il elt dans la
Bibliothèque du Roy, n. 834.
FOTOUH Mefr Tharaboîos Afrikiahv Erâk , les conquêtes faites par les Mu-
fulmans de l'Egypte , de la Tripolitaine , de l'Afrique proprement dite , & de
riraque Arabique. Livre qui a pour Auteur Aboul Rabid Soliman Ebn Salem
Al Kolai, & qui fe trouve dans la Bibliothèque du Roy.
FOTOUH AT Al fcham , les Conquêtes de Damas & de la Syrie, faites
fous le Khalifat d'Omar, Livre compofé par Jofef Ben Abdallah Al Meheli Al
Vakedi. Il <-it dans la Bibliothèque Royale.
11 y a un autre ouvrage, qui porte le même titre , & qui contient les con-
quêtes qui ont . été faites de la Syrie , par plufieurs Princes en divers tems.
Ce n'eft qu'un abrégé fait par Abou Ifmael Mohammed Ben Abdallah Al Azdi
Al Bafri.
FOULI Al Schumifchathi , Paul de Samofate, Evêque d'Antioche Herefiar=
que , & chef de la Secle des Fouliciens ou Paulianiltes. Foyez Boulos.
FOUREK. Abubecr Mohammed Ben Haflan Ben Fourek , appelle ordinai-
rement Ebn Fourek , étoit Doftcur de la fefte Schafeienne & Afcliârienne ,
Grand Mctaphyficien & Séholaflique : c'eft pourquoy on lui donne le titre de
Motckellem. Il avoit pris naiiî-mce à Ifpahan : mais il quitta fon pays natal ,
pour s'établir dans la- ville de Nifchabour en KhoriilTan , où il mourut l'an de
rilcgire 406.
FOURT,
F O U R I. FRANK. ^5
FOURI) nom d'un Interprète Arabe d'Ariftote, duquel nous avons un com-
mentaire fur le livre que ce Philofophe a intitulé D2 Interpreîatione^ & que les
Arabes nomment d'un nom qui eft corrompu.
FOURON; les Arabes appellent ainfi le Philofophe Pyrrhon , chef de la feéle
des Sceptiques. Il femble qu'Abulfarage le confonde avec Epicure ; car il dit,
que les difciples de Pyrrhon furent appeliez Ashdb alledhat, les feftateurs de la
volupté, & qu'ils ne croyoient pas que l'ame fubfiftàc fans le corps.
Il efl vray, que ces dcu\' Pliilofophes vivoient dans le même fiécle , le pre-
mier fous Ptolomée , fils de Lagus Roy d'Egypte , & le fécond fous Ptolomée
Philadclphe, fon fuccefleur; mais ce qu'Abulfarage dit de Pythagore & de Tha-
ïes , qu'ils ont été difciples de Pyrrhon , eft entièrement iiifoûtenable , puifque
ces deux Philofophes l'ont précédé d'environ 300 ans.
FOUROUMENTIOUS, c'efl le premier Evêque des Abi/îîns , que l'E-
glife des Cophtes en Egypte croit avoir été envoyé le premier par Saint-Atha-
nafe, en Ethiopie, pour prêcher la foy de Jésus -Christ à ces peuples.
Foyez le titre de Salamah.
FOUSCHANGE, Ville de la province de KhorafTan , affiegée & prife'
par Gaiatheddin , troifième Sultan de la dynaftie des Gaurides.
Aboulhaffan Foufchangi , homme célèbre pour fa doélrinc & pour fa piété ,
en étoit natif. Nous avons de lui cette maxime de fpiritualité : L'homme vé-
ritablement dévot ne doit point aimer Dieu , Ezberai garez ia cv z , ni pour
aucune fin particulière , ni en vue de la récompenfe , ce qu'un Poète Perfîen
a paraphrafé en ces termes: Un amant qui fe plaint de la féparation de fon
ami , & qui veut demeurer toujours dans un état d'union & de joûilfance ,
ne mérite pas aflurément le nom d'amant , puifqu'il defire quelque autre cho- '
fe que la volonté de fon bien-aimé.
FRANK & Frenk, un Franc, c'cfl-à-dire , un François, & par extenfion
ou par une plus ample fignification , un Européen , ou plutôt un Latin, à
caufe que la nation Françoife s'ell fait connoître & diftingucr entre toutes
les autres, qui ont porté les armes dans l'Orient, au tems des Croifades.
Frankpani , le Seigneur Franc ou Latin. C'efl le nom d'un Gentilhomme
Romain , qui vint au fervice des Roys de Hongrie pendant les premières guer-
res que ces Princes avoient avec les Turcs, il s'établit en Croatie , & fut
le chef de la Maifon des Frangipani ; de cette Maifon étoit iflTu Jean , fils de
Bernardin , lequel , après la mort de Mathias Corvin , Roy de Hongrie , fe
révolta contre LadiOas & contre le Duc Jean , i3a{lard de Mathias. Ce Duc, '
qui étoit Ban de Croatie , affiégea Frangipani dans la ville de Brevia , & le
preffa fi fort , qu'il le reduifit à fe jetter entre les bras des Turcs , & ce
fut, par cette occafion, que Bajazeth fécond- fe rendit maître de la Croatie,
l'an 899 de l'Hegire, de J. C. 1493.
(^uoy que le mot Pani , qui fignifie Seigneur , foit Efclavon , les Turcs ne
laillenc pas de s'en fervir, quand ils parlent des gens & des pays de la lan-
gue Efclavone. Il y a une branche de ces Frangipani encore aujourd'huy
dans Rome , & c'efl d'eux que la manière de parfumer les gants à la Fran-
gipane , a pris fon origine, l^oyiz Farange âf Afrange.
G 3 FRANKIS
54 ' FRA NKIS. FURSÎ.
FRANKIS & Franghiz, Nom de la fille d'Afrafiab, Roy du Turqueftan,
mariée à Siavefch, fils de Caicaus, Roy de Perfe de la féconde dynallie. Vo-
yez les titres de Siavefch , de Caicaus i^ de Caikhofrou.
FULFUL, le Poivre. Les Arabes appellent Belâd al fulful , le pays du
poivre, ce que nous appelions la côte de Malabar aux Indes Orientales. Vo-
yez le titre de Kaoulem.
FULIKHRIAH, c'eft l'Impératrice Pulchcria , fœur de Théodofe. Les
Jacobites , comme Aboulfarage & autres , difent qu'elle étoit Religieufe , &
qu'elle ne laifla pas de fe marier à Martian , avec lequel elle étoit foupçon-
née d'avoir eu auparavant quelque commerce fccret. Ils difent encore , que
quelques Evêques hypocrites approuvèrent ce mariage. Il ne faut point dou-
ter , que ces Evêques ne fuflent ceux-là même qui avoient tenu , ou qui tin-
rent le Concile .de Chalcedoine qui condamna les Jacobites, & que cette con-
damnation fit, que ces Hérétiques décrièrent l'Empereur & l'Impératrice fous
l'autorité defqueis ce Concile avoit été tcnu.
FUROUDEH, fils de Siavefch, fils de Caicaus, Roy de Perfe de la fé-
conde dynaftie. Siavefch avoit eu ce fils de la fille de Piran Veifleh , avant qu'il
époufât Frankis, fille d'Afrafiab. Voyez le titre de Caikhofrou.
FURSI, furnom de Mohammed Een Abi Zakaria , qui efl l'Auteut du li-
vre intitulé Dorar u gorar. Les Perles & les Pierres prétieufes. Voyez le ti-
tre de Dorar.
GADHA. GADHAMIS.
^■i;0*^-|iADHA & Gadhat, efpèce d'arbre affcz femblable au Tamarix , le-
^ f^% quel croît dans les fables des défcrts. Les Chameaux font fort friands
^4 ^ i? de fes fciiilles , qui leur donnent néanmoins des tranchées. Le bois
^ ^^'^'ip de ces arbres eft fort propre à faire du charbon , qui conferve long-
tems le feu ; c'efl: pourquoy on le cranfporte dans les villes où il ell de grand
débit.
Les loups fe retirent ordinairement parmi ces arbres , ce qui a donné lieu
à la façon de parler des Arabes, qui difent à leurs chameaux , pour les em-
pêcher d'en manger les feuilles, Dhib Gadlian, le loup efl auprès du Gadha.
GADHAMIS , le Géographe Perfien m.et cette ville d'Afrique dans fon
troifième climat, & dit, qu'elle a été biitie par une colonie de peuples de la
Barbarie , qui s'y font établis dans les derniers tems. Cette ville ell fort mar-
chande & peuplée de Mahometans , qui n'ont point cependant d'autre eau que
celle qu'ils tirent de leurs puits.
GADHANFER,
GADHANFER. GAIATHEDDIN. ^5
GADHANFER, nom pronre d'i.'\l Malck Al Modhaffer , dix - huitième
Sultan des Mamlucs Turcs en Egypte. Il étoit fils de Mulek Al NalTer , fils
de Calaoun , & fut le fi\"ièm3 de huit frères qui fe fijccedcrent les uns aux
autres dans le Roj'aunie d'Egypte. Celiù-cy fuccedi immédiatement à Malek
Al Kamel , & ne régna qu'un an & trois mois , au bout defquels les Mam-
lucs mirent en fa place fon frère Al Malek Ai Naiîer , l'an de l'Hegire 748,
de J. C. 1347.
GADHANFER, nom d'un Poète Perfien, furnommé Al Camar Al Sçhaêr,
Auteur d'une Milliadc ou Poème en mille vers Pcrfiens, intitulé Pir ve Givan,
c'efi:-à-dire , le vieillard & le jeune homme , dans lequel les avantages de la
vîeillefle & de la jeunefie font balancez.
GADI Kioi ou Cadhi Kioi, en Turc, c'cll le \allage du Cadhi. Ce nom
a été donné à un lieu où l'on voit les ruines de l'ancienne ville de Chalce-
doine , que l'Oracle appella autrefois la ville des Aveugles. Ce lieu n'eft pas
beaucoup éloigné de la ville d'Ifcodar ou Scutarct , qui cft bâtie en Afie,
vis-à-vis de Conftantinople , & c'eft ce qui a donné lieu de croire , que Scu-
tarct elt la même que l'ancienne ville de Chalcedoine.
GADI AT. Ahel Gadiat , Auteur de Géomance , qui eft mis au nombre
de ceux qui ont écrit fur cette fcience fuperfcitieufe , dans le livre intitulé
■Alagmoû al lieml.
Gx\IALIGH , nom d'un p:.ys de la Turquie Orientale , qui avoit un Prince
particulier, tributaire de Gengliizkhan , auffi-bien que ceux d'Almaligh & de
i3ifchbaligh , qui font aulïï des contrées particulières du Turqueflan.
GAI AT Al Ahcâm , Livre des préceptes de la-loy Mufulmane , compofé
par Mohibcddin Almiad Al Tbabari AI Mekki.
G AI AT Al maâreb fil menaih u al Khabaia u al methaleb. Livre qui en-
feigne les lieux où font cachez les tréfors de l'Egypte , & le moyen de les
trouver par les prières qu'il faut réciter , & par les fufFumigations & autres
cérémonies fuperflitieufes , qu'il faut pratiquer pour parvenir à l'ouverture
des talifmans qui les renferment. Ce livre eft dans la Bibliothèque du Roy,
n . 1031.
GAIATHEDDIN Caikhofrou, fils d'Alaeddin ou Aladin , Sultan de la
dynailie des Selgiucides, qui rcgnoicnt dans le pays de Roum , c'eft -à- dire,
dans la Natolie & pays circonvoifins.
L'an de l'Hegire 640 , de J. C. 1 242 , ce Prince ' entreprit malheureufement
de faire la guerre aux Mogols ou Tartares, qui n'étant pas éloignez de fes
frontières , ne lailToient pas néanmoins de vivre en paix avec lui , comme
ils avoient fait avec Aladin fon père. Il leva pour ce fujet une très-grof-
•fe armée, compofée de Grecs, de Francs , de Géorgiens, d'Arméniens & d'A-
rabes.
• Il marcha jufqu'auprès d'Arzengian, ville d'Arménie; mais à peine fuc-il en
préfencc des ennemis , que tous les Mufulmans & tous les Chrétiens de fon
iU"méc tournèrent en arrière, ce qui l'obhgea lui-même à prendre la fuite,
&
56 G A I AT H E D D î N.
& à prendre fes femmes & fes enfans qu'il avoit laifTës à Cefarée de Cappa-
doce, pour les mettre en fureté dans Ancyre, ville de Galatie.
Les Mogols furpris de cette fuite , appréhendant que le Sultan ne leur eût
drelTé quelque embûche, ne le pourfuivirent pas auflî vivement qu'ils eulTent
pu faire; ils ne lailfercnt pas cependant de prendre les villes de Si vas ou S e-
bafte & de Cefarée , après quoj' ils fe retirèrent chez eux , & forcèrent en paf-
fant la ville d'Arzengian.
Gaiatheddin connut enfin à fes dépens , que fes forces étoient trop inéga-
les, pour les mefurer avec celles des Mogols; il envoya des Ambalfadeurs à
Oftai Caan , leur Empereur , & obtint de lui la paix , à condition de lui pa-
yer annuellement un gros tribut de chevaux, de munitions & d'étoffes.
Ce fut dans cette même année qu'Abulfarage marque être la 1554 d'Alexan-
dre, ou de l'Ere commune des Seleucides , que mourut à Bagdet le Khalife
Abbaflîde Moftanfer billah , père de MoflaalTcm , qui fut le dernier de tous
les Khalifes légitimes du Muîulmanifme.
Le même Auteur remarque , que Gaiatheddin avoit époufé la fille du Roy
de Géorgie , de laquelle il étoit fi amoureux , qu'il fit mettre fon image fin-
la monnoye. L'on trouve auflî des médailles de ce Prince dans lefquelles il
y a pour revers un lion avec le foleil au-delfus de fa tête : car fes Afi;rolo-
gues lui avoient dit , que s'il y faiCoit graver les figures qui repréfentoient
fon horofcope, il viendroit à bout de tous fes defi^eins.
Ce Sultan mourut l'an 642 de l'Hegire, & laifia trois enfans mâles , à fça-
voir Ezzeddin , Rokneddin & Alaeddin , dont il déclara l'ainé pour fon fuc-
cefieur, fous la tutele de Cortai, qui étoit un homme très-efl;imé pour fa pro-
fité. Khondemir.
GAIATHEDDIN, troifième Sultan de la race ou dj^naflie des Gauri-
des, étoit neveu de Gihaufouz, & coufin- germain de Seifeddin fon prédecef-
feur. Il fut qualifié du titre oc furnom d'Aboulfetah , qui fignifie le vifto-
rieux & le conquérant, à caufc de fes grands exploits.
Il vangea d'abord la mort de fon prédccefieur, en faifant mourir Abouîab-
bas Gauri, qui l'avoit tué , & diflipa par cette exécution toute la faftion des
rebelles, qui s'étoient foûlevez dans le pays de Gaur & qui réfufoient de lui
payer le tribut ordinaire.
il aflbcia enfuite à l'Empire Ton frère Schehabeddin , qui fut fon fuccefi'eur,
après avoir été fon compagnon inféparable dans toutes fes entreprifes militai-
res. Après avoir foûmis les peuples de Gaur , il fe rendit maître des pays
de Raver & de KermelTir, qui féparent la province de Gaur de l'Indoftan ,
& qui, félon quelques-uns, font une partie de celle-cy.
L'an de l'Hegire 571 , de J. C. 1175 , il reprit fur les Selgiucides la ville
de Badghis , & peu après celle de Herat ., qui étoit pour -lors la capitule du
Khorafîan. En SJS 3 i^ força la ville de Foufchange dans la même provin-
ce, & en 577, il marcha avec Ces troupes jufqu'aux portes de Schadbagh, af-
fez près de Nifchabour, où Alifchah , fils de Takafch Khan , Roy de Khova-
rezme, s'étoit jette pour la défendre avec plufieiirs Princes de fa famille.
Gaiatheddin étant campé fous une des tours de cette ville , & confidérant
l'efpice de la courtine qui s'étendoit d'une tour à l'autre, dit auxficns, qu'il
Juy fembloit que l'on pourroit battre en ruine avec àes machines le mur qui
étoit
G A I A T H E D D I N. 59
étoit entre ces deux tours , & il n'eut pas plutôt achevé ces paroles , que tou-
te cette étendue de muraille, laquelle apparemment étoit très - mauvaife , tom-
ba d'elle-même; ce qui fut remarqué comme un effet du bonheur extraordinai-
re de ce Sultan: car, par la chute de ce mur, il fe rendit maître de la ville,
& fit prifonniers tous les Princes qui s'y ctoicnt enfermez.
L'année fuivante, le même Sultan aflîégea & prit d'affaut la ville de Merou
<lans le même pays , & ayant ainfi achevé par la prife de cette importante p'a-
ce , la conquête de tout le KhoralFan , il fe retira en la ville dj Gaznah , où
plein de gloire "& de bonheur il finit fes jours, l'an de l'Hegirc 599, de J. C.
1202, âgé de 63 ans, après 43 de règne.
Ce Sultan avoit bnti la grande & fameufe Mofquée de la ville de Herat , &
il voulut y être enterré ; & parce qu'il faifoit profefïïon de la fc5te Schafêien-
ne , qui eil une des quatre feélcs Orthodoxes du Mahometifme , il en avoit
attaché la préfecture ou Intendance à un Dofteur ou. Imam de cette fefte , fans
qu'aucun autre qui fît profcffion d'une fefte différente, y pût prétendre. Kkon-
demir , Mirkhojid & l\Jutcur du Nighiariftan.
L'Auteur du Leblarikh dit , que ce Sultan , après avoir donné à fon frère Sche-
hab-eddin qu'il avoit allbcié au gouvernement de fes Etats , la ville Royale de
Herat, capitale du KhoralTan, pour fa demeure, chojfit pour fa rcfidence ordi-
naire , celle de Gaznah ou Chaznin , capitale du Zablcftan , -qui étoit autrefois
le fîége royal des Sultans, nommez les Gaznevides,
Ce même Auteur ne lui donne que quarante ans de règne, & dit qu'il mou-
rut l'an de l'Hegire 598.
Pour ce qui regarde la fuperbe Mofquée qu'il fit bâtir dans la ville de He-
rat, il remarque que le Sultan Ali-fchir , de la Maifon & poflérité de Tamer-
lan, la fit reparer l'an de l'Hegire 904, qui eft le 1498 de J. C, par laquel-
le Epoque on connoît évidemment , que cet Auteur du Lebtarikh eft aflTez -
moderne.
L'Auteur du Nighiariftan rapporte une aftion fort géncreufe de ce Sultan.
Il dit que fon oncle Fakhreddin , qui avoit le gouvernement de Bamiân , s'é-
tant révolté contre luy , s'étoit fecretement lié avec les Gouverneurs de Balkhe
& de Herat, villes principales de la grande province duKhorafilm, & tous en-
femble dévoient faire une grande irruption dans le pays de Gaur: mais il arri-
va , que le Gouverneur de Balkhe n'ayant pas bien pris fes mcfures , fut trop
diligent à fe mettre en campagne , de forte qu'il le trouva feul fur les confins
de Gaur, Gaiatheddin & fon frère ayant appris ce mouvement , & fait mar-
cher promptement leurs troupes de ce côté-là, eurent bon marché de ce Gou-
verneur ; car il fut d'abord enveloppé , & conduit prifonnier devant les Prin-
ces , qui lui firent en même tems couper la tête , qu'ils envoyèrent à leur oncle.
Ce Prince commençoit déjà à fe repentir de fon entreprife téméraire ; mais
il n étoit plus tems : car l'armée des Princes £qs nev^eux avançoit toujours , &
il fe trouva au milieu de leurs troupes, avant qu'il pût fe fau'ver par la fuite.
Un Poëte décrivant cette action , dit : Si le pays de Gaur eft fi grand qu'il
femble n'avoir point de bornes , l'armée des Sultans étoit fi grofiTe qu'elle pa-
roifix)it être innombrable.
Gaiatheddin voyant fon oncle dans une fi grande perplexité , pouflli droit à
lui; & defcendant de cheval, alla lui embraffer la cuifi:e & baifer l'étrier, après
quoy, il le conduifit dans fon camp , le logea dans fa propre tente , & le fit
TûME n. H afleoir
,5§ GAIATHEDDIN. • G AID H A B.
aflTeoir fur fon trône , demeurant debout en fa préfence comme un de fes
Officiers.
Fakhred:lin fe voyant traité ainfi par fon neveu , & croyant que ce n'étoit
qu'une mocquerie picquante , & un mépris couvert d'une faulTe apparence d'hon-
neur que l'on lui faifoit, ne put s'empêcher d'en témoigner du chagrin, & fe
lailîli échapper même quelques paroles affez rudes: mais Gaiatheddin ne s'en of-
fenfa point , & continua toujours d'ufer envers lui de termes fort honnêtes,
& obligeants pour le confoler de fon infortune ; & enfin , après lui avoir fait
plufieurs préfens confidérables , il le renvoya en pleine liberté à fon gouverne-
ment de Bamiàn qu'il lui lailfa.
Cette aélion héroïque fut fort applaudie de tout le monde , & le même
Poëte qui a été déjà cité, dit fur ce fujet: Celui-là enlevé infailliblement avec
fon mail , la boule de la bonne fortune , qui fçait gagner les hommes par la
générofité de fon amc; & nous voyons par expérience que le bonheur fuit or-
dinairement celui qui a la réputation d'être honnête-homme.
Cette allégorie eft prife du jeu de mail à cheval , qui eft un exercice ordi-
naire des gens de qualité en Perfe.
GAIATHEDDIN, fils de Schamfeddin, efl le-^uatrième Prince de la dy-
naflie des Malek Kurt. Foyez ce titre.
GAIATHEDDIN dit Pir Ali, fils de Moêzzeddin, eft le huitième Prin-
ce de la môme dynaftie. Foyez anffi Abou Saîd Ben Algiaptu , où vous ver-
rez , que Gaiatheddin, fe joignit au Scheik HouITain pour chaifer Baiifur du
Khorafian.
GAIATHEDDIN Mohammed Ebn Rafchid , Vizir d'Abufaid , fils d'Al-
giaptou & d'Arbah Khan. 11 étoit homme de lettres, f^oyez les titres de ces
deux Princes.
G A I AT H E D D I N Ebn Hemdmeddin. C'eit Khondemir l'Hiflorien qui efl
fi fouvent cité dans cet ouvrage.
. GAIATHEDDIN, fils de HouITain, Sultan de Herat, que Tamerlan épar-
gna pendant la vie du Sultan fon père ; mais qui fut dépouillé par le même
Tamerlan, après fa mort.-
GAIDHAB & Aidhdb, Ville fituée fur les bords de la mer rouge ou Gol.
phe Arabique, que quelques-uns mettent au nombre des villes d'Egypte, & que
d'autres rangent p-ârmi celles dVEthiopie. Elle a un port alfez fréquenté , oii
s'embarquent le plus fouvent les Caravanes des Pèlerins qui vont par mer d'E-
gypte à la Mecque. Eile n'efl éloignée de Souaquen en Ethiopie que de fept
journées ; c'cfc pourquoy ceux qui pafiTent auffi d'Egypte dans la province d'Ie-
men en Arabie, pour y faire leur commerce, vont par mer de cette ville en
rifle de Dehelck , qui n'effc qu'à trente milles de la terre ferme de l'Icmen. ■
Jbdelmoal dans le fécond Climat.
Il ne faut pas confondre cette ville avec celle de Coflir , qui efl l'ancienne
Bérénice , qui a pareillement un poi t fur la mer rouge , où l'on s'embarque
pour paffcr de la Thebaïde ix de fes principales villes,, qui font Afna & Afo-
van.
G A I D H A R. G A I U K. y^
ran, fituées-fur le'lSfil, dans le CD'ndnenc de l'Arabie, pour prendre ■ eTïn.îite là;
route de Medine ou de la Mecque.
GAIDHAR, fils d'Aaron, premier Grand Pohtife des Hébreux. 11 faut li-
re plutôt Aidhàr; car c'eil en Hébreu Eleazar.
G AIL AN, les Arabes appellent ainfi ce que nous nommons un Satyre. Ils
difent cependant , que c'eft auffi une elpèce de D Jmon des forêts qui tue les
hommes & les bêtes.
Ce mot ell devenu auffi le nom propre de quelques perfonnages qui ont paf-
fé pour être farouches & cruels , & les Arabes appellent auffi Om gaiian , la
mère des Satyres ou des Démons Forcftiers, l'arbre qui porte Je nom de Spi-
na jEgyptia, que nous connoiffons mieux Ibus celui d'yicacia & de Cagie.
GAIM. Ali Ben Al Gaim AI Mocdeffi , eft l'Auteur du livre intitulé Bog-
hiat al Mortad , dans lequel il traite des lentimens que les Renégats ont quand
ils abandonnent, & après qu'ils ont abandonné, leur Religion. Cet Auteur mou-
rut l'an 1036 de l'Hcgire.
GAIUK Khan, troifième Roy du Turkeflan. Il ctoit fils de Dib Eakovi
Khan, & defcendoit en droite ligne de Turk, fils de Jafeth ou Japhet, fils de
Noë , félon Mirkhond dans la généalogie de Genghizkhan. Ce Prince étoit fort
libéral & aimoit la bonne chère ; mais d'ailleurs , fa violence & lès )njufi:ices
firent regretter la perte que l'on avoit faite de fon prédécefîcur. Il lailfa un fils, ■
nommé Alinge Khan, qui lui fucceda dans les Etats du Turquefiian.
GAIUK Khan , fils d'Oétai Caan & petit-fils de Genghizkhan , commença â"'
régner l'an 639 de l'Hegire, & de J. C. 1241, fous la tutcle de fa mère nom-
mée Tourakinah Khatoun , laquelle mourut l'an de l'Hegire 643. Cette Prin-
cefie femble avoir été Chrétienne 5 car Mirkhond écrit, que les Chrétiens avoient
beaucoup de crédit à la Cour de Gaiuk khan.
Après la mort de Tourakinah, il fe tint une afl'emblée générale, que les Mo-
gols appellent Curiltai, dans laquelle l'Empire fouverain des Mogols fut donné
ou confirmé à Gaiuk Khan , qui n'en jouit qu'un an entier ; car il mourut en
644 de l'Hegire, dans l'année du cycle des Alogols nommée It II, c'efi:-à-dire ,
l'année du chien. Khondemir.
Ce Prince eut pour fuccelfeur Mangu Caan fon coufin-germain , fils de Tulî-
khan , fils de Genghizkhan , qui ne fut pourtant déclaré Empereur des Mogols
Genghizkhaniens que fix ans après la mort de Gaiuk , ou plutôt après celle de
Tourakinah, en 648 de l'Hegire, qui efl; l'année du cycle des Mogols nommée
Dongouz II, l'année du Pourceau.
Abulfarage , qui met la mort de ce Prince en l'année 647 de l'Hegire , dans
un lieu du Turkefl:an à cinq journées de Bifch Baligh , dit , qu'il avoit deux
frères , dont l'un portoit le nom de Kuban & l'autre de Siramoun , & qu'il
leur diftribua , & aux autres Novain ou Princes de fon fang, toutes les provin-
ces de TAfie»
Ogulganmifch , veuve de Gaiuk , gouverna par intérim , fuivant les ordres de
Batou fils de Giougi, fils aîné de Genghizkhan, les Etats que pofi^ëdoit fon ma-
ry, jufqu'au prochain Kuriltai, qui étoit la Diète générale des Mogols, laquelle
H 2 s'étant
5o G A L A T H. G A N A H.
s'étant tenue l'an 650 de THegire, Batou déclara lui-même Mangu pour fuccef-
feur de Gaiuk.
G AL AT H Al dhoàfa meh al fokaha , les erreurs des Jurifconfultes Muful-
mans, Livre d'Abou Mohammed Abdallah Ben Berri Al Mocdeflî. 11 eft dans-
la Bibhotheque du Roy, n°. 1099.
GALEB. Hemâm Ben Giâfar, Ben Galeb Al Mocri, eft l'Auteur de l'hif-
toire qui porte le titre de Tarikh Ben Galeb.
GALIKIA. Gallicia , c'eft la Valachie nommée autrement Ulak & Iflak ;
car l'on trouve dans les anciens titres des Roys de Hongrie, qu'ils fe difoient,
auffi Roys de la Gallicie ou Valachie j & de la Moldavie.
GALIPOLI ou Galiboli, Calliopolis, ville de Grèce fituée fur rHellefpont,
que les Turcs appellent Galiboli Denghizi, la mer de Galipoli , & les Italiens,
Il mar di San Georgio. Cette ville eft le fiége du Bâcha de la mer, qui s'ap-
pelle en Turc Capoudan Bâcha.
. G A LOVA H, Ville de Nubie, fituée fur le Nil au-defibus de celle de Dan-
galahi d'où elle eft éloignée de cinq journées ; mais il y en a dix pour arriver -
de Gàlouah à Ildk dans le déicrt , en tirant vers l'Occident.
GAMBIA, fleuve des Nègres, qui fe décharge dans l'Océan Atlantique pro-
che du Cap verd. l^oyrz Ulil.
G AMD AN, nom d'une colline, où le Palais des Tobais, Rois de l'Iemen,
&; le plus fameux Ternple du pays font bâtis dans la ville de Sanâa.
Ce temple , que l'on prétend avoir été bùti par émulation de celui de la Mec-
que, eft fouvent appelle du même nom de Gamdân & d'Amddn.
■ G A M M A Z, Foyez Manfor Ben Gammaz.
GAMRI & Gomri, farnom de Mohammed, qui eft Auteur d'un livre inti-
tulé Ahcdm al mlfuj des Préceptes de la loy Mufulmane, qui obligent les femmes.
Les Juifs difcnt , que les femmes ne font point obligées à fobfervation des
préceptes affirmatifs de Ja loy, mais feulement aux négatifs.
G AN A II, Ville capitale du pays des Soudan, c'eft-à-dire, des Nègres, fituée
entre le premier climat & la ligne équinoéliale , fur une rivière femblable au
Nil d'Eg3^ptc , qui la fepare en deux parties prefqu'égales : la partie Septentrio-
nale eft habitée par des Mahometans : mais la partie Méridionale n'eft peuplée
que de Caf-cs & d'Infidèles. Il y a aux environs de cette ville plufieurs mines
d'or, eftimé plus pur & plus fin que celuy qui fe rencontre dans les autres mi-
nes; niais celuy d.>s rivières le furpafili encore en bonté.
Abdclmoal & E jriffi , Géographes Orientaux , la placent entre les villes du
premier Cliiuat, & difcnt, qu'il y a auprès de Ganah un lac d'eau douce, &
un château très-fort fur le bord du fleuve, qui fut bâti, l'an 510 dp l'Hegire^
par un Prince- de la Maifon de Salch, fils d'Abdallah, lequel, quoy qu'il fût de
la race d'Ali & de ILuTiin , ne laifibit pas pourtant de reconnoître le Khalife
de. la Maiibn des Abbalîides qui. reûdoit daas JBagdct,
Entre
GANARAH. G A O. 6i
Entre le pays de Ganah, & la Barbarie qui eft fur la côte d'Afrique, il n'y
a qu'un fort grand defert nommé Sahara ou Sahra, au bout duquel vous trou-
vez la ville de Gougah , après un mois & demi de clicmin.
Cette ville qui eft la plus opulente de toutes celles de la Nigritie, efl: placée
par Abou Rihan Al Birouni au dc-là de la ligne équinoftiale. Le Géographe
Perfien appelle la ville de Gougah, du nom de Cougou , & ce pouvoit être
celle que nous appelions Congo.
GANARAH, Ville forte & peuplée, fituée fur le Nil des Nègres, qui
eil des dépendances de Ganah, & qui obéît à fon Roy.
GANGIATU, que l'on trouve aufïï nommé Caiflu, & Caicatu, étoit fils
d'Abaka Khan , & fucceda à Argoun Khan dans l'Empire des Mogols de la
race de Genghizkhan. Jl ne régna que quatre ans au bout dcfqucls il fut
tué par Baidu Khan fon fuccelfeur l'an 694 de l'Hegire, de J. C. 1294. Foyez
Baidu Khan.
KJiondemir remarque que le véritable nom do ce Prince étoit Aicatu , ou
Gaicatu qui fignific en langue Mogolicnne , mervcilleufcment beau , & écla-
tant. Der âgieb Ahddr.
Il ajoute que Gangiatu nonobflant fes débauches, fut le plus libéral de tous
les defcendans de Holagu , & qu'il fit fi bien adminiftrcr la juftice à fes fujets,
que fous Ion règne , l'on ne fit mourir aucun innocent.
Baki Bok, ou Bafchi Bog, fut GeneraJilîIm^ des armées de ce Prince fous le
titre d'Emir al Omara, & Khovageh Sadreddin Khaled Zengiani fut fon pre-
mier Vizir.
Plufieurs Seigneurs de fa Cour, dont il avoit enlevé les filles pour les rnet-
tre dans fon Serrail, conjurèrent contre luy: il en fit prifonniers quelqu'uns;
mais les autres envoj^erent fecretement folliciter Baidu Ogul fils de Targai , &
petit-fils de Holagu, lequel étoit pour lors Gouverneur de Bagdet , de faire
diligence, s'il vouloit fe rendre maître de l'Empire. Baidu ayant ramafl^é le
plus de troupes qu'il put, s'avança vers Mogàn où Gangiatu l'attendoit avec
fon armée; mais ce Prince ayant été trahi, & abandonné par fes Généraux',
il fe fauva dans une grotte où ceux qu'il avoit emprifonnés , & qui avoient
été délivrez par les conjurez , le mallacrercnt,
GANIMI, Surnom de Schehabeddin Mohammed ou Ahmed Al Anfari, Au--
teur d'un Ouvrage intitulé Erfchdd al Ekhudn dla al fark bdn al cadm bel dhat
u al cadm belzamdn , Inftruétion donnée aux Auteurs nommez Ekhuan alfafa,
fur la différence qu'il y^ a entre la priorité de nature, & la priorité de tems.
Il efl auflî l'Auteur de Bahagiat , qui cil un commentaire fur le livre qui a-
pour titre Amliat al borhân fildcaid, Demonilration évidente de tous les articles
de la foy des Mufulmans.
GAO, nom d'un célèbre Forgeron natif de la ville d'Ifpahan, Il fe fit'
chef d'un gros party de conjurez qui fe fouleverent contre le Tyran Zohak,
& marcha à leur tête , élevant au bout d'une pique fon tablier de cuir , en
gUife d'étendart.
Il fe trouva en peu de tems maître d'une grande armée laquelle il fit marcher
auffi-tôt , & défit en bataille rangée le Tyran ; après quoy il donna la Couronne
de Perfe , dont il étoit le maître , à "Feridoun , ifilj de la race des anciens Roys. ■
H 3 Feri-'
^, G A R. G A S â A N.
Feridou'n doftna enfuite à Gao pour recompenfe de fes fervices la Ville d'Ifpa-
han avec fon territoire , & voulut que fon tablier qui avoit fervi de fignal
aux conjurez, fut de-là en avant l'étendart Royal, & pour ainfi dire, TOri^
flamme de la Couronne de Perfe , qui a toujours porté le nom de Dirfcfcti
Gaviani, c'eft-à-dire, l'Etendart de Gao.
Ce Forgeron mérita par fes grandes avions de valeur & de generofité , que
l'Empire de Perfe paflat dans fa famille; cai- Cobad, père de Khofrocs, furnom-
mé Noufchirvan , Roy de la quatrième dynaflic (^ : Pcrfè , defcendoit de lui en
ligne direftc. f^oyez les titres de Zohak, de Feridoun, à? de Dirfefch.
GAR Mohammed, Grotte de Mahomet. Foysz la Mecque,
GARHAVAH, le Sepulchre d'Eve, ^'ij'?;^ Havah.
GARNATHAH, Grenade en Efpagne, une des premières villes que les
Arabes y prirent après celle de Cordoue, letu* capitale. Elle fut auffi la. der-
nière que les Efpagnols recouvrèrent: & fon hiftpire eft aflez connue par nos
hiitoires modernes. .
Ahmed Ben Caflem Al Andaîoufi écrit qu'en l'an 1008 de IHegire, de
J. C. 1599, l'on trouva proche de Grenade dans un lieu nommé Khandak al-
gennar, feize lames de cuivre «Se de plomb de la grandeur ^de la main, qud
l'on prétendu it avoir été enterrées par Saint Cœcilius , Archevêque de Grenade,
où la prédication de la foy Chrétienne étoit décrite en langue Arabique, mêlée
"de plufieurs contes fabuleux. Ces lames furent portées à B.ome , & ont été
condamnées à Rome depuis peu d'années, ^oyez dans la Bibliothèque du Roy
71 . 104.^.
Ben Schohnah écrit qu'en l'an 482 de l'Hegire, de J. C. 1089, JofepJi fils
de Taffetin ou Baf kehin , commença à régner dans la ville de Grenade , & que
la dynaltie des Sanahegiàt finit dans ce même tems , depuis lequel la ville & la
province de Grenade ont pris le titre de Royaume.
Cet Etat a été le dernier de toute l'Efpagne , où les Arabes que nous appel-
Ions ordinairement les Mores , ont régné ; & c'efl; auffi de-là , que les Mores
chalTez d'Efpagne qui fe font réfugiez en Barbarie, font appeliez encore aujour-
d'huy Grenadins, & Tagarins.
Ce fut fous le règne de Caiem , vingt-feptième Khalife des Abbaffides , & de
Mofi:anfer , cinquième Khalife d'Egypte de la race des Fathimites , que le Royau-
me de Grenade fut établi. •
Il y a une hifl:oire fort ample du Royaume de Grenade , qui a pour Auteur
Mohammed Ben Abdallah furnommé Al Khathib Al Corthobi. Ce livr^ a pour
titi:e ihathah fi tarikh Garnathah.
Nous avons un abrégé de medicine intitulé Igiaz filt heb compofé par Jofef
. Ben Al Garnathi qui mourut l'an 753 de l'Hegire, & un Jlhcdm Alcorân qui
a pour Auteur Abd al monaêm Ben Mohammed Ben Ars Al Garnathi qui
mourut l'an 770 de l'Hegire.
GASSAN, nom d'une ancienne ville de Syrie dont le terroir étoit abon-
dant en fontaines & en ruilTeaux , où les Arabes furnommez dans la fuite Gaf-
fanides, établirent une colonie. Foyez plus bas.
Galfani ell le furnom d'Aboulfadhl Abd al monaêm Ben Omar Ben Haiiàn,
lequel
G A s s A NI A H. G A U R. ^3
fequel étant tié dans la Gallice en Efpagne, porte auffi les noms d'Andaloufi ,
& d'Aï Gialiani. Il tiroit fon origine de ces Arabes GaiTanides dont on vient
de parler , & il nous a laiflc un Divan compofé de dix Ouvrages , dont le
premier efl en vers Acroftiques, & Figurez, fur les louanges de Saladin. Ce
livre fe trouve dans la Bibliothèque du Roy n°. 1072.
Al Gaflani AI Azraki efl un autre Auteur qui a compofé une billoire fort
ample de la Mecque, dont Alfarani a fait un abbregé.
GASSANIAH, les GaiTanides. Les Arabes ont eu une dynallie de Roys
qui ont porté ce nom plus de 400 ans avant la nailfance de IMahomet. lis
étoient de la famille d'Azad, & de la pollerité de Kaheldn fils de Saba , fils
d'Iafchhub, fils d'Iàrab, fils de Cahtan, qui eil Jodan fils du Patriarche Eber
ou Heber.
Ils quittèrent l'Arabie après l'inondation, ou le déluge d'Irem , & vinrent
en Syrie auprès d'un lieu abondant en eau nommé Galfan , où ayant trouvé
d'autres Arabes nommez Dhagâemah qui s'y étoient déjà établis , ils les en
chaflerent.
Le premier de leurs Roys portoit le nom de Giafnah fils d'Amrou, fils de
Thaâlebah qui tiroit fon origine d'un Roy de Hirah , furnommé Maziah , à
caufe qu'il déchiroit tous les jours l'habit qu'il portoit , pour le donner à quel-
qu'un. Le dernier de ces Roys fut Giabalah fils d'Aihem , lequel fe fit Muful-
man du tems d'Omar , fécond Khalife après Mahomet , & enfuite Chrétien , mais
par dépit. Foyez fon titre particulier.
La plupart des Rois de Gaffàn portoient le nom de Hâreth , d'où vient
celui d'Arctas que les Grecs & les Latins ont formé. Ces Roys Arabes ont
été fouvent déclarez par les Empereurs, Chefs de leurs armes en Syrie. 11 y
en avoit un qui coramandoit dans Damas du tems de faint-Paul , comme il
paroît par la féconde Epîcre de cet Apôtre aux Corinthiens.
GAUR & GOUR; ce mot qui fignifîe proprement une Plaine, & un pays
plus bas que les autres, fe donne à pluficurs Provinces de l'Afie.
Celle de Tahamah en Arabie porte fouvent ce nom, à caufe qu'elle eil plus
baflTe que toutes les autres contrées de ce grand pays. Il y en a pourtant qui
veulent que Gaur foit entre l'Iemen & Tahamah.
En Syrie le pays , que les anciens nommoient l'Auranitide , où Hyrcan le Grand
Pontife des Juifs fut fait prilbnnicr, & où Antipatcr père d'Herode fut tué,
eil nommé Gaur par les Hifloriens Arabes. Ce pourroit être la Phœnicie , ou
la Cœlefyrie; car ce mot fignifie la Syrie Creufe.
Mais la plus grande de toutes les Provinces qui portent ce nom , efl celle
qui s'étend entre le Khoraffan du côté de la ville de Herat , & le pays de
Gaznah. Cette Province de Gaur n'cft fcparée des Indes que par le paj-s de
Raver , & elle cft fort célèbre par la montagne des Turquoifes que les Per-
fans appellent Firouz goueh , où il y a une fortereffe qui porte le même
nom, & que l'on tient être la meilleure de toute l'Afie. Foyez le titre fuivans
de Gauri, âf ceux de Gaznah, âf de Zableflan.
Ce fut dans les montagnes de Gaur que la pofterité de Zohak le Tyran de
Pevfe fc réfugia, & y établit une principauté. Sam Ebn Souri, Chef & Fonda-
teur de la dynallie des Gaurides, prétendoit tirer fon origine de cette race.
GAURANI,
54 G A U R A N I. G A U R I A N.
G AURA NI, Surnom de l'Imâm Abulcaflem Al Merouzi, qui ell le mêmft
qu'Abdal rahman Ebn Mohammed, Grand Doéleur de la Seéle Schafêienne qui
mourut l'an de l'Hegire 461. Il nous a laifle deux Ouvrages de Jurifpruden-
ce Mufulmane , dont l'un eft intitulé j^fràr al fekeh , &: l'autre Abanat fi
fekeh fchafêi.
G A URL Foyez le titre qui fuit j de Gauriân.
GAURIAN, les Gaurides, qui font appeliez ordinairement par les Hiflo-
riens Selathin Gaur, les Sultans de la dynaftie des Gaurides. Ils commencèrent
à régner l'an de l'Hegire 545, de J. C. 1150, & finirent l'an 609 , de forte
que cette dynaftie n'a dure que 64 ans, fous cinq Roys ou Sultans.
' Le premier a été Alaleddin HafTan fils d'Huffain, fils de Sam Souri, & il
fut furnommé Gihanfouz , qui fignifie en Perfien , celui qui a mis le monde en
feu. Ce Prince a régné fix ans.
Le fécond eft Seifcddia Mohammed , fils de Ala eddin Gihanfouz , qui a
régné fept ans.
Le troifième Gaiath-eddin Aboulfetah , fils de Sam fils de Huflain , dont le
règne a été de quarante ans.
Le quatrième , Sçhehab-eddin Aboulmozaffer , fils de Sam fils de Huflliin ,
frère de Gaiath-eddin fon prédécelfcur , qui a régné feul quatre ans.
Le cinquième nommé Mahmoud , fils de Gaiatheddin Aboulfetah troifième
Sultan de cette dynaflie, régna fept ans. Khondemir. Lehtarikh. Nighiariflàn.
Cette dynafi.ie qui s'éleva fur les ruines de celle des Gaznevides, pafiTa en-
fuite dans celle des Khovarezmiens. Il faut voir le titre de Sam Souri, ^ ceux
de ces cinq Sultans pour apprendre l'origine , le progrez , âf la décadence de cette
dynaftie.
Après que le grand Empire de la famille de Sam Souri que l'on nomme la
dynafiiie des Gaurides , fut fini en la perfonne de Mahmoud , fils de Gaiath-
eddin, cinquième & dernier Sultan de. cette race, l'an de l'Hegire 609 , de
J. C. 1212 , une branche de cette maifon s'établit dansBamian, ville & Pro-
vince particulière du Khorailan , au de-là de la ville de Dalkhe , en tirant vers
Kabul, Province Septentrionale des Indes , comme aufîî dans le Tokhareltan
qui efb la partie la plus Orientale de la Province de KhoralTan.
Le premier .de cette féconde branche des Gaurides fut le Sultan Fakreddin ,
oncle de Gaiath-eddin Aboulfetah, troifième Sultan de la première dynaftie.
Voyez ce qui lui arriva avec fon neveu dans le titre de Gaiath-eddin fils de Sdm.
Le fécond fut fon fils Schamf-cddin , lequel ajouta aux Etats de fon perc,
une pa^rtîe du Badakhfchian ou Balakfchian , pays d'où viennent lee rubis ba-
luys, & la Province de Tchagauiàn.
Le troiiième fut Baha-eddin, fils de Schamf-eddin , renommé pour fajuftice,
fa doftrine , & pour l'aifeclion qu'il portoit aux gens de lettres ; car c'eft à ce
Prince que l'Imâm Fakhreddin Razi dédia un de fcs Ouvrages.
Le quatrième fut Gelal-eddin, auquel on donne fept années de règne, les
Hiftoriens ne remarquant pas les années de fes prédécelfeurs : mais ce fut fous
ce Prince ou après fa mort que l'Etat de Bamiân & de Tokhareftan paffa. entre
les mains des Sultans de Khovarezmc, qui avoient déjà dépouillé la première
branche de la Maifon des Gaurides dès l'année 609 de l'Hegire, comme nous
venons de voir. Kliondemir.
L'on
G A U T H A H. — G A Z A L.
^S
L'on pourroit compter pour une troifième dynaflie des Gaurides , la fuite de plu-
Ticurs Efclaves & Affranchis Turcs ciev'ez par les Su 'tans de cette Maifon &
fur tout par Scliehab-cddin qui en fut le quatrième Sultan , lefquels régnèrent
a^ès fa mort dans le Kerraan ou la Caramanie Perfique, dans le Souran, dans
le Multan, & dans Delli, Royaumes des Indes. Voy^z les titres de Schehab-eddin ,
6f de Golamân Selathin Gaur.
GAUTHAH. Gauthat Demefchk , h. plaine de Damas. C'efl un pays fi
délicieux-, qu'il pafTe pour un des quatre lieux qui font vantez pour être les
Paradis, ou les Jardins les plus beaux de toute la terre habitable. Les trois
autres font Obollah en Chaldée où il y a une rivière du même nom, Scheb
Baovân en Perfe, & la Sogdiane que les Orientaux appellent aujourd'huy So"-d
Samarcand, la plaine ou la valide de Samarcand. ° .
GAZ, dixième fils de Japhet fils de Noé , qui établit fa demeure fur le fleuve
nommé Bulgar, après que fes autres frères fe furent emparez des meilleurs pays
de la fucceffion de leur père. Il fit la guerre à fon frère aîné nommé Turk,
pendant pluficurs années.
La race de Usures , ou Turcomans appellée aujourd'huy Gazieh & Gazan , &
qui efl la plus vile , & la plus méprifée de toutes , tire fon origine de Gaz.
On lui donne aufli le nom de Tchefchmgaz , lequel l'on prononce auflî Tam^^azi
& ces deux noms fignilient Horgnes. I^oyez Mirkhond dans la Généalogie de
Gcnghiz-Khan , & le titre de Turcomans.
Gaz eut deux enfans dont l'un nommé Bulâr & Bulgâr demeura dans le pays
que fon père avoit choifl pour fa demeure au de-là du Volga , d'où les Bulga-
res qui vinrent depuis s'établir dans la Mœfie, font defcendus.
Le fécond nommé Berthas ou Perthas, fut le chef d'une nation Turque ou
Turcomane qui vint s'établir dans l'Afie. Ils ravagèrent la grande Province
du KhorafTan l'an 426 de l'Hegire , de J. C. 1034, mais ils furent défaits par
Mahmoud le Gazncvidc qui les chafTa hors de fes Etats.
L'an 435 de l'Hegire, de J. C. 1043, les Gazes Turcomans entrèrent dans
la Mefopotamie , & fe rendirent maîtres de la ville de Mofui : mais le Khahfe
Caiem Bemrillah reprit fur eux cette importante ville , & les obligea de fe
retirer dans l'Adherbigian, c'eft-à-dire , dans les montagnes de la Medie.
Gaz efl auiîi le furnom de Alohibeddin Seid Huflain Al Bagaovr, mort l'an 536
éi l'Hegire, qui nous a laiifé un livre fous le titre d'Erfclidd.
GAZAL, nom d'un animal que les Grecs & les Latins ont appelle Dorcas.
Nous avons retenu le nom Arabe; car nous l'appelions Gazelle. Scherif AI
Edrifîi dit dans le premier climat de fa Géographie, qu'il y a beaucoup de ces
animaux dans le pays des Nègres. Les Maronites ont expliqué dans la Géogra-
phie Nubienne le mot de Gazai par le mot de Cerfs qui ne Ce trouvent point
dans toute I Afrique; mais Virgile avant eux étoit tombé dans la même fiiute.
Ce mot fignifie auflî des vers amoureux , qui ne doivent pas excéder le nom-
bvQ dé dix-fept ou dix-huit Beits que nous appellerions Difliquss ; mais dont
chacun n'efl qu'un vers Arabique. Lorfqu'ils palTent ce nombre , le poëme
s'appelle Caffidah qui répond à nôtre Elégie. Le Gazai ne peut être aufli moin-
dre que de fept Beits , ou tout au moins de cinq ; car quand il n'y a que
J T0M6 IL I quatre
(56 GAZALAN. GAZA L I.
quatre Beits, c'eft un Rabedt ou quatrain. Les deux premiers Beits d'un Gazai
s'appellent Methld, & les deux derniers Mecthâ.
GAZALAN; on appelle ainfi les deux- Gazelles d'or dont un Roy de Perif:
fit preibnt au temple de la iMecque. Elles furent long-tems cachées au fond du
puits nommé Zenizem , d'où ayant été tirées, Aboulchcb, ennemi déclaré de-
Mahomet, les vendit à des Marchands, & en convertit le prix à fon ufage..
Ce même mot fignifie en langue Perfienne ceux d'entre les Poètes qui fe
font appliquez à la compofition de vers lafcifs & amoureux, que les Arabes
appellent Gazai.
GAZ ALI, furnom d'Abou Hamed Mohammed Zein eddin Al Thoufi. Ce
Dofteur qui cil; des plus célèbres entre les Mufulmans, porte les titres magni-
fiques d'Imam alâlem , le fçavant Imam , ou l'Imam du monde , Amcl al ôlamah ,
celui qui mettoit en pratique ce qu'il enfeignoit, Al Varâ Al Zahed, qui crai-
gnoit le plus d'offcnfer Dieu, & qui s'abftenoit entièrement des plaifirs de la
vie, Scheikh al tharicat, le Dofteur de la vie fpirituelle , Hoggiat al Iflàm, le,
plus grand témoin du Murulmanifme. _ ^t . , n
il naquit à Thous, ville du Khoraflan , 1 an 450 de 1 Hegire. Nezam almulk
l'avoit fait Profeffjur de fon Collège nommé Al Nezamiat , qu'il avoit fondé
dans la ville de Bagdct fous le règne de Melikfchah : mais Gazali quitta cette
profeffion pour embralfer la vie retirée l'an 488 de l'Hegire ; & après avoir
fait le pelerinafTc de la Mecque , il retourna en fon pays , où il mourut 1 an
de l'Hegire 504 félon Ben Schonah , & 505 félon les autres.
'Le plus fiimeux Ouvrage de ce Docteur cft celuy qu'il intitula Mm ôloum
eâdin les différentes clafles des fciences qui concernent la Religion. Ce hvre
fat abbregé par Ahmed Ben Mouffa Al Arbeli fous le titre de Rouh al Mia^
c'en:-à-dire^ FEiprit du livre intitulé Mia. ; ^ .
• Il V a un volume dans la Bibliothèque du Roy, qui contient cinq opufcules
de Gazali dont le premier eft intitulé Mâar'f al âkliah , des connoilHuices in-
telleftuellcs. Le fécond Moncad men al dlialal, ce qui nous délivre de l'erreur.
L*- troiiièm'e ^l Madhnoim , âf c. ce qui doit être caché aux indignes. Le qua-
trième Mefchrat alanovdr, le lieu où la lumière eft cachée. Le cinquième Nha-
rese al Salekim, les Elévations d'efprit des perfonncs pieufes vers Dieu. _
Ce Dodeur étant interrogé de quelle méthode il s'étoit fervi pour arrivera
ce haut point le fcience qu'il avoit acquife , répondit qu'il n'avoit jamais eu
honte de demander ce qu'il ne fçavoit pas . . . .. ■^ r /r
Il V a des livres fort fuperflitieux & dangereux qui font attribuez faulFe-
m-nt à'ce Doèleur. L'un clt le Khaîem, ou Anneau Magique qui eft dans la
Bibliothèque du Roy n^. loio. Le fécond eft Hall al rcmoiiz fi mcfaiih al
conouz, explication de trois Alphabets renverfez pour la découverte des trefors.
Ce ii^^re fe trouve aufli dans la même Bibliothèque n^. 1030.
Nous avons encore dans la Bibliothèque du Roy n^ 902, le Livre de Fa.
tehat al ôloum, la clef des fciences, qui eft un commentaire du Ahia al ôloura
Le' livre intitulé Jnîs fil ovahdat , l'Ami ou le Compagnon de la folitude eft
attribué à un Abou Ilamcd Al Gazali, qui mourut l'an 705 ^de l'Hegire. Il y a
peut-être erreur dans cette datte, & cet Ouvrage pourroit ctre du même Gazali
dont, nous parlons.
G A Z A N. ç^
Il n'en eft pas de même du Gazali qui portoit Je nom d'Alf Ben CofTaibah
& qui mourut l'an 878, de l'Hegire, duquel nous avons le Livre intitulé Eftel
hathdth al m;rah:m, des moyens qui fervent à attirer fur nous les milericordes
de Dieu.
;r Le Tarikh Montekheb, livre Turc, cite dans l'hifloire de Caiumarath un livre
du premier Gazali intitulé Nafthat al moloûk, Confeils donnez aux Roys & aux
Princes.
L'Emir Mofthafa Al fchâer a traduit en Turc un opufcule fpirituel de Gazali,
dont le titre n'eft autre que le commencement du livre, Eiuka al yded, c'eft-à-
dire, Mon fils.
GAZ AN Khan. C'cft Mahmud, fils d'Argiin Khan, qui fiicceda à Baidu dans
les Etats que les (uccefTeurs de Genghizkhan polFedoient en Perle , Tan de l'He-
gire 694, de J. C. 1294, Baidu ayant été tué par l'Emir Nevriiz dans la ville
de Nakfchivan en Arménie. p
Ce Prince ayant appris dès le commencement de fon règne que quelques-uns
de fes parens avoient pafTé le Gihon pour lui venir difputer la couronne , envoya
l'Emir Nevrdz en Khorailan avec une puillante armée pour s'oppofer à leurs
defleins. Ce Général s'acquitta fort bien de fa commillion ; car- il obligea ces
Princes à retourner fur leurs pas, & laifler Gazan leur parent joiiir en paix d'un
Royaume qu'il gouvernoit avec beaucoup de fageffe & d'équité.
En effet il tenoit fouvent en perfonne fa Cour de juflice où tous fes fujets
étoient reçus à porter leurs plaintes contre les plus grands Seigneurs , & les
premiers Officiers de fa Maifon, & il leur donnoit à tous une fatisfaétion propor-
tionnée aux torts qu'ils avoient Ibuff'erts.
L'Emir Nevrûz qui 'avoit rendu à fon maître de fi bons fervices dans le Kho-
raflTan, y fut envoyé derechef en qualité de Gouverneur: mais il n'y fut pas
plutôt arrivé, que pluficurs Seigneurs du pays qui briguoicnt ce Gouvernement,
& qui lui portoient envie, le rendirent fufpefl à la Cour, & envoyèrent à Sad-
reddir^, Khaled , Prefident du Divan , une lettre de Nevrûz , qu'ils prétendoient
avoir interceptée , par laquelle il paroifibit s'entendre avec le Roy d'Egypte pour
faire la guerre d'un commun accord à Gazan.
Le Sultan n'eut pas été plutôt informé de ce complot , que fans examiner
plus avant la chofe, il fit alfembler fes troupes, l'an 696 de l'Hegire, & les fit
marcher vers le Khorafllm, & Cutluc fchah qui en eut la conduite, reçut l'ordre
de ne point retourner à la Cour, qu'il n'eût puni Ncvriiz de fa rébellion.
Gazan étoit pendant ce tems-là dans la ville de Hamâdan où il faifoit fon
fejour ordinaire, quoy qu'il eût été couronné dans Tauris ville capitale de fon
Empire, à caufe que les affaires qu'il avoit en Syrie avec le Roy d'Egj^pte,
l'obligeoient à ne pas perdre de vue cette Province. Cutlucfchah ne fut pas
plutôt entré dans le Khoraffan , qu'il contraignit l'Emir Nevrûz d'abandonner
fon gouvernement, & de fe réfugier auprès de Fakhreddin Malek Kurt qui étoit
-fon gendre & fa créature : mais ce Prince infidèle oubliant fes obligations , & tous
ks devoirs de falliance & de l'hofpitalité , le chargea de fers , & le mit entre
les mains de Cutlucfchah qui le fit aulîî-tôt mourir, & envoya fa tête à Gazan.
L'an 697 de l'Hegire Gazdn donna le gouvernement du Khoraffan au Sultan
A?giaptu fon frère, qui fut depuis furnommé Mohammed Khodabendé, Ce Prince
1 2 eut
a G A Z A R I A H.
eut beaucoup de* démêlez avec Malek Kurt, à caufc du voiTinage de leurs Etats;
mais cnlin Taccord fut fait eiitr'eux par les foins du Mofti Schihabiddin Giami.
L'an 699, Gazan rît faire le procez à fon Vizir Sadreddin R_ng.iani auquel on
donnoit le furnom de Sadr Gehan , fur la mauvaife adminiftraLioii des Finances;
mais en effet pour le. dépouiller des grands biens qu'il pofledoit. Ce Miniftre
ayant été exécuté', fa charge fut partagée entre Raichid eddin Thabib , & Kliuagé
Sahededdin.
Dans la même année 699 , Gazan entra dans la Syrie , & donna bataille à
Naiier fils de Calaoun, Roy d'Egypte, auprès de la ville d'Emeffe. Naflcr y fut
vaincu , & ne put fe fauver qu'avec fept Cavaliers feulement. Cutluk (chah
Général de l'armée des Mogols prit à compofition la ville de Damas, & tout
le refte de la Syrie fut fubjugué: mais peu de tems après que Gazan eut repalTé
l'Euphrate pour retourner à Hamadan, les Syriens égorgèrent tous les Mogols
qui y étoient demeurez en garnifon.
L'ari*7o2 de l'Hegire Gazan repafTa en Syrie, & vint à Alep où ayant pafle
quelque tems à fe divertir, il lailîa à Cutlukfchah, & à fes autres Capitaines la
conduite de fes armées , & le foin de recouvrer le refte de la Syrie : Mais NalTer
qui avoit appris le retour de Gazan en Syrie étoit venu l'attendre auprès de
Damas avec une puilfante armée. Ce fut dans cette même année que Gazan
établit Caicobad fils de Feramorz, dernier Sultan des Selgiucides de la djmaftie,
appcllée de Roum ou de Natolie.
Gazàn cependant avoit repafi^î l'Eupbrate ; & fes Capitaines trompez par les
cfpions, ne fçachant pas la venue de NalTer, s'approchèrent de Damas qu'ils
croyoient furprendre, lorfque tout à coup leur avantgarde ayant découvert l'ar-
mée de NalTer , elle fut obligée d'engager la bataille. Le combat fut long &
cruel ; l'Emir Giuban y fit des choies furprenantes , & qui approchoient de ces
faits' d'armes de Roftam & d'Asfendiâr, anciens Héros de laPerfe: mais il ne fut
pas bien fécondé par les Officiers Mogols qui tournèrent le dos à l'ennemi , &
lui laiiTerent une pleine , viéloire.
L'an 703, Cutlukfchah ajT'ant été ainfi vaincu, repalTa avec fes Mogols, dont
il avoit perdu dix mil , de la Syrie en Perle. Il rejoignit Gazan auprès de
Cazuin, où le Sultan qui s'y étoit arrêté, recompenfa les fervices &. h valeur
de l'Emir Giuban, fit châtier, fijivant la difcipline des Mogols, avec le corraJi
qui eil une efpece de fouet, tous ceux qui n'avoient pas fait leur devoir, &
peu de tems après s'étant allité, il mourut fort regretté de. tous fesfujets, dans
un lieu nommé Scham Gazan, le Damas de Gazan. Klmidcmir.
Gazan s'étant fait M.ihometan de la manière que Doulet Schah raconte dans
la vie du Poëte Auhedi, prit le nom de Sultan Mahmoud. 11 fit bâtir des villes
aufquelles il donna le nom du Caire , . de Damas , & d'Alep , & une fuperbs
Mofquée à, Scham Gazan où il fut enterré. Mirkhond dit que c'eft le feul monu-
ment dos Mogols qui reftoit de fon tems en Afie.
Abulfeda Prince de Hamah , le plus fameux Géographe de l'Orient, fe trouva
dani le camp de NalTer, à la bataille où les Mogols furent défaits.
GAZ A RI AH; on appelle aujourd'hui de ce nom le lieu qui eft appelle
dans l'Ecriture , Bethanie.
Gazâri eft lé furnom d'Ibrahim Ben Habib, lequel s'eft fervi le premier de
l'Afti-o-
G A Z I. — »- G A Z N A V I, .€f
fA'^roIabe que les Orientaux àiCent avôit été inventé par Ptolemée. Foyez
AlVnarlàb.
GAZI, Conquérant. Ce mot devient le titre, & le furnoin de plufieurs
Frinces tant parmi les Arabes, que parmi les Turcs , qui ont fait la guerre aux
ii^lidoles, & qui ont étendu les limites du Mufulmanirme. ^
Gazzi. " Un homme natif de la ville de Gaza enPaieftine, tel qu'étoit l'Imam
Schaféi , RaJhi eddin Ben Mohammed , Auteur d une Argiouzat fil D'hât, &
Scharfeddin Ben Abdalcader Ben Baracât qui a commenté le Livre intitulé Efclia-
rat u al Nadkair.
Gazi Al Amcri qui cft peut-être le même que Radhieddin Ben Mohammed, a
fait un Livre intitulé tffah, des Elégances de la langue Arabique. On le trouve
dans la Bib-liothequs du Roi n"*. 1127. Foyez Tahrir.
GAZIEH, nom d'une nation du Turkeftan que l'on nomme auflî Gaz de la-
quelle les Turcomans tirent leur origine. Foyez le titre de Sin. Ebn Alvardi
dit qug cette nation habitoit entre les hozares, &; les Kaimaks ou Calmuques,
comme nous les appelions , d'un côté ; & les Bulgares & Khezelgiens de l'autre.
Tous ces peuples foiit au deiïlis de la mer Cafpicnne, & font paÎTez enfuite dans
le Dilem entre les villes & les Provinces de Giorgiàn, & de Marâb. Voyez le
titre de Gaz,.
GAZNAH". Sabra al Gaznah , le defert de Gaznah dans la Tranfoxane,
entre lequel , & la montagne d'Ofrouichnah , la ville de Zamin eil fîtuée.
GAZNAH & Gaznin, Ville capitale de la Province de Zableftan à laquelle-
Naflîreddin , & Ulugh Beg donnent .104 degi-ez & 20 minutes de longitude,
33 degrez, & 35- minutes de latitude. Ces Auteurs la placent dans le troifième
climat auflî-bien qu'Abdelmoal dans fa Géographie Perfienne, qui dit néanmoins
que quelques-uns la mettent dans l'Indoftan , & qu'elle n'eft éloignée que de
huit journées de la ville de Bamian, -
Gaznah eft une ville, dit le même Auteur, qui n'a ni arbres, ni jardins, &
qui n'eft rccommandable que pai- la" grande dynaftic des Princes qui s'y efl éta-
blie. Le Sultan Mahmoud fils de Sebefteghin qui la fonda , prit le Hirnom de
Gaznevi, & l'a lailfé à toute fi pollerité. Il ell pourtant vray que le même
Mahmoud fut auflî furnommé Zabeli , à caufe que cette ville eft de la Province
de Zableflan, d'où étoit Ibrtie fa raere, fille d'un Prince du pays..
Cette même ville devint auflî la capitale des Sultans de la dynaflie des Gauri-
des qui dépoiiillercnt les Gazncvides de leurs Etats , & fut pillée & brûlée pac
Gihanfouz. Foyez Haflan Ben Huifain.
.GAZNAVI, & Gaznevi, Surnom de Mahmoud fifs de Sebefleghin. Foyet
plus bas Gaznaviah.
C'elt auflî le furnom de Haflan, Poëte Pôrfien, qui a excellé dans le Panégy-
rique qu'il fit de Baharainfchah Sultan de la dynaflie des Gaznevides.
Othman Ben Mohammed fut auflî furnommé (îa^nevi. Il efl Auteur d'un
livre Pcrfien intitulé Abuâb al Sdadet fi mijjail al'faL-iva, les portes de la félicité
fur les demandes que l'on fait à Dieu dans la priere.^ r
1 3. gaznaviah;
y^ G A Z N A V I A H,
GAZNAVIAH en Arabe, & Gaznevian en Perfien, les Gaznevides. Ceft
une dynaftie , ou race de Princes , de Roys , & de grands Monarques qui ont
ret^né dans le Khorafîan, dans la Pcrfe, & dans les Indes: ils ont tiré leur nom
de^la ville de Gaznah, fituée fur les confins du Khoralîàn,. du Zableftan, & de
l'Inde de deçà le Gange, à caufe que ce fut dans cette ville que commença
la grandeur de Sebeéleghin, père de Mahmoud, qui éleva cette Maifon au plus
haut degré de la fouveraineté.
Cette dynaftie comprend quatorze Princes qui ont régné cent cinquante &
cinq ans dans la Perfe , & dans les Indes, depuis l'an de l'Hegire 384 ou 387,
jufqu'en 539 ou 542, c'eft-à-dire , depuis l'an de J. C. 994 ou 997 , julqu'en
l'an 1144 ou 1147. Lebtarikh,
Ben Schonah dit qu'en l'an de l'Hegire 547, de J. C. 1152, la djmaftie des
Gaznevides prit fin , & voicy commme il en parie dans fon Raoudhat al-
menadhir.
Cette Maifon ou Dynaftie a régné 213 ans dans la Perfe, & dans une partie
des Indes. Le dernier de fes Princes fut Khofrou fchah, fait prifonnier avec
fon fi-ls, par Gaiatheddin Mohammed Ben Sama , ou plûtoft Sam. Ce -Prince
infortuné avoit fuccedé à fon père Baharâm fchah fils de MalTôud , fils d'Ibra-
him , fils de Mahmoud , fils de Scbekteghin , fondateur de cette dynaftie. Tous
ces Princes ont été fort eftimez , & louez pour leur bravoure , & pour leur
oénérofité. Ce fut la dynaftie des Gaurides qui leur fucceda l'an de l'Hegire 547.
Mirkhond, Khondemir, le Lebtarikh, & autres Hiftoriens Arabes &'Perfiens
.conviennent tous qu il y a eu quatorze Princes de cette Dynaftie qui ont régné
dans le KhorafTan , dans la Perfe & dans les Indes, félon l'ordre qui fuit, pefl-*
dânt l'efpace de 155 ans.
Magmoud fils de Sebefteghin a régné 31 ans.
Malîoud premier du nom, fils de Mahmoud, treize ans.
Mohammed fils de Mahmoud, & frère de MalIôud, cinq ans.
Maudoud fils de Malîoud premier, fept ans.
Mafloud fécond fils de Maudoud, un mois feulement.
Ali fils de Mafloud premier, deux ans.
Abdalrafchid fils du Sultan Mahmoud pre^iier Roy de cette dynaftie, un an.
Ibrahim fils de MaffôuJ Second, & petit-fils de Mahmoud, quarante-deux ans.
Mafloud, troifième du nom, fils d'Ibrahim, dix-huit ans.
Schirzdd fils cfe Mafloud troifième, un an.
Arflan-Schab fils de Maflioud troifième, & frère de Schirzdd, trois ans.
Baharâm-fchah troifième fils de Maflôad troifième, & frère des deux préccdens
Roys, trente-deux ans.
Khofrou Schah fils de Baharâmfchah, depoiiillé de Çqs Etats par Huflain Gauri
qui fonda la Dynaftie des Gaurides fur la ruine de celle des Gaznevides, fut le
dernier. Ce Sultan régna peu de tems , garda la prifon dix ans , & mourut
fan 550 de l'Hegire félon Khondemir, & félon le Lebtarik 560. Voyez Khof-
rou-fchah.
Pour faire le compte de 155 ans de la durée de cette dynaftie, îl faudroit fixer
le commencement du règne de Mahmoud en 495 de l'Hegire , quoy qu'il ait
régné quelques , années auparavant ; mais peut-être n'étoit-il pas abfolu , & il
faudroit que Khofrou fchah eût perdu le .titre de Sultan avec fa liberté en Tan-
née
G A Z Z A. G E B A L. 7f
née s^°i car il. ne mourut qu'en s6o, c'eft pourquoy Je calcul de Ben Schoh-
nah qui donne 213 ans de du/étf à cette Monarchie, me paroît plus jufte.
GAZZA & GAZZAT, Ville do la Paleiline bâtie fur la mer Méditerranée
afifez proche d'Alcalon, par où l'on commence d'entrer en Syrie, quand on vient
d'Egypte.
Les Murulraans prétendent , que cette ville efl- un des deux gifles marquez
dans l'Alcoran, quand il eft parlé de la demeure ou ftation d'hyver, & de cel-
te d'été; car i|s difent, qu:: la première efl celle de l'iemen ouArabie Heureu-
fe, & que la féconde ell celle de la Syrie, à caufe que les Arabes Coraifchites,-
du nombre defquels étoit Mahomet, trafiquoient pendant l'été en Syrie, où ils
joiiiiroient .de la fraîcîieur de l'air, & alloicnt l'hyver en lemen , où il n'eft
pas poilîble d'entrer pendant l'été , à caufe de la chaleur qui y efl: exceffive.
Abdalmalek, liJs de Hefchâm, dit fur ces paroles de l'Alcoran : La demeure
d'été ell la ville de Gaza en Syrie, où Hafchera, grand-père deALnhomet, mou-
rut, lorfqu'il y trafiquoit, & l'on y voit encore aujourd'huy fon fépulcre , fé-
lon ce vers de Kliorzâi.
Le fépulcre de Hafchem efl battu des vents, au milieu du cimetière de Gaza.
Le nom de Gaza efl mis dins ce vers au plurier, comme qui dîroit, au mi-
lieu des terres où la ville de Gaza efl fituée. •*
La ville de Gaza efl fouvcnt appeliée pour ce fujet Gaza de Hafchem : quoy
qu'il y ait lieu de douter ii Hafchem y efl enterré ; car les habitans n'en ont
aucune tradition.
Cependant Khorzài n'eft pas le feul qui le dife: Abou Naovas dans le poëme oii
il décrit le voyage qu'il a fait de 6"yrie en Egypte , dit : J'ay fait un voyage
long & pénible paffmt par Gaza de Hafchera & par Farma de Hagiar. yoycz
le titre de Farma, ville d'Egypte où Affar efl enterrée.
Ben Khalecan , dans la vie dlbrahinPSazi , Poëtc Arabe natif de Gaza, dit,
qu'il mourut en Khoraflan l'an 524 de THegire, & qu'il dit ces paroles en mou-
rant: J'efpére bien de la miféricordc de Dieu pour trois raifons , la première,
parce que je fuis de la ville de Gaza, pays natal de flmam Schafêi; la féconde,
parce que je fuis fort vieil, il étoit âgé de 93 ans; la troillème , parce que je
meurs hors de mon pays, dans l'état de pèlerin & de voyageur,
G AZZAL , Vendeur de fil ; VafTel Ben Atha a eu ce furnom, pris du mé-
tier qu'il exerçoit. l^oyez fm titre.
GEBAL & Gebel, Montagne. Balad ou Beled a! gebdl, le pays des mon-
tagnes. C'efl ainfi que les Arabes appellent la partie la plus montueufe de la'
Perfe, qui porte aufli le nom d'Irak Agemi , c'eft -à- dire, l'Iraque Perfienne.
Fuyez Erâk.
Le Gebal, que les Perfans appellent aulH en leur langue Koùheftan ou Gou-
heftan, pa3-s de montagne, corrcfpond à une partie de la Medie, & de la Par-
the des anciens. Ce pa3-s confine du. côté de l'Orient au défert de Naoubendi-
giân, qui eft entre les provinces de Fars & de KhoralTan : du côté de l'Occi-
dent à TAdherbigian : Elle a au Midy le Khuziftan & une partie de llraque
Arabique, & au Septentrion une partie de l'Adherbigian, du Dilem & du Ma- -
zanperan.
Le-
72 G E B A L.
La ville de Hamadan efl fitiiée dans fon milieu , & les villes. d'Abergoueîi ,
de Deinour, da llei, de Cafcbaii & de Com Ifli appartiennent : mais cel e d'If-
pahan en eft la capitale , & eft aujourd'huy le fiége Royal des Sultans de Per-
le de la race d'Ifmaël Sofi.
G E B A L Ahermen , Montagne fabuleufe dans le pays des Fées, roycz,
Ahermen.
GEBAL Camoron, la Montagne ou le Cap de Camorin ou Comorin. Ab-
dalmoal dit dans fa Géographie Pernenne , que cette montagne ell entre le pays
de Hend & celui de Tchin , c'efh-à-dire , entre les Indes & la Chine.
■ 11 faut entendre par ce mot de Tchin, les provinces Chinoifes , dans lefquel-
les , félon les Géographes Orientaux , tout ce qui' cfl au de-là du Golphe de
Bengale eft compris , & tout ce qui efl au de-çà de ce Golphe & le Kcrman ,
c'efl-à-dire , la Caramanie Pcrfienne, félon les mêmes Auteurs , appartient aux
Indes.
GEBAL Al camar , les montagnes de la Lune en Ethiopie., qui ont plu-
fieurs croupes & plufieurs branches, l^oyez Camar.
• Une de ces croupes s'appelle Gebal al haical al moifaovar , la montagne du
Temple ou de TEglife peinte , à caufe d'un Monaflère célèbre qui y eft bâti.
Cette montagne s'étend du Levant au Couchant.
~ Il y a auflî Gebal al dheheb , la Montagne de l'or , où il y a plufieurs mi-
nes; mais la Montagne des f.'rpens, qui en eft fort proche & qui s'appelle Ge-
bal alhiât, en rend l'accez difficile. La tradition peut-être fabuleufe du pays eft
que ces ferpens font fi pleins de venin, qu'ils tuent les hommes par leur feule
vue , & qu'il y a même des fcorpions noirs aufîi gros que des moineaux , qui
tuent auffi-tôt qu'ils ont piqué.
GEBAL Al Koflan & al Coifous , le Mont des Moines. C'eft le Mont
Athos , que les Turcs appellent aufîi Kefchifch Daghi & Ainoros , qui fignitie
Monte fanào, comme \qs Italiens le nomment, ^oyez le titre ^'Ainofos.
GEBAL Al Lobnan, le Mont Liban, dans lequel on trouva, fous le Kha-
îifat d'Omar premier , le tombeau de Sennacherib. l'^oycz le titre de Senna-
fcheriva.
GEBAL Eiia, Montagne d'Elie. P''oycz le titre de Zerîb Bar Elia. Les Orien-
taux croyent qu'Elie vit dans cette montagne.
GEBAL Al gioud , la Montagne de Gioud. Les Orientaux appellent ^infi
les Monts Gordiens en Arménie, &. une autre Montagne jdu Zableftàn dans le
pays -de Gaur. ' i^oyez Schchabeddin.
GEBAL Al mandeb. C'cft la montagne ou le cap d'Arabie, qui s'avance à
l'entrée de la mer rouge, & qui fait avec la côte d'Ethiopie le détroit qui por-
te le nom de Bab al mandeb, & que nous appelions vulgairement le détroit de
Bobelmandel. l^oyez ce titre.
GEBAL
G E B A L. G E B R A I L. 73
<ÎEBAL Al nathroun, la montagne du Nitre , autrement dite par les Chré-
tiens d'Egypte Ovadi Habib & Hobaib. C'ell ce que nos Auteurs appellent le
Défert de Nitrie en Egj'pte. l^oyez le livre intitulé Arbdin Khabar , qui con-
tient les vies de quarante Pères du défert, dans la Bibliothèque du Roj' , n'. 797.
GEBAL Ollaki, Voyez le titre rf'OUaki , c'ell une montagne du paj-s des
Nègres, où l'on trouve beaucoup d'or.
GEBAL Sous, la Montagne de Sous. C'ell le Mont Atlas, auquel les Ara-
bes ont donné ce nom , à caufe de la ville de Sous Al Acfa , qui ell fituée
fur l'Océan Atlantique au pied de ce mont. Foyez le titre de Sous Al Acfa.
GEBAL Tharek ou Gezirat Tharek. Le Mont ou l'IOe de Tharek. C'ell
Gibraltar, nom qui a été corrompu du mot Arabe. Voyez le titre de Tharek,
qui fit-là fa première defcente. Abdalinoumen y fît bâtir une ville qu'il nom-
ma Gebal al feth, c'ell-à-dire , la Montagne de la Viftoire ou de la Conquête;
mais le hom de Tharek lui ell demeuré. Les Turcs appellent le détroit de
Gibraltar Sebtah Bogazi , & les Arabes Bab al Zocàk. Foyez le titre de Sebtah ,
qui eil la ville de Ceuta en Afrique.
GEBAL Thour,Ja Montagne de Tor ou le Mont Sinai, que les Turcs ap-
pellent Thour Daghi. Ce même nom s'applique aux montagnes qui font aux
environs de Mouflal ou Moful; c'ell le Mont Taurus des anciens.
GEBER. Voyez Giaber.
GEBR, c'ell de ce mot joint avec l'article que nous avons fait Algèbre,
qui ell Arabe tout pur , & qui fignifîe proprement la reduélion des nombres
rompus, à un nombre entier.
Cependant les Arabes ne fe fervent jamais de ce mot feul pour fignifier ce
que nous entendons par l'Algèbre : mais ils y joignent toiâjours celuy de Moca-
belah , qui fignifie oppofition & coraparaifon. Ainfi Algebr u almocahelah , que
les Arabes rangent dans les règles d'Elm al heflab , c'cil-à-dire, de l'Arithméti-
que, ell proprement chez eux ce que nous appelions l'Algèbre.
11 ne faut donc pas croire , que cette fcierice tire fon nom du Philofophe &
Mathématicien nommé Gebsr , que les Arabes appellent Giaber , duquel il fera
parlé : ni moins encore confondre le mot de Gebr avec celui de Gefr , que l'on
trouvera ici un peu plus bas.
Argiouzah fil gebr u al mocabelah, Poëme compofé d'Hemifliques lùr l'Algè-
bre, par Ebn Jaffin ou Jafmin.
Bedî fil gebr u al mocabelah. Les merveilles de l'Algèbre , livre compofé par
Fakhreddin Al âdhir.
Ellecfa fil gebr u al mocabelah, le dernier terme où l'on peut arriver, & le
plus gran-î effort de l'efprit humain fur l'Algèbre. Ouvrage d'Ebn Al Hareth
Al Khovarezmi.
Oflbul Al gebr u al mocabelah , les fondemens & les principes de l'Algèbre 5
par Anbari. Voyez aujfi le titre d'Elm Heffàb.
GEBRAIL & Gebrain, &; Ghebrail, l'Archange Gabriel, furnommé parles-
Mahometans Rouh al Amin j l'Efprit fidèle , & que quelques-uns d'entr'eux cro-
ToME IL K yent
74 G E B R A I L.
yent être le même que le Rouh alcods , qui eft le faint-Efprit , dont il éft par-
lé dans TAlcoran : ils croyent cependant comme nous , que cet Ange annonça
à la fainte- Vierge qu'elle devoit enfanter Jesus-Christ. Les Perfans ap-
pellent par métaphore Gabriel , Thaous bàgh beliifcht , le Paon du Ciel ou du
Paradis.
Dans le fécond chapitre de l'Alcoran , nous lifons ces paroles : Qidconque ejî
ennemi de Gabriel, fera confondu. Hiiûain Vaôz dit flir ce verfet: Gabriel cil le
car'
- _-,-- -. . 'étoit
lervi de Michel & non pas de Gabriel, nous l'aurions tous fuivi. C'eft donc
Gabriel, pourfuit cet Auteur, qui a apporté à Mahomet les révélations céleftes
ainfi qu'il les a publiées, & ce fut lui qui le conduifit, lorfque monté fur l'Ai
Borak, il fit ce voyage nofturne au ciel, que l'on nomme Mérag , fur lequel
on a fait des livres entiers.
Au relie , Gabriel ell l'ami des Mufulmans , parce qu'il a fervi le Meffîe ,
qu'ils révèrent , & l'ennemi des Juifs , qui ont rejette ce même Meflîe , à leur
confufion.
Mikail & Gebrail font de ce genre d'efprits célcfhes , que les Mufulmans ap-
pellent Mocarreboun, c'cll-à-dire , qui approchent de plus près le trône de Dieu.
II ell rapporté dans le chapitre Houd du même Alcoran , que Dieu voulut
punir le peuple de Themud ou les Themudites, ancienne tribu des Arabes d'en-
tre celles qui font éteintes , pour avoir refufé de prêter l'oreille aux prédica-
tions du Prophète Saleh qu'il leur avoit envoyé.
Ce Prophète leur ayant donc annoncé , de la part de Dieu , qu'ils dévoient
tous périr dans trois jours , les Themudites appréhendant l'effet de fes mena-
ces, travaillèrent pendant ces trois jours à creufer des folTes ou des caves dans
leurs maifons , pour s'y mettre à couvert de l'orage .qu'ils craignoient , & ils
n'en fortirent point que le quatrième jour , auquel ils crurent que le tems de
leur punition étoit paifc, voyant le foleil fe lever & les éclairer à fon ordinai-
re. S'étant donc encouragez les uns les autres , ils quittèrent leurs maifons &
vinrent au-dehors de leurs habitations.
Dans ce même tems , l'Ange Gabriel leur apparut dans fa véritable forme , &
voici comme lAuteur du Zd ! al Meffir l'a décrite exadement. Cet Ange avoit
fes pieds pofez fur terre & fa tête élevée jufqu'au ciel ; il étendoit fes aîles de-
puis rOrient julqu'à fOccident ; fes pieds étoient de couleur d'aurore & fes aî-
les vertes : fes dents étoient blanches & luifantes , fon front poli , fes yeux bril-
lants, fes joues enflammées, & les cheveux de fa tête rouges comme le corail,
dcfquels il couvrit tout l'horizon.
Les Themudites épouvantez par la vûë d'un objet fi terrible , fe retirèrent
fort vîte dans leurs maifons, & allèrent fe cacher dans les foifes qu'ils avoient
crcufées ; Gabriel cria pour lors d'une voix épouvantable : Mourez tous ; car
vous êtes maudits de Dieu , qui vous a condamnez. Ce cry de Gabriel fut h
fort , qu'il caula en même tems un tremblement de terre , lequel ayant renver-
fé toutes les maifons du pays , les Themudites deraeiu-erent tous enfevelis lous
leurs ruines.
GEBRAIL,
G E B R A I L. G E F R. 75
GEBRAIL, Nom du 95 Patriarche d'Alexandrie, auquel Claudious, Empe-
reur des Abiffins , envoj^a la «vie de 7'akalhaimanouth , Père & Fondateur des
Moines d'Ethiopie. Cette vie fe trouve écrite en Arahe, dans la Bibliothèque
du Roy, n^. 7915.
GEBRAIL Ben Gergis Al Bakhtifouâ, nom d'un excellent Médecin Chré-
tien , natif de Syrie , qui vivoit fous le Khalifat de Haroun Rafchid. Voyez
Bakhtifovâ & Manglie. Aboulfarage raconte piufieurs de fes cures.
GEBRAIL Al Cahhâl, Gabriel l'OcuIifle. Ce Médecin étoit auffi Chrétien ,
& cependant il étoit entré fort avant dans les bonnes grâces du Khalife Al Ma-
moun ; mais il perdit entièrement la faveur de ce Prince , pour avoir dit un
jour à quelques Seigneurs de fa Cour qu'il dormoit.
GEDAL; c'ell ce que les Mufulmans appellent autrement Gehâd fi Sebil
Allah, la guerre dans la voye de Dieu, c'eft-à-dire, contre les Infidèles. Voyez
le titre de Harb, où vous verrez les différentes guerres qu'il faut faire aux uns
& aux autres de ces Infidèles, félon la loy Mahometane.
GEDHAMI, furnom d'Ahmed Ren Daoud , originaire d'une des anciennes
familles ou tribus des Arabes , appellée Giadhâm. Ce perfonnage ell Auteur
d'un Commentaire fur le livre intitulé Adab al, cateb. Voyez ce titre.
GEDI, un Chevreau, Le ligne du Capricorne porte ce nom chez les Ara-
bes ; mais le même mot fignifie aufli chez eux une étoile Septentrionale , & fe
prend même pour le Pôle, ou pour l'étoile polaire.
Le Capricorne étoit le ligne afcendant ou Horofcope dans le thème ou figure
génethliaque de Tamerlan, Un Arabe étant interrogé par un Aftrologue quel
étoit fon horofcope, répondit. Tais, c'eft-à-dire, le Bouc, & l'Aftrologue -lui
ayant dit , qu'il n'y avoit point de telle conftellation dans le ciel , l'Arabe ré-
pliqua : L'on m'a dit autrefois que j'étois né fous le chevreau; mais ayant vieil-
li depuis ce teras-là, je croy que le chevreau fera maintenant devenu bouc.
GEDOVAL ; ce mot qui fignifie proprement un ruilTeau ou un canal, fe
prend métaphoriquement pour une table Aftronomique & pour une Ephemeride.
Gedoval fidhl al dair, Table de la longueur des jours & des nuits , calculée
à la hauteur dafc33 dcgrez, 30 minutes, qui ell celle de la ville de Damas, par
Khalili. Ce livre eft dans la Bibhothequc du Roy, n°, 888.
Toutes les Ephemerides , que nous appelions vulgairement Almanachs , écri-
tes en Arab^, en Pcrficn & en Turc , portent le nom de Gedoval. Il y en a
pîufieurs dans les Bibliothèques du Roy, du Grand-Duc & ailleurs.
GEFR u Giamè, nom d'une Membrane ow parchemin, fait de la peau non
d'un chevreau, (ce que Gefr fignifie proprement en Arabe) mais de celle d'un
chameau , fur laquelle Ali & Giâfar Sadek écrivirent en caraftères myftiques la
deftinée du Mufulmanifme . & les grands évenemens qui dévoient arriver dans
le monde, jufqu'à la confommation des fiécles.
Cette membrane eft divifée en deux Bab ou chapitres, dont le premier, qui
porte le nom de Grand, fuit l'ordre de l'alphabet Arabique , appelle Teheggi,
K 2 qui
76 G E G H I L. G E H A N.
qui contient vingt -huit lettres, & le fécond appelle -le Petit, fuit l'ordre de
22 lettres Arabiques , rangées félon l'Alphabet -Hébraïque & Chaldaïque ; c'eft
ce que les Arabes appellent Abged : mais l'explication de tous ces myftères eft
refervce au Mchedi qui doit venir à la fin du monde, félonies rêveries des Ma-
hometans.
Il y a cependant dans la Bibliothèque du Roy, n°. 1017, une interprétation
de cette membrane , attribuée à l'Imam Giafar Al Sadek & le livi'e intitule
Erkha alfotour, en fait mention.
L'on peut voir aufïï à la fin de la patente , que le Khalife Al Mamon don-
na à Ali Al Ridha, lorfqu'il le déclara fon fucccffeur, quelque chofe qui regar-
de la Gefre.
GEGHIL ou Tchighil, nom d'une Bourgade du Turqueftan , fituée proche
de la ville de Tharâz , laquelle s'efl rendue feulement célèbre par la naiflance
d'Abou Mohammed Abdalrahman Ben lahia, qui porte le titre d'Al Kliathib AI
Samarcandi , c'eft- à -dire , ïe Prédicateur, ou plutôt le Faifeur de prônes de la
ville de Samarcande.
GEHAN & Gihan, en Perfien fignifîe le monde. Ce mot entre, dans la
compofition de plufieurs noms, tels que font les fuivans.
GEHAN Pehelevani , nom d'une Charge, que les anciens Roys de Perfe
avaient accoutumé de donner aux plus vaillants hommes de leurs Etats. Elle
répond à l'Emir al Omara des Khalifes, & à. celle de Connétable parmi nous.
Caicobad, Fondateur de la dynaftie des Caianides, donna cette chargea Rof-
tam, qui étoit le plus renommé perfonnage en valeur & en puilTunce de toute
la Perfe, & qui palfe encore aujourd'huy dans l'Orient pour le modèle des plus
vaillans guerriers.
GEHAN-Schah, frère d'Emir Eskander & fîls de Cara Jofeph le Turco-
man , fut le troifième Prince de la race du Mouton Noir. Il fucceda à fon
frère, prit le Gurgeftan, c'eft-à-dire, la Géorgie, & fe rendit maître d'une gran-
de partie de la Perfe & du Kerman , aulîî-tôt après la morf de Mahmoud , fils
de Baifangor le Timuride, qui arriva l'an 856 de l'Hegire, de J. C. 1452.
Il fit en S61 la guerre en KhoraiTan , à Mirza Ibrahim , fils d'Alaeddoulat qu'il
défit , puis à Aboufaid , autre Prince des defcendans de Timur ou Tamerlan ,
avec lequel il s'accorda néanmoins, pour coui'ir à Tauris , où Uti de fes enfans
s'étant révolté 5 il le rangea à fon devoir , & le mit enfuite dans une étroite
prifon.
Pir Budak, qui étoit un autre de fes enfans, s'étant auffi cantonné dans Bag-
det, il l'afliégea pendant un an, & s'accorda enfin avec lui environ l'an 869.
La guerre que Gehanfchah fit à Ufuncafi'an, qui n'étoit alors que Gouverneur
de Diarbek, commença en 872,' mais elle ne lui fut pas hem-eufe ; car celui-
cy étant à la tête de cinq mil chevaux feulement, le furprit, lorfqu'il n'en avoit
que mil avec lefquels il rejoignoit fon armée. Il fallut cependant fe battre, &,
il fut tué lui & fon fils aîné. Le fécond de fes enfans, demeuré prifonnier du
vainaucur, fut privé de la vue, & le ti-oifième, nommé Halfan Ali, lui fucceda.
Mirkhond,
GEHANGHIR,
-GEHANGHIR. GEHEL. 77
GEHANGHIR, le Conquérant du monde. Nom que Tamerlan donna à
fon fils aîné , fur lequel il fondoit de grandes efpérances ; mais il mourut du
vivant de fon père , & laifili de Khanzadah fa femme un fils nommé Moham-
med , lequel Tamerlan defi:inoit pour être l'unique héritier de fon grand Em-
pire; mais la mort le lui ravit aulîi fix mois avant fiin décès, l'an 806 de l'Ue-
gire, de J. C. 1403.
GEHANGHIR, fils d'Ali Bcgh & neveu de Hamzah Begh. Il fucceda à
fon oncle dans les Etats de la dynafi:ie des Turcomans du Mouton blanc. Il
mourut l'an de l'Hegire 872, de J. C. 1467, prefque entièrement dépouillé par
fon frère Haffan , que nos Hifloriens appellent Ufuncallan. Foycz k titre de
HalTan al Thaouil. Ce Prince fut le cinquième Prince Turcoman de la race des
Ac Coinlu, ou du Mouton Blanc.
GEHANGPIIR, fils d'Acbar & petit-fils de Homaioun, Empereur des Mo-
gols ou Tartarcs de la race de Tamerlan, qui régna dans les Indes.
Ce Prince fit peu d'état du Mahometifme qu'il profelfoit néanmoins , non plus
qu'Acbar fon père. Il permit aux- Chrétiens de bâtir des Eglifes, & de faire une
épreuve de feu entre fes Moulas ou Dodeurs , & un Jéfuite, qui fut furnommé
depuis le Père Atefch ou le Père Feu , fur le fujet des deux Religions Chré-
tienne & Mahometane. II eft vraj', que la compaffion l'empêcha d'en permet-
tre Texécution.
Nourgehan fa femme le gouvernoit prefqu'abfolument. Le nom xle cette Prin-
ceiïe fignifie la lumière du monde , de même que le nom de Nourmahal , au-
tre Princeife Mogolienne , fignifie la lumière de la Cour. Gehangh'ir fut père
de Schah gehân , nom qui fignifie Roy du monde , on le nomme auffi Sultan
Coroun.
Ce fut Gehanghir qui fit faire le chemin Royal de 150 lieues d'Agra à La-
hor, avec un plan d'arbres des deux cotez.
GEHEL, l'Ignorance. Je remarquerai dans ce titre quelques traits des Au-
teurs Arabes, Perfans & Turcs, pour faire connoîtrc quel état ils font de la
fcience, & quel mépris ils ont pour les ignorans.
Tofi:eri difoit, que l'ignorance efi: la fource de tous les péchez qui fe commet-
tent contre Dieli , & qu'il y a cependant encore un mal plus dangereux , qui
eft l'ignorance de fon ignorance. ^Igehel belgehel.
Un autre Arabe a dit , que l'ignorance eft une méchante monture , qui fait
fans celfe bronclier celui qui eft delfus , & qui rend ridicule & méprifable ce-
lui qui la conduit. /ilgelieL mathiiat man racabha zall 11 man Sahabha dhali.
N'admirez point, dit un Poëtc Arabe, la braverie & la pi'iffc d'un ignorant;
car c'eft un mort couvert de fes ornemens funèbres. Et un Perfien dit, que le
portier d'un tel homme peut fort bien répondre à celui qui demande fon mai»
tre : Il n'y a perfonne au logis.
Fodhail a dit autrefois : Vous cherchez dans ce monde deux chofes que vous
n'y trouvez point. La première eft un homme fçavant qui foit pieux ; mais
auflî-tôt que vous avez rencontré de la piété , vous y trouvez de l'ignorance.
La féconde chofe que vous cherchez dans le monde , eft un ami fmcère &
conftant; & puis que vous ne trouvez point celui-cy non plus que l'autre, ne
vaut-il pas beaucoup mieux vivre dans la retraite.
K3 L'Au-
7S G E H E L. .
L'Auteur du Raoud al abrar rapporte , que Mahomet a prédit que fon peu»
pic ou fa religion périroit par deux chofes , par l'ignorance & par l'avarice.
Beterk al êlm u gemd al mal. Nous voyons accomplir une partie de cette pré-
diftion en nos jours.
L'on trouve entre les fentences d'Ali, celle-ci. La da aâia meit algehel , il n'y
a point de maladie plus difficile à guérir que l'ignorance invétérée. Les deux
Poètes, l'un Perfien & l'autre Turc qui l'ont paraphraiee, difent, que la fcience
ell le partage des heureux, & que la milere ell l'héritage des ignorans.
Tout le mal des hommes, dit Hufîàin Vaêz , vient de leur ignorance volon-
taire, qui les empêche de faire attention à ce qu'ils connoilTcnt, ni de réflexion
fur ce qu'ils pratiquent, C'ell poiirquoy, nous difons, dit-il, dans l'Alcoran au
chapitre intitulé Jonas: La plus grande partie des hommes eft dans figmrance.
Les caufes de cette ignorance font expliquées par un Poëte Periieu dans les
vers fui vans.
Ce monde eft une grande foire , dam laquclh tout fe pajfe ordinairement , comme
dans une fête de village^ oîi il n'y a pour tous inft rumens de mufique qu^u^
ne cornemufe.
Toute r application de nos feus n'eft que pour les chofes les plus viles âr* les plus
méprifables.
Il n'y a que l'œil de la fcience Çff de rintelligence , qui puijfe percer les voiles qui
nous cachent les chofes fpirituelles.
Sans cet œil éclairé , nous ne pourrons jamais arriver jufqiCà la contemplation du
Royaume céle/îe 6f éternel.
Voifeau, qui eft tenu prifonnier dans une cage çf qui a perdu l'ufage de fes ailes ^
peut-il avoir quelque connoiftance des beautez de la campagne^
Lamai, Poëte Turc, dit dans Ces Lathaif : Si un ignorant reconnoît en foy-
même une feule vertu, il croit en avoir cent, & s'il a d'ailleurs mille imper-
feftions , il n'en apperçoit aucune. Lorlqu'il conlidere quelque excellent hom-
me, s'il remarque en lui quelque défaut, il lui femble en voir mil.
Le même Auteur racontant les plaintes que lui faifoit un ignorant , de ce
qu'il avoit logé un homme de lettres chez lui, duquel il fe tenoic fatigué, s'é-
crie dans la même langue : Les rochers témoignent par leurs échos d'être tou-
.chez des airs d'une voix agréable. Les tulippes & les rofes fe déchirent au ga-
zouillement des oifeaux. Les chameaux mêmes fe réjouiffent aux chanibns de
leur chamelier. Il faut être plus dur qu'une pierre, & plus ravallé qu'une bê-
te, pour demeurer infenfible à la poëfie & à la mufique.
Quoy que les Orientaux faffent grand état de la fcience , ils difent cependant
que les plus grands Doéleurs ne doivent point avoir honte de confelfer leur
ignorance en beaucoup de chofes , & de dire fouvent , La ^dri , Je ne fçay
pas cela; car Ali Ben lezid Ben Hormouz difoit , qu'un habile Docteur devoit
îaifTer à fes difciples cette maxime pour héritage.
Ali ayant fait une pareille réponfe à une quellion qui lui fut faite , un imper-
tinent lui dit , qu'il donnoit une marque d'ignorance. Alors Ali lui répliqua :
Ma réponfe marque que je fçai quelque chofe , & que j'en ignore quelqu'une ;
or il n'y a que Dieu qui fçache tout & qui n'ignore rien. f
Un
G E H E N N E M. 7^
Un Dofleur ayant fait la même réponfe qu'Ali , un de fcs collègues lui re.
procha, qu'étant le chef d'une école celèbx-e, il ne devoit pas avouer ainfi fon
ignorance, & que cette façon de parler le lurprenoit fort. Ce Dodleur lui ré-
pliqua : Il y auroit lieu de s'étonner beaucoup plus d'un homme qui parleroit
fans fçav^oir , & qui citeroit & allégueroit fans autorité , comme font plufieurs
Dofleurs.
L'on rapporte d'Ebn MalTôud, qu'il avoit accoutume de dire, que le bouclier
qui met à couvert un Dofteur eft de fçavoir dire ce mot, La Jdri, Je ne fçai
pas; car lorfqu'il fe trompe en difant ces paroles, il vaut beaucoup mieux. Fo-
yez le titre ^'Elm, qui fignifie la fcience. •
GEHENNEM, les Arabes Mufulmans ont appris apparemment des Juifs &
des Chrétiens ce mot , qui fignilie chez eux l'Eiifer , aulîi - bien que celui de
Gehim.
L'origine 'du mot Hébreu vient de Ghéhennom, nom qui fignifie la valfée de
Hennon, où les Amorrheens faifoicnt brûler vifs leurs enfans qu'ils facrifioient
à Molok. Cependant Gehennâm fignifie en Arabe un puits très-profond & Ge-
him un homme dont le vifage ell laid & contrefait.
Ben Gehennem , un fils de l'enfer , fe prend ordinairement chez les Muful-
mans pour un reprouvé, & néanmoins c'eft auffi le furnom ou plutôt le fobri-
quet de Noureddin Kahami, de la même manière que l'on a donné parmi nous
à quelqu'un celui d'Ame damnée.
Les Mufulmans donnent auflî généralement aux Reprouvez le nom de Ashab
al nar, les compagnons du feu & plufieurs noms à l'Enfer, comme nous ver-
rons plus bas. 11^ ont auffi une efpècc de mythologie , félon laquelle il y a
des rivières & des arbres en enfer, auffi -bien que dans le Paradis. L'arbre
qu'ils appellent Zacoum , dont les fruits font des têtes de Diables , eft le plus
terrible de tous,
Thabekh eft le nom de l'Ange qui préfidc de la part de Dieu à l'enfer. Ce
mot fignifie proprement un Bourreau.
Dans l'Alcoran au chapitre île la Pierre , il eft dit , que l'Enfer a fept por-
tes, & que chaque porte a fon fupplice particulier.
Quelques Interprètes difent, qu'il faut entendre par ces fept portes, fept éta-
ges différens , dans lefquels fept dilférentes fortes de pécheurs feront punis.
Le premier, qui s'appelle Gehennem, eft deftiné pour les Adorateurs du vrai
Dieu, tels que font les Mufulmans, qui auront mérité parleurs crimes d'y tomber.
Le fécond, appelle Ladha, eft pour les Chrétiens.
Le troifième, nommé Hothama, eft pour les Juifs.
Le quatrième, nommé Sàir, eft deftiné aux Sabiens.
Le cinquième, appelle Sacar, eft pour les Mages ou Ghebres.
Le fixième, nommé Gehim, pour les Payens & Idolâtres, appeliez Mufchre-
can, qui admettent la pluralité des Dieux.
Le feptième & le plus profond de l'abyfme , qui porte le nom de Haoviat ,
eft refervé aux hypocrites , c'eft-à-dire , à ceux qui font paroître au dehors qu'ils
ont une religion, & qui n'en ont aucune dans le cœur, & ce dernier étage eft
encore appelle Derk Asfal, c'eft-à-dire, le plus profond.
L'Imam Manfor , dans fon livre intitulé Taovildt , diftribue d'une autre maniè-
re ces différens étages.
Il
go. GEHENNE M.
Il prétend d'abord , qu'il n'y en a point de particulier pour les Mufulmans ,
parce qu'ils n'y doivent avoir qu'une demeure paiTagère , & non pas éternelle
comme les autres. Il relie donc feulement à y placer les autres.
Le premier étage eft donc , félon cet Auteur , pour ceux qu'il appelle De-
heriens , qui croyent l'éternité du monde , & n'admettent ni création , ni Créa-
teur.
Le fécond étage eft pour les Thanoviens ou Thenovites, qui admettent deuï
principes comme les Zoroaftriens & les Manichéens , & pour les Arabes Idolâ-
tres qui étoient du tems de Mahomet.
Le troifième eft pour les Barahemâh , qui font les Bramens ou Brachmanes
des Indes , qui rejettent les Prophètes & les livres facrez , <Sc qui ne croyent
ni au vieil, ni au nouveau Teftament.
Le quatrième eft pour les Juifs , qui ne reçoivent que Je vieil Teftament.
Le cinquième eft pour les Chrétiens , qui reçoivent le vieil & le nouveau
Teftament
Le ftxième eft pour les Mages dePerfe, qui ont des livres, les uns attribuez
à Abraham & les autres à Zoroaftre: ces gens font les mêmes que les Ghebres.
Le fcptième eft du confentement de tous pour les hypocrites, qui font pro-
feflîon d'une religion qu'ils ne croyent pas. C'eft de. ceux-ci qu'il eft parlé fi
fouvent dans l'Alcoran : car Mahomet fe doutoit bien., que plufieurs feroient
profeffion de fa Religion fans y ajouter foy ; c'eft pourquoy toute fa colère &
toutes fes menaces font contre ces gens-là.
L'Auteur du Bàhar el Hakaik dit plus fpirituellemcnt , que les fept portes de
l'enfer font les fept péchez capitaux, qu'il nomme en cet ordre: La cupidité ou
l'avarice. La gourmandife. La hayne. L'envie. La colère. La luxure & l'o-^ueil.
Il conclut , que c'eft par ces fept portes que l'on entre dans lenfer de l'éloigne-
ment & de la privation de Dieu.
Dans le commentaire du livre intitulé Rcfchef, l'on trouve qu'il y a fept por-
tes à l'Enfer, à caufe des principaux membres <!e l'homme qui font les inftru-
mens du péché, & par conféquent autant d'ouvertures & de defcentes aux En-
fers. Ces fept principaux membres font les yeux , les oreilles , la langue , le
ventre, les parties naturelles ;, les pieds & les mains: fur quoy un Poëte Perfien
a dit : Vous avez les fept portes de l'enfer dans vôtre corps ; mais l'ame peut
faire fept ferrures à ces fept portes. L;i clef de ces ferrures, qui eft vôtre franc
arbitre, eft entre vos mains, fervez-vous en pour fermer ii bien ces portes ,
qu'elles ne s'ouvrent plus à vôtre perte.
Dans le chapitre intitulé Aaraf, on lit que les damnez difent aux Bienheureux'.
Répandez fur mus de cette eau ^ que vous avez en abondance pour étancher nôtre foifi
faites-nous part de ce que Dieu vous a donné fi libéralement pour addoucir nos maux :
mais les Bienheureux leur répondent: Dieu- a défendu âf interdit ces chofes aux im-
pies qui ont fait un jeu de la Religion , &' qui fe font laijfez ahufer par les trom-
peries de la vie du monde.
. Il n'eft pas dilEcile de s'appercevoir, que ceci eft pris tout-entier de la para-
bole du mauvais riche, qui eft couchée dans l'Evangile.
Sur ce qu'il eft dit icy , que la -vie du fiécle préfent , ou du monde , trompe
les hommes , un Interprète de ce paftage dit : Ce que nous croyons voir dans
le monde , n'éft que le fantôme d'un fonge. Les maifons que nous habitons
ne font que des logis de paftage , fituez fur la route qui nous mené au terme
fatal
G E H E N N E M. gr
fatal de nôtre vie. Le monde enfin n'eft qu'un fond demiferes, & il faut être
toujours en garde contre fcs fraudes & fes illulions.
Les Epithetes du monde chez les Orientaux font Gadddr, Trompeur; Mak-
kiar , Drefleur d'embûches ; Bazi Kion , Charletan ; Pirchzen , une vieille forciè-
re, c'cffc ce que rapporte icy ce même Interprète.
Le plus grand de tous les maux des damnez, difcnt les Mufulmans, eft la fé-
paration de Dieu , qu'ils appellent Ferâk , en quoy leur doftrine eft conforme
à celle des Chrétiens , qui appellent cette féparation la peine du dam. Leurs
Interprètes veulent, que cette grande peine, Adhr.b al adhim, de laquelle il eil
parlé dans l'Alcoran, fe doit entendre de cette privation de Dieu, &. que par
les mots d'Adhâb al alim , qui fignifient la peine douloiireufe , d'- laquelle il
eft fait fouvcnt mention dans le même livre, on doit entendre la peine du feu.
La plus grande peine des damnez , dit Cafchiri , eil leur éloignement de la
préfence de Dieu , & le voile épais qui les empêche àc jouir de cette lumière
divine , qui fait la vifion beatifique. C'eft cette lumière que nos Théologiens
appellent la lumière de la gloire.
Le même Auteur, qui pâlie pour être un des plus éclairez & des plus aifec-
tifs entre les Mufulmans, dit à Dieu: Vous nous menacez, S i neur, d'une fé-
paration amère , qui nous privera pour jamais ô: vôtre pn'.'; -ce. Ah, Sei-
gneur, faites de moy tout ce qu'il vous plaira, poàrvù que je ne fois jamais
féparé de vous. Il n'y a aucun poifon plus amer, ni plus mortel que cette fé-
paration; car que peut faire l'ame féparée de Dieu, nnon, dctrc dans une in-
quiétude & dans une agitation continuelle qui la tourraence. Cent mille mjrts
les plus cruelles ie peuvent fouffrir; car, après tout, elles n'ont rien de fi ter-
rible que la privation de vôtre divine face. Tocs les malheurs du iîccle , tou-
tes les maladies les plus aiguës & les plus fâchcufes jointes enfcmble , ne me
font rien & me paroiifent incomparablement plus aiiecs à fupporter , que ceiRi
éloignement. C'efl cet éloignement palfiger qui rend nos terres ilériles , qui
tarit & qui infefte nos eaux, que fera-ce, s'il eil éternel? Sans lui le feu d'en-
fer ne brûleroit point, & c'ell par lui qu'il devient fi ardent. En un mot,
c'eil vôtre feule préfence qui nous foûtient & qui nous comble de toutes ibr-
tes de biens, & vôtre abfence eil celle qui caufe tous nos maux.
Plufieurs Mahometans font, par une extrême impiété, Dieu auteur du mal &
du péché ; ils admettent par conféquent la réprobation pofitive , & enfeignent
que Dieu a créé des hommes pour le feu , fondant cette doilrine fur plufieurs
paflliges de l'Alcoran.
Dans le chapitre Aaraf fur ces paroles : Les méchaits feront punis pour ce qtCils
auront fait de mal., HulFain Al Heraovi dit, que ces méchans-là font ceux qui
ont été créez pour le feu, de même que les predeilinez l'ont été pour la gloi-
re; car il eil porté dans, la fuite du même chapitre : Ceux qui font créez pour
le Paradis , ne manquent point d'être dirigez félon la vérité , éf font juftifiez par
elle.
Dans la fuite du texte , nous lifons ces autres paroles attribuées à Dieu : J'at-
trapperai les médians oii ils ne penfent pas, ils auront pourtant du teins ; mais C em-
bûche que je leur dreffe cft très- for te , c'efi-à-dire .^ inévitable. Voici la manière
avec laquelle Dieu fe gouverne à l'égard des reprouvez , félon le fentiment de
l'Imam Caichiri. Chaque fois que ces malheureux pèchent, Dieu augmente leurs
l)iens , afin qu'Us augmentent leurs péchez. Cette tromperie donc que Dieu fait
. Tome IL L aux
82 GEHERNAZ. GÉLALEDDIN. '
aux reprouvez , confifle à leur faire du bien & à les rendre ingrats , jufqu'à
ce que le tems de les punir foit venu ; & cette tromperie s'appelle encore em-
bûche , parce que c'eft une conduite c;)chée qui paroît au dehors bonté ; mais
qui n'ell efFeèlivement qu'un pur abandon.
11 y a encore, un peu plus bas dans le même chapitre , un verfet plus im- -
pie : Celui que Dieii met dans le mauvais chemin , na plus de guide qui le puijfe
redrefTer-, car Dieu laijje les dévoyez dans kur erreur ^ ^ ils demeurent étourdis èf
confus.
Il y a pourtant quelques Auteurs qui donnent un bon fens à ces paroles, en
les entendant de l'abandon que Dieu fait de certains Pécheurs, dont il punit les
péchez par d'autres péchez , dcfquels il n'eft pas l'auteur & qui font les effets
de la pure malice des pécheurs : mais cette explication efl celle des Motazales,
qui font des feftaires & non pas celle des Mufulmans Orthodoxes , qui foûtien-
nent la prédeftination abfolue & pofitive, à l'égard des Elus & des Reprouvez.
Les plus modérez entre les Mufuhnans s'en tiennent à ce principe exprimé
métaphoriquement par un Poëte Perfien. Si la grâce du fouverain Maître & :
Conducteur ne vient à notre fecours , perfonne ne trouvera le bon chemin , ni
n'arrivera au gîte.
GEHERNAZ ou Tehehernaz , la dot de la beauté. Nom de la fœur de
Caicaus , fécond Roy de Perfe de la dynallie des Caianides , qui fut mariée à.
Rollàm.
G EL AL Allah, la gloire de Dieu. Ce mot fe prend non feulement pour
la gloire effentielle de Dieu inféparable de fa nature ; mais encore pour une
manifefln.tion fenfible de la préfence de la Majefté Divine , telle qu'elle fe fai-
«éfoit connoître entre les Chérubins de l'Arche & fur le Mont Sinai. Les Mu-
fulmans difent , qu'un rayon de cette gloire réduifit en pouffière le mont Pha-
ran en Arabie, & fondit en eau la première fubilance que Dieu créa pour for-
mer le monde.
GELALANI & Gelalein. Les deux Gelalcddin qui ont commenté l'Alco-
ran , dont le premier eft furnommé Al Mahalii , & le fécond Al Soiouthi ou
Afiouthi. / 'oyez plus bas le titre de ces deux perfonnages.
GELALEDDIN & Gelaleddoulat , c'ell - à - dire , la gloire de la Religion,
& kl gloire de l'Etat. Ce font des furnoms qui ont été donnez à plufieurs
perfonniiges , & fur - tout à de grands Princes , defquels nous allons voir les
titres.
GELALEDDIN Gauri , Sultan de la féconde branche de la dynaflie des
Gaurides, dont les Etats pafTérent, après fa mort, aux Khovarezmiens.
GELALEDDIN Malekfchah ou Melikfchah. f^oyez l'hijîoire entière de ce
Sultan des Selgiucides dans le titre de Malekfchah.
GELALEDDIN Mahmoud. Fcyez le titre de Mahmoud.
GELALEDDIN, fu nommé Mankberni & Khovarezme - Schah. C'efl le
fils aîné du Sultan Mohammed Khovarczm - Schah > Sultan du Khovarezme, ou
pour
..GELALEDDÎN. g^
pour prononcer k la Perfienne Kharczme & Khorezme , lequel, anrès la mort
.de fon père, fe retira dans la province de Gaznin ou Gaznah , vers les'lnl-s
appanagc que le Sultan fon père lui avoit douné pendant 'à vis. Il tomba d'a-
bord dans une embufcade que les Tartares lui avoient drellee ; mais il s'en tira
avec une valeur incomparable, & arriva heureufement dans cette ville, où il fut
joint par Scifeddia Aghrâk , qui étoit à h tète de quarante mil chevaux &
par Icmin almulk, Prince de ilei;at, qui lui amraena auffi d'autres troupes fort
coiifidérables.
Gelaleddin ainfi arme , ne craignit point d'attaquer les Mogols , oui l'a voient
toujours pourfuivi juiqu'à Gaznah , depuis la défaite de Mohammed fon père,
■& dans fi\- ou fept combats qu'il leur livra , il demeura toujours le \'ainaueur •
mais il arriva malheureufement pour lui , que la divilion fe mit entre les Olii-
■ciers-Géncraux de fon armée, lemia al mulk aj^ant frappé de fon fouet Seifed-
din, & celui-cy en ai'ant porté fa plainte à Gelaleddin , ce Sultan ne 'crut pas
qu'il fut tems de lui en faire raifon , pendant qu'il avoit de fi grands ennemis
fur les bras; de forte que Scifcddin irrité de ce refus de juftice, partit du camp
du Sultan dès la même nuit avec fes troupes , & alla camper fur la m^ntao^ne
de Sangràk.
L'armée du Sultan étant ainfi afFoib!ie par la déiertion de ce Général , n'étoit
•plus en état de faire tète aux Tartares , c'efl: ce qui lui fit prendre la réfolu-
tion de pafler aux Indes; & il étoit déjà arrivé fur les bords du fleuve Sind ou
Indus , oi!i il préparoit toutes chofcs pour le pafTcr , lorfqu'il vit les Mo^oIs à
fa queue; car Genghizkhan , ayant appris la retraite du Sultan, partit de la -pro-
vince de Thalecan, où il étoit avec le gros de fon armée, & vint par la route
du Cabul avec une extrême diligence juf-^u à luy.
Ce Mogol étendit fes troupes au-dclîus & au-deflbus du courant de l'Indus;
& faifant de fon armée un arc, dont le fleuve étoit la corde, ainfi que dit un
Hiftorien, il reir.'rra fi fort de tous cotez le Sultan, qu'il fembloit lui avoir ôté
toute efpérance de pouvoir échapper.
Le Sultan ayant apperçu. au point du jour, cette multitude innombrable de
trounes, qui le tenoient alliegé de toutes parts , ne perdit point courage: mais
raifeniblant au contrai.-e tout ce qu'il avoit de vigueur & de forces , il harce-
la tellement fes ennemis de tous cotez & fit des aclions de valeur fi extraordi-
naires , que Fon^ n'en avoit point vu d'exemples depuis le tems d'Asfendiar &
de Rofl:am : de Ibrte , dit rHifl:orien , que l'on pourroit dire avec vérité , que
fi ces deux grands Héros avoienf vécu du tems de ce Sultan , ils auroient fait
gloire de s'enrôler ibus fes étendarts.
Un Poëte Perfien , décrivant cette aftion , dit de lui : Quand fa lance étoit
levée , les plus braves étoient obligez de baiiTer la leur , où fa maffe d'armes
tomboit, il refl:oit une marque ineffaçable de la péfanteur de fon bras. Il bri-
foit les cafques fur les têtes , comme un autre auroit caffé les chofes les plus
fragiles , il mettoit en pièces les cottes de maille avec la même facilité qu'un
autre auroit déchiré la toile qui les couvre.
Cependant toute fa bravoure ne pouvoit pas l'empêcher de périr , puifqu'il
avoit à combattre autant de foldats , qu'il y avoit, pour ainfi dire, de grains de
fable fur le rivage de l'Indus ; & le combat n'auroit pas même duré fi long-tems , fi
Genghizkhan , qui le vouloit avoir vif entre fes mains , n'eût défendu à fes foldats
de tirer fur fa perfonne. Il voulut pourtant faire un dernier effort avec foixante-
L 2 dix
84 GELALEDDIN.
dix chevaux feulement qui lui reftoient ; mais comme il étoit fur le point de fe
jetter dans la mêlée, Agiafch-Melik , fon neveu, mit la main fur la bride de fon
cheval, & l'arrêta en lui difant ces vers.
Ne vous engagez jamais témérairement au milieu de ceux qui vous furpajfent fi
fort en nombre-,
Car on vous accujeroit de folie , de même . que l'on fait celuy qui frappe avec le
poing le trenchant d'un rafoir.
Le Sultan tourna bride à. ces paroles, & gagnant un lieu élevé, & de difficile
accez, après avoir changé de cheval, & pris congé de fes cnfans, il le jetta à
la nn^e dans l'Indus avec les plus braves de fes foldats , qui ne le voulurent
point abandonner. Il traverfa hardiment ce grand fleuve à la vue de Genghiz-
khan, & de toute fon armée, qui tira un nombre infini de flèches fur lui, fans
qu'il pût être blefle. Les Tartares fe mettoient auffi en devoir de paflTer l'eau
pour le fuivre: mais Genghizkhan les en empêcha.
Lorfque le Sultan eut traverfé le grand courant de l'eau , il lui fallut aller
encore alTez loin pour gagner le gué, les rives de ce fleuve étant prefque par
tout fort élevées: miis il aborda enfin heureufement au gué de Caitoul, où
ayant expofé fes habits, & les harnois de fon cheval au Soleil pour les faire
fécher, il vit que les Tartares pilloient fon camp, & particulièrement ion Ha-
ram qui eft le quartier des femmes, & que Genghizkhan mordoit fes doigts d«.
dépit, de ce qu'une û belle proye lui étoit échappée.
Ce Conquérant ne lailfa pas cependant d'admirer le grand courage du Sultan-;
& fe tournant vers fés enfans, il leur dit ces paroles : Voilà un fils digne de
fon père ! Heureux celuy qui a de tels enfans. Un Poëte dit de luy : On n'avoit
point encore vu un homme d£ cette trempe dans le monde, & on n'avoit jamais
ouy dire qu'il y en eût eu un femblable dans les fiecles paffez. Il étoit aulîi
redoutable qu'un Lion dans ks campagnes , & il n'étoit pas moins terrible dans
les eaux , qu'un crocodille.
Cette uélion mémorable de Gelaleddin fe paflTa l'an de l'Hegire (?i8 , de
J, C. 1221.. Il n'y eut que fcpt des fiens qui fe fauverent avec lui, tout le
refle ou fe noya , ou fut tué à coups de flcclies par les Tartares dans ce fameiLX
paOTage; cependant lui feul avec ces fept hommes ramafla peu à peu des trou-
pes, & remit fur pied en deux ans de tems, une puilfante ai-mée , avec laquelle
'il fubjugua, & conquit la plus grande partie des Indes; & après qu'il eut appris
que Genghiz Kh^n avoit repalîe le Gihon avec fes Mogols , & pris la route de
Tartarie,- il repalfi auili l'Indus, & rentra dans la Perfe l'an de l'Hegire 621,
pa'- les Provinces Méridionales de Kige ou Kitfche, & de Alakran.
Auffi- tôt qu'il fut de retour, en Perfe, tous les Seigneurs,. & Gouverneurs des
Provuiccs de Fars, de l'Iraquc Perfique, & de l'Adherbigian ou Medie , vinrent
le falucr , & lin" rendirent un nouvel hommage. Les peuples le reçurent avec
des acclamations extraordinaires , & chantoient par tout ces vers.
Nous voyons à la faveur de ce flambeau , pr.fage certain du bonhnir qui retourne
fur nos terres f une nnuvdU lumière qui r:nd au monde ^ plongé dans ks ténèbres
d'une profonde nuit , le premier éclat qiiil avoit perdu.
Kemal eddia Ifmaël , excellent Poëte , pour célébrer fon retour , & pour témoi-
gner
GELALEDDIN.
S5
gner la joye publique, & la Tienne en particulier, compofa une très-belle Ode ,
dont voici quelques vers qui me paroiffent fort remarquables.
Toute la terre a été rétablie en fon premkr état, tout a été rebâti dans les villes,
es' cultivé dans les campagnes ^ aujfi-tôt que les pavillons du Sultan ont été
dri'JJ'ez , 6f ont jette feult:ine7it leur ombre fur elles.
C'-eJl ce grand Empereur Gelakddin Mangberni , la gloire & le fofctien de l'Etat,
& de la Religion, qut Dieu a choifî pour gouverner l'Univers, parce quil a
fait plus d'état des maximes de rAlcoran, que de celles de la Croix, 6f qu'il
na pas permis que les cloches des Chrétiens retentiffent dans nos Mofqiiees.
C'ejî fon bras qui a fortifié celui de la loy, ^exécuté ce que le décret Divin, avoit
ordonné touchant la dfiruHtion des Barbares, ^ des Infiddes.
On peut apprendre par ces vers que les Tartares étoient Chrétiens pour la
plupart, & que Dieu s'étoit fervi d'eux comme d'un fléau, pour punir l'orgueil
des Mahometans, & vanger les injures que la Religion Crêtienne avoit Ibulfertcs,
comme il paroîtra par la fin mifcrable que fit le même Gelaleddin dont nous
parlons.
L'an de rtlegire 625, le Sultan délivré de la crainte des Tartares, entreprit
la conquête du Gurgiftan ou Géorgie; le Roy de ce pays qui s'étoit préparé à
foLitenir cette guerre, vint au devant de lui avec une armée beaucoup plus forte
que la fienne. Gelaleddin pour la mieux reconnoître , monta fur une hauteur
de laquelle il découvrOit le camp des ennemis, & s'apperçeut qu'il y avoit dans
leur avant-garde des troupes de Khozariens, peuples de la grande campagne qui
s'étend fur la rive Septentrionale de la mer Cafpienne, & que les Perfiens ap-
pellent Defcht-Kiptchak:
Ces gens qui autrefois fous le règne du Sultan Rîo'hammed s'étoient révoltez,
& qui pour éviter le châtiment, avaient eu recours au Prince Gelaleddin fon
fils pour obtenir le pardon de leur faute, n'avoicnt pas encore oublié ce bien-
fait. Le Sultan voulant profiter de leur reconnoillànce dans cette conjonfture,
leur envoya du pain & du fel pour les faire rellbuvenir du bon office "qu'il leur
avoit rendu autre fois, & de l'alliance qu'il avoit contraftée avec eux. Ce tour
d'adrelTe lui reiiflit fi bien, que les Khozariens ayant honte de fiiire la guerre
à leur bienfaiteur, abandonnèrent les Géorgiens, & fe retirèrent chez eux.
On peut remarquer en cet endroit que la cérémonie de prefenter du pain &
du fel fe pratique dans l'Orient, pour marque d'amitié, d'alliance & d'hofpitalité.
Les Arabes en ont encore une particulière , qui efi; de prefenter à boire à ceux
qui ont quelque défiance d'eux, pour les alfurer de leur bonne foy. Foycz les
titres de Harmozan . â? de Saladin.
Après que ces gens furent partis , le Sultan envoya un exprès au camp des
Géorgiens pour leur faire entendre qu'il ne vouloit point fe prévaloir de.la dé-
feftion des Khozariens, & qu'il leur accordoit un jour de trêve, pour traiter
d'accommodement. Dans ccc intervalle de tems les plu? biaves de l'un & de
l'autre camp fe prefenterent à la tête des troupes, & fe firent des défis d'honneur.
Le Sultan voulut prendre part à cette gloire militaire, & il fe déguifa de telle
forte, que n'ayant pris que fhabit d'un fimple Cavalier, & paiRuit par un che-
min détourné, il fe prefenta pai'mi les auti-es fans être connu. Aulîi-tôt qusGe-
L 3 laleddin
86 G E L A L E D D I N.
lalcddin parut, un Géorgien bien monté vint à lui: mais le Sultan au premier
coup de lance , le jetta auffi-tôt par terre , & en trois autres coups il en fit
autant aux trois fils de celuy qu'il avoit defarçonné.
Après ce combat, un homme, d'une taille démefurée, & d'une force incom-
parable, qui auroit pu pafier pour un Géant, fe prefenta, & porta fans relâche
de fi rudes coups au Sultan , que ce Prince les ayant tous foùtenus ou parez
avec une force & une ^adrelle mcrvcilleufe , fon cheval , pour être trop vif ,: fut
fur le point de tomber avec lui.
Cet accident le fit refoudre à defcendre de cheval , & à attendre de pied fer-
me fon ennemi, & il foûtint fi à propos ce dernier afifaut, qu'il prit fon tems
de porter un coup de lance au milieu du front du Géorgien qui tomba mort
auffi-tôt à fes pieds.
A cette action les troupes des deux armées qui voyoient ce combat, élevèrent
des cris d'admiration & de louange ; tous avouèrent que ce vaillant champion
avoit un bras Pil-Aflmn , c'efl:-à-dire, capable de renverfer un Eléphant: mais
le Sultan ne fe contenta pas des éloges que l'on donnoit à fa valeur, il voulut
fe fervir utilement de l'étonnement qu il avoit jette parmi fes ennemis , & com-
manda en môme tems aux fiens de les charger ; il remporta fur eux une viftoire
fi pleine & fi entière, qu'elle le rendit maître de tout le pays.
Le Sultan étant entré dans Teflis , ville capitale de la Géorgie , apprit que
Borak, Gouverneur de la Province de Kcrman, qui avoit été autrefois un des
Huiffiers de fa porte, accoutumé durant la guerre des Tartarcs, à vivre dans
l'indépendance , n'obeilfoit pas poncluellement à fes ordres , il prit la relblution ,
avant que la defobeïifance palfàt à une rébellion ouverte, de partir promptement
avec trois cent chevaux feulement, pour le prendre au dépourvu. Il fit cette
expédition en dix-fept jours , & arriva dans le Kerman avant que Boràk eut avis
de fon départ.
Cette diligence extraordinaire du Sultan furprit Borak de telle forte qu'elle le
mit hors d'état de défenfe, en forte qu'il fut reJuit à porter lui-même fa tête
à fon maître, qui en fit fortir, dit nôtre Hiilorien, toutes les fumées d'orgueil,
& de prefomption qui la reniplillbient. Kcmaleddin Ifmaël parlant de la diligen-
ce prefque inconcevable que lit ce Pi-ince, lui dit: Quel autre que vous, entre
tous les Roys du monde , a-t-il jamais fait repaître fes chevaux à Teflis pour
les aller abbreuver aux eaux qui coulent dans la mer d'Oman, c'eft-à-dirc, aux
Indes qui s'étendent le long de cette mer.
Falloit-il que Borak , qui fçavoit que vôtre courage vous avoit déjà porté^ des
Indes julqu'en Géorgie, vous fît retourner des Provinces du Septentrion jufqu'à
celles du Midy pour le vaincre ?
L'an de l'Hegire 624, les armées du Sultan & des Tartares fe rencontrèrent
auprès d'Ifpahan , mais ce fut fans s'entrechoquer , comme fi elles eufient été
d'accord; les Tartares fe retirèrent dans le Khoraflan , & Gaiatheddin, frère du
Sultan, prenant la fuite fans fçavoir pourquoy, s'en alla du côté du Lariflan ,
abandonnant fon équipage, & le bagage de toute l'armée. Les habitans d'Ifpa-
han voyant cette déroute coururent auffi-tôt pour piller: mais le Cadhi Rocnod-
din Saedi les en empêcha, & les pria d'avoir un peu de patience, leur promet-
tant que fi le Sultan ne paroilfoit pas dans un tems afiïz court qu'il leur mar-
qua^ ils auroient la liberté de faire ce que bon leur fembleroit. Le Sultan ne
m;ui-
G- E L A L E D D I N. g^
manqua pas d'être de retour à^ point nommé ; car il fit une diligence incroya-
ble pour arrivera Ifpahan, & fauva ainfi fcs bagages, Niglnarijian.
L'an (527 de l'Hegire GJaleddin prit Khalat ou Akhlat, ville d'Arménie, ou
de l'Adherbigian, par force: mais les Sultans d'Egypte, & de Roura, à fcavoir
Malek Al Asehraf & AlaedJin Caicobad , ayant joint leurs troupes enfemble,
attaquèrent le Sultan, lequel étant forti d'AkhIat avec quarante mil hommes,
leur livra une bataille qu'il perdit. Les deux armées cependant étant reliées
toutes d.nix dans leurs portes pendant um nuit, le combat fe renouvella le len-
demain, dans Lquel le Sultan ayant perdu le relie de ion armée , fut obligé de
s'enfuir à Khartabert, & de-là à Ifpahan.
L'an 628, le Sultan ayant appris que Giarm.agun , General d'Oclai Caan qui
avoit fuccedé depuis fan 624., à Genghizkhan fon père, ayant palfé' le Gihon
avec une puilîante armée de Mogols , venoit en Perfe , envoya demander des
fecours au Khalife, à iSIalek Al Afchraf, & à Caicobad: mais tous ces Princes
les lui ayant, rcfufez , il palTa en Mefopotamie, où pendant qu'il s'adonnoit à
toutes fortes de débauches , il fut furpris par les Mogols , & contraint de pren-
dre la fuite, accompagné feulement de deux ou trois de fcs domelliques ; l'on
dit que dans cette fuite il fut tué & dépouille par un Curde qui le trouva
endormi.
Quelques-uns cependant veulent qu'il fe cacha fous un habit de Dervifche , &
qu'il ne fut plus vu depuis ce tems-là , finon que plufieurs années après vers
l'an 652, un homme fut arrêté, & mis à la quellion comme efpion , lequel di-
foit être le Sultan Gelaleddin que l'on a cru pendant long-tems n'être pas mort.
C'elt dans la perfonne de ce Sultan que finir la djmallie des Khovarczmiens'.
Khondîinir.
Ben Schohnah dit dans fa Chronique que Gelaleddin Manfcberni étoit le fils aîné
des enfans de Mohammed fils ds Tagofche ou Togufch; qu'il eut en partage le
Royaume de Gaznah; mais que dans la fuite il fe rendit aufli puilTant que'' fon
père , & en pofleda prefque tous les Etats ; qu'il fut défait en bataille rangée
par Genghizkhan l'an de l'Hegire 628 , & qu'ayant été fait prifonnier par les
Taf tares, il échappa de leurs mains, & fut tué par des voleurs du Curdellan;
qu'après cette défaite de Gelaleddin , Genghiz-khan devint maître abfolu de la
Perfe, & que lui & fes Tartares y exercèrent des cruatutez encore plus horri-
bles que toutes celles qu'ils avoient faites jufqu'alors.
Nous avons remarqué plus haut que Genghizkhan étoit mort l'an 624 , & que
ce fut Giarmagun qui défit Gelaleddin , & qui fe rendit maître de la Perfe fous
Oclai Caan fils de Genghizkhan,
Le même Auteur remarque que ce Sultan étoit fi fier , que lorfqu'il ccrivoit
aux Roys d'Egypte , de Syrie , & de l'Afie Mineure , dont les deux premiers
étoient de la pollerité de Saladin, & le troifième de la race des Selgiucides , il
ne fe foufcrivoit jamais ni frère, ni ferviteur, & qu'il ne prenoit le titre de fer-
viteur, que lorfqu'il écrivoit au Khalife: mais pour les Princes de Moful , de
la Mefopotamie, & autres femblables , il ne mettoit que fon fceau fur lequel il
avoit fait graver ces paroles : La viàoire vient de Dieu feul.
Il fe faifoit appeller le Roy du monde, c'eft en Arabe Malek al âlcm, & en
Perfien Schah gehan , titre qui avoit déjà été pris, iclon quelques-uns, par
fon père.
Le Saheb al Tarikh , qui eft la correction du Calendrier Arabe & Perfien que
l'OH
88- GELALEDDIN. — G E L A L-E DD 0 UL AT,
l'on appelle aufïï Tarikh al Neiran, c'efl-à-dire , le calcul du cours du Soleil &
de la Lune , lui eft attribuée.
Ce Prince devint fi éperduement amoureux d'une de Tes efclaves, qu'il fit gar-
der long-tems fon corps mort, auquel il faiibit lervir tous les jours à manger,
& lui faifoit demander l'état de fa fanté , & fi elle étoit meilleure que le jour
précèdent.
On dit que ce Prince étoit fi jaloux , que lorfqu'il fut pourfuivi jufques fur
les bords du fleuve Sind ou Indus, par la cavalerie des Tartares , les femmes
qu'il avoit avec lui, lui ayant demandé qu'il les fill tuer , ou qu'il les fauvât
des mains des Tartares , il commanda aufîi-tôt qu'on les noyât toutes , après
quoy il pafTa avec peu de gens ce grand fleuve à la nage , au grand étonnement
de fes eone.mis.
Ce paitage fc fit dans le mois que 1-es Arabes appellent Regeb, & il devint fi
digne de niempire , qu'il efl refté dans l'Orient une façon de parler vulgaire.
Fivez jufqu^au mois de Regeb , âf vous verrez des chofes extraordinaires..
l\ y a un liviçe dans la Bibliothèque, du Roy n^. S45, intitulé Seirat Gelaleâ-
âin Mankberni. C'efi; la vie de ce Sultan qui .y ell qualifié fils d'Aboulfeth
Mohammed, fils de Tagafche, fils d'il Arflan,, fils d'Atfiz, fils de Mohammed
Cothbeddin, fils de Noufchteghin. L'Auteur de cette hifl:oire eft Mohammed
Ben Ahmed Al Monfchi Al Nallaovi, lequel dit entr'autres chofes que ce Sultan
avoit donné quatorze batailles en onze ans. ^oyez Les titres de Mohammed,
^'Atfiz , ^ de Khovarezm-Schab.
GELALEDDIN Al Sekri. l^oyez le , titre de Mohammed Khovarezm-Schah ,
duquel il étoit le fils aîné.
GELALEDDIN, nom du dernier Sultan de la féconde branche des Gau-
rides, les Etats duquel pafiTerent entre les mains des Khovarezmiens. f'oyez le
titre des Gaurides.
GELALEDDIN Hafilm Ben Mohammed; c'efl le fixième Prince delà
dynafl:ie des Ifmaëliens de l'Iran , c'efl:-cà-dire , de ceux qui régnèrent dans la
Perfe. Voyez le titre d'Ifmaeliah Iran.
GELALEDDIN Mohammed Ben Ahmed Al Mahalli ou Mehelli, Auteur
d'un Commentaire fuccint de l'AIcoran , fait en forme de fcholies , que Gelalcd-
din Afiouthi acheva l'an 871 de l'Hegire.
Ces deux Auteurs font citez fous le nom de Gelalani , c'efl:-à-dire , les deux
Gelaleddin. •
GELALEDDIN Al Afiouthi ou Al Soiouthi, Auteur fort célèbre qui a
compofé plufieurs ouvj-ages. Voyez Soiouthi.
GELALEDDIN furnommé Sultan Al Arefin, le Maître des fpirituels; il
naquit au tcms que Genghizkhan entra dans le Khorafllan. La Chronique Otho-
mane en fait mention comme d'un Saint.
GELAL-EDDOULAT, troifième fils de Baha-eddoulat , fils d'Adhad-
.eddoulat, pctit-fiis de Buiah. L'on compte ce Prince pour le quatorzième Sultan
.de la Maifon, & Dynaftie des Buidcs.
- Il
GELAL-EDDOULAT. G E M. 89
n commanda dans Bagdet en qualité d'Emir al Omara, c'eft-à-dire, de Gcnera-
liffime des armées du Khalife , après la mort de Mclchref-eddoulat , fon frère de-
puis l'm 415 de l'Hegire, de J. C. 1025, jufqu'en l'an 435 de la même Kegirc ,
dans laquelle il mourut.
Khondemir ne lui donne que feize ans & onze mois de règne; mais le Leb-
tarikh, & le Nighiariftan lui en donnent 25. Il fe pafla de grands démllez entre
ce Sultan, & les Selgiucides, dont la puilfance croilfoit de plus en plus dans
l'Empire des Khalifes; & cette puiiTance vint à un tel point, qu'elle doana le
dernier coup à la Maifon des Buides dans l'année 447 , fous le règne d'Aimalek
Al Rahira, qui en fut le dernier Sultan.
Ce Prince eut auffi des affaires avec fon neveu, fils de Sultan-eddoulat fon
frère , lequel pourtant enfin s'appaifa , & fe contenta de l'efperance de fa
fucceflîon.
GELAL-EDDOULAT v eddin, furnora ou titre de Malekfchah, & de
plufieurs autres Princes , Sultans , & même de beaucoup de Codeurs Muful-
mans qui fe font rendus célèbres par le zèle qu'ils avoient pour leur Religion.
Voyiz Gclâl.
G EL ALI, nom de plufieurs Poètes Perfiens dont les furnoms font Jezdi,
Ferahani , Azéri , Rourai. Voyez ces titres particuliers , voytz, aujft celuy de
Souzeni.
Gelali eft employé dans ces noms par abbregé , au lieu de Gelaleddin, de
même que Raichidi au lieu de Rafchideddin.
Ainfi l'on appelle Tarikh Gelali , le Calendrier Gclaleen , la Correftion du
Calendrier Perfien , qui fut faite par l'ordre du Sultan Gelaleddin Malekfchah
le Selgiucide , & enfuite par le Sultan Gelaleddin Mankberni le Khovarezmien.
Il y a encore un Gelali, Auteur d'un Ouvrage intitulé Habib al feir ^ L'ami,
ou le compagnon du voyage.
G EL IL & Gelilah , Surnom d'Aboul Vali dont il efl fait mention dans
Jemeni, Auteur d'un livre intitulé Ehtegiage Al Schaféi^ qui eft une explication
de la doélrine du Dofteur Schafêi.
GEM, c'eft ainfi que les Turcs appellent celuy que les Perfans appellent
Giam & Giamfchid , qui eft un des anciens Roys de leur première dynaftie.
Voyez les titres de Giam, 6f de Giamfchid.
GEM Tchelebi , & Sultan Gem , étoit fils de Mahomet fécond , Sultan des
Turcs , & frère puîné du Sultan Bajazeth fécond.
Mahomet fécond étant mort l'an 885 de l'Hegire, de J. C. 14S0, après la
prife d'Otrante , ville maritime du Royaume de Naples , Bajazeth qui étoit dans
fon gouvernement d'Amafie, vint au(îî-tôt à Conftantinople , & prit pofl"e(îîon de
l'Empire; mais il n'y avoit pas encore fait un long fejour, quand il apprit que
Gem fon frère , fortifié des troupes de Caramanie , s'étoit emparé de la ville de
Burfe en Natolie, où il prétendoit établir le fiege Royal de fes Etats.
Bajazeth ne fçut-pas plutôt ce mouvement de Gem, qu'il rappella de la
Pouille Ahmed furnommé Ghéduc, c'eft-à-dire, Breche-dent, Général des troupes
qui étoient en Italie, pour combattre fon frère, avant qu'il fe fortifiât davan-
ToME II. M tage.
^é G E M. GEM-IEM.
tage. Cette diligence lui lervit beaucoup; car Ahmed défit ce jeune Sultan ,-
& l'obligea de fe retirer en Caramunie avec ie débris de fes troupes, Fan 886
de FHegire. . , . .
Ahmed fut foupçonnc de collufion avec Géra, pour ne lavoir pas pouriuivi
aflez chaudement; ce qui obligea Bajazcth à partir de Conflantinople pour achever
de ruiner les afRiires de fon frère. Il luy donna donc en perfonne une féconde
bataille, qui l'obligea à une féconde fuite , & le contraignit de palier la mer
pour demander du fecours au Sultan d'Egypte.
Ce fut dans l'an 887 que Bajazeth remporta cette viftoire fîgnalée fur font
frère, laquelle le délivra d'une fort grande inquiétude, & coûta la vie à Ah-
med, que ce Sultan fit étrangler peu de tems après.
Gem fit courir le bruit qu'il alloit faire le pèlerinage de la Mecque : mais en;
effet il n'étoit parti que pour tirer des fecours d'Egypte, avec lefquels il vint
encore pour la troifième fois tenter la fortune des armes avec fon frère : il fut
cependant encore battu, & contraint de fe réfugier à Rhodes auprès du Grand
Maître Pierre d'Aubulibn qui l'envoya à la commanderie de Bourgneuf en
France.
Bajazeth ayant appris que fon frère étoit entre les mains des Chevaliers de
Rhodes, llipula une paix perpétuelle avec eux, & promit de leur payer tous
les ans quarante mille écus d'or à condition qu'ils le gardalTent foigneufement,..
ce qu'il exécuta de très- bonne foy.
Les mêmes Chevaliers mirent enfuice ce Prince entre les mains d'Inno-
cent VIII qui le leur demanda; après la mort de ce Pape , Gem pafTa en celles
d'Alexandre VI qui recevoit tous les ans de Bajazetli deux cent mil écus d'or
pour le garder.
Ce Pape obferva de fon côté fi fidellement fa parole que lorfqu'il fut obligé
par force de le donner à Charles VIII qui alloit cà la conquête du royaume de
Naples , l'on crut , dit l'Hillorien de la vie de Cœfar Borgia , qu'il fit donner
à ce Prince un poifon lent dont il mourut à Terracine , à caufe que le Roy
Très-Chrctien vouloit fe fervir de luy pour exciter de nouveaiLX troubles dans
l'Empire Othoman.
Thomas Cantacuzene dit que Gem n'avoit que 28 ans, lorfqu'il palTa à Rho-
des, & qu'il avoit lailfé fa femme & fon fils en garde au Sultan d'Egypte; que
ce fils fe ilmva aufïï depuis à Rhodes , où s'étant fait Chrétien , il prit femme
& en eut deux fils & deux filles.
Le même Auteur dit que Soliman ayant pris Rhodes, ce qui arriva l'an de
rilegire 928, de j. C. 1522 , fit chercher ce fils de Gem qui vivoit encore,
& que l'ayant trouvé avec fes enfans , il le fit mourir lui & fes deux garçons
pour n'avoir pas voulu retourner à la Religion de leurs pères, & qu'il emmena
avec lui les deux filles à Confi:antinople. Ainfi la Maifon Othomanne a donné
trois martyrs à 1 Egliiè.
GEM Vii, nom du dix-neuvième jour du Cycle fexagenaire des Cathaiens,
& IgureenSo
GEM-IEM, nom du trente - neuvième jour du Cycle fexagenaire dQs mê--
mes peuples,
GEM,A.
G E M A. — — G E M I L. 9i
GEMA u Al-Beiân fi akhbar al magreb u Cairoân , Iliftoire fort ample de
FAfrique , & de la Cyrenaïque , dont Azzeddin fils d'Abdelaziz eft l'Auteur.
Foysz le titre de Molatfemiah de Novairi.
GEMALEDDIN, c'eft un des noms ou titres de Mohammed Ben Abibckr
Al Anfari, qui a abrégé le Giamê ou Hiiloire des plantes dEbn Bcithàr.
GEMALEDDIN. Othmân Ben Omar duquel il eft parlé dans le livre in-
titulé Makki , comme d'un homme fort doéle en plufieurs fortes de fciences.
GEMALEDDIN, Auteur d'une hiftoire dédiée à Emirzad ou Mirza Isken-
der , Prince de la pofterité de Tamerlan , dans laquelle il eft fort parlé des Tur-
comans , & de leur origine.
GEMALI, Surnom de Fadhl Ben AH, Autçur du livre intitulé Iddriat al fa.
redh, où il enfeigne ce que doit fçavoir celui qui veut être intelligent dans les
ftatuts obligatoires du Mufulmanifme.
GEMALI, Surnom de Jofeph fils de Tangri Virdi. Foyez le titre de]oCcL
GEMALI, Scidi Gemali , Auteur d'un livre Perfien intitulé Fath al ahonâb,
qui eft rempli d'allégories & de moralitez fur la vie, & fur les aélions du faux
Prophète ; il eft mêlé de profe , & de vers, yoyez aujjï Giamali.
GEMEL & Polta, nom de deux frères Ragias ou Princes dans les Indes,
lesquels après avoir foûtenu avec leur mère , un long fiege dans le château de
Chitor que l'Empereur Akbar attaquoit , & étant réduits aux dernières extre-
mitez, aimèrent mieux le faire tuer dans une fortie defefperée qu'ils firent,
que de fe rendre prifonniers entre les mains du vainqueur. Ce Prince qui avoit
l'ame grande, fut fi touché de cette belle action, qu'il leur fit ériger deux ftatues
de marbre pofécs fur des Elephans à la porte du château de Delli, où la ville
de Gehàn-abad a depuis été bâtie.
GEML Ebn Gemî. Foyez Hcbatallah. )
GEMIL, & Schanbah. C'eft le nom d'un de ces couples d'Amants, dont
les Orientaux célèbrent dans leurs hiftoires, & dans leurs poëfies, laconftance,
& la fidélité. Les plus fameux font Jofeph & Zoleikhah. Alegenoun & Leilah ,
Khofrou & Schirin. Gemil & Schanbah defquels nous parlons icy, vivoient fous
le règne d'Abdalmalek, Khalife de la race des Ommiades.
Le Roman Perfien qui décrit leurs amours en vers, dit qu'ils étoient Arabe?
de nation , & qu'Abdalmalek ayant ouy beaucoup parler d'eux , eut la curiofité
de voir Schanbah, & que l'ayant trouvée noire & maigre, comme il étoit fort
bon Poëte, il lui dit en vers:
Ouds traîts de beauté Gemil a-t-il découvert en voiis^ qui Vaycnt pu porter à vous
choijîr entre tant £' autres femmes , pour en faire le feul objet de fis amnurs ?
car ordinairement nous appelions laide une pcrfonne qui a le vifage auffi maigre,
Ôf l^ i^ifit oujji noir que vous.
M a -Schanbah-
^a G E N GENGHÏZKHAN.
Schanbah dont l'efprit étoit fort vif, & qui excelloit auffi dans la Poëfie, fè
fentant piquée de ce difcours, lui répondit fur le eliamp :
Ouel mérite o?ît reconnu en vous les peuples de la terre, qui vous ont choijl entre'
tous , pour co7nmander à tous ?
Celuy-là feul efi digne de Veftime des hommes , qui a Famé belle , âf femblabk à"^
un diamant dont l'éclat n'e/î terni par aucune tache.
Le Khalife furpris d'une repartie fî libre , & û fpirituelle , loua refprit de
Schanbah, & l'ayant régalée de prefens çonfiderables , la renvoya à fon amant.
GEN ou Tchen prononcé à la Perfienne, nom du cinquième Cycle ou Giag
des Cathaiens, que les Turcs Orientaux appellent Loui, & les Arabes Temfah,
c'efl-à-dire , un Crocodile..
GENADEL, Montagne qui cfl: aux confins de l'Egypte, & de la Nubie
fur le Nil à douze journées au defTus d'Afovane, ou de Siene en Thebaïde.
C'eft-là qu'efl la grande catarade du Nil, & où l'on tranfporte les marchandifes
du fond des vaifleaux, fur le dos des chameaux pour les voiturer de Nubie en^
Egypte & de cette Province aux autres..
GENEK Vilaeti, les Turcs appellent ainfi la Cappadoce , & le Pontus qui
en efl la partie la plus Septentrionale. La ville maritime de Tarabozan , que
nous appelions Trebizonde, & celle d'Amafie où le Sangiak Bey, & quelquefois
le Beghilerbey de la Natolie refide, font cenfées être de cette Province, félon
la Notice de l'Empire Turc.
GENGHIZKHANi c'eft ainfi que les Arabes prononcent ce nom: mais
les Perfans & les Turcs le prononcent comme s'il étoit écrit en François , Tchin^
ghizkhan , ou en Italien Cinghizkhan. Nos Hiftoriens Latins l'appellent L'angius.
Ce Surnom ou titre qui fignirie en langue Mogolienne Roy des Roys , fut
donné par Tubi Tangri, Prophète du Turkeftan, à Timiugin, après qu'il eut
vaincu Avenk ou Unghkhan , & fubjugué la plus grande partie des Princes
Mogols, Tartares, & Cathaiens, ou Chinois.
Tamugin que nous appellerons déformais Genghizkhan étoit Mogol de nation,
& non pas Tartare; car il étoit fils d'iefukai Behadir félon Khondemir, ou dé
Bifukai félon Kovand Schah ou Mirkhond , lequel defcendoit en ligne droite de
Toumenah Khan , Roy des Mogols.
Toumenah Khan , qui defcendoit de Bouzangiar, fils miraculeux de la Princeflo
Alancavah , dont l'on peut voir le titre, eut deux enfans, Kilkhan trisayeul de
Genghizkhan, & Fagiouli feptième ayeul de Tamerlan.
Bouzangiar étoit ilfu de Kian, fi.ls d'Ilkhan lequel fut défait par Tour fils de
Eeridoun Roy de Perfe , qui s'étant rendu maiftre d'une grande partie du Tur-
keftan, & joint aux Tartares, extermina entièrement la nation des Mogols, à
la rcferve de deux hommes, & de deux femmes feulement,
Kiân qui étoit un des quatre . fe retira avec les trois autres dans la montagne
nommée Erkcneh Koun où trouvant des pâturages excellens, if s'y habitua , &
peupla par la fucceffion de plulieurs années qui voiu au deUà de mil, im grand.
pays
GENGHIZKHAN. P3
pays qui avoit été jufqu'alors inconnu, de forte qu'il fut le père d'une nouvelle
nation de Mogols qui porta le nom de Kiât.
Puifque nous avons déjà remonté fi haut, nous dirons encore qu'Ilkhan, pè-
re de Khian, étoit le feptièrae arrière-fils de Mogoul Khan, frère deTatarkhan,
tous deux enfans dllinge Khan , defqucls les deux nations des Mogols & des Tar-
tares font defccnduës.
Mus pour arriver jufqu'au terme que l'on ne peut outrepafifer , j'ajoûteray
fur le témoignage de Mirkhond & de Khondemir , qu'Ilinge khan étoit le qua-
trième fils de Turk , fils de Japhet , fils de Noë , duquel le Turkeflan qui
comprend , félon fon ancienne fignification , les pays que les Mogols , les Tar-
tares, les Cathaiens, les Rulfcs, les Bulgares, les Grecs, les Alains, les Secla-
bes ou Chalybes, & les Hyperboreens habitent, a tiré fon nom.
Genghizkhan naquit à Diloun Joloun, Fan 549 de l'Hegire , de J. C. 1154,
dans le Dongouz-il , c'eil-à-dire , en l'année du Cycle des Cathaiens , nommée
le Pourceau , fous le figne de la balance , au tems que fon père Jefukai fit une
grande irruption fur les Tartares. Mirkhond appelle le lieu de fa nailfance Di-
loun Jaldak , & donne à fa mère le nom d'Oloun. Il perdit fon père à l'âge
de treize ans, & fut obligé, par la révolte & par les divâfions des Mogols, à
fe retirer auprès d'Avenk ou Ungh Khan, Prince Chrétien de la tribu de Ke-
rit, qu'Aboulfarage appelle Malek lohanna, le Roy Jean. C'eil celui-là même
que nos Hilloriens & voyageurs ont appelle le Prêtre Jean.
Khondemir dit, auffi-bien que les autres Hiftoriens de la vie de Genghizkan ,
qu'il naquit tenant du fang caillé dans fes mains de la grolTeur d'un dé, & ci-
te fur ce fujet deux vers Perfiens , qui portent que fi ce fang étoit un pro-
gnofl;ique de celui de fes ennemis qu'il devoit répandre, c'étoit auffi Ghir lez^
dân, c'ell-à-dire , la marque de l'expiation des crimes des hommes que Dieu
avoit mife entre fes mains, ce qui fe rapporte encore au figne de la balance
que nous regardons comme un figne de juflice, quoyque les Orientaux le pren--
nent pour celui des vents & des tempêtes.
Après que Genghizkhan eut demeuré pîufieurs années auprès d'Avenk Khan,
& qu'il l'eût fervi très-utilement dans les guerres qu'il avoit avec fes voifins,
il époufa fa fille nommée Oifungin ; . nonobllant quoy il fut fi fort perfecuté
par fes envieux, qu'il fut obligé de quitter la Cour, pour mettre fa vie en
fureté, &. enfuite , de faire la guerre àAvenkkhan, lequel conjointement avec
fon fils Sehokoun le pourfuivoit à outrance.
Genghizkhan les fiirprit tous deux à fon avantage avec quatre mil chevaux
feulement; & après les avoir défaits entièrement, les contraignit de fe réfugiée
auprès de Tabanek ou Tajanek , Roy des Tartares. Ce Prince ufant de trahi--
fon fit tuea- Avenk khan ; de forte que Sehokoun , fon fils , fut obligé de fuir
promptcment jufqu'au pays de Cacfchgar , oi^i il ne trouva pas plus de fureté , •
& y perdit aufiî la vie, ce qui arriva l'an 599 de l'Hegire.
Depuis l'année fuivante, qui fut la 600 de l'Hegire jufqu'en la 602, que les ■
Mogols appellent Tannée du Léopard , il fubjugua toutes les tribus des Mogols ■
& des Tartares , & tint une aiîemblée générale de tous les grands Seigneurs
de ces deux nations. Les Turcs appellent cette efpèce d'Etats -généraux Kuril- ■
tai, où le nom de Tamugin lui fut changé en celui de Genghizkhan, par Tu- ■
bî Tangri , & il y ordonna qu'une Conictte blanche feroit dorénavant l'éten- •
dart général de fes trQupes ; après quoy marchant contre les Caracathaiens , il
M 3, les-'
94 G E N G H I Z K H A N.
les défit fi pleinement, qu'Ilcan leur Roy réfolut de s'empoifonner lui-même,
pour ne pas voir la défolation entière de fes Etats.
Depuis ce tems-là jufau'en l'an 615 , il fubjugua tous les Princes du Caraca-
thai qui réfufoient de lui -obéir. Il défit Kulchlek , grand ennemi des Muful-
mans, lequel fut contraint de s'enfuir dans les montagnes couvertes de forêts
d'un pays, qui en. a tiré fon nom de Caracathai, c'efc-à-dire en Turc, le Ca-
thai noir.
L'an 615 de l'Hegire, Genghizkhan entra dans la Tranfoxane, pour faire la
guerre à Mohammed, furnommé Khouarezm-fchah. Le fujet de cette guerre fe
peut voir dans le titre de ce Prince. Il envoya d'abord deux de fesenfans, nom-
mez Giagatai ou Gioghtai & Oélai, pour ferrer de près les troupes de ce Sul-
tan, & deux de fes Capitaines pour afîiéger les villes de Benaket ou Asbaniket
& de Khogend. Il marcha cnfuite lui-môme en perfoime vers celle de Bokha-
rah , où les principaux chefs de l'armée du Sultan Mohammed s'étoient enfer-
mez pour la défendre.
L'an 617, qui eft l'année du ferpent dans le Cycle des Mogo!s & des Ca-
thaicns , Genghizkhan fe préfenta devant Bokharah , où, dès la première nuit,
il enleva la Cavalerie des Khovarezmiens qui faifoient la ronde autoui* de la
place ; cet accident obligea les habitans d'aller , dès le lendemain , demander
quartier, & Genghizkhan le leur ayant accordé, fe contenta d abord de piller
la ville : mais ayant appris qu'un grand nombre de foldats s'étoient cachez dans
la ville , pour faire quelque furprife , après qu'il en eut forcé le château , il
le fit démolir & commanda que Ton fit pafler au fil de lepée tous les habitans.
Oktai , fils de Genghizkhan , avoit cependant affiégé la ville d'Otrâr , dont
Gairkhan, principal auteur de cette guerre, étoit (Gouverneur, il la prit dans
fefpace de cinq mois , au bout defqucls Gairkhan fut obh'gé de fe fauver dans
le château, où il ne put tenir que fort peu de tems. Oktai le fit d'abord fon
prifonnier ; mais il reçut bientôt après les ordres de fon père , pour le faire
mourir; de forte que lui & tous les habitans d'Otrâr furent juftcment punis de
la perfidie, dont iis avoient autrefois ufée envers les Mogols, comme il elt rap-
porté dans l'hiltoire de Mohammed Khovarezm-fchah.
Giougi Khan prit dans le même tems la ville de Giound , qu'il fît piller &
rafer, Alâf khan cc!le de Khogiend , qu'il traita de même , & il ne refia des
îiabitans de ces villes, que ceux qui purent fe fiuver par la fuite. Les Hifto-
riens rapportent une aclion hardie & hcureufe de Timur Melik, Gouverneur de
Khogiend , lequel fe fauva par eau à la vûë des Mogols , qui le pourfuivirent
en le combattant pendant pluficurs jours fans pouvoir l'atteindre.
AuOî-tôt que Gengizkhan eut achevé le fiége de Bokharah, il vint inveflir la
ville de Samarcand. Les habitans fe trouvèrent partagez fur le party qu'ils avoient
à prendre ; car les uns vouloient lui ouvrir Jeurs portes ; mais les autres étoient
réfolus de garder la fidélité à leur Sultan & de fe défendre jufqu'à l'extrémité.
Dans ces entrefaites , le Mufti de la ville , avec les principaux Imams & Doc-
teurs de la loy Mufulmane , allèrent au camp des Mogols , pour obtenir une
bonne compofition en faveur de leur ville : mais n'ayant pu obtenir bon quar-
tier que pour leurs perfonncs & leurs biens , & pour celles de leurs proches ,
les Mogols étant entrez dans la ville, en firent fortir tous les habitans, & après
l'avoir pillée, en affiégerent & prirent le château, où ils pallérent au fil de fé-
née tous ceux qu'ils y trouvèrent , fans aucune exception.
Ce
G E N G H I Z K H A N. p^-
Ce fut dans ce même tems-là que Genghizkhan étant informé du mauvais état
de l'armée de Mohammed Khovarezmfchah , envoya deux de fes Généraux d'ar-
mée, nommez Gebch Noviân & Souidai Behadir , avec trente mil chevaux en
Khoraflàn , où ce Sultan étoic campé. Ces deux Capitaines le firent bientôt dé-
loger, & ils le pourfuivirent fi chaudement , qu'il fut obligé d'abandonner cet-
te province & de faire fa retraite dans l'Iraque : mais les iVIogols le fuivant à
la pifle , pillant & malîacrant tout ce qu'ils rencontrpicnt fur leur route , tra-
verferent ces deux provinces , celles de l'Adherbigian & du. Schirvan , & ga-
gnant enfuite la ville de Derbehd , pafTerent au Nord de la mer Cafpienne ,
pour réjoindre le camp général de Genghizkhan, qui étoit dans la Tranfoxane.
Genghizkhan , après avoir achevé la conquête de la Tranfoxane , envoya
trois de i^es enfans , nommez Giougi , Giagathai & Oftai , pour fubjuguer la
province de Khovarezme , qui s'étend des deux cotez de l'Oxus ou Gihon ,
fleuve qui traverie tout ce pays avant que de décharger fes eaux dans la mer
Cafpienne. Ces Princes vinrent d'abord affiégcr la capitale qui porte le nom de
Khovarezme, auffi-bien que la province, où Khamarteghin commandoit de la
part du Sultan Mohammed. Ce fiége dura long-tcms fans avancer , à caufe de
la divifioa , qui arriva entre les doux frères Giougi & Giagathai , au fujet du
commandement.
AuHî-tôt que Genghizkhan eut appris la mefintclligence de ces deux Princes,
il envoya {"es ordres à Oclai pour commander en chef toute l'armée , & ac-
commoder les différends de fes deux frères , lui préfcrivant en même tems de
ne rien entreprendre fans leurs avis. La concorde fut ainfi en peu de tems
rétablie dans cette armée , & le fiégc de la ville de Khovarezme fut bientôt fini.
Les Mogols s'en étant rendus les maîtres, & réconnoiifants qu'elle étoit très-
forte par la fituation , ,1a démolirent entièrement , en firent fortir tous les ha-
bitans , & après avoir choifi cent mil des plus jeiznes des deux feses qu'ils ré-
duifirent en fervitude, ils diflribuerent tout le relie aux foldats pour êti-e cgor-
gez. L'on rapporte que chaque foldat , de plus de cent mil qu'ils étoient de-
vant la place, en. eut vingt-quitre à tuer pour fa part.
Pendant que l'armée des Princes défoloit la province de Khovarezme , le
père failbit d'étranges ravages dans le Khoraflàn: car tirant du côté de Balkhe,
la plus ancienne capitale de cette province , qui portoit le titre de Cubbat al
Illam, c'efl-à-dire , la Métropole du Mufulmanifrae , il trouva la ville de Ter-
raed fur fa route , qu'il prit & ruina en deux jours , exterminant jufqu'au der-
nier de fes habitans ; & quoyque les habitans de Balkhe euffent envoyé au-
devant de luy des députez pouj- lui jurer fidélité & fe rendre à fa mercy, ils
ne purent obtenir de lui aucun quartier, & furent tous palfez au fil de l'épée.
Tuli khan, autre fils de Genghizkhan, étant arrivé au. camp peu après cette-
exécution, fon père lui donna au;]] -tôt l'ordre de s'avancer plus avant dans le
pays & d'y faire le dégât, pendant qu'il feroit lui-même en perfoone le fiége
de Thalecan , place forte qui avoit un très -bon château, Genghizkhan eue le
loifir de fe morfondre devant cette place , qui rcfifta pendant lèpt mois entiers
à. fa puiffance. Son armée étoit déjà beaucoup diminuée: mais le retour que
Tuhkhan fit de fon expédition du Khoralfan , dont il avoit fubjugué les villes-
principales, aj'ant fortifié fon c imp , il emporta enfin d'alîlwt Cjtte place, &-
n'épargna aucun de tous ceux qu'il y trouva.
Après la prife de Thalecdn, le bruit s'édaut répandu dans fon camp queGe--
laîcd--
96 G E N G H I Z K H A N,
laleddin , fils de Mohammed Khovarezmfchah , avoit battu les Mogols , auprès
d'un lieu nommé Barani , la colère le faifit de telle manière qu'il tourna auf-
fi-tot vers les parties Occidentales de la Perfe , & fit une défolation fi cruelle
& fi univerfeile par-tout où il pafiTa , qu'il n'y lailla aucun vcfl:ige qui pût mar-
quer que ces lieux eufi'ent jamais été peuplés , ayant envoyé en même tems
Balai Novian dans les Royaumes de Lahaver ou Lahor , & de Multan à l'O-
Tient, pour y faire les mêmes ravages.
Tulikhan alla peu de tems après afiiéger les trois autres villes capitales de la
grande province de Khoraflan : car nous avons déjà parlé de Balkhe qui en eft
la quatrième. Il commença par celle de Merou, fi.irnommée Schaighian , pour
la difl;inguer d'un autre Merou de la même province , qui efi; fiirnommée Al
Roud ; & il eut fort bon marché de cette grande ville , abandonnée par fon
Gouverneur qui étoit fort hay du peuple , & qui craignit que l'on ne le mît
entre les mains des Mogols. Aullî-tôt que Tulikhan y fut entré , il en fit ra-
fer les murailles, & après avoir fait le choi:: des jeunes garçons & des jeunes
filles, qu'il vouloit referver pour en faire des efclaves, il abandonna un million
& trois cent mille perfonnes à la fureur du foldat.
La ville de Nifchabour , autre capitale de la môme province , eut le même
fort : & perdit un million & 747 mil de les habitans , ce qu'il faut entendre
aufli-bien que des autres villes, de tout ce qui étoit compris dans fon territoi-
re, qui étoit fort étendu & très-peuplé.
Celle de Herat étoit la plus confidérable de ces trois capitales du Khoraflliii
qui furent aflîégées par Tulikhan; car elle étoit défendue par Mohammed Gior-
giani, Gouverneur de la province, qui avoit une armée très-confîdérable pour
la défendre. En efi'et , pendant les fept premiers jours du fiége , le Gouver-
neur fit de fi fréquentes & fi vigoureufes forties , que les Mogols virent bien
qu'ils ne viendroient pas fi aifément à bout de cette entreprife , qu'ils avoient
fait des précédentes : mais il arriva que ce Seigneur , qui étoit également fage
& vaillant, fut malheurcuferaent tué d'un coup de flèche dans le combat.
Après la mort du Gouverneur, les alîiégcz commencèrent à perdre courage,
& on parloii' déjà de fe rendre , lorfque Tulikhan , qui en fut averti par les
efpions, s'avança avec deux cent chevauv feulement vers une des portes de la
ville , pour attirer à une conférence ceux des Bourgeois , qui étoient les plus
portez à la paix. Là il déclara, que s'ils le rcndoient volontairement à lui qui
étoit en état de les forcer, ils ne recevroient aucun dommage ni en leurs per-
fonnes , ni en Icui^ biens , & qu'il le contenteroit de recevoir d'eux la moitié
feulement du tribut qu'ils payoient au Sultan du Khovarezme.
Après que Tulikhan eut donné fi parole & confirmé, par un ferment folem-
nel, les conditions de la capitulation qu'il leur accordoit, les Bourgeois de He-
rat lui ouvrirent auflî-tôt leurs portes, & lui firent une entrée magnifique. Tu-
likhan obferva exa6lement le traité qu'il avoit fait avec eux, & ne Ibufirit pas
que fes Mogols leur fifi^ent aucun outrage. Il fe contenta feulement de l'exé-
cution des foldats de la garnifon, avec lefquels il n'avoit point capitulé, & leur
ayant donné Malek Abubecre pour Gouverneur, & Manghtai pour Prévôt &
Grand Jufiicier, il vint trouver fon père au fiége de la ville de Thalecdn, dont
nous avons déjà parlé.
Mais la ruine de cette puiiïante ville ayant été déjà refoluë dans le décret Di-
vin , dit Khondemir , fa perte étoit inévitable. Il arriva en eifet que le bruit
s' étant
GENGHIZKHAN. p^
s'étatlt i-épandu , que les Mogols avoient été défaits par Gelaled^in , aiîprès de
la ville de Gaznah, les habitans des villes du KhoralTan, où Tulikhan avoit laif-
fé des Gouverneurs, fc foûleverent tous en même tems , & égon'^ereot tous les
Mogols qui leur tombèrent entre les mains. Les habitans de Heràt le jettercnt
fur .Malek Abubecrc & fur Manghtai, qu'ils maflacrerent avec tous leurs gens,
& mirent à leur tête Mobarez-eddin Scbzvari pour les défendre.
Genghizkhan ayant appris ces méchantes nouvelles, fit une rude reprimende
à Tulikhan fon fils, de ce qu'aj^ant, par une fauffe clémence, donné la vie à fes
ennemis, il leur avoit auffi lailfé les moyens de lui jouer un fi mau^-ais tour;
pour reparer cette faute & pour fe vanger d'un fi grand affront , il en\-oya II-
genkvai Novian avec quatre-vingt mil chevaux devant Hcrat, Cette vi'ie' foû-
tint un fiége de fix mois entiers, pendant lequel fes habitans qui fe dél'c.idoient
en defefpérez firent des efforts inconcevables : mais ayai:t été ennn forcez, ils
furent, tous égorgez flinsmiléricorde, jufqu'au nombre d'un milhon & fix cent
mil perfonnes, à plufieurs reprifcs.
Emir Khovand ou Khavend Schah dit , que le Docleur Scherfeddin Khathib
refta feul avec quinze autres perfonnes , qui s'étoient cachées dans des grottes
où les Mogols qui foùilloient par-tout , ne les avoient point trouvées , &. qu'ils
furent joints, quelque tems après, par vingt-quatre autres c.ui avoient aufli échap-
pé à la fureur des ennemis par une efpèce de miracle. Ces quarante perfonnes
demeurèrent pendant quinze ans dans Herat , avant qu'aucun autre fe joignît à
eux pour y habiter, tant cette ville, qui po.toit le titre de Ferdous Nifchin ou
Nifchin , qui fignifie le fymbole ou la demeure du Paradis , avoit été détruite.
Cette défolation générale arriva l'an de l'Hegire 619, de J. C. 1222.
Après que Genghizkha 1 eut terminé les guerres qu'il avoit entreprifes contre
Mohammed Khuarezm fchah & fes enfans , comme nous avons vu cy-dcflùs en
partie , & comme il en eft traité plus particulièrement dans les titres de Mo-
hammed & de Gelaleddin Khuarezm fchah : ce Prince tint confeil avec fes en-
fans & les plus grands de fa Cour, l'an 621 de l'Hegire, dans lequel il fut ar-
rêté qu'il retourneroit dans fon Orde natal , nommée Ordou Baligh , où étoit
proprement le fiége Royal de fon Empire.
A peine y étoit-il arrivé qu'il apprit que Scheidercou , qui commandoit dans
le pij's de Tangur & de Cafchin, s'éLoit révolté, &. qu'il s'avançoit vers lui
avec une armée de cinq cent mil hommes. Genghizkhan alla au-devant de lui
avec des forces à-peu-près égales. Il fe donna pour lors une des plus fanglan-
tes batailles dont on ait jamais ouy parler ; car , félon la fupputation des Mo-
gols, il fe trouva trois cent mil hommes des ennemis. morts fur la place, fans
que l'on fçache le nombre de ceux que les Mogols perdirent.
Cette perte cependant ne fut pas capable de réduire pour lors Scheidercou
à fe foûmettre au vainqueur : mais ayant été depuis encore vaincu à diverfes
reprifes, il demanda quartier & jura fidélité à Genghizkhan. Ce Prince vouloit
en même tems faire encore la guerre à quelques-uns de fes voifins, mais il fut
appaifé par les Ambalfadeurs & par les préfens , qu'ils lui envoyèrent pour ob-
tenir de lui la paix.
L'an 624 de l'Hegire, de J. C. 1226, Genghizkhan fe troirvant accablé d'in-
firmitez , caufées par les grandes fatigues qu'il avoit fouffertes dans l'exercice
continuel des armes jufqu'à l'âge de foixante & treize ans, réfolut de partager
fes Etats entre fes enfans. Il en avoit eu quatre , à fcavoir , Giougi , Giaga-
ToAiE IL N thai,
9S G'E N G H I Z K H A N.
thai , Oftai & Tuli : mais Giougi l'aîné étoit mort dans la campagne de Kip-
«^iak, au-delTus de la mer Cafpienne où il commandoit, fix mois avant le décès
de fon père , & avoit lailTé plufieurs enfans , dont Batou étoit l'aîné.
Genghizkhan déclara pour fucccITeur dans fon Orde Impériale & dans tous les
pays des Mogols , Cathaiens & autres , tirant v^ers l'Orient , 06lai , qui fut fur-
nommé Caan, & qui eut pour fuccclîeur Gaiuk Khan fon fils.
Giagathai eut pour fa part la Tranfoxane , que les Arabes nomment Maova-
ralnahar, & que nous appelions encore aujourd'huy du nom de ce Prince , le
Zagathai ou Pays des Uzbeks, & c'eft proprement le Turkeftan. Son père lui
donna pour confeil & pour Général de fes armées Caragiâr Noviàn.
Le Khoraffan , la Fcrfe & les Indes furent donnez à Thulikhan , qui en avoit
conquis en perfonne une grande partie , & dont les enfans Manguca , Coblai
& Holagu fe font rendus célèbres dans l'hiltoire.
Batou, fils aîné de Giougi , fuccéda à fon père par l'ordre de Genghizkhan,
& polfeda les pays d'Alan , de Rous & de Bulgâr , au - defllis de la mer Caf-
pienne. C'cfi: ce petit- fils de Genghizkhan qui traverfant la RUffie, vint juf-
qu'en Moravie , d'où il prit le chemin de la Hongrie , dans le defi'ein d'aller
aflîéger Conflantinople : mais fes grands projets finirent avec fa vie l'an 656 de
l'Hegire.
Après cette diflribution de provinces , Genghizkhan mit entre les mains de
Giagathai , la tranfaftion folemnelle que Kilkhan & Fagiouli , enfans de Tou-
menah khan , avoient paffée enfemble , par laquelle les hoirs , defcendans de Fa-
afte avoit été fcellé du Iceau de 1 oumenali Khm , & 11 etoit de conlequence
pour les Genghizkhaniens qui dcfcendoient de Kilkhan; car il leur pouvoit fer-
vir, comme il arriva, contre les Timuriens, c'eft-à-dire , la pollérité de Tamer- -
lan qui tiroit fon origine de Fagiouli.
La mort de Genghizkhan arriva le quatrième jour du mois Ramadhan , l'an .
624 de l'Hegire , & dans le Dongouzil , c'efl;-à-dire , dans^ l'année du Pourceau
félon les Igureens & les Cathaiens , année dans laquelle étoit tombée aufîî fa
naiiwnce & fon élévation à la fouveraine dignité & autorité fur les nations des
Turcs, des Taitares & des Mogols. Il fut enterré fecretement au pied d'un ar-
bre, où l'on dit qu'étant un jour campé, il demanda à fes gens , s'il leur fem-
bloit que ce lieu fût propre "à fa fépulture , & que fort peu de tems après fa
mort , il crût à l'entour du même arbre une efpèce de buiflbn fi épais , qu'il ren-
dit le lieu inacceffible.
Tout ce que j'ai dit jufqu'ici de Genghizkhan efl tiré de Khondemir. Mir-
khond , qui efl: le même que l'Emir Mohammed Kovand ou Khavend fchah , a .
écrie la vie de ce grand Conquérant, le fléau du Mufulmanifme , fort au long.
J'ay prêté le Manufcrit de cet Auteur, qui efl: fort rare & qui m'eft venu en-
tre les mains , par la libéralité du Grand -Duc de Tofcane, à un de mes amis,
qui s'en cil fervi pour nous donner la vie de ce Prince dans toute fon éten-
due. C'eft un ouvrage qui doit paroître au premier jour.
Abaifarage dit dans fa dynaftie dixième, qui efl celle des Mogols, que Gen-
ghizivhan donna pendant fa vie à fes quatre enfans le^ gouvernement de l'Etat
diftrib'ié en cette manière. Le premier, qu'il nomme Toufchi au liai de Giou-
gi, eut l'intendance des chalfcs , qui étoit h première charge chez ks Mogols.
♦ Le
GENGHIZKHANIAH. GENGHÎZKHANIAN. 99
Xe fécond, nommé Giagathai, eut celle de la juftice. Oftai, le troifiùmc, qui
lui devoit fucceder, le gouvernement politique, & Tuli, le quatrième, le corn-
mandement militaire.
La poftcrité de Genghizkhan fut tellement refpec"tée par les Mogols & pnr
les Tartarcs, qu'aucun d'cntr'eux no fa prendre depuis les titres de Khan & de
Sultan qui lui étoient rcfervez; & Tamcrlan même fe fit un grand honn -u' de
porter feulement celui de Kurklian, c'cfl-à-dire , de leur parent. Il donna mê-
me, après la mort de HuiTain qu'il avoit défait, le titre' de Sultan à Soiour^
gatmifche , qui étoit de la même race , quoy qu'il fût entièrement dans fa dé-
pendance.
Touchant la grande irruption de Genghizkan , il eft bon de voir encore le
titre de Thogrul, fils d'Arflan.
GENGHIZKHANIAH. Taourat Genghiz-Kaniat , la loy de Genghiz-
khan. C'ell un Octalogue qui contient tous les prcccpt js du Décalogue , ^à la
referve de celui qui ordonne la célébration du Sabat.' Il efl certain , que la
Religion des Mogols approchoit fort du Chriflianifme ; car Genghizkhan & fes
fucceffeurs ont été toujours amis des Chiêtiens & ennemis des Mahometans ,
jufqu'à Nicoudar Oglan , qui fe fil Mufuhnan & prit le nom d'Ahmed.
La femme de Genghizkhan étoit Chrétienne , & Tamerlan époufa la fille de
Camaraldin, qui étoit de la Religion Genghizkhaniennc au/L" bien que lui. Plu-
fieurs Empereurs Mogols ont célébré les fêtes de Pàqucj & de la Pentecôte
avec les Chrétiens; & les Ambalfades que faint-Louis & les Roys Chrétiens d'Ar-
ménie leur envoyoient , font foy qu'ils rclpeélpiv^nt fort les cérémonies de la
Religion Chrétienne.
Abulfarage rapporte que Genghizkhan , avant que de marcher contre fes en-
nemis , monta fur le haut d'une colline , où il demeura trois jours & trois
nuits la tcte nuë, & à jeun, implorant la miféricorde de Dieu & fon fecours:
qu'enfuite de cette aftion de piété, il vnt en fonge un homme vêtu d'un habit
femblable à celui que les Evêqucs portent en Orient , qui l'aflura d'une pleine
viftoire. Il y a grande apparence , que cette hiiloire a été forgée fur la pro-
meflli que lui fit Tubi Tangri , lorfqu'il lui changea fon nom de Tamugin en
celui de Genghizkhan.
GENGHIZKHANIAN, les Mogols defcendus de Genghizkhan. Ils ont
régné dans tous les Etats que ce Conquérant lailfa à fes cnfans : mais il n'y a
que la fucceffion de ceux qui ont régné dans l'Iran ou Perfe, prife dans fa plus
ample fignification , qui foit bien marquée.
Cette dynaftie , qui comprend quatorze Princes , commença l'an de l'Hegire
599, de j. C. 1202 . & finit Pan 736 de l'Hegire , de J. C. 1335. Ce n'eft
pas qu'après ce tems-là, c*ell-à-dire , depuis Arbakhan, il n'y ait eu encore des
Princes de cette maifon; mais ils n'ont plus été confidérez par les Hiiloriens,
comme des fucceûTeurs de ce grand Empire. Ces quatorze Princes ont régné
137 ans.
Le premier efl Genghizkhan, qui a régné 25 ans.
Le fécond, Oktai Caan, fils de Genghizkhan, a régné treize ans,
Gaiuk Khan, fils d'Oktai, un an.
Mangu Caan, fils de Tuli, fils de Genghizkhan , neuf ans.
N 2 Holagu
100 G E N G H I Z K H A N I A N. G E NN.
Holaîu Khan, fils de Tuli, neuf ans. ,
Abaca Khan, fils de Holagu, dix-fept ans.
Ahmed Khan, dont le nom Mogolien étoit Nikudar Ojlan, fils de Holagu,
deux ans & deux mois.
Argun Khan, fils d'Abaca khan, fept ans.
Gangiatu Khan ou Caikhtu Khan, tils d'Abaca Khan, trois ans & fept mois..
Baid'u Khan , fils de Targai , fils de Holagu , fept ou huit mois.
Gazan Khan, fils d'Argun, huit ans, neuf mois.
Mohammed, fils d'Argun, furnommé Khodabendé, & dont le nom Mogolien
ell Algiaptu, douze ans & neuf mois.
Abufaid Khan, fils de Mohammed Khodabendé, 19 ans.
Aiba Khan, fi]s de S.nghigan , fils de Malec Timur , fils d'Artak Boga, fils
de Tuli, fils de Genghizkan, régna cinq mois.
■ Les Genghizkhaniens furent à la fin dépouillez par les Timurides , c'eft-à-
dire, par Tamerlan & fes defcendans l'an 736 de l'Hegire , car ils les chaire'-
rent du Turkeftan & de la Tranfoxane , & les obligèrent de fe retirer dans
le paj^s des Uzbecs ou Jouzbeghs , fort avant dans le Nord.
Ces Timurides régnèrent dans la Tranfoxane jufqu'en l'année 900 de l'He-
gire, & de J. C. 1494, dans laquelle Schaibek Khan, fils dé Boudak , Sultan
dés Uzbeks, qui fe difoit être de la race de Gengizkhan, chafl^a les Timurides
du Turkeftan & du KhoraiTan, & les contraignit de s'cnfuïr aux Indes, où ils
fondèrent la dynaftie des Princes ou Empereurs qui y régnent aujourd'huy ,
& que nous appelions les grands Mogols , à caufe qu'ils font de race Mogo--
lienne ou Tartare. l^oyez le titre de Schaibek.
Marafchi ou Marakfchi a écrit l'hiftoire de Genghizkhan & des Mogols dans
la troifième 'partie de fon hiftoire , qui fe trouve dans la Bibliothèque du
Roy., l^oyez le titre de Marafchi. Nous avons encore fa. vie en vers Pcr-
fiens.
jENN ou Ginn, en Arabe, eft le même que Div en Perfien, & Deura eiï
icn, c'ell-à-dire , un Génie ou Démon, qui a un corps fait de matière plus
hilp'nne la nôtre, telle qu'efl celle de l'élément du feu.
G
Indic
fubtile que la nôtre, telle qu'
Ces Génies , félon la Mythologie des Orientaux , ont été créez & ont gou"-
v-erné le monde avant Adam. P'oyez le titre de Giân. Cette efpèce de créatu-
res félon la même doélrine fabuleufe , comprend les bons & les mauvais An-
ges', & même les Géants qui ont fait la guerre aux hommes dans les premiers
tems. Ils ont été depuis confinez dam un pays nommé à caufe d'eux Ginnif-
tan,*c'e(t la Féerie ou le pays des Fées de nos anciens Romans, où il y a des-
villes admirables, telles que Schadoukiàm, &c.
Les Mages de Perfe donnant à chaque jour & à chaque mois de l'année un
dp CCS Génies qui y préfident ; ils en affignent encore un particulier à chaque
Ailre, aux montagnes, aux mines, aux eaux , aux arbres, &c. Il femble que
les Mufulmans en attribuent au^Ti aux hommes. Foyez les titres rf'Amrou Beir
Leith, de Mota(r3m, de Div, de Péri & auti-es. .
Ben Schohnah raconte qu'en l'année 456 de l'Hegire , de J. C. 1063 , fous
le r'^gne de Caiem, vingt-fixième Khalife de la race des Abbaffides , on fema
dans Bagdet un bruit, qui fe répaudit enfuitç dans toute la province d'Iraque,
° que
G E NfN. G E N N A H. lox
que quelques Turcs étant à la chaiïe , virent dans le défert une tente noire
fous laquelle il y avoit beaucoup de gens de l'un & de l'autre fexe , qui fe
battoient les joues, & poulToient de grands cris, comme il eft ordinaire de
faire en Orient, quand quelqu'un eft mort. Parmi ces cris on entendoit ces
paroles: Le grand Roy des Ginnts ejl mort, malheur à cz p(iyî\ & il fortit enfuite
une grande troupe de femmes fuivies de beaucoup d'autre canaille qui allèrent
à un cimetière voilin, continuant toujours de fe battre en ligne de deiiil, &
de douleur.
Le célèbre Hiflorien Ebn Athir rapporte que fe trouvant l'an 600 de l'Hè-
gire, de J. C. 1203, à Moful fur le Tigre, il couroit dans tout ce pays-là une
maladie épidemique qui s'attachoit à la gorge, & que l'on difoit qu'une femme
de l'elpecc des Ginncs, ou des J<"ées, nommée Omm Ankoud, ayant perdu un fils,
tous ceux qui ne la confoloient pas fur cette mort, étoient attaquez de ce mal:
de forte que pour en être guéris , les hommes & les femmes s'allembloient , &
fe battant les joues, crioient de toutes leurs forces r ^(?! Omm Ancoud Adâherina,
Mat Ancoud ou ma Derina, O mère d'Ankoud excufez nous, Ancoud eft mort,
& nous n'y fongions pas.
La même chofe , félon le rapport de Ben Schonali , étoit déjà arrivée en Egypte
fous le règne du Khalife Dhahele Fathimite: un mal de gorge régnant dans le
pays, le remède étoit de faire une efpece de bouillie fort épailTe qui eft en
ufage dans le paj-s, & de la jetter dans le Nil, en répétant plufieurs fois ces
paroles : la Omm Halcom aadherina , mdt Halcom ou mad^rina. O mère de Hal-
com excufez-nous; tLilcom eft mort, & nous n'y penfions pas.
La première de ces hiftoires eft aflez femblable à ce que Suétone raconte que*
du tems de Tybere on entendit crier dans les forêts : Le grand Pan eft mort.-
Pour les deux autres il fuffit de dire que ce font des remèdes fuperftitieux pris
de la fignitication de Ancoud & de Halcom, qui fignifient en Arabe la gorge oit
cette forte de mal s'attachoit,-
GENNAH, le Paradis. Les Mufulmans tiennent qu'il y a huit Paradis &
fept Enfers, c'eft-à-dire, huit degrez de béatitude pour les Bienheureux, & fept
degrez de peine pour les Damnez. Ils veulent donner à entendre par ce nom-
bre inégal que la mifericorde de Dieu furpaife, pour ainfi dire, fa juftice.
Un Poëte Turc expliquant le fentiment d'Ali qui difoit que, quand on lui
ôteroit le voile qui lui cachoit les choies fpirituelles , il ne les croiroit pas avec
moins de certitude, ni fermeté, parle ainfi ; Je connois fi certainement, & je
croy fi fermement qu'il y a huit paradis pour les élus, & fept enfers pour les
reprouvez, & cela par les yeux de mon ame ,' & par la lumière de la foy;:
que quand on leveroit tout à coup le voile de ce corps qui me les cache, la
certitude & l'alTurance que j'ay de ces chofcs-là, n'augmenteroit, ni ne diminue-
roit en aucune manière à mon égard.
Je mettrai icy quelques fentiméns des Mufulmans touchant le Paradis , pour
faire mieux connoître l'idée qu'ils s'en forment.
On lit dans le chapitre de l'Alcoran intitulé Taoïibaî , ou de la Pénitence,
ces paroles : Dieic a acheté des fidelles leurs vies , éf ^eurs biens , leur donnant en •
échange le Paradis. Vaffich dit que ce verfet fut écrit au fujet de la converfion
de plufieurs infidèles, lefquels après avoir fait profeffion de la foy Mufulmanne,..
N 3 deman--
102 'G E N N A H.
demandèrent à Mahomet à quoy ils étoient obligez envers Dieu, «Se envers lui,
& qu'il leur répondit: A l'égard de Dieu vous n'êtes obligez à autre chôfe, finon
à l'adorer & à le fervir lui feul aux dépens de vos biens, & de vos vies, &
quant à moy, je vous demande feulement que vous m'aimiez autant que vous
faites vos vies & vos biens.
Ces Profelytes , après avoir ouy ce difcours , s'écrièrent tous d'une voix Ribh
al bit la tekil u la nejlekil. Voici un marché fort avantageux , contre lequel
nous ne reviendrons jamais. Ces mots qui ont paffé comme en proverbe parmi
les Arabes , font expliquez en ces termes par un Interprète Perfien : Cette
façon de parler, Dieu acheté les âmes ($ les biens des fidelks y eft métaphorique,
& non pas propre; elle nous fait voir feulement combien il eft vray que Dieu
donne fon paradis aux Fidelles qui employent leurs vies , & leurs biens à fon
fervice. La preuve que ceci n'eft qu'une métaphore , eft que l'achapt & la
vente n'ont lieu qu'où il y a différence de poiTelfeurs & de polTefîîons ; or eft-il
qu'il n'y a aucune perfonne , ni aucune chofc dans le monde qui n'appartienne
à Dieu; car l'efclave, & fon bien appartiennent à celui qui en eft le Maître.
C'eft donc, pourfuit cet Auteur, comme fi Dieu difoit: il dépend de toy, ô
homme, de me donner ta vie, & ton bien, & il dépend de moy de te donner
le Paradis ; la vie eft un fond de péchez & de miferes , & tes biens font une
fource d'orgueil & de rébellion : Vends , & aliène donc pour le fervice de Dieu
deux chofes méprifables, pour acheter un bien aufîî defirable qu'eft le Paradis.
Gelaleddin Al Balkhi paraphrafe ainfî ces paroles dans fon Methnevi. Jette
une pierre pour recevoir un joyau, donne une poignée de terre, & reçois en
échange de l'or. Enfin pour une chofe vile, & perilfable, reçois un bien ex-
cellent & éternel.
On lit dans le livre intitulé Kefchdf , & dans ^in al mâani l'hiftoire fuivante qui
a un grand rapport à ce qui a été dit cy-deifus. Un Arabe du defert pafîant devant
la porte de la Mofquée de Medine, entendit quelqu'un qui recitoit ces paroles:
Dieu a acheté les âmes âf ies biens des Fidèles , âf leur a donné eji échange le para-
dis. Il demanda auflî-tôt de qui étoient ces paroles, & on lui répondit qu'elles
étoient de Dieu. L'Arabe voulut fçavoir cnfuite dans quel tems cet achapt & cette
vente avoient été faites, & on lui répliqua que ce contrat avoit été palfé dans
le commencement des tems, lorfque Dieu fit un pacl avec Adam, & avec toute
fa pofterité , par ces paroles : Ne fuis-je pas vojîre Seigneur ^ ^ ne me rcconnoijjlz-
vous pas pour tel , & le refte , comme l'on peut voir dais le titre d'Adam.
L'Arabe qui fut éclairé de Dieu dans ce moment, lui dit r.u(îî-tôt ces paroles: Je
trouve ce marché fort bon, fi vous ne le retraftez point. Seigneur , je n'ay
garde de m'en dédire: car vous achetez de moy une ame chargée de péchez,
& quelques biens pafi'agers , au prix d'une félicité éternelle. Bien loin de ne
pas accepter ce marché , je vous abandonne dès maintenant & mes biens , &
ma vie.
Azizi dit fur ce fujet: Celui qui acheté un efclave dont il connoît les défauts,
ne peut plus le rendre à celui duquel il l'a acheté, ni en redemander le prix,
Ainfi il n'y a point lieu de craindre que Dieu qui nous a achetés, quoy qu'il
connût nos imperfeélions & nos miferes , nous chafl^e , & nous renvoyé au
Démon, nôtre premier maître, ce qui eft exprimé par un Poëte en ces termes:
J'efpere , Seigneur', que je ne feray point rejette de vous comme un efclave
plein
G E N N A H. 103
plein de défauts, puifque vous avez eu la bonté de m'acheter après les avoir
connus parfaitement.
L'Auteur des Nafehât dit auffi : Vous m'avez vu & connu , Seigneur , de
toute éternité, & après m'avoir vu & connu avec tous mes défauts, vous n'a-
vez pas laiflTé de m'acheter. Cette connoifTance efl toujours prefente en vous,
& la honte que j'en ay me couvre d'une confufion perpétuelle. Ayez pitié.
Seigneur, de celuy que vous avez une fois agréé & accepté. Voyez Hulîain
Vaêz page 367.
Il y a enfuite de ce texte du chapitre Taoubat , le verfet qui fuit : Rejouijfez-
vous donc de cette vente que vous avez faite ^ (3' de ce prix avec lequel vous avez été
achetez ; car c'ejl un grand bonheur pour vous.
L'Auteur des Medarek rapporte que l'Imam Giafer Sadik difoit aux fidelles.
Vôtre prix n'oft autre que le Paradis , gardez- vous bien de vous vendre pour
une chofe de moindre valeur.
Le Methncvi Manevi dit auflî très-élegamment en fa langue. L'homme eft fi
miferable, qu'il ne fe conuoît point. Tantôt il s'élève trop, & tantôt il s'ab-
baiire & s'avilit trop ; il fe donne fouvent pour un prix fi bas , qu'il fait pitié ,
femblable à un pauvre fol qui coud des haillons à un habit de brocard, ou qui •
vend celui-cy pour avoir les autres.
Quoyque les Mufulmans ne connoifîent pas clairement la rédemption des hom-
mes, faite par Jesus-Christ, ils ne laifrent pas d'en avoir quelque lumière,
comme il paroît par leurs expreflîons aflez femblables aux fentimens des Chré-
tiens. C'ell: un effet de la force invincible de la vérité, dont la lumière percé'
les ténèbres les plus épaifles de l'erreur.
Au chapitre troifième de l'AIcoran intitulé de la famille d'Amran , on lit
ces paroles. Le retour à Dieu eft le meilleur que Von puijfe faire. La verfion
Perfienne dit: Il fait bon retourner à Dieu, puifqu'il n'y a aucun autre bien
comparable à luy.
Un autre Auteur Perfien paraphrafe ainfi ce verfet. Vôtre paflîon vous
fait courir par les plaines & par les montagnes ; mais enfin après toutes ces
courfes qui font autant d'égaremens , il faut revenir au gîte , & il n'y a point
d'autre retour que vers luy.
On lit enfuite dans le même texte. Ceux qui retournent à Dieu en le fer vaut,
trouveront un paradis oit il y a des jardins fur le courant des rivières, oii ils vivront
éternellement avec leurs femmes qui feront très-pures; mais outre ces délices, ils joui-
ront du bon plaifir de Dieu qui les rendra contens. La paraphrafe Perfienne porte:
mais outre ces délices , le bon plaifir de Dieu qui fe complaît en eux , & qui
eft content d'eux , furpafi^e toutes chofes , & leur tient lieu de tout ; car Dieu
étant content d'eux, il les rendra pleinement contens, & fatisfaits de lui, par
luy-même.
Il n'eft donc pas vray, ce que plufieurs Auteurs qui ont combattu le Mnhome-
tifme, ont avancé que les Mufulmans ne reconnoifl^ent point d'autre béatitude dans
le ciel, que la joûifiance des plaifirs des fens. Dans le même chapitre page 8(5,
du texte Arabique nous trouvons encore ce verÇct. Ae penfez pas que ceux qui
font tuez dans les batailles données pour la caufe de Ditu, fuient morts:, car ils vivait
ViTitabkment auprès de leur Seigneur qui les pourvoit abondamment , çf les fait jouir
avec
104 G E N N A H.
avec im extrême plaifir de tout ce qu'il a de plus grand, â? de plus excellent. Meii
Fadhlihi.
Huflain Vâez explique ainfi ce terme. La magnificence de Dieu confille en
ce qu'il donne à fa créature la béatitude qui n'eft autre que fon bon plaifir,
c'eft-à-dire , la complaifance qu'il a pour eux, après laquelle, & auprès dcla-
quelle il n'y a point d'autre bien qui foit comparable, ni même concevable.
L'Auteur du Tefsir Kebir dit que lorfque les âmes faintes font éclairées dans
la béatitude des rayons de la lumière Divine, leurs fubflances font entièrement
pénétrées de la fplendeur de ce qu'elles connoiffcnt, & c'eft le premier degré de
la félicité qui ell exprimé par ce mot du verfet , Jorzecoun , ils font pourvus
abondamment. Après cette pénétration intime de la fource des lumières éter-
nelles , les âmes des bienheureux entrent dans un grand repos qui leur caufe
une joye inexplicable qui fait le fécond degré de la béatitude exprimé par le
mot Farehin, Remplies de joye. Ores cette joye confifte particulièrement en ce
qu'ils ne fe voyent pas feulement arrivez auprès de l'objet qu'ils aiment ; mais
qu'ils s'y trouvent intimement unis , f^oiijfoul betaman vejjàl ; car on ne peut
pas concevoir un plus grand plaifir, ni de plus grande joye, que de contem-
pler, & de goûter intimement la beauté de la face glorieulè du Seigneur, I\kdhr
begemâl vegeh kerim , ce qui a fait dire à un Auteur myftique pour exprimer
cet état: La fource du plaifir & de la joye efb où l'objet aimable fe rencontre.
Pour moy je ne travaille à autre chofe qu'à me jetter à corps perdu dans
cet abîme.
A la fin du même chapitre d'Amran, page pi , du texte Arabique il efl dit
de ceux qui font fidèles & obcïfîans à Dieu : Ils auront des jardins autour def-
quels couleront des fleuves , àf Us y demeureront éternellement^ recevant continuelle-
ment de nouveaux prefens de la part de Dieu. Les Interprètes difcnt que le mot
Nûziil , qui eft icy cmiployé , fignifie tout ce que l'on prépare dans le logis pour
bien recev^oir un hôte, & que comme la grandeur, l'excellence & la multitude
des apprêts que l'on y fait , marquent l'eflime que l'on fait de la perfonne
qui y efl reçue, le Paradis étant l'apprêt que l'on fait aux hôtes de la Cité
de paix , on ne peut point leur faire de plus grand prefcnt que celui qui les
comprend tous, qui cil: la vue de Dieu môme, famaschai anovar lika^ ce qui a
fait dire à un Auteur fpirftuel & dévot : O vous qui me conviez à jouir des
délices du Paradis, ce n'cll pas le Paradis que je cherche, mais feulement la
fac de celuy qui fait le Paradis.
Pour arriver à ce bonheur, voici ce qu'il faut faire , fuivant le verfet qui
finit & termine le chapitre d'Amran. Jl vous qui êtes déjà ftdcles , il ne rcjîe
plus, flnon de foitjfrir , de pcrfeverer, de vous attacher à Dieu, âf de marcher avec
crainte devant lui ; car par ce clicmin vous parviendrez au bonheur du Paradis.
Les Literpretes expliquent ainfi ces paroles : Souff'rez en combattant vos
paffions , «Se les afiTijetiilant au fervice de Dieu. Perfeverez dans l'uoion de vos
cœurs avec la volonté de Dieu, vous refignant h lui dans les affligions de la
vie, & acquiefçant en toutes chofes aux ordres de fa Providence. Attachez,
& liez vos efprits à cette feule penfée de vous unir à lui , les détachant de
toutes les imaginations qui vous en peuvent feparer. Confervez foigneufement,
& avec crainte , les grâces que Dieu vous fera , & gardez- vous de les perdre
par la communication trop familière avec les hommes. 'Ceft ainfi que vous
parviendrez à la félicité qui confille à être développez du voile des créatures,
pour
GENNAH. j^^
pour être anéantis en Dieu , & pour paffer de cet aneantiflement à un être
permanent & inaltérable avec lui.
Un Auteur a dit excellemment fur ce fujet : Si vous voulez fubfifler éter
nellement heureux , aneantiffez-vous dans le tems; car la moindrt: chofe que
produit cet aneantifTement, c'eft une éternité.
Nous remarquerons icy que Mahomet, après avoir promis à fes Arabes des
jardins de délices pleins de fources abondantes d'eau dans l'autre vie , il les alTure
aufli dans le même chapitre, qu'ils auront des demeures, & des Palais maoni-
fiques dans les jardins d'Eden , mot Hébreu qui eft le nom du paradis terrcftre
dans la Genefe. '
Les Interprètes varient fur l'explication de ce mot; car les uns difent que
c'efl le nom d'une ville du Paradis, au milieu de laquelle fe trouve la fontaine
ou la rivière qu'ils appellent Tafnim, de laquelle tous les bienheureux font
abbreuvez.
Les autres veulent que ce mot ne fignifie autre chofe que le degré le plus
haut de la félicité, & de la gloire que polledent les Bienheureux dans le ciel.
L'Imam Thaâlebi dit qu'Eden efl le nom d'une de ces grandes rivières dont
les rivages font bordez de jardins délicieux; car les plus rigoureux Mufu'mans,
ou pour mieux dire , les plus fuperftitieux d'entre leurs Dofteurs , foùtiennenc
qu'il faut entendre à la lettre toutes ces expreffions groffieres qui re<Tardent
les délices du corps dans le Paradis, & confondent le Paradis terreftre, ^Paradi-
fum yoluptatis, duquel il efl parlé dans l'Ecriture fainte, avec le Paradis de la
gloire, taxant d'impiété ceux qui les allegorifent , & fpiritualifent à la manière
des Chrétiens & des Juifs mêmes.
Cependant après les promelfes de ces délices corporelles , le faux Prophète
s'eft trouvé obligé d'ajouter ce que nous avons déjà vu dans le chapitre Taou-
bat, qu'outre ces délices, il y a encore quelque chofe de plus grand dans le
Paradis. U Rifuàn mm Allah acbar: Mais la complailance que Dieu a dans les
Bienheureux, pafle toutes chofes.
Les Interprètes difent que cette complaifance de Dieu eft le principe de
tout le bonheur , & l'origine de toutes les faveurs. Ce qui fait dire à un
d'entr'eux : L'un vous demandera. Seigneur, la joiiilfance du Paradis, & de
fes délices , & un autre , la délivrance d'enfer & "de fes peines : Pour mov je
ne' vous demande ni l'une, ni l'autre de ces chofes. Mon feul defir eft que
vôtre volonté s'accomplilfe en moy. Quand vous ferez content de iTioy en ce
monde-cy & fautre , j'ay tout ce que je fouhaite , & j'abandonne tout le refte
■entre vos mains.
Les Mahometans ont une de ces traditions qu'ils appellent authentiques , qui
porte que Dieu demandera aax Bienheureux s'ils font contcns , & ils lui
répondront, comment ne le ferions-nous pas, puifque vous nous avez fait des
dons que vous n'avez point faits aux autres: & Dieu leur répliquera, Je veux
vous en faire encore un plus grand , c'eft que dorefnavant je me complairai
en vous, & que vous ne deviendrez jamais plus l'objet de ma colère.
Dans le chapitre intitulé Jonas , le "faux Prophète , après avoir pai-lé des jar-
dins délicieux, & des eaux abondantes du Paradis, voyant bien que cette béa-
titude qu'il promettoit à fes fidelles ne fatisferoit pas les efprits les plus éclai-
rez , il ajoute ces paroles, dans ces jardins de délices les Bienheureux difent
fans cefle : Vous êtes Saint le Seigneur nôtre Dieu , & le bon accueil qu'ils
Tome IL O , reeoi-
io5 G E N N A H.
reçoivent eft le Salam, ou falut qui fignifîe: La paix foit fur vous, & eiifîn
la confommation de toutes leurs aftions efl de dire: Louange à Dieu Seigneur
de toutes les créatures. ^Ihamdlellah rabb al dlemin.
Les Interprètes de ce vcrfet difcnt: Lorfque les Fidèles entrent dans le Para-
dis pénétrez qu'ils font de la lumière de gloire qui leur découvre la Majelté
de Dieu , ils fe portent d'abord à loiier , & à magnifier fa grandeur , & fa
puiflTance fouveraine. Alors les Anges leur fouhaitent la paix , Dieu la leur
donne, & leur confère en même tems plufieurs grands prefens qui font divers
de-^rez d'élévation, & d'excellence , les uns au delîus des autres. Les Bienheu-
reux, après avoir reçus ces prefens de Dieu, le louent, & le beniffent, finiifant
fans jamais finir, leurs aftions de grâces par le cantique des attributs glorieux
du Seigneur, & la joye qu'ils refientent en louant & magnifiant ces divins attri-
buts, elt fi grande, qu'elle furpaffe tous les autres plailirs du Paradis.
C'efl; ce qui a fait dire à un Auteur Perfien: Le plaifîr & le goût qu'ont les
Bienheureux comme autant d'amans paflîonnez , à prononcer les noms ou attri-
buts glorieux de Dieu , leur efi: plus doux que la demeure éternelle dans le
Paradis même ; car quoy que dans ce lieu de délices il y ait des plaifirs fans
fin, ils comptent pour rien tout le reflie, en comparaifon de l'union qu'ils ont
avec Dieu.
Le Scheikh al âlem dit : Il y a un bien dans le Paradis auprès duquel tous
les autres biens du Paradis même font defedueux, & peu confiderables. Ce
bien efl: la vûë de Dieu , & il s'écrie enfuite. Le Paradis , Seigneur , n'efi;
fouhaitable, que parce que l'on vous y voitj car fans l'éclat de vôtre beauté,
il nous feroit ennuyeux.
Cette vue que nous appelions la vifion beatifîque, efl: nommée dans le chapi-
tre de Houd Agr acbar,' la grande recompenfe. Voyez Hudain Vaêz p. 403.
Au même chapitre: Dieu appelle, âf invite à la Maifon de paix , âf met dans
le bon chemin ceux qu'il lui plaît d'e?ître les bons, qu'il recompejtfe, S' enrichit de fes
biens. Les Interprètes difent que cette maifon de paix efl: le Paradis defi:iné
pour les Fidèles , où Dieu les convie , les excitant à la pratique des bonnes
œuvres qui en donnent l'entrée.
Le Paradis efl: appelle maifon de paix à caufe du falut & de la paix que Dieu
& fcs Anges donnent à ceux qui y entrent , comme l'on a vu cy-deflîis ; ou
bien à caufe du falut de paix, & de conjouifiance que les Bienheureux fe don-
lient les uns aux autres , ou bien encore , à caufe que ce mot Salâm efl: un
des noms ou attributs de Dieu qui efl: nôtre paix, & nôtre falut; de forte que
c'efl; par excellence que le Paradis efl: appelle la demeure de Dieu , ou de
la paix.
L'Auteur des Foflbul ou Articles dit fur ce paflage que Dieu appelle les fidel-
les d'une maifon , dont les larmes font Tentrée , la mifere le fejour , & la cor-
ruption, la fin, à une autre maifon, dont l'entrée efl: un don très -précieux
qui efl: celui de la predefl:ination , le milieu , oii la demeure efl: la joiiiffance
de tout bien, & la confommation fans fin en efl: la claire vifion de l'eflence
Divine , Men dâr aoualho beka aouftho dna akherho fena âla dar mabdaho âtha
aoufthho ridha imntehaho lica. Cette voix de Dieu qui appelle les fidelles , efl:
celle qui appelle les. captifs à la liberté; ces captifs engagez dans les liens du
monde & de la vie, croyent n'être -là que pour mourir. Il efl: vray que les
Roys de la terre tirent ordinairement les coupables de la prifon pour les en-
voyer
G E N N A T. lo^
voyer au gibet : mais vous , Seigneur , vous les tirez des balTes-foITes , & des
cachots de ce monde , pour les placer dans vôtre Palais qui eft le Paradis.
Le Schéikh al Iflam dit que Dieu appelle tous les hommes au Paradis, à la
referve de ceux qui le rendent indignes d'une telle faveur; mais Afchûri étant
interrogé, qui eft celui qui efl; appelle au Paradis, répondit: Celui que l'.imi
veut, & pour qui il a de la predile6lion , ce qui fignifie les feuls predeftinez
& clûs.
On lit dans le chapitre NaiTa ces paroles. Nous placerons les fidelles dans ime
ombre ftable , ^ permanent:. La plupart des Interprètes avoiient franchement
que Mahomet a mis de l'ombre dans le Paradis, à caufe que les Arabes qui
font beaucoup incommodez de la chaleur du Soleil, regardent l'ombre comiae
la principale caufe du repos, & de la commodité de la vie : cependant ils fe
font cette objeélion : Comment pourra-t-il y avoir de i'ombre, puifqu'il n'y
aura ni Soleil, ni aucun autre Aftre qui la puiflb caufcr.
Les plus fpirituels difent que par cette ombre continuelle, & non paffngere,
il faut entendre la protedion favorable du Roy de gloire, qui couvrira perpé-
tuellement les têtes des Bienheureux, & cette ombre ne paifera point; ce qui
leur fait dire: Toutes les ombres, c'eft-à-dire, toutes les faveu/s de ce monde,
à la fin fe diffipent: Fuyez à l'ombre de celui qui ne palfe jamais.
Soiouthi a fait un livre exprès touchant l'ombre du Paradis , qu'il a intitulé
Bozough al heldl , o\x il fait la defcription du trône de Dieu que les Arabes
appellent Arfche. f^oyez ce titre.
Le même Auteur en a auffi compofé un fur !a tradition vulgaire des Mahome-
tans, laquelle a eu grand crédit parmi nous, à fçavoir que les femmes n'entre-
ront point en Paradis. Ce livre a pour titre Ajbdb al kejja fi hal al nejfa. On
attribue auffi à Giaouhari un Ouvrage fur le même fujet.
On fonde cette tradition fabuleufc fur une plailar.terie que fit Mahomet à une
vieille femme qui fe plaignoit à lui de fon fort fur le fujet du Paradis, car il
lui dit que les vieilles n'y entreroient point, & fur ce qu'il la voyoit inconfo-
lable, il la ralTura & la réjouit en même tems en lui difant que toutes les
vieilles feroient rajeunies avant que d'y entrer. Lamdi dans fes Lathaif.
Quoy qu'il en foit du Paradis des Mahometans , il efl; certain qu'il a été
forme fur le plan de celui de Cerinthus. Cet ancien Hercfiarque qui vivoit
dès le tems de l'Apôtre faint-Jcan , foûtenoit que l'on mangeroit , que l'on
beuveroit, & que l'on exerceroit les fonctions du mariage dans le Paradis. II
y a plufieurs auffi de nos contemplatifs qui ont crU que le corps ayant eu
part aux foufFrances de cette vie, auroit fa part à la béatitude, & qu'au moins
les fens de la vue, de l'ouye, & quelque autre joUiroient des plaifirs qui leur
font propres.
Le faux Paradis de Scheddd qui efl: nommé par les Arabes Irdm , efl: rejette
par les Mufulmans , quoy qu'ils l'admettent en plufieurs chefs, l^oyez Sche-
dâd, &" Iram.
GENNAT Adn ou Eden, le Jardin d'Eden, ou le Paradis terrefl;re. Les
Mufulmans qui joignent brutalement les délices de la terre avec celles du
ciel, confondent ce Paradis avec celui de la gloire, auffi bien que celui d'Iram
-quQ Schedâd avoit planté dans l'Arabie.
O 2 Quoy
io8 G E N N I. G E R B I.
Quoy que la plupart des Mahometans, inftruits par le livre de la Genefe^
mettent ce Paradis dans la terre ferme de l'Afie , c'eft à fçav^oir vers Damas
en Syrie , vers Obollah en Iraque ou Chaldée , ou en Perfe vers le defert de
Naoubendigian en un lieu nommé Scheb Baovân , arroufé par le Nilàb : cepen-
dant la plus ancienne & la plus générale tradition de l'Orient eft: que ce Jardin
ou Paradis n'elt autre que l'ifle de Serandib que nous appelions aujourd'huy
Zeilan ou Geilan, où l'on prétend qu'Adam fut enterre, après qu'il fut rentré
en grâce auprès de Dieu, enOiite d'une pénitence de cent trente ans. Les Por-
tuguais fuivant la tradition du pays ont nommé la montagne où eft la grotte , &
le fepulcre d'Adam, iico de Adam.
Les Orientaux comptent quatre Paradis dans FAfie , à fçavoir les trois dont
nous venons de parler en Syrie , en Chaldée , & en Perfe & le quatrième à
Samarcand.
G E N N I. Aboulberekat Mobarek Othman Ben Genni , Auteur du livre in- -
titulé Serr al Sandat^ le fecret de l'art. Ce n'eft qu'une Grammaire Arabique,
qui fe trouve dans la Bibliothèque du Roy, n°. iioo.
GENOU A H, la ville de Gennes. Genovizlar , c'eft ainfi que les Turcs
appellent les Gennois , que l'on accufe à tort d'avoir fourni des vaiifeaux à
Amurath fécond du nom, Su'tan des Turcs, quand il paffa d'Afie à Gallipoli en
Europe, pour donner bataille à Ladiflas Roy de Hongrie; car lorfqu'il défit ce
Prince dans les marais de Varna vers les cmboucheures du Danube fur le Pont
Euxin , l'an de l'Hegire 848 ou 849, qui répond à l'année de J. C. 1444, l'ar-
mée navale des Chrétiens étoit poftée à Gallipoli dans l'Hellefpont , & lui en.
ferma le palFage.; de forte qu'il fut obligé de palfer au Bofphore de Tlirace.
qui eft le canal de la mer Noire.
Il eft vray que vingt ans environ auparavant, à fçavoir Tan 827 de l'Hegire,
îe même Sultan pourfuivant le faux Muftafa qui fe difoit fils du Sultan Bajazeth
premier, palTa d'Afie à Gallipoli fur des vaifi'eaux Marchands de Gennes : mais
cela ne convient pas non plus au premier trajeél que les Turcs firent en Eu-
rope fan de THegire 758, de J. C. 1356. Car alors Soliman , fils d'Orkhan,
& petit-fils d'Othman, premier Sultan des Turcs, qui mourut du vivant de fon
père , palîa de l'Afie en Europe fur des radeaux , & .enfuite fur des vailTeaux .
qu'il fit enlever fur les côtes de la Grèce.
GERA HE M, Montagne diftante environ trois mille de la ville de la Mec-
que. Les Mufulmans difent que l'on voit dans cette montagne une grotte où
Eve fe retiroit ; mais que le véritable lieu de fa fepulture eft à Gidda , ville
frtuée fur la mer rouge qui fert de port à la Mecque.-
GERBI & Gerbia. C'eft une ifle de la mer de Barbarie, que les Anciens
ont appelle MeninXi, Meninga^ ^ Loii-phagorum Infiila. Les Italiens l'appellent-
aujourdluiy le Gfrbé^ elle eft proche de la petite Syrte dans une égale diftance,
de Tunis & de Tripoli. .
Dragut fameux Pyrate , & Généraldes forces Maritimes de Soliman Sultan
des Turcs, après s'ètrc rendu maître de Tripoli l'an de l'Hegire 957 , & avoir
défait le Roy dç Cairoan , s'empara de cette ifle par une fupercherie qu'il fif
au Scheikh Soliman , Priuce Arabe qui y commandoit.
Les
GERÇAS. GERMA. 109
Les Maltois , fur lefquels Tripoli avoit été pris , obtinrent quelques années
après , une flotte & des troupes de Philippe Second , Roy d'Efpagne , pour re-
couvrer cette ville; mais l'entreprife ayant manqué, les Efpagnols commandez
par le Duc de Médina Caïli le jettcrent fur l'ifle de Gerbe & la prirent, obli-
geant le Schcikh, qui y commandoit, de leur payer tribut & de leur livrer le
château , dont ils firent une place confidérable qu'ils nommèrent Philippalcal-
far , où ils lailTerent garnifon.
L'an 966 de l'Hegire, de J. C. 1558, Soliman envoya Pir Ali & Cara Mo-
ftafa avec une puilFante flotte, qui battit le Duc de Médina & André Doria,
lefquels, après avoir perdu dix -huit mil hommes, vingt -fept galères, & qua-
torze vaiflTeaux, s'cnfuyrent à Malte, & lailTerent cette ifle au pouvoir de So-
liman.
GERÇAS & GERKES. rayez Kerkcs àf Tcherkes.'
GERGIS, George & en particulier faint-Georgc, Martyr, fort connu dans
rOrient & même par les Mahometans, qui le mettent au nombre des Prophè-
tes & le confondent avec Elle ; car ils lui donnent le nom ou furnom de
Khedherles & de Khizir Elia, qui efl: celuy du Prophète Elle.
Gergis, Moyne célèbre du mont Liban dans le Monadère de faint-Simeon
en Syrie, a compofé un ouvrage, intitulé Mohaverah Gedaliahy qui efl: une dif-
pute ou conférence qu'il eut avec trois Mufulmans pour défendre le Chrifl:ia-
nifm3 , dans laquelle il réfute, avec beaucoup de hberté & d'érudition, le Mu-
fulmanifme. Foyez le titre ds Mohaverah al gedaliah.
Gergis Ben Bakhtifova , Médecin Chrétien , natif de Giundifchabour , qui ,
après avoir fervi quelque tems le Khalife Almanfor & en avoir reçu beaucoup
de bienfaits, aima mieux mourir auprès des fiens en confervant la Religion de
fes pères , que d'accepter les grandes ofl^res que ce Prince lui fiifoit pour l'o-
bliger il embraller le Mufulmanifme. Abulfarage rapporte aufli de lui un exem-
ple infigne de chaflreté.
Gergis Ben Amid. Cefl: l'Auteur du Tarikh Al Moflemin, c'efl-à-dire, d'un
Abrégé de la Chronique Giafarienne, qu'Erpenius nous a donné fous le nom
d'Hifl;oire Saracenique d'Ehiiacin, Cette Hiftoirc commence à Mahomet le faux
Prophète, & finit l'an 512 de lllegire , de J. C. m 8, fous le Khalifat de
Moftedhaher & au commencement de la dynaftie des Atabecs.
GERID & Geridah, une branche de palmier dépouillée de fes feuilles. La
Numidie efl: nommée par les Arabes Beled al gerid , & par nos Auteurs mo-
dernes .le Biledulgcrid , à caufe qu'elle efl: abondante en palmiers qui fe dé-
pouillent de leurs feuilles, à caufe de la fécherefl'e exceflive du pays.
Le jeu des cannes, que les Turcs appellent Girid Oiui , fe fait avec de ces
fortes de branches taillées en traits , que les Cavaliers fe lancent les uns aux
autres dans l'Atmeidan , ou Place Royale de Confl:antinople & ailleurs , pour
s'entretenir dans les exercices de la lance , de la pique & du javelot.
Geridat al alfai- & Geridat al caflàr , font deux ouvrages compofez par Omad
Al Cateb. f^oyez le titre de cet auteur. -
GERMA & Germi, Ville Royale & capitale de l'Ethiopie, félon l'Auteur
du MéflTaet alardh, fituée au-delfus du premier climat.
O- 3 . Foyez
iio G E T H A H. G E Z E R I.
Voyez le titre de Habafchah , qui eft le pays des Abiflîns.
GETHAH & Gethé. Les Gates ou Scythes Orientaux, qui habitent au de-
là du mont Imaus & du fleuve Gihon , que les Anciens ont appelle Jaxartes.
Tamerlan fit bâtir un château dans Alchbarah , ville des Getes , & fonda en-
fuite la ville de Scharokhiah fur la rivière de Gihon , pour contenir ces peu-
ples dans leurs limites. Ce fleuve leparoit les Getes & les Cathaiens d'avec la
province de Tranfoxane , de môme que le Gihon féparoit celle-cy de la Perfe.
Voyez les titres de Scharokhiah ^ de Gihon.
GEZAIR, Plurier de Gezirah, qui fignifîe en Arabe Ifle & Prefqu'Ifle.
Gezair alomam , c'efi; ainfi que les Arabes appellent ce que le Texte facré de
la Genèfe nomme lié hagoim , les Ifles des nations , ce qui fignihe non feule-
ment les Ifles, mais aufli les Prefqu'ifles de la Grèce, de l'Italie, de l'i;;pagne,
des Gaules , &c. qui font à l'Occident , & au Septentrion de la terre lamtc.
Voyez le titre de Gezirah.
Gezair Al Khaledât, les Mes Fortunées. Ce font les Canaries & les Açores,
où la plupart des Géographes Orientaux aufli-bien que les Grecs fixent le pre-
mier Méridien.
GEZAIR ou Keflliir. Alger. Ce nom Arabe ne vient pas de Gezirah com-
me le précédent ; mais il a été corrompu du Latin Cœfarea ; . car la ville d Al-
ger n'efl: autre que Julia Ccefarea, autrefois capitale de cette partie de la Mau-
ritanie que les Romains appclloient Cccfarienfisy pour la difl:inguer de deux au-
tres provinces du même nom , que Ton diilinguoit par les furnoms de Tmgi-
tana & de Sitifenfis. i /- / ,, t. a i. ^
Cette ville efl; devenue par la fuite des tems le fiege d un Roy Arabe , le-
quel s'étoit rendu puiflànt fur la côte que nous appelions aujourd'huy de Bar-
barie. Khaireddin, fameux Pyrate, natif de Metehn, ou plutôt fon frère aîné,
nommé Oroufch , s'en rendit maître fous Sehm , premier du nom , Sultan des
Turcs, fous prétexte de fecourir le Roy de ce pays -là contre un voifin qui
lui faifoit la guerre. Depuis ce tcms-là, le Sultan de Confl:antinople a toujours
envoyé un Bâcha en Alger, qui y commande la milice, quoyque.le Divan ou
Confeil de cette ville ait toujours confervé le pouvoir d'éhre une efpèce de
Roy, qu'ils appellent Dai. •
Ce même Pyrate fut fait par Soliman , fils de Sehm , Bâcha de la mer , re-
prit la Morée fur les Vénitiens , & conquit le Pvoyaume de Tunis Tan de l'He-
gire 940, de J. C. 1533. Les Italiens l'appelloient Barbarofla , & le fiége de
Nice en Provence nous l'a fait connoître fous le nom de BarbcrouflTe. Voyez-
le titre de Khaireddin.
GEZAM, furnom de Mohammed Ebn Said, Auteur du livre intitulé Jbkar
al *fkar, qui efl; proprement un commentaire fur les Poëfics de Cairoani Al
Schaêi-. Cet Auteur mourut l'an 460 de l'PIegire.
GEZAM Al Farfi. Voyez Ebn Nefis, dans le titre de Nefis.
GEZERI, furnom de ceux qui font natifs d'une ville, nommée Gezirat
Ben Omar , fituée fur le Tigre , au Septentrion de Ninive & de MouflTal ou
Moful.
Un
GEZIRAH. GEZIRAT. i^
Un des plus illuftres entre les gens de lettres , qui font fortis de cette vil-
le, ell celui qui eft plus connu fous le nom d'Ebn Athir Al Scheibani Mag-
deddin , mort l'an 606 de THegire , duquel nous avons plufieurs ouvrages, /^'o-
<yez Ebn Athir, dans le titre ^'Athir.
Schamfeddin Mohammed Al Gezeri , Dofteur Schafeien , mort l'an de l'He-
f ire 733 , ell Auteur d'un Tarikh ou Chronique & d'un livre fur la prière ,
intitulé Hefn al Iiaffin, la forterelfe inexpugnable, qui eft dans la Bibhotheque
Royale, n°. 697, & de Mocaddemat Al Gczeriat, qui eft dans la même Bi-
bliothèque, n\ 581, où il traite de la prononciation la plus corrcéie de l'Al-
coran.
Abulâz Ifmâil Al Gezeri, dont l'éloge ou le titre eft Ufiad al âlemat al aou.
had, le Maître unique ou lingulicr des Sçavans, eft Auteur d'un traité fur les
Hydrauliques. Foyez Meglis al Scharab , la Converfation du vin ou des Beu-
veurs. Livre qui fe trouve dans la Bibliothèque du Roy, n°. 885.
Emad ou Omâdeddin Caflem Ben Mohammed Al Gezeri , a traduit du Per-
fien en Arabe le livre de Fakhreddin Razi , intitulé Ekhtiaràt , des Elevions
Aftronomiqucs.
GEZIRAH, Ifle & Prefqu'iOe en général: mais en particulier, Al Gezirah
fe prend pour la Méfopotamie , province renfermée entre les deux fleuves le
Tigre & l'Euphrate, que les Arabes divifent en quatre parties , auxquelles ils
donnent le nom de Diâr ou Quartiers.
Ces quatre quartiers font celui de Diar Bekr , appelle vulgairement Diarbek,
qui donne fouvent fon nom à toute la Méfopotamie. Le fécond eft Diar Ra-
biât, le troifième Diar Râcat, & le quatrième Diâr Mouflal.
Les Villes capitales de ces quatre cantons font, du premier Amida, que les
Turcs appellent Caraemit & Diarbek; du fécond, Nifibe; le troifième, qui por-
te aufli le nom de Diar Modhar , a pour capitale Racah , que nos Hiftoriens
appellent Arafta ; & le quatrième , la ville célèbre de Mouflld ou Moful.
11 y a plufieurs autres villes confidérables dans ce grand pays , telles que
font Roha ou Edelfe , Harran ou CarrhcC , Manbege , Rafalain , Mardin & Tek-
rit , Gezirat Ben Omar , &c. Anbar y eft auffi comprife ; mais auffî - tôt que
l'Euphrate a quitté cette ville , & qu'il a reçu les eaux des deux Zàb , que
les Arabes appellent Zabani & Zabein, qui arroufent cette province, ce n'eft
plus la Méfopotamie , mais l'Iraque Babylonienne ou Chaldée.
Le Géographe Perfien remarque , que ces deux Zâb , étant joints enfemble ,
font un canal auffi gros que celui du Tigre, & c'eft proprement le lit de ces
deux rivières qui fait la jonélion de l'Euphrate & du Tigre , ce que nos Car-
tes Géographiques ne marquent pas affez.
GEZIRAT Abdelaziz Ben Omar. C'eft la ville d'Ebn Omar, que l'on ap-
pelle encore Gezirat Bani Omar , l'Ifle des Enfans d'Omar , à caufc qu'elle
a été bâtie par les defcendans d'Omar , dans une Ifle du Tigre au - defliis de
Moufl'al. Ebn Batrik dit, qu'elle eft fituée dans le quartier de la Méfopota-
mie appelle Diâr Rabiat, que l'on nomme auffi la Terre de Thamanin, ou des
Quatre-vingts , à caufe qu'il fortit un pareil nombre de perfonnes de l'arche
de Noé, qui s'arrêta fur les montagnes de Gioud en ces quartiers-là.
Nous avons déjà remarqué, qu'une perfonne native de cette ville porte le
nom
JJ2 GEZIRAT.
■nom fimple de Gezeri ; car ceux qui font Méfopotamiens de naiflance , & qui
tirent leur origine des autres villes de cette province, prennent le nom par-
ticulier de leurs villes, comme Al Mouflali, Al Diarbekri , &c.
Abou Aioub , natif de Racah , que l'on appelle autrement Maimoun Ben
Maharan, eft furnommé Ahel al Gezirat & Alem al Raccat, le Mefopotamien
& le Dofteur de Raccah, parce qu'il étoit natif de cette dernière ville. Voyez
les titres particuliers de toutes les villes dont il efl fait ici mention.
GEZIRAT Al Arab. L'Ifle ou la Prefqu'ifle des Arabes. L'Arabie n'eft
qu'une Prefqu'ifle. Voyez le titre ^'Arab.
GEZIRAT Béni Omar ou Ben Omar. Voyez cy-dejfus GQzmt Abdelaziz.
GEZIRAT Beit Naharain, l'Iflc d'entre les deux fleuves. La Méfopota-
mie. Ce mot efl: compofé de l'Arabe & du Syriaque.
GEZIRAT Khefchk, l'Ifle fcclie ou plutôt l'Ifle Continent. La terre &
fon continent eft appellée féche par les Orientaux, à l'imitation des Hébreux, qui
la nomment Jabafchah, comme il paroît par ce pafllige de la Genèfe , £j; voca-
vit aridam terram. Cette Ifle fcche, qui peut pafler pour continent, eft fituee,
félon les Mufulmans, au de-là du mont Câf, & eft, pour ainfl dire, un mon-
de feparé du nôtre, qu'ils appellent auTi Agiaib al makhloucat , les merveilles
de la nature , félon les propres termes Turquefques du Tahmurath Nameh ou
liiftoire de Tahamurath, ^ . „^^ » -, . „ . ,
' On ne peut point douter, que cette Ifle ne foit 1 Ifle Atlantique ou 1 Atlan-
tide de Platon, au de-là du mont Atlas, qui eft appelle par les Orientaux Câf.
On eft aufïï aflez perfuadé , que cette Ifle Atlantique eft l'Amérique que les
Turcs appellent Jeni Dunia, c'eft-à-dire, le nouveau monde , auquel le titre
d' Agiaib al makhloukàt , qui fignifie les merveilles des créatures ou de la na-
'ture convient fort bien. Ainfl l'on voit, que ce nouveau monde na pas été
entièrement inconnu aux anciens. Voyez tous ces titres particuliers dans cet Ou-
vrage.
GEZIRAT Hiiat, Tlfle des ferpens. C'eft une Ifle fabuleufe , dont fl eft
fort parlé dans les Romans Perflens & Turcs. Voyez le titre de Ziiiezzamiin.
GE-ZIRAT Mafthiki, l'Ifle de Maftic. Les Arabes appellent ainfl l'Ifle de
'Chio que les Tares nomment en leur langue Sakiz Adaflî , qui fignifie la mê-
me chofc , & les Grecs modernes Eftankio , nom dont les Turcs fe fervent auf-
fi. On fçait allez que les arbres dont on tire la gomme, que nous appelions le
Maftic, croifiTent dans cette ifle.
GEZIRAT Sovâken, Ifle de la Mer Rouge, où eft fituéc la ville de Sua-
qucn fur les côtes d'Ethiopie. C'eft proprement une Prefqu'ifle qui fut con-
quife par les Turcs , fous le règne de Soliman. Il y a eu toujours depuis ce
tcms - là un Bâcha qui y commande , & qui tire beaucoup d'or du pays des
Abifllns.
GEZIRAT Tharek, flfle de Gibraltar, qui donne le nom au fameux Dé-
troit, que les Anciens ont appelle Fretum Gaditaniim , les Arabes Halk al bdb.
G H E B R. IJ3
& les Turcs Bah Bogazi, la Gorge de la porte, & SeJUah Bogazt, la Gorge de
Ceuta, à caufe que ce Détroit eil comme la Porte de la mer Méditerranée
& que la ville de Ceuta y elt fituée. Foyez Tharck.
GHEBR , mot Perfien , qui fignifie particulièrement un Zoroaflricn , un
Adorateur du feu,- & celui enfin qui fait profeffion de l'ancienne Religion des
Perfes; c'eft pourquoy on lui donne auffi le nom de Parîî : mais en généra!,
ce mot fe prend pour un Idolâtre & pour un Infidèle , qui ne reçoit ni Fan-
cien, ni le nouveau Teltament, qui vit fans loi & fans difciplinc.
Les Turcs ont formé de ce mot celui de Ghiaour , qu i's appliquent par in-
jure, auffi -bien que ccluy de Kafer , à tous ceux qui ne font pas profeffion
du Mufulmanifme. Les Auteurs du Nighiariftan & du Befter Lathaif racon-
tent une hiftoirc facetieufe , qui fait bien connoître la fignification & rufafre
de ce mot.
Il fe trouva à la Mecque , fous le Khalifat de Montaiïcr , onzième Khalife
des Abbaffides, un homme de la race des Coraifchites, qui faifoit dans fa mai-
fon des feflins où les hommes & les femmes, les garçons & les filles, de toutes
conditions, fe trouvoient. Ces gens-là, après le repas, pratiquoient tout ce qui
fe fait dans les maifons des Ghebres , fe mêlant entr'eux fans aucune diftinc-
tion d'âge ou de fexe. Le Juge en ayant été averti, chafili cet homme de la
Mecque ; mais celui-cy ne s'en écarta pas beaucoup , & fe retira fur le mont
Arafat, qui eft fort proche de la ville, & continua toujours d'y tenir fes mê-
mes afîemblées.
Le Gouverneur du pays ayant été enfin informé de la vie de cet homme,
le fit venir en fa préfcnce & lui dit : Comment , ennemi de Dieu , ôles-tu
dans le lieu facré de la Mecque & de fon territoire , exercer fi infolemmcnt
toutes les impudicitez des Ghebres ? Le Coraifchite nia la chofe , les témoins
fe préfenterent , il les reprocha & perfifta toujours dans la négative. Les té-
moins fe voyant hors d'état de le convaincre par leurs dépofitions , dirent au
Gouverneur, qu'il ne falloit point de meilleure preuve de ce fait, que défai-
re venir les Moucres , qui font les loueurs de mazettes qui fe tiennent à la
porte de la ville , & leur commander de lailfer aller leurs montures fans les
conduire; car fi ces animaux vont droit à la maifon de l'accufé, qui efl fur le
mont Arafat, l'on pourra juger infailliblement, qu'il y tient les aifemblées or-
dinaires de Ghebres & de débauchez.
L'expédient fut trouvé excellent , & les mazettes ne manquèrent pas d'aller
droit chez lui. Le Gouverneur tenant alors l'accufé fuffifamment convaincu
par cet indice , & par conféquent coupable , avoit déjà fait venir les fouets
dont il devoit être châtié, lorfque cet homme lui dit: Il v^ous efl fort aifé de
me faire punir , puifque je fuis entre vos mains , mais vous allez attirer un
grand blâme fur toute la nation des Arabes ; car l'on dira déformais d'eux ,
que quand le témoignage des hommes leur manque , ils ont recours à celui
des afnes.
Ce tour d'efprit plut fi fort au Gouverneur, qu'il ne put s'empêcher d'en
rire, & fit qu'il renvoya le Coraifchite chez lui fans châtiment.
Ces Ghebres font les mêmes que les Magious, d'où vient nôtre mot de Ma-
ge, que nous n'attribuons cependant qu'à leurs Philofophes & à leurs Docteurs.
Leurs principaux Temples ou Pyréez étoicnt dans l'Adherbigian ; mais les Mu-
^i_ToM^ IL P fui-
114 - GHERSCHASB. GHIAUSCHID.
ililmans les ont tous renveiTez. Ils en ont pourtant confervé fort loflg-tems
tin , qui étoit fort célèbre dans la ville de Herat en Khoraflan , & cela au mi-
lieu du Mufulmanifme. l^oyez les titres d Atefch gheda ou Atefch khaneh , âf
é/'Atefch pereft.
GHERSCHASB, Khondemir & l'Auteur du Tarikh Montekheb appellent
ainfi le dernier Roy de Perfe de la dynaflie des Pifchdadiens. Le Lebtarikh
appelle ce Prince Kifchtafb , fils de Zou : mais c'eft une faute ; car Gherfchasb
étoit fils de Kifchtasb, oncle de Zab ou Zou, qui le fit héritier de ^qs Etats,
parce qu'il n'avoit point de plus proche parent. On dit, que Gherfchasb étoit
Bis d'une Juive de la tribu de Benjamin, fils de Jacob, & que Roftam , fur-
nommé Daflan , étoit iflli de fa lignée. Gherfchasb régna vingt ou vingt-deux
ans , & remit fes Etats entre les mains de Caicobad , premier Roy de la fé-
conde dynafl;ie des Perles, royez Kifchtasb, fils de Zab ou de Zou.
GHERSCHIAVESCH, frère d' Afrafiab, Roy du Turkeflan , qui fit fi long-
tems la guerre aux Perfans. Ce Prince avoit une fille nomm.ée Saudabah ,
laquelle ayant été prife en guerre , fut mariée à Caicaus , Roy de Perfe. De
ce mariage naquit Siavefch , lequel s'étant réfugié dans la fuite des tems , au-
près d' Afrafiab dont il avoit époufé la fille , Gherfchiavefch piqué de jaloufie
contre fon petit-neveu, qui fe rendoit par ce mariage tout - puiflant à la Cour
de fon frère , le fit mourir : mais il fut puni de ce parricide par Caikhofru ,
fils de Siavefch , lequel , après l'avoir pouffé lui & Afrafiab dans les monta-
gnes de l'Adherbigian , le fit prifonnier & lui fit perdre la vie. Foyez Sia-
vefch â? Caikhofru.
GHIAU, en Perfien fignifie un Bœuf. Ghiavanbar , le Bœuf de l'Ambre-
gris. Les Perfans croyent, que l'Ambregris n'ell autre chofe que l'excrément
du Bœuf Marin agité par les flots de la mer, & cuit par l'ardeur du Soleil.
Les Orientaux appellent de même k Cerf du Bezoar , l'animal qui produit
cette pierre, le Chevreuil du Mufc & le Chat de la civette, les animaux d'où
l'on tire ces parfums.
Saâdi compare dans fon Gulifi;an , l'homme riche & ignorant au Bœuf de
l'Ambregris.
GHIAUHER, en Perfien eft la même chofe que Giauher^en Arabe, &
fignifie toutes fortes de pierreries , ce que nous appelions en nôtre langue des
joyaux, & d'un nom ufité parmi les Marchands de pierreries, la Joye. Les Ita-
liens difent Gioia & Gioie, & les Efpagnols Aliofar. Tous ces noms font ve-
nus de l'Orient avec les pierreries.
Ghiauher-Abad, la ville des pierreries. C'efl une ville fabuleufe que les Ro-
mans Perfiens & Turcs difent être la capitale de la province de Schadoukiâm,
qui efl; proprement le pays que les Italiens ont appelle La Caucagna.
GHIAUSCHID, nom d'un ferpent ou dragon fort terrible qui infeftoit
les confins de l'Traque & de la Perfe, & qui fut tué par Caikhofru , Roy de la
féconde dynafl:ie de Perfe. Ce Prince, pour conferver la mémoire d'un exploit
fi mémorable, fit bâtir un fuperbe Pyrée fur le lieu même où il avoit combats
tu ce monftre, & le nomma Deir Ghiaufchid.
GHILAN3
G H I L A N. G H I R I T. n^
GHILAN, Province de l'Empire des Perfes , qui s'étend le long des riva-
ges de la mer Cafpienne , depuis le 74 degré de longitude jufqu'au 76 inclufi-
vement, & comprend, dans fa largeur du côté du Midy, les degrez 35 & 35
de latitude.
Cette province a donné fon nom à la mer Cafpienne , que les Arabes, Per-
fans & Turcs appellent la mer de Ghilan. Les Ferfans l'appellent auffi Deriah
Bacovieh , la mer de Bacovieh , à caufe de la ville appellée par nos Géogra-
phes Bachu , qui eft fituée fur fes bords. On luy donne auffi le nom de Di-
lem , de Giorgian , &c. qui font des provinces dont elle eft environnée. Les
Turcs la nomment suffi Cozgoun Denghizi, la mer des corbeaux ou plutôt des
cormorans, que les Latins appellent Corvi Marini, à caufe du grand nombre de
ces oy féaux pêcheurs qui la couvrent.
Les habitans de la province de Ghilan ont peu de bled & beaucoup de ris;
c'eft pourquoy ils font leur pain ordinaire de celuy - cy , & le mangent avec
d'excellent poiflbn , que la mer leur fournit en abondance. Il n'y a dans cet-
te province que deux villes confidérables , celle de Rafcht ou Refchut qui eft
fur la mer , & celle de Lakhfchan , que l'on appelle auffi Ghilan , fituée plus
avant dans les terres.
Quelques Géographes Orientaux comprennent dans le Ghilan la province de
Mazanderan , qui eft à fon Orient , & qui confine avec le Tabareftan. Ces
deux dernières provinces communiquent auffi leur nom à la mer Cafpienne , <Sc
renferment dans leurs limites ce que les anciens ont appelle l'Hircanie.
Un des plus grands Saints & des plus fpirituels du Mufulmanifrae , nommé
Mohammed Abdalcader, eft furnommé Al Ghilani , à caufe qu'il étoit natif de
cette province. On rapporte de lui qu'il difoit à Dieu dans fa prière : Sei-
gneur, pardonnez -moy mes péchez, ou fi vous voulez me punir, faites -moy
au moins reffufciter aveugle , afin que je n'aye pas la confufion de me voir par-
mi tant de gens de bien, f^oyez les titres de Kilani 6f «i'Askili.
GHILOVIEH, Foyez Dilemgoueh (f Diamgoueh.
GHIOLGHEDISSI, furnom de Pir Mohammed Ben Moufla Al Burfao-
vi , qui eft l'Auteur du livre intitulé Bedhdat al Cadhi , le Capital d'un Juge.
Cet ouvrage eft dans la Bibliothèque du Roy, n. 707.
GHIRDABAD, Ville ronde en Perfien. C'eft le nom d'une ville bâ-
tie dans riraqoe Perfienne , par Tahamurath , Roy de la première dynaftie de
Perfe.
GHIRD GO'UEH, Montagne ronde en Perfien. C'eft Je nom particuliei*
d'une montagne de Perfe , laquelle eft de figure ronde , fituée dans une plaine ,
qui la rend inacceffible de tous cotez. C'eft dans un château bâti fur cette
montagne qu'Asfendiâr, fils de Kifchtasb, fut enfermé, & ce château auffi-bien
que la montagne , font connus aujourd'huy fous le nom de Zer Kunbudân ,
mot qui fîgnifie en langue Perfienne les voûtes dorées.
GHIRIT Adaffi, en Turc fîgnifie Tlfle de Crète ou de Candie, & la mer
^i l'environne porte le nom de Ghirit Denghizi. Il ne faut pas entendre par
P î ce
11^ G I A A D. G I A B B A R.
ce nom FArchipel ; car les Turcs le nomment en leur langue Adalar Denghi-
zi, la mer des Illes.
GIAAD Ben Dàrham. C'ell le nom d'un des principaux Docteurs de la
Sefte des Motaz;iles , qui vivoit du tems de Marvan , furnommé Hemar , der-
nier Khalife de la MaiCon des Ommiades , mort l'an de l'Hegire 132 , de J.
C. 749.
Ce Kiialife fut fon difciple & fît profeflîon de fa feéle ; c'eft pourquoy mê-
me il en porta le furnom & fut appelle Giaadi , c'efl - à-dire , le Giaadien ou
difciple de Giâad. l^oyez Khondemir dans la vie de Marvan. Ce Khalife en
fuivant l'opinion de Giàad , croyoit , comme tous les Motazales , que l'Alco-
ran , nonobstant qu'il fût la parole de Dieu , étoit pourtant du nombre des créa-
tures.
GIABAH, Ifle de la mer des Indes, voifme de celle de Calah & qui obéît
au môme Roy. Elle cil fîtuée dans le premier Climat, l^oyez Edriflî dans la
neiivihne partie de ce même Climat.
GIABALAH Ben Alaihcm , c'eil le nom d'un Roy des Arabes qui vint
trouver le Khalife Omar, pour fe foûmettre à lui & pour embralfer le Muful-
manifme. Il fut reçu avec tous les honneurs dûs à fa qualité, & Omar le prit
en fa compagnie pour faire cnfemble le pèlerinage de la Mecque.
Giabalah fe trouvant un jour à une cérémonie , il arriva qu'un homme
de baffe condition le prit par la manche & le fit fortir de fa place. Giabalah
fe fentant offenfé , lui donna auflî-tôt un foufflet ; ce qu'Omar ayant apperçu,
il dit à Giabalah , qui étoit fort ému: Appaifez-vous , autrement je commande-
ray à cet homme de vous rendre le foufflet que vous lui avez donné. Sur
quoy Giabalah dit à Omar: Quelle juftice y auroit-il dans cette aftion, puifque
je fuis Roy & que cet homme n'eft qu'un miférable.
Omar lui repartit": La Religion Mufulmane , que vous profeffez tous deux,
vous ayant afîemblez & unis enfemble , il n'y a plus de différence icy entre
l'un & "l'autre, ni entre le Prince & le fujet. Les paroles Arabiques font, Enn
Al EJIdm giamâcoma u faovi bein al malek u al foiicah filhagge.
Giabalah fut fi outré de ces paroles qu'il partit la nuit même de la Cour du
Khalife , & paflant par la Syrie avec 500 chevaux , il vint jufqu'à Conltanti-
nople , où il fe fit Chrétien avec tous les fiens. Ben Schonah.
GIABALI, furnom d'Abou Ali Mohammed Ben Abdalvahab, qui a été le
maître du célèbre Dofteur Aboul Haflan Al Afchâri , lequel profita fi bien des
leçons de Giabali, qu'il devint depuis chef de la fefte des Afchariens, & un des
quatre Imams du Mufulmanifme. Foyez le titre de Nahadh.
GIAHARIOUN, Sefte de Théologiens parmi les Mufulmans , qui ôtent
toute forte de liberté à l'homme , & veulent que Dieu crée & produife toutes
les aftions bonnes & mauvaifcs de l'homme néceffairement. Les Afchariens
font une branche de cette fefte ; mais ils y admettent quelque tempérament.
GTABBAR, Géant. Son plurier eit Giabbaroun, Giabbarin & Giababerah,
les Géants. Voilà comme les Arabes les appellent, «& les Hébreux Ghibborau
fingulicr & Ghibborim au plurier. Les
G I A B E R. ijy.
Les Perfans les appellent Div & Divan, d'un nom qui convient auflî aux Ef-
prits & aux Démons, quoj'que dans la langue Pehelevicnne , qui eft l'ancien
Perfien , on les appelldt Cai , qui eft le Prénom des Roys de Perfe de la fé-
conde dynafhie , qui porte , pour cette raifon , le nom de Caianiens ou Caia-
nides.
Ad & Scheddd, Roys de Syrie & d'Arabie, étoient d'une fi prodigieufe gran-
deur , qu'il falloit employer les plus hauts arbres des forets pour drefler leurs
pavillons, comme il efi: porté dans le chapitre de l'Alcoran, intitulé De l'Aurore.
L'on peut voir ce qui a été dit des Géans de la Paieftine, dans les titres de
Falaftin, d'Aouge, d'Amalek, & de Schcith ou Seth. Il parut, fous le règne
de Noufchirvan Cofroés , une Géante haute de fept coudées. Sacfagan avoit
quatre têtes, félon le Tahamurath-Naméh. l^oyez auj]i le titre de Tekovin.
Le fentiment des Chrétiens d'Orient, touchant l'origine des Géants dont il eft
parlé dans les premiers chapitres de la Genèfe , eft qu'Adam aj^ant fait connoî-
tre aux enfans de Seth les délices dont il joiiillbit dans le Paradis tcrrcftre ,
fit naître, dans le cœur de quelques-uns d'entr'eux, le defir d'y entrer. A cet
effet, ils ie retirèrent de la compagnie des autres, & choilirent la montagne de
Hcrmon en Paieftine pour leur demeure , où ils vi voient chaftcment & dans la
crainte de Dieu,
Ces gens ainfi retirez du commerce des autres, furent appeliez les cnfins de
Dieu, & donnèrent, par leur exemple, l'idée & le modèle de l'état Monafti-
que, qui a été depuis embraiîe avec tant de ferv^eur dans l'Orient: mais enfin,
ces Solitaires perdant l'efpérance de rentrer en polfeilion du Paradis , qu'ils
confidéroient comme l'héritage d'Adam , vinrent trouver les Cainites leurs pa-
rens & ennuyez du célibat , prirent leurs filles en mariage & engendrèrent les
Géants,
Foyez encore les titres de Tahamurath Diubend , de Div, de Péri, de Ginn âf
plufuiirs autres dans la fuite de cet ouvrage, où, il eft parlé des Géants.
GIABER, c'cft un nom qui eft commun à plufieurs Dodeurs du Muful-
manifme.
Le plus ancien de tous eft Abou Abdallah Giaber Ben Abdallah Al Anfari ,
qui a été un des premiers compagnons & difciples de Mahomet. Il étoit natif
de Medine, comme fon furnom d'Anlari le témoigne. Ce fut luy qui deman-
da à iSlahomet quelle étoit la première de toutes les créatures , & il apprit de
luy que c'étoit ce qui s'appelle Noiir ou Dorr ou Giauker, c'eft-à-dire, lumiè-
re ou fubftance prétieufe , qui fe fondit d'abord en eau , & qui fut partagée
en matière & en forme; que de la première furent faits tous les corps & tous
les efprits de la féconde.
Le fécond eft celui que nous appelions Geber, & qui pafle pour un des plus
célèbres Philofophes des Arabes, Il portoit le nom d'Abou Moulîa Giaber Ben
Haiian Al Sofi, dont nous avons le livre, intitulé Ketdb Giaber , & un grand
nombre d'ouvrages fur la pierre Philofophale, Nos Chymiftes qui n'ont jamais
lu ces livres, en font cependant un fort grand bruit dans leurs ouvrages. On
lui attribue jufqu'à 500 volumes fur cette matière. 11 vivoit au milieu du troi-
fième fiécle de l'Hegire.
Cet Auteur , qui peut avoir été le père de Mohammed Al Rattani , AI Har-
rani , & le fils de Senân , étoit originaire de Harran en Méfopotamie & Sabien
P 3 de
ri8 G I A B E R I. G I A F A R.
de Religion. Ces Sabiens, originaires de Harran , \ille natale d'Abraham, pré-
tendoient avoir hérité de la doélrine de ce Patriarche , avant qu'il paffât l'Eu-
phrate pour venir dans la terre de Chanaan , & croyoient faulTement faire pro-
feffion de la plus ancienne Religion du monde.
Il y a un autre Giabcr, furnommé Schamfeddin , qui étoit Andaloufi , c'eft-
à-dire, Arabe d'Efpagne,, & qui portoit auffi le furnom d'Al Maleki, dont il y
a plufieurs ouvrages en vers fui' l'art Poétique & fur la grammaire, qui fe trou-
vent dans la Bibliothèque du Roy, n". 1056.
GlABERI, furnom d'Ibrahim Ben Omar, qui mourut Tan 732 de l'Hegire,
& qui a abrégé le livre de Vahedi, intitulé yisbàb al Nozoul.
GIABRINI, furnom d'Ali Ben Mohammed, Auteur d'un fupplément fait
à l'hiltoire d'Alcp, compofée par Ebn Khathib.
GIACMAK, nom propre d'Al Malek Al Dhaher , qui avoit été efclave de
Malek Al Dhaher Barcok. Il fucccda à Malek Al Aziz depoffedé par les Mam-
lucs, & fut le dixième Roy d'Egypte de la dynaftie des Circaflîens. Son règne
fut de quatorze ans ; car il avoit été élu à l'â'^e de 66 ans , & s'abdiqua un
peu avant fa mort, qui arriva dans le 80 de fon âge, en faveur de fon fils
Malek Al Manfor , l'an de l'Hegire 857, de J. C. 1453 , année dans laquel-
le la ville de Conftantinoplc fut prife par Mahomet Second, Sultan des Turcs.
L'Ifle de Chypre qui avoit été prife par Barfebai , prédécefleur de Giacmak ,
ctoit encore au pouvoir des Mamlucs.
GIACOU & Giaco, nom d'un Tartare qui étoit des premiers & ûqs plus
vaillans Capitaines de Tamerlan. Ce nom eil le diminutif de Jacob; car les
Tartares & les Turcs Orientaux avoicnt des noms Juifs parmi eux, comme ceux
d'Ifrail , de Mikail , de Johanna , de Jacob & d'autres , qu'ils avoient pris des
Juifs retirez chez eux, depuis la déportation que Salmanaiîar fit des dix Tribus
du Royaume de Samarie.
GIAFAR Al Barmeki, fils d'Iahia & pctit-fik de Khaled, fucceda à la char-
ge de Vizir du Khalife Haroun Rafchid , que fon père lahia avoit pofTedée.
Khaled, fon grand -père , ayant eu la même charge auprès d'AbouI Abbas Saf-
fah , premier Khalife de la race des Abbalîîdes , & le premier de tous les Kha-
lifes qui prit un Vizir, les Khalifes Ommiades n'en ayant point eu, & leiu* Se-'
crétaire faiiant cette charge.
Ce Vizir étant monté jufqu'au plus haut degré de faveur & d'autorité au-
près de fon maître, eut le crédit de faire donner à Fadhel, fon frère, la même
charge de Vizir, quoy qu'il l'eût exercée lui-même avec tant de capacité, qu'il
fit en une feule nuit, en préfence du Khalife, mille expéditions, dans lefquel-
les on ne trouv^a rien qui ne fût fort exa6l & très-legal: auflî avoit -il été in-
ftruit par Abou Jofeph, le plus grand Jurifconfulte de fon tems.
Giafar s'étant ainfi déchargé des foins du Vizirat, fe contenta de jouir paifi-
blement des bonnes grâces de fon Maître , dont il avoit l'entière confiance.
L'on dit, que Giafar ayant trouvé un jour ce Prince plongé dans une profon-
de trifl:efie , à caufe qu'un Aftrologue Juif lui avoit prédit qu'il mourroit dans
l'année courante , il fit venir le Juif & lui demanda , combien d'années il ero-
Yoit
GIAFAR. ij^
yoît vîVre félon fa fupputation Aflrologique : le Juif luy répondit, que fon ho-
rofcope lui promettoit une longue vie. Cette réponfe fit , que Giafar coni^il-
la au Klialife de faire mourir cet Allrologue , pour le convaincre de faiiireté
dans fes prédirions , & la chofe ayant été exécutée , le Klialife fut entièrement
délivré de fa mélancolie & de fa crainte.
Ce Favori avoit un û grand crédit fur l'efprit de fon maître , que fe trou-
vant un jour en converfation avec un de fes amis, Abdalmalek Hafchemi, qui
étoit proche parent du Khalife , mais peu avancé dans fes bonnes grâces , le
vint trouver, ëc lui dit d'un ton plaintif, que Haroun ne le regardoit plus de
fi bon-œil ; qu'il étoit chargé d'une debte de quatre mil écus d'or , payable à
des créanciers qui le prelfoient fort, & que fon fils, qui étoit déjà grand & qui
avoit du mérite , ne faifoit rien à la Cour. Giafar l'ayant entendu , lui dit :
Je vous afflire, que le Khalife vous regardera déformais de bon -œil, qu'il pa-
yera vos debtcs , qu'il donnera fa fille en mariage à vôtre fils , &. qu'elle luy
apportera pour dot le gouvernement d'Egypte,
Ishac de Moful , qui étoit préfent lorfque Giafu- tint ce difcours , crut que
la chaleur du vin qu'il avoit bu avec le Khalife le faifoit parler de la forte , &
qu'il ne s'en fouviendroit plus le lendemain : mais il fut bien furpris , lorfque
Haroun déclara .publiquement à Abdalmalek, qu'il lui accordoit tout ce que Gia-
far lui avoit promis de fa part,' le jour précédent, Nighiariftan.
Khondemir écrit, qu'une des principales caufes de la difgrace de Giafar, fut
qu'FIaroun Rafchid aimant d'un côté fort tendrement fa fœur Abbaffah , & aj'ant
de l'autre une fort grande attache pour fon favory, avec lequel il paffoit ordi-
nairement plufieurs heures de converfation libre & agréable , le tems qu'il y
employoit , le privoit du plaifir de voir fa fœur , qui étoit retirée dans l'ap-
partement fecret des femmes , où les hommes , hors du Klialife , n'avoient au-
cun accez.
Pour fatisfaire ces deux pallions également violentes , il prit la réfolntion de
marier fa fœur à fon favory : car , par ce moyen , il pouvoit en même tems
joiiir de la préfence de l'un & de l'autre , fans aucun fcrupule ni difficulté. Il
ell vrai , que ce fut avec une condition fort onereufe aux deux époux , qui
étoit de ne point coucher enfemble, ni d'avoir même aucune fréquentation l'un
avec l'autre, que celle qu'ils auroient en fa préfence.
Cependant la fœur du Khalife ne put pas foûtenir long-tems la converfation
de Giafar, qui étoit jeune & bienfait, qu'elle n'en devint amoureufe , & Gia-
far, de fon côté, oubliant tout ce qu'il avoit promis à fon maître , fatisfit aux
dcfirs de la Princefle , laquelle étant devenue grolfe , accoucha Çi fecretement,
que le Khalife n'en auroit jamais rien fçu , fi une de fes efclaves ne l'eût trahie.
On envoya nourrir l'enfant à la Mecque, où le Khalife Haroun étant en pè-
lerinage, voulut en apprendre des nouvelles ; mais il ne lui fut pas poffible ,
car auffi-tôt , après fon arrivée , on le tranfporta dans la province d'Iemcn ou
Arabie Hcureufe.
Haroun étant donc pleinement informé de toutes chofes , réfolut de perdre
Giafar, avec toute fa famille qui étoit nombreufe, & pour exécuter cedefl^ein,
il ne fut pas plutôt de retour de la Mecque à Bagdet , qu'il quitta cette ville
pour aller à Anbar , où étant arrivé avec Giafar, il commanda fecretement à
un de ks plus confidens d'aller à Bagdet , & de faire emprifonner les Harraccides
qui y étoient , à fcavoii- lahia . père de Giafar , & fes trois autres enfans.
Cet
120 G I A F A R.
Cet ordre ayant été exécuté fans que Giafar , auquel HarôUll faifoit plus de
carefles qu'à l'ordinaire, en eût appris aucune nouvelle, enfin, le premier jour
du mois de Sefer Tan de l'Hegire 187, Haroun commanda à un de fes Offi-
ciers, nommé Jaffer, de lui apporter la tête de Giafar. L'officier étant entré
brufquemcnt chez Giafar, lui notifia l'ordre du Khalife. Giafar, fans faire pa-
roîcre aucune émotion ,, dit à l'Officier : Il fe peut faire que Haroun vous ait
donné cet ordre étant encore échauffé du vin ; retournez fur vos pas , & di-
tes-luy que vous avez exécuté fon ordre: s'il s'en repent je ferai encore en vie;
linon , ma tête eft toujours prête.
Jaffer n'étant pas content de cet expédient , Giafar alla avec lui jufqu'à l'en-
trée de l'appartement du Khalife, & dit à l'officier: Entrez & dites-lui que vous
lui apportez ma tête que vous avez laifi^ee dehors ; Jafier fit ce que Giafar lui
avoit propofé : mais auffi-tôt que le Khalife Teût entendu , il lui dit : Appor-
tez-la vite devant moy: A ces paroles, l'Officier fortit & coupa la tête de Gia-
far, qu'il vint jetter incontinent aux pieds du Khalife.
Cette exécution ne fut pas plutôt faite que le Khalife dit à Jafi^er : Appel-
lez-moy tels & tels. Jafi^er ayant obéï , & ces gens-là étant entrez avec Jafler
dans la chambre, Haroun leur dit auffi-tôt: Couppez-moy la tête de cet hom-
me : car je ne puis fouffrir le meurtrier de Giafar en ma préfence.
Giafar n'étoit âgé que de 38 ans , & avoit pofledé la faveur de fon maître
pendant dix-fept. Le Khalife fit attacher fa tête fur le pont de Bagdet, où elle
demeura expofée jufqu'à ce que Haroun fe mit en chemin pour l'expédition du
Khorafi!an ; car alors il commanda que l'on Tôtàt pour la brûler. Khondcmir ,
qui raconte cette hiitoirc , prend pour garand l'Emir Khovand fchah , Auteur
du Raoudhat affafa, qui n'eft autre que Mirkhond.
Le même Khondemir rapporte dans la vie de Haroun Rafchid , que dans les
comptes de fa maifon on trouva toutes les fommes d'or & d'argent , comme
^uffi les étoffer , pierreries & parfums donnez à Giafar, & que le prix de tou-
tes ces chofes mifes enfemble montoit jufqu'à trente millions de drachmes d'ar-
gent pour une feule année , & que dans le régi (Ire de la dernière année , on
trouva écrit endépenfe, quatre écus d'or en naphte & en étoupes, pour brûler
le corps de Giafar.
Le Nighiariftan , après avoir fait auffi cette remarque , cite ce dillique Per-
ficn: L'hifloire que la viciffitude des tems écrit fur le livre de ma vie, elt mar-
quée un jour par les faveurs de la fortune , & un autre par fes revers. L'al-
Jufion des deux mots de Rouzi & de Zouri elt fort élégante dans le Perfien :
'^nra rouzi nevijj'ed inra zoiiri.
On rapporte de Giafar Barmeki , qu'un homme lui ayant préfenté une fille
cfclave qu'il vouloit vendre, il la trouva fi fort à fon gré, qu'il lui en donna
quarante mil écus , ,& les lui paya par avance. La fille toute éplorée dit à
celui qui la vendoit : Ne vous fouvenez-vous point de la promefle que vous
m'avez fouvent faite de ne me point vendre V Giafar , dont la générofité étoit
incomparable , n'eut pas plutôt entendu les plaintes de cette fille , qu'il dit au
vendeur : Atteftez feulement que cette fille eil libre & que vous l'avez épou-
Tée , & je vous laiffe l'argent que je vous ay donné. Rahi alahrar.
Le même Auteur, citant celui qui a écrit l'hifloire des Barmecides, dit, que
.Giafar, un peu avant fa mort voulant aller chez le Khalife, confulta les éphç-
merides pour obferver un teras favorable à fes defleins. Il étoit pour lors dans
fa
G I A F A R. 121
fa maifon fituée fur le bord du Tigre , où un homme qui ne le voj-oit point,
.paflant en batteau, recitoit ces vers en Arabe.
Il fe gouverne par les étoiles, 6? il m fonge pas que Dieu ejl le maître des étoi-
les, ^ que fa volonté s^ accomplit toiijours infailliblement.
Giafar n'eut pas plutôt entendu ces paroles , qu'il jetta fes épliemerides & fon
.Allrolabe par terre, monta à cheval pour aller au Palais , & y trouva peu de
tems après , la mort. Voyez les titres de Barmekian , «i'Iahia Ben Khaled âf de
Fadhel.
GIAFAR , furnommé Sadek ou Sadik , c'eû-à-dire , le Jufte, étoit fils aîné
de Mohammed Baker , & d'Omm fervah , fille de Mohammed , fils d'Abubecre ,
premier Khalife. 11 eft reconnu pour le fixième Imâm, & d'une telle autorité
parmi les Mufulmans pour fa doctrine, qu'ils tiennent pour une tradition authen-
tique ce qu'il avoit accoutumé de leur dire : Interrogez - moy fouvent pendant
que je fuis avec vous ; car il ne viendra perfonne après moy qui vous puilfe
inilruire comme moy.
Il prit nailfance à Medine l'an 83 de l'Hegire , & mourut dans la même ville
où il fut enterré près de fon père fous le Khalifat d'Abugiafar Almanfor de la
race des Abbaffides, l'an 148 de la même Hégire, & de J. C. 754, âgé
de 65 ans.
On lui donne fept enfans mâles, & trois filles.
Les deux premiers furent Ifmaël, & Moulfa. L'aîné qu'il avoit déclaré fon
fucceileur dans l'Imamat , mourut avant lui ; c'ell pourquoy il transfera la fuc-
ceiTion à l'Imamat, en la perfonne de MouOa fon fécond fils: mais nonobilant
cette déclaration , il s'éleva une faftion de gens qui prétendirent qu'Ifmaël ayant
été reçu pour ainfi dire, en furvivance de la dignité d'Imam , les defcendans
dévoient jouir de la même prérogative , laquelle ils foûtenoient n'avoir pu paffer
en la perfonne de fon frère, qui faifoit une ligne collatérale.
Cette faftion a eu des partifans qui ont excité fouvent des troubles dans la
Religion, & dans l'Etat des Mufulmans, jufqu'à ce que dégénérant en rébellion
ouverte, & en impieté raanifcfte , il s'en forma une dynaftie ou Principauté
fous le nom d'Ifmaëliens, dont Halfan Sabah fut li^l^datelir en Afie.
Les Khalifes Fathemites d'Egypte font regardez auflî par les Mufulmans Ortho-
doxes, comme defcendans de la branche de Ifmaël; c'eft pourquoy ils les qua-
lifient fouvent du nom d'Ifmaëliens d'Afrique. On parlera de ces deux dyna-
fties dans leur rang.
On lit dans l'hiftoire intitulée Moroî^ge al dheheb, les Prairies dorées, qu'Abou
Moflcm ayant pris la refolution de dépolfeder les Ommiades , qu'il prétendoic
avoir ufurpé le Khalifat , follicita par fes lettres Giafar Sadik de l'accepter ; mais
cet Imam qui craignit peut-être que l'on ne lui tendît un piège , rejetta cette
propofition, & brûla même les dépêches qu'il avoit reçues fur ce fujet.
Ses Seftateurs ne laiiferent pas néanmoins de prendre ce prétexte pour {c
révolter contre les Khalifes Motadhed, & Moélafi , fous le nom de Carmathes,
comme nous verrons dans les titres de ces Khalifes.
Le même Giafar Sadik eft furnommé dans les livres fabuleux des Mahome-
tans Seidi Batthâl, c'eft-à-dire, le Preux, à caufe de pluficurs combats imagi-
ToME II. Q naircs
122 G I A F A R. G I A F A R I A H.
naircs qu'il a donnés dans des pays inconnus , menant la vie de Chevalier errant.
Nous avons encore le récit de toutes les proueircs dans un fort gros Roman
qui fc trouve en langue Turquefque.
Cet Imâra n'elt pas moins confideré cependant pour fa doftrine. II ell réputé
l'Auteur de la petite Gefre., comme Ali l'ell de la grande, yoyez les titres
d'Ali &' de Gcfr. On lui attribue auflî un livre de forts , ou Ketab Corrdat
qui le trouve dans la Bibliothèque du Roy, n^. 1007.
Le Rabi al abrâr rapporte que Giafar étant interrogé , s'il n'y avoit point eu
d'autre Adam en ce monde avant celui dont parle Moyfe , répondit, qu'il y en
avoit eu trois , & qu'il y en auroit encore dix-fept , dans autant de grandes
révolutions d'années; & comme on lui demanda fi Dieu créeroit d'autres hom-
mes après la fin de ce monde -cy , il répondit: Voulez -vous que le Royaume
de Dieu demeure vuide, & fa puifUmce oyfive? Dieu ell Créateur dans toute
l'on éternité.
L'Auteur du livre , intitulé Medarek , rapporte au fujet d'un verfet de l'Alco-
ran dans le chap. de la Pénitence où il ell dit que Dieu a acheté des hommes
leurs biens àf leurs âmes au prix du Paradis, cette fentence de Giafar Sadik: 0
vous qui êtes fidèles , puifque le prix de vôtre achapt eji le Paradis , gardez-vous
bien de vous vendre pour quelque autre chofe.
Giafar Sadik en qualité de Dofteur, avoit reçu fes traditions de "Mohammed
Baker fon père, & d'Atha, un des compagnons de Mahomet; il les tranfmit à
Thouri , à Ben Ainah , à Abou Hanifah , & à Malek , dont les deux derniers
font chefs de deux feftes réputées Orthodoxes par les Mufulmans.
Abou Hanifah difoit qu'il n'avoit point connu de plus fçavant Jurifconfulte
que Giafar Sadik , ôc que toutes les fois qu'il paroiflbit devant lui , il étoit faifi
d'une plus grande crainte , & frappé d'un plus grand refped , que lorfqu'il fe
prefentoit devant le Khalife Almanfor.
GIAFAR Ben Soliman, ell le nom d'un de ceux que les Mufulmans révè-
rent comme Saints , dont Jafei a écrit la vie dans la feélion feizième de fon
Hifloire.
GIAFARI. Tarik Giafari , la Chronique Giafarienne. C'ell une hifloire
compofée par l'Imam Abugiafar Al Thabari , dont Georges, furnommé Ebn
Amid , & vulgairement Elmacin , nous a donné l'abbregé depuis Mahomet jufqu'à
fon tems , fous le nom de Tarikh Al Moflemin. C'ell en un mot l'HiUoire
Sarracenique qu'Erpenius nous a donnée.
GIAFARI, l'or Giafarien, Monnoye d'or que le Khalife Abugiafar Al-
manfor fit battre à plus haut titre que celle qui couroit. Voyez le titre de So-
liman fils d'Abdalmalek.
GIAFARI AH, Ville que le Khalife Motavakel l'Abbaffide fit bâtir dans
riraque Arabique pour y faire fon fcjour, en y transférant le iiege de l'Em-
pire des Mufulmans qui étoit pour lors à Samarah. Il la nomma Giafarie, parce
que Giafar ou Giàfer étoit fon nom propre; & Motavakel âl allah, qui fignifie
celuy qui fe confie en Dieu, étoit fon nom de Khalife. MontalFer, fon fils, &
fon fuccelfeurj ayant abandonné cette ville, elle fe ruina en fort peu de tems.
GIAFEREK
G I A F E R E K. G 1 A G A T H A I. 123
GIAFEREK AI Mocri , eft le même que Giàfer Ben Ahmed Al Baiheki
qui mourut J'an 544 de l'Hegire, Nous avons de Juy Je Livre intitulé Tair
al meffader, la Couronne des fontaines. C'eft un recueil de tous les infinilifs
de la langue Arabique traduits en langue Perfienne,
GIAGANIAN, Province de l'Afic vers le fleuve Indus, dont Sjhamfeddin
Gauri étoit Sultan. Les Arabes en addoucilTcnt la prononciation, & rappel-
lent Saganiân.
GIAGANNAT, Idole des Indiens qui a donné fon nom à une ville fituée
fur le Golphe de Bengale, oti il y a un aufli grand concours d'indiens, que
de Mahometans à la Mecque. Une des principales cérémonies qui fe praci:]ucnt
dans fon Temple ou Pagode , eft de lui donner pour époufes les plus belles
filles du paj's que l'on enferme avec lui, & qui ne manquent gueres d'en for tir
grolTes, par l'induftne de ceux qui ont le foin du culte abominable de cet idole.
GIAGATHAI Khan, fécond fils de Genghizkhan; il eut pour partage dans
la fucceffion de fon père les Pi-ovinces de Turân, c'eft-à-dire , la Tranfoxane ,
& le Turkeftan,
Il établit le fiege de fon Empire en la ville de Bifchbalig, & gouverna fes
Etats avec beaucoup de fagelTe & de modération, vivant en bonne intelligence
avec Oktai, fon frère puîné, qui avoit fuccedé à leur père dans les Etats d'Iran,
c'eft-à-dire , de de-çà le Gihon. Il ne faifoit rien iàns l'avis de Caragiar Nuiân ,
que Genghizkhan lui avoit donné en mourant pour chef de Ces confeils, & de
fes armées. Ce Seigneur étoit pour lors un des plus puillans entre les Mogols ,
& a été le cinquième ayeul de Tamerlan.
Pendant le règne de Giagathai , un nommé Mahmoud que l'on furnommoit
Tarabi, à caufe qu'il étoit originaire de Tarab , bourgade fituée à fix lieues de la
ville de Bokharah , fe foûleva contre les Mogols fan 630 de l'Hegire , de
J, C. 123a. C'étoit un Impofleur qui avoit déjà par fes prelliges & faux mira-
cles tellement gagné l'efprit de ces peuples , qu'il fe trouva bien-tôt à la tête
d'une groffè armée avec laquelle il fe rendit maître de la ville de Bokharah.
Les Commandans de Giagathai ayant aflemblé leurs troupes pour combattre
ce rebelle, il fe prefenta à eux pour leur livrer bataille: les Mogols étant en
prefence de leurs ennemis , & fe trouvant cnvelojîpez d'une pouflîere fort
épaiOe, ne purent jamais fe refoudre à les attaquer. Une feule flèche décochée
de leur armée par hazard, alla cependant tuer Mahmoud au milieu de fon camp;
mais un tourbillon de pouflîere qui couvroit les deux armées , iit qu'aucun
n'eut connoilfance de l'effet qu'avoit produit ce coup fatal.
Les Tartares qui s'étoient trouvez tout d'un coup fans courage , & invcflis
de tous cotez par une pouflîere fi extraordinaire , ne manquèrent pas d'attri-
buer cet accident aux enchantemens de l'impoflieur Mahmoud , & la fuperflii-
tîon s'emparant entièrement de leurefprit, fépouvante faifit bien-tôt leur coeur,
& leur fit prendre une honteufe fuite fans qu'aucun ennemi les pourfuivît.
Cette terreur panique qui mit les Tartares en déroute, haulfa le courage des
rebelles, de forte que s'étant mis à leurs trou Iles , ils en tuèrent plus de di.;
raille, mais étant retournez en leur camp, ils furent bien furpris de n'y point
Irouver leur General. Ceux qui étoient de fa cabale , firent aufli-tôt courir le
Q 2 bruit,
r24 G I A G H.
bruit, qu'il s'étoit rendu invifible pour quelque tenîg, & ces pauiTôs abufez- fans
s'étonner autrement, ni le débander, établirent Mohammed, & Ali, frères de
Mahmoud, pour fcs Lieutenans pendant fon abfcjice.
Caragiar cependant qui gouvernoit les Etats de Giagathai , prit la refolution
d'éteindre cet incendie qui gagnoit peu à peu les meilleures villes du pays. Il
employa pour cet effet les principales forces de l'Empire, & entreprit d'exter-
miner encieremcnt ces rebelles. La ville de Bokharah qui les favorifoît , fut
châtiée comme elle le meritoit ; car après avoir vu faccager fon terroir , &
répandre le fang d'un grand nombre de fes habitans , elle fut enfin obligée de
députer vers Giagathai pour obtenir le pardon de fa rébellion. Elle l'obtint de
la clémence de ce Prince, & fe trouva délivrée en même tems, & des violen-
ces qu'elle fiuffroit des Tarabiens, car on appelloit ainfi cette nouvelle faftion,
& de la fureur des Tartares qui fe vangeoient d'eux impitoj'ablement.
Giagathai Khan mourut l'an de FHegire 638, de J, C, 1240, qui convient
avec celui que les Mogols appellent Od , c'cft-à-dire , le Bœuf dans le Cycle
d'années qui leur eft particulier. Il n'eut pas pour fuccefleur un feul ; car tous
fes enfans & fes plus proches parens partagèrent entr'eux les provinces de fon
Empire, & ceux qui eurent la meilleure épée, en emportèrent la meilleure part.
Manuca fon fils aîné qui mourut avant lui , laiila trois enfans ' nommez Baif-
fiir, Cara Holagu, & Naligu qui fe fuccederent l'un à l'autre, Barak-Khan, fils
de Bailfur, fut un des plus confiderables Princes de cette famille , régna après
eux, & fit des conquêtes jufques dans la Chine, Khondemir.
Abulfarage met entre les Etats de Giagathai les Provinces d'Aigur ou'd'Igur,
d'Almalig, & de Khovarezmc. Il femble aullî que Khondemir lui donne les
premiers Etats que Genghizkhan poffeda dans le pays des Mogols : cependant
Emir Khouand ichah , & le même Khondemir écrivent qu'Oktai Caan eut pour
partage les Etats patrimoniaux de ce Monarque, & qu'il fut reconnu de tous
fes frères pour le chef de la maifon de Genghizkhan , &; de tout fEmpire des
Mogols.
C'eft de Giagathai , que le pays d'au de-là du Gihon, ou Oxus a été nommé
le Zagathai,
G I A G H & Tcliagh. Les Cathaiens , & les Turcs Orientaux ont un Cycle
de douze ans qu'ils appellent de ce nom , & chaque année de ce Cycle porte
1j nom d'un animal. La -première porte le nom de la fouris: La féconde du
bœuf: La troifièmc du lynx ou léopard: La quatrième du lièvre : La cinquième
du crocodile: La fixième du fcrpent : La feptième du cheval: La huitième du
mouton: La neuvième du finge: La dixième de la poulie: L'onzième du chien:
La douzième du pourceau.
Ils divifent auflî les vingt-quatre heures du jour en douze parties qu'ils appel-
lent encore Giagh , dont chacune efl de deux heures , & ils leur donnent les
noms des mêmes animaux. Ils divifent de plus chacun de ces douze Giagh, dont
la journée cil compofée, en huit parties qu'ils appellent Keh ; de forte que leur
journée contient quatre -vingt feize Keh.
GIAGH Schabath ; ce mot eft compofé du Tartare , & du Syriaque. Il
fignific chez les Mogols icAdouzième mois de leur année. Il paroît par ce mot
& par plufieurs autres , que les Chaldeens ou Syriens ont porté leur langue
avec la rjligion Chrétienne bien avant dans la Tartaiùe: ce qui eft arrivé pro-
bable-
G I A G H M I N. -; G I A H E D H. t2'5
Bablemcnt, lorfque les Nefloriens ayajit établi plufieurs Eglifes, & même des
Patriarchales dans Bagdet , & dans MozaI , ont auffi envoyé des Miflionnaires
aux Indes, en Tartarie, & même dans la Chine, pour y prêcher la foy.
GIAGHMIN, Ville de la Province de Khovarezme, de laquelle étoit natif
Mahmoud Ben Omar , furnommé à caufe de fa naiflance Al Giaghmini. Ce
perfonnage nous a donne en langue Perfienne un traité de la Sphère intitulé
Molakhcff fil IJidt, qui a été traduit & commenté par Cadhi Zadeh Al Roum.i.
On trouve cet ouvrage dans la Bibliothèque du Roy n°. 724 & 799.
GIAGRAFIAiï& Giarafiah. La Géographie. Mot que les Arabes ont
corrompu du Grec. Cependant les liv^res que les Arabes, Pcrfans & Turcs ont
compofés fur cette fcience , ne portent gueres ce titre.
L'Ouvrage Géographique d'Ebn Eifaker efl intitulé Efchraf dla mârefat al
athrdf.
Al Balkhi a nommé le fien Takovim d beldd , & Abulfeda, Takovhn alboldan.
Al Birouni a intitulé le fien Canoiin, & Scherif Al (£dri(îî a donnné le nom
de Nozehat al Mofchtàk à celui dont l'abrégé nous eit connu fous le nom de
Géographie Nubienne. " ■
Nous avons le Ahfan al tecajjîm fi, mârefdt ai akdlim de Mucdcjfi , & plufieurs
autres dont il efl; fiiit mention dans cet ouvrage fous divers titres.
Les Anciens Perfans ont eu une Carte Géographique de Manés l'Herefiarque,
laquelle portoit le nom de Sourat rohoû meskoim, c'eft-à-dire , la Figure , ou la
difpofition des quatre quartiers de la terre habitable. L'Auteur du Lebtarikh
en fait mention dans la vie de Schabour Al Aktâf qui ell Sapor aux épaules ,
Roy de Perfe de la quatrième dynaftie.
Les Mufulmans ont une Géographie fabuleufe tii'ée de l'AIcoran, laquelle efl:
fuivie par leiu-s anciens Dofteurs qui fe font attachez plus fcrupuleufement à la
doftrine groffiere de leur faux Prophète.
Roger, fécond Roy de Sicile, avoit un globe terreflre qui pefoit huit cent
marcs d'argent. L'on dit que ce fut pour faire la defcription de ce globe,
qu'Edriffi , dont les ancêtres s'étoient réfugiez d'Afrique en Sicile , compofa
le traité de Géographie dont nous avons l'abrégé , & duquel il a été parlé
ci-deiTus,
GIAHANI ou Giaheni, Surnom de Màbad Ben Khaled, Chef de la fefte
des Cadariens , qui eft une fubdivifion de celle des Motazales. f'oyez le titre
de Mâbad.
GlAHEDH, Celui qui a les yeux gros, ou à fleur de tête. C'efl: le fur-
nom ou fobriquet d'un fameux Dofteur Mufulman., dont le nom étoit Abou
Othman Amoud ou Amrou Ben Mahboub , natif de la ville de Baflbrah, d'où
il pafla à Bagdet.
Il fut difciple d'Abou Ishak Al Nadhâm, & chef de la fefte des Motazales;
fon éloquence le faifoit admirer de tous , aufli avoit-il puifé dans les Auteurs
Grecs , & fort étudié leur Philofophie. Il a lailTé plufieurs Ouvrages de Meta-
phyfique que les Arabes appellent Elm al Kelam , la Science des paroles , ou
des termes
Les Schîites ou Seftaires d'Ali qui font amis des Motazales, lui donnoient dfc
Q 3 groflis
i^$ G I A L A I R- - — G I A L I N O U S.
grolTes fommes d'argent, pour l'obliger d'écrire en leur faveur ; auflî compofa-t-
il un livre dans lequel il ramafîa mille traditions ou récits qui étoient tous à l'a-
vantage d'Ali.
Ben Caircm rapporte un fentiment qu'il dit avoir été général parmi les Mu-
fulmans, à fçavoir qu'il y a eu dans le Mufulmanifme, quatre hommes de lettres,
qu'aucun autre n'a ni devancé , ni atteint. Abou Hanifah dans la Jurifprudence ,
Khalil dans la Grammaire, Giahedh dans la compofition, & Abou Temam dans
la Poëfie. .
Ce Docteur mourut à Bagdet l'an de l'Hegire 255, fous le Khalifat de Môtaz
l'Abbaffide. Sa réputation fut telle que les Motazales , ou au 'moins une feéle
d'entr'eux, portent le nom de Giahedhiah.
GIALAIR, nom d'une tribu des Mogols qui fit mourir la Reine Menoul on
avec huit de Ces enfans. f^oyez le titre de Caidou Khan.
GIALALECAH. C'eft ainfi que les Arabes d'Efpagne appellent la Galice.
Ceux qui font originaires de cette Province font appeliez Gialiani, comme Ab-
dalmoLimen Ben Omar Al Andaloufi, Auteur du livre intitulé ^dab Al Soiouk ,
& d'un autre qui porte les noms de Divan Saghir, & de Mâafcheràt. Ce der-
nier ouvrage ell dans la Bibliothèque du Roy n". 11 80.
Cet Auteur mourut en Efpagne Tan 602 de FHegire. f^oyez fur le fujet de la
Gallice la defcription du pays de Roum , tirée d'Ebn Alvardi, dam le titre de Roum if
le titre de Galikiah , qui n'eji pas la Gallice d'Efpagîie , mais la Valachie.
GIALDANIOUN en Arabe, & Gialdaniân en Perfien. Les Chaldeens,
appeliez encore Cafchdaniân du mot Hébreu Cafchdira.
GIALIANI. Voyez plus haut Giz\d.\ecz\i, .
GIALIB, furnom de Mofleheddin Mofthafa Ben Khaireddin, qui eft Auteur
d'un Commentaire fur le livre intitulé Efcharàt u al nadhair. Ce commentaire
porte le nom particulier de Tanovir al azhar u al dhamair.
GIALINOUS. Galicn. Mohammed Ben Caflem dit qu'il étoit Rhodien
d'origine, qu'il naquit 60 ans après la mort de Jesus-Christ, 66$ après
celle de Socrate, & qu'il mourut à l'âge de 87 ans.
Il étoit fils , félon le même Auteur , d'un grand Géomètre , & a été le der-
nier des Médecins du premier rang. Son père lui avoit laiffé de très -grands
biens; de forte qu'il exerçoit gratuitement la Médecine, & ne prenoit aucune
rétribution des Ecoliers qu'il inftruifoit. On dit même qu'il fournilîbit non feu-
lement des remèdes , mais encore la nourriture à fes malades , ce qui fc doit
entendre àes pauvres.
Quant à fa perfonne, il mangeoit peu, jeûnoit fouvent, & aimoit fort la pro-
preté. Il a compofé près de 400 traitez differens fur la médecine, lefquels ont
été prefque tous traduits en Syriaque, en Hébreu, & en Arabe, & commentez
par divers Interprètes.
Honain Ben Ishak a traduit en Arabe la plupart de fes ouvrages. Nous
avons dans la Biblothcque du Roy les Foffoul ou Aphorifmes, Menafé al addha^
de Tufagc des parties du corps. Fil ménage, du Tempérament, Tadbir al Sehnt ,
des
G I A L K 0 U N E H. G I A M. 127
^es moyens de ^conferver Ja fiinté , Efiacfat , des Elemens , & plufieurs autres
opufcules du même Auteur, traduits en Arabe par le même Auteur, dans les
n^ 866 & 950. Et il s'en trouve aufli plufieurs dans la Bibliothèque du Cabi-
net du grand Duc de Tofcane.
Ebn Batrik dit qu'il étoit premier Médecin de l'Empereur Commode ; mais
il eft certain airifi qu'il a lervi Antonin , & Marc Aurele. Abulfarage q'ui dit
conformément au rapport des Auteurs Grecs, qu'il étoit natif de Pergame, cite
un paflage de fes écrits , par lequel il paroît avoir eu des fentimens fort favo-
rables aux Chrétiens.
On lit dans les écrits des Mufulmans des éloges magnifiques de Galicn, & par-
ticulièrement dans la préface du commentaire fur le Menafê alaâdha , qui eft
dans la Bibliothèque du Roy n^. 866. Ce commentaire a pour Auteur Ben
Abi Sadik, & on le trouve feparément dans la même Bibliothèque n"". 949.
GIALKOUNEH, ce mot eft corrompu par les Arabes du mot Tchalghiou-
neh qui fignifie en Perfien les quatre couleurs. C'eft le furnom de Mâbad
Cadhi, dont il faut voir le titre.
GIALOULAH, lieu de la Province de Khoraflan, où les Perfans furent
défaits par les Arabes pour la féconde fois après la bataille de Cadefie fous le
Khalifat d'Omar premier. Ce fut dans cette féconde journée fatale à la Mo-
narchie de Perfe qu'Iezdegerd , leur dernier Roy , fut tué, Foyez le titre de
Nihavend.
GIALOUS, Ifle de la mer des Indes, dont les habitans font nègres, mar-
chent nuds , & s'entremangent les uns les autres. Elle eft éloignée de deux
journées de navigation de celle qui porte le nom d'Albinoman, Ces deux illes
font au Midy de celle de Rami , laquelle félon Edriffi, a 700 lieuës de long,
& n'eft pas beaucoup éloignée de celle de Serandib , que nous croyons être
Zeilan , ou Sumatra ; û cette dernière eft Serandib , l'ifle de Rami fera Bornéo.
GIALOUT, c'eft ainfi que les Arabes appellent celui qui eft nommé Go-
liath dans le dix-feptième chapitre du premier livre des Roys, Et ils appellent
Gialoutialï la dynaftie des Roys des Philiftins, qui rcgnoient en Paleftine, lorf-
que les Hébreux y entrèrent.
Ahmed Al Faffi dit dans fon livre intitulé Ketab Al Giamman, que ces Roys
étoient connus fous le nom ou titre de Gialout , de même que les Roys d'E-
gypte portoient tous en ce tems-là celuy de Pharaon , & que David défit le
Gialout de fon fiecle , qui n'eft autre que Goliath , & extermina entièrement
les Philiftins, dont les reftes fe réfugièrent en Afrique; & enfin que c'eft d'eux,
que les Berber, peuples de la côte de Barbarie, font defcendus.
GIAM, en Perfien fignifie une couppe ou verre à boire, & un Miroir.
Les Orientaux qui fabriquent cette efpece de vafes ou uftcnciles , de toutes
fortes de métaux auffi-bien que de verre ou de cryftal, & en plufieurs figures
ditferentes, mais qui approchent toutes de la Spherique , donnent aulfi ce nom
à un Globe celefte. Ils difent queJ'ancien Roy Giamfchid , qui eft le Salomon
des Perfes, & Alexandre le Grand, fivoicnt de ces couppes, globes, ou miroirs,
par.
123 G I A M. G I A M A S B.
par le moyen defquels ils connoifToient toutes les chofes naturelles , 6c quel-
quefois même les furnaturelles.
La couppc qui fervoit à Jofeph le Patriarche pour deviner , & celle de Neftor
dans Homère où toute la nature étoit rcprefentée fymboliquement , ont pu
fournir aux Orientaux le fujet de cette fiftion. Un Poëte Turc dit : Lorfquc
j'aurai été éclairé des lumières du ciel, Giam Kiti olur giani: Fehem ider nilchê
raz penhani^ mon ame deviendra le miroir du monde, dans lequel je découvri-
ray les fecrets les plus cachez.
GIAM Kiti Noma , Miroir qui reprefente le monde. C'eft le titre d'un
livre Perfien traduit en Arabe fous le nom de MecaJJed alhehmt. Ce font des
thcfcs de Philofophie tirées d'un ouvrage plus ample qui a pour titre Tohfat al
Solthan , Prefent fait au Sultan.
Ibrahim Al Hacalani Al Marouni, que nous connoifTons fous le nom d'Abra-
ham Ecchellenfis , nous a donné cet abrégé traduit en Latin, mais l'édition du
texte Arabe eft fort défeftucufe.
GIAMAHERI, furnom d'Ahmed Al Hegiage Jofeph Ben Mohammed,
mort l'an 158 de l'Hcgire. Foyez Hegiage.
GIAMAHI, furnom de Mohammed Ben Salara , Auteur des vies des Poè-
tes, fous le titre de Tabacat al fchoâra.
GIAM AL ou GIEMAL, la Beauté. Gemal abâd, la belle ville, furnom
que l'on donne en Orient à la ville de Cazuin, appellée vulgairement Casbin,
qui a été autrefois la capitale de Perfe. C'eft ainfi que la ville de Florence a
été qualifiée en Europe, Fiorcnza la Bella.
Holagu , Empereur des Mogols ou Tartares , ayant envoyé à Casbin trois cent
prifonniers qu'il y fit mourir , donna lieu au proverbe Perfien : On l'a envoyé
à Gemal abad, c'efl-à-dire , à Casbin, pour fignifier on l'a fait mourir. Il a été
remarqué dans le titre de Gcnnat que le mot de Gemalabad, qui fignifie la belle
demeure, fignifie aufiî en Perfien le Paradis.
GIAM ALI, furnom d'Ali Ben Mohammed Al Roumi qui mourut l'an 931
de l'Hegire. Il éfl l'Auteur du livre intitulé Âdab Al Aotiffm^ c'efi:-à-dire , les
Loix & les Coutumes qui regardent les Légataires, félon la Jurifprudence des
Mahometans.
GIAM AS B & Giamaft. C'efi; le nom d'un Philofophe Perfien de la fefte
de Zoroaftre, qui efi; Auteur d'un livre Perfien traduit en Arabe, & intitulé.
Livre du Philofophe Giamasb^ cojîtenanî les jiigemens fur les grandes conjonàions des
planètes^ is' fur les évejiemens qiCelks produifent. Lali efl l'Auteur de cette tra-
du6lion Arabe qui a été faite ou écrite l'an d'Alexandre 1592, de J. C. 1180.
La Préface de ce livre porte, qu'après le tems de Zoroaftre, régna Kifchtasb,
fils de Lohorasb , Prince très - puilîant , qui ne pofi'edoit pas feulement le pays
d'Iran, mais encore celuy de Touran , & celui de Habafche, c'eft-à-dire, la
Perfe, le Turkeftan & l'Ethiopie.; que fous fon règne fleuriflbit dans la ville de
Ealkhc, fur les confins du Khorafi'an , un Philofophe confommé dans toutes fortes
de fciences nommé Giamasb, Auteur de cet ouvrage, dans lequel font décrites
toutes
G I A M C O U D. ■ G I A M E. i^v,
toutes les grandes conjon6èions des Planètes , tant celles qui l'avoient précédé
que celles qui dévoient arriver après lui dans la fuite des fiécles , & où la fon-
dation de toutes les Religions & l'origine des grandes Monarchies font mar-
quées. Cet Auteur appelle toujours Zoroaflre, Nôtre Prophète.
II y a des Hifloriens qui veulent que Giamasb, furnommé Al Hakim, c'eft-à-
dire , le Sage ou le Philofophe , ait été frère de Kifchtasb , cinquième Roy de
Perfe de la race des Pifchdadiens.
GIAMCOUD &Giamcout, Ville fituée fous la ligne Equinoftiale vers
l'Orient. Abdelmoal , Géographe Perfien , dit , qu'elle eft à l'extrémité du pays
habité: ce qui fe doit entendre de nôtre hemifphère & des climats fituez dans
la latitude Septentrionale; ou bien de toute la terre, félon le fentiment des an-
ciens Géographes Grecs , qui ne croyoient pas qu'il y eût des peuples , ni au-
cun lieu habité au de-là la ligne Equinoftiale.
Il faut avouer qu'il y a peu de Géographes Orientaux qui en aycnt fçu plus
que les Grecs; car ceux qui parlent du nouveau monde, qu'ils appellent Agiaib
al makhlovcât , les merveilles des créatures , ce n'efl qu'avec beaucoup d'ob-
fcurité, & de la même manière que Platon a parlé de l'Ifle Atlantide, que l'on
croit avec affez d'apparence être l'Amérique.
GIAME & Giamî. Ce mot fe prend en Arabe pour deux chofes fort diffé-
rentes , pour un temple & pour un livre ; cependant l'un & l'autre tire fon
origine de Giemâ, qui lignifie alfembler, ce qui fe fait dans un temple, auflî-
bien que dans un livre.
Giamê Al Acfa fignifie le Temple de Jerufalem , à caufe que l'on y vient
& que l'on s'y aflemble des lieux les plus éloignez,
Giamê Béni Ommiah , le Temple des Ommiades , c'ell le temple de Damas,
dédié à Zacarie & à faint Jean Baptifte par les Chrétiens , & profané par les
Mahometans, qui en ont fait une célèbre JSIofquée , augmentée & enrichie par
les Khalifes de la race des Ommiades.
Saddi dit, qu'il avoit fait fes prières dans cette Eglife fur le tombeau d lahia
le Prophète; c'efl ainfi que les Mufulmans appellent faint Jean Baptifte.
Giamê eft proprement le temple principal d'une ville , dans lequel on s'as-
femble pour faire la prière folemnelle, & pour entendre la prédication. Les
Mufulmans donnent cependant plutôt le nom de Mefged, qui fignifie lieu d'a-
doration, aux Temples de Jerufalem & de la M«cque, que celuy de Giamê.
G-IAME Al Mofredât, Colleftion ou Recueil des médicamêns fimples. C'cil
le titre du grand ouvrage d'Ebn Beithâr fur les plantes, ^oyez Beithâr.
Cet ouvrage eft en quatre volumes , & fe trouve fouvent cité fous le nom
de Ketab al mofredât, livre des Simples.
GIAME Al Kebir, la grande Collcftion, c'eft un Recueil de traditions Mu-
fulmanes authentiques , c'e'ft pourquoy on lui donne aulîi le nom de Giamê Al
Sahih, le Recueil fincère. L'Auteur de cet ouvrage eft Abou Ilfa Mohammed
Ben Ilfa, furnommé Al Tcrmedi, mort l'an 279 de l'Hcgire.
L'on dit que ce Dofteur, après avoir compofé fon livre, l'envoya aux Doc-
teurs de l'Arabie , de l'Iraque & du Khoraffan , pour avoir leur approbation
avant que de le publier , & que tous l'approuvèrent avec cet éloge : Quicon-
ToME IL R que
130 G I A M E A L S A G H I R. . G I A M E. .
que aura ce livre chez foy , peut faire état qu'il a chez foy le Prophète qui
lui parle.
Ifmâil Al Bokhari a fait un ouvrage , qui traite le même fujet & qui porte
aulli le même nom.
Il y a plufieurs autres Giamê Kebir ou Colleftions générales fur différens fu-
jets. Il y en a plufieurs fur les loix Mufulmanes, fur la Philofophie , fur l'A-
itronomie & fur f Hifloire. Voyez le livre intitulé Kafchf al dhonoun dans la
lettre Gim.
GIAME AL SAGHIR, la petite Colleclion. Alfoiouthi en a fait une
fur les traditions par ordre alphabétique, & Scheibani une autre fur les Foroû,
ou points de droit & cas de confcience.
GIAME Al Hckaidt u Lamé al revaiàt , Recueil hilloriquc , compofé en
Perfien par Gemaleddin Mohammed Al Aouki , & traduit en Turc par Ebn
Mohammed Ben Arabfchah, Précepteur du Sultan Morad Khan, vers fan 840
de l'Hegire , qui eft de J. C. 1436. Le Sultan Mohammed , fécond du nom ,
fils de Morad , le fit traduire de nouveau par Negiati Al Schaêr , qui mourut
l'an 914, & Bajazet , fécond fils de Mahomet , en fit faire une nouvelle ver-
fion Turquefque par Saleh Ben Gelai , mort fan 973.
GIAME Al Rafchidi , Pvccueil de plufieurs ouvrages, compofez par le fça-
vant Rafchideddin Fadhlallah, Vizir d'Algiaptu , Empereur des Mogols de la ra-
ce de Genghizkhan. Ceft un très-grand & fort gros volume , qui efi: dans la
Bibliothèque du Roy, n°. i. Voyez le titre de Magmoû Rafchidiah. Ce recueil
traite d'une infinité de matières différentes , & fut légué par l'Auteur au Collè-
ge de la ville de Tauris avec une fondation confîdérable.
GIAME Al Taovarikh ou Al Tevarikh. C'efl: une hifi:oire de la famille &
de la race de Genghizkhan , depuis Japhet , fils de Noé , jufqu'à Algiaptu , com-
pofée en Perfien par le même Vizir Rafchideddin , dont nous venons de voir
un autre ouvrage.
L'Auteur dit, qu'il commença fon ouvrage jufiiement au tems de la mort de
Gazan Khan, Empereur des Mogols, l'an 714 de l'Hegire, qui efi: de J. C.
i'>i4, & que fon fils nommé Mahmoud Khodabendeh , qui lui fucceda ,, voulut
qu'il continuât fon ouvrage & «^uil lui donnât fon propre nom , en y ajou-
tant tout ce qui i:onccrnoit les provinces & les Etats , non feulement des Mo-
ools & des Turcs Orientaux, mais encore des Cathaiens, des Chinois, compris
fous les noms de Tchin & Marfchin, de Cafchmir, des Indes, des Juifs, des
Melahcdah, c'eft-à-dire , des principautez que quelques impies, & gens fans
Reli'ïion ont établies, & des Afrange , c'efl:-à-dire, des Francs ou Européens.
Si cet ouvrage, que je n'ay point vu, étoit exaft pour les'chofes de l'O-
rient & du Septentrion , l'on pardonneroit aifément à fon Auteur les fautes
qu'il aura fans doute commifes en parlant de l'Europe.
GIAME Al Dakaik fi Kafchf Al Hakaik, c'efl un cours de Philofophie, qui
a été compofé par Mohammed Al Giouini , Vizir des Sultans Mamkics d'E-
gypte. Il cft dans la Bibliothèque du Roy, n*^. 907.
GIAMI,
G I A M I. G I A M M A A T.
niers
peu
fan. Il vivoit fous le règne du Sultan Hu/Tain Baicara , Prince "ïifu de Ta' rice
de Tamerlan, qui regnoit en Khoraiîaii dont la ville de lierat étoit pour lors
la capitale.
Ce Poëte , qui étoit regardé d'ailleurs comme un Dotrcur célèbre de la loy
Kkifulmane , étoit connu & carefTé de tous les Princes ci- fon Cécle. Il dédia
même un de fes ouvrages, intitulé Erfchad, Inflrudion, d Mohammed Khan AI
Fatheh , c'eft-à-dire , à Mahomet Second , Sultan des Othomans , fiirnommé le
Conquérant.
Les principaux ouvrages de Giami font un Divan en vers , dont le flyle eft
du genre fublime, & contient toute la Théologie myftiqu^ des Mufulmans"; &
le Bahariftân ou Printemps , mèé de Profe & de vers , divifé en huit Raoud-
hat ou Parterres , & dédié au Sultan HulFain Baicara. Il publia auffi le docte
commentaire d'Ebn Hageb fur la Cafiah , qui ell une Gramr^iaire Arabique. Cet
ouvrage d'Ebn Hageb ell dans la Bibliothèque du Roj' , n''. 1082 & 1083.
Nous avons encore de cet Auteur le Roman de Jofepli & de Zoîeikhah en
vers Perfiens, & plufieurs bons mots, rapportez dans le Defcer Lathaif de La-
mai. Giami mourut l'an de l'Hcgire 888, ou, félon quelques Auteurs, l'an 891,
qui efl: le i486 de J. C.
On rapporte de Giami , que le Poëte nommé Deilieki lui raconta un jour
toutes fes proueffes , en matière de combats d'cfprit , qu'il avoit foûtenus con-
tre d'autres Poètes î^s concurrens, & diiant d'un ton fort animé: J'ai répondu
ainfi à Khofrou, & d'une telle manière à Kemal. J'ai rendu Zehir muet & Sel-
man tout confus. Giami yoj^ant cet homme fort échauffé , lui répondit froide-
ment : Vous avez fort bien répondu" aujourd'hui ; mais avez -vous fongé à ce
que vous devez répondre demain. L'aujourd'huy & le demain, chez les Orien-
taux, fignifient la vie préfente & la vie future, comme il a déjà été remarqué
cy-deffus.
'Un homme d'Ifpahan, qui vantoit extrêmement toutes les chofies de fon pays,
& méprifoit les autres , ayant dit à Giami , qu'il y avoit à Ifpahan des melons
d'une grolfeur fi extraordinaire, qu'un homme y étant aflîs, ne touchoit pas la
terre avec fes pieds, il lui répliqua auffi - tôt : Nous n'avons pas véritablement
dans la ville de Herat de fi gros melons ; mais en échange , il y a des navets
qui font auffi long que des gaules.
Un autre de Samarcand louant beaucoup une forte de raifin de fon pays, ap-
pelle Rifch Baba , Baxbe de Père , Giami lui demanda , fi cette efpèce furpaf-
foit,en délicatefl'e, celle que l'on nomme dans le Khorafiân Khaieh golamân,
Bourfes de Mores. Le Samarcandois lui ayant répondu que non: Giami lui dit
auffi-tôt: Il efi: donc clair, que les Bourfes de nos efclaves valent mieux que les
Barbes de vos Pères.
Voyez dans le titre d'ÏQzià ou de Mezid, une autre repartie fort ingénicufc du
même GiamL ,
GI AMMAAT.Azzeddin ou Ezzeddin Mohammed Ben Abibecr Ben Giammâat
Al Kenani, qui mourut l'an 819 de l'Hegire , eft l'Auteur du livre intitulé Of-
foui fi fanâaî Al Douais. Voyez le titre de Keaart.
R 2 Le
132 G I A M s C H I 0.
Le mot de Giammaât ou Giammeât fignifîe proprement l'afTemblée des Mufiil-
mans, c'eft-à-dire , pour parler abufivement, l'Eglife de? Fidèles.
Les Mahometans citent fur le fujet de leur alFemblée Religieufe deux maxi-
mes , prononcées par deux des plus anciens & des plus autorifez Dofteurs du
Mufulmanilme.
La première eft d'Ebn Maflbûd , qui dilbit , Laljfa al gîamdât bekethrat alnas ,
raffemblée Religieufe ne confilte pas dans la multitude des perfonnes. Man kan
vidalio alhak fahou algiamdât u en kan çvahedhoj celui qui a la vérité de fon cô-
té, eft l'Eglife, encore bien qu'il foit feul.
La féconde eft de Sofîàn Thouri, dont le fens eft prefque le même. Jl gia-
viddî al dlem u laou âla ras algiabal. - L'homme fçavant & éclairé eft l'alfem-
blée, encore qu'il foit fur la çrouppe d'une montagne.
Ces fentimens font fort favorables aux Seftaires ; c'cft pourquoy il ne faut
pas s'étonner s'il y en a tant parmi les Mahometans. yoyez cependant fur la fin
du titre rf'Ali , ce que ce Khalife difoit , ou ce que les Sonnites lui font dife par
rapport à czux de fa Secte.
GIAMSCHID, quatrième Roy de la race ou dynaftie des Pifchdadiens ,
qui eft la première des Roys de Perfe , étoit frère ou neveu de Tahamurath
fon prédéceftcur. Son nom propre étoit Giam ou Gem, <^ on y ajouta celuy
de Schid, qui, dans la langue des anciens Perfans, fignifie le -Soleil , à caufe de
la grande beauté & majefté de fon vifage , qui éblouiffoit les yeux de tous ceux
qui le regardoient fixement, ou bien, félon quelques Auteurs, à caufe de l'é-
clat de fes grandes aélions.
Un des plus illuftrcs monumens de fon règne , eft la ville d'Eftekhàr , dont
Tahamurath avoit déjà jette les fondemens. Cette ville eft celle qui fut con-
nue depuis par les Grecs fous le nom de Perfepolis , dont les ruines portent
aujourd'huy celuy de Gihil menâr ou Tchilminâr, c'eft-à-dire, les quarante co-
lonnes. Giamfchid donna à cette ville une enceinte prodigieufe , que Ton dit
avoir été de douze parafanges, qui font 24 lieues Françoifes , parce qu'il y en-
ferma non feufement un grand nombre de Palais «Se de maifons de plaifance ;
mais encore plulieurs grands parcs & terres labourables.
Cette grande ville étant achevée, il y fit fon entrée & y établit le fiége de
fon Empire , ce qui étant arrivé au même moment que le Soleil entroit dans
le figne du bélier, ce jour nommé par les Perfans Neuruz, c'eft-à-dire, le nou-
veau jour, parce qu'il eft le premier du printems, fut fixé pour le commence-
ment de f année Perfienne, qui eft purement foîaire.
L'Auteur du Giamê al tavarikh rapporte , qu'en fouillant les fondemens de
la ville d'Eftekhàr , l'on trouva un vafe de Turquoife qui contenoit quatre li-
vres ou deux pintes de liqueur. Ce vafe fi précieux fut nommé par excellen-
ce Giamfchid, qui fignifîe en Perfîen le vafe du Soleil, & quelques-uns ont cru
que ce Prince en a tiré fon nom. Mais quoy qu'il en puifie être , il eft cer-
tain , que les Poètes Perfiens parlent fouvent du vafe ou de la couppe de Giam ,
qui eft le même que Giamfchid , & l'allégorifent en mille manières différentes,
le faifant tantôt le fymboîe de la nature & du monde, comme les Grecs ont
fait celui de Neftor, tantôt celuy du vin pour autorifer leurs débauches , quel-
quefois celuy de la divination & des augures , & enfin de la cbyraie & de la
pierre
G I A M s C H r D. ,33
pierre philofophale ; car les Chymiflcs ne manquent jamais de la trouver par-
tout où ils croj'cnt y avoir quelque myftère caché.
Ce Prince , après avoir fournis à fon empire fept grandes provinces de la
tel & de mériter les honneurs divins. Pour fe les attirer , il fit faire plufieurs
ftatuës de différentes matières , qu'il envoya dans les provinces de fon .Empire ,
& contraignit les peuples de les adorer fous fon nom.
Le Dieu tout-puilfant & feul adorable, voulant abbatre l'orgueil de ce Prin-
ce, luy fufcita auflî-tôt un terrible ennemi dans fa propre famille, qui fut Sche-
dâd, fils d'Ad, Roy d'Arabie fon neveu; car ce Prince ambitieux prenant pour
prétexte l'impiété "de Giamfchid fon oncle , envoya une puilfante armée contre
lui fous la conduite de Zohak , fils d'Okian. Ce Capitaine n'eut pas grand' pei-
ne à combattre Giamfchid : car il le prit au dépourvu , & défit aifément des
troupes qu'une longue paix avoit amollies, & fait oublier entièrement le métier
de la guerre : c'ell ce qui obligea ce Prince à prendre la fuite & d'abandonner
fes Etats à l'ufurpateur.
Giamfchid ainfi dépouillé , entreprit pendant fon exil de faire , félon le rap-
port de quelques Hiiloriens , tout le tour de la terre habitable, ce qui a fait
croire à quelqu'un d'entr'etLX, que ce Prince eft le même que l'ancien Dhulcar-
nein , duquel il effc parlé dans l'Aicoran , & qu'il faut diftingucr d'Alexandre le
Grand, auquel on. a- donné le même nom, à caufe de fes grandes conquêtes.
Khondemir. Voyez les titres de Dhulcarnein 6? (fEfcander.
Le Tarikh Monteklieb dit , que ce Prince fut renommé pour fa fagefie ,. &
qu'il rangea tous fes fujets en trois claifes. La première fut celle des gens de
guerre. La féconde comprenoit ceux qui cultivoient la terre ; &; il reduifit fous
la troifième ceux qui exerçoient les arts libéraux ou méchaniques , qui furent
pour la plupart inventez de fon tems.
La mufique des voix & des inilrumens, & l'aftronoraie doivent leurs commen-
cemens à Pythagore & à Thaïes , que l'on dit avoir été contemporains de ce
Prince , & "le même Auteur ajoute , qu'il fit bâtir des greniers publics pour y
amalfer & conferver des grains , qui ne dévoient fervir à la nourriture de fes
fujets , que dans les années de difette & de famine , & qu'ayant obfervé que
la boiflbn du vin avoit rendu la fanté à une de fes femmes qui étoit malade ,
il en rendit l'ufage public.
Après fa mort , la Reine Feramak , fa femme , fauva Feridoun fon fils des
mains de Zohak, & le tint caché pendant plufieurs années , jufqu'à ce qu'étant
plus avancé en âge, il pût, comme il fit enfuite par le fecours de Gao , déli-
vrer la Perfe des mains de ce Tyran.
L"" Auteur du Lcbtarikh rapporte , que Giamfchid donna à lli nouvelle ville
d'Ellekhâr douze parafànges de longueur fur dix de largeur , qu'il fonda aufïï
celles de Thous en Kiiorafl;àn , & de Hamadan dans l'Iraque Perfienne , & que
c'efl à lui que l'on doit attribuer la conltruftion du pont de pierre fur le Ti-
gre, dont la ftrufture étoit. merveilleufe. L'on dit, qu'Alexandre le Grand aj-anC
confideré ce pont , l'admira , & qu'après avoir dit que c'étoit le plus grand ou-
vrage des anciens Roj's de Perfe, il commanda qu'il fût démoli.
Cependant cecy ne fe rapporte pas à ce que Saâdi dit dans fon Guliftan ,
R 3 qu A-
154. G I A M S C H I D.
qu'AleXâllcîre avoit acquis une gloire incomparablement plus grande que tous fes
prédécefTeurs , en ce qu'il n'avoit pas permis que l'on ruinât aucun de leurs
ouvrages.
Si cela eft , le tems n'a pas. épargné ce qu'Alexandre avoit cru devoir con-
fcrver- car enfin ce pont ayant été renverfé, Ardlchir Babeghan ou Artaxerxe,
fondateur de la quatrième dynaftie de Perfe, connue fous le nom des Safanides
ou des Kofroes , entreprit de le rebâtir ; mais n'ayant pu y reuflîr , il fe con-
tenta d'en faire un de bateaux liez enfemble par des chaînes de fer , qui a
fubfiflé fort long -tems. On met encore, fous le règne de ce Prince, l'in-
vention de la chaux & du plâtre , celle des bains & des étuves publiques , des
tentes & des pavillons , & même celle de pêcher des perles dans le fonds de
la mer.
Le Neuruz qu'il inftitua, comme nous avons vu, le premier jour du prin-
tems , ayant reculé dans Tannée Iblaire faute de Bilfextile , fut remis fous le
Khalifat du Moftadhi du quinzième degré des poiifans ;, où il fe trouvoit , au
premier degré du Bélier ; & Ulug beg remarque , que de fon tems le Neuruz
commun & populaire étoit toujours au premier jour du mois de Feruardin j
mais que le propre & véritable ne tomboit qu'au fixième jour du même mois.
L'Auteur du livre , intitulé Himaiiin Nameh , dit , que ce Monarque atten-
tif à confidérer les ouvrages de la nature & du Créateur, apprit des' abeilles,
à établir des gardes de fa porte & de fa perfonne , des rondes , & des fenti-
nelles , des huiflîers de fa chambre , & enfin un trône de majeflé & un tribu-
nal de jullice.
Saâdi veut auflî, que ce Prince ait non feulement divifé les hommes en plu-
fieurs états & profeffions , mais qu'il les ait encore diftingués par des habits &
par des coëff'ures différentes. On lui attribue' auffi, d'avoir introduit l'ufage de
porter des anneaux au doigt , pour cachetter les lettres & autres acles , nécef-
faires dans le commerce de h vie & pour l'entretien de la fociété.
Il donna à la main gauche la préférence qu'elle a toujours maintenue jufqu'à
préfent dans l'Orient , & comme l'on s'en étonnoit , il donna , pour raifon de
fon ordonnance , qu'il fuffifoit à la main droite , d'avoir l'avantage d'être la
droite, & qu'il falloit honorer la gauche pour faire quelque forte de compen-
fation.
Le Tarikh Cozidéh donne à Giamfchid , Anougihân , frère de Tahamurath ,
troifième Roy de la race des Pifchdadiens, pour père, & faifant allufion à fon
nom, dit, que lorfqu'il monta fur le trône de fon oncle , l'on pût dire, que le
Soleil plus éclatant qu'à l'ordinaire s'étoit levé fur l'horizon de la Perfe , tant
il l'orna par fes vertus & l'embellit par fes ouvrages.
Prefque tous les Hilloriens donnent fept cent ans de règne à ce Monarque,
après lefquels il fut dépouillé de fes Etats , & en emploj-a cent autres à voya-
ger. Quelques - uns cependant écrivent , qu'il fut fait prifonnicr par Zohak &
fendu ou coupé en deux, par l'ordre de ce Tyran.
Khondemir donne à Giamfchid pour minières deux grands pcrfonnages, l'un
Juif & l'autre Grec. Le premier fe nommoit Fael Ifllif Rabban , & le fécond
Fithagorcs , qui efi; Pythagore , dont Teixera a fait les deux noms de Fitha &
de Gores. Il dit aufîî, qu'il faifoit fon féjour ordinaire dans la province de Se-
?eflan, qui éll une des plus méridionales de la Perfe.
^ GIAN
GIAN. 13^
GIAN & Giân Ben Giân. C'ell le nom d'un Monarque de cette efpèce de
créatures que les Arabes appellent Gian ou Ginn , les Perfans Giannian & Gin-
nian, les Turcs Ginniler , & Ginler. Le Tarikh Thabari dit, qu'il étoit Mo-
narque des Perl ou Féez , qui ont gouverné le monde pendant deux mil ans,
après lefquels Eblis fut envoj'é de Dieu pour les chafTcr , & confiner dans une
des parties du monde les plus reculées, à caufe de leur rébellion.
L'hiftoire de Tahmurath en Turc fait fouvent mention de cette efpèce de
créatures , laquelle a été enfin exterminée par de fréquentes guerres , & dans
l'Epitaphe de Kaiumarath , premier Roy de Perfe & Empereur de tout l'O-
rient, il efl fait mention de Giân Bon Giân en cette' manière: Qu'efl: devenu
le peuple de Gian, fils de Gian: Regarde ce que le tems en a fait.
Les expéditions militaires & les ouvrages fuperbes de ce grand Monarque font
couchez dans le Tahmuras Nameh,-& les Pyramides d'Egypte, félon la tradition
des Orientaux , font des monumens de fà grande puiifunce. ^oycz les titres de
Ahrâm 6? de Éhram, cf ceux de Div âf de Péri.
Le Bouclier de Giân Ben Giân effc auflî fameux parmi les Orientaux , que
celuy d'Achille parmi les Grecs. Il a été dans les mains de trois Salomons con-
fécutifs qui s'en font fervi à exécuter des exploits merveilleux", mais fabuleux.
Il tomba enfuitc dans celles de Kaiumarath , qui le laifia par fucceffion à fon
fils Siamek, & celui-cy à Tahmurath, furnommé Divbend, c'cft-à-dire, le vain-
queur des Géants; car c'efl ainfi qu'en parle le Kaiumarath Naméh.
Ce bouclier étoit fort myfterieux; car outre fa compofition , dans laquelle le
nombre de fept fe rencontre , foit à l'égard des peaux qui le couvroicnt , ou
des cercles qui l'environnoient , il avoit été fabriqué par art Talifmanique ou
Aftronomique : enforte qu'il détruifoit tous les charmes , & tous les enchante-
mens que les Démons ou les Géans pouvoient faire par l'art Goetique ou Ma-
gique.
Ces Salomons , dont il eft icy parlé , font des Monarques univerfels de toute
la terre habitable , & même des Ginnes , comme l'on peut voir dans le titre de
Soliman.
Bénou ou Béni al Giân , font les Efprits ou les Génies , qui ne font ni An-
ges, ni Diables, c'eft-à-dire, les Intelligences feparées avant que quelques-unes
d'entr'ellcs eulfent prevariqué , & pendant qu'elles étoicnt , comme difent les
Théologiens, dans la voie , in Jîatu via , c'eft-à-dire , en état de pouvoir mé-
riter ou démériter.
Plufieurs de nos Docteurs ont cru , que cet état n'a duré qu'un moment ou
un inllant, comme ils parlent, après leur création: mais les Orientaux ne font
pas de cette opinion ; car ils croyent que cet état a duré fort long-tems avant
la création d'Adam, & que pendant ce tems -là ils ont rempli & gouverné le
monde , qu'ils fe font fouvent révoltez & ont été fouvent châtiez , jufqu'à ce
que Dieu ne les pouvant plus fouifrir, refolut de créer l'homme & de l'établir
fon vicaire fur terre.
Ils difent auflî, qu'une partie de ces créatures refufant de s'affujettir à Adam,
furent reprouvées avec leur chef, nommé Eblis, que nous appelions Lucifer.
L'Alcoran parlant de ces efprits dit , que Dieu les avoit créez avant Adam , de
la matière d'un feu ardent & bouillonnant , & qu'ils ne voulurent pas fe foû-
mettre à l'homme créé ou formé de la terre.
U
136 G I A N. -^— G I A N B I T A H.
Il y a un livre Arabe , intitulé Jkàm al mergiân fi ahcam al gian. Pièces de
corail amafTées, fur ce qui regarde les Ginnes ou Génies.
GIAN, furnom de Mohammed Ben Hafîan , Précepteur d'Amurath , fils de
Selim , Sultan des Turcs Ochmanidcs , Auteur du livre intitulé Bahagiat al afrar,
les plus beaux fccrets; c'elt un livre curieux, plein d'exemples rares & de pré-
ceptes moraux.
GIANABI, Soliman Ben HafTan , furnommé Aboufaîd Al Gianabi , eft un
fameux Kharegite ou Rebelle , lequel ayant- ramafTé plufieurs gens fans aveu ,
dans les provinces d'Iemamah & de Baharain en Arabie , vint dans l'Iraque Ba-
bylonienne & s'empara des villes de BalTora & de Coufa.
Après cette conquête, il eut la hardieffe de fe préfenter devant Bagdet & de
faire infulte au Khalife Moftader, qui y regnoit pour lors l'an 313 de l'Hegire,
puis fe retirant peu-à-peu, il fit combler de fable tous les puits qui avoient été
creufez fur le chemin de la Mecque pour la commodité des pèlerins.
L'an 317 de la môme Hégire , il vint à la Mecque au tems que les Pèlerins
y étoient affemblez, en tua un grand nombre, pilla la ville pendant fept jours,
emplit le puits de Zemzem, qui eft fi fort efi:imé par les Mufulmnns, de cada-
vres & enleva la pierre noire , qui étoit la pièce la plus vénérable du temple
de la Mecque; en forte que le pèlerinage de ce temple, qui eft le fixième arti-
cle capital de la Religion Mufulmane, fut fupprimé.
Gianabi efl auflî le furnom d'Abou Mohammed Mofthafa Ben Seid Haflan Al
HolTeini , Hiflorien célèbre , qui a conduit fon ouvrage depuis la création du
monde jufqu'en l'an 997 de l'Hegire, qui elt le 1588 de J. C, fous le règne d'Amu-
rath, troifième fils de Selim , fécond Sultan des Turcs. Cette Hifioire efl inti-
tulée Bakar alzakhâr u êlm al tebâr, & contient, en deux gros volumes, 82 fec-
tions, dont chacune comprend une dynaft:ie particulière. Elle a été abrégée &
traduite de l'Arabe en Turc. Cet Auteur mourut l'an 999 de l'Hegire, de J.
C. 1590.
L'Auteur du Kafchf al dhonoun écrit , que quelques-uns donnent à ce livre
le titre d' Elm al Zakher^ Icience llirabondantc ; mais que fon véritable nom eft
Bahar al Zakhâr, qui fignifie une mer pleine & enflée j & ajoute que c'eft l'hif-
toire la plus ample que les Mufulmans aycnt.
GIAN BAL AT H, nom propre d'Al Malck Al Afchraf Caictbai , vingtième
Roy de la dynaflie des Mamlucs. Circafli-ns , lequel ayant été mis à la place
d'Al Malek Al Dhaher Canfou , dèpofé l'an 905 dé l'Hegire , fut auflî dcpo-
fé luy-mcme, l'an 906, qui efi: le 1500 de J. C. , après un peu plus de fix
mois de règne.
GIANBITAH, nom d'une ville, qui pafle pour être la plus grande de tout
le pays de Habafchah , qui efi: l'Ethiopie , quoy qu'elle foit bâtie en quelque
façon au milieu d\m défert. Elle eil fort peuplée & a plufieurs villages fituez
fur une rivière, qui prend fa fource au de-là de l'Equateur & qui le rend dans
le Nil , en coulant vers le couchant d'Eilé , auprès d'une ifie & d'une ville qui
font toutes deux nommées lalak. Il y a des Géographes , dit Edrifli dans la
cinquième partie de fon premier climat, qui prennent le fleuve qui pafle à Gian-
bitah pour le Nil 5 mais ils fe trompent.
GIANL
G I A N I. G I A R M A G I N. 137
GIANI. II y a trois Auteurs qui portent ce nom. Le premier cfl Abou
AbJallah Mohammed Ebn Malck Attlui, natif de Damas, Auccu.- di Tashil al
faouaid. yoyez ce titre.
. Le fécond eft Baflbr Giani. Foyez fou titre.
Le troifiè:ne eft Manfor Ben Omir A! A lih , natif d'ffpahan , & mort Tan
416 de l'Hegire, qui eft Autour d'Aful u taifarufaa , c'cft-à-cii.-c , des verbes
Arabes & de leurs conjugaifons.
GIANKOVA, Ville de la Chine, diftante de celle de Khancu , de huit
journées de chemin, félon Edriifi, dans la neuvième partie de fon premier climat.
GIAR ALLAH, furnom de Mahmoud Ben Omar Al Zamakhfchari , qui
mourut l'an 538 de l'îlegire. Ce furnom, qui fignifie Voifin de Dieu , lui iat
donne, à caufe qui! palla la plus grande partie de fa vie à la Mecque au.>. es
du Temple que les Mufulmans appellent Beit Allah, la Maifon de Dieu, il
étoit natif de la ville de Zamakhfcaar en KhoralTtn. Foy^z ce titre. Il eft Au-
teur du livre intitulé ^J]as al beldgat , les fondemens de l'Eloquence.
GIARAFIAH, les Arabes ont ainfi nommé la Géographie de Ptolemce,
qu'ils ont traduite en leur langue. Foyez -le titre d: Bathalmious. Ebn Alvar-
di cite fouvent cet ouvrage de Ptolemée . 'dans fon livre inlituié Kcricat al
âgiaib, le Joyau des choies les plus curicufes. l'oy:z aujji le titre de Giagratiah.
GIARBADKHANI, furnom de Najibeddin, Auteur Perfien, qui a com-
pofé le Roman de Befchir ve Hend. . Ce font les amouis 6l les avantures de
Befchir & de HenJ ou Hindah , qui font un de ces. couples d'Amants fameux
dans l'Orient.
GIARBURDI, furnom de Fakhreddin Ahmed Ben Haftan, qui eft Auteur
d'un commentaire fur -le Tasrif d'Ebn Hageb. Ce livre eft dans la Bibliothèque
Royale, n<^. 1087.
GIARHI, furnom d'un Dofteur Mufulman ce!èbre pour fa piété, nommé
ordinairement Aboulfaâddt, qui eft l'Auteur du Daovat Fatehah, Traité fur l'ex-
cellence du premier chapitre de l'Alcoran, nommé Al Fatehah»
GIARIR. Ebn Giarir, eft un des noms du fameux Hiftorien Abou Giàfar
Al Thabari, Foyez le titre de Thabari. Les Perfans le nomment fouvent au/H
en leur langue Pefter Giarir , le Fils de Giarir.
Il y a un Giarir ou Giorair , qui eft aufîi fameux pour fa beauté parmi les
Arabes, que Jofeph l'a été parmi les Hébreux.
GIARMAGIN & Giurmakin, Père & Chef de la race des Sahiout chez les
Mogols. Foyez le titre de Baifancor.
Les Giarraacides ou Giurmacides ont fait autrefois des incurfions dans la
Perfe & dans la Méfopotamie , plufieurs fiécles avant le Mahometifme. Les
hiftoires Orientales portent , que l'Empereur Carinus fut défait & tué par ces
peuples, qui s'étoient en ces tems-là rendus maîtres de Mouflal ou Ninive.
Tome II. S GIARMANI,
130 G I A R M A N I. G I A S S A S.
GIARMANI, furnom de Mohammed Ben Ali, Auteur du livre intitulé M
Efchdrdt u Al Tafchhehat, des Métaphores & des fimilitudes, c'eft-à-dire, en gê-
nerai, un livre de Rhétorique, qui traite des Tropes ou Figures. Nous avons
aufli de luy un Scharh ou Commentaire fur les Arbain ou 40 Traditions. Cet
Auteur mourut Fan de l'Hegire 729.
GIAROUMIAH, Grammaire Arabique, qui tire fon nom de fon Auteur,
nommé Abou Abdallah Mohammed Ben Mohammed Ben Daoud Al Sanhagi ,
lequel eft plus connu fous le nom d'Ebn Giaram & de Giaroumi. Ce livre efl:
dans la Bibliothèque du Roy, n". 1042, Manufcrit, & a été imprimé à Rome
dans rimprimerie de Medicis , auffi-bien qu'une autre Grammaire appellée Ca-
tiah. Cet Ebn Giaram eft auffi nommé Ben Agram.
Il y a dans la Bibliothèque du Roy, ïf. 1085, un commentaire du Seid Ab-
bas Azheri fur la même Grammaire.
GIARRAH, furnom de Mohammed Ben Daoud, Auteur du livre intitulé
Kctab Al l^ouzara^ le livre des Vizirs.
GIARRAZ. Ahmed Ben Ibrahim Al Thabib Al Afriki , efl fouvent citd
fous le nom d'Ebn Giarrâz. Il étoit Afriquain de nation & Médecin de pro-
feOion. Nous avons de lui un traité des médicamens fimplcs , intitulé Etecàd
fil ado'vidt al mofredat, & un autre des Médicamens compofez , intitulé Boghiat
fil adoviat al morakkMt. Il mourut l'an 400 de t'Hegire.
GIARVANI, furnom de Mohammed Ben Abdallah Ben Abd Manaêm Al
Haffani Auteur du livre intitulé Kaoukab al mnfelirck fi ma iohtage al maouthek.
Cet ouvrage enfeigne les conditions de toutes les efpèces de contrats licites par-
mi les Mufulmans. 11 fe trouve dans la Bibliothèque Royale, n". 594.
GIASCHNÏ, ce mot fignifie proprement en Perfien l'efTai & l'épreuve que
l'on fait de la viande à de la boilTon , avant que d'en faire fon repas , & il
fe prend métaphoriquement pour un échantillon de quelque chofe que ce foit.
" Giafchni & Tchefchni ghir eft celui qui fait cet effai à la table des Princes.
Les Turcs fe fervent de ce mot pour fignifier un des principaux Officiers du Sul-
tan, qui eft proprement ce que nous appelions l'Echanfon.
Giefchni ou Giefchen , fignifie autre chofe, comme l'on pourra voir plus bas.
GIx\SMANIAH, Eglife de Jcrufalem , bâtie par Théodofe le Grand, fur
le lieu où étoit le fepulcre de la iainte- Vierge, Mère de N. S. Elle fut brûlée
par Khofrocs Parviz , Roy de Perfe , après qu'il eut pris Jerufalem fur l'Empe-
reur Phocas , & n'a point été rebâtie , comme furent la plupart des autres qui
avoient couru le même fort.
GIASSAR, Céfar, c'eft-à-dire, l'Empereur des Romains. Giaffarlu en Turc
fe prend pour celuy qui eft du parti de l'Empereur , lequel cependant n'eft ap-
pelle ordinairement par les Turcs que Betche ou Vetche Crali, le Roy de Vien-
ne ou d'Autriche.
G TAS S AS, ce mot fi unifie proprement en Arabe le Plaftrier ou le Maf-
fon: c'eft le furnom d'un fameux DoCleur de la loy parmi les Mululmans, dont
le
G I A s s E M G I A U II A R. 135
le nom écoît Ahmed Ben Ali Al Razi , qui naquit l'an 305 de rHcgirc , &
mourut le 370.
Il fut fait Dofteur dans Bagdet par Aboul HaOîm Al Carkhi, & on le compte
pour le dernier des chefs de la feftc Hanifienne qui foûtient rigoureulement
le Cadha, c'eft-à-dire , le Dellin. NalTafi autre Dofteur célèbre fut fon difciple.
Giaflas expliqua à Bagdet les livres intitulez MùkhtafJ'ar , ou les fommaires de
Carkhi , & de Thagaovi , & compofa les Ahkâm Alcorân , & les Oifoul iil
fekhi. f^oyez ces titres.
GIASSEM, Bourgade fituée entre les villes de Damas en Sj^ie , & de
Tiberiade en Paleftine; elle s'efl: rendue famcufe par la nailfance qu'elle a donnée
à Abou Temâm, qui eft réputé par la plupart des Auteurs Orientaux pour le
Prince des Poètes Arabes.
GIATHLIC & Giathalic, Catholique. Nom de dignité parmi les Chrétiens
d'Orient qui fignifie le Patriarche ou fouvent le premier Prélat après le Pa-
triarche , qui eft comme fon Vicaire gênerai. Ce mot eft corrompu du Grec
Catholicos.
Les Orientaux fe fervent auiïï du nom Grec fans le corrompre. L'Eglifc
Cathédrale des Chrétiens de Damas appellée Mart Miriam , de fainte Marie,
étoit aulïï nommée Catholikiah: elle avoit coûté deux cent mil dinars d'or à
bâtir, & à orner, & fut brûlée par les Mahometans fous le Khalifat de JMoéla-
der l'an 312 de l'Hegire, de J. C. 924.
GIAUBERI, furnom d'Abdalrahman Ben Abibekr Al Demefchki, Auteur
du livre intitulé Kajclif al afrdr u hafk al ajtdr ,• la Découverte des Myfteres ,
qu'il dédia à Sultan Maffoûd le Gaznevide.
GIAUHAR, nom d'un Efclave, Grec de nation, lequel ayant été affranchi
par Manfor, Khalife de la dynaftie des Fathimites en Afrique, s'avança dans les
charges militaires jufqu'à celle de General d'armée. Ce fut lui qui conquit l'E-
gypte pour Moêz ledinillah, & qui fit bâtir la ville qu'il nomma Al Caherah,
& que nous appelions vulgairement le grand Caire , l'an de l'Hegire 358 , de
J. C.- 968. Cafour qui commandoit en Egypte comme tuteur des enfans d'Akh-
fchid étoit mort cette même année. Moêz cependant ne vint de Cairoan en
Egypte que l'an 362 , dans lequel la ville du Caire fut achevée.
GIAUHAR, furnommé Gedali , premier chef des Molathemiens ou Mara-
bouths , lequel après les avoir inftruits , & conduits , refufa d'être leur Prince
fouverain , & voulut vivre en particulier. Cet homme n'aj'ant pas obfervé
quelqu'une des loix qu'il avoit prefcrites fut condamné à la mort par un Juge
qu'il avoit établi lui-même, & la fouffrit avec une fort grande rcfignation difant
ces paroles: Il y a long-tems que je fouhaite de voir Dieu, & d'apprendre ce
qui fe paffe chez lui. Idha Ahebb iikà allah hatta art ma andhou. C'eft Novairi
qui rapporte ces paroles dans le chapitre des Molathemiali,
GIAUHAR Thamin fi feirat al molouk u al Selathin. Hiftoire générale
du Mahometifme jufqu'en l'an de l'Hegire 814 de J. C. 141 1.
Il y en a une autre qui porte le même titre mai s qui ne traite que de
S 2 . l'Egypte,
140 G I A U H A R — ~ G I A U H A R I.
l'Egypte, & qui arrive jufqu'au dernier Roy des Mamlucs nommé TomamBey,
vaincu par Selim, père de Soliman Sultan des Turcs.
Elle a pour Auteur un Ibrahim Ben Dacmac ou Docmac qui a vécu au moins
jufqu'en l'an de l'Hegire 906 , qui efl de J. C. 1500. Le titre de ce livre
lignifie la Pierre pretieufc.
GIAUHAR Al Albâb u Boghiat al Thollab. Livre de Théologie myflique
à l'ufage' des Sofîs , compofé par Mohammed Ben Al Vafa Al Schadeli.
GIAUHAR Al Fard fi ma iokhlaf bihi al harr u al âbd , Livre fi.ir la dif-
férence qu'il y a entre un homme libre ôc un efclave , compofé par Alemeddin
Salch Ben Omar Al Balkini.
GIAUHAR Al Ferid fi êlm al tauhid, traité de l'unité de Dieu par Kema-
leddin Mohammed Ben Iffa Al Demiri, mort l'an de l'Hegire 808.
GIAUHAR Al Ferid fi ômr al calîir u almedid, traité fur la brièveté, &
fur la longueur de la vie par un Anonyme.
GIAUHAR Al Maknoun, fil Cabail u al Bothoun , Livre très -ample de
Gcnealoi^ies , contenant l'origine des fouches, & des familles. Ces fouches font
les différentes tribus & races principales que les Efpagnols appellent Al Cabil-
das , nom tiré de l'Arabe Al Cabilah dont le plurier eft Cabail. L'Auteur
de ce recueil ell le Scherif Aboul berakàt HafTan Al Giavani, mort Tan 588
de l'Hegire.
GIAUHAR Al Monadham fi ziarat cabr al mokarram, traité du pèlerinage
& de la vifite du tombeau de Mahomet , fait par Amad Ben Hagiar Al Hai-
themi Al Mekki dans le tems qu'il faifoit ce pèlerinage l'an de l'Hegire 956.
GIAUHARAT al fard fi monadherat nerkhes u al ûard, Difpute entre le
Narciffe & la Rôle. Ouvrage fort fpirituel d'Ali Scherif Al Mardini.
GIAUHARAT al ietimat fi akhbar al Mefr al cadimah , Livre des antî-
quitez de Memphis, ou de l'ancienne Mefr, capitale d'Egj'pte. f-^oyez Giauhar
Thamin.
GIAUHARAT al thaminat fi fadhl Al Meccah u Al Medinah , traité fait
en forme de Mecamat, c'efl-à-dire , de Difcours Académique fur les prérogati-
ves des villes de la Mecque, & de Medine.
GIAUHARAT Al Nairat, Livre de fpiritualité , compofé par Aboul HaiTan
Al Coduri.
GlAUHARI, & pour prononcer ce mot à la Turquefque , Gieuheri, un
Jouaillier. C'elt le furnom d'Abou Nafr Ifmael Ben Hamad qui eft encore fur-
nommé Al Farabi Al Turki, à caufe qu'il étoit natif de la ville de Farab ou
Otrâr en Turqucftan.
Quoy que Giauhari fût Turc de naiffancc , il fit de fi grands progrez dans la
langue Arabique qu'il avoit étudiée en Mclbpotamie & en Egypte, que Ion lui
donne le titre d'Imâm allogat , C'eft-à-dire , de Maître de langue. En effet il
eu
GIAUHAR ZADEH. G I A V A H E R. 141
efl l'Auteur d'an Diftionnaire très-ample de la langue Arabique , qu'il intitula
Sekah aliogat , la Pureté de la langue , & on l'appelle Ibuvent à caufe de cet
ouvrage Saheb al Sehah, l'Auteur du Sehàh.
Il y a deux éditions de cet ouvrage : La . première s'«ppelle en langue Per-
fienne Sehah Dirineh , qui ell l'Ouvrage entier de Giauliari ; la féconde ell un
abrégé qui a été fait par Mohammed Ben Abubecr Ben Al Caher alRazi, dont
il y a uii exemplaire dans la Bibliothèque du Roy n°. 1088.
Outre ces deux éditions de TOuvrage de Giauhari , il y en a une troifièrae
qui porte le nom de Sehah gcdid u Kebir, c'eft-à-dire, le Grand, & le nouveau
Sehah, dans lequel on a fait quelques additions au premier Ouvrage de cet Au-
teur qui mourut félon Ben Callem à Nifchiabour , ville du Khoralfan , l'an 493 de
l'Hegire; mais félon Ben Schonah l'an 393, & félon Abulfeda dans fon hiftoire
l'an 398. ^oyez le titre de Camus.
Il y a encore d'autres Auteurs qui ont porté le furnom de Giauhari, comme
Giauhari Al Azdi , qui eft le môme que Vakedi. l^oyez ce titre. Un autre
qui a écrit contre Afiouthi fur le fujet de la béatitude des femmes. Foyez Aibab
al kefla.
.11 y a auflî une traduftion d'Oclides , c'cfl-à-dire , d'Euclide qui a pour Auteur
un Giauhari, fans parler de Schamfeddin Abdalnaâm , qui a fait un commentaire^
fur le Livre intitulé Erfchàd fit forôu /Il Schafei.
GIAUHAR ZADEH, .furnom d'Aboubekr. Ben Mohammed, Auteur d'un-:
commentaire fur le Livre intitulé ^dab ou Edeb al Cadhi , des qualitez d'un
Juge félon les principes de l'Imam Abou hanifah. Cet Auteur morirut l'an de
l'Hegire 483.
GIAUZEHER, en Langue Perfienne fignifie ce que les Aftronomes Ara-
bes appellent Acadtein , les deux nœuds , & encore Ras u Dheneb , la tête & la
queue. C'efl; ce que nos Altronomes appellent Caput IS cauda Draconis , la tcte
& la queue du Dragon, dans le globe ou Difque de la Lune, & dans le Cercle
ou Ciel du même Aftre.
GIAVAD & Giaovad, Libéral, Bienfaifant. C'efl le titre & le furnom
de Hathem Thai qui palfe pour le modèle des hommes les plus généreux &
libéraux parmi les Arabes. '
Ebn Giaovâd. Voyez le titre de Thai. Al Giaovad mis abfolument efl: im
des noms ou attributs de Dieu..
GIAVAHER, Plurier de Giaiîliar , qui fignifie toutes fortes de joyaux
tirez des mines, ou de la mer. Il y a pluficurs livres Orientaux qui portent
ce titre, quoy qu'ils ne parlent point de pierreries,
Ketab al giavaher eft un livre de Droit, tiré des plus doftes Jurifcon-
fultes Mufulmans , compofé par Thaher Ben Salam , Ben Caffem Al - Kho\^-
rezmi Al Anfari qui mourut l'an -jji de l'Hegire. Il efl dans la Bibliotlaeque
du Roy n'. 629.
GIAVAHER Al taffir , ell un Extrait des meilleurs commentaires de
l'Alcoran. Voyez le titre de Locraan.
S 3 GIAVAHER
I4i G I A V A II E R. G I A V I N I.
GIAVAHER al agdiah. Voyez le livre intitulé Morfched aux chapitres ii,.
12, 13 &.14, qui font dans la Bibliothèque du Roy n-'. 942.
GIAVAHER al ahgidr. Foyez Azhâr al afldr de Souflî. .
GIAVAHER al bohour u vakâi al omour u agiaib al dohour , Hilloire
abrégée d'Egypte faite par Ibrahim' Valfaf fchah , & continuée jufqu'à Selim
Sultan des Turcs qui la conquit fur les Mamlucs. Cette hilloire contient les
plus anciennes dynafties de l'Egypte.
GIAVAHER Al Khams , Recueil de prières pour les Mufulmans les plus
dévots : Il y en a de bonnes , & de fuperftitieufes. Ce livre qui efl divifé
en cinq chapitres a été compofé par Aboul Moviad Mohammed Ben Khathi-
reddin l'an gs^ de l'Hegire , & fe trouve dans la Bibliothèque du Roy n". 1029.
GIAVAHKR Al Keldm, Livre de lettres miffives qui a pour Auteur Mo-
hammed Ben Scharaf Al Zerâi. Il eft dans la Bibliothèque du Roy, n°. 1136.
GIAVAHER Al Naki fi redd al Beihald , Livre des Loix Mufulmancs ,
compofé par Abdallah Ben Abibekr , pour fervir de réponfe au Hvre du Dofteur
Baihaki.
GIAVIDAN Khird, la SagcfTe de tous les tems. C'efl: un livre de Philo-
fophie morale , compofé par Hufchenk ancien Roy de Perfe , lequel à été traduit
plufieurs fois, & en plufieurs langues.
Entre les autres verfions celle de HalTan , fils de Sohail , Vizir d'Almamon ,
feptième Khalife -de la race des Abbaflides, effc célèbre: il la fit en langue Ara-
bique fur l'ancien texte Perfien ; & elle a depuis été mife en Turc , dans un
flile très-élegant , par un Auteur qui l'a intitulée /Invdr Sohaili , c'eft-à-dire,
les lumières de Sohail , en faifant allufion du nom de ce Vizir à l'étoile de
Canopus, que les Arabes appellent Sohail.
Une partie de ce livre a été traduite en François par David Said d'Ifpahan , &
imprimé à Paris l'an 1644, fous le titre de livre des lumières, ou la conduite
des Roys. Le Traduéleur dit dans fa préface que ce livre fut traduit du Per-
fien en Arabe par Abulhalfan Abdalla, par ordre d'Abugiafar Almanfor, un des
Khalifes Abbaffides, mais il fe trompe; car ce fut«tîalfan Vizir d'Almamon qui
en fit la traduction; comme nous avons viï cy-delfiis. f^oyez Humaioun Naméh.
GIAVINI, furnom d'Aboulmâali Abdalmalek, Doftcur Metaphyficien très-
celebre qui porte le titre d'Imam al Haramein, c'eft-cà-dire, l'Intendant des deux
temples de la Mecque & de Medine. Il vivoit fous le règne de Malekfchah le
Sclgiucide, & a profeiïe la do6lrine de Schafèi à Nifchabour, où il eut le fi-
mcux Gazali pour difciple. Il y a de lui un ouvrage intitulé Faracât fil ojfoid
dans la Bibliothèque du Roy n°. S75- ^'et Ouvrage traite des fondcraens du
-Mufulmanifmc.
Il y a encore deux autres livres de lui. Al AJJalib fil khelafiat ^ de la diverfitc
.& contrariété des opinions , & Erfchdd fil kelâm. Ces deux Ouvrages font de
Metaphylique. On marque la mort de cet Auteur dans l'an 478 de l'Hegire.
MohammedAl Giaiiini Atha al molk, Vizir des Sultans Mamluks d'Egypte, cft
Auteur du livre intitulé Giamê al dakaik fi kajchf al hacaik, qui efl une Logique,
& une
G I A V I R D I, G I H A N. 14.3
& une Phyfique très-bien écrites fuivant les principes d'Ariïlote. Ce Livre efl
dans la Bibliothèque du Roy n*^. 907.
Giavini Auteur du Gihan Kufchai. Foyez Alaeddin.
GIAVIRDI, furnom de Fakhreddin Ahmed, Auteur" du livre intitulé Ba-
hath al dlldm. Les Queflions des Doftes, ou Queflions curieufes. 11 mourut
l'an 746 de l'Hegire. Cet ouvrage s'appelle aufli OiFail Giavirdi , & a été com-
menté par Abou Mokarrem Ahm^d Ben HolTâm.
GIAZLAH. Ben Giazlah, nom fous lequel efl le plus connu un célèbre
Médecin appelle lahia Ben IJfa, dit Al Cateb, l'Ecrivain, & Thabib Al Bagdadi ,
le Me.lecin de Bagdet. Il étoit Chrétien de naiirance: mais enfeignant la Logi-
que à Abou Ali Ben Al valid, chef de la feéèe des Motazales; il fut perverti
par fon écolier.
Ce Doélcur devenu ainfi Mufulman entre les mains de Mohammed Ben Ali
Al Damagàni Cadhi al Codhât, ou Chancelier du K'ialife Mocladi, compofa une
lettre, qu'il adrelfa à Elle, Prêtre Chrétien, pour juftifîer fon apoftafie , dans
laquelle il prétend par un aveuglement déplorable , prouver que Mahomet a été
prédit & annoncé dans le vieil, & dans le nouveau Teftament.
On doit faire beaucoup plus d'état de deux de fes Ouvrages , dont l'un efl
intitulé Al Menhage , ou Méthode pour guérir toutes les maladies , & l'autre
porte le. titre de Tacovim al abddn, tables divifées en plufieurs cellules, où il
traite des maladies & de leurs remèdes par ordre Alphabétique, pour le Kha-
life Moftadi.
Abulfeda dit dans la préface de fa Géographie , qu'il a emprunté la méthode
de fes tables de Ben Giazlah , qu'il a appliquée à la defcription des pays & Pro-
vinces, & l'a intitulée pour cette caufe Tacovim al boldan. Ben Giazlah mourut
l'an de l'Hegire 493.
GIESCHEN, & Giefchn, & quelquefois Giefchni, fignifie en gênerai chez
les Perfes une fête: mais plus particulièrement celle qui fe célèbre chaque mois,
le jour qui porte le nom du même mois. Par exemple Fervardin efl le nom
d'un des mois du Calendrier Perfien, & efl encore celuy d'un des jours de cha-
que mois , à fçavoir du dix-neuvième : c'efl pourquoy le jour nommé Fervardin
efl fêté dans le mois qui porte le même nom de Fervardin. On peut dire la
même chofe d'Ardbehefcht , & des autres.
Il ne faut pas confondre ce mot Giefchni avec celui de Giafchni duquel il a
été parlé plus haut.
GIGHIL, ville fituée fur les confins du Turkeflan , du côté de la Perfe.
Foyez Thardz.
•'
GIHAN, en Perfien le Monde, Votiez Gehân.
GIHAN Danefch, en Perfien la fcience du monde. C'efl le titre d'un livre
-de Cofmographie , qui n'ell que la traduftion Perfienne d'un livre Arabe intitulé
Al Cafiat fi êlm al heiat. L'Auteur de cette verfion efl Mohammed Ebn MafToûd
Al Maffbùdi. Cet ouvrage efl divifé en deux parties, dont la première, qui con-
tient 23 chapitres, traite des cieux , & la féconde qui en contient quatorze, fait
la defcription de la terre.
GIHAN
144 G I H A N. — G I H O N.
GIHAN Khatoûn, la Dame du monde. Nom d'une Sultane qui mérita paf
fon crprit de porter le titre de Ftridat zaman u fchaêrat d-:vràn. L'unique entre
les femmes du monde qui a le mieux reuffi dans la Poëfie.
Cette Princefle étant au bain, le Sultan fon mary lui jetta une petite boule
de terre pour l'exciter à dire quelque chofe ; elle fans hefiter lui recita auffi-
tôt ce diftique de Zehir, Poè'te Perfien : Le monde efl femblable à un vieil
château demi ruiné , bâti fur le courant rapide d'un torrent qui en emporte in-
ceffamment quelque pièce. C'eft en vain que vous penfez le reparer , & le
rétablir avec une poignée de terre. La Sultane faifoit allufion à fon nom de
Gihdn qui fignifîe le monde. Le diftique Perfien eft Gihân rabàth khardb ejt
der ghezerghiah feil. Gumân meber ki bick mufcht ghil fcheued mimour.
■ GIHAN Kufchai, la conquête du monde, ou traité des conquêtes qui fe
ibnt faites par divers Princes qui ont régné. C'eft le titre d'une Hiftoire Orien-
tale écrite en langue Perfienne par Alaeddin Athalmulc Al Giavini.
GIHIL Menàr, ouTchiliil minâr , les quarante tours ou fanaux. Les Per-
■^ans appellent ainfi ce qui refte des ruines de l'ancienne ville d'Iftckhâr ou
Eftekhâr, que l'on croit être la même que Perfepolis, autrefois la capitale de
TEmpire des Perfes. f^oyez le_ titre ^"Eftekhâr.
GIHON, les Arabes ■ appellent ainfi ce grand fleuve de l'Afie, lequel pre-
-nant fa fource dans la Province de Tokhareftan au pied du mont Imaus à l'O-
rient, traverfe le Badakhfchian & pays de Balkhe vers, le Midy , fe décharge
•d'une partie de fes eaux dans le lac de Khovarezme , couppe cette Provin:e
■en deux , & fe décharge à l'Occident dans la mer Cafpienne.
Il fepare par fon cours le pays d'Iran ou la Perfe d'avec le Touran ou Tur-
keftan , & donne h tout ce grand pays qu'il laille au Septentrion le nom de
Maovaralnahar , c'eft-à-dire , le pays de delà la rivière , ou la Province Tran-
foxane; car ce fleuve eft le même que l'Oxus des anciens.
Quoyque fon cours ordinaire foit du Levant au Couchant , il ne laifl'e pas
cependant de fe courber quelquefois du côté du Septentrion & du Midy. Les
villes deC-dt, & de Balkhe font fltuées fur ce fleuve du côté de l'Orient j Ter-
med & Amol au Midy; Corcange ou Giorgianie, capitale du Khovarezme, &. le
fameux château de Hezdr Esb vers le Couchant.
La Province qui borde le Gihon au Midy eft le Khorafllm , & quoyque ce
fleuve foit d'une extrême largeur , & d'une profondeur égale , & qu'il femble
lui fervir d'un fofllî qui la couvre' & la défende contre les courfes des Septen-
trionaux , il n'y a rien de plus ordinaire dans Thiftoire de Perfe que de voir
des armées innombrables de Turcs & de Tartares qui le pafl:ent à la nage fur
leurs chevaux , & qui viennent faccager, ruiner & brûler les plus belles villes
de cette Province.
Il eft vray qu'il y a trois principaux guez fur cette rivière qui font fameux
dans l'hiftoire , à fçavoir Conduz , Haclan , & Carki. Le Sultan Babur de la
race de Tamerlan pafla de Perfe , à Bokharah , & à Samarcande par les^ deux
premiers, & retourna en Perfe par le dernier, i'^oyez le titre i^'Amou , ri'Abia-
çiu, â? de Roudkhanéh qui font ks noms' Fer fiens de ce Jîeuve.
. . GILAN,
G I L A N. • G I 0 R A I G E. 145
■ GILAN, nom d'une Bourgade de l'Arabie Heureufe, ou de l'Iemen, fituée
notre les villes de Sanàa & de Zebid : elle n'eft éloignée de cette dernière ville
que de 36 milles. La Province du Ro3'aumc de Pcrfc appelléc ordinairement
Ghilân qui eft fur la mer Cafpicnne , eft auffi nommée Gildn par les Arabes. .
GILI, furnom de Cothbeddin Abdalkerim Ben Abi Saleh qui porte encore
le furnom d'Al Soiï, parce qu'il a été un des chefs de l'ordre des Sofîs, dont
on peut voir la fucceffion dans le titre de Konaovi: Il cR Auteur du livre in-
titulé Enfdn Al Kamel , l'homme parfait, qui efl dans la Bibliothèque du Roy
n**. 418, & d'un Poème intitulé Ainiah, dont toutes les rimes fe terminent en
une lettre de l'alphabet, que les Arabes appellent Ain. Cet Ouvrage fe trouve
auffi dans la Bibliothèque du Roy n^. 11 80.
GIM, c'eft la lettre G de l'alphabet Arabique. Ali Ben Jofcph al Bafraovi
a compofé un Poème qu'il a intitulé Monfargiab, dont toutes les rimes fe ter-
minent en cette lettre: c'eft pourquoi on fappelle auffi Al Gim. Il ell dans
la Bibliothèque du Roy n"". 1098.
GIM, dans la langue des Cathaiens eft le nom de la neufvièmo partie du
Cycle compofé de dix, lequel fe joignant avec un autre Cycle com.pofc de dou-
ze, va jufqu'à foixante, qui eft le nombre d'autant de jours qui fe rencontrent
fix fois dans leur année : de forte que Gim fchin eft le neufvième jour de ces
foixante, Gim vou, le dix - neufvième, Cimgin, le vingt-ncufvième, (imjem,
le trente-neufvième , Girageh, le quarante-ncufvième, Gim fou, le cinquante-
neufvième.
GIMI, ville Royale & capitale du royaume de Kalem qui fait une partie de
l'Ethiopie d'aujourd'hui. Elle abonde en toutes fortes de fruits, comme pêches,
abricots, grenades, &c. Son terroir produit auffi des cannes defucre, & la race
de fes Roys qui fe font rendus célèbres par leur valeur & par leurs conquêtes,
defcend de Scif Dhou Izen. /oyez ce titre,
AbJelmoal, Géographe Perfien, dit dans le chapitre des villes fituées entre la
ligne Equinoftiale , & le premier climat , qu'il y a plufieurs Provinces du grand
Empire des Abiffins qui ont été autrefois des Royaumes feparez, comme Kalem,
Barnagafche, & autres, f^oyez le titre de Habafchah.
Il ne faut pas confondre le nom de cette ville avec celui de Germi, qui eft
la ville capitale, & royale de toute l'Ethiopie, l^oyez aiijfi le titre' de Berbera.
GINN, & Ginni, une Fée, un Démon. Voyez le titre de Gidn.
GIOHNI, furnom de Mâabed Ben Khaled , Auteur de la fede des Cada-
riens, que Hegiage fit mourir à Balfora. Voyez Barezi.
GIORAIGE, ^om d'un enfant qui parla par miracle. Saheb Gioraige , nom
d'un Abiffin homme de fainte vie , dont Eokhari raconte l'hiftoire fuivante dans
fon Sahih.
Les Mufulmans font mention dans leurs livres de trois enfans qu'ils difent
avoir parlé dans le berceau. Le premier eft Ifta, ou Jésus Christ félon
qu'il eft porté dans TAIcoran. Le fécond eft celui-ci dont nous allons, parler,
Tome II. T nommé
14? G I O R A I G E.
nommé Gioraige, dont Thifloire eft rapportée au long dans le livre de Bokharl"
intitulé Sahih al Bokhari , fuivant la tradition d'Abou Horeirah.
Il y avoit un Abiffin parmi les Ifraëlites , lequel étoit fi fort addonné à la
prière , qu'il ne Ibrtoit preique point de fon Oratoire ; fa mère l'appeilant un
jour pour quelque affaire , il ne lui répondit point , pour ne pas interrompre
îbn exercice ordinaire , de forte que fa mère fâchée lui lit une imprécation &
fouhaita que quelque femme pût le débaucher.
Il arriva peu de tems après qu'une prollituée fe prefenta à lui, lorfqu'il prioit,
& le follicita puiffammcnt : mais l' Abiffin refilla courageufement à cette tentation ,
& renvoya cette impudique qui fut fort irritée de fon refus , & refolut de s'en
venger. Pour cet effet elle s'abandonna à un Berger dont elle eut un fils nom-
mé Gioraige qu'elle difoit être du fait de l'Abifîîn. Tout le peuple ému de ce
fcandale, courut à FOratoire de cet homme, le renverfa , & le chargea d'inju-
res, & de coups qu'il fouffrit fort patiemment.
Après ce mauvais traitement, nôtre Solitaire s'étant mis à fon ordinaire en ;{
prière, recommanda à Dieu fon innocence, & le pria avec beaucoup de ferveur,
qu'il lui plût la faire paroître devant tout ce peuple irrité contre lui. Dieu
l'exauça , & lui infpira de demander publiquement à l'enfant que cette femme
tenoit entre fes bras , quel étoit fon père ? L'Abifîîn le fit , & l'enfant qui n'a- -
voit pas encore l'ufage de la parole , lui répondit d'un ton fort haut & intelli-'
gible , que c'étoit un Berger , qu'il indiqua. Le peuple touché, alors d'un fi
grand miracle , fit au Solitaire une réparation publique du tort qu'il lui avoit
fait, & lui offrit de rebâtir fon hermitage beaucoup plus beau qu'il n'étoit: mais
il leur déclara qu'il fe contentoit qu'on le rebâtit de terre comme il étoit au-
paravant. Depuis ce tems-là l'Abifîîn fut nommé Saheb Gioraige, c'eft-à-dire ,
l'homme de Gioraige à caufe de cet accident.
Le troifième enfant qui a parlé avant que d'avoir l'ufàge de la langue , dit
le même Bokhari, étoit parmi les Ifraëlites. La mère qui le portoit entre fes
bras voyant paffer un Cavalier de bonne mine , richement vêtu , & bien monté ,
dit au(fi-tôt: Plût h Dieu que mon enfant fût un jour femblable à ce Cavalier t:
L'enfant entendant ces paroles, quitta aufïï-tôt la mammelle de fa mère, fe mi
à regarder fixement ce Cavalier, & prononça enfuite ces paroles : Ne permet-
tez pas. Seigneur, que je devienne jamais femblable à cet homme.
Sa mère bien furprifc de l'entendre parler, vit paffer quelque tems après un
criminel que l'on fuftigcoit, & elle dit aufli-tôt à Dieu: Ne permettez pas. Sei-
gneur , qu'il en arrive autant à mon enfant : Mais l'enfant à ces paroles fe tourna
tout à coup vers elle, & pria Dieu qu'il lui arrivât un accident pareil. Sa mère
encore plus étonnée qu'auparavant , l'interrogea pourquoi il parloip ainfi , & il
lui repartit : La raifon eft que le premier efl un méchant homme , & celui-ci
un innocent, lequel au milieu des outrages qu'il fouffrc , dit inccfîamment: Je
fuis content, Aihh hasbi, Dieu me llifEt, c'eft lui qui me tiendra compte de ce
que j'endure, de forte que cet homme a acquis par fa patience, & par fa refi-
gnation à la volonté de Dieu, un degré fort ém.inent de mérite, auquel je fou-
haitcrois bien de pouvoir parvenir un jour. 'J hiraz Al-Mmicuufch.
Ce^Saheb Gioraige dont il eft parlé cy-defTus étoit apparemment Chrétien, &
peut-être ie mi-me que Thacalhaimanout , duquel les Ethiopiens ou Abifîîns ra-
conteiu plufîcurs miracles allez femblables, dans la vie qu'ils en ont écrite en
langue
G I O R G I A K G I C^ R G I A N I. 147
langue Ethiopienne par l'ordre de Claudious, leur Roy. Cette vie a été traduite
en Arabe, & nous en. avons un exemplaire dans la Bibliothèque du Roy.
GIORGIAN, & Giorgianiah. C'ell la ville capitale du pays de Kliovarezm-
l'on la nomme encore Corcangc. Elle eft fîtuée vers les embouchures du fleuve
Gihon, & à l'Occident de ce fleuve qui prend en cet endroit fon cours vers le
Septentrion. On attribue il\ fondation à lezid Ben Mahaleb.
Cette ville a donné fon nom à la mer Cafpienne; car les Arabes, & autres
Orientaux l'appellent la mer de Giorgiân, auffi-bien que la mer de Gliilan , de
Dilcm, & de Bacovieh.
Elle donne auÏÏî fon nom h une petite contrée qui porte encore le nom de
Kerkân. Les tables Arabiques mettent cette ville dans la Province de Kerkâa
à 90 degrez de longitude , & à 36 de latitude.
Le pays où elle eft fituée abonde en foye , & en faffran. Quelques Hiflo-
riens divifent cette ville en grande & petite , & lui donnent fouvent le nom
du pays dont elle eft la capitale, à fçavoir de Khovarezm.
^oyez le titre de Sauli , ou Souli , dans lequel vous trouverez que lorfque les
Mufulmans s'emparèrent du pays de Giorgiaa , lezid fils de Mahaleb dépouilla
Savé & Firouz qui y regnoient , dont le premier étoit Chrétien , & le fécond
Mage de Religion. Hamzah Ben Jofeph a écrit l'hiftoire de Giorgian , qu'il ne
faut pas prendre pour la Géorgie , car les Orientaux appellent celle-ci Gurge
& Gurgiftan-
GIORGIANI, celui qui eft natif du pays de Giorgian. Un des plus
célèbres Dofteurs du Mufulmanifme qui ait porté le furnom de Giorgiani, eft
Alfeii Alfcherif Abou Haflan ou Hoflain Ali qui naquit l'an 740 de l'Hegire,
mourut en 816, à Schiraz où il fut enterré.
Il a été difciple de Mobarekfchah , & de Alaeddin Mohammed Ben Atthâr AI
Bokhari, & il difoit parlant de celui-ci, qu'il n'avoit point connu Dieu avant
qu'il le fréquentât.
Il eft l'Auteur des Taârifât , qui contiennent une explication fort ample de
tous les termes de Philofophie , & de Théologie. Ce livre fe trouve dans la
BiWiotheque du Roy n". 637.
Le même Auteur a fait une glofe fur l'Euclide de Naffireddin , & un com-
mentaire fur les Adâb d'Aigi.
n y a plufieurs autres Auteurs du même nom , comme Alfcherif Al Holfaini ,
fils du premier.
Un Médecin célèbre qui vivoit fous Atfiz , Sultan des Khovarezmiens & qui a
compofé Agradh al ïhaibât , &, Dhakhirat Khovarezmfchahiat en l'an 530 de
l'Hegire.
Un Mathématicien nommé Aboulvafa qui a commenté Euclide , & qui eft
peut-être l'Auteur du Tabacât Nafferi.
Un Grammairien nommé Aboubecr Ben Abdalcaher, Auteur des Aovamel,
c'eft-à-dire , des particules de la langue Arabique , qui entrent en régime. Ce
livre eft dans la Bibliothèque du Roy n^. 117. Il a compofé auflî un traité
de Rhétorique fous le titre (ÏJfrdr albelagat.
Mohammed Giorgiani, vaillant capitaine, & gonverneur de la ville de Herat
pour le Sultan de Khovarezm , fut tué en défendant cette place contre Tuli-
khân fils de Genghizkhan.
T a GIORHAM,
148 G I 0 R H A M. G I 0 U.
GIORHAM, père d'une des plus anciennes tribus des Arabes. Les Gior-
hamides avoient autrefois l'intendance du temple de la Mecque , & ils eurent
à cette occafibn de grandes querelles avec les Ifmaëlites.
Il y a auprès de la Mecque une montagne appellée Gebal Gerahem ou Gior-
liam , la montagne des Giorhamides , où cette tribu fe retira pour le fortifier
contre leurs ennemis. Voyez le titre de Zemzem.
GIORM Mah & Giormrouz. C'eft le même mois & le même jour que les
Perles appellent dans leur Calendrier Dimah & Dirouz.
GIOSLIN & Giolfin, les Arabes appellent ainfi le Comte JofTelin, auquel
ils donnent le titre de plus brave des Francs. Il eft alTez connu dans nos hil-
toires des guerres de la Terre fainte.
Il étoit Seigneur de Telbalcher & de plufieurs autres villes fur l'Euphrate au
Septentrion de la ville d'Alep , qu'il tenoit à titre de Comté , & étoit vallal
de Baudouin , Comte de Roha ou d'EdelTe. Il délivra cette ville du fiége que
Maudoud, Prince de Moulîal ou Moful, y avoit mis, & offrit de grandes fom-
mes d'argent à Baudouin pour acheter fon Comté , qui étoit fouvent ravagé par
les Turcs ou Turcomans , qui le ravageoient tous les ans. Baudouin fut li fort
irrité de cette offre qu'il priva Jolîelin de fes Etats , & le reduilit à l'état d'un
particulier.
Baudouin, Roy de Jerufalem , touché de l'infortune d'un fi brave Guerrier,
luy donna le Comté de Tiberiade , afin qu'il le fécondât dans la guerre qu'il
faifoit aux Tyriens, comme il fit.
L'an 543 ou 544 de l'Hegire , Jolîelin battit l'armée de Noureddin, Sultan
d'Alep , qui menaçoit la ville d'Antioche : mais ce Sultan eut bien fa revan-
che; car il gagna quelques chefs de Turcomans lefquels lui drelferent une em-
bufcade, l'enlevèrent , lorfqu'il étoit à la chaffe & le mirent entre les mains
du Sultan, dans les prifons duquel il mourut.
La prifon de JoiTelin tombe dans l'an 1149 de J. C. , un an après que Louis
Septième & l'Empereur Conrard eurent , par la trahifon des Chrétiens' de la Pa-
lefline, manqué la prife de Damas, & furent partis pour retourner en Europe ,
au tems que faint-Bernard prêchojt fa croifadc.
GIOSTHAH , Ville fituée dans le pays de Mozambique, que les Arabes
appellent Sefalat al dhahab , la Plaine ou la Campagne de l'or, proche la vil-
le qui porte aujourd'huy le nom de Sofala. La ville de Gioflhah efl petite:
mais elle efl au fond d'un golphe fort fpacieux , où il y a un fort bon mouil-
lage pour les vailTeaux.
G 10 T TA , Ville du Khouziftan ou de la Sufiane , d'où étoit natif Abou
Ali , furnommé Al Giottai ou Al Giobbai , difciple d'Aboulhaifan Al Afchàri,
Il paffe pour lAutcur de la fe»5te des Motazales. Voyez Gioubba.
GIOU ou Tchiou , c'eft le fécond jour des douze qui font principalement
remarquez par les Khataiens , pour être heureux ou malheureux. Il y en a
quatre noirs ou malheureux , quatre jaunes ou heureux , du nombre dcfquels
eft Giou, doux blancs qui font très - heureux , & deux rouge -bruns qui font
très-malheureux.
Le
G I 0 U. G I O U B I N. • 149
Le même mot fignifie auffi le fécond Giagh ou Cycle d'années dans leur Ca-
lendrier,
Giou Schiou eft la quatorzième partie des 24 de leur année , dont chacune
eft. de quinze jours & leur fert de femaine.
GIOU Al Bacar , la ûiim du bœuf. Les Arabes appellent ainfi la maladie
que les Grecs ont nommé Boulimiu dans la même fignification. Les Latins lui
ont donné le nom de Faim canine.
Les Hiftoriens Orientaux remarquent que Schah Schegià , Sultan des Modhaf-'
feriens, défait par Tamerlan, étoit tellement tourmenté de cette maladie, qu'il
ne pouvoit fe raiïafier, ni dans le voyage, ni dans le repos.
GIOUBAIR & Giobair. Abou Abdallah Saîd Ben Giobair Ben Hefchâm
Al Aiïadi , Docteur célèbre de Coufah , difciple d'Ebn Abbas & d'Ebn Omar,
fut mis à mort l'an 95 de l'Hegire par Hegiage , qui ouit une voix qui lui
fignifia qu'il fcuffriroit la mort pour chaque homme qu'il avoit fait mourir , &
70 fois pour celui-cy.
GIOU BAN. Emir Giouban , Général des armées d'Aboufaid , fils d'Algiap-
tou, avoit été fon tuteur , & avoit gouverné, avec un pouvoir abfolu, l'Em-
pire des Mogols Genghizkhaniens dans la Perfe.
Le Sultan le fit mourir , à caufe du refus qu'il fit de lui donner fa fille en
mariage. Foysz le titre rfAbufaid. Son fils nommé Timurtafch , Gouverneur
du pays de Roum ou de Natolie , & fes dépendances, ayant appris la mort de
fon père , fe réfugia auprès d'Aï Malek Al Naller , Sultan des Mamlucs en-
Egypte.
Haflàn Kugiuk, fils de Timurtafch, voyant, qu'après la mort d'Abufaîd Em.-
pereur des Mogols, qui n'avoit point lailfé d'enfans, tous les Gouverneurs des
provinces fe faifoient les maîtres abfolus & indépendans dans leurs gouverne-
mens, & prenoient les titres de Sultans & de Princes, crut qu'il ne devoit pas
luy feul vivre en particulier.
Pour venir à bout de fes delTeins , il alla dans le pays de Roum ou Nato-
lie, où fon père avoit beaucoup d'amis, & y ayant afl'emblé un nombre con-
fidérable de troupes, il fe rendit maître de l'Adherbigian & de l'Iraque Perfien-
ne , rendant inutiles tous les eff'orts d'Arbah Khan & de Haflan Buzruk , fur-
nommé Ilekhani , qui étoient ilTus de la race royale des Mogols.
Ce fut l'an 738 de l'Hegire, de J. C. 1337, deux ans après la mort d'A-
boufaid , que Hafllin Kugiuk établit la dynaftie des Gioubaniân , & régna fept
ans , pendant lefquels il eut toujours la guerre avec quelqu'un de fes voifins
& lailfa ^Qs Etats à fon frère Malek al Afchraf , qui en régna treize.
GIOUBBx\, Nom d'un lieu appartenant à la ville de Bafibra & au Khuzi-
ftân , duquel étoic AI Giobai , difciple d'AbouIhaflan Al Afchâri. Foyez plus
haut Giotta.
GIOUBIN, furnom de Baharam, que quelques Hiftoriens mettent au nom-
bre des Roys de Perfe de la dynaftie des SalTanides. Il n'étoit pas de la race
rpyale, & cependant il fut reconnu pour Roy légitime, après qu'il fe fut ré-
volté contre Hormouz , fils de Noufchirvan. Voyez le titre de ce Frince.
X 3 On
IS9, G I O U C A H. G I 0 U N.
On donna à ce Capitaine le fumom ou plutôt le fobriquet de Gioubin ou
Tchoubin, qui fignifîe du bois fec, à caufe qu'il étoit long & maigre.
GIOUCAH ou Tchocah AdaOî. Les Turcs appellent ainfi l'IAe de Cerigo
dans l'Archipel, que les Grecs & les Latins ont connu fous le nom de Citliœra.
GIOUD, la libéralité. L'Auteur de l'Humaioun Nameh dit., que c'eft le plus
grand des attributs de Dieu , fi cela fe peut dire , à caufe que les bienfaits de
Dieu le répandent généralement fur toutes les créatures & pénètrent intimement
leur fubftance. Giond agiovad fefdt dhât vagib al vougioud. Surquoy il rapporte
la tradition Prophétique qui fuit.
La libéralité dans les hommes cft une branche de l'arbre de la félicité, dont
ia racine eft dans le Paradis, où elle ell arroufée dos eaux du fleuve Couther,
qui la font croître de jour en jour.
Les Arabes difent , que tous les vaillans hommes ont été libéraux jufqu'à Ab-
dallah , fils de Zobeir , lequel fut fort brave & fort avare. Cet Abdallah eft
celuy qui a porté le nom de Khalife, pendant que les Ommiades regnoient &
qui a interrompu leur dynaftie.
Ahel gioud , Auteur de Reml ou de Géomantie , duquel il eft fait mention
dans le Reml Magmoû.
GIOUD, Giouda & Gioudi, nom de la Montagne où l'Arche de Noë s'ar-
rêta dans le pays de Moufllil ou de Diâr Rabiâh en Méfopotamie , au pied de
laquelle il y a encore un village nommé Thamanin & Corda. Ce font les monts
Gordiens, que l'Ecriture fainte nomme Ararat.
Les Turcs ont une tradition, que l'arche s'arrêta fur une montagne de l'Ar-
ménie, qu'ils nomment Parmak Daghi , la Montagne du doigt , à caufe de fa
figure, & que les reftes de l'arche s'y vOyent encore.
Gioud eft aulîî une chaîne de montagnes qui s'étend le long des pays de Za-
bleftan & de Gaiir. Foyez le titre de Schehabeddin.
GIOUEH & Giouah, Ville du pays de Rerbera, qui eft la côte de Cafrerie
ou le Zanguebar, plus méridionale de deux journées , que Carcounah , qui ap-
partient au même pays, & fort proche de celle de Bathah en Ethiopie.
GIOUF, les Arabes appellent ainfi la partie littorale ou Maritime de l'E-
gypte, que le vulgaire appelle le Chouf. Schamfeddin Ahmed Ben Khalil, Cadhi
de Damas, en 637 de l'Hegire , Auteur d'un Commentaire fur Erfchad fi êlm
alkhelàf, eft furnommé Al Gioufi.
GIOUGHI & Gioghi, un Dervifche Indien. Efpèce de Religieux Idolâtres,
que les Arabes appellent Fakir. Ces gens-là vont tout nuds & pratiquent des
aufteritez incroyables. Voyez le titre de Behergir. Tavernier en parle beaucoup
dans la relation de ks voyages; il les appelle Giogues.
GIOUL & Soûl, Ville du pays de Giorgian. Voyez Souli.
G 10 UN Al Hafchifch , le Golfe des herbes. C'eft un golfe de la mer de
l'Iemen ou Océan Arabique, qui eft dans le pays de Hadhramout: il eft fait en
'forme de fac & on le tient fort dangereux. li y a dans la partie Orientale de
GI'OV N. G I O U Z G I A N r, 15^
ce golfâ deux ifles , nommées Kharthan & Marthan , qui regardent la ville de
HaflTek dans le continent de l'Arabie.
G 1.0 UN Al Malek, le Golfe Royal. Ville de laThebaïde, fituée fur la mer
rouge.
GIOUr^D, Ville du Turkeflan, de laquelle font fortis plufieurs gens de lettres.
Gioundifchâbourj ville du Khuziftan , bâtie par Schabour, fils d'Ardfchir Ba-
begàn.
GIOUND, Ville de l'Iemen ou Arabie Heureufe, dans laquelle il y a un
Mefged Giamê, c'efl-à-dire, une Mofquée principale, bâtie par Moàz Ben Ge-
bàl pour les Schiites ou Seftaires d'Ali, "qui y font en très-grand nombre. Cet-
te ville efl: plus Septentrionale que Sanâa, capitale du pays, d'où elle eft éloi-
gnée de près de 80 lieues.
Al Gioundi ell le furnora d'Ahmed Al Caheri , qui a commenté le Meffal
de ZamakfGhari. .
GIOUNI, furnom dejofef Ben Ifmaîl, lequel porte auffi le furnora de Ben
kebir, lequel compofa , l'an 711 de l'Hcgire , un livre de Médecine, intitulé
Malaieffâ, où il efl: traité de la connoilfance & de l'ufage des Simples. Il elt
dans la Bibliothèque du Roy, n°. 963.
GIOUR, Ville du pays de Fars, c'efl-à-dire , de la Pcrfe proprement di-
te, diftante de celle de Karzoun de feize parafanges. Elle efl fituée dans un
terroir fort agréable , rempli de jardins & arroufé d'une grande abondance d'eaux.
Ses folTez & fes murailles la rendent confidérable pour fa force.
GIOURTASCH"; c'efl la même chofe que Gioudeh tafch & Senkideh. -
Pierre myflerieufe des Turcs Orientaux, qu'ils croyent avoir reçue de leurs an-
cêtres , de main en main , en remontant jufqu'à Japhet , fils de Noé , & ils
prétendent, qu'elle a la vertu de leur procurer la pluye quand ils en ont befoin.
GIOUSCHANI, furnom d'un Sofi, qui portoit auffi le nom de Nagmed-
din, lequel depofi^eda les Fathimitcs du Khalifat d'Egypte. -Voyez le titre d'Ad-
hed , dernier Khalife de cette race.
GIOUZ Alamzah , Drogues mêlées. Titre d'un livre de l'Imam Cafchiri,
qui n'efl autre qu'un abrégé du Sahi de Mondheri , où il efl traité de la Sun-
nah, c'efl-à-dîre, félon le langage des Mufulmans , de tout ce qui n'efl que de
tradition, & qui ne lailfe pas pourtant d'être d'obligation; mais non pas fi pré- •-
eife que ce qui efl expreitément écrit dans leur loy.
GIOUZ AN Demefchk , nom d'une des Contrées du pays de Damas ou de '-
la Cœlefyrie. Voyez Sarkhad. .
GIOUZGIANI, furnom d'Abou Ali, qui pafiè pour un des plus grands ■''■•
fpirituels du Mufulmanifme. Dans le chapitre de l'Alcoran , intitulé Ibrahim ,
Mahomet fait dire à Dieu les paroles fuivantcs aux Ifraëlites : Vous fouvemz-
vnus de ce que je vous ay dit fi fouvent , fi vous êtes reco7inoi[fans de mes grâces,
fy en ajoiiteray encore d'autres, mais fi vous en êtes mécowwijfans , il vous airivera
du
I5i 7 -G I 0 U Z î. G I O Z 0 U L I.
àe grands mduX: car vous ferez privez de mes grâces en ce monde, ^ vous ferez
punis feverement en Vautre.
Abou Ali Giouzgiani , au rapport de Selemi , paraphrafoit ainfi ces paroles :
Si vous me remerciez de Ja grâce de vôtre vocation à la vraye Religion , je
vous donneray la grâce d'une vive foy: fi vous me remerciez de celle -cy, j'y
ajoûteray celle des biens temporels. Si vous êtes reconnoiflans d» cqs biens ,
je vous gratifierai des biens fpirituels, tels que font \qs dons de fcience & d'in-
telligence. Si vous n'êtes pas ingrats de ces dons , vous ferez élevez jufqu'au
degré d'union avec moy par amour : Si vous me remerciez de cette grâce fpé-
ciale , vous arriverez à un degré fublime de contemplation , & enfin fi vous
me rendez les grâces qui me font dues pour un fi grand bienfait, je vous com-
blerai de la plus grande des faveurs que puiiTe recevoir un homme en ce mon-
de , qui efl de vous admettre dans le cabinet de la familiarité la plus intime ,
& de vous communiquer ma préfence par une viie intelleftuelle.
On peut recueillir de ces paroles , dit Selemi , que l'aftion de grâces efl l'é-
chelle par où l'on monte de degré en degré jufqu'au plus haut fommet de la
perfeélion , ce que le Methnevi confirme en difant : L'a6lion de grâces efb une
augmentation de grâces à celuy qui fçait employer fon cœur & fa langue à la
„bien faire : Elle chafie toutes les maladies de l'ame & guérit toutes les . playes
"du cœur. Foyzz Huifain Vaêz, page 465 de fa Paraphrafe Perfienne.
GIOUZI. Aboulfarage, Ben AH Ben Al Giouzi, père dé Schamfeddin Abul-
"farage Al Giouzi, qui fut le maître de Saâdi, fameux Auteur & Poète Perfien.
- . Ebn Al Giouzi mourut l'an $ç)Y de l'Hegire, & nous a laifié plufieurs ouvra-
ges hifloriques, & entr'autres Tarikh al montadham , Chronique en vers. Aâmdr
al âidn. Vies des hommes illuftres. Alerat al zamân^ le Miroir des tems. Akh-
bdr al BeramscaJi , rhifi:oire des Barmecides. Tanovir al gabafch , Traité des Nè-
gres & des Abiffins. Icadh al vefnat , le Réveil du fomnieil. Ryfchâd al morid^
Inllruftion pour celuy qui commence la vie fpirituelle, &c.
GIOVALEKI, furnom d'Abou Manfor Mauhoub Ben Ahmed , mort l'an
-465 de l'Hegire, qui a commenté le livre intitulé Jdab al ketab.
GIOVANGAR, c'cfi: en langue Mogolienne ce qui efi: à la main gauche:
de même que Berangar eft ce qui cil à la droite. Ces deux mots s'entendent
particuHèremcnt de la droite & de la gauche d'un pays , & de Faîle droite &
gauche d'une armée.
Les vingt- quatre peuples dcfcendus des fix enfans d'Ogouzkhan , Empereur
.-des anciens Mogols , partagèrent ainfi leur pays en Berangar & en Giovangar;
& , depuis ce tems-Ki , les Mogols de h droite ne fe font plus alliez avec ceux
de la gauche; ce qui a fait , dit Mirkhond , qu'ils ont confervé plus aifémcnt
•leurs généalogies.
GIOZOULI, furnom d'Abou Moufili Ben Iffa Ben Abdalâziz, Auteur d'un
.;Commentaire fur Oflbul fil nahou, qui efl; une Grammaire Arabique d'Ebn Sar-
,rage. Cet Auteur mourut l'an 677 de l'Hegire.
Il y a un autre Giozouli, Auteur du Delail al lihairat, les marques excellen-
,tes, qui efi; un Traité fur la bénediftion que les Mufulmans ajoutent toujours
; au. nom .de leur faux Prophète , qui efl, Salallah àkibi u faldm , h bénediélion
&
G I R E F T. G I U M A A T. i^3
& la paix de Dieu foit fur luy. Ce livra eft dans la Bibliothèque du Rov
n^ 6s7- Cet Auteur fe nomme Abou Abdallah Mohammed Ben Soliman Bon
Abibekr.
GIREFT, Ville capitale de la province de Kcrman , dont le terroir eft
fertile en palmiers , citroniers & orangers. Il s'y fait un grand commerce de
toutes les marchandifes du Khoraffan & du Segeflan, & elle'n'eft éloignée d'Or-
muz que de quatre journées.
Les Tables Arabiques , qui la nomment Siràf & Sireft , lui donnent 88 de-
vrez de longitude & 29 de latitude. Ce fut dans cette ville qu'Abou NafTer
fils de Bakhtiar , fe réfugia. Foyez ce titre. " '
GIRGIR, Roy d'Afrique dans les plus anciens tems , tué par Afrikin, fils
de Kis Hemiarite. Ce Kis étoit Arabe , de la famille de Hemiar , qui a é'tabli
une dynaftie particulière de Roys en Arabie. Ptolemée appelle la nation par-
ticulière de ces Arabes , les Homerites , & c'eft de cet Afrikin , que la province
proprement dite d'Afrique, a tiré fon nom; car pour le grand pays entier, qui
fait une des quatre parties de la terre, les Arabes la nomment Magreb , l'Oc-
cident, quoy qu'effeélivement ce nom ne convienne proprement qu'à la Mau-
ritanie & à une partie de la Numidie.
GIUDDAH ou Giddah, Ville Maritime de l'Arabie Petrée , fituéc dans la
contrée ou province appellée Hegiâz ou Negd , dans laquelle plufieurs placent
les villes de la Mecque & de Medine. Elle eft bâtie fur le bord de la mer
rouge à deux journées de la Mecque , dont elle eft , pour ainfi dire , le port.
C'eft dans le port de cette ville que les Galères du Turc , qui hyvernent
ordinairement à Suez dans le fonds du golphe Arabique , viennent aborder pour
y décharger les provifions qui viennent d'Egypte & de Syrie , & y charo-er les
marchandifes du pays , comme les cuirs ou maroquins préparez , les gommes ,
le café & les autres drogues de l'Arabie.
Gidda eft auffi un entrepos des caravannes qui paffent par mer de Gaidhâb,
ville d'Egypte, à la Mecque, & c'eft-là auffi que les Mahometans croyent qu'eft
le fepulcre d'Eve.
C'eft auffi à Gidda que fe tranfportent par mer les ma'-chandifes des Indes,
que l'on décharge à Moka , port de la mer rouge qui eft plus méridional , &
où les plus gros vailfeaux peuvent aborder.
GTUGH, Cycle des Indiens, qui contient plufieurs Lek , dont chacun eft
^e plulieurs milliers d'années. Les Philofophes Indiens difent , que le monde
doit durer pendant le cours de quatre de ces cycles.
Ils appellent le premier, Sate giugh ; le fécond , Trita giugh ; le troifième,
Duaper Giugh; & le quatrième, Calé giugh.
Les trois premiers, félon le rapport de ]\L Bernier, font déjà écoulez, & le
quatrième, dans lequel nous forames, eft déjà beaucoup avancé.
GIUMAAT. laûra al giumâ & al giumâat, le Jour d'aflembléc. C'eft le
jour que les Mahometans ont confacré au culte de Dieu, qui eft le Vendre Jy
de chaque femaine: les Arabes du paganifme le reveroient ayant une tradition.
Tome IL V que
154 G I U M A H A T. G I U N E I D.
que les ouvrages de la création avoicnt été confommez ce jour-là , & ils l'ap.
pelloient Jaum al âroubat.
Les premiers Grecs , qui ont combattu le Mahometifme , fans le connoître ,.
ont rapporté le refpeft , que les Alufulmans portent à ce jour , au culte de
l'étoile de Venus.
Les Mahometans attribuent à ce jour plufieurs prérogatives & excellences,
comme l'on peut voir dans le titre /f lofchovâ Ben Noun.
Ebn Batrik remarque, que Conllantin le Grand ordonna, par un Edit parti-
culier , que le Vendredy de la femaine fainte & celuy de la femaine Pafchale
Icroicnt fêtez & chômez. Le premier de ces deux Vendredis efl appelle par
les Chrétiens d'Orient Giumâat al alàm , le Vendredy des douleurs , & le fé-
cond , Giumâat al Kcbirat , le grand Vendredy. Foyez le titre de Leiflaliemin ,
qui eft . le bon Larron de la Croix.
Il y a plufieurs cérémonies attachées au jour du Vendredy parmi les Mu-
fulmans, car ils appellent ce jour Seid al aiam , le Seigneur des jours , & ils
croyent, que le Jugement dernier fe fera dans ce jour.
GIUMAHAT. Schamfeddin ou Azeddin Mohammed Ben Giumâhat , a
commenté le Cafîîdah ou le Poëme d'Ebn Farah , &. compofé le livre intitulé
Arhâin Motabainât. Foyez Arbâin.
GIUMAZEH, efpèce de chameau à deux bofTes qui efl de grande fatigue,
& dont les couriers fe fervent en Orient , pour porter en diligence leurs dé-
pêches. Nous appelions cet animal un Dromadaire. Foyez Fadhel , fils de Sohal.
GIUMGIUMAH. Un Crâne, une tête de mort. Il y a un livre Arabe
intitulé J^eJJat algiimigitimah . C'eft un Dialogue entre Jesus-Christ nôtre
Seigneur , & une tête de mort. Cette hiftoire eft prife d'une tradition des
Chrétiens d'Orient, qui difent, que la Croix de nôtre Seigneur fut plantée juf-
tement fur le crâne d'Adam, qui étoit enterré fur la montagne que les Orien-
taux appellent, à caufe de cette tête, Cranion, & nous autres le Calvaire, qui
fignifie la même chofe. Voyez les titres de Cranion &' ^'Acranion..
GIUjMMAN. Ketâb Al Giumman men mokhtaffar akhbar alzamân , Per-
les recueillies de l'abrégé des hiftoires. C'eft une hiftoire générale , compo-
fée par Schehâbeddin Ahmed Al Faflî , lequel s'arrête beaucoup fur les cho-
fes concernantes la Barbarie , dans la fin de fon ouvrage. Cet Auteur étoit
natif de la ville de Fez en Mauritanie , & fon livre eft dans la Bibliothèque
du Roy, rf. 841.
*GIUND, Ville du Turkeftan , au de -là de Bokharah & vers le fleuve de'
Sihon ou l'Iaxartes des Anciens. Abulfeda lui donne 78 degrez , 45 minutes
de longitude, &, félon quelques-uns, 43 degrez, 30 minutes de latitude Sep-
tentrionale. C'eft de ce lieu-là , où Selgiuk s'établit d'abord , que les Selgiuci-
dcs (ont venus , & d'où ils partirent pour entrer en Perfe. Foyez Giourd,
ville de l'Arabie Heureufc.
GIUNEID, c'eft le même peifonnage qu'Abul Caflem Al Caovarini, chef
de Sofis. Voyez la fuccefîion de ces chefs dans le titre de Conaovi. Le Raoudh
Alriahin , ou Parterre de plantes odoriférantes d'Iafêi dans la fcftion quatriè^
me.
GIUNEID. GIUNEIN. 155,
me, contient la vie de Giuneid, qui eft réputé un des plus grands Saints du
Mufulmanifme, Son maître dans la fpirituaiité fut Abougiafar Al Haddâd &
Hallage fon difciple. Il mourut l'an 297 de l'Hegire. '
On rapporte de luy cette fentcnce remarquable , Kimat al enfân becrdr him-
metihi, le prix & Ia% valeur d'un homme fe mefure à ce qu'il ellime. S'il cfti-
me le monde, la kimat laho, il n'eft pas eftimable; car le monde ne l'cft pas:
s'il eftime les chofes de l'autre vie , fakimatho al genmh , le ciel jqù. fon prix :
mais s'il eflime Dieu par-defllis toutes chofes , fa lanihaiat laho , fon prix eft inl
eftimable. Voyez les titres ^/'Iman ou de la foy, ^ de Seri Sacathi.
GIUNEID, Père de Scheikh Haidar, duquel defcendent les Roys de Per-
fe d'aujourd'huy , étoit fils de Scheikh Ibrahim , fils de Khovageh A\ï , fils de
Schadreddin , fils de Safîeddin , appelle autrement Scheikh Sefi , qui prctendoit
defcendre d'Ali.
Scheikh Giuneid deraeuroit â Ardebil , où il avoit beaucoup d'adhérants qui
étoient de la feéïe d'Ali. Il donna ainfi beaucoup de jaloufie à Gihanfchah ,
fils de Cara Jofef, Sultan des Turcomans de la dynailie du Mouton Noir,
entre les mains duquel la ville d'Ardebil étoit pour lors.
Giuneid fut donc enfin obligé de la quitter & de fe réfugier auprès de Haf-
fan le Long, ou Ufuncâflàn, Sultan des Turcomans du Mouton Blanc, qui re-
gnoit en Mefopotamie. Ce Prince le reçut fi bien, qu'il luy donna même en
mariage fa propre fille , de laquelle ce Scheikh eut un fils nommé depuis Scheikh
Haidar.
Il fervit fort utilement Ufuncafi^an pendant plûïïeurs années , & principale-
ment contre les Géorgiens , fur lefqucls il faifoit de fréquentes courfes , fous
prétexte de Religion, dont il fçavoit , à l'imitation de fes ancêtres, fort bien
mafquer toutes fes afHons. Il s'avança même jufqu'à Trebifonde , & s'em-
para de cette forte ville, où il laiflà dans la fuite du tems fon fils Haidar pour
y commander.
Après que Giuneid fe fut enrichi du butin qu'il avoit fait fur les Géor-
giens & fur les Arméniens, il vint s'étaWir dans la province de Schirvân: mais
fes grandes richefi'es , & le nombre de fes partifans & feclaires , qui le forti-
fioient de tous cotez, jetterent tant de défiance dans l'efprit des gens du pays,
qu'il fe fit une conjuration fecrete contre lui , dans laquelle il périt avec une
grande partie des fiens.
GIUNEIN, lieu d'Arabie , qui s'cft rendu fameux par la bataille que Ma-
homet y donna la même année qu'i} prit ài Mecque , qui fut la huitième de
l'Hegire.
Ce lieu, que quelques-uns appellent Honain , eft une vallée , où les Haova-
izeniens & les Thakifiens s'aficmblerent , après la prife de la Mecque , fous la
conduite de Mâlek Ben Aûf. Mahomet, qui avoit douze mil hommes, les at-
taqua, (^cs gens plièrent d'abord; mais ils ne laifl!erent pas de remporter la vic-
toire & de faire un très-grand butin, qui les encouragea fi fort, qu'ils allèrent
de-là attaquer la ville de Thaief dans l'Iemen.
Les Mufulmans furent cependant obligez d'abandonner cette entreprife & re-
V 2 GILWEK
i5<5 G I U N E K. — — G 0 R A R.
GIUNEK & Giunek Ven. C'eft le fécond cycle fexagenaire des Cathaiens ,
qui en compofent un de i8o ans, de trois de ceux-cy. Le premier s'appelle
Schanek yen , le fécond ell Giunek ven , & le troifième Kha ven. Voyez le
titre de Van ou Ven.
GIUNLU, la quatorzième portion des ^4 qui compofent l'année des Cat>
haiens & Turcs Orientaux.
GIUZURAT & Guzrat. C'cll le Royaume de Guzerate aux Indes Orien-
tales. Voyez le titre de Hend.
GIZI, furnom de Mohammed Ben Rabî, Auteur du livre intitulé Tarikh al
fahabah fi mefr. Hilloire des compagnons ou contemporains de Mahomet , qui
ont vécu en Egj'pte.
GOBAI Camar ou Gioun al camar , le Golfe de la Lune , Ville Maritime
du pays de Hadhramout en lemen ou Arabie Heureufe, fituée entre Scharmah
& Merbathj villes de la même province..
GO G & Magog. Voyez les titres d'Aouge, ^'lagiouge ^ de Magiouge.
GOLAM Thaleb, îe jeune homme defireux , furnom d'Abou Omar Ben
Abdalouahed , Auteur du livre intitulé Efma Al fchoâra , les noms des Poëtcs
Orientaux.
GOLAM Zobal , Fcnfant de Saturne. Nom d'un Aftronome célèbre, qui
vivoit du tcms d'Adiiad eddoulat, Sultan de la dynaftie des Buides. Abuîfara-
ge cite de lay un fentimcnt fort jufte qu'il faifoit de l'Aflrologie ; car il di-
foit, que c'étoit une fcience fort incertaine, puifqu'il y avoit de certaines con-
ftitutions & figures du cici, qui ne découvroient rien que de faux, à ceux qui
pénétroient le plus avant dans les fecrets de cette fcience; & d'autres , qui dé-
couvroient des véritez, même aux plus ignorans,
GOMRI, furnom de Mohammed Ben Omar, mort fan 849, Auteur de
l'ouvrage intit ulé Entijjar letharik alakhbâr , qui ell une méthode pour appren-
dre l'hilloire.
GORABA; pluder de Garib, qui fignifie en Arabe, ce qui efl étranger,
rare & inufité. Lefîân al goraba , 1» langue des étrangers. C'ell- une langue
différente de l'Arabiqile, de laquelle on fe fert néanmoins en Arabie; mais l'u-
llige en cft rare, & elle paffe pour inufitée. Voyez le Divan de Safi Al Holli,
page 258. U cfi dans la Bibliothèque du Roy, n". 1168.
GORAR Al Belagat, ce qu'il y a de plus brillant dans l'éloquence. C'eft
le titre d'un. Florilège ou Recueil de bons mots, fait par Thâalebi , qui lui
a donné encore le nom d'Eêgiàz fil igiaz. Il fe trouve dans la Bibliothèque:
du Roy, n''. 1058.,
GORAR Al KhafTais , &c. Livre de morale , qui traite dcs> vertus & des
vices en fcize diapitres , compote par Abou Abdallah Mohammed Ben Ibra-
him
GOUGOU; GULSCHEN. 1,-7
hira Ben lahia Al Katebi Al Vathovath. Il efl: dans la Bibliothèque du Roy,
n°. 1143.
GOUGOU ou Cougou, Ville capitale des Soudan, c'eil-à-dire , des Nègres
qui habitent au de-h'i la ligne Ecjuinotlialc , dans laquelle le plus grand Roy de
toute cette nation fait fa rcfidence ordinaire. Les peuples qui Fhabitent font
tous infidèles, c'efl-à-dire , qu'ils ne font pas Mufulmans.
Quelques Géographes la placent entre l'Equateur & le premier Climat Sep-
tentrional, f^oyez le Géographe Fcrlien dans le premier chapitre de fon ouvra-
ge, où il traite des lieux qui font entre l'Equateur & le premier Climat.
Il femble, que cette ville foit celle que nous appelions aujourd'huy Congo,
dont les habitans font Nègres & Idolâtres. Les Portugais y ont envoyé & en-
voyent encore fbuvent des Miffionnaires , par le moyen defquels la Religion
Chrétienne y a fait déjà de fort grands progrcz.
Edriffi dit, que cette ville ell diftante de vingt journées d'une autre appel-
lée Cougha , qui efl plus Méridionale , & que c'eil-Ià que fe trouve le bois,
appelle par les Arabes Aoud alhiat , Bois de ferpent , appelle par les Portugais •
Paie de Cobra , lequel , félon quelques-uns , attire à foy les ferpens & leur ôte
leur venin ; mais , félon les autres , il a la propriété de les chalTer. Ce bois
efl allez femblable à celuy que les Arabes appellent Aker Carha , qui efl. le
Pyrethre.
GRAN, nom d'une ville de Hongrie, que nous appelions ordinairement
Strigonie, Les Turcs la nomment auflî Eftrigoniah du mot Italien. L'on dit,
que ce mot efl corrompu à' IJlrigranhan , à caufe que cette ville eft fituée au
conflans d'une rivière nommée Gran , & de l'Ifter ou Danube.
GRIGORIOUS Abulfarage, Médecin & Hiflorien Chrétien, eflimé par
les Mufulmans même. Pokok l'a fait connoître en Europe", par la ti-adu6lion
Latine qu'il s faite de fon abrégé des Dynaflies. Foyez Abulfarage.
GUD ARZ, un des plus grands Capitaines de la Perfe , qui conquit la Ju-
dée, & prit Jerufalem fous le règne de Lohorasb, Roy de la première dynallie
de Perfe , & foûtint plufieurs guerres contre Afrafiab , Roy du Turqueflan ,
fous les premiers ^Roys de la féconde dynaftie. Il fut père de Guiu , qui fe
rendit auffi célèbre par fa valeur dans les règnes fuivans.
GUL ENDAM, MaîtrelTe de Baharam. Katebi, Poëte Perfien , a écrit
un Roman , intitulé Baharam ve Gui Enddm. Bahaj-am fignilîe en langue Per-
fienne Mars, & Gui Enddm, Corps de rofe, Epithete de Venus: de forte que
ce Roman peut s'appeiler les Amours de Mars & de Venus , ou de deux per-"
fonnes qui portoient ce nom.
GU LIS TAN, Jardin ou Parterre de rofes. C'efl' le nom d'un ouvrage
fort eflimé dans tout l'Orient, compote en langue Pcrfienne, & mêlé de pro-
fe & de vers , par le fameux Sàadi Schirazi Molleheddin , l'an 6s6 de l'Hc-
gire. Gentius l'a traduit en Latin & lui a donné le nom de Rofarium Politicum.
GULSCHEN Raz , le Rofier ou le Jardin des fccrets. Livre Perfien en
vers fia- la Métaphvfique , & fur la Théologie mvftique des Soils ; il con-
V ^ ' tient
158 G U N D E H. • G U R G E.
tient des demandes & des réponfes en forme de Catechifme. Son Auteuf efl
inconnu.
Le Scheikh Mohammed Al Tabrizi Al Hateri a compofé un ouvrage pour
le réfuter, qu'il a intitulé Jzhdr Gulfchen, les Fleurs du Jardin.
'GUNDEH & Gundah, nom d'un raonflre marin , qui ne fe voit que dans
les mers d'Iemcn & de Herkend.
GUNDOGDI, l'Aurore ou le Jour naiffant, nom du fils de Soliman Schah ,
• Ayeul d'Othman, duquel nous venons de parler, & frère de Sancour Teghin.
GUNPUZ & Gunduzin, fils d'Ôrthogrul & frère d'Othman, Fondateur de
la dynaftie des Othmanides , qui font les Sultans de Conftantinople. Ce mot
fignifie en Turc le Jour.
G U RE H & Tchefchm Guréh , nom ancien des Turcomans , lorfqu'ils paf-
ferent avec les Sclgiucides du Turkeflan en Perfe. Foyez les titres de Gaz 6?
de Turk.
GURGE ,& Kurge. Les Géorgiens, Gurgillan, la Géorgie. Les Géorgiens,
peuples qui habitent les environs du Mont Caucafe au couchant de la mer
Cafpienne , ont toujours été Chrétiens , quoy qu'environnez de tous cotez par
les Mufulmans.
Du tems des Samanides, Abou Nafler, Roy de Géorgie , qui avoit été fub-
jugué par le Sultan Nouh, fils de Manfor, avoit remis fes Etats entre les mains
de Schah Schar, fon fils, & vivoit en particulier à la Cour de ce Prince.
Mahmoud, fils de Sebecteghin, Sultan des Gaznevides, fit la guerre à Schah
Schâr. Altun Tafch , Général des armées de ce Sultan , le défit & l'envoya
prifonnier à Mahmoud. Mahmoud lui rendit la liberté & le rétablit dans fes
Etats, à condition qu'il y vivroit en bon & fidèle vaflal.
Schah Schar s'étant révolté contre le Sultan , fut défait & pris prifonnier
une féconde fois , & envoyé au Sultan Mahmoud , qui le fit fouetter comme
.\xn efclave échappé, & l'enferma dans un château où il finit fa vie.
Ainfi finit la dynaftie des Schars, au rapport de Khondemir^ qui dit, que ce
nom de Schar étoit commun à tous les Roys de Géorgie, comme celuy de Cce-
far , dont celuy de Schâr pourroit être corrompe , de môme que le tzar des
Mofcovitcs, l'étoit aux Empereurs Romains.
Cependant il s'éleva bien - tôt après une autre dynaftie de Roys dans le Gur-
giftan, qui foûtinrent une longue guerre contre les Sclgiucides, fuccclfcurs des
Gaznevides. Alp Arflan le Selgiucide remporta de grands avantages fur les
Géorgiens : car il en dompta une grande partie qu'il reduifit en efclavage , les
obligeant de porter un fer à cheval pendu à Foreille , pour marque de leur
fervitude.
Malek Schah , Sultan de la même race , continua à faire des progrez dans
la Géorgie , où il prit le fort château de Miriam Nifchin. Foyez le titre de
Malek fcliah.
■Les Khovarezmiens, qui fucccderent aux Sclgiucides, firent aufE la guerre à
ces peuples, fans pouvoir les alfujettir entièrement. Gelaleddin Mank-Bcrni fit
de
GUROVAN. GUZARATE. 159
de grands exploits en ce pays-Jà, comme l'on peut voir dans fon titre -^ mais toutes
les viéloires qu'il remporta , n'empêcherpnt pas que les Mogols ou Tartares ,
qui poflederent enfuite les Etats des Khovarezmicns , n'ayent été obligez d'ê-
tre toujours en armes contre des peuples fi féroces & fi indomptables. Foyez
le titre ^i'Abufâid Ben .Algiaptu.
Aboulfarage veut , que les Gurges ou Géorgiens foient les mêmes que les
Khozares ; mais ce font deux Jiations bien différentes. Les Khozares habitent
au Septentrion de la mer Cafpienne , & confinent avec les Turcs Orientaux ou
Tartares. Les Tables Arabiques marquent pour capitale de leur pays la ville
de Balangiar, qui eft à 85 degrez , 20 minutes de longitude, & à 46 degrez,
30 minutes de latitude: & les villes de Schamcur & deTellis, dont cette der-
nière pafi"e pour la ville Royale des Géorgiens , font fituées à 83 degrez de
longitude, & k 44 degrez de latitude Septentrionale.
GUROVAN, Montagne la plus ftérilé de toute l'Arabie ; elle eft dans la
province nommée Hegiâz, auprès de la ville de Thaief.
GURSCHAH ou Gaurfchah. Nom du quatrième fils de Mohammed Kho-
varezm fchah. Il faut voir le titre du père.
GUSCHIR & peut-être Gaufchir, Ville capitale de la province de Kerman
en Perfe, bâtie par Ardfchir Babegân , Roy de Pcrfe, fondateur de la dynaftie
des Salfanides.
GUZARATE. Voyez le titre de Hend, ou Hind âf Sind.
HABAB. HABASCH.
*^'2^*ABAB, furnom d'Aboufaîd , Chef & Prophète des Carmathes. Voyez
è Jj\ Aboufaîd.
*^w^* HABASCH, fils de Coufch ou Chus, fils de Kenaan ou Chanaan,
fils de Ham ou de Cham, fils de Nouli ou Noé. C'eft de lui que les Arabes
ont pris le nom des Abi/îins ou Ethiopiens ; car Habafch étant pris colledive-
ment, fignifie chez eux fEthiopic.
• Habafch & Habafchi fignifie un Abilîîn ou Ethiopien , le plurier de ce nom
eft Hoboufch & Hobfchân, les Ethiopiens, que les Perfans appellent Siah Hin-
dou, les Indiens Noirs.
Les Grammairiens Arabes veulent que le mot de Habafchah , qui fignifie auffi
l'Ethiopie, vienne de celuy de Hoboufchah , dont le plurier eft Ohoboufch &
Ahabifch , qui fignifie un peuple mêlé de différentes nations originaires de di-
vers pays , qui vivent unis cnfemble , & que c'eft la véritable étymologie de
Habafch, nom qui comprend les Abiffins, les Nubiens & les fonges.
Abdal-
j5o h a B a s C h.
Abdalmaâl marque pour confins de l'Ethiopie, du côté du midy, le Zangue-
bar, ou la Cafreric: à l'Orient la mei? rouge: au Septentrion, le defert qui eft
entre la Mer rouge, la Nubie, & la haute Thebaïde: & à l'Occident celui de
Bagiah ou Beggiah.
Les Arabes appellent encore les Ethiopiens du nom -que les Hébreux leur
donnent, qui eft Coufchim, à caufe de Coufch ou Chus, père de Habafch, que
les Hébreux ne connoifTent point: car félon la Genefe Cham eut pour enfans
Chus, Mefraim, Phut, & Chanaan, & par confequent Chus étoit frère, & non
pas fils de Chanaan. La ville capitale & Royale de ce pays s'appelle Germi,
félon Abdal-mâal, Nafîir-eddin , & Ulug-Begh; ces deux derniers lui donnent 6s
dcgrez de longitude , & 9 degrez , & 30 minutes de latitude Septentrionale,
entre la ligne Equinocliale, & le premier Climat qui ne commence félon les
Arabes qu'au douzième degré.
Abdalmaâl dit que c'cft une fort grande ville. Edrifîî dit que la capitale de
l'Ethiopie fe nomme Gionbitah: aujourd'huy c'eft Axumah.
Sehertah & Hadiah font des villes du même pays , fituées au de-là du premier
Climat, auffi-bien que Marcath, ou Marcathah.
Macdafchou eft entre le pays de Zengc, & celuy de Habafchah, fcs habitans
font Mufulmans , & un grand fleuve qui déborde en Eftc comme le Nil , pafte
le long de fes murailles, dont l'enceinte eft fort grande.
Zi'â & Zailegh eft aulîî une des villes d'Ethiopie, où les chaleurs font 11
excefïïves , qu'il n'y croît aucune forte de fruit : il y a cependant beaucoup
de Mahometans qui s'y font habituez , & qui font un très-bon accueil aux Mar-
chands Mufulmans qui y trafiquent.
Scherif Al Edriffi met aufîî au nombre des villes 8'Ethiopie celles d'Akent,
de Bakthi , & de Mancounah, & il y a d'autres Géographes qui veulent que
Gaidhab, ville & port de la mer rou?e du côté de la Thebaïde, d'où l'on paffe
à Gidda en Arabie, foit du même pays aufli-bien que HUe & la ville de Soua-
ken dans la même mer.
Ce fleuve dont il eft parlé cy-deffus, eft fort grand, & fe jette dans le Ni-1
proche la ville d'Ialak. C'eft fur {es bords que les villes de Gionbitah, de Ma-
rakthah, & de Nagiagah font fituées.
Une partie de l'Arabie , & particulièrement celle que nous appelions Heu-
reufe, a autrefois été comprife fous le nom d'Ethiopie, à caufe que les Abif-
lins qui l'avoicnt conquife , la pofiederent long-tems, comme l'on pait voir dans
les titres <^'Ibrahim al Afchram, (^ de Mafrouk. Mirkhond appelle la côce ma-
ritime de riemen qui eft au de-là, & au de-ça du Détroit de Bab aimandhab,
où les Ethiopiens ont régné, du nom de Habafchah.
Dhou Izen Roy de Flcmen les en chaffa avec le fccours des Perfes. Qi-'^l-
ques-uns veulent que ce fut fon fils Saif , & d'autres , Maadi C?.rb fils de Saif :
mais quoy qu'il en foit, les Perfes \qs, chalfercnt enfin fous le règne de Nou-*
fchirvan qui y envoya des Gouverneurs, jufqu'à ce que Mahom.et, & les Kha-
lifes fes fucceifeurs fe rendirent les maÎLi-es de toute l'Arabie, l^oyez le Livre
intitulé Bogliiat /il mojîafid.
Les Ethiopiens veulent que Salamah , Evcque , qui leur fut envoyé par faint
Athanafe , fut le premier qui les baptifa ; car jufqu'alors ils n'avoient que la
circoncifion qui leur fut enfeignée par Sadok, grand Prêtre des Juifs, qui leur
«nvoya fon fils pour les inftruire au Judaïfmc du tems de Salomon. Voyez la
vie
HABIB. ^5j
vie de Tâcalh aimanouth qui eft dans Ja Bibliothèque du Roy n". y<^6. Fbyez
aujjî le titre de Fourumentius.
Ebn Amid rapporte que fous le Khalifat de Motaflem le huitième des Abbaf-
fides, il y avoit en Ethiopie un MetropoHtain , car c'eft ainfi que les Abiflîns
appellent celuy de leurs Evoques qui a la fuperiorifé fur les autres; il portoit
le nom de Jacob, & vivoit en réputation de fainteté parmi eux.
La Reyne du pays qui n'étoit pas fatisfaite de fa conduite, le chalTa de fon
fiege pendant l'abfence du Roy fon mary qui avoit pour lors guerre avec fes
voifins. Le Métropolitain fe réfugia en Alexandrie auprès de fon Patriarche,
& l'on dit qu'après fa retraite il arriva de grands malheurs dans le pays que
l'on attribuoit à la perfecution que fouffroit un fi faint Prélat.
Le Roy d'Ethiopie étant de retour de fon expédition, envoya une ambafTade
au Patriarche d'Alexandrie pour lui demander pardon de l'expulfion qui avoit
été faite du Métropolitain fans fa participation, & le pria fort humblement de le
luy renvoyer. Le Patriarche eut égard aux prières du Roy & Jacob fut reçu
des peuples avec une joye univerfelle.
Le même Auteur dit que les Abiflîns peuvent, quand ils veulent, empêcher
le débordement du Nil, & que l'an 482 de l'Hegire , de J. C. 1088 , fous le
Khahfat de Mollanfer en Egypte, le Nil ne croiifant point, mcnaçoit l'Egypte
d'une grande famine. Le Khalife pour prévenir ce malheur , obligea le Pa-
triarche d'Alexandrie nommé Michel , d'aller en ambaifide de fa part , auprès
du Roy d'Ethiopie pour obtenir de luy que l'on levât les éclufes qui empê-
choient le Nil de grofïïr.
Le Roy d'Ethiopie ayant appris la venue du Patriarche , fortin au devant de
luy avec toute fa Cour , & le reçut avec des demonftrations d'un très-grand
refpeft , lui accorda fa demande , & le renvoya fort fatisfait des honneurs qu'on
iuy avoit faits.
HABIB. Ali Ben Mohammed qui defcendoit d'Ali du côté de Houflain,
& touchoit ainfi de fort près aux Imams, prit le furnora de Habib, qui fignitic
iAmy, parce qu'il vouloit être chéri de tous fes feélateurs. Il fc rendit miiître
de la ville de Baffora, & de fes environs fous le Khalifat de Motammed , y
régna pendant quatorze ans , & eut le loifir de bâtir la ville de Mokhtârah qui
n'en étoit pas éloignée.
Il fortifia fi bien ce pofte, que MouafFek, frère du Khalife ]Motammcd, qui
luy faifoit la guerre, fut obligé de faire conflruire une autre ville pour l'af-
fieger, à laquelle il donna fon nom. Cette ville fut donc nommée Mouaffikiah,
& fervit à ferrer de fi près Ali , qu'il fut enfin contraint d'abandonner fa \'ille
de Mokhtarah, que MoualFek prit, & faccagea.
Ali fut peu de tems après pris luy-même, & Mouafi'ek l'ayant f;iit mourir,
fit porter fa tête au bout d'une lance par tous les lieux de la Province & en-
fuite à Bagdet , où elle fut attachée à la porte du pont. Cecy arriva l'an %yo
de l'Hegire, de J. C. 883.
Cet Ali fe difoit fauficment être de la race du premier qui étoit gendre de
Mahomet, & prenoit le furnom de Habib, le Bien aimé, titre qui n'appartient
proprement , félon les fentimens des Mufulmans , qu'à leur faux Prophète.
Ce fourbe avoit attiré par une faufile apparence de pieté , beaucoup de ca-
naille à fa dévotion, qui étoit foûtenue par le nom, & par l'autorité d'Ali:
Tome IL X nia^
ï6t H A B I B. — — HABULBAN.,
mais la vérité efl: qu'il droit fon origine de la famille d'Abdal Caîs, & que la
plupart de fes feclateurs étoient Zenges , c'efl-à-dire , de ces gens ramalTez que
nous appelions Eohemiens.
HABIB. Abou Jofef Jacob Ben Ibrahim Al Coufi, ell ordinairement cité
fous le nom d'Ebn Habib. 11 eft Auteur d'une hiftoire qui porte le titre de
'l'arikh Ebn Habib.
Bedreddin Abou Mohammed HalTan Ben Omar Ben Habib a compofé deux
ouvrages, dont l'un eft intitulé, NaJJlm al Saba, le Soufle du vent Oriental;
& l'autre Schodour u Zeher al zohour , Florilège. Ils font dans la Bibliothèque
du Roy n^. 1173. Foyez aujfi le titre de Mazeni. .
HABIB Allah. Nadhmeddin Ben Habib-allah a commente en langue Per-
fienne un traité de l'Aftrolabe, que Naflir-eddin Thouflî a écrit en la même
langue fous le titre de Bait bdb fil ajlharlàb.
HABIB Al Seir, l'Amy du voyage. Ceft ce que nous appelions dans l'u-
fage du vulgaire un I^eni meciim.
Il y a un livre de Gelali qui porte ce nom. l^oyez le titre de Mahizer , Poif-
fon d'or, & un autre de Khondemir, que plufieurs veulent être le même que
Khelaftat al akhbar , & qu'il ne faut pas confondre avec le Haoui al Sojar,
qui eft un recueil de plufieurs vies de Princes, & autres perfonnes illuftres.
HABIB Ben Aous , c'eft le mêm.e qu'Abou Temâm qui pafte pour le Co-
ryphée des Poètes Arabes.
HABIB, avec une afpiration fimple, fignifîe en Arabe le Defert de Nitrie,
qui eft divifée en deux parties , dont la plus montueufe s'appelle Gebal al
nathroun, la montagne du nitre, & la plus baffe, ou Ovadi Habib , la Vallée
de Habib, où eft la ville de Scheté ou Scetis des Anciens,
Cette vallée , & la montagne qui la couvre, ont été autrefois remplies de
Monafteres , & de Solitaires , dont vous pouvez voir les vies écrites fous le
titre à'Arbain Khabar , les quarante hiftoires, dans la Bibliothèque du Roy n°. •j'^j.
Il n'y a prefque que la Mareotide entre ce defert, & la ville d'Alexandrie.
Voyez le titre de GcMl al nathroun.
H A B I L. Abel fils d'Adam. Voyez fon hiftoire dans le titre de Cabil qui eft
Cain fon frère. Les Syriens montrent encore aujourd'huy le lieu où Abel fut
tué par Cain auprès de Damas. Voyez Demefchk.
HABRAN, petite ville de l'Iemen ou Arabie Heureufe , fituée dans une
plaine arroufée de plufieurs ruiffeaux, qui la rendent très-fertile, & abondante
en diverfes fortes de fruits. Elle eft habitée par des Arabes de différentes
tribus, venus des' villes de Sanâa & de Sâada. Habràn eft à 48 railles de
cette dernière, & à trois journées de la première, félon Edriffi, dans la fLxième
partie du premier Climat.
HABULBAN. Voyez B-<xn..
•r 'K A D D A D. H A D H E R. 163
HADDAD, un Serrurier. Ebn Haddâd, le fils' du Serrurier, furnom d'A-
bou Mohammed Haflan Ben Ahmed , mort l'an 345 de l'Hegire , Auteur
d'Adab al Cadhi , des qualitez d'un Cadhi ou Juge ," félon les principes des
Schafeiens.
HADDADI, furnom d'Abdalraouf Al Mânaovi , Auteur du liv^re intitulé
Ergâm Aiilia al fcheitan , des viétoires remportées par les Saints fur les Dé-
mons , & de Caovakeb al dorriah fi inemkeb al Sofiah , les louanges des Religieux ,
& de la vie religieufe.
HADHAIK Al Sihr, Art Poétique compofé par Rafchidi , Poëte Perfien.
HADHARI & Hadheri, furnom d'Azzeddin, Auteur d'un Commentaire fur
le Sahih de Bokhari, qui fe trouve dans la Bibliothèque du Roy n^ 720.
C'ell auflî le furnom de fchamfeddin Moham.mcd , Auteur du {Livre intitulé
Ojfoid al carat y ou al cordt , traité fur la manière de lire l'Alcoran, ou fur les
Sorts, compofé vers l'an 830 de l'Hegire.
H AD HE R Nadher, ou Hadhir Nadhir , Prefent , & Voyant. C'efl un des
attributs de Dieu qui exprime fon immenfité; Khabir & Baffîr, ConnoilTant, &
Pénétrant de fa vue , fignifîe la même chofe ; ce font des termes répétez fans
ceffe par le plus impie des hommes dans fon Alcoran.
Au chapitre intitulé Bacrah , ou de la vache rouffe de Moyfe , on lit ces
paroles : Û Allah berna tamelima Khahiron. Dieu fçait tout ce que vous faites , (fjfc.
Huffain Vaêz les paraphrafe ainfi. Vous qui faites profeifion de pieté, ne vous
affligez jamais de quoy que ce foit: car Dieu connoît vos bonnes œuvres, & il
les recompenfera. Et vous pécheurs, puifque vous fçavez que Dieu connoît
vos mauvaifes aftions, faites -en pénitence, pour éviter le châtiment.
Le Mcthnevi dit fur ce même texte : Celuy qui croit que Dieu le voit dans
chaque moment de fa vie doit pefer attentivement toutes les paroles, & régler
exaétement toutes fes aélions.
Au chapitre Nefla, ou des femmes, dans le même Alcoran , l'on trouve ce
verfet. En Allah kan alaikom rakiban. Dieu a toujours l'œil fur vous. Un Au-
teur Pcrfien expliquant ce- palîlxge, dit fort élégamment: Celuy qui croit fer-
mement que Dieu cft Hadher Nadher der hemeh giai, ce qui lignifie en Per-
fien , prefent en tout lieu , doit fçavoir qu'il n'y a ni porte , ni muraille , ni
'huiffier , qui le puilfe garantir de fa vue , & que mille, & mille voiles, ou
portières , les unes fur les autres , ne peuvent pas luy donner alTcz d'allurance
,pour l'offenfer.
Au chapitre intitulé Alak , qui eft le g6 , du même livre , il cft dit , alam
iakm beann allah iara. L'homme ne fçait-il pas que Dieu le regarde ? Selemi dit fur
ce paflage les paroles fuivantcs. Ce verfet comprend une promeffe , & une
menace; car il s'adreffe à l'homme de bien, & luy dit: Travaille à fervir Dieu,
puifqu'il ell prefent pour te recompenfer. Il dit à l'impie: Convertis - toy ;
car Dieu voit ton infolence , & il la punira : Il dit à l'hypocrite , Purifie tes
intentions; puifque tu fçais que Dieu pénètre le fond de ton cœur : & enfin
il exhorte l'homme dévot à fe preferver des moindres fautes-, puifque Dieu
réclaire de tous cotez.
C'efl dans la confideration de ce dernier point qu'un Dcrvifche picuroit
X 2 toû-
i64 HADHIR. — HADHRAMOUT..
toujours, & ne fe pouvoit confoler ; car lorfque l'on l'afluroit que Dieu lui
avoit pardonné fes pephez, il répondoit : Je veux bien que cela foit ainfi:;
mais comment voulez- vous que je fupporte la honte de paroître devant luy en
état de pécheur.
Saadi dit qu'il n'y a rien de plus intime à un chacun que la prefence de
Dieu , & qu'il n'y a rien cependant qui lui foit moins connu.
Cette prefence, dit Cafchiri, fait qu'il n'y a point de jour d'hier, ny de de-
main, pour un vray ferviteur de Dieu. F^oyez. le titre J'Adam , dans lequel
vous trouverez le pafle que Dieu fit avec luy , &: avec fa pofterité., en quoy
confille le plus grand fecret de la vie fpirituelle, félon ce même Auteur, qui
ajoute que la prefence de Dieu raflemble, & réduit toutes chofes à l'unité,
ne permettant pas que l'ame foit. diftraite par la multiplicité des. objets, f^oyez
fur cecy le titre de Kobair.
Giuneid dit . que l'attention à cette prefence intime de Dieu ,, eft l'exercice
particulier des hommes fpirituels en ce monde , & que c'ell elle qui fera la
félicité des bienheureux dans le ciel.
Comme Dieu eit prefent en tout lieu , il" importe peu de choifir l'un plutôt
que l'autre pour l'adorer. C'eft ainfi que parlent les Mufulmans les moins
groflîers , & ce fut la raifon que Mahomet rendit de fon inconftance, lorf-
qu'il fubllitua le temple de la Mecque à celuy de Jerufalem , pom- être le
Keblah , ou point de converfion , félon la manière de parler Ai-abique , c'eft-à-
dire, l'objet local du culte des Mufulmans. Foyez le titre de Keblah.
Les Schiites ou Seftaires d'AH , tirent de cette imimenfité de Dieu., une
confequence qui favorife leur opinion; car ils difent que cet attribut dans Dieu
fait qu il fe manifeftc, & apparoît dans des individus particuliers, d'où ils con-
cluent tem.erairement que fi Ali n'ell pas Dieu, au mo;ns en approche-t-il fort..-
HADHIR.. Voyez le titre précèdent Hadlier,
HADHIRI, furnom de Sdad Ben AH Al Varrak , mort l'an 568, Auteur
d'un traité, de Logogriphes , & d'Enigmes fous le titre de Aâgiâz fil ahàgi u
al algdz.
H A D H R A. Voyez Gezirat al hadhra ,, ou l'Ifle verte qui elt dans- la mer
des Indes, appellée Verte.
HADHRAMOUT, c'efl le nom d'une ville , & d'un pays particulier,
compris dans la grande Pro,vince de l'iemen , ou Arabie Heureufe , que les An-
ciens ont connu fous le nom d'Hadramythena. Ce nom efl tiré de celuy d'une
tribu defcenduc de la famille, de Hatfarmout,, ou Hatfarmavet, troifième fils
de jocliin fils de Heber, dont les enfans ont peuplé l'Arabie.
Abdalmoal , Géographe Perficn , mret la ville de Hadhramout dans- la Province
d'Iemcn, & dit qu'elle n'eft éloignée de la mer d'Oman, qui efl: l'Océan Arabi-
que , que de quatre journées. Il écrit aufîî qu'il y a dans le pays de Hadhra-
mout une montagne nommée Schibam, cultivée & couverte de plufieurs bel-
lés bourgades, d'où l'on tire les plus belles onyces, & agathes de tout l'Orient.
La ville de Saba qui a été autrefois le fiege des Tobais ou Roys de l'Ie-
mon, appartient au pays de Hadhramouth. La ville qui porte le nom de Ca-
bar
H A D R A 0 VI. - H A D I. i5-
bar-Houd à caufe du fepulcre de Houd, ou de Heber le Patriarche, que les
Arabes y révèrent, en eft aulïï. Les campagnes fablonneufes , que les Arabes
appellent Ahcâf où l'on trouve de l'Aloës en abondance , font dans cette Pro-
vince. Cette efpece d'Aloës porte le nom de Sabr alhadhri , pour le dillinguer
de celuy que l'on appelle Soccotori qui le furpafle en bonté. Les Adites ap-
peliez dans TAlcoran le peuple de Houd, ont autrefois habité ce pays. Foyez
le titre rf'Ad.
Hadhri & Hadhrami, natif, ou originaire de Hadhramout. Tels étoient Ebn
Asfour, & Ebn Jardoun.
Abou Abdallah Mohammed Ben Omar Al Hadhrami efl: l'Auteur de Fath al
aefâl udharb al amthâl, qui eft un ouvrage de grammaire Arabique, en forme
de commentaire fur le poème intitulé Lamiab ou Lamiat d'Ebn MakkAL Na-
hooviy que l'on trouve dans la Bibliothèque du Roy n'. 1098.
Il y a audi un Abdalmalek , fils d'Abdallah , petit-fils du précèdent, Auteur
qui porte auffi le furnora de Hadhrami.
HADHRAOVI, furnom de HaflTan Ben Abdalrahman Ben Adhra. •
HADI, Quatrième Khalife de la Maifon des Abbalîîdes, étoit fils de Ma-
hàdi qui en fut le troifième, & frère de Haroun qui luy fucceda. Il ne régna
qu'un an, &. 82 jours, & voulut ôter à Haroun fon frère la fucceffion qui luy
étoit fubfiituéc, pour la donner à Giafar fon fils qui n'avoit pas encore atteint
rage de puberté ; mais lahia fils de Khaled Al Barmeki , perfonnage de grande
réputation pour fa prudence, & qui polfedoit la charge de Vizir, l'en dilfuada,
en luy reprefentant que les Mufulmans vouloient un Khahfe qui leur fit la
prière, & le fermon, qui les pût conduire au pèlerinage de la Mecque, & qui ■
marchât à leui* tête , lorfqu'il faudroit combattre.
Le Khalife feignit d'approuver ce difcours; mais il fit appeller fecretement
Harthamah , homme de confiance , auquel il commanda de tuer Haroun fon
frère, & lahia fon Vizir. Il le tenoit caché pour cet efi^et dans fon Palais,
lorfqu'environ l'heure de minuit, Harthamah entendit la voix de Khaizurân, mcre
du Khalife , qui l'appelloit par fon nom , & qui lui fit voir Hadi mort fur fon
lit; ce Prince venoit d'expirer fubitcraent par une toux qui lui prit, après avoir
bû un verre d'eau.
Harthamah reçut ordre en même tems de cette Princefle d'aller avertir Ha»
roun, lequel ayant vu fon frère mort, fe fit en môme tems proclamer Khalife
l'an 170 de l'Hegire. Khondmnr.
Houfiain fils d'Ali , fils de Haflan , fe révolta contre le Khalife Hadi l'an de -
l'Hegire X69, de J. C. 785. 11 fe fit proclamer Khalife dans la ville de Mcdine, •
qui s'étoit déclarée ouvertement pour lui : & vint de là à la M?cque , où il
fit tuer tous les pèlerins reconnus pour être du fang des Abbaifides.
Cette révolte coûta cependant bien cher aux Alidcs ifius du fang d'Ali- ; le '
Khalife Hadi ayant défait Houfiain, fit coupper la tête à la plus grande partie
de fes gens, & de fa famille , & callà toutes les pcnfions , &. appointeraens
dont ils jouifix)ient par un privilège particulier.
HoulTain avoit la réputation d'un homme vaillant, & très-liberal : car on dit
que le Khalife luy ayant donné un jour quarante mil écus d'or , il diftribua
entièrement cette forame entre les habitans de Bagdet , & de Coufa , & fe
X 3 retira ■■-
1.66 -■■ H A D I.
retifa chez luy à Medine avec une feule robe fourrée fous laquelle il n'avoit
point de chemife.
L'on dit aufli de cet Houflain, qu'avant fa déclaration, il fit proclamer que
tous les Efclaves qui quitteroient leurs maîtres , pour prendre party avec luy ,
feroient mis en liberté. Un grand nombre de ces efclaves vint à luy de tou-
tes parts , & groffit en peu de tems fon armée ; mais lorfqu'il croyoit vaincre
fon ennemy par le nombre de fes gens , il fut vaincu honteufement par une
poignée de troupes réglées & difciplinées , que le Khalife envoya contre lui,
& tous ces efclaves fugitifs furent rangez à coups de fouet, & rendus à leurs
premiers maîtres.
Le Khalife Hadi, comme nous avons vu, avoit voulu fe défaire de fon frère
qui luy étoit fufpeft , d'autant plus que Khaizuran , leur mère , avoit témoigné
en pkifieurs rencontres avoir plus d'inclination pour le cadet que pour l'aîné:
mais cette mère jaloufe de fon autorité , prévint l'exécution des ordres du Kha-
life, & luy donna d'un poifon fi fubtil, qu'il en mourut fubitement en touf-
fant , & en éternuant. Afladi Poëte Pcrfien fit un diftique fur cet accident,
où il dit que le fang de deux frères efi; le même , puifqu'il eft formé d'un
même lait, & que celuy qui le répand eft l'homicide de la mère auffi-bicn que
de fon • frère.
Comme ce Khalife donna par fa mort la vie à beaucoup de perfonnes, il
fournit auflî au Poëte Senai le fujet de ce quatrain.
Oiioyque la plupart des hommes tienne un mauvais chemin , âf que la moindre
partie d'entre eux prenne celuy du falut , il faut que tu vives deforte que tu
te puijjes fauver en mourant , ^ non de telle manière que les autres trouvent
leur falut en ta mort.
Pour mieux connoître le grand nombre de gens aufquels Hadi donna la vie
par fa mort , je rapporteray icy ce que Harthamah , qui étoit chargé d'une fi
terrible exécution, en a raconté Iny-raême, fuivant le témoignage de TAutcur
du Nighiariftân.
Harthamah racontant un jour fon hiftoire à un de fes amis , luy dit : Le
Khalife Hadi m'ayant fait venir un jour en fa prefence , me dit cqs paroles:
Tu vois que ce traître lahia, fils de Khalcd , mon premier Miniftre, que j'ay fait
emprifonner, eft mon ennemy déclaré, qu'il ne ceife par fes difcours de m'ôter
peu à peu l'afteélion des peuples , & qu'il s'employe de toutes fes forces à ]es
gagner en faveur de mon frerc Haroun. C'eft ce qui m'oblige à te commander
d'aller de ce pas dans la prifon pour luy faire couper le col; dc-là tu te tranfl
porteras auffi-tôt chez mon frère Haroun pour luy faire le même traitement.
Après que cette double exécution fera faite, il faudra que tu falfes palfer par
le fil de l'épée tous ccilx de la Maifon d'Ali qui fe trouveront dans les pri-
fons; tu te mettras cnfuite à la tête de mes troupes, pour aller en diligence
furprendre la ville de Coufah, où, après en avoir fait fortir tous les Abbaffi-
des, tu feras mettre le feu, en forte qu'elle foit entièrement réduite en cendres.
Après que j'eus reçu tous ces ordres du Khalife, je me jettay h fes pieds;
ge luy reprcfcntay l'importance de cette alftirc, & je m'excufay lùr la foiblcfie
de mes forces, qui ne me pcrmcttoit pas de pouvoir exécuter de fi grandes
^hofcs. Le Khalife irrité de mes excufes, après m'avoir menacé de la mort,
fi
H A D I. H A D I T H. j^j
lî je n'executois ponftuellement fes ordres , me quitta briifquement , & entra
dans les appartemens fecrets de fon Palais, d'où un moment après la nouvelle
vint qu'il étoit mort fubitement en touilant.
Hadi fit la guerre en Giorgian, & en Mazandcran pendant la vie du Khalife
Mahadi ion père, & il fe trouvoit dans ces Provinces, lorfque fon père mou-
rut à Bagdet. Ce fut auffi dans le teras qu'il n'étoit encore que Khalife defigné,
qu'il reçut l'ordre de fon père, de rechercher les Zendik ou Sadduceens pour
les punir.
Ces Sadduceens étoient les Manichéens, lefquels au rapport de Ben Caflem,
enfeignoient d'abord à fe preferver des péchez, à travailler pour l'autre vie,
fans rechercher les biens de celle-cy, & défendoient même l'ufage de la viande:
mais dans la fuite c'étoient des gens qui introduifoient le culte des deux prin-
cipes, à fçavoir, de la lumière, & des ténèbres, & qui permettoient le ma-
riage entre les plus proches parens , & même dans les premiers degrez de con-
fanguinité. -
Hadi s'acquita fort bien de l'ordre que fon père luy avoit donné ; car il fit
drefler mil potences tout à la fois dans la ville de Bagdet, & fit pendre tous
les Manichéens qu'il put trouver après une recherche très-exafte.
Marvan Ben Abou Hafedh , Poëte Arabe le plus illuflre de fon tems , ayant
prefenté un de fes ouvrages au Klialife Hadi, ce Prince qui étoit bon connoifl^eur
(car il nous reile encore de fes poëfies qui en font foy,) trouva le poëme
de Marvan fort beau, & luy dit: Choififiez pour recompenfe de vôtre travail,
de toucher comptant trente mil drachmes d'argent, ou d'en avoir cent mil,
après que vous aurez palfé par toutes les longueurs, formalitez & remifcs des
finances. Le Poëte luy repartit agréablement : Trente mil comptant , & cent
mil avec le tems. Cette repartie fut fort bien reçue de Hadi qui étoit Hberal;
car il luy fit payer comptant la fomme entière de 130 mil drachmes.
HADI, ce mot qui fignifie Direfteur, & Condufteur , auffi-bien que celuy
de Mahadi, efl devenu le furnom ou le titre de plufieurs perfonnages aufquels
cette quahté convenoit par le droit ou légitime , ou ufurpé de leur ' charge.
HADI-, fiirnom de Mohammed Ben Ali Al Saoudi, Auteur du livre intitulé
BulbuL Al /kddh, qui traite des forts qui fe font avec des flèches.
HADI Zadeh , furnom de Barzerimi , Auteur à'Erkian al Khamis , les cinq
Colonnes , traité des cinq prières que les Mufulmans font chaque jour.
HADI Al nogioum, le Condufteur des étoiles. Nom de cette étoile fixe
que les Arabes nomment autrement Al Debaran , & nos Aflronomes , l'Oeil
du Taureau, qui eft fort lumineufe.
HADI A H, ville d'Ethiopie qui efl: fituée entre l'Equateur, & le premier
climat, félon le Géographe Perfien.
HADITH, Hifloire, Narration, un Ouy-dire, Ahadith al rafl^oul , Tradi-
tion des chofes que le faux Prophète a dites, & qui ont été communiquées
bouche à bouche, des uns aux autres.
11 y a fix Auteurs principaux de ces traditions , à fçavoir, Ommdmoummin y
la
i58 HADITH. H A FED H.
la Mère des fidelles qui eu Aifchah, fille d' Aboubecre , & femme de Mahomet
qui a furvécu plufieurs années à fon mar}'' ; ^bou Horairah , Ami particulier de
Mahomet; Ebn Âbbas^ fon coufm germain; Ebn Omar '^ Giaber Ben Abdallah ^
& /ins Ebn Malek.
Ces Traditions doivent être apprifes par cœur: Celuy qui en fçait beaucoup
eft appelle par les Mufulmans Hafcdh, le Confervateur, ou le Reteneur. Un
Arabe du defert étant interrogé comment il en pouvoit tant fçavoir? c'eft,
répondit-il, que je fuis femblable au fable du defert qui boit toutes les goûtes
de pluye qui tombent, fans en perdre une feule.
Il eft pourtant permis à celuy qui n'a pas la mémoire heureufe , de les
écrire; car il y a une de ces traditions qui porte kidou al êlm belketabat. Liez
avec récriture ce que vous avez appris : & un Mufulman fe plaignant de ce
qu'il ne les pouvoit pas conferver dans fa mémoire , Mahomet lui dit EJlaàn
biemineka , Aidez-vous de vôtre main.
Zohari eft le premier qui a fait un Recueil de ces, traditions. Bokhari pré-
tend qu'il s'en eft publié jufqu'au nombre de fix cent mil tant vrayes que fauf-
fes. Khuarezmi en a ramalfé jufqu'à $i66. Abdallah furnommé Al Hafedh en
fçavoit un fort grand nombre , & difoit que l'eau du puits de la Mecque , nom-
mé Zemzem , qu'il avoit bûe à longs traits, luy avoit fortifié la mémoire.
Bokhari, Termedi, NelTai , Abou Daoud, Meflcm, Daremi, Maoutha, Da-
rafthani, BenMagiah, Baihaki , Soiouthi, & Sebti font les principaux Auteurs
qui ont compilé de ces Hadiths, que l'on reconnoît être pour la plupart tirées
du Talmud , d'oui l'on peut juger qu'il y a eu beaucoup de Juifs qui ont em-
brafle le Mahometifme.
11 y a plufieurs Ouvrages fur les traditions , dans la Bibliothèque du Roy.
Voyez les n°. 6i8, 671, 11 27, & le titre de Naffekh ou Manfoukh, où l'on
voit qu'il y en a beaucoup de rejettées, & de profcrites. Le Sultan Noured-
din Zenghi, grand zélateur de la loy Mufulmane, comme l'on peut voir dans fon
titre , a été le premier qui a fondé un Collège pour les enfeigner. Voyez
aujfi le titre d'Arhim àf Arbâinât.
HAFEDH ou Haféz, dont le nom propre étoit Mohammed Schamftddin,
Poëte Perfien des plus célèbres , naquit à Schiraz fous le règne des ModhafFe-
riens , & vivoit encore au tems que Tanierlan défit Schah Manfor Sultan de
cette dynaftie. Il mourut fan de l'iiegire 797, & fut enterré dans un Oratoire
de Schiraz dans le tems juftemcnt que le Sultan Babor ou Babur fe rendit maî-
tre de cette ville. Mohammed Mimai, Précepteur du Sultan Babor, fit depuis
bâtir une chapelle, & un monument fur le lieu oii ce Poëte avoit été inhumé.
Les Poëfies de Hafedh ont été ramaffées après fa mort par Seid Caffcm
Anovàr, dans un volume qui porte le nom de Divan Khovageh Hafedh Schi-
razi. Elles font beaucoup eftimées, particulièrement à caufe du ftyle fublime,
& des myfteres que les Mufulmans prétendent y être enfermez, jufques-là que
l'on a donné à ce Poëte le titre & l'éloge de Lelfan gaib qui lignifie la lan-
gue myllericufe.
Ahmed Feridoun a expliqué en langue Turquefque ces mj'ftcres, & a fait
une allégorie perpétuelle des termes de vin & d'amour qui s'y rencontrent
aux tranfports dune ame dévote attachée à la conduite dun Diretlcur fpiri-
tucl.
Il A F E n H. ^Q^
tiiel & éclairé, qui la mené par des voyes bien élevées jufqu'aii fomtnct de la.
perfeftion.
Hafedh fut fort carefTé par le Sultan Ahmed Ilekhani , qui luy fit de grandes
offres pour l'engager à fon fervice ; mais il aima mieux vivre* retiré parmi fes
amis , & fréquentant feulement les gens de piété , âxns l'état de pauvreté qu'il
avoit embralfé, que de joiiir des délices d'une Cour non moins dangereufe que
floriffante.
Tamerlan voulut aufïï le voir & l'entretenir; & l'on rapporte, que ce Prii)ce
luy aj^ant reproché qu'il avoit fait peu d'état dans fes vers , des villes de Sa-
marcande & de Bokhara, fon pays natal, il le fatisfit fi à propos par fa répon-
îe, qu'il en- reçut des grâces , au lieu du châtiment que fes ennemis vouloient
lui attirer.
Il y a eu encore un autre Poëte Perfien du même nom , qui vivoit fous le
règne du Sultan Schahrokh, fils de Tamerlan ; on le furnomme Halvai, c'eft-k-
dire, le Confiturier, pour le diftinguer du premier.»
Hafedh Schirazi fut foupçonné, pendant fa vie, de n'être pas trop bon Mu-
fulman: En effet, quelque fens caché & myilerieux , que Ton puiiTe donner à
fes vers , il y paroit une grande indifférence pour le Mufulmanifme , & l'on
pourroit même croire qu'il parle de Jesus-Christ , à la manière des Chré-
tiens, en plufieurs endroits de fes ouvrages.
Il y a encore un autre Hafedh , furnomme Agem Roumi , & un qui porte le
nom d'Ali Ebn Mohammed Al Farfi , defquels il eil parlé ailleurs. Hafedh
Ben Kethir eft un Hiftoricn d'Egypte , qui finit fon ouvrage ■ où Ebn Nag-
giâr commence le fien, à fçavoir, fan 773 de l'Hegire , qui eft de J. C. 1371.
Hafedheddin eft un des noms de Nalfafi . Auteur du livre intitulé Meiidr,
le Phare ou le Flambeau, ouvrage fort eftimé parmi les Mufulmans.
HAFEDH Ledinillah , huitième Khalife des Fathemites en Egypte, étoit
fils .de Moftanfer billah , qui avoit été le cinquième , & fucceda à Amer ben
akamillah , fon parent , tué par un aflaflîn l'an 524 de l'Hegire , & de J. C.
II 29.
Ce Khalife choifit pour fon Vizir Ahmed Ben Fadhel , que l'on qualifioit fils
de fEmir al giaoufche, c'eft-à-dire félon nôtre façon de parler, du Connétable.
La juftice & les autres v^ertus de ce Miniftre lui attirèrent la haine des mé-
dians, de forte qu'il perdit bientôt la vie, par la main d'un alfafïïn, auffi-bien
que fon fucceffeur, qui vouloit marcher fur fes traces.
Hafedh irrité par ces accidens funeftes , mit à la place du dernier Vizir, Haf-
fan , fils du premier , homme cruel & avare , lequel d'abord fit voler la tête à
quarante des premiers Seigneurs de f Etat. Le Khalife indigné d'une fi fan-
glante exécution , pratiqua des gens qui lui promirent de fe défaire du Vizir :
mais celui-cy ayant eu avis du complot fait contre luy, prévint fes ennemis &
leur fit fouffrir le traitement qu'ils lui préparoient.
Cette féconde exécution allarma tellement tous les Grands de la Cour, qu'ils
menacèrent le Khalife de le dépofer , s'il ne pourvoyoit à leur fureté par la
punition du Vizir. Ces menaces obligèrent enfin Hafedh de faire donner du
poifon à Haflan, par un de fes Médecins qui étoit Juif.
Ce fut environ ce tems-Ià que HalTan Sabah , qui fe difoit de la même race
ÏOME II. Y que
I70 H A F E D H. — H A F T A H.
que les Fathemites , c'eft-à-dire , Ifmaëlien , fonda la dynalb'e qui fut appellée
depuis les Ifmaëliens de Perfe.
Hafedh le Khalife mourut à Tâge de quatre - vingt ans , dont il en avoit ré-
gné vingt , & laîfla le Khalifat à fon fils nommé Dhafer billah , l'an de l'He--
giie 544, de J. C. 1149.
HAFEDH Ben Gàiatheddin, fixième Prince de la dynallie qui porte le nom
de Malek Kart ou Kurt. ^oyez ce titre.
HAFEDHAH, Idole des Adites, c'elt-à-dire , des peuples d'une Tribu des
Arabes , qui habitoient dans le pays de Hadhramoutli en lemen ou Arabie Heu-
rcufe, & qui furent exterminez du tems du Propliete Houd , c'eil - à - dire , du:
Patriarche Heber. yoyez ce titre. ^
Cette Idole étoit principalement invoquée pour obtenir un bon fuccez dans
les voyages. •
HAFESSAH, fille d'Omar le Khalife & femme de Mahomet, qui furvê-
quit à fon mary. Aboubecre , fuccefieur de Mahomet , mit entre fes mains
comme en dépôt l'original de l'Alcoran , & non entre celles d'Aifchah , autre
femme de Mahomet, parce qu'elle étoit fa propre fille.
H A FI, ce mot fignifie en Arabe un homme qui va nuds pieds, fans aucu-
ne forte de chaufiure. 11 y a eu plufieurs Mufulmans auxquels on a donné ce
furnom. Voyez Bafchar Al Hafî.
Zeineddin Mohammed, Auteur des Aourad Alzeiniah, c'efl:-à-dire , d'un livre
de prières , divifées en plufieurs parties , ou offices particuliers , que les plus
dévots entre les Mufulmans récitent à certaines heures du jour , outre les priè-
res ordinaires préfcrit js par la loy. Cet Auteur faifoit profeflîon d'une vie fort
aufi:èrc & marchoit nuds pieds: c'efi: pourquoy on le furnomma Al Hafi. Mar-
cher les jambes nues avec quelque chauffure aux pieds ne pafie pas pour une
aufi:erité parmi les Mahometans.
HAFS. Abou liafs Al Bokhari , Mufti de la ville de Bokhara , Dofteur
Mufulman fort rigide. Lorfque Mohammed Ben Ifmail Al Bokhari , autre Doc-
teur fort célèbre, vint à Bokhara, Abou Hafs déclara, qu'il ne le réconnoif-
foit point pour être des fiens , parce qu'il étoit trop indulgent, & qu'il faifoit
profeflîon d'une morale moins fevère. Mais ce Dofteur ayant poufle fa rigueur
jufqu'à décider que la boiiTon du lait de vache & de brebis étoit défendue ,
félon les principes du Mufulmanifme , il fut chafle de la ville par les habitans ,
& Ben Ifmail mis en fa place.
Cet Abou Hafs cil furnommé Al Kebir , c'efl:-à-dîre , le Grand ou l'Ancien,
pour le diflinguer de fon fils Ben Abi Hafs, qui fut furnommé Al Saghir, le
Petit ou le Jeime, Docteur non moins illufl:re que fon père.
HAFTAH, c'eil: en Turc une femaine. Ce mot vient du Perfien Heft, qui
fignifie Sept, & approche fort du' Grec Epta, avec un efprifafpre, qui répond
à la lettre h des Latins. Cependant Ulug Beg remarque dans fon livre intitu-
lé Tavarikh , les Epoques , que les Perfans n'ont point de femaine , & qu'ils
donneût un nom particulier à chaque jour du mois..
H A G E B.
Il faut entendre cecy des anciens Perfans: car depuis qu'ils font devenus Mar
îiometans , ils fc fervent de Ja façon de compter les joui-s de la femainc com-
me les Arabes.
Ils appellent donc le Samedy Schanbah ou Schenbeh , du mot Hcbreu Schabat.
Le Dimanche , lek fchenbeh , comme qui diroit à l'imitation des Juifs J^rima
Sabathi.
Le. Lundy, Dou Schenbeh, Sxunda SahatJn.
Le Mardy, Sib Schenbeh, Tcrlia Sabathi.
Tchar Schenbeh, ell le Mercredy , ou Qiiarta Sabathi.
Le Jeudy, Penge Schenbeh, Ouinta Sabathi.
Le Vendredy, Adhineh, c'ell-à-dire , la Fête , parce qu? ce jour tient lieu
du Dimanche aux Mufulmans.
Les Turcs comptent un peu différemment leur 'femaine ; car ils appellent le
Dimanche, Bazar guni, le jour du marché, & le Lundy, Bazar erteffi, le len-
demain du marché.
Le Mardy, Saligun, c'efl-à-dire , Jour vacant & libre.
Le Mercredy & le Jeudy, ont Ijs mômes noms qu'en Perfien.
Le Vendredy, efl appelle Giumâ guni , le Jour de l'aflemblée , dans lequel
ils vacquent plus particulièrement au fervice de Dieu, l^oyez le titre de Giumâ
^ Giumâat.
Le Samedy porte le nom de Sebt guni , le jour du Sabath & de Giumâ cr-
teffi, c'^-à-dire, le lendemain de Falfemblée.
Les Arabes comptent les jours de la femaine à la façon des Hébreux , par
premier, fécond, troifième , &c. en commençant par le Dimanche, à la re-
ferve du Vendredy, qu'ils nomment Jaoum al ginmà ou giumâat, ou giamê ,
c'eft - à - dire , Jour de faifemblée Religieufe, ou, pour parler abufivement, Ec-,
cléfiallique.
Le Samedy, chez eux, eft Jaoum al fabt, c'eft-à-dire , le jour du Sabath ou
du repos : mais la femaine eft appellée Usboû , dont le plurier eft Alfabî , le
Septénaire.
La femaine des Cathaiens, & des Igureens ou Turcs Orientaux , efl: de foixan-
te jours , félon Ulug Beg : mais on doit plutôt appeller ce cycle de foixante
jours , leurs mois ; car ils en ont un autre de quinze jours , qui approche beau-
coup plus de nôtre femaine.
H A G E B & Haggiâb , Huiiïîer & Portier. Le Maître de la portière , c'efl:-
à-dire, d'un voile ou pièce d'étoffe , qui fe m?t devant les portes des Princes
& Seigneurs , & c'eft en Levant la qualité de celuj' que les Italiens appellent
// Maeftro délia camcra, & les François , le premier Gentilhomme de la Cham-
bre ou le grand Chambelan,
C'étoit une grande charge auprès des Khalifes de Bagdet & d'Egypte , aufli-
bien que chez nous; mais elle crut beaucoup en autorité dans l'Efpagne, parce
que ceux qui la polfédoient, étoiént les Vizirs & premiers Minières des^Prin-
ces Arabes qui y rcgnoient : c'efl; pourquoy ceux qui interprètent ce mot par
celuy de Huiiîier tout Amplement , ne nous donnent pas l'idée que l'on doit
avoir de cette dignité , non plus qu'en rendant Cateb par celuy d'Ecrivain ,
puifqu'il faut entendre par ce titre un Secrétaire d'Etat.
Barak, dit Al Hageb , étoit Grand Chambellan d'un Sultan du Turkeftan ; il
Y 2 devint
179. H A G E L A H. H A G G E.
devint lui-même Sultan du Kerman & fondateur de la dynaflie des Caraca-
ttiaiens. ^oyez fm titre.
Ebn Hagcb , le fils de Chambellan. C'eft le furnom d'Abou Amrou Othmaii
Ben Omar dit auffi Takhtazani , lequel a compofé plufieurs ouvrages fur la
grammaire Arabique , & qui mourut l'an 672 de l'Hegire. Il y a dans la Bi-
bliothèque du Roy, aux n'^. 573, 1060, 1082 & 1087, d'autres Auteurs, qui
portent le même norn & qui ont écrit fur l'Elm al Kelam, c'eft-à-dire , fur la
Métaphyfique ou Scholailique.
HAGELAH. Aboulabbas Ben lahia Al Hagelah , furnommé Al Telmefla-
ni , c eil-à-dire , nfftif de Tremilfen en Mauritanie , ell Auteur du Siicurdan &
du Divan al Sahabah , où il traite de l'amour & des Amants. Foyez dans la Bi-
bliothèque du Roy, n°. 1174. il dédia Ion livre au Sultan Naffer l'an 757 &
mourut en 770.
HAGGE, le Pèlerinage de la Mecque. Haggi, un Pèlerin qui a fait ce vo-
yage.
Après que Mahomet a parlé des excellences du Temple de la Mecque dans
le chapitre d'Amran , voicy comme il établit la loi de ce pèlerinage. Dieu a-
ordonné le pèlerinage du Temple de la Mecque à quiconque fera en état de faire ce
voyage,
'Les trois plus célèbres Do6leurs de laloy Mufulmane , dont les %ptimens
partagent tous les autres Docteurs Mufulmans , expliquent différemment les con-
ditions qui rendent ce pèlerinage obligatoire.
Schafei dit , qu'il fuffit d'avoir des provifions nécelllùres & une monture ,
pour y être obligé.
Malek veut, que ces conditions foient la fanté du corps & des facultez fuf-
fifantes, pour fe pourvoir des chofes nécelfaires à ce voyage.
Abou Hanifah croit, que le pouvoir , requis dans ce chapitre, s'étend non-
feulement aux provifions nèceŒiires pour le voyage , mais qu'il comprend aulîî'
la fanté du corps, la commodité d'une voiture & même la fureté du chemin,
fans laquelle on n'y efl: point obligé ; c'efl;. cette décifion que la plupart des
Mufulmans & particulièrement les Turcs ont reçue.
Dans le chapitre intitulé Bacrat , Mahomet ordonne , que ceux qui font ce
pèlerinage portent leur provifion pour n'être pas à charge aux autres, & il dit
ces paroles : Faites vos provifions»\ mais la. meilkure de toutes Les provifions , c\Jl
la piété [y fahftinence. *
Houlfain Vaêz dit fur ce verfet : la meilleure provifion que l'on puifife fai-
re , eft de s'abft;enir pour n'être pas importun aux autres , en leur demandant.
C'eft, dit- il , le fens littéral de ce pafi:age : mais le moral & le myftique eft y.
qu'il faut faire fa provifion pour le voyage de l'autre vie , fignifîé par le pèle-
rinage de la Mecque. Or la meilleure provifion que nous puiflions faire pour
ce voilage eft l'abftinence. *
Calchiri dit, que l'abftinence du commun des fidèles eft l'éloignement du pé-
ché : mais que l'abftinence des parfaits confifte à ^ fe retirer fous le voile de_ la
contsmpU\tion, qui nous couvre tous les objets & ne nous fait voir que Dieu
feul. Il eft vray, que nous ne pouvons pas faire ce voyage fans provifion :.
mais cette provifion n'eft autra qu'un ardent defir , fans lequel nous ne pou-
vons
H A G G E. rj^
vons pas avancer un feul pas dans la piété : Surquoi Selemi dit , que la pro-
vifion de ceux qui marchent dans la voye de Dieu , confifle dans la componc-
tion du cœur, qui fe manifefle par la pâleur du vifage & par les foupirs de la
poitrine. Heureux celuy qui entreprend un tel voyage.
Les Khalifes fatisfaifi3ient autrefois eux-mêmes à l'obligation du pèlerinage.
Abugiafar Almanfor , fécond Khalife des Abbaflîdes , mourut dans ce pèlerina-
ge. Mahadi, fon iils & fon fucce/Teur , le fit en l'année i6o de l'Hegire
avec tant de fomptuofité, qu'au rapport de Khondemir, il fît charger cinq cent
chameaux de neige & de glace feulement , & plufieurs mil de provifions pour
les pèlerins.
Après que Mahadi eut fatisfait à tous les devoirs du pèlerinage , que les Ara-
bes appellent en leur langue Menailck alhagge, on lui vint dire, que les plan-
chers des maifons où étoit fa garderobe étoient fr chargez, qu'il y avoit danger
qu'ils ne tombafTent fous le poids, cet avis lui donna occafion d'ordonner, que
l'on diftribuàt tout ce qu'il y avoit dans fes magazins aux'pauvres , dont cha-
cun eut deux vefles de brocard pour fa part.
Abougiafiir Almanfor ayant donné la charge de Chef & de conducteur de la
Caravanne des pèlerins , appelle par les" Arabes Emirhagge , à fon frère , au-
préjudice d'Abou Mofiem , qui la luy avoit demandée , ce puiifant Seigneur ,
qui étoit Gouverneur de la province de Khorafîan , en fut fi fort piqué, qu'il
fe cantonna dans fon gouvernement, & obligea enfuite Almanfor, qui lui avoit
les dernières obligations, de le faire mourir.
Haron Rafchid , cinquième" Klialife de la Maifon des Abbaflîdes , fut le der-
nier de tous les Khalifes qui fît le pèlerinage de la Mecque. 11 y alla pour la-
dernière fois l'an i86 de l'Hegire, accompagné de fes deux enfans Amin &
Mamoun, qui lui fuccederent tous deux l'un après l'autre.
Etant arrivé ^Medine, il fît trois préfens aux habitans , le premier en fon"
nom , & les deux autres au nom de fes deux enfans ; & lorfqu'il fut arrivé à
la Mecque , il fît la môme choie , enforte que l'argent qu'il diftribua dans ce
voyage, montoit à la fomme de quinze cent mille dinars d'or.
Dans ce même voyage, il fît attacher à la porte du Temple de la Mecque,
que les Arabes appellent Caâbah , c'eft-à-dire , la Maifon quarrée , l'Afte ou
Déclaration du partage qu'il avoit faic de tous fes Etats entre fes trois enfans
Amin, Mamoun & Motaliem, avec fubflitution de l'un à l'autre. Voyez le ti-
tre de Haron.
L'on dit de ce Khalife , qu'il attribuoit à fes pèlerinages toutes les viftoires
qu'il avoit remportées fur fes ennemis : car il avoit fait huit fois ce voyage ,
& avoit gagné huit batailles. Il en fît même un à pied, dans lequel il rencon-
tra Ibrahim Ben Adhem , qui employoit douze années • entières à faire le fien.
L'on dit auflî , que Haraoun fît graver fur fon cafque ces deux mots , Haggion
Azzon^ qui. lignifient , celui qui fait le pèlerinage de la Mecque devient fort
& puiffant.
Toutes les fois que ce Khalife faifoit le pèlerinage de la Mecque , il fe fai-
foit accompagner par cent Dofleurs de la loy, qu'il défrayoif ; & lorfqu'il ne
pouvoit pas s'en acquitter en perfonne, il en habilloit trois cent qu'il envoyoit
à fes dépens pour tenir fa place.
Après que les Khahfes fe furent difpenfcz de ce devoir, les divers Sultans,
qui s'élevèrent dans le Mufulmanifrae , ne -laiffoient pas de s'en acquitter. Ma^
Y 3 lek-
1^4 H A G G E.
lekfchah, Sultan des Selgiucides, fit ce pèlerinage avec une dépenfe incroyable,
& abolit le tribut que les pèlerins ctoient obligez de payer , comme fon peut
voir dans fon titre. Bajazeth fécond Sultan des Othmanides , le fit auflî , & ce
fut , dans ce voyage , qu'il apprit la mort de Mahomet , fon père , auquel il
fucceda.
Les Arabes prétendent, que ce pèlerinage étoit en vogue dans l'Arabie avant
le Mufulmanifme , & même dès le tems d'Abraham, & d'ifmaël fon fils, qu'ils
fuppofent avoir été les fondateurs du Temple de la Mecque. Quoi qu'il en
foit , Mahomet en a fait un des fix points capitaux de fa Religion , qui eit
d'une obligation plus précife , que la circoncifion qui n'eft que de tradition.
Cependant, l'an 319 de THegire , de J. C, 931 , fous le Khalifat de Moéla-
der , ce pèlerinage cefTa par la crainte des Carmathes , qui en une feule fois
tuèrent plus de vingt mil pèlerins. Ces rebelles prirent enfuite & pillèrent la
Mecque , prophanerent ce qu'il y avoit de plus faint pour les Mufulmans , &
les obligèrent de prendre le chemin de l'Euphrate , c'eft - à - dire , de fubflituer
Jerufalem en la place de la Mecque , ce qui fe pratiqua pendant le règne du
Khalife Radhi , comme autrefois Abdalmalek , Khalife des Ommiades , l'avoit
établi..
Le fameux Hallage, duquel il fera parlé dans un titre particulier , fut mis à
mort, par fentence des Dofteurs de la loy, pour avoir particulièrement enfei-
gné une pratique de dévotion & des cérémonies , qu'il difoit pouvoir fuppléer
au pèlerinage de la Mecque.
Nonobflant la dévotion prétendue des Mufulmans dans ce pèlerinage , Saâdi
ayoiie, que les pèlerins y commettent fouvent de grands excez , & il rappor-
te qu'un jour ceux qui étoient à pied avec lui , eurent une très -grande que-
relle entr'eux , & fe battirent rudement à coups de poings & de pierres , ce
qui fit dire ingénieufement à un de ceux qui étoit monté fur fon chameau, ces
paroles : C'eji merveille , que les pions du jtu des échecs deviennent des pièces prin^
cipales , quand elles ont traverfé heureufement tout le champ du damier , S' que les
piétons de la Mecque ne deviennent pas meilleurs , après avoir m Juré la plaine entiè-
re du défert.
L'Auteur du Nighiarifian rapporte , qu\ui pèlerin , homme de fort mauvaife
inine & grand fcèlerat, prenant en main l'anneau de la porte du Temple de la
Mecque, s'en frottoit le vifage & prioit Dieu de le préferver du feu infernal.
Celui qui étoit proche de lui entendant fa prière , lui dit : Je m'étonne , que
vous foyez dans cette crainte, ne fçavez-vous pas le proverbe, qui dit que, le
feu d'enfer ne peut jamais brûler un beau vifage. Ce proverbe efi;- tiré des vers
Perfiens du Poëte Hafez, lequel entend par un beau vifage un homme de bien:
comme, au contraire, un vifage noir ou laid, chez les Perfans , .s'entend tou-
jours d'un méchant homme.
On peut remarquer ici, que le premier pas que les Mufulmans ont accoutu-
mé de faire , lorfqu'ils fe veulent convertir, ou faire pénitence à leur mode,
de leurs ^ péchez palfez , efi: de prendre l'habit de pèlerin , ou de Dervifche ,
& de faire le pèlerinage de la Mecque, l^oyez fur ce point le titre de Souzeni.
Le dernier mois de l'année Arabique eft appelle Dhoulheggiat , à caufe que
c'efl; dans cette, lune que les Pèlerins doivent être rendus à la Mecque, pour
y faire leurs cérémonies & leurs dévotions. Foyez les titres de Dhoullieggiat àf
de Caâbah, qui eft le Temple de la Mecque.
• Les
H A G G I A B. — H A G I A R. ïj,^
Les pèlerinages de Jerufalem , de Hebron , du fepulcre d'Ali & de fes en-
fans, aufli-bien que de celui de Mahomet à Medine , font tous pratiquez par
les Mufulmans : Il eft vrai pourtant ; que celui d'Ali fut défendu par le Kha-
life Motaovazel, & qu'il n'y a gueres que les Schiîtes qui le fréquentent.
Foyez fur tous ces pèlerinages les livres à'Adhkar al hagge u alùmrah, fait par
Cothb al Mekki , d'Efchardt ela marefat al ziaràt , par Ebn Al Saih , de Baéth
al nofous, par Carari , & dCUns al Khalil. Ces deux ouvrages traitent particu-
lièrement ' de ceux de Jerufalem & de Hebron. Foyez aujjî les titres de Cods.
HAGGIAB. Foyez le titre d'Omar Ben Abdalaziz/
HAGGIAH, Aboubecre Ben Haggiah, dit Al Hamaovi, à caufe qu'il étoit
natif de la ville de Hamah 'en .Syrie , eft Auteur d'un commentaire, intitulé
Tacdim Abubecr, fur le poërae d'Al Barezi , nommé Bediah , qui eft dans la Bi-
bliothèque du Roy. n°. 1056. Cet Auteur mourut l'an de l'Hegire 837.
H AGI; on a déjà dit, dans le titre de Hagge , que ce mot fignifie un Pè-
lerin de la Mecque. Cette qualité entre dans les noms de plulieurs perfon-
nages.
Hagi Baba , eft le nom fous lequel Abdalkerim Othman Al Tharfoufîî eft le
plus connu. C'eft un Auteur qui a commenté les Covaêd al âaràb , qui eft un
livre de grammaire Arabique d'Ebn Hefchâm. Cet ouvrage fe trouve dans la
Bibliothèque du Roy, n'. 1104.
Hagi Caovani , homme célèbre dans» la Perfe , que le Poëte Hafedh a beau-
coup loué, & propofé pour un modèle parfait de génerofité & de libéralité.
Hagi Cogelah , nom fous lequel Tageddin Cazerouni eft le plus connu. II
eft Auteur d'un livre Perfien, intitulé Bahar alfddd, la mer de la félicité. C'eft.
un ouvrage de Morale.
HAGIAR, écrit par un he , qui eft une afpiration douce, & non par un
ha , qui eft une afpiration forte , comme dans les mots précédens , eft le nom
d'Agar, mère d'Ifmaël.
Les Turcs l'appellent dans leur langue Hagiar Anai , Agar la mère par excel-
lence , à caufe d'Ifmaël fon fils. Les Mufulmans ne croyent point qu'elle fût
concubine d'Abraham , & prétendent au contraire qu'elle fut fa femme légiti-
me , & qu'elle luy donna Ifmaël , lequel comme aîné eut un grand avantage
fur Ifaac , obtenant pour fon partage TArabic , qui furpalfe de beaucoup en
étendue & en richeff'e , la terre de Chanaan qui demeura à fon cadet.
Ils difent auffi , qu'Agar mourut à la Mecque & qu'elle fut enterrée dans
l'enceinte extérieure du Temple de la Càabah ou Maifon quarrée; cette encein-
te ou muraille eft appellèe par les Arabes Hathim. Foyez le titre de Farma,.
ville d'Egypte, qui lui avoit donné la naiflance.
HAGIAR Alaftbvad, Pierre noire en général, mais en particulier une pier-
re de cette couleur attachée à un des piliers du Portique du Temple de la
Mecque.
Abdallah, fils de Zobair, la fit tranfporter de ce lieu dans le Sanftuaire ; mais
Hegiage fen fit ôter & remettre dans fa première place.
-^ Les Carmathes , après avoir pillé la Mecque fous le Khalifat de Modiader,
en-
i^e H A G I A R. • H A G R.
enlevèrent cette pierre, qu'ils difoient, avec aflez de vraifemblance , être un an-
cien Idole : on voulut leur donner cinq mil dinars d'or pour la racheter : mais
ils les réfuferent, & la retinrent pendant 22 ans, à fçavoir , depuis l'an 317
de l'Hegirc jufqu'en 339, qu'ils la rapportèrent à Coufah , fous le Khalifat de
Mothî.
Les Khalifes firent enchaffcr un morceau de cette pierre duHs le feuil de la
■porte de leur Palais à Bagdet , ce qui obligeoit tous ceux qui y entroient , de
le baifer, & ils s'attiroient par-là une grande vénération. En effet, un Muful-
man ne croiroit pas avoir fatisfait aux devoirs du pèlerinage de la Mecque ,
s'il n'avoit baifé cent & cent fois cette pierre , à laquelle ils attribuent des
qualitez merveilleufes , comme de nager fur l'eau, d'engrailfer un chamean mai-
gre qui la porte, d'avoir quelquefois une pcfanteui? que plufieurs bœufs ou che-
vaux ne peuvent ébranler, & plufieurs autres chofes fabuleufes.
Khondemir rapporte dans la vie de Mahomet, que cette pierre a été révérée
dès les premiers tems dans le temple de la Mecque ; car il dit , fuivant les an-
ciens mémoires des Arabes , que les Giorhamides , qui avoient la garde de ce
Temple , furent contraints d'en céder la poffeflîon aux Banou Beker , c'efl: - à-
dire , aux enfans de Beker , qui étoient de la pofl;érité d'Ifmaël , fils d'Abra-
.Jiam, qui s'étoient rendus maîtres de la ville par la force de leurs armes.
Amrou Ben Hareth , chef des Giorhamides , craignant la profanation de ce
temple , détacha la pierre noire du lieu où elle étoit placée , & la jetta dans
le puits de Zemzem , dont il ferma fi bien l'ouverture , qu'elle ne fut connue
par aucun de leurs ennemis. ,
Les chofes demeurèrent long-tems en cet état, jufqu'a ce qu'Abdalmothleb,
ayeul de Mahomet, ayant appris par révélation tout ce qui s'étoit palîe , fit
tirer du puits cette pierre & la remjt au même lieu d'où elle avoit été tirée.
Voilà les vains amufemens dont les Muiùlmans entretiennent leur dévotion.
Il ne faut pas confondre le nom de Hagiar al fovad , qui fignifie auffi pierre
noire, qui efl: proprement le charbon de terre ou de pierre, avec la pierre noi-
re myfl;érieufe dont nous venons de parler , & que l'on appelle toujours Ha-
giar al aflx)vad.
HAGIAR. Ebn Ilagidr, efl le nom de plufieurs Auteurs Arabes, dont l'un
elt furnommé Al Alcalani , parce qu'il étoit natif de la ville d'Afcalon en Sy-
rie , un autre Ai Bagdadi & un troifième Al Mekki , originaires des villes de
Bagdet & de la Mecque.
Le premier fe nomraoit Al Hafcdh Schehabeddin AboulfadhI Ahmed', & mou-
rut l'an 852 de l'Hegire. Il a travaillé beaucoup fur l'hilloire d'Egypte : fon
principal ouvrage hiftorique a pour titre Enha al gomri fi ebnalômri. Les vies
des Cadhis du Caire, intitulées Refê al efr ânXodhdt Mefr , font auffi de luy.
Les deux autres Ebn Hagiar étoient plus anciens , & n'ont travaillé que fur
des matières qui regardent le Mufulmanifme.
H A G R & Hagiar. Ce mot fignifie en Arabe une pierre , & efl; devenu le
nom d'une ville de l'Arabie, fituée dans la province de Higiaz; elle efl: àcs
;dépendances de lemamah, dont elle n'efi: éloignée que de vingt -quatre heures
de chemin.
C'efi: dans cette vWh que l'on voit les fepulcres des Sclioâda ou Maityrs ,
qua-
haï. 1^7
qualité donnée à ceux qui furent tuez en combattant contre le faux Prophète
Mufeilemah , lequel prétendit faire dans l'Ieraen ce que Mahomet avoit fait
dans l'Higiaz.
Il publia en effet une nouvelle loy, & il eut pendant un tems beaucoup de
fëftateurs; de forte qu'Abôubecre , fiicceffeur de Mahomet, craignit que ce nou-
veau Prophète ne l'emportât fur le fien , & ne caufàt la ruine du Mufulmanif-
me : mais enfin, Mufeilemah fut défait & tué auprès de cette ville, qui eil ap-
paremment celle que Ptolemée & Strabon appellent Fetra deferti, & ks Hébreux
Arac. Foyez Abdelmoal dans le fécond climat , & Nafîireddin qui lui donne
83 degrez de longitude, & 25 degrez, 15 minutes de latitude Septentrionale,
La ville dlemamah ell éloignée de Baffora de 16 journées, & à 82 degrez»
30 minutes de longitude, & 23 degrez de latitude.
Cette ville a donné fon nom à un paj's qui efl, félon Khondemir & tous les
Géographes Orientaux , entre la Syrie & l'Arabie , & c'efl ce que nous appel-
ions aujourd'huy l'Arabie Petrée, où le peuple de Saleh , c'ell-à-dire, les The-
mudites habitoient autrefois; on voit encore, difent les Mufulmans, en ce pays-
là les roches & les cavernes , où ils fe retirèrent pour fe garentir des maux dont
le Prophète Saleh les menaçoit , & l'on y remarque aufïï les terribles effets de'
la colère de Dieu. Foyez les titres de Saleh âf de Themoud.
La ville de Hagiar devint , à caufe de fa fituation avantageufc , la place qui
fervit de retraite & de capitale aux Carmathes , d'où ces rebelles infcftcrent
long-tems les Etats des Khalifes de Bagdet , & moleflercnt à un tel point les
pèlerins de la Mecque, que ce pèlerinage ceffa pendant plufieurs années, com-
me l'on peut voir dans le titre de Hagge. Abufaid y bâtit un palais ou châ-
teau, nommé Hagiarah , que fon fils Abou Thaher fortifia extrêmement.
Depuis ce tems - là , Hagiar paflà pour une place prefque imprenable. Les
Sultans de Syrie & -d'Egypte l'ont poffedée long-tems. Les Francs la prirent
à leur tour, & changèrent le nom de Crak qu'elle portoit alors , tiré de celuy
d'Arak , que les Juifs lui donnoient , en celui de Montréal. Plufieurs de nos
Hifl:oriens l'appellent Crak de Montréal , c'efl; du mot Crak que quelques Au-
teurs, qui ont voulu faire les habiles, ont formé le nom de Cyriacopolis , qu'ils
lui donnent.
On peut encore remarquer , que cette ville n'cfi: point Rahbat MoaUtis , ou
Rabba des Moabites , car ces peuples habitoient au de -là du Jourdain, & un
peu au-deffus de la mer morte. Il efl; vray toutefois que la dignité de Métro-
pole fut transférée de Rabbat à Montréal, qui a dépendu autrefois du Patriar-
che d'Alexandrie & enfuite de celuy de Jerufalem.
Il y a une autre ville , nommée Hagr & Hagiar , plus avant dans l'Arabie ,
qui appartient à la province de Baharain. Ses dattes, qui font excellentes, don-
nent lieu au proverbe Arabe , Porter des dattes à Hagiar , pour exprimer une
peine inutile.
HAI Ben Jakdhân , Hifioire fabuleufe d'un homme né de la terre, nourri
par une chèvre, qui s'élève parmi les bêtes, & qui parvient par fes reflexions
jufqu'aux plus hautes connoiffances de la Philofophie.
Cette hifl:oire fe trouve écrite en Hébreu, en Arabe & en Perfien. Mardo-
khai Ben Eliezer Comtino, Rabbin de Confl:antinople , & Ifaac Arama la citent
comme l'ouvrage d'un autre Rabbin, nommé Moyfe de Narbonne.
Tome IL^ Z Po-
fyi H A I A N. H A I A T.
Pokokius nous Ta donnée en Arabe avec la verfion Latine , comme l'ouvra-
ge d'Abougiafar Ben Tofail , fous le nom de Fhilofophus Autodidaàus.
Fadhlallah Ben Rouzgihàn Al Haigi , natif d'Ifpahan, l'a mife en langue Per-
fienne , fous le nom de Bedî al zamân , la merveille du tems , & l'a dédiée au
Sultan Jacob Al Baianduri.
H AI AN. Abou Haiân & Ebn Haian & Al Haiani ; ce font les noms de
plufieurs Auteurs, dont le plus ancien eft Auteur du Tarikb Ebn Haian ^ qui eft
une hiftoire des Traditionnaires Mufulmans; il mourut l'an 354 de l'Hegire. Il
porte auffi le furnom de Sabthi.
Abou Haian Al Taouhidi, ainfi fùrnommé, à caufe que fon père vendoit des
Taouhid , efpcce de dattes excellentes , vivoit Tan 400 de IHegire. Il porte la
qualité de Zahed , qui fignifîe un homme retiré du monde , & qui mené une
vie dure &; auftère. On a de luy plufieurs ouvrages de Religion & de dévo-
tion , fort bien écrits ; car il excelloit dans la compofition foit en profe , foit
en vers. Les titres de fes livres font , Amtàd u al mova najfdt, Dakhair u al
Bajfair. Sadik u al Sadacdt.
Ebn Haian Al Andaloufi Athireddin Al Haiani, étoit Efpagnol, & a compo-
fé le Bahar al mohith fi taffir , qui efl un commentaire fort étendu fur l'Alco-
ran, auquel il donne le nom d'Océan. Il le commença l'an de l'Hegire 710,
âgé de 5Y ans, & mourut l'an 745. Nous avons auffi de luy Tohfatal adib le
ma fil Coran mm al garib , des cliofes les plus rares & les plus curieufes de l'Al-
coran. Cet ouvrage eft dans la Bibliothèque du Roy, n". 585.
H AI AT, la vie. Au chapitre Anaâm , ou des créatures, dans l'AIcoran ,
J^iahomet fait dire à Dieu : Je feray revivre celui qui eft mort.
Les Interprètes difent, que ce verfet fut publié au fujet de deux Arabes ido-
lâtres, dont l'un étoit Abou gehel & l'autre Omar, qui fut depuis Khalife. Ma-
homet les ayant vus enfemble, pria Dieu qu'il lui plût faire la grâce à un des
deux de l'appeller au Mufalminifme. Sa prière fut exaucée , & Omar fut ce-
]uy fur lequel tomba cette grâce ; car de mort qu'il étoit , il fut vivifié par
la foy , & Abou gehel demeura mort , c'eft - à - dire , dans les ténèbres de l'inii-
délité.
Les plus fpirituels qui allégorifent ce pafTage, difent , que la mort de l'hom-
me eft fa concupifcence, & que fa vie confifte dans l'amour de Dieu : ou qu'il
faut entendre dans ce pafïlige par la mort, l'ignorance & l'infidélité, & par la
vie, la connoiffance & la foy.
Le Kafchef al afràr dit, que la vie de la connoifTance eft bien différente de
la vie animale. Les hommes , ajoûte-t-il , vivent pour l'ordinaire à la manière
des autres animaux, d'une vie animale & fenfitive: mais les fpirituels vivent de
la vie de la connoilfance. La différence de ces deux vies eft , que la premiè-
• re finit fuivant ce qui eft écrit : Toute ame fera féparée du corps par la morù. il
y a mot à mot , Omnis anima giiftabit mortem. Et la féconde ne finit point ,
félon cette autre maxime indubitable : Le fidèle vil: dans l'une cf dans raiitre de-
mnire, c'eft -à -dire, en ce monde ^ en l'autre. Ce qui a fait dire à un Poëte
Perfien : Celui-là ne meurt jamais , Seigneur , qui n'a de la vie que pour vous.
Heureux donc mille fois celuy que vous animez de vôtre efprit.
Scl:ah Kermmi, homme docle & pieux, difoit , qu'il y a trois marques de
cette
HAIATHELAH. H AID A.R. 179
cette vie de Dieu dans l'homme , Ez Khalkazîat bahak hlmlvat daovdm dhikir Se
réparer du monde, fe retirer auprès de Dieu & perfdverer dans la prière de
bouche ou de cœur. Voicy la paraphrafe de ces paroles en vers Perfiens.
N'ouvrez point la porte de la connrfation à tous venant.
Mais tournez-vous vers Dieu en toutes fortes de rencontres.
Ne cejfez jamais de pouffer des foupirs ^ des defirs ardens vers lui, 6* ne vous
la(fez point de publier de bouche fes grandeurs âf fes bienfaits.
Cejl ainfi que vous pojjëderez la véritable vie en ce monde-cy (f en l'autre.
n y a une tradition Mufulraane , qui porte que cinq chofes prolongent la
vie, Berral valedin, honorer fes père & mère, f^ajlat al raham ., entrettnir l'a-
mitié avec fes proches. Aatha alfadacah , donner l'aumône. Gehâd fi fibil allait ,
faire la guerre aux infidèles pour la gloire de Dieu. Daovdm fil voudkou , être
exaft à fe purifier par l'ablution ordonnée par la loy.
Les Mufulmans auflî-bien que les Chrétiens Orientaux donnent à la troifième
perfonne adorable de la Trinité, pour propriété eflentiellc Haiat , c'cfl-à-dire,
la vie. Il efl vray, que les premiers ne croyent pas que cette propriété con-
flitue une perfonne, qu'ils appellent Aknoun; mais que c'efl feulement un des
attributs de la Divinité , que les Chrétiens appellent Perfonne. Les Syriens
donnent le nom de Mehaia , ou de Vivifiant au faint-Efprit , ce qui efl con-
forme au Symbole de Nicée , qui porte exprefliement ces paroles : Jit in Spiri-
tum fanStum Dominum 6f vivificantem.
Haiat al haivân, la Vie des animaux. C'efl l'hifloire des animaux que Dc-
miri a écrite, plutôt eji Doéleur delà loy, qu'en Naturalifle ou Phyficien. II
y a deux éditions de cet ouvrage. La première , qui efl entière , s'appelle le
Grand Demiri. La féconde porte le nom de petite , à caufe que l'on y a re-
tranché les contes fabuleux & les fonges qui font dans la première. Voyez les
titres de Demiri âf de Haivan.
H AI AT HELA H, peuples que les Anciens ont appelle Indofcytha. Il y a
apparence que ces peuples habitent le Tonbut, Tobut ou Thebet, .pays qui s'é-
tend vers le Nord, entre les Indes & la Chine. Le pays de Barantola, que nos
voyageurs mettent en ces quartiers-là , pourroit bien avoir tiré fon nom de Be-
lad Haiathelah, Pays des Haiathelites.
Les Haiathelites ont eu autrefois un Roy fameux, nommé Khafchnaovar , qui
défit Firouz , fils d'Iezdegerd , Roy de Pcrfe , & qui fat cnfuite défait &; tué
par Noufchirvan, quoy qu'il eût rétabli Cobad, fon père. Ces peuples faifoienC
leur capitale de la ville de Balkhe; mais ils furent pour lors entièrement chaf-
fez de Perfe.
HAIDAR, c'efl un des noms Arabes du lion, & un des furnoms ou titres
d'Ali , lequel eft aufîi appelle Alfad Allah , le Lion de Dieu : c'efl pourquoy ce
nom de Haidar fe trouve dans plufieurs perfonncs de la famille d'Ali.
Le plus célèbre de tous ces perfonnages eft le Scheikh Haidar , fils de Gio-
neid ou Giuneid, arrière-petit-fils de Scheikh Scfi ou Seficddin, lequel prétendoit
de defcendre d'Ali, par la branche de Houlfain fon fécond fils, qui efl celle des
Imams, félon les Perfans.
Z 2 La
i8o H A I D H A R I. -— - H A I M E N I.
L La more de Scheik Haidar étoit fille d'UfuncafTan ou HafTan Begh Al Baiaîi^
duri , premier Sultan de la dynaflie des Turcomans nommez Baianduriens ou
du Mouton Blanc. Ce Sultan donna des troupes à Haidar, pour faire la guerre
à Ferokhzad , Roy de Sehirvan, qui avoit défait & tué Gionaid dans une batail-
le : mais en voulant vanger la mort de fon père , il perdit la vie & fut caufe
de l'cxtinftion prefque entière de fa famille qui étoit fort nombreufe.
Cependant Ifmaël, un de f.s enfans, fe fauva avec fon frère Jâr Ali; & c'eft
cet Ifmaël, furnommé Sofi , qui fonda depuis la dynaflie qui règne aujourd'huy
cil Perfe, dont la famille s'appelle Sofiat & Haidariat ,. c'eft-à-dire , Sofienne &
HaiJarienne.,
Les Perfans d'aujourd'huy dîfent y que Haidar fut le premier qui inventa une
nouvelle coëfFure de couleur rouge, qui a douze plis autour d'un bonnet & qu'il
la fît porter à tous les ficns ; c'eft ce que l'on appelle en Perfe le Tage ou la
Couronne Haidarienne, & c'efl à caufe de cette même coëfFure que les Perfàns
font nommez Kezelbafche, Têtes rouges.. r >
11 y a eu trois Princes de la famille des Sarbedariens , à fçavoir , le feptieme,
le huitième & le neuvième, qui ont porté le nom de Haidar. f^oyez le titre de
cette famille. . .
HAIDHARÎ, furnom de Cbthbeddin Mohammed, dit Al Schâmi & Al De-
mefchki , h caufe qu'il étoit natif de la ville de Damas. 11 efl Auteur du li-
vre intitulé Boghiat al imttaki, ce que doit defirer & chercher celuy qui craint
Dieu , & d'un autre qui porte le titre de Efterddh refê al êterâdh , de l'obliga-
tion qu'il y a de faire celler les contradiftions & les difpuces. Cet Auteur
mourut l'an 894 de l'Hegire.
HAIGL Foyez le titre de Rouzgehan.
HAIM u Khaif men laoumat allaim , titre d'un livre qui traite des avanta-
ges de la folitude, & qui exhorte vivement à l'embralTer. Il a été compofé
par Nagmeddin AI Kebri, & il fe trouve dans h Bibliothèque du Roy, n°. 617.
Son titre Arabe figniHe , Celuy qui craint le blâme , car il combat contre les
refpeéls humains, & contre le, Qu'en dira-t-onV.
HAIM. Aboulabbas Ahmed Ben Haim , dit Al Salemi & Al Manfouri , à-
caufe qu'il étoit natif de la ville de Manfourah en Egypte, naquit l'an 798 de
l'Hegire & vint l'an 82.5 au Caire. Le Divan ou Recueil de Ïqs poëfies eft
fort eflimé, & fe trouve dans la Bibliothèque du Roy, n^. 1170.
" Il étoit cependant bon Jurifconfulte & avoit étudié le Tenbih, fous le Doc-
teur Ilfa Acfahesbi ; c'eft pourquoy nous avons de lui un ouvrage de Droit fur
les fucceffions qui viennent du côté maternel , intitulé FoJJ'oul al mehemmàt fi
rmovareth al ommdt, qui a été. commenté par Mardini. On le trouve auffi dans
la Bibliothèque du Roy, n'^. 711. • • 1. ^
Nous avons auflî un commentaire de cet Auteur fiir un poëme , mtitule Jr-
.giouzah fil gebr u mocabelah , compofé de vers libres fur l'Algèbre.
HAIMENI Al Mekki, furnom de Schehabeddin Ahmed Ben Hagidr , Au-
teur d'un Arbâin ou de quarante traditions , Belâdl u al ddel , fur la- Juftice &
fur le Juflc. .
HAIOUKI,
( H A I 0 U K I. i. H A I V A N. i8i
HAIOUKI, furnom de Nagmeddin AI Mekki. Foyez ce titre.
haïr, nom d'un canal qui a été fait autour du fepulcre de Houflkîn fils
d'Ali , & qui donne auffi Ton nom à ce monument. Foyez le titre du Khalife
Motaovakel.
Delalat al hairin. Le Condufteur ou le Guide des dévoyez, titre d'un livre
fort eftimé, que Rabi Moyfe, fils de Maiemoun, compofa en Arabe, & qui a
été traduit en Hébreu, par Jofeph Ben Tibbon, fous le nom de More Nevo-
kim. U a été depuis traduit de l'Hébreu en Latin , par Buxtorf , & intitulé
DoCtor perplexorum.
H AIT HEM Ben Gemiï, nom d'Abou (ahal Al Bagdadi , qui a pafTé pour
un des plus fidèles traditionnaires du Mufulmanifme , & qui efl mort l'an 104
de l'Hegire.
Ebn Haithem eft Auteur du livre intitulé Idhah al heidn u noiir al imdn , l'é-
clairciflement de la raifon & la lumière de la foy , c'eft-à-dire , Démonftration
naturelle jointe aux principes de la religion & dé h foy. Cet Auteur mourut
Tan $5'^ d^ l'Hegire.
Abou Ali Ebn. Haithem Al Bafri étoit un Géomètre excellejit , natif de Baf-
fora , lequel fe faifoit fort de rendre l'Egypte fertile en quelque état que fe
trouvât le Nil, foit qu'il crût ou qu'il baiiîît. Le Khalife Hakem Bemrillah
le fit venir de Bafibra au Caire , le reçut avec honneur , lui fit beaucoup de
carefles , & lui fournit tout ce qui lui étoit nécefiaire pour cette entreprife :
mais cet habile Géomètre s'appercevant de l'impofîîbilité qu'il y avoit dans l'exé-
cution de fon projet, contrefit le fol pour fe mettre à couvert de la colère du
Khalife, & mourut au Caire l'an 430 de l'Hegire..
HAITHEM. Foyez Hathem.
HAITHEMAH. Ebn Haithemah Ben Zohr Al Nefiai Al Bagdadi, qui
mourut l'an 923 de l'Hegire , efl; Auteur d'un Tarikh ou Hiftoire générale qui
porte fon nom.
HAITHEML Ebn Hagiar, Auteur d'une Géographie des pays du Muful-
manifme , porte ce furnom. Son ouvrage efl: intitulé JL Eeldm be caovathè al
EJldm.
HAITHON ou liai ton, Roy Chrétien d'Arménie. Foyez Hatem.
H AI VAN, Animal & Animaux. I^tdb al haivân, l'Hiftoire des animaux,
eompofée par Giahedh. Foyez rhiftoire d'Aboulfabi dans la Bibliothèque du
Roy, n«. 798.
Haiat al haivan , les vies des animaux , c'efl: l'hiftoire des animaux de Demi-
ri. Foyez les titres de Haiat £ff di: Demiri.
Menafê al haivan , des utilitez des animaux dans la médecine. Nous avons
deux ouvrages qui portent ce titre; l'un d'Ebn Heithar, le plus célèbre Auteur
de la Botanique chez les Orientaux. L'autre efl: d'Abdallah ben Gcbrail Ben
Bakhtifovâ, Médecin Chrétien du Khalife Haroun Ralchid; celuy-ci fe trouve
avec les figures dans la Bibliothèque du Roy, n°, 939.
Z 1 HAKAIK.
i8z HAKAIK. HAKEM. -
HAKAIK ou Hacaic, les Veritez Içs plus importantes; c*efl: le pluriet de
Hakikat. Il y a plufieurs ouvrages qui portent ce nom. Celuy de Selemi eft
le plus célèbre, car il traite des allégories de l'AIcoran , où cet Auteur femble
avoir voulu fpiritualifer ce que les plus groflîers d'entre les Mufulmans ont
pris à la lettre.
Hakaik Al Mandhoumat, Ouvrage compofé en vers par Abou Hafedh Omar
Ben Mohammed , fur les loix , & Iqs obfervances du Mufulmanifme.
H A K E M Bemrillah , troifième Khalife de la race des Fathemites , ëtoit fils
d' Aziz , fils de Moêz , qui furent les deux premiers Khalifes de cette dynaflie.
Il commença à régner à l'âge d'onze ans fous la tutele d'Arghevan que fon
pcre lui avoit donne pour Gouverneur, l'an de l'Hegire 386, de J. C. 996. Il
s'éleva fous fon règne un rebelle qui fe difoit defcendre de Hefchâm, fils d'Ab-
dalmalek , fils de JVIarvân , tous trois Khalifes de la race des Ommiades : mais
après plufieurs combats livrez de part & d'autre , ce miferable fut défait & pris
prifonnier. Hakem le fit mettre pieds & poingts liez fur un chameau avec un
finge derrière luy qui lui frappant inceflamment le derrière de la tête avec une
pierre, le fit mourir.
Ce Khalife devint fol , & impie en même tems ; car il ordonna que toutes les
nuits les maifons , & les boutiques du Caire fuffent ouvertes , & éclairées , que les
•femmes ne fortifient jamais de leur logis fous quelque prétexte que ce fut, défen-
dant aux ouvriers de faire aucune chaufilire à leur ufage , & voulant que l'on
leur prefentât ce qui leur étoit necefiTairc avec des culieres, ou pallettes à man-
-che long, pendant que leurs portes ctoient entr'ouvertes, & qu'elles fe tenoient
derrière, fans fe faire voir.
Il voulut paifcr pour Dieu , & fit écrire un catalogue de feize mil perfonnes
qui le reconoifibient pour tel. Un impofi:eur nommé Darâr qui fe fit chef d'une
fefle que l'on nomma Darariah, favorifoit l'extravagance de Hakem, lequel ne
manquoit pas tous les matins avant le jour d'aller fur le mont Mocattam , où il
difoit avoir. des entretiens avec Dieu femblables à ceux de Moyfe.
L'on crut en ce tems-là que Hakem, qui avoit publié une malediélion con-
tre les premiers Khalifes compagnons de Mahomet , avoit defi^ein d'abolir le
Mahometifme, & de s'ériger en nouveau Legiflateur: mais fa fœur, & le chef
de fes troupes foupçonncz d'avoir des intelligences fecretes enfemble pour tra-
verfer fes projets , luy ayant donné quelque prétexte pour les faire mourir,
refolurent de le prévenir, & le firent aififfiner pendant qu'il étoit prefque feul
fur la montagne de Mocattam fan 411 de l'Hegire.
Après la mort de Hakem qui avoit régné 25 ans, fa fœur fe rendit maîtrefle
des afi'aires , & fit proclamer Khalife fon neveu , fils de Hakem fous le nom de
Dhaher Ledinillah.
Entre les folies de Hakem , celle de faire brûler la moitié de la ville du
Caire, & de faire piller l'autre par Cqs foldats, mérite le premier rang. Il obli-^
gea les Juifs & les Chrétiens de porter des marques fur leurs habits qui les diflin-
guaOTent des Mufulmans; il en contraignit plufieurs de renoncer à leur Religion,
puis leur permit enfuite d'en faire une profeflîon ouverte ; il fit démolir
i'Eglife de la Refurreftion , ou du Calvaire dans Jerufalem, puis la fit rebâtir.
Après avoir fait excommunier , & maudire les Khalifes qui avoicnt précédé
Ali , comme des ufurpateurs , il révoqua fon Edit , & néanmoins il interdit le
pelc-
H A K E M. jgj
pèlerinage de la Mecque, fupprima le jeûne du Ramadhan , & la folemnité des
cinq priei-es journalières, & inftitua la vifite du temple de Thaalab dans l'Iemen
ou Arabie Heureufe, félon les principes de Hamzah Ben Ahmed , fucceiTeur dé
Darar, duquel on a déjà parlé.
Cet Hamzah qui fe qualifioit Al Hadi, c'eft-.Vdire, le Conduéleur, ou le Di-
refteur, permettoit le mariage ontre les frères & les fœurs, les pères, & leurs
filles, les mères & leurs enfans, fupprima la folemnité du Vendredy de chaque
femaine , & la célébration des deux Fêtes appellées la Grande & la Petite. Ce-
pendant nonobllant ces excez, il fut toujours protégé par le Khalife Hakem
ce qui fit que la fefte des Darariens fe multiplia en Egypte , & fe répandit dans
toute la côte maritime de la Syrie.
HAKEM Ben Hefchâm, troifièrae Khalife de la race des Ommiades en Efpa-
gne , étoit fils de Hefchâm , & petit-fils d'Abdalrahman , Fondateur de la dynaftie
des Ommiades dans le pays d'Andalous, c'eft-à-dire, en Efpagne.
Il commença fon règne après la mort de Hefchâm fon père, arrivée Tan de
lUegire i8o, de J. C. 796, pendant que Haroun Rafchid étoit reconnu pour
le vray & légitime Khalife des Mufulmans à Bagdet, & il le finit l'an 206, après
avoir défait fes oncles paternels qui lui difputoient la couronne.
Ce Prince avoit pour fa garde ordinaire cinq mil renégats , dont deux mil
étoient Eunuques. II fut furnommé l'Heureux, & acquit la réputation de fage,
& de x'^illant. Il fe vangea des habitans de ïolede qui s'étoient révoltez, par
un ftratageme fort fanglant, car AbJalrahman fon fils s'étant fait beaucoup prier
d'entrer dans leur ville, & ayant invité les plus qualifiez à un feflin , il les fit
tous égorger à mefure qu'ils fe prefentoient pour entrer dans la falle du banquet.
Ceux de Cordoue ne profitèrent point de cet exemple de feverité: car ils fe
foûleverent aulîi quelque tems après ; mais Hakem arrivant à l'impourvû dans
leur ville avec Abalkerim , Capitaine General de fes troupes , après avoir fait paf-
fer par le fil de l'épée une grande partie des rebelles, en fît pendre plus de trois
cens à la porte du pont.
Les Chrêciens reprirent cependant la ville de Barcelonne fous le règne de ce
Khalife, qui fe preparoit à leur faire une rude guerre, lorfqu'il mourut après
vingt-fept ans de règne , laiffint fa couronne à Abdalrahmm , fecojid Khalife de
ce "nom en Efpagne , qui étoit l'aîné de dix-neuf garçons & de vingt-une filles.
HAKEM, fécond du nom Khalife d'Efpagne, étoit fils d'Abdalrahman troi--
fième. Il fucceda à fon pore l'an 350 de l'Hcgire, de J. C. 961. Oa lui donna
le furnom de Moftaker billah qui fignifie Bien établi de Dieu : en efi'et il gou- ■
verna fes Etats dans une grande tranquillité; car fon règne qui fut de feize ans,
ne fut troublé par aucune guerre ni civile, ny étrangère.
Hefchâm fon fils qui lui fucceda l'an 366 de l'Hegire, ne régna pas fi paifi--
blement.
HAKEM Bemrillah , fécond Khalife de la race des Abbaffides en Egypte,,
appelle, &. reconnu par 1:; Su'tan Al Malck Al Dhaher Bibars, qui voulut réta--
blir le Khahfat dans cette Maifon,
Ce Khalife avoit eu pour predecefl!eur AI Moflanfer billah , lequel ne jouit '
de cette dignité qu'environ fn mois; car il fut tué par les Tartares, lors qu'il
alloit^
i84 H A K E M.
alloit -à Bagdèt avec des troupes du Sultan Bibars pour rentrer en poflefîion dû
trône de fes ancêtres.
Hakem fut proclamé Khalife l'an 660, de l'Hegire, de J. C. I25i, & jouit
de cette dignité plus de quarante ans, car il mourut l'an 701 , fous Malek Al
Nafler, fils de Kelaoun, & eut pour fuccelTeur fon fils Moflacfi billah.
Le Sultan Kelaoun Roy des Mamlucs en Egypte , fait mention du Khalife
Hakem , dans la réponfe qu'il fit à la lettre d'Ahmed Nicùdar Oglân , Empereur
des Mogois, & le qualifie le fouverain Imam ou Pontife de la loy Mufulmane.
HAKEM Ben Flafchem, c'eft le nom d'un fameux Impoileur qui parut fous
le règne de Mahadi , troificme Khalife des Abbaflîdcs , dont l'Auteur du Lebta-
rikh raconte ainfi l'hilloire.
Il parut dans la ville de Nekhfcheb en Khoraflan un nommé Hakem, fils de
Hafchem furnommé Sazendéh mah, le Faifeur de Lune, qui avoit été Secrétai-
re, ou Greffier dans la Chancellerie d'Abou Moflem, Gouverneur du KhorafTan
fous Almanfor père de Mahadi: cet homme fe fit foldat, devint Capitaine, & en
fuite chef de party. Il reçut dans les combats qu'il donna un coup de flèche
qui lui fit perdre un œil, ce qui l'obligea pour cacher cette difformité, de por-
ter un voile, ou un mafquc que l'on nomme en Arabe Burcâ, ce qui luy fit
donner le furnom de Burcâi.
Cet impoileur , quoy qu'il fût d'ailleurs fort malfait de fa perfonne , v^ouîut
cependant par une témérité incroyable palfer pour Dieu , & eut plufieurs fefta-
teurs qu'il abufa , & qui luy fervirent à fe rendre maître de quelques places
fortes dans le Mavaralnahar autour des villes de Nekhfcheb, & de Ivafche ; de
forte que s'étant rendu déjà puiffant, & fa faction croilfant de jour en jour, le
Khalife Mahadi fut obligé d'envoyer unj armée pour en arrêter les progrez , &
pour châtier c<3t Irapoflieur qui écoit déjà fuivi de plufieurs milliers de gens dé-
vouez. L'armée du Khalife l'aiîîcgea dans la plus forte de fes places, où après
une longue défenie fe voyant réduit à l'extrémité, il prit le party de fe faire
mourir luy & tous les fiens, par une invention fort nouvelle.
Pour venir à bout de fon deifcin, il donna du poifon dans le vin à tous fes
gens , & fe jetta liiy-mcme enfuite dans une cuve pleine de drogues brûlantes &
confumantes , afin qu'il ne refilât rien de tous les membres de fon corps, & que
ceux qui reflioient de fa fecfc^, puTent croire qui! étoit monté au ciel , ce qui
ne manqua pas d'arriver. Les Hiftonens ne s'accordent pas fur Je tems de cet
événement; car les u:is le marquent dans l'année 162 & les autres dans la 163
de l'Hegire.
Khondemir qui donne à cet Impofleur le furnom de Mocannâ, auflî-bien que
Ben Schohnah, rapporte cette hiitoire avec d'autres circonfiiances.
Il dit que fon nom propre étoit Hakem Ben Atha, qu'il étoit petit détaille,
& de fort mauvaife mine, & que pour cacher la difformité de fon vifage, il
portoit toujours un mafque d'or, ce qui donna lieu de le furnommer Mocannâ
qui fignific en Arabe couvert d'un voile, oumafqué: mais fes difciples affuroient
qu'il fe couvrdit le vifiige pour ne pas éblouir ceux qui l'approchoient , par
l'éclat de fon vifage comme Moyfe.
Sa do>?Lrine étoit que Dieu avoit pris une forme & figure humaine depuis
qu'il eut commandé aux Anges d'adorer Adam, le premier des hommes. Qu'a-
près la mort d'Adam, Dieu étoit apparu fous la figure de plufieurs Prophètes,
& au-
H A K E M. rS-
^- autres grands hommes qu'il avoic choifis , jufqu'à ce qu'il prît celle d'Abu
Modem Prince du KhoraiTan, lequel profelToit l'erreur dé la Tenafllikhiah ou
Metempfychole ; & qu'après la mort de ce Prince, la Di\'initc ctoit paifi'e, &
defcendue en fa perfonne. Mais, dit Khondcmir, Dieu eft bien élevé au delTus
de tout ce que peuvent dire les impies , ladla Allah âmma iacoul aldhaiemoun^
qui font les paroles de l'Alcoran.
Cet impie parut d'abord dans la ville de Merou en KhoralTan , d'où il paiïa
dans la Province Tranfoxane, aux environs de la ville de Kafche; & fe llùilt
d'une fortereffj qui étoit prefque inacceiïïble. Là il fut fuivi d'un très-grand
iwmbre de gens abufez qui fe faifoient appeller en Pcrfien Sifid giameghidn,
c'eft-à-dire , les vêtus de blanc , aufquels plufieurs Chrétiens , & Idolâtres fe
joignirent. Comme il étoit très-expert dans l'art de la Jonglerie , que les Arabes
appellent Schaoudhat, il amufa pendant deux mois le peuple de la ville de Nekh-
fcheb en faifant fortir toutes les nuits du fonds d'un puits un corps lumineux
femblable à la Lune qui portoit fa lumière jufqu'à la diflance de plufieurs milles.
Mahadi le Khalife ayant appris la révolte de Hakera envoya Abufàid avec une
armée confiderable pour fexterminer. Il fallut donc l'affieger dans fa place, &
il y tint aifez long-tems : mais voyant enfin la necefîîté oili il étoit réduit de
périr , ou de fe rendre , il refolut d'empoifonner tous les fiens. Une de fes con-
cubines qui découvrit fon deffein , fe cacha dans un coin du château pour éviter
ce danger, & vit que Hakcm après la mort de tous fes gens, prit leurs corps,
& les brûla, ce qu'ayant fait, il fe jetta lui-même dans une cuve pleine d'eau
forte qu'il avoit préparée , où l'on ne trouva de tout fon corps que les cheveux
qui demeurèrent au deffus de l'eau.
La femme qui étoit demeurée feule en vie dans la place , après avoir veu toute
cette tragédie» cria du haut de la muraille aux affiegeans que fi on vouloit luy
faire bon quartier, elle leur livreroit la place. Abufaid, General de l'armée du
Khalife , lui promit non feulement la vie , mais encore qu'il luy donneroit tous
les biens qui étoient dans le château, fi elle l'en rendoit maître.
Cet accord ayant été fait , la femme ouvrit la porte aux affiegeans , lefquels
bien étonnez de ne trouver perfonne hors elle, dans la place, apprirent, par
fon moyen tout ce qui s'étoit paffé , & les fe6tateurs de l'irapofteur, appeliez,
comme nous avons déjà dit , les Vêtus de blanc , ne manquèrent pas de publier
auffi-tôt que leur maître étoit monté au ciel pour un tems , & qu'il retourne-
roit bien-tôt fur terre.
Ben Schonah fur l'année 163 de l'Hegire, dit que Mocannd Ben Atha étoit
KhorafiTanien de nailfance, qu'il trompa par la magie, & par fes impofl:ures beau-
coup de gens aufquels il montroit une efpece |de Lune qu'il faifoit lever la nuit,
quand il vouloit : qu'il voulut pafl'er pour Dieu , ce qu'il exprime en Arabe par
les paroles de Daâ alru houbiat , & qu'il avoit fait bâtir un château très - fort
qu'il nomma Senâm Waral nahar , c'efl -à-dire , la Bolle ou le Tertre <de la
Tranfoxane.
Abou Giafar Al Thabari écrit que Hakem appelle par fes difciples Ben Ha-
fchem Al Burcâi , difoit que la Divinité s'étoit premièrement manifeflée dans
la perfonne d'Adam, & que pour cette raifon Dieu avoit obligé les Anges de
l'adorer; qu'Eblis qui eft Lucifer, avoit été chaflTé du Paradis, & reprouvé de
D»eu , pour ne luy avoir pas voulu rendre cet hommage , comme les autres
Anges avoient fait ; que depuis Adam , cette même Divinité étoit defcendue ,
ïomeIL a a &s'é-
i86 H A K I M. H A K K.
& s'étoit repofée ftir plufieurs Prophètes, Roys, & Sages, fuccefîîvement jufqu'à
Abou Moflera, Prince de Khorailan, duquel elle avoit palFé en fa perfonne.
Le même Auteur dit que Hakem fçavoit les plus beaux fecrets de la Magie.
Il y a grande apparence ^auflî qu'il étoit inflruit du Judaïfme, & même il peut
avoir été Juif: car cette Divinité qui répofoit fur les Prophètes, n'eil autre
que le faint Efprit que les Douleurs Juifs appellent Sekinaii d'un mot qui figni-
lie Repos; & ce palfage de l'un à l'autre Prophète qui eft une efpece de me-
tempfychofe, eft fort approchant des fentimens que les Juifs avoient au tems
même de Jesus-Christ.
Il faut remarquer ici touchant les habits blancs des difciplcs de Hakem, que
la couleur des habits, des coëfFures, & des étendarts des Khalifes Abbaflldes
étant la noire, ce chef de Rebelles ne pouvoit pas en choilir une qui iuy-fût
plus oppofée. Al Mamoun voulut changer le noir en verd en faveur de la
pofterité dAli, à laquelle il avoit deflein, difoit-il, de rendre le Khalifat; mais
il fut obligé de reprendre le noir pour éviter la révolte de fes fujets.
Il y eut depuis dans l'Afie une diftinélion de Blancs & de Noirs parmi les
Turcomans , dans le môme tems que les Blanchi & Neri firent naître deux gran-
des faélions en Italie, y'oyez les titres d'Ac Coinlu, âf de Cara Coinlu.
HAKIM; et mot qui fignifîe Sage, Philofophe, & Médecin, efl donné par
excellence à Locman parmy les Arabes, & à Pythagore parmy les Grecs. On
donne auffi à Nafis Ben Aovadh le titre de Hakim Ai Kermani , le Sage du pays
de Kerman , ou plutôt le Médecin. Il a compofé un livre intitulé y^sbâb u Cla-
mât, des caufes, & des prognoflics des maladies, qu'il dédia à Ulug Beg, Sultan
de la Tranfoxane qui regnoit à Samarcand l'an 817 de FHegire.
Ce mot pris éminemment devient un des attributs de Dieu. Abdalhakim, le
Serviteur du Sage, efl: un furnom qui efl auflî eniifage, qu'Abdalcader, & Ab-
dalrahmàn qui fignifient Serviteur du PuiiTant & du Mifericordieux.
Il y a un célèbre Do6leur Mufulman nommé Abou Abdallah Ben Abdalha-
kim mort l'an 214 de l'Hegire, lequel étudiant fous Malek, un des quatre Imams
ou Chefs de la loy Mahometane , entendit un jour fonner Midy , & fe leva
auffi-tôt pour faire fa prière. Malek lui ■ dit alors : Ce que vous avez quitté ell
plus excellent que ce que vous allez faire, fi vôtre intention efl pure & droite. .
HAKK, la Vérité, la Juflice, le bon Droit. C'efl aufïï le nom de Dieu.
Nous lifons dans le chapitre de l'Alcoran intitulé Jonas, ces paroles: lahakk
j^ILih al hakkn bekclematihi-, u laou karah al mogr,moun. Dieu maintient la vérité
& le bon droit par fa parole en dépit des méchans.
Le Mcthnevi Mànevi paraphrafe en vers Perfiens très-élegants ce pafTage.
Dieu n'abandonne jamais fis amis enticremetit à Penvie ^ à la malice de leurs
ennemis , car enfin la vérité fe fait conmître.
ha Lune jette fa lumière^ &' le chien abboye: mais fabboi du chien ne fait jamais-
de tort à la lumière de la Lune.
On jette les balieures d'une maifon dans Veau courante d'un fleuve , â? ces ordu-
res nagent fur la furface de l'eau , fans qu'elles puijjhit ni l'arrêter 3 ni la
troubler. '■
Le
H A L A B. jg
Le Prophète fend la Lune en deux au milieu de la nuit y (^ fe mocrue de toutes
les impojîures d'Abouleheb qui décrie fes miracles.
Le MeJJîe d'un côte' rejfufcite le Lazare, 6f de Vautre vous voyez des Juifs ron-
gez d'envie (f de dépit qui font des grimaces, qui fe mordent les doigts , ^
qui s'arrachent la barbe. Hulîain Vaez dans fa paraphrafe Pcrfiennc.
Lorfque le mot de Hakk fe prend pour un nom de Dieu, l'on y ajoute ordi-
nairement celui de taâla ; Haktaàla lignifie donc la Vérité fupreme, & le fouve-
rain Seigneur du monde.
HALAB, ou Haleb. Alep, ville de Syrie, qui eft l'ancienne Berrhsa, &
--non Hierapolis, comme plulieurs ralfurent. Elle fut conquife fur les Grecs par
les premiers Khalifes : elle pafla des mains des Khalifes de Bagdet , en cell:s
des Sultans de la race de Hamadan. Seifcddoulat, le plus puiflànL de cette Mai.
fon, la perdit avec tous fes trefors qui furent pillez par .les Grecs l'an 3-1 de
l'Hegire , de J. C. 962 , mais fon château que l'on nommoit Khaibar , & qui
étoit très-fort, s'étant bien défendu, les Grecs furent obligez de labandonner.
Cette ville tomba enfuite fous la puiffance des Scigifcidcs, puis des Atabeks ,
des Khalifes d'Egypte, & fucceflivement des Aioubites. ou lobites, c'ell-à-dire ,
de Saladin , & des Sultans de fli Mailbn : elle pafïa de ceux - cy aux Mamiucs ,
fur lefquels le Sultan des Othomans Selim, premier du nom, la prit un peu avant
la conquête de l'Egypte.
Il eft vray cependant que dans des entretems , Alep a été pofTedée par les
Kelabites ou Mardafchites , par les Genghizkhaniens ou Mogo!s, &c par ïamer-
lan & fes Tartares: mais les prenù^is n'y demeurèrent que fort peu de tems,
& les derniers ne l'ont fait proprement que piller lc ruiner.
Omar Ben Abdalâziz furnommé Ebn Al A ;im , dit Al Halabi , à caufe qu'il
étoit natif d'Alep , a écrit l'hiftoire de Ton pays en dix volumes fous le titre
de Boghiat al Lhakb fi tarikh al Haleb , qui fignitie la Crème du lait, à caufe que
le mot de Halab fignifie en Arabe du luit , que cet Auteur prétendoit avoir
écrémé.
Il y a plufieurs Auteui-s qui font fortis de cette ville, & qui ont par confe-
quent porté le titre d'Al Halabi.- Un des plus célèbres eft Ibrahim Ç>cn Mo-
hammed qui porte la qualité de Mohaddeth Al Halabi, le Traditionnaire d'Alep,
des paroles duquel Al Cordi a tiré l'ouvrage qu'il a publié fous le nom Acd ai
gali, que l'on trouve dans la Bibliothèque du Roy n\ 720.
Ce même Ibrahim eft l'Auteur du livre intitulé Moltaki al abhdr, le rencontre
ou le confîans des mers, qui eft dans la même Bibliothèque n°. 609.
rayez aujfi fur le mot de Halabi, les titres de Dhalieri, &' i'Ebn Hanbali.
Les Hiftoriens d'Alep prétendent que cette ville eft aulïï ancienne que la dy-
naftie des Caianides de Perfe; car ils écrivent que Kifchtasb, fils deLohorasb,
cinquième Roy des Caianides, reçut dans cette ville le Tage, ou la couronne
royale, que le Roy fon père lui envoya.
La ville de Kennaflerin en Syrie a été long-tems la capitale des Sultans
d'Alep, & elle pofledoit encore cette prérogative dans le tems que Ben Scho-
nah vivoit.
Holagou prit Alep l'an 658 de l'Hegire, & il y tua plus de monde qu'à Bag-
det, qu'il avoit prife deux ans auparavant, Tamerlan la faccagea , & la ruina
A a a l'an
i88 ' H A L A 0 V A R D. — - HALLAGE.
l'an 805 de la même Hégire , qui eft le 1402 de J. C. f^oyzz les titrer de
Hamadan, de Nafler , de Saladin, de Holagû, ^ de Timur.
HALAOVARD, c!eft un des noms de la ville de Khotol. Voyez Khot=
lan, âf Vahafch.
HALIMI. Voyez le titre de Luthfallah.
HALK Alovad, la gorge du fleuve. C'eft ce que lès Italiens ont appelle
la Goletta, & nous autres la Goulette.
Charles - Quint prit cette place qui efl la porte de la ville de Tunis, fous
prétexte de rétablir Moula HalFan, que nos Hifloriens appellent MulealTcm , dans
ÏQS Etats, l'an 943 de l'Hegire, de J. C. 1537. Voyez le titre de Tunis.
Les Efpagnols tinrent la Goulette jufqu'en 980 de l'Hegire, 1573 de J. G.
■pendant lequel tems les Tunifins prenoicnt des Roys tantôt de leurs mains, &
tantôt de celles des Turcs : mais Dom Jean d'Autriche enflé du fuccez glorieux
de la bataille de Lcpante , aj^ant voulu s'afliirer du Royaume entier de Tunis,
& commencé de bâtir une nouvelle place entre Tunis & la Goulette fur" le
lac qui elt entre deux , où il mit trois mil Italiens fous le commandement de
Serbellon , & trois mil Efpagnols fous celuy de Salazar , Selim fécond Sultan
des Turcs en prit jaloufie , & envoya Sinan Balfa avec une flotte de cent
foixante galères , & plulieurs vaifl^eaux de guerre , qui reprit tout ce que les
Efpagnols avoient dans ce Royaume l'an 981 de l'Hegire, de J. C. 1574.
Les Efpagnols perdirent cinq cent pièces de canon , & des munitions à pro-
portion. Carrera Gouverneur de la Goulette fut fait efclave , & Serbellon Gou-
verneur de la nouvelle forterefl'e, fort maltraité. C^te expédition ell décrite
dans le livre intitulé Bark Al Jcmani, fur la fin.
HALL al ramouz fi mefatih al Conouz , Livre fuperfiitieux d'Abou hamed
al Gazali, qui enfeigne les moyens de découvrir \qs trefors- cachez. Il efl: dans
la Bibliothèque du Roy n°. 1030. ,
HALL al romouz u Fekk al aklam u al thclfemar men: gemî almofchkelàt,
Livre non moins fuperflitieux que le précèdent, dont l'Auteur prétend enfeigner
^les moyens de déchifrer toutes fortes d'Alphabets renverfez, ou autres, & d'ou-
'vrir, ou expliquer tous les Talifmans les, plus difficiles. . On trouve aulïï cet
Ouvrage dans la Bibliothèque du Roy n''. 1005, .
HALLAGE, ce mot fignifie proprement en Arabe celuy qui prépare le
cotton avant que l'on le mette en œuvre. C'efl: le furnom d'un fameux Doc-
teur, homme fort extraordinaire; car l'on dit quil faifoit paroître aux yeux des
hommes des fruits d'hyver en été, & des fruits d'été en hyver; qu'en étendant
fes mains en l'air, il en faifoit tomber des drachmes d'argent dont l'infcription
étoit Col Allah ahed. Dis quil ny a qiCun feul Dieu , & il appelloit cette mon.
noyé des Draclimes de la Toute-puifl'ance , Derahém al Codrat.
On ajoute qu'il difoit aux gens ce qui fe paflbit de plus fecret dans leurs
maifons ; & dcvinoit tout ce qu'ils avoient dans la penfée. Ces merveilles lui
attirèrent un grand nombre de difciples, & firent que les Doftcurs de la loy fe
trouvèrent fort partagez dans leurs feiitimens fur fon fujet. Plulieui's d'entr'eux
crurent
HALLAGE. ,jg^
crurent qu'il étoit plus qu'homme, & les autres le traitèrent d'iiripofteur &
Ben Schohnah dit que les Mululmans étoient divifez entr'eux à fon égard, com-
me le font, les Chrétiens à l'égard du Meffie.
Hallage jeûnoit Ibuvent pendant plufieurs jours, & lorfqu'il rompoit fon jeû-
ne, ce n'étoit qu'avec trois bouchées de pain, & un peu d'eau. Etant venu
du KhoralTan dans l'Iraque Babylonienne, il palia de-là à la Mecque, & vint à
fon retour s'établir à Bagdet, où fon nom faifant un très-grand bruit, le Vizir
Alimed demanda permiffion au Khalife Mo6lader l'année 309 de l'Hegù-e , de le
garder chez lui:
Le Vizir, après avoir obfervé Hallage pendant quélqiie tems, prit la refolution
de le faire périr. Il alTembla pour cet effet un grand nombre de Doéleurs de
la loy pour luy faire fon procez fur ce qu'il avoit écrit dans un de les Ouvra-
ges touchant le pèlerinage de la Mecque ; il avoit avancé que celui qui ne pou-
voit pas faire ce pèlerinage ordonné par la loy , devoit feparer un lieu dans fa
maifon, le tenir fort propre, & n'y donner l'entrée à perfonne, afin qu'il y
pût pratiquer toutes les cérémonies , & faire toutes les prières qu'on a coutume
de faire à la Mecque ; & qu'après qu'il fe feroit acquité de ce devoir , il falloit
qu'il affemblàt trente orphelins, aufquels il donneroit à manger dans ce même
lieu feparé de fa maifon , les habilleroit , & leur feroit une aumône de fept
drachmes d'argent , par tête , & qu'en accomplilfant toutes ces chofes , il acquer-
roit autant de mérite que s'il avoit fait le pèlerinage de la Mecque.
L'affemblée des Docteurs de la loy s'étant tenue , on y rapporta la propolî-
tion de Hallage. Le Cadhi Abou Omar en aj^ant ouy la lefture , demanda à
Hallage d'où il l'avoit tirée : Hallage répondit qu'il l'avoit tirée du livre intitulé
Keîab al Ikhlâs , le livre du falut, compofé par un Doéleur irréprochable nom-
mé Halfan Bakhteri. Le Cadhi lui répliqua : vous êtes digne de mort , car nous
avons entendu la leélure de ce livre à la Mecque, & nous n'y avons rien trou-
vé de ce que vous avancez. ■
Le Vizir après avoir entendu ces paroles , dit au Cadhi: Donnez vôtre avis
par écrit, afin que nous fçachions fi vous trouvez cet homme digne de mort,
ou non. Le Cadhi fit quelque difficulté d'abord de déclarer fon fentiment: mais
peu de tems après il prononça qu'il étoit permis de le faire mourir , & fon
fentiment fut fuivi de tous les autres Docteurs de l'affemblée qui foufcrivirent
la fentence du Cadhi.
Hallage fe voyant condamné, leur dit: Mon fmg ne devroit pas être répan-
du par vos mains; car ma'foy cil celle des vrays Mufulmans , & ma fefte eft
Orthodoxe, puifque je fuis la tradition de nos pères. Il y a plufieurs de mes
livres qui attellent cette vérité, & Dieu vangera ma mort.
Le Vizir après avoir recueilli les avis des Docleurs , les envoj^a au Khalife,
lequel donna la permiffion de le faire mourir. Tel fut fon fupplice : Il reçut
mil coups d'efcourgées , après quoy on lui coupa les mains , puis les pieds ,' ik
enfuite la tête ; fon corps fut brûlé , & fa tête expofée dans la place du mar-
ché de Bagdet. C'ell tout ce que l'on trouve de Hallage dans le Raoudhat de
Ben Schohnah.
Emir Khovand fchah, & Khondemir fon abrcviateur écrivent , que l'on a par-
lé de cet homme diverfement : car quelques - uns l'ont fait paiîer pour un im-
pofleur & d'autres pour Chrétien. Ce qu'il a dit dans quelques vers , rappor-
tez dans Ihilloire d'Abugiafiir Tabari, feroit croire affez qu'il réconnoilToit Tln-
A a 3 car-
i9« HALLAGE.
carnation du Verbe e'ternel: car il parle afTez claireniÊnt de l'union de la Divi-
nité à l'Humanité. II dit fouvent dans fes vers: Moy àf vous, parlant à Dieu:
mais ce peut être une expreflion de la Théologie myflique , par laquelle on en-
tend l'union intime de la Divinité au cœur de l'homme détaché de l'amour des
chofes de la terre & tranfporté hors de foy.
Le Scheikh Ala eddoulat vifitant un jour Hallage, le trouva ravi en extafe,
ce qui luy donna lieu de faire cette réflexion , que Pharaon a été condamné
aux flammes éternelles , pour avoir voulu faire croire à fes peuples idolâtres
qu'il étoit Dieu, & que Hallage qui difoit hautement parmi les Fidèles: ^e fuis
Dieu, Jna alhakk , a été élevé par la gi;ace toute - puifl'ante de Dieu môme,
jufqu'au plus haut degré, de la contemplation. La raifon de cette difl:'érence de
traitement efl: expliquée dans le titre de Feraoun. f^oyez-le dans l'article i'Alaed-
doulat.
Dans le chapitre de l'Alcoran, intitulé Hamzat, il eft parlé du feu que Dieu
allume dans nos cœurs, appelle Nar allah al moukedat , le feu allumé & brûlant
de Dieu; furqiioy l'Auteur du Kafchf alafrar dit, que ce feu qui s'inflnue dans
nos cœurs eft allumé par la contemplation qui excite dans nous l'admiration des
grandeurs de Dieu, & c'eft de luy que Manfor, furnommé Hallage, dit: Il y
a foixante-dix ans que ce feu Divin s'eft allumé dans mes entrailles & il les a
tellement embrafées , qu'elles en auroient été entièrement confumées , fi une
étincelle fortie du foyer, Am alhakk. Je fuis la fouveraine Vérité, ne fût tom-
bée fur ce qui étoit déjà tout brûlé & ne lui eût donné une nouvelle vie :
mais il n'y a que celuy qui eft embraie du môme feu , qui puifîe dire quelle
eft ma brûlure. Sur quoy cet homme merveilleux s'écrioit : 0 Ardeur de ta-
mour Divin , venez à mon feccurs , afin que vous âf moy , nous nous plaignions fans
ceffe. Car celuy -là feul qui brûle, ^peut dire Uétat 'd'un cœur confumé par le mê-
me feu.
Les vers que Hallage a compofez , & qui l'ont pu faire pafl'er pour Chré-
tien, font les fuivans.
Mon efprit eft tellement confondu avec le vôtre , qu'il femble que ce fait le vin ^
Veau mêlez enfemble , qid 7ie font que la même boijjon.
Quoi que f entreprenne êf en quelque état que je me trouve , je ne trouve que vous
^ moy.
Loué foit à jamais celui qui nous u manlfefté fon humanité , en nous cachant fa
Divinité qui pénètre toutes chef es i jufques-là qu'il a voulu paroître parmi
mus, buvant âf mangeant comme les autres hommes.
Cefî ce qui fait que fa créature le regarde, mais obliquement, comme fait la prU'
nelle d'un œil celle de l'autre.
Mais les vers qu'il prononça, lorfque l'on le menoit au fupplice , font enco-
re plus clairs, pour exprimer les fentimens d'un véritable Martyr de Je s us-
Christ.
Celui qui me convie à fon banquet , ne me fait point de têrt , en me faifant boin
le calice qu'il a bu lui-même.
'Il me traite comme celui qui convié^ traite fon convive.
Al
H A L L A L, H A RI. jpr
Al Dhahabi , Dofleur confidérable parmi les Miiruîm;ins , & qui n'étoit pas
des amis de ce contemplatif, rapporte, que Hallage ayant dit un jour à Abube-
kre, fils de Sâad : Croyez en moy & je vous donneray une plante d'Usfurat,
qui eft une efpèce de Cnicus ou Safran bâtard , dont la graine fera de cuivre
& fe changera en autant de grains d'or , Aboubekre lui répondit : Croyez en
moy & je vous envoyerai un Eicfant couché fur le dos , dont les pieds iront
jufqu'au ciel ; & lorfque je voudrai le faire difparoître , je le cacherai dans
\«os yeux.
Cette réponfe rendit Hallage confus &: interdit , parce qj.i'clle lui fit connoî-
tre que ce Dofteur ne prenoit toutes les merveilles qu il opéroit , que pour
des prefl:iges.
Tageddin Ali Ben Ahmed Al Bagdadi , qui mourut Tan 674 de THegire , a
fait la vie d'Abou Moghith HoulTain Ben Manfor Al Hallage, duquel nous par-
lons, fous le titre d'Aklibâr Hallage. Gazali & Ebn Kalecân fe font aulfi fort
étendus fur. les faits de ce perfonnage.
HALL AL; ce mot fignifie proprement en Arabe tout ce qu'il efl permis
de faire ou de manger félon la loy Mahometane , & efi: le contraire de Harâm,
qui fignifie tout ce qui efl: défendu. Les réponfes , que les Muftis font aux
cas & aux qucftions qui leur font propofées, & qui paficnt pour des décifions,
roulent ordinairement fur ces deux mots : car ils ne mettent ordinairement que
l'un ou l'autre dans leurs Fetuas ou Refcrits, Hallal ou Hardm , il efl: permis,
ou il efl: défendu.
Hallâl efl: auffi un nom propre: car nous trouvons un Auteur, nommé Aboii
Mohammed Hallal, qui a fait une hifloire des fourds ou fourdauts , qu'il a in-
titulé Akhbdr al tlwcala.
HAM Ben Nouh, Cham, fils de Noé.. L'Auteur du Tarikh Thabari rappor-
te, que Noé donna fa malédiction à Cham & à Chanaan, fon fils, à caufe qu'ils
ne couvrirent pas fa nudité , ce qui efl aflTez conforme au texte de l'Ecriture
fainte. Il ajoute, que par cette malédiftion la pofl:6rité de Cham fut non feu-
lement afTervie & rendue fujette à fes frères: mais encore que la couleur de fa
chair fut changée & devint noire.
Noé cependant voyant un changement fi prompt , dit le même Auteur, fut
attendri , & pria Dieu, qu'il luy plût donner à fes frères de l'amour & de la
confidération pour luy; & cette prière de Noé fut certainement exaucée: car,
fi nous voyons encore aujourd'huy l'effet de la malédiftion de ce Patriarche,
la poflérité de Cham étant efclave par toute la terre, nous y remarquons auffi
celuy de fa prière, puifque cette forte d'efclaves noirs efl: chérie & recherchée
en tous lieux.
Cette hifloire a fourni une preuve de la prcdefl:inatisn abfolue à un Auteur
Arabe, qui a été traduit en Turc par l'Auteur du Thirdz Almankouch.
Il dit, qu'il y a dans toutes les créatures en général & dans chacune en par-
ticulier , une volonté déterminée de Dieu fur elles. Qu'il efl: impoflîble qu'au-
CHne de ces créatures puifllî produire aucune aftion que celle qu'il v^eut , & que
c'efl; la volonté de Dieu, qui les produit. Que les hommes qui ne font qu'une
efpèce parmi toutes les autres créatures , ne peuvent s'occuper à autre chofe
qu'à ce pour quoy ils ont été créez. Que nous ne pouvons pas nous emplo-
yer
192 H A M A D A N.
yer à quelque chofe, ni en ufer comme il nous plaît. Et enfin , tout ce que
nous difons en nous-mêmes , ou que nous propofons de faire , n'efl pas pour
nous, puifque nous ne pouvons jamais le faire reuffir , s'il n'efl conforme au
décret éternel de Dieu.
Ceft icy le véritable fentiment de tous les Mufulmans qui fe croyent Ortho-
doxes, c'eft-à-dire , féparez de toutes les fefles erronnées , & quoyque ce prin-
cipe femble ruiner abfolument la liberté de l'homme , ils ne laiflent pas néan-
moins de la croire ou plutôt de la fuppofer , puifque félon leur doftrine , fans
la liberté , il n'y auroit point d'Emr , ni de Nehi : c'efl-à-dire , que fi l'homme
n'étoit pas libre, il "n'y auroit point lieu de luy faire aucun commandement.,
ni aucune défenfe. Voyez les titres de Nouh, de Kenaan, cj' de Caous ou Cous
iil dendàn, qui eft Chus, fils de Chanaan.
HAMADAN , Ville qui eft la plus Occidentale de la proiânce de Fars,
ou Perfe proprement dite, diftante d'Ifpahan de 150' licuè's Françoifes ou en-
viron , félon quelques Géographes : mais félon les plus célèbres , comme Naffi-
rcddin, Ebn Haucal & Abulfeda, elle appartient au Gebàl ou ancien pays des
Parthes, dont Ifpahan eft aujourd'huy la capitale.
Les Tables Arabiques lui donnent de longitude 83 degrez , & 35 degrez,
10 minutes de latitude. Quelques autres la placent au 36 degré, 8 ou 32 mi-
nutes de latitude. La fituation de cette ville eft très-agréable , & la monta-
gne nommée Alvend, qui en eft proche, luy donne une fraîcheur fi tempérée^
que les Roys de Perfe en faifoient autrefois leur féjour d'été.
Les Perfans veulent que Giamfchid, qui étoit de la première dynaftie de leurs
Roys, en ait été le fondateur : Les Selgiucides en ont fait autrefois la capita-
le de leurs Etats , particulièrement fous Mohammed , fils de Mahmoud. Elle
auroit été defolée par Tamcrlan , fi elle ne fe fût rachetée par deux fois en fort
peu de tems.
On remarque , que cette ville a été autrefois le centre d'un grand commer-
ce, & fes habitans étçient fi riches, que lorfque Mardavige la prit d'afi!aut, on
chargea deux mulets des calleçons de foye de ceux qui y furent tuez par les
Dilemites. C'cft auffi dans Hamadan que fe fait le meilleur Surmeh ou colly-
re d'antimoine préparé pour les yeux.
Hamadan eft encore le nom d'un pays, & tribu des Arabes de la poftérité de
Cahthan ou Joflhan dans l'Iemen , d'où defcend la famille de Hamadan , dont
nous allons parler, Voyez aujji Hamadani.
HAMADAN Ben Hamdoun , nom d'un Seigneur Arabe de la tribu des
Thâlebites , qui eut trois enfans , dont le fécond , nommé Abdallah Abulhegia ,
en eut deux nommez Naffer eddoulat & Seifeddoulat, qui fe rendirent maîtres
d'une grande partie de la Méfopotamie & de la Syrie.
La Maifon de Hamadan , qui commença fous Motâdhed , étoit fort puifi'antc
fous Moktafi & Moclader : car ces trois Khalifes de la race des Abbaffides ne
purent empêcher que cette maifon ne fe rendît fouverainô dans Moful', dans
Mardin, dans Alep, à Kcnnafferin & en plufieurs autres lieux des dépendance?
du Khalifat.
L'Auteur du Nighiariftan rapporte , qu'en l'année 320 ou environ- de THegi-
re, Munas, Eunuque très-puiflant auprès du Khalife Moftadcr , s'étant retiré
mécontent
H A M A D A N I. t^^
mécontent de la Cour, pour éviter Jes embûches de fcs ennemis, marcha avec
des troupes vers Mofiil, où les trois Princes, fils de Hamadan, commandoionf
il croyoit trouver la fûrcté chez eux , comme chez des amis , qui lui avoicnt
d'extrêmes obligations : mais les Hamadanites , bien loin d'affiftcr INIunas , pri-
rent le party du Vizir fon ennemi , & fe mirent en campagne pour le chaffer
de delTus leurs terres.
Daoud, cadet des Princes de cette Maifon, ne pouvant approuver Tadlion de
fes frères, refufa de les fuivrc; & ceu\-cy lui en ayant demandé la iai/)n , il
leur dit, qu'ayant toujours vécu fous la proteélion de Munas, il appréhendoit
de recevoir quelque coup de flèche s!il raarchoit contre lui: car, ajoûtoit-il,
fi j'étois blefle à mort, j'aurois un extrême regret de mourir, chargé du repro-
che & de l'infamie, que porte avec foy l'ingratitude.
Ses frères ne fe payant point de cette railbn, l'obligèrent abfblument de ve-
nir avec eux. Ils marchèrent tous trois à la tête de trente mil hommes con-
tre Munas, qui n'avoit qu'une poignée de gens: mais ce petit nombre combat-
tit fi heureufement , que Daoud y fut tué cffeétivement du coup de flèche qu'il
appréhendoit, & les troupes de Hamadan défaites & mift's en fuite.
Munas chafl!a pour lors les Hamadanites de Moufllil ou Moful: mais après fa
mort, qui arriva bientôt après, fous le Khalifat de Caher billah, les Princes de
cette Maifon NaflTer eddoulat & Seifeddoulat , enfans d'Abdallah Aboul hcgia ,
crurent en dignité & en puiflance, fous le Khalifat de Radhi & fcs fucccflTeurs,
jufqu'à un tel point , qu'il y a eu peu de Sultans qui aient égalé leur magnifi-
cence, f^oyez les titres de ces Princes.
L'on dit, que h ville & château de Plouflainiah , bâtie dans la partie de la
Méfopotamie, appellée Diâr Rabîah , par Plouflain , fils aîné de Hamadan , fut
la place qui donna le plus de jaloufie aux Khalifes contre les Princes de cette
Maifon. Les Khalifes démolirent ce château, mais la race de Hamadan fubfiîla
malgré eux.
La Maifon de Hamadan defcendoit de Hareth le Thaalebite. L'on dit de ces
Princes, que leurs vifages étoient formez Idfabahat , pour la beauté; leurs lan-
gues, klfajjahat , pour l'éloquence; & leurs mains , lelfaimhnt , pour la libérali-
té. Il y a eu .parmi eux d'excellens Poètes, dont le plus illufl;re fut Seifeddou-
lat. L'on peut voir des échantillons de leurs ouvrages dans la première partie
du livre intitulé Jeiimat al dJur. . .
HAMADANI, furnom d'Abdalgiabbâr , Doftcur célèbre de la fec^e des
Motazales. Ce Dofteur fe trouvant un jour, dans une aflemblée de gens de let-
tres , où il furvint un des plus illufl:res d'entre les Doéleurs Sunnites ou Or-
thodoxes, nommé A"bou Ishak Al Asfardni , aufli-tôt qu'il l'eut vu entrer dans
la falle de la conférence , prononça d'un ton de voix fort élev'é ces paroles :
Louange fait donnée à celui qui ejt féparé ^ éloigné de tout mal par fa fainteié ,
piiétendant établir par ces paroles le fentiment de ceux de fa feéle , qui nient
que Dieu foit l'auteur, le créateur & le principe du mal, contre l'opinion com-
mune des Mufulmans , qui tiennent que Dieu veut le bien & le mal , &■ qu'il
■cil le créateur & l'auteur de l'un & de l'autre : ce qui étant fuppofé , on ne
pourroit pas dire , que Dieu fût féparé , par fa pureté & par fa fainteté , de
tout mal.
Asfarani entendant les paroles de Hainadani , repartit aulfi-tôt : Louange foit
ÏOME IL B b don-
194 H A M A D A N I. H A M A H:
âonnée à celuy qui ne permet pas qiCaucime chofe Je paffe dans fon Royaume fans
fon ordre. Il vouloit faire entendre par ces paroles, que ceux qui croyent que
Dieu n'efl pas l'auteur du bien & du mal, accufent Dieu de foiblefle & lui im-
putent un défaut de puifTance.
L'opinion des Motazales eft communément reprouvée par les Mahometans,
qui prétendent qu'elle favorile l'erreur des deux principes , que les Mages &
les Manichéens enfeignent.
HAMADANI, furnom d'un Dofteur Arabe , nommé Abulfadhl Ahmed,
lequel a mérité par fon éloquence le titre de Bedî al Zamân , c'eft-à-dire , le
miracle de fon fiécle. Il eft Auteur d'un livre intitulé Mecamât ou Lieux com-
muns. C'eft un recueil de plufieurs pièces d'éloquence, que les Italiens appel-
leroient Difiorfi /jcademici , & nous autres Déclamations , à l'imitation duquel
Hàriri a compofé les fiens.
Nous avons aufli plufieurs ouvrages de Poëfie du même Auteur , entre lef-
quels on trouve ce quatrain qu'il fit contre fa propre ville.
Hamadan £jl mon pays , 6? je dirai à fa louange qu'elle furpajje en laideur toutes
les -autres villes du monde ^
Oiie fes enfans ont autant de vices que fes vieillards , ^ que fes vieillards ont au>
tant de jugement ^ de fagefe que fes enfans.
Voyez la Bibliothèque du Roy, n°. 1132.
On dit que ce Dofteur mourut, empoifonné dans la ville de Herat en Kho-
rallan, l'an de i'Hegiw; 398. Quelques-uns ont écrit, qu'il tomba en léthar-
gie & qu'ayant été enterré trop - tôt , il s'éveilla & cria : il fut découvert &
trouvé tenant fa barbe à la main ; mais l'horreur du fepulcre le lit mourir.
Ben Khalekan dans fa vie.
Ali Ben Ahmed Al Hamadani a compofé un traité de Géomantie , intitulé
Magmou Reml , & un livre d'Ekhtiarât , ou des £le6lions fur l'Allrologie Judi-
ciaire.
Aboul Haffiin Mohammed Ben Abdalmalek Al Hamadani , qui mourut l'an
521 de l'Hegire, cil Auteur d'une hiftoire des Vizirs d'Egypte, intitulée Akhbâr
al Fûuzara, & d'une autre, dont le- titre eft Omvàn al fjar.
HAMADOUN & Hamdoun. C'eft le nom d'un Arabe, petit- fiis de Ha-
reth le Thaalebite , qui s'étoit rendu puiffant en Méfopotamie. Il fut père de
Hamadan, dont les enfans établirent une dynaftie ou famille de Princes qui ré-
gnèrent en Méfopotamie & en Syrie. Voyez plus haut Hamadan ^ le titre de
Seifeddoulat.
Ebn Hamadoun ou Hamdoun eft Auteur d'un recueil ou Florilège , qu'il a
intitulé Tedhkerah , ou Mémorial , dans lequel il a ramafle des choies curieifTes
fur diverfes matières.
HAMAH, Ville de Syrie, que l'on croit être très-ancienne , puifque, fé-
lon quelques Hiftoriens, elle eft la même dont il eft parlé dans le 21 chapitre
de Jofac fous le nom do Hamoth. Elle tomba dans le partage que les enfans
de Saladin firent des Etats de leur père, à Mohammed fils d'Omar» fils de Scha-
hen>
HAMALOUK. H A M D A L L A H. 195
henfchah, fils d'Aioub ou de Job; elle fut prife par Holagu fur Al Malek Al
Nalfer, l'an 657 de l'Hegire , de J. C. 1258.
Le ville de Hamah fut renverfée par un horrible tremblement de terre , qui
étoit arrivé dès l'an 552 de l'Hegire, de J. C. 1157, avec les villes d'Antio-
che, d'EmefTe, d'Apamée, de Laodicée, de Tripoli & de plufieurs autres : mais
elle s'étoit rétablie & ne fut point ruinée comme plufieurs villes de la Syrie ,
par les Mogols ou Tartares.
Al Malek Al Saleh Omad eddin Aboulfcda Ifmaîl, fils d'Al Malek Al Nafler,
y régna depuis l'an 743 de l'Hegire jufqu'en 746 , qui eft le 1345 de J. C.
Ce Prince eft celuy qui nous eft connu fous le nom d'Abulfeda, Auteur d'u-
ne hiftoire & d'une Géographie, l^oycz fon titre,
Abulfeda donne à la ville de Hamah 60 degrez , 45 minutes de longitude,
& 34 degrez, 45 minutes de latitude Septentrionale. Les Tables Arabiques de
Naffir-eddin lui donnent 34 degrez , 40 minutes , & celles d'Ulug Begh feule-
ment 34 degrez de latitude.
Le Nighiariftan rapporte , qu'un Maître d'école étant forti de Hamah pen-
xlant que le grand tremblement de l'an 552 arriva, tous fes écoliers furent écra-
fez fous les ruines du logis , & que le même étant retourné dans la ville , il
ne vit perfonne qui vint s'informer de l'état d'aucun d'eux.
HAMALOUK, nom d'un fameux voleur de grands chemins, Arabe de
nation & de la race de Khafagiah , lequel tcnoit , avec un grand nombre de
brigans , les paffages qui font entre la ville d'Iezd en Khoraflan , & celle de
Schiraz en Pcrfe , aflîegcz. Il fallut une armée pour le défaire & Mohammed
Ben Modhaffer , qui fut père de Schah Schegiâ , Roy de Perfe , fut obligé de
marcher contre lui & le fit enfin périr.
H AMAN & Pigen , deux fameux Héros de la Perfe. Foyez leur combat
dans le titre de Tagafche ou Togufche.
HAMANI, nom d'un Auteur qui a traduit Euclide du Grec ou de l'Arabe
en Perfien.
H A M A O V I , natif de la ville de Hamah. Le Cadhi Schehabeddin Ben
Abildem , Hiftorien , eft furnommé Al Haraaovi , & cité fouvent par Aboul-
feda.
Jacout Ben Abdallah porte le furnom de Hamaovi , & de Bagdadi. Foyez
fon titre.
Al Barezi, Ebn Haggiah & Hebat allah portent auffi le furnora de Hamaovi,
& nous avons un Hiftorien des Ommiades, appelle abfolument Al Hamaovi.
HAMASSAH, Ouvrage de grande réputation parmi ceux qui ont cultivé
la Poëfie Arabique. Abou Temara Al Thai l'a compofé , ou plutôt recueilli
des anciens Poètes Arabes qui ont excellé chacun dans leur genre. Mohammed
Ben Houifain Al Mai-zouki y a fait' un commentaire , fans lequel il feroit fort
difficile de l'entendre.
Hamaffi. Foyez Noukal ou Nokel.
HAMDALLAH, Dieu foit loué. C'eft auÛî un nom propre chez les Ara-
bes, comme Deo gratias parmi les Latins. Hamdallali Moftaovafî, ou par abre-
Bb 2 #
196 H A M D O U N. — H A M M A D. '
gé MelloLifi Al Cazuini , eft Auteur du Tarikh Cozidéh ou Chronique choifia .
l'oyez ce titre.
H A M D O U N. J^oyez Hamadoun.
HAMDOVIAH, Mohammed Ben Ragia Ben Hamdoviah-j efl Auteur d'un
Tarikh ou Hiltoire.
HAMID. Abdalhamid lahia, Ecrivain célèbre, qui a reformé les caraftères
Arabiques, fous le règne des Khalifes Ommiades. Cependant ces mêmes carac-
tères n'ont été réduits à la forme qu'ils ont préfentement que fous les Khalifes
Abbaffides, par Ebn Baovâb & par Ebn Moclah. Foyez ces titres.
Abougiafar Al Manfor , qui n'avoit point encore vu ces caraftères en l'état
où ils ont été depuis, difoit , que les Ommiades avoient eu l'avantage au-def-
fus des Abbaffides en trois chofes, en Capitaines, en Ecrivains & en Crieurs.
Ce Khalife croyoit, que les Abbaffides n'avoient point, eu jufqu'alors un Ca^
pitaine femblable à Hegiage , ni un Ecrivain qui égalât Ebn Hamid , non plus
qu'un Crieur qui valût Baalbcki. Pour fçavoir ce que c'eft qu'un Cricur chez
les Mahometans , voyez le titre de Movedhin 6? celui de Belal.
Cet habile Ecrivain mourut fan 132 de l'Hegire, &.on dit à fon fujet : Ba.
àat al ketabah be Abdalhamid u khotamat l'Ebji al âinid^ l'Ecriture Arabique a com-
mencé par Abdalhamid & a été perfectionnée par Ebnalâmid.
Nous avons un ouvrage de Géométrie , qui eft un commentaire fur l'Eucli-
de, compofé par Ebn Hamid.
HAMIDEDDIN, Dofteur célèbre, furnommé Dharir, c'eft-à-dh-e, l'A-
veutrle. Il avoit été difciple de Korderi, & devint maître de Naflafi, le jeune.
H.AMIDI, on cite le Mefnad Al Hamidi , fur quoy il faut voir le titre
à'Ethaf al hebrat. Le livre intitulé /Jfchrut , a été auffi compofé par un Auteur
qui porte le nom de Hamidi,
HAMMAD, Abou Ifmaîl Hammad Ben Soliman, étoit affranchi d'Ibrahim
Al Afchâri Al Couli , qui portoit le titre d'Al Fakih , c'eft -à- dire , de Jurif-
confulte.
Il étudia la loy Mufulmane fous Ans Ben Malek, & reçut les traditions d'I-
brahim al Nakhai, qui les tenoit d'Alcamah, & celuy-ci d'Ebn Mâfîbud. Il de-
vint maître du célèbre Abou Hanifah, chef de la première fefte des quatre qui
palTent pour Orthodoxes entre les Mufulmans. On dit, qu'il donna pour règle
à fon difciple de n'apprendre jamais plus de trois queftions par jour.
On loue extrêmement la libéralité de ce Dofteur, car il nourrilfoit tous les
jours du mois de Ramadhàn ,. pendant lequel les Mufulmans jeûnent, cinquante
pauvres qu'il habilloit de neuf le jour du Bairam ou Fethr, qui eft comme leur
Pâque, & leur donnoit cent drachmes d'argent par tête.
L'on rapporte auffi qu'un fameux Dofteur , nommé Ben Ziàd , l'étant venu
voir pendant qu'il diftribuoit ^es aumônes , & s'étant rangé parmi les pauvres,
Hammâd l'interrogea combien il lui demandoit. Ben Ziàd lui répondit , pour
l'étonner, mil drachmes: mais H:)mmad lui répliqua: J'ai déjà ordonné que l'on
vous en donnât cinq mil & je np revoqueray point mes ordres. Sur cecy,
Bên
H A M Z A H. jp^
BenZiâd lui fît le remerciraent , que les pauvres ont accoutumé de faire Ge-
zjîk allah khairan, Dieu vous le rende. ',
Hammàd mourut l'an 120 de l'Iiegire , & il ne faut pas le confondre avec
Abulcaflem Haramdd Ben Maifferat Al Scheibani , qui mourut l'ar» 165. Cclui-
cy fut furnommé AI Raoviat, c'ell-à-dire , le Reciceur ou Conteur d'hiltoires.
Le Khalife Valid Ben lezid l'Ommiade lui ayant demandé pourquoy on lui avoit
donné ce furnom , il luy répondit : C'eft que je vous reciteray, Ij vous me le
commandez, cent poèmes des anciens Arabes & autant des modernes, fur cha-
que lettre de l'Alphabet. Le Khalife voulut faire cette épreuve , & après en
avoir ouy plulîeurs , mit un homme à fa place pour entendre reciter le relie,
ce qui ayant été ponftuellement exécuté par Hammàd , il reçut un prefent de
cent mil drai^mes d'argent des mains de Valid.
Hammàd Abou Ifmail Ben Zeid efl furnommé Al Bafri , parce qu'il étoit na-
tif de la ville de Bafrah ou Balîbra. Quoi qu'il fut aveugle , il ne lailîa pas
néanmoins de profiter dans les fciences du Mululmanifme fous les Dofteurs Tha-
bet Al Benani , Aioub & Amrou Ben Dinar , & devint le maître d'Al Moba-
rek. Il mourut l'an 177 de l'Hegire.
Hammàd Al Dabbas , Chef de Sofis. Foyez fa fucccflîon dans les titres de
Konovi,
HAMZAH, fils d'Abdalmothîeb , & petit -fils de Hafchem , & par confé-
quent oncle de Mahomet, le faux Prophète. On l'appelle encore Abou Ommàr.
Quoy que Hamzah fût frère d'Abdallah , père de Mahomet , il étoit cepen-
dant frère de lait de fon neveu : l'on dit , qu'il fe fit Mufulman dans la fécon-
de année de la million prétendue de Mahomet ; & que fon neveu l'ayant re-
connu pour homme de courage & de valeur, lui donna le titre ou furnom d'Af^
fad Allah, qui fignifie le Lion de Dieu, & lui mit en main le premier étendart
qu'il fit faire, & que l'on appelh Raiat al eflâm, l'Etendart de la foy, la pre-
mière année de l'Hegire.
II fut tué l'année d'après , qui fut la féconde de l'Hegire , à la bataille de
Bedr que Mahomet donna aux Coraifchites: ceux-cy furent défaits, & il n'y eut
que quatorze Mufulmans de tuez, du nombre defquels Hamzah, oncle de" Ma-
homet , fe trouva.
HAMZAH Ben Jofef Al Schemi , Auteur d'une hifloire du Giorgiàn. Fo-
yez le titre de Souli. L'Auteur du Lebtarikh cite dans la vie de Schabour Dhou-
laktàf un Hiltorien , qui porte le nom de Hamzah Al Esfahani , qui pourroit
être le même que le précèdent,
HAMZAH Al Caramani, Auteur d'un Commentaire fur les Anovàr al tanzil
de Beidhaovi, mourut l'an 871 de l'Hegire. Fuyez le titre de Zaharaovi.
HAMZAFI Begh, fils de Cara Ilugh Othman, ell le troifième Prince de U
dynaftie des Turcomans , appellée du Mouton IBlanc ou des Baianduriens. Il
régna , après la mort de fon père , en Méfopotamie & en Cappadoce près de
quarante ans, & mourut l'an 848 de l'Hegire, de J. C. 1444.
Il eut pour fuccelTeur fon neveu Gihanghir, fils d'Ali Begh, & celuj'-ci laif^
fa fes Etats à fon propre frère nommé Haifan , furnommé Uzun , c'eiî-à-dire ,
le Long, l'an de l'Hegire 872. Cet Haifan eft le fameux Ufuncafl'm.
Bb 3 HANBAL,
rpS H A N B A L. H A N B A L A H.
HANBAL , Ahmed Ebn Hanbal , furnommé Al Schibani Al Merouzi, un
des chefs des quatre Seéles reconnues pour Orthodoxes dans le Mufulmanifme,
naquit à Bagdet l'an 164 de l'Hegire & y mourut l'an 241.
Il fut regardé comme un Doflcur infigne dans la loy, dans les traditions &
dans la fpii-itualité. Les voyages qu'il fit à Coufa, à Baffora , à la Mecque, à
Medine, dans l'Iemen & dans la Syrie, le firent beaucoup connoître, & fa ver-
tu le fit refpefler par-tout.
Le Khalife Môtafl'em cependant le confidéra fi peu , qu'il le fit emprifonner
& fuiliger , pour avoir refufé _de dire que TAlcoran n'étoit pas créé. Cette
folie de croire que l'Alcoran n'étoit pas créé, fit grand bruit parmi les Muful-
mans en ce tems-là , comme l'on peut voir dans le titre de l'Alcoran. Mota-
vakkel, fils de MôtafTem , qui fucceda à Vathek fon frère aîné , fit mettre en
liberté Ebn Hanbal , & le renvoya chez luy chargé de préfens , au lieu de
chaînes.
Ce Dofteur fut toujours depuis ce tems-là fort confideré, jufques-là qu'Abu-
giafar Al Thabari fut fufpeft d'hérefie , pour ne l'avoir pas mis au nombre des
Docteurs canoniques, & avoir écrit qu'il n'étoit point fcriptural, mais feulement
traditionnaire. Il avoit reçu fes traditions de Schaféi , &: il les fit paffcr de luy
à Bokhari & à Meflem.
Ayant été un jour rapporté à Ebn Hanbal qu'il y avoit une troupe de gens
qui ne faifoit autre chofe que chanter & danfer , il dit à ceux qui s'en éton-
noient : Ce font des amoureux ; dites leur feulement , au lieu de les reprimen-
der, qu'ils fe rejoiiilFent une heure avec le Seigneur. Dâouhom iafrahou ma AU
lah fàâtan.
L'on dit , que ce Dofleur mourut avec une fi grande réputation de fainte-
té , qu'il y eut un concours de 800 mil hommes & de 60 mil femmes à Çqs
funérailles, & que le jour qu'il fut enterré, 20 mil perfonnes de diverfes Re-
ligions embrafTerent le Mufulmanifme.
HANBALAH, les Hanbalites. Ceux qui faifoient profeflîon de la fede
çl'Ebn Hanbal. Cette fede fit grand bruit dans Bagdet, fous le Khalife Mocla-
der, l'an 317 de l'Hegire. Merouzi, chef de la fefte , avoit avancé que Dieu
devoit placer Mahomet fur fon trône, fondé fur un pafiage de lAlcoran , qui
porte: Ton Sdgneur te donnera blcn-td: une place tres-confiderabk. Ajfa m iabdùéka
rabhoka mecanian mahmoudan.
Les Mufiilmans des autres feclcs regardoient l'explication des Hanbalites com-
me une impieté, telle qu'elle eft & en avoient horreur: Ils foûtenoient ,* que
cette place confidérable étoit le poile & la qualité de Médiateur, qu'ils difoient
par une autre rêverie non moins condamnable, appartenir à leur faux Prophè-
te. Cette querelle paffa de l'école dans les afl^emblées publiques , & on vint
des paroles aux armes avec une telle fureur qu'il en coûta la vie à plufieurs
milliers de perfonnes , fans que le Khalife y pût apporter aucun remède.
L'an 323 de l'Hegire , les Hanbalites devinrent fi infolens qu'ils marchèrent
en armes dans la ville de Bagdet, pillant & faccageant les boutiques, fous pré-
texte que l'on y bcuvoit du vin & que l'on y chantoit. Le Khalife Radhi^
fils de iMoftader , fit publier/une déclaration contre eux , dans laquelle il Iti,
accufe de donner un corps à Dieu & par conféquent de le faire matériel , ce
que
H A N B A L I. H A N I F I A H. j^
que les Arabes appellent Tagiefllim, & en même tems les menace des dernières
rigueurs, s'ils troubloient davantage le repos des Mufulmans.
HANBALI, un qui fait profeffion de la fede d'Ebn Hanbal.
Ibrahim Ben Jofcf, natif d'Alep, eft furnommé AI Halabi & Ebn A!-FIanba-
li : il a compofé un livre de politique , intitulé Adab al JjaJJat & Mejfabih arbdb
al riaffat. Il mourut l'an 950 de l'Hegire.
Il y a encore une hiiloire , nommée Tarikh Ebn Hanbali , qui porte le titre
particulier de Dorar al Habib.
Uns algelil , ouHiftoire de Jerufalem, a pour Auteur Abdalrahmaji Al-Han-
bali.
HANDASSAH, la Géométrie. Ce mot Arabe a été formé du Pcrfien
Andâz & Endâz, qui fignifie Mefure.
Samarcandi eft Auteur d'un livre de cette fciencc , qu'il a intitulé Jfchcdl al
tdjfis fil hendajjah. .
Abou Ali , lurnommé Al Mohandes , le Géomètre , a excellé dans cette fcien- ■
ce : Il vivoit l'an 530 de l'Hegire , fous le Khalifat de Hafedh bedinillah , en
Egypte, & de Rafched, fils de Moftarfched, à Bagdet. Ce Géomètre étoit fça-
vant dans les lettres humaines & faifoit de bons vers.
Les Orientaux donnent prefquc toujours à la Géométrie le nom d'Aclides ou
Oclides , c'eft-à-dire , d'Euclide , à caufe que cet Auteur en a donné les éle-
mens. Voyez ce titre.
HANDHALAH. Dagfal, ancien Poëte Arabe, eft fouvent nommé fim-
plement Ben Handhalali. .
HANI, furnom de Mohammed Ben Ali, mort l'an 733 de l'Hegire, qui eft
Auteur d'un poëme, intitulé Argiouzdt fil âraidh ^ fur l'art Poétique.
Ebn Hani, Poëte Arabe né en Efpagne. Il lotie extrêmement Moez le Fa-
thimite, premier Khalife d'Egypte, dans quelques-uns de fes ouvrages & le blâ-
me enfuite dans d'autres.
H A NI FA H. Mohammed Ben Hanifah étoit fils d'Ali & de Hanifah, fa fé-
conde femme , & on l'appelle toujours fils de Hanifah , pour le diftinguer de
Haiïan & de Iloulfain, qui étoient fils d'Ali, & de Fathimah, fille de Mahomet.
Mohammed Ben Hanifah refufa plufieurs fois le Khalifat, que les ennemis des
Khalifes Ommiades lui ofFroient. Foyez fort titre propre,
Abou Hanifah, le père de Hanifah. Nom d'un des principaux chefs de fec-
tes approuvées par les Mufulmans. Voyez fon propre titre.
HANI FI A H, la Sefte & la Doftrine d'Abou Hanifah. Les Turcs qui la
-fuivent, donnent ce nom à la foy Orthodoxe des Mufulmans.
Cette fefte , auffi-bien que celles de Schafêi , d'Ebn Hanbal & de Malek , a
eu des chefs fuccefléurs de. fon premier Maître & Fondateur. On remarque,
qu'Ahmed Ben Ali Al Giafi^âs Al Razi, maître de Nallafi , a été le dernier de
ces chefs reconnus par les Hanifites.
Abdallah Bathalmious a écrit un livre fur les divifions ou fentimens diuércns
des Hanifites.
HANTHAMAH,
200 H A N T H A M A H. H A îl B.
HANTHAMAH, ville du pays de Sefalah fituée fur la m@r. Ce pays de
Sefalah eft le pays de Zanguebar, & la côte de Cafrerie. f^oyez Sefalat al dha-
hab. La ville, que nous connoiflbns aujoiird'huy fous le nom de Sofala, eft en
ces quartiers-là, proche de Mozambique.
-HARACTOUS. Giauberi cite Heraclite le Philofophe, qui a pofé les ato-
mes pour premiers principes de toutes chofes, fous ce nom. Les Grecs & les
Latins attribuent cette opinion à Democrite.
HARAM, chofe défendue par la loy , c'eft le contraire de Halâl. Foyez
ce litre.
C'eft aufïï une chofe facrée , dont l'entrée n'eft pas permife à toutes fortes
de gens: un Sanftuaire comme celuy de la Mecque, félon la faufte perfuafion
des Mahometans , & le Temple de Medine où eft le fepulcr^ du faux Pro-
phète , portent ce nom. Ils appellent ces deux lieux Harâmani , & au génitif
Harâmain, qui eft le Duel du fmgulier Harâm. Foyez le titre ^'Imam al Ha-
ramain.
L'appartement des femmes chez les Orientaux s'appelle aufîî Haram , & le
quartier où elles logent dans les voyages , & dans les campcmens , porte le
même nom. Lorfque le Haràm marche, il eft fort dangereux à ceux qui ne
font pas de fervice, de fe prefenter fur fa route.
HARAR, nom d'un peuple que nous appellerions comme Erpenius & au-
tres, les Harariens; mais il faut lire Khozar en mettant un point fur la pre-
mière lettre , & un autre fur la féconde. Il y a cependant Ben Harrar Al
Afriki , Auteur de l'hiftoire de Mahedi d'Afrique , fils dAbdallah , & des
Jathimites.
HARB, la guerre en gênerai: car celle qui fe fait contre les infidèles, s'ap-
pelle Gehâd. Foyez ce titre.
Les Arabes de la Gentil ité ne pouvoient faire la guerre qu'en certains mois
de l'année, c'eft pourquoy ils les tranfpofoient fouvent, & les intercaloient pour
éluder la défenfe qui les empêchoit de fe battre. Mahomet pour remédier à cet
abus, défendit abfolument l'intercalation , que les Arabes appellent Nelîa. Foyez
ce titre.
Divan al harb, leConfeil de guerre, ou Cour de juftice établie pour juger
•les Officiers de l'armée qui n'obfervoient pas la difcipline militaire. Lohorafb,
Roy de Perfe de la première dynaftie, fut le premier qui l'ainftitué, & cette
-inftitution fut fuivie par les Sultans , & par les Khalifes qui ont régné dans
la Perfe.
Les Hiftoricns Orientaux remarquent qu'en l'an 678 de l'Hegire qui eft de
J. C. 1279, la guerre étoit générale dans tout l'Orient, & particulièrement
celle que l'on appelle domeftique & civile: Les Tartares, les Arabes, les Dha-
Jiarites ou fucccfteurs de Malek Al Dhaher en Egypte, & les francs en Syrie,
fe détruifant les uns les autres.
Darb al harb, la Porte de la guerre, C'eft le nom d'une des portes de la
ville de Bagdet , par laquelle les troupes fortoient, quand les Khalifes faifoient
quelque expédition militaire: on ne l'ouvroit que dans cette occafion, de même
que celle du Temple de Janus chez les Romains.
Alât
H A R E B A H. H A R I R. aor.
. A'ât al harb. Il y a un livre Arabe qui porte ce nom , &, qui traite de
Part militaire. Cet Auteur dit qu'un Capitaine fage vaut mieux que mil vaillans
ibldats; car chacun de ceux-cy ne pourra tuer que quinze ou vingt au plus de
fes ennemis : mais celuy-là peut faire périr par fa bonne conduite une armic
entière, fût -elle de cent mil hommes & plus.
Ebn al harb, nom d'un Auteur appelle autrement Ahmed Al Nifchabouri,
mort l'an 230 de l'Hegire, duquel nous avons un Argiouzat fur l'Arithmétique,
& un commentaire fur les Arbâia
HAREBAH, fumom d'Abou JâU Mohammed, dit encore Al Bagdadi Al
Abaflî, Auteur du livre intitulé ^l Sadéh u Al Bagkem, de celui qui parle trop
haut, & de celui qui parle trop bas. Cet ouvrage efl dans la Bibliothèque du
Roy, n\ 1226.
Ce traité efl fait au fujet des Arabes qui étoient taxez de parler trop haut,
& trop fièrement. Mahomet leur a reproché ce défaut, & lésa exhortés à par-
ler d'un ton moins élevé , & plus humble. Ces deux mots Sadeh & Baghera
marquent les deux excez que l'on peut commettre en élevant, ou en abbaiflant
trop fa voix.
HARETH, Amrou Ebn Hareth, & Hareth Ben Ararou. Khondemir donne
ces deux noms au même Poëte Arabe qui eft un des fept Auteurs des Moalla-
cât. l^oyez ce titre.
HARETH Ben Câb. Voyez fon teftament, & les préceptes qu'il donne à
{iis enfans, dans la Bibliothèque du Roy n°. 924. Foyez auji Haougial.
HARETH Ebn Keldat, Médecin Arabe qui vivoit du tems de Mahomet.
Son régime étoit de manger le matin, d'ufer avec difcretion du mariage, & de
marcher vêtu légèrement. On dit qu'il entendait par ce dernier avis , de ne fc
point charger de dcbtes, & non pas d'habits. K exerça long-tcms la médecine
en Perfe, & y amalTa de grandes richeffes; il revint dc-là en Arabie, & l'on
doute s'il embralTa le Mahometifme ou non ; mais quoy qu'il en fût , il étoit
des amis de Mahomet qui lui en voy oit fou vent des pratiques.
HARETH, dit Aboul Hafs, natif de la Province de KhoralTan, a travaillé
en Arabe fur Éuclidc.
AboulhalTan Ebn Hareth , natif de Khovarezm , a compofé un traité d' Algèbre-
intitulé Eftekfa fil gebr u mocabelah. l^oyez le titre de Gebr.
HARIADENUS, c'eft ainfi que Paul Jove & autres Hiiloriens Latins
appellent Khaireddin furnommé BarbarolTa , fameux Pyrate. Foyez fon propre titre.
HARIFISCH Schoâib , Auteur du livre intitulé Raoudh Alfaiky les Jardins
élevez & fufpendus , tels qu'étoient ceux de Semiramis dans Babylone. L'Au-
teur a donné ce titre à fon ouvrage, parce qu'il y traite de la morale, & de
la fpiritualité la plus relevée, & la plus raffinée du Mufulmanifme.
HARIR, Bourgade de la Province de Fars, ou Perfe proprement dite, dans
laquelle un célèbre Auteur qui en a tiré fon nom, faifoit fa demeure ordinaire.
Voyez plus bas Hariri.
Tome IL Ce HARIR,*
toi H A R I R. H A R K E L.
HARIR, ce mot fignifie en Arabe dj la Soye ; les Perfans , & les 'Turc*
^ppellcat ordinairement Berfchcm , & Ibrifchim.
Les Perfans chez lefquels la foye abonde, & particulièrement dans les ?râ^'--
vinces de Dilcm, de Giorgian, de Thabareftan , & de Mazanderan , fans parler
des autres, attribuent pour l'ordinaire l'invention de la foye àGiamfchid, un.de
leurs plus anciens Monarques.
Cependant ceux qui écrivent plus exaflement, & plus fincerement, confeflerfé'
que l'invention de la foye leur ell venue des Chinois, de même qu'elle nous
a été communiquée par les Grecs. On doute qu'elle fût connue dans les pre-
miers tems du Mufulmanifme , c'eft ce qui a partagé les fcnthnens des Doreurs
Mahometans touchant l'ufage des étoffes de foye dans les habits.
L'on remarquera feulement icy que la foye étant regardée par les Muful-
mans comme une chofe impure, à caufe que ce n'ell: autre chofe que la bave
d'un infefte , il a été décidé d'un plein confentement de tous leurs Doéleurs
qu'un homme vêtu d'une «toife toute de foye, ce qui s'appelle en Latin tiré
du Grec Holofericum, ne peut pas vacquer à la prière journalière qui elt com-
mandée par la loy.
C'eft ce qui leur fait dire que le Safi harir, qui eft proprement Yholoferktm,
eft Haram , c'eft-à-dire , défcn.iu félon la loy , ce qui n'empêche pas que les.
moins fcrupuleux n'en portent.
Les R-rfans diftinguent la foj^e en Kenar ou Ardaffe, qui eft la plus groffiere
dont on fait les franges, & les cordons; & en Lagian ou Legi , comme nos
Marchands l'appellent, laquelle fert à la fabrique des étoffes.
HARIRI, furnom d'Abou Mohammed Al CafTem Ben Mohammed. Ce fur=
nom lui fut donné à caufe qu'il demeuroit dans une Bourgade de Perfe nommée
Harir ; car d'ailleurs il avoit pris naifl'ance dans Baffora , d'où il eft encore fur-
nommé Al Bafri. Ift
Il compofa un ouvrage fous le titre de Mecamdt , à l'inftance d'Abou Schir-
van Khaled, Vifir du Sultan Mahmoud de la race des Selgiucides , lequel eft
eftimé un chef d'œuvre d'éloquence Arabique. Il contient cinquante difcours,
ou efpeces de déclamations fur differens fujets de morale, «Se chacun de ces dif-
cours porte le nom du lieu où il a été recité.
Cet Auteur naquit l'an de l'Hegire 446 & mourut l'an 515 fous le règne de
Moftarfched vingt-neufvième Khalife de la race des Abbaffides.
Okberi Al Bagdadi a fait une explication àQS mots difficiles qui fe rencon-
trent tant dans la profe , que dans les vers de cet ouvrage , qui eft dans la
Bibliothèque du Roy n. 11 20, & plufieurs autres Auteurs y ont fait dejuftes
commentaires , entre lefquels celuy d'Al Motharezi Al Schirazi eft le plus
eftimé. f^oyez le titre de Mecamât, Ce mot fignifie proprement en Arabe ce
que les Rhetoriciens appellent Lieux communs.
Il y a un Ahmed Ben Abou Sâid furnommé Al Hariri , qui a travaillé fur
les Sphœriques de Menelaus. Jafêi a fait la vie d'Abu Mohammed Al Hariri
dans l'article 148 de fon hiftoire..
HARKEL, l'Empereur Heraclius. Les Chrétiens Orientaux, comme Ebiî
Amid , & Ebn Batrik , écrivent que Heraclius étoit Melkite , c'eft-à-dire , Ortho-
«loxe, & qu'il rétabUt des Evoques Catholiques dans les fieges que les Jacobites,
ou
H A R M A N r. H A R 0 U N. 203
ou Eutychiens, avoient envahis: mais que fur la fin de fa vie, il devint Miro
nite, c'eft-à-dire , comme Eba Batrik l'explique, Monothelite.
Le même Auteur ajoute que les habitans de la ville de FIcms qui cH:
EmefTe , ne le voulurent pas recevoir dans leur ville , à caufe qu'il étoit Ma-
rouni; ce qui l'obligea à paOer de cette ville au JNIonaftere de Maroun où il
fit de fort grands prefens.
Les Maronites d'aujourd'huy qui font Catholiques Romains , ne conviennent
pas de ce fait, car ils foûtiennent fermement que la Religion 'Meikite ou Ca-
tholique s'eft toujours confervée parmi eux dans le Mont Liban, & que l'Abbé
Maroun à qui ils donnent le titre de Saint, étoit fort Orthodoxe.
Les Chrétiens d'Orient attribuent beaucoup de chofes à cet Empereur , qui
..ne 5'accordent pas avec ce qu'en qnt écrit nos Hiftoriens Grecs & Latins.
H ARM A NI, les Ara"bes appellent ainfi les deux plus grandes Pyramides
d'Egypte, yoysz le titre rf'Ehrâm, ou de Herem.
HARMOZAN, nom d'un Seigneur Perfien qui étoit Gouverneur de la
Province d'Ahovâz, & de Schoufter pour lezdegerd Roy de Perle. Il fe trouva
^Tiegé dans l'un de fes châteaux par les Arabes du tems d'Omar, fécond Kha-
life des Mufulmans, l'an de l'Hegire 17 & fut obligé, faute de fecours, de fe
Tendre à eux à bonne compofition.
Le chef des Arabes l'ayant envoyé à Omar qui faifoit fa refidence dans la
ville de Medine, qui étoit pour lors le fiege de l'Empire des Mufulmans, on le
conduifit d'abord à la grande^ Mofquée , où le Kliahfe dormoit à la porte parmi
les pauvres qui avoient accoutumé de s'y aflembler.
Harmozan ne pouvant pas démêler le Khalife dans cette troupe , demanda
auffi-tôt à fon conduéleur où étoit Omar , & Omar s'étant reveillé au bruit que
l'on fit, alla auffi-tôt fe placer fur fon trône , pour le recevoir avec honneur,
& après avoir loué Dieu de ce qu'il envoyoit des gens de fon mérite , & de fa
qualité pour embralfer le Mufulmanifme, il commanda qu'on luy ôtat fes habits,
^ que l'on lui en donnât de neufs.
Le Khalife l'ayant enfuite entretenu de plufieurs chofes, Harmozan demanda
à boire , la coutume étant parmi les Orientaux que , lorfque deux perfonnes ont
'bû enfemble , ou que quelqu'un a bû en prefence d'un autre , ils fe tiennent
réciproquement dans une entière fureté l'un de l'autre , comme étant devenus
hôtes, amis, & poui* ainfi dire, commenfaux.
Omar ayant interrogé Hai'mozan poiu"quoy il deraandoit à boire, il lui ré-
pondit que c'étoit pour s'alfurer de fa vie. Vpus êtes en toute feureté , lui
répliqua Omar, & vous n'avez que faire de boire pour vous délivrer de cette
crainte: Harmozan après la parole qu'Omar lui eut donnée, s'abftint de boire,
fit profefiîon du Mufuhnanifme , & devint un bon Néophyte au rapport de Ben
Schohnah.
Le même Auteur rapporte au fujet de la boiflbn , que Saladin ayant fait quel-
rques Chrétiens prifonniers, leur fit apporter à boire pour les allurer de leur vie,
& qu'un d'eux auquel il ne vouloit pas pardonner, voulant boire, il l'en empêcha,
& lui couppa lui-même la tête à la prefence des autres.
HARO UN Al Rafchid, frère de Hadi, & fils de Mahadi, fut le cinquième
Khalife de la Maifon des Abbuffides. Il commença à régner l'an 170 Je l'He-
C c 2 gire,
,04 H A R O Ù N.
gire, aiiflî-tôt après la mort de fon frère , en vertu de la fubflitution que ioir
père avoit faite. C'eit ccliiy que nos Hiftoriens appellent Aaron Roy des Ssr-
razins, ou de Pcrfe, qui fît des prefcns à Charlemagne. L'on peut remarquer
une adion toute fcmblablc de ces deux grands Princes, en ce qu'ils partagèrent
tous deux leur fucceflion à trois de leurs enfans.
Hai-oun donna à Mamon fon fécond fils tout l'Orient de l'Etat des Khalifes,
à fçavoir , la Perfe , le Kerman , les Indes , le Khoraffan , le Tabareftan , le
Zabul , & le Cabul , avec le Mavaralnahai- ou pays de de-là le .fleuve Gihôn
ou Oxus.
l'Afrique jufqu'
Motaffan fon troifième fils, qui avoit été comme oublié, n'eut que l'Arménie,
la Natolie, la Géorgie, la Circaffie, & tout ce que les Khalifes polTedoient aii
deflus, & aux environs du Pont Euxin. Khondemir. Lebtarikh.
La dignité de Khalife palfa de l'aîné au fécond, & du fécond au troifième;
car ces trois frères fuccedcrent l'un à l'autre.
Haroun ordonna qu'après fa mort, Amin lui fuccederoit à la dignité de Kha-
life, & qu'il feroit fon fejour dans Bagdet , ville Capitale , & Impériale du Mu-
fulmanifme; que Mamon feroit fa refidence dans Merou ville Royale du Kho-
raifan, & qu'il fuccederoit à fon frère au Khalifat, & à tous i^^s Etats après
fa mort, à l'exclufion de fes neveux.
Après avoir fait ce partage , il fit jurer fes enfans & tous les Grands de FEiu-
pire, qu'ils acccpCoient cette difpofition & qu'ils ne s'en départiroient jamais;
& pour la rendre plus authentique, il en fit attacher les lettres patentes dans
le Sanftuaire même de la Mecque, après les avoir fait promulguer fm* le feuil
prétendu facré de la Caabah, ou Maifon quarrée.
Lorfqu'on attacha- cette déclaration du Khalife dans le Temple de la Mecque,
elle tomba des mains de celuy qui la. tenoit , & fut emportée par le vent;
cet accident fit juger à la plupart de ceux qui étoient prefens à cette aftion^,
que la concorde de ces frères ne feroit pas de longue durée, & que ce qui
venoit d'arriver ne pouvoit être qu'un très-mauvais augure.
Ce Prince , comme il a été déjà remarqué cy-defllis , avoit été comme afixDcié
au Khalifat avec fon frère aîné Hadi, par le tellament de Mahadi leur père;
car c'cft ainfi que les Arabes parlent; cependant Hadi qui n'étoit pas content
dé cette aifociation, avoit cherché avant fa mort tous les moyens de faire paf-
fer cette dignité à fon fils nommé Giafar.
Après fa mort, Giafar ne manqua pas de partifans qui voulurent faire valoir
fon droit: mais la fadion des amis de Haroun étant la plus forte, il fallut que
le neveu cédât- à l'oncle, ce qu'il fit de lui-même, & de fort bonne grâce.
L'on dit que Haroun pendant fa vie privée , fe trouva un jour fi accablé
des traverfes que fon frère lui faifoit fouffrir, qu'il voiia de faire à pied le
pèlerinage de la Mecque, s'il en pouvoit être délivré. Lorfqu'il fut parvenu
au Kiialifat , plufieurs de fes courtifans lui remontrèrent , qu'il n'étoit point
obligé de fatisfiiire à ce vœu: mais les Doéleurs de la loy qu'il confulta, ayant
répondu tous unanimement, qu'ils l'y croyoient obligé, il partit l'an 179 de
l'Hegire , de Bagdet à pied , & continua ainfi fon voyage jufqu'à la Mecque. .
L'on dit qu'il trouva dans toute fa route les chemins couverts de tapis , &
de
flAROUN. • 235
de diverfes étoffes de prix; & l'on a remarqué auîîî qu'il fut le dernier des Khs-
îifes qui entreprit de faire le pèlerinage de la Mecque. Thabari.
flaroun fat lurnomméAl Rifchid, le Droiturier, ou le Jufte: & l'on dit que
lorfqu'il reçut la nouvelle de Li mort de Hadi fon frère, & par confequent de
fon exaltation au Khalifat, il vacquoit à la lefture de l'Alcoran, & qu'aulfi-tôt
après, il apprit que MamoJi fon fils' étoit ne/ Ce rencontre fit que les Arabes
ont depuis ce tems-Ià appelle ce jour qui fut le feizièma du mois Rabiâ al aoval,
de fannéa cent & foixante dixième de FHogire, le jour des Hafchemites, parce
qu'il avoit donné la -mort à l'un d'eux, & la vie à l'autre.
Les AbbalTîdes font appeliez Hafchemites, à caufe que leur fimille étoit une
branche de la tige, & de la Mailbn de Hafchem, de laquelle Mahomet defccn-
doit auflî.
Cette avanture de la mort de Hadi , & de la naifTance de Mamon arrivée au
même jour, fait dire à l'Auteur du Nighiariftan que !e monde ell femblable à la
toile qu'un Peintre a tracée & couverte entièrement de quelque delfein; car
l'ouvrier n'y peut rien ajouter , s'il n'en efface quelque chofe. Jekitclmn reved
diker aied bcgiai. Ainli dans ce monde l'un s'en va, 6c l'autre prend auffi-tàt
fa place.
Mahadi ayant laiffé à Haroun pour arrhes de la fuccefîion à laquelle il l'avoit
appelle après fon frère , un très-beau rubi qu'il portoit au doigt , fenvie prit
au Khalife fon frère de le retirer de fes mains. Haroun étoit proche de la
rivière du Tigre , lorfqu'un Eunuque vint de fa part la lui demander. Cette
demande le mit en une fi grande colère qu'après avoir reproché à fon frère-,
qu'il étoit très^injufte de lui vouloir ravir ce qui lui étoit feul rcité de confide-
rablc parmi les meubles de la fucceilion de Mahadi leur père, pendant qu'il poffe-
doit lui feul de fi grands Etats , & de fi riches trefors , il ôta ce rubi de fon
doigt, & le jetta dans le courant du Tigre.
La mort de fon frère étant arrivée cinq mois après , Haroun dans le tems
•qu'il prit po(fefîîon du Khalifat y fe fouvint de fon rubi , & commanda à des
plongeons de l'aller chercher au lieu où il l'avoit jette. La pefche en fut li
heureulé , que la première chofe que les plongeons trouvèrent ibus leurs mains ,
fut fa bague, ce qui fut regardé comme le prefiige du bonheur dont il devoit
jouir pendant fon règne. Mirkhond.
Ben Schohnah rapporte une circonftance particulière fur ce fait ; il dit qire
ce Prince paffant fur le même pont, & étant au même endroit d'où i! avoic
jette fon rubi dans l'eau, tira de fon doigt une bague de plomb qu'il jetta dans
la rivière , & qu'en même tems les plongeons ayant été commandez pour la
chercher, rapportèrent au lieu de l'anneau de plomb , celuy où étoit ce rubi
d'une ineftimable valeur, 11 dit auffi que cet accidefit fut pris alors pour un
prognoftique alfeuré du bonheur, & de la durée de fon règne.
Ben Schohnah rapporte cette hiftoire l'an 560 de l'Hegire , au fujet du rubi
que Saladin avoit perdu, & qui fut auffi heureufement retrouvé.
L'hiftoire de l'anneau de Polycrate trouvé dans le ventre d'un poifTon qui
lui fut fervi à table, a beaucoup de rapport à celle-cy, finon que ce bonheur
de Polycrate fut regardé comme le prefage d'un très-grand malheur, tel que fut
celuy qui lui arriva d'être attaché à une croiï. 4^
Haroun déclara fan de l'Hegire 175, de J. C. 791, fon wPfeîné Mohammed
furnommé Amin pour fon fuccclfeur, & l'année 182, il lui donna pour colle-
C c 3 guc ,
%o6 % H A R O U N.
-gue , & fuccelTeur defigné fon fécond fils nommé Mamoun on Almamon , com-
me il a déjà été die: on ajoutera feulement ici que cette déclaration d'un fuc-
ceiTeur eft appellée en Arabe Velaiat Ahed.
L'an de l'Hegire 193, qui eft celuy de la mort de Haroun, félon Khonde-
mir, cet Hiftorien raconte que l'année précédente Haroun étant à Raccah en
Mefopotamie, avoit vu en fonge une main fur fa tête qui tenoit une poignée
de terre rouge; qu'en même tems il avoit entendu la voix d'une perfonne qui
profera diftinélement ces paroles: Voici la terre qui doit fervir de fepulture k
Haroun, & qu'ayant demandé fur cela quel devoit être le lieu de fa fepulture,
la même voix avoit répondu, Thous.
Haroun fe trouvant à fon réveil effrajx" par ce fonge, entra dans une pro-
fonde melancholie : fon Médecin ordinaire nommé Gabriel, fils de Bakhtifoû,
Chrétien de Religion , qui le voyoit tous les matins , s'en étant apperçu , lui
demanda quelle pouvoit être la caufe d'une fi profonde triftefi!e, le Khalife lui
raconta tout ce qu'il avoit vu en fonge. Le Médecin lui dit que les fonges
n'étoient que des fantômes produits par les fumées que les humeurs de nôtre
corps envoyent au cerveau, qu'il n'y avoit aucun fujet de s'en affliger, & que
le voyage qu'il alloit faire en Khoraffan pour appaifer la rébellion que Rafiê,
fils de Leits, y avoit fufcitée , avoit donné lieu à cette imagination. Qu'au rcfte
il n'y avoit point de meilleur remède pour diiîiper fon chagrin que de chercher
à fe bien divertir.
Le Khalife fuivit le confeil de fon Médecin. Pour cet effet il ordonna un
régal magnifique qu il fit durer pendant plufieurs jours , & fit pafi^er ainfi fa
melancholie. Cette fétu étant finie, il fe mit en chemin à la tête de fon ar-
mée, & il étoit déjà arrivé dans la Province de Giorgian, lorfqu'une maladie âfféz
légère d'abord commença à l'attaquer.
Le pays de Giorgian n'étoit pas alors entièrement calme ; fa maladie qui con-
tinuoit, l'obligea de prendre la route du Khoraffan pour y être plus en repos;
il ne fut pas plûtoft arrivé dans Ja ville de Thous , que fon mal croiifint de
jour en jour, il .fit appellcr fon Médecin; & lui dit: Te fouviens-tu , Gabriel,
de ce que je te dis à Raccah? Nous voicy enfin à Thous, qui efi; le lieu où
je dois être enterré: envoyé un de mes Eunuques me chercher une poignée de
terre des environs de la ville. L'Eunuque nommé Mefrour, qui étoit de fes plus
confidens, en alla prendre, & la lui prefenta rouge comme elle étoit, avec le
bras à demi nud, ce que Haroun n'eut pas plûtoft apperçu, qu'il s'écria: En
vérité voici la terre, & voici le bras que j'ay vu en fonge. Le trouble faifit
auffi-tôt fon efprit, & fa maladie augmentant de plus en plus , il mourut trois
jours après ce fpeélacle affreux , & fut enterré dans le lieu où le fepulcre de
l'Imam Riza a été bâti depuis, que l'on appelle aujourd'huy Mefchliad.
On dit un jour à Haroun , qu'il y avoit à Bagdet un fol qui fe difoit être
Dieu. Ce Khalife voulut le voir: & l'entendre, pour éprouver fi c'étoit vérita-
blement un fol ou un impofteur. 11 lui dit: On me prefenta ces jours paffez
un homme qui faifoit le fol, & qui vouloit paffer pour un Prophète envoyé de
Dieu ; Je le fis mettre en prifon , on lui fit fon procez , il fut condamné , &
on lui couppa le col.
Le fol apprès avoir entendu ces paroles , lui dit : Vous avez fait en cette
occafion ce que devoit faire un de mes fidèles ferviteurs; cette aélion m'eft fort
agréable ; car je n'avois point accordé le don de Prophétie à ce miferable , &
il
H A R O U N.
ioj
îl n'avoit reçu aucun ordre , nf miffion de ma part, L'Auteur' des Lathaif ,
qui raconte cccy , dit feJon les principes du Mufuli-nanifmo , que celui qui efl:
véritablement égaré & privé de l'uiage" de la raifon , ne dit ordinairement que
ce qui eil vray; car c'ell Dieu qui parle en lui. Au contraire celui qui fe dit
Prophète ou Envoyé de Dieu, ne Tétant pas, eil un impolleur & ne peut dïi-e
que des menfonges. La folie d'un homme qui dit, Je fuis iJU'u, confiile dans
cette parole , Moy , dcHit Tinfenfé ne comprend ni les bornes , ni l'étendue.
La plupart des Mahometans croit, que les fols font agitez de refprit de Dieu,
&, ils les révèrent ordinairement comme des Saints extaficz & tranfportez de
ramour divin. Nous dilbns auffi communément, que la vérité efl dans la bou-
che des fols & des enfans.
Ce Khalife étant en Egypte , dont il s'étoit rendu le maître , dit un jour h
fes courtifiins : Le Roy de ce pays-cy fe vantoit autrefois d'être Dieu , je veux
en haine de cet orgueil en donner le gouvernement au plus chetif de mes ef-
claves. Il choifit pour cet effet Hozaib, qui étoit Ethiopien de nation & d'un
efprit fort grolîier. Ce Roy, qui ie vantoit d'être Dieu, eft Pharaon, duquel
il efl; rapporté dans l'Alcoran au chapitre intitulé Nazeat , qu'il difoit à fes peu-
ples ces paroles : Je fuis le plus grand é? le plus puijfant de tous vos Dieux. Et
cellcs-cy : Je fuis vofîre fuverain Diai ^ Ma' (Ire.
On rapporte au fujet du peu d'efpiit de Hozaib , que les Egyptiens fe plai-
gnans à luy de ce que le Nil avoit emporté par fon débordement tout le cot-
ton qu'ils avoient femé fur fes rivages , il leur dit pour toute confolation :
Pourquoy n'y femiez-vous pas de la laine V Croyant que la laine fe fcmoit de
même que le cotton. On pourroit pourtant dire, ce me femble, à la déchar-
ge de ce Gouverneur, que ce fut un trait d'efprit , par lequel il vouloit leur
faire entendre , qu'au lieu de femer du cotton fi près du Nil , ils y dévoient
faire paître leiu's moutons que le Nil n'auroit pas emportés , & qui leur auroient
fourni de la laine. Sâadi cependant cite la réponfe de Hozaib pour une marque
de fa fl;upidité,
L'Auteur du Nighiariflan dit , en parlant du Khalife Haroun Rafchid , que
l'Empereur des Grecs luy ayant fait prefent de pluûeurs épées excellentes , ce
Khalife les couppa toutes par le milieu, comme il auroit fait des raves, avec
fon Samfaraah, en prefence de rAmbafladcur qui lui avoit apporté ce prefent.
Ce Samfamah étoit une épée, qui lui étoit venue entre les mains des dépouil-
les d'Ebn Dakikdn , un des derniers Roys de l'Ieraen de la famille des Hemia-
rites: mais l'on dit, qu'elle avoit appartenu autrefois à un vaillant Arabe, nom-
mé Amrou Ebn Maadi Carb , fous le nom duquel elle efl: plus connue,
Algianabi & Ahmed Ben Jofef en font mention dans l'hiftoire des Hemiari-
tes. On dit , qu'il ne parut pas la moindre brèche à la lam.e de cette épée ,
après l'épreuve que Haroun en eut faite: ce qui prouve la force de fon bras,
auffi-bien que la bonté de l'épée ; car Amrou l'ayant autrefois envoyée à un
Prince, qui fe plaignit qu'elle ne faifoit pas l'effet qu'il en attendoit, ce brave
homme lui fit dire, qu'il ne lui avoit pas envoyé fon bras avec fon épée.
Cet Empereur Grec , duquel il efl: fait mention dans cette hifl:oire , efl Ni-
cephore , lequel refufant d'envoyer à Haroun le tribut que l'Impératrice Irène
avoit accordé de luy payer, lui fit fçavoir, par ce prefent d'épées , qu'il étoit
plus difpofé à luy faire la guerre, qu'à lui donner de l'argent, Haroun cepen-
dant
2o8 H A R 0 U N.
dant n'attendit pas que Nicephore la lui déclarât , il vola comme un aigle
jufques aux portes de Conftantinople & prit la ville d'Heraclée.
Je ne m'arrête pas beaucoup fur les expéditions militaires de ce Prince , par-
ce qu'elles font décrites, dans l'hifloire Saracenique, dans Abulfarage & dans Eu-
tychius , qui font entre les mains d'un chacun : mais je tâche de ramalîer ce
que j'ay trouvé de luy dans des Auteurs moins connus.
Ce Khalife aimoit fort les gens de lettres & cultivoit lui-même les fciences :
Il fe faifoit expliquer le livTC fameux , intitulé Maoutha , par Malek même qui
en efl l'Auteur ; & comme il vouloit faire fermer la chambi-e où cette expli-
cation fe faifoit , afin qu'il n'y eût que lui & fcs enfans qui l'entendiflent , ce
Dofteur lui dit hardiment, que la fciencc ne profitoit point aux Grands , à
moins qu'elle ne fût communiquée aux petits. _
Pour mieux connoître l'état que Haroun faifoit des fciences, il faut voir l'hi-
ïloire de Xaovadud Khatoun & de Haroun dans fon titre particulier, aufîi-bien
que divers ouvrages des anciens auteurs qu'il a fait traduire en Arabe , dont le
détail fe peut voir en plufieurs titres de cette Bibliothèque , qu'il feroit inutile
& ennuyeux de repeter ici.
Je remarquerai icy cependant les principaux titres, où l'on trouvera des cho-
fes confidérables qui regardent ce Khalife, l^oyez donc ceux d'Abou Jofcf, d'AC
mai, de Manghé, Médecin Indien, de IMobarek , d'Abou Naovas , d'Ebn Ad-
hem, des Beramekah ou Barmecides, de Mofuli, de Bahaloul, de Sibouieh , de
Zohak , de Keflài , de Sammâk , de Zebeidah , d'Ibrahim , fils de Mahadi , de
Giafar & de Fadhel ben lahia, d'Iahia, -fils de Khaled, de Hagge, de Hadi, de
Mahadi , &c.
Ben CalTem remarque , que le fort château de Saffaf dans la Natolie , appel-
le aujourd'huy Belegek par les Turcs , fut pris fur les Grecs par Haroun , qui
obligea l'Empereur Nicephore de luy payer tribut ; mais que les Grecs le re-
prirent fur les Arabes & le conferverent jufqu'au tems d"Othman , fils d'Orto-
grul, fondateur de la dynaflie des Othmanides.
Entre les paroles remarquables de ce Khalife , on ne peut pas omettre ce
qu'il dit , félon Sâadi , à Amin , fon fils , qui lui demandoit la punition d'un
homme qui avoit mal parlé de Zebeidah fa mère ; car après avoir confulté ^qs
officiers de juftice fur la peine que cet homme meritoit, il confeilla à fon fils
de lui pardonner , & lui dit , qu'il feroit en cela l'aélion , & le devoir d'un
grand Prince ; mais que s'il ne pou\'oit pas abfokmient reprimer fon defir de
vangeance , ni fe vaincre foj^-même dans une fi belle occafion , il pouvoit di-
re autant de mal de la mère -de cet homme, que cet homme en avoit dit de
la fienne.
L'Auteur du Rabî alabrar raconte , que Haroun marchant à la tête de fon
armée , une femme vint fe plaindre à luy de ce que fes fo'dats avoient pillé
fa maifon. Il lui répondit fur le champ : Ne fçavez- vous pas ce qui eft écrit
dans 1 Alcoran, Ennalmolouk edha da khalou kcriat affadoiiha : Lorfque les Princes
paffenc en armes par un lieu , ils le détruifent. La femme lui répliqua aufîî-
tôt: J'ai lu auffi dans le même livre ces psroles : t^ Telka boiouthom Khaoviat
hpna dhakmou. Mais les Maifons de ces Princes fer 07it àéfoUes^ a caiife des injujîi.
ces qu'ils ont ccmnvfes. Cette repartie hardie & fçavante d'une femme fat fi bien
reçue par ce Khalife , qu'il donna audi-tôt l'ordre de reparer tout le dommage
.qu'elle avoit foujSiert.
U
HAROUN. - — HARRAN. " 209
Il avoit pris pour fon maître en Droit ie célèbre Dodeur Afinâi , lequel
voulant fouvent examiner les chofes à Ja rigueur de la loy, lui auroit fait fai-
re fouvent de mauvais pas, s'il ne fe fût tenu fort fur Ces gardes: cefl pour-
quoy il lui difoit fouvent : Enta ââlem menna u naJm dâkel meiimk. Fous êtes
plus fçavajît que moy ; mais j'ay plus d'efprit i^ de prudence que vous. Voyez le
titre ^Afmâi.
La ville de Tauris , fi fameufe dans la Perfe , fut bâtie fous le règne de Ha-
roun Rafchid, par Zebeidah fa femme, mère du Khalife Amin , qui lui fucceda
l'an 192 ou 193 de l'Hegire. Foyez Tabriz.
HAROUN Ben Ahmed, furnommé Al Menaggera , l'Aftrologue , eft l'Au-
teur d'une hiftoire des plus célèbres Poètes Arabes , qu'il a intitulée Barê fi
fchoâra. Il m.ourut l'an 288 de l'Hegire.
HoulTain Ben Haroun Giâfar, eft Auteur de quelques écrits ou diflées fur la
loy, que les Arabes appellent Âmali.
HAROUN, c'eft le nom d'Aaron, frère de Moyfe ; il s'écrit comme ce-
luy du Khalife dont l'on vient de parler: mais quand on fait mention de quel-
que Auteur Chrétien, comme d'Aaron, Prêtre d'Alexandrie, Médecin, il s'é-
crit Ahroun ou Ahron.
HARO UNI, Château de l'Iraque Babylonienne, que \ Khalife Haroun ,
dit Al Vathek fils de Motaflem , fit bâtir pour y faire fa demeure , après avoir
quitté celuy de Sermenrai, que fon père avoit fait fortifier. •
HAROUSCHIR, nom d'un Capitaine - général des armées de Houfchenk,
troifième Roy de la première dynaftie des Perfes, qui pénétra jufqu'au pays des
Ichthyophages. Voyez le titre de Mahifer. C'eft une tradition fabuleufe.
HARRAN, Ville de Mefopotamie, que les Latins ont appelle Carrhœ, îoxt
fameufe par la défaite de Crafllis & des armées Romaines.
Les Tables de NaffiredJin & d'Ulug Begh luy donnent 73 degrez de longitu-
de, & 36 degrez, 40 minutes de latitude Septentrionale.
Harrani , un homme natif de cette ville & même du pays où elle eft fituée ,
qui eft appelle en particulier Diàr Modhar , du nom d'une tribu d'Arabes qui
s-'y eft habituée.
Thabeth Ben Corrah, qui nous eft connu fous le nom de Thebir, eft fur-
nommé Al Sabi Al Harrani, Sabien de Harran. Voyez fon titre particulier.
Giaber Ben Sinan porte le même furnom. Voyez aujjl fon titre. C'eft Geber.
Mohammed Ben Giaber Ren Sinan , outre le furnom de Harrani , porte auffi
celuy de Battani, c'eft Albategnius. Voyez Battani.
Les Sabiens, defqucls il fera parlé dans le titre de Sabi, portent tous le fur-
nom de Harrani, à caufe que la ville de Harran étoit, pour ainfi dire, la Mé-
tropole de leur Religion : & comme ils prétendent , que le Patriarche Abraham
foit leur premier Legiflateur , ils ne font point de difficulté de l'appeller Ibra-
him Al Sabi AI Harrani.
Nous avons encore un Auteur nommé Takieddin Ben Teimiah , furrfbmmé Al
Harrani , qui a compofé un livre intitulé Mefjilat fil Renais , oîi il traite des
Tome n. D d Eglifes
2IÔ
HASCHAISCHI. HASCHEMIOUN.
Ef^lifes des Chrétiens , des Synagogues des Juifs , des Temples des Mages , &
traite la quellion ii les Mufulmans les doivent démolir ou non.
HASCHAISCHI, un Botanique, un Herborifte, Surnom de Takîeddin,
qui s'efl rendu célèbre par la confeftion de la theriaque , vers Tan 670 de
THegirc.
Hafchafch a auffi la même fignification. Ebn Beithar, fameux Botanique, eft
furnommé Al Hafchafch.
H ASC HEM, nom d'une des plus anciennes Tribus des Arabes, que l'on
met au nombre de celles dont il ne reite que le nom.
C'ell aufli le nom du fils d'Abdalmenâf, qui fut père d'Abdalmothleb, père
d'Abdallah & aycul de Mahomet le faux Prophète. Les Mufulmans prétendent
que le fepulcre de Hafchcm , bifayeul de Mahomet , cfl dans la ville de Gaza
en Palefline. Foyez le titre de Gaza.
Il faut remarquer ici que cet Hafchem, qui eft bifayeul de Mahomet, Teft
encore d'AH, qui étoit fils d'Abuthalcb , fils d'Abdalmothleb, fils de Hafchem,
duquel dcfcendent auOî les Khalifes Abbaffîdes, qui fe qualifioient , à x:aufe de
cette origine, Hafchemites.
Aboul Abbas Saffah , premier Khalife de la race d'Abbas , qui étoit fils de
Mohammed, iîls d'Ali, fils d'Abdallah , dont nous venons de parler, fît bâtir
l'an 134 de l'Hcgire , auprès d'Anbar, une ville qu'il nomma Hafchemiah , où
il transfera le fiége du Khalifat qu'il avoit tenu jufqu'alors à Cpufa & à An-
bar. Ce KhaHfe lui donna ce nom pour perpétuer la mémoire de fa famille,
qui touchoit de fi près à ceJle de Mahomet , & ce fut dans cette même ville
qu'il mourut l'an 136 de la môme Hégire.
Abou giafar Al Manfor , fon frère & fon fuccelFeur , demeura aufli dans la
ville de Hafchemiah, jufqu'en l'an 145, qu'il prit la réfolution de bâtir la vil-
le de Bagdet.
HASCHEMIOUN, les Hafchemites. Ceux de la race de Hafchem ont
eu toujours la réputation d'être généreux & libéraux. L'Auteur du Nighiari-
flan écrit que Vaked , qui vivoit fous le Khalifat d'Almamon &; qui mourut
l'an de l'Hegire 207, avoit deux amis, dont l'un étoit Hafchemite , c'eft-à-di-
re , de la famille de Hafchem & ainfi proche parent des Abbaflîdes ; que ces
trois amis étoient liez fi étroitement l'un avec l'autre , qu'ils ne paroiïToient
avoir qu'une feule ame. C'étoient, dit-il, de ces amis, qui font bons dans tous
les tems, car dans la profperité l'on joiiit agréablement de leur compagnie , &
l'on en tire du fecours & de la confolation dans l'advcrfité : ils font honneur
à la Religion & afiaifonnent en même tems tous les plaifirs de la vie.
Dans le tems que Vaked étoit dans fa plus baffe fortune , comme il ra-
conte lui-même , la fête du Beiram approchant, fa femme lui dit: Je ne mur-
mure point contre la Providence de ce qu'elle nous a réduit à un état fi miféra-
blc , & je fupporte patiemment toutes nos difgraces : mais yoicy la fête qui
approche , & je vous avoiie que j'auray beaucoup de peine à voir mes enfans
avec des Jiabits déchirez , tandis que ceux de nos plus proches parens feront
bien vêtus & parez; il faudroit trouver quelque expédient qui nous mît à cou-
vert de cette honte.,
Vaked,
H A s C H I A H, HASSAN. arr
Vaked , après avoir cherché long-tems dans fon efprit de quoy remédier à
l'inconvénient que fa femme appréhendoit , ne trouva rien de meilleur que d'é-
crire deux mots à fon ami le Hafchemite. Ces deux mots furent ; Je fuis en
néceffité àf la féie approche.
Aufïï-tôt que ce généreux ami eût reçu fa lettre , il envoya pour rcponfe
une bourfe cachetée de fon cachet, femblable à celles dans lefquelles on envo-
yé les lettres, laquelle étoit pleine d'or, Vaked furpris de ce préfent, fe ren-
dit auffi-tôt chez fon ami , pour apprendre de luy s'il n'y avoit point d'équi-
voque; mais l'ami, auflî-tôt qu'il l'eût apperçu, fit appeller leur troifième ami,
& leur dit à tous deux : Voicy tout l'argent que j'ai chez moy prefentement,
trouvez bon que nous le partagions entre nous pour fubvenir à nos befoins
communs.
HASCHIAH, Frange, Bordure. Ceû. auflî par métaphore, la marge d'un
livre, & ce que l'on écrit deffus pour éclaircir, ou pour réfuter le texte dun
Auteur.
Hafchiat al Kefchaf , les Notes marginales ou Scholics fur un Commentaire
fort ample de l'Alcoran , intitulé Kefchâf.
HASCHISCH, Herbe. P'oyez plus haut h titre de Hafchaifchi. Hafchifchah.
Voyez Benk.
Gioun al hafchifch , le Golfe des Herbes. Voyez Gioun ^ Mirbath. Ce Golfe
eft dans l'Iemen ou Arabie Hcureufe.
HASNA, Ville du pays d'Iagiouge, fituéc proche la muraille ou le rempart
qui a été fait pour arrêter les courfes des Hyperboreens , qui font les Scythes
les plus Septentrionaux. Ce pays , nommé par les Orientaux Jagiouge & Ma- '
giouge , eft celuy d'où doivent fortir Gog & Magog , defquels il efl fait men-
tion dans l'Apocalypfe, au chapitre 20. Foyez le titre (i'iagiouge.
HASNOUN, Médecin Chrétien , natif de la ville de Roha ou Edefle , qui
fe rendit célèbre dans la Syrie & dans la Méfopotamie , fous le Khalifat de Mo-
ftanfer billah. Il mourut & fut enterré dans l'Eglife des Jacobites d'Alep l'an
6%s de riiegire.
HASSAB, Calculateur. Arithméticien. Voyez HefTab.
Halfab & Haffjb, nom d'une ville qui eft fur le chemin de Gaour ou Gour,
à la ville de Herat en Khoraffan.
HASSAF, furnom d'Ahmed Ben Amrou , Auteur du livre intitulé Jhcdm
al ovak fi, des loix & des Ordonnances qui regardent les fondations & les legs
pieux, que les Mufulmans font aux Mofquées & aux Hôpitaux.
HASSALBAN, les Turcs appellent ainfi le Benjoin, gomme odoriférante.
Ce mot a été dérivé ou corrompu de celuy de Ban. Voyez ce titre.
HASSAN, fils aîné d'Ali & petit-fils de Mahomet, par fa mère , ne fut,
après la mort de fon père, reconnu Khalife que dans l'Arabie & dans l'Iraque
Babylonienne ou Chaldce. Moavie, qui poliedoit la Syrie & l'Egypte, futpro-
212 ■ H A S S A N.
clami Khalife avant mcme qu'Ali eàt été tué, & il refufa de reconnoître fîas-
fan, parce qu'il l'accufoit d'avoir été complice de la mort d'Othman,
HafTan avoit plutôt hérité de la piété de fon père que de fa valeur ; car il
étoit d'une humeur fort pacifique, & très-attaché à la pratique & aux exercices de
la Religion Mufulmanne: de forte que ne fe jugeant pas allez fort pour refifler à
Moavie, ayant d'ailleurs une très-grande horreur de l'cifufion du fang des fidè-
les, & fe voyant maltraité & prefque abandonné par les Iraquiens , il s'accom-
moda avec Moavie & renonça en fa faveur au Khalifat.
Après cette abdication, il refolut de mener une vie privée dans la ville de
.Medine, oi^i il mourut l'an 49 de l'Hegire, empoifonné, comme l'on croit, par
fa femme, que Moavie avoit fubornée.
On ne donne au Khalifat de Hafilm que fix mois de durée : cependant les
Perfans prétendent , qu'il a été l'Imam ou le Chef de la Religion & de l'Em-
pire des Mufulmans jufqu'à fa mort, & qu'il laifla à Houlfain, fon frère, la fuc-
ceflîon dans cette même dignité , de forte que , félon le fentiment des Perfans
ôc de tous les Schiites ou Sénateurs d'Ali , ces deux frères ont été avec leur
père les trais premiers Imams ou Chefs du Mufulmanifme. Khondemir. Foyez
le titre ^i'Imam.
Quoyquc Hafi'an fe fût abdiqué , il ne laifibit pas de joiiir de fort grands
bi^ns ; car Moavie lui avoit alîigné par an une penfion , qui montoit prefque à
la fomme de deux millions. Il employoit la plus grande partie de cet argent
en. aumônes , & étoit fi peu attaché aux biens de la terre , qu'il fe defappro-
pria deux fuis de tout fon bien pendant le cours de fa vie , & qu'il le parta-
gea , à moitié avec les pauvres, trois autres fois.
Ans , fils de Malek , rapporte , qu'une femme luy ayant prefenté une botte
d'herbes fines, il luy demanda fi elle étoit libre : la femme lui ayant répondu
qu'elle étoit efclave ; mais que le préfent qu'elle lui faifoit étoit rare & exquis :
HafiTan lui donna la liberté, &' dit à ceux qui étoient préfens : Nous avons re-
çu cette infi;ru6lion de Dieu même, qu'il faut rendre à ceux qui nous font des
préfens , quelque chofe de meilleur que ce qu'ils nous donnent. Il vouloit di-
re, que cette inflruclion de morale étoit couchée dans l'Alcoran, que les Mu-
fulmans, aveuglez qu'ils font, regardent comme la parole de Dieu.
L'Auteur du Rabi al abrar rapporte un exemple rare de la modération de ce
Khalife. Un efclave ayant verfé fur lui un plat tout bouillant pendant qu'il
étoit à table, fe jetta aufli-tôt à fes genoux & lui dit ces paroles de l'Alcoran:
l^e Paradis ejl pour ceux qui repriment leur colère. Haflan luy répondit : Je ne
fuis point en colère. L'efclave pourfuivit : Et pour ceux qui pardonnent les fau-
tes. Je vous pardonne les vôtres , lui dit HafiTan. L'efclave achev^a de dire le
refte du verfet, qui porte que Dieu aime fur-tout ceux qui font du bien à ceux
qui les ont offenfez; & HafiTan conclut aulîi: Puifque cela eil ainfî, je vous don-
ne la liberté (Se 400 drachmes d'argent.
Hafedh Abru dit au fujet de la mort de Hafl!an , que le« conventions qu'il
avoit faites avec Moavie, portoient que Moavie ne déclareroit aucun fucceifeur
pendant la vie de Hafllin, (Se qu'il en remettroit l'éledion entre les mains d'un
certain nombre de perfonnes que Hafilm devoit nommer , comme avoit fait
autrefois Omar : mais que Moavie voulant laifl^er le Khalifat à lezid , fon fils ,
crut qu'il ne pouvoit pas venir à bout de fon defl^ein tant que Hafllm feroit
en vie.
Son
HASSAN. jj-j
Son amtooii le fit donc refondre d'ôter la vie à Haflna : il fuborna poiu-
ce effet Giaadah, fa femme, pat- de grands préiens, & par la promeQe qu'il lui
fit de la marier à lezid. Cette méchante femme aj-ant été ainfi corrompue ,
frotta fon mari avec un linge empoifonné que Moavie lui avoit envoyé , &
fut ainfi caufe de fa mort.
Moavie ayant appris la mort de HafTan , envoj'a cinq cent mil drachmes d'ar-
gent à Giaadah , pour récompenfe de fon crime : mai% il fe garda bien de don-
ner une telle femme à fon fils,
Haflan avoit eu vingt enfans , quinze mâles & cinq filles. Il y a parmi les
Schiites ou feftateurs d'Ali , des gens qui tirent la ligne ou defcendance des
Imams,. d'Abdallah un de fes enfans qui eut un lahia pour fils, duquel il a été
déjà parlé ailleurs , & que l'on trouvera aullî plus bas dans fon propre titre :
mais les Perfans veulent , que la fucccffion des Imams foit paflee de Halian à
HoulTain, fon cadet, duquel on parlera auflî dans fon propre titre.
Un autre des petits-fils de Haifan , nommé Hufiain fils d'Ali , fe révolta fous
le Khalifat de Hadi , & prétendit que cette dignité lui appartcnoit.
Hadan s'abdiqua juftement 30 ans après la mort de Mahomet, félon le mê-
me Auteur, & ce fut alors que l'on entendit le fens des paroles , que le faux
Prophète avoit autrefois prononcées : Le Khalifat durera après moi trente ans.
Il mourut à 1 âge de 47 ans , au mois de Sefer , la 50 année de l'Hegire.
Aifchah , veuve de Mahomet , & les partifims d'Othman empêchèrent qu'il fût
enterré auprès de Mahomet ; c'efl pourquoy il fut mis dans le fepulcre de Fa-
themah fa mère.
• Les Mufulmans citent cette fentence de Hafllin : Qu'il ne faut jamais efiljyer
l'eau des larmes que la dévotion fait couler , ni celle qui demeure llir le corps
après Fablution légale , parce que cette eau rend éclatante la face des fidèles,
lorfqu'ils fe prefentent devant Dieu.
Après la mort de Hafilin , Moavie n'ayant plus de concurrent , joiiit paifi-
blement du Khalifat , qu'il fit pafier de cette forte de la Maifon de Mahomet ,
de laquelle Ali étoit, comme fon coufin-germain, du côté paternel, & de plus,
fon gendre, en celle d'Ommiah , de laquelle Moavie étoit ifi'u , & fut ainfi le
premier des Khalifes Ommiades,
Hafllin & Houflliin , fon frère , tous deux enfans d'Ali & de Fathime , fille
de Mahomet, font reputez enfans véritables de Mahomet. Voyez-en la raifon
ati titre de Miriam dans fa généalogie.
. HASSA^N Al Askeri , onzième Imam, fils aîné d'Ali Askeri , qui fut le
dixième, naquit à Medine l'an 232 de l'Hegire, & fut conduit. avec fon père
& fes frères en la ville d'Afker. Il mourut & fut enterré dans la même vil-
le, auprès de fon père, l'an 260 de l'Hegire, & de J. C. 873, âgé feulement
de 28 ans.
Cet Imam ne laifi^a qu'un feul fils nommé Mohammed , & fumommé Maha-
di ou le Mehedi , le douzième & le dernier des' Imams , qui ne doit paroîcre
qu'à la fin du monde. On loue beaucoup cet Haifan pour fa valeur & pour
fa hberalité, vertus qui le rendirent fufpeft au Khalife Môtamed, fils de Mo-
taovakel , quinzième Khalife de la race des Abbaffides , & lui firent avancer fes
jours, comme l'on croit, par le poifon.
Les titres de cet Imam font celui de Zaki , qui lui eft commun avec fon
D d 3 père.
214 HASSAN.
père , celui de Khales , qui fignifie Sauveur , & de Serage , qui veut dire le
Flambeau. Le premier marque la pureté & l'innocence de ("es mœurs. Le fé-
cond lui fut donné dans l'efpérance qu'il délivreroit les Mufulmans de l'oppref-
fion des Abbaflîdes; & le troifième, parce qu'il les éclairoit par la lumière de
fa foy & de fa doélrine.
HASSAN Ali, fils d^ Gehanfchah , fucceda à fon père, & fut le quatriè-
me & le dernier Sultan de la race Turcomane du Mouton noir, que les Turcs
appellent Caracoinlu.
Après que Gehanfchah fon père eut été furpris & mis à mort , par Uzun
Haflan ou Ufuncaffan, comme nos Hilloriens l'appellent, l'an de l'Hegire 872,
de J. C. 1467, il fit une levée de près de deux cent mil hommes pour vanger
la mort de fon père, qui lui avoit lailTé de grands trefors.
Ce Prince mal avifé fut fi prodigue de fon argent, qu'il paj'a une année de
folde par avance à toute fon armée pour l'attacher davantage à les intérêts :
niais Abufaid, Sultan de la race de Tamerlan qui regnoit dans le Khoralfan, ne
l'eut pas plutôt attaqué , qu'une grande partie de ces troupes mercenaires l'a-
bandonna & prit le party de fon ennemi.
Une aufli grande perfidie de fes gens l'obligea de prendre la fuite devant
Abufaid, & il fc feroit fauve avec le débris de fon armée , s'il ne fût tombé
entre les mains d'Uzun Haflan , lequel le fit périr de même qu'il avoit déjà
fait fon père, & deux de fes frères l'an de l'Hegire 873. Ainfi finit la dynaf.
tie du Mouton Noir , qui avoit régné dans la Mefopotamie , Medie & partie
de la Perfe environ cinquante ans , & tous fes Etats pafferent à celle du Mou-
ton Blanc , de laquelle Ufuncafllin a été , pour ainfî dire , le fondateur.
HASSAN Al Bakhteri, Doéleur infigne de la loy, duquel Hallage préten-
doit avoir tiré ce qu'il avoit avancé touchant la compenfation du pèlerinage de
la Mecque, f^oyez le titre de Hallage.
Il y a encore un célèbre Poète Arabe , nommé Ben Bakhteri , qui a été le
concurrent d'Abou Temâm. l^oyez Bakhteri.
HASSAN Al Bafri , efl leraême qu' Abufaid Ben Jefflr , fils d'un AfTran-
chi , nommé Aioula Zeid Ben Tabeth & d\me efclave d'Omm Salmah , femme
de Mahomet, laquelle lui donnoit fouvent la mammelle , lorfquc fa mère étoit
occupée au fervicc de fa maîtrelfe , ce qui relevé extrêmement la réputation
de ce Dofteur , qui d'ailleurs devint fort dode & très -dévot dans la religion
Mufulmane , en forte qu'il paffe pour le premier Scholafbique des Mahometans.
On le furnomme Al Bafi-i, parce que fon père étoit efclave à Maiflan, Bour-
gade des dépendances de Bafrah ou Bafîbra , &; qu'il tenoit école dans cette vil-
îe , où les Khaovareges ou Seftaires venoient fouvent difputer contre lui. Valfel
Ben Atha, fon difciple, s'éloignant de fes fentimens, & le pouffant à bout, fit
bande à part & devint le chef de la fefte des Motazales. l^oyez le titre du Val-
fel Ben Atha.
HaiTan Al Bafri avoit vu le Khalife Othman & Ebn Abbas ; c'ef}: pourquoy
il cite dans fes ouvrages ce qu'il avoit appris d'eux par tradition. Il mourut fan
iio de l'Hegire, & nous a laiffé un ouvrage intitulé Hadith Sclierif, où il a
ramalTé les traditions qu'il fçavoit fur chaque Feridhat ou Précepte obligatoire
de
HASSAN. jj^
de la loy Mufiilmane. Ce livre qui contient 54 de ces Feridhat ou préceptes
fe trouve djns la Bibliothèque du Roy, n'. 618. ■ f f i
HASSAN Buzruk, HafTan le Grand : HalTan Kugiuk , Haflan le Petit, font
les noms de deux perfonnages , dont le premier ell le clicf & le fondateur de
kl dynaftie des lleklianiens. f^oyez ce titre &' celui d'Avis ou Veis.
Le fécond eft le premier de la race & de la petite dynaftie des Gioubaniens.
Foyez le titre de Gioubdniân.
HASSAN Damegdni, furnommc Pehelévan, c'eft-à-dire, le Preux ou le He-
ros, eft Tonzième Prince de la dynaftie des Sarbedariens , qui s'éleva du tems
de Tamcrlan dans le Khoraifan. l^oyez le titre de Sarbedar ou Sarbcdal.
HASSAN, dit Gelaleddin , fixième Prince de la race de Halfan Sabah , ou
de la race & dynaftie des Ifiiieiëliens de flrân , c'eft-à-dire, des IfmaëJiens qui
ont régné en Perfe. On les nomme ainft pour les diftinguer des Ifraaëliens d'A-
frique , qui font les Fathimites.
HASSAN, fils de Houffain, furnommé Aiaeddin Gehanfouz, étoit petit -fils
de Sdm Al Gauri ; fon père Houlîain avoit laiffé plufieurs enfans , dcfqucis il
étoit l'aîné , & il les furpalToit tous en efprit & en courage , aufli - bien qu'en
âge. On lui donna le furnom de Gehanfouz, qui fignifie le Brûleur ou l'In-
cendiaire du monde , à caufe de ce qu'il fit à Gaznah , comme nous verrons
dans la fuite.
Il ne fe contenta pas de pofl'eder le pays de Gour ou Gaour en titre de gou-
vernement , comme avoit fait fon père , fous fautorité des Sultans Gaznevides ;
car il voulut fe prévaloir de la foiblcffe de fes maîtres & de la décadence de
leurs aff'aires, que les Sclgiucides reduifoient tous les jours en plus mauvais état ,
en fe faifant dcclai-er Prince & Maître abfolu dans toute l'étendue de fon gou-
vernement
Mais fon ambition croiflànt de jour en jour avec fa puifl'ance, ne trouva point
d^iutres bornes que dans une entière indépendance. Pour cet effet , après avoir
envahi la province de Zabicftan, il attaqua la rillc de Gaznah fa capitale , où
étoit le trône Royal des Sultans Gaznevides.
Bsherâm Schah, petit-fils d'Ibrahim , duquel Hafilm & Houffain fon père te-
noient l'origine & le progi-ez de leur fortune , y rcgnoit alors , mais foiblc-
mcnt. Haffan eut bien la hardieffe de lui faire la guerre , & après l'avoir vain-
cu 5 de le chafl'er de fes Etap , qu'il donna à gouverner à Souri , fon frère.
Beherâm-Schah , qui s'étoit réfugié dans l'Indoftan , prit cependant le tems
de l'abfence de Haffan , qui avoit quitté le paj^s de Gaznah , où il avoit laiffé
Souri, fon frèj*e, avec peu de troupes, pour rentrer dans fes Etats 5 & il con-
duifft fon entreprife avec tant d'adreifo & de bonheur , qu'il fe rendit maître
de la ville de Gaznah & y furprit Souri-, auquel il fit foulî'rir une mort cruelle
& jgnominicufe.
Haffan n'en eut pas plutôt appris la nouvelle , qu'il retourna en diligence vers
Gaznah pour y vanger la mort de fon frère, & l'on dit qu'en marchant, il fit
& prononçai» ce diftique en langue Perfienne, car il étoit fort bonPoëte, com-
me nous verrons encore plus bas..
SU
2i6 H A s s A N.
Si je ne renverfe pas de fond en comble la ville de Ghaznîn , dites que je m fuis
pas Haffan , fils de Houjfain.
En effet , il la prit , la pilla & la brûla pendant fept jours entiers , avec un
très-grand nombre de bourgades & de villages de fes dépendances.
Ce fut cette terrible exécution qui lui fit donner le furnom de Gehan-fouz,
ou de Brûleur de monde, duquel il a été déjà parlé.
L'an 544 de l'Hegire, de J. C. 1149, Haffan ayant entrepris de faire la guer-
re à Sangiar , Sultan des Selgiucides , il fut fait prifonnier ; mais ce Sultan gé-
néreux le renvoya dans fes Etats fans rançon , à caufe de fa belle humeur, &
il y mourut paifiblement l'an de l'Hegire 551.
Nous rapporterons icy quelques traits de la belle humeur de ce Prince & quel-
ques échantillons de fa poëfie. ■ Après qu'il eut été défait par le Sultan Sangiar,
le plus brave & le plus généreux Prince de la Maifon des Selgiucides , qui le
pouvoit faire mourir, fe contenta de le retenir prifonnier à fa Cour. Haffan
trop heureux d'avoir fauve fa tête , chercha de témoigner fa reconnoiffance à
Sangiar par toutes fortes de foûmifîîons, & en lui faifant affiduement fa cour.
Il fe jetta un jour par terre, baifant les pas que le cheval du Sultan avoit
marquez, & luy recita ce quatrain Perfien qu'il avoit compofé.
■ La marque que le pied de vôtre cheval a la{[[ée fur la poujfiere , me fert mainte-
nant de couronne.
Vanneau que je porte pour marque de mon efclayage ejl devenu mon plus bel orne-
ment.
Tant que f aurai le bonheur de haifer la poujfiere de vos pieds , je croiray que la
fortune me favorife de fes plus tendres careffas , çj' de fes plus chers bai-
fers.
Cette flatterie fut fi bien reçue du Sultan, gi'and amateur des louanges & de
la gloire, qu'il voulut, depuis ce tcms-!à , avoir Haffan auprès de luy. Ce fut
dans la converfation familière avec le Sultan , que Haffan fçut fi bien gagner
fes bonnes grâces , qu'il obtint enfin de luy la liberté , & peu après un entier
rétabliffement dans fes Etats.
On rapporte encore un autre trait de flatterie, fort fpirituel, du même Haf-
fan, qui efl que Sangiar s'étant apperçu qu'il avoit le poil fort long contre la
coutume du pays , où on le porte fort court , lui en demanda la raifon , Haf-
fan lui répondit agréablement en ces termes: Lorfque ma tête étoit à moy, mil
de mes efclaves y prenoient garde & en avoient foin : maintenant que le Sultan
en eft le maître comme de celle de fon cfclave, mes efclaves font devenus mes
maîtres, & font ce qui leur plaît.
Cette ïéponfe fi humble & fi accorte-, v^alut à Haffan une boëte de pierreries
de très-grand prix, que Sangiar lui fit donner, en le renvoyant chez luy où il
mourut, comme Ton a déjà dit, l'an de l'Hegire 551 , laiffant fa couronne à
Mohammed, furnommé Seifeddin, fon fils, & par ce moyen la dynaflie des Gau-
rides , qui portèrent le titre de Sultans , fut entièrement établie. • Khondemir,
Lebtarikh. JSighiuriJlan.
HASSAN,
H A:S s A Ni 217
HASSAN, fils de Sahal ou de Sohail, comme quelques-uns l'appellent, fut
Gouverneur de l'Iraque Babj^lonienne ou de la Chaldée , pour le Khalife Al
Mamon. Il étoit frère de Fadliel Ben Sohal , Vizir &; favory de ce Khalife,
qui époula la fille de Haffan, nommée Touran-Doîdit.
Le Tarikh Al Abbas , ou Thifloire des Abbaffidcs , raconte fort au long la
magnificence de ces noces & la dépenfe que' Haiïàn y fit ; car ce Seigneur don-
na des bourles ou nombrils de mufc, des œufs d'ambre gris, & des efclaves de
Y-un & de l'autre fexc, à tous les Grands de la Cour.
Lorfque le Khalife alla prendre Ton époufe pour la conduire au Palais Impé-
rial, Hafian fit couvrir le chemin par où il palla de nattes d'or & d'argent. Ce
Prince la trouva aflîfe fur un trône, la tête chargée de mil perles, dont chacur
ne étoit de la grofleur d'un œuf de pigeon , ou d'une grolTe noilette. Le Kha-
life voulut, que cette riche coëfFure lui fut alîignée pour fon douaire.
On ajoute, que toute la Cour & toutes les troupes de la garde du Khalife
furent défrayez par Halfan , pendant tout le tems qu'il féjourna à Fommalfa-
leh, qui étoit le lieu où fon beau- père deraeuroic , & que tous les Poctos de
ce tems-là , qui firent à l'envi l'un de l'autre des Epithalames , reçurent de très-
gros prefens de Hafian.
L'on attribue ordinairement à cet Hafian Ben Sahal ou Sohail , que l'on dit
avoir été Vizir d'Al Mamon , la traduction du livre Perfien intitulé Ciavidân
Khird, en Arabe, k'oycz es titre cf cduy J'Anovâr Sohaili.
HASSAN Gaznaovi ou Gaznevi , Poëte Perfien , natif de la ville de Gaz-
iiah, fleuriiroit fous le règne du Sultan Baharamfchah. Foyez ce titre.
HASSAN Al Giauri, furnommé Al Rafadhi, c'efi;-à-dire , l'Hérétique, étoit
Prince de la Ville de Sebzuàr en Khoraifan du tems de Tamerlan. Il efl: fort
parlé de lui dans le livre intitulé Agiaib al Macdour , fi akhhâr Timur.
HASSAN Ilekhani Nuiân, furnommé Buzruk le Grand, étoit fils de Scheikh
Huiriin Kurkan & touchoit de près à la race Genghizkhanienne. Il époufa la
fille de l'Emir Giouban & la répudia par force, pour la donner au Sultan Abu-
faid , fils d'Algiaptu.
Cette condcicendance le fit entrer bien avant dans la faveur de fon makre ;
mais il la perdit bientôt. Il efl vrai , qu'il rentra en grâce quelque tems apVès ,
& obtint le gouvernement du pays de Roum , c'efl-à-dire , de la Natolie , où il
avança fi bien fes afTaires, qu'après la mort d'Abufaid, il devint Seigneur abfo-
lu de plufieurs Etats & fonda la dynallie des Ilekhaniens. Foyez le titre if' Avis
ou Veis.
HASSAN Sabâh, Chef de la dynaflie des Ifmaëliens de Perfe , qui ont ré-
gné à RouJbar & dans tout le pays de Kouheflan, qui efl: l'Iraque Perfienne ou
l'ancien pays des Parthes. Il fe rendit maître du fort château d'Almout l'an 483
de l'Hegire, de J. C. 1090 , & finit fon règne avec fa vie l'an 518 de l'He-
gire, de J. C. 1124. Kaia Buzruk lui fucceda. Nous verrons ailleurs la vie
de cet Hafian , qui étoit un grand impoflieur & qui devint le chef des afiliflins ,
dont il eft parlé dans nos hiftoires de la Terre-fainte, fous le nom du Vieillard
de la montagne: car c'efi: ainfi que les Hilloriens Latins ont traduit Scheikh al
ToMB II. E e Gie-
2i8 HASSAK. HATE M.
Giebâl, qui fignifie en Arabe le Seigneur de l'Iraquc Perfienne, ou de la partie
la plus élevée & montueufe de la Perfc,
Halîlm Ben Mohammed , furnommé Dhccrat al eflâm , fut le quatrième Prin-
ce de cette même dynaitic des Ifmaëliens.
HASSAN, furnommé en Arabe Al Thaouil & en Turc Uzun, c'cfl-à-dire ^
le Long ou le Grand. Nos Hiftoriens l'appellent Ufuncaflan.
II paiîe pour le premier des Princes de la dynaflie des Turcomans Baiandu-
riens , autrement appeliez de la race du Mouton Blanc , que les Grecs moder-
nes appellent Jfproprobatada , quoy qu'il n'en foit à proprement parler que le
fixième.
Il fucceda à fon frère Gehanghir, l'an 872 de l'Hegire , de J. C. 1467, après
avoir défait Gchanfchah, Sultan de la race du Mouton Noir, auquel il enleva
tous les Etats que lui éc fes predecefTeurs avoient conquis dans la Mefopota-
mie, dans la Chaldée & dans la Perfe. Il défit aufïï Abulaid, Sultan de la race
de Tamerlan, qui polîcdoit le Khoraflan & la Tranfoxane : mais ayant voulu
attaquer Mahomet, fécond du nom, Sultan des Turcs, dans la Natolie, il y per-
dit une bataille fameufe dans l'hifloire Othomane, l'an 878 de l'Hegire, & ds J.
C. 1473, auprès d'Arzcngian en Natolie. Ufuncaflan fe retira, après cette per-
te à Tauris en Perfe & y mourut l'an 882 , après onze ans de règne. Il eut
pour fuccclfeur Khalil fon fils , lequel fut tué fix mois après , combattant con--
tre fon frère Jacoub Bcgh , lequel ayant ainfi recueilly la fuccelîîon entière des
Etats de Haffan, fon père, en jouit pendant treize ans ou environ.
HASSEK, petite ville de l'Icmen , fituée fur la mer d'Oman, vis-à-vis
l'ifle de Zocotora. L'ancien peuple des Adites habitoit aux environs de cette
ville, qui n'eft éloignée que de deux milles d'une autre bourgade, nommée Ca-
bar Houd, le Sépulcre de Houd ou de Heber le Patriarche.
HATE M. Abou Adi Hatem Ben Abdallah Ben Saâd Al Thai, appelle ordi-
nairement Hatem Thai, efl trop illuftre pariiii les Arabes pour n'en pas parler.
Ce perfonnagc , qui d'ailleurs étoit vaillant & fçav^ant , s'eft tellement rendu
célèbre par fa libéralité , qu'il a fait , pour ainfi dire , perdre le nom h cette
vertu; car lorfquc l'on veut loiier un homme de fa libéralité , on le qualifie tou-
jours du nom de Hatem Thai.
Il vivoit. avant le Mahometifme & ne fut point Mufulman; mais Adi, fon fils,
le devint l'an 7 de l'Hegire , & on le met au nombre des Sahabah , c'efl-à-
dire, des Compagnons ou Contemporains de Mahomet. Cet Adi mourut à Cou-
fah Tan 68 de l'Hegire , âgé de 120 ans , & portoit le titre de Giovàd Ben
Giaouâd , le Libéral , fils du libéral par excellence.
Le furnom de Thai , que Hatem porte , lui cifc donné , parce qu'il étoit iflii
de la tribu ou famille de Thai, qui a donné fon nom à une contrée particulière
de l'Arabie. On voit encore fon fepulcre ,. qui y cit vifité & révéré , dans une
Bourgade qui porte le nom .d'Aovarcdh.
Les exemples de la libéralité de Hatem font fi connus , par les ouvrages de
Sâadi & d'autres Auteurs, qui font maintenant entre les mains de tout le mon-
de, qu'il m'a paru inutile de les rapporter icy. Le plus fameux eft celui qu'il
donna à un Ambafilideur de l'Empereur Grec, envoyé exprès pour lui demander
en don uia cheval de très-grand prix, de la paît de fou maître ; car ce généreux
Arabe ,
H AT E M. —- H AU CAL. irp
Arabe , avant 'que d'apprendre le fujet de fa légation , & n'ayant rien alors
dans fa maifon de quoy le régaler à caufe du mauvais tems qui lui ôtoit le
commerce de la campagne , avoit fait tuer fon clieval poui- faire un fcfti'n à
fon hôte.
L'on dit auflî qu'il faifoit tuer foiivent jufqu'à 40 chameaux pour traiter fes
voifnis, & les pauvres Arabes du dclcrt.
HATEM, furnommé Al AfTûmm, c'eft-à-dire, le Sourd, portoit le prénom
d'Abou Abdalraliraan. Il étoit natif de la ville de Balkhe où i! mourut
l'an 237 de l'Hcgirc , avec la réputation d'un des plus infignes Docteurs du
Khoralliin.
Il menoit une vie fort auftere , & détachée des bruits du monde : de forte
qu'étant un jour interrogé d'où il tiroit fa fubfiftance , il répondit que Dieu
avoit de grands trelbrs au ciel, & fur terre; mais que ceux qui ne font pas
fiables dans les principes de la foy , - n'y font point d'attention, & que Di-u
n'en fait part qu'à ceux qui ont une parfaite conllance en lui : laJio fil iaovakkel
fcbân dgib.
L'on dit que le furnom de fourd lui fut donné à caufe qu'il feignit de n'a-
voir pas entendu quelque bruit qui écoit échappé à fa femme pendant qu'elle
lui parloit, & lui lit repeter plus haut ce qu'elle difoit; on ajoute que depuis
ce tems-là, Talfamam, c'eft-à-dire, qu'il contrefit toujours le fourd.
Hatem étoit ami particulier de Schakik AI Balkhi , autre Dofteur illuftre dans
la loy Mufulmane; il embraifa fa méthode, laquelle fut fuivie depuis par plu-
fleurs autres.
HATEM, appelle autrement Tacfur, Roy Chrétien d'Arménie fort connu
par nos Hiftoriens fous le nom de Haiton. Ce Prince fe rendit tributaire de
Mongaca , ou Mangu Caan , Empereur des Mogols ou Tartares , de la race de
Genghizkhan, l'an 650 de ITIcgire , de J. C. 1252 , deux ans après la prifon
de S. Louis , & la perte de Damiette,
Nos Hiftoriens écrivent que ce Prince exhorta Mangu Caan, & tous les fîens
■d'cmbraffer la Religion Chrétienne , & de fe joindre aux Francs pour extermi-
ner les Mahometans , & qu'il obtint un grand fccours de Tartares pour leur
^ faire la guerre.
Les Orientaux rapportent que Haiton palTant déguifé avec fon Ambafladeur
fur les terres du Sultan d'Iconie , & ayant été reconnu par un homme du
Sultan , cet Ambafladeur prit la liberté de donner un foufflet à fon maître,
pour faire croire au Sultan, qu'il n'étoit que fon domeftique.
H AU CAL, Ebn Haucal , Auteur d'un livre intitulé Giagrafiah fi mârefat
alboldân. C'eft une Géographie fort prolixe. Abulfeda qui le cite fouvent , fe
plaint de ce qu'il n'a pas defigné aflcz clairement les- noms propres des lieux,
faute de s'être fervi des voyelles qui fervent à en fixer la prononciation. Cet
Auteur eft auffi fort defeélueux en ce qu'il ne marque ni les lonf^itudes , ai
les latitudes des lieux dont il, parle, défaut qui lui eft commun avec la plupart
des Géographes de l'Orient qui ont lailfé ce foin aux Aftronoraes.
Ee2 • HAUDH
2^ H A U D iï. ' H A V A H.
HAUDH ou Haoudh Al hidt, la Pifcine, ou la Fontaine de la vie. Livre
comjofé en Indien, abbregé & traduit en Arabe par Samarcandi. Cet ou^rrge
n'ell proprement qu'une Philofophie corrompue, appuyée iur les principes de ta
Magie & de la Chymie , & remplie d'oblcrvations & d'expériences fuperlliticufes.
11 eil dans la Bibliothèque du Roy n». 927.
HAUGIAL, le Guide des chemins. Livre qui porte auiïï le titre de 5o/ar
it akhbar al hocama^Aes Vies des Philofophes. On y trouve celles d'Ariflote ,'
d'Alexandre, de Locrtian , de Salomon , de Jefu Ben Si:akh , de Secundus, de
Harcth Ben Câb, avec plufieurs fentences. On trouve ce livre dans la Biblio-
thèque du Roy n°. 924.
HAVAH, Eve, femme d'Adam, que les Hébreux nomment Khavah: ces deux
noms ont la même fignification; car l'un & l'autre font dérivez d'une racine qui
fignitie la vie. Les Mufulmans, & les plus anciens Orientaux prétendent que le
premier fils , qu'Eve mit au monde , porta le nom d'Abd al hareth qui fignifie
k la lettre ferviteur ou fils d'un Jardinier, ou d'un Laboureur, à caufe qu'A-
dam fut le premier qui cultiva la terre fuivant ce qui efl porté dans laGenefe,_
que Dieu mit Adam dans le jardin appelle Paradis terrellre, pour l'habiter, &
pour le cultiver.
Les Mahometans féconds en narrations fabuleufes donnent une autre raifon
de ce nom, qui eft rapportée par HulTain Vaez dans fa paraphrafe fur le cha-
pitre Aâraf. Ils difent qu'Eve fe trouva gi-oife d'Adam neuf mois après avoir
demandé lignée à Dieu par ces paroles couchées dans le chapitre qui vient
d'être cité. Si vous nous donnez , Seigneur , un fils qui foit homme de bien , ^
Jcniblable à nous ^ nous vous en rendrons ajfurément des grâces très -particulières.
Sur cette nouvelle le Diable déguifé accoîla Eve , & lui demanda ce qu^elIe
avoit dans le ventre, & lui dit enfuite: C'elt peut-être quelque animal, encore
ne fçait-on s'il efl domeftique ou farouche. Eve lui avoua franchement qu'elle
ne fçavoit point ce que c'étoit. Le Diable lui dit enfuite : Sçavez-vous par
où doit fortir ce que vous portez, fera-ce par la bouche, par le nez, ou pai*
l'oreille; ou bien ne vous faudra-t-il point ouvrir le ventre pour l'en arracher?
Eve ayant été épouvantée par ces dernières paroles , vint auffi - tôt trouver
Adam, & lui raconta ce qu'elle avoit appris, & Adam lui-même tomba dans
quelque embarras fur un événement qui lui paroilfoit fort douteux.
Le Diable voyant Adam triile s'apparut à lui fous une autre figure , «S: lui
dît, pour le confoler: Ne foyez point en peine ' touchant l'accouchement d'Eve
vôtre femme; cai- je fcai le grand nom de Dieu avec lequel j'obtiens tout ce
que je lui demande, & je. l'invoqueray, afin qu'Eve enfante un fils digne de
vous, & qui. vous foit femblable: Je vous alîlire de plus qu'elle l'enfantera aifé-
ment, & fans violence; mais il faut que vous. me promettiez, avant toutes choies
dé lui donner le nom de Abd al harcth.
Le Diable recherchoit a\'cc tant d'empreflcmcnt, qu'Eve donnât ce nom à fon
fils, afin qu'elle l'engaTCat par-la à fon fervice; car cet Ange Apoftat qui s'ap-
pelle auiourd'huy par Tes Arabes Éblis , fc. nonimoit autrefois , lorfqu'il étoit
cneorc dans le ciel , Hareth;' de forte qu'il vouloit que le premier lils d'Adam
& d'Eve l\it qualifié Serviteur de HaretJî &. non pas Abdallah, nom qui fignifie
Serviteur de Dieu, & qu'Adam avoit dcftiné de lui donner.
Cv'tte lèconde . fruu Je rcuHit, félon le Centimcnt des Mufulinans, au Démon,
H A V A R I O U N. H A Z C A N I. san
àuffî-bien que la première dont il s'étbit fervi dans le Jardin ; c'cfl pourquoy
il eft dit dans le même chapitre , qu'auflî-tôt que Dieu eut donné un fils h
Adam &à Eve, ces deux infortunez Gidla laho Scharcdn, c'eft-à-dirc , donnèrent
un compagjion à Dieu; non pas qu'ils tomballent dans l'idolâtrie, ce que fi-^nifie
cette façon de parler ; mais parce qu'ils donnèrent à leurs enfans des noms qui
faifoient entendre qu'ils av^oient d'autres Maîtres , & d'autres Seigneurs que Dieu.
Mahomet taxe en cet endroit: l'ufage des anciens Arabes qui donnoient à leurs
enfans les noms d'Abdalfchams, Serviteur du Soleil &c. qui eft une efpece d'ido-
lâtrie à l'égard des Mufulraans.
Les Mufulmans révèrent encore aujourd'huy une grotte de la montagne de
Gerahem à trois mil pas de la Mecque , qu'ils appellent G:îr Havah , la Grotte
d'Eve, où Mahomet fe rctiroit fouvent, & en faifoit félon ce qu'ils difent, fon
oratoire.
La Montagne d'Arafat à dix milles de la Mecque, qui eft une des ftations du
pèlerinage , a tiré fon nom du rencontre , & de la reconnoilfance d'Adam &
d'Eve, qui fe fit fur fon fommet.
On a pu voir dans le titre de Giuddah ou Giddah, port de la mer rouge le
plus proche de la Mecque , que les Mufulmans croyent y voir encore le fepul-
cre d'Eve.
L'on verra daiTS le titre de Noé que les eaux du Déluge commencèrent à
fourdre, & à fortir du four où Eve avoit cuit autrefois fon pain; car ce four,
félon les rêveries des mêmes Mufulmans , s'étoit confervé jufqu'alors & avoit
pafie de main en main d'un Patriarche à l'auti-e.
yoyez le titre <i'Adara dans lequel on trouvera qu'Eve n'enfantoit jamais que
des jumeaux.
HAVARIOUN, les Arabes appellent ainfi les Apôtres de Jesus-Chrts.t.
Ce mot fignine proprement des Blanchilfeurs , ou des Foulons, dits dans la mêmie
langue Caffarouu.
Quelques Auteurs Mufulmans ont cru que ce nom étoit tire de leur profef-
■ fîon : mais les plus fenfez prétendent qu'ils ont été ainfi appeliez à caufe que les
anciens Chrétiens les reprefentoient dans leurs peintures, vêtus de blanc, & que
leur tradition portoit, qu'ils apparoiflbient aux Fidèles en cette forme, l^oyez
le titre de Maidat.
Les Apôtres S. Pierre & S. Jean font les plus connus des Mufulmans; ils
font peu mention des autres , fi ce n'eft de faint-Mathieu qu'ils comptent parmi
les Evangeliftes. Foyez le titre d'Engil ou Ingil.
Les Arabes donnent encore aux Apôtres le nom d'Ashab Ifia, c'eft-à-dire,.
de compagnons , ou de difciples de J. C. mais jamais ccluy de Rafiîbulon, ou
Moi-feloun qui fignifîe proprement des Apôtres, & des Envoyez. lis refervent
celuy de Rafibul à leur faux Prophète, & celui de Morfel aux Patriarches, &
aux Prophètes de l'ancien Teftament.
HAZCANI ou Harcani AbouIhafiTan , Dofteur célèbre auquel on donne les
titres de Scheikh Al Pvabbani , Salek Al Samadani, Aref Al Hakkani, Dofteur
du premier rang, marchant par les voyes du Seigneur, & pénétrant les veritez
les plus cachées.
Il étoit le chef d'une focieté de Sofis ou Religieux Mufulmans , & il leur
E c 1 difoit
414 H A Z E M. H E B A T.
difoit fouvent qu'un Sofi eft Gaitmakhlauk , c'efl-à-dire , qu'il n'efl pas du nom-
bre des chofes créées , pour leur faire entendre qu'ils dévoient être tellement
unis au Créateur qu'il ne devoit refter rien en eux de la créature. Voyez le
livre al dfchek Mal mâfchouk , Lettre de l'Amant à fon bien-aimé , dans la Biblio-
thèque du Roy n'*. 721.
HAZEM, Aboulhazem Salmah Ben Dinar, efl furnommé Al Adrage , le
Boiteux. Il eft du nombre de ces Do6leurs que les Mufulmans appellent Ta-
baôun, c'elt-à-dire, qui ont fijivi les Sahabah ou contemporains de Mahomet
& ont été leurs difciples: celuy-cy eut pour maître Sahal Ben Saâd , un des
compagnons du faux Prophète, & mourut Tan 133 de l'Hegirc, fous le règne
d'Aboulabbas SafFah premier Khalife des Abbaflîdes.
L'on donne à ce Doéleur le titre de Câff, qui fignifie un homme fçavarit
dans l'hiftoire, & l'on rapporte de luy, que Soliman, fils d'Abdalmalek Khalife
de la race des Ommiades, lui ayant demandé comment l'on fe pouvoit fauver, il
lui répondit : En ne prenant rien qu'avec juftice , & ne mettant rien qu'en fa
véritable place. Le Khalife lui ayant répliqué : Qui peut faire cela ? Ce Doc-
.teur lui repartit: Celui qui cherche le Paradis, & qui veut éviter l'Enfer.
Abou Hazem Abdalhamid qui mourut Tan 292 de l'Hegire, étoit Cadhi, &
compofa le livre intitulé Adab al Cadhi ^ des Devoirs d'un Cadhi ou Juge félon
Abou Hanifah.
Ebn Hazem Al Anfari natif de Carthagene en Efpagne , & habitant de la
ville de Tunis, eft l'Auteur du livre intitulé Menhage al bolaga u Sarrage al odaba,
la Méthode des Orateurs, & le Flambeau des Humanilles.
HEBAT Allah, don de dieu, ou Dieu donné, A Deo datus , nom propre
de trois Médecins illuftres , tous trois de religion différente qui ont vécu enfem-
ble vers l'an 550 de l'Hegire fous le règne du Khalife Moftafî.
Le premier furnommé Ebn Saêd , & Ebn Talmid étoit Chrétien, & paffoit
pour le plus dofre perlbnnage de fon tems, poffedant la faveur des pins grands
Princes qui le comblèrent d'honneurs & de richeifes , nonobflant fa Religion.
Quelques-uns le font Prêtre, & d'autres, Religieux.
Sa doctrine & fa vertu excelloient à un tel degré, dit Ben Schohnah, que
les Mahometans demeuroicnt étonnez de ce qu'il n'avoit point embraiTé la Re-
ligion Muililmane: mais, dit le même Auteur , Dieu éclaire par fa grâce celui
qu'il lui plaît, & abandonne par fa juflice au milieu des ténèbres de l'erreur
celui qu'il lui plaît.
Ce grand homme mourut fous le règne de Moflançed , trente-deuxième Kha-
life des Abbaflîdes, l'an de l'Hegire 560 âgé près de cent ans. 11 avoit pour
ami un autre excellent Médecin Juif qui portoit le même nom que lui , &
qui étoit furnommé Ebn Mclkan, duquel nous allons parler.
Hebat allah eut trois enfans dont l'un nommé Ebn Maflîh fut Catholique,
c'cft-à-dire , polfedint la première dignité Ecclefiallique après le Patriarche ; un
autre nommé Abulkhair fut Archidiacre , & le troifième nommé Abulhalfan
Saêd Al Hadhiri fut Médecin du Khalife Naffer l'Abbaflide, & acquit beaucoup
-de réputation dans fon art, dont l'Archidiacre fon frère faifoit aufîi profeflîon.
Aboulfarage rapporte des vers Arabes de Hebat allah qui font voir que ce
Docteur étoit aufli fort habile dans les belles lettres.
HEBAT
H E B A T. H E B L. ^23
H EBAT Allah Ben MelMn , qualifié Aouhad alzaman , lu Phœnix- de fon
ficelé, étoit un très-dofte Médecin Juif, contemporain, & ami de liebat allah,
fils de Saêd, qu'il n'imita pas dans la fermeté pour fa Religion; car il raban-
donna par intérêt, & fe fit Mahometan.
II faifoit des cures fi admirables , qu'il fut furnommé par les Mahomet-ins
mêmes Aboul Berekiât , le Père des benediélions. Hebat allah le Chrétien ne
put fouflfrir patiemment cette désertion de fon ami, & lui en fit des reproches
fanglans par des vers rapportez dans Abulfarage, où il dit entre autres chofes,
qu'il imite fes anciens pères qui erroient dans le defert, & qui n'en fortoient
que pour s'égarer , & s'éloigner de plus en plus de leur route.
Il y a un livre qui porte le nom d'Acrabadin , c'eft-à-dire , d'Antidotes , ou
Medicamens compofez , qui a pour Auteur un de ces deux grands hommes:
mais Ben Schonah n'a pas pu déterminer auquel des deux il doit être attribué.
Le troifièmc Médecin illuftre de ce nom eft Hebat allah Ben HoufTain Ben
Ali , fijrnommé à caufe de fon pays Al Esfahani , lequel a été au/ïï extrêmement
loué par fes contemporains. Il mourut d'apoplexie, & on le crut trop tôt mort-
car le lieu où il étoit en dépôt ayant été ouvert pour le tranfpoiter ailleurs'
on le trouva affis & mort fur un des degrez de la cave où il avoic été mis!
Celui-ci étoit Mahometan.
HEBATHAH, ville des Indes dans la Province appellée Sind qui eft aux
environs du fleuve Indus vers fon embouchure. Elle étoit des plus confldera-
bles du pays, lorfque le Sultan Mahmoud le Gaznevide la prit. Le Multan que
quelques uns comprennent dans la Perfe, & quelques autres dans l'Indoftan, en
efl; fort proche.
HEBBAT Alcalb, la Graine du cœur. L'amour propre, & la concupifcen-
ce qui nous porte au péché. C'efl: auflî le péché d'origine que les Mahome-
tans reconnoiffent être venu d'Adam , nôti-e premier père , & ils difent qu'il cil
le principe de tous les autres péchez.
Mahomet fe vantoit d'en avoir été délivré par l'Ange Gabriel , qui lui arracha
du cœur cette femence noire, & que par ce moyen il étoit devenu impeccable.
Cette même graine eft encore appellée la noirceur du cœur , fouadalcalb ,
& hebbat al faouda , la graine noire , mot qui convient auffi à la graine du
Melanîhium, que nous appelions Nigella.
Le mot de Saouda fignifie auffi la bile noire ou mélancolie, & l'amour e.x-
ceffif qui la caufe.
H E B L Al metin rah umid u bim fi ahkâm al din , titre moitié Arabe , &
moitié Perfien d'un livre compofé par Baha eddin Mohammed fur l'efperance &
la crainte que les jugemens de Dieu doivent caufer dans les âmes des Fidèles.
Hebl Al varid, la veine jugulaire. Il efl: dit dans l'Alcoran que Dieu efl plus
proche de fa créature que cette veine fie lui eft. v nahn acrab elaihi men hebl al varid,
fur quoy Saâdi dit que c'eft une chofe digne d'étonnement que Dieu foit fi
proche , & fi intime à l'homme , &. que l'homme cependant foit fi éloigné
de Dieu..
HEBRON,,
in H E B R O N. H E B A I A H.
HEBRON, ville de Paleftine qui porte ordinairement le nom de Khalil,
à caufe qu'Abraham furnommé AI Khalil, c'eft-à-dire , l'Ami intime de Dieu,%
y eft enterré , & que fon fepulcre y eft honoré , & vifité par les Mufulmans.
C'eft ce qui fait que Al Khalil fe prend auffi pour un des quatre pèlerinages
que les Mufulmans font. Le premier qui eft celui de la Mecque eft d'obliga-
tion, & les trois autres qui font de Medine, de Jerufalem, & de Hebron, ne
font que de dévotion.
Il y a pluficurs livres qui traitent de ces quatre pèlerinages en gênerai, &
en particulier. Celuy qui eft intitulé Mothir al garam fi ziarat al Khalil ,
^ Uns al khalil traitent de celuy de Hebron. ^oyez les titres d'Abraham,
âf de Khalil.
HEDAD , le Deuil, & les habits de Deuil Le premier Deuil que les
Orientaux Chrétiens, Juifs, ou Mahometans célèbrent, eft celuy d'Abel; car ils
prétendent qu'Adam le porta ou pratiqua en fe feparant d'Eve fa femme, pen-
dant Fefpace de 120 ans pour pleurer fa mort.
Les Perfans difent que le premier deuil qui ait été porté dans l'Orient, fut
celuy de Siavefch , lequel ayant été tué dans le Turkeftan , Kaicaous Roy de
Perfe de la féconde dynaftie , fon père , en fit publier un qui fut gênerai dans
tous fes Etats , & célébré par le changement d'habits. La couleur b!euë fut
alors choifie pour marquer le deuil ; mais elle a été changée depuis en noir par
les Mahometans depuis la mort de Houflain fils d'Ali, comme nous allons voir.
Le deuil de Houlfain, que l'on appelle encore Jaoum Houlîain, le jour de
HoulTain qui tombe au dixième du mois Moharram, eft célébré tous les ans en
Perfe avec une fort grande folcmnité par les fedlaires ou partifans d'Ali: ce
jour eft nommé particulièrement Afchour, & Afchoura par les Arabes.
Les Abbaflides parcns proches d'Ali prirent le noir pour leur livrée , lorf-
qii'ils s'élevèrent contre les Ommiadcs, prétendant vanger le fang de HoulFain,
que les Ommiades avoient répandu : mais cependant les defcendans d'Ali & de
Houffain en droite ligne ont toûjoui-s porté le verd, & le portent encore au-
jourd'huy , prétendans que leur race fubfifte toujours avec les droits d'Imam
& de chef temporel & fpirituel de tout le Mufulmanifmc. Foyez le titre de
Mamoun, auquel le changement de noir tu verd penfa coûter la perte de fes
Etats & même celle de fa vie. Foy-z aujji celuy de Houflain.
Le deuil des Orientaux tant Chrétiens, que Juifs & Mahometans eft afiez
femblable à celuy des Anciens; car ils ne fe contentent pas de changer d'ha-
bits, & de les déchirer: mais ils s'arrachent les cheveux, fe battent les joues,
& font des hurlemens épouventables.
HEDAIAH, Manuduftion & Inftruflion. Il y a plufieurs livres Arabes
qui portent ce titre.
Hadaiah fil foroû , livre de la loy Mufulmane compofé par Borhaneddin Al
Mirghinani , qui mourut l'an 591 de l'Hegire. Il eft dans la Bibliothèque du
Roy n'^. 634. Il y a un Commentaire fur cet ouvrage intitulé Dorrar gorrar.,
Hedaiat al hckm;it, cours de Philofophie, compofé par Ebn Athir Ebn Omar
Abheri, & commenté par Mofthafa Ben Jofef furnommé Khovagéh Zadéh.
Hedaiah u Enaiah , Livre de Théologie Scholaftique des Mufulm.ans digéré
par queftions. Foyez le titre ^'Akmal, ou Kemaleddin, qui en eft l'Auteur.
HEDIAH,
H E D I A H. H E G I A G E. ^z-
^HEDIAH, vnie du pays des Habafch , qui eft l'Ethiopie , ou Abiflîni^
Foyez le titre de Habafch ou Habafchah.
H EFT Khan, ou Heft Khovan , en Perfien les fept Tables, nom de la
ville capitale du Turkeflan , ou Argiasb , fils d'Afrafiab , Roy de ce pays-là
tcnoit fa Cour du tems de Kifchtasb Roy de Perfe. *
L'on auroit pu palTer^ par cette ville pour aller à Rovin Diz ou Château
d'airain, le plus fort Château de tout le pays, comme étant le plus court che-
min, fi les neiges, les précipices, & les bêtes farouches ne l'eulfent rendu im-
pratiquable. l^oyez le titre de Kifchtasb.
HEFT Peigher, en Perfien, les fept fontaines. C'efl le nom d'un Roman
Perficn , compofé en vers par le célèbre Poëte nommé Nadhâmi , ou pour pro-
noncer à la Perfienne, Nazomi.
Nous avons encore en langue Perfienne le Heft Peigher de Hatefi , & en
langue Turque celuy de Lamâi.
HEFT AKHTER. Heft Iclim , Heft Aurenk , font livres Perfiens. Hcft
Khovân , Heft Dallan , & Heft Meglis font livres Turcs , defquels il fera
parlé ailleurs.
HEGIAGE Ben Jofef AI Thakefi , un des plus vaillans, & des plus élo-
quens Capitaines qu'ayent eus les Arabes au tems des Khah'fes. " Il fut fait Gou-
verneur de l'Arabie, & de l'Iraq ue Arabique par AbJalmalec, cinquième Khalife
des Ommiades, après qu'il eut défait Abdallah Ben Zobair qui avoit pris le titre
de Khalife.
Un jour qu'il fe promenoit à la campagne , il fit rencontre d'un Arabe du
dcfert qui ne le connoifix)it point, à lui demanda quel homme étoit cet Hegiaa-e
duquel on parloit tant. L'Arabe lui répondit que c'étoit un méchant homme.
Hegiage lui dit alors : Ne me connois-tu point ? L'Arabe luy aj^ant répondu \
Non. He bien, lui dit Hegiage, fçaches que c'efl Hegiage même à qui tu parles.
L'Arabe , après l'avoir entendu parler de cette forte , fans témoigner aucun
étonnement, lui dit: Et vous, fçavez-vous qui je fuis? Non, lui répliqua He-
giage. Je fuis, lui dit l'Arabe, de la Maifon de Zobair, dont tous les defcen-
dans deviennent fols trois jours de l'année , & cette journée-cy efi: l'une des
trois. Hegiage ne put s'empêcher de rire, & d'admirer une défaite auflî inge-
nieufe que celle-cy : de forte qu'encore qu'il fut extrêmement fevere, & qu'il
pafllit même pour cruel, car l'on dit qu'il avoit fait mourir cent & vingt mil
perfonnes, & que lors qu'il mourut, il y en avoit cinquante mil dans fcs priions,
cependant il fit grâce à cet Arabe, dont il efi:ima l'efprit & le courage.
Voicy une autre renconti-e dans laquelle Hegiage fit bien connoître quel il
étoit. Ayant fait plufieurs Officiers prifonnicrs dans la bataille qu'il gagna en
Arabie fur Abdalrahman qui s'étoit révolté contre le Khalife Abdalmalek, il prit
la refolution de les faire tous paflTer par le fil de l'épée. Un de ces prifonnicrs
qu'on alloit exécuter, s'écria, qu'il avoit une jufl:ice à demander à Hegiage.
Hegiage bien furpris de ce difcours , demanda à cet homme ce qu'il préten-
doit de lui? C'efl , dit le prifonnier, qu'Abdalrahman nôtre General s'étant em-
porté un jour de paroles contre vous , je lui dis qu'il avoit tort. Sur cecy
Hegiage demanda au prifonnier, s'il avoit quelque témoin de fon action, Ouv,
Tome IL Ff lui
î26 H E G I A G E.
lui répondit le prifonnier , & montra un de fes camarades defliné à la mort
auflî-bien que luy, qui y avoit été preient. Hegiage ayant appris la vérité du
fait , dit au témoin : Et toy, pourquoi n'en fis-tu pas autant que ton camarade ?
Cet homme intrépide lui répondit fièrement: Je ne l'ai pas fait, parce que vous
étiez mon ennemi. Hegiage leur donna h vie à tous deux , à l'un pour recon-
- noître l'obligation qu'il lui avoit, & à l'autre parce qu'il avoit avoiié fi fran-
chement, & avec tant de courage la vérité.
Quelques-uns s'étant plaints des violences que Hegiage exerçoit contre fes
fujets , & lui ayant mis devant les yeux la crainte de Dieu , il monta auffi-tôt
fur la tribune pour haranguer le peuple , & fans s'être préparé , leur fit avec
fon éloquence ordinaire ce difcours. Dieu m'a donné maintenant la puifTance
fur vous , & fi je l'exerce avec quelque feverité , ne croj^z pas qu'après ma
mort vous en ayez meilleur marché. De la manière que vous vivez , vous
ferez toujours maltraitez; en* Dieu a beaucoup de ferviteurs, & quand je feray
mort, il vous envoyera un autre qui exécutera fes ordres contre vous peut-
être encore avec plus ie rigueur. Voulez-vous que le Prince foit doux & mo-;
deré, exercez entre vous la jufi:ice, & obeïfl^ez à fes ordres. Faites état que vos
déportemens font le principe, & la caufe du bon ou du mauvais traitement que
vous recevez de lui. Le Prince peut être comparé jufl:ement à la glace d'un
miroir; tout ce que vous voyez dans cette glace n'ell qu'un renv^oy des objets
que vous lui prefentez.
Cecy efl: rapporté dans le Baharifl:an de Giami , où nous trouvons encore
î'hillôire qui fuit. Hegiage étant à la chaife, s'égara de fes gens, & fe trouva
feul fort altéré en un lieu écarté où un Arabe faifoit paître fes chameaux.
Auffi-tôt qu'il parut, les chameaux s'effarouchèrent, ce qui obligea l'Arabe atten-
tif à autre chofe de lever la tête tout en colère, & de dire: Qui efl cet hom-
me avec fes beaux habits qui vient dans le defert effaroucher mes clwmeaux?
La malediftion de Dieu puilié tomber fur lui.
Hegiage fans s'arrêter à ces paroles , s'approcha de l'Arabe, & le falûa fort
civilement, en lui fouhaitant la paix: mais celuy-cy au lieu de lui rendre le fa-
lut, lui repartit brurqucment qu'il ne luy fouhaitoit ni la paix, ni aucune bene-
diftion de Dieu. Hegiage ne fit pas femblant de l'entendre, & lui demanda fort
humblement de l'eau à boire. L'Arabe lui dit: Hé bien, fi vous voulez boire,
prenez la peine de vous bailler, & d'en puifer vous-même; car je ne fuis ni
vôtre camarade, ni vôtre ferviteur. Hegiage obéît à l'Arabe; & après avoir bû,
^ lui fit cette demande. Qui croyez-vous être le plus grand & le plus excellent
de tous les hommes ? C'eil le Prophète envoyé de Dieu , en deufliez-vous cre-
ver de dépit, lui répliqua TArabe, & que di tes- vous d'Ali , ajouta Hegiage? On
ne peut aifez exprimer de bouclie fon excellence , repartit l'Arabe. Hegiage
continuant fon difcours, lui demanda ce qu'il penfoit d'Abdalmalek, fils de Mer-
van, c'étoit le Khalife qui regnoit alors, duquel Hegiage étoit Lieutenant Ge-
■■ neraî , & Gouverneur prefque abfolu dans l'Iraque Arabique. L'Arabe ne répon-
dit rien d'abord; mais étant preffé, il fe lailTa échapper qu'il le tenoit pour un
mauvais Prince. Et pourquoi, répliqua Hegiage? C'eft parce qu'il nous a en-
voyé pour Gouverneur le plus méchant homme qui foit fous le ciel.
Hegiage connoilîant que TArabe parloit de lui, ne lui difoit plus rien, lorf-
qu'il arriva qu'un uyfeau volant deifus leurs têtes, fit un certain cry, que TA-
rabe n'eut pas plutôt entendu, qu'il regarda fixement Hegiage, & lui demanda
qui
H E G I A G E. „7
être le chef. L'Arabe n'eut pas plûtoft fini ce difcours, que les gens de He-
giage arrivèrent, & reçurent ordre de lui, d'emmener l'Arabe avec eux.
Le lendemain Hegiage le lit appeller , le fit affeoir à fa table, & lui com-
manda de manger. L'Arabe avant que de commencer à manger, fit fa bene-
diétion ordinaire, & dit : Dieu veuille que la fin du repas fait auffi heureufe que
rentrée.
Pendant le repas Hegiage lui demanda s'il fe fouvenoit des difcours qu'ils
avoient tenus enfemble le jour précèdent. L'Arabe lui répondit aufîî-tôt:
Dieu vous faffe profperer en toutes chofes ; mais quant au fecret d'hier, gar-
dez-vous bien de le divulguer aujourd'huy. Je le veux bien, dit Hegiage,
mais il faut que vous choifilfez l'un de ces deux partis, ou de me reconnoitre
pour vôtre maître, & alors je vous retiendrai à mon fervice , qu bien d'être
envoie à Abdalmalek, auquel je ferai fçavoir tout ce que vous avez dit de luy.
L,'Arabe 'ayant ouy la propofition de Hegiage , lui repartit auilî-tôt : Il y a un
troifième parti que vous pourriez prendre, & qui me paroît beaucoup meilleur.
Hé quel efl-il , infifla Hegiage. Ce feroit , lui dit l'Arabe, de me renvoyer
chez nloy, & que nous ne nous vidions jamais plus ni l'un ni fautre. Hegiage
tout farouche qu'il étoit, prit plaifir aux paroles pleines d'efprit de cet homme,
lui fit donner dix mille drachmes d'argent , & le renvoya chez lui comme il
le fouhaitoit.
Il fera bon de remarquer fur le fujet de cet oyfeau qui fe fît entendre à l'A-
rabe , qu'il y a parmi les peuples de l'Arabie "des gens qui prétendent fçavoir
le langage des oyfeaux. Ils difent que cette fcience leur eft connue depuis le
tems de Salomon, & de la Reine de Saba, lefqucls avoient un oyfeau, nommé
Hudhud , qui efl la Houppe , pour melfager de leurs amours.
Kumeil fils de Ziâd étoit un homme de bel efprit , qui vivoit du tems de
Hegiage , duquel il n'approuvoit pas la conduite. Hegiage le fit venir un jour
devant luy , & lui reprocha que dans un tel jardin , & devant telles & telles
perfonnes qu'il lui nomma, il avoit fait plufieurs imprécations contre lui , en
difant : Que le Seigneur noirciife fa face , c'eft-à-dire , qu'il foit chargé de
honte, & de confufion-, qu'il ait le col coupé, & que fon fang foit répandu.
Kuméil qui avoit l'efprit fort prefent , lui répondit au(ïï-tofl : Il efl vray que
j'ay dit ces paroles dans un tel jardin; mais j'étois fous une treille, & je regar-
dois des grappes de raifin qui n'étoient pas encore meures , & je fouhaitois
qu'elles devinlfcnt bien-tôt noires, afin qu'on les couppât , & qu'on eo fift du
vin. Cette explication ingenieufe plut fi fort à Hegiage , qu'il renvoya Kuméil
chez luy & le rétablit dans fes bonnes grâces. Lamdi.
Le Rabî al abrar rapporte que Hegiage difoit fouvent pour excufer la rigueur
dont il ufoit envers les peuples qui lui étoient foùmis , que le gouvernement
fevere , &: même violent d'un Prince , efl préférable au gouvernement foible &
trop indulgent ; parce que celuy - là ne fait tort qu'à quelques particuliers , &
celuy-cy bleffe & ofFcnfe tout le peuple en gênerai. Giaur kliair men dluiaf
leenna dhâk iokhaff u hadlia iadmm.
11 difoit auffi que robéifTancc due aux Princes efl plus abfolue , & plus ne-
ceflaire que celle que l'on doit à Dieu, félon l'Alcoranj car il ell dit de cellc-cy:
F f 2 Okijjez
22S H E G I A G E.
Obéïfjez h Dieu autant qus vous pouvez , Faettakou allah ma ajîathâtom , dans \e£-
quelles paroles il y a une condition ou exception ; mais de celle qui regarde
les Princes , il eit dit : Ecoutez 6? obéïjjez , fans aucune exception , de forte
que, difoit-il, fi je commande à quelqu'un de palier par -là, & qu'il refufe
de le faire , il eft coupable de defobéïlfance , & par coniequent digne de mort.
Quelqu'un, après lavoir entendu parler ainfi , lui dit: Vous êtes donc un en-
vieux &. un ambitieux , puiique vous prétendez avoir une plus grande autori-
té que les autres. Sur quoy il répliqua: Celuy-là eft encore plus envieux, &
plus ambitieux que moy, qui dit à Dieu: Donnez-moy , Seigneur ^ un état duquel
ptrfonne ne pui(]e jouir après moy.
f^oyez fur cecy ce qu'il dit à Ebn Corrah , & ce que les Grands dirent de
luy à Abougiafar Almanfor, Khalife Abbaffide, dans les titres de Corrah & de
Manfor. , , ,. ^ . / ., , , .
Le Do6leur Schâbi blâmant Hegiâge de fa feverité , il reçut de lui une pie-
ce d'or de b.on aloy, avec ordre de l'aller porter chez les Changeurs. Ce Doc-
teur y alla ; * les Changeurs lui dirent , que c'étoit une monnoye de Hegiage ,
dont faloy n'étoit pas bon. Il retourna donc dire à Hegiage ce qui lui étoit
arrivé. He^^iâ'^e lui dit: Allez en un tel quartier de la ville , & prefentez-Ia à
un tel* pour' la^ changer. Schâbi y alla , & cet homme prit la pièce pour bon-
ne telle qu'elle étoit , <Sc la changea. Schâbi fort furpris demanda au Chan-
geur fi Hegiage ne luy avoit jamais fait d'injuftice : Non , luy répondit - il ,
tant s'en faut, depuis qu'il gouverne ce pays-cy, il empêche qu'aucun ne m'en
faffe.
Cependant Sâdl rapporte , que Hegiage s'étant recommandé aux prières d'un
Rf^lif^ieux Mufulman , ccluy-cy pria auffi-tôt Dieu qu'il luy plût de le faire
mom-ir promptemcnt , parce, difoit-il, qu'il ne pouvoit rien arriver de plus
avantageux ny pour lui, ny pour les peuples. , ^ ^ , .,
Mirkhond' écrit, que Hegidge fe trouvant allite de fa dernière maladie, con-
fulta fon Aftrologue pour fçavoir de luy s'il ne trouvoit point dans fes Ephc-
merides que quelque grand Capitaine dût bien-tôt finir fes jours. L'Aflrologue
lui répondit qu'un grand Seigneur, nommé Kolaib , étoit menacé fuivant fes
obfervations de mourir bien-tôt. Hegiage lui répliqua: Voilà juftement le nom
que ma mère me donnoit , lorfque i'étois encore enfant. Ce mot figniiie en
Arabe un petit chien. ,.,,-,,•, i r , • ,•
L'i\fl:rolome auffi imprudent à parler, qu il etoit habile dans Ion art, lui dit
là-deffus fort brufquement. C'eft donc vous qui devez mourir, vous n'avez au-
cun lieu d'en douter. Hegidge offenfé de ce difcours , dit auffi-tôt à l'Aftrolo-
gue : Puiique je dois mourir, & que vous êtes fi habile dans vos prediftions,,
je veux vous envoyer devant moy en l'autre monde, afin^que je puilfe me fer-
vir de vous, & donna ordre en même tems qu'on le dépêchât.
Le m°me Auteur met la mort de Hegiage l'an de l'Hegire 95 , dans le 54
de fon âge , & dit de luy qu'il naquit fermé par en bas ; de forte qu'il fallut
l'ouvrir avec des inftrumens de chirurgie. ^
Dans le livre intitulé Aovail, l'Auteur écrit, que Hegiage etoit h magnifique
dans fes feftins , qu'il y avoit quelquefois jufqu'à mille tables dreflees , & qu'il
faifoit de fi gros prefens à Ces amis , qu'il leur donnoit juiqu'à un million de
ô'ateres ou réaux d'argent en une feule fois.
L'on peut voir dans, le titre de la Mecque, que Hegiage ayant aflîegé AbdaJ-
^ " , lah;
^ H E G I A G E. H E G I A Z. 2^9
lah , fils de Zobair , faux Khalife , dans la ville de la Mecque , il en brûla le
temple qu'Abdallah avoit augmenté , & le tit rebâtir tel qu'il étoit auparavant
l^oyez le fonge qu'il eut fur cette aftion. l^oyez aujfi Vafleth , nom d'une ville
qu'il bâtit fur le Tigre, entre Coufah & Bafrah.
Aboulfarage remarque, que Hegiage tomba malade pour avoir trop mangé de
boue. Cette boue eii la terre figillée, Terra Lemnia , que les Arabes appellent
Thin , & Thin makhthoum , Liitim & Lutinn Sigillatum. L'ufage de cette terre
le fit tomber en phtifie dont il mourut.
Abou Obeidah Màmar Ben Al Mothani a écrit la vie de Hegiage , fous le
titre ^Akbâr Hegiage. Cet Auteur étoit natif de Bagdct , & mourut l'an 209
de l'Hegire.
Hegiage laiffa un fils "qui fe fit une Principauté , compofée de fept petites vif-
les ou bourgades, dans le Gebâl ou Iraque Perfienne. L'on dit, que ces villes
s'étant ruinées peu-à-pcu , les habitans fe retirèrent en un feul endroit , où ils
en bâtirent une qui fut compofée des fept autres ; cette ville s'appelle aujour-
d'huy Com. l^oyez ce titre.
HEGIAGE. Abou Omar Ebn Hegiage , eft un des premiers Auteurs Ara-
bes qui ait écrit de l'Agriculture, yoyez Le titre de Falahah.
HEGIAGE Ben Arthat, furnommé Al Coufi, qui porte le titre d'Al Fakih
Al Haffadh, c'eft-à-dire , le Jurifconfulte, doué d'une excellente mémoire, avoit
été difçiple de Thouri.
HEGIAGE Jofef , furnommé auflî Al Cou fi , natif de la ville de Coufah,
efl l'Autem- de deux tradu6lions Arabiques d'Euclide. 11 intitula la première
Harouni , & la féconde Mamouni , du nom des deux Khalifes Haroun & Ma-
moun, pour lefquels il les avoit faites.
HEGIARAT Bardiiil , lieu où Baudouin, Roy de Jerufalem, mourut, fitué
entre les villes d'Arifch & de Farma en Egypte ; fes entrailles y furent enter-
rées & fon corps porté à Jcrulalem. l^'oyez le titre de liardùil.
Hcgiarat Soud , Pierre noire. C'eft du charbon de pierre dont il y a des mi-
nos abondantes dans les montagnes de Farganah.
HEGIAZ ou Higiaz, nom d'une province de l'Arabie, que nous appelions
Pierreufe , où font fituces les villes de la Mecque , de Medine , de Thaif &
d'Ieraamah , laquelle a eu fes Roj's particuliers, aufli anciens que ceux de l'Ie-
men , qui efl l'Arabie Heureufe.
Giorham, fon premier Roy, efl; réputé frère de Jàrab, duquel l'Arabie a ti--
ré fon nom, & celuy-cy étoit fils de Cahtan ou Joftan, oujeftan, fils de He-
ber, & frère cadet "de Phaleg , duquel il eft fait mention au chapitre dixième
de la Genefe.
Ce fut avec la pofl:erité de Giorham que s'allia Ifmaël , iorfqu'il vint en Ara-
bie; de forte que les defccndans de ces deux Patriarches Heber, père d'Ioftan ,
& Ifmaël , fils d'Abraham , compoferent une feule nation , de laquelle tous les
Arabes d'aujourd'huy font ifllis.
Dans la première partie de l'hifloire générale de Ben Schohnah , qui efl: com-
me la préface de fon Raoudhat almenadhir , on peut voir une lifte des races
E f a iUiif-
ajo HEGIRATAN. H E G R A H.
illuftres qui font defcendues de cette foiiche primitive des Arabes. Cet Auteur
remarque , qu'Ifmaël eut douze enfans mâles , dont Kedar , qui étoit l'aîné , fut
reconnu par fes frères & par leur poflerité pour Roy de la province de He-
giaz, dont nous parlons, & pour gardien & adminifh-ateur perpétuel du temple
de la Mecque , qu'Ifmaël avoit bâti avec Abraham , fon père.
Outre les villes defquelles on a déjà parlé , celles d'Ianboù , de Giddah , de
Khaibar, de Bathen mor & de Corah, Ibnt encore comprifes dans l'Hegidz. Il
efl pourtant vray, que quelques-unes font fituées dans la partie de l'Arabie , que
nous appelions Deferte.
Perdeh Higiaz eft chez les Perfes un air de mufique , qui leur eft venu de
cette contrée particulière de l'Arabie.
H E G I R ATA N , les deux Fuites. Ebn MaîToûd , un des premiers difciples
& compagnons de Mahomet , porte la qualité de Hager al hegiratan , pour s'être
"trouvé dans les deux fuites , de même qu'il avoit prié fi kebiatan , c'eft-à-dire ,
aux deux Keblés.
Pour entendre ce que fignifie cette qualité , il faut remarquer que Mahomet
étoit âgé de 54 ans , lorfqu'ii fe fauva à Medine , & qu'il avoit commencé à
prêcher fa fauife doftrine dès l'an quarantième de fon âge : de forte que dans
cet efpace de quatorze ans , il avoit efluyé beaucoup de contradiftions & de
traverfes de la part des Coraifchites Ces concitoyens, qui le regardoient comme
un Novateur & un Perturbateur du repos public.
Plufieurs de fes difciples qui ne pouvoicnt fouffrir d'être regardez par leurs
compatriotes, comme les feftateurs d'un impolleur , luy demandèrent la permif-
fion d'abandonner leur ville , pour n'être pas obligez de renoncer à leur Reli-
gion. Mahomet la leur accorda , à condition qu'ils fe retireroient en Ethiopie
auprès du Negiafchi , c'eft-à-dire, de l'Empereur des Abiffins, avec lequel il en-
tretenoit correfpondance.
C'elt cette retraite qui efl appellée la première Hcgire ; mais ces réfugiez ne
pouvoient pas bien trouver leur compte avec un Prince qui faifoit profeffion de
la Rehgion Chrétienne, quoyque corrompue par l'Eutychianifme , que Diofco-
re , Patriarche d'Alexandrie & par confequent d'Ethiopie , y avoit introduit ;
c'eft pourquoy, lorlque Mahomet fe retira à Medine, ils allèrent le joindre &
augmentèrent ainfi beaucoup le nombre des Mufulmans.
Quant aux deux Kheblés , où Ebn Malloûd pria , voyez le titre de Keblah.
HEGRAH ou Hegirah, l'Hegire, ou la fuite de Mahomet. C'efl le tems
auquel Mahomet, le faux Prophète , fe retira de la Mecque avec fes nouveaux
profeîytes , pour éviter la perfecution des Coraifchites , qui étoient alors les plus
puillâns dans la ville , & qui ne pouvoient fouffrir, que Mahomet abolit l'Ido-
lâtrie pour y établir fa nouvelle Religion.
Cette fuite, qui ne fut pas la première, comme nous verrons plus bas, a été
néanmoins la plus confiderable , & arriva la quatorzième année depuis que Ma-
homet fe fut déclaré Prophète & Envoyé de Dieu, publiant l'Alcoran & prê-
chant le Mufulmanifme , que nous appelions de fon nom la Religion Mahome-
tane. Elle fe fit en plein midy, félon quelques-uns, & en compagnie de peu
de perfannes : mais elle fut fuivie de plufieurs qui ne fe crurent pas en fureté
dans la Mecque.
Î^Iaho-
H î: G il A H. jjj
M^homçt fe retira à Jathreb ; car^c'eft ainO que la ville de Medine s'appel-
loit avant que le faux Prophète y eût établi fa demeure , & y arriva le dou-
zième jour du mois de Rabi al aoual , qui eft le troiOème de l'année des Ara-
bes qui efl purement Lunaire , & par confequent de 354 jours. Il eft vray
cependant que les Mahomctans commencent l'Hegire dès le mois de Moharram
précèdent, qui correfpond au 16 de Juillet de l'année de Jesus-Christ 622,
ce qu'il faut remarquer pour fixer l'époque des années de l'Hegire , que l'on
peut appeller VJEvq Mahometane, & cela conformément aux fentimens de nos
plus habiles Chronologiftes,
Les Orientaux ne" s'accordent pas avec nous touchant ce calcul. Entre les
Maliometans , Amaffi prétend que l'Hegire ou la fuite de Mahomet fe fit
l'an 630 depuis la naidance de Jesus-Christ, 2347 ans depuis la mort de
Moyfe , & Ben Cafiem la met l'an du monde 5800 , ce qui fe doit entendre
félon la fupputation des Grecs ; car, félon celle des Latins, elle doit être mar-
quée l'an 4571.
Entre les Chrétiens, Saîd Ebn Batrik met le commencement de l'Hegire l'an
614 de J. C. , 33S de Diocleticn , 933 d'Alexandre & 61 14 depuis la création
du monde; mais fon calcul, lailTant à part les ans du monde qu'il compte félon
les Grecs, n'efl: pas jufte: car, félon la fupputation des années de Diocletien ,
la première année de l'Hegire concourt avec la fix cent vingt - deuxième de J.
C, ce qui efl vray, & non pas avec l'an 614, comme il le dit: & félon celle
des années d'Alexandre, qui commencent 309 ou 310 avant J. C. , la première
année de l'Hegire tombcroit fur l'année 623 ou 624.
Khondemir écrit que ce fut Omar, fécond Khalife, qui ordonna que l'on fup-
puteroit les années depuis la fuite de Mahomet , dont il y en avoit déjà dix-
îept d'écoulées depuis cette ordonnance. Les Mahometans établirent cette épo-
que à l'imitation des Chrétiens , lefquels comptoient alors leurs années depuis
la perfecution que Diocletien avoit commencée l'an de J. C. 284, & la nom-
moient l'^Ere des Martyrs : Ainfi les Mufulmans voulurent fignaler leur yEre
ou la fupputation de leurs années par la plus mémorable perfecution qu'ils cuf-
fent foufferte.
Voyons maintenant com'ment cette fuite de Mahomet & de fes feiStateurs
s'exécuta , & les faux miracles foûtenus de traditions fabuleufes , dont les Muful-
mans ont embelli cette hiftoire.
Houdain Vaêz, qui dit avoir emprunté ce récit des plus anciens Dofteurs du
Mufulmanifme & des plus habiles Interprètes de l'Alcoran , allure que Mahomet
ayant pris la refolution de quitter la ville de la Mecque pour fe réfugier à Me-
dine , fortit un foir, qui fut la première nuit de la lune, ou du mois appelle
par les Arabes Rabi al aoval , de la maifon d'Aboubecre , fon beau-père , & ac-
compagné de luy feul , pour pafier la nuit dans une grotte de la montagne
nommée Thour , dillante d'une heure de chemin de la ville de la Mecque , du
côté de riemen ou Arabie Heureufe.
Aulîî-tôt que l'on eut appris dans la Mecque fa retraite, les Coraifchitcs, fes
ennemis déclarez, fe mirent en campagne pour fe faifir de fa perfonne, & arri-
vèrent jufqu'à l'entrée de la caverne où il s'étoit caché, dès le grand matin du
jour fuivant. Le premier miracle qui fe fit, fut que cette même nuit, en ver-
tu de la toute-puifiance de Dieu , un arbre d'Acacia ou de Gagie étoit crû à
rentrée de la grotte , & une paire de pigeons ramiers y avoient déjà fait leur
nid.
232 H E G R A H.
nid , ce qui reftoit d'ouverture à la caverne fe trouva de plus fermé d'une toi-
le d'araignée.
Toutes ces chofes étant des marques certaines qu'il n'y avoit perfonne dans
ce trou, ôterent la penfée aux Coraifchites d'y fouiller. Aboubecre, duquel il
eft dit dans un chapitre de l'Alcoran , intitulé Taouhat , qui étoit le fécond des
deux qui fe trouvèrent dans la caverne , fut faifi d'une fort grande peur , 4orf-
qu'il vit approcher leurs ennemis fi près du lieu où ils étoient , & dit à Ma-
homet: Avec tout ce qui nous cache, fi ces gens-là baifToient leur tête, ils nous
verroient infailHblement. Mahomet lui répondit d'un grand ^courage: Vous cro-
yez que nous ne fommes ici que deux , mais il y en a un troifième , & c'efl
Dieu qui eft au milieu de nous & qui nous protégera.
Alors , félon ce qui eft porté dans le même chapitre , Anzal Allah fekinaîhê
âlailii, Dieu fit defcendre fon faint-Efprit fur Aboubecre , qui le fortifia & le
confola. Ferideddin Atthar explique ainfi ce verfet en vers Perfiens.
Le premier Doàeur de la loy Mufulmane , qui a été le premier Miifiilman , le pre-
mier compagnon de Mahomet , âf fon premier fuccejj'eur ou t^icaire , étoit
le focond des deux dans la grotte avec lui.
Ce fut fur lui que TEfprit de Dieu vint repofer , ^ alors toutes fes craintes ^
toutes fes peines s'évanoïiireiit en un moment.
Ce mot de Sekinah, qui fignifie l'Efprit de Dieu ou le faint-Efprit , eft pris
des Hébreux. Les Mufulmans difent qu'il eft ainfi appelle , parce qu'il confole
& met en repos les âmes àts fidèles ; c'eft la fignification du mot Grec Para-
clet, & Teskin en Arabe, d'où vient Sekinah, fignifie mettre en repos & con-
foler.
Mirkhond & Khondemir écrivent , que lorfque Mahomet eut donné la per-
miflîon à fes compagnons de quitter la Mecque & de fe retirer à Medine , il
demeura dans la ville accompagné feulement dAboubecre & d'Ali. Les Corai-
fchites furpris & fâchez de cette dcfertion , tenant confeil dans la maifon pu-
blique , fur ce qu'ils feroient de luy, le Démon ne manqua pas de fe trouver
dans cette afi^emblée , fous la figure d'un vieillard habile & expérimenté , & y
donna fon avis comme les autres.
Quelqu'un ayant propofé dans ce confeil qu'il falloit l'enfermer dans une mai-
fon dont on mureroit la porte , où l'on lui pafieroit feulement à manger & à
boire par une fort petite ouverture , & que 1 on lui fcroit ainfi pafi!er le refte
de fes jours, le Démon ne fut pas de cet avis; & il dit , que Mahomet ayant
beaucoup de feftateurs cachez dans la ville, & la famille des Hafchemites , de
laquelle il étoit, étant fort nombreufe, il fe formeroit aifément un party , qui
ie délivreroit infailliblement de leurs mains , d'autant plus qu'il feroit fomenté
par les Mcdinois, qui étoient déjà prefque tous Mufulmans.
Un autre propofa qu'il le falloit bannir & le laifi^er en liberté d'aller où il
voudroit: mais le Démon s'oppofa encore à cet avis, alléguant que par-tout où
il iroit , il feduiroit beaucoup de gens par fes impoftures , & que fe mettant à
la tête de ces gens-là, il feroit en état de leur faire la guerre.
Abou gehel , un des plus grands ennemis de Mahomet , dit que pour luy il
eftimoit que pour procéder fûrement en cette aff'aire, il falloit que chaque tri-
bu
H E K A M. HEKMAH. 233
hn des habitans envoyât un fyndic ou député de fa part , pour compofer
une cour de juftice , qui pût légitimement le condamner à la mort comme un
impofteur; car ils fe délivrcroient par ce moyen d'une guerre civile & domef-
tique, les H-ifcbemites ne pouvant pas faire eux feuls la guerre à toutes lus au-
tres tribus , (Se fe trouvant par confequent obligez à recevoir ce que les loix
des Arabes ordonnent pour la compenfation , & pour l'expiation du fang de leur
parent.
Le Démon approuva cet avis , & dit que c'étoit le feul bon party qu'il y
avoit à prendre dans cette alTaire : mais l'Ange Gabriel ne manqua pas d'aver-
tir Mahomet de tout ce qui fe paiïbit, de forte qu'avant que la refolution pri-
fe pût être exécutée , il fe retira avec Aboubecre dans une grotte hors la vil-
le, comme nous avons vu, & après qu'Ali fut arrivé , il le fit coucher dans
le même lit avec lui ; Ali dont la valeur merveilleufe cfl fi fort vantée par
tous les Mufulmans.
Nous avons une hifloire de cette fuite de Mahomet , décrite fort amplement
avec plufieurs autres circonllances de même nature, parMergiân, Auteur Ara-
be & Mufulman, furnommé Al Corthobi, parce qu'il étoit natif de Cordoue en
Andaloufic. Cette hilloire porte le titre de Bahagjat al no fous , la récréation
des efprits.
HEKAM AI Athaiiah, Recueil de fentences Théologiques, morales, fpirituel-
les & myfl;iques , fait par Ebn Athar allah. Il efl dans la Bibliothèque du Roy,
n". 672.
HEKMAH, la Sagefil;. On lit dans l'Alcoran ces paroles, u lacaà atina
Locman alhckmat. Nous avons donné la fagejfe à Locman. Les Interprètes infè-
rent de ce pafiage , que Locman n'étoit pas Nabi, Prophète, mais feulement
Hakim , Sage , & ils déilnilfent la fagefi^e , Al Kcmdl al âmeli ma al êim. Une
vertu pratique jointe à la fcience. ,
Les Scholalliques Mufuhnans la décrivent plus amplement, en difant, que c'efl
une connoiffimce de la vérité des chofes qu'elle contemple , & une habitude par-
faite dans l'exercice & dans la pratique des allions excellentes. Voyez le titre
de Locman.
Le mot de Hekmah a encore une fignification plus étendue ; car il fignifie
en Arabe la Philofophie avec toutes .fes parties, & lorfque les Mufulmans par-
lent de la Trinité que nous adorons, ils ne font point de difficulté de dire, que
la première Perfonne, qui efl: le Père, efl; l'efl^ence de Dieu ; la féconde , qui
cfl: le Fils, cfl: la fagefle; & la troifième, ou le faint-Efprit , efl fa vie.
Hekmat Al afchrâf & Aoufif al afchraf, la Sagefle ou la Philofophie des Grands;
c'efl: un livre compofé par Naffireddin Al Thouffi , & commenté par Schirazi,
fon difciple.
Cazuini, difciple du même Thouffi, a compofé auffi le livre intitulé Hacmat
al âin^ la Sagefle dans fa fource.
Le livre de la Sagefle, que nous appelions de Salomon , efl: attribué par les
Mufulmans à Locman.
La Sagefl'e éternelle, Giavîdan Kird ^ efl: un livre d* morale, écrit en langue
Perficnne & traduit de l'Indien. Voyez le titre de Giavidân.
Les Mufulmans difent , que Dieu a deux trônes , comme l'on tpeut voir
Tome 11. G g dans
^34 H E L A L. H E L I A T.
dans les titres d'Arfch & de Corfi , que le fécond , qui eft le Corfî , efl ceîuy
de fa SagefTe & de fa Providence, qui gouverne le monde, & le premier ce-
luy de fa Gloire.
Nous avons déjà vu quelque part , que les Mahometans croyent que la plu-
part des fols font Saints. Ils ajoutent de meilleur fens, que la véritable fageffc
efl réputée folie par les gens du monde , & que cette même SagefTe confifîe
dans la folie. Ces deux fentimens font tout-à-fait dignes du Chriftianiûne , &
le dernier eu. de Saint-Paul tout pur. f^oyez Mir Divaneh.
H EL AL, furnom d'Abou Mohammed Sofîân Ben Aiinah AI Koufi, Doéleur
célèbre , dès l'âge de feize ans. Il fut difciple de Zohari & maître d'Aamafch ,
de Thouri & de Schafêi , les plus illuftres Dofteurs du Mufulmanifme : il leur
difoit fouvent : Je ne fuis que le narrateur des traditions ; mais pour vous autres
Dofteurs, vous en êtes les Maîtres : il vouloit dire, par un excez de modellie,
qu'il ne faifoit que propofer, & qu'ils avoient l'autorité de décider.
Ce Dofleur étoit fi abflinent , qu'il ne mangeoit , pour toute pitance, quc:
deux petits pains d'orge par jour. Il étoit natif de la ville de Coufàh , où il
mourut, l'an 207 de l'Hcgirc, âgé de plus de cent ans.
HELAL Ben Ibrahim Ben Zahroun, Médecin fort expert de Tozun le Turc,
qui gouvernoit le Khalifat fous Moftacfî l'Abbaffide , l'an 334 de l'Hegire. Il
étoit Sabien & non Mahometan de religion.
HELAL Ben Thabet Ben Senàn, Hîflorien & Sabien de Religion, auflî-bien
que fon père Thabet, qui étoit un excellent Philofophe & Médecin, que nous
connoilfons fous le nom de Thebit. Helal nous a donné un fupplement à l'hif-
l;oire que fon père avoit écrite depuis l'an 290 jufqu'en 363 de l'Hegire.
HELAL, dit Aboulganaim, Aftrologue, qui a fait un traité de l'Aflrologie
Judiciaire, intitulé Ekhtiaràt.
HELALI furnom d'Ebn Kerriat, le plus éloquent homme de fon tems. Il
avoit une mémoire ii hcurcufe , qu'elle a palTé en proverbe ; car les Arabes
difent y]hfadh men Eùn Kerriat , il farpaflTe en mémoire Ebn Kerriat.
Hegiage le fit mourir. Foyez le titre de Kerriat. On cite de lui cette fen-
te nce , Al àahd tcgiarrâ al gujjat u taovakkâ alfurfat, l'homme fage &. prudent,
avalle fon chagrin & attend J'occafion.
HELALI, Poëte Perfien Myflique, Auteur du livre intitulé Sefat al dfche.
Un , des quaiitez des Amants , dans lequel il rapporte toutes les vertus à l'a--
mour que fes interprètes veulent être le Divin,
HELANI (Si Hailani , & Hailanah. Hélène, mère de Conflantin. Elle étoit
native d'Edeifc, ville appellée par les Orientaux Roha. f^oyez le titre de Keffat
Hailanah.
HELIAT Al abrdr u Schiar al akhiâr , Livre de Naovaovi , qui contient
353 chapitres, où l'on trouve des prières pour toutes les aftions du jour & de
la. nuit. Il a été abrégé par Soiouthi. l^oyez le titre ^'Adhcàr al adhcàr dans,
la. Bibliothèque du. Roy, n°. 691.
": HELIAT
H E L I A T. H E M A M. ^3^
H ELI AT AI Aulia u Thabicâc al asfia , Livre de traditions Mufuîmancs
compofé par Abou Nàim Ahmed AI Eifahani. Il eft dans la Bibliotiieque du
Roy, n». 883.
L'on a encore un livre hiftoriquc Ju même Auteur en neuf volumes , dont
le précédent ne fait peut-être qu'une partie.
HE LIAT Al Cornait & Holbat al comait, Livre fur les qualitez & les loûan-
|es du vin, compofé par Scharafeddin Naovagi. Il efl dans la Bibliothèque du
Roy, n°. 1063 & II 82.
HELLAH, Ville de l'Iraque Babylonienne ou Arabique, qui eft la Chaldée,
fituée fur le Tigre entre Bagdet & Coufah, dans le troifième climat.
Elle a été embellie par SaifeJdoul-it Sadaca, qui y fit bâtir une très-belle Mol^
quée & un Hôpital. Ce Saifeddou'at étoit fils de Bahacddoulat Maulbr, & pe-
tit - fils de Dobais , qui y avoit établi une petite Principauté qu'il gouverna sj
ans, jufques en l'an 474 de l'Hegire, qu'il mourut fous le Khalifat de Moda-
di, fils de Caiem beemrillah l'Abbaflido.
Cette ville avoit un pont fur le Tigre, qui fervit à Ahmed Ben Avis pour
fe fauver des mains de Taraerlan , qui avoit pris Bagdet & qui le faifoit pour-
fuivre par fes Tartares. Foyez le titre J'Ahraed Ben Avis.
HEMAM Tabrizi , Poëte Perfien, très-celèbre à Tauris dont il étoit natif>
& contemporain Je Saàdi, natif de Schirdz. 11 mourut l'an de l'Hegire 713, au
tems qu'Algiaptu , dit autrement Mo'namraed Ren Argoun , Empereur des Mogols
Genghizkhaniens , tenoit fon fiége royal à Tauris, qui eft l'an 13 13 ou 13 14
de J. C.
Il étoit fi riche qu'ayant convié le Khovageh Haroun , fils de Schamfeddin ,
chef des confeils d'Algiaptu, à un banquet, il lui fit fervir quatre cent plats ou
bafîins de porcelaine, & il chanta une très-belle chanfon , qu'il compofa fur le
champ à la louange de ce Seigneur.
Ce Poëte s'étant trouvé fortuitement dans un bain avec Saâdi , fans le con-
noître , ils fe dirent d'abord quelques mots piquants l'un à l'autre ; puis étant
fortis du bain & prenants leurs habits , Hemâm ayant fon fils à fa droite & Saâ-
di, qu'il prcnoit pour un Dervifche du commun, à fa gauche, s'informa de fon
pays , & apprit qu'il étoit de Schirâz , furquoy il lui demanda s'il ne fçavoit
point quelques vers des plus nouveaux de Sàadi, & le Dervifche lui en recita
deiL plus beaux.
Hemâm lui demanda enfuite , fi on faifoit quelque état à Schirâz de ceax de
Hemâm , & s'il en fçavoit quelques-uns : Le Dervifche lui recita auffi - tôt ce
diftique , qui étoit de' la compofition de Hemâm.
Entre celuy que j'aime (f moy il y a , Hemdm , un voile qui nous fépare ,• mait
il ejl tems déformais que je le tire pour jouir pleinement de fa vàe.
Saâdi n'eut pas plutôt achevé ce diftique , que Hemâm le reconnut & lui fit
•mille carefies.
L'Auteur du Defter Lathaif , qui rapporte cette hiftoire , dit que ce voile
dont il eft parlé, eft le corps qui nous empêche de voir Dieu, & que ces vers
fignifient, le tems de ma mort approche, t^oyez le titre de Saâdi.
G g 2 HEMAM
-23<S H E M A M. — — H E M I A R.
H E M A M Kemâleddin Mohammed Ben Abdal vaheb , qualifié par Arabfchab
un des plus illuftres Doéleurs du nombre des Sadât , c'efl-à-dire , de la race
d'Ali. 11 vivoic du tems de Tamerlan & mourut l'an 86i de l'Hégire^. Nous
avons de luy le livre intitulé Zdd al fakir , la provifion du pauvre ou du Re-
ligieux, qui eft dans la Bibliothèque du Roy, n^. 602. Cet Auteur cfl appel-
le aufli Hemàmeddin,
HEMAM, dit Thabib Al Tàbrizi , le Médecin de Tauris. Il eft l'Auteur
du livre qui porte le titre (XKrfchàd fi mârefat al adâd Introdu6lion à la fcien-
ce des nombres.
HEMÀR, un Afne domeftique ou fauvage. Ce mot fe prend chez les
Orientaux en bonne & en mauvarle part ; car Mahomet d'un côté dit , que la
voix de l'Afne eft la plus defagreable de toutes , & même que c'eft celle du
Diable : cependant l'Afne du Mcflie , celuy de Balaam , & celuy d'Efdras ou
Ozair , font fort eftimez par les Mahometans , & Bafchar Al Mariffi , Doftcur
inllgne, a décidé, que la chair de l'afne étoit permife dans le Mufulmanifme.
Mervan , dernier Khalife des Ommiades , fut furnommé Hemar , l'Afne , &
l'Afne de Mefopotamie , à caufe de là force & de fa vigueur. Voyez fon titre.
Les Oi'ientaux tiennent , que l'afne fauvage furpalfe tous les autres animaux
en vîcelle. Baharâm, Roy de Perfe, fut furnommé Gour , mot qui lignifie en
Perfien afne fauvage^ Voyez le titre de BaJiarâm.
HEMIAR , un des enfans de Saba , fils de Cahtan ou Jo6lan , qui fut le
chef de la plus grande & plus noble tribu des Arabes de flemen. Il a don-
né fon nom aux peuples appeliez Hemiarites, qui font les tiomeritœ dont parle
Ptolomée.
Abdalmalek Ben Hcfeham a écrit un livre intitulé A^ifab Hcmîar u moloukha ,
les Généalogies des Hemiarites &; de leurs Roys. Haifan Ben Jacob Al leme-
ni, qui mourut Fan 334, a compofé auffi un ouvrage fur le même fujct , au-
quel il a donné le titre à' Eklil fil anfàb. Couronne des généalogies, &c. Voyez
auiîi le livre intitulé Boghiat al moftafid.
La langue & les cara6lères des Hemiarites font très-anciens; Al Bergendi re-
marque , qu'il y avoit de fon tcms une infcription fur la porte de la ville de
Samarcand, en ces caradères , que perfonne n'entendoit. Il y a un proverbe
parmi ces peuples qui porte , que celuy qui vient demeurer parmi eux , doit
apprendre leur langue; parce qu'elle eft fort différente de celle des autres ^^-a-
bes.. Pokok nous a donné im catalogue des Roys de la dynaftie des Hemiarites.
Seid Hcmiari , Auteur d'une fe6le particulière paj-mi les Schiites ou Partifans
d'Ali , qui publioit que Mohammed fils de Hanifah, troifième fils d'Ali, n'étoit
pas mort, & qu'il devoit reparer toutes chofes foit dans la Religion, foit. dans
l'Etat. Voyez le titre de Mohammed Ben Hanifah,
IJalfan Sabdh , qui a fondé la dynaftie des Ifmaëliens de Perfe , prétendoit
être Hemiaii d'oritrine. :f ^i '-'^"
Les .Arabes Hemiarites prétendent auflî avoir conquis l'Afrique , & y avoir
établi' leur langue avant que les Mahometans s'en foient rendus les maîtres :
leur prét-ention eft fort conteftée par les Phœniciens ; fi l'on avoit des livres
3iîy2j anciens, l'on pourroit décider ce difiTcread..
H E MI G HE R.,,
H E M I G H E R. - — H E N D. . 237
HEMIGHER, furnom d'un Poëtc Perfien fort illii/lre , qualifié Magdcd-
din. L'on dit , que l'Atabck Sal.gar (chah Jiiy ayant fait prcTent d'une de fcs
veiles les plus prétieufes , mais qui étoit fort vieille , fur laquelle les paroles
de la profeffion de foy des Mufulmans étoient brodées en or, on en lilbit feu-
lement le commencement, qui porte: Il n'y a point de Dieu finon Dieu, Lae-
lah ellalah. Quelques-uns étonnez de n'y voir point ce qui fuit toujours immé-
diatement après : Mahomet eft l'Envoyé de Dieu, Mohammed raffoul allah ^ que
les tarmes apparemment avoient rongé, Hcmigher leur dit agréablement, c'cft
que cette velle a été faite avant le tems de Mahomet.
HEM S, EmelTe, ville de Syrie, fituée à jo degrez , 45 minutes de longi-
tude, & à 34 degrez de latitude Septentrionale.
Les Orientaux veulent , qu'Hippocrate ait fait fon féjour ordinaire en cette
ville, d'où il venoit fouvent à Damas; & les Chrétiens du pays difent aulTi que
la tête de faint-Jcan Baptifte fut trouvée dans la même ville, fous le règne de
Theodofe le _^cune,
La ville de Hems a été célèbre au tems du Paganifme par le temple du So-
leil , qui y étoit fcrvi par des cérémonies particulières fous le nom d'Elah ga-
balah, duquel l'Empereur Romain, nommé Heliogabale, a tiré le fien.
Elle fut prife par les Francs fur les Mufulmans , dans la même année que
celle d'Antioche, à fçavoir, l'an de l'Hegire 491, de J. C. 1098. Saladin la
j-eprit l'an 583 de l'Hegire, de J. C. 11 87. Les Tartares en dépoiiillerent les
Mufulmans l'an ôsj de fllegire , de J. C. 1258. Elle palfi depuis entre les
mains des Mamlucs , & de ceux-cy aux Turcs qui la poûedent encore au-
jourd'huy.
La ville d'EmelTe fut rcnverfée par un horrible tremblement de terre , avec
celles de Hamah , de Tripoli , d'Apamée , de Laodicée , d'Antioche , '&c. l'an
de l'Hegire 552, de J. C. 1157, pendant que les François ou Latins occupoient
la Syrie.
HEMTEN", en Perfien fignifie un compagnon inféparable. C'eft le titre
ou furnom que Kaicaous, Roy de Pcrfe de la féconde dynaltie , donna à Ro-
llam, après que ce Héros , le plus fameux de l'Orient, l'eût délivré des mains
de Dhoulzagar, Roy de l'Iemen, qui avoit fait une grande irruption en Perfe.
H END u Sen-1, & Hiiid ve Sind , c'efl ce que hous appelions d'un mot
général les Indes Orientales , qui font partagées par les Orientaux en ces deux
difFérens noms HenJ & Scnd. Le pays de Hend elt l'Orient de celuy deScnd,
& a à fon Couchant le Golfe de Perfe, au Midy 1 Océan Indien , à l'Orient de
fort grands dcferts qui le feparent de la Chine, & au Septentrion le pays des
Azcic ou Tartares.
Il paroît par cette pofition , que le Send eft feulement ce qui s'étend de - çà
<!c de-là le long du fleuve Indus, particulièrement vei-s les emboucheures. l^c-
■^iz le titre de Send.
Tout le pays de Hend & de Send pris enfemble fe divife en trois parties.
La première s'appelle Giuzurat , que nous appelions Guzerate ou Decan ; elle
confine avec les pays de Gazncn , de Multan &. de Makhran , & ell la plus
Occidentale.
Ga 7 La
a. ut
138 H E N D.
La féconde porte le nom de Manibdr, que nous appelions le Malabar ; elle
eft à l'Orient & au Midy du Guzerate , & on l'appelle encore Belad al fulful ,
le pays du poivre , parce que c'eft-là où il vient en abondance : l'arbre qui le
porte s'attache aux autres & les embrafle comme le lierre.
La troifième partie & la plus Orientale s'appelle Mâbar ou Mêbar, mot qui
fignifie en Arabe le trajet & le paiTage, à caufe que l'on palTe de cette partie
des Indes à la Chine: elle eft toute entière au de-Ià du Golfe de Bengale, & a
pour capitale la grande ville de Canacor ou Cancanor, C'eft-là que l'Empe-
reur ou le plus grand Roy des Indes fait fon féjour, félon l'Auteur du Meffa-
het al ârdh , qui eft une Géographie Perfienne. Le titre des Roys de ce pays-
là eft Birdaoval , dit le même Auteur , qui vivoit avant que les fuccefleurs
de Tamerlan fe fufTent rendus les maîtres de la plus grande partie des Indes.
Ebn-Alvardi écrit dans la première partie de fa Géographie Arabique , que le
pays de Hend s'étend depuis le Send & le Makran, jufqu'à la ville de Kanoge
de l'Occident à l'Orient , qui eft un efpace d'environ trois mois de chemin
par terre , & que depuis Kanoge , en tirant de l'Orient vers Ip Septentrion ,
on va jufqu'au Tonbut, ou ïcbet, en quatre mois de chemin, à journées de
Caravane.
Le même Géographe dit, que les Roys des Indes portent le nom de Raiàn,
nous les appelions Ragias; mais que le plus puilfant, & comme l'Empereur de
tous, s'appelle Belhar. Il marque entre les principales villes de ce pays-là Kan-
baiat, c'eft Cambaya, Soumenât, Manfourat ou Mahourat, & Canoge ou Ken-
nauge.
Il écrit auflî que les ifles principales de la mer Indienne font Cameron, qui
eft le Cap de Comorin, car les ifles & les prefqu'illes chez les Orientaux s'ap.
pellent du même nom, Sila ou Sili , Giamcout, Serandib , qui eft Zeilan, La-
meri, Kala ou Kalé , qui eft peut-être Calecut & Mcherage.
Hend & Send , ou les Indes font feparées de la Chine , félon les Auteurs
Orientaux, par le Cap de Comorin; car les Anciens donnoient le nom de Sin
en Arabe, & de Tchin en Perfien, aux pays de Siam , de Pegu , de Tunquin
& de la Conchinchine. l^oyez le titre de Sila ou Sili.
Les Orientaux ont quelquefois compris l'Ethiopie fous le nom des Indes , &
les Perfans appellent encore aujourd'huy un Ethiopien Siah Plindou ou Hindi,
un Indien noir. Leurs hiftoires portent , que les Indiens demandèrent des Evê-
ques à Simon le Syrien , Patriarche Jacobite d'Alexandrie. Il ne faut point dou-
ter que ces Indiens ne ■ foient les Abiflîn? '• car nos hiftoires Grecques & Lati-
nes portent, que faint-Frumentius, qui palfa en Ethiopie, fut envoyé par faint-
Athanafe aux Indiens.
Une partie des Indes fut rendue tributaire aux Arabes fous le règne de Va-
lid, fixième Khalife de la race des Ommiades, comme Ton peut voir dans fon
titre particulier; mais elles ne furent fubjuguées entièrement que par Mahmoud,
fils de Sebekteghin , lequel y pénétra bien avant & au moins jufqu'au Gange,
ce que n'avoit encore fait aucun Prince étranger depuis Alexandre le Grand.
C'eft ce qui fait qu'Ebn Amid n'appelle jamais Mahmoud , Roy de Gaznah ou
Sultan de Gaznin , mais toujours Roy des Indes. Khofrou Schah , dernier
Sultan des Gaznevides , fonda le Royaume de Lahaver ou Lahor. Foyez les
titres di Mahmoud 6f de Kofrou Schah.
Les Orientaux appellent Bahar Al Hend , la mer des Indes , & lui donnent
auflî
H E N D A s s A H. H E R A M. »3>
auflî le nom de Herkend. Scherif Al Edrifli écrit , que cette mer s'étend de-
puis les côtes de la Chine , prife , comme nous avons vu cy-delTus , jufqu'à l'en-
trée du Golphe Arabique ou Mer rouge. Les Anciens ont donné cette même
étendue à ce qu'ils appelloient Mare Erythrœum , comme il paroît par le Péri-
ple d'Arrien , & y ont compris auffi-bien que les Arabes les deux Golphes Ara-
bique & Perfique. ' l^oyez les titres ds Macdifchou àf de Mahmoud.
HENDASSAH. HandafTah.
HENDECAN, Ville de la province de Perfe proprement dite, dans la-
quelle il y a un puits qui exhale une vapeur peftilente. f^oyez le titra de Fars.
HENDI & Hendovi, & Hindou, un Indien & ce qui vient des Indes, com-
me Tchini eft ce qui vient de la Chine.
Kankah Al Hendi. Foyez Kankah.
Ahmed Daouletabadi, eil encore appelle Schehàbeddin Al Hendi, Foyez Dou-
letabad.
Scrage al Hendi efl Auteur du Hvre intitulé Scharb al Bedâi.
Khircat al hendi, une.jUidienne, c'eft proprement une robe déchirée.
Giaouz al hendi en Arabe , & Hidollan Cozi en Turc eft un Cocos , que les
Latins appellent conformément à la fignification du mot Arabe & du mot Turc
Nux Indica ; les Arabes & les Perfiens le nomment encore Nargil & Narege : mais
ces deux mots font Perfiens d'origine..
KENDO VAN, Quartier de la ville de Ralkhe, Capitale du Khoraflan, du^
quel étoit natif un Doélcur Mufulman fort célèbre, furnommé Hendovani. Son;
nom étoit Abougidfar Mohammed Ben Abdallah Ben Omar.
Il étoit fi fçavant dans le Droit des Mufulmans , qu'il parvi^it à la dignité
de Mufti , non feulement à Balkhe ; mais encore dans toute la province Tran-
foxane , &• fut furnommé encore Abou Hanifah le Jeune. Il avoir reçu fes tra-
ditions d'Aâmafche , de Ben Salamah & de Giouzgiani , & mourut l'an 362 de
l'Hegire, dans la ville de Bokharah. L'on dit, que le jour de fa mort un grand
nombre de Mages & de Juifs fe convertirent au Mufulmanifme , en vue de fa.
grande pieté & abftinence..
HENDU & Hindou, un Indien. C'eft auflî le nom d'un Roy de Hirah en'
Arabie, fils de Noomân, fon prédecefl'eur , qui prit foin de l'éducation de Ba-
haram Gour, Roy de Perfe. F oyez le titre de Baharam.
RENDU GHE. Khalil Hendughé étoit un des principaux Seigneurs de la-
Cour de Babur ou Babor , Sultan de Perfe de la race de Tamerlan. Il fe ré-
volta contre le Sultan à qui il livra bataille & y fut tué par Ali Behadir. ^o-
yez. les titres de Babur âf de Khalil.
HERAH, Herat & Heri , c'eft la ville que les Anciens ont connue fous le
nom d'Aria, qui a donné le nom à toute la province qui en dépendoit, appel-
lée , par Ptoloméc , Ariana , laquelle jointe à la Drangiane & à la Baélriane ,
fait la grande province que nous connoilTons aujourd'huy fous le nom de Kho-
raflan.
Herat a toujours été une de fes principales villes, & , comme les Perfans par-
lent., =
a4o H E R A H.
lent , une de fes quatre Capitales. Son terroir ample & fpatîeux pafTe - pour
une province particulière, que l'on nomme fouvent Heri, où plufieurs Sultans
de la race de Tamerlan ont fait leur féjour ordinaire.
Khondemir , qui étoit natif de cette ville , dont il a fait la defcriptîon à la
fin de fon biliaire, rapporte que fous le règne d'Abdallah , .Prince de la dyna-
ftie des Taherites, il y avoit auprès de Herat un Temple des Mages ou Adora-
teurs du feu, qui étoit d'une ftrufture magnifique, pour la confervation duquel,
ces Idolâtrc-s payoient tous les ans un fort gros tribut aux Mufulmans , & que
fort proche de ce Temple on y voyoit une Mofquée des Mahometans qui étoit
très-chetive.
La magnificence de ce Temple ou Maifon du feu , comme les Perfans l'appel-
lent, faifoit un très-grand concours de Mages ou de Ghebres , comme on les
appelle , qui y abordoient en foule de toutes parts. Un jour l'Imam , qui fai-
foit le fervice de la Mofquée , tranfporté de zèle pour fa religion , dit dans fon
fermon, avec beaucoup de chaleur , qu'il ne falloic pas s'étonner fi la religion
Mufulmane languilloit & s'affoibliflbit tous les jours dans la ville de Herat ,
puifque le temple des Idolâtres étoit fi proche de celuy des Fidèles , & qu'il ne
fe trouvoit aucun Mufulman afTcz zélé ou affez appij^é qui ofàt entreprendre
de le renverfer.
Les Auditeurs animez de ce difcours , ne manquèrent pas de venir la nuit
fuivante mettre le feu à ce temple , & il fur brtilé entièrement avec la Mof-
quée voifme , qui fut , par cette occafion , rebâtie beaucoup plus belle qu'elle
n'étoit.
Les Ghebres ou Mages ne manquèrent pas de porter leurs plaintes à Abdal-
lah, contre la violence des Mufulmans. Ce Prince commanda que l'on infor-
mât du fait , & fit citer devant luy quatre mil habitans de la ville , pour ap-
prendre par lefirs dépofitions comment la chofe s'étoit paiféc : mais il n'y eut
pas un de ces quatre mil qui ne luy afiurât de n'avoir jamais vu aucun Tem-
ple de Ghebres dans ce lieu , mais feulement la Mofquée qui lui étoit prefque
contigue. Sur lin témoignage fi autcntique & fi folemnel, quoy que faux , lés
Ghebres furent déboutez de leur demande , &; leur Temple ne fut jamais plus
rebâti depuis ce tems-là.
Si la Mofquée, de laquelle on vient de parler, étoit chetive, celle que Gaia-
theddin. Sultan de la dynafi:ie des Gaourides, y fit bâtir long-tems après, paf-
foit pour un des plus beaux ouvrages de tout l'Orient; cependant elle fut brû-
lée par les Tartares de Genghizkhan. Vo')jizz fur cela le titre de Mohammed ,
Sultan de la dynafiiie des Khovarezmiens, où la défolation entière de cette gran-
de \'ille efl: décrite.
Herat fut encore prife depuis ce tems-là par Tamerlan , & les prognofi:ics àcs
gran.ls malheurs auxquels cette ville devoit être fujette , félon fon horofcope,
ne furent que trop vérifiez, l^oyez le litre de Babur.
Les Hift:oriographes de Pcrfe écrivent tous unanimement cependant , que la
ville de Herat eil une des villes auxquelles Alexandre donna fon nom en la bâ-
tilfant , & il efi: difficile à croue , que l'on ait pu conferver la mémoire de la
confiiellation fous laquelle il en fit jetter les fondemens.
- livrât ell fituée , félon les Tables Arabiques , à 94 degrez , 20 minutes de
longitude , & à 34 degrez , 30 minutes de latitude i^eptentrionale. On appelle
IL'raovi, un homme natif de la ville de Herat. l^'oy^z plus bas.
HERALI,
H E R A L î. -— HERMES. 24-r
HERALI, furnom de Fakhreddin Aboulhaflan Ali, dit encore Al Te?ibi
Al Sofi. Il étoit Sofi, comme fon furnom le porte, c'eft-à-dire , faifant profef
fion de la vie retirée & contemplative. Nous avons de luy un recueil de fcpt
traitez de la fcience myllique dans la Bibliothèque du Roy. n°. 616.
HERAO VI, natif ou originaire de la ville de Herat. Nagmeddin Omar Ben
Al Imâm Al Fadhel, Al Kamel Al Hcraovi, eft Auteur d'un livre fur la Gram-
maire Arabique intitulé Mokhlajfar ^ ou Abbregé, qui eft dans la Bibliothèque
du Roy n°. 11 19.
Mohammed Ben Ali Al Heraovi eft l'Auteur d'un petit traité fur tous les
mots Arabes qui fignifient Epéc ou Poignard ; il s'intitule Efma al feif. Cet
Auteur mourut l'an de l'Hegire 433.
Abou Ifmâil Abdallah Al Heraovi eft Auteur d'un Ouvrage intitulé urbain,-
ou les quarante Traditions. Foyez encore le titre de Pir Herât.
Ebadi Abou Affem eft auffi furnommé Al Heraovi.
HERKEND, nom d'une partie de la mer des Indes, qui porte encore le
nom de mer d'Oman. C'cft plutôt la mer qui s'étend le long de la côte
d'Oman en Arabie.
HERMES, Mercure. Les Arabes & autres Orientaux ont retenu ce nom
qui eft Grec; ils ne le donnent pas cependant à la planète que nous connoiflbns
fous le nom de Mercure, mais feulement aux perfonnes, car le nom Arabe de
planète eft Ethared.
Le premier perfonnage qui , félon leUr tradition , a porté ce nom , eft Hermès
premier du nom qui vivoit mil ans ou environ après Adam, au commencement
da fécond millénaire folaire du monde, & celuy-cy n'eft autre qu'Edris ou Enoch,
furnommé par les Chaldeens Our.iai ou Douvanai , c'eft-à-dire , le Grand Maître ,
titre qu'ils ne donnent qu'aux plus grands Piiilofophes , ou Sages qui ayent vécu.
Le fécond a paru au commencement du troifième millénaire folaire , & eft
appelle Hermès Thani, le fécond Mercure, & le fécond Ouriai ou Douvanai,
c'eft-à-dire , Dofteur du monde , pour le diftinguer de Hermès Alaoval qui eft
le premier. C'eft celuy qui eft encore furnommé par les Arabes A! Motha-
leth al hecmat , trois fois grand en fcience , & en fagefte , & Trifmegifte par
les Grecs,
Enhn c'eft l'Orus des Egyptiens d'où le nom d'Ouriai ou d'Ouroio qui fignifie
Maître & Doéleur en langue Chaldaïque & Syriaque . luy a été donné. Je laiflc
pouitant à décider fi Ouroio vient d'Orus , ou fi Orus vient d'Ouroio ; car il
n'eft pas aifé à juger quelle nation eft la plus ancienne des Chaldeens ou des
Egyptiens.
Ce fécond Mercure eft encore appelle par les Chaldeens, comme nous avons
déjà dit, Douvanai, que le livre intitulé ' j^frar Herm:s, les fecrets de Hermès,
explique, le libérateur des hommes, quoy qu'il ne fût ny Ange , ny Prophète,
comme il parle: mais c'eft à caufe qu'il les avoit délivrez de l'erreur.
Le môme livre qui eft attribué à Hermès , dit qu'il naquit dans la grande
conjonftion du Soleil avec ■ Mercure , & c'eft à cette occafion qui! nous pro-
pofe le Thème de la nativité du monde : mais il y a grande apparence que ce
livre de Hermès , aufli-bien que les autres , a été fuppofc par les Arabes , de
Tome IL H h même
,^j^ HERMES.
même que ceux que nous avons du même Auteur, l'ont été par les Grecs foug
le nom de Trifmegifte.
Tout ce que nous venons de dire de Hermès efl tiré du Kerâb alkeranàt ou.
livre des grandes conjonftions des planètes : mais Abulfarage écrit dans fou
abrégé des dynailics qu'il y a eu trois Hermès , dont le premier efl Edris ou
Enoch , & le troifiènie cfb celuy que nous avons marqué pour le fécond à fça-
yoir Trifmegifte.
Le fécond , félon luy , efl: un Hermès Babylonien ou Chaldeen , qui vivoit
quelques fiecles après le déluge, & demeuroit à Calovaz, ville de la ChalJée: c'eft
à celuy-cy que les Philofophes Chaldeens rapportoient les principales connoiifan-
ces qu'ils avoient des aflres , & ils ne faifoient point de difficulté de luy attri-
buer le rétablilTement de Babel que Nembrod avoit fondé , & qui avoit été.
rainée de fon tems.
Les Sabicns , defquels il, fera parlé dans leur titre particulier , ont par une
tradition fuperftitieufe, qu'Èdris ou Enoch avoit appris de Seth , fils d'Adam,
l'Ailronomie , & le culte de la Religion qu'ils profelfent ; c'efl; pourquoy ils
confervent fort curieufement la mémoire de ce premier Hermès dans le livre
qu'ils attribuent faulTement à Adam.
Le premier Hermès efl; appelle des Arabes , par excellence Hermès al Hera-
meiBh , l'Hermès des Hermès , ou bien Hermès Al Akbar , le Grand Hermès.
Giaouberi dans fon traité intitulé Reml megman , dit qu'il fut furnommé aufll
Al Mothaleth, ou Trifmegifte, à caufe des trois noms qu'il porte d'Ahknokh.
ou Enoch , d'Edris , & de Hermès, & à raifon de Ces trois qualitez de Roy,
de Sage, ou Philofophe, & de Prophète.
Les Orientaux prétendent que cet Hermès ou Edris a été la première caufe
occafionnelle de l'idolâtrie ; parce qu'Afclepiades fon difciple luy ayant drefl^é une
ftatue après fa mort, & demeurant afliiuement auprès d'elle, il fembloit l'ado-
rer, ce qui fut imité fuperftitieufement par les autres. Foyez le titre ^'Edris.
On trouve en Arabe un livre intitulé Jfrar Kdàm Hermès, les paroles fecre-
tes de Hermès, qui eft le même ouvrage que nous attribuons à ÂlercUre Trif- '
megifte. Il traite des grandes conjonftions des planètes, & de leurs effets.
Son titre porte qu'il a été compofé par Hermès, ou Mercure fécond du nom,
que les Grecs ont appelle Trifmegifte , & les Chaldeens Dhouvanai.
Le Tradufteur Arabe dit que ce mot Dhouvanai fignifie en Chaldeen Mok-
hallés albafchar, c'eft-à-dire, le Sauveur des hommes, à caufe que ce Mercure
à prefervé les hommes de plufleurs calamitez , foit en les avertiffant avant qu'el-
les ai-rivaflTent , foit en leur procurant les moyens de s'en garentir.
Ce furnom pourroit fort bien convenir au Patriarche Jofeph que les Egyp-
tiens qualifièrent Pfonthom Phanees , ce qui fignilie dans leur langue Sauveur
du monde: par où il paroît que ces peuples attendoient un Sauveur, & qu'ils
donnoicnt par avance ce titre à ceux defquels ils recevoient de grands bienfaits,
ignorant celuy qui devoit porter ce nom par excellence.
Le livre intitulé Beiàn fi tholoii al fchêra al jemdniah , traité du lever de l'étoile
appellée par les Grecs, & par les Latins i'mui', ou Syrius qui eft le Canis major
de nos Aftronomes, eft attribué à Hermès al Haramelfah, au premier des Her-
mès qui eft l'Edris des Arabes. Il eft dans la Bibliothèque du Roy n°. 1033.
HERMES.
HERMES. H E S C H A M. 44j
HERMES. Saint Hermès ou Mercure Martyr, qui fouffrit fous la perfecu-
tion de Dece dans la ville de Cefarée. Les Orientaux, & même les Mahome-
tans luy portent un grand honneur; ceux-cy difent que ce faint Martyr tranf-
porta un nommé Schahed , fils de Ragia , en une nuit de la Mecque en fon
Egliîe- Foyez le titre de Schahed.
Les Chrétiens rapportent beaucoup de faits fabuleux de ce Saint, & particu-
lièrement touchant la dévotion que Chofroes Roy de Perfe luy portoit , & les
prefens qu'il luy fit. La Chronique d'Alexandrie dit que faint Hermès tua Ju-
lien l'Apoftat par l'ordre exprès de" Dieu, & cite une révélation de faint Bafile
fur ce fujet.
HERMES. Aflabî Hermès, doits de Hermès, ou de Mercure. Ce font des
racines féches & blanches d'une plante Automnale nommée par les Grecs & par
les Latins Colchicum. On les appelle vulgairement dans les boutiques Hermo-
dattes. Ce Colchicum efl différent de ccluy qui porte le furnom de Kigrim^
&. d" Ephemerum , & que l'on met au nombre des plantes dangereufes.
HERZEK, les Turcs appellent ainfi la Boffine qui fe divife en Royaume,
& en Duché. Ce mot vient de l'Efclavon Herze gouina qui fignifîe proprement
le Duché. Herzekogli efl le nom d'un Renégat qui étoit fils d'un Duc de
Bolïïne qui devint gendre de Bajazet fécond Sultan des Turcs, & Beghilerbegh
de Romanie.
HESCHAM, fils d'Abdalrahman , a été le fécond Khalife de la race des
Ommiades en Efpagne. Il fucceda à fon père l'an 172 de l'Hegire, de J. C. 788,
pendant que Haroun Rafchid l'AbbafTide tenoit le Khalifat à Bagdet.
Ce Khalife que Roderic de Tolède appelle par corruption Ifen , foûtint pen-
dant quelque tcms la guerre que fes deux frères nommez Soliman & Abdallah
luy firent ; il les chaiïa enfin d'Efpagne , & les obligea de s'enfuir en Afrique.
Il fit l'an 175 de l'Hegire de grandes courfes en Gallice.
L'an 177 de l'Hegire, il prit Gircjpe & Narbonne fur les Chrétiens; mais il
ne garda pas long-tems la féconde d'où les François ou Gafcons le chalferent
avant fa mort, qui arriva l'an 179 de l'Hegire, après qu'il eut été défait par
Alphonfe, Roy de Gallice, & des Afturies.
C'efl cet Hefchâm qui acheva la fuperbe Mofquée qu'Abdalrahman avoit com-
mencée dans la ville de Cordoue; il y fit conftruire aulîî un fécond pont, & l'on
dit qu'il fe fervif dans ces bàtimens des Chrétiens qu'il faifoit venir de la Gaule
Narbonnoife pour y travailler. Il eut pour fuccefTeur Hakem , premier du nom ,
duquel on a déjà parlé.
HESCHAM, fécond du nom, fils de Hakem, auflî fécond du nom , a été le
dixième Khalife de la race des Ommiades en Efpagne. Il fucceda à fon père
i'an 366 de l'Hegire, de J. C. 975, âgé de dix ans, & huit mois feulement.
Il eut pour Gouverneur & Régent de fes Etats un Ebn Amer qui avoit la
quahté de Hageb, ou de Grand Chambellan, & qui dans la fuite porta le titre
d'Almanfor, à caufe des grandes viéloires qu'il remporta fur les Efpagnols, &
fur les Arabes rebelles qui fe foûlevoient de tems en tems.
Ce Prince , après trente-trois ans de règne qu'il avoit pafTés dans une entière
dépendance de ceu.x qui prcnoient la qualité de Hageb dans fa Cour, tomba en-
Hh î lin
a^^ H E S C H I AM.
fm entre les mains d'un Almahadi qui l'enferma dans un lieu fort fecret, &qu!-
fit courir le bruit qu'il écoit mort , en faifant même enterrer un autre pour
luy dans le tombeau de fes predecciieurs.
Mais Almahadi, après avoir joïiy quelque tems de la puiirance fouveraine, ne
put pas fe défendre d'une grolle fitîion d'Arabes qui s'éleva contre luy. Ceux-
cy refolurent de rétablir Hefchâm fur le trône , qui ne manqua pas de fe défaire
auflî-tùt d'Almahadi, & d'envoyer fa tête à Soliman fon neveu, lequel pendant
fa prifon, av^oit pris le titre de Roy à la faveur des Arabes de la campagne.
Hefchâm étant remonté fur fon trône , fit Al Ameri fon Hageb , ou premier
Miniitre : mais les habitans de Tolède s'étant révoltez contre luy , & ayant pro-
clamé Roy Obeidallah, fils d'Almahad, & ceux de Cordoue ayant auffi appelle'
Soliman fon neveu , il fut obligé d'en defcendre uoe féconde fois , & de palfer
en Afrique. Soliman alors fut reconnu^ pai* tous les Arabes d'Efpagne pour le.
feul Roy & Khalife légitime.
HESCHIAM Ben Abdalmalek, dixième Khalife de la race des Ommiades^
fucceda à fon frère lezid, & fut le quatrième fils d'Abdalmalek qui joiiit du
Khalifat. Il remporta plufieurs viftoires fignalées fur le Roy du Turkefiian nom-
mé , ou plutôt furnommé Khacan , lequel fut tué dans un combat par Aifad ,-
fils d'Abdallah General de fes armées. Il défit aufli Zcid , petit-fils de Houlfain,
fils d'Ali,- lequel avoit été proclamé Khalife dans la ville de Coufah.
La durée de fon règne fut de dix-neuf ans, & huit ou neuf mois ; car une-
efquinancie le fuffoqua'' l'an de l'Hegire 125, de J. C. 842. Khondcmir.
Mohammed, ou Ahmed Ebn Sirin , l'Auteur des Oneirocritiques en Arabe,
qu'Ebn Schohnah dit avoit été fils d'Abdaluns , fils de Malek , vivoit fous le-
règne de ce Khalife.
Cet Auteur a traduit Artcmidore , & a ajoute beaucoup de fes obfervations
particulières à l'original. Voyez le titre de Taâbir.
Hefchâm a pafie dans l'hilioire pour un Prince des plus avares. Khondemir
dit qu'il gardoit luy-même les clefs de fes trefors , & generalemeut de tous ks
coffres; de forte qu'on eut de la peine à prouver un linceul pour fenfevelir,
parce que tout étoit enfermé fous la clef. II aimoit cependant extrêmement-
les chevaux, & en nourriflx)it jufqu'à quatre mil dans fes écuries. Il étoit lou-
che, mais d'une manière qui luy lieoit bien. Ben Schohnah appelle ce défaut^
Ahoval bein haoval , entre le louche & le bigle , nous dirions en François
Louchet. •
Ebn Amid parlant de fon avarice dit qu'il avoit fept cent coffres pleins de
meubles, de linges & d'habits qui étoient tous fcclle.z de fon fceau, & que l'on
ne trouva pas à fa mort de quoy l'enfevelir.
Le même Auteur dit que Hefchâm ayant donné le commandement de fes ar-
mées à deux de fes enfans, les envoya faire la guerre aux Romains, c'ell-à-dire , /
aux Grecs , & que l'Empereur Conllantin , c'étoit le fils de Léon Ifaurique,
furnommé Copronyme, étant venu au devant d'eux avoit été. enveloppé, dé-
fait, & pris prifonnier, ce qui eft tout -à- fait contraire à ce que les Hiftoriens
Grecs & Latins rapportent de cet ÏLmpereur.
Hclcl-jâm eut pour fucceffeur Valid fon neveu, fils d'Iczid fon predecciîeur.
qui l'avoit ainfi ordonné au préjudice des propres enfans de Hefchâm.
"Sous le Khalifat de Hefchâm le pays qui comprend la côte Occidentale de la.
mt-r
H E s s A B. H- I R A H. 24^
mer Cafpienne, où cfl la ville de Derbend au pied du mont Caucafe, fut con-
quis par les Arabes. Ce pays fait une partie du Schirvan , & eft appelle en
particulier par les Arabes Serir aidheheb , le pays du trône d'or. l''oyzz ce titre.
Le trait de ce Khalife ell mémorable touchant la pieté; car un de fes enfans
ne s'étant pas trouvé à la Molquée faute de monture , il luy dit d'un ton fort
fevere qu'il y devoit venir à pied , & luy défendit en môme tems de marcher
autrement pendant un an.
HESSAB, un Nombre, & la fcience des nombres, l'Arithmétique, & l'art
fuperftiticux de deviner par les nombres.
Il y a parmi les Arabes un livre fuppofc d'Ariftote , qui ell une lettre de
ce Pnilofophe à Alexandre intitulé Heffdb al galeb u almagloitb^ pour connoitre
par la fupputation des nombres qui doit être le victorieux & le vaincu dans un
combat. Ce Manulcrit ell dans la Bibliothèque du Roy n^. 670.
Samâni a compofé un ouvrage intitulé Adab fi ejlêmdl al Hafeb^ des qua'itcz
d'un bon cômputifte.
HelTabiât u Khathâin, "la Règle des fauiTes polltions,
Elliab fil Helfâb, traité d'Arithmétique, loyez ce titre, ^ celui ^Ellecfa fil
gebr u mocabelah qui efl un traité d'Algèbre,
Le célèbre Docleur Hendovani, duquel on a parle cy-deiï'us, difoit qu'il avoit
trouvé un Doflcur à Bokhare, cà fçavoir, Meidani, & un demy Docteur nom-
mé Ben- Fadhl, qui étoit cependant fort efiimé ; mais Hendovani le qualifioit
ainfi , parcequ'il ne fçayoit pas êlm al héifabiât , la fcience des nombres. Ce
jugement de Hendovani fit que Ben Fadhel s'y appliqua,, & y devint trés-habile.
l^^oyez aufi le titre dz Diophantous dont l'Ouvrage fur les nombres a été tra-
duit en Arabe, fans parler de beaucoup d'autres, entre lefquels il s'en rencontre
un grand nombre de fuperûitieux.
H IRA H. Au tems que les Molouk Thaovaif qui font les fuccelTeurs d'Alex-
andre le Grand , regnoient dans la Perfe , Malek fils de Faham de la tribu ou
famille d'x\zed, & de la ppilerité do Cahelan, fils de Saba , Roy de llcmen ,
s'écablit dans l'Iraque ou Chaldée , & y bâtit la ville de Hirah à deux lieues de
Coufah, où après avoir régné quelque tems, il eut pour fuccelfeur fon frère
nommé Amrou.
Giodhairaah fils de Mtilek fucceda à Amrou fon oncle", & il fut furnommé
Al Abras , parce qu'il étoit lépreux. Ce Prince eut une fœur nommée Ra-
cafch , qu'il maria étant yvre , à un Arabe nommé Adi, fils de Nalfer, do la.
famille des Lakhmites, dans laquelle le Royaumo de Hirah pafFa dans la fdte'
quoy que Giodhairaah le fiât repenti de ce mariage, & qu'il n'y confentit après',
qu'avec peine.
Il y a eu plufieurs Princes de cette famille des Lakhmites qui ont fuccedé
les uns aux autres dans le Royaume de Hii-ah , entre lefquels Amrilcais , &
Nooman font' célèbres.
Tous ces Roys font appeliez par les /Vrabes AI Monadherah, c'cll-à-dire , les-
Mondars ou Mondirs, à caufe que tous portèrent le nom de Mondar avce quel-
que furnom particulier. '[Jn des derniers fut chalîe par Cobad Roy de Perfe à
caufe qu'il refula dembraifcr la fefte de l'Impofleur Mazdak , de laquelle 'ce
Prince faifoit profeffion.; mais il fut rétabli par Noufchirvan fils de Cobr.d , i^ .
H h 3. eut.
245 HIT. H î T H r.
eut pour fuccefTeur Amrou fon fils, qui fut furnommé Modhareth al hegiarat,
fous lequel naquit Mahomet.
Amrou eut trois luccelfeurs dont le dernier fut dépouillé par Khaled fils de
Valid, Capitaine gênerai de l'armée des Mufulmans. Tous ces derniers Roys de
Hirah n'étoient proprement que des Lieutenans généraux, & Gouverneurs pour
les Ro3's de Perfe qui avoient fubjugué leurs Etats , de la même manière que
les Roys Arabes de Gaflan en Syrie, l'étoient des Empereurs Grecs, avant que
la Syrie fût conquife par les Mufulmans.
Ces fuccefieurs d' Amrou portèrent tous trois le nom de Noôman - Khofroes,
Noufchirvan tua en bataille un des trois que l'on appelloit Aboul Cabous pour
le diftinguer des autres.
La ville de Hirah fut ruinée par Sàad Ben Abi Vacas l'an 17 de l'Hegire ,
fous le Khalifat d'Omar , & ne s'eft point relevée , ny rebâtie depuis ce tems-là.
Les derniers Roys de Hirah aufli-bien que la plupart de leurs fujets étoient
Chrétiens. Le JudaiTme avoit fait aufll de fort grands progrez dans tout ce
pays-là, au tems de Mahomet. Novairi a écrit l'hifioirc de ces Roys.
Le Palais ou Château connu des Arabes fous le nom de Khaovarnak , qui
étoit l'ouvrage de Noôman, fils de Monder Roy de Hirah, avoit été bfiti dans
cette ville, & non dans celle de Coufah,, comme quelques-uns l'ont écrit.
Ishak père de Honain étoit natif de Hirah, du nombre de ces Chrétiens que
l'on appelloit Ebad, c'ell-à-dire. Serviteurs de Dieu, parce qu'ils s'étoient reti-
rez aux environs de cette ville pour avoir un exercice plus libre dé leur reli-
gion, lohanna Ebn Mafoviah dit par reproche à Honain qui le fervoit, que la
Médecine n'étoit pas faite pour les gens de fon pays.
HIT, nom d'une ville de la Province nommée en Arabe Erac, qui eft l'Ira-
que, ou Chaldée. Elle eft fituée fur un des bords de l'Euphrate, lequel en fe
courbant regarde le Septentrion, & elle u'eft éloignée de la ville de Cadefie
où fe donna ce grand combat qui décida de la fortune de Perfe, que de huit
parafanges qui font feize de nos lieues communes.
Cette ville a, félon les Géographes Orientaux, deux chofes remarquables. La
première eft une fontaine ou fource de Naphthe que les Perfans appellent
Tchechmeh Kir, Fontaine de poix. Les Turcs pour diftinguer la Naphthe de
la poix , l'appellent Carah fakiz , du maftic noir. La féconde chofe que les
Mahometans trouvent confîderable à E^it eft le fepulcre d'un Mufnlman dont
la fainteté eft en grande réputation chez eux ; il s'appelloit Abdallah , fils de
Mobarek.
L'Auteur de la Géographie Pei-fienne dans fon troifième climat , dit que la
Naphthe fort des fontaines de terre, comme l'Ambre gris fort de celles de la.
mer. f^oyez aiijft Edriiîi dans la partie feptième du premier climat. Ces Auteurs
difent que ce fut avec cette Naphte, ou efpece de Bitume, que l'on bâtit les
tours, & les murailles de la ville de Babel ou Babylone. Oioun Hit, les fon-
taines de Hit d'oij fortoit cette Naphthe , font célèbres parmy les Arabes , &
parmy les Perfans.
HITHI, nom ou plûtoft titre de l'Empereur, des Abilîins, comme autrefois
Pharaon & Ptolomée étoit le nom ou titre gênerai des Roj^s d'Egypte: Cepen-
dant il eft appelle dans l'Alcoran Negiafchi qui vient de l'Ethiopien Ncgioufcho
qui
H I V A T. H O B B. 24^
fjui fignifîe Roy. C'efl: de ce nom que s'cil formé ccluy de Negus que nous
donnons à ce Prince.
HIV A T. Voyez le. titres de Haiat qui fignifie la Vie. Hivat al haivan efl
l'ouvrage de l'hiiloire des animaux , compofée par Demiri : Il y en a deux
éditions, l'une nommée Cobra, la grande, & l'autre Sogra, la petite.
HOBAIRAH, nom propre. Cafr Ebn Hobairah , Château ou Ville bâtie
dans riraque Arabique par Abou lezid Ben Amrou Ben Hobairah. Voyez le
titre de Cafr. Il efl dans le troifième climat, & non pas dans le quatrième,
comme l'on a marque dans le titre de Cafr.
Abou ModhafFer lahia , dit Ebn Hobairah , cil l'Auteur d'un livre intitulé
Ejchràf âla medhaheb al afchrdf, qui efl un traité fur les quatre feftes reconnues ,
& reçues comme Orthodoxes par les Mufulmans. Il a auiîî abrégé le livre qui
porte le nom (ïEkhteldf al êlatm, des diverfes opinions des Dofteurs Mahome-
tans. Cet Auteur porte la qualité de Vizir. Il mourut fous le KhaUfat de
Moftafi l'an 555 de l'Hegire.
HOBAISCH Ben Aâillun , Neveu de Honain Betf Ishak, lequel conjointe-
ment avec Honain a traduit beaucoup de livres Grecs & Syriens en Arabe. Il
y en a même plufieurs de fa façon, qui font attribuez à Honain fon oncle.
Il y a eu un Ebn Hobaifch Aboulfadhl qui a excellé dans la Médecine. Il
étoit Médecin à Teflis , ville capitale de la Géorgie ; c'ell pourquoy on le nom-
me ordinairement Al Thabib Al Taflilïï.
Hobaifch efc le diminutif de Hobafch, qui fignifie un petit Abilîîn, & un Coq
de Numidie que les Latins appellent Meleagris , & les François , Coq d'Inde.
Voyez Hobafch.
HOBAL, Idole des anciens Arabes entouré de 360 autres , plus petits qui
reprefentoient les Divinitez qui pouvoient être invoquées comme prefidentes à
chaque jour de l'année. Cet Idole fut renverfé par Mahomet après qu'il fe
fut rendu maître de la Mecque.
Ebn Hobal , Médecin célèbre de Bagdet, Auteur du livre intitulé MokJitdry
c'ell-à-dire. Recueil de matières choifies fur la Médecine. Il mourut l'an 610
de l'Hegire. On l'appelloit autrement AboulhalTan Ali Ebn Ahmed.
HOBASCH, efl le même que Hobaifch. Aboulfadhl Ben Ibrahim Al Taflifïï '
efl auffi nommé Hobafch. Il a compofé le livre intitulé Beian al iiogioum qui
efl une Théorie, ou Defcription des étoiles fixes & errantes. On a auffi de luy
un livre de Morale fous le nom de Catwun al abad.
H O B B & Hobbat Allah , l'Amour de Dieu. On lit au fécond chapitre de
l'Alcoran ces paroles , Falladhin amanou afchodd hobban lelali. L'Amour pour Dieu
de ceux qui croyent eji le plu; difficile.
Houflain Vaêz rend la raifon de cette difficulté en difant que l'Infîdele voit,
& aime ce qu'il voit ; mais le Fidèle aime ce qu'il ne voit pas : & de plus ,
c'ell que l'homme ne peut aimer Dieu , fi Dieu ne l'aime auparavant , fuivant
ee qui efl dit dans un autre verfet Johebhom u iohebounho. Dieu les aime , if
ils raimerout..
11
^48 H 0 D H A I L. H 0 L A G U.
Il dit enfuite métaphoriquement, que fi la femence du premier amourn'a été
iettée , la plante du fécond ne germera point ; & un autre Dofteur myflique
dit : C'efl un trait du regard de cet amy qui m'a frappé , avant que mon œil
fe foit tourné vers luy: expreflion qui paroît être tirée du Cantique des Can-
tiques. II faut voir fur le fujet de Famour de Dieu le titre Efchkallah.
H O D H A I L. Voyez le titre de Zafr ou Zafar,
HODOUD, les Définitions des chofes. Hadd ou Hodcud al dcl , Ouvrage
dans lequel on trouve les définitions principales de tout ce qui regarde la reli-
gion & la pieté. Il eft dans la Bibliothèque du Roy n^. 723.
HO F F AD H. Plurier de Hafedh, l^oyez le titre Thabacdt al hoffadh, Hi-
ftoire de ceux qui ont confervé & communiqué aux autres les traditions reçues
de Mahomet: Dhahabi en eft l'Auteur.
HOGGIAH &; Heggiah , Sentence decifive d'un procez , Preuve convain-
quante & demonftrative. Mohammed Al Gazali, Docteur infigne parmi les Mu-
fulmans, a été qualifié du 'titre de Hoggiat al eflàm qui fignifie la preuve & la
décifion du Mufulmanifme, c'eft-à-dire, le Docteur le plus decifif.
Ce mot efl auffi devenu un nom propre. Takieddin Abubecr Ali Al Ha-
maovi eft aufll furnommé Ebn Hoggiah. Il eft Auteur d'un Ouvrage intitulé
Bediah , Chofe nouvelle , que l'on nomme encore Tacdim Aboubecr , & d'un
autre qui porte le nom de Thamardt al aourâk fil mohadlurdt , \qs fruits des
feuilles fur les contentions litigieufes, & fur les difputes. Le premier de ces
Ouvrages eft dans la Bibliothèque du Roy n^. 1078, & le fécond au n°. 1155,
le mot de feuilles fe prend pour celuy de livre.
Il y a encore dans la même Bibliothèque n\ 1135, un Enfcha du même Au-
teur , qui eft un Formulaire fort ample de lettres patentes des Princes , & de
mifïives des particuliers.
HOGIENDI, furnom de Borhancddin Ibrahim, Ben Ahrae.l Al Medcni qui
eft Auteur d'un Commentaire fur ïqs^ Arbàin ou Quarante Traditions. Il mou-
rut l'an 851 de J'Hegire.
HOLAGU, cinquième Empereur des Mogols, étoit fils de Tuli Khan, qua-
trième fils de Genghizkhan , •& fucceda à fon frère Mongaca, ou Mangu Caan,
Il fut furnommé Ilkhan, & c'eft de lui que defcend la branche ou dynaftie des
Mogols nommée Ilekhanienne.
Il partit de Cara moram en Turkeftan, où Mangu Caan faifoit fa refidence,
& pafîa dans l'Occident, c'eft-^-dire , en Perfe l'an 651 de l'Hegire, de J. C. 1253,
avec une armée que fon frère lui donna , compofée de l'élite de tous les au-
tres camps des Mogols , dont on avoit tiré deux foldats par dixaine. Il con-
quit avec ces troupes tout ce que nous appelions aujourd'huy laPerfe, la Syrie,
la Chaldée, la Mefopotamie & une grande partie de la Natolie; car ce fut fous
Mangu Caan, & n'étant eftcore que particulier, qu'il fit ces grandes conquêtes.
Il les- commença par l'extermination de cette fefte deteftable des Ifmaëliens
de l'Iran, aufqucls on ne donnoit point d'autre nom que celui de Molahedah,
£'eft-à-dire, d'impies, & il dépouilla leur Prince, nommé Rocneddin Khuz fchah,
de
H O L A G U. 14^
de tous les châteaux qu'il polTedoit dans le Gebdl , ou la Montagne, qui cfl:
riraque Perfienne , ancien pays des Paithcs, licus' foits & bien munis de toutes
choies. Cecy arriva l'an 654 de l'Hegire ; car Holagii navoic puii'é le fieuve
Gihon ou Ox'us qui fepare l.i Perfc du ïuikeftan , qu en Tan 653 , dans lequel
il écrivit au Khalife qù'il^ui envoyât des troupes pour forcer ces rebelles
dans leurs montagnes.
Après la défaite des Ifmaëiiens, Holagu avoit dcflein de venir par la Natolie
droit à Conllantinople; mais Naffired.lin AlThouffi, ce fameux Adronome, qui
drelTa enfuite les tables Ilekhanicnncs fur les obfervations qui fe firent à Ma-
ragah fous l'autorité du même Prince, l'en dilfuada , & lui confcilla de porter
fes" armes contre le Khalife Moftlaliem duquel il ctoit mal fatisfait en fou
particulier.
L'an 6s S de l'Hegire , Holagu s'approcha de Bagdct , & écrivit au Khr.life
pour lui reprocher le refus du fecours qu'il lui avoit demandé contre les Ifmaë-
liens, ennemis déclarez de la religion Mufulmane, & par confequent du Khalife.
Les principaux Officiers du Khalife ayant fait faire une réponfe très-injurieUiC
à fes lettres, & l'ayant même menacé de la colère de Dieu, & de celle du Kha-
life pour avoir ofé mettre le pied fur fes terres, Holagu qui connoiifoit fes for-
ces, & celles du Khalife, ne fut pas moins indigné, qu'irrité de leur infolence,
& commanda à fes Généraux de marcher des deux cotez du Tigre pour affieger
le Khalife dans Bagdct.
Il faut remarquer ici que cette année 6ss de l'Hegire qui répond à la 1257
de J. C. cft marquée par les Orientaux pour celle dans laquelle Conftantinople
fut recouvrée par les Grecs fur les Latins, quoyque plufieurs de nos Hiftoriens
ne la mettent que ^inq ans après.
Ahmed Ben Mohammed Ben Abdalgaffâr Al Cazuini rapporte dans fon Ni-
ghiariftan , au fujet de la prifc de Bagdet , & de la fin miferable du Khalife
Moftâaircm, qu'un an avant la prife de Bagdet par Holagu, c'cfl-à-dire, l'an
65s de l'Hegire, il y avoit un Gouverneur dans la ville d'Idcoubah , ou d'A-
coubah, qui n'efl: pas beaucoup éloignée de cette capitale, qui avoit accoutumé,
félon l'ufage afll'Z ordinaire du Levant, de fe faire gratter les pieds pour s'en-
dormir. 11 em^loyoit à cet ufage un de fes efclaves nommé Atoudeh Ben Am-
rdn, lequel s'étant un jour endormy en faifant cet office, fon maître lui donna
un coup de pied pour le reveiller.
Ebn Amrân s'étant rcveilié, demanda pardon à fon maître , & lui dit qu'il
avoit fongé en dormant que la Mailbn des Abbaffides étoit fur le point de
tomber, & d'efchve qu'il étoit, il deviendroit maître de f£tat des Khalifes, &
de la ville de Tagdet.
Le Gouverneur fe mocqua du fonge de fon efclave; cependant Holagu étant
venu l'année fuivante mettre le fiegc devant Bagdet, les Mogols, ouTartares,
dont le nombre. croiffbit tous les jours, firent un tel dégât aux environs, que
le pays fut en peu de tcms entièrement ruiné, en forte qu'à peine y pouvoit-
on trouver {le l'herbe ; car pour l'orge & la paille , on n'en p<arloit plus.
L'armée des Tartarcs qui ne confi'ltoit qu'en Cavalerie, n'ayant plus de quoy
fubfifler , Holagu eût été obligé de lever le fiege , & de fe retirer avec honte ,
& perte, fans la trahifon dont nous allons parler.
Ebn Arardn fe trouv^oit pour lors du nombre des aiïïegez dans Bagdct, &
il n'eut pas plutôt appris l'état de l'armée des ennemis, que par un billet qu'il
Tawfi IL I i écrivit
^So H 0 L A G U.
écrivit & attacha au bout d'une flèche, qui ftit enfuite tirée dans le camp des
ennemis, il fit fçavoir à Holagu que s'il vouloit demander au Khalife qu'il 4ui
envoyât un nommé Ebn Amran qui lui avoit écrit ce billet , il trouveroit le
moyen de faire fubfifter ailément toute fon armée un mois entier.
Holagu fur cet avis ne manqua pas d'envoyer ^leniander cet homme au
Khalife Moftâaffcm. Ce Prince qui fc trouvoit réduit à une telle extrémité,
que fi on lui eût demandé fon propre fils , il l'auroit accordé , fit chercher ce
Ben Amran avec tant de diligence qu'ayant été enfin trouvé, il le lui envoya
auffi - tôt.
Cet cfclave étant arrivé au camp des ennemis, fut conduit devant Holagu,
& lui découvrit qu'il y avoit des puits dans la ville d'iàcoubah où Ton avoit
ferré une prodigieufe quantité de grains. Cet avis qui étoit fidèle, fit que les
Tartares affamez trouvèrent de quoy fubfifler & qu'ils emportèrent de force
cette grande ville qui fut pillée & ruinée entièrement l'an 6^6 del'Hegire, de
J. C. 1258.
Holagu qui devoit la prife de Bagdet à la trahifon d'Ebn Amran , crut ne
pouvoir mieux recompenfer cet efclave qu'en luy donnant le gouvernement de
la même ville, & de fes dépendances: ainfi fe vérifia le fonge qu'Ebn Amran
avoit fait Tannée précédente. Foyez la mort du Khalife , & l'extinélion du
Khalifat dans le titre de Mofiiâaflem.
La priié de Bagdet fut bien-tôt fuivie de celle de Mouffal ou Moful, & de
toute la Mcfopotamie , car Bedreddin , qui en étoit Sultan , n'attendit pas que
les Mogols fe prefentaffent devant fa place ; il alla rendre en perfonne fès
hommages h Holagu, lequel peu de tcms après fit jetter des ponts fur l'Euphrate,
& paffi en Syrie.
Ce fut dans ce tems-là qui efl l'an 657 de l'Hegire , que Holagu fucceda
dans l'Empire des Mogols à Mangu Caân fon frère, décédé dans l'Orde de
Genghizkhan à Caramoram, ville du Turkeilan, & ce fut dans la même année-
qu il prit aufli les villes de Damas & d'AIep qui furent toutes deux defolées.
Après la conquête de la Syrie, Holagu voulut aller donner ordre aux affai-
res de l'Orient dont la fucceffion lui étoit échue : pour cet effet il laiffa un
des Généraux nommé Ketboga avec un gros corps de Tartares dans la Syrie;
mais ce General eut à faire à un nouvel ennemi qu'il méprifa. Cet ennemi
futCotouz, furnommé Al Malek Al Modhaffer Seifeddin, troiCème Sultan des
Mamlucs Turcs d'Egypte , lequel en l'an 658 , donna bataille à Ketboga , le
défit, lui ôta la vie, & fit fes enfans prifonniers; ce qui fit retourner la Syrie
fous la domination des Mufulmans.
Les Hiftoriens remarquent cette défaite des Tartares pour la première qu'ils
euffent foufferte jufqu'alors ; mais cette perte fut bien-tôt reparée par le retoiu:
de Holagu qui reconquit la Syrie dans l'année fuivante 659.
Quelque' tems après cette féconde expédition de la Syrie, Holagu paffa dans-
la Province d'Adherbigian pour y prendre quelque repos , & ce fut-là qu'il
affembla les plus grands Aftronomes du Mufulmanifme , aufquels il donna de-
gros appointemens, & leur fournit tous les infl;rumens neceffaires pour y faire
de nouvelles obfervations. La ville de Maragah affez proche de celle de Tau-:
ris fut choifie pour lar conftru6lion d'un Obfervatoire , & ce fut dans cette
même ville que Holagu, Prince fage & intelligent, mourut entre les bras de ces
grands hommes qu'il avoit comblés de bien-faits, l'an de l'Hegire 663 ou 664 y-
■ fçIoQï
H O L A G U. ^^j,
fclon quelques Auteurs, ce qui fe rapporte à l'an de J. C. 12^4 ou \26s
après fix ans de rcgnj abfolu, depuis la mort do ion frère. *
Dughuz Khatoua , une des principales femmes de co Monarque , qui étoit
Chrétienne , l'accompagna dans toutes fes expéditions militaires ; fa piUdcncu
& fa fciencc la firent beaucoup confidcrcr par fon mary qui lui donnoit part
dans fes confeils , & la mit par ce moyen en état de procurer plufieurs avan-
tages aux Chrétiens: elle furvcquit peu de tcms à Holagu , & fut enterrée auarès
de luy dans la même ville de Maragah en la Province d'Adherbigian.
L'on dit que Holagu avoit demandé en mariage la fille de Michel Paleob^-u?,
Empereur de Conftantinople qui avoit chalFé les Francs de cette ville, camn e ■
nous avons vu plus haut: l'Empereur Grec la luî envoya; mais cette nouvelle
epoufe le trouva mort. 11 y a cependant plus d'apparence qu'il favoit deman-
dée pour fon fils ; car en cfifet Abaka Ilkhdn qui fucceda immediaeeraent à fon
père, l'époufa dans Tannée 664.
Ben Schohna'i fait le dénombrement des Etats que Holagu laiffa en mourant
à fon fils, & unique héritier Abaka, ou Abga Khan l'an 663 de l'Hegiro.
La grande Province nommée Khoraffan dont la' capitale étoit pour lors la
ville de Nifchabour.
Le Cebdl ou l'iraque Perfienne, pays des Parthes, qui avoit ix)ur capitale la
ville d'Ifpahan.
L'iraque Arabique qui comprend l'Aflyrie, & la Chaldée, & que l'on nomme
auffi firaque Babylonienne, dont Bagdet étoit la capitale.
L'Adherbigian ou la Medie dont la capitale étoit pour lors la ville de Tabriz
ou Tauris.
La Perfe proprement dite , dont la capitale étoit alors la ville de Scliirâz,
autrefois dite Cyropolis; car Eftekhar ou Perfepo^is étoit déjà ruinée.
Le Khourellân ou Khouziftân qui ell l'ancienne Sufiane , dont la capitale
étoit Tôlier ou Schuiler , autrefois dite Sufe de Perfe.
Le Diarbekir qui comprend une partie de l'AflTvrie ou Curdillan , & la Me-
fopotamie , dont la capitale étoit MoUiTiI ou Mjful , bâtie auprès de l'an-
cienne Ninive.
Le pavs de Roum ou des Grecs qui comprenait l'Arménie , la Géorgie, &
i'ATie Mineure dont la capitale étoit Conia qui ell l'ancienne ville d'iconium
en Cappadoce , où les Sultans Selgiucides avoient établi leur fiege Royal , &
d'où les Turcs Ottomans ont tiré l'origine de leur première grandeur.
Voilà ce que les Mogols, que nous connoifTons mieux fous le nom de Tar-
tares , avoient conquis dans i'^lfie en fi peu de tems , fans compter ce qu'ils
avoient déjà pri, dans les pays du Nord au defllis, & au de-là de la mer Ca-
fpienne, en Mofcovie, en Pologne, en Moravie , & dans l'Orient le Tebet,
& la Chine même dont ils étoient les maîtres.
Le même Auteur a remarqué auffi que les Tartares ne furent défaits qu'une
feule fois pendant qu'ils firent toutes ces grandes conquêtes, à fçavoir par Ko-
touz furnommé Al Âlalek Al Modhaffer , troifième Sultan d'Egypte' de la dynafi:ie
des Mamlucs Turcs ou Baherites ; car ce Sultan remporta une viftoire fignalée
fur Ketboga, Lieutenant gênerai de Holagu en Syrie fan de l'Hegire 658, de
J. C. 1259 5 durant le règne de Saint - Louis , comme nous avons déjà vu
cy- deffiw.
lia HOLBAT
«52 H 0 L B A T. — — H O M A I.
HOLBAT Al Cornait," traité du vin, & de la débauche en 25 chapitresy
dont la conclufion eft 'comme une retraélation de tout ce que l'auteur a dit ,
& une deteftation du vin comme d'une chofe défendue par la loy. Il eft
dans la Bibliothèque du Roy n°. 11 82. l^oyez Le titre de Heliat.
HOLVAN, & Hulvan , Ville de l'Iraque Babylonienne, c'eft-à-dire , de
i'Aiîyrie. ou de la Chaldée, fituée à 34 degrez de latitude Septentrionale, où
les Kh.ilifes venoient prendre le frais en été ; car elle eft dans les montagnes
qui fe parent l'Iraque i3abylonienne de la Perfienne , dans laquelle cependant
quelques Géographes la mettent.
Cette ville eft à quatre ou cinq- journées de Bagdet en tirant vers le Septen-
trion: on tient que Cobad, fils de Firouz Roy de Perle de la quatrième dyna-
ftie, appellée des Khofroes ou des Saflanides, en a été le fondateur , & les Tar-
tares ou Mogols de Genghizkhan les deftruéteurs. Le fepuicre de Hamzah y
eft fréquenté, & vifité.
Les Mufulmans croyent que le Prophète Elle qu'ils tiennent vivant , fait fa
demeure dans une montagne proche de liolvan. l^oyez le titre de Zerib
Bar Elia.
Holvani eft le furnom d'Abdalâziz Ben Ahmed qui a commenté le livre d'Ia-
coub Ben Ibrahim, intitulé yldab Al Cadhi^ des qualitez que doit avoir un bon
Juge. Cet Auteur mourut l'an 450 de l'Hegire.
Selman qui a compofé des Amali ou des Diélécs fur plufieurs matières difit».
rentes, & qui mourut l'an 492 de l'Hegire, eft aufîî furnommé Holvani.
HOMACA, plurier de Ahmac qui fignifie en Arabe un Fol, un Sot, un
Ignorant, & ce que nous appelions en François un Innocent.
"^Ketab al homaca u al mogafelin, traité des fols & des ftupides , Ouvrage
d'Abulcaftem Ben Al Giouzi qui fc trouve dans la Bibliothèque du Roy n°. 862.
no MAI & Humai, mot Perfien qui fignifie le plus noble oj^feau que les
Orientaux connoilTcnt. Les Perfans l'appellent auffi Bad Khour , à caufe qu'il
ne vit, & ne fe repaît, à ce qu'ils difent, que de l'air & du vent.
Il pourroit fembler que ce fût l'oyfeau que nous appelions de Paradis, nom-
mé par les Latins Majuicodiata ^ fi plufieurs Auteurs Arabes & Perfiens n'aftu-
roient que le Humai eft une efpece d'aigle royale qui ne mange point les au^
très oyfeaux, & qui fe nourrit feulement des os qu'elle trouve. Saadi dit qu'il
eft eftimé le plus excellent des oyfeaux, parce qu'il ne fait mal à aucun animal j
& qu'il fe contente de manger les os qu'il trouve.
Il ne f^ut pas pourtant confondre cet oyfeau avec celui que les Perfiens ap-
pellent Uftukhan-khour, le mangeur d'os; car ce!uy-cy eft l'Offifraga des Latins
que nous appelions l'Orfraye, qui déterre les corps, & mange leurs os dans les
cimetières ; ce qui lui a fait donner aufli le nom à'Avis Bujîiiaria chez les
Latins.
' C'eft du nom de cette Aigle Royale ou Hunlai que.fe forme le mot de
Humaioun qui fignifie en Perfien, Noble, Heureux, Excellent, & Augufte, à
eaufe que l'ombre faite par cet oyfeau, -en volant fur la tête de quelqu'un, lui
eft, félon la tradition des Orientaux , un prognoftique certain de fortune , &
^c.graudew^ ce qui fait dire au mênio, ^âadi, que perfonne ne recherchera
jamais-
H O M A r.
jamais l'ombre du Chathuant, quand bien même il n'y auroit point de Humai
dans l'univers.
HOMAI, & Khamani, furnommée au/ïï Tcheherzad, ell une Rcyne de Perfe
qui tient le feptième rang dans la dynaftie des Kaianides. Elle étoit fille d'Ard-
fchir Bahaman, fixième Roy de la même famille, & devint grolTe du fait de
fon père qui la déclara en mourant fon héritière, julqu'à ce qu'elle accouchût
d'un fils qui lui pût fuccedér.
Elle en eut un en effet ; mais elle l'ex'pofa dans un coffre qu'elle mit avec plu-
fieurs joyaux fur les bords du ficuve Gihon, au tems de fa crue. Les eaux em^
portèrent auflî-tôt dans leur courant ce coffre où étoit l'enfant, & le jetterent
en un endroit où un Teinturier lavoit fes étoffes.
Le Teinturier ayant ouvert le coffre, y trouva l'enfant, qu'il jugea être de
grande nailfance par les pierreries de prix , que la Reyne y avoit mifcs , afin
que celui qui le trouveroit eût de quoi faire nourrir fenfant. Il en prit donc
un très-grand foin, & le nomma Darâb, à caufe de cette avanture. Foycz le
titre de Durab.
Lorfque cet enfant eut atteint l'âge de puberté, le Teinturier qui étoic fon
père putatif, refolut de lui faire apprendre fon métier; mais Darâb avoic des
inclinations bien plus nobles , & plus dignes de fa naifîance. Il voulut porter
les armes , & prit l'occafion de la guerre que la Reine Homai faifoit aux Grecs
pour s'énrôiler dans fes troupes.
Il donna d'abord, quoique fort jeune, des preuves de fon courage; en forte
qu'il fut dès -lors diftingué par les Commandans de l'armée, Lorfqu'i'l fut plus
avancé en âge, il fit des actions d'une fi grande valeur, que le Général, qui
remarquoit en luy des fignes d'une naiffance élevée au defllis de la condition
d'un fimple foldat, crut en devoir donner part à la Reyne.
Cette Pi-inceffe fit venir ce brave foldat en fa prefence , & jugea auGî-
tofi: par fon grand air , & par fon âge qu'il pouvoit être cet enfant que
l'ambition de régner lui avoit fait cxpofer. Pour s'en éclaircir entièrement,
elle fit faire une cxn&s recherche de fon éducation. Le Teinturier fut appelle,
& déclara l'avanture du coffre ; on reconnut encore quelques joyaux de ceux
que la Reyne y avoit mis , & enfin fa naiffance fut fi pleinement vérifiée,
qu'il fut reconnu pour véritable- fils d'Ardfchir.
Homai fo mère qui avoit déjà régné 32 ans, luy mit elle-même la couronne
de Perfe qui lui appartenoit, fur la. tête, & fe retira enfuite de la Cour, choi-
fiffant un lieu écarté où elle palfa le reffe de fes jours dans une vie privée.
Cette Reine mérita de régner par les grandes qualitez qu'elle pofledoit ; on
lui attribue les plus beaux ouvrages qui fe voient aujourd'huy en Perfe , car
l'on croit qu'elle fit bâtir le fuperbe Palais des 40 colomnes appelle Tchihil
Homai fit bâtir aufîi la ville de Scmrem, ou Semiramis, au rapport du livre
intitulé LeZ) altaovarikh. , ce qui fuit juger que cette Princeffe efl' la Semiramis
des (îrecs. '
: Le Tarikh Cozideh ou Montckheb ne fait . aucune m.ention. de cette Reine
dans la dynaftie des Càianidcs.
I-i .1 HO M AID Air.
^54 H O M A I D A H. H O M A I O U N.
H OM AID AH. Abouthai lahia Ben Ho'maidali eft cité comme l'Auteur
d'un Tariich ou Hiiloire.
HOMAIDI, furnom de Mohammed Ben Abou Nafr qui a compofé une
hiftoire , qui -commence à la naiffance du Mufulmanifme , & finit au Khalifat de
Mollarfched l'AbbalIide: Elle eil intitulée JJolgat almojîâmel.
HOMAIOUN, & Humaioun; ce mot fignifîe proprement en Perfien, Heu-
reux, Royal, & Augufte. C'ell auffi le nom propre d'un Sultan fils de Babor
ou Pabur , fils d'Omar Scheikh, fils d'Abufaidmcd , fils de Miranfchah, fils de
Timur ou Tamerlan, félon Mirkhond, & Khondemir. ^
Nous mettons icy cette généalogie entière , parce qu elle eft importante pour
fçavoir la véritable defcendance des Grands Mogols qui ont régné , & qui régnent
encore dans les Indes , laquelle eft fort corrompue , & embrouillée dans la plu-
part des relations de nos voyageurs.
Babur fils d'Omarfcheikh qui ne régna point, fucceda à fon oncle Ahmed,
fils d'Abufaid , dans les j)ays de la Tranfoxane , l'an 899 de l'Hegire , &
J. C. 1493. 11 f^t chafte de fes Etats Tan 904 de la même Hégire par Schai-
beg Khan qui prétendoit être fils d'Ahmed , & avoir été enlevé , & nourry
parmi les Uzbeks. Babur fut obligé de s'enfuir avec ce qui lui refta de trou-
pes fidèles au pays de Gaznah , & dc-là aux Indes où il régna jufqu'cn 937,
& laifta pour fucceiTeurs deux fils nommez Homaioun, & Camoràn.
Homaioun ayant fuccedé à Babur fon père l'an de J. C. 1530 , ne fut pas
long-tems pailible dans i^QS Etats; car Schir khan fon Vizir s'écant lié d'intérêt
avec Cimoran fon frère, firent enfemble un complot pour le dépouiller. Cette
conjuration l'obligea de s'enfuir en Perfe auprès de Schah Thamas qui y regnoit
•pour lors.
Schah Thamas ufa d'une très-grande generofitc envers ce Prince , car il lui
donna un puiflant fecours fous la conduite de Baharam Khan , par le moyen
duquel il vint à bout de tous ^es ennemis , fut rétabli fur fon trône , & régna
jufqu'en l'an 960 de l'Hegire, de J. C. 1552.
Homaioun fut père de Gelalcddin Akbar , celuy-cy de Gehanghir père de
Schahgehan , qui eut pour lils Aurenk Zcb ou Orangieb , qui règne en-
core aujourd'huy dans les Indes , & que nous appelions ordinairement le
Grand MogoL
HOMAIOUN Nameh, ou Humaioun Nameh, le Livre Roj^al , ou Augufte.
C'eft la traduftion Perfienne du livre intitulé Kalilah ve Damnah.
Ce livre qui n'eft qu'un tifiu d'Apologues , & de fables tirées des proprietez
des animaux , fut compofé par un Philofophe Indien nommé Bidpai pour un
Roy des Indes qui portoit le nom de Dabfchelim. Il eft rempli de précepte»
moraux, & politiques.
Nourchirvan, Roy de Perfe, envoya fon Médecin nommé Buzrvieh exprès pour
recouvrer ce livre qui étoit gardé foigncufement dans la Bibliothèque des Roys
des Indes , & l'ayant entre les mains , il le fit traduire de l'Indien en langue
Pehelcvicnnc qui eft l'ancien Perfien , & lui donna le nom de Humaioun
Nameh.
Abou^iâfar Almanfor , fécond Khalife àQi Abbaffides, le fit enfuite traduire de
l'an-
HO NAIN. " 25^
l'aticien Perfien en Arabe, par l'Imam Abulhaflan Abdallali Ben Mocannâ foiis
le titre de KaliJah & Damnah. '
Quelque tems aprjs, le Sultan Nafler Ben Ahmed, de la dynaftie des Sama-
•ides , le fit encore traduire de la langue Arabique en Perfien. plus moderne ,
par un Doftcur inconnu; & cette verfion fut mile aufli-tôt en vers, par le cé-
lèbre Poète Perfien nommé Roudeki.
Baharara fchah , fils de MaiFoûd , Sultan de la dynafiiie des Gaznovides , non
content de cette verfion Perfienne, fit travailler Naliallah Aboulmàala, le plus
éloquent homme de fi)n tems, fiir le texte Arabique de Mocanna, & c'efl: cet-
te verfion Perfienne que nous avons aujourd'huy fous le titre de Kalilah ve
Damnah. l^oycz le titre de CaUlah ou Kalilah,
Ce livre a acquis une Çi grande ellime dans l'Orient, que dans la fin du neu-
vième fiècle de THegirc , l'Emir Sohaili , Géneralillîme des armées de Houflain
Ben Manfour , Ben Baicarah ou Baiera , Sultan de Khoraflan , qui étoit de la
pofl:erité de Tamerlan , entreprit d'en faire faire une nouvelle verfion , par le
Do6teur Hufiliin Vaèz , dit Al Kafchefi , laquelle furpalle toutes les autres en
élégance & en clarté.
Cette nouvelle verfion porte le nom à'^nvar Sohaili , les Splendeurs ou les
Lumières de Canopus, à caufe qu'elle fut faite à l'inftance de l'Emir, qui por-
toit le nom de cette confi:ellation , & a été traduite en langue Turquefque en
profe & en vers.
Gemali l'a mife en vers pour Bajazeth, fécond du nom, Sultan de la race des
Ottomans.
Il y a un autre Humaioun Nameh , qui efl: un formulaire de lettres dans la
langue & dans le fi;yle des Perfans ; c'ell un Mohammed Ben Ali , connu fous
le nom de Schehabeddin Al Monfchi , qui en ell l'Auteur,
HO NAIN. Abouzeid Abdalrahman Honain Ben Ishak Ben Honain, Méde-
cin Chrétien , célèbre dans fon art , m.ais encore plus illufl:re par la traduction
qu'il a faite des livres Grecs en Syriaque & en Arabe.
Il étoit fils d'un Ishak, & fut père d'un autre Ishak, que l'on qualifioit Ben
Honain, & lui-même étoit petit-fils aufïï d'un Honain. Il étoit Ebadi ou Eba-
dien, c'elt-à-dire , de ces Chrétiens, connus fous le titre de Serviteurs de Dieu,
lefqucls s'étoient ramafi!cz de pluficurs endroits de la Syrie & de l'Arabie , &
avoient choifi leur demeure dans l'Iraque Babylonienne ou Chaldéc aux envi-
rons de Hirah & de Coufah.
Il fut Médecin du Khalife Motavakkel , _& mourut fous le Khalifat de Mota-
med l'an 160 ou 261 de l'Hegire, excommunié par le Patriarche pour une gran-
de irrévérence qu'il avoit commife contre les images.
■ Il avoit été difciple de Jtan , fils de Mafibviah , que nous appelions Mcfué ,
lequel parut lui envier fa doctrine , & il le fervit beaucoup -d'Ishak fon fils &
de Hobaiz fon neveu dans les verfions qu'il entreprit.
Nous avons de luy, dit Ben Schonah , l'Euclide & l'Almagefle de Ptolemée
eh Arabe , que Thabet Ben Corrah , le Sabien , a revu & corrigé après luy.
La plus grande partie des ouvrages d'Hipocrate & de Galien, qu» l'on a en
Arabe, efl; fortie de l'école de Honain: car il avoit pluûeurs difciples qui fe fai-
foient honneur de faire pafi^er leurs traductions fous fon nom.
' Il y a dans la Bibliothèque du Roy plufieurs ouvrages du même Auteur , com-
> • me
.%S6 ' H O R M O U Z.
me Kefalat al naik & Haouafchi mejfail al Iiakim Honaîn le Abifanek^ n*. 86<5. On
attribue aufïï la traduflion des Analj'tiqucs d'Ariflote , & du Traité de l'inter-
prétation à Honain & à fon iils. Les Arabes appellent le premier ouvrage Ano-
louthka, & le fécond Bari Arminias , noms corrompus du Grec. •
HORMOUZ, Ville que nous appelions aujourd'huy Ormuz, fituée fur le Gol-
fe de Perfe. Le Géographe Pedien, dans le MelFahat al ardh au troifième cli-
mat, parle en ces termes de la ville d'Ormuz.
Cette ville cH très-ancienne & appartient à la province de Kerman , qui efl:
la Caramanie Perfique , fituée au milieu d'une plaine très -fertile en palmiers
d'Inde. Après que les Francs ou Européens l'eurent ruinée , les habitans paf-
rent dans une ifle du Golphe Perfique , qui en étoit fort proche du côté de
l'Occident, & y bâtirent une nouvelle ville, à laquelle ils donnèrent le même
nom , & l'on ne voit plus préfcntement que le tour des murailles prefque tou-
tes ruinées de l'ancien Ormuz.
Teixcra dans fon hiftoire d'Ormuz dit, que ce furent les Turcs, c'efl-à-dire ,
les Selgiucides, qui par leurs pilleries obligèrent les habitans de fe retirer dans
rifle de Gerun, où ils bâtirent la ville dite aujourd'huy Ormuz.
Jean de Barros écrit que , lorfque les Portugais arrivèrent aux Indes , ils ne
trouvèrent point d'autre Ormuz que celle qui étoit bâtie dans l'ifle , celle du
Continent étant déjà ruinée , de forte qu'il feroit fort difficile de deviner qui
font ces Francs ou Européens, lefquels, félon le Géographe Perfien, l'auroient
pu démolir; de forte qu'il eft plus fur de s'en tenir aux annales de Touranfchah
d'où Tcixera a tiré ce que nous en avons déjà rapporté.
Le nom de cette ville s'écrit en Perfien , de môme que celui de quelques Rois
de Perfe, connus par les Hîfi:oriens Grecs & Latins, fous celui de Plormizdas.
Les Perfans attribuent à l'un d'eux la fondation de cette ville. Voyez Hormouz,
fils de Schabour, & Hormouz, fiis de Narfi.
Les Annales de Touran fchah atti-ibuent la fondation de cette ville à un ISIo-
hammed, Prince de i'Iemen de la famille de Saba, fils de Joftan, fils de Hebcr,
lequel ayant été défait par un autre Prince de (es voifins , traverfii le Golphe
Perfique & s'habitua dans la province de Kerman , où il bâtit cette ville qui
n'étoit pas éloignée de la m:r. Ce Prince fat furnommé Dithem kûb, à caufe
de"s drachmes, monnoye d'argent, qu'il fit battre, & non pas Drame u , comme
l'appelle Teixera.
La nouvelle Ormuz a une fort haute montagne qui couppe fifle d'une mer
à l'autre: la fortorefic, que les Portugais y ont bâtie, regarde le Nord, & fut
prife par Schah Abbas , Roy de Perfe , fur les Portugais , qui n'y font point
rentrez depuis. Tout le commerce de cette ville , dont le terroir n'efl; que fel
& fouffre qui y rendent la chaleur infupportable , a été transféré par les Per-
fans au Bendcr Abbaflî, qui efi: fur le même Golfe un peu plus vers le Nord.
HORMOUZ, fils de Schabour & petit-fils d'Ardfchir Babegân , efi; celui que
nos Hifioriciis appellent Hormizdas , fils de Sapor , troifième Roy de Perle de
la race des Saifanides ou Khofrocs.
C'étoit un Prince de très-bonne mine, robufte & de belle taille. Il s'addon-
m à l'étude ; ' mais fa fcience lui nuifit : car elle le fit tomber dans \qs erreurs
de
HORMOUZ.- ^^
ée Manés, qui prétendoit avoir raffiné fur la dodrine de Zoroaftre, Légiflateur
des Mages, en la mêlant avec celle des Chrétiens. -j
Ce Prince fut tellement prévenu en faveur de cet impofteur , qu'il 6t bâtir
exprès une place forte entre Bagdet & la Sufiane, pour lui fervir de retraite
contre ceux qui le pourfuivoient juflement à caufe de fon impiété : ce château
fut appelle Defkereh, nom qui ell demeuré depuis ce tems-ld à tous les châteaux
en général.
On tient auflî que ce Prince a été le fondateur de l'ancienne ville de Hor-
mouz ou Ormuz, & qu'il lui donna fon nom: Elle étoit bâtie dans la terre fer-
me, & on l'appelloit tJcheher Hormouz , la ville de Horraouz , pour la diflin-
guer de Gezirat Hormouz, l'Ifle de Hormouz , où on a depuis bâti une villa "
du même nom. l'^oyez encore Hormouz, fils de Narfi.
Ce Prince i du confentement de tous les Hilloriens, n'a régné que- deux ans
au plus; car quelques-uns ne lui donnent qu'un an & dix mois de règne, &
marquent fa mort en la deuxième année de TEmpire de Maxirain. Baharam,
fon fils, lui fucceda.
L'Auteur du Bahariflan rapporte dans fon troifième chapitre , qu'un des Mi-
niflres de Hormouz ayant acheté pour luy une partis de Diamants cent mil di-
nars d'or, & ayant appris qu'il n'en vouloit point, lui écrivit qu'il trouvoit à
les vendre au double du prix qu'ils avoient coûté; c'ell - à - dire , qu'il y avoit,
comme parlent les Marchands , cent pour cent à gagner. Ce Prince fage &
definterelfé lui fit réponfe en ces termes. Ni cent , ni mil' de profit ne me
font rien: mais fi je me mêle de ftiire le négoce, qui eft-ce qui fera le métier
de Roy ? Et que deviendrons les Marchands ?
L'on lit dans le Rabi al abrar une de ces maximes, que l'on appelle Apoph-
thegmes , qui lui. eft attribuée , à fçavoir , que les Princes font femblables au
feu qui brûle ceux qui s'en approchent de trop près , & qui fert beaucoup à
ceux qui s'en éloignent à une diftance convenable. Les termes Arabes font Man
carebha Kather âlaihi dhararha u man baêdha entefà bihi.
Ce Prince efl furnommé par quelques Hiftoriens Al Horri , & par quelques
autres Al Giarri; mais ce dernier mot peut être corrompu par la tranfpofition
des points : Le premier fignifie libre & libéral. Ce fut lui qui établit Nômân ,
fils de Mondar, furnommé Aboulcabous , dans le Royaume de Hirah en Chal-
dée, lequel fut tué enfuite par Khofrou Parviz, félon le Rabi al abrar; mais il
y a bien plus d'apparence que ce fut Hormouz , fils de Noufchirvan , & noa
pas le fils de Schaboûr qui donna la couronne à Nôman. L'on parlera de cet
Hormouz après Horraouz, fils de Narfi. Foyez Schaboûr fils d'Ardfchir.
HORMOUZ, fils de Narfi. C'ell Hormizdas., fils de Narfes , comme l'ap-
pellent les Grecs, 11 étoit petit-fils -de Baharam & fut le huitième Roy de Per-
fe de la famille ou dynaftie des SalTanides.
Ce Prince paflTe pour avoir été doué de toutes les vertus royales ; car il ai-
moit extrêmement la juitice qui en eft la principale , & en donna des marque»
éclatantes par l'établiflement qu'il fit le premier d'entre tous les Roys de cette
dynaftie, d'une Cour de juftice créée exprelTement pour reparer les torts que les
Grands faifoient aux plus petits. Il ne fe contenta pas d'avoir érigé ce tribu-
nal contre les propres Officiers; mais il y venoit fouvcnt préfider lui-même,
pour imprimer plus de terreur à ceux qui abufoient de leur autorité.
Tome IL K k Hor-
tst H 0 R M O U Z.
HoiTHOUZ regm refpace de neuf ans pendant lefquels il étendit beaucoup les
limites de fon Empire. Il bâtit plufieiirs villes dans le Khuziftan, qui eft la \u-
fiane, & le Tarikh Cozideh aufïï-bien que le Lebtarikli difent , qu'il eft peut-
être aufii le fondateur de l'ancienne ville de Hormouz , fituée dans la provin-
ce de Kerman , quoyque plufieurs attribuent la fondation de cette ville à Hor-
rtouz, fils de Schabour , un de fes prédecelTeurs , qui a été le troilième Roy
de la même dynallie des Salfanides.
Ebn Batrik dit, qu'il régna fept ans & cinq mois fur la fin del'Empire de Gai-
lien, c'efl-à-dire , dans fa quatorzième année.,
HORMOUZ, fils de Noufchirvîln. Les Perfans le nomment aufîî Hormozd,,
d'où les Grecs ont fait Hormizdas. Il étoit fils de Khofroes , furnommé Nou-
fchirvan, & fut le père de Khofroes, furnommé Parviz ou Aparviz.
Ce Prince rendit afTez bonne juftice à ks peuples dans les premières années
de fon règne ; mais il devint dans la fuite cruel , & particulièrement envers les
Grands de° la Perfe , dont il fit mourir un fi grand nombre , que quelques Hif-
toriens le font monter jufqu'à treize mille.
Il prétendoit aufli fe poavoir pafler de gens de Jufl;ice , fous prétexte qu'il
k vouloit rendre lui-même en perfonne à tous Ces fujets , ce qui fut la caufe
des grands defordres, qui arrivèrent depuis dans fes Etats. Sa trop grande fé-
verité aliéna tellement les efprits , & lés cœurs de tous les Seigneurs reftez en.
vie , & enfuite de tous fes fujets , qu'une averfion fi générale de fon gouver-
nement fit naître à fes voifins le deffein d'entreprendre fur fa couronne.
Schabé Schiah , fon coufin-germain , fils du Khacân ou Empereur des Turcs
Orientaux, duquel Noufchirvan, fon père, avoit époufé la fille, fut celui qui
l'attaqua le premier. Ce Prince, après avoir palIé le Gihon, entra dans la Per--
fe avec uile armée de trois cent iflil hommes , ce qui obligea Hormouz , félon,
le rapport de Khondcm.ir , de tenir un grand confeil de guerre pour délibérer
' des moyens qu'il y avoit à prendre pour s'oppofer à de fi grandes forces.
Pendant que le Roy tenoit fon confeil, un de fes Minifbres lui dit, que fon
père, homme déjà fort avancé en âge, fçavoit quelque chofe affez importante,
fur le fujet de cette guerre, dont il defiroit entretenir le Prince en particulier,
ïi,e Roy commanda auffi - tôt qu'il fût appelle pour être entendu , &. voicy le,
difcours que le vieillard lui tint.
Lorfque Noufchirvan , père de vôtre Majefté , m'envoya de fa part vers le -
Khacan des Turcs » pour luy demander une de fes- filles eh mariage , ce Prince
fit venir devant moy toutes fes filles , afin que je fiffe le choix de celle que je .
trouverois la mieux faite , & la plus fortablc pour le Roy mon maître.
Une des Reines , femmes du Kliacan , qui efl: maintenant vôtre ayeule , ne ■
pouvant fe refoudre à.fc feparer de fa fille, qui eft aujourd'huy la Reine, vô-
tre mère, ufa d'artifice, afin que je n'en fis pas le choix, & fit en forte qu'el-..
le parut devant moy, fans aucun auti-e ornement que celui de fa beauté natu-.
relie , pendant que les filles des autres Reines fe préfenterent avec la pai-ure,.
&avec tous les ajufl:emens qui convenoient à leur fexe & à leur rang.
Je ne me lailfay point cependant furprendre , ni éblouir par l'éclat de tout ;
cet appareil extérieur, & je m'arrêtai uniquement à celle qui me parut la plus
belle, quoyque la plus négligée ; je la demandai au Roy fon père , & elle me
fut accordée dans le même tems. H arriva donc, pour lors à mon égard ce que
dit
H O R M 0 U Z. ijj^
dît un de nos Portes : Mon cœur s'eft tourné plufieurs fois à droit & à gau-
che , mais enfin , il a laiffé toutes les autres bcautez à part pour s'attacher à
vous feule.
La Princefle m'ayant été confiée , le Roy fon père fit faire , fuivant l'ufa^e
du pays , fon horofcope , par les plus habiles Aftrologues , pour apprendre d'eux
quelle deftinée elle auroit en Perle. Ils s'accordèrent tous en ce point, qu'elle
devoit mettre au monde un Prince qui furpalTeroit en grandeur & en puiflan-
ce tous fes ancêtres ; que ce Prince fcroit un jour attaqué par un des Roys du
Turqucftan, fur qui il remporteroit une viftoire fignalée, par la valeur d'un de
fes Capitaines qui auroit la phyfionomic d'un chat fauva?e.
Les Devins dirent de plus, que ce Capitaine feroit un homme de haute fta-
ture, qui auroit le. front large, les cheveux épais, le vifage plein, le teint af-
iez brun, les fourcils joints enfemble, la taille fort dégagée, & porteroit en un
mot la phyfionomie de cet animal.
Ce rapport , pourfuivit le vieillard , ayant été fait au Khacan , je pris congé
de lui, & je conduifis la Princede en Perfe , & il n'eût pas plutôt achevé ces
mots, chofe étrange, qu'il tomba roide mort aux pieds du Roy. Si ce Prince
fut furpris de cet accident , il ne fut pas moins empreffé d'apprendre le nom
de ce Capitaine qui devoit combattre & vaincre fes ennemis ; il fit chercher
avec unp extrême diligence celui que l'on trouveroit avoir les fignes que les Afl:ro-
logues & les Devins du Turkeftan avoient marquez , & comme , après une exac-
te recherche, ils fe rencontrèrent tous dans la perfonne de Baharam , furnom-
mé Tchoubin ou Khounin , félon quelques exemplaires , car ces deux mots s'é-
crivent avec les mêmes caraftères marquez de difix^rens points , on ne douta
point qu'il ne fût celuy que les Aflrologues & les Devins avoient prédit.
Hormaz lui deflina donc le commandement de fon armée , & lui donna en
même tems le pouvoir de choifir entre toutes fes troupes celles qu'il jugeroit
les meilleures pour combattre les Turcs ; mais il demeura fort étonné ,"" lors-
qu'il vit que Baharam ne choifit que douze mil hommes d'entre les plus braves
de toute l'armée , avec lefquels il prétendoit d'en battre une que l'on faiibit
monter jufqu'au nombre de trois cent mil.
Ce grand Capitaine , qui étoit de la race des Princes de Rei , gouvernoit pour
lors la province d'Adherbigian ou Medie. Il partit de ce pays-là, doù s'étant
avancé vers le camp des Turcs , il ne fut pas plutôt en préfence , qu'il leur
prefenta bataille. Il tua d'abord le Prince Schabé Schiah d'un coup de fieche
de fa main, fit enfuite prifonnier fon fils, qui s'étoit jette le plus avant dans la
mêlée pour vanger la mort de fon père, & il mit, par ce double fucccz fi
avantageux & fi inopiné , les Turcs en un tel defordre , que n'ayant plus de
Généraux à leur tête pour les faire agir , ils prirent la fuite & abandonnèrent
leurs bagages aux Perfans,
Baharam , après s'être rendu maître de leur camp & avoir fait un très-gros
butin, envoya le Prince fon prifonnier à Hormouz, avec ce qu'il avoit trouvé
de plus prctieux parmi les dépouilles des ennemis , & le Roy, fort content de
fon aftion , lui donna les louanges 'qu'il avoit méritées , par une viftoire qui avoft
fauve la Perfe des mains des Turcs : mais les envieux de la gloire du vainqueur
qui étoient auprès du Roy , & entr'autres Jezddn Bakfche , fon premier Vizir ,
lui firent entendre , que Baharam ne lui avoit envoyé que la moindre partie du
butin, & qu'il s'étgit refervé plufieurs pièces d'un prix incftimablc.
K k a Ces
,i.<5o H O R M O U Z.
Ces mauvais offices firent un tel effet fur fefprit de ce Prince , qui étoit
avare, qu'oubliant le grand . fervice que Baharam venoit de lui rendre, il perdit
tout d'un coup l'eflimc qu'il avoit 11 jullcment conçue pour un fi grand Capi-
taine ; de forte que pour le .deshonorer entièrement, en échange de fes pré-
fens, il lui en envoya un, qui confiftoit en quenouilles, en fufeaux & en autres
inftrumens, propres aux femmes pour filer.
Baharam outré au dernier point de Tingratitude du Roy, & fe trouvant à la
tête d'aufli braves foldats qu'étoient les fiens , crut qu'il étoit en état de fe
.•venger de cet afi'ront ; il parut auffi-tôt au milieu de {es troupes paré de tout
cet appareil féminin , que le Roy lui avoit envoyé , & leur donna part de tout
ce qui s'étoit palfé entre le Roy & lui , leur faifant entendre qu'ils partageoient
cet afl^ront avec lui. Ce fpeélacle 'accompagné des difcours, féditieux de Baha-
ram, irrita tellement fes troupes, qui ne pouvoient fouffrir patiemment un trai-
tement fi indigne fait à leur Général & à tout leur corps , que tous les Offi-
ciers lui jurèrent avec de grands fermens qu'ils le fuivroient par -tout où fon
relTcntiment le pourroit poulfcr.,
Baharam s'étant ainfi affui'é de la fidélité de fon armée, fe foùleva hautement
contre le Roy , fit battre monnoye au coin de Khofrou Parviz , fon fils aîné ,
& la fit répandre en fort peu de tems par toute la Perfe.
. Hormouz tourna auïli-tôt tout fon rclfentiment contre Khofrou fon fils , du-
•quel les rebelles prenoient le nom pour lui faire la guerre , ce qui oBligea ce
Prince à quitter la Cour, & à.fe réfugier en Adherbigian ou Medie, pour évi-
ter la colère du Roy fon père. La guerre s'échauffant cependant entre ks deux
partys , Hormuz fut défait par Baharam : mais fon malheur ne s'arrêta pas - là ;
car lorfqu'il voulut fe fauver dans une de fes places , il fut faifi par une trou-
pe de faftieux , qui l'ayant mis fous fûre garde , lui firent crever les yeux.
Khozrou Parviz n'eut pas plutôt appris • la, difgrace de fon père , qu'il prit la
qualité de Roy, & l'alla trouver, pour fe purger de tout ce qu'on lui pouvoit
imputer fur ce qui s'étoit paifé. Plormouz lui dit, qu'il recevoit fes excufes, à
condition qu'il fît châtier ceux qui l'avoient réduit en cet état : & fon fils le
lui ayant promis, les troubles celferent. , & le règne de Khofrou Parviz com-
mença , après douze ans du règne de fon père.
Ce qui a été dit jufqu'icy de Hormouz, efi; tiré de Khondemir. Il faut voir
le rcile des avantures de Baharam & de Khofrou Parviz ou Aparviz dans leurs
titres particuliers. Aboulfarage, & pluficurs autres Hifi:oriens furnomment Baha-
rdm, qui ufurpa dans la fuite la cour.onne de Perfe, Marzaban , mot qui figni--
fie Gouverneur & Lieutenant- Général de province &, d'armée.
Noufchirvan avoit donné pour Gouverneur à Hormouz, fon fils, pendant fa
jcunelfe, Buzurge mihir, homme doué de fort grands tàlcns. l^oycz dans fon ti-
tre particulier , le tour que lui fit fon difciple , auquel ce fage Gouverneur rcr
commandoit fur toutes chofes la vigilance & l'application aux aflaires.
Hormouz fils de Noufchirvan, duquel nous parlons , fut furnommé Tagedâr j
le Porte-couronne , à caufe de la coutume qu'il avoit de s'en fervir continuel-
lement, ce que fes prédecefi'eurs ne pratiquoient pas; car ils ne la prenoient
que lorfqu'ils rendoient juftice à leurs fujets: c'eft pourquoy il femble qu'il eût
pris cette coutume , à caufe qu'il vouloit la rendre luy feul , ayant , pour cet
effet, cailé tous les Officiers fubalternes qui l'adminiilroient fous fon autorité.
Lion dit, que ce Priive étant interrogé pourquoy il ufoif d'une fi grandç_
.-;-) fcve--
H O R V A T. H O S R I.
261
féverité envers les Seigneurs de fa Cour, dont il tenoit un grand nombre dans
les prifons, répondit qu'il le faifoit, à caufe qu'ils témoignoient de le craindre
trop , & qu'n trouvoit bon de le défier toujours de ceux qui ne prenoient
point de confiance en Uij\ (^oyez aujjl les titres d'Onnoz âf a'Orraozd.
' HORVAT & Harvàt. Horvat Vilaicti. Les Turcs appellent ainfi en leur
langue la Croatie qu'ils confondent fouvent avec la Bofline, quoy que celle-cy
ait néanmoins fqn nom particulier de Herzek & de Herzegouina.
Les Turcs appellent aulfi Drenzil Ban , le Prince*ou Gouverneur de la Croa-
tie, à caufe de Drenzen , Comte de Cilley en Croatie, qui fut défait & pris
prifonnier, par le Bâcha de la Bofline fous iiajazet Second, l'an de l'Hcgire 899,
de J. C. 1493.
Les Grecs mo.lernes, comme Cedrenus & autres , appellent les Croates Hor.
vatœ & Chorvalce.
H O S N al menakeb ^ &c. men al fairat al Dhaheriat. La Vie & le Règne
du quatrième Sultan des Mamlucs, Turcomans d'Egypte, nommé Bibars , fur-
nommé Al Malek Al Dhaher & Al Bondokdari , qui commença fon règne l'an
658 de l'Hegire & le finit en 676, qui efl de J. C. le 1277. Ce livre a pour
Auteur Schafage Ben Ali, & le trouve dans la Bibliothèque du Roy, n^. 818.
HOSN AI mohadherat fi akhbar Mcfr u al Caherat, Hifloire du vieil & du
nouveau Caire d'Egypte, recueillie des ouvrages 'de 28 différens Auteurs , par
Gelaleddin Al Sôiouthi. Elle efl dans la Bibliothèque du Roy, n. 824.
HOSNI ou Hcfni , fïirnom de Takieddin Aboubecre Al HofTaini-, natif dô
Damas, qui mourut l'an 820 de l'Hegire. Nous avons de lui deux ouvrage?
dans la Bibliothèque du Roy, n . 686.
«-Le premier eft intitulé, àioiar al fakcât al moumenàt al khairdt y les Vies- des
faintes iMufulmancs.
Le fécond porte le titre de Scir al -fakk fi afm armejfalek, la vie que doit
mener un homme qid s'applique à la dévotion.
HOSRI, furnom de Sdad Ben, que l'on appelle auffi' fouvenf Al Ovarrdk,
TEcrivain. 11 efl différent d'Ibrahim Ben Ali , duquel on parlera immédiate-
ment après ccluy-ci , qui efl Auteur du livre intitulé Lpfdindt men al Mc^Oniât
Âl liariridt, c'cfl-à-dire , explication & Prononciation des mots dilBciles du IK.
vre de Hariri, intitulé Mecamàt.
HOSRI, furnom d'Ibrahim Ben Ali- Ben Temim , qui efl plus connu fous
le nom de Cairovpni, à caufe qu'il étoit natif de la ville de Cairoan ou de
Cyrene en Afrique. Il étoit excellent Poëte , & nous avons de lui un Divan'
en Arab-e qui porte fon nom.
Il compofa aufiî en profc , dans Ja même langue , ' plufieurs ouvrages , dont
les principaux font Zahcr al addb ou Schaher al albab , les Fleurs des bonnes
mœurs & les lumières des cœurs. Ce livre , qui efl un traité de morale fort
complet, eft divifé en trois parties.
Il en fit un autre, qui efl compris dans un feul volume , intitulé Ketàb M
W.3jf(nmfifirr al Imvdn'al imkmun^ le livre caché, touchant le fecrctde l'hiN
' iv k 3. milité,.
^51 H OS S AN. -H OU..
milité & de la douceur. Ce livre eft fort eftimé, & Ben Rarehik le cite fou-
vent dans fon ouvrage, intitulé ^^ ^wzoMiflge.
Ce Dofteur, félon quelques-uns, mourut dans la ville de Cairoan fa patrie
l'an de l'Hegire 413, mais plufieurs ont écrit qu'il publia fon livre de Zaher al
adàb feulement dans l'an 450 , ce qui favorife le fentiment de ceux qui alfu-
rent qu'il ne mourut qu'en l'an 453. C'eft ainfi qu'en parle Ebn Baffâm dans
fon livre intitulé M Dakhirat, ou Tréfor.
Cet Ibrahim eft furnommé Hofri , à caufe qu'il faifoit ou vendoit ce que le§
Arabes appellent Alhofra, plurier de Haflir, qui fignifie une natte faite de jonc,
de feuilles de palmier ou d'écorce de cannes, fuj laquelle l'on s'aflied, ou l'on
fe couche. -r^ o " . /-
Un autre Ibrahim , natif de Bagdad ou BagJet , Doreur tres-fçavant dans U
loy & dans la morale des Mufulmans , fut furnommé Al Zagiâge , le Verrier,
à caufe que lui ou fes ancêtres faifoicnt profeflion de polir <Sc ti-availler le ver-
re. £en Khalecân. Foyez auflî Kairoan.
H OS S AN. Ebn Bcithâr cite fouvent dans fon Mogni un Auteur qui A
écrit en Médecine , nommé Ebn Hoflan ou HulTàn.
HOSSAS, furnom d'Aboubecre Ahmed Ebn Ali , qui eft cité fouvent fous
le nom de HolTas Al Razi , à caufe qu'il étoit natif de la ville de Rei. Il a
compofé un ouvrage, intitulé Ahcâin yJlcoran. Foyez ce titre. Cet Auteur mou-
rut l'an de l'Hegire 370.
HOSSOUN Al gebâl al raovaffi , nom d'une place très -forte du pays ou
Royaume de Lar, qui eft procha du Golfe Perfique. Elle porte encore le nom
de Burugcrd , félon Arabfchah , qui appelle ce pays- là Belad al Lour , ou
Laour.
HOU & Hû; ce mot Arabe a plufieurs fignifîcations, lefquelles s'entendront
beaucoup mieux, par le récit que Ton va faire, que par quelque explication
littérale que l'on lui pût donner. Il y avoit parray les Turcs en Natolie un de
ces Abdais ou Extafiez , duquel on a déjà dit un mot dans la lettre B, que
l'on nommoit Baba Bazarlu , lequel fc tenoit ordinairement enfermé dans (à
cellule, & ne fe fervoit point d'autre livre que de fa muraille, fur laquelle H
avoit fait écrire un feul mot de deux lettres , qui en occupoit toute la furface
par la grolfeur & par la grandeur de {gs cara6lères.
Ce mot eft Hu , que l'on prononce Hou , lequel étant quelquefois le pro-
nom de la troifième perfonne , & quelquefois le verbe fubftantif pour expri-
iner ce fens : Il eji, de forte que ce mot devient auflî un des n^ms de Dieu,
parce qu'il marque fon eflence limple & abfolue , & répond au nom que Dieij
fe donne à luy-même ; Je fuis celuy qui fuis ou qui efi.
Les Mufulmans , pour remarquer cecy en paflhnt , mettent ordinairement ce
mot aij commencement de tous leurs ouvrages, & il fe trouve en tête de tous
les Refcripts , Paflepoits , & Letti'cs Patentes des Princes & des Gouverneur?
^lahometans.
HOUD. ,^3
de force en criant, fans Intermiffion, hou, hou^ hou, qu'à la fin ils s'étourdif-
ibnt & tombent fouvent dans des fyncopes, qu'ils appellent extafes.
Quelques gens d efpnt étant venus un jour vifiter Bazarlu, lui dirent en rail-
fcnt: Ce grand Hou, qui eil écrit dans vôtre cellule, ne peut plus fe rappor-
ter à aucun nom, ni à aucun verbe tant il eft grand : car il faut remarquer,
que ce pronom eft fouvent relatif & s'attache à la fin des noms ou des verbes ,
ce qui lui donne le nom d'affive, & il faudroit, lui dirent -ils , que la parole
où il feroit attaché, fût couchée dans un efpace demefuré , fi l'on vouloit y
garder quelque proportion.
Bazarlu, qui ne manquoit pas d'efprit, leur répondit, faifant allufion au nom
de Dieu, que ce pronom fignifie : Mes amis , fçachez que ce mot ne fe rap-
porte à aucun autre, & que tous les autres fe rapportent à luy , & il leur ex-
pliqua fa penfée par ces vers en langue Turquefque.
La grandeur du Palais répond à la puijfance de celuy qui rhabite ; de même que
chaque nid eft proportionné à fon oyfeau.
Ne penfez pas non plus que les hommes fe gouvernent ou foient emportez ,' comme
l'on dit ordiiiaireme^ît , par le tems ; car c'efi le tems qui s'accommode aux
hommes , qui difpofent de luy comme étant fait pour eux.
HOUD; c'eft le nom que les Arabes donnent au Patriarche, que les Hé-
breux appellent Heber ; car il a plu à Mahomet d'appelier ainfi ce Patriarche,
parce que croyant, comme l'ont cru plufieurs de nos Auteurs, que le nom
d'Hébreu étoit dérivé de celuy du Patriarche Heber, par la même raifon celuy
de lahoud , qui fignifie Juif, devoit être formé de celuy de Houd , & qu'ainfi
Houd & Heber étoient le même nom.
Houd étoit fils de Saleh , fils d'Arphaxad , fils de Sem , fils de Noé. Dieu
l'envoya prêcher aux peuples d'Ad & de Schedâd : mais il y fit peu de fruit,
trouvant même fort peu de gens qui Técoutafient , & encore moins de ceuS
qui ajoûtaflent foy à fes paroles. L'incrédulité de ces peuples irrita tellement
le Seigneur, qu'il envoya un vent brûlant ,. nommé Rih âkim dans l'Alcoran,
qui les fit prefque tous périr.
Après cette punition , Houd fe retira , félon quelques Auteurs , avec un pe-
tit nombre de fidèles à la Mecque, ou il établit fa demeure; mais, félon les
autres , il pafia dans la province nommée Hatfarmavet ou Hadhramuth , où il
finit fes jours.
En effet, on voit encore fon fepulcre dans la province d'Iemen ou Arabie
Heureufe , proche la ville de Mirbath ; il y a même une petite ville bâtie à
Tentour, qui porte encore le nom de Cabar Houd , le fepulcre de Houd. Ce
Patriarche vivoit du tems que Giam fchid regnoit en Perfe , félon le Tarikh
Montekheb ou Cozideh.
Ce que nous avons rapporté cy-deffus, n'eft qu'un abrégé qui eft couché dans
là Chronique choifie , ou Tarikh Montekheb , que l'on vient de citer : mais
l'on trouve l'hiftoire de Houd bien plus étendue dans Khondemir , & dans la
paraphrafe de Houflain Vaêz , fur le chapitre de l'Alcoran qui porte fon nom.
Ils difent donc , que le Patriarche ou Prophète Houd car c'eft ainfi qu'ils
l'appellent, étoit fiiJs de Schalekli, fils d'Arphaxad, fils de Sem, fils de Noë,
&
2-64 HOU D.
& qu'il naquît dans l'Arabie parmi le peuple nommé Ad, c'efl - à - dire , les A-
dites qui defcendoient d'Ad fils de Aous ouHus, fils d'Aram, fils de Sem,
fils de Noë.
Dieu, fuivant la tradition Mufiilmane tirée du chapitre Aaraf, le deftina pour
prêcher à ce peuple l'unité de fon eiFence, & pour le détourner du culte des
idoles. Ces idoles étoient Sakiah qu'ils invoquoient pour avoir de la pluye: Ha-.-
fedhah à qui ils recouroient pour être prefervez de mauvaifes rencontres pen-
dant leurs voyages : . Razceah qu'ils croyoient leur fournir les chofes necelTaires
à la vie; & Saîemah qu'ils imploroient pour le recouvrement de la faute, quand
ils étoient malades.
Ces Adites habitoient dans l'Arabie Heureufe en une contrée nommée Ahcaf ;
mot qui fignifie en Arabe des collines de fable , dont tout le terroir qui s'étend
depuis la province de Hadhramut jufqu'à celle d'Oman fur les bords du Golfe
Perfique, ell entièrement couvert. Houd prêcha inutilement â cS peuple
pendant plufieiirs années , jufqu'à ce que Dieu enfin le lalla de les attendre à
pénitence.
La première punition que Dieu leur envoya, fut une famine de trois ans
confecutifs ,' pendant lefquels le ciel fut fermé pour eux. Cette famine jointe
à beaucoup d'autres maux qu'elle cauia, emporta une granJe partie de ce peu-
j)le qui étoit le plus fort, le plus riche, & le plus puifiant de toute l'Arabie,
Les Adites fe voyant réduits à une telle extrémité , & ne recevant aucun
fecours de leurs fauiîes Divinitez, refolurent de faire un pèlerinage en un lieu
de la province de Hegiâz où eft fituée prefentement la Mecque. 11 s'élevoit
pour lors en ce lieu une colline de fable rouge, autour de laquelle on voyoit
toujours un grand concours de divers peuples: & toutes ces nations tant fidel-
les qu'infidelles, croyoient obtenir de Dieu, en le vifitant avec dévotion, tout
ce qu'ils lui demandoient concernant les befoins , & les neceflîtez de la vie.
Les Adites ayant donc refolu d'entreprendre ce voyage religieux, choifirent
fôixante-dix hommes, à la tête defqaels ils mirent Mortadh & Killes, deux
plus confiderables perfonagcs du pays, pour s'acquiter au nom de tout le peu-
ple de ce devoir, & obtenir du ciel par ce m.oyen, la pluye fans laquelle tout
étoit perdu cliez eux. Ces gens étant partis, arrivèrent auprès de Moavie, qui
regnoit pour lors dans la province de Hegiaz, & en furent très -bien reçus.
Ils lui expoferent le fajet de leur voyage, & lui demandèrent la pcrmiffion d'al-
ler faire leurs dévotions à la colline rouge , pour obtenir de la pluye.
Morthad qui étoit le plus fage de cette troupe, & qui avoit été perfuadé
par les prédications du Prophète Houd , remontroit fouvent à fcs compagnons,
qu'il étoit inutille d'aller faire des prières en ce lieu là, fi auparavant on n'ad-
heroit aux veritez que le Prophète Houd leur prêchoit, & fi l'on ne faifoit
une ferieufe pénitence de leur péché d'incrédulité: car comment voulez -vous,
leur difoit-il, que Dieu répande fur nous la pluye abondante de fa mifericor-
de, ii nous refufons d'écouter la voix de ccluy qu'il a envoyé pour nous in-
ûruii-c.
Kil qui étoit des plus obfl;inez dans fon erreur, & par conféquent des plus
•contraires au Prophète, entendant les difcours de fon collègue, pria aufîîtôt le
Roy Moavie de retenir prifonnier Mortadh , pendant que lui & les fiens iroient
faire leurs prières fur la colline. Moavie fe rendit à iès inllances, & retenant
celui-
HOUD. ^ . 25^
celui -cy prifonnier, permit aux autres de pourfuivre leur voyage, & d'accoin-'
plir leur vœu.
Kil demeuré feul chef de ces fourvoyez, étant arrivé avec les ficns fur le
lieu , fit ainfi fa prière : Seigneur donnez au peuple d'yJd de la pluye telle qiiil voar
plaira^ & il ne l'eut pas plutôt achevée, qu'il parut trois nuées au ciel, l'une
blanche , l'autre rouge , & la troifième noire. En même tems on entendit re-
tentir du ciel ces paroles : Choifis laquelle tu veux de ces trois. Kil choifit la
Noire, qu'il croj'oit la plus chargée, & la plus abondante en eau dont ils
avoient un extrême befoin, & après avoir fait ce choix, il quitta auffi-tôt cet
endroit, pour prendre la route de fon pays, fe flattant du fuccez heureux qu'a-
voit eu fon voyage.
Auffi-tôt que Kil fut arrivé dans la vallée de Mogaith, une des contrées du
pays des Adites, il donna part à fes compatriotes de la réponfe favorable qu'il
avoit reçue, & de la nuée qui devoit arrouler bientôt toutes leurs terres: ces
peuples infenfez fortirent tous de leurs habitations pour la recevoir; mais cette
nué^ qui n'étoit groffe que de la vangeance Divine , ne produifit qu'un vent
très-froid & très - violent que les Arabes appellent Sarfar, lequel foufflant pen-
dant fept nuits, & fept jours entiers, extermina tous les Infidèles du pays, &
ne lailfa en vie que le Prophète Houd avec ceux qui l'avoient écouté, & em-
braffé la foy.
C'eft ce que fignifient ces paroles qui terminent l'hifloire de Houd dans le
chapitre qui porte fon nom. Nous avons délivré Houd (f tous les Jiens par 7iûtrt
mifericorde , (f 7ious avons exterminé entièrement ceux qui ont méprifé nos ftgnes ^
^ qui font demeuré dans Vinfidelité.
Houd ou Heher ^dit dans le chapitre de l'Alcoran qui porte fon nom, au
peuple auquel il prêchoit la parole de Dieu, & qui le menaçoit du dt^nier
fupplice, ces paroles couchées dans fon chapitre: J'ay mis toute ma confiance,
en Dieu qui efi mon Seigneur (f le vôtre; car il n'y a aucune créature fur terre,
qu'il ne tienne entre fis mains par la touffe des cheveux de fon front , pour les cok-
duire par le droit chemin oîi il lui plaît.
Les Interprètes de ce pafl"age difent que cette façon de parier , tenir quelqu'un
par les cheveux du devant de fa tête , fignifie que l'on cil maître abfolu de fa
perfonnc, en Ibrte qu'il ne puiffe rien faire que ce qu'il plaît i celuy qui le
tient par cet endroit.
L'Auteur du Bahar alhacaik dit que ce chemin droit efl celui qui conduit,
& qui fe termine à Dieu exclufivement à tout autre "fuivant ce palîage où il
eil dit : U enn ela rabbeka montehi : C'eft à Dieu feul que toutes chofes fe
rapportenL
Dans le livre intitulé Nacd al noffous ^ qui eft une compilation de pluficurs
commentaires de l'Alcoran, dans le chap. qui traite de l'unité, des aftions , c'eft-
à-dire, de quelle manière Dieu agit dans l'homme, & de quelle façon l'hom-
me coopère avec Dieu dans la produftion de îes actions, l'on trouve félon le
fcntiment des Docteurs Mufulmans qui paflTent pour les plus Orthodoxes, que
le Souverain Etre élevé au deffus de Toutes chofes, à fçavoir Dieu, ell effec-
tivement l'Auteur, & le principe de toutes les aftions des créatures, & même
de toutes leurs coopérations; que c'efl lui -feul, lequel par l'ordre de fa provi-
dence, & avec le concours ûss caufes fécondes qu'il a établi, attire chaque
chofe à foy, félon la capacité & les difpofitions du fujet, & qu'en cccy confifte
ÏOME IL • L 1 Tin-
i(5d H O U S. H Ô U S S A I N:
l'intelligence de ce verfet où le Prophète Houd dît que Dieu tient un chacun
par les cheveux de fon front, & le porte infailhblement & dii eftement où il
lui plait. Un Poëte myllique explique ce îentiment en un feul vers qui eft
moitié Perfien & moitié Arabe. .
Dieu a attiré premièrement celui qui a attiré ceux par qui vous êtes attiré vous-
même , afin que tous aillent âf retournent à luy.
Un autre a dit fur le même fujet: Puifque tous les chemins qui fe trouvent
foit à droit, foit à gauche, tendent à lui, tu as beau faire, quelque chemin
que tu prennes, tu iras vers luy, ou pour être recompenfé , fi tu as pris la droi-
te, ou pour être puni fi tu as pris la gauche. Comme tout prend fon origine
de lui, il faut aUfli que tout s'y termine. ^
: Il y.apluficurs palfagcs dans ce même chapitre intitule Houd touchant la pre--
dcftin'ation , & la réprobation pofitive , qui ont fait dire à l'impolleur qui
l'a fabriqué , par une hypocrifie qui n'a point fa pareille , que le chapitre ^oud
lai avoit fait venir les cheveux gris avant le tems , tant il en avoit été
11 y a un Carah Giâfar Al Cafchiri qui eft fur- nommé Ebn Houd Al Nifcha-
bouri. Ployez le titre di Carah Giâfar.
HOUS & Hus, Efl le même qu'Aous & Aus, qui eft apparemment le Hus
de l'Ecriture fainte , pays d'où le faint homme Job étoit natif. Foyez la Ge- .
nealogie de Houd & l'origine du peuple d'Ad ou des Adites.
HOUSSAIN, Second fils d'Ali , & frère de Haflan, lequel ayant refufé de
reconnoître lezid fils de Maovie pour Khalife légitime, fut obligé de quitter
la ville de Medine, & de fe retirer à la Mecque. Les habitans de Coufah ,
dont la plus grande partie avoit beaucoup d'inclination pour la famille d'Ali,
iiyant appris la retraite de Houiîain, le convièrent de venir chez eux, après
l'avoir proclamé, & reconnu unanimement pour Khalife légitime, & déclaré
lêzid pour un ufurpateur. ,., j -^ u i r . /- v •
lezid n'eut pas plutôt appris cette nouvelle, quil dépêcha un de les Capital- -
nos nommé Obeidallah, avec des troupes pour aller au devant de lui. Ce Ca- -
pitaine ayant rencontré Houflain dans la plaine de Kerbela qu il travcrloit pour
venir k Coufah à gran.les journées avec foixante - douze perionnes feulement de
fa famille, le tua lui & tous les liens, l'an 6i de l'PIegire.
Cette mort de Houiîain que les Perfans appellent Schehadet, c'elt-à-dire, le
Martyre par excellence, efl déplorée tous les ans parmi eux le dixième jour •
du mois nommé Moharram, & a été la caufe de la haine implacable des Kha- .
•lifcs Abbaflides, contre les Ommiadcs. Cecy n'étant qu un abrégé de Ihiftoire
de Houlfain, nous en allons voir quelques autres particularitez des plus re.-
ma^i'quables. •
- Houffain fécond fils d'Ali, que les Perfens difent être le troifième Imam ou
Pontife de la loy Mufulmane , naquit à Medine la quatrième année de 1 Hegire,
n'ayant été que fix mois dans le ventre de fa mère Fathemah , fille de. Maho-
met. Sa naiirance palTe chez les Perfans pour miraculeufe; car ils avancent
hardiment qu'aucun cnflint .n'eft né dans ce terme avant lui, .a ta reierve d la- .
• ill3 3 ,
MOUS s A IN. .j5.
hia, qui eft faint-Jean Baptifte, Ils difent auffî que Ja mort violente qu'il de
voit fouffrir pour la juftice de fon droit, & pour la Religion, mort que les
Mufulmans qualifient du nom de Schedadat, qui fignifie témoignage, ou martv
re, lui fut annoncée par Gabriel, lorfqu'il étoit encore dans le tems de fon en-
fance, & que cette nouvelle lui donna dès ce tems -là un air morne & triftc
qu'il conferva toute fa vie. ,
HoulTain étoit âgé de huit ans, lorfque Mahomet mourut, & de trentc-fept
au tems qu'Ali fon père fut alîailîné. Le refle de ù. vie qui fut encore d'en-
viron vingt ans, fe palTa allez paifiblement fous le Khalifat de Maovie : mais
lezid fon fils , & fon fucceiîcur ayant commencé à régner l'an 60 de rHe<Tire
cet impie qui s'étoit dé Jaré ouvertement l'enncmy de Mahomet , & de fa "mai-
son, envoya fes ordres à Medine pour faire mourir HouIHnn & Abdallah fils
de Zobair qui pouvoient lui dilputer le Khalifat.
Ces ordres ne furent pas fi fecrets, qu'ils ne vinfient à la connoifiance de
ces deux perfonnages; c'elt pourquoy, après avoir délibéré conjointement fur ce
qu'il y avoit à faire , ils prirent la rciblution de fe réfugier à la Mecque , de
fc déclarer tous deux ouvertement contre lezid, & de ne le regarder plus qu3
■comme un Ufurpateur.
Les habitans de la ville de Coufah ayant appris d'un côté la perfccution
qu'Iezid faifoit à Houfiliin, & de l'autre, que les Medinois avoient proclamé
Khalife Abdallah fils de Zobair, fu-ent fçavoir à Houlfain que s'il vouloit le
tranfporter chez eux, il y feroit non feulement en fi'ireté de fa pcrfonne, mais
qu'en confideration de l'efliime qu'ils avoient pour Ali fon père, & pour fa
maifon, ils lui rendroient leurs hommages, & le" reconnoîtroient pour le feul
légitime & véritable Khalife; Houflliin prit le party de les aller trouver.
Il fortit pour cet effet fort fécretement de la Mecque, accompagné feulement
de foixante - douze Cavaliers qui étoient tous fes enfans, ou proches parens ,
efcorté de quelques troupes d'infanterie Arabe , prenant le chemin du defert qui
eft entre Coufah & la Mecque; mais il ne put û bien cacher fa marche,
qu'Obeidallah uiî des Généraux des armées d'Iezid qui commandoit les troupes
d'Arabie, n'en eiàt avis. Ce General lui coupa le chemin par la Chaldée, que l'on
appelle aujourd'huy l'Iraque Arabique & Babylonienne, & le rencontra dans la
campagne de Kerbela, où plufieurs troupes s'étant jointes à luy, HoulTain fe vit
invefli tout d'un coup par dix mil chevaux.
Il falloit dans une telle conjonfture , ou fe rendre ou périr en combattant.
Houfl'ain chofit le dernier party , & 'ce fut en cette extrémité qu'après avoir
combattu avec une bravoure incroj^able, & vendu bien chèrement fa vie à fes
ennemis, il fut mis en pièces lui & les fiens le dixième jour du mois Moharram
ebns la foixante - unième année de l'Hegire.
Cette datte eft fi célèbre parmi les Perfans, qu'ils l'appellent encore au-
jourd'huy, la journée de Houiîain, Jaum Houfiàin, & Rouz Iloufiain, jour ce-
pendant que les autres Mufulmans appellent Afchour, & Afchoura. La mé-
moire , & le Deuil de cette mort fon encore célébrez folemnellement tous les
ans parmi eux , & c'eft cet anniverfaire de pleurs & de lamentations extrava-
gantes qui entretient encore aujourd'huy l'averfion de cette nation, pour toi.<
les Mufulmans qui ne font pas dans leurs fentimens, de même qu'elle caufa pour
lors une haine implacable entre les Ommiades, & les Abbaffides , comme l'on
peut voir en plufieurs endroits de cet ouvrage.
Lia I;a
26t HO us s AIN.
La tête de HoufTaiii fut envoyée par Obeidallah à Iczid qui lui infulta, & ne-
permit qu'avec peine qu'elle fut enterrée dans la ville de Damas. Elle fut
mile d'abord en un lieu nommé Bab al faradis, la porte des Jardins, d'où ells
fut tranfportée à Afcalon en Palefline, & de-là au Caire par les Khalifes Fathe-
mites maîtres de la Syrie, & de l'Egypte, dans une Mofquée bâtie exprès fous-
le nom de Mafchehad Houffiiin, c'eft-à-dire le fepulcre du Martyr Houfiain.
Son corps fut inhumé dans la plaine de Kerbcla où Adhadeddoulat, premier
Sultan de la race des Bouides, fit bâtir un fomptueux monument, qui efl encore
îîujourd'huy vifité avec grande dévotion par les Perfans. Ce Sultan donna à
fon édifice le nom de Kunbud Faiz qui fignifie en langue Perfienne, le Dôme
ou la Voûte magnifique ; mais on l'appelle aujourd'hui communément en Arabe
Mafchehad Houllain , le lieu du martyre de Houfiain, qui n'eft pas fort éloi-
gné du Mafchehad Ali qui ell le Sépulcre de fon père Ali.^
La mort de Houlîain ne demeura pas long-tems fans être vangée: car peu
après qu'elle fut arrivée', fous le règne même des Ommiades, il s'éleva plufieurs
parcys qui demandèrent le fang de Houfi'ain; car c'efh ainfi que les Mufulmans
parlent, quand on fe porte pour vangeur de la mort de quelqu'un, &Mokhtâr,
un des chefs de ces faftieux , fe vanta d'avoir fait mourir lui-feul, près de 50
mil des ennemis de la Maifon d'Ali.
Les deux titres que l'on donne en Perfe ordinairement à Houfiiiin, font ce-
luy de Schehid, le Martir, & celui de Seid , le Seigneur, & par le mot d'Al
Seidani, qui fignifie, les deux Seigneurs, fans y rien ajouter, on entend tou-
jours les deux fils aînez d'Ali qui font Uaiïkn & Houfi^ain.
Ben Schonah rapporte entre les autres aftions de pieté que HouiTain prati-
quoit , qu'il faifoit tous les jours en 24 heures mil adorations , ou proftrar
tions devant Dieu, & qu'à l'âge de 55 ans il avoit fait vingt -cing fois le pè-
lerinage de la Mecque qu'un bon Muiùlman n'eft obligé de faire qu'une fois
en fa vie.
Jezdi dans fon livre mtkulé Reffalat fi beian almeliabhat , qui^ eft un traité ds
l'amour de Dieu, rapporte que fioulfain ayant demandé un jour à Ali fon père
s'il l'aimoit, & Ali lui ayant répondu qu'il l'aimoit tendrement, Houffain lui de-
manda derechef s'il aimok Dieu, & qu'Ali lui ayant aufii répondu affirmative-
ment, Houfllu'n lui dit: Deux amours ne peuvent pas fe rencontrer dans un mê.
me co2ur; ni Dieu na pas donné deux cœurs à l'homme. A ces paroles le
cœur d'Ali s'attendrit, & l'on die même qu'il pleura.
Houfiain touchédes larmes de fon père, reprit la parole, & lui dit, pour le
confoler: Si vous aviez à choifir entre le péché d'infidélité envers Dieu, ou
ma mort, que feriez vous? Je choifirois de vous donner plutôt la mort, que
d'abandonner ma foy, repartit Ali; vous pouvez donc reconnoître par cette
marque, lui répliqua Houfliun , que l'amour que vous avez pour moy n'eft
qu'une tendreffe naturelle,, & que celuy que vous portez à Dieu, eft un vé-
ritable amour.
Houfiain Vaêz dans fa Paraphrafe Perfienne de l'Alcoran, attribue à Houfiain
ce qui a déjà été dit de Hallan fon frère-, au fujet de l'efclave auquel il par-
donna une faute punifiable. Il importe peu de Içavoir precifément lequel des
deux frères a fait cette aftion qui eft fort belle dans les perfonnes même de la plus
balfe qualité ; mais ce que dit le même Auteur touchant ces deux frères , quoy
^yil femble être à l'honnem- do Jes us- Christ, eft tout - ù fait impertinenti
H O U s s A I N. .^^
Il pofe pour principe que félon l'Ecriture fainte l'on peut fort bien tirer la
généalogie de quelqu'un du côté de fa mère, puilque Jésus- Christ cft dit
fils d'Abraham, quoy qu'il ne dcfcende de luy que par la bienhcureufc Marie
ft raere; ce font les propres paroles de cet Auteur, & qu'ainfi l'on peut foû-
tenir avec vérité que Hallan & Houffain font véritables fils de Mahomet , quoy
qu'ils ne defcendent de lui que par Fathemah leur mère. Foyez le titre de Mi-
riam, qui eft la fainte Vierge, où l'on peut voir les fcntiracns des Mufulmans,
fur fon fujet.
Avant que de finir cet article, j'y ajouterai que les Mouahedites, Princes qui
ont régné en Afrique, & en Efpagne, qui font plus connus dans nos hiîloires
fous le nom d'Almohades, prétendoicnt defcendre en ligne direclo & mafculine
de Houflliin.
HO US S AIN Ben Sam, Cefl" le nom du Fondateur de la dynallie des Gau-
rides. Il faut voir les avantures de fon père dans le titi-e de Sdra, & pour par-
ler de celles de Houilain fon fils, je fuivray ce que Khondemir en a écrit.
Houffain s'étant fauve feul d'un naufrage avec un tigre, lequel quoyqu'affamé
de trois jours, le quitta, & s'enfuit dans le bois aufîî - tôt qu'il fut à terre,
gagna comme il pût une ville qui n'étoit pas éloignée du rivage de la
mer. Se trouvant étrangei- & dénué de toutes fortes de commoditez en
ce lieu, il fut obligé de coucher pendant la nuit fur le pas d'une
boutique, où le Guet qui faifoit la ronde l'aj'ant trouvé, il fut pris pour
un voleur de nuit, & mend en cette qualité dans les prifons de la ville. Il
demeura en cet état fefpace de fept mois, au bout defqucls le Prince de ce
pays -là étant tombé malade, & ayant fait par charité, fortir des prifons tous
ceux qui s'y trouvoient enfermez, Houffain fut délivré avec les autres.
Auflî-tôt qu'il eut recouvré fa liberté, il prit le chemin de Gaznah, fiege ro-
yal des Sultans Gaznevides de fa Maifon de Sèbeéleghin , dont la Cour" étoit
alors très - ilorifi;!uite ; mais il n'eut pas fait une journé-e de chemin^ qu'il tom-
ba entre les mains d'une bande de voleurs de grand chemin , qui le voyant
homme robufte, & de bonne mine, lui donnèrent auffi-tôt un cheval, &" des
armes, & le firent marcher avec eux.
Il y avoit fort peu de tems que Houflliin étoit enrôlé parmi ces brigands ,
lorfque les gardes du Sultan Ibrahim fils de Maffoùd qui regnoit dès l'an 450
dé l'Hegire, tombèrent fur eux, & les conduifirent tous prifonniers à Gnz-
nah où ils furent condamnez, à la mort. Houflliin étant conduit au lieu du fup'--
plice avec les autres, fit fa prière, & dit à Dieu: Seigneur vous jie faitts ja-
mais d'ifijujiicej (y vous ne tombez jamais dans l'erreur, permettrez- vous qaim in'-
nccent foij enveloppé dans le crime des coupables f-
Les gens du Sultan entendant ces paroles, s'informe-rent de lui par quel ren-
contre étant innocent, il s'étoit trouyé en fi mauvaife compagnie: Houlîain
leur raconta le détail de toutes fes difgraces, & de celles de fa famille , de fon
naufrage, de Ion premier emprifonnement dans une ville des Indes, & tnfiii
de la compagnie de ces voleurs. Les Officiers de la juflice entendant le récit
de fes avantures, en furent toucliez., & après l'avoir tiré des mains de l'excciN
teur, le prefenterent au Sultan, qui voulut apprendre de fa bouche mêjne fhl-
floire de fes infortimcs.
Après que Houflain la lui eut cxpoféc, le Sultan qui étoit d'un naturel fort
iiiimain, étant perfuadé de la vérité de fon récit, fut touché en même tems de
Ll 3. fon.
^7® H 0 U S S A I N.
fon innocence , &; ayant reconnu dans fa phifionomie quelques traits qui mar-
quoient la grandeur de fon ame , voulut prendre le foin de fa fortune & le re-
tint à fa Cour.
Houffain profita fi bien des premières faveurs du Sultan, qu'il gagna en peu
de tems fa confiance , & s'avança de degrez en degrez jufqu'aux premières
char(Tes de l'Etat; de forte qu'Ibrahim étant mort après quarante-deux ans de
règne l'an de l'Hegire 492, qui répond à l'an 1098 de J. C. Maffoûd troifième
du nom, fils & fucceflx3ur d'Ibrahim , le fit Gouverneur gênerai de la grande
Province de Gaour, ou Gaur dont il étoit originaire, &c où fes ancêtres avoient
autrefois régné. Foyez les titres de Gaûr, 6? de Sâm.
Houlfain , fils de Sam , eut un fils aîné qui porta le même nom , & fut fur-
nommé Alaeddin Gehanfouz. P'oyez le titre de Gehanfouz.
HOUSSAIN Ben Avis, ou Ben Vcis , étoit le fils aîné de Scheikh Avis,
& portoit le titre de Kurkan, parce qu'il étoit parent proche des Sultans Mo-
gols de la race de Genghizkhan , auffi-bien que celuy d'Iikhani , à caufe qu'il
defcendoit de Holagu qui portoit le titre d'Ilkhan. 11 fut le troifième Prince,
des Ilckhaniens.
Il fe rendit maître de Bagdet, de l'Iraque Babylonienne ou Arabique, & de
TAdherbigian ; mais il fut dépouillé de tous ces Etats, & mis à mort par Ah-
med fon frère puîné l'an de l'Hegire 783, de J. C. 1381. f^oyez les titres d'Avis,
de Veis, àf ^' Ahmed Ben Avis.
Houlfain Kurkan II Khani fut pore de Scheikh Haflan , mary de Bagdad Kha-
toun; il défit Baiifur & le chafi:^! enfuite de toute la Province de Khorafl'an
fous le Sultan Abùfaid Ben Algiaptu. l^oyez le titre de ce Hultaru
HOUSSAIN Solthân, Prince de la race de Genghizkhan qui regnoit dans une
partie du Khoraflan , dont la ville de Balkhe efl: la capitale , & dans la Tran-
foxane. L'on tient communément que Timur ou Tamcrian étoit à fon fer-
vice, & qu'il fe révolta contre lui. Quoy qu'il en foit, il cft certain qu'il fut
défait & tué par Tamerlan l'an de l'Hegire 771, de J. C. 1369, depuis lequel
tems on compte le règne de ce Conquérant jufqu'en l'an 807 , qu'il mourut.
Houlfain avoit été fait prifonnier à Balkhe où Tamerlan favoit affiegé.
Tamerlan n'ofa pas après la mort de Houlfain prendre le titre de Khan, ni
de Sultan ; mais il donna ce titre à Soiorgatmifche qui étoit aufTi de la race
•Genghizkhanienne, quoy qu'il polfedat cependant toute l'autorité dans fes Etats.
Quelques Auteurs fonc cet Houlfain Sultan de Herat, & lui donnent un fils
nommé Gaiatheddin qu'ils difcnt avoir autrefois fauve Tamcrian du gibet lors
qu'il fut pris dans fes Etats comme un voleur.
HOUSSAIN Sofî, Sultan de Khovarezme, lequel ayant été long-tems épar-
gné par Tamerlan, mourut enfin paifiblement dans fes Etats, & laifili fa cou-
4-onne à fon fils Jofef Sofî ; mais celuy-cy fut affiegé & pris flans fa capitale
par Tamerlan qui le fit mourir, & fe rendit par ce moyen maître de tout ce
grand pays.
Ces deux" Sultans ne faifoient pas profeffion de la Religion Orthodoxe des
Mufulmans, «Si le titre de Sofi qu'ils portoient , marque qu'ils étoicnt Schiites
Jk. Sénateurs d'Ali.
HOUSSAm
HOUSSAIN. HUSCHENK. a^,
vHOUSSAIN Ben Manfour ou Manfor. C'efl le nom d'un perfonntgc qui
i fait grand bruit dans le Mullilmanifme fur le llijet de iîi doètrine. H portoit
le furnom de Hallage, l^oyez ce titre.
HOUSSAIN Mirza, fils de Manfour ou d'Alraanfor, fils de Baikarah ,; fili
d'Omar Scheikh, fécond fils de Timur, ou Tamerlan. Il fut furnommé Aboul-
gazi à caufe de fes vittoires; car il détit & fit mourir ladighiâr fils de Moham-
med Mirza , fils de Balifancoy , fils de Scharokh , quatrième fils de Tamerlan ion
proche parent , qui s'étoit emparé du KhorafTan , & de la ville de Herat fa
capitale en l'an 875 de l'Hegire, de J. C. 1470.
il foûtint auiïï plufieurs guerres , & remporta des viftoires fignalées fur les
Tartares Uzbecs qui faifoient de fréquentes courfes fur fcs terres , & avoient
déjà chaiTé Babur de la Tranfoxaue. Ce Prince étoit ami de la vertu, & des
fcicnces , & c'efl par luy que Khondcmir finit fon hifboire en l'an 904 ' de
l'Hegire. Cependant il vêquit , & régna jufqu'en l'an 911, qui efl: l'an 1505
de J. C. dans le KhorafTan, & lailfa plufieurs enfans dont l'aîné nommé Bedi
al zaman fut dépouillé par les Uzbecs de la fuccelîion du Sultan Houflain fon
père, & fut obligé de le réfugier auprès de Schalî Ifmael Sofi Roy de Perfc,
qui lui aflîgna la ville de Tauris pour fa demeure. Ce Prince fit fon fejour en
Perfe jufqu'en l'an 920, &. mourut trois ans après à Conftantinople. .
HUSCHENK, & Houfchcngb, fils de Siamek, fils de Caiumarath , efl le
fécond Prince de la prem.ierc dynaflie, ou de la plus ancienne race des Roys de
Perfe , fi l'on ne compte pas le règne de Siamek , fils de Caiumarath , comme
n'ayant régné que peu d'années pendant la retraite de fon père, & étant mort
avant lui.
Le nom de Hufchenk fignifié en langue Perfienne , Sage, & Prudent, aufïï-
bien que celui de Firhcnk, que quelques-uns lui donnent, & l'on y ajouta, du
contentement des peuples , le titre ou furnom de Pifchdàd , qui fignifié dans la
même langue le Jufl:e, ou le Legiflatcur, parce qu'il fut l'auteur des plus an-
ciennes loix de rOrient, fuivant lelquelles il gouverna fes fujets, & régla admi-
rablement la police de fes Etats. Ce titre honorable pafia de lui à fes fuccef-
feurs qui ne furent pas tous cependant fi bons Juflicicrs que lui, & on a tou-
jours depuis, en fa confideration, qualifié cette première dynaflie fabulcufe des
Roys de Perfe, ou plûtofl des plus anciens Roys de TAfie, & même du mon-
de, du nom de Pifchdadiens,
Tous les Hiiloriens de Perfe marquent un interrègne , entre Caiumarath &
lui, qui a duré deux cent ans,- & donnent unanimement à ce Prince cinq cens
ans de vie , quoique félon eux il n'en ait régné que quarante , ou cinquante
feulement. Ils difent que ce fut fous fon règne que l'on commença à fouiller
les mines, pour en tirer les métaux qui fervent à la fabrique des armes , & à
celle des inllrumens necelTaîres à l'Agriculture. On lui attribue auffi l'inven-
tion des canaux tirez des rivières pour arrofer les campagnes , dont l'ufage efl
encore aujourd'huy fort fréquent en Perfe , à caufe de la féchereffe du pays.
Il fut auiîi le premier qui fit dreffer & inflruire des chiens , & des léopards
pour la chalîe , & qui introduifit l'ufage des fourures tirées des dépoiiillcs des
animaux.
Quelques Hifloriens le font auffi fondateur de la ville de Sous que l'on nom--
BJû aujourd'huy Tofler, Souder, & Schoullcr qui eft la même que Sufc , capitale ■
d'unc-o
5,7^ H US CHENK.
d'une ^es Provinces de la Perfe connue par les Grecs , & par les Latins fous
le nom de Sufiane , «Se qui porte aujourd'huy le nom de Khuziftân. On dit
même qu'il jetta les premiers fondemens des villes de Babel ou Babylone^, &
d'Ifpahan* mais ces origines font fort incertaines d'autant plus que ces mêmes
Hiftoriens font Hufchenk contemporain d'Edris ou d'Enoch qui a vécu avanC
le dcluse.
Il eft encore auflî peu vrai-femblable que ce Prince foit l'Auteur d'un livre
intitulé Gidvidan Khird^ la Sagefle éternelle, ou d^ tous les tems, auquel on a
donné auffi le nom de Teiliment de Hufchenk; mais l'ancienneté, & la répu-
tation de ce Monarque ont fait emprunter fon nom pour donner plus d'auto-
rité à cet Ouvrage, qui eft d'ailleurs fort eftimable , & lequel eft parvenu juC-
qu à nous fous le titre de Humaioun Nameh. Voyez ce titre.
Les expéditions militaires & chimériques de cet ancien Monarque font décri-
tes fort au long dans un livre Perfien intitulé Hufchenk Nameh , ou Hiftoiro
de Hufchenk, qui a été traduit en langue Turquefque: mais comme cet Ouvrage
eft un pur Roman, je me contenteray de dire que ce Héros exploita tous fes
hauts faits monté fur un animal à douze pieds qu'il eut beaucoup de peine à
domotcr. Cet animal eft nommé Rakhfche, il fut trouvé dans l'iOe féche, ou
nouveau Continent , où il fortit de l'accouplement d'un crocodile , & de la
femelle d'un Hippopotame ; on dit auffi quMl ne fe noudlToit que de la chair
des ferpens & des dragons. Il fallut que Hufchenk employât non feulement
toutes fes forces; mais encore pluficurs ftratagemcs pour combattre ce monftre
avant qu'il pût sq^ rendre le maître : auffi après l'avoir dompté , il ne rencontra
point de géant li terrible, ni de monftre fi épouventable, qu'il ne terraffàt; il
paffa même monté fur cet animal jufqu'au pays des Mahifer, peuples ainfi nom-
mez, à caufe qu'ils ont la tête de pollfon , ce font peut-être ceux que nous
appelions les Ichthyophages ; il fubjugua cette nation de figure horrible, fur la-
quelle l'on peut voir les titres de Ramac, & de Mahifer.
Enfin ce Monarque invincible , après avoir étendu fes conquêtes de tous
pôtez jufqu'aux extrcmitez de la terre, & fait fleurir la juftice , & les arts dans
fes Etats , fut tué , ou plutôt écrafé par un grand quartier de roche que les
Geans fes ennemis mortels , qui occupoient les détroits des montagnes de Dama-
vend, lancèrent fur lui.
Il lailfa un fils nommé Martakend qui fut père d Anoughiân , que quelques
Hiftoriens Arabes, pour accommoder fon nom à leur langue, appellent Boul-
sehan & Abiilgehan, , , rr ^, ,
Ni l'un, ni l'autre de ces deux Princes ne fucceda à Hufchenk, au moins
ne les trouve-t-on point dans la fuite de cette dynaftie , ils ne laiiferent pas
.cependant de fe fignaîer dans les guerres des Geans , mais les enfans d'Anougihân ,
à fçavoir , Tahmurath furnommé Divbend , c'eft-à-dire , le vainqueur, & le
Dcftrufteur des Geans, & Giamfchid fon fils tiennent le troifième , & le qua-
trième rang dans cette dynaftie.
11 eft cependant fort incertain, félon quelques Hiftoriens, fi Tahmurath étoit
fils d'Anougihân, & petit-fils de Hufchenk, ou de Leilanfchah , fils d'un autre
Tahmurath'^, fils de Siamek , fils de Caiumarath : mais cecy regarde plutôt le
jifre de Tahmurath que celui de Hufchenk.
JACOB.
J A C O R. J A C 0 U B. ■ 473^
JACOB. J A C O U B.
#^^^ACOB, fils d'Ifaac. Les Arabes l'appellent en leur langue Jacoub
^ T % Ben Ishak, & difent , félon le Tarilçh Montekhcb , qu'il cft nommé
4 J # lû-aël en langue Syriaque, & qu'il eft le père de douze enfans mâles,
•*%^p^* que l'on appelle ordinairement Asbath , c'eft-à-dire , les Tribus, à
caufe qu'ils furent les pères, & les cheft des douze tribus du peuple Juif, &
que de la race de ce Patriarche font fortis tous les Prophètes, à la rcferve de
trois qui font Aioub ou Job, Schioaib, ou Jetliro, bcaupere deMoyfe, & Ma-
homet ; car ces trois defccndoient d'ifmael , & étoient Arabes de nation.
Ce même Auteur ajoute que non feulement la prophétie demeura parmi les
enfans de Jacob , ou dlfrael , mais encore la Royauté , & qu'elle dura parmi
eux jufqu'au tems dlahia, & d'IlTa, c'cil-à-dire , de faint.-Jean Baptifle, & de
Jesus-Christ, après lefqucls les Romains, & les Perfcs ruinèrent leur pays.
Jacob mourut en Egypte , félon le même Auteur : mais* Jofeph fon fils en-
voya fon corps au pays de Chanaan poui- être inhumé auprès de celuy d'Ishak
Ibn père, dans la caverne d'Abraham à Hebron.
Les Mufulmans difent que la lumière de la foy pafTa d'Abraham à Ifaac fon
fils d'une part, & à Ifnael fcîn autre fils , qu'ils nomment toujours le premier
comrne l'aîné. Les Tribus des Juifs font defcendues d'Abraham par Ifaac fon
jeune fîls, & celles des Arabes d'Abraham -euffi par Ifmaël fon fils aîné.
Il eft beaucoup parlé de Jacob dans l'hiftoire de Jofeph, & de Zoleikha que
nous verrons ailleurs. Je diray feulement icy que Jacob ayant été interrogé,
comment il fe pouvoit faire qu'il eût fenti dans la terre de Chanaan l'odeur
excellente de la chemife de fon fils Jofeph qui étoit en Egypte, & qu'il ne s'en
fût point apperçu pendant qu'il étoit dans le puits où fes frères l'avoient mis,
ce Patriarche répondit que la lumière de la prophétie étoit comme un éclair
do-nt l'illuflration ne dure qu'un moment, & laille aufii-tôt le Prophète dans
robfcurité. Quelquefois le Prophète perce jufques dans le ciel , & y voit des
chofes merveille ulès , & fouvent dans un autre tems il ne voit pas ce qui eflà"
fes pieds.
JACOUB Ben Lnith, Jacob fils dé Leits, premier Prince & Foi-^dateur de
h dj'naftie qui porte le nom de Solfarides, ou Suffaridbs , parce que Ion pcre
nommé Leits étoit SofFàr, c'eft-à-dire. Ouvrier en cuivre, ou Chaudronnier, &
lui-même avoit exerce cet art pendant quelque tems.
Ce Jacob s'ennuyant dans fa boutique , prit les armes , & fe fit Bandoulier.
Quoy qu'il menât une aulîi méchante vie , il ne laifToit pas de garder quelque
honnêteté ; car il avoit accoutumé de lailTer toujours quelque chofe à ceux qu'il
détrouiïbit, & ne les dépoiiijloit jamais entièrement.
Etant entré une nuit dans le Palais de Darham, Prince de la Province de Sc-
geftan, & y ayant déjà ramaflÀ; un affez gros butin qu'il emportoit , fon pied
• Tome IL _ M m donna
274- . J A C O U B.
donna contre une pierre qui le fît bronciier. Jacob crut d'abord que c'etoit
■quelque pierre precieufe , que l'obfcurité de la nuit lui cachoit ^ il la ramafla,
& la porta auflî-tôt à fa bouche pour s'cclaircir de fon doute ; mais il n'en eut
pas plutôt approché la langue, qu'il s'apperçut que s'étoit du fel, & fa religion,
ou plûtofl fuperllition pour le fel , qui ell parmi les Orientaux le" fymbole & le
gage de fhofpitalité, fut fi grande, qu'il abandonna entièrement fon butin, &
fe retira chez luy fans rien emporter.
Le lendemain on s'apperçut dans le Palais du danger qu'on avoit couru de
perdre des chofes fort pretieufes, & on étoit en peine de connoître celuy qui
avoit manqué un fi beau coup ; enfin après une exa6le recherche , on vint à
fçavoir que c'étoit Jacob, lequel ayant raconté fincerement au Prince comment
la chofe s'étoit pallée , il s'acquit une fi grande eftime auprès de lui , que Ton
peut aflurer avec vérité que ce rcfpeft qu'il eut pour le fel , fut la caufe de
fa fortune.
Kn cftet Darham l'employa comme un homme de cœur & d'efprit en plu-
fieurs entreprifes, & voyant que tout rcuffillbit entre fes mains, il l'éleva peu-
à peu jufqu'aux premiers honneurs de la milice, de forte que Jacob fe trouva,
au tems de la mort de ce Prince, Commandant en chef de toutes les troupes
du Segefi:an. Il acquit tant de crédit parmi elles que manquant toutes à la
fidélité qu'elles dévoient auS enfans de Darham , pour le fuivre , il fe rendit
par leur moyen maître abfolu du Segeftan dont il dépouilla la pofterité de fon
maître & de fon bienfaideur.
Jacob étant déjà en polîeffion d'un grand Etat , attaqua peu après fes
voifins, & prit fur eux les villes de Herat, & de Koufchange , avec une partie
du Khoralîan. Il fe trouva ainfi en fort peu de téÎTis en état de faire la guerre
au Khalife même, & pour cet effet il entra l'an de l'Hegire 255, de J. C. 8685
dans la Perfe qu'il conquit prefque toute entière ^ & y fit prifonnier celuy qui
commandoit de la part du Khalife dans Schiniz qui pour lors en étoit la capitale..
En Fan 257 de l'Hjgire, il conquit le rcfbe du Khoraffan , prit la ville de
Balkhe fa capitale, fiege Royal des Sultans Thaheritcs, & paffa de-là en la Pro-
vince de Thab-.ireftan qui ne lui refilla pas long-tems. 11 finit cette guerre par
la victoire qu'il gagna l'an 259 fur Mohammed, fils de Thahcr qui regnoit dans
toutes les Provinces qu'il venoit de fubjuguer, & l'ayant fait fon prifonnier,
il termina en fa perfonne la puilîance , & la dynafl:e des Thaherites , qui fît
place par ce moyen à celle des Soifarides fuccefieurs de Jacob.
Lan 260, Jacob fils de Lcits fut déclaré rebelle par le Khalife Môtamed,
ce qui l'obligea de marcher avec fon armée du côté de l'Iraquc Babylonienne, à
d-lîoin de l'afiieger dans Bagdet. Le Khalife envoya au devant de lui fon frère
MoafFck grand Capitaine , & qui gouvernoit toutes les affaires du Khalifat au
nom de fon frerc. Moaffck fçut li bien prendre tous fes avantages foit pour
îc campement, foit pour l'attaque, que Jacob tout habile qu'il étoit, fut con-
traint de fe retirer avec perte d'une grande partie de fes troupes.
L'r,n 265, Jacob ayant remis fur pied une puiliantc armée, marcha une- fécon-
de fois vers Bagdet; murs ayant été furpris en chemin d'une cholique fort vio-
lente, il mourut après avoir régné onze ans depuis fa première entrée dans la
Perfe, d laiiic !a fucceiîîon de^ fes Etats à fon frère nommé Amrou Ben Laithy
ou Am.-ou Leith. f^oyez ce titre, âf cdiiy des Samanides qui fucccdcrcnt aux
Suff arides.
Ce
J A C O U B. -j^^-
Ce Prince étoit maître de tous les chevaux de fon armée, & les nourriiToit
de' fes propres greniers , ce qui rendoit fa cavalerie toujours bien montée, il
choifit parmi toutes fes troupes deu\- mil Cavaliers qu'il divifa en deux bandes
égales, & donna à ceux de la première des maJes d'armes d'or, dont chacune
pefoit mil drachmes, ou mil écus d'or, & à ceux de la féconde des malic? Siv\
gent du même poids. Ces deux bandes ou biigadcs lui fervoient de garde or-
dinaire, & dans les cérémonies extraordinaires chacun de- ces Cavaliers port'jit
fa maffe d'armes fur l'épaule.
Lorfqua ce Prince campoit , il montoit fur une eCpccc de théâtre élevé f.i
delfus de tout fon camp, & découvroit ainii tout ce qui s'y paiibit ; d.- fortJ
qu'il ne pouvoit s'élever aucune mutinerie parmi ks fold.its , à laquelle il ne
fût en état de remédier aufTi-tôi, L'on dit aufîî qu'il n'avoit dans fa tente
qu'un tapis, & une paire d'armes pour tout fon équipage, & qu'il ne pcnnjt-
toit à aucun de fes ibldats, après une bataille gagnée, de piller fans un con.^é
exprès. Il ne faifoit jamais part de fon fecret, ni de fes refolutiois à perfon-
ne; c'efl pourquoy il ne tenoit jamais xonfcil de guerre avec les Omcicrs de
fon armée.
L'on rapporte au/îî de lui qu'un Prince étranger s'étonnant de ce qu'il .n'avoit
dans fa tente qu'un feul tapis qui iuy fervoit de chaife , de table , & de lit avec
une paire d'armes , il lui dit : Je me contente de cecj^ , afin que les Officiers
qui fuivent toujours l'exemple de leur Général, aycnt honte d'en avoir davan-
tage; car fi j'av^ois plus de coramoditez dans" ma tente, ils en voudroient tous
avoir autant, & il n'y a rien qai cmbarraife plus une armée que la grofleur des
équipages.
Mohammed fils de Thaher lui ayant fait demander s'il avoit reçu des ordres
dli Khalife pour entrer armé dans les Etats : il répondit fièrement à fon Envoyé
en tirant l'épéc de fon fourreau: 'Voici la patente en vertu de laquelle je fais
la guerre à vôtre maître, car je ne reçois des ordres de qui que ce fqjt.
Il étoit cependant julle & modéré en beaucoup de chofes , & Abou Jofef
Ben Sofian ayant été accufé devant lui d'avoir parlé d'Othman le troifième
Khalife après Mahomet, comme d'un ufurpateur, Jacob étoit prêt de le faire
punir , lorfque fon Vizir lui reprcfenta que ce Dofteur n'avoit parlé de ce
Khalife qu'liifloriquement -, & fuivant le fentiment des Schiites , & non pas le
fien. Sur cela ce Prince déciara qu'il ne vouloit pas entrer plus avant dans la
connoilfance de cette affaire, & le renvoya abfous.
JACOUB Ren Jofef, c'eft le petit-fils d'Abdalmoumen fondateur de la dy.
nalbe des Almohadcs en Afrique. Jacoub ayant été défait l'an de l'Hegire 591,
de J. C". II 94, par Alfonfe, neuvième Roy de Callille, palfa d'Afrique en Efpa-
gne , dé6t les Caftillans , & le refle des Almoravides qui étoient fort diviiez
entr'cux , & établit la dynaflje des Almohades qui dura jufqu'en l'an 672 de
l'Hegire, qui efl le 1273 de J. C. Ce Jacob porte le titre d'Almanfor.
JACOUB Begh, fécond fils de Haffan Begh , qui eft Ufuncaffan , fut le
huitième Prm:e de la féconde dynaftie des Turcomans d'Afie , furnommée du
Mouton blanc. II commença à régner l'an de l'Hegire 886, après la mort de
Khalil fon frère auquel il faifoit la guerre, ce fut l'an de J. C. 1481.
Ce Prince, qui avoit été fait par fon frère aîné Gouverneur du Diarbekr,
M m 2 c'eft-
%{6 J A C O U B;
c'efl-à-dii-e , de la IMcfopotamie , fe révolta contre lui , & ayant pris pour com^
plice de lli rébellion un autre de fes frères nommé Macfoud, lui donna bataille,
& le vainquit. Khalil fuyant après fa défaite, fut pourfuivi & tué par Mac-
foud proche la ville de Tauris, après fix mois feulement de règne.
Jacoub Beg fecourut 'à à propos Feroldizad Roy du Gurgillan ou Géorgie,
attaqué par Haidar, père dlfmael Sofi, que ce Prince défit & tua fon ennemi,
& prit fes deux enfans Ali Mirza, & Schah Ifmael prifonniers. Quelques Hifto-
riens font Ferokhzad aufli Roy de Schirvàn.
Ce Sultan inflruit par l'exemple d'Ufuncafîanfon père, qui avoit été défait
par Mahomet fécond Sultan des Turcs , entretint toujours bonne intelligence
avec Bajazeth fécond , fon iils & fon fuccelTcur. Il mourut à Carabagh dans, le
voifinage de Tauris à l'âge de 28 ans, empgifonné, comme l'on crut, par les
ficns, l'an de l'Hegire 896, de J. C. 1490. Il lailfa à Baifancor fon fils des
Etats d'une fort grande étendue, lefquels palTerent peu de tems après entre les
mains de ce Schah Ifmael qui avoit été Ton prifonnier.
JACOUB Ben David, Jacob fils de David furnommé Mahamafb, C'étoit
un homme d'efprit , & d'un entretien charmant , qui s'étoit rendu fi agréable
au Khalife Mahadi fils d'Almanfor que ce Prince l'avoit admis dans tous î^
divertiffemens , vivant très-familieremcnt avec luy , & ayant peine à. fe paiTer de
fa compagnie.
Cette faveur, qui lui avoit attiré l'envie des 43rincipaux Seigneurs , & Miniflres
de la Cour, donna lieu à plufieurs cabales qui fe firent pour renverfer fa for-
tune , n'y ayant rien de plus vray que cette fentence : Le bois ne reçoit pas
un plus grand dommage du feu qui lui ell attaché, que le cœur de l'ho'mme
en fouffre de l'envie quand il en eft une fois faifi.
Il arriva un jour que Jacob étant forti du Palais, pour fe retirer chez luy,,
reçut du cheval qu'il vouloit monter un coup de pied qui lui cafi^i la cuifie. '
Le Khalife n'eut pas plutôt appris cet accident, qu'il courut à grande hâte, &
même fans chaulfure , jufqu'au lieu où il étoit pour le confoler , & pour faire
mettre en diligence le premier appareil à fon mal. Il le fit tranfporter enfuite
avec grand foin dans fon propre brancart jufqu'à fon logis, & lui donna toutes
les marques non feulement d'un bon maître, mais encore d'un parfait ami.
Ses ennemis cependant trouvèrent pendant le cours de fa maladie qui fut lon-
gue , plufieurs occafions de lui nuire , en lui rendant beaucoup de mauvais
offices auprès du Khalife. La plus puilfante machine qu'ils employèrent pour
le renverfer , fut de Taccufer d'être partifan fecret de la fefte des Schiites,
ennemis capitaux des AbbafTides , qu'ils regardoient comme les ufurpateurs du
Khalifat fur la famille d Ali. Khondemir dit que cette accufation lui faifoit
beaucoup d'honneur, puifque l'amour & le refpecl que l'on a pour les eiîfans
d,e la Mciifon du Prophète, 11e peut jamais être une herefie, & fi par impoflîble
cela étoit , l'on pourroit appeller bien-heureux celui qui en feroit noté. Tel
eft le fentimcnt des Perfans, bien oppofé à celui des Turcs, & des autres Mu-
fulraans appeliez Sunnites, qui font, pour ainfi dii*e , les Orthodoxes dans le
Mahometifnie, ,
Jacob étant enfin guéri , & retourné à la Cour , fut reçu à\\ Khalife avec
beaucoup.de carcfles, & traité comme auparavant; cependant comme l'accufa-
tjun portcç contre lui ayoit fait quelque imprefljon.fur. l'eCprit de Mahadi, ce
Pfince
J A C O U B. .^^^
Prince voulut s'éclaircir de la vcrité^du fciit. II lui commaïuki pour réprou-
ver, qu'il eût à le délivrer de ia peine que lui faiioit un certain pcrfonnagc de
k race d'Ali, qu'il ne pouvoit plus IbufFrir en vie; & pour l'obliger davanta-
ge à lui rendre ce fervice, il lui lit prefent de cent mil drachmes d'arocnt &
■]ui donna en mariage une très-belle fille qu'il tira de ton propre Serrai?. '
Jacob -reçut avec refpcft Je commandement du Khalife , & lui promit d'exé-
cuter ponftuellenaent fes ordres, ce qui étoit. cependant bien éloigné de-fa pen-
féo. Il fit cependant conduire dans ion, logis ce parent dAli qu'il traita fort
bien, & il arriva qu'étant un jour en converfation avec luy, ce nouvel hôte
qui le doutoit bien de l'ordre que Jacob .avoit reçu, du Khalife , lui dit: Don-
ncz-moy la vie que vous pouvez m'ôtcr , & vous éviterez par ce moyen la
confufion que vous recevriez fans doute au jour du jugement de la part d'Ali
mon ayeul, li a'ous vcrfiez.mon lang qu'il regarde comme le ilcn propre.
Ces "paroles touchèrent .fi fort le (jœur do Jacob, qui étoit déjà, très- difpofé
en f;i faveur , q-a il lui dit :_ Voici, les cpnt mil drachmes que le Khalife m'a don-
nées pour vous faire mourir, prenez -les & fauvez-vous au plutôt : car je fuis
perfuadé de la. vérité de cet oracle , qui a été autrefois prononcé par Hakani
cet excellent homme: Aimez toujours Ali & fa race, parce qu'elle excelle tel-
lement au-defTus des autres , que le pire d'entr'eilx vaut mieux qu'un homme
de bien du commun , & que celui des Ahdes , qui furpafTe les autres de catte
famille en vertu, efl plus parfait qu'un Ange. Voilà jufqu'où les feiftaircs d'Ali
poulîent leurs excez ; c'cft pourquoy il ne faut pas s'étonner fi les autres Mu-
fulraans les détellent & les traitent, comme les plus grands ennemis du Maho-
metifmc.
Pour reprendre le frl de nôtre hifloire , il faut fçavoii- que cette fille don-
née par le Khalife en mariage à Jacob , fçachant la' manière avec laquelle l'A-
lide avoit été traité chez luy , ne manqua pas d'en donner avis ;i la Cour, La
Khalife informé de l'évafion du prifonnier & du procédé de Jacob envers' lui
ordonna à fes gens dc^ chercher l'Alidc , & de l'arrêter en quelque lieu qu'ils
le pulTent trouver. L'ordre du Khalife fut exécuté promptement , car l'Alida
fut trouvé & gardé foigneufemcnt dans le Palais.
Un peu après, le Khalife fit appeller Jacob,' &; lui demanda ce qu'il avoit fait
de fon hôte.
Jacob lui répondit, qu'il avoit .exécuté fes ordres, & jura même, par la tê.
te & par la vie du Khalife , qu'il J'avoit fait mourir ; alors le Khalife irrité
au dernier point du faux ferment qu'il venoit de faire, voulant le couvrir en-
tièrement de honte & le convaincre de fon parjure, fit paroître devant liù
l'Alide. Jacob demeura confus à cette vue , & fut mené auiîî - tôt en prilbn ,
où, après avoir IbufFert beaucoup de mauvais traitemens., il finit miferablement
fa vie.
Nezâm al mulk rapporte cet exemple dans fon livre , intitulé Vafjaia , pour
enfeigner aux favoris des Princes, combien il cft dangereux d'abufer de leur
crédit , & de manquer au principal devoir d'un fujct , qui eil la fidélité..
JACOUB Gerkhi ou Tcherkhi , Dofteur célèbre , Auteur du livre intitulé
Scharh al efma, qui efl une explication des noms ou attributs de Dieu.
Ce Doéleur expliquant ces paroles remarquables du chapitre de l'Alcoran ,
intitulé Houd : Demandez pardon de vos prckez à Dku , puis changez de vie , vous
M ra 3 unif- -
27» J A C 0 U B.
unijfant à lui par la pratique des bonnes œuvres , foûtenues de la foy : car c'ejl un
Seigneur qui fait miféricorde , qui aime Jes créatures &' qui en veut être aimé , dit ,
que le dernier mot de ce verfet, à fçavoir Voudoud , eft un attribut particu-
lier de Dieu, lequel on ne peut expliquer que par les mots fuivants.
Dieu eft ce fouverain être qui aime généralement toutes fes créatures & leur
fait du bien , il eft en particulier Tami de tous les cœurs purs & fmcères qui
l'aiment: mais, pourfuit cet Auteur, l'amour que les créatures ont pour Dieu,
n'eft qu'une production & un effet de l'amour que le Créateur a pour elles;
parce que fi nous confiderons la chofe telle qu'elle eft , nous ne pouvons at-
tribuer ni le bien qui eft en nous, ni celui que nous faifons à autre, qu'à Dieu
feul ; de forte qu'il eft vrai de dire , que Dieu n'aime proprement que foy-
même en nous aimant.
L'on peut voir ce qui a été dit de ce double amour , dans le titre d'Efch-
kallah, fur le verfet, il les aime fc? ils laiinmt.
Al Valad AI Aâz , Auteur myftique & dévot , qui paffe pour le plus fpiri-
tuel des Mufulmans, dit fur ce fujet.
Cejl Dieu qui communique quelque trait de fa beauté aux jfofeplis , çf qui fait
part de quelque étincelle de fou amour aux Jacohs.
Ceft lui enfin, fi nous y faifons attention , qui ejl dans le commerce de r amour,
S' l'amant, 6f Is bien aimé tout enfemble.
JACOUB Ben Sakit, Jacob fils de Sakit. Ce Docleur eft re:^ârdé par les
IMufulmans pour un des plus grands hommes, en' matière de langue & en élo-
quence que les Arabes ayent eus. Il vivoit fous le règne de Motavakel, dixiè-
me Khalife des Abbaflides, & étoit fort attaché à la fefte d'Ali, que ce Khali-
fe perfccutoit de tout fon pouvoir.
L'an 244 de l'Hegire , -Motavakel l'ayant fait venir en fa préfence , lui de-
manda , lefquels il aimoit le mieux des deux Princes fes enfans , nommez Mô-
tîtz & Moviad , ou des deux enfans d'Ali , Haftan & Houflain. Ce Docleur lui
ayant répondu fièrement: En vérité , Canbar l'affranchi d'Ali valoit mieux, fé-
lon mon fentiment, que vous, ni vos enfans tous enfemble; le Khalife irrité
de ce mépris, commanda auOi-tôt qu'on lui attachât la langue par derrière la
^ête, ce qui ayant été exécuté lui ôta la vie. Ben Schohnah.
JACOUB Ben Ishak Al Kendi, c'eft ce'ui qui nous eft connu fous le nom
d'Alkindus , & qui paffe parmi nous pour un fameux Magicien : ma.s la vérité
eft, qu'il étoit le plus grand Aftrologue de fon tems. Ilvivoit fous le Knali-
fat d'Al Mamon , & comme il étoit Juif de naiffance & de Religion , il eut
fouvent des différens avec les Doélours Mufulmans, qui attribuoicnt à la Ma-
gie tout ce qu'il operoit de merveilleux.
Un de ces Dofteurs lui dit un jour en préfence du Khalife : Quel eft donc
-ce grand mérite qui vous élevé par-deffus les autres? Jacob lui répondit : C'eft
que vous ne fçavez pas ce que je fçai , & que je fçai ce que vous ne fça-
vez pas.
Le Dofteur luy ayant répliqué là-dcffus : Venons -en à quelque expérience
dans l'art où vous excellez le plus , qui eft la divination ; & voyons ce que
vous fçavez faire. Alkindus accepta le défi , & chacun d'eux ayant fait un
cer-
J A C O U B. 279
cercle autour de foj', le Dofteur Miifulman écrivit deux mots fur un papier
fermé , qu'il prélenta au Khalife préfent à cette ditputc , aftn que Jacob devi-
nât ce qui y étoit écrit.
L'épreuve étoit dilBcile ; cependant Jacob prit Ces livres & fcs inftrumens de
Mathématique, & après avoir rêvé quelque tems , dit hardiment au Docteur:
Des deux mots que vous avez écrits iar le papier, le premier fij^mifie une plan-
te, & le fécond un animal.
Al Mamon ouvrit aulli-tôt le papier, & vit que le Docteur y avoit écrit Af-
fa MoulTa, la Verge de Moyfe, ce qui ne lui donna pas moins d'étonnemcnt,
que d'eftime pour Jacob. Celuj-cy tout fier du fuccez de la difpute , & voyant
encore le Do6leur dans fon cercle, oii il n'operoit rien, dit., par plaifanterie au
Khalife, que s'il le vouloit permettre, pour prouver encore davantage ce qu'il
fçavoit faire , & ce qu'il meritoit au-deffus du Dofteur , il prendroit fa vefte
doctorale & s'en feroit des chaulles.
Cette raillerie s'étant divulguée dans la ville de Balkhe en KhorafTan , un
Légifte, qui étoit difciple de ce Do6teur, en conçut une telle indignation con-
tre Jacob Alkendi, qu'elle le porta jufqu'à partir de Balkhe, & à venir exprès
à Bagdet, où étoit Jacob, pour le tuer; il le chargea pour cet effet d'un cou-
teau , & vint un jour qu'il y avoit un grand monde chez Jacob , & l'aborda
dans la pofture d'un écolier qui vouloit apprendre de lui l'Aflronomie.
L'on dit, qi/aufli-tôt que Jacob l'eut vu & entendu , il lui dit d'un ton fer-
me: Vous êtes entré ici dans l'intention de me tuer, mais quittez promptement
cette refolution avec le couteau que vous portez , & je vous cnfeigneray l'Af-
tronomie. Cet homme étonné au dernier point, jetta fon couteau par terre,
& fe mit effectivement au nombre de fes écoliers , parmi lefquels il excella à
un point qu'il fuffit de dire, que ce fut Abou Màafchar Al Balkhi , que nous
appelions ordinairement du nom d'Albumafar.
JACOUB Almanfour. Fcyez ]\Linfour, qui eft Almanfor.
JACOUB Ben Ibrahim, eft le même qu'Abou Jofef, dit Al Imam Al Cou-
fî & Al Càdhi Al Mogtahad Al Ilanefi. Il fut fait Cadhi al Codhat , Juge
des Juges, ou Chancehcr de l'Empire des Khalifes par Hadi , & continué par
Haroun Al Rafchid, tous deux de la race des Abbaffides.
11 a porté le premier cette qualité , comme il a été auflî le premier, qui a
donné un habit particulier aux Dofteurs de la loy Mufulmane , & qui a mis
en vogue la doctrine d'Abou Hanifah , qui avoit été jufqu'alors négligée.
Il eft Auteur du livré intitulé /idab ni Cadhi , des qualitez que doit avoir un
Cadhi, félon les principes du môme Abou Hanifah, & mourut à l'âge de 115
ans, l'an de l'Hegire 182. l^oyez le titre ^'Abou Jofef. On l'appelle auflî Ben
Ibrahim Ben Habib.
JACOUB Al Firouzabadi, c'eft l'Auteur du Camus, royez ce titre ^ celuy
de Firouz-abadi.
JACOUB Pacha Ben Khedher Begh , eft l'Auteur d'un commentaire fur
l'ouvrage de Borhan eddin, intitulé Jl Fecaiah. ^oyez ce titre.
JACOUB:
28o jACOUB. JADIGHIAR.
JACOUB Ben Saclan, Médecin Chrétien, furnommé Al Mocdeflî , à eau-
fe qu'il écoit natif de Jerufalem ; il fervit long-tems les Aioubites , c'efl-à-dire ,
les Princes de la poflerité de Saladin, & mourut l'an 626 de l'Hegire.
JACOUB Al Sarougi, nom d'un Ev^êque de la ville de Sarouge, qui a fait
plufieurs difcours ou fermons. Il y en a un fur le LafF al jamin , qui eft le
bon Larron , que l'on trouve dans la Bibliothèque du Roy. Foyez le titre
de LaiT.
JACOUB Al Bardai ou Al Baradêi , Difciple de Severe , Patriarche d'An-
tioche , intrus par l'Empereur Anaftafe. Jacob alla prêcher l'herefie d'Euty-
chcs & de' Severe dans la Mefopotamie & dans l'Arménie , & c'eft de luy que
les Eutychiens prirent le nom de Jacobites, qu'ils portent encore aujourd'hui.
Ce faux Miflionnaire fut furnommé Bardai , à caufe qu'il alloit vêtu d'une
étoffe pareille à celle dont on fe fert pour mettre fous le bât des bêtes de voi-
ture , que les Arabes appellent Barda , qui cft une èfpèce de feutre. Cependant
il cfl plus probable qu'il avoit tiré ce furnom de la ville de Eardàa en Armé-
nie, dont il étoit originaire ou natif. . •
Les Chrétiens d'Arabie étoient Jacobites , fous les Roys appeliez Mondars ,
dont on a parlé dans le titre de Hirah , & leur divifion d'avec les Melchites
ou Orthodoxes , qui fit bruit fous l'Empereur Juftinien & fes faccefleurs , dif-
pofa , & prépara , pour ainfi dire , leurs efprits déjà corrompus , au Mahomctif-
me qui éclata dans le fiécle fuivant.
Les Jacobites polTederent \qs Eglifcs d'Egypte & de Syrie depuis que les Ara-
bes fe furent rendus maîtres de ces provinces pendant l'efpace de près de cent
ans, jufqu'à ce que le Khalife Hefchdm, tlls d'Abdalmalek , y rétablit les Mel-
chites. Diofcore , Patriarche d'Alexandrie, avoit infeélé la plus grande partie de
ces peuples de l'hérefie d'Eutyches , & avoit envoyé des Evêques hérétiques en
Nubie & en Ethiopie.
JACOUB Ofcof Naffibin , Saint- Jacques , Evêque de Nifibe , qui délivra,
par fes prières, cette ville .du fiége que Schabour Ben Hormouz ,. Roy de Per-
fe, y avoit mis du tems du Grand Conftantin. Saint- Ephrem , que les Arabes
appellent Mar Afram du Afrim, ctoit fon difciple.
JADIGHIAR Mirza, fils de Mirza Mohammed , fils de Baifankhor, fils de
Scharokh, fils de Tamerlan.
11 fit la guerre à Aboufaid, fils de Mohammed, fils de Miranfchah , troifième
fils de Tamerlan , en fe joignant à Ilallan Bcgh , qui elt Ufuncafian , & après
l'avoir tué, il .alla l'an 873 de l'Hegire afliéger la ville d'Afterabad : mais.il y
trouva Houlîliin Mirza, Roy de Khoraffan, qui dcfcendoit d'Omar Scheich, fé-
cond fils de Tamerlan, qui la fccourut & le défit.
En 874, ladighiar fe réfugia à Tauris vers Ufuncaffan , qui le'fecourut pour
la féconde fois , & lui donna des troupes avec lefquelles il défit Houffain , &
l'obligea de s'enfuir du côté de Fariab ik de Bâlkhe : mais ce Prince étant de-
venu par cette viéloire le maître du Khorafl-m , s'abandonna tellement k fes
plaifirs, en négligeant entièrement i^QS, afl'aires, & ne prenant aucune précaution,
.que Houfiain eut le loifir de prendre fon tems pour l'attaquer à l'impourvu; il
,le fit avec mil chevaux feulement, le furprit au milieu de fes débauches, & lui
'^^ ôta
j A F E I. -^- I A G I 0 U G E. 281
ôta la vie l'an de l'Hegire 875. Ce Prince fut le dernier de la famille de Schah-
rokh, fils de Tamerlan. Khundemir.
JAFEI, furnom d'Abdallah Ben Afàad Al Jemeni , mort l'an 768 ou 7-0
de l'Hegire; il cil qualifié Nezil al haramein , à caufe qu'il vint demeurer a 'la
Mecque & à Medine. Il a compofé pluficurs ouvrages hiftoriques , dont le prin-
cipal eft celui qui commence à la première année de l'Hegire & finit dans la
750. Cette hiftoire eft intitulée Raoudh al riahin, & contient les vies de ceux
que les Mufulmans eftiment laints. Il cfl auffî l'Auteur de Meràt al gianân ,
de Afiia al mecalTed fur la vie d'Abdalcader & d'Athrâf al taouarikh.
JAFETH Ben Nouh, c'efl Japhct , fils du Patriarche Noé. Mirkhond &
Khondemir écrivent , que Japhet étoit le fils aine de Noé , & qu'après que
l'arche fe fût arrêtée fur la montagne de Gioudi en Arménie, fon père lui don-
na en partage les pays qui étoient à l'Orient & au Septentrion de cette pro-
X'ince.
Avant que Japhet partit avec fa famille pour aller peupler ces contrées, Noé
kii fit prefent d'une pierre , que les Turcs Orientaux appellent Giudé Tafch &
Senk ledé, fur laquelle il avoit écrit le grand nom de Dieu , Efm Addlmn ou
Âdzem , par la vertu duquel celui qui la pofl'edoit , pouvoit faire defcendre la
pluye du ciel à fa difcretion. Voyez le titre de cette pierre fuperftitieufe , qui
s'eft confervée long-tems parmi les Mogols.
japhet efl furnomraé Aboulturk, c'eft-à-dire , Père de Turk, parce qu'il eut
un fils de ce nom, qui eft reconnu pour le premier père des peuples compris
fous le nom général de Turcs.
Japhet eut onze enfans mâles, dont les noms font Gin ou Tchin & Sin, du-
quel defcendent les Chinois ; Seklâb , duquel font ifllis les Efclavons ; Manfchu-
ge, d'où viennent les Goths ou ^Scythes , appeliez lagiouge & iVIagiouge ; Go-
mari , le Gomer de la Genefe ; Turk , dont l'on a déjà parié ; Khalage , race
de Turcs; Khozar, duquel font defcendus les Khozaricns; Rous, Père des Ruf-
fes ou.Mofcovites ; Soufian , Ghaz & Tarage, defquels font fortis les Turco-
mans,
Japhet maria fes enfans à leurs propres fœurs avant qu'ils parrifTent, afin que
par ce moyen ils pufient fe multiph'er plus aiféraent; & en effet il arriva que
les pays de l'Orient & de la plus grande partie du Septentrion , furent les pre-
miers peuplez. Ce Patriarche eft mis par les Mufuhnans au nombre des Pro-
phètes envoyez de Dieu.
lAGIOUGE & Magiouge. Gog & Magog , dont la pofterité qui d^-fcend
de Japhet, habite les pays les plus Septentrionaux de l'Afie. Ebn Alovardi,
dans fon livre intitulé Khiridat al agiaib , parlant de ces {lays , dit : L'on trou-
ve les peuples de Gog & Magog dans le plus haut du Septentrion , après avoir
traverfé le ^ays des Kaimakiens & celui des Scclables.
Les premiers 4e ces peuples font les Tartares , que nous appelions aujour-
d'huy Calmuques. Les féconds font les Chalybes des anciens, que nous appel-
ions Sclaves ou Efclavons. Ceux-cy demeuroient dans l'Afie: mais ils fortircnt
de leur pays pour en venir peupler un autre plus proche de nous , auquel ils
ont donné leur nom.
Toj^iE n. N û Ces
• 82 r A G I 0 U G E.
Ces peuples, dit le même Auteur, habitoient fur des montagnes très -hautes
&, efcarpées , où aucune bête de voiture ne pouvoit aller; de forte qu'au rap-
port d'Abou Ishak qui y fut envoyé par le Roy de ChorafTàn, toutes les den».
rées & marchandifes dont Ton negotioit avec eux, fe portoient fur le dos des
hommes, ou des chèvres, qui font fort grandes en ce pays-là. Il ajoute qu'il
falloit employer dix-fept jours à monter, & à defcendre, avant que d'arriver
iLifqu'à cette nation, & que l'on n'a pu trouver aucun d'entr'eux jufqu'à prefent
qui ait voulu donner ia moindre connoiffance des chofes qui les regardent. II
y a grande apparence que ces peuples font ceux que les Grecs ont appelle Hy-
perboréens.
L'Auteur du livre intitulé Nezahat al colouh cite un autre livre intitulé Katah
al mejlakk val memalek , dans lequel il eft rapporté que Vathek , neuvième Khalife
de la race des Abbaffides, ayant la curiofité de fçavoir au vray ce que c'étoit
que le fameux rampart de lagiouge, & de Magiouge, ou de Gog & de Magog,,
bâti autrefois par Alexandre le Grand, pour refferrer les nations barbares du
Septentrion, & les empêcher par ce moyen de faire des irruptions dans le cœur
de l'Afie , ce Khalife donna la commifTion à un nommé Salam fon Interprète , de
chercher un ouvrage fi fort vanté dans les anciennes hiftoires , & de lui en faire
un fidèle rapport.
Salam partit avec un équipage de cinquante perfonnes pourvues de toutes
les chofes necelfaires pour un tel voyage , de la ville nommée Sermenrai ou Sa-
mara en Chaldée, oii Vathek faifoit fa demeure ordinaire l'an de l'Hegire 228
qui eft de J. C, 842, & alla trouver d'abord le Roy d'Arménie dans fa ville
capitale de Sis.
Après avoir quitté l'Arménie, il prit la route du Schirvan ou Medie Septen- .
trionale dans laquelle Filân fchah rcgnoit pour lors. Du Schirvan il pafla chez
le Roy des Alan ou Alains, peuples qui ont confervé leur nom jufqu'à nous, &
alla enfuite vifiter le Prince qui porte le titre de Maître du trône dor, qui
commande dans la ville de Bâb al abouâb, c'eft -à-dire, aux portes Cafpiennes
appellées autrement Derbend en Perfien , & Demir capi en Turc.
Pendant qu'il fut à Derbend , le Prince "de ce pays-là, félon le ^rapport de Ca-
zuini dans fon livre intitulé Jgiaib al makhloukhàt , alla à la pêche fur la mer
Cafpienne, & mena avec lui Salam: on prit dans cette pêche un fort grand
poilTon dans le ventre duquel on trouva un autre poiffon encore vivant, qui
avoit la figure d'une fille toute nue jufqu'à la ceinture , & qui portoit jufqu'aux
CTenoux une efpece de calle^ons faits d'une peau femblable à celle d'un homme ;
elle tenoit fes mains fur fon vifage , fe tiroit les cheveux^, & poufibit de^ grands
foupirs; mais elle ne. fut pas long-tems en vie. Le même Cazuini ajoute que
le Tarikh Magrcb qui eft une hiiloire d'Afrique, confirmiC cette narration par.
d'autres femblables qu'il rapporte fur le fujet des Sirènes.
Le Roy du trône d'or nommé Tarkhân donna à Salam des «guides pour le
conduire plus avant dans le Nord, où ayant marché 26 jours, il apva en un
pays qui fcntoit fort mauvais. A dix journées de-là il trouva des villes, où
l'on dit qu'étoit l'ancienne demeure des peuples Hyperboreens nommez lagiouge,
& Magiouge ; mais elles n'étoient plus que des mazures fans habitans : après qu'il
eut fait 27 journées, il arriva enfin à llaiha, lieu ainfi appelle parles Arabes,
à caufe dé fon affiette qui cil très -forte, & prefque inacceflîble.
On voyoit afiTez près de ce fort les reftes du rempart que nos voyageurs
cher-
I A H I A. 283
cherchoient, & Salam s'y ëcant fait porter, & aydiit reconnu cet ouvrage mer-
veilleux, il le trouva tel qu'il ctoit décrit dans les livres qu'il avoit apportés
expreirement pour les vérifier, & n'ayant plus rien à faire après une fi curieufe
découverte, il prit la refolution de retourner à Samara par un autre chemin
que celui qu'il avoit déjà fait. Il tira vers l'Orient au -de/Fus de la mer Caf-
pienne, & arriva après deux mois de chemin avec fa petite caravane, à fept
parafanges qui font quatorze lîeuës Françoifes de Samarcande , d'où ayant pris
la route du Khoraflan, il retourna auprès du Khalife fon maiïtre, n'ayant eraplo-
yé en tout fon voyage -que deux ans, & quatre mois.
lAHIA Ben Zacaria, Jean fils de Zacarie que les Arabes appellent aufïï à
l'imitation des Syriens, Johanna & Mar Johanna. C'efl ainfi que les Muful-
mans nomment faint-Jean Baptifte, d'un nom qui fignifie. Donnant l:i vie, à
caufe, difent-ils , qu'il a fait vivre le nom, & la mémoire de Zacharic fon père;
ou parce que la véritable religion, ou la foy au Meiîie ont reçu de lui une
nouvelle vie.
On lit dans le chapitre intitulé De la famille (TAmran, que Zacharie priant
dans le Mehérab, ou Oratoire de Marie, dont il avoit pour lors le foin & la
garde. Les Anges lui promirent de la part de Dieu un fils qui devait être nommé
lahia , parce qu'il verifieroit , â? confirmcroit la parole ou le ^erbe , qu'il deviendrait
chef &' Pontife de la Religion du Meffie, qu'il fe conferveroit pur ^ faint , & fe-
roit enfin un d>'S plus grands Propintes fortis de la lignée des gens de bien.
Houlfain Vaêz paraphrafe ce paifage dans les termes fuivans. Jean Baptifte
vôtre fils publiera & autorifera la foy au JVIcflîe, Jefus fils de iVIarie, qui eft la
parole de Dieu, ou le Verbe procédant de Dieu; car il fera le premier qui
croira en lui. Il deviendra Chef & Pontife par fa fcience, par fauftericé de fà
vie, & par la douceur de fes mœurs, qui font les trois qualitez requifes pour
être Imam ou" Pontife de la loy de Dieu. 11 fe feparera de tout commerce
avec les femmes, & s'abftiendra de tous les plaifirs des fens, & enfin il fera
un Prophète iflli de gens de bien, tels qu'ont été Zacharie fon père, & Saleh
fon aycul, enfeignant aux hommes les voyes de la jufticc & du falut.
Il eft remarqué dans le Tarikh Motekheb que faint-Jean Baptifte ayant eu la
tête tranchée par le commandement d'un Roy de Judée , le fang qui fortoit de
fon corps ne put s'étancher, jufques à ce qu'il fut vangé par une très -grande
defolation que Dieu envoya au peuple Juif, & qu'il fut le dernier Prophète
de fa nation.
Khondemir rapporte dans la vie de Mahomet que les Juifs qui habitoient l'He-
giaze, province qui fait partie de l'Arabie, dans laquelle la ville de la Mecque
eft fituée, confervoient parmi eux une tunique blanche de faint-Jean Baptifte
qui étoit encore teinte de fon fang, dont il en diftilloit de teras en teras quel-
que goutte, & qu'une ancienne tradition s'étoit confervée parmi eux, félon la-
quelle ce fang devoit toujours couler jufqu'à la nailfance d'un homme nommé
Abdallah , qui devoit être le père du dernier des Prophètes.
Si cette fable n'a pas été inventée par les Arabes Mufulmans, il y a lieu de
croire que quelques Juifs jApoftats l'ont produite , pour flatter Mahomet & les
Tiens; car il eft très-certain que les Juifs ont été les premiers, & les principaux
fauteurs du Mufulraanifme, comme l'on peut voir dans le titre de l'Alcoran.
Le Géographe Perfien parlant de Damas , écrit que la tète de faint-Jean Bap-
N n 2 tifte
£g4 I A H î A.
tifte fut mife dans un temi51e de cette ville que les Sabiens y bâtirent, à foîa
honneur, & qu'elle y a été toujours fort révérée par les Chrétiens, & parles
jMufulmans dans la fuite des tems. Foyez le titre de Damas, & remarquez que
ces Sabiens font les Mendai lahia que nous appelions les Chrétiens de faint -Jean,
dont plufieurs habitent encore aujourd'huy dans la ville & dans Je territoire de
BaiTora.
Saadi fait mention dans fon Guliflan du fepulcrc de S. Jean Baptifle qui étoit
révéré dans le temple de Damas , & l'appelle Turbct lahia Peghembcr en lan-
gue Perlienne; il y fàifoit fes prières, & rapporte celles d'un Roy des Arabes
qui y étoit venu en pèlerinage. Le Khalife Abdalmalek voulut achepter cette
Eglife de la main des Chrétiens, & il ne s'en empara par force qu'ajirès Te re-
fus qu'ils firent de quarante mil dinars, ou piftolcs d'or qu'il leur avoit offertes.
Ce Temple qui efl prefentement une Mofquée, étoit dédié h Zacharie père
d'Iahia, & il n'a porté le nom de faint -Jean Baptifle que depuis que fa tête
qui fut trouvée dans la ville de Uems fous l'Empire de Theodofe de Jeune, y
eût été transférée. C'eft ce qui a trompé l'Auteur du Tarikh Cozideh, lequel
voyant cette Eglife de Zacharie père de faint Jean Baptifte, a cru que la mort
de ce faint Précurfeur fut vangée par Gudarz Roy d'Orient ou de Perfe , de la
race des Molouk Thaovaif, par la ruine de Jerufalem, ce qui doit être rapporté
à la mort de Zacharie , grand Pontife des Juifs , que Joas fit lapider dans le tem-
ple , nonobflant les grands fervices qu'il avoit reçus de Jojada fon père.
Cette mort de Zacharie fils de Jojada, ou de Barachia, félon faint Mathieu,
a été tellement marquée dans les hvres faints par ces mots qu'il dit en mourant:
Fideat Dominiis àf requirat, que les Mufulmans ont fait venir exprès Gudarz qui
cfl Nabuchodonofor pour la vanger, & il ne s'en faut pas étonner, puifque
Jesus-Christ même la reprocha encore aux Juifs de fon tems: on ne peut
que blâmer leur ignorance de confondre ce Zacharie avec le père de faint Jean
Baptifle ; mais leurs hifloires font pleines de ces anachronifmes.
Les Mahometans citent plufieurs paroles de faint- Jean Baptifle, lefquelles fonC
de Jésus- Christ même, telles que nous les trouvons couchées dans les Evan-
geliflcs. Ils ont aufîî inventé des dialogues entre Jesus-Christ & faint Jean
Baptifle. Il y en a un dans lequel Jesus-Christ efl reprefenté avec un air
gai & agréable, & faint Jean Baptifle avec un vifage trifle & auftere. Saint
Jean dit"" ces paroles remarquables à nôtre Seigneur: Il paroù bien, Seigneur, que
vous jouijjez pleinement dès cette vie de la gloire, ^ du bonheur éternel, pendant que
vôtre ftrviteur ejî encore dans la voye , 6? dans les exercices de la pénitence.
Les Mufulmans donnent plufieurs titres à faint Jean Baptifle ; car outre celui
de Nabi ou Prophète qui lui efl commun avec plufieurs autres, ils le furnom-
ment particulièrement Aàlfem & Mâaflbum, mot qui fignifîé proprement prefer-
vé, exempt, & affranchi de tout péché, ce qui a rapport non feulement à fin-
nocence & à l'auflerité de fa vie , mais encore à fa fànclification dans le ven-
tre de fa mère. Il efl bon de remarquer que les mêmes Mufulmans donnent
encore ce titre à la fainte Vierge, fur quoy Foyez le titre ^e. Miriam.
Les Chêtiens Orientaux célèbrent la fête de la Nativité de faint Jean Bap-
tifle le 21 jour du mois appelle dans le Calendrier Syrien Hazinin qiu corrcf-
p,ond à nôtre mois de Juin. Cette fête efl marquée dans les éphemerides des
Mahometans fous le nom de Milâd lahia.
L.^ fête que nous appelions la Décollation de faint Jean Baptifle, & qu'ils
nom?-
•I A H I A. 285
nomment Méfiai lahia, eft mar(]uée dans le même Calendrier le 17 du mois Ab
qui correfpond à nôtre mois d'Août.
Les Difciples de faint Jean Baptifte qui furent appeliez dans les premiers tcms
de l'Eglife, Hemerobaptiftes , & dont le nombre ell confiderable parmi les
Juifs, ont fait depuis ce tems-ià une fectc, ou plutôt une Religion à part fous
le nom de Mendai lahia. Voy^z ce titre. Ces gens- à que nos voyageurs ap-
pellent Chôticns de faint Jean Baptiile, à caufe d'une efpece de baptême fort
différent Ju nôtre, dont ils le fervent, ont été confondus avec les Sabicns qui font
cependant une lefte bien différente; c'efl pourquoy il faut voir fur ce fujct
le titre de Sabi.
lAFÎIA Ben Abdallah. lahia fils d'Abdallah, & pctit-fi!s de Haffan fils d'Ali,
efl celui duquel^ quelques - uns tirent la ligne droite des Imams, à caufe qu'il
defcendoit de l'àiné des enfans d'Ali; mais les Perfans la tirent de la bran-
che du cadet, à fçavoir de HouUàin, fécond fils d'Ali, parce quil fut pro-
clamé Khalife dans Coufah, comme nous avons vu cy-dcifus. Voyez la fuite de
ces Imams vrays ou faux , au titre d'Imam.
Cet lahia dont il ell queftion parut au teras du Khalife Haroun Rafchid dans
la province de Ghilan fur la mer Cafpienne, où il avoit déjà attiré beaucoup
de gens à, fa fuite qui faifoient tous une profeffion ouverte de la fefte d'Ali.
Pour couper la racine de cette nouve'le fadion, ce Khalife voulant ufer de dou-
ceur, dépêcha vers lui un homme de confiance avec un paffeport fort ample
fcellé des fceaux de tous les Cadhis, ou Juges principaux de l'Etat, & foufcrit
des feings ou fignatures des principaux Seigneurs des deux Waifons de Hafchem
& d'Abbas , qui étoierit tous fes parens , afin qu'il pût fe rendre en toute feureté
auprès du Klialife-
il ne falloit pas prendre moins de précaution dans une affaire aufïï délicate que
celle -cy, pour prévenir les deffeins des faélieux, qui avortèrent en effet, auffi-
tôt que cet Imam, lequel d'ailleurs n'avoit point d'ambition, fût entre les mains
du Khalife.
Cette hiftorre, qui efl rapportée dans la Chronique des Abbaffides, fait affez voir
en quelle vénération étoient les Chefs de la Maifon d'Ah', & les grands pro-
grez que fiifoit déjà cette fefte; mais la fuite fera encore beaucoup mieux con-
noître de quelle importance étoit cette affaire pour le Khalife.
lahia ayant reçu de telles affurances de la part de Haroun, ne fit aucune dif-
ficulté de fe rendre à la Cour; mais il n'y fut pas plutôt arrivé que l'on lui
dreffa un piège. Un certain Abdallah de la famille de Zobair, famille qui de
tout tems s'étoit déclarée ennemie de celle d'Ali , accula lahia de s'être dit Pro-
phète, & de l'avoir voulu attirer à fon parti, adùrelfant ces paroles au Khalife:
Vous pouvez juger, Seigneur, s'il s'efl ouvert à fes amis , puis qu'il n'a point
fait de difficulté de fe déclarer à fon ennemi même, tel qu'il fçait que je fuis,
& combien il faut' qu'il ait déjà gagné de gens pour en venir jufqu'à ce point.
Le Khalife qui étoit fort prudent, voulut pour s'cclaircir pleinement de la
chofe, que l'on fifl venir devant lui l'accufiiteur, & l'accufé. Le premier per-
fifta dans fon accufation , & le fécond, après avoir nié conllammcnt le fait,
& fait fa prière avec les cérémonies ordinaires, pour fe préparer au ferment
dont il fe devoit purger, s'approcha de fon adv^rfaire, mit les doigts de fa mair>
droite entre, ceux de celle de ion accufateur, & prononça ces paroles : .Se/g/vcKr •
N n a ' ^-
a85 I A H I A.
Êf Créateur tout-pufffant , Jl fay jamais convié cet homme à me fiiîvrê, ou à mi
reconmijîre pour Frophete, faites par vôtre juftice Jouveraine que je perijfe miftrable^
ment\ mais fi cela n'ejl pas, punijfez mon accufateur de la même peine.
Son adverfaire ayant été obligé de faire le même ferment, & étant mort le
même jour, on ne douta point qu'il n'eût reçu la punition de fon parjure, de
forte que le Khalife fit depuis ce tems-'lla de grands honneurs à lahia , qu'il re-
connut pour un faint homme dont Dieu exaucoit les prières.
I A H I A Ben Klialed Al Barmeki , Les Barmekides , ou Barmecides que les
Arabes appellent Baramecah, & les'Perfans Barmekian, tiroient leur origine des
anciens Roys de Perfe, félon Khondemir dans la vie du Khalife Haroun Al
Rafchid. , , , .
Cette famille qui n'a produit que des gens de grand mente, commença a pa-
roître fur le théâtre du monde, en la perfonne d'Iahia fils de Khalcd, homme
d'un mente extraordinaire, qui avoit reiini en foy toutes les vertus civiles &
militaires, aufquelles il donnoit encore un nouvel éclat par fa magnificence, &
par fa 'generofîté incomparable.
Fadhel fon fils aîné fut un des plus grands Capitaines de fon tems , & fon
fécond fils nommé Giafar, outre qu'il pofTedoit à un fouverain degré les vertus
héréditaires de fa Maifon, palloit pour le plus éloquent & le plus poli Ecrivain
de fon fiecle. Les deux derniers de fes enfans nommez Mohammed , & Moufla ,
ne degeneroient point d'une fi bonne race , & poifedoient les premiers employs
dans l'adminifi:ration des aflTaires de l'Etat & de la guerre.
Le Khalife Haroun Rafchid fe repofa entièrement pendant l'efpace de 17 ans,
c'ell - à - dire , depuis l'an 170 de l'Hegire jufqu'en 187, de toutes chofes fur
lahia, & fur fes quatre enfans, dont Giafar, qui étoit le fécond, pofledoit la fa-
veur'& les bonnes grâces de fon maître à un tel point, qu'il n'y a point d'exem-
ple d'aucun Prince qui en ait ufé avec tant de familiarité , & tant de bonté avec
fon favory. FoyEZ le titre de Giafar ben lahia.
Ben Schohnah rapporte que lorfqu'Iahia vit la fortune de fa maifon renverfée,
fes enfans ou tuez ou emprifonnez , fa liberté perdue, & tous fes grands biens
confifquez, il dit à fes amis: La puilfance & les richefles font des prêts que la
fortune fait aux hommes: Nous devons nous contenter de ce dont nous avons
jouy par le palfé, & nous confoler fur ce que nous laifibns pour l'avenir une
grande infl:ru(5lion à ceux qui viendront après nous.
Ce grand perfonnage avoit élevé fa Maifon à un tel point de grandeur, que
lui & fes enfans dirpolbient abfolument de l'Empire ôqs, Khalifes; mais ils ufe-
rent de cette autorité avec tant de fageffe, & de modération, & difpenferent
leurs grandes richelfes avec tant de generofité & de magnificence, que leurdif-
<Trace fut pleurée par tous les grands hommes de leur fiecle , & leurs vertus louées
par tous ceux qui les avoient connus, l^oyez le titie des Barmecides.
Le Rabî al Akhidr cite un quatrain Arabique fait à la loiiange d'Iahia dont
le fens efl:.: J'ay demandé à la rofée ( fymbole de la libéralité ) fi elle étoit
libre, elle me répondit. Non; car je fuis l'efclave d'Iahia fils de Khaled. Sur
cette réponfe je lui dis: Je veux donc vous acheter de lui, & elle me répliqua:
Cela n'eft: pas poffible; car il me pofiTede comme un héritage fubfi:itué de père
.en fiis dans fa famille.
'Zamakhfchari dans fon livre intitulé Rahî al ahrar nous donne le nom , «Se la
I A H I A.
287
genealog:ie d'Iahia en cette manière: Abou Ali lahia Ben Khaled , Ben Barmek,
Ben Kifchtasb, Ben Giamasb, & dit que Je Khalife Mahadi le donna pour Gou-
verneur à fon fils Haroun , lequel étanf devenu Khalife après la mort de Ma-
hadi, traita lahia comme il auroit fait fon propre pcre , lui confia fon fceau,
& lui donna l'adminillration générale de toutes les affaires du Khalifat.
Le même Auteur rapporte auffi qu'Iahia ayant été difgracic , & mis en prifon
par Haroun, un de fes enfans qui étoit enveloppé dans le même defallre, lui
dit un jour : Comment eft-il poffiblc qu'après avoir fervi Dieu & l'Etat de
nôtre mieux, & fait du bien à tout le monde, nous foyons réduits à une telle
mifere ? lahia lui fit cette réponfe ; Il fe peut faire que la voix de quelque
affligé qui aura fouffert de nous quelque tort, ait été entendue de Dieu pen-
dant que nous négligions de lui rendre juftice.
lahia difoit fouvent à fes enfans: Soyez liberau^c de vos biens dans le temps
de vôtre profperité , & ils ne diminueront point : Donnez aufli durant vôtre
adverfité ; car fi vous vous abftencz alors de donner , il ne vous en reftera
rien du tout.
L'on trouv^a dans le fein d'Iahia après fa mort, un papier dans lequel il avoit
écrit ces mots de fa propre main en Arabe : L'accufé palfe le premier, l'accu-
fateur le fuivra de près , & ils paroîtront tous deux devant un Juge auprès
duquel ni les écritures ni les procédures ne ferviront de rien. Ce papier ayant
été porté au Khalife, il n'en put faire la leclure fans verfer des larmes.
. lAHIA Ben Aktem. Cadhi des Cadhis ou Chancelier du Khalife Almaraon,
fut celuy qui fit changer ce Prince, fur l'opinion qu'il avoit que le mariage à
tems eftant licite , pouvoit efi:re eftabli.
Cette forte de mariage s'appelle en Arabe Almetâah, & le Khalife étoit fur
le point d'en publier la perraiffion, lorfque le Cadhi fe fervit d'un palTage de
l'Alcoran pour fen dilTuader. Ce pafiage eft fort équivoque; car il ne défend
pas abfolument cette efpcce de mariage , & dit feulement qu'il ne fimt pas fe
contraindre les femmes dans leur Religion , & qu'il ne paroît pas que celui qui
fe fert d'une femme feulement pour un tems , puide être appelle véritablement
fon mari, ni qu'il ait une entière puilfance fur elle, comme fur une chofe qu'il
poiïede pleinement ou légitimement. .
Ce Cadhi fit & publia cependant une loy contre cette forte de mariages
qu'il difoit être condamnez dans l'Alcoran: nonobflant quoy ils ne lailFent pas
d'être fort en ufage parmi les Miifulmans. Les Chrétiens mêmes du Levant
les pratiquent quelquefois, quoyque très-défendus par les loix de TEglife, &
ils les appellent des mariages faits alla carta , c'eft-à-dire , par une promcfie
écrite, & autorifée par le Cadhi, en vertu de laquelle l'homme s'oblige envers
la femme qu'il prend , de la tenir pendant un tel tems , moyennant une telle
forame d'argent Ib'pulée entre eux.
Ce Cadhi mourut l'an de l'Hegire 242 , fous le Khalife Motavakel.
lAHIA Ben Ali Al Monaggem , Homme de bonne compagnie qui s'étoit
fort avancé dans les bonnes grâces du Khalife Moftafi, d'où vient que l'on le
furnomme ordinairement Nedim Al Mo^lafi , à caufe que ce Prince Je faifoit
fjuvent manger & boire avec lui.
Nous
288 I A H I A.
Nous avons de lui une hiltoire des Poètes Arabes qui commence par Bafchar,
& finit par Marvan : elle ell intitulée Baher fi akhbdr alfchoâra. Cet Auteur
mourut Fan 300 de l'Hegire.
lAHIA Ben Ali Ben Gezalah, Auteur d'un liv^e de Médecine dont les ma-
tières font rangées par tables à l'inftar de celles des Ephemerides ; il s'intitule
Tacovpn al abddn fi tadbir al enfàn.
lAHIA Ben Adda, Chrétien Jacobite natif de la ville de Tacrit en Mefo-
pbtamiè. II étoit Philofophe Peripateticien , & a traduit plufieurs ouvrages d'A-
riftote, en langue Syriaque & Arabique.
lAHIA Aboulmanfour , furnommé Al Mouflali , parce qu'il étoit natif de
Moful en Mefopotamie-, ek l'Auteur du livre intitulé Agàni. C'ell: un Recueil
de chanfons Arabiques difpofées par ordre Alphabétique.
lAHIA Ben Iakhfchi Ben Ibrahim. C'efl l'Auteur d'un Scharh ou commen-
taire fur le livre intitulé Scherâat al ejlàm ; ce Scharh eft dans la Bibliothèque
du Roy n^. 590.
lAHIA , furnommé Al Nahaovi, a traduit & expliqué en Arabe lejivre
d'Ariftote, qu'il nomme Bari arminids , mot corrompu du Grec qui fignilie De
Jnterpretatione.
ÎAHIA Ben Abdalmatha. l^oytz Zaovaovî.
lAHIA Ben Geifch. l^oyez Schaharvardi.
•IAHIA Affendi. Voyez Mohieddin Al Thabarî.
IAHIA Ben Abilmanfour , c'cil le nom d'un des plus grands Agronomes
qui ayent vécu fous le Khalifat d'Almamoun. AbulmalTar en faifoit grand état,
& le cite fouvent.
IAHIA Ben Mohammed, huitième Khalife ou Empereur des Moahedites ou
Al Mohades, comme les Efpagnols les appellent, qui a régné en Afrique, &
en Efpagne , ce que les Arabes appellent Magreb u Andalous. Voyez le titre
de Movahedin.
IAHIA Ben Modhaffer, Ben Mobarez. C'cfb le nom du fixième Prince ou
Sultan de la dynaltie des Modhaferiens ou Mozaffericns en Perfe. Cette
dynaftie fut abolie fous les Sultans Schah fchegiâ , & Schah Manfour , par Ta*
gierlan. Voyez Modhafferioun.
ÎAHIA Ben Haidar Carati, feptième Prince de la petite dynaftie qui s'éta-
blit dans le Khoralfan au tems des conquêtes de Tamerlan , fous le nom de
Sarbedariens , & qui fut maintenue par ce même Conquérant. Voyez Sarbedarân.
JAHIA Ben îfrail a écrit fur l'Ifagoge de Porphyre.
Abou Jacob Ishak, Ben Soliman al Ifraili , furnommé al Thabib , le Médecin ,
eft auteur du Boftan alhekmat, Jardin Philofophique.
Le
I A H K E M. — - I A II O U D. 289
Le furnam d'Ifraili ell fouvent donné aux Auteurs Juifs qui font eflimez par
les Mufulmans.
lAHKEM Ma câni, Turc de nation, lequel ayant été efclavc de Mardavige
Sultan de Dilem, & depuis fon affranclii , & élevé par lui jufqu'aux premicrcs
charges de la milice, tua fon maître , & s'empara de fes Etat?.
Il ■s'approcha enfuite de Bagdet d'où il chafTa Raiek qui tenoit le Khalife
Radhi fous fa puiffimce , & prit lui-même fa place fous le titre d'Emir al omara ,
c ell-à-dire , Commandant des Commandans , ou Prince des Princes. Il gouv'erna
le Khalifat avec tant d'autorité qu'il faifoit faire la charge de V^izir par fon
Secrétaire.
■lAHOUD & lahoudi, un Juif que les Turcs appellent d'un terme de mé-
pris Tchifout ou Tchufut. Foyez l'origine du mot lahoud dans le titre de Houd.
Les Juifs ont été condamnez à une captivité perpétuelle , à caufe de leur
rébellion contre Dieu, & pour n'avoir pas reçu, ni reconnu Jesus-Ciiiust
pour Meflîe. C'eft le fentiment de tous les Mufulmans fondé fur l'AIcoran,
dans lequel au chapitre Aàraf Mahomet dit , que Dieu a fait connoifire qu'il
envoyer oit toujours jufquau jour du jugemint quelqu'un qui châtierait fcvcrancnt les
^tiifs , â? qu'il les a difpcrjez parmi toutes les iiatiojis du monde.
Les Interprètes de ce paflàge difent tous unanimement que les Juifs ont tou-
jours été fujets depuis leur rébellion à être ou tuez, ou tenus efclavcs, ou au
moins obligez à payer tribut. Nabuchodonofor , & après lui les Roys de Chal-
dée , de Perfe , & les Romains les ont ainfi traitez ; & enfin les Mufulmans
ont receu l'ordre de Dieu, apporté par Mahomet, de leur faire la guerre, &
de les maltraiter jufqu'à ce qu'ils embralTent le Mufulmanifme , ou payent le
tribut: ce qui doit durer, & fubfiflcr , ajoùtent-ils , jufqu'à la confornmation
des fiecles.
Quant à leur difpcrfion, les Mahomctans affurent qu'il n'y a point de pays,
où il ne fe trouve quelque Juif. Le même texte fait dire "à Dieu les paroles
fuivantes: Dans cet état de captivité nous ne laijjlrons pas de les éprouver , ou en
leur faifant part de quelques biens temporels , ou en les affligea-nt de peines extraor.
dinaires, car il y en aura parmi eux de bons (f de mauvais. L?sbons, lors qu'ils
feront dans l'abondance des biens nous remercieront , & lorfqu'ils tomberont
dans la mifere, ils prendront patience dans leurs maux: mais les méchans, lorf-^
qu'ils fe verront comblez de riche/les , diront : // faut que Dieu foii-pauvre, puis '
qu'il ne nous donne rien ; nous ne manquons cependant d'aucune chofe ; car nous ac'
querrotis des biens par nôtre propre induftrie; âf lorfqu'ils fe verront preffez par la
necepte, ils diront: La main de Dieu efl racourcie, elle efl attadtée à fon col: Une
peut., ou ne veut pas nous faire du bien.
La conclufion de ce verfet : Nous en ufo7is ainfi afin quils retournent à nous.,
car cette épreuve efi la pierre de touche qui fait connoifire le prix d'un chacun. C'cll
de ce pafiage que le Methnevi a emprunté ce beau diflique : La volonté , & le
bon plaifir de Dieu efl la pierre de touche qui nous éprouve , afin que celui
qui n'ell pas de bon aJoy fafTe paroître au dehors la noirceur qu'il cache au
dedans, comme fait une pièce faufîe,
Mahomet ayant contrafté des obligations particulières avec les Juifs qui luy
svoient fourni des mémoires pour fon Alcoran , ik qui vouloit les menagtV,
ÏOME II, o o pouf
apo
I A H. 0 U D.
pour un tems, après avoir parlé de ceux qui ont violé la loy deMoyfe, dans
le chapitre AMf, qui vient d'être cité, ajoute aufTi ce verfet: IL y a une race
parmi le peuple de Moyfe qui montre aux autres la vent é^^ êf qui fe gouverne avec
ji'Jlice ^ équité.
Les Interprètes difent.fur ce paiïage , qu'après la mort de Moyfe & de Jofué'-
fon luccelleur, il y eut lïne grande confafion parmi le' peuple Juif- ; car il-;
tomba dans l'idolâtrie, & fe fouilla les mains du fang des Prophètes que Dieu
fufcitoit de tems en tcms pour le ramener -à fon devoir. (.Cependant un nom-
bre confiderable d'entr'eux obferv^oit exaftement la loy, n'adoroit que le véri-
table Dieu de leurs pères, & faifoit continuellement des vœux & des prières à
ce qu'il plût à la Divine bonté de les feparer des impies dont ils ne pouvoient
plus fupporter la compagnie.
Dieu 'exauça leurs prières, & par un miracle t)ién furprenant, leur ouvrit un
grand chemin fort fpatieûx piar lequel , s'étant tous mis en voyage , ils arrivè-
rent aifément jufqu'aux extremitez de l'Orient , au de-là de la Chine , où s'étant
arrêtez, ils firent un établixTement , dont il relie encore jufqu'à prefcnt, quel-
ques reftes félon le rapport de nos voyageurs.
Quelques Interprètes ajoutent à cette fiftion une autre fable encore plus im-
pertinente, à fçavoir que Mahomet dans ce voyage myflerieux, ou plûtofh ima-
ginaire qu'il fit' en une nuit vers le ciel, vit en paHant ces gens-là, & que leur
avant lu d'ix verfcts de fon Alcoran , il les convertit à la loy Mufulmane, &
que, c'eft de ces Juifs-là qu'il efl parlé dans le chapitre Aâraf.
C'eft une tradition allez univerfelJe dans tout l'Orient, & qui n'efl pas nou--
velle, comme il paroît parce que Ton vient de dire, qu'il y a des Juifs dans-
la Chine, & fes, environs, & dans la partie la plus Orientale de la Tartarie.,
Les Européens croyent que ce font des defcendans des dix tribus qui furent
tranfportces en Medie, au de-là du fleuve Gozan, par Salmanazar Roy d'AfTyrie.
Il auroit pu arriver effectivement que ces. Juifs, ou une partie d'entr'cnx
fût palTée de la Medie au deffus de la mer Cafpienne dans le pays de Khozar,
& eût pénétré dc-!à jufques dans les endroits les plus reculez de la Tartarie ,
nui ne font pis fi éloignez de la mer Cafpienne, que l'on a cru jufqu'à prelènt.
Les Mahometans , & fur tout les Alcoraniftcs qui font très-ignorans dans la.
Geo'^raphie, ont cru qu'il falloit un chemin fait exprès par la toute -puiffance
de Dieu , pour faire paffer les Juifs de la Palefline en la Chine.
Les Mufulm-ms , entre les reproches qu'ils font aux Juifs, & entre les caufes
crincipales de leur punition , mettent le violement du Sabbat , dont l'obferva-
tion exafte leur avoit été fi étroitement commandée ; c'eft ce qui fait dire à
Mihomet dans ce même chapitre Aâraf, quelques paroles qui ont fourni à fes
Interprètes le fujet de l'hiftoire fuivante.
Dan? une des villes maritimes de la Judée, on voj'oit paroître ordinairement
beaucoup de polifons le jour du Sabbat, lefquels s'écartoient pendant les autres
jours de la femaine; ce que Dieu avoit ainfi ordonné pour éprouver robeïifance
de fon peuple. Une grande partie des habitans de la ville pour profiter de
l'abondance de ces poiffons fans violer les droits du Sabbath , creuferent fur le
bord de la mer pluficurs folTes, oi^i les eaux de la mer tomboient par le moyen
de certains canaux qui les conduifoient avec une grande quantité de poillbns,
le jour du Sabbat. Ces pDiifons ne pouvant plus retourner à la mer, à caufe
qu^ils écoient arrêtez par des filets qu'ils trouvoicnt fur leur paflage , les Juifs
les
I A H O U D. 2pj
les tiroient le lendemain de ces folTes , & prétendoient n'avoir point violé le
fabbat par la pêche.
Il s'en trouva plufieurs qui s'oppoferent à cette fraude que l'on faifoit à la-
loy de Dieu: mais cette oppofition ne détourna point ceux qui en profitoient
de la pratiquer, ils firent au contraire beaucoup pis ; car voyant que Dieu ne
puniiToit pas leur action, ils fe portèrent jufqu'à violer ouvertement le fabbat,
& à exercer ce jour-là publiquement la pêche. Ceux qui avoient defapprouvé
la première aétion , furent û touchez de cette prévarication fcandaleufé, qu'ils
ne voulurent plus depuis ce tems-là avoir aucune communication avec ceux qui
en étoient les auteurs.
Ils s'enfermèrent pour cet effet dans un quartier feparé des autres, d'où éctnt
après quelque tems fortis, ils furent bien furpris de ne trouver perfonne dans
le relie de la ville; car tous ces infrafteurs de la loy avoient été par la toute-
puilfance de Dieu metamorphofez en linges lefquels s'approchants de leurs amis,
les frotoient de leurs têtes en pleurant; cette transformation ne dura que trois
joiirs, au bout defquels tous ces miferables perdirent la vie. C'efl ici une des
plus ridicules metaraorphofes dont Mahomet ait réjoui fes difciples aux dépens
des Juifs, dans fon Alcoran.
Le Judaïfme , félon Algianabi & Aboulfeda fut introduit dans l'Arabie par
Abou Kerb Alfàad, ^'l"- Roy de l'Iemen, ou Arabie Heureufe , fept cens ans
avant Mahomet. Ce Prince ctoit de la famille de Hcmiar , duquel les Ara-
bes fes fujets furent appeliez Hemiarites , ou comme les Grecs les nomment ,
Homerites.
Dhou Naovas , 43'. Roy de la même race ou dynaftie fut fi zélé pour
le Judaïfme , qu'il foifoit jetter dans des folles , ou fournaifes de feu ceux
qui refufoient d'en faire profcflion. Il efi: fait mention de lui dans l'Alcoran
fous le nom de Saheb al okhdoud , c'ell-à-dire , l'auteur , & l'inventeur des
foffes ardentes.
Al Gianabi dit qu'il fut le dernier des Roys Hemiarites , & que fa cruauté
envers les Chrétiens qui refufoient de fe faire Juifs , obligea le Negiafchi, ou
r Empereur d'Ethiopie qui étoit Chrétien , de lui faire la guerre , & de le
dépouiller de fes Etats , lefquels demeurèrent entre les mains des Chrétiens
durant l'efpace de 72 ans. L'on compte quatre de ces Ethiopiens qui ont
régné dans l'Iemen, ou Arabie Heureufe, à fçavoir Jakfoum, Abrahah, Ariath
& Mafrouk. Foyez les vies d'Arethas âf d'Elesbaan au 24 Oftobre dans Me-
taphrafle.
Lorf ]ue Mahomet parut , il y avoit beaucoup de Juifs en Arabie. Ils étoient
fi puifiants , qu'ils y polfedoient plufieurs châteaux où ils commandoient en Prin-
ces. Ben Schohnah remarque dans la vie de Mahomet qu'en l'année troifième
de l'Hegire , Mahomet fit la guerre à plufieurs Princes Juifs de l'Arabie, &
que les ayant fubjugez, ils les reduifit tous avec leurs fujets en efclavage.
La quatrième année de la même Hégire, Mahomet donna un combat con-
tre les Nadhireens ou Nazireens qui étoient Juifs; il en défit un grand nom-
bre, & obligea les autres d'abandonner leur pa5's, & de fe retirer dans celuy
de Khaibar.
Mahomet eut encore depuis ce teras-là plufieurs afi'aires avec eux ; mais il
O o 2 leur
292 I A H O U D.
leur donna enfin quartier, avec des lettres de fauvegarde , & de protection, tant
à caufe qu'ils avoient été autrefois de fes amis , que pour les avoir comme
ajtant de témoins de fii doilrine, ou plûtofl de fcs impollurcs.
Ces Nazireens , dont il eil fait mention cy-deffus , pourroient bien être les
Nazaréens qui ont paru dans les premiers fiècles de l'Eglife , & qui faiibient
profeffion d'allier les obfervanccs Judaïques avec la doctrine de Jesus-Chrtst;
car , comme nous avons vu cy-delîlis , il y avoit beaucoup de Chrétiens & de
Juifs dans l'Arabie piufieurs fiécles avant Alahomet.
Ben Cafchcm dit que Paréhzerd, qui fignifie en Perfien une pièce jaune, eft
une étolFe que les Juifs font obligez de coudre fur leur épaule, pour fe faire
connoître & diftinguer entre les autres nations du Levant -, cette mai-que eft
nommée par les Arabes Ghiûr , nom gênerai qui convient à tous les fignes qui
fervent de dillinftion; en forte que ce mot fignifie aufli la couleur particulière
que les foldats portent , pour faire rcconnoître de quel party ils font , ainfi
que parmi nous l'écharpe blanche, noire, rouge, &c.. en un mot, tout ce qui
f-Tt de fignal aux perfonnes, pour faire connoître de quelle nation, religion ou
party ils font.
Les Chrétiens , par l'ordonnance des Khalifes , portoier t , & portent enco-
re aujourd'huy dans l'Orient de larges ceintures de cuir , quoyque cette di^=-
tinclion ait été abolie par quelques Trinces. Les Juifs étoient connus par la
pièce jaune fur fépaule , oc par le chapeau jaune , rouge ou orangé en plu-
ficurs endroits; mais aujourd'huy, dans les Etats du Turc à Conftantinople &
ailleurs , ils font obligez de porter un chapeau de feutre fans bords , que les
Turcs appellent par dérifion Haurouz , qui fignifie en leur langue un bafîîn de
garderobe.
Burkai fit porter à fes feiftatcurs des étoffes blanches , parce que les Abbafîîdcs
en portoient de noires , & les Scherifs , qui fe difent être de la poflerité d'A-
li ou par les malles nu par les femelles , ont confervé le vcrd dans leurs bon-
•nets ou turbans , à l'exclufion de tous les autres Mufulmans : mais la marque
la dIus hontcufe de toutes eft celle d'un fer à cheval , que Malekfchah le Sel-
giucide, fit porter pendu à l'oreille, aux Géorgiens qui étoient Chrétiens.
Les Ju fs du premier fiècle du Alihometifme , voyant les divifions furvenues
entre les iMufulmans , au fujet de la religion & du gouvernement , demandè-
rent à AH d'oLi venoit qu'à peine douze ou quinze ans s'étoient écoulez depuis
la mort de leur Prophète, quils fe déchiroient les uns les autres par des guer-
res civiles & domcftiques.
Ali leur répondit fur le cliamp : D'où vient que vous Juifs , qui vous glori-
fiez d'être le peuple de Dieu , aviez encore à peine vos pieds fecs du palTage
de la mer rouge, lorfque voyant les idoles d'Abda & de Hinda, que les Lîolàr
très adoroient , vous demandâtes à Moyfe qu'il vous fît des Dieux comme les
autres peuples de la terre en avoient?
Cette réponfe les rendit muets & confus ,. de même qu-e les Chrêdens le fu-
rent, dit Lamâi, Auteur de ce Dialogue d'Ali avec les Juifs, lorfque ccux-cy
reprochants aux Mufulmans quelques mauvais difcours , qui fe tenoient fur le
fujet dAifchuh, femme de leur Prophète, on leur répondit, qu'il y avoit des
gens parmi, euxa ce font quelques anciens hérétiques, qui n'avoient pas épargné
I A I A H. I A I T Z A. 2P3
lî pîu5 pure de toutes les créatures , car c'eft ainfi que cet Auteur Mahometan
qualifie la Sainte- Vierge.
Ces idolâtres qui adoroicnt Abda & Hinda font les Madianites , appeliez par
les Arabes Caoum Midian , peuple qui habitoit la côte de la mer rouge , où
les Ifraëlites abordèrent après leur paffige de la mer rouge.
On lit dans l'Alotran , que ce qui eft relié de Juifs de la famille de Moyfe
& d'Aaron fera porté par les Anges dans le ciel. On rapportera fur le fujct
de ce verfet un trait agréable , que fit un homme d'efprit de la Cour du Sul-
tan Abulaid. Ce Prince avoit pour Médecin ordinaire un Juif, très-habile dans
fon art , & duquel il faifoit grand état. 11 arriva qu'ayant un jour befoin de
kiy , il l'envoya quérir par fes pages qui le portèrent en chàife , à caule que
les gouttes l'empéchoient de marcher.
Dans le tems que le Juif arriva , iMozafFer le Poëtc , qui étoit cet homme
d'efprit, fe trouvant en la compagnie du Sultan, & voj-ant paroître le Juif en
Gct équipage, fe profterna auflî-tôt devant lui, & allégua pour raifon de fon ac-
tion, qu'alîlirément ce ne pouvoit être qu'un de ces Ifraëlites porté par autan?
d'Anges qu'il voyoit de pages , & prononça en même tems ce verfet de l'Al-
coran : l^oicy ce qui ejl njté de la Maifon de Moyfe ^ de celle d'Aaron , que les
Anges portent. Ce rcflc de Juifs porté par les Anges femblc fignifier ce qu'a
dit faint-Paul, lorfque parlant d'eux, il cite la prophétie d'Ifaie, Rdiquiœ falvis
fient, félon laquelle il paroît, qu'il y aura un relie de Juifs fauve.
Les Alahometans mettent les Juifs dans un étage plus bas que les Chrétiens
en enfer , & un Juif Apollat nommé Samuel Ben Ichuda , Efpagnol & Mogre-
Bin, qui a écrit contre les Juifs, en rend la raifon , qui cil d'avoir corrompu
le texte de plufieurs endroits de FEcriture. fainte. Ce Juif Mahometan vivoir
dans l'an 570 de l'Hegire.
lAIAH , Caflîdah ou Poëme , dont toutes les rimes font en I confonc ou
voyelle , compofé par le célèbre Poëte Arabe nommé Ebn Faredh. Cet ou-
vrage commenté par un inconnu , fc trouve dans la Bibliothèque royale , ,
n". 617.
lAIN Kemoutehi , furnom d'Ezzeddoulat Saàd Ben Manfour , Auteur d'un
commentaire flir les Efcharilt & Tenbihât d'Ebn Sina ou Avicenne. Le fur-
nom de cet Auteur eil bizarre ; car il fignifie un homme qui meurt dans fon
tems, c'cfl-à-dire, dans le terme, que Dieu a prefcrit.
lAITZA, Ville capitale du Royaume de Boffine ou Bofnie. Les Turcs
rappellent plus ordinairement Khaovatza , & nos Géographes laycza.
Elle fut prife par Mahomet Second , Sultan des Turcs , l'an 869 de THegirc ,
de J. C. 1464, onze ans après la prife de Conflantinople. Mahomet fit périr
Eflienne, fon dernier Roy, qui avoit dépoiiillé & chalfé fon propre père.
Mathias , Roy de Hongrie , la reprit peu de tems après fur les Turcs : mais
Bajazeth fécond s'en rendit derechef le maître, auffi-bien que de Herzegovina,
qui étoit la capitale du Duché de faint-Sabas, que l'on peut appeller la Bofliue
Supérieure.
Nos Hilloriens , comme Bonfinius & autres , écrivent , que cette ville- fut
O o 3. aliic^-
2'^: I A L A M L A M. I A M A N.
affie^ée une féconde fois en vain par Mahomet Second , lequel en leva , di-
fent-ils, le fie"-e aufli-tôt que le Roy Mathias s'en approcha pour la fecourir.
lALAMLAM, Lieu de l'Iemen qui eft l'Arabie Heureufe, oii les pèlerins
du pays, qui vont à la Mecque, s'afTemblent & forment leur caravane, ce qui
lui fait donner le nom de Micât ahel lemen, Entrepos des Jemanites.
JALDA & JELDA, la Nuit ou la Fête de Noël chez les Orientaux,
foit Chrétiens , foit Mahometans. Les Arabes appellent encore cette fête Al
Milâd, la naifTance par excellence, & les Perfans Scheb laldai, que l'Auteur du
Mircat allogat explique en Arabe Dcigiour , mot qui fignifie une nuit claire &
lumineufe , à caufe de la defcente des Anges revêtus de lumière , qui fe fit fé-
lon l'Evangile à la naidance de Je sus- Christ en Bethlehem.
lALL Abou lali Ben Abdallah & Ben Harebat. I^oyez Khalil.
lAM & lem. Les Cathaiens & les Turcs Orientaux appellent ainfi le troi-
fième Tchagh. de leur cycle duodenaire , qui comprend les vingt - quatre heures
du jour & de la nuit , & qui contient auffi douze années , à chacune defquel-
les ils donnent un nom particulier.
Ces douze parties du jour, & les douze années de ce cycle portent les noms
de douze animaux. Jam , dont nous parlons , fignifie en langue Cathaienne,
ce que les Turcs Orientaux & les Perfans appellent Pars , les Latins Fardas &
nous autres un Léopard, i^oyez Giagh.
lAMAMAH, Ville de la province qui porte le nom de Hegiaz ou Hegia-
ze, où les villes de la Mecque & de Medine font fituées. Quelques Auteurs
attribuent cette ville à la province de Hagr , qui eft proprement l'Arabie Pe-
trée. Elle eft éloignée de Baffora de i8 journées en tirant vers l'Occident ,
& les Tables Arabiques lui donnent 82 degrez , 30 minutes de longitude , &
2.3 degrez de latitude Septentrionale. Quelques Auteurs font auffi de Jamamah
une petite province.
lAMAN ou lemen. Province do l'Arabie, qui fait la troifième & Ja plus
gran.le partie de ce vaftc pays: nous l'appelions l'Arabie Heureufe, à caufe des
drogues précieufes qu'elle produit.
Ben Schohnah dit, qu'après la divifion des langues Cahthan ou Jocthan, fils
de Gaber ou ficher, fils de Saleh, vint en lemen, où il régna, &; que fon fils
Jàrab, qui lui fucceda, parla le premier la langue Arabique, qui a tiré de lui
fon nom.
Le troifième Roy de l'Iemen fut Lifchab , fils de lârab , auquel fucceda aufîi
fon fils nommé AÏîdalfchams , Prince fort vaillant , qui alfujetit à fon empire
tous fes voifins , à caufe de quoi il fut furnommé Saba ; il bâtit la ville qui
porte fon nom , & c'eft de lui que les Sabeens , qu'il ne faut pas confondre
avec les Sabiens, font defcendus.
Saba eut pour fuccelîeur fon fils Hemiar , qui a donné le nom aux Hemia-
rites ou Homerites , defquels il a déjà été parlé plus haut. Entre les defcen-
dans de celui-cy, Schedâd , fils d'Ad , qui a bâti des villes & des palais fabu-
leux, s'eit rendu célèbre dans l'Orient.
Afrikis ou Afrikin , un de ces Roys Hcmiarites de l'Iemen , paffa d'Arabie en
Afri-
I A M A N. 295.
Afrique & la fubjugua, on dit qu'il lui a lailTé fon iiom. Il dtoit fils de D'hoiil-
menar Abrahah, duquel dcfcendoit auffi Hadhàd, Père de la Reine Balkis, fem-
me de Salomon , que les Arabes croyent être celle que rÊcriture iainte appel-
le la Reine de Saba.
Dhoulnâs ou Dhoulnaovas , qui jettoit ceux qui rcfufoient de Ce faire Juifs,,
dans des fournaifes ardentes, & Dhoulgedan, fon iils , furent les derniers Roys
des Hemiarites , qui , félon le calcul des Arabes , régnèrent 2020 ans dans
riemen.
Les Ethiopiens appeliez par les Chrétiens qui fouffroient une pcrfecution
cruelle fous ces derniers Roys , les dépouillèrent & chaiferent de leurs Etats ,
dont s'étant rendus les maîtres , il y eut des Roj's de leur nation qui régnèrent
dans riemen.
Le premier fut Ariakh, fils d'Abrahah , furnommé AI Afchram & Saheb Al-
fil, qui avoit en vain affiegé la Mecque, yoyez le titre ^'Abrahah.
Le fécond fut Macfoum , fils d'Ariakh , & le troifième Mafrouk , fils auffi
d'Abrahah & oncle de Macfoum ; ce fut fous le règne de Mafrouk que Seif ,
fils de Dhou Izen, Hemiarite de race, implora le fecours de Noufchirvan, Roy
de Perfe, qui le rétablit dans le Royaume de fes ancêtres, fous la dépendance
néanmoins de celui de Perfe.
laddn fut le dernier de la pofi:eritc de Seif , & fe fit Mufulman du tems de
Kl diomet : depuis ce tiîms - là les Arabes de i'Iemen & des autres provinces de
l'Arabie font toujours demeurez fous l'obéïifance des Khalifes , ou de fiagdet ,
ou d'Egypte, tant que le Khalifat a duré.
Les villes principales de cette province font, au rapport de la Géographie
Pcrfienne, intitulée MeJJahzt al ardh, Sanàa , Sàada, Cabar Houd , c'ell-à-dire ,
le fepulcre du Prophète Houd, qui efb le Patriarche Heber, Mareb, Dhaffar,
Aden, Giurfch, Mehegiem, Dhamar Giound, Gioubelat, Schiargiat, Sirrin, Ne-
giran, Zabid ou ZiIiit,Maharah, Mirbath, qui eft fituée entre l'Equateur & le
premier Climat , & d'où vient la plus grande quantité du meilleur encens ,
Hadharmouth , qui a donné le nom à THadramytene de Ptolomée, Schibâm, &c.
La mer d'Iemen efl entre la mer rouge & celle d'Oman, celle -cy efl: plus
proche du Golfe de Perfe. Plufieurs cependant confondent ces deux mers , &
veulent que l'Oman, province de l'Arabie qui s'étend le long du Golfe de Per-
fe, fafTe auffi une partie de celle d'Iemen.
Selon ce dernier fentiment , les villes de Cathif , de Baharain , de Ahafia ,
appellée vulgairement Lahalfa, & de Mafcath appartiendroient à l'Ieraen.
Les Arabes difcnt , que ce pays a une efpèce de cailles que l'on ne voit
point ailleurs ; ils les appellent Salova, & croyent que celles que Dieu envoya
aux Ifraëlitcs pour les nourrir dans le défert , furent poulfées par un vent du
Midy de I'Iemen jufqu'à leur camp. Ils écrivent que ces cailles n'ont point
d"os, & qu'elles fe mangent toutes entières.
Plufieurs Auteurs ont écrit l'hiftoire de I'Iemen. Mohammed Ben Abdalha-
mid a ramafi^'é quarante Hadith ou Traditions Prophétiques , comme les Muful-
mans_ les appellent , à la louange de I'Iemen. Cet Auteur étoit Al Coraifchi AI
Mefri, c'eft- à-dire, Coraifchite de race & Egyptien de nation.
Mohammed Ben Ifmuil AI Jemeni eft Auteur d'un livre qui a pour titre Fi
fadhl al Icmctiy de l'excellence de I'Iemen..
Ilofruin ,
29^ ï A N A N A H. J A N C O U.
lîoflain, fon fils, qui étoit habitant , & Cadhi de la ville de Sanaha, a trai-
te audî le même fujet.
Dhia eddin Ebn al Megid en a donné aufli une hifloire très - ample , fous le
titre de Bahagiat zaman ji akhbâr laman.
Vagieddin Ben Rabî Al Jemeni a continué cette hifloire jufqu'en Tan 923
de l'Hegire , fous le nom de Boghiat al mojlafid fi akhbâr Zebid.
Cothbeddin al Mekki, qui eft mort Fan 988 de THegire, a le dernier de tous
écrit cette hifloire, fous le nom de Bark aliamaiii fil feth al OtJmanii qui com-
mence feulement au dixième fiècle de l'Hegire; elle cfl dédiée à Sinàn Pafcha,
qui fit la conquête de ce pays-là fous Selim premier , Sultan des Othmanides.
Ce dixième fiècle de l'Hegire commence l'an de J. C. 1495.
Outre la ville de l'Iemcn , qui porte le nom du Patriarche Houd ou Heber,
les Mufulmans prétendent encore que Seth, fils de Noé, y bâtit auffi une ville
où il habita. Voyez le titre de Scheith.
Dhoulzagar, ancien Roy de l'Jcmcn, fit autrefois la guerre à Caicacus , Roy
de la féconde dynaflie de Perfc. l'^oycz Is titre de ce Prince.
Les Aioubites, Princes de la poflerité de Saladin, ont poffedé l'Iemen long-
tems , après que les Mamlucs fe furent rendus maîtres de l'Egypte , & les en
eurent dépouillez. Cette grande province eut depuis ce temsJà pluficurs petits
Princes, lefquels ne portent plus maintenant que le titre de Bâchas, quoy qu'ils
foient pour la plupart perpétuels & abfolus , depuis que les Sultans de Con-
llantinople, Selim Premier & fbn fils Soliman, l'ont conquife.
lANANAH, Ville d'un pays d'Afrique, que les Arabes appellent VacQ-
vak. f^oyez ce titre.
lANARIS, les Turcs appellent ainfi nôtre mois de Janvier, lorfqu'ils fe
fervent du Calendrier Julien, pour régler leurs Ephemerides.
JANE OU, la Source d\mc fontaine, & le nom d'un château fitué dans
une des provinces de l'Arabie, appellée Higiaz. Il n'efi; éloigné de la ville de
Medine que de huit journées de caravanne , & c'efl une des flations ou cou-
chées des pèlerins de la Mecque, qui s'y arrêtent toujours, à caufe de la four-
,ce d'eau d'où elle a pris fon nom.
Ce château n'efl éloigné de la mer rouge ou Golfe Arabique que d'une jour-
née; cefi; pourquoyJes Afriquains, qui s'embarquent fur cette mer, viennent join-
dre en ce lieu la Caravane des péJcrins qui viennent de Turquie à la Mecque. Les
environs de ce lieu font moins fleriles que les autres qui fe rencontrent fur
cette route; car on y trouve grande quantité de palmiers qui portent de très-
excellentes dattes, & des terres labourables qui portent de fort bon bled.
Janbôu cfl: auflî le titre d'un commentaire fur l'Alcoran , compofé par Mo-
hammed Ebn Dhaffer, furnommé Al Mekki, parce qu'il étoit natif de la Mecque.
Janboû al hekmat, la Source de la fligeffe , ouvrage moral, compofé par Af-
fif Ben Barakhia. Ce nom fcnt fort le Juif , quoyque l'Auteur fe fafi'e hon-
neur du nom Giaouberi.
J AN COU & Jancous; les Turcs appellent ainfi celui que Chalcondyle & les
autres Grecs nomment Jangous Choniates , lancous Vaivoda & lancous Banus.
îC'efl Jean Hunniade , Prince de Tranfilvanie , père de Mathias Corvin , Roy
de
î A N I A H. J A R D. 297
de Hongrie, qui fit révolter la Moldavie , & la Valachie contre Amurath Se-
cond.
Il défendit la ville de Belgrade contre ce Sultan, qu'il obligea d'en lever le
fiege l'an de l'Hegire 843 , de J. C, 1439 , battit les Généraux de ce Sultan
en 845 & 846 , & fut enfuite défait avec le Roy Ladiflas , à Varna , l'an 848
qui répond à l'-an de J. C. 1444.
Il le fut encore une féconde fois, l'an 853 de l'Hegire, de J. C. 1449, P^'"
le même Sultan à Cofova, que nos Hilloriens appellent le Champ des Merles,
entre la Rafcie ou Servie, & la Bulgarie: mais Mahomet Second, fils d' Amu-
rath, ayant aflîegé Belgrade l'an 860, cinq ans après la mort de fon père, avec
un appareil de guerre formidable tant fur terre que fur le Danube, Jean Hun-
niade lui tua 40 mil hommes , lui enleva deux cent vaifleaux , & l'obligea de
fuir avec une très-grande précipitation, tout blelTé qu'il étoit.
Cette viftoire fignalée fut remportée par Jean Hunniade , foûtenu du zèle
de Saint- Jean de Capiftran , le fixième jour d'Août de l'an 1456 , jour qui fut
confacré, par Calixte troifième, à la mémoire de la Transfiguration de N. S.,
en aélion de grâces d'un fi grand avantage.
Le Vaillant Jean Hunniade, qui n'étoit que Vice-roy de Hongrie, étant mort
la même année, laifTa deux enfans, Ladiflas qui eut la tête tranchée à Bude,
pour avoir tué le Comte de Cilley , & Mathias , lequel de prifonnier , qu'il étoit
à Vienne , fut élu Roy de Hongrie après la mort de Ladiflas , Roy de Hongrie
,& de Bohême l'an 1458.
lANIAH, les Turcs appellent ainfi une ville de l'Albanie, que les nôtreg
nomment ordinairement Joannina & lanina.
JAOUSCHI, Noureddin Ali Ben Jaoufchi , qui mourut l'an 850 de l'He-
gire , efl: l'Auteur du livre intitulé ^novar leâmel alabrar , les lumières , dont les
juftes font ou doivent être éclairez dans leurs allions.
JAR Ali, fils d'Efcander & petit-fils de Cara Mif , tous deux Princes Tur-
coraans de la dynafl:ie du Mouton Noir. Ce Prince voyant la déroute de fon
père , défait par Schahrokh fils de Tamerlan , fe réfugia auprès de Schirvan
Schah; mais ce!u3'-ci le trahit & le mit entre les mains de Schahrokh, qui l'en-
voya prifonnier en la ville dé Samarcand où il mourut. Foyez Baifancor, fils
de Schahrokk
JARALIG, ce mot en langue- Turquefque & Mogolienne fignifie des let-
tres de fureté , de confédération & d'alliance , que les Mogols donnoient au.t
Princes leurs amis qui vivoient fous leur prote6lion & dans leur dépendance.
JARD ou Jared Ben Mahalail. Jared le Patriarche, fils de Malaleel , &
père de Henoch. Les Mufulmans difent , que ce fut de fon temps que com-
mença l'Idolâtrie, laquelle fe répandit fi univerfellement fur la terre qu'il ne fe
trouva du tems de Noë que 80 perfonnes qui fuflent demeurées fidèles à Dieu ;
car c'efl: un pareil nombre de gens qu'ils prétendent avoir été fauvez du délu-
ge, contre la foy de l'Ecriture fainte qui n'en marque que huit.
Les mêmes Mufulmans font plufieurs contes fabuleux au fujct du Patriarche
Jai-ed. Ils difent qu'il gouvernoit le monde dont il étoit Monarque abfolu,par
To)!iE IL P p la
îpS J A R D U M G I. J A T I M.
la vertu d'un anneau qu'il poitoit , lequel vint enfuite par fucceflîon entre lêS
mains de Salomon, qui eut le même pouvoir que Jared fur les hommes & fur
les démons. Jared, félon eux, après avoir combattu contre Sathan , le Prince
des Démons , le fit fon prifonnier & le mena enchaîné , par-tout où il alloit ,
à fa fuite.
' Cette fable peut avoir été inventée au fujet de l'Idolâtrie naiflante, à laquei-.
le ce Patriarche s'opoofa dp toutes ihs forces.,
JARDUMGI Perlas, fils de Fagiouli & frère de Coubla Khan. B fut on-
cle & General des armées de Rortan Behadir ; & c'efl de luy que la Tribu des
i\Iogols, nommé Perlas, a tiré fon origine & fon nom. Le mot Jardumgi figni-
fie encore aujourd'huy, en Turc moderne , un homme qui vient au fecours d'un
autre, f^oyez le titre de Coubla Khan.
JASMIN, Fleur que nous appelions du même nom en nôtre langue. C'efl
audî le nom propre de plufieurs perfonnes , & particulièrement des efclaves
noirs , auxquels on donne auflî fouvent les noms de Cafour & de Nerkes , qui
font le Camphre & le Narcifi'e , à caufe de leur blancheur oppofée à la noirceur
de ces efclaves.
Ebn Jafmin , furnom d'Abou Mohammed Abdallah Ebn Hegiage , qui eil
l'Auteur d'un Argiouzat ou Poëme fur Algebr u Mocabelah , c'elt-à-dire, ilir
l'Algèbre.
JASSA & JafTak, Loix des Mogols plus anciennes que Genghizkhan, quoy-
que plufieurs Auteurs les appellent Taourat Genghizkhaniat , la Loy ou le Co-
de de Genghizkhan. Il efl; vray, que ce Conquérant ajouta plufieurs Ordon-
nances civiles & mifitaires à ces anciennes loix, que l'on peut appeller un Oc-
talogue, parce qu'elles ne comprenoient que huit préceptes naturels & moraux,
allez femblables au Dccalogue , dont on auroit ôté le précepte du Sabath &,
celui de la convoitife. l^oyez le titre de Taourat Genghizkhaniat.
Entre les ordonnances militaires des Mogols , celle de ne jamais fuïr avant
que d'avoir combattu, quelque furprifc qu'il leur arrive, eft des plus confidéra-
bles. yoyez le titre rf'Ilmingé.
JATHREB, nom propre de la ville qui a été depuis appellée Medinat Al-
nabi, la ville du Propliete, à caufe du fepulcre de Mahomet qui s'y voit. Ce
faux Prophète y avoit fa réfidence pendant treize ou quatorze ans depuis fa fui-
te de la Mecque. Nous l'appelions aujourd'huy Medine.
JATIM & Jetim , un Orphelin. Les Mufulmans difent , que la peine de
ceux qui ont mangé le bien des orphelins, cfi: marquée exprelTément dans le,
chapitre de l'Alcoran, intitulé Nejfa^ ou des femmes, en ces termes: Ceux qui
mangent le bien des crphiliiis injiijîement , inangcront un feu brûlant qui dévorera leurs
entrailles.
Abou Debrat dit, avoir appris de la bouche de Mahomet même, qu'au jour-
du jugement Dieu fera fortir certaines gens hors de leurs fepulcres , lefquels
jetteront du feu par la bouche, & qu'ayant interrogé qui étoient ces gens -là ,.
il répondit: A'e fçavez vous pas ce que Dieu dit de ceux qià dépouillent injujlement
les orphelins V-
L'Au-
J A T I M A T. I B E K. ^99
L'Auteur du Taffir Kebir , ou le grand Commentaire , dit , que cet'te forte de
gens deviendra tellement pleine de feu , que la flamme & la fumée leur fortira
par la bouche , par le nez , par les oreilles & par les j^eux ; & que l'on con-
noîtra , par cette marque , qui font ceux qui ont pillé les orphelins , & que
c'efl en cette manière que fe doit entendre l'expreffion de manger le feu, qui
ell couchée dans ce verfet.
J ATI M AT Al dahar fi mehalTen al afllir , Recueil aflez ample des plus
beaux vers , & Abrégé de la vie des principaux Poètes Arabes qui ont fleury
dans l'Iraque, dans la Syrie, dans la Perfe & dans le Khorafllin , compofé par
Abou Manfor Abdalmalek Al Thaâlebi. II commence par les Poètes de la Mai-
fon fouveraine de Hamadan, entre lefquels Seifeddoulat a excellé.
Il faut remarquer icy que le mot d'Iatimat, qui fignifie des orphelins, a auflî
la fignification d'Uniques & d'Incomparables : c'eft ce qui a donné lieu à un
Poëte , nommé Aboulfotouh Nafrallah , de faire une épigramme à la louange
de cet ouvrage , dont le fens eft , que les Uniques & les Incomparables Au-
teurs de ces vers , avoient lailTé après leur mort de très-beaux ouvrages , lef-
quels cependant étoient abandonnez comme autant de pauvres orphelins , û Thâa-
lebi ne les eût reçus & accueillis chez lui; & c'eft ce qui a fait donner à fon
li\jre le nom d'Orphelins ou d'Incomparables.
Le même Thâalebi , duquel on parlera encore dans fon titre particulier , a
fait un fupplément à fon ouvrage , qu'il a intitulé Tetemmat Jetimat. Le Jeti-
mat fe trouve dans la Bibliothèque Royale au n°. 1064.
JATIMIAH, Aboubecr Abdalhalim Ben Jatimiah , qui a porté aufïï le ti-
tre de Takieddin, étoit Hanbalite de fefle, & mourut l'an de l'Hegire j6i ou
748 félon quelques-uns. Il eft TAuteur du livre intitulé Beidn al forcân hin
Aulia al Scheitan u al Rahnan ; découverte de la différence qui eft entre les
Saints ou les amis du Démon & ceux de Dieu, c'eft-à-dire, entre les vraj^s dé-
vots & les hypocrites.
Le même Auteur a aulîi répondu à un Evêque de Seidc en Syrie, qui avoit
-écrit contre le Mahometifrae; cette réponfe a pour titre Beién al giaovdb al fa-
M, la Saine Réponfe.
IBA & Ihiba, c'eft le nom d'un célèbre Evêque de Roha ou Edefle eh Me-
fopotamie, allez connu dans l'hiftoire Eccléfiaftique fous le nom d'ibas. Il écri-
vit une lectre, laquelle jointe avec le livre de Théodore Al Mafïïffi , c'eft-à-
dire , de Mopfuefte , & celuy de Theodorct , Evêque de Cyr , font les trois
chapitres qui ont fait tant de bruit dans l'Eglife Orientale , & fur lefquels le
cinquième Concile Géne:-al a été alfemblé.
Cet Evêque fut dépolfedé & excommunié , pour avoir avancé avec une ex--
trême impudence qu'il n'envioit point à Jesus-Christ fa divinité, puis qu'en
toute autre chofe il lui étoit femblable. Je n'ay point taxé Ibas d'impiété ,
mais feulement d'impudence ; car jl femble qu'il ait voulu dire , que Je s us-
Christ étoit un véritable homme,' entièrement femblable aux autres hom-
mes, quant à la nature humaine, ce qui eft très-Catholique.
IBEK. Cothbeddin Ibek. Efclave de Schehabeddin , Sultan de la dynaftie
^es Gaurides.ou Gourides , qui devint Roy de Deheli ou Dclli aux Indes. Il
Pp 2 fut
300 I B E K. IBRAHIM.
fut d'abord Gouverneur de cette province , pendant fix ans , pour le Sultan ;
mais ce Prince ne fut pas plutôt mort, qu'Ibek s'en rendit le maître abfolu &
ajouta même à cet Etat plufieurs provinces de l'Indoflan. Il régna quatorze
ans depuis la mort de Schehabeddin , & mérita que les conquêtes , qu'il fit aux
Indes, fuilent décrites dans un volume particulier , qui porte le titre de Tagt
al mather. Voj^ez le titre de BaJchtiar.
IBEK. Azzeddin Ibek ou Ibeg, premier Sultan des Mamlucs Turcs ou Tur-
comans qui ont régné en Egypte. Il avoit été grand Efchanfon de Malek Af
Saleh, Sultan d'Egypte de la race des Jobites ou de Saladin.
Ce Sultan étant mort & fon fils Turanfchah affaffiné , Schagreddor fa veuve
époudi Ibek , & le fit élire Sultan par les Mamlucs en compagnie de Malek.
Al Alchraf, enfant de fix ans, qui fut le dernier des Jobites qui régnèrent en
Egypte. Ibek le défit bientôt de cet enfant & régna feul avec la Sultane fa
femme: mais fon règne fut fort court; car la même Sultane qui l'avoit élevé
fur le thrône , l'en fit précipiter par une mort violente , pour régner plus ab-
Iblument, ayant en main la régence de fon fils, âgé feulement de quinze ans.
Ibek fut tué l'an de l'Hegire 655 , après avoir régné fix ans & onze mois ,
& eut pour fucceflxîur fon fils , qui fut furnommé Al Malek Ai Manfor ; fon
père portoit le furnom de Malek Al Moêzz.
IBEK. Khalil Ben Ibek Al Safadi Salaheddin , mort l'an 749 de l'Hegire ,.
eft Auteur d'un livre intitulé. Adah al Katé, al adib, des qualitez que doit avoir,
un bon Secrétaire,.
IBRAHIM & Ebrahim. Abraham.
IBRAHIM Al Nabi & Ibrahim Khalil Allah, c'eft-à-dire, Abraham lePro--
phete ou l'Ami de Dieu, efi; le même qu'Abraham le Patriarche, qui eft recou-
ru pour père par les Arabes , auffi-bicn que par les Juifs. On a parlé fuffifam-
ment de luy dans le titre d'Abraham, & l'on. ne parlera icy fous celuy d'Ibra-
him, que de ceux d'entre les Mufulmaus qui ont porté ce nom.
IBRAHIM -Ben Valid. Ibrahim fils de Valid , treizième Khalife de la ra-
ce des Ommiades , fucceda à fon frère lezid , troifième du nom , l'an de l'He-
gire 125, de J. C. 743 : mais fon règne ne dura que deux mois & quelques
fours; car Marvan, furnommé Hemàr , qui s'étoit déjà foûlevé du temps d'Ie-
zid fon prédecefieur, fous prétexte de vanger la mort de Vàlid , vmt de Me-
fopotamie, où il commandoit avec une grofiTe armée, à K-ennafferin, à deflein^
d'affiéger Ibrahim dans Damas, ville capitale du Khalifat.
Ibrahim ne l'y attendit pas & vint au-devant de lui avec fix vmgt mil hom-
mes de troupes ramafiees : mais elles furent fi aifément défaites par Marvan ,
que Valid fut obligé de fe renfermer dans fa- capitale , laquelle cependant ne-
laiflà pas d'ouvrir fes portes au vainqueur. , ,. , , ^r, ,-r p ,-
Marvan entra ainfi viftorieux dans Damas , dépofa Valid au Khalifat & le re-
duifit à une vie privée, au commencement de l'an 127 de l'Hegire félon KJwn-
àmir. Ben Schonah donne h cet Ibrahim le furnom d'Al Makhlu , quifignifie-
le dépoié. L'Auteur du Lebtarik dit, qu'il fut tué trois mois après fa dépofi-
tion, & le.TariHh Gi^ifari le fait vivre jufques en l'an 132 de l'Hegire.
Ibrahim.
I B R A H I M. 301
IBRAHIM Imam; cet Ibrahim, qui porte le titre d'Imam ou de Chef de
la Religion, auflî-bien que de l'Etat des Mufiilmans , n'cft pas du nombre des
douze de la polterité d'Ali. Il ccoit fils de Mohammed , fils d'Ali , fils d'Ab-
dallah, fils d'Abbas, & frère aîné des deux premiers Khalifes de la Maifon des
Abbaffides-, mais il ne fut jamais reconnu lui-même ouvertement pour Khalife.
Ce n'efl pas qu'Abou MoHem & Cahtabah ne fifient tous leurs efforts pour
le faire proclamer tel dans toutes les Provinces Mufulmanes ; mais il ne fuÈ
reconnu véritablement que dans la Province de Khoraifan.
On ne donne donc à cet Ibrahim que le titre d'Imam , e'eft-à-dire , propre-
ment, de Chef de la Maifon du faux Prophète Mahomet, & par confequent de
Grand Pontife, & de Maître fouverain du Mufulmaniime.*
Lorfque Marvân furnommcHimar, dernier Khalife de la race des Ommiades,
entendit le bioiit que le nom de cet Imam faifoit dans les Provinces de fou
Empire, il fe taifit de fa perfonne, & le fie mourir, dit Khondemir, en lui fai-
fant mettre la tête dans un fac plein de chaux, l'an de l'Hegire 130. Ibrahim
déclara avant fa mort que fon frerc Sefah lui devoit fucceder dans la dignité
d'Imam. Cette déclaration eut fon plein & entier etFct, car ce frère, aidé des
txoupes d'Abou Moflem , devint le premier Khalife de la race des Abbaffides j
qui conferva cette dignité jufqu'en l'an 6;^6 de IHegira.
IBRAHIM Ben Mafibûd , Ibrahim fils de MafibuJ , Huitième Sultan de la
dynaflie, ou de la race des Gaznevides, & fi l'on compte Mohammed l'Aveu-
gle , le neuvième. Il étoit petit-fils du Sultan Mahmoud, fils de Sebecleghin»
fondateur de cette d^maftie , & fucceda à fon frère Ferokhzad, dit auffi Ben
Maffôud.
Ce Sultan continua la paix, que Ion frère avoit faite avec les Selgiucides , à
condition qu'ils ne feroient point de courfes fur fes terres, & acquit la répu-
tation d'un Prince très-juilc ,_ & très-pieux, nonobflant les guerres fréquentes.
qu'il fit à fes voifins dans l'indoibn. Il y remporta de fi grands avantages,,
qu'il mérita de porter les titres de ModhafFer & de Manfor, qui fignifient Vain-
queur & Triomphant. Son règne fut de 42 ans : car il mourut l'an de l'He-
gire 492, félon Khondemir. Cette année répond à la 1098 de J. C.
Le Lebtariiih rapporte que fa pieté & fon zèle le portèrent à bâtir un grand-
nombre de Mofquées , d'Ov-atoires & «d'riofpitaux. Sa coutume étoit de pafler
toutes les nuits qu'il n'eraployoit pas à la prière , à faire la ronde par ia ville-
de Gazna , où il faifoit diftribuer de grandes aumônes aux veufvcs , aux orphe-
lins, & aux autres pcrfonncs neceffiteufes, ouvrant d'ailleurs fon apothiquairerie.
à tous, les pauvres malades. Il jeûnoit trois mois de l'année , à fçavoir les ■
mois de Regieb , de Schâabân , & de Raraazan , quoy qu'il n'y ait que le jeûne.
de ce dernier mois de Ramazan qui foit d'obligation chez les Mahometans.
Ce Sultan qui vêquif& régna long-tems , eut trente -fîx enfans mâles qui
acquirent tous de la réputation dans les armes , ou dans les fciences , & 40 filles-
qui furent toutes mariées à des gens de bien, & k des Dodeurs de la loy; car
Ibrahim refufa l'alliance des ancres Princes, lefquels cependant lui portoient un,
fi grand refpeél, qu'ils le qualifioient Seid aL Salatliin, le Seigneur &. le. Maître.
de tous les Sultans.
Il fit bâtir pluficurs villes dans fes Etats, & dans les. Indes qu'il nomma Khair:
abid, Imam abad, c'eft-à-dire Habitation de la bonté. Demeure de la foy, *.-
■d'uutrcs femblables noms. Comme il écrivoit fort bien, il copioit tous les ans.
P p 3 liU-i
^^'T*
^02 - IBRAHIM.
un Alcoran de fa main , qu'il envoyoit à la Mecque avec de très-riches prefens,
Ce Prince laiiTa pour fucceffeur Mallôud, troifième du nom, fon fils.
IBRAHIM Abou Ishak Ben Mahadi. Ibrahim fils du Khalife Mahadi , &
par confequent frère de Haron Rafchid , & oncle d'Amin & de Mamon qui
ont été tous trois Khalifes. Il étoit très-fçavant dans la mufiquc, chantoit fort
bien, & joiioit parfaitement des inflrumens; le teint de fon vifage eftoit fort
brun , ce qu'il tenoit de fa mère Schakelah , Efclaves, noire du Serrail , que Ma-
hadi fon père avoit époufée ; le ventre, qu'il avoit fort gros, lui fit donner le
îbbriquet de Tin , qui fignifie en Arabe une figue Brugiotte , ce fruit étant
noir, & fort ventru. '
Ce Prince d'ailleurs étoit fort honnête & très-liberal , & a pafTé pour le plus
cloquent Orateur & pour le plus excellent Poëte de tous ceux de fa Maifon
qui l'ont précédé. Il fut falué & proclamé Khalife dans Bagdet, peu après la
mort d'Amin fon neveu , pendant que Mamon fon frère , & fon légitime fuc-
cefîeur , étoit encore dans la Province de Khorallan.
La caufe de cette révolution dans Bagdet fut que Mamon qui avoit été déjà
reconnu pour Khalife, avoit déclaré pour fon fucceffeur au Khalifat, Ali fils
de Moudii , furnommé Al Riza , qui étoit un des Imams & fuccefleurs en droite
ligne & mafculine d'Ali , gendre & coufin germain de Mahomet. Ce choix
irrita extrêmement tous ceux de la Maifon, & du fang d'Abbas, dans la Maifon
duquel la dignité du Khalifat étoit entrée par préférence à ceux du fang, &
de la pofterité d'Ali.
Cependant Mamon étoit tellement perfuadé du droit que cet Imam avoit au
Khalifat , qu'il refolut d'en priver ics propres enfans , & tous ceux de fa
famille, qui étoit très-npmbrcufe , pour le remettre après fa mort dans celle
d^Ali. Cette aftion ayant autant dépIû , qu'il eft aifé de juger , aux Abbaffides
qui fe trouvoient dans Bagdet, ils s'aîîemblerent , & dépoferent d'un commun
confentement le Khalife Mamon , après quoy ils prêtèrent le ferment de fidélité
à Ibrahim fon oncle, qui fc trouvoit pour lors parmi eux, l'an de l'Hcgire 202
& de J. C. 817.
Mamon ayant appris ces nouvelles , partit inceffamment du Khorafllm , &
s'approcha avec une puilîante armée qu'il avoit toute prête , de la ville de
Bagdet. Ibrahim dont le party n'ctoit pa.^ affez fort pour contenir la ville dans"
fon obéïffance, prit le party de dcfcendre du trône, de quitter les habits Royaux,
& de fe cacher déguifé chez quelqu'un de fes amis , n'ayant joiiy que deux ans
moins quelques jours, du Khalifat.
Pendant qu'Ibrahim étoit caché, Daabul Al Khozai, Poëte célèbre de ce fie-
cle, l'infulta par des vers fort piquants, pour flatter Al Mamon. Le fens de
ces vere étoit , qu'après Ibrahim on auroit pour Khalife Mokharek , & après
ccluy-cy, Zulzul, deux fameux Muficiens, & Joueurs d'inftrumens de ce temps-là,
& qu'ainfi le Khalifat pafferoit par fuccelîion de violons en violons.
Après qu'Ibrahim eût été caché quelque tems, Al Mamon fit faire tant de
diligence, qu'il fut enfin découvert, & comme ce Khalife ne le faifoit chercher
que pour avoir la gloire & le plaifir de lui pardonner, auflî-tôt qu'il le vit, il
lui dit en plaifantant: Vous êtes donc le Khalife des Nègres, à quoy Ibrahim
hiy ayant répondu : Je ne fuis que ce que vous m.'avez fait par vôtre grâce.
Al Mamon voulant fe divertir avec fon oncle qu'il fçavoit avoir beaucoup'
d'efprit,
d^fprit, continua la raillerie, & l'appel la l'Efclave des enfans du Pavot Noir
fur quoy il faut remarquer qu'Abd , Efclave en Arabe , fignifie aufli un Nègre ',
& Balad al âbid , le pays des efclaves , n'cfl autre que le pays des Nègres •
d'ailleurs le Pavot noir qui eft commun en Egypte , où l'on tire de fa tige
l'opium qui eft aulïï noir que fes feuilles , marque allez cette Province qui crt
limitrophe de l'Ethiopie.
Ibrahim piqué de ces paroles, repartit ftir le chump au Khalife, par un qua-
train Arabique dont le fens eft : Vous me comparez par mépris aux pavots
noirs, dont vous confondez cependant la tige & îes feiiiiles: fi je parois efclave
au dehors, j'ay un cœur libre au dedans; & fi la nature a donné de la noir-
ceur à mon vifage, elle a donné de la blancheur & de l'éclat à mon ame. Le
premier diftique de ce quatrain picquoit un peu le Khalife, qui étoit de la même
tige qu'Ibrahim, fon oncle paternel : c'eft ce qui lui fit dire agréablement au
même Ibrahim-. Je vous ay fait fortir de la raillerie , & tomber infenfiblement
dans le fcrieux. Alors Ibrahim lui repartit par un autre quatrain fort refpec-
tueux, dont le Khalife fon neveu demeura très-fatisfiit.
Ebn Calanis Al Eskanderi a fait une épigramme fur une femme Nc^re qui
aaerite d'être icy rapportée. '^
Une noire fe trouve fouvmt plus blanche que les autres par fes mœurs , êf un
corps de couleur de mufc a quelquefois dans foy la pureté du Camphre.
Ce teint brun rejfemhk alors à la prilhelle de l'œil que l'on croit être noire, âf
qui n^ejl cependant que lumière.
Le Camphre eft auflî blanc que le mufc eft noir ; il eft fort eftimé dans
l'Orient pour fon odeur, & pour la vertu qu'il a de purifier le fang.
. Môtaflem qui avoit fuccedé à Mamon fon frère au Khalifat , ayant un jour
à fa droite Abbas fils de Mamon fon neveu, & à fa gauche Ibrahim, fon oncle
qui manioit un anneau qu'il portoit au doigt , Abbas lui voyant faire cette
adion, luy demanda quel étoit fanneau qu'il manioit. Ibrahim lui répondit::
C'eft un anneau que j'avo's mi^ en gage du tems de vôti-e père Mamon , &
lequel je n'ay pu dégager que fous le règne de Motalfem. Abbas fe trouvant
fort piqué de ce difcours qui taxoit Al Mamon fon père d'avarice, lui dit auffî-^
tôt , fi vous êtes fi ingrat envers mon père qui vous a donné la vie que vous
méritiez de perdre , vous ne ferez pas plus reconnoiflant envers le Khalife
d'aujourd'huy pour vous avoir donné dequoy dégager vôtre bague.
Cette repartie qui ferma entièrement la bouche à Ibrahim, eft rapportée dans
le Tarikh Thabari , où l'on trouve aufli que Mamon ayant Ibrahim entre fes
mains, & confuJtant- fon Vizir Ahmed, fils de Khaled , fur ce qu'il en devoit
faire, le Vizir lui dit: Si vous le faites mourir, vous aurez l'exemple de plu-
fieurs Princes qui ont fait la môme chofe ; mais il vous lui pardonnez , vous
vous diftinguerez par cette adion, de tous les autres. Les term.es Arabes font
Eficataltaho jalka nadharan u en âfouta famakka na.ihiran.
Ibrahim, félon Ben Khalecân, mourut dans la ville de Sermenrai , ou de Sa-
mara l'an de i'Hegire 224. Ce que Khondemir rapporte des particularitcz de
la vie cachée d'Ibrahim, eft trop remarquable pour cftre oublié.
Cet Auteur écrit qu'Ibrahim aj-ant été proclamé Khalife dans Bagdet, auffî-
tpt qu'il eut appris que Mamon fon neveu venoit à lui avec fon armée,
n'ayant ~
304 IBRAHIM.
n'aj'ant pas tiiïez de ■forces pour lui refifter , prit la refolution de quitter la
couronne, & de fe cacher chez fes amis; mais le Khalife l'aj^ant fait chercher
avec grande diligence, on le trouva entin déguifé en habit de femme, & on
le conduifit.en cet état devant lui. Mamon l'ayant reçu fort humainement,
& après l'avoir admis dans la converfation la plus famihere , le pria de lui
raconter ce qu'il avoit vu & remarqué de plus fingulier dans le tems de fa
retraite.
Ibrahim lui dit : Etant forti un jour du logis où j'étois caché pour entrer
dans un autre , & ayant pour cela choifi l'heure de Midy pour rencontrer
moins de gens , je me trouvay devant une boutique fermée , fur la porte de
laquelle je vis un homme dont le vifage étoit fort bazané & affez femblable
au mien; je lui demanday d'abord s'il ne pouvoit pas me donner la commodité
de me repoler un moment chez luy; il me répondit fort civilement que je ne
pouvois pas lui faire plus d'honneur & plus de plaifir, & me conduifant en même
tems au dedans du logis , il en fortit peu après , & ferma la porte fur moy
par dehors.
Je craignis pour lors que cet homm.e ne fût allé avertir les gardes du Kha-
life qui me cherchoient : mais je fus bien lurpris , quand je le vis retour-
ner chargé de vivres , & fuivi d'un autre homme qui portoit un lit & un
tapis. D'abord qu'il fut rentré , il me dit : Je fuis Barbier de ma profefïïon ,
& ne doutant point que vous n'euffiez de la répugnance à vous fervir de cho-
fes qui auroient déjà fervi aux autres, j.'ay été au marché acheter ces meubles,
& je vous ay fait préparer à manger.
J'admirai , continue Ibrahim , une fi grande honnêteté , & je ne fis point de
diflîculté de me mettre à table avec lui. Pendant le repas, il me demanda fi
je ne buvois point de vin; & moy lui ayant répondu que j'en beuvois, il en
fit apporter du meilleur, avec lequel nous achevâmes nôtre repas fort joyeufe-
' ment. Le repas étant fini , il me dit : Je vous demande la liberté de vous
faire une prière; je la lui accorday, & il me témoigna qu'il defiroit que je lui
fille l'honneur de vouloir chanter en fa prefence, qu'il fe fentoit véritablement
très-indigne de cette faveur, mais aulli qu'il la recevroit comme une grâce très-
particulière , & me prefentant auffi-tôt un luth , il me recita ce quatrain d'un
Poëte Fer fie n.
Nom fommes dégoûtez de toutes fortes d'infîrumens , Jl nous n'avons pas une voix
femblable à la vôtre qui les accompagne.
Je me trouvai fort embarraffé du difcours de cet homme , & lui ayant de-
mandé, comment il fçavoit que je fçus quelque cho'fe dans la mufique , il me
répondit en ces termes: Vous êtes trop connu pour pouvoir vous cacher; je
fçais que vous êtes Ibrahim, oncle du Khalife, & que ce Prince a promis cent
milles drachmes d'argent à celui qui lui découvriroit le lieu où vous êtes. Ces
paroles me frappèrent fi fort, que fans hefiter je pris auffi-tôt le luth en main
pour le fatisfaire., & lui accordai même une féconde prière qu'il me fit , de^ lui
permettre de chanter quelques airs qu'ils fçavoit, les accompagnant moy-même
.-avec le luth. Cet homme chanta pour lors de fi belles cbanfons, que j'en fus
lotit eftonné, & lui demanday de qui il les avoit apprifes. Je fçeus alors qu'il
k
IBRAHIM. 3^^
les tenoit d'Ishak de Moful, excellent muficien chez qui il avoit demeuré
long - tems,
La nuit étant venue , je quittai mon hôte , & lui prefentai en partant une
bourfe pleine de pièces d'or; mais il la rcfufa, & me dit ces paroles': Vôtre
^ftion eft bien étrange, car après que j'aj'' fait de mon côté tout ce 'qui m'a
été poffible pour vous bien recevoir, vous voulez maintenant me faire perdre
l'honneur de mon hofpitalité ; Dieu me garde de recevoir vôtre argent , & il
ajouta en me quittant, ce vers Perfien.
Les penfées de l'homme qui s'ejî donné à Dieu , font bien différentes des penfées
de celuy qui demeure attaché aux créatures. Tarikh Al-Àbbas.
IBRAHIM Ben Agiab, c'efl le nom d'un Capitaine Arabe qui fut envoyé
par le Khalife Haroun Rafchid pour Gouverneur de FEgypte & de l'Afrique,
Tan 184 de l'Hegire, & de J. C. 800.
La pofterité de ce Gouverneur s'établit dans l'Afrique, porta le nom d'Agla-
biah ou d'Aglabites, & forma une dynaftie de Princes qui y régnèrent jufqu'en
l'an de l'Hegire 296 auquel les Fathemites, devenus maîtres de tout le pays,
les en chalTerent.
IBRAHIM frère de Nafas ou Nefes Alzakiah. Ce Nefes Alzakiah dont le
nom fignifie l'ame fainte ou l'ame pure & innocente , étoit lils de HafTan , le
fécond Imam entre les douze qui portent ce titre par excellence, & par con-
fequent petit-fils d'Ali, le père ou la fouche de tous les Imams. Son frère
nommé Ibrahim , duquel nous parlons , fe foulcva contre les premiers KhaHfes
Abbaflîdes, & fut tué en une bataille qu'il perdit, par Iffa Ben Moufla, neveu
du Khalife Abougiafar Almanfor , fécond Khalife de la maifon d'Abbas.
i B R A H I M Soltan , fils de Scharokh , & petit - fijs de Tamerlan ; on ne
trouve rien de remarquable touchant ce Prince, finon fa naiflTance.
IBRAHIM Mirza, fils d'Alaeddoulat Rokneddin, & petit-fils de Baifancor,
fils aîné de Scharokh , quatrième fils de Tamerlan, Cet Ibrahim étoit petit-
neveu du précèdent, & affifta le Sultan Alaeddoulat fon père dans les guerres
qu'il eut avec le Sultan Babor qui le fit prifonnier. Ce Babor, qui étoit frère
puîné d'Alaeddoulat, & par confequent oncle d'Ibrahim Mirza , fut défait cn-
fuite par un des autres frères nommé Sultan Mohammed père d'Iadighiar, lequel
délivra Ibrahim Mirza de la prifbn où il étoit enfermé.
IBRAHIM Hakém Schiruan, Ibrahim Seigneur ou Gouverneur de Ja Pro-
vince de Schiruan ou Medie. Il étoit des amys de Tamerlan , qui luy donna
le fort Château d'Alnagia qu'il venoit de prendre, parce qu'il étoit à fa bien-
feance & dans le voiiinage de fes Etats.
IBRAHIM Al Schirazi , Ibrahim de Schiraz , natif de la Ville de Schiraz,
Capitale de la Province de Fars, qui efl la Perfe proprement dite. On le fur-
nomme auflî Al Firouzabadi, parce qu'il tiroit fon origine de celle de Firou-
zabad , qui n'ell pas éloignée de Schiraz , & appartient à la même Province de
Fars ou de Perfe.
To M E II. Q q II
3.o5 IBRAHIM. I B R A H I M I A H.
Il paffe pour un des plus grands Jurifconfultes du Muru'manifnie. Il vivoit
fort retiré du commerce du monde , s'adonnant particulièrement aux exercices
de la pieté: on a de luy plufieurs Livres Arabes dont le principal eft celuy
qu'il intitula Almohadhab où l'Hoiapie de bien , qui a. été coinmenté par Ibra-
liim Almelri , Docteur de la Sede ^hafeienne.
Nous avons encore de luy le ïanbih FiJfekh , Exhortation à l'étude de la
Jurifprudence & le Lamé ou l'Echantillon, qui eft une explication des princi-
paux articles, ou comme les Mufulmans les appellent, des fondemens de la Loy„
On le croit aulîî l'autheur d'un Ouvrage qui contient l'art de contredire, &
de difputer dans les matières fcholaftiques ;, ce Livre eft intitulé Al Nakth fil
Khelaf v almaôunat filgedel : c'eft proprement ce que nous appellerions la
recherche de la vérité. Ben Khalecan. l^oyiz aujji le titre de Firouzabadi auffir
bon Poëte, & Ben Klialecan cite plufieurs wqis de fa compofition.
IBRAHIM Al Merouzi , Jurifconfulte très -célèbre parmi les Mufulmans^.
duquel nous avons plufieurs beaux Ouvrages en langue Arabique, & entr'autres
un commentaire fur le Mozni. Ce Dofteur faifoit fa demeure dans la Ville de
Bagdet où il étoit confulté comme un oracle des Loix, & fa réputation fe ré-
pandit à un tel point qu'une des portes de cette grande Ville,, auprès de la-
quelle il avoit fa maifon, fut appellée de fon nom Darbe Al Merouzi, la porte
de Merouzi qui eft dans le quatrième quartier de Bagdet.
Ibrahim étoit de la Sefte Schafêienne , & quitta fur la fin de fa" vie le fejour
de la Ville de Bagdet pour pafiTer au Caire en Egypte;, il mourut dans la même
Villp l'an de l'Hegirc 340, & y fut enterré auprès de l'Imam Schafei.
Le furnom de Merouzi fut donné à ce Dodeur parce qu'il étoit natif de la
Ville de Merou, une des quatre Villes Capitales ou Royales de la grande Pro-
vince du Khoraflan , & cette Ville eft ordinairement furnommée Schahgian,
pour la diftinguer d'une autre Ville de la même Province que l'on nomme par
diftinftion Mcroualroud. Ben Khalecan.
IBRAHIM Ben Ibrahim Meheran , furnommé Esfaraini, à; caiifè qu'il étoit
natif d'une petite ville du Khoralfan appellée Esfarain qui eft des dépendances
de la ville Capitale & Royale nommée IMifchabour, également diftante de celle-
cy & de Giorgian. C'étoit un Doftcur des plus célèbres de la Sefte Schafêienne
duquel on dit que les plus fçavants perfonnages du KhoraflTan & de l'Iraque
ont puifé leur doftrine.
Il a compofé plufieurs. Ouvrages dont le principal eft un Livre de controverfe
dans lequel il dcftend la Loy Mufulmanne contre les impies & les athées que
les Arabes appellent Melahedin. Abdalgafer, auteur Perfien, fait fouvent men-
tion de luy dans la Chronique de Niichabour, &; dit que le Collège de cette
Ville où il enfeignoit, portoit fon nom. Il y mourut l'an de l'Hégire 418, &
fut porté à Esfarain lieu de fa naillànce.
L'on parlera ailleurs de plufieurs Auteurs & autres perfonnages qui ont
porté le nom d'Ibrahim, & particulièrement dans leurs furnoms, ,
IBRAHIMIAH, Sefte d'Hérétiques qui s'éleva dans l'Eglife d'Antioche,
Voytz le titre ri'Abnham» Cette forte d'Hérétiques pouvoit être celle des Sa- -
biens 5 qui. rcconnoilî'oit. Abraham pour leur Legiilateur. Helal Ben Ibrahim Ben
Zahroua
I D E G O U. J E II O U D A.
207
Zahroun, fameux Médecin de Tozoun le Turc, & Ibrahim Ben Helal fon fils
Aftronome célèbre fous Scharfeddoulat , Sultan de la dynaflie des Bouides , étoient
Sabiens de Sefte , & natifs de Harran en Mefopotamie , d'où partit Abraham
pour venir dans la terre de Chanaan. Plufieurs autres grands Philofophcs, Ma-
thématiciens , & Poètes qui ont écrit en Arabe, étoient Sabiens. Foyez Thebet,
Senan, Corrah, &c.
Cependant il femble qu'outre cette Secle d'Abrahamites , ou Sabiens, il s'en
foit élevée une autre parmy les Chrétiens qui a été alfez obfcure , & dont l'on
ne voit point de Se6bateurs confiderables.
I D E G Q U & Idi Koub , jiom Khataien ou Mogolien. Un Prince de ce
îiom qui étoit Souverain dans le pays d'Igur, limitrophe du Khatai, reconnut,
l'an 606 de l'Hegire, la puiffance de Genghizkhan, luy vint faire hommage, &
fut renvoyé par ce Conquérant, en fes Etats.
Un autre Idegou fut un des principaux Capitaines de Tamerlan, & fît plu-
fieurs méchantes aftions pour le fervice de fon Maître. Ebn Arabfchah l'ap-
pelle un des Schiathin de Timur, c'eft-à-dire , un des Diables de Tamerlan. Il
fut Gouverneur du Kerman.
IDELCAN, nom corrompu d'Adelkhan, le Roy jufte , titre que les Roys
de Decan , & de Golconde Mahometans , prennent ordinairement. Ce font nos
voyageurs qui ont corrompu ce nom.
IDRUNT & Budrunt, les Turcs appellent ainlî la ville d'Otrante, dans la
Potiille , que les anciens ont appeliée Hydrimtum. Il y a une autre ville du
nom de Butrintum; mais les Turcs confondent fouvent ces deux Villes.
JEBEGOU Ben Mikail. Ben Schohnah appelle ainfi celuy que les Hiilo-
riens Perfans appellent Jonous ou Jonas, fils de Selgiuk. Foysz le titre de Sel-
giuk, & des Selgiucides.
JEHOUDA Ben Jofeph, c'efl l'Apôtre faint Thadée , fils de Jofeph, &
de Marie Cleophé ; on l'appelle aufli fils d'Alphée : il étoit frère de l'Apôtre
faint Jacques le Mineur, & parent de Nôtre-Seigneur Jefus-Chriil.
. Cet Apôtre eût des enfans; & l'on dit que Domitien ayant appris que les
Clirétiens tenoient Jefus-Chrift pour leur Roy , & difoienc que fon Royaume
étoit éternel, fit venir ces enfans à Rome , & les interrogea fur ce fait; mais
que ceux-cy luy ayant répondu que le Royaume de J. C. étoit celefte , & ne
regardoit point les Princes de la terre , furent renvoyez en Judée. Voilà la
tradition des Chrétiens Orientaux , rapportée par Ebn Batrick dans fes Annales.
JEFIOUDA Ben Sagivan , il eft furnommé Al Farfi , & a compofé une
Préface fort élégante furie Livre intitulé Calilah ve Damnah , laquelle le trouve
dans la Bibliothèque Royale, n°. 1220.
JEHOUDA Al Mosléman , Juif apoflat , & Mufulman, Auteur d'un Re-
cueil d'Alphabets , feints & fuperftitieux , intitulé Ketab Alanovar , le Livre
•des lumières.
Qq'a JEMEN
3q8 JEMEN. JE NI SCHEHER.
. JEMEN; rayez ]?im2in. C'eft l'Arabie Heureufe. ; '
JE MINI Ben Jcmini, c'efl le même que Benjamin, un des enfans de Ja^-
cob, chef d'une des XII. Tribus des Ifraëlites.,
TENGHI CUNT, les Géographes Arabes appellent ainfi une Ville du Tup-
keltan, que les Turcs nomment Jeni kent, c'eft-à-dire , comme les mêmes Géo-
g-aphes le traduifent en Arabe Alkeriah algedidah, la nouvelle Ville. Les Turcs
d'Europe l'appelleroient Jeni fcheher , nom qu'ils ont donné à d'autres lieux.,
dont l'on va faire mention.
JENI CALA V Château-neuf , que l'on appelle ordinairement du nom Ita^
lien Caflelnuovo : il fut nommé ainfi par les Turcs , qui le bâtirent fur le Gol-
fe de Cataro , & pris fur eux par l'armée Efpagnole fous Charles - quint , qui y
mit une forte garni fon d'Efpagnols & d'Allemands.
Khaireddin, dit BarbarofTa, le reprit fur les Chrétiens l'an de FHegire .946-^
de J. C. 15-39 , & mit toute la garnifon., qu'il y trouva, à la chaîne , fur les
Galères Turques. Ce Château eft fitué fur les confins de la Dalmatie & de ÏAU
banie. Les Vénitiens l'ont repris depuis peu fur les Turcs.
J'EN! DU NI A, c'eft en Turc le nouveau monde, & ils appellent ainfi
comme nous l'Amérique , qiie les Arabes qualifient auffi du titre d'Agiaib al,
makhloucat , & les Perfans de Gezjrat khefchk. f^oyez ces mots dans leurs ti«
très particuliers»
JENI HISSAR, le nouveau Château en Turc. Les Grecs modernes l'ont
nommé en leur langue Neocaftron. C'eft un Château bâti fur le Bofphore de
Thrace ou Canal de la Mer noire , du côté de l'Europe , par Mahomet fé-
cond, Sultan des Turcs, avant qu'il affiégeât Çonftantinople. On l'appelle auf-'
fi Roumeli Hiffar, le Château d'Europe, pour le diftinguer d'un autre qui futi
conftruit vis-à-vis dans l'Afie , & lequel eft nommé Anadoli Hiifar , le Châ-
teau d'Afie.
De ces deux Châteaux,, celuy d'Europe eft entièrement ruiné, & celuy d'A-
fie, qui fubfifte encore, fert à garder des Prifonniers. On les appelle tous
deux les Châteaux de la Mer noire, ou Pont-lîuxin, pour les diftinguer de.
ceux de. la Mer blanche, ou Propontide , appeliez ordinairement les Darda-
nelles.
JENI SCHEHER, en Turc Ville -neuve. Othman , fils d'Orthogrul &
fondateur de la dynaftie des Sultans Othmanides ou Ottomans , comme nous,
les appelions, bâtit cette nouvelle Ville dans la Natolie , où il s'établit avant
(jue Prufée ou Burfe devint. la Capitale de foa nouvel Empire..
JENI SCHEHER, nom que les Turcs . donnent à la Ville de LariiTa cm
Thelfalie, à caufe de fon rétablilfement qui en fit, pour ainfi dire,, une nou-
velle Ville. Les mêmes Turcs appellent toute la Theflàlie Jeni Scheher vi-
laieti, c'eft -à -dire, le Pays de Larilfa..î à. caufe que cette Ville en eft la Ca-
pitale.
,- JENITCHERI,,
•'ij'fe'N T-T-C H E R I. -^ J E Z t>. • ^305
-' JRNITCHERI, nouvelle Bande, nouvelle trouppe. JaniflTaires. Morad
Gazi , c'eft-à-dire , Amurath premier du nom, dit le Conquérant, Sultan des
Turcs Othraanides , ayant pris la cinquième partie des jeunes prifonniers Chré-
tiens qu'il avoit faits fur les Grecs , les fît élever & inftruire dans la difcipline
militaire & dans fa religion. ^ Il les envoya enfuite à Hagi Bektafche , perfon,
nage eftime & révéré des Turcs pour fa prétendue fainteté , afin qu'il leur
donnât fa bénediftion , & en même temps quelque marque qui les diftinguât
de fes autres troupes.
Bektafche, après les avoir bénits à fa mode, couppaune des' manches de la
robe de feutre qu'il portoit , &. en coeffa le Chef de cette nouvelle milice,
à laquelle le nom de Jenitcheri , & le bonnet de feutre font toujours demeu-
rez depuis ce temps-là, qui fut l'an 763 de 1 Hégire, & de J. C. 1361.
Tel eft le fentimcnt d'Ebn Jofeph & de Gianabi touchant l'inllitution des
Janiffaires : mais plufieurs autres Hifloriens Turcs croyent, que ce futOrkhan,
fils d'Othman & père d'Amurath premier , qui les établit , & qu'ils furent d'a-
bord appeliez en langue Turque Jaja, c'eft-à-dire, Fantaflîns & piétons , poup
les diftinguer des autres Turcs dont les troupes confiftoient prefque toutes en
Cavalerie.
Le premier fentiment me paroît plus vraifemblable d'autant plus que cette
milice conferve encore aujourd'huy le nom de Jenitcheri , & porte le bonnet
dé feutre, coëffure fort différente de celle des autres Turcs.
On pourroit dire cependant encore, que cette nouvelle milice ayant été pre-
mièrement affemblée à Jenifcheher, ville-neuve, dont on' a déjà parle , qui fut
bâtie par Othman, alTez près de Nicée en Bithynie, pour être le fiéf^ede l'Em-
pire Ottoman , elle auroit tiré fon nom de celui de cette même ville , la dif-
férence de Scheheri à Tfcheri n'étant pas fort grande. Je m'en tiens' cepen-
dant toujours au premier fentiment.
. L'on peut remarquer icy, que cette coëffure ou bonnet des Janiffaires eft'
appelle en Turc abfolumcnt Ketché, mot qui fignifie Feutre, &, autrement Uf-
cuf, mot qui peut avoir été corrompu du Grec vulgaire & de l'Italien Scufia.
(f Ufciifia, d'où vient nôtre mot de Coëffe.
JETENG, nom du feptième mois dans le Calendrier des peuples de ITgur
«& du Turkeftan, qui eft le- même que celui des Cathaiens.
JEZ D, Ville la plus Orientale de la province de Fars, qui eft la Perfe pro-
prement dite , de même que Hamadan en eft la plus Occidentale. Elle eft fi-
tuée à 89 degrez de longitude, & à 32 de latitude Septentrionale, félon 1#
tables de Nalîireddin & d'Ulug Beg. Le Géographe Perficn la place entre If-
pahan & le Kerman.
Plufieurs- perfonnages célèbres en- doftrine font fortis de cette ville & de fon"
territoire. Les étoffes de foye que l'on y ti-availle , & que l'on appelle en-
Turc &.en Periien Comafche Jczdi, la rendent fort marchande , & les Parfis ou
Adorateurs du feu , qui y ont eu pendant plufieurs fiècles des Pvréez , & donf
il y a encore aujourd'huy plufieurs familles qui l'habitent , ont "donné lieu au
proverbe Ghebr Jezdi, un Ghiaour d'Iezd , pour expa-imer un Infidèle des tjIus-
grolîkrs & des plus opiniâtres.
JEZD & Ized, eft le nom de Dieu Tout-puiffant en langue ancienne de
Q.q 3, Pcrfc,.
3ÏO J E Z D A D. J E Z D E G I R D.
Perfe. On lui donne aujourd'hui plus ordinairement celui d'Iezdàn dans la lan-
gue moderne, i^oyez plus bas.
JEZDAD, Ben Jezdâd. Abou Houiïain Ali Ebn MoufTa, Auteur du livre
intitulé Ahcâm Alcoran , qui traite des matières judiciaires & des Préceptes de
r Alcoran , porte ce furnom , qui eil abrégé de Jezd - Dad , qui fignifie en Per-
fien Dieu-donné, comme Jezdân Bakhfche qui fuit.
JEZD AN, Nom de Dieu en langue Perfienne & Pehelevienne. Les Perfes
d'aujourd'huy l'appellent plus communément Khoda. C'efl auflî le nom de l'A-
gathodœmon des Platoniciens, qui eft ou Dieu même , ou un Ange Bien-fai-
faifant, ou enfin le premier Principe du bien, félon la doftrine de Zoroaltre,
& des Mages (qs, difciples.
JEZDAN Bakhfche, Don de Dieu ou Dieu-donné en langue Perfienne, de
même qu'Iezdâd & Khodaidad dans la même langue , Tangri Verdi (Se Allahverdi
•en Turc, Atha allah, Athiaht allah & Hebat allah en Arabe.
Hormouz , fils de Noufchirvan , Roy de Perfe de la dynaflie des SalTanides
ou des Khofroes, eut un Vizir, nommé lezdan Bakhfche, qui fut caufe de la
■révolte de Baharam Gioubin ou Tchoubin. l^oyez le litre de Hormouz.
JEZDANJAR, celuy qui a Dieu pour amy, l'Amy de Dieu. Ce furnom
Perfien fut donné à Abou Giàfar Mohammed Ben HoufTain , Auteur du livre
intitulé Adab al moridiny les qualitez de ceux qui défirent s'avancer dans la vie
fpirituelle. Cet ouvrage a été compofé pour les Sofis , & il fe trouve dans la
Bibliothèque du Roy, n^. 683.
JEZDEGIRD. Il y a eu plufieurs Roys de Perfe dans la dynaflie des
Saffanides qui ont porté ce nom.
Le premier eft Jezdegird , fils de Schabour Dhoulaftâf , c'eft-à-dire, de Sapor
,aux épaules, ou plutôt fon petit -fils; car Khondemir met un Baharam entre
les deux , & qualifie cet lezdegird , fils de Baharam , en quoy il eft fuivi par
Ebn Batrik.
Cependant Abulfarage veut qu'il foit fils de Sapor, & le fait régner fous les
Empereurs Arcade & Theodofe le Jeune fon fils: mais nous fuivrons plutôt ici
les Perfans , que les Arabes , quoyque Chrétiens , en ce qui regarde l'hiftoire
de leur pays.
lezdegird, fils de Baharam ou de Sapor, fucceda à fon père ou à fonayeul,
êbnt il n'imita pas les vertus , puifqu'il pafie chez les Perfans pour un Prince
impudique , avare & cruel , & que les peuples lui donnèrent le furnom d'Ai-
tâm, mot qui enferme dans fa fignification , le viol, le pillage & le maftacre.
Ce Prince fit la guerre aux Romains, c'eft-à-dire, aux Empereurs de Con-
ftantinople , qui refufoient de lui payer le tribut qu'ils avoient accoutumé de
payer à fes Ancêtres. Theodofe le Jeune, fils d'Arcade , fit la paix avec lui,
& lui envoya en AmbafiTade Marutha , Evêq\ie de Miafarekin , ville que les
Grecs modernes ont appellée Martyr opoli s ^ autrefois la capitale du Diar Becr,
qui «ft la première des quatre Contrées que la Mefopotamie enferme.
La Religion Chrétienne fit alors de grands progrez en Perfe , tant par les
prédications de Marutha & de fes compagnons, que par la proteélion qu'Iezde-
gird
J E Z D E G I R D. jrr
gird lui donna; & c'eft peut-être en vue de cette faveur, que les Perfes Ido-
lâtres ont décrié le gouvernement de ce Prince. Ils difcnt en effet , qu'il
éprouva la vangeance du ciel & qu'il fut tué p?a- un coup de pied d'un très-
beau cheval, trouvé par hazard à la porte de fon Palais, & qui ne parut plus
auflî-tôt qu'il eut rué fon coup dans l'eftomac du Prince.
Baharatn , fon fils , qui lui fucceda , n'eut pas la même inclination pour les
Ghrètiens : au contraire, il les perfécuta cruellement, mais ayant été mis en
fuite par Theodofe le Jeune , il fut obligé de donner la paix aux Grecs & à
l'Egiile. C'efl ce Baharam que les Grecs & les Latins , après eux, ont appela
Varanes & Vararanes.
Le Bahariftan rapporte,, qu'Iezdegird ayant trouvé fon -fils Baharam dans l'ap-
partement de fes femmes appelle Haram , c'e(t-à-dire , Lieu fcparé, retiré &,
pour ainfi dire, facré , lui commanda de donner trente coups de fouet à l'Huif-
fier qui l'avoit lailFé entrer , & d'en mettre un autre à fa place. L'ordre du
Roy ayant été exécuté, Baharam fe préfenta un jour pour entrer une féconde
fois dans le Haram; mais le nouvel Huiffier qu'il y avoit mis de fa main, l'en
empêcha & le menaça du même traitement qu'il avoit fait fouffrir à celuy dont
il occupoit la place.
Khondemir furnomme ce Prince Al Athim. , qui fignifie le Méchant, terme
qui marque , avec plus de force & d'emphafe » la même chofe que celui d'Ai-
tam , dont on a déjà parlé.
JEZDEGIRD Ben Baharam, c'efl le fils de Baharam Gour , Roy de la
même dynaftie des Roys de Perfe, que l'on peut appeller Jezdegird, fécond du
nom. Il efl loué par tous les Hiftoricns pour fes vertus morales & politi-
ques , & pour avoir eu la vigueur & le bonheur de fe faire payer le tribut par
les Empereurs Grecs , en mettant feulement une bonne armée fur pied , fans
leur faire la guerre.
Ce Prince eut deux enfans, nommez. Firouz & Hormouz, qu'il fit fort bien
élever: mais ayant préféré le cadet à l'aîné pour en faire fon fuccelTeur, il fut
caufe d'une grande divifion entre ces deux frères, laquelle éclata enfin en une
cruelle guerre, dans laquelle Hormouz fut défait & pris prifonnier par Firouz
fon frère, après avoir régné une feule année.
L'on donne à ce fécond lezdegird le furnom de Sipah doft, à caufe qu'il ai--
moit fes troupes, & que fes troupes lui étoient auflî très-affeftionnées , ce
qu'elles firent bien paroître , en marchant fi gayem.ent contre les Grecs , &
alors qu'elles fe retirèrent , fans commettre aucun defordre au moment que
ce Prince témoigna être content du tribut que l'Empereiir Grec lui avoit en--
voyé.
JEZDEGIRD Ben Scheheriàr. Cet Jezdegird, que l'on peut appeller Troi- -
fième du nom, fut le dernier, non feulement de la race des SafTanides , mais
aufli de tous ceux de fa nation , qui ont régné en Perfe ; il perdit la bataille
de Cadefie contre les Arabes fous le Khalifat d'Omar & non d'Othman , cora--
me quelques-uns ont avancé, l'an 15 de l'Hegire, de J. C. 636.
Ce Prince fut , après cette défaite , eirant & fugitif dans les provinces de •
Kerman , de Segeftan & de Khorafilm , julqu'en l'an 31 de là même Hegirc ,
dans lequel il fut trahi par un de fes fujets , Gouverneur de la ville de Me-
reUs qui attira les armes du Turkhan,. Roy des Turcs dans la Perfe, contre lui.-
L'on i
su JEZDI. JE.Z,ID.
, L'on dit, qu'Iezdegird ayant été défait par ce traître , qui s'étoit joint aux
Xurcs,'prit la faite jufques à une rivière qui n'étoit pas guéable , & que vou-
lant donner un bracelet de grand prix à un batelier pour le tranfporter au-de-
là du fleuve, cet homme groffier lui dit, qu'il n'avoit que faire de fon brace-
let ; qu'il prétendoit feulement avoir quatre oboles de lui , s'il vouloit qu'il le
pafll^t, & que pendant cette difpute, les Cavaliers qui le pourfuivoient, l'attei-
gnirent & lui ôterent la vie.
C'eft au commencement du règne de ce Prince , qui tombe fur l'onzième an-
née de l'Hegire, &. fur la 632 de J. C, que l'on doit fixer l'époque de l'^E-
re , que nos Chronologiftes appellent Jezdegirdique , & non pas au tems de fa
défaite à Cadefie, ni à fa mort en Khoraflan, puilque fa défaite arriva l'an 15
& fa mort l'an 31 de l'Hegire. Il efl: vray cependant, que les Orientaux fem-
blent plutôt marquer le commencement de cette iEre par la chute de l'Empire
des Perfes, que par la première année du règne de ce Prince. Foyez le titre
de Tarikh Farfi,
Quelques Hifloriens font cet Jezdegird fils de Schirovieh ou Siroes ; mais
tous les Orientaux le font fils de Schehcriar , qui n'étoit que particulier; mais
qui defcendoit de Siroes, fils de Kofroes Parviz, fils de Noufchirvan, furnom-
mé le Julie.
• Comme il a été dit, qu'Iezdegird efl le dernier des Roys Perfiens qui ait ré-
gné en Perfe , Ton pourroit objeéler que la race d'ifmael Sofi , qui règne au-
jourd'huy , efl; Perfienne ; mais bien loin qu'elle le foit , les Roys de Perfe pré-
tendent être d'une famille Arabe , qu'ils appellent Haidarienne , attachée de fort
près à celle d'Ali, gendre de Mahomet, duquel ils profeflcnt avec un grand zè-'
le la doftrine & la feéle.
JEZDI, ce qui efl: originaire ou ce qui appartient à la ville d'Iezd. Jezdi
ell le furnom de Khalil allah , fils de Nourallah , Auteur d'une Relfalat , ou
d'un petit traité fibeiàn al mehabbat , fur l'amitié. Il efl: dans la Bibliothèque du
Roy, n**. 654.
JEZDOVI, furnom de Sadreffiilam Haidar, Auteur d'Amali fil foroû , qui
font àes dictées fur les branches, ou inducbions, tirées delà loy Mufulmane.
JEZID Ben Moaviah , Jezid fils de Moavie , que l'on peut appeller Jezid
pi-emier du nom , effc le fécond Khalife de la race des Ommiades ; il n'imita
par les vertus de fon père , qui étoient la clémence & la libéralité , car il fut
cruel, avare, &, outre cela, impie dans fa Religion.
Tous les Auteurs Perfiens ne font jamais mention de lui qu'avec abomina-
tion, & ajoutent ordinairement à fon nom cette imprécation, Làanahu Allah,
la malédiction de Dieu foit fur lui , ce qu'ils ne font pas à l'égard de i^Qs vi-
ces, mais à caufe de la mort de Houfl'ain , fils d'Ali , qu'il entreprit de faire
périr par le poifon, & qu'il fit tuer enfuite avec toute fa famille dans la plaine
de Kerbela. ^oyez le titre de Houllain, fils d'Ali.
Jezid auflî-tot , après la mort de Moavie fon père, avoit été reconnu pour
légitime Khalife dans la Sjn-ie , la Méfopotamie, l'Egypte, la Perfe & dans tous
les autres pays du Mufulmanifme , à l'exception des villes de la Mecque , de
Medine & de quelques autres de la Chaldée qui refuferent de fe foûraettre à
lui ,
J E z I a 3^3
lui, & parmi les Grands, il n'y eut que HouiTain & Abdallah, fils de Zobair ,
qui lui diiputerent le Khalifat, jufqu'à leur mort.
Après la mort de Houllain , Abdallah prit encore !e titre de Khalife , quoy-
que prefque toutes les provinces de 1 Empire des Mufulmans fe fulTent foûmi-
fes à Jezid , & il ne relia que peu de gens dans Medine & dans la Mecque qui
demandoient la vangeance du fang de Houiïain; il fallut cependant qu'Iezid en-
voyât des troupes pour alîîéger & prendre de force Medine , & pour preiîer
cnfuite la Mecque, mais avant que cette dernière ville fiii: réduite , il mouiut
dans un lieu de la Syrie proche de la ville de Hems , nommé Khaurain , l'an
de l'Hegire 64, de J. C. 683 , après avoir régné trois ans & neuf mois moins
quelques jours. Khondemir.
Mohammed Ben CalTem remarque, qu'Iezid a été le premier des Khalifes qui
a bu publiquement du vin , & qui fe foit ievvi d'Eunuques : on lui reproche
auffi de ce qu'il nourrilloit & carelfoit des chiens , ce que les Mahometans fcru-
puleux ont en horreur.
Ben Schohnah dit qu'il ctoit fort bon Poëte , & rapporte des vers qu'il fît
fur le vin au milieu de fes débauches. Ebn Amid en cite auffi plufieurs de fa
façon fur le même fujet.
Mais les plus grands vices de ce Khalife ctoicnt l'impiété & l'avidité du bien
d'autruy; c'ell ce qui fait dire à l'Auteur du Rabî al akhiar , que pour faire
fleurir l'Empire des Mufulmans , il faut qu'il foit entre les mains de Princes ou
pieux tels qu'étoient les quatre premiers Khalifes, ou libéraux, comme Moavie:
mais que lorfqu'il étoit gouverné par un Prince qui n'avoit ni piété , ni géné-
rofité , tel qu'étoit Jezid, tout étoit perdu.
Les Mufulmans appellent encore aujourd'huy entr'eux, les gens qui ont peu
de Religion , Jezid & Izit. L'on dit , que le fameux Poëte Perfien , nommé
Giami , étoit de ce nombre ; c'ell pourquoi un nommé Mezid étant entré un
jour dans l'atTemblée qu'il tenoit chez lui , & voulant l'infulter fur ce point,
cria d'un ton fort haut , que la raalédiélion de Dieu tombe fur Jezid. Giami
fentant fort bien que ces paroles le regardoient perfonnellement , dit fur le
même ton , que cette malédidbion tombe fur Jezid & fur Mezid; l'élégance de
cette repartie conliilc en ce que ces mots , fur Mezid , fignifient auffi de plus
en plus.
Sous le Khalifat d'Iczid, les Mufulmans conquirent tout le Khoraffan , le Kho-
varezm, & mirent à contribution les Etats du Prince de Samarcand. II y a un
Auteur, nommé Al FadhI Al Berid , qui a écrit l'hifcoire de ce* Khalife, fous
le titre d'Acbâr Jezid.
Foyez ce qui regarde les fiéges de la Mecque & de Medine , dans les titres
particuliers de ces deux villes.
JEZID Ben Abdalmalek , Jezid fils d'Abdalmalek , que l'on peut appeller
Jezid, fécond du nom, fut le neuvième Khalife de la race des Ômmiades. II
changea d'abord tous les Gouverneurs qu'Omar avoit choifis , & fut cependant
allez heureux pour venir à bout d'Jezid fils de Mahaleb , fon plus dangereux
ennemi , qui foûtenoit un gros parti contre lui dans flraque Arabique ; car il
le contraignit de s'enfuir avec tous les fiens à Ormuz , où il avoit fait bâtir
une fortereife qu'il ellimoit imprenable.
Cet Jezid fils de Mahaleb , duquel on parlera encore dans fon titre particu-
ToME IL 11 r lier,
m ï E 2 1 D.
lier fat fclon quelques Hifloriens, tué en bataille rangée, par Moflailaimah,
frère du Khalife, & fon fils, nommé Moavie, fe trouva obligé de fuir avec Toz
débris de fes troupes, jufqu'à cette forterefle que fon père avoit fait conftrui..
re Dour fervir de retraite aux fiens après le malheur d'une déroute : mais ce-
kii' au lezid , fils de Mahaleb , y avoit laiffé pour Commandant , lui en ayant
rcfufé l'entrée, il fut pourfuivi jufqu'au fleuve Indus par les Généraux du Kha-
life oui défirent toutes fes troupes fune après l'autre. Ainfi fut exterminée
la race de Mahaleb , renommée pour fa valeur & pour fa génerofité ; leurs
vertus ont été louées par plufieurs Auteurs de ce tems-là, dont nous avons
encore des vers Arabes, rapportez par Ben Schohnah dans fon Raoudhat al
Tezid remporta aulîî de grands avantages fur les Turcs qui s'étoîent répan-
dus dans l'Afie Moflàilaimah, fon frère , les défit à platte couture dans l'Ad-
herbi^^ian ou Medie , & les contraignit d'abandonner entièrement les Etats du
cJ fût auflî fous le règne de ce Khalife que les Arabes d'Efpagne prirent la
ville d'Arbonah, qui eft Narbonne, & affîégerent celle de Thouloufe ; celle-cy
fut fecourue par le Comte Eudes, lequel reprit enfuite Narbonne fur eux. He»-
fchâm, fécond Khalife d'Efpagne, l'ayant depuis conquife l'an 177 de 1 Hégire,
lit porter delà les matériaux, qui fervirent a k conftruaion de la grande Mof^
Guée de Cordoue, par fes habitans. ,.,..,, ^ r
Ce Klialife eut deux concubines qu il aimoit éperduement , 1 une nommée
«>elamah & l'autre Hababah : celle-ci fut caufe de fa mort en la manière que
Khondemir rapporte en ces termes traduits du Perfien. Jezid étant en Palefti-
ne qu'il appelle Beled Ai'den ou pays du Jourdain, & fe divertiffant dans un
iardin avec une de fes femmes qu'il aimoit jufqu'à la folie , on lui fervit à fa
collation des fruits les plus excellens du pays: pendant ce petit repas , il prit
un grain de raifin qu'il jctta à fa maîtrelfe, celle-cy le prit & le porta à fa bou-
che pour le manger; mais ce grain qui étoit fort gros, tel que ce pays-là en
produit , paflant de travers dans fa gorge , la ferra fi fort , qu elle en perdit
l'haleine, & fut étoufî-ée en un inftant.
Tezid furpris d'un accident fi funefle , tomba dans un fi grand excez detnf--
tcile qu'il pleura amèrement la perte qu'il faifoit d'un objet fi aimable , & le
tranfport de fon amour & de fa douleur alla fi loin , qu'il crut ne pouvoir re-.
narer cette perte, qu'en confervant le corps mort de fa maitreflTe auprès de lui. .
Il le fit pendant une femaine entière , & fans les infl:ances que lui firent fes .
dom-ftiques , qui n'en pouvoient plus fupporter la puanteur , il n'eût jamais
cerm^is qu'elle fût enterrée : m.ais le fepulcre ne fut pas capable de guérir fa
frcnefie, il voulut la faire déterrer, & fa douleur augmentant de jour en jour, .
le mit e'nfin lui-même au tombeau, , ^t s r".^ a
Quelques Hifl:oriens écrivent qu'il mourut de phthifie à 1 âge de quarante
ans après avoir déclaré Hefchiâm , fon frère , pour fuccefleur , à condition
néanmoins, que fon propre fils, nommé Vahd , fuccederoit à fon oncle , cç
qui arriva cffeftivement fan de l'Hegire 125 , vmgt ans après la mort de Je-
^d fon père.
TEZID Ben Valid. Jezid fils de Valid , que l'on peut appeller Jezid troi-
fîème du nom, douzième Khalife de la race des Ommiadcs, 11 étoit petit-fils
d Ad-
JEZID. „^.
é'Abdalraalec, & fucceda à fon coufin-germain Valid, fils de Jezid, dans la mort
<iuquel il avoit trempé.
Cette mort ayant été divulguée dans les provinces , plufieurs fe foûleverent
-contre Jezid , & demandèrent la vangcance du fang de Valid. Marvan , fur
nommé Hemâr, fut un des principaux foûlevez; mais il fut bientôt appaifé par
le don que Jezid lui fit du gouvernement de Mefopotamie.
Ce Khalife fut furnommé Nakés & Ebn Nakés par fobriquet , k caufe de la
néceflîté où il fe trouva, faute d'argent, de diminuer la paye des foldats: il ne
régna que ûx mois & mourut de la perte, félon quelques-uns , l'an de l'Hegire
126, de J. C. 743.
Pour ôter l'ambiguité du mot de Valid , qui fe rencontre dans cette narra-
tion, il faut fçavoir que ce Valid, duquel Jezid troifième étoit fils, fut fils du
Khalife Abdalmalek , & eut quatre de fes frères qui furent auffi Khalifes , fous
lefquels il avoit vécu en homme particulier. Foyez le titre ti'Abdalmalek ou
Abdelmelik.
Ce Khalife vantoit fort la nobleiïe de fa race , parce que fa mère , nommée
Mah Afrid & non pas Schaferend , comme on le ht dans l'hiftoire Sarraceni-
que, étoit fille de Firouz fils d'Iczdegird, Roy de Perfe , & Firouz defcendoit
de la fille de l'Empereur Maurice, du côté de fon père, & du Khacan ou Em-
pereur des Turcs, par fa mère. Il compofa même ce diftique fur fa généalo-
gie. Je fuis fils de Cofroes , Roy de Perfe & de Marvan , quatrième Khalife de
la Maifon d'Ommie , & je compte entre mes ayeuls le Caifiar, l'Empereur des
Romains j & le Khacan, l'Empereur des Turcs.
JEZID Ben Mahlcb Ben Abou Safrah. Jezid, fils de Mahaleb, un des plus
grands Capitaines de fon fiécle, fut Général d'armée de Soliman, feptième Kha-
life de la Maifon des Ommiades. Il força par fes armes les peuples de la pro-
vince de Giorgian de fe foûmcttre à lui, & tourna enfuite du côté du Thaba-
reftan , où Akhfchid, qui y commandoit , s'oppofa à lui avec une fi puifTante
armée, qu'elle mit d'abord en fuite les troupes d'Iezid.
Les peuples du Giorgian ayant appris fa déroute , & croyant pouvoir fe foû-
lever impunément, mafl'acrerent la plus grande partie des gens qu'il avoit lailTés
pour la garde du pays. Jezid fiir cette nouvelle , fit la paix avec Akhfchid ,
pour tomber avec toutes les forces fur le Giorgian.
L'on dit qu'Akhfchid , pour acheter la paix d'Iezid , lui fit préfent de fept
£ent mil drachmes d'argent comptant, de quatre cent charges de fafran, dont ce
pays eft fort fertile, & de quatre cent efclaves , qui portoient chacun un riche
Turban de foye dans un baffin d'argent. Après cet accord , Jezid alla au - de.
vant de l'armée du Giorgian , dont Marzaban étoit le chef: celuy-cy n'ofant pas
tenir la campagne devant Jezid , fe renferma dans, une de fes forterefies , où
ayant été forcé, Jezid lui fit couper la tête , auffi -bien qu'à un grand nombre
Jes principaux Officiers de l'armée des rebelles , fit pendre enfuite quatre mil
foldats des plus mutins, & donna à fes troupes le pillage de toute la province.
Voici ce que fit lezid , fils de Mahaleb , fous le règne de Soliman , fils d'Ab-
4almalek. Foyez ce qu'il fit depuis dans le titre d'Iezid Ben Abdalmalek.
JEZID Eddin, furnom de Houfl'ain Ben Ali. Foyez le titre de Thograi.
Rr i JEZIDI,
3i<5 J E Z I D r. I L.
JEZIDI, Auteur d'une traduftion d'Euclide. Voyez KcMqs, 6? Oclîdes.
I G T A R , petit paj^s compris dans l'Arménie. Salam , Ambafladeur du Kha-
life Vathek vers les pays Septentrionaux , pafla par ce paj^s pour joindre le
Roy d'Arménie, & de-là pénétrer jufquau pays d'iagiouge , ou des Hyperbo-
reens.
IGUR & Aigur , nom d'une Tribu des Turcs Orientaux , laquelle vint au
fecours d'Ogouzkhan , pendant qu'il foûtenoit une rude guerre contre fon père
& fes oncles, au fujet de fa Religion.
Ces Princes Idolâtres ne pouvoient fouffrir qn'Ogouz eût renoncé à leurs fu-
perititions pour profeiFer l'unité de Dieu ; ils l'attaquèrent de toutes leurs for-
ces pour ce fujct, & il auroit fuccombé à leurs efforts, fi des peuples voifins,
qui avoient embraffé fa nouvelle Religion , n'eulfent joint leurs troupes aux
ûennes.
Ogouz fortifié de ce fecours & encore plus de la protection de Dieu , fur-
monta tous ^es ennemis , & donna à ces troupes le nom d'Igur ou Aigur ,
qui fignifie, en la langue du pays, Défenfe, protection & alliance: Il en fit une
nouvelle milice, feparée & diftinfte de fes autres fujets , laquelle s'étant depuis
beaucoup multipliée , occupa cette partie du Tur^eflan qui confine avec le
Cathai.
La Nation ou la Tribu d'Igur a une langue qui lui efl commune avec les
Cathaiens, auffi bien qu'un Calendrier. Ils embralferent dans la liiite des tems
la Religion Chrétienne , car ils avoient des Evêques particuliers du tems de
Genghizkhan : mais ils ne l'ont point conferyée , & font aujourd'huy ou Ido-
lâtres, ou Mahometans. Voyez les titres de Giagathai 6f de Turkeflan.
Idi Koub ou Idegou, Roy du pa3\s d'Igur, fe foûmit à Genghizkhan & le re-
connut pour fon Souverain , après qu'il l'eut vu maître de toutes les autres na-
tions du Cathai & du Turkeiîan.
IHAGI, hom^me fort fpirituel & dévot, qui remit le Foëte Souzeni dans le
bon chemin. Voyez le titre de Souzeni.
IHIBA, c'cH le même qu'îba ou Ibas, Evèque de Mefopotamie , duquel
l'on peut voir un peu plus haut le titre.
I L , en Turc fignifie Pays , Province. Roum Ili , le Pays des Grecs ou des
Romains. Nous l'appelions vulgairement la Romelie ou la Romanie , & ce mot
fe prend, fouvent chez les Turcs pour l'Europe , de même qu'Andoli , qui figni-
fie proprement la Natolie , fe prend chez eux pour l'Afie en général.
Arnaud Ili, l'Albanie; Magiarlli, la Hongrie; Erdel Ili, la Tranfilvanie, &c.
Les Turcs ont un proverbe , dont, ils fe fervent , quand on leur demande des
nouvelles,, ^en répondant à celuy qui les interroge, Begler Sagler Hier amanler,
ks Scigncui-s fe portent bien & les provinces font en paLx : cela veut dire : Il
n'y a rien de nouveau;
Il , fignifie auffi en Turc l'année ; mais on l'écrit fouvent avec un double l.
Tlan II, l'année du Serpent. Pars II, l'année du Loup Cervier ou du Léopard.
Dongou^ II, Tannée du Porc. Taufchdn II, l'anncc du Lièvre, &c. Tous ces.
noms-
• I L A K. 317
noms s'appliquent aux années d'un Cycle particulier , que les Turcs Orientaux
ont dans leur Calendrier. Voyez le titre de Giaghet ïchagh.
ILAK, nom du quatrième fils de Turk fils de Japhet , auquel plufieurs
donnent auffi le nom de Foudath. Emir Khovand Ichah écrit qu'llak fe trou-
vant dans le pays nommé Silouk où il habitoit avec fon père , ik ayant apperçu
que la viande qui lui ctoit tombée des mains fur la terre où il maiigeoit, étoit
devenue plus lavoureufc, & que Teaa qui couloit près le même lieu étoit chau-
de, il en avertit fon père; & que par ce moyen l'ufagc du fel qui juiqu'alors
étoit inconnu dans les pays Septentrionaux, fut introduit.
Le même Auteur dit auffi que la nation des Turcs qui confine avec les Per-
fes, le Gihon entre deux, tire fon origine de cet Ilak , & que le même a
donné auffi fon nom à une Province du Turkellan, & à une ville du KhoraC-
fan , comme nous allons voir.
ILAK, nom d'un pays particulier duTurkeftan, qui eft contigu à la Pro-
vince de Schâfche. Sa principale ville nommée Tonkat , ou felOn quelques-
uns, Nobakht, cil fituce au pied d'une montagne appellée Schabali?h, fur une
rivière qui arroufc fes Jardins. Les Kabitans du pa3-s ont bâti un'^mur depuis
le pied de leur montagne jufqu'à la rivière de Schafche qui cil le Sihon , pour
arrêter les courfcs que les Turcs plus Septentrionaux qu'eux , pourroient faire
dans leur pays.
Le pays d'Ilâk a une rivière qui porte fon nom, & il comprend tout le ter-
roir qui ^tend depuis Tonkat jufqu'à Schafche en tirant dû Midy au Septen-
trion, de forte qu'il efl tout entier dans le fixième .climat , fous la longitude
de 89 degrez 10 minutes, & 43 degrez , 20 minutes de latitude Septentria-
nale, félon la fupputation d'Aboulfeda; mais félon le calcul de Naffi-reddin &
d'UIugh Bagh. .Toncat eil fituée k loi degrez de longitude, & à 43 degrez, 25
minutes de latitude.
Al Bei-gendi écrit que le pays- d'Ilàk eil félon tjuelques-uns , des dépendaji-
ces de la ville de Bokharah, & félon ies autres, de celle de Schafche, & qu'il
eft fitué dans le cinquième climat.
ILAK, Ville des dépendances de celle de Nifchabour, une des quatre capi-
tales de la grande Province de Khorauan, félon A! iîcrgendi , qui lui donne
auffi le "nom d'Ilaki : c'efl: peut-être une colonie de Turcs qui ayant paflc le
Gihon, fe font établis en ces quartiers-là, comme ils ont fait plufieurs fois dans
le même pays.
ILAK, & Jalak, Ville de Nubie fituée. entre deux bras du Nil. Elle eft
difl:ante de Galovah , de dix journées , & l'on en compte trente jufqu a Mar-
cathah en Ethiopie. Les habicans de cette ville qui a un Prince particulier,
font leur commerce avec l'Egypte, par le. Nil qu'ils defcendent jufqu'à la
montagne tle Gcnadel où efl:- la grande catarafte de ce fleuve: c'efl en ce lieu
qu'ils font obligez de décharger leurs marchandifes , & de les faire porcer par
terre jufqu'à Afovân qui efl; l'ancienne ville de Syene fituée auffi fur le Nil.-
Le Prince d'ialak qui étend fa jurifdiflion dans toute .l'iOe que le Nil en--
fenne dans fes dsux bras , rcconnoît cependant pour Souvcraui le Roy do
Rr 3 Nubie 5;
jr8 TLA L. I L A R S L A N.
Nubie, dont les Etats ont une grande étendue, & font entièrement indépendants
du Negoufcho ou Negiafchi , Empereur d'Ethiopie, f^oyez Allaki âf Ollaki.
IL AL, Château très-fort fitué dans le Mazanderân, où la mère de Moham-
med Khovarezm-Schah fe retira avec tous l'es trefors qu'elle avoit fauves de la
déroute de fon fils pourfuivi par Genghizkhan. Ce Château fut contraint de fe
rendre, faute d'eau, aux Tartai-es qui l'aflîegeoient.
ILAMESCH Al Hanefi, Auteur du livre intitulé OJfoul aldin ou eddîn^ les
Fondcmens de la loy , Ouvrage appuyé fur les principes du Doftèur Abott
Hanifah , un des quatre chefs des fe6les Orthodoxes du Mufulmanifme.
ILAN; ce mot fignifie en Turc un Serpent. Ok Ilan, un Serpent flèche',
c'eft-à-dire, dans la même langue un Serpent volant, ou un Scorpion volant:
il s'eft vu de ces fortes d'infeéles dans la Chaldée , &: dans l'Arabie , lorfque
quelque vent les y a portés d'Afrique où ils s'engendrent.
Il Ilan ou Ilan II , l'année du Serpent , fignifie auffi chez les Turcs Orien-
taux le fixième Tchagh du Cycle de douze ans qui eft en ufage parmi eux auffi-
bien que chez les Cathaiens qui appellent en leur langue cette même année
Siz, & les Perfans Màr, mots qui fignifîent tous un ferpent.
Les Hifloriens Orientaux marquent fouvent leurs époques du caraâere des
années de ce Cycle, lors qu'ils traitent principalement des faits qui regardent
l'expédition des Mogols ou Tartares fous Genghizkhan , & fcs fuccefleurs , dans
leur propre langue. - ^
IL ARSLAN, troifième Sultan de la dynaftie des Khovarezmiens , étoit fils
aîné d'Atfiz. Il avoit un cadet nommé Soliman-fchah , qui voulut lui difputer
la couronne ; en effet ce Prince s'empara d'une partie des Etats de fon père ;
mais Il-Arflan ne lui donna pas le tems de fortifier fon parti, il le furprit, &
le tint prifonnier pendant tout le tems de fon règne qui ne dura que fept ans.
Il Arflan ne laifTa pas de 'faire pendant un règne aufli court de fort grandes
conquêtes, foit dans les Provinces Tranlbxanes au-delà du Gihon, foit dans le
Khorafian, ce qui fit que l'Etat des Khovarezmiens commença de fon tems à
devenir fort confiderable , les affaires des Selgiucides allant toujours en décli-
nant, & celles des Khovarezmiens prenant une telle vigueur, qu'il étoit aifé de
juger que ces Princes venoient prendre la place des autres dans l'Afie.
Ce Sultan mourut l'an de l'Hcgire 547 ou S57^-> car les Hifloriens font par-
ta<Tez fur ce point, & laiflli pour fuccelTeur Solthân Schah fon fils.
Khondemir, dont le calcul des années du règne des Khovarezmiens ne s'ac-
corde pas avec celui des autres Hifloriens , écrit qu'Atfiz étant mort dans la
vallée nommée Khabou - Schân , une des plus belles de toute l'Afie, Il-Arflan
fon fils lui fucceda l'an de l'Hegire 551.
L'Auteur du Nighiariftan rapporte un fait remarquable touchant la mort
d'Atûz, & le commencement du règne d'il Arflan fon fils. Il dit que quelque
tems avant qu'Atziz mourut , pendant que fes amis l'entretenoient au chevet
de fon lit , ce Sultan entendant la voix d'un homme qui lifoit, impofa aufli-tôt
filence à ceux qui parloient, & leur recommanda de prêter l'oreille attentive-
ment à ce qui fe lifoit. On entendit alors fort intelligiblement ces paroles
de
I L D I R I M. — I L E K. 3ip
de l'Alcoran : Uma tedri nefs beat temout, Perfonne ne fçait en quel lieu il
doit mourir.
L'on dit que ces paroles firent une fi grande impreffion fiir fian efprit, qu'il
ne fongca plus dès lors qu'à fa mort; & qu'il déclara en même tems pour fuc-
cefTeur fon fils aîné nommé Il-Arflan , duquel nous parlons. Ce Prince mourut
l'an de l'Hegire 558, &. laifla fa couronne à Soltan fchah fon fils, comme nous
avons déjà vu cy defTus.
Le mot d'il qui eft; prcpofé à celui d'Ardan dans le nom de ce Sultan , fîgni-
fie en langue Khovarezmienne Fort & Vaillant. Nous le trouverons encore
dans les noms de plufieurs autres Princes. Quelques-uns veulent que ce mot
fbit Mogolien ou Tartare. Foyez plus bas II khân, & Ilek khan.
ILDIRIM, le Foudre en Langue Turque. Bajazet premier du nom, Sultan
des Turcs Othomanides ou Othomans , porta ce furnom. Foyez k titre de
ce Sultan..
ILDIZ, fignifie en langue Turque une Etoile. Atilan Ildiz, étoile jettée.
Les Turcs appellent ainfi ces feux qui femblent être autant d'étoiles qui chan--
gent de place dans le firmament pendant les grandes chaleurs de l'été. Les
plus fimples d'entre les Mufulmans croyent que ce font autant de foudres que
les Anges lancent contre les Démons qui veulent s'approcher du ciel d'où ils
ont été chaffez.
Ildiz eft âufli le nom d'un des principaux Efclaves Turcs affranchis par She-
habeddin Sultan des Gauridcs, lequel s'empara après la mort de fon maître, des
Provinces de Kermân, & de Sourân , & même de la viUe royale de Gaznah"
où il régna quelque tems: mais il fut enfin détrôné par Iletmifche , duquel il
fera parlé un peu plus bas.
Cet Ildiz portoit le furnom de Tàgeddin; il étendit fes Etats jufqu'au pays
de Sind fur le fleuve Indus, car les Provinces de Kerman ou Caramanie Per-
fienne , & de Souran , font cenfées appartenir à l'Indoftan , félon le fcntiment
de quelques Géographes.
ILEK Khan, fils de Cara Khan, Roy du Turkefi:an, fit long-tems la guerre
à Nouh ou Noé fils de Manfor, feptième Sultan de la dynaflie des Samanides.
Il remporta plufieurs viftoires fur lui, & donna enfuite beaucoup de peine à'
Manfor fécond, fon fuccefl^'eur.
Abdalraalek, fucceffeur de Manfor, ayant été défait par Mahmoud, fils de Se--
bekteghin, implora le fecours d'Ilek khan. Ce Prince le lui accorda, & partit
de Cafchgar avec une puilfante armée; mais au lieu d'aller chercher les ennemis
du Sultan, il vint droit à Bokharah, fîege Royal des Sultans Samanides, & obli-
gea Abdalmalek de fe livrer luy-même entre fes mains.
Ilek khan n'eut pas plutôt ce Sultan en fa puifiance , qu'il l'envoya prifon-
nier à Dizghend, place forte, qui eft fort avant dans le Turkeftan , mettant
fin par cette lâche aftion à la dynaftie des Samanides.
Ilek khan fut cependant puni de fa perfidie. Car il ne jouit pas long-tems
dii KhorafTan, & fut défait en bîitaille rangée par Mahmoud.
Il y a eu encore un autre Ilek khan du tems de Tamerlan dont le fiege
royal ctoit à Marghinân ville du Maovaralnahar , ou de la Tranfoxane. L'on
pour-
320 I L E T M I s C H E. — - I L I A;
pourroit aifémenf fe perfuader que le nom d'Ilek khan feroit le même que ce-
lui d'Ilkhan prononcé un peu plus fortement ; cependant ces deux mots font
toujours fort diftinguez dans les 'Auteurs Orientaux.
royez le titre de Mahmoud ^ fils de Scbekteghin , touchant Ilek khan fils de
Cara khan.
ILETMISCHE, nom propre de Schamfeddin, Fondateur d'une nouvelle
dynaflie dans *le Royaume de Delli aux Indes , où refide aujourd'huy ce puif-
funt Prince, que nous appelions le grand Mogol.
Quelques Hilloricns veulent qu'il ait été du nombre de ces efclaves Turcs
que Schehab eddin, quatrième Sultan de la dynaflie dès Gctourides , avoit fait
élever. Ces efclaves , comme l'on a déjà vu dans le titre d'IIdiz , & comme
l'on peut voir plus amplement dans celui de ce Sultan , s'emparèrent auflî-tôt
après fa mort de la plupart des Royaumes qui relevoient de fon Empire,
parce qu'il n'avoit point lailfé d'enfans.
D'autres Auteurs écrivent qu'Iletmifche avoit été efclave de Cothbeddin Ibek
qui avoit été luy-même Efclave du même Sultan. Ce qu'il y a de plus cer-
tain, efl que cet Affranchi fe rendit maître du Royaume de Dehcli ou Delli
dans l'Indoftan , après en avoir chaffé Aramfchah qui y regnoit paifiblement
& qu'il dépouilla enfuite Naffireddin du Royaume de Multân dans ïq^ mê-
mes Indes.
On dit cependant qu'il régna 16 ans, avec beaucoup de prudence & de jufti-
ce, ayant pour Vizir Mohammed Aboufaâd furnommé Nezdm al molle, homme
fàge , & fçavant , auquel le livre intitulé Giamê al hekaiât , qui elt un ample
recueil de différentes hifloires , a été dcdié. Iletraifche mourut fan de l'He-
gire 633, de J. C. 1235, félon Khondemir.
ILGAR, nom propre d'un Turc que l'on appeîloit ordinairement Khovageh
Ilgar , Maître llgâr. Ce Turc a donné fon nom à une Bourgade qui eft des
dépendances de la ville de Schafche au pays de de-là le Gihon.
Cette bourgade appellée Kiriac Khovageh Ilgar, eft le Heu natal de Taraer-
lan Mefcath ras Timur dit Ben Arabfchiah, c'cft-à-dire proprement le lieu où
tomba cet avorton.
Cependant ce mot Ilgar fignihe en Turc, ancien & moderne, une incurfion
militaire, une irruption de troupes dans le pays enncmy.
ILIA, & Eilia, nom que portoit encore la ville de Hierufalera au com.men-
ccment du Mahomctifme, depuis que l'Empereur Hadrien lui eut donné le nom
é'/Elia Capitolina, après l'avoir réduite en village. Le nom à'JElia lui demeura
chez les Grecs & chez les Romains en mémoire de cet Empereur , dont le nom
propre étoit /Eîius.
L'Alcoran dans le chapitre fécond, fait parler Dieu aux Juifs en cette ma-
nière : Entrez dam cette ville. Houffain Vaez paraphrafe ainfi ce paffage : En-
trez dans cette ville d'Eilia qui eft Hierufalem, ou dans celle d'Ariha, qui eft
Jéricho, appellée autrement la ville des Géants.
Les Hiftoriens Arabes qui ont écrit la vie des Khahfes , difent tous unani-
mement qu'Omar le fécond Khalife des Mufulmans ayant pris la ville d'Eilia
par compoûtion l'an :de l'Hegire 16 & de J. C, 637, promit aux Chrétiens que
leur.-î
I L I A. 3„
leurs Eglifes ne feroicnt ni fermées, ni démolies; & qu'il ne vdulut pas mc-ni'
y entrer de -peur que les Miifulmans ne s'en emparalll-nt fous prétexte qu- leur
Khalife en auroit pris polfeflioii en y faifant fa prière, & en'àn qu'il fic'^coi.
ftruire une Mofquée au lieu où le Temple de Salomon avoit été autrefois bâti.
f^oyez le titre de Cods.
Affadi Poète Perfien fait un étrange anachronifme , lorfqu'il dit que la ville
de Hierufalera que l'on appelle prefentemcnt, Beit almocaddes, la Maifon fain-
te , à caufe de fon temple , portoit du tems de Zohak, un des plus anciens
Roys de Perfe ou de l'Orient , que quelques-uns veulent avoir été le même
que Nembrod, le nom d'Eilia.
ILIA, & quelquefois Ili. Le Prophète Elie que les Mufulmans croyent être
le même que Khedher ou Khizir, comme les Turcs, & les Perlàns prononcent
ce mot. Ce nom de Kheder qui fignifie en Arabe Verdoj-ant, a été donné à
Elie, à caufe de la durée immortelle de fa vie qui le maintient toujours dans
un état floriflant au milieu d'un Paradis ou Jardin élevé , que l'on pourroit
prendre pour le ciel même.
C'cft ce qui fait dire à un Poëte Turc ces paroles dignes .d'un Chrétien:
Gardez-vous bien de croire que la terre foit vôtre domicile , vôtre véritable
demeure n'ell autre que le ciel. Efforcez-vous d'arriver par vôtre vertu oij
ell Elie; car c'efl dans ce Jardin élevé que vôtre place efl marquée,
Plufieurs Juifs ont cru qu'Elie étoit le même que Phinees , fils d'Eleazar &
petit-fils d'Aaron, à caule peut-être du grand zèle que l'un & l'autre ont fait
paroître pour le culte du vrai Dieu. Cette opinion des Juifs, fondée fur l'er-
reur de la metempfychofe , a été embrafîce par les Mahometans , & même par
quelques Chrétiens Orientaux.
Les Mufulmans avancent auffi qu'Elie fut envoyé de Dieu pour prêcher l'u-
nité de Dieu aux habitans de Baalbék, que quelques-uns croyent être l'ancienne
ville de Palmyre , & pour leur faire abandonner le culte de l'idole de Baal ,
duquel leur ville a tiré fon nom.
Les Mages de Perfe prétendent que Zoroaftre leur Prophète a été un des
difciples d'Elie, ou au moins que leurs ancêtres ont été inflruits par les difci-
ples des deux Prophètes Elie & EHfée. La fiftion- de cette' fable tire fon ori-
gine de ce que le Prophète Elie fit tomber plufieurs fuis le feu du ciel, &
de ce qu'il fut enlevé auffi dans un chariot de feu, élément que les Zorouftriens
font le principal objet de leur culte.
Les Mufulmans ont auffi une tradition qu'ils ont prife apparemment des
Chrétiens , à fçavoir qu'Elie doit paroître h la confommation des fieclcs ; mais
ils 'y ajoutent que lui ou quelqu'un de fa race attend dans une certaine
montagne le fécond avènement de Jesus-Christ. Foyez le titre de Zctib
Bar Elia.
La Fontaine d'Elie, ou d^immortalité que le grand Monarque nommé Dhou!-
carnein chercha en vam , ell fort fameufe dans tous les Romanç de l'Orient;
c'efl d'où les nôtres ont pris la fontaine de jouvence dont l'eau produit le
même eff^et que celle d'Elie. Foyez le titre d'Ab Haiat.
Les Hifl;oriens de Perfe font vivre les deux Prophètes Elie & Elifée au tems
que Caicobad, premier Roy deja dynaftie des Caianides, regnoit en Perfe.
.Tome II. S s ÎLKHAN,
322 I L K H A N.
IL KHAl!>f, dernier Roy des Mogols de la race d'Ogouz-Khan. Il étoit
fils de Menkeli où Mtngheli khan.
Ce fut du tems de ce Prince que Tour, fils de Feridoun Roy de Perfe, qui,
avoit eu de fon père pour partage le Maovaral nahar qui cil le pays au de-là.
du Gihon, entreprit la conquête du Tuikcftan. Pour accomplir ioa dellein,
il lui fallut faire la guerre à Ilkhan qui en poiîedoit la plus grande partie ; mais
il trouva tant de refiltance de ce côté-là, qu'il tut obligé de s'aliier avec Sou-
nege, dernier Roy de la race de Tatar, lequel pouffé par une ancienne jaloufie
qui avoit toujours duré entre les deux nations des Mogols , & des Tarti-ires ,.
joignit toutes fes forces à celles de Tour
Le Perfan fortifié d'un fi puiiTant fecours, pénétra jufqu'au milieu des Etats
d'Ilkhan , oij lui ayant livré bataille, les deux aimées combattirent avec tant
d'opiniâtreté , & avec un fi heureux fuccez pour les Pcrfans que de toute
cette grande armée d' ilkhan où toute la nation des Mogols combattit fous lui,
il n'y eut que Kian fils d'ilkhan, & un de fes coufins, nommé- Tegouz, avec
leurs femmes , qui purent fauver leurs vies.
Ces quatre perfonnes feules s'étant cachées le jour parmi les morts, prirent
des- chevaux pendant la nuit, & gagnant les détroits des montagnes, fe mirent
en pleine feureté.
Si nous en voulons croire l'hifloire des Mogols , ces quatre fugitifs ne fça-
chant quel chemin prendre , s'enfoncèrent fi avant dans ces montagnes , qu'ils
n'en purent trouver aucune iffue, de forte qu'après avoir erré long-tems dans
les détours de leurs vallons , ils prirent la refolution de grimper fur la crouppe
de celle qui leur parut la plus facile à gagner , & ils n'y furent pas plutôt
arrivez , qu'une campagne delicieufe , couppée par plufieurs ruiffeaux & plantée
de toutes fortes d'arbres fruitiers, fe prefenta à leurs yeux, & leur caufa une
furprife bien agréable. Ce fut-îà qu'ils fe délafferent à loifir de toutes leurs
fatigues, & où ils refolurent de fixer leur demeure.
Sur cette montagne nommée Erkené Koun, qui efl la plus haute, & la plus
renommée de tout le MoguHftan, Kiin & Tegouz établirent leur petite colo-
nie , laquelle s'augmenta ii fort par la fucceflion des tems , que les hommes ,
& leurs troupeaux s'étant multipliez prefque à l'infini , il fallut que ce peuple
fortît d'un lieu qui n'étoit plus ni capable de les nourrir, ni, pour ainfî dire,
de les contenir. Cette necefîité les obligea d'entreprendre une irruption dans
leur ancien pays, & elle leur reùffit fi heureufement, qu'ils s'en rendirent en=
tierement les maîtres en fort peu de tems.
C'efl une tradition conftante parmi les Mogols que ceux qui font defcendus
de la race de Kiân , furent furnommez Kiàt , & que la pofterité de Tegouz .
fut nommée Derlighin.
IT^KïIAN, & Ilkhani , furnom de plufieurs Sultans & Princes qui font
nommez Ilklianiens , à caufe qu'ils font fortis d'une flimille dont le plus ancien ,
qui eîl comme la fouche de tous les autres, portoit le nom d'Argoun, & étoit
fi!s d'Abufai.i, Empereur des Mogols de la race de Genghizkhan.
Un des defcendans de cet Argoun eut un fils nommé Haffan Nuiàn Ilekhani,
que l'on furnomme encore HalPan Ruzruk, Halfan le Grand, pour le diftinguer
de Haffan Kuj;iuk, ou I TafTan le Petit, qui fut <chef de la fimiille ou dynafbie
des Gioubaniens, ou Tchobanicns. .
Haffan
I L M I N G E'. I M A M. 323
Haffan Buzruk fut le premier Sultan de la dynaflie des Illdianiens, & vemz
vingt ans, lailHint pour fuccçffeur Sultan Avis fon fils qui Ci; régna dix-neuu
Sultan Avis ou Vois eut deuxenfans, dont l'aîné nommé Sult;iu l'ouHainno
régna que huit ans, & fut dépolfedé par fon frère nommé Sultan Ahmed Ben
Avis, lequel en régna vingt-neuf, & fut enfin dépouillé par Tamerlan.
Ces quatre Princes ont régné fucccffivemcnt environ 75 ans depuis l'an de
THegire 737, qui eft de J. C. 1336, jufqu'en l'an de l'Hegire 813, de J. C. 1410.
Ahmed Ben Arabfchah .décrit en la manière fui vante la généalogie d'Ahmed
Ben Avis. Il dit que le Schcik Avis étoit fils de HalTan , qui clt cependant
obmis dans le texte imprimé de cet Auteur, que HalTan étoit fils de Houfiain,
celuy-ci d'Ac Boga fils d'Idkan , & qu'Idkan defccndoit de Scherfeddin Scbth
Alcan ou Ilkhan Argoun , fils d'Aboufaid, duquel on a déjà fait mcnticn.
Ces Ilkhaniens ont régné dans Bagdet , & dans l'Adherbigian , comme l'on
peut voir dans les titres d'Avis & d'Ahmed Ben Avis : cependant il y a quel-
ques Auteurs qui donnent le nom d'Ilkhan aux Etats que ces Sultans polfe-
doient.
Zig Ilkhani, Tables Ilkhaniennes. Ce font les Tables Aftronomiques de Naffi-
reddin Al Thouflî, compofées par la faveur, & fous la proteflion de Hoiagu
Empereur des Mogols, lequel a ^Dorté le premier ce titre d'Ilkhan. Les Ilkha-
niens dont on a parlé, prétendoient defcendre en ligne direfte de Hoiagu, par
Abufaid fon petit-fils.
ILMINGE' Khan,' nom du fils aîné de Turk fils de Japliet. Il fucceda
h. fon père dans l'Empire des Turcs Orientaux qui habitèrent les Provinces
Tranfoxanes, immédiatement après le déluge.
Il gouverna fes peuples félon les loix qu'il avoit reçues de fon père, & de
fon ayeul; il y en ajouta cependant encore d'autres qui firent fleurir fes Etats
par la juftice qu'il y faifoit rendre, & par la police qu'il y avoit établie.
Toutes ces loix mifes enfemble font ce que les Mogols & 7'artares ont ap-
pelle Jajpi, loix fondamentales de la Religion & de l'Etat qu'ils ont toujours
obfervées jufqu'à ce qu'ils ont embrafie le Mahometifmé.
Dib Bacovi khan, fils aîné d'IIminge, fucceda à fon père qui véquit jnfquà
une extrême vieilIeiTe,
ïLOUL, nom d'un mois* du Calendrier des Syriens, ou Syromaccdoniens ,■
qui correfpond à une partie des mois dAoùt & de Septembre. La fête nom-
mée Aid al Salib qui efl l'Exaltation de la fainte Croix que nous célébrons le
quatorzième Septembre , tombe fur le 13 jour de ce mois-là.
IMAM, fignifie proprement en Arabe, ce que les Latins appellent Antijîes ^
celuy qui précède, & qui marche devant les autres. Cette lignification eft gé-
nérale; mais les Mufulmans appliquent en particulier ce mot à celui qui efl; à
la tête de leur afl^emblée dans les Mofquées , & par excellence à celui qui eft
reconnu pour le chef fouverain du Mufulmanifme tant au fpirituel qu'au tem-
.porel. Il y a cependant des Imams particuliers dans les villes qui tiennent la
place de ce premier Imam; mais quant au fpirituel feulement: car ce font les
Gouverneurs & les OfBciers du Prince qui ont toute l'autorité temporelle , &
pour ainfi parler, le bras feculier.
Ss t Lorf-
324 ï ^ -^ ^^*
Loi-fque l'on parle abfolumcnt de ITmam-de la Religion Mahometane, l'on-
entend toujours le véritable & le légitime lucceiïcur de Mahornet, lequel poflc.
de , en fa pcrfonne , la fource de Tune & de Tautre Junfdiclion ; parce que
toute Tautorité, Toit dans la Religion, ibit dans l'Etat , rcfide en fli feule per^
fonne ce qui fait dire aux Mufulmans , que leur faux Prophète étoit un Lé-
eiflateur formé fur le modèle de AIo3'fe, & non pas fiu* celui du Meffîe , qui
a déclaré que fon Royaume n'étoit pas de ce monde.
Les Khalifes prenoient donc le titre dlmam & en faifoient les fondions, de
forte que le Khalife A'mamon entrant un jour à la Mofquéc, trouva fort mau-
vais qu'un particulier fît faire la prière publique , & regarda cette adion com-
me un attentat fur fon autorité. On parlera encore de ce fait un peu plus bas.
Moftafi ou Mollacfi, un de fes fuccelFeurs, prit le titre d'Imam al hak, c'elt-
à-dire, de fcul véritable & légitime Imam, & le fit même graver fur fes mon-
noyes.
Les Mahometans ne font pas d'accord entr eux fur l'Imamat , qui ell la di-
o-nité d'Imam. Les uns le croyent de droit divin, & attaché à une feule fimil-
fc comme le Pontificat d'Aaron ; les autres foûtiennent d'un côté qu'il eu. de
droit divin , mais de l'autre ils ne le croyent pas tellement attaché à une fa-
mille, qu'il ne puiffe palîer dans une autre, tS;: ils avancent de plus, que l'L
mam devant être félon eux , exempt non feulement des péchez griefs comme
rinfiielité , mais encore des autres moins énormes , il peut être dépofé s'il y^
tombe , & la -dignité transférée à. un autre. Ce fentimcnt a fait naître parmi
les Chrétiens une des principales hércfies de Wiclef.
Quoy qu'il en foit de cette queftion , il ell confiant parmi ceux qui paiTent:
pour Orthodoxes dans le Mufulmanifme , qu'après qu'un Imam a été re-connu
pour tel par les Mufulmans , celui qui nie que fon autorité vienne immédiate-
ment de Dieu , efl un impie , celuy qui ne lui obéît pas , ell un rebelle , &
celui qui s'ingère de lui contredire, doit pafler pour un ignorant, félon la dé-
cifion authentique qui en a été faite pai- le Dofteur Sahal Ben Abdallah.
Les Schiâites ou Schiites , feélateurs d'Ali , quoy qu'ils ne conviennent pas
entr'eux de la fuccefîian des Imams en particulier , s'accordent néanmoins tous
à vendiq^ier ce droit à la famille d'Ali, préférablcment à toute autre, droit qu'ils
difent lui appartenir par fucccflîon, Ali ayant été le feul immédiat & •néccflliire.-
héritier de Mahomet, Cette opinion des Schiites fait qu'ils refuient de recon-
uoître aucun pour légitime chef de la loy -Mufulmâne, qu'il ne prouve «fa def-
cendance direéte & mafculine de ce premier Imam.
Ils paffent encore bien plus avant ; car ils Ibûciennent que le principal point-
de leur Religion, qui ell comme le fondement de tous les autres, confille dana.
la foy, & dans la foûmiilîon entière & parfaite que- l'on doit avoir en toutes
ckoles à cet Imam : d'où vient i]uc dans la feclc des Carmathcs , qui eft un rc-
jctton de celle d'Ali, tous les points capitaux du Muiulmanifme , tels que font,
les cinq prières par jour, l'aumône Ou dixme , le pèlerinage & tous les autres
préceptes de la loy , ne font que des allégories & des figures de l'obéiifance.
dûë à l'Imam ou Chef de leur fefte.
Ceux d'entre les Mufulmans qui ne fc foûmettent pas à l'Imam légitime &. .
reconnu,, font appeliez Khaovarege ou Kharegiens , mot qui fignifie des gens
fortis de l'obciHance , & regardez par les autres comme d^s rebelles & des rc-.
voltez , auxquels' on efl obligé de faire la guerre. 11^ y en a eu de. plufieurs.
fortes 1
I M A M.: 3-2^
fortes , & en grand nombre qui ont donné beaucoup de peine dans la fuite
des tcms aux Khalifes.
Les premiers le révoltèrent contre Ali/qui les diilipa en fort peu de tems:
mais les Carmathes qui ont fuivi , paffcnt pour les pkis pernicieux de tous les
Kharegiens, parce qu'ils ne croyoicnt pas que l'Imamat ou la Dignité de chef
des Mullilmans, fût attachée h uiie nation particuliài-c , comme à, celle des Ara-
bes', bien moins encore à une famille comme à celle d'Ah'. , f-^oyez le titre de
Carmathes.
Abou Mollem , qui fit paffer le Khalifat de la race d'Ommiah en celle
d'Abbas, fut l'Auteur d'une nouvelle feéle, qui fut nommée par les Arabes Al
Tenaiîlikhiat al holûliat, h caufe qu'il croyoit ou feignoit de croire que l'Ima-
mat avoit paflë de la perfonnc d'Ali, en colle de HaUan fon fils aîné, de Haf-
fan à riouifain" fon fécond fils, de celui-cy à Mohamned, autre fils d'Ali, qui
n'étoit pas iifu de Fathimah , fille de Mahomet , fa première femme , mais de
la féconde nommée Hanifih ; de Mahomet , fils de Hanifal| , l'Imamat étoit
djfcenilu par fuccellion k fon lils Abou Hafchem, & que de celuy-cy l'Imamat
avoit fait un faut dans la famille dAbbas , comme par une efpèce de transfu-
fi:)n ou metempfychofe, ce quefignifie le mot Arabe Tenalfukhiah : mais cette
Ode n'ayant été inventée que pour appuyer le droit des Abbalîîdes , plufieurs
Khalifes de cette famille, quoyque fort proches parcns d'Ali, ne lailferent pas
d'avoir de grands fcrupules fur cette ufurpation , jufiues-!à que quelques-uns
d'entr'eux voulurent s'abdiquer eux - mêmes , & déclarer les Alides pour leurs
fucceflTeurs, au préjudice même de leurs propres enfans , & remettre ainfi je Kha-
lifat dans la famille d'Ali, l'oyez les titres de Mamon âf de Ridha,
Les douze Imams dont la fucceflîon ell certaine , félon la doctrine des Per-
fans , font Ali & Hafi;an , fon fils aîné, qui ont été tous deux Khalifes. Le
troiûème Imam eil Houffain , fécond fils d'Ali, &c.
Ces douze Imams font trop célèbres parmy les Mufulmans, & fur -tout chez
les Perfans , qui mettent leurs noms fur leur monnoye , pour n'en pas donner
ici le Catalogue entier.
Les douze Imams après Mahomet , que les Perfans révèrent avec tant de fu-
perftition, font dans l'ordre qui fuit.
Le I. Ali, coufin-germain & paternel de Mahomet, dont il époufa la fille
nommée Fathimah, & fut le quatrième Khalife.
Le 2. Haifan, fils aîné d'Ali, & cinquième Khalife qui s'abdiqua.
Le 3. Houffain, fils puîné d'Ali, tué en la journée de Kerbelah.
Le 4. Ali , furnommé Zin alàbcdin, fils aîné de HoulTain.
Le 5. Mohammed Baker, fils de Zin alàbcdin.
Le 6. Giâfar Sadik, fils de Mohammed Baker. -
Le 7. Mouffi Al Kiadhem , fils de Giàfar.
Le 8. Ali Ridha, fils- de Mouffa.
Le 9. Abou Giaff'ar Mohamiffcd, fils d'Ali Ridha, furnommé Al Giaovâd,
Le 10. Ali Askeri, fils d'Abou Giâfar, furnommé Al Zek.
Le II. Haflan Askeri, fils d'Ali Askeri.
Le douzième & le dernier, Mohammed furnommé Mahadî , c'eil - à - dire , le-"
Directeur & le Conducteur, que les Perfans prétendent être encore vivant, &
devoir, paroître avec le Prophète Elle au fécond avènement de Jésus -Chrîst,..
Sç être l'un des deux témoins dont il ell parlé dans l'Apocalypfe. Fuyez .es
■ S s 3 titres
325 IMAM.
titres de ces Imams, chacun en particulier. Ebn Al Sabbdgh a écrit leurs vies
fort au long.
Les Imams particuliers de chaque Mofquée font , comme l'on diroit parmi
nous des Curez ou Officiants, qui commencent les prières publiques & qui.
font une efpèce de prône, que les Mufulmans appellent Khotbah , oans lequel
on prie pour le Prince, &c. f^oyez ce titre. ^
Une des fonétions principales du Khalife étoit de faire celle d'Imam tous les
Vendredis dans la principale Mofquée du lieu de fa réfidence , & lors qu'il ne
le pouvoit faire , il déleguoit quelque Officier en fa place : mais s'il n'avoit
délégué perfonne, le plus digne des affiftans s'acquittoit de cette charge.
L'Tiiftoire des Abbaffîdes, où le Tarikh al Abbas de Tcharbaftani rapporte,
que le Khalife Al Mamon étant allé fur le foir à la Mofquée dans Bagdet , il
trouva que la prière étoit déjà commencée , & qu'un particulier avoit pris fa
place & fait la fonftion d'Imam; en forte que lui, au lieu d'être ce jour -là
rimam , tel qu'il ^toit par fa dignité de Khalife., fe trouva être Mamoum,c'eft-
à-dire, obligé à fuivre comme tous les autres la voix de ce particulier.
Il fut fi fort piqué de cette rencontre , qu'il fit appeller le lendemain celui
qui avoit fait la fonftion d'Imâm ; & enfin , après plùfieurs difcours qu'il lui
tint , il s'emporta contre lui & lui dit , qu'il voyoit bien que fon intention
avoit été de fe faire un mérite envers ceux de Bagdet, & de le décrier au-
près d'eux.
Ce perfonnage lui répondit d'un ton ferme & fans crainte: J'ai grande com-
paffion pour vous, Seigneur, à caufe de ceux qui font ici préfens, & qui vo-
yent pour quel fujet vous m'avez fait venir icy ; & d'ailleurs , j'ai beaucoup
de honte de voir où aboutit toute nôtre difpute , & voilà comme fe termina
l'afi'aire d'entre le Khalife & ce perfonnage.
Il y a plufieurs Auteurs qui ont porté le titre & la qualité d'Imam, ou par-
ce qu'ils ont exercé cette charge , ou parce qu'ils ont excellé en doélrine , ou
en pieté au-defilis des autres,
Aboulmaali Abdalmalek Ben Abdallah, Auteur d'un livre intitulé Telklns, qui
eft une revifion ou correftion de l'ouvrage de Cazuini, intitulé Erfchàd fi ôla-
ma al beladj cet Auteur, dis-je , eft pour l'ordinaire cité fous le nom d'Imam
al Haramein, parce qu'il avoit été Imam dans les deux temples de la Mecque
& de Medine , qui font qualifiez Haram , mot qui figni fie iacré. Ce Do6leur
mourut l'an 47S ou 487 de l'IIegire.
Mohieddin, furnommé Thabari, porte le titre d'Imâm mekâm Ibrahim, c'efl-
à-dire, l'Imam de l'Oratoire d'Abraham qui eft à la Mecque.
Imam al adab , l'Imam des bonnes mœurs. Titre qui a été donné à Ebn
Nobatah , Auteur de plufieurs difcours moraux qui font fort eftimez par les Mu-
fulmans.
Imam al hoda , l'Imam de la direftion ou de la conduite, fpirituelle. Titre
donné'à Samarcandi , un des plus célèbres Do6l!èurs du Mufulmanifme. l^oyez
auJTi le titre ^'Abou Manfor ni Matridi.
Imam Zadeh Al Bokhari, le fils de l'Imam de Bokharah. C'eft le même que
Ferideddin Mohammed Ben Aboubeker , Auteur de deux ouvrages fur la loy
Mufulmane , dont le premier a pour titre Ocoud al dcaid, & le fécond Scherâat
al ijlam. On les trouve tous deux daias la Bibliothèque àa Roy, n ,. 624.
IMAN,
I M A N. I N G I U. §2j,
IMAN, h Foy. La plupart de nos Auteurs qui parient du Mahometirme,
confondent ce mot avec le précèdent. Les Mufulmans difent qu'il y a deux
fortes de foj-, la fpeculative , qui eft le fujet de leur Théologie Scholafliquc;
& la pratique, qui comprend leur morale & leur Jurifprudcnce. L'on parlera
ailleurs de h foy des Mufulmans.
IMLAK, c'eft le même qu'Ilak, fils de Turk & petit-fils de Japhet. ra-
yez Ilak.
INABAADI & Ainabaadi , furnom d'Aboubecr Mohammct Ben Mondh
A'a..iabaadi, Auteur d'un abrégé du livre intitulé Ekhtdâf al oiama , qui mou-
rut l'an 319 de l'Hegire.
INAL, nom propre du douzième Sultan de la féconde dyrigftie des Mnmlucs,
furnoinmez Borgites ou Circaffiens. Il prit le titre de Malek Al Afchraf , &
régna huit ans & deux mois , après la dépofition de Malek Almanfor Othman
fon prédecefleur.
Ce Sultan , quoy qu'âgé de près de quatre-vingt ans , lorfqu'il fut mis fur
le trône , étoit û ignorant , qu'il ne fçavoit pas même écrire fon nom fur les
lettres patentes , ce qui donna occafion au Khalife Caiem Bemrillah & à quel-
ques autres de murmurer contre lui.
Inai ayant appris ces murmures , dépoffeda le Khalifa , fous prétexte d'une
conjuration qu'il fomentoit contre lui, & le relégua en "Alexandrie, les Khali-
fes d'Egypte étant pour jors dans une entière dépendance des 'Sultans.
Cette dépofition du Khalife arriva , félon la Chronique intitulée Maoured , '
l'an 863 de l'Hegire, & la mort, ou plutôt l'abdication du Sultan , l'an 865,
qui eil de J. C. 1^60, Liai ayant cédé fa couronne à Malek Al Moviad ,
fon fils.
L'on donne à-Inal les titres d'Olai, de Nafferi & de Dhaheri , à caufe qu'il
avoit été achepté efclave par un Seigneur nommé Olaeddin , qui le vendit au
Sultan Milek Al Dhaher Barcok , & eufuite affranchi par le Sultan Malek Al
NaJer Farage.
-o^
ING'IU & Ingiudan; les Arabes appellent ainfi une efpèce de fuc ou de gom-
me, qui fe tire d'une plante ferulacée du même nom , que les Perfans appel-
lent Ingu, Inguân & Ingudân. Nous l'appelions communément ^ffa 'fœtida.
Ces mots Arabes & Perfiens font dérivez de Hink, nom que les Indiens don-
nent aujourd'huy, auffi-bien que celuy d'Ingu, à ce fuc, dont ils font un très-
grand ufage.
Les Grecs l'appellent Silphion, & les Latins Lafer ou Laferpithim , comme qui
diroit Lac f?rf>iiiuin , à caufe que les Cyreniens , dans le pays defquols cette
plante étoit fort commune, l'appelloient en leur langue Silphi & Serpi.
Il y a deux- efpèces de cette gomme : félon les Arabes , ils appellent la pre-
mière Hiltit monten, W-Jffa fœtida, & la féconde Hlltit thaib , que nos Botani-
ques nomment /Jffa dulcis : cependant l'une & l'autre a une odeur très-forte.
Les Indiens de Guzerate & de Cambaya ne mangent prefque rien où ils ne
mêlent cette drogue. Ceux qui y font accoutumez , ne font point offonfez de
fa mauvaife odeur, non plus que les Portuguais de celle des feuilles de corian-
dre qu'ils font cuire avec leur viande, & les mômes In .liens difent, que les !e-
cumes
'28 J O. — — J O H AN N A.
j
gumes & les herliages apprêtez avec l'Ingu , ont le goût de la viande qu'ils
font fcrupule de manger.
JO & Jou; les Cathaiens appellent ainfi le quatrième Tchagh de leur Cycle
duodenaire , & les Igureens ou Turcs Orientaux le nomment Dacouk , l'un &
Tautre de ces mots fignifie une Poulie. Les Turcs Occidentaux difent aujour-
d'huy Taouk pour fignifier la même chofe.
JOAKHIM, Roy de Judée, que l'on nomme auflî Jechonias ; les Hiflo-
riens de Perfe difent, qu'il fut défait par Raham , Général des armées de Lo-
horasb , Roy de Perfe de la féconde dynaflie , qui porte le nom de Caianiens
ou Caianides.
Les mêmes Auteurs écrivent auffî , que Raham eft celui que les Juifs appel-
lent Nebucadnatfar ou Nabuchodonofor, lequel , félon eux , n'auroit pas com-
mandé en Roy abfolu dans Babylone ; mais feulement en qualité de Viceroy,
fous l'autorité d'un plus grand Monarque.
JOB. Voyez Aioub. Jobites, Aioubiah. Foycz ce titra.
JOHANNA & Jouhanua AI Engili. S. Jean l'Evangelifte , que les Grecs
appellent en leur langue vulgaire Seologos , le Théologien.
'La tradition Orientale, que les Mahometans ont reçue des Chrétiens, efl que
ce faint Apôtre étoit l'époux des noces de Cana , & qu'après avoir vu le mi-
racle que Jésus- Christ y lit, il quitta fon époufe pour le fuivre.
Ils difent auffi, qu'il compofa en Grec fon Evangile dans la ville d'Ephefe,
& qu'il le laiffa en dépôt à cette Eglife qu'il avoit fondée. Les Mufulmans
ne parlent que de fon Evangile , & ne font aucune mention ni de ihs lettres,
ni de fon Apocalypfe.
Il y a encore aujourd'huy une ville dans la Natolie qui porte le nom de
faint-Jean l'Evangelille. Les Turcs l'appellent Aia Jouni, c'eft-à-dire, S. Jean,
& Aii Sulug,' nom coiTompu du Grec vulgaire Aiafeologos, qui fignifie S. Jeao
le Théologien. Cette ville ell dans le pays appelle autrefois la Carie.
JOHA.NNA fomm al dhchth. Jean Bouche d'or. C'ell faint -Jeaii Chry-
follome. .* Les Orientaux, comme Ebn Batrik & autres, dilent que ce furnora
de bouche d'or lui fut donné originairement par une femme , laquelle pleurant
ou fon exil , ou fa mort , s'écria : Ja Johanna , Ja fomm al dhehé. O Jean ,
ô Bouche d'or.
Le même Auteur , que nous venons de citer , parle fort au long des diffé-
rens qu'eut faint-Jean avec faint-Epiphane, & des prédirions que ces deux Saints
Te firent l'un à l'autre , de leur mort.
JOHA'N'NA Al Rahoum, Jean le Miféricordieux. C'eft faint-Jean l'Aumô-
nier, qui fut élu Patriarche d'Alexandrie dans la quatrième année du règne de
Phocas. Il contribua de grandes fommes d'argent , pour faire rebâtir les Egli-
fes do Jcrufalem & de la Paleitine , que Cofroes , furnommé Parviz , Roy de
Perfe , avoit démolies.
Ce Saint porte le titre de Rahoum & non pas de Rahim , qui {igniÇiQ pour-
tant la même chofe, à caufe que c^t épithete, auflî-bien que ccluy de Rahman,
font
JOHANN A. JOSCHOVA. ^^
font Tefervez à Dieu feul , & marquent l'attribut de fa miféricorde. Cette dif-
férence vient de la délicate/Te & de l'abondance de Ja langue Arabique , ou du
profond refpefl que les Mufulmans portent aux attributs de Dieu.
•JOHANNA & Jahia Al Nahovi , Jean le Grammairien, natif d'Alexan-
drie , qui fut un des plus grands Philofophes de fon tems. Il étoit Chrétien
de Religion ; mais infcélé de l'hérefie de Severus , & par confequent Eutychien.
ou Jacobite.
Il fut excommunié , dit Aboulfarage , par les Evoques d'Egypte , pour n'a-
voir pas voulu abjurer des ei'reurs qu'il foûtenoit contre la Trinité , & vê-
quit jufqu'au tems qu'Amrou Ben Al As , conquit l'Egypte , fous le Khalifat
d'Omar.
On dit , qu'il voulut fe fervir du crédit qu'il avoit acquis auprès d'Amrou ,
pour fauver les livres de la Bibliothèque fameufe d'Alexandrie; mais le Khalife
Omar ayant commandé que l'on les brûlât , il eut le déplaifir de les voir por-
ter & diftribuer à tous les bains de cette grande ville , où ils furent employez
pendant fix mois à en entretenir le feu.
JOHANNA Ben MalToviah , Jean fils de Mefué , dit auflî Abou Zakaria»
étoit Syrien de nation & Chrétien de Religion, Le Khalife Haroun Rafchid
le prit pour fon Médecin , & lui fit traduire plufieurs livres Grecs & Syriens
en Arabe. Depuis ce tems -là, il fervit toujours les Khalifes jufqu'à Motava-
kel, & eut pour collègues deux autres très -habiles Médecins, dont l'un nom-
mé Gabriel Bakhtifovah, étoit Chrétien, & l'autre nommé Saleh Ebn Nahalah>
étoit Indien.
Ce Doéleur ne pratiquoit pas feulement la médecine ; mais il l'enfeignoit aufîi
& a écrit plufieurs ouvrages, dont celui que nous appelions ordinairement l'E-r
leftuaire de Mefué, efl entre les mains de tous ceux qui fe mêlent de Pharma-
cie. Il tenoit auffi chez lui des conférences fur toutes les parties de la Phi-
iûfophie, & Aboulfarage rapporte quelques traits facétieux de fcs converfations.
JOHANNA Al Antaki , Jean d'Antioche , Auteur Chrétien, qui nous • a
donné la continuation de l'hifloire d'Ebn Batrik , depuis l'an 326 de l'Hegire,
cù ce Patriarche a iini, jufqu'à l'an 400 de l'Hegire, qui eft de J. C. 1009.
JOSCHOVA ; ce mot qui efl Hébreu dans fon origine , efl employé pan
les Syriens & par les Arabes dans la fignification de Sauveur, & efl auffi de-
venu chez eux un nom propre que nous prononçons Jofué & Je.fus.
Le Sauveur du monde, Jesus-Christ nôtre Seigneur, n'efl pas cepen-
dant ainfi nommé chez les Mufulmans; car ceux-cy lui donnent le nom parti-
culier d'Iffa, & laifTent celui d'Iofchovà à Jofué, fuccefT^ur de Mpyfe, & à Je-
. lus , fils de Sirach , Auteur de l'Eccléfiaftique.
Jofué, fils de Noun , félon les Hébreux , les Chaldeens & les Arabes, ou
Jefus, fils de Navé, félon les Septante Interprètes, a été tenu par quelques Juifs
luperflitieux pour une perfonne élevée au-delîlis de la nature humaine , & qui
participoit quelque chofe de la nature divine. Ce fentiraent extravagant a été
embrafle par quelques Mufulmans , & les Schiites l'ont adopté en faveur de
leur Ali.
Le Tank Montekheb dit, qu'il étoit petit- fils d'Ephraiœ, fils du Patriarche.
ÏOME IL T t Jofepli,
â30 J O S C H O V A. JOULIANOUS.
Jofeph, & qu'il fut envoyé de Dieu pour exterminer les Geans , appeliez par-
les Helareux Ghibborim , & par les Arabes Giabbaroun &. Giababerah , qui
étoient pour lors maîtres de la viile & du pays d'Ariha ou de Jéricho.
Ce grand Capitaine , félon le même Auteur , leur livra bataille un Vendredy
au'foir, & comme la nuit s'approclioit , & qu'il ne lui étoit pas permis de-
combattre le Samedy , à caufe de la folemnité du Sabath , il pria Dieu de lui;
accorder affez de tems pour finir le combat. Ce fut alors que , par la toute-.
puillance divine ,. le Soleil retarda fa courfe , & demeura une heure & demie
de plus qu'il n'auroit fait fur l'horifon , & donna à Jofué tout le tems qui lui
étoit néceffaire pour tailler en pièces l'armée de fes ennemis.
Ce jour du Vendredy devenu ainfi plus long que les autres d'une heure &
demie , joiiit par ce moyen d'une prérogative que nul autre jour n'a jamais.
eue, & c'efl une des raifons qui a porté les Mufulmans à le choifir entre tous
les autres jours de la femaine pour en faire leur fête, au lieu du Sabath des
Juifs.
Le même Auteur écrit , que Jofué étoit contemporain de Naudar , Roy de
Perfe de la première dynaflie , qui porte le nom de Pifchdadiens , & que Ca-
leb lui fucceda dans le gouvernement du peuple Juif. Voyez le titre de Ealafthin,
JOSCHOVA Ben Sirak, Jefus fils de Sirach. Les Mufulmans qui ont eu
connoiffance des livres de ce faint Perfonnage , tels que celuy de l'Eccléfiafli-
que , & peut-être celui de la SagelTe que nous atti-ibuons à Salomon , ont
feint que lui ou fon ayeul , qui pouvoit porter le même nom , a été le Vizir
de Salomon.
Us lui donnent auffî' une femme très-vertueufe , qu'ils nomment Fikiih, dont
la vie a été écrite en Arabe. Ce livre fe trouve dans la Bibliothèque du Roy,
n'. 792.
Nous avons auflî dans la même Bibliothèque, nV924, un ouvrage , intitulé
Les Sentences âf la Sagejfe de Jefus ^ fils de Sirakh.
JOUB. f^oyez Aioub. C'efl: le faint homme Job*
JOULIAH& Joulious , le mois de Juillet. Les Orientaux l'appellent ain-
fi, & ils employent ce mot, lorfqu'ils fe fervent dans leurs Tables Aftronomi=
ques & ailleurs, du Calendrier Julien.,
JOULIANOUS, fùrnommé par les Arabes Al Kafer & Barabathis. C'efl Ju-
lien l'Apofliat. Le premier des titres que les Arabes luy donnent fignifie Infi-
dèle; Je fécond efl: corrompu du Grec Parabathes, qui fignifie Déferteur.
Il fut défait par Schabour ou Sapor , fils d'un autre Sapor , & tué dans fon
Camp. Les Chrétiens Orientaux difent , qu'il prononça ces paroles en mou-
rant : Tu m'as vaincu ! ô fils de Marie, fuccedez-moy donc, & poifedez le Ro- .
yaume de la. terre avec celuy du ciel! C'cffc ainfi qu'ils paraphrafent le Vicijîi
Galilœe^ qui efl: rapporté par nos Auteurs»
Les mêmes Orientaux ont une tradition qui porte que S. Bafile , j^^vêque de
Cefarée en Cappadoce , regardant l'image de faint - Hernies , la figure difparut
tour-d"un coup , & fe lit voir peu de temps. après avec le bout de fa lance en-
fanglantée ,. & qu'ayant été remarqué que la mort de Julien étoit arrivée dans
•ç même temps, l'on crut qu'il avoit été tué par ce faint-Martyr.
JOUNAN^.
J O U N A N. J O U N O U S. 331
JOU NAN, nom du quatrième fils de Japhet, appelle par les Hébreux Jauan.
On ne doute point qu' Jauan n'aye donné fon nom, qui fe peut prononcer Jon ,
aux Grecs appeliez Jones.
Tous les Hiftoriens conviennent fur ce point; mais les Orientaux entendent
toujours par le mot d'Jpunan les anciens Grecs , avant qu'ils eulFent été fubju-
guez par les Romains , car , depuis ce temps-là , ces mêmes Grecs ont porté lo
nom de Roum ou de Romains, parce qu'ils étoient fujets de l'Empire Romain,
dont le fiége s'établit enfin chez eux.
C'eft pour cette raifon que les meilleurs Hiftoriens de l'Orient remarquent,
qu'Alexandre le Grand étoit Jounani & non pas Roumi , comme quelques-uns
le furnomment mal, non pas à caufe qu'il avoit fubjugué tout le pays de lou-
nan ou des Grecs, mais parce qu'il étoit Grec de nation.
Les Ptolomées fuccelFeurs d'Alexandre , qui regnoient dans l'Egypte & dans
la Syrie, font toujours appelles Roy d'Jounan ou Jounanioun , c'eft- à- dire,
Grecs , à caufe de leur origine , quoique leurs Etats n'ayent jamais porté le
nom de Roum.
. Scherif Al Edriffi écrit , qu'Alexandre le Grand tranfporta dans l'Ifle de Zo-
cotora une colonie d'Jounanion , c'eft-à-dire , de Grecs , pour y cultiver les ar-
bres d'Aloés , dont le fuc eft aiîez connu.
Il faut donc, bien diftinguer les Jounan d'avec les Roum , quoique ce foit
la même nation, pour entendre les Hiftoires Orientales, t^uyez le titre de Roum.
JOUNANI. Un ancien Grec. Jounanioun, les Anciens Grecs. Pitha-
gore eft furnommé Jounani, auffi-bien que les Pbilofophes de l'ancienne Grèce.
Les Orientaux difent que les Bathaleflah , ce font les Ptolomées , étoient Mo-
louk al Jounaniin , Roys des Grecs , & Molouk al Joundn , Roys de la Grè-
ce , où cependant ils ne poflëdoient rien , à caufe qu'ils étoient Grecs d'o-
rigine,
JOUNIOUS. Le mois de Juin auquel arrive le Solftice d'été. Les Mu- '
fulmans , qui fe fervent de l'année Arabique , ne pouvant fixer les Solftices ni
les Equinoxes dans leurs mois qui fuivent le cours de la lune , employent ceux
•du Calendrier Julien, & empruntent par conféquent le nom de leurs mois.
JOUNOUS Ben Mathai, c'eft le Prophète Jonas , qui étoit, félon les Hé-
breux , fils d'Amithai ; ce Prophète defcendoit de Jacob le Patriarche , & fut
envoyé de Dieu pour prêcher à Moful ou Mouff^ ville fituée fur le Tigre,
dont tous les habitans étoient Idolâtres.
Il leur difoit , félon le Tarikh Montekheb : Si vous ne vous convertifl"ez à
Dieu avant un tel jour, vôtre Ville périra infailliblement, & cependant ce jour
dont Jonas les menaçoit étant arrivé , ils ne périrent point , & le mal que ce
Prophète avoit prédit fut détourné par leur pénitence.
Jonas demeura fort confus de ce que fa parole n'avoit point été accomplie,
& refolut de s'embarquer fur un vaiifeau & d'abandonner entièrement le pays.
îl arriva qu'étant en mer, le vailTeau où il étoit monté s'arrêta tout -à -coup,
fans avancer ni reculer en aucune mai)ière , de forte que les Mariniers réduits
à une extrémité fi fàcheufe, refolurent de jetter un homme à la mer, croians
pouvoir, par cette aftion, continuer leur voyage.
T t a Poitt
332 J 0 U N O U S. J O U S O U F.
Pour exécuter ce deJTein , on tira au fort les noms de tous les padagers qui
étoient fur Je vaifleau, & le fort étant tombé trois fois confécutives fur Jonas',
il fut jetcé en mer , à la difcrétion des i^ots , mais un poiifon l'engloutit d'a-
bord & le porta jufques au plus profond des abîmes.
•Ce fut en cet état que Jonas fie à Dieu une prière, qui efl couchée dans
TAIcoran , & que les Âlufulmans' eftiment être la plus fainte & la plus efficace
de toutes les prières: La elah illa enta fobhamca ennikonto mcn al dhalenm venta
arhaiu mm rahemin, il n'y a point, Seigneur, d'autre Dieu que vous, foyez loué
à jamais , je fuis du nombre des pécheurs; mais vous êtes miféricordieux aii-
deifus de tout ce qui fe peut dire.
Ce Prophète a été furnommé par les Mufulmans Saheb alhout &Dhoualnoun,
le compagnon du poilTon, à caufe qu'il a demeuré quarante jours dans le ven-
tre de celui qui l'engloutit.
JOUNOUS. Anba Jounous , fut premièrement Evêque de Sojouth ou
Afiouth en Egypte , d'où ayant été transféré au fiége d'Alexandrie , il en fut
le 94me. Patriarche. Il étoit Eutychicn ou Jacobite de fefte, & compofa une
hiftoire des Schoâda ou Martyrs d'Egj-pte , qui fouffrirent dans la perfécutiou
de Diocletien. Cette hifloire efl dans la Bibliothèque du Roy, n'. 61.8.
Il y a un Ebn Jounous, qui a écrit l'hiftoire de la haute & de la baffe Egyp-
tç. Son ouvrage efl cité fous le nom de Tarikh Ebn Jounous.*
JOUNOUS Ben Obaid, Nom d'un, faint Mufulman , duquel, on cite cette
fentence : Un Fidèle ne doit point, s'employer dans les œuvres de fureroga-
tion, qu'il n'ait rempli tous les-devoirs de fon obligation.
JOURTOU & Jourti. Jourti & Jourtu gunleri ; les Turcs appellent ainfi
les fêtes des Chrétiens, à caufe qu'ils entendent les Grecs, qui donnent le nom
d'Eorti à ce que nous appelions une Fête d'Eglife. Les mêmes Turcs ont pour
maxime de les. honorer, & de les faire obferver. exaélement par les Chrétiens;,
ils appellent cette conduite mî leur langue Jorti guninéh'raâiet itmek , rendre
honneur à la fête.
JOUSOUF Ben Jacob. Jofeph fils du Patriarche Jacob. Les Turcs pro»
noncent ce mot plus délicatement, & difent Juffuf & IfTuf, de même que Jonus
pour Jounous..
Les Mufulmans, au rapport du Tarikh Cozidch, difent, que Jofeph fut fur^
nommé Siddik, mot qui fi^ifîe le véritable témoin ou le vérificateur, à caufe
de la déclaration fincère ^ae la preuve convainquante qu'il donna du fait, qui
s" étoit paffé entre lui & la femme de fon maître , en faifant parler un enfant
dans le berceau..
Il .n'étoit ilgé que de dix-fept ans lors qu'il eut le fonge, au fujet duquel Ces
frères l'ayant jette dans un puits fec , ils ne l'en tirèrent que pour le vendre
à. des Marcliands qui le pqvterent en; Egj^pte , où-regnoit alors Rian , fils de
Valid. i;.,_,.
Ce Prince que l'on nommoit aufîi Pharaon, à cauf^ que ce titre étoit com-
mun à tous les Roys du pays , & qu'il fignifie" en langue Egyptienne un Mo-
narque abfolu , fut inflruic par Jofeph de la connoiflance du vray Dieu ; mais
il. eut pour fucceffcur un impie nojnoié lihabous, fils de Maffaab,
Jacob-.
J 0- U s O^ U F.
333
■ Jacob vint du temps de Jofeph a/ec toute fa fafnille compofée de 70 per-
fonnes , en Egypte, & y vèquit fept années; c'ell depuis l'arrivée de ce Pa-
triarche jufques à la fortie des Ifraëlites d'Egypte, que l'on compte 430 ans,
felon cet Auteur, qui ne s'accorde pas en ce point avec nos Chronologiftes ,
mais qui eft conforme aiix Livres faints , lors qu'il dit que ces 70 perlbnnes
s'étoient multipliées jufques au nombre de fix cent mil combatans , quand Moyie
les fit fortir d Egypte, & que ce Legiflateur emporta avec luy le cerciieil où
le corps de Jofepli eftoit enfeveli , ajoutant néanmoins du lien que ce cercueil
fut trouvé dans le fleuve du Nil.
Ebn Batrik écrit que Jofeph é pou fa à .l'âge de 30 ans, Afimah fille du Preftre
ou Kahen d'Ain Schems. Le mot Kahen qui eft pris de l'Hébreu Cohen fignifie
Preftre, Pontife, Augure & Devin, &; Ain fchems qui fignifie l'œil ou la Fon-
taine du Soleil, eft le nom de la ville appelléc dans l'Ea-iture On, & nommée
par les- Grecs Heliopolis.
Le mefme Auteur fuivant la Tradition de tous les Orientaux, veut que le
Mekias ou Nilometre de Monf qui eft la ville de Mcmphis , foit l'ouvrage . do
Jofeph auffî.bien que le Mcnha ou Khalige , canal creufé dans la ville du Caire
pour la décharge des eaux du Nil , c^ie nos voyageurs appellent ordinairement
le Calis.'
On pourroit encore fuivant la mefme tradition , ajouter à ces Ouvrages le
puits & les- gceniers publics qui portent encore aujourd'huy le nom de ce Pa-
ti-iarche, & plufieurs croient mefme qu'il a beaucoup contribué à l'erefiion des
Obelifques, & à la conftruftion des Pyramides.
Jofeph eft auflî regardé par plufieurs comme le Hermès ou le Mercure d'E-
gypte que Ton dit avoir enfeigné à ces peuples les fçiences les plus profondes,
&.fur tout la Géométrie qui leur eftoit fort necefiaire pour mefurer leurs ter-
'res, régler leurs limites, & pour ménager de telle forte l'inondation du Nil
qu'ils en tiralfent tout le profit , & n'en receuiïent aucun dommage. Ce font
tous ce"s avantages procurez aux Egyptiens qui les obligèrent à l'acclamer lé
Sauveur du monde , titre qui l'a rendu non feulement célèbre dans tout l'Orient,
mais qui luy a communiqué auffi l'honneur d'eftre un Type ou figure de J. C.
Mais ce qui rend Jofeph le plus célèbre de tous les Patriarches Hébreux,
chez les Mufulmans , font fes amours avec Zoleikha , fille de Pharaon Roy
d'Egypte, & femme du Putiphar. Les Mufulmans ont efté inftruits de cette
fable par ij;i Chapitre de l'Alcoran qui porte le nom de Jofeph ,. & ils fe fer-
vent fouvent de leurs noms , &, de leurs exemples pour élever le cœur des
hommes à un amour plus excellent que celuy du vulgaire , prétendants que
ces deux amants ne font que la figure de l'ame fidèle qui 's'élève par amour
jufques à Dieu, de même que les Livres facrez employent les noms de fépoux-
âc de l'époufe dans le Cantique des Cantiques.
s.C'eft ce qui fait dire à Hafez Poëte Perfien dans fon Divan, qui palîe parmy
Us Mahometans , pour un ouvrage entièrement myftique : Je comprends fort
bien comment l'excellente beauté de Jofeph peut & doit tranfporter hors des
bornes d'un amour ordinaire le cœur de Zoleikha; Jofeph eftanticy félon les
Commentateurs de ce Poëte , - la figure du Créateur , & Zoleikha celle de la
créature.
Les mefmes Orientaux fe fervent auffi des noms de Megnoun & , de Leilé,
autres amans non moins illuftres parmi eux pour leur fidélité & conftance ,
■-,. .'V M»; T.t 3. que
3-34 J O U S O U F.
que pour leur chafleté. Voici ce que Giami , autre Poëte myftique , en dit
dans fon Divan : Dans le chemin plein de dangers & de peines qui con-
duit à la raaifon de Leilé, il faut avant que d'y faire le premier pas, devenir
Megnoun.
Le mot de Megnoun, qui fîgnifîe en Arabe un infenfé, eft devenu le nom
propre d'un Amant tranfporté, de les Interprètes de ce Poëte veulent que le
fens de ce diflique foit que pour arriver à la poiTeffion de l'amour divin , il
faut fe defFaire auparavant, de toutes les confiderations humaines, & par con-
fequent de fa propre raifon. l^oyez le titre de Megnoun , de Leilé & de Zo-
leikha ; mais fur-tout l'hiftoire entière du Patriarche Jofeph que j'auray occa-
fion de donner ailleurs , où l'on trouvera des fentimens fort relevez fur la
mefme matière.
Il faut remarquer ici que les Mtifuîmans ne fe fervent jamais des esremples
de Khofrou & de Schirin, de Ferhad & autres Amants qui ont fourni la ma-
tière à une infinité de Romans, compofez dans les langues Arabique, Perfien-
ne & Turquefque, pour exprimer l'amour cfivin ; mais feulement quand il s'agit
de l'amour prophane ; au contraire ceux .dont nous avons parlé cy-dcflas , ont
chez eux une autorité prefque facrée , par rapport à ce qui en eft dit dans
l'Alcoran.
Les Mufulmans ont trouvé je ne fçay où , que Jofeph avoit fur l'épaule un
point lumineux qui refTembloit à une écoile ; ils Fapellent en Arabe Dhaiâl &
•veulent que ce fut un charaélere ineffaçable du don de la Propherie, & de fa
future grandeur.
Us donnent aufîi à Jofeph le titre de Lune de Chanaan , c'efl-à-dire , félon
leur langage , la beauté la plus parfaite qui ait jamais paru fur l'horizon de la
Judée. Hafez qui a efté déjà cité , s'écrie dans fon Poème myftique : O Lune ,
ou fplendeur de la terre de Chanaan, le thrône de l'Egypte vous eft préparé,
.& vous attend; il eft donc déformais temps que vous difîez adieu à la prifon.
L'Interprète Turc de ce Poëte dit qu'il faut entendre par ce Jofeph fi écla-
tant l'ame fidelle éclairée des lumières divines, laquelle ell deftinée à la pofTef-
fion du Royaume de Dieu , dont elle ne peut cependant jouir pleinement
qu'elle ne foit dégagée entièrement des ténèbres des chofés ienlibles , & deli*
vrée de la prifon du corps.
Saadi ayant avancé dans fon Guliftan qu2 l'on ne peut jamais bien foulager
les maux d'autruy, fi l'on n'y participe en quelque façon , rapporte l'exemple
de Jofeph, lequel félon luy , jeûna pendant les fept années de fterilité, qui
'Cauferent une grande famine en Egypte, pour pouvoir fubvenir aux necelîîtez
des pauvres.
JOUSOUF ou IfTuf Mirza. Fils de Gihanfchap Sultan de la Dynaftio des
Turcomans du Mouton noir. Ce Prince eftant tombé entre les mains d'Ufu§-
calTan ou Haffan Begh, après la deffaite de Gihanfchah fon père, fut condam-
né par le vainqueur à perdre la veuë. Il fe retira en cet état dans la ville de
Schiraz, & y fut reconnu, aulfi-bien que dans toute la Province de Perfe pour
Sultan; mais ayant voulu mefurer une féconde fois fes armes avec celles d'Uf-
funcaffan , il perdit la vie avec fes états , l'an de l'IIegire 875 , de Jefus-
Chrift 1470.
JOUSOUF
J 0 U s O U F. 335
JOUSOUF Ben Bafchkehin. Jofeph fils de Bafchkehin, félon Ben Scho-
nah, & plufieurs autres Hiftoriens Orientaux, ou fils de Tefl'efin félon Rodri-
gue Archevefque de Tolède, & tous les autres Hiiloriens modernes.
' Ce Prince qui portoit le titre d'Emir' al MofTemin , c'eft-à-dire de Chef &
Commandant des Mufulmans , efloit neveu d'Aboubecre , fils d'Omar Prince des
Marabouths ; il fe renJit maiftre de toute l'Afrique Occidentale & de l'Efpa-
gne , où il établit la Dynaftie des Almoravides l'an de l'Hegire 472 , de
j. C. 1079.
Ce Prince, quoique très-puilTant, reconnoilToit le Khalife de Bagdet pour fon
Souverain, & ne voulut jamais dépendre de celuy d'Ég^ypte qui étoit fon voi-
fin. Il bâtit en Afrique la ville de Marakafch que les Èfpagnols appellent Mar*
ruecos & nous autres Maroc , où il mit le fiege de fon Empire qui s'étcn-
doit de deçà & de delà la mer, après qu'il eut défait Alphonfe Roy de CaftiU
le, & fait mourir Ebn Habéth, qui l'a voit appelle à fon fecours.
Jofeph mourut l'an de l'Hegire 500, & laiffa pour fuccelfeur fon fils Ali qui
prit la qualité d'Emir Al Mouinenin, titre refervé aux feuls Khalifes. Du titre
de cet Ali & de fes fucceffeurs , nos Hiiloriens ont formé celui de Mitamamo-
iin , qu'ils n'ont jamais donné aux Khalifes de Bagdet ni d'Egypte, quoi qu'ils
le portaifent à meilleur droit que ceux-cy.
Moftedaher regnoit pour lors à Bagdet , qui eftoit le 28 Khalife des Ab-
baffidee , de mefrae qu'Amer tenoit le feptième rang entre les Khahfes Fathi-
mites d'Egypte, f^oyez les îitns de Marabouth, de Molatfemin, & de Tomrut.
JOUSOUF Ben Abdalber. C'efl: le nom d'un des plus illuflres entre les
Dofteurs du Mufulmanifme ; il étoit Imam, c'eft-à-dire chef d'une Mofquée,
où il s'appliqua entièrement à la pieté & à l'étude dont il a laiflTé un ample
témoignage dans plufieurs Ouvrages qu'il a compofcs en Arabe.
Le principal de fes Ouvrages eil intitulé Ifliab , titre qui fignifie Livre
univerfel.
Le Tamhid âla al Maoutha le Malék, qui ell une explication du Maoutha-
de Malek, n'eft pas moins eftimé.
Dorar Filmegazi valteir, eft un recueil des chofes les plus remarquables fur
les conqueftes des Mufulmans & fur leurs mœurs & coutumes.
Nous avons encore de luy Hegiat almégialis , l'entretien des compagnies & des
converfations.
Ce Dofteur rapporte dans ce dernier Ouvrage que Mahomet eut un fonge
pendant lequel il crut eftre en Paradis, où il vit entr'autres chofes une de ces
machines à bafcule fort ufitées dans le Levant , dont on fe f>rrt pour tirer de
l'eau d'un puits.
Mahomet curieux de fçav^oir à qui appartenoit cette machine , on kiy dit
qu'elle appartenoit à Abougehel , qui efloit un des plus grands ennemis de la
religion Ivlufulmane , & de Mahomet, qui le regardoii comme un reprouvé;
c'ell ce qui l'obligea à dire: qu'eit-ce qu' Abougehel a de commun avec le Pa-
radis, il n'y entrera jamais.
Il arriva quelque temps après qu'Akramas , fils d'Abougehel , s'eftant fait Mu-
fulman, Mahomet en eut une très-grande joye, & comprit la fignification de
fon fonge, feloii lequel Abougehel eftoit comme la machine qui avoic tiré fon
fils du fond du.. puits de l'idolâtrie, pour l'élever jufques à la connoilfance. du;
vray
335 J O U S O U F. JOUZ.
vray 'Dieu , • pendant qu'il s'elloit liiy - mefnie plongé de plus en plus dans
l'abime de l'infidélité.
JOUSOUF Ben Tagri Bardi. Jofeph fils de Tangd Virdi , Auteur célèbre
& homme de qualité qui fervoit les Sultans d'Egypte,
Son nom entier avec fes titres efl Al Emir Gemaleddin Aboul MehalTen
Ebn Tangri Virdi Al Dhaheri Al Atabeki. On luy donne auffi par excellence
le titre de Mouarekh Mefi-, c'efi;-à-dire , d'Hiftoriographe d'Egypte, à caufe
d'un excellent Ouvrage qu'il compofa de l'hiftoire entière de ce pays-là, intitulé
Nogioum Alzaherah fi molouk Mefr ou Al Caherah, les Effcoiles lumineufes fiir,
l'hiftoire des Rois d'Egypte & du Caire.
Cet Ouvrage ell divifé en quatre Volumes dont le premier traite d'abord de
la conquefte de l'Egypte faite par les Mufulmans, du gouvernement d'Amrou
Ebn al As , & de tous ceux qui y ont commande ou régné fous les Khalifes
jufques à Malek Al Afchraf Inal , douzième 5ultan des Mamlucs Circaflîens, qui
commença à régner l'an de l'Hegire 857, de J. C. 1452.
L'Auteur de cette hiHoire eft fi exaft qu'il marque dans chaque année jufques
à quel degré le Nil efi; monté ou defcendu, de forte que l'on peut dire qu'il
n'y a point d'hifl;oire plus complette dans le grand nombre de celles qui nous
refient des Auteurs qui ont travaillé fur FEgypte.
Selim, Empereur. des Turcs, après avoir conquis l'Egypte , ayant vu & lu
cet Ouvrage, le trouva fi accompli qu'il commanda à Schamfeddin Ahmed Ben
Soliman Ben Kemâl qui avoit efl:é fon Précepteur , de le traduire en langue
Turque, ce qu'il exécuta fort bien. Ce Traducteur mourut l'an de l'Hegire 940,
cent ans ou environ après le decés de fon Auteur.
Ce Schamfeddin qui efioit devenu Cadhilef ker de Natolie , & qui accompagnoit
en cette qualité Selim dans fon retour d'Egypte à Confl:antinople , traduifoit à
chaque campement une partie du livre de noltre Auteur, & il fit une telle
diligence, qu'il le prefenta entier & complet à Selim auffi-toft qu^il fut arrivé
à Confl;antinpple.
Ben Tangri Virdi a luy-mcfmc al)bregé fon ouvrage, de crainte que quelque
^utre ne l'entreprît & ne l'eftropiafh. Il donne à fon abbrcgé le titre de
Kaouakeb al baherah men al nogioum alzaherah, & il dit dans la Préface de
cet abbregé qu'il a fuivi l'exemple de deux célèbres Auteurs Dhohabi &' Ma-
crizi, qui ont pratiqué avant luy la même chofe.
Le nom du père de nofi;re auteur à fcavoir Tangri Virdi qui fignifîe en
Turc Dieu - donné , a efié corrompu par les Arabes , qui l'écrivant à leur mode ,
ie prononcent Tagri Bardi , ce qu'il efi; à propos de remarquer. Ce perfonnage
efi:oit Kafil, c'efl: à dire Adminifl;ratcur & Econome des biens & des revenus
du Sultan d'Egypte dans les Provinces de Damas & d'Alep , ce qui comprend
la meilleure partie de la Syrie. Le mot de Kafil & de Kafel fignifie auffi en
Arabe Procureur, Syndic & Tuteur.
JOUZ&JOZ. Un Léopard que les Portugais appellent Onça. On fe fert
en Orient de cet animal après qu'il a été apprivoifé , pour la chafie des Ga-
zelles. Thogrul Ben Arslan Sultan de la race des Selgiucides , nourriflbit 400
de ces animaux qui avoient tous des chaînes d'or & des couvertures .d'écarlate.
Voyez le titre de Fars.
IRAM
I R A M. — ^ IRAN. 337
ÎRAM où Irem, nom propre d'un jardin planté par un ancien Roy nommé
Schedàd Ben Ad dans l'Arabie Heureule : Ce Schedad, qii.Mjuclques-uns appel-
lent aiifli Iram Ben Oraad, ellDic un Prince impie, qui v'oiilut s'attribueMa
Divinité. A cet effet pour trouver créance dans lefprit djs peuples, il avoit
renfermé dans ce jardin tout ce qu'il y avoit de plus délicieux & de plus ca-
pable de flatter, les fens de ceux qui croyoienc en luy , lors qui! les jugeoit
dignes d'être introduits dans fon paradis.
JSIahomet fait mention avec horreur de cet Impie dan? fon Alcoran, & ce-
pendant les Mahometans qui veulent, fiivant les promelfes tant de fois réité-
rées de leur fmx Prophète , joiiir des plailirs fenfuels dans le Paradis , fe fer-
vent fouvent du mot d'Irara pour f exprimer: d'où vient que l'Auteur du Livre,
intitulé Humaioun Nameh, dit duis un de fes tranfports d'amour à Dieu: Sei-
gneur, je me fuis enfin fauve des orages & des travaux de ce monde, & il me
fcmble que je fuis placé au milieu du jardin d'iranjî puifquc je me fens parvenu
à cet ellat de repos & de tranquilicé dont joiJiffent ceux qui ont quitté le
monde pour vous fervir.
L'on trouve ce faux Paradis d'Iram dans prefque tous les Ouvrages des Poètes
Mufulmans qui confondent & le Paradis terreftre, & ce jardin fabuleux, a^^:c
le Paradis de gloire, tant ils font entcilez de cette volupté grofliere & imagi-
naire dont Mahomet a flatté leurs fens. l-'oyez le titre de Schedad,
IRAM dhat al Omad. Le Paradis d'Omad , & Iram genneti en Turc , le
Paradis d'Iram. l^oyez le titre précédent.
IRAN Ben Siamek, nom ou Surnom deHoufchenk, fils deSiamck, fécond
Roy de Perfe de la première race que l'on nomme auffi la Dynafl;ie des Pifch-
dadiens ou Bons Jufliiciers. Ben Calfem , & plufleurs Hifloriens font de ce
fentiment.
Le plus commun cependant efl: qu'Iran efl le furnom d'Irage, troifième fils
de Feridoun Roy de la mefme Dynafl:ie , auquel la Perfe écheut en partage,
après que Feridoun eut divifé fes Etats entre fes trois enfans.
Quoi qu'il en foit , il efl certain que ce que nous appelions aujourd'huy le
RojMume de Perfe , c'eft-à-dire , tout le pays compris entre l'Euphrate , le Ti-
gre , le Gihon & l'Indus fleuves fi renommez , & les deux mers Cafpienne &
Indienne , ce pays , dis-je , où font les Provinces de Fars ou Perfe proprement
dite, l'Iradlv Agemi , ou l'ancienne Parthe, le Schirvan & l'Adherbigian qui font
la Medie, le Khoraifan, qui comprend la Baftrienne & l'Hircanie &c. Toutes
ces l'rovinces jointes enfemble portent le nom général d'Iran , de mefme que
ce qui s'étend au delà du Gihon en tirant vers l'Orient feptentrional & le Nord
porte celuy de Turân ou Tourân.
IRAN v Touran. Le pays des Perfans, &: celui des Turcs, la Perfe & la
Turquie Orientale. C'eïl ainfi que les llifloriens Orientaux parlent quand ils
veulent fignifier tout ce qui efl compris dans la haute Afie, à la referve des
Indes & de la Chine.
Ils ne laifl^ent pas néanmoins d'entendre quelquefois par cette façon de par-
ler toutes les Nations de la terre , comme font les Arabes quand ils' difent Arab
V Agem, Arabes & Perfans, ou fi vous voulez, Arabes & Barbares.
ToM« IL Vv C'efl
338 , I R A N S C H A H. I RM I A.
C'ell de la mefitie façon que les Hébreux divifoient tous les peuples de îa
terre en Hébreux & en Gentils , faint Paul en Juifs , en Grecs & en Barbares.
Quoy que le grand fleuve, nommé par les Arabes & par les Perfans Gihon
& Amou, & par les Gi-ecs & les Latins Ba6trus & Oxus, fervît de borne & de
feparation entre ces deux grands Pays ou Empires de l'Jran & du Turan, l'on
trouve cependant que Kifchtasb, fils de Lohorasb cinquième Roy de Perfe, de
la race des Kaianides , fit bâtir un mur ou rempart long de ûx vingt parafan-^
ges qui font deux cent quarante lieues Françoifes pour fervir de barrière à ces
deux Eftats.
L'Auteur du Lebtarikh" dit que ce mur commençoit dans le Khoraflan à la
ville de Beidha en Perle, & finiifoit à celle de Samarcand, qui eil aujourd'hui;
la viile capitale des Uzbeks, dans le Zagathai. Foyez le titre de Kifchtasb.
IRANSCHAH Ben Touranschah. Quatrième Sultan de la troifièmc bran-
che des Selgiucides qui regnoient dans le Kerman qui ell la Caramanie Perfienne.
Ce Prince n'eut pas les bonnes quahtcz de Touranichah fon père ; il fut au-
contraire très-emporté, & fa cruauté alla jufques à un tel point que ^es fujets
ne le pouvant plus fupporter, conjurèrent tous univerfellement contre luy, &
le malfacrerent l'an de l'Hegire 494, de J. C. 11 00, dans la cinquième année
de fon règne.
Il eut pour fuccefl^iur fon coufin germain nommé Arflan Schali , fils de Ker-
manfchah, & petit-fils de Cadherd, Fondateur de cette troifième Dynaftie des
Selgiucides..
IRINL Irène fille de l'Empereur Maurice qui fut mariée à Khofroes Par-
viz Roy de Perfe. L'alliance de ces deux grands Princes att.ra de grands maux
fur l'Empire Romain ; cai- le gendre qui voulut vanger la mort de fon beau-
pere que Phocas avoit fait -mourir , déclara la guerre à ce Tyran , & fit de
fort grands ravages dans la Syrie & ailleurs.
Les Perfans nomment en leur langue cette Princefl^e Schirin , & l'on pour-
roit croire que Nezami, excellent Poëte Perfien, qui a compofé un Roman fur
les amours de Khofrou & de Schirin , a emprunté fon fiijet de^ Thilloire vérita-
ble de Khofroes Parviz & d'Irène.
Il y a quelques Hiflorlens qui donnent à cette PrincefiTe le nom de Marie, au
lieu de celui d'Irène.
IRMIA & Armia. Le Prophète Jeremie. Le Tarikh Montekheb rapporte
que ce Prophète voyant que les Prédications & les Avis particuliers qu'il fai-
foit aux Juifs fes compatriotes, étoient inutiles, & que les maux qu'il leur avoit
prédits , étoient prêts de tomber fur eux , fit fa retraite en Egypte.
Il retourna cependant à Jérufalem quelque tems après fa ruine, & y vêquit
jufqu'à l'âge de trois cent ans, félon le fentiment de quelques Mufuîmans, & même
de quelques Juifs: mais l'opinion la plus commune des premiers ell qu'il mou-
rut peu après fon retour à Jérufalem.
Plufieurs Auteurs Mufuîmans écrivent aufTi que le Prophète Jeremie demeura
mort pendant cent ans , au bout defqueis il refilifcita , & véquit encore long-
tems fous le nom d'Ozair qui cft le même qu'Efdras. Il y en a d'autres qui
attribuent cette rcfurreélion à Efdras. Foytz le tUn d'Ozm,
L'Au-
r s C H A. I s H A K. 339
L'Auteur 'du Lebtarikh fait vivre ce Prophète au teras que Lohorasb , qua-
trième Roy de la féconde Dynaftie furnoramée des Caianides , regnoïc en Perfe.
Cette datte s'accorde aflez bien avec l'époque de Nabuchodonofor , & de la
captivité des Juifs.
La tradition des Chrétiens Orientaux efl que Jcrémie fut la.iidé par les Juifs
en Egypte , & qu'Alexandre le Grand fît transporter fon corps fort honora-
blement en Alexandrie.
ISCHA, Ifai père de David, Roy &. Prophète.
ISCHAIA, le Prophète Ifaïe. Les Mufulmans difent qu'il annonça la ve-
nue de Jefus-Chrifl: aux Juifs , & même celle de Mahomet , félon le TaiiJvh
Montekheb , qui ajoute à l'hifloire de ce Prophète , qu'il f^courut Saddaicnh ,
c'cfl Sedecias Roy des Juifs, contre le Roy de Babylone, & que \c< Juifs s'ctant
révoltez après la mort de ce Roy, ils facrifierent Ifaïe à leur fu;>,ur.
Les Chrétiens Orientaux écrivent dans leurs hiltoires que ce Prophète per-
dit le don de prophétie pendant vingt-huit ans, pour ne s'être pas oppofé au
Roy Ozias , lorfquil voulut entrer dans le Meherab al bokiiour , c'ell-à-di/e ,
dans le Sanftuaire , où étoit l'autel du Thymiame , c'eft-à-dirc , du parfum.
Les mêmes Auteurs lui donnent plus de cent vingt ans de vie.
ISCODAR. La Ville de Scutari. Foyez Efcodar.
ISFAHAN. Foyez Esfahan.
ISHAK. Ifaac fils d'Abraham ; ce que les A-lufulmans en difent efl telle-
ment lié avec l'hifloire de Jacob & de Jofeph, que j'ai crû y devoir renvoyer
le Le6beur.
Je remarquerai feulement que la lumière Proohetique qui jufqu'alors avoit
cté donnée fucceffivement & folidairement aux Puiriarches , fut partagée après
la mort d'Abraham , entre Ishak & Ismaël , & que tous les Prophètes font
defcendus d'Ishak , à la referve de Schoàib ou lethro , & de Mahomet. Ce
font les rêveries des Mahometans, qui en mettent quelquefois encore deux au-
tres entre les Prophètes Arabes &. Ifmaëlites. . l 'oyez le titre d'Av.hia. ou Enbia.
Il y a dans la Bibliothèque du Roy au n*. jgz , un Sermon fait fur la mort
de ce Patriarche qui arriva félon le Calendrier des Cophtes , le vingt-huitième
du mois de Mefri. Les Egyptiens attribuent ce Difcours à faint Athanafe.
ISHAK Ben Ah, le Petit-fils de Jofeph B-n TefTafin, Empereur de Maroc,
■pris & tué dans fa Capitale par Abdalmoumen , l'an 543 de THegire , & de
J. C. 1148. Ishak fut le dernier de la dynallie des Marabouts ou Alraoravides,
& AbJahnoumen le premier des Almohades.
ISfIAK Ben Honain , tradu'.T:eur de plufieurs Auteurs Grecs en Arabe.
Foyez Honain.
Ishak Al Ebadi fut père de Honain.
ISHAK Aboulfeda, furnommé Al KhaHli, Auteur de l'hifloire de la ville
& du pèlerinage de Hebron, où efl le fepulcre d'Abraham en Paleflme.
V V 2 ISHAK
3|o I S H A K. I S M A EL.
ISHAIC Al MoulTali ou Moffouli, excellent Muficien, natif de Moful. Fq~
•yez Mofuli»
ISLADIN Capi ou Derbend. C'efl ainfi que les Turcs appellent un paf-
fage étroit dans les montagnes de Bulgarie, par lequel il faut pafler quand l'on
fort de cette province , pour entrer dans celle de Rafcie ou Servie. Il coule
le long de ce détroit une petite rivière , que les gens du pays appellent Sla-
ditza , & les Turcs Ifî.adin : c'eft elle qui a donné à ce pc.iBge le nom qu'il
porte, lequel fignifîe proprement en Turc, la porte ou la barrière d'Ifladin.
Ce fut en cet endroit du mont Hœmus, que Ladifias, Roy de Hongrie , joint
à Jean Hunniade , Prince de Tranlilvanic , & à George , JDelpote de Servie ,
défit l'armée d'Amurath Second , l'an de l'Hegire 847 , de J. C. 1443. Ce
mont Hœmus de la iVIoefie ou Bulgarie ^ cffc différent du mont Hœmus de la
Thrace.
ISLAM. L'Iflamifme , c'cfl-îi-dire , le Mufulmanifme ou le Mahometifme.
Ce mot le prend pour la Religion & pour le pays des Mahometans. I^oyez
Eflâm.
ISLAM ROL. l^oyez Eltanbol. C'elt le nom que les Turcs ont donné à
la ville de Conltantinople.
ISMAEL & Ali Mirza , fon frère, ayant été faits prifonniers par Jacoub
Bet^h, fils d'Uzun Halîan ou Ufuncaffan, qui avoit tué dans uiic bataille Haidar
lem* père, furent quelque tems après mis en liberté par Rollam Begh , fils de
Macfoud & petit-fils d'UfLincafTan , qui avoit fuccedé à Jacob , Jon oncle.
Rollam Begh ne fut pas long - temps à fe repentir d'avoir ôté les chaînes à
ces deux lionceaux ; car ils prenoient déjà la route de la ville d'Ardebil leur
pays natal , & le fepulcre de leurs Ancêtres,, fous prétexte d'y aller en habit
de Dervifches , pleiu*er la mort de leur père tout le relie de leurs jours ; mais
en effet, pour y reveiller la faftion Haidarienne qui y étoit fort puiflante,
lorf^.juc Roflam envoya des gens après eux qui tuèrent Ali; mais ils ne purent
jamais joindre Ifmaël qui fe réfugia dans le Ghilan , où regnoit un des amis
du fèu Scheikh Haidar, fon père.
Il y avcrlt alors entre les Muiulnians une inanité de gens difperfez par toute
l'iVfie, qui faifoient une profciTion publique de la Sq^q d'Ali , & une particu-
lière de celle- de Hnidar, que Scheikh Scfi, un de fes plus illuflres ayeuls, avoit
mife en în-andc réputation, Ifmaël Sofi ayant appris qu'il s'en trouvoit un fort
crand nombre dans la Caramanie, qui eft l'ancienne Cilicie , s'y tranfporta , &
V fit une levée de fept rail hommes tous attachez à. fa Sede, &. dévouez par-
ticulièrement à fa famille, parce qu'ils avoient été autrefois eux ou leurs pères
délivrez des mains de Tamcrlan, à- la prière de Scheikh Sefi.
Le jeune Ilmaël , qui n'étoit alors âgé que de quatorze ans , entreprit avec
cette poignée de gens de fiiire la guerre à Ferokhzad, Roy de Schirvan, Pro-
vince de la Medie, qu'il regardoit comme le meurtrier de fon père. Le fuc-
cès de cette entreprife luy fut fi heureux, qu'il défit & tua fon ennemi , s'em-
para de f€s Etats , & fe mit par ce moyen en état de tout entreprendre dans
l'Afic. , . ^
Ce premier exploit d'armes arriva fan <)o6 de l'Hegire, qui tombe jultement
dans
I s M A E L.
d'ans le 1500 de J. C, & dès l'année fuivante, Ifniaël attaqua la ville de Tau
ris, la prit & obligea Alvend, pctit-lils d'Ufuncafran , qui y regnoit, de pren-
dre la fuite & de s'enfermer dans lîagdet : mais ce Sultan fut encore contraint
de fortir. de cette ville pour fe réfugier à Diarbeker , où il mourut l'an oio
de l'Hegire , & la ville de Bagdct tomba entre les mains d'Ifmaël.
L'an 908 Ifmaël Schah, après s'être rendu maître de Tauris , de la Medie &
de la Chaldée, attaqua la Perfe , où regnoit un autre petit -fils d'Uluncalfan ,
nommé Morad Beg , ou Amurath fils de Jacoub Begh. Ce Prince fe voyant
attaqué vivement par fon ennemy , voulut décider du fort de cette guerre par
un combat général : il partit pour cet effet de Schiraz & marcha vei-s Hama-
dan, où la bataille s'étant donnée, il fut défait & contraint de fuir à Baudet
comme avoit déjà fait Alvend, fon coufin. ' o >
L'an 909, Ifmaël alîîégea Morad dans Bagdet; ccluy-cy prit la fuite & cou-
rant de Province en Province, fut enfin enveloppé par les foldats d'iiinaël qui
le tu rent : mais cecy n'arriva que l'an 920 de IHcgire , & Ifmaël avoit déjà
pris Bag let pour la feconde fois , & conquis les Provinces de Khuziltan & de
Khoraifan.
L'on marque la féconde prife , faite par Ifmaël , de la ville de Bagdet pour
l'époque de la chute entière de la Oynaltie des Baianduriens , qui eil la même
que celle des Turjomans du Mouton blanc. Elle arriva l'an de l'Hegire 914,
par la défaite de Morad Begh. Quelques Hiiloriens nomment ce Sultan Morad
Mirzah , & différent la prife de Bagdet jufqu'en l'an 915.
Le Khorafiîin fut conquis l'an 917 par Ilinaël , après qu'il eut défait & tué
en bataille rangée Schaibek Khan , Sultan des Usbeks , qui s'en étcjjt emparé
après la mort du Sultan HoulTain , fils de Baicara , & arrière petit -fils de Ta-
merlan.
L'an 920 de THegire & de J. C. 15 14, ScHm premier du nom, fils de Ba-
jazet II & père du grand Soliman, vint, après la mort de fon père, atta-
quer Arzengian, ville de la petite Arménie, llmaël ne pouvant fouflrir que ce
Sultan des Othmanides s'approchit fi près de fes Etats , fit marcher fes trou-
pes jufqu'alors viftorieufes au-devant de luy : les deux armées fe rencontrèrent
dans les plaines de Gialderan , que nos Auteurs appellent Chaldcron.
Ifmaël fut défait pai- Selim, & obligé de fe retirer à Ta^uris & de-là à Cas-
bin. Selim fe rendit maître de Tauris où il fit quelque féjour , & revint par
la Syrie qu'il fubjugua : puis jugeant que la conquête de l'Egypte luy étoit
beaucoup plus importante que celle de la Perfe , il tourna l'an 921 de ce côté-
là, & laifîli vivre en repos Ifmaël, lequel , d puis cet efchec jufqù'à là mort,
n.'cntreprit plus rien de confidérable.
Il vcquit cependant ju.'ques en l'an 930 de l'Hegire, qui efl le 1523 de l'.'E-
re chrétienne , &; mourut âgé feulement de 38 ans , dont il y en a 24 ant. de
règne, iï l'on veut en compter les années depuis la défaite de Ferokhzad, Roy.
de Schirvarr.
Ce Prince étoit doué d'un courage fans pareil , intrépide dans tes plus grands
dangers , terrible & redoutable à fes ennemis , exacteur feve.c de la difcipline
militaire , & ambitieux jufques à un tel excès , qu'il difoit fouvent : Un' fcid
Dieu dans le Ciel & un feul Monarque fur la terre. Cependant le Sultan Selim
luy fit bien connoître que ce monde -cy pouvoit fouffrir ea même tcms plu-
ficurs. maîtres.
Vv 3, ebm-i-
541 ISMAEL
Comme Ifmaël étoit d'une race qui faifoit profeflîon de la vie la plus parfai-
te , il prit le titre de Sofi ou de Religieux^, il afFefta même de pafTer pour Pro-
phète & l'on dit, que rhypocrifie ou plutôt la frenefie d'Ifmaël l'emporta juf-
qu'à î'excez d'afFefter la Divinité. Il y avoit piufieurs de ceux qui s'étoient
attachez à fon fervice, dont l'extravagance ou le dévouement arriva jufqu'à le
croire plus qu'homme.
On rapporte, que ce Prince ayant fait creufer une très-grande fofie , y laifla
tomber exprès fon foùlier, & qu'aufTi-tôt il y eut un grand nombre de fes dé-
vouez qui fe jetterent à corps perdu dans la foife pour l'en retirer. Ifmaël
voyant tous ces miférables abufez qui étoient déjà à demy enterrez , fit ren-
verfer toute la terre qui étoit relevée fur les bords de la fofle, & les lit tous
accabler & enfevelir en même temps. . ,„ „ ^
Les Hiftoriens de cette Maifon des Sofis, regnans aujourd huy en Perfe, cou-
vrent^ cette aftion horrible d'un voile de modellie & d'humilité , & difent ,
qu'Ifmaël voulut punir par cette cruelle exécution , l'impudence & l'impiété de
ceux qui vouloient luy attribuer la Divinité , & donner en même temps un té-
moigna?e de l'averfion qu'il avoit pour la flatterie.
Entre les principaux établilTemens qu liraaël lit pour jetter des fondemens fé-
lidés de fa nouvelle Monarchie , ccluy de la coëffure parriculière qu'il donna
aux fiens , ne doit pas être obmis. Il l'inflitua non feulement pour les dillin-
guer des autres nations ; mais encore pour les feparer en fait de Religion de
toutes les autres branches ou fecles du Mufulm-mifme. Cette coëffure s'appelle
Ta^e en langue Perfienne, & elle aura dans cet ouvrage fon titre parUculier,
auquel on renvoyé le Lefteur.
ISMAEL SCHfAH ou Schah Ifmaël eut pour fucceffeur fon fils , nommé
Thahamasb, lequel régna 53 ans. Nos voyageurs l'appellent Schah Thamas, au-
quel fucceda fon fils Ifmaël , duquel on va parler.
ISMAEL Ben Thahamasb. C'eft Ifmaël fils de Schah Thamas, que l'on
peut appeller Ifmaël fécond du nom , dans la Dynailie des Rois modernes de
Perfe.
Ce'Prince avoit été tenu prifonnicr, par fon père Thahamasb, pendant l'ef-
pace de vin^t-cinq -ans. Une de fes foours le rira de prifon pour le faire ré-
gner après la mort de fon père , & n'eut autre recompenfe de ce cruel frère ,
que la mort qu'il luy fit foulfrir auffi-bien qu'à tous ks frères, à l'exception
d'un feul qui étoit aveugle. * _ ^ ^
Ce Prince ne régna que deux ans moins deux mois : car il fut empoilonne
par les fiens, qui ne purent fouffrir fes excès, l'an 985 de l'Hegire , de J. C.
j^^^_ Sqi-, frère aveugle, nommé Mohammed Khodabendeh , luy fucceda dans
la même année.
ISMAEL al Adib. Ifmaël, furnommé Adib , c'efl-à-dirc l'Humanifle ou le
Philofophe Moral. Il étoit cffeaivement grand Philofophe & excellent Méde-
cin. Il vivoit fous le règne de Malek-Schah dans la ville de Herat , une des
quatre Capitales du Khorafitin.
L'Auteur du Magemà al Naovadir raconte qu'Ifmaël al Adib , marchant un
jour par la ville, vit un jeune garçon. Boucher de fon métier, lequel en écor-
.chant un mouton, prenoit fa graiffe encore toute chaude & la mangeoit; cette
I s M A E L. ^43
adion luy foûleva le coeur , & luy fit juger que ce jeune homme tomberoit
bien-tôt dans une grande maladie, ce qui l'obligea de prier un de fes voifins de
l'avertir quand il arriveroit quelque accident à cet liomme.
Le Boucher étant tombé, peu de temps après, dans une fyncope fi violente
qu'on le crut mort, l'on voifin en ayant eu nouvelle fe tranfporta chez luy,
& rappellant dans fa mémoire ce que le Médecin luy avoit dit, voulut luy en
donner avis, quoy qu'il crût que ce fcroit trop tard.
Ifinaël vint auiïi-tôt au logis du Boucher , auquel on avoit déjà couvert le
vifage comme à un mort, ôta le linge qui le couvroit , & lui foûlevant feule-
ment la tète avec des oreillers, lui rendit la vie au bout de trois jours.
Il n'y eut pas un des aiïîftans qui ne crût alors que le Médecin Tavoit ref-
fufcité, parce que nul autre que luy ne fçavoit la caufe du fymptome de fon
malade , & il acquit une telle réputation par ce cas fortuit , qu'il palfa pour
un homme divin.
ISMAEL ou Ben Ifmaël al Bokhari. Voyez Bokhari, Un autre Ben Ifmaël,
qui mourut l'an ^1)6 de l'Hegire , eft Auteur d'un Commentaire fur le Taâlim
& la Motàallcm. Ce Commentaire efl dans la Bibliothèque Royale, n°. 621,
ISMAEL. Foyez Kemaleddin Ifmâil.
ISMAEL al Dharir. Ifmaël l'Aveugle. Voyez Medini.
ISMAEL al Kafi. Voyez les titres de Saheb & d'Ebn Ebdd.
ISMAEL Ben Hebatallah. C'efl le même que Magdeddin al MouiTali , qui
eft l'Auteur du Faiilal & du Mezil al ertiab. Voyez les titres de ces deux ou-
vrages.
ISMAEL eft confideré, par les Arabes, comme le Père de leur nation &
de leur langue , quoyque leur première origine vienne de Cahtan ou Joéian ,
lils de Heber. Ils luy donnent 137 ans de vie, ce qui eft conforme au chapi-
tre 25 de la Genefe , & difent que de luy & d'Ishac fon frère puifné , rifla-
mifme ou la Religion des fidèles ferviteurs de Dieu , fe répandit dans l'Arabie
& dans la Terre de Qianaan. Voyez les titres d'Eflam & d'Ishak.
Cette conformité de nom entre l'Iflamifme & l'Ifmaëlifme, a fait que plufieurs
Dofteurs Mahometans ont confondu ces deux chofes , & pnt foûtenu que la
Religion enfeignée par Mahomet à fes Sectateurs , n'eft autre choie que celle
qu'Ifmaël prêcha autrefois aux Arabes.
Les Ifmaëlites ou defcendans d'îfmael , que quelques Auteurs ont prétendu
n'être pas de purs Arabes, mais feulement des Motarabes ou Moftaarabes , c'eft-
îVdire, des Arabes mêlez, eurent au commencement pluiieurs querelles avec les
-Giorhamides, plus anciens -qu'eux dans l'Arabie, au fujet du Temple de la Mec-
que j mais enfin ces deux lignées s'étant unies & alliées enfemble , ne firent
plus dans la fuite du temps qu'une feule nation.
Il y a des Ifmaëliens qu'il faut diftinguer des Ifmaëlites. Il y a des Ifraaë-
liens d'Afrique & des- Ifmaëliens d'Afie.
Les^rcmiers compofcnt une Dynaftie de Princes qui devinrent enfin m^aitres
cb l'Egypte & ufurperent le Kkalifat. Ils fe dilbient Fathimites , comme dcf- ■
cen- -
544 I S M A E L î 0 U N.
cendans de la fille de Mahomet ; mais en efFet ils n'étoient que defcendans d'un
Ifmaël, dont il fera parlé ailleurs.
Les féconds font plutôt une race d'Aflaflins & d'impies , qui n'ont pas laifle
dé former une dynaftic; y oyez le titre de Molhedin & celuy d'Ilmaëlioun , qui
fuit après ceux d'Ifmaël.
On remarquera icy encore une tradition des Orientaux, qui porte qu'lfmaël,
fils d'Abraham , fe retira avec Agar fa mère à Jathreb , ville de l'Hegiaze en
Arabie, que nous appelions aujourd'huy Medine, d'où il palia dans Tlemcn , &
que ce fut-là qu'il s'établit & qu'il prit femme.
L'on compte entre les enfans d'Ifmaël Thor ou Thour, qui a donne fon nom
à la montagne de Sinaï, que les Arabes appellent Thour & Thour Sinaï, auflî-
bien qu'à la ville , qui eft au pied de la même montagne fur les bords de la
mer rouge, & que l'on nomme encore aujourd'huy le Thor.
ISMAELIOUN. Ifmaëhens. Les Ifmaëlites font les Arabes , comme il a
été dit dans le titre dlfmaël, fils d'Abraham : mais les Kiiiaëliens font les Prin-
ces de deux Dynafties, dont la première a régné en Afrique & en Egypte , &
la féconde dans l'Afie. Les premiers étant plus connus fous le nom de Fathc-
mices & de Khahfes , il faut voir ces titres où il en eft parlé plus particuliè-
rement.
La féconde Dynaftie des Ifmaëliens , qui ont re^né en Afic , a porté le nom
de Melahedah Kouheftan. l^oyez Roudbar, ce qui fignifie en Perfien les Héré-
tiques & les Impies du Kouhcftân & de Roudbar.
Les Perfans appellent ainfi en général tout pays de montagnes , & en parti-
eiiher celuy que les Arabes nomment Erâk Agcmi, l'Iraque Perfienne ou Gebal.
Cette Dynaftie comprend huit Princes , qui ont régné pendant l'efpace de
171 ans, dans l'ordre qui fuit.
Haftan Sabâh, qui en eft le Fondateur, commença à régner l'an de l'Hegirc
485, de J. C. 1091, & fe maintint fur le trône 35 ans. Il étoit fils d'Ali, fils
de Mohammed, fils de Giafar, fils de Hulfain', fils de Mohammed dit Al-lie-
miari , & furnommé Sabah.
Le 2. Buzruk Umid Rudbari , nom ou furnom qui fignifie Grande Efpéran-
ce, natif de la ville &; cliâtcau de Roudbar, qui régna 14 ans , 2 mois & 20
jours.
Le 3. Mohammed, fils de Buzruk Umid, régna 24 ans, 8 mois, 7 jours.
'Le 4. Hafian , fils âo Mohammed fon prédecefieur. Il prit le furnom de
Dhekrat al Eflam , -ou Zicrat al Iflam , l'Admoniteur du Mufulmanifme , & re-
gna 4 ans.
Le 5. Mohammed, fils de MafTan fon prédecefieur, régna 46 ans.
Le 6. Gelaleddin HalTan, fils de Mohammed, qui fut furnommé Neu Mi.iful-
man , le nouveau Mufulman , régna onze ans & demy.
Le 7. Alaeddin Mohaftimed , fils de Gelaleddin Hafilm , régna 35 ans , &
un mois.
Le 8. Rokneddin Gurfchah, fils d'Alaeddin Mohammed, ne régna qu'un an.
Ce Catalogue eft tiré du Nighiariftan , lequel rapporte plufieurs méchantcf
allions de ces Princes , qui ont mérité de porter le titre de Rois des Màffins.
En efl'et , ce font les mêmes dont il eft parlé dans nos hiftoires des guerres
^e
ISMAIL BEN IBRAHIM. ISMAIL SAMANI. 345
de la Terre fainte : & le mot de vieillard de la montagne , n'eft autre que
Scheikh ai Gcbâl en Arabe, qui exprime non l'âge, mais la dignité d'un Prin
ce de Ja Province, appellée en Arabe Gebdl, mot qui fignifie la montagne. '
ISMAIL BEN IBRAHIM. Ifmaël fils d'Abraham & de Hagar. Le Tr-
rikh Montekheb rapporte, qu'Abraham ion père l'avant voulu facritier , Gebrai}
ou Gabriel l'empêcha , par ordre de Dieu , & fubllitua en fa place un Bélier ;
que le père & le fils facrifiercnt enlemible, au lieu même où ils bâtirent depuis
le Temple de la Mecque.
Le même Auteur rapporte, que les cornes de ce Bélier furent attachées , par
les anciens Arabes, à la goutière d'or , qui reçoit les eaux de la couverture de
ce Temple , & qu'elles y demeurèrent fufpenducs jufques au temps de Maho-
met, qui les en détacha pour ôter à ces peuples tout iujet d'idolâtrie.
Le Temple de Ja Mecque qui ne fut bâti par Ifmaël & par Abraham fon pè-
re , qu'après la' mort de Hagiar ou Agar , fut nommé Caabah , à caufe de fa
figure quirrée, & a porté depuis le titre de Beit Allah , ou maifon de Dieu,
que les Mahometans Juy ont donné, pour l'oppofer au Temple de Jerufalem.
ISMAIL SAMANL Ifmaël le Samanide. • Il étoit fils d'Achmed , fils
d'Alfad, fils de Saman , & fut- le Fondateur de la Dynallie ou Famille Royale
des Princes nommez Saman iens ou Saraanides.
Il fut aulTi celuy qui, pendant le règne des Khalifes & dans l'étendue du Mu-
fulmanifme, porta le premier le titre de Padiichâh,' c'eft-à-dire, d'Empereur ou
Monarque, que Môtadcd luy accorda l'an de l'Hegire 287, de J. C. 900, après
qu'il eut défait Amrou Leitsj ennemi capital de ce Khalife.
Ifmaïl , qui s'étoit fignalc par une très-grande valeur & par une pieté fingu-
lière, régna huit ans paifible pofiefllnir de pluficurs grandes Provinces, dont il
laiffa Ahmed ion fils héritier , & mourut l'an de l'tiegire 295 , de J. C. 908;
Il fut tellement regretté des fiens, qu'il porta, après fa mort, le titre d'Emir
Madhi, qui fignifie le Prince qui a palTé, c'eft-à-dirc, qui n'a point eu fon fcm-
blable par le paifé, & qui n'en aura point à l'avenir.
Pour bien entendre l'hifloire de ce Prince, il faut voir celle d'Amrou , fils
de Leits, dans fon titre particulier, (^ celle des Samanides dans celuy de Saman ,
duquel il tiroit fon origine.
Lorsqu'il marchoit pour combattre Amrou , fon armée paffant auprès d'un
des Jardins de la ville de Herat dans le temps des fruits , il s'apperçût qu'un
des arbres de ce jardin étendoit fes branches, qui étoient fort chargées, fur le
grand chemin, & il crut devoir y faire pofer une fcntinelle, afin que perfonne
n'en cueillît. L'on obferva alors , que tous fes Ibldats curent un fi grand ref-
peft pour fes ordres , & gardèrent fi exaflement la difcipline militaire , qu'il ■
avoit établie parmi eux, qu'aucun d'entr'eux n'eut la hardiefi^e d'en prendre un
feul; lui-même l'ayant aufTi remarqué , en rendit des actions de grâces à Dieu,
& en prit un très-bon augure pour le fuccez de fon entreprife.
Après qu'il fe fut rendu maître de la perfonne de fon ennemi , par un acci-
dent auffi rare & aufîî merveilleux qu'il en puilfe jamais arriver , comme l'on
peut voir dans le titre d'Amrou Ben Leits , il envoya aufïï - tôt à fon prilbn-
nier un de fes principaux Officiers pour le confoler fur fon malheur , & pour
Tome II. X x lui.
J45 I S M A I L S A M A N r.
lui faire naître quelque efpérance de falut dans un fi grand defefpoîr de fes af-
Amrou touché de Taftion fi génereufe de fon vainqueur, voulut y correfpon-
dre par un grand témoignage de génerofité ; car il tira de fon bras le contre-
.,chifFre de tous fes tréfors & le remit entre les mains de l'Officier, qui lui avoit
porté le compliment de la part d'Ifmail.
L'Officier courut en grande hâte porter ce papier à fon maître ; mais Ifnail
ayant appris ce qu'il contenoit , lui dit : Retournez promptement fur vos pas ,
& rendez ce papier à Amrou. Dites-luy auffi, de ma part, que je vois bien
qu'il me veut vaincre par ce tour de génerofité & d'adreffe.
Ajoutez lui auffi qu'ayant appris, ce que tout le monde fçait, que lui & foa
frère Jacob étoient tous deux enfans d'un Chaudronnier , que la fortune avoit
élevez , pour quelque temps , à un état de grandeur & de puiflance , dont ils
ne le font fervis que pour amalfer injuftement les biens des peuples opprimez
fous leur tyrannie , je m'apperçois bien qu'il fe fent luy & fon frère chargez
de ce fardeau d'iniquitez; & que c'eil en vain qu'il voudroit s'en décharger fur
moi en me mettant en main fes tréfors, que je fçaurai bien trouver, fans lui
en avoir l'obligation. Khondemir. Lcbtarikh.
Nôtre Ifmail, au rapport de Nezàm Alraolk dans fon Livre intitulé FaJJaja,
ou Préceptes Politiques, regnoit dans le pays qui efl au dc-là du lleuve appelle
Gihon, jufques au Turkeflan & au Cathai exclufivemcnt ; & après qu'il eut
défait Amrou Leits , dernier Prince de- la Djmaltie des Suffarides , il fe rendit
maître du Khorafïlin, & d'une grande partie de ce que nous appelions aujour-
d'huy la Perfe, ce qui fliifoit un grand Etat, duquel la ville de Bokharah étoit
la capitale.
Il eft vray, que la défaite d' Amrou Leits fut plutôt un effet du bonheur,
que de la valeur d'Ifmail ;. car la bataille s'étant donnée entr'eux, Amrou Leits
fut emporté par fon cheval , lors qu'il donnoit fes ordres à la tête de^fon ar-
mée, jufqu'au camp d'Ifmail, ce qui fit que fes troupes deflituées de chef, pri-
rent honteufemcnt la fuite, & donnèrent ainfi une victoire entière & complète
à fon ennemi.
Le même Auteur rapporte, qu'Ifmail s'-étant informé d'Amrou Leits du lieu
où il gardoit fes tréfors , ce Prince lui dit , qu'il en avoit confié la garde à
~un de fes domeftiques nommé Sam , qui les auroit peut-être fait tranfporter à
la ville de Herat. Cecy ell fort différent de ce que Khondemir & le Lcbtarikh
-en rapportent.
Ifmail n'eut pas plutôt appris ces nouvelles , qu'il fit marcher fon armée du
côté de Herat. Les habitans allanuez par fa marche , ne trouvèrent point de
meilleur moyen , pour garantir leur ville de la dernière ruine dont elle étoit
menacée, que de fe foûmettre à ce Prince, en luy demandant fa proteftion &
des fauve-gardes contre les violences de fes troupes.
Ce Prince leur accorda ce qu'ils lui demandoient dans la capitulation qu'il fit
avec eux, & après être arrivé dans leur ville avec toute la diligence poffible,
il donna auffi-tôt Ces ordres pour faire chercher les tréfors d'Amrou Lèits , qui
y étoient cachez; mais quelque recherche que l'on en put faire, il fut impof-
fible de les trouver.
Les troupes qui s'attendoient d'être payées de l'argent de ces tréfors , s'en
li'ôyant ainfi fruftrées , repréfenterent à Ifmail leurs befoins , & luy dirent qu'il
pou-
I s M A I L S A M A N I. ^^y
pouvoit bien obliger^ les habitans de Ja ville de Herat à lui fournir la folde de
fon armée , ^ puis qu'ils poiFédoient chez eux de fi grandes richefll-s , & qu'un
feul dinar d'or que chaque habitant aile contribuëroit pour fa part , feroit une
fomme capable de les contenter. L'armée qui avoit fait cette inftancc allez
prelFante à Ifmail , dans le temps qu'il avoit le plus grand befoin d'elle , ne
remporta cependant auti-e réponfc de luy, finon qu'il avoit donné fa parole , &
qu'il n'y vouloit pas manquer ; furquoy les principaux Officiers de l'armée s'é-
chautfant de plus en plus , & proteftant que fon ai-mée ne pouvoit plus fubfif-
ter fans ce fccours d'argent, il leur répondit en des termes qui font éo-alement
paroître fa juftice & fa fermeté; car il leur dit: Celuy qui a par fa providen-
ce poulfé le cheval d'Amrû Leits dans mon camp , cil allez puilFant pour faire
fublifter mon armée , fans que je manque à ma parole ; & il ne leur eut pas
plutôt fait cette réponfe admirable, que pour n'être pas importuné davantage,
& pour ôtcr k fon armée tout fujet de murmure & de tentation, il la fit mar-
clier, & lui ôta ainli la vue de cette opulente ville.
Peu de temps après cette belle aftion d'Ifmail , une des femmes de fon Ser-
rail de Herat ayant mis fur la fenêtre de fa chambre un bracelet de rubis , il
arriva qu'un milan affamé fondit deffus ce joyau , & l'enleva comme il auroit
fait une pièce de vàande. On fuivit de la vue cet oifeau , lequel ne vola' pas
loin, fans s'appercevoir qu'il s'étoit trompé, & l'on vit qu'il laiffa tomber le
bracelet dans un puits fec, d'où il étoit aifé de le retirer.
On fit pour cet effet defcendre un homme , lequel étant au fond , s'apperçut
qu'il y avoit une ouverture qui conduifoit à une grotte où il entra , & vit un
grand nombre de coffres & de paniers.
Les Officiers d'Ifmail avertis de ce rencontre inopiné , fe tranfporterent auffi-
tôt fur le lieu, en firent tirer les paniers & les coffres , où ils trouvèrent, fans
y penfer , ce qu'ils avoient cherché long -temps inutilement; car c'étoient les
trélbrs d'Amrou Leits, qui tombèrent ainfî entre les mains d'Ifmail comme pour
récompenfe de fa bonne foy.
Ce Prince , dit Mirkhond , étoit doué d'une vertu héroïque qu'il faifoit écla-
ter dans toutes fes avions. Une des plus belles de fa vie eft celle qu'il rap-
porte en ces termes :
Au commencement de fon règne, Naffer, fon frère aîné, qui étoit demeuré
maître de la ville de Bokharah , lui fit la guerre ; Ifmail fe mit feulement fur
la défenfive,»mais- ayant été enfin obligé, par fon frère, de luy Hvrer bataille,
il obtint fur luy une victoire fignalce.
Naffer ayant été fait prifonnier après fa défaite , il fut conduit devant If-
mail , fon frère , par des foldats , qui n'attendoient que l'ordre pour le faire
mourir; mais ces mêmes foldats furent bien furpris, quand ils virent qu'Ifmail,
à la vûë de fon frère , mit auffi-tôt pied à terre & vint lui baifer l'eftrier.
Nafier lui-même prit d'abord cette civilité pour une raillerie & pour une el^
pècc d'in fuite faite à fon malheur , & il ne fut point détrompé que lors qu'il
reilcntit les effets de la bonté & de la clémence du vainqueur , par la liberté
qu'il obtint, & par la joiiiffance de fes Etats, dans laquelle il rentra bien -tôt
après.
Le même Auteur , fuivi de celuy qui nous a donné le Nighiariflan , dit ,
qu'Ifmail le Samanide ayant appris que les poids , fur lefquels les Fermiers de
la ville de Herat exigeoicnt des peuples fes droits & i'es tributs ordinaires,
Xx 2 étoicnc
348 ' I M A I L.
étoient plus forts que les poids communs du pays & de la ville , dépefcha e«
diligence un Officier à Herat , à l'arrivée duquel les habitans effrayez craigni-
rent qu'on ne vint leur demander quelque fubfide extraordinaire.
Cependant ils furent fort agréablement furpris , lors qu'ils virent que cet Offi-
cier, bien loin de leur demander de l'argent, ne fît autre chofe que de prendre
les poids du tribut, & de les mettre dans un fac qu'il fcella & emporta avec
luy. Ifmaïl les ayant entre fes mains les examina luy-mefme, & les ayant
trouvez effeftivement trop forts, les fit talonner de nouveau, & donna ordre
en même temps que l'on diminuafl à l'avenir fur le tribut ordinaire , ce que
l'pn avoit exigé de plus par le palTé.
ISMAIL Ben Caiem. Ifmaël furnommé Al Manfour B^covat Allah, c'efl-à-
dire viélorieux par la puiifance de Dieu , étoit fils de Caiem Bemrillah , fécond
Prince ou Khalife de la race des Ifmaëliens dAfrique qui fe qualifioient Fathe-
mites, (Se petit -fils du Mebedi fondateur de cette Dynaffcie. i^oyi^z le titre de
Manfor ou Manfour.
ISMAIL Ben Seifaleflam. Ifmaël fils de Seifaleflam, efloit Roy de l'Iemen
ou de l'Arabie heureufe , qui a eu des Princes particuliers de la Maifon des
Âjoubites ou Jobites depuis l'an 550 , jufqu'en l'an 600 de l'ilegire. Cet
Ifmaël étoit petit- fils de Doghanghir ^ fils d'Aioub, & par confequent frère du
Grand Saladin.
Il fe vantoit d'être de la Maifon desOmmiades, quoy qu'il fufi; Curde d'ori-
gine, & prit cependant la couleur verte qui étoit celle^de la famille d'Ali, en-
nemie capitale de celle-là. Il fe fit proclamer Khalife, & portoit comme tel à
fon habit une queue longue de vingt coudées , que quelques-uns appellent la
manche des Khalifes, dont il eft fait mention dans le- titre de Moflaizcm.
Les Seigneurs du pa}^ las de fupporter Ç<i3, extravagances, le firent tuer par
des affaffins, & mi.ent en fa place fur le trône un de ^qs frères qui étoit en-
core fort jeune; mais celuy-cy ne leur plaifant pas plus que fon frerc aîné, fut
empoifonné peu de temps après par leur ordre: de forte que l'Iemen demeura
pendant quelques années fans Rois & fins Princes, dans une véritable anai-chie.
Ommal NafiTer, mère de ces deux derniers Princes, s'étoit retirée après la mort
de fes enfans dans la ville de Zebid, où elle vjvoic & fubfiftoit à^s biens qui
luy étoient reftez de la Maifon des Jobites dont elle étoit iiluë •& héritière ,
lors qu'un de fes Efclaves luy prefenta un homme nommé Soliman , fils de
Schahinfchah , fils d'Omar Prince de la même Maifon, qui avoit été trouvé à
ia Mecque avec une troupe de Dervifches, ou de gueux.
Ce Soliman avoit autrefois quitté la maifon de fon père , & s'cfloît enrollé
dans une bande de croquans qui alloient par la montagne avec des bâtons fer-
rez, ou bourdons, qu'ils portoient fur les épaules, & fe difoient pèlerins, quoy
qu'ils ne fufîïent cfl'ciflivement que ào^ Bandoufîers.
La PrincelTe Ommal Nalfer ne l'eut pas plutôt vu, qu'elle prit la refolution
de l'époufer, & de le faire par ce mariage Roy de l'Iemen. Elle exécuta véri-
tablement ce deiTiin ; mais ce nouveau Roy qui n'avoit été élevé que parmy
des miferables, fe trouva tellement dépourvu de toutes les qualitez neccfi!aires
à un Souverain, & par confequent fon Etat fi mal gouverné, que ks fujets
furent obligez de le dépofer, & la Reine la femme de fe feparer de luy.
L'on
I s M A I L s C H A H. I S S A. 349
L'on dit que Soliman fe trouvant réduit en cet état déplomblc, écrivit à fou
grand oncle Malck al Adel , Roy d'Egypte , " pour obtenir de luy quelque fe-
cours contre fes fujets révoltez: mais il fit allez connoiftre qaeJ il étoic parla
lettre qu'il luy envoya fur ce fujet, & la commençant ainii; De la part du Roy
Soliman, au nom de Dieu débonnaire & clément, où l'on voit que cet im-
becillc mettoit fon nom avant ce!uy de Dieu. Cette fottifc intolérable fit que
Malek al Adel n'eut aucune confidoration ni pour fa lettre, ni pour ia perfon-
ne. Bm Schohnah.
ISM AIL SCHAH, ou Ifimil Sofi. C'efl: le grand Ifmaël , Chef & Fonda-
teur de la Dynafl:ie ou Famille Roj^alc qui règne aujoi:rd'huy en Perfc, dont
chaque Roy efl; appelle par le vulgaire le Grand Sofi de Perfe.
Ce Prince étoit fils de Scheik'i H;udar , fils de Gioneid , fils d'Ibrahim, fils
d'Ali,- fils de Moufi'a, fils de Scheikh Sefi,. troifième defcendant en ligne droite
& mafculine d'Ali, Gendre de Mahomet, û l'on en veut croire les Perfans ado-
rateurs de cette famille. Foyez fur ce fujet les titres de llaidar & de Sefi.
ISRAIL & Ifraili. Ifrael &. Ifraelite. Ces noms quoique Juifs dans leur
origine font empruntez par les Mahometans qui s'en fervent pour exprimer non
feulement les Juifs, mais encore tous ceux de la famille de Hcbcr; mcfme de-
vant le temps d'Abraham.
ISS A Ebn Miriam, Jefus fils de Marie. C'efl: Jefus-Chrifl. Nôtre Seigneur.
L'Auteur du Lebtarikh met fa naillance fous le règne de Khofrou , . fils d'Afchegh j
fécond Roy de Perfe de la race des Afchganiens dans la cinquante -fix-ieme
année d'Augufl:e, Empereur des Romains, & cent & fix ans après la mort d'Alex-
andre; mais le même Auteur fe corrige fur cette dernière datte , en difant
que pluficurs comptent un plus grand nombre d'années entre la mort d'Alexan-
dre, & la naiflànce de Jefus - Chrift.
L'Auteur du Tarik Montekheb ajoute qu'il ncâquit à Bethlekem auprès de
Jerufalcm , de Marie fa mère ; qu'il efi: né fans père ; qu'il ne fut que trois
heures dans le berceau, & qu'il ell monté aux cicux, où il a fon trône dans
le quatrième ciel.
Il fixe le tems de fa naifiance fous le règne de Schabour ou Sapor fécond
Roy de la Dynaflie , appcllée Molouk al thaouaif , les Roys des Nations. Cette
époque n'cil: pas \\ éloignée, qu'il" paroît, de celle du Lebtarikh, caries Afch-
gmiens font une partie de ces Roys des Nations, dont il fait une dillinéiioii
particulière.
Ce même Auteur donne à Jefus-Chrifi: un frère qu'il nomme Akil ou Okail;
mais c'efi; un frère à la mode des Hébreux , qui donnent ce nom aux coufins
germains, de même que le font encore aujourd'hui les Italiens. '
Au chapitre de la famille d'Amran qui ell le troifième de l'Alcoran , on lit
ce paffage : Les Anges , c'eft-à-dire , l'Ange Gabriel , défigné , à caufe de fon
excellence, par un nom plurier , dirent à Marie: Dieu vous annonce fon Ferbi
dont le nom fera le Chrijî , ou MeJJte Jefus qui fera vôtre fils très-digne de refpecl
en ce monde âf fw ["autre.
Ces paroles furent dites à la fainte Vierge, après celles qui ont précédé dans
un autre palTage du même chapitre , qui portent que Its Anges , ou l'Ange
X X 3 Gabriel
Gabriel dit à Marie : 0 Marie, Dieu vous a éhVé, purifiée, ^ trh-partîcnue'mmnt-
cJioiJîe entre toutes les femmes du monde ! O Marie , foûmettez-rous à votre Seigneur !
profternez-vous , &' adorez-le avec toutes les créatures qui r adorent, f'^oici un grand
fecret que je vous révèle.
Ces deux paflages font fort conformes à là vérité Evangelique. HoufTain
Vaêz en les expliquant, traduit toujours le nom de Marie par le mot Pcrfien,
Perejîar Klioda, qui fignifie Servante de Dieu; parce qu'il veut, comme nous
verrons dans le titre de Marie, que ce nom ait en Hébreu cette fgnification ;
& lors qu'if interprète les mots de Kelemat j^llah, qui fignificnt le Verbe ou la
Parole de Dieu, il dit que Jefus-Chrifh eft appelle ainfi, parce qu'il a été pro-
duit de Dieu par fa fimple parole, fans qu'il ait eu befoin de Père.
L'on pourra dire , pourfuit le même Auteur , que tous les hommes ont été
tirez du néant par cette même parole : Mais cette caufe prochaine de leur pro-
duclion, qui eft un Père, ne fe trouvant point en Jefus-Chrill, l'on doit attri-
buer, & rapporter fa génération à une parole entière & fubflantielle.
Il efb appelle Mefîîe, ajoute le même Interprète, parce que ce mot fignifie
en Hébreu Moharrak , Béni , terme que les Hébreux n'appliquent qu'à Dieu , &
à lui , qui faifant fon entrée dans Jérufalem , fut falué de tout le peuple Juif
par ces paroles: Benediàus qui venit in nomine Domini.
La fin du verfet porte qu'il efl très-digne de refpefl dans l'un & l'autre
monde , à caufe de fa toutc-puifTance qu'il a manifeftée en ce monde par fa
do6lrine & par fa loy , par fa naifi[lmce prodigieufe , par fon afcenfion au Ciel ,
& par la viéloire qu'il doit remporter fur l'Ante-Chrifl; ; & il exerce cette mê-
me puiflance dans fautre monde par fon office de Médiateur, & par la place
d'honneur qu'il occupe dans le quatrième Ciel. Voyez les pages 12 âf 13 de
ce Chapitre dans la Paraphrafe de HoufiTain Vaêz.
Ce quatrième Ciel, félon le fyfteme des Alcoranifles. , efl le ciel Empyrée;
car félon eux, le premier des cieux efl celui des planètes; le fécond que nous
appelions le fiyiiament, comprend les étoiles fixes; le troifîèuie , celui des In-
telligences feparées des corps, ou le premier Mobile ; &. le quatrième, efl celui
du premier Moteur où efl le trône de la gloire & de la Majeffcé Divine.
Nous lifons dans le chapitre intitulé Ncjfa , ou des Femmes , ces paroles
exprelTes: Le Mejfis cft jéfus fils de Marie, r Envoyé de Dieu, fon Verbe, (3^ fia
Parole, laquelle il a fait annoncer à Marie , &" le même Jefius efii Efiprit procédant
de lui. HulTain Vàêz en glofant ce paflage, dit que le mot de Verbe ou Parole^
fignifie ce qui a été annoncé à Marie pour devoir naître d'elle feule , fans
tirer fon principe , ni fon origine d'aucun homme.
Le mot à' Efiprit procédant de Dieu , efl ainfi expliqué par le même Auteur:
Il effc doué d'un efprit qui procède immédiatement de Dieu fans le milieu,
d'aucune autre -caufe qui l'ait produit.
On lit plus bas dans le même chapitre Nefl'a: Le Mefife ne dédaigne pas d'ejîre^
(3' de fie dire le fierviteur de Dieu, aufifi-hien que les ^nges qui fiant les plus pro-
ches du trône de la Divinité. Les Interprètes difent fur ce pafl'age que \qs Chré- .
tiens ayant taxé Mahomet d'impiété- fur ce qu'il qualifioit Jcfus-Chrifl du titre
de ferviteur de Dieu , il leur répondit par les paroles de ce verfet : Mais ce
reproche des Mufulmans efl mal fondé , puifque les Chrétiens reconnoilfent
avec faint-Paul que Jefus-Chrift a pris la forme de Serviteur. Cette façon de
parler de faint-Paul efl Orientale : car cet Apôtre prend le nom de ferviteur
pp-
I s s A.
■)iour celui d'Homme , lequel devient neceflairement en vertu de fa o,■Xo^•
Serviteur de Dieu. ^ ci cation.
Au cliapitre fécond de l'Alcoran intitulé , Bacrat , ou de la Vache Roi,m.
dont Moyfc parle, on lit les paroles fuivantes: Nous avons donné, dit Dieu à
Jefus fils de Marie, des marquas évidentes , ^ nous l'avons aMé & fortifié' du
Saint- Efpriî. •' ■'
Les Interprètes de l'Alcoran paraphrafent ce paflagc en la manière qui fuif
]NJous avons donne a Jefus qui cit le véritable lils de Marie, des fi'n^s nai*
lefquels on pouvoit le connoître aifément Ces fignes & ces marques" font la
«onnoifTance des chofes les plus cachées, & le pouvoir de rciRifciter les no-ts
Nous l'avons de plus fortifié du Saint Kfprr; c'efl-à-dire , de l'efprit de Dureté
& de fainteté , de l'affiftance continuelle de ;abriel , qui fimifie la force de
Dieu, de la vertu du grand & in affable Nom ^ Dieu, par l'eiîicace duquJ il
operoit fes grands miracles; & enfi.i de la puiTï^ce de l'Evangile d'où fe tire
la vie de l'ame, & le renouvellement du cœur. °
On peut reconnoître par cette glof3 fi confu.rable , que les Mahometans
■qui veulent oter la Divinité à Jefus Cnrift, font bligez par la force de la v-
rite de lui attribuer ce qui ne convient^ qu'à Diei feu]; à fçavoir , la juflilî-'
cation de lame, & la convernon du pécheur. ^ •'
à jeiu^cSfft'^ lÏÏ di'?^°' ^^ ""''' ^''''''^' '^'''" '"^^'^^^e^^"' îeq^sl s'adreflant
Le cœur de rhomms affligé tire toute fa confdation de -is paroles.
Lame reprend fii vie ^ fa vigueur, entmdamfeulemen prononcer vôtre nom *
Si jamais refprit de l'imme peut s'élever à 'a contemjation des Myjîeres 'de la,
Divinité ,
Cejl de vous qu'il tire fes lumières pour les connoîtt , ^ c'ejl vous aui Im
donnez l'attrait dont il eft pénétré. ï /
Un Chrétien ne pourroit pas parler plus énerguement de la grâce de Tefus-
Chrift, laquelle ne proJuiroit pas fans doute cesffefs merveilleux 11 elle n'a"
voit fa fource dans la Divinité qui étoit inféparJcmont unie à fo'n Humanité
facrée. l^oyzz le titre de Rouhallah, qui eft le int-Efprit.
Il y a beaucoup de chofes qui regardent la Perjne adorable de Jefus-Chrift
que l'on peut voir dans les titres de l'Evangile des Apôtres, des Chrétiens*
du McHie, & ailleurs. *
L'on trouve parmi les Mufulmans plufieurspcbnnages qui portent le nom
d'IlTa, de même que parmy les Juifs celuy dq/eft, niais nous le rencontrons
rarement parmi les Chrétiens, Il eft vrai qu ie ^om d'Iefchou , dont celui
d'IlTa n'eft qu'une abbreviation ou tranfpofitic de ^ttres, de môme que celuy
de Chrift , fe rencontre en compofîtion dans 1 nom; de quelques Chrétiens de
Syrie & d'Ethiopie.
ISS A Ben Schalathah , Médecin Chrétien, fcipJe de Geort^e, fils de Bakhti-
fchouâ , fut mis par fon Maître auprès du Hife Abougiafar^Al Manfor pour
remplir fa place. Il étoit fi avare, qu'il vot obliger le Métropolitain de la
ville de Moful à 4ui donner des vafes precieue fon Eglife ; cette a&on lui fit
perdre
j S S A. — - I S T A K H A R.
perdre entièrement la faveur de fon Prince ; car il fut fuûigé , dépouillé de
fes biens, & banni de la Cour.
T9S A Rar Ali furnommé Al Motethabeb, le Médecin, Auteur d'un Diaion.
niire Svriaque, ti^duit en Arabe, qui cft intitulé Lexicon. 11 étoit Chrétien &
mtif de S>n^; faifant profeffion de la Médecine.
TQCA Ren Ali, furnommé Al Cahhal; c'efl-à-dire , l'Oculifïe. II a compofd
r ^,^;^„l^ Tndhkerat Al Cahhalin . lur les maladits des yeux, & leurs
™nodes. S O'uvngé cft tué de Gafcn , & fe trouve dans la Bibliothèque
du Roy, n°. 962.
ISS A Ben ^^^'^^^ ^^^^^^^7 ^
o^-adaf & fit reeonnoître fon propre fils nomme Mahadi pour fon légitime
fuccelieur. Fan de l'Hegire i7.de Jefus-Œnil 764.
TQc: A Al Milek Al Dhahr, Sultan de Mardin, & d'une grande partie de la:
ibi^ n c vnintairement entre les mains de Tamerlan , pour con-
S^rSteau de Mard>, place la plus importante de tout le pays.
ISS A Ben Ishfik Ebn ^erâat. On le furnommé auflî Abou Iffa. Ilelt Au-
' % n Mecalat ou Efcours {^û adrefTe a quelques-uns de fes amis, dans
teur tiun > 5 „„:saDpliqioient à la Philofophie, du reproche d'irréligion
leqiiel d défend ^^^^^/l!" ^Jf ais la Bibliothèque Royale , n". 792.
^^iff rfrêompSfé unOuvrap intitulé, Mefail ///à , qui font des queflions
eurieufes fur la Philofopie.
Tcc A Rpn Tnufouf, rurnotmé Ebn Atthar, fë ffls du Droguiffe ou de l'A-
ISSA ^^"/JJ''\''^. le Cber Biîlah Khalife, de la Maifon des Abbaffides,
g'^LVunde' & grals coniidens.
T«;SA Ebn IlTa Homm(ti'ès-docle qui réfuta les Aftrologues qui avoicnt
M> n fécond 'dëlu'^e iverfcl fous le reçne de Mohammed Khovarezm-
Fchah. Vo^/ez le titre de ce Itan, âf celuy de Thoufan, qui fignifîe le Déluge.
T<;SArOGI L'Ifa<^ogds Porphyre. Ce livre a été traduit en Arabe, &
■ commenté par Âthireddin \ ^heri ; i-1 y en a un exemplaire dans la Biblio-
^^lS/m Ar MoWâêr l'anife en vers Arabes, & a intitulé' fon poëme
T ] à caufe que la de-nievconfone de chaque rmie eft la lettre f. l^oyez
l'utn de Maouzen al mzdn, Pefon de la balance. Le mot de Mizan qui
L-^^ le nropre fignifie une bal:e , fe prend dans le figuré pour la Logique.
T PS Ar-ibes qui divifent ordu'ement la Logique en dix portes ou chapitres,
en font un deTIfagoge, ou bdudion de Porphyre,
ISTAKHAR. ^^oj-eg; Eften.
TT,
I T. I Z N I M I D, 3^3
IT. Nom de l'onzième Giagh ou Cycle des Igureens. Les Cathaiens l'appel-
lent Sou , d'un mot qui fignifle en leur langue un chien , de même qu'It '&
Kupek en Turc.
IVAN Ili. Le païs d'Ivan. Les Turcs appellent ainfi en leur langue, le
païs que Jean Caflriot peiw- de George, poffedoit en Albanie , à caufe que les
Albanois appelljnt en leur langue Juan celui que nous appelions Jean.
IZDIN Corfouzi. En Turc le Golphe de Ziton.
IZNIK. La ville de Nicée en Bithynie, première conquefte des Turcs fur
les Grecs. Iznik Kioli , Lac de Bithynie,
IZNIMID. La ville de Nicomedie qui eft auffî fituée dans la Province
de Bithynie.
K E B L A H.
^•^^^ERLAH, ou Kebleh, ou Kibieh , comme les Turcs le prononcent.
^ 1^ % Mot Arabe, lequel fignifie proprement & en gênerai, l'endroit vers
% -*^ ^ lequel on le tourne, que l'on a, ou que l'on doit avoir devant foy.
•Jt-^âr'^î- Dans une fignih'cation plus particulière , les Mahometans appellent
de ce nom , la Partie du Monde où le Temple de la Mecque eft fitué , vers
kquelle ils font obligez de fe tom-ner quand ils font leurs Prières, & parce que
la Mecque cil fituée vers le Midy , le mot de Kebleh fe prend fouvent pour
la Partie Méridionale du Ciel & de la Terre; de même que pour le vent qui
Ibuftle de ce côté-là.
Il efl vray, que Mahomet ordonna d'abord aux fiens, de fe tourner en priant
vers le Temple de Jerufalem, qui étoit le Kebleh des Juifs, & des Chrétiens.
En effet, toutes les Eglifes des_ anciens Chrétiens, & même celles qui fubfiftent
jufqu'à nos temps , étoient bâties de telle manière , que le Prellre oflYant le
facrifice à l'Autel , regardoit l'Orient où le Temple de Jerufalem eft fitué à
l'égard des Grecs &-des Latins.
Mahomet n'ofa pas d'abord propofer aux ficns un autre Kebleh , à caufe de
la. grande vénération que les deux Religions principales , la Juive & la Chré-
tienne, dont la fienne n'étoit qu'une Seftc corrompue, avoieUt pour ce lieu-là,
qui étoit fanftifié par les prières de tant de Prophètes, & par celles du Mellîe
même. Mais , comme il voulut dans la fuite féparer les fiens de toute commu-
nication en fait de Religion , avec les Chrétiens & les Juifs , il leui- ordonna ■
d'addreflcr leurs prières vers le Temple de la Mecque, par ce verfet de l'Alco-
ran: Tu tourneras ta face vers k 7'einple facré de la Mecque.
Cependant, ce changement de Kebleh donna occafion à plufieurs d'entre les
Tome IL Y y Difciples
354 K E B L E T A N.
Difciples de ce faux Prophète, ck murmurer contre luy , d: il fut cenfurc par-
ticuliérement par les Juifs, qui l'accuferent d'inconfuance & de légèreté , ce qui
l'obli'ea de dire en un autre endroit ces paroles: Dùu eji le Maiftre du Levant
cf du Couchant, âf ^^ î"^^ <^oJîé que vous vous tourniez en priant , vms y trouve-
rez la face du Seigneur, c''e[l-à-dire,fa prefence.
Aulïï fuivant l'Auteur du Kefchaf, il arriva depuis, que les Soldats de l'Ar-
mée de Mahomet faifant leurs prières pendant une nuit fort obfcure , n'obfer-
verent pas bien leur Kebleh , deforte qu'étant retournez à Medine, ils deman-
dèrent permiiïïon à Mahomet de réitérer leur prière, pour reparer ce manque-
ment. Mais , Mahomet mit leur çonlcience en repos , & leur olla tout fcru-
pule . par une défcnfe expreffe qu'il leur fit de la réitérer.
Un Auteur Perficn a paraphrafé fort élégamment ces paroles de Mahomet en
des vers dont voicy le fens: Il n'y a aucun endroit, où l'on puifTe fe cacher
de la prefence de Dieu: fon œil perçant pénètre en tous lieux. Il faut que celuy
qui a quelque connoilîance de la Divinité, de quel côté qu'il jette fes regards,,
y contemple & adore la Majefté de Dieu, reveftuë de tout l'éclat de fes attri-
buts glorieux.-
Le Kebleh fe prend donc littéralement pour la Partie du Monde que l'on:
regarde en faifant fa prière. Mais , il eft pris fouvent par allégorie , pour la
lin que l'on fe propofe dans fes aftions, Sur quoy Houlfain Vâez rapporte dans
fa Paraphrafé Perfienne de très-beaux Vers, dont on donne icy l'explication.
Ces Vers poitent : Le Kebleh que regardent les Rois , eft leur couronne ,
& leur autorité; celuy des gens d'affaires, eft l'or & l'argent; celuy des Ado-
rateurs de la beauté corporelle , eft un peu de terre & d'eau détrempée , que
l'on appelle de la boue ; celuy des débauchez , eft l'excès & la fuperfluitc en
toutes chofes ; celuy des gourmans , eft la bonne chère & le fommeil ;. celuy
d'un homme d'efprit , eft la fcience. Le Kebleh des gens de bien, eft le com-
bat de leurs pafîions; celuy des Dévots, eft la Prière; celuy des Ames tranf-
portées de l'amour de Dieu, eft l'union inféparable avec luy. Enfin, celuy des.
contemplatifs les plus élevez, eft la Gloire & la Majefté divine toute pure.
KE BLE TAN. Les deux Kebleh; Ce font les deux Temples dejerufalem
& de la Mecque.
L'on dit de Maffôud, un des premiers Compagnons de Mahomet, qu'il s'étoit
trouvé dans les deux Hegires , & qu'il avoit prié aux deux Kebleh. Par les
deux He<Tires , ou fuites , l'on entend la première qui fe fit en Ethiopie , où les
premiers °Mahometans furent obligez de fe réfugier dans la première perfécu-
tion que les Coraïfchites de la Mecque leur firent ; & la féconde , qui fe fit à:
Medine, lorfque Mahomet fut obligé luy -même de s'y retirer avec les fiens,
& c'eft celle-cy que l'on appelle proprement l'Hegire.
Les Mahometans difent en termes de Spiritualité ; faire fa prière , ou faire
quelque bonne œuvre fans Kebleh, c'eft-à-dire, fins droiture d'intention , & par
conféquent , fans mérite ; & ils accufent les Sabis , c'eft-à-dire les Idolâtres , de
tourner le dos au Kebleh , lorfqu'ils pratiquent quelque cérémonie de leur
Religion.
Le mot de Kebleh, eft encore appliqué par les Mahometans, à cette Partie
du Monde où eft le Temple de la Mecque , & au Vent qui fouffle de ce côté-
là. C'eft VKuromtus des Grecs ^ des iLatins , que l'on appelle dans la Medi-
terranécj
KEBOUDAISrGIAKETH. KEFAIAT. 355
ternnée, Sirocco & fur l'Océan, Sud-cfl: d'où vient que les Perfans & les Turcs
appellent une bouifole, qu'ils portent ordinairement fur eux pour faire cxacle-
ment leur prière, Kebleh noma, ou Kcblch numa.
Les Mahometans ont dans toutes leurs Mofquées ce Kebleh, qui cfl comme
un Autel fort exactement marqué , & ils ont obfervé que celuy de la g ande
Mofquce qu'Ai Manfor fit bâtir dans fa nouvelle Ville de Bagdet, "n'étoic pas jufte.
KEBOUDANGIAKETH. Nom d'une Ville de la Province ïranfoxane,.
qui efl des dépendances de Samarcande, ou félon quelques autres Auteuis, un
Canton femé de Villages & de Bois, au Septentrion de la Vallée de Saraarcan-
4s y que l'on appelle ordinairement, la Sogd.
KEBOUDI. Nag'meddin Ben Al Keboudi. Nom de l'Auteur d'un Livre
intitulé Afdk alafchrâk fil hokraat , le Soleil Levant de la SagefTc ,, dans le-
quel plufieurs parties de la Philofophie font expliquées. Foyez le titre de
Leboudi.
KEBR. Foyez le titre de Ghebr.
KEBRAIL. C'ell Gebraïl. Fbyez ce titre.
KEBRL Nag'meddin Al Kebri. Nom d'Aboul Genab A'bdallah Haiouki,
qui a compofé un Livre de la Vie folitaire , qu'il a intitulé Relfaiat alhaïm
alkhaïf men laumat allaïm; Lettre d'un fugitif & vagabond, qui craint de con-
traéter les foiiillures de l'immonde , c'efl-à-dire du Monde. Cet Ouvrage eft
dans la Bibliothèque du Roy, n°. 617.
KEBTH. Nom que les Arabes donnent au Royaume d'Egypte.
KEBTHL Egyptien. On dit auflî Kobthi, d'où vient le nom de Cophthc,
qui efl deineuré feulement aux Chrétiens d'Egypte, qui defcendent des anciens
Habitans du Pa3's, & que l'on diflingue des Arabes Mahometcias, qui l'habitent
prefentement.
Abou Nafr A! Kebthi efl; un Auteur qui a écrit en Arabe, un Livre d'Afliro-
logie Judiciaire, intitulé Ekhtiarat. Eleélions, ou Jugemens.
KEDOUAT. Ebn Kedouat. Nom d'im Chef des Keraraiens. Foyes le
titre de A'bdalmegid.
KEFAIAT. Mot Arabe qui fignifie , ce qui fufGt, lequel entre dans les
titres des Livres rapportez cy-deflx)us.
KEFAIAT algemal v ôrfan alkemal. Titre d'un Livre fur les Noms de
Dieu, dont l'Auteur eft Anonyme.
KEFAIAT alarib an mofchauarat althabib. Titre d'un Traité de la con-
fervation de la fanté, & des règles du tempérament, en trois Parties, compofé
par Serieddin Ahmed Ben Mohammed Al Alfi , qui a dédié fon Ouvrage à
Meula Parviz.
Yya KEFAIAT
356 K E F A I A T. K E L A B A D I.
KEFAIAT alalmâï fi aïat: la ardh eblàï. Titre d'un Traité , compofé fur
ce Verfet de l'Alcoran : Terre engloutis tes eaux. Ce Verfet eft eflimé le plus
éloquent de l'Alcoran , & c'efl celuy dans lequel Dieu fait cefier le Déluge ,
par des manières de pa.rler qui font du genre fublime. l-^oyez le titre de Alcoran.
Mohammed Ben Alohammed Ai Gezeri, eil F Auteur de cet Ouvrage, qu'il -i
dédié à Kiafchah Ben Scïd Aii Kia Al Hofîàïni AI Q/loui.
KEFAIAT altaâlim fi ahkam aîtangim. Titre d'un Livre Perficn fur l'Aflro-
îioraic, compofé par Zchireddin Mohammed Ben Malfoûd Al Zeki, Al Cazvini.
KEFAIAT fil thebb. Titre d'un Livre de Médecine, qui contient les Me^
dicaraens fimples & compofez par ordre Alphabétique. Ben Al Moncah en
ell l'Auteur, il efl cité dans le Livre intitulé, Erfchad alcalied.
Il y a un Livre Pcrfien qui porte le même titre , & qui eft divifé en fix
Traitez.
KEFAIAT fil hiat. Titre d'un Livre de Cofmographie , compofé par Mo»-
hammed lien MaiîÔud Al Malfôudi , en deux Parties , dont l'une traite des
Cieux, & l'autre de la Terre. L'Auteur l'a traduit luy-même d'Arabe en Per-
fien, & l'a intitulé Gehan danefçh. f^oyez ce titre..
KEFAIAT fû mocantharat. Titre d'un Traité de l'Aftrolabe en douze
Chnpitres, compofé par un Aurcur Anonyme.
KEFAIAT fi fadhlat alfemt. Titre d'un Traité des Méridiens, & du point
vertical , que nous appelions communément le Zenit.. Il a été compofé par
A'bdalâziz Al Vafaï.
KEFAIAT alnaïk. . Foyez le titre de Honaïn', Ben Ishak. Foyez aufii
celuy de Ibrahim Ben Ifmaïl Al Tharaboloffi , Auteur d'un Livre intitulé
Kefaïah.
KEFALANIAH. Nom de flfle de Cephalonie dans le Golfe dé Venife^
,aquelle ell ainfi nommée aujourd'huy par les Turcs.
KEFERTHAI. Nom d'un Grammairien Arabe, Auteur du Livre intitule
Bahr fil nahou.
KEKILIOS-. Nom de Saint Cecilius, Archevêque de Grenade en Efpagne.
Son Livre en parchemin fut trouvé avec plufieurs lames de plomb, le tout échE
en characleres Arabes , à Grenade , l'an de N. S. 1509 , & veu par Ahmed -
Ben Caiîem Andalous , ou Morifque , lequel en fait mention dans un Volume
de la Bibliothèque du Roy, cotté 1043.
Ce Livre & ces Lames ne contiennent que des Hifloires apocryphes, touchant
la Fondation du Chriflianifme en Efpagne. Les Lettres furent apportées à Rot
me, où, après un long examen de plufieurs" années, elles ont été condamnées,
& fapprimées.
KELABxVDL Surnom d'Aboubekr Mohammed Ben Ibrahim, natif de Bok-
hara, lequel efi: mort l'an 330 de l'hegire. Il eft Auteur du Livre intitulé, Ala?
fchaàl V alanthar. Foycz ce titre.
Abau
K E L A B A D I. K E L A I D, 357
Abou Nafr Ahmed Ben Mohammed , natif de la môme Ville , porte aufli le
même fiirnom, & a corapole un Traite fur Jes noms des Auteurs qui font ci-
tez dans le Sahih de Bokhari. Il mourut l'an 398 de TUegire. C'eft peut-
être le ffls du précèdent Auteur.
Il y a auffi un Kelabadi^ dit, par éloge, Tag'aleflam , la Couronne du Mu-
fulmanifme. Mais, c'eft le même qu'Aboubekr, dont il cil parlé cy-deffus. Oa
a auffi de lui un Arbaïn & un Amali.
Ben Giuza Al Balenfi , qui a fait les Thabacath alhadith , c'cfl-à-dire , les
Clair,.-s des Traditions, elt auffi nommé Kelabadi.
KELABADI. ■ Nom d'un autre Perfonnage, réputé Saint parmi les Mufu'-
mans. On dit de lui, qu'ayant payé les dcbtes d'un pauvre homme, molclîé
par fes Créanciers , il eut une vifion , dans laquelle il lui fcmbla être au Juge-
ment de Dieu, où il vit ce pauvre homme intercéder pour lui, &; qu'il en-
tendit que Dieu répondit au pauvre homme : Kelabadi m'a fait l'aumône & je
la lui ferai,
KELADAT. Ce mot Arabe qui fignifie un Collier de pierreries, de per-
les ou d'autres matières prétieufes, Ornement , entre dans les titres de Livres*
rapportez cy-delTous.
KELADAT alarouah V fliâdat alafnih. L'Ornement & la Parure des Gens
Spirituels , & la Félicité de ceux qui fe réjouilîent en Dieu. C'eft le titre d'un
Livre myilique fur la Contemplation, compofé par Abou Abdallah A'iem Ben
Mohimmed Al Kafciigari, furnommé Ragiol fofi, l'Homme dévot.
KELADAT albahar fi vafiat dïan aldahar. Hifloire des Hommes illuftrcs,.
fuivant l'ordre des temps, jufques en l'an 927 de l'Hegire. Son Auteur eft Abou
Mohammed Al Thabib Ben 'Abdallah, Ben Ahmed Bahariah.
KELADAT alfegelat v alôcoud , &c. Titre d'un Livre de Pratique, tou-
chant les Sentences, les obligations, les aélions, les Juges & les Témoins, à l'u-
ùge des Mufulmans. Il a été compofé par Abou A'mram MoulFa Ben ViTa. Al
Maleki, Al Magrebi, c'eft-à-dire , natif d'Afrique, l'an 791 de l'Hegire.
KELAI Al Hemiari Al Balenfi. Nom d'un Arabe Hemiarite d'origine & né
à Valence en Efpagne. Il efi: Auteur d'un Livre intitulé Ektefa fi magazi Al
Moftafa , fur les Conqueltes de Maliomet & de fes fuccefleurs. Il étoit le Kha-
thib de Valence.
KELAID. Plurier du mot de Keladat , qui fignifie Collier de toutes fortes
de matières. Ornement, Parure, comme il a été marqué cy-de;ius. Il entre auffi ^
dans les titres des Livres fuivans.
KELAID algïaman fi taârif becabaïl.ârban alzaman. Titre d'un Ouvrage
fur les Tribus & Familles des Arabes modernes , par le Père de celuy qui a
oompofé le Livre intitulé Nehaïat alârab fi anfab Al A'rab, qui efi: un Ouvra-
ge beaucoup plus ample fur le même fujet.
KELAID algiauaher fi mcnakeb A^bdalcader. Titre d'un Livre, qui con-
Y y 3 tient
5ç8 K E L A I D. K E L B I.
tient les Eloges donnez à A'bdalcader Al Hamani , compofé par Mohammed Ben
Nagibi Al Schadheli, qui mourut l'an 773 de l'Hegire.
KELAID alhekam v Feraïd alkelam. Titre d'un Recueil des dits & faits
d'Ali, fils d'Abou Thaleb, gendre de Mahomet, fait par Abou louffbuf lacoub
Al Esfaraïni.
KELAID alêkian fi ma ïorath alfacr v alneïïîdn. Colliers de pur or, fur
^eux qui ont pour héritage la pauvreté & l'oubli. Titre d'un Traité, dans le-
quel les pauvres , qui font dans l'oubli des hommes , font confolez. Cet Ou-
vrage regarde particulièrement les Sofis & les Dcrvifches, c'eft-à-dire , les Reli-
gieux Mufulmans. Il a été compofé par Ibrahim Ben Mohammed Al Nagi, &;
mis en vers par Abou A'bdallah Mohammed Ben Al A'rabi.
KELAID alêkian fi mahafTen alaiân. Titre d'un Ouvrage qui contient les
éloges des Poètes illuftres d'Afrique, en quatre Parties. La première contient
les Rois & les Princes qui fe font appliquez à la Poëfie ; la féconde eft des
Vizirs & Miniftres d'Etat ; la troifième , des Juges & des Dofteurs ; & la qua-
trième comprend tous les particuliers qui en ont fait profeffion , & dont on
a les Ouvrages.
L'Auteur de ce Livre eft Abou Nafr Al Fatah l'ITa Ben Khacan Al Caïffi,
qui mourut de mort violente l'an 535 de l'Hegire, 11 eft dans la Bibliothèque
du Roy, n^. 1075 & 1171.
KELAID fil âcaïd âla madhab alzeïdiah. Titre d'un Traité de la Seèle &
<le la Croj^ance des Zeïdiens , par Ben lahia Ben Al Mortadha , qui répond en
abrégé à tous les points que Ben Al Hageb avoit propofez.
K E L A I L. Nom d'un Ange qui gouverne le cinquième Ciel , fuivant la
Tradition des Mufulmans. Mircat.
KELAM. E'im Al Kelam. La Science de la Parole. C'eft ainfi que la
Théologie Scholaftique ou Métaphyfique eft appellée par les Mufulmans; c'eft-
à-dire , la Science qui apprend â pai'ler correélement de Dieu , & de fes At-
tributs.
Les Arabes ont un très-grand nombre de Livres compofcz fur cette Science,
de laquelle ils difent en leur Langue: Khazain allah , Al Kelam; c'eft-à-dire,
la Scholaftique enferme tous les tréfors de Dieu. C'eft particulièrement fur
cette Science, que les opinions ont été partagées, & le nombre des Sedes dif-
férentes du Mufulmanifme fur les matières Théologiques , qui font de pure fpé-
culation, furpafîe encore peut-être celuy de nos Ecoles.
Ceux qui font profeffion ou qui ont écrit de cette Science , font appeliez
Motecallemoun. Schahareftani en a donné une affez grande connoillance. f^oyez
les titres de Afrar alkhafiah, de Afrar alfchafiah, de Nehaiah, &c.
KELBI, furnom de Hefcham Ben Mohammed, Ben Schôaïb , Al Kelbi ,
mort l'an 214 de l'Hegire. Il a été le premier qui a écrit les Généalogies des
Arabes fous le titre de Anfab.
KELIM
KEtIM ALLAH. KEMALEDDÎN. ^^g
KELIM ALLAH. Titre ou Eloge que les Mahometans donnent à Moy-
fc , à caufe qu'il a parié à Dieu face à face.
KELOU ou Ghelou Asfendiar. Nom du quatriO;rae Prince de la Famille ou
DynaftJe des Sarbedariens.
KEMAL. Mot Arabe, qui fignifie PerfecT:ion , lequel entre dans les titres
do quelques Livres & dans les Noms propres de pluiieurs Perfonnages , comme
on le peut voir par les Articles fuivans.
KEMAL albelagat, la Perfeffion de l'Eloquence. Ticre d'un Livre compo-
fé par Scharas almàali Cabous Ben Vafchmeghir, Sultan de Giorgian & de Di-
lem. yoyez le titre de Cabous.
KEMAL alferhat fi defà alfamoum v hefdh alfehar. Titre d'un Livre de
Médecine , pour cha(îî-'r les venins & pour conferver la fanté , compofé par Mo-
hammed Al Couifouni & par A'bdal Gani Al Mocdeffi.
KEMALEDDIN Al Armouni. Nom que porte l'Auteur de l'Abrégé de
la Chronique de Thabari en Perfien.
KEMALEDDIN Aboul Baca Mohammed. Voyez le titre de Demiri.
KEMALEDDIN Ifmaïl Ben Gemaleddin Mohammed AWalrazzak Al Esfa-
hani. Nom d'un Poëte Perfien, ilTu d'une Maifon fort qualifiée à Ifpahan, le-
quel avoit pour frère Mouineddin A'bdalkerim , qui s'appliqua à la Jurifpru-
dcnce. Pour luy, il fe donna entièrement à la Poëfie Perfienne, en laquelle il
excella à un tel point, qu'il mérita le titre de Malek alfchôara, c'efl-à-dire , de
Roy des Poètes de fon temps.
Les Seigneurs de la Maifon de Saêd firent de grands honneurs à Kemaleddin
Ifmaïl, & le diftingucrent fi fort, que cela luy attira l'envie de fes Citoyens,
qui le maltraitèrent avec tant de rigueur dans la fuite du temps , qu'il refolut
de les quitter & d'abandonner fli Patrie, avec des imprécations qu'il mit en vers,
& qui eurent leur effet quelque temps après.
Ces Vers font en ce fens: Seigneur, qui êtes le Maître des fept Planètes qui
répandent leurs influences fur la naifiance des Princes & leur communiquent des
inclinations telles qu'il vous plaît; donnez à ce Peuple un Roy cruel & fangui-
naire, qui fafle de la Porte & du chemin qui conduit au défert , une folitude
eff'royable; qui faflîe déborder un Torrent de fang de fes Citoyens par-deiïus fes
murailles , & qui enfin multiplie fes Habitans d'une horrible manière , en taillant
chacun d'eux en pièces.
La défolation de la Ville d'Ifpahan fuivit de près ce prognoftic. Car , l'ar-
mée des Tartares, qu'Oktaï khan, fils & fucceifeur de Genghizkhan , envoya
pour l'affiéger, la reduifit en un fi pitoyable état , qu'elle fit même compaflion
à celuy qui luy avoit fouhaité tous ces maux. En effet , ce Poëte fe trouva
trop vangé, & fut luy-même obligé de déplorer la ruine de fa Patrie, par d'au-
tres Vers, dont voicy l'explication.
Il dit: On ne trouve perfonnc dans cette pauvre Ville qui fe plaigne , ni de
lia calamité publique, ni de fa propre mifère. Ces jours palfez, il y avoit cent
per-
l6o K E M A L E D D I N.
perfonncs pour pleurer un feul homme mort, & aujourd'huy il ne s'en trouve
pas un feul pour pleurer la mort de cent de fes amis.
Cependant Kemaleddin fut accablé luy-même fous l^s ruines que caufa cette
horrible tempête excitée par les Tartares. Car, s'étant retiré en habit de Der-
vifche, en un hermitage qui n'étoit pas fort éloigne de la Ville, plufieurs Ha-
bitans fauverent , ce qu'ils purent des mains des Tartares & le portèrent chez
luy. Kemaleddin fit jetter le tout dans un puits fec, pour le dérober à la vûë
des Tartares qui couroicnt le Pays. Mais , rien n'échape aux yeux de la Pro-
vidence qui gouverne toutes chofes.
Il arriva qu'un Cavalier Tartare , tirant un coup de flèche à un oyfeau per-
ché fur le toift de i'hermitage, l'anneau d'yvoire , qui fert aux Archers à ban-
der leur arc, étant tombé de la main du Tartare , roula jufques à une ouver-
ture de ce Puits , dans lequel il fallut le chercher. Ce fut pour lors , que le
tréfor fut découvert , & \qs Tartares foupçonnant que celuy qui avoit caché
dans un puits une fomme fi confidcrable , en pouvoit avoir encore beaucoup
d'autres en difFérens endroits , ils luy firent fouifrir de cruelles gênes pour en
découvrir la vérité.
Kemaleddin , qui n'étoit pas moins Philofophe que Poëte , foufFrit ces tour-
mens avec une grande confiance. Il nous a laifie même un bel exemple de
fa vertu, & un grand motif de confolation pour les affligez, dans les vers qu'il
fit à ce fujet en ce fens : Mon cœur eft percé de douleurs pendant que mon
corps fouffre ; mais telle efi la condition avec laquelle nous devons palier la
vie. En efi'et , toutes ces afiîiclions , confiderées en h préfence de Dieu, ne
font qu'un jeu de fa Providence. Je n'ay donc garde de me plaindre de mon
mauvais fort; car tout ce que je fouff're n'efi: peut-être qu'un trait de carelFcs
que Dieu fait fouvent à ï'qs plus grands ferviteurs.
Kemaleddin ^nc furvêquit pas long-temps à la ruïne de fa Patrie; car il mou-
rut dans la même année, qui étoit fan 635 de l'Hegire.
Ce Poëte a laifie un Divan ou Recueil de fes Poëfics en Langue Perfienne.
11 y a un Poëmc de luy fur le retoiu- àz Gelaleddin dans fes Etats, après la
retraite de Genghizkhan, qui efi beaucoup efiimé.
Il efi aufîî l'Auteur d'un Poëme allégorique- fur les clieveux, dont le fens efi:
fort caché ,^ quoyque le nom de cheveux foit enfermé dans chaque vers. Sel-
man & plufi.urs autres Poètes, fes Contem/porains, en ont voulu faire des Pa-
rodies^; mais ils n'ont pas pu en pénétrer le fens. Daulat fchah. ISiighiariJîan,
^KEMALEDDIN Moufili Ben lounas , Pen Malek. Nom d'un Lmam &
d'un Dofteur des plus célèbres entre les Mufulmans , lequel fit profcfilon d'a-
boi'd de la Sefte Schafeïcnne. Mais il paffa enfuite dans toutes hs autres qu'il
réfuta tour à tour. Il s'appliqua aux Mathématiques , & commenta les Livres
d'Euclide i\- de Ptolomée. Il voulut auffi prendre connoilîànce de la Do6lrine
des Juifs & des Chi êtiens , & lut les Livres de l'ancien & du nouveau Tefi:a-
mont; de forte qu'il devint un prodige de ftience, & qu'il fut furnommé Schcii'h
alallamat, c'eic-à-dire , le Docleur des Docleurs. Ses deux principaux Maifires
furent Athireddin Abheri & Takieddin lien Salah, que 5chamseddin Ben Khale-
can dit avoir vu luy donner des leçons.
Ce Doreur mourut l'an de l'Hegire , fous Je règne des Sultans d'Egvpte A\
' Malc:^
KEMALEDDIN. . KENASCHAT. ^6r
Malek Al Saleh Aïoub , & Malck AI Saleh Ifmaïl , de la pofterité de Saladin.
Ben Schohnah.
KEMALEDDIN Khogendi. Nom d'un Poëte Perfien , natif de la Ville
de Khogend dans la Tranfoxanc. II fut grand imitateur de Ferideddin A'tthar.
Mais il n'arriva pas à fa perfection comme il le confefTe luy-même. Car, il
dit: Je n'ay pas honte de mes Vers, quoyqu'A'tthar me furpaiTe de cent djg-ez.
Notre Poète vint de fon Pays jufques à la Mecque en Pèlerinage , & s'éta-
blit enfuite dans la Province d'Adherbigian, où le Sultan HoufTaïn, fils du Sul-
tan Avis Gialaïr liekhani , l'accueillit , & luy donna la maifon dans la Ville de
Tauris , où demeuroit aufïï alors le fameux Poëte Hafez Schirazi. Kemaleddin
mourut en cette Ville & y fut enterré l'an 792 de l'Hegire.
Kemaleddin croyoit fa Poëfie tellement purgée & irrepréhenfible , lorfqu'elle
feroit bien entendue, qu'il fit un Quatrain, dans lequel il s'addreffe au Démon
& luy dit: Prends dans mes Vers tous ceux qu'il te plaira. Mais, ne paiTe pas
par-defTus les mots, comme fait la plume; defcends & entre dans chaque lettre,
<:omme fait l'encre.
A l'occafion du mot de Kemal , qui entre dans fon nom , lequel fignifie Per-
fe6lion , le même Poëte fe trouvant un jour avec deux autres , nommez Rolcn
•& Borhan , mots qui fignificnt Colonne & Preuve , Borhaneddin voyant paifer
un chien , dit : Cet animal a beaucoup de perfeftions. Kemaleddin repartit auffi-
tôt: Une des principales eft qu'il levé la jambe à toutes les colonnes qu'il ren-
contre; & Rokneddin ajouta: La preuve en eft claire. Daulat Schah.
KEMAL PASCHA. SchamseJdin Ahmed Ben Soliman, Ben Kemal Pa-
fcha. Nom d'un fort grand Jurifconfulte parmi les Mufulmans, Il mourut l'an
940 de l'Hegire , & a compofé les Livres intitulez Adab , Eflah fil foroû &
Édhah. Il dédia ce dernier à Soliman, Empereur des Turcs, l'an 928 de l'He-
gire.
KENAB. Fadhlallah Ben Kenab Al Cazvini. Nom de l'Auteur du Tarikh
Môagem. Voyez le titre de Môagera.
KEN AI AT. Plurier de Kenaiah, qui fignifie en Arabe Dénomination, nom
emprunté. Ce mot entre dans le titre du Livre dont il eft parlé dans l'Arti-
cle fuivant.
KEN AI AT alodaba v efcharat albolaga. Titre d'un Recueil de Pièces de
Poëfie & de-Profe, ramaffé par Aboul A'bbas Ahmed Ben Mohammed Al Gior-
giani, qui eft mort l'an 482 de l'Hegire.
KENASCHAT ou Kenafchiat algelal. Titre d'un Abrégé de Médecine,
compofé par Gelaleddin Khedher Ben A'ii , furnommé Hagi Pafcha. Le mot de
Kenafchat fignifie en Arabe le commencement des branches des arbres. On dit
auffi Kounafchat.
KENASCHAT Ibrahim. Titre d'un autre Abrégé de Médecine, dont Ibra-
him Ben Bekir Al E'raki eft Auteur.
KENASCHAT Manfour. Titre d'un Siftême entier de la Médecine, com-
ToME II. Z z pofé
3^2 KENCHEN. KENDAH.
pofé par Mohammed Ben Zacaria Al Razi ,• pour Maiifour'Ben Ishak,. Ben Al-
A 'mer.
Ce Livre contient dix Traitez. Le premier eft de la figure & de la ficua-
tion des parties du corps humain. Le fécond, du tempérament & de la phy-
fionomie. Le troifième, des qualitez des viandes, dont nous nous nourriflbns ,,
& de celles des remèdes. Le quatrième , des préfervatifs contre les maladies.
Le cinquième, de la préparation des viandes & des remèdes. Le fixième, de
la règle & de la conduite que doivent garder les voyageurs , pour gouverner-
leur fanté. Le feptième , de la Chirurgie & autres Arts qui fervent à guérir-
les playes. Le huitième , de la guérifon & des remèdes qui fervent contre les
venins. Le neuvième, des maladies en général & en. particulier. Le dixième y,
des fièvres & de leur guérifon.
KENCHEN. On appelle de ce nom aux Indes, ce que les Pcrfàns & les
Turcs nomment Genghereh & Tchengheneh. Ce font des Danfeufes & des
Joucufes d'Inftrumens , qui vont par troupes, qu'Horace appelle dans fa fecon»-
de Satyre Jmbubaiarum Collegia. Tout le Levant eft plein de ces fortes de Ba-
ladines. Foyez le titre de Genghereh.
KEN D AH. Nom d'une Tribu célèbre parmi les Arabes, dont plufieurs
Rois font ilTus. Le premier fut Hagiar, furnommé Akel almarar, le Mangeur
de laitues amères comme un chameau , fobriquet que luy donna fa femme:
étant en colère contre lui.
Cet Hagiar defcendoit de Zeïd , fils de Cadhan , fils de Saba , Roy de l'Ie-
men ou de l'Arabie heureufe. Il fut depoiiillé de fes Etats par les Lakhmides,
qui regnoient dans l'Iemen. Mais Hareth ou Aretas , qui fut fon petit- fils ;>,
leur rendit la pareille. Car, étant foûtenu par Cobad, Roy de Perfe , duquel
il avoit embrafi!e la Religion , il chaila MonJhir de l'Iemen & y régna en fa place.
Cet Hareth devint très-puiffant dans l'Arabie. Car il la conquit prefque
toute entière , avec les puiiTans fecours que Cobad lui envoya , & il la parta-
gea entre fes enfans, dont Hagiar fut puifné & fon fuccefl'eur.
Amrilcaïs, Poëte très-celèbre parmi les Arabes de la Gentilité, fut fils de cet-
Hagiar. Mais il fut chaffé de fes Etats , & ne jouît que fort peu de temps
de fa Couronne, parce que Noufchirvan, nls de Cobad, rétablit Mondhir dans
l'Iemen, dont Cobad l'avoit dépouillé, pour n'avoir pas voulu adhérer à la Sec-
te de Mazdak , fon Prophète.
Amrilcaïs demeura fugitif en Arabie pendant quelque temps , & fut enfin
contraint de la quitter, pour fe réfugier auprès d'un puiflànt Juif, nommé Sa.
moul ou Samuel , qui le reçut fort bien & qui lui fit honneur. Mais , com-
me il ne fc trouva pas encore aflxîz en fureté chez ce Juif, il pafla auprès de
l'Empereur des Grecs, laiiTant fa cuirafiTe en dépôt à Samuel.
Qaclqti2S-uns difent, qu'Amrilcaïs fut empoifonné par cet Empereur, ce qui
eft fjit éloigné de la vraifemblance. Car il eft certain , qu'il mourut fur fes
terres, & que Hareth, fils de GalTan , voulut retirer des mains de Samuel, la
cuii-aife qu'Amrilcaïs luy avoit lailfée , & menaça ce Juif de faire mourir fon
fils, qu'il tcnoit prifonnier, s'il ne la luy rendoit. Mais Samuel la luy refu-
ià , & fon fils en perdit la vie. Ben Hchûlimh.
KENDL
K E N D I. K E N N A S S E R I N. 353-
KENDI. Abou loufTouf Ben Ishak Al Kendi. Nom d'un excellent Philo-
Ibphc Péripateticien , furnommé Al Kendi , parce qu'il étoit de la Tribu de Ken-
dah. C'eft ccluy que nos Auteurs appellent Al Kindus. Il vivoit fous le Kha-
lifat d'Al Mamon, & il a beaucoup écrit. Car, outre les Commentaires qu'il
a faits fur la plupart des Ouvrages d'Ariftote, nous avons de lui une Traduc-
tion Arabique avec des Notes, fur le Livre d'Akar ou des Sphères d'Avtolycus.
Abou A'mrou Ben ToufTouf, que quelques-uns nomment Ben A'mrou, porte
auffi le furnom d'Aï Kendi. C'efl un Auteur qui a compofé un Traité fur les
chofes remarquables de l'Egypte, dont le titre eft Fadhaïl Mefr; & une Hiftoi-
re particulière des Cadhis ou Juges de cette Province, fous le titre de Akhbar
Codhat Mefr, Il eft mort l'an 246 de l'Hegire.
Le célèbre Poëte Motanabbi eft dit auffi Al Kendi , non pas à caufe qu'il
fût originaire de cette Tribu de Kendah ; mais , parce qu'il étoit né dans un
quartier de la Ville de Coufah, qui portoit ce même nom.
KEN G'. Voyez le titre de Kenz.
KEN G HE H. Voyez le titre de Kenker.
KENGI, furnom de Senaneddin , Auteur d'un Schahr ou Commentaire fur
le Livre intitulé Adab , de Gemaleddin Al Kauami Al Motharezi , Auteur du
Livre intitulé Bedài alathâr.
Mohammed Ben loufTouf Al Kengi , eft auffi Auteur d'un Ouvrage intitulé
Beïan fi akhbar ahel alzeman.
KENGIAOUI ou Kengioui. Voyez le titre de Nozami.
KENIAH, Kenaiah & Tekniah. Dénomination & efpèce de nom emprunté
de celuy du Père, de la Mèro, du fils, du frère, &c. qui eft fort en ufage par-
mi les Arabes. Voyez les titres de Abou , 0mm , Ben , &c.
Saheb alkeniat. Voyez le titre de Zahedi Aboul Regia Mokhtar.
KENKER ou Kankar Al Hcndi. Kenker l'Indien. Nom d'un Philofophe
& d'un Aftrologuo des Indes , duquel on a un Livre d'Aftronomie Judiciaire ,
fous le titre d'Ekhtiarat. Il eft auffi nommé Kenghch, ou Kangliah & Kankah.
KENNAOUG'. Nom de la Ville Capitale du Pays de Hend ou Hind, qui
s'étend au de-là de celuy de Send ou Sind, c'eft-à-dire, de la partie des Indes,
qui eft entre l'Indus & le Gange. Elle a dans fon Territoire une mine d'or
fort abondante, & il y a un très-grand concours de Marchands de tous les Pays
du iMonde , qui y ont commerce , à caufe du grand gain qu'ils font fur les Mar-
chandifes du Pays. Elle eft fituée dans le fécond Climat à 115 degrez de lon-
gitude, & au 26 degré de latitude à l'Orient de la Ville & Province de Mul-
tan. Mdal Méal.
KENNASSERIN. Nom d'une Ville de Syrie afTez proche d'Halep , fituée
à 7a degrez de longitude, & à 35 degrez, 30 minutes de latitude Septentrio-
nale. Elle fut prife par Cofroés, Roy de Perfe, fur l'Empereur Phocas.
Les Khalifes, de Damas & de Bagdet s'en rendirent les maîtres. Ahmed Ben
Tholoun, qui s'étoit emparé de l'Egypte, envahit auffi une partie de la Syrie,
Zz 2 & prit
364 KENT. K E N Z.
& prit cette Ville avec celles dé Damas , d'Halep & d'EmelTe , &c. jufques à
Raccah, fur le Khalife Motamed, Tan 265 de l'Hegire.
Mohammed Ben Ah" Ben A'ffchâïr Al Halabi a écrit l'Hilloire de cette Vil-
le , fous le titre de Tag' alnafrin fi tarikh Kennalferin. Cet Auteur mourut
l'an 789 de l'Hegire.
KENT. Foyez le titre de legnikent. C'efl le nom d'une Ville.
KENZ. Mot Arabe, qui fignifie Tréfor, de même que celui de Keng' en
Perfien. Il y a un très-grand nombre de Livres Arabes, Perfiens & Turcs , qui
portent indifféremment le nom de Kenz & celui de Keng', avec quelque addi-
tion. Il faut pourtant remarquer, que les Livres Arabes portent plutôt le ti-
tre de Kenz, que de Keng'.-
KENZ alakhbar. Titre d'un Livre Hifïorique de Mohammed Ben Boufch-
rouieh Al Balkhi , commenté par Edris Ben A'Ji , Ben A'bdallah. Khezergi fait
mention de cet Ouvrage dans fon Tarikh Allemen, c'efl-à-dire, dans fon Hif-
toire de l'Arabie heureufc
KENZ alakhbar v lameh alafkar. Titre d'un Ouvrage fur l'Hifloire Otto-
manne, compofé par Mollafa , furnommé A'ali , environ fan 1000 de l'Hegi-
r.e, fous le règne de Sultan Morad, Empereur des Turcs.
KENZ alakhfas v dorr almegauas fi mâarefat alkhauas. Titre d'un Ouvrage:
de Phyfique & de Médecine. Son Auteur efi: E'zzeddin Ben A'ii, Ben Aïdum,
Al Geldeki , qui fa compofé dans la Ville de Damas , & l'a divifé en douze
Chapitres.
KENZ alafirar v dhekhaïr alabrar. Titre d'un Ouvrage de Phyfionomié at-
tribué à Hermès Trifmegifl:e, très-eftimé parmi les Mufulmans. Il a été com-
menté par Schakloufcha Al Babeli, par Thabet Ben Corrah Al Harrani, & par
Hoffaïn Ben Ishak Al Tabaoui..
KENZ alafrar v lauameh alafkar. Titre d'un Livre de Morale & de Spiri-
tualité, compofé par Abou A'bdallah Mohammed Ben Sâïd , Ben O'mar, Ben;
Sâd, Al Sahnagi, plus connu fous le nom de Ben Mefchahed.
KENZ balefchteha. Titre d'un Poëme en Perfien, dont l'Auteur efl Gema-
leddin Ben Ishak , furnommé Al Hallag'. Il fe vantoit qu'on ne pouvoit luy
propofer aucun fujet, fur lequel il ne fiit des Vers..
KENZ albadî. Titre d'un Livre de Poëfie en Langue Turque , contenant
pjufieurs fables mifes en Vers. Kuvaï, Poëte Turc , en efl l'Auteur.
KENZ albelagat fil enfcha. Titre d'un Livre d'Eloquence en Langue Pcr-
fjtnne, compofé par Ahmed Ben A'ii, Ben Ahmed.
KENZ algiavahcr. Titre d'un grand Ouvrage, qui eil un ramas d'Hiftoires j .
de Récits & d'Entretiens, compofé par Ben AI Hag' Mohammed^, Ben Moham-
med, lequel cft mort, l'an 741 de l'Hegire.
KENZ,
K E N Z. 355
KENZ alhekmat fil fanâat alelahiat. Titre d'un Livre de Philofophie, cora-
pofé pai- Ben Vahfchiah.
KENZ alkhafi fi beian mecamat alfofi. Titre d'un Livre de Spiritualité, à
l'ufage des Sofis ou Religieux Mufulmans, compofé par HolTameddin Al Badliflî.
KENZ alvafi fi zobdat altelTauf. Titre d'un Livre qui traite d^ la Vie Re-
ligieufe , telle que les Sofis la profefient. Il a été compofé en Vers & en Pro-
fe, par Ali Ben Mohammed, furnommé Al Kerouani.
KENZ aldacaik fil foroû AI Hanefiah. Titre d'un Ouvrage de Jurifpruden-
ee Mufulmanne, fuivant la doftrine d'Abou Hanifah. Il a pour Auteur l'I-
mam Aboul Barakat A'thallah Ben Ahmed, fiarnommé Al Hafafi. Plufieurs Au-
teurs ont fait des Commentaires fur cet Ouvrage.
KENZ alromouz. Titre d'un Livre de Spiritualité & de Morale, compofé
par l'Emir Holfaïn Ben Al MahalTen Al Hoffaïni.
KENZ alrouia almamoun. Titre d'un Livre d'Oneirocritique ou de l'Inter-
prétation des Songes, fans nom d'Auteur..
KENZ aîthabib v boghiat allabib. Titre d'un Livre de Médecine, & par-
ticulièrement fur les maladies, compofé par Kemalcddin Mahmoud Ben Al Haf-
fan Al Maufiali. Il a dcdié cet Ouvrage à Mag'deddin O'mar Ben Al Solthan
Schamseddin , qui defcendoit de Raflbul , Roy de l'Iemen ou de l'Arabie heureufe.
KENZ alârefin. Titre d'un Livre de Spiritualité, fans nom d'Auteur.
KENZ alêbad fi fchath alaurad. Titre d'un Commentaù-e fur l'Ouvrage de
Schaharvardi , intitulé Al Aurad, fans nom d'Auteur.
KENZ alàgiaïb. Titre d'un Ouvrage , où il eft traité des chofes mervcil-
Icufes, fans nom d'Auteur.
KENZ alôloum v aldorr almandhoum. Titre d'un Ouvrage de Jurifpruden-
ce & de Phyfique , compofé par Mohammed Ben Mohammed , Ben Ahmed ,-
Ben Taumrat Al AnJalouffi, qui l'a divifé en cinq Parties.
K E NZ allebab fi êlm alafthorlab. Titre d'un Ouvrage qui traite de l'Aftro-
labe & de fon ufage , en trente - cinq Chapitres. Il a pour Auteur Mohammed-
Ben Aboubekr almonagim, qui l'a écrit en Perfien.
KENZ allathaïf. Titre d'un Livre écrit en Perfien, où it efl: traité de l'E-
loquence & de la manière d'écrire des Lettres. Il a été compofé par Hafiar^
- Ben A'ii Al Moumcn Al Giouii , &. fon Ouvrage comprend quatre-vingt fis Let-
tres, pour fervir de modèle.
K^NZ allogat. Titre d'un Dictionnaire Perfien, dans lequel les Noms font
féparez d'avec les Verbes. Son Auteur efl: Mohammed Ben A/bdalkhalck Ai
Mârouf. Il l'a dédié à Mohammed Naffèr , Sultan dti Royaume de Ghilan.
■ Z.Z3.. ' KENX
366 K E N Z. K E R A N,
KENZ almadfoun v aJfelek almafgioim. Titre d'un Recueil fur différentes
matières, colligé par lounos Al Maleki.
KENZ almolouk fi keïfiat alfolouk. Titre d'un Livre de Spiritualité , en
cinq Chapitres, compofé par Aboulmodhaffer louiTouf Ben Al Giouzi.
KENZ almouahheddin fi feïrat falaheddin. Titre d'une Hiftoire de la Vie
de Saladin , compofée par Abou Thaï lahia Ben Hamid Al Halabi , lequel eft
mort l'an 630 de l'Hegire.
KENZ ou plutôt Kenouz aldhahab fi tarikh Haîab. Titre d'une Hiftoire de
la Ville d'Halep, compofée par Abou Dorr Ahmed Ben Borhan Ibrahim, Ben
Sobth, Al A'gemi Al Halabi. Il eft more l'an 884 de l'Hegire.
KERAP ou Gheraï khan. Nom commun parmi les Princes ou Sultans des
Tartares de Crim & de Cafah , que nous appelions ordinairement ks petits Tar-
tares.
Le Livre intitulé Borlan alfchacaïk , de Baba Coufchi Mouphti de Cafa, qui
mourut l'an 974 de l'Hegire, eft dédié à Keraï khan.
KERAMIOUN. Nom des Sénateurs de Mohammed Ben Keram, qui foû-
tenoient , qu'il falloit entendre à la lettre tout ce que l'Alcoran dit des bras ,
des yeux & des oreilles de Dieu ; enforte qu'ils admettoient la TagialTum , c'eft-
à-dire, quelque forte de corporeïté en Dieu, qu'ils expliquoient cependant fort
différemment entre eux.
Fakhreddin Razi , fameux Théologien parmi les Mufulmans, s'oppofa à cette
impiété. Cependant, A'bdal Magid Ben Kedouat, Chef de cette Sefte , eut tant
de crédit fur l'esprit du Peuple de la Ville de Herat, qu'il s'émut une fédition,
& que le Sultan Gaïatheddin, dernier des Gaurides, fut obligé d'en fair€ fortir
Razi pour l'appaifer. f^oyez le titre de Razi Fakhreddin.
KERAN, au plurier Keranat. Mot Arabe, qui fignifie la Conjonftion de
plufieurs Planètes dans un des Signes du Zodiaque. L'une des plus grandes eft
.celle de Saturne avec Jupiter, dans le premier degré du Bélier; & elle n'arrive
qu une feule fois en 960 ans. Néanmoins , la même Conjonction arrive en trine
.alpe6l au bout de 240 »ns.
La plus grande de toutes eft celle de toutes les Planètes dans le même Si-
;gne, qui prognoftique toujours de très-grandes révolutions dans le Monde, foit
à l'égard des Religions , foit à l'égard des Etats. Les Hiftoriens Orientaux en
remarquent une au temps du Déluge, & une autre , lorfque Ginghizkhan fit fa
grande irruption, ^o-y^s le titre, de ce Prince & celui de Khouarezm fchah.
Il y a plufieurs Princes qui ont porté le titre de Sahcb keran, Maître d'une
Conjonflion heureufe & favorable. Tamerlan eft qualifié particulièrement de ce
titre, royez fon Hiftoire & le titre de Saheb keran.
Les Arabes ont plufieurs Livres en leur Langue , qui font intitulez Ketab
alksranat, comme celuy qu'ils attribuent à Zoroaftre , Ketab alkeranat le Zcra-
dafcht Hakim & celuy de Giamasb, Philofophe de la Seéle de Zoroaftre ; ce-
luy qui porte le titre de Afrar kelam Hermès ou les Secrets de Trifniegifte ,
ti-aitc aufîî le même fujct.
KERAN
K E R A N — - K E R I T. 357
KËRAN alfâadin. La Conjonélion des deux Planètes heureux. Titre de
deux Poèmes écrits en Perfien, l'un par Mir Khofrou, & l'autre par le Poëte
Dehloui,. Ce dernier eft mort l'an 720 de l'Hegire.
KERANAT alkebir. Titre d'un Livre compofé par Kengheh, ou Kankah,
Philofophe Indien , apparemment fur le Keranat de Zoroaitre. 11 y a aufli un
autre Ouvrage du mefrae Auteur intitulé, Keranat alfaghir.
KERANAT kobar. Titre d'un Livre d'Allronoraic , fans nom d'Auteur.
KERASBI. Surnom de Hoflaïn Ben Abi, Compagnon deSchafêï, un des
quatre Chefs des Seftes réputées Ortliodoxes parmy les Mufulmans. Il a com-
pofé un Livre fur les Auteurs qui ne font pas exafls dans leurs citations, qui
allèguent faux, & qui font plagiaires. Cet Ouvrage porte le titre de Efma
almodalleffin.
KERATH. Mot Arabe, qui fîgnifie proprement goulTe de Caroubier. C'ell
aufli le nom d'un Poids, qui eft la moitié du Danek, ou Grain , dont fix font
le Dirhem, ou la Drachme Arabique, de forte qu'il y a douze Kerath à la
Drachme. C'eft de ce mot, que vient celuy de Carat, dont nous nous fer»
vons, & qui pefs quatre de nos grains..
KERBELA. Nom d'une Campagne de l'Iraque Babylonienne, ou de la
Chaldée, proche de Coufah, & à TOccident de la Ville, nommée Cafr Ben
Hobeirah.
Ce lieu eft fameux par la mort & par le Sépulcre de Houffaïn fils d'Ali,
qui y fut tué,, en combattant contre les Troupes d'Iezid, fils de Moavie , qui
luy difputoit le Khalifat.
Le nom de Kerbela retentit dans toutes les Chanfons, ou Elégies qui ont
été faites , paiticulièrement par les Perfans, fur la mort funefte de HoufTaïn,.
duquel ces Seftaires tirent la defcendance de leurs Lmams, dont Houffaïn eft le-
troifième. l^'oyez le titre de Motavakkel.
KERIAH, &, Keriat. Mot Arabe, qui fignifie, Ville, en gênerai.
KERIAH gedidah. La Nouvelle Ville. Les Arabes appellent de ce nom',
la Ville que les Turcs de la Tranfoxane nomment en leur Langue , lenghi,
ou legnikent. l^oyez ce titre.
KERIT, ou, Carit. Nom d'une Tribu de Mogols, ou Tartares les plus
Orientaux, qui confinent avec le Khataï, ou la Chine.
Avenk, ou, Unk khan, regnoit dans ce pays -là l'an 599 del'hegire, & fut
défait par Ginghizkhan, Chef d'une autre Tribu. Celle de Kerit étoit toute
de Chrétiens Neftoriens, & leur Roy étoit Preftre , & marié. On le nommoit
en la Langue de la Religion du Pays, qui étoit Chaldaïque, Malck louhanna,
le Roy Jean. C'eft celuy que les Portugais ont nommé , Prêtre Joan , le
Preftre Jean; nom qu'ils communiquèrent depuis au Roy d'Ethiopie, qui étoit;
aulli Clirétien. l^oyez le titre de Carit..
KER.-
368 K E R K A S K E R M A N.
KER K AS, ou Gerkas , Nom d'une Nation voiTine des Iberiens , ou Géorgiens,
qui étoit Chrétienne. On l'appelle aufli les Peuples des cinq Montagnes, &
ce font ceux que l'on nomme communément, Circaffiens.
Il y a eu en Egypte des Sultans appeliez Circaflîens, ou Borgites , qui y
ont régné l'efpace de 138 ans, depuis Barkok qui commença Ton règne l>n 784,
Jufques à la mort de ïhoumanBaï, qui arriva l'an 923 de THegire. Befi Jofef.
KERKEDAN. Nom Perfien d'un animal plus petit que l'Elephant, & plus
gros que le Bufle , lequel a une boire fous le ventre femblable à celle que le
Cliameau a fur le dos. Il porte une corne fort grolTe fur le nez , dont les
Rois des Indes fe fervent à table. Car elle fuë à l'approche de quelque venin
que ce foit. , <- „
Cette Corne étant fendue par le milieu , prefente aux yeux la figure d un
homme, tirée avec des lignes blanches, parmy lefquelles on voit aulfides figu-
res d'oyfeaux.
Cet animal, qui efl celuy que nous appelions Rhmoceros, le trouve parti-
•culièrement dans une des Ifles de la Mer des Indes, nommée Rami, félon le
rapport du Scherif Al Edriffi, dans fon 8e. Climat, Partie 8^.
KER M AN. Nom d'une Province de l'Afie , fituée entre les 27 & 32 d. de
Latitude Septentrionale. Elle confine du côté de l'Orient avec le Segellan &
leMacran, & du côté du Couchant avec la Province de Fars, qui efl la Perfe
proprement dite. Le grand defert de Naubendigian la fepare d'avec le Kho-
ralfan vers le Septentrion, & la Mer & Golfe de Perfe, la bornent du côté
du Midy. Cependant, quelques-uns comprennent dans cette Province, la Ville
d'Oi-muZj qui efl dans le fécond Climat , & à 25. d. de Latitude.
Il y a auffî des Géographes & des Hifloriens Orientaux, qui rangent le Ker-
man, & le Suran , entre les Provinces des Indes. Foyez le titre de Scheha-
tîeddin le Gauridc.
On rencontre dans le Kerman beaucoup de Cantons, qui font entièrement
deferts., à caufe qu'il ne y'y trouve pas d'eau. Car il n'y a dans tout le Pays
aucune Rivière confidérable qui l'arroufe.
La Ville Capitale du Kerman étoit autrefois Caufchir, qui a été auflî nom-
mée Berd Ardfchir à caufe de fon Foniatcur, qui fut Ardfchir Babej;an, pre-
mier Roy de Perfe, de la Dynaftie des Salîanides. Le mot de Berd lignifie
en la Langue de ce Pays -là, Ville ou Château. On appelle aujourd'huy cette
Ville par abbreviation , Berdafchir; mais elle n'en efl plus la Capitale. Car,
Gireft, ou Sireft, & Sirgian , font beaucoup plus confiderables aujourd'hui. Ze-
rcnd, & Sarmafchir font auflî mifes au nombre des Villes de cette Province, auf-
fi bien que celle de Bam , quoyquc quelques-uns donnent la Ville de Zerend , ou
Zereng' , à la Province de Segeflan.
Ce fut dans le Kerman, que Cadherd établit la féconde Dynaflie des Selgiucides,
•qui portent ordinairement le nom de Selgiucides du Kerman ; quoyque leurs Etats
s'étcndiflTent beaucoup au dc-là de cette Province.
Les Cara Khathaïens ont auflî régné dans le Kerman, pendant les quatre-
vingt fix ans que dura leur Dynaflie. l^'oyez leur titre, l^oyez auflî plus bas le
titre de Kerman fchah.
KER-
K E R M A N I. 35p
KERMANI. Surnom commun à plufieurs Auteurs, natifs ou originaires de
îa Province de Kerman.
Rokneddin A'bdalraliman AI Halabi, dit auffi Kermani, a compofé le Livre in-
titulé Efcharat alafrar, & eft mort l'an 543 de l'Hcgire.
Malek Kermani efî: un Saint Aîufulman, duquel jàfèï a écrit la Vie, Sec-
tion 193.
Nafis Ben Auadh, Médecin célèbre, eft auffi nommé Kerm:ini.
Scliamfeddin Mohammed Ben loulTouf Al Kermani , qui mourut l'an 2S6 de
l'Hegirc , a commenté les Anouar de Baïdhoui , & les Akhlakh d'Aïgi.
Takieddin Kermani eft Auteur d'un Ouvrage intitulé, MalTalek.
Borhaneddin Ibrahim Ben MouiTa Al Kermani , Al Mocri , c. a. Docteur pour
la lefture de l'Alcoran, mort l'an 853 de l'Hégire, a compofé l'Ouvrage '"ntitulé,
Eflaaf fi maârefat alcathâ v aleftenaf. ^
Aboul CafTem Kermani. Nom d'un Vizir de Thogrulbeg , premiert Sultan deï
Sclgiucides.
Zeïneddin Al Scheïkh Al Fakih Kermani. Foyez le titre de ,Z:ïneddin.
Khouageh, ou Khogiah Kermani, très -excellent Poëte Perfien, natif de la
Province de Kerman, & ilTu de race des premières Familles de fon Pays, fut
fumommé Malek alfodhala, Le Roy des perfonnes d'efprit & de mérite. Il
fut tellement eftimé, pour la richefle, & pour la naïveté de fes expreffions ,
que l'on le nommoit ordinairement, Nakhlbend Al Schodra , Le Peintre & le
Sculpteur d'entre les Poètes.
Ce Poëte fit fon principal fejour à Bagdet. Car il quitta de bonr»e heure fon
Pays natal, qu'il témoigne cependant beaucoup regretter dans fes Vers. Il com-
pofa dans la même Ville, l'Hiftoire intitulée, Ketab Homai Homaioun, en
Vers. De Bagdet il paffa en KhoralTan, & demeura quelque temps auprès de
Semnani , qui vivoit pour lors en réputation d'une très grande fainteté. Il fit
aufîî un voyage à Ifpahan, où il trouva à la Porte de la Ville, des Filles qui
lavoient leur linge fur le bord de la Rivière , lefquelles répondirent fort in-
genieufement aux Vers qu'il leur dit en pafTant.
Il y a un Divan, ou Recueil des Poëfies de cet Auteur, qui contient vingt-
mille Vers. Ce font des efpeces de Sonnets , de Stances des Odes , des Elé-
gies , &c.
Sa mort arriva l'an 742 de l'Hegire, fix ans après celle de Semnani. Dan-
lat /chah.
Mir , ou Emir Kermani , eft un autre Poëte Perfien , contemporain de
Khouageh Kermani. Daulatfchah rapporte quelques-uns des Vers, dans la qua-
trième Clafie des Poètes dont il a écrit l'Hiftoire.
O'mad eddin Fakih Kermani étoit un des plus illoftres Perfonnages de la Pro-
vince de Kerman. Il excella dans toutes les fciences, & il tient le premier
rang entre les Poètes Perfiens de la cinquième Clafl^e, félon l'ordre des tems
qu'ils ont vécu. Il fe retira du grand Monde, pour vaquer plus particulière-
ment à Dieu, & fa cellule étoit le rendez -vous des plus habiles gens de fon
fiècle. Il fut même très-honoré par Mohammed ModhafFer , & par fes enfans ,
Sultans de Schiraz en Perfe.
Le Scheïkh Azéri dit dans fon Livre intitulé, Giauaher alafrar , qu'il n'y a rien
que de très -correct dans la Poëfie de cet Auteur , foit pour le llyle, foit pour
les penfées.
•Tome IL Aa a I!
370 KERMANSCHAH — — K E S C H A F.
Il mourut en fa Patrie l'an jjs de l'Hegire, du temps de Tamerlan. Dau^
lat /chah.
Emir lahia Kermani fut Prince de la Dynaflie des Sarbedariens. Il étoit des
plus intimes amis de Schamseddin Khuageh A'ii; de forte que celuy-cy ayant
été tué par Pehelevan Haïdar, il monta fur le thrÔJie qu'il tint pendant qua-
tre ans, au bout defquels fon propre frère le fit afTaffiner. Ce Piince étoit
pieux & a/îidu à là] lefture de l'Alcoran. Il mourut l'an 759 de l'Hegire.
Ahmed Kermani étoit auffi Poëte Perfien, contemporain, & amy particulier
de Tamerlan. Il a décrit en Vers Perfiens l'Hiftoire d'Alexandre le Grand,,
celle de Ginghizkhan, & celle de Tamerlan.
f^oyez dans le titre de Timour ce qu'il dit à. Tamerlan , étant avec luy
dans le bain.
KERMAN S CHAH. Surnom de Baharam, fils de Schabour Dhoulaftaf,,
qui eft Sapor , Roy de Perfe. Ce titre qui fignifie , Roy du Kcrman , luy fut.
donné, parce qu'il fit la conquefle de cette Province.
KERMINAH, ou Kerminiah. Nom d'une Ville de la Province Tranfoxane,,
fituée, félon Aboulfeda, entre les Villes de Bokhara & de Samarcande, ou fe--
lon Al Bergendi, entre celles de|Tauauis, & de Debufiah, à fept parafanges de
la première, & à cinq de la féconde. Elle a un terroir afiez grand, & plein
d'habitations. Sa Longitude eft de 88 d. & fa Latitude Septentrionale de 30
degrés, 30 minutes.,
KERMUAH. Nom d'une Ifle fituée dans TOcean Ethiopique, afi^z près des
Ifles de Raneg', & éloignée de la Cofte de Zeng', ou Zanguebar, d'une jour-
née de navigation, c. a. environ de trente mille. Ses Habitans font noirs, &
on les nomme Bomiîn.. Edrijfi , dans fon premier Climat f Partie 7.
KERSCH. Nom d'une Ville Maritime du Pays d'Azak, c. a. des Cofaques
qui habitent fur les bords de la Mer noire, aux embouchures du Danube, du
Tyras, du Boryfthene, & du Tanaïs. C'eû auprès de ce dernier Fleuve, & au-
près de la Palu Meotide , que cette Ville eft fituée , félon Ai Bergendi , dans le
feptième Climat..
KESCHAF an hacaïk altanzil. Titre d'un Commentaire fort ample fur
l'Alcoran , compofé l'an de l'Hegire 525 par Aboul Caflem Mahmoud Ben O'mar
Al Zamakfchari, qui mourut l'an 538 de la même Hégire.
Cet Auteur dit dans la Préface de fon Ouvrage, que la fcience de l'explica-
tio n des Ecritures furpalTe infiniment toutes les autres, & que, ni le JUrif-
confulte, ni le Théologien, ni le Prédicateur, ni l'Hiftorien , ou Confervateur
des Traditions, j, ne fçavent rien, s'ils ne font fondez fur la connoilFance du.
Texte. '' '■-.'"'
Ce que ce Do6leur Mahometan dit par rapport à fon Alcoran , fe peut fort
bien appliquer aux Ecritures véritablement faintes , des Juifs & des. Chrétiens»
Ce Commentaire fe trouve dans la Bibliothèque du Grand Duc.
Schamfeddin Al Effahani dit dans fonTaffir, ou Commentaire fur l'Alcoran,
.q»e Zamakhfchari a tiré la plus graude partie de fon Ouvrage du Taflir Al-
Zagiag'. . ^
K E s C H A H E RL K E S S A I. 371
'Il y a uii grand nombre d'Auteurs qui ont augmenté, échircî, ou abbrcé
le Kefchaf. Kothbeddin Al Schirazi y a fait des Scholies, ou Gloffs mam-
îiales, intitulées Hafchiat Al Kefchaf.
KESCHAHEM. Surnom de Mahmoud Ben HoufTaïn , mort environ
î'an 500 de l'Hegire , qui eft Auteur d'un Livre intitulé Adab ahiidim , lés
Devoirs d'un Courtifan.
KESCHAUAD , Kefchuad & Kcfchau. Nom d'un des quatre principaux
Capitaines de Caïcobad, premier Roy de la féconde Dj-naftie de Perfe , par la
valeur dcfquels, ce Monarque fe défit de tous fes ennemis. Son furnom étoit
Zerin Kulah, Portant un bonnet, ou une tiare d'or.
KESCHISCH, & Cafchifch Mot Arabe, qui fignifie Preftre, Moine Chré-
tien. Les Turcs appellent le Mont Athos, rempli d'un grand nombre de Ca-
îoiers , ou Moines Grecs , Kefchifch Daghi , la Montagne des Moines. Ils nom-
ment auflî la même Montagne , Aïnoros , par corruption du Grec , tiyiQi c^oç ,
la fainte Montagne, nom ufité aujourd'huy par les Grecs.
KESRA. Nom que les Arabes donnent en gênerai au Roy de Perfe, com-
me celuy de Rathalmious , mot corrompu de celuy de Ftolomœus , à tous les
Rois Grecs qui ont régné en Egypte.
Ce mot Kefra, eft pris du mot Perfien, Khofrau ou Khofrou , duquel nous
avons fait celuy de Khofroés. Les Arabes difent au plurier Al Kaflerah , les
Khofroés , comme CaïaiTera , les Cefars , ou Empereurs Romains.
KESSABIOUN. Nom d'une Seéle parmy les Mahometans , de gens qui
croyoient que Mohammed, dit Ben Hanefah , ou Hanefiah, qui étoit fils d'A'li,
d'une autre femme que de Fathemah, n'étoit pas mort, & qu'il devoit un jour
régner fur tous les Mufulmans. Voyez le titre de ce Mohammed-
KESSAH, & KifFch , félon la prononciation des Turcs. Mot Arabe qui
fignifie Hifloire , Narration. Il fe prend aufli fouvent pour la Vie de quelque
Pcrfonnage, aufîî-bien que fon plurier, qui eft Keffas. Il y a plufieurs Livres
Arabes, qui portent ce nom, que l'on prononce en conftruftion KeiTat. En
voicy les principaux dans les Articles de ci-deflbus , fuivant l'ordre alphabétique.
KESSAI. Surnom d'Aboul Hafian A'ii Ben Hamzah Bahaman, Ben Firouz,
Perfan de Nation ; mais Arabe de littérature , & fi excellent Grammairien , qu'il
rendit confus Sibouieh, le Maiftre de tous les Grammairiens, dans une difpute
qu'il eut avec luy.
Ce Doéteur avoit été efclave des Afl*edites , & il fut furnommé Keffaï, à
caufe de plufieurs decifions qu'il fit contre le luxe & la mode des habits. Le
Khafife Haroun AI Rafchid le donna pour Maiftre à fon fils Al Mamon , &
il eut auGB pour Difciple , Abou Zacaria lahia Ben Ziad Al Abfi , furnommé
Fera, Dofteur très-celebre.
Le Khalife Haroun rencontrant un jour KefTaï en fon chemin, luy demanda
fort honneftement, en quel état il fe trouvoit ? Kefl'aï luy répondit avec beau-
coup d'efprit <Sc d'élégance : Quand je n'aurois jamais cueilli autre fruit dans
A a a 2 mes
37Z - K E S S A R I A H. K E S- S A S.
mes études, que la feule grâce que vous me faites de penfer à moy, cela feuî
fuffiroit pour me rendre content.
Un autre jour Kelîaï fe prefenta à la porte de l'appartement d'Al Mamon, pour
luy faire leçon. Ce Prince qui ctoit à table avec fes amis, luy écrivit fur une
feuille de myrthe un Diftique dont le fens étoit : Il y a un temps d'étudier ,
& il y a un temps pour fe divertir. Celui-cy eu le temps des amis-, du, vin
de la rofe & du myrthe qui m'entefte. Keffaï aïant lu ce Diftique luy répon-
dit fur le dos de la même feuille, par un Quatrain en ce fens: Si vous aviez
compris l'excellence du fçavoir, vous préféreriez fans doute le plaifir qu'il don-
ne à. celuy que vous gouftez prefentement ; & fi vous fçaviez qui eft celuy
qui eft à vôtre porte , vous vous lèveriez auflî-toft , & vous viendriez profterné
à terre , loiier & remercier Dieu de la grâce qu'il vous fait. Al Mamon n'eut
pas plûtoft lu ces quatre Vers , qu'il quitta fa compagnie , & vint au devant
de fon Maiflre. Rabî alabrar.-
Kelfaï eft Auteur d'un Livre intitulé Nefaïs alaraïs v kelfas alenbia, l'Hiftoire
des Patriarches & des Prophètes , depuis la Création du Monde. La Traduftion
de cet Ouvrage en Periien eft dans la Bibliothèque du Roy, num.
Il mourut en Khoralîan, à la fuite du Khalife Haroun Al. Rafchid, l'an 189
de l'Hegire.
KESSARIAH, ou Caïlîariah. Cefarée. Il y a trois Villes principales de
ce nom en Afie. Celle de Paleftine , qui eft Tunis Stratoiiis , qu'Herode fit
aggrandir & fortifier, en la nommant du nom de Cefar.
La féconde eft, Cafarea Philippi, que quelques-uns ont crû être la même que
Bâalbek.
La troifième eft Cefarée de Cappadoce, qui fut le terme, des Conqueftes que
les Tartares firent dans l'Afie Mineure , après la défaite de Gaïatheddin , fils
d'A'laeddin , qui arriva l'an 640 de l'Hegire.
Il y a une autre Cefarée en Afrique , & c'eft Jidia Cccjarea de Numidie.
Mais les Arabes en ont corrompu entièrement le nom; car ils l'appellent Gezaïr. .
C'eft.la Ville d'Alger, fur la Cofte de Barbarie.
KESSAS. Voyzz cy-defllis le titre de Kefllih , dont ce mot eft le plurier, .
H entre auffidans le titre des Livres qui fui vent.
KESSAS alakhbar. Titre d'un Livre Hiftorique , dont l'Auteur eft Vahaîy
Ben Monbah. Il y en a un autre Hiftorique, comme celui-cy, intitulé Akhbar
alkeflat , compofé par Naccafch Al Molfouli.
KESSAS , alenbia. Hiftoire des Patriarches & des Prophètes. Le premier
Ouvrage qui a paru fous ce titre a été compofé par Vahab , fils de Monbah;
Thâalehi l'a décrite après luy, de même que KeflTaï, comme il eft marqué cy-
dcvant dans fon titre.
Ce, dernier Auteur commence à' la Création du Monde, & dans la Conclufion
de fou Ouvrage,, il parle de fa Fin, dans laquelle il. dit que Jefus Chrift doit
venir une féconde fois, pour combattre l'Antechrift, avec le Mahadi, dixième
Imam., qui, eft confervé en. vie jufques à ce temps-là. Son Hiftoire fe trouve
en Arabe dans la Bibliothèque du Roy, n^. 837 , & en Perfien , comme il a-
déjà été marqué danç le titre de Keffaï, num,
Sohaïi:
K E s s A- s. K E T A B. o,,
' Sohaïl A'bdaîlah Al Bafchiri a aufTi donne la même Hiftoire abbregée
Mokhtar E'zz alraolk Mohammed Ben A'bd Al Malek Al MafTihi , l'a donnée
plus ample. Cet Auteur eft mort l'an 423 de THegire.
La même matière a auflî été traitée en Perfien par Mohammed Ben HafTan
Al Deïnouri Al Hanefi, qui a fuivi Thàalebi.
K ES S AS Al Havariin. Hiftoke des Apoflres. Titre d'un Ouvra<ïe d'un
Auteur Chreftien, nommé Schimêoun Al Safa. °
K E S S A S alhavarioun. Ce font proprement les Aftes des Apoflres , com-
pofez par Saint Luc, qui eft aufïï l'Auteur d'un des quatre Evangiles, Hagi
Khalfah en fait. mention. parmy les Livres qui font rapportez cy-delfus.
KESSAS Al Salathin. L'Hiftoire des Sultans. Titre d'un petit Ouvrage
Hiftorique fur l'IJiftoire des Sultans & des Rois, fans nom d'Auteur.
K ES S AS. Voyz le titre de Cafd Keffas & ceux de Diat, & de Mekafat.
KESSAT algiamgiamah. Titre de l'Hiftoire d'une tefte de mort , que les
Mahometans difent avoir été reifufcitée par Jefus-Chrift, & des Difcours qu'elle
luy tint. Ce Livre fe trouve dans la Bibliothèque du Roy, n". 6-jo.
Cette fiétion eft tirée du Crâne d'Adam , que les Chrétiens Orientaux tien-
nent, avoir donné le nom au Mont Calvaire , où Jefus-Chrift fut crucifié.
KESSAT Fikiat. Hiftoire d'une fainte Femme nommée Fikiah , que les
Juifs, les Mahometans, & même les Chrétiens du Levant, difent avoir été la-
femme de Jefus Ben Sirah, Vizir de Salomon, fils de David.
KESSAT Haïlanah. Titre de l'Hiftoire de l'Impératrice Hélène, Mère dé
Conftantin , dont on fait la Fefte en Egypte , le neuvième jour du mois ap-
pelle Bafchnes, auquel elle deceda. Cet Ouvrage fe trouve dans la Bibliothèque
du Roy , n . 792.
KESSAT loulfouf âlaïhi alfalam zahar alkemam v kenaan. Titre de l'Hi-
ftoire du Patriarche Jofeph , la FJeur des Fleurs, ou la Fleur de k Terre de
Ghanaan.
KESSIR. Nom d'une Montagne qui s'élève au milieu du Golfe Perfique.
Voytz le titre de Bahr Al Fars.
KETAB. Livre félon les Arabes. Al'Ketab le Livre. C'eft l'Alcoran par
excellence, fuivant les Mahometans; de même que les Grecs ont nommé l'E-
criture Sainte Biblia, les Livres. Ce n'eft pas que les Mahometans ne donnent
aulfi le nom de Ketah , à l'Ancien & au Nouveau Teftament. Car à l'imita-
tion de Mahomet, ils appellent fouvent les. Chrétiens, & les Juifi, Ahel al-
ketab', ceux qui ont des Livres; c'eft-à-dirc des Ecritures Saintes, & des Livres
divins. Ils ajoutent aufli fouvent au mot de Ketab, l'épithete. de magid quand
ils parlent de l'Akoran; Ketab almagid, le Livre Glorieux.
Il y a plufieurs. Livres Orientaux, dans le titre dcfquels le mot de Ketab'
Aaa 3, eft
374 K E T A B.
efl neceflaircmemt compris, comrae Ketab Hermès, le Uvre de Mercure
Trifmeeifte, Ketab Giamasb alhakim, le Livre de Giamasb , Philofophe Perfien,
Hagi Khalfah , dans fon Cafchf aldhonoun , en fait un fort long Catalogue.
Nous en rapporterons les principaux.
KETAB alaba v alommahat. Titre d'un Livre de Généalogie, compofc par
Ben Athir Mobarek Ben Mohammed Al Gezeri , l'an 606 de l'Hegire.
KETAB alagennat. Titre du Livre De Fœtu d'Hippocrate , traduit en
Arabe , & commenté par Aboul A'bbas Ahmed , Ben Mohammed Al Sarakhfi ,
qui ell mort l'an 480 de l'Hegire.
KETAB alàraïs. Titre d'une Hifloire des Prophètes, l^oyez le titre de
Thâalebi.
KETAB alahgiar. Titre d'un Traité des Pierres, & des Minéraux, & de
leurs proprietez, attribué à Ariftote.
KETAB fi ahdath algiauhar. Titré d'un Ouvrage qui traite de la Formation
des pierreries. Il a été compote par Abou O'beïdah Caflem Ben Selem.
KETAB alahdath le Bocrath. Titre d'une Tradu6lion en Arabe du Traité
ées Symptômes d'Hippocrate.
KETAB alahdiat. Livre de l'Unité, touchant les Secrets des nombres,
compofé par Mohieddin Ben Al A'rabi.
KETAB ahkam. Titre de plufieurs Ouvrages fur l'Aflrologie Judiciaire^
dont les principaux Auteurs font Haflabi , Tanglou fchah Al lounani , Afthafan ,
Vales Al Ef kenderi , Al Kebirdi Al Tabrizi y Sohaïl Ben Bafchar Al lahoudi ,
Hermès Al Hakim , ou Mercure Trifmegille , Giamasb , Philofophe Perfien ,
Farkhan Al Thabari , Naubakht AI Hakim , &c. Aâtha a écrit auffi fous le
même titre touchant l'Hiftoire des Prophètes , & touchant les Sectes Ortho-
doxes du Mufulmanifme.
KETAB ahkam. Titre d'un autre Traité d'Aftrologie Judiciaire , compofé
<par Khogiah Houfîlun, Ben Farfi Al Mohailèb. C'eft un Ouvrage en Perfien,
dédié par fon Auteur à Schams Al Kuttab Khogiah Mahmoud.
KETAB ahkam thaïe molleïlat v dhamaïr v valTaïa. Titre d'un Ouvrage
de Morale en Perfien , compofé par Mahmoud Ben Mohammed , plus connu
fous le nom de Miran Tchelebi. Il eft mort l'an 941 de l'Hegire , & il a
dédié fon Ouvrage à Ahmed Pafcha , un des grands Vizirs des Empereurs
Othmanides.
KETAB ekhtelaf alhdr v albared beïn Al Hend v Al Roum. Titre d'un
Ouvrage dans lequel il eft traité de la différence de la chaleur & du froid qui
s'obfervent dans les Indes , & dans le pays de Roum , c'eft-à-dire , dans les
Pays de l'Afie qui font prefentement fous la domination du Grand Seigneur,
fans nom d'Auteur.
KETÀB
KETAB. j^y
KETAB alakhlath le Bocrath. Titre du Livre De Humoribus d'Hippocrate ,
traduit en Arabe.
KETAB alakhlak le Arifthou. Titre de la Morale d'Ariflote , traduite en
Arabe, par Honaïn Ben Ishak.
KETAB aladàb. Titre d'un Livre de Morale, compofé par Abou A'bdallah
Al Selemi. A'bdallah Al Môtabar a aufli traité de la même matière fous le
même titre.
KETAB alâdab fil haflan alhadith. Titre d'un Ouvrage touchant les tradi-
tions Mufulmannes, compofc par Aboul O'ia Haflan Ben Al A'tthar Al Hama-
dani, mort l'an 458 de l'Hegire.
KETAB aladouar. Titre d'un Ouvrage de Mufique, compofé par Eskender
Abin. Il a été abbregé par MuafFekeddin Affaad Ben Elias , Ben Mathran , le-
quel efl mort l'an 585 de l'Hegire.
KETAB aladouiat. Titre d'un Ouvrage de Médecine , qui traite de tous
les remèdes fimples, compofé par Ben Beïthar. l^oyez le titre de Beïthar.
KETAB aladouiat le Gialinous. Titre du traité des Remèdes fimples de Ga-
lîen, traduit du Grec en Arabe. On a aulfi un Ouvrage fous le même titre,.
& fur la même matière de Ben A'bdallah Al Ahuazi.
KETAB Al Armetathiki. Titre d'un Ouvrage d'Arithmétique, compofé par
Aboul A'bbas Al Sarakhfi.
KETAB Arfchemides. Titre d'un Ouvrage de Mathématique d'Archimedcj
ti'aduit du Grec en Arabe-
KETAB Al Raflad alkolliat. Titre d'un Recueil gênerai de toutes les Ob-
fervations d'Agronomie, par Ben Al Haïthem. Avicenne eft auffi Auteur d'un
Ouvrage fous le même titre..
KETAB fi erkan alfelafiTafat. Titre d'un Ouvrage qui traite des Principes
de la"Philofophie, compofé par Ben Mohammed Al Sarakhfi Al Thabib, Mede-
cin de profeffion, lequel eft^ mort l'an 286 de l'Hegire..
KETAB alazal. Livre de l'Eternité. Titre d'un Ouvrage de Mohammed
Ben Al A'rabi Al Thaï, mort l'an 648 de l'Hegire. 11 y traite en particulier
de la force de ce mot, & de toute l'étendue de fa fignification.
Seïd Mohammed Al Vafa Al Efkenderi Al Schadheli a auffi traité la même
matière fous le même titre, & fon Ouvrage a été commenté par Aboulmadad
A'ii Ben Mohammed , Ben Ahmed , fous le titre de Kafchf alazaliah v tahkik
alanuar alabadiah, qui acheva fon Commentaire l'an 907 de l'Hegire.
KETAB alazmenat. Le Livre des Temps. Titre, à ce qu'il paroit, d'une
Chronique, dont l'Auteur eftAbou- A'ii/, plus connu fous le nom de Cathrab
Al.Nahoui.. '
KETAB.
576 K 'E T A B.
KETAB alefleharat v aleftefcharat. Titre d'un Ouvrage qui traite de îs
manière de s'entretenir familièrement dans les Compagnies & de demander con-
feil. Il a pour Auteur Abou A'bdallah Ahmed Ben Soliman Al Zobeïri, Al
Schafêï, Dofteur de la Se6te de Schafêï , lequel eft mort l'an 217 de l'Hegire.
KETAB aleftecamat. Titre d'un Livre touchant la Droiture, ou plutôt
touchant la Perféverance , compofé par HolTaïn Ben Al Moaddeb.
KETAB Al AfTad V algauuas. Livre du Lion & du Plongeur. Titre d'En-
tretiens de Morale entre des animaux , compofé par HouflTaïn Ben Ahmed , fur-
nommé Ben Klialouiah.
KETAB Afrar Al Nahou le Arillhou. Titre d'un Traité de Grammaire
attribué à Ariflote.
ICETAB Al Efraïliat. Titre d'une Hilloire des Enfans d'Ifraël ou des Juifs ,
compofée par Vahab Ben Monbah.
iKETAB alaflhorlab. Titre de deux Ouvrages touchant l'Aftrolabe. Le pre-
mier a été compofé par Ibrahim Ben Habib Al Ferari , qui eft le premier des
Mufulmans qui a conllruit cet inllrument de Mathématique. Le fécond eft
Aboul Caflem Asbâ Ben Mohammed Al Garnathi , c'eft-à-dire , natif ou origi-
naire de la Ville de Grenade en Efpagne, lequel eft mort l'an 426 de l'Hegire
L'un & l'autre ont divifé leur Ouvrage en deux Parties. La première traite de
la Conftruélion de l'Aftrolabe; & la féconde, de fon ufage. La féconde Partie
de céluy d' Aboul Calfem Asbâ contient fîx-vingt Chapitres.
KETAB Efma giabal Tahamah. Titre d'un Livre qui traite des Montagnes
du Pays de Tahamah dans l'Arabie , de leur Drjfcription & des chofes qui y font
arrivées. Son Auteur eft Abou Saïd Hamed Ben A'bdallah AI Seïrafî.
KETAB efma allah. Titre d'un Livre qui traite âes noms de Dieu cSc de
leur explication , compofé par Abou Cafïem Ben AI Vezir , mort l'an 285 de
THegire.
KETAB alefma. Titre d'un Traité fur les Nom^, qui a pour Auteur Abou
Sâad Al Meïdani.
KETAB alefma v alfefat. Titre d'un Ouvrage touchant les Noms & les
Qualitez, dont Baïheki eft l'Auteur.
KETAB efma v alcabaïl. Titre d'un Ouvrage qui traite des Noms & âes
Tribus des Arabes , à l'occafion des différens qifû y avoit fur ce fujet entre
les Arabes de l'Iraque Babylonienne. Son Auteur eft Mohammed Ben Edris,
qui y fait une mention particulière des dilputes qu'Abou Hanifah & Ben Co-
tadah ont eues fur ce fujet.
KETAB alefina v alkonni. Titre d'un Traite touchant les Noms & les Sur-
noms, compofé par Abou Ahmed Mohammed Ben Mohammed Al Hakem.
KETAB
K E T A B. 277
KETAB alefm alââdham v alnour alakoùam. Titre d'un Traité touchant le
grand nom de Dieu, & touchant la Lumière la plus épurée & la plus parfaite,
fans nom d'Auteur. Al Bouni fait mention de cet Ouvrage. Il y a un autre
Ouvrage fur le même fujet, fous le titre de Ketab alefm almcktoum fil kcnz al-
raakhtoum, auffi fans nom d'Auteur, dont le même Al Bouni fait mention.
KETAB alanouar v mcfatih alafrar. Titre d'un Livre d'Alphabets étrangers
& fuperftitieux de Chymie & de Magic , dont l'Auteur eft un Dofteur Juif ou
Rabin, nommé Jehouda Moflcman, lequel a dédié fon Ouvrage au Klialife A'b-
dalmalek Ben Marvan. Il fe trouve dans la Bibliothèque du Roy, n'^. 891.
KETAB alâcàdad le Arifthou. Titre d'un Traité des Nombres attribué à
Arillote, traduit en Arabe.
KETAB aldddad. Titre d'un Traité des Nombres, & particulièrement de la
valeur de certains mots de l'Alcoran, fuivant la valeur numérique de chacune
de leurs lettres , expliquez cabalilliquement & de leur fignification. Il a été
compofé par Ben Saracah.
KETAB aleêtecad v alhedaiat ela febil alrafchad. Titre d'un Livre qui trai-
te de tout ce qu'il faut croire dans la Religion Mufulmanne , & de ce qu'il
faut pratiquer , pour être dans le droit chemin qui conduit à Dieu. Il a été
compofé par Tlraam Abou Bekr Ahmed Al Hoflaïni Al Baïhcki Al Schafêï,
lequel ell mort l'an 458 de l'Hegire. Borhaneddin Ibrahim O'mar Al Bacâï en
a fait un précis , fous le titre de Serr alzad men ketab aleêtecad , qu'il acheva
l'-an 825 de l'Hegire.
KETAB allamê. Livre hérétique parmi les Mufulmans , dont l'Auteur efl
Ravendi. Foyez ce titre.
KETAB alfchafa. Foyez le titre de Sebti.
KETAB almathreb fil akhbar almagreb. Titre d'une Hiiloire d'Efpagne & d'A-
frique, compofée par £bn S.iïd Al Magrebi. f'oycz le titre de Schaloubini.
KETAB almafToun fi ferr alhaouan almeknoun. Titre d'un Li\Te qui traite
de la vertu d'Humilité, compofé par Hofri. Fuyez ce titre.
KETAB alzumruJ. Titre d'un Livre hérétique, dont l'Auteur efl Ravendi,
FeyiiZ ce titre.
KETAB almocannâa fi macâreflit khath almedahef. Foyez le titre de Mokri.
KETAB aladouiat v alagdiat. Titre d'un Ouvrage qui traite des Alimens &
des Remèdes , compofé par un Médecin Juif , nommé Abou làkub Ishak Ben
Soliman AI Ifraïli, lequel cil mort l'an 330 de l'Hegire.
KETAB acalim alfebâat. Titre d'un Traité des fept Climats. C'eft un Ou-
vrage de Géographiii , compofé par Aboul Caliem Mohammed Ben Mohammed
Al Samaoui , Al E'raki.
; Tome IL Bbb KETAB'
.jZ K' E T: A K.
KETAB alokar le Mcneîaous. Titre du Traite des Sphères de Mciielaus ,
traduit du Grec en Arabe, f^oyez le titre de Menelaous..
KETAB alalat alharb le liaroun. Titre d'un Traité des Machines de guerre
de Hi*ron. • C'eft une 'l'radiiclion du ^Grec en Arabe.
• KETAB alalat alrouhaniat. Titre' d'un Livre qui traite des machines inven-
tées avec cfprit. Il a été compote par Aboulêzz Ifmaïl Al Gezeri , furnommé
Al Razzaz, parce qu'il étoit Marchand de ris. Il a divifé fon Ouvrage en fix
parties , & il parle des Montres & des Horloges dans la première ; des Vafes
d'une flrufture merveillcufe dans la féconde; des Inllrumens de Mulique dans la
troifième; des Machines Hidrauliques , & de celles qui fervent à. tirer des cho-
fes très-pefmtes des lieux profonds dans la quatrième : des Vafes propres à boi-
re, & des baiîîns ou plats dans la. cinquième ; & dans la fixième , d'autres ma-
chines , dont il donne les figures. H a dédié fon Ouvrage k Cara Arllan Al
Ariki. Le même Ouvrage a été traduit en Turc & dédié à l'un des deux Se-
lim , Empereurs des Turcs ; car Hagi Khalfa , qui fait mention de ce Livre dans
fa Bibliothèque Orientale, ne diftingue pas auquel des deux il fut prefenté.
KETAB alât âladhldl. Titre d'un Ouvrage de Morale, où il eft traité des
Moyens qui conduifent à la perdition. Il a été mis au jour par Abou Ishak.
Ibrahim Ben Senan Al Giorgiani, & Hagi Khalfa remarque que cet Auteiirn'a-
voit alors que feize ans.
KETAB alâgehat AI RafTadiat. Titre d'un Livre touchant les Inflrumens
admirables qui fervent à faire les Obfervations Aftronomiques. Il a été cora-
pofé par Al Khazeni.
KETAB Algaz. Livre d'Enigmes. Hagi Khalfa cite quatre Auteurs qui en
ont compofé , ou fait des Recueils , qui font Afmâï Ben Al A'rabi , Thâaleb
& Schehab Ben Mohammed, Al Giazi j mort l'an 875 de l'Hegire.
KETAB alfadh alkufr. Titre d'un Ouvrage, qui traite des Paroles qu'il n'efl
point permis k un Mufulman de prononcer , fans renoncer en quelque façon
à ù. Religion. Son Auteur efh Mohammed Ben Ifmaïl, connu fous le nom de
Badralrafchid , qui l'a recueilli des Ouvrages les plus autentiques dQS Auteurs
îiiufulmans.
KÉTAB alcab. Livre des Surnoms. Plufieurs Auteurs ont traité cette ma-
tière fous ce titre, comme Ben Khalouiah , Aboul Farag' Ben A'ii Al Giouzi ,..
Aboulfadhl A'ii Al Wamadani , Ishak Al Schirazi , Abou Bekr Ali Al Rahmaiî.
Al Schirazi. L'IIiftorien Ben Al Naggiar fait mention de ce dernier.
KETAB Oluan le Bocrat. Titre d'un Traité des Couleurs d'Hippocrate ,,
traduit du Grec.
KETAD alolouf. Titre d'un Ouvrage dans lequel il eft traité des Temples,
des Palais, & généralement des Edifices magnijfiqucs qui ont été bâtis dans tous
les fiècles. Il a été compofé par Abou Mâfchar Mohammed Ben O'mar Al
Balkhi , fuivant le rapport de Ben Madliiar , Difciple de cet Auteur , dans fon
Livre intitulé Montekheb. KETAB
K E T A B. 3^p
KETAB alàlahiat le Arifthou. Titre des Mctaphyfiqiies d'Ariftote , traduc-
tion du Grec en Arabe, par Ishak Ben Honaïn. lahia Ben Adi, Ollad Al Ken-
•di, Abou Bafchar Mattaï, & Ishak Ben Honaïn luy-même, ont auili traité cet-
te matière fous le même titre.
KETAB alemamat. Titre d'un Traité de Ja dignité & des devoirs d'un
Imam , par Ifmaïl Ben E'bad Al Vezir. D'autres Auteurs ont aufïï écrit fur le
même fujet , à fçavoir, Mohammed Ben Zeïd Al Valfethi , mort l'an 302 de
l'Hegire, Abou Houiîaïn Mohammed Ben A'ii Al Motekellcm, le Théologien
Dofteur de la Sefte des Motazales , mort l'an 463 , & Aboul Abbas Ben
Mohammed Al Afchbili, mort l'an 651 de la même Hégire.
KETAB alemradh alharath le Bocrath. Titre du Traité des fièvres d'Hip-
pocrate, traduit en Arabe.
KETAB alemrad alvakedat le Bocrath. Titre du Traité des maladies épide-
miques d'Hippocrate , traduit auffi en Arabe.
KETAB alamr belmâârouf v alnehi an monker. Titre d'un Traité touchant
ce qui ell permis & ce qui efl défendu fuivant la Religion & la Loy Muful-
manne, compofé par A'bdallathif Ben A^bdalrahman Al Mocdeffi, natif ou ori-
ginaire de la Ville de Jerufalem.
KETAB alamfar. Titre d'un Ouvrage de Géographie, compofé par O'mar
Ben Bahr Al Hafedh.
KETAB alamkenat v algebal v almiah. Titre d'un autre Ouvrage de Géo-
graphie, où il cfb traité des Lieux, c'efl-à-dire , des Villes , des Montagnes &
des Rivières. Il a pour Auteur Mahmoud Ben O'mar Al Zamakfchari.
KETAB alandhar. Titre de plufieurs. Ouvrages, compofé par différens Au-
teurs touchant l'Aflronomie , la Chronologie , les Vents extraordinaires , & tou-
chant plufieurs autres matières, fuivant la doflrine & la connoiffance des Arabes.
Ces Auteurs font Abou Mouiah Mouarrakh Ben O'mar Al Nahoui, Al Bafri;
Abou Mahlam Ben Hefcham Al Sàdi Al Lagoui , mort l'an 245 de l'Hegire ;
Aboubekr Mohammed Ben HolFaïn , plus connu fous le nom de Ben Duridali
Al Nahoui; Abou Hollaïn Naduar Ben Schamaïl Al Nahoui; Abou Ibrahim Ben
Mohammed Al Zagiagi, Al Nahoui, mort l'an 210 de l'Hegire; Abou Hanifah
Ahmed Ben Daoud Al Deïnouri.
KETAB alaoudiah v algebal. Titre d'un Livre qui traite des Rivières, ou
des Vallées & des Montagnes , compofé par Hoffaïn Ahmed Al Khalc , mort
l'an 380 de l'Hegire.
KETAB ahual alcobour. Titre d'un Ouvrage qui traite des Sépultures, dont
l'Auteur eft Zeïn eddin Ben Regeb AI Hanbali.
KETAB alahouïah v almiah. Titre d'un Ouvrage d'Hippocrate , qui traite
de la température de l'air, & des mauvaifes qualitez des eaux fuivant le Pays.
Bbb 2 KETAB
S3 K E T A a
- KETAB àlaïam v alllali. Titre d'un- Livre dans lequel il eft traité' oïadic-
m-itiquement des jours & des nuits. Deux diifércns Auteurs ont travaillé fur
cette même matière fous le même titre ; à fçavoir , Tlieodofius & Aboul A'b-
bas Al Moflagfar. Ces deux Ouvrages le trouvent, auffi. fous le titre de Ketab
alleïl V alnihar.
K E TA B alaïman. Titre du Serment d'Hippoerate , avec le Commentaire de
Galien, traduit du Grec ea la Langue Arabique.
KETAB alaïman v alnodhour. Traité des Sermens & des vœux, par Abou
O'beïdah Calièm Ben Salam Al Naiioui.
KETAB albothour. TiD-e du Traité de^. Tumeurs d'Hippoerate, traduit du
Grec en Arabe.
KETAB badî. Titre d'un Traité de la Poefie Arabique, compofé par Af-
fàmah Ben. Moncad.
KETAB baraât v alfaflahat. Titre d'un Ouvrage touchant l'Eloquence Ara=-
bique, compofé par O'beïdallah Ben A'bdallah.
KETAB Bagdad. Titre d'une Hilloire de la Ville de Bagdct , compofée
par Aîimed Ben Abou Thaher.
I^ E TA B- Boldan. Titre d'un Livre de Cofmographie & d'Hiiloire , compofé
par Ahmed Ben Lahia Al Beladhcki , Al Schâer , Poëte Arabe. Hagi Khalfah
en parle comme d'un Ouvrage très-excellent & cité par Ben Al A'dim.
KETAB Balims. Le Livre de Pline. C'éfl le titre que lés Arabes donnent
aux Ouvrages de Pline , qui eft fouvcnt cité dans les Ouvrages des Naturalii-
tes & des Médecins Arabes,.
KETAB albaul. Titre d'un Traité de Médecine touchant l'Urine, compofé
par Abou lâcoub Lhak Ben Soliman AI Ifraïli, Al Thabib, Al Kairouani. Cet
Auteur étoit Juif, natif de Caïrouan en Afrique, <Sc il eft mort l'an 320 dé
l'Hegire.
KETAB' albe'itharat. Titre d'un Ouvrage touchant les maladies des che-
vaux, compofé par Nafchakj furnommé Al Hindi, parce qu'il étoit Indien.
KETAB Tarbî aldairat. Titre du Traité de la Quadrature du Cercle, com-
pofé par Archimede & traduit du Grec en Arabe.
KETAB tartib fil kimia. Titi-e d'un Traité de Chymie, compofé par Abou-
bekr Mohammed Ben Zakaria Al Razi , à J'udîge de ceux qui font avancez dans
la connoilTançe, de cet Art.
KETAB Al Tariak alakbar. Titre d'un Traité de la Compofîtion de là
Theriaque, par Andromachus. Mouaffek Al Bagdadi a aufli écrit fur ce fujet,
de même que le Médecin Juif Abou lacoub Ishak Ben Soliman Al Ifraïli, qui
a. écri£ de l'Urine,
KETAB
K E T A B. 35,
KETAB tnflhih alkorrat. Jitre du Traité de Ja Sphùrc, compofé par Ibra-
him Ben Habib AI Khari. C'efl auffi le titre d'un Traité femblahle , compofé
par Ptolomée & traduit du Grec en Arabe par J'habeth Ben Corrah.
Al Rou.ni AI Efkenderi efl Auteur d'un Commentaire fur le même Ouvra-
ge de Ptolomée.
KETAB taâbir altaàbir. Titre d'un Ouvrage touchant l'Interprétation des
Songes, compofé par Abou Saïd AI Vaedh. Tag'eddin Ben Ahmed Ben A'rab
fcIiah Al Demefchki a aufli écrit fur la même matière , un Poërae de huit mil-
le vers. Abou Ishak Al Kermani en a auffi écrit en Proie, & cet Auteur ùik
mention d'avoir vu en fonge le Patriarche Jofeph , qui luy avoit préfenté une
chemife, dont il s'étoit revêtu.
KETAB tekuin alhaïuanat. Titre de lUifloire des Animaux, compofée par
Arillote.
K E TA B altauadhô v alhamoul. Titre d'un Traité de l'Humilité & de la
Souffrance, par Abouldonia.
KETAB altaubat. Titre d'un Traité de la Pénitence, compofé par Ahmed
Ben Ishak, plus connu fous le nom de Ben Obâïh, Ifmaïl Al Motekellem a
auffi écrit, fur le même fujet.
KETAB taubat v alairef v alhadhr fi almautenef.' Titre d'un Oiivra<re qui
traite de la Pénitence & de la Conponflion, & du foin que l'on doit avoir de
refifter d'abord à la tentation du péché, de crainte d'en prendre l'habitude. Son
Auteur elt Abou A'bdallah Al Giauheri, lequel eft mort fan 739 de l'Hegire.
KETAB tauhid v athbat alfefat. Titre d'un Ouvrage toucliant l'Unité de
Dieu & les Attributs divins , compofé par Aboubekr Mohammed Ben Ishak Ben
Hazimah. Abou Manfour Mohammed Ben Mohammed Al Matheri a auffi trai.
té la même matière; de même qu'A'bdalgaffar Ben Nouh AI Kouffi, qui a fim--
plement intitulé fon Ouvrage Al Tauhid, & qu'Abou Hamed AI Gazali.
K E TA B tauaffà alkclam aldrab. Ouvrage où il eft traité des manières vaftes
& étendues de s'expliquer dans la Langue Arabique , compofé par làcoub Ben -
Ishak Al Sakit.
KETAB altauakkul. Titre de deux Ouvrages où il eft traité dé la Réfigna-
tion à la volonté de Dieu. Le premier a été compofé par Abouldonia, & le
fécond par Mahdoui Ben Al Calfem ; & celui-cy eft défendu panny les Muful-
raans , parce que l'Auteur y a avancé des Propofitions oppofées à la Uoclrine
de Mahomet dans fon Alcoran & de fes Interprètes les plus approuvez.
KETAB tauadhum. Titre d'un Livre de Médecine touchant les maladies,
compofé par Abou Cobaïl , Médecin Indien.
KETAB Thoulougia. Livre de la Théologie. C'eft le titre d'un Ouvrage
de: Proclus , Philofophe Platonicien , traduit du Grec en Arabe, Il y en a un
B b b 3 , autre
582 K E T A- B.
autre fous le même titre d'Al Efkenderi Al Afrodis , c'efl - à - dire , d'Alexandcr
Aphrodifœiis. Abou O'thman Al Demefchki en eft le Tradufteur.
KETAB Thena. Titre d'un Recueil de Traditions Mahometanes , dont l'Au-
teur cft Hafedh Mohammed Ben Haiian Al Bafli , auquel les Mufulmans ont
donné le titre d'O'mdat almohadethin. La Colomne , le Soutien des Doéleurs
Traditionnaires , à caufe de la grande connoiflluice qu'il avoit de ces Traditions,
KETAB thauab fil hadith. Titre d'un Ouvrage fur les Traditions Mahome-
tanes, compofé par Aboul Scheïkh Ben Haiian.
KETAB Giamasb & Ketab Giamasb alhakim. Titre d'un des Ouvrages de
Giamasb, Philofophe Perficn, dans lequel il parle , entre autres chofes, de Zo-
roailre & de fcs Seélateurs.
KETAB algebal v alamkenat v almiah. Titre d'un Ouvrage de Géogra-
phie, où il eft traité des Montagnes, des Pays, ou des Villes & des Rivières.
i^oyez le titre de Ketab alamkenat cy-dellus.
KETAB algebr v almocabelat. Titre d'un Traité d'Algèbre , compofé par
Abou Hanifah Ahmed Ben Daoud Al Deïnjuri , mort l'an 290 de l'Hegire.
Aboul A'bbas Ahmed Ben Mohammed Al Thahib Al Sarakfi, qui eft mort au-
paravant , à fçavoir l'an 286 , en a auffi compofé un fous le même titre ; de
même que Mohammed Ben Mouifa Al Khouarezmi, Kamel Schagiâ Ben Afiam
eft le premier Dofteur entre les Mufulmans , qui a écrit fur cette partie des Ma-
thématiques fous le titre de Vaffaïa belgebr v almocabelat, plus connu fous ce-
luy de Kemal algebr.
KETAB algederi v alhafleb. Titre d'un Livre qui contient deux traitez,
l'un touchant là petite vérole, & l'autre touchant fébullition du fang. Son Au-
teur eft Abou Giâfar Ahmed Ben Mohammed Al Thabib , Médecin , qui eft
mort l'an 360 de l'Hegire.
KETAB algedel. Titre que les Arabes donnent aux Topiques d'Ariftote ,
dont la Traduction du Grec a premièrement été faite en Langue Syriaque ,
par Ishak Ben Honaïn , & la traduction Arabique fut faite enfuite du Syria-
que , par lahia Ben A'di.
Il y en a une autre traduction dans la même Langue, faite par Ibrahim Ben
A'bdàllah , & une autre , par Demefchki , mais de feprf^Parties feulement des huit
que contiennent les Topiques. Al Fariabi a fait un Commentaire fur le même
Ouvrage, qu'il a auiîî abrégé.
Les Arabes ont auflî en leur langue le Commentaire d'Alexander Aphrodi-
faeus fur la première & fur la fixième Partie ; de même que celuy d'Ammonius
fur la cii?quième & fur la huitième.
KETAB algedel almolhak v alaulTath. Titre d'un Ouvrage d'Avicenne fur
les Topiques. Il y en a un autre d'Abou Manfour AI Mataridi fur le même
fujet.
KETAB
K E T A B. ^^3
KETAB aJgerrah le Bokrath. Titre d'un Livre d'Hippocrate , où il traite
du Ciiirurgien.
KETAB algermi alfcharas V alcaraar v baàdiha. Titre d'un Traité du Corps
du Soleil , & du Corps de la Lune , & des Eloignemens de ces deux Aftres
l'un de l'autre , corapofé .par Ariftomene en dix-fept figures , tracées par Naffir-
eddin Thoufîî.
K E TA B germi alneïrein v baâdilia. Titre d'un Ouvrage fur la même ma-
tière que le précédent, compofé par Ariïlarquc, & traduit en Arabe.
KETAB algelalat. Titre d'un Traité de la Majefté de Dieu & des Secrets
de ce mot, compole par Mohicddin Ben Al A/rabi, l'an 928 de l'Hegirc.
KETAB algebr v heflab Al Hendi. Titre d'un Ouvrage,- où il ell traité de
la manière de compter des Indiens. Il a été compofé par MouafFek Al Bagdadi.
KETAB algioman fi mofchtabehat Al Coran. Titre d'un Livre qui traite
des endroits de i'Alcoran, dont le fens ell ambigu, compofé par A'bdallah Ben
Mohammed, connu fous le nom de Al Bandar.
KETAB giomà v alfark. Titre d'un Traité de Philofophie , touchant W-
niverfalité & la divifion , compofé par Serag'eddin lounos A'bdal Maged Al
AiTadi, mort l'an 725 de l'Hegire.
KETAB algens v fcharflio. Titre d'Un Traité du Genre, compofé par Ari-
llote, & traduit du Grec en Arabe.
K E TA B algehad. Titre d'un Ouvrage touchant les Guerres facrées ; c'eft-
à-dire , touchant les guerres entreprifes au fujet de la Religion entre les Mu-
fulmans , compofé par E'zzeddin Ben Al Emir A'ii Ben Mohammed Al Ge-
zeri. Deux autres Auteurs Mufulmans ont aufïï traité cette matière fous le
même titre, Abou Soliman Mohammed Ben Mohammed Al Khathaïi , & Abdal.
lah Ben Mobarek.
KETAB hormat almeffaged. Titre d'un Ouvrage, dans lequel il efl traité
de l'inviolabilité des Temples ou des Mofquées. 11 a été compofé par Abou
Nàïm.
KETAB horouf v âdad v khauasha. Titre de deux Livres qui traitent des
lettres Arabiques , de leur nombre & de leurs propriétez. Leurs Auteurs font
A'bdalrahman Al Mogrebi & Ahmed Al Bouni.
KETAB heiTab. Titre de plufieurs Ouvrages d'Arithmétique, dont les Au-
teurs font Ben Albanna Almarakefchi, qui a commenté fon propra Ouvrage
fous le titre de Rafâ alhegiab , Ben Almoulfali , Ben Folous Almazeni , & Scha-
moul Ben lahia. \
KETAB alhofn valcabih fil k^lam. Titre d'un Traité touchant la beauté
&la
384 K E T A B.
& la difformité duDifcours,compofé par Mohammed Ben Mohammed, connu fous
le nom d'Al riakimi.
KETAB hakk v haldkat. Titre d'un Traite de la droite raifon & de la vé-
rité , compofé par Ahmed Ben Mohammed Al Gazali.
KETAB heffv mahfous. Titre Arabe du Livre d'Ariftote, De fenfu (^ Sen-
ftbili, traduit du Grec en Arabe.
KETAB harchaïfch v nabat. Titre de l'Ouvrage de Diofcoride fur les Plan-
tes, traduit du Grec en Langue Arabique.
KETAB hodhedh âla alfalalTafat. Exhortation à l'étude de la Philofophie.
Titre d'un Ouvrage attribué à Ariftote par les Arabes, compris en trois Dif-
cours , ou Seélions.
KETAB hefdh alfchat. Titre d'un Ouvrage, touchant la confervation de la
fanté, divifé en vingt Chapitres. Son Auteur elt Al Scherif Ben A'bdalfalam Al-
Tounefli, natif ou originaire de la Ville de Tunis.
KETAB hefdh v nofïïan. Traité ée la Mémoire & de l'Oubli. Titre d'un
Ouvrage, compofé par Abou MoulTa Al Mcdini. Abou Thaher Mohammed en
a compofé un autre fur la même matière.
KETAB alhekmat. Traité de la Sagelîe ou de la Philofophie. Titre d'un Ou-
vrage , compofé par Abou d'Abdallah Ben Harb Al Nifchabouri.
KETAB alhokm alualedin fi mal ualadhoma. Traité du Droit que les pères
ont fur les biens de leurs enfans. Titre d'un Livre compofé par Abou Hafs
Al Barmeki.
KETAB halal v haram. Traité de ce qui eu permis, & de ce qui efl dé-
fendu, fuivant la Rchgion ISIafulmane. Titre d'un Ouvrage, dont l'Auteur eft
Mohammed Ben Schagià.
KETAB alhodi v akhiab. Traité des Ornemens &; des Habillcmcns. Titre
d'un Ouvrage compofé par Aboul Hodaïn Ahmed Ben Sa^d Al Katcb Al Ksfahani,
mort l'an 356 de l' Hégire. 11 eft diviié en fix Chapitres ; dans le premier il
eft parlé des habillemens des hommes; dans le fécond, de ceux des chevaux^
c'eft-à-dire, de leurs harnois; dans le troifième , de ceux des Mulets; dans le
quatrième , de ceux des aines ; dans le cinquième , de ceux des chameaux ; &
dans le fixième, de ceux des bœufs.
KETAB homma moharekat le Bocrath. Traité de la Fièvre chaude. Titre
ë'«n Ouvrage d'Hippocrate , traduit du Grec en Arabe- (
KETAB homaka v alâkelin. Traité des Fous, & des Sages. Titre de
deux diiferens Ouvrages, dont l'un a été compofé par Ben A! Gioudi Abou! Fa-
rag', & l'autre par Schchab Ahmed Ben Mohammed Al Hegiazi , lequel eft mort
l'an gTS' de THegirc.
, KE-
K E T A B.
385
KETAB alhammiat le Gialinous, Traité des Fièvres par Galien. Cet Ou-
^'rage de GaJicn traduit du Grec en Arabe , a été commenté dans la même
Langue par Abou Giafar Ahmed Ben Al Thabib, lequel eft mort Taa 360 de
l'Hegire.
Al Ifraïli a aulïï commenté ce même Ouvrage, qui a été abbregé par Mouaf-
fek Al Bagdadi.
KETAB alhanaia. Titre d'un Ouvrage touchant les arcs à tirer des flè-
ches ; c'eft-à-dire , touchant la manière de les faire & de s'en fervir. Il a
pour Auteur Ben Aboul OlcKar Abdallah, furnomraé , Ebn Al Cadhi.
KETAB alhaïouat v almaut le Arillhou. Traité de la Vie & de la Mort. Ou-
vrage attribué à Arillote.
KETAB alhidh- Traité des Ordinaires des femmes. Plufieurs Dofteurs Mu-
fulmans ont écrit fur ce fujet par rapport à leur Religion, comme Aboulf^dhl
Al Kermani , Abou O'beïd Calfem Ben Salem , L'Imam Al Zcheri , le Cadhi
O'madeddin , l'Imam Mohammed Abou Sahal Al Sarakhfi, HolTam eddin AI
.Schehid & A'bdallah Al Zâfrani.
KETAB alheïtan. Traité d'Architeélure touchant la Fabrique des murailles.
Le Scheikh Al Morgi Al Thacafi a compofé un Ouvrage fur ce fujet, lequel a
été commenté par Abou A'bdallah Al Damagani, Chef des Cadhis. Al Rafchid
en a compofé un autre , divifé en trois Parties.
KETAB alheïl. Traité de la Fraude, ou plùtoft des Argumens capt'eu.v.
Ouvrage écrit en Arabe attribué à Ariftote. Plufieurs Philofophes & Dofteui-s
Mufulmans ont auffî écrit fur ce fujet; entre autres, Abou A'mrou Ishak Ben
Morad Al Scheïbani, Ebn Catibah Abdallah Ben Modem Al Deïnouri, Moham-
med Ben Ziad, connu fous le nom d'Ebn Al A'rabi Al Lagoui, Al Coufi, Abou
iiohman Al Giorgiani, & Mohammed Ben Hoflaïn.
KETAB alkhafi. Traité des chofés cachées & occultes. Ouvrage compofé
par Samour Al Hindi, Auteur Indien.
KETAB alkharag'. Traité des Tributs & des Impolis que les Sujets pa-
yent à leurs Souverains. Les Auteurs fuivans ont écrit fur cette matière.
L'Imam Abou loufibuf Jacoub Ben Al Hanefi,
Aboul' A'bbas Ahmed Ben Mohammed Al Kateb, qui eu mort l'an «70 de
l'Hegire.
Aboulfarag' Codamah Ben Giafar.
Nafr Ben Mouiïa Al Razi , natif ou originaire de la Ville de Reï.
Hoflaïn Ben Ziad.
KETAB alkhathth v adabho v uasf dhourouflio. Traité de l'Ecriture, des
Règles & des Maximes qu'il faut obferver pour bien former les lettres, & de
la manière d'écrire élégamment. Cet Ouvrage a été compofé par Kemaleddin
Ahmed Al O'kaïli AI Kiialili , natif ou -origmaire de la Ville de Hcbron.
Tome IL C c c K E-
38<5 K E T A B.
KETAB alkhothoutb. Traité des Lignes. Les Arabes attribuent cet Ouvra-
ge à Ariftote, & marquent, qu'il efl divifé en trois Parties.
KETAB ali^hothouth almotauaziat le Arfchimedis. Traité des Lignes parai-
îcles. Ouvrage d'i\rchimcde traduit du Grec en Arabe.
KETAB alkhafiat. Traité des Points cachez & obfcurs dans la Religion
MufaJmanne. Soliman Ben A'ii Al Caramani, qui en efl l'Auteur , a prétendu les
rendre intelligibles dans cet Ouvrage , en fuivant la doctrine d'Abou Hanifah.
lï eft mort l'an 924 de l'Hegire.
KETAB alkhamr v fcherrha v fakhra. Traité du vin , de fa boifîbn , & de •
ryvrelîe qu'il cauie. Titre d'un Ouvrage attribué à Arillote.
KETAB alkhaïl. Traité des Chevaux. Les Auteurs fuivans en ont écrit
fous ce titre.
Abou Akhi Haram Mohammed Ben Làcoub Al Habdi.
Abou Giafar Mohammed Ben Habib Al Bagdadi , mort l'an 245 de l'Hegire.
Abou Mahlem Mohammed Ben Hefcham Al Lagoui , mort la même année.
Mohammed Ben Redhouan, mort l'an 6s7 de l'Hegire.
KETAB aida v aldoua. Traité des Maladies & de leurs remèdes. Cet Ou-
vrage efl par demandes & par réponfes, & fon Auteur eft Schamseddin Mo--
hammed Ben Caïem Al Giouziah.
KETAB dcrhera v dinar. Traité de la Drachme & du Dinar. Titr.e d'un
Ouvrage où il eft traité des Monnoyes des Arabes en argent & en or. Car le
mot de Derhem marque la monnoye d'argent ; & celuy de Dinar celle d'or.
Abou Helal HoITaïn Ben A'bdallah Al Afkeri, qui efl mort l'an 395 de l'Hegire,
en eft l'Auteur.
Ce mot de Dinar tire fon origine du denier Romain qui étoit d'or.
KETAB doâ. Traité de la Prière. Titre d'Ouvrages de plufieurs Auteurs
qui ont écrit fur le même fujet, comme d'Ahmed Ben Ishak Al Anbari, Abou-
bekr Mohammed Ben Al Valid Al Caheri, Al Tharthouflî, Ahmed Ben A'rab
Al Nifchabouri , mort l'an 234 de l'Hegire, & Ebn Khatem Al Razi.
KETAB aldaâuat. Traité des Prétentions htigieufes. Plufieurs Auteurs Mu-
fulmans ont compofé des Ouvrages fous ce titre , comme Aboul A'bbas Al Mo-
ftagfari, mort l'an 432 de l'Hegire, Al Vahedi , Al Baïheki, Siiâd & autres.
KETAB dem v nagfchho. Traité du fang & de fon mouvement dans les
■weines. Ouvr;ige attribué à Ariftote.
KETAB douai. Traité des Dynafties. Titre d'un Ouvrage hiftorique, com-
pofé par A'Ii Ben Fadhl Al Mahasâï Al Nahoui, mort l'an 479 de l'Hegire.
IakoL.t Ben A'bdallah Al Hamoui eft aulTi Auteur d'une Hiftoire fous le mê-
mç titre.
KETAB Difcourides Al liakim, C'eft le même Ouvrage de Diofcorides :
tou-
K E T A B. -3IIJ,
touchant les Plantes , traduit du Grec en Arabe , que celay dont il efl: parlé ci-
devant fous le titre de Ketab alhafchaïfch.
KETAB aldhebab. Traité des Abeilles. Titre d'un Ouvrage compofé par
Abou A'bdallah Mohammed Ben Ziad Al Aârabi.
KETAB dharâ alkâbah. Titre d'un Ouvrage, où il efl: traité des Mefures
de la Kàbah; c'efl-à-dire du Temple de la Mecque, fans nom d'Auteur.
KETAB dhomm algaïbat. Traité du Blafme de la Medifance. Abou Ishak
Ben Ibrahim Al Harrani eft Auteur de cet Ouvrage.
KET AB Raï Al Hendi. Titre d'un Ouvrage compofé par Raï, Auteur Indien
dans lequel il traite des Serpens, & de leurs Venins. Peut-être auffi que c'eft
un Ouvrage compofé par un Roi Indien j car Raï en Indien fignifie Empe-
reur, Roi.
KETAB rahmat fil Kimia. Titre d'un Livre de Chymie, compofé par
Giâber Jk'n Haïan, qu'il a dédié à Mohammed Ben Mankmaffin Rahmat II
y traite des Principes & des Fondemens du grand Art. Il y en a un autre
fous le même titre, & fur la même matière, compofé par Gelai lezid, divifé en
quatre Chapitres.
KETAB alraddat. Titre d'un Ouvrage où il efl: traité des Tribus des Ara-
bes qui fe feparerent d'avec les autres après la mort de Mahomet , & de ce qui
fe pafTa entre elles & les Mufulmans. Il a été compofé par Vathimah Ben
Mouifa Al Farfi.
KETAB alredd âla man cal ennho la ïekoun fcheï ella men fcheï. Titre
d'un Ouvrage d'Alexander Aphrodifeus, pour fervir de Réponfe à un Auteur,
qui foûtenoit qu'il n'y avoit rien de rien. Les Arabes ont encore une Réoonfe
du même Philofophe à un autre Auteiir qui avoit avancé, que la difl:ance ne
fe faiibit que par les rayons qui partoient de l'œil; c'ell- à-dire par les ra-
yons vifuels.
KETAB rothoubat le Arifl:hôu. Traité des humeurs, attribué à Ariflote.
KETAB reâiat fil taffauf. Titre d'un traité de la Vie Religieufe, ou des
Sofis par Al Hareth Ben Al Mahalièni.
KETAB rekkat. Traité de la Compalîîon. Ouvi-agc compofé par MouafFek
eddin A'bdallah Bon Codamah Al Mocdefli.
KETAB alraml. Traité de la Geomance. Deux Auteurs en ont écrit fous
ce titre, Al Zanati, & Ibrahim Ben Schâban Nafé Al Salehi,
KETAB remi. Traité de l'Art de tirer de l'arc. Ouvrage dont l'Auteur
efl: boubekr Mohammed Ben Khalaf, plus connu fous le nom de Tarkî Al-
-Schâer,
C c c £ KE-
38S K E T A B.
KETAB alrouh. Traité de l'Ame par Ariflote, divifé en trois Parties.,
Ebn Al A'rabi Al Thaiï, & Ebn Caïem Al Giouziat, ont aiiffi écrit fur le
même fujet, & Borhan eddin Ben Omar Al Bacâï a abbregé l'Ouvrage d'A-
riHote fous le titre de Serr alroiih, le Secret de l'Ame. Cet Auteur eft mort
l'an 885 de l'Hegire.
KETAB rouîîi alhendiat. Titre d'un Ouvrage touchant les Remèdes qui
conviennent aux maladies des femmes, fans nom d'Auteur.
KETAB riah, Traité des Vents, ou des Odeurs. Ouvrage compofé par Ebn
Al Serag' Mohammed Ben Al Seri Al Nahoui.
KETAB alriaflat fil fialTat. Titre du Livre des Politiques d' Ariflote, com-
pofé pour Alexandre le Grand. Ce Livre a été imité par Maulana NalTouh ,
plus connu fous le nom de Nauali, fous le titre de Farah Nameh. Il a dédié
cet Ouvrage à un des fils du Sultan Morad , troifième du nom , Empereur des
Turcs duquel il étoit Précepteur, dans le temps que ce Prince avoit le Gou-
vernement de Magnefie , & qu'il y faifoit fa demeure. Voicy le partage qu'il
en a fait.
Il traite dans la Préface, de la Perfonne d'Alexandre le Grand, & de fon règne.
Dans le premier Chapitre, de la Foy ou de la Religion Miilulmanc.
Dans le fécond de l'Imamat; c'ell-à-dire des Imams, ou premiers Chefs de
la Religion Mufulmane.
Dans le troifième de la. Prudence , ou de. la retenue que doit avoir un
Souverain.
Dans le quatrième , de fa Soûmiflion aux ordres & à la volonté de Dieu.
Dans le cinquième, de fi patience.
Dans le fixiéme, de toutes les Sciences, dont il doit avoir une connoifl^ance
générale.
Dans le feptiéme, des Aftions de grâces qu'il doit rendre à Dieu.
Dans le huitième , de la Liberahtè qu'il doit exercer.
Dans le neuvième , de la Jufi;ice qu'il efl obligé de rendre à fes fujets.
Dans le dixième, des recompenfes dont il doit reconnoîcre le mérite de fes
Officiers, & de fes foldats.
Dans l'onzième, du pardon & de la grâce qu'il doit accorder à ceux qui^ font
tombez en quelque fiiute.
Dans le douzième, de la douceur qu'il doit avoir pour tout le monde, & de
l'accueil favorable qu'il doit faire à ceux qui approchent de fa perfonne.
Dans le treizième, de la Manière dont il doit punir les coupables.
Dans le quatorzième , de ceux qu'il doit favorifer de fon amitié particulière;
Dans le quinzième, des Qualitez que doivent avoir les Vizirs, ou les Mini-
lires dont il fe fert, & des égards qu'il doit avoir pour eux. Et enfin
Dans le feizième, de ce qu'il doit obferver en confultant fes Miniitres.
Abou Obeid allah a aufli écrit un Traité de Politique, fous le même titre. .
KETAB alriadhat fil adab. Traité de Morale, d'Ariftote, divifé en • quatre
Parties. Ebn Nàïm Al Esfahani a aufîi écrit de la Morale fous le même titre j
& Abou Manfour Mohammed Ben Hafian, qui ell mort l'an 327 de l'Hegire,
% écrit contre fon Ouvrage.
KE=
K E T A B. 38p
KETAB' alriadh. Titre d'un Livre de Chymie, compofé par Aboii fahal
A4 Zagiagi. Le même eft encore Auteur d'un autre O uvrage touchant l'Qx de»
Philofophes, intitulé Ketab- aLkcraal v. alriadh alibfr. '.die (fi ia"".--.
, KETAB alzagiat. Traité de l'Art d'employer le Vert de gris. Ouvrage com-
pofé par Farafeddin Ben Ibrahim Al HiJabi,
KETAB Zardafcht Al Farfi. Voyez le titre de Zaï'dafcht.
KETAS zauaïd v alfauaïd. Titre d'un Ouvrage où il efl traité de plufieurs
fciences. Son Auteur efl Aboul Haflan )^Qn A'ii Ben Sâïd Al llafganini. ■
KF". TAI3 alzakhuat. Traité de ce que chaque Mufulman efl obligé parla
Loy de Mahomet, de donner comme confacré cà Dieu. Cela monte plus haut
que le dixième de ce que l'on poffede, comme il a déjà été remarqué ailleurs
dans cet Ouvrage. Abou A'bdallah Al Zàfarani. en efl l'Auteur.
KK 1 AB alzohd. .Traité de l'Abflinence , ou de l'Abandon entier de toutes
les chofes du monde, dans la veuë de vaquer uniquement au culte de Dieu,
comme le pratiquent les Mufulmans qui mènent une vie dévote & relio-ieufé.
Plufieurs A uteui-s ont écrit des Ouvrages fous ce titre & fur cette matière ° com-
me l'Imam \ ha Mohammed Ben Al Hanbaii , Al Baïheki, A'bdallah Ben Al
Mobarek , Mohammed Ben Al Schaàbi , Ben Al Sori , Al Ageri , Ahmed Ben
A'rab Al Nifchabouri, Abou Daoud , qui a auffi fait des additions à l'Ouvrage
que ion père A'bdallah en avoit écrit,- & enfin Ahmed Ben latmaïiih.
KETAB fâât. Traité des Horloges Ouvrage dont Abou O'mar Moham-
med Ben A'ii Al Vahed Golam Al Ihaâlebi efl Auteoi-.
K ETAB fdàâr âlât aima. Traité des Horologes qui fe font par le moyen de
l'eau, c'eft-à-dire des Clepfydres. Cet Ouvrage ell attribué à Archimede.
KETAB alfalelcin. Ouvrage de fpiritualité , à l'udige de ceux qui vivent
dans la crainte de Dieu, compofé par l'Imam Hadan Al Sagani.
KETABfebdat fil fanâat. Ouvrage deChymie dont Giâber Ben Haïan efl Auteur.
KETAB flitr alàurat. Titre d'un Ouvrage dans lequel il efl traité du foin
que l'on doit avoir de cacher fa nudité. Il a. été compofé par Ahmed Ben So-
liman Al Zobaïr.
KETAB ferbothoumarica, C'efl le titre d'un Ouvrage d'Ariflote qui ne
peut être autre que fa Rhethorique , parce que Hagi khalfah dans fa Bibho-
theque Orientale explique ce mot, par celui de khathabat, qui fignifie propre-
ment, l'Art de parler en Pubhc. Il efl à croire que llnterprete de cet Ou-
vrage du Grec en Arabe, avoit écrit, ketab rithorica, & que les Copifles ont
depuis corrompu ce titre.
Cet Interprète, fuivant le même Hagi khalfah, efl Ishak Ben Honaïn, à ce que
dîfeht les Arabes, lequel a fait auffi la Traduftion du Commentaire d'Alexander
Aphrodifœus fur ce même Ouvrage d'Ariflote. Les Arabes difent aufli qu'I-
brahim Ben A'bdallah en a fait une autre Verfion, & qu'AlFariabi l'a aulli cora-
m^uté^
Ccc3 KE-
390 K E T A B.
KETABféi-fam v berfam. Titre d'un Traité de la Phrenefie & de la Plcii-
Telle ," divifé en trois parties & compofé par Abou Ginfar Ahmed Ben Moham-
med 'ai Thabib. Ce M^dedn ell mort l'an 360 de THegire.
KETAB faâdat fi maârefat alébadat. Titre d'un Oux^age de Spiritualité^
fans nom d'Auteur.
KETAB faâdat v akbal. Titre d'un Ouvrage de Médecine, divifé en foixan-
te &" dix feftions , fans nom d'Auteur. On dit qu'il a été tiré du Schafa
d'Avicenne.
KETAB alfokkar. Traité du fucre. Ouvrage compofé par un Indien.
KETAB alfelah. Traité des Armes. Deux ^Auteurs Arabes ont écrit fur
cette matière , Aboul-Haifan Nafr Ben Schamaïl Al Nahoui , & Ebn Darididî
Mohammed Ebn Al Halfan Al LagouL
KETAB alfema v alaâîem. Titre du Livre d'Ariflote, du Ciel & du Mon.
de, traduit du Grec en Arabe.
KETAB al femââ althabîî. Titre du Livre d'Ariflote, intitulé en Latin, Dî
/uiitiom naturali , traduit du Grec en Arabe. Il a été commenté par Abou
A'ii, par Mouaffek eddin Al Bagdadi, en plufieurs volumes, & par d'autres.
KETAB alfemaâ v ahkamho. Titre d'un Traité de la Mufique , compofé
par Abou l'A'bbas Ahmed Ben Mohammed Al Aichbili, natif ou originaire de
la Ville de Seville en Efpagne. Cet Auteur eft mort l'an 651 de l'Hegire.
KETAB femâ alkian. Traité de l'Eftre. Ouvrage divifé en huit Parties,
attribué à Ariftote.
KETAB alfamoum. Traité des Poifons. Titre d'un Ouvrage compofé en
Lingue Nabatheenne, par lacouka Al Nabathi Al Keft-at Al Koucani , & tra-
duit en Arabe, par Aboubekr Ahmed Ben A'ii , plus connu fous le nom d'Ebn ,
ou Ben Al Vahfchiah. Il a été augmenté par A'ii Ben Thabib Ahmed Ben
A 'H, & par Ebn Al Ziat.
KETAB alfamoum. Titre d'un autre Ouvrage touchant les Poifons, com-
pofé en Langue Indienne, par Schanak, /\uteur Indien , & traduit en Perfien,
par Abou làatem Al Balkhi. Il efl divifé en cinq Parties.
Le même Ouvrage a été commmcntc par lahia Ben Barik , & traduit en
Arabe pour le Khahfe AlMamoun, par A'bbas Sâïd Al Giauheri, fon Précepteur.
KETAB fendhafchat. Titre d'un Ouvrage de Médecine, tiré des ancien*
Indiens, & tranfporté dans la Langue Arabique.
KETAB Al Soudan v fadlhom âla Al Baïdhan, Traité des Nègres, & de
leurs avantages par deffiis les Blancs. Ouvrage compofé par Aboubekr Moham-
med Ben Khalaf , ^lus connu fous le nom d'Ebn, ou Ben Al M^zbâu.
KETAB
KE.TAB, ; 3(^1
;'KETAB foaflika. Traité de l'Art des Sophiltes. Cet Ouvrage eft attribué
à Arirtotc, & a été commenté par Alexander Aphrodilleus. Hagi khalfali re-
marque qu'il a écé traduit du Grec en Langue Syriaque, par deux diiTerens Au-
teurs , à fçavoir par Ebn Naamah , & par Abou Bafchrali , & du Syriaque en
.Arabe, par Ebn A'ddi.
KETAB' alfinfllit fi tadbir alrialTat. Autre titre du Livi-e'^des Politiques qu'A-
riftote compola ^L la prière d'Alexandre le Grand, l^oyi-z cy-deHus le titre de
Ketab alriaiFat fil iiaiïat.
KETAB fiaiTat almodcn. Titre du Livre des Republiques d'Ariflote traduit
en Arabe, dans lequel, luivant Hagi Khalfah, il fait mention de cent quatre-
vin^t & onze Villes, ou Republiques différentes, & de leur Etat Démocrati-
que. Diogene Laerce dans le Catalogue des Ouvrages d'Ariflote , ne marque
que cent fbixante & trois Republiques.
Suivant le même Auteur, Ariflote- a compofé un autre Ouvrage intitulé par
les Arabes, SiafFat alêlraiat, comme qui diroit la Republique des Sçavans , ou
des Philolbphes.
KETAB Sibouieh fil nahou. Titre de la Grammaire Arabique de Sibouieh.
Voyez le titre de Sibouieh.
KETAB faïf, ou Seïf. Traité du Sabre, ou de l'Epée. Plufieurs Auteurs
Arabes ont écrit fur cette matière en rapportant tous les noms Synonymes qui
le défignent en leur Langue , & en décrivant exaftement tout ce qui regarde
fa bonté, fon utilité & fes autres avantages.
Les principaux de ces Auteurs font, Abou O'beïdah Moâramer Ben Mothni
Al Bafri , Aboul Khatem Sahal Ben Mohammed Al Segeftani , & Aboul Calfem
A'ii ^^T^ Giâfar Al Saèdi, Al Lagoui.
KETAB feïlan aldemm le Bokhrath. Traité du Flux de fang. Ouvrage
d'Hippocrate, traduit du Grec en Arabe.
KETAB Schafêï. Titre d'un grand Ouvrage en quinze volumes de l'Imam
Schafêi, Chef d'une des quatre Seftcs Orthodoxes du Mufulmanifme , dans le-
quel fes fentimens , qui ont été , & qui font encore fuivis aujourd'huy par
ceux de fa Sefte , font expliquez fort au long, 11 l'a compofé en Egypte.-
Foyez le titre de Schafèi.
KETAB alfchabab v aldem le Arifthou. Titre d'un Ouvrage attribué à-
Ariftote, dans lequel il efl traité de la JeuncfTe, & du Sang.
KETAB alfcheta v alfaief. Traité de l'Hyver, & de l'Eflé. Ouvrage dont
Segeftani efl Auteur.
KETAB alfcbagian v alfakan. Titre d'un Ouvrage, dans lequel il efl traité
de l'Hilloire des Amans. Il a été compofé par JVIohammed Ben A'bdallah Al
Moflegi Al Harrani.
KETAB a!fcharb. Traite de la BoifTon. C'elt un Ouvi-age dont Abou A'm-
roiL.Al Zafchkali eil l'Auteur.
KETAB
392 • K E T A B.
■KETAB Scîiafchourdh Al Ilendi. Titre "d'un Livre de Médecine, compofé
par Schafchourdh , Médecin Indien. Il eft divifé en dix parties , & il a été tra-
duit de l'Indien en Arabe. Il traite particulièrement des Remèdes , & donne
des règles pour les bien connoître.
KETAB alfchathrang'. Traité du Jeu des Echecs. Hagi Khalfah cite par-
ticulièrement deux Auteurs qui ont écrit en Arabe fur ce fujet , Aboul A'bbas
Ahmed Ben Mohammed Al Sarakhfi, mort J'an 286 de l'Hegire, & lahia Ben
Mohammed Al Kabouli , natif ou originaire de la Ville , ou Province de Cabul
dans les Indes.
Suivant le même Hagi Khalfàh, un Auteur moderne en a compofé un Ou-
vrage très-ample en Langue Perfienne, hquel fe vante lui-même d'avoir été le
meilleur joueur du Jeu des Echecs qu'il y eût au monde de fon temps. Il y
a décrit & reprcfenté les figures de chaque pièce des échecs , âc fait mention
des Auteurs qui en avoient écrit avant lui.
KETAB Schoâra Andalous. Traite des Poètes du Païs d'Andalous , ou
d'Efpagne. Titre d'un Ouvrage compofé par Aboul Valid A^bdallah Ben Mo-
hammed Ben Al Faredhi, mort l'an 403 de Tliegire.
KETAB alfcheêr le Ariflhou. Traité de la Poëfie. Titre de la Poétique
d'Ariflote , traduite du Grec en Arabe, Hagi Khalfah ajoute , qu'il y a un
autre Poétique du même Ariltote .en deux parties , fuivant la doflrine de?
Pythagoriciens.
Avicenne & Giâber Ben Haïan ont aufli écrit de la Poétique fous ce mê-
me titre.
KETAB alfchams v alcamar le Ariftokfan. Traité du Soleil & de la Lune;
c'eft-à-dire, du mouvement de ces deux Planètes, par Ariftoxene. Nafler Ben
S.cliamaïl a compofé un Ouvrage fous le même titre.
KETAB alfchoïoukh. Titre d'un Ouvrage touchant la vie des Scheikhs,
ou Doéleurs du Mufulmanifme , ihullres par leur pieté , compofé par Sadr
Al Schehid.
KET A B alfabr v alHikan. Traite de la Patience & de la Tranquillité d'efprit.
Titre d'un Ouvrage de Morale , compofé pai- Beu Al Giouzi, mort l'an 731
de l'Hegire.
KETAB alfabih. Traité de la beauté du Vifage. C'eft un Ouvrage d'A-
boul Feth Mahmoud Ben Hoffaïn, plus connu fous le nom de Kefchahera. Cet
Auteur jeft mort l'an 350 de l'Hegire.
KETAB alfehat v alfakam le Ariflhou. Traité de la Santé, & de la Ma-
b.die, en gênerai. Titre d'un Ouvrage que les Arabes attribuent à Ariftote.
KETAB alferath. Traité du chemin, ou du paflage très-^-troit, par lequel,
fuivant l'opinion des Mufulmans , tous les hommes doivent pafler au dernier
jour du jugement, pour diilingucr les bons d'avec les niéchans. Cet Ouvrage
a été compofé par Ishak, Ben Mohammed, furnommé Al Ahmar, le lloufleau.
feiadh
K E T A E. 29",
Feiadh Ben Ali , Ben Mohammed , Ben AI Feïadhi , a compofd an autre
■Ouvrage fur la même matière, intitulé Ketab alcofthas , Livre, ou Traité de la
Balance. Il y parle aulTi du fon que ce chemin doit rendre à mcfurc que cha-
cun paiTcra, lequel fera connoître qui fera le Bon ou le Méchant.
KETAB alfarê. Traité de l'EpilepHe , ou du Mal-caduc. Titre d'un Ou-
vrage de Médecine , compofé par Abou Gidfar Ahmed Ben Mohammed , fur-
nommé Al Tbabib , le Médecin, lequel eft mort l'an 360 de FHcgire.
KETAB alfefat. Livre des Defcriptions, C'efl le Titre d'un Ouvrage divifé
en cinq Parties. L'Auteur, qui cR Aboul Hallan Nalfar Ben Schamaïl Al Na-
houi, traite dans la première, de la Création de l'homme , & des qualitez de
la femme ; dans la féconde , des habits , des maifons & des édifices , des mon-
tagnes , & des chemins difficiles que l'on rencontre en les traverlant ; dans la
troifième , des Chameaux feulement ; dans la quatrième , des Moutons , des
Oifeaux, du Soleil & de la Lune, de la nuit & du jour , des Puits, des Eftangs,
& des Fontaines; & d:ins la cinquième, du Bled, de la Vigne, du Raifin, des
noms des Légumes, des Arbres, des Nuages, & de la Pluie. Cet Aboul Hal-
fan NalFar eft mort l'an 204 de l'Hegire.
D'autres Auteurs ont traité à peu près de la même matière fous le même
titre, comme Abou A'h Mohammed Ben Almaflarin, plus connu îbus le nom
de Cothrob Al Nahoui, Abou Manfour Abdal Caher Ben Thuher Al Bagdadi,
qui eft mort l'an 429 de l'Hegire ; & Abou Sâïd Abdalmalek Ben Karib Al
Afmaghi, ou Al Afmàï.
KETAB alfefat v aUdab. Titre d'un Livre de Morale, dans lequel il efi:
traité de la bonne éducation , & des vertus rcquifes pour bien vivre dans le
Monde. Son Auteur eft Abdalmalek Ben A'ii Al Heraoui , AI Moueddhen.
Il étoit Muezin de profeffion , c'eft-à-dirc , qu'il failbit dans une Mofquée , la
fonftion d'appeller à la prière , & natif , ou originaire de la Ville de lierat en
Khoraflan.
KETAB fefat Cabr AI Nabi. Titre d'un Ouvrage dans lequel eft décrit le
Tombeau de Mahomet , que l'on montre à Medine , compofé par Aboubekr
Al Ageri.
KETAB alfamt. Traité du Silence. Ouvrage compofé par Ebn Aboul Donia.
KETAB alfouar. Traité des Formes. C'eft un Ouvrage divifé en trois
Parties dans lequel Ariftote, auquel les Arabes l'attribuent, car Diogcne Laerce
n'en fait pas mention dans le Catalogue des Livres qu'il a compofés , examine
fi elles exiftent, ou fi elles n'exiftent pas.
KETAB aldhamaïr. Titre d'un Ouvrage de Philofophie , dans lequel il eft
traité des Opérations intérieures de l'Ame. Il a été compofé par Mnhmoud
Ben Mohammed , connu fous le nom de Mirem Tchelcbi ^ lequel eft mort
l'an 971 de l'Hegire.
KETAB aldhaïil Titre d'un Ouvrage dans lequel Mohammed Ben Isha^t
Al Heraoui, qui en eft l'Auteur, a ramaHe ce qui ne fe trou voit plus Je ion
Tome IL D dd temps,
394 K E T A B.
temps, dans les Ouvrages des Do6leurs de la Loy, & des Douleurs Tradition-
naires, touchant le Mufulmanifme , & les Traditions émanées de la bouche de
Mahomet.
KETAB thabâï alhaivan. Titre de l'Hiftoire des animaux, compofée par
Ariflotc , & traduite du Grec en Arabe, trlagi Khalfah écrit qu'il eft divile
en dix Livres ; cependant il elt feulement divifé en neuf, fuivant le Catalogue
rapporté par DiogcneLaerce.
Hagi Khalfah attribue à Ariilote un autre Ouvrage, touchant la Phyfique en
gênerai , dédié à Alexandre le Grand , fous ce titre : ketab fi thabâï alàâlem.
C'eft peut-être celuy que Diogene Laerce rapporte fous le titre de , (pt/tnxwv ,
Ouvrage qui ne fait qu'un feul Livre. Il luy attribue un autre Ouvrage tou-
chant la Phyfique, divifé en quatorze Parties, ou quatorze Livres, fous le titre
de Ketab fi mafiaïl althabîat, Queflions touchant la Phyfique. Il n'en eft pas
fait mention dans le Catalogue de Diogene Laerce.
KETAB thabâï men kelam Al Mahadi men Al Schiât. Titre d'un OuVrage
dans lequel il eft traité du Mahadi , le douzième des Imams reconnu par les
Schiites, ou Seftatcurs d'Ali. Il a été compofé par Hoffaïn Ben Al Cafl^em pour,
répondre aux demandes que Zerrin Ben Ahmed Al Helali lui avoit faites tou-
chant cet Imam, dont Iqs Schiites racontent des chofes furprenantes ; & c'efl la
troifième Partie d'un autre Ouvrage du même Auteur, intitulé Ketab almaâgen.
KETAB althebb le Ariflhou. Titre d'un Ouvrage de Médecine, divifé en
cinq Parties, ou en cinq Livres, attribué à Ariflote. L'Ouvrage de Médecine
que Diogene Laerce rapporte dans le Catalogue des Livres de ce Philofophcy
ne contient que deux Livres.
Le Médecin Grec Rufus a compofé un autre Ouvrage de Médecine fous le
même titre, qui a été traduit en Arabe.
Abou Nâïm a fait auflî un Ouvrage de Médecine fous le même Titre , fur
ce que l'on en dit communément dans le monde , parmi ceux qui font pro-
felfion de fçavoir des remèdes, d'en faire, ou d'en donner, li l'on veut expli-
quer la manière dont Hagi khalfah en parle.
KETAB thabkh alâffir. Traité de la Codion du vin doux. C'ell un Ou-
vrage qui traite de la manière de faire bouillir le mouft , ou le vin doux, juf-
qu'à ce qu'il devienne en confidence. 11 a été compofé par Sadr Al Schehid
Hoflameddin.
KETAB althabikh. Titre d'un Ouvrage de Médecine, dans lequel, à ce
qu'il paroît, il eft traité de la manière de faire les confeftions , & du temps
& des jours propres qu'il faut choifir pour cela. Le Médecin Ahmed Ben Mo-
hammed Al Sarakhfi en eft l'Auteur, & il fa dédié à Môtadhed, Khalife delà.
Race des Abbaffidcs, l'an 387 de l'Hegire.
lahia Ben Abou Manfour Al Mauflali a auflî compofé un Ouvrage femblable,
fous le même titre.
KETAB althâàm v alcdam. Traité des Viandes, & des chofes comeftibles.
Ouvrage compofé par l'Emir Mokhtar A'zzalmolk Mohammed Ben Al Moftagi
Al Harrani.
KETAB
KETAB. ^.
KETAB althelfera. Traité des Talifraans. Livre compofé par Sekaki.
KETAB akhaoual v efmaïhom v fefathom. Titre d'un Ouvrage dans lequel
Aboul CafTem A'ii, qui en eft l'Auteur, traite de ceux qui ont excédé la gran-
deur d'homme , ordinaire , avec leurs noms , & un détail de leur Vie.
KETAB althaharat fi .elm alakhlak. Titre d'un Ouvrage de Morale , com-
pofé par Abou A'ii Mohammed Ben.Iacoub, Ben Maskouiah. Il eft divifé en
fix Parties, La première traite de la Sageffe, ou de la Philofophie en gênerai;
la féconde, de la a-eation, & des bonnes mœurs; la troifième, de la différence
qu'il y a entre le bonheur & la félicité; la quatrième, de l'intégrité des mœurs ;
la cinquième , de l'intégrité de l'homme en particulier ; & la fixième , de la
guerifon des maladies, & des moyens avec lefqucis on doit remédier aux acci-
dens fâcheux.
KETAB althaïr. Traité des Oifeaux. Deux dilFerens Auteurs en ont écrit
fous ce titre , Abou khatera Sahal Ben Mohammed Al Segeftani , & Naffar Ben
Schamaïl Al Nahoui.
KETAB dhefr fil gebr v almocabelat. Titre d'un Traité de l'Aîgebre,
compofé par Naffireddin Al Thouflî.
KETAB aldhcll. Livre de l'Ombre. Hagi khalfah ne marque pas, fi l'Ou-
vrage, qui porte ce titre, efi; véritablement un Traité d'Ombre, ou fi c'efl un
titre métaphorique: mais quoiqu'il en foit, il remarque que fon Auteur, qui ell
Ibrahim Ben Sar , Ben Thaberh Al Giorgiani , n'avoit que feize ans , quand il
le compofa.
KETAB Al Dhaherat fil felek le Oclides. Titre d'un Ouvrage d'Aftrono-
mie, attribué à Euclide, que Naffireddin a publié avec 23 figures, tracées par
lui-même. On en trouve des Exemplaires , lefquels ont vingt-cinq figures , au
lieu de vingt-trdîs. Le même Ouvrage a été commenté par Tabrizi.
KETAB alâlem v almotaâllem. Le Maître & le Difciple. Ouvrage par de-
manies & par réponfes , touchant les articles de la Religion Mufulmanne, avec
des confeils pour la bien obferver. Il a pour Auteur, l'Imam Abou Hanifah.
KETAB êbâdat âla medheb alhanbaliat. Traité du Culte de Dieu , fui-
vant la dodrine des Hanbalites. Il a pour Auteur Mohieddin Mohammed Ben
Al A'rabi.
KETAB âgiaïb althabiïah v garaïb alfanâïah. Livre des merveilles de la
Nature, & de l'Art. Titre d'un Ouvrage, compofé par Aboul Rihan Ben
Ahmed Al Birouni.
KETAB âgiaïb alkebir. Titre d'un Ouvrage fur la même matière que le
précèdent , compofé par Ibrahim Ben Vasf fchah Al lounani.
KETAB âgiaïb. Titre "d'un Livre fur le même fujet que les deux prece-
dens, dont l'Auteur eu. A bdalrahman Mohammed Ben Al Mondar Al Heraoui,
connu fous le nom de Schokr.
Ddd 2 KETAB
39^ ' K E T A B.
KETAPi dgiaïb v garaïb fil nirengiat v 1 thelfemat. Titre d'un Ouvrage
touchant les preftiges , &. les Talifmans , dont l'Auteur eft Mohammed Ben
Cadhi Minas , lequel y rapporte des choies fur cette matière , qui ne fe trou-
vent point en d'aufes Livres.
Mahmoud Ben Hamzah Al Kerraani a compofé un Livre femblable fous le
même titre.
KETAB âgiaïb v, garaïb. Titre d'un Ouvrage touchant les merveilles de
la Nature. Le nom de l'Auteur, qui étoit Mogrebi ^ c'efl-à-dire , Afriquain,
n'eft pas connu, fuivant Hagi khalfah. Sorouri en parlant de ce Livre, remar-
que qu'il eft divifé en dix Parties.
La première regarde les chofes celeftes , ou furnaturelles , & ce qui y a du
rapport; La féconde, les cieux; La troifième, le temps; La quatrième, les chofes
terreftres , & ce qui les regarde; La cinquième, les Elemens; La fixième , les
mines; La feptième, les Plantes; La huitième, les Animaux, & i'Anatomie par
occafion; La neuvième, la Force; & la dixième, la Beauté;
KETAB alâdl le Arifthou. Titre de l'Ouvrage d'Ariftote touchant la Juftr-
ce, divifé en quatre Livres. Traduélion du Grec en Arabe.
KETAB ors v alâraïs. Traité des Nopces, & des Epoux. Ouvrage conp-
pofé par un Auteur nommé fimplcment Hafedhi.
KETAB aîârfch v fefatho. Livre de la Defcription du Throne de Dieu-,
compofé par Ebn Abifcheïbah. Ebn, ou Ben latmai ah,, célèbre Dofteur de Da-
mas , qui vivoit fOus le règne des Aïoubites en Egypte & en Syrie , l'a auflî
décrit fous le même titre, & Hagi khalfah fait mention que ce Doéleur a ofé
avancer , que Dieu en créant ce. Throne , y a laiiTé un fiege vuide , pour y
plicer Mahomet.
KETAB alôzz v alfabr. Traité de la Force, & de la P^ience. C'eft un
Ouvrage qui a été compofé par Hafedh Ben Aboul Donia Al Coraïfchi.
KETAB âroud. Traité de la Poétique des Arabes, compofé par Khalil Ben
Ahmed Al Nahoui. Il eft le premier parmi eux, qui a. travaillé fur cet Arf.
L'Imam Gens Ben Mohammed Al Sagani, Abou Ishak Ben Mohammed Al Z.t-
giag', & d'autres Auteurs Arabes l'ont fuivi,
KETAB alôzlat. Traité de la Retraite. Ouvrage de Sjpiritualité , où il eft
traité de la Vie éloignée du Monde , pour fe donner entièrement au fervice
de Dieu. Il a été compofé par Abou Soliman Ahmed Ben Mohammed Al
Khathaïi, l'an 388 de l'Hegire. A/bdallah Ben Ahmçd, & Ebn A'flaker , ont
auflî traité le même fujet fous le même titre.
KETAE'E'fchk. Traité de l'A-mour. Les Arabes attribuent un Ouvrage
en trois Parties , ou en trois Livres , fous ce titre , à Ariftote , lequel ne le
trouve point dans le Catalogue de fes Livres , rapporté par Diogene Laerce.
Il y a auiîi un Ouvrage fur la même matière, compofé par Ahmed Ben Mo-
hammed Al Sarakhfj, mort l'an 288 de l'Hegire.
KETAB.:
K E T A B. 3ÇJ,
KETAB alâkareb. Traité des Scorpions, Petit Ouvrage, qui contient qua-
rante Queftions, aufquelles Al Mozeni a fatisfait.
KETAB alâkakir. Traité des Racines Aromatiques, compofé par un Indien,
dé qui le nom n'efl pas connu.
KETAB alàkl.. Traité de l'Erprit , ou de l'Entendement. Trois differens
Auteurs ont traité ce fujet fous le même titre. Aboul' A'bbas Ahmed Ben
Mohammed Al Sarakhfi, Al Thabib, Médecin, natif, ou originaire de Sarakhs,
Ville du Khoraffan, lequel efl mort l'an 286 de l'Hegire; Daoud Ben Mogir,
moit l'an 206 de la même Hégire, & Dhahabi.
KETAB alâkl v alôkala. Traité de fEfprit, & des Perfonnes d'efprit. Ou-
vrage compofé par Ebn A'ii Al Barr Al Corthobi , natif , ou originaire de la
Ville de Cordouë en Efpagne.
KETAB alclali. Titre d'un Ouvrage de Médecine, dont Ben Sina, ou Avi-
cenne eft Auteur.
KETAB êlal v êlagiat le Gialinous. Traité des Maladies, & de leurs remè-
des. Ouvrage de Galien, traduit du Grec en Arabe, lequel comprend foixantè
& treize Chapitres;
KETAB alêlm. Traité de la Science. Cet Ouvi'age a été compofé par
Abou Haïthemah Dhahar Ben A 'rab.
KETAB êlm v taâlim. Traité de la Science, & de la manière d'enfeignen
Titre d'un Ouvrage compofé par Abou Zeïd Ben Sahal Al Balkhi , mort en-
viron l'an 350 de l'Hegire.
KETAB O'ioum aluaheb. Traité des Sciences que Dieu donne. Ouvrage
compofé par Mohieddin Al A'rabi.
KETAB O'mad fi] nogioum.. Traité d'Ailronomie , compofé par Aboul
Calfem Al Mof^iOer.
KETAB alômr v thaulho v cafrho. Traité de la Vie , de fa longueur,
6c de fa brièveté.. Les Arabes attribuent cet Ouvrage à Ariflote, compris en
un feul Livre, duquel il n'elî pas fait mention dans le Catalogue que l'on a
dans Diogene Laerce.
KETAB alahd le Bokrath. Titre du Sernientd'Hippocrate, traduit du Grec'
en Arabe.
KETAB alôhoud. Titre d'un Livre de Magie , dans lequel il eft traité des
Paéls , qu'un nommé Soliman Ben Daoud a contrariez avec les Démons , &
avec les Efprits, fans nom d'Auteur.
KETAB alâïn fil logat. Titre d'un Diftionnaire AVabique , fi ancien, que
les Arabes ne font pas d'accord entr'eux , touchant fon Auteur. Les uns difent
que c'eft Khalil Ben Ahmed Al Nahoui, lequel eft mort fan -/S àe l'iicgire;
5i. Soïouthi , dans fon Ouvrage, intituié Zahr , au rapport de Hagi Kholfab,
D d d 3 aiTure
398 K E T A B.
affure, que c'efl le premier parmi les Auteurs Arabes qui ait fait un Diftion-
naire en leur langue.
Néanmoins, ceux qui font du fentiment contraire font en plus grand nom-
bre, & foûtiennent que ce Khalil n'en e(l point Auteur, & quelques-uns l'at-
tribuent à Laïth Ben Nafr, Ben Saïar, Al Khoraflani, natif du KhorafTan.
KETAB alâïn men albeden le Bokrath. Traité de l'Oeil. Ouvrage d'Hip-
pocrate fiiivant les Arabes , traduit du Grec en Arabe.
KETAB alâïn v aldin. Titre de deux difFérens Ouvrages, de Préceptes ou
de Maximes pour bien vivre fuivant la Loy Mufulmane. Le premier a été
compofé par Ben AI Scharih Ahmed Ben O'mar Al Schafêï, & le fécond, par
Mohammed Ben AI HalTan AI Scheïbani.
KETAB algadi v al mogtadi. Traité des Alimens & de ceux qui les pren-
nent , di vifé en deux Parties , & compofé par Abou Giâfar Al Thabib , Méde-
cin de profeffion , lequel l'acheva l'an 308 & mourut l'an 360 de l'Hegire.
KETAB algheda le Bokrath. Livre ou Traité des Alimens, compofé & di-
vifé en quatre Parties par Hippocrate , & traduit du Grec en Arabe. Il y a
un autre Ouvrage de lui dans h même Langue , intitulé Ketab algodad , tou-
chant les Bubons peflilentiels.
KETAB algaraïbat. Traité des chofes fur prenantes & merveilleufes. Ouvra-
ge compofé par A'Ii Ben Sâïd Al Mogrebi Al Andaloufîî , lequel a été honoré
de ces titres : AI Adib , AI Barê , l'homme de Lettres , le Perfonnage élevé au-
defllis des autres par fa grande Do6lrine.
KETAB garaïb v gauamedh. Traité des difficultez qui fe rencontrent dans
le difcours. Titre d'un Ouvrage compofé par Abou Nafr Sâïd Al Macrizi. 11
y en a un autre d'Abou Rafchik fous le même titre.
KETAB alghena v tahrimbo. Traité des RichefTes permifes & non permi-
fes. Ouvrage compofé par le Cadhi Aboul Thabib Ben A'bdallah Al Thabari ,
Al Maleki.
KETAB alfakher. Titre d'un Traité des Façons de parler proverbiales,
compofé par Al Mafdhal Ben Salmah.
KETAB alfal. Traité de la Divination. Ouvrage compofé par Aboul' Ab-
bas Ahmed Ben Mohammed Al Sarakhfi.
KETAB alfarab. Titre d'un Ouvrage écrit en Perfien. C'cft un Recueil
des Apophtegmes, ou Paroles remarquables des Philofophcs &, des Rois, com-
pofé par Aboul Halfan Ali Ben Nafr AI Bagdadi , qui Fa dédié à Kouam aldaulat.
KETAB alfcraffat le Ariflhou. Titre du Livre de Phyfionomie , compofé
par Ariftote, & traduit du Grec en Arabe. Fakreddin Mohammed^ Ben O'mar
Al Razi en a au/îi compofé un Ouvrage fous le même titre de Ketab alfer^if-
fat. Cet Auteur efl mort l'an 606 de l'Hegire.
KETAB
K E T A B. jpp,
KETAB alfarlç beïn alfaleh v gaïr alfaleh. Livre de Politique, compofé
par Al Gazali.
KETAB alfark. Le Livre de la DifFérence. Plafieurs Auteurs Arabes ont
écrit fous ce titre, touchant rExcellence de l'homme par - deOiis les autres ani-
maux. Les voicy tels qu'ils font rapportez dans la Bibliothèque Orientale de
Hagi Khalfah.
Âbou O'beïdah Hamzah Ben Mathni, Al Bafri, natif ou originaire de la Ville
de Baflbrah.
Abou Sâïd A'bdalmalek Ben Karïb Al Afmâï.
Abou Ganem Sahal Ben iVlohammed Al Scgcftani.
Ebn Hamid Al Mekki , mort l'an ss'^ de THegire.
Ebn Abildemim Al Hamoui , mort l'an 64:2 de l'Hegire.
Abou Ishak Al Soui, Al Zagiag', mort l'an 804 de l'Hegire.
KETAB aîforouflîah. Traité de l'Art de monter à chevaL Abaulfarag' Ali
Al Rahman Ben A'U Al Giouzi, mort l'an 598 de l'Hegire, en a coraporé un
Ouvrage fous ce titre, & après lui piufieurs Auteurs Egyptiens.
KETAB alfafllihat. Traité de l'Eloquence Arabique. Deux Auteurs, fui-
vant Hagi Khalfah, en ont écrit particulièrement fous ce titre, à fçavoir, Abou
Khatera Sahal Ben Mohammed Al Segeftani & Abou Hanifah Mohammed Ben
Daoud Al Deïnouri.
KETAB alfasd v alhagiamath le Bokrath. Traité de la Saignée & de la.
Ventoufe. Titre d'un Ouvrage attribué à Hippocrate par les Arabes.
KET/^B faâlto v afôlto. Ouvrage de Grammaire, dont piufieurs Auteurs
ont traité, comme Abou A'ii Ifmaïl Ben Caflem Al Kah ;. Abou Ishak Ibrahim
Ben Mohammed Al Zagiag', mort l'an 310 de l'Hegire ; Abou Zeïd Sdïd Ben
Aous Al Khazargi; Hallan Ben Bafchar Al Amedi, mort l'an 371,
KETAB fâàl V âfàl. Autre Ouvrage de Grammaire, traité par Abou A'Ii
Ben Mohammed , Ben Al Moilanir , plus connu fous le nom de Cothrob Al
Nahoui , par lahia Ben Ziad , mort l'an 307 de l'Hegire , & par Mohammed
Ben Al Haffan, furnommé Ei)n Al Sofi.
KETAB alfelahat Al Roumiah. Traité de l'Agriculture des Grecs. Ouvra-
ge compofé en Grec par Al Hakim Cofthous , Ben Askouras kanah , & traduit
en Arabe par un autre Auteur Grec, nommé Sergious Ben Hclia , Sergius fils;
d'Elie. Il contient douze Chapitres. Coflhas Louca Al Bâlbeki , natif ou ori-
ginaire de Bâlbek , en a fait une autre traduftion en Arabe. Afthath , qui eft
un Euftathius, autre Auteur, en a fait uns autre tradiiélion ; de même qu'A-
bou Zakaria Ben lahia, Den A'di. Mais celle de .^ergius ell: ellimée la meilleure.
Le même Ouvrage a été traduit en Perfien , fans nom d'Auteur, (bas le ti*
tre de Bourz Naraeh ; & cette traduiSlion Perficnne a depuis été transportée dans-
la Langue Arabique.
KETAB alfelahat le Arifthou. Traité de l'Agriculture. Ouvrage en dix Par-
ties ou en dix Livres, attribué à Ariftote. Il n'en eft pas fait mention dans:
le:
400 K E T A . B.
le Catalogue rapporté par Diogene Laerce. Abou Bekir Ben Vahafchiah & d'au-
tres Auteurs ont auffi écrit en Arabe fur le même fujet.
KETAB alfonoun. Traité des Arts & des Sciences. Titre d'un Ouvrage
compofc par A'ii Ben O'kaïl Al Bagdadi, qui en a ramafle plus de quatre cent,
dont il donne la connoifTance.
KETAB alcaïek. -Titre d'un Ouvrage qui contient les Fables de Kalilah &
Damnah , compofé par Aboul O'ia Ahmed Ben A'bdallah Al Madrri , mort Tan
449 de l'Hegire. Il y en a foixante Cahiers qui ne comprennent pas l'Ouvrage
entier, parce que l'Auteur ne l'a pas achevé. Il a lui-même commenté ce mê-
me Ouvrage en dix cahiers, fous le titre de Menar alfaniah.
KETAB alcabaïl. Traité des Tribus des Arabes. Deux differens Auteurs
ont écrit de cette matière, fous ce titre, Abou O'beïdah Moâmmer lien Mathni,
& le Scherif Abou A'Ji Halfan Ben Mohammed, Ben AlTààd Al Harrani.
KETAB alkeranat. Titre d'un Ouvrage où il efl: traité des grandes & des
petites Conjonélions des Planètes , compofé par Kankâh , Aftronome Indien.
Abou Maâfchar en a compofé un Traité femblable , fous le même titre , dans
lequel il parle tant de celles qui étoient déjà palfées avant le tems auquel il
vivoit, que de celles qui dévoient arriver dans la fuite,
Aboul Feth Harafch Ben Ahmed Al Hamadani a auffi écrit fur cette matière
fous le même titre.
KETAB kefmat alenfan âla mezag albasho le Bokrath. Traité de Médecine
touchant les diflferens temperamens , attribué à Hippocrate. Mais Hagi Khalfah
ajoutant , qu'il a été dédié à l'Empereur Titus , le douzième des Empereurs
Romains , fait connoître lui - même qu'il eft d'un Auteur contemporain de cet
Empereur.
KETAB kefmat alâdaJ le Arisfikous Al lounani. Traité d'Arithmétique,
attribué à Ariftippe. Arisfikous , qui fe lit dans Hagi Khalfah , eft pour Arif-
tifous.
KETAB kasm le Ariilhou. Traité de la Divifion , compofé par Ariftote &
divifé en vingt-fix Parties ou vingt-fix Livres. C'eft apparemment l'Ouviage
de ce Philofophe dont il eft fait mention dans fa Vie , écrite par Diogene Laer-
ce, fous le titre de Divijiones X/^/, des Divifions , feize Livres; de forte que
les'Copiftes Arabes auroient écrit vingt-fix Livres au lieu de feize, en fe trom-
pant dans le nombre. Hagi Khalfah ajoute , qu'il y eft traité des Divifions du
Temps, de l'Ame, des PafTions, &c.
KETAB alcaflar v efmaïhom v fefathom. Traité des Palais les plus célè-
bres , dans lequel ils font décrits & mentionnez avec leurs noms. Cet Ouvrage
a été compofé par Aboul Caflem A'Ii Ben Giâfar.
KETAB alcadha v alcadr. Traité du Deftin & de la Puiflànce de Dieu. Ou-
vrage compofé par Ebn Caïem Al Giouzi.
KETAB
K E T A B. 40T
KETAB alcadhaïa fil tegiareb. Traité des fondemens que l'on doit établir
fur les expériences. Ouvrage de Philofophie , compcfé par Malîoudi , qui en
fait mention dans fon Ouvrage, intitule Moroug' aldhahab.
KETAB cathà alkhothouth âla nafTibat. Traité de la Scftion des Lignes.
Ouvrage d'Apollonius en deux Livres , traduit du Grec en Arabe. Les Arabes
appellent ce Mathématicien Grec Abolonious Al Nagiar , Al Eskenderani , Apol-
lonius le Charpentier , natif d'Alexandrie. Il y a un autre Ouvrage de luy , tra-
duit en Arabe , intitule Cathâ alfothouh , de la Seélion des Superficies.
KETAB alcalb le Bocrath. Traité du cœur. Titre d'un Ouvrage d'Hippo-
crate, traduit du Grec en Arabe.
KETAB alcamar fil fanâat. Titre d'un Livre de Chymie du nombre des
cent douze, dont Abou Mouffa Giâber Ben Haïan efl: Auteur.
KETAB alkanûat. Traité de Morale touchant la tranquillité de rame,en quel-
que état qu'elle fe trouve. Il a été compofé par Aboubekr Ben Al Sini.
KETAB caoui althabiât. Traité de l'homme naturellement fort & robufte.
Ouvrage compofé par Galien , & traduit du Grec en Arabe par Honaïa Ben
Ishak. Il eft divifé en trois Parties.
KETAB alcauafi. Traité des Rimes ou plutôt de la Poëfie Arabique. Les
Auteurs fuivans en ont écrit fous ce titre.
Mazeni, mort fan 248 de l' Hégire.
Abou A'ii iVloharamed Ben Al Moftanir, furnommé Cothrob Al Nahoui , le-
quel eft mort l'an 310 de l'Hegire.
Mohammed Al Afchbili , natif ou originaire de la Ville de Seville en Efpa-
gne, lequel eft mort l'an 951 de l'Hegire.
Abou Said Ben Saâdah Al Balkhi Akhfafch Al Aouffath.
Mohammed Ben Zeïd, furnommé Al Mebred.
KETAB alcouuat Traité de la Eorcc. Ouvrage compofé par l'Imam AI
Aurâï.
KETAB alcaus v altors. Livre de l'Arc & du Bouclier. Titre d'un Ouvra-
ge , compofé par Abou Zeïd faâd Ben Ars Al Khazergi.
KETAB alcoulang' v anuâho v tedavinho. Traité du mal de ventre ou de
la colique, de fes efpèces 6c des remèdes pour la guérir. Il eft divifé en deux
Parties; & il a été corapofr par Abou Giâfar Ahmed Ben Mohammed Al Tha-
bib. Médecin, mort l'an 360 de l'Hegire.
Avicenne a auflî écrit un Traité ferablable fous le même titre.
KETAB alraboubiat le Arifthou. Traité de la Souveraine Puiflance , par
Ariftote. C'eft celuy qui eft cité par l'Interprète de Diogene Laerce , fous le
titre de Rtgno^ de l'Art de régner.
KETAB alkias le Arifthou. Traité du Syllogifiné , par Ariftote, traduit en
Tome II. E e e Arabe.
402 K E T A, B.
Arabe. C'ell l'Ouvrage qu'il en a fait > divifé en deux Livres , dont il eft fait
mention dans le Catalogue rapporté par Diogene Laerce.
MouuafFek Al Bagdadi a auflî fait un Ouvrage touchant le Syllogifme, en
quatre volumes, ■ \
KETAB kiam alleïl. Traité de la veille pendant la nuit pour vacqueràla
prière. X)uvrage compofé par Abou A'bdallah Mohammed Ben Nafr Al Moued-
dhen / c^ell-à-dire , Muezin , ou qui avoit dans une Mofquée la charge d'appel-
1er à la prière.
KETx\B keramat alaulia. Titre de la vie & des avions mémorables des
Perfonnages qui font morts en odeur de Sainteté parmy les Mufulmans. Gelai
Al Aârabi en eft Auteur.
KETAB keramat v berahin alfalehin. Ouvrage femblable au précèdent,
compofé par Abou A'bdallah Mohammed Ben Ibrahim, Ben Sou alleïl , Auteur
d'un Ouvrage, intitulé Aldorr.
KETAB alkorrah. Traité de la Sphère. Ouvrage dont HalTan Ben AI Sab=
bah eft Auteur.
KETAB alkorrat almotaharakat lé Authouloufos. Traité de la Sphère , par
Autolycus. Les Copiftes Arabes ont écrit Authouloufos, au lieu d'Authouloucos.
Cet Ouvrage a été traduit en Arabe, reveu par Thabeth Ben Corrah, & pu=
blié avec des figures par Naffir eddin Al Thouflî , & ces figures font au nom-
bre de feize..
KETAB alkorrat v alôfthouan le Arfchimedes. Traité de la Sphère & du
Cylindre. Ouvrage de Mathématique d'Archimede , que les Arabes furnomment
Al Mefri, l'Egyptien. Thabeth Ben Corrah en a traduit en Arabe ce qu'il a
compris, & a laiffé quelques Propofitions qui étoient au-delFus de fa connoif-
fancè , comme le témoigne Hagi Khalfah.
. Authoufious ou plutôt Autïioukious Al Afcalani ; c'eft-à-dire, Eutychius de
1$ ville dAfcalone a fait un Commentaire en Grec fur cet Ouvrage d'Archime-
de, lequel, fuivant le même Hagi Khalfah , a été traduit en Arabe par Ishak
Ben Honaïn.
Hagi Khalfah remarque encore qu'il y a quarante - fept figures dans l'Exem-
plaire de Thabet Ben Corrah , & qu'il n'y en a que quarante -crois dans celuy
d'Ishak Ben Honaïn; mais que le même Ishak a ajouté à la fin de fon Ouvra-
ge un Traité de la Poulie du même Archimede.
KETAB alkesb. Livre du Gain. Titre d'un Ouvrage compofé pai- Abou
Abdallah Ahmed Ben Harb Al Nifchabouri, mort fan 234 de l'PIcgire, & com-
mente depuis par Schams alaïmat Mohammed Ben Ahmed , Ben Abou Sahal
Al Sarakhfi, mort l'an 483 de l'Hegire.
KETAB alkefr v algebr le Bokrath. Traité des Frayions & de leur réduc-
tion au tout, c'eft-à-dirc, de l'Algèbre, par Hippocrate, qui l'a divifé en trois
Bar.ies. Suivant le rapport de Hagi Khalfah, Hippocrate y traite de cette
■ , - • fcicn
K E T A B. 4^3
fcience , autant qu'il eft neceflaire qu'un Médecin en ait de connoiflance par
rapport à fa profelfion.
Les Sçavans s'étonneront peut-être en cet endroit, de ce que les Arabes at-
tribuent'à Hippocrate cet Ouvrage, dont ils n'ont pas entendu parler. Il eil
vray , qu'il y a apparence qu'Hippocrate n'en a jamais compolë un femblable.
Mais on peut conclure de-là , que c'efl: un Ouvrage ancien , & que les Arabes
l'ayant trouvé fans nom d'Auteur , & voyant qu'il avoit du rapport à la Mé-
decine , ils le luy ont attribué , comme au Chef de tous les Médecins , de
même que nous voyons plufieurs Traitez de Pliilofophie qui ne font point de luy.
KETAB alkona. Traité des Noms qui font difFerens des Noms propres par-
my les Arabes. Les Auteurs lliivans ont travaillé fur ce fujet:
Ebn A'bdalbarr louflbuf Ben A'bdallah AlCorthobi, natif ou originaire de la
Ville de Cordouë en Efpagne, lequel cil mort l'an 463 de l'Hegire.
Celui-cy a été fuivi par Moflem, par Nelîaï, par Nifchabouri, & l'Ouvrage
de ce dernier a été abrégé par Dhahabi, fous le titre de Moélana fi ferd alkona.
KETAB alkenaïat v taâridh. Traité des noms empruntez^ & des manières de
parler en mots couverts. Plufieurs Auteurs ont écrit fur ce'tte matière fous le
même titre, & particulièrement Thaâlebi , qui compofa fon Ouvrage dans la
Ville de Nifchabour en Khoralfan, l'an 400, de l'Hegire.
KETAB alkenaiat v althabîat. Titre d'un Livre, attribué à Ariftote.
KETAB alkaun v alfaflad. Traité de l'Elire & de la Corruption. Titre
d'un Ouvrage d'Ariflote fuivant les Arabes , traduit du Grec en leur Langue.
Il a été commenté par Alexander Aphrodifeus , & par le Cadhi Aboul Valid
Ben Al Rafchid Al Maleki, Al Andalouffi,
KETAB alamanat. Titre d'un Ouvrage de Droit, dans lequel il efl traité
des Dépôts, compofé par Abouldonia.
KETAB aleddhat. Traité du Plaifîr ou *de la Volupté. Titre d'un Ouvrage
d'Ariflote , traduit du Grec en Arabe , en deux Parties ou en deux Livres. H
n'cft qu'en un feul Livre en Grec , fuivant le Catalogue de Diogene. Néan-
moins Hagi Khalfah, en parlant de ce Traité, remarque qu'Ariflote l'a compo-
fé pour l'éclairciflement des Livres de la Republique de Platon. De forte que
ce pourroit être un autre Ouvrage du même Arillotc , compofé fur la même
Republique de Platon , en deux Livres , fuivant le témoignage de Diogene
Laerce.
KETAB allofTous. Traité des Voleurs. Ouvrage compofé par Abou O'thman
O'raar Ben Bahr Al Hafedh , Al Bafri.
KETAB allogat. Titre d'un Didionnaire Arabique, compofé par Ben Ka-
rib Al Afmâï.
KETAB allauahek. Titre d'un Ouvrage de Médecine ou de Philofophie ,
dont Ben Sina ou Aviccnne eft Auteur.
KETAB allouh v alcalcm. Traité de la Table & de la plume. Ouvrage
fans nom d'Auteur , dans lequel il eft parlé au long de la Table que les Mu-
E e e 2 fulmans
404 K E T A B. >
fulmar^s appellent Louh almahfoud , la Table gardée , &^ de la plume avec la-
quelle tout ce qui doit arriver y efl: ccri: fuivant leurs rêveries. Il ell parlé
de cette Table & de cette Plume en d'autres endroits de cet Ouvrage.
KETAB allahou v allôb. Traité des Jeux & des DivertilTemens. Ouvrage
compofé par Aboul Abbas Ahmed Ben Mohammed Al ùarakhli, mort l'an 286
de l'Hegire.
KETAB leïs. Titre d'un Ouvrage de Grammaire Arabique, dans lequel
l'Auteur , qui eft Ben Khalouiah Hoilàïn Ben Ahmed , marque les mots & les
façons de parler qui ne font pas de la Langue Arabique. Il efl mort l'an 270
de l'Hegire.
KETAB alleïl v alnahar.. Titre d'un Ouvrage d'Aftronomie , où il eft traité
des jours & des nuits, compofé par Aboul HofTaïn Ahmed Ben Ai Fares AI
Lagoui, mort l'an 395 de l'Hegire.
KETAB ma ettefak leàdhim v ekhtelaf. Titre d'un Ouvrage de Geogra--
phie , compofé par Zeïn eddin Mohammed Ben Moufla Al Khazeni , Al Ha-
madani.
KETAB ma ekhtelaf Al Bafriôun v Koufiôun. Titre d'un Ouvrage de Gram-
maire Arabique , compofé par Ebn KeïiTan Mohammed Ben Ahmed , dans le-
quel il ell marqué en quoi différent, fur cet Art , les Grammairiens de Baffo-
rah & de Coufah. Cet' Auteur eft mort l'an 299 de l'Hegire.
KETAB ma baâd akhabiât. Titre du Livre des Metaphyfiques d'Ariftote ,
traduit du Grec en Arabe. Hagi Khalfah ajoute que Bandocles , qui vivoit du
temps de David , a auffi écrit fur cette matière. Il femble qu'il veuille parler
d'Empedocle.
KETAB maakhoudhat fi offoul'Al Hendaflah leArfchemides. Titre d'un
Livre de Géométrie d'Archimede, traduit du Grec en Arabe par Thabeth Ben
Corrah , avec un Commentaire d' Aboul Haffan A'ii Ben Ahmed Al Neifoui ,
avec quinze figures , qui ont été dreffées par Naflir eddin Al Thouffi. Il y a
auirr un Difcours fur le même Ouvrage de Sohaïl Al Caouni , intitdé Teziïu
ketab Arfchemides fil maakhoudhat.
KETAB malakhoulia. Traité touchant la Melancholie. Ouvrage de Méde-
cine compofé par le Médecin Aboii Giâfar. Ahmed Ben Mohammed, mort l'an
3^0 dé l'Hegire.
Les Arabes ont auflî , fous le même titre & touchant la même matière , un
Livre de Rufus, Médecin Grec, le meilleur &,le plus eftimé de {qs Ouvrages,
fuivant Hagi Khalfah.
KETAB ma ieg'rav la ïeg'ra. Traité des chofes qui arrivent & qui n'ar-
rivent pas. Ouvra'ge dont l'Auteur eft lahia Ben Al Thaâleb Al Nahoui.
KETAB mn anfiiraf v la ïanfaraf. Traité des chofes qui fe changent &
qui- ne fc chajigent pas. Ouvrage dout l' Auteur du précèdent eft aufîi Ai>.
K E T A B. 405
teur. Abou Ishak Ibrahim Ben Mohamjied AI Zagiag', mort l'an 310, en a
auffi compofé un femblable.
KETAB Al Mebaheth. Traité dans lequel Avicenne, qui en eft Auteur,
parle des Qualitez que doit avoir celuy qui difpute.
KETAB aTmobtadi. Livre de celuy qui commence. Titre d'un Ouvrage
compofé par Aboui MahafTen Al Rouiàni, Al Schafèï, Doéleur de laSecte.de
rimam Schafêi
KETAB almobteda v almàud. Traite pour la conduite de celuy qui corn'
mence dans la Spiritualité, & de l'autre vie à laquelle chacun doit arriver,
foit pour fon bien, foit pour fon malheur. Ouvrage divifé en trois Parties,
fans nom d'Auteur.
KETAB almebin fi tarikh Al Andalous. Titre d'une Hiftoire du PàVs d'An-
dalous, c'efl-à-dire, d'Efpagne, en foixante volumes, compofée par Abou Mar-
van Haïan Ben Khalaf, mort l'an 469 de l'Hegire.
KETAB almotelcaddemin almodhallal fi oflbul eddin. Titre d'un Ouvrage
de Logique & de Philofophie natui'elle, fciences que doivent fçavoir ceux qui
veulent s'appliquer à l'étude de la Théologie iVlufulmanne, Il a été compofé
par Haroun Ben A'bdaluah, l'an 764 de l'Hegire.
KETAB Al Motavakkel. Le Livre de Motavakkel. Titre d'un Ouvjage
de Soïouthi , qu'il a ainfi intitulé , parce qu'il l'a compofé par ordre du Khalife
Motavakkel. C'ell un Recueil dans lequel il a ramalTé les mots Ethiopiens »
Perficns, Indiens, Turcs, Zingiens ; c'eft-à-dire , de la Langue des Peuples du
Zanguebar , Nabatheens , Syriaques , Hébreux , & Grecs , qui fe trouvent dans
l'jAlcoran.
KETAB almothallath le Arfchemides. Traite des Triangles. Titre d'unLi--
vre d'Archimede, traduit du Grec en Arabe.
KETAB alraohabbat le Arifthou. Traité de l'Amitié. Ouvrage d'Ariflote
traduit du Grec en Arabe, diviie en trois Parties, ou en trois Livres, fuivant
Hagi Khaifah. Cependant, il n'y en a qu'un feul Livre fuivant le Catalogue
de Diogene Laerce.
KETAB àlmakhrouthat fi ahual alkhothouth almomtahanah le Abolonious;
Titre de l'Ouvrage touchant les figures Coniques d'Apollonius, traduit du Grec
en Arabe, & divifé en fept Parties, ou fept Lii-res.
Hagi Khaifah en faifant mention de ce Livre dans fa Bibhotheque Orientale,
donne à Apollonius les titres de Al Nagiar, AI Hakim Al Riadhi, de Charpen- -
tier, ou Architefte , & de Philofophe Moral.
Le même Auteur remarque encore, que lorfque le Khalife AI Mamon fit la
recherche de Livres Gi-ecs fur' toutes fortes de iciences pour les faire interpré-
ter en Arabe, l'exemplaire de celuy-cy, qui fe trouva parmi les autres qui luy
furent apportez, contenoit feulement fept Livres; mais que l'on connue p=ir la
Préface, que l'Ouvrage entier en comprenoit huit , & même que le huitième
E.e e 3 fervoit .
400 K E T A B,
fervoit de fondement & d'intelligence aux autres. De plus , que l'on decou-
vrit qu'il ne fe trouvoit que dans la bibliothèque des Empereurs Grecs , lefqueis
en étoient fi jaloux, qu'il n'y eut pas moyen d'en avoir communication.
Hagi Khalfah qui eft mort l'an 1067 de l'Hegire , de J. C. 1656 , ajoute
que ce huitième Livre ne s'étoit pas encore trouvé jufques à fon temps, &
Abou Moufla qu'il cite, a remarqué que ce même Livre contenoit quatre figu-
res expliquées & demonftrées.
Pour ce qui regarde la Traduélion eh Arabe des fept premiers Livres, Ah-
med Ben Moufla Al Hamfi, natif de la Ville de Hams, ou d'Emeffe, a inter-
prété les quatre premiers, & Thabeth Ben Corrah les trois derniers, & l'Ou-
vrage entier à été revu & corrigé par Haflan Ben Moufla, Ben Schaker.
KETAB almodhakker v almouanneth. Traité du Mafculin & du Féminin.
Plufieurs Auteurs ont compofé des Ouvrages de Grammaire Arabique fous ce
titre; eptre autres, Hoflàin Ben Ahmed Al Nahoui, furnommé Ben Khalouialî,
mort l'an 370 de l'Hegire, Abou Khatem Salial Ben Mohammed Al Segeftani,
& Ahmed Ben O'beïd Al Koufi.
KETAB meflaïl alheïoulaniat le Arillhou. Livre de Queflions touchant 1»
Matière , attribué à Arifliote , & divifé en quatre Livres. Ils luy attribuent
deux autres Ouvrages de Queftions, l'un fur le vin & fur l'yvrefle, où il y en
a vingt- deux, & l'autre de Queflions naturelles.
KETAB mefl'ahat alafchkal albafTithat v alkeriat. Livi-e de Géométrie tou-
chant les figures' Régulières & Spheriques. Ouvrage compofé par Abou Moulfa
Mohammed Ben Holfaïn. Il y a dix-huit figures qui ont été dreflTées par Naflîr
eddin Al Thoufli.
KETAB meflahat aldaïrat v bakarha le Arfchemides. Traité du Cercle,
Ouvrage d'Archimede.
KETAB meflahat. Livre de Géométrie. Ouvrage compofé par A'ii Ben
Al Heïtem.
KETAB almeflafat. Traité des Longitudes & des Latitudes. Ouvrage de
Géographie , compofé par Kafcbgari.
KETAB almaflliken le Thaoudoufious. Titre d'un Ouvrage de Géométrie
de Theodofius, traduit du Grec en Arabe par Coflhas Louca Al Bâlbeki. Il y
a douze figures qui ont été décrites & expliquées par Naflireddin Al Thoufli.
KETAB almafsî fil daïrat le Arfchemides. Titre d'un autre Ouvrage de'
Mathématique d'Archimede, touchant le Cercle. •
KETAB almodhaf le Arifl:hou. Titre d'un Ouvrage de Philofophie touchant
ce qui a rapport à autre chofe, attribué à Arïfl:ote.
KETAB almethalê le Abficlaous. Traité du "lever des Etoiles, par Hypfi-
cles. Ouvrage d'Aflironomie , traduit du Grec en Arabe par Coflhas Louca Al
Bâlbeki. Il à été corrigé par Al Kendi, & expliqué par Naflireddin A\ Thoufli.
KETAB
K K T A B. 40^
KETAB almââd alrouhani v bothlanho fadhlan an algefnidni le Bandokles.
Traité du Retour de l'Anic à fon principe , preferabl2ment au corps. Ouvrage
attribué à Empcdocle prir les Arabes , fuivant Hagi Khalfah , qui veut encore
en cet endroit , que ce Philofopiie ait vécu du temps de David , comme il a
déjà été marqué cy-delîlis.
KETAB almââden le Arifthou. Traité des Mines, ou des Minéraux, par
Ariflote. C'ell peut-être une Partie des ti-ente-huit Livres qu'il a compofés
de l'Hilloire naturelle fuivant les Elemens.
Giâber Ben Haïan , ce fameux Philofophe & Chymifle , a aufll compofé un
Ouvrage femblable fous le même titre, dans lequel il traite de la génération
des Minéraux , & de leurs caufes.
KËTAB^ almââridh. Titre d'un Ouvrage de Morale fous des Paraboles,
compofé par lahia'Ben Abou Manfour AI Mauflali.
K E T A R almâdni. Titre de plufieurs Ouvrages de Grammaire Arabique ,
compofé par differens Auteurs , entre autres par Abou IsHak Ben Al Zagiag'
Al Nahoui, qui a tiré particulièrement le fien du Commentaire fur l'Alcoran,
intitulé , Kcfchaf , de Zamakfchari ; Aboul Haffan Nalfar Ben Schamaïl Al Na-
houi , mort l'an 904 de l'Hegire ; Helal Ben Al A'skeri ; Abou Saïd Mouarrakh
BenO'mar, & Ben Al Nahas. •
KETAB almôgezat. Livre des Miracles; c'efl un Abbregé des Miracles des
Anciens Prophètes , recueillis par Abou Ishak Ibrahim Ben Khalaf , Ben Hamdan.
KETAB mârefat almafTaïl alêttecadiât. Titre d'un Ouvrage touchant ce
qu'il efl: necelTaire de croire dans la Religion Mufulmanne , compofé par Kïo-
hieddin Al A'rabi.
KETAB alraâarefat ma ïegeb alfchoioukh âla alfchebab. Titre d'un Ouvrage
qui traite des devoirs, ou plutôt des comolaifances que les Vieillards doivent
avoir pour la Jeuneife. Son Auteur efl Hafedh Al Hazemi.
KETAB almaâthiat fil hendaffat le Oklides. Titre du Li\Te d'EucHde, in-
titulé Data, traduit du Grec en Arabe par Ishak Ben Honaïn, revu & corrigé
par Thabeth Ben Corrah, & expliqué ou commenté par Naffireddin Al Thoullî.-
Get Ouvrage ell divifé en quatre-vingt cinq Sellions, ou Chapitres.
KETAB almafroudhat. Titre d'un- Ouvrage d[e Mathématique attribué à Ar--
chimede par les Arabes. Thabet Ben Corrah en a auffi compofé un fous le
même titre, où il y a trente - lix figures que Nalïïreddin Al Thouflî à décrites
& expliquées.
KETAB almakboul fi hal alkhôîoul. Titre d'un Ouvrage écrit en Turc ,
touchant les Chevaux, par'Scheïkh Moiiammed Ben Moilufa, plus connu ("nus
le nom de Cadiiizadch . qui mourut l'an 1044 de rHcgire. Il l'a dédié au Sul-
tan Othman , & renfermé en une Préface , & quaa-e chapitres. .
KETAB-:
4o8 K E T A B.
KETAB almelah fil thebb. Titre d'un Ouvrage de Médecine, compofé pai
Badreddin Al Masfar Ben A'bdalrahman Al Bâlbeki, Al Deraefchki. Ce Livre
efl eilimé parmy les Arabes , parce que l'Auteur y a renfermé ce qu'il avoit
lu de meilleur dans Galien , & autres Médecins illultres qui avoient vécu
avant lui.
KETAB almoîk le Arifthou. Titre de l'Ouvrage d'Arillote , De Regno^
c'eft-à-dire , de l'Etat Monarchique , traduit du Grec en Arabe , & divifé en
quatre Parties , ou Livres. Cependant , il eft en un feui Livre , fuivant
Diogene Laerce.
KETAB almalkout. Titre d'un Ouvrage qui traite de la grandeur & delà
puifFance de Dieu, & particulièrement , du Monde fuperieur & intelligible. Il
a pour Auteur Abou Giâfar Mohammed Ben A bdallah Al Keïffani.
KETAB almalkout v êlm algebr. Livre du Monde Intelligible & de l'Al-
gèbre. Il eft attribué au Patriarche Adam par les Mahometans.
KETAB almalkout. Traité de la Puiffance fouveraine , compofé par Saïd
Ben Madat Al Balkhi.
KETAB menazel alcamar. Titre d'un Ouvrage compofé par Kankah, Phi-
Idfophe Indien , touchant les Efprits celeftes qui gouvernent les Planètes , &
touchant leurs effets & leurs influences.
KETAB almenadher le Oclides. Livre de Géométrie. Ouvrage d'Euclide
en 64 figures, qui ont été décrites & expliquées par Naflîreddin Al Thouffi.
KETAB almonakkadhat alhodoud le Ariflhou. Titre d'un Ouvrage d'Arith-
métique, attribué à Ariftote.
KETAB almonakkadhat. Titre d'un Ouvrage d'Ebn Katibah Al Deïnouri,
dans lequel il concilie les contradiflions qui fe rencontrent dans \qs Traditions
que les Mahometans difent être émanées de la bouche de Mahomet.
KETAB almenamat. Titre d'un Traité des Songes, & de leur Interpréta-
tion, compofé par Ben Abouldonia.
KETAB man raua an abihi v an geddihi. Titre d'un Livre dans lequel
l'Auteur, qui eft Cothlou Boga , raconte les particularitez qu'il a entendu dire
à fon père & à fon grand-pere.
"KETAB almanthek. Traité de la Logique. Deux Auteurs Arabes ont
écrit de la Logique fous ce titre , Abou Ahmed Ben HofTaïn lien A'bdallah
Al A'fkeri, & Aboul Holfaïn Ahmed Ben Sàad Al Kateb Al Lsfahani , mort
environ l'an 350 de l'Hegire.
KETAB almouazenat. Livre de l'Egalité, ou de la JnftefTe. Titre d'un
Ouvrage compofé par Al Malek AlMouïad Ifmaïl Ben AH Saheb Hamah, Roi,
ou Prince Souverain de la Ville & de l'Etat de Hamah en Syrie.
KETAB
K E T A B. 40^
■KETAB almauazin. Livre des Balances. Ouvrage comporé par Aboul'A 'fa-
bas Al Cadhi Ahmed Ben Aliraed Al Thabari.
KETAB almaualid. Traité des Couches des femmes. Ouvrage compofc par
Kankah , Philoibphe & Médecin, Indien.
KETAB ahnaut. Le Livre, ou Traité de la Mort. Ouvrage compofc par
Abouldonia.
KETAB almoufîîki alkebir. Le grand Livre de la Mufique. Titre d'un Ou-
vrage touchant cette Science, divifé en deux Parties , & compofé par Aboul'
A'bbas Ahmed Ben Mohammed Al Sarakhfi , mort l'an 286 de rilegirc. Il en
a compofé un autre fous le titre de Ketab alraoufliki Al Saghir, Le petit Li-
vre de la Mufique,
Thabcth Ben O'mar Al Subi , Sabien de Religion, a aufli compofé un fem-
blable Ouvrage, divifé en quinze Serions,
KETAB alraaudhouat. Traité des Objets. Ouvrage attribué à Arillote.
Il efl divifé en trente -quatre Mecalat , Difcours , ou Livres. Il y en a un
autre qui luy eft auffi attribué , divifé feulement en deux Mecalat.
KETAB almiat. Traité des Eaux. Ouvrage compofé par Abou Zeïd Sâïd
Ben Aous Al Khazergi.
KETAB almaïmoun. Le Livre béni. Titre d'un Ouvrage Hiflorique, fans
nom d'Auteur, cité par Khazergi dans fon Hiftoire de l'Arabie heureufe, fui-
vant le le témoignage de Hagi Khalfah.
KETAB alnabat le Ariflhou, Livre des Plantes. C'efl le titre de fOuvrafe
qu'Arillote a compofé fur les Plantes en deux Livres, comme il eft marqué
dans Diogene Laerce , lequel a été traduit en Arabe par Ishak Ben Honaïn,
fuivant la corredion de Thabeth Ben Corrah. Hagi Khalfah ajoute, que Nico-
laous, ou le Philoibphe Nicolaus, a fait un Commentaire fur cet Ouvrage.
Abou Kharan Sahal Ben Mohammed Al Segeftani a auflî traité des Plantes fous
le même titre, de même que Ben Aous Al Khazergi , Ben Karib Al Alinâï,
Al Deinouri, Abou Giàfar Mohammed Ben Habib Al Bagdadi.
KETAB alnabdh le Arifthou. Titre d'un Ouvrage de Médecine touchant
le poulx, ou le battement des artères, attribué h Ariftote, en un feul Livre.
Le Médecin Juif Abou lâcoub Ishak Ben Soliman AI Ifraïli , a compofé un
Ouvrage femblable fous le même titre.
KETAB alnogioum v afrathom le Arifthou. Titre du Livre d'Aftronomie
compofé par Ariftote, fuivant le Catalogue de Diogene Laerce, traduit du Grec
en Arabe. Ofchak Al Mohndes, c'eft-à-dire, le Mathématicien, a auffi écrit do.
j'Aftronomie fous le même titre.
KETAB alnahl v alâfl. Traité des Abeilles & du miel. Ouvrage compofé
par Ben Khatem Sahal Al Segeftani. Abou A'mrou Ishak Ben Morad Al Scheï-
bani, & Ben Karib Al Afmâï en ont aufli écrit fous le même titre.
Tome IL - Fff KETAB
4fé IC E T A R.
KETAB alnefla alfchouaêrah , Livre touchant les femmes qui ont excellé
dans la Pocfie Arabique. Ouvrage comporé par Halian Ben Al Tharkah. Aboul-
farag' Al ïhalgi a aullî écrit fur le même fujct.
KETAB alnesbat algioudhour le Abolonious. Traite de la Proportion des
I^acines quarrces. Ouvrage d'Apollonius, divifé en deux Parties, ou en deux
Livres, dont le premier à été revu & corrigé par Thabeth Ben Corrah ; mais
il n'a pas touché au fécond , parce qu'il n'étoit pas intelligible.
KETAB alnaiïaïh le Ariflhou. Le Livre des Confeils. Ouvrage d'Ariflote,,
fuivanc le Catalogue de Diogene Laerce, traduit du Grec en Arabe.
KETAB alnalfiïh. Autre Livre des Confeils, femblable au précèdent, corn-
pofé par Ibrahin Ben îshak, Ben Ibrahim Al Aïhi, oi^ Al Aïgi, AlKorthobi,
natif, ou originaire de la ville de Cordouë.
KETAB alnadham. Traité de la Poëfie Arabique. Ouvrage compofé par
Aboul Halfan Ali Ben lahia Al Giorgiani.
KETAB nafth aldemm le Arifthou. Traité du. Crachement de fang. Titre
d'un Ouvrage attribué à Arillote, par les Arabes.
KETAB alnefes le Ariflhou. Traité de l'Ame. C'eft le titre du Traité de
l'Ame d'Ariflote, que les Arabes ont djvifé en trois Livres, ou trois Parties,
quoyqu'il n'y en ait qu'un Livre fuivant le Catalogue de Diogene Laerce. Il
a premièrement été traduit en Langue Syriaque par Ishak Ben Honaïn, & de-
puis en Arabe avec le Commentaire d'Alexander Aphrodifeus. Baflhious , Au-
teur Syrien, l'aaulîi commenté en Syriaque; & fon Commentaire a été traduit
en Arabe, de même que celui d'Alexander Aphrodifeus. Les Auteurs Arabes
qui fuivent ont aufli écrit de l'Ame.
Aboul' A'bbas Ahmed Ben Mohammed Al Sarakhfi , qui étoit Médecin, le-
quel efl mort l'an 286 de l'Hegire.
Mohieddin Ben Al A'rabi.
Mohammed Ben A'mrou Al Razi , & fon Ouvrage a ete commenté & expli-
qué pnr A '11 an i.
Sadreddin Molla A'ii Al Sameri, Al Demefchki, mort l'an 620 de l'Hegire.
KETAB altafris le Arfchagianes. Traité de la Phyfionomie , par Archige-
ncs Auteur Grec, dont l'Ouvrage a été ti'aduit en Arabe fous ce titre.
KETAB alnekah. Traité du Mariage fuivant la Loi Mufulmanne, Ouvrage
dont Ben Al A'rabi efl Auteur.
KETAB alnamalat V albdoudhat. Livre de la Fourmi & du Moucheron. Ou-
vra^^e de Fables Morales ,^ compofé par Ali Ben O'beïdah Al Rihani , un des
hommes les plus éloquens' de fon temps , & favory du Khalife Al Mamoun.
KETAB alnauagi û akhbar alboldan. Titre d'un Ouvrage de Géographie,
compofé par Ahou Ishak Ibrahim Ben Ahmed Al Anbari , Al Kateb , mort
Tan 31-2 du l'Hegire,
KETAB
K E T A B. 41J
KETAB Nouffchal Al Hendi. Livre de Nouffchal, Médecin Indien. Ouvra-
ge de cet Auteur , qui y traite de cent maladies différentes , ik d'un remède
différent pour chacune.
KETAB alnoum v alrouiab. Traité du Sommeil & des Songes. Til;re d'un
Ouvrage de Sarakhfi.
KETAB fi nil Mefr le Arifthou. Traité du Nil, Fleuve d'Egypte. Ou-
vrage divifé en trois Parties, ou en trois Livres, & attribué à Arillote.
KETAB vageb fil forôu alfekh. Titre d'un Ouvrage de Jurifprudence Mu-
fulmanne , compofé par Aboul HalTan Manfour Ben Ifraâïl Al Mefri , mort
l'an 306 de l'Hegire,
KETAB aluahadat alelahiat. Traité de l'Unité d'un Dieu. Ouvrage dont
l'Auteur eft Aboul' A'bbas Ahmed Ben Mohammed Al Thabib, lequel eft mort
l'an 286 de l'Hegire.
KETAB aluohoufch. Livre des Animaux. Les Auteurs fuivans ont écrit
de leur Hiftoire fous ce titre.
Abou Mouffa Soleïman Ben Mohammed Al Giagathi.
Abou Khatem Sahal Ben Mohammed Al Segeftani.
Abou Sâïd Holfaïn Ben Hoflaïn Al Sekri, mort l'an 275 de l'Hegire.
Abou Sâïd A'bdalmalek Ben Karib AI Afmâï.
KETAB alualfaïa bclgiodour. Titre d'un Livre qui traite de l'Algèbre. Il
a été compofé par Abou Kamel Schagiâ Ben Aflara.
KETAB aluaffaïa alhaià v almemat. Livre des Préceptes pour bien vivre
& pour bien mourir. Livre de Morale dont l'Auteur , qui ne s'efl: point fait
connoître , a tiré Con Ouvrage des PalTages des Prophètes , des Perfonnagcs
reputez Saints parray les Mufulmans, & des Ouvrages des Sçavans.
KETAB fil uaffaia Fitagoras. Titi-e d'un Ouvrage fur les Vers dorez de
Pythagore, compofé par Aboul' Abbas Ahmed Ben Mohammed Al Sarakhfi,
inort l'an 276.
KETAB fi afrar omm alcoran. Titre d'un Commentaire fur le premier
Chapitre de l'Alcoran, que l'on appelle Fathat, & Omm alcoran. Son Auteur
eft incertain.
KETAB fil vaffaïa. Livre de Préceptes, Plufieurs Auteurs ont écrit de la
Morale fous ce titre , comme Ahmed Ben Mohammed Al Kerafïï , Al Hendi ,
Abou Hanifah, Ahmed Ben Daoud, Al Deinouri, & Abou Giâfar Ahmed Ben
Mohammed Al Sakhaoui.
KETAB aluocoufat le Kauikeb. Titre d'un Livre de Magie fuivant lama-
ciére pratiquée parmy les Grecs, fans nom d^Auteui*.
Fff2 KETAB
412 K E T A ïï. K E T B 0 G A.
KETAB alh^ndaiTrît alkebir. Titre d'un Ouvrage de Géométrie, compofc
par Aboul Callem A<;bâ Ben Mohamiried Al Garnathi , natif , ou originaire de
la Ville de Grenade en Efpagne , & lurnomraé Al Mohandes, le Géomètre.
11 eft mort l'an 426 de l'Hegire. Le mcme Auteur a mis au jour une Géo-
métrie «pratique fous le titre de Ketab fi alaàmdl alliandJilfah , divifée en treize
Chapitres.
. K E TA B aîïetim le Arifbhou,' Traité de Flncomiiarable Ouvrage , attribué à
Arillote, qui Ta addrelle à Alexandre le Grand, fuivant les Arabes, &: qui 7
traite eu Vainqueur, & du Vaincu.
. KETAB aliaum v alleïl. Traité du Jour & de la Nuit. Ouvrage d'Allro-
nomie, compofé par Abou O'mar Thaàleb, furnorami Golam Thaâleb.
KETAB- KHAN EH. Bibliothèque. Les Perfans & les Turcs appellent
ainfi- le Lieu où les Livres font confervez. Mais ils ne donnent pas ce nom
aux Catalogues des Livres, comme nous le faifons avec les Grecs &; les La^
tins. Ils les nomment ordinairement du nom de Fihirifl.
KETBOGA Al Manfouri. Nom propre du dixième Sultan de la première
DN'nallie des Mamelucs en Egypte, lequel ayant été choifi pour monter fur le
Trône, fut furnommé Al Malek Al A'del. Il fucceda l'an 694 de l'Hegire,
au Sultan M Ivlalek Al NalTer, fils de Kelaoun, qui avoit été dépofé à caufe
de fon bas âge , & fut reconnu à fa place pour Sultan en Egypte , & en Syrie.
Les Hiftoriens remarquent, que le Nil ne crût pas cette année -Là à fon ordi-
naire, & que cela caufa une très-grande cherté qui fut fuivie de la pefi:e.
L'année fuivante, qui fut 695-, Cazan khan fils d'Argoun, fils d'Abaka, fiîs
de Holagou , Empereur d^s Mogols , ou Tartares , fit un tel ravage dans la
Syrie, que plus de dix mille hommes avec leurs familles, furent contraints de
fe réfugier en Egypte, où Ketboga les reçut fort bien., & leur donna des
Terres.
L'an 696, Lagin & Carafancor, principaux Chefs de la Milice des Mamelucs ,
fe révoltèrent contre Al Malek Al Adel Ketboga. Ce Sultan n'ayant pas SLÏTez
de forces pour leur refifter ,, s'enfuit d'Egypte, à Damas, où il s'abdiqua lui.
ftîême , & obtint de Lagin qui prit fa place , la Ville de Sarkhod pour y vivre
en particulier , après avoir régné l'efpace de deux ans. Il eut pour fucceffeur,
Lagin, dit Almalek Al Manfour. Bm Schohnah.
KETBOGA. Nom d'un General des armées des Mogols, ou Tartares, qui
fut laifle par Holagou en Syrie. avec dix mille chevaux, pour conferver ce pays
nouvellement conquis, l'an 658 de l'Hegire.
Mais, auîîi-tôt que Malek Al ModhafFer Kothouz, troifiéme Sultan des Mar
meîiics en E-gypte', eut appris que Holagou s'étoit retiré vers la Perfe, il par-
tit d'Egypte avec fes troupes qu'il joignit à celles de Syrie , & donna bataille
à Ketboga qu'il défit à plate couture. Ce fut dans ce combat, que les Tarta-
ms invincibles jufe]u alors, furent vaincus pour la première fois.
Ketboga relia mort fur la place, '& fon fils demeura prifonnicr des Ma-
sneclucs..
r . KETCHBASCa.
K E T C H B A s C H. K E T H I R. 413
■ KETCHBASCH. Tefte ds feutre. Nom que les Perfans donnent aux
Uzbeks, & au^ Tartares , qiù leur font fouvent la guerre dans le KhorafTan.
Ce mot efl Turc, & a pris Ton origine des bonnets , ou efpeces de chapeaux
de feutre, que Tamcrlan fit prendre à fes foldats , lorfqu'il entreprit la Con-
quête de la Perfe.
Les Perfans font nom-n:z aufîi par les Turcs & par les Tartares, Kezel , ou
Kiiilbafch, Têtes rouges, à caufe de la couleur de leur bonnet, ou Turban,
que les autres Maliometans portent ordinairement blanc.
KETFIIR, Aboubekr A'bdallah Ben Kethir, Nom d'un des Perfonnages,
ou Doftjurs qui l'on appelle du nom de IMocri, c'eft-à-dire, Leftcurs de l'Al-
coran à la Mecque. Il naquit dans la même Ville l'an 45 de l'Hcgire, & mou-
rut l'an 120 fous le Khalifat de Hefchim fils d'A'bdalmalek, de la Maifon des
Ommiades. Il eut entre ies Difciples , deux célèbres Dofteurs , Mogiahed Ben
' Giobaïr, & A'bdaliah Ben Al Saïb.
On dit qu'il vit en fonge Mahomet aflls fur la chaire, ou Tribune du Tem-
ple, lequel luy dit: J'ay caché de grands trcfors fous cette chaire, & j'ay don- '
né ordre k Malek de les diflribuer aux pauv^-es, allez donc le trouver. FoycZ
e titre de Malek.
KETHIR. Abou Kethir Ben Manfour, Ben Ammar, Ben Kethir. Nom
d'un Doftcur infigne parmy les Mufulmans, natif de la Ville de Merou en
Khoralîan, d'où il étoit venu demeurer & s'établir à Baiïbrah. Il y a des Sen-
tences de luy qui font admirables, & fes prédications font fort eftimées parmy
les Mahometans , qui tiennent , que perfonne n'a jamais eu une narration pins
éloquente. Il a vécu avec la réputation d'un homme profond dans»les fciences,
& d'une pieté exemplaire.
Les Mémoires de la Vie de ce Dofleur portent, qu'il vit en fonge Mahomet
qui luy cracha dans la bouche, & que déquis ce temps-là, il ne prononça que
des fentences & des oracles.
Ces mêmes Mémoires portent encore, qu'ayant oiii dire que fur le rapport
d' A'bdaliah Bon A'mrou, Ben A 's, que Mahomet avoit autrefois prononcé ces
Paroles: Man aàiïhi alm.ekafleb faâlaïhi bemefr v âlaïhi bclgianeb algarbi menha :
Qui ne gagne rien, aille en Egypte, & vers les Parties Occidentales du même
Pays , il y alla & fe mit à prêcher au peuple , & à difcourir de la Religion
dans les allemblées publiques, & Laïth Ben Saâd luy fit prefent de mille piè-
ces d'or. Il alla enfuite à Bagdet où il. mourut l'an 225 de l'Hegire. Il étoit
ti-ès-fçavant dans les Traditions de Mahomet qu'il ayoit reçues du même Laïth
Ben Saâd.
Fadh Ben Rabî raconte , que Kethir étant invité par le Khalife Haroun Al
Rafchid de lui dire quelque choCe d'édification en peu de mots , il prononça
ces paroles : Min âff fi giamalho v alTa men mâlho v âdal fi folthanho katabho
allah men alâhrar : Celuy qui efl: modefte dans fa grandeur, libéral de fes biens
& jufte dans fon gouvernement. Dieu l'a écrit fur le Livre de fes Elus. Le
Khalife fut fi touché de ces paroles qu'il en verfa des larmes. RaH alakhiar.
Il efl: rapporté dans le même Ouvrage de Rabî alakhiar , qu'un autre jour le
même Khalife l'ayant prié de luy dire quelque chofe d'utile pour fon falut , il
luy fit cette interrogation : Si vous aviez befoin d'un verre d'eau , & qu'il vous-
Fffs. fallut
4T4 K E T H I R. ^ K E Z E L B A S C H.
fallut donner la moitié du Monde pour l'acheter, l'acheteriez-vous à ce prix?
Le Khalife luy aj^ant répondu qu'il l'acheteroit, il luy demanda encore: Et 11
vous étiez dans quelque foiiillure défendue par la Loy , donneriez -vous l'au-
tre moitié du Monde pour vous en nettoyer ? Le Khalife répondit qu'il le
fei'oit. Alors le Scheïkh réprit fon difcours & luy dit ces belles paroles: Vous
voyez comment Dieu a rendu le Monde méprifable & digne d'horreur; cepen-
dant vous achetez avec un verre d'eau ce qu'il y a de plus horrible & de plus
pernicieux: Kabbah allah aldonia betââ v taichtari befcharbat men ma deboulho.
KETHIR. Ebn Kethir. Surnom d'ifmaïl Ben O'mar Al Demefchki, Au-
teur d'un Ouvrage intitulé Ahkam alfogra hl hadith. Il a aufli compofé un
Tarikh ou une Hifloire par années, jufques en l'an 738 de l'Hegire , intitulée
Anba algemri. Il y traite particulièrement des choies qui regardent l'Egypte.
On a encore de luy un Livre, intitulé Bedaïah v nehaïah, le commencement
& la fin fur la Chronique d'O'madeddin Al Khateb. Quelques-uns luy donnent
aullî le titre d'O'madeddin.
Il eft mort l'an 744 de l'Hegire,
KETKHODx\. Mot qui fîgnifîe en Perfien & en Turc Maître d'Hôtel.
Mais on étend fouvent fa fignifîcation. Car les Turcs appellent Ketkhoda , &
fuivant la prononciation vulgaire Kiahia , l'Agent ou le Refident d'un Prince
auprès d'un autre , comme aulîî celuy auquel on a donné procuration pour une
ou pour plufieurs affaires. C'efl: auffi chez les Vizirs, chez les Pafchas & chez
les grands Seigneurs, l'Intendant & le premier Commis. Les Pcrfans fe fervent
auflî de ce mot, pour fignifier un Père de famille, qui efl fa première fignifî-
cation âc la plus fîmple.
KEZEL ARSLAN ou Kizil Arfîan, comme les Turcs le prononcent. Ce
mot, qui fîgnifîe en Turc un Lion rouge, eit devenu un nom propre.
KEZEL ARSLAN Ben Ildighiz. Nom d'un Atabek dans l'Adherbigian,
lequel a beaucoup fait parler de luy pendant le règne de Thogrul, fils d'Arflan
le Selgiucide. Car ce Seigneur, après la mort de Mohammed , fon frère aîné,
qui fut le plus vaillant homme de fon temps & qui avoit été toujours très -fi-
dèle aux Selgiucidcs, entreprit de chalfcr Thogrul de fa Ville Royale de Hama-
dan. Il le fit enfuite prifonnier dans le fort Château de Nagia 3 & s'empara
iuy-même du Sulthanat.
Mais Fakhreddin Cutluk , fon neveu , piqué de jaloufie & joint aux autres
•Seigneurs de fa Cour, conlpira contre luy & le fit mourir. Poycz le titre de
Thogrul Ben Arflan.
KEZELBASCH ou Kizilbafch. Mot Turc, qui fignifîe Tète rouge. Les
Turcs appellent les Perfans de ce nom , depuis qu'Ifmaël , Fondateur de la Dy-
mû.[e des Princes qui régnent aujourd'huy en Perfe , commanda à fes foldats
de porter un bonnet rouge , autour duquel il y a une écharpe ou Turban à
douze plis, en mémoire & à l'honneur des douze Imams, fuccefTeurs d'Ali, def-
queis il prétendoit defcendre. Ce bonnet s'appelle en Perfien Tag', <Sc fut in-
Àitué l'an 907 de l'Hegire.
KHABAR.
K H A B A R, K H A C A N r. 415^
KHABAR. Mot Arabe, qui fignifîe Nouvelle, Récit, Hilloire. Il y a
plufieuvs Livres Arabes qui portent ce titre, aulfi-bien que celuy de fon plu-
rier Akhbar.
KHABAR Abil Sali. Hilloire dV\bou Sali. Cet Aboul Sali s'étant luy-
mème fait Eunuque, & ayant pafFé lage de cent ans, confe/Fa qu'il n'étoit pas
encore exempt des mouvemens de la concupilcence.
Ce Livre efi: éci'it par un Chrétien d'Egypte, l'an des Martyrs 1392. II fe
trouve dans la Bibliothèque du Roy, n°. 798.
KHABAR Abina Ibrahim. Titre d'un Ouvrage ou Difcours de S. Ephrem»
k byrien , fur la defcente d'Abraham en Egypte avec fa femme Sara. Il eft
dans la Bibliothèque du Roy, n*'. 792.
KHABARI. Celuy qui raconte 01 qui compofe des Hiftoires particuliè-
res. C'eft en particulier le furnom de Mohammed Ben Ibrahim, qui a écrit les
Vies des Saints Mufulmans, auffi-bien que Jafêï, qui le cite dans la Préface de
fon Ouvrage.
■'t)^
KHABER. Ce nom efl le même chez les Arabes que celuy de Hebcr
chez les Hébreux. Cependant les Mahoraetans appellent ordinairement le Pa-
triarche Hcber du nom de Had ou Houd , & il y a un Chapitre dans l'Alco-
rjn qui porte ce titre.
KHABOUSCHAN. Nom d'une Vallée delicicufe.fur les bords de la Mer
Çafpienne , dans laquelle Atfiz, Sultan des Khouarezraiens , mourut. Foyez le
Irtre de Atfiz.
KHACAN. Nom gênerai des Rois qui ont régné dans les Provinces Tran-
fcxanes parmy les Turcs, les Mogols, les Tartares, les Hmthaïens & les Chi-
nois, l^oyez les titres de Turk, Chin ou Tchin.
KHACAN. l'flaBen Khacan. C'eft le même Perfonnage qu' Aboul Nafler
Al Caïfli, Auteur du Livre intitulé Kelaïd alekian. f^oyez le titre de Caïflî.
KHACANl. Surnom d'Afdhaleddin Ibrahim A'îifchir, excellent Poè'te Per-'
fien, très-verlé d'ailleurs dans la plupart des Sciences , & qui a mérité les élo-
ges de plufieui-s grands hommes qui l'ont cité dans leurs Ouvrages.
Il étoit nacif , de même qu'Athireddin Akhteki . du Pays de Farganah dans-
le Turqueftan, & il s'attacha particulièrement h la Cour de Manougeher, Sul-
tan de la Province & Royaume de Schirvan. Mais , ayant pris un dégoût de
la Cour , il prit la refolution de fe retirer du Monde & de vivre dans l'état'
de Dervifche.
Le Sultan, qui l'aimoit beaucoup, ne put jamais confentir à cette retraite ,
& luy rrfula toujours le congé qu'il luy dc-mandoit avec grande inftance , &:
Gela l'obligea , au bout de quelq'.ie t:ms , de prendre la fuite pour embraffer
la vie à laquelle il afni'oit depuis fi Ion 5 -temps. Cependant fon deflein ne-
luy réuffit pas. Car les Oiïïjiers du Sukan l'ayant rencontré , le ramenerLnt
à la Cour, & il fut enfermé l'elnnce de fept mois par l'ordre de ce Pri- ce.
Ce. fat dan^. cette prifon- qu'il compolà im Caiïïdah. ou. Elégie pleine de ha--
415 K H A C 0 U N I. K H A I B A R.
crrin, dans laquelle il parle de la diverfité des Religions avec tant de liberté,
qu Azéri fe trouva enfin obligé d'y faire un Commentaire, pour purger fon
amy du Ibupçon qu'il auroic pii donner de n'être pas bon Mufulman. Il fem-
ble qu'il ait voulu imiter dans ce Poërae fon maître Aboul Ola , lequel s'eft
expliqué fur ce fujet en des termes un peu libertins.
Khacani étant enfin forti de ù prifon , & ayant continué de rendre fes fer-
vices à Manougeher, obtint, quelque tems après, la pcrmiffion d'exécuter fon
ancien delfein. D'abord il s'accompagna de Gemaleddin Al MolTouli, avec le-
quel il fit le Pèlerinage de la Mecque , & il exerça fa veine à loiicr les fables
& les deferts qu'il rencontra en fon chemin, pour donner meilleure opinion de
fon Mahoraetifme.
Nôtre Poëte eut de grands démêlez fur la Poëfie avec Athireddin Akhteki,
& vint enfin mourir en la ville de Tauris l'an 582 de l'Hegire , où il fut en-
terré auprès de deux autres Poètes -fort célèbres , à fçavon- , Zehireddm &
Schahcouri.
KEiACOUNI. Nom d'une Montagne de la Barbarie Ethiopique , que les
Arabes appellent Berberah. Cette Montagne a fept croupes qui s'avancent fur
la Mer, & une autre vers la terre qui s^étend jufques à une Province fort pcu-
,plée , qui porte le, nom de Hauiat. Kdrijfu .
KHAFAGIAH. ^oyez le titre de Hamaluk.
KHAFANIAN. Nom d'un des Pays qui eft des dépendances de la Ville
de Balkh en Khoralfan , où les Turcomans s'établirent d'abord lorfqu'ils eurent
palfé le Fleuve Gihon. i^oyez le titre de Turkman.
KHAFFAP. Surnom d'Ali Ben Emrillah , qui mourut l'an 977 de IHc-
gire , & qui a compofé le Livre intitulé Affaaf. l^oyez le titre de Ahkam aluakf.
KHAFIF. Voyez le titre de Ben Khafif.
KHAI. Ce mot fignifie dans la Langue des Mogols & des Khathaïcns, Noir
ou un Porc , ou Sanglier. Le douzième Cycle de leurs années porte auffi ce
nom. Les Turcs Orientaux l'appellent Dongouz, & les Turcs de Conftantino-
ple, par corruption, Domouz.
KHAIATH. Tailleur d'habits, Tireur de Lignes, Defïïgnateur & Ecrivain,
Les Mufulmans donnent ce furnom à Edris , qui eil le Patriarche Enoch , à
caufe qu'ils le croyent inventeur de la couture & de l'écriture.
II y a eu auffi plufieurs gens de Lettres parmy les Mufulmans qui ont porté
ce furnom , &, entre autres un Scheïklî , qui acquit beaucoup de réputation fous
le Khalifat de Motadhed. Voyez ce titre. .
Un Abou A'ii Al Khaïath a compofé un Livre d'Aflrologie judiciaire, inti-
tulé Ekhtiarat. Voyez auffi le titre de Baffith Ivhaïath.
KHAIBAR. Nom d'un Lieu fort fertile en Palmiers, fitué en Arabie dans
la Province de Hegiaz, à quatre journées de Medine. Ce fut-là que les Juifs,
qui
K ÎT A I L. K H A L A G'. ^^7
■qui avoient été chaflez de plufieurs Châteaux par Mahomet , fe retirèrent &
luy livrèrent bataille l'an 7me. de l'Hegire.
Le Géographe Perfien dit , que^ le mot de Khaïbar fignifie en Langue Ffe-
braïque ForterelTe, Mais il flgnifie plutôt une AlFociation & Confédération
telle que les Juifs firent enfemble contre les premiers Mululmans,
Il y a encore un autre Lieu fur l'Euphrate qui porte ce même nom, où So-
liman fchah voulant guayer ce Fleu\^e , pour palTer en Mefopotamie , fe noya.
On y voit encore aujourd'huy fon fcpulcre , qu'on appelle Mezar Turk , au
rapport du Tag' altauarik dans la Préface, où il eft parlé de l'origine de la fa-
mille Ottomanne.
KHAIL Ben MoulTa Al Schaker. Nom d'un Auteur de plufieurs Machines
& Inftrumens. P'oyez le titre de Alât alâgibah , & celuy de Alat alrouhaniali.
KHAIR ABAD. Foyez le titre de Khureh Fars.
KHAIRALDIN ou Khaïreddin. Titre qui fut donné à Barbero/Te ou
Barberoufle, comme nos Hiftoricns l'ont appelle, fameux Corfaire, par Soliman
Empereur des Turcs. Nos Hiftoriens Latins en ont fait le nom de Hariadenus.
Il étoic natif de l'Ifle de Metelin dans l'Archipel, & il avoit un frère nom-
mé Oroutch , qui s'empara du Royaume d'Alger , après en avoir tué le Roy
Arabe nommé Selim. Khaïreddin luy fucceda & acquit tant de réputation fur
mer , que Soliman le fit Bâcha de la mer & luy donna le commandement de
cent galères avec cent mille écus d'appointemens.
Khaïreddin prit Tunis l'an 940 de l'Hegire , après avoir chafTé les Vénitiens
de la Morée. Mais l'an 943 il fut furpris par André Doria , qui le battit &
reprit Tunis Enfuite il chercha long-temps André Doria , pour avoir fa re-
vanche & l'ayant enfin trouvé , il le défit entièrement l'an 945 & l'obligea de
prendre la fuite.
BarberoulTe mourut paifiblement à Conftantinople l'an de l'Hegire 953 , & fut
enterré à Beziktafch fur le Canal de la Mer Noire. Tarikh AL O'tlman.
K H AI VAN. Nom d'une Ville de la Province d'Ieraen ou de l'Arabie heu-
reufe, à trente mille ou environ de celle de Saâdah. Elle eft renommée par
fes bonnes eaux & par fes excellens pafturages. C'eft ce qui la rend fort peu-
plée. JLe Géographe Perfien ^ premier Climat.
KHAKAIS'. Voyez le titre de Khan & celuy de Khacan un peu plus haut,
KHALAF Al Berberi. Nom de l'Auteur d'un Livi'c de Geomance, com-
pris dans le Recueil intitulé Mag'môu raml.
K H AL A G' pour Cal-ag'. Nom d'une Tribu ou d'une Nation particuliè-
re du Turqueftan , à laquelle Ogouzkhan , Roy de ce Pays- là , donna ce nom
a l'occafion d'un accident qui arriva dans fon armée pendant qu'elle étoit en
marche.
Un des Officiers étant demeuré écarté du corps de l'armée , afin de pourvoir
aux neceffitez de fa femme nouvellement accouchée , & qui faute de nourritu-
ToME IL G g g te.
4i8 K H A L A I. KHALEDOUN,
re , manquoit de lait pour donner à fon enfant , il arriva qu'il vit pafTer de-
vant luy un Renard, qui emportoit un lièvre. L'Officier luy donna la chafle,
luy fit quitter prife & fît rollir le lièvre, qui fervit de nourriture à la mère
de l'enfant.
Ogouz khan ayant appris ce qui ctoit arrivé , ordonna que l'enfant avec tou-
te fa pollcrité portât le nom du Khalag' ou Cal-ag', pour conferver la mémoi-
re d'une Cl heurcufe rencontre , qui lui avoit confcrvé la vie en faifant de-
meurer le Renard affamé. Car les deux mots de Cal-ag' fignifient , en Langue
Turquefque, demeure affamé.. Mirkhoiid.
KHALAL Surnom de Borhaneddin Al Adoui, qui a fuppléé les neuf der-
niers Chapitres qui manquoient au Livre intitulé Leffan alhoccâm , que Ben
Schonah avoit laiffé imparfait.
KHAL ATHL Surnom de Nag'm eddin Aïoub Ben A'ïnaldaulat Al Haffeb,.
Auteur du Livre intitulé Offoul alahkam.
KHALE'. Surnom de Hoffàïn Ben Mohammed, Auteur d'un Livre de Pro-
verbes de la Langue Arabique , qui porte le titre de Amthal.
KHALED Ben Valid Ben Mogaïrah. Ce Perfonnage étoit Coraïfchite , &
fut un des plus braves entre \qs Arabes de la gentilité du temps de Mahomet,
qui le qualifia Saïfallah, l'Epée de Dieu, après qu'il eut embraffé fa Se6te.
Ce fut luy qui remporta la vidoire à la bataille de Moutab en Syrie , où
Heraclius étoit en pcrfonne avec cent mille hommes contre trois mille Ara-
bes, dont les Chefs furent tous tuez. Khaled prit Raïat aleflam , c'efl- à-dire,.
l'Etendart de la Foy ou du Mufulmanifme , & l'on dit qu'il rompit huit épées
en combattant.
Il mourut dans la Ville d'Emeffe l'an 21 de l'Hegire , fous le Khalifat d'O-
mar , & il n'y eut pas une femme ou fille de la famille de Mogaïrah qui ne
fit couper fa chevelure fur fa fepulture. Rahî alabrar.
KHALED AT. Gezaïr Al Khaledat. Les Ifles Fortunées. C'eit ainfi que
les Arabes appellent les Canaries. Voyez le titre de Gezaïr.
K H A L E D i. Surnom d'Aboul Farag' , un des principaux Poètes de la Cour
du Sultan Saïf aldoulat Al Hamadani, Voyez le titre de ce Prince.
KHALEDOUN & Khaledin. Voyez le titre de Abou Rokoub men al--
ihaledin.
KHALEDOUN. Abdallah Ben Mohammed, Ben Khaledoun , dit 7\1
Hodhri ou Al Hadhrami , parce qu'il étoit natif ou- originaire de la Ville de
Madhramout en Arabie heureufe.
Ce Perfonnage étoit Cadhi de la Ville d'Halep, lorfqu'elle fut prife par Ta-
merlan qui l'emmena avec luy à Samarcande en efclavage , où il mourut l'an
808 de l'Hegire.
Nous avons de luy le Livî-e intitulé Beïan fi ferr alhorouf , explication des
Myffères des Lettres, c'eft-à-dire , des Lettres Arabiques. Il fe trouve dans la
Jjihliotheque du Roy, u"', J0J5,
KHALEKAN.
K H A L E K A N. K H A L I F A H. 419
KIÎALEKAN Ebn ou Ben Khalekan. Surnom d'AbouI' Abbas Schamscd-
din Ahmed Ben Mohammed, Ben Ibrahim, Hiftorien très-ceJèbrc des Vies des
Hommes illuftres , particulièrement dans les Sciences qui ont vécu parmy les
Mufulmans, qu'il a décrites fous le titre de Vafiat alàïan, les Morts des Hom-
mes Illuftres.
Il compofa cet Ouvrage dans la Ville du Caire en Egypte, fous le rogne de
Bibars, Sultan d'Egypte de Ja Dynaftie des Mamelouk ou Mamelucs , pour le
fervice duquel il le tranfporta du Caire à Damas en l'année 659 de l'Hegire.
Il y exerça la charge de Cadhi, & pendant ce temps-là, fes affaires, qu'il avoit
en grand nombre , le détournèrent beaucoup de fon travail , qui ne fut achevé
que l'an 6j2 de THegire. 11 rapporte luy-mêmc ces particularitez à la fin de
fon Livre.
Ben Khalekan naquit l'an 608 & mourut l'an 681 de l'Hegire, & fut con-
temporain d'Aboul Farag', Auteur des Dynafties que Pocock a publiées en Ara-
be & en Latin, Fadhl allah Al Sakâï a continué fon Ouvrage.
KHALES. Surnom de Mohammed Hoffaïni , natif de la Mecque, mais
plus connu fous le nom de Ben Anka. Il eft Auteur du Livre intitulé Aluah
ri moftecar alaruah.
KHALFAT. Nom d'un petit Pays compris entre les Villes de Merbath &
de Scharmah , dans la Province Adramytene , qui eft de l'Arabie Heureufe.
C'elVlà qu'il y a une Montagne, que l'on nomme Giabal alcamar. Mont de la
Lune, auffi-bien que celle d'Ethiopie, & qui a tiré fon nom de la refîemblance
que fon fommet a avec le Croiflant de la Lune. EdriJJi.
Cette Montagne a donné au valon, qui eft à fon pied, le nom de Gab alcamar.
KH ALI FA H. Mot Arabe, qui fignifie Vicaire, SuccefTeur, d'oîi l'on Fait
en François le mot de Khalife, que quelques-uns écrivent Calife, & d'autres
Chalife.
Ceft le nom d'une dignité fouveraine parmi les Mahometans, qui comprend
un pouvoir abfolu , & une autorité indépendante fur tout ce qui regarde la
Religion & le Gouvernement politique.
L'Origine de ce nom vient de ce qu'Aboubekr, après la mort de Mahomet,
■ayant été élu par les Mufulmans pour remplir fa place , il ne voulut pas pren-
dre d'autre titre que celuy de Khalifah Relîbul allah ; c'eft-à-dire, de Vicaire
du Prophète ou de l'Envoyé de Dieu. Mais O niar ayant fuccedé à Aboubekr,
repréfenta aux principaux Chefs du Mufulmanifme , que s'il prenoit la qualité
de Vicaire ou de Succelfcur d'Aboubekr , Vicaire ou Succefîeur du Prophète ,
la chofe, par la fuite des tems, iroit jufques à l'infini de Vicaire en Vicaire,
avec une répétition ennuyeufe.
Sur cela Mogaïrah , fils de Schaâb , dit à Omar : Seigneur , vous êtes nôtre
Emir, c'eft-à-dire, Commandant ou Prince, & nous fonimes tous, par la grâce
de Dieu, Moumenin , c'eft-à-dire, Fidèles. Recevez donc, s'il vous plaît, le
titre d'Emir almouinenin, c'eft-à-dire, de Commandant des Fidèles.
La propofition de Mogaïrah fut acceptée, & tous les Khalifes ou Succeffeurs
■légitimes de Maliomet ont porté ce titre, qui a été ufurpé par plufieurs autres
Ggg 2 Prin-
1
420 K H A L I F A H.
Princes, comme on peut le voir en plulleurs endroits de cet Ouvrage. G'cfT:
de ce nom Arabe, que le mot vulgaire de Miramamolin a été corrompu.
Tous les Succelîeurs de Mahomet , outre le titre d'Emir almoumenin , n'ont
pas laillé d'ctre nommez Khalifes, lans rien ajouter à ce mot, auquel plufieurs
Auteurs ont donné une étendue beaucoup plus grande. Car ils difent , qu'il
fignifie Vicaire de Dieu en Terre, titre que l'AIcoran donne à Adam, lorfque
Mahomet y fait dire à Dieu , avant qu'il le creaft : EJîabliJJons un Vicaire m
Lieutenant^ qui timne nôtre place fur la terre.
Entre les Khalifes , les quatre premiers qui fliccederent à Mahomet. & qui
furent fes Compagnons, font qualifiez Kholafa alrafchedoun , les Khalifes de la
droite ligne , à içavoir, Aboubekr , Omar , Othman & A'ii. Cependant les
Schiites ou les Seftaires d'A'li ne reconnoilTent pas les trois premiers pour lé-
gitimes. Car ils prétendent , que la dignité du Khalifot devoit pafler immédia-
tement de Mahom.et à A'ii, fon coufin-germain & fon gendi^e, Voyez le titre
d'A'li.
La Vie de ces quatre premiers Khalifes efl à la tête de tous les Ouvrages qui
traitent des Khalifes. Mais on la trouve écrite en particulier & fort au long .
dans le Livre qui a" pour titre : Megillat alhonafa û menakeb alkholafa.
Aboubekr nomma O'mar pour fon fucceireur. Mais en mourant, O'mar vou-
lut, que le Khalifat fut mis entre les mains de fix perfonnes qui dévoient fuc-
ceder l'un à l'autre, fuivant l'ordre de leur éleélion ou du fort. Les fix Per-
fonnes appellées au Khalifat par O'mar, furent A'ii , O'thman , Saïd, A'bdal-
rahman , Thalehah & Zobair ; & on les qualifîoit du titre de Ahel alfchoura ■,
Defignez ou Héritiers préfomptifs.
A'bdalrahman renonça à fon droit , à condition qu'il nommeroit le fucceffeur
d'O'mar; & ce qu'il demandoit luy ayant été accordé , il publia O'thman pour
Khalife au préjudice des droits d'A'li. Ce fut-là la fource des grandes divifions
entre les Mufulmans Sunnites ou Orthodoxes , & les Schiites ou Seftateurs d'A'li. .
Le fiége des Khalifes demeura fixé dans la Ville de Medine en Arabie , où
Mahomet mourut & fut enterré, jufques à A'ii qui le transfera à Confah. Moa-
vie , premier Khalife de la Race des Ommiades , le transfera depuis à Damas
en Syrie. Aboul-A'bbas Sàffah, premier Khalife de la Race des Abbaffides , le
remit à Coufih fur le Tigre, puis à Anbar , Ville fituée fur les confins de la
Chaldée & de l'Arabie , & de-là à une autre Ville qu'il fit bâtir près de l'Eu-
phrate dans le même Pays, à laquelle il donna le nom de Hafchemie, à caufe
que Hafchem , qui avoit été Ayeul de Mahomet , étoit aufli de fes Ancêtres ,
& par confequent de tous les Abbafîîdes fes defcendans., qui. fe qualifièrent tous
Hafchemitcs.
Aboul' Abbas mourut dans cette Ville & Abou-Giàfar Al Manfor, fon frère
Qui luy fucceda , n'y fit pas long féjour. Car il fit bâtir la Ville de Bagdet,
qui fut depuis la. demeure ordinaire de tous les Khalifes Abbaffides fes fuccef-
l^urs & la Ville de Samarah ou Sermenraï , ne fut qu'un féjour palTager du
Khalife Motaflèra & de quelques autres.
Cette fuccefîion des Khalifes a duré jufques en l'an 6$$ tle l'Hegire, auquel
les Tartares prirent la Ville de Bagdet , & firent mourir Moflàazem , qui fut
le dernier Khalife de cette Race.
Les Mahometans prétendent , que cette durée de 656 ans efl comprife dans
la béuediclion que Dieu donna, à Hagar &.à fon iils Ilmaël , qui fe lit dans k
Genefej,
K H A L I F A H. 421
Genefe , Ch, i5 verfet 10. La Verfion Arabique de ce pafTage porte : V ak-
bartoho thab thab : Je multiplieray ou aggrandiray beaucoup fa pofterité , &
il fe 'rencontre que ces mots, qui font compofsz d'onze lettres Arabiques, font
juftement le nombre de 656.
Il eft vray que , depuis ce temps-là , il y 3 eu des gens qui fe difoient être
de la Race des Abbafîîdes , auxquels les Sultans d'Egypte ont rendu dans le
Caire un honneur particulier, comme aux véritables Khalifes & SuccefTeurs de
Mahomet. Mais cet honneur étoit purement extérieur , & regardoit feulement
la Religion, & le nom de Khalifes qu"i!s portoient, ne les empêchoit pas d'être
fujets & dépendans des Sultans, Il fera parlé de cette forte de Khalifes à la
fin de ce titre.
Une- des principales fondions du Khalife, en qualité d'Imam & de Chef Sou-
verain de la Religion Mufulmanne, étoit de commencer ou d'entonner la prière
publique, tous les vendredis de chaque femaine , dans la principale Mofquée ,
& de faire ou de prononcer le Khothbah , qui étoit une efpèce de Prône ou
Sermon, f^oyez le titre de Khothbah.
Radhi, vingtième Khalife des Abbafîîdes, a été le dernier qui ait fait ce Prô-
ne, & depuis l'on établit des charges de Khathib , qui Ibulagerent les Khalifes
de cette peine. Mais , pour la prière , jamais ils ne s'en font difpenfez lorf-
qu ils ont été en fanté , & le Khalife Al Mamon trouva fort mauvais qu'un
autre l'eût faite en fa place, fans fon ordre exprès.
Le Khalife étoit aufîî obligé de conduire en peribnne les Pèlerins à la Mec-
que , & de marcher à la tête des armées. C'efI: pourquoy on n'en élevoit jamais
à cette dignité , qu'il ne fût en âge de pouvoir accomplir ces devoirs, ^oyez
fiir ce fujet le titre de Hadi.
Les Khalifes donnoient des lettres Patentes d'inveftiture , des Robes , des
Epées & des Etendarts aux Princes Mihometans , lefquels ayant fecoué lé joug
du Khahfat, voulurent bien devenir leurs valfuux. Les Khalifes les honoroient
aulTi de titres qu'ils faifoient quelquefois acheter bien cher , comme on peut
voir dans le titre de Mahmoud Sebekteghin; & ces titres étoient de Défenfeur^
de Soutien , de Colorane de la Religion. f^oyi& aufli le titre de Buïah ou
Bouiah.
Les mêmes Khalifes alloient à la Mofquée, montés ordinairement fur des mu*
les, & les Sultans Selgiucides , quoique Maîtres de Bagdet , leur tenoient l'é-
trier & conduifoient , pendant quelque temps, à pied, leur muJe par la bride,
jufqu'à ce que les Khalifes leur difoient ou leur failbient figne de monter à
cheval. Foyez les titres de Caïem & de Thogrul.
Il y avoit toujours à une des fenêtres du Palais des Khalifes une pièce de
velours noir, de la longueur de vingt coudées, qui penJoit fur la Place jufques
à la portée d'un homme, (on appelloit cette pièce d'étoffe la Manche du Kha-
life ) & tous les Grands Seigneurs de la Cour ne manquoient pas d'aller tous
les jours la baifer , & de frapper le feuil de ce Palais de leur front. Car c'é-
toit en cette manière que Ion rendoit fes refpeéls , & que l'on faifoit fa cour
aux Khalifes. Ces refpeéls & ces honneurs entretinrent toujours en eux un or>-
gueil exceflîf , dont ils ont donné des marques même dans le tems qu'ils avoient
le moins d'autorité.
Caïem Beemrillah , ayant été rétabli fur le Trône par Thogrul Beg , Sul-
tan des Selgiucides , qui par refpecl avoit alors conduit par la bride la muLe
GBg3 fur-
4211 ' K H A L I F A H.
fur laquelle il étoit monté, en le conduifant à fon Palais, ce Khalife, dis-je,
après une obligation fi infigne & une foûmiiïîon fi grande , refufa de luy don-
ner fa fille en mariage, quoiqu'il fût entièrement fous la puiifance de ce Prin-
ce. En effet, Thogrul Beg irrité de ce refus, ôta le maniement des Finances
aux Officiers du Khalife , lequel pour le recouvrer fut enfin obligé d'accorder
malgré luy fa fille à ce Sultan. Ebi ^mid.
La' grandeur de l'orgueil des Khalifes paroît encoredans ce qui fe paffa , lorf-
que Holagou s'approehoit pour afficger la Ville de Bagdet. Un des principaux
Officiers de l'armée du Khalife ajMut été fait prifonnier par les Mogols , dans
le temps qu'ils venoient pour invcftir la Ville , & ayant connu par les forces
de Holagou, que le Khalife ne pouvoit pas luyrefifi:cr, écrivit à fes amis pour
les en informer, & leur manda d'avoir compaffion de leurs perfonnes & de fe
foûmettTc à Holagou , fans attendre qu'il les attaquât. Ses amis firent réponfe
en ces termes : Qui eft Holagou & quelle autorité a-t-il fur la Maifon des Ab-
baffides? Ils tiennent de Dieu la fouveraine puifllince. Qui leur fait la guerre
ne peut pas réuffir. Si Holagou avoit voulu la paix , il n'auroit pas mis le pied
fur les terres du Khalife, & n'y auroit pas commis tant de defordre. S'il fou-
haite qu'on luy accorde la paix, qu'il retourne à Hamadan & nous ferons nos
efforts auprès de fon premier Minifi:re, afin qu'il fupplic en fa faveur le Com-
mandant des Fidèles, qui aura peut-être la clémence de lui pardonner. Jlboul
Farage:
Cet orgueil des Souverains de la Religion Mufulmanne fut accompagné d'une
magnificence extraordinaire, dans le temps de leur fplendcur & de leur puiifan-
ce la plus abfoluë, comme on l'a remarqué en plufieurs endroits de cet Ouvra-
ge, & Aboul Farage rapporte, que 'le Khalife Motâzem avoit fept cent fem-
mes dans fon Sérail , & trois cent Eunuques qui les gardoient. Mais cette fplen-
deur & cet éclat furent prefque annéantis fous le règne des Bouides en Perfe,
qui les dépouillèrent prefque de toutes chofes, leur ôterent jufques à leurs Vi-
zirs-, & ne leur laifierent qu'un Secrétaire pour prendre foin de leurs affaires,
qui ne donnoient qu'une occupation médiocre à cet Officier, lequel tenoit feu-
lement le compte de leur re,venu & de leur dépenfe.
Alors & particulièrement fous le règne de Radhi , vingtième Khalife des Ab-
baffides , les Pays &• les terres du grand Empire du Mufulraanifme fe trouvèrent
tellement démembrées & divifécs , que ce Khalife fut réduit à la feule dignité
du Khalifat & à la polfeffion de la Ville de Bagdet. Car Baflbrah , Vaffith &
l'Ahouaz étoient fous la domination des Bouides. Les Bouides occupoient en-
core toute la Perle; les Hamadanides regnoient dans Moful & dans la Mefopc-
tamie; Akhfchid étoit Maître de l'Egypte & de la Syrie, les Fathimites avoient
l'Afrique , les Ommiades gouvernoient l'Efpagne , les Samanides le Khoralfan ,
les Carmathes étoient paifibles dans l'Arabie heureufe & dans l'Arabie Petrée,
& les Khahfes leur pay oient tribut , pour afllirer les Pèlerins de la Mecque.
Enfin , les Dilemites étoient les Souverains du Giorgian & du 7'habarcflan. Le
Khalifat fe trouva en cet état l'an 325 de l'Hegire, & voilà le fort de ce vafle
Empire. Ebn Amid.
La décadence des Khalifes alla encore plus loin. Car, après que les Bouides
fe furent rendus Alaîtres de Bagdet , ils furent réduits aux feules fonélions de
la Mofquée , & ces Princes difpofoient de leur fort en les étabîiiTant fur le
Trône, ou en les dépofant fous leur bon plaifir. Il y en eut un qui fut ré-
duit
K H A L I F A H. 423
cfuit à la vie privée, & à vivre familièrement avec Ton fucceiTeur. On en vit
un autre demander l'aumône à la porte de la Mofquée parray les aveugles, &
un autre fut falué Khalife, chalTé & rétabli. VoyiZ \zs titres de Thaï, de Ca-
her, de Môthi & de Moâzz aldoulat.
Ces fréquentes depofitions arrivoient par la grande autorité que la Milice
Turquefque s'étoit donnée , qu'elle étendit jufqucs à en faire mourir de diffé-
rentes efpèces de mort ; mais de teile manière que leur fang n'étoit pas répan-
du, par un égard que l'on avoit pour leurs perfonnes jufques à la fin , à caufe
de leur haute dignité.
Dans leur abbailîemcment , il y en eut quelques-uns qui firent des efforts
pour fecoiier le joug de cette domination étrangère , & fe délivrer de la vio-
lence qu'on leur faifoit, & le Khalife Rafched alfembla des troupes fous main,
pour fe mettre dans une entière .liberté ; mais il n'y reullit pas , & Maffôud ,
Sultan des Selgiucides , trouva moyen de le faire dépofer par Sentence des Doc-
teurs de la Loy Mufulmanne , qu'il fit afîembler pour ce fujet. Mais enfin ,
après la mort de ce Sultan , le Khalife Moktafi , trente & unième des Abbalîi-
des, fe mit entièrement hors de page, comme on le peut voir dans fon titre.
Après la mort de Moktafi , les Khalifes maintini-ent leur autorité avec affez
d'éclat , & reçurent de grandes marques de vénération & de foûmiffion de la
part des Princes Mufuhnans leurs voifins, jufques à leur ruine entière, qui fût
caufée par la divifion des Sunnites & des Schiites , comme on l'a marqué dans
le titre de Moftàzem.
Il y a un très-petit nombre de ces Khalifes, dont le règne ait été confidéra--
ble, comme il efî arrivé à plufieurs autres Princes ; & l'on a remarque dans
leur Hiftoire qu'aucun d'eux n'avoit régné vingt-cinq ans avant Moftader , qui;
eft le dix-huitième Khalife de la Race des Abbafiîdes.
PluOeurs Auteurs ont écrit l'Hiftoire des aftions & de la Vie des Khalifes
fous differens titres. Deux en particulier font écrite fous celuy de Akhbar Al
Kholafa, Hifloire des Khalifes; à fçavoir, Tag'eddin A'fi Al Bagdadi & Dolabi.
Voyiz le titre de Akhbar Al Kholafa.
Après que Holagou fe fut rendu miître de la Ville de Bagdet & eut détruit
le Khalifat, Moflanfcr Billah, fils de Dhaher, pénultième des Klialifes de cette
Ville , ayant échapé à la furie des Mogols & s'étant retiré en Egypte , y fut-
reconnu khalife , mais fans aucune autorité temporelle. Car luy & fes fuccef-
feurs , jufques au nombre de dix -huit, y furent feulement confiderez comme
Imams , ou Chefs de la Rjligion xVIufulmanne. l^oyiz le titre de Moftanfer
Billah.
Les Mamelucs ou Sultans d'Egypte , qui avoient fait ces Khalifes ce qu'ils-
étoient en les reconnoiifant pou- tels, les faifoient & les defaifoient félon leur
bon plaifir. C'effc pourquoy Al Miiek Al Nailcr , qui n'aimoit pas Moftakfi ,
ne voulut pas que Hakem, fon fils, luy fuccedât. Mais il fit Vathek Khalife,
contre le fentiracnt des Docleurs de la Loy, Icfquels depoferent celui -cy d'a-
bord que Naffer fut mort & mirent Hakem à fa place , l'an 741 de fHegire.
Gianahi. Ivlnùured.
. Mais nonobllant l'autorité que les ?ultans d'Egypte excrçoient fur ces Kha--
lifes , néanmoins les mêmes ultans fe fc! voient d'eux pour fe faire confirmer ■
& autorifer auprès des peuples, & cela fe faubit av:c de grandes cér'^;monies. .
Ils s'en fervoicnt même encore pour priver de l'autorité Royale ceux qui étoient
dépo-
4M K H A t I F A H. — K H A L I L.
dépofez, & Caïem, Fun de ces Sultans, donna des marques particulières du rei^
ped qu'il avoit pour eux comme le témoigne Aboul Farage. f^oyez le titre de
Caïem, Khalife Abbafîide en Egypte.
Les Egyptiens feuls n'avoient pas de la vénération pour ces Khalifes ; mais
encore les autres Mufulmans & Bajazet, Empereur des Turcs, envoya des pre-
lèns à Motavakkel, l'an 797 de l'Hegire , en le priant de le vouloir confirmer
dans fa dignité Royale , par fes Lettres Patentes. Elm Jofef.
Moflaïn Biîlah , l'un de ces Khalifes , fut élevé fur le Trône & déclaré Sul-
tan d'Egypte , comme il eft marqué dans fon titre particulier , & fut furnommé
Al Malek Al A'del. Gianabi.
Parmy ceux qui ufurperent la qualité de Khalife , les Fathimites fe l'attribuè-
rent en Afrique & en Egypte , & leur Khalifat commença dans ce Royaume ,
l'an 361 de l'Hegire, & dura jufqu'à ce que Saladin le fupprima par ordre de
Noureddin, Sultan de la Syrie. P'oycz les titres des Fathimites , celuy de Mo-
hammed Mahadi, & celuy de Salaheddin.
11 y a eu auflî un Khalifat en Afrique & en Efpagne , qui commença fous le
règne de Jofef, fils de Bafch kehin , & d'A'Ji fon fils. Il y en a eu un autre
dans l'Iemen ou Arabie heureufe, que s'attribuèrent quelques Princ2S de la Race
d>3s Aïoubites ou Jobites. l^pyez le titre de Aïoubiah.
KH ALI FA H Khezergi. Surnom d'Ebn Oiîaïbê Al Khezergi, Auteur d'un
Livre intitulé O ïoun alanba fi thabakat alatthebah. C'eft une tiiltoire des
Médecins, ; •
K H ALI G". Mot qui fignifîe en Arabe ce que nous appelions Golfe.
KHALIG' Al Fars, Khalig' Al Khathif, Khalig' Al O'bollah. Le Golfe
Perfique ell connu dans les Auteurs Arabes fous ces trois dilferens noms. Les
Arabes le nomment encore Khalig' AI Akhdhar , le Golfe Verd, à caufe qu'il
fort de rOcean Oriental , auquel ils donnent cet Epithete. Obollah & Cathif
font deux Villes fîtuées fur ce Golfe.
KHALIG' Al Cofthantini. Le Golfe de Conflantinople. C'eft ainfi que
4es Arabes appellent l'Archipel.
KHALIG' Al Benadeka ou Bcnadiki. Nom de la Mer Adriatique ou du
Golfe de Venife qui fort de Bahr Al Scham, de la Mer de Syrie, c'eft-à-dire ,
de la Mer Méditerranée.
KHALIG'. Ce mot eft encore le nom d'im Canal ou Fofle que l'on ou-
\Te au grand Caire pour la décharge du Nil quand il croît. On l'appelle or-
dinairement, & par corruption, le Calis. Il le fait une grande Fête dans toute
VEgypte lorfque l'ouverture de ce Canal fe fait.
KHALIL. Mot Arabe, qui fignifie Amy. C'eft auflî le furnom que les
Mahometans donnent à Abraham , à caufe que Dieu le traita en amy familier
-& confident ; c'eft pourquoy on fousentend toujours Allah ou Alrahman , qui
font des Noms de Dieu , lorfque ce mot eft emploj-é pour fignifier Abraham.
Sâdi dans fon Boftan l'employé en ce fens , quand il dit : Guliftan koned
atefchi ber Khahl , Dieu fit de 'la fournaife .un jardin pour Abraham. Scheïkh
A'tthar
K H A L I L. 425
A'tthar dit auflî la même chofe dans fon Pend Nameh dans ce Vers : Berkhali-
Icfch narra gulzar kerd.
Ce mot de Khalil fignifie aufli la Ville de Hebron, oh. efl le fepulcre du Pa-
triarche Abraham , & les Auteurs Mahometans la nomment ordinairement de
ce nom. Les Mufulmans ont une grande dévotion pour ce fepulcre, <& pour
ceux des autres Patriarches qui y ibnt enterrez. Ils y vont en Pél?'-inagc ,
touchant lequel Ishak Ben Ibrahim a compofé un Ouvrage , intitulé Mothir al-
garam fi ziarat Al Khalil. f^oyez le titre de Ibrahim.
KHALIL. Nom du Maître de tous les Grammairiens Arabes & en par-
ticulier de Sibouieh. Il eft fouvent cité fous le nom de Ben Temim. fl difoit
à fes difcipîes, que l'on ne fçait jamais le foible de fon Maître fi l'on n'en fré-
quente quelque autre. Et pour les exciter à luy faire des demandes , & à ne
fe lafler jamais de l'interroger , il leur difoit aulîî : Al O'ioum akfal v aifju-
lat mefatiha : les Sciences font des ferrures & les interrogations en font les clefs.
KHALIL Ben Kelaoun. Nom d'un Sultan des Mamelucs de la Dj'naftie
des Baharites en Egypte. Il prit fur les Francs la Ville de Saint- Jean d'Acre,
dite Ptolomaïde, en Paleftine, l'an 690 de l' Hégire.
Il avoic fuccedé au Sultan Kelaoun , fon père , l'an 689 de la même Hégi-
re, & il fut tué l'an 693 par Baïdarah. Mais cet Uiurpateur ne jouit du fruit
de fon crime qu'un feul jour. Car les Efclaves de Khalil rangèrent, en fa per-
fonne, la mort de leur Maître par un autre alfadinat. Maured.
KHALIL Ben Miranfchah. Nom d'un Prince, fils de Miranfchah & petit-
fils de Tamerlan, lequel mourut, félon Gianabi , l'an 814 de l'Hegire. Voyez
le titre de Miranfchah.
KHALIL Hindougheh. Nom dij fils de l'Emir Hindougheh , qui fit la
guerre à Babur, Sultan de la Race de Tamerlan, & fut tué dans une bataille
qu'il luy livra.
Nonobflant cette rébellion ouverte, Khalil fon fils , ne laifiâ pas de devenir
Général des armées de ce même Sultan ; & il le fervit fi bien , qu'il le rendit
maître du Royaume de Segeftan, après en avoir dépoiiillé HolTaïn fchah qui le
pcfliedoit. Foyez les titres de Babur & de Hindougheh,
KHALIL Ben Ishak, Ben lacoub, furnommé Al Andalouffi, l'Efpagnol, à
caufe de fon Pays. Nom d'un Auteur d'un Livre de décifions Juridiques dans
la Loy Mufulmanne, félon les principes de la Seéle de Malek Ben Ans, l'une
des quatre qui font réputées orthodoxes par les Mahometans. Ce Livre efl
Arabe & intitulé Ketab Khalil fil fetaui. Il ell dans la Bibliothèque du Roy,
n". 617.
KHALIL Ben Ibek. Nom d'un Auteur furnommé Safkdi, parce qu'il étoit
natif ou originaire de la Ville de Safet en Galilée. II a écrit en Arabe un
Tenbih, c'eft-à-dire, AvertilTement fur le Livre intitulé Tefchbih. Voyez ce
titre.
Tome H. Hhh KHALIL
426 K H A L I L. K H A L O U I A H.
KHALTL Sofi. Nom de l'Auteur d'un Diftionnaire Arabe, expliqué eîî'
Turc, qui fuit l'ordre alphabétique des dernières lettres de chaque mot.
KH ALIL ALLAH. Nom d'un Prince du Schïrvan, furnommé Schirvani ou
Schirvan fchah , lequel mit, par une trahifon infigne, lar Ali, tils d'Erkender^,
le Turcoman , qui s'étoit réfugié chez luy, entre les mains de Schahroch, fils
de Tamerian & Succelfeur dans la plus grande partie de fes Etats. ^ oyez le
titre de Baïfancor.
K H ALIL BEG. Nom d'Uzun Haflan Beg, que nous appelions vulgaire-
ment Uzum Calfan. Il fut le fcptième Prince des Turcomans de la Dynaflie
ou Famille du Mouton Blanc. Il fe fit haïr fi fortement du fes fujets, à eau-
fe de fes cruautez & de fes autres vices, qu'ils l'afiaffi aèrent , après un règne
de fix mois & quinze jours, l'an 884 de l'Hegire. Gianabi.
K H A L I L I , natif ou originaire de la Ville de Khalil , c'efl-à-dire , de He-
bron en Judée. Plufieurs Perfonnages célèbres & un grand nombre d'Auteu's,
qui y avoient pris leur nailTance, ou parce qu'ils en tiroient leur origine, ont
porté ce furnom. En voicy quelques-uns dans les titres fuivans.
KHALILI, furnom de Schamseddin Mohammed, Moeddhen ou Crieur de-,
la Mofquée de Damas, appcllée la Mofquée des Ommiades , laquelle a été au-
trefois la célèbre Eglife de S. Jcan-Baptifte. Il cû Auteur d'un Livre de Ta-
bles Aftronomiques, calculées fur le Méridien de Damas, fous le titre de Gedual
fi fadhl aldaïr.
KHALILI , furnom de Khalil Ben Abdallah , lequel efl; nommé plus ordi-
nairement Abou lali . Al Kazvini. Nous avons de luy un Ouvrage , intitulé Er-
fchad alôlama albelad,. C'eft un Traité Hifborique des Gens fçavans qui font
fortis de la Ville de Cazbin, d'où cet Auteur étoit natif.
KHALILI, furnom d'Ishak Ben Ibrahim, lequel étoit natif ou originaire de
la Ville de Hcbron en Pcdeftine. Il a Compofé un Ouvrage fur les Pardons que
gagnent les Mufulmans en vifitant le fepulcre d'Abraham, qui eft révéré en cet-
te Ville. Voyez plus haut le titre de Khalil.
KHALKHALI. Surnom de Moula HoiTaïn Al Hoffaïni, qui a écrit fur les
Anvar tanzil de Beïdhaoui.
KHALKIA. Nom que les Arabes donnent au Père du Prophète Jeremie=,
C'ell Helcias.
KHALOUIAH. A'bdallah HofTaïn Ben Khalouiah. Surnom d'un Gram-
mairien célèbre , qui porte auiTi pour ce fujet Je nom de Nahoui. 11 a écrit
fur les Aàrab , c'ell-à-dire , fur la pureté de la Langue Arabique avec laquelle
l'AlcoTan a été compofé. ^ ,, r
Il y a un autre Ben Khalouiah, qui a fait un Commentaire fur la Maclourat
de Ben Dcrid , qui fe trouve dans la Bibliothèque du Roy, n. lopcp. Celui-
cy mourut l'an 334 , & le premier Tau 370 de l'Hegire.
KHALVATlr.
KHALVATI. KHAN.
427
KHALVATI, furnom de Gemaleddin Ifraaïl, Auteur d'un Ouvrage intitulé
Eiuha ekliuan. Foyez ce titre.
K H A M Ben Nouh. Nom du fécond fils du Patriarche Noé, Les Arabes luy
attribuent un Livre de Géomance, intitulé Adaflîn Kham Ben Nouh. Voy&z le
titre de RamI & celuy de Nouh.
KHAMARIAH, Titre d'un Poëme fur le Vin pris myfliquement. II a
été commenté par Ebn Faredh, par .\laeddin Ben Sadakah & par un autre Au-
teur. II fe trouve dans la Bibliothèque du Roy, n. 617.
KHAMAROUIAH Ben Ahmed, Ben Tholoun. Nom du fécond Souve-
rain de l'Egypte de la Race des Thoionides, lequel fucceda à fon Père qui l'a-
voit fondée , quoyqu"il fût cadet , parce qu'Abbas , fon frère aîné , avoit été
tué. Il étendit fes Etats, dont fon Père s étoit rendu Souverain, par la défai-
te de MouafFek Billah, frère du Khalife Môtamed, & poufla jufques à la Ville
de Rakkah; de forte qu'il régna dans l'Egypte & dans la Syrie.
Ebn Batrik, qui rapporte ces parciculancuz de Khamarouiah, marque encore,
qu'il vint faire fa réfidence à Damas , & qu'il Ht bâtir un Château hors de la
Ville, près du Monaftère de Maran, qu il nomma Thourd. 11 fut tué dans ce
Château par ks Efclaves, l'an 282 de iHegire , & porté en Egypte où il fut
enterré fur la Montagne de Mokhattham. Il eut pour fuccellèur fon fils aîix,
nommé Giaïfch , lequel ne régna que huit mois , au bout defquels il fut tué,
lailFant fa place à fon frère Haroun. y oyez le titre de Tholouh.
KHAMIS. (^oyez le titre de Erkan alkhamis aledamiat.
KHAN. Halimi , dans fon Diftionnaire ^erÇ\en & Turc , donne à ce mot
la fignitication des mots Turcs Ulug Beg, Grand & Puillant Seigneur. Les Rois
les plus puiifans du Turqueflan , de la grande Tartarie &; du Khathaï, fe font
attribuez autrefois ce titre. Ginghiz, ce puilfant Conquérant, ne s'en eft point
donne d'autre; de fortJ même qu'il fait partie de fon nom, & que tous les Auteurs
Orientaux l'appellent Ginghizkhan.
Les Tartares de la Crimée , que l'on appelle ordinairement les petits Tarta-
res, lefquels defcendant de Ginghizkhan, retiennent toujours le même titre; &
c'eft aufli le premier que prennent les Empereurs Othmanides de tous ceux
qu'ils s attribuent. Ainfi , en marquant leur Généalogie , les Auteurs Turcs di-
fent, Mohammed Khan, Ben Ibrahim Khan, Ben Ahmed Khan, &c. Les mê-
mes Empereurs le prennent même au haut de leurs Patentes, dans leur Parafe.
Par exemple, le Parafe du Sultan Mahomet IV contient ces mots: Mohammed
khan Ben Ibrahim Khan ModhatFer daïma : Mohammed Khan , fils d'Ibrahim
Khan, toujours viftorieux.
Les Seigneurs de la Cour & les Gouverneurs de Province, prennent auffi le
titre de Khan dans la Perfe.
Khakan , fe prend aufli dans la même fignification que Khan ; mais il n'eft
pas fi fort ufité.
Les Mogols ont auffi prononcé ce mot fans afpiration , & ont dit Kaan ou
Caan, au lieu de Khan; & l'on trouve dans leurs Hiftoires Oktaï kaan & Mon-
gakaan, noms de deux fuccefl'eiirs de Ginghizkhan.
Hhh a KHANAKAH.
428 K H A N A K A H. K H A N K 0 U.
KHANAKAH. Nom d'une fête qui fe célèbre le vingt-deuxième jourdir
mois de Telchrïn.
KHANBALIG & Khanbalek. Nom de la Ville que nos Hifloriens & nos
Géographes ont appellée Cambalu , & qu'ils ont placée dans la grande Tartarie,
au Septentrion de la Chine. Mais fuivant les Géographes & les- Hifloriens
Orientaux il efî: confiant que c'ell une Ville de la Chine.
Ehn Sàïd dans Aboul Feda, luy donne 130 degrés de longitude, & ^s degrés
25 minutes de latitude Septentrionale, & la place dans le quatrième Climat; &
les Tables intitulées alharaïr ne luy donnent que 124 degrés de longitude & 49
degrés de latitude Septentrionale , & la reculent jufqu'au fixième Climat. Mais
la fupputation d'Ebn Sâïd eft plus conforme à la vérité , fi l'on fait attention
au chemin que firent les Ambaflàdeurs de Schahrokh & d'UIug' Beg , fon fils ,
pour arriver à cette Capitale de la Chine Septentrionale.
Néanmoins , Ebn Sâïd & l'Auteur des Tables alharaïr conviennent en ce
qu'ils écrivent, que Khanbalig efl fituée dans le Khathaï, c'ell -à- dire, dans la
Chine, bien avant dans l'Orient. Ebn Saïd ajoute qu'elle étoit fort célèbre de
fon temps , par les relations des Marchands qui y alloient & qui en apportoient
des Marchandifes ; qu'il y avoit des mines d'argent dans fon voifinage , & qu'à
fon Midy , fon terroir étoit borné par les Monts de Belhar , ainfi appelles du
nom d'un puifiant Roy des Indes, voifin de la Chine.
Al Bergendi dans fa Géographie , intitulée Refl'alat mefliihat ardh , écrit , que:
la Ville de Khanbalig efl fituée à l'extrémité du Turqueflan , & que ce qua
l'on difoit de fa grandeur & de fa puillance paroilloit incroyable. Il faut remar-
quer, que cet Auteiu* prend icy le Turqueftan pour tout le vafle pays qui s'é-
tend depuis la Mer Cafpienne jufques à la Mer Orientale , qui borne la grande
Tartarie & la Chine.
La première Conquête que GinghizJvhan fit, après s'être rendu Maître abfolu-
dans la grande Tartarie , fut celle de Khanbalig , qu'il prit par fes Lieutenans
fur Altan Khan, qui étoit alors Empereur de la Chine , & il la laifTa à l'adm'-
niflration d'un Gouverneur, pendant qu'il vint en perfonne jufques en deçà du
Gihon, où il fit les autres Conquêtes furprenantes , que l'on peut voir dans forr
titre. A fon retour dans Ces Etats ayant appris, pendant cette expédition, que
les Khathaïens ou les Chinois avoient fecoué le joug , il fe préparoit pour y-
retourner en perfonne, lorfqu'il mourut. Mais Oktaî Khan , fon fuccefl^eur ,
ayant exécuté fan projet, ne contraignit pas feulement les peuples qui s'étoient;
révoltez , à fe foûmettre une autre fois , il étendit encore fes Conquêtes dans
le grand Empire de la Chine , plus loin que n'avoit fait Ginghizkhan ; & de-
puis ce temps-là Khanbalig & tout ce qui en dépendoic demeura long-tems fous
la domination des Empereurs Ginghizkhaniens.
KHANKAH, Scheïkh Khankah Sâïd afii^uda. Nom d'un Auteur qui a
abrégé l'Ouvrage de Gazali, intitulé Rhia.
KHANKOU. Nom d'une Ville de la Chine, très-confidérable par le con-
cours des Marchands que le négoce y attire de tous les cotez; & c'efl la der-
nière & la plus éloignée du. côté du Levant , où ils abordent. Elle efl fituée
îàu Sud -Efl de la Vill-e de Schangiou , & n'efl éloignée de la Mer que d'une.
demi-
KHANNABI. K H A R K H I R. 4^
EdriiTi parle au(ïï de Khancou en ces termes: C'eft, dic-il , un très -grand
Port de la Chine, éloigné de quatre journées de navigation, & de vingt jour-
nées de chemin par terre, de Loukin, Ville des Indes la plus prochaine. Elle
efl éloignée de Giankou, ou Giankoua, autre Ville des Indes, de huit journées.
Al Bergendi en parle autrement que les deux Auteurs précédens. Il dit en
deux endroits de fa Géographie , que c'eft le nom d'une Province de la Chi-
ne, que les habitans luy donnoient; mais qui néanmoins étoit plus connue de'
Ion temps, fous celuy de Khatha.
KHANNABI. A'ii Ben Erarallah Khannabi. Nom d'un Auteur qui â'
compofé en Turc , un Livre , intitulé Akhlak E'iaï. Il efl mort l'an 979 de-
l'Hegire.
KHANZADAH, ou Khanzadeh. Nom d'une Prince/Te de Khouarezm,
que Tamerlan fit époufer à Gehanghir , fon fils aîné , lequel eut d'elle pour
fils, le Prince Mohammed Sulthan.. f^oyez les titres de Gehanghir, & de Moham-
med Solthan.
KHAOUARNAK. Nom d'un Palais, ou Château que Nôman Ben Mon-
dfr fit bâtir à Hirah , Capitale de fes Etats. Quelques-uns ont prétendu qu'ih
avoit fait bâtir ce Château à Coufah ; mais le Géographe Perfien affure, que
ce fut à Hirah. Foyez le titre de Sennaraar.
KHAOUS. Nom d'une petite Ville fituée au defllis de Samarcande , éloi-
gnée de fept parafanges de la Ville de Zamin , & de neuf , de la Ville de-
Khofchkat, autre Ville fituée fur la Rivière de Schafch.
KHARAGIA Benou lakfin. Nom d'une Ville du Khathaï , fituée fur le
Caramoran, laquelle fut affiegée & prife par les Mogols, fous le règne d'Oktaï--
kaan, fils de Ginghizkhan. Jlboul Farage.
KHARAITHI. Surnom de Mohammed Ben Giâfar Al Sameri, lequel efl'
Auteur d'un Livre» intitulé Eètelal alcoloub. Il efl: mort l'an 327 de l'Hegire.
K HARAS CHK AT. Nom d'une Ville de la dépendance de ceUe de.
Schafch, dans le Mauaralnahar. Âilebab dans ALouL Feda^^
KHARBOZI. Surnom de Mohammed Ben lofef, mort l'an 421 de l'He--
gire. l^oyez le titre de Alfôulat alcadhi Sarag' eddin Al Armoui.
KHARCANI. l^oyez le titre de Aboul Hafl'an, & celuy de Hazcani.
KHARITHAN. Anba Kharithan. C'efl: S. Chariton, Abbé du Monaflere,
appelle Saïk le Vieil , en Jerufalem. Ebn Bathrik.
KHARKHIR. Voyez le titre de Sin,
Hhh 3 KHARKHIZ..
4^0 K H A R K H I Z. K H A T E M.
KHARKHIZ. Nom d'une Nation particulière du Turqueftan , environnée
des Pays de Tagazgaz , de Kcimak , & d'autres , & voifine de la Mer Orientale.
Kheridat alâgiaïù.
KHARRATH. Ebn Kharrath Al Afchbili. Surnom d'Abdalhakk Ren A/b-
dalrahman, qui a compofé le Livre intitulé, Ahkam alfogra fil hadith, furies
Traditions Mahometanes. Cet Auteur, qui étoit natif, ou originaire de Seville
en Efpagne, eft mort Tan 508 de THcgire.
KHARRAZ. royez le titre de Abou Sâid , Perfonnage réputé Saint par
les Muiulmans.
KH AR<^AMAH Schagiââ. Surnom de Schagiâ eddin Elias Al Roumi, Au-
teur d'un Taâlik fur le Livre de Samarkandi , intitulé Aaâb. Le Dodeur efl
mort l'an 929 de l'Hcgire.
KHARTAN, & Martan. Noms de deux Mes fituées dans un Golfe de
la Vler d'Icmen , ou de l'Arabie heureufe , nommé Gioun alafchifch, vis-à-vis
le Pays de Schag'r, dans l'Arabie heureufe. Les Habitans de ces Ifles ont une
langue particulière que les autres Arabes n'entendent point; & ils font trafic
d'Ambre gris, que la Mer jette quelquefois fur le rivage de leurs Ifles.
KFÎARTBART. Nom d'un Lieu fîtué dans l'Arménie, félon le Géogra-
phe Perfien.
KHASCHAF. Ebn Khafchaf. Nom ou Surnom d'un Auteur qui a écrit
contre Schagiari. Mais Schagiari luy a répondu , & luy a monftré fès fautes
dans le Livre, intitulé Entalfar, pour la défenfe d'un de fes Ouvrages, intitulé
Amali, ou Emla.
K H AS S A F. Ebn Al Khaflaf. Surnom d'Aboubekr Ahmed, Auteur du
Livre intitulé Adab Al Cadhi , touchant les devoirs d'un Juge , fuivant la
Doftrine d'Abou Hanifah, Chef de l'une des quatre Seéles du Mufulmanifme.
Ebn Al Khallaf eft mort l'an 261 de l'Hcgire.
KHASSA'S. Surnom d'Ahmed Ben ^hmed Al Razi , lequel eft Auteur
d'un LivTC. intitulé Oilbul, touchant les Fondemens de la Religion Mu fulman-
ne. Il eft mort l'an 370 de l'Hcgire.
KH ASSCH A B. Ebn, ou Ben Khaflchal). Surnom d'A'bdallah Ben Ahme.1,
le>iuvjl a écrit fur le Livre d'Ebn Sakkit, intitulé Eflah almanthek. Il eft mort
i'an s6j de l'Hegire.
KHASSI. Gemaleddin Hoffaïn Ben A4i AI Khaflî. Nom d'un Auteur,
lequel a compofé l'an 654 de 1 Hégire ,* un Ouvrage intitulé , Ekhtiar fi ma
établir fi valât alabrar. Il eft encore Auteur du Livre, intitulé Fetaoui alfogra
Nag'meddin. f^oycz le titre de Moniat alraofthi.
KHATEM Al Sam. Khatem le Sourd. Nom d'un Doreur Mufulman,
■ainfi nommé, non pas à caufe qu'il étoit fourd; mais, parce qu'ayant une fcm-
flie,
K H A T E M. K H A T H A I I. 431
me, que la pudeur fuilbit rougir aiifli-tôt qu'elle parloic, pour l'en guérir, tou-
tes les fois qu'elle ouvroit là bouche pour iuy parler, il luydifoit: Parlez haut
que je vous entende. Cette invention luy réuffit fi hcureufement , qu'il luy fit
paiFer cette imperfection; & le nom de Sourd , qu'il contrcfaifoit, luy en de-
meura, il Vivoit fous le Khalifat de Motavakkel , & il mourut l'an 237 de
l'Hegire.
K HATE M. Ce mot Arabe, qui fignifie, Sceau, eft un Livre qui traite-
des Myfheres & des Opérations fuperllitieufes par le moyen des Lettres. Il a
été compolé par Abou Ahmed Mohammed Ben Mohammed Al Gazali. Il fe-
trouve avec un Commentaire, dans la Bibliothèque du Roy, n". loio. f^oyez
le titre de Mollauageb.
KHATHAI, & Khatha. Nom de la Chine Septentrionale, qui a toujours-
été gouvernée par des Rois dans les plus anciens temps, dont les Hifl:oires des
Orientaux font mention. Car elles portent que le Khacan, ou Roy du Kha-
thaï, joignit les Troupes à celles d'Afrafiab , Roy du Turquellan contre Caï
Khofrou Roy de Perfe , & que Rofiiara le fit prifonnicr. yoycz le titre de
Gaï Khofrou.
Les Rois de cette Partie de la Chine portoient le nom d'Altounkhan , du
temps de Gingizkhan , de même qu'ils -portoient le nom de Daïmenkkhan , du
temps de Tamerlan & de fes fuccelîeurs. Car celuy que Ginghizkhan vainquit
en s'en rendant maître , portoit ce nom. Celuy qu'Oktaï vainquit le portoit
auffi; à ce dernier ayant été vaincu par Oktaï en bataille rangée , s'enferma
dans la Ville de Namkink, où il fe brûla avec les fiens; de forte qu'Oktaï s'en-
rendit maître & de tout le Pays, j^bcul Farage.
La Ville de Namkink eft la même que celle de Nanquin, dont les Hiiloires
& les Relations de la Chine parlent aujourd'huy ; & cda fait voir que le
Khathaï eft la Chine, & que Khanbalig, ou Cambalu, qui en étoit la Capitale,,
étoit dans la Chine & non pas dans la grande Tartarie, comme la plupart de
nos Géographes l'ont crû,
Sous le règne de Mongaka , ou Mangoukhan , Empereur des Mogols , un
Roy qui pofledoit quatre cent Villes, s'étant révolté, ce Prince y entra avec
fon frère Kublaï; mais il y fut tué d'abord, l'an 658 de l'ilegire Auparavant,.
le même Mongakakhan avoit fait venir dans fes Etats de la grande Tartarie,
mille familles d'Artifans du Khathaï, qui fçavoient faire des machines de guerre
& des armes. Jlhoul Farage.
Foyez les titres de Khotan, de Turk, de Getah,.de Kerit, de Cara Khathaï, .
de Khanbalig, & celuy de Tarikh Khatha v Igour.
K H AT H A II. -Natif, ou originaire du Khathaï. C'eft le Surnom d'Abou
Soliman Ahmed Ben Mohammed, Auteur d'un Livre intitulé Eflah galath al-
mohadethin. C'eft une Critique fur les erreurs de ceux qui font profcflîon •
d'-enfeigner les l'raditions Mufulmannes , ou qui compofent des Ouvrages fur
ce fujet. II eft mort l'an 388 de l'Hegire.
C'eft aullî un des Surnoms du Dofteur, appelle Al Rommanni, AI Razi, le-
quel eft Auteur du Livre, intitulé Aàgiaz alcoran. Voyez ce titre,
KHATHIB,.
432 K H A T H I B.
KHATHIB,&; Khatheb. Prédicateur, Harangueur. Qui parle en public.
C'eft auflî parmy les Mahometans , celuy qui tient dans les Mofquées, la place
que les Curez tiennent dans les ParoiflTes parmy les Chrétiens ; parce qu'outre
qu'il fait la prière à leur tête , il leur fait encore des fermons & des prônes ,
en les avertilfant de leurs devoirs, & fouvent en leur annonçant ce que le Prin-
ce veut leur faire fçavoir comme à fes fujets. Les Chefs des Mofquées Roya-
les, ou Principales de chaque Ville, portent ordinairement ce nom, à la diftinc-
tion des Chefs des autres Mofquées qui s'appellent Amplement, Imams. Pluûeurs
Perfonnages, ou Auteurs, portent ce nom, ou furnom , comme il pai-oift par
les titres fuivans.
KHATHIB alenbia. Le Prédicateur des Prophètes. Surnom que les Ma-
hometans donnent à Jethro , Beaupere de Moyfe , qu'ils nomment Schoaïb.
Foyez ce titre.
KHATHIB. .Surnom d'Ahmed Ben Ahmed Al Bagdadi, Al Hafedh, Doc-
teur Traditionnaire du Mufulmanifme , lequel a eu Vahedi , & Nifchabouri pour
Difciples. Il eft mort Fan 463 de l'Hegirc.
KHATHIB. Ebn Khathib. Surnom de Mohammed Beft O'mar Al Razi,
Doéleur dans la Théologie , & dans le Droit Civil &; Canonique des Muful-
mans, & même Philofophe, & Médecin. Mais nonobftant cette grande variété
, de belles connoiflances , il fut foupçonné de n'être pas bon Mufulman. Il s'ad-
donna auflî à la Chymie ; mais il s'y ruïna , comme s'y ruinent ordinairement
ceux qui en font profeflion. Mohammed Ben Takafch, Roy du Khouarezm,
fous lequel il vivoit , luy donna de gros appointemens. Il eft mort l'an 606
de l'Hegire.
KHATHIB. Ebn Al Khathib Al Nafleriat Al Giabrini. Nom du Conti-
nuateur de i'Hiftoire d'Halep compofée par Ebn A'dim. Cet Auteur eft mort
l'an 843 de l'Hegire.
KHATHIB. Mohieddin Mohammed Ben Al Khathib Caflem. Nom de
l'Auteur qui a fait un'Abbrcgé du Livre, intitulé Rabî alabrar, divifé en cin-
quante Chapitres. Il eft mort l'an 940 de l'Hegire, & fon Ouvrage fe trouve
dans la Bibliothèque du Roy, n". ^52.
KHATHIB. Ben Al Khathib Al A^'abi. Nom de l'Auteur d'un Ouvra-
ge , intitulé Bahath Ebn Al Khathib , dans lequel il maintient , que Dieu n'éft
pus fufceptible du menfonge.
KHATHIB Deniefchki. Voyez le titre de Cazvini.
KHATHIB. Haflan Ben Al Khathib. Auteur qui ^ compofé un Livre
d'Aftrologie, intitulé Ekhtiarat.
KHATHIB Al Tabrizi. Surnom d'Abou Zakaria lahia Ben A^li , Auteur
du Livre , intitulé Dhou alfekhth , qui eft un Commentaire fur le Sckhth Al
;Zend d'Aboul' O'ia. Foyez le titre de Sekhth Al Zend.
KHATHIB.
K H AT H I B. — - K H A Z E N. 433
KHATHIB. Ebn Al Khathib Al Korthobi. Surnom de Lemineddin Mo-
hammed Ben A'bdallah , qui a compofé l'Hilloire de la Ville de Grenade en
Efpagne, fous le titre de Ihathah fi tarikh Garnathah.
KHATHIB. Ebn Al Hiathib. Nom de l'Auteur d'un Ouvrage, intitulé
Lothf altadbir. f^oyez ce titre.
L'Auteur de l'Hilloire de la Ville de Bagdet en dix volumes , fous le titre de
Tarikh Bagdad, porte auflî le nom de Khathib.
KHATHIREDDIN. Aboul Mouiad Mohammed Ben Khathireddin Ben
Raïazid, Ben Soliman, Ben Khouageh Ferid Al A'tthar. Nom de l'Auteur d'un
Ouvrage intitulé Giaouaher alkhams, divifé en cinq Chapitres. Il mourut l'an 956
de l'Hegire, âgé de cinquante ans. Ce Livre fe trouve dans la Bibliothèque du
Roy, n". 1029.
KHATHOUAT. Nom que les Arabes donnent au Pas Géométrique,
qui comprend trois akdimi , ou Pieds. Il en faut douze mille pour faire une ■
Parafange,
KHATTHAB. Ebn Khatthab Al Bagi. Nom d'un Auteur qui a donné
un Abbregé du Livre intitulé Mahfoul.
KHATTHAB L Foyez le titre de Atfar.
KHAVEN. Nom du troifième Cycle de foixante années des Khathaïens,
lequel vient après le Cycle , appelle Tchoukven , ou Gioukvcn , qui eft le fé-
cond Cycle, t^oyez le titre de Tarikh Khatha.
KHAVEND SCHAH. Mohammed Ben Khavend fchah. Nom d'un
fameux Hiftorien Perfien, connu fous celuy de Mirkhond, comme il s'appelle
luy-même dans la Préface de la Vie de Mahomet, f^oyez le titre de Mirkhauend.
KHAZARGI, Khazragi, ou Khezergi. A'bdal Khalek Ben Abil Caflem
Al Mefri , Al Anfari , Al Khazargi. Nom de l'Auteur du Livre , intitulé
Talkhis algaouis le neïl altakhfis , qui fe trouve dans la Bibliothèque du
Roy, n\ 59.3.
KHAZARGL Ebn Abi olTaïbê AI Khazargi. Nom de l'Auteur du Livre,
intitule Oïoun alanba fi thabakat Al Attheba, qui efl une Hiftoire de Méde-
cins célèbres, f^oyez le titre de Aboul Derdâ.
KHAZEN. Ebn Khazen. Nom de l'Auteur d'un Commentaire fur l'AI-
coran, dont Soiouthi a tiré fon Ouvrage, intitulé Anmoudag' Lathif , qu'il a
compofé touchant l'excellence de l'Alcoran , & le refpeft qui luy efl dû par les
Mufulmans. L' Anmoudag' fe trouve dans la Bibliothèque du Roy, n°. 722.
KHAZEN Al Bagdadi. Surnom de Tag'eddin A'ii Ben Habib, Auteur du
Livre , intitulé Ahadith althamaniah , dont il faut voir le titre. Il efl mort
Tan 674 de l'Hegire.
Il y a auffi un Khazen qui a travaillé fur Euclide. Voyez le titre de Oklides.
To^iE IL lii KHAZENI.
434 K H A Z E N I. K H A Z K I L.
KHAZENI. Nom d'un Auteur qui a inventé & décrit pluficurs inflrumens
de Mathématique , dont il a auffi donné rufage. l'^oytz le titre de Alat al.ralle-
diat. l^vyez aufli celuy de Afkili.
KHAZKIL. C'eH le Prophète Ezechiel , ainfî nommé par les Mahome-
tans. L'Auteur du '1 arikh Montekheb le fait fucceireur dan? la Prophétie , de
Caleb fils d'Iophneh, qui avoit fuccedé à Jofué; & fuivant celuy du Leb Ta-
rikh , il vivoit du temps de Caïcobad , premier Roy de Perfe de la Dynaftie des
Caïaniens. " .
Holîaïn Vaèz , en cx-pliquant le Chapitre de l'AIcoran , intitulé Bacrat, ftdt
mention d'une aèlion du Prophète Ezechiel, à laquelle ces paroles qui en font
tirées, ont rapport: Alam tara ela alladhin kharagiou men diarhom , vahom
olouf hadhar almaut. Fakalhom Allah: Moutou, thom ahiahom. Enna, Allah,
ladho âla alnas v lakenna almis la ïafchkoroun; c'eft -à-dire: JS'avez-vons pas viU
eu admiré ceux qui fortirent de leur pays par milliers pour fe garantir de la mort'^
Dieu kur dit : A-J aurez- tous , (f ils moururent tous. Puis , il leur rendit la vie.
En vérité Dieu ejî toujours porté à faire des grâces aux hommes i âf cependant , la
plupart d'entre eux n'en font pas reconnoifj'ans comme ils le doivent.
Hoflliïn Vàez fur ces paroles , rapporte ce qui fuit , après flmam Seddi , qu'il
cite pour les fliire mieux entendre. Il dit: la pefi:e ayant paru dans le Bourg,
ou dans la petite Ville de Davardan , qui elt des dépendances de la Ville de
Vafîith, une partie des habitans la quitta, & pluficurs d'entre eux conferverent
leur vie. Une paitie auJlî de ceux qui demeurèrent, mourut. La pelle ayant
paiu une autre année . tous les habitans quittèrent , & emmenèrent avec eux
leurs troupeaux , pour fe garantir de la mort. Ils arrivèrent dans une profon-
de vallée entre deux montagnes; & alors deux Anges parurent, l'un à l'entrée,
& lautre à la fortie de cette vallée , «& leur annoncèrent la mort de la part
de Dieu. Ils moururent donc tous avec leurs troupeaux , au nombre de huit
mille, que d'autres font monter jufquà quarante, & quelques-uns jufques à foi-
xante & dix mille.
Quand on. fçut cette grande mortalité dans les Pays voifîns, chacun courut
poui- les enfevelir. Mais voyant qu'ils ne pouvoient pas en venir à bout , ils.
fermèrent de murailles, les avenues de la vallée, afin que perfonne n'en appro-
chât, & fe retirèrent. Tous ces cadavres furent confommez en peu de temps,
& il n'en refta que les os.
Au bout de quelques années, le Prophète Khazkil , ou Ezechiel, le troifième-
de ceux qui ont tenu la place de Moyfe parmy les Juifs, paifant par ces quartiers-
là, & confiderant ces os, fit cette prière à Dieu: Elahi, tchenantchih etfer heï-
bet bedifchan numoudehi, nazari rahmct ber ifchan efken; c'cft-à-dire: O Dieu,.
de même qu'il vous a plu de manifeller fur ceux-cy vôtre puillance avec ter-
reur, regardez-les maintenant avec un œil de clémence & de mifericorde.
Dieu exauça la prière de ce Prophète , & rendit la vie à tous ces morts..
Mais la veuë'd'un fi grand miracle ne put pas dompter la rébellion des Juifs.
Ils ne payèrent un fi grand bienfait que d'ingratitude. Que cela vous ferve
d'exemple, ô vrais Fidèles, qui lifez ces paroles, que Dieu vous fait annoncer
ic fa part.
Voili de queUe manière Hoffiiïn Vaêz, ou le Prédicateur, paraphrafe le paf^
KHAZRAGI. KHEDHERKHAN. 435
fage de l'Alcoran, rapporté cy-defTus, en exhortant fes Lc<5leurs Mufulmans , de
faire profit de cette hiiloire.
KHAZRAGI. Foyez le titre de Khazargi.
KHEDHER, ou Kliedlir , ou Khizir , & Hizir, fuivant la prononciation
des Turcs. Nom d'un Prophète, que les Orientaux, félon leurs Traditions,
difent avoir été le Compagnon, ou le Confciller, & General d'arrnée de Dhoul-
carneïn , qui n'ell pas Alexandre le Macédonien ; mais un Monarque du Mon-
de plus ancien que luy , qui a porté le premier , le nom d'iskendcr Uhoul-
carneïn, Alexandre le Grand n'ayant porté le .même nom qu'à fon imitation,
& à cauie de les grandes Conquêtes. Fuyez le titre de Dhoul Carncïn, & ce-
luy de Iskender.
Un Poëte Perfien écrit en parlant de Khedher : Ab haïvan kih Sekender thal-
befch fcrmoud : Rouzi gian Khedher kefcht v fchud ezevi khofchnoud : la Fon-
taine de Vie qu'Alexandre a cherchée en vain, fut trouvée par Khedher, qui
en but il longs traits.
Le mot de Khedher, fignifiant en Arabe, Verd & Verdoyant, on prétend
que ce nom fut donné à ce Prophète, à caufe qu'il joliit d'une vie fioriiïante
& immortelle depuis qu'il eut bû de l'eau de la Fontaine. Plufieurs le con-
fondent avec le Prophète Elle, que nous difons faire fa demeure dans le Para-
dis terreftre, & jouir de l'immortaUté. Parce que l'arbre de vie étoit dans ce
Paradis , & qu'il y avoit auffi une Fontaine , les Mufulmans donnent à cette
Fontaine, le nom de Fontaine de Vie, & croyent que c'elt de la boifibn
de fon eau , auffi bien que du fruit de l'arbre de vie , qu'Elie entretient fon
immortalité.
Les Orientaux appellent auffi Elle d'un nom compofé des deux ; à fçavoir,
Khedher Elias , & Khedherlas.
Suivant le Tarikh montekheb , ce Prophète vivoit du temps d'Abraham, du-
quel il étoit neveu , félon quelques-uns , & fervit de conducteur à Moyfe au
paifige de la Mer rouge , & dans le Tiah ; c'eft-à dire , dans le Defert.
Les Turcs nomment auffi Saint- George , Khedher Ehas , ou Khizir Elias.
Voyez le titre de Ili , ou Ilia , & cehiy de Mouffa.
Quoyque plufieiu-s Mufulmans confondent Khizir, avec le Prophète Elic,
néanmoins l'Auteur du Tarikb montekheb en fait fort bien la diftinclion, &
ajoute que Khedher vivoit du temps de Caikobad , ancien Roy de Perfe;
& qu'ayant trouvé la Fontaine de vie , & bù de fon eau , il ne doit pas
mourir jufques au fon de la Trompette; c'ell-à-dire , julqu'au jour du Juge-
ment dernier.
KHEDHER. Surnom de Modhaffer Ben O'thman Al Barmeki, qui a com-
pofé le Livre intitulé Akhlak alatkia v fefât alasfia , qui ell un Ouvrage de
Spiritualité , touchant la conduite des Sofis ou Religieux Mufulmans, Cet Au-
teur efl mort l'an 964 de l'Hegire.
KHEDHERKHAN. Nom d'un Roy très-puiflant , qui regnoit dans le
Turqueflan au de-là de l'Oxus, & qui avoit une infinité de Troupe? du temps
1 i i 2 que
436 K H E D R I. K H ï A M.
que Khedher Ben Ibrahim regnoit parmy les Gaznevides , & Malek fclrah par-
my les Selgiucides , avec lequel il entretenoit bonne correfpondance.
Ce Prince avoit à la Cour cent Poètes , dont A maki étoit le Chef , & fa
magnificence étoit fi grande , qu il ayoit pour fa garde fept cent Cavaliers ar-
mez de maires de pur or , & un pareil nombre d'autres , qui en portoient d'ar-
gent.
KHEDHRI. Nom d'un Scheïkh , duquel il eft fait mention dans le titre
de Sofi, cil il eft parlé de la définition d'un Religieux.
KHELAFIAT mandhoumat. Titre d'un Ouvrage de 2660 Vers, touchant
la Loy Mufulmanne., compofé par Abou Hafs O'mar Al Nallafi. Il fe trouve
dans la Bibliothèque du Roy, n°. 654.
KHEL ASS AT. Ce mot Arabe, qui fignifie Beurre le plus pur, & par mé-
taphore la partie la plus exquife de quelque chofe que ce foit , entre dans les
deux titres de Livres qui fuivent.
KHEL AS S AT alakhbar fi beian ahual alakhiar. Titre de l'Hiftoire uni-
verfelle , écrite en Perfien d'un Style très -élégant , par Mirkhond , depuis la
Création du Monde jufqu'à l'an 904 de l'Hegire. ^oyez le titre de Mirkhond.
KHEL AS S AT fil nahou. Titre d'une Grammaire Arabique écrite en mille
Vers, d'où elle eft aufîi appellée Alfiah. Son Auteur eft Ebn Malek , &. elle
fe trouve dans la Bibliothèque du Roy, n . 1103.
KHERD NAMEH. Titre d'une Vie d'Alexandre. Foyez celuy de Es-
kender Nameh.
KHERIDAT. Pucelle , Perle qui n'eft pas encore percée. Mot Arabe,
qui entre dans les titres de quelques Livres.
KHERIDAT alagiaïb. Titre d'une Géographie univerfelle, compofée par
Ebn Al Vardi.
KHERIDAT alcafllir v geridat alâffar. Titre d'un Supplément dû Livre in-
titulé letimat aldeher , de Thâlebi , jufques en l'an 597 de l'Hegire , lequel a
été compofé par O'madeddin Al Khateb. Cet Ouvrage fe trouve dans la Bi-
bhotheque du Roy, n°. 1167.
KHEZANAT alfekh. Titre d^in Ouvrage touchant la Jurifprudence Mu-
fulmanne, compofé par Samarcandi.
K H E Z E L G I E H- Voyez le titre de Sin.
KHI AL Benl xouffa. Les Penfées des enfans de Moyfe. Titre d'un Li-
vre de Secrets, dont l'Auteur eft inconnu.
KHI A M. Nom d'un Philofophe Mufulman qui a vécu en odeur de Sainteté
dans fa Religion ,. vers la fin du premier &.le commencement du fécond Siècle
de riijegire.
L'an
KHISCHAVENDI. K H O G E N D. 437
L'an 105 ou 106 de l'Hegire , un jour ce Phibrophe dit , étant en compa-
gnie de quelques-uns de fes amis : Mon fepulcre doit être en un lieu qui fera
couvert de fleurs tous les ans au pi-intemps. Un de ceux qui étoient prcfens;
& c'eft l'Auteur du Livre intitulé Mag'mâ alnauadir , qui raconte cet événe-
ment, dit alors en lui-même : r.ll-il poflîble qu'un homme li lage avance une
parole fi contraire à celle de Dieu , qui dit dans l'Alcoran : V ma tadhri nefes
beaï ardh tamaut ; Perfonne m fçait en quel lieu il mourra.
Plufieurs années après , cette même perfonne étant allée au printemps à Ni-
fchabour en Khoraflan , pour vifiter ce Perfonnage , qui étoit mort en réputa-
tion de Sainteté, trouva que fon fepulcre étoit au pied de la muraille d'un jar-
din , où les arbres chargez de fleurs & entrelaflez les uns avec les autres , le
couvroient tellement, qu'on ne le voyoit point; & cela lit qu'il rappella dans,
fa mémoire ce qu'il en avoit entendu dire autrefois.
KHISCHAVENDL Voyez le titre de Abouf A'bbas Fadhel Al- Esfa-
raïni.
KHIZIR. Voyez le titre de Khcdher.
KHODABENDEH. Surnom de Mohammed, fils d'Argoun khan, dif Al
Giaptou, douzième Prince des Genghizkhaniens. Voyez le titre de Al Giaptou.
KHODAIDAD. Ce mot qui fignific en Perfien Dieu -donné, eft le nom
d'un Général d'Armée &- d'un Gouverneur du Turkcfl:an , fous les ordres de
Tamerlan.
KHODAISER. Nom d'un gros Bourg du Khoraiïan , dans le Terroir de
Samarcande & de la dépendance de la Ville d'Ofroufchnah , fort peuplé & fort
connu par les voyageurs. JJl Lebab. Ebn Haukal, dans Aboul Feda,.
KHODDAM. Voyez \q titre de FadhI alkhoddam.
KHODRL Abou Sàïd Ben Maick Al Anfari , AI Khezergi , AI Medeni,
porte ce furnom d'un Village des environs de Medine , nommé Khodrah. C'ell
un des premiers Jurifconfultes du Mahometifme & des premiers Compagnons de
Mahomet. Il ell réputé le plus fçavant en Droit & en Traditions de tous les
autres Compagnons de ce faux Prophète. Sa mort arriva l'an 74 de l'Hegire ,
fous le Khalifat d'Abdalmalek. Rabi alabrar.
KHOGEND& Khogendah. Nom d'une Ville de la Tranfoxane , des dé^-
pendances de Farganah, fituée fur le Sihoun , qui porte auffi le nom de Fleu-
ve de Khogend. Il y a des Géographes qui luy donnent 90 degrés, 35 minu-
tes de longitude, & 41 degrés, 25 minutes de latitude Septentrionale;. & d'au-
tres 40 degrés , 50 minutes de latitude.
Suivant Aboul Feda, le Géographe Ahmed AI Khateb met fept journées de
diftance de Khogend à Samarkande, & quatre de la même Ville jufques à celle
de Schafch; & fuivant l'Auteur du Livre de Géographie, intitulé Al Lebab ,
c'eft une grande Ville environnée de beaucoup de jardinages qui portent des
fruits très - exquis. AI Bergendi en parle de la même manière dans fon cin-
quième Climat,, Voyez les titres de Farganah & de Gctah.
li i a_ KHOGENDL-
438 K H O G E N D I. KHONDEMIR.
KHOGENDI. Natif ou Originaire de la Ville de Khogend. Surnom d'un
Imam , lequel eft Auteur d'un Scharh ou Commentaire fur le Livre intitulé
Adab Al Kadhi, dont Iakoub Ben Ibrahim elt Auteur. Voyez ce titre.
KHOGENDI. Saïf eddin Ben Al Khogendi. Nom de l'Auteur d'un Ou-
vrage intitulé Boftan fil koraat, dans lequel il traite des Douleurs pour la Lec-
ture de l'Alcoran. Il efl mort l'an y^7 de l'Hegire.
KHOLCOTHORAT. Ketab Kholcotborat. Titre d'un Livre de Prefti-
ges & d'Enchantemens , qui le trouve dans la Bibliothèque du Roy, n". 1014.
Voyez le titre de Ramadat.
KHOLGIAN. Les Golfes de Mer, C'eft le plurier de Khalig', mot Ara-
be, qui fignifie entre autres fignilications Golfe de Mer.
Les Géographes Arabes comptent trois Kholgian ou Golfes principaux dans
nôtre Continent; à fçavoir, Bahr Fars, qui eft le Golfe Perlïque ; Bahr Al
Roum , la Mer de Roum, c'eft-à-dire , la Mer Méditerranée; & Bahr Khozar,
qui eft la Mer Cafpienne. Mais il eft conftant , que la Mer Cafpienne n'eft
pus un Golfe.
KHONDEMIR. Surnom d'un Hiftoriographe Perfien très-celèbre , que
quelques-uns appellent Emirkond ou Emir Khouand fchah. Mais atin que l'on
fcache quel eft fon véritable nom, il faut l'entendre parler luy-même dans fa
Préface de fon Abrégé de l'Hiftoire univerfelle , intitulé KhelalTat âlakhbar ,
dont on a fait mention cy-delfus, où il apprend aulîî quelques particularitez de
fa vie.
Il dit donc dans cette Préface , en parlant de luy-même : Il eft de la con-
noiftance de toutes les perfonnes doftes & intelligentes qui font la Partie la
plus heureufe de la Création, que le pauvre & miférable Serviteur de Dieu,
Gaïatheddin, fils de Hamameddin, furnommé Khond Mir ou Khondemir, auquel
Dieu veuille accorder tout ce qu'il defire & falfe finir hcureufement fes jours.
Dès qu'il eut atteint l'âge de la rajfon & du difcerncraent , il a commencé d'em-
ployer fon temps, comme il a continué de faire pendant le cours de fa vie,
à la lefture & à la recherche de l'Hiftoire, tant générale que particulière, re-
cueillant tout ce qu'il a trouvé d'utile & d'agréable dans les OuvTages des Hif-
toriens. Enfin, ayant été appelle auprès d'Emir Ali Schir, Seigneur doué d'u-
ne très-grande vertu, amateur & proteéleur ûcs Gens de lettres , il a eu l'oc-
cafion & le loifir d'étaler les connoiOances qu'il avoit acquifcs , & en luy in-
fpirant, de jour en jour, l'amour de l'Hiftoire , il luy fit naître le defir d'en
avoir les principaux Auteurs.
Ce fut l'an 904 de l'Hegire, qu'ayant raraafie, avec beaucoup de foin & da
dépenfe , une très -belle Bibliothèque, il en donna la garde & la direftion à
Khondemir , lequel d'abord ne penfa à autre chofe qu'à profiter d'un fi riche
dépoli.
Pour rendre l'étude de l'Hiftoire plus facile , il a donc crû qu'il falloit la
réduire dans un ordre plus méthodique & dans un ftyle plus abrégé, & ^il a
donné à fon Ouvrage, qui comprend ce qu'il y a de plus excellent dans l'Hif-
tei:e , le titre de Khclallat alakhhar fi beïan ahual alakhiar , c'cft-à-dirc , Livre
qui
K H O R A I. K fl O K A S S A N. 439
qui contient ce qu'il y a de plus pur & de plus exafl dans les Hilloires au-
tentiques & certaines.
Ce Livre comprend une Préface , dix Difcours & une Conclufion ; ce font
en tout douze Parties, dont la première traite de Ja Création du Monde, fui-
vant l'ordre des jours qui y furent emploj^cz; de Ja Qualité des Créatures , &
de l'afcendant qu'Eblis ou le Démon prit fur elles.
La féconde , parle des Prophètes , & de ccuv qui ont été envoyez de Dieu
dans le Monde.
La troifième, des Sçavans & des Hommes doftes.
La quatrième , des Rois de Perfc , & des autres Princes les plus anciens du
Monde.
La cinquième, de Mahomet, de fa Prophétie, des guerres qu'il a eues à foû-
tenir & des conquêtes qu'il a faites.
La fixièrac, des Khalifes , fucccffeurs de Mahomet, & des douze Imams ou
Pontifes de la Sefte d'A'li.
La feptième , des Khalifes de la Race d'Ommiah , appeliez Ommiades.
La huitième, des Khalifes de la Race d'Abbas, nommez Abbaffides.
La neuvième, des diiférentes Dynallies & Familles Royales, dont une partie
ont paru fous le rejne des Abbaffides , & les autres depuis l'extinélion de leur
Empire.
La dixième, des Enfans da Japhct , fils de Noé , de la NiilTance de Gin-
ghizkhan, de fon Empire & di celuy de fes defcendans.
L'onzième, de l'Empereur invincible & Conquérant du Monde Tamerlan, de
fon Empire & de fà poftérité jufqu'à nos jours.
Enfin la douzième contient l'Hiftoire particulière de la Ville de Herat , de
fes Edifices, de fes Jardins & des grands Hommes qui en font fortis.
Voilà ce que Khondemir dit de fa perfonne & d'un Ouvrage , qui commence
à la Création du Monde, & finit Fan 875 de l'Hegire & de J. t.'. 147 1 , fous
le règne du Sultan Holîîim Behadirkhan, troifième petit -fils de Tamerlan, le-
quel avoit chaire du trône ladighiar , autre petit-fils de Tamerlan. Il étoit fii-
jet de ce Sultan, comme il paroîc, natif de Herat, Capitale du Khoralian, où
les Enfans & Succefl'eurs de Tamerlan tenoient leur fiége depuis Schahrokh,
fils de ce Conquérant, rvycz les titres de Habib alfcïr & de Gaïatheddin Ben
Haraameddin.
K H O R A I. Surnom d'Ahmed Ben Nafiln* ou Nezir. Foyez le titre de
Vathek.
KHORASSAN. Nom d'une Province ou plûtoft d'un Pays d'une très-
grande étendue , dont nous domions icy la defcription telle que le Géographe
Perfien l'a donnée.
Premièrement, touchant l'origine de ce mot, il remarque que le mot de Khor
ou Khour fignifie Soleil , & alîan, Lieu habité. C'efi: pourquoy, par le mot
de Khorafilm, on entend une grande étendu? de pays du côté du Soleil, c'eft--
à-dire , du Soleil Levant , bien peuplé. Aulîî les Penfans de l'Iraque Perfique
difent, que le KhoralTan s'étend depuis Rheï , Ville de la Perfe Monraî^neufe,
c[ui s'appelle auiîî E'rak A'gem, Iraque Perfique, jufques à îvlatlilâ afitab, juf-
qucs
440 K H 0 R A S S A N I. K H O R R E M.
ques au Lever du Soleil : mais voicy de quelle manière il le décrit plus parti- .
culièrcment.
Le KhorafTan efl borné par un défert vers le Couchant du côté du Pays de
Giorgian & du Gebal, ou de l'Iraque Pcrfique. Vers le Midy, il a un autre
Défert entre la Perfe, proprement dite, & le Pays de Comas. Le Segellan &
les Lides vers le Levant, & le Mauaralnahar avec une partie du Turkellan vers
le Septentrion.
Le même Auteur décrit plus particulièrement le Défert qui efl au Midy, le-
quel efl d'une très-grande étendue. Il a une Partie des Confins de la Perfe à
fon Couchant, une autre partie & le Kerman au Midy ; au Levant une partie
du Mekran & une partie du Segeftan ; &, au Septentrion le Khoraffan & une
partie du Segeftan.
En allant du Khorafîlm en Perfe, du côté du Midy, la première Ville que
l'on rencontre , après avoir pafTé le Défert , efl celle d'Iezd. En allant vers
Ifpahan, on arrive à celle d'Ardeflan; vers le Kerman, une petite Ville appel-
léc Habeidh; & vers le Pays de Comas, les Villes de Semnan & de Damagan.
Dans cette grande étendue , le KhorafTan a quatre Villes Royales , où les
Rois qui y ont régné ont fait leur réfidence; à fçavoir., les Villes de Balkh, de
Merou, de Nifchabour & de Herat, dont il faut voir les titres particuliers. Le
Roy des Uzbeks ou Ttirtares , qui y règne aujourd'huy, fait fa demeure ordi-
naire dans celle de Herat.
Les anciens Rois de Perfe ont eu le KhorafTan fous leur PuifTance. Néanmoins,
l'Auteur du Lebtarikh remarque , que du temps de^ Narfi Ben Gudarz il étoit
occupé par Mouiad & par Ramin. Après la Conquête de la Perfe , les Arabes
s'en rendirent les Maîtres fous le Khalife Othman. Les Thahericns , les Sama-
niens, Mahmoud Sebekteghin & fes SuccelTeurs , & les Bouides y régnèrent les
uns après les autres. Les Selgiucides chafTerent les derniers, les Khouarezmiens
vinrent après & enfuite les Gaurides. Mais les Khouarezmiens y étant rentrez
une autre fois , en furent dépouillez par Genghizkhan , qui le laifTa à fes Suc-
celTeurs, lefquels y demeurèrent jufques à Tamerlan, qui le conquit fur eux &
le laifTi à fes Enfans; ceux-cy s'y maintinrent jufqu'à ce qu'ils furent contraints
de le céder aux Uzbeks, lefquels y régnent encore aujourd'hui , comme il a été
marqué , nonobflant les rudes guerres qu'ils ont eu à foûtcnir contre les Rois
de Perfe, de la Race qui y règne préfenteraenL
KHORA^SANI, Natif ou Originaire du Khoraffan. Abou Hafs Harcth,
qiii a travaillé fur Euelide, porte ce furnom. f^oyez le titre de OkHdes. f^oyez
auflî celuy de Abou Hamzat.
KHORDADB AH. A'bdallah Ben A'bdallah , Ben Khordadbah. Nom de
l'Auteur d'un Tarikh ou Ouvrage Hiflorique, dont Mafl'ôudi fait mention dans
fon Livre, intitulé Moroug' aldhahab. Ben Khordadbah efl mort environ l'an
300 de l'Hegire.
KHORREM. Nom d'un Pays voifm de la Ville d'Ardebil. C'cfl auffi ,
fuivant le Caherman Nanjeh , le nom d'une Ville bâtie par Caherman Catel ,
dans fine de Serandib , au pied de la haute Montagne oh Adam efl enterre,
fuivant la Tradition des Mufulraans , & où quelques-uns croyent qu'étoit le Fa-
radis
KHOSCHADAM. — ^ K H O S R 0 U. 441
radis Terreflre. Elle eft nommée de ce mot Arabe, qui fignifie Joyeux, à cau-
fe que c'étoic un Lieu de joye & de plaifirs. Voy2Z le titre de Serandib.
KHOSCHADAM AI Roumi. Nom du quatorzième Sultan ou Roy d'E-
gypte de la Dynallie des Circaffiens , quoiqu'il fût Grec de Nation , comme
rétoient auiîî Lagin & Ibek, qui l'avoient précédé.
C'efl un des plus excellens Princes qui ayent régné en Egypte. Son règne
fut de fix ans & fix mois, & il mourut l'an 872 de l'Hegire , âgé de plus de
foixante ans. Ebn Jofef,
KHOSCHKET. Nom d'une Ville fituée fur la Rivière de Schafch dans
le Mauaralnahar. II y a de Khaous , Ville de la dépendance de Samarcande ,
dont il a été parlé cy-defTus, jufqu'à celle de Khofchket, neuf parafanges.
Moul Feàa.
KHOSCHOUFGAN. Nom d'un gros Village ou Bourg de la Vallée de
So^d, dans le Mauaralnahar, que l'on a depuis appelle Ras alSantharah, la Tê-
te du Pont. Aboul Feda.
KHOSROU. On dit" auffi Khofrau & Khofrev. Nom commun àplufieui-s
Rois de Perfe, comme l'on peut voir dans les articles fuivans.
KHOSROU Ben Afchg. Khofrou fils d'Afchg, fécond Roy de Perfe de la
Dynaflie des Afchganiens , qui font les Arfacidcs , lequel fucceda à fon père.
Il régna douze ans , & Jefus-Chrill naquit fous fon règne , fuivant l'Auteur du
Lebtarikh.
KHOSROU Ben Balafchan. Kliofrou fils de Balafchan , dernier Roy de
Perfe de la Race des Afchganiens , lequel fucceda à fon Père & régna treize
ans. Il fut tué dans la guerre que l'Auteur du Lebtarikh appelle la Guerre des
Afchganiens ou Askaniens.
KHOSROU. Nom de Noufchirvan , Roy de Perfe. Voyez le titre de
Noufchirvan.
KHOSROU Ben Hormouz. Nom de Khofrou Parviz , XXIII Roi de Per-
fe de la Dynaflie des Saiîaniens , fils de Hormouz ou Hormiidas, &. petit- fils
de Chofroés, ou Noufchirvan Al A'dcl , Noufchirvan le Julie.
Plufieurs confondent ce Prince avec Ion ayeul , & enti'autres Texeira , qui
veut que Mahomet foit né fous fon règne, quoy que Mahomet luy-même té-
moigne qu'il efl né fous celuy de Noufchirvan, comme nous avons vu ci -de-
vant. C'efl ce Chofroés duquel nous parlons maintenant, qui fit une fi longue
guerre à l'Empereur Herachus qui le vainquit. Voicy ce que Khondemir écrit
de luy.
Auili-tôt qu'il eût pris pofl'efÏÏon de la Couronne de Perfe , après la difgrace
arrivée à fon père , Beheram Gioubin , qui Tavoit le premier promulgué Empe-
reur, en fe fervant feulement de fon nom, pour dépoffeder Hormifdas & pour
prendre fa place, fongea à fe défaire de ce nouveau compétiteur. Il alla droit
fe préfenter avec une puilfante armée à la vûë de Madaïn , Ville Capitale de
r Empire de Perfe, d'où Chofroés fortit auffi-tôt à la ête de fes Troupes pour
Tome IL K k k le
442 K « 0 S R O IT.
le combittre. Li b:itainc fe donna en un lieu nomme Nehervan , & Chofroés ^
qui la perdit , fut obligé de fe retirer dans la campagne. Mais fon père , qui
étoit prifonnier & aveugle connoiiïlint qu'il ne pouvoit pas y tenir long-tems
contre les forces de Bjheram, qui l'y afîiégea auffi-tôt , après la bataille , qu'il
venoit de gagner, luy confeilla de fe recirer fur les Terres des Grecs, & de
recourir à la proteftion de l'Empereur Maurice.
Cependant Hinlouï-ih & Botham , fes Oncles maternels , lui repréfenterent
qu'il ne devoit pas efpérer de pouvoir régner en paix, tant que fon père Hor-
mifdas vivroit, & qu'ils ctoicnt d'avis de le délivrer de cet embarras. On dit,
que Chofi-oés s'oppofà à ce deflein , mais qu'il ne put en empêcher l'exécu-
tion. En effet, fes deux Oncles, qui écoient déjà fortis de Madaïn avec. lui ,
tournèrent iur leurs pas, & firent étrangler Hormifdas avec la corde d'un arc,,
après quoi ils le rejoignirent avec grande diligence en un Monaftère, où ils re-
purent & repoferent pendant quelque temps.
Chofroés & fes Oncles étant encore dans ce lieu, on vint leui- annoncer que
l'Avant-garde de r..rmée de iî heram , qui les pourfuivoit , commençoit à paroî-
tre. I-îindouïah, fans le troubler, s'avifa d'un^ftratagême qui fauva la Couron-
ne à Cliofroés. Car pendant que ce Prince, qui avoit d'abord monté à che\'al,.
continuoit fon voyage pour gagner le Paj^s des Grecs', il s'arrêta dans ce Mo-
naftère & prit les habits Roj^aux de Chofroés. Les premières Troupes qui ar-
rivèrent, le voyant, crurent effe6livement que c'étoit le Roy, & ne paiferent
pas plus avant pour le pourfuivre , jugeant qu'il ne pouvoit leur échaper, &
qu'ils n'avoient qu'à attendre leur Commandant pour fe failir de fa Perfonne.
Le Chef de ces Troupes, nommé Siaoufchan , étant arrivé, Hindouïah, qui
avoit repris fes premiers habits , parut à une fenêtre & lui demanda quartier
pour le Roi jufqu'au foir, parce qu'il étoic beaucoup fatigué du chemin & qu'il
avoit befoin de repos. Siaoufchan lui accorda ce délai, & fit faire bonne gar-
de autour du Couvent, jufqu'à ce que la nuit approchant, il fit fommer le Roi
de fe rendre. Hindouïah parut une féconde fois au même endroit & lui dit,
que le Roi le remercioit de l'honnêteté dont il en avoit ufé en fon endroit , en
lui accordant un jour de repos ; mais qu'il lui auroit une obligation iHfinie ,
s'il vouloit bien y joindre encore la nuit , afin que le lendemain dès le point
du jour, il pût le conduire plus aifément au lieu où il lui plairoit.
Siaoufchan lui accorda encore ce qu'il demandoit , & le lendemain de grand
matin , toutes fes Troupes étant à cheval , il vint à la porte du Monaftère ,
pour prefièr le Roi de partir, & fit appeller Hindouïah, qui le fit attendre
long-temps. Enfin, le Soleil étant levé & n'y ayant plus aucun fujet de remi-
fe , Hindouïah parut & découvrit à Siaoufchan la rufe dont il s'étoit fervi pour
donner au Roy le temps de fe fauver.
Ce Capitaine confus de s'être laifle duper , n'eut point d'autre expédient h
prendre que celui de conduire Hindouïah au Camp de Beheram, pour lui faire
fçavoir tout ce qui s'étoit paffé , &. toute la vangeance que ce Général prit de
fon ennemi fut de l'envoyer en prifon.
Quelques-uns mettent Beheram au nombre des Rois de Perfe , après la fuite
de Chofroés hors de ies Etats ; mais ce règne fut de très-peu de durée. Car
l'Empereur Maurice ayant fort bien reçu ce Prince , lui donna en mariage fa
fille, nommée par quelques-uns Marie , & par les autres Irène, ce qui paroît
plus vraifemblable 5 parce que c'eft de ce nom que les Perfans ont formé celui
de .
K H O s R 0 U. " 443
de Schirin, mot qui fignifie doux en leur langue , dont ils ont appelle cette
même Princefle. Pkifieurs d'cntr'eux & d'entre les Turcs, ont même décrit en
vers les amours de l'un & de l'autre , fous le titre de Khofrou v Schirin ,
Khofrou & Schirin.
Chofroés demeura un an & demi avec les Grecs, & ce temps écoulé, l'Em-
pereur Maurice lui donna une puiflantc armée , fous la conduite de fon propre
tils, que les Perfans nomment Nathous, pour le rétabh'r. Il entra d'abord dans
l'Adherbijian , qui eft la Medie , où il fut joint par Hindouïah , fon Oncle ,
qui s'étoit fauve de la prifon , & avoit aiîemblé un corps de Troupes confi-
dérable,
Beheram ayant appris cette nouvelle, vint au-devant de lui avec toutes fes
forces; mais le bonheur favorifa les jeunes Princes dans la Bataille, & Beheram,
après une déroute honteufe, fut obligé de fuir dans le Turkeilan & d'implorer
la protefbion du Khacan , au fervice duquel il pafla quelques années. Mais en-
fui , il y fut empoifonné à la follicitation de Chofroés , avec lequel le Khacan
ctoit bien aife de vivre en bonne intelligence.
Après cette grande viéloire , Chofroés entra triomphant dans fa Ville Capi-
tale de Madaïn, où il reçut des Ambafladcs & des préfens de toute part. II
combla d'honneur & de bienfaits^ les Grecs qui favoient fi bien fervi & il les
congédia, après leur avoir auJIî reflitué quelques Villes de la Méfopotamie,
c.ue fon père & fon aveu) leur avoient ôtées. Mais quatorze ans après que
l'Empereur Maurice , qu'il regardoit comme fon père , avoit été mis à mort
avec tous fes enfans , à la referve d'un feul qui s'étoit réfugié à fa Cour , il
leur fit une très -cruelle guerre, & il leur enleva en très -peu de temps , non
feulement ce qu'il leur avoit rendu , mais encore plufieurs autres Villes des plus
confidérables de la Syrie.
Néanmoins , t hofroés ne put pas avec tous fes efforts , rétablir le fils de
l'Empereur Maurice. Car Phocas , qui avoit ufurpé l'Empire , eut Heraclius
pour fucceflcur , ce qui fut caufe dune guerre très -longue entre les Perfes &
les Grecs, dont l'ifTuë fut très-funefte k Chofroés, comme nous le verrons dans
la fuite. Mais auparavant , il faut dire quelque chofe du Trône de Chofroés ,
dont tous les anciens Hiftoriens ont parlé.
Ce Trône étçit un grand Palais d'une hauteur prodigieufe , & fon étendue
étoit fi vaHe , qu'il étoit foutcnu de quarante mille colomnes d'argent , to'ftes
rangées en divers ordres d'Architeîlure. Sa voûte étoit enrichie de mille glo-
bes d'or, lefquels avoient tous leur mouvement différent, & repréfentoient les
l'ianetes & les diverfes Conllellations du Zodiaque. Les murailles étoient pa-
rées de trente mille houfies eh broderie, tendues en plufieurs compartim^ns.
Sous ce Palais , il y avoit des voûtes feparées , où l'on gardoit des cr^T^rs
immenfes d'or, d'argent, de pierreries & de drogues prétieufes , & l'un de ces
tréfors portoit le nom de Badaverd , Apporté par le vent , à caufe de Tavantu^
re qui en rendit Chofroés le polfefièur.
L'Empereur Grec ayant fait charger ce • qu'il avoit de plus prétieux , Cm
une flotte qu'il envoyoit à Confi:antinople , le vent luy fut fi contraire , qu'a-
yant perdu fa route, elle fut jettée dans les Ports du Roy de Perfe , hv.nû
étoit pour lors Maître de toute la Syrie, d'une grande partie de ïAfu- Mineu-
re, de l'Ifle de Chypre & d- 1 Egypte. Ainfi toutes les richefl^es qu'elle per-
mit étant tombées entre les mains des Gouverneurs de Chofroés , furent in-
K k k 2 con-
^44 K H 0 S R O U.
continent envoyées à Madaïn, & mifes dans un des cent tréfors que ce Prince
pollcdoit, & qui porta depuis le nom de Hadaverd.
Entre les chofcs les plus précieufes de ce trétbr y il y avoit une certaine
quantité d'or ployable & maniable , fans le fecours du feu , auquel on donnoit
telle forme & telle figure que Ton vouloit; ce que Khondcmir exprime en Per-
fien par ces termes : Mikdari thalaï deft effchar kih bi âmel nar her tchih mik-
halt ez an mifakht.
Outre la magnificence de ce Palais , le Sérail de Chofroés ctoit rempli de
trois mille Filles de condition libre, & de douze mille Efclaves du même fexe^
toutes choifies entre les plus belles de fon Empire. Six mille hommes compo-
foient fa Garde ordinaire. Il avoit dans fes Ecuries fix mille chevaux ou mu-
les, deflinez pour fa perfonne. Douze mille chameaux de grande taille & huit-
mille de taille moyenne portoient fes bagages ; & il nourrilïoit continuellement
neuf cent foixante Elephans. Deux de fes chevaux ont confervé leurs noms
dans les Hiftoires de l'Orient, aulTi-bien que le Bucephale d'Alexandre ;^ l'un
s'appelloit Schebdiz & l'autre Barid , tous deux incomparables ; le premier , pour:
û vîtefle , & le fécond , pour fa beauté.
Emir ou Mir Alifchir , l'un des Perfonnagcs les plus do6les de fon fiècle ,
fous le règne des Enfans de Tamerlan, dit dans un de fes Ouvrages, que quoi-
que Chofroés eut été un des Princes les plus heureux de la Perle, & qu'il ait
furpaffé tous les Rois fes Prédecelleurs en puiflance & en richefifes; néanmoins,
qu'il eut pendant fii vie deux difgraces & deux malheurs les plus terribles qui
puilfent arriver à un homme fur la terre..
Le premier eft , qu'étant éperduëment amoureux de Schirin , cette Dame
n'eut jamais d'inclination pour luy , & qu'elle lui préfera Ferhad , qui fût af-
fez heureux d'être aimé de la plus belle perfonne qui fût alors fous le Ciel.
Lé fécond malheur qui lui arriva, fuivant le même Auteiu- , fut d'avoir re-
cette fa vocation au Mululmanifme ; car Mahomet, peu après fon hégire ou fa
fuite de la Mecque à Medine , lui ayant écrit pour lui manifefter fa Mi/îîon,
& pour le convier k embraifcr fa Religion , ce Prince opiniâtre dans fa fuper-
llition , & attaché au culte du Feu & des Altres , non - feulement refufa de fe
foûmettre à la croyance du vrai Dieu ; mais il eut encore un tel mépris de la
perfonne de Mahomet , qu'il déchira fa lettre. Mahomet ayant appris cette
aftion de Chofroés, dit ces paroles: Mazzak allah molkho kema mazzak ketabi ,.
Dieji déchirera fon Empire, comme il a déchiré ma Lettre.
Mais fi Chofroés fut malheureux dans ces deux rencontres, pendant fa vie,,
fa fin & fa mort furent encore plus defaftreufes. _ '
Mirkhond écrit que ce Prince, qui avoit fait mille belles aélions, les obfcur-
cit par un grand nombre de mauvaifes fur la fin de fon règne. C'efi; ce qui
obligea les Grands de fa Cour, qui ne pouvoient plus le fouifrir ,. de s'enten-
dre avec les Arabes, lefquels dès la neuvième année de l'Hégire, commençoient
déjà à fe faire craindre fous la conduite de Mahomet & de plufieurs autres Ca-
pitaines, qui fe rendirent célèbres en peu de temps par la Conquête de la Sy-
rie &,de l'Egypte. ^ / „ '
Les Sci'^neurs de Perfe s'étant donc faifis de la perfonne de Chofroés , 1 en-
fer mère nt^fous une de ces voûtes foûtcrraines , où il gardoit Ces tréfors & éle-
vèrent fi.ir fon trône fon fils Cpbad, furnommé Schirouieh. C'ell celui que les
Hiftoriens Grecs ^ Latios appellent Siroés.. Il ayoit. régné trente-huit ans, &
il
K H O s R O U. 4^^
fl'fut tué peu de temps après dans fa priTon , comme on le peut voir dans le
règne le Siroés fon fils , fous le titre de Schirouieh.
L'Auteur du Livre intitulé , Kamel altaouariivh , dit que le mot de Parviz
Cgnifie en ancienne Langue Perfienne, le même que Modhaffer, Viftorieux &
Conquérant. Mais celuy du Livre qui porte le titre de Mefatih alcoloub v
alôloum , veut que Khofrou parvis , fignitie Malek Aziz , le Roy puiifant.
Khondeinir.
Ben Cafchem veut que Perviz £n Langue Pehelevique, qui efl l'ancienne Lan-
gue des Perfans" fignitie PoilTon & que Chofroés fut ainfi furnommé , à caufe
qu'il aimoit la pefche & le poilfon.
Il faut remarquer, que les Perfans difent indifi'eremment Perviz & Aperviz
&c que ce dernier mot, par fa compofition , fignifie ce qui va, ou ce qui mar-
che dans l'eau, ce qui efl: le propre du poilfon.
Le mot de Perviz fignifie aufïï en Perfien le même que Pervin, la Conftel-
lation des Pléiades , ou comme le vulgaire l'appelle , la Pouffinière , & par mé-
taphore, ce qui brille, ou ce qui a de l'éclat.
Le Poëme Turc dans lequel les amours de Khofrou & de Schirin font dé-
crites , parie ainfi de la caufe pour laquelle il fut furnommé Perviz : Bou
Khofroulik nifchanin teïz vourourlar: Adini Khofrou Perviz vourourlar: Guren
kilardi gian v dil beraviz : Ani dimifchier ol fchehzadehi Perviz. C'eft-à-dire>
On luy mit la Couronne Royale de Perfe fur la tète , &. on luy donna le noni
de Khofrou Perviz. Ce furnom de Perviz luy fut donné , à caufe qu'il ravilfoit
les efprits & les coeurs de tous ceux qui le regardoient. Cela veut dire , qu'il
fut furnommé Perviz, comme qui diroit Beraviz, qui enlevé, & qui charme..
Ben Schohnah dit, que Chofroés bâtit une Ville du nom de fa Maîtreli'e Schi-
rin, fituée entre les Villes de Huluan, &* de Khanekin , & que fur la fin de
fes jours il devint avare & cruel , . fe tenant toujours enfermé dans fon Palais
pour garder fes trefors. Il ajoute, que Schirin étoit Muficienne, ou Chanteu-
fe, & que c'étoit par fa voix, que Chofroés avoit été enchanté.
A'bdalrahman, dans l'Hiftoire de Joieph , & de Zulikhah ', dit: Lizzet êfchki
boulraalfah Perviz: Lebi Schirinden eileïdi ghiriz. Si Perviz n'eut pas trouvé
de la douceur en aimant , il fe feroit éloigné de la voix de Schirin fa Maîtreife.
Un autre Auteur rapporte , que Chofroés difoit à fa Maitrefli : Ma ahfari
hadha alraolk lau dam; la Royauté feroit une belle chofe , fi elle duroit tou-
jours ! Schirin luy répondit: Lau dam, ma entekal elaïna : Sicile dm-oit, elle
ne feroit pas venue jufques à nous.
Touchant le bonheur ie ce Prince, les Auteurs Orientaux rapportent , qu'il
eut encore celuy de retirer du fonds du Tigre, une pierre prétieufe qui .y étoit
tombée, par le moyen d'une autre pierre, nommée la Reine des i^ierres. royez
le titre de Schah Gouheran.
, Ebn Batrik écrit que Chofroés, après avoir été rétabli dans fon Empire par
l'Empereur Miurice, luy demanda fi fille en mariage. Maurice luy fit réponfe,
qu'il ne pouvoit pas la luy donner, s'il ne fe failbit Chrétien. Chofroés qui
âimoit paffionnément cette Princefi:e fit ce qu'il fouhaitoit. Mais ce fut con-
tre le fentiment des Grands de fa Cour, qui luy avoient reprefenté ,' que les
Chrétiens n'obfervoient pas les- Traitez qu'ils faifoient, & qu'on ne- pouvoit pas
fè fier à leur parole.
Suivant ie même Auteur, Chofroés déclara la guerre à Phocas, pour vange?
K-kk 3,. la.1
44^ K H O S R 0 U. KHOSROU-SCHAH.
la mort de Maurice Ton Beau-pere. Il prit la Ville de Damas, & celle de
Jerufalem avec l'aide des Juifs qui fe joignirent à luy , & dans cette dernière,
ils firent un terrible carnage, & defolerent toutes chofes. Il ajoute que le Pa-
triarche Zacharie fut fait prifonnier , & que parmy les riches dépouilles, Chof-
roés emporta le pal de la Croix de Jefus Chrill, que Marie, Reine de Perfe,
fa femme qui étoit Chrétienne, obtint de luy, avec la liberté du Patriarche,
& qu'elle garda cette prétieufe Relique avec grand foin.
Aboul Farage rapporte aulîî ces particulariÊez de la Vie , & du Règne de
Chofroés. ~ * ^
Ce Piince ayant été obligé d'abandonner fa Capitale & de prendre la fuite,
arriva à la Ville de Menbage en habit de gueux , où il écrivit à l'Empereur
Maurice qui éroit alors dans la huitième année de fon règne, pour luy deman-
der fa proteftion. L'Empereur ne luy' répondit pas feulement très - favorable-
ment; mais il Taffifta encore d'un fecours fi puifTant, qu'il luy donna lieu de
vaincre Beheram , l'ufurpateur de fa Couronne , en bataille rangée , entre les
Villes de Madaïn & de Vaffeth , & de remonter ainfi fur fon trône.
En reconnoilfance d'un bienfait fi fignalé , Chofroés rendit aux Grecs , les
Villes de Dara & de Miafarekin, & lit bâtir dans cette dernière Ville , deux
Eglifes aux Chrétiens; l'une en l'honneur de la Ste Vierge, & l'autre en l'hon-
neur de S. Sergius, Martyr.
Quand ce Prince eut appris, que Maurice, qu'il appelloit fon père, eut été
aiTaiîîné, il fit la guerre à Fhocas, & reprit les Villes de Dara, Amid, & Halep.
L'Empereur Heraclius luy envoya des Ambaffadcurs pour lui demander la
paix; mais il refufa de la luy accorder , & continuant de luy faire la guerre
comme il l'avoit faite k Phocas, il p;-it Antioche , Apamée, Emeffe & Cefarée.
L'an cinquième de l'Empire du même Heraclius, il prit Jerufalem, & trois ans
après, Alexandrie, & toute l'Egypte avec la Nubie. Il pénétra enfuite du côté
de Conftantinople par l'Aiie Mineure, jufques à Chalcedoine qui fe rendit.
L'an 15, du règne du même Heraclius, il fit la Conquête de l'Ifle de Rho-
des ; mais la même année Heraclius , le défit , & prit la Ville de Madaïn fa
Capitale.
KHOSROU. Nafîireddin Khofrou Al Esfahani. Nom de l'Auteur du Li-
vre, intitulé Al Seïr ahiàdham fil hekmat, qui ell un Ouvrage de Morale.
KHOSROU. Naffer Khofrou. Nom d'un Perfonnage célèbre dans le Mu-
fulmanitine, par fa vie exemplaire & toute fpirituelle. Foyez le titre de NalFer.
KHOSROU. Foyez le titre de Moula Khofrou.
KHOSROU V Schirin. Titre d'un Roman écrit en Langue Perfîenne par
Nazami , dont il ell parlé un peu plus haut dans le titre de Khofrou Perviz.
Voyez aufîî le titre de Nazami.
KHC^ROU-SCHAH Ben Beheram fchah. Nom du quatorzième .Sultan
jde la Race de Sebekteghin, ou de la Dynaftie des v-'aznevides , lequel fucceda
à fon père Beheram fchah, fan 544. de l'Hegire, & de J. C. 1149.
Ce Sultan ayant appris que Halfan Ben Hoffaïn, flirnommé Hauri, ou Gouri,
s'appro.clioit de Gaznah pour vanger la mort de fon frère Souri , que Beheram ,
père
K H O s R O U Z A D E II. K H O T AN* 4 ^r
père de Chofrou, avoit fait mourir ignominieurement . il quitta fa Ville Capi-
tale, & s'enfuit aux Indes où il po.TeJoit de grands Etats.
' Cependant (îouri étant entré dans la Ville de Gaznah fans troiu'er de refi-
ftance, il la pilla, la démolit, la brûla, & y JaiiHi toutes les marques de fa fu-
reur & de fa vangeance , avec un furieux carnage de fcs habitans ; après quoy
en.quittiint ce Pay.s-là, il y établit pour Princes, ou Gouverneurs , Gaïatheddin
& Schchabeddin fes Neveux, qui depuis devinrent tous -deux Sultans.
Ces Princes lirent fi bien par leurs addrelfes , qu'ils attirèrent Khofrou fchah
des Indes où il ctoit, dans le Pays de Gaznah, où il vint fe jetter fort im-
prudem uont entre les mains de les ennemis , qui ne furent pas fi-tôt Maîtres
de fa pcrfonne, qu'ils l'envoyèrent prifonnier dans un Château où il palfa dix
années de captivité avant qu'il mourut , ce qui arriva l'an ^^5 de l'Hegirc.
Khondjtnir.
Mirkhond, au rapport du même Khondemir, écrit que Khofrou fchah s'étant
fauve dans l'Indoftan , y régna fort paifiblement, & établit le fiége de fon Em-
pire à Lahor, & qu'y étant mort, il eut pour fuccelfeur , fon lîls Khofrou,
lequel ayant été attaqué par les Princes de la Maifon des Gaurides , fut dé-
fait en bataille rangée , fait prifonnier , & gardé dans un Château jufques à
fe mort.
L'Auteur du Leb Tarikh rapporte , que Khofrou fchah fut fait prifonnier
ran55>, & qu'il mourut après dix ans de captivité l'an 56s de l'Hegire , &
qu'en luy h Miifon des Gaznevides prit fin, aulîî-bien que leur Dynaflie , qui
pafia err celle des tJaurides; c'efl:-à-dire , aux Princes de la poflerité d A'ia eddin
Gouri, ou Gauri. Fuyez les titres de Gouri, & de Gazneviat.
KHOSROUZADEH. Surnom de Mofl:hafa Ben Mohammed, lequel a
traduit en Langue Turque, la Conquefte de l'Iemen, ou de l'Arabie heureufe,
faite par Sukan Te'im, premier du nom, Empereur de Conftantinople. Le Livre
dans lequel cette Conquefte efl décrite , efl; intitulé Bark Al lemani , dont il
faut voir le titre.
Khofrouzadeh efl mort l'an 978 de l'Hegire.
KHOSSAIB. Nom d'un Ethiopien, Efclave de Maroun Al Rafchid, auquel
ce Khalife donna le Gouvernement de lEgypte. C'eft le même que Hozaïb,
duquel il efl parlé dans le titre de Harou.i Al Rafchid , où l'on peut voir la
raifon qu'eut ce Khalife de donner aux Egyptiens ce Gouverneur qui étoit très-
ignorant & très-groffier.
K H OTAN, & Khotcn. Nom d'un Pays du Turkellan, fuivant les Auteurç
citez par Aboul Feda , fitué au de-là de Bourkend , & en de-çà , ou plus bas^
que Cafchgar, dont la Capitale qui efl très-peuplée, porte le même nom. La
Longitude de cette Ville, fuivant les Tables Perfiennes, efl de 107 degi-ez &•
la Latitude de 42 ^grez, &, fuivant l'Auteur du Canoun , fa Longitude efl
feulement de loo degrez, 40 minutes, &, fa Latitude de 43 degrez , 30 minu-
tes. Ce Pays eft à 1 extrémité du Turqueflan , & il efl arrofé Je plulieurs'
rivières, dans le cinquième Ch'mat.
Al ergendi place aufîi le Khotan dans le Turkeflan, dans fon cinquième Ci-
mat, & ajoute que c'eft un Pays des plus peuplez, &, coupé de beaucoup de
rivières..
44? * K H O T H A B. K H O T H A T H.
En marquant que le Khotan eft à l'extrémité du Turkeftan , Aboiil Feda
infinuë ce que plulîeurs Auteurs femblent fignifier plus clan-ement; celt-a-dire,
que c eft la Partie Septentrionale de la Cliine , appellée autrement Khathai,
Ce peut être auffi la ' Partie de la Tartarie qui borne la Chine du côté du
Septentrion. Ainfi, Tchin v '{hotan , que Ton trouve joint enfemble en quel-
ques Auteurs, fignifie Cliine Méridionale, & Septentrionale, ou la Chme, &
la Tartarie. ,
Il y a pourtant lieu de croire , que le Khotan eft dans la Chme, parce quil y
îi une Province appellée Cara Khotan , le Khotan Noir, qui pourroit être la Tar-
tarie, ainfi nommiée , ou à caufe qu'elle eft couverte de bois , comme le Pays
de Cara Bogdan, la Moldavie Noire , ou à caufe de la Barbarie de fes peu-
ples; de même que la Mer Noire eft appellée par les Turcs , Cara Degniz;
à caufe qu'elle -eft orageufe , & fujette à de grandes tempêtes qui caufent la
perte d'un grand nombre de Bâtimens de Mer.
On trouve auffi fouvent le mot de Khatha, joint à celuy de Khotan. Ainfî»
il femble que Khatha v Khotan, fignifie la même chofe; à fçavoir, la Tarta-
rie, de même que Tchin v Matchin fignilie la Chme en gênerai.
Quoyqu'il en foit , le Pays de Khotan v Khatha , eft celuy d'où vient le
Mufc Le Tradufteur & Paraphrafte de l'Anuar Sohaïli , en la Langue Tiir-
aue fous le titre de Humaioun Nameh, écrit: lok zemanindah ietim megher
durri A'den: loktur eïamindah khonin dil, megher miski Khoten. En fontems,
il n'y a pas d'autre Orphelin que la perle de la Mer d'Aden: Sous fon règne
il n'y a point de cœur enfanglanté, finon celuy du Mufk de Khoten. Le Mufc
eft un faiïg qui s'amaiTe auprès du nombril de l'animal , qui porte le nom de
Misk, d'où le mot de Mufc tire fon origine.
Un Poëte Perfan fait mention du Mufc de Khoten dans ces beaux Vers:
Elthaf dilnevaz tou âmed befoui mcn : Kuftem megher nefim lliba ez tchemen
refid • la karvan misk zeraï Khoten refid. A l'approche vers moy de vos fa-
veurs qui charment mon cœur, j'ay dit: C'eft le Zephir qui apporte avec luy
une fi bonne odeur, après avoir pafie par deffus une Praine émaillée de fleurs
odoriférantes, où le Ciel a brûlé du bois d'Aloés fur les charbons du Soleil;
ou bien enfin, c'eft une Caravane chargée du Mufc de Khoten, qui arrive.
KHOTHAB. Plurier du mot Arabe, Khothbah , qui fignifie, Sermon,
Prône , Harangue , Difcours. Il en fera parlé plus bas. Ce mot entre dans
le titre du Livre fyivant.
KHOTPIAB. Sermons. Titre d'un Ouvrage qui contient un Recueil de
Sermons prononcez par Ebn Nobatah, lefquels ont été expliquez & commen-
tez par plufieurs Auteurs. Ces Sermons fe trouvent dans la Bibliothèque du
Roy, n^. 635.
j^, KHOTHATH, & Khethath. Plurier du mot Atabc , Khetthat , qui figni-
W fie,. Ligne, Propos, Ville, Contrée de Pays; à caufe que les Villes & leurs
dépendances font couchées par écrit dans les Archives des Princes , afin qu'ils
en tirent leurs droits. C'eft dans ces dernières fignifications, fuivant Hagi Khal-
fah, qu'il y a des Livres Arabes qui portent ce titre. Ployez l'Article fuivant.
KIÎOTHAT
K H 0 T H A T. K H O T B A T. ^>^g
KHOTHAT Mefr. Les Villes de l'Egjrpte. Titre de la Defcnption du
Royaume d'Egypte que plufieurs Auteurs ont faite, tant fous ce titre que fous
'd'autres. Le premier qui en a écrit fous celuy-cy , eft Abou O'mar Mohara-
n?ed Ben louffouf Al Kendi , Al Cadhi. Il a été fuivi par Abou Mohammed
lien Selam Al Codhaï, fous le titre d'Al Mokhtar fi dhekr alkhothath v alathar.
Mais l'Ouvrage le plus eftimé fur cette matière , eft celuy de Macrizi , inti-
tulé A! Mouaheb v alctebar fi dlickr Al Khothat v alathar. f''oysz le titre
de Macrizi.
L'Ouvrage de Macrizi a été traduit en Langue Turque par Emir Ibrahim Al
Dcfteri, & publié l'an ^6^ de l'Hegire.
KHOTHBAH. Il eft parlé de la fignification de ce mot Arabe un peu
pUis haut , dans le titre de Khothab , dont on dira encore icy quelque chofe
de plus précis.
C'efl proprement une efpece de Prône, ou de Sermon, qui fe fait particu-
lièrement dans la principale Mofquée de chaque Ville, après la prière ordinaire
du Midy. On lotie Dieu dans ce Khothbah, on célèbre la mémoire de Maho-
met •, & du temps des Khalifes , fouverains Pontifes & Empereurs des Muful-
mans, on faifoit des prières, des vœux, & des acclamations, pour la profperitc
de celuy qui regnoit, & pour la longue durée de fon règne, & pour céluy qui
ctoit defigné fon fuccelTeur.
Cet honneur fut refervé aux Khalifes fculs jufques en l'an 205 de l'He-
gire , que Thaher , Roy du KhorafTxn , s'étant révolté ouvertement contre le
Khalife Al Maraon, fit fupprimer fon nom dans le Khothbah, & y fit pronon-
cer ces paroles: Allahom, aflah ommat Mohammed berna aflahto bihi : Seigneur,
faites profperer le peuple, auquel vous avez fait la grâce de donner Mahomet
pour Prophète. Khonderair en faifant mention de cet attentat , dit , que le
même jour de cette nouveauté , la fièvre fe faifit de Thaher , & qu'il mourut
peu de jours après.
Depuis ce* temps-là, les Princes qui fecouërent le joug des Khalifes, palTe-
rent encore plus outre. Car non feulement ils fupprimerent le nom du Khalife
dans les prières; mais ils firent encore faire ces prières & ces acclamations fous
leur nom propre ; de forte que cela joint à l'autorité de faire battre monnoye
à leur coin , étoit la marque de leur fouveraineté & de leur indépendance.
Néanmoins, quand ces «Princes étoient en bonne intelligence avec les Khalifes,
ils faifoient faire ces prières pour celuy qui regnoit en même temps qu'eux,
& pour eux mêmes, en le faifant nommer le premier, & lorfque la Race des
Khalifes Abbalfides fut éteinte , chaque Prince Mahometan fit faire ces prières
dans fes Etats pour luy feul , & en fon nom feul , comme il s'obferve encore
aujourd huy dans l'Empire des Turcs, des Pcrfans, des Mogols, & des Uzbeks,
l'oyez le titre de Khalifah, où vous verrez que les Khalifes faifoient eux-mê-
mes cette prière, ou ce khothbah, chaque vendredy.
Quelques Livres portent auffi le titre de Khotbàh. Foycz les deux articles
qui fuivent.
KHOTHBAT A'ii. Difcours d'Ali. Titre d'un Ouvrage dans lequel la lettre
Elif ne fe rencontre point. Il fe trouve dans la Bibliothèque du Roy, n . 723.
Tome IL LU KHOTBAT
45» K H O T H B A T. K H 0 U A G E H.
KHOTHBAT alfoffih. Le Difcoiirs éloquent. Titre d'un Ouvrage com-
pofé par AbourOla Ahmed Ben A'bdallah Al Mocri, Dofteur pour la leéture
de l'Alcoran , lequel eft mort l'an 949 de l'Hegire. 11 a luy-même fait un
Commentaire fur fon propre Ouvrage , pour en expliquer les mots Arabes les
plus particuliers & les plus difficiles.
KHOTOLAN, & Khotol , que quelques-uns appellent auffi KhotJan, Nom.
d'un Pays fitué au- de-là de Balkh , en approchant du Turquclîan , entre les
rivières de Vakhfchah ^ & de Harrat , qui le feparent d'avec le Pays de Badakh-
fchan, dans le quatrième Climat. Tout le Pays eft partagé en deux grandes
Contrées ; en celle de Khotol, & de Vakhfch, qui ne font l'une & l'autre qu'une
feule Nation fous un feul Gouvernement , & chaque Contrée a fa Ville princi-^
pale qui porte le même nom.
Les Tables Perfiennes donnent en particulier à la Ville de Vakhfch 92 degrez,
20 minutes de Longitude , & 37 degrez , 40 minutes de Latitude Septentrionale^
Tout ce Pays en gênerai qui a eu fes Rois particuliers , eft fort fertile ,
arrofé de plufieurs rivières, couvert de bois & d'arbres fruitiers; & l'on trouve,
môme de l'or mêlé avec le fable , dans les torrens qui defcendent dans fes
Vallons..
Outre Khotol, il y a encore deux Villes dans le Khotholan; Halaouerd , &
Laoukend. Aboul-Feda.
Les Turcomans s'établirent premièrement dans le Khotolan , avant que de.
paflcr le Gihon, comme on Je peut voir dans le titre de Turkman.
KHOTOLL Natif ou Originaire du Khotolan. Surnom de plufieurs Pex--
fonnages qui font forcis de ce Pays.
KHOUAF, & Khaouaf. Nom d'un Bourg du Khoraflan, d'où le Scheikh
Zein eddin , Do6leur fameux parmy les Mululmans , qui en étoit natif, ou;
originaire, fut furnommé Al Khouafi.
KHOUAGEH, & Khogiah, fuivant la pronojiciation des Turcs. Mot Per--
ficn, qui eft auffi en ufage chez les Arabes & chez les Turcs, pour fignifier pro-
prement , un Vieillard , & par métaphore , c'eft un titre que l'on donne par
honneur aux Marchands, aux Hommes de lettres, à ceux qui enfeignent, aux-
Précepteurs, &; à ceux qui font attachez particulièrement à i'obfervation exacle
des Préceptes de la Religion , & qui pafient pour Dévots. Il convient fort
bien avec la fignification de iMaître tel, Mefîîre tel. On le trouve plus ufité
dans les Ecrivains Modernes, que dans les Anciens; & il eft demeuré pour fur- -
nom à quelques Auteurs, & à quelques perfonnages illuftres.
KHOUAGEH Afendi , & Khogiah Efendi ,. commue les Turcs le pronon-
cent. Surnom de Sâad eddin Ben HolTaïn, Auteur de l'Hiftoire Ottomanne,
intitulée Tag' altaouarikh. l^oyez ce titre, & celuy de Sâad eddin.
Ce furnom luy a été donné , parce qu'il a été Précepteur du Sultan Murad,
fils de Sultan Selim fécond, fous lequel il eut une très-grande autorité dans les
affaires, lorfqu'il fut arrivé à l'Empire; & cela fuivant la coutume obfervée à
la Cour Ottomanne, qui eft qu'à l'avencment du Prince, le Précepteur à qui il
a, été confié , demeure auprès de lui pour lui fervir de confeil. Il a le pas
devant. le Nakib, qui eft le Chef des Scherifs , qui portent le Turban verd, &
qui
KHOUAGEH. K H O U A R E Z E M. 45^
qui defcendant de la Race de Mahomet , va devant les Cadhileskers & il ne
le cède qu'au grand Vizir & au Moufti , comme le remarque Heza'rfen , ou
Hoiraïn Efendi, dans fon Canoun Nameh. Depuis-ce temps-là, Khogiah Efendi
parvint k la dignité de Moufti.
Kl-IOUAGEH Raflan. Le Maître des Perfonnes juftcs & équitables. Sur-
nom de Nadham almolk. ^oyez ce titre.
KHOUAGEH Refchid. Nom d'un Vizir, Auteur du Livre, intitulé Giamû-
altaoarikh. f^oyez ce titre.
KHOUAGEH Ilgar. Nom d'une petite Ville du Pays de. Schafch, Patrie
de. Taraerlan, dans la Tranfoxane. frayez le titre de Ilgar.
K HOU A K END. Nom d'une Ville du Mauaralnahar , ou de la Tran-
foxane, de la dépendance de Farganah , fuivant Al Bergendi, dans fon cinquième
Climat. Aboul Feda la met auffi fous la même dépendance, dans la Contrée
fiiperieure de NefFa , & luy donne, après les Tables Perfiennes , 90 degrez,
50 minutes de Longitude, & 42 degrez de Latiiudc Septentrionale.
KHOUAREG'. l^oyez le titre de Akhbat Al Khouareg', qui efl un Ou-
vrage de Mairôudi.
KHOUAREZEM, & Khouarezra. Nom d'un Pays fitué en partie en deçà
du Gihon, ou de l'Oxus', du côté du Khoraflan, & en partie au delà, du côté
de Mauaralnahar , ou de la Tranfoxane.
Al Bergendi écrit, qu'il a à l'Occident & au Septentrion, le Pays des Turcs
ou le Turkeftan, la Tranfoxane à l'Orient, & le Khoraflan au Midy. Il y a
encore de ce Pays -là, cinq ou fix journées pour arriver à l'embouchure de
rOxus, & l'on ne trouve point de Villes daps tout cet efpace.
Suivant le même Auteur, le Khouarezm efl un Pays fort froid, & la Ri.
vicre y gelé, & fa Capitale, que plufieurs appellent Kouarezra , du nom de
4.out le Pays , fe nomme , Korkang' , ou Giorgianiah , fuivant les Arabes, II
aioûte que les Habitans de ce Pays, ont une inclination fi grande & tant de difpo-
fition pour la Mufique, que leurs enfans crient & pleurent en fredonnant. Ils
ont l'efprit plus fin que ceux de Samarcande, & ils s'addonnent fort à la Poe-
fie. Tout le Pays elî entouré de Delerts.
A'rabfchah convient de cette Defcription dans fon Ouvrage , intitulé Akhbar
Timour, qui eft la Vie, ou l'Hilloire de Tamerlan.
Nonobitant la Defcription d'Al Bergendi , il y a d'autres Auteurs qui étendent
le Khouarezm jufqu'à l'embouchure de l'Oxus, fur le rivage de la Mer Cafpienne.
Ce fut dans ce Pays que Caï Khofrou , troifième Roy de Perfe de la Race
des Caïanides, défit & tua Scheïdah, fils d'Afrafiab ; & cette Victoire, à caufe
de la facilité avec laquelle elle fut obtenue par les Perfans , donna le nom à
toute la Province ; car Khouarezem , en leur Langue , fignifie Viftoire facile.
Il paroît par-là , que le Khouarezm avoit été fouvent le théâtre de la guerre
entre les Rois du Turqueftan & les anciens Rois de Perfe , qui en font demeu-
rez plus long temps polîeiTeurs que les premiers. Après les Perfans , les
Arabes s'en rendirent les Maîtres au nom des Khalifes. Les Samanides . les
L 1 1 2 Dcf.
452 K H O U A R E Z M I.
Defcendans de Mahmoud Scbckteghin, les BouiJts, les Selgiucides, êcles Khoua-
rezmiens, le redaifirent ibus leur Empire fùcccffivcincnt. Ginghizkhan en dé-
pouilla Mohammed Khouarezm fchah, après un ficge long & obfliné de fa Ca-
pitale, qui fut enlîn emportée par la valeur d'Okcaï khan r1ls de Ginghiz khan.
Les Succeffeurs de Ginghizkhan le tinrent jufqu'cà ce que Tamerlan les en chaf-
fa & enfin, les Uzbeks l'ont, ôté à la poilerité de Tamerlan, & il eft aujour-
d'huy une Partie de leurs Etats.
Après Korcsng' les principales Villes du Khouarezm font, Cath, Zamakh-
fehar , d'où étoit le fameux Zamakhfchari , qui a commenté l'Alcoran , Heza-
rasb, Daràn, & Ferben. La Ville de Cath eft à l'Orient du Gihon, éloignée
de quarante Parafanges de Cariath hadithah , Ville du Turkeftan , &. celle de
ilezarasb, qui ell une place très -forte, efl: à l'Occident du même fleuve, éloi-
gnée feulement de huit parafanges de la Ville de Cath , félon le témoignage
d'Al Bergendi, qui a auHî remarqué, que le Khouarezm eft à l'extrémité du
Gihon, ou dé l'Oxus , de même que le Pays de Badakfchan , ou du Thokha-
rcftan, eft à fon commencement.
Al Bergendi dit, qu'il y a dans le Khouarezm une Rivière qu'on appelle du.
même nom, dans laquelle le Gihon fe jette. Mais d'autres Auteurs veulent que
ce ne foit pas une Rivière , mais un Lac , au de-là du Khouarezm , dans ie-
qviel le Gihon, fe jette véritablement, après avoir roulé. fes eaux par un dcferc
qui s'étend depuis ce Pays jufqu'au Lac.
l^oyez le Livre, intitulé Afchâar Al Khouarezmiah..
KHOUAR-EZML Natif ou Originaire du Khouarezm. Plufieurs Auteurs
célèbres qui en font foitis, portent ce furnom, comme on le, peut voir par les
Articles îliivans.
KHOUAREZML Cothbeddin Ahmed Berakat Manfour Al Khouarezmi.
Nom d'un Dofteur Traditionnaire des Mufulmans, lequel a recueilli après Bok-
hari, les Traditions que les Mahometans tiennent être émanées de Mahomet,
fous le titre de Ahadith Al RalToul. Ce Recueil contient cinq mille deux cent
foLxante nx de ces Traditions, & fe trouve dans la Bibliothèque du Roy, n°. <^g6.,
KHOUAREZML Aboubekr, fils de la Sœur d'Abou Giafar AlThabari,
porte ce furnom. l^oyez le titre de Abou Giafar.
KHOUAREZML Aboul Farag' A'bdalrahman Ben A*li Al Khouarezmf.
Nom de l'Auteur du Livre intitulé, Alikam alafchâar beaklam alefchâar , lequel
eft. mort l'an de l'Hegire sc)-/.
KHOUAREZML Mohammed Ben Daoud Al Khouarezmi. Nom d'un
Auteur qui a traduit du Perfien en Arabe, un Livre, intitulé Efma alnabi , les
Noms du Prophète, dans- lequel il eft traité des difFerens Noms- que Mahomet
a portez^.
KHOUAREZML Thaher Bea Salem, Ben CafTem, Al Anfari, AI Khoua-
rezmi. Nom de l'Auteur d'un Livre, intitulé Ke^ab Al Giaouaher, qu'il publia
V,an,. 771. Cet Ouvrage eft dans la Bibliothèque du Roy, n^. 629.
KHOUAREZML
K H 0 U A R E Z M I. K H O U R X H. 453
KHOUAREZMI. Surnom d'un Auteur de qui le nom propre n'efl pas
connu, lequel a comporé un Ouvrage, intitulé Mahfoul li êlm alolibul , dans
lequel il elt traité des Fondemens de Ja Religion Muf'ulmanne. C'eft un Ab-
Bregé du Moilalàlî de Gazali, qui le trouve dans la Bibliothèque du Roy, n°. 705.
KHOUAREZMT. ZamakTchari , natif de Zamakhfchar , Ville du Khoua-
rczra, a au/li porté ce furnom. rcyez l'on titre.
KHOUAREZMI. Foyez le titre de Bakalli.
KHOUAREZiM-L Foyez le titre de Barkani. •
KHOUAREZMI. Foy^z le titre de Ebn Al HaretH.
KHOUAREZMIOUN. Nom que les Hilloriens Arabes donnent aux
Sultans d une Dynaltic très-puifFante , qui s'éleva du temps des Selgiucidcs , &
qui a fubfifté pendant 138 ans , depuis l'an 491 jufques en l'an 628 de l'Hegi-
re. On leur donne aufïï le nom de Khouarezm Schahan , Khouarezm-Scha^
biens, parce qu'ils poitoient en particulier le titre de Khouarezm fchah.
n y a neuf Sultans de cette Dynaftie , qui ont régné dans l'ordre qui fuit.
Le premier efh Cothbcddm iMohammed Ben Houlleghin Gurgeh , lequel a re-
gné- ou plutôt gouverné la Province de Khouarezm pendant trente ans , car il
n'étoit pas abfolu.
Le fécond, Atfiz, fils de Cothbeddin Mohammed, lequel a gouverné en tout
20 ans, & qui a été Maître abfolu pendant treize ou dix-huit ans.
Le troillème. Il Arflan, fils d' Atfiz, lequel a régné fept ans.
Le quatrième, Solthan fchah, fils d II ArOan, qui a régné vingt-un ans.
Le cinquième, Takafch, fils d'il Arfian, lequel a régné huit ans & demi.
Le-fixième, Cothbeddin Mohammed Ben Takafch- ou Takafch klian, qui a ré-
gné vingt & un ans.
Le fcptième, Rokneddin Gorfang'.
Le huitième, Gaïatheddin Mirfchah.
Le neuvième, Gelaléddin Manbek Berni ou Borni, & Mankberni.
Ces trois derniers ont régné entre eux à diverfes fois onze ans , jufqu'en
Tan de l'Ikgire 628, comme le témoigne l'Auteur du Nighiarifl;an, d'où la lill(3
de ces Sultans a été tirée. U faut voir le titre d'un chacun en particulier.
KHOUBEK. Foyez le titre de Tarikh Khatha.
K H O U I L A D Ben Khaled Al Hezîr. Nom d'un Poëte Arabe , furnommé
Abou Dhouaïb Al Catel.
KHOUISCH Khalil Al Roumi; Foyez le titre de Falànbeki.
KHOURDEH & Aïardeh. Titre de deux Livres, dont on veut qu'Abi-a--
ham oii Zoroaflre foient Auteurs.
KHOUREH. Nom d'une Ville,. qui donne le Nom au ho Kuriftan , Pro^
vince de Perfe. Elle a été bâtie par Darab, fils de Bahaman , ancien Roy de
Perfe. .
LU 3 KHOUREHFARS;
454 " KHOUREHFARS. KHOZA'I.
KHOUREHFARS. Nom d'une Ville de la Perfe , bâtie par Ardefchir
Babeghan, laquelle a été rebâtie par A'dhad aldoulat. Sultan de la Dynaltie des
Dilcmites, & nommée Khaïrabad. Lebtarikh,
KHOUREHSCHAPOUR. Nom d'une Ville bâtie ou plutôt rebâtie par
Sapor, Roi.de Perfe, furnommé Dhoulaktaf; car c'efl: la même que la Ville de
Sous ou Schoufter, que nous nommons Suie, dans le Khouziltan, que nous ap-
pelions la Sufiane. Foyez les titres de Schoufter & de Khouziftan.
KHOURTSTAN. Nom d'une Province ou d'un Pays de la Perfe, à la-
quelle la Ville de Khoureh , dont on vient de parler un peu plus haut, adon-
né le nom. Néanmoins, il femble qu'il faut lire en plufieurs endroits Khour-
ziftan, au lieu de Khouriftan , à caufe que dans la Langue Arabique le Re &
le Ze ne font différens que par un point , qui diftingue le dernier d'avec le
pa-emicr, & les Copiftes font fujets à obmettrè ce point.
KHOURSCHAH Rokneddin. Nom du huitième & dernier Roi de la Dy-
naftic des Ifmaëliens de l'Iran. Foyez le titre de Rokneddin. ,
KHOUZ. Nom d'une Ville qui a donné le nom à la Province de Kouzi-
ftan, laquelle a été depuis appellée Firouzabad.
KHOUZ AI. Voyez le titre de Mafia ib.
KHOUZ I, Natif ou Originaire de la Province de Khouziftan. Ebn Khouzi
eft l'Auteur d'un Livre d'Hiftoire, intitulé Tarikh moncathem.
KHOUZI STAN. Nom d'une Province d'alTez grande étendue, fituée en-
tre la Province de Fars & le Pays de Baiforah. Elle a du côté du Couchant
les Plaines de Valfcth, Ville de i'Iraque Arabique; au Midy, tout le Pays qui
s'étend depuis A'badan , Ville fituée à l'embouchure du 'J ygre dans le Golfe
Perfique jufques à Dourat; à l'Orient, la Province de Fars; & au Septentrion,
l'Iraque Perfique & le Gcbal , c'cft-à-dire , le Pays de Montagnes , où la Ville
dlfpahan eft fituée.
Cette Province eft toute en Plaines fms aucune Montagne , & la Province de
Lor y étoit comprife autrefois. Le Géngraphe Perfien dans fon fécond Traité.
Le Khouziftan eft la Province que nous appelions la Sufiane , dont la Ville
de Schoufchter ou Toufchter eft la Capitale.
Voyez le titre de Ahouaz, Province qui fait partie du Khouziftan. Voyez auffi
celuy de Lor.
KHOZAA'. Titre d'un Poëme touchant la Mort, compofé par A^bdalha-
mid. Voyez le titre de Farma.
KHOZA'I. Takieddin Aboubekr Al Khozaï. Nom d'un Auteur qui a fait
un Scharh ou Commentaire fur le Livre d'A'laeddin Al Hanbali , intitulé Oi-
foul allegiam, touchant les Principes de la Religion Mufulmanne, félon les pré-
ceptes de la Sede de Hanbal.
KHOZAIMAR
K H O Z A I M A H. K H O Z A R. 455
KHOZAIMAH. Mohammed Ben Ishak, Ben Khozaïmah. Nom d'un Doc-
teur celcbi-e en Traditions JMufulmaines. Il écoit contemporain de Mohammed
Ben Giorair Al Thabari , Auteur d'un Commentaire fur l'Alcoran , & d'une
Hifloire.
Ben Khozaïmah ctoit originaire de la Ville de Nifchabour en Khoraflan , &
il avoit reçu les Traditions d'A'bdalâli & celui -cy de Schafêï, II mourut l'an
311, & Thabari l'an 310 de l'Hegire.
KHOZAR & Khazar. Nom du fépticme fils de Japhet , l'un des frères de
Turk , fuivant les Hiiloriens Orientaux , lorfqu'ils parlent de l'Origine des
Turcs, des Tartares & des Mogols. Voicy ce qu'en dit Mirkhond dans la Gé-
néalogie de Ginghizkhan.
Khozar s'étant feparé d'avec fes frères, qui s'établirent tous en difFcrens en-
droits des Pays qui font compris dans la grande Tartane , arriva fur le bord du
Fleuve Etel , qui eft le Volga , & y fit bâtir une Ville , à laquelle il donna
fon nom, & fit femer à l'entour du millet, qui eft le feul grain qui croît dans
ce Pays-là. On dit de luy qu'il étoit Kiemazar & Kiem kuftar, c'efl - à - dire ,
paifibfe, bienfiifant & homme de peu de paroles.
Le Pays , de même que fes Habitans qui s'appellent Khozariens , a retenu
le nom de cette Ville. Il eft fitué au Septentrion de la Mer Cafpienne , &
s'étend depuis le Volga en tirant vers le Levant. Il a auffi donné fon nom à
la Mer Cafpienne, que les Géographes Perfiens appellent Bahr khozar, la Mer
de Khozar.
C'eft dans le même Pays que regnoit ce Roy appelle Cozri , qui fe conver-
tit à la Religion Juïve , par les entretiens qu'il eut avec un Dofteur Juif,
nommé Rabi Jehoudah , lequel à cette occafion compofa le Livre Hébreu ,
intitulé Sepher Cozri , qui a été imprimé par Buxtorf , avec une Traduftion
Latine.
C'eft de -là auffi que font fortis ces Kharariens , connus pareillement fous le
nom de Turcs , qui ont couru en diverfes inondations , une Partie de l'Afie ,
depuis l'an 100 jufqu'en l'an 200 de l'Hegire, Car au lieu de Kharaiùens , il
faut lire Khazariens ou Khozariens,
Ebn Al Vardi dans fon Livre, intitulé Kheridat alàgiaïb , dit, que la Mer
Cafpienne eft appellée Mer de Khozar , & qu'elle eft entourée du Pays de mê-
me nom, du Ghilan, du Dilem, du Thabareftan & enfin du Giorgian , qui va
jufqu'au Khouarezm , fitué vers l'Embouchure de l'Oxus , ou du Gihon. On
peut par cette defcription corriger ailement la fituation de la Mer Cafpienne.
Al Bergendi , en décrivant les Pays de Khozar , en fait Belengiar la Ville
principale. Il y place auffi celles de Siahkoueh & de Saraï. l^oyez ces titres.
Le Pays de Capchak eft voifin de celuy de Khozar, &.même ils font fou-
vent confondus l'un avec l'autre. Pour empêcher les Courfes des deux peu-
ples, Noufchirvan, Roy de Perfe, avoit fait bâtir une muraille, pour les tenir
renfermez au de-là du Mont Caucafe. Foysz le titre de Derbend & celuy de
Serir aldhahab.
Aboul Farage écrit, que les Khozariens font les mêmes que les Geoi-giens, &
en parlant de ceux qui habitoient vers le Derbend ou les Portes de Fer , qui
font à l'Occident de la Mer Cafpienne, il remarque, que dans l'incm-fion qu'ils
fij ent -
45^ K ï. K I A T.
firent fur les Mufiilmans , fous le règne du- Khalife Haroun Al Rafdhid , ils en
enlevèrent cent mille qu'ils menèrent en captivité.
Les Khozariens ont eu leurs Rois particuliers , & l'on trouve dans FHifloire
d'Ebn Batrik, que l'Empereur Hcraclius obtint de celuy qui regnoit fur eux de
fon temps, un grand fecours contre les Perfans; & que pour cela , il luj' avoit
promis un trône, c'efl-à-dire , une féance honorable dans les allcmblécs de fon
Palais Impérial.
Abdalmalek, cinquième Khalife de la M?Jfon des Ommiades , ayant entrepris
de faire la guerre aux Khozariens, & les ayant attaqué dans l'Arménie, il les
fit brûler dans leurs Eglifes, &. il les d-lit enfuite à Bab alabo.uab , cefi-à-dire,
aux Portes de fer. Ceux qui refterent après la bataille , fe firent Muiulmans.
Ebtî /Il /hnid.
Edrilîi écrit dans fa Géographie, que chez les Khozariens il étoit libre à un
chacun de faire profcfîîon de telle Religion qu'il vouloit , & Ahmed lien lof-
fef le confirme , en difant qu'il y avoit des Mafulmans , des Chrétiens & des
Juifs mêlez parmy eux.
On remarquera encore touchant le Sepher Cozri , dont il eft parlé au com-
mencement de cet article, qu'il fembîe que l'Auteur du Livre Hébreu , qui por-
te le titre de Meor ênaïm, doute s'il y a jamais eu un tel Roi des Khozariens,
qui ait embrafie la Religion Juive, comme ri.'\utcur du Sepher Cozri veut le
faire croire. Il fe peut faire, que cet Auteur ait feulement voulu p .r-là donner
du crédit à fon Ouvrage.
K I. Nom de la fixième Partie du fécond Cj^cle des Khathaïens & des Igu-
riens, lequel étant joint avec le premier Cycle qui eft duodenaire , fert pour
compter leurs jours, qui font au nombre de foixante, de même que les nôtres
font au nombre de fept , & forment la femaine. Voyez le titre de Tarikh
Khathaï.
Suivant cette manière de compter les jours parmi cette Nation , Ki-Siz eft le
nom du fixième jour des foix'ante; Ki-Maou, le feizième; Ki-Tchion, le vingt-
fivième; Ki-Kaï, le trente-fixième; Ki-Iou, le quarante -fixièmi^ & Ki-V'i, le
c^nquante-lixième.
■KIAIA Buzruk Umid Roudb.ir. Voyez le titre de Buzruk Umid.
Kl AN G A RI. Nom que les Turcs donnent à l'ancienne Ville de Gangra,
en Natolie.
Kl AT v Dîrlighin. Kiat & Derlighin Nom de deux Peuples entre les
Mogols, lefquels ont tiré leur origine de Khian, fils d'ilkhan , dernier Roy des
Mogols de la Race d'Ogouz & de fon coufin Teghouz , lefquels feuls , avec
leurs femmes , échaperent de la • défaite de leur Nation , qui arriva du tems de
Tour, fils de Feridoun , Roi de Perfe de la première Race, appellée des Pifch-
dadiens.
Ces deux Peuples furent produits & engendrez par ces quatre perfonnes, qui
s'étoicnt réfugiez à la Montagne d'Erkeneh koun , Mont inacceffible , d où étant
fortis, lorfque le g and nombrejles eut rendus puiflans, ils reconquirent leur an-
cien Pays natal & rétablirent l'Empire des Mogols. Mirkhond. Khond.mir dans
la Vie d'Jlkhan.
KIBGIAK
K I B G î A K. K I L A O F A T R A. 457
KIBGIAK & Kiptehak. Voyez le titre de Cabgiak.
KIBTH & Kibthi. L'Auteur du Mircat écrit, que c'cft le nom des Egyp-
tiens infidèles, appeliez en Turc Tchengheneh, qui font les mêmes que les Zin-
gari , ou Cingari en Italie , & qu'ils defcendent en droite ligne de Piîaraon &
de ceux qui fuivoient fun impiété. Nous appelions encore aujourd'hui en Fran-
ce , ces fortes de gens , des Egyptiens. Alais la vérité cil , que le mot de
Kibth fignifîe en général tous les Egyptiens qui font naturels du Pays , & qui
ne font pas Mahoraetans. On les appelle aujourd'huy Cophtcs , &: ils font tous
Chrétiens.
Dans un autre endroit , le même Auteur explique le mot de Kibthi , par
Ahel Mefr ou Mifr, c'ell-à-dire , Egyptien , & il ferable, que comme le mot
de Mifr vient de l'Hébreu Mifraïra , de même aufli celuy de Kibth' vient de
l'ancien mot, qui étoit propre à la Langue du Pays d'Egypte.
Le Géographe Perfien dit, que le mot de Kifc cil le nom d'une Ville de la
Thebaïde fupérieure , éloignée du Nil de la dillance de fepi: Pa'^afingcs , qui
font environ quatorze licuës , & que tous les habitans étoient hércd;]ucs, de
fon temps, ou Infidèles, c'eil-à-dire , Chrétiens, parce que ceft amfi que les
Mahometans ont coutume de les appeller. C'ell l'ancienne Ville du Coptos qui
a retenu fon premier nom Egyptien , qui ell le même que Kibth. Voy^z cy-
dclTous le titre de Kift.
KIFT. Nom d'une Ville d'Egypte de la Province appellée Siïd Aàla, qui
efl la Thebaïde fupérieure. Elle n'cll éloignée du Nil que de fept Paraianges.
Tous les habitans font Infidèles, c'eft-à-dire , Chrétiens, fuivant le langage des
Mufulmans. C'ell ce qu'en dit A'bdalmoal dans le fécond Climat.
Cette Ville cil l'ancienne Coptos , qui a donné autrefois le nom à une des
Provinces de l'Egypte , que les Egyptiens appelloient Nomes , comme on le
peut voir dans Strabon , de forte qu'elle a été nommée par les Latins Nomus
Coptica.
Aujourd'huy, cette même Ville, que l'on appelle auffi Kibth, donne le non
à toute l'Egypte & à toute la Nation que les Arabes appellent Al Kibth, auf-
fi-bien que Mefr, qui cfb le nom tiré de l'Ecriture Sainte , à caufe deMifraïm,
fils de Cham, fils de Noé.
Ceux que nous appelions les Coptes ou Cophtcs , font les Egyptiens Chré-
tiens , qui ont encore une langue particulière , mêlée de l'ancienne Langue
Egyptienne & de la Grecque, que les Macédoniens y introduifirent en établif-
fant leur Dynaflie , & c'eil la Langue Coptiquc que les Arabes appellent Lou-
gat Al Kibth. Foyez cy-dcflus le titre de Kibth.
Kl G'. Nom d'une Province Méridionale de la Pcrfe. Foyez le titre de Ge.
laleddin Mankberni.
KILAOFATRA ou Calaofatra. Ceft la fameufe Cléopatre , Reine d'E-
gypte. Aboulfarage , en parlant d'elle , écrit qu'elle étoit doéle & qu'elle a
corapofé des Livres fur plufieurs fortes de fciences. Il ajoute qu'entre autres ,
on lui en attribu? un intitulé Canoun ; mais que d'autres difent être un Ouvra-
ge de Photin, excellent Arithméticien & Géomètre, qui- le compofa pour elle,
& qu'elle voulut bien fe l'adopter, parce qu'il étoit très-bien écrit.
Tome IL M m m KILIG'
45$ K I L I G'. K I L - K H A N.
KILIG' Arflan Ben Soliman. Kilig' fils de Soliman. Nom d'un Sultan de
la Dynallie des Selgiucides de Roiira , qui tenoiciit le fiége de leur Empire
dans la Ville d'iconium. Les Habitans de Mol'al ayant demandé du fecours
contre Giaouel, qui avoit fait prilbnnier Giakarmifch , leur Roy, & qui les te-
noit affiégez, il y alla à la tète de Ion armée, à obligea Giaouel, fur la nou-
velle de l'on approche , de lever le fiége. JMais l'ayant enfiiite pouriliivi , &
lui ayant donné combat fi.ir le bord de la Rivière de Khabour en Mclbpota-
mie, il arriva que fes gens ayant lâché le pied , il fut pourfuivi fi vivement ,
qu'il fut contraint de fe jetter dans la Rivière , d'où ion cheval n'ayant pu le
tirer , il y fut noïé , ce qui arriva l'an 501 de rilegire. j^boul Farage.
KTLIG'-ARSLAN Ben Mafioud, Kilig'-Arflan fils de Maiîoud. Nom d'un
autre Sultan de la Dynaftie des Selgiucides de Roum , petit -fils du précè-
dent,, lequel fe diflingua, non feulement par les guerres qu'il fit aux Grecs fes
voifins; mais encore par fa grande habileté à régner à la fatisfadion de fes
peuples , & par la bonne juftice qu'il leur rendoit.
Dans fa vieillefi^e, ayant partagé Çqs Etats entre fes Enfans, il fut traité par
eux avec beaucoup d'ingratitude & de mépris. Cothbeddin, l'un d'eux, fe fai-
fit même de fa perfonne & le tint prifonnier. Mais ayant déclaré la guerre à
un de fes frères , qui avoit eu la Ville de Cefarée de ^appadoce en partage
avec fes dépendances , & l'ayant mené avec luy au fiége de cette Place , Ki-
lig'-Arflan trouva le moïen de s'échaper de fes mains , & de fe jetter dans la
Ville.
Mais comme cet autre fils le regardoit aulîî avec mépris , il s'addreflTa à fes
autres fils , defquels il ne fut pas mieux traité. Néanmoins , étant enfin allé
trouver Gaïatheddin Caï Kofrou , ce fils partit avec luy pour aflîéger la Ville
d'Iconiûm, & l'ayant enlevée à Cothbeddin, par ce moyen Kilig'-Arflan fut
rétabli. Il mourut dans fa Capitale l'an 588 de l'Hegire , & y laifiTa fon fils
Gaïatheddin pour fon fuccefic^ur. Moiilfarage.
KILIG'-ARSLAN Ben Rokneddin. Kilig'-Arflan fils de Rokneddin. Nom
du troifième Sultan de la Dynafi:ie des Selgiucides de Roum qui porta ce nom.
Il fucceda à fon père étant fort jeune; mais Gaïatheddin Caï Khofrou fon on-
cle, qui s'étoit réfugié dans les Etats de l'Empereur de Confl:antinople , profi-
tant de fon bas âge , vint le furprendre dans Iconium , fe rendit maître de fa.
perfonne & s'empara de l'Empire de Roum. Aboulfarage.
yoyez le titre de Gaïatheddin Caï Khofrou.
KILIG'. Ebn Kilig'. Foyez le titre de Mogolthaï Al Mefri.
KILT G' Ebnaïg ou Enbaneg'. Nom du fils d'Ildighiz Atabek , lequel follî-
cita Takafch à la conquête de l'Iraque. F'oyez le titre de Takafch.
Kl LIS. Nom que les Turcs donnent à la Ville de Cliflà en Dalmatie.
KIL-KHAN. Nom d'un Prince des Mogols , fils de Toumenah khan &
frère jumeau de Fagiouli. Il_ fucceda à fon Père dans l'Empire des Mogols &
fut furnommé Elingek ou Alingek-khan , c'eil-à-dire , en Langue des Turcs ou
Tar-
K I M A K. K I M I A. 455
Tartares Orientaux, Confervatcur de fon Peuple, Père dîT Peuple. Il fut Trif-
ayeul de Ginghizkhan, & lailTii fix enfans ; mais on ne fçait le nom que de
trois, à fçavoir, de Ughin khan, Coubla khan & Bortan Béhadir.
U'^hin, qui étoit l'aîné, eft célèbre pour fa beauté. Un jour étant à la chaf-
fe, les Tartares, ennemis mortels des Âlogols, le firent prifonnicr & le condui-
fîrent devant leur Prince, nommé Altan khan. Ce Prince cruel, qui portoic
une extrême envie à Khil-Khan, ayant fon lils entre les mains, le fie enfermer
dans une échope de bois , où il mourut fort regretté des Mogols , pour les gran-
des efpérances qu'il donnoit de luy , & laifla la fucceffion à Coubla khan , fon
frère puifné. Khondemir.
KIMAK ou Kimal. Nom, fuivant Ebn Aluardi , d'une Nation des Turcs
Orientaux , lefquels habitent le Pays qui borne la Chine Septentrionale.
KIMAR. Cotheddin Kimar. Nom d'un Commandant général des troupes
de iVloftadhi, trente-troiûème Khalife de la Maifon des AbbaiTides. On rappor,
te plufieurs aftions de ce Perfonnage, dans le titre de Molladhi , que l'on peut
confulter; de forte que l'on fe contentera de rapporter icy feulement quelque^
autres particuiaritez de fa vie , dont les Auteurs font mention.
Kimar, félon Khondemir, étoit fi propre dans fa maitbn, ou plutôt, il avoit
porté fon luxe à un fi haut point , qu'il avoit dans fa garderobe une chaîne
d'or attachée au plancher , à laquelle il fe prenoit quand il avoit fait fes né-
ceflitez. Car les Mufulmans n'ont point de fiége élevé pour faire cette fonc-
tion , comme il eft en ulage chez les Chrétiens , & ce feroit parmy eux une
immondicité légale d'en avoir.
De plus, ce Général avoit dans ce même lieu un arbre d'or, dont les fruits,
qui étoient de la même matière, enfermoient, comme dans autant de calfolet-
tes, toutes fortes de parfums les plus exquis.
Mirkhond en fon Raouihat alfaffa, où il traite de la Vie de Moftadhj , ra-
conte auffi ce qui fuit, en parlant de ce qui fe palîà, lorfque la Maifon de Ki-
mir fut faccagée par le peuple de liagdet. On y trouva de très -grandes ri-
chefles, comme on peut le conjeélurer aifément de ce qui a été remarqué cy-
delfus après Khondemir.
Il arriva dans ce pillage , qu'un pauvre miférable ayant mis la main fur un
fac plein d'or , & craignant que les gens attroupez dans la maifon & dans les
rues ne le lui enlevalfcnt, s'avifa de le jetter dans une des marmites qui étoient
auprès du feu dans la cuifinc. Enfuite , ayant pris la marmite fur fa tête , il
traverfa ainû en grande diligence au milieu de tout le monde. Ceux qui le vi-
rent fe prirent à rire de ce qu'il s'étoit attaché à une marmite pleine de vian-
des, pendant que les autres emportoient des chofes fort prétieufes. Le pauvre
homme en continuant fon chemin fans s'arrêter , leur difoit : J'ay pris ce qui
eH préfentement le plus nécelfaire à ma pauvre famille , & il pafTa de cette
manière, fans danger de perdre fon butin-
Kl MI A. Les Arabes fe fervent de ce mot pour fignifîer non-feulement ce
que l'on appelle la Chymie , mais encore pour marquer une Science magique
& fuperftitieufe ; & en ce fens , ils la joignent fouvent avec une autre qui y
a du rapport , qu'ils appellent Simia , & dilent , Kimia v Simia , la Kimie & Ja
Mm m 1 Simie.
4<^o K I M I A, . K I R E S C H.
Simie. Ils défîfiiïent la Kimie: Maârefat alârouah alardhiat v ekhrag' lethaïflia
Iclentcfaâ beha, la connoilTance des Efprits terrcftres , pour tirer ce quil y a
de plus fubtil & pour s'en fervir. Et la Simie : êlm alarouah alôlouiat v eflen-
zal cauuaha lelencefaa beha, h. Science des Efprits fupérieurs, pour attirer leur.s
forces icy-bas & pour s'en fervir. f^oyez le titre de Simia.
Les Auteurs Mufulmans écrivent communément , les uns que la Chymie a
été inventée par Kiroun ou Caroun , qui eft Coré , duquel il cfl parlé dans les
Livres de Moyfe; & les autres, qu'elle luy a été enfeignée par Moyfe.
Les Orientaux ont- plufieurs Livres de Chymie, qui traitent de la Pierre Phi-
lofophale, dont plulîeurs font rapportez dans cet Ouvrage. Le plus fameux de
tous ceux qui en ont écrit eft Giaber, que nous appelions Geber. Foyez aufîi
eeluy de Ekfir.
Cependant, la Chymie n'eft pas moins décriée parmy ces peuples que parmy
nous. Sâdi écrit dans fon Gulillan: Kimiaker bcgulfeh murdeh v reng' : Eblch
en .1er kharabeh iaftch gheng'. Le Chymifte meurt avec la douleur & avec le
chigrin de n'avoir pas trouvé, par fon art, ce qu'il chcrchoit 5 au contraire,
le fou trouve un tréfor dans des ruines , c'eil-à-dire , dans les lieux , où il y
a le moins d'cfpérance d'en ti'ouver.
KIMIA affaâdet. Titre d'un Livre par demandes & par réponfes, dans le-
quel MohieJdin, qui en eft l'Auteur, explique la profeffion de foi des Maho-
metans , comprife en ces mots; La elah illa-llah, &c. Cet Ouvrage eft dans la
Bibliothèque du Roy, n*^. 617.
KIN. Nom d'une Ville de l'Iraque , bâtie par Tliamurath, C'eft auffî le
nom du premier jour du Cycle, duodenaire des Khathaïens. Foyez le titre de
Tarik Khatha.
KIRATH. Foycz le titre de Kerath.
KTRATOU. Nom dont les Turcs fe fervent pour fignifier la Ville de
Gratous en Servie, fituée auprès du Mont Hxmus ^ où il y a des Mines d'ar-
gent fort abondantes. Sultan Bajazet, premier du nom , fils d'Amurat, la prit
l'an 791 de FHegire, de J. C. 1388 ou 89.
KIRDABAD. Nom d'une Ville de Perfe , bâtie par Thamurath. Leb-
îar'ikh.
KIRESCH & Corefch. Nom dont les Perfiens appellent encore aujourd'hui
Cyrus , ancien Roy de Perfe. Les Juifs le nomment Corefch , & les Grecs
■■■L'Auteur du Lebtarikh écrit, que Cyrus tiroit fon origine des Asbath, c'eft-
à-dire, des douze Tribus; à caufe que fa mère étoit Juïve & fille dun des Pro-
phètes des ^Hébreux, quoique, du côté de fon Père, il dcfcendit de Giamasby
fils de Lohorasb, quatrième Roy de Perfe de la Dynaftie des Càïaniens*
Kirefch ou Cyrus, fuivant le même Auteur , fut envoyé par Bahaman , fils
d'Asfendiar, Roi de Perfe, à Habylone , pour y commander de fa part en la
place du fils de Bakhtalnafar , c'eft-à-dire , de Balthafar , fils de Nabuchodono-
for;' qui maitraitoit fi fort les Juife qui étoicnt Captifs dans cette Ville, afin
qu'il: les délivrât de tant de maux qu'ils fouffroient , & qu'il les renvoyât eit
leur.
K I R I. A C O U s. K I S. 4^r
leur Pays , comme il le fit , en leur permettant de rebâtir leur Ville & leur
Temple, f^oyp.z le titre de Baharam & celuy de Bakht alnaflar.
Ebn Batrik établit deux Cyrus , l'un en Babylone & l'autre en Perfe , & fé-
lon lui, il époufa MalTchat, fille de Salathiel, fils de Zorobabel , en faveur de
laquelle, il renvoya les Juifs en Jeriifalem.
Aboulfarage parle autrement de ce mariage. Il dit , que la Reine de Perfe ,
femme de Cyrus, étoit fœur de Zorobabel, fils de Salathiel , petit -fils de Joa-
chim , Roi de Juda , & qu'en fa faveur , Cyrus permit aux Juifs de rebâtir le
Temple de Jerulalem.
KIRIACOUS. Nom d'un Patriarche d'Alexandrie, que nous appelions Cy-
'iiaque , lequel s'oppofa à l'hérefie des Abraliamiens. l^oytz le titre de Ibra-
himiah.
KIRIx\T-NOUH. Bourg ou 'Ville de 'i^oé. Voyez le titre de Thamanin.
KIRILLOUS. Cyrille. Nom d'un Patriarche d'Alexandrie, duquel on a
un 'sermon, écrit en Arabe, fur la Sainte-Croix, prononcé le dix-feptième jour
du mois que les Egyptiens appellent Toth. Ce Sermon fe trouve dans la Bi-
bliothèque du Roy, n°. 792.
KIRILLOUS. Cyrille. Nom d'un Patriarche de Conftantinople de ces
derniers temps, lequel nous ell connu fous le nom de Cyrille Lucar. Il a été
accufé d'être Calvinifte , & il fut étranglé, l'an 1638 de J. C. , par ordre de
Morad, fils d'Ahmet , dix-feptième Empereur des Ottomans , pour lors abfent
de Confliantinople.
Kl ROUAT. Les Turcs appellent de ce nom un Croate, Habitant de là
Croatie, un lUyrien, un Efclavon.
Kl ROUAT Vilaieti. Nom que les Turcs donnent à la Croatie.
KIROUN & Caroun. N-om que les Mufulmans donnent à Coré , qui fut'
englouti dans la terre avec Dathan & Abiron. Ils le font Inventeur de la Chy-
mie , & d'autres veulent qu'il l'ait apprife de Moyfe. Ils rapportent plufieurs
chofes fabuleufes touchant fes richeiles immcnfes, & entre autres, que plufieurs
chameaux étoient dcflinez pour porter les clefs de fes coffres forts. Ils difent
aufli en Proverbe, Riche comme un Kiroun ou Caroun, quand ils veulent par-
ler d'un homme extrêmement riche.
KIS, Kifch ou Keïfch. Nom d'une Ifle fituée dans le Golfe Perfique ou
entre la Mer de Fars, qui efl: celle de la Perfe & celle d'O'man, qui efl la
Mer de l'Arabie, laquelle fait avec celle de Perfe, partie de l'Océan Indique ,
le long des Côtes de l'Arabie heureufc.
Cette Ifie a douze mille de circuit , & comme il n'y a pas . de fources d'eau
vive , les habitans font obligez de crcuier des puits , pour arroufer les jardins
qui y font très-beaux. On pêche aux environs les perles, qu'on appelle Perles
de Bahareïn; à caufc que la Ville, qui porte ce nom , cft fur la côte d.\ra. -
bic, qui regarde cette Ifle, & que l'on y pêche aulfi de fort belles perler, que
ies Habitans du Pays appellent Muruarid ou Maruarid. C'eft de ce mot que
M m m 3 vient:
4.6^ K I S C H. KISCHTASB
vient celuy de margarita , que les Grecs & les Latins donnent aux perleî. Ah-
dalmodl, dans la defcription du fécond Climat.
Les Géographes modernes appellent la même Ifle Kifcbmir , & la placent
fort proche de celle d'Ormuz.
Une autre li\e^ nommée Sallar, fe trouve auflî dans le même Golfe.
KISCH. Nom d'une petite Province de la Perfe, contiguë à celle de Mak-
ran , que Caï Khofrou , troilième Roy de Perfe de la Dynallie des Caïaniens ,
donna à Ferbir , ou fuivant quelques exemplaires, Fcrbiraz , fon Oncle pater-
nel. Les Portugais appellent ces deux Provinces, Cache, &, Makron. Teixcra
les appelle des Royaumes, en ces termes qui font tirez de fa Relation : Reynos
entre Goadel y los Abindos en la entrada del Sino Perfico.
KISCHTASB Ben Zou, ou Zav, & Zab. Kifchtasb fils de Zou, & Zav,
& Zab. Nom de l'onzième Roy de Perfe de laDynaftie, ou Famille des Pifch-
dadiens, lequel monta fur le thrône cwant la mort de fon Père, qui le luy céda
volontairement. Quelques-uns veulent qu'il fut feulement neveu, à non pas
fils de Zou, & 1' Auteur du Nadham altaouarikh dit que fa mère étoit hlle de
Mamoun, fils de Benjamin, un des Chefs des Iribus Juives, & que Roflani De-
flan, ce célèbre Héros des Perfans, defcendoit de cette lignée.
Kifchtasb foutint quelque temps la guerre contre Afrafiab Roy du Tu lue-
flan, qui s'étoit rendu maître de la plus grande partie de la Perfe. Mhs en-
fin, il fuccomba, & fut tué dans un combat qu'il doima contre les Turcs,
après avoir régné trente ans , ou bien feulement fix ans , félon le I arikh
Khozideh.
Il y a des Hifloriens qui ne le mettent pas au rang des Rois de Perfe, par-
ce qu'il ne joiiit jamais pacifiquement de les Etats, dont il ne polfedoit qu'une
très-petite partie.
L' \uteur du Tarikh Khozideh appelle ce Roy, non pas Kifchtasb, mais Gher-
fchasb , & marque qu'il étoit fils de Kifchtasb, oncle de Zou.
KISCHTASB Ben Lohorasb. Kifchtasb fils de Lohorasb. Nom du cinquiè-
me Monarque de Perfe de la Race, ou Dynaftie des Caïanides. Il fut première-
ment couronné en Alep, où Ion frerc le trouva lorfqu'il venoit de virecc en
Perfe , pour f:iire la guerre à fon pcre , & il le fut pour la féconde fois à
Balkh, par fon propre père qui luy céda iss Etats.
Ce fut du temps de ce Prince que parut Zerdafcht, ou Zoroaflre, Legiflateur
des Ghebres , ou Adorateurs du Feu , & il fut des premiers qui cmbraiferent là
Loy & fa fupcrfi:ition, & il fit paroître tant de zèle pour cette nouvelle Croyan-
ce, qu'il força tous fes Sujets de la fuivre, & qu'il bâtit en plufieurs endroits
de la Perfe des Mefchged , ou Pyrées, qui font les Temples des Mages , ou des
ignicoles.
Kifchtasb quitta la Ville de Balkh ou demeuroit ordinairement Lohorasb fon
père, & établit le Siège Royal de fon Empire dans celle d'iitekhar , qui eil
celle que les Grecs ont appellée Perfepolis , fituée dans la Province de Fars,
• ou de la Perfe proprement dite. On y voit encore plufieurs figures & plufieurs
grottes dans lefquelles ce Prince, & plufieurs de fes -ucceifeurs ont été enfe-
velis dans des Urnes, dont il relie encore des monumens dans la Montagne,
& dans
K I s C H T A s B. ^ 4^3
& dans h Plaine de cette Ville; ce c eil auprès du lieu que l'on appelle aujour-
d'huy Tcliehelminar.
Il n'efl pas hors de propos de remarquer en cet endroit , que tous les an-
ciens Rois de Perfe, qui ont régné avant le Mahometifme , ont été enfevclis en
trois manières. Les uns ont été mis dans dos grottes , ou cavernes , que l'on
trouvoit faites, ou que l'on creufoit dans la Montagne. D'autres ont été enfe-
velis dans la Plaine, où l'on élevoit au dciîus de leurs Icpuicres , des mon-
ceaux de pierre en forme de petites collines , comme les Pyramides d'£gy,ite
qui font les tombeaux des Rois de ce Pays-là. Entin , il y a plulieurs de ces
Rois anciens que l'on mettoit après leur mort dans des urnes Ibus terre , ce
qui étoit plus conforme à la doétrine de Zoroaflre, que Kifchtasb étudioic fort,
fe retirant fouvcnt fur la Montagne , pour s'appliquer entièrement à la Lefture
du Zend, qui efl, pour ainli dire, la Bible des Ignicoles.
Cependant, il arriva qu'Argiasb fils d'Afrafiab, Roy du Turqueftan , fit une
grande coLirfe dans le Khoralian , & faccagea la Ville de Balkh , ou Lohorasb
vivoit encore, menant une vie entièrement retirée & ne fe mêlant plus du gou-
vernement de fes Etats, qu'il avoit remis entre les mains de fon fils.
Argiasb ayant trouvé ce Vieillard dans Balkh , ne lépargna pas plus que les
autres, qu'il fit tous paffer au fil de l'épée. En avançant du côté de la Perfe,
il obligea Kifchtasb , de fuir dans la Parthe , qui cft la haute Perfe , dont les
palFages font inacceffibles à une grande armée, à caule des défilez qui fe ren-
contrent entre les montagnes.
Kifchtasb avoit un fils d'une valeur incomparable , nommé Asfendiar, qu' 1 '
tenoit enfenné dins un Château très-fort, nommé Zer Kunbudan; c'efl:-à-dir'j,
aux dômes & aux gijerites dorées , fitué fur la croupe d'une Montagne feparée
des autres, que rien ne commandoit à l'entour , & qui étoit appellée Ghird
Goueh , ou Koueh , la iVlontagne ronde , ou à l'entour de laquelle on peut
fkire la ronde.
Se trouvant réduit à l'extrémité d'avoir été contraint de fuïr devant l'ennemi,
& ne voyant rien à oppofer à Argiasb, que la valeur d'Asfendiar, il envoya fon
frère Giamasb, furnommé par les Hilîoriens , Al Hakim, le Sage, ou le Phi-
lofophe, au Château de Zer Kunbudan, pour donner la liberté à Esfendiar, &
luy conférer de fa part le commandement de l'armée, avec promelle de le met-
tre à fon retour , en pofieffion de la Couronne; &c de tous fes Etats . s'il chalibit
ce terrible ennemi de la Perfe.
Giamasb exécuta l'ordre du Roy fon frère , & Asfendiar ne fut pas plûtoft h
la tête de l'armée qu'Argiasb commença à lâcher le pied, ne pouvant foùtenir
l'effort des Perfans commandez par un ft grand Capitaine. Asfendiar le défit
enfuite entièrement, & le contraignit de repalfer le Gihon, & de fe fauver bien
avant dans le 'l'urqueftan jufques à Heftkhan, qui étoit fa capitale; mais ne s'y
trouvant pas en fureté, à caufe qu'Asfendiar le pourl'uivoit Loûjours , il fe retira
pour dernière rcflTource, au fort Château, nommé Rouiin-diz, le Château d'airain.
Par une bravoure inoiiie, Asfendiar fe déguifa en Marchand, & ayant ainfi
trouvé le moyen d'entrer dans cette forterelfe , il y tua Argiasb de fa main ,
& donna le Royaume du Turquellan à un des enfans d'Agrireih , frère d'Af-
rafiab, duquel nous avons déjà parlé.
Après une expédition fi glorieufe, le Prince de Perfe viflorieux retourna pour
recevoir des mains de fon père , la couronne qui luy avoit été promife. JNiais
ie
464 K I S C H T A S B.
le Vieillard , qui ne pouvoit fe refoudre à renoncer fi-tolt à l'Empire, luy dit
qu'auparavant il falloit qu'il le vangeât de Roftam qui s'ctoit fortifié dans le
Segeftan, & qui luy avoit manqué de refpefl.
Asfendiar obéit au Roy fon Père, & partît pour ranger Roftam à la raifon.
Mais après plufieurs combats donnez entre ces deux grands Héros , enfin Asfen-
diar tomba malheureufement d'un coup de flèche , qui luy perça le cœur , &
laiffa en mourant un feul fils nommé Bahaman , lequel fucceda à Kifchtasb dans
le Royaume de Perfe, après que ce Prince eut régné près de fix-vingt ans.
Entre les grands Ouvrages que Kifchtasb fit faire pendant fa vie, on compte
le Château de Samarcande, & une grande muraille de fix vingt parafanges de
long ; c'elt-à-dire , de deux- cent quarante lieues Françoifes , qui dcvoit fervir
de feparation entre les Iraniens & les Touraniens , qui font les mêmes que les
Perfans & les Turcs. Cette muraille étoit au de-là de Samarcande, & de cette
forte le Gihon , ou Oxus , ne fut plus le terme de feparation entre ces deux
grands Etats , comme il l'avoit été jufques alors. On dit aufli que ce même
Prince eft fondateur de la Ville de Beidha en Perfe, de laqu^slle étoit natif ce
Dofteur célèbre parray les Mufulmans, nommé Beïdhaoui*.
Deux infîgnes Philoibphes & des plus anciens , dont on ait connoifiance,
vivoient du temps de Kifchtasb, à fçavoir, Socrate, parmy les Grecs, & Gia-
masb, parmy les Perfans. Celuy-cy a été le plus grand Aftrologue de l'Orient,
& il efl l'Auteur du Livre intitulé Al Keranat, ou des Conjonflions , & l'on
tient qu'il étoit frère de Kifchtasb. Leb Tarikh.
Le Tarikh Montckheb ajoute peu de chofes à ce qui efi: rapporté dans le
Leb Tarikh touchant ce Roy. II s'étend feulement un peu davantage fur le
fujet de Zoroaftre; & l'on peut voir ce qu'il en dit, dans le titre de Zerdafcht.
Mais Khondemir , comme nous Talions voir , fait une detcfiption plus ample de
l'Hliloire d' Asfendiar.
Suivant cet Auteur, Kifchtasb fut un des Princes les plus puifiims & les plus
refpeftcz qui ayent régné dans fOrient. Mais il fe laiffa abufer mifcrablement
par Zerdafcht , ou Zoroallre , duquel il fuivoit la doftrine & les conlcils fi
aveuglement, que non content d'avoir établi le Magifme, ou la Religion des
Ignicoles dans tous fes Etats , il voulut encore l'étendre dans les pays de de-là
le Gihon; & pour cet cfict, il écrivit à Argiasb fils d'Afrafiab, Roy du Tur-
queftan, pour le convier d'embraffer la Religion, & luy refufa en même temps
les penfions ou fubfides qu'il avoit accoutumé de luy fournir , jufques à ce
qu'il eut fait profeffion de cette Loy.
Argiasb irrité au dernier point de cette propofition, prit en même temps les
armes, & marcha du côté de l'Iran. Kifchtasb de fon côté, alTembla aufli des
troupes, & marcha au devant de fon ennemi. Lorfque les armées furent en
prefence, ce fut en ce moment que Kifchtasb promit à fon fils Asfendiar, fi
par fa valeur il emportoit la viéloire fur les Turcs , qu'il l'éleveroit fur le
thrône de Perfe à fa place. La bataille fe donna, & Asfendiar fit tant d'aftions
de bravoure & de prudence au plus fort du combat, que les Turcs furent
renverfez , & que les Perfans demeurèrent viélorieux & maîtres du champ de
bataille.
Argiasb vaincu fut obligé de fe retirer dans fes Etats avec une armée fort
délabrée, & Kifchtasb retourna triomphant à Ifiihckhar où il faifoit fon fejour
ordinaire. Mais au lieu de faire couronner fon fils fuivant fa promeife, il luf
donna
K I s C H T A s B. ^6s
donna feulement les Gouverneraens de l'Adherbigian , ou de la Medie , & de
l'Arménie. Le Prince qui ne fut pas fatisfait d'une puilfance partagée , lorf-
qu'ii s'attendoit de l'avoir abfoluë, ne fe comporta pas dans ces Provinces d'une
manière agréable à fon père, qui le rappella à la Cour^ & l'envoya prifonnier
au Ciiltcau de Ghird-goueh, ou Ghird-koueh, comme il a été dit cy-deirus._
Aulîî-toll qu'Argiasb , Roy des Turcs , eut appris la difgrace d'Asfendiar , il fe
fervit de l'occafion, & crut que Kifchtasb s'étant privé, pour ainii dire, de fon
bas droit, en emprifonnant Asfendiar, il ne luy feroit pas difficile de le vaincre.
Il fe jetta donc dans le Khorallan avec une puilfante armée , il prit la Ville
Royale de Balkh, il la pilla, & tua le vénérable Vieillard Lohorasb, qui vivoit
encore, fit prifonnieres les Princeifes de Perfe, filles de Kifchtasb , & les en-
voya au 1 urqueftan pour être miles dans fon Serail.
A la nouvelle de cette irruption des Turcs & des grands defordres qu'ils
avoient commis, le Roy Perfan vit bien qu'il n'y avoit que fon fils Asfendiar
qui pull remédier à tant de maux. Il luy envoya Giamasb fon propre frère
pour luy promettre de nouveau la Couronne avec la liberté , s'il vouloit bien
fe charger de cette grande affaire, en l'aflurant par des fermens folemnels, qu'il
ne luy manqueroit plus de parole.
On dit, qu' Asfendiar a3'ant entendu parler Giamasb fon oncle, en ces termes,
rompit en fa prefence par la force de fes bras , les fers dont il étoit chargé ,
& qu'il alla de ce pas trouver Kifchtasb fon père dans le Château où la peur
qu'il avoit des Turcs, l'avoit contraint de fe retirer, & dès le lendemain il
partit pour l'armée qu'il devoit commander contre Argiasb. Peu de temps après
il joignit l'armée de l'ennemy , & luy donna un fi fui-ieux choc , qu'il le con-
traignit de fuïr au de-là du Gihon, comme il avoit fait la première fois.
Kifchtasb fe voyant délivré d'un enncmy fi redoutable par la pure valeur d2
fon fils, luy fit beaucoup de careifes à fon retour, ik. luy dit, qu'à la vérité il
meritoit la Couronne de Perfe ; mais qu'il y auroit pour luy de la honte à la
porter pendant que fes fœurs étoient captives entre les mains de -fes ennemis.
Ce difcours fit rougir Asfendiar, en luy faifant connoître que la viftoire n'étoic
pas complète. Il retourna donc fur fes pas ; & ayant fait un choix fur toute
l'armée , de douze mille chevaux & de douze mille hommes de pied , accom-
pagné de fon frère puifné , appelle Befchouten , il prit la route du Turque-
Itan, pour achever de tirer vangeance d'Argiasb,
Il y avoit trois chemins pour arriver à Rouiindiz, la principale & la plus forte
place du Turqueftan, où Argiasb faifoit fil refidence. Le premier, aifé & faci-
le, étoit ceîuy des Caravanes; mais il étoit très -long, & il falloit fix mois de
temps pour faire le voyage. Le fécond étoit plus incommode , car , on n'y
trouvoit que très-peu d'eau & de fourage; mais il n'étoit que d'un mois. Le
troifième enfin, étoit par des montagnes & par des bois que l'on pouvoit faire
en une femaine ; mais prefque impraticable , à caufe des neiges & des bètcs
farouches, que Ton y rencontroit fréquemment, & ce chemin s'appelloit Hcft
khouan , ou Heft khan : c'ell-à-dire , les lept Tables. Asfendiar fit prendre à fon
frei^, Befchouten, & à fon armée, le fécond chemin, long d'un mois de mar-
che ; & pour luy il prit le troifième , accompagné des Officiers & des foldats
les plus refolus.
Pour venir à bout do fon entreprife , il fe chargea de Pierreries , & arrix'a à
Rouiindiz fous l'habit & fous le nom de Marchand, après avoir donné ordre à
T.oME IL N n n foa
4<^(5 K I S C H T A S B.
fon frère de faire alte quand il feroit arrivé -en un certain pofle, & d'avancer
avec 1 armée, lorfqiril verroit de grands feux allumez autour du Château, &
d'attaquer la Place.
Aufli-tôt qù'Argîasb ont appris qu'un Marchand Perfien qui apportent des
joyaux d'un très-grand prix étoit arrivé à fa Cour, il voulut Je voir, & croyant
que c'étoit un iViarchand qui avoit été maltraité par Asfendiar, & qu'il fe re-
fugioit chez luy, il luy fit un très -bon accueil. Asfendiar de fon côté , fit
prelcnt à Argiasb, de ce qu'il avoit de plus rare & de plus beau, & dans le
peu de temps dont fon frère avoit befoin pour s'approcher avec fon armée, il
gagna les bonnes grâces du Roi & des principaux Seigneurs de fa Cour. Lorf-
qu'il jugea que Befchouten pouv^oit être arrivé au lieu deftiné , il convia les
premiers de la Cour à un grand feilin , qu'il leur devoit faire hors des murs de
la Ville, où il les conduifit un foir, & fit allumer des feux qui fervoient en.
mnne tem.ps & à l'apprcft des viandes & à la rejouilTance ; mais qui donnèrent
■ auffi à Befchouten le fignal de ce qu'il devoit faire.
En effet , Befchouten fe mit en marche au moment qu'il vit paroître ces
feux , & vint droit à la Ville à la tête de l'armée , & pendant qu'il donna fur
ceux qui en fortirent pour s'oppofer à fon deirein, Asfendiar fécondé des bra-
ves qu'il avoic avec luy, fe rendit maître du Château, tua Argiasb de fa propre
main, fit /aire main baffe fur tous les fiens , & délivra fes deux fœurs qu'il
emmena en Perfe avec luy.
Ava'nt qu'il partit de ce lieu , il y rétablit pour Prince , un des enfans d'A-
grireth , lequel pafiia pour un grand Prophète parmy les Nations du Turqueflan ,
&. qui étoit frère d'Afrafiab le Conquérant " de la Perfe. Il fit aufîi bâtir dans
cp Pays-là, des Pyrées , ou Temples du feu, pour complaire à fon père, qui
étoit fi zélé pour la propagation du Magifme , ou de la Religion Zoroaflrienne.
Enfin, plein d'efperance de recevoir des mains.de fon père, la Couronne qui
luy avoit été promife, & qu'il avoit fi bien méritée, il retourna à Iflhekhar.
Mais Kifchtasb trouva encore une défaite , & à l'arrivée de ce Prince", il
luy dit: Vous avez exécuté jufques icy de très-grandes chofes; mais il vous en
refte une à faire qui doit mettre le comble à vôtre gloire: Roflam s'eft can-
tonné au milieu de mes Etats, & il n'y a que luy feul qui refufe de m'obéïr.
Jamais il n'a voulu cmbraffer ma Religion , quelques inllances que je luy en
aye fait faire. Allez le mettre à la raifon , & je n'ay rien qui ne vous ap-
partienne.
Asfendiar, plein de courage & de dépit, après avoir reçu les ordres de fon
père, partit incontinent, & prit le chemin duZableftan, où demeuroit ce grand
Héros qui jouiffoit paifiblement au milieu.de fa famille, du fruit de Ces grands
exploits , & d'une réputation fans égale. Auffi-tôt qu'il eut appris la venue du
Prince, il monta à cheval avec tous fes amis & ferviteurs , pour aller le rece-
voir. Les premières entreveuës fe pafferent avec beaucoup d'honnêteté de part
& d'autre; mais enfin, Asfendiar prefTant Roflam de fe foûmettre aux volontcz
du Roy, ce Héros s'obftina de telle manière, que le Prince fe trouva obligé
d'avoir recours aux armes pour l'y forcer. Ces deux Vaillants Hommes fe bat-
tirent un jour entier fans aucun avantage de part ny d'autre; mais le combat
du lendemain fut decifif. Car des le matin Asfendiar tomba mort d'un coup
de flèche que Roflam luy décocha.
Les Hiltoriens fabuleux de Perfe difent, qu' Asfendiar avoit un charme contre
tous
K I s R A G'. KIZ-COULA. 467
tous les coups d'épée & de flèche, & que Roflam fut enfin obligé de fe fervir
pour armes, d'un râteau, ou d'une herfe de laboureur que les Perfans appel-
lent Icrkez , & que ce fut Siraorg ânka qui donna à Roflam cet expédient,
pour rompre le charme. Mais ce font des Fables. Revenons à nôtre Hiftoire.
Kifchtasb ayant appris la mort de fon fils , qu'il avoit précipité luy-mêrae
dans ce malheur, entra dans un defelpoir fi grand, que depuis ce temps-là, il ne
voulut plus goûter aucune des douceurs de la Royauté qu'il avoit tant aimée,
& il remit entre les mains dcBahaman, fils d'Asfendiar, fon petit-fils, le fceptre
qu'il avoit tant de fois promis & refufé à fon père , après gvoir régné fix-
vingt ans, ou environ.
KISRAG'. Nom d'un Pays fitué au Septentrion des Indes, & éloigné de
trois mois entiers de chemin j de la Ville de Gaznah, lequel fut conquis par le
Sultan Mahmoud Sebekteghin , avec tous les autres Pays des Indes qu'il reduific
fous fa puiffance.
KISSI. Nom que les Mahometans donnent au pcre de Thalouth. Voyzz
ce titre.
KIZ-COULA. Château de la Pucellc. Nom que les Turcs donnent à
une Tour bâtie fur un rocher au milieu de la mer Jans le trajet de Conftan-
tinople àlskudar, ou Scutari. Elle a été élevée par les foins d'un des derniers
Empereurs Grecs , pour tendre de - là une chaîne jufqu'au Monailere de S.
George, & fermer ainfi le Bofphore.
L A B A N.
*^^* A B A N & Lcben. Le lait non feulement des animaux , mais auffi
if T ^ celuy qui coule des arbres , que nous appelions , Larme & refine ,
% ^ comme le florax , l'encens , & autres gommes precieufes. Vo^tt.
*H^4. Ladan.
Entre les Dofteurs Mufulmans qui ont difputé fur le fujet du lait, comme
nous verrons plus bas , il y en a eu de fi fcrupuleuy, qu'ils ont pris pour une
allégorie ce que Mahomet en a dit.
Mohammed Ben Ali al Mekki, Auteur du Coût al coloub , c'efl-à-dire , la
Provifion des cœurs, interprétant ce pailage d'un chapitre de l'Alcoran, intitulé
Nahal , ou Dieu parlant aux hommes , leur dit : Nous vous avons donné pour
breuvage ce qui s'engendn' dans k ventre des animaux , ^ qui tient le milieu entre k
f(mg âf les fuperfluitez, c'ejl à fçavoir leur lait, qui ejî fi pur, ^ fi doux à Ccux
^ui le boivent.
Cet Auteur dit que la perfection des œuvres eft comparée à la pureté du
iait, lequel, quoique -formé entre le fang & les fuperfluitez de l'animal, n'cft
N n n i pourtant
46S L A B B A N. L A C A B.
pourtant ni l'un ni l'autre, & ne participe à aucune de leurs mauvaîfes"qualîtez.
Telles doivent cftre, pourfuit-il, nos bonnes œuvi-es pour eflre parfaites; elles
doivent élire dégagées de tout mélange "d nyp jcrilij ou de convoitife , figurées
par les fuperfluitez, &.par le fang , le premier de ces vices étant une véri-
table infidclité, & le fccond effaçant tout le luftrc d'une bonne aftion.
L'hypocrific, dit le luéùie Auteur, cft une véritable infidélité, parce qu'elle
aflbcic la créature avec le Crt;itcur ; & la cupidité ou. amour propre eft un
poifon qui corrompt la fubftance des meilleures aftions, en étouffant la charité.
Lhypocrifie eft un .égard que Ton a pour les autres; l'amour propre eft un
regard fur iby-inênie: n'y ayant donc point de vûë pure & fimple de Dieu, il
ne peut y avoir de bonne action.
Les bonnes œuvres, û elles ne font pures & parfaites, ne fervent, de rien,
dit un Autour Perfien ; car de même que l'on ne fait point d'état du mufc
qui eft mêlé avec la chair de l'animal qui le porte , ainfi dans nos aftions ce.
qui n'cft point purifié de tout mélange , ne peut jamais eflre confideré pour
bon. yoyez Houifain, page 497.
Mds pour revenir au lens littéral de ce pafTage de l'Alcoran , il efl affez.
furprenant qu'après une déclaration fi authentique de Mahomet en faveur du
lait, il fc. foit trouvé des Doéteurs Mufulmans , lefquels ont déclaré, que la
boillon du lait de vache & de brebis leur étoit défendue par la loy & cela fur
ce que ces deux fortes de lait, pris avec excès, peuvent donner dans la tefte, &
troubler le cerveau.
Abou Hafs, Doéteur infigne de la ville dé Bokharah dans la Tranfoxaney
étoit de ce fentiment, & il le foûtint avec tant d'opiniâtreté, que les habitans
furent obligez de le faire fortir de leur ville pour appaifer le trouble que cette
nouvelle opinion avoit excité chez eux. ,
LABBAN. Ouvrier & Marchand de briques. C'eft le furnom d'Abou Ab-
dallah Mohammed al Mefri , qui mourut l'an >749 de l'Hegire. Il efl Auteur du
Livre, intitulé Ezdlat,al SchobeJiât, &;c. la Kefolution des doutes.
LACAB. Surnom que l'on donne à quelqu'un pour le diflinguer de ceux
qui portent le môme nom que luy.
C'efl; auffi fouvcnt un titre d'honneur , & un éloge en général que l'on don-
ne à un homme en bonne & en mauvaife part.
Les Khalifes -gratifioient autrefois de ces titres d'honneur, appeliez parles
Arabes Alcdb , les Princes qui leur avoient rendu quelque fervice , ou ceux qui
avoient témoigné un zèle particulier pour le Mufulmanifme.
Le KUife Mo6tafi ayant été chalFé de Bagdet par les Bàridiens, & obligé de
fe réfugier à Moful, oi!i regnoit pour lors Abou Mohammed Liafl"an, Prince de
la Maifjn de Hamadan qui le receut fort bien, crut ne pouvoir pas mieux re-,
connoiflre l'obligation qu'il luy avoit , qu'en l'honorant du titre de Naifered-
douht, qui fignific le Défenfeur de l'Etat & de l'autorité des Khalifes.
Lj même Khalife donna à AH frère du mefme Prince, celuy de Seifeddou-.
lat, qui fignifie l'Epée de l'Etat, après qu'il eut défait les Baridiena, .&, repris
fur eux la ville de Bagdet , Siège Royal du Kha'ifat.
Ces titres fe donnoient alors par des Lettres Patentes nommées Manfchour,^_.
fiL.écoicnt fouvcnt accompagnées d'un Etçndart , lequel êtoit toujours porté
AtrVi^ ' devant
LAD AN. LADISLAOUg. 4(^9
devant le Sultan qui l'avoit reçu comme une marque de l'autorité que le Khalife
luy dvuic donnée pour combattre contre les ennemis.
LAD AN & Laden. Les Arabes, les Pcffans & les Turcs appellent ainH ce
que les Grecs & les Latins ont nommé Ladanum , qui cffc , félon Pline , une
efpèce de gomme , qui fe recueille l'ur une plante , appellée Ledum & Cillus.
C'cft le Cirtus Ladinafcra de nos Botaniques , le Ciftus Ledon de Mathiole &
de Lobcl, & la gomme qui s'en recueille eft ce qui s'appelle vulgairement par-
mi nos Pharmaciens le Laudanum.
Luthfiillah Ail Halimi dit , que cette gomme fe trouve fur une herbe coto-
neul'e qui cft le Cillus , & s'attache au poil des chèvres qui la pailfent , d'où
on 11 tire pour s'en fervir. •*
Ebn Bcichar & autres écrivent, que cette drogue fort de la peau même des
chuvres, ce que Pine a auflî remarqué, & lui donne le nom grec d'^Efypus.
Le véritable Laudanum a une odeur forte , qui n'eft pas agréable , ce qui
fait dire à Taki eddin Houlfaini, Poète Perfien , parlant à fa Maîtrcife: L'am-
bre gris, qui ne vient pas de vous , ii'efl que du Laudanum pour moi , & l'or
que vous ne polfedez pas, n'efl pas plus prétieux à mon égard que le fer.
LADISLAOUS & Uladiflaous. Ce nom efl: commun à plufieurs Rois de
Pologne, de Bohême & de Hongrie. L'on ne parlera icy que de quelques-uns.
Le premier eft Ladiflas V du nom , Roi de Pologne , lequel fut élu Roi de
Hongrie , après la mort d'Albert 1 1 , Empereur , Roi de Bohême & de Hon-
grie, dont le fils, qui fut le jeune Ladiflas, étoit encore en trop bas âge.
Ladiflas étoit fils d'iagellon , Duc de Lithuanie , & prit le nom de Ladiflas
ou Uladiflas I V du nom , après qu'il fe fut fait Chrétien , & qu'il eut été élu-
Roi de Pologne, en époufanf Heduvige, fille de Louis , Roi de Hongrie & de
Pologne.
Ce Prince fut fort vaillant & même alTez heureux dans les premières années*
de fon règne en Hongrie; car il défit plufieurs fois les Armées d'Amurath II,
Sultan des Turcs, & principa'cment dans les détroits du Mont Hœmus , que les
Turcs appellent aujourd'huy Ifladin Capi ou Derbend, c'elt-à-dire, à la porte ou;
au pafiligc de Sladitza en Bulgarie.
La viftoire fignalée que Ladiflas remporta en cet endroit , obHgea Amurath '
à lui demander la paix. La Vrévc fut ftipulée pour dix ans, & confirmée par'
des fermens & par des cérémonies fort extraordinaires entre ces deux Prin-
ces ; mais le Pape Eugène IV follicita fi puilfamment par fon Légat Ladiflas,
pour la rupture de la Trêve qui avoit été conclue fans fa participation , que
ce Prince étant perfuadé que l'autorité du Pape le mettoit à couvert du parju- ■
re, & qu'il étoit valablement difpenfé de fon ferment, rompit , fans aucun fu-
jet , avec Amurath.
Le Sultan étoit repafTé' en Afie , & fe repofoit fur la foy des Traitez qu'iL
avoit conclus avec Laiiflis & avec le Defpote de Servie; mais auflî-tôt qu'il eut
appris que les Chrétiens manquans à leur parole, l'attaquoient par terre du cô-
té de la mer Noire , il fit pafl!er une armée formidable de Turcs par le Bof-
phore de Thrace , que nous appelions aujourd'huy le Canal de la Mer noire ,'
au-:leirus-de Conftantinople , qui n'étoit pas encore fous le joug de l'Ennir»
Ottoman. .
N n n 3 II .
47a LADISLAS.
Il trouva Ladiflas à la tête de fes Hongrois , joints par les Vaîaques , les Mol-
daves, les Tranfylvains , les Polonois & les Allemans , campé aux environs de
la ville & du marais , nommez par les Anciens OdyfTus , & par les Modernes
Varna. Ce lieu rendu û fameux par Ja bataille qui s'y donna, eft (itué fur les
bords du Pont Euxin, à une diflance prefque égale entre les Bouches du Da-
iiube & le Canal de la Mer noire.
L'armée d'Amurath fut d'abord enfoncée par Jancous , qui commandoit l'aîlc
gauche de l'armée Chrétienne avec ùs Tranfylvains; c'eft le brave Jean Hun-
niade qui eût remporté une viftoire complète, fi Ladiflas, qui commandoit l'aî-
le droite avec les Hongrois , enviant à ce grand Capitaine la gloire d'une û bel-
le journée, ne fe fût trop engagé dans le corps de bataille d'Amurath , qui n'é-
toit compofé que de JanilTaires. •.
L'on- dit , que ce Prince valeureux cherchoit Amurath dans la mêlée , & qu'il
en vouloit à fa tête ; mais un JanilTaire , qui fe trouva derrière luy , ayant
coupé les jarets de fon cheval , le fit tomber armé de toutes pièces par terre ,
& donna le temps à un de fes camarades de luy couper la tête avant qu'il pût
fe relever.
Cette bataille fut donnée , félon la fupputation des Annales des Turcs , l'an
de l'Hcgire 848 , qui correfpond au 144-I. de J. C. Amurath s'y trouva en fi
grand danger, qu'il invoqua Jefus - Chriil , afin qu'il vengeât l'injure que les
Chrétiens luy faifoient par leur parjure , & fit en même temps vœu de fe fai-
re Dervifche , ce qu'il exécuta en remettant fa Couronne, à fon fils Maho-
met IL
LADISLAS,fils d'Albert d'Auftriche II du nom, Empereur. C'efl ceîuy
que l'on appelle ordinairement le Pofthume, pa^xe qu'il naquit après la mort de ^
fon père, qui luy lailTa les Couronnes de Bohême & de Hongrie.
Jean Hunniade, Prince de Tranfilvanie , fut élu , par les Etats de Hongrie,
pour Viceroi & Gouverneur - général du Royaume pendant la minorité de ce
Prince, l'an de l'Hegire 849, de J. C. 1445. Ce Viceroi fit la guerre à l'Em*
pereur F rideric I II , à caufe qu'il retcnoit le petit Ladiflas à fa Cour , <Sc refu-
foit de l'envoyer en Hongrie pour y être reconnu Roi.
L'an de J. C, 1449, & de l'Hegire 853, Jean Hunniade donna dans la cam-
pagne de Cofova, pendant la minorité de Ladiflas , un grand combat à Amu-
rath II, dans lequel les Chrétiens tuèrent, pendant un jour, trente - quatre mil
Turcs fur le champ de bataille, & furent néanmoins vaincus & mis en fuite,
avec la perte feule de huit mil hommes.
"L'an 1450, Amurath tenta en vain le Siège de Belgrade, qui fut vaillamment
défendue par Jean Hunniade & par faint-Jean de Capiflran. En 1452 , Ladiflas
fut mis en pofleffion de fes Etats de Hongrie , de Bohême & d'Auflriche ., &
laifîa le gouvernement de Hongrie à Jean Hunniade, lequel afîifté des confeils
& des exploits de S. Jean de Capiflran défend Belgrade, .& défait prefque en-
tièrement l'armée de Mahomet II , fils d'Amurath, qui l'affiégeoit l'an de
l'He^i're 860, & de J. C. 1456, le fixième jour du mois d'Août.
Jean Hunniade étant mort un mois & quelques jours après la levée du Sié-
-ge de Belgrade, c'efl-àdire, le 10 Septembre, Ladiflas y arriva pour y rccon-
noître les glorieux monumens des vi6loires de Jean Hunniade & de S. Jean de
X^apiftran, qui étoit mort auffi fur la fin du mois d'O^lobre. Ce Prince, après
avoir
L A D r s L A s. L A G A M. i^7r
avoir contenté fa curiofité, retou/na à Prague pour y attendre fôn épôufè Mag-
delaine dj France, fille du Roi Charles VLl^ mais il mourut dans cette atten-
te •, âgé tellement de a8'ans, l'an de J. C. 1457, Ou, fdôn quelques Hiflo-
fiens François ,. l'an 14^-8 , non ftns foupçon d'avoir été efnpoifonnc. Il eut
pour luccelîeur Matliias Corvin , tils de Jean Hunniade, que les Hongrois élu-
rent Roi pendant qu'il étoit prifonnier , & qu'il n'attendok que la mort de la
part dis Aufti-ichiens.
Après la mort de Mathias , qui régna trente-deùX arté eh Hongrie, un autre
Ladillis fut élu Roi de Hongrie fan 1490 de -J.-^Gj C'èft de luy que l'on va
parler dans le titre fuivant.
LADISLAS, fils de Cafirair , Roi de Pologne. Il étoit déjà Roi de Bo-
hême lorsqu'il fut élu Roi de Hongrie , par les Etats , après la mort de Ma-
thias Corvin; mais il n'en fut pas le paifible polTelTeur, qu'après qu'il eut ren-
du l'Auftriche avec Vienne fa capitale à l'Empereur Frideric III.
Cependimt l'Empereur Maximilien , fils de Frideric , ne fe contenta pas de
cet accord, & lui fit depuis une guerre qui ne fe termina que par le mariage
de Ladiflas avec la veuve, de Mathias Corvin ; car alors il fut .ftipulé dans le
Contrat que, fi Ladiflas mourut fans enfans , fes deux Couronnes pafleroient fur
la tète de Maximilien.
Ce Prince n'eut qu"un fils , nommé Louis , qui naquit prématurément fan
1506, & qui fut tué à rage de vingt-un an, l'an 1526 de J. C. , & le 932 de
l'Hegire , dans la bataille de Mohatz , un an après avoir époufé la fœur de
Charles-Q_uint. .
Ladiflas vêquit en paix avec les Sultan» Bajazet & Selim, & mourut l'an de
J. C. 1516, qui répond à celui de fHcgire 922..
LAGAM ou Leghem Rai, c'efl-à-dire, le Ragia Leghem, nom d'un Prince
"fort puifiant dans les Indes , au temps que Schehab eddin regnoit dans le païs
de Gaznah à de Multan. Il tenoit fon Siège dans la ville de Belhâr , où il
rendoit fi équitablement la juilice , qu'il étoit aifé de reconnoître qu'il étoit
parvenu à ce degré d'honneur , & même jufqu à la dignité Royale , par fon
feul mérite.
Après que ce Ragia eut gouverné fes Etats jufqu'à l'âge de quatre- vingt ans,
fans ,aucun reproche , rendant une jufl:ice exacte à fes fujets , & leur faifant
reflcntir fouvent les effets de fa libéralité & de fa magnificence ; car fon dit
de luy, qu'il ne donnoit jamais moins de cent mil drachmes en une feule fois,
il éprouva enfin dans un âge fi avancé un cruel revers de fortune.
. Il joiiifibit d'une profonde paix lorfque Bakhtiar, furnommé Khalage , Géné-
ral des armées du Sultan Schehab eddin , l'attaqua à l'impourvû , & luy enleva
fes Etats.
Khondemir rapporte, que la m.ère de ce Ragia étant grofie & prête d'accou-
cher, fon père, qui vivoit dans une fortune privée, ayant confulté les plus ha-
biles Aflrrologues de fon temps , pour apprendre d'eux qu'elle pouvoit être la
deftînée de l'enfant qui étoit fur le point de naître.
Ces Afi:rologues , après avoir bien confideré l'heure & le moment dans lequel
cette femme fembloit devoir accoucher, lui répondirent, que li i'enfant naiifoit
dans une telle heure, il feroit induliitablemcnt très -malheur eux ; mais que fi la
mère
47^ LAGIN. LAHAVVAR.
mère n'accouchoit que deux heures après d'un garçon , cet enfant devîendroit
grand Seigneur, & peut-être même Roi d'un grand Etat.
La mère, qui avoit beaucoup de croyance aux Aftroloirues & non moins d'am-
bition , voulut être attachée par les pieds, & la tête en bas, au. plancher de fa
chambre , de peur d'accoucher avant le temps marqué par les Aftrologues , &
cette heure étant arrivée , elle fe lit détacher , & accoucha dans ce moment
heureux.
Cependant le bonheur que la mère voulut procurer à fon fils lui coûta la
vie; car elle mourut fort peu de temps après avoir mis cet enfant au monde,
& ce même enfant lequel , fuivant la prédiélion des Aflrologues , devint véri-
tablement Roi, ne put pas toutefois s'exempter des malheurs de ce monde,
auxquels les allres, qui préfidoient au point dans lequel il dcvoit naître , û fa
mère n'eût retardé fa nalifauce , l'avoient deiliné.
LAGIN. Nom propre d'al Malek Almanfour, XI Sultan des Mamlucs Ba-
harites ou Turcomans qui ont régné en Egypte. Il avoit été efclave d'Al
Malek Almanfour Kelaoun; c'eft pourquoy on lui a donné le furnom d'Alman-
fouri. Il fut tué par de jeunes Maralucs , qu'il tenoit auprès de luy l'an de
rilegire 698, *dc J. C. 1298 , après avoir régné deux ans & trois mois. Son
prédeceiTeur fut Al Malek Al Adel Kerboga , & il eut pour fucceffeur Al Ma-
Jek, Al NalPer, fils de Kelaoun, qui régna pour la féconde fois.
LAHAVVAR & Lahaver. Ville Royale, qui a été autrefois la capitale des
Indes; nous l'appelions aujourd'hui Lahor. Elle eft fituée dans la Province nom-
jnée Pengiab, fous les 109 degrez , 20 minutes de longitude , & à 31 degrez,
50 minutes de latitude Septentrionale* dans le troifième climat, félon les Ta-
bles Arabiques; mais nos voyageurs lui donnent 32 degrez, 15 ou 20 minutes
d'élévation polaire.
Le terroir de cette ville, qui efl arroufc par la rivière nommée Ravi ou Ra-
yer, efl extrêmement fertile en toutes fortes de grains & de légumes. Le grand
Mogol y a un fuperbe Palais ; mais Akbar ayant transféré le Siège de fon
Empire à Agra , elle ell beaucoup moins peuplée qu'elle n'étoic autrefois.
Le fameux chemin de 250 lieues françoifes , qui efl bordé d'arbres plantez
au niveau, depuis une de ces villes jufqu'à l'autre, eft allez connu par les re-
lations modernes. Les Orientaux donnent auHi à la ville de Lahaver le nom
de Rahver, qui a aflez de rapport à ce chemin Royal , le mot de Rah Signi-
fiant en Perfien un chemin.
Kbofrou Schah, fils de Baharam Schah , qui fut le dernier des Sultans de la
Dynaflie des Gaznevides, ayant été chafl!o par le Sultan des Gaurides , nommé
Gauri Ben Sdm, fe retira à Lahor, où il régna paifiblement le refte de fes jours;
fon fils Khofrou, qui luy fucceda, ne joïiit pas long-temps de ce royaume, car
l^e même Sultan . qui avoit laiffé fon père en repos , le dépoiiiila de fes Etats
^ le tint prifonnier jufqu'à fa mort.
Depuis ce temps -là les Gaurides ou Gourides demeurèrent maîtres des^ Ro-
yaumes de Lahor, de Dclli & de plufîeurs autres dans les Indes, f^oyez les ti-
tres de Kiiofrou Schah & de Pengiab, dont le nom eft commun à la Province
4e Lahor & au fleuve Indus , qui le forme du concours de cinq rivières qui
-itri;.pufejît le pays. f^oyiZ auffi celuy de Gour.
LAHMl
L A H M I. L A L I. .473
LAHMI & Lakmi. Surnom d'Abdallah Ben Ali, dit auflî Al Refchathi, qui
mourut l'an de l'Hcgire 466, & nout; a lailîc un ouvrage intitulé Ectcbas, 6:c.
Lu recherche des fciences ou de la vérité. Foycz Tarkhan.
LAILI. rayez Koufchiar.
LAIT H ou Leith. Nom propre d'un Ouvrier en cuivre ou d'un Chau-
dronnier. Les Arabes appellent celuy qui exerce ce métier SofFar, & les Pcr-
fhns Roviker.
Cet Ouvrier éleva trois en^ms, nommez Jacob, Amrou & Ali, lefquels s'en-
nuyant de leur métier, auflî- bien que leur père, voulurent porter les armes.
Laith fe mit donc en campagne avec fes trois enfans , & ayant ramaiîé quelques
gens de fortune, dont il fe fit le chef, devint Capitaine de Bandoulier dans
ia Province de Segeflan.
L'on dit de Laith, que dans un exercice auflî infâme qu'ell celuy de voleur,
il ne laifToit pas de garder quelque honnêteté à l'égard de ceux qu'il dévalifoit,
ne leur ôtant jamais tout ce qu'ils avoient fur eux, & fe contentant feulement
de partager avec eux leurs dépoiiilles.
Il fut connu & eftimé pour la bravoure & pour celle de fes enfans , par
Darham, qui regnoit alors dans le Segeflan. Ce Prince l'attira à fa Cour, &
découvrant tous les jours en luy d'excellentes qualitcz , l'avança jufqu'aux pre-
mières Charges de l'Etat ; de forte que Laith finilfant glorieufement fa vie , lailFa
en mourant à fon fils Jacob l'efpérance & les moyens de parvenir à quelque
chofe de plus grand.
En eff'et, ce fut Jacob, fon fils, qui fonda la Dynaftie des SofFarides , des-
quels il faut voir le titre auflî-bien que celuy de Jacob.
LAITH Ben Saâd. Homme réputé faint parmi les Mufulmans , duquel Ja-
féi a écrit la vie dans l'article 73 de fon hiftoire.
LAKITHS & Lacaiths, Enfant expofé , dont la mère efl inconnue. Les
Efpagnols ont fait de ce mot Lacaio , & de celui-ci nous avons fait Laquais.
LA LE H. Ce mot, dont les Perfans & les Turcs fe fervent pour fignifier
une tulippe , efl chez eux le fymbole d'un Amant paflîonné , à caufe que cette
fleur a ordinairement fes feuilles rouges, & qu'elle efl marquée au fonds d'une
noirceur , qui a quelque relîemblance à la marque que laiiîe l'application ou
J'imprefîîon d'un bouton de feu. Ainfi, difent-ils , l'Amant a le feu fur le vi-
fage & la blelfure dans le cœur.
Laieh Defchti & Lalech Gouhi. Tulippe de campagne & de montagne, c'efl-
à-dirc, fauvage & non cultivée. Les Perfans appellent ainfi les anémones, que
les Arabes nomment Schacaik al Noôman , à caufe que ce fut Noôman , Roy
d'Arabie, qui les tranfporta le premier de la campagne dans fes jardins.
LALI. Nom ou furnom d'un Auteur Perfien , qui a compofé une Gram-
maire de fa langue, qu'il a intitulée Caovaim al Furs. f^oyez Giaouhari.
Cet Auteur, ou un autre qui porte le même nom, a traduit de l'ancien Per-
fien en Arabe le Livre de Giamasb , fameux Philofophe & Aftrologue de Per-
fe, intitulé Al Keranât, des Conjonélions des Planètes.
ioiiE IL O 0 o LAi\L
474 L A M. L A M E R I.
LA M. Lettre de l'Alphabet Arabique, qui^ repond à nôtre L. Sàrrage en
explique les mj'ilères dans fon Livre intitulé Eêhim.
LAMA. Prêtre idolâtre du Tonbut ou du Royaume de Thebet & de Ba-
rantola, lequel ell fort refpeflé par les Tartarcs, que les Chinois appellent Oc-
cidentaux à leur égard. Ces Tartares , qui ne font pas tout -à -fait idolâtres,
foulfrent néanmoins que ces Lamas ayent des Temples chez eux.
LAMA & Lame. Rayon de lumière, échantillon & eiTay de quelque cho-
fc. Il y a plufieurs ouvrages qui portent ce titre, & entre les autres celuy
d'Ibrahim al Schirazi.
L A M A I Hakim , Poëte Perfien , dont la poëfie étoit froide & languiflantc.
Voyez dans le titre de Souzeni , autre Poëte Perfien , les railleries piqviantes &
réciproques de ces deux Auteurs.
LAMAI. Surnom de Mahmoud Ben Othman , ou plutôt d'Abdallah Ben
Mahmoud, Ben Othman, Ben Aîi, Auteur d'un Livre Turc de Facéties & de
bons mots , compole partie en Vers & partie en Profe , & dédié à Soliman , .
fils de Selim I, Sultan des Turcs.
Cet Auteur, qui mourut l'an 958 de l'Hegire , qui eft le 1551 de J. C, a
divifé fon ouvrage en cinq chapitres, & y a ajouté une Préface, où il prouve,
par l'exemple des Prophètes & des plus grands perfonnages, que la .raillerie in-
génieufe & innocente a toujours été fort eflimée.
Nous avons un autre ouvrage du même Auteur , intitulé Bahar ou le Prin-
tems, écrit auffi en langue Turquefque. Voyez Khaz<m.
LAME Al Moallem, &c. Diftionnaire de la langue Arabique en 60 voln=
mes , compoie par Mohammed Ben Jacob Al Firouzabadi , lequel réduifit enfin
Ton ouvrage en deux fculs volumes , qu'il publia fous le titre de Camous. Vc^
yez ce titre.
LAME AT al Nouraniat fi aourad al Rabbaniat. Livre de Prières particu-
îières pour toutes les heures de chaque jour de la Semaine. Al Bouni en eft
l'Auteur , & cet ouvrage fe trouve dans la Bibliothèque du Roy , n°. 6Sj,
LA MEAT fi mârefat alhorouf. Traité du fens myfterieux des Lettres Ara-
biques, compofé par Fakhreddin al Herali al Tegibi, à l'ufage des Sofîs. Il eft
dans la Bibliothèque du Roy, n^". 6ï6>
LiVMELIF. Lettre particulière de l'Alphabet Arabique, félon plufieurs
Grammairiens , quoy que ce ne foit proprement qu'un L & un A joints en-
femble. Cependant queL-iues Doéteurs Mufulmans des plus fuperftitieux foû-
tiennent, que c'eft véritablement une lettre diftinéle des autres qui fait la vingt-
neuvième de leur Alphabet , & que Mahomet dans une , je ne fçai quelle tra-
dition , a menacé de la damnation éternelle ceux qui ne la tiendront pas pour
telle. Voyez fur cecy. le Livre d'Albouni , intitulé Lathaif al efcharàt.
LAME RI. Nom d'une des Ifles de la mer des Indes, fituée entre îa li-
gne cquinoftiale «Se le premier climat vers l'Orient 5 c'eft de-là que le bois que
nous
LAMESCHI. — — L A M T A H. 475
nous nommons aujourd'huy de Brcfil, & que les Italiens appellent Verzino , (e
tiroit autrefois avant que l'Amérique fût découv^crte. Les Arabes donnent k
ce bois le nom de Bacam.
-LAMESCHI & Almefchi. Surnom de Bcdreddin Ben Zeid, Auteur d'un
Livre intitulé OlToul, où il traite des fondemens du Muiiilmanifme.
L AMI AT. Poëme, dont toutes les rimes fe terminent par une lettre, que
les Arabes appellent Lnm. C'eft nôtre L.
Il y a trois de ces Poèmes qui font fort eftimez dans l'Orient. Le premier
qui porte le nom de Lamiat al Arab , le Lamiat des Arabes , a été corn, oié
par Schafari.
Le fécond , intitulé Lamiat al Agem , le Lamiat des étran^^ers ou des Per-
fien? , a pour Auteur Abou Ifmàil iioulTain Ben Ali al Esfahani , lurnommé al
Thograi.
Le troifième efl d'Abou Manfour Pilaouhoub. roycz les ticres de ces Au-
teurs.
L'on trouve encore un quatrième Lamiat . qui porte le titre particulier d'Eb-
niat ala fàdl fi tafrif , qui eft dans la Bibliothèque du Roy, n^'. 1098 , mais
c'eft un ouvrage purement grammatical, qui traite de la conilruccijn des Ver-
bes Arabes.
De tous ces quatre Poèmes intitulez Lamiat , celui de Thograi efl Je plus
fameux & le plus élégant de tous : l'Auteur qui le compofa en forme de Sati-
re contre les mœurs de fon temps , ctoit natif d'Ilpahan & vivoit l'an 505 de
l'Hegire dans la ville de Bagdet. Entre ceux qui ont entrepris de com nenter
ce Poëme, Salahcdiin S.ifadi s'ell le plus fignalé ; car il a fait deux volumes,
air:^ gros fur un fort petit ouvrage. Pocoke a traduit ce Poëme en Latin &
Ta illuflré de fçavantes Notes.
LA MI RI & Al Miri. Foyez le titre de Se!emi al Schaêr.
L A M L E M. Province du pays des Nègres qui efl au Midy de la Maczarah ,
autre Province du même paj's , où Ibnt les villes de Tocrur , de Salah & de
Beriffah, dont les habitans font de Léquentes courfes fur les Lamlem , & leur
enlèvent un grand nombre d'eiclaves- Ceux de cette Province font diftin-
guez des autres, pai- des marques de feu qu'ils portent au front. Abdalmôal.
LAMTAH & Lamthounah. Nom d'une très-grande campîf|ne en Afrique,
qui s étend depuis les racines du Mont Atlas , jufqu'à SegclmelTe à l'Orient, &
julqu'à l'ocrur & Sala vers le ivlidy.
C'eft dans cette grande étendue de pays que l'on place le defert , nommé
par les Arabes Al Sahra Al acfa, & par nos Géographes le Sahara , qui n'cft
éloigné do l'Océan Ethiopique que de trois journées de caravane. Foyez les ti-
tres de Sous Aiacfa & de Sahra. Mejfahet al ardh ^ Eàriffu
Les Tables /'irabiques donnent à Sous 15 degrez , 30 minutes de longitude,
avec 30 degrez de latitude, & à Segelmefle trente- fepc degrez de longitude &
irente-uû degrez, trente minutes de latitude.
Ooo 2 LANGIALOUS
475 L A N G [ A L O U S. L A O U N.
LANGIALOUS & Langhialous. Klc de la mer des Indes, que les Géo-
graphes Onentaux mettent à. h diftance dé dix journées de celle de Ser-an^
dib , qui eil la même que celle de Ceilan, fans marquer ni la longitude, ni la
latitude.
LAQUAI FI. Les Tables en général, & en particulier celles de la loy des
Juifs, apportées & brifées par Moyfe en détefiiation Je leur idolâtrie. Elks
étoicnt, félon les Mahometans , cubiques & faites d'émeraudc tranfparente , de
manière que l'on pouvoit lire ce qui y étoit écrit de tous les cotez. Cecy
ell tiré des rêveries de quelques Rabbins, qui prétendent l'avoir appris du Zo-
har, Livre cllimé fort ancien parmy eux. Laouaih elt le plurier de Louh. ^o-
yez ce titre.
• Il y a un Livre de dévotion & de fpiritualité, compofé par NouredJin Ab-
dalraliman Sen Ahmed al Hagi, & fouvent cité, par HoulFain Vaéz., qui porte,
le titre de Laouaih.
Laouaih al Salahiah. l^oyez Taouarikh al Salahiah. Hifloire de la Dynaftie
des Aioubites ou Jobites, c'elt - à - dire , des Princes de la race & de la poftéri-.
té de Saladin , dont le nom Arabe efl Salaheddin , compofé par Zein Eddin
Serigia.
LA OU A ML C'cft le plurier de Lama, qui fignifie en Arabe un rayon &;
un rcjaillillement de lumière. Il y a plufieurs Livres Arabes qui portent ce titre.
Laoûami al afkar. Ouvrage de Philofophie , compofé par Aidem Ben Ali al
Gialdeki.
Laoûami al anovâr al coloub. Foysz Giaouâmi afrar al maliboub. Livre de
f]oiritualité & de Théologie affeftive , que le Cadhi Omairi Abdalmalek , Ben
Mobamiîjed Bafchir compofa à Damas , où il étoit Cadhi ou Juge. Ce Livre
eft fouvent cité fous le nom fimple de Laoûami, & a acquis une grande repu-,
tation à fon Auteur.
Un autre ouvrage, intitulé Laoûami al anovar al coloub, Foysz Giaoûami
afrdr al gaioub , qui explique les fecrcts fuperllitieux que les Mufulmans croyent
être cachez dans les lettres de leur Alphabet , a été compofé par le Dofteur
AbJalrahman Al Rafthami.
Il y a auffi un Livre fur l'art de conflruire des Talifmans, qui ne porte point
le nom de fon Auteur, & qui a pour titre Laoûami al anovâr. Foyez Baoua-
rik al afrar fi thelefmât.
LAOUN. Les Arabes appellent ainfi dans leurs hiftoires l'Empereur Léon ,
furnommé le Phiiofophe. Ebn Batrik remarque que Nicolas, Patriarche de-
Conftantinople, lui ayant refufé la difpenfe de fe marier en fécondes noces, à-
caufe qu'il avoit pris autrefois l'ordre de Lefteur dans l'Eglife de Conftantino-
ple , cet Empereur avoit confulté fur cette difliculté les autres Patriarches de-
TEglife Catholique , & que ceux-cy lui avoient fait réponfe , qu'il pouvoit fe-
remarier, fans bleffer fa confcience.
Nous avons encore dans les Hiftoriens Arabes un autre Laoun ou Léon, Roi
d'Arménie, lequel fucceda à Hatem ou liaiton, & implora le fccours des Me--
gols contre Bondocdar, Roi d'Egypte &; de Syrie , qui lui faifuit la guerre.
JU A R..
L A R. — L A T. ^-rj
L AR. Ville qui donne fon nona à un petit pays compris entre le Khuziftan
& le Kennan , Provinces du Royaume de Perfe , dont retendue va julou'aux
hoi-ds du Golphc Perliquc, La ville ell fituce à quatre ou cinq journées du Ben-
der Abballî <k d'Ormouz, & a été autrefois le Siège d'un Prince qui prenoit le.
titre de Roi du Larillan.
Ce petit Etat a été gouverne autrefois par des Princes qui fe difoient def-
cendus de Siroës, fils de Khofroës Aparuiz, ïloi de Perle, & qui faifoient pro-
feffion de la Religion des Mages; les Arabes les en ayant dépouillés, ceux-cy
furent challez par les Curdes l'an 500 de l'Hegirc , de J. C". 1106, &: ceux-
cy s'y font maintenus jufqu'au règne de Schah Abbas, qui le rendit maître de
tout le pays-.
La Religion des anciens Perfes , appellée le Magifme , n'y fut point entière-
ment abolie par le JMahometifme jufqu'à Schah Abbas , lequel confina ce qui
ïeftoit des anciens Ghcbrcs ou idolâtres un peu plus avant dans le Kerman ,
où ils habitent fur les mers de Perle & de l'Indollan , dans un paj's qui a re-
tenu leur nom, & que l'on appelle encore aujourd'huy le Moghellan , c'eft-à-
dire, le pays des Mages.
Le Lariflan s'étend depuis le 25 degré de latitude jufqu'au 27. royez le ti-
tre des Magdeddoulat &. ce qu'en dit l'Auteur du Nighiarillan, après la Dyna-
flie des Caracathaiens.
Lari efl le furnoai de ceux qui font natifs ou originaires de Lar. Foyez
Safadi.
LAR AND A H, Les Turcs appellent ainfi aujourd'huy la ville de l'Arta,
que les Anciens ont connue fous le nom d'Ambracia. Elle efl fituée dans l'E-
pire ou Albanie , fur un Golfe nommé par les Latins Sinus Ambracius , & par
les Nautonniers de la Méditerranée il Golfo dell'Arta.
LAS S & Lcir, Un. larron. C'ell un mot Arabe, qui paroît avoir été abré-
gé du mot grec Lelles ou Liftis.
Les Chrétiens Orientaux appellent Lalî' al iemin, le Larron de la nwin droite,
celuy que nous connoilfons fous le nom du bon Larron. Les Eglifes de Syrie
& de Slefopotamie marquent dans leur Calendrier la Fête le neuvième jour après
le Vendredy des Douleurs ou le Vendredy Saint, c'eft-à-dire, au Samedy de la
Semaine de Pâques.
Anba Jacoub, Evèquc de Sarouge, a fait un Serm.on fur la Fête du bon Lar-
ron. Il eil dans la Bibliothèque du Roy, n'. 792.
LASSA.. Ville de la Province d'Iemen dans le quartier de la Hadhramitene
& peu éloignée de la ville d'Abin. Elle ell fituée fur la côte maritime & a
dans fon voifinage une fource d'eau chaude , où les malades trouvent fouvent
leur guérifon. Il y a dans cette ville un Bafcha héréditaire, qui ne reconnoît
que par forme l'autorité du Turc.
LAT. Nom d'une Idole des anciens Arabes du Paganifme, dont le nom elî
corrompu, félon les Mahometans , de celuy d'Allah, lequel fignifie feulement
le véritable Dieu qui doit être adoré.
C'eft aulîi le. nom d'imc. Idole des Indiens, laquelle étoitadorée dans la ville de
Ooo 3 Sou-.
478 L A T H A r F. L A 2 0 U R I.
Soumenat. Sa ftatuë étoit d'une feule pierre haute de cinquante braffes , pofe'c
au milieu d'un Temple, foûtenu de cinquarite-fix colonnes d'or maflîf.
Mahmoud tils de Sebeéleghin qui conquit cette partie des Indes où étoit fituée
la ville de Soumenat , brifa de fcs propres mains cette idole , & établit autant
qu'il put, le Mahometifmj dans les Indes, l^'oyez le titre de ce Sultan.
LA thaï F. Plurier Arabe de Lathifah. Ce mot fignifîe en gênerai des
choies agréables, galantes & facetieufes. Ce font auûî de bons mots & des con-
tes faits à plaifir.
Il y a cependant des livres ferieux qui portent ce titre, tels que font.
Lathaif al Cafchiriât. Livre de dévotion & de fpiritualité , compofé par
Cafchiri.
Lathaif al efcharat fi afrâr al Horouf al âlouiat. Les myfleres compris dans
les lettres de l'Alphabet Arabique, par le Docteur Albouni. Ce font des ob-
fervations fuperfliticufes fur la fignihciition de certaines lettres que les Maho-
metans croient eltrc cachée principalement dans quelques verfets de l'Alcoran.
Les Rabbins font les auteurs de femblables rêveries , dont leur cabale eft rem-
plie, & ils trouvent des myfleres enfermez non feulement dans les lettres, mais
aufli dans les points ou accens dont ils ont chargé eux-mêmes le Texte facré.
Le Livre Arabe dont il cfl icy parlé , fe trouve dans la Bibliothèque du
Roy, n°. 896.
Lathaif acbàr al aoval, Hifloire de toutes les Dynafties d'Egypte tant ancien,
nés que mjdernes. Cet ouvrage a été dédié à Mofthafa, Sultan des Turcs , par
Mohammed Ben Abdalmothî, qui le compofa l'an 1033 de l'Hegire, de J. C. 1623.
Il eft dans la Bibliothèque du Roy, n'. 829.
Lathaif al hacaik. Elégances & fubtilitez. Ce Livre fait la quatrième partie
du grand Ouvrage, intitulé Al Magmoû al Rafchidiah, qui cfl dans Ja Biblio-
thèque du Roy, n". i. l^oyzz le titre de Magmoû.
11 y a aulTi des Lathaif de Thaâlebi & de Firouzabadi.
Boloug al Arab fi lathaif al âtab. Livre de plaifanteries , de Mohammed Ben
.Ali al Mocri.
Defter allathaif de Lamâi. Voytz Defter.
Erfchdd al Thaif cla èlm allathaif. Livre qui enfeigne les qualitez que doi-
vent avoir \zs bons mots & \qs reparties agréables.
LATIN lOUN. Les Latin.';. Voyez les titres d'Afrange & de Frenk qui
font les Francs , nom que les Orientaux Latins donnent à tous les Chrétiens de
l'Occident.
LAZ & Laaz. Les Arabes appellent ainfi le Lazare, frère de Marthe & de
Marie, duquel il efl parlé dans l'Ev^angile.
Les Turcs donnent auflî ce nom à Lazare ou Eleazar, fils de Bulc, premier
Dcfpote de Servie, ctably par Eflienne Roy des Bulgares, & ils appellent du
nom de Bulcogli, qui fignifîe chez eux le même que P.ulcovitz en Efclavon, le
fils de Bulc, tous les D.efpotes de Servie qui font defcendus de Bulc.
LAZOURI fignifîe aufîî en Arabe le nom de Lazare, & particulièrement
de celuv de l'Evangile. Quelques Auteurs cependant l'ont au/ïï porté comme
Schamfcddin Mahmoud Ben Ahmed, qui a compofé le Livre, intitulé Erfchfid
aouli
L E B I D. 4-^
aouli albab, le Directeur des pcrfonii^s intelligentes & fpirituell-s. Cet Auteur
vivoit l'an j6s de l'Hegirc.
LEBID. Son nom entier clT; Abou Akil ou Okail Lebid Ben Rabiàt. Il
a été le plus ancien des Poètes Arabes qui ont vécu depuis l'origine du Maho-
nietifmc; car il étoit encore dans Fidolatrie , lorf]ue Mahomet commença à pu-
blier lu lo}'. Ses Ouvrages ctoienC eûimez à un tel point par les Arabes qu'ils
les attachoient à la porte du Temple de la Mecque. Un de l'es Poëmes qui
commençoit par ces vers:
Toute louange qui neft pas rapportée à Dieu ^ eji vaine.
Et tout bien qui m vient pas de luy , neft qiCwie ombre de bien.
Ayant eflé attache à la porte de ce Temple , il ne fe trouva aucun Poète
Arabe qui oUill rien faire en concurrence de cet ouvrage ; mais le chapitre de
rx\lcoran intitulé Bacrat , ayant eflé peu après attaché à la porte du même
Temple , Lebid , après en avoir lu les premiers verfets , avoiia que les paroles
qu'ils contenoient, ne pouvoient Ibrtir de la bouche des hommes fans une in-
fpiration particulière de Dieu; l'on ajoute que ce motif luy lit embraller deflors
le Mufulmanifme.
Les paroles de ce chapitre font: l^oicy le Livre dans lequel il n'y a aucun doute
qui doit fervir de règle ê? de conduite à ceux qui craignent Dieu, à ceux qui croient
aux chofes qu'il a révélées par luy -me/me, qui s'exercent fréquemment dans la Prière,
qui font part aux pauvres des biens qu'ils ont reçus de la libéralité de Dieu , qui
croient à ce qnil a révélé à fon apôtre, (j à ce qu'il a révélé aux autres Prophè-
tes, ef enfin à ceux qui tiennent pour certain qu'il y a une autre vie après celle-cy. -
car tous ces gens-là font dans les voyes de Dieu , âf jouiront du bonheur éternel.
Mahomet ayant appris la converfion de Lebid, en eut une très-grande joye;
car ce Poëte paflbit pour le plus bel efprit des Arabes de fon temps , & il luy
ordonna de faire des vers pour répondre aux inveftives & aux fatyres qu'Am-
rJcais, autre Poëte des Arabes infidèles, compofoit fouvent contre fa nouvelle
Religion , & contre ceux qui en faifoient profefFion. Douiet fchah S^arcandi.
Amafi écrit que Lebid, après avoir embraifé le Mufulmanifme, ne fit plus
d'autres Vers que ceux par lefquels il remercia Dieu de fa converfion. On luy
attribue cependant ce dillique cju'il fit , félon quelques Auteurs , en mourant, ■
L'on dit que toute nouveauté a quelque agrément, je n'en trouve point cepen-
dant aucun dans la mort qui me paroiH nouvelle.
Fagiadto gedid almout gair ledhidh.
Ben Cafchem rapporte comme une Tradition prophétique, ce que difoit Ma-
homet : La plus belle fentence qui foit fortie de la bouche des Arabes , ell
celle que Lebid prononça, lors qu'il dit: llla col fchei ma khalâ Allah bathel.
Tout ce qui n'elt pas Dieu n'eft rien. Les Efpagnols expriment ainfi cette
fentence en leur langue: Dios es todo y lo demas nada.
Lebid faifoit fon lejour ordinaire dans la ville de Coufah, où ayant vefcu
jufqu'à J'âge de cent quarante ans, il y mourut l'an 141; de l'Hegire.
LEBOUDÏ,:.
48o L E B O U D I. — L E K H S I C O N.
LEBOUDI. Quelques-uns lifent Kcboudi. Surnom de Nagmeddin , duquel
nous avons un Abrégé d'Eucîide , & un Commentaire fur les Efcbarat. Voyez
Tenbihât.
On trouve quelquefois cet Auteur cité fous le nom d'Agemeddin Ben Le-
boudi, & Ben Keboudi.
LEBTARIKH. Hifloire univcrfelle du Mabometifme, abrégée & écrite en
langue Perfienne. Ce mot eil corrompu de Lobbaltarikb ou Lobbaltaovarikh ,
qui fignific la moelle des Hifboires. Voyez ce titre un peu plus bas.
LEILE'. Nom de la Maîtrefle de Megnoun. Les amours de ces deux
Amans font auffi célèbres parmy les Orientaux , que ceux de Pétrarque & de
Laure parmy nous. Ils ont fourni la matière à une infinité d'Ouvrages en
Profe & en Vers , que les Arabes , les Perfans & les Turcs ont compofés Ru-
leur fujet.
Un Auteur Turc fort fpirituel , pour faire -entendre i!i fes amis qu'il avoit
renoncé entièrement à l'amour des créatures pour fe donner à Dieu, fit en fa
lani^ue les Vers fuivans.
'a^
Celuy qui fixe fa vue fur fou Seigneur , ne s'amufe plus à confiderer Leilé.
Quiconque regarde le Soleil^ ne daigne plus arrefter fes yeux fur la Lune.
Il en ejî de même de celuy qui contemple le fouverain bien :
Car dès-lors qiiil efi dans cet état , il na que du mépris pour les cliofs de la terre.
Adieu donc ^ Leilé ^ puifque fay trouvé aujourdliuy mon Seigneur:
Ton amour via porté jufquà celuy du vray (f unique bien.
Adieu donc^ créatures miferables, car fay trouvé toutes chofes dans un feul objet.
Sa prefence efi fi fortemmt imprimée dans mon ame ,
Qiie je ne fens en moy autre defir que d'efî.re uni à luy. ^
Sa beauté incomparable efface toutes les autres de mon efprit.
Adieu donc , Leilé , pour la dernière fois.
Leilé. "^Abou Lcilé, le pore de Lcilé, Mohammed Ben Abdalrahman efi: aufii
furnommé Ben Abi Lcilé ou Lcili, Ce Doftcur , cftimé beaucoup parmy les
Jurifconfultes, étoit du nombre de ceux qui font appeliez Tabâioun, c'cfl:-à-dirc
de ceux qui ont fuivi immédiatement les compagnons du Prophète , & qui por-
tent le titre de Sahaba.
Il fut Cadhi de la ville de Coufah, où il étoit né Tan 74 de l'Hegire, & y
mourut l'an 148 , après avoir fondé une nouvelle fede dans la Jurifprudence
Mufulmane. Les Jurifconfultes le citent fous fon nom propre de Mohammed,
& les Traditionnaires fous fon furnom de Ben Abdalrahman.
LEK. Un Lck vaut aux Indes, & principalement dans les Etats du ]\îo.
gol , cent mil Roupies , qui font environ cinquante mil écus de nôtre monnoye.
LEKHSICON. Mot corrompu du grec Lexicon. Les Arabes & les Sy-
riens s'en fervent. Ifla Bar Ali al Mothebabab a compofé un Didionnairc de
ja langue Syriaque, expliqué en Arabe fous le titre de Lekhficon.
LESSAM.
L E s s A M L E S S A N. 4,0^
LES S A M. Abou HafTan Ali cfl furnommé Ebn Leflam , & qualifid Ebii
Mohammed al Schaêr , fils de Mahomet le Poëte. Nous avons de luy une"
hiiloii-e intitulée Akhbar Omar Ebn Abi Rabiât. Il mourut l'an de l'II-gire 413.
LESSAN. La langue. Ceft ainfi que les Arabes appellent l'organe du
langage , aulli-bicn que le langage mcfmc ; les Pcrfans la nomment Zeban , & les'
Turcs Dil.
Les Arabes difent que le cceur & la langue font les plus petites parties du
corps humain , lefquelles cependant diftinguent davantage les hommes. Que la
langue ell un étranger dans l'iiomme, & qu'il faut que le cœur luy ferve tou-
jours de compagnon & de gfeide.
Ali difoit que l'homme cil caché fous fa langue : Jl maro makhbou tahata l ija-
nihi. parce que c'cfl ibn difcours qui le fait connoître: & que celuy qui fçait
modérer fa langue," multiplie Ces amis; comme au contraire celuy qui luy lafche
la bride , fe fait autant d'ennemis qu'il y a de gens qui l'approchent. Man
âdhoba leffanoho kathora ckhuânoho, &c.
Un autre Philofophe Arabe a dit fort élégamment dans fa langue: Lcffhni-a
tattadhica ma âovadataho. Vôtre langue exigera fans ceiTe de vous ce à quoy
vous l'aurez accoutumée.
Les Orientaux font partagez fur l'antiquité des langues. Mir Efram qui ell
S. Ephrem, foûtient que la langue Arameenne ou Syriaque foit la langue dont
Dieu s'efl fervi lors qu'il parloit à Adam; c'efl auffi le fentimcnt de S. Bafile
parmy les Grecs, & de tous les Chrétiens modernes du Levant : cependant le
célèbre Jacques , Evefque de Roha ou d'Edcffe en Mefopotamie, croit que Dieu
& Adam fe fervirent dans le Pai-adis Terreftre de la langue Hébraïque , & cette
opinion eft devenue la plus commune parmi les Grecs & les Latins , quoy
qu'elle n'ait aucun fondement bien ét:bly.
Cependant il s'efl trouvé parmy les Orientaux un Auteur qui a écrit en Ara-
be une hilloire univerlelle, intitul'^e Nahdm al giahovar, c'efl Said Ebn Batrik
Patriarche d'Alexandrie , que nous connoilTons fous le nom d'Eutychius. Cet
Ecrivain aj-ant avancé que les fentimens des Auteurs étoient partagez fur l'anti-
quité des langues : les uns croyant que la lan.^ue Syriaque tenoit le premier
rang, & les autres fe déclarant pour l'Hébraïque, il foûtient cependant que la
<jrecque luy paroift avoir elle la première de toutes à caufe de fon abondance
& de fon étendue. Cette opinion ell fort finguliere , & a peu de défenl^urs.
Les M^hometans font d'accord avec les Juifs & avec les Chrétiens touchant
la confufion & la divifion des langues, arrivée pendant le temps de la conflruc-
tion de Babel, l'an du monde 1717, quarante ans ou environ avant la naiffmce
du Patriarche Phaleg, qui efl l'époque de l'iEre Babilonienne.
La langue Syriaque ou Chaldaïque fe divife félon Abulfai-age , en trois dia-
leéles. Le premier s'appelle l'Arameen , à caufe qu'il fe parle dans le pays d'A-
ram qui efl la Mefopotamie , autrement dite la Syrie extérieure. Le fécond
•efl celuy de la Syrie intérieure, qui fe parle à Damas & dans tout le pays qui
•efl enfermé entre l'Euphrate & la mer Méditerranée; on l'appelle auffi le Dia-
lefte de la Palcfline. Le troifième efl le Nabatheen, duquel fe fervent les ha-
bitans des montagnes de l'Alfyrie, & de la Province d'kaque ou Chaldée , &
c'efl proprement la plus ancienne langue Chaldaïque qu'Abraham & fes anceflres
ont parlée, & dans laquelle les livres de Zoroaflre nommez le Zend , le Pa-
ToME IL Ppp zcnd,
482 L E S S A N. •
zend , & le Vofta ont été écrits avec quelque mélange de l'ancienne langue
des Perfcs.
LESSAN al Arabi. La langue Arabique a pris, félon les Arabes, Ton
origine de Cahtan ou Joélan, fils du Patriarche Heber, & fa dénomination d'Iârab,
fils'^de Cahtan , qui ont fondé les premiers le Royaume de Hamiar ou de Hemiar
dans riemen que nous appelions l'Arabie Heureufe.
Cette langue Arabique que la poftcrité de Heber parloit, approchoit fort du
Syriaque & de l'H.'brcu ; c'eft pourquoy elle étoit peu entendue des autres
Arabes qui habitoient la Province de Hegiaz , où Abraham accompagné d'ilmaël
fon fils, baflit le Temple de la Mecque, félon la fauffe opinion des Mahomc-
tans: il y a cependant plus de trois cens ans depuis la naiffance de Heber juf-
quà celle d'Ifmaël,
Ifmaël s "étant arreilé en Arabie dans la Province de Hegiaz où il jetta les
fondemens d'un nouvel Etat, oublia fa langue maternelle, & apprit celle de la
famille de Giorham, dans laquelle il s'étoit aUié, & l'épura de telle forte, qu'elle
furpafa en élégance & en politeife tous les autres Dialeftes qui étoient en
ufage dans les autres Provinces de l'Arabie , & c'eft celle qui fe parle encore
aujourd'huy par tant de peuples , & dans laquelle tous les Livres Arabes qui
font parvenus jufqu'à nous, ont été écrits.
C'eft cette même langue que l'on appelle auffi Coraifchique , à caufe que les
Coraifchites qui étoient les plus confiderables habitans de la Mecque , def-
quels Mahomet étoit ilFu , avoient pris peine de la cultiver & de la polir , &
que l'Alcoran que les Mufulmans croient eftre le chef-d'œuvre de cette langue,
eft nommé très-fouvent par le faux Prophète l'Alcoran Arabique : cet impo=
fleur fe vantoit-il auflî d'avoir appris de Gabriel mefme le véritable langage
d'Ifmaël.
Comme le Siège du Khalifat des Arabes, après avoir été transféré de l'Ara-
bie en Chaldée , de Chaldéc en Syrie , fut enfin fixé par les Abbaffides dans
Ba<^det, cette ville étant ainfi devenue la capitale du Mufulmanifme , & par con».
fequcnt la demeure des plus grands hommes de tout l'Etat, la langue Arabique
qui s'y parloit y fut rafinée jufqu'à fa dernière perfeélion , en forte que tous
les Dialeftes qui s'éloignoient de la pureté du langage de la Cour, y pallbient
pour groffiers ou pour barbares.
Plufieurs Auteurs ont travaillé expreifément fur l'élégance & fur l'abondance
de la langue Arabique; car fans parler de ceux qui ont fait des Livres entiers
fur les fynonymes du lion, du ferpent, du miel, de la palme & de l'épée,
nous avons dans la Bibliothèque du Roy, n'^. 1127, l'Ouvrage de Gazi Al Ame-
ri intitulé Efsâh , qui traite à fond cette matière ; à quoy l'on peut ajouter
qu'il n'y a aucune langue de celles qui nous font connues, fur laquelle les-
Grammàij-iens ayent plus travaillé.
Outre la langue des Hamiarites ou Homerites, qui n'étoit point entemîuë par
les autres Arabes, comme il paroift par l'exemple de celuy qui fe précipita au
lieu de s'alleoir, parce que le Roy de Maharah luy avoit dit: Theb, qui figni-
fie dan5 ]a première de ces langues, /ipiez-vous ^ & dans l'autre, Précipitez- .
vous^ il y a encore une aucre forte de lan.^ue Arabique qui eft propre aux Afri-
cains , & que l'on nomme pour ce fujet Leifan al Goraba , la langue des Etran»
gers ou des Occidentaux. Cependant un Poète fort célèbre parmi les Arabes,
nommé
L E s s A N. 485
nommé Safi al Holli , a mêlé dans fon Divan quelques Vers de cette langue
dans le feuillet 258 de l'exemplaire de cet Ouvrage qui fe trouve dans la Biblio-
thèque du Roy, n". 1168. Voyez le titre de Tahrir.
Ce qui a contribué beaucoup à l'abondance de la langue Arabique , eft la
valle étendue des pays que les Arabes ont conquis ; & la première retraite que
les Mufulmans firent en Ethiopie , après avoir été chalTcz de la Mecque , tit ,
félon les Interprètes de l'Alcoran, qu'il y a plufieurs mots dans ce livre tirez
de la langue Ethiopique , qu'ils appellent Lefsân al Habafchi , la langue des
Abiffins. Voyez le titre de Thouba.
L'on trouve auffi parmi les Ouvrages des Arabes plufieurs Diflionnaircs de
langue Perfiennc, qu'ils appellent Lefsân al Fars ou alFarfi, interprétez en leur
propre langue; comme auffi des Dictionnaires Turcs & Mogoliens, ou Tartares.
Nous trouverons leurs noms dans cette Bibliothèque où ils font rangez fous
leurs titres particuliers. Il y a cependant un Ouvrage afl'ez fingulier, & que l'on
ne trouve que difficilement, intitulé Al Edrâk le Lcilân Al Atràk, Introduction
à la langue Turquefque , cpmpofée par Athireddin Abou Haian Al Andaloufi.
Jacoub Al Carovi eft auteur du Livre, intitulé Bolgat fillogat fur la langue
Mogolienne ou Tartare, qui a été depuis réduit en tables , dans lefquelles les
quatre langues. Arabique, Perfienne, Turquefque & Mogolienne font feparées.
. La langue Syriaque que les Arabes appellent Leffân Al Soriani , &, dont on
a déjà parlé au commencement de ce titre , eft fouvent confondue par les
Orientaux avec la Grecque , à caufe qu'il y a une très-grande quantité de mots
de celle-cy , dont les Syriens fe fervent ; ce mélange eft arrivé principalement
depuis que les Seleucides Grecs, Macédoniens de nation, ont envahi & poflTedé
la Syrie. En effet, le Calendrier même des Syriens eft appelle fort fouvent
le Calendrier des Syromacedoniens.
Les Arabes n'attribuent pas fimplemcnt le langage aux hommes ; ils préten-
dent que les animaux & principalement les oyfeaux , & les plantes même , en
ont ijn qui leur eft propre & naturel, fans parler de celuy qui n'eft que méta-
phorique.
Aboulfarage Ben Ali Al Giouzi eft l'auteur d'un Ouvrage, intitulé Icadh
■aloueihah fil movêdhat men alfcnah alhaivanv Alncbât. Le Réveil du fommeil
fur les avis que nous recevons par le langage des animaux & des plantes. Voyez
les titres de Daoud & de Hegiage.
LES S AN Al Calzoum. La langue de Caizoum. C'eft le Golphe Arabique
que nous appelions auffi la Mer rouge. Nous difons en François .une langue
de teiTC , mais nous ne difons point une langue d'eau.
LES SAN Al Fars. Langue de cheval. C'eft une plante que les Grecs
nomment Hippoglofix)n , les Arabes & les Syriens Ouboglollon. Les Latins la
connoiifent pour une efpece de Thymeltea qui eft l'Alypon de Montpellier,
ou de la montagne de Cette ; elle eft fort purgative , auffi elle emprunte fon
■nom du Thithymale & de l'Olivier. Les Orientaux ont auffi emprunté des
Grecs les noms des plantes que nous appelions Arnoglojfum , Buglojftm , Cyno-
glojfum , éfc.
LES S AN Al Hokkâm fi mârefat al Ahkam. Formules des Jugemens pour
ks Cadhis , compofées par Ben Schohnah en 30 Chapitres. Cet Auteur nean-
Ppp 2 moins
4^4 L E S S A N. L O B B.
moins n'en fit que vingt-iin. Borhaneddin Al Khalai a ajouté les neuf autres.
Bibliothèque Royale, n*. 612.
LESSAN eddin. Il y a deux Auteurs qui portent ce nom, qui fignifie la
langue de la Religion. Le premier clt Mohammed Ben Abdallah, dit Alkha-
thib Al Corthobi , Prédicateur de CordoLie , auteur d'Iclil Al Thaher , la Cou-
ronne pure, livre de Politique. Il mourut Tan 626 de l'Hegire.
Le fécond efl Mohammed Ben Alkhathib Al Garnathi , fils du Prédicateur de
Grenade , qui a fait des inftruélions pour les Vizirs fous le nom Efchàrât ela
adab al vouzara.
LIKHA. Les Cathaiens appellent ainfi la feptième partie dos vingt- quatre
qui compofent leur année.
LINOUN efl la dix - neuvième. ,
LITCHEN la première, &
LITCHOU la troifième.
L O B A N. Larme ou gomme qui coule naturellement ou par incilion d'un
arbrilfeau afTez .femblabic au Lentifque. Les Arabes l'appellent encore Condur,
mot qui efl plus ufité que ccluy de Loban qui vient de l'Hébreu Levonah , ou
du grec Libanos , d'où le mot d'Olibanum des Chymiftes & des Pharmaciens
s'eft formé.
Nous appelions cette gomme ou refme Encens , du mot latingenerique incen-
fitm , qui lignifie tout ce que nous brûlons pour fervir de parfum. Les Juifs
defquels font venues les fuffumigations dont on fe fert dans les temples , n'em-
ployoienc pas cependant l'encens, mais le floraz appelle par les Grecs Styrax,
Narcaphthon , & Thymiama , qui croifl dans la Judée & dans la Phœnicie , au
lieu que le véritable arbre de l'encens ne croifl que dans lArabie.
La plus grande abondance d'encens fe trouve dans le terroir de la ville de
Merbath , félon le Géographe Perfien ; cette ville appartient à' la Province de
Saba. Al Edriflî dans fa Géographie Arabique écrit que l'on trouve de l'en-
cens en très-grande quantité dans la Province de Schagiar vis-à-vis du golfe ap-
pelle Gioun Al ILilchichi; tous ces pays-là font de l'Iemen, qui nous efl connu
fous le nom d'Arabie heureufe.
LQB3.A1 albâb fi êlm alaârâb. Titre d'un Livre de Beidhaovi , qui n'efl
autre qu'un fupplement de la Cafîah, Grammaire Arabique, Ouvrage qui a
encore été expliqué par Barkeli , & qui fe trouve dans la Bibliothèque du
Roy , n^. 1049.
Il y a un autre Livre qui porte le même titre , compofé par Tageddin Al
Asfaraini.
LOBB Alalbab fi êlm alhefTab. Livre d'Arithmétique compofé eu langue
Perfienne par Abdallah Ben Omar Al Affadi Al Saovi.
LOBB Al Taovarikh. La moelle des hifloires. Hifloire écrite en Perfien
par Jahia Beu Abdallathif Al Cazuini-, l'an de l'Hegire 948. Cet Auteur étoit
Schiite , c'eft à dire de la fe6lc d'Ali , de laquelle les Rois de Pcrfe , qui re-
gnoieiit
L O B N A N. L O C M A N. 485
gno'ent de fon temps, & qui régnent encore aujourd'huy, faifoient profcffion;
il divifa fon liiftoire en quatre parties.
La première contient les vies de Mahomet , & des douze Imams rêverez
par les Perfans, fans faire mention d'Aboubecre, d'Omar, ni d'Otiiman.
La féconde comprend les vies & les Aftions des Rois qui ont régné avant le
Muli'lmanifme.
La t -oifième ne traite que de la famille régnante des Sofis , appellée com-
munément Haidarienne.
La quatrième s'étend fur toutes les Dynaflies qui fe font élevées depuis l'o-
rigine du Maliometifme.
Cet Auteur mourut l'an de l'Hegire 960, qui commença le 17 Décembre de
l'année Chrétienne 1552, la trente-deuxième année de Soliman, fils de Selim I
du nom.
C'eft cet ouvrage que l'on cite fouvent fous le nom corrompu & abrégé de
Lebtarikh. .
LORNAN. Gebel allobnan. Le Mont Liban. Chacun fçait que c'eft une
montagne de la Syrie, laquelle a comme deux bras, à fçavoir, le Liban & l' An-
ti-Liban , qui enferment ee que les Grecs appellent la Cselefyrie ou la Syrie
creufe.
Cette montagne a pris fon nom Hébreu & Arabe , de la blancheur des neiges
qui en couvrent le fommet , de même que les Alpes ont pris le leur , félon
Feftus Pompeius, du mot grec Alphos, qui fignifie blanc. Le Liban a été de
tout temps le refuge des Chrétiens contre les incurfions des Arabes , des Cur-
des, des Turcomans & des Turcs, & c'efl encore aujourd'huy la retraite la plu3
alTurée des Maronites, qui y ont plufieurs Eglifes & Monaftères.
MoHaheddin Saadi rapporte dans fon chapitre des Religieux ou Dervifches , _
qu'il y avoit de fon temps dans le Mont Liban un grand nombre de ferviteurS
de Dieu, qui faifoient des miracles.
LOCMAN Al Hakim. Locman le fage. Le chapitre 31 de TAlcoran, qui
porte le nom de Locman , s'appelle Sourat Lokman. Mahomet y fait parler
Dieu , qui dit ces paroles : Lécadatina Locman alhecmat , nous avons donné la
fageffe à Locman.
Les Interprètes de ce Chapitre ne font pas d'accord touchant l'explication du
mot de fageffe, car Saddi , Akramas &: Schaâb veulent que ce foit le don dç
Prophétie, Locman ayant été neveu de Job du côté de fa fœur , ou fils de fa
tante , & par confequenc fon coufm-germain , & qu'ainfi il avoit droit à la Pro-
phétie par fucceflîon. L'Auteur du Taiaflir alilire , que Locman étoit fils de
Bàour ou Béor , fils de Nakhor , fils de Tareh , & par confequent petit - neveu
d'.îbraham.
Abouleits donne à Locman le furnom d'Abou Anàm , c'efl-à-dire , Père d'A-
nâm, quoique d'autres Auteurs veuillent que fon fils portât le nom de Mathan.
L'Auteur du Livre, intitulé Ain al mâni, rapporte, que Locman naquit du
temps de David , & qu'il vêquit jufqu'au temps du Prophète Jonas ; mais il
faudroit , félon ce calcul , que Locman eût ^'êcu plufieurs centaines d'années.
Auffi y a-t-il des Auteurs qui luy donnent jufqu'à trois cens ans de vie.
Le plus grand nombre des Do6leurs Mufulmans effc d'accord , que Lokman ne
P p p 3 tient
^85 L O C M A N.
tient point de rang parmi les Prophètes ; en effet , on ne luy donne que la
qualité & le titre de Hakim, qui fignifie fage. Sa condition étoit fervile , &
le métier qu'il exerçoit étoit celui de Tailleur ou de Charpentier , quelques-
uns le font auffi Berger. A l'égard de fon pays , tous conviennent qu'il étoit
Habafchi , c'eft-à-dire , AbifTm , natif d'Ethiopie ou de Nubie , de la race de
ces efclaves noirs à grolFes lèvres, qui fortent de ce pays-là & que l'on portoit
vendre en divers lieux , de forte que Locman fe trouva porté & vendu parmi
les Ifraëlites, fous les règnes de David & de Salomon.
Un jour pendant le fommeil du midy , que les Arabes appellent Cailoulat ,
les Anges entrant dans la chambre de Lokraan , le faluerent fans fe faire voir.
Lokman entendant une voix & ne voyant perfonne , ne répondit point à leur
falut ; les Anges luy dirent : Nous fommes les MeJJagers de Dieu , ton Créateur
^ le nôtre , qui 7ious a envoyez vers toy , pour te déclarer qu'il veut te faire Mo-
narque â? fon Lieutenant fur la terre.
Lokman alors leur répondit : Si c'eft par un commandement ahfolu de Dieu que
je devienne tel que vous dues ^ fa volonté doit s'accomplir en toutes chofes , & fefpe-
re fi cela arrive , qiCil me donnera les fecours néceffaires de fa grâce , pour exécuter
avec fidélité fes ordres ; mais s'il me donne la liberté de choifir un état de vie , je
fouhaite plutôt qu'il me laiffe dans celuy oii je me trouve préfrJemcnt , 6f qu'il me
préferve de Voffenfer^ fans quoy toutes les grandeurs du monde me fer oient à charge.
Cette réponfe de Locman" fut ii agréable à Dieu , qu'il luy donna auffi -tôt
le don de Sageffe à un tel degré d'excellence , qu'il devint capable d'inftruire
tous les hommes par un très - grand nombre de Maximes , de Sentences & de
Paraboles, que l'on fait monter jufques à dix raille, dont chacune eft plus eili-
mable que le monde entier.
Locman étant un jour aflis au milieu de plufieurs gens qui l'écoutoient , un
grand perfonnage parmi les Juifs, qui le vit au milieu de tant d'auditeurs, luy
demanda , s'il n'étoit pas cet Efclave noir qui pailfoit n'agueres les brebis d'un
tel; Locman luy répondit: Je fuis le même. Et comment fe peut-il faire, luy
repartit le Juif, que tu fois parvenu à un fi haut degré de fageiiè & de vertu?
Lokman luy dit: C'cfl en accompliffant trois chofes, difant toujours la vérité,
gardant inviolablemcnt ma parole , & ne me mêlant jamais de ce qui ne me
regardoit point.
Thaalebi rapporte dans fon Taffir ou Commentaire fur l'Alcoran , que Lok-
man ayant été envoyé avec d'autres efchves à la campagne , pour en rappor-
ter des fruits , fes camarades les ayant mangés accuferent Locman de ce fait.
Locman, pour fe juftifier de cette accuiation , dit à fon maître: Faites -nous
boire à tous de l'eau chaude, & faites -nous faire enfuite plufieurs tours en
rond, & vous apprendrez bientôt qui font ceux qui ont mangé vos fruits. Il
arriva en effet à ces Efclaves, qu'après avoir fait plufieurs tours, leur ellomac
s'étant foulevé, ceux qui avoient mangé les fruits les rendirent, & Locman ne
rendit que Teau chaude qu'il avoit bûe.
Cette hiftoriette fe trouve décrite en vers Perfiens dans le Livre intitulé le
Methnevi, dont l'Auteur qui moralife toutes chofes , fait une application qui
ilirprend fon Leéleur, car il dit ces paroles: Lors que l'on vous donnera à. boire
de cette eau chaude âf brûlante dans la quisjîion du Jugement dernier, tout ce que
^ous avez caché avec tant d: foin , paroitra aux yeux de tout le monde , ^ celui
qui
L O C M A N. 487
qui aura a quis de feftim; par fon hypocrifie âf par fon déguifanent , fera pour lors
couvert de honte 6? de confufiofî.
Le mcme Auteur rapporte auffi , que David ayant demandé un jour à Loc-
man, comment vous êtes-vous levé ce matin, il luy répondit: 'Je me fuis levé
du milieu de ma poufftère.» Cette î-éponfe donna à David une grande eftime pour
Locman, duquel il admira l'humilité & la fagefle.
Nous avons un Livre, intitulé Giovaher altaffir , qui contient un abrégé des
principales actions & des plus belles fentences de Locman.
L'Auteur du Lebtarik fait auffi vivre ce Sage dans le temps que Kaikaous &
Kaikofroes regnoient en Perfe , qui efl à-peu-près celuy auquel David & Salo-
mon regnoient en Judée, & que Pythagore vivoit & philofophoit en Italie &
en Grèce. Cette Chronologie n'efl: pas fort jufte, non plus que celle de tous
les Orientaux , qui parlent des chofes arrivées avant l'époque de l'He^ire , à
moins qu'ils ne s'accordent avec l'Ecriture.
L'Auteur du Tarikh Montekheb écrit, que le fepulcre de Locman fe voyoit
encore de fon temps à Ramlah ou Ramah , petite ville qui n'eft pas éloignée
de Jeruftlem; qu'il étoit Abiflîn de Nation , Juif de religion , & qu'il fut en-
terré auprès des foixante & dix Prophètes, que les Juifs firent mourir de faim,
& qui perdirent tous la vie en un feul jour auprès de Jerufalcm. Ce même Au-
teur luy donne 300 ans de vie pour éviter les Anachronilmes, & il avance de
plus, qu'il y a eu un autre Locman qui vivoit dans le fiècle du Prophète Houd
ou Heber ," pour concilier avec fa Chronologie celle de ceux qui donnent à
nôtre Locman jufques à mille ans de vie.
Ces deux Auteurs conviennent auffi qu'il étoit Efclave Abiffin ou Nubien de
Nition , & qu'il a lailfé un Livre intitulé Amthdl , nom qui fignifie en Arabe
Proverbes & Apologues^ & que l'on donne ordinairement aux Proverbes ou Pa-
raboles de Salomon ; quoy qu'il y ait grande apparence que ce Livre de Loc-
man foit moderne & tiré feulement de fes Difcours & Entretiens.
Les Orientaux ont un proverbe ordinaire , dont ils fe fervent pour louer un ^
homme fçavant, Il ne faut pas prétendre enfeigner quelque chofe à Locman.
■ Tous les Auteurs conviennent , que c'efl de nôtre Locman & non pas de
Pancien , que parle le 3 1 Chapitre de l'Alcoran , qui porte fon nom ; car dans
un Commentaire Turc fur ce môme Chapitre, Vaheb rapporte, que Locman
étant efclave, fon maître luy donna fa liberté, à caufe de fa vertu & de fa fa-
geffe , quoy que le Sage , félon le fentiment des Philofophes , foit toujours li-
bre en quelque état qu'il fe trouve. C'efl: luy qui a dit le premier , félon le
même Auteur, que le cœur & la langue étoient les meilleures & les pires par-
ties du corps de l'homme, & ayant été un jour interrogé de qui il avoit aopris
la fageffc, il répondit , qu'il l'avoit apprife des aveugles, lefquels ne s'allûrent
de rien jufques à ce qu'ils le touchent. .'
L'on pourroit dire , avec beaucoup de vraifemblance , que LocrHan eft le
même que celuy que les Grecs, qui ont ignoré fon nom, nous ont fait connoî-
ti-e fous celui de fa Nation, en l'apnellant Efope, qui fignifie la même chofe
en Grec que le mot d'Ethiopien. En eflet, on trouve dans les Paraboles, Pro-
verbes ou Apologues de Locman en Arabe, des chofes que nous lifons dans
les Fables d' /Efope, en forte qu'il feroit afiez mal-aifé de décider, fi les Arrhes
les ont empruntées des Grecs, ou fi les Grecs les ont prifes des Arabes. Il efl:'
ccpen- ■
488 L O C M A N.
cependant certain , que cette manière d'inflruire par les fables , eft plus con-
forme au génie des Orientaux , qu'à celuy' des peuples de l'Occident.
Nous ajouterons encore ici, en faveur de Locman , ce qu'en écrivent dcux
Auteurs célèbres. Le premier eft celuy du Livre intitulé le Nighiariftan , qui
écrit, que le fujet qui luy fit donner la liberté fut , que fon maître lui ayant
donné à manger un melon amer, il le mangea tout entier; fon maître étonné
de cette aélion d'obéïiTance , lui dit : Comment avez-vous pu manger un fi mau-
vais fruit. Locman luy répondit alors: J'ai reçu li fouvcnt de vôtre part des
douceurs, qu'il n'eft pas étrange que j'aye mangé une feule fois en ma vie un
fruit amer que vous m'avez prefenté.
Ce fentiment fi honnête d'un efclave toucha fi fort le cœur de fon maître,
qu'il luy donna incontinent la liberté & il s'efi; trouvé dans la fuite des temps
que cette même réponfe, qui efl: admirable, fut employée par les foldats d'Alp-
teghin, lequel, après qu'il eut été défait, n'ayant plus de quoy les payer, leur
confeilloit de prendre le parti de fon ennemi & de fon vainqueur ; car ces bra-
ves gens ne le voulurent jamais quitter , & le fentiment généreux qu'ils expri-
mèrent par les paroîes de Locman , fut bien-tôt après recompenfé par la plei-
ne viftoire qu'ils remportèrent fur leurs ennemis, f^oyez le titre d'Alp Téghin.
Le fécond . Auteur , qui parle avec éloge de Locman , efl: celuy du Thirâz
Almancoufch , traduit de l'Arabe en Turc , à la louange des Efclaves Noirs ,
où il dit, conformément à tous les Orientaux, que Locman étoii Efclave Abif-
fm de Nation, à qui Dieu, donna, par une grâce particulière, le don de fagef-
fe , félon l'autorité de l'Alcoran ; que les Interprètes expliquent en cet endroit
différemment ce mot de SagefTe, que quelques-uns veulent que cefoit la Prophé-
tie, & que Locman doit être mis au rang des Prophètes reconnus pour tels par
les Mufulmans ; mais que les autres foûtiennent , que le mot de Sagefiè doit
s'entendre de la connoilfance des Sciences fpéculatives & de la pratique , que
l'on en doit faire; que quelques-uns luy donnent Je métier de Charpentier,
d'autres, celuy de Tailleur .d'habits, & quelques autres auflî difent , qu'il étoit
Berger.
Quoy qu'il en foit , c'étoît un excellent homme , tant dans la connoifiance
des chofes, que dans la pratique des vertus. Il gardoit ordinairement le filen-
-ce , & s'appliquoit beaucoup à la contemplation , & fur-tout à l'exercice de l'a-
mour de Dieu : de forte que l'on difoit de luy , que parce qu'il aimoit beau-
coup Dieu, Dieu le favorifoit auflî de fon amour particulier.
Enfin, s'il ne fut pas Prophète, il fut au moins un des plus grands ferviteurs
de Dieu dans le fiècle où il vivoit. L'on dit encore, qu'il fe mit au fervice
du Roi David , & que fa vie fut fort longue.
Ce que nous avons dit d'Efope , qu'il femble pouvoir être le même que Loc-
man^ demande que l'on fafl'e quelque réflexion fur la chronologie de l'un & de
l'autre. Il eft confl:ant, félon Plutarque, Paufanias & Suidas, qu'Efope a vécu
du temps de Crœfus, Roi de Lydie , vaincu & pris par Cyrus , & de Solon,
Légiflateur des Athéniens. Or Cyrus a\^nt commencé fon règne dans la pre-
mière année de la s 5 Olj^mpiade, & Solon ayant publié fes Loix à Athènes,
la troifième a<inée de la 46 Olympiade, il fiiut qu'Efope ait vécu dans l'inter-
valle des 46 & s 5 Olympiades, c'efi-à-dire , depuis l'an 3350 du monde jufqueS
•en 3390, dans lequel temps les Juifs étoient dans leur captivité.
.Jl paroît donc par ce calcul , que Locman , qui vivoit du temps de David,
mort
L O D 0 s, L O H O R A S B. 4?Ç9
mort l'an 2928 du monde, ne peut être le même qu'Efope, à moins qu'il n'ait
vécu quatre ou cinq cens ans ; c'cfl: peuu-être la caufe de ce que les Arabes ,
qui ont copié ou traduit nos Fables d'Efope en leur Langue , fous le nom de
Locraan, lui ont donné une très -longue vie: & il eH; fort vraiiemblable ,
qu'ils n'ont donné à Efope le nom d3 Locraan , qu'à caufe qu'il y a un Cha-
pitre de l'Alcoran qui porte fon nom, dans lequel Dieu dit, qu'il lui a donné
h. fagefle,
LODOS. Les Turcs appellent ainfi le vent, qiiz les Grecs & les Latins
ont nommé Africus & Libonotus , les Italiens Lebecchio , & nos Mariniers de
la Méditerranée Labéche.
LOGAT. Ce mot Arabe qui femble avoir été pris du Grec logos ^ fignifie
non feulement le langage & le difcours ; mais encore un Diflionnaire , où les
mots d'une langue font rangez en diverfes manières.
11 le trouve parmi les Arabes un très-grand nombre de Diélionnaires de leur
propre Langue , expliquée par elle-même , & plufieurs autres expliquez en Per-
fien & en Turc , dont on trouvera les Titres dans cet Ouvrage : voici les
noms de quelques-uns, qui portent feulement le titre de Logat ou de Ketàb al
logat.
Logat Akhteri. Diftionnaire Arabe , recueilli du Camus , de Giauh:in , &c.
& traduit en Turc par Akhteri.
Logat Nàmat Allah. Difèionnaire Perfien, traJuit en Turc par Nàmat Allah
Ben A'vïied Ben Mobarek A! Roumi.
Logat Tage Al Adib. Autre Diftionnaire Arabe , traduit en Turc par Ali
Al Amafi, qui dit l'avoir recueilli du Tage al efm.i de Zamalvfchari , du Ketâb
Al Aifami de Meidani , & du Sihah de Giouhari.
Logat al Halimi. Diftionnaire Perfien , traduit en Turc par Luthfallah Al
Halimi. Le même Diélionnaire porte le titi-e de Bjian allogat , & d'Aknoum
Agem, &c.
Kénz allogat, Tréfor de la Langue. Diftionnaire Arabe & Perfien , compo-
fé par Mohammed Ben Abdalkhalek Ben Almârouf Al Gilani.
Deftour allogat , Regiftre de la Langue. Dictionnaire Arabe & Turc , fans
nom dAuteur.
Sihah allogat , Pureté de la Langue Arabique. C'ell l'ouvrage de Giauhari ,
duquel il eft parlé plus amplement dans fon litre particulier.
On n'a fait ici mention que des Diélionnaires qui portent le titre de Logat,
& il faut chercher les autres , comme le Camus , le Giamê , le Thalebi , le Mo-
tharezi, &c. dans les Titres particuliers des Auteurs & de leurs Ouvrages.
LOHORASB, quatrième Roi de Perfe de la Dynallie des Kaianides , fuc-
ccda à Kaikhofrou, qui ctoit mort fans enfans.
Il étoit fils d'Arvend ou Orond-Schah, fils de Kai , fils de Kai-Kobad, Roi
de Perfe ; cependant à caufe que fon père & fon grand-père avoient mené une
vie privée & fans éclat, les grands Seigneurs de Perfe eurent d'abord quelque ré-
pugnance à le voir élevé fur le trône ; mais comme il fit éclater , dès les pre-
miers jours de fon règne, les grandes vertus dont il étoit doué, il n'y eut en-
iin perfonne qui ne le jugeât digne de la Couronne qu'il portoit.
Tome IL Q q q Ce
4yo L O H O R A S B.
. Ce fut lui qui , le premier de tous les Rois , établit en Perfe une Cour de
Juilice particulière pour fes troupes, qui les fit vivre ibus une difcipline fevè-
re, les obligeant à fe contenter de la Ibldc qu'il leur avoit alïïgnce; chofe qui
ne s'étoit point encore pratiquée jufques alors, car les troupes, avant fon rè-
gne, avoicnt accoutumé de vivre fans règle dans les quartiers qui leur étoienc
donnez.
Ce Monarque ordonna auflî, que les Officiers Généraux & Gouverneurs des
Provinces donnafTent leurs audiences fur une eftrade relevée & dorée, & il ne
refcrva pour lui aucune autre diltinétion que celle de faire tendre devant fon
trône un rideau d'étoffe prétieufe , au travers duquel il donnoit les fiennes.
Lohorasb, après avoir fait de grandes conquêtes au Levant, poulîà ies armes
viftoricufes jufques au couchant de fon Empire ; car il envoya en faleftine un
de fes Généraux, nommé Raham & furnomraé Bakhtalnalfar , (mot qui fignifie
le bonheur de la Vi6loire,) duquel les Hébreux ont formé celuy de Nebucad-
nelîar, & les Grecs ccluy de Nabuchodonofor , fous la conduite duquel toute
la Syrie fut réduite à fon obéïlfance. Le Roy de Judée de la lignée de Sa-
lomon , qui regnoit pour lors dans Jerufalem , refufant de fe foumettre , fut at-
taqué par Raham qui défit les Juifs à platte - couture , prit la ville de Jerufa-
lem qu'il faccagea & ruina entièrement, après quoy il retourna viftorieux en
Perfe , chargé de riches dépoiiilles , & d'un nombre prefque infini de prifon-
niers,
Lohorasb avoit un fils nommé Kifchtasb , que- les Grecs nommeroient Hy-
dafpes, dont l'ambition dénaturée alla jufques à luy faire entreprendre de dé-
trôner fon père. Mais enfin fes efforts ayant été rendus vains , par la fidélité
que les peuples gardèrent h Lohorasb , fon chagrin & fon dépit le portèrent k
quitter la Perfe & à pafi^er dans le Turqueftan , où il fut reçu à la Cour du.
Roi de ce pays-là avec beaucoup d'honnêteté, comme un étranger inconnu. Oa
dit , que la fille du Roi du Turqueftan fut tellement gagnée par les maniè-
res dû cet étranger, qu'elle en devint amoureufe , & refolut de le prendre
pour fon époux, fuivant la coutume du pays , qui luy donnoit la liberté de ce-
choix.
Quoy que le Roi eût peine de voir fa fille entre les bras d'un inconnu,,
cependant Kifchtasb ayant avec le temps gagné les bonnes grâces de fon beau-
père, il lui déclara fon état, & l'engagea peu-à-peu à faire la guerre, fans au-
cun légitime fujet, à Lohorasb, fon propre père.
Lohorasb fe trouvant attaqué à l'impourvû par une armée innombrable de
Turcs, fans pouvoir pénétrer la caufe de cette irruption, fit tant, par le mo-
yen de les Ambafiiideurs, qu'il apprit enfin que fon fils en étoit l'auteur»
Cependant comme il ne fe trouvoit pas en état de refifter à de fi grandes
forces , qui croilîbient tous les jours par la jonélion des Perfans mêmes , qui
fùivirent le parti de fon fils , il prit la refolution de lui envoyer le Tage ou la
Couj'onne royale par fon frère puifné , & de fe retirer , pour fervir Dieu le.-
relie de fes jours, dans la ville de Balkh. Il ne demeura pas long- temps ce-
pendant dans cette retraite ; car Argiaft, neveu d'Afrafiab, Roi des Turcs Orien-
taux, vint affîéger la ville de Balkh, laquelle étant enfin tombée entre fes mains,
il y trouva Lohorasb, auquel il fit perdre la vie, après fix- vingts ans de rè-
gne., que quelques Eci-i vains font aller jufques au temps de Jereraie & d'Ozaii*».
nue nous appelions Efdras. Lebtarikiu Tarik Montekheb^
lOHORASB. -4^1
Ce dernier Hiftorieiî ajoute, que le Prophète Daniel avoit infimk ce Prince
du culte du vrai Dieu , & qu'il l'avoit porté à quitter Ja religion des Mages'',
pour embrafler la Judaïque.
Le Schah Naméli de Ferdoufi eft alTez conforme au rapport da deux Hi.lo-
riens précedens ; mais Khondemir ne s'accorde pas avec eux dans pJuQeurs cir-
conftances, car, félon cet Hiftoricn, Lohorasb étoit Hls d'un frèra de Kaikaous,
& ne fut choifi pour fucceder à Kaikhofrou , qu'à caufe qu'il polîedoit toutes
les qualitez dignes d'un gi'and Prince.
Il fubjugua une grande partie des Provinces Orientales de l'Empire de Perfe;
& dès qu'il s'en vit le maître abfolu , il envoya un des Généraux de fcs Ar.
mées, nommé Gudarz, du côté de l'occident. Gudarz, félon le fcntiment d'A-
bou Giafar Al Tliabari , & de plufieurs autres Hiftoriens des plus célèbres de
l'Orient, comme Ben Schohnah, Mircond , &c. efl: celuy-là même qui néfant
que Lieutenant-Général de Lohorasb, a palfé chez les Hébreux pour un grand
Roi, qu'ils ont appeliez Nehucadnctfar , & les Arabes BakhL-Naiîar ou Bokht-
jialfar, qui ell peut-être le Nabonaffar de Ptolemée, qui pourroit s'être fait dé-
clarer Roi après fes grandes conquêtes. Quoy qu'il en foit, Gudarz, que les
autres appellent Raham , comme nous avons vu plus haut , exécuta toutes les
grandes entreprifes que les Livres des Juifs nous apprennent ; ce qui nous l'a
rendu extrêmement connu , pendant que Lohorasb , duquel il dépendoit & qui
faifoit fa réfidence ordinaire dans les parties les plus orientales de fon Empire,
efl demeuré entièrement inconnu aux Nations de l'Occident. En effet ce Prin-
ce avoit choifi la ville de Balkh en Khoraffan, pour le fiége de fon Empire &
la capitale de tous fes Etats : c'eft d'où le furnom de Balkhi luy fut donnée
furnom qui approche fort de celuy de Belochus , que nous trouvons dans le
Catalogue des Rois d'AiTyrie ; mais le temps dans lequel Laoflhenes, autre Roi
d'AlTyrie a régné , s'accorde mieux avec celui du règne de Lohorasb , & leurs
noms ne font pas non plus fort éloignez l'un de l'autre.
Ce Prince ayant plus d'inclination pour les cnfans de Kaikous que pour les
fiens propres, auxquels il préferoit toujours fes neveux, fon fils aîné , nommé
Kifchtasb, dit le même Khondemir, irrité de ce mépris, fe retira chez les Grecs,
dont le Prince, qui regnoit pour lors , pouvoit être un des Rois de Lydie ou
de Macédoine, appelle ici par anticipation Caifar ou Cœfar. Il demeura incon-
nu à la Cour de ce Prince , jufqucs à ce qu'un jour arriva qu'il fe fit une
grande affemblée , fuivant la coutume du paj's , dans laquelle une des filles du
Prince devoit fe choifir un mari.
Kifchtasb fe trouva dans cette compagnie , & il fut bien furpris lors que la
PrincefTe luy préfenta l'orange, qui étoit la marque du choix qu'elle faifoit de
fa perfonne pour fon époux; mais le père fut beaucoup plus étonné, de voir
que fa fille avoit préféré un Etranger à tant de Seigneurs du paj's de la pre-
mière qualité. Il ne laifTa pas pourtant de ratifier le choix qu'elle avoit fait,
mais il abolit l'ufage de cette cérémonie , de peur qu'à l'avenir il n'arrivât un
fcmblable inconvénient.
Cette PrincefTe, qui fe nommoit Kenaioum , en luy jettant l'orange, dit à
fon Amant ces paroles , qui ont été traduites du Grec en Perfien : Je vois ici
quantité de gens tus -bien faits ^ mais vous me paroijfez furpajfer de beaucoup tous
les autres. Cependant le Roi Grec peu fatisfait de" ce mariage , envoya fa fille
chez fon mari , & ne les voulut voir ni l'un ni l'autre pendant quelque temps.
Q q q 2 Kifch-
492 L O H O R A S B.
s Kifchtasb fut privé par cette difgrace de la fuccefîîon qui luy échéoit par
fon mariage, fuîvant les loix du pays; car. le Prince Grec y dérogea expreiré-
ment, & déclara, qu'ayant encore deux filles à marier, ceux qui deviendroient
leurs époux & Tes gendres , partageroient après la mort les Etats ; mais que
pour les mériter , il falloit délivrer le pays de deux monltres qui le délb-
^oient.,
z_Le premier de. ces monftres étoit un furieux ferpcnt, lequel faifoit fa retrai-
te dans un bois û épais , que l'on ne croyoit pas quil fut polîible de le per-
cer pour l'aller combattre ; l'autre étoit un puiflant lion , qui couroit la cam-
pagne , & qui s'étoit rendu fi terrible , qu'aucun Challéur n'olbit l'aborder.
Deux d'entre les principaux Princes Grecs, qui prétcndojent d'époufer les deux
Frincefics , étoient fojt rebutez par la difficulté qu'ils trouvoient dans l'exécu-
tion de ces deux entreprifes, & . ils commençoient déjà à perdre l'eliierance de
voir réuffir leurs prétentions, lors quiis refolureat de communiquer leur em-
barras à Kifclitasb.
Ce valeureux Prince, poufixjpar le mouvement d'une gcnerofité fans exem*
pie, s'off'rit non feulement de combattre luy feul ces deux monltres;. mais en-
core de donner tout le mérite de cette aftion, i\ elle luy réalHlfoit, aux deux
Princes; en effet, il les attaqua & les tua tous deux, fans rien déclarer de ce
qui le regardoit dans deux actions auffi hardies ; il fouffrit que les deux Prin-
ces Grecs s'en filfent honneur auprès du Roy , & obtinlient par ce moyen Ils
deux filles qu'il leur avoit promiles en mariage.
Ces choies s'étant. ainfi paifées, le Roi s'exerçant quelque temps après à ma-
nier des chevaux & h. jouer au mail à cheval , Kifchtasb, qui étoit rentré un
peu en grâce auprès de luy., fît paroître tant d'adrelfe dans ce jeu & dans tous^
les autres exercices que ce Prince, après l'avoir long-temps admiré, le fit appro-
cher de luy, & fencrctint quelque tems contre fon ordinaire. Le Roy lui ayant
demandé entr'autres cbofes à quoy il pailoit fon- tems, Kilchtasb luy répondit,
qu'il- chafibit-, & luy fit entendre adroitement , qu il avoit été iiifez heureux
âms fes dernières chaifes , de tuer deux animaux cruels qui faifoicnt de grands
ravages dans fon pays.
Le , Roy comprit afi!c:z ce qu'il vouloit dire, & s'étant fait depuis informer
à fond de la vérité du ftiit , le remit entièrement dans lés bonnes grâces , &
voulut, qu'il fût toujours auprès de fa perfonne. Kilchtasb ne manqua pas de
fe prévaloir auffi-tôt de la faveur du Roy, & il fit tant par les confeils & par
fes fo.'li citations , qu'il le porta à refufer le tribut qu'il payoit tous les ans k
Lbhora.^b , ce qui étoit une véritab.e déclaration de guérie. Cette nouveauté
ne fut p^s p.ûtôt fçûë en Perfe , qu'on ne douta point que Kilchtasb n'en fût
l'auteur, &,,Lohoras.b, qui étoit dans une extrême inquiétude de fçavoir où étoit
fon fi'iS:, jugea que ce ne pou voit être que luy qui eût pu donner allez de har-
dieife âux; Grecs pour le venir attaquer.
La :,çoolc étant enfin éclaircie , Lohorasb plein de joye d'apprendre que fon
fils ctoii encore vivant, ne le confiJera plus comme un ennemi, mais fit partir
incontinent' fon fils puîné, noniiaé Zerir, pour aller aU-devan.t de fon frère aî-
né, & pour lui préienter, de fa part, la Couronne Royale de Perfe, comme
un gaqe aliûré de la fucceffion qui le regardoit.
Ki;'cutasb s'étoit déjà mis en chemin vciS la Perfe avec l'avant-garde de l'ar-
mée uc$ Urecsj ce qui fit. q4e fon frère ne fut. pas long-temps Cxas le rencon-
trer.
L O K H O U M. L O R. 493
trer. Auflî-tôC qu'ils fe virent de loin, ils coururent tous deux pour s'embraf.
fer, &, après s'être donnez des témoignages réciproques d'une grande amitié,
Zcrir fit placer Kifchtasb iur un trône, & kiy mit le Tage Impérial lur la
tête. On n'eut pas plutôt appris en Perle la nouvelle de cette cérémonie ,
que l'on y lit par-tout des réjouiirances publiques , & le Roy des Grecs . Ion
beau-père fut tellement furpiis de voir fou gendre reconnu & proclamé û fou-
daineir.ent Roy de Ferfe , qu'où par crainte de quejque embul'che , ou pour
éviter les formalitcz des cérémonies, il prit aufîî-tôt congé de luy pour s'en
retourner dans fes états , luy laiilant fa tille pour gage de leur amitié réci-
proque.
Après cette fcparation, Kifchtasb fe rendit à la Cour de Lohorasb , fon pè-
re, qui le reçût à luy bailer les pieds, félon la coutume dès-lors uikée en Per-
le., & après l'avoir ^tendrement embralfé, il luy mit de fes propres mains la Cou-
ronne fur la tète , renonçant abi'olument en fa faveur au' gouvernement de fes
E.ats, & fv'. retirant de la Cour pour vacquer uniquemenc au fervice de Dieu,
le reite de fes jours. Ce Prince fut furnommé Balkhi , comme il a déjà ' été
dit, à caufe qu'il palla la plus gran.ie partie de fon règne, qui fut de fix-vingts
ans. dans la ville de Balkh, capitale du Khoralfan & de tous fes Etats, & qu'il
y f.it tué. Selon le m:me Khondemir , les Prophètes Jeremie , Daniel &. Ef-
dras furent fes contemporains.
Mircond remarque dans la vie de Lohorasb des chofes tout-à-fait oppofées à
celles qui Ibnt rapportées par les autres Hiftoriens. Il dit entr 'autres chofes y
que Lohoi-asb fut reconnu avec difficulté pour Roy , à catife de fa cruauté 3
liquelle fut caufe que fon- fils^fe révolta contre luy, à la follicitation des plus
grands de la Cour, qui le foûtinrcnt pendant quelque temps. L'on met Zal,
père de Roft.im , au nombre de ceux qui s'oppofercnt à Loiiorasb.
Le même Auteur veut, que Kifchtasb fe (bit refu;^ié auprès du Roi de Tur-
qucitan , en quoy il s'accorde avec le Lebtarikh & le Tarikh Montekheb. Il
nomme la fille de ce Rji Catâbun , & luy met en main une pomme d'or, fe-
raée de pierreries au lieu d'une. orange.
LOKIiOUM. Le Mircat allogat explique ce mot Arabe en Turc par celui
de Caoufage & Caoufagdih, & dit, que c'eft un poillbn qui porte une épée en
forme de trompe. Les Grecs l'appellent Xiphias à caûfe de cette épée, & les
Italiens Pefce fpada. ,
L O R & Lbur. Il ne faut pas confondre le pays de Lor avec celui de Lar
ou Lariilan, qui s'étend le long du Golfe Perfique. Celui de Lor ou Lour ell
montagneux , & dépendoit autrefois de la Province nommée Khouziftan , qui
ell l'ancienne Sufiane, Ce p:iys s'ell trouvé dans la fuite des tems peuplé de
de plufieurs colonies de Curdes, de forte qu'il eft aujourd'hui compris dans ce
que nous appelions le Curdillan, qui fait partie de l'AlTyri-c
Le pays de Lor eft très-abondant en toutes fortes de fruits : fa principale
forterelfe s'appelle Berougierd, laquelle, quoique bâtie dans une plaine, ell plus-
cllimée pour fa force , que les meilleures places qui font fituées fur les plus
hautes montagnes. Ce château ell fort proche de la ville de Hamadan, & fur
les confins des deux Iraques Arabique & Perfienne.
Ezzediû AI Abbaffi,. Prince de la race des Abbaffi.des , commandoit dans c&
Qqq 3 payô-
494 L O T H.
pays-là lorfque Tamerlan le conquit , félon le rapport d'Arabfchah dans la tîe
de ce Conquérant. Voyez le Géographe Perfien dans le titre de Khuziftan.
LOTH ou Louth. Selon le Tarikh Montckheb, Loth étoit fils de Haran,
fils de Tareh , & par confequent neveu du Patriarche Abraham. Il efl du nom-
bre de ceux que les Mufulmans reconnoiflent pour Prophètes , & il fut particu-
lièrement envoj'é de Dieu pour prêcher la foy & le culte du vray Dieu au
peuple de Sedom, que nous appelions les Habitans de la Ville de Sodome, &
.pour les détourner du detellable péché dont on dit qu'ils furent les premiers
coupables.
Ces gens impies & débauchez n'ayant fait aucun compte des remontrances de
Loth, Gabriel vint de la part de Dieu, & renverfa de fond en comble cinq de
leurs villes, & en fit périr tous les habitans.
Le mot de Louth & de Laouth fignifie en Arabe depuis ce temps-là le péché
de ces peuples, & ils appellent communément Caoum Louth le peuple de Loth,
.& encore Lothi ou Louthi ceux qui en font entachez. Saadi dit que la fem-
me de Loth s'étant débauchée par le commerce qu'elle eut avec les Sodomites , fut
eau fe que le don de prophétie fe perdit dans la maifon de Loth.
Les Interprètes de l'Alcoran difent, comme les Hébreux, que Loth étoit fils
de Haran, fils d'Azar ou Thareh fils de Nachor, & neveu d'Abraham. Ce Pa-
triarche l'ayant mené avec luy lors qu'il partit de Babylone ou de Chaldée pour
venir en Syrie & en Palefline , Dieu le defi:ina pour eftre le Prophète &
l'Apôtre des cinq Villes que les Arabes appellent Motakefdt , c'eft -à-dire ,
Renverfées.
Ces villes qui étoient au nombre de cinq, font nommées par les Arabes Se-
• douma , qui étoit la plus grande des cinq, Amoura, Daoura, Saboura, & Saouda.
Loth s'acquitta des devoirs de fa milTion pendant vingt ans , en les exhortant
avec beaucoup de zèle au culte du vray Dieu, leur donnant une grande hor-
reur du péché contre nature, duquel ils fe foliilloient, & leur reprochant fou-
vent qu'ils étoient les premiers de tous les hommes qui fufient tombez dans
cette abomination qui leur faifoit pervertir entièrement l'ulàge des ^qxqs-^ c'eft
-ce qui elt porté expreflemcnt dans le Chapitre de l'Alcoran intitulé Aaraf.
Cependant Loth n'ayant pu ni par fes prédications, ni par les remontrances
qu'il leur faifoit en particulier, rien gagner fur eux touchant la foy, & encore
moins touchant leurs mœurs, Dieu refolut de faire foitir Loth & fa famille d'uQ
lieu fi infâme.
Les mêmes Interprètes ajoutent que la femme de Loth , qui étoit d'intelli-
gence avec les Sodomites , voulut refl:er avec eux , & qu'elle fut ainfi envelop-
pée dans la punition exemplaire que Dieu leur fit reflTcntir. En effet, auflî-tofi:
que Loth fe fut retiré de leur ville , il furvint une pluye , que quelques-uns
veulent avoir été de pierres ^ de cailloux , & les autres de feu & de foufre ,
■ qui les fit tous périr.
L'Hifl:oire de cette funefte cataflrophe finit dans le même Chapitre par ces
paroles : Voyez quelle a été la fin âf /-^ peine de ces pécheurs abominables.
Le crime des Sodomites efl; nommé parles Mufulmans Louathat, du nom de
Loth, à caufe que les habitans de Sodome & des quatre autres villes qui curent
■le même fort, font nommez dans l'Alcoran., le peuple de Loth, c'eft-à-dire le
rp.ei!ple auquel Loth fut envoyé de Dieu pour prêcher la Foy : de même que
les
LOT H. 4P<^
lC5 Aditcs font appeliez le peuple de Houd , qui eft Heber ; les Themouditcs le
peuple de Saléh, & les Madianitcs le peuple deSchioaib, qui eft le même que
Jethro, à caule que ces Prophètes leur avoient elle envoyez de Dieu pour les
convertir.
L'Hiiloire de Loth & de fon peuple eft encore décrite plus amplement , &
avec des circonftances beaucoup plus particulières, dans le chapitre intitulé Houd,
où il eft dit qu'Abraham dilputa long-temps avec les Anges fur le fujet des
cinq villes qu'ils dévoient faire périr: car iSIahomet fait dire à Dieu ces paro-
les: /Ibraham contejtoit avec 71qus forteimnt fur le fujet du peuple de Luth ^ ^ difoit
aux Anges que nous avions envoyez : l^ous allez ruiner des villes oii il y a peut-être
cent perfonnes fidellcs dans cJiaeune,
Les Anges répondirent alors à Abraham , que leur ordre portoit , que s'il :
s'en trouvoit feulement cinquante, ils eufient à leur pardonner. Mais s'il s'y
en trouve feulement quarante ou même trente, & en defcendant jufques à dix,
les exterminerez- vous, leur dit Abraham? A quoy les Anges répliquèrent: Que
quand même il n'y en auroit qu'un feul qui fût fidelle, ils ne ruineroient pas
une ville entière. Mais Loth y eft avec fa famille , leur dit Abraham ; aufîî ■
l'en tirerons-nous , répondirent les Anges , avant que d'exécuter nôtre com-
miflîon: & ne nous en parlez plus, car l'arreft de leur condamnation eft donné,
& il eft irrévocable.
Houlfain Vaêz, & les autres Commentateurs de l'Alcoran, qui fçavent rem-
plir avec leurs glofes les grands vuiJes qui fe trouvent dans les Hiftoires que
Mahomet y rapporte feulement par lambeaux détachez, ajoutent que les Anges
ayant quitté Abraham , prirent le chemin de Sodome , & rencontrèrent Loth qui
travailloit aux champs aiTez près de la ville. Après que Loth les eut faluez,
comme de jeunes étrangers, & qu'il eut appris qu'ils vouloient eftre fes hôtes,
confiderant le danger qu'ils couroient à caule de leur bonne mine , s'ils entroienc
dans la ville , fut fort affligé de leur arrivée , & ne put s'empêcher de leur ■
dire, qu'ils ne connoilfoient pas bien les gens du pays où ils étoient, & qu'ils ■
dévoient fçavoir qu'il n'y en avoit pas de plus méchans fous le ciel ; ce qu'il
leur répéta par quatre fois, la pudeur l'empêchant de leur déclarer plus ouver-
tement quel étoit leur crime , & les Anges avoient ordre de Dieu de ne les point
perdre , jufques à ce que Loth eut porté témoignage contre eux par quatre ■
di ver fes fois.
Cependant Loth voyant que fes hôtes , qu'il ne fçavoit pas encore eftre les
Anges du Seigneur , étoient refolus d'entrer dans la ville , il les y conduifit ; .
mais ils n'y furent pas fi-toft arrivez , qu'ils fe trouvèrent afliegez dans leur
logis par les Sodomites. Ce fut alors que Loth pour délivrer fes hôtes de ■
leurs outrages & fauver l'honneur de l'hofpitalité , voulut bien facrifier les pro-
pres filles à leur brutalité; mais ces infiimes luy répondirent par ces paroles
du même chapitre Houd; l^ous fçavez que nous n'avons que faire de vos filles, âf.
vous n ignorez pas ce que nous demandons.
Loth fe trouvant ainli prefte par ces miferables , leur dit d'Un ton ferme : :
^e nay pas véritablement affez de force en moy-même pour refifter à la violence que
vous me faites, mais fay mon recours au Dieu que f adore , cf que je vous ay prêché
depuis tant de temps Ji inutilement , car c'eft luy qui me peut fortifier contre vous ,
fj" V7S défendre moy âf mes hôtes de vos outrages. Ce furent ces paroles de Loth
q^ui, firent dire à Abraham j félon la traditiori JMufulmane : Dieu a eu pitié de mon
frers
495 L O T H.
frère Loth , parce qu'il a eu recours à îuy dans l'extrémité de fon affliSlîon ; car il
ny a point d'autre azyle pour les affligez que 'le recours au Tout puijjant.
C'eft fur ce fujet que l'Auteur du Mcthnevi a compofé ces beaux vers en
Langue Perfienne: L? inarcii; - pied de fon trône, dit-il parlant de Dieu, qui eji
regardé de toutes les créatures comme l'objet de leurs adorations , doit eftre auj]i coji-
fideré comme un afyle affuré contre toutes les dfgraces éf calamitez de cette vie. Oui-
conque a attaché fon cœur , ^ fournis fon efprit à Iuy , s'efl délivré hcureufement de
toutes les afflictions qui Iuy peuvent arriver dans ce mon le i^ dans l'autre.
Les Anges voyant Loth dans cette grande perplexité , le rafFeurerent en Iuy
déclarant quels ils étôient , & comme Dieu les avoit envoyez pour punir ces
miferables. Ils commencèrent donc à exécuter leurs ordres en aveuglant d'a-
bord ceux qui les tenoient affiegez; ce qu'ils firent en palTant feulement la main
fur leurs propres vifages. Ce premier châtiment les diflipa d'abord , & les fit
crier par toute la ville, que les hôtes de Loth étoient des fo:ci.rs. Auffi-toft
■l3s Anges firent fortir Loth & les fiens de leur ville, à la referve de fa femme,
complice du crime de fcs concitoyens , car elle voulut demeurer , & périt
avec eux.
Gabriel cependant , le plus puifl^mt de ces Anges , paiTa incontinent fous les
villes rebelles, & les éleva de delfus leurs fonJemens jufques à une telle hau-
teur, que félon ces conteurs de fables, les habitans du ciel le plus proche de
;l:i terre entendirent le chant de leurs coqs , & Tabboyemcnt de leurs chiens.
Ces villes ainfi élevées retombèrent & fe renverferent aufli-tofl fur la terre,
fuivant les paroles du mjme chapitre Giàlna âlaiha (lifelha, a.in que la punition
eût du rapport à leur crime.
Après le renverfement & la ruine entière de ces villes, Dieu fit pleuvoir fur
eux des pierres ardentes cuites aux fournailes de l'enfer, fur chacune defquelles
étoit écrit le nom d'un des coupables, en forte que ceux-là mêmes qui étoient
hors leur propre ville en furent frappez.
L'on dit même qu'un de ces gens-là qui fe trouvoit dans l'enceinte facrée du
tenple de la Mecque qu'Abraham avoit batli , y demeura en feureté pendant
quarante jours qu'il y refta; mais qu'auiïî-toft qu'il eut mis le pied dehors il fut
frappi , (k tué d'ime de ces mêmss pierres qui étoit demeurée fuipenduë
en lair.
'1 outes ces circonflances fabuleufcs ajoutées à la vérité de rililloire , ont
été inventées pour donner aux Mufulmans plus d'horreur d'un péché qui fut
la véritable caufe de la ruine de ces villes. Car l'hiftoire de Loth & de la pu-
nition des Sodomitcs finit dans le texte du même chapitre, par ces paroles: La
peine dont les habitans de ces villes abominables ont été punis , ne manquera pas de
tomber fur tous ceux qui outrageront la nature comme eux.
Un Poëte Perfien a dit fur ce fujet: Lorfju'il fe trouve de ces gens-là qui font
une fi grande injure à la nature^ quelle mervàlle fi. le ciel fait tomber fur eux une
grêle de pierres ,• les pierres ne font-elles pas le partage des chiens? Ne manquez donc
jamais de leur en jet ter , toutes (f quant esf ois que vous les rencontrerez fur vôtre
(hemin. H. ^. pag. 417, 18 & 19.
L'on peut voir fur le fujet du peuple de Loth les titres d'Abou Obeidah ,
foupçonné d'eftre du nombre de ces gens-là, & les Vers qu'Abou Naouâs, Poëte
.célèbre, fit contre Iuy. f^oyez aufli le titre d'Iahia Ben A6lem.
LOUBL
L 0 U B I. LOULOU. 49^
LOUBT. Les Arabes appellent ainfi les peuples de la Lybie intérieure, que
les Turcs nomment Cara Arab , les Arabes Noirs , à caufe qu'ils font plus baza-
nez que ceux de la Lybie extérieure, qui s'étend le long des côtes de la mer
Méditerranée.
Loubiah efl le paj's que ces Lybiens ou Africains habitent; Nom qu'il ne
faut pas confondre avec celuy de Loubiâ, qui fîgnifie en Arabe ôc en Perfiea
cette efpece de légume que les Grecs appellent Lobos, les Latins Phafeolus, &
les Italiens Fagiolo. Ce font nos fèves d'Aricot.
LOUL Ce mot fîgnifie dans la Langue des Turcs Orientaux, ce que les
Arabes appellent Temsâ , les Perfiens Nehenk , & les Cathaiens ou Chinois
Tchen. C'efl l'animal amphibie que nous appelions Crocodile.
Ce nom eft approprié dans le Calendrier des Cathaiens & des Iguréens , au
cinquième de leurs Giagh ou Cycles d'années, aufquels ils donnent les noms de
douze animaux différents.
LOTJK & Lukk , en Turc. C'efl ce que les Arabes appellent Lakk , les
Italiens Lacca , & nous autres la Lacque. C'efl une efpece de gomme que l'on
trouve fur des branches d'arbres , & même quelquefois fur terre. Plufieurs
croyent que c'èfl l'excrément de certaines fourmies. Les Indiens de la côte de
Maiabar l'appellent Caiulacca. On fe fert de la Lacque dans la compofition
des couleurs , mais fur tout dans celle de la cire d'Efpagne , que les Italiens
nomment fouvent Lacca, du nom gênerai de cette gomme.
LOUKA & Mar Louca AI Engili. S. Luc l'Evangelifle. Les Mahoraetans
le reconnoiffent pour un des quatre qui ont écrit l'Hifloire de Jcfus - Chrifl , &
difent qu'il n'avoit point vu le Sauveur , comme les trois autres ; mais qu'il
avoit été converti par S. Paul , & S. Paul par S. Barnabe. Foyez le titre d'En-
gil qui eft l'Evangile.
Il y a quelques Auteurs Chrétiens de religion, & Syriens de Nation qui ont
porté ce nom, & qui nous ont laillé plufieurs traductions de Livres Grecs, dont
il efl parlé dans cet Ouvrage,
LOUKIN. Les Géographes Arabes, comme Edrifîî, &c. écrivent que c'efl
le nom d'une ville de la Chine fituée fur la côte maritime & orientale de ce
grand pays. Elle en efl comme le premier port, lors que l'on vient de fifle
de Senf ou Sinfou , qui appartient aux Indes , & qui n'eft éloignée du port de
Loukin que de trois courfes de navire, c'efl-à-dire', de trois cent milles d'Italie
ou de cent lieues Françoifes. *
LOULOU, une perle. Ce mot Arabe vient de Lalâ , qui fîgnifie Lueur,
& Eclat. Du mot de Loulou fe forme celuy de Louloui , & de Lala celuy de
Ladl, qui fignifient tous deux celuy qui fait trafic de perles.
Aboubeker Al Thabari fut furnommé Al Louloui, à caufe du trafic de per-
les qu'il faifoit. Ce fut pourtant un Auteur célèbre qui nous a laiflé plufieurs
'Ouvrages ,^& entr'autres le Ketâb Al Afchraf, le Livre des Gens de qualité, ou
4cs Honnêtes gens, qui contient les plus beaux préceptes de la Morale.
Tome IL Rrr LOUS,
49« L O U S. L U T H F A L L A H.
LOUS, nom d'une très-haute montagne qui commande la ville de Haflek,
fituée vis-à-vis le Golpiic appelle par les Arabes Gioun Al Hafchifch. Le Gol-
phe des Herbes , dans le quartier de l'kmen , qui porte le nom particulier de
Hadramouth, c'ell la Province Hadramythene dans TArabie Heureufe.
L O U T O U R I A H. Mot que les Ai-abes , Perfans & Turcs ont corrompu du
mot Grec Leitourgia, de même qu'ils ont fait de Cheirotonia celuy de Schar-
toniah, qui fignifie l'Ordination.
Loutouriah eft chez ces Orientaux ce que nous appelions la Liturgie , ou la
Meire. Ce dernier mot a auflî été corrompu par les Turcs en celay deNamas,
lequel peut venir aufll du Grec Nomos , la Loy , & la Règle.
LUIS. C'cft ainfi que les Turcs appellent Louis Second, Roy de Bohême
& de Hongrie, fils de Ladiflas, Roy aufîi de Bohême & de Hongrie, <Sc petit-fils
de Cafimir , Roy de Pologne de la lignée des lagellons.
Ce Prince ayant donné bataille à Soliman Sultan des Turcs près de la ville
de Mohatz , la perdit, & fut étouff'é dans un marais oii fon cheval l'engagea
l'an 932 de l'Hegire, & i5'25 de J. C. On attribue cette défaite de Louis à
la négligence du Comte Jean de Cepufe, Palatin ou Vaivode de Tranfylvanie ?.
.qui n'arriva pas afl'ez à temps pour joindre fes troupes à celles du Roy.
La viftoire que remporta Soliman avoit été précédée de la prife qu'il avoit
faite du Grand Varadin , & fut fuivie de celle de Bude , d'où il enleva un très-
grand nombre d'efclaves. Le même Soliman donna fa proteéllon à Jean de
Cepufe , qui fut élu Roy de Hongrie & de Bohême après la mort de Louis.
Louis mourut âgé feulement de vingt & un an , après avoir époufé Marie ,
fœur de Charles -Quint & de Ferdinand, Empereurs, de laquelle il ne laifla
point d'enfans. C'eft ce qui donna lieu à Ferdinand , qui avoit époufé Anne
fa fœur , de fe faire élire & couronner Roy de Bohême & de Hongrie , & .
de chafl'er Jean Zapoglia, Comte de Cepufe fon compétiteur, de ces deux
Royaumes.
U ne faut pas confondre ce Louis Second du nom avec Louis Premier du
nom, Roy de Hongrie & de Pologne, qui étoit de la Maifon Royale d'Anjou,
& qui fut beau-pcre de l'Empereur Sigifmond, Roy de Bohême & de Hongrie.
Les Arabes ne donnent point aux Rois de France qui ont porté le nom de
Louis, & qui ont fidt la guerre dans la Terre - Sainte , le nom de Luis, mais
le nom gênerai de Redefrans , mot corrompu de l'Italien Ré di Francia. S. Louis,
même n'efl point, autrement nommé par Ben Schohnah , par Aboiilf^irage , ni
par les autres.
LUTHFALLAH. Surnom du fils de Vagieddin MafTôud, qui eft le dixiè-
me Prince de la Dynallie des Sarbedariens. P'oyez le Titre de cette Dynaftie.
Ce mot de Luthfallah , qui fignifie la grâce de Dieu , fcrt de prénom à plu- .
fleurs pcrfonnages, comme à Halimi > Auteur d'un Diélionnaire Peifien expliqué ;
en T^rc, & à d'autres.
MABAMONDl
Pag. 49>>
MABAMONDI. — MABSUTH.
*<5*^* ABAMONDI & Mapamondi en Arabe, Perfien & Turc , eft un
C\/f % mot pris de l'Italien Mappamondo , Charte de Géographie. Les mêmes
^ Orientaux l'appellent auffi Kharthi & Kharthas , & tous ces mots fe
^%^^ prennent fouvent pour l'art, & pour un livre de Géographie. Le mot
de Kharthi eft le plus fouvent employé pour fignifier une Charte Marine.
Foyez Kharthi & Kharthas.
MA'BAR. Paj's des Lndes fitué au troifième Climat, félon les Géographes
Arabes. Ce mot fignifie en Arabe , Paiïage , comme fi c'étoit Je pafiage des
Indes à la Chine. On pourroit foupçonner que c'eft le Malabar ; mais nos
Géographes le placent entre le huitième degré de latitude Septentrionale. Foyez
Mibar.
Edriflî a marqué dans le premier climat de fa Géographie une Ifle nommée
Mabath, proche de celle de Kalad dans la mer des Indes.
MAREDBENKHALED, furnommé Al Gioni, Doreur Arabe , Auteur
de la feéle des Cadariens , qui admet le franc arbitre & la liberté de l'homme
dans toutes fes aélions , contre le fentimcnt le plus commun & le mieux receu
parmy les Mufulmans, qui foûtiennent la premotion ou predetermination phyfi-
que, qu'ils expliquent en difant que nos aéiions fe doivent abfolument rappor-
ter à Dieu , parce que c'eft luy qui crée en nous ; & Mabed tenoit au contraire
que les aftions des hommes fe dévoient rapporter aux hommes mêmes qui en
font les maîtres. Ce Dofteur fut pouffé par fes collègues & déféré à Hcgiage,
Gouverneur de la Ville & Province de Baflora , qui le fit mourir. Foyez Giohni.
MABERDIN. Les Cathaiens appellent ainfi la plante que nos Botaniques
nomment Anthora , qui eft l'antidote du Napel. Les Arabes & les Pcrfans luy
ont donné le nom de Geduar & Zcduar, d'où s'eft formé celuy des boutiques
Zedoaria. Mais il faut remarquer , que nôtre Zedoaria n'eft pas la véritable , ni
celle dont nous parlons; mais une plante différente que les Arabes appellent en
leur langue Zurunbad.
MABLUL Surnom de Jofef Ben Hegiage Andaloufi , Do61:eur Arabe , natif
d'Efpagne, qui a compofé un Livre intitulé en Arabe Ulf al Mohadherât, c'eft-à-
dire , de la manière de conférer & de difputer fur les matières conteftées par
les Dofleurs Mufulmans. Cet Auteur eft fouvent cité fous le nom d'Ebn al
Scheikh, c'eft-à-dire , le fils du Doéleur, ou du Vieillard.
MABSU'TH. Ouvrage de Bezdâvi en onze volumes. Ce mot en Arabe
fignifie Eftendu & s'oppofe à MokhtafTar qui fignifie un Abbregé. f^oysz le titre
«Je Bezdavi.
Rrra MACALAÏ
500 M A C A L A T. M A C A N.
MACALAT al fafliat. Méthode de guérir ceux qui ont été mordus par
des bêtes venimeufes ou qui ont été empoifonnez d'Abu Amran Miifla , ai
Ifraeli, al Corthobi. C'eft Moyfe, ais de Maiemon. B. R. n^. 864.
MACALAT Abd Ifla Ben Ifhak Ben Zgràt,, Traité de Médecine. Toj'î^
Zeraat*
MACxA-LAT Arillatalis fi tcdbir. Les Oeconomiques d'Ai'iflote traduits en
Arabe. B. R. n^. 792.
MAC A MAT. AfTemblées & Converfations , Lieux communs & Pièces d'E-
loquence ou Difcours Académiques, qui le recitent dans les compagnies de gens
de lettres. Cette manière de reciter dans les aflemblées des Ouvrages en profe
& en vers efl auffi fréquente parmy les Orientaux, qu'elle étoit autrefois chez
les Romains, & qu'elle eft encore aujourd'huy dans nos Académies. Les Ara-
bes ont plufieurs livres qui contiennent de ces fortes de dilcours , qui pafTent
parmy eux pour des chef-d'œuvres d'éloquence. Hamadani a été le premier qui
en a publié , & fon Ouvrage eft intitulé Macamât Badî alzaman ; c'efl-à-dire ,
les Lieux communs ou les Difcours du plus éloquent homme de fon ficelé ; car
cet auteur en fat furnommé le Miracle.
Abulcaflem al Hariri l'a imité, & même, félon le fentiment de plufieurs, fur-
palTé, enforte que Zamakhfchari, le plus do6le des Grammairiens Arabes, dit que
fon Ouvrage ne doit être écrit que fur de la foye. Plufieurs Auteurs l'ont
commenté , entre lefquels Schirazi & ModhafFeri tiennent le premier rang. Ces
deux Auteurs font dans la B. R. & le dernier eft auffi dans celle du G. Duc. .
Macamât Al Kamâs font auffi intitulez Riadh al azhàr, les Parterres de fleurs,
ce font dix difcours Académiques dont le dernier qui portoit le nom de San-
giar Sultan des Sclgiucides , n'a pas été achevé par fon Auteur furnommé AI-
laouas. Il fe trouve en la B. R. n". 1149, auffi bien que ceux de Soiuthi qui
font au nombre de 29 & portent les noms de fleuris, dorez, azurez, mufquez;,
au lieu que ceux de Hariri prennent le leur des lieux où ils ont été pronon-
cés; car le premier eft intitulé de Sanaa, ville capitale de l'Iemen , & le demie!:
qui eft le cinquantième , de BaiTora , ville de la Chaldée , fituée h l'embouchure
du Tigre.
Il • y a auffi des Macamât de Nakhfchbendi , furnom qui fignine le Peintre ; &
de plufieurs autres qui n'ont pas approché de l'élégance ni de la pohteffe de
Hamadani & de Hariri. l^oyez les titres de ces deux Auteurs.
On prononce fouvent Mecamàt au lieu de Macamât, & comme ce mot figni-
fie auffi en Arabe les Tons de la Mufique, il y a des livres de cet art qui en
portent le tjtre.
MACAN. Roy de Ghilan & de Dilem , de' la race des Princes que VoTh
nomme Dilemites à caufe qu'ils ont régné dans les Provinces qui s'étendent
fur le bord méridional de la mer Cafpienne.
Ce fut à la Cour de ce Prince qu'Amadeddulat, chef & fondateur de la dy-
naftie des Buides , jetta les premiers fondemens de fa fortune. Macan avoit
remporté plufieurs viftoires fur fes voifins & avoit par ce moyen aggrandi confi-
derablemcnt fes Etats; mais ayant attaqué Natfjr, Sultan des Samanidcs, qui étpit
beaucoup plus puiiTant que luy , il fut enfin défait & tué dans une bataille
"~ . " qu'Ali.
M A C A' R; M A C R A' N. 50Ï
qu'Ali {ijrnommë Asfar Ben Schiriiich , General des troupes du KhorafTan, gagna
fur luy, Fan de THcgire 329. Ali après avoir vaincu Macan, commanda à l'on
Secrétaire d'en donner part à MalTcr fon maître , le plus fuccinteraent qu'il pour-
roit. Le Secrétaire ne mit que trois mots Arabes dans fa lettre, lefquels ligni-
fioient, que Macan étoit devenu ce que fon nom portort ; le mot Macan fignifie
en Arabe: II n'efl plus; Tarikh Kbzideh, Foyez Dilemitea
MACAR. Macaire. Abu Macan, c'eft faint-Macaire , & le Monaftere ou
plûtofl le defert dans- lequel ce Patriarch.e des Moines en fonda plulieurs, que
l'on appelle encore aujourd'huy le Defert de faint Macaire. Voyez Abu Macar.
MACCABIUN. Les Maccabées. Ketab al Maccabiin. Le Livre des Mac-
Cabées. Hiftoire de Jofef Ben Gorion en Arabe traduite de fHebreu qui fe
trouve fous ce titre dans la Bibliothèque Royale & dans la Bibliothèque du G. D.
n°. 6. où il ell joint à quelques livres de l'ancien Teflament qui ont été tra-
duits en Arabe pour l'ufage de l'Eglife d'Alexandrie. Ce livre des Maccabées eft
attribué à Joleph 1 Hiflorien , ce qui diminue beaucoup fon authorité , parce
qu'ils ne pourroient avoir elle compris dans le fécond Canon des Livres làcrés
que Ton croit avoir été fait par ElHras.
La mère des Macabées Martyrs , félon la tradition des Orientaux rapportée
par Abulfarage , fe nommoit Afchmunah ou Schamunah. Ce mot a été em-
prunté de l'Hcbreu Khafchmanim ou Khafchmonim, lequel fignifiant des Grands
ou des Princes, a été donné aux Maccabées, Princes & Rois de leur nation,
d'où les Grecs & les Latins ont formé celuy d'Afmonéens. Les corps de ces
Martyrs furent tranfportez de Jcrufalem en Antiocha où les. Chrétiens leur ont
bâci une Eglife.
MACDONIA. La Macédoine, que les Turcs appellent auffi Filiba Vilaieti
à caufe de la ville de Philippolis qui en efl; comme la Capitale.
MACD0NIU5. Maccdonius, Patriarche de Conflantinople , condamné
dans le fécond Concile Oecuménique, pour avoir foûtenu , que le faint Efprit
étoit une pure créature ; il tint le fiege dix ans , félon ]aQn Batrik.
MACDOSCHO & Macdafchu. Ville fituée entre l'Ethiopie & le Znngue-
bar fur la cofle Orientale d'Afrique proche de l'embouchure d'un fleuve qui
prend fa fource aux pieds des montagnes de la Lune auffi-bien que le Nil, Ca
fleuve déborde au folflice d'Efté , de même que le Nil d'Egypte & que celuy
des Nègres ; de forte que c'efl comme un troifième Nil qui prend fon cours
vers l'Orient, & qui fe décharge dans la mer d'Oman.
La ville de Macdofcho ell au deçi"! de la ligne , & ell habitée par des Maho>
mctans qui s'y font établis du tems des Khalifes d'iEgypte. Geogr. Perfien.
MACRA'N. Province du Royaume de Perfe tel qu'il eft aujourd'huy, qui
s'étend le long des bords de la mer de Perfe ou des Indes , hors du golphe
Pei-fique. Elle a du côté de l'Occident la Province de Kcrman , & à l'Orient
celle de Segeftan qui la fepare des Indes. Quelques Géographes Orientaux la
comprennent même dans les Indes ; car elle eft bornée par le fleuve Indus j
dont un bras .paffe..au pied da.fes montagnes. Son terroir eft fortftcrile & n'a
Rrr 3 point
502 M A C R I Z. M A C S U R A H.
point d'autres villes confidérables que Tiz , Kenge & Deibul , qui font toutes
trois entre les 98 & 102 degrez de longitude. Deibul en a 25 degrez & 10 mi-
nutes de latitude Septentrionale, Tiz 26 degrez & 55 minutes, & Kenge 28 de-
grez , félon les Tables Arabiques.
MACRIZ. Nom d'un quartier de la ville de Baalbek en Syrie, d'oii étoit
natif un Hiltoricn célèbre, nommé Takieddin Ahmed, plus connu fous le fur-
nom de Macrizi.
Cet Auteur naquit l'an 769 de l'Hegire & mourut l'an 840 ou 845. Il a
•travaillé particulièrement fur l'Hifloire d'Egypte, fur laquelle il a compofé plu-
ficurs volumes fous divers titres.
Le premier eft Muâcdh v Etebar be dekhr al Khathath v al athûr.
U eft divifé en fept Traitez :
Le premier, de la Terre d'Egypte & des Revenus qu'elle rend.
Le deuxième, de fes Habitans,
Le troifième, de l'ancienne Babylone d'Egypte , qui fut depuis appellce par
les Arabes Fufthath.
Le quatrième, de la Ville moderne du Caire.
Le cinquième, des Changemens qui font arrivez au Caire.
Le fixième, du Château du Caire & des Princes qui y ont fait leur féjour.
Le feptième, des chofes qui ont caufé la ruïne de l'Egypte.
Macrizi écrivit enfuite l'Hiftoirc des Gouverneurs de l'Egypte, fous les Kha-
lifes AbbalTides & celle des Khalifes Fathemites, qui y régnèrent, fous les titres
d'Akd al giavaher & d'Alfadh alhona. Ces deux ouvrages furent fuivis de l'hif-
toire des Rois ou Sultans Curdes, c'eft-à-dire , de Saladin & de fa pofteritc,
puis de celle des Sultans Turcomans & Lircaffiens, appeliez communément Mam-
lucs, depuis l'an 558 jufqucs en l'an 845 de l'Hagire.
Cet ouvrage , qui contient pluOeurs volumes , eft intitulé Soluk fi mârefat
Daval V almoluk , & fut continué par Badreddin al Aini ; mais cet Auteur fit
tant de fautes, qu'un autre Macrizi, nommé Gemaleddin Al Caheri , fut obligé
de travailler à la même continuation , qui porte le titre de Havadeth al zohiir
fi beda alaium val fchohûr.
On accule Ebn Hagiar, autre Hiftoricn illuftre d'Egypte, d'avoir pris beau-
coup de chofes de Macrizi, fans l'avoir cité.
Nous avons encore une hiftoire du Temple de la Mecque, compofée par Ma-
crizi , qui porte le titre de Efchurat v Elam bina al Câbah alhardm. Ce même
Aut:ur, ou fon neveu qui porte le même furnom de Macrizi, a compofé deux
ouvraf^es , qui contiennent la defcription Géographique de l'Egypte & la To-
pographie du Caire, l^oyez les titres de Mavald & de Agathat alomnat be Kafchf
al gemmât & celuy d'Ezalat al taab v alani, fur une autre matière. ,
MA es A D al gelil fi elm alkali Calîîdah d'Ebn Ageb fil aroudh ou al Caouafi-
Il eft dans la Bibliothèque Royale, n^. 1060.
M A es UR A H. Lieu feparé dans les Mofquées des Mahometans où fe pla-
cent les Princes pour aflîfter aux prières publiques. Ce lieu eft ordinairement
f<îrmé de rideaux; & c'eft de-là que les Espagnols ont introduit dans les Egli-
fas ce qu'ils appellent la Cortina , qui eft faite en tour de ht , & dans laquelle
s'en-
MACZARAT. M A D A I N. 505
s*enferment les Rois , Princes , Vicerois , Gouverneurs & AmbaHadeurs d'Efpa-
gne, pour affilier au fervice divin.
MACZARAT alfddan. Café ou habitation des Nègres: Maifon grande,
fpatieufe & forte à leur manière , où ils fe retirent pour fe garantir ^^es incur-
fions de leurs ennemis. Edriffi en fait fouvent mention dans le premier climat
de fa Géographie ; mais il femble qu'il faille plutôt lire Macfarat , ou que le
mot de Maczarat foit ufité par corruption dans le pays de ces Nègres, qui ha-
bitent dans rintcrieur de l'Afrique fur le Niger ou Nil Occidental.
MA'Dr fils de Gebâl. Vo'jez Mofuli ou MuIH)!! dans le titre de Salat ou
de la prière.
M AD A IN. Ville de TErac Bab.vlonienne ou Chaldce, fituée fur le Tigre
au midy de Bagdet, dont elle n'ell éloignée que d'une journée de chemin. Les
Tables Arabiques lui donnent 72 degrez de longitude & 33 degrez 10 de lati-^
tude Septentrionale; mais il y a faute & il faut hre 79 degrez au lieu de 72 ,
car Bagdet eft à 80 degrez de longitude.
Quelques Géographes Arabes écrivent , qu'elle a tiré fon nom de Madain , .
frère de Madian , qui étoient tous deux enfans d'Ifmael ; mais il eft plus vrai-
femblable que le nom de Madain , qui fignitie en Arabe deux villes , lui a été
donné ou à caufe de fa grandeur , ou parce qu'elle étoit bâtie fur les deux-
bords du Tigre , & paroilToit comme deux villes qui n'étoient jointes que par
un pont ; c'eft ainiï que la Capitale d'Egypte fut nommée Mefraim ou Mifraira :
auffi-bien que l'Egypte même , au nombre duel , à caufe qu'elle s'étendoit fur ■
les deux rives du Nil. l^oytz ce titre.
Nos Géographes modernes prétendent , que cette ville eft l'ancienne Ctefi-
phon ; mais les Hiftoriens Perfiens veulent , que Schabur ou Sapor , furnommé
Dhoulaktâf , c'eft-à-dire , aux épaules, l'ait fondée fous le nom de Madain , &-
que Kofroes, furnommé Noufchiruan, l'ait augmentée notablement & embellie
d'un fuperbe Palais , qui a pafie pour l'ouvrage le plus magnifique de tout l'O- -
rient. Ce Palais , que les Orientaux appellent Thak Kefra en Arabe , ou Thak
Khofru en Perfien, c'eft-à^dire, la voûte, ou le dôme de Kofroës, fut pillé av-cc la
ville, l'an 16 de l'Hegire, par Sâad, Général du Khalife Omar;, après qu'il eut
remporté la victoire fur les Perfans dans la fameufe journée de Cadefie. Les -
Arabes trouvèrent dans ce pillage le trône , la couronne , le tapis & l'étendart
royal des Rois de Perfe , qui étoient d'un prix ineftimable , avec des magafms ■
de Camfre odoriferante , que l'on brûloit pour éclairer & parfumer en môme
temps ce Palais. Et Fen Schohnah rapporte , que les Mufulmans furent fi fur- -
pris à la vûë de tant de richefles , qu'ils s'écrièrent : Voicy l'effet des proraef-
les que Dieu nous a faites par la bouche de fon Prophète; car quelques-uns de
leurs Dofteurs ont écrit , que JVlahomet frappant avec une malle de fer une
roche qu'il falloit brifer, pour continuer le retranchement qu'il faifoit faire con--
tre fes ennemis, excita un feu fi lumineux , qu'il fit voir aux habitans de Me- -
dine les voûtes du Palais de Madain, & qu'il leur en promit Ja conquête.
Khondemir rapporte dans la vie d'Abugiafar Almanfor, fécond Khalife de la ■
Maifon des Abbaffides , que ce Prince ayant entrepris de bâtir Bagdet & fon. '
château, command.a que Ken démolit le Palais de Kbofroës, pom- en-. employer
les- s
5^4
M A D A I N I. M A DR A S S A H.
les pierres à la flruflure de fa nouvelle ville. Son Vizir luy difluada ce def-
fein, & luy dit, que la démolition d'un ouvrage fi folide ne fe pouvoit faire
fans un miracle qui étoit refervé au Prophète , & que l'on pourroit luy repro-
cher un jour , qu'il n'auroit pas eu allez de puiiïance pour faire un nouveau
bâtiment ., fans en ruiner un ancien. Almanfor ne lailla pas , nonobftant cet
avis, de perfifter dans fa réfolution , & employa un très -grand nombre d'ou-
vriers pour exécuter Ces ordres ; mais ce fut inutilement , car la dépenfe & la
difEculté croilloient tous les jours de telle forte , qu'il s'ennuya à la fin de la
longueur de cette entreprife , . & défendit que l'on continuât ce travail. Son
Vizir luy dit alors , qu'il n'étoit plus temps d'abandonner ce qu'il avoit com-
mencé; car en le faifant la pofterité auroit fujet de dire, qu' Almanfor avec tout
fon pouvoir, n'auroit pu renverfer ce qu'un autre Prince avoit élevé. Un Poè-
te Pcrfien fit un diftique fur ce Palais , dont voicy le fens : Voyez la récom-
penfe que l'on reçoit d'un ouvrage excellent , puifque le tems , qui confume
toutes chofes , a épargné jufques à préfent le Palais de Khofroes.
M AD AIN 1. Auteur d'un livre des Stratagèmes, intitulé en Arabe Mckajd
V al hial.
M ADFîADH, fils d'x^mru , Fat père d'une fille qu'Ifmacl , fils d'Abraham,
'ëpoufa, après qu'il fe fut éiabli dans l'Arabie. Ifmael eut de cette femme un
fils nommé Thabeth , qui luy fucceda dans la Principauté de la Province de He-
giâz & de la ville de la Mecque , qui en étoit la capitale. Mais ayant laiflTé,
après fa mort , des enfans en bas âge «Se hors d'état de recueillir la fucceflion
de leur père, Madhadh s'empara de leur Etat , & régna à la Mecque & aux
environs , jufques à ce que les defcendans d'Ifmael rentrèrent dans la pofTefîîon
de cette ville, ce qui n'arriva que long-tems après. Ben Khuandfchah.
MA'DI Karb. Un des plus vaillans hommes d'entre \q^ Arabes, qui vivoit
fous le règne da Khalife Omar, premier du nom. Il avoit une épée la plus
célèbre de tout l'Orient , qui portoit le nom de Samfam. Omar luy demanda
de luy envoyer fon épée , & l'ayant reçue & éprouvée, ^il luy écrivit, qu'il
ne luy fembîoit pas qu'elle répondit à fon attente. Maadi Karb répondit à Omar
en ces termes : Je vous ai envoyé l'épée ; mais non pas le bras qui s'en fert,
& vous fçavez le proverbe des Arabes qui porte , que l'épée efi; félon celuy
qui la manie.
Cette épée vint, par fucccITion de temps, entre les jnains du Khalife Abu-
■giafar Almanfor , & fon tranchant étoit fi excellent , que ce Prince en coupa
pluficurs excellentes lames, que Ton luy avoit envoyées de divers pays. Voy&z
•Samfam.
MADRASSAK& Medrefieh. Collège bâti pour l'étude àQS fciences par les
Mufulmans. On ne parlera ici que des plus célèbres.
Malek-fchah ou Melikfchah , Sultan des Selgiucides , fit bâtir à Bagdet celuy
f]ui porte le nom de IVIadraffat al Hanifiat , où l'on enfeignoit le Droit & la
Théologie Mufulmane, félon les principes & les fentimens du Dofleur Abu Ha-
jiifab, & fon Viiir, nommé Nezâm al mulk, fonda celuy qui porte le nom de
^jadradàt al Nadhamiat ou Nezamiat. '
.Mollanfer Khalife, qui commença l\ régner l'an 623 de l'Hcgire , en fit bâ-
tir
M A G D E D D I N. M A G D E D D U' L A T. 505
tir un dans la m5me ville , qui furpafTa en magnificence tous les autre!^. 11 y
établit quatre ProfefTeurs pcxir les quatre feclcs principales du MufuImanifiTic,
qui avoient chacim foixante & quinze écoliers entretenus de toutes chofes. Ce
Collège portoit Je nom de Moftanferiah.
Mohammed, fils de Mclikfchah , en fit conftruire un à Hirpahan avec beau-
coup de dépenfe, & fit faire le feiiil de fa porte d'une Idole des Indiens, qu'il
avoit remportée pour trophée de la viéloire obtenue fur eux.
Nureddin, Sultan de Syrie, fonda deu^ Collèges , l'un à Alep qu'il nomma
Dâr al hadith , à caufe que l'on y enfcignoit les Traditions Mufulmanes , &
un autre à Damas nommé Al KclaiTah, duquel Sadi fait mention dans fon Gu-
liftan. Ce Collège fut augmente & enrichi par Saladin.
Le même Saladin fonda au Caire un Collège pour ceux de la fefte Scliafcien-
ne, & le nomma iMadrafTat al fchaLiah ; mais le nombre des Collèges de cette
ville étoit û grand qu'il y a un livae entier qui en traite.
Alfai a fait cependant un ouvrage beaucoup plus grand, dans lequel il a com-
pris l'Hilloire de tous les Collèges du Mufulraanifme , fous le titre de Akhbir
îilrobboth v al medares.
On trouvera les noms de ces Collèges & plufieurs autres , chacun dans fon
titre particuliei- , & on obfervera cependant , que , comme chez les JMaliomc-
tans, il n'y a point de Collèges fans Mofquées, & que les Princes, qui ont bâ-
ti des Mofquées, y ont toujours joint des Collèges & des Hôpitaux, lorfque
l'on parlera des Mofquées , on fera auflî fouvent mention des Collèges les plus
confidérables.
MAGDEDDIN. Surnom de plufieurs Auteurs Orientaux, comme de Ben
Athir, de Hemigher, Poëte Perfien , & Magdeddin Bagdadi , nom d'un Scheikh
fort refpefté par les Mufulmans , même après fa mort , que Mohammed , Roy
de Khouarezme , fit tuer dans la chaleur du vin.
MAGDEDDU'LAT, fils de Fakhreddulat , Sultan de la Maifon des Bui-
des, régna à Hifpahan & dans l'Iraque Perfique. Son père le lailfa fous la tu-
telle de Seidat, fa mère, parce qu'il n'étoit encore âgé que de treize ans. Cet-
te Princefl'e étoit doiiée d'un très-grand efprit, & elle avoit autrefois gouverné
fon mary: Elle adminiilra fi bien les Etats de fon fils, qu'elle les maintint tou-
jours en paix pendant fa régence, & elle fçût, par fon addrefle, les confervcr
contre l'ambition de Malimud , fils de Sebefteghin , qui les muguettoit depuis
long-tems.
Àuffi-tAt que ce Prince eut atteint l'âge de gouverner par luy-mêmc fon ro-
yaume, il donna la charge de premier Vizir à Abu Ali Ben Sina, (c'eft Avi-
cenne) & en ôta ainfi le Gouvernement à fa mère, laquelle s'étant brouillée
avec luy fur ce fujet, fe réfugia dans le fort Château de Tabrek, fitué dans le
Lariilan ou Royaume de Lar, qui s'étend le long du bord oriental de la mer
Perfique. Pederin, furnommé Hafnuié, qui y commandoit, la reçût fort bien,
& luy donna une armée , avec laquelle elle vint attaquer fon fils , qui luy li-
vra bataille : Elle eut le bonheur de le vaincre & de le prendre prifonnier avec
fon Vizir.^ Ce combat fe donna auprès de la ville de Rey, dont la Reine fe
rendit maîtrefle & remonta ainfi fur le trône , où elle avoit commandé autre-
fois. Seidat continua de donnjr à fes fujcts des marques de fa juftice & de fa
Tome II. S s s fa^ef-
5o<5 M A G D E D D U^ L A T.
fagelTe , après avoir fait éclater fon courage & fa conftance dans l'advcrfitc.
Elle donnoit audience à fcs ivjinillres djrricue un rideau fait d'uiie étolTc tranf-
parente, & aux AmbaHaJeurs des grands Princes à vifage découvert. Mais (à
cOière ne dura pas long-terns contre fon fils ; car eUe luy rendit la liberté &
le fit régner avec une autorité ablblue , fe contentant de l'allifter de les con-
feils; en" forte que fon règne fut très-heureux tant qu'elle véquit. Mais fa mort
étant arrivée l'an 420 de l'Hegire, Mahmud , Sultan des Gazncvides, qui-étoit
un puilîlmt voifin, ne manqua pas d'attaquer aulli-côt la Province d'Erak', du
côté du Mazanderan ; il s'approcha de la ville de Rey qu'il réfoliit d'aflîéger ;
& donna ordre à fes Généraux de faire enforte que le Sultan MagdedJuiat lui
tombât vif entre les mains. Il leur fut fort aifé d'exécuter l'ordre de leur maî-
tre, car le Sultan vint par fimplicité fe rendre luy-mêrae entre leurs mains. Le-
Sukan Mahmud le fit venir aulfi-tôt en fa préfence , & luy demanda, s'il n'a-,
voit jamais lu le Schah-Nameh (c'cft-à-dire, l'Hiltoire des Rois de Perfe, com- .
pofce par Ferdufi) ou les Annales de Thabari. Le Prince luy ayant répondu
affirmativement, Mahmud luy demanda enfuite , s'il fçavoit le jeu des Echecs.
Le Prince luy ayant aufîi répondu de la même manière qu'à la premJère inter-
rogation, le Sultan Mahmud luy dit alors : Avez- vous jamais lu dans ces li- -
vres ou remarqué dans ce jeu que deux Rois fe foient trouvez enfemble dans
le même lieu avec égalité de pouvoir. Magdeddulat luy ayant répondu que non,
le Sultan luy dit ces paroles: Qui vous a donc obligé de vous mettre fans né-
ceffité entre m:s mains , & de me rendre , par vôtre imprudence , maître de
vôtre Perlbnne & de vôtre Etat. Ce dilcours fut auflî-tôt fuivi d'un ordre que
le Sultan donna, pour conduire ce Prince prifonnier en la ville de Gazna. Ce
fut-là qu'il finit fes jours, après avoir régné près de trente-trois ans , fi on peut
appeller régner, vivre dans une débauche continuelle, qui luy avoit enfin atti-
ré ce malheur. Khondenir.
L'Auteur du Lebtarikh écrit , que Magdeddulat régna heureufement 27 ans ,
fous la tutelle ou la direélion de ^eidat fa mère; mais que cette Princefle étant
morte, l'an de l'Hegire 315, fes affiiires allèrent toujours en décadence, juf-
ques à ce que le Sultan ilvlahmud le fit prifonnier, & fe rendit maître de l'Ira- -
que Perficnne. Ce Prince ctoit fujet à la mélancolie , & Abou Ali Ben Sina,
fon Vizir , qui étoit grand Médecin , luy donna des remèdes contre ce mal.
Dans les commencemens du règne de ce Sultan, Câbus , fils de Vafchmeghir,
remonta fur le trône de fes Ancêtres les Dilemitcs , & régna dans les Provin-
ces de Giorgian, de Ghilan>de Mazanderan &; de 1 habareilan , qui font tou-
tes fituées fur les rivages de la mer Cafpienne. Ce Prince qui étoit doiié de
très-grandes quali-tcz, eut des démêlez avec Magdeddulat, defquels il fe tira fort
heuireulèment , mais enfin , fa trop graîide féverité donna lieu à la révolte de
fes fujets, qui le firent prifonnier & mirent Manugeher , fon fils , en fa place, ,
l'an 403 de l'Hegire.
L'Auteur du Nighiariftan rapporte, que Seidat, mère du Sultan Magdeddulat 5
gouvernoit les Etats de fon fils avec tant de lagefiii que le Sultan Mahmud ,
duquel il efl parlé C3^-derfus, luy ayant envoyé un Ambafiadeur, pour luy de-
mander trois cjiofes,. la prem.ière, que l'on battit à fon coin la monnoye dans
toute la Province d'Erak ; la féconde, que fon nom fut publié & annoncé dans
toutes L's Moftiuées ; & la troifième , que l'on lui payât tous les ans une cer-
tiUiic fomme qxi forme de tribut , & que fi elle manquoit à lui accorder une
M A' G E M. M A G I N. 507
He ces trois, chofes , il lui dcclaroit la guerre. La PrincefTe ne s'étonna point
de cette Ambaflade; mais ufant de fon addrelFe ordinaire, elle écrivit au Sultan
en ces termes : J'ai toujours appréhendé vôtre puiJJ'ance pendant la vie du feu Roi
mon êpoia , â? je »«« trouvais dans une très-grande perplexité , craignant que vôtre
■courage ne vous portât à attaquer un Prince qui en avait aujfi beaucoup ,• m^is , de-
puis que je fuis tombée dans le veuvage , ^ que je me trouve chargée de la tutelle
d'un enfant âf de la régence de fon Etat, ma crainte a aufi-tôt ceffê, parce que je
fçais, que vous êtes trop généreux pour vouloir mefnrer vos armes avec les miennes,
i^ que d'aillews , vous êtes a fez éclairé pour confidérer que l'iffuë d'une guerre ejl
toujours fort incertaine , quoique fon cntreprife dépende de nôtre volonté. Car quani
même vous remporteriez fur moi tout l'avantage que vous vous promettez , vous tire-
riez fort peu de gloire d'avoir vaifzcu une veuve ^ un pupille ,• mais fi au contrai,
re mes troupes battaient les vôtres, ce qui dépend fouvent de la fortune, vous ohfcur.
ciriez par cette aàion toute la gloire que vous avez acquife jufques à préfent. Cet-
te Lettre fit tant d'imprefïïon fur l'efprit du Sultan, qu'il refolut de différer fon
entreprife fur l'Iraque Perfique jufques après la more de cette PrincefTe, qui
étoit déjà avancée en âge. Sa mort étant arrivée, la conjonélure devint encc-
re plus favorable à Mahmud , par la foibleffe d'cfprit & par la débauche con-
tinuelle du jeune Prince; car trois des plus grands Seigneurs de la Cour, pré-
tendant au Gouvernement, & ne pouvant s'accorder entr'eux , affoiblirent par
leur divifion les forces d'un Etat , qui avoit befoin d'être alors plus uni que
jamais, pour foûtenir l'effort des armes dont il étoit menacé. Cependant les
troubles excitez par les trois faftions augmentant tous les jours, le Prince Mag-
deddulat , au lieu de prendre quelque rcfolution vigoureufe , fe contenta d'en
faire fes plaintes à Mahmud, qui n'attendoit qu'une femblable occafion pour fe
préfencer devant Rey, ville capitale de l'Iraque. Le prétexte de ranger les Fac-
tieux à leur devoir étoit beau ; mais l'imprudence du Prince qui avoit déjà pa-
ru dans la confidence qu'il avoit faite à Mahmud des déibrdres de fon Etat,
acheva de l'en rendre maître entièrement, en fe livrant luy-même entre fes
mains, comme nous avons déjà vu.
MA'GEM. Tarikh Mâgem. Hiftoire de Perfe, écrite en langue Perfienne
& traduite en Arabe. Voyez Tarikh & Moaggem.
MA'GEM aldhahabi. C'efl un Catalogue des Dofteurs Mahoroetans , ran-
gé par ordre Alphabétique, qui porte au/li le nom de iMàgem Saphir de iViàgem
Lathif. Il efl dans la Bibliothèque du Roy, n", 857.
MAGESTHI & Magifflii. Mot corrompu par les Arabes du Grec Megijfi.
C'efl le ^ùvrct^i! Mîyii-ti de Ptolomée , que nous appelions vulgairement , par
une autre corruption , l'Almagefle.
M AGE S THON. Quatrième fils de Noé , le Patriarche , dont l'Ecriture
faint'e ne fait point de mention. C'efl peut-être le même que Magiûg ou Mi»
_gog, fils de Japhet. Foye& Nûh.
M AGI A H. Ben Magiah. Voyez Sonan.
MAGIN on Matchin, frère du Ghin ou Tchin. Ces deux frères font dcf-
"ccndans d? Japhet, félon les Orientaux , qui veulent que la Chine ait pris fon
S s s 2 nom
5o8 M A G I U' G E. M A G I U' S.
nom d'eux, & lorfqu'ils veulent exprimer toute l'étendue de ce vafle pays, ils
fe fervent de ces deux noms Tchin & Matchin , ou Gin & Magin , qui font
des dériviez ou diminutifs de Gog & Magog", ou comme ils prononcent Jagiiig
& Magiûg , Pères & Patriarches de toutes les nations les plus reculées de l'A-
fie , tant° de celles qui font à l'Orient , que de celles qui habitent au Septen-
trion & au Midy.
MAGIU'GE. Les Arabes, Perfans & Turcs joignent toujours ce mot à ce-
luy d'Iagiugc , & ils entendent par ces deux mots Jagiuge & Magiuge , comme
ils entendent par Gin & Magin, ou Tchin & Matchin, les Chinois Septentrio-
naux & Méridionaux , -ce que nous entendons par Gog & Magog, c'eft-à-dire,
les peuples Septentrionaux , qu'ils difent , qu'Alexandre relferra vers le pôle
Arftique par une forte muraille qu'il fit conffcruire entre le mont Caucafc &
la mer Cafpienne. * Voyèz Jagiuge.
MAGIU'S & Magiiifi, Mage. Magiufiah , le Magifme , c'eft-à-dire, la Re-
licrion de Zoroafbre, qui pofe deux Principes éternels de toutes chofes , à fça-
voir, la Lumière & les Ténèbres; le Bien & le Mal ; un Bon & un Mauvais
Diau ou Démon. C'eit la même aufli qui enfeigne l'adoration du feu que Zo-
roaltre fubflitua à celle des Idoles qui étoit en vogue de fon temps. Ce n'eft
pas que les Perfans n'elliment que l'adoration ou le culte du feu ne foit aufli
ancien que leur Monarchie; car ils foûtiennent, que la Religion de Kaiumarath ,
leur premier Roy, eft la même que celle de Zoroaftre, & qu'elle a précédé ou
faivi immédiatement le Déluge. Ainfi le Magifme feroit la même Religion que
le Sabifme, lequel reconnoît Seth, fils d'Adam, & le Patriarche Edris , qui eft
Enoch , pour fes Fondateurs. Il eft pourtant conftant , félon les plus anciens
H ft ariens de Perfe , que le Magifme ne remonte pas plus haut qu'Abraham,
lequel eft reconnu encore aujourd'hui, par les Ghebres ou Adorateurs du feu,
pour être le même que Zerdafcht ou Zoroaftre; mais voyez les titres particu-
liers d'Abraham & de Zoroaftre, comme auflî celuy de Sabi.
Khondemir dit plus hiftoriquement , que Kifchtasb , Roi de la féconde Dy-
naftie de Pcrfe, fut fi fort entêté du Magifme, qu'il s'attira les armes d'Argiasb,
Roy du Turkeftan , pour l'avoir voulu étendre hors de la Perfe jufques dans
les Provinces Tranfoxanes. Et Ben Schohnah écrit , que cette Religion étoit
fort répandue dans l'Arabie du tems de Mahomet, & que les Mages, qui étoient
pour lors confondus avec les Sabiens, obtinrent de Mahomet fauvegarde & pro-
tection, aufîi-bien que \q?> Chrétiens & les Juifs, à l'exclufion des Arabes Ido-
lâtres, auxquels il ne faifoit point de quartier. La raifon de cette différence
étoit, félon les Mufulmans, que les Mages s'appuyoient fur l'autorité des livres
qu'ils attribuoient à Seth, à Enoch & à Abraham, de même que les Juifs pro-
duîfoicnt ceux de Moyfe, & les Chrétiens l'Evangile de Jefus-Chrift.
Le Tarikh Montekheb dit, que Zoroaftre fut furnommé Mikhghufch. Ce .mot
ûgnifie,cn langue Pcrfienne, cloué par les oreilles & non pas elforillé , com-
me quelques-uns l'ont exphqué , pour faire quadrer- Zoroaftre avec Smermis le
Mage, duquel Juftin parle; mais les Zoroaftriens ont changé ce nom, qui mar-
quoit peut-être finfimic du fuplice , dont leur Patriarche avoit été puni , en ce-
luy de Alegiiifch ou Magiûfch. On appelle aujourd'huy en Perfe ces gens-Ui
Ghebr, Ghabr & Ghaur, & les Turcs donnent aujourd'huy Je nom, qu'ils pro-
noncent GliiaiU-, à tous les Infidèles & fouvent par injure aux Chrétiens.
Ces
M A G I U' s C H U N. ^05
" Ces Mages font connus aux Indes (où il s'en réfugia un grand nombre lorf-
qu i!'- furent chafTez de Perfe par les Mahometans) fous le nom de Parfi , à
caufe de leur origine, qui eil Perficnne ; & ils y confervent leur fupcrftition
contenue dans les trois livres intitulez Zcnd, Pazend & Voftha , qu'ils difent
avoir été compofez par Ibrahim Zcrdafcht , qu'ils confondent avec le Patriar-
che Abraham.
Les Chrétiens Orientaux- prétendent , que les Mages , qui ont adoré Jefus-
Chrift, étoient diiciples de Zoroallre , qui leur avoit prédit la venue du Mef-
fie & l'apparition d'une nouvelle étoile à fa naiflancc. Ils difent aufli , que ces
Mages avoient les traditions Prophétiques de Balaam , d'Elie & d'Eliféc. Les
uns les font partir de Perle & les autres d'Arabie.
Les principaux Pyrées ou Temples , dans lefquels les Mages confervoient &
adoroient leur feu facré , étoient dans l'Adherbigian , c'ell-à-dire , la Medic fur
le mont Alborz. Schah Abbas, Roy de Perfe, en fit démolir quelques-uns qui
étoient encore fur pied de fon tems, & tranfporta les Ghebres à Hifpahan, où
ils habitent encore aujourd'huy dans un fauxbourg, nommé à caufe d'eux, Ghe-
brabâd ou Ghiaiirabad, c'ell-à-dirc , la Demeure des Adorateurs du feu.
Les Mages prétendent , que leur Religion a lîeury & régné dans le monde
cinq mille ans, «Se les Mufulmans difent, qu'ils furent recommandez de Dieu à
David, à caufe de la juftice & de l'équité de leurs Rois. Il efl parlé de cette
Religion dans un très-grand nombre de titres de cet Ouvrage.
MAGIU'SCHUN. Surnom d'Abu Jofcf Jacob Ben Abi Salmah , célèbre
DoSleur de la ville de Medine. Il fut ainfi furnommé par corruption de Mei-
gun, qui fignifie enPerfien couleur dé vin , à caufe qu'il étoit fort rouge de
vifage. Il s'attacha à Omar, fils d'A'bdelaziz , Gouverneur de Medine, qui fut
depuis Khalife & qui le mena avec luy à Damas. Son maître dans la fcience
des traditions Mufulmanes fut Abdallah Ben Omar , & il eut pour condifciple
Aruit Ben Zobair. Son Neveu «Se héritier Abu Afna A'bdelaziz , furnommé
aviffi Megidfchin avec toute fa pofterité, devint fi habile Jurifconfulte , que les
Erakicns le préférèrent à Malek Ben Ans.
Il efc rapporté dans le Rabi alabrar , que nôtre Abu Jofef Jacob étant crû
mort par les fiens, on commençoit déjà à laver fon corps pour fenfevehr , lorf-
que celuy qui luy rendoit ce pieux office , s'appcrçût qu'une artère du pied
luy battoit encore. Ce figne de vie fit que l'on attendit pendant trois jours,
pour voir s'il ne reviendroit point de cette fyncopc. Etant enfin revenu , il
le mit à fon féant fur fon lit «S: demanda un verre de ptifanc à boire , & après
l'avoir bù, il raconta aux affiliants furpris d'une chofe fi extraordinaire, la vi-
lion qu'il avoit eue pendant fon cxtafe, & leur dit que fon ame, qu'il croyoit
être fortie de fon corps , ayant été conduite par un Ange jufques au feptième
ciel, on demanda à l'Ange, qui étoit celuy qu'il conduilbit ? l'Ange ayant ré-
pondu que c'étoit Magiufchun , on luy repartit : celuy que vous nommez ne
doit venir icy qu'au bout d'un tel tems , ce qui fit que l'Ange le reconduifit
jufques à fon corps «Se le lailfa en l'état auquel on le voyoit.
Il raconta enfuite aux affifl:ans, qu'il avoit vu dans le Ciel Omar Ben A'bde-
laziz, le Khalife, qui étoit déjà mort, placé en un lieu plus honorable qu'A-
bubecre & qu'Omar , ce qui l'avoit obligé d'en demander la raifon à fon con-
ducteur, qui luy répondit, que les deux premiers Khalifes avoient pratiqué la
S s s 3 julli-
5IO M A G M U'. M A G R E B.
juftice dans un fiècle heureux & plein d'exemples^ de vertu ; mais que celui -cî
l'avoit exercée dans un tems corrompu & plein d'injuflice.
MAGMU'. Ce mot fignifîe en Arabe Recueil & compilation. Il y a plu-'
fleurs Livres Arabes qui portent ce titre.
MAGMU' Mobarek. Recueil de bénediftions , ou Recueil heureux fur les
vertus de flmam Schafei Mohammed Ben Edris. 11 eft dans la Bibliothèque
Royale, n". 846. „ r /. , •
Il y a un autre Recueil de Poëfies en Langue Arabique, qui porte ce même
titre. Il eft dans la Bibliothèque Royale, n^ 1148.
MAGMU' aleltemam v alkemal. Livre de Magie fuperftitieufe , dans lequel
font les invocations des efprits. D fe trouve dans la Bibliothèque Royale ,
n". 1003.
MAGMU' ruhain. Autre Livre de Magie attribué à AOîmah, mère de Moy-
fe. Il eft dans la Bibliothèque Royale, n". 1026.
MAGMU' raml. Recueil de pluficurs Auteurs qui ont traité de la Géoman.
tie. ^oyez Raml.
MAGMU' Rafchidiah. C'eft un fort grand Volume, compofé par Rafchid
Al-Thabib, Vizir & premier Miniftre d'Algiaptu , Empereur des Tartarcs. Il
eft divifé en quatre grandes Parties, nommées: La première, Taudhiah, fur la
loy Mufulmane: La féconde Mcftah altaffir , c'eft-à-dire, la Clef des Commen-
taires faits fur l'Alcoran : La troifième , Solthaniah , Traité de Morale & de
Politique mêlée d'hiftoire: La quatrième, Lathaif al hakaik , contient plufieurs
qucftions curieufcs fur la Philofophie & fur la Théologie Scholaftique des Mu-'
fulmans. Voyez le titre de Rafchid.
MAGREB. Les Arabes entendent par ce mot, qui fignifîe l'Occident , tout
Candie jufques au Détroit.
Ils appellent néanmoins ordinairement l'Efpagne , Andaîus & l'Afrique Mag-
rcb; car quelquefois le mot d'Afnkia, dont ils fe fervent, ne fait qu'une par-
tie du Magreb, comme nous verrons plus bas.
Ils divifcnt ce pays ordinairement en trois parties : La première & la plus Oc-
cidentale porte le nom de Magreb alacla, c'cfl-à-dire, le dernier Occident, dont
la longueur s'étend depuis Telmeflan , dit vulgairement Tremilfen , jufques à
rOcean Atlantique , & fa plus grande largeur eft depuis Sebta & Tangia , qui
f )nt les villes de Ceuta & de Tanger , jufques à Marakafch , que nous appel-
ions «^ujourd'huy Maroc.
La féconde partie du Magreb a fa longueur depuis TrcmifTcn jufques à Bu-
gie , que les Arabes appellent Bagiaiah , fur les côtes de la mer Méditerra-
née , & fa largeur eft depuis le rivage de la même mer , jufques au défert ,
q.i'ils appellent vSahra. Cette partie porte le nom de Magreb Avaft , c'cft-à-
ii re, l'Afj-Jciue du milieu.
La
M A G R E B I. M A H A D I. 51Ï
La troifième partie eft la plus Orientale du Magreb , & depuis le pays de
Barca qui confine avec l'Egypte jufques à Gougi , 6l porte le nom parciculier
d'AfriJcia, qui eil Wifnca pioinit dkla des Anciens.
L'Afrique fut entamée par les Arabes fous le Khalifat d'Othman, qui envoya
Abdalli Ben Suad, fon frère de Mère, en Egypte, pour la gouverner à la pla-
ce d'Amru '^^'à As qui l'avoit conquiie. AbJalla prit Carthage fur les Grecs ,
l'an 26 de l'Hegire, & Moavie Ben Khodaige la conquit entièrement l'an 45 de
la même Hégire. Les iVglebites , famille qui tiroit Ion origine d'un Gouver-
neur, que les Khalifes y avoient envoyé, s en rendirent Souverains, & furent
enfuite challez par les Fathemites, qui devinrent Khalifes d'Egypte, & ceux-cy
ayant été détrônez firent place à plulicurs autres familles , nommées Almoha-
dès, Almoravides , &c. l/'u-jiz tous ces titres chacun en fon particulier, aufli-
bien que celuy d'Afrîkia.
MAGREBT, Natif d'Afrique ; c'cfl le furnom de plufieurs Auteurs qui.
ont été de race Afriquaine, comme d Abu Jolef Ben Abdalrahman qui a com-
poîe le livre intitulé Aduar fi élm alhoruf v alafrar, fur l'explication myftique
des Lettres Arabiques.
Abu Othman, dit Almagrcbi , efl Auteur d'Adab al foluk , Livre de la vie
fpiritucllc en langue Perfienne.
AbuUchohr HoMain Ben Ali Alvezir, & plufieurs autres ont auffi porté ce
furnom, comme Ben Said.
Almagrcbi efl fouvent pris auffi tout feul pour Ahmed Ben Mohammed Al-
Mokri Al-Adib , Auteur qui s'eft rendu fameux par le livre intitulé Azhâr al-
ria;lh fi akbdr âiadh, où il traite amplement de toutes fortes de brevets & liga-
tures pcrmifes & défendues, félon les principes de la Religion Mahometane.
MAGTUNIA. Voyzz Makdonia & Makdunia. La Macédoine ainfi appel-
lée par les Arabes & pur les , Turcs qui la confondent aujourd'huy avec le refle
de la Grèce & avec la Thrace fous le nom de Rumcli, c'ell-à-dire. Pays des
Grecs ou Romains. Nos Géographes modernes ont fait de ce mot celuy de
Romanie & de Romelie.
MAH ADI, fils d'Abugiafar Almanfor', fucceda à fon père & fut le troifième
Khalife de la race des Abballides. Il étoit aulîî libéral & magnifique , que fon
pcre avoit été avare & relferré, & on le tax même de prodigalité; car il
diffipa en très-peu de temps les grands threfors que fon père avoit amalfez pen-
dant le cours de plufieurs années.
Son règne commença l'an de l'Hegire cent cinquante huit à Bngdet, où il fe
trouvoit lorfque fon père mourut à Birmeimon proche de la Mecque.
Il ne fit point de guerre confiderable par luy-méme ; mais il envoya plufieurs
fois fon fécond fils contre les Grecs fur lefquels il gagna plufieurs combats , &
emporta quelque place, & conclud enfin une paix avec l'Impératrice Irène, à
condition qu'elle luy payeroit tous les ans 70 mille écus d'or de tribut. Ce
fut par-là qu'Irène fe délivra des courles des Arabes , qui luy donnoient fou-
vent des alarmes jufquts à Confliantinople.
La plus grande occupation qu'euft Maliadi dans fes Etats fut la guerre qu'il
fut oblige de foii-e à Burcai (car tel étoit le furnom de hakem fils de Hafchem)
oui
^12 M A H A D ï.
qui avoit fait révolter la Province de Khoraiïan. Il défît &: mit en fuite enfin
cet impolteur, duquel on peut voir rhiltpirc dans fon titre particulier.
Mahadi voulut, à l'imitation de fon père, faire le Pèlerinage de la Mecque, mais
avec beaucoup plus de fafbe que de Dévotion , car il dépenla dans fon voyage
iufques à ûk millions d'écus d'or. On dit entr'autres chofes , qu'il fit charger
ifur des chameaux une fi prodigieufe quantité de neige , qu'il eut de quoy fe
raffraichir non-feulement au milieu des fablons brulans de l'Arabie , mais qu'il
en porta encore jufques à la Mecque dont la plupart des Habitans n'en avoicnt
jamais veu, & il en fit conferver dans des vafes de terre, pour pouvoir boire
à la glace, & pour, maintenir les fruits en leur fraîcheur pendant tout le temps
qu'il y fejourna.
Ce Prince mourut à la chafle pourfuivant une bcte qui s'étoit jettée dans une
mazure, & en voulant la forcer, fon cheval l'engagea fous une porte qui ctoit
.trop baffe, ce qui l'obligea à faire un fi grand effort pour plier les reins-y qu'il
fe les rompit & expira fur l'heure , l'an cent foixante neuf de l'Hegire , après
un règne de dix ans & un mois.
Il avoit peu auparavant fa mort déclaré pour fucceffcur fon fils aîné, nom-
mé Hadi , mais à condition que le même Hadi n'auroit point d'autre héritier &
fucceffeur , que fon frère puifné nommé Haron , à l'exclufion de fes propres
enfans, & cette difpofition de Mahadi caufa de fort grandes brouilleries dans
la fiiite entre les deux frères. Foyez \c titre de Hadi.
On remarque, que fous le règne de ce Kalife , l'an cent foixante quatre de
l'Hegire , le foleil un peu après fon lever , au dernier mois de l'année Arabi-
que, perdit fans s'écliplèr tout d'un coup & entièrement fa lumière, quoyqu'il
ne fe fut élevé ni brouillard, ni pouffiere. Cette obfcurité affreufe dura juf-
qu'à midy, & les Hifhoriens obfcrvent qu'on n'avoit jamais entendu parler juf-
ques alors d'un femblable prodige. Lebtarikh. Khondtmir. B. Schohnah Tabari, S'c.
Pendant que ce Kalife fut à la Mecque , il en fit aggrandir le portique , &
il fit aulîi démohr à Medine plufieurs maifons pour donner plus d'étendue à h
mofquée oii étoit le fépulcre de Mahomet; ce qui ne fut pas approuvé par les
plus fuperftitieux Sénateurs de la Loy Mufulmane. Ce fut en ce temps- là auffi
qu'un particulier luy ayant fait prefent d'une pantoufle du faux Prophète , il
la receut avec honneur, & fit un prefent de dix mille drachmes d'argenc à celuy
qui la luy prefenta , après quoy il dit à fes , Courtifans : Mahomet n'a jamais
veu cette chaulfure; mais fi je l'avois refufée, le peuple auroit cru qu'elle étoit
véritablement de Mahomet , & que je l'aurois méprifée ; car , la coutume du
peuple eft, d'être toujours porté en faveur du plus foible contre le plus puiffiint.
Ce Prince changeoit fcuvent les Gouverneurs des Provinces & fes Miniftrcs ,
pour empêcher qu'ils ne priffent trop d'authorité; mais, pour la dilgrace de Ja-
cob, fils de David fon premier Vizir, elle arriva par une autre caufe, comme
l'on peut voir dans le titre de ce même Vizir.
Il tenoit fouvent fon lit de juflice pour punir & reparer les oppreffions &
les violences que les plus grands faifoicnt au peuple & il fe faifoit pour lors
affiftcr .par les plus graves Perfonnages & par les plus habiles Jurifconfultes
du Mufulmanifme , afin que leur prefence l'empêchât de rien décider qui fuit
contraire à la Loy; & ayant un jour dit à un de fes Officiers en le repri-
mcndant : Jufques à quand tombcrez-vous dans des fautes ? cet Officier luy
répon-
M A H A D I. jjj
répondit fagement : tant que Dieu vous confcrvera la vie pour nôtre bien , ce
fera à nous de faire des fautes , & à vous de nous les pardonner.
Un jour qu'il étoit fur le point de commencer la prière publique dans la
mofquée de Cufa, un Arabe de la lie du peuple luy dit: Je n'ay pas encore
fait mon ablution , & cependant je voudrois bien faire ma prière avec vous.
Mahadi s'arrêta tout court, & demeura debout au milieu de la mofquée pour
attendre que cet Arabe fe fut lavé & purifié pour fe difpofer à la prière.
Lorfqu'il fit fon pèlerinage , il mena avec luy un homme efîimé faint par
les fiens, que l'on nommoit iVlanfor Hagiani , & comme, étant dans le temple, il
faifoit de grandes largeffes, il dit à Manfor : Et vous ne me demandez -vous
rien ? Cet homme luy répondit avec un grand fehtiment de pieté : J'aurois
grand'honte de demander dans la maifon de Dieu à autre qu'à luy , & autre
chofe que luy-même. Au retour de ce pèlerinage , il fe trouva fi touché des
fentimens de tendrefle & de pieté , qu'un très-grand orage , qui fembloit con-
fondre le ciel avec la terre, étant furvenu , il fe jetta par terre & fit fa prière
en ces termes : Si c'efl moy , Seigneur , que vous demandez , me voicy prefl
à fubir les châtimens que je mérite y mais je vous prie de ne pas regarder vos
fidèles comme vos ennemis à ma confideration. Rabi alahrar.
Le Nighiariftan rapporte une Hiftoire aflez agréable de ce qui arriva un jour
à ce Khalife lorfqu'il étoit à la chafie. S'étant trouvé abandonné des fiens &
preflTé de la faim & de la foif , il fut obligé de chercher dans la cabane où
tente d'un Arabe de quoy fe rafraîchir. Cet homme luy prefenta du pain bis
& un pot de lait. Le Kalife luy demanda, s'il n'avoit rien autre chofe à luy
donner, & FArabe luy alla quérir auflî-tôt une cruche de vin qu'il luy prefen-
ta. Mahadi, après en avoir bû un coup, interrogea l'Arabe, s'il ne le con-
noiflbit point. Celuy-çy luy ayant répondu que non: Il faut que tu fçaches,
luy dit alors Mahadi , que je fuis un des principaux Seigneurs de la Cour du
Khalife , & après avoir beu un fécond coup , il luy fit derechef la même de-
mande. L'Arabe luy répondit: Ne me l'avez- vous pas déjà dit ? Non , luy re-
partit Mahadi , je fuis plus grand encore que je ne vous ay dit , & but un
troifième coup de vin , après lequel il fit encore pour la troifième fois la même
demande à fon hofte. L'Arabe luy dit alors qu'il s'en tenoit à ce qu'il avoit
appris de fa propre bouche; mais Mahadi reprit: Je fuis le Khalife devant le-
quel tout le monde fe profterne. L'Arabe n'eut pas plûtofl: entendu ces paro-
les , qu'il prit fa cruche de vin , & ^l'emporta. Mahadi furpris de cette aftion ,
luy demanda pourquoy il emportoit fon vin? L'Arabe luy répliqua: C'efl que
j'ay peur, que fi vous buviez un quatrième coup , vous ne me difliez que vous
efles Prophète & [que fi par hazard vous en preniez un cinquième , vous ne
prétendiffiez me perfuader que vous efles le Dieu tout-puiflant. Mahadi fort
réjoLii de ce plaifant trait fe prit à rire , & fes gens l'ayant rejoint aufîi-tofl ,
il fit régaler fon hofle d'une vefle & d'une bourfe d'argent. L'Arabe fort joyeux
luy dit alors : Je vous tiendrai pour un homme véritable , quand même vous
augmenteriez vos qualitez jufques à la quatrième , & même jufques à la cin-
quième fois.
MAHADI ou Mehedi. Direéleur & Pontife dans la Religion Mufulmane.
C'efl le furnom par excellence du douzième & dernier Imam de la race d'Ali.
Voyez le titre des Imams.
Tome IL Ttt Ce
^14 ^ MAHADI..
CeMahadi portoit le même nom que le faux Prophète, c'eft-à-fçavoir Abul-
caffem Mohammed , & il étoit fils de Halian Al Afkeri , rcrzième.ïmam. . Il
naquit à Sermenrai l'an 255 de l'Hegire , & fut enfermé à 1 âge de neuf ans
dans une cave ou cirberne par fa mcre qui le garde foigneulement jufques à ce
qu'il doive paroiflre à la fin du monde. Voilà ce que les Perfans difent de luy;
car ils croyent que cet Imam doit fe joindre à Jellis-Chrift pour combattre
l'Antechrift, & ne faire des deux loix Chrétienne & Mufulmane qu'une feule. .
Il y en a parmy eux qui difent que cet Imam a été caché deux fois : la pre-
mière 'fut depuis fa naifîance jufques à l'âge de 74 ans, pendant kquel temps
il converfa fecretement avec fes Diicipîes fans fe faire connoiflre aux autres,
parce que la plufpart des autres Imams fes anccltres avoient été empoifonncz
par les Khalifes qui fçavo^cnt leurs prétentions & qui apprehendoient la révolte
des peuples en leur faveur. La féconde retraite de cet Imam eft depuis que fa
mort fut divulguée jufques au temps que la Providence a deftiné pour fa
manifelbtion. Ces deux éflats du Mahadi font que fes Seftateurs luy donnent
entre plufieurs titres ou éloges celuy de Motebatthen , c'efl-à-dire , le fecret &
le. caché.
Le Mahadi d'Afrique duquel il fera parlé plus bas, prétendoit être cet Imam,
& que le temps de fa découverte étoit arrivé. Voyez auffi le titre des Fathe-
mites. Khondcinir 6P Ben Schonah.
11 y a dans la Chaldée en une petite contrée nommée par les Arabes Ah-
vaz , un chafteau nommé Hefn Mahadi , oi\ toutes les eaux de ce pays - là fe
joignent & font un marais qui fe dégorge dans la mer, c'eft-là que les Schiïtes
prétendent que l'apparition du Mehedi fe doit faire dans la fuite des temps.
MAHADL Surnom d'x^bulcafTem Mohammed Ben ATîdallah, Chef & pre-
mier Fondateur de la Dynaftie des Fathemites ou Ifmaëliens en Afrique. Les
partifans d'Ali prétendent qu'il defcendoit en droite ligne d'Ifmael fils de Giafar
Sadek, fixième Imam; mais les Abbaflïdes ne conviennent pas de cette defcen-
dance & l'ont toujours réputé pour un ufurpateur qui n'appartenoit en aucune
manière à la famille de Mahomet , & ils ont prouvé par des témoignages au-
thentiques qu'il tiroit fon origine d'A'bdalIa Ben Salem , égyptien de nation. Les
Sèftateurs de ce Mahadi ou Diredleur des Fidèles ont autorifé fa miffion fur une
tradition receuë de Mahomet , laquelle porte qu'au bout de trois cens ans le
Soleil fe leveroit du côté du couchant. En effet, cet homme commença à pa-
roiflre dans l'Occident l'an 296 de l'Hegire, & fe rendit maiftre d'une grande
partie de l'Afrique que les Arabes appellent Magreb, c'efl-à-dire, Occident.
L'an 300 de la même Hégire , Mahadi envoya trois armées en -Egypte pour
la conquérir; mais le Khalife Moclader qui regnoit à Bagdet défit fes troupes
en trois différentes occafions. Mahadi ne fe rebuta point du mauvais fuccés de
fes armes, & enfin ayant mis le fiege devant la ville d'Alexandrie il l'emporta
de vive force. Il fe contenta pour lors de cet avantage & fans pouffer plus
avant fa vidoire ; il fit bafhir auprès de Cairoan qui efl l'ancienne Cyrene ,
une nouvelle ville qu'il nomma de fon nom Mahadie où il établit le fiege de
fon Empire. P''oyez ce titre plus bas.
Quelques Hifloriens ne luy donnent que foixante & deux ans de vie; mais
les autres difent communément qu'il mourut dans la foixante & troifième année
de.. fon âge, l'an 322 de l'Hegire, après avoir régné 26 ans, & lailfé pour fuc-
celTeuî
M A H A D I E. M A H A L E B. ^xs
cefleur dans tous fes Etats- Caiem BeemrilJah fon fils, fous le Califat de Caher
' qui fut le dix-neuviéme des AbbafTides.
On n'ell pas d'accord fi Mahadi a été le premier qui ait porte le titre de
ÎKhalife des Fatiiemites ; car plufieurs ne donnent ce titre qu'à Moêze fon pe-
tit-fils qui conquit l'Egypte. Il y a auffi quelques Auteurs qui veulent que la
ville de Cairoan fut toujours fa capitale, & même qu'il y mourut. Les Sun-
nites, c'eft-â.dire, les Mahometans Orthodoxes appellent ordinairement par mé-
pris ce Prince O'beidallah Al Schii ; c'eil - à - dire , O'beidallah l'heretique ou
"î'impoileur.
Ahmed Ben Ibrahim Ben Harrar, dit l'Afriquain, a écrit fa vie fort au long.
Kbondemir. Ben Schohnah.
MAHADIE. Ville que Mahadi bâtit fur le bord de la mer afiez proche de
celle de Cairoan; elle fut fondée l'an 303 de l'Hegire. Elle eft fituce dans une
prefqu'Ifle, & revêtue d'une très - forte muraille avec un château ou palais Im-
périal, accompagné de plufieurs grands bâtimens magnifiques qui furent conftruits
avec une dépenfe exceffive. C'efi: l'ancienne ville nommée Aphrodifium. Dra-
gut Bafcha de la mer', la prit fur les Arabes pour Soliman Empereur des Turcs
l'an 956 de l'Hegire. André Doria la reprit peu après pour Charles V, & la
démolit. Les Tables Arabiques luy donnent 42 dcgrez de longitude , & 32,
& demy de latitude Septentrionale, (^oysz le titre des Fathemites & Ma-
hadi Imam.
MAHADU'NL Surnom d'Ab'ii Valid Abdalmalck Ben Catthàr qui mou-
rut l'an 256 de l'Hegire. Il nous a laifl^é un livre intitulé, Efchtekâk alefma,
c'eft-à-dire, des mots de la Langue Arabique qui ont plufieurs lignifications &
qui par confequent font équivoques.
MAHAGEM. Ville de l'Iemen ou Arabie heureufe qui fépare deux Pro-
vinces de la même Arabie, nommées Jcmamah & Temamah. Elle efl fituée dans
une plaine fertile à l'Orient Septentrional de la ville de Zebid de laquelle elle
n'eft éloignée que de fix journées. Le Géographe Perfien la met dans le" pre-
mier climat, & dit qu'elle efi: petite, mais fort peuplée.
Edriffi qui la place dans la fixième partie du même climat, écrit, qu'elle efl
à 7 journées de Sanâa , ville capitale de l'Iemen , & à 8 d'Aden qui efl fur
VOcean proche de l'entrée de la mer rouge, & que le petit païs nommé Dahés
s'étend enti-e ces deux villes.
MAHALAIL ou Mahiaïl. C'efl: le Patriarche Mahalalecl fils de Caïnan
Le Tarikh Montekheb dit qu'il a été le premier qui ait foiii les mines pour
y chercher les veines de.s métaux , & qui ait bâti des maifons. II luy a attribué
auffi la fondation des villes de Schuftier & de Babel. Quelques Ililloriens Orien-
taux veulent qu'il foit le même que le Géant Dudafch. Voyez ce titre.
MAHALEB. Les Mahalebites ou les Princes de la race de Mahaleb étoieni
puifians du temps que les Ommiades poflîedoient le-Khalifat. Ils pofledoient le
Lariflan ou Royaume de Lar & la ville d'Ozmuz où ils avoient bâti un Châ-
teau renommé par fa force. Jezid fils de Mahaleb s'étant révolté contre le
Khalife Jezid II du nom, & ayant été défait par fes troupes, s'y voulut refu-
T 1 1 2 .'SiS"
Si6 M A H A L I. M A H E R V I S S I.
gier avec le débris de fon armée ; mais le Commandant luy en ayant refufé
l'entrée , il fut taillé en pièce avec tous les fiens par fes ennemis qui le pour-
fuivoient. Ben Schohnah dit que les Mahalebices s'étoient rendus fort recom-
mandables par leur valeur & par leur magnificence, & cite des vers Arabes qui
ont été compofez à leur louange.
Il y a un Abu Mohammed de cette famille dont il efl parlé dans les Agani
Kebir d'Abulfaragc Eiïahani , & un autre qu'Abulfeda cite iouvent dans fa
Géographie.
M AH ALI & Mahalli. Abumâala Mahalli Ben Gémi Cadhi ou Juge du grand
Caire, qui mourut l'an 550 de THegire, a compofé l'Adab al Cadhi, c'eft-à-dire.,
des Devoirs & Fondions des Juges félon les fentimens du Dofleur & Imam
Schafei.
Amineddin Mohammed al Arudhi Al Mahali a écrit en vers un Art Poétique,
intitulé Argiuzat filârudh. Cet Auteur mourut l'an ôj^ de l'Hegire.
Gelalcddin M. Alraahali , qui mourut l'an 864 de l'Hegire , a commenté un
livre de Grammaire Arabique intitulé Aârâb an Kuaed aâràb. .
M AH AN. General de l'Empereur Heraclius , lequel fut défait par les Ara-
bes un peu avant la prife de Damas fous le Khaiifat d'Omar. Il fe retira après
cette difgrace au mont Sinai où il fe fit Moine fous le nom d'Anaftafe , &
compofa quelques Ouvrages fur ks Pfeaumes, &c. Ben Batrik.
M AH AN & Makhan. Ville du KhoralTan fituée auprès de Merii Schagehan.
Lorfque les Selgiucides eurent pafle l'Oxus , une famille d'entr'eux qui fe difoit
defcenduë d'Oguzkhan s'y arrclta & y commanda jufques à l'irruption de Gen-
ghizkhan. Car alors Soliman Schah qui defcendoit de Caïkhan Chef des Ogu-,
ziens, voyant fon pays ruiné, l'abandonna & vint à Akhiath ou Khelath ville
d'Amienie où il s'établit. Tarikh Othmani dans l'origine de la maifon Otho-
raane. l^oyez cy-delfous Makhan, & le titre de Solimanfchah.
M AH A R AH. Ville de l'Arabie heureufe dont les Habitans ont un langage
différent de celuy de tous les autres Arabes. Elle efl fituée au premier climat,
& a un terroir fort fterile ; car il n'y a dans toute fon étendue aucune terre
labourable ni autres arbres que celuy de Ban. Cependant, il abonde en cha-^
meaux & en moutons qui fe nourriHent de la graine & des feuilles de cet arbre ,
dont on tire l'huile que les Arabes appellent Dehen elban , & de laquelle on
fait un fort grand trafic dans toute l'Arabie. Géographe Perjien.
MAHBU'B. Mohammed Ben Mahhiid, homme réputé Saint par les MufuU
mans. l^oyez f^ vie dans l'Ouvrage qu'Iafei a fait fur cette forte de Saints ou
Santons.
^oyez auflî Amild fils de Mahbud dans fon titre particulier.
M A HER VIS SI fils de Sipah , fils de Saïar ou Jafllaf , célèbre Médecin , .
Çeifien de naiilance, & Mage de Religion. Il fut maître d'Ali Ben Abbas dit
Al-Magiùs qui a compofé un Cours entier de Médecine fort eflimé , fous lè
nom de Maleki,.
MAHERANL .
M A H E R A N I. MAHMOUD. 517
MAHERANI. Surnom d'un Abiifaid qui a corapofc un de ces Ouvrages
que les Mufulmans appellent Arbnâî. l^oyez ce titre.
MAHISER. Tefîe de PoilTon. C'ell ainfl que les Pcrfans appellent ces
peuples que les Grecs ont nommes Ichthyophnges , c'eft-à-dire, Mangeurs de poif-
fon. Les Romans Orientaux placent ces peuples dans une ifle de la mer d'O'm-
man, c'eft-à-dire, de l'Océan Oriental dans lequel font compris les deux Gol-
phes Arabique & Perfique. Le Livre intitulé Hufchenk Nameh rapporte, que
l'Empereur Hufchenk envoya fon General Harufchir pour lubjuguer ces Ichthyo-
phages dont les tètes étoient approchantes de celles des monllres marins, &
qui n'avoient point d'autre nourriture que celle qu'ils tiroient du poiiFon feché
au folcil. Il elî fait encore mention de ces Têtes de poillbn dans la gallerie-
du Géant Argenk, dont vous pouvez voir le titre.
«s-
MAHIZER. Le PoifTort' et l'or. Les Perfans appellent ainfi une pierre
très-rare & fabuleufe, laquelle étant jettée dans l'eau, s'attache à ce qu'il y a
de plus précieux au fond , & l'apporte au dcflus de la même eau. 11 fera parlé
de cette pierre ailleurs. -
MAHMOUD fils de Gaiaith-eddin. Cinquième & dernier Sultan de la Dj'-
naftie des Gaurides ou de la famille de Sam. Il fucceda à fon oncle Schehab-
eddin. Tan 603 de THegire & fut reconnu pour Souverain dans les pay.s de
Gaur, de Gazna, de Zableftan, d'Indoîlan, & de la plus grande partie du Kho-
ralTan. Il acheva dans cette dernière Province le bitiment de la grande Mof-
quce de la ville de Herat que fon père avoit commencé. Cependant , il ne-
faifoit pas fa refidence dans cette ville ; mais à Firiiz ghûé , capitale du pays"
de Gaur.
Alifchah fils de Takafch Khan s'étant foufievé contre Mohamed Khuarezni:
fchah fon frère, & enfuite réfugié auprès de Mahmoud, ce Prince prenant pré-
texte de l'alliance étroite qu'il avoit avec Mohamed, le fit arrefler & remettre
entre les mains de fon frcre. Cette infidehté déplut fi fort aux Khoralîàniens
& aux Irakiens qui étoient du party d'Ali-fchah, qu'ils conjurerent contre luy
& envo3'erent des gens qui entrant 1 nuit furtivement dans fon Palais, le maf-
facrerent dans fon lit fans qu'aucun de fes domeftiques s'en appcrceut. On re-
chercha avec grande diligence les auteurs de cet attentat ; mais on ne put jamais"
les découvrir. Ce Prince étant mort , on l'enterra d'abord dans le Chafteau de
Firûz-gité, d'où il fut tranfporté en la grande Mofquée de Hérat, dont il a été
parlé. Il laifia un fils nommé Sam , lequel entra d'abord en guerre avec Atfir
fils de Gihanfilz fon parent qui luy difputoit la Couronne ; mais , ni Ynn ni
l'autre de ces Princes la pofieda : Car la fortune de Mohammed croilfant de
jour en jour, celle des Gaurides enfin s'éclipfa , & paffk dans la maifon des
Khouarezmiens. Mahmoud fut tué l'an de l'Hegjre 609, après avoir régné fcpt
ans, & terminé en fa perfonne la Dynaftie des Gaurides qui avoit tenu le
Sceptre pendant foLxante & quatre ans. Mirkhond. Khondernir.
MAHMOUD fils de Sebefteghin, premier Sultan de la Dynaftie des Gazne-
vidos dont fon père avoit néanmoins déjà jette les fondemens , commença à
régner abfolument lorfqu'il eut réduit fon frcre à la vie privée. Il palfa aiifil-
T t t 3 tdt
5i8 MAHMOUD,
tôt de la ville de G:izna en celle de Balkhe, oix après avoir pacifié entièrement
les troubles de la Province de KhoralFan, le Khalife Cadet luy envoya par for-
me d'inveftiturc une très-riche vcfle, & luy donna le furnom de lemin addûlat,
c'e(t-à-dire , la main droite de l'Etat des Mafulmans; & celuy d'Amin al miilat,
c'cfl-à-dire , Gardien & Procefteur des Fidèles, Tan 389 de l'Hegire, Peu de
temps après, Mahmoud fit un traité de paix avec Ilek-Kan , Roy des Nations
& des Provinces Tranlbxanes ou du Turqueftan, & pour l'affermir davantage,
il s'allia avec iuy en prenant fa fille en mariage. Après s'être ainfi allure de
ies voifms, il porta la guerre aux Indes, & attaqua l'an 392 de l'Hegire, Gebal ,
le plus puiilant Roy de l'Indoftan. Mais ce Prince ayant eu le malheur d'eflre
pris deux fois dans les combats qu'il livra à Mahmoud qui l'avoit renvoyé deux
fois avec fa liberté , fut obligé , félon la coutume du pays , de renoncer à là
Couronne , de la mettre fur la tête de fon fils , & enfin de fe brûler luy-même
pour expier fon malheur.
Mahmoud après ces grandes conquelles -obtint „âe furnom de Gazi, qui fignrfie
Conquérant, & retourna à Gazna, chargé" des richelfes incroyables que {qs ar-
mes luy avoient acquifes.
L'année fuivante Mahmoud fit une expédition en Segefl:an pour réduire à lâ
raifon Khalaf, lequel n'étant que Gouverneur de cette Province y tranchoit de
Souverain & avoit même fortifié le Château de That , comme s'il eut voulu
s'y maintenir de force ; mais il n'eut pas plutôt appris la -venue de ce Prince,
qu'il alla au-devant de lui, lui apportâmes clefs de fa Forterefle & le reconnut
pour fon Sultan. Ce titre de Suitan , qui n'étoit pas encore en ufage , plut fi
fort à Mahmoud , qu'il le prit toujours depuis ce temps- là, & pardonna, non-
feulement à Khalaf fa révolte , mais le rétablit encore dans fon Gouvernement.
Cependant Khalaf n'ufa pas bien de la clémence de Mahmoud; car il fe révol-
ta une féconde fois, & demanda du fccours à Ilck-Khan pour fe foûtenir. Le
Sultan irrité de fa perfidie , courut fur lui en grande diligence , le furprit &
l'envoya prifonnier dans uu Château de la Province de Giorgian , où il finit
fes jours.
L'an 395, Aïahmoud retourna aux Indes , & y entra du côté de Hebath &
de Multan dont il s'empara. Pendant ce tems-là , Ilek-Khan prit occalion de
fon abfence pour attaquer le Khoralîàn. Il partagea d'abord ion armée entre
fes deux Généraux^ nommez Sipafchi-teghin & Giafer - teghin , &; leur donna à
chacun la moitié de cette grande Province à conquérir. Arflan Giazeb-teghin ,
qui commandoit de la part de Mahmoud dans Herat , dépêcha aufii-tôt un Cou-
rier aux Indes,- pour luy fiiire fçavoir l'invafion d'Ilek-Khan dans ies Etats.
Le Sultan fur cet avis ne perdit point de tems , il vint à grandes journées trou-
ver les. deux Généraux d'Ilek-Khan. Ils ne tinrent pas long-tenis ni l'un, ni
l'autre devant luy, & ils furent obligez, après une foible refifiaace , de quit-
ter le Khoraff m <Sc de repaifer le Gihon. Ilek-Khan fi; voyant honteufement
chalTé par Mahmoud, implora le fecours de Cader-khan , Roy du Khatay. Ce
Prince le vint joindre avec cinquante mille chevaux , & ayant paiîe enfemble
le fieuve Gihon , ils fe préfenterent devant la ville de Balkhe. Le Sultan fe
voyant attaqué par i^ne fi puifiante armée eut recours à Dieu, qu'il pria ardem-
ment de luy accorder fa prote6lion contre un fi grand nombre d'Infidèles; puis
montant fur fon Eléphant blanc & rangeant fon armée en bataille , il alla en
perfonne inveftir le lieu où fe trouvoit iiek-Khan. Son Eléphant enleva Ilek-
Khan
MAHMOUD. ji^
fJTiati de defllis fon cheval , Je jetta en l'air avec fa trompe & écrafa avec Ces
pieds Ja plupart de ceux qui combattoient autour de luy. Les deux armées
cependant fe choquèrent fort rudement , & les troupes du Sultan firent un fi
grand carnage de leurs ennemis , qu'il n'y en eut que fort peu qui écJiapaiTent
à leur fureur à la faveur du Gihon où ils fe précipitèrent. Cette fàmeufe ba-
taille fe donna à quatre lieues de la ville, l'an de l'Hegire 397, & la même an-
née Mahmoud pafla aux Indes , où il châtia un de leurs Rois nommé Neve-
fcha, pour avoir renoncé au Mululmanifrae qu'il avoit embraffé en fa confi-
deration.
L'an 400. Le Sultan Mahmoud poufla fcs conquêtes aux Indes &. défit Bal,
fils d'Andba! , eftimé le plus riche & le plus puilfant Roy de tout l'Indoftan.
On dit , qu'il fe trouva dans Ja Forterelfe de Behefim des tréfors immenfes en
or, en argent &; en pierreries. Et la même année, le Roy des Rois ou l'Em-
pereur des Indes , envoya demander la paix au Sultan qui la luy accorda , à
condition qu'il luy envoyeroit cinquante Elephans dans fes écuries , outre une
greffe fomme d'argent , dont il luy devoit payer ti-ibut tous les ans. Cette
paix ayant été ratiîiée , le commerce des Indes "fe rétablit & les Caravanes mar-
chèrent à leur ordinaire.
L'an 4or. Le Sultan attaqua Mohammed Ben Suri, Prince du pays de Gaur,
& le fit prifonnier de guerre. Mohammed fe trouvant entre les mains du Sul-
tan, prit du poifon qu'il tenoit caché dans un anneau & fe délivra de la cap-
tivité par la mort.
La même année, Mahmoud fe rendit maître du Gurgiflan , qui cft la- Géor-
gie, & en chafîli le Schar ou Roy du pays, ycyez le titre de Schar.
En 405, il retourna aux Indes, prit la Ville & Royaume de Marvin. Ce
fut-là qu'il apprit , que dans une des contrées voifines il y avoit des Elephans
Mufulmans, (voyez ce que c'eft dans le titre de Fil) il fit donc la guerre au
Roy de ce pays-là, qui étoit idolâtre, & l'ayant. défait , il fe retira chargé
d'un très -grand butin, & mena avec luy un grand nombre de fes Elephans.
L'an 407 , fon gendre , nommé Maraon , fils de Mamon , que Ton appelloit
Khuarezm-fehal , parccqu'il étoit Gouverneur du Khuarezm , ayant été fulcité
par Begal teghin & par quelques autres mccontens , commença à luy refufer
l'hommage qu'il luy devoit. Mais Mahmoud feut bientôt rangé à fon devoir
& luy ôta fon Gouvernement qu'il donna à Altuntafch , fon Général & fon
Favori.
L'an 409, il entreprit de fubjuguer la partie Septentrionale des Indes, & il
porta la guerre au pays de Kiiragc , éloigné de trois mois entiers de Gaznah ;
il le conquit entièrement & en rapporta des richeifes ineftimables & un fi grand
nombre d'efclaves , que fon les donnoit pour dix drachmes la pièce , encore
avoit-on peine de trouver qui les achetât.
L'an 416, il tira vers le Midy des Indes, & entra dans le Rcryaume de Sou-
menat, où il eut plufieurs combats à donner avant que de s'en rendre le mai-
tre. Quelques Hifloriens difent , que Soumenat eu le nom d'une Idole que les
Habitans de ce pays-là adoroient , à qui il av(*it danné fon nom ; mais Feri-
deddin'Atthar n'eft pas de ce fentiment quand il dit: Les foldats de Mahmoud
trouvèrent dans le pays de Soumenat une Idole -, que Ton nornmoit Lât.
Mirkhond dans fon Raouzat eflafa rapporte, que dans le temple de cette Ido-
le, il y avoit cinquante - fix colomncs d'or maffif , toutes couvertes de rubis &
-pier- ■
520 M A H M 0 U D. I
pierres prétieufes. L'Idole étoit d'une feule pierre & avoit cinquante coude'es-
de long; mais il n'en paroiiroit que la hauteur de trois & les quarante - fept
autres étoient dans terre. Mahmoud la -voulut brifer de fes propres mains ,
& il luy fit facrifier en peu de temps plus de cinquante milles de ces Idolâ-
tres. On dit, qu'il tira tant de ce temple que des trcibrs du Roy de ce pays-
là plus de vingt millions d'écus d'or , ians compter le butin que fes foldats
y firent.
Ce fut, après cette conquête , qu'il établit dans ce pays-la un Prince tribu-
taire de la race de Dabfchelim. l^oyez cette Hiftoire entière dans le titre de
Dabfchelim , tirée du Nighiariltan. Nôtre Auteur , qui eft Khondemir , l'a ti-
rée de Mirkhond & le Nighiariflan l'a prife de l'un & de l'autre. Il cite un
proverbe Arabe à ce fujet qui dit :
Celuy qui creufe un puits à fon compagnon tombe luy-même dedans. Et un
palfage de l'Alcoran qui porte:
t^ous donnez i ô Seigneur, le Royaume à qui vous voulez , ^ vous Votez des mains
de celuy qu'il vous plaît.
L'an de l'Hegire 420, il conquit la grande Province de l'Iraque Perfique &
kl donna à fon fils Mafl'ôud, déclarant pour fuccefll'ur de fon trône & de tous
fes autres Etats fon autre fils, nommé Mohammed; ce qu'ayant fait, il deman-
da à Mafloud comment il vivroit avec fon frère Mohammed après fa mort ?
De la même manière, luy répondit -il, que vous avez vécu avec vôtre frère
Ifmael , fils de Sebe6leghin. Cette réponfe toucha vivement le Sultan Mah-
moud; car ayant eu autrefois fon frère entre fes mains, il luy pardonna : puis
luy ayant demandé un jour, comment il l'auroit traité luy-même, Çi Dieu luy
avoit donné la vicloire '? Ce Prince lui répondit fottement , qu'il i'auroit tenu
enfermé dans une prifon , où il ne l'auroit laifie manquer de rien hors de la
liberté. Cette réponfe impertinente fit , que Mahmoud le mit entre les mains
du Gouverneur d'un des Châteaux de la Province de Georgian, qui le tint en-
fermé jufqu'à fa mort, luy fourniflant cependant avec abondance toutes les au-
tres commoditez de la vie. Mahmoud \nt bien , par la réponfe que Mafioud
lui fit que ces deux frères , qui étoient (es enfans , ne vivroicnt pas long-temps
en paix, & quelques efl'orts qu'il put faire pour obliger Mafioud à jurer, qu'il
ne molefiieroit point fon frère , il ne put jamais l'obtenir de luy jufqu'à ce
que Mohammed luy jura de partager avec Mafioud , fon frère, tous les tréfors
que fon père luy laifieroit après fa mort.
L'an 421. Le Sultan Mahmoud mourut d'une fièvre lente , dans la 63^ an-
née de fon âge , après avoir régné feul & abfolu l'efpace de 31 ans. Ce fut
un très-grand Prince, doiié de vertus héroïques & fort zélé pour la propaga-
tion du Mufulmanifme , qu'il aVoit étendu bien avant dans les Indes , où il
avoit extermiiré un nombre infini d'Idolâtres, & ruiné la plus grande partie de
leurs Temples ou Pagodes. Il faut remarquer en pafTant , que le mot de Pa-
gode vient du Perfien Potghcdah ou Pokhoda, qui fignifie Temple d'Idoles, ou
Idole qui eft adorée comme Dieu. On n'a remarqué dans ce Prince qu'un feul
vice, qui étoit l'avidité d'amaficr des tréfors. 11 eft vrai, que jamais Prince n'a
eu plus d'occafion de contenter cette paflion ; car il trouva dans les Indes qui
lî'avoient point encore été entamées jufques alors , de quoy fatisfairc la plus
infatiable cupidité d'or & d'argent qu'un homme puifiTe avoir. Il eut pour Vizir
Ahmed ,
MAHMOUD. jjr
•Ahmed, fils de Haflan, furnommé Meïmendi, duquel il fe dégoûta à la fin, &
prit en (li place Emir Genk Mikal ou Menkal. l'^oyez Mcïmen.Ii.
• Pluficurs grands Perfonnages ont fréquenté la Cour de Mahmoud , comm;
Ferdoulli, Abii Rihan , &c. defquels on peut voir les titres particulier?.
Tout ce que nous avons dit cy-delTus du Sultan Mahmoud ell tiré de Khon-
demir dans la Dynaftie des Gaznevides. t^oyez aufli Ebn Sina & Ion voyage
au Khoraflan.
Cq Prince fut furnommé Jermin Eddoulat, la droite de l'Etat. Il faut fous-
«ntendre des Mufulmans ou du Khalifat , éloge qui luy fut donné par Cider
Billah, vingt-cinquième Khalife de la Maifon des Abbaflîdes , lorfqu'il leiablic
Roi du Khoraflan , après la ruïne des Princes de la race des Saraanides , l'an de
l'Hegire 387.
Mahmoud étoit fils de Sebefteghin , Turc de Nation , qui commandok dans
les pays de Khoraflan & de Gaznah, & de la fille du Prince de Zablcftan. C'efl
pourquoi, il eft fouvent appelle Zabeli, & le Poëte Ferdouffi l'a qualifié de ce
nom dans un quatrain , dont voici le fens :
-La magnifique Cour de Mahmoud le Zabelien eft une mer; mais une mer qui
n'a ni fond, ni rive: Je me fuis trouvé dans cette mer, & j'ai plongé jufqu'au
fonds fans y pêcher aticune perle ; mais ce n'eft pas la faute de la mer , c'eft
un efl^et de mon malheur.
Mahmoud après avoir conquis les Indes , où il trouva des tréfors infinis &
où il planta la foi Mufulmanne, fe rendit maître aufli de la Province de Khua-
rezm; & en l'année 392 de l'Hegire, il fut attaqué par Ilek-Khan, Roi des
Turcs Orientaux , & de tout le pays de de -là le fleuve de Gihon ou Oxus ;
mais il le défit auprès de la ville Royale de Balkhe dans le Khoraffm , & l'o-
bligea de repafl"er la rivière de Gihon, qui faifoit la feparation de leurs Etats.
Ilek-Khan mourut dans fon Pays l'an 403. Après fa mort, Cader-khan, fon
fuccefleur dans le même Ro3^aume,- & Arflànkhan , Roi du Turkcflian , s'étants
unis enfemble , pafl'érent le Gihon avec une puiflante armée & vinrent droit à
la ville de Balkhe. Mahmoud vint au-devant d'eux avec la fienne & leur livra
bataille. Il étoit monté ce jour- là fur un Eléphant blanc, qui fut le prélage
de la grande vifloire qu'il remporta fur fes ennemis ; car il les pourfuivit tou-
jours battant jufqu'au Gihon , dans lequel la plus grande partie des Turcs fe
noya , & il le pafi'a avec toute fon armée , s'étendant de tous cotez dans le
pays ennemi qu'il pilla & ruïna entièrement. Après une fi grande viftoire, il
retourna au Khoraflan , l'an de l'Hegire 410 , & fe rendit maître du Gior-
.'gian.
Dix ans après, l'an de l'Hegire 420, il entreprit la conquête de l'Iraque Per-
fienne, où regnoit alors Rofl:am, furnommé Magdeddoulat , fils de Fakhreddou-
lat, qui fut le dernier Prince de ce pays -là de la Maifon des Bouides. Mah-
moud furprit ce Prince & s'en défit fecretement, & après être entré de gré ou
de force dans les villes d'Ifpahan , de Cazvin & autres , il fut reconnu pour
Roi de ce grand Etat , que les Princes de la Maifon de Bouiah avoient polfedé
durant plufieurs années.
Ce n'eft pas que les peuples fe foûraiflent agréablement à cette nouvelle do-
mination; mais Mahmoud ufa de tant de feverité envers ceux qui refufoient de
Tome II, V v v por>
522 MAHMOUD.
porter ce joug , qu'il fit mourir , en une feule fois , quatre mille des princt-
' paux habitans d'ifpahan qui s'étoient révoltez contre lui.
11 châtia aufîî ceux de Cazbin pour la même raifon , & enfin , après avoir
pacifié ce Royaume , il en donna le Gouvernement à l'on fils Malfôud , qui y
établit fa réfidence. Pour lui , il s'en retourna dans le Khoralfan , & fit quel-
que tems fa demeure dans la ville de Heri , d où étant palîe enfuite dans celle
de Gaznah, il y mourut l'an de THegire 421 , âgé de 61 ans & le 31 de fan:
règne. Il fut le premier Monarque reconnu de la race des Gaznevides ; car
fon père avoit été plutôt Gouverneur que Roi abfolu , les Princes Samanides
vivant & régnant encore dans le Khoraifan.
Ce Prince étoit fort laid de vifage, de forte que s'étant un jour regardé aur
miroir, il fut affligé de fe voir fi mal fait, ôc prononça des vers en ce fens ;
J'ai fait repolir la glace de mon miroir & l'ayant prefenté à mes yeux , j'ai
remarqué tant de défauts en ma perfonne , que j'ai oublié aifément ceux des
autres. Le fens Moral de ce Quatrain efi:, que la connoiifance de nous-même
nous occupe allez fur nos propres défauts , & nous fait aifément excufer ceux,
des autres.
Le premier Vizir ayant reconnu une grande melancholie fur le vifage de fon
Prince, prit la liberté de lui en demander le fujet? Mahmoud lui répondit: J'ai
toujours ouy dire, que la face du Prince doit réjouir la vûë de fes fujets : je
fuis étonné comment la mienne, qui efi: fi difforme, ne leur blefiTe pas les yeux..
Le Vizir lui repartit : L'excellence de l'homme ne confifl:e pas dans fa bonne:
mine: la vertu & les qualitez de l'efprit, fuivant le fentiment des Sages , font
}e véritable fond de la beauté. Parmi vos fujets , il y en a à peine un de mille
qui voye vôtre vifage ; mais vos mœurs & vos vertus font regardées de tous.
C'efl par elles que vous devez gagner leurs cœurs & être l'objet de leur amour.,
Ncrkeflî dit fort bien : Quand nos mœurs n'auront pas plus de difformité que
vôtre vifage, jamais aucun ne s'en plaindra. Mahmoud profita fi bien des bons
avis de ce fage Vizir , qu'il devint l'exemple & le modèle des autres Rois au--
tant par fa probité & par fa prudence que par fa valeur. Giannabi, Hikaiat ^
k Nighiariftan.
Sous le règne de ce grand Prince , il arriva qu'un Turc de fes troupes en-
trant par force, fur le minuit, dans la maifon d'un pauvre homme , le tour-
menta fi fort , qu'il lui fît quitter fon logis , abandonner fa femme & fes en-
f\\ns. Cet homme oirtré de douleur , s'en alla au Palais porter fes plaintes au
Sultan, qu'il trouva éveillé & lui ayant reprefenté fa difgrace, il en fut écouté
fi fiworablement , qu'il eut tout fujet de fe confoler, & pour conclufion le Sul-
tan lui dit -^^ Si ce Turc retourne chez vous, venez m'avertir incontinent. Le
Turc ne manqua pas d'y retourner trois jours après , de quoi Mahmoud ayant
eu avis ,. il fortit en même tems avec une petite troupe de fes gens pour fe
renvlre en ce lieil , oli d'abord qu'il fut entré, il fit éteindre la lumière & tail-
ler en pièce cet infolcnt.
Après cette exécution, le Sultan voulut, à la clarté d'un flambeau qu'il fit
allumer, reconnoître le vifage de celui qu'il avoit fait tuer, & auffi-tôt qu'il
l'eut reconnu, il fe proftcrna à terre & rendit grâces à Dieu. Enfuite, il de-
manda au maître du logis qu'il lui apportât quelque chofe à manger. Cet hom-
me, qui vivoit dans une extrême pauvreté , ne put lui prcfentcr autre chofc
que du pain d'orge ^ du vin pouffé. Le Sultan s'eii contenta & prit fii ré-
fection ,
MAHMOUD. 523
fcélion; après quoi, étant prêt à fortir pour retourner à fon Palais, cet liora-
me, à qui il avoit fait une fi bonne judice , fe jetta à Ces genoux, & fe pria
très-humblement de lui dire , pour quelque raifon il avoit d'abord en entrant
fait éteindre la lumière ? Pourquoi il s'étoit proflorné après la mort du Turc ,
& enfin comment il avoit pu fe refoudre à prendre un fi mauvais repa.s ? l.e
Sultan lui répondit fort humu'nement : Depuis que vous m'avez porté vôtre
plainte , j'ai toujours eu dans l'efprit que ce ne pouvoit être qu'un de mes en-
fans , qui eut pu être allez hardi pour commettre une telle infolence ; c'eft;
pourquoi, ayant pris la refolution de vous en vanger , je n'ai pas voulu être
attendri par fa vûë, & j'avois fait éteindre la lumière à cet effet ; mais ayant
enfin reconnu que ce n'étoit aucun de mes tnfanS, .j'en ai loué Dieu comme
vous avez vu ; & je vous ai demandé à manger, parce que le chagrin que j'a-
vois de l'outrage qui vous avoit été fait , m'avoit ôté le iTpos & empêché de
manger. Nighiarijtan.
L'an 420 de l'Hegire , ce Sultan s'étant rendu maître de la Province d'Ira-
que, en donna le gouvernement à fon fils Malîôud, Il arriva un jour que la
Caravane, qui partoit de ce pays-là pour les Indes, fut volée & pillée par une
troupe de voleurs qui couroit le défert appelle Nedubendan ; il y eut même
plufieurs Marchands de tuez & entre autres le fiis d'une veuve appelle Ziil.
Cette femme vint à la Cour de MahmouJ , & lui demanda jufi;ice du meurtre
de fon fils. Le Sultan lui répondit , que la Province d'Iraque étant éloignée
de fon Empire qui étoit à Gaznah , il étoit fort difficile qu'il remédiât à tous
les defordres qui y pouvoient arriver. La Veuve lui repartit hardiment: Pour-
quoi conquêtez-vous donc plus de pays que vous n'en pouvez garder , & du-
quel vous ne puilfiez répoiidre au jour du jugement lorfque l'on vous i-w de-
mandera compte? Ces paroles firent grande imprcflion fur l'efprit de ce Prince,
& l'obligèrent, après avoir renvoyé cette veu 'e confolée par de riches préfens
qu'il lui fit, de faire publier dans toute la Province d'Iraque, qu'il" feroit doré-
navant caution de la vie & des biens de tous les Marchands qui pafl'eroient en
Caravane de l'Iraque aux Indes.
Cette publication fit que le nombre des Marchands groflît extrêmement, &
lorfqu'ils furent tous alTemblez à Ifpahan , le Sultan leur donna cent de fes Sol-
dats pour les efcorter. Le Chef de la Caravane lui repréfenta , que mille de
fes Soldats ne fufliroient pas pour les faire pafier en fureté par le grand défert
de Nedubendan , où les Détroits des paAliges & les défilez dans la montagne
étoient très-dangereux. Le Sultan lui repartit : Je ferai enlbrte , que ces cent
Soldats fuffiront & feront plus que s'il y en avoit mille. En efi'et, il leur com-
manda fecretement d achepter plufieurs charges de fruits , où il fit mêler de l'ar-
fenic , & lorfqu'ils furent arrivez dans ce défert fi dangereux , par l'ordre du'
même Prince, ils firent décharger leurs fruits, fous prétexte de les faire fecher
au Soleil pour les confcrver. Les voleurs ne manquèrent pas d'attaquer la Ca-
ravane en cet endroit , & s'étant d'abord jettez fur les fruits dont ils étoient
affamez dans ce défert fi affreux, les Marchands eurent le tems de fauver leur
marchandiles , & les voleurs crevèrent ou furent tous tuez par les Soldats d«
Sultan.
Les Tréfors que ce Prince trouva dans les Indes & dans le ,Segefi:an furent
fi grands, que l'on a peine d'ajouter foi à ce qu'en écrivent les Hifi:oriens; car
ils rapportent, que, l'an de l'Hegire 394, Mahmud, après la défaite de lihalap,
V v v a fils
524 MA H M 0 u rr.
fils d'Ahmed, qui s'ctoit révolté contre lui dans le Segellan & qu'il eut forcé
le Château de Thac, fe promenant dans ce pays , quil venoit de foûmettre à
fon obéïfTance , rencontra dans Tune di.s montagnes, qui le fépare des Indes, un
arbre d'or très-fin, & en creufant tout autour pour le déraciner, on trouva que
fes racines s'étendoient jufqu'à trois lieues entières fous la montagne , laquelle
quelque tcms après fut renverfée par un tremblement de terre , qui arriva fous
le règne du Sultan MaiTôud, fon tils, & cette riche mùne difpariit de telle for-
te qu'elle n'a jamais peu être trouvée.
Ce même Prince-, après avoir pris par force Baarea , la place la plus forte
des Indes & qui palToit pour imprenable , y trouva foixante & dix millions en
monnoye d'or & d'argent, &é foixante & dix mille marcs ou cent quarante mil-
le livres d'or ou d'argent en vailîelle. Les étoffes prétieufes , & les perles &
pierreries qui y étoient ne fe purent compter ni eftimer, & il y avoit entr'au-
tres choies une chambre entière , longue de trente coudées & large de cinq .,
dont les murailles & les planchers étoient d'argent maflîf. Ces tréfors firent,
que Mahmoud a palTé pour le plus riche & le plus puiffant Roi de l'Afié qui
ait régné dans le Mufulmanifme. Nighiarijlan , qui cite d'autres Hiftoriens.
Ce Prince fe voyant attaqué d'une maladie incurable , qui étoit une fièvre
lente, caufée par un ulcère -dans le poulmon , commença à penfer au voyage
de l'autre monde. Les Philofophes & les Médecins font d'accord en ce point:
Que l'homme ne peut jamais fufpendre l'exécution du décret divin, qui ordon-
ne & difpofe de toutes chofes : Quand une fois le battement du poulx eu. dé-
réglé dans fa fubftance, tous les raifonnemens de Platon & de tous les Philo-
fophes enfemble ne font pas capables de le redrelfer, & lorfque le tempérament
elt entièrement altéré & corrompu, tous les remèdes du Canon. d'Avicenne dcr
viennent ablblument inutiles.
Mahmoud fe voyant donc fur le point de mourir, voulut jouir pour la der-
nière fois de" la viië de tous fes tréfors. On lui préfenta d'abord tout l'or &
fargent monnoyé. qu'il avoit dans fes coffres. On lui étala cnfuite tous fes
riches meubles & étoffes , & enfin les pierreries , fans nombre & fans prix ,
qu'il avoit curieufement recherchées & amafilées pendant un long-tems «Se une
fuite continuelle de profperitez, pafîerent en revùë devant fes yeux. Après avoir
confideré attentivement, toutes ces ]-iche{fes , qui ne lui dévoient pas plus fervir
déformais que de la paille , il les fit reporter . dans fon tréfor , & cela, par le
confeil de fes amis , qui s'apperçûrent que ces objets ne faifoient qu'augmenter
le chagrin qu'il avoit de les quitter. En effet, il jettoit de grands foûpirs , &
répandoit beaucoup de larmes en les confidérant. D'abord que vous avez re-
folu d'amaffer du bien, il faut vous préparer à fouffrir de grandes fatigues pour
l'acquérir. Vous devez faire état enfuite de travailler jour & nuit pour le con-
ferver; & enfin, ce qui elt de plus fâcheux , vous ne pouvez le quitter fans
peine & fans beaucoup de regret. Nighiarlfian.
Le fuperbe Palais que Mahmoud, fils de Sebectegbin , premier Sultan de la
Dynaftie ^qs Gaznevides , fît bâtir dans la ville de Gaznin des dépouilles des
Indes, qu'il avoit conquifes , s'appelloit le Palais de la Félicité. Ce fut dans
ce Pa'ais où il avoit amalfé tant de tréfors , qu'il fut enfeveli l'an de l'Hegire
421, & on mit deux vers Perfiens pour Epitaphe fur fon tombeau , dont voici
le fens: A confidérer toutes les qualitez de ce grand Prince, on a peine à croi*
re qu'il foit venu au monde comme les autres hommes. ISighiariJtan.
MAHMOUD. 525
II eft rapporté dans le Tarikh al Khohfa, ou Hiftoire des Khalifes , que le Sul-
tan Mahmoud s'étant rendu maître ablblu du pays de Gaznin & de tant d'autres
par fa valeur, fouhaita que le Khalife lui donnât un titre digne de fa puiffimce, &
pour l'obtenir , il lui envoya une Ambaiîade extraordinaire. L'Imara Abou Man-
for ayant demeuré un an ou environ à Bagdet, fans rien avancer dans l'affaire
qu'il pourfuivoit, préfenta enfin un Mémoire, dans lequel il expofoit au Khali-
fe les grandes conquêtes de fon Maître , fa puilfance & fon zèle pour la foi
Mufulmane, la converfion de pluficurs milliers dldolàtres à la Rehgion Maho-
mctane , le changement de leurs Temples en Mofquées , & qu'enfin , il étoit
tout-à-fait indigne , que l'on ne reconnut pas le mérite d'un fi grand Prince ,
par un titre qui coûtoit fi peu de chofe au Khalife de lui accorder. Ce Mé-
moire fit fon effet auprès du Khalife, lequel craignant qu'un fi puifiant Monar-
que ne tournât enfin fes armes contre lui, affembla fon confeil & mit en déli-
bération quel titre on pouvoit lui accorder , defirant , à caufe que ce Prince
étoit fils d'un efclavc, qu'on lui en donnât un qui fut équivoque. On trouva
donc que celui de Veli lui conviendroit bien , parce que ce mot qui fignifie
Ami & Seigneur, fignifie auffi Serviteur & Valet. Mahmoud connut bien la
penfée du Khalife, & il lui envoya un préfent de cent mille écus , afin qu'il
ajoutât feulement une lettre au nom, à fçavoir un Elif. On lui accorda cette
grâce , & on lui envoya les Patentes avec le titre de Vali , qui fignifie abfolu-
ment Maître & Commandant. Doitlet Scliah.
Dans l'Inde , pendant que le Sultan tenoit un Jour fon Divan de converfa-
tion & de plaifir, un Fou fe préfenta, lequel parlant tout feul & regardant in-
confidéremment de tout côté , (è fit afi'ez remarquer pour ce qu'il étoit. Le
Sultan l'ayant apperçà, envoya un de fes Huifîîers lui demander ce qu'il vou-
loit. Le fou répondit: Je voudrois bien manger d'une queue de mouton rof-
tie. Le Sulnrn voulant fe divertir , commanda fecrétcment qu'on lui fit roftir
une de ces belles raves da paj^s, qui rcfl;'emblent fort à une queue de mouton,
& qu'on la lui préfcntât. Le fou , qui. étoit fort affamé , la mangea toute en-
tière avec grand appétit. Le Prmce lui. demanda entliite y s'il l'avoit trouvée
fort à fon goût , & il lui fit réponfe qu'elle étoit fort bien roflie ; mais qu'il
s'appercevoit que, fous fon règne, les queues de mouton, qui font délicates
extrêmement dans ce pays-là , n'avoicnt plus ni la grailfe , ni le goût qu'elles
avoient auparavant. Cette réponfe fi piquante fit faire une réflexion férieufe à
ce Prince Magnanime , lequel avoit oui les vers du .Poëte qui dit : Q^tiand le-
Prince traite rudement fes fujets , il leur fait perdre le goût du boire & du
manger. Le bonheur de l'Etat dépend de la juftice & de la clémence du Prin-
ce. Comment voulez -vous qu'un Malade prenne goût aux viandes qu'on lui ^
préfente? Z)f/>£r Lath. Cliap. 2.
Voyez ce qui fe pafi:a entre ce Sultan & Omm Mokr-i, homme réputé Saint
par les Mufulmans, dans le titi'e de ce Perfonnage,
Il efl bon de voir encore le titre des SelgiuciJes, que plufieurs Hiftoriens
difcnt avoir été appeliez en Perfe par le Sultan Mahmoud, quoiqu'il y ait aulîL
plufieurs Auteurs qui foûticnnent le contraire.
Voyez aufïï le titre de Gour ou Gaûr , qui efl: le pays duquel Mahmoud :
chafa- k pofterité de Zohak, Roi de Perfe de la prem.ière.Dynaftie.
V.vv 3. MAHMOUD,->.
52(5 MAHMOUD.
MAHMOUD fils de Mohammed, fils de Malek. fchah , Stltan des Selgiucides,
avoit été d'abord établi Gouverneur & Lieutenant General des deux Iraks Per-
fique & Arabique , par le Sultan Sangiar fon oncle. Il demeura quatorze ans
dans ces deux Provinces, avec cette feule qualité; mais aufîi-tôt après la mort
de fon oncle , il fut reconnu & proclamé Sultan par les peuples qui étoient
charmez de fes belles qualitez.
Ce Prince avoit le corps très-bien fait & Tame genercufe; mais l'amour des
femmes & l'exercice continuel de h chafle, luy ollerent peu à peu une grande
partie de la réputation qu'il avoit acquife, & on le blâme principalement d'a-
voir confumé une grande partie des finances en équipage de chalTe , ce qui le
rendoit fouvent court d'argent & luy ôtoit le moyen de fournir à l'en&retien
de fes troupes.
Il mourut l'an de l'Hegire 525 , dans la ville de Hamadan , après avoir gou-
verné ou régné feul pendant l'efpace de 27 ans & laillé pour fucceflxîur le Sul-
tan Togrul fon frère. Khond Emir.
MAHMOUD Khan, fils de Mohammed Khan, defcendoit du côté de fon
pcre de Bagra Khan & étoit fils de la fœur du Sultan Sangiar le Selgiucide.
Auflî-tôt que ce Sultan fut mort , il s'empara de la grande Province de Kho-
rafilm où il régna pendant cinq ans jufqu'à ce qu'un des Seigneurs du pays ,
que rhifi:oire ne nomme point, fe révolta contre luy.
Après plufieurs combats Mahmoud Khan fut enfin défait par les Révoltez en
bataille rangée , & tomba prifonnier entre les mains de fon ennemi qui ne fe
•contentant pas de le dépouiller de tous fes Etats , le priva aulli de lufage de
la veuë.
Ces divifions du Khoraflan furent caufc que le Sultan du Khuarezm , dont
la Dynafl:ie s'étoit nouvellement élevée pendant le règne du Sultan Sangiar,
fe rendit maître d'une partie de cette grande Province pendant que l'autre de-
meura en la puifilmce des rebelles ; en forte que les Sultans Selgiucides qui
regnoient encore dans les deux Iraks Arabique & Perfique, ne poilcderent plus
rien dans toute l'étendue du Khoraflan. Emir Khond fchali.
L'on peut voir la fuite des Sultans Selgiucides dans les titres de Mohammed ,
fils de Malekfchah, de Togrul fils de Mohammed, de Mailôûd, &c.
MAHMOUD Ben Farage. Fameux Impofi:enr qui fe vantoit d'efi:re Moyfe
rcfllifcité. Il avoit déjà fi bien joué fon rôle , que plufieurs gens fe difoient
ïcs difciples & le fuivoient par tout , & même lorfqu'il fut mené devant le
Khalife Motavakkel, l'an de l'Hegire 235.
Ce Prince , après avoir ouy fes extravagances , ordonna que chacun de fes
difciples que l'on avoit arreftés avec luy, luy donnait dix foufflets, & qu'il fuft
enfuite fuftigé jufques à la mort. Quand à \^cs Seftateurs , ils furent tous en-
fermez jufqu'à ce qu'ils cuUcnt renoncé aux rêveries de leur maîcre, Ben fchonah.
MAHMOUD Alfchirazi & Al Esfahani, Auteur qui efi; fouvent cité dans
l'Ouvrage qui a pour titre Megiallat al honafa fi menakeb al Kholafa. l^'oyez
■ce titre.
MAHMOUD Ben Mobarez eddin. Troifième Sultan de la Dynafiic ûcs^
iVîodhaficrieiis.
MAHMOUO
MAHMOUD. M A I E D. j^7
MAHMOUD Farabi. Voyz Giagathaï.
MAHMOUD. Ce mot qui fignifie en Arabe louable, efl: devenu non- feu-
lement le nom de plufieurs perfonnagcs , comme on vient de le voir; mais en-
core , celui d'un éléphant fameux fur lequel étoit monté Abrahah furnommé Al
Afchram, Gouverneur de l'Iemen pour le Roy des Abiffins, lorfqu'il s'approcha
avec une puilTante armée pour aftieger la Mecque. Cet animal , difent les Mu-
• fulmans, eut du refpeft pour le terroir facré de cette ville; car il ne voulut
jamais avancer vers fes murailles , & fut caufe que tous les autres Elephans
de l'armée d'Abrahah reculèrent , & firent manquer l'entreprife de ce Prince.
Khuanàjchab.
Voyez le titre d'Abrahah, & les Elephans Mufulmins qui étoient de la race
de celui-ci aux Indes, dans lej:itre de Mahmoud le Gazncvide.
M AHMUD Ben Zenghi. Voyez Nured, qui efl: le fameux Sultan Norandin.
M AH MU D fchah Mirza. Fils de Babur Mirza, Sultan de la race de Ta-
merlan. Il fucceda à Ion père dans le Royaume de IvIioraflTan. l'an 86i de Ttie-
gire. Khondemir.
MAHOURAT, ville des Bramenes ; c'efl-à-dire , où habitoit la Se61:e ou la
Tribu des Bramenes. Géographe Perficn.
Un autre Auteur dit, que Mahourat efl la même que Manfourat qui s'ap-
pelle aujourd'huy par abbi-eviation Sourat. Foyez Hind & Cajibaiat.
M AH OU Z A. (Ville de l'Irak Arabique, fîtuée aflez proche de Bybylone dans
laquelle Khofroes, fils de Cohad & furnommé Noufchirvan, établit une Colonie
des, Habitans de la ville d'Antioche qu'il avoit conquife.
Cette ville porta jîendant quelque-temps le nom d'Antioche que Khofroes
luy avoit donné; mais dans la fuite des temps elle reprit fon premier nom.
MAHROUZ, Ce nom fignifie en Perfien la Lune de chaque jour. Quel-
qu'un l'a mal interprété, fupputation des mois; c'efl proprement un Calendrier..
Les Arabes ont arabizé ce mot & en ont fait Mouarrakh , d'où ils ont formé-
le verbe Ouarakh, & fon dérivé Tarikh qui fignifie chez eux une Date , une
Epoque & une Hiftoire marquée par les fuites des années.
MAHSOUL fi êlm al oiïbul. C'efl l'abbregé du Livre de Gazali, intitulé
Almoflafafi, duquel Khuarezmi efl l'Auteur. Il fe trouve dans la 1^. R. n". 705.
Cet abbrcgé a été encore luy -même abbregé par Ebn Bent Al E'raki & par-
A'ia eddin Ebn Klaaflhab al Bagi.
MAHSOUL, Livre de Jurifprudcnce Mufulmane, compofc par Abou Ab-
dallah Mohammed Ebn O'mar Arrazi.
MATED, Ifi'e de la mer de la Chine qui efl la plus proche de fés cofles,.
Êtuée à quatre journées de navigation de celle de Soborma qui en efl plus-
éloignée.
On met cette Ifie au nombre de celles que l'on appelle Gezaïr almoagiat;
mais elle les furpalle toutes en grandeur & en fertilité , ce qui fait qu'il y a^
toujours
'S^n M A I E M O N. M A I N A.
toujours en fes ports un grand nombre de vaifleaux Chinois qui y trafiqueîit
Edrijfi dans le premier Climat.
Le premier Auteur écrit auffi que Maied a à fon Orient Flflc de Dhalah , de
laquelle elle n'eft éloignée que de trois jours de navigation.
MAIEMONBen Maharan, autrement nommé Abou Aïoub , étoit un efcîave
dans la Tribu de Béni Haffim. Il vint s'établir, après avoir recouv^ré fa liberté,
à Raka, une des principales villes de la Mcfopotamie, & palfe parmi les Maho-
metans pour un de leurs principaux Docleurs. Il mourut l'an i.i 8 de l'Hegire.
Nous avons encore un Maïemon qui ell Auteur d'un Livre intitulé Oïoun
el hakaïk qui fe trouve dans la B. R. n°. 1037. Il traite de' la Magie natu-
relle, & des prefliges qui fe pratiquent par fon moyen.
MAIEMOUN, ou Aboir Amram MoulTa , fils de Maïemoun Alkortobi al
lehoudi C'eft le célèbre Moïfe, que nous appelions communément Maiemoni-
jdes ou fils de Mayemon, Juif Kfpagnol , natif de Cordouë, lequel demeura quel-
que temps Mahometan par force en Efpagne , & qui vint enfuite en Egypte,
où il fit profefîîon ouverte du Judaïfme , &, fut protégé par le Cadhi Al Fad-
hel Al Bailfani.
On a de luy plufieurs Ouvrages qu'il a compofez fur la Loi Juive en langue
Arabique qui ont efté enfuite traduits en Hcbrcu par Jofeph Ben Tibbon , def-
q-ueis on peut voir le Catalogue dans la Bibliothèque Hébraïque de Buxtorf &
ailleurs. Mais outre ces Ouvrages fur la Loy, nous en avons plufieurs autres
fur la Médecine & fur les Mathématiques qui font demeurez en langue Arabi-
que, & dont on peut voir les titres en divers endroits de cet Ouvrage.
Le plus célèbre des tous Ces Ouvrages efl; le Moreh Nevokhim qu'il intitula
Delalat elhaïrin, c'efi; -à-dire, le Guide des Dévoyez, qui fut condamné folem-
nellement par les Synagogues des Juifs 'Francs qui fe trouvèrent à Antioche &
à Tripoli de fon temps , ces Rabbins ne pouvant foufl'rir que la Philofophie
.d'Ariftote fut employée à expliquer les points les plus efientiels de la Loi.
Ce Dofteur mourut l'an 605 de l'Hegire , & nous avons de luy un de fes
Ouvrages qu'il compofa en l'an 595.
Il y a quelques Auteurs Arabes qui ont porté le nom de Ben Maïemon,
comme un certain Ahmed Al Edriflï qui a écrit un Traité de Gnomonique ,
.r.an de THegire 916.
MAIMORG. C'eft le nom de plufieurs Bourgades dont l'une efl fituée Cm
le chemin de Bokhara & appartient au territoire de la ville de Nakhfchcb. II.
y en a encore une autre proche de Samarcande, & enfin un troifième lieu qui
porte ce même nom, fitué fur le rivage du fleuve Oxus ou Glhon.
M AIN A. Braccio di Maina, ou commxC les Grecs Modernes le prononcent,
Brazzo, çû. l'étendue de la côte méridionale de la Morée qui regarde l'Afrique
■où font les villes de Coron & de Modon. Les habitans du Pays s'appellent
Maïnotes, que l'on croit être les mêmes que les Lacedemoniens , qui font de-
venus prcfqu'entièrement Barbares, & qui cherchent par tout des établilfemcns
ihors de leur païs.
MAIRIDL
M A I R r D r. — ^ M A L A r. 529
MÂIRIDl. Nom d'un Scheikh eflimé beaucoup par Jes Mahometam pour
la pieté & pour fa doctrine. Il ell fouvent cité par les Auteurs qui traitent
de leur Théologie JVJyftique.
MA'KHADH. Livre de Gazali fur la difpute des Ecoles.
MAKHAN & Mahan. Ville qui donne fon nom à une grande plaine qui
s''étend entre les villes de Baviu-d & de Mcrû dans le Khoranan"^ Ben Arabfchiah
écrit, que Tamerlan la ruina avec toutes les bourgades qui la peuploient, lorf-
qu'il fit fon irruption dans cette province; c'efb de ce lieu que fortit Soliman-
fchah père d'Ortogrul & ayeul d'Othman, fondateur de la Dynallie des Othma-
nides ou Othomans.
Babur Sultan de la race de Tamerlan donna le Gouvernement de la Ville de
INlahan & de celle de Merù à Mirza Sangiar fon parent , l'an de l'Hegire 859.
Foyez Babur.
Quelques Hilloriens Turcs traitant de la généalogie d'Othman, placent cette
ville dans la province Tranfoxane , pour tirer l'origine de leurs Princes de
plus loin.
MAKHUL. Surnom d'Abu Abdallah Alfchami , DoiSeur célèbre dans la
Théologie & dans la Jurifprudence des Mufulmans. Il étoit natif de la partie
des Indes que les Arabes appellent Send, c'eft-à-dire , d'au deçà du Gange & fur
les bords du fleuve Indus. Il avoit été pris par les Arabes à la conquefte de
cette Province , & fe trouva réduit à devenir l'efclave d'une femme ; mais fon
bel efprit & la grande capacité qu'il acquit dans les fciences des Arabes luy fit
donner la liberté ; & il devint en peu de temps le Mufti de Damas , pendant
que trois autres grands perfonnages l'étoient à Medine , à Baflbra , & à Cufa ,
qui pour lors étoient les quatre Métropoles du Mufulmanifme : Ces trois Muf-
tis étoient Maffiab, Halfan Albafri, & Schaabi.
Makhul mourut- l'an 118 de l'Hegire, & l'on rapporte de luy, qu'il ne pronon-
çoit jamais aucune décifion qu'il ne dit auparavant ces paroles : Cccy eft une
opinion, & toute opinion .ell fujette à erreur; car il n'y a de certitude & ds
vérité que dans Dieu. Rabialabrar.
Ce Dodleur fut difciple d'Ans Ben Malek & maillre d'Auzai , tous deux grands
Jurifconfultes.
MAKHULON.. Ville de l'Me de Zeilan ou Serandib félon Edriffî dans fa
Géographie.
MAKNATHIS & Magnatis. Les Arabes ont pris ce mot du Grec Uccy^^nf
duquel des Latins ont fait Magnes , c'ell la pierre que nous appelions Aiman.
Il y a un livre Arabe intitulé, Eftânah v Egredhab qui traite de ks proprie-
tez. Cette pierre cil nommée par les Arabes Hagiar algiadheb, Pierre attirante,
& la vertu ou propriété que nous appelions Magnétique , ell expliquée chez
eux par le mot de Giadhebah ou de Kuat algiadhebah.
MAL AI. Les Géographes Orientaux nomment ainfi le païs des Indes, que
nous appelions communément la côte de Malabar. On trouve cependant quel-
quefois dans leurs Livres le nom cte Malaïbar , comme qui diroit le païs de
Malaï.
Tome IL X x x Nous
530 MALAIESA. MALATHIE.
Nous appelions encore aujourd'huy les peuples de cette côte, les Malais, &
leur langue, la langue Malaïque.
Quelques-uns ont crû que le mot Bar qui eft ajouté à Malaï a fon origine
Arabique, comme qui diroit Bahr qui fignifie la mer; mais il eft certain que ce
mot eft Indien & Pcrfîen, & fignifie Pays.
Edriffi remarque que les Habitans de i'Ifle de Comr qui eft le Cap de Como-
rin, lefquels font Malais, exercent la pyraterie avec une efpece de Brigantins
longs de foixante coudées, & qui portent ordinairement cent cinquante hom-
mes. Le même Auteur appelle ces Brigantins Mosfinât, mot dérivé de Selinah>,
qui fignifie en Arabe un Vailleau.-
Voyez les titres de Hind & de Manibar..
Malaï eft aufîî le nom de la ville Capitale de l'Ifte de Comr où le Roy du
pays, qui eft le Malabar, fait fa refidence ordinaire. Le même Edrifii donne aufli
le nom de Malaï à une Ifle de la mer des Indes qu'il dit être fort grande
& avoir. fon étendue du Levant au Couchant, diftante feulement d'une petite
journée de l'Ille d'Afchoura.
Tous ces lieux font compris par les Géographes Orientaux dans le païs que-
nous appelions de Malabar, de même que tout le pays des Zinges eft compris,
fous celuy de Zangucbar. Quelques Auteurs Orientaux donnent le nom de Lef-
fan al Malaï, à ce que les nôtres appellent, Aurea Cherfonnefus.
MALAIESA al thabib gehelho. H y a deux Livres Arabes qui portent
ce titre, dont la fignification eft: Ce qu'un Médecin ne peut ignorer.
Le premier de ces Livres traite de la Botanique , & fe trouve dans la Biblio-
thèque Roj^ale, n"". 963. Celui-ci ne traite que des Medicamens fimples, & le
fécond trai!:e des Medicamens compofez. L'Auteur de ces deux Livres eft Jo-
feph fils d'Ifmael Al Giouni, dit, Ebn Al Kebir.
Ces deux Livres ne font proprement qu'un abbregé du Giamê aladouiât du
célèbre Auteur Ebn Beïchar dont l'Ouvrage eft ordinairement divifé en quatre:
Tomes.
MALATHIE. Ville Capitale de la petite Arménie que les Anciens ont
appellée Melita , ou Melitene, fituée à 61 degrez.de longitude & 39, 8 m. de
latitude. Les Arabes qui conquirent cette Province fur les Grecs, la perdirent
l'an 138 de l'Hegire fous le Khalifat d'Al Manfor. Ce fut l'Empereur Con-
ftantin Copronyme qui la reprit & la fit démolir. Mais le même Al Manfor
envoya l'an 140 , fon neveu A'bderrahman , fils de l'Imam Ibrahim avec 70
mille hommes & s'en remit derechef en pofi^effion, & en fit rebâtir les murailles..
Le mcine A'bderrahman paŒi de Malathie à Ancyre, Ville de Galatie, qui n'en-
eft pas, fort éloignée, & il avança àe-lk jufques en Cappadoce & en Cilicie-
nommée aujourd'huy Caramanie , où il fit bâtir la Ville de MaflilFat fur les-
ruïnes de la Ville de Mopfuefte , qu'on appelle aujourd'huy vulgairement.
Mamifta.
Al Manfor voulut que cette nouvelle Ville portaft le nom de Mâraouriah,..
Ben Schounah dans la vie d'Almanfor.
Le même Auteur écrit que Conftantin Copronyme, après avoir démoli la vilie-
de Malathie, en fit pafter tous les Arméniens & Géorgiens, qui l'habitoient, k
Conftantinople pour la peupler..
C.eLtte-
M A L C A. - — M A L E K. 53i
Cette même Ville que les Grecs ofterent encore une féconde fois aux Kha-
lifes, fut reprife par Mafloud, Sultan de la branche des Selgiucides qui s'dtoit
établie dans le pays deRoura; ceft-à-dire, la Natolie.
Les Turcs Othmanides avant leur grandeur tenoicnt les paîs de Mclitonc &
d'Akhlat au temps de Soliman fchah & d'OrtogruI.
• Zeïn eddin Mohammed qui étoit natif de cette Ville eft furnomiTié Al Ma-
lathi, Voyez. Serigia.
Les Turcs appellent ordinairement l'Arménie Mineure , Malathia Vilaïeti , à
caufe que cette Ville en eft la Capitale.
MALCA. Ebn Malca qui fut furnommé Hebat-allah, mot qui fignifie don
de Dieu, étoit un Médecin Juif fort célèbre, lequel étant d'ailleurs très-fuperbo
fe fit Mahometan pour être plus honnoré. On dit cependant qu'il devint fourd,
aveugle & ladre. Nous avons de luy un livre de Médecine intitulé môtubar,
MALCHISADAK. Melchifedech. Les Traditions Orientales font diffe-
rentes fur le fujet de ce Perfonnage. Car les uns le font fils de Pliaieg, & les
autres en remontant plus haut, le font fils de Noé. Ebn Batrik, Patriarche
d'Alexandrie, rapporte qu^ Lamech ordonna, avant que de mourir, à xon fils Noé
de tranfporter le corps d Adam juic]ues au milieu de la terre. On entend par
€6 milieu de la terre le lieu oii fut bâtie dans la fuite la ville de Salem qui eft
la même que Hierufalem.
Le même Lamech ordonna auffi à Noé d'envoyer un de fes enfans pour gar-
der ce corps, avec obligation d'y palfjr toute fa vie dans le fervice de Dieu,
gardant le célibat, ne répandant en ciucune manière du fang; mais oiFrant feu-
lement à Dieu un facrifice de pain & de vin.
Noé choifit Melchifedech , fils de Sem , pour s'acquitcr de ce devoir , & luy
deffendit de porter d'autres vêtemens que de peaux , de rafer fi tête , ni de
couper fes ongles. Il le chargea aufïï de vivre en folitude fans bâtir aucune
forte de maifon; parceque, difoit-i!, c'efl du lieu d'où je vous envoyé que doit
venir le falut d'Adam &. de fa poftcrité.
Les mêmes Orientaux remarquent que Melchifedech ayant elle pris fort jeu-
ne, l'Apôtre faint Paul dit qu'il n'avoit point de GeneaWgie, l'Ecriture ne fai-
fant aucune mention , ni de fa naiflance , ni de fa mort, & que le falut des
hommes devoit venir du lieu que Melchifedech gardoit à caufe que Jefus-Chrift
N. S. fut crucifié où le corps d'Adam avoit cflé enterré, i^oyez le titre d'A-
cranioun.
M A L C O U N. royez Elias Malkhoun.
MALEK. Son nom plein & entier efl Abou AWalIa Malek fils d'Ans,
fils d'Abou A'mer, Al Asbehi , Al Medeni. Il étoit natif de Medine , c'eft
pourquoy, on luy donne le titre d'Iraam Dar alhegrat; c'eft-à-dire , l'Imam de
la ville de Fuite qui efl Medine.
C'eft un des Chefs des quatre principales Seéles du Mufulmanifme , qui font
appellées mahmoudât almathoùàt, c'eft-à.dire, approuvées & fuivies , en un mot,
orthodoxes. Bokhan dit de luy que les alfanid Malek, c'eft-à-dire, les principes
de la Doftrine de Malek fout plus fûrs que ceux de Nafé & de Ben Omar
X X X 2 qui
532 M A L E K.
qui. Tavoient précédé & qui pafTent auflî pour les Cliefs de deux autres Seftes
approuvées que plufieurs joignent aux quatre autres.
Ce Dofteur naquit fous le règne de Soliman, tils d'A'bdelmelek Khalife de la
race des Ommiades dont la refidcnce étoit à Damas.
On remarque de luy une chofe fort fniguliere, qui eft d'avoir demeuré trois
ans entiers dans le ventre de fa mère. Il mourut l'an de l'Hcgire 179, fous
le règne de Haroun furnommé Arrafchid Khalife de la Maifon des Abbaiïides.
Quelqu'un ayant demandé un jour à Malek quel étoit fon fcntiment fur le
pourceau de mer, s'il étoit permis d'en manger, ou fi la Loy obligeoit les Mu-
fulmans à s'en abffcenir. Malek décida qu'il étoit abfolument defFendu; car quoy-
que ce fut un poilfon : néanmoins, le nom qu'il portoit le faiibit pafler pour
un pourceau, l'impoiïtion des noms étant , félon la Tradition Mufuhnanne,,
quelque chofe de Divin. Larmï.
L'on peut voir dans le titre. d'Abou Hanifah une raillerie ingenieufe entre
ce Do6leur & Malek. Et dans celui de Hakim ce que difoit Malek fur le fujet
de l'Etude & de la Prière.
MALEK Ben NalHu*. Un des Anceflres de Mahomet que les Arabes en-^
voyerent en AmbafTade à Schabour Dhou laktâf Roi de Perfe. Voyez dans le-
titre de Schabour le confeil qu'il donna à ce Prince.
MALEK Ben Dinar Abou lahia, Nom d'un Dodleur de très-grande réputa-»
tion parmi les Mufulmans; car outre la fcience des Traditions qu'il poffedoit,
fon éloquence le fit palier pour le plus grand Prédicateur de fon temps. Mais
il n'étoit pas feulement fçavant ,. fa pieté étoit exemplaire ; car l'on dit qu'il ne,
vivoit que de ce qu'il avoit gagné par le. travail de fa main , & il autorifoit luy-
même cette façon de vivre par un paflage qu'il difoit avoir lû dans l'ancien
Tellament qui porte en Arabe : Anna alladhi lalol illa mtn kefb jedihi Thauba
hUiatiU v k Mematihi. Celui-là ell heureux en fa vie & à fa mort qui fubfiile
par le travail de fes mains. Il femble que cela foit pris de ce verfet des Pfeau-,
ijucs:' Labores manutim tuarum quia imnducabrs , beatus es ^ bene tihi erit.
Le principal travail de ce Dofteur confîiloit à copier des Livres dont il ven-.
doit les. exemplaires, & que fes Diiciples achetoient bien cher..
" La'fainteté de fa vie étoit tellement reconnue , qu'un homme le vint prier
de faire oraifon pour Ta femme qui étoit grolTe depuis quatre ans. Il fe mit
d'abord en colère contre cet homme , & luy dit rudement , qu'il n'étoit pas
Prophète pour faire des miracles. Il ne lailfa pas néanmoins de fe mettre en
prière , & dit à Dieu en élevant fes mains vers le ciel: Seigneur, û cette fem-
me ell grolTe d'une fille, faites, s'il vous plaill, qu'elle accouche d'un garçon: .
Car vous pouvez changer toutes chofes comme il vous plaift.
Tous ceux qui étoient prefens à cette aélion joignirent leurs prières aux fien- -
nés, & élevèrent pareillement leurs mains au ciel avec luy. L^on dit que ce
pieux Scheikh' n'abbailfa point les fiennes que l'homme qui l'avoit prié pour la-
délivrance de fa femme , ne retournait avec un fils entre fes bras que fa femme
avoit mis au monde tout chevelu & avec toutes . fes dents y comme s'il eut déjà-
été- à rage de quatre ans..
Malek Ben Dinar, réputé Saint par les Mufliimans, étoit excellent Poëte &•
mourut à RaTora , l'an 131 de l'Hegire. Jafèi a écrit fa vie qui eit couchée
depuis, la, quinzième jufques. à, la vingt-deuxième feétion de fon Hiltoire.
Cô
M A L E K.
533
' Ce Saint pourroit bien avoir eftc Chrétien; car le Rabî alabrar raoportc
une autre citation du vieux Teilamcnt du même Auteur dans le titre des Princes.
MALEK Dinar. Ce Perfonnage ne doit pas fe confondre avec le précè-
dent ; car celui-ci étoit de la race d'Ali & par confequent un de ces Princes
qui avoient des prétentions fur le Khalifat. En effet , il fit la guerre dans le
Kerman ou Caramanie Perfique & s'en rendit le maître abfolu après en avoir
chafle Je Sultan Mohammed fchah qui étoit de la branche des Selgiucidcs fur-
nommez Cadherdiens qui ont régné dans la Province, de Kerman. ^oyez \q.s
Selgiucidcs de Kerman.
MALEK al Thaï AI Haiiani , furnommé Gemalcddin. C'efl le nom d'un
Gram"înairicn Arabe très - fçavant dans la Langue Arabique , ce qui lui a fait
donner aufli le, titre d'Alnahaoui, c'cfl-à-dire , de Grammairien par excellence.
Il mourut l'an '672 de l'Hegire ,- & nous a laiiTé un ouvrage , intitulé Gelafl'at
fil nahou, que l'on nomme auffi Alfiah, qui efl: dans la Bibliothèque Royale, num,
1J03. L'AIiiah efl un Poëme , que fon Auteur intitula auffi Khaffiat. Il con-
tient mille Diftiques , & fut commenté par Badreddin , fon fils , l'an 6-j6 de
l'Hegire. Cet Auteur efl en Efpagne , ce que Ebn Ilageb , Auteur de la Ka-
fiah , efl dans le Levant.
On appelle encore ce Dofleur Ebn Malek , auflî-bien que Badreddin Abdal^
lah, Auteur de Mesbâh fil mani beian v bedî , qui efl un Traité de Rhétori-
que, que l'on trouve pareillement dans la Bibliothèque Royale , n^. 1102.
Mohammed Ben A'bdallah, autre Grammairien, efl auffi furnommé Ebn Ma-
lek, Auteur d'un Poëme, intitulé Lamiat, & Ebniat alafââl, ouvrage Gramma-
tical fur la conjugaifon des Verbes, qui a été commenté par Haddlirami. Il
efl dans la Bibliothèque Royale, n". 1098.
Schebab eddin Ahmed Ben Jofef Ebn Malek al Raïnï , Al Andaluffi Al Gra-'
nathi Al Maleki , mort l'an -j-^j de l'Hegire, efl l'Auteur de deux ouvrages^
dont le premier efl intitulé Tokfat al Akran , c'efi:-à-dire , Préfent fait à fcs
Contemporains, & le fécond de Ref alhegiab, c'efl- à-dire , la Levée des voiles.
Ce font deux livres de Morale, qui font dans la Bibliothèque Royale, n^. 1053!
A'bdellathif Eba Malek, Auteur d'un Commentaire fur le livre intitulé Meg--
mâ albaharein.
Ebn Malek» Foyez Scharoubini.'
MALEK al Afdhal, c'efl-à-dire , Roi très - excellent. Titre ou furnom de
plufieurs Princes de la Maifon d'Aioub ou de Saladin , comme auffi de quel-
ques Sultans Mamlucs; ainfi Malek al Afchraf, qui lignifie le Roy très -noble
efl pareillement le furnom de plufieurs Princes. '
Il faut remarquer, que ce nom de Malek a été auffi un titre de di<Tnité con- ■
feré à des Vizirs ou des Lieutcnans-géneraux de l'Etat, principalement de l'E-
gypte. Voyez plus bas.
MALEK al- Afdhal Surnom de Ridhvan Vahafchi , Vizir & premier Mi
mflre de llafez , huitième Khalife d'Egypte de la race des Fathimites. Vo^cl
Xxx3. MALEK-
534 MALE K.
MALEK Archraf, frère de Haflan Kugiuk , fécond Prince de la Dynaftie
des Giobaniens. f^oyez le titre de HaiTan Kugiuk.
MALEK al Omra , Roy des Princes ou des Commandans. C'étoit autre-
fois en Egypte le même titre de dignité & de charge que celle d'Emir al Om-
ra auprès des Khalifes , qui répond plus particulièrement à colle de Beglerbeg
chez les Turcs.
Cette même dignité fut encore plus relevée en Egypte , par le titre de Ma-
lek Mefr, c'eft-à-dire , Roy d'Egypte, comme nous verrons bientôt.
MALEK lezd. Ceft le même qu A'dhad eddin, Prince d'Iezd dans le Kho-
raflan , qui étoit très-fçavant & qui a compofé un ouvrage intitulé Bahagiat al-
tauid, qui traite de l'Unité de Dieu.
MALEK Kart ou Kurt. f^oyez les titres de Giouban & d'Aboufaïd Ben Al.
Ijiaptou.
MALEK Mefr, c'eft-à-dire, Roy d'Egypte. Titre qui ne marque pas tou-
jours la puilTance fouveraine , ni abfoluë ; car Ben Schohnah rapporte , qu'en
l'année 531 del'Hegire, Hafez, huitième Khalife d'Egypte, ôta à Baharam l'Ar-
ménien là charge de Vizir , qu'il donna à Rizvan Vahafchi , avec le titre de
Malek Mefr , auquel il ajouta encore la qualité d'Afdhal.
MALEK Rahim , fils du Sultan addoulat Omad eddin , furnommé A'zz aî
Molouk , fut le feizième & dernier Prince de la Dynaflie des Bouides II
fucceda à fon père l'an de l'Hegire 440 , le Khalife Caïem bémrillah le ren-
dant maître de la Ville de Bagdet & luy donnant l'inveftiture de fcs Etats ,
pour en joUir au même droit que fes Prédecefleurs.
Cette cérémonie d'Inveftiture fe pratiquoit par les Patentes , la Couronne ,
la Chaîne & les Bracelets , que le Khalife envoyoit au Sultan qu'il invoftiffoit.
Malek Rahim avoit un frère nommé Abou M an for , qui lui difputa pendant
quelque temps le Commandement de la Pcrfe , & qui s'étoit emparé pour cet
effet de la ville de Schiraz ; mais Maick Rahim le pourfuivit fi chaudement ,
qu'il n'eut pas le temps de s'y établir , & qu'il fut mis en déroute , l'an 447
de l'Hegire.
Cette même année, le Khalife . Caïem prcfle par Befl'afiri , Turc , dont il crai-
gnok beaucoup plus la puilTance que celle de Malek Rahim , fe crut obligé
d'appeller Togrul Beg , premier Sultan de la Maifon des Selgiucides , pour le
fecourir.
Togrul Beg appelle par le Khalife , s'approcha de Bagdet , dont il fe rendit
maître & où il fit fon entrée le 25 jour de Ramadhan de la même année 447,
& fe faifit d'abord de la perfonne de Malek Rahim , qu'il envoya prifonnier
dans un Château de l'Irak, & ce fut-là que ce Prince finit fes jours, après fept
ans de règne.
Abou Manfor, fon frère, fut fait aufïï prifonnier l'année fuivante 448, qui
cû le terme fiital de la Dynafi:ie des Bouides; car Caïkhofrou , troifième fils
•d'Azz el Molouk , vêquit en homme particulier fous le règne d'Alp Arflan ,
fuccefllur de Togrul. Khondemir^
MALEK
M A L E K. M A L E K I. . A i,: " ^35.
MALEK Sofi. Il eft parlé de ce Sofî dans le titre d'Abôu Hdnifà.
MALEK Termedi. Foyez A'ia eddia.
MALEK Ben Vaheb. Vizir d'Ali, tils de Jofef Tefcùcfin. Voyez le titre
de Mouahcdites, qui font les Al Mohades.
MALEK el bahr. Roy de la mer, que les Perfans appellent Malek Deria,
& les Turcs Denghiz Maliki. Les Orientaux appellent ainfi ce que les Grecs ,
les Latins & les Européens appellent communément Sirène, & ils ditent, quil
y en a beaucoup dans la mer de la Chine & des Lides qu'ils nomment Bahr al
akhdhar, c'efl-à-dire, la Mer verte. Voyez ce titre.
L'Auteur du Tahmurat Nameh écrit , que la monture terrible de Siamek ,
fils de Kaiumarrath, premier Monarque de l'Orient , étoit fortie de la mer , &
qu'elle avoit été engendrée d'un Crocodile & d'une Sirène , qu'il appelle la Rei-
ne de la mer. Cet animal monflrueux s'appelloit Kurbeh , & le même Auteur
du Tahmurat Nameh dit , que Soliman Ben Daoud , qui ell le Jernier de tous
les Solimans ou Salomons , que la Mythologie Orientale reconnoît , dcvoit ,
étant monté delïïis^ faire le tour du monde, & chercher le Roy de la Mer
pour Iç combattre.
Le Roi de la mer en cet endroit peut fc prendre pour la Divinité fabuleufe,.
que les Latins ont appellée Neptune , ou pour quelque monllre marin fort ter-
rible, tel que le Leviathan Chimérique des Hébreux, la défaite duquel étoit re-
fervée au dernier Salomon, de la même manière que le Leviatlian des Juifs elt
refervé , félon la rêverie des Rabbins , pour le banquet du Mcllic , dont Salomon
étoit la figure. Nous remarquerons en paffant , qu'il faut chercher le titre de
Soliman , où l'on verra ce qu'il fignific , & qui font ceux qui ont porté ce
nom avant Adam , comme Empereurs , Souverains & abfolus de toutes les
créatures qui habitoient le monde , avant que Dieu y eull domié place aux
hommes.
MALE KL Ceft le furnom du Scheikh ou Dofteur Gemal eddin Abou
A'mrou Othman , fils d'Omar , qui ell plus connu fous le nom d'Ebn Al Ha-
geb, à caufe qu'il étoit fils de l'Huifîier ou Maître de Chambre d'Azzeddin Sa-
léhi , Prince du Curdillan. Ce Perfonnage étoit très-fça\'ant & compofa plufieurs
ouvrages , dont un des principaux ell la Cafiah. Voyez ce titre. Il mourut dans
la ville d'/Vlcxandrie, âgé de 75 ans, fous le règne des Aioubites ou. fuccelfeurs
de Saladin, l'an de l'Hegire 646. Ben Schohnah.
MALEKL Surnom d'Ibrahim , fils de Hafian , Auteur d'un Commentaire-
fur les Arbàin, ou les quarante Traditions, mort l'an de l'Hegire 734,
MALEKL^ Livre très-celèbre , qui porte encore le titre de Kamel alfanâit
al Thabbiat, c'ell-à-dire , Corps univerfel de toute la Médecine , duquel les
Orientaux fc font toujours fervi, jufqu'à ce que le Canon d'Avicenne ait paru.
Il cft en 31 Chapitres, & corapofé par Ali Ebn Al Abbas , furnommé AlMa-
gioufclù, ç'eit-àrdire , le Mage.
MALEKIA,-
Sz6 M A L £ K I A. M A L £ K S C H A H.
MALEKIA. Les Mclchitcs. C'eil le nom de la Se£le Orthodoxe parmi
les Chrétiens Orientaux-.
Après que Diofcorus & Eutyches eurent été xrondamnez dans le Concile de
Chalcedoine , il ne lailîli pas d'y avoir plufieurs Patriarches, tant en Alexandrie
qu'à Hierufarlem , qui étoient Eutychiens ou Jacobites , & alors on diftinguoit
les Catholiques d'avec les Hérétiques par le nom de Melchitcs . qui fignitie Ro-
yaux ou Royaliftes , à caufe qu'ils fuivoient les fentimens Orthodoxes des Em-
pereurs Marcian & Léon , qui avoient reçu & qui faifoient obferver les dé-
crions du Concile. Cependant les Empereurs , Léon le jeune & Zenon, firent
profellîon ouverte de la Sedle des Jacobites.
Lorfque les Arabes fe rendirent les Maîtres de l'Egypte , les Melchites étoient
en pofleffion du Patriarchat d'Alexandrie ; mais les Jacobites s'emparèrent de ce
fiége , dans la troifième année du Khalifat d'Omar , & ils l'occupèrent pendant
l'elpace de quatre-vingt dix-fept ans, jufqu'au Khalifat de Hefcham , fils d'A'b-
delmelck. Car fous le règne de ce Prince , Cofraas le véritable Patriarche , mais
détrôné, obtint de ce Khalife Ton rétablilFement.
Les Melchites, pendant ces ç)Y années, n^ pofiedoient dans Alexandrie que la
feule Eglife de S, Michel , nommée autrement la Calillarie , où demeuroit leur
Patriarche dépouillé, & lorfqu'il venoit à manquer, ils s'addrelToient au Métro-
politain de Tyr, qui leur en ordonnoit un. f^oyez Ebn Batrik., Tom. 2.
- MA LE KS CHAH ou Melikfchah, troifième Sultan de la race des Selgiuci-
des. Son nom entier avec fes furnoms efl Moéz-eddin (félon les autres Gelal-
eddin ou Gelaleddoulat) Aboulfetah Melic-fchah. 11 étoit fils d'Alp-Arflan , &
quoyqu'il ne fut pas l'aîné, néanmoins fon père ne lailîa pas de le déclarer fon
fucceffeur , fuivant le confeil dj Nezam almulk , fon Vizir , dont l'autorité
étoit fi grande auprès de luy , qu'il luy fit préférer le cadet aux aînez. Mais
cette préférence fut enfin funefi:e à ce même Vizir, comme nous verrons dans
la fuite.
Alp-Arflan ne fut pas plutôt mort l'an de l'Hegire 465, que Melic-fchah
fut, à la tète des armées qu'il comraandoit , reconnu pour légitime héritier &
fucceffeur de fon père. Le Khalife luy envoya la confirmation du titre & du
pouvoir de Sultan, & y ajouta même la qualité d'Emir elmoumenin , c'eft-à-
dire , Commandant des Fidèles, laquelle jufques alors les Khalifes s'étoicnt rc-
fervée & n'avoient communiquée à aucun autre Prince dans toute l'étendue du
Mufulmanifme. Il fut auffi proclamé par tous les fujets du nom de Gelai ed-
doulat V Eddin , c'eft-à-dire , la gloire de l'Etat & de la Religion, & c'cft à
raifon de ce titre de Gelai que la reforme du Calendrier Perfien, qui fut faite
fous fon règne, a été appellée Tarikh Gelali, c'efl:-à-dire , le Calendrier Gelaleen.
Voyez le titre de Gelali.
Ce Prince eut dans le commencement de fon règne une guerre aflez fâcheu-
fe fur les bras ; car fon oncle , nommé Caderd , Gouverneur de la Caramanie
Perfique , fe révolta contre luy & s'avança même jufques auprès de Kurge ou
Ghurge avec une armée confidérable ; ce qui obligea le Sultan à faire marcher
contre luy les troupes du Khoraffan, qui avoient été toujours viftorieufcs fous
le règne d'Arp-Arflan. Ces deux armées furent trois jours & trois nuits à fe
harceler l'une l'autre , jufques à ce que le combat fut échaufl'é , & enfin, il
fe donna une des plus fanglantes batailles que la Perfe eut encore vues. La
Viftoire
M A L É K s C H A H. 537
Viftoire demeura du côté de Malek-fchah & Caderd y fut fait prifonnier, puis
envoyé fous bonne garde en^ un Château du Khoraffiin. Cette viéloire figna-
lée, qui affcrmilloit l'autorité du nouveau Prince, donna beaucoup d'infolcnce
aux troupes Khoraflaniennes. Elles fe mutinèrent , & leurs principaux Chefs
allèrent trouver Nezam al mulk, lequel avoit, avec la qualité de Vizir , la à'-
reclion de toutes les affaires de la guerre & de l'Etat. Ils demandèrent, qu'on
leur doublât la folde , à caufe du grand fervice qu'ils venoient de rendre , &
menacèrent en même temps de mettre Caderd fur le trône , fi l'on ne leur don-
noit une prompte fatisfaélion. Nezam al mulk fçût appaifcr par fa prudence
les premiers mouvemcns de la fédition , en leur promettant qu'il feroit enten-
dre leurs prétentions au Prince, & qu'il en efpéroit une réponfe favorable.
Aufîî-tôt que Malek-fchah eut appris, que le nom feul de Caderd fourniffoit
un motif de révolte à Ces troupes, il prit la réfolution de s'en défaire. En ef-
fet, dès la même nuit il le fit empoifonner dans la prifon , & les Officiers de
l'armée étant venus le lendemain fçavoir du Vizir la réponfe du Sultan , ce
Miniltre , qui apparemment avoit eu part à ce qui s'étoit pafie la nuit précé-
dente, leur dit finement qu'il n'avoit pu encore préfenter leur Requelle au Sul-
tan , parce qu'il l'avoit trouvé la nuit pafl'ée accablé d'une grande triftelfe que
la mort imprévue de fon oncle luy avoit caufée , ce Prince poufie de defef-
poir ayant fuccé du poilbn caché dans une bague qu'il portoit au doigt. Cette
réponfe du Vizir ferma la bouche aux Officiers & à toute l'armée, qui ne par-
la plus d'augmentation de folde , depuis qu'elle eut appris que Caderd , qui pou-
voit feul favorifer leur mutinerie, étoit mort.
L'an de THegire 467, Malek-fchah envoya fon coufin Solimm , fl; de Ku-
tulmifch , en Syrie , avec une armée capable de réduire cette Province. Soli-
man s'acquitta fi bien de fa commiffion , qu'il fe rendit maître, en fort peu de
temps, de tout le pays jufqu'à Antioche, ville qui étoit encore pour lors con-
fidérable.
L'an de FHegire 471, Malek-fchah entreprit la conquête du pays de de-lk le
Gihon. Le Prince ou Khan, comme ils l'appellent, de ce pays-là, qui portoit
le nom de Soliman , fut fait prifonnier après la défaite de fon armée , & Ma- .
lek-fchah l'envoya fous bonne garde à Ifpahan , Ville qui étoit pour lors le fié-
ge Royal des Selgiucides. En cette guerre , qui fe fit au de-là du Gihon , le
Vizir Nezam al mulk affigna le payement des battelier^ qui avoient fervi au
pafi^age des troupes du Sultan fur les revenus de la ville d'Antioche. Ces gens-
cy s'en plaignirent au Sultan , lequel ayant demandé à fon Vizir , pourquoy il
avoit affigné un fonds fi éloigné pour le payement de ces pauvres gens ? " Ce
n'efl; pas, luy répondit le Vizir, pour retarder leur payement; mais afin que
la pofterité admire la grandeur & l'étendue des Etats que vous avez pofledés,
lorsqu'elle apprendra l'affignation qui a été faite des deniers de la recepte d'An-
tioche, pour le payement des Matelots de la mer Cafpienne & des Batteliers
du fleuve Gihon. Ce trait du Vizir plut extrêmement à Malek - fchah , d'au-
tant plus que ce Miniftre paya comptant les refcriptions qu'il avoit données à
ces gens-là.
En cette même année , le Sultan époufa Tarkhan Khatun , fille du Kan Tam-
ghage , fils du Khan Bagra. Il en eut un fils qui naquit l'an 479 de l'Hcgire ,
dans une petite Ville du Khorafiàn nommée Sangiar , d'où le nom de Sangiar
luy cil demeuré. Ce Sultan ie plaifoit fort à voyager, & on dit, qu'il fit dix
Tome IL ■ Y y y fois,
538 M A L E K S C H A H.
fois , pendant lîi vie , le tour de fon Empire , qui s'étendoit depuis Antioche
jufques à Ourkand, ville du Turkcftan.
Hamd.illah Méiloufi dans fon Tarikh Ghuzideh rapporte, que MaJck-fchah fit
le pèlerinage de la Mecque avec une dépenfe incroyable; car outre qu'il abolit
le tribut que les Pèlerins avoient accoutumé de payer, il employa de très-gran-
de9 fommes à bâtir des Bourgades dans le défert , où il fit creufcr quantité de
puits & de cifi:erncs, & conduire des eaux de tous cotez. Il fit porter auffi des
provifions en grande abondance pour la fubfiflance des Pèlerins, & diftribua aux
Pauvres des fommes immenfes avec une libéralité fiuis pareille. 11 fit ce Péle-
riiT.ge Fan de l'Hegire 481.
Le même Auteur écrit , que la féconde fois qu'il fit le tour de fes Etats ,
l'Empereur Grec s'avança avec une puifiante armée vers luy. Un jour le Sul-
tan allant à la chalfe & s'étant feparé du gros de fes gens , fe trouva envelopé
dans une embufcade des "Grecs, qui le menèrent prifonnier avec quelques-uns
des fiens, fans le connoître, à TEmpereur. Il donna d'abord ordre à fes gens
de le traiter comme l'an d'entr'eux , fans aucune diftinélioH , pour n'être pas
connu, & fit fçavoir fecretement à fon Vizir Nczam al mulck ce qui luy étoit
arrivé. Le Vizir fit mettre la garde ordinaire à fa tente comme s'il y fut ren-
tré au retour de la chafic , & partit en même tems en qualité d'Ambaifadeur
vers FEmpe-reur Grec , pour y traiter des aff'aires qui regardoient le règlement
des limites des deux Empires. L'Empereur reçût fort agréablement cette Am-
baffade, & dit au Vizir, qu'il vouloit faire une bonne paix avec le Sultan, &
que, pour marque de la fincerité de fes paroles, il luy vouloit renvoyer des
prifonniers que fes gens avoient faits depuis peu. Le Vizir répondit , qu'il fal-
loit que ces prifonniers fuffent gens inconnus & de peu de confîdération, puif-
que l'on n'en avoit rien fçù dans le camp du Sultan. En efixt, comme on les
eut fait paroître devant luy , il les regarda avec mépris , ne témoignant pas de
connoître aucun d'entr'eux. Cependant, il les emmena tous avec lui, & tranf-
porté de ce que fon ilratagême avoit iï bien reufli , aûffi-tôt qu'il fut en lieiï
de fureté, il fe jetta aux pieds du Sultan &• demanda pardon de ce qu'il luy
avoit manqué de rclpecl ; mais le Sultan , bien loin de trouver mauvais qu'il
l'eut traité de la fo te , témoigna luy être entièrement redev^'.ble de fa liberté
& peut-être même de fa vie. Deforte que le Vizir fut depuis ce tems -là au-
près de luy en plus graijde faveur & autorité, qu'il n'avoit encore été jufques
alors. Cependant la paix ne fe put pas conclure entre ces deux Princes , & il
fe donna une bataille dont la vici:oire demeura au Sultan & l'Empereur Grec fut
fait prifonnier. Ce Prince étant conduit en préfence du Sultan, le reconnut pour
avoir été fon prifonnier & luy dit fièrement : Si vous êtes l'Empereur des
Turcs, renvoyez-moy : Si vous êtes un Marchand, vendez-moy: & fi vous êtes
un Boucher, tuez-moy. Le Sultan luy fit bien connoître quel il étoit; car il
luy donna gratuitement la liberté & le renvoya en fon pays. Mais étant mort
bientôt après, Malck-fchah s'empara dune partie de Ces Etats, & en donna le
Gouvernement à SoJiman, fils de Kutulmilch, fils d'Ifrael, fils de Selgiuk , fon
coufin.
Vers la fin du Règne de ATalek-lchah , le Vizir Nczam al mulk fe brouilla ex-
trêmement avec la Sultane Tarkhan ]\hatun , au fujet de la fucceffion que la
Sultane vouloit faire tomber fur fon fils . quoy qu'il ne fut que le cadet des
enfans du Sultan. Le Vizir au contraire foûtenoit, que la fucceffion devoit ap-.-
parteair
M A L E K s C H A H.
539
partenii- à Berkiarok, qui étoit l'aîné & le plus capable de régner. Cette di-
■vifion augmenta fi fort , que la Sultane ne crut pas pouvoir jamais hue régner
fon fils , tant que le Vizir conferveroit du crédit auprès du Sultan fon mary.
Elle chercha donc tous les moj' ens de le décredicer dans fon efprit , & commen-
ça à luy jetter des foupçons de fa conduite , luy repréfe^tant fouvcnt , que
toutes les Charges & les Gouvernemens étoient entre les mains du Vizir , qui
les avoit partagez entre douze enfans mdles qu'il avoit, ci autres gens qui dé-
pendoient abfolument de luy.
Cette accufation fit imprcffion fur l'efprit du Sultan , & le porta à envoyer
un de fes Officiers au Vizir pour luy dire, qu'il s'étonnoit fore de ce qu'il di'-
pofoit de toutes les charges de l'Etat fans fa participation, & que s'il ne char-
geoit de conduite , il luy feroit quitter le bonnet & l'ccritoire qui éj^ient le^
marques de fa dignité & de fon pouvoir. Le Vizir ayant entendu les menaces
de fon Maître, répondit à fon Envoyé, que le bonnet qu'il portoit & la char-
ge qu'il poffedoit , étoient tellement liez à la Couronne & au Trône du Sultan
par le décret éternel de la Providence divine , que ces quatre chofes ne pou-
voient fubfiftcr l'une fans l'autre. Cette réponfe , quoyque hardie , pouvoit
avoir un bon fens , mais elle fut altérée par l'Envoyé qui étoit gagné par la
■Sultane ; de forte que le Sultan irrité au dernier point , priva en même tems
le Vizir dà[£i charge , & la donna à Tage al mulk Cami , Chef des Confeils
de la SultOTe, avec commiffion de faire informer des malverfations de fon Pré-
-deeefieur.
Dans ce même tems, l5 Sultan Malek-fchah fortit d'Ifpahan pour aller à Bag-
det , où refidoit le Khalife Radhi , lequel ne foûtenoit plus ce grand nom de
Prince de tous les Mufulmans , que par certaines prérogatives d'honneur qu'on
luy rendoit , quoyqu'il fut dépoiullé de toute forte d'autorité , hors de celle
qui regardoit la Religion.
Le Vizir depofiedé fuivit la Cour, & s'étant mis en chemin après le Sultan,
un afiaffin , fuborné par Tage al mulk Cami , luy porta un coup de couteau ,
dont il mourut peu de temps après, l'an de l'Hegire 485, On porta fon corps
à Ifpahan où il fut enterré av^ec pompe. Il eut le temps , avant que de mou-
rir, d'écrire ce qui fuit en vers Perfîens, qu'il envoya au Sultan par un de fes
enfans :
Grand Monarque , j'ay palTé une partie de ma vie , à bannir rinjufi:ice de
vos Etats , étant appuyé de vôtre autorité. J'emporte avec moy & je vais pré-
•fenter au fouvcrain Roy du ciel les comptes de mon adminifiration , les témoi-
gnages de ma fidélité , & les titres de la réputation que j'ay acquiic en vous
fervant, fignez de vôtre Royale main. Le terme fatal de ma vie fe rencontre
dans la 93 année de mon âge , & c'eft un coup de couteau qui en tranche le
fil. Il ne me reflie plus qu'à remettre entre les mains de mon fils la continua-
tion des longs fervices que je vous ay rendus , en le recommandant à Dieu &
à vôtre Majcfi;é.
Mirkhond écrit, que Nczam al mulk à l'âge de douze ans fçavoit tout l'Al-
■coran, & que dans fa première jeuncffe, il avoit acquis une fi grande connoif.
fance de la Jmùfprudence, félon les principes de Schafêi , qu'il attiroit l'admi-
ration de tous ceux de fon temps. Comme il étoit fort fçavant, auffi-tôt qu'il
fut dans l'autorité , il protégea puifilimment les gens de lettres. Il leur bâtit
des maifons & des Collèges , qu'il fonda dans les Villes de Bagdet , de Bafibra ,
Yyy 2 de
54x> M A L E K S C H A tT.
de Herat & d'Ifpahan. Mais le plus grand monument qu'il ait laifle dé luy , .
efl: le fameux Collège de Bagdet qui porte fon nom & que l'on appelle Medre-
fat Ennezamiat, duquel font fortis les plus fçavans hommes de leur tems parmi
les Mufulman;^ , & dans lequel ont profeflë ces deux illullres Docteurs Imam
Abou Ifahak Schira^i & l'Imam Gazali.
Le même Auteur rapporte , que Nezam al mulk étoit monté à un fi haut
point de dignité, d'autorité & d'effime, que fe trouvant dans Bagdet, lorfque le
Khalife Radhi fit la cérémonie du Couronnement de Malek-fchah, & qu'il fit
annoncer fon nom dans les prières publiques avec le fien propre , ce Prince,
pour rendre cette cérémonie plus folemnelle , fit convoquer tous les Doftcurs
de la Loy & autres gens fçavans du Mufulmanifme. Jamais on n'avoit vu en-
core un§ fi grande & nombreuiè ailemblée de gens de lettres ; car il en vint
des dernières extrêmitez de l'Empire des Mufulmans , qui avoit dans ces tems-
là une prodigieufe étendue. Ils fe trouvèrent tous dans le quartier Occidental
de la Ville de Bagdet, où étoit le Palais du t^.ultan, lequel leur commanda d'al-
ler tous à pied pour rendre en corps leurs refpefts au Khalife ,- dont le Palais
Imoerial étoit dans la Partie Orientale de la Ville. Le Khalife ayant appris ,
que toute cette troupe de gens d'élite venoit le faluer avec Nezam al mulk à
leur tête, envoya au-devant d'eux fes Officiers pour leur faire honneur, & or-
donna, que Nezam al mulk montât luy feul à cheval au milieu de^^us les au-
tres qui le dévoient accompagner à pied. Le Khalife luy fit ^encore un plus
grand honneur; car lorfqu'il fut arrivé en fa préfence, il luy fit donner un fié-
ge fur lequel il luy commanda de. s'afiTeoir ,. ayant à fa droite & à fa gauche
cet'.e grande troupe de Docteurs qui étoient debout. Mais tous ces grands hom-
mes furent bien plus furpris quand ils virent la vefl;e d'honneur dont le Khali-
fe rhonora , & qu'ils entendirent le. titre dont il le qualifia , qui fut celuy de
Doftc, de Jufte & de Directeur des Etats de Radhi , Khalife des Mufulmans ;
car jufques alors , les Khalifes n'avoient donné ce titre , ni conféré cette di-
gnité jointes à leur propre nom, à aucun de leurs Minillres. La libéralité que
ce grani homme eserçoit. avec profufion , relevoit merveilleufement toutes fes
autres belles qualitez; car on dit , que dans la première vifite que Malek-fchab
fit de fes Etats, il difiiribua aux pauvres du- fien propre jufques àJa fomme de
280 mil écus.
Ce Sultan Malek-fchah, comme nous avons vu cy-defiiis, étant parti pour
Bagdet, y arriva l'an 485 le 24 jour de Ramadhan. Quelques jours après étant
allé à la chaffe, il s'y trouva mal, & après avoir paffé feulement dix-huit jours
depuis la mort de Nezam al mulk , chargé d'ennuys & accablé par fon mal ,
mourut le troifième jour de. la lune de Scheval de la même année. Le Poète
Magrabi fit fur fa mort un Quatrain en Perfien, dont voicy le fens:
Le vieux Vizir meurt dans un mois , & le jeune Roy le fuit dans l'autre :
La puillance de Dieu fit voir la folblelfe du Prince , afin que nous l'adorions-
luy- feul, & que nous ne nous attachions pas trop aux autres.
Tagclmulk Cami qui avoit fuccedé à Nezam al mulk , & qui l'avoit fait afi^afli-
ner , ne jouît pas long -temps non plus de cette dignité ; car on luy donna-
bientôt un Coadjuteur (5c enfuite un Succelîeur, ce qui donna fujet au Poète
Aboulmaaia Nuhas de faire quelques Stances fur l'infiabilitc de la i*'ortune.
MaLk-fc'nah . mourut l'an 485 de l'Hcgire, âgé feulement de 38 ans, dont rî'
en avoit régné 20. Il étoit beau de vifage , bien, fait de fa pcrfonne ôc de/
très-
MALEKSCHAH.. 5;^,
très bonnes mœurs. Il fît bâtir pendant Ton règne en plufieiirs endroits de Tes
Etats des Collèges, des Hôpitaux & plufieurs Maifons de plaifance. 11 entrete-
Boit 47 mille chevaux pour fa garde ordinaire & pour fa vénerie ; car f»n plus
grand plaifir étoit celuy de la chalfe , & il s'y portoit avec tant d'ardeur qu'il
y trouva enfin fa mort. On dit, que pour chaque bête qu'il tuoit de fa pro-
pre main, il donnoit une pièce d'or par aumône aux pauvres, & il arrivoit quel-
quefois qu'il en tuoit un grand nombre. L'ambition de ce Prince étoit fort
modérée ; car il diftribua de fon vivant une grande partie de fes Etats entre
fes proches & fes domeftiques. Il donna à fon Coufin Soliman , fils de Cutul-
mifch, le pays de Roum, c'efl-à-dire , ce qu'il avoit pris fur l'Empereur des
Grecs , qui portoit toujours le titre des Romains ; & cet Etat qu'il luy donna
s'étendoit depuis l'Euphrate jufques aifcz avant dans l'Afie mineure. La vil-
le d'Arzeroum , dont le nom fignifie Terre des Grecs , en étoit pour lors la
Capitale.
Il établit dans la Caramanie Perfique Sultan Schah, fils de Caderd avec qui il
avoit eu des demeflez au commenoeracnt de fon règne , comme nous avons vu
ci - delTus.
Il donna aufli une partie de la Syrie à fon frère Tebs; le Khouarezm à Tou-
fditeghin; le païs d'Alcp à Akfankor; celui de Moful' à Tchaghirmifch ; & Mar-
din à Catmour. .
Plufieurs do ces Ftats furent néanmoins reunis par la fuite des temps dans la
famille de Milekfchah , qui failbit la première & principale branche des Sel-
giiicides , & plufieurs aufli font demeurez^ daais les. familles de ceux à qui. il les
avoit donnez.
Son Succefi'eur dans l'Empire ou dans le Sukanat de la Maifon de Selgiuk,
fut fon fils aîné Berkiarok dont le nom entier efî: Rukn-eddin Aboulmuzaffer
Berkiarok, lequel prit aufli le titre que les feuls Khalifes avoient accoutumé
de porter , à fcavoir celui d'Emir el moumenin , c'eft-à-dire , d'Empereur des
Fidelles ou Mufulmans. l^oycz Berkiarok. Kondemir. Mirkhond. JS'ighiariJlan.
hlêgemi alnevadir.
Pour fcavoir entièrement l'Hidoire de ce Sultan , voyez celle d'Alp Arfiaii ■
fon père, fous le règne duquel il fit de grandes expéditions en Arménie & en
Géorgie , & celle de Nezam al mulk , fous leurs titres particuliers. Ebn Amid
rapporte aufli la guerre qu'il fit aux Batheniens ou Affaflins qui avoient 70
mille hommes tous dévouez, & le Pèlerinage quil fit au tombeau de l'Imam
Ali Riza.
MALEKSCHAH fils de Mohammed , fils de Malekfchah , fucceda à fon oni •
cle MalTôud ; mais fon règne fut de peu de durée, aufli étoit-ii tout-à fiiit in-
digne de régner, car- il ne faifoit état que de la bonne chcre , & abandonnoit
entièrement le foin des afi'.iires à fes Miniltres. Non obfi:ant fon incapacité, il
prit ombrage de l'autorité, de Khasbek, lequel avoit été dans une très -grande
confideration auprès du Sultan Maffôud & palîbit pour le plus vaillant homme
de fon fiecle. Malek fchah le voulut faire arrefter prifonnier; mais cette relb- ■
lution parut injuHe à tous les grands de fa Cour. C'eil pourc[uoi Halfan Khan-
dar qui étoit des meilleurs amj's de Kliasbek, voulut prévenir ce coup, & fous
prétexte de donner un grand regal chez luy au Sultan , il le retint pendant :
trois jours dans une débauche continuelle , au milieu de- laquelle il fe iailit de
Y y y 3 fa :
54^
INÎ A L E K S C H A H. M A M L 0 U K.
fa perfonne & l'enferma dans le Chaftcau de Hamadan. On refolut auflî-tftt de
mettre en fa place fon frère Mohammed , qui fe trouvoit pour lors en Khou-
zellan» Malek-fchah ayant demeuré prifonnicr quelque tems à Hamadan , trouva
l'occafion de fe fauver au même pays d'où fon frère avoit été appelle pour
régner. H y demeura pendant la vie de Mohammed jufqucs en l'an de l'Hc-
gire 555", & quand il eut appris fa mort, il courut vers Ifpahan pour repren-
dre la Couronne; mais il mourut dans ces entrefaites, n'étant encore âgé que
de 32 ans. Khondemir.
MALEK-SCHAH Ben Takhafch ou Tokiifch, étoit un excellent Poëte. II
naquit , fon père étant Gouverneur du Khoraffan.
MALEL. Ville du pays des Nègres, qui eft éloignée de douze journées
de defert de leur ville Capitale nommée Gana al Kebra, c'eft-à-dire Gana la
grande.
On ne trouve point d'eau dans ce defert , & il faut par neceflité y en porter
fa provifion.
MALTNI. Surnom d'Abou Saïd Ahmed Ben Mohammed, Auteur d'un de
CCS Traitez que les Mahometans appellent Arbâin , ou les quarante Traditions.
Il eft mort l'an de l'Iiegire 412.
M ALT A. L'Ifle de Malte, fort connue des Turcs par les grandes pertes
que les Chevaliers de fOrdre de faint Jean de Jerufalem, qui en font les Maiftres,
leur font fouffrir.
Soliman qui avoit chaffé ces Chevaliers de l'Ifle de Rhodes , entreprit da les
chaffer encore de celle de Malte, fan 971 de l'Hegire. Il en forma le fiege
par mer & par terre , & fe rendit maiftre du Chafteau de faint Hermès, ap-
pelle vulgairement faint Elme. Mais après avoir confumé quatre mois au ûege
de la Ville , & perdu vingt-trois mille hommes efFeftifs , il fut obligé d'en lever
le fiege, le fameux Corfaire, nommé Dragut, Bâcha de Tripoli, y ayant été tué.
MALVASSIA, ou Malvazia. Les Turcs appellent ainfi la ville que ]qs
Grecs nomment Monembafia , fituée fur la colle de la Morcc qui regarde l'O-
rient. C'eft le terroir de cette ville qui produit ces excellens raifins dont on
fait le vin délicieux que nous appelions Malvoifie.
MAMAR Ben Al Mothani Al Bagdadi Abou O'beidah. Auteur qui mourut
l'an 209 ou 210 de l'Hegire. Il a écrit la vie de Hegiage, Gouverneur de l'Irak
Arabique fous le titr^ de Akhbâr Hegiag.
11 a fait aulli un livre de Proverbes Arabes , intitulé Amthal , & un autre
qui a pour titre, Efmâ alkhail, c'eft-à-dire, fur les noms des chevaux.
Ce même Auteur porte fouvent auffi le titre d'Al Lagaoui , c'eft-à-dirc , le
Lexicographe.
Aboul Mâmar. Voyez Badad.
MAMLOUK. Ce mot dont le pluriel eft Memalik, fignifie en Arabe un
efclave en gênerai; mais en particulier, il a été appliqué à ces efclaves Turcs
& Circafliens que les Rois de la pofterité de Saladin ont fait élever dans l'exer-
cice
M A M O N. 543
cice'& dans les charges de Ja Milice, lefquels enfin devinrent maîtres de TE,
gypte, & font afTcz connus de nos Hiftoriens fous le nom de Mamelucs.
Al Malek Al Saleh Aioub, fils de iMalek, al Kiamel , fut le premier qui acheta
de ces efclaves Turcs des mains des Tartares qui ravageoient pour lors toute
l'Afie. Il les logea dans ic portique ou veflibule de fon Palais dont il leur con-
fia la garde & apprcnoit par leur moyen tout ce qui fc palfoit dans les divers
quartiers de la ville du Caire. «
Après les avoir élevez & difciplinez auprès de luy pendant quelque temps,
il les diftribua dans les principales villes de l'Egypte où ils dcmeuroient en
garnifon.
Malek Al Saleh étant mort l'an de l'Hegire 647, fa femme Schagiar eddor.
Turque de Nation & qui s'entendoit avec Ibek, qui pour lors étoit General de
la Milice des v.amelucs, fit celer fa mort, jufqu'à ce qu'elle eut fait prefter
ferment de fidélité à fon fils Touranfchah, furnommé Al Malek Al iVloâzzem,
qui ctoit pour lors abfent de la Cour.
Ce jeune Prince qui étoit entièrem -nt gouverné par fa Mère , ne hiiVa pas
de s'oppofer aux François , lefquels après avoir pris Damiete s'avançoient vers
le Caire. Il eut même le bonheur de défaire & de prendre prifonnier faint
Louis. Cependant, après deux mois & quelques jours de règne, il fut tué par
fes propres efclaves dans une fedition que les Mamelucs excitèrent.
Après- fa mort , Schagiar-eddor fa mère fut déclarée Reine abfoluè' par les
brigues d'Ibek le Turcoman qu'elle époufa quelque temps après.
Ibek ayant époufé la Reine prit aufîi-tôt le furnom d'Almalck al Aziz joint
à fon nom Mufulman d'Azzcddin , & fut déclaré le premier Roy de la prcmiè/e
Dynaftie des Mamelucs, furnommez Baharites ou Marins à caufc qu'ils avoicnt
leurs quartiers dans les principales Villes maritimes de- l'Egypte.
La féconde Dynaftie des Mamelucs d'Egypte , qui eft celle des Circafiîcns , fut
farnommée des Borgites, à caufe que les Eclavcs Circafîîens étoient en garnifon
dans les 'principales Forterefies qui étoient plus avancées dans les terres. C'eft:
ainfi que Ben Schohnah rapporte l'origine des Mamelucs.
Ces Mamelucs ont régné en'Egypte 275 ans; à fçavoir , depuis l'an 648 juf-
ques en 9^3 de l'Hegire, auquel tems Selim I du nom. Sultan des Turcs, fub- -
jugua & extermina entièrement les Mamelucs.
Il paroît par ce que l'on vient de voir , que les Mamelucs n'étoient point fils
d-^ Chrétiens, (fi ce n'ell peut-être quelqu'un d'cntr'eux) comme plufieurs de
n:>s Hiftoriens l'ont avancé: Et quant à ces Zindcs ou Zindiens d'Eg\'pte, dont
parle Leunclavius, ce n'étoit autre chofe que les Gend ou Gendi, mots qui fi- -
gnifient en Arabe Milice & Armée de l'Egypte. .
MAMON ou Al Mamon , feptième Khalife des Mufulmans de la Maifon
des AbbaffiJes. Il étoit fils du Khalife Haron Al Rafchid, & frère puifné du^
Khalife Amin , auquel il fucceda , pai- la difpofition que Haron leur Père en ■
a voit faite.
Pour fçavoir de quelle manière Mamon fucceda à fon frère , il faut voir le
titre d'Amin & celuy de Thaher, Fondateur de la Dynaftie des Thaheriens.
Auffi-tôt que Mamon fe trouva paifiblc poOeiTcur du Khalifat, ce qui fut Tan ^
20.5 de l'Hegire, il recompenfa le grand fervice que Thaher luy avoit rendu,
en;i
544 ' M A M 0 N.
en liiy conférant le Gouvernement de la Province de KhorafTan pour Iuy& Tes
defcendans, avec un pouvoir prefque abfolu.
Thaher ne manqua pas d'en aller prendre auflî-tôt la polTeflion; car il avoit
remarqué , que Mamon ne jettoit jamais les yeux fur luy qu'il ne verfât des
larmes, parce que fa préfence luy rappelloit la mémoire de fon frère Amin ,
que Thaher avoit tué. C'eft ce qui luy ,fit juger qu'il n'étoit pas fur pour luy
(Je demeurer plus long-tems à la Cour.
Fadhel, fils de Sahal ou de Sohaïl , qui étoit premier Miniflrc de Mamon ,
avant qu'il parvint au Khalifat, fut confirmé dans fa Charge & Mamon luy don-
na le titre, ou furnom de Dhiil-Riaffatcin, à caufe qu'il luy mit entre les mains
les deux Commandemcns , c'eft - à - dire , le Gouvernement militaire & politique
de tous fes Etats.
Ce premier Officier de l'Empire des Mufulmans fit faire cependant une gran-
de faute à fon Maître ; car faifant profeffion de la fefte d'Ali , il luy infpira
fes fentimens & le porta jufqu a déclarer pour fon fuccelTeur au Khalifat l'I-
mam Riza, fils de Moulîa, un des douze Imams , que les Seélaircs d'Ali regar-
dent comme les douze Colomnes du Mufulmanifme.
Après cette déclaration qui avoit été faite dés l'an 201 de l'FIegire, Mamon
quitta l'habit noir qui étoit la livrée des Abbaffides, pour prendre le vert, cou-
leur affeétée à la race d'Ali & de Mahom.et. Mais ce pas que Mamon fit penfa
caufer la ruïne de fa Perfonne & de fon Etat. Car les AbbaffiJes, dont le nom-
bre qui en fut fait en l'an 200 de l'Hegire, montoit déjà à trente trois mille ,
fe révoltèrent ouvertement contre Mamon, & la Ville de Bagdet où il n'étoit
pas encore arrivé, reconnut pour Khalife légitime fon Oncle nommé Ibrahim,
fils du Khalife Mahadi. Il faut voir fur ce fujet le titre de cet Ibrahim dont
l'exaltation hâta le voyage de Mamon vers Bagdet. Mais il n'y fut pas plutôt
arrivé que Fadhel fon Vizir fut tué par {es propres domeftiques, &_ qu'il fut
obligé de révoquer fa déclaration touchant la fucceffion de l'Imam qui mourut
auffi bientôt après , du poifon qu'on luy avoit donné.
L'an 207 de l'Hegire le Khalife Mamon ôta à fon frère Môtaman la fuccef-
fion au Khalifat qui lui appartenoit de plein dro;t, & déclaj-a en même temps
pour fon fcul & légitime héritier .un autre frère qu'il avoit, furnommé Motâf^
fem, après quoi fe préparant à faire la guerre aux Grecs, il s'avança jufqu'à
Tarfe en Cilicie, & leur prit quatorze Ou quinze petites Villes ou Chafteaux.
Il finit par-là fon expédition & il retournoit avec fon armée vers Bagdet ,
lorfque- campé vers, la fource du ileuve nommé Bedidon ou Bezizon , admirant
la pureté & la fraîcheur des eaux de cette rivière , il dit à fes Courtifans :
Qu'y auroit-il de meilleur pour nous exciter la foif & pour nous rafraîchir
enfuite de l'eau de cette belle fource? Puis il ajouta auffi-tôt luy -même: Il n'y
auroit rien de meilleur pour cela, que des dattes fraîches d'Azad ; & il n'eut
pas plufloft fait ce fouhait, que l'on entendit le bruit des mulets qui arri voient
en fon camp.
L'on trouva malhcureufement pour le Khalife dans la charge de ces mulets
deux panniers de dattes des plus belles & des plus fraîches que l'on eut pu man-
ger, ce qui fit l'accomplifiement de fes fouhaits. Mais il en mangea une teljc
quantité & but enfuite tant d'eau du Bedidon , que la fièvre le prit bien - tôt
après, dont il mourut fan 218 de l'Hegire & fon corps fut transporté dans la
ville de Tarfe où il fut enterré. Khondemir. Bm Schohnah. Lé Tarikh-, àfc.
Khon.
M A M O U N. ^^^
Kliondemir nous dépeint ce Prince reveflu de toutes les grandes vertus Roya-
les; car il étoit plein de douceur, libéral, grand Capitaine, d amateur des Let-
tres qu'il poiTjdoit à un très-haut degré. Il s'étoit appliqué particulièrement aux
Sciences fpeculatives , & il y fit des dépenfcs extraordinaires pour atTembler de
tout côté des gens fçavans & pour rechercher les plus curieux écrits en iicbreu ,
en Syriaque & en Grec, qu'il fit traduire en langue Arabii^ue.
Le même Auteur finit le portrait de Mamon en difant , qu'il fut fans con-
tredit le plus grand & le plus renommé Prince de la race des Ai)baflîJcs, race
la plus féconde en grands Perfonnages de toutes celles qui ont régné parmi les
Mufulmans. Son règne fut de vingt ans & de huit mois pendant Icfqaels il
favorifa indifféremment toutes les perfonnes dodles, de quelque Religion qu'ils
fufient, lefquels réciproquement contribuoient beaucoup à la gloire de ce Mo-
narque par les prefens qu'ils luy faifoient de leurs Ouvrages recueillis de tout
ce qu'il y avoit de plus rare chez les Indiens, les Mages, les Juifs & les Chré-
tiens Orientaux de toutes les Scéles.
Ce Prince cependant eut la foiblcfTe de faire profeiïïon de la Scfte des Mo-
tâzales, & fut blàraé par les Do6leurs les plus feveres de la Loy de n'eftre pas
aflez orthodoxe dans la Religion Mahometane. Les mêmes Doéleurs n'approu-
vèrent pas non plus , qu'il eut introduit la Philofophie & autres Sciences fpecu-
latives dans le Mufulmanifme ; car les Arabes alors n'étoient pas encore accou-
tumez à lire d'autres Livres que ceux de leur Religion, Ils ne commencèrent
proprement à cultiver i'Allronomie que fous le Règne de ce Khalife qui étoit
lui-même fort fçavant.
L'on ne rapportera pas ici beaucoup de chofes touchant ce Khalife , parce qu'el-
les font ou feront répandues dans toute la fuite de cet Ouvrage. On fe conten-
tera de renvoyer le Ledeur aux titres d'Ibrahim , fils de Mahadi , d'Iahia fils
d'A'bdallah, de HalTan fils de Sahal, de Keffaï, de Takicddin, de Jacob Alkin-
di, d'Abou Mafchar, d'Atorou Ben Mallàda, d'Hafian Ben Ragia , de Koufah,
de Tomamah, &c.
L'on trouve la vie de ce Khalife avec celle d'Amin fon frerc aîné , fous le
titre de Anfâb alâoun fi feïrat Amin v Al Mamoun.
M A MO UN Ebn Benjamin. Mamoun fils de Benjamin & petit-fils du Pa-
triarche Jacob. Quoyque les Hébreux ne falfent pas mention dete Perfonnage,
les Hiftoires Perfiennes dilent néanmoins que Kifchtasb, onzième Roy de Perfe de
la première race , defcendoit de lui aufïï-bien que le fameux Rolîam. L'on
trouve dans quelques exemplaires tout Amplement, Mamoun Ben Jamin.
MAMOUN fils de Mamoun furnommé Khouarezm-fchah , c'ell-àdire, Roy
du pays de Khouarezm, époufa la fille de Mahmoud Sebekteghin, premier Sul-
tan de la Dynafliie des Gaznevides. Cette alliance n'empêcha pas que le beau-
pere & le gendre ne fe broiiillafl^ent enfemble. i,a guerre fe fit quelque temps
entre eux: Mais enfin, Mamoun fut défait & Mahmoud fe rendit maiflre des
Etats de fon gendre, f^oyez le titre de Mahmoud.
MAMOUN. Ebn Al Mamoun, furrom d'Ahmed Ben Ali, lequel efl At!-
teur du Livre, intitulé Afrar aliiorouf v a^kelemat , c'efl; - à - dire , les mvfiieres
& les fecrets renfermez dans les lettres & dans les paroles de la langue Arabi-
que. Il mourut l'an jiiô de i'Hegire.
Tome IL Zzz MA'MOUjR,ZAH
s^^
M A' M O U r1*\^X h. ^-^^ M A' N.
■MA'MOÛRrÂH. Nom qui fut donné, à'ia ville, de Mopfuefle en Ciircie.
par le Khalife Almanfbr, qui la fit rebâtir l'ail 140 de J'Hegir e. Cette Ville
eft encore nonimé JMalîilfat & JNIamifta.
t;.' ■ ■ • - ■
M AN, fignifle premièrement en Perfien ce qiie nous appelions té poids
d'une livre. Alais chez leà Khataïens, c'eft le nom du troifième jour d'un pe-
tit cycle de douze jours qa ils" ont dans leur Calendrier.
Mann avec la double n , eiï chez les Orientaux, ce que nous appelions com-
munément la IVIaniie. Les Perfans rappellent Schirkiefl.& l'crengubin , com-s
me qui di'roit le lait ou miel produit par la rofée. Il y en a de deux efpeces:
La preriiière, qui s'appelle proprement Schirkiefl, ou iManne de Rei , à caufe
quil s'en trouve bi;aucoup dans le t-erritoire de la viJie' de Reï. C'efl la plus
commune & la' plus -ordinaire, & -c'eft celle que /nous 'appelions ici communé-
ment, Manne de' Calahre. ,. . ,i
L'autre cfpecc appclléc Ter-Q>igubin ,c'efi;-à-direj,;Mie] de rofée, fe_ recueille
fur des chardons & reifemble dile;Z à des grains de Coriandre.
Les Orientaux appellent en particulier la- Manne qui tomba auî? Hebreux;
dans le defert , la Dragée ou Confiture de la Toute-puiilance, ce que les Ara-
bes llg.ijitient.par.HâlU'it. Al K.oi].:at,,. &■ les-ZLoiica-par Ku JreC. , liaivafi.,
MÀ'N ou Mâan, fils de Zaïdfth., , CePerfonnage èft fort celebfe parmi les
Arabes pour fa valeur & pour Hi gcnerofité. On le compare ordinairement à
Hatpra/rhai, qui eft le plu:5 grand modéje que les Arabes aj^ent de la Libé-
ralités ' .Un Poëte Perlien en îoLiaritt fon Prince dit, que la libéralité a tellement
éclaté dans Hi perfonne , que tout le monde confeife qu'il a enfevely celle de
Hiitera, & ofté tout le luftre à celle de Màn. . •
, Voici ce que' iviirkond raconte, de lùy. Mari, étoit lin des" priricipaux Capitai-
nes de Maruan, dernier Khalife de la race des Ommiades. Après que ce Prince
eut été défait, .les 'Abbaffidcs. les ehneniis pe'rfeciitercnt tous ceux qui avoient
fervi les Ommiades. Il le trouva donc, obligé pniir éviter la colère d'Aboa
Giafar Al Manlbr, de demeurer long-temps caché dans Bagdet. Un jour, s'en-
ntiyalit- de demeurer enfermé dans un même heu, il refolut de fortir de la Ville
déguifé, & prit le chemin du defert. Après avoir évité les Gardes des portes
& des chemins: Je me croyois, rkcoiite-t-il lui-même dans le récit qu'il fit de
fes' avantures au "Khalife^- hors du danger d'eitre reconnu, lôrfque tout d'un
coup un homme d'allez mauvaife mine faifit la bride de mon chameau, & m'ar-
refta tout court en ma demandant, fi je n'étois pas celui, que le Khalife faifoit
chercher avec une fi grande diligence, promettant une H grande fomme d'argent
à celui qui pbûrroit le découvrir? Je lui répondis que non: Quoy, vous n'efles
pas Maanf me repliqua.-t-il. Moy bien furpriS, craignant qu'il ne m'arrivaft pis,
fi je continuois à nier qui j'étois, je. pris un joyau d'^ficz grand prii que j'avois
fur moy, & le lui j''ettay , en lui difant: Recevez 'ce jprefent de rha part, &
gardez-vous bien de me découvrir à 'qù'i que c'e foit. ' '
Cet homme' confideranr le prix de.ee' joyau, ttïe 'dit : J'ay une demande à
vous faire ,' dites- moy la vérité: Ne vous eft -il jamais arrive pendant vôtre
vie de donner en une feule fols -tout vôtre bien? Car je leay que vous paifez
pour un homme extrêmement libéral. Je .lui vçpondis:,gue non. Il me demain
ia. ciifUiGe::; I4'<W*fi\'ez-vous jamais dc^ti^^qv la moitié ? Je- lui répondis la même
chofe.
■thoCe. Et lui, dcfcendant par -degrcz, au tiers, au iquart & jufqu'à' la' dixième
partie, la honte me fit enfin kii dire, qu'il fe pourroit bien faire que j'en eufîe
donné la dixième. Hé bien, ajouta- t-il , afin que vous fçachiez qu'il y à des
pcrfonnes encore pliK libérales que vous : Moi qui ne luis qu'un limple fantif-
fin, & qui ne tire que deux écus par mois de folde, ^je vous donne ce joyau,
dont le pçix palTe plus de mille écus, &; je vous en fais un préfent.. En me
difant'cela, il me jctta le joyau 'que je luyavois donné & gagna pays. Je
fus extrêmement furpris de cette âvanture & cnay'de toute m'a force pour le
faire retourner fur fes pas. Je luy difois , que j'aurois mieux aimé mille fois
être découvert & perdre ma tête, que de recevoir une telle confufioni. A ces
paroles il revint à moy. Je le priai donc de conferver ce joyau puifqu'il en
étoit plus digne que moy, & de ne me pas obliger à le reprendre/ Il me bai-
&. plufieurs fois & me dit : Vous voudriez donc me, faire piller, pour un voleur
de grands chemins ? Je ne -veux point en aucune manière recévpir ce préfent
de vous; car je ne pqurrois pas en to^ute ma vie/eftre^ri^at ;dé vpus^rèp-
dre la pareille. Après cela nous nous feparàmesi '^', ''"■'' ''^7 ..■''■^' "'^'''
Mân quelque tems après eut occafion de rendre un fervice confidérable" à
Al Manfor, dans le tems d'une fédition qui arriva à Bagdetj'oùle Khalife au-
roit couru grand rifque de fà perfoqne fans fan fccours. Ce fervice le. fit ren-
trer dans les bonnes grâces d'Abou Giafar , &' alors , le reiroùvënant de l'ac-
tion .génereufe de ce Soldat, il le fit chercher par-toi^t , |)OLir, ^i'avi^nqer i ^piais
"il né fut pas poffible de le trouver. ' ../-.-, w.y,x.v ^^
MAN gab ânho almothreb. Titre d'un Livre compofé par.ThâA,lebi, qui fe
trouve dans la Bibliothèque Royale, n-'. 1058. C'ell un Recueil de ehofcs fa-
cetieufes & propres à réjouir <lans la converfation.' •
MANAOUI.' Surnom : de Mohammed A'bd Al :Raouf AI Haddadi. Il eft
mort l'an de l'Hegire 1030. Il a compofe un livre intitulé Ergiam Aoulia Al
jSchcïtan, contre les tentations du .Diable 1; un autre, Ethaf 'alfonniat bclaha-
dith al codfiath , qui renferme des Traditions touchant Hierufalem & Ja Terre
fainte. Il a aufli écrit fur les Anouàr de Baïdhaoui. On l'appelle àuflî Iladdï-
di, parce qu'il tiroit fon origine d'un Serrurier.
Il eft aulïï Auteur d'un Livre intitulé^ Taalik , qui cft uçe efpèce, de Com-
mentaire fur l'Ouvrage du Cadhi Aïadh , qui porte le titre de Schcfa. Foyez
ce titre. Ce Taalik ell dans la Bibliothèque du Roy, n°. 643.
MANCALOUT. Foyk Manfalout. ,
MANCOULAT aldelaïl. Commentaire fur le Livre intitulé Schorôut aîfa-
lat, c'eft-à-dire , fur les conditions de la prière. Il ell dans la Bibliothèque
Royale , n°. 66y , mais fon Auteur ell incertain.
'MANCOUNAH, Ville d'Ethiopie, fituée fm- la mer i»oiige j ' éloignée de
celle de Zaleg de cinq journées de chemin. C'efl le port où l'on arrive pour
pafier à la Ville de Calgioun, fituée dans le milieu du défert d'Ethiopie à dou-
ze journées dudit port.
La même ville de Mancounah «fl éloignée de quatre journées de celle d'A-
•font, qui eft fur la même côte de ^a mer rouge en tirant vers le Midy!
Zz2i2 MANDA B.
54S M A N D A B. ^— M A N G IT E''H:
MAN'DAB. Voyez Mandeb. Babel Mandcb..
MANDA H, Ebn Maadah. Ccil Mohammed Ben Ifhak , qui mourut l'an
?Q5 de l'Hegire. Il ell Auteur d'une Hiftoire de la Ville d'irpahan? qu'on ap-
pelle ordinairement Tarikh Ebn Mandah.
MANDAL ou Mandel. Mircat dit , . que. c'efl une Ville des Indes, fans
en donner une plus grande connoillunce. Ce même mot fignifie en Turc la
barre d'une porte , ce qui a fait que les Turcs appellent Babel Mande! la bou-
che ou le détroit qui donne l'entrée de l'Océan en la mer Rouge & qui en
eil comme la porte. Les Arabes appellent ce détroit- là Babal Mandeb, qui
figniiie Deiiil. Voyez ce titre.
MANDEB. Nom d'une Montagne ou d'un Cap, qui fait l'entrée de la
mer Rouge du côté d'Ethiopie , que les anciens Géographes Orientaux préten-
dent être tout d'Aimant, & attirer à foy tous les vaiffeaux qui font armez de
fer. C'eft cette montagne qui a donné le nom au détroit' de Babel Mandeb.
L'entrée de cette mer eft fi étroite., difent les mêmes Auteurs, qu'un homme
qui eft fur la côte de l'Icmen en peut voir un autre qui feroit au pied de la
montagne de. Mandeb. Voyez Babel Mandeb.
M A N D HO U M A H. C'eft en général une Compofition faite en vers , un
Poëme.
Mandhoumah- Mefchourah. Ouvrage en vers, que le vieux NalTafi a compo-
fé fur le Giamé Saghir, commenté par le jeune Naflafi.
Mandhoumah lelkhelaf. Ouvrage en vers du même Naflafi fur - la diverfité
des opinions des Dodeurs de la Loi. Cet Auteur l'écrivit l'an 504 de l'Hegire.:.
11 y en a un exemplaire dans la BibHotheque du Roy, n^'; 601.
Mandhoumah, Poëme, compofé par Schehab eddin Ben Farah AI Afchbili ,
Auteur Êfpagnol , natif de Sèville. Il traite des Traditions & a été commenté
par lahiaAl Caraffi, Il eft auffi dans la Bibliothèque Royale, n". 1127.
Il y a aufïï un Mandhoumah d'Ebn Vaheb. fur la Sunnah, dont tous lés vers
fe terminent par la lettre R.
Manihoumçh Turki. Poëme de l'Hiftioire de Tamerlan , écrit en langue
Turque.
MANFALOUT ou Mâncalout. Ville de l'Egypte fuperieure, fituée dans-
ce que les Arabes appellent Said Al Ouaft, c'eft-à-dire, la Thebaïde Moyenne» .
Elle eft. fut: la rive gauche du Nil. Le Géographe Perfien remarque, qu'il y
a dans cette Ville une Mofquéç , qui paflb pour être, des plus confidérables de
l'Egypte.
MANCHE' H, Médecin Indien, lequel , félon le rapport de Khondemir
dans la vie de Haron Al Rafchid, avoit la main blanche de Moyfe & le fouf-
fle du Mcflié.
Cette façon de parler Orientale eft fort en ufage dans les élo.çes que l'on
fait des habiles Médecins. Car la- main blanche & luifante de Moyfe fut un
figne des miracles «Se des prodiges que ce. Prophète fit voir en Egypte, & Je
: foufBe
M A N G U' C A A N. M A N L 545
fouffle ou l'haleine du Meflîe , rendoit la vie à ceux mêmes qui étoient déjà
morts. f
Le Khalife Haron étant tombé malade d'hydropifie dans la Ville de Thous
en Khorairan , Mangheh fut appelle pour lui donner quelqu'un de Ces remèdes ,
& le Khalife ne l'eut pas plutôt pris que fon mal commença à diminuer nota-
blement. Mais parce que le Khalife avoit pour fon premier Médecin Gabriel,
fils de Bakhtis'ioua, Syrien de Nation & Chrétien de Religion, auquel on pré-
noit beaucoup plus de créance qu'à Mangheh, ce Médecin voulut donner auffi
un remède au Khalife.
Mangheh ayant fçû la qualité du remède que- Gabriel avoit donné, dit hau».
tement : Cet ignorant a tué le Khalife. Ce qu'étant rapporté à la Cour , le
même Khalife commanda qu'on ôtât la vie à Gabriel. Mais celuy-cy ayant ap-
pris la fentence qui avoit été prononcée contre luy, fe jetta aux pieds du Prin-
ce & le pria de luy faire grâce jufqu'au lendemain , afin que l'on pût voir
l'eifet de fon remède.
Le Khalife luy ayant accordé cette grâce, Mangheh dit aux Courtifans: Ga-
briel a trompé le Prince; car le bon Seigneur ne fera pas demain en vie.
Le même Hilîorien rapporte de IVIangheh, qu'un jour en fe promenant par
les rues de la: Ville de Reï, il rencontra un homme qui crioit; Voicy les re-
mèdes de telles & telles maladies. Cette rencontre le furprit fort, de forte
qu'étant un jour en converfation avec le Khalife, il luy dit: Je ne croyois pas^
Seigneur , qu'il fut permis dans le pays des Mufulmans de tuer les gens impu-
nément.
Haron ayant voulu alors ouïr le récit du fait , après qu'il l'eut appris fit
chercher aufîî-tôt ce Charlatan qui ne put jamais être trouvé, & de peur que
là vie des hommes ne fut expofce à l'elfronterie & à l'ignorance de tels Mé-
decins , il les chafla tous par un^ Edit folcmnel hors de l'étendue de fon Em-
pire. Foyez Ehu Sina.
MANGU' CAAN. Plufieurs l'appellent IVTanguka & Mongaka. Il étoft-
fils de Tûli Khan, quatrième fils de Genr^hizkhan , & fut le quatrième Empe-
reur des Mogols ou Tartares , & fucceda à Gaiiik Khan fon Coufin - germain.
Il favorifa, pendant fon règne, les Chrétiens & les Mahometans , & perfécura
lès Juifs. Son règne fut de treize ans , & il mourut l'an 6sj de l'Hégire-
Khondiinir.
Ce Prince avoit fept frères, dont les deux aînez & les plus connus furent
Coblaï & Holagou. Cnblaï eut à commcinder dans le Khataï. On dit , que la
Ville de Khanbaleg , que nous appelions aujourd'huy Cambalu , a été fondée
par ce Prince.
Holagou, (on autre frère-, eut le Commandement de la Perfe, de la Mefd--
potamie & de la Syrie. Ce fut celuy-cy qui pri: :igiet & qui abo'it le Kha-
lifit des AbbaffiJes, l'an 656 de l'Hegire, un an avant !a mort de l'Empereur-
Mangû fon frère. Foyez- les titres de Coblaï & de Holagou.
MANL Mânes. Auteur de la Sefte des Manichéens, qui efl furnommé par
les Hiftoriens Onentau< Zendik, c'eft-à-dire, le Saduceen ou l'imnie. Il vivoit
fous- le règne de Schab-ar ou Sapor, fils d'Ardfchir Babegan, &• étoit Peintre &:
Graveur de fa proftffioii.
Zzz3 L'Au.-
550 M A N I.
L'Auteur du Tarikli Khozidch le fait plus moderne , & le met fous Sapor
Dhoulaftaf, qui a .été le neuvième Roi de Perle de la Dynailie des Safanides.
L'Auteur du Nezam altaouarikh le fait vivre fous Hormuz , père de Bahà-
ram troifième Roy des Safanides, &. cet Auteur eft fuivi de Khondemir & du
Lebtarikh. ,-.,/>. t r- /-., -n
Cet Impofteur ayant entendu du-e aux Chreciens, que Jelus-Clirift avoit pro-
mis d'envoyer après luy un Paraclet , voulut pcrfuader aux peuples ignorans de
la Perfe, qu'il étoit ce Paraclet qui leur annonçoit , de la part de Dieu, une
nouvelle Religion. Khondemir dit en cet endroit de fon hiftoire , fuivant les
principes du Mufulmanifrae , que Mânes voulut appliquer h foy-mcme ce que
Jcfus - Chrift entendoit de Mahomet , qui devoit établir une nouvelle Religion
après luy. y- ■ r.
Ce Mânes fçavoit faire quelques preftiges , & avoit la main h julte , qu'il
tiroit des lignes & décrivoit des cercles fans règle & fans compas. Il fit aulli
un Globe terrellre avec tous fes cercles & fes divifions.
Après s'être fait admirer pendant quelque tems, il commença d'afTemblcr des
gens, fous le nom de Difciples, qui s oppofoient au culte & aux cérémonies de
la Religion Zoroaftrienne , que les Perfans profefîbicnt pour lors. Cette nou-
veauté ayant excité des troubles, Sapor le voulut faire punir. Mais Mani ayant
appris qu'on le chcrchoit, prit la fuite & fe retira en Turqueftan. Ce fut -là
qu'il eut beau champ pour faire croire fes rêveries à des peuples groflîers , (Se
afin de paflcr chez eux pour un homme admirable ou même pour quelque Di-
vinité , ayant trouvé une grotte , dans laquelle il y avoit une fort belle four-
ce , il y fit porter fecretement des vivres pour un an , & dit h [es Dilci-
ples, qu'il alloit faire un voyage jufqu'au ciel, & qu'ils demcureroient une an-
née entière lans le voir , après lequel tems , il defcendroit de nouveau du ciel
& leur apparoîtroit dans une certaine grotte qu'il leur marqua.
L'année étant rev^oluë & finie , ils ne manquèrent pas , félon fa pwmefTe de
l'aller chercher dans cette grotte où l'ayant trouvé à point nommé , il leur fit voir
ce livre merveilleux , contenant des images & des figures extraordinaires , qui
porte le nom d'Ergenk & Efiienk, qu'il difoit avoir apporté du ciel. Cette nou-
velle impofl:ure multiplia fort le nombre de fes Sectateurs , qui paflin-ent tous
du Turqueftan en Perfe après la mort de Sapor.
Hormuz ou llormizdas , qui avoit fucccdé h fon père ,:.i*eçût fort bien Mâ-
nes. Il embraffa fa Seéle & même lui fit bâtir dans le Kluiziilan , qui efi; la
-Sufianne, un Chafl:cau pour fa fureté. Cette place fut nommée Defkereh.
Baharam ayant fucccdé à Plormuz , fon père , fit paroître dans les commencc-
mens de fon règne afiez d'inclination pour la Doftrinc de Mânes, & il voulut
que fes Mages, c'cfi:-à-dire, les Docteurs de la Sefte Zoroaftrienne , entralTent
en conférence & en difpute avec Mânes. Mais ce Prince n'ayant fait toutes
ces chofes que pour faire fortir Mânes de fon Fort, & l'avoir entre fes mains,
le fit bientôt après écorcher vif & expofer fa peau remplie de paille , en un
lieu fort élevé, pour donner l'épouvante k tous ceux de fii fefte. Cette exé-
cution en effet fit que la plupart des Manichéens s'enfuirent aux Indes & qucl-
• ques-uns même jufqu'à la Chine ; car tous ceux qui demeurèrent en Perfe per-
dirent leur liberté & furent réduits en efclavage. Khojidemir.
Les Chrétiens Orientaux, qiù appellent la Se6te de Manes^Al Mananiat, di-
fent, que la Religion que Mânes introduifit étoit mêlée du Chriltianifme & du
Magif-
MA'^NL M A N I S S A. 55r
if^gÇfÀe, qu'ifs nomment Aï Thenaouiat, qui fignifie la Religion des deux Prin-
cipes qui ell la môine que celle de Zoroaflre. C'cft pourquoi fouvent Mânes
eft nommé Al Thenaoui. ^
Cet Impoilcur étoit Prêtre parmi les Chrétiens de la Province d'Ahouaz ,
qui eft un p'^tit pays qui setend depuis l'Arabie jufqu'aux embouchures de
l'Euphrati." & du Tigre , & fait une partie de la Chaldée des Anciens. Il dif-
putoit fort fouv'cnt avec les Juifs (k avec les Mages , & foûtenoit la Metemp-
fychofe àef- Indiens.
Il eut enfin aifez d'im.pudence pour fe qualifier un fécond Meflîe, & nomma
douze Apôtres qu'il envoya prêcher jufqu'aux Indes & à la Chine , leur don-
mnt m^me un Livre qu'il nomma Anghelion , c'eft à-dire , l'Evangile. Il éta-
blit pour un des grands Principes de fa Religion, l'abftinence de la chair des
animuix, & défendit expreffèmcnt d'en tuer ou lacrifier aucun.
CoCte Scifte cependant fe divifli dans la fuite en deux ; à fçavoir , en Sade-
coun & Samacoun. Les premiers, dont le nom fignifie vrais & purs , s'abfte-
noient de ce qu ils appclloicnt Dhebihat, c'eft à-dire, de tuer ou manger aucu-
Hc forte d'animaux. Mais les féconds, dont le nom fignifie Poilfonniers , man-
geoient de la chair des animaux aquatiques, qu'ils confciibient être véritablement
de la ch'iir; mais non pas de la Dhebihat, qui ell celle que l'on immole & que
l'on facrifie.
Cette ictie fe multiplia fort en Egj^pte en forte que parmy les Evoques, il
s'en trouva beaucoup qui étoient Manichéens , & que l'on fut obligé "de tenir
im Concile Nacional fous Timothéc , Patriarche d'Alexandrie, dans lequel il fut
permis au Patriarche , & aux Evoques & Moines , de manger de la chair des
animaux le Dimanche.
Ebn Batrik remarque, qu'il y eut deux Patriarches d'Antioche & un de Con-
ftantinople, fous l'Empereur Confiance, qui faifoicnt profefïïon du Manichéif-
me, & que la plupart des Evèques d'Egypte, en ce tems-là, étoient ou Ariens,
ou Manichéens. Mais la foy de cet Auteur n'eft pas inconteftable , non plus.
que l'hiftoire qu'il raconte , que Baharam , api'ès avoir fait couper Mânes en
deux, fit enterrer deux cent de fes Sectateurs la tête en bas dans du limon, (Se
fe vantoit d'avoir fait un jardin planté d'hommes au lieu d'arbres.
MA'NL Mohammed Ben Jofef Ben Al Màni. Auteur d'un Livre intitulé
Anfab, c'eil-à-dirc , Généalogies, lequel mourut l'an 700 de l'Hegire.
>
M A' NI Al Coran. Le fcns fpirituel de l'Alcoran. C'eft le titre que deux
Auteurs ont donné à leur ouvrage. Le premier eft Ben Ziad Al Fera , & le
fécond, Zagiâge.
MA'NI V Beian , lèns caché & figure d'un difcours ou de quelqiîes paroles-
particulières que l'on explique. C'eft le titre de la troifième partie du Livre,
intitulé Mcftah aloloum , c'eft- à-dire , la Clef des Sciences , qui eft dans la Bi-
bliothèque Royale, n^ 906.
M AN ISS A. Les Turcs appellent ainfi la Ville de Magnefie, fituée afl'ez.
proche de Smyrne dans l'Afie mineure, laquelle porte le titre de Sangiak. Les
Sultans de Conftantinople ont donné autrefois à leurs enfans & fuccelTeurs le
GoU'
55* M A N 0 U C A. M A N 0 U G E H E R.
Gouvernement de cette ville avec erdre d y rcfidcr fans en fortir , lorfqi'iîs
écoient en âge de leur pouvoii- faire des affaires.
MANOUCA, fils de Giagatiï & pctit-fils de Ginghiz Khan. Il ne faut pas
le confondre avec Mangûka , qui eil Mangûkaan dont on vient de parler.
MANOUGEHER. Huitième Roy de Perfe de la première race furnom-
mée des Pilchdadiens , û Ton compte Siam?k , fils de Kaiumarat ^ & même le
neuvième, fi on met au rang de ccsRois , Irage, fils aine de Feridoun, qui mou-
rut avant fon père.
Il ctoit fils de Pifchkhour & d'une fille d'Irage, & partant petit-fils de Feri-
doun auquel il fucceda, après-avoir tué Salm & Tour, fcs oncles, meurtriers de
•fon ayeuL
Ce fut^ un Prince fort appliqué à la Police de fes Etats , car il établit un
Gouverneur dans chaque Province & un i'revoll dans chaque Ville & Bourgade.
Il fit fon premier Vizir Sam Neriman le plus vaillant homme de fon fiecle , &
lui donna le titre de Pehelevàm gihàn, c'elt-à-dire le Héros de fon fiécle.
Il fit creufer de grands canaux par lefquels il -conduifit des branches entières
de l'Eufratc & du Tigre dans l'Iraque Arabique ou Chaldée , & on dit qu'il
fut le premier qui fortifia les Vilies par des remparts & par des foflez.
Il avoit déjà régné foixante ans, lorfqu'Afrafiab , Roy de Turquefi:an , qui def-
cendoit en droite ligne de Tour , fils de Feridoun , entreprit de vanger la mort
de Tour que Manougeher avoit fait mourir, & lui déclara la guerre.
Afiafiab entra en Perfe avec une fi puifilinte armée de Turcs, que Manou-
geher ne lui pouvant pas refifter fut obligé de fe réfugier dans le Tabareftan,
ou Hyrcanie. Le Turc ne pouvant pas le pourfuivre , à caufe des défilez &
des lieux inacceffibles qui fe trouvent dans les forefts & dans les montagnes de
ce pays-là , fit la paix avec lui , à condition que tout le pays de de-là le fleuve
Gihon lui appartiendroit fans qu'il y fut inquiété par les Perfes , lailfant toute
la Perfe 6c les Pays de de-çà à Manougeher.
Cette paix étant conclue , Manougeher s'occupa à bâtir & à faire fleurir les
arts dans fon Royaume, où après avoir régné encore foixante ans , il finit fes
jours, laiflant fa Couronne à Naudar fon fils, qui fut bien-tôt après dépouillé
par le même Afrafîab , comme l'on verra dans fon titre. Sous le règne de ce
grand Monarque , le Prophète Schoâib qui efl: le même que Jethro, beau-pere
de Moife, fut envoyé de Dieu aux Madianites pour leur prêcher la foy & dans
le môme temps Mouffa & Haroun, qui font Moïfe & Aaron , furent auflî en-
voyez de Dieu à Valid Pharaon ,; ou Roy d'Egypte, qui étoit de la postérité
d'riâa. £,ebtarikh. Tar. Montekhtb..
Manougeher, félon Khondemir, étoit fils de Mahaferid. fille dTrage, fils aîfné
c!e Feridoun , laquelle quelques autres Hiftoi'iens écrivent avoir été la femme
da même Irage qui étoit fon père, chofe aiiez ordinaire en Perfe avant le Ma-
hometifme.
Ce Prince s'addonna extrememer.t à tirer des canaux ^c à planter des jardins
«ju'il remplilTort de toutes fortes d'-iibres & plantes rares qu'il faifoit chercher
avec foin dans les montagnes de Herfe. Ayant choifî Sam -Neriman peur fon
premier Vizir, il lui donna plus particulièrement la Province de Sillan ou ^"e-
geftan
M A N O U G E H E R. ^^^
geflan à ffonverner. Cette Province s'appelle auffi Nimrouz, à caufe qu'elle cft
la plus Méridionale de toute la Perfe.
Sam Neriraan venoit faire fa Cour à Manougeher de temps en temps , après
quoy il fe retiroit dans fon Gouvernement, où il eut un tils, lequel vint au
monde avec des cheveux fort longs & fort blonds , ce qui fut caulè qu'on lui
donna le nom de Zâl-zer , comme qui diroit , Poil doré. Cet enfant ayant
atteint Vigs de dilcrction, rit paroiftre tant de fagelle que Manougeher le vou-
lut voir. Cette veuë augmenta l'eflime & l'afFedion que ce Prince avoit pour
Sam-Nerifflan, & il le renvoya avec fon iils comblé d'honneurs ik. de grâces.
Un jour Zàl zer étant devenu grand, alla chalTer dans le Kablcftan qui eft la
Province de Kabul aux Indes qui conrine avec la Perfc du côté u'i Nord. Me-
herab étoit pour lors Gouverneur de cette Province, & comme il fceut la ve-
nue du fils de Sam , il alla au devant de luy pour luy faire honneur , & il fut
tellement charmé de Tes belles qualitez que ne celTant d'en dij-e du bien dans
fa famille, une de fes filles, nommée RouJabah, entendant le récit que failbit
fon père , devint éperduëment amoureufe de Zal , & refolut en même temps
d'envoyer quelques-unes de fes filles, fous prétexte de cueillir des fleurs autour
du lieu où Zâl étoit campé, pour trouver occafion de lui parler.
En effet Zâl les ayant apperçeues ne manqua pas de les aborder, & de s'in-
former qui elles étoient, & ayant appris d'elles qu'elles appartenoicnt à Rouda-
bah, il leur demanda de fes nouvelles. Ces filles bien inllruitcs de ce qu'elles
dévoient dire , l'entretinrent, fort au long de la beauté & des vertus de leur
maiftrefie. Cet entretien lui fit d'abord concevoir une très-grande eftime pour
elle; mais cette eilime fe changea bientôt en un amour fi violent, qu'il perdit
entièrement le repos jufqu'à ce qu'il eut concerté un moyen de la pouvoir voir
& entretenir.
Il ne fut pas difficile de concerter un rendez-vous avec une perfonne qui
n'étoit pas moins difpofée que lui à cet entretien. Leur entrcveue fe fit avec
des déclarations réciproques de leur amour , & ils fe donnèrent mutuellement
des parples inviolables de s'époufer auflî - tôt qu'ils auroient obtenu le contente-
ment de leurs parens. Zâl qui avoit vu auffi Mehcrab père de Roudabah , qui
lui fit un accueil très-obligeant, prit congé de lui & retourna vers fon père Sani
dans la Province de Segellan.
A fon arrivée il déclara à fon père l'engagement qu'il avoit pris fous fon
bon plaifir avec Roudabah, & il eut moins de peine à le lui faire aggréer qu'au
Roy Manougeher qui improuvoit cette alliance, à caufe de la naifiance de Rou-
dabah , qui étoit Turque & par confequent d'une Nation qui s'étoit déclarée
ennemie jurée des Pcrfans depuis la mort de Tour. Mais enfin, la confidera-
tion des fervices de Sam & la fidélité inviolable qu'il lui avoit toujours gar-
dée firent qu'il donna les mains à ce mariage, & ne craignit point ce mélan-
ge du fang Turc avec celui de fes fujcts.
Les noces fe célébrèrent avec une très-gi-ande magnificence , & au bout de
neuf mois il fortit de ce mariage le fameux Roftam furnommé Dafi:an , le plus
vaillant Guerrier que les Perfans ayent jamais eu , & qui fert encore de modèle
aujourd'huy à tous les Braves de l'Orient,
Le Schah Nameh ou l'Hifiioire Augufte des Rois de Perfe, compofée par Je
Poëte Ferdouffi , rapporte une grande partie des aftions de valeurw de ce Héros
incomparable, & nous aurons occafion de parler de lui en plus d'un endroit.
. Tome IL Aaaa Manougeher
554- M A N 0 U G E H E R. M A N S O R.
Manougelier n'ayant pu, comme nous avons vu, foûtenir en pleine campa-
gne l'efl'oit des armes d'Afrafiab, ie retira dans un Chaiteau du Tabareflan , oii
les Turcs l'ayant tenu affiegé long-temps, mais inutilement, ils furent obligez
d'entendre à un traité de paix'. Une des conditions fut que Arefch, le meilleur
Archer de ce temps-là, tireroit du haut de la montagne de Damavend une flèche
vers l'Orient, & que le lieu où elle tomberoit, feroit Je terme qui marqueroit
les contins des deux Etats, & il arriva, dit nôtre Auteur, par la Toute-puif-
fance du fouverain Maiftre des choies humaines , que la flèche qui avoit été
marquée pour être connue, fut portée jufques fur le_ rivage du Gihon, lequel
par ce moyen demeura depuis ce tcms - là pour limite & féparation des deux
Eflats.
Le furnom de ce Prince fut Firouz, comme remarque Khondemir.
MANOUGEHER fils de Cabous. Ce Sultan étoit Maiflre dès l'an de
l'Hegire 403 , de tous ks Etats que fon père poifedoit le long de la mer Ca-
fpienne compris fous Je nom général de Dilem. 11 rcceut la Patente ou con-
firmation de fon autliorité & dignité du Khalife Cader-biilah, telle qu'elle avoit
été donnée à fon père ; & de mcme que Cabous avoit receu avec cette Patente
appellée en Arabe, Manfcliour, le titre de Schems Al Maaia, c'efl:-à-dire , le So-
leil dans fon élévation, il reccut auflî du même Khalife celui de Felek AJ
Mdala, c'efl;-à-dire le ciel de la grandeur.
Ce Prince en ufa fort bien avec fon père que les Grands du Royaume avoient
depofé & eraprifonné à fon infceu, comme l'on peut voir fous le titre de Ca-
bous, & lorfqu'il apprit qu'ils l'avoicnt fciit mourir, il n'oubha rien pour avoir
entre fcs mains & pour punir fcs aHalîîns. Il régna paifiblement & fans autre
inquiétude que celle que lui donnoit la grande puifllince de Mahmoud, premier
Sultan des Gaznevides, & pour s'en mettre à couvert, il fit rendre dans fes
Ëtats à ce Sultan tous les honneurs qu'il y pouvoit prétendre. Khondemir.
MANOUGEHER fchah , Sultan ou Prince du Schirvan. C'efl: celui que
Feleki , excellent Poëte Perfien , loue beaucoup dans fes Ouvrages, f^oyez le titre
de ce Poëte.
MANS OR, Abou Giafar, dit Al Manfor Billah, fécond Khalife de la mai-
fon des AbbaffiJes. Il fucceda à fon frère Aboul Abbas Scfl'ah , l'an de l'He-
gire 136. Il étoit Chef de la Caravane des Pèlerins de la Mecque, lorfqu'il ap-
prit la mort de fon frère, arrivée dans le mois du Pèlerinage appelle Dhulhigiah
& il efh remarquable qu'il mourut le même mois en faifant le même Pèlerina-
ge. I! dépêcha auffi-tôt Abou Meflem à Cufah, qui étoit pour lors le fiege des
Khalifes , pour y faire preiler le ferment de fidélité à Ces habitans & le faire
proclamer Khalife.
Abou Meflem ne perdit point de temps & arriva fort à propos ; car déjà
M, fi's de Mufla fon neveu, faifoit des pratiques pour envahir leKhalifat; mais
l'arrivée de ce Capitaine, fuivie peu après de celle d' Abou Giafar, diffipa toutes
fes menées ; de forte que fe rangeant à l'obéiirance d'Abou Giafar & lui dé-
modant pardon., il obtint de lui la grâce de pouvoir vivre en particulier;
mais û la prct<}ntion du Neveu fut bien-tôt évanouie, celle de fOncle nommé
A'bdaUuh, coûta beaucoup à Al Maafor. Khonàmir.
A^bdallah
M A N s C R. y^^
A "bdallah qui étoit Onde d'Abiil Abbas SelFah, I. Khalife de h Maîfon des Ab-
Ijaffides, ayant appris la mort du Khalife fbn Neveu, & qu'Abju Giafar AI
Nfanfor frère du défunt & par confequent auffî fon autre nevru, avoic été
proclamé Khalife dans Cufiih , refolut de ne Je point rcconnoiltrc : mais de
prendre lui-même la qualité de Khalife dans Damas.
Il alleguoit pour raifon de fes prétentions, que fon Neveu Abulabbas Sslfah,
premier Khalife de faMaifon, l'ayant envoyé combattre contre Maruan , dernier
Khalife des Ommiades, avoit déclaré que celui des Abbaffîdes qui le dchvreroit
de cet ennemi qui lui difputoit l'Iîmpire , & qui lui euvoy croit fa tète , auroit
pour prix la fucceffion au Khalifat immédiatement après lui; à ce fut ce qu'A b-
dallah avoit exécuté.
Pour foûtenir cette pre'tention il falloit des troupes. Il en alla chercher d;ins
ie Khoraifan, & vint de-la à grandes journées camper avec une puiùante ann -e
auprès de Nifibe. Mais Abou Medem qui coramandoit l'armée du j^h^. ife
l'ayant harcelé pendant cinq mois, enhn le d^Hit entièrement, & lobh^'ea à
prendre la fuite. Khond.mir. ^oyez au:îi A'bdallah fils d'Ali.
Ce feroit ici le lieu de rapporter comment le Khalife AI Manfor put fe re-
foudre à la perte d'un û grand hom'nj tel qu'éDjit Abou Mefl.\m , qu il fit
-afraffiner par des gens apportez dans fa propre chambre. Mais ce grand événe-
ment, qui eft fi remarquable dans la vie de ce KJuIife, ayant été rc.conté fort
au long dans le titre d'Abou Meflem , je n'ay pas crû devoir le repeter, pouc
ne pas trop groffir cet Ouvrage.
Après la mort d'Abou Meflem, Sinan'de Nifchabûr , Mage ou Adorateur dti
feu, qui s'étoit rendu m:ii(lre de fes trcf)rs, fit révolter Ja Province de Kho-
raiTan contre le Khalife Al iManfor , l'an de l-Hpgire 137. Mais il fut bien-tôt
défait par Civmhour que le Khalife envoya contre lui. Ce General ayant fait
un butin confiderable , le Klialife qui évni a^/are de fon naturel, envoya un
homme exprès pour s en faifir en l'on nom , ce qui caula un fi grand dépit k
Giimhour, qu'il tourna les armes contre fon Mailîre. Mais ayant appris qu'il
envoyoit une grofle armée^ contre lui , il quitta la ville de Reï où il s'étoic
cantonné, & alla fe faifir d'Ifpahan & de tout le pays qui en dépcndoit.
Il demeura quelque temps le maître en ces quartiers -là; nuis les troupes da
Khalifj s'approehant de luy & le ferrant de plus près^ il ne fe crut pas en fu-
reté à Ifpahan & s'enfuit d.ms l'Alherbigian, où cependant il ne fut pas plus en
repos, car il y fut vivement pôurfuivi , & enfin défait entièrement par l'armée
du Khalife fous le commandement de Aiahomet fils d'Afchaat , l'an de l'He-
gire 138. Kin.-;idtmir.
Les Ravendiah ou Ravendiens étoient une race de gens dcfcenduë d'A'bdal-
lah , fils de Râvend qui fut des'premiers à publier le nom des Abbalîides dans
le. KhoraiTan. Cet A'bdallah ayant eu quelque différent avec Abou IVIeflem qui
étoit toutpuinant dans ce pays-là, il en fallut venir aux armes, qui ne furent
pas favorables à A'bdallah, car il fut défait lui & prefque tous les fiens.
Ce qui relia de ces gens-là , qu'Ebn Schohnah appelle Impics parce qu'ils
■croyoient la Metempfychofe, demeura caché jufques à la mort d'Abou Meflem,
laquelle étant arrivée, comme nous avons vu, par ordre du Khalife Al Man-
for , ces gen?-ci s'allemblerent dans la Ville de Hafchemie , refidcnce du Kha-
life, l'an de l'Hegire 140 & vinrent faire leurs Athouâf ou proceffions fembla-
A a a a z bles
S56 M A N S 0 R.
blés à ceires qui' fe font autour du Temple' de la Mecque au Palais d'Almanibi'i
l'invoquant comme leur Dieu.
Le Khalife indigné de cette impieté fi ouverte , en fît emprifonner cent des
principaux. Les autres irritez de ce mauvais traitement, refolurent entre eux
que fi Al Manfor refufoit d'eftre reconnu pour Divinité , il le fulloit tuer & en
choifir un autre en fa place. Pour exécuter ce deflein, ils prirent une bière de
mort qui étoit vuide, & allèrent aux prifons où ils entrèrent aifement fous le
prétexte d'y enlever un mort. Par ce llratagême ils délivrèrent leurs camara-
des & retournèrent tous enfemble au Palais du Khalife dans la refolution de.
le tuer.
Al Manfor qui étoit fort brave de fa perfonne, fe trouvant furpris & avec,
fort peu de gens , n'ayant point de chevaux prefts , monta fur une mule , & alla
au devant de ces Impics mutinez contre lui.
Dans ce même temps Mâan fils de Zaidat qui fe tenoit caché , à caufe que le
Khalife qui le faifoit chercher pour le faire mourir, comme ayant été un des
principaux Chefs de la Faction des Ommiades ; ce Mâan , duquel on a déjà
parlé , dont la valeur & la generofité palTcnt en Proverbe chez [es Arabes,
voj'ant le Khalife en un fi grand danger, fortit de fa retraite , & fe mettant à.
la tète des gens du Khalife, chargea fi rudement ces rebelles, qu'il les défit en-
tièrement.
'. Al Manfop piqué de cet affront qu'il avoit receu dans fa ville Capitale dcL
Hafchemie ou d'Anbar , refolut de changer de demeure , & fongea à bâtir fa.
nouvelle Ville de Bagdet, dont il jetta les fondemens , l'an 145 de THegire.
Foycz le titre de Zenadecah, tiré de Ben Schohnàh , & celui de Bagdet.
Ben Schohnàh écrit, qux^l Âlanfor mourut l'an de l'Hegire 158 , en faifant'
le Pèlerinage de la Mecque, le fixième du mois Dhulhigiâ, en un lieu appelle
Bir Maïmon , c'eft-à-dire le Puits de Maïmon. 11 dit à fon fils Mahadi qui"
Pavoit accompagné, comme par manière d'adieu, & comme prévoyant que c'é-
toit la dernière fois qu'il le verroit: Mon fils, je fuis né dans le mois de Dhul-
higiâ, j'ay été fait Khahfe dans le même mois, & j'ay dans l'efprit que je dois
mourir aufîî dans celui-ci; c'clt pourquoy je me mets en chemin pour accom-
plir mon dernier Pèlerinage, afin que Dieu me faffe mifericorde.
Peu après ce difcours il lui prit un cours de ventre, lequel dégénérant en.
dyfenterie, l'eniDorta. Ce fut un Prince fort humain & honnête dans le parti-
culier, jufques-là qu'il reconduifoit fes amj^s & alloit même au devant d'eux
quand ils le venoient vifiter. Il régna vingt-deux ans & troi^mois & laiffapour
Succelfeur Mahadi fon fi's,
Khondemir rapporte, que. quelques jours avant qu'Ai Manfor fûfl attaqué de-
)a maladie dont il mourut, il trouva quatre vers Arabes écrits fur un mur qui
le troublèrent fort. L'explication de ces vers étoit:
O Abou Giafar, le temps de ta mort ell venu. Tes jours font terminez, &
l'Ordre de Dieu qui eft irrévocable, eft arrivé.
Fais venir maintenant autant d'Augures, autant de Devins, & autant d'Aflro-
i'o^ues que tu voudras : l'es derniers jours s'écouleront par le genre de mort
qui t'emportera.
Il efl parlé des Aflrologues dans ces vers , parce que ce Khalife étoit fça-
vant dans TAflronomie , & qu'il avoit toujours des Philofophes (Se des Mathe-
Biaticicns autour de luy.
Seloa
M A N S O R. _j^^
' Selon la Chronique d'Abou Giafar AI Thabari , U trouva écrit fur la muraille
d'un Cai-avanferaï ou Hôtellerie quatre autres vers Pcrfiens , dont le fens efl:
Les Etats & les RichefTes de ce monde ne nous font pas données, mais feu-
lement prêtées : Que perfonne donc ne s'y allure , ni ne s'en glorifie. Qu'û
conque y attache fon cœur & y met fa confiance, n'en retire que de là honte
lorfqu'il les faut rendre à celuy de qui on les a reçus. '
Le Nighiariftan fait auffi mention de cette avanture.
Ce Khalife, qui étoit doué d'excellentes vertus, fut taxé cependant d'avari-
ce, ce qui fit que les habitans même de Coufa le furnommérent Abou Daoua-
nek, c'cft-à-dire , le père des Oboles , à caufe qu'il avoit fait lever par' tête
une obole pour creufer le folié de leur ville; & c'ell, au fujet de cette mau-
vaife qualité, que l'on a rapporté de luy l'hiftoire fuivante.
PcnJaiît qu'Ai Manfor menoit une vie privée , avant qu'il fut élevé à la di-
gnité iouveraine de Khalife , il avoit entre fes amys les plus familiers' Azhar
Baheli , homme de grand mérite, & qui eft mis au nombre des Douleurs les
plus autorilés en matière de Traditions. Ce Perfonnage voyant qu'Abou Gia-
faT ne l'appelloit plus dans fes converfations particulières comme il failbit au'
paravant , réfolut de fe préfenter à luy , lorfqu'il donnoit fes audiences publi'
ques. D'abord que le Khalife l'apperçût, il luy demanda ce qu'il vouloit? Az"
har répondit, qu'il étoit venu pour le congratuler & fe conjoliir avec luv fui-
fon élévation au- Khalifat. Abou Giafar luy fit donner une bourfe de mille écus
d'or & le congédia avec ces paroles: Ne prenez plus la pcii:e de venir doré-'
navant. Azhar ne laifla pas de fe préfenter encore l'année fuivante • le Khalife
luy fit fort mauvais vifage , & luy demanda ce qui l'ammenoit ? T'ay appris
dit Azhar , que vous étiez indifpofé, & je fuis venu, comme un de vos plus-
attachez ferviteurs , pom* apprendre des nouvelles de vôtre fanté. Abû-^iafar
luy fit donner une autre bourfe de la même fomme , & luy dit 'brufquement
en le renvoyant^ ne venez plus me rompre la tête. Cela n'empêcha pas Az-
har de comparoiUre l'année fuivante: mais le Khalife, aufli-toft qu'il le vit, luy-
dit en colère: Ne cefll-rez-vous jamais de m'importuner f Azhar luy dit • 'Au-
trefois je ne recevois de vous que des honnêtetez, maintenant je viens' pour
apprendre la caufe de ce changement. Le Khalife luy répondit : Toutes k s ci-
vilitez que je vous faifois, comme elles n'avoient aucun fondement, aulfi n'ont-
elles lailîé aucune impreffion dans mon efprit, parce que ne vous voyant plus
je me fuis accoutumé & j'ay fait habitude de ne vous point voir.. Pour conl-
clufion, le Khalife ne luy donna rien.
Jafêi, qui rapporte cette hiftoire , dit, que la libéralité dont le Khalife ufa'
envers luy, & la patience qu'il eut à l'entendre, étoient des vertus qu'il ne
pratiquoit guères; car il étoit avare & fordlde, & de plus fort impatient & em -
porté. ^
Le? actions les plus éclatantes d'Al Manfor font la conquête de l'Arménie -
de la Cihcie & de la Cappadoce, auxquelles on peut ajouter encore la fameu-'
le Vifc de Bagdet, dont on a parlé fort amplement dans le titre particulier de
cette Ville. ^
Sa fcience dans la Loy des Mufulmans n'étoit pas commune; car il avoit m
les premiers Maiftrcs du Mufulmanifme, qu'il honoroit for^ , & qu'il ne dédî'i
gaoït pas d'écouter en qualité dEcolier, même aprcs fon élévation au Khahfat.-.
A aa a 3 q^ i
9
5^3 M A N S 0 R.
On en peut voir les preuves dans les titres de plufieufâ Dôéietii'g, dont ÏÏ êft
parlé dans cet Ouvrage.
Qiioyque les Abaffîdes euflent une averfion invincible contre les Khalifes de
la Maifon d'Ommiah, que* nous appelions Ommiades, Al Manfor avoiioit néan-
moins de bonne foy , que ces Khalifes avoient trois avantages fiir luy ; à fça-
voir j d'avoir eu un Capitaine & un Gouverneur de Province, tel qu'étoit He-
giage; un Ecrivain ou Secrétaire , tel qu'étoit A^dkl Hamid ; & un Moedhia
ou Crieur, comme Baâlbeki.
Il ne faut pas oublier de voir le titre d'Abou Meflem, pour juftiner ce Kha-
life, que Ion a beaucoup accule d'ingratitude au fujet de ce Capitaine qu'il fit
allafliner dans fa propre chambre, après les grands /ervices qu'il luy avoit ren-
dus & à toute fa famille, dans laquelle ce grand homme avoit mis le Khalifat-
qu'il pouvoit envahir.
M ANS OR ou AI Manfor Billah , fils de Caïem Béemrillah , dont le noia
propre étoit Ifmael Abou Thaher , commença à régner en Afrique , après la
mort de fon père, l'an 33-1. de l'Hegire.
Il étoit de race Fathimite & prenoit le titre de Khalife, quoy que ce ne fût
proprement que fon fils & fuccefleur Moêz Ledin Illah , lequel ayant tranfpor-
té le fiége de fon Empire de Caïroan au Caire en Egypte , fut proclamé le
premier Khalife de cette race.
L'Eloquence d'Al Manfor eft fort louée par tous les Hiftoriens qui ont écrit
fa vie. Amid dit, qu'il faifoit de très-beaux difcours en public & dans les Mof-
quées , fans aucune préparation.
Il eut pour fucccflcur, comme nous avons déjà remarqué , Abou Tamim
Moêz Ledinillah ', qui fut premièrement proclamé Khalife dans la Ville de Ma-
hadie en Afrique, & enfuite en Egypte, comme l'on verra dans fon titre par-
ticulier.
Quelques Hilloriens donnent h ce Prince le furnom de Manfor Benafr allah,
& le qualifient troifième Khalife des Fathimites , & écrivent , que ce fut luy
qui fonda la. Ville de Manfourah ou Manfoui-iah en Egypte , où le Roy faint-
Louis & les François furent défaits , comme nous avons vu dans le titre des
Mamelucs, & que l'on verra dans la fuite plus au long dans le titre de Ré de
Frans. •
MANSOR ou Atmanfor, Roy & Khalife d'Efpagne de la race des Ommia-
des , dont nous avons l'Hifl:oire dans Roderic Ximenez , Archevêque de To-
lède.
L'on remarquera icy feulement qu'il fit bâtir la grande Mofquce de Cordouê,
qui fut nommée Cobbat Al Melic, c'eft-à-dire, le Dôme Royal, avec un Col-
lège magnifique, dans lequel Ebn Haligian, Auteur du Livre intitulé Bahar AI-
mohith , enfeignoit l'an 710 de l'Hegire.
Il y a d'autres Princes dans les familles des Al Moravides, & des Al Moha-
des, qui ont porté le furnom' d'Al Manfor , qui fignifie proprement le Vifto-
rieux , defquels on fait mention dans leur propre D3Tiafl:ie,
MANSOR, premier du nom, fils de Nouh , premier du nom, étoit petit-
^Is de Nalfer , L kit le ûxième Roy de la Dynaftie des Samanid&s, il fiicce-
M A N s 0 R. 55^
.è. à fon frère Abdelmelik, régna 15 ans, & mourut l'an de l'Hcgire 3^5, fe-
Ion Lebtarikh.
Khonderair Iiiy donne le furnom d'Aboul Saleh & Je titre d'Emir AlMouiad,
c'eft-à-dire, le Prince viéloricux , qu'il mérita efteélivcment , en obligeant par
la force de lès armes, l'an 356 < Rukneddoulat, Sultan de la Maifon des Buui.
des, à. Juy payer tous les ans la fomme de cent cinquante mille écus d'or» pour
tribut des États qu'il polTédoit en Perfe.
Il avoit cependant perdu auparavant la Province de Segeftan, où Khalaf, fils
d'Ahmed, s'étoit établi, & d'où Maufor ne le put jamais chaffer. 11 eut aufli
à Ibullenir long -temps la guerre contre Alp-teghin qui remporta deux grands
avantages fur luy , qui furent comme les fondemens de la puiffance des Gaz-
nevides, que Sebekteghin établit depuis fous Nouii, fils & fuccelfeur de Manfor.
MANSOR, fécond fils de Nouh, aulîi fécond du nom. Il étoit petit -fils
de Manfor , premier du nom , qui étoit auffi fils de Nouh , premier du nom
pareillement.
Il fucceda à fon père Noiih , & fut le huitième Roy -de la Dynaftie des Sa-
manides; il ne régna qu'un an & demy ; car Tozon i'egh , 'iurc de nation ,
qui avoit été efclave de Nouh, fon père, & élevé jufques au Commandement
général de la Milice, fe faifit de luy dans la Ville de Serkhas ou Sarakhs en'
Khorailan, le dépouilla de les Etats & luy fit perdre la vue, l'an de l'Hegire.
389. Lebtarikh.
Khondemir dit de Manfor, qu'il fit la guerre à Ilek Khan, Roy du Turke-
flan, puis à Sack contre lequel il envoya ïozon. Dans ce temps -là, Sebekte»
ghin, père du Sultan Mahmoud, étant mort, Mahmoud demanda le Gouverne-
ment du Khoraflan , que fon père polFedoit , à Manfor , qui le Juy refui^ & le
donna à Tozon. Mahmoud irrité de ce refus , vint avec une armée attaquer
Tozon , le chaffa & Manfor aufli , lequel , par la plus grande ingratitude du- ■
monde , fut dépofl^edé & aveuglé enfuite par ce même Tozon.
MANSOR, autrement dit Schah Manfor, étoit fils de ModhafTer , fils de
Mobarcz & fut le cinquième Sultan de la Dynaftie des ModhafFeriens , qui s'é--
toient rendus Mailtres de la Perfe.
Schah Manfor fut défait & mis à mort par Tamerlan , dans Je mois de Schaouaî,
& la Ville de Schiraz , qui étoit devenue la Capitale & Je Siège Royal des Prin-
ces de cette Dynaftie, avec tout le refte de la Perfe tomba entre" les mains de
ce grand Conquérant, l'an 895 de l'Hegire.
MANSOR Amraar. C'eft Je nom d'un Scheikh des plus fpirituels & des
pJus dévots d'entre les Muiulmans , lequel ell fouvent cité dans leurs ouvrages
de Théologie Myftique.
MANSOR Al Hagiani. Autre Scheïkh, duquel il eff parlé dans le Pèleri-
nage de Mahadi à la Mecque, Foyez Mahadi. •
MANSOR Imam. Auteur d'un Livre intitulé TaouiJat , nom oui fignifie
Expofitions fur J'Alcoran , oi:i il foùtient que les pécheurs Mahometans ne lerSnt
dans l'enfer que poiu- un tems.
MANSOR-
5^0 M A N S 0 R. -— M A R A' I. „
M ANS OR Ben E'râk. Ceft le même que l'Emir Abou Nafr, lequel i
laillé plufieurs Ouvrages fur les Sphériques de Menelaus. I^oyez Okar.
MANS OR Ben Gammaz. Nom d'un Saint Mufulman, duquel Jafêi a écrit
la vie dans la feélion 164 de fon liiiloirc.
MANS OR Ben Huffein Alabi. Auteur du Livre intitulé Nethcr eddor.
MANS OR. Ben Mokafcher, Médecin d'Aziz Billah, Khalife d'Egypte, Chré-
tien de Religion & Cophte ou Egyptien de N^ion.
M ANS OR, furnommé Zulzul , excellent Muficien. Foysz le titre de Mofuli.
MANSOURAH. Ville d'Egypte, que nous avons déjà vu avoir été bâtie
par Al-Manfor Billah, troifième' Khalife des Fathimites , qui luy donna fon nom.
Elle eft fituée fur le Nil en un lieu nommé Iftirak el Neileïn, à Cxiufe que le
Nil s'y fépare en deux branches principales.
Elle' fut rebâtie & fortifiée par Al Malek Al Kamel , Roy d'Egypte de la pof-
terité de Saladin , pour couvrir le paj'S de l'invafion des Francs , qui avoient
pris la Ville de Damiete pour la première fois. Voyez le titre de Dimiath &
celuy.de Kamel Mahourat.
" MANSOURAH ou Manfourat. C'efl le nom d'une Ville du pays de Sind,
ç'eft-à-dire , de la partie de l'Indoftan , qui eft au deçà du Gange & aux envi-
rons du fleuve Indus.
On dit , qu'elle a tiré fon nom de ce que Mahmoud , fils de Scbefleghin ,
Fondateur de la Dynaftie des Gaznevides, l'ayant conquife, dit en langue Ara-
bique NofTerna, c'eft-à-dire. Dieu nous a aidé & nous a donné lavidoire; car
Manfour ou Manfor fignifie en Arabe Victorieux-
D'autres veulent qu'elle ait été bâtie par Abou-Giafar Ahnanfor , fécond Kha-
life de la race des Abbaffides, Fondateur auffi de Bagdet.
Cette ville eft cxpofée à de très -grandes chaleurs , qui font qu'il ne croît
point d'arbres dans fon terroir hors des Palmiers & des Cannes -de fucre. Il
y a une forte de dattes, en ce pays - là , qui font auffi grolfes chacune qu'une
pomme ordinaire , & qui viennent par grappes comme les autres ; mais elles
n'en ont pas la douceur, ylbdelmoal , dans le fccond Climat de fa Géograplne.
Ebn Al Ouardi appelle Ardh M Manfourat, c'eft-à-dire, le terroir de Man-
fourat, une petite Province qui eft aux confins de la Perle & des Indes deçà
le Gange, dont la Ville de Manfourah eft la Capitale. C'eft apparemment la
Ville qui eft nommée Soret dans nos Cartes Géographiques , & non pas Sourat ,
fituée dans le Royaume de Camboya, beaucoup plus connue par nos Marchands
& par nos Voyageurs.
MANSOURI, furnom de Mohammed Ben Ibrahim, qui a écrit fur Vlfa-
goge de Porphyre.
MARAB. /^o^/îz Akhteri Logat.
MARA'I , furnom d'Ebn Jofef Al Hanbali Al Mocdeffi, qui eft Auteur du
X<ivrc, intitulé Nozehat al Nadherin fiman Ouala Mefr men Al Kholafa v Al
Sulathin,
MARAIAD. M A R A S K E N D I. gGi
Salathin, c'eft-à-dire , l'Hifloirc des Khalifes & des Sultans qui ont régné en
Egypte.
Foyez auffi Bedr Althaouil.
-MARAIAD, nom d'une Ville fur le chemin de Gour à Herat. f^oyez Gour.
MARAKAH, Ville maritime du pays de Berberah , qui eft la côte de Ca-
frerie ou de Zangûebar en Afrique. Elle elt diftante du Mont ou Cap appelle
Khakouni qu'elle a à fon Septentrion , de trois journées par mer, c'ell-à-dire, de
90 milles, & de la Ville de Nagia, qu'elle a à fon Midy, d'une journée & de-
mie par mer, & de quatre* journées par terre.
MARAKASCH & Marakefch. C'eft une Ville moderne, que les EfpagnDis
appellent Marruecos, & nous communément Maroc.
Elle fut bâtie par Jofef Ben Teflefin,. Sultan des Morabethin ou Marabous,
que nous appelions auffi-bien que Iqs Efpagnols les Al Moravides , après avoir
conquis une partie de l'Efpagne.
Le Géographe Perfîen remarque dans le troifième Climat , que l'air de cette
Ville eft fi chaud & fi pernicieux aux Etrangers , qu'ils font ordinairement pris
ou furpris de la fièvre auffi-toft qu'ils y entrent.
Le tour de fes murailles eft de 7 milles & on y compte dix-fept portes. Sa
fituation eft dans la partie de l'Afrique, que les Arabes appellent Magreb Alak-
fa, c'eft-à-dire, le dernier Occident
Les Al Moravides firent de cette grande Ville la Cîipitale de leur Empire , qui
s'étendoit de de-cà & de de-là la mer , mais qui ne dura qîie l'efpace de cin-
quante-cinq ans. Car ils en furent dépouillez par les Al Molwdes , l'an de
l'Hegire 539, félon Roderic, Archevêque de Tolède.
Mais , Mon les Hiftoriens Arabes , Maroc ne fut prife & faccagée par A'bd-al
Moumen, Chef des Al Mohades , qu'en l'an 544 ou 543 de l'degire , fous le
Règne d'Ishak , qui avoit fuccedé à fon frère A'Ji , fils de Jofef. Foyez Jofef,
fils de Teflefin, & le titre de Morabethin ou Marabout.
MARAKESCHI, furnom d'Abou Ali, Auteur de l'Ouvrage, intitulé Alat
Altakouim, dans lequel il traite des inftrumens qui fervent à compofer des Ta-
bles Aftronomiques.
C'eft peut-être le même Auteur qui a compofé un Livre de Géographie, in-
titulé Al Mefalek oualmemalek, qui eft cité par Ebn Al Ouardi dans fon Livre
de Khiridat Alâgiaib. Foyez aufli le titre de Hadicat ou Hadifat.
MARAKIAH, Pays maritime, qui s'étend entre la Ville d'Efkendcriah ou
Alexandrie & Loubiah , qui eft la Lybie.
Ce Pays pourroit être pris pour la Pentapole , ou s'il eft compris dans l'E-
gypte, pour la Mareotide.
MARASCHL Foyez le titre de McfTalek alabfar.
MARASKENDI, Auteur d'un Livre intitulé O'fTouI , c'eft-à-dire, Princi-
pes & Fondemens de la Loy Mufulmanne.
Tome IL - 1î b b b MARASSA,
5<5a M A R A S S A. M A R D A U' I G E.
MAR ASS A, Ville de la Province de Vankara, dans le pays des Soudan ou
Ncf^res. Cette Ville ell fituée dans une diftancc égale de ûx journées entre
Sokmara .& Tirkhi, félon Edriflî.
MARASSED alatblaâ ala efma alamkenat v Ibekââ. Cell le nom d'urh
Diftionnaire Géographique , compolé par Safieddin A bdalmoumen ben • A'b-
deihak.
MARAT aladeb. Le Miroir des bonnes mœurs & des lettres humaines. Li-
vre compofé par Ahmed Ben A'rab fchah, Auteur du Livre intitulé A^giaïb aU
makdour fi Akhbar Timour , qui cft une Hilloire de Tamerlan , dans laquelle-
l'Auteur fait mention du Marat aladeb.
MARATE' algazalan filhaffan algolaman. Cefl le nom d'un Livre peu hon-
ncftc, duquel nous ne mettrions pas même le titre, s'il ne fe trouvoit dans la
Bibliothèque Royale, n*'. 1159- Schamseddin al Nahouaï en eft l'Auteur. 11:
eft divifé en cinq Chapitres, tirez de. divers autres Auteurs.
M ARDAS Salch,.fils de Mardas , qui fut furnommé Affad eddoulat, c'eit-
à-dire, le Lion de la Principauté..
Il étoit Kelabite d'origine , c'eil-à-dire , d'une Tribu des Arabes qui portoient
ce nom, dont il étoit le Chef. H vint en Syrie, environ l'an 415 de l'Hegire,
avec les Arabes, & s'empara de la Ville d'Alep , où commandoit pour lors un
Gouverneur de la part de Dhaher , Khalife des Fathimites en Egypte. Mais il
ne put jouïr de cette Principauté que trois ans; car il fut tué dans un combat
que luy livra Bouzekin, Général d'armée du même Khalife.
De ce Saleh, fils de Mardas, la Maifon ou la Dynartie des MardafTides , qui
ont régné dans Alep & dans une grande partie de la Syrie, a pris fon origine.
Il y en a qui donnent quatre, ans & quelques mois de règne à Saleh, qui.
fut tué Tan 420 de l'Hegire.
Ces Sultans Marduflides ou Mardafchides , comme quelques-uns les appellent,,
après avoir repris Alep fur les Khalifes d'Egypte , jouirent de cette Principau-
té environ cinquante ans. Il y en eut parmy eux de très-fçavans & très-libe-
raux envers les gens de lettres , tels que furent Mahmoud , furnommé Azz'ed-
doulat & fon fils Naffcr.
Le dernier de ces Princes fut Amin Sabek , qui commença fon règne l'an 468 , .
& qui perdit enfin Alep l'an 472 de l'Hegire.
Les Mardailîdes font, fouvent appeliez par les Hiltoriens les Kelabitcs, à cau--
fe de leur origine.
MARDAU'IGE, fils de Raïaz , fils de Mordanfchah. Il étoit Mage ou.
Zoroaftricn de Religion Ôi Dilcmite de Nation, & avoit un frère nommé Vafch-
makin.
Ils étoient tous deux fi braves qu'ils fc rendirent Maîtres, non-feulement de
la Province de Dilem , qui avoit des Rois particuliers de la race de Vafclou-
dan; mais encore de celles de Ghilan , de Thabareftan & de Mazanderan, dans
lefquelles Marddûige prit lé titre de Sultan.
MiU-d-K^ige, après avoir acquis une fi grande puiiTance , attaqua les Provinces =
d'ira.-
M A R D I N. M A R E B. ^63
dlraque & de Fars, c'eft-à-dire , de la Haute Perfe, & de la Perfe propre iTiciit
•dite , & que l'on pourroit appeller Méridionale , à l'égard de l'Iraquc Perfique
■qui eft Septentrionale.
Ce fut dans cette expédition que les enfans de Bouiah commencèrent à pa-
roître ; car ils firent de fi belles aélions pendant cette guerre , qu'ils méritè-
rent de poiTéder les premiers emplois de la Milice, & ce furcnt-là les premiers
pas qu'ils firent pour monter jufqu'à la Souveraineté , où ils parvinrent peu de
tems après.
Mardaùige cependant, qui portoit le titre de Roi de Dilem , fut tué par un
de fes efclaves, nommé Jakhem le Turc, dont il efl parlé dans le titre du Kha-
life Rhadhi.
Vafchmakin fucceda , après la mort de fon frère Mardaùige , à la Couronne
de Dilem & de prefque toute la Perfe l'an 323 de l'Hegire. Foyez le titre
'de Biiiah. «
MARDIN, Ville de Mefopotamie, fituée fur le bord du Tigre entre Mo-
ful & Bagdet. Cette Ville , qui a encore aujourd'huy fon Archevêque par-
ticulier , dépendant du "Patriarche d'Antioche de la Nation Syrienne ,
fut prife & faccagée par Tamerlan , l'an 796 de l'Hegire. Mais fon Château,
qui eft très - fort , après avoir foûtenu un très - long fiége , obligea Tamerlan à
le lever.
Ce Conquérant s'en rendit pourtant enfuite le Maître , & fit prifonnier le
Sultan Al Malek Al Dhaher , qui y commandoit , auquel cependant il donna
quelque tems après la liberté, félon le rapport d't''bn /\rabfchali.
Cette Ville a donné plufieurs Auteurs au Mufulmanifrae , qui ont tous por-
té, à caufe de leur naillance, le furnom de Mardini.
MARDI NI, furnom d'Ali Ben Othman Ebn Al Turkmani , qui eft Au-
teur du Livre intitulé Bahagiar alarib, c'eft-à-dire, l'éciaircifTement des dou-
tes , particulièrement fur la Religion Mufulmane. Il mourut l'an 750 de Triegire.
Abou A'bdallah Schamfeddin Mohammed eft appelle communément Sabth Al
Mardini. II a compofé plufieurs Ouvrages & plufieurs Commentaires fur la
Loi. Son Commentaire fur la Ivjokkademat filferaïd, fe trouve dans la Biblio-
thèque Royale, n^. 718, & un autre fur les Fofïbul almehemmat d'Ebn Al
Haim,-n'. 711. Cet Auteur mourut l'an 880 de l'Hegire.
Il y a encore un autre Mardini, mort l'an 788, duquel on a le livre intitulé
Akhbar alâïan, qui font des Vies des Hommes Illuftres.
Sabth Al Mardini a fait auffi un petit Traité ou Reflalet , intitulé Efcharat
fi êlm v àml almukantarat. C'eft un Traité dé l'Aftrolabe.
MARDOUIAT. Ebn Mardouiat, Auteur d'une Hiftoire de la Ville d'Ifpa-
han, appellée ordinairement Tarikh Ebn Mardouiat.
MAREB, Ville de la Province de l'Iemen ou Arabie Heureufe , apparte-
nante à la petite Province appellée Hadhramûth , qui eft VAdramytena de Pto-
lemée.
Plufieurs Géographes croyent, que cette Ville eft l'ancienne Saba , où regnoit
Balkis, que nous appelions la Reine de Saba , & que cette Ville ayant été détruite,
Mareb fut bâtie fur fes ruines ou dans fon Voifinagc. Voyez Saba.
Bb bb 2 MA'REF,
5^4 M A' RE F. — M A R G H ï N A' N I.
MA'REF. Ouvrage Grammatical de la Langue Aribiquc d'Esfahani , corn-»
nienté par Maulana Mailbud. Il fe trouve dans la Bibliothèque Royale , n". 901.
MA" RE FAT Al Sahabah. Traité d'Ebn Hagiar ou Catalogue des Compa-
gnons de Mahomet, qui font morts en Egypte.
M A' RE FAT Al Corrâ âlal Thabacat v alalTar. Catalogue des Lefteurs de
l'Alcoran, diflribuez par Clafles & félon le tems qu'ils ont vécu , compofé par
Schams eddin Abou A'bdallah Addhahebi. . Il eft.dans la. Bibliothèque Royale. .
Voyez Thabakat AI Corrâ. .
MA'RKFAT Al Taouarikh ou Mârifet al Tevarikh. Livre des diverfes Epo-
ques & autres Caraftères Chronologiques , écrit en Langue Perfienne par le
Sultan Vlug 13eg. »
MARESSL Surnom d'Aboul Abbas, Difciple & SuccelTeur de Schadhelr.
MA RESTA NI. Surnom d'Un Cadis, Auteur d'un de ces. Ouvrages qui font
nommez Amaii. Voyez ce titre. Ls mot de Mareflani , en langue Teriienne.,
fi<ïnifie proprement un Hofpitalier ou Intendant d'Hofpital. .
MARG. Ce mot, dont le plurier efl Moroug , fignifie en Arabe une prai-
rie, & s'appliquent l'un & l'autre .métaphoriquement à plufieurs Ouvrages , dont
il fait le titre. Voyez Moroug.
MARG alnadher v Argal âther. Livre qui traite des plaifîrs fenfuels da
l'Amour, du Vin, de la iViufique, des Chanfons, des Bains, &c. L'Auteur de
cet. Ouvrage eft Je Scherif Ai Soioathi , lequel traite ces matières pour démê-
ler ce qui efl permis ou , défendu de ces chofes par la. Loy Maliometane. Il-
efl .dans la , Bibliothèque. Royale,, n^. 67 &, 1066.
MARG Dabek, Ville de Syrie, où Soliman , fils d'A'bdehnelek , vint cam-
pjer pour s'oppofer à l'armée , des Grecs.
MARG Rahet. Lieu particulier de la Syrie afTez près [du Monaftère de,
faint-Simeon.. Ce mot fignifie en Arabe Prairie délicieufe..
M ARGHINAN, Ville de la Province Tranfoxane, qui a été autrefois la
Capitale d'un grand Pays, où Ilek Khan a régné. Elle efl aujourd'huy des dé-,
pendances de la Ville de Farganah.
MARGHINANI, natif de la Ville de. Marghinan. C'efl le furnom da
Borhaneddin Ali , fils d'Aboubekr , grand Jurifconfulte des Mufulmans , qui mou-
rut l'an 591 de l'Hegire. .
II. efl Auteur d'un Livre fort celè'ore, intitulé Hedaiat fil forôu, c'eft-à-dire ,•
Inflruftion fur le Droit Civi! & Canonique des Mufulmans, qui a été commen-
té par plufieurs Auteurs. Cet Ouvrage efl dans la Bibliothèque Royale, n°. 634..
Mais fort imparfait.
Le même Auteur campofa aufli, en faveur de fes Neveux, un a»tre Livre,'
inti- -
MARGIAN M A R lA H. s^s
intitula Mokhtar alfataoui , qui eft un Recueil de Décifions Juridiques, qui fe
trouve aulTi dans la bibliothèque Royale N 638.
Ily a auflî un autre Ouvrage, intitulé Bedaiat almobtadi, c'eft-à-dire , In-
ftruftion pour ceux qui commencent leurs études, attribué à Abou HalTan Al
Marghinani, qui mourut l'an 593.
Nous avons auflî un Livre, intitulé Akdhiat Al Réflbul > c'efl-à-dire , Chofes
décidées par Mahomet, dont l'Auteur efl Ali bcn A'bderrazzak Al Marghinani.
Tous ces Ouvrages paroilîent être du même Auteur qui eft cotté en pre-
mier lieu.
MARGIAN. Ce mot fignifie en Arabe, du Corail.
C'eft auffi le nom d'un Peuple, & d'une Province Septentrionale, dont la
Capitale porte le nom d'Urgian & Burfchan. Al Bergcndi dit dans fa Géogra-
phie qu'il ne refte aucun veftige de cette Nation. Cependant, il femble que
ce foientles mêmes que Burgian & Burzugian qui font les Burgufiones & Dur-
gundîoneSf que nous appelions aujourd'huy Bourguignons, peuple. qui vient ori-
ginairement du Septentrion ou du Nort. f^oyez Iki Kardafch.
MARGIAN. Abou Margian Mohammed Ebn HarbAl Halabi, natif d'Ha-
lep , eft l'Auteur d'une efpece de Poëme nommé par les Arabes Arzougiat-,
qu'il a ■ corapofé , fi mekhareg alhorouf , c'eft-à-dirc, fur les Myflères & Secrets^
cachez fous les Lettres Arabiques. Cet Auteur mourut l'an 581. de l'Hegire,
MARL Surnom de Zhohak, Roy de Perfe dé la première Dynaflie. Ce
Prince fut ainfr furnommé à caûfe de deux ulcères qu'il avoit aux épaules que
l'on croyoit/être deux Serpens, parce qu'il faJloit "leur appliquer tous les jours
de la. chair humaine qu'ils confumoient.
Zhohak efl' auffi furnommé Egdcha , pour le mêm.e fujet ; pgrce que ces deux^
mots, Mar & Egdeha, fignifient en Perfien un Serpent ou un Dragon, & la
maladie de Zhohak étoient deux Cancers qui le devoroient.
MARI, ou Meri ou Mon". Surnom de Schems eddin fils d'Abderrahïm, Au-
teur d'un Livre, intitulé Alafchkâl alfchabehat , qui eft un Traité des figures-,'
images & peintures.
Le même nom eft celuy auffi d'un Saléh ou Saint Mufulman, dont Jafèi a
donné la Vie dans la feélion 160 de fon Hiftoire. L'on trouve fon nom écrit
fouvent Mra-ri & Morri., '
MARI. Ebn Mari. Surnom d'Iahia Ebn Sâïd, Médecin Chrétien, Auteur
de foixante Mekalat ou Difcours fur diverfes matières de fciences. 11 vivoit
fous le Khalifat de Nailcr l'Abbaffide.
MARI A H. Nom d'un- Auteur Ancien que Giàouberî. cite dans fa Préface.
Voyez Giaouberi.
MARI A H. PrincefTe des Arabes de La Dynaftie des Hemiarites, laquelle
mourut de faim au milieu de plufieurs joj'aux d'un prix ineftimable, au prix'
defquels elle ne put avoir de quoy ie nourrir, tant étoit exccffive la famine dont
fon Etat étoit affligé. Les pendans d'oreille de cette Princclle paflent en Pro-
verbe parmy les Arabes pour des porl'^= d'un très -grand prix.
Bbbb 3 II
Sè6 MARIS MARMARA.
Il faut voir ce qui regarde la glorieufe Marie , Mère de J.C.dans le titre deMirîam.
MARIS. Bourgade d'Egypte de laquelle le Doôleur Mariffi tiroit fon furnom,
■ MA RIS SI. Ceft le furnom de Bafchar Ben A'ïâth Ben A'bdarrahman , qui
pafle parmy les Mufulmans pour un infigne Dofteur dans leur Loi & pour grand
Philofophe^ Il fut Difciple d'Abou Jofef qui le chalTa honteufement de fon
Ecole. Mariflî cependant ne lailfa pas d'y retourner dès le lendemain , & dit
qu'il avoit receu cet affront comme une très - grande faveur de la part dé fon
Maître.
Ce Doreur introduifit plufieurs nouveautez dans le Mufulmanifme & permit
entre autres chofes de manger de la chair d'Afiion, en quoy il fut fuivi par
Ifmael Al Bokhari, autre fameux Dofteur qui fut fon Difciple.
On met ce Do6leur au nombre des Motazales les plus feveres, c'cffc-à-dire de
ceux qui donnoient plus à la Liberté qu'à la Grâce. Aufïï paffe-t-il pour avoir
innové beauc.oup de chofes dans la Théologie Scholaflique ou Metaphyfique
des Mufulmans.
- MARKATHA. Ville d'Ethiopie fort petite; mais bien peuplée, fituce fur
un ^rand fleuve , lequel ayant fa fource au Midy , prend fon cours entre le'
Septentrion & le Couchant, & vient .fe décharger dans le Nil auprès de la
Ville d'Uak.
Elle effc éloignée de fix journées de la Ville de Nagiaga au de -là de laquelle
il n'y a plus aucune habitation vers le Midi. •
Ses Habitans ne vivent que d'orge, de poiffons , & de laitages, & n'ont
point d'autre Commerce qu'avec la Ville d'Ilak en Nubie qui en eil cependant
éloignée de trente journées. Car c'eft-Ià que les Marchands de la Ville de
Zaleg , fituée fur la mer Rouge , apportent leurs marchandifes.
MARKION. C'eft le nom d'un Hérétique qui nous efl aiïez connu. Il
vivoit dans les premiers temps de TEglife, & fe qualifioit le Prince des Apô-
tres de J. C.
Cet Impie, au rapport de Ben Batrik, admettoit trois Dieux; le Bon, le
Mauvais, & un troiîièrae qui participoit de la nature des deux premiers.
- MARKOUS. Saint Marc que les Mahometanâ même reconnoiffent pour'un
des quatre Evangeliiles , qui n'a point vcu J. C. & qui fut fait Chrétien par
Saint Pierre l'Apollrc. Foycz le titre d'Eiigil qui efl Evangile.
MARMARA. Les Turcs appellent la Propontide, Marmara dcgnizi, c'efl-
•à-dire, la mer de Marmara; mais plus communément, Ak Degniz , qui lignifie
Mer Blanche, nom qu'ils ont pris du Grec vulgaire, Afprothalaffa , pour la di-
flinguer de la Mer Noire, qui efl au de -là du Bofphore de Thrace, & que les
mêmes Grecs appellent, Mavrothalalîli.
Nos Géographes Modernes veulent qu'elle tire ce nom de Marmara ou Mer-
racra, du marbre qui fe tire des Ifîes de cette mer, & que les Turcs appellent
en leur langue , Mermer. Il faut pourtant remarquer que le mot d'Akdcgni/.
n'ell pas tellement propre à la Propontide, qu'il ne fe communique encore à
l'Archipel Foy(;z Mermer.
MARMARI.
M A R M A R I M A R O U N. gej
M ARM A RI, Surnom de Schamfeddin Mohammed qui eft Auteur d'an Ar-
zougiat, c'efl-à-dire d'un Potme fur la Zaïragie. Il eft dans la Bibl, Royale
nuili. 1015.
MARNABA. C'eft le nom d'uiîe des Villes de Tlfle de Serandid ou
Zeilan.
MAROUBA. Autre Ville delà même Ifle.
MAROUN. Nom d'un Moine, ou Abbé, lequel vivoit du temps de l'Em-
pereur Maurice, & qui foûtint qu'il y avoit véritablement deux natures en Je-
llis - Chrift , contre le fentiment d'Eutyches & de fcs Sénateurs ; mais qu'il n'y
avoit qu'une feule volonté & une feule opération, de même qu'il n'y avoit
qu'une feule pcrfonne.
Ce Moine eut plufieurs Sénateurs qui fe répandirent en Syrie dans les Villes
de Hamah , de Kennaflerin & d'AoualTem , & prirent le nom de Marounioun ,
que les Arabes appellent auffi- Maouarna , & c'eft de ces gens - là que la Sedle
des Monothelites prit le nom de Marouniah.
Après que Maroun fut mort, fes Dilciples luy bâtirent un Monaftere & une
Eglife dans la Ville de Hamah, & ce lieu a été toujours appelle depuis, Dcïr
Maroun. Ce fut dans ce Monaftere que l'Empereur Heraclius fe retira lorfque
les Habitans de Heras , ou d'Emelfc , lui refuferent l'entrée de leur Ville à caufe
qu'il étoit Maronite, c'cft-à-dire, Monothclite. Heraclius fit de grands prefens
à ce Monaftere, & donna une fi haute proteftion aux Maronites, que leur SqQ-q
fe. multiplia beaucoup pendant fon règne.
Cyrus, Patriarche d'Alexandrie, ayant embrafle l'opinion des Maronites, So-
phronius, Moine d'Alexandrie, s'oppofa à luy; mais Cyrus luy répliqua qu'Ho-
norius Patriarche de Rome, & Sergius Patriarche de Conftantinople, étoient de
fon fentiment, & qVil fuffifoit d'admettre deux Natures en Jefus- Chrift, fans
qu'il fut befoin de contefter s'il y avoit ime ou deux Volontez dans fa perfonne
facrée. Ce fut ainfl que le fentiment de l'Eglife demeura fufpendu & indécis
pendant l'eipace de quarante fix ans.
Cependant Sophronius, qui s'étoit oppofé ;'i Cyrus, ayant été élevé à la dignité
Patriarchale de Jerufalem , avança un autre fentiment bien particulier; car il
foûtint qu'il ne falloit pas dire une Nature double en Jefus -Chrift, parce que
ce qui eft double regarde la perfonne.
Théophile d'Edeflc, grand Aftronome qui vivoit dans ces temps -là, embraffk
la Se£le des Maronites qui fleurilibit alors.
Les Maronites ou Monothelites ayant efté enfin condamnez dans le fixième
Concile Oecuménique, tenu à Conftantinople fous l'Empereur Conftajitin Pogo-
nate, l'an 681 de J. C. ils furent chaifez de la plupart des Villes de Syrie &
obligez de fe retirer dans les Moncagnes du Liban & de TAntiliban, &* ils ont
formé comme une Nation particulière. Ce font ceux que nous appelions au-
jourd'huy AJaronites, & qui font maintenant fort Catholiques & reconnoifl'ent
même le Souverain Pontife.
Cette Nation divint fort belliqucufe, de forte que Selim fécond, Sultan des
Othmanides, entreprit fort inutilement de les forcer dans leurs Montagnes,
l'an 981. Mais ils furent enfin fubjuguez fous Amurat troifième du Nom par
Ibrahim, Bafcha du Caire, l'un 95(2.
MAROUN»
M A R O UN M A.R V A N.
MAROUN. Nom d'un Emir ou Seigneur principal de la Ville d'Antioch©
lequel vifita folemnellemcnt la lainte Croix qui étoit en Hierufalem , avec fa fem-
me Marie & fes enfans. Saint Ephrem a fait un Difcours exprés fur les mira-
cles qui fe firent alors par la prefence de la fainte Croix, t^oyez le titre > de
Salib.
MA'RRAH. Petite Ville du territoire de Hems, ou Emefle en Syrie,. liui
s'eft rendue célèbre par la naiffance qu'elle a donnée au fameux Poëte nommé
Abou i'Ola, lequel eft furnommé Al Tenoukhi Al Mâarri, à caufe qu'il étoit
originaire de la Tribu Arabique, appellée Tenoukh,& natif de la Ville de Mâr-
rah. f^oyez le Monaftere de faint Simeon.
MARRI, natif de la Ville de Mâra, furnom d'Abou l'Ola. .Foysz le nom
de cette Ville.
'MARS. Beït Mars. Ancien Temple d'Idolâtres, rempli d'un grand nombre
de Pagodes ou Idoles, dans le voifinage de la Ville d'Ifpahan. Ce lieu fut con-
verti en Pyrée , c'eft-à-dire, en un de ces Temples, où les Ignicoles, à fçavoir,
les Adorateurs du feu, confervoient religieufement & reveroient leur feu
facré.
MARS. Ce mot rignffîe en Arabe un Port. Mars alkebir, le grand Port,
JNom d'un Château fitué fur la côte de la Barbarie entre la Ville d'Alger & le
Détroit. Il eft bâti fur une roche ifolée, vis-à-vis de la Ville de Vêlez.
C'étoit autrefois une fameufe retraite de Corfaires. Garcia de Tolède, Capi-
taine Efpagnol, la prit l'an 970 de l'Hegire qui eft l'an 1562. de J. C. Les Éf-
pagnols appellentce, lieu -là vulgairement Marzalquivir, & la Ville de Veléz,
£1 Penon.
MARSCHAB. Livre de Médecine attribué à Tamimî. Ebn Beithar le
cite dans fon Livre, intitulé Mogni au titre de l'efpecc de Myrte, nommé As
alkofrouani.
M ART A K END. Nom d'un Perfonnage Perïlen duquel il eft fait mention
dans le Tahmuras Namch. Il n'y a presque point de doute que le nom Hé-
breu Mordekhaï n'ait été formé ou corrompu par les Juifs de ce nom Perfien.
C'eft Mardochée , oncle & père nourrilîicr de la Reine Efther, dont le nom pa-
reillement eft Perfien. P'oyez le titre de cette Reine.
MARUTHA. Ceft le nom d'un Evêque de Miafarekin en Syrie, fort renom-
• mé pour fa fainteté. Il fut envoyé par l'Empereur Theodofe le jeune en Am-
baflade à Jezdegird, Roi de Perfe, & il prit occafion de cette Ambaflade pour
prêcher la Foi Chrétienne dans les Etats de ce Prince, où elle fit grand
Progrès.
MARVAN, premier du nom. Il étoit fils de Hakem, & fut le quatrièmte
.Khalife deff Mufulmans de la Maifon d'Ommiah , & fucceda à Moavie, fé-
cond .çlu uom.
D
M A R V A N I I. 569
Tl ne fut pas reconnu d'abord dms l'Arabie ni dans J'Egypte, parce qu'Ab-
dallah fils de Zobeïr y avoit été proclamé Khalife. Mas après qu'il eut défait
Zhohak, General d'Abdallah, qui s'étoit avancé jufqu'en Syrie, il fut reconnu gé-
néralement par toutes les Provinces du Mufulmaniime.
Après la défaite de l'armée d'Abdallah fils de Zobijïr, Marvan eut encore à
faire avec plufieurs Chefs de la Secle d'Ali qui demandoicnt fans ceff^ la van-
geance de la mort de Hoilaïn fils d'Ali, comme nous avons déjà veu dans le
titre de cet Iraara. Ces Alides étoient fuivis aveuglement par les peuples de
riraque Arabique ou Chaldée , & les 'Villes de Coufah & de Baffbra les pro-
tegeoient. Cependant le Khalife Marvan reduifit tous ces mutins par la force
de fes armes & lalifa après fa mort fon fils Abdalraelek en pleine poflTeffion du
Khalifat.
Il faut remarquer, qu'après la mort de Moavie, Marvan avoit été élu Kha-
life avec cette condition que Khaled fils d'Iezid luy fuccederoic à re.xclufion de
fes propres enfims & que Khaled avoit refufé le Khalifat à caufe de fa trop
grande jeunefle. C'eft pourquoy Marvan, pour mieux affurer fa fucceffion à
Khaled, époufa fa mère qui étoit veuve du Khalife jczid.
Cependant Marvan ayant depuis changé d'avis voulut que fa fucceffion pas-
faft à fes propres enfans , à l'xclufion de Khaled. Pour cet effet , il fit pro-
clamer A'bdelmelek fon fils aifné pour fon fucccfleur légitime & necefiaire.
Khaled fe plaignit hautement de cette injuftice de Marvan &celuy-cy trans-
porté de colère, l'injuria en l'appellant Baftard; ce que Khaled ayant rapporté
a fa mère qui étoit femme de Marvan, cette Dame piquée jufqu'au vif d'une
telle injure, refolut de fe vanger & de procurer à Khaled fon fils, tous les
avantages qiîè luy donnoit le droit qu'il avoit au Khalifat.
Quelques-uns difent qu'elle avança par le poifon la mort de fon mari; & les
autres , qu'elle mit un oreiller de plumes fur fa bouche pendant qu'il dormoit , &
qu'elle fe tint affife fur luy jufqu'à ce qu'il fut expiré.
Ce Khalife mourut l'an 65 de l'Hegire , avrès avoir feulement régné dix mois
& laifia A'bdalmelek fon iils pour fuccelîeur. Khondanir. Ben Scholinah.
MARVAN II. du nom. C'eft le quatorzième & le dernier Khalife de la
race des Ommiades. Il étoit fils de Mohammed &; petit -fils de Marvan, pre-
mier du nom & fut éleu & proclamé Khalife fur la fin de l'année 127 dans la
Ville de Damas.
Dès l'an 128 qui fut le fécond de fon règne, les Provinces du Mufiilminif-
me commencèrent à fe foûlever en faveur des Abbaffides ; car Ibrahim , His de
Mohammed fils d'Ali & petit-fils d'Mbas, étoit déjà reconnu fecretement pour
être par droit de fucceffion légitime, le véritable Khalife.
L'an 129 Ibrahim, dont nous venons de parler, qui portoit le titre dlmam,
fut reconnu publiquement dans le Khoraflan , Abou meflem qui étoit un des
principaux Fauteurs & Partifans des Abbaffides, ayant obligé par la force de fes
armes tous les Gouverneui-s de cette grande Province qui y avoient été établis
par Marvan, de prêter le ferment de fidélité à cet Imam.
^ Cependant, l'année fuivante, qui fut l'an 130 de l'Hegire, Marvan fit enlever
l'Imam Ibrahim qui faifoit fa demeure à Hunaïn dans l'Iraque Arabique, & le
fit mourir auffi-toft qu'il l'eut entre les mains, & il eut fait la même chofc k
fes frères, s'ils ne fe fuflent échapez & fauvez à Coufah où leurs amys les
ToiME II, Ce ce tinrent
^fcf M A R VAN II.
tinrent cachez pendant quelque temps. Ces frères étoient Aboi'i l'Abbas & Aboii
Giafar qui furent dans la fuite les deux premiers Khalifes de leur Maifon.
Marvan eft communément furnommé Al Hemar, c'eft-à-dire l'Afne , à caufe
qu'il avoit été long-temps Gouverneur de la Mefopotamie , où les Afnes font
fort robulles & courageux, en telk forte qu'on s'en fert même à la guerre, &
qu'ils ont donné lieu au Proverbe Arabe qui dit: Hemar Elharb làïehreb, c'eft
à- dire, l'Afne de guerre ne fuit point.
Mais Kbondemir dit que le fobriquet de Hemar fut donné à Marvan à caufe
que depuis Moavie, fils d'Abou Sorian premier Khalife des Omraiades, jufqu'à
Marvan qui en fut le dernier, il s'écouloit jullement un fiecle que les Arabes
appellent en leur langue, Hemar.
La première raifon de ce fobriquet néanmoins eft la plus vray-femblable; car
il eit certain que C3 Khalife eft fouvent qualifié par les Hiftoriens Arabes du^
titre de Hemar Algezirat, ce qui fignide, l'Afne de la Mefopotamie.
L'an 132 de l'Hjgire, A'bd.iUah oncle d'Abou l'Abbas Saffah, d'Abou Giafar
Al Manfôr & de l'imim Ibrahim que Marvan avoit fait mourir , s'avança avec
une puiifante armée vers celle de Marvan qui étoit auprès deMoful, campé en
un lieu nommé Tùbar, où il attendoit le fuccés de fon armée de Syrie que Cahta-
bah , un des Généraux des Abbalïïdes , avoit attaquée auprès de l'Euphrate.
Cihtabah, un des plus vaillans hommes de fon fîécle , avoit déjà engagé le
combat , lorique fon cheval le porta dans l'Euphrate qui étoit alors débordé.
Ce General fut emporté par le courant des eaux & y périt , nonobftant quoi
fes trouoes ne laiiierent pas de combattre & de vaincre Jezid Capitaine Gene-
ral de Marvan.
Marvan ayant appris cette méchante nouvelle déplora fon malheur fur ce qu'il'
avoit été vaincu par un homme noyé , & ne perdant pas néanmoins courage ,
refolut de donner bataille à A'bdallah, dont l'armée étoit déjà afiez proche de
la fiennc.
Les deux armées étoient déjà en prefence, lorfque Marvan étant «à la tefte de
la fiennc & reconnoiiîanC celle de fes ennemis pour commencer le combat, fut
obligé de defccndre de cheval pour épancher de l'eau. Il arriva par un fécond
malheur beaucoup plus grand que le premier, qu'aufli-tôt qu'il eut mis pied à
terre, fon cheval prit le frein aux dents &, retourna courant d'une grande vitelTe
jufqu'au milieu de fes troupes.
Les troupes de Marvan effrayées de voir le cheval du Khalife unis fon mai-
ilre , crurent qu'il avoit écé tué dans la première efcarmouche , & fans prendre
aucune autre connoillance de ce qu'il étoit devenu, elles fe débandèrent & fe
mirent en pleine déroute.
Marvan fit tous les efforts pour les rallier & les rappcller au combat; mais
ce fut toujours inudlemsnt, de forte qu'il ne trouva point d'autre remède à fa-
difgrace, que de fuir vers. Damas qui étoit la Capitale de fon Empire.
11 ne fe trouva pas plus en fureté dans cette Ville dont les Habitans qui le
voyoient defirmé, le mépriferent & l'abandonnèrent, & cette défertion l'obligea
de le fauver en Egypte où il fut enfin tué dans un combat qu'il donna contre
fes ennemis qui le pourfui voient, & fa tèce fut envoyée à A'bdallah.
La datte de cette Catafirophe de la fortune des Ommiades fut marquée pai*
le mot i\rabe Kalb , doat les trois, lettres K'àf, Lam 6c. Ueh valent 132 , qui
- eft.
M A R V A N. *== M A R Z O U K.;;; 571
«ft le nombre de l'année de l'Hegire, dans laquelle Marvan, fut tué & le Kha-
îifat des Ommiades aboli.
Les Arabes difent encore au fujet de la chute de cette Dynaftie des Ommia-
des , que la Fortune de cette Maifon s'en ell allée , Tcbaoulan , c'efl-à-dire en
épanchant de l'eau, à caufe de l'accident qui arriva à Marvan.
Les Chrétiens Arabes rapportent, que Marvan étant en Egypte entreprit de
violer une Religieufe Chrétienne. Cette fainte Fille , pour fe défendre de cette
violence, dit à Marvan, que s'il vouloir bien lui conferver fa pudeur, elle lui
donneroit un fecret qui lui feroit de grand ufage; ce fecret étoit un onguent
lequel rendoit la partie du corps qui en étoit frottée, invulnérable, & qu'elle
en feroit l'épreuve fur elle même. Marvan lui ayant donc frotté le col de cet
onguent qu'elle lui donna, il lui déchargea enfuite un coup de fabre , & fit
fans y penfer , en lui coupant la tête , une Martyre de la Chalteté.
Ce Khalife étoit fort brave de fa perfonne , avoit le cœur fort magnanime
& paffoit pour très-grand mangeur. Il régna cinq ans ou environ , & les Ab-
baflides firent mourir après fa mort tous ceux de fa Maifon qu'ils purent avoir
entre les mains. Il y en eut un cependant , lequel s'étant fauve en Egypte ,
de-là en Afrique , & paiïant en Efpagne , y fonda une féconde Dynàftie des
Ommiades, qui prirent auffi en ce pays-là le titre de Khalifes, i^oyez le titre
d'Ommiah oh. il ell parlé des enfans de Marvan , & celui du Khalife Hefcham ,
Tous lequel Marvan conquit le pays de Derbend.
MARVAN. A'bdalmelek, dit Abou Marvan, qui mourut l'an 473 de l'He-
gire, eft l'Auteur d'une Hifloire, appellée communément Tarikh Ebn Marvan.
MARVIN. Ville qui a donné le nom à une des Provinces des Indes qui
fut conquife par Mahmoud fils de Sebekteghin. ^oyez le titre de ce Sultan.
MARZ. C'ell le nom d'un Capitaine General des armées de Noufchirvan,
lequel fut envoyé en Arabie dont Noufchirvan , qui eft Khofroés fils de Co-
bad, étoit le Maiftre, pour faire la guerre à Mafrouk, fils d'Abrahah Roy des
Abiiïîns qui polFedoient alors la Province d'Icmen.
Ce General s'accompagna de Seïf Ben Dhoun Izen,Roy des Hemiarites, qui
étoit Vaffal du Roy de Perfe , & ayant embarqué feulement fix cent hommes
des plus braves d'entre fes troupes , vint attaquer Mafrouk qu'il tua d'abord
d'un coup de flèche qu'il tira à un rubis que Mafrouk portoit fur fa Tiare ou
Couronne. Ben Khondfchah raconte ceci dans la vie de Mahomet.
MARZ. Ce mot qui fignifie en Perfien, Confins & Limites, fe prend fou-
vent dans la même langue aulfi-bien que Marzeban , pour un Gouverneur de
Province limitrophe d'un Royaume.
Les Arabes fe fervent de ce même mot Marzeban , pour fignifier la même
chofe , & en forment un plurier , qui eft Marazebah. Quelques-uns croyent
que le mot de Satrape que les Grecs & Latins donnent aux grands Seigneurs de
Perfe, eft tiré & corrompu de ce mot Perfien & Arabe,
MARZOUK. Surnom de Mohammed Ben Alimed Al Telmefiiini Al Ma-
leki. C'eft l'Auteur du Livre, intitulé Afchraf Al Thoraf l'Ai Maick Al-Afchraf.
C c c c 2 Cet
^^2 M A R Z O U K 1. M A S C H E: H A D.
Cet Ouvrage eft un Recueil de bons mots & de contes agréables, dedic à Ma-
lek Al Afchraf, Roy d'Egypte. Il mourut l'an 781 de l'Hegire..
MARZOUKI. Surnom d'Abou Ali Mohammed Ben HofTaïn furnommé
auflî Al Ksfiihani. C'cH: le nom d'un Do6leur qui fut difciple d'Ali Al Fadi
& contemporain dAboul Fadhl Ben Al A'mid., C'eft lui qui a compofé un
Commentaire célèbre Par un Livre encore plus célèbre , intitulé Alhamairah..
i'oyez co titre. Nous avons encore de luy un Ouvrage, intitulé Alfaffih, qui;
cft une Philolbphie Morale. Il mourut l'an 370 de l'Hegire.
MAS. Voyez Aimas & Elmas qui fignifient,. Diamant. .
MASCIIAIOUN. Les Arabes appellent, ainfi les Philofôphes Peripateti-
ciens defquels ils font Platon, & non pas Ariftote, le Chef, en quoy il paroît
évidemment qu'ils le trompent , puifqu'ils reconnoiflent Platon poui- Auteur de
la Sede des Philofôphes qu'ils appellent Elahioun ou Divins.
' U efi vray cependant qu'ils reconnoiflent Arillote pour être de cette même-
Sefte, à caufe qu'il admet un premier Moteur ; de forte qu'il fcmble que les
Mafchaïoun ou Peripateticiens ne foient qu'une fubdivifion des Elahioun , ou
Divins.
M A S C H A H A L L A H. C'efl: le nom ou furhom d\in Auteur qui efl: auflî
qualifié Al Mefri, qui fignifie, l'Egyptien. Il a compofé un Ouvrage dont le
titre eft, Ahkam alkcranat v almomazegiat, c'efl-à-dire , des Jugemens Aftrolo-
criques qui fe forment fur les principales conjon6lions des Planètes.
"^ Ce nom de Mafchah allah fe 'forme de trois mots Arabiques- qui- fignifient:
Ce que Dieu, veut; nom qui étoit.fort en ufage en Afrique, comme il paroît
par les Ouvrages de faint Auguftin qui addreflTe une de ^qs Epîtres à un Evêque
nommé , Quod vult Dcus.
C'eft aulTi le nom d'un Juif qui étoit grand Aftronome & qui vivoit fous les
Khalifes Al Manfor & Al Mamon. H eft peut-être l'Auteur du Livre, Ahkam
aikeranat, dont on vient déparier,
MASCHAREK. alhadith alnobouiah. Livre des Traditions Prophétiques,
c'eft-à-dire , receu par les Mufulmans comme étant émanées de Mahomet leur
faux Prophète. Saghanani en eft l'Auteur. U.eft. dans la Bibliothèque Roya=-
le , n°. 674.
MASCHAREK alanouar. Voyez Sebti..
M AS CH EH AD ou Mefchehed. Ce mot qui fignifie proprement en Arabe, .
un Lieu où eft enterré un Martyr, comme autrefois le nom de hAtz^mptrov en
Grec, eft attribué, par les Mufuimans , aux fepulcres des Imams lefquels ont
été tous pour la plufpart , ou tuez ou empoifonnez.
La 'Ville de TJious en KhoralTan a perdu, pour ainfi dire, fdn propre nom
pour prendre celui de Mafchehad, à caufe que l'Imam Ridha, fils de MoulTa
Al Khiadhcm , eft enterré dans un lieu qui eft fort proche de cette Ville ,^ où ■
il y a un concours extraordinaire de Pèlerins qui s'y rendent de tous les cotez
de la Perfe, Voyez ks titres de ïhous , de Mamon, de l'Imam Ridha &.du
Sultaa ,
M A s C H E H A D. ■ M A S N A D. 573
Sultan Babur, lequel étant venu en ce lieu qu'il eftimoiC faint, pour faire péni-
tence , y fit enfuite une débauche doi:t il mourut.
Les Voyageurs & la piufpart de nos Géographes Modernes écrivent Mexad,
& Mexat, au lieu de Mcfchchod , nom qui a pris fon origine de la prononcia-
tion Portugal le.
MASCHEHAD Al Imam. Le Sépulcre de Tlmara. Nom d'un lieu
Je la Chaldée ou Iraque Babylonienne, fitué à trois journées de Bagdad du côté
du Midy dans la campagne de Kerbela. C'eft le lieu de la fepulture de Hofîliin,
fils d'Ali , fi fort refpe>5lé par les Perfans. l^oytz les titres de Ragiaf & de
Kûnbud Faïz.
Il y a aufïï auprès de la Ville de Coufah dans la mîmc Province, nommée
Iraque Arabique ou Babylonienne, uîi lieu, nomme MafchelKid AH, où Ali fut
enterré fecretement & tenu caché pendant le règne des Khalifes Ommiades.
t^oyez Ali.
M ASÇHIZAiyEH. Foyez le titre du- Livre qui porte le nom d'Abkhar
alafkhar.
MASCOUIAH. Abou Ali Ebn Mafcouiah. Il fut furnommé AlKhazen,
.à caufe qu'il étoit Thrélbrier d'AdhadedJdIat, Sultan de la Dynaftie des Boui-
des , & a compofé plufieurs Ouvrages dont le principal eft : Adab Al A'rab v
Al Fars, c'eft-à-dire , des Mœurs ocs Arabes & Perfiens..
M A SGI AD. Lieu defliné au culte & au fervice dé Dieu, comme qui di-
roit une Adoratoire ou Oratoire. Les Perfans & les Turcs prononcent ordinai-
rement ce mot Mefged & Mefgid , d'où les Italiens ayant fait le nom de Mef-
quita, nous en avons enfuite dérivé celui de Moiquée , dont nous nous fer-
vons pour fïgnifier un Temple des Mahonietans.
Les Mufuimans appellent viafgiad Giamê, une Mofquée d'AlTemblée, la Mof
quée Principale d'une Ville conliderable & qui eft parmi eux , ce qu ; nous au-
tres Chrétiens appelions, Eglife Cathédrale ;, ou la grande Eglife.
Mafgiad Alharam, la Mofquée facrée. C'eft ainfi que les Mufuimans appel-
lent par excellence le Temple de la Mecque, auquel ils donnent auffi le titi-e de
Kâba ou Maifon quarrée & de Beït allah, la Maifon de Dieu, pour la diftinguer
de Jerufalem qu'ils appellent, Beït Al Mocaddes, c'eft-à-dire , la Maifon fainte.
Mafgiad Al Nabi. La Mofquée du Prophète. C'eft la première Mofquée
que Mahomet fonda à Medîne, dans laquelle il eft enterré. Cette môme Mof-
quée eft appellée auffi Al Cobah , c'eft-à-dire , la Voûte ou le Dôme , & Raoud-
hat Scherif, la Prairie ou le jardin noble & illuftre, à caufe du fepulcre de
Mahomet. Voyez le titre de Medine.
On peut remarquer cependant , que les Mahometans defignent fouvent les
deux Mofquées delà Mecque & de Medine, par le feul mot d'Al riarameïn, qui
fignifie les deux lieux les plus facrez,
M A SNA D.^ Ce mot qui fignifie en Arabe, Appui & Autorité, eft devenu
le titre de olufieurs Livres de Traditions Mufulmannes les plus certaines & les
plus autorifées. Malhad Al Daremi, Mafnad AI Thaialefi, h. Mafnad Al Scha-
îêi font de ce nom'nre. Foytz auffi Ethaf Al Hebrat.
Ccac 1 MASNADI.
574 M A S N A D I. M A S S A I L.
MASNADI. Surnom de Gemaleddin Abou Bekr, Al Andalouflî , c'eft-à-dii-e^
l'Efpagnol, Auteur d'un de ces Ouvrages nommez Arbâin.
M AS N A H. Statue ou Idole d'un cruel Tyran qui eft pofée en Ethiopie
au milieu d'un grand Lac , duquel , félon Edrifïï , les deux Nils prennent leur
origine.
L'on entend par ces deux Nils , celui qui vient en Egypte & qui fe décharge
au Septentrion , & celui , qui traverfant le pays des Nègres coule & fe déchar-
ge vers le Soleil couchant. Nous l'appelions communément le Niger ou
le Senega.
MASROUK fils d'Abrahah, Roy d'Ethiopie ou des Abiflîns. Ce Prince qui
commandoit dans l'Iemen ou Arabie Heureufe pour le Roy fon père , chafîa &
dépouilla Dhouizen Roy des Hemiarites ou Homerites , comme les appelle Pto-
lemée. Mais ce Roy qui étoit Vaflal de Khofroés Noufchirvan Roy de Perfe,
ayant obtenu de lui des troupes Perfiennes , reconquit fes Etats & en chafTa
Mafrouk.
MASSABIH. Les Lampes ou les Flambeaux. C'eft le titre d'un Livre de
Traditions Mufulmannes compofé par Ebn Maffôud , furnommé Al Bagàoui.
MASSA'DAH. Amroun Ben MafTàdah Aboulfadhl Ben Soûl. Perfonnage
fort éloquent qui fut Vizir du Khalife Al Mamon & qui mourut l'an 215 de
l'Hegire à Adhnah proche [de la Ville de Tarfe dans l'expédition que ce Khalife
iit en Cilicie ou Caramanie.
Après la mort de ce Vizir, on fit couler un- billet entre les mains de Ma-
mon par lequel on lui donnoit avis que MalTàdah avoit laiffé dans fa famille
une très grande fomme de deniers. Le Khalife écrivit fur le dos du Billet:
C'ell peu pour celui qui nous a approché de fi près & qui nous a fervi tant
de temps.
On rapporte auflî au fujet de ISfaiTàdah , que le Khalife Al Mamon , ayant
commandé au Secrétaire de ce Vizir de faire une expédition, ce Secrétaire,
avant que de la commencer, fe tourna vers fon Maiftre pour en recevoir l'oi*-
dre. Mamon qui s'en apperceut, au lieu de trouver mauvais cette déférence,
ordonna que l'on comptait cent mille drachmes à ce Secrétaire pour recompenfe
de cet afte de fidélité qu'il avoit témoignée pour fon Maiftre.
MAS S AH AT alardh. La mefure, ou l'étendue de la terre. Ce (1 un Livre
de Géographie divifé par les fept Climats connus , compofé en langue Arabique
par A'bdelâl Al Gionder. Cet Ouvrage a été abbregé & traduit en langue
Perfienne.
MASSAI L. Queftions. II y a plufieurs Ouvrages qui portent ce titre,
dont l'un des plus eftimez eft Malfaïl A'bdallah Ebn Salam Al An Nabi.
(Queftions faites par Mahomet fur la Religion Mufulmanne.
MASSAIL al Haldm Honaïn Ben Ishak. Queftions d'Honaïn, fils d'Ishak
îe Médecin, faites fur le fujet de fon art. Foyez Khefaiat alnaïk.
MASSAÎL
M A s s A I L. M A S S I H. 57^
MASSA IL Soiil ânha Iffa Ebn Ishak Ebn Zerâah , Sdl ânha Jofef Abou
Hakim Al Bahiri men Ahel Miafarcijin. Queftions propofées par Jofef Abou
Hakim AI Bahiri, fameux Médecin natif de la Ville de Miafarekin, à un autre
Médecin non moins célèbre, noinmé llfa Ben Ishak Ebn Zeraah. Cet Ouvrage
eft dans la Bibliothèque du Roy, n", 792.
M A S S A I L almàaroufat v almokhalethat. Queftions faites pour démêler les.
chofes connues certaines , d'avec celles qui lont douteufts & embrouillées.
F'oyez Tàarif.
On trouve ce même Ouvrage continué par un fupplément appelle par les
Arabes, Dhil, jufqu'en l'année 773 de l'Hegire.
MASSALEK. Autre Livre Hifloriquc & Géographique dont Takieddia
Kermani ei\ l'Auteur. Il efl cité par Soiouthi dans la Préface de fon 'Hiftoire
d'Egypte.
MASSARGIOUI'EH. Médecin natif de SjTie , mais Juif de Religion , qui
a traduit du Syriaque en Arabe, un Corps de Médecine, intitulé Khenafch,
compofé par le Preftre ou Archidiacre nommé Aaron.
M AS SI A B. Voyez Makhoul. '
MASSIB, ou Maffiab. Abou Mohammed Sàïd Ben Maflîb ou Maffiab AI
Medeni Al Coraïfchi, natif de Aledine & de la Mailbn ou Famille de Coraïfch.
Ceft le nom d'ua Dofteur qui eft qualifié Sàïd A! Thibein , c'eft-à-dire, le
Chef de ceux qui ont luivi immédiatement après lesSahaba, c'efl-à-dire. Com-
pagnons de Mahomet. Il eft un des fept Dofteurs Jurisconfultes du temps de
Mahomet qui font, A'rouet Ben Zobeir, Obeid allah, Ben A'bdallah, Caffem
Ben Mohammed, Soliman Ben Jcfllu-, Salem Ben A'bdallah, Kharegiah B^n
Zeïd.
Ce Dofteur eft celuy duquel Makhoul autre Doéleur difoit: J'ay parcouru
divers pays^ pour acquérir quelque fcience ; mais je n'ay rencontré nulle part
aucun qui égalât Ebn Maiïîab.
Ce même Dofteur eut alfez de fermeté & de courage pour faire une répri-
mande à Hegiage, le plus terrible de tous les hommes qui faifoit alors fon pè-
lerinage à la Mecque. & il la fit fi à propos que ce Capitaine en profita, fé-
lon le rapport d'Amaffi qui met la mort d'Ebn Maflîab en l'an 93 de rHc'<Tii-e^
MAS SI H. Le Mefiîe. Les Mahometans reconnoifient J. C. Nôtre-Seigneur,'
pour le véritable Meffie, annoncé & promis aux Juifs dans les Livres faints de
l'ancien Teftament. Voyez ce qui en eft dit dans le titre d'Iflâ Ben Miriam.
MASSIH. Ce titre de Meffie eft devenu le nom propre de plufieursPer-
founages parmy les Mufulmans..
Maaih
5/5 M A S S I H I. M A S S I S S A T.
Maflîh Beg fils de Haiïan Al Thauil, appelle communément Vzun CalTan ,
le 9^. Prince ou Sultan de la Famille ou Dynallie des AkKoïnlus, c'eft-à-dire
du iMouton blanc
Il étoit frère des Sultans Khalil & Jakoub qui régnèrent fucceflivemcnt avant
luy dans la même Dynaftij. Son règne ne fut que d'un an & huit mois^ car
il fut tué dans un combat qu'il donna contre des Rebelles qui s'étoicnt fous-
levez contre luy.
Ces Rebelles étoient divifez en deux factions, dont l'une vouloit reconnoiflre
pour Sultan légitime Ali Beg fils de Khalil ; l'autre Baïïangar fils de Jacoub ,
tous deux Neveux de Mafîih & enfans de fes aifnez. Al Giannabi & Ebn Jofef
marquent la mort du Sultan Maflih dans l'an 898 de l'Hegire.
M ASSIHI. Surnom d'Abou Sahal IlTà Ben lahia, Auteur du Livre intitulé,
Ketab Almiat fil Tebb, qui fe trouve dans la Bibliothèque Royale n". 879.
C'eft un Livre de Médecine, dont l'Auteur eft accufé par Ebn Al Abbas de
n'être pas Philofophe.
11 y a un autre Maffihi , dit Ebn Aboul Bakaï Al Nili & furnommé Ebn AI-
Atthar , qui étoit auffi Médecin & fort avant dans les bonnes grâces du Kha-
life Naffer l'Abbaffide , lequel mourut fort riche & fort vieux en l'an 608 de
l'Hegire. Il étoit Chrétien de Religion.
M ASSIHI Al Ffarrani. Ceft le même que Azzel Mulk Mohammed Ben
A'bdallah , mort l'an 305 de l'Hegire qui a compofé le Livre, intitulé Alham-
thelat fildaul Almôtalat , c'efl-à-dire , Exemples tirez des Dynaflies des Princes &
Sultans qui font palfez.
Il y a aufïï un Aboulkhaïr, furnommé Al Maflîhi, qui a abrégé un Ouvrage
fur la Médecine, intitulé Aktedhat.
MAS S IL AT fil kenais. Quellion faite fur les Eglifes dss Chrétiens. Ce{\:
un Ouvrage de Taki eddin Ben Teïmiat Al Harrani Al Hanbali , dans lequel
■cet Auteur décide, que les Mufulmans font en droit de pouvoir démolir toutes
les Eglifes des Chrétiens qui font fur leurs terres , & que l'on avoit eu raifon
de les faire fermer dans la Ville du Caire. Ce Livre efl dans la Bibliothèque
Royale, n°. 864.
M AS S ISS AT. C'efl la Ville de Mopfuefte, fituée fur le rivage de la mer
de Cilicie, proche des Villes de Tharfous & d'Alfis ou d'Alfias, qui font Tar-
fe & Ilfus ou Aiafla, comme on l'appelle aujourd'huy.
Toutes ces places, au rapport d'Ebn Khalekan, ont été rebâties & fortifiées
par Saleh, fils d'Ali & oncle du Khalife Abou Giafar Al Manfor.
Il eft dit dans THiftoire d'Al Manfor que ce Khalife prit & fortifia la Ville
de MaffilTat qu'il nomma Màmouriah , félon Ben Schohnah. f^oyez Mâmouriah &
Mamifta qui efl le nom que cette Ville porte aujourd'huy.
L'on fçait aflez par l'Hiftoire Ecclefiaftique , que le Livre de Théodore ou
ThadcEUS , comme l'appellent les Orientaux , fut un des trois Chefs ou Chapi-
tres qui ont fait tant de bruit pendant un fiecle dans l'Eglife^ & pour lefquels
le fécond Concile Oecuménique de Conftantinople fut tenu.
MASSISSL
M A s s I s s I. M A S S O' U D. 5^^
M AS SI S SI. .C'efl le furnom d'un célèbre Dofteur nommé Aboul Abbas
Al Daremi Al Nami , qui étoit natif de la Ville de Maffiflat. Voysz Nami.
MASSO'UD fils de Mahmoud, fils de Scbekteghin. Il eft le premier dû
nom , & le fécond ou le troifième , fi l'on compte Mohammed l'Aveugle fon
frère, Sultan de la race de Scbekteghin ou de la Dynaflie des Gaznevides.
Il fucceda à fon père Mahmoud dans tous les grands Etats qu'il avoit con-
quis , après qu'il eut emprifonné & fait crever les j-eux à ion frère Moham-
med, & commença à régner l'an de l'Hegirc 422.
Il rétablit la maifon des Bouides qui étoit fur le penchant de fa ruïne dans
riraque Perfique , en la perfonne d'Aladdoulat furnommé Ebn Kakouiah , dont
il faut voir le titre , aulfi bien que ceux de Mahmoud & de Mohammed , les
Gaznevides.
Le Sultan Maiîoud prit pour Vizir ou Chef de fes Confeils, Ahmed fils de
Hallan, furnommé Al Meïmendi , que fon Père avoit depoiiillé de cette dignité.
Mais ce grand-homme ne vefcut que jufqûes en Tannée 424, & laiffa fa charge
à Ahmed, fils d'Abd Alfamed.
Altun tafch , Gouverneur de la Province de Khouarczm , fît en cette même an-
née une irruption dans le pays qui efl au de -là du Gihon, au nom de Mas-
Ibûd. Mais ce grand Capitaine ayant eu un œil crevé d'un coup de flèche fur
le point que fon armée alloit donner bataille à celle des ennemis, il n'y eut
point de combat, & chaque armée fe retjra de fon côté. Altuntafch mourut
de cette bleffure, & laiifa le Gouvernement du Khouarezm à fon fils Haron,
En cette même année 424, les Selgiucides, Race Turqucfque qui faifoit déjà
grand bruit dans la Perfe, pafferent le fleuve Amou pu Gihon & prirent des
quartiers dans le Khouarezm proche des Villes de Neflà & d'Abiùrd , & peu de
temps après commencèrent à courir & à piller les Provinces d'alentour.
L'an 426 le Sultan Mafl'ôud voulant pourfuivre les conquêtes dé fon père
Mahmoud, entreprit la guerre des Indes contre le fentiment des plus fages de
fon Confeil, qui étoient d'avis qu'il s'appliquât principalement à chalFer les Turcs
Selgiucides de fes Etats, avant que leurs forces augmentalTent , après quoy n'ayant
plus d'affaires chezluy, il pourroit plus aifément faire des conquêtes au dehors.
Le Sultan MaflToûd ne laiifa pas contre leur fentiment de pourfuivre fon pre-
mier deffein. Le Succès véritablement en fut heureux pendant deux années
qu'il y fit la guerre; mais étant retourné dans ^es Etats en l'an 428, il trouva
les Selgiucides fi puilTans, qu'il eut fujet de fe repentir d'avoir méprile le con-
feil de fe^ plus fages Minifl:res. Il fut donc obligé de mettre fur pied une ar-
m.ée confiderable pour marcher contre de fi redoutables ennemis; mais il fut
défait «Se obligé de fe retirer à Gazna, laiflant les Selgiucides maillres de la plus
grande partie du Khoralîan.
. MaflT)ud étant dans ce chagrin , déchargea fa colère fur ceux qui a\'oient mal
conduit fes affaires dans la guerre palFée , & mettant fur pied de nouvelles trou-
pes, il en donna le commandement à fon fils Maudoud qu'il envoya du côté
de Ijalkhe pour défendre cette frontière. Puis faifant fortir fon frère Moham-
med l'aveugle de prifon , il le mena avec fes enfans aux Indes où il voulut ce-
pendant continuer la guerre.
II demeura en cette expédition jufqucs à l'hyver faivant, & il y fit d'aflez
grands progrez; mais élant contraint de tourner vers la Ville de Balkhe pour
Tome II. D d'd d fe
578 ' M A S S O' U D.
fe défendre des Selgiucidcs qui fe foitifioierît tous les jours de plus en pluSy&;
failant déjà palTer Ion bagage fiu* le fleuve Sind, qui ell l'indus, Jofef fils de
Pouileghin, un des principaux Chefs de fon armée, le révolta avec une partie de
fcs troupes, & fe jettant fur fon équipage & fur fes threiors-, il les pilla en fa
prefence.
Au même temps, les Révoltez après avoir commis cette infolence, procla-
mèrent fon frère iMohammcd l'Aveugle pour leur iultan, & Maliôud fut obligé
de prendre la fuite pour fe fauver de leurs mains; mais il ne pue pas leur échaper.
Car ayant élé pourfuivi chaudement & fait prifonnier, on le conduifit à fon
frère qui le fit enfermer dans un Chaffceau avec les principaux OfEciers qui ne^
favoient pas abandonné.
Mohammed ne fe trouvant pas en état de gouverner par le défaut de veuë ,
fit proclamer pour Sultan fon fils Ahmed, lequel alla incontinent avec Jofeph.
Poulteghin & quelques autres" au Château dans lequel Mafioud étoit tenu pri^
fonnier, & le fit mourir en fa prefence fan de fHegire 433.
Maiiôud régna 13 ans, & acquit la réputation d'un Prince magnifique & très-
libéral , de forte qu'il gagna le cœur de tous les gens d'efprit & de lettres de
fon fiecle , félon le rapport de Khondemir & de Lebtarikh.
MASSOUD fils de Mohammed fils de Melikfchah;, Sultan de la Dynaftie
Perfienne des Selgiucides.
Il étoit dans la Ville de Bagdet aii .temps que fon frère Togrul mourut; de
forte qu'on luy dépêcha un Courier en grande diligence, pendant qu'im party
qui s'étoit formé à la Cour, dépêcha vers Daoud fils de Togrul pour le mettre
fur le thrône en l'abfence de fon oncle. Mais l'oncle fut plus diligent que le
neveu, & arriva le premier à Hamadan qui étoit pour lors la Capitale des Selgiu-
cides dans flraque, & fut falué Sultan par tous les Grands de l'Etat qui le re-
connurent unanimement pour leur Prince & on ne fongea plus à Daoud.
Au commencement du règne de ce Sultan , le Khalife Mofbarfched qui ne fa-
vorilbit pas fon élévation , fut tué par des aflaffins avec Rafchcd fon fils , com-
me v^ous pouvez voir au titre de ce Khalife.
Cette mort donna occafion au Sultan Mafloud de mettre en la place du Kha-
life Moftarched, Mottaki Lemrillah qui étoit de fes amys. Mais ayant appris
avant qu il fut de retour à Bagdet , que le Gouverneur de Perle fiiifoit difficul-
té de reconnoître ce nouveau Khalife, il envoya fon frère Selgiukfchah avec
l'Atabek Carafancar pour le ranger à fon devoir. Mais il arriva quç l'Atabek
n'eut pas plûtoll fait une journée de marche, qu'il fit fçavoir au Sultan qu'il ne
pafieroit pas outre, s'il ne luy envoyoit Pir Mohammed Khazen, fon premier
Vizir, duquel il vouloit la mort.
Ce Vizir gouvernoit très - bien les afi'aires de l'Etat ; mais on l'accufoit de
trop de fermeté & de fierté , qualitez qui le rendoient peu agréable aux Seigneurs
de la Cour. Mafi^'jud ne pouvoir confentir d'abord à une demande û déraiibn-
nable; mais voyant que Carafancar avoit toutes fes forces entre les mains, il
fe trouva enfin obligé de luy envoyer la tête du Vizir.
L'Atabek étant fatisfait rentra dans fon devoir; mais il ne jouît pas long-
temps du fruit de fa vengeance, car il mourut peu de jours après qu'il fe fut
deffait de fon ennemy. Le Sultan ayant appris fa mort donna fa charge à II-
digliiz ,. qui tient le premier rang dans la Dynaftic des Atabeks ou Seigneurs de
■ ■ l'Ad-
M A s s O' U D.
S79
FAdherbigian, avec le Gouvernement prefque fouverain de cette Province & de
celle du Curdiftan, & luy accorda en mariage fii Belle -fœur qui avoit été pro-
mife autrefois au Sultan TogruI fon Frerc & fon Prédecefleur.
C'eft de cette Princeiïe qu'Ildighiz eut deux enfans qui luy fuccederent 'dans
la dignité [d'Atabek; à fçavoir, Mohammed, & Kczel Arflan. Foyez le titre
d'Atabek.
Peu de temps après l'élévation d'Ildighiz, Abbas Gouverneur de la Ville de
Reï avec quelques autres Conjurez, fe Ibûleva en faveur de Solimanfchah frère
de Mafloud, & le mit fur le thrône; mais cette conjuration fut bientofl dilîipée
& chacun rentra en fon devoir, après quoy MalTôud fut paifiblc poireiïeur de fes
Etats dont il joiiit pendant i8 ans. Il mourut âgé de 45 ans, l'an de l'Hegire
547. Khoniemir.
Ce Prince aimoit extrêmement les gens pieux & fçavans, & fut û libéral,
qu'il ne lailTa rien dans fes threfors après fa mort.
Maffôud fut le dernier des Selgiucides qui eut du pouvoir dans l'Iraquc. Avec
"luy finit cette Dynaflie , & il s'en établit une autre dans l'Afie Mineure à Ico-
nium, que l'on appelle aujourd'huy Cogni. Moftafi 31 . Khalife des Abbaffides,
■ne laifîli plus prendre aucune autorité aux Selgiucides dans Bagdet après la mort
•de Mairôud, C'eft pourquoy, Ben Schohnah finit en cette année la Dynaftic
de cette Maifon. Foyez aufli* Khondemir dans la Vie de Moftafi.
Cette même année fut aufîî fatale à la race de Sebekteghin ou des Gaznevi-
des. yoyez Sebekteghin
Le. célèbre Auteur du Lamiat Al A'gem, Poëme fi fameux dans l'Orient, fut
Vizir de Mafl'ôud. t^oyez Tograï.
Il y a eu encore dans la troifième Dynaftic des Selgiucides, furnommée de
Roura, deux Sultans qui ont porté le nom de Mafioud.
Le premier eft MaflSud, fils de Kilitch Arflan qui fut le quatrième Sultan de
cette Dynaftie.
Le fécond fut MafiSud, fils de Kaïkaous, pénultième Sultan de la même Dy-
naftie , lequel étoit fi peu abfolu dans fes Etats , qu'il fut obligé d'en prendre
l'inveftiture d'Argoun Khan Empereur des Mogols , qui s'étoit afliijetti tous les
pays que la pofterité de Kilitch Arflan avoit conquis dans l'Afie Mineure &
dans l'Arménie , Province connue par les Orientaux fous le nom gênerai de
Roura, qui fignifie le pays des Romains ou des Grecs, i^oyez- le titre des Sel-
giucides de Roum , & celui de Gazan Khan , Empereur des Mogols.
MASSO'UD, furnommé Vagiheddin. C'eft le fécond Prince de la petite
Dynaftie des Sarbedaliens , ou plutôt Sarbedariens. Voyez le titre de cette
Dynaftie.
MASSO'UD. Ebn Mafloud. C'eft le même qu'Abou A'bdalrahman A'b^
dallah Al Hazeli , qui fut un des plus illuftres entre ceux qui font nommez Al
Sahabah, c'cft-à-dire , Compagnons ou Contemporains de Mahomet. Celui-ci fut
un des plus Confidens amys de ce -faux Prophète , & on dit de lui que , Hager
alhegeretcïn u Sala âla Kcbleteïn , c'eft-à-dire, qu'il fe trouva dans les deux fui-
tes ou retraites; à fçavoir, celle d'Ethiopie & celle de Medine, & qu'il pria, la
face tournée vers les deux Keblés, qui font Jcrufalem & la Mecque. Pour bien
entendre ceci, il faut voir les titres de Hegrat & de Kcblah.
Dddd 2 Ce
Sto M A S S 0' U D I. — M A S T H ï K I.
Ce même Ebn Mafloucl tire fon furnom- de Hazili d'un de fes Ayeuls illus-
tres parmy les Arabes, qui portoit le nom de Hazel Ben Madrakah Ben Elias,
& on luy donne ordinairement pour Eloge le titre de Tag Alfcheriah, c'elt-
ii-dire, la Couronne de la Loy Mufulmanne.
Il y a encore un autre Ehn Maffùud qui porte plus ordinairement le nom de
Mafioudi. C'efl de luy dont nous allons parler.
MASSO'UDI. Surnom d'Aboul HaiTan Ali, qui tiroit fon origine d'Ebn
Maffôud AlHazeli, duquel on vient de parler. Il eft Auteur du Livre, intitulé
Moroug eddheheb y Màaden al gevaher , c'eft-à-dire, Prairies dorées & Minière
de pierreries, qu'il coraponi l'an de l'Hegire 336 fous le Khalifat de MôthiLil-
lah. Cet Ouvrage qui ell Hiflorique & Géographique eft compris en deux Vo-
lumes, dont le premier, qui commence à la création du monde, va jufqu'à la nais-
fance de Mahomet; & le fécond, depuis Mahomet jufqu'au temps auquel cet Au-
teur a écrit.
Le même MafFôudi ell Auteur d'une, autre Hilloire , intitulée Akhbar alza-
man, &. d'un Cadaftre, ou d'un papier terrier de l'Egypte.
Il y a auffi une Cofinographie écrite en Langue Perfienne fous le titre de
Gihan Danefch, qui reconnoit Maffôudi pour, fon Auteur, auffi bien que le Li-
vre, intitulé Akhbar Al Kauareg, c'eft-à-dire , l'Hilloire de ceux qui fe font ré-
voltez en divers temps contre les Puiflances légitimes & .particulièrement contre
les Khalifes.
Maffôudi mourut au grand Caire en Egypte l'an 346 de l'Hegire-, dix ans
après avoir dpnné fon Aloroug eddheheb. f^oyez le titre de Canouii Al Birouni.
Nous trouvons encore un autre Maffôudi nommé Ahmed qui eft Auteur d'une
Hiftoire de Syrie & de Damas , .intitulée Raoudh Al Scham , , c'eft-à-dire, le
Jardin de la Syrie.
Les deux Ouvrages, intitulez, Eftédhkar lema mars iî Salef alâffar, & celui
de Moarrekh aouffath fil Tarikh , des Ouvrages Hiftoriques qui peuvent être
rapportez à Ali Ben . Hoffaïn Al Maffôudi.
Le Livjre, intitulé Merah alarouâh fil tafrif, qui eft un traité de la Conjii-
gaifon des Verbes Arabes, commenté par Ahmed AiDonghouz, eft attribué à
Ahmed Ben Ali Ben Mafloud & fe trouve dans la Bibliothèque Royale, n^. 1090.
MASSOUIAH. Johanna Ben Maffouiah. C'eft le nom d'un fçavant Mé-
decin Chrétien qui nous eft connu, fous le nom de Mefué. Il vivoit du temps
du Khahfe Vathek Billah , auprès duquel il étoit en grande faveur. Aboul Fa-
rage raconte de lui plufieurs traits qui font . paroiftre que ce Dofteur avoit l'ef-
prit fubtil & l'humeur- fort enjouée.
MASTHIKI. Gezirat Al MafthikL Llfle du Maftic. C'eft l'Ifle de Chio
que les Turcs appellent ordinairement Sakiz Adafi , qui fignifie la même chofe.
Les Arabes ont pris des Grecs le nom de Màfthiki pour du, Maftic qu'ils
appellent proprement en leur langue, A'lk.& A'ik Roumi, le Maftic de Grèce,
c'eft-à-dire, de Chio, où lés.Lentifques, arbres affez connus, diftillent particur
lierement cette gomme. - -
Le Géographe Perfien dit, que cette Ifle eft éloignée du Bofphore de Thrace,
^u'il appelle Kalig Koftantini, de 150 Parafangcs.
' MASTOUFÎ
M A s T 0 U F I. M A T H N A O U I. 581
MASTOUFI, ou Moflaoufi. Surnom de Scharfeddin AI Mobarek Al Ar-
beli, natif de la Ville d'Arbela en JVIetbpotamie. Il eft Auteur d'un Livre in-
titulé, Abou Komafche fil ab. Il mourut dans la Ville de Moful, l'an 637 de
l'Hegire.
MASTOUFI, Hamdallah Maftoufi. C'ell peut-être le même que Scharf-
eddia, Auteur d'un Tarikh Perfien , intitulé Tarikh Khozideh , c'eft-à-dire , la
Chronique choific. Il efl traduit en Turc fous le titre de Tarikh Montekheb,
qui fignifie la môme chofe. t^oyez le titre de Hamdallah.
MATA, ouMatta. Les Orientaux, particulièrement les Mufulmans , appel-
lent ainfi celui que nous appelions Matthieu, nom qui efl propre à la langue
Syriaque. Mais les Chrétiens difent plus ordinairement Mattaious, nom qui eft
dérivé du Grec.
Saint Mathieu l'Apôtre & FEvangelifle eft reconnu par les Mahometans pour
avoir écrit l'Evangile après la mort de J. C. en Alexandrie. Mais les Chré-
tiens difent feulement que faint Barthelemi porta l'Evangile de faint Mathieu
en Egypte & dc-là en- Ethiopie.-
MATAI, qui fignificle même que Mata & Mati, fils de Jonas, étoit M->i-
ne Neflorien lequel devint grand Philofophe & vivoit fous le règne du Khalife
Radhi. C'ell lui qui a traduit en Arabe les Analytiques d'Ariftote que Honaïn
& fon fils Ishak avoient déjà mifes en langue Syriaque.
Le même efi; Auteur d'un Commentaire fur ce Livre d'Ariflote & fur le L'-
vre de Porphyre, qu'il a auffi traduit en Arabe. On luy donne fouvcnt le fur-
nom d'Abou Bafchar.
MATAN alrefTalat. Le Don fait par le Prophète aux Mufiilmans ou le Don
de la Prophétie. C'efl le titre d'un Livre qui traite des Obfervances & des
Rits de la Loy Mufulmanne. Il a été compofé par Kaïruani , & il fe trouve à
la Bibliothèque Royale, n^. 595.
M AT H A N , petite Ville du pays des Nègres , ^ui efl des dépendances de
là Ville & Province de Khanem. Elle efl éloignée de Zagara & d'Engimi éga-
lement de huit journées ; & c'efl dans cette "Ville que le Prince de Zagara fait
fà réfidence.
.MATHAR. Ketab Al Ma'har. Livre qui comprend tous les mots Arabes
qui concernent les nuées, la pluye , le tonnerre & les orages, compofé par
Abou Zaïd Ben Saïd. Il efl dans la Bibliothèque Royale, n"^. 1099.
MATHL/fB al Adib. Recueil de diverfes Pièces de Grammaire, fait & ra- ■
mafTé par Al Soiouthi. Il efl dans la Bibliothèque Royale, n°. 1152.
MATHNAOUI ou Methnevi. C'efl le nom d'un des plus fameux Livre»
de l'Orient, compofé en vers Perfiens fur un grand nombre de différentes ma- ■
tières de Religion, d'ilifloire, de Morale & de Politique,
Il a été compofé par Gelaleddin Mohammed ,- fils de Mohammed Al ■ Balkhi
Al Konouij environ l'an 600 do l'Hegire.
Dd d d 3^ Les-
582 M A T H R A N. M A T T H A I O S.
L^s furnoms' de Balkhi & de Konoui font donnez à cet Auteur , parce qu'il
é-oit natif de la Ville de Balkh en Khoraflan, & qu'il vint s'établir enfuite dans
celle de Cogni en Natolie. ^,,^., ,/•.
Ce fut dans cette même Ville qu'il inftitua un Ordre de Derviches plus fpi-
rituels que les autres, lefquels on appelle ordinairement Mevlevis, qui font leur
Capital de l'ouvrage de leur Maiftre, auquel ils ne portent guères moins de ref-
peâ qu'à l'Alcoran. C'eft pourquoy, on donne auffi fouvent au Mathnaoui le
furnom de Mevlevi. • -o ^ * t r t •
Il V a un grand nombre de Commentaires Perfiens & Turcs fur ce Livre ,
dont la poëfie eft eltimée fi excellente, que tous fes vers en font citez, com-
me autant de fenteiices , plufieurs defquelles font rapportées en divers lieux dans
cet ouvrage. Voyez les titres des NJnivites, de Pharaon, &c.
M AT H R AN. Ce mot qui fignifie en Arabe Evêque ou Archevêque, en-
fre dans le furnom d'Abou Sâed Ben Elias , qui efl fouvent cité fous le nom
d'Ebn Mathran. Cétoit un fameux Médecin , qui mourut l'an 585 de l'Hegi-
re, & qui a compofé le Livre intitulé Beffatin Al Attheba , c'elt-à-dire , les
Jardins des Médecins.
MATN almenar. C'eft un Commentaire fur le livre intitulé Menar, dont
il fera parlé cy-après.
MATN ou Motn bel eflah. Autre Livre de Jurifprudence Mufulmanne ,
compofé par l'Auteur du Sadr Alfcheridh. Voyez ce titre.
MATOUALLI Al Nifchabourri. Surnom d'an Auteur, nommé Abdarrah-
man Ebn Mamoun , qui a compofé le Livre intitulé Tetmat Alâbanat , c'efl-à-
dire, Supplément ou Commentaire fur le Livre intitulé Alâbanat. Cet Auteur
mourut l'an 478 de l'Hegire.
MATOUGE. Ebn Matouge. C'efl le même que Tageddin Mohammed Ben
A'bdalvahab Ali Zobaïdi ou Zobaïri , qui eft Auteur d'une Hiftoire d'Egypte ,
intitulée Ikadh Almonfaiïld^ qui finit en l'an ^6$ de l'Hegire. L'Auteur cepen-
dant ne mourut qu'en l'an 730. .
MATRIDl, furnom d'Abou Manfor Mohammed Ben Mahmoud Al Hanefî.
C'eft le nom d'un Docteur de la Secte Hanifienne , à qui on donna l'éloge &
Je titre dlmam Al Hoda , c'eft-à-Jire , le grand Direfteur. Il mourut & fut en-
terré, l'an 333 de l'Hegire, dans la Ville de Samarkande , dont il étoit natif;
car Matrid eft un quartier de cette Ville-là dont il tira fon furnom.
Ce Dofteur étoit Motekellem, c'eft-à-dire , grand Métaphyficîen & Théolo-
gien Schoîaftique , & a compofé , entre fes autres ouvrages , un Livre contre
les Môtazales , intitulé Beian Vaham Al Môtazalah.
MATTHAIOS ou Matthaious. C'eft le nom d'un Patriarche d'AIexsn-
drie, dont la mémoire eft en grande vénération dans l'Eglife des Cophtes. Il
y a un Livre qui contient l'Hiftoire de fa vie & de fa rnort , & les Aétes des
■Martyrs qui ont fouffert pendant fon Pontificat. Il eft intitulé Intikhab- Abi-
na
MATTHIAS. MAOUARANNAHAR. 5S3
na Matthaious. Foysz ce titre. On le trouve dans la Bibliothèque Royale,
nuni. 792.
MATTHIAS. C'cft le fils de Jean Hunniadc , qui obtint la Couronne de
Hongrie lorfqu'il étoit pril'onnier & comme defliné à h mort. Les Turcs, dont
fl étoit la ten-eur , l'appellent ordinairement Magiar Krali , nom compofé du
Hongrois & de l'Efclavon, & qui fignifie Roy de Hongrie.
Son Hiftoire efl: alFcz connue par nos Ecrivains. Il mourut l'an 896 de l'He-
gire & eut pour lucceffeur Ladiflas, fils de Cafimir, Roy de Pologne.
Magiar efl le nom que les Hongrois donnent dans leur langue à la Hongrie ,
& Kral en Efclavon figniiie Roy, titre que les Turcs donnent aux Rois & Prin-
ces Chrétiens , qu'ils ne veulent pas honorer du titre de Padifchah , qu'ils re-
fervent au Roy de France par une prérogative particulière.
Nous avons des lettres de Soliman à Charles quint, d:ms lefqueUes cet Empe-
rour n'ell qualifié que Betch Krali, c'eft-à-dire, Roy d'Autriche ou de Vienne,
qui en efl la Capitale.
M A OU. C'efl le nom que les Kliataïens donnent au quatrième de leurs Cy-
cles ou Tchags , que les habitans du Turkellan nomment Thavfchcan , & les
Perfiens Kerkhoufch , noms qui figni fient en leui's langues un Lièvre, l^oyez
Giag ou Tchag.
MAOUAEDH ou Eêtebar fi dhekr AI Khathath v Al A'thar. Livre Hif.
torique & Géographique d'Egypte , cornpolé par Al Makrizi en deux Tomes,
qui fe trouve dans la Bibliothèque Royale,
MAOUAKEF. Ce mot fignifie proprement en Arabe Stations, telles que
font celles que les Mufialmans font dans leurs pèlerinages & vifites de lieux
faints, & fert de titre à plufieurs Livres ou 'J'raitez de iVJétaphyfique ou Théo-
logie Scholafi:ique des Mufulmans.
Il y a un Auteur Anonyme, qui a compofé un de ces Livres, intitulé Ketab
Al Maouakef, qui fe trouve dans la Bibliothèque du Grand-Duc.de Tofcane ,
avec un Commentaire dont Seïdi Scherif efl l'Auteur.
MAOUAKEF fil kelam. Autre Livre fur la même matière , compofé par
Adhad edclin Al Aïgi , fur lequel Alaeddin Thouffi a fait des Notes affez am-
ples. Il efl dans la Bibliothèque Royale, n\ 701. Ce même Ouvrage efl fou-
vent nommé le Livre du Kadhi Adhadeddin.
MAOUALLAD, quatrième Clafl^e des Poètes Arabes. Foyez Schôara ou
Etthabat Al Schôara. ^
MAOUARANNAHAR. Ce mot fignifie en Arabe ce qui efl au de -là.
du Heuve , comme qui diroit en Latin Traiisfluvfalis ; & l'on entend par ce
Fleuve celuy que les Arabes appellent Gihon , les Perfiens Amou , d'où nos
Géographes ont fait le^ nom d'Abi Amu , & que l'on croit être l'Oxus des An-
ciens Géoghraphes.
^ Ce nom de Maouarannahar a été donné, par 'es Arabes , à une fort orande
ctenduë de pays que nous appelions ordinairement dans cet Ouvrage la Provin-
ce
5S4 M A 0 U A R A N N A H A R.
ce Tranfoxane, qui eft bornée, au Midy & au Couchant, par la rivière dont
nous venons de parler , & en tirant du Couchant au Septentrion par la mer
Cafpienne. Ses limites du côté de l'Orient & du Septentrion Oriental font in-
connues , & l'on fçait feulement que ce qui eft au de-là du Gihon & compris
au de-çà du Sihon ', qui eft l'Iaxartes des Anciens , eft habité par les Turcs
Orientaux ou du Turkeftan , par les Tartares , par les Mogols & par les Kha-
taïens , qui font apparemment les Peuples les plus Septentrionaux de la Chine.
La partie de cette Province Tranfoxane, la plus renommée dans les Hiftoircs
Orientales , eft la vafte Campagne ou Vallée , nommée Sogd , • de laquelle la
Sogdiane des Anciens a pris fon nom. Elle a vingt Parafanges de longueur ,
ce qui revient à quarante de nos lieues Françoifes, & dix Parafanges, qui font
vingt de nos lieues, de largeur.
La Ville de Samarcande, qui en eft la Capitale , a autour de foy dix lieues
à la ronde , un grand nombre de Bourgades , dont les jardins délicieux font
palier cette fameufe Vallée pour un des quatre Paradis terreftres que les Orien-
taux mettent en Afie.
Outre la Ville de Samarcande , cette Province a ' plufieurs Villes confidéra-
bles, tant par leur grandeur, que par letenduë de leurs territoires, telles font,
entre plufieurs autres, les Villes de Bokhara , de Farganah, de Nekhfchab, de
Kafch, de Saganiane & de Termed.
Il fe trouve dans ce pays-là des mines d'or & d'argent, particulièrement dans
fa partie méridionale , c'eft- à- dire , la plus prochaine du Gihon , qui eft limi-
trophe à celles de Badakhfchan & de Kh©uarezm, & même auprès de Farganah.
Toutes les Villes de ce pays-là font bâties de pierres & de briques , & il y
en a plufieurs fermées de murailles très-fortes & flanquées de Tours, telles que
font, entre les autres,' les Villes de 'Bikend-, de Schakh, de Khogend , d'Afch-
tikhan, de Bonkat & d'Olîbufchaab. •
. La Province de Maouarannahar fut conquife par les Arabes fous la conduite
de Cahtebah, fils de Meflem , dans les années de l'Hegire 87, 88 & 89, du
tems de Valid , fixième Khalife de la race des Ommiades. Les Mufulmans pri-
rent alors les deux grandes Villes de Samarcande & de Bokhara , & s'emparè-
rent même de la Ville Capitale du Turkeftan, félon le rapport de Den Schoh-
nah & de Khondemir,
Sous le règne ties Khalifes Abbafiîdes, plufieurs Provinces Mufulmannes ayant
été eiTv^ahies par des Princes particuliers , celie-cy tomba entre les mains des Sa-
rnanides , & pafilmt de main en main dans les familles Royales qui s'emparè-
rent de la Perfe , elle tomba enfin en la puiffance des Khouarezmiens , lefquels
en jouirent jufqu'à ce que Ginghizkhan les en chaffa..
■Ce grand Conquérant, après l'avoir entièrement fubjuguée, en donna le Gou-
vernement en Souveraineté à fon fécond fils, nommé Giagataï, & c'eft du nom
de ce Prince que Ton appelle aujourd'huy communément cette Province du nom
de Zagataï.
; Les Succeffeurs de Ginghiz Khan en ayant été cnfuite chaflTez par Tamcrlan,
îa poftcrité de ce fécond Conquérant de l'Afie, fans compter Alexandre, en fut
aufîî dépouillée par Schaïbek , Sultan des Uzbeks , l'an. 904 de l'Hegire. Car
Mirza Babor fut le dernier de la race de Tamerlan qui y régna, de même que
Soiourgatmifch avoit été le dernier des Ginghizkhanicns par la conquête qu'en
fit Tamerlan.
C'cil
MAOUARDI. MAOULANASCHAH. 5Sf
C'efl de-là que nous appelions encore cette Province le pays des Uzbeks,
Nation qui la poirede aujourd'huy , & dont les Princes prétendent tirer leur
origine de Genghiz Khan. Voyez le titre de Gihon, &c.
MAOUARDI, furnom d'Abou HafTan A'ii Ben Mohammed. Cet Auteur,
qui mourut l'an 450 de l'Hegire, étoit de la Sefte des Schaféïens & po/toit le
furnom de Maouardi , à caufe qu'il defcendoit d'un Diftillateur ou Vendeur
d'eau rofe.
Il a compofé deux Ouvrages de Politique, dont l'un eft intitulé Naflinat Al
Molouk, c'eft-à-dire , Confcil donné aux Rois, & l'autre intitulé Hakkam Al Sol-
thaniat, c'eft-à-dire, des Droits Royaux.
On a aufïï de luy un autre Livre , intitulé Adab adduniah uddin ,, c'eft-à-di-
re, les Mœurs du fiècle & de la Religion, qu'il écrivit pour le Khalife Caicm
Beemrillah, vingt-fixième des Abbaflîdes.
Mais le plus célèbre de tous les Ouvrages de ce Dofleur porte un titre fore
fupcrbe, à fçavoir, celuy de Haoui, c'eft-à-dirc, Livre qui comprend toutes cho-
ies. . Ce titre a grand rapport à celuy d'un Livre que l'on trouve parmy les
Hébreux, intitulé Colbo, qui fignifie la même choPj.
Il y a encore un Livre du même Auteur, intitulé Amthal Al Coran, c'eft-
à-dire, des Comparaifons & Proverbes de l'Alcoran.
MAOUASSL /^o>ez Mézz.
MAOUBALIG, nom que Ginghizkhan donna à la Ville de Bamian en Kho-
rafian, après qu'il feut defolée.
On dit qu'il luy donna ce nom , qui fignifie Ville de trifteffe , à caufe qu'il
y reçût la nouvelle de la perte qu'il avoit faite par la mort de fon petit - fils ,
fils de Giagataï.
MA'OUDHAT. Préfervatifs contre les enchantemens, C'eft le nom que
les Mahomctans donnent aux derniers Chapitres de FAlcoran , qu'ils recitent
fouvent pour fe garantir des fortileges & de toutes autres raauvaifes rencontres.
MAOULA. Ce mot Arabe a des fignifications fî amples & fi oppofées, qu'il
eft difficile de luy en aflîgncr une qui ne foit pas équivoque. Cependant la plus
ordinaire eft celle de -eigneur & de Maître , de forte qu'il y a plufieurs Prin-
ces & plufieurs Do6leurs qui portent ce titre , que nous exprimons vulgairement
par Moula ou Moulei.
Il faut cependant remarquer, que ce même mot fignifie auffi fouvent un Efl
clave , un Affranchi & un Compagnon. Il eft fouvent incertain , laquelle de
ces deux fignifications fi oppofées , convient aux Perfonnages auxquels ce titre
eft appliqué.
MAOULANASCHAH. C'eft l'Auteur d'une Hafchiat , c'eft-à-dire, de
Notes marginales fur le Livre intitulé Adab Al Aïgi. l^oyez le titre de Schah.
Le nom de Maoulana, en cet endroit, peut fignifîer Nôtre Seigneur ou Nô-
tre Maître.
Maoula Tchelebi eft le nom d'un autre Auteur , duquel il eft parlé dans le
-titre de Tchelebi.
Tome IL E e e e Maoula
526 M A O U L A O U L — M A 0 U T H A.
Maoïila HafTan, Prince qui rcgnoit à Tunis dans le fiècle pafTé. Il fut chafTé
de fc3 Etats & rétably par Charles quint. '
Les Rois de Fez & de Maroc-, & autres Afriquains , prennent la plupart le
titre de Maoula , aufli-bien que leurs Scherifs , qui leur tiennent lieu d'I-
mams & de Mouftis, comme ils font appeliez dans les autres Provinces du Mu-
fulmanifme.
MAOULAOUI ou Mcvlevi , comme les Perfans & les Turcs le pronon-
cent. Ce mot, qui figniîie proprement Alfocié , eft le nom d'une Sefte parti-
culière de Dervifches , lefquels ont pour leélure ordinaire le Livre de Gemaled-
din Al Balkhi, intitulé Al Mathnaoui, dont il faut voir le titre & l'ufage par-
ticulier ■ de la danfe & de la flûte , par le Ton de laquelle commence ce Livre ,
que ces Dervifches ont rendu fi fameux parmy les Mufulmans.
Il y a plufieurs Auteurs qui portent le furnom de Mevlevi , comme faifant
profeffion de cet Ordre ou de cette Difcipline particulière , qui fut fondée &.
inflituée dans la Ville de Cogni en Natolie.
Mevlevi Ankaroui, c'cfl-à-dire , un Mevlevi natif de la Ville d'Ancyre en Ga-
latie, & un autre, furnommé Dhemi, ont fait des Commentaires en Perfieil &
en Turc fur le même Livre, dit Mathnaoui.
MAOULOUD, Les Chrétiens Arabes de Langue ou de Nation appellent
ainfi la fête de Noël, à caufe de la Nativité de Nôtre Seigneur, & les Maho-
metans Arabes la nomment aufîi lelidah pour la même raifon. Tous ces mots
viennent de Oualad, qui lignifie donner & prendre naiiïànce.
MxAOU'N. Ce mot fignifie, félon l'Auteur de Mirkat ellogat , le troifième
Ciel, où il y a des Anges qui ont la figure de Kerkes , c'effc - à - dire , de Vau-
tours.
MAO'UNAT âla défi alhamm u algamm. Aide & fecours pour chalTer les
foins & les chagrins de la vie. C'eft: le titre d'un Livre fpirituel , compofé par
Elias ou Elic, Evoque Nefi:orien^'de la Ville de Nifîbe en Melbpotamie. Il eft
dans la Bibliothèque Royal^,.n°.,,92(5.
M A OU NI, furnom de' Box-han Ibrahim Ben A'bdcllathif, Auteur du Livre,.
intitulé Arbaïn Al Àfchariat, c'efi:-à-dîre, les quarante Traditions expliquées fur
les Principes du Doéteur Al Afchari , & félon la Doctrine ûqs Afchariens.
M A OU RED allathafat fi man ouali Alfolthanat ou Al Khelafat. Hifloire
de ceux qui ont régné en Egypte depuis Mahomet, tant Khalifes que Sultans,
jufqu'àu règne de Malek Al 'Dhaher Giakmak , Sultan de la Dynaftie des Ma-
melucs Circafficns.
Ce Livre a été compofé par l'Emir Aboul MahafiTen Jofef ben Tangri Vir-
di, qui p'fcnd le titre de AJoiivarrakh Mefr, c'eft-'à-dire, d'Hiftoriographe d'E-
gypte.
MAOUTHA. Ce mot qui fignifie proprement un Marchepied, eft^lc titre
d'un livre fort efl:imé par les Mufiilmans, qui eft ordinairement nommé Maou-
îha m ha^dith , compofé par rtouQ Makk ,Bea Ans , un des quatre Chefs des
Seétes-
M A 0 U T I. M A U D 0 U D. 587
Seftes Orthodoxes du MLifulmanifmc. Les mêmes Miifulmans honorent foiirent
ce' livre du titre de Mobarek , qui figHifie faint & béni , pour la vénération
qu'ils portent à fon Auteur, & à caufe qu'il traite des Traditions Prophétiques.
Le Khalife Haroun Al Rafchid fît tant detat de ce livre qu'il s arrêta dans
la Ville de- Medine , où Malek faifoit fa demeure pour en entendre la lecture
& l'explication par fon Auteur même. ■
Cet Ouvrage a été commeiîté par plufieurs Auteurs Mufulmans.
MAOUTI, furnom d'Aboubekr Raggar, Auteur d'un Ouvrage, intitulé Ama-
li ou Dictées.
MAOUZEN almizan. Poëme Arabique, qui porte encore le nom de Tai-
jah, qu'Ibrahim Mofla bafcheri a compofé fur l'Ifagoge de Porphyre.
MAUDOUD, fils de MafFoûd. C'eft le troifième ou le quatrième,. fi l'on
compte Mohammed l'aveugle. Sultan de la D^-nallie des Gaznevides.
Auffî-tôt que Maudoud eut appris dans la Ville de Balkhe , qu'il défcndoit
contre les Selgiucides , que fon père avoit été dépouillé de fes Etats par, h ré-
volte de fon armée , & qu'Ahmed , fils de Mohammed l'aveugle , ion oncle ,
l'avoit fait mourir , il fe tranfporta en diligence en la Ville de Gaznah , où il
fut reconnu pour Sultan, en qualité de Légitime & SuccelTeur de fon père.
Après cette prife de poireffion , Maudoud fe mit en campagne & alla au-de-
vant de Mohammed l'aveugle & d'Ahmed fon fils , qui avoient été proclamez
Rois par l'armée révoltée, à la fufcitation de Jofeph, fils de Poufteghin.
Tous ces gens-cy retournoient viftorieux des Indes à la Ville de Gaznah ,
chargez de dépouilles & des tréfors de MalFôud, lorfque Maudoud les rencon-
tra & les obligea à donner bataille.
Maudoud les défit à platte couture , fit prifonniers tous fes ennemis , & ne
leur donna aucun quartier. Il pardonna feulement à A'bderrahim, un des en-
fans de Mohammed l'aveugle , qui étoit innocent de tout ce qui s'étoit palfé
contre Maffiud.
Après qu'il eut remporté une vicloire fi fignaléc , & qu'il fe fut défait de
tous fes ennemis domefliques , il demeura paiiible poireifeur de fes Etats, qui
cependant étoient déjà fort maltraitez par les Selgiucides.
Pour reparer ces pertes , il fut obligé de mettre derechef une grande armée
fur pied , avec laquelle il marcha contre eux. Mais ayant été déftiit par Alp-
Arilan leur Prince, il eut befoin de lever de nouvelles troupes, avec lefquelles
il fe proracttoit de les mettre à la raifon. Pour cet effet, il refolut de leur li-
vrer encore une bataille; mais à peine étoit-il en marche qu'il fut attaqué d'u-
ne colique, qui l'emporta en fort peu de jours , l'an 435 de l'Hegire , après
un règne de fept ans.
Maudoud ne lailTa en mourant qu'un fils en fort bas âge, nommé MaflLùd 1 1
•du nom, qui luy fucceda. Mais les Turcs, qui étoient les plus pulifans en cet-
te Cour , refufant d'être commandez par un enfant , mirent fur le trône des
Gaznevides fon oncle A'ii , fils de Mafl^jud premier , dont le règne fut aufîî
fort court; car il fut dépofledé & chaffi par A bderrafchid, fils du Sultan Mah-
moud, premier Sultan de cette Dynafl:ie, qui s'étoit échappé de la prifon , où
il avoit pafle une grande partie de fa vie. Khondunir,
Eeee 2 MAVIAH,
588 M A V I A H. M A Z D A R
M AVI A H, Reine des Arabes Hemiarites & GaiTanites , qui étoit Chrétien^
ne & regnoit du tems de l'Empereur Valens. Elle étoit Orthodoxe, & elle
fe déclara ennemie des Romains ,, à caufe que. leur Empereur fa\'orifoit l'Ariar
ni&ie.
MAZAH. Omar Ben A'bdelaziz Ebn Mazah. C'eft l'Auteur d'un Com-
mentaire fort ample fur le Livre intitulé Adab Al Cadhi, qui cil un Directoi-
re pour les Cadis ou Juges Mufulmans , félon les principes de la Jurifprudence
d'Abou Hanifah.
Cet Auteur eft auffi furnommé Huffam Schehid , à caufe qu'il fut tué l'an
536 de l'Hegire.
MAZANDERAN, Ville qui a donné fon nom à un grand Pays, qui s'év
tend le long de la Mer Cafpicnne, & qui cil au Nord de la Province de Ghilan.
Cette Ville, dont la fondation eft incertaine, étoit eftimée très-forte & com-
me inexpugnable du tems de Kaïkaous Second, Roi de la féconde D.ynaftie de
Pcrfe, furnommée des Caïanidea.
Kaïkaous fit long-teras la guerre en ces quartiers-là à Afrafiab, Roi du Tur-
queftan , qui le fit enfin prifonnier & le tint enfermé dans la Ville de Mazan-
deran, jufqu'à ce que le brave Roftam l'en délivra.
Toute la Province de Mazanderan eft pleine de Châteaux & de détroits pref-
que inacceffibles, de forte que Mohammed, Roy de Khouarezm, fe voyant pour-
fuivi de Province en Province par les Troupes- de Ginghizkhan , crut ne pou-^
voir pas mettre fes tréfors en plus grande fureté, qu'en les faifant tranfporter
dans un des Châteaux de ce Pays-îà.
Les Peuples de ce Pays font les plus belliqueux de toute la Perfe , & ont
des retraites dans leurs montagnes fi bien munies , que Tamerlan eut beaucoup
de peine à les fubjuguer.
C'eft cette Province, jointe à celle de Tabareftan, & peut-être aufïï à cellâ
du Ghilan , qui a été. comiue , par les Grecs & par les Latins , fous le nom
d'Hyrcanie.
MAZANDERANI, furnom d'Ebn Schoaïb. Voyez ce titre.-
MAZAR TURK ou Mazar dni turk. C'eft ainfi qu'on appelle encore au-
jourd'huy le lieu .où Soliman Sehah., Aïeul d'Othman, premier Sultan des Turks
Othmanides ou Ottomans, fut enterré. Ce heu eft fitué vis-à-vis de Khaïbar,
Château fort , bâti fur un gué de l'Euphrate , où Soliman Schah fe noya.
MAZDAK. C'eft le nom d'un fameux Impoftcur , natif de Perfe & fur^
nommé Zcndik, c'eft-à-dire, l'Impie, qui, fous prétexte de rendre les biens com^
muns, vouloit s'emparer de ceux d'autrui.
Il vivoit fous lé règne de Cobad, Père de Cofroés, furnommé Noufchirvan ,
& fçut fi bien gagner par fes impoftures l'efprit de ce Prince, qu'il entreprit^
foUs fon- autorité , de faire une nouvelle repartition de biens par toute la Perfe.
Cette cntreprife luy réùfîit fi bien qu'il dépouilla la plupart des Grands du
Royaume, & fe mit à la tête d'une grande populace , à laquelle il faifoit part
de fon butin.
Cependant les Grands de l'Etat, qui i^ virent fi maltraitez par les ordres de
leur..
M A Z E N. i\l A Z 1 L, 589
leur Prince, réfolurent de le détrôner & de le chaffer hors de fes Etats. Mais
Mazdak, qui ctoit foûtenu d'un fore grand parti, eut aiFez de cré,dit .pour faire
élire en fa place un nommé Mafraf, qui étoit de la faclion.
Buzurgemihir , qui étoit le premier Miniftre de Cobad , fçut cependant il
bien ménager les efprits des Grands & du peuple , leur découvrant toutes les
fourberies de JVIazdalc, qu'il fit rétablir Cobad &. que Mazdak fut obligé, de for-
tir du Roj'aume.
Quelque tems après, Mazdak, qui continuoit toujours à vouloir pafTer pour
Prophète, retourna en Perfe ibus le règne de Noutchirvan , fils de Cobad. Mais
ce Prince mieux confeillé que fon père, ne le voulut point écouter, & fe fer-
vit fi bien des bons avis, que iuy donna le même Buzurgemihir, qu'il le fit em-
prifonner & enfin condamner à la mort..
MAZEN. C'efl le Œef d'une Tribu des Arabes. Abou O'beidah Al Bafri
a fait l'Hifloire des Perfonnages les plus illultrcs qui font iffus de cette Tribu,
fous le titre Akhbar béni Mazen.
MAZENI, furnom d'Abou Othman Ben Habib, célèbre Grammairien, na-
tif de Bafibra , qui mourut l'an 249 de l'Hegire.
Il eil mis aufîî au rang des grands Jurifconlliltes , comme ayant reçu les Tra-
ditions & la Doctrine d'Abou O'béïdah & d'Afmaï , qu'il communiqua enfuite
à Mobared, autre Docteur infigne de la loi Mufulmanne.
Il efl Auteur du Livre intitulé Al Medheb , c'eft-à-dire , de la Sefte , où ii
traite de la Religion Mufulmanne, & d'un autre, intitulé Al Tafrif, qui eft un
Ouvrage fur la Grammaire Arabique.
Ce Dofteur faifoit fi grand état de la Grammaire Arabique de Sibouïeh ,
qu'on dit, qu'il en avoit ufé vingt exemplaires dans fa manche, parce qu'il la
portoit toujours fur Iuy.
On rapporte de Iuy, dans le Livre intitulé Rabî Al Abrar , qu'un Juif l'a^
yant prié de Iuy expliquer le Livre de Sibouïeh , & iuy promettant cent piè-
ces d'or pour fa peine, ce Dofteur les réfufa, lui alléguant quelques verfets de
l'Alcoran, par lefquels il prétendoit , qu'il étoit défendu à un Mufulman d'en-
feigner un Juif, & que peu de tems après le Khalife Vathek Bil'ah l'ayant
confulté fur une difficulté de Grammaire , Iuy fit prêtent de mille pièces d'or ,
& que fur cela Mazeni dit au Khalife: Je n'avois donné à Dieu que cent piè-
ces, il m'en a rendu mille.
MAZHAR. Ce mot fignifie proprement en Arabe un lieu fleuri ou
parc de fleurs, un Jardin. C'efl le titre d'un Livre hiftorique de Gelaieddin Al ■
Soiouti.
MAZIL alertidb an mofchkabeth alentefiâb. Livre qui réfout les difficultez
qui fe rencontrent dans l'Hilloire au fujet des Généalogies, comoofé par -*bouI
Mag'd Ifmael Ben Hebath allah AI Mouflbuli.
MAZIL al Khafo an Al Fadh al Schafa. C'eft le Titre d*un Commentaire
que Schcmeni a fait fur le Livre de Cadhi Aïadh , intitulé Schafa fi tâarif ho-
kouk Al Mollafa , qui eft un Ouvrage qui traite des droits & des avantages
dû faux Prophète.
Eeee 3, MEBAHEG
590 M E B A H E G. M E C C À H.
MEBAHEG alfekr u Menahcg alêbr. Ouvragç dé Mohammed Ben A'bdal-
]ah Al Anfari, C'eft un recueil de chofcs curieufes & divcrtiflantes, que Soiou-
thi cite dans fa Préface fur l'Hiftoire d'Egypte.
MECCAH. La Mecque. Ville de l'Arabie, fituée dans une des Provin-
ces de ce vafle Pays, appellée Tehamah, à caufe qu'elle eft plus baffe que tou-
tes les autres. _ ■-•'i i-'i^^ ni
U y a cependant plufieurs Géographes qui la placent dans celle de Hëgiàz^'au
miheu 'd'une grande plaine pierreufe, qui eu bornée' à l:i-ois- mille de la Mecque,
par les Montagnes nommées dAbou Caïs & de Gerahem, où les Muful maris ré-
vèrent encore aujourd'huy la grotte d'Eve , femme d'Adam , dans laquelle Ma-
homet fe retiroit fouvent pour v^icquer, comme il difoit, à fes dév^otions.
Outre ces deux montagnes, qui font au Septentrion de la Mecque, il. y en
â une troifième qui la regarde au Mi'dy , nommée Thour, & c'efl dans celle-cy
que Mahomet fe tint caché quelque tems , après avoir été chaffé de la Mec-
que, & où il prit la réfolution d'abandonner "entièrement fa Ville natale, pour
établir fa demeure à Medine , Epoque fameufe parmy les Mahometans , qu'ils
nous ont fait connoître fous le nom d'Hcgire , c'eil-à.dire , de la fuite, de leur
faux Prophète.
: Les Géographes Orientaux donnent à la Ville de la Mecque y y dcgrez de lon-
gitude, & 21 degrez, 40 minutes de latitude Septentrionale, & la placent dans
le fécond Climat.
Quoique cette Ville foit éloignée de la Mer rouge d'environ trois journées,
néanmoins elle ne laiffe pas de luy donner fon nom. Car les Arabes l'appel-
lent fouvent Bahr Meccah , & les Turcs Mekkah Denghizi , d'où les Italiens,
tant Hiftoriens que Géographes, la nomment auffi Golfo di Mecca.
Mais ce qui rend cette Ville la plus célèbre dans le Monde cft la nailfance
de Mahomet, le Temple de Câbah ou Maifon quarrée , fouvent au/îi nommée
par les Mufulmans Beït allah , c'cfl-à-dire, h Maifon de Dieu, & le Puis pré-
tendu miraculeux de Zcmzem. Ce font ces av.-inta^^es qui font que les Muful-
.Tnans ne nomment jamais cette Ville , qui a porté aufîî autrefois le nom de
Beccah, fans luy donner le titre de Moadhemah , c'eflTà-dire , de Grande & de
Magnifique, de la même manière qu'ils donnent celuy de Munaoverah, c'eil-à-
dirè, d'Illuftre, à celle de Medine, & de Cods fcherif , c'efl-à-dire , Sainte &
Noble, à celle de Plierufalem.
Pour bien connoître ce qui regarde la Ville de la Mecque , il faut voir les
titres de Cabah, de Zemzem & de plufieurs autres qui y ont du rapport.
Quoique cette Ville foit en fi grande vénération parmy les Mufulmans, néan-
moins elle n'a pas laifîe d'avoir été plufieurs fois affiégée , pillée & brûlée , au
fujet de diverfes révoltes qui fe font élevées parmy eux.
A'bdallah, fils de Zobeïr, s'étant fait proclamer Khalife dans la Mecque, fous
le règne d'Iezid, fils de Moavie , fécond Khalife de la Maifon des Ommiades ,
lezid envoya fîofiain, fils de Semir, Général de Ces troupes, pour forcer A'b-
dallah qui s'étoit fortifié dans la Mecque. Hoffa'ïn l'affiégea , l'an 64 de i'He-
gire , & la battit fi rudement, pendant quarante jours, qu'il démoht une gran-
de partie du Temple &*brLila l'autre, & cette "Ville auroit couru la même for-
tune que Medine , fi la nouvelle de la mort d'Iezid n'eût rappelle Ilofiltïn en
Syrie.
A'bdaî-
: A/bdaUahfé vôyantiinie'ux étabH ïjue:j;iitnais;dal$ là, Meçquascmprèj ,1^ retrai-
te de HoŒiïn & de l'on armée, OMCinua la guerrcî ■C'art.tre .les 'Ivlialifes Omniia-
des^ SuccefTeurs d'feziJ,' jntiju'au règne d'Abdv'l M clejc ^ cinquiy. ne Khalife de
cette Mailbn. Maiscekiy-cy, voulant enlin terminer cette affaire,. xelplut d'at-
taquer enÈore une fois vivetneJitjfoa ennemi; dans ixf iVJecqui2.;b -ijo-nï. T ■.,
■ Pour cet' effet, il tint cônfeil pouf-idélibercr à ■qui'il' donne'tojt :le::Gcfnnnan-
dejjient de' l'armée qu'il Vouloit ■ envoyer- en Arabie. "' ;;; -!.
- -Hegia'gc -fils de ' Joicf , ^ 'Gouverneur ' de î'IfaqUe' Arâbiqtfé' 'fîôup 'le Khalife , <St
qui étoit pour lors frâs contredit le plus gi-and Capitaine des Akifulmans, S'of-
frit-d'abord pour cet emploi Mais A^bdel Mclek fit quelque difficulté de lé
lui accorder julqu'à ce qu'il eût appris de ' lui -qu'il avbit fait un fonge la nuit
précédente dan^ lequel il lui fembloft d'avoir raie la tête & 'la barbe à A'bdal-
lah. Car' ce longé duquel .il 'prit -bon augure , lui fit pi-eiKlrç la i-efolutiôn de
charger iîegirtge de- In- conduite de cette 'afiiTure. c^^n ob tf.n:fLBC'p '-r,f-:ci;: i\
Hegiage réulïït fi bien dans.fon entrepi-ifc qu'il prit''paf''f8fce"la Vrilè' de la
Mecque l'an de l'tlegii'C; 73, & fit couper la tcte à Abdallah qui l'avoit def-
fenduë long-temps avec beaucoup de vigueur. Et parce que fies batteries avoient
ruiné une grande partie du Temple pendant les neuf mois qu'avoit duré ce
fiege, il fit entièrement démolir tout ce qu'A'bdallah y ayoit ajouté pour l'ag-
grandir & pour .l'embellir,, & le rétablit entièrement dans' la' préiniefe foiinç b{i
il étoit du temps "diJ Mahomet. ■ - ; ,' ' ' ' / ' '■■ '
Depuis ce temps-là, la Ville de la Mecque demeura toujours àa pouvoir des
Khalifes ou Ommiades, ou Abbaffidcs qui régnèrent fucceffivement jufqu'au rè-
gne des Ivlialifcs Molctafi & Moktadi que les Carmathes, peuples révoltez ,* &
qui vouloicnt introduire une nouvelle Religion dans le Mahometifmc s'emparè-
rent de cette Ville , tuèrent en une feule fois jufqu'à vingt mille Pelerfns, la
faccagerent avec Ion Temple pendant refpace de fept jours, & enlevèrent cette
Pierre noire fi refpedée par les Mufulmans, qu'A'bdallah ,. fils.de.Zobeïr, avoit
mile dans le Temple même , & fuppriraerent enfin pour quelque temps le Pèle-
rinage de h Mecque, l^oycz fur ceci les Titres de Hage , ou Pèlerinage de la
Mecque & do Hagiar alalîbued, quiefi: la Pierre noire dont nous parlons , com-
me auilî celui des Carmathes.
La plus ancienne Origine que l'on trouve des Emirs ou des Scherifs , com-
me on les appelle aujourd'huy , de la Mecque , fe trouve rapportée par Ben
Schohnah fous le règne des Aïoubites , ou Princes de la pofterité de Saladin
qui regnoit dans l'Iemen en Arabie, Car il écrit qu'en ce temps-là, il y avoic
un Prince à la Mecque , & un autre à Medine qui portoient le titre d'Emir ,
& que l'an 633 de l' Hégire un nommé Cotadah , fils d'Edris de la race d'Ali
de la branch.'i de Hofiaïn, étoit Emir de la Mecque.
■ II. écrit aufîî que Cotadah fit la guerre à l'Etnir q^ui commandoit à Medine,
^ qu'ayant fait marcher .pour cet eifet des troupes cobtre lui fous le Comman-
dement de fon frère & de fon fils nommé Haffan, cet Hafian, au lieu d'aitr.quer
l'Emir de Medine , tua fon Oncle fur le chemin , & retourna fur fes pas à la
Mecque, où il fit étrangler fon propre Père Cotadah avec un de fes frères.
Ce Cotadah eft illufiire parmi les Arabes , parce qn'il étoit fort bon Poëte , &
Ben Sciiohnah rapporte des vers qu'il fit contre le Chef de la Caravane des Pèle-
rins qui alloient de la Province d'Iraque à la Mecque, à caulè que ce Chef que
^- les
592 M E D A R E K. — MEBHALEM.
les Arabes appellent Emir Hage , prétendoit que TEmir de la Mecque fortît
de la Ville au devant de lui pour le recevoir.
Nous avons une Hiftoire des Princes de la Maifon de Cotadah qui ont régné
à la Mecque fous le nom d'Akhbar almoftefadah fi faeian AI Alkotadah.
Le Terroir de la Mecque n'étant couvert que de pierres & de fablods , ne
produit aucune forte de fruits. Cependant , il s'y en trouve de toutes fortes
en très-grande abondance , ce que les Mufulmans attribuent à la prière qu'Hagar
& Ifmaël firent, quand l'Ange Gabriel les eut tranfportez au milieu de cette
Campagne fi fterile. Car alors , l'Ange leur promit de la part de Dieu que la
Ville & la Vallée de Thaïef leur fourniroit non feulement, les chofes necelTai-
res; mais encore, les plus délicieufes.
Cependant , le Khalife Mahadi voulut encore enchérir fur ces délices , en
faifant tranfporter fur des chameaux, pandant le temps de fou Pèlerinage, une
fi grande quantité de neige, qu'il y en eut pour rafraîchir les eaux & les fruits
pendant tout le temps qu'il y fit fon féjour.
Si nous en croyons les Mufulmans , dans le lieu où la Mecque fut depuis
bâtie, il y avoit toujours depuis la naiffance du Monde ufle colline de fable
rouge où tous les Peuples de l'Arabie venoient en foule pour y faire leur priè-
re & obtenir les grâces qu'ils attendoicnt du ciel , & ce lieu étoit eftimé dès-
Jors pour être le milieu de la Terre habitable.
Trois Auteurs fort célèbres furnommcz , Al Affarani , Al Azraki & Al FafH
ont écrit l'Hiftoire de la Mecque , & il y a encore deux autres Ouvrages dont
l'un eft nommé Akhbar Al Mekkiah, & l'autre, Eêlam balad Allah AlHaram,
jqui traitent le même fujèt.
MEDAREK. Ketab Al Medarek. Le Livre des Voyes , ou des inflruc-
tions. Il eft fouvent cité dans les Livres Myftiques & fpirituels
MED EL LU. Et Medelli. La Ville de Metelin qui dl la Capitale de l'Ifle
de Lesbos dans l'Archipel, que les Turcs appellent auflî Medellu Adaffi , ceft-
à-dire, l'Ifle de Metelin.
Cette Ifle & fa Capitale furent prifes par Mahomet II, Sultan des Othma-
nides l'an 865 de l'Hegire, fur Dominique Catalufio, Gentirhommc Génois, le-
quel defcendoit de François Catalufio à qui l'Empereur Grec Calo Joannés l'a-
voit donnée en pur don, pour rccompenfe du fervice qu'il lui avoit rendu con-
tre Jean Cantacuzene fon Beau-Pere^ qui vouloit ufurper fes Etats.
MEDENL Foyez Medinî.
MEDHADH, ou Madhadh Ben A'mrou. Ceft le nom du Père d'une fille
qu'Ifmaël , fils d'Ibrahim ou Abraham , époufa en Arabie , & qui fut mère de
Thabcth, fils d'Ifmaël, lequel fucceda à fon Père dans la Principauté de la Mec-
que. Ce Thabet n'ayant laifi^e après fa mort que àes enfans en fort bas âge,
Medhadh envahit cet Etat félon Benkondfchah. Foyez Zemzcm.
MEDHALEM. Dar Al Medhalera. Cour de Juftice établie par les An-
ciens Rois de Perfe pour punir les violences & les oppréflions, que les Peuples
fouffroient de la part des Grands Seigneurs du Royaume. Il eft parlé fouvent
de ce Tribunal dans l'iiiftoire des Anciens Rois de Perfe.
MEDHEB.
M E D H E B. M E D I N A H. 593
MEDHEB, Ce mot qui fignifie proprement une Scftc , tant en ma-
tière de Religion , que de Icience , & qui fe peut prendre en bonne & en
nnuvaife part , eft auflî le titre d'une Grammaire Arabique compoiee par Al
Mazeni.
MED IN A H. Ce mot fignifie en gênerai Ville, mais en particulier, c'cfl:
celle de Jathrcb en Arabie dans la Province d'Hagiazc où Mahomet le retira,
lorfqu'il fut obligé avec les ficns de quitter la Mecque, fon.pays natal, l^oysz
Hegirah.
Elle fut appellée Ville par excellence , à caufe que Mahomet y établit le
fiege de l'Empire des Mufulmans. En effet , les premier:: Khalifes y ont fait
leur refidence ordinaire, à la referve d'Ali qui tranfera le fiege du Kiialifat à
Coufdh où il étoit plus aimé. Après lui, les Ommiad.'s doat la puilîance sétoit
établie dans la Sjaùe, le mirent en Damas.
Outre l'avantage qu'a Medine d'eflre Capitale des Mufulmans , elle a encore
celui de conferver les Sépulcres de Mahomet & des premiers Khalifes, C'efl
ce qui lui donne le titre de Ville du Prophète , Medinat al Nabi, ou fimple-
ment, la Ville.
Velid, fixième Khalife de la race des Ommiadcs, fit rebâtir la Mofquée où efl:
le Sépulcre de Mahomet , & la fit beaucoup plus grande & plus belle qu'elle
n'étoit, l'an' de l'Hegire 88, par les foins d'Omar, fils d'Abdelaziz qui comman-
doit dans l'Arabie en fon nom, & qui lui fucceda dans la dignité de Khalife.
Medine eft furnommée Monaouerah ou Munevvereh , c'eil-à-djre , l'Illnflre,
& a quitté entièrement les noms de Jathreb & de Thaiba qu'elle portoit au-
paravant.
Elle eft fituée dans le fécond Climat, & appartient à la Province ou partie
de l'Arabie appellée Hagiaze, comme nous avons déjà dit, auOl-bien que la Mec-
que félon quelques-uns. Ce n'eft pas qu'il n'y ait des Géographes qui difent
qu'elle appartient à la petite Province de Negcd , qui veut dire , partie haute ,
pour la diftingucr de la Province dite ïehamah, c'eft-à-dire, partie baffe de
l'Arabie où la Mecque eft fituée.
- Ce qui rend aujourd'huy cette Ville plus recommandable eft le fepulcre de
Mahomet, que les Pèlerins vifitent ordinairement au retour de la Mecque. Ce
fepulcre s'appelle par excellence Raouzat, ou Raoudhat , c'eft-à-dire, la prai-
rie ou le Jardin. Le Terroir de Medine eft aride, & fans eau, hçrs de quel-
ques puits qui en fournilTent. Le plus célèbre de tous eft celui qui porte le nom
de Bedhâat, comme qui diroit le fonds & le capital de la boiifon, Jhdelmôal
au f.cou.d Climat.
Naffir eddin & Ulug Beg donnent à Medine 77 degrez de longitude, le fécond
de ces Auteurs y ajoute 10 minutes , & tous, deux lui donnent également 21
degrez, 40 minutes de latitude feptentrionale.
Les Habitans de Medine ayant appris la mort de Houffaïn, tué à la journée
de Kerbela, & qu'Iezid, fils de Moavie, qui avoit fuccedé à fon Père, maltrait-
toit toute la Maifon d'Ali, réputée pour être la même que celle de Mahomet,
réfolurent de le renoncer pour Khalife, & de reconnoître pour tel, A'bdallah,
fils de Zobeïr , qui avoit été proclamé à la Mecque. Ils levèrent pour, cet effet
des troupes; mais elles furent bien-tôt défaites par Meflem , General d'Iezid, qui
vint enfuite les affiéger. Les Medinois fe voyant préfixez, réfolurent de fe ren-
ToME IL F f f f dre»
594 M E D I N A T. M E D I N ï.
dre, mais.Meflem, des mains duquel ils avoient réfufé la paix au commence-
ment du liége, ne les voulut recevoir qu'à difcretion
Ce General entra donc l'épée à la main dans Medine, où fans aucun repeét:
pour le fepulcre du Prophète, il fit main-balfe fur tout ce qu'il rencontra fur
fa route, la faccagea pendant trois jours, &, fit mourir jufques-à fix mille de
fes Habitans.
Cette funcfle défolation de la Ville de Medine arriva l'an 6z de l'Hegire
& fit que Meflem porta le furnom de Mufrif, à caufe qu'il avoit excédé dans
l'exécution de fes ordres.
Après cette cruelle exécution , Meflem fe préparoit à faire le même traite- -
ment à la Ville de la Mecque, & il marchoit déjà pour cette expédition, lorf--
que la mort l'arrêta au troifième jour de fa marche. Foyez le titre d'Iezid..
Khondemir.
Ebn A'mid remarque de plus que Meflem reduifît en efclavage tous les Me- -
dinois qui avoient échapé à la fureur du foldat, & il cite une Tradition Mu-
fulmanne , félon laquelle le faux Prophète avoit donné fa malediélion à celui qui
faccageroit fa Ville.
Après que -le Sultan Selim, fils de Bajazet, eut défait Canfou Gauri , Sultan des .
Mamelucs d'Egypte , comme il a{îifi:oit à la prière publique dans la Mofquée
d'Halep , l'Imam ou Chef de la Mofquée dit à la fin de la prière ces paroles:
Dieu conferve Sèlim Khan , Serviteur & Minifl;re des deux Villes facrées de la
Mecque & de Medine. L'Auteur du Raoudhat rapporte que ce titre plût (i
fort au Sultan qu'il donna la vefl:e qu'il portoit à cet Imam, & que depuis ce
temps-là les Sultans Ottomans l'ont toujours mis dans leurs Patentes en qualité
de Rois d'Egypte. Ce titre efl: en Arabe, Khadem Al Harameïn.
Ebn Nagiar, Hifl:oriographe célèbre parmi ks Arabes, a écrit une Hifloire par--
ticuliere de la Ville de Medine.
Il y a une Ville dans la Province d'Iemen en Arabie appellée Giublat, qui;
porte auffi le titre de Medinah; mais il faut fous-entendre , Al Nahareïn, c'efl:--
à-dire , des deux fleuves, en forte que fon nom entier cft, McJinat Al Naha--
reïn, à caufe qu'elle cfl; fituée fur deux rivières.
C'efl; ainfi que la Ville de Bagdet efl; appellée, Medinat Al Salara , la Ville de.
la paix , nom qu'Ai Manfor lui donna par imitation de celui de Hierufalera i
qui fignifie en Hébreu , Vifion de paix.
11 y a eiî Efpagne plufieurs Villes qui portent le nom de Medine qui leur a
été donné par les Arabes ; mais elles font toutes diflinguées par quelque fingu- ■
lanté, comme Médina Coeli, Médina de las Torres, Médina de Rio fecco, Me--
dina Sidonia, &c.
MEDINAT Al Naflbut. La Ville dé l'homme ou de l'humanité. C'eft une •
Hiltoire Allégorique dans laquelle efl; décrite la conduite de l'homme en cette .
Vie, à l'égard particu'ièrcment de la Religion & de la Pieté. Cet Ouvrage fe.
trouve dans la Bibliothèque Royale n°. 723.
MEDINI, ou Mcdeni, Natif de Medine. Plufieurs Auteurs ^ont porté ce-
furnom.
Ifmaël Al Dharir, c'eft-à-dire, îfmaël l'Aveugle, a été furnommé Al Medini.
11 a compofé un Livre, intitulé Eims. man nazal alaïliem Al Coran, c'efl;-à-dire,
les
M E D K H A L. M E F T A H. 595
les Noms des Prophètes auxquels Dieu a envoyé des Livres particuliers, com-
me à Adam, à Seth, à Enoch ou Edris, à Moïfe, à Jefus-Chrift, &, comme les
Mahometans prétendent faufTement, à Mahomet.
Ali Ben Al Medini qui porte le titre de Scheikh Al Mohadethin, cclt-à-dii-e,
le Dofteur des Traditionaires, eft le premier Auteur des Asbab Al Nozoul,
c'eft-à-dire , des fujets & des occafions que Mahomet a eues de publier uni
grande partie des Vcrfets de fon Alcoran,
Aboul Mâni Ahmed eft appelle encore Ebn Hebat Al Medini. Il cft .au-
teur d'un Livre , intitulé Hakkaîn Al Gedel , c'eft-à-dire , des Conditions que
doit avoir une difpute dans les Ecoles. Cet Auteur mourut l'an 656 de
l'Hegire.
MEDKHAL Al Tâlira. Introduftion à la fcience ou à la doftrine. C'eft
le nom d'un Livre de Chymie qui porte auflî le titre de Rothat Al Haklm ,
c'eft-à-dire, les degrez des perfeélions du Sage ou du Philofophe.
MEDRAR. Banou Medrar. La pofterité de Medrar, C'eft le nom d'une
Dynaftie ou famille principale qui commandoit ou regnoit dans la Ville & Pro-
vince de Segelmeffe en Mauritanie, pendant que la famille dos Aglabites regnoit
dans la Province d'Afrique proprement dite.
Ces Medrarites régnèrent environ l'efpace de 160 ans & furent fubjugués auflî-
bien que les Aglabites, par le Mehedi d'Afrique, c'eft-à-dire, par le Prince qui
fonda la puiffance des Fathimites , qui furent depuis Khalifes en Egypte & en
Afrique.
MEFATIH afrar alhorouf v meffabih anouâr aldhorouf : Titre d'un Livre
"attribué à Baftami dans lequel cet Auteur traite des fecrcts & des myfteres qui
font cachez dans les lettres Arabiques. C'eft un Ouvrage plein de fuperftitions y
qui fe trouve dans la Bibliothèque Royale n°. 1020.
MEFATIH alôloum. Les Clefs des Sciences. Foyez Meftah alôloum.
MEFSAL. Grammaire Arabique compofée par Zamakfchari & commentée
par Ahmed Al Gionghi. Cet Ouvrage eft divifé en quatre parties, à fçavoir,
des noms , des Verbes , des particules & de la conftruélion. On le trouve dans
la Bibliothèque Royale, n'. 1046.
MEFTAH alôloum. La Clef des Sciences. C'eft un Traité de Dialeftique
& de Met jphyfique , compofé par Serageddin Jofcf, furnommé Al Sekaki , qui
mourut l'an 626 de THcgire. Ce traité a été commenté par Sâad eddin Tag-
tazani, par Mofnafek, par Kadihi Zadeh, & par un Difciple de Naflîreddin Al
Thouffi, nommé Schirazi. Il eft dans la Bibliothèque Royale n°. 913.
Ce même Auteur a auflî donné un Meftah alôloum , fur la Grammaire &
fur la Rhétorique , fur lequel Hoffam eddin Maouzeni a fait un Commentaire,
Il eft dans la Bibliothèque Royale n''. 1050.
MEFTAH alfalahat. Livre d'Agriculture compofé par Ebn Hegiaz.
MEFTAH alfateh almakfal. La Clef qui ouvre les chofes . fermées. Livre
de Théologie myftique des Sotis , compofé par Fakhreddin Al Tegibi Al He-
ralL 11 eft dans la Bibliothèque Royale n°. 616.
Ffffa MEFTAH
S^6 M E F T A H. M E G L E S: -
MEFTAH alkhaïr. La Clef de tout bien, C'eft le furnom ou fobriquet
qui fut donné au Khalife Soliman, fils d'A'bdàl Melek. Foycz fon titre par-
ticulier.
MEFTAH aîtcfaflîr. La Clef des Commentaires qui ont été faits far l'Af-
coran. C'eft le titi'e que porte la féconde partie du Livre intitulé iMegmôu Al
Rafchidi. I^oyez ce titre un peu plus bas.
•
MEGIAHED. C'eft le même qu'Aboiil Hegiage Ben Glaber, un des plus
anciens Dofteurs du Mufulmanifme qui avoit reçu fes Traditions d'Abou Ho-
reïrah & d'Eb.i Abbas. Il étoit natif de la Mecque & mourut l'an 104 de
l'Hegirc,
MEGI A LES Al N^faïs. Converfations curieufes. C'eft une Hiftoire Orien-
tale corapofée par Mir A'Ii Schir. f^oyez le titre de cet Auteur.
MEGI A LES S A T. Lieu où l'on s'aflcmble pour s'entretenir & conver-
fer enfemble. C'eft le titre d'un Ouvrage Hiftorique compofé par Daïnouri.
Foyez le titre de cet Auteur.
MEGIAZ Al Coran. Ceft le Titre d'un Livre-, qu'Abou O'beïdah compofa
contre les Arabes, fur lequel un particulier ayant dit à cet Auteur qu'il avoit
injurié tous les Arabes, il lui répondit: Enta beri men Dhaleka , c'eft-à-dire ,
'Vous êtes fort innocent de tout ce que j'ay dit.
MEGIOUI, ou Magioui. Surnom de Fadhlallah Mohammed Ben Aïoub.
Cet Auteur porte le titre de Saheb Al O'mdateïn , à caufe qu'il a compofé
deux Livres, l'un intitulé, O'mdat alabrar, & l'autre O'mdat alakhiar, c'eft-à-
dire, l'appui & le foûtien des hommes jultes, & l'appui des gens d'honneur
& de vertu.
Le mène Do6leur a compofé une Resfaîat , c'eft-à dire , un traité tiré du.
Livre qui porte le titre de Fctaoui Al Sofiah, fur le chant & fur la danfe des
Solîs ou Derviches. Il eft dans la Bibliothèque Royale n^ 684..
MEGIO.USSI, ou Magiouffi. Nom dérivé de Megius , ou Magious , qui
fignifie un Mage, c'eft-à-dire, un Difciple de Zoroaftre & un Adorateur du feu. ,
Plufieurs Auteurs qui faifoient profelîion de la Religion Zoroaftrique , quoiqu'ils
vôcuilj:^nt parmi les Mufulmans , ont porté . ce furnom , comme Thabct Ben
Corrah , &c.
M.EGLES, ou .Meglis. Aflemblée, ou Compagnie où l'on traite des Scien-
ces, comme dans une Académie, & où l'on fe divertit avec fes amis.
Megics mahaffen alathar v alakhbar fî d'hemm alfchoh ou albokhl v medh al- -
fekha v alfarouat. C'eft le nom d'un Livre compofé par Mohammed Ben Ah-
med Al Mokri , contre l'Avarice & à la louange de la Libéralité. Cet Ouvrage
eft dans la Bibliothèque Royale n°. 842. II eft relié avec un autre Livre, inti-
tulé Kctab alboloug.
MEGLES
ME G LE S. M E G M O' U. S9?
MEGLES alfcharab. Traité d'Hydi'aulique où il efl principalement parlé
des Verres , des talFes , Gobelets , & autres Vaiffeaux propres à boire & à verfer
l'eau. Ifraaël Al Gezeri en cfl l'Auteur
MEGMA'. Ce mot fignifie en Arabe, une afTcmblée ou Concours, une
colleélion ou recueil, félon les fujets ou matières dont il s'agit.
JVIEGMA' albahreïn. Le Concours des Mers. C'efl le nom du lieu où les
Ifraëlites abordèrent en Arabie ù la fortie de la Mer rouge, fous la conduite
de Khedhcr, ou pluftôt, de Moïfe.
Il y a pluficurs Ouvrages qui portent ce titre, & entre autres, ceux de Dha-
gmi fur la langue Atabique, de Soïouthi fur l'Alcoran, & de Borhaneddin Ai
Sàathi fur la môme matière^
MEGMA' algialilat. Livre de Médecine qui porte aufïï le nom de Mogia-
rablt , c'eft-à-dirc , de Remèdes éprouvez & expérimentez , compote par Kaïf-
founi. Il e^ dans la Bibliothèque Royale n°. 958.
MEGMA' alboldan. C'efl ainfi qu'Iacoat Al Hamaoui a intitulé fa Geo-
graphie.
MEGVIA' almcgiales u alnaflîat. Livre de diverfitez curieufes & prf;pres à
s'entretenir dans la Lonverfation, compofé par Roumi Afendi.
MEGMA' alnaouadir. Recueil des chofes rares & curieufes. C'eil le titre
d'un Ouvrage hiiloriquc compofé par Nazami Al A'rouzi.
MEGMA, fe prend aufïï également chez les Chrétiens & chez les Mahome-
tans pour une Aiiemblée ou Concile d'Evéqucs, de Do6teurs ou d'Imams. On
ne parlera point ici des Conciles tenus par les Evéques ; mais feulement des
Conciliabules tenus par les Mufulmans.
Le Sultan jVfalDud de la Dynsftic des Selgiucides en fît tenir un pour la
dépoficion d'un Khalife & po'ur la Création d'un autre, f^oysz le titre de ce
Sultan.
Saladin en fit tenir un au Caire pour dépofer les Fathimites dont le Khalifat
fut entièrement fupprimé.
Mohammed, dit Khouarczm Schah , c'eft-à-dire , Sultan des Khouarezmiens , en
alTembla un de la plus grande partie des Doftcurs du Mufulraaniimc qui lui
étoient foùmis, dans lequel il fît dépofer le Khalife NafTer & élire Termedi en
fa place. Mais cette entreprife ne luy réufîît pas. Car félon la remarque des
Hiftoriens Mahometans, il fut puni de fon attentat par l'irruption que fit Gin--
gbizkhan dans fes Eftats.
MEGMO'U alaltcmam. Foyez Magmoû.
ME G MO' U Mobarelc. Recueil des plus anciennes & des plus rares Poëfîes
des Arabes. 11 ell dans la Bibliothèque Royale n-. 1148.
MEGMO'U Rouhani. Livre de Conjurations, & d'opérations Magiques
atti-ibué à Aflîmah, Mère de Moyfe. Il efl dans la Bibliothèque du Roy, n-'. 1025.
F f f f 3 MEGMOU
55)8 M E G M 0' U. M E H A B B A T.
MEGMO'U Al Rafchidiah. C'eft le titre d'un fort grand Volume ^q«i em-
prunte fon nom de Rafchid Thabib, Vizir d'Al Giaptou Empereur des Mogols,
qui en eft l'Auteur. Cet Ouvrage eft divifé en quatre grandes parties. La
première, qui s'intitule Thaoudhiah, traite amplement de la Loy Mufulmanne.
La féconde, intitulée Meftah altaffir, comprend ce qu'il y a de plus recherche
dans les Commentaires faits fur l'Alcoran.
La troifième qui porte le nom de RefTalat Sulthaniat, regarde la Politique &
le Gouvernement de l'Etat.
La quatrième, qui porte le nom de Lathaïf alhaklcaïk, examine les queflions
curieufes & les fubtilitez de l'Ecole. Ce Livre eft dans la Bibliothèque du
Koy, n«. I. ♦
MEGMO'U Mobarek ala fodhaïl alâref billah Mohammed Ben Edris Al
Schafêi. C'eft un Eloge ou Panégyrique des vertus & belles qualitez du fçavant
^Mohammed, fils d'Edris, Dodeur de la Sefte de Schafêï- Il eft dans la Biblio-
theque Royale, n^. 846. ^
- MEGNOUN. Ce mot qui fignifie proprement en Arabe ,^ un Fou, un
Furieux, fe prend en particulier pour un homme tranfporté de l'amour, ou Di-
vin, ou profane.
Ce mot de Megnoun eft devenu auflî le nom d'un fameux Perfonnage que
les Orientaux prennent pour le modèle d'un parfait Amant. Sa Maitreflfe qui
fe nommoit Leïleh, eft regardée aufîî par les mêmes Orientaux comme la plus
belle & la plus chafte de toutes celles de fon fexe.
L'on trouve les Amours de Megnoun & de Leileh écrits en Arabe , en Per-
fien & en Turc, & tous les Mahometans regardent également ces deux Amans,
à peu près, comme les Juifs ont fait l'Epoux & l'Epoufe du Cantique des Can-
tiques, allegorifant leur Hiftoire & s'en fervant pour élever les plus fpirituels
à la contemplation des Myfteres Divins.
L'Hiftoire des Amours de Jofef & de Zulcikha a été auffi traitée par les
Orientaux de la même manière; de forte que fi on les en veut croire, il n'y
a rien dans tous les Ouvrages de Poëfie qu'ils ont compofez fur cette matière,
tjui n'ait fon rapport k leur Théologie Myftique & à l'Amour divin.
On peut remarquer ici cependant, que le mot de Megnoun, qui a fon ori-
gine de Ginn , fignifie proprement un homme polTedé par un efprit étranger ,
foit bon ou mauvais. C'eft pourquoy il ne fàut pas s'étonner, fi les Mahome-
tans prennent fouvent les fols pour des gens agitez ou infpirez par 1 efprit de
Dieu & pour des Saints. , , „tt •
. Abou Al Azhar Mohammed Ben Zeïd, qui mourut 1 an 325 de IHegire, a
compofé un Livre, intitulé Akhbar ôkala AlMogiannin, c'eft-à-dire, l'Hiftoire
des fages Fols. Foyez les titres de Divaneh, & de Scheïda.
M EH A B BAT. L'Amitié & l'Amour. Refllilat fi beïan Al Mehabbat. Traité
de l'Amour Divin, compofé par Khalil Allah Ben Nourallah Ben Môin eddin
Allezdi. Ce Livre fe trouve dans la Bibliothèque Royale, n^. 654.
Voyez fjr le fujet de l'Amour Divin le titre Efchk allah , qui eft 1 Amour
de Dieu.
MEHADOU.
M E H A D O U. ^ M E H R A G E. 59^
MEHADOU, C'eft le nom que les Brachmanes des Indes donnent à une
troifième Divinité fubalterne, que Dieu créa avant le Monde, & c'eft de celle-
là même dont Dieu fe doit fervir pour le détruire.
MEHADOUNI. Surnom d'Abou Valid A'bdalmelek Ben Khatthar, Au-
teur du Livre, intitulé Efchtekak al Efma, c'ell-à-dire , des différentes lignifica-
tions & acceptations des Noms équiv^oques. Cet Auteur mourut l'an 256 de
l'Hegire.
MEHEDI. f^oyez le titre de Mahdi.
Le plus connu de tous les Perfonnages qui ont porté ce nom efl Abou Mo-
hammed Ben A'bdallah, premier Khalife des Farhiraites en Afrique qui mourut
à Caïrouan l'an 322 de l'Hegire, après 24 ans de règne, & qui laifla pour Suc-
ceffeur fon fils Caîem Beemriliah.
L'Hiftoire de ce Klîalife a été écrite par Abou Giafar Ahmed Ben Ibrahim
Ben Al Harrar Al Afriki.
MEHEDÏAH.' Ville bâtie en Afrique fur le bord de la mer auprès de
Gaïrouan , par Mahadi , premier Khalife des Fathimites.
Cette Ville a été auflî appellée Afrikiah , & fut bâtie fur les ruïnes de l'an-
cienne Ville, nommée Aphrodifium. Elle fut prife par Dragut, Prince de Tri-
poli & Bâcha de la mer, au nom du Sultan Soliman, l'an 956 de l'Hegire, &
reprife peu de temps après par Andïé Doria pour Charles-quint Empereur, qui
la fit entièrement démolir.
ME H ELI. Surnom de Jofef Ben A'bdallah, Auteur du Livre, intitulé
Fathouat Al Scham, c'efl-à-dire , les Conquêtes de la Syrie.
MEHEMMAT, C'eft le nom d'un Livre de Droit, compofé par Afnaoui ,
grand Jurifconfultc des Mufulmans qui mourut l'an 882 de l'Hegire.
Cet Ouvrage qui eft fort eflimé parmi les Mahometans, a été commenté &
abbregé par plufieurs Auteurs. Balkhini qui y a travaillé, a intitulé fon Livre,
Mehemmat Al Mehemraat. f^oyez ces Ouvrages dans la B. R. n". 700.
M E H E R , ou- Maher. Abou Meher Moufîa Ben Saijar Al Megioufchi. C'eft
le nom du Maitre de l'Auteur du Maleki. Foyez ce titre.
MEHER A H. Ville de l'kmen ou Arabie heureufe dans le TeiToir de la-
quelle il ne croît point d'autre arbre que celui qui porte le Ben. Cette plante
y croît en fi grande quantité, que les troupeaux de moutons & de chameaux
s'en nourrilfent.
MEHER AN. Surnom d'Ibrahim, fils d'Ibrahim Al Asfaraïni.
MEHERANI. Surnom d'Abou Saïd, Auteur d'une de ces fortes de Livres,
appeliez Arbâïn. F'oyez ce titre.
MEHRAGE. C'eft le nom d'une Ifle qui porte auffi le nom de Gezirat
Serirat. Le Géographe Perfien écrit, que cette Ifle, qu'il met au de-là du pre-
mier •"
6bo M E I D A N I. M E I M E N D t
mier Climat , eft fituée dans la mer Verte , ou des Indes , ou félon quelques-
uns dans la mer de la Chine , qu'elle eft fort grande , & entourée d'un grand
nombre d'autres qui font fort petites.
' MEIDANI, furnom d'Aboulfadhl Ahmed Ben Mohammed Al Nifchabouri,
Auteur du Livre intitulé Kctab AI Amthal, qui eft un Recueil fort ample de
Proverbes Arabes, expliquez dans la même langue.
Nous avons de luy auffi un autre Ouvrage, intitulé Ketab Aîfami ii laiïami,
c'eft-à-dire , Livre des Noms propres & des Sjmonymes , qui a été augmenté
par fon tils , nommé Aboufaïd Sâad Al Meïdani. Il mourut fan 559 de l'He-
gire.
On trouve aufïï un Livre, intitulé Adillat Al Efmâ , qui efl une explication
des noms Arabes en Perfien, lequel eft attribué à IMeïdani.
Meïdani eft auffi Je furnom d'un grand Jurifconfulte de la Ville de Bokhara,
nommé Mohammed Ben Naifer Ben Ibrahim Al Bokhari.
Ces deux Auteurs, l'un de Nifchabour , & l'autre de Bokhara, portent tous
deux le titre de Meïdani, .à caufc qu'ils étoient natifs, chacun d'eux, d'un quar-
tier nommé Meïdan, dans la Ville de Nifchabour & de Bokhara.
Ce mot de Meïdan fignifie , ..en Perfien & en Turc , une Place publique qui
fert non feulement de Marché, mais encore d'une efpèce de champ clos, où fe
font les exercices de Jeux & de Courfcs de Chevaux.
Le Meïdan de la Ville d'ifpahan eft fort renommé pour les Jeux de Mail à
cheval, que le Roy de Perfe & les Grands de fa Cour y exercent, & l'Atmeï-
dan ou l'Hippo Jrome de Conftantinople eft affez connu.
Nous avons encore un Aboul HoJfaïn , furnommé Al Meidani, qui eft Au-
teur du Livre, intitulé Akhbar Alkolua^ qui eft une Hiftoire dôs Châteaux &
Places fortes du Mufulmanifme,
MEIMEND. Il y a deux Villes ou groiTes Bourgades en Perfe qui por-
tent ce nom. La première eft dans la Province de Zableftan ou Roftamdar,
ancien Patrimoine & Gouvernement du fameux Roftam.
Cette Vaille eft des dépendances de la Ville Royale de Gaznin ou Gazmh ,
& a donné la naiiFance à un grand Perfonnagc , nommé Aboul Haftan & fur-
jiommé Al iMcïmendi , qui fut Vizir & premier Miniftre du Sultan Mahmoud ,
lils de Sebektcghin,
Le Terroir de la Ville de Mcïmcnd eft très - agréable ; car il eft arrofé de
quantité d'eaux vives & coulantes , ce qui fait qu'il porte les meilleurs fruits
de toute l'Afie.
L'autre Ville, qui porte le nom de Meimend, eft fituée à deux journées de
la Ville de- Schiraz en tirant vers le Midy , & n'a rien de confidérable. Le
Géographe Perfien, dans le troifième Climat.
MEIMEND I, furnom de Khouageh Ahmed, fils d'Hafi^an, natif de la Vil-
le de Meïmend. Ce P^rfonnage étoit Vizir du Sultan Mahmoud, fils de Sebek-
tcghin , & avoit joiii pendant un tems d'un très -grand crédit auprès de -fon
Maître; mais il le perdit peu à peu, enforte que fes ennemis s'en étant apper-
;çus, drefll^rent de très-fortes batteries pour le ruiner entièrement.
Hafnek furnommé Mangal , qui prétendoit avoir fa charge , étoit des plus
ardcns
M E I M E N D r. 6oi
■ttdens k chercher les occafions de le perdre. Cependant , la Sultane Haram-
nour , & première femme de Mahmoud , fille d'Ilek Khan Roy des Turcs Orien-
'taux, protegeoit ce Vizir & le faifoit toujours fortir heureufement des mauvais
pas où on l'engageoit.
Cette Princeflç qui fut furnommée, à caufe de fa beauté & de fa dignité, Mî-
hir Schighil, c'eft-à-dire, le Soleil des beautez, avoit pour une de fcs principa-
les Dames & Confidentes , Gemilah de Candahar , qui étoit la bonne amie de
Meïmendi, & qui par confequent lui rendoit de très-bons oflices auprès de fa
raaifl:refl!e; mais Altuntafch , que tout le monde regardoit comme la féconde per-
fonne de l'Empire, comme étant General des armées du Sultan & fon favory,
-avoit déclaré une inimitié ouverte à ce Vizir & ne le pouvoit foufFrir.
Il arriva un "jour que le camp du Sultan fe trouvant pollé aux environs de
Cabul, Ville de l'Inde Septentrionale, il partit de -là une Caravane de Mar-
chands pour le Turqueilan qui devoit être de -retour à la Ville de Gaznah au
commencement de l'hyver.
Le Vizir qui devoit faire un Voyage à Gaznah pour des affaires importantes
du Sultan, & qui avoit befoin de fe fournir tous les ans de fourures pour îes
femmes & pour fes enfans, crut qu'il y auroit quelque chofe à gagner s'il en-
voyoit .un homme de fa part comme une efpece de Faéleur , avec des ctoff'es
du pays , pour rapporter du Turqueftan les choies qui lui étoient neceflaires.
Il ne put pas faire cette affaire fi fecreteraent que fes emiemis n'en euflient
connoifiance. Ils fe le dirent les uns aux autres, & enfin Altuntafch en ayant
été informé , la porta jufques aux oreilles du Sultan , auquel il dit que Meïmendi
qui faifoit fi fort l'homme definterefl^e, fe fervoit néanmoins des emplois que le
Prince luy donnoit pour faire un négoce qui deshonoroit fa charge.
Le Sultan ayant appris ce fait , demanda à Altuntafch , s'il pourroit bien prou-
ver ce qu'il avançoit? Il eft aifé , repartit Altuntafch; car il n'y a qu'à dépê-
cher un Courier à la Caravane , qui vous amène le Marchand que Meïmendi
envoyé en Turqueftan, & vous ferez éclairci entièrement de l'alïaire.
Le Vizir, qui eut nouvelle du mauvais office que l'on luy rendoit auprès du
Sultan, fit avertir auffi-tôt Gemilah de tout ce qui fepaflbit; car quoyqu'il de-
meurât quelquefois une année entière fans luy parler , il avoit trouvé cepen-
dant le fecret de luy faire Qavoir ce qu'il vouloit , & d'en avoir réponfe au-
tant de fois qu'il luy plaifoit, fans que perfonne s'en apperçût.
Gemilah ayant donc appris le danger où le Vizir fe trouvoit , luy fit dire ,'
qu'il ne fe mit en peine de rien & qu'elle remedieroit à coût. En effet , elle
alla trouver la Reine, & luy ayant raconté la chofe, elle luy dit, que l'expé-
dient qu'elle avoit trouvé pour délivrer le Vizir du piège qu'on luy avoit dref-
fé, étoit d'envoyer un Courier en toute diligence au Marchand de la Caravane
qui étoit chargé des étoffes du Vizir, avec des Lettres de créance de la Rei-
ne , & des habits & autres ornemens de femmes , que le Marchand mettroit
avec fes étoffes , comme fi c'étoient des préfens que la Reine envoyât à fa mè-
re & à fes fœurs , qui étoient au Turqueflian , avec ordre au Marchand , que
lorfque le Courier du Sultan arriveroit , il ne déclarât rien & fe laiffât conduire
jufques au Divan.
Le Marchand exécuta fort bien fes ordres ; car ayant été conduit devant le
Sultan, il dit-, qu'il étoit envoyé de la part de la Reine Mihir Schighil, mon-
tra les Lettres -cachetées de fon fceau , & fit voir des mafques , des coëffures ,
, Tome IL G g g g des
60^ M E K A F A T. M E K H L A F.
des bracelets & autres ornemens de femmes , qu'il dit que la Reifte euvoydit à
^ Cette^ déclaration du Marchand caufa beaucoup de confufion aux ennemis du
Vizir qui ne pouvoient deviner comment ils avoient été jouez ; mais ils cou-
rurent un bien plus grand danger, lorfque la Reine fit fes plaintes au Sultan
de ce qu'on avoit ouvert fes pacquets en plein Divan. Car le Sultan les alloit
faire punir de mort, fi la Reine , qui ne vouloit pas être caufe que des inno-
cens périllent, n'eût dit au Sultan : Ces gens -là vous font alTez d'autres fera-
blables tours; quand ils y tomberont, faites les chaftier, mais, je vous prie, que
ce ne foit pas maintenant à mon occafion. Fajfaia Nezdm elmulk.
Meïmendi fut le grand Protcfteur des gens de Lettres dans la Cour de Mah»
moud & ce fut luy qui introduifit le fameux Poëte Perfien, nommé Ferdouf-
fi auprès dp ce Sultan, qui le chargea de la compofition de l'Ouvrage intitulé
Schah Nameh, qui eit Fhiftoire des Anciens Rois de Perfe, en vers Perfiens.
11 ell parlé encore du même Meïmendi, qui furvêquit à Mahmoud , dans le.
titre du Sultan Maifôud, fils de Mahmoud.
MEKAFAT & Mekiaûit. Les Rétributions. Les Arabes entendent par ce
mot la récompenfe & la peine que Dieu a ordonnées dès ce monde , pour les
bonnes & pour les mauvaifes aftions, & ils difent, pour cette raifon , ordinai-
rement, hi mckafàt fiddunia, c'eft-à-dire, il y a une juftice dans ce monde.
Ce mot fe prend aufli pour la peine du Talion & pour l'expiation dufang,
qui a été répandu & qu'ils appellent autrement Diat , les Tui-cs Diet, & les
Perfans Dehtadeh, c'eft à-dire, dix pour dix.
MEKAID V alhial. Traité des flratagemes, des rufes de guerre & autres,
compofé par Madaïni. L'on trouve cet Auteur cité dans le Livre intitulé Ra-
taïk alholal, c'efl-à-dire , les Rufes & les Tours de fouplelle.
MEKALAH. Difcours prononcé ou écrit. Ce mot fe prend aulîî pour tou--
te forte de Livres & Traitez, l^oyez le titre de Macalat.
Mekalat alfaflihat fi tedbir man nahafchoho fcheï men alhaouam aou tenaoul
fcheïan men alfamoum. Traité de la Cure & Guérifon de ceux qui ont été
mordus par quelque infefte venimeux, ou qui ont pris quelque chofe d'empoi--
fonné. C'eft un Ouvrage compofé en Langue Arabique par le célèbre Moife , .
fils de Maïemon.
MEKAMAT. Lieux communs ou Difcours Académiques. Voyez le titre
de Macamat.
MEKASSED al Salât. Livre de prières à l'ufage des Mufulmans, compo-
fé par Azzeddin Abou Mohammed Al Solemi ou Al Selemi. Il eft dans la Bk
biiotheque Royale , n". 691.
MEKHLAF. C'efl un mot Arabe, qui eft particulier aux peuples de l'Ie-
men ou Arabie Hcureufe , & fîgnifîe un Château ou ForterelTe fituée fur la cô-
te de la Mer. C'efl apparemment de ces fortes de Tours que l'on voit fur les
côtes de la mer Méditerranée , tant vers le Levant que vers le Ponent , qui
fervent à garanti:* ceux qui navigent fur ces côtes-là, des embûches des Corfai-
res. .
M E K K T. M E L I N D A H. 603
fés. Les Efpagnols les appellent Atalayas du mot Arabe Thalâa, que ceux qui
gardent ces Tours ont accoutumé de crier pour avertir les paffam , ce mot fi-
gnifiant Prens garde.
Mekhlaf abin, Mekhlaf alhirdah, Mekhlaf febtan, &c. font les noms de plu-
Ceurs de ces Forterefles qui font difperfées fur les côtes de Zebid & d'A'Jen,.
Villes & Places fortes de la Province d'Iemen. .
MEKKI, furnom de plufieurs Auteurs natifs de la Mecque, & entre autres
celuy de Salaheddin Aboulmahaifen Mohammed, plus connu fous le nom d'Ebn
Dhaher, qui mourut fan 643 de l' Hégire , qui a écrit l'Hiftoire de la famille
de Cotadah, dont on a déjà parlé.
Nous avons aufli un Razi, qui eft furnommé AI Mekki, un Haimeni, un Tha-
bari & un Kothbeddin, qui font furnommez Al Mekki. Ce dernier eft Auteur
d'une Hiftoire de la Mecque , intitulée Eêlam balad al Harara , de laquelle on
vient de parler, -r
•MELAHEDAH. C'eft le plurier de Melhed , qui fignifie un Impie, un
Homme fans Religion.
Melahedah Kûheftan. Les Impies de la Montagne. C'eft ainfi que font ap-.
pelles les Ifmaëliens qui ont régné dans l'Iran , & particulièrement dans la Par-*
tie Montueufe de la Perfc.
■Le Prince de ces Ifmaëliens fe nommoit aufli Scheikh algebal, c'eft-à-dire, le
Seigneur de la Montagne; c'eft celuy que les Hiftoriens des Guerres Saintes ap-
pellent ordinairement le Vieillard de la Montagne ou le Roy des Affaflins.
MELAL. Melal v Nehal. Livre de Théologie Scholaftique, compofé paP
Sheherestani. f^oyez le titre du Livre intitulé Giamê , du Scheikh Hogiat AI
Iflam.
MELAMA'AT. Ce mot qui fignifie proprement Réflexion ou Rejailliffe-
nient de lumière, eft le titre d'un Ouvrage en vers de Sâdi Alfchirazi, qui n'eft
pas moins eftimé que le Guliftan & le Boftan , dont il eft l'Auteur.
MELEK. Ce mot, dont le plurier eft Melaïkah , fignifie en Arabe & eu
Turc un Ange. Les Perfiens l'appellent Firifchteh.
Ebn Melek ou Ebn Firifchteh, eft le nom d'un Auteur particulier, que. l'on,
peut voir dans le titre de Firifchteh.
ME L H AN. Foyez le titre de Schib^n.
MELILAH ou Melalâh. Ville d'Afrique. Voyez le titre de Mouahedin>
xffii font les Al Mohades, Dynaftie de Princes en i.frique.
MELINDAH & Melinder. Ville du pays appelle par les Arabes Balad A!
Kofera , c'eft-à-dire , le pays des Cafres ou autrement Al Zinge , d'où nous avons
formé le nom de Zanguebar.
Cette Ville eft fîtuée fur la côte Maritime & Orientale de l'Ethiopie , vis-à-
vis de rifle de Socotora & à deux journées de la Ville de Monbazah , qui eft
fur k i]j|me côte.
(Î04 M E L K H A N. — MENA R.
Les Mines de fer, qui fe trouvent dans fon Terroir, enrichiflent plus fea
Habitans que la Poudre d'or, qui fe recueille dans les campagnes, & fes Ha-
bitans ne s'appliquent uniquement qu'aux enchantemens , par lefquels ils fe ga-.
rantiffent des Serpens & autres Infedes venimeux, dont le pays eft fort infedé.
MELKHAN. Ebn Melkan. C'eft le furnom d'un fçavant Médecin Juif,
dont le nom propre étoit Hebatallah. l^oyez ce titre.
MENAFE' alâadha. Les Utilitez dés parties & membres du corps humain;.
G'eft la Traduftion d'u>î Livre de Galien, intitulé en Latin de Ufu partium Cor-
poris humani, qui contient feize Chapitres. Elle a été faite en Arabe par Ho-
naïn Ben Ishak Al Ebadi. H fe trouve dans la Bibliothèque Royale, n''. 866.
Ce même Ouvrage de Galien, De Ufu partium^ a été aufli traduit & commen-
té par Abdalrahman £en AH Ben Abi fadek, & il fe trouve aufli dans la même
Bibliothèque , n". 949.
MENAFE^ al haïvan. De l'Utilité des animaux dans la Médecine. Ouvra-
ge d'Abdallah Ben Gebraïl Ben Bakhtifchuàh , avec des figures fort groffières..
l\ eil dans la Bibliothèque Royale , n\ 939. Ce Manufcrit a été écrit l'an 700
de l'Hegire. l^oyez le titre de Bakhtifchuàh.
MENAR & Menareh, d'où les Turcs ont fait Minareh ouMinaret, fîgnifîe
en Arabe un Fanal-
Valid, iils d'Abdalmalek, fixième Khalife de la Maifon des Ommiades, fut le
premier qui bâtit un Minaret à la fuperbe Mofquée de Damas , pour fervir au
Muezin ou Crieur, qui annonce l'heure de la prière, du plus haut de cet édi-
fice qui tient lieu de cjocher aiLX Mufulmans.
Menarat Efkanderiah eft le Phare ou Fanal d'Alexandrie.
Le Géographe Perfien, au Climat troifième , parlant d'Alexandrie oii ce Cli-
mat commence, dit, que dans cette Ville , qu'Alexandre fit bâtir fur le bord
de la mer Méditerranée, ce grand Prince fit conftruire un Phare, qui palTe pour
être, ez âgiaïb eddunia, c'eft-à-dire, pour une des merveilles du monde, dont,
la hauteur étoit de cent quatre- vingt coudées , au plus haut duquel il fit pla-
cer un miroir, fait par art TaHfmanique , par le moyen duquel la Ville d'A-
lexandrie devoit toujours conferver fà grandeur & fa puilTance , tant que cet^
Ouvrage merveilleux fubfifteroit.
Quelques-uns ont écrit, que les vaifieaux qui arrivoient dans ce port fe vo-.
yoient de fort loin dans ce miroir. Qtioyqu'il en foit , il eft fort célèbre par-
my les Orientaux.
Les Pcrfans appellent ce Phare Aïnch Ifkenderi , c'eft-à-dire, le Mii'oir d'A-
lexandre. Ils difent, que la Fortune de la Ville d'Alexandrie y étoit attachée,
parce que c'étoit un Tàlifman , qui avoit été conftruit fous une certaine con-'
ftellation:
En effet, il ne s'eft brifé quim peu . avant que les Arabes s en rendiflent Jea
Maîtres, ce qui fût l'an 19 de l'Hegire.
Un Poëte Turc décrivant la caducité des chofes du monde dit : Akibet Sin-
madimi Aïnali Iskender, c'eft-à^dire , enfin , le Miroir d'Alexandre n'a-t-il pas
été rompu.
tfefez dit myftiquement à foA ordinaire: Le véritable Miroir d'Alexandre elt
ua
M E N A Z E L. — M E N E L A' U S. Ços
un Verre de vin, fervez-vous en, fi vous voulez pofleder, comme a fait Alexan-
dre, toutes les riche/Tes du Roy Darius. Dans ce Diftique , le Vin eft le Sym-
bole de l'Amour Divin , defigné par le verre ou par la coupe de Gem ou Gem-
fchid; & le Miroir d'Alexandre fignifie la Connoiflànce des myftères ou fecrets
Divins. C'eft ainfi que Sorouri explique allégoriquement toute la Poëfie du
Divan de Hafez.
Menar eft auffi le titre que Naflafi a donné à un Livre de Jurffprudence
qu'il compofa pour fervir aux Mahometans comme d'un flambeau dans la déci*
lîon' des principaux points de leur Loy. Cet Ouvrage, qui eft comme le Code
des Mufulraans, a été commenté par plufieurs Dofteurs, dont un des plus con-
fidérables eft Abdallathif Ben Firifchteh ou Ben Malek. Sarkafchi & Saganaki
ont aulïï travaillé fur ce même Livre. Foyez Matn almenar & Kafchfalafrâr.
MENAZEL al hagge.
Journées du pèlerinage de la Mecque; c'eft-à-dire,
les lieux oi!i la Caravane des Pèlerins de la Mecque s'arrête. C'eft le nom d'un
Livre qui eft dans la Bibliothèque Royale, n''. 670.
MENAZEL Al Saïrin. Les^ Journées des voyageurs. Livre fpirituel, qui
traite des progrez qu'il faut faire pour arriver à la Perfeftion , félon les Prin-
cipes de la voye myftique des Muûjlmans.-
Le mot de Saïroun & Saïrin, qui fignifie en Arabe Voyageurs, fe prend auffi
myftiquement pour les perfonnes dévotes & fpirituellcs qui tendent à la per-
feflion , fous la direflion d'un Maître qui prend la conduite de leur ame.
Ces mêmes apprentifs de la- vie fpirituelle font encore appeliez Salekoiin &
Salekin, c'eft-à-dire, ceux qui marchent dans la même voye fpirituelle à la-
différence de ceux qui font nommez Magedheboun , c'eft-à-dire , Attirez & Em-
portez , qui eft à-peu-près la même divifion que celle de Fiatores ^ Compre-
henforss , c'eft - à - dire , de Voyageurs & de Compreneurs ,, dont nos Théolo--
giens parlent. ■
M END AI lahia. Difciples de faint Jéan-Bàptifte. C'eft ainfi que les Sabisy'
qui prétendent defcendre de ceux que faint- Jean baptifoit dans le Jourdain , fé-
lon qu'il eft porté^ dans l'Evangile, ont accoutumé de fe qualifier. CependanC
ils ne font ni Chrétiens, ni Juifs, quoyque plufieurs de nos Voyageurs Jes ap-
pellent Chrétiens de faint- Jean, à caufe d'une efpèce de Bûptême qui eft enco-
re en ufage parmy eux.
Les Sabis prétendent aufli d'avoir confervé parmy eux les Livres d'Adam
qui font écrits en ancien caraélère Chaldaïque , qui eft afl!ez différent du mo-
derne. Foyei^ le titre Sabi.
MENDH elaïna baadi. Foyez Ina baadi.
MENELAU'S Eskanderani, c'eft-à-dire, Alexandrin de nation. C'étoit
im grand Mathématicien, qui a vécu & écrit avant le tems de Ptolomée.
Nous avons de luy en Arabe un Livre , intitulé Ketab Al Okar , que nous-
connoiflbns fous le nom de Sphcerica. Foyez le titre d'Okar , où vous trouve-
rez ceux qui ont expliqué & commenté cet Ouvrage.
Cet Auteur étoit auffi grand Philofophe , & a compofé un Livre de la Dif^
férence des corps mutes, au rapport d'Abûl Farage dans fa première Dynaftie.
Gggga MENHAGE..
fy^ ' M E N H A G E. M E N K E L I.
MENHAGE. Ce mot qui fignifie en Arabe Us, Coutume & Méthode, fert-
de titre à pluûeurs Ouvrages confidérables compofez en Arabe.
"MENHAGE albeïan fi ma jcflâmalho alinfan, men alagdiat u aladouiat. Li-
vre qui traite de tout ce qui fert à la nourriture & à la guérifon de l'homme.
Cet Ouvrage, rangé par ordre Alphabétique, a été compofé par Ben Giazlah, qui
eft auffi Auteur d'un autre Ouvrage fur la même matière, intitulé Takouira
alabdan, dont l'on peut voir le titre particulier.
Abdallah Ben Beïthar a remarqué les fautes de cet Auteur dans un Livre par-
ticuHer, qu'il a intitulé Alêlam bema fi Imenhage men alkhalel v alveham.
Ahmed Ben Al Scheikh Al Berid, furnommé Al Khezergi , fe vante d'avoir
lu & étudié le Livre de Ben Giazlah , fous fon Auteur même ; & l'on trouve
aulTi un autre Auteur , qui a ^ait un Tetimah ou fupplement au Menhage de
Ben Giazlah. l^oyez la Bibhotheque Royale , n'. 954.
MENHAGE aldokan u deftour a'âïan. La Méthode des Boutiques. Ceâ
une Pharmacopée , compoîée par Aboulmeni Ben Abou Nafr Ben Hafcz , qui
eft furnommé Cohen al A'tthàr Al Ifraiii Al Harouni, c'eft-à-dire, le Prêtre
Droguifte, IfraëUte de Nation & de Famille Sacerdotale d'Aaron. Cet homme
étoit un Apoticaire Juif du grand Caire, qui vivoit l'an 658 de l'Hegire. Son.
Ouvrage eft dans la Bibliothèque Royale, n". 884,
'MENHAGE aluofToul ela êlm aloflbul. Livre de Droit , compofé par le^
Cadhi Beïdhaoui, & commenté par Schamfeddin Esfahani. Il eft dans la Biblio-'
theque Royale , n°. 597.
MENHAGE althalebin. La Méthode des Curieux ou de l'acquifition de la
fciencc. Livre de 'ihéologie Scholaftique , traité lelon la Méthode des Muful-
mans & compofé par Mohieddin Nououi, Dofteur Schafeïen.
Le Commentaire, intitulé Tage Al Mcnhagc , que Soiouthi a fait fur ce Li-'
vre, fe trouve dans la Bibliothèque Royale, n". 591 & 622.
Ce Livre de Nououi n'cft proprement qu'un Abrégé du Mokhtaffar almohar-
rar de Rafêï.
MENHAGE. C'eft le nom d'un Livre qui n'eft proprement que l'Abré-
gé de Menhage althalebin , & ces deux titres ne fignifient que la même choie.
MENHAGE albolaga v Serag aladaba. La Méthode & le flambeau des
|ens qui aiment l'érudition & les belles Lettres. C'eft le nom d'un Livre com-
pofé par Aboul Hafian Ebn Hazem.
Nous avons encore un Menhage d'Ebn Sarage , qui eft aufli l'Auteur du Tha-
bakat Nafferi. Foyez ce titre.
MENKELI ou Mengheli , mot Turc & Tartare , eft le même nom qœ
Michaël en Hébreu, Mikaïl en Arabe & Michel en François.
Ce mot eft fort ufité dans les Provinces Tranfoxanes , où l'on peut croire
qu'il a été porté par les Juifs des dix Tribus menées en captivité par Saîma-
nafiTar, ou par les Chrétiens Neftoriens qui y ont été reléguez , ou qui y ont
établi des Miffions , dont l'on voit encore plufieurs veftiges en ces contrées-là.: .
Dacs
M E N K E L I. MENSCHARI. rtfô^
Dans un voyage, fait par des AmbafTadeurs de Samarcande au Cathay, écrit
en langue Turquefque , & qui fe trouve dans la Bibliothèque du Grand-Duc de
Tofcane , il efl fait mention d'une Idole de taille Gigantefque armée de toutes
pièces, que l'Auteur de ce voyage, qui étoit MufuJman , vit dans un Temple
ancien, bâti fur les confins du Cathay, & qu'il dit porter le nom de Mengheli
Timur, c'efl-à-dire , Michel de fer.
II n'y a pas lieu de douter, que cette Statue ou Idole ne foit celle de faint-
Michel, l'Archange, que l'on repréfente ordinairement armé de fer.
Nous trouvons plufieurs Perfonnages qui portent le nom de Mengheli ou Mi-
chel dans les Généalogies des Selgiucides, des Mogols & des Turcs, & c'efb de
ce nom qu'une partie de l'iberic ou Colchide porte aujourd'huy celuy de Men-
grelie , pour avoir été coriquife & pofTedée par un Prince nommé Mengheli ,
qui étoit de race Mogolienne ou Tartare , pendant que la Pofterité de Gin-
ghizkhan regnoit en ces quartiers-là.
Il y a un Auteur Arabe, qui étoit peut-être d'origine Tartare, dont le nom
eft Manke^i Al Alemi, qui a compofé deux Ouvrages , dont l'un a pour titre
Adellat lafmiat, c'efl-à-dire, la Découverte de plufieurs Ufages & Coutumes;
& l'autre , Akfi alamani , qui traite des Dépôts. Cet Auteur étoit natif d'E-
gypte , & on le trouve auffi cité fous le nom de Mohammed Ben MenkeJi al
Melri.
MENKELIKhan. Père d'IIkhan. Foyez lïkhm.
MENOULON. C'efl le nom de la femme de Toumenan khan, Prince de
îa Dynaftie des Mogols & un des Ancêtres de Ginghizkhan.
Cette PrincelTe eut grand foin, après la mort de fon Mari, de bien élever
neuf enfans qu'il luy avoit laiflez, & gouverna fi bien leurs Etats pendant leur
bas-âge, qu'elle acquît une très-grande réputation de fagelle & de prudence.
Il arriva, pendant fa Régence, qu'une Nation voifine des Mogols, & que l'on
nommoit Gialaïr, ayant été contrainte d'abandonner le Khataï Khotan , c'efl-à-
dire , la partie Septentrionale de la Chine , oi!i elle habitoit , vint fe réfugier
fur fes Etats, & commença à y labourer la terre pour en tirer leur fubfifl:an-
ce. Menoalon leur défendit ce travail, qui étoit encore inconnu pour lors par»-
my les Mogols , & leur fit fçavoir qu'elle ne pouvoit foufFrir qu'ils gâtafTent
ainfi la terre, fur laquelle fes enfans ne pourroient plus exercer leurs chevaux,,
ni continuer leur chafi'e. Ces Peuples irritez par cette défenfe entreprirent fur
la vie de Menoulon & fur celle de fes enfans, en forte qu'il n'y en eut qu'un
fèul d'entre eux qui échapa à leur fur(?ur.
Ce Prince, qui fe fauva des mains des Gialaïrs, fe nommoit Kaïdou Khan &":
fut le feptième Ayeul de Ginghizkhan, félon Khondemir.
MENOUNIAT, Daoulat Al Menouniat. Foyez Tarikh Ebn Saïrefî,.
MENSCHARU furnom d'Abdalrahin;! , Auteur du Livre intitulé Nozhaf
albaffir, le divertiffement des Curieux. C'efl un Commentaire fur le Livre quî'
porte le titre de Zad alfakir , c'efi: à-dire , la provifion du pauvre ou dtt-Der--
vifche. Il eft dans Ja Bibliothèque Royale , num. 602.
me'rage;.
6o8 M E' R A G E. M E R B A T H.
METRAGE. Ce mot, qui fignifie proprement en Arabe Afcenfion & Mon-
tée, efl pris particulièrement par les Mufulmans, pour fignifier le Voyage qu'ils
prétendent que Mahomet fit au Ciel pendant une nuit , qu'ils appellent Leilat
Al Mêrage, c'eft-à-dire , la nuit de l'ACcenfion, qu'ils célèbrent folemnellement
tous les ans, le 28 du mois qu'ils appellent Regeb.
Les Mahometans difent , que Mahomet ayant fait fa prière dans le Temple
de Hierufalem , trouva à fa fortie à la porte du Temple une monture , qu'ils
appellent Al Borak, fur laquelle étant monté il fut aufli-tôt tranfporté au Ciel,
où il vit en fort peu de tems une infinité de chofes merveilleufes ou plutôt fa-
buleufes , qui font décrites fort amplement dans un Livre qui porte le titre
de Ketab Al Mêrage.
L'Animal , qui porta Mahomet au Ciel , eil nommé AI Borak , à caufe de fc
fplendeur & de fon éclat , & il avoit une taille & une figure moyenne entre
l'Afne & le Mulet.
Ce Miracle , que les Mahometans fuppofent s'iêtre fait en fayeur de Maho-
met, efl aufli appelle AI Mebâth , mot qui fignifie auflî Refurreélion , de forte
qu'il paroît que cette fiélion a été forgée par les Sénateurs de ce faux Prophè-
te, pour luy donner quelque conformité apparente avec J. C.
MER AH àlarouâh fi Itafrif. Le repos des Efprits, c'efi:-à-dire , ce qui doit
contenter les efprits touchant les inflexions. C'efl un Livre de Grammaire Ara-
bique , compofé par Ahmed Ben Ali Ben Mafioud , commenté par Ahmed Al
Donghouz. Il efl dans la Bibliothèque Royale, n". 1090.
MERAHI Zadeh. Le fils de Merahi. C'efl le nom d'un Dervifche extra-
vagant, mais fçavant, qui avait Jes reparties promptes & fubtiles. ^o;yes le ti-
tre de Scheïthan.
ME RAT almâni leédrak alêlm alenfani. Miroir d'intelligence & Méthode des
Sciences. Nom d'un Livre , qui porte encore le titre de Thebb allenfan , qui
fignifie la Médecine univerfelle des hommes.
C'efl la Traduélion Arabique d'un Livre Indien , intitulé Anbertkend , nom
qui fignifie Citerne d'eau vive. Mohi eddin Ben Al Arabi en efl l'Auteur. Foyez
la Bibliothèque Royale, n°. 815.
M E R AT Al Gianan. Les Miroirs àQS> Efprits. C'efl un Ouvrage Hiflori-
que, compofé par lafèï.
MER AT alzaman. Le Miroir du tems. C'efl une Hifloire d'Egypte, com-
jîofée par Sebth Ben Al Giouzi.
MERBAD. Nom d'un lieu particulier auprès de h Ville de Bafibra. Foyez
ce titre.
MERBATH. Ville de la Province d'Hadhramuth dans l'Iemen ou Arabie
heureufe. C'efl dans les montagnes, qui font autour de cette Ville, que naif^
fent les arbres qui portent le meilleur encens de toute l'Arabie. C'efl la re-
marque que fait EdriHî, qui dit auflî, que les pays de Schagere , de HafiTek &
.^e Scharmah fourniffent aufli abondamment cette même gomme.
MERCAT
M I R. M I R B A D. 6,7
Milâd Johanna. La NaifTance de faint - Jean Baptille. Cette Fête eft mar-
■quée dans le même Calendrier Syrien , le 25 du mois de Niflan , ou de Juin ,
quoique nous la célébrions nous autres Latins, le 24 du même mois.
MIR. C'ell l'Abbregé du mot d'Emir qui fignifie en Arabe, Chef , Prince
& Commandant. Les Perfans & les Turcs le fervent fouvent de cette abbre-
viation, foit dans les Noms propres, foit dans les appellatifs.
Mir Ahor fignifie en Turc ce qui étoit autrefois parmy nous, le Cornes Jlabuïiy
ou Conneftable, & le Grand Ecuyer, Charge qui a pris fon origine de la première.
Mir Alem. Le Porte -Etendard, ou le Guidon, & c'eft chez les Turcs, ce
que nous appelions en France, la Cornette blanche.
M I R Ali Schir. Nom d'un Auteur qui a compofé le Livre , intitulé Megia-
lis alnufaïs, les Converfations curieufes & agréables, l^oyezlo. titre de Naouai.
MIR Khofrou. Nom d'un Poëtc Perfien, qui a décrit dans un Poëme par-
ticulier , l'Hiftoire de trois frères Arabes qui dirent à un Chamelier , comment
étoit fait le Chameau qu'il avoit perdu, & tout ce qu'il portoit, fans qu'ils
l'eulfent jamais vu.
L'on a parlé en quelque autre endroit de cette Hiftoire, pour faire connoî-
tre la fubtilité de l'elprit des Arabes.
Ce même Poëte a compofé auffi on Perfien un Ouvrage, intitulé Deriaï Abrar,
c'eft-à-dire, la Mer des Juftes, ou des Perfonnes fpirituelles. C'efc un Poëme
myftique auquel Selimi en oppofa un autre qu'il intitula, Bahagiat alathar, titre
qui fignifie le Luftre des aftions, ou des bonnes œuvres- Il femble que Seli-
mi ait voulu -combattre la Do£trine du Quietifme que Mir Khofrou avoit étalée ,
en exaltant un abandon trop gênerai de la Créature qui porte infenfiblement k
une inaftion totale & à une dangereufe oifiveté.
MIR Divaneh. C'efl le Nom d'un de ces Fols entoufiafmez que les Mu-
fulmans regardent comme leurs plus grands Saints.
MIR Miran. Le Seigneur des Seigneurs, Ce mot qui efl: Perfien corres-
pond entièrement au mot Turc, BeghiJer Beghi, & c'eft le nom ou titre d'un
Gouverneur General d'une Province, qu'on appelle aujourd'huy Pacha, ou Bâ-
cha, ou Baffa dans les Etats du Turc.
Mirmiranlik ou Beghler Beghilik. C'eft une Province ou un Gouvernement.
MIR Scharaf. C'eft le furnom de Seïd fcharf ou Scharfeddin Al Hoflaïni
Al Tabrizi , qui a compofé une Hiftoire générale en langue Perfienne depuis la
Création du monde jufqu'en l'an 1026 de 1' egire. Elle eft intitulée, Anfas
alakhbar, c'eft-à-dire, la plus curieufe des Hiftoires.
■ MIRANSCHAH. Troifième fils de Tamerlan. Il fut furnomraé Gurgha
& pofTeda comme en Souveraineté de la part de fon père , les provinces de l'Ira-
que , de l'Adherbigian & de Syrie. Erjiir Khoand fchah qui le fait père des
Sultans Aboufaïd & Khalil.
MIRBAD. Lieu particulier de la Ville de Bafrah ou Baflbrah, dans le-
quel s'aflembloient les Poètes pour y reciter & expofer à la Cenfure publique
leurs Ouvrages.
Tome IL liii MÎRBATH'
Si$ M r R B A T H — M r R î A M^
MIRBATH. Ville de la Province dlemen, ou Arabie heureufe, Titube en-
.tre celle de Thaffar qu'elle a au Septentrion, & le fepulcre de Houd, qui eft
à fon Midy. C'eft de cette Ville que fe tire le meilleur encens de toute l'Ara»
bie, où l'Arbre qui le porte eft appelle Leban &. fa Gomme Kundur.
MIRCOND. Nom d'un Auteur qui a commencé d'être aflez connu depu»
que Teixera en a donné une efpece d'Abbregé traduit en Efpagnol. Son véri-
table nom eft Mohammed Ben Emir Khoandfchah, qui a été enfuite nommé
Mir Khoandfchah, & puis Mirkhoand que les Perfiens prononcent Mirkhavend-
ou Mirkhond. f^oyez le titre de Raouzat Al Safa , qui eft le nom du grand Ou-
vrage Hiftorique de cet Auteur.
MI RI A M. Ce mot qui fignifie en Arabe, Marie, eft pris de l'Hébreu &
du Syriaque & ne s'applique ordinairement qu'à la fainte Vierge , Mère de N. S,
Jefus-Chrift.
11 eft parlé de la fainte Vierge très - honorablement en plufieurs endroits de
l'Alcoran, où l'on trouve même un Chapitre entier qui porte fon Nom. Ce»
pendant il y en a plufieurs autres , comme ceux de la famille d'Araran & d'A-
ndn dans le même Livre, où il eft parlé non - feulement de fa Naiifance, mais
encore de la Groflefle de fainte -Anne fa Mère, de fon éducation dans la mai-
fon de Zakarie & dans le Temple, & de fon divin Accouchement, où les In-
terprètes ajoutent pour les expliquer, plufieurs Traditions des Chrétiens OrieU--
taux que nous aurions peut - être perdues fans eux.
Une des Principales eft celle qui porte que Dieu rayant preferrée elle &
fon fils du Démon, félon l'Alcoran, cette prefervation eft expliquée par Hos-
faïn Vâez en ces termes: Qu'il ne vient point d'enfant au monde que leDia--
ble ne touche & ne manie jufqu'à ce qu'il le faffe crier, & qu'il n'y a eu que
Marie & fon fils Jcfus qui ayent été garantis & prefervez de cet attouchement. .
Ses paroles font en Perfien : Ez meft" fcheïthan Miriara ve pefero Mahfoudh ve
Mahrous mandend.
Il n'y a prefque point de doute que la Tradition Chrétienne touchant le pe-^
elle originel ne foit ici marquée , particulièrement fi nous voulons la joindre à
une autre dont l'on fait mention dans le titre d'Adam, félon laquelle toute la^
pofterité de ce premier Père du genre humain fut reprefentée devant Ces yeux
& fit un pafte avec Dieu, f^oyez le 'titre d'Adam.
Dans le troifième Chapitre de l'Alcoran, intitulé Sôurat Al Amran, c'eft-à-
dire , le Chapitre de la famille d' Amran , on trouve ces paroles : Enn Allah
eftafa Adam u Nouhan u âl Ibrahim v dl Amran dla alâlemin , c'eft-à-dire , Dieu
a choifiAdam, Noé, la famille d'Abraham & celle d' Amran entre toutes les aur
très créatures de l'un & de l'autre Monde.
Hoflain Vâez explique dans fa Paraphrafe ce Verfet de l'Alcoran en ces ter- -
mes: Dieu a choifi Adam pour le faire le Père de tous les hommes, pour-
lui enfeigner les noms de toutes les chofes en particulier, en le faifant adorer
par les Anges mêmes , &. en l'établiflànt Chef de tous les Prophètes & de tous
les Elus.
Noë a été choifi de Dieu, c'eft-à-dire, diftingué de tous les autres hommes , .
par la longueur de fa vie qui a duré dans l'un & l'autre Monde, c'eft-à-dire j-,
avant & après le Déluge, par la fabrique de l'Arche & par la promulgation,
d'une nouvelle Loi qui a. abrogé l'^ncieûne félon laquelle. les Anciens Patriarches
vj voient avant luy, Aijra-
M I R I A M, Çj^
Abraham a été avantagé par deffus tous les hommes du titre d'Ami intime
& familier de Dieu; car il a été furnomraé Khalil Allah , qui porte cette figni-
fication. Il a été délivré du feu de la fournaife de Nemrod & a poliedé la d?^
gnité de Prince & de Pontife de tous les Fidèles. Mais par defllis toutes ces
chofes, il a été honoré du choix que Dieu a fait de luy pour la conllni6lion
du Temple facré de la Mecque qui eft l'objet du culte & de la dévotion des
Mufulmans.
Enfin- la famille d'Amran a eu le Privilège de donner au peuple de Dieu les
deux grands Prophètes Moïfe & Aaron, dont la Miflîon, la Prophétie & le
Colloque familier qu'ils ont eu avec Uieu, les élèvent au delTus de tout le res-
te des hommes. Et ce qui efl encore de plus confiderable , cette famille nous
a donné auffi la glorieufe Marie , Mère de Jefus , enforte que cette fainte Mère
& fon enfant miraculeux y font compris.
Il faut ici remarquer que l'on impute ordinairement à Mahomet & à la plu.
part de fes Sénateurs , d'avoir confondu Marie , fœur de Moïfe & d'Aaron , avec
la fainte Vierge, Mère de Jefus-Chrift, & il y a même grande apparence que Ma-
homet étoit affez ignorant pour tomber dans cette faute groffière, puifque ce
ne feroit pas la feule qui fe trouve dans fon Alcoran.
Mais cependant , les plus habiles Interprètes de l'Alcoran difent, que la fainte
'Vierge efl de la famille d'Amran, Père de Moïfe & d'Aaron, à caufe qu'elle en
defcendoit du côté de fa Mère, ce qui eft conforme à ce que le faint Evangile
dit que fainte Elizabet fa Couline étoit, ExfiliabusÂarouy c'eft-à-dire, defcendante
d'une famille facerdotale.
Ils ajoutent de plus, qu'Amran, père de Marie, Mère de N, S. étoit fils deMa-
thée, & par confequent autre qu'Amran , père de Marie, fœur de Moîfe, de forte
que félon les Mufulmans cet Amran feroit le même que celui que nous appel-
Ions Saint Joachim, mari de Sainte -Anne & père de Notre Dame.
Quant à fainte -Anne, la bien - heureufe Mère de la fainte Vierge, elle eft con-
nue, par les Mahometans fous fon propre nom qui eft Hannah & les mêmes Ma-
hometans ont auffi une Tradition qui porte, que Hannah étoit fille de Nakhor &
femme d'Amran.
Ils difent encore que fainte Anne fe trouvant grofle de la bien - heureufe Ma-
rie , voua fon fruit au fervice du Temple fans fçavoir fi elle portoit dans fon
ventre un fils ou une fille , & que Dieu receut fort agréablement ce vœu fui-
vant ces paroles de l'Alcoran : Cabbalha rabhohd bccaboul haffan , & que lorfqu'elle
eut mis au monde la fainte Vierge , elle la prefenta aux Preftres en leur difant
ces paroles qui font auffi couchées dans l'Alcoran : Dhouncon hadih alnedhirat ,
•t:'eft-à-dire, Voici l'offrande que je vous fais, aufquelles paroles HolTaïn
Vàez ajoiàte dans fa Paraphrafe Perfienne, Kih ez an khodaï eft, ce qui fignifie,
car c'eft un prefent que Dieu m'a fait, ou encore plus mot à mot, car c'eft de
ce prefent que Dieu doit venir.
La manière dont fainte Anne voua fa fainte fille à Dieu, eft exprimée dans
le Chapitre d'Amran en ces termes: Rabb enni nadhart leka ma fi bat/mi mohar
raran, c'eft-à-dire, je vous ai voué, Seigneur, ce qui eft dans mon ventre pour
eftre entièrement hbre. Les Interprètes expliquent la parole de Libre, par
celles de délivré de tous les embarras du Monde pour vous fervir plus particu-
lièrement. Et ils ajoutent, que c'étoit la coutume des Juifs de voiier leurs^
liii 2 enfans'
&ia Kl I R' I A M.
enfans mafles au fcrvice du Temple, ce qui efl pris de la Loy qui obligeoit
les Juifs de prefenter leurs premiers nez au Temple & de les racheter. Ils
difent de plus que ces vœux eflant obligatoires & non de fimple dévotion,
Amran aj^ant entendu le vœu de fa femme lui dit: Ne fe pourroit-il pas faire
que ce que vous portez dans vôtre ventre foit une fille & qui par confequent
ne pourra pas rendre fervice au Temple? Nonobllant quoi, Awne ne laifTa pas
de pourfuivre fa prière & de dire à Dieu ces paroles couchées dans le même
Chapitre d'Amran: Faîskahbd mmni,.ennac enta j^lfamî fl/i/wn, c'eft-à dire, Sei-
gneur, acceptez ce que je vous offre, car vous êtes celui qui exauce les vœux
éc les prières, & qui fçavez les chofes les plus cachées aux yeux des hommes.
Après qu'Anae fe fut délivrée de fon fruit, Mahomet. fait dire à Dieur
Ouenni femitoha Miriam-, c'eft-à-dire , Je l'ay nommée Marie. Nom, difent les:
Interprètes, qui fignifie la même chofe que, Amat Allah, c'eft-à-dire. Servante
de Dieu , explication tirée de la réponfe que fit la fainte Vierge à l'Ange par
ces paroles : Eccc Ancilla Domini.
Mahomet dont la coutume eft d'enchérir toujours fur les Hiftoires de' l'Ancien
& du Nouveau Teftament , en les chargeant de circonftances dont l'Ecriture
ne fait point de mention , & corrompant fouvent la vérité du Texte facré,;
dit dans le même Chapitre de la famille d'Amran , que Dieu donna Marie en
garde à Zacharie, Ouacafalha Zacaria, qui l'enferma dans une des chambres dir
Temple dont la porte étoit fi élevée, qu'il y falloit monter par une échelle,,
ât dont il portoit toujours la Clef fur foy.
Zacharie rendoit de temps en temps des vifites à la fainte Vierge , & il ne.
k faifoit jamais qu'il ne trouvaft auprès d'elle quantité des plus beaux fruits de
la Terre fainte, & toujours à contre-faifon , ce qui l'obligea enfin de deman-
der à Marie d'où lui pourroient venir tous ces beaux fruits? & Marie lui ré-
pondit : Hou tmn and Allah ïarzoc man ïafcha begàir Hijfab , tout ce que vous
voyez vient de la part de Dieu qui pourvoit de toutes chofes ceux qu'il lui
plaift, fans compte & fans nombre..
La pureté de la fainte Vierge eft tellement reconnue par tous les Mufulmans-
^ue pour en donner des preuves inconteftables , je ne puis m'empêcher de^
mettre icy ce que l'Auteur du Defter Lathaïf rapporte d'Abou Ishac, AmbaflTa-
deur du Khahfe à la Cour de l'Empereur des Grecs.
Ce Perfonnage qui étoit un des plus habiles Dofteurs du Mufulmanifme , fe,
trouvant dans une conférence qu'il eut avec le Patriarche &. plufieurs Evêq.ues.
Grecs fur le fiijet de la Religion , les Evêques dans la chaleur de la difpute
reprochèrent au Mufulman plufieurs chofes qui avoient été dites autrefois par
les Mufulmnns mêmes, contre Aïfchah, femme & veuve de leur, faux.Prophete:
Ce qui avoit- ému plufieurs troubles & divifîons entre eux.
Abou Ishac leur répondit fort fageroent, qu'il ne falloit pas s'étonner de ces.
diffcrens, puifque parmi les Chrétiens les fentimens avoient été fi partagez fur.
le fui et de la glorieufe Vierge Marie, Mère de Jefus, que Ton peut appeller
la Mine & la fource de toute pureté.. Les paroles Turquefquea de cet Auteur
font: Genab IJmet mcah Miriam Kan ijet-. Car difoit ce Dofteur aux Evêques,-
plufieurs parmi vous ont ibutenu que cette fainte Vierge,, dogourdi, c'eft-à-dire,
a- véritablement enfanté, les autres ont dit, dogourmadi, c eft-à-Jire,^ elle n'a.
pas veritabkiîieiat -enfanté 3 & enfin, il y en a eu d'autres qui ont. crû & ont
affuré
M I R I A M. 6zt
affuré qu'on ne pourroit pas dire d'elle, qu'elle euft enfanté , ni qu'elle n'euft
pas enfanté, Neh dogourdi, neh dogourmadi.
Pour fçavoir de quelle manière les Mufulraans prétendent que la fainte Vierge
foit devenue grofle du Meffie^ & comment l'Ange Gabriel lui annonça ce grand
myftere, il faut, voir le titre d'Alancavah & d'Ifla.
Les Mufulmans attribuent faulTement aux Chrétien»de reconnoiflre cette fainte
Vierge pour la troifième pcrfonne de la Trinité- Ce n'ell; pas que parmi eux
il ne s'en trouvent qui nous purgent de cette calomnie. Mais leur erreur vient
de ce que les Chrétiens Orientaux lui donnent ordinairement le titre d'Al
Scïdat, qui fignifie, la Dame, & qu'entre les Pères Grecs faint Cyrille l'appelle,,
le complément ou fupplement de la très -Sainte Trinité.
Ebn Batrik remarque dans fes Annales , que Theodofe le Grand bâtit dans
la Ville de liierufalem une Eglife, nommée Al Gefmaniat, c'eft-à-dire , l'Eglife^
du Corps, à caufe du Sepulcra de Nôtre- Dame qui y étoit & que l'on y reve-
roit; & que les Pcrfans ayant démoli cette Eglife avec les autres, lorfque Cof-
roés prit Hierufalem, elle ne fut point réparée comme les autres & qu'on en'
voj'oit encore les ruines en l'an 328 de l'Hegire.
Aboulfarage écrit dans fes Dynafties que la Tradition des Chrétiens d'Orient '
étoit que la fainte Vierge n'étoit âgée que de treize ans lorfqu'elle enfanta
Jefus-Chrift, & qu'elle n'en vécut que cinquante & un.'
Le Jeûne que célèbrent les Chrétiens d'Orient avant la grande fefle de Nô-
tre - Dame qui tombe au quinzième du Mois d'Aouft , & que nous appelions
l'AfTomption, commence le premier jour du même mois, & on appelle com-
munément dans le Levant la Fête même de l'AiTomption, Fithr Miriam, c'eft--
à-dire, la. Fin du Jçûne, ou. la Pafque de Nôti-e-Dame.
MIRIAM. Bokhour Miriam. Le Parfum de Marie. C'eft la plante' que-
nous appelions le Cyclamen odoriférant. Les Perfans l'appelfcnt, Tchenk Mi-
riam , & Pentcheh Miriam , c'eft-à-dire , la Main de Marie , & difent que la-
fainte Vierge ayant rais la main fur cette plante, elle prit la forme de fes cinq
doigts & en tira une excellente odeur. Les Arabes l'appellent Artlienita , &=!
nous autres vulgairement, les Gands de Nôtre-Dame.
MIRIAM Nifchin. C'cft le nom d'un Monaftere de Nôtre-Dame, fitué en."
Géorgie fur une Roche du Mont Caucafe au milieu d'un Lac qui la rend in-
acceffible par terre.
Ce Roc ou Château qui paflbit pour inexpugnable fut pris par Melikfchah '
fous le règne d'Alp-Arfl.in fon Père , deuxième Sultan des Selgluciiles , & fa
prife fut attribuée à un miracle , à caufe d'un tremblement de terre qui le ren--
verfa entièrement dans le Lac pendant qu'il étoit affiegé.
MIRIAM, fillede l'Empereur Maurice, laquelle doit eftre plutôt appellée
Mariah, ou Marie. Elle fut mariée par fon Père à Cofroés Parviz Roy de Pcrfe.^
Quelques-uns lapoellent Irène, veulent, que ce foit la même que Schirin , dont
les Amours avec Khofrou font décrits fort au long par Nezami, Poëte Perfieny
ious le nom de Khofrou ve Schirin.
I i i i 3 ^ MIRIMAL.-
6%^ M I R I M A L. — « M I Z A N.
MIRIMAL. Les Turcs appellent ainfi ce que nous appellerions en France *"
le Domaine du Roy. Mais ce mot fe prend aufli pour le Threfor Royal &
généralement pour tous \q^ Droits du Sultan.
MIRZA. Ce mot qui efl l'abbregé d'Emir Zadeh , qui fignifie en Perfien,
fils de Prince , a efté particulièrement en ufage dans la famille & dans la pofte-
rité de Tamerlan.
Il eft encore aujourd'huy fort commun parmi les petits Tartares.
Mirzakhan , ou Mirzagian , nommé autrement , Habiballah Al Schirazi , qui
mourut l'an 940 de l'Hegire , eft Auteur d'un Livre , intitulé Anmoudhage alfo-
noun, c'eft-à-dire, ElTais fur plufieurs fortes de fciences.
MISCHK, & Mufchk. Ces deux mots fignifîent en Perfien & en Turc la
même chofe que Misk.
MISK. En François Mufc. Les Arabes difent ordinairement pour expri-
mer le Mufc, nafegiat AI Mifk, &, Farat Al iVlifk, c'eft-à-dire, une Veflîe ou
un Nombril de Mufc. Les Turcs difent, Mifk kupeghi, pour la même caufe,
parce que le Mufc , qui n'eft autre chofe que du fang caillé d'une certaine efpece
particulière de Chevreuil ou de Daiiii du Thebet & du Cathaï , fe tranfporte
ordinairement dans un morceau dé peau velaë de cet animal.
Les Orientaux donnent ordinairement au Mufc l'épithete d'Asfer, qui fignifie,
doué d'une excellente odeur, & le furnom de Khothan, & deThobut, ou Thebet,
à caufe que les Caravanes qui viennent du Cathaï Kothan & du Thebet , l'ap-
portent de ce pays-là. Ils lui donnent aufîî l'Epithete de Mafchmoun, c'eft-à-dire,
très - odoriférant , & appliquent aufli fon nom au parfum que l'on tire de la
•Civette. C'eft pourquoy les Turcs appellent cet animal, non feulement, Ze-
bed ghedifli; mais encore, Mifk ghediffi, c'eft-à-dire, l'animal, ou le Chat de
la Civette, & du. Mufc.
Cadhikhan , Doéleur infigne parmi les Mufulmans , propofe un cas de confcien-
ce , à fçavoir , s'il eft permis à un Mufulman de faire fa prière ayant fur foy
:une veflîe de Mufc, & il répond qu'il eft permis , pourveu que la veflîe foit
entièrement feiche.
Mifk Beri. Mufc fauvage. Les Turcs appellent ainfi la plante que les La-
tins nomment , Sanguiforba & Pimpi?iella , c'eft ainfi que nous appelions de la
Pimprenelle.
Mifket eft aufli chez les Turcs ce que nous appelions vin Mufcat.
MIZAN. Une Balance. Al Mizan, le fîgne de la Balance dans le Zodiac.
Ce mot pris métaphoriquement en Arabe fe prend pour Règle , Méthode,
& Syllogifme.
Mizan almanthak. C'eft une Logique qui eil dans la Bibliothèque Roya-
le , n^. 911.
Bahr àlbeian fil kelam âlalmizan. C'eft le titré d'un Livre qui traite métho-
diquement de la Metaphyfique & de la Théologie Scholaftique des Mufulmans.
Borhan fi Afrâr êlm Al Mizan , Livre de Phyfîque & de Metaphyfique fui-
vant la Méthode d'Ariftote, compofé par le Dofteur Aidera Ali Al Gialdeki,
& commenté par Giaber ou Geber.
MOADHAM.
M Ô A D H A M. — M O A H E D O U N. 62$
MOADHAM. Al Malelc Al Moadhani , fils d'Alraalek Al Saleh , dernier
E-oy ou Sultan d'Egypte de la race des Aïoubites , ou de la pofterité de Saladin.
Ce fut lui qui défit à Manfourah le Roy faint Loiiis , & le fit prifonnier. Ce
Sultan ayant traité de la liberté du Roy fans la participation des Mamelucs, qui
avoient alors une très grande autorité en Egypte , comme étant Maiftres des
Troupes, & par confequent des principales forces de l'Etat, ces gens-ci fe ré-
voltèrent contre lui, & l'obligèrent de fe réfugier dans une Tour de boisbâtip
fur le rivage du Nil. vicn; , ■[
Les Mamelucs l'aflîegerent^ dant cette Tour & y mirent enfin le feu , ce quî
obligea le Sultan à fe jetter à la nage dans l'eau du Fleuve , où il ne pût ce-
pendant éc'naper à la fureur de ces rebelles qui le percèrent de mille coups de
ftéches l'an 688 de l'Hegire.
MOADHENJ. Nom d'un Auteur qui a fait un Commentaire fur la troifiè-
me partie du Livre, intitulé Meftah al QlQvq3i^..(5c coœpofé par Sekaki. Il eft
dans la Bibliothèque Royale, n". 916.. > tb ;>.y.
MOAFA Ben ^Jakaria. C'eft le nom de celui qui interrogea le Do(îleur
Thabari touchant le Khalifat d'A'bdallah, fils du Khalife Môtaz, & qui rapporta
pour réponfe que le droit d'A'bdallah étoit fçrt dautç^iix^ ,& que partant il ne
fubfijfteroit pas long temps. •".' .j|^"^^, .'.
MOA'FERL' Surnom de Mohammed Benbrahim , qui efl encore appelle
Saki Al Moâferi, Il eft Auteur d'un Livre, intitulé Efcnarah, qu'il a compofé
fur les Traditions Mufuhnanes. f^oyez les titres d'Efcharah , & de Scheïkh AI
Offouli..
MOA'GGEM. C'eft le titre d'un Livre de 'Hadiths ou Traditions Muful-
mannes , compofé par Thabrani. Il y a detix Editions de cet Ouvrage ; la pre-
miere s'appelle Moaggera al kcbir , c'eft- à-dire, le grand Moâggem, & la
•féconde, Moâggem al faghir, c'eft-à-dii-e, le petit Moâggem.
MOA'GGEM. Tarikh Moâggem. L'Hiftoire ou la Chronique, intitulée
.•Moâggem ou Maâggem. Elle a efté compofée par Ebn khanab Fadhlallah AI
Gazvini, qui commence fon Hiftoire par Kaïumarath & la finit par Çofroés,.dit
Noufchirvan.
Cet Auteur dédie fon Ouvrage à l'Atabek Moftâïed Rokn eddunia veddin
loufouf Schah , & dit qu'il ne le peut mieux finir que fous le figne de la Ba-
lance, qui eft l'Horoicope de Mahomet & d'Ioulbuf Schah, & par un Roy qui
a porté le furnom de Jufte , fçavoir Noufchirvan.
Cette Hiftoire eft écrite d'un ftyle fort élégant & très - élevé , & cependant'
entrecoupé de quantité de vers. Arabes & Perfiens qui font de la compofition:
ds l'Auteur..
MOAHEDOUN & Moahedin. C'eft le nom d'une Dynaftie ou Famille
qui a régné en Afrique, & que les Hiftoriens Efpagnols & François appellent.
Al Mohades.
Le premier Fondateur de cette Dynaftie fut Mohammed Ahdalmoumen , fils
de Tomrut, q^iii prit le furnom de Mahadi, c'eft-à-dire, de Chef, de Conduo..
teur
$24 -^^ M 0 A' L L A C A T.
teur & de Diredeur des Fidelles, fous lequel titre, toute la puiiTance OU auto-
rité, tant fpirituclle que temporelle, efl comprife.
Ce nouveau Prophète & Capitaine General d'une troupe de Bandits & de
Croquans, fe diibit defcendu en droite ligne de Hoflaïn, fils d'Ali, duquel les
Imams fi célèbres parmi les Perfiins tirent aufli leur origine , &; il parut dès
l'an 514 de l'iiegire, dans le Pays de Haragah, fitué aux environs de la mon-
tagne de Sous alakfa , qui efl le Mont Atlas.
A'bdalmoumen après avoir détrôné les Marabous ou Al Moravides en Afri-
que, les chaifa aufli de l'Efpagne où il entra triomphant l'an 539 de l'Hegire,
félon Roderic, Archevêque de Tolède. Foyez Abdalmoumen & Tomrut.
Novaïri l'Hiltorien donne dix-fept Princes à cette Dynallie des Al Mohades,
dont le dernier fut A b lalouahed Ebn Abil O'ia Edris, & dit qu'elle commença
l'an 514 & prit fin l'an 666 de l'Hegire. Mais l'Auteur du Nighiariflan ne
.donne à cette Dynaftie que treize Princes, & marque l'efpace de 144 ans,
qu'elle a régné depuis l'an 524, jufqu'en 668 de l'Hegire.
Voici le Catalogue des Princes de cette Dynallie , félon le Nighiariflan.
Le premier efl; A'bd'Almoumen qui régna 34 ans.
I^e fécond , Mohammed , fils d'A'bdalmoumen qui régna feulement quelques
jours.
Le troifième, Jofef autre fils d'A'bdalmoumen, dont le règne fut de 32 ans.
•Le quatrième, Jacoub fils de Jofef & petit -fils d'A'bdalmoumen, 15 ans.
Le fixième fut un Anonime, qui ne régna que quatre ans.
Le feptième A'bdaluahcd , fils de Jofef, neuf mois.
Le huitième, Jahia fils de Mohammed, fils de Jacoub. Le nombre des an-
nées de fon règne efl: obmis.
Le neuvième, Edris fils d'Iacoub, il régna dix ans.
Le dixième, AI Rafched, fils d'Edris, dix ans.
L'onzième, Ali fils d'Edris, fix ans.
Le douzième, Abou Hafedh, fils d'Ibrahim fils d'Edris, 20 ans.
Le treizième & le dernier, félon la fupputation du Nighiarifl:an , Edris neveu
d'Abou Hafedh, trois ans.
La raifon pour laquelle cet Auteur compte quatre Princes de moins que
Novaïri, vient de ce qu'il compte les quatre derniers au nombre des Edriffites,
qui font une Dynaftie particulière.
MO A'L LAÇAT. C'eft le titre que portent les Ouvrages de fept des plus
■excellens Poètes qui ont fleuri parmi les Arabes dans le temps qu'ils appellent
Al Giaheliat, c'eil-à-dire , le temps d'ignorance qui a précédé celui qu'ils appel-
lent Al Eflamiat, c'eft-à-dire, celui du Mahomctifme.
Ces Poëmes font nommés Al Moâllacat, c'eft-à-dire, fufpendus, à caufe qu'ils
svoient efté attachez fuccefljvement par honneur! la Porte de la Câbah , c'eft-à-
dire, du Temple de la Mecque, & on les furnommoit encore Al Modhahebât,
c'eft-à-dire. Dorez, à caufe qu'ils étoient écrits en Or fur du papier d'Egypte.
Les noms -àe ces fept Poètes font, Zohaïr, ou Zehir, Tharafah, Amri Okaïs,
Amrou Een Kalthoum, Al Hareth, A'ntarah, & Lebid. .Ce dernier qui a vécu
jufqu'au temps de Mahomet fe fit Mufulman. l^oyez fon Titre.
Quelques Auteurs fubftituënt à la place de Hareth, & d'Antarah , Ai Afchi
•^ Nabegâh.
Al
M O A' R R A H. M O A V I A H. Sig
Al Anfari & Abou Giafar Al Nahas ont compofé des Commentaires fur ces
Poëmes. Il eft vray, qu'Ahmed Ben A'bdallah, furnommé Al Anfari Al Anda-
louffi, qui étoit Efpagnol de naiffance, n'a fait proprement que des Scholies ou
Notes marginales, qui expliquent feulement les mots difficiles qui fe rencontrent
dans ces Poëmes.
Zouzeni les a expliquez plus au long, & fon Ouvrage fe trouve dans la Bi-
bliothèque Royale, n". 1154.
MOARRA'H & Modrri. Foyez le Titre de Moarrah & celuy d'Abou l'O'la,
qui étoit un des plus excellens Poètes Arabes, & qui portoit le furnora de
Moarri ou de Maârri.
MOA'SCHERAT. Al Moàfcherat v alcodfiat. Les Converfations fain-
tes, c'eft-à-dire, faites dans la Terre Sainte, C'eft le titre que porte le Divan
Saghn-, le petit Divan, ou le petit Recueil des. vers de Gialiani. 11 efl dans la
Bibliothèque Royale, n°. 11 80.
MO AVI A H Ben Abi Sofïan. C'eft le nom du premier Khalife de la Mai-
fon d'Ommiah, perfonnage de grande réputation parmy les Arabes, & ce font
les Khalifes de cette Maifon , qui font nommez ordinairement dans cet Ouvrage
les Ommiades.
Moaviah, qu'on appellera dorénavant Moavie, avoit été fait Gouverneur de
la Province de Syrie, que les Mufulmans avoient nouvellement conquife fur les
Grecs par Othman , troifième Khalife , après Mahomet, Et ce Khalife ayant
été tué par une révolte de fes fujets , dans laquelle Ali fut foupçonné d'avoir
trempé , ce Gouverneur , qui devoit fa fortune à Othman , fe déclara haute-
ment le vangeur de fon fang , & rcfufa de reconnoître Ali qui avoit été élu
pour luy fucceder.
Les Syriens & les Egyptiens embrafferent le party de Moavie , deforte qu'A-
li ne fut fuivy que par les peuples de l'Arabie & de l'Iraque Babylonienne. La
guerre s'alluma entre ces deux partis avec une telle fureur , & les N'ufuîmans
fouffrirent de fi grandes pertes de part & d'autre dans ces divifions , que trois
hommes particuliers fe dévouèrent pour faire finir cette guerre qui étoit ïi fu-
nefte au Mufulmanifme , par le meurtre qu'ils entreprirent de faire des princi-
paux Chefs des faftions, qui étoicnt Ali, Moavie & Amrou Ben Al As, Gou-
verneur de l'Egypte,
On ne dira rien icy du détail de cette longue & cruelle guerre, parce qu'on
en a déjà parlé fort au long dans le titre d'Ali , auffi-bi-en que de lu conjura-
tion de ces trois perfonnes dévouées, II fuffîra de dire, que ceux-cy man-
quèrent leur coup à l'égard de Moavie & d'A'mrou , & qu'il n'y eut qu'Ali
de tué.
Après la mort d'Ali, Hafiàn, fon fils aîné, fut déclaré & proclamé Khalife
par fes Partifans, & la guerre eut duré encore long-tcms entre luy &. Moavie,
û pour éviter une plus grande efFufion du fang des Mufulmans , HafiTan n'eut
renoncé par foiblefle à fon rang & à fa dignité , en faveur de Moavie.
C'eft depuis le tems de cette ceffion , qui fe fit l'an 41 de l'Hegire & dont
il efl parlé au long dans le titre de Haflan, que commence le règne de Moa-
vie, qui tranfporta la dignité & l'autorité du Khalifat de la Maifon de liafchcm.
Tome IL li k k k <ie
620 M O A V I A H. :
de laquelle Mahomet & Ali fon gendre étoicnt, en celle d'Ommie, dans laquelle
elle demeura cent ans ou environ, jufqu'au tems qu'Abou l'Abbas SafFah la re-
mit dans celle de Hafchcm, dont luy & tous les Abbaflides étoient iffus.
Moavic commença à régner l'an 41 & mourut l'an 60 de l'Hegire, ayant re-
wné l'efpace de dix-neuf années , & ayant vu toute l'Afrique fubjuguée & la
Ville de Caïrouan, qui en fut regardée comme la Capitale,, bâtie fur les ruines
de l'ancienne Cyrcne, que l'on acheva de démolir.
L'an 52 de l'Hegire , il avoit envoyé fon fil? aîné lezid faire la guerre aux
Grecs dans l'Arménie &: dans la Natolie. Ce Prince les poufTa fi loin qu'il.
arriva jufqu'aux fauxbourgs de Conllantinople , & il tint cette grande Ville 11
long-tems afîîégée, que l'on dit qu'il fema & moilFonna dans fes environs. Ce
fut en cette expédition qu'un des Capitaines de l'armée d'Iezid ,. nommé Abou
Aïoub , mourut & fut enterré fous les murs de Conltantinople , & les Turcs
Othmanides, qui poficdent aujourd'huy cette Ville qui efi: la Capitale de leur
Empire, ont le fepulcre de cet ancien Mufulman en fi grande vénération qu'ils
le vifitcnt par dévotion, & que le Sultan même s'y fait ceindre l'épée, ce qui
tient lieu parmy eux d'une efpèce de Couronnement lors qu'ils prennent pol-
fefïïon du. trône. Ce lieu efl: appelle vulgairement par les Turcs Eïoub , mot
qui fignifie Job, & qui efi: tiré du nom de ce Capitaine, nommé Abou Aïoub,
comme l'on a déjà vu cy-defllis.
Moavie fit aufli la guerre par luy - même aux Azrakhéens , peuples de l' A-
huaz & Partifans d'Ali , qui refufoient encore de le reconnoîtrc pour Khalife. .
il leur livra un grand combat dans la Campagne de Dolab , aux confins de la
Syrie & de l'Arabie, & les défit à plate couture.
Ce Khalife fut enterré dans la Ville de Damas , où il avoit étably le Siège
du Khalifat ; & cette Ville confer va. toujours cette prérogative, tant que les
Ommiades ou defccndans de Moavie y régnèrent, jufques aux Abbaffides qui le.
transférèrent à Anbar, & depuis à Hafchemie & à Bagdad.
Ce fut Moavie qui introduifit le premier la Macfourah dans les Mofquées ,
c'efi:-à-dire, un lieu feparé & élevé, où le Khalife, qui étoit également le grand
Pontife de la Religion & le Souverain de l'Etat , commençoit & entonnoit la
prière folemnelle, qui eft , pour ainfi dire , l'Oiîice public des Mufulmans ; &
u'efl: dnns ce lieu-là même qu'il faifoit au peuple le Khothbah , qui eft comme
une efpèce de Prône ou Prédication. Khondemir. Thabari. Ben Schohnah.
L'Auteur de Rabî alabrar remarque aulîî, qu'un voleur Arabe ayant été con-
damné à avoir la main coupée, Moavie luy pardonna, à caufe de quatre vers
pleins d'efprit que cet Arabe compofa & luy recita fur le champ , & que ce fut
la première fentencc prononcée parmy les Mufulmans , qui n'eut point fon
exécution , les Khalifes n'ayant point encore pris jufqu'à Moavie l'autorité de
faire grâce à ceux que les Juges ordinaires avoient condamnez..
K'ion Jemir dit , au fujet de la clémence de Moavie , que ce K^ialife parloit
toujours fort honnêtement de fes ennemis ; car il difoit , que les Hafchemites
étoient ellimez à bon droit pour leur valeur, & que ceux de la Maifon de Zo-
beïr ne pouvoient être trop louez à caufe de leur génerofité. (^uant à moy,.
diiûit-il, je me contente de pafi^er parmy les Mufulmans pour un Prince qui:
aime à exercer la douceur & la clémence. ^Dy^z dans le titre d'Ali ce qu'il
répondit à. ceux qui luy firent le rapport de ces paroles de Moavie._
MOAVIAH5.
M O A V I A H. ■ ■ g2r
MO AVI AH, fils d'Iezid. Cefl Moavie II du nom, qui étoit petit-fils de
Moavie I. Il n'étoit âgé que de 21 ans lors qu'Iezid fon Père mourut, & il
confulta fon Maître , nommé O'mar Al Macfous , pour fçavoir de luy s'il ac-
cepteroit le Khalifat ou non. L'on dit qu'O'mar luy répondit, que s il fe fèn-
toit aiTez fort pour rendre eyaftemcnt la juftice aux Mufulmans, & pour ren>
plir tous les devoirs de cette dignité, il devoit l'accepter; mais qu'autrement,
il ne s'en devoit pas charger.
Ce Khalife eût à peine régné pendant l'efpace de fix femaines qu'il fe fentit
trop foible pour foûtenir le poids du Gouvernement , «Se prit la réfolution d'y
renoncer. Il aiTembla pour cet eiïet les plus Grands de fa Cour & leur dit,
que dans la penfée qu'il avoit de s'abdiquer luy-même, il auroit voulu d'abord
imiter Aboubekr & défigner fon fuccefleur , comme ce premier Khalife avoit
fait le fien; mais qu'il n'avoit pas trouvé, comme luy, d'hommes femblibles à
O'mar, fur qui il pût alTeoir fon choix. Il leur dit enfuite, qu'il avoit eu auflî
le delTein d'imiter O'mar & de nommer fix perfonnes , fur une defquelles le
choix devroit tomber par le fort ; mais qu'il en avoit tant trouvé de capables
pour ce choix parmy eux, qu'il n'avoit pu fe déterminer à fixer ce nombre.
J'ay donc réfolu, pourfui vit-il, de remettre entièrement ce choix à vôtre dif-
pofition: furquoy les Grands de l'Etat luy ayant dit , qu'il n'avoit qu'à choifir
celuy d'entre eux qui luy plairoit, & que tous les autres luy obéïroient, Moa-
vie leur répliqua en ces termes: Comme je n'ay pas joui jufques icy des avan-
tages du Khalifat, il n'efl pas raifonnable que je me charge de ce qu'il y a de
plus odieux ■; c'eft pourquoy j'efpere que vous trouverez bon que j'en déchar-
ge ma confcience fur vous autres , & que vous jugiez vous même qui efl le plus
capable d'entre vous de remplir ma place.
Après que Moavie eût fait fon abdication en fi bonne forme, l'on procéda k
l'éleftion d'un Khalife, & le choix tomba fur Marvan, fils de Hakem, qui fut
le quatrième des Khalifes de Syrie , Abdallah, fils de Zobeïr, ayant été décla-
ré Khalife en Arabie.
Moavie n'eût pas plutôt renoncé au Khalifat, qu'il avoit tenu pendant trois
mois tout au plus , qu'il s'enferma dans une chambre , de laquelle il ne fortic
point jufqu'à fa mort , qui fuivit d'afl'ez près fon abdication , & l'on dit , que
les Ommiades furent fi fort irritez de fon procédé, qu'ils en firent éclater leur
reffentiraent fur la perfonne d'O'mar Al Macfous, qu'ils firent mourir en l'en-
terrant tout vif , parce qu'ils fuppofoient qu'il avoit confeillé à Moavie de f^
démettre.
Ce Khalife fut furnommé par fobriquet Abou Leilah, c'eft-à-dire , le Père de
la nuit , à caufe de fa foiblelle naturelle & fon peu de fanté , qui l'empêchoient
de paroître beaucoup pendant le jour.
Moavie mourut l'an 64 de l'Hegire , & il tient le troifième lieu dans la liflie
des Khalifes de la Maifon d'Ommie , & Marvan , qui en efl: le quatrième , &
dont le règne ne fut guère plus long que celui de fon prédecelTeur , mourut
en l'an 6s-
MOAVIAH, fils de Hefcham, fils d'Abdal Malelc, tous deux Khalifes. Ce
rejetton de la Maifon des Ommiades échapa à la fureur des Abbafîides, qui en
extermmerent tous ceux qu'ils purent avoir entre leurs mains. Il fe fauva d'à
tïord en Afrique & de-là en Efpagne, où il eût un fils, nomme Abdalrahman,
K k k k a qui
d25 M O B A P E D HOU N. MOBARRAD.
qui fonda la Dynaftic des Rois Arabes d'Efpagne , qui prirent dans k fuite le
titre de. Khalifes, & refuferent de reconnoître ceux de la Maifon d'Abbas.
MOBAPEDHOUN. Les Blancs. C'eft le nom de ceux qui adhérèrent
à la Sefte du fameux irapofteur nommé Burkaï & Mokannâ. Ils fe foûleverent
dans la Province de Khorallan contre le Khalife. Mahadi, qui les défit enfin par
fes f jeutenans.
Ces Révoltez prirent^ le nom.de Blancs, à caufe de la couleur de leurs ha-
bits qu'ils affcflerent de porter blancs , pour fe diflinguer de ceux qui obéïf-»
foient au Khalife ^^ dont la couleur auflî-bien que celle de tous les AbbaHîdes.-
étoit le noir, f^oyez le titre de cet Impofteur. .
MOBAREDI. C'efl lé furnom de Scharfeddin , Auteur du Livre intitulé
Afrar altcnzil, c'eft-à-dire , les Myllères ou les Secrets du Tenzil. Les iMuful-.
mans entendent par ce mot, ce qui eft defcendu du Ciel , c'elt-à-dire , Révélé
de Dieu , & en particulier l'Alcoran. .
MOBAREK. A'bdallah Ben Mobarek, que l'on appelle au/ïï feulement Eb»
Môbarek, C'eft un faint Mufulman , dont le fepulcre , qui eft à Hit, Ville de
riraque ou Chaldée , eft fréquemment vifité par les plus dévots. Sa vie eft'
écrite dans la dix-fept & dix-huitième Seftion de l'Hiftôire de lafêi.
Mobarek eft encore le furnom d'Aboulberekiat Ben Abilfath O'thman Ben
Genni, Auteur du Livre intitulé Serr alfanâat , c'eft -à -dire, le fecret de l'art;
C'eft un Ouvrage de Grammaire Arabique, qui eft dans la Bibliothèque Roya-
le, num. iioo.
Mobarek Al Merouzi; c'eft le nom d'un Auteur natif de la Ville de Merou,-
qui a écrit un Ouvrage fur les Arbàïn ou quarante Traditions. Il vivoit dans,
l'an i8o de l'Hegire.
Mobarek Ben Hakher, furnommé Al Nuhoui, c'éft-à-dire, le Grammairien,
a écrit fur Adab alkiateb, c'eft-à-dire , fur les conditions & qualitez d'un Ecri-
vain ou d'un Secrétaire. Cet Auteur mourut l'an 500 de l'Hegire.
L'on trouve encore un Mobarek, furnommé Al Mokharemi. Voyez Mokhà-:
remi.
MOB AREK Khuageh, fils dé Barak. C'eft le nom du fécond Prince de'
la Dynaftie des Caracathaïens.* Foyez le titre de ces Princes.
MOBAREK Schah. C'eft le nom d'un Dofteur qui fut Maître de Giorgia-
ni, & qui mom-ut l'an 76(5 de l'Hegire. Voyez le titre de. Giorgiani.
MOBAREZ eddin. Surnom de Mohammed, premier Prince & Sultan de
îa Dynaftie des. ModhafFerlens ou Mozafferiens. Voyez le titre de cette Dy-,
Baftie. ..
MOBARRAD ou Mobarred. C'eft le furnom d'Aboul Abbas Mohammed
Ben lezid Ben Abdalakbar Al lemani Al Azdi.- Ce perfonnage . qui fut très-
habile Grammairien & fort grand Rhetoricien , eût grand nombre d'Ecoliers &
corapofa plufieurs Ouvrages,, dont le Kiamel & le Raoudliat font les principaux,'
Voyez-en les titres.
M 0 B L A C. M 0 C A D D A M A H. 62^
ÎI fut difciple de Mazeni & contemporain de Thâlcb, Auteur du Livre inti-
tulé Kctab aifailih, c'efl-à-dirc, Livre d'éloquence, & mourut âgé de 80 ans l'an
286 de l'fiegire, fous Je Khalifat de Motâdhed Billah.
Mobarrad eitc de grandes dilputes avec Scheïbani , qui nfr mourut que l'an
£91. On peut voir le titre de ce dernier.
MOBLAC. C'cil le furnom de Mohammed Ben A'bdaldaïm, qui mourut
l'an 797 de l'Hegire. Il eft Auteur d'un Livre intitulé Élma Al Nabi , c'eft-
^,-iire, les noms du Prophète, Ce font les noms propres ou appellatifs que les
Mufulmans donnent à Mahomet , leur faux Prophète.
MOBTEDA. Titre du Livre que Vaheb Ben Monabbeh a compofé, qui
eft plein de récits curieux ou plutôt fabuleux. Cet Ouvrage eft fouvent cité
par l'Auteur des Rakaik alholal fi dakaik alhial, qui eft un Recueil de plufieurs
traits de linefles & de tromperies.
MOBTHAN.. L'on appelle ordinairement Mohammed, fils d'Ahmed Al le-
meni du nom d'Ebn Mobthan. C'eft un Auteur qui mourut l'an 630 de l'He-
gire, (Scqui a compofé un Livre d'Arbâïn ou des quarante Traditions, fous le
titre d'Adhkar almefla v alfabah , c'eft-à- dire. Avis pour le foir & pour le
matin,
MO C A BEL A H, Ce mot, qui fignifie en Arabe comparaifon, devient un
terme d'Art parmy les Arithméticiens & les Algebriftes.
Algebr & Al Mocabelah , termes qui fignifient proprement fraffion & com-
paraifon, étant joints enfemble, fignifient parmy les Arabes ce que nous appel-
ions l'Algcbre , mot que nous avons pris des Arabes & qui tire beaucoup plus
naturellement dii mot Gebr avec al, fon article, que non pas de Geber ou Gia-
ber , grand Piiilofophc , que l'on dit l'avoir inventé & en avoir compofé un
Livre. . l^oyez Je titre de Gebr. .
MOCADDAMAH ou Mocaddemah. Ce mot, qui fignifie proprement une
Préface en matière de Livres, fe prend auffi pour le titre de plufieurs Ouvra-
ges entiers, comme les fuivans.
Mocaddemat aladab,- Livre ou Diftionnaire des langues Arabique , Perfien-
ne & Turquefqu'J,
Mocaddemah /^groumiah, C'eft une Grammaire AVabîque , qui a été tradui-'
te en Latin , & que nous appelions la Giaroumiah. yoyez le titre d'Agrou-'
miah.
Mocaddemah Argezeriah. Nom d'un Poëme compofé par Mohammed, fils de-
Mohammed Al Gezeri, qui mourut l'an 733 de l'Hegire, Ce Poëme a été com-
pofé par Radhjcddin Mohammed , furnommé Nadhafi Al Hakbi , l'an 941 de-.
l'Hegire.
Mocaddemat alfdaouat ou alfalat. Livre de Prières, qui a été abreo-é fous le
nom de xMokhtafiar almocaddemat , par Naffer Ben Mohammed Abuti l'Haïth
Al Samarkandi, que l'on furnommé auffi Al Kandi , c'eft-<à-dire, natif de la •• il-
lé de Samarcande , & expliqué ou commenté par Muftafa Ben Aï Dogmifch Al;
Karamani, qui a intitulé fon Ouvrage Al laoudhih.
Ce -Livre de. Mocaddemat alfalat eft attribué à Schamfeddin Al Fanari , fa-
•l^kkk 3. meux
530 MOCADDEMATEI'N. M 0 C A N N A'.
meux Do6leur chez les Mufulmans. Voyez ia Bibliothèque Royale , num. (5o5t
615 & 673.
MOCADDEMATEI'N. Les deux Préfaces ou les deux Ouvrages fur la
Grammaire Arabique d'Abou O'beïdah Mâmar.
MOCADDES. Saint ou Sanftifié. Beït almocadde?. La Maifon Sainte,
Les Mahometans donnent ce nom au Temple & à la Ville même de Hierufa-
lem , qu ils qualifient encore du nom de Cods Schenf , c'eft-à-dire, la Ville Sain-
te & illuflre.
Mocaddeffi , ou Mokdeflî & Codli , efl le furnom appellatif d'un homme qui
tcft natif de Hierufalem ou de fon Territoire , & même de toute la Terre Sain-
te ou Palefline.
Schams eddin Abou A'bdallah, qui mourut en 414 de l'Hegire, porte ce fur-
nom. Il eft Auteur du Livre intitulé Ahfan altecafîim fi màrefat alecalim. C'eft
une Géographie ou Defcription des fcpt climats.
Un autre Auteur, nommé Hofiameddin Mohammed Ben A'bdalouahed , fur-
nommé Mokaddefli , qui mourut l'an 643 de l'Hegire , a compofé le Livre in-
titulé Adab Alfatoua, c'eft-à-dire , des qualitez que doivent avoir les Décifions
ides Mouftis pour être Juridiques.
Il y a aufïï un Mocaddefli, qui nous a donné le Livre intitulé Mothir alga-
ram, c'efl-à-dire, ce qui remet les péchez. C'eft une Hiftoire de Hierufdem,
qui contient tous les avantages que l'on retire du Pèlerinage de Hierufalem &
particulièrement la remiflîon des péchez que l'on y obtient. Cet Auteur fait
la defcription de toute la Terre Sainte , dans laquelle il vivoit l'an J65 de
l'Hegire.
Mocdeflî efl auflî le furnom de Mohammed Ben Mohammed Ben Abillathif,
qui a compofé le Livre intitulé Ethâf Al Salathin , Ouvrage de Politique , fait
en manière d'inftru6tion pour les Princes.
Voyez le titre de Codfî , qui eft commun à tous ceux qui portent le furnom
de ^iocdeffi & de Mocaddeffi.
MOCAMAT aladabiàh. Lieux communs fur divers points d'érudition & de
morale. Ce font les cinquante Difcours de Hariri , qui fe trouvent dans la Bi-
bliotheque Royale , num. 1138 , écrits de la main d'Ahmed Ben Hamzah Ben
A'thaallah, furnommé Al Afchnovi , Tan 611 de l'Hegire. Voyez le titi-e de
Macamat ou Mecamat.
MOCANNA', furnom de Hakem , fils de Hafchem , fameux Impofteur d«
:Khoraflan , fous le règne du Khalife Mahadi. Voyez Hakem,
Ce furnom de Mocannà luy fut donné à caufe d'un voile ou d'un mafque
qu'il portoit fur le vifage , pour s'attirer un plus grand refpeél d'une foule de
gens abufez qui le fuivoient, & qui ont formé une Sefte d'Impies, qui ont re-
noncé en partie au Mufulmanifme, & qui s'attendent de le revoir un jour de-
fcendre des Cieux & convertir tout le monde.
Abdallah Ben Mocannâ a traduit le Livre fameux de Calilah & Damnah du
Perfien en Arabe. Cette Traduélion fe trouve dans la Bibliothèque Royale ,
îium. 1219. .
Ebn Mocannâ, qu^ eft peut-être le même que celuy dont Ion vient de par»
MOCANNES. M O C L A H. 531
lèrj a travaillé fur le Livre d'Ariltote, intitulé en Arabe Bari arminias, qui efl;
en Grec, Uifl î^f*Lj»îixç , c'efl-à-dire, de Tlnterpretation.
MOCANNES. Un faifeur de balais. C'eft le furnom dé Saheb Fakhred-
din , que l'on appelle ordinairement Ebn Mocannes , c'efl-à-dire , le fils du ba-
layeur , qui eft Auteur d'un Divan en langue Arabique , compofé partie en
Profe & partie en Vers.. Cet Ouvragg eft dans la Bibliothèque lloyale, nmn>
U77'
MOCANNI. Abou O'beïdah Mâmar eft furnomraé Ben Mocanni Al AIc-
houi. Il eft Auteur d'un Livre intitulé Boïoutàt Al A'rab , où il traite de 1»
Verfification Arabique.
MO CASSA M. Mohammed Ben HalTan eft furnommé Ebn Mocaflàra. II
eft Auteur d'un Livre intitulé Enteffar lecorà alamfar , qui eft un Ouvrage de
Gco^raphie^ & mourut l'an 341 de-l'Hegire.
MOCATEL. Surnom d'Abou l'Haflan Bèn Soliman Ben Balchir AI Azdi
Al KhoraTani. C'eft le nom d'un Dofleur, natif de Khoraflan , qui faifoit fa
demeure dans Merou, une des quatre Villes Capitales & Royales de cette Pro-^
vince.
Ce Douleur, qui avoit autrefois étudié fous Ebn Doualdouz, fut chafle de la
Ville de Merou, à caufc du Tagiaffim, c'eft-à-dirc, de l'opinion qu'il foûtenoit
de la corporeité qu'il avoit apprife de fon Maître.
Cette opinion de la corporeité étoit celle qui attribuoit à Dieu un corps &
des membres, tels que l'Alcoran & même l'Ecriture Sainte femblent luy don-
ner, prenant à la lettre tout ce qui y eft dit de fes bras, de fès mains, de fes
yeux & dé fes oreilles.
Ceux qui faifoient profeffion de cette Sefle , pafToient encore plus outre , &•
foùtenoient , que Dieu avoit une baibe noire & fort épaifle , & fe forraoient-
ainfi plufieurs idées ridicules & indignes de la Divinité.
MO C ATT H A M. Montagne, qui eft ordinairement appellée là Montagne
Sainte, à caufe du grand nombre de Monaftères remplis de faints Perfonnages,
qui y ont été bâtis. C'eft ce qui luy attire une grande vénération des JVJufuI-
raans même, enforte qu'Ebn Thouloun, qui étoit Maître de l'Egypte, & pveC-
que indépendant des Khalifes , étant tombé malade , fit prier Dieu pour luy fuc
cette montagne & y voulut être enterré. .
M OC L AH.' Ebn Moclah. Ceft le furnom d'Abou A 'li Mohammed Ben
A'ii Ben Haffan.
Ce Perfonnage fut fait Vizir par le Khahfè Moftader, Fan 316 de Hlegire,
& difgracié par le même Khalife l'an 317.
Depuis ce temps-là jufqu'en l'an 322, Ebn Mocla.i vêquit en homme parti-
culier ; mais cette même année , le Ivhalife Caher Biilah , qui avoit fuccedé à
Moftader , luy rendit la charge de Vizir qu'il ne pofieda pas long -temps paifi--
blement. Car ce Kh.l^fè, qui étoit de fon naturel fort emporté, fe trouvant
mal fatisfait de ce Miuiftte , luy fit couper la main droite , & ne lailfa pas ce-
pen»-
\
632 M O C R 1.
pendant de le rétablir dans fa charge, qu'il exerçoit , nonobflant fa main cou-
pée, en écrivant avec une plume artificielle attachée à fon bras.
Ebn Moclah cependant cherchant à fe vanger de Caher , fit tant par fes in-
trigues, que les Turcs, qui étoient pour lors les maîtres dans Bagdet, le dépo-
ferent & luy donnèrent Radhi pour fuccefieur.
Radhi Biilah, vingtième Khalife de la race des Abbaflîdes, confirma Kbn Mo-
clah dans fa charge de Vizir, en confidération des bons fervices qu'il luy avoit
rendus, en procurant la dépofition de Caher fon PrédcccfiTeur.
Mais Ebn Moclah, qui avoit l'efprit brouillon, voulut faire des affaires à foii
nouveau Maître. Il écrivit pour cet effet , comme de la part du Khalife, à
Iakem , le Turc , pour le faire venir à Bagdet , luy promettant le Commande-
ment en chef de toutes les Troupes du Khalifat.
Ebn Raïk, qui pour lors en avoit le Commandement, ayant intercepté la Let-
tre d'Ebn Moclah, la fit voir au Khalife; & ce Prince , qui n'avoit point don-
né d'ordre à fon Vizir de l'écrire & qui ne defiroit pas même la venue de lar
kem , fit venir Ebn Moclah en fa préfence & luy demanda pourquoy il avoit
écrit cette Lettre à fon infçu.
Le Vizir nia d'abord la chofe ; mais il fut convaincu par fa propre Lettre
qui luy fut repréfentée, & le Khalife qui ne pût fouffrir cette infidélité, le con-
damna d'avoir fon autre main coupée , & quelque temps après la langue.
. Cette punition arriva à Ebn Moclah l'an 326 de 1 Hégire, & il traîna depuis
ce temps-là une vie miférable & languiffante , jufqu'cn l'an 338 qu'il mourut.
Khondemir. Ben Schohnali: KighiarifiaiL
On s'efl: étendu un peu au long fur ce Perfonnage , à caufe qu'il s'eft rendu
célèbre par l'invention des Cara6lcres Arabes modernes, dont l'on fe fcrt enco-
re aujourd'huy, qu'il fubfi;itua en la place des anciens, que l'on appelloit Cou-
fiques , & qui étoient fort grofficrs ; c'tfi; pourquoy on luy donne le titre de
Vadhê Khath , c'cft-à-dire , d'Auteur & d'Inventeur de l'Ecriture.
L'on rapporte qu'ayant été condamné à perdre la main , il fe plaignit de ce
qu'on le traitoit comme un Voleur, & que l'on luy coupoit une main qui avoit
copié trois fois l'Alcoran , & dont les Exemplaires dévoient être à toute la pof-
terité le modèle de l'écriture la plus parfaite. En effet , cqs trois Exemplaires
ont été toujours admirez pour l'élégance de leurs Cara6lères , quoique dans la
fuite des temps Ebn Bauvab les ait encore furpaffez. Quelques-uns cependant
ont écrit que ce ne fut pas Ebn Moclah, mais un de fes frères, nommé A'b-
<lallah Al Hafian , qui fut l'Inventeur de ces bsaux Caraftcres.
On a remarqué que ce Vizir, qui avoit copié trois fois l'Alcoran, avoit fait
auffi trois fois ic Pèlerinage de la Mecque , & qu'il eût l'avanture d'avoir été
enterré trois fois après fa mort; la première, dans la prifon; la féconde, dans
ie Palais Impérial ; & la troifième , dans fa propre Maiibn , fon corps ayant
été remis entre les mains de les enfans.
MO CRI. Ce mot, qui fignifie en général Lefteur, efi: le furnom ou le ti-
tre de plufieurs Auteurs qui l'ont porté, à caufe qu'ils étoient du rang de ces
Doclcurs , qui font profeffion particulière d'enfeigner la lefture & publication
tie l'Alcoran, & peut-être auffi celle de lire le même Alcoran dans les Mofquées
•auprès des 7\irbés ou Sépulcres des Princes, pour le fouJagemcnt de leurs ames^
.comme prétendent les Mahomerans.
MOCTADER
M O C T A D E R. 63^
MOCTADER Billah, dix-huitième Khalife de la Maifon des Abbaflides. Il
ëtoit fils de Motadhed, feizième Khalife de la même iMaifon, & frère de Mok-
£a(i fon Prédecefleur. H fut créé Khalife à l'âge de treize ans , l'an de ITIe-
gire 295 & régna vingt -cinq, plus que n'avoit fait encore aucun des Khalifes
les PrédecefTeurs.
Les Vizirs & les femmes gouvernèrent avec un Empire abfolu les Etats do
ce Prince, jufques-là que l'on dit, qu'une des filles de la Reyne fa mère préfi-
doit à la Chambre Criminelle, appellce Divan Al Modhalem , c'eft - à - dire , le
Tribunal des torts & des outrages reçus.
Moètader fut dépofé deux fois du Khalifat & deux fois rétably. Abbas , fils
de Hofiàïn , Vizir , & quelques autres des Grands ayant honte d'avoir fait un
Khalife fi jeune, cherchèrent deux autres Sujets, l'un après l'autre, dans la Mai-
fon des Abbaffides pour les élever à cette Dignité; mais on ne trouva ny lun
ny l'autre, defor-te que le Khalifat luy demeura, fimte d'un Sujet qui pût pren-
dre fa place.
■ Ce Prince eût cependant plufieurs guerres à foûtenir contre les Carmathes ,
peuple révolté de l'Arabie, qui avoit pillé les Caravanes & faccagé la Ville de
la Mecque , comme l'on peut voir dans leur titre particulier.
Ebn Schonah écrit que, l'an de l'Hegire 304, il arriva à Bagdet des Ambaf-
fadeurs de l'Empereur de Conflantinople à la Cour de Moftader , qui y furent
reçus avec grande niamificence. Le Palais Impérial fut paré de fes plus beaux
meubles & de toutes fortes d'armes. On rangea dans la place du Palais Impé^
rial les Soldats de la garde du Khalife en bataille, au nombre de cent foixante
mille hommes, auxquels on paya la folde dans des bourfcs d'or. On fit paroî-
tre quarante mille Eunuques blancs & trente mille Eunuques noirs avec fept cens
Huiffiers ou Portiers fur les avenues & aux Portes du même Palais.
On mit dans l'eau, fur le fleuve du Tigre, un nombre infiny de bâtimens,
peints & dorez, avec leurs équipages des plus lefl:es, des mieux vêtus , & des
plus parez. On tendit dedans & autour du Palais trente - huit mille Portières ,
dont il y en avoit douze mille de foye & cinq cens de brocard d'or , avec
douze mille cinq cens tapis d'un ouvrage excellent. Au milieu de la grande Sal-
le, l'on fit paroître un arbre d'or maffif, qui avoit dix-huit branches principa-
les, fur lefquelles un grand nombre de diverfes efpèces d'oyfeaux d'or & d'ar-
gent voltigeoient & chantoient leur ramage avec harmonie , ce qui fit que les
Ambafiadeurs virent toute cette pompe avec grande admiration.
Mirkhond écrit, que lorfque Moftader eût été faliié Khalife par les foins d'Ab-
bas , fils de Hodaïn , fon Vizir , on commença à murmurer beaucoup fur le
bas âge de ce Prince , qui n'avoit encore que treize ans. Tout le blâme de
cette Eleélion tomboit fur le Vizir , lequel fe repentant auffi de fon choix , jet-
ta les yeux fur Mohammed, fils du Khalife Mohtadi. Mais il mourut juftcment
dans le tems que l'on pcnfoit à luy. Après que ce deflcin eût manqué , le Vi-
zir prit encore la réfolution de mettre le Khalifat fur la tête d'un des cnfans de
Motevakkel ; mais il fut auffi trouvé mort dans le même tems. Comme il étoit
toujours agité de différentes penfées, il arriva qu'il fut tué par Houflaïn, Prin-
ce de la i\.aifon de Hamadan; dcforte que la Couronne fut affermie fur la tête
de Moftader, par tous ces accidcns,
■Il ne laiffa pas néanmoins de courir un autre grand danger de la perdre ,
parce que cet Houffun fit déclarer pour Khalife un Abdalla, fils deMôtaz,&
TuM£ IL LUI fè
534 M 0 C T A D E R. '
fc fiiifit du Palais Impérial , où il mit fon nouveau Khalife , en chafTa Mofla-
dér ' qui fut obligé de fe réfugier dans la maifon d'un de fes Eunuques, nom-
mé ^Munas. Ses Domcftiques, qui avoient aufli été chalPjz du Palais, trouve-
rent cependant moyen le même jour d'y rentrer y & ils le firent fi à propos ,
qu'ils furprirent le nouveau Khalife , luy mirent la tête dans un fac de chaux
vive & le firent ainfi mourir. Moftader ne fut pas plutôt averty de l'heureux
fuccès d'une entreprife fi hardie , qu'il retourna au Palais , fe plaça derechef
fur fon trône , & reçut de nouveau l'hommage que l'on avoit accoutumé de
rendre au Khalife. C'efli ce qui fait que Mirkhond conclut cette Hiftoire par
un Difl;ique Perfien, qui porte : Le monde eft toujours plein de ces fortes de
troubles, qui caufent la peine des uns & le repos des autres.
Le même Hifl:orien fait aufli un long détail des circonftances de la mort de
ce Khalife , en la manière qui fuit.
Moftader ayant fait emprifonner fon frère Caher , qui avoit fait une entre-
prife pour le détrôner, réfolut enfin de luy ôter la vie. Caher averti du mau-
vais defiTein de fon frère contre luy, fuborna un Babarefque , bon homme de
cheval , qui étoit fon Officier & fort affedionné à fon fervice , pour prévenir
Moftader, & poiu- fe défaire de luy: & pour cet effet, il s'entendit avec Mu-
nas l'Eunuque , qui étoit mécontent de Moftader , &. qui par conféquent pou^
voit fomenter fon party. ^ , , ,
Le Barbarefque chargé de cette commiflion chercha dcjpc toutes les occafions
de tuer le Khalife. Un jour que le Khahfe étoit fur la place nommée Scha^
maflle, pour voir des jeux d'armes & des courfes de cheval , le Barbarefque f«
préfenta pour courir les têtes , & fit fon jeu avec tant d'adrefîe & de bonne
ïrace , q^e le Khalife luy fit recommencer plufieurs fois la môme courfe ; &
pour le mieux voir , commanda à fes Gardes de s'éloigner de Juy , pour luy
laifler la vûë plus libre & plus étendue dans la Place.. Le Barbai-efque trou-
vant l'occafion de faire fon coup , pouflTa avec une extrême vîtefi;e fon cheval vers
le Khalife & luy lança fa demy-picque avec tant de force au milieu de la poi-
trine, qu'il le fit tomber du Heu où il étoit aflis, &, après avoir fait fon coup,-
courut à toute bride droit à la prifon, pour délivrer Caher fon Maître.
Il arriva cependant que ce Cavalier pafTant dans la Place du marché, ren-
contra fur fon chemin un afne chargé d'épines, dont on fe fert en ces pays-là:
pour chauffer le four. Cette rencontre fit que fon cheval , en courant , s'om-
bragea & le porta contre l'étau d'un Boucher de cette Place , & qu'un des
croches , qui pendoient à la boutique, prit le Barbarefque par-defiîpus le men-
ton , & le tint attaché , pendant que le cheval fe déroba de delibus luy, &
prit la fuite.
Cet homme fe trouvant arrêté en cet état, les gens du Khalife blefile , qui
le fuivirent de près, le rencontrant ainfi pendu & accroché, crûrent qu'il ne -
leur reftoit plus rien à faire que de prendre la charge d'épines, qui étoit tou-
te prête , & d'y mettre le feu pour le brûler. Ainfi le fupplice fuivit de près
l'attentat que cet afiaflîn avoit commis. • ^
Le Khalife cependant mourut peu après de fa blefi:ure , à l'âge de trente-
huit ans, & Caher fon frère prit fa place, l'an 320 de l'Hegire , félon tous.
les Hiftoriens.
Ce Khalife aimoit la juftice, car les Evêques & Moines Chrétiens d'Egypte,
ayant été fournis au Tribut qu'ils n'avoient pas accoutumé de payer, par Ali,
fils
M O C T A D I. ç^^
fils d'IfTa, fon Lieutenant General, auflî-tôt qu'il en eût reçu les plaintes de
la part des Evêques , il commanda qu'on les rétablît dans leurs premières fran-
chifes , dont les Princes Mufulmans les avoient laifTcs jouir jufqncs alors.
Ebn Batrik remarque auffi , que le même Moftader fit rebâtir plufieurs Egli-
fes des Chrétiens, que les OiSciers des Khalifes avoient démolies.
MOCTADI BemriUah. Ce fut le XXVI I. Khalife de la Maifon des Ab-
baflîdes. Il étoit fils de Mohammed, & petit -fils de Caïeni fon Predecefleurj
auquel il fucceda, l'an de l'Hegire 4157.
En 469 Melik Schah le Selgiucide, furnomraé Gelai eddin- v eldulah , vint à
Bagdet , rendit beaucoup d'honneurs au Khalife , & véquit toujours fort bien
avec lui, contre la coutume ordinaire des Sultans, & s'en retourna peu de temps
«près en Perfe.
L'an 480, Mocladi époufa la fille de M elikfchah , Princefle doiiée d'une très-
grande beauté, & les Feiles qui fe firent à Bagdet, lorfqu'elle y fit fon entrée,
fuL-pairerent toutes les réjoiiiifances qui s'étoient faites jufqu'alors dans le Mu-
fulmanifme en de pareilles occafions. Car toutes les rués de la Ville furent
éclairées de flambeaux de cire & de fanaux. L'on dit aulîî qu'on avoit em-
ployé au defl'ert du fellin que l'on fit à cette Princefl'e , quarante mille man
de fucre , qui font le poids de quatre-vingts mille livres , de douze onces
chacune , & tout le refte de la dépenfe de ce grand appareil s'étoit fait à
proportion.
Cependant , cette Princefle ne véquit pas long-temps en bonne intelligence
avec le Khalife fon mari ; car en fan 482 , elle voulut retourner auprès de
fan Père à Ifpahan, où elle mourut.
En 484, Mehkfchah fit un fécond voyage à Bagdet, d'où étant retourné en
Perfe, il y mourut peu de temjjs^près à la chafl^e, l'an 485.
La mort de Melik Schah fut fuivie de près par celle du Khalife Moéladi,
qu'une pefl:e emporta fubitement en l'autre monde , l'an de l'Hegire 487 ,
à l'âge de trente -huit ans & huit mois , après un règne de dix-neuf ans &
cinq mois.
Ce Prince a eu la réputation d'aimer la jufl:ice , & il corrigea pendant fou
Khalifat une infinité d'abus qui fe commettoient contre les Loix. Khondsmir.
Mocladi aimoit & favorifoit fort les gens de Lettres , ce qui fit que plufieurs
excellens hommes lui dédièrent leurs Ouvrages , comme fit Saïd Ben Hebat allah
fon Livre, intitulé Mogni fil thebb, & Ben Giazalah le fien, intitulé Talvouim
alabdan, dont l'on peut voir les titres dans cet Ouvrage.
Melik Schah féconda fort bien les defl'cins & les projets que ce Khalife fit
pour l'avancement des fciences; car Ben Schohnah rapporte que dans le com-
mencement du règne de Moftadi, Melik Schah & fon Vizir Nezam elmulk,
afl^emblerent l'année 467, les plus grands Aflironomes qui flcuriflbient en ce
temps là, lesquels fixèrent le Neurouz, c'efl:-à-dire, le premier jour de l'annéa
Solaire du Calendrier Perfien , au premier degré de l'Ariés ou Bélier. ■
Ce jour du Neurouz fe trouvoit pour lors, par la neghgence des Afl:rono-
mes, ou pour mieux dire, par la fuite des années, reculé jufqu'au quinzième
degré des Poiflbns; deforte qu'il fallut alors fupprimer quinze jours entiers,
comme nous avous eflé obligez d'en fupprimer dix , dans la reformation du Ca-
L 1 1 1 2 ■ len.
636 MOCTAFi:
lendrier Julien, l'an de Jcfus-Chrifl 1682, pour faire retourner l'Equinoxe du
Printcms à ce premier degré du Bélier. ... ^ , . - ,
C'ell donc cette année 467, qui eft la véritable Epoque de la reforme du
Calendrier Perfien, qui fut appellée Gelaléenne à caufe du titre de Gelaleddin
nue portoit Melikfchah. Zacuti, Auteur Juif, place cette Epoque dans l'an 465,
de rHe^^ire qui correfpond au 1072 de Jefus - Chrift , cinq ans plus tard que ne
font les'' Auteurs Arabes; & veut que ce premier Neurouz foit tombé au qua-
torzième du mois de Niflan ou de Mars.
L'Auteur du Niglnrariftan rapporte la mort de ce Khalite en la manière
L'an de l'Hegire 487, le Khalife Moftadi étant à table avecfes plus fami-
liers amis beuvoit à fon ordinaire. Après que la table fut levée, étant de-
m-^urc feul avec deux de fes femmes , l'une nommée Cahermanah, & l'autre
Sehemsalnahar , il interrogea tout d'un coup la féconde, fur des gens qu'il vo-
voit & lui demanda qui les avoit laiffez entrer fans fa permiffion? Cette Da-
me étonnée tourna la tête pour voir qui c'étoit, & n'ayant veuperfonne, elle
ietta les yeux fur Moftadi & s'apperceut qu'il changeoit, & que fes mains &
les pieds lui manquoicnt., & dans, ce même infiant. elle le vit tomber mort à
^ Cc^ mal qui fait mourir fî promptement s'appelle en Arabe , Fagia & Mefa-
gian nom que l'on donne aufli à la Pefte. Les Mahometans croyent qu'il y
a des' Efprits , ou des Lutins armez d'arcs & de flèches que Dieu envoyé pour,
punir les hommes quand il lui plaid, & que les bleffures que font ces fpeftres
font mortelles lorsqu'ils paroilTent noirs; mais qu'elles ne le font pas lorfque.
les flèches font décochées par des Speélres qui paroiffent blancs. C'cfl; ainfi que.
les Mahometans raifonnent fur la Pefl:e, &_c'elt..fur ce fondement qu'ils ne
prennent aucune précaution pour s'en garanl^j.^. .
MÔCTAFL Léemrillah. C'efl: le. Nom diï trente-unième Khalife de la
Maifon des Abbaflîdes.
Il étoit fils du Khalife Mbfl:edhaher, & oncle de Rafclied fon PredecefTcur qui
avoit été depofé par une Ailcmblée Juridique de Docteurs que Mafloud, Sul-
tan des Selgiucides,. avoit convoquée, l'an 532 de l'Hegire.
Comme le Khalife avoit été mis fur le thrône de fon Neveu par le crédit*
& par l'autorité de Mafloud, il n'eut rien à faire dans le Gouvernement de
fon Etat pendant tout le temps que ce Sukan vêquit. Mais après qu'il fut-
mort l'an 547, de l'Hegire, Moélafi repiùt fcn autorité & mit, pour- ainfi dire,'
les Khalifes hors de page. , , .^. o ^ ,
Ce n'efl; pas que Mafloud en mourant n eut lame pour Succefl^ur dans le
Sultanat, Melikfchah fon Neveu; mais le Khalife ne lui laiflli aucun pouvoir &
demeura' feul le Maiftre dans toute l'étendue de l'Iraque Babylonienne , c'efl:-à-
dlrc de la Chaldée & de l'Arabie , & enfin , ce fut fous ce Khalife que la puif-
fance des Selgiucides , qui étoient Maîtres de toutes les forces dé l'Etat des Kha-
lifes, aufquels ils n'avoient laififé que le nom avec quelques honneurs apparens-
qui regardoient plutôt le fpirituel que le temporel, commença à s'aff'oiblir &à
fe détruire peu à peu.
Moftafi mourut l'an S55 de l'Hegire , après avoir régné vingt-quatre ans &•
trois mois, & laifiTu pour SuccsATeur Moflanged Bïllah fon fils.
Klion-
MOCTARAH. M O D II A F F E R. 6^r
Khondemir rapporte dans l'année $5^- de l'Hegire, que Moftafi ayant appris
que la Porte de la Kâbah, c'eft-à-dire, du Temple de la Mecque étoit prefque
confumée de vieilleffe , il en fit faire une neuve couverte de lames d'argent
doré , & que s'étant fait apporter les pièces de l'ancienne , il en fit faire'^par
dévotion, fon cercueil.
Il faut remarquer fur le nom de ce Khalife , qu'il ne diffère du nom de
celui qui eft placé ci -après en fon lieu, que parce qu'il s'écrit par un C , &
que l'autre s'écrit par un K, qui font deux lettres fort différentes dans la
Langue Arabique, enforte que le nom de Moktafi écrit avec un k, & l'addi-
tion du mot , Billah , fignifîe , Celui à qui Dieu fufîît & qui fe contente de le
pofïeder lui feul, & le nom de Moélafi par un C, avec l'addition de Leemril-
lah , fignifie , Celui qui fuit Dieu , & qui obéît à fes commandemens.
Quelques-uns veulent que ce dernier Khalife prit le nom ou furnom de Moc-
tafi, à caufe d'un fonge qu'il eut quelque temps avant fon élévation au Khalifat
dans lequel Mahomet lui apparut, & lui dit: Actafbi, c'eft-à-dire, Suivez-moi.
MOCTARAH, fil moflhalah fi tâlim remi albondok. Nom d'un Livre qui
enfeigne l'art* de tirer de l'Arbalète & de chaffer aux petits oifeaux. Abdalmegid
en eft l'Auteur, &.fon Ouvrage fe trouve dans la Bibliothèque Royale, n°. 703.
MODAHIGIAN. Surnom de Gemaleddin Mohammed Ben A'ii qui î
compofé un Livre, intitulé Anfâb , c'eft-à-dire, de Généalogies. Cet Auteur
vivoit l'an 889 de l'Hegire..
MODESTOUS. C'eft le nom d'un faînt Abbé de Hicrufalem, lequel aid^
des fecours de S. Jean l'Aumônier, Patriarche d'Alexandrie , fit rebâtir les Eglifes
que Khofroes Parviz avoit fait démolir , après le faccagement de Hierufalem
fous l'Empire de Phocas,
MODHAFFER. Ce mot qui fignifîe la même chofe que Manfour, c'eft-
à-dire , Vi6lorieux , fert de furnom à plufieurs Princes & autres Pcrfonnages.
ModhafFeroun. Nom d'une Dynaftie que nous pouvons appcller des Kjodhaf-
feriens, Princes qui ont régné en Perle environ feptante fept ans depuis l'an 718,
jufqu'en l'an jgs de l'Hegire.
Cette Dynaftie a pris fon nom de Mobarez eddin Mohammed , furnommd
Al Modhaffer qui en eft le Fondateur; & comprend fept Princes ou Sultans
qui ont régné fuccefTivement ou conjointement en Perfe.
Voici la Lifte de ces Princes avec le temps qu'ils ont régné dans l'ordre
qui fuit.
Le premier eft Emir Mobarezeddin Mohammed Modhaffer, qui a régné qua-
rante deux ans.
Le fécond, Schah Schcgià, fils de Modhaffer qui a régné vingt-fix ans.
Le troifièrae , Schah Mahmoud , fils de Modhaffer en a régné dix.
Le quatrième, Sultan Ahmed autre fils de Modhaffer.
Le cinquième, Schah Manfour, fils de Modhafl'er, fils de Mobarez.
Le fixième, Schah lahia, fils de Modhaffer, fils de Mobarez.
Le feptième, Zin alâbedin, fils de Schah Schegiâ.
Ces derniers Princes n'ont régné qu'environ neuf ou dix ans entre eux, fcps-
L 1 1 1 3 rémen'c^
<^3S M O D H A F F E R. M O D H A L L A M.
rcment ou conjointement en divers endroits de la Perfe. Car Tamerlan ruïna
entièrement cette Dynaftie dont le Siège Royal étoit dans la Ville de Schiraz.
Foysz le titre de Timur ou de Tamerlan.
il y a eu un autre ModhafFer dans la famille de Tamerlan , & celui-ci étoit ,
fils de HoulTaïn , fils de Manfour , fils de Baïkra , fils de Tamerlan. Tous ces
Princes portoient le titre de Mirza.
Ce Petit-fils de Tamerlan régna après la mort de Mirza Houfl'aïn fon Père,
dans le Khorafi^an, conjointement avec fon frère nommé Badî alzaman, nom qui
fiffaific la Merveille du fiècle ou du temps. Mais fon règne ne fut pas long-
temps paifible; car Schaïbcg Aboul Khaïr , furnommé Uzbeghi, qui étoit de la
pofi:crité de Ginghizkan , palTa de la Province Tranfoxane en celle de KhorafiTan
pour lui faire la guerre. . . -
ModhafFer fut vaincu l'an 915 de l'Hcgire , par fon ennemi qui fe rendit
Maiftre de la Ville de Merou , qui étoit pour lors fa Capitale , & obligé de
prendre la fuite pour fe réfugier dans les montagnes du KhoralTan, où il de*,
meura caché le relie de fes jours.
MODHAFFER. Cefl auflî le furnom d'Abou Manfour Ebn- Mohammed
AI Thouffi , c'efl:-à-dire , natif de la Ville de Thous en KhorafiTan , lequel a
compofé un Livre d'Arithmétique & un Commentaire fur Diophante , lequel
fe trouve dans la Bibliothèque du Grand Duc de Tofcane.
MODHAFFEREDDIN. Surnom de Mohammed Aboubekr, Ben Sâad,
Ben Zenghi , qui étoit Prince de la Race , ou Dynafl:ie des Atabeks de Perfe ,
dont le lie^e Royal étoit dans la Ville de Schiraz.
C'efi: celui auquel Sâadi, qui mourut l'an 691 de l'Hegire, a dédié fon Livre,
intitulé Gulifl;an.
MODHAFFER L Surnom d'un Auteur, qui a fait un Commentaire fur
le fameux Livre de Hariri, intitulé Al Mecamat. Voyez ce titre.
Tarikh Al Modhafl'eri. C'efi: le nom que porte l'Hiflioire ou Chronique, in-
titulée autrement, Tarikh Ebn Afthas.
MODHAHEBAT. Les Arabes appellent Al Modhahebat , les Ouvrages
des fept Poëtcs qui ont été les plus renommez parmi eux avant le Mahome-
tifme. Voyez le titre de Moâllakât^
Ce mot de Modhahebat qui fignifie 'Dorés , a été donné aux Vers de cq&
anciens Auteurs , par ce qu'on les écrivoit en carafteres d'or à caufe de leur
excellence. C'efi; ainfi que les Grecs ont appelle aufli les Vers d'Or de Pytha-
gore, & lorfque les Arabes veulent louer la Poëfie de quelqu'un ;, ils ont accou-
tumé de dire, Modhahebat Falan, c'efi:-à-di-re, ce font les Vers d'or d'un tel.
MODHALLAM. Bahr Al Modhallam. La Mer obfcure & tenebreufe.
C'ell ainfi que les Arabes appellent la Mer Oceanne qu'ils nomment aufiî autre-
ment, Bahr Al Mohith ; mais l'epithéte de Modhallam s'applique particulière-
ment l\ l'Océan Atlantique, à caufe, dit Ebn Al Vardi, que , la âlem bafchar
ma Khalfho, c'efi:-à-dire , Perfonne ne fçait ce qui efl; au de-là. Cependant,
PAuteur des Khiridat alâgiaïb dit que c'efi: dans cette Région tenebreufe qu'il
appelle Dholmat , aue fe trouve cette fontaine de Vie , de laquelle Khedher
but
M O E' B. M 0 E' Z. ^^^
but à longs traits & devint immortel , quoyque la plupart de nos Géographes
Orientaux mettent cette fontaine dans l'Orient.
C'eft dans cette mer, furnommée Modhallam, qu'Ebn Al Vardi dit que font
de très-grandes liles nommées par les Arabes , Al Khaledat, c'ell-à-dire , les
Perpétuelles. Ce font celles que nous appelions aujourd'huy Fortunées , ou Ca-
naries , qui ne font pas néanmoins de très-grandes Ifles ; de forte qu'il paroift
que ce Géographe, ainfi que plufieurs autres Anciens, a eu par tradition quel-
que lumière toucliant les pays qui ont été découverts depuis ce temps -là dans
l'Amérique.
MOE'B. Titre d'un Livre de Grammaire Arabique, attribué à Ebn Altiaï.
MOE'Z Eddaulat; c'eft le furnom ou le titre que le Khalife Moftakfi donna h
Ahmed, troifièmefils de Bouiah, qui devint un très-puilîànt Prince en Afie. Quo}--
qu'il ne fut que le Cadet des trois & qu'il ne tint fes Etats que des maiîis
d'O'mad Aldaulat fon Aîné, il s'éleva néanmoins encore beaucoup plus haut
que celui-ci qui étoit cependaiît le Chef & le Fondateur de la Dynaftie des
Bouides.
Moêz eddaulat avoit reçu en don de fon frère aîné la Province de Kerman
ou Caramanie Perfique, l'an 322 de l'Hegire; mais cette Province lui fut don-
née plutôt pour la conquérir que pour la gouverner. Car Mohammed ', fils
d'Elie qui y commandoit, étoit un fort brave homme qui fçut défendre fes pla-
ces avec une fort grande vigueur. Ce fut ce qui fit refoûdre Moêz eddaulat
de fe rendre Maiftre avant toutes chofes du petit pays nommé Sirgian, où il
trouva peu de refiflance & de très-bons quartiers pour fes troupes.
Moêz eddaulat, après avoir en fort peu de temps groffi & fortifié fon armée
dans un pays fort gras & abondant en toutes cliofes , vint attaquer avec beau-
coup d'avantage Mohammed , fils d'Elie , que quelques Hiiloricns nomment aufiî
Emir Ali. Il lui livra pluiieurs combats defqucls il fortit toujours viftorieuv,
& obligea enfin Emir Ali de quitter la Campagne & de fe renfermer dans l'une
de fes plus fortes places , dont les Hiftoriens nous ont tii le nom.
11 fallut donc que Aloëz eddaulat en formait le fiege dans les formes ; mais
il y trouva beaucoup de difficultez, foit de la part des Alïïegés qui faifoient
de fréquentes forties fur fes quartiers dont ils remportoient toujours quelque
avantage, foit à caufe de la difette de vivres qu'il foufFroit ,, parceque ce fic"-c
duroit beaucoup plus long-temps qu'il ne s'étoit imaginé. '^
On raconte un fait fort extraordinaire qui arriva pendant ce fiegc, car Khon-
demir écrit que l'Emir Ali ayant appris que Moêz eddaulat foufFroit beaucoup
dans fon camp & même que le pain lui manquoit, il lui en envoya toutes les
nuits que dura le fiege de fa place, quoyque pendant le jour il ne lailîàft pas
de l'incommoder beaucoup, en le harcelant continuellement & lui enlevant tou-
jours quelques troupes. Moêz eddaulat étonné de ce procédé, lui' envoya dire
par un de fes Officiers: Si vous êtes mon ennemi, pourquoy ufez-vous de tant
d'honnefteté en mon endroit? Et fi vous êtes mon ami, pourquoy vous défen-
dez-vous avec tant d'opiniaftreté ?
L'Emir Ali lui fit cette réponfe : Comme vous nous attaquez pendant le jour ,
nous vous confiderons dans ce temps-là comme nos ennemis, &' nous vous ftifons
tout le mal que nous pouvons ; mais pendant la nuit que vous nous laill'ez on
repos.
'64'^
M O E' Z.
■jepos, nous vous regardons comme des étrangers aufquels nous rendons les de-
voirs de rhofpitalité.
Cette réponfe caufa beaucoup de confufion à Moêz eddaulat & fit que ce
• Prince , qui ne vouloit pas céder en generofité à Ton ennemi & qui fe trouvoit
xiéja Maître du reftc de la Province de Kerman, leva aufîî-tôt le fiege & laifTa
l'Emir A'ii dans fa place pour y vivre & y commander, fans qu'il eût jamais
-rien à craindre de fa part.
La Province de Kerman, ayant été ainfî conquife, fervit de païTage à Moêz
eddaulat , pour entrer dans le Khouziflan , qui eft la Sufiane des Anciens. Il
trouva dans cette Province les Troupes du Khalife Moftakfi , qui y avoient
leurs quartiers. Il en enleva une partie & diffipa les autres, & par ce moyen il
fe facilita beaucoup l'entreprifc qu'il meditoit depuis long-temps d'affieger la
Ville de Bagdet.
Ce fut l'an 335 de l'Hegire, qu'il en forma le fiege qui ne fut pas de longue
durée , cai' cette grande Ville fe rendit aufïï - tôt à luy , & le Khalife qui fe
trouva dénué de troupes , n'eut point de meilleur parti à prendre que de le
recevoir à bras ouverts ,' & de lui faire rendre tous les honneurs poffibles , &
ce fut dans ce premier accueil qu'il lui conféra le titre de Moêz eddaulat, mot
qui fignifie le bras & la force de l'Etat , & il qualifia en même temps fes
deux autres frères , l'aîné , du titre d'Omadeddaulat , c'eft-à-dire , le Soutien de
l'Etat , & le fécond , de celui de Rokncddaulat , qui fignifie , la Colomne du
même Etat.
Le même Khalife Mofiiakfi ordonna que ce titre de Moêz eddaulat , qu'il
lui avoit donné , fut annoncé & publié dans les Mofquées , & gravé fur la
monnoye , revêtit ce Prince du Manteau Royal , & lui mit un Diadème ou
Couronne fur la tête^ <Sc voulut qu'il logeait dans Iqs appartemens du derrière
de fon Palais.
Tous ces honneurs que le Khalife rendoit par contrainte à ce Sultan, étoient
regardez de lui comme beaucoup inférieurs au grand pouvoir qu'il avoit acquis,
de forte qu'il en voulut donner des marques fort éclatantes en ufurpant toute
l'autorité du Khalife, & enfin en le dépofant pour lui en fubfi;i tuer un] autre,
nommé Mouthî Lillah , qui étoit auflî de la famille des Abbaflides , &, Coufin
germain de fon prédecelleur.
Ce nouveau Khalife ne fut pas plus heureux que fon prcdecefieur , car Moêz
eddaulat dont la puiffance n'avoit plus de bornes , ne fe trouvant pas content
de lui , lui fit crever les yeux & le tint prifonnier dans fon propre Palais , où
il vêquit jufqu'en l'année 338 de l'Hegire.
La prife de Bagdet fut bien-tôt fuivie de celle de Moful que Moêz eddaulat
envoya affieger, enforte que le refle de l'Aflyrie avec la Mefopotamie, Damas,
& toute la Syrie qui obéilfoient encore aux Khalifes , fe fournirent entièrement
à ce Sultan , qui ne prenoit pourtant alors que la qualité d'Emir Al Omera
c'efl-à-dire , de Prince des Princes, ou de Chef de tous les Commandans fous
l'autorité Souveraine du Khalife.
11 jouit de cette dignité, jointe à un pouvoir abfolu, jufqu'en l'an ^s^ de
l'Hegire, qu'il mourut, & laiifa pour Succefieur Azzeddaulat, fon fils, lequel
gouverna tous les Etats dipendans du Khalifat fous le même nom & avec la
jiîême autorité , les Khalifes étant pour lors réduits aux feules fondions de la
Mpfquce
M O E' Z. ^^j
Mofquée , que l'on ne pouvoit pas leur ôter à caufe de la dignité , & pour
ainfi dire , du Caraftère de fouverains Imams ou Pontife de la Religion Ma-
hometane.
Une des avions les plus confidérables de Moêz eddaulat cft celle par laquelle il
fit graver, fur la porte des Mofquées , la malcdiftion que l'on avoit accoutumé
de publier feulement de vive voix contre les Ommiadcs.
Cette malediftion ou excommunication eut fon origine dans le temps que les
Abbaffides s'emparèrent du Khalifat , en le transférant de la famille d'Ommiah
en celle de Hafchera. Car alors, les Abbaffides voulurent fe vanger des Om-
miades & de Moavie , leur premier Khalife , qui avoit eu l'infolence de faire
maudire & excommunier Ali & tous fes Defcendans, Voicy les termes de la
malediftion que les Abbaffides firent publier contre les Ommiadcs:
Dieu a maudit ( c'Èft - à - dire , Dieu maudifle) Modvie , fils d'Jbou Sofian , S'
celuy qui a 6té la terre de Fidek aux héritiers de Fathime (Fille de Mahomet &
femme d'Ali ) &' celui qui a empêché que fo^i enterrât Haffan , fils d'^li , auprès
de Mahomet fon grand-père, &' celui qui a empêché qu'Abbas ne fût mis au nombre
de ceux quOmar avoit marquez çf defignez pour être h s légitimes prêtendans au
Khalifat , éf que Dieu veuille combler tous les Habitans de cette l^ille de paix (c'cft
Bagdet) d'années ^ de grâces.
Moêz eddaulat ayant donc fait graver , comme l'on a déjà dit , cette ex-
communication , qui n'étoit fulminée auparavant que de vive voix , il fe trou-
va des gens aflez hardis dans Bagdet , pour l'effacer & mettre en fa place les
paroles fuivantes: Laân allah aldhokmin leàl Mohammed , c'cil-à-dire , Dieu mau-
difj'e ceux qui font violence aux perfonnes qui font iffues de la Nlaifon du Prophète ,
ce qui étoit un très - fanglant reproche au Sultan, qui avoit envahy l'autorité
du Khalife & s'étoit rendu Maître de fa perfonne.
Il y a plufieurs autres Princes de différentes Dynafties, comme de celle des
Kelabites ou Mardaffides , &c. qui ont porté le titre de Moêzeddaulat & def-
quels on parlera ailleurs.
MOE'Z Ledinillah. C'eft le furnom d'Abou Temim Mâad, fils de Manfor,
fils de Caïem , fils de Mohammed , furnommé Al Mahadi , quatrième Prince &
premier Khalife d'Egypte de la Dynaftie des Fathimites.
Il commença fon règne dans l'Afrique, l'an de l'Hegire 341, & tint fon fic-
%Q Royal dans les Villes de Caïrouan & de Mahadie fucceffivement jufqu'en
l'an 358. • Dans cette même année , il envoya en Egypte Giaohar , Grec de
Nation, Affranchi du Roy fon père, qui l'avoit élevé jufqu'aux premières char-
ges de la Milice, & luy donna le commandement d'une fort grande armée pour
la conquête de cette importante Province.
Ce Général fe rendit facilement Maître de tout le pays, lequel ne fe trouva
point pour lors en défenfc, & fe faifit même de la Capitale, que l'on noramoit
pour lors Fuftath , qui eft h. même que Mefr ou l'ancienne Bdbylone , où il
commença à jetter les premiers fondemens de la Ville que nous appelions au-
jourd'huy le grand Caire.
Nouaïri Hiflorien écrit, que Moêz, fils d'Al Manfor Billah, petit-fils de Caïem
Billah & arrière petit-fils d'O'beïdalJah , furnommé Mahadi , après avoir régné
vingt ans dans l'Afrique , partit de la Ville de Manfouriah , que fon père
avoit fait bâtir, & palTa en l'Ifle de Sardaigne , en l'an 3<5i de l'Hegire , lail'-
Tome IL M m mm fant
642
M O E' 2r.
fant l'Afrique à gouverner , pendant' fon abfence , à Jofef Ben Zeïri Ben
MenacL
Après avoir demeuré près d'un an dans cette Ifle, il en lortit l'an 362 & fit
voile vers Tripoli de Barbarie , où n'ayant fait que fort peu de féjour & ne
voulant point perdre de tems , il fe fit porter en Alexandrie que Giauhar, fon
Général, avoit prifc peu de tems auparavant, & commença dès la même année'
à y établir le fiége da fon Empire, abandonnant l'Afrique, où luy & fes Pré-
déceffeurs avoient déjà régné pendant rcfpace de foixante-cinq ans.
Auffi-tôt que Moêz fe vit paifible polfefleur^de TEgypte, il fit fupprimer dans
les: prières publiques le nom du Khalife Mothî l'Abballîde, qui occupoit le fié-
ge du Khalifat à Bagdet , & fit continuer la conftruélion de fa nouvelle ville
du Caire, que Giauhar avoit commencée fous l'Horofcope de la Planète de Mars
& luy donna le nom d'Al Kaherah, c'efi-à-dire, de Viftorièule, à caufe du fur-
nom de Cahcr, que les Afi:ronom£s Arabes donnent a la Planète de Mrts.' Vo-
yez le titre de Caherah.
Ren Sclionab écrit , que Moêz entra en Egypte , l'an 360 de l'Hcgire , &
qif avant que de partir d'Afrique , il fit fondre tout fon or & tout fon argent
en lingots ou en mafles de la grofleur d'une meule de moulin , dont chacune
faifoit la charge d'un chameau. Ce même Auteur ajoute, que Moêz, après avoir
fait fùpprimer le nom du Kh:ilife iVIothî dans les Mofquées , y fit publier le fien,
qui fut reçu non-feulement en Egypte , mais encore dans la Syrie & dans l'A-
rabie, & même jufques dans ia ville de Medine , la feule ville de la Mecque
refufant de le reconnaître.
Quoyquc Giauhar eût déjà fait renoncer les peuples d'Egypte à l'obéifiance
du Khalife Mothî, dès l'an 360, cependant ce ne fut que deux ans après que
l'on commença à entendre le nom de deux Khalifes dans le Mufulmanifme; à
fçavoir, celuy de Mothî , fuccelTeur légitime des Abbaffides fes predecefieurs, &.
celuy de Moêz, prétendu fiiccefiTeur de la famille d'Ali & qui avoit ufurpé le
nom de Fathimite, furquo}» l'on peut voir le titre d'O-'beïdallah Al Mahadi
Moêz, pour mieux établir parmy les peuples la créance qu'il vouloit leur per-
ûiader, touchant forîgine de fa famille & fon droit prétendu au Khalifat, vou-
lut & or.îonna , que. Ton ajoutât à la publication de la prière folemnelle ces
paroles : Ihi Ali Khaïr alàmal j c'efi:-à-dire , Vive Ali , dont toutes les aftions ont
été louables , & que l'on la commençât par cette formule : Bifmillahi rahmani
rahimi, c'efi:-à-dire, au nom de Dieu, plein de bonté & de miféricorde^. qui fé
trouve à la tête de tous les Chapitres de l'Alcoran , & par laquelle les Muful-
mans commencent aulîl toutes leurs prières , & même la plupart de leurs ac-
tions.
Ce Schifme de deux Khalifes dans le Mahometifme dura depuis l'an 362 juf-
qu'en l'an s^? cle THegire, que Noureddin, Sultan d'Halep & de Syrie, & Sa-
ladin, fon Général en Egypte, fupprimcrent le Khalifat des Fathimites & réta-
blirent celuy des Abbaflides en reconnoiliant Moftadhi , qui tenoit fon fiége à
Bagdet, pour le feul, légitime oc véritable Khalife -& fouverain Imam ou Pon-
tife des Mufulmans. .
Moêz mourut, l'an 365 de l'Hegire âgé de quarante-cinq ans , après avoir ré-
gné vingt-un an ou environ en Afrique & trois feulement en Egypte. Il laiffa
pour fuccefleur fon fils, furnommé A'ziz Billah , dont le nom fut proclamé juf-
ques dans le temple même de la Mecquci .
Ebn
M O E' Z E D -D I N. M O F I D^ 643
Ebn-AmidJuy donne quarante-iîx ans de vie & vingt -trois ans quatre mois
de règne, Ji dit auffi , que Moèz paffant d'Afrique en Egypte , ne tranfporta
pas feulement fes trcfors ; mais encore les corps de fcs Ancêtres , auprès def-
quels il vouloit être inhumé dans fa nouvelle & magnifique Ville du Caire.
L'Auteur du Rabî alabrar rapporte, que Moêz fe trouvanE un jour à la tê-
te de fes troupes, dont il faifoit la revûë en Egypte , un particulier luy de-
manda de quelle race il étoit, & que ce Prince luy répondit en luy monftrant
iès troupes & l'épée qu'il portoit: Hadah ginfi, Hadah nesbi, c'eft-à-dire, voi-
ci ma race, & voici ma généalogie.
La juftice & la modération de ce Prince font louées par tous les Hiftoriens,
qui rapportent plufieurs exemples de fes vertus. Ebn Hani , Poète célèbre,,
Arabe d'origine & Efpâgnol ^q .naiffance , qui l'avoit accompagné dans ia plu-
part de fes expéditions, a fait fon éloge dans plufieurs de fes ouvrages. Niais
ce ,même Poëte enfin malfatisfait de luy, retrada tout le bien qu'il en avoit
dit, par une Satyre qu'il fit contre luy.
MOE/ZEDDIN. Surnom d'Hoffaïn , fils de Gaiath eddin , qui fut Prin:
ce de la Dynallie , nommée Molouk kurt , c'efl-à-dire , des Rois de Curt. Fo-
jyez ce titre.
MOE'ZZÎ. C'eft le nom d'un célèbre Poëte Perfien, qui efl Auteur d'un
Poëme intitulé Solvan almethà. Foyez ce titre.
MO FA DEL Ben Omar. C'ell le nom d'un Auteur, qui efl plus connu
fous le fur nom d'Abheri.
MOFAKEHAT alakhouan. Livre de Morale , corapofé pour l'ufage d'u-
ne fociété de gens de Lettres , par A'bdallah Ben Motaz , qui étoit fils d'Al
Môtaz Billah, Khalife de la Maifon des Abbaffidcs.
MO FA REGI AT al' O'mem fi medh Seïd alumem. Ceft proprement les
diiïipations de chagrins. C'ell un Ouvrage fait pour louer Mahomet , qui efl
.qualifié dans ce titre, le Seigneur de tous les peuples de la terre. Cet Ouvra-
ge efl en vers Arabes , & fait la^ cinquième Elégie des fept que Sakhaoui a
compofécs, fous .le titre de Cailaïd âlfcba , c'efl-à-dire, les fept Elégies. Plo-
yez dans la Bibliothèque Royale, n». 644.
. ; MOFASSEL. Livre de diflinflions. C'efl un Ouvrage de Grammaire Ara-
^bique, compofé par Zamakfchari.
Il y a aufïï un Ouvrage de Métaphyfique qui porte le même titre , & qui
Ji'efl proprement qu'.un Commentaire fur le Mohafiil de Razi , compofé par
A'ii Ben Omar Al Katebi Al Kazvini. Ce Commentaire efl dans la Bibliothè-
que du Roy, n°. 933.
MOFID alôloum v Mobid alhomoum.. C'eil le titre d'une Encyclopédie,
'qui promet d'aider à l'acquifition de toutes les fciences & à l'éclairciffement de
tous les doutes que l'on peut avoir.
Ce Livre efl: ordinairement attribué à Mohammed Ben Ahmed Al Kazvini
& cependant 1 Auteur du Kafchf aldhonoun foupçonne, qu'il ^ été compofé par
■fjaeiQuef.^ricâiJi aïoierne. H.efl; dans la Bibliothèque du Roy, n". 59S.
■ M m mm 2 MOFLEiï,
644 M 0 F L E H. M 0 G I A L L A T.
MOFLEH ou Mofalleh. Schamseddin Abou Abdalla eft fom'eat furnom^
mé Ben Mofleh ou Mofalleh. H étoit natif de Damas & Hanbalite de Sefle-,
e'efl pourquoy on ajoute fouvent à fon nom AI Demefchki _, Al Han-bali. H
mourut l'an 310 de l'tlegire & nous a laiffé un Ouvrage, intitulé Adab alfcha-
riâh, ç'eft-à-dire , les Mœurs & les Coutumes de ceux qui font attachez parti-
•culièrement à- la Loy Mahometane.
MOFREDAT. Al Mofredat. Ce mot auquel on fous-entend Al Adouiatr,
fignihe chez les Arabes les Médicamens fimples qui font oppofés à ceux que
les Arabes appellent Al Morakcbat & Akrabadin, c'eft-à-dire, les Médicamens.
fompcfcz.
Kctab Al Mofredat. Le Livre des Simples: C'eft le titre que l'on donne
ordinairement au grand Ouvrage qu'Ebn Beïthar a compofé fur tous les Sim-
ples, auquel néanmoins l'Auteur a donné le titre de Giamê Al Mofredat, c'eft-
à-dirc, le Recueil qui les comprend tous.
On. donne aulîi fouvent ce même nom au Livre que le, même Auteur a cora^-
pofé fous le nom de Mogni, duquel l'on peut voir le titre un peu -plus bas.
MO GAI AT H. Al Malek Al Mogaïath. C^eil le furnom d'Omar, fils de
Malek Aladel-, fils de Malek Al Kiamed, fils de Malek Al Adel, frère de Sala-
din. Il regnoit de père en fils dans une partie de la Syrie & de l'Arabie, 3c
étoit Maître du Château de Crac, fitué auprès de la Ville que les Anciens ap-
pelloient Peîra deferti. Ce Prince avoit fait pluficurs expéditions heureufes con-
tre fes ennemis; c'eft pourquoy il porta le titre de Fath eddin , c'elt - à - dire,
le Conquérant de la Foy. Mais il fut enfin dépouillé de fes Etats par Bibars,
Sultan des Mamelucs Circaflîens, qui exterminèrent entièrement la race des Aiou--
feites ou Jobites.
MO GAI R A H. Khaled Ben Valid Ben Mogaïrah eft un àes premiers &
^es plus grands Capitaines qu'ayent eu les Arabes. Vcyez le titre de Khaled.
MOGARESSI. Surnom d'A'bdalfamad Ben Ibrahim, qui eft Auteur dn
Livre, intitulé Asbab alâgiaïb, c'eft-à-dire^ des Caufes que l'on peut apporter
pour raifon. des évenemens merveilleux & même des miracles.
MOGIAHED. Al Malek Al Môgiahed. C'eft le nom d'un Prince de la ^
Mailon des Jobites, qui fut proclamé Sultan dans la ville de Damas, contre Bi-
bars. Sultan des Mamelucs Circaflîens, qui avoit envahi les Royaumes d'Egypte
& de Syrie , & chalfé la pofterité de Saladin. Mais ce nouveau Sultan n'eut
pas afTez de forces pour refifter à celles des Mamelucs. Voyez les titres de Bî-
bars & de Bondocdar.
Il y a eu depuis un autre Al Malek Al Mogîàhed , qui fut Roi ou Sultan de
VIemen dans_ l'an 778 de l'Hegire. Voyez le titre d'Iemen. Ce Môgiahed fut
père d'Abbas , Auteur d'un. Livret de. Généalogies des Arabes &. des Barbares
ou Etrangers.
MO GI ALLAT alhonafa fi menakeb alkholafa. Livre qui contient les Vies
& les Eloges des premiers Khalifes , que les Mahometans appellent, ordinaire-
ment Al Rafchqdin^ c'eft-à-dire, de ceuxL qui font reconnus fans conteftation
PI».
M O G I A R A FA T. -- — M O G N I. 645
par tous ler Mufulmans pour véritables Khalifes. Ils font au nombre de qua-
tre, à f^avoir, Aboubekr , Omar, Othraan & Ali. Cet Ouvrage , dont l'Au-
teur efl incertain, fe trouve dans ia Bibliothèque du Roy, n*'. 675.
MOGIARABAT. Al Adouiat Al Mogiarabat , ou fimplement Al Mogia-
rabat. Remè.ies éprouvés & expérimentez. Il y a un Livre qui porte le ti-
tre de Mogiarabat Al Kaïflbuni , & celuy de Magma algialilat , qui contient
plufieurs de ces remèdes , parmy lefquels il y en a beaucoup de fuperftitieux.
CaifFouni en ell l'Auteur, & il fe trouve dans la Bibliothèque Roj'ale, n°. 958.
Il y a un autre Livre du même nom , qui fe trouve auffi dans la même Bi-
bliothèque, num. 1021, qui comprend non-feulement les expériences naturelles
tirées de la Médecine ; mais qui enfeigne encore pkiOeurs remèdes Magiques &
Diaboliques , qui efl attribué à Dhou alnoun , furnommé Al Akhraimi , c'efl-à-
dire, natif- de la Ville d'Akhmim en Egypte».
«
MOGIAZ fitthebb. Livre de Médecine, compofé par Ebn Nefîs & com-
menté par Khadherouni. Foyez le titre de Mogni.
MOGIMEL allogat. C'eft le titre d'un Diftionnaire Arabe, compofé par
Ahmed Ben Fares Ben Zakariah, furnommé Al Razi, à caufe qu'il étoit natif
de la Ville de Reï. Cet Auteur vivoit du tems de Giauheri , qui a compofé
un autre Diftionnaire Arabe beaucoup plus ample , intitulé Sihah allogat. Fa-
yez le titre de Sihah.
MOGIR, furnom d'Abou A'bdallah Mohammed Ben Ibrahim,, qui a compo-
fé un Scharh ou Commentaire fur les Arbaïn.
MOGIREDDIN. A'bdalrahman Ben Mogireddin vivoit l'an 900 de l'He-
gire. Il étoit Hanbalite de Sefte , & nous a laiffé une Hiftoire de la Terré
fainte, qu'il a intitulée 0ns algelis fi tarikh Cods v alkhaliJ. Il s'attache par-
ticulièrement à parler des pèlerinages que les Mahometans font à Hierufalem &
à Hebron, où ell le fepulcre d'Abraham. Foyez le titre de Khalil. Cet Au-
teur porte les furnoms d'O'laïmi & d'O'mari , à. caufe qu'il prétendoit defcendre
en ligne direfte du Khalife Omar..
MOGNI. Ce mot, qui fignifie fuiEfant & capable de contenter, eft leti-<
tre de plufieurs Livres Arabes.
Al Mogni, ou Ketab Al Mogni, ell le titre abrégé de l'Ouvrage qu'Ebn Beï-
thar a intitulé luy-même plus au long Al Mogni ti menafî aladouiat almofredat
V modhareha behesb alâdha, c'ell-à-dire. Livre qui contient tout ce qu'il ell
important de fçavoir touchant les médicamens fimples , tant à l'égard du bien
qu'ils font ,_ que du mal qu'ils peuvent caufer fuivant l'ordre des membres du^
corps humain. Ce Livre ell in 4° , &, compris en deux volumes, & fe trouve
dans la Bibliothèque du Grand-Duc de Tofcane.
Mogni fi olFoul alfekeh. Livre de Jurifprudence, qui ell' fort en ufage par--
my les Mahometans , quoyque fans nom d'Auteur.
MOGNI Labib ou Mogni allabib men Kotob alâarib. Livre de Grammaire
^abique , compofé par A'bdallah Ben Hafchem ou Hefcham-, qui traite parti-
M -m m m 3, cuii^r--
646 M O G N I. M O G 0 L.
culièrement des conjugaifons. Il eft divifé en huit Chapitres , dans lefquels on
trouve plufieurs autoritez tirées des Poètes Arabes , que Gelaleddin Soiouthi a
jugées dignes d'être expliquées par un Ouvrage particulier , qu'il a intitulé
Scharh Schaouahed Al Î^Iogni. Voyez dans la Bibliothèque Royale , \qs nunL
1044 & 1065.
MOGNI alkhallan an haïVat alhaïvan. C'ell le titre d'un Abrogé de l'Hif-
toire des Animaux , que Demiri a compofée & qu'il a intitulée Haïvat alhaï-
van. Cet abrégé efl dans la Bibliothèque Royale, num. 935.
MOGNI alraghebin fi menhag althalebin. Ce qni doit contenter les curieux.
C'elt le titre d'un Livre qu'Abdalrahman Ben Aboubekr, furnommé Gelaleddin
Alfoiouthi, a compofé fur plufieurs points de l'Hiiloire & de la Loy Mahome-
tane. Cet Ouvrage a été abrégé & publié fous le titre de Tag almenhag.
MOGNI fil thebb. Livre de Médecine, compofé par Sâïd Ben Hebatallah,
réduit en Tables, & divifé en quatre clalfes en faveur du Khalife Moftadi au-
quel il eil dédié. Il eft dans la Bibliothèque Royale, iY\ 877.
MOGNI Scharh almogiaz fil thebb. Commentaire fait fur le Mogiaz , du-
quel on a déjà parlé , par Sedidcddin Al Khadherouni. Il eft dans la Biblio-
thèque du Roy, n^ 870.
MOGOL & Mogul. Mogol Khan. Nom d'un àQs fils d'Alingehkan , cin-
quième Roy du Turqucftan , qui defccndoit en ligne direfte de Turc , fils de
Jafeth ou japhet.
Mogolkhan naquit frère jumeau de Tatar khan, & c'eft de luy & de fon
frère que les deux grandes nations des Mogols & à.Qs Tartares ont pris leur
origine.
C'eft du premier de ces deux Princes que Ginghizkhan eft dcfccndu. Car
Mogol khan eut quatre enfans, dont le premier porta le nom de Karakhan, le
fécond d'Azerkhan , le troifième de Ghezkhan , & le quatrième d'Oi-khan ; &
c'eft de Karakhan l'aîné que Ginghizkhan defcend en ligne directe & mafculine.
Cette première Dynaftie des Mogols a eu neuf Rois confccutifs , dont
Le premier eft Mogolkhan.
Le fécond, Karakhan.
' Le troifième, Ogouzkhan.
Le quatrième, Ghunkhan.
Le cinquième , Aïkhan.
Le fixième, Ilduzkhan.
Le feptième, Menghelikhan.^
Le huitième , Tonghurkhan.
Et le neuvième, Ilkhan. Voyez le titre de ce dernier Prince.
Cette première race & Dynnftie des Mogols fut abolie, & leur nation pref-
^que exterminée du tems que Tour, fils de Feridoun, Roy de Perfe , conquit
toutes les Provinces Tranfoxanes, c'eft- à- dire, toutes celles qui font au de -là
du Fleuve Gihon ou Oxus , & leur donna le nom de Touran , qui a été changé
depuis <;n celuy .de Turqueftan. -
Elle
MOGOLTHAI. M O H A L E B. C^-f
Elle fut cependant rétablie dans la fuite par quatre feules pcrfonnes ; à fça-
voir, par Kiat &, par DerJighin avec leurs femmes. Voyzz ces deux titres. Et
c'ell de cette fecunde, pour ainfi dire, nation de Mogols, que parla fuite de plu-
fîeurs Princes moins connus, Tamagin, furnommc Ginghizkhan, a établi une fé-
conde Dynallie des Mogols , qui s'eft rendue famcufe par tout l'univers fous le
nom de T;u-tares.
Ces Mogols confondus avec les Tartares firent leur grande irruption dans la
ijaute Alie, l'an de l'Hcgire 599, qui répond au 1202 de J. C, que les Orien-
taux marquent auîlî pour être le 1514 d'Alexandre, après avoir dès auparavant
conquis le grand Royaume de la Chine. Il y a pourtant quelques Hifloriens,
comme Aiirkhond & autres , qui marquent l'entrée des Mogols ou Tartares en
Perle feulement en l'an 602 de l'Hcgire , parce que ce fut efFcftivcrnent feu-
lement en ce tems-Ià, qu'ils portèrent l'allarme jufques dans la Syrie & dans la
Chald5e, où le Kiialife des Mufulmans tenoit fon Siège Impérial.
Cette féconde Dynaftie des Mogols dura jufques en l'an 771 de la même Hé-
gire , auquel tems Tamerlan dépouilla Soiourgatmifch , qui en fut le dernier
Sultan , pour jetter les fondemens d'un autre Empire de Tartares qui ne paf-
lënt pas pour Mogols.
Cependant les Mogols , déchus & dépoilillez de leur grand Empire , ne laif-
ferenc pas de paroître fous le nom d'Uzbeghs ; car Schaïbeg Khan renverfa à'
fon tour la puiffance des fuccefleurs de Tamerlan dans la Perfe & dans les fro-
vinces l'ranfoxa-nes , mettant en fuite Babor , qui fe réfugia aux Indes & qui
ne fut plus connu dans la fuite que par fon fils Humajoun.
Ce fut ce Prince lequel, quoyqu'ilfu en ligne direfte de la race de Tamer-
lan, établit l'an 937 de l'Hégire, qui répond au 1130 de J. C. , une troiiiè-
me Dynaftie , qui porte cependant le nom de Mogols dans les Indes , où elle
règne encore aujourd'huy.
Schah A'iem , fils d'Aurengzeb , qui règne à préfent à Dehli & qui poffede
prefque toutes les Indes , efl: le fixième de cette Dynafi:ie & le quinzième de-
puis Tamerlan ; & c'ell luy que nous appelions communément le grand Mogol.
MOGOLTHAI. C'efl le furnom d'A'laeddin Ben Kilig Al Mefri , qui
mourut l'an 764 de IHegire. Nous avons de luy une Vie de Mahomet inti-
tulée Efchai-at ela Sirat Al Moflafa.
MOGREB fi logat. Diftionnaire Arabe, compofé par Motharezzi.
MO H A LE B. lezid , fils de Mohaleb, C'eft le nom d'un Pei-fonnage qui
fe révolta dans l'Iraque Arabique contre le Khalife lezid, fils d'Abdalnielek, dé.
la race des Ommiades, l'an loi de l'Hegirc.
Cet lezid s'étoit rendu Vlaître des villes de Cùfah & de Bafl'ora , & traînoit
beaucoup de gens à fa fuite. Mais il fut enfin défait par les Capitaines du
Khalife.
Moavie, fils d'Iezid & petit-fils de Mohaleb , ne laifià pas, après la mort de
fon père, d'entretenir un fort grand parti , que l'on nommoit des Mohalebi-
tes, qui ne peuvent pas palfer pour une Dynallie particulière , le foûtint tou-
jours, jufqu'à ce que le Khalife lezid envoya contre luy Moficilemah, fon frè-
re, qui. reprit les villes de Cùfah & de Ballorah , & contraignit' enfin Moaviè
de
64Z M O H A L E B I. M 0 H A M M E D.
de fe réfugier dans le Khouziflan pour palTer de -là aux Indes. Ce fut dans
cette fuite que Moavie fut atteint par les troupes de MofTeïlemah , qui le maf-
facrerent, & que la faftion des Mohalebites fut tout-à-fait éteinte.
MOHALEBI. Voyez \q titre d'Agani kebir, c'eft-à-dire , du grand Recueil
des Clianfons d'Aboulfarage Al Esfahani.
MOHAMMED Aboulkaflem Ben A'bdalhh. Mahomet, Père de Caflem &
fils d'A'bdalIah , furnommé , par les Mabometans fimplement & abfolunient , Al
Nabi , le Prophète.
C'eft le fameux Impofteur Mahomet , Auteur & Fondateur d'une héreCe ,
qui a pris le nom de Religion, que nous appelions Mahometane. Voyez le ti-
tre d'Eflam.
Les Interprètes de TAlcoran & autres Douleurs de la Loy Mufulmane ou
Mahometane ont appliqué à ce faux Prophète tous les éloges, que les Ariens,
Paulitiens ou Paulianiftes & autres Hérétiques ont attribué à Jefus-Chrift , en
luy ôtant fa Divinité ; car ils veulent qu'il Rit été créé avant tous les tems ,
que le monde n'ait été créé que pour kiy, & qu'il foit enfin le feul Médiateur
entre Dieu & les hommes , fans parler de la plupart des Myffcères particuliers
de fa vie qu'ils luy approprient.
' Ils difent , que la première cliofe que Dieu créa fut la lumière , ce qui eft
très-conforme au texte flicré ; mais ils prétendent que cette lumière , qu'ils ap-
pellent Nour, étoit une fubftance dont l'ame de Mahomet fut tirée, & enfuite
celles de toutes les autres Créatures, parmi lefquelles les Ames des Patriarches
& des Prophètes tiennent le premier rang.
Quant à l'origine temporelle de Mahomet , les Arabes , entre lefquels il eft
né & qui font les peuples les plus curieux dans la recherche de leurs Généalo-
gies, difent tous unanimement qu'il étoit fils d'A'bdalIah, petit-fils d'Abdal Moth-
Icb & arrière petit-fils de Hafchem.
Ils font remonter la Généalogie de Hafchem jufqu'à Adnan, & d'Adnan juf-
qu'à Ifmaël, fils d'Abraham. Mais ils afllirent en même tems , que la defcen-
dance depuis Adnan jufqu'à Mahomet étant très - certaine & confirmée par des
Traditions autcntiqucs , on ne trouve pas la même certitude en remontant de-
puis Adnan jufqu'à Ifmaël.
Mahomet naquit à la Mecque , dans une famille ou Tribu nommée des Co-
raïfchites, eftimée des plus anciennes & des plus illuftres du pays, & qui étoit
diftinguée par la Garde & par l'Intendance de la Câbah ou du Temple , qui
luy étoit confiée.
Comme les Annales d'Eutychius , les Dynafties d'Aboulfarage & l'Hiftoire Sa-
racenique d'Erpenius font entre les mains de tout le monde , on ne dira icy,
que fort peu de ehofe de ce qu'elles contiennent touchant la perfonne de Ma-
lîomet.
Il .faut remarquer icy d'abord, pour bien entendre l'Hilloire Mahometane &
les prétentions de divers perfonnages fur la fucceflion de Mahomet , qU'Aboul
Mothleb, fils de Hafchem, grand-père de Mahomet, eut dix enfans mâles, qui
font Hareth, Gaïdac, Abouléheb, A'bdalkâbah, Dheran, Abbas, Hazmah , Zo-
beÏL-, Abouthaleb & A'bdallah.
" ~ Abdallah,
MOHAMMED. <^^
Abdallah, le dixième & dernier de ces enfans, fut pèce de Mahomet, & les
neuf autres furent par conféquent fes Oncles , entre - lefquels Abouleheb fut fon
plus grand & plus irréconciliable ennemy.
Abbas le fut pendant quelque tems & même luy fit la guerre ; mais enfin
■ ayant été fait pnTonnier , il fe réconcilia avec luy & embraifa le Mufulmanif-
me. C'eft de cet Abbas que font deCcendus les Khalifes Abbaffîdes.
Zobeïr, qui fut toujours attaché à fon Neveu , donna lieu aux prétentions
de fon fils , nommé Abdallah , fils de Zobeïr , qui fe fit proclamer Khalife à
la Mecque & à Medine, & fut reconnu pour tel dans toute l'Arabie , pendant
que les premiers Khalifes de la Maiibn d'Ommie regnoient en Syrie à en
Egypte.
Abouthaleb, neuvième Oncle de Mahomet, fut père d'Ali, Mahomet les ai-
ma chèrement tous deux , & choilit enfin Ali pour l'on Gendre , en luy don-
nant en mariage fa fille unique, nommée Fathimah.
La poflerité de tous ces enfans d'Abdal Mothleb compofe la grande & illuf-
tre famille des Hafchemites , ainfi appellée du nom de Hafchem , père d'Abdal
Mothleb ; & le fentiment commun de tous les Mufulmans a été toujours , que
le Khalifat ne pouvoit pas fortir de cette famille, laquelle feule y avoit droit.
C'cfl pourquoy les Khalifes Ommiades , qui n'en étoient pas , ont toujours été
regardez par les Hafchemites comme les ufurpateurs d'un Etat qui ne pouvoit
pas fortir de leur famille.
L'on ne parlera icy de la Loi publiée par Mahomet , que pour renvoyer le
Ledeur au titre de l'Alcoran , ni de fa fuite ou expulfîon de la Ville de la
Mecque , que pour indiquer le titre d'Hegerat ou Hégire. On a parlé auffi am-
plement de fes miracles fuppofez dans le titre d'Aïat , & enfin , l'on trouvera
dans tout cet Ouvrage plufieurs autres titres, dans lefquels l'ignorance & l'Im-
pofture de ce faux Prophète font découvertes & réfutées.
Pour ce qui regarde l'ignorance de Mahomet, outre les exemples qui en font
alléguez en plufieurs endroits de cet Ouvrage , on ne doit pas oublier le té-
moignage que Mahomet luy-même en porte dans fon Alcoran, au Chapitre in-
titulé Aâraf , où il fait dire à Dieu , qu'il fera miféricorde à tous ceux qui vi-
vent pieufement , qui donnent la dixme de leurs biens aux pauvres ,, qui cro-
yent avtx faintes Ecritures , & qui enfin fuivent l'Envoyé de Dieu , qui ell un
Prophète ignorant. Les termes Arabes font : letbâoim alrajjoul Al Nabbi aîomni.
Et cet endroit n'efl pas le feul dans lequel Mahomet fe qualifie du titre d'Om-
mi, que tous les Interprètes de l'Alcoran difent fignifier un homme qui ne fcaic
ni lire , ni écrire , & tel , pour ainfi dire , qu'il étoit lorfqu'il fortit du ventre
de fa mère. Car ce mot d'Ommi cft dérivé de celuy de 0mm , qui fif^nifie en
Arabe une Mère. '^
C'eft ce qui fait dire aux mêmes Interprètes , qu'un des plus grands miracles
de Mahomet efl qu'étant un Ommi , c'efi:-à-dire , tel qu'il a été dit , il écrivit
avec tant de pohtefie & parla avec tant d'éloquence. Surquoy un Poëte Per-
fien a fait un pifi:ique, dans lequel, parlant de Mahomet, il dit : Mon bien-
aimé n'a jamais été à l'école & n'a jamais fçû écrire une feule ligne, & ce.
pendant , il fçait refoudre , d'un feul clin d'œil , toutes les plus grandes diffi-
cultez. ■
Il eft vray cependant que quelques Interprètes , qui ont voulu forcer le fens
naturel de l'Alcoran pour donner plus de relief à leur Prophète , ont avancé
. Tome IL N n n h que
^5<a M 0 H A M M E ÎX
que le mot Ommi fignific aiifli le Principe & l'Origine dé toutes les chofes ^
ce qu'ils prétendent prouver, mais inutilement, par les mots Omm'Alcora, qui
fit^miicnt la Mère des Villes ou la Métropole, ( c'efl-à-dire , la Ville de la Mec-
que) & Omni alketab, la Mère des Livres, c'eft-à-dire, la Table des Décrets
divins, qui eit l'Origine de toutes les Ecritures & de tous les Livres.
Il y a à la fin du Verfet de l'Alcoran , qui a déjà été cité , que ceux qui
fiiivront ce Prop'nete idiot & ignorant , trouveront fon nom écrit dans la Loy
& dans l'Evangile, c'elt-à-dire , dans l'Ancien & dans le Nouveau Teftament. .
Voicy les termes Arabiques : legs donnho inektouhan ândhom fil tauriat oualengil.
Et c'ed icy l'impolture la plus groffièrc dont ce faux Prophète s'effc fervi , pour
perfuader aux Juifs & aux Chrétiens la vérité de fa Miflîon.
Les Interprètes de ce paffage , pour favorifer & foûtenir un menfonge auflî
impudent, difcnt, fans citer ce lieu, que le paffage du Vieux Teftament eft ce-
luy-cy; Ahmà aldhmuk alkatal ïerhb albaïr ouïalbas alfcbamlat, c'eft-à-dire, Ah-
med ou Mohammed, car ces deux noms fignifiant la même chofe, fe prennent
aufîî pour le même nom , aura un vifage riant , fera un grand Guerrier, mon-
tera fur un chameau &; fera vêtu d'un habit fait d'une feule pièce, qui luy cou--
vrira tout le corps.
Ce Verfet ne fe trouve conçu en propres termes en aucun Livre de l'An-
cien Teftament , & femble avoir été coufu de divers endroits des Prophètes, Et
quand bien même il s'y trouveroit tel qu'il eft , comme le mot d'Ahmed figni-
iic loué ou louable , defiré ou defirable , & que c'eft un mot Arabe & non pas
Hébreu, la fignification de ce mot ne pourroit jamais tomber fur ce faux Pro-
phète ; mais feulement fur le Meflie , qui eft appelle par les Prophètes le defiré
des Nations.
Quant au paffage de l'Evangile, où ces Interprètes difent, que le nom de Ma-
homet fe trouve, le voicy tel qu'ils le citent: Enni dhaheb ela rabbi v rabbekom
ulfaraclita gia bûakher , c'eft-à-dire, je m'en vais vers mon Seigneur & le vôtre,
&- le Paraclet viendra à la fin, ou après moy, & ils prétendent, que. le mot Fa-
raclita figniiie la même chofe que Mohammed.
Cecy eft fondé fur ce que quelques demy-fçavans parmy eux ont crû, que
ee mot Faraclita étoit tiré du Grec TvifUxinoç , qui fignifîe illuftre & digne de
louange, & non de irxfXKMroi ou 5r«p«'HA>jT0f, qui fignifie Confolateur ou Avocat.
Ma'is cette explication, bien -loin d'être reçue des plus habiles Mahometans ,
eft abfolument rejettée par l'Auteur du Livre intitulé Tebian, qui dit, que le
nom de Faraclita en Syriaque fignifie la même choie que Mehaiia & Menakhmia
dans la même langue, c'eft-à-dire, Vivifiant & Confolateur, laquelle fignifica-
tion ne convient nullement, ni à Ahmed, ni à Mohamm.ed.
Mahomet cependant à voulu fortifier cette créance , de laquelle dépendoient
effeftivement toute la certitude & la vérité de fa Miffion , dans un autre Cha-
pitre de fon Alcoran , qui eft intitulé Sourat Saf , où il fait dire à Jefus-Chrifi
les paroles fuivantes, en s'addrelTant aux Juifs: 0 Enfans dlfraël^ je fuis ce luy
que Dieu vous -a envoyé , pour vérifier ^ pour accomplir tout ce qui vous a été re-
yelé avant moy dans la Loy Mofaïque , ^ peur vous annoncer un autre Envoyé,
qui doit venir après moy S qvÀ portera le nom d'Ahmed. Les termes Arabiques
•font : la , béni Ifraël , enni Rajfoul allait elt'ikom Mofiaddakan lema behi ïedi men
ajtauriat v Mobaffichcrvn beraffoul ïati baddi, efinho Ahmed.
Mais il paroît ^ par ce qui» a été marqué cy-devant j que Li preuve de tout
ce
MOHAMMED. 5jj
-ce qu'il avance pour autorifer fa Miflîon , ne fc trouve point dans les Ecritu-
res auxquelles il renvoyé fcs difciples , & par coniequent , que fon Alcoran
n'étant qu'un tilHi d'impoftures fort groflîères qui fe détruifent d'elles-mêmes,
ne peut faire impreffion fur l'efprit d'aucun homme , pour peu qu'il veuille fe
fervir des lumières de fa raifon.
Les Dotleurs Myftiques des Mufulmans ne s'arrêtent point aux concluHons ,
ni aux décifions que leurs Tliéologiens Scholafliques prononcent fur la Prophé-
tie & fur la Million de Mahomet, ni à l'autorité des preuves qu'ils prétendent
tirer des Livres facrez. Ils prennent leur vol bien plus haut. Car nous lifons
dans le Bahar alhacaik , & dans le Mcthneui, que Dieu a eu en vue, avant la
Création du monde , l'idée de Mahomet , qu'ils appellent une fubflance fpiri-
tuelle & luraineufe, laquelle jetta trois rayons.
Du premier de ces rayons, le Ciel Empyrée , qui efl le Trône de Dieu en-
touré des Intelligences feparécs , & la Table ou Livre oti font écrits les Dé-
crets divins, qui regardent le gouvernement du monde , ont été créés.
Le Monde tel que nous le voyons , c'eft-à-dire , les Cieus , les Aftres & les
Elémens fortirent du fécond rayon.
Et le troifième produifit Adam & toute fa poflcrité. 'Voilà donc les trois
moi^des; à fçavoir, l'Intelligible, le Celelte & le Sublunaire, émanez de cotte
lumière Mohammcdique, (comme les Mufulmans l'appellent) & qui par confé-
quent eft une liaifon, & un rapport nécelTaire avec ce faux Prophète.
L'Auteur du Nacdalnoffous poulfe fon extravagance encore plus loin, car il
dit, que Dieu étant le Principe & la P"in de la création de toutes chofes, par-
ce qu'il eft la fouveraine vérité; & la vérité de Mahomet étant l'image de l'u-
nique vray, (Mohammed Hakk , Mahomet efl vray, difcnt les Mahometans,)
il s'enfuit néceffairement , que Mahomet renferme dans fa perfonne toutes les
perfe6lions créées & incréées , qu'il tient la balance de toutes les proportions
& de tous les rapports qui font dans les trois natures, Angélique, Humaine &
Animale. Le Monde entier n'eft qu'un écoulement & une participation de fes
qualitez, & tous les hommes en particulier font devenus à fon égard, comme
des fujets conquis & alfervis par la communication de fes grâces.
Mahomet luy- même a eu l'impudence de dire hautement , Anna f ci d vekd
Adam, je fuis le Seigneur des enfms d'Adam. Et ces autres paroles, /idam v
man dounho taJit levait : Adam & toute fa poftcrité doit combattre fous mon
étendart.
Entre les affions mémorables de Mahomet que fes Seftateurs font pafTer pour
miracles, outre celles, qui ont été déjà rapportées au titre de Aiât, les batail-
les qu'il a données, foit en attaquant, foit en fe défendant, leur en fourniifent
un grand nombre. J'ay crû en devoir remarquer icy quelques-unes , pour faire
connoître plus particulièrement le caraàlère de ce faux Prophète , duquel on ne
nous a donné jufques icy qu'une idée imparfaite.
Dans la Journée ou Bataille, appellée de Bedre, que les premiers Mufulmans
donnèrent contre les Mecquois , qui venoient au - devant d'une Caravane de
leurs Marchands , chargez de riches marchandifes achetées en SjTic , les fenti-
mens des Chefs Mufulmans fe trouvèrent partagez touchant la manière de l'at-
taque. Car le plus grand nombre vouloir , que l'on fe content.t d'enlever
la Caravane des ennemis pour en profiter , (ans fe mettre en peine de conibat-
■tre leur armée ; mais Mahomet qui préfcroit la défaite des infidèles , qu'il ap-
N n n n 2 pelloit
6S^ M 0 H A M M E D.
pelloit les ennemis de Dieu , au riche butin qui s'offroit à eux , voulut abfa-
iument que l'on livrâc bataille aux Mecquois.
Ceux-cy , dont le nombre furpalToit de beaucoup lès troupes des Mèdinois
qui combattoient pour Mahomet, firent d abord un fi grand etfort, qu'ils firent
plier leurs ennemis. Ce delavantage obligea Mahomet , qui craignoit pour le
fuccez du combat, de faire cette prière: AUahom engiz Lima vâdatni, Seigneur y
accompliffez ce que vous ni avez promis , & aufli-tôt Gabriel luy apparut & luy dit
de la part de Dieu : Prens une poignée de pouffière & jette-la du côté de tes
ennemis. Mahomet le fit en prononçant ces paroles: Schahat alvgiuh: Oue leurs
faces foimt chargées de eonfufim. Et il ne les eut pas plutôt dites , qîie cette
pouffière leur couvrit entièrement le vifage , & leur ôta ablblument le moyen
de combattre.
Les troupes de Mahomet chargèrent fort rudement leurs ennemis , d'autant
plus facilement qu'ils étoient précédez par plufieurs Anges , qui occupoient lés
premiers rangs, & remportèrent par ce moyen une viftoire très-complette. Les
Mecquois eurent foixante & dix de leurs principaux Officiers de tuez ^ & il y
en eut autant qui furent faits prifonniers.
Les foldats Mahomctans enflez du fuccez de cette viftoire , qui fut la pre--
mière &. la plus importante pour l'établillement des aff'aires de Mahomet & du
Mufulmanifme, fe vantoient chacun d'eux après le combat d'avoir tué., ou d'a-
voir pris plufieurs de leurs ennemis ; mais Mahomet , qui voulut paroître plus
modéré >5c reprimer la vanité des fiéns , publia auffi-tôt ce verfet de l'Alcoran , .
qui fe lit dans le Chapitre Anfàl ou des Dépouilles. Ce rî'eji pas toy qui as dé-
fait tes ennemis , c'eji Dieu qui les a défaits, 6f lorfquil te fenible , 6 Mahomet, .
que tu as jette aux yeux de tes ennemis cette poujjïère, ce n'ejî pas toy qui fas jet-
tée, mais c'efl Dieu qui l'a jettée.
Il ne fera pas hors de propos de rapporter iey les fentimens des Interprètes
Mufulmans fur les dernières paroles de ce verfet : Ce n'eji pas toy .qui as jette
■cette poujfière, quand tu l'as jettée. Pourquoy, difent-ils, c'cfl que cette pouffiè- ■
re n'étoit pas en état, par la prop^^e aftion de Mahomet , de couvrir le vifage
<îe tous fes ennemis; mais c'efb.de Dieu qu'elle a tii'é cette force ; car l'aélion •
cft attribuée k l'homme par voye de kebs, c'efl^à-dire , d'acquifition ou démé-
rite; mais elle doit être rapportée à Dieu, comme.à .celuy qui la crée & qui
la produit dans l'homme. L Auteur des Taoujlat dit fur ce pafl^age , que Dieu
a fait connoître, par cette façon de parler à Mahomet. &. à fes difciples , la
voye de l'anéantiflement que nous devons faire de toutes nos a6lions, en nous
dépouillant de la propriété de ces mêmes aélions & les attribuant à Dieu ; car
ce n'eft pas vous qui- les avez défaits ces ennemis, mais c'eft moy , dit le Sei-
gneur. Et d'un autre côté., il nous enieigne l'état d'union étroite dans lequel
le Fidèle eil avec luy, en le dépouillant de fon aébion propre, «Se la luy ren- -
dant auffi-tôt , lorfqu'il dit: Ce n'ejî pas toy qui as jette, quand tu. as jette.
L'Auteur des Fetouhât , qui voit fort bien où va la conféquence de cette
propofition , dit, que l'homme en agilTant ell véritablement la caufe de fon
aôlion par l'ordre de Dieu, qui luy a donné des mains & àts pieds pour agir;
mais que lorfque le Soigneur dit, ce n'eil; pas toy qui as jette , il fait , que
l'homme n'eft plus la caule de fon aftion, non pas par nature & par fon prin-
cipe ,, mais par. un autre ordre fingulier & fpécial , qui .ne regarde jamais les
com-
MOHAMMED. (^5,3
èommandômens d'obligation; mais feulement, les chofes ou indifférentes , ou de
furerogation. Tel cfl le fentiment de ce Dofteur.
Mais celui de l'Auteur du Livre Nafehât alvns, dit que ces paroles: Tuii'as
pas jette , quand tu as jette ; mais c'eji moy qui ay jette , font voir feulement
l'excellence de Ja vertu de Mahomet, dont toutes les aftions étoient Deifomies ,
parce qu'il étoit entièrement abimé dans la Divinité par la deftruélion de fon
propre eilre , & c'eft la différence qu'il y a entre luy & les autres Prophètes,
pourfuit-il avec beaucoup d'impiété, car quand Dieu parle de David, il dit:
David tua, Goliath, au lieu que Dieu dit ici: Ce n'efl pas toy qui as défait tes
ennemis, mais c'eil moy qui les ay défaits.
Le Methnevi explique fort nettement & fort élégamment fa penfée fur ce
vcrfet , dans des vers dont voici le fens: Dieu dit à Mahomet: Ce nejl pas toy
qui as jette quand tu as jette; car il faut que l'aftion de Dieu précède la nôtre.
Lorfque nous tirons une flèche , cette aéiion ne vient pas de nous , nous ne
forames que l'arc , c'eft Dieu qui eft l'Archer. Jufques à ce que l'efprit de
l'homme foit entièrement dompté, il ne comprend pas ce fecret ; mais s'il veut
arriver à le comprendre , il n'y a point de temps à perdre j il faut qu'il fe
dipêche..
Houffain Vaêz après un ferieux examen de tous ces paffages , conclud que
fuivant le fentiment de ces deux derniers Auteurs , le fens de ce verfet de
l'Alcoran ne tombe pas feulement fur les chofes indifférentes ,- ou de fureroga-
tion ; mais encore , fur celles qui font neceffaires & d'obligation , & c'eft cette
opinion qui eft eftimée la plus orthodoxe, & la plus généralement fuivie parmi les
Mahometans.
Les Mahometans qui reconnoiffent , de même que les Juifs & les Chrétiens,
que Dieu eft le Dieu des Batailles, & que lui feul, & que non point le nom-
bre, ni la valeur des troupes, donne la victoire à qui i! lui plaît, racontent à
ce propos ce qui arriva à Mahomet dans la bataille de Giuneïn après la prife
de la Mecque.
Mahomet ayant appris -que les Tribus de Haouazen & de Thekif marchoient
au nombre de quatre mille hommes pour l'attaquer, alla au devant d'eux avec
douze mille, ce qui fit dire à un des fiens, ces paroles: En tegajlub clioum men
killat : le petit jiombre fera feurement battu aujourd'huy par le plus grand. Ce dif-
cours plein d'une vaine complailànce & d'une confiance téméraire fur fes pro-
pres forces fut condamné par Mahomet, & il arriva en effet que le petit nom-
bre défit & mit d'abord en fuite le plus grand , comme il eft porté expreffe- •
ment dans le Chapitre Taoubat , ou de la pénitence en ces termes : Dans la
bataille de Giuneïn vous admiriez vos forces qui étaient beaucoup fuperieures à celles
de vos ennemis ,• cepe?idant , elles n"" empêchèrent pas que vous ne fujjïez battus. Le
terrain que vous ne croyez pas avoir affez d'' étendue., fe rétrejfit pour vôtre fuite. ■
Mais lorfque vous eûtes recours à Dieu , il vous donna etifin la victoire, .
La déroute des Mahometans fut fi grande effeftiveraent • en cette journée, >
qu'il ne demeura que quatre feules perlbnnes auprès de Mahomet, à fçavoir,
Ali , Abbas , Aboufofian & A bdallah. Mahomet qui n'étoit pour lors monté
que fur une mule, voyant les ennemis fondre fur lui de tous cotez voulut fe
jetter au milieu d'eux , en difant ces paroles pour les intimider : Ana Al Nabi
la kedheb ana ebn Abdel Mothleb. Je fuis le Frophetd qui ne ment point , je
fuis le fils.. d'Abdel Mothkb. Car il faut remarquer ici que fes ennemis lui don--
N n n n 3. noient-^
^54 MOHAMMED.
noient le titre qu'il meritoit , en l'appellant Al Nabi alkedheb , c'eft-à-dire, le
Prophète menteur, & que lui au contraire fe qualifia. Al Nabi la Kedheb, le
Prophète qui ne ment point, pour les épouvanter davantage.
Cependant, les quatre perfonnes qui étoient demeurées auprès de lui, & qui
ne vouloient point tant de bravoure dans leur Prophète, l'arrêtèrent & empêche-
rent qu'il ne s'engageât plus avant , comme il vouloit faire , dans le gros des
•ennemis, louant la valeur incomparable de ce que le jour d'une bataille il avoit
pris une monture de fi peu de deffenfe, telle qu'étoit une mule.
Mahomet fe voyant arrêté dit à Abbas: Puifque vous ne voulez pas que je
me jette dans la mêlée, rappeliez donc les fuyards. Ce fut alors qu' Abbas , qui
furpafîbit en force de voix tous les fiens, commença à crier à gorge déployée:
Où allez-vous ferviteurs de Dieu? Son Envoyé ejt icy. Fous qui faites paître Cjka-
cie à vos Chameaux, âf qui êtes ce peuple fidèle, duquel il eJt parlé dans le Livre
de Dieu: Fous en faveur de qui les promejfcs du ciel ont Hé faites ; vous fuyez!
A cette voix, il y eut environ cent des fuyards qui tournèrent vifage, & qui
vinrent fe rendre auprès de leur General , qui leur ayant remis le cœur au ven-
tre , les fit retourner à la charge. Mais le nombre étoit fi inégal qu'ils auroient
été taillez en pièces fans rinfpiration que Mahomet eut de reciter la prière que
fit Moyfe, lorfquil fendit la Mer rouge pour donner paflage- aux Ifraëlites.
Cette prière eft: Seigneur, vous êtes f cul digne de loûaiige, vous êtes le refuge des
affligez , 6? vous fecourez infailliblement ceux qui vous invoquent.
Mahomet ayant fait cette prière defcendit de fa mule & prit une poignée de
fable qu'il jetta vers fes ennemis en prononçant ces paroles : Que leurs vifages
fuient couverts de honte çf de çonfujlon. Après quoy il ajouta celles-ci: I^uyez,
c'efl le Dieu de Mahomet qui vous le commande. Ces paroles ne furent pas pluftôt
dites que les yeux & les bouches de ces infidelles furent incontinent remplis
de fable, ce qui les mit tout à f;iit hors de combat, & fut caule par confe-
quent de leur entière défaite.
Le texte de l'Alcoran porte: Dieu envoya fur fon Prophète, ^ fur les Fidèles
fa mifericorde , en faifant defcendre du ciel fon efprit avec des troupes invifibles d'An-
ges qui les fecoururent , ^ une punition tres-fevere fur les infidelles; car telle efl la
rétribution que les uns ^ les autres doivent attendre. Les Interprètes ajoutent du
leur , que ces Anges étoient vêtus de blanc , portans des Tiares fur leurs têtes
& des baudriers fur leurs épaules de couleur de feu , montez fur des chevaux
pies, marquez de différentes couleurs.
La punition de ces Infidèles fut grande , car les Mufulmans , après avoir pafTé
par le fil de l'épée , tous ceux qui portoient les armes , firent fix mille efclavés
de leurs femmes & enfans, gagnèrent vingt-quatre mille chameaux, & quarante
,millc moutons, outre quatre mille onces d'argent, qui étoit une très -grande
fomme parmi les Arabes du defert ou champêtres, tels qu'étoient ceux-là. Les
mêmes Interprètes remarquent que de ceux qui relièrent de ces deux Tribus fi
maltraittées , plufieurs embralTerent le Mufulmanifme. Car il eft dit dans la fuite
du texte de ce Chapitre , que Dieu après cela accorda le don de pénitence,
c'efl-à-dire , fit grâce à ceux qu'il lui plut.
Nous n'aurions jamais fait , fi nous entreprenions de rapporter toutes les ac-
tions merveilleufes que les Mahometans attribuent faulfement à Mahomet. Nous
dirons icy feulement qu'il paroît par plufîeurs titres de cet Ouvrage, qu'ils ont
atFecté de dire de luy prefque toutes les chofes que les Prophètes ont dites du
-, Melîie.
MOHAMMED. g^^
Meflie. Car ils veulent , que fa venue ait été prédite dès le tems de Sapor
furnommé DhouPaktaf, Roy de Perfe de la Dynaftie des Salïlinides, & qu'il ait
fait celTer entièrement les Oracles , par fa venue au Monde & par fa prédica-
tion.
Les mêmes Mahometans veulent auflî , qu'il ait été garanti du péché oric^inel
& de la concupifcence , auffi-bien quilîa & Miriam , c'eft-à-dire, Jefus & fa
Mère , par l'Ange Gabriel , uns la cérémonie , ou , pour mieux dire , fans le Sa-
. crément du Baptême, Cependant les Mahometans mêmes avouent qu'il a eu
vingt & une femmes , quoique la Loy n'en permette que quatre. De ces vingt
& une femmes, il en répudia fix, & cinq moururent avant luy, de forte qu'il
luy en relia encore dix, auxquelles il donnoit à chacune une nuit, & l'on dit,
qu'A ïfchah en avoit deux , parce que Soudah , la dernière de toutes fes fem-
mes, luy avoit cédé la fienne.
Ans Hen Malek rapporte une Tradition^ par laquelle il paroît que Mahomet
fe vantoit de quatre avantages qu'il avoit au-defllis de tous les autres hommes;
car il prétcndoit les furpaifer tous en valeur, en libéralité, en force de poignet
& en vigueur dans le mariage. Mais fi les Ai-abes ont blâmé fes moeurs ," ils
n'ont pas épargné fa Religion qu'ils ont traitée d'impofture, donnant à fon Au-
teur les furnoms de Sabi, de Zendik & de Megioufch , ceft-à-dire, d'homme
qui avoit fait un mélange de pluficurs Religions différentes , & qui par confé-
quent n'en avoit aucune.
Ils l'ont traité d'homme léger & inconfiant dans la promulgation de fa loi,
comme ayant ftatué des choies qu'il abrogeoit dans la fuite, tel que l'établiffe-
ment du khebleh, c'eft-à-dire, du lieu vers lequel on fe doit tourner dans la
prière, l'ayant fixé d'abord au Temple de Hicrufalem , & l'ayant depuis tranf-
porté à celuy de la Mecque. Il défend de contraindre perfonne dans fa Reli-
gion , puis il commande cnfuite que Ton faffe la guei-re aux infidèles , & ne
permet pas que les fiens puiffent faire aucune paix avec eux ; mais feulement
des fufpenfions ou des trêves. Il cite prefque par-tout l'Ancien & le Nouveau-
Teflament pour autorifer fa doflrine , & cependant il a abrogé l'un & l'autre y
félon le fentiment univerfel des Mufulmans, fous prétexte de corruption, quoi-
que nous ayons encore aujourd'huy les mêmes textes , qui étoient entre les mains
des Juifs & des Chrétiens , quand il publia fon Alcoran.
Il fe contredit luy-mêrae fur le fujet de la création du Monde , & prefque
dans toutes les hilloires qu'il rapporte de l'un ou de l'autre de ces Livres , &
enfin , quoiqu'il ait exterminé les Idoles , il a cependant retenu toutes les cé-
rémonies , que les Idolâtres pratiquoient dans le culte du Temple de la Mecque.
C'efl ce qui fait que les Mahometans même, qui l'exemptent du péché oà-
ginel , avouent qu'il n'étoit pas impeccable , & Soiouthi a compofé un Livre ,
intitulé Al Moharrar, dans lequel il avance que Dieu a pardonné à Mahomet, dans
un certain temps qu'il marque, non feulement les fautes qu'il avoit commîtes, mais
encore celles qu'il pouvoit commettre , nonobftant quoy Mahomet , prefTé par
les remors de fa confcience - difoit fouvent , qu'il craignoit la réprobation , &
que le Chapitre Houd , qui efl un de ceux de l'Alcoran , où il eft 'e plus .
parlé de la Pr'^deftination, luy avoit fait venir les cheveux gris avant le tems.
Ce faux Pi-op!iete voulut cependant jouer la Comédie jufqu'à :a mort; car
ayant été attaqué plufieurs fois par le poifon qu'il avoit évité, & appréhendant
toujours une mort violente, il fit defcendre du ciel, pour la dernière fois, un
Chu--
/j-^ MO H A M M E D.
Chapitre de rAIcoraîi , qui porte le titre de Sourat alnafr, c'eft-à-dire, de h
Viftoire que les Mahometans nomment auffi le Chapitre de l'Adieu , à caufe
que c'efl'le dernier qu'il a reçu avant fa mort, qui n'arriva pourtant que deux-
ans après L'Auteur du Kefchaf dit, que Mahomet fit appeller auflî-tôt après
la publication de ce Chapitre, fa iille unique , nommée Fathimah , & luy dit,
ou'avant reçu une lettre de l'autre Monde qui luy annonçoit fon retour, il ne
foneeoit plus qu'à partir & à envoyer par avance fon bagage vers le ciel. Ces
naroles attendrirent le cœur de Fathimah & luy tirèrent les larmes des yeux.
Mais fon père h confola en luy difant: Ne pleurez pas; car vous ferez la pre-
mière de toute ma Maifon qui me fuivra de plus près.
Les Hiftoriens Mululmans ne conviennent pas fur le tems de la mort de
Mahomet; car les uns la mettent dans la dixième année & les autres dans l'on-
-'ième de l'He^^ire. Mais tous font d'accord, qu'il mourut d'un poilbn lent qui
fuy avoit été donné par une femme que fes ennemis avoient fubornée. Sa mort
fut d'abord cachée par Omar, un de les principaux Compagnons; mais elle fut
enfuite publiée par Aboubckr, fon beau-père, qui luy fucceda fous le nom de
Khalife, c'ell-à-dire , de fon Vicaire.
On n'eft pas non plus d'accord fur fon âge; car les uns luy donnent foixan-
te & trois, «Se les autres foixante & cinq ans de vie. La Ville de Medine, qui
luy avoit fervy de retraite dans fa fuite, devint le fiége de l'Empire qu'il fon-
da & luy donna enfin la fepulture dans la même Mofquée & fous la même
chah-e où il avoit accoutumé de prêcher tous les Vendredis. Et c'eft dans cet-
te même Mofquée où le Sépulcre de ce faux Prophète eft révéré aujourd'huy,
par tous les Pèlerins Mufulmans à leur retour de la Mecque.
Ce Sépulcre eft ordinairement nommé par les Mufulmans Raoudhat Scherif,
ceft-à-dire, l'Illuftre & le noble Jardin; car les Sépulcres des Mahometans por-
tent ordinairement le nom de Jardins ou de Parterres, à caufe qu'ils font ordi-
nairement fituez dans ces lieux-là. Voicy une Infcription qu'un Turc fort dé-
vot a attachée à la porte de cette Mofquée : La coutume des Arabes eft que
leurs Princes en mourant donnent la liberté à leurs efclaves , ^& qu'ils la vien-
nent recevoir fur leurs tombes. Eft-ce que vous permettriez, ô Mahomet, vous
qui êtes la gloire des Prophètes & le Prince de toutes les créatures , qu'un de
vos efclaves, qui baife fi humblement vôtre tombeau, n'obtint pas la liberté &
l'afi'ranchiirement de toutes fes fautes qu'il vous demande ?
Ce fentiment, fi humble & fi dévot , eft fondé fur la croyance que les Mu-
fulmans ont, que Mahomet eft le Médiateur & l'Intercefi^eur de fon peuple au-
près de Dieu, & les Hanbalites , Sccle qui paile pour Orthodoxe dans le Ma-
hometifme , ont porté leur impieté jufqu'à placer Mahomet fur le trône de
Dieu même, pour y faire valoir plus efficacement fon interceflîon.
Mahomet ne laifila point de poftérité mafculine quoiqu'il ait eu vingt & une
femmes , -comme l'on a déjà remarqué. 11 avoit eu toutefois un fils , nommé
Cafiem, qui fit que fon père porta le furnom dAboul Calfem , à la mode des
Arabes , qifi prennent le nom de leur fils aîné , en fe difant père d'un tel ou
* d'un tel. Mais ce CaiTem ne vêquit pas long-tems , de forte que Mahomet fut
expofé à la raillerie de fes ennemis, qui l'appelloient par fobriquet, Abtar, c'eft-
à-dire , fans queue , pour dire qu'il ne laiflbit point de fuite ni de defcendans
•Siâles après luy. Cette raillerie le piqua fi fort , qu'il publia exprefiTéraent un
Cha-
MOHAMMED. ^^j
Chapitre de ^an Alcoran, qu'il intitula Caouther, où il repouOè le mieux qu'il
peut, cette injure. Voyez ce titre.
Les difciples de Mahomet ont rapporté plufieurs apparitions de leur Maître
après fa mort. Ils ont feint qu'il avoit guéri en fonge plufieurs malades , ce
qui ell le fujet du fameux Poème en langue Arabique , intitulé Al Bordah ;
qu'il avoit rendu Ebn Nobatah , le plus éloquent Orateur de fon fiècle , en luy
mettant de fa falive dans la boucîie pendant fon fommeil ; & l'on trouve une
infinité d'autres nan;ations fabulcufes au fujet de ces apparitions , fur lefquelles
Al Baftharai a fait un volume entier , fous le titre d'AIélam fi rouïac Al Na-
bi, de même que Mohamm.^d Ben Jofef AI Salehi , natif de Damis & habitant
du Caire, en a compofé un qui contient tous les prétendus miracles de ce faux
Prophète, intitulé Al Aïat aladhimat albaherat , c'efl - à - dire , les miracles les
plus .grands & les plus avérez de Mahomet.
La Vie de Mahomet a été écrite prefque par tous les Hilloriens Mufiilmms
qui ont ou commencé, ou continué leurs Ouvrages jufques au tems qu'il a vé-
cu. Mais il y a plufieurs autres Auteurs qui ont entrepris de l'écrire en par-
ticulier fous divers titres , comme font celuy d'Akhlak Al Nabi , c'eft-à-dire ,
les Mœurs du Prophète, compofé par Mohammed Ben Abdallah Al Uarràk, &
par Ebn Haian Al Berr 5 & celuy de Seïrat , qui fignifie proprement Vie ou
Conduite de la Vie. Voyez le titre d'Efcharah ela Seïrat Al Mofthafa.
On remarquera cependant icy , qu'il y a deux Hifloriens qui ont écrit fort
amplement cette Vie, à fçavoir, Nouaïri dans la quatorzième partie de fon Hif-
toire écrite en Arabe , & Emir khoand Schah ou Mirkhond dans la fîenne écrite
en Perficn.
La fuperftition des Mahometans eil fi grande & fi outrée au fujet de leur
faux Prophète , que l'on trouve parmy eux plufieurs Livres compofez fur fon
nom , ce qui n'eft pas étrange , puifqu'ils luy donnent nonante & neuf noms
ou attributs, aufli - bien ' qu'à Dieu. Voyez Efma A Nabi. Et un de leurs Au-
teurs a pouffé l'extravagance encore plus loin, en corapofant un Ouvrage pour
prouver que tous ceux qui portent fon nom , feront exempts des châtimens de
Dieu dans l'autre Vie. Le titre de ce Livre cfi; Bofchra alkerim alamged beâdm
taâdhib beman ioiïerai bc Ahmed u Mohammed, c'eft-à-dire , la bonne nouvel-
le que Dieu glorieux donne aux fidèles , en leur annonçant que celuy qui por-
tera le nom d'Ahmed ou Mohammed, fera exempt des peines de l'Enfer.
MOHAMMED Ben Hanefiah. C'efl le nom du troifième fils d'Ali, qui
n'étoit pas né de Fathimah, fille de Mahomet, comme HalTan & Houfîaïn, les
frères de père, mais d'une féconde femme , nommée Hanefiah , qu'^ili époufa
après la mort de Fathime.
Cette différence de Mère a fait que ce Perfonnage n'eft pas mis au nombre
des Imams, parce qtfil n'étoit pas du fang de Mahomet, nonobftant quoy il ne
laiffa pas d'avoir plufieurs Seélateurs , qui le reconnurent fecrétement pour lé-
gitime Khalife après la mort de Houfi^iïn.
Un célèbre Docteur parmy les Mufulmans , nommé Seïd Al Hemiari , fut fî
grand partifan de ce fils d'Ali , qu'il le regarda comme un très -grand Prophète
que Dieu avoit enlevé vivant, & caché dans une certaine montagne , pour le
faire paroître un jour au Monde & y rétablir la juftice & la pietc.
. Il mourut cependant l'an 81 de l'Hegire , fous le règne d'A'bdalmekk , cin-
ToME IL O G o o quièrae
^58 MOHAMMED.
cinquième Khalife de la race des Ommiades , laifTant quelques enfans qui ne lî-
rent pas grand bruit après la mort de leur père.
Ce Perlbnnage eft furnommé Ebn Al Ouaflî, c'eft-à-dire, le fils de l'héritier,
ou du fuccefleur légitime, qui n'eft autre, félon l'opinion des Schiites, qu'AiL
gendre de Mahomet. Foyez fon titre.
MOHAMMED Ben Zinaîâbedin. C'efl celuy que l'on nomme ordinaire-
ment Mohammed Baker.
Le furnom de Baker luy fut donné , à caufe de . la grande étendue de fa
fcience & de fes lumières , & il fucceda à fon père Zinaîâbedin en la dignité
d'Imam , de forte qu'il eft entre les douze qui portent cette qualité , le cin«
quième en ordre , comme ifTu en ligne direfte de HouiTaïn , fils d'Ali. Il nac-
quit à Medine de la fille de HafTan, nommée Omm- Abdallah , l'an 59 de l'He-
gire, & mourut l'an 114 foiîs le Khalifat de Hefchdm....
L'on crut, que ce Khalife l'avoit fait empoifonner; car ce genre âé mort a
été prefque commun à tous les Imams , dont les Khalifes , tant Ommiades qu'Ab-
baffidcs , ont craint le crédit & l'autorité parmy les peuples. Ces Princes, au
pouvoir defquels étoient les Imams , ayant toujours rcfpefté en eux le fang de
Mahomet , faifoient fcrupule. de le répandre , quoyqu'ils vouluffent fe défaire de
leurs perfonnes.
Cet Imam ayant laifle fix enfans mâles & deux filles , l'aîné des mâles fut
Giafar , qui luy fucceda. 11 fut enterré à Medine auprès de i^QS prédecefieurs
dans la Bekiah , c'eft-à-dire , dans le fepulcrc de Fathimah , & fut le fixièmc
îmam.
Ces titres ou furnoms as cet Imam, outre celuy de Baker duquel nous avons •
parlé, font celuy de Schaker , h caufe qu'il rendoit de fréquentes adions de
grâces à Dieu, & de HaJi, qui fignifîe Guide (Se Dircftcur. . Cecy eft tiré du
Lcbtarikh, qui met la mort de cet Imam fous le Khalifat de Vahd, fils d'Iczid;
mais cette datte ne quadre pas avec la cent quatorzième année . de. l'Hegire ,
dans laquelle cet Auteur convient avec Khondcmir qu'il mourut^-
Schehcreftani rapporte les fcntimcns de cet Imam , touchant les décrets de
Dieu & la liberté de l'homme. Il difoit: Le Décret de Dieu ne nous contraint
pas; mais il ne nous permet pas auflî toutes chofes. . Dieu veut quelque chofe
en nous & quelque chofe de nous. Ce qu'il veut en nous eft caché , & ce
qu'il veut de nous, nous eft révélé dans fa parole.. D'où vient donc que nous
ne faifons que difputer de ce qu'il veut en nous , & que nous négligeons ce
qu'il demande de nous? Puis s'addrefîant à Dieu, il luy difoit: Seigneur, fi je
vous obéïs, la louange vous en appartient , & fi je vous defobéïs , vous avez
raifon de me punir, car ni nioy , ni aucun autre , nous ne pouvons nous at-
tribuer le bien que nous faifons, ni moy, ni aucun autre , nous ne pouvons
nous excufer du mal que nous commettons.
MOHAMMED furnommé Giaouad, c'eft-à-dire, le Libéral, étoit fils d'Ali
Ridha, & nacquit à Medine, l'an 195 de l'Hegire, & fut reconnu pour le neu-
vième Imam.
Il vint à la Ville de Thous en Khoraflan avec fon père Ali Ridha-, où le
Khalife Mamon fut fi charmé de fes manières qu'il l'aima fort tendrement , &
luy donna fa propre fille en mariage.
Cet
MOHAMMED. ^^^
Cet Imam accompagna le Khalife, fon beau -père, dans le voyage qu'il fit
-l'an 220 de l'Hegire de Jhous à Bagdet, & ce fut dans cette Ville qu'il mou-
rut peu de tems après, âgé feulement de 25 ans, & où il fut enterré auprès
de Moufla fon ayeul , avec une pompe digne du gendre du Khalife , dans le
lieu deftiné à la Sépulture des Coraïfchites.
Il fut fort regreté par tous ceux qui avoient de l'amour & du refpc6t pour h
maifon d'Ali , & l'on ne douta prefque point qu'il n'eût été empoifonné par les
parens du Khalife, qui craignirent que Mamon n'eût pour luy la même penfée
qu'il avoit eue pour fon père.
Le titre de cet Imam eft Taki, c'cft-à-dire, craignant Dieu, ou félon quel-
ques-uns, Zaki, c'efl-à-dire , Pur & innocent. Il ne lailFa que deux enfans Ali
& MoufTa, dont l'aîné fut le dixième Imam.
MOHAMMED AboulcafTera. Ce nom & ce furnom du faux Prophète
Mahomet, eft aulïï celuy du douzième Imam, lequel porte auffi par excellence
le titre de Mahadi, qui fignifie le Directeur & ie Maître de tous les fidèles.
II étoit fils unique de Haflan Al Askeri , onzième Imam , & naquit l'an de
l'Hegire 255, fous le Khalifat de Motâmed l'Abbaffide, & l'on dit, que ce Kha-
life ayant appris qu'il étoit né , entreprit de luy ôter la vie ; mais qu'il fut
garanti de ce danger par fa mère, qui le tint caché dans une grotte jufqu'à la
fin de fa vie.
Les Schiites ou Sénateurs d'Ali ne conviennent pas entr'cux au fujet , ni de
fa vie , ni de fa mort. Car les uns veulent , comme il eil fort raifonnablc,
qu'il mourut l'an 330 de l'Hegire, âgé de feptante-cinq ans, & que pendant
tout le tems de fa vie, il n'eut point de communication avec les fiens que par
■des voyes fort fecretes & inconnues au refte des hommes , cq qui luy a fait
donner l'Epithete de Motabatthan, c'eft-a-dire , d'Intérieur & de Caché.
Les autres veulent qu'il foit encore vivant, & qu'il paife fa vie miraculeufe
dans la même grotte , où il fut caché quand il difparut aux yeux des hommes.
Mais tous conviennent unanimement , qu'il doit paroître à la fin du monde im-
médiatement avant le fécond avènement du Melîie , pour réunir toutes les Sec-
tes des Mufulmans en une feule , & toutes les Religions difi'érentes au Muful-
manifme.
Cette fable eft prife apparemment d'une Tradition qui eft commune aux Juifs
& aux Chrétiens, félon laquelle Elle, qui vit encore, doit vers la fin des fié-
cles , paroître dans le monde pour préparer les voies à la venue duMeffie, &
précéder le jugement de tous les hommes, que les Mufulmans croient auffi-
bien que les Chrétiens devoir être fait par Jefus - Chrift , contre le fentimenc
des Juifs.
Il y a eu en diff'érens tems dans le Mufulmanifme pluficurs perfonnages, qui
ont voulu perfuader aux peuples abufez qu'ils étoient ce Mahadi attendu par les
Mufulmans. Mais l'impofture ayant été découverte & punie dans plufieurs , il
s'en eft trouvé cependant qui l'ont fçû faire fi bien valoir, qu'ils ont fondé &
■établi deux grandes Dynaftics ou Empires en Afrique. Ce font celles des Al
Mohades & des Fathemites , dont on peut voir la naifilincc , le progrès & la
fucceffion dans leurs titres particuliers.
Il faut remarquer auffi que Mahadi, fils d'Abou Giafar Al Manfor, troifième
Khalife de la Maifon des Abbaffides, ne doit pas être confondu avec les Maha-
O 0 o o 2 dis
è6o MOHAMMED.
dis dont nous parlons. Car ceux-cy étoient ou fe vantoient d'être tous de la
poflerité d'Ali, & n'appartenoient aucunement à la famille de Hafchem, de la-
quelle les Abbafîîdes éc Mahomet luy-même ètoient ifllis.
Nous avons un Livre Arabe, qui porte le titre d'Akhbar Al Mahadi. C'eft
l'Hiftoire du douzièine & dernier Imam dont nous parlons ; mais il eft plein
de tant de fables, que les Schiites ont inventées pour relever la dignité & l'au-
torité de leur Imam, qu'il ne mérite aucune créance. Cependant Emir Khoand
Schah, qui efl un Hiftorien d'ailleurs allez férieux, ne laifle pas de rapporter
quelques-unes de ces fictions.
Les principales font , que ce Mahadi naquit le nombril coupé & ayant ces pa-
roles écrites fur fa main droite : La vérité s'ejl manifejlée ^ le menfonge s'ejî
éclip/é. Qu'il reçut de Dieu dès fon enfance la Sageife & la Prophétie avec la
prérogative d'Imam, c'eil-à-dire , de Chef de tous les Fidèles, de même qu'Ia-
hia, fils de Zakarie, qui ell faint Jean-Baptifte , & Illà, fils de Miriam , c'elt-
à-dire, Jefus-Chriil , l'a voient autrefois reçue. Mais avec cette différence, que
le Mahadi n'avoit reçu qu'en partie, ce que ceux-cy poffédoient avec plénitude:
Le même Auteur ajoute, que le Mahadi porte auflî le titre de Hogiat, par-
ce que c'cll luy qui doit décider toutes les difficultez de la Religion , en quoy
les Mufulmans imitent les Juifs, lefquels renvoyent à Elie les points les plus
difficiles de l'Ecriture qu'ils ont peine à refoudre.
On luy donne auffi celuy de Caïem, qui fignifie celuy qui pofe & établit les
fondemens de la Loy. On lui attribue auflî celui de Mondher , à caufe qu'il
porte ou qu'il doit porter la lumière , & éclaircir par fa dodrine tout ce quï
eft de plus myfterieux & de caché dans les Ecritures. Et enfin , celui de Sa-
heb alzaman, c'eft-à-dire , le Maître des tems, à caufe qu'il fçait , drt-on, tout
ce qui doit arriver dans le cours des fiècles , & particulièrement ce moment at-
tendu des Mufulmans avec tant d'inquiétude , auquel il doit remplir toute la:
terre de juftice & de fainteté.
Les mêmes Schiites, dont nous avons déjà parlé, prétendent que le Mahadf
a fait deux retraites ou deux eclipfcs ; à fçavoir, la grande & la petite. La pe-
tite eft celle pendant laquelle il donnoit de tems en tems de {"es nouvelles , &
décidoit toutes les difficultez -que les Mufulmans lui propofoient , par le moyen
de certains Meffagers qui les lui portoient fort fecretement , en fe fuccedant les
uns aux autres, fans fe connoître. Cette coramimication dura Jufqu'en l'an de
l'Hegire 326, auquel un de ces Meffagers , nommé AH , mourut , après avoir
rapporté un billet de. la part du Mahadi , par lequel cet Imam lui annonçoit
qu'il devoit mourir dans fix jours , & lui défendoit de laifiTer à aucun autre la
commifTion de le venir trouver.
C'cft depuis ce tems-là que commence la grande retraite du Mahadi ; car de-
puis la mort de cet Ali , aucun autre n'a' fait fçavoir aucune des chofes qui re-
gardent le Mahadi , fi ce n'elt par révélation. C'eft ainfi que les Schiites amu-
fçnt leurs difciples , en leur faifant entendre & croi-re tout ce qu'il leur plaît,
fous l'autorité prétendue de leur Mahadi.
MOHAMMED Ben Thaher. C'eft le nom du cinquième & dernier Pi'ince
de la Dynaftie des Thaherites, qui regnoient fous l'autorité des Klialifes dans le
Khoraffan & autres Provinces voifines.
Ce Prince , en rendant fon hoiamage au Khalife Moftâïn l'Abbainde , avoie
reçu
M 0 H A M M E n, 55JJ
reçu de lui TEtendart & les Patentes , par lefquellos il étoit confirmé dans la
pofTeffion des Etats que fes Ancêtres lui avoiexnd lailTez. Mais comme il s'étoit
abandonné entièrement à la débauche, & négligeoit abfoluraent fcs alFaires , il
donna par fa mauvaife conduite occafion à fes voifins de l'inquiéter.
Jacob, fils de Leïts , qui fut dans la fuite le premier Fondateur de la Dyna-
ilie nommée les SofFarides , fut le plus dangereux de tous ; car ce Prince , qui
s'étoit déjà mis en poffeffion de la Province de Segeflan , crut que la conquê-
te de celle du KIioralTan étoit trop à fa bienfeance pour la lailTer échaper.
Mohammed fe voyant attaqué par Jacob à l'impourvû,- au heu de fe mettre
en défenfe , fe contenta de lui envoyer demander , s'il avoit la Patente du Kha-
life, en vertu de laquelle il eut droit d'entrer armé dans fes. Etats? A cette de-
mande, Jacob répondit, en tirant fon épée hors du foureau : Voicy le fceau
de ma Patente ; & fans perdre le tems , il fit marcher fes troupes des environs
de la Ville de Herat où elle étoit campée, -vers celle de Nifchabour, qui étoit
pour lors la Capitale du Khoraffan & le Siège Royal de Mohammed.
L'armée de Jacob ne parut pas plutôt à la vûë de cette Ville, que Moham-
med, Prince lâche & fainéant, en abandonna la défénfe & prit le parti de la
fuite. Mais elle ne put être fi fécrete que fon ennemi n'en fut averti , de
forte qu'ayant' envoyé fes Coureurs, Mohammed fut pourfuivi fi chaudement,
qu'il tomba prifonnier entre leurs mains.
C'efl: ainfi que finit la Dynaftie des Thaherites, l'an 259 de l'Hegire, aprè?
avt)ir duré feulement l'efpace de cinquante-quatre ans félon Klrondemir , ou de
cinquante-fix félon l'Auteur du Lebtarikh. Car Mohammed, fils de Thaher,
perdit entièrement fes Etats avec fa liberté, & Jacob, fils de Leïts-, le retint
toujours prifonnier auprès de luy , jufqu'à ce qu'il fut défait à la- bataille que
Môuaffic ou Mouaffec, frère du Khalife Motâmed, lui Hvra.
Ce fut dans cette déroute que Mohammed trouva l'occafion' de fe làuver des
mains de Xacob & de fe réfugier à la Cour du Khalife Motâmed. Ce Khahfe-
le reçût fort bien. Mais il y a apparence qùll n'y vêquit qu'en particuher ;
car les Hiftoriens ne font aucune mention de luy depuis ce tems-là.
MOHAMMED, fils de Mahmoud, fils de Sebefteghin. C'efl:' le fécond:
Prince de la Dynaftie des Gaznevidcs qui fucccda à fon père. Mais pour fort
peu de tems; car fon frère Maifôud , qui regnoit dans ITraque Perfienne , &■
qui fe trouvoit dans la Ville de Hamadan_, lorfqu'il reçût la nouvelle de la moi t
du Sultan Mahmoud fon père, envoya lui dire, qu'il ne vouîoit point le trou-
bler dans la poffeflîon de fes États ; mais qu'il prétendoit feulement , que fcn-
nom fut proclamé le premier dans le Khotbah , ou Prière publique ', à caufe-
qu'il avoit régné avant lui.
Mohammed entendit bien ce que cela vouîoit dire , & il fe préparoit déjà à-
la- guerre, lorfque les plus Grands de fa Cour , qui étoient dans les intérêts de
Malîoud, fe faifirent de fa perfonne & le livrèrent entre les mains de fon frè-
re. Mafloud arrivant à Gaznah fur ces entrefaites , fe fît proclamer Sultan dans
les Etats de Mohammed, fit mourir ceux qui avoient le plus favorifé fon par-
ti, & lui fit crever les yeux.
On dit, que la couronne étant tombée de deffus la tête de ce Prince le jour
de ion couroianement, cet accident fut regardé pour un mauvais augure, & fut
0 0 0 0 3 caufe
(552 M 0 H A MM E D.
caufe que Ces ennemis conjurèrent plus aifément contre lui. Foysz le titre de
Mahmoud & ce que dit Kiiondemir de ce Sultan.
MOHAMMED, fils de Melikfcliah. Cell le cinquième Sultan de la pre-
mrère branche des Selgiucides; car le jeune Melikfchah , fils de Barkiarok , ne
tient point de vang parmi ces Sultans , d'autant que fon re^ne ne fut que de
peu de jours, &., pour ainfi dire. Ephémère. ; ;.: ; .
Il eft vray cependant, que les tuteurs de ce jeune; Prince , nommez Aiaz &
^qdecias , alfcmblcrent une très-puilTante armée pour défendre les droits de leur
pupille & pour s'oppofer à Mohammed ; mais le grand nombre de leurs trou-
pes ne fervit qu'à faire éclater davantage le bonheur de ce Sultan , qui parut
avoir été élevé par la divine Providence fur le trône de fes Ancêtres.
En etfet, cette même Providence qui favoit conduit jufques alors par. des
routes fi difficiles & fi cachées, conjme l'on peut voir dans le titre de Barkia-
rok, lui' donna une viftoire entière contre fon, neveu. Car les deux armées
étant déjà en préfence, avant que le figAal du combat fût donné , il parut dans
Tair une nuée en forme de dragon , laquelle jctta tant de feu fur l'armée de
les ennemis , que .les foldats effrayez de cet horrible Météore furent contraints
de jetter les armes bas, & de demander quartier à Mohammed. Cette viéloire
fi foudaine & fi complète le rendit maître de la perfonne de fon neveu & de
fes deux Généraux, qu'il envoya prifonniers dans le Châteaii de Lehed. ' , *
Ce grand événement arriva l'an 501 de l'Hegire , auquel Mohammed entra
dans Bagdet , où , après avoir rendu fes refpefts au Khalife Moftedaher , lequel
étoit plutôt révéré comme le Souverain Pontife de la Religion que comme l'Em-
pereur des Mufulmans , il obtint de lui le titre ou fiirnom de Gaïath ou Mo-
gaieth eddin , c'eft-à-dire, de Propagateur de la Foy, avec les Patentes les plus
amples & les plus honorables, dans lefquellcs il étoit qualifié des titres de Sul-
tan & de Chef ou Commandant de tous les Mufulmans, en vertu defquels tous
les fujets du Khalife étoient tenus de luy obcïr.
Pendant le féjour que Mohammed fit à Bagdet , il apprit qu'un certaîn Ah-
med, furnommé Atthafch, c'elt - à - dire , l'Altéré, fameux Impolteur, avoit ga-
gné par fes preftigcs plufieurs gens auprès defquels il paffoit pour Prophète, &
s'étoit faifi de la FoiterelTe de Dizghoùeh, que Melik fchah avoit fait bâtir au-
près d'Ifpahan , pour tenii* en bride cette grande Ville qui étoit fort fujette
aux révoltes.
Atthafch s'étant gîiffé dans cette place & y enfeignant les nouveaux dogmes
de fon impiété , corrompit d'abord les cfprits de ceux qui y étoient en garni-
fon ; deforte qu'il lui fut enfuite très - facile de s'en rendre le maître. Le Sul-
tan'n'eut pas plutôt appris cette nouvelle;, qu'il partit en diligence de Bagdet
& fe rendit à Ifpahan. De-là il fît former le fiége de ce Château , qu'il ne
prétendoit prendre que par la fiim , à caufe de fa fîtuation avantageufe & de
la force de Ces remparts , qui le faifoient juger imprenable par toute autre
voye.
Après en avoir fait fermer toutes les avenues , la place qui n'étoit pas bien
munie, fe trouva en peu de tems fort incommodée, jufques-là qu'Attbafch fut
obligé de faire palfer un homme, pour avertir Sâad Al Mulk, furnoraiùé Aou-
gi, qu'il ne pouvoit plus tenir que deux ou trois jours.
■ ■■ Cet Aougi étoit Vizir du Sultan & étoit gagné fecretement par Atthafch ,
. , ^^
MOHAMMED. 05^
qui l'avoit empoifonné de fa faufle doftrine , ce qui avoit lié rintellJgenœ qui
étoit entre eux. Ce Vizir lui fît réponle, qu'il tint bon encore pendant huit
ou dix jours, parce que dans ce tems-là, il trouveroit le moyen de fe défaire
de ce chien-là; car c'ell ainfi qu'il nommoit le Sultan,
Ce Prince qui étoit d'une complexion fort fanguine , & qui tomboit ordinai-
rement dans de très-grandes maladies, caufées par une trop grande abondance da
fang , avoit accoutumé de s'en faire tirer tous les mois. Aougi y qui fçavoit
cette coutume du Prince, alla trouver fon Chirurgien, & l'ayant corrompu par
l'offre qu'il lui fit de mille faquins d'or & 'd'une vefte de pourpre , il obtint
qu'il fe ferviroit- d'une lancette empoifonnée la première fois qu'il faigneroit le
Sultan.''
Ce complot ne fut pas fi fecret qu'un Valet de chambre du Sultan n'en eût
connoilTance. Celuy-ci le découvrit à fa femme, & celle-cy à fon Galant. Ce
dernier profita de cet avis, & communiqua au Sultan même ce fecret qu'il luy
étoit fi important de fçavoir. Auffî-tôt qu'il l'eut appris , il feignit^ d'avoir be-
foin d'une faignée, & on appella fon Chirurgien ordinaire.
Après que cet homme lui eut accommodé le bras , & dans le tems qu'il fe
préparoit à lui ouvrir la veine , le Sultan le regarda d'un œil û terrible , que
ce miférable faifi en même teras d'un tremblement par tout le corps , qui lui
fit tomber la' lancette de la main , fut obligé de fe jetter à fes pieds , de lui
confeffer fon- mauvais defTein, & de déclarer celuy qui l'avoit fuborné. Le V^i-
zir fut incontinent arrêté & puni , comme il le méritoit , & le Chirurgien fut
feulement condamné à être faignée de la même lancette qa'il avoit préparée
pour faigner le Sultan. -
Les Rebelles afîiégez dans le Château de Dizghoueh ayant appris que la con-
fpiration contre le Sultan avoit été découverte, & que le Vizir avoit fouffert
le châtiment dû à fa trahifon, ne pouvant plus tenir davantage, réfolurent de
fe rendre entre les mains du Sultan à difcrétion. • Ahmed Attbafch , leur Chef
& faux Prophète , fut mis pieds & mains liées fur un chameau & conduit à
Ifpahan, où , après avoir fervi pendant quelques jours de fpeclacle & de rifée
au peuple , on le fit mourir d'une mort cruelle , après quoy , on brûla fon corps
avec un grand nombre de ceux qui avoient été les difcipïes de fa fauITe doctri-
ne & les compagnons de fa révolte.
On dit que cet Impofteur , qui étoit fort verfé dans l'Aflrologie Judiciaire
& dans la Géomance , fe trouvant prcfle pendant le fiége , écrivit au Sultan ,
qu'il venoit de trouver dans fon horofcope , que dans peu de jours il fe ver-
roit entouré d'un très - grand nombre d'étoiles au milieu d'Ifpahan , à la vûë
même du Sultan , & que lorfqu'on le conduifoit au milieu d'un grand peuple
par toute la Ville jufques au lieu du fupplice, étant interrogé fur ce qu'il s'é-
toit promis félon fon horofcope, il répondit, que ùi prédiftion ne pouvoit être
plus claire. Mais que ce grand nombre d'étoiles qu'il efpéroit de voir ne de-
voit pas fcrvir, comme il le croyoit, pour l'honorer; mais pour le couvrir &
accabler de honte & de confufion , comme il l'éprouvoit.
Le Sultan Mohammed , après avoir exterminé cette nouvelle SeÛe d'ImpiéJj
& remis le calme dans fes Etats, porta fes armes aux Indes & y fit des con-
quêtes fort confidérables. L'Auteur du Tarikh Ghuzideh rapporte, que ce Prin-
ce , qui étoit fort religieux & très-zèlé pour le Mahometifme , ayant démoli plu-
fieurs temples dans ce pays - là , il trouva une Idole de pierre péfant plus de
quatre
664- M 0 H A M M E D.
quaM'C cens quintaux', laquelle étoit l'objet de la plus grande vénération de tous
ces peuples infidèles. Il donna ordre auflî-tôt qu'on l'enlevât pour leur ôter ce
£lijet d'idolâtrie, & pendant que l'on étoit fur le point de la tranfporter , Les
Indiens vinrent le trouver, & lui offrirent pour la racheter un poids égal, tant
en pierreries qu'en autres chofes de très-grand prix.
Cette propofition auroit été faas doute acceptée par un Prince plus avare &
moins religieux que Mohammed; mais Mohammed, en rejettant cette offre, dit
à Ces gens : Je ne veux pas que l'on puiffe dire à l'avenir , qu'Azar étoit un
Faifeur d'Idoles & que Mohammed en fut un Marchand. Il commanda auffi-tôt
qu'on tranfportât cette groffe maffe de pierre à Ifpahan pour fervir de trophée
à fa viftoire, & il en fit faire le feuil de la grande porte du fuperbe Collège
qu'il y faifoit bâtir , où il avoit choifi fa fepulture , pour lêtre un monument
éternel de fa piété & une déteilation perpétuelle de l'Idolâtrie.
• Il faut remarquer ici que cet Azar, duquel Mohammed entendoit parler, eu.
Tareh, père d'Abraham, que les Mahometans furnomment en Perfien Pout-tir
rafch, c'e(l-à-dire, Tailleur ou Sculpteur d'Idoles, duquel ils racontent plufieurs
fables, tirées pour la plupart des Rabbins, & que Pout-Kouroufch, dans la même
langue, efl le furnom de celui qui fait métier & marchandifes d'IdôIes , lequel
fobriquet auroit pu être donné à ce Sultan , s'il eiit vendu cette Idole aux
Indiens pour le prix qu'on luy en offroit.
Ce Sultan eut pour Vizir, pendant quelque tems, Dhia almulk, fils de Ned-
ham almulk, qui avoit été Vizir du Sultan Melik-fchah , fon père. Le Nighia-
riflan rapporte, que Dhia almulk s'étant brouillé avec Alaeddoulat , Prince de
Hamadan , qui fe vantoit d'être de la race de Mahomet , & fe faifoit appeller
du titre de Seïd Hamadani , parce que ce mot de Seïd , qui fignifie en Arabe
Seigneur, fert de titre particulier à ceux qui appartiennent à cette famille.
Dhia almulk , qui fe croyoit offenfé par les mauvais offices de ce Seigneur,
entreprit de s'en vanger & propofa pour cet effet au Sultan , que s'il vouloit
lui permettre de lui faire rendre compte , il feroit porter cinq cent mille écus
d'or dans le tréfor Royal. Sultan Mohammed lui accorda fa demande; mais
comme Alaeddoulat avoit beaucoup d'amis à la Cour, il fut averti fecretement
de ce qui fe tramoit contre lui.
Cette nouvelle le fit partir en diligence de Hamadan , & prendre la route de
Tchablek pour arriver par un chemin détourné, fans que le Vizir en eût avis.
En effet, il arriva à fon infçû à la Cour, & prit fi bien fon tems, qu'il eut
le moyen de fe jetter aux pieds du Sultan, & de lui repréfcnter Finjuftice qu'il
alloit commettre , s'il abandonnoit un Prince de la maifon de fon Prophète en-
tre les mains d'un infidèle & d'un hérétique, tel qu'étoit le Vizir, qui ne paf-
foit pas pour bon Mufulman. Il ajouta , que fi le defir d'avoir de l'argent l'a-
voit fait confentir à cette violence , il fe faifoit fort de luy en faire compter
huit cent mille écus d'or dans £es coffres, c'eft- à-dire , trois cent mille de plus
que le Vizir envieux n'en avoit offert, pourvu qu'on lui remît le Vizir entre
les mains , & qu'il lui fût permis de lui faire rendre un compte auffi exaél &
auffi rigoureux qu'il voudroit.
Cette propofition ayant été acceptée par le Sultan , le Seïd s'en retourna
chez lui fort content , menant avec lui un Officier du Prince qui avoit corn-
miffion de recevoir cette fomme pour l'apporter au tréfor Royal. Auffi-tôt qu'ils
furent arrivez en la Ville de Hamadan, l'Oificier qui s'attendoit que le Seïd luy
len-
MOHAMMED. 66s
tendroit de grands honneurs & le Jogeroit dans fon Palais , fc trouva bien fruftré
^e fon attente; car il lui fît fçavoir qu'il eût à fe loger dans riiôrellerie publi-
que, & y attendre tout le temps qui luy étoit neceiTaire pour amaller la fomme
qui devoit être portée au Sultan; que ce terme étant expiré, il le feroit aver-
tir, & que cependant, il eût à fe pourvoir de tout ce qui lui étoit neceffiiire
pour fa fubfiftance.
L'Officier qui ne s'attendoit pas à un pareil traitement , commença par les
plaintes & en vint enfuite jufqu'aux menaces; mais le Seïd prenant un ton d'au-
torité lui dit: Si vous n'êtes fage , je vous feray pendre tout à l'heure à la
f)orte du logis , & je n'auray après cela qu'à augmenter de cent mille écus la
bmme que j'ay promife au Sultan; car avec cette fomme il pourra achepter mille
efclaves dont le moindre vaudra mieux que vous. L'Officier qui étoit effective-
ment un des efclaves du Sultan, entendant le Seid parler d'un ton fi ferme, s'ap-
paifa auffi-tôt & attendit patiemment dans le Caravanfera public quarante jours
entiers, pendant lefquels le Seïd trouva les huit cent mille écûs d'or dont il
ëtoit queftion, fans qu'il empruntât à gros intérêt, ni qu'il fût obligé de vendre
le moindre de fes effets.
Après que le Seïd eut conlîgné cette groiïe fomme entre les mains du Com-
miffaire du Sultan , & qu'elle eût été portée au tréfor Royal, on lui livra le
Vizir qui lui avoit dreffé un û dangereux piège, pour en ufer comme bon lui
fembleroit. Mais le Seïd voulut donner en cette occafion l'exemple de la vertu
la plus éminente & la moins ordinaire parmi les hommes; car au lieu de fe
vanger de fon ennemi , ou au moins , de lui faire payer la fomme qu'il avoit
été obligé de donner au Prince, il le traita avec tant d'honnêteté & tant de
generofité qu'il le rendit fon meilleur ami. De forte que l'Auteur de ce récit
dit que le Seïd fuivit en cette occafion le confcil que donne le Dillique Per-
fien , tiré d'un verfet de l' Alcoran , dont le fens eft : Vous ne pouvez manquer
de recevoir une ample recompenfe dans l'autre vie, fi pendant que vous «tes
en celle-ci, vous faites du bien à ceux qui vous font du mal. Le verfet de TAl-
coran eft : Ahaffen ela man affa , c'eft-à-dire , Faites du bien à celui qui vous nuit.
Le Sultan Mohammed mourut âgé feulement de 36 ans , après en avoir régné
13 , l'an de l'Hegire 511. Il déclara avant fa mort pour fucceffeur fon fils
Mahmoud, & dans le temps qu'il étoit à l'extrémité de fa vie, il lui commanda
de prendre le Diadème Royal. Mahmoud réfufa de le faire, & lui dit que ce
jour-là n'étoit pas heureux pour commencer fon règne; mais^fon père lui ré-
pliqua: S'il n'eft pas heureux pour moy, il l'eft pour vous.
MOHAMMED A'bdallah , ou Ben A^bdallah , fils deTomrut, pretendoir
dépendre d'Ali en ligne direfte par Houffaïn, c'eft pourquoy 'on le furnomme
Al U'ioui, Al Houffaïni. Mais il étoit effedivement de la tribu des Mollkme-
des qui habitoient dans la montagne de Sous Al Akfa , pays le plus Occidental
de l'Afrique que nous appelions le mont Atlas , au pied duquel cfl: encore au-
jourd'huy fituée la Ville de Sous.
Ce Mohammed, qui fonda l'an de l'Hegire 514 , une nouvelle Dj'naitie de
Princes fous le nom de Mohedites ou Al Mohades, étant encore homme privé,
alla en Levant, d'où après avoir appris les Sciences particulières aux Mufulmans,
il retourna en fon pays & y prit le foin d'inftruire ceux de fa Nation, leur dou-
blant cependant de nouvelles loix, H rencontra dans la bourgade de Melala ou
Tome IL Pppp Melila,
666 M O H A M M E rr.
Melih, un Dofteur nommé Abdelmoumen qui fe joignit à lui & ne le quitta
plus. Ce Dofteur lui perfuada qu'il étoit le Mahadi, ou Prophète attendu dans
la fin des fiècles.
Ces deux hommes vinrent enfcmble à Maroc, où regnoit pour lors Ali, fils
de Taffefin , & ils y prêchèrent publiquement qu'il ne falloit fuivre dans la
Religion , que ce qui eft connu & approuvé de tous pour jufte , & rejetter
feulement ce qui étoit reconnu de tous pour injufle. Les Arabes appellent
cette maxime, El Emr fi raâarouf u Ennehi an almonker.
Ces Doftcurs fe fuifant fuivre par une fort grande multitude de gens abufez,,
le Sultaa Ali fit aflembler les Doéleurs de la loi du Mufulmanifme pour convain-
cre leur Doctrine de faufleté dans une difpute publique; mais Mohammed, fils
de Tommt, prévalut dans cette conférence, ce qui donna lieu àMalck, fils de
Vaheb, Vizir de ce Prince, de lui dire: Voici l'avanture de celui qui ayant donné
un habit, de masque à un homme ,^ cet homme lui joiia enfuite du tabourin,
Labafiiaho fchaklan ufamâak thablan. Il vouloit donner à entendre par cette;
façon de parler, proverbiale , que la difpute avoit eu un fuccez tout contraire
à celui qu'il en attendoit.
Le. Sultan Ali cependant ne voulut point recevoir la doélrine de ces non--
veaux Do6leurs , quoiqu'elle lui parût fort probable , & les chafTa hors de la.
Ville de Maroc. Mohammed Abdallah fut donc obligé de quitter la Ville de
Maroc & de fe réfugier dans une des Provinces de la Mauritanie appellée
Agmàt, où il attira encore un plus grand nombre de gens à fa fuite.. Ce grand
concours donna occafion à Abdelmoumen fon collègue, de lui prêter publique- -
ment le ferment de fidélité , & de le déclarer Prince & Pontife Souverain de
la Religion & de l'Eftat, & fon exemple fut fuivi généralement par tout le grand
peuple qui fe dévoua entièrement à lui. f^uyez les titres de ïomrut , & celui
de Moahedoun, qui font les Al Mohadcs,
L'Hilloire de Mohammed Abdallah , fils de Tomrut, eft décrite fort amplement
dans le cinquième tome de Nouaïri qui fe trouve dans la Bibliothèque Royale.
. Il y a un autre Mohammed , qui étoit fils d Iakoub & qui tient le quatrième
rang dans cette Dynaftic d^s Moahedites.
M O H A M M E D , fils de Mahmoud & petit - fils de Melik Schah I du nom.
Ce Sultan de la Dynaftie des Sclgiacides fucceda à fon frcre Mclik Schah II
du nom, qui avoit été dépofé & enfermé dans le Château de Hamadan par-
la conjuration des plus grands Seigneurs de fa Cour qui s'étoient foulevez
contre lui.
Khazbek furnommé Belinghcri, qui étoit le chef de cette conjuration, ayant
mis Mohammed, duquel nous parlons, fur le Throne de fon frère, vouloit dif-^
pofer entièrement du gouvernement de l'Etat ,. & fon crédit aufli-bien que fes
richefies le rendirent fi puiilant, que Mohammed connut bien-tôt qu'il ne pour-
roit jamais régner avec autorité, tant que ce Perfonnage fubfifteroit. C'eft ce
qui fit prendre h ce Sultan là réfolutioh de fe défaire de lui, en fuivant le con-
feil, d'un de fes Miniftres qui lui dit, en faifant allufion à la jeunelfe du Prince
& à la vieillcife de Khazbek , qu'il ne fortoit point de nouvelles branches du
pied du Cyprès, avant que l'on en eût coupé la vieille.
Le Jeune Sultan, après s'être délivré d'un Sujet fi dangereux & qui vouloit de-
venir fon Maître, fe mit en pofil>ffion de toutes les richelTes qu'il avoit amalfées
pendant le temps qu'il difpofoit cntièrcme^it des finances de l'Etat. On raconte
coimiie
AI 0 H A M M E a C67
«omme une chôfe fort extraordinaire, que l'on trouva dans la 'Gardcfobe de
■Khazbek une infinité de meubles très-prctieux, entre Icfquels l'on compta juf-
•quà treize mille veflcs de couleur de feu & de pourpre, & le Tarik kliozideh
fait un fi ample détail de tout le reftc, qu'il feroit fort cnnuj^eux de le rap-
porter ici.
Il s'en fallut peu cependant, que la mort de Khazbek ne eau fat la ruïne en.
tière de Mohammed, car ce grand Miniltre s'étoit fait à la Cour de puilUms
amis qui voulurent la vangcr aux- dépens même de la fidélité qu'ils dévoient au
:Sultan. Ildighiz Atabek ^ Akfankor, Seigneur de Maragah, s'êtant révoltez pour
cet effet, dépofcrent Mohammed^ & proclamèrent pour Sultan, Soliman Schah,
iils de Mohammed, fils de Melik Schah qui étoit fon Oncle. Le jeune Sultan
•qui étoit encore fans expérience , fut fi effraj'é de cette nouvelle , que ne fçachanC
quel parti prendre, ou de combatti'e', ou de s'accommoder avec fon Oncle , fe
trouva enfin obligé d'abandonner fa Ville Capitale de Hamadan, & de s'enfuïf
vers celle d'Ifpahan.
Cette fuite donna une pleine & paifiblc pofll>ffion du Throne des Selgiucides
à Soliman Schah, lequel s'y feroit maintenu, s'il n'eût été entièrerement dépourvu
de confeil & très malheureux dans toute la conduite de fa vie. Mais ayant ôté
la charge de Maître .de fa chambre que polfedoit Mohammed Khouarezm Schah ,
de qui l'on parlera dans le titre qui fuit immédiatement, & en ayant pourvu.
Alp Argoun, il fit encore une autre faute qui ne lui fut pas moins préjudi-
ciable, qui fut de. chaflTer Fakhreddin kafchi fon Vizir pour mettre en fa place
Aboulnegib. : h Ù f
Ces deux grands Officiers fe trouvant difgraciez s'unirent très- étroitement en-
tre eux &; complotèrent le retour de Mohammed , lequel ne fe pouvoit faire
fans la dépofition de Soliman Schah. Cependant, ils n'oferent l'entreprendre de
vive force, parce que la Milice paroiflx)it trop attachée au nouveau Sultan. Ils
concertèrent donc enfemble une rufe qui leur réiiflit mervcilleufcment bien,
Mohammed Khouarezm Schah dit à i^ fœur qui étoit femme du Sultan, com-
me un fort grarid fecrct , qu'il s'étoit formé une conjuration contre le Sultan
fon mari pour le rappel de Mohammed fon neveu , laquelle devoit éclorre la nuit
même dans laquelle il lui parloit , & que l'on devoit fe faifir de fa perfonne.
Le Sultan trop crédule & trop timide, fans examiner le rapport que lui faifoit
fa femme du fecret qu'on lui avoit confié, monta aufîi-tôt à cheval, accompagné
feulement d'un fort petit nombre de fes confidens & prit la route de la Provin-
ce du Mazanderan.
Le lendemain , tout le monde fut bien furprts d'apprendre la fuïte du Sultan.
Les mihces fe fouleverent auifi-tôt contre leurs Officiers , & coururent au Palais
du Prince qu'ils pillèrent, & les Conjurés ne manquèrent pas de faire avertir
au pluflôt Mohammed de ce qui s'étoit paffé.
Mohammed n'eut pas plufi:ot appris la nouvelle de la fuite de Soliman Schah
fon Oncle, qui étoit alfez femblable à la fienne, qu'il fe rendit en toute diligen-
ce à la Ville de Hamadan, & y reprit la place de laquelle il avoit été chaffé. ,
Soliman Schah étant arrivé au Mazanderan, reçut auffi-tôt des avis de toutes
parts par lefquels il connut qu'il avoit crû trop légèrement au rapport que lui
avoit fait la Sultane fa femme. Il voulut donc rétablir fes aff^aires par les fe-
cours que fes amis & fes voifins lui fournirent pour remonter fur fon throne.
Le Khalife Moktafi & l' Atabek Ildighiz joignirent leurs troupes à celles qu'il
P p p p a âvoit
5(S5 M O H A M M E D.
avoit-pu ramiiïbr dans le Mazandéran & s'avancèrent jurques fur les bords cb
fleure Aras ou Araxes. Ce fat-là' qu2 l'Oncle livra bataille à Ton Neveu. Maia
comme ion malîicur le lui voit par tout, il fat entièrement défait (Se contraint dû
faire fa retraite vers Moful.
Le Sultan Mohammed fe trouvant délivré par là viftoire qu'il vcnoit de rem-,
porter contre Soliman Schah , fon principal ennemi , voulut fc vanger du
j^ialifè qui avoit pris la protetlion de fon Oncle. Mais comme il avoit encore
un autre ennemi à craindre qui étoit Melik fchah 1 1 du nom fon propre frère
qui s'étoit fauve du Château de Hamadan, où il avoit été enfermé par les me-'
nées de Khazbek, comme nous avons vu au commencement de ce titre, il fut,
obligé de s'accommoder avec le Khalife, lequel. luy, donna fa propre fille ea
mariage.
Cette PrincefTc, qui fe nommoit Kerman Khatoun, étoit déjà en chemin avec
im fuperbe équipage , & le Sultan Mohammed alloit au devant d'elle pour Té-,
poufer dans la Ville de Hamadan, lorfqu'une fièvre eftique qui le confumoit
depuis quelque temps, l'arrêta tout court & ne lui permit pas de paiTer plus
avant. Ce fut donc fur le chemin de Hamadan qu'il mourut l'an de l'Hegire 554 >,
âgé feulement- de trente deux ans, & qu'il lailîa Melik fchah fon frère, qui ne.
lui furvêquit que de peu de jours, en jouiflTance de fes Eftats.
Ce Sultan a toujours palle entre les Selgiucides pour un Prince très-accom-r
pli, qui pofiedoic toutes les vertus Militaires & Politiques, &,qui fut toujours
grand Protefteur des gens de lettres, de piété & de mérite; en quoy , difent
les Hiftoriens, il fut totalement oppofé à Melik Schah II du nom fon frère.
L'on dit que ce Prince quitta la vie avec un extrême regret, & qu'il voulut,
avant que d'expirer j voir palfer devant lui, comme en revûë, toutes ûs Trou-»
pes, toute fa Cour & tous iks Tréfors, & qu'après avoir confideré toutes ces
chofes, il dit ces paroles: Comment efi; il pofîîble qu'une puiffance aufîî' gran-
de que la mienne , ne foit pas capable de rendre le poids de mon mal plus lé-
ger d'un feul grain, ni de prolonger ma vie d'un feul moment ? D'où il con-
clut en difant ces autres paroles remarquables : Malheureux ell celui qui s'atta-*
che à amafler toutes ces chofes qui le quittent , & qui ne fait pas fon capital^
de celui, en qui toutes clîofesfe trouvent. Khondemir. Tarikh BmakitL Tarik
khozddeh.
MOHAMMED fils d'Arflan Schah. Nom d'un Sultan de la féconde bran-,
che des Selgiucides qui eft furnommée par diflin6lion , des Cadherdiens. Il fuc-, •
céda h fon père & fit mourir ou aveugler tous fes frères pour s'aflTiîrer mieux
de la polfellion de fa Couronne.
Ce Sultan s'addonna fort à l'Aftrologie judiciaire & aima beaucoup les bâti-
mens. C'efl tout ce que Khondemir rapporte de lui» Il régna quatorze ans &
mourut l'an de l'Hegire 551.
MOHAMMED Kothbeddin, flirnommé Khouarezm Schah. C'éft le fixièma
Sultan de la Dynaflie des Khouarezmiens qui- étoit fils de Tagafchkhan que les
Arabes appellent aulîi quelquefois Tagtafch , & que les Perfiens & les Turks
nomment particulièrement, Tekefch, & Tokufchkhan.
Il commença fon règne auffi-tôt après la mort de fon père, l'an $9^ de l'He-:
f ire qui répond à Tannée de J. C. 1199 j ayant abandonné Je fiége de la Villet
MOHAMMED-. <j<59
de Tarfchiz, fituée dans les Montagnes da Khoraffiin, où (on père Tavoit envoyé
pour réduire quelque? rebelles qui s'étoient foulevez en ce pays-là , & fe rendit
promptement en la Ville Capitale de Khouarezm.
Ce' fut dans cette Ville que les grands Seigneurs de l'Etac l'inftallerent fur le
Throne de fes Ancêtres , & lui prêtèrent le ferment de fidélité avec l'hommaf^e
qui lui étoit deu. Cette cérémonie s'appelle dans la langue Perfienne, de la-
quelle les Khouarezmiens fe fervent, boffi zcmin , & roui zemin , c'eft-à-dire ,
le baifement de la terre, &, la face contre terre; parce que félon l'ancien ufage
de Perfc qui dure encore aujourd'huy , l'hommage fe rend aux Souverains en
baifant h terre, ou en la touchant de fon front en leur prefencc.
Les Couriers * furent en même temps dépêchez pour porter dans toutes les
Provinces de ce grand Etat, la. nouvelle du Couronnement, pour ainfi dire, da'
nouveau Sultan, alîn que tous fes Sujets & tous les Princes fes Vaffaux le recon-
nulTent pour légitime héritier & fuccelFeur des Etats de fon père , & qu'ils fa
tinflent prêts pour paroître fous les armes devant lui au premier ordre qu'ils en
recevroient.
La première expédition militaire que le Sultan fit, fut dès la même année 596 j
contre Gaiath eddin & Schahab eddin, tous deux frères & Sultans de la Dy-
naftie des Gaurides , lefquels avoient fomenté les troubles du Khorafl'an & qui
faifoient fouvent des courfes fur les terres du Sultan. Mohammed battit ces
deux Princes en plufieurs rencontres jufqu'à ce qu'étant tous deux morts il
eut l'occafion d'entrer avec une puilî'ante armée dans leurs Etats & de s'en ren-
dre entièrement le Maître,
L'année fuivante qui fik la 597 de l'Hègire ,. Mohammed enflé de l'heureux
fuccez que fes armes avoient eu dès la première année de fon règne , & fe trou-i
vant paifible pofl'elleur non feulement de tout le Khoraflan , mais encore, de
riraque entière , avec l'Etat des Gaurides , entreprit de poufler fes conquêtes
encore plus loin. Khondemir dit en cef endroit qu'il voulut joindre le Touran
avec l'Iran, c'eft-à-dire, tout ce qui eft au-de-là du Gihon ou de l'Oxus avec
les Provinces de l'A fie qui font au-de-çà, &; que ce Sultan poflTedoit déjà. Foyin
fur ceci les titre d'Iran, & de Touran.
Pour cet effet Mohammed afl^embla fes troupes de tous côtes & leva une ar-
mée qui le rendit formidable à tous fes Voifins. Il pafia d'abord le Gihon, &
réfolut d'aller attaquer le plus grand Prince qui régnât dans les Provinces Trant-
foxanes, lequel portoit le nom ou le titre de Kara Khathaï Kurkan. Et pour
venir plus aifément à bout de fon entreprife, il commença la guerfe par le fié^e
de plufieurs Villes qui appartenoient à divers petits Princes qui y commandoient
fouverainement.
Le premier de ces Sièges fut celui de la Ville de Bokhara que Fouroufchi
qui y commandoit, ne pouvant foûtenir l'effort de fes armes, fut obligé de lui
remettre entre les mains. Il fe prefenta enfuite devant la Ville de Samarkande
laquelle obéïffoit alors au Sultan Othman. Ce Prince qui avoit une obligation
très étroite à Mohammed, au lieu de fe deffendre, vint au devant de lui & lui
livra fa place & l'accompagna toujours depuis dans tout le cours de fon ex-
pédition.
Mohammed s'étant afTeuré de tout ce qu'il laifibit derrière lui , s'avança avec
une extrême diligence vers les Etats de Kara Khathaï Ku.-khan. Ce Tartare
ayant eu. avis de la marche de Mohammed, envoya au devant d ■ lui une puii^
P p p p 3 lante
e-jo M O H A MM E D,
fante armée fous la conduite de Tanikou Tharaz, qui ctoit le premier Seigneur
& le plus grand Capitaine de tout le Turqueflan. Les deux armées s'étant trou-
vées bien-tôt en prcfence Tune de l'autre, il le donna dans la même année 597
de THegire une très-fanglante bataille dans laquelle les Fidèles , c'elt-à-dire, les
Khouarezmiens qui étoient Mahometans , demeurèrent vi6lorieux , & les Infidè-
les, c'eil-à-dire, les Tartares & les Turcs Orientaux, furent défaits & prirent
la fuite, lailUmt leur General prifonnier du Sultan Mohammed.
Le Sultan envoya fon prifonnier en Khouarezm pour y porter lui-même la
nouvelle de fa défaite , & ajouta dans cette même année à fes titres celui de
Sangiar qui ell le nom du plus grand Héros de la Dynallie des Selgiucides. Mais
les peuples qui fçavoient que Sangiar avoit autrefois combattu contre les Turcs
Orientaux & les Tartares avec dedivantagc , trouvèrent que le titre de Sangiar
ne relevoit pas affez la puiflance & le bonheur de leur Monarque, & lui don-
nèrent celui d'Iskender thani , c'eft-à-dirc , de fécond^ Alexandre.
Cette grande Viftoire remportée par le Sultan fur les Turcs , & fur les
Tartares , laquelle à été décrite amplement par l'Imam Dhiaeddin dans un Poè-
me Perfien, fit qu'il pouffa encore plus avant fes conqueiles. Car il marcha
vers la Ville d'Otrar , nommée autrement Fariab , Capitale du Turqueflan. li
eut bon marché de cette grande Ville. Car le Gouverneur n'attendit pas que
le fiege de fa place fut formé , il vint en perfonne au devant du Sultan & lui
en prefcnta les clefs.
Le Sultan fort content de fon expédition voulut borner fes conqueiles par la
prife de cette Place. Car après avoir changé le Gouverneur, il retourna triom-
phant dans fes Etats à defîein d'y jouir paifibiement du fruit de fes Vi6k)ires.
îl envoya cependant le Gouverneur d'Otrar qui lui avoit rendu fa Place , pri-
fonnier à Nifchabour , & ofta la vie à Tanikou Tharaz, General de l'armée des
ennemis, qu'il tenoit prifonnier.
Mohammed ne fut pas long-temps en repos chez lui ; car il apprit bien - tôt
après fon arrivée , que les Kara Kathaïens que nous appelions les grands Taita-
res, marchoient pour faire le fiege de la Ville de Samarkande, & il s'étoit déjà
palfé plufieurs rencontres & plafieurs combats aux environs de cette Ville, dans
lefquels les Tartares avoicnt été fouvent battus & n'avoient remporté qu'un
feul avantage. De forte qu'aulTi-tôc qu'ils eurent appris que d'un côté le Sultan
Mohammed venoit en perfonne pour fecourir la place, & que d'ailleurs ils reçu-
rent aufîî nouvelle de la révolte de Kufchlek contre fon pcre l'Empereur des
Tartares, ils abandonnèrent entièrement le delfein d'aflîeger Samarcande qu'ils
■avoient déjà bloquée, & retournèrent chez eux.
Le Sultan étant arrivé â Samarkande peu après la retraite^ des Tartares , y fit
ime reveuë générale de fes troupes, & pendant ce temps-là, les Ambafilideurs
de Kufchlek'le vinrent trouver & conclurent un Traité de paix avec lui. Un
des Articles de ce 'i raité portoit , que fi les Troupes du Sultan entroient les
premières dans le pays du Kurkhan , ou Empereur des Tartares, & pouvoient
fe faifir des Villes de Kafchgar & de Khotan , ces mêmes Villes avec toutes
leurs dépendances lui demeureroient en propre ; mais que fi au contraire celles
de KufchLk, qui s'étoit, comme l'on a déjà dit, révolté contre l'Empereur fon
père, le prevenoient & fe rendoient Maiîlres de la campagne, tout Je pays du
Kurkhan fon père qu'il occuperoit , reflieroit fous fon obéïflance depuis les
confins de Samarkanie jufqn'au fleuve de Benaket, ou Asbaniket, qui coule bien
avant dans lé Turqueflar. , & qui fe décharge au Nord-eil de la mer Cafpienne.
iiufch'
MOHAMMED. 671
Kufchlek attaqua le premier les Etats de fon père, & vainquit d'abord; mais
il fut battu dans la fuite. Le Sultan de fon côté étant entré auflî dans les
Etats du Kurkhan , y auroit fait fans doute de grands progrès fans la trahifon
d'un des Chefs de fes Troupes , nommé Esfahid Keboudkhaneh. Cet accident
fâcheux qui lui amva au milieu du combat, le mit dans un fort grand danger,
& fit que fon armée étant atfoiblie par la defertion de ce Capitaine & d'une
bonne partie de fes Troupes, il ne put pas fe rendre maiftre du champ de ba-
taille qu'il fallut partager avec fes ennemis.
Après un combat fi douteux, chaque armée fut obligée de piller & de rava-
ger chacune de fon côté fans quitter leur poile, & cependant la méfiée fut fi
gi-ande, que le Sultan fut obligé de prendre l'habit de Tartare, pour percer au
milieu de fes ennemis & pour rejoindre les fiens.' Auflî-tôt qu'il s'y fufl ren-
du, il fit fonner la retraite & rcbroulfa chemin jufques fur les bords du fleuve
de Benaket , d'où' il dépêcha des Couriers dans fes Etats pour y porter les
nouvelles de fa fanté & de fon retour. Il marcha enfuite à petites journées
vers le Khouarezm, & il ne fut pas plûtoft arrivé dans fa Capitale, qu'il fipara
fon armée fort fatiguée d'un fi long voyage & luy affigna des quartiers de
rafraîchilferacnt.
Le Sultan Mohammed employa les années fuivantes jufqu'en celles de 611 à
policcr fes Etats. Mais le repos fit qu'il s'abandonna à la débauche, de forte
qu'un jour étant encore plein des fumées du vin , il commanda que l'on fift
mourir Mag'deddin A! Bagdadi , contre lequel il avoit conçu quelque chagrin.
Cet homme étoit fort refpefté par les Mufulmans pour fa doétrinc & pour fa
pieté, & avoit eu aifez de fermeté pour lui reprocher quelques-uns de fes ex-
cès. Le Sultan étant revenu de l'emportement que lui avoit caule fon yvrelfe,
fe repentit de fa faute, fit bAtir un fuperbc fepulcre à ce Sche'ikh, & envoya
à Nag'm-eddin fon fils une fort grolfe fomrae d'argent, pour le conibler delà
mort de fon, père. Mais Nag'meddin refufa courageufement ce prefent , & fo
contenta du refpecl que le Sultan & tous les autres Mufulmans à fon imitation
rendirent au fepulcre de fon père, qui a pafle toujours depuis pour un des Saints
du Mufulmanifme.
Cette même année 611 , Tageddin Ildiz, qui pofil'doit la plus grande partr'e
des Etats que Sehahabeddin , Sultan de la Dynaftie des Gaurides , avoit laiifez ,
étant mort, le Sultan Mohammed apprit qu'un des Efclaves d'Ildiz avoit pris fa
place, & prétendoit jouir de fa fucceflion.
Cette nouvelle fit prendre au Sultan la refolution d'envahir ces Etats qu'il
muguetoit depuis long -temps, d'autant plus qu'il fçavoit que Schahabeddi ~ &
Ildiz avoient amaffé de riches trefors. , Il marcha donc avec toutes fes Trou-
pes du côté de Gaznah, Ville Capitale des Gaznevides & des Gaurides. Il ne
lui fallut que m.archer pour vaincre. Car l'Efclave qui s'étoit porté pour héri-
tier d'Ildiz fut auiîl-tôt abandonné des fiens, & le Sultan entra triomphant dans
la Ville de Gaznah , où il prit poiTeffion des Provinces & des Ti'efors de la fuc-
ceflion de Mahmoud, fils de Sebekteghin, duquel les riclieflès étoient immenfes,
comme on peut voir dans fon titre particulier. - '
Ce fut parmi les Treibrs & dans les Archives de Sehahabeddin que le fultan
Mohammed trouva les Patentes que^ le Khalife Nafier avoit envoyées à ce
Prince, & la lecture qu'il en fit l'irrita tellement ■ contre le Khalife , qu'il en
Gonceut le defTein de le faire dépofer. Ces Patentes, qui donnoient à Schrlia-
beddin
6^^ MOHAMMED.
bedJin des Titres & des Eloges magnifiques , rexhortoient auHî à faire une vive
guerre aux Kiiouarezmiens qui étoient déclarez ennemis du Khalifat.
Mohammed, pour fe vanger du Khalife Naffer, convoqua l'an 614 de l'He-
gire tous les Imams & Do6leurs principaux du Mufulmanifme , qui étant aflem-
blez en plein Concile, ou Conciliabule, déclarèrent unanimement que le Kha-
iifat, c'eft-à-dire , le Vicariat ou fouverain Pontificat de la Religion Mufulman-
ne appartenoit de plein droit aux defcendans de HoulTaïn , fécond fils d'Ali ,
dernier Khalife de la famille de Mahomet , & que les Abbaflîdes avoient ufurpé
fur eux cette dignité. Cette aflemblée ajouta , que la famille des Abbaffides
s'étoit rendue indigne de cette dignité , non-feulement par l'ufurpation qu'ils en
avoient faite; mais encore, par plufieurs autres tranfgreflîons de la Loy qu'ils
avoient commifes, & par plufieurs guerres qu'elle avoit fufcitées injultement en-
tre les Fidèles.
Après que l'Affemblée eut publié cette déclaration & fait la dépofition folem-
nelle de NalTer , elle délibéra fur le choix que l'on devoit faire d'un nouveau
fujet pour remplir cette place, & après plufieurs conteftations , tous convin-
rent enfin d'élire Alaeddin, furnommé M Malek Termedi. Ce perfonnage fut
donc élu, publié & reconnu pour Khalife des Mufulmaris dans toute l'étendue
des Etats foûmis au Sultan, & par fon crédit, dans tous les autres qui n'étoient
pas fujets immédiatement à Nafîer.
Le Sultan Mohammed fort fatisfait du fuccés de fon entreprife , accompagné
de fon nouveau Khalife & fuivi d'une puillante armée , s'avança vers Bagdet
d'où il prétendoit chafler Nailer pour inftaller Ala eddin en fa place. Mais
les neiges, qu'il trouva dans les montagnes fur fa route , incommodèrent telle-
ment fon armée , & lui fermèrent fi bien les pafi^ages en plufieurs endroits,
qu'il fut obligé de retourner fur fes pas avec une perte très-confidérable de fes
Troupes. Il auroit cependant pourfuivi fon defl^ein dans une faifon plus favora-
ble, fi l'irruption que les Tartares conduits par Ginghizkhan, firent au même
temps dans fes Etats , ne lui en euft ofté entièrement la penfée. Car l'on vit
alors clairement, fuivant ce que difcnt les Hilloriens Mufulmans, que Dieu vou-
lut punir par les Tartares , ce Sultan , du Schifme qu'il avoit fufcité dans le
MufulmaniiÛTîc.
En effet , cette irruption foudaine des Mogôls ou Tartares dans la Perfe , pré-
cipita le Sultan Mohammed du plus haut point de la puiffance où fa valeur &
fa bonne fortune l'avoient élevée dans le plus profond abyme de la mifére, &
vérifia le Proverbe Arabique: Edha tamm icheï vafa nacfoho, c'efl-à-dire , lorf^
qu'une chofe efl arrivée au comble de fon élévation, elle commence aufR-tôt à
s'abaifi!er ; & cette fentence Perfîenne : Que la Fortune ravit fouvent avec
promptitude & avec violence ce qu'elle femble avoir donné avec empreffement.
L'origine de cette décadence du Sultan Mohammed , fuivant le rapport de
Mirkhond & de Khondemir , fut telle. Ginghizkhan ayant fait partir de fon
Camp un Perfonnage confidérable , nommé Ahmed Al Giondi pour efcorter
une Caravane nombreufe de Marchands qui devoit negotier en Perfe , & en
rapporter les plus prétieufes marchandifes de ce riche pays, cette Caravane prit
fon chemin par Otrar , Ville principale de la Tranfoxane qui appartenoit au
Siiltan Mohammed, comme nous avons déjà vu.
Il fe trouva pour lors dans Otrat un Gouverneur, nommé Anialhak, Turco-
rtan de nation , lequel ayant été nourri parmi les Efciaves du Serrail de la
Reine,
M O H A M M E D. 5^^-
Reine, merc da Sultan, s'étoit avancé pu- la faveur de fa Mai (IrefTe dans los
charges de la Milice, & étoit parvenu jufqu'au Commandement de cette impor-
tante Place. Cet homme, pour cacher la bailclfe de ion Origine, avoit chm-é
de nom & fc faifoit appeller Arekhani. Mais nonoblhnt ce changement, {^s
jnœui-s & fa conduite le faiibicnt toujours aiT^z connoiilre pour ce qu'il étoit.
Ce Gouverneur aj^ant fçu qu'il étoit arrivé dans fa Viile une riche Caravane de
Marchands, & voulant profiter de cette occafion , les fit venir tous en fa pre-
fencc & les interrogea fur pluficurs chefs pou;- les faire tomber dans quelque
piège. Un de ces Marchands qui l'avoit connu dans fa baife fortude en lui
répondant, le nomma, ou à deifein, ou par mépriiè, de fon ancien nom. Le
Gouverneur piqué au vif des paroles de cet Etranger qu'il prenait pour u!:e
efpece d'infulte & de reproche , ordonna aulîî-tôt que tous ces Marchands faf-
fent arrêtez & mis en prifon comme Efpions , prétexte qu'il prit pour exercer
plus aifément fa vangcance & aifouvir fon avarice.
11 dépêcha en même temps un Courier au Sultan fon Maître pour lui faire
fçavoir, qu'il avoit fait emprifonner des Efpions du Camp de Ginghizkhan, qui
é'toient venus déguifez en Marchands pour reconnoîrre fi place ° & pour lui
demander fcs ordres fur la manière dont i! les devoit traiter.
Le Sultan qui fe trouvoit pour lors dans l'iraque Pcrlî^nne, ayant receu leS
dépêches du Gouverneur, tomba juftement dans le malheur duquel les Arabes
parlent dans un de leurs Proverbes qui dit: Edha gia alcadha âraa albalfar, c'eft-
ii-dire, lorfque le Deflin, ou plutôt, le Décret de la Providence, eil arrivé, les
yeux des hommes les plus fages s'aveuglent En effet, il fe troubla fi fort &
vit fi peu clair en cette occafion, que fans conûderer de quelle conféqucnce il
étoit pour lui de ne pas attirer fur fes Eli s h guerre d.'s Mogols & Tart'ares,
il envoya ordre à ce Gouverneur de faire mourir tous ces Prifonnicrs. L'ordre
fut exécuté à la referve d'un Ilul de la troupe de ces Marchands qui trouva le
moyen d'échaper par la fuite, pour porter à Ginghizkhan la nouvelle de tout
ce qui s'étoit pafTé.
Cette refolution prife fi légèrement par le Sultan , donne occafion à fon Hifto-
fîen de dire qu'il n'avoit pas fuivi le Confcil des Sages qui difent, que lorfqu'ÎI
y a deux partis à prendre dans une affaire , i! faut toujours choifir le moins
^dang:reux, & qu'au contraire Ginghi^zkhan, qui étoit, comme dit le même fort
emphat-quemcnt, une montagne de gravité, prit une conduite toute oppoféc.
Car, au lieu de s'emporter, & de prendre fes bottes, & chauffer fcs éperons,
comme dit le même Auteur, fur cette nouvelle, il fe contenta d'envoyer un
Exprès vers le Sultan pour luy demander juftice du Gouverneur d'Otrar.
Le Sultan qui avoit fait la première faute, au lieu de la reparer, tomba dans
une féconde qui fut caufe de fa ruïne entière. Car ne voulant donner aucune
fatisfadion à Ginghizkhan, & fçachant le fujet pour lequel cet Exprès avoit été
dépêché, il différa toujours de jour en jour de lui donner audience, ce qui
irrita telleme'nt Ginghizkhan , qui avoit d'aiileui-s beaucoup d'autres fujets d'êtrs
mécontent de lui, qu'il refolut enfin de lui déclarer la guerre.
Ce fut l'an 615 de l'Hegire , qui répond h l'an 1218 de J. C. que Ginghiz-
khan fe mit à la tête d'une armée compofée d'un nombre prefque infini dj
Mogols & de Tartares , & fortit des confins du Turquefian , femblable à un tor- '
rent impétueux qui ayant rompu toutes les digues qui lui furent oppofées,
inonda en peu de tercps tou:es les Provinces de la haute Afie. Le Sultan de
;.l ToMK IL Q q q q foiî'
(574. - M O H A M M E D.
fon côcc ayant reçu les premiers avis de la marche des Tartares , quitta aufîî-
tôt riraquc Pcrfienne où il ctoit, & s'étant avancé avec la plus grande armée
quil avoit pu ramafTjr, jufques fur les bords du fleuve Gihon, il palîà ce grand
lleuve & arriva jufqaes à la -Ville de Giond dans la Province Tranfoxane.
Il trouva aux environs de cette Ville un détachement de l'armée des Tartares
qui ne lâcha point le pied devant lui. Ces gens difoient n'avoir aucun ordre
de combattre, & le Sultan leur fit dire auffi de fa part, qu'il ne prétcndoit
point rompre la paix avec leur Khan; mais qu'il vouloit avoir le palTage libre
fur des lerres qui lui appartenoient, & marcha cependant droit à eux. Ce petit
corpo avancé, de Tartares qui n'étoient qu'une poignée de gens auprès de l'ar-
mée du Sultan, ne lailia pas de s'oppofer à fon paflage & fit de fi grands efforts
que fans la valeur incomparable de Gelaleddin Mankbcrni, fils aîné du Sultan,
le fuccès <ie ce combat euft été douteux. Mais la nuit étant furvenuë , les
Tartares fe retirèrent en bon ordre jufqu'au gros de leur armée, où ils por-
tèrent la nouvelle du premier choc qu'ils a<^oient foûtenu contre les Khoua-
rezmiens.
Le Sultan étonné de la valeur incroyable de cette petite troupe de Tartares»
qui avoit mis toute fon armée en confufion & en fi grand danger , commença .
h fe délier de fes forces , & crut ne pouvoir pas refiilcr à Ginghizkhan qui
avoit une armée fi nombreufe & compofée de fi vaillans foldats. C'eft ce qui
l'obli'^ea de feparcr fes troupes & d'en diftribuer une grande partie dans les pla-
ces qui défendoient la frontière de fes Etats , & tourna bride auffi-tôt avec le
refte de fon armée du côté de Samarkande.
Le Sultan ayant vu les Habitans de cette Ville fort cmpreflez au travail de
leurs folfez qu'ils creufoient pour fe garantir des Tartares, leur dit par moque-
rie en parlant des Tartares : Si- ces gens que noua avons derrière nous & qui
nous fuivcnt de près, jettent feulement leurs fouets dans ces foffez, ils les au-
ront comblez en un moment. Ces paroles dites alfez inconfidérement firent
perdre le cœur à ces pauvres habitans , aufquels il ne refta plus aucune efpe-
rance de falut , lorfqu'ils le virent repaifer le Gihon , & prendre la route du :
Khorailan.
Ce Prince étant arrivé dans le Khoralfan fut agité de diverfes penfées fur la
refolution qu'il devoit prendre pour pourvoir à fa fureté. La première qui lui
vint dans l'efprit fut de fe retirer aux Indes où il ctoit puilîant , en ayant
conquis une grande partie avec les Etats des Gaurides , comme nous avons vu
ci-deifus. 11 s'avança pour cet eifet jufqu'à la Ville de Balkh , & dépêcha un
Exprès à Khouarezm fa Capitale , pour faire pafler fa mère , fes femmes , fes
enf tiis & ks trefors dans la Province de Mazanderan , pays de montagnes , où
il y avoit plulieurs Châteaux très-forts qu'il croyoit devoir être innacceffibles
aux Tartares.
Mais ce Prince ayant fait peu après reflexion que s'il pafl!bit dans les Indes,
il abandonnoit entièrement la Perfe à fes ennemis, il rebrouflli chemin & vint
.caûip-r auprès de la Ville de Nifchabour, une des principales Villes du Kho-
ralfan. & des plus voiflnes de flraque Perflenne. Ce fut-là que contre fa coû-
.tume, il s'abandonna pendant plufleurs jours à la bonne chère, & aux autres
divertiliemens qui l'accompagnent & qui la fuivent, comme s'il eut voulu dire
adieu à la joye & aux plaiûrs. Car en effet, il n'en goûta plus depuis ce temps-
MO H A M M E D.
^fs
là, & tout ie refle de ùi vie né fut qu'un ti/Tu d'accidens déplorables, quffur- '
venant coup fur coup & fins aucun relâche , l'accablèrent enîîn entièrement.
Ce fut au milieu des pafîe-temps de Nifchabour, que Mohammed apprit que
Sanbat , qui commandoit l'avantgarde âes Tartares , avoit déjà pair(î le Gihon <k
s'avançoit à grandes journées dans- le ithorailàn. Cette nouvelle l'épouvanta de
telle fort^, qu'il leva incontinent fon camp & partit avec beaucoup de précipi-
tation pour gagner la I*rovind€^ d'Iraque. Mais comme il avoit toujours les
Tartares à fes troulTes, il fc trouva pourfuivi fi chaudement qu'il fat obligé de
fuïr de Province en Province , jiifqu'à ce qu'il fut fur les bords de la mer
Cafpienne, & il ne fe trouva point en fureté que lorfqu'il eut pafTé dans une
des Ifles de cette Mer , qui porte le nom d'Abgoun. Car ce fut alors que
les Mogols & Tartares perdirent entièrement fa pille (k cefferent de le pour^
fuivre.
MoMmmed ne trouva pas véritablement dans cette Iflc aucune confolation à
fes maux 5 mais au moins, il y joiiit pendant quelque temps du repos qui lui
étoit neceiïaire après de fi loiigs travaux. Mais enfin , les Tartares ayant eu
connoilfance du lieu de fa retraite , il fut encore obligé de palfer dans une
autre Iflc plus Occidentale où il étoit moins connu. Mais ce fut-là qu'il rcceut
une nouvelle qui lui caufa la plus cruelle afiliftion qu'il étoit capable de relU^n-
tir en toute fa vie. Ce fut celle de la prife de fa merc , de fes femmes , de
fes enfans & de fes threfors que les Tartares avoient faite , en obligeant le Châ-
teau imprenable d'Ilâl de fc rendre entre leurs mains, faute d'eau.
Cette Place étoit fîtuée dans les montagnes du Mazanderan & pafibit pour la
plus forte de tout le pays, & Mohammed y avoit envoyé tout ce qu'il avoit
de plus prétieux au monde. Les Tartares qiii fiifoient enquête du Sultan, paf-
faut par ces quartiers-là, apprirent que ce Prince y confervoit ' fés trefors, &
ne manquèrent pas aufli-tôt de prendre la refolution de l'attaqUer ; & à peine
en avoient-ils commencé le fiege , qu'il arriva un malheur imprévu. Car les
cifl:ernes s'étant taries , l'eau y manqua tout d'un coup , ce qui de mémoire
d'homme, ne s'étoit point encore vu.
Les AŒegez réduits à une fi grande neceffité, furent donc obligez de fe ren-
dre pour ne pas mourir de foif , & ne furent pas plutôt fortis de la Place &
rendus dans le camp des Tartares , que pour furcroic de douleur , il tomba
auffi-tôt une û grofie pluye, qu'elle remplit non-feulement toiites les cifternes;
mais fit encore regorger fes eaux de telle forte, qu'il en fortit comme un tor-
rent par la porte du même Château.
La perte irréparable que fit le Sultan en cette occafion , lui caufa une dou-
leur mortelle qui le mit au tombeau le 22 du dernier mois de l'année Arabique
nommé Dhoulhigiah , l'an de l'Hegire 617 , qui étoit celui du Cycle duode-
naire , auquel les Mogols ou Tartares , donnent le nom d'Ilan , ou Serpent.
Aiiifi finit fes jours un des plus puilîans Monarques de tout l'Orient, lequel ayant
pofiedé de fi grands Tréfors , manqua à fa mort d'un linceul pour être enfeveli ,
en forte qu'on fut obligé de l'enterrer dans fes propres habits.
Les Tartares s'étant rendus Maîtres de tout ce qîi'ils trouvèrent dans le Châ-
teau d'Ilal , envoyèrent ce riche butin à Ginghizkhan , qui d'abord fit mourir
tous les enfans mâles du Sultan & fit prefent de fes femmes & de fes filles aux
Grands de fa Cour entre lefquels il les difiiribua. Il n'y eut que fa mère que
•ce Tartare épargna & à laquelle il fit quelque honneur. Car il la fit revêtir
Qq qq 2 d'un
Cje MOHAMMED. •
d'un habit de deîiil & la renvoya chez elle en coûte liberté. Mais la foule cle
ceux qui avoient la curiofité de lavoir, avant, qu'elle partît, fut fi grande, que
f^te d'efcorte elle fût étouffée dans la preffe..
Le Sultan Mohammed eut pour SuccelFeur fon fils aîné Gelai eddin Mank^
berni félon les Hiftoriens de Perfe. Mais Ben Schohnah, qui parle de lui dans
fon Hiftoire Arabique, en l'an 628 de THcgire, dit qu'il portoit le furnom de
Sekfi î & i^ous donne la Généalogie de Molmmmed foa père en la manière
qui fuit.
Mohammed Kothbeddin & Alaeddin , dont le furnom ou titre ordinaire efl
Khouarezm Schah , étoit fils de Takafch, fils d'Arflan , fils de Kutulmifch, fils
de Sebekteghin, qui étoit auffi pcre. de Mohammed fondateur de la Dynaflie
dei Gaznevides.
Il laiffa, fuivant le même Auteur, quatre enfans entre lefquels il partagea les
quatre Gouverncmens généraux de fes Etats. Il donna à l'aîné, nommé Gelai
eddin Sekri, le Royaume de Gaznah, & les Etats qu'il polTedoit aux Indes.
Imlag Schah, le fécond de fes enfans, eut pour fon partage, les Provinces de
Khouarezm, du KhoralFan & de Mazandcran.
Le troifième, nommé Tatar Schah, gouverna la Caramanie Perfique avec les,
Provinces de Kis & de.Makran, qui font les plus méridionales de la Perfe.
Le quatrième, nommé Gour Schah, commandoit dans les deux Iraques Per-
fienne & Babylonienne, qui comprcnoient, la Perfe • haute &. baffe , la Sufianet
«Se la Chaldée.;
Ces quatre enfans joints au Sultan leur perc , avoient chacun leur Garde que
les Mahometans diftribuent ordinairement aux cinq heures qui font defl:inées.
chez eux à la prière, en forte que les quatre fi-eres faifoient chacun leur garde
pendant le jour, après que le Sultan avc)it fait la fienne au lever du Soleil. C'eft
cette première garde ou Veille , qui porte le nom d'Alexandre le grand , &
dans laquelle l'on comptoit vingt-fept Rois ou Princes, qui étoient tous Tribu^
taires de ce Sultan,, f^'oyez le titre.de Gêlal eddin.,
MOHAMMED Ben Abdalrahman , Ben Hakçm. Ceff Mohammed, fils
d'Abdalrahman , fécond du nom & petit-fils de Hakem , cinquième Khalife des
Arabes en E{].-)agne de la race des Ommiades...
11 fucceda à fon père l'an 238 de FHegire , & mourut l'an 273 qui répond
à l'an de jefus-Chrill 885, âgé de foixante ans. Ce fut fous fon règne que la.
Ville de Tolède fe révolta; mais elle retourna à fon obéïïfance , l'an 245, année,
remarquable par la dcfcente des Normans en Efpagne & par les grands. raviiges
qu'ils- y firent.
Ce Khalife entra dans la Navarre qui s'étoit confervée jufqu'aîors contre les
Maures ou Arabes, & il ruina, entièrement tout, le terroir de la Ville de Pam-
pelune. Mais , il , ne put pas s'établir dans ce Royaume qui demeura toujours
entre les mains, des Chrétiens. Il eut pour Sueceffeur Al Mondir. ..
Un autre Mohammed , fils de Habeth , Prince Arabe en Efpagne , qui préten-.
doit être de la même race desJDmmiades , s'étant rendu Maître de la Ville de
Seville, & fe voyant attaqué par le Roy Alphonfe l'an 477 del'Hegire, appeîla
les- Marabouts, ou Al Moravides d'Afrique en. Efpagne. ^oysz le titre de Mo-
rabeth,. ou Morabethoun».
MOHAMMED
MO H A M M E D. 577
MOHAM'MED- Ben Biizmk umid. C'efl: le nom du troifième Prince delà
Dynaftie des Ifmaeliens de l'Iran, c'eft-à-dire, de ces Princes impics & fcelerats
qui regnoient dans la haute Perfe & qui font les mêmes que nos Hilloriens ont
appelles, les Aflaffins. l^oyez le titre d'Ifmaelioun.
Mohammed, fils de Haflan, efl le cinquième Prince de. la même Dynaftie.
MOHAMMED Ben Kelaoun. C'eft le nom d'un des Sultans Mamelucs
d'Egypte de la race Turquefque , lequel fucceda à fon frère Khalil. Il porta
le titre d'Aï Malek Al Nafler , mais feulement pendant un an. Car il fut dé-
pofledé à caufe de fon bas âge , n'aj'ant pas encore atteint, fi dixième année , Tan
de l'Hegire 694, & de J. C. 1294.
MOHAMMED Khodabendeh. C'eft le nom propre du douzième Sultan
des Mogols fucccfteurs de GinghizI^Iian , qui étoit fils d'Argounkhan ; mais com-
me il eft plus connu fous fon nom Tartarc d'Algiaptou , l'on a parlé de lui
fous ce titre.
MO H AMME D Khodabendeh, Ben Thahamasb , furnommé , Al Zarir, c'eft-
à-dire, l'aveugle. C'eft le fils de Schah Thamas, Roy de Perfe. Il étôit Gou-
verneur de la Province de Khorallan , lorfqu'Ifmael fon frère aîné qui avoit
fùccedé à Thahamasb, mourut.
Ifmael, qui étoit le fécond du nom, Roy de Perfe de la famille des Sofis,
ayant fait mourir tous fes frères, épargna celui-ci, parce qu'il étoit aveugle,
de forte qu'il l'eut pour fuccelfeur l'an 985 de l'Hegire.
Mohammed Khodabendeh fit la guerre quelque temps à Amurat , Sultan des ■
Turcs & fut battu en plufieurs rencontres & perdit la Ville de Tauris , où les
Turcs bâtirent un Château qu'il affiegea en vain, & qui ne fut repris que par
Schah Abbas fon fils. Il mourut après un règne de fix ou fept ans l'an 993
de l'Hegire, & laifla pour fuccefleur un fils, nommé Schah Abbas, qui com-
mença fon règne l'an de J. C. 1585. C'eft ce Schah Abbas, qui s'eft rendu fi
célèbre dans nos Hiftoires dès le commencement du fiècle courant , & duquel
nos Voyageurs, & entre autres Pietro délia Valle, nous ont laiflTé de fort am--
ples Relations.
MOHAMMED Sultan Ben Gihanghir, Ben Timour. Ce Sultan étoit fils
de Gihanghir & petit- fils de Tamerlan. Il fut envoyé par fon père Gihanghir,
jufqu'aux derniers confins de fon Gouvernement, c'eft-à-dire, par-delà le fleuve
isihoun, ou laxartes, en tirant vers fOrient pour y tenir en bride les peuples
qui s'y mutinoient, félon le rapport d'Ahmed Ben Arabfchah dans fon Hiftoire,
intitulée Akhbar Timour, ou Hiftoire de Tamerlan.
MOHAMMED Mirza, ou Mohammed Sultan. C'eft un des enfans de Baï-
fankor , fils de Schahrokh, fils de Tamerlan. Il avoit deux frères, dont l'un
portoit le nom d'A'laeddoulat, & l'autre, celui de Babor, ou Babur. Ces trois
frères eurent plufieurs démêlez enfemble pour la fucceffion de leur père & de
leur ayeul, dans lefqueJs enfin Mirza Mohammed Sultan fut tué dans une ba^
UiHe qu'il livra à Bahor , l'un de fes frères.
r .' " ' ■■ Qqqqs Mohammed,
C-j^ MOHAMMED.
MOHAMMED Mobarezeddin , &, Mohammed Modhaffer. Voyez le titre
des ModhafFeriens , Dynaftie ou race de Princes qui regnoient en Perfe , qui
fut enfin abolie & exterminée par Tamerlan.
MOHAMMED Beg. C'efi: le nom d'an Sultan de la Dynaftie des Tur-
comans, nommez Koïnlus, c'eft-à-dire , du mouton blanc. Il étoit fils de jofef
& petit-fils de Hafian Al Thauil, c'efl:-à-dire , de Haffan le long, que les Turcs
appellent Uzun Haflan , & nos Hiftoriens Uzum CafTan, Il eut aulîî un frère
nommé Alvend Beg , & ils régnèrent tous deux fucceflîveraent , mais Moham-
med ne régna qu'un an dans la Ville d'Iezd & fes dépendances dans le Khoraf-
fan , & fut tué auprès d'Ifpahan par Morad Beg , autre Prince de la même
famille qui lui faifoit la guerre. ,
MOHAMMED, furnommé Sarbedal , ou Sarbedar. C'efl le nom d'un
Scherif , ou Defcendant d'Ali qui étoit le Chef d'une efpece de Vagabons &
gens fans aveu, qui s'étoient rendus Maiftres de la Ville de Scbzvar & de quel-
ques autres en Khoraffan. Ce perfonnage qui fe fiiifoit encore appeller Seïd
Mohammed , s'éroit acquis cependant une très-haute réputation dans tout le
pays , par fa probité , quoyqu'il fut le Chef d'une troupe de Bandouillcrs qui
ne fubfifloient qu'aux dépens de leurs voifins. Car le nom de Sarbedal , ou Sar-
bedar , dont on peut voir le titre particulier , fignifie proprement ceux que
les Arabes appellent, Dagàr, & Thafchar, qui font des gens qui vivent de la
manière que nous les avons décrits.
Lorfque Tamerlan entra dans la Province de KhorafTan , il voulut voir cet
homme qui avoit acquis une fi haute réputation. Il lui fit un fort bon accueil,
fe leva devant lui & l'embralïa, & lui dit, qu'il n'étoit venu en ces quartiers-
là que pour le voir; de forte que, bien loin d'être maltraité par ce Conqué-
rant , comme il l'apprehendoit , il fut renvoyé chez lui comblé d'honneur &
de prefens.
MOHAMMED Schah, Ben Bchram Schah , Ben Togral Schah. C'efl: un
Sultan de la Dynafiie des Selgiucides de la féconde branche , que l'on nomme
ordinairement, des Cadherdiens.
Ce Sultan ne fut pas plutôt élevé fur le thrône, qu'il fe vit attaqué par Scl-
giukfchah fon parent. Cette attaque imprevcuë l'obligea d'avoir recours à Arflan,
fils de Togrul, Sultan de la première Dynaftie de la même Maifon des Selgiu-
cides. Ce Sultan lui accorda là protection & lui donna un fecours fi confidéra-
ble, qu'il défit entièrement, & mit en fuite Selgiukfchah fon ennemi. Il arriva
cependant , que Malek Dinar , qui étoit de la race d'Ali & un des Chefs , com-
me le Tarikh Khoziddeh le dit, du peuple choifi, entra avec une armée Tan
de l'Hegire 583, dans le Kerman, qui efi; la Caramanie Perfienne où les Cad-
herdiens regnoient, & s'en rendit le Maifl;re. Mohammed fchah ne fe trouvant
pas en état de refiller à ce nouvel ennemi qui l'avoit furpris , fut obligé d'aban-
■donner fes Etats , & ce fut en fa perfoune que finit la féconde branche des
Selgiucides.
MOHAMMED fchah Ben Hegiag'. C'efl le nom du neuvième & dernier
Sultan de la Dynaftie des Cara CilUiaïens, Foyi^ Jeiîï titre particulier.
MOHAMMED
At O H A M M E D. i^rp
MOHAMMED Schah Ben Cara Jofsf. C'eft le nom du fécond Prince ou
Sultan des Turcomans de la race , furnommée Cara Coïn , c'cft-à-dire , du
Mouton noir. Il fucceda k fon père Cura Jofcf, Fondateur de cette Dynallie,
& régna dans la Perfe l'elpace de vingt-trois ans , à la fin defquels il "fut tué
par Ahmed Hamadani, l'an de l'Hegire 833 félon Khondemir.
MOHAMMED Schamfeddin, C'eft le premier Prince de la Dj'naftie, qui
porte le nom de Molouk Kurt. frayez le titre de Schamfeddin.
MO FIA M MED Khan Ben Baïazid Khan. C'eft Mahomet I du nom , cin-
quième Sultan des Turcs Ottomans qui régnent aujourd'huy à Conftantinople.
Il (jtoit fils de Bajazet premier du nom, furnommé Ddirim, ou le Foudre,
qui fut défait & pris prifonnier par Tamerlan. Bajazet av'oit, lorfqu'il fut pris,
cinq enfans mâles, lefqueis fe firent la guerre les uns aux autres pendant douze
ans; de forte qu'il y a des Hiftoriens qui comptent Soliman Chelebi, & Mouf-
fa, deux de ces cinq frères, entre les Sultans Othmanides ou Ottomans.
Mouflli ou Moyfe, défit & tua Soliman fon frère, & Mahomet, qui eft celui
dont nous parlons & qui étoit l'aîné de tous , fit mourir Moulîa & demeura
feul Monarque des Ottomans depuis l'an 816 de l'Hegire, jufqu'en 824 & de J. C.
142 1 , qu'il mourut.
Ce Sultan, que quelques-uns comptent pour le feptième de la famille Ottoma-
ne , après avoir fini les guerres avec fes quatre frères , eut à combattre des
feditieux qui fe fouleverent fous prétexte de pieté & de Rehgion. Car plufieurs
S-ophis & Derviches qui étoient de la Sefte d'Ali , mirent à leur tête le Scheïkh
Bedreddin qui tint bon pendant quelque temps contre les Troupes de Moham-
med;.mais ce Sultan extermina enfin heureufement tous ces révoltez.
Mahomet I lailîa pour fucceft'eur fon fils Amurat, que nous appelions fécond
du nom , & que les Turcs nomment Morad Ben Mohammed.
MOHAMMED Khan Ben Moradkhan. C'eft Mahomet II du nom que
les Turcs furnomment Al Fateh, c'eft-à-dire, le Conquérant par excellence. Il
étoit fils d'Amurat II, & commença à régner feul après la mort de fon père.
Tan 855 de l'Hegire, & fit bâtir d'abord un Château fur le Bofphore de Thra-
ce, que l'on appelle vulgairement le Canal de la Mer Noire , pour avoir le
pafTage libre en Afie. Car il tenoit pour lors fon fiege à Andrinople.
Il fe prépara enfuite à faire le fiege de Conftantinople, & la prit enfin l'an 857
de la même Hégire, le 29 May de l'année 1453 de J. C. dans la troifième fefte
de la Pentecofte.
L'an 860 de l'Hegire, qui eft l'an 1455 de J. C, il attaqua la Ville de Belgrade,
Capitale de la Rafcie ou Servie. Cette Ville qui étoit confiderée alors comme
le Boulevart de toute l'Europe, fut défendue par Jean Hunniade , Voïvode delà
Tranffylvanie, fécondé du zèle de faint Jean de Capiftran. Jean Hunniade eft
celui que les Turcs appellent Jankous , qui fut père de Matthias Corvin, élu
depuis Roy de Hongrie.
Mahomet fut blefïe dangereufement dans l'attaque de cette place, & fut enfin
obligé d'en lever le fiege le 6 d'Aouft de la même année, jour auquel le Hape
Cal lifte III inftitua & fit célébrer la fefte de la Transfiguration de N. S. en
mémoire & en action de grâce d'une fi vigourcufe défen'fe. Après ce mauvais
fuccès.
68v MO H A M M E D.
fuccès, Mahomet laififa pour quelque tems les Chrétiens en repos. Mais , dè3
l'an 869 de l'Hcgirc , il fe rendit maître de la Bofline , que les Turcs appel-
lent Herzegovinah & Bofchnah Vilaïeti , & dans les années 871 & 872 de Î'E-
pire ou Albanie, qu'ils nomment Arnaut Vilaïeti.
La prife , que Mahomet fit de l'Ifle de Negrepont, fuivnt en 874. C'eft cette
Ifle que les Anciens ont appellée Euboée , & que les Turcs appellent aujour-
d'huy Egribos, k caufe de l'Euripe qui la fépaj-e du Continent de la Grèce, &
c'eft de ce mot Turc corrompu que le nom vulgaire, que nous luy donnons de
Ncgrepont, a été formé.
L'an 878 de l'Hegire , de J. C. 1473 , Mahommet II, accompagné de fes
Crois enfans Muflafa, Bajazet & Gem, palla dans l'Afie Mineure, où les Trou-
pes d'Uzun Halfan ou Uzum Cafian faitbient des courtes jufques aux' environs
de la Ville de Tokat. Cet Uzun HalFan étoit un Prince des Turconftns du
Mouton blanc, qui pollédoit alors non-feulement tous les Etats que nous com-
prenons aujourd'huy fous le nom du Royaume de Perfe; mais encore l'Armé-
nie, la Méfopotamie & une grande partie de la Syrie, & il n'eut pas plutôt
appris que Alahomet marchoit avec un puillant corps d'armée, qu'il refolut d'al-
ler au-devant de luy; en forte qu'ils fe trouvèrent en préfence dans la grande
campagne de Gialderoun , au milieu de la Province de Geneic ou Cappadoce,
dont Amahe eft la Capitale & Tokat dans fon voifinage. Le combat fut très-
fanglant de part & d'autre , & la viâoire long-tems douteufe , mais enfin , Ma-
homet remporta un fi grand avantage, qu'Uzun liaiFan y perdit la meilleure
partie de fes troupes avec un de Ces enfans.
L'an 880, la Ville de Cafa, que les Anciens nommoient Throdojta^ avec tout
le pays de Crim ou de Précop, fut prife par Mahomet, & l'année fuivante le
pays de Cara Bogdan, qui efi: la Moldavie, où ks Troupes avoient été b ttucs
l'an 879, fut entièrement fubjugué, Mais au milieu de tant de viéloires. Ma-
homet ne lailTa pas d'être battu en plufieurs endroits. Car les Troupes de
Matthias Corvin, fils de Hunniade, le battirent en Hongrie l'an 882 , & Jean
Caftriot , que nous appelions ordinairement Scanderbeg , luy fit ik caufa plu-
fieurs pertes en Albanie.
Le fiége de Rhodes, qu'il entreprit l'an 885, ne luy rcu/ïït pas mieux. Mais
cependant il ne laiifa pas de prendre dans la même année la Ville d'Otrante
dans la Pouille, & il fe préparoit pour aller attaquer le Sultan d'Egypte, étant
pafi'é déjà pour cet effet en Natolie, lorfque la mort l'arrêta tout court , l'an
886 de l'Hegire, qui efi; l'an 148 1 de J. C. Bajazet II du nom, qui étoit fon
fi!s, luy fucceda , car fon aîné, nommé Mufiafa , étoit mort avant luy. Le
troifième , nommé Gem , fit beaucoup d'afi^dres à fon frère Bajazet. Mais il
fut toujours vaincu & malheureux, l^oycz les titres particuliers de Bajazet &
de Gem.
Le Sultan Mahomet H n'étoit pas feulement Guerrier; car les Turcs le met-
tent au nombre des plus fçavans Doéleurs de leur Religion, & il airaoit fi fo3t
tous les Gens de lettres , qu'il aflîfl:oit en perfonne à leurs conférences & à
leurs difputes , diflribuant des prix de grande valeur à tous ceux qui exccî-
"îloient, ou dans l'Eloquence ou dans la Poëfîe. Il n'étoit pas même ignorant
dans l'Hifloire Grecque & Latine , & il fit traduire en Turc plufieurs de nos
Livres , dont nous trouvons. encore des verfions en Langue Turque, qui luy
font dédiées.
MOHAMMED
M 0 H A M M E D. 5»,
MOHAMMED Khan, Ben Morad Khan. C'cfl encore le nom de Maho-
met III du nom, fils d'Araurat III, Sultan des Ottomans, qui commença fon
règne l'an 1003 de l'Hegire , en faifant étrangler tous les frères , qui furent
portez en terre en même tems que leur père. Il régna neuf ans , & mourut
l'an de l'Hegire 1012, c'eft-à-dire , en l'an 1603 de J. C. Comme le règne
de ce Prince a fini dans ce fiècle , & qu'il efl alfez connu par nos Hiftoriens
modernes, l'on n'en dira pas ici davantage, non plus que du fuivant.
MOHAMMED Khan, Ben Ibrahim Khan. C'eft Mahomet IV, qui com-
mença à régner l'an 1648, après que fon père eût été étranglé. Il efl le XIX
Sultan des Ottomans. Il affiégea Vienne en 1683 ; mais non pas en perfonne,,
dans le mois de Juillet, & fut obligé de le lever le 12 Septembre , & enfin,
il a été dépofc & Soliman fon frère luy a fuccedé.
MOHAMMED Ben Abifiarour, furnommé Al Sadiki. C'efi: l'Auteur d'un
Livre intitulé Raoudhat alzahiat , c'eil-à-dire , le Parterre agréable. C'efl une
efpèce de Florilège. Foy^z Sadiki.
MOHAMMED Ben A'bdalkerim. C'efl le nom d'un Doéleur de la Seflè
d'AfcharL II étoit natif de la Ville de Schchcreftan , de laquelle il prit le fur-
nom de Schehereflani. Foyez ce titre.
. MOHAMMED Ben A'bdallah, Ben Saracd Al Esfahani. C'efl le même
qu'O'mad Al Kateb. Foyez ce titre.
MOHAMMED Ben A'bdal Khalek, Ben Milarouf. C'efl l'Auteur du Li-
vre intitulé Keniz allogat, c'efl-à-dire, Tréfor de la Langue Arabique. Cet Au-
teur efl nommé Al Ghili & Al Ghilani , à caufe qu'il étoit natif ou originaire
de la Province de Ghilan fur la Mer Cafpienne.
MOHAMMED Ben Ahmed. C'efl l'Auteur d'un Ouvrage intitulé BoIgaC
allogat, qui efl un Diftionnairc Arabe, Perfan, Turc & iVJogolien.
Mohammed Ben Ahmed, furnommé ou qualifié Al Mokri , c'ell-à-dire , le
On lui attribue
tieufes. Le fécond porte le titi-e de Tohfat alalbab, c'efl-à-dire , Préfent fait
aux Gens d'efprit ; & le troifième celuy de Megeles Mahaffen alâthâr , c'efl-à-
dire, Converfations agréables. Ces deux derniers Livres traitent aufli à-peu-près
le même fujet.
MOHAMMED Ben A'bdalrahman. C'efl le nom d'un Perfonnage que les
Jurifconfultes Mufulmans citent dans leurs décifions , fous le nom de Moham-
med Ben Abi Leïli, & les Traditionnaires fous celuy de Mohammed Ben A'b-
dalrahman.
MOHAMMED Ben CafTem , Ben Jakoub. C'efl le nom d'un Dofteur
qui naquit l'an 864 de l'Hegire dans la Ville d'Amafie en Natolie , & qui finit
fes études de la Loi îklufulmanne en 888 dans TEcôle d'Ahmed Ben A'thaalla,
Tome IL R r r r fur-
CH MO H A M.M t tr/
furnomme Al Crimi. Nous avons de luy un Livre aiTez connu, qu'il a intîtu.
lé Raoïidh alakiiiar, c'eft-à-dire, les Jardins des Gens de bien, qui eft propre»
ment un Abrégé du Rabî alabrar. i^oyez ces deux titres.
Il y a un autre Mohammed Ben CalFem, Ben O'kaïl, que le Géographe Par-
fien dit être le. Fondateur de la Ville de Schiraz en Perfe. :
MOHAMMED Demefchki. Cefl le nom d'un Poëte illuftre , qui vivoit
du tems de Fadhel, fils d'Iahia le Barmecide. . Voyez le titre de Fadhel.
MOHAMMED EenEdris. Cefl le nom du célèbre Dofteur & Imam
Schafèï. Foyez le. titre de Schafêï.
MOHAMMED Ben Giaber Ben Senan. C'eft le nom d'un grand Philo-
fophe & Mathématicien, qui nous efb connu fous, le nom de Geber. Foyez \qs
tkres de Bothani & de Harrani , qui font les furnoms de ce Dofteur , à caufe
qu'il étoit natif de la Ville de Bothan , voifine de celle de Harran en Mcfopo-
tamie , pays des Sabiens , du nombre defquels Geber étoit. , Foyez aufli le ti-
tre de Sabi.
MOHAMMED Gazali. C'eft le nom d'un fameux Dofteur Mufulman y
qui fut furnomme Hoggiat Aleflam. Foyez le titre de Gazali.
■-•MOHAMMED Ben Hafîlin. C'ell l'Auteur d'un Commentaire fuT; le Gia-
mê alkebin Foyez le titre de Giamê. . lA hraiOu-
MOHAMMED Ben Iakoub. C'efl l'Auteur du Livre intitulé Camous,du-
âuel on peut voir le titre en fon lieu. Ce Dofleur naquit l'an de l'Hegire
729 & mourut l'an 8r6. II eft furnomme Al Schirazi & Al Firouzabadi , à
caufe qu'il étoit natif de Firouzabad , Ville fituée aux environs de cejle de
Schiraz. .
MOHAMMED Ben Ifmael. Nom d'un Dofteur, qui a compofé un Ou-
vra"-e fort eftimé par les Mufulmans, qui porte le titre de Giamê Sahhi. Foyez
le Titre de Bokhari, qui eft le furnom de cet Auteur.
MOHAMMED Ben Keram. C'eft l'Auteur d'une Sefte particulière, qui
■^orte fon nom. Car on appelle ceux qui en font profeffion Keramioun^ c'eft-
Lure, Keramiens ou Keramites. Ce Docteur eft furnomme Al Zeringi, à cau-
fe qu'il étoit natif d'une Ville de Perfe, nommée Zeringe. ,
MOHAMMED Ben Khoaend , ou Khavend , ou Khond fchah. C'eft le
nom du fameux Hiftorien de Perfe, que nous connoilTons fous le nom de M ir^
Ihond. Voyez le titre de Khoaend.
MOHAMMED Ben Mahboub. C'eft le nom d'un homme que hs Muful-
mans révèrent comme un de leurs Saints. Jafêï a écrit fa Vie dans la trente»
feptième feftion de fon Hiftoire.
MOHAMMED Ben Maktoul. C'eft. le même que Piri Reïs. Foyez cq iki-e,
MOHAMMED
MOHAMMED.
)
! ^^i
MOHAMMED Ben Mahmoud. C'cft le nom propre de Zoudnevis. Foyez
ce titre. Ce perfonnage étoit natif de Bagdad; c'cfl pourquoi il ea furnommé
Al Bagdadi.
MOHAMMED Ben Mohammed, Ben Khouarezm Schah, C'efl le nom de
l'Auteur dn Livre intitulé Hakam alâlamah , c'eft-à-dire , Décifions des Doc-
teurs de la Loy Mufulmanne. Il paroît, par le nom que cet Auteur porte,
qu'il étoit petit-fils du Sultan Mohammed Khouaz'czm fchah , ou au moins de
fes Defcendans.
MOHAMMED Ben MoufTa Al Khouarezmi. Nom d'un grand Aftrono-
me , qui vivoit fous le Khalife Al Mamon , & qui nous a lailfé des Tables
Aftronomiques , qui étoient fort en vogue avant que Naffer eddin eîit compofé
les (iennes.
Il y a un autre Perfonnage, qui porte ce même nom; mais qui eft furnom-
mé Al Gialis , comme qui diroit rArfeireur. Mais ce mot fignifie en Arabe prin^
cipaleraent celuy qui efl admis dans la converfation ou dans la familiarité d'un
autre , de même que Nedim fignifie celuy qui eft admis à la table & dans les
plaifirs de quelqu'un , foit Prince , foit particulier.
MOHAMMED Ben Ràfê. C'eft le nom d'un Saint Mufulman, duquel Ja-
fêi a écrit la Vie. f^oyez l'Article 46 de fon Hiftoire.
MOHAMMED Ravendi. Foyez le titre de Tabriz, qui eft la Ville de Tauris.
MOHAMMED Razi. C'eft le nom d'un Ambafiadeur que Mohammed
Khouarezm fchah envoya autrefois au Khathaï ou à la Chine, peut-être à Gin-
ghizkhan, même avant qu'il fe fût brouillé avec lui.
MOHAMMED Ben Sabâh. C'eft le nom d'un Saint Mufulman, dont Ja.
fèi a écrit auffi la Vie dans la vingt & unième fe(5lion de fon Hiftoire.
MOHAMMED Ben Salam , Al Giamhi. C'eft l'Auteur du Livre intitulé
Thabakat Al Schoâra, c'eft-à-dire, l'Hiftoire ou la Vie des Poètes, réduite par
clafl'es. Il y a un Mohammed Ben Salam , dont Mondheri a écrit la Vie en
particulier.
MOHAMMED Ben Sirin. C'eft l'Auteur des Oneirocritiques. Cet Auteut
a traduit & commenté en Arabe l'Ouvrage d'Artemidore fur les Songes.
MOHAMMED fchah Ben Fanari , appelle auffi Ben Al Hagi & Hafllinza.
deh. Il mourut l'an 839 de l'Hegire , ou, félon quelques Exemplaires, l'an
939 , & a écrit fur un Livre de Jurifprudence Arabique , compofé par Kemaî
Pacha.
MOHAMMED Schamalgani. Foyez Schamalgani.
MOHAMMED Vefa ou Mohammed Ben Abilfeva Kemalcddin. C'eft l'Au-
teur de Hasb alfadat. Livre qui traite des Salât, c'eft-à-dire, de ceux qui def.
cendent de la race d'Ali. Il eft dans la Bibliothèque Royale, n^, 689.
Rrrr 2 MOHAMMEN
^M M O H A M M E N. — M 0 H A V E R A H.
MOHAMMEN Ben Abdalmôthi. C'eft l'Auteur du Livre intitulé Latbaïf
alakhbar , Hilloire générale d'Egypte, qui finit en l'an 1033 de l'Hegire , qui
eft l'an 1623 de J. C.
MO H AND ES, Ce mot Arabe fignifie un Géomètre & un Architefte. Ebn
Al Mohandes , le fils de l'Architefte. C'eft le fiirnom d'Aboulfadhl , Auteur
du Livre intitulé Adouiat almofredat, qui traite des Médiçamens fimples.
MO H AR EBAT. Guerre , combat & bataille. Il y a un Livre Arabe in^
titulé , Moharebat alfolthan Selim mê alfolthan Canfouah Gauri, c'eft-à-dire , Hif-
toire de la guerre que Soliman I , Sultan des Turcs , fit à Canfouah Gauri , que
nos Hiiloriens appellent ordinairement Campfon Gauri , Sultan des Mamelucs
Circaffiens d'Egypte. L'Auteur de' cet Ouvrage efl Ahmed Ben Zènbel , fur-
nommé Al Rammal , c'efl-à-dire, le Géomautien. Ce Livxe fe trouve dans la
Bibliothèque Royale, n'. 833.
MOHAREBL C'ell le furnom d'Ebn Athia. Foyez fon titre
MOHARRAM. Ce qui eft facré & défendu par la Loi. C'eft auffiJe
nom du premier mois de lAnnée Arabique , avant même le Mufulmanifme, &
il eftainfi nommé à caufe qu'il étoit défendu parmy les anciens Arabes, de
fe faire la guerre les uns aux autres pendant le cours de ce mois-:, aufïi-bien quœ
pendant les trois autres mois de Regeb , de Dhoulcâadah & Dhoulhigiah.
Les dix premiers jours du mois de Moharram • font appeliez par les Mahome-
tans Aïam almâdoudat, c'eft-à-dire , les jours comptez, à caufe qu'ils croyent
que c'eft pendant ces dix jours que l'Alcoran fut détaché des Cieux pour être
tommuniqué aux hommes; & le dixième jour du même mois eft nommé A'fchour
& A'fchourah, duquel on peut voir le titre.
■ MOHARRAR. Ce mot Arabe fignifie Libre. C'eft audî le nom d'un Li-
vre intitulé MokhtaflTar almoharrar. Foyez plus bas le titre de Mokhtaflar.
MO H A S C H I. Foyez Bardai.
MOHASSEL afkar almotecaddemin v almotakherin men alhokama almote-
kalleniin, Sentimens des Métaphyficiens ou Dofteurs Scholaftiques , tant anciens
que modernes. C'eft un Ouvrage de P^akhrcddin Mohammed Ben O'mar Al
Razi , ie plus fameux Dofteur Scholaftïque des Mufulmans. Ce Livre a été
commenté par Katcbi, qui. a intitulé fon Commentaire Mofaflel. Il eft dans la
Bibliothèque Royale, n''. 932.
M OH AT S. C'eft une Ville de la Baflxï Hongrie, que les Anciens ont ap.
pellée Afag(7/mw, , Elle . fut prife .&, fortifiée par Mahomet fécond du nom,
Sultan des 'l'urcs. Ce fut auprès de cette Ville que Loiiis II, fils de Ladillas,
Roi de Hongrie, fut défait par Soliman l'an 932 de l'Hegire, qui eft de J. C
1525.
> MO H AVER A H algedaliah. Dîfpute & Controverfe fur la Religion entre
leRaheb Gergis, c'eft-à-dire, le Moine George & trois Mufulmans. Cet Ouvi».
ge fe trouve dans la Bibliothèque du Roy, n^. 153.1. - ,
M.OHL
-^ ]\r O H I. —^ M 0 H I T H. Ç85
MOHI. Vivifiant. Qui donne la Vie. C'eft un des attributs de Dieu, le-
quel les Mufulmans qualifient de Mohi & de Momit , c'eft - à - dire , celui qui
donne la vie & qui donne la mort. Mais en particulier, c'efl: l'attribut que les
plus anciens Grecs & Orientaux ont donné au faint-Efprit, & qui a été inféré
dans le Symbole de Nicée, par le fécond Concile de Lonftantinople.
M O H I A R. C'eft le nom d'un Poëte Arabe , qui vivôit fous le règne ' de
Caïera Beemrillah , XXVI Khalife de la race des Abbaffides , & qui mourut
l'an de l'Hegire 428. Ce Poëte avoit été Mage ou Zoroaftrien de Religion,
&.s'étoit fait Mahometan.
Mohiar étant fort fatj-rique dans fes Ouvrages, le Do6leur Bothan eddin luy
dit un jour agréablement: Sçais-tu, Mohiar, ce que tu as fait, en quittant le
Magifme pour embrafler le Mufulmanifme ? Tu t'es tourné d'un coin de l'enfer
à un autre ; car tu étois autrefois un Adorateur du feu & un Difciple des
Mages, & maintenant tu es devenu le Caiomniateuf des Mufulmans. -
MOHI EDDIN.' Cêluy qui fait revivre & fleurir la Religion. C'eft le
furnom que portent plufieurs Dofteurs Mufulmans, comme Mohi eddin Al Bolc
hari, Auteur des Fetaouu ou Décilions Juridiques de la Loy Mufulmanne, que
l'on appelle vulgairement les Fetfas des Mouftis.
Mohi eddin lahia Al Naouaoui, qui eft Auteur d'une Rcfalat , c'eft- à -dire,
Epître ou plutôt Traité de Métaphyfique.
Mohi eddin ou Mohaï eddin Al Magrcbi , grand Philofophe & Mathématii
cien de Naffer, Sultan d'Halep. Il eft furnommé Al Magrebi, parce qu'il avoit
été nourri & élevé en Efpagne & en Afrique. Il fut fauve du fac de la Viilè
d'Halep par Holagou, qui luy donna la Vie à caufe de fa fcience & l'aflbcia à
Naifer eddin Al Thoufli , pour travailler aux Obfervations qui fe firent dans la
Ville de Maraga , l'an 658 de l'Hegire ; deforte que ce Dofteur a eu grande
part à la compofition des Tables Aftronomiqucs qui portent le titre de Zig'i
Ilekhani. Il y a dans la Bibhotheque Roj^ale, n^. 10:3, un Ouvrage de Mohi
eddin Al Magrebi , qui porte le titre de Schagerat alnômaniat , qui eft l'arbre
Généalogique de la Famille de Nôman, Roy d'Arabie. Cet -Auteur avoit beau-
coup voyagé.
MOHIB EDDLN. C'eft le nom d'un Dofleur qui étoit Cadis de Damas au
teras de Saladin. Il étoit fort bon Poëte , & il fit un Poëmc k la louange de
ce Prince, dans lequel il luy prédit qu'il feroit la conquefte de la Ville de' Hie-
rufalem, dans le mois de Rcgeb, qui eft le fécond de l'année Arabique, t^oyez
le titre de Saladin.
MOHIB EDDIN Al Thabari, Al Meldd. C'eft l'Auteur d'un Livre j
qui traite du Droit Civil & Canonique des Mufulmans, intitulé Gaïat alahkam, -
MOHITH. Eahr Al Mohith. La Mer qui embraffe toute la terre, c'ell-
à-dire, l'Océan. C'eft le titre de plufieurs Ouvrages.
AlBahr Al Mohith, eft le nom du grand Diftionnaire de la Langue Arabi-
que, co.npofé par Mohammed Al Firouzabadî, & qui porte ordinakement le tu
tre de.Camous,, jnot; qui fignifte auffi en Arabe l'Océan.,
R r r r 3 . ïl:î
(585 M QHS EN. MQHTADL
Il y a auflî un antre Ouvrage de Sarakhfi, qui porte le nom de Mohith, &
dont il y a quatre éditions ; la première en quarante volumes ; la féconde , en
douze; la troifième , > en quatre; & la quatrième, en deux. C'ell cet. Ouvrage
qui fait que Sarakhfi porte le titre de Saheb Al Mohith, c'eft-à-dire , l'Auteur
du MohitiL i^oyez le titre de Sarakhfi. ^i,
nrMOHSEN. Ebii Mohfen. /^oye;^ Ebn A'fakelV
"•^MOHTADI Billah Ben Vathek Billah. C'eft Mohtadi, fils de Vathek , qua-
torzième Khalife de la race des Abbaflîdes. Il fucceda à Môtaz Billah, qui avoit
été obligé par la Milice Turque , alors fort puiifante dans la Ville de Samara,
fiëge du Khaîifat, de fe dépofer luy-môme fan 255 de l'Hegire.
Ce Khalife aîmoit fort la juftice , & la rcndoit luy-mêjne en perfonne tous
Jes jours à Tes fujets, fupprimant même une partie des Tributs dont ils étoient
chargez , & fit fleurir en même tems la Religion Mufulmanne , en aboliflânt
l'ufage du vîn, des jeux & des darifes défendues par la Loi.
' II' arrjva dans les premiers jours du règne de Mohtadi , que Mouflli , fils de
Bouga, Turc de nation, Général des armées du Khaîifat, & qui faifoit la guer-
re pour lors à Hafl'an, fils d'Iezid, Chef (\qs Alides , c'eft-à-dire , des Faftieux
& Partifms d'Ali , ayant appris la mort du Khalife Môtaz , qui avoit été tué
après fon abdication , quitta le Camp qu'il avoit près de la Ville de Bagdet ,
& s'approcha de Samara, pour tirer vengeance de ceux qui avoient trempé dans
fa mort.
Cette Déclaration du Général Turc fit peur h. Saleh, fils de Vaflif, Vizir du
Khalife Mohtadi , qui avoit eu plus de part qu'aucun autre dans le meurtre de
Môtaz. Cette crainte luy fit prendre la réfolution de quitter la Cour & de fe
tenir caché pour quelque tems. Mais Aloufia, qui le cherchoit, ayant mis des
efpions en campagne , J'çjit l^ipi^tôt eutre fes mains , & le fit punir de fon
crime. ,, -rtr, :^^■-■■r<,'■ -[^
Sur la fin de la même année 255 de l'FIe.gire, les Zinges ou Zinghiens, peu-
ple de Nubiç, d'Ethiopie & du pais des Çafres, que nous appelions aujourd'hui
Zanguebar, s'étant répandus dans l'Arabie, & de-ià dans l'Iraque Arabique &
dans les environs des Villes de Coufa, de BaflcH-a & autres lieux cii'convoifîns,
fe révoltèrent contre leur Gouverneur , & mirent à leur tête un certain Ali,
fils de Mohammed , qui fe difoit fauffement être de la race du faux Prophète.
Ce Chef de brigands fe fortifia fi bien d'armes & de troupes, qu^il fe rendit
■Maître, non-feuleTnent des Villes de Bafibra & de Ramlah; mais encore de Beau-
coup d'autres Places de la Province d'Iraque ou Chaldée & même d'une partie
de l'Arabie. Il régna quatorze ans , malgré tous les efi'orts que fit le Khalife
pour le réduire à fon obéiifance , & il prit le titre de Saheb Al Zing', c'eft-
à-dire, de Maître ou Prince des Zinges, qu'il tranfmit à plufieurs de fes Suc-
ceiTeurs, qui ont fait .beaucoup d'affaires aux Khalifes, fucceffeurs de Mohcadi.
Quelques-uns ont appelle ces Zinghiens du nom de Rihens ; mais c'efi; pour '
■avoir mal lu la ponftuation des lettres Arabiques , car la figure des lettres du
mot de Zing' eft la même que celle du mot de Rih.
L'an 255, le Khalife Mohtadi voulant reprimer l'infolence de la Milice Tur-
cucfque , -^-'attira tellement leur haine, que Bankial & MoufiTa, fils de Bouga leurs
■Chefs s'étant unis enfemble , la firent révolter contre luy. Le Khalife ayact
i^it
M a I A s s A R. M O K H T A R^ ;,! ^r
fîtt' faîfir d'abord Bankial j le fit punir de fon attentat. Mais cette ' à^fon de
févericé^ au lieu d'appaifer la fédition, ne fit que l'échauffer davantage. Car les
Turcs vinrent ' l'affiéger dans fon propre Palais-, & Je tirèrent d'un^lieu où il
s'éroit cache pour le faire mourir en luy ferrant les bourfes.
, Mohtadi ne régna qu'onze mois , pendant lefquels il exécuta cependant tant
de" grandes chofes ,' -qu'il paflîe pour être entre les Khalifes Abbaflides, ce qu'a-
voit été Omar, fils d'Abdalàziz, entre les Ommiades. Car il ne tiroit du Tré-
for Roj-al que, fort peu de chofts pour fon entretien. Il reforma le luxe de la
C(?ur des Khali'fes , &* abolit uns infinité d'abus qui setoient introduits par la
corruption , ou par la négligence de fes Prédéceffeurs. Khondemir. Ben 6chohnah.
MOIA^SAR. Ebn Moïaffar. C'eft l'Auteur d'un Livre intitulé Tarikh
Mefr ou Hiftoire d'Egypte, duquel Soioutbi fait mention dans .1^ feéfaç^ de la
fienne. d s^-vo^i '.•,-.'
'-MOKHALLES." Sauveur. Les Chrétiens Arabes ^donnent ce titre à Je-
ilis-Chrifl , comme tous les autres Chrétiens font chacun en leur langue priva-
tivement à tous autres. Cependant les Hilloriens Orientaux, tant Chrétiens que
Mahomc'tans, écrivent que Hermès, qui eil fOrus ou le Mercure Trifmegille
des Egyptiens , a été furnommé Mokhalles albafchar , c'cll - à - dire , le Sauveur
des hommes. .
MOKHAMMES II y a un Mohammed, qui étoit fils ou petit- fils dç
Mokhammes Al Zobadi , qui efl Auteur d'un Livre qui porte le titre d'Araâlij
c'eft-à-dire , de Diclées fur des Matières légales du Muiulmanifme.'
- MO î^ H A RE K. C'eft- .le. nom d'un célèbre xMuficien de la Cour du Khal;^
fe Al Mamon. Mokharek & Zulzouî paffent pour les deux plus excellens Mu-
liciens qui ayent vécu fous, le Règne des Khalifes. . Foyez le titre d'Ibrahim ,-
fils de MahadJj .■-Tf-.fio yiCt :-;;;'-: J /'rj.-: if! >]/./
MOKHAREML C'eft le furnora d'Abou Sâïd AI Mobarek Ben Aii \qm
a -été un des principaux Chefs des Sofis, dont l'on peut voir .la fucceffion dans
le titre de Conoui.
MOKHTALEF alefma. La différence des nomg. C'eft. Je titre d'un Ou- ■
vrage de Grammaire Arabique, compofé par Zaraakhfchari.
MOKHTAR Ben Abou O'beïdah. C'eft le nom d'un Arabe qui étoit fur-
nommé Al Thekifi , à caufe qu'il étoit originaire de la Tribu de Thekif On
dit qu'il fut trouvé fous les pieds d'un Eléphant , dans la bataille de Khaïbar
qt^ fe donna fous le JChalifat d'Omar.
Ce' vaillant homme fe mit en tête de vanger la mort de- Houffaïn & de ceux
de la Maifon de Mahomet qui furent tuez à la bataille de Kerbela , & pour ve-
nir plus aifément à bout de fon. entreprife, il fe préva,lut de J'autorité de Mo-
hammed, fils d'Hanefiah, féconde femme d'Ali, qui étoit regardé comme' Je
Chef de cette Maifon, & qui faifoit fa demeure ordinaire à la Mecque.
Il affembh donc, fous le nom de ce Moham.med qui ne voulut pourtant ja- -
îûais prendre le titre de Khalife , beaucoup de Troupes , avec lefquelles il corn- -
battit :
6«S M 0 K H T A R. M O K H T A S S A R.
battit & ■défît tous les Généraux d'Iezid, de Mervan & d'Abdalmalek, tous trok
Khalifes de la race d'Ommie , & fe rendit IMaître de Coufah & de toute l'Ira-
quc Babylonienne , doiît cette Ville étoit la Capitale , & ne pardonna jamais à
aucun de ceux qui s'étoient déclarez ennemis de la famille du Prophète , ni à
ceux que l'on pouvoit croire avoir trempé leurs mains dans le fang de Houf-
faïn ou de les proches; de forte que l'on dit, qu'il avoit fait mourir près de
cinquante mille hommes de ces gens-là, fans compter ceux qui avoient été tuez
dans les combats qu'il avoit livrez.
Mokhtar, après toutes ces Vi6loires, fut enfin défait & tué, fan de l'IIegi-
re 6y, par Maffab, frère d'Abdallah, fils de Zobeïr , qui avoit pris la qualité
de Khalife dans l'Arabie, & lailfa plufieurs cnfans qui fe font fignalez en plu-
ficurs rencontres , de telle forte qu'il y a un Livre intitulé Anouar alathàr fi
fadhl bani Al Mokhtar , qui traite des belles aùlipns de Mokhtar & de fes en-
fans. Foyez le titre d' Anouar.
"MOKHTAR alfetaoui. Le Recueil ou l'Eflitc des Décifions juridiques fe.
Ion les principes d'Abou Hanifah. Cet Ouvrage a été compofé par Gemaled-
din Abdallah Ben Mahmoud, Ben Maudoud Al Balathi. L'on dit de ce Livre
par éloge, falkutub kelouarak v almokhtar keldhahab, c'eft-à-dire , tous les Li-
vres font des feuilles ; mais le Mokhtar efb tout or. Ce Livre ell dans la Bi-
bliothequc du Roy, if. 638 & 639.
Borhancddin , furnommé Al Marghinani , a fiit un pareil Recueil qui eft com*
me un Abrégé du précèdent , duquel on trouve auffi un Abrégé fous le nom
d'Ekhtiar Al Mokhtar.
MOKHTAR Al Sehah.^ C'efl l'Abrégé du Diftionnaire Arabique de Giau-
beri , fait par Ben A'bdalcaher. Ce Livre fe trouve dans la Bibliothèque fie-
yale, n». 1088.
MOKHTAR fil thebb. Livre de Médecine fort eilimé. Ebn Hobal en eft
l'Auteur.
MOKHTAR. Ketab al Mokhtar fi Kefchf alafrar. Livre choifi pour la
découverte des fecrcts. Livre fuperllitieux de Giauberi.
Il y a plufieurs autres Livres qui portent aufïï ce titre , comme celuy de
Mokhtar Aboul Regia, Mokhtar Ben Mohammed Al Zahcdi , &c. l^oyez les
titres des Auteurs , comme auflî ceux d'Aïdon & d'Adib , tirés de Nezam aL
mulk.
MOKHTASSAR. Abrégé. C'efl le titre d'un fort grand nombre de Li-
Très Arabes, dont les principaux font:
MOKHTASSAR aldaoual. Abrégé des Dynafliôs. C'efl l'Hiiloire d'À-
boul Farage, affez connue par l'Edition que Pocok nous en a donnée.
MOKHTASSAR fi akhbar. Hifloîrc générale, compofée par Aboul-
feda , qui nous a donné aulîi une Géographie , fous le nom de Takouim aî-
boldan.
MOKHTASSAR'
M O K H T A s s A R. M O K T A F I. «ap ^
MOKHTASSAR Giamê alkcbir. Voyez le titre de Giamè. Cet Abbregé a
été fait par plufieurs Auteurs dont ks noms font , Al Balefchi , Al Karkhi '^ Al
Thahaoui, &c.
MOKHTASSAR al Moharrar. Règles de Droit, compofées par Rafèï &
abbrégées parMohieddin Al Nauaoui, ou NDUoui. Ce Livre eft dans la Biblio-
thèque Royale, n^. 598.
MOKHTASSAR fi êlm feraïd, Abbregé du Livre .des Succcfllons , félon
les Loix du Mahometifme. Ce Livre des fucceffions .& particulièrement de cel-
les qui viennent du côté des femmes, porte le titre de Feraidh alaichnehiah.
MOKHTASSAR Al Heraoui. Ouvrage Grammatical, compofé par Heraoui,
Il efl dans la Bibliothèque Royale, n°. 11 19.
MOKHTASSAR Al Mozeni. Voyez le titre d'Ibrahim Al Merouzi,
MOKTAFI, XVII Khalife de la Maifon des Abbalîides, étoit à Raccah
quand fon Père Motadhed y mourut. Il fut reconnu d'abord pour Khalife dans
la même Ville & enfuite à Bagdet, où il vint faire fa rcfidence., l'an de l'ile-
gire 289.
Dans la même année Zacaruiah , fils de Maharuiah , Prince des Carmathes , fit
une irruption en Syrie, Mais il y fut défait & tué par les troupes du Khalife.
Houllaïn- fon frère ayant pl'is fa place eut un plus heureux fuccés ; car il fe
rendit MaiUre en fort peu de temps de pluiicurs V'illes de la Syrie,
Ces Princes Carmathes pretendoient defcendre d'Ifmaël , fils de Giafe; Sa-iik,
•fixième Imam. Houlfaïn en fon particulier, qui commandoit pour lors toute la
Nation des Carmathes, portoit le furnom de Saheb Alfamah, qui lui avoit été
donné par fobriquet à caufe d'un porreau noir qu'il portoit au vifage , & le
General de fon armée ctoit auffi furnommé , Sahclj Elkhal , pour la même rai-
£on. Ces deux mots de Sameh & de Khal , fignifient la même chofe en Arabe.
Houlfaïn avoit déjà pillé ou mis à contribution toute la Syrie, quand Mob-
tafi vint à Moful l'an 290, avec cent mille hommes pour le combattre, & en-
voya de Raccah, jufqu'où il s'avança, Mohammmed, fils de Soliman, un de fes
Généraux, aux troulles des Carmathes. Ceux-ci prcnoicnt déjà la fuite fur la
.nouvelle des approches du Khalife, iorfqu'ils furent attaquez; de forte que leur
déroute fut entière & complète , & que liouiraïn &; fon General avec 36®
des fiens tombèrent entre les mains d'un des Chefs de l'armée du Khalife, &
furent faits, prifonniers, fur le point qu'ils vouloient pafler l'Euphrate.
Moktafi retourna l'an 291 , viélorieux à Bagdet où il fit couper la tête à tous
les prifonniers Carmathes : Mais cette défaite n'empêcha pas cette Nation rebelle
de faire une autre invafion dans la Syrie dans l'année 293 de l'Hegire. Mok-
tafi vint auflî-tôt à eux, mais ils ne l'attendirent pas, & quittèrent auffi-tôt ce
pays-îà pour paffcr dans celui de l'Iraque où ils défirent en un Heu, nommé Sa-
bran auprès de Cadefiah, l'armée du Khalife.
L'an 294, les Carmathes prirent le chemin du defert , & tombèrent fur la
Caravane de la Mecque, Ils la pillèrent & tuèrent près de vingt-mille Pèlerins.
Moktafi fur cette nouvelle envoya Vafl^ef, un de fes Généraux, avec des troupes
jconfiderables pour les réprimer. Vallef les rencontra C à propos chargez d'un
Tome II, S s s s grand
6^Q M O L A K K E N. M O L H E D O U N.
grand embarras du butin & des dépouilles qu'ils avoient faites, qu'il eut boi>-
marché d'eux. Le combat ne lailTa pas d'être rude de part & d'autre, & Zaca»
ruiah leur Chef y fut tué. Les troupes du Khalife y firent un très-grand nom^
bre de prifonniers , & l'Armée des Carmathes fut entièrement diflîpée, .
I En Tan 295 Moktafi mourut âgé de 33 ans , après en avoir régné fix & demi,
fe fervant toujours très-utilement des confeils de Calfem , lils de. A'bdallah .
fon Vizir.
MOLAKKEN. Sarageddin Omar Ben Ali porte le furnom d'Ebn Molak-
ken. C'eft 1 Auteur d'un Livre, intitulé Efma regial al Kotoub alSirtah,,
qui mourut l'an 814 de l'Hegire fous la domination des cnfans de Bajazet I,
qui fe faifoient la guerre les uns aux autres, l'an de J. C. 1411. Cet Auteur
étoit de la Sefte Schafeïenne.
MOLAKKES fi êlm hiat. Traité de la Sphère compofé par Mahmoud AL
Giagmini, &, commenté par Cadhi Zadeh Al RoumL 11 efl.dans la Bibliothè-
que Royale, n^. j^g.
MOLATHEMIAH. Nom de la Seéle de ceux qui fe firent appeller
en Afrique , MoUithemoun , à caufe qu'ils fe tenoient toujours le vifage cou-
vert. Car le voile dont ils le couvroient fe nomme particulièrement en
Arabe , Letham.
Ces gens-là font les mêmes qui portent auffî le nom de Morabethoun , qui
fonJerent depuis un grand Empire en Afrique, &.qui conquirent l'Efpagne, où
ils furent appeliez, ^l Moravides.
L'ufage du Letham, ou la coutume de fe couvrir le vifage eft introduite
parmi eux par Abdallah Ben Baffin , fur une avanture qui leur arriva. Car
étant prells un jour de donner bataille à leurs ennemis qui leur étoient beau-
coup fLiperieurs en nombre & en forces , les femmes de cette nation prirent \qs
armes, & combattirent avec leurs maris le vifage couvert jufqu'aux yeux , félon
leur ancienne coutume; de forte que les maris furent obligez de fe couvrir le
vifage de la même manière , de crainte que leurs ennemis ne diflinguaflent les
femmes d'avec les hommes.
Nouaïri rapporte d'un de ces Molathemiens que s'étant mis tout-à-faît à nud
& lavant fon habit de la main droite, & fe couvrant le vifage de la gauche,
un Etranger lui cria: Cache ta nudité avec la main; & qu'il lui répondit: Elle
eit occupée à couvrir mon vifage.
MOLHEDOUN. Les Impies. Ce mot fignifie proprement en Arabe ceux
qui ont renoncé au Mufulmanifme pour embraflèr une autre Se6le, & ceux auffi
qui ne font profeflîon d'aucune autre Religion.
Ce nom à été donné particulièrement à la Sefte des Ifmaëliens qui ont fondé
une Dynaftie particulière en Afie , auffi-bien qu'en Afrique. Voyez le titre
d'Ifmaelioun.
Holagou Sultan, ou Empereur des Mogols & Tartares, marchant l'an ^54
de r Je" ire pour alîîeger le Khalife Nloftâifem dans la Ville de Ragdet, commença
fes grands exploits de guerre par la deftruélion qu'il fit de tous hs Châteaux &
Places fortes que ces Molhcdites ou Ifmaëliens polleJoient dans la Perfe. Ce
grand Conquérant, qui n'étoit pas Maliometan, peifecutoit cependant les Impies
qui
M 0 L K. . M 0 M S K K. ^pj
quî renonçoient à leur propre Religion, & n'en voUiiit jamais Couvrir aucun
4ans fes Etats. Il fit même mourir jufqu'à douze mille de ces gea^-là en une
feule fois, quoyque d'ailleurs il protégeai!: les Chrétiens, & qu'il ne lift jamais
aucune violence pour faire embraller à fes fujcts la Rdigion de Ginghizktaan,
qui étoit celle des Mogols & Tartares.
Rokneddin Khuzfchah étoit alors le Chef de ces Ifmaeliens, auquel Holagou
ne voulut jamais donner aucun quartier.
MOLK. Poileffion, Richeffes , Domaine & Royaume ; car ce mot fignifie
toutes ces chofes.
Ketab Al Molk. Le Livre des Richeffes. C'eft un Ouv'rage de Chymie qui
eft le huitième de cinq cent, qu'Abou Mouffa Giaber Ben Haïan, qui étoit Soà
de profeffion, a compofé fur cette matière.
MOLOUK. Les Rois. Aulad Molouk Fars. Les Enfans des Rois de Pcrfe.
•Les Hiftoriens Perficns font fouvent mention de ces Enfans , ou Princes de la
IVlaifon Royale de Perfe. Ce font ceux qu'Hérodote appelle, Pafargadcs , mot
qui efl: purement Perfien. Car Pefer gheda fignifie en langue Perfienne , fils
de la Famille, ou Maifon, par excellence, c'eft-à-dire , de k Royale.
Les mêmes Hiftoriens difent, qu'Alexandre le Grand eut grande confideration
pour tous ces Princes , lefquels font dillinguez de Molouk Al Thaouuïf , ou
Rois des Nations , qui étoient proprement les Macédoniens , Gouverneurs des
Etats & Succeffeurs de la Couronne d'Alexandre.
MOLOUK Kart, ou Kurt. Voyzz Kart, ou Kurt.
MOLTAKEM. Scharfeddin Nalîrallah eft auffî -nomme, Ben Moltakem
avec les furnoms d'Al Tanoukhi, à d'A! Halabi, parce qu'il étoit de la Tribu
des Arabes , nommée Tanoukh , & natif de la Ville d'Halep. Il eft Auteur
d'une Hiftoire de Syrie, intitulée Ikadh alouafnan fi fadhilat Alfcham.
MOLTAKETH. Ceft proprement en Arabe ce que nous appelions, Spi-
cilege. C'eft un Extrait du Livre de Samarkandi , intitulé Moftekhales ; cet
Ouvrage eft dans la Bibliothèque Royale , n°. 721.
MOLTAKI alabhâr. Le Concours des Mers, c'eft-à-dire, oi!i plufieurs Mers
•qui portent differens noms, fe joignent. C'.-ft ainfi que l'on appelle par meta-
phore un Livre de Jurifprudence Mufulmanne , recueilli des Ouvrages de Co-
douri, & des Livres, intitulez Wolditar, Kenz, Vakaïah, Hedaïah, &c. rangez
avec une méthode très-facile pour s'en fervir utilement.
Ibrahim Ben Mohammed , Ben Ibrahim Al Haiabi en eft l'Auteur, & il fe
trouve dans la Bibliothèque Royale, n^. 609.
MOL THE MO UN. %es Molathemiah. Ce font les Marabous , bu AI
•Moravides.
MOMSEK alarouah. La Plante, nommée Stœchas par les Grecs , & par
les Latins, Virga aurea^ eft ainfi appellée par les Arabes, à caufe qu'elle attire
& réveille les efprits , non-feulement des hommes ; mais encore des Anges &
ëcs Démons, félon la Médecine fuperftitieufe des Arabes.
S s s s 2 -H
^94 MO N A B B E H, • — ^ M 0 N F.
Il ne faut pas confondre ce mot de Momfek, avec celui de Moraaffek, qui
fignifîe parfumé de Mufc.
MON ABBE H. Ben Monabbeli. Foyez Vaheh, ou Vahb.
MONAOUI Al Haddadi. Fcysz Abdalraouf.
MONBASSAH. C'eft la Ville de MonbafTa , ou Monbafe , fituée fur là
Mer de Zanguebar , ou Païs des Zinges , que nous appelions aujourd'huy , la
cofte de Cafrerie. Elle efl fort petite & bâtie • fur l'embouchure d'une Rivière
que l'on peut remonter jufqu'à deux journées de chemin dans ks Terres des
Cafres. Ses habitans s'occupent à tirer le fer des Mines qu'ils y ont en abon-
dance, & à faire la chalfe. aux -Tigres , dont ils v^endent les peaux avec leur
fer à ceux qui trafiquent avec eux. .
Monbafe efl plus méridionale de deux journée^ que JVleJmde, &, regarde à fon
Midy i'Ifle de Socotora où croît le meilleur Aloé de tout l'Orient. .
MONDA R. CeU le nom d'un Roy des Arabes Hemiarites qui étoit Chre'-
tien de la Sefte des Jacobites. Il fit long-temps la guerre à l'Empereur Juftin
qui perfécutoit ceux de fa Sefte, & l'obligea enfin, de lui demander la paix par
une Ambdifade folemnelle qu'il lui envoj^a.
L'Auteur du Lebtarikh écrit , que Mondar Ben OualTami qui étbit Roy de
Baharcïn -e©. Arabie lur le Golfe Perfique, embraffa le Mufulmanifme par l'invi-.
tation & par la follicitation de Mahomet.
MONO HE RI. Ccft le furnom de Zekieddin Abou Mohammed Abdalâd-
him. Auteur de la Vie .de Mohammed Ben Salam qu'il a intitulée , i^êlara
beakhbar Mohammed Ben Salam.
Cet Auteur, qui mourut fan 636 del'Hegire, a compofé aufîi un autre Livre,
intitulé Targhib. V tarhib , c'ell-à-dii*e, de ce que Fiiomme doit defirer, & de.
ce qu'il doit craindre & fuir, qui efl dans la Bibliothèque Royale, n°. 650.
MONDTR Ben Mohammed Ben A'bdalrahman. Cefl le fixième Khalife-
(TEfpagne de la race d'Ommie , qui fucceda à. fon père Mohammed fils d'Abdal- -
rahman, l'an 273 de l'Hegire.
Ce Prince, fut tué après vingt-deux ans ou environ de règne, dans la guerre
qu'il faifoit aux habitans de Cordouë qui s'étoient révoltez contre lui l'an 295,
qui . efl l'an 907 de J. C. Ebn Ar.iià.
MONF, ou Menf. Ceil ,ainfi que les Arabes appellent l'ancienne Ville;
capitale d'Egypte, connue fous le nom de Memphis qu'Apollodore dit avoir été
bâtie parE'paphus, filsd'lo, en l'honneur de Memphis, fille du Nil qu'il avoitr
époufée. Quelques-uns veulent qu'Apis qui étoit de race Egyptienne, Roi d'Ar-
gos &. de tout la Peloponnefe ,• ait été fon Fondateur.
Les Arabes difent que cette Ville étoit la principale Ville d'Egypte, la Mère
& le Siège des Sciences, avant qu'' Alexandre eufi; bâti la Ville d'Alexandrie j &
c'eîl dans Je voifinage de cette Ville que le grand Caire a été bâti, fur la rive:
droite du Nil , prefqu'eQ veuë de Memphis qu; étoit bâtie fur la rive gauche de.
ce même fleuvs-,
MONFAREGZATi
M 0 N F A R E G I A T. — -• M O N L A. 693
MONFAREGIAT. Divertiffetnent. C'efl le titre de deux Poëihes, dont
l'un a toutes fes rimes terminées par la lettre Arabique nommée Gim, qui ré-
pond à nôtre G. Il a été corapofé fur la Grammaire Arabique , par Ali Ben
Jofef Al Bafraoui , & commenté par Aboulfadhl Jofef , furnomraé Al Nahoui ,
c'eft-à-dire, le Grammairien. 11 ell dans la Bibliothèque Royale, n^. loyS.
L'autre eft un Ouvrage de Soïouthi que cet Auteur a joint k la fin d'un Livre
qu'il compofa fur le fujet des divertilfemens qu'un fbon Mufulman doit prendre
ou rcjetter. Ce Livre eft intitulé Harag' fil farag', & fe . trouve dans la Biblio-
thèque Royale, n^. 722.
.MONIAi-î. Ville d'Egypte fituée à l'Occident du Nil que le Géographe
Eerfien dit porter le nom de Moniat Ebii Haiîîb , quoyque les autres Géogra-
phes lui donnent celui de Moniat alhaïf. Cette Ville eft confidérabic par fes
Marchez, fes Bains, fes Collèges & fes Mofquées.
Moniah fignifie auflî en Arabe, l'intention & le defiein que l'on a de faire
& d'acquérir quelque chofe ; & il y a plufieurs Livres Arabes qui portent-
ce nom. • ..
Moniat almofllili v aniat almomteli. Ce que defire celui qui prie. C'eft un
Livre qui traite de la Prière des Mufulmans , compofé par Schcdidcddin Al Kafch-
gari. Il eft dans la Bibliothèque Royale, n\ 6s<^, fous le titre de Moniat al-"
mofiali v goniat almobtadi.
Moniat al Mofti. Ce que le Moufti fe doit propofer dans fes Décifions.'
C'eft un Ouvrage de Segeftani , qui fert comme de Supplément aux Décifions-
de Nag'm eddin Khafîî, intitulé Fetaoui fogra, & à celle de Sarageddin Vafchi.
Ce Livre eft dans la Bibliothèque Royale, n . 6g^.
MONIR.' Ebn Al Monir. C'eft le nom fous lequel on cite fouvent Mo-
hammed Bjn Jofef Kafarthaii qui eft Auteur du Livre, intitulé Bedî finacd al-
fchîr, qui traite de la Profodic Arabique. •
MONKEDFÎ men addhalal. C'eft le titre d'un Ouvrage de Gazali,' par le-
quel il prétend tirer les Mufulmans de l'erreur où ils font fur le fujet des Scien-
ces profanes. C'eft dans ce Livre que Gazali combat la plupart des Philolbphes
Anciens, & où il condamne particulièrement, les Elahioim , c'eft-à-dire j les
Deïftes , tels qu'ctoient Socrate , Platon & Ariftote , & n'épargne point ceux
d'entre les Mahometans qui les ont fuivis , comme Ebn :;ina , ou Avicenne,
Al Fai-iabi , ou ^n Farabius , Ebn Bagiah , ou Avenpace , & Ebn Rofchd , qui
eft Averroes.
MONKHEN. C'eft la neuvième partie des vingt-quatre de l'année des-
Khathaïens. Car ces peuples divifent leur année en vingt-quatre quinzaines, &
n^n en douze mois, comme font les autres Nations.-
MONLA. C'eft un mot Arabe corrompu de celui de Meula , que nous
prononçons ordinairement, Moula, & qui fignifie paiticulièrenient en Afrique,
un Pïince , ou Dofteijr de h Loy Mufulmanne.
Sssss MONLA
694. M 0 N L A. MONTASSE R.
MONLA Khofrou. C'eft le nom fous lequel Mohammed Ben Faramôrz, Pei"-
fien de Nation, ell le plus connu. Ce Perfonnage qui mourut l'an 885 de THe-
gire, a commenté les Anouar de Beidhaoui , & les Ollbul de Bazdadi. Vo'^zz
les titres de ces deux Livres.
MONLA Tchelebi , furnommé Al Diarbelai, à caufe qu'il étoit nstif de la
Ville de Diarbecr, ou Kara Amid. Celt un Docteur qui vivoit l'an 1044 de
i'Hegire, & qui a écrit plufieurs Ouvrages pour le Sultan Amurat III & entre
ïcs autres , un qui porte le titre d'Aflbulat , & qui contient la refolution de
plufieurs difficultez fur diverfes Quellions curieufcs qu'il propofe lui-mcme.
MONSCHL C'efî: le nom de l'Auteur d'un Livre qui contient la Vie du
Sultan Gelaled^in, fils de Mohammed Khouarezm fchah. Il a intitulé fon Ou-
vrage, Sirat alfulthan Gclaleddin Mankberni,
MON TASCHL C'eft le nom d'un Auteur Perfien qui a écrit en fa lan-
gue un Livre , intitulé Akhlak alatkia , c'eft-à-dire , les Mœurs & la Conduite
.des Gens de bien. Ce Livre eft dédié au Sultan Soliman Khan.
MONTASSER Billah. C'eft l'onzième Khalife de la race des Abbaflîdes
qui étoit fils de Motavakkel.
Montafler avoit fait tuer fon pcre par Bouga Kebir, Bouga Saghir, Bagher 5
& autres Officiers de la Milice Turquefque qui fervoicnt les Khalifes.
Ces Turcs, après avoir commis cet attentat, tinrent confeil entr'eux, & con-
fiderant que fi Montafler venoit à mourir fans enfans, Môtaz fon frère qui lui
devoit fucceder, ne manqueroit pas de tirer vengeance de la mort de fon Père,
& de les faire tous périr, refolurent d'aller trouver le Khalife & de l'obliger à
dépofer fes deux frères Môtaz & Mouiad; mais ces deux Princes prévinrent la
violence dont ils étoient menacez , & renoncèrent de leur bon gré à la fuccef-
fion, à laquelle ils étoient appeliez après la mort de leur frère aîné.
Montafler peu de temps après fon élévation au Khalifat, vit en fonge fon
père qui lui reprocha fon parricide , & lui prédit qu'il ne jouiroit pas long,
temps du fruit de fon règne. En effet, ce Khalife épouvanté par cette viflon
tomba dans une profonde melancholie , laquelle le fit mourir fix mois après la
-mort de fon père, à l'âge de vingt cinq ans, l'an de l'Hcglre 248.
L'Hiftoire Saraccnique imprimée , nomme ce Khalife Moftanfer ; mais c'eft
une faute, ou du manufcrit, ou de l'impreflion. Khonkmr.
L'Auteur du Nighiariftan raconte, qu'Ahmed. Ben Corat voyant fon Père aflîîgé
d'une commilnon que Ben Halîîb, Vizir de Montalfer, lui avoit donnée à exer-
cer, fit ce qu'il put pour la lui faire rcfufer; mais, que fon père fut confolé
dès la même nuit "par un fonge , dans lequel il vit le même Vizir qui lui an-
nonça que le Khalife ne feroit pas en vie dans trois jours.
Ahmed ayant ouï ce récit , dit auffi-tôt à fon Père : Je viens prefentement de
quitter le Khalife en fort bonne fanté, & jouant au billard. Cependant, l'on
apprit bien-tôt que le Khalife au fortir du jeu avoit pris le bain duquel il étoit
forti avec une fort grofle fièvre , &: que fon Médecin lui ayant voulu donner
l'efpérance d'une prompte" guerifon , il lui répondit : Je crains fort que cette
maladie ne foit la dernière de ma vie; car j'ay vu cette nuit en fonge un per-
sonnage qui m'a annoncé que je mourrois dans la vingt-cinquième année de mon
àgcp
M O N T A s s E R. C^s
■k%z, & l'on fceiit depuis que ce Perfonnage étoit fon père qui lui avoit appa.
■ru, comme nous avons vu.
On dit que MontafTer avoit fait tuer fon père , à caufe de la haine qu'il por-
toit à Ali, & parce qu'il perfécutoit tous ceux de fa race. Montalfer luy-même
avoit reçu plulieurs outrages de la main de fon père pour lui avoir déclaré
trop librement fes fentimens, & pour n'avoir pu diffimuler dans plufieurs ren-
contres l'eflime qu'il faifoit d'Ali & de fa pofterité.
iMotavakkcl qui reconnoilToit l'averlion que fon fils avoit conceue contre lui
à, ce fujet, avoit accoutumé de l'appelfer non pas Montalfer, nom qui fignifîe
viélorieux, mais iVlontazer, nom qui fignifie celui qui attend, & il lui faifoit
entendre par cette injure , qu'il le regardoit comme un fils qui attendoit avec
impatience la mort de fon père.
Les Hiftoricns rapportent , que lorfque ce Prince vifitoit au commencement
de fon règne, le Garde-meubles du Khalife fon père, on lui déploya d'abord
une riche tapifferie des anciens Rois de Pcrfe , dont la première pièce fe trouva
être celle qui reprefentoit Siroés , autour duquel on lifoit ces paj'oles : Je fuis
Siroés , qui ay fait tuer mon Père Khofroés , & qui n'ay régné que fis mois ;
& l'on dit, que ce fut la première menace que Montalfer receut de la courte
durée de fon règne.
Mirkhond écrit , que ce Prince étoit très-liberal envers fes amis , & il en
donne un exemple fort fingulier qui eil, qu'un de fes Officiers étant de retoiu::
d'Egypte ,• oili il s'étoit acquité fort bien de la charge qu'il lui avoit donnée,
& fentretenant familièrement de diverfes avantures qui lui étoient arrivées, lui
dit , qu'il étoit retourné de ce pays-là avec une grande playe dans le cœur ,
pour n'avoir pas piî, faute d'argent, achepter une efclave dont la beauté étoit
rare & la voix admirable. Montalfer Payant écouté, ne lui dit rien pour lors;
mais voulant le gratifier, il commanda que l'on acheptaft fecretement cette fille,
qu'il fit conduire dans fon Palais aufîî-tôt qu'elle fut arrivée.
Le Khalife voulant un jour fe rejoiiir , vint à railler cet Officier fur fes
amours, & lui fit entendre en même temps la voix de cette fille qui étoit dans
une chambre voifine. Cette voix le mit auffi-tôt hors de contenance , & le
Khalife lui ayant demandé la caufe de fon trouble, & s'il connoifibit la voix
qu'il entendoit , il avoua qu'il la prenoit pour celle de l'efclave de laquelle il
lui avoit parlé.
Montalfer lui demanda alors, s'il avoit confervé encore de l'amour pour elle,
& il lui répondit que, perdant alors toute . efperance de la pofléder , il devoit
par refpeft fe dépouiller de toute forte d'inclination qu'il auroit pu avoir pour-
une perfonne qui étoit entre les mains de Çon Maître,
Montaficr prenant la parole, luy dit fort génereufement : Je vous puis aflu- ■
Ter avec ferment, que je n'ay fait achepter cette Efclave en Egypte que pour
vous feul, & que depuis le tems qu'elle a été amenée dans mon Palais, je n'ai '
jette qu'un fcul regard fur elle. L'efi'et fuivit auffi-tôt les paroles du Prince; ,
car il commanda, que l'on mifl: entre les mains de l'Officier cette fille, paréa ■
de tous les joyaux dont on l'avoit chargée pour luy être préfentée.
Il arriva fous le Khalifat de Montalfer qu'un Arabe , qui habitoit fur une
colline alfez proche de la Mecque, tenoit chez luy des alfemblées de débauche,
dans lefquelles les perfonnes des deux fcxes fe méloicnt indiff'éi- mmcnt contre
toutes les Loix du Mufulmaniliiie. Cet homme fut déféré au Juge de la Mec •
Qu^e., .
ec)6 M O N T E K I. MORABETHAH.
<iue, lequel, après luy avoir reproché fon impudence d'avoir ofé commettre &
faire des impudicitez auprès d'un lieu fi faint , commença à vouloir inftruire
Ion procès. On ne doutoit point de la vérité du fait ; car il étoit notoire.
Mais l'on ne trouva pas un de fes complices qui voulût porter témoignage con-
tre luy.
Le Juge bien embaralTé, trouva un expédient qui luy parut infaillible pour con-
vaincre l'accufé , & ce fut de voir û les montures publiques dont fe fervoient
ceux qui partoient toujours d'un certain' endroit , pour aller dans la montagne
trouver cet Arabe, fcroient d'elles-mêmes le chemin qu'il falloit tenir pour y
arriver. L'expérience en ayant été faite , & les ânes , dont on fe fert princi-
palement dans ce pays -là, ayant été droit au logis de cet homme-, qui étoit
alTez détourné & fort difficile k trouver, le juge crut ne pas avoir befoin d'u-
ne preuve plus évidente, & fit venir l'Exécuteur avec fes fouets pour punir le
coupable. L'Arabe , qui ne manquoit pas d'efprit , inventa une afîcz plaifante
rufc pour fe fauver de ce châtiment. Il dit au Juge : Quand vous m'auriez fait
écorcher avec vos fouets, ce ne feroit qu'un coupable de puni; mais vous cou-
vrirez par cette action toute la nation des Arabes d'un opprobre éternel , car
l'on dira d'eux, que lorfque le témoignage des hommes leur manque , ils ont
recours à celuy des ânes. La plaifanterie de cet homme fut fi bien reçue, que
itoute l'alfemblee opina qu'il fut renvoyé abfous.
MONTEKL C'ell le nom d'un Poëte Turc moderne, lequel -a corapofé
plulieurs Ouvrages de Morale & de Dévotion , dont il y a quelques échantil-
lons dans cet Ouvrage.
MORA & Morah. Morah Vilaïeti. C'efl ainfi que les Turcs appellent le
Péloponnefe , que nous nommons communément la Âlorée. Ce nom efl tiré
du mot Turc & le Turc du Grec vulgaire. Mahomet 1 1 en fit la Conquefte
à la referve des Villes de Coron & de Modon, que Bajazct II , fon fils , prit
fur les Vénitiens, pendant qu'ils étoient uais à Louis XII, pour chalfer du
MilanoiSî Louis Sforce , dit le More, qui follicita Bajazet à leur déclarer la
.guerre.
M OR A B ET H AH & Morabcthoun. Daulat Al Morabethah & Al Mora-
bctheïn. La Dynaflie des Marabouths , qui furent appeliez depuis par les Lf-
pagnols Al Moravides.
Marbouth ou Morabcth, qui efl le fingulier de Morabethah , fignifie en Ara-
be une perfonne liée plus étroitement aux exercices de fa Religion, & que
.nous appelions ordinairement un Religieux. Ce nom fut donné à une race d'A-
rabes qui étant fortie du pays de Hemiar ou des Homerites , comme nos Géo-
graphes anciens les appellent , vint s'établir en Syrie du tems d'Aboubecr , pre-
mier Khalife des Mufulmans.
, Ces gens étant palTez de la Syrie en Egypte , s'avancèrent de-là bien avant
dans l'Afrique, pénétrèrent juiques dans la partie la plus Occidentale de ce pays,
'■& fe cantonnèrent enfin dans le défert nommé Sahra , pour y vivre feparez
des autres peuples de l'Afrique , & y exercer plus librement & plu? parfaite-
ment tous les devoirs de leur Religion.
Cette nouvelle Colonie d'Arabes , qui s'étendit beaucpup en peu de temps
''■' ' par
M 0 R A B E T H A H. r^p-r
■par le côftcours des Nations voifines*, donna le nom h un peuple & à une
•Se6le qui fat nommée d'abord des Molthemin ou iViolatheaiin , à caufe qu'ils
•portoient tous un voile fur le vifage , furquoy il faut voir ce qui a été dit c i-
delTus dans le titre de Molathemiah.
La Religion de ces gens là, qui ctoient d'ailleurs fort groffiers , paroît avoir-
été d'abord la Chrétienne , laquelle cependant dégénéra peu -à- peu par le com-
merce qu'ils eurent avec les Mahometans , & s'effaça prefquo entièrement de
leur mémoire. Ils devinrent enfin des bi-igands & ne retinrent nrjme qu'une
très-légère teinture du Mululraanifme. Car l'on dit , qu'ils n'avoient plus rete-
nu aucune autre marque de cette Religion que la feule formule de la ilah il-
■ lallah Muhimmed RcfPnil allah, c'eil-à-div e , il n'y a point d'autre Dieu que Dieu,
& Mohammed ell fon Envoyé.
Il fe trouva cependant parmy eux un homme de leur Natioii , nommé Giau-
har , lequel s'étant mis dans la Caravane de quelques autres Arabes , fit avec
eux le voyage de la Mecque & s'accompagna au retour de fon pèlerinage d'un
Docleur, nommé Abdallah Ben laffin ou Baffin.
Giauhar pleinement inflruit de la Loy Mufulmanne par ce Dofteur , fe fer-
vit de luy pour l'enfeigner à ceux de fa Nation , parmy lefquels il avoit acquis
une grande autorité , & ce peuple groffier commcnçoit à l'écouter lorlqu'il ne
leur parloit que du jeûne , de la prière & de la dixme de leurs biens pour les
piiuvres, ce qu'ils approuvoient. Miis lorfqu'il leur dit, qu'il falloit punir de
mort cekiy qui en tuë un autre , couper la main à celuy qui vole , & lapider
celuy qui couche avec la femm? d'autruy , ils refufcrent "ablblument de recevoir
fes loix, parce qu'elle:^ ne s'accomiuodoient pas à leurs manières de vivre, &
il n'y eut que la Tribu de Giauhar , qui étoit cependant la plus puilTante , qui
les reçut.
Le Docleur Abdallah Ben lafHn loua fort le zèle de ccux-cy, & il leur dit,
que s'étant engagez d'obéir aux Loix de l'Alcoran , ils étoient obligez de faira
la guerre à tous ceux qui ne s'y fouinettroient pas , parce que ce Livre com-
mandoit de les exterminer. Cette propofition fut reçue agréablement par des
g^ns qui ne demandoient qu'à tuer & qu'à piller, & ils élurent aufli-tôt un Chef
pour les conduire à la guerre contre les Infidèles , auquel ils donnèrent le titre
d'Emir Al Moilemin, de Prince des Mafulmans, c'efl-à-dire , des Fidèles. Car
ils étoient fi pleins de leur nouvelle Religion, qu'ils ne parloient que de faire
main baffe fur tous ceux qui refuferoient de l'embraflèr.
Ce Chef fut reconnu par tous ceux de fa Tribu & devint dans la fuite du
tems leur Souverain. Ben Schohnah & Noua'iri l'appellent Aboubccr Ben O'mar
<!: luy donnent le furnom de Lamethouni , à caufe qu'il étoit de la Tribu de
Larnethounah , la même que celle de Giauhar , qui efl aufîi furnommé , par les
mêmes Hiftoriens, Al Gelali.
Aboubccr, accompagné du Doéleur Ben lafîîn, fe mit donc à la tête de ces
nouveaux Mullilmans, & marchi contre ceux qui avoient refufé de recevoir les
Loix du Mufulmanifrae , & il arriva que le Dofteur, qui étoit le principal Au-
teur de cette guerre de Religion, fut tué dans le premier combat qui fe don-
na entre eux. Telle fut la récompenfc qu'il remporta pour leur avoir prêché
cette nouvelle Doftrinc.
Cependant Giauhar AI Gelali, piqué contre ceux de fa Nation fur le choix
çu^s avoient .£i:i; d'cai aut^c que luy, pour les conduire à la guerre , réfolut
..Tome il T t t t de
698 M O R A D.
de les quitter & d'abandonner même letir Religion. Aboubecr le. fit auffi-tôt
'arrêter, & le Confeil de la Nation s'étant airemblc, pour luy faire fon procès
félon les Loix du Mufulmanifme , il fut condamné à la mort & il la foufFrit
fort patiemment, jugeant luy-même , félon la Loy à laquelle il s'étoit obligé,
qu'il l'avoit méritée.
Ce fut Tan 448 de l'Hegire , & de J. C. 1056, fous le Khalifat de Caïenv
Beemrilkih, le XXVI des AbbafTides qui regnoient à Bagdet , & fous celuy de
Mollanfcr, V Khalife des Fathimites en Egypte, qu' Aboubecr Ben O'mar AI
Lamethouni , devenu Prince fouverain des Marabouts ou Al Moravides , com-
mença à faire des progrès en Afrique par la prife de la Ville de begelmeife en
Mauritanie.
Ce Prince, qui fe qualifioit Emir Al Moflemin ou Prince des Mufulmans,.
s'étant rendu Maître de- cette importante Ville , y mit pour Gouverneur de fa;
part Jofcf Ben TaiTcfin , fon Neveu , & pourfuivit {qs conqueftes bien avant
dans les Provinces les plus Occidentales de l'Afrique , jufques fur les bords Je
la Mer Atlantique & fur le détroit de Gibraltar. Car, ou luy, ou Jofef, fon
neveu , fe rendirent Maîtres de Saleh & de Sati fur l'Océan , & de Tangiah
& Sebtah, que nous appelions aujourd'huy Tanger & Ceuta, fur le détroit.
Cette Dynaftie des Morabethoun, qui eut fon commencement l'ai: 448, com-
Èie nous avons déjà dit , & qui étoit déjà arrivée au plus haut point de fa
«rrandeur l'an 462, après avoir chafTé les Zeïrides, appeliez vulgairement, par
nos Hilloriens, les Zegris , qui regnoient en Afrique, fut elle-même détruite
par les Moahedoun ou Al Mohades , l'an 520 de l'Hegire, & de J. C. 1126,
le dernier de cette Dynaftie, nommé Lshak ou Ifaac, frère d'Ali & fils de Jo-
fef, ayant été pris dans la Ville de Maroc par Abdalmoumen , qui luy fit cou-
per le cou. Les Arabes marquent ainli l'année de la chute de cette .Monar-
chie. Mais les Hiftoriens Efpagnols & autres écrivent , que les Almoravides
régnèrent de dc-çà & de-là la .VJer, c'eft-à-dire, en Efpagne & en Afrique, juf-
qu'en l'an 539 & 540 de l'Hegire, pendant foi.vante & dix ans. l^oyez les ti-
tres de Jofef Ben Talfefin, d' Abdalmoumen & d'Ali, & d'Ifliac , fils de Jofef
Ben TalTefm.
L'on remarquera feulement icy en pafîant que ce Jofef, duquel nous par-
lons, eft celuy qui bâtit la Ville de Maroc, l'an 4.62 de l'Hegire, & qui con-
quit l'Efpagne, en gagnant la bataille de Zalafah ou Zalah , près de la Ville de
Badallos ou Ba.lajos , où le Roy Alphonfe fut défiiit & tué l'an 479 de la mê-
me Hégire , qui eft l'an 1086 de J. C.
M OR AD Beg, Prince ou Sultan des Turcomans de la Dynaftie du Mouton
Blanc. Il étoit fils d'Iacoub Beg & petit -fils d'L^zun Haffan ou Uzum CafTan.
Il fut défait par Schah Ifmael l'an 909 de l'Hegire & tué l'an 920.
MORAD Khan Ben Orkhan. C'eft Amurat I du nom, fils d'Orkhan, troi-
fième Sultan des Turcs, qui porte le furnom de Gazi , c'eft-à-dire. Conquérant,,
à caufe des grandes Conquêtes qu'il fit, principalement en Europe. Car, après
avoir élargi & pacifié fes Etats en Afie , il pafia auffi-tôt en Europe , oi!i So-
liman Balia, fon frère aîné, avoit déjà pris Gallipoli du vivant d'Orkhan, leur
père.
Ce Sultan prit la Ville d'AndrinopIe l'an 762. de. l'Hegire, de J. C. 13^0,
après
M O, R A D. ^59
après (}Ue le Goirvei-neur qui y commanJoit, l'eut lâcheinciit aBandonné? ,, &
l'année fuivante il inilitua la Milice des Janiiihircs , fur quoy il faut voir le
titre de Jenitcheri.
L'an 791 de l'Hegire, qui eft de J. C. 1380 ou 1389, Amurat donnant ba,
taille à Lazare, Defpote de Servie, dans la plaine de Cofova, que l'on appel-
le encore le champ des Merles, un Transfuge Chrétien qui ctoit paffé dans ion
camp , le tua d'un coup de couteau en faiiant la cérémonie de luy bailer la
main. Ce Sultan régna trente-deux ans & laiffa pour fucceffeur foa fils Baja-
zet I du nom, qui fut furnoramé lidirim ou le Foudre.
MOR AD Khan Ben Mohammed Khan. C'eft Amurat II du nom , fils da
Mahomet premier. 11 fut le huitième Sultan des Turcs OthmaniJes ou Otto-
mans, & commença à régner l'an 824 de l'Hegire, qui eft le 1421 de J. C,
■quoyque quelques Hiftoriens ne mettent le commencement de Ton rc^ne qu'en
l'an 8z7, à caufe qu'il difputa l'Empire pendant trois ans à Duzrach'^Moftafa ,
c'eft-à-dire, à un Impoftcur, qui fe dilbit faulFeraent être Moftafa , fils de Ba-
.jazet I.
Ce Sultan fut furnommé Al Malek Al A'del , le Roy julle ; parce que
depuis qu il eut défait & fait prendre ce rebelle , & qu'il fe fut rendu pailible
poireffeur de fes Etats, il s'appliqua particulièrement à y faire fleurir la juftice
& à caufe qu'il fit bâtir des Mofquécs, des Collèges , des Ponts , des Bains &■
des Caravanleras , ou Hoftelleries publiques dans toutes les Villes & Provinces
.qu'il conquit, pendant le cours de fon règne qui fut de trente & un an.
L'an 833 de l'Hegire, Amurat II prit la Ville de Thcffalonique fur les Ve'-
nitiens. En 838, il époufa folemncllcment la fille de Georges, Defpote de Ser-
vie, nommée Marie', qui étoit Chrétienne ; & en 847, fon armée fut défaite
par les Hongrois à Ifiadin Capi , que les Efclavons appellent S!aditza, Ville fituée
dans les détroits du Mont Hœmus, en forte qu'il fut obligé de venir en perfon-
ne pour rétablir fes aff'aires. Ce fut -là qu'il conclut une trêve de dix ans
avec Ladiflas , Roy de Hongrie , après laquelle il remit fa Couronne à Maho-
met II, fon fils aîné.
Ladiflas, comme tous nos Hiftoriens le rapportent, ayant rompu cette trêve
à la follicitation du Pape Eugène IV, & par les préfixantes inftances du Cardi-
nal Julien Cefarini , Amurat fut obligé par fa Milice de reprendre l'Empire i^
pour marcher au-devant des Chrétiens , qui étoient entrez dans fes Etats avec
iine très-pulifantc armée. Jean Hunniade , Prince de Tranfij-lvanie , qui étoit
tuteur du jeune Roy Ladiflas & qui commandoit fous luy l'armée des Chré-
tiens, livra bataille à Amurat prefque fur les bords du Pont Euxin, en un lieir
nommé Varna, où les eaux de cette mer font comme un Etang.
Les Hongrois eurent d'abord un grand avantage dans le combat; car les
Turcs plioient déjà de tous cotez , lorfque le Sultan , à la tête de fes Janifllai-
res , invoqua Dieu & Jefus-Chrift contre les Chrétiens qui luy avoient manqué
de parole , en tirant même de fon fein , l'Hoftie confacrée qu'ils luy avoient
donnée pour otage , félon Callimachus , Hiftorien Grec. La fortune abandonna
auffi-tôt les Hongrois & fe tourna du côté des Turcs , qui reprirent un fi grand
Govirage , après la chute de cheval & la mort du Roy Ladiflas , qu'ils obtin-
rent une pleine & entière viftoire fur l'armée des Chrétiens , l'an 848 de l'He-
gire, qui commença un Dimanche 19 d'Avril de l'année 1444 de J. C
, Ce fut, après cette Vidoire û complète, qu' Amurat remit pour la féconde
T 1 1 1 2 fois
7o6 ' M O R A D.
fois fa Couronne à fôn fils Mahomet. Mais llfiit obligé de la reprendre pour
la troifième fois. Car H fut rappelle de Magniiîa ou Magnefie où il s'dtoit re-
tiré , par les BalFas & priacipaax Oiiiciers de fes Troupes , l'an 850 (te l'Hegi,
re. Mahomet Ion fils le reçut fort bien à Andrinopie, où il demeura toujours
pendant que Ton père fit une expédition dans la Morée , d'où , après y avoir
pris quelques petites Places , il retourna à Andrinopie pour pafi^er dc-là en Al-
banie, où les Exploits que George, fils de Jean Cafliriot , furnommé Scander
Beg, nom qui fignifie le Prince Alexandre, y fiùibit , luy donnoient beaucoup
de jaloufie. .
Mais les afi'aii-es de Hongrie luy firent bientôt quitter l'Albanie ; car Jean
Hunniade, qui gouvcrnoit ce Royaume depuis la mort du Roy Ladiflas , avoit
depuis la bataille de Varna rétabli Ion armée , par les fecours qui luy étoient
venus dé toutes parts , & la failbit déjà marcher d'Albe Royale vers les fron-
tières de la Servie. Amurat n'eut pas plutôt appris cette nouvelle , qu'il re-
tourna à Andrinopie 5 où ayant ramalfé toutes fes troupes d'Alie & d'Europe,
& s'accompagnant de Mahomet fon fiis , il donna une féconde bataille à Jean
Hunniade, dans la môme Plaine de Coibva ou Champ de Merles, dans laquelle
Amurat I avoit défait le Defpote de Servie & demeura , après mi très -rude
combat, vainqueur des Hongrois, des Polonois , des Allemands & des Efcla^
vons, qui s'étoient tous unis fous les cnfeigncs du Tranflyivain.
Jean Hunniade fe lauva à peine des mains des Tui'cs, après la déroute géné-
rale de fon ai'mée, & le Sultan retourna viftorieux à Andrinopie , après avoir
fait tailler en pièces les Valaqucs , qui avoient quitté l'armée des Chrétiens avanû
la bataille.
Amurat, après avoir exécuté de fi grandes chofes, mourut glorieux entre les
bras do Mahomet , fécond du nom , qu'il laifia pour fuccefl^eur , l'an 855 de
l'Hegire , & efi; peut-être le feul Prince qui ait quitté & repris trois fois l'Em-
pire, à quoi il fut contraint par la milice des JaniiTaires, pendant trente & une
année de règne.
MORAD Khan Ben Selim Khan. C'efi: Amurat III , fils de Selim H, qui
commença fon règne, par faire étrangler cinq de fes frères, l'an 982 de l'He-
gire , qui efi; l'an 1575 de J. C. 11 efl le douzième Sultan des Ottomans.
Il fit la guerre aux Pcrfans & prit la Ville de Tabriz ou Taui-is fur Moham- -
med Khodabcndch leur Roy, l'an 992 & mourut l'an 1003 de l'Hegire, dans
la cinquantième année de fon âge, après vingt ans & huit mois de règne, laif-
fant pour fucceflTeur Mahomet III du nom.
MORAD Khan Ben Ahmed Khan. C'efi: Amurat IV, fils d'Ahmed & lé
XVII Sultan des Ottomans. II fucceda.à Mofiafa, qui fut dépofé pour la fé-
conde fois, l'an 1032 de l'Hegire, & régna jufqu'en i'an 1049, qui efl l'an de
J. C. 1639.
On rapporte peu de chof:s de ces deux derniers Sultans, parce qu'ils font trop'
modernes & que nos Hifi;0iicns en donnent une allez ample connoifl^ance.
MORAD Mirza. C'efi; le XIIÏ & le dernier Sultan de la Dynaftie des
Turçjmans, dite du Mouton blanc. Ce Sultan eut plufieurs guerres à foûtenir
eontre Al Vend Mirza os Ahmed Ben Ogourluj fes pareas. M^iis h plus cruel-
le
■ M O'R A D I. M Ô R G ï. ,! 7^1
lè qn'if foufFri't fut celle que Schah Ifmaël, qui étoit déjà Maître' d'une bonne
partie des Etats des Turcomans, luy fit. Car ce Prince ciialFa Alorad AJirza de
M Ville de Bagdet, où il regnoit, Tan 908 de IHegire.
Morad prit cependant le tems que Schah Ifmaël étoit occupé dans les guerres
de Perfe & rentra dans la Ville de Bagdet. Mais Ifmaël s'étant cntin débaralfé
des affaires de la Perfe, vint affiéger de nouveau Bagdet. Morad ne l'y atten-
dit pas; car il prit de bonne heure la fuite, & s'en alla fi loin, que l'on n'eut
jamais plus aucune nouvelle de luy.
MOR ADI. C'efl le nom d'un Poëte Arabe , lequel étant affis fur le bord,
du Nil, vis-à-vis du Nilometre, qui eft la colomne où font marquez les degrez
de la crue du Nil, où il compofoit quelques vers ,. un Païfan qui crut que cet
homme prononçoit quelques paroles Magiques pour empêcher le débordement
de ce fleuve, '& caufer ainfi la ilérilité du pays , le précipita tout -d'un -coup
dans l'eau où il fut noyé.
MORAKKESCH. C'eft' le titre de deux Poètes Arabes, dont l'un porta
le furnom d'Akbar, c'eft-à-dirc , le grand; & l'autre d'Afgar, le petit. C'écoit
l'Oncle & le Neveu. Le nom propre du premier eft Amrou Bsn Sâad , & Ra^
biah Ben Harraaiah eft le nom du dernier.
MORD AD. Ce mot qui eft Perfien fignifie l'Ange de la Mort , c'eft-à-
dirc, cet Ange à qui Dieu a donné la commiffion de féparer les âmes des corps*
Les Juifs & les Arabes, aufïï-bien que les Perfans & les Turcs, ont crû qu'il
y avoit effectivement un Ange particulier , deftiné pour donner la mort à tou-
tes les créatures vivantes. Foyez les titres d'Aifuman^ d'AzraiT & d'Azazil.
Mordad fignifie encore chez les Perfans le Mois d'Août, & ils difent par une
façon de parler Proverbiale Mordar baafitab Mordad, c'eft -à- dire, un cadavre
dans le mois d'Août, pour fignifier ime grande puanteur.
MORDAKHAI. Mardochée. Nom propre des Hébreux. Quand les Ara- -
bes parlent de Mardochée , oncle ou père nourriffier de la Reine Efther , ils
le nomment Mardakhaï Al Bâr, c'eft- à -dire, Mardochée le jufte. Foyez le ti-
tre d'Aftir. .
MOR G. Ce mot fignifie en Perfién un oifeau & une poule, de même qu'en
Grec le mot d'ô'pir.
Morg Kébir. Le grand Oifeau. C'eft ainfi que les Arabes appellent cet. Oi-
feau fabuleux, dont il eft fait mention dans le Talmud, & celuy que les Per-
fans. appellent Simorganka. Voyez ce titre.
MOR G A B. C'eft le nom d'une Rivière qui coule dans la Province de Kho-
Taffan , & qui traverfe le chemin entre la Ville de Herat & le Fleuve de Gi-
hon ou Oxus. Il eft parlé fouvent de cette rivière dans l'Hiftoire de Babur & .
des autres Princes qui ont fait la guerre en Khoraffan,
MORGL Celuy qui efpère, & qui tient en fufpend ou diffère quelque af- •
faire, \
Tttt3 MORGIAH.
702 M 0 R G I A H. — *— M 0 R S A F I.
MORGIAH eft le nom d'une Tribu des Arabes & celuy d'une Seàe par-
ticulière entre les Mahometans de gens qui font appeliez Morgioun , à caufe
qu'ils croyent que la Foy feule fuffit fans les bonnes œuvres. Le Doéleur Schâ-
bi difoit à fes Difciples : Othbot vaîd allah v làtekon morgian , c'efl-à-dire , crai-
gnez les menaces de Dieu , & ne foyez pas de ceux qui en différant de faire
de bonnes œuvres , efpérent néanmoins d'être fauvcz. Ce mot de Morgi vient
de la racine Ragîa, qui fignifie efperer & différer quelque chofe.
Un autre Dodcur, nommé Gazali, dit, que les Morgiens font ceux qui at-
tendent que Dieu faffe en eux toutes chofcs : largioun alâmal an allah , & qui
difent, que le péché ne nuit point à celuy qui croit, & nient que les œuvres fer»
vent à celuy qui ne l'a pas.
MORID. Ce mot fignifie proprement en Arabe celuy qui aime &; qui dév
fire quelque chofe en général. Mais en particulier Al Morid veut dire parmy
les Spirituels du Mahometifme , celuy qui afpirc à la vie dévote, & qui fe met
pour cet effet fous la direction de celuy qu'ils appellent Al Morfchid, c'efl-à-
dire, d'un autre qui prend foin de fa conduite, c'eft- à-dire , d'un Direéleur.
Adab Al Moridin. C'eft le titre d'un Livre compofé par Schaharourdi, qui
traite des qualitez que doivent avoir ceux qui aipirent à la vie dévote , & qui
fe rangent fous la conduite d'un A^iaître ou Dirc6leur Spirituel.
• 3M0RIDI. Nag'meddin A\ Moridi. C'eft le nom d'un Auteur qui a fait
un Scharh ou Commentaire fur le Livre de Samarkandi , intitulé Erfchad fil
gedâl, c'eft-à-dire , les Règles qu'il fiiut garder dans la Difpute des Ecoles.
MOROUG' aldhahab v Mâden algiauhcr. Les Prairies d'or & les Mines de
pierres précieufes. C'eft ainfi qu'Ai Maffôudi a intitulé fon Ouvrage Hiftori-
que & Géographique, que l'on trouve très-fouvent cité dans les Auteurs qui
l'ont fuivi, & particulièrement par Ebn Al Ouardi, dans le Livre qui porte le
nom de Kheridat ahlgiaïb.
MOROVARID & Murvarid , & quelquefois aufli Marvarid. Les Arabes,
les Perfans & les Turcs fe fervent de ce mot pour fignifier les Perles. L'on
pourroit croire , que le mot Grec & Latin de Margarite en a été tiré. Le
Géographe Perfien dit, que les plus belles fe pèchent fur le rivage de Bahr
filakhdhar, c'eft-à-dire, de la Mer Verte, en un lieu qui s'appelle Sokhara &
dans rille de Caïs.
Cette Mère verte eft le Golfe Perfique , que l'on appelle aujourd'hiîy Mer
d'Al Cathif, à caufe de la Ville de Cathif en Arabie, qui eft bâtie fur fes bords.
On pêche encore aujourd'huy les Perles dans cette Mer dans J'Ifle de Kis &
fur la côte de Bahreïn.
Le véritable nom des Perles en Arabe eft Loulou au fîngulier & Laouali au
plurier. Les Perfans les appellent auffi proprement en leur langue lekdaneh ,
c'eft-à-dire, Grain unique, à caufe qu'il ne s'en trouve ordinairement qu'une
dans chaque écaille ou mère perle, ce qui a donné lieu auffi aux Latins de les
;appeller Uniones. '
MORSAFL Tojes le titre de Zeïnedd'in Al O'mari.
MORSCHED.
MORSCHED, M Q-S H A F, ■ -^a^
MORSCHED. Celuy qui iiiftruic & qui enfeîgne quelque chofe. C'eil le
titre de piufieurs Livres Arabes , & entre les autres de celuy que Temimi a
compofé, fous le nom de Morfched ela giauaher alagdiah v couat almofredat
meu aladouïat. Ceft un Livre qui traite particulièrement des fucs , gommes ,
pierres & minéraux, qui peuvent fervir de nourriture & de remède.
Il femble, que ce Livre porte auffi le titre d'Agradh ; car il eft divifé en
piufieurs Garadh, ou Propolitions & Théorèmes, ^oyez qiiatre Traitez du fé-
cond Garadh, qui fe trouvent dans la Bibliothèque Roj'ale, n-^. 942.
Abdalrahman Ben Ilfa eft aufîî qualifié Ben Morfched Al O'mari. Il eft Au-
teur d'un Livre intitulé Barâat aleftihlal, c'eft-à-dire, Eclaircllfcmens pour trou-
ver les Néomenies, ou le point véritable des conjonélions de la Lune avec le
Soleil. Cet Auteur mourut l'an 1005 de l'Hegire.
MORTADHA & Mortadhi. Mortadha BiUah. Celuy qui eft agréable à
Dieu. Ceft le titre ou furnom d'Abctelrahman , qui fut Khalife en Efpagne ,
pendant peu de tems, fous le règne de Caflem. Foyez Caifem.
Les Perfms donnent p?.r excellence à Ali le titre de Mortadha , de même
que celuy de Moftafa, qui fignifie Choifi de Dieu, à Mahomet.
M O S C H A B B E H O U N. Les Mofchabbécns. Ceft une Sede de Maho-
metans , qui croyent que Dieu eft à la lettre tel que l'Alcoran le dépeint en
piufieurs endroits , & qui paroiifent avoir tiré des Rabirs tout ce qu'ils difenC
de la douleur des yeux &.du rugilfement du Lion, qui luy font attribiaez dans
le Talmud. Il eft certain, qu'îl y a piufieurs Mahometans aflez grofli ers pour
croire, que Dieu a des mains, des pieds, des yeux & des oreilles , & il y en
a même qui tiennent , qu'il a une barbe noire & épaifle avec piufieurs autres
attitudes qu'ils s'imaginent.
MOSCHTEREK ou Molbhtarek. Ceft le titre d'un Livre de Généalo-
^gic, qui eft particulièrement cité par Aboulfeda , dans la Préface de fa Géo-
* graphie.
MOSCHTERI. Ceft le nom que les Arabes donnent à la Planète de
Jupiter, qu'ils furnomment aulïï en terme d'horofcope fàad alfôud , c'eft-à-dire,
la Fortune des Fortunes , ce que nos Artrologues expliquent par Fortuna ma.
jor , à caufe , difent-ils, qu'il pronoftique toujours du bonheur. Ben Dolcin
étant un jour interrogé pourquoy la Planète de Jupiter étoit heureufe ? Ceft.
répondit-il, parce que les Aftrologues l'ont fait telle. HaOanho almonagemoun.
Les Perfans appellent cette Planète , Ormozd, d'où vient nôtre mot , Ora-
mazdes. ^oyes ce titre. Ils luy donnent auffi le nom de Bergis , dans leurs
Ephemerides.
MOSHAF, & Meshaf. Ce mot qui fignifie en Arabe un Livre, devient
le nom particulier de l'Alcoran, quand on y ajoute fon article & que l'on dit,
Al Moshaf.
Il y a cependant un Livre ancien & curieux qui eft cité par Giauberi fous-
le nom de Moshaf alkhaii.
MOSLAHEDDIN,
704 M O S L A H E D D I N.>-— M 0 S N A F E K,
MOSLAHEDDIN. Celui qui reftifie la Loy. C'efl un nom ou titre
Que Dlufieurs Doreurs & autres perfonnages ont porté parmi ies Mahometans.
Sâdi Al Schirazi, Auteur de deux fameux Livres en Langue Perfienne, nom-
mez Bollan & Guliftan , a porté ce nom. Voyez le titre de Sâdi.
MOSLEM, & Meflem. Les Mahometans appellent ainfi celui qui fait pro-
feflion de leur boftrine & de leur Religion, qu'ils appellent d'un mot particu-
lier, Eflam. C'ell d'où vient le nom ordinaire de Mutulraan, que l'on donhe
à ceux de 'leur Sefte. Voyez le titre d'Eflam. „ . , ^ n ^ , . n
C'cil auffi le nom propre d'Aboul Houflain Ben Hegiag' DoitLur de la Se6le
Hanbalique, qui a compofé un Livre de Théologie Scholaftique , fuivant les Prin-
cipes d'Ebn Hanbal fon Maître, qu'il a intitulé. Ai Sahi, & c'eft cet Ouvrage
qui fait que l'on le trouve fouvent cité fous le nom de SahebAlSahi, c'efl-à-
dire, l'Auteur du Sahi. /^o.ycz le ^titre de Sahi. , ^ ,
Le même Livre eft auffi appelle , Moflem , du nom de fon Auteur , & il y
a un Commentaire du même Ouvrage qui eft intitulé Scharh Al Moflem.
MOSLEM AH. C'efl le furnom d'Aboul CalTem Ben A 'li Al Corthobi. Ce
Do6leur , Arabe d'origine , étoit né à Cordouë en Efpagne , & a compofé le
Livre, intitulé Rodbat alhakim , qui porte auffi le nom de Medkhal aitâalim,
c'eft-à-dire , l'Litroduclion aux Sciences , qui fc trouve dans la Bibliothèque
Royale, n°. 905.
MOSLEMAN& Mofolman, la même chofe que Modem, & c'eft d'où s'eft
formé le mot de Mufulman , pour fignifier un Mahometan.
Ce mot eft proprement le plurier de Moflem , qui eft forme à la manière
des -Perfans , lefquels difent par exemple dans leurs liiftoires , que Fcridoun
étoit, Padiichah Mofleman, que l'on peut expliquer, -Roy Fidèle, ou Roy des
Fidcles. Le Tarikh Montekheb dit, que du temps de Noé, il n'y avoit fur la
terre que Sekfen Mofleman, c'cft-à-dire, quatre-vingt Fidèles, ou Mufulmans.
Moflemanlik, ou Mufulmanlik fe prend chez les Turcs particulièrement pour •
la Sefte qu'ils appellent , Hanifiah , à caufe qu'ils fui vent dans leurs Décidons
l-s fentimens de l'Imam Abou Hanifah, Auteur de cette Sefte , laquelle njiTe
pour la première entre les quatre qui font reçues & approuvées dans le Muiuî-
nianifme.
MOSNAFEK. Surnom d'A'laeddin A'ii Ben Mohammed , qui eft encore
furnommé Al Bafthami, à caufe qu'il étoit natif de la Ville de Bafthafn. C'eft
l'Auteur de plufieurs Commentaires. Car il en a fait un fur le Livre de Baz-
dadi, intitulé Oiîuul, ou les Fondemens, ou Principes de la Loy Mufalmanne.
Un autre fur le Commentaire que Sàadeddin Taktazani avoit déjà fait fur
l'Ouvrage de Serageddin Al Sekaki, intitulé Meftah alôloum, la Clef des Scien-
ces, &' il y a auffi un de fcs Ouvrages qui porte le titre d'Anounr alahddk,
la Lumièrc\ics yeux, qu'il dédia à Mahmoud Pacha, Vizir de Mahomet II Sul-
tan des Turcs , tous le règne duquel il vivoit.
Le Commentaire fur le Meftah alôloum fut compofé par cet Auteur dans
la Vilie d2 LaranJah où il profeffoit publiquement , l'an de l'Hegire 849 , dix.
ans' ou environ avant la prifc de Conftantiiiople , (S; il fe trouve dans la Biblio--
theque Ro-yale, n^. 913.
Où
M 0 s s A F î. ^— M O S T A C F r. 705
On trouve encore un autre Commentaire de cet Auteur, intitulé Scharh M
Erfchad alliadi, c'cfl-à-dire, Commentaire, ou Expofition fur le Livre intitulé
rinflruélion du Direéèeur , ou du Condufteur. '
MOSSAFI. C'efl le nom d'un Ouvrage de NaiTafi le Jeune, qui n'eft pro-
prement qu'un Commentaire fur le Poëme de Naffaii l'Ancien , qui eft intitulé
Scharh lemandhoumat Al Naffafi.
MOSSALAH. Les Arabes appellent ainfiun Oratoire, ou Lieu de prière,
autre que la Mofquée.
Moflali, eft un homme qui prie, MofTalioun, les Priants, nom de certains
Hérétiques parmi les premiers Chrétiens qui avançoient pluficurs erreurs , & ,
qui tenoient, que fi un homme prioit & jeufnoit pendant douze années cou-
fécutives , il pourroit tranfporter une JVIontagne d'un lieu à un autre , liaiv_;nt
ce qui eft dit dans l'Evangile , & que fi après ce temps-là , il ne pouvoit pas
le faire, il lui étoit libre & permis de vivre à fa fantaifie. Nos Hiftoricns
ont appelle ces Hérétiques, Majfdiani, qui avoient pris apparemment leur ori-
gine dans la Syrie.
MOSSAMEDOUN. C'eft le nom d'un peuple, ou d'une Tribu d'Arabes
gui vivoient en Afrique. Veyesn le titre de iMoahedoun.
MOSSAMERAH. Converfation , ou Entretien de nuit.
Moifamerat alfcheïkh. C'eft le nom d'un Livre dans lequel un Vieillard on
\\n Dofteur donne des inftruclions à un de fes Difciplcs.
MOSSEILEMAH. C'eft le nom propre d'un Impofteur qui s'éleva du
temps de Mahomet dans une des Provinces d'Arabie , . nommée Hagiar , Favs
que nous appelions aujourd'huy l'Arabie Petrée. Ce faux Prophète contrefaifoit
parfaitement celui qu'i' vouloit imiter, & il étoit fuivi d'une grande foule de
gens qui égaloient à peu près le nombre des Seâ:atcu.-s de Mahomet.
Mahomet fut obligé de faire la guerre à Molfeïlemah , & il défit fes Trou-
pes ; mais cela n'empêcha pas que fa Secle ne duraft encore iong-tems dans
l'Arabie , & ne donnaft encore beaucoup de peine aux Khalifes Aboubekr &
•Omar.
Les Mahoraetans donnent ordinairement à Mofi'eïlemah , le titre de Kedhâb.
c'eft-à-dire, de Alenteui & d'Impofteur.
: MOSTABSCHERL Surnom de Mohammed Ben Abibekr , Auteur du
Livre , intitulé Ektafa fi hufn aluefa , c'eft-à-dire , des Avantages que la mort
nous procure.
Il y a aufiî un Ibrahim qui porte le même fumom , duquel nous avons un
Poëme , intitulé Taïah , fur la Grammaire Arabique & fur l'Ifagoge de Por-
phyre.
MOSTACAR Billah. Voyez le titre de Hakem II du nom, neuvième Kha-
life de la race des Ommiades en Efpagne.
' ^^aJ/'^Jl ?'"'''• ^'"^ ^^ ^^ Khalife de la race des Abbaffides, qui
-etoit fils de Moclafi fon Prédecefleur.
ToMJE IL V V V 7 H
7o5 M 0 S T A C S A.
Il fut élevé fur le Trône par Tozun qui écoit devenu avec fa Milice Tùr-
quefque le Makre abfolu du Khalifat, l'an de l'riegire 333, après que fon père
eut été dépofé & av'cuglé par la violence de ce Turc.
-Tozun cependant mourut l'an 334 de l'Hegire , & laifla pour fuccefleur dans
fa charge d'Emir Al Omara, c'eft-à-dire, de Lieutenant & Adminiftrateur de
l'isrçipire, Ben Schirzad, autre Turc, qui ne fut pas moins violent que lui.
Les Habitans de Bagiet ne pouvant plus fouffrir le gouvernement tyrannique
de Schirzad , refolurcnt d'appeller un des Princes de la Maifon de Bûiah qui
fut depuis fornommé Moêz aldoulat, pour fe délivrer des mains de ce .Turc.
Moôz aldoulat qui fc trouvoit pour lors dans la Province d'Ahuaz, qui iepare
riraquc Babylonienne de la Perfe, ne fc fit pas beaucoup prier. 11 marcha auff-
tôt avec une grolTe armée vers la Ville de Bagdet, où Schirzad ni les fiens ne
l'attendirent pas. Car le bruit des armes du fils de Bûiah les épouvanta fi fort,
qu'ils prirent tous la fuite, & Mollacfî avec eux Mais ce Khalife ayant appris
que le Buide s'étoit rendu Maître de la Ville, & qu'il n'avoit plus rien à appré-
hender du côté des Turcs, retourna auffi-tôt fur les pas pour le recevoir dans
fa Capitale, & poUr lui faire rendre tous les honneurs qu'il meritoit.
Ce fut alors que le Khalife Moilacfi donna au Buïde le titre magnifique de
Moôz aldoulat, qui fignifie celui qui fortifie l'Etat & qui le rend florifilmt,
& il ne fe contenta pas d'orner ce Prince d'un titre û. éclatant, il voulut en- .
core faire honneur a fes frères , &. donna à Ion frère aîné qui s'étoit rendu
Maiflre de la Perfe & de la Ville de Schiraz qui en étoit la Capitale , le titre
d'A'mad, ou O mad aldoulat, qui fignifie le Soutien de l'Etat, & à fon fécond
frère qui comniandoit. dans 11 raque Perfienne dont la Ville d'Ifpahan étoit la
Capitale, celui de Rokn aldoulat, qui fignifie, la Colonne de ^Etat.^ Et c'eft
fous ces trois titres ou farnoms, que les trois fils de Bûiah qui devinrent tous
trois de fort grands Princes, ont été connus. Foyez. le titre de Bûiah.
Le Khalife vioilacti qui ne pouvoit alFez reconnoître le grand fervice que
Moêz aldoulat lui avoit rendu, crut qu'il devoit pour fa propre fureté lui con-
fier la garde des dehors de fon Palais , & parce qu'il lui donnoit par ce moyen
une entière autorité, non-feulement dans i^Qs Etats, mais encore fur fa perfonne.
même, il ordonna que fon nom fufi; publié dans les Mofquées après celui du
Khalife, & qLi(â l'on battit aulîi de la monnoye à fon coin. .
Tous ce'' honneurs que le Khalife fit rendre au Buide , dévoient l'attacher
iavioîsblenieat à fes interefl:s. Il arriva néanmoins que la bonne intelligence
ne dura pas long-temps entre eux. En effet , il étoit comme im.poflîble que
deux Princes demcuralfint dans un même Etat avec un pouvoir égal & abfolu.
Ils IV brouillèrent enfernble dès la même année, 334 , & Moêz aldoulat. ayant
eu quelque foupçon que Mofi:acfî vouloit lui ofler une partie de fon autorité,
il ie faifit de fa. perfonne, lui fit perdre la veuë, & après l'avoir dépofé, mit
à fa place Mothî, fils de Moftqder , qui fut ainfl fon fuccefiTeur. Khondemir.
Ebn ^\mid rapporte, que ce Khalife ne fe contentant pas du titre de Mof-
tac'i BilLih , qui figniiie celui qui a mis toute fa fuiîifancè en Dieu , c'efl:-à-
dire, à qui Dieu fullit, prit encore celui d'Imam' alhakk, qui fignifie, le Sou-
verain Pontife de la Jultice, de la Vérité, & de Dieu.
MOSTACSA fi amthal alârab. C'elt le titre d'un Livre de Proverbes Ara-
bes, coiîipofé par Zaraakhfchari. .
MOSTADHAHER;
MOS TA DH AH ER. — -MOSTA'DHEM. 707
MOSTADHAHER, ou Moftedhaher Ben Moftadhi. C'eft le XXVIII Kha-
Le Sultan HarJdarok, qui ctoic MaÎL-re du, 'Khalife & du Khalifat, étant mort
l'an 498 de l'Hegire, fon frère Gaïath cddin Mohammed s'empara de Bagdet &
de tous les autres Etats qui dévoient appartenir à Malek fchah, fécond du nom,
fils de Barkiarok fon neveu, & laiiTa vivre paifiblement, mais ilms autorité, le
Khalife Moftedhaher.
L'an 511 de l'Hegire , le Sultan Mohammed Gaïatheddin étant mort , Mah-
moud fon fils qui lui fucceda, trouva, dit-on, dans le tréfor de fon frère, on-
ze millions de Dinai-s, ou Ecus d'or, & une pareille foinme, tant eu meubles
qu'en pierreries. Ce Prince vèquit fort bien avec le Khalife lequel moiiiUt
l'année fuivante , âgé de quarante & un an & fix mois , après vingt - cinq ans
'de règne.
Mofledhaher aimoit la juftice , étoit bon Poëte , & favorifoit beaucoun les
gens de lettres. On ne dit rien de fes aftions militaires ; car lei Sultans Sel-
giucides avoient alors entre leurs mains, toutes les forces & le gouvernement
abfolu du Khalifat. Khoiidemir, &.c.
On peut remarquer feulement , que ce fut fous le règne de ce Khalife , à
fçavoir l'an ^p2 de l'Hegire, que les Hifloriens Orientaux marquent la defcente
q'ue les Chrétiens Francs ou Latins firent dans la Terre fainte , & qui fut
peut-être prognofI;iquée par les Aflrologues qui menacèrent dans cette année-là
les Mafulmans, d'un déluge qui n'arri\'a pas.
Cette année de l'Hegire répond à celle de J. C. 1098. Cependant nos
Hiiloriens ne marquent cette expédition qu'en l'année 1099. C'ell auffi fous
le régne de ce même Khalife qu'Ebn Amid, furnomraé vulgairement -El Ma-
cin, finit fon Tarikh Al Moflemin, qu'Erpenius nous a donné fous le nom de
rHiftoire Saracenique.
Moftarfched Billah fucceda à Mofledliaher fon père dans la même année qui
ell l'an 512 de l'Hegire.
MOSTA'DHEM ou Moflâzem Billah Ben Moftanfer Billah. C'efl le
-XXXVII & le derai'jr Khalife de la race des Abbalîîdes qui ait régné dans Bag-
det. Il lucceda à Moflanfer fon pcre l'an de l'Hegire 640 ,• & fut reconnu
pour le feiil & unique Khalife ou Vicaire de Mahomet, & pour le fouverain
Pontife de tous les Mufulmans. Car Adhed, l'onzième & le dernier des Khali-
fes Fathiraites en Egypte, étoit mort des l'an ^67-, fous le règne de Saladin,
quoyqu'il foin vray qu'il y euft encore dans l'Occident, c'eft-à-dire, dans l'A-
frique^ &_ dans l'Efpagne quelques Prises qui prenoient le titre de Khalife. Mais
ce n'étoit qu'à l'égard de leurs fujets immédiats , & non de tous les autres
Mufulmans qui ne regardoient pour lors que Moftàdhem pour leur let^itimc
Khalife. ^
Ce Khalife que l'on compte pour le trente-feptième des Abbaffides , n'étoi£
cependant que le vingt-quatre ou vingt-cinquième en ligne direfte de la pofte- •
rite d'Abbas. Car plufieurs Collatéraux de cette Maifon avoient joiii du Khali-
fat, & il fut le plus riche, le plus puiffant , le plus refpefté , & en même
temps le plus malheureux de tous les Princes de fa race,
V V V V 2 £,'aa
7oS M 0 S T A'D HEM:
L'an de l'Hegire ^42, Nafier eddin Ben Nafedh, qui étoît Vizir de Moftâd-
hem & qui l'avoit été de Moftanler fon père , étant décédé , le Khalife donna
fa charge à Mouiadeddin A'icami , o: clmngea ainfi le plus iidéle de fes fervi-
teurs contre le plus perfide de tous les Minières. Car ce fut cet A'icami qui
fut la ruïne entière du Khalife & du Khalifat.
Une grande difpute s'étant élevée dans Bagdet l'an 650 de l'Hegire entre les
Sunnites & les Schiites , un grand tinraiite & cnfiiite la fedition la fuivirent
bientôt. Ces Sunnites ou Traditionnaires font reputez, comme Orthodoxe par-
mi les Mahometans , & les Schiites ou Seftateurs d'AH font regardez , comme
Hétérodoxes ou Hérétiques par ceux du parti contraire. Ces deux Se6les par-
tageoient tonte la Ville. Aboubekr, fils du Khalife , protegeoit les premiers, &
le Vizir a voit de grandes liaifons avec les autres.
li arriva qu' Aboubekr ne pouvant plus foufFrir les féditions fréquentes que les
Schiites ou Parcifans d'Ali excituient dans la Ville, vint un jour à main armée
fe. faifir des principaux Chefs de la Se6le d'Ali dont il remplit les prifonsi
- C tte aftion déplut fi fort à Mouiadeddin qu'il refolut de vanger ceux qu'il
croyoit'perfecutez injufi:ement , & conçut en même temps le cruel defl^ein de
faire périr tous ceux de la Maifon des Abbaffides qu'il tenoit pour Auteurs ^
ou Complices dé cette perfecution.
L'année fuivante qui fut la 651 de l'Hégire, Hôlagou Empereur des Mogols
ou Tartares, ayant deflinn de poufilT fes conqueftes vers l'Occident & vers le
Septentrion, & attaquer h Thrace, la Ruffie & la Pologne, Nalîîreddin;, ce fa-
meux Mathématicien de l'Orient , qui avoit quitté le Khalife pour quelque mécon-
tentement qu'il en avoit reçu, vint trouver le Tartare, & le portant a changer
de refolution, le poufi'a à tourner du côté du Midi.
Holagou fuivit le Confcil de Naffireddin & fongea deflôrs à attaquer le Kha-
life même dans la Ville de Bagdet, que l'on lui avoit reprefenté être fans dé-
fenfe. Ce grand Capitaine difïimula cependant aflx:z long-temps fon deflTein»
Car depuis l'an 654 de l'Hegire, jufqu'en l'an 6s6i il fit faire tant de marches
& de contremarches à fon armée, que l'on ne pouvoit point juger de quel côté
elle dcvoit fondre.
Le Vizir Mouiadeddin ayant pénétré par le moyen de fes Emifiiiires la relb-
lution des Tartares , fe fcrvit de cette occafion pour perdre fans refiTource fon
Maître avec toute fa famille, & vanger par-là la SeSie qu'il favorifoit, des ou-
trages qu'elle avoit foufl'erts. Pour faire reuiîir fon mauvais defl^ein, il confeilla
par une perfidie fans exemple au Khalife de licencier fes troupes , comme lui
étant inutiles dans un temps auquel il étoit craint & refpefté par tous les Rois
& par tous les Princes du Mufulmanifme , qui fe qualifioient tous Serviteurs &.
Efclaves de fon heureufe & fublime Porte. Il ajoûtoit qu'il n'avoit rien à ap-
préhender non plus du côté des Tartares, lefquels paroiffoient vouloir tourner
leurs armes plutôt vers le Septentrion qui étoit plus à leur bienfeance , que du
côté du Midi.
Mofiiidhem qui aimoit l'ai'gent, écouta avec plaifîr un confeil qui flattoit fa
paflîon.& qui le déchargeoit d'une dépenfe exceflîve qu'il étoit obligé de faire
pour l'entretien de foixante & dix mille hommes qu'il avoit fur pied. Ce mi-
ierable Prince fe trouva ainfi defarmé dans le temps qu'il, devoit plutôt fonger
à augmenter le aoiïibi-e de Tei Troupes ^ qu'à Jes refQraçr. Et abandonnant
M O s T A' D H _E m; I 709
fout-â-fait les affaires ai la guerre ,. il fe livra entièrement k la joye & aux
plaifîrs.
Le Vizir fur qui le Khalife fe repofoit entièrement de toutes chofes , & au-
quel il avoit confié entièrement le Gouvernement de fes Etats , pour comble
de fa trahifon, difperfa tous les Chefs & Officiers de^ Troupes en divers lieux
éloignez de Bagdet, & donna avis en même temps par un Exprès à Holagou,
de la fticilité qu'il trouveroit à fe rendre Maiftre de la Ville Capitale. & de la
perfonne du Khalife, s'il faifoit marcher fon armée de ce côté-là.
Le Tartare fur cet avis , partit des environs de la Ville de Hamadan , fans que
l'on fçut de quel côté il devroit tourner, & tomba tout d'un coup fur l'Iraque
Babylonienne qui ell la Province où la Ville de Bagdet ell lituéc. A cette nou-
velle les principaux Seigneurs de la Cour reprefentefent vivement au Khalife,
qu'il étoit temps qu'il quittait fes débauches & penfaft fcrieufement à fes affai-
res. Mais le Vizir conduifant toujours fourdement la trame de fa trahifon,
faifoit entendre en particulier à ce Prince qu'il ne couroit aucun rifque , & que
quand bien même les Mogols & les Tartares, unis enfemble, feroient entrez
dans la Ville, les femmes & les enfans feuls feroient capables de les affommer
tous à coups de pierres , de deffus les terraffes de leurs maifons.
Le Khalife s'entretenoit de ces folles efpérances que lui donnoit fon Vizir,
lorfqu'il apprit, que Holagou avoit détaché de fon armée, Sougougiak & Man-
gou avec un nombre confidérable de Troupes qui avoient pris le chemin du
defcrt pour s'approcher de plus près de Bagdet. Il fallut donc enfin que le-
Khalife fongeaft malgré lui à la guerre, & deux d'entre les Officiers Généraux
du Khalife , nommez Fatheddin & Megiahededdin fe . mirent à la tête de dix'
mille hommes pour aller reconnoître les ennemis.
L'Armée du Khalife rencontra les Mogols campez le long du Degiaïl , c'eff-
â-dire , le petit Tigre , & qui n'eft proprement qu'un bras de la Rivière que
les Arabes appellent Digelah , qui eft le Tigre. Il fe donna un très-rude com-
bat entre les deux armées auprès de ce fleuve, fans que l'avantage demeurait à
aucun des deux partis pendant tout le jour. Mais les Mogols ayant travaillé'
toute la nuit fuivante à couper une des digues de l'Euphrate proche duquel
l'armée du Khalife s'étoit mal pofl:ée , cette armée fe trouva tellement incom-
modée par les eaux de ce grand fleuve qui l'inondoit , qu'elle demeurait fans
aucune défenfe ; de forte que la plus grande partie de ces Troupes fut fubmer-
gée , & que tout ce qui échapa de l'eau pafl^a par le fil de l'épée des Tartares.
Megiahed fe fauva à grand peine lui feul & retourna à Bagdet, où le Kha-
life ne fçut pas plutôt fon arrivée , que n'ayant encore rien appris de, la défai-
te de fon armée , il s'écria par trois fois : Dieu foit loiié , Megiahed eft en'
bonne fanté.
Pendant que les Troupes du Khalife s'avancèrent pour aller audevant des Tar-
tares qui avoient pris la route du defert pour s'approcher de Bagdet , Hola^rou
arriva d'un autre côté avec le gros de fon armée , & parut tout à coup aux
portes de Bagdet , de forte que cette grande Ville fe trouva affiegée dans le
temps qu'elle y penfoit le moins. Ce fiege dura deux mois entiers fans que le
Khalife s'en fuit prefque apperçu. Car il continua toujours de vivre dans lès
defordres fans prendre aucune connoilfance de fes affaires. Les Perfans peur
exprimer l'éEsit auquçl (e tfpuvoit cette grande Ville & la fecurité ios laquelle
VyYY 3, fcs
^té MO s TA'D HEM.
fes habitans vivoient, difent que le four; s'y chauffoit foir & inatin à l'ordinal
re: Her rouz ez Sabah ta fcham tannour rezm ghermi boud.
Holagou cependant prefibit extrêmement la Ville, & elle étoit fur le point
d'eflre forcée, loi'^q"'^ le Vizir A'icami, cet ennemi domellique plus dangereux
que les Tartares mêmc^ , fortit à cheval de la Ville , accompagiié de fes deux
enfans & de plufieurs de fes amis. II. vint droit au Camp des ennemis , <Sc alla
trouver l'Ilkiian; c'eft le titre que portoit Holagou, dans fa tente. Ce Prince
le reçut honnellement, lui accorda à lui & à les enfans la liberté; .mais il re-
tint prifonniers tous les autres qui l'avoicnt fuivi , & peu de temps après , il fit
donner un affaut gênerai à la Ville qui n'avoit plus aucune défenfe, <Sc y entra
viélorieux avec fon armée.
r
pillage d'une infinité de richeliès qui
la plus puiiTante & la plus riche qui fuft connue dans l'Univers.
■ Le Khalife Moftâdhem étant tombé entre les mains des Tartares avec un de
fes enfans, il fut délibéré quelque tems fur ce que l'on feroit de fa perfonne,
& il fut enfin refolu, qu'il feroit empaqueté dans un feutre lié fort étroite- j
ment & traîné en cet. état par toutes les rues de la Ville, où il expira en
fort peu de tems. Son fils , qui luy étoit relié de deux qu'il avoit , fut mis,
à mort. Car l'autre avoit été tué "à une des portes de la Ville qu'il defen-
doit courageuièmcnt.
Telle fut la fin déplorable du dernier Khalife des Mufulmans, & le terme de
leur Khalifat, qui avoit commencé après la mort de Mahomet , dans la per-
fonne d'Aboubekr , l'onzième année de fllegire , & qui étoit demeuré dans la
Maiîbn des Abbaflides pondant l'efpace de 520 ans.
Moftâdhem mourut à V-àge de, quarante-fix ans , après en avoir régné dix-
huit & quelques mois. Il n'eut point de fucceflcur. Car, quoyque quelques
années après fa mort, Bibars, Sultan des Mamelucs en Egypte, ait voulu rele-
ver cette Maifon en faifant déclarer Moftanfer , qui fe vantoit d'en être, pour
Khalife, ce Perfonnage ne fut reconnu pour tel que par fort peu de gens, com-
me l'on peut voir dans fon titre particulier. Khondemir.
Quoyque ce dernier Khalife ait été un Prince de fort peu. d'efprit & fans
conduite; cependant il a régné avec plus de faite & de magnificence qu'aucun
de fes Prédécelfturs. Comme il étoit fort avare , il avoit ajouté des richelTes
infinies aux tréîbrs que fes Ancêtres luy avoient laifix;z , & fon orgueil fut 11
grand, que les plus grands Princes d'entre les Mufulmans n'avoient pas l'entrée
facile auprès de luy,
L'Auteur du Livre intitulé Vafi^af rapporte , que ce Khalife avoit fait pofer,
une pierre, qui fervoit de feuil à la Porte de fon Palais, laquelle étoit refpec-
têe par las Mufulmans autant que la famcufe Pierre noire du Temple de la
Mecque. Au plus haut de cette Porte, il- y avoit une pièce de velours noir at-
tachée , qui pendoit en bas jufqu'à la portée d'un homme , & que les plus
grands Seigneurs luy faifoient leur Cour , en s'arrêtant au-dehors du Palais au-
quel ils rendoient des honneurs prefque divins, en fe frottant les yeux & le
front fur la pierre & fur l'étoffe, & les baifant avec grande humilité pour lui
rendre homraage. , -'/',. -,
Lorfque ce Khalife foftoit de fon Palais i. il portoit ordinairement un mafque
; ■■ MO S T A-Ê) H^ ,^ïj
Ott un voile fur fon vifagé , pour s'attiVcr un pfc ^nnd Féfpea cï<3s 'peuples
qii'ir n'eftiraoit pas dignes de le regarder, & dont k fou^e-né;iïimoin& ëtoîC'fi
grande, que les rues. & les places étoient trop étroites, & que l'on loUoit foW
chèrement les fenêtres & les balcons des maiîbns qui étoient fur le chemin par
où il devoit palTer. Nigharîfian. ■
Il y a apparence , que les Tartares choifirent le genre de mort qu'ils luy fi-
rent fouffrir, pour le punir du falle trop infolent qui Tavoit poi-té.à exjgei- ce
refpefh.trop outré ^que luy rendoiqqt les MufLilmans. ' ' •' .. ■ '■ ' ■
MOSTADHI Beemtllhh'BeSi'Moftaiigéd Bîllah.- Ceft le XXXTlt Khalife
de la Mailbn des Abbaffides qui fucceda à fon père Moftuaged , l'an de l'Hegi-
re 566, de J. G, 1170. On remarque, touchant ce Khalife, qu'il a été le feu!
qui ait porté le nom de Haiî'an , après le fils aîné d'Ali , qui portoit le même
nom, & qup ce fécond Haflan- imita parfaitement les vertus du premier & par-
ticulièrement fa iib.efalité , diitribuant en fort peu de tcms les grands, tréfors que
fon père avoit amaffez '
Cothbeddin Kimar, Général des Troupes du Khalife, iivoit pris' une fi gran-
de autorité qu'il difpofoit de beaucoup de chofes , fans la participation de Mo-
ftadhh . Ce Prince qui avait pour Vizir un très-habile homme, nommé Zehir
Ben A'tthar , duquel il fuivoit pour l'ordinaire les Confcils , s'oppofa le plus
qu'il put aux entreprifes de Kimar. . .
Ce Général ne pouvant fouffrir la fermeté du Vizir, qu'il fçavok être l'Au-
teur de toutes les réfolutions vijoureufes qui fç prcnoient contre luy , voulut
fe faifir de fa perfonne ik fit invertir fa maifon jtar Ics Troupes qu'il comman-
doit. Le Vizir, qui eut avis de l'entrepriie du Général, fe fauva dans le Pa-
lais du Khalife & abandonna fa maiion au pillage de cette ïbldatefque mutinée.
Le Général ayant manqué fon coup , crut qu'il ne devoit pas en demeurer-là.
Il fit avancer fcs gens vers le Palais du Khalife , qu'il croyoit pouvoir intimi-
der & tirer par Ce moyen le Vizir de fes mains.. iVIais auffi-tô.£ que Moftadhi
eut entendu le bruit que foifoient las gens de Kimar,. il parut fur un balcon dé
fon Palais , & dit au peuple qui s'y tenoit tumultueufement aifemblé au bruit
que les gens de Kimar avoient excité: Vous voyez alfez, mes Enfans , l'info-
lence de Kimar & de quelle manière , outrepalfant les bornes du pouvoir qUe je
luy ay donné, il entreprend tous les jours fur mon autorité. C'eil pourquoy,
pour le punir de ce nouvel attentat, je vous abandonne tous fes biens & je
me referve feulement le châtiment de fa perfonne.
Le peuple n'eut pas plutôt oui les paroles du Khalife, qu'il quitta le Palais
& courut vers la maifon du Général. , Celuy-cy fit retourner aufli les Trou-
pes pour garantir fa maifon du pillage. Mais le nombre de la canaille s'augmen- -
tant d'heure en heure , rien ne leur put refifter. La maifon du Général fut
forcée & pillée, & il fut obligé luy-même de faire faire une brèche dans la mu-
raille de fon logis, pour fe fauvcr & pour gagner la Ville de Moful , où il
mourut peu de tems après. .
Moftadhi mourut aufli l'an de l'Hegire 57$ , après avoir rendu la juftice à
tous fes fujets, & fait fleurir les Arts & les fciences dans fes Etats, pendant un
règne de neuf ans & dix mois
Ce fut fous le Khalifat de Moftadhi que finit celuy des Fathimites en Egyp-
îej. de forte que l'autorité légitime fut réunie dans fa feule perfonne, ce qui
arriva
fU M 0 s T A F A. M O S T A' I N,
arriva après que le Sultan Noureddin & Saladin, fon Général, fe furent rendus
maîtres de la Syrie entière & de toute l'Egypte. Foyez les titres de Noured-
din & de Saladin.
Nafler fucceda, dans la même année, à fon père Mofladhi, par le crédit de
Zehireddin Ben A'tthar , fon Vizir , qui fut cependant mal récompenfé de fes
foins.
MO S TA FA. Ce mot qui fignifîc Choifi particulièrement de Dieu, fe don-
ne par excellence à Mahomet , & ell devenu cependant le nom propre de plu-
ileurs Perfonnages , aufli-bien que celuy de Mohammed,
MOSTAFA Khan Ben Mohammed Khan. Ceft Moftafa, Sultan des Turcs
Ottomans, fils de Mahomet III & frère d'Ahmed ou Achmet , fon Prédecef-
fcur.
Il fucceda à fon frère Ahmed, l'an 1026 de l'Hegire; mais il fut dépofledé
trois mois après, pour faire place à Ottiman II du nom, fon neveu, qui étoit
.fils d'Ahmed.
Il eft le quinzième Sultan de h Maifon des Ottomans, & il fut remis fur le
trône après la mort d'Othman, fon neveu , qui fut étrangle par les Janilfaires,
après quatre ans & quatre mois de règne, l'an 103 1 de 1 Hégire. Il ne régna
cependant qu'un an & quatre mois. Car il fut depofé pour la féconde fois,
'an 1032 , & eut pour fuccelTcur un autre de fes neveux, nommé Morad Ben
Ahmed, qui ell Amurat IV du nom.
• MOSTAFA Schâcr. Moftafa le Poëte. Cet Auteur qui porte le titre d'E^
mir, a compofé un Livre intitulé Tohfat alfolaha, c'eil-à-dire , Préfent fait aux
Gens de bien. C'efl une Traduftion Perfienne du Livre de Gazali , intitulé
Aiohà alueled, qui eft un 7>aité Moral & Afcetique.
MOSTAFA Tchenkgi. .C'cft le nom d'un célèbre joueur d'inftrumens de
Mufique parmy les Turcs.
MOSTA'IN Billah Ben Mohammed, Ben MôtafTem Billah. Ceft le XII
•Khalife de la race des Abhaflidcs qui fut élevé au Khahfat , l'an de l'Hegire
249, au préjudice de Môtaz, frère de Montaffer & fils de Motavakkel , â qui
il appartenoit par droit de fucceflîon.
Moftâïn n'étant que pctit-fi!s du Khalife MôtafTem Billah, ayant pour luy la
faftion des Turcs, qui étoit devenue très-puilîànte par le crédit que Bûga Ke-
-bir, Bûga Saghir, Vaffif & Bagher, leurs Chefs, avoient acquis dans tout l'Em-
pire , le parti de IVlôtaz fut bientôt abbattu & détruit entièrement; de forte
qu'il fe trouva en fort peu de tems le paifible polTeireur de tous les Etats de
•fes PrédecefTeurs , & reconnu luy feul pour le véritable & légitime Khalife.
L'an 250 de l'Hegire , lahia Ben O'mar , Prince de la race d'Ali , s'étant
foûlevé contre le Khalife Moftaïn , fit révolter la Ville de Coufah , & groffit
en peu de tems fon party de beaucoup de gens dans l'Iraque Arabique. Mais
Mohammed ,5 fils d'Abdallah & petit-fi!s du grand Capitaine Thaher, & par con-
féquent Prince des Thaheriens, qui pour lors étoit Général des armées du Ivha-
Jife*, appaifa bientôt les troubles de cette Province par la mort du Chef des
.Rebelles, qu'il tua luy-même daas un combat.
M O s T A' I N. j,j2
Dans la mémo aniide , un autre Chef de la Maifon d'Ali, nommé Hadn
Ben lezid, qui prenoit Je titre d'Al Daï elalliakk , qui fignifie cciuv qui invite
les gens à fuivre la vérité & le bon droit , fe révolta avec un ])lus heureux
fuccès dans la Province de Thabareflan. Car il demeura Maître de cette Pro-
vince, qu'il avoit enlevée au Khalife pendant le. cours de dix-neuf années en-
tières , & la lailTa par héritage à fon frère Mohammed CafTcm , qui luy fuc-
ceda & qui en jouit paifibleracnt dix-huit ans entiers , comme l'on peut voir
ailleurs.
L'an 251 de l'Hegire , la divifion s'étant mife parmy les Turcs , qui s'é-
toient rendus Maîtres abfolus de toutes les forces du Khalifat , & avoicijt ac-
quis par ce moyen tout pouvoir auprès du Khalife , & Bagher , J'un de leurs
principaux Chefs, pourfuivant auprès du Khalife quelque prétention qu'il avoit
contre Vaffif, le Khalife favorifa le parti de celuy-cy. Bagher, fort irrité de
cette préférence, afTembla fcs amis & les exhorta à fe défaire de Vaffif , & à
dépofTéder Moftâïn pour élever à fa place un autre Khalife , qui leur fût plus
favorable.
Le Khalife ayant découvert cette Conjuration, fit arrêter Bagher dans le Pa-
lais Impérial , ce que les Turcs de fon party ayant appris , ils prirent les ar-
mes, fous prétexte de délivrer leur Chef des mains ^de fes ennemis. Ces mu-
tins le preflerent fi fort fur ce point , qu'il fut obligé de tenir Confeil avec
'Vaflîf & Bûga, autres Chefs de cette Milice , fur ce qu'il y avoit à faire , &
ceux-cy, qui étoic^nt intéreflez à la perte de Bagher leur ennem}-, lui confeille-
rent de s'en défaire.
Moftâïn ayant donc fait mourir Bagher , crut qu'il appaiferoit par cette exé-
cution les féditieux qui n'auroient plus rien à luy demander. Mais il arriva
tout le contraire de ce qu'il s'étoit imaginé. Car les Turcs devenus encore plus
furieux depuis la punition de leur Chef, fe mirent à piller la Ville , & mena-
çoient déjà de. mettre le feu au Palais Impérial, fi on ne leur livroit entre les
mains Vaffif & Bûga , qui étoient les Auteurs du meurtre , commis en la perfon-
ne de leur Général.
Vaffif & Bûga fe voyant réduits à cette extrémité , ne trouvèrent point de
meilleur expédient que d'enlever Moftâïn & de le mener à Bagdet , cette fédi-
tion étant arrivée dans la Ville de Samarah , qui eft la même que Scrmenraï,
où les Khalifes faifoient leur réfidence ordinaire depuis le règne du Khalife
Môtaffem. Auffi-tôt que les féditieux apprirent que le Khalife avoit été enle-
vé , ils fe repentirent de la violence qu'ils avoient commife, & luy envoyèrent
des Députez pour le prier de retourner à Samarah.
Mohammed , fils d'Abdallah , duquel il a été déjà parlé , qui étoit pour lors
Gouverneur de la Ville de Bagdet, fut ravi d'avoir le Khalife entre fes mains,
de forte qu'il reçut très-mal ces Députez & les obligea même à s'en retourner
chez eux, fans avoir vu le KhaHfe. Les Turcs irritez de ce mépris , reprirent
les armes, dépoferent de leur propre autorité Moftâïn & mirent fur le trône
Môtaz, frère de Montaffer. auquel, comme il a déjà été dit, la dignité de Kha-
life appartenoit par droit de fucceffion.
Môtaz ne fut pas plutôt élevé fur le trône des Khalifes , qu'illeva des Trou-
pes & envoya fon frère Mouaffec à la tête d'une grande armée, pour affiéger
Moftâïn & tous ceux de fon party dans la Ville de Bagdet. Ce Prince fe trou-
vant prefTé par les afliégeans , délibéra aflez long-tems quel party il devoit
^ToME n. X X X X pren-
714 M 0 S T A I N. -M OSTANGED.
prendre. Mais les Turcs qui ctoient auprès de luy, fans attendre la réfolution,
commencèrent à traiter leur accommodement particulier avec le nouveau Kha-
life, & Mohammed Ben A'bdallah le Thaherite, Gouverneur de la Place, écri-
vit même à Môtaz , que s'il vouloit bien luy lailTer fon Gouvernement &, pro-
mettre folemnellement de conferver la vie à Moftâïn, il feroit enforte de con-
cert avec les Turcs , que ce Prince fe démettroit volontairement du Khalifat
& s'abdiqueroit lujMnême.
Môtaz accepta ce party, & le Traité ayant été conclu & figné l'an 252 de
l'Hegire , Mohammed Ben A'bdallah , & les Turcs Vaffif & Bûga , obligèrent
Moftâïn à fe démettre du Khah'fat en fiveur de Môtaz , & à fe contenter de
mener une vie privée dans le Palais magnifique, que Haffan Ben Sohal avoit
fait bâtir dans Bagdet, qui luy fut aflîgné pour demeure.
Môtaz cependant faifoit garder foigneufement Moilâïn dans ce Palais, & quel-
que foupçon luy étant venu fur fa conduite , il le fit venir auprès de luy dans
la Ville de Samarah , où le Vizir Sàïd , auquel il le recommanda , s'en défît
bientoit. Ainfi ce Prince ne régna que trois ans & neuf mois , félon le rap-
port de Khondemir.
MOSTAIN Billah. C'eft un autre Khalife, qui étoit de ces prétendus Ab-
baflides que les Mamelucs avoient établis en Egypte. Celui-cy fut élevé cepen-
dant par les Circafficns h la dignité Royale , & prit la qualité de Sultan , l'an
815 de l'Hegire. Mais il ne la conferva que fix ou fept mois ,. après lefquels
les Circafîîens mêmes le dépoferent & remirent dans leur Nation la Couronne
que ce Khahfe avoit ufurpée. ^l Gianabi.
MOSTAKHALES. Livre de Doarine légale des Mufulmans, fur lequel
Samarkandi a fait une efpèce de Commentaire , qu'il a intitulé Moltaketh. Il
eft dans la Bibliothèque Royale , n"^. 721.
MOSTAKHREG^ C'cfl le titre d'un Livre de Iladiths ou Traditions Mu-
fulmanncs, compofé par Abou Nâïm A'ii Al Moflem. ,
MOSTAKI. Ebn Moftaki. C'efl le nom d'un Auteur, qui a écrit contre
le Livre de Gazali, intitulé Ahia Oloum aldin. Foyez ce titre. ,
MOSTA'LI Fillah. C'ell le nom d'un Khalife Fathimite d'Egypte, qui fuc-
ceda à fon père Moftanfer Billah l'an 488 de l'Hegire , & régna jufqu'en l'an
495. Les Aitrologues de fon tcms prédirent un déluge univerfel ; mais il
n'y eut qu'un torrent débordé auprès de la Mecque.
Après la mort de ce Khalife , qui n'avoit lailfé qu'un fils en fort bas âge ,
Bcrar, fon frère, fe faifit de la Ville d'Alexandrie, où il fe fit proclamer Kha-
life fous le nom de Moftafa Ledin Whh. Mais le Général des armées d'Egyp-
te, nommé Afdhal, le défit bientôt, & fit proclamer Khalife'. AU Aboul iVIan-
ibr, fils de Mofldli , qui n'avoit encore atteint que l'âge de cinq ans , & luy
fit prendre le titre d'Amer Beemrillah ou Beahkham illah. Ebyi Amid. Ben
Schohnah.
MO S TAN G Eu Billah. C'ell le XxXXII Khalife de la Maifon des Ab^
baffides .
M O s T A N s E R. 71^
bafïïdes, qui fucceda à fon père Moktafî, qu'il avoit déclaré fon unique héri-
tier en l'an ss'i de l'Hegire.
Abou Ali, fon frère, voulut d'abord le dépofleder & entreprit même fur fa vie,
ayant fuborné des femmes du Palais Impérial qui dévoient 'le poignarder. Mais
Moflanged ayant eu avis de ce qui ie tramoit contre luy, fit cmprifonner fon
frère avec fa mère, qui étoic de la confpiration, & il fit jetter dans la Riviè-
re du Tigre les femmes qui étoient gagnées pour le maffacrer.
Ce Khalife fut fi grand amateur de la juflice qu'ayant fait mettre en prifon
■un Calomniateur, & un des Grands de fa Cour luy ayant offert la fomme de
'deux mille écus d'or pour la délivrance de ce prifonnier , il luy dit : Mettez-
moy entre les mains un autre homme qui ait toutes les mauvaifes qualitez de
•ce prifonnier & je vous en feray compter dix mille. Car je fouhaite extrême-
m.nt de purger mon Etat de cette pelle.
Moflangcd mourut l'an 56() de l'Hegire , après avoir régné dix ans & un mois
'& eut pour fuccefleur Mofladhi, fon fils. Khondemir.
MOSTANSER Billah. C'eft le XXXVI Khalife de la Maifon des Ab-
'bafïïdes, qui étoit fils de Dhaher fon prédecefieur , & qui fut proclamé l'an de
l'Hegire 623.
Tous les Hilloriens conviennent , que ce Khalife furpaffii tous fes prédecef-
feurs en Clémence & en Libéralité. 11 fit bâtir plufieurs édifices publics pour
la commodité de fes fujets, & entre les autres le fameux Collège, qui efi: ap.
péllé de fon nom Al Madrafah Al Mofl:anferiah , dans lequel il avoit un appar-
tement & une galerie qui joignoit les Ecoles, où il venoit tous les jours pour
apprendre tout ce qui fe paifoit dans fon Collège, & d'où il entendoit fouvent
par des jaloufies les difputes des Doéleurs & de leurs Diiciples.
Ce mêine Khalife faiibit fouvent drcfler, dans la Ville de Bagdet, un grand
nombre de Tables fort bien fervies, principalement au mois de Ramadhan pen-
dant la nuit, qui efl le feul tems auquel les Mufulmans peuvent manger & boi-
re, à caufe du jeûne qu'ils pj-atiquent tous les jours de ce Mois-là. Un cha-
cun étoit bien reçu & bien traité.
Mirkhond & Khondemir rapportent, que ce Khalife étant un jour monté à
la plus haute galerie de fon Palais , il vit que la plupart des terraffes des mai-
fons de la Ville étoient garnies de diver/i-'S fortes d'habits, & en ayant deman-
dé la raifon à fon Vizir, celuy-cy répondit, que les Habitans de Bagdet expo-
foient ainfi leurs habits qu'ils avoient fait laver pour les fécher au foliïil , à
caufe du Bairani qui ell leur fête folemnellc qui approchoit. Mollanfer enten-
dant ce diicours, dit au Vizir: Je ne croyois pas que les Bourgeois de Bagdet
fufient fi pauvres , ni qu'ils fulTent obligez de faire laver leurs vieux habits ,
fiiute de neufs pour célébrer la fefl;e ; & en même tems il commanda, que l'on
employafl: une très-grande fomme d'or pour en faire des balles d'arbalefiies , que
luy & les fiens tiroient de la galerie de fon Palais , fur toutes les terrafl'es de
la Ville où il voyoit des habits étendus au foleil.
Cette grande libéralité a fait dire aux Auteurs de la vie de ce Khalife, qu'il
avoit diftribué en moins de vingt ans les tréfors que Ces prédecefi'eurs avoient
amaifez pendant l'efpace de cinq cent ans.
Le Tarikh Al Abbas , ou la Chronique des Abbaflîdes , rapporte , que ce Kha-
life vifitant un jour fon Tréfor avec un de fes plus familiers , trouva une ci-
X X X X 2 llerne
j,i^ M O s T A N s E R.
flerne pleine d'or & d'argent , & dit aiilïï-tôt à celuy qui étoit préfent : Plût".
à Dieu, que, je vécufTc autant qu'il faut pour employer tout cet or & tout cet
ar-T-ent. Celuy qui l'accompagnoit entendant ces paroles, fe prit auffi-tôt à ri-
re^ & le Khalife luy en demandant la caufe, il luy répondit: Je me fouviens,
Sei'o-neur, qu'accompagnant un jour le Khalife Nafler, vôtre Ayeul, en ce mê-
me^Iieu il manquoit deux bralles que cette cifterne ne fût pleine, ce que Naf-
fer ayant apperçu, il dit : Plût-à-Dieu , que je puiiïe aiTcz vivre pour achever
de la remplir. C'ell: cette diverfité de fentimens qui a excité en moy le ris qui
m'eft échapé, lorfque j'ay confideré , que Naifer ne fongeoit qu'à la remplir,
& que vous ne penfez , Seigneur , qu'à la vuider.
Ce fut fous le Khalifat de Moftanfer, que les Mogols entrèrent dans les Pro-
vinces des Mufulmans. Cette irruption fut une grande menace pour les Khali-
fes & pour la Ville de BagJet , qu'ils prirent feize ans après la mort de ce
Khalife, qui finit fon regue l'c^n 640 de l'Hegire , dans la cinquante & uniè-
me année de fon âge, laillant fon tils infortuné Mollâdhem fon fuccelleur.
MOSTANSER Billah. C'cfl le furnom que prit Ahmed Ben Dhaher, lorf-
qu'il fut déclaré Khalife en Egypte par les Mamelucs.
Quelques Arabes ayant amené au Caire en Egypte, l'an de l'Hegire 6s9^ de
T.-C. 1260, un Perfonnage nommé Ahmed, qu'ils difoient être fils naturel &
légitime" du Khalife Dhaher Ben NaflTer l'Abbaffide, & s'être fauve heureufement
de la Ville de Bagdet, lorfqu'elle fut prife & faccagée par les Tartares, Bibars,
furnommé Al Malek Al Dhaher, IV Sultan de la première Dynaftie des Ma-
melucs en Egypte , convoqua une alfembléc générale en forme de Concile de
tous les Imams & Doéleurs du Mahometilme, tant de la Syrie que de l'Egyp-
te, pour délibérer fur l'état & fur la perfonne de^cct Ahmed,
Cet homme étoit fort brun de vifagc & ne paroilfoit point dans fon exté-
■rieur être du fang des Abbaiîîdes. Cette grande Alfcmblée néanmoins , après
îivoir entendu plufieurs témoins & examiné foigneuiement les mémoires de la
famille des Abbaffides, prononça fous l'autorité de Bibars, qu'Ahmed étoit, par
fa naifl-mce & par la mort de- Mollàdhcm , le légitime & véritable Khalife des
Mufulmans, & luy donna le furnom de Moftanfer Billah, qui fignifîe en Arabe
celuy qui attend tout fon fecours de Dieu.
Le Sultan Bibars fut le premier qui luy rendit hommage , & qui fe chargea
de luy fournir un équipage convenable à fa dignité, qui luy coûta, dit -on,
iufqu'à un million d'écus d'or. De forte, que le peuple à qui il en avoit coû-
té cher, pour fe mocquer de la dépenfe exceffive que le Sultan avoit faite
pour Ahmed, appelloit ce nouveau Khalife Al Zcrabini, c'eft-à-dire, le Khalife
aux écus d'or.
iMoftanfer Billah ayant été ainfi inftallé , fut reconnu pour le premier Khalife
de la féconde Dynaftie des Abbaiîîdes , & le Sultan Bibars le mena avQC luy
dans l'expédition qu'il fit en Syrie , le faifant reipefter par-tout comme le fou-
verain Pontife des Mufulmans , & non content des honneurs qu'il luy faifoit
rendre par tous fes fujets, il entreprit de le remettre dans la Ville de Bagdet
€n polTeflion du trône de ÎQ^ Ancêtres. Pour cet effet , il luy donna des Trou-
pes avec un de fes Généraux , & il étoit déjà en marche lorfque les Tartares ,
<iui eurent la nouvelle de cette équipée, luy ayant coupé le chemin j l'envelo-
pereut avec tout foja équipage, 4 le fif.eili roou.vir.
wepÊû^
MOSTANSEft. M 0 S T A R S C H E D. 717
Cependant ce Khalife n'a pas laiffé d'avoir des Siicceiïeiirs en Egypte. Mais
ils n'y faifoi'nt que les- fondions qui regardoient la Religion Mufulmanne, fans
aucun pouvoir temporel fur les Etats des Mamelucs , qui les créoient ôc dépo-
foient à leur gré. Le dernier de fes SuccelTeurs fut Motavakkel, que Selim I,
Sultan des Turcs, trouva en Egypte, après qu'il en eût fait la conquelte , &
il le mena avec luy à Conftantinople. f^oyez le titre particulier de ce Motavak-
kel. Jien Schonah.
MOSTANSER Billah Abou Temim Al Fathemi. C'eft le nom du V Kha-
life d'Egypte de la race des Fathimites. Il fucceda à fon père Dhaher , à l'â-
ge de neuf ans, l'an de l'Hegire 427, & régna foixante années avec une pru-
dence & modération extraordinaire, qui luy firent difliper plufieurs conjurations,
de forte qu'il laifTa pour fuccelTeur fon fils Ahmed Aboul Caffcm , furnommé
Moftâli, qui commença fon règne l'an 487 de la même Hégire.
Ce Khalife étoit fort bon Poète , & Ebn Amid rapporte de fes vers qu'il
écrivit, pour répondre à fon Vizir, fur le fujet de la punition de quelques fé-
ditieux auxquels il jugea devoir pardonner, contre l'avis de ce Miniltre.
MOSTA'RAR & Motàrab. Un Arabe mellif ou mêlé. C'ell ainfi que les
Arabes appellent ceux d'entre eux qui ne font pas defcendus de leurs anciennes
Tribus, tels que font les Ifmaëliens, qui fe joignirent aux véritables defcendus
d'Iârab, fils de Cahtan ou loftan.
On appelle auffi de ce nom les Arabes qui fe font mêlez avec les Nations
étrangères qu'ils ont fubjuguées; & c'efl: d'où vient le nom Efpagnol de Moçâ-
rab & non pas de Mixtarab, ni de Miiza, Gouverneur de la Mauritanie.
MOSTARACAH ou plutôt Moftarecah. C'eft ainfi que les Arabes appel-
lent les cinq jours que l'on ajoute à la fin des douze mois de l'année folaire
des Egyptiens & des Perfans , dont tous les mois font également de trente
jours. Les Grecs ont appelle ces jours ès-^tyu'utc^j ny-k^ai ^ c'eft-à-dire , Jours
ajoutez, au contraire des Arabes , dont le mot fignifie des jours dérobez, aïam
almoflaracah.
Ces cinq jours , qui font ajoutez pour faire une année, ont chacun leur nom
dans le Calendrier Perfien. l/oyez le Livre d'Ulug Beg, intitulé mârefat alteva-
rikh i que Gravius nous a donné. .
MOSTARSCHED Billah Ben Mofl:edhaher Billah. C'ell le XXIX Khalife
de la Maifon des Abbaflîdes, qui fucceda à fon père Moftedhahcr, l'an de l'He-
gire 512.
Le commencement du règne de ce Khalife ne fut pas paifible ; car fon frè-
re, nommé Aboul HaiTan, quittant la Cour & fortant de Bagdet, alla fe canton-
ner à Hellah, Ville de l'Iraque Arabique, où il amafili quelques Troupes , qui
luy donnèrent le mo5^en de fe faifir de l'importante place de Vafiethe , bâtie (ur
le Tigre. Ce fut-là qu'il fe révolta ouvertement contre Moftarched fon frère
& qu'il prit le titre de Khalife.
Le Khalifat de ce Prince ne fut pas de longue durée ; car Dobaïs Ben Sude-
kah, qui étoit le Gouverneur -Général de tout ce Pays- là pour le Khalife Mo-
ftarched , ayant afl^emblé les Troupes de fon Goiiverneinent , combattit celles
Xxxx 3 d' Aboul
7i8 MOSTASFÏ.
d'Aboul Haffan & les défit à plate couture. Ce jeune Prince ayant été fait prV
fonnier par Dobaïs, fut mis entre les mains du Khalife fon frère , lequel luy
donna généreufcment la vie^& la liberté. Ce fut ainli que les troubles de l'Em-
pire furent appaifez de ce côlé-là.
Mais ce même Dobaïs, qui avoit été fi fidèle au Khalife dans les premières
années, prit enfin le party de fes ennemis; de forte que s'étant joint à Thogrul
le Selgiucide, il entreprit conjointement avec luy de furprendre le Khalife dans
Bagdet, ce qui auroit été exécuté, fans une fièvre ardente qui faific tout -d'un
coup le Sultan Thogrul , & fans un très -grand orage qui empêcha Dobaïs de
fe trouver au rendez-vous avec fes Troupes. Cependant l'armée du Khalife fe
prévalut de cet avantage & obligea celle de fes ennemis à prendre la fuite.
Cette guerre dura jufqu'en l'an 526, que Malfôud fils de Mohammed Gaïa-
theddin fucceda à fon frère Mahmoud. Car le nom de Sultan ayant été publié
dans toutes les Mofquées avec le confentement de Moflarfched, ce Khalife ce-
pendant changea de fentfment pour Mafloud , & fit , à la follicitation de quel-
ques Grands de fa Cour, fupprimcr fon nom dans les prières publiques , & lui
ôta même la qualité de Sultan.
L'an 529 de l'Hegire , le Sultan a3'ant appris dans la Ville de Reï où il fai-
foit fa refidencc , l'injure que MoHarched lui avoit faite , partit auffi-tôt à la
telle d'une puiifante armée & fe rendit dans l'Iraquc Babylonienne, où il n'eut
pas grand' peine à vaincre les Troupes qui s'oppoferent à lui. Il s'approcha en-
fuite de Bagdet qui lui ouvrit fes Portes, & il fe rendit ainli Maître fans au-
cune oppofition de la perfonne du Khalife.
Maflôud ayant cependant une autre guerre dans la tête, mena le Khalife avec
lui jufques en la Province d'Adherbigian , & c'étoit de-là qu'il avoit refolu de le
renvoyer à Bagdet après l'avoir obligé par un Traité, de lui payer tous les ans
quatre cent mille écus d'or & de demeurer dans Bagdet avec fa feule Garde 5
fans lever d'autres Troupes.
Moflarfched & MafTôud arrivèrent en la Ville deMaragah, tous deux en affez
bonne intelligence, comme il paroifïbit. Ceux qui avoient foin de la garde du
Khalife, devinrent un peu négligens à caufe de la manière obligeante avec la-
quelle le Sultan commençoit à le traiter en veuë de l'accord qu'il vouloit faire
avec lui. Cette négligence donna occafion à des Batheniens, c'efl-à-dire , h une
Troupe de ces Infidèles qui ont été nommez depuis par nos Hifloriens, AlTaf
fins , d'entrer dans fa Tente , ou après lui avoir coupé le nez & les oreilles ,
ils lui ôterent la vie.
Plufieurs crurent avec afTcz de fondement que cet affafîînat fut commis par
l'ordre de MafTôud, & que le Traité qu'il difbit vouloir faire avec lui n'étoit
qu'une feinte de laquelle il fe fervoit, pour mieux couvrir la mauvaife intention
qu'il avoit fur fa perfonne.
Ce Khalife étoit fort éloquent & avoit le talent de s'exprimer fi bien en peu
de paroles , qu'il comprenoit toujours beaucoup de fens dans fon difcours. Il
fut tué dans la même année 559, à l'âge de quarante trois ans, après un règne
de dix-fept ans & demi., & laifia pour iùccelîeur Rafched Billah fon fils. K/ion-
deniir. Ben Schohnah.
MOSTASFI. C'efl le titre d'un Livre de Gazali qui a été abbregé par
Al Khouarezmi , dans un de fes Ouvrages qui porte le nom de Mahfoul fi êlm
aloffoul Voytz dans k Bibliothèque Royale, n°. jos.
MOSTATHRAF. M 0 T A D H E D. 719
II y a un autre Ouvrage du jeune Nafîafi qui porte le même titre. C'eft un
Commentaire fur les Livres, intitulez Nafê , Kafi , Vafi , & autres Ouvra»-es
faits par differens Auteurs , touchant les Principes & les Fondemens du Mu-
fulmanifrae.
MOSTATHRAF, ou Moftathrcf. Al Moflathref men kuU fen Moftadhref.
C'eft un Florilège d'Elégances Arabiques , compoië par Mohammed , Ben Ahmed
Al Khatib Al Afchbehi, qui vivoit l'an 800 de l'Hegire.
Cet Ouvrage eft aiïcz femblable à celui qui porte le titre de Rabî alabrar,
c'eft-à-dire, le Printemps des Juftes, compote par Zamakhfchari , & il eft divifé
en deux Parties, dont chacune contient quarante deux Chapitres. Ces deux Par-
ties fe trouvent dans la Bibhotheque du Roy, la première au n". 717 , & la
féconde au n°. 863.
L'Auteur de ce Livre eft fouvent cité fous le nom de Schehab eddin Ahmed
Al Afchbehi. .
MOSTAOUAGEB almehamed fi fcharh khatem Abi Hamed. C'eft le
titre d'un Commentaire fur le Khatem de Gazali. t^oyez le titre de Khatem.
MO 'TA BAR. C'eft le titre que Ben Schobhah a donné à une Hiftoire
qu'il a compofée, & que l'on appelle ordinairement, Tarikh Ben Schobhah.
MOTABATHAN. L'Intérieur, ou le Caché. C'eft un des Surnoms ou
Epithetes du Mahadi, Voyez fon titre.
IMOTADHED Billah Ben MouafFec. C'eft le XV^I Khalife de la Maifon
des Abbaffides qui étoit fils de Mouaffec , lequel ne joiiit point du Khalifat;
mais qui le gouverna & adminiftra avec un pouvoir prefque abfolu fous Môtta-
med Billah fon frère.
Ce fut à ce Môttamcd que Motadhed fucceda, c'eft-à-dire, le Neveu à fon
Oncle, l'an ^79 de l'Hegire, au préjudice d'un fils que Môttamed avoit laifle,
auquel on fit perdre ainfi le droit qu'il avoit à la fucceffion de fon père.
Motadheb, avant qu'il fut élevé au Khalifat, & vivant encore en homme
particulier fous le règne de fon Oncle, vit en fonge pendant la nuit un hom-
me, lequel ayant plongé fa main dans le Tigre & après l'avoir retirée auffî-tôt, ,
fit demeurer à fcc ce fieuve , comme s'il en euft tenu toute l'eau dans fa main ,
& quï le même homme l'ayant ouverte peu après , le Tigre coula à fon ordi-
naire. Ce Perfonnage lui demanda enfuite , s'il étoit connu de lui ? Mais Mo-
tadhed lui ayant répondu que non , celui-ci fe manifefta & lui dit : Je fuis Ali ,
& je t'avertis , que lorfque tu feras Khalife , tu te fouvienne de bien traiter
les enfans de ma Maifon. Motadhed lui ayant promis d'accomplir ce qu'il lui
ordonnoit, il lui tint parole. Car pendant le cours de fon règne il combla les
Alides de fes grâces & de fes faveurs.
On rapporte encore un fait fort étrange touchant ce Khalife , lequel étant
joint à ce que l'on vient de dire, fait allez paroiftre qu'il étoit un peu vifion-
naire; car l'on dit qu'en l'an 283 de THegire toutes les portes de fon Palais
& de fes Appartemens étant fermées, un Phantôme lui apparut , lequel conti-
nua long-temps depuis ce temps-là à fe prefencer devant lui fous différentes
figures & en plufieurs manières & poftures , dont il changeoit chaque jour : Car
quel- -
720 M 0 T A D H E D.
quelquefois il paroifToit fous l'habit d'un Marchand , & d'autl'ês fois foUS celui
d'un Soldat ou d'un Derviche. Son vifage changeoit aulîî fouvent de couleur;
car quelquefois il étoit blanc & éclatant de lumière, & dans un autre temps il
devenoit brun, ou paliflbit.
Le bruit de cette apparition s'étant répandu dans la Ville deBagdet, plufieurs
en recherchèrent curieufement la caufe , & les fentimens des uns & des autres
fe trouvèrent fort difFérens. Car les uns crurent que c'étoit un Diable que la
Jullice Divine envoyoit à ce Prince pour le tourmenter, les autres, que c'ctoit
un de ces Efprits follets que les Arabes appellent, Ginnes , qui participent de
la nature des Efprits & de celle des hommes. Il y en eut auffi qui dirent que
ce pouvoit être un Ange que Dieu lui envoyoit pour lui faire quitter fes mau-
vaifes habitudes, & pour le convertir.
Mais enfin, les plus fenfez foupçonnerent que quelqu'un de Ces Domefliques
qui auroit pu avoir commerce avec ceux qui fçavent les fciences fccretes , lui
jouoit de ces tours de foupplefles pour faire réuffir quelque delfein qu'il avoit
projette. Quoyqu'il en foit, on ne put jamais découvrir la vérité du fait, ce
qui fit que le Khalife fit maltraiter plufieurs de fcs Domefliques à ce fujet.
L'an 284, Motadhed emporté par l'affeélion qu'il avoit pour les Alides, vou-
lut faire maudire publiquement dans toutes les Mofquées du Khalifat le nom de
Moavic, premier Khalife de la race des Ommiades , pour vanger la pofterité
d'Ali de la malediftion que ce Khalife avoit fait publier contre le Chef de
leur Maifon. Mais O'beïdallah Ben Soliman, fon Vizir, le détourna de cette
penfée , lui faifant connoître que cette aftion lui attireroit la haine d'une grande
partie de fes fujets, & feroit lever la tête aux Alides qui étoient difperfez par
tout l'Empire, & afi^ez puitTans pour lui faire des afl'aires. Ce fut auffi dans la
même année que les Carmathes commencèrent ù faire parler d'eux. Foyez le
titre particulier des Carmathes.
L'an de l'Hegire 286, AbouSaïJ, Chef & Prince des Carmathes, fe mit à la
tête d'une armée confidérable, & courut une partie de l'Arabie & de la Chaî-
née, pillant, ravageant tout le pays , & ne donnant quartier à aucun Muful-
man, & Motadhed ayant envoyé contre lui l'année fuivante Abbas Ben A'm-
rou avec des Troupes, Abou Saïd le défit & le fit prifonnier avec huit cent
des fiens.
Ce prifonnier défcfperoit entièrement de fa vie , lorfqu'Abou Sâïd le vint
trouver, & lui dit: Si tu me promets de rapporter au Khalife fincerement tout
ce que je te diray, tu auras la vie fauve, & Abbas lui ayant juré de le faire.,
Abou Sàïd lui parla en ces termes : Tu diras donc au Khalife que je fuis un
Habitant du defert , accoutumé à me pafl^er de peu de chofe , & que je ne lui
ay enlevé aucune Ville ni Bourgade de {es Etats; que toutes les Troupes qu'il
a envoyées jufques ici contre moi ont été défaites , parce que mes foldats font
accoutumez au travail & à mener une vie dure, & que les fiens au contraire
cherchent trop leurs aifes & toutes les commoditez de la vie ; de forte que lorf-
qu'ils fe trouvent dans ces campagnes defertes où ils manquent de beaucoup de
chofes, ils fe débandent, & que je ne donne point de quartier à aucun de ceux
qui tombent entre mes mains. Ainfi le Khahfe doit confiderer Je peu de pro-
fit qu'il remporte de la guerre qu'il me fait, & prendre la rcfolution de nous
iailîer vivre en repos.
Le Khalife fuivit pendant quelque temps l'avis du Carmathe. Mais ayant ap-
pris
M 0 T A D H E D. ^îï
pris en l'an 289 , que ces Rebelles étoient aux environs de Couf;ih où ils vi-
voient en toute afieurance, il les fît furprendrc par les Troupes qui enlevèrent
un de leurs quartiers où commandoit un de leurs principaux Chefs qui fut fait
prifonnier. Ce Carmathe fut envoyé aufli-tôt au Khalife qui l'interrogea d'a-
bord fur la Seéle dont il faifoit profeffion, & lui demanda, fur quoy elle étoit
principalement fondée? Cet homme lui répondit, que c'étoit fur un point qui
regardoit particulièrement la perfonne & la dignité du Khalife; & ce Prince lui
demandant encore , pourquoy cette affaire le regardoit en fon particulier ? le
Carmathe lui répondit hardiment en ces termes : Abbas vôtre Ayeul vivoit en-
core au temps que Mahomet mourut, & cependant, ni ce Prophète, ni ceux
qui étoient pour lors auprès de luy ne penferent à lui donner le titre de Kha-
life après fa mort; car aufîî-tôt.que Mahomet fut decedé , Aboubekr fut élu
du confentement de tous pour tenir fa place , & après le dccés de celui-ci ,
Omar fut appelle pour lui fucceder. Omar en mourant nomma fix perfonncs,
du nombre defquels on devoit tirer fon fuccelTeur fans faire aucune mention
d" Abbas qui n'eut ainfi aucune part en tout ce qui fe palTa jufques alors. Tou-
tes ces chofes me font croire , que , ni vous , ni aucun de vos PrédecefTeurs ,
n'avez non plus que lui aucun droit au Khalifat. Motadhed fe fentit fi fort
piqué du difcours infolent de ce Carmathe qu'il l'envoya aufli-tôt au fupplice.
Ce fut dans cette même anné 289 de l'Hegire que Motadhed finit fon règne
& fa vie , après avoir pris le ferment des peuples en faveur de Moiflafi fon fils ,
qu'il avoit déclaré pour fon fuccelTeur. Il avoit vécu quarante-neuf ans & ré-
gné neuf, & neuf mois , félon Khondemir, Ben Sehohnah, & les autres Hifto-
riens qui exagèrent fort l'afFeftion que ce Khalife avoit pour les Alides, & la
feverité qu'il exerça pendant tout le temps de fon Gouvernement.
L'on rapportera ici quelques exemples de l'une & de l'autre de ces deux qua-
litez, tirez d'Abdalouahed qui a le plus particularifé les aftions de ce Khalife,
dans le Tarikh il Abbas, qui efl la Chronique des Abbaffides.
Un Prevofi; de Bagdet ayant arrefté un jour entre les mains d'un Marchand»
la fomme de trente mille dinars ou écus d'or que Mohammed Ben Zcïd , Prince
de Mazanderan de la race d'Ali, avoit accoutumé d'envoyer tous les ans pour
être diftribuez aux Saddt, c'efl-à-dire , aux Chefs de famille des Alides, qui fai-
foient leur demeure en cette Ville-là , ces gens-cy en portèrent leur plainte au
Khalife Motadhed. Ce Prince leur fit genereufement donner main-levée des de-
niers qui avoient été laifis, & pour juftifîer que cette' aétion , qui dcvciparor-
tre étrange aux Sunnites qui étoient comme les Catholiques du Mufulraanifme,
& qui regardoient les Alides comme des Hérétiques , il leur raconta un fonge
qu'il avoit fait autrefois.
Je croyois , leur dit - il , dans un fonge que je fis , pafl'er fur un pont , aa
bout duquel il y avoit un homme qui paroilfoit être en poflure de m'empêcher
le pafTage ; mais tout d'un coup , je le vis venir à moi & me prefenter une
bêche qu'il avoit à la main avec ordre de bêcher la terre. J'obéis à fon com-
mandement, & après que j'eus donné quelques coups de bêche , il me dit qu"it
étoit Ali , & qu'il m'avertiflï)it que j'aurois autant d'enfans qui joiiiroient du
Khalifat après moi, que j'avois donné de coups de bêche fur la terre, & il me
quitta, après m'avoir chargé d'avoir foin de fa pofterité , & particulièrement de
ceux^qui vivroicnt fous mon Empire. L'Auteur du Nighiariilan raconte auflî
la même Hifloire.
ÏQME IL "y y y j' J-3
7%% MO T A D H E D,.
La feverité de ce Khalife étoit fi grande , qu'un Soldat ayant cueilli par for-
ce une moifline de raifîns dans la vigne d'un particulier , cet homme lui en
ayant porté fes plaintes, le KhaHfe commanda que l'on fift venir en fa prefen-
ce le Soldat & fon Capitaine pour ordonner de leur punition, & quelqu'un des
fiens lui ayant demandé, quelle faute ce Capitaine avoit faite? il luy répondit,
que pendant le règne de fon oncle, il l'avoit vu tuer un homme injuftement ,
& qu'il avoit fait v^œu alors, que fi jamais le Khalif\it tomboit entre fes mains,
il n'oublieroit pas de le faire punir, s'il tomboit dans quelque autre faute.
Mohammed Ben Abdalouahed raconte une chofe beaucoup plus confidéra-
ble de ce même Khalife. Il dit , qu'un Marchand qui avoit prefté une alTez
groffe fomme d'argent à un des principaux Seigneurs de la Cour du KhaHfe,
après avoir fait inutilement i^QS pourfuites pour en être, payé , & défefperant
enfin d'en être fatisfait, rcfolut d'abandonner l'affaire & de quitter la Cour pour
faire un voyage, lorfqu'un de fes amis, à qui il avoit communiqué fon deffein, ,
lui dit: Je fçay encore un moyen de vous faire payer; vous n'avez qu'à venir,
trouver avec moy le Scheikh Khaïath. En effet, ce Scheïkh , à la prière de
ces deux pcrfonnes , n'eut pas plutôt parlé avec un ton d'autorité , comme il
fçavoic faire, à ce Seigneur, que le Marchand fut payé. ,
Le Scheikh Khaïath avoit acquis cette grande autorité par une aélion fort
fingulière qu'il fit , & qui eft rapportée dans le Tarikh al Abbas. . Un Turc
voulant forcer une fille dans la Ville de Bagdet, l'obligea d'appeller à fon fe-
cours tous fes voifins. Le Scheïkh Khaïath accourut aux cris de cette fille , &
pria fort inftamment le Turc de ne lui faire aucune violence,.. Mais ce brutal
ne faifant aucun compte de fes prières & le chargeant au contraire de beaucoup
d'injures , le Scheïkh ne fçachant plus quel remède apporter à ce défordre ,
s'avifa de monter au haut de la grande Mofquée & de convoquer le peuple
à la prière hors du temps ordinaire , établi par la Loi , afin que le peuple ex-
cité & nffcmblé pût fccourir cette pauvre fille & la délivrer d^s mains infolen-
tes du Turc,
Motadhed ayant appris l'aftion que le Scheïkh avoit faite & en ignorant le'
motif, le fit venir devant lui & le réprimanda fort feverement de ce qu'il
avoit annoncé la prière à contre-temps , & mis les Fidèles en danger de pécher
contre la Loi. Mais ayant été informé dans la fuite de quelle manière la chofe
s' étoit paffée, il ordonna que le Turc feroit châtié rudement, & commanda en
môme temps au Scheïkh, qu'autant de fois qu'il verroit commettre quelque vio=
lence & quelque injuftice, il en uiliff de la même manière qu'il avoit fait, afin
que par ce moyen il en fuft lui-même averty & y apportaft le remède con-
venable. Ce fut cette aftion qui donna un fi grand crédit au Scheïk Khaïath ,
qu'il n'y avoit pcrfonne dans Bagdet , ni petit , ni grand , qui ne déferait à fes
avertiffemcns , de peur que convoquant & affemblant ainfi extraordinairement le
peuple, il ne rendift leurs aimes publics, & ne les fill punir.
Ebn Amid raconte auffi un fait touchant ce Khalife qui mérite d'être rap-
porté. Il dit que ce Prince voulant emprunter d'un homme fort riche quelque
fomme confidérable d'argent, cet homme lui dit: Prenez telle fomme qu'il vous
plaira, & que le Khalife lui ayant auffi dit: Quelle fureté avez-vous que je vous
rende cet argent? il lui repartit en ces termes: Dieu vous ayant confié le (.Gou-
vernement de fes terres & de fes fervitcurs, duquel vous vous acquitez fi bien,
pourquoy ferois-je difficulté de vous confier auiîi mon argent ? Ces paroles
attcn- .
M O T A D H E D. «»«^ M O T A K T, 735
attendrirent fi fort le Khalife, qu'il ne pufl s'empêcher de verfer âes larmes
& qu'il fe delifta de l'emprunt qu'il vouloit faire. '
Toutes ces grandes actions de juftice & de modération ont fait dire aux Ecri-
vains du CècJe de Motadhed , qu'il avoit furpafle tous fes PrcdecefTeurs dars
ces deux vertus , & que le feul de tous les Khalifes qu'on pouvoic lui comaa-
rer dans toute la race des Abbaflides , étoit Abou Giafar Al Manfor.
Le Livre, intitulé Addb alnefes , compofé par Sarkhaffi Al Thabib fut dédié
par fon Auteur au Khalife Motadhed, qui favorifa beaucoup les gens de lettres
& entre les autres, Thabeth Ben Corrah , que nous appelions communément,
Thebeth.
^MOTADHED Ben E'bad. C'efl le nom d'un Roy Arabe de Seville en
ii^fpagne. Foyez Ebn Zeïdoun.
MOTAKELLEM, & Motekellem, Ce mot fignifie en Arabe, un Doc-
teur Scholaftique & un Metaphyficien. E'im alkelam, la Science des paroles,
elt le nom que les Arabes donnent à la Metaphyfique. C'efl d'où apparem-
ment la Se6le des Philofophes , que nous appelions , Nominaux , a pris fon
origine.
Al Môtekellem. Le Scholailique. C'eft le furnora ou titre de plufieurs Doc-
teurs Mufulmans, & entre les autres de Haffan Al Bafri, & de Mohammed Ben
A'bdalkerira Al Schereflani.
" MOTAKI Lillah Ben Moftadcr Billah. C'efl le XXI Khalife da la race des
Abbaffides qui fucc-eda à fon frère Radhi Billah, l'an de l'Hegire 329. 11 efl
nommé dans l'HiUoire Saracenique , Moktafi Billah contre l'autorité de tous
■ les autres Hiiloriens, tels que Khondemir, Ben Schohnah , Leb Tarikh, Aboul
Tarage, & autres qui lui donnent tous le nom de Motaki.
lahkcra le Turc gouvcrnoit alors fi abfolument le Khalifat , que fon Kateb,
ou Secrétaire faifoit toutes les expéditions des affaires , en la place du Vizir
qui n'avoit aucune autorité dans l'Etat. Ce Turc , qui fe ti-ouvoit dans la Ville
de Coufah lorfque Motaki fut élevé au Khalifat , envoya fes gens à Bagded
pour enlever tous les meubles du Palais & tous les chevaux des écuries du feu
Khalife Radhi , aélion qui piqua fi fort Motaki , que l'on crut aifément qu'il
avoit fuborné un Curde qui tua peu de temps après Lihkem,
Dans la même année 329, Abdallah, furnommé Al Baridi , ou Al Beridi
Prince de la Ville de BafTorah & de fes environs , qui prétendoit fucceder à
lahkem dans la charge qu'il pofTedoit de Generalilîîme des armées du Khalife
vint pour cet effet à Bagdet. Mais la Milice Turque qui étoit la plus forte'
contraignit Abdallah de s'en retourner chez lui , fans avoir pu rien obtenir de
ce qu'il demandoit. royez le titre de Barid , ou Berid.
L'an 330, la Milice Turque devint fi infolente après la retraite d'Abdallah
Al Baridi , qu'elle ofa, même après avoir pillé la Ville , venir jufqu'au Palais
pour faire violence au Khalife & pour l'obliger de choifir un de leurs Chefs
pour remplir la place d'Iahkem. Ce tumulte donna lieu à Baridi de fe préfen-
ter derechef devant Bagdet, & le Khalife incertain du parti qu'il de voit prendre,
refolut de quitter la Ville & de prendre le chemin de Moful , pour implorer le
fecours des Princes de la Maifon de Hamadan qui y régnaient.
Y y y y 2 Ces
714 M O TA L A.M M E s:.
Ces Princes étoient Nafîer aldoulat & Seïf aldoulat frerôs , dont la puifTance
étoit alors très - confidérable. Car ayant pris la proteftion du Khalife , ils le re-
conduinrent à la tête d'une armée florifTante à Bagdet , malgré les oppofitions
de tous fes ennemis. Baridi ne les attendit pas & fe retira avec fes Troupes
à VaiTethe, que NalTer aldoulat, après quelques combats, l'obligea d'abandonner
& de fuir encore plus loin.
Motaki voulant fe confervcr l'afFeftion de la Milice Turquefque donna Tan 331
de l'Hegire, la charge d'Emir Al Omerâ, ou de Generahfïïme de fes Troupes,
quiahkem. avoit pofledée, à Tozun fon proche parent, & ôta ainfi toute efpé-
rance à Baridi de s'emparer d'un Commandement , auquel il afpiroit avec tant .
d'ardeur.
L'an 332, Motaki s'étant brouillé avec Tozun, qui entreprenoit tous les jours ■
de plus en plus fur fon autorité, & voulant lui ofter la charge qu'il lui avo4t
donnée, irrita tellement ce Turc, qu'il fut obligé lui même, pour fe mettre en
fureté , de quitter pour la féconde fois la Ville de Bagdet , & de fe fauver en
Syrie pour implorer le fecours d'Akhfchid qui s'étoit rendu le Maître de cette
Province, auffi-bien que de toute l'Egypte. Il étoit déjà arrivé à la Ville de
Rakah en- Mefopotamie , lorfque fans attendre le fecours qu'Akhfchid lui avoit
promis , il changea, tout à coup de refolution , & dépêcha un Officier de iJes
Gardes vers Tozun pour traiter d'accommodement avec lui.
Tozun reçut fort agréablement la propofition qui lui fut faite de la part du
Khalife , & il promit en prefence des principaux Magiflrats de la Ville de Bag-
det, de rendre toutes fortes d'honneurs & de refpefts au Khalife fans jamais a' ^-
tenter contre fa perfonne, & il fit même drelFer un écrit qui fut figné par les
principaux Dofteurs de la Loy, dans lequel il s'ôbligeoit d'obferver, religieufe-
ment tout ce qu'il avoit promis de bouche au Khalife.
Motaki ayant cet A6le fi folemnel entre les mains ne fît point de difficulté
de retourner à Bagdet, quoyque les Princes de la Maifon de Hamadan & Akh-
fchid le dilTuadalfent d'exécuter cette refolution , ne jugeant pas qu'il duft s'af-
furer fur la foy de Tozun. Il fe mit donc en chemin où il trouva à une jour- -
née de Bagdet , Tozun qui mit pied à terre auffi-tôt qu'il fut à fa veuë , &
marcha quelque temps à fon ellrier , luy faifann toutes les foûmiffions poffibles.
Cependant Tozun ne laiiîa pas de dépêcher dans le même temps un Cou-
rier à Bagdet pour faire venir Abdallah Aboul Caffem, fils de Moflafi & petit-
fils de Motadhed & qui étoit par confequent Coufin Germain du Khalife» Ce
Prince ne fût pas plutôt arrivé, que Tozun, fans avoir égard à tout ce qu'il
-avoit promis à Motaki , le fit proclamer Khalife en fa prefence , & lui fit
prendre le nom de Moftakfi Biîlah.
Motaki fut ainfi dépofé l'an 333 de l'Hegire, après avoir régné trois ans &
onze mois félon Khondemir, & Moftakfi le laifla vivre encore pendant l'efpace
de vingt-cinq ans , après l'avoir privé de la veuë."
MOTALAMMES. Ceft le furnom de Gioraïr Ben A'bdalMaffih, Poëte
Arabe des plus- célèbres entre ceux qui ont flÈuri pendant la gentilité , c'eft-à-
dire, avant le Mahometifme, qui fut Oncle d'un autre Poëte non moins eftimé,
nommé Tharfah.
Ces deux Poètes, l'Oncle & le Neveu, ayant compofé des Vers fatyriquçs
contre im des Rois de.Hirah en Arabie, çq Prince diffimula pour quelque temps
fofi i
. M O' T A M E D. -^^
fôn reffentiment. Mais enfin, voulant fe vanger d'eux, il leur donna des Jet-
très cachetées à porter au Gouverneur d'une de fes places ^ par lefquelles il lui
donnoit ordre de punir de mort ceux qui en feroient les porteurs. Motalam-
mes ayant ouvert celle qui lui avoit été confiée, & ayant lu l'ordre du Roy, fe
garda bien de la rendre , & évita ainfi la mort. Mais Tharfah qui la rendit ca-
chetée, fuft puni par le Gouverneur.
Ces lettres ont donné lieu à la façon de parler des Arabes, qui difent d'un
homme qui porte avec foi fon malheur, qu'il porte Sahifat Motalames ,
c'efl-à-dire, des Lettres de Motalammes, comme les Grecs ont dit des Lettres
de Bellerophon. Al Meïdani rapporte ce Proverbe Arabe dans fon Livre, in-
titulé Ketab alarathal. .
MO' TA MED âlallah Ben Motavak-lcel Billak CeU le XV Khalife de la
race des Abbaffides. Il n'avoit point été appelle ni défigné au Khalifat par fon
père Motavakkel, comme fes trois frères Montaffer, Môtaz & Mouiad , dont
les deux premiers régnèrent Néanmoins , il ne laiiîk pas d'y avoir part après
la dépofition de Motadhi fon Prédécelfeur , qui arriva l'an de l'Hegire 256.
Ce Khalife avoit encore un autre frère , nommé Mouafi'ec , lequel ufa û ab-
folument de l'autorité que fon frère luy donna , qu'il devint en quelque façon
le Maître du Khalifat , & -fit régner fon propre fils au préjudice du fils de Mô-
tamed, comme l'on verra dans la fuite.
Les aifaires de l'Empire & de la Religion changèrent entièrement de face
fous le règne de Môtamed. Car ce Khalife foûtenu de Mouafi'ec , fon frère ,
anéantit tout-à-fait le pouvoir que la Milice Turquefque avoit ufurpé, en donnant
la loy aux Khalifes qu'elle élevoit & dépofoit à fon gré. Mais il fallut cependmt
oppofer un grand corps de Troupes aux Zinges qui avoient commencé leur ■
irruption fous le Khalifat de Motadhi , & qui faifoient de fort grands progrès
dans riraque ou Chaldée , dans l'Arabie & même dans la Perfe.> Môtamed fut
donc obligé de fe fervir encore des Turcs & de les joindre aux • Troupes que
Mouafi'ec, fon frère, avoit ramafiTées" pour les oppofer à fes ennemis, l'an 258
de l'Hegire. Cette jonftion. n'empêcha pas cependant que iVIouafli'ec ne fût bat- •
tu deux fois confécutivement par les Zinges, qui l'obligèrent de faire avec eux
une efpèce d'accommodement & de retourner à- Samarah , qui étoit pour lors
la Ville Capitale du Khalifat.
L'an 261 de l'Hegire, Môtamed déclara fon fils Giafar pour Succefl^eur , &
après lui Mouafi'ec fon frère, & Motadhed fils de Mouafi'ec, fon Neveu. Ce
Giafar prit alors le furnom de Mofi'aoued ela allah ; mais il ne joiiit jamais du
Khalifat. ^
En 262, Jacoub Ben Leïth , premier Prince ou Sultan de la Race ou Dyna-
ftie des Sofi'arides , après s'être rendu Maître de l'Iraque- Perfienne , qui étoit
des dépendances du Khalife, fans poiutant fe déclarer fon ennemi , luy fit en-
fin ouvertement la guerre, & il s'approchoit déjà de la Ville de Bagdet, lorf-
que Mouafi'ec, frère du Khalife, vint au-devant de luy & le rencontra auprès
d'un Village, nommé Caioul. Il fe donni en ce lieu-là une très-grande batail-
le, dans laquelle Jacoub, qui d'ailleurs étoit un grand Capitaine, fur défait &
eut bien de la peine à fe fauver.
L'an de l'Hegire 264, Mou.Ta, fils de Bouga, le plus puifiTant des Turcs qui
éeôieut au fervicc dés Khalifes 3 étant mort, le peu d'autorité qui refioit à cèt-
Y y y y 3 : te
725 MO'TAMED,
te Nation fe perdit entièrement; en forte que leur Milice fut entièrement foû-
raife aux ordres du Khalife indépendamment de ces Chefs.
En l'an 267, MouafTec , frère du Khalife , ayant réuni toutes les forces du
Khalifat & accompagné de fon propre fils Motadhed , entreprit de reparer les
"alFi-onts -qu'il avoit reçus des Zi-nges , dans la dernière guerre qu'il leur avoit
faite comme nous avons vu plus haut , & les battit en plufieurs rencontres ,
'fims pouvQJr néanmoins les défaire entièrement. Car ces gens -là trouvoient
toujours après leur défaite de nouvelles refTources.
Mais enfin, Tan 270 de THcgire, MouafFec les poufla fi rudement, que leur
Prince fut contraint luy- même de s'enfiiir en la Province d'Ahvnz , où ayant
donné fon dernier combat , il y laifiii la vie , & la tête de ce Rebelle ayant
été envpyée à Bagdet , les troubles de l'Irague Arabique fe trouvèrent telle-
mentj calmez par ia moi^t de ce feice , que l'on n'entendit plus parler des
Cette grande viéloire acquit k MouafTec le titre & le furnom de Nafier Le-
dinillah, qui fignifîe Protefteur de la Religion Mufulmanne, que le Khalife Mô-
tamcd, fon frère, lui donna, & il continua de gouverner le Khulifat fous ce
titre jufqu'en l'an 278 qu'il mourut.
Motadhed, après la mort de Mouafl'ec fon père , prit en mam , comme par
fucceflîon, le gouvernement des Etats du Khalife fon oncle, & le dépoiiilla de
tout ce qui lui relloit d'autorité, ne lui lailFant que le fimplc nom de Khalife,
& il fit bientôt paroître le pouv^oir qu'il avoit, en obligeant Môtamed de con-
voquer l'année fuivante, qui étoit l'an 279 de l'Hegire, une Aifemblée généra-
le des principaux Seigneurs & Officiers de fa Couronne , pour ôter à fon propre
fils Giafar la fucceflîon immédiate , qui luy appartcnoit après la mort de fon
père, & pour la luy tranfcrer à luy-même.
Ce fut dans cette même année que Môtamed mourut d'une efquinancie qui
luy furvint à l'âge de 50 ans , & dans la vingt - troifième année de fon lègne.
Ce Khalife étant fort addonné à fes plaifirs , fe repofoit aifément du foin de fes
affaires fur les autres. Il aimoit paflîonnément la Mufique & n'ignoroit pas les
■lettres. Ce fut luy qui quitta le féjour de la Ville de Samarah en Syrie , où
les Khalifes Abbaflides avoient toujours fait leur réfidence depuis Môtalfem Bil-
lah, qui l'avoit bâtie. Il eft vray , que Motavakkcl voulut transférer le Siège
du Khalifat de Samarah à Damas , où les Khalifes Ommiades avoient tenu le
■leur; mais il s'en dégoûta bien-toft. Car à peine eût-il demeuré deux mois à
Damas, qu'il retourna à Samarah.
Sous le règne de Môtamed, Ahmed Ben Tholoun, après avoir long- temps
gouverné l'Egypte au nom des Khalifes Abbalfides , acquit tant d'autorité dans
cette Province , qu'il fe lafîa de dépendre d'eux , & voulut y régner avec un
pouvoir abfolu. Môtamed le déclara rebelle & fit maudire fon nom dans toutes
}es Mofquées des Villes de fon obéïlfance. Mais cela n'empêcha pas Ahmed de
conferver fon autorité, & il devint û abfolu dans fes Etats, que non-feulement
il y régna; mais il y fonda aufli une Dynafliie qui a tiré fon nom de luy, de
laquelle il eft parlé dans le titre de Ahmed, & fur laquelle on peut voir en-
.core celuy de Tholoun.
Honaïn , fils d'Ishac , un des plus célèbres Traducteurs des Livres Grecs &
Syriens en Langue Arabique, vivoit fous le règne du Khalife Môtamed.
Le Tarikli al Abbas , qui eft la Chronique des Abbaflides, rapporte, qu'en
l'an
MO T A N A B1B I:
trouva fept tombeaux , dans chacun defquels il y avoit un corps entier très-bien
confervé , donc le fuaire paroiffoit être encore neuf & qui rendoit une odeur
douce. Entre ces fept corps , jl s'en trouva un qui paroiiroit être celuy d'un
jeune homme , dont le vifage & pa'rticulièremene les lèvres étoient auffi fraî-
ches que celles d'un homme vivant qui vient de boire de l'eau. L'on trouva
auprès de ces tombeaux une pierre fort femblable à celles qui fervent à, aigui-
fer, fur laquelle il y avoit des lettres gravées , qui ne purent jamais être dé-
chifrces par aucun de ceux que le Khalife fit affembler pour en tirer quelque
connoiiTance, quoyque ce Prince les eût tirés de toutes les Religions, Seéles &
Nations qui vivoient fous fon Empire.
MOTANABBI. Ce nom fignifie proprement celuy qui fait ou qui con-
trefait le Prophète. C'efl le furnom d'AbouI Thaïeb Ahmed Ben Hpuflàïn ,-
qui étoit de la Tribu de Giôfah & né à Coufah, en un quartier de cette Vil-'.
le, nommé Kendah; c'efl pourquoy on luy donne le furnom d'Al Giôfi, Al Ken-'
di. Al Coufi. On lui donne encore celuy de Motunabbi, à caufe qu'il s'attri-
bua, par un excès de folie, la qualité de Prophète, & c'efl cependant le nom
fous lequel il eft le plus connu.
Motanabbi -naquit l'an 303 de l'Hegire & fut mené étant encore jeune de
Coufah à Damas , où il apprit les belles lettres & devint fi excellent dans la
Poefie Arabique, que plufieurs le préfèrent à Abou Temam, lequel cil le feul qui
lui puilfe difputer le premier rang. En effet, le Divan qu'il compofa luy a ac-
quis tant de réputation , qu'il a été expliqué & commenté par quarante diffé-
rens Auteurs, Ce Divan ou Recueil de fes Poëfies fe trouve avec des Notea
marginales dans la Bibliothèque du Roy, n°. 1165.
Ce Poëte , à ce que luy ont reproché quelques-uns de fes envieux , étoit fils
d'un Porteur d'eau dans la 'Ville de Coufah , quoyqu'il fe vantât beaucoup de
fa Nobleffe, ce qui donna lieu à un Poëte Arabe de faire une Epigramme con-
tre luy, dont le fens ell : Voicy la Noblelle de nôtre Poëte, il demande le
matin la courtoifie aux gens & le foir il fait le guet. II y a peu de tems qu'il
vendoit l'eau commune & ordinaire à Coufah, & maintenant, il vend ici feau
de la Fontaine de l'Immortalité. .
Ce Poëte acquit cependant, en dépit de fes envieux, de très-grands biens par.
fa Poëfie , qui étoit payée chèrement par les Princes auxquels il s'attachoit.
Mais enfin , la tête luy tourna & il crut pouvoir pafièr avec un aulïï jufle titre
pour Prophète en vers que Mahomet l'avoit été en profe. Il ne manqua pas
de gens qui adhérèrent à fa folie. Car il y eut des peuples entiers de l'Arabie
déferte, & entre autres les Kelabites qui le fuivirent. Mais Loulon, qui gou- ^
vernoit ce pays-là pour Akhfchid, Roy d'Egypte & de Syrie, arrêta tout court
le progrès de fa nouvelle Se6le , en le faifant emprifonner & enfuite renonceJî
à cette chimère.
Motanabbi, après avoir condamné luy-même fa folie & recouvré fa liberté j
s'attacha à Scïf alJoulat , Prince de la Maifon de Hamadan , qui favorifoit ex-
trcmemenc tous les gens de lettres , comme l'on peut voir dans l'on titre par-
ticulier.. Il demeura quelque tems dans cçîte. Ç.Qur & alla enfuite à celle ds
• Kafour, ■
7^8 M 0 T A S S E M.
Kafour, lequel d'Efclave Noir d'Akhfchid qu'il étoit, regnoit pour lors dans la
Syrie & dans l'Egypte. Kafour luy fit de fort grands préfens, ce qui n'empê-
cha pas que ce Pocte ne le quittât alTez mécontent & il fit même des vers con-
tre luy, après quoy il fut obligé de fortir d'Egypte & de fc réfugier auprès
d'Adhad aWoulat, Sultan des Bouides en Perfe.
Enfin, l'inquiétude de ce Poëte fut fi grande, qu'il fe dégoûta encore de
la Cour de ce Prince & prit la réfolution de quitter la Perfe , pour retourner
à Coufah fa Patrie , & il étoit déjà arrivé à Nômaniah auprès de la Ville de
Bagdet, lorfqu'il fut attaqué luy & fon fils par les Alfaditcs, Arabes de la Tri-
bu d'Afllid, qui couroient par les Campagnes de l'iraque , pour détroufi^er les
Voyageurs. Ce Poëte, qui faifoit aufîi le brave, fe mit en défenfe contre eux.
Mais il y perdit la vie lui & fon fils, l'an 354 de l'Hegire. ^ojez aufli dans la
Bibliothèque du Roy, n". 1069, 1070 & 107 1.
MO'TASSEM BilIahBen Haroim Al Rafchid. C'eft le VIII Khalife de la
Maifon defe Abbaflîdes. Il étoit frère d'Amin & de Mamoun fes PrédécefiTeurs,
& il fucceda à ce dernier , par la nomination qu'il avoit faite expreffement de
lui pour fon Succefileur, au préjudice d'Abbas fon propre fils, à 1 exclufion de
Mottaman fon autre frère , qui avoit cependant déjà eu la déclaration de leur
père Haroun en ià faveui-.
Cependant quelques Faflieux, qui vouloicnt fufciter des troubles dans l'Etat,
allèrent trouver le fils de Mamoun & lui offrirent le Khalifat. Môtafi^em , qui
en eut avis , fit venir Abbas en fa préfence & luy repréfenta fi bien fon de-
voir, que ce Prince afiembla luy-méme tous ceux qui luy avoient offert la Cou-
ronne, & prêta en leur préfence le ferment de fidélité entre les mains de fon
Oncle. Puis fe tournant vers eux, il leur dit: Vous voyez que j'ai remis l'Em-
pire entre les mains de MôtafTem , imitez mon exemple & ne me parlez plus
que de lui obéïr.
Une des premières aflions que fît Môtaflem , au commencement de fon rè-
gne, fut d'envoyer des Troupes à Ifpahan & à Ramadan, Villes principales de
riraque Perfienne , pour châtier les peuples de ce pays-là qui favorifoient la
révolte d'un fameux Impofi:eur , nommé Bâbek Al Khorremi j furnommé aufîi
Khorremdin. ^oyez le titre de Babek.
Les Troupes du Khalife exécutèrent fi bien fes ordres dans l'iraque Perfien-
ne , qu'elles y firent pafièr , félon le rapport des Hiftoriens , plus de foixante
mille hommes par le fil de l'épée. Après cette exécution , MôtafTem dépêcha
Affchin , Général de fes Troupes , avec une puiflante armée en la Province
d'Adherbigian pour forcer Babek qui s'y étoit cantonné, & Affchin s'acquita fi
bien de cet emploi , qu'après plufieurs combats particuliers , il mit en fuite ce
Rebelle, & le pourfuivit enfuite fi chaudement qu'il l'eut vif entre fes mains _&
l'envoya prifonnier au Khalife, qui le fit mourir l'an 223 de l'Hegire.
Môtaffem ne fut pas plutôt forti de cette guerre , qu'il fut obligé d'en foû-
tenir une autre contre les Grecs. Car l'Empereur Théophile-, après avoir cou-
ru victorieux les Provinces Mufulmannes , avoit pris & faccagé la Ville de Za-
batrah. Cependant Môtaffem fut alTez heureux pour le repouffer jufqu'à la Vil-
le de Mâmouriah, qui efl; la Ville de Mopfuefle en Cilicie , & lui donna une
bataille, dans laquelle les Grecs perdirent plus de trente mille hommes, félon
ie calcul des Hiftoriens Mahomet^ns.
Le
1M0TASSEM. 729
Le- Khalife rctoufna après cette Viftoire à la Viile de Saîn1l•ah•^ oii il ncfuÊ
• pas plutôt arrivé, qu'il découvrit une grande conjuration qui s'étoit tramée con-
tre luy. Les Conjurez le dévoient tuer avec Aflchin & Àsbah , fcs deux meil-
Jeurs amis, & élever enfuite fon Neveu Abbas fur le trône. Mais leur deilein
s'étant peu-à-peu dévelopé, ils furent punis de mort & Abbas enfermé dans un
lieu, où l'on luy donnoic -à manger fans aucune forte de boilTon , de forte qu'il
y mourut -bientôt de foif
L'an 226 de l' Hégire , Aflchin ,' Capitaine- général des armées du Khalife &
fon plus grand Confident , fut accufé cependant d'entretenir des intelligences
avec fes ennemis. Ce crime, vrai ou faux , caufa un foupçon fi violent dans
l'eiprit du Khahfe , qu'il réfolut enfin de fe défaire de luy. Cette exécution
étant faite dans la même année, IVlôtalFem furvêquit peu de tems à fon Géné-
ral. Car il mourut l'année fuivante 227, après avoir régné huit ans, huit mois
& huit jours. Ce nombre de huit lui fit donner le titre de Motthamcn , qui
fignifie l'Oétonaire ou le Huitième , d'autant plus qu'il etoit auffi le huitième
Khalife de fa Maifon, qu'il laiifa huit enfans^mâlcs & autant de femelles , huit
mille efelaves & huit millions d'or , & l'on compte auffi jufqu'à huit batailles
qu'il avoit données ou gagnées.
Ce Khalife s'étant ennuyé du féjour de Bagdet , où les fré^qucntes fédition^
du peuple troubloient fouvent fon repos, prit la rélblution d'abandonner cette
Ville & d'en bâtir une autre pour y faire fa réfidence. Il choifit pour cet ef-
fet un lieu nommé Catoul, fitué proche la Ville de Sermenraï en Syrie , pour
y faire conflruire une nouvelle Ville , laquelle fut nommée Samarah , & qui paf-
fa depuis auflî fous le nom de Sermenraï.
Mirkhond rapporte que MôtalTem , après avoir bâti fa Ville de Samarah , ob.
"il nourrififoit dans fes Ecuries jufqu'à cent trente mille chevaux pies, il liii prit
fantaifie de faire emplir de terre le fac qu'ils avoient chacun pendu au col, &
la leur iit porter jufqu'à une Place de la Ville qu'il avoit marquée. Toute cet-
te terre ainfi amalFée fît une Terraffe aflea élevée, lur laquelle il ordonna, .yis
l'on lui bâtit un grand falon , duquel il pût découvrir tout ce qui fe paflbit
dans la Ville; & c'eft cette Terraffe qui donna le nom au magnifique Palais de
Samarah, lequel fut toujours appelle depuis ce tems-là Tel almekhali , c'efl-à-
dire , la Colline des Sacs. Car les Arabes appellent en leur langue almekhali,
ces fortes de facs pendus au col des chevaux , dans left]uels ils portent leur pail-
le & leur avoine , félon l'ufage commun de tout le Levant.
Le Tarikh Khozideh raconte que les Grecs , après avoir pris & faccagé la
Ville de Zabatrah, comme nous avons vu cy-deffus , il fe trouva une femme
de la famille des Abbaflides, qui fut enlevée prifonnière par un Cavalier & que
dans ce moment, elle s'écria : O Môtaflèm , fecourez-moi ! Le Cavalier enten-
dant ce cri , lui dit par mocquerie : Voilà Motaifem avec fon cheval pie qui
vient à vôtre fecours. Cette avanture fut fçûë quelque tems après pai' Môtaf-
fem, qui fe trouvoit pour lors fort éloigné de la Ville de Zabatrah, & il ne
l'eut pas plutôt apprife, qu'il jura de ne fonger à aucune autre entreprife avant
q.ue d'être arrivé à la portée du cri de cette femme. En effet , il partit au
plus fort de l'hyver, & il attaqua les Grecs avec tant de vigueur, qu'il défit
entièrement leur armée , & cette victoire lui ayant ouvert le chemin jufqu'aiz
Ii£u où cette femme étoit prifonnière, il vint efFeclivement à fon fecours &. la
tira des mains de fes ennemis.
Tome II. -Z z z z Les
r^p MOT A VA KK Et.
les Hiftoriens louent" tous unanimement la grandeur d'ame de ce Khalife," &.
font mention d'une de fes aftions qui eu fort fmgulière. Ils difent , que Mo-
talfem le trouvant feul à , la campagne aûez éloigné de fes gens , rencontra un
Vieillard dont l'afne étoit tombé avec fa charge dans un mauvais pas , qu'il de-
fcendit de cheval & galla même tous fes habits pour aider au Vieillard à rele-
ver fa befte, & qu'enfin auffi-tôt qu'il eut rejoint les liens, il lui fit donner la
fomme de quatre mille dinars, génerofité digne du- lang des Hafchemites ou Ab-
baffides, qui ont prefque tous pratiqué héroïquement cette vertu.-
'Ben Schohnah remarque, que ce Khalife fut le premier qui ajouta le nom de
Dieu au fien. Car il fe fit appeller iVlôtalfem Billah , qui fignifie celui qui eft
confervé & défendu par la grâce de Dieu , en quoy il fut imité par tous fes
SuccefT^urs , lefquels ont tous ajouté à leur nom les mots ou de Billah , qui fi-
rrnifie en Dieu & par la grâce de Dieu; ou de Beemrillah , qui fignifie par
f'ordre de Dieu; ou d'Alallah, c'eft-à-dire , fur Dieu & en Dieu ; & auflî de
Ledinillah, qui fignifie pour la foi en Dieu ou pour le culte de Dieu, & tous
ces noms de Dieu s'ajoutent, félon la fignilication refpedive du nom qui les
précède. '
Le môme Auteur témoigne aufîî , que Môtafl'em étoit attaché aux fentimens
des Môtazales, qui foûtiennent que l'Alcoran a été créé, en quoy ils font en-
tièrement oppofez aux auti'es Mufulmans, qui. croyent , que l'Alcoran étant la
parole de Dieu eft incréé aufli-bien que Dieu même. Il fit fouetter cruellement
Ahmed-, fils de Hanbal , qui elt un des Auteurs des quatre Sedes Orthodoxes
du Mufulmanifme, & il le tint fort long-tems prifonnier, parce qu'il ne voulut
jamais confentir, ni foufcrire à fon opinion.
Ce Khalife. eut pour SucceiTeur Vathec Billah, fon fils, .
MOTAVAKKEL Billah Ben MôtafTem Billah. Ceii le X Khalife de U^
race des Abbaffides. Il étoit fils de Môtafi^em & il fucceda à fon frère Vathec ^
non fans quelque conteftation. Car les principaux Seigneurs de l'Etat étoient
fur le point de • reconnoître Mohammed , fils de Vathec , qui étoit encore fort :
jeune, pour légitime Khalife, fi Vaffif ne s'y fût oppofé.-
Vaflîf étoit pour lors le Chef de la ;IV1ilice.Turquefque que MôtafTem avoit:
mife fur pied. Ce Turc repréfenta fi vivement à l'Airembiée des Grands de
l'Etat, qu'il feroit honteux aux Mufiilmans d'avoir un Khalife incapable de leur
faire le Salaouat, c'efl:-à-dire , l'Office ou la Prière, ni le Khothbah ^ qui efl
proprement leur Prône, devoirs indifpenfables de celui qui portoit la qualité ou
le titre d'Imam, c'eft - à- dire ^ - de Souverain Pontife des Mufulmans, que l'on
changea auffi-tôt d'avis dans le Confeil.
Motavakkel , frère de V^hec , & par conféquent Oncle de cet enfant , fut :
celui fur lequel on jetta principalement les yeux, & fut. enfin proclame Kha- -
iife l'an 232 de l'Hegire, qui efi: le 846 de J. C.
L'an 235 de l'Hegire , Motavakkel ordonna que tous ]es Chrétiens & tous
les Juifs de fon Em.pire fes fujets portafiTent une large ceinture de cuir , que
les Arabes appellent 'Zonnâr , afin qu'ils fufilsnt difl:inguez des Mufulmans par
cette marque. Il les exclut auflî de toutes les charges du Divan , c'efl-à-dire ,
de la Juftice & de la Police, & leur défendit d'avoir des étriers de fer à leur ■
monture, & en 239 il paffa encore plus avant, car il leur défendit de monter •
des chevaux , & ne leur lailTa que l'ufage des mulets & des afncs pour leur-
mon-
MOTAVAKKEL. .,3^
:monture. Cette Loi efl encore ohfervée ^aujourd'hui ^aiis la plupart des lieux
où les Turcs commandent. .■• ■, r ,; ,- ,
Dès: l'an 235, Motavakkel avoit partagé le di<oit de h fueceffîon au Khalifat
entre trois de fes cnfans, qui ctoient appeliez l'un après le décès de l'autre de
fcs frères. Ces trois enfans fe nommoient Montafler , Môtaz & Mouiad , qui
avoient encore deux autres frères nommer Môtamed & Mouaffec. Il arriva ccr
pendant, par l'ordre de la Providence , que Montaffer & Môtaz n'ayant régné
L.'an^236-, Motavakkel, .qui s'étpit déclaré hautement l'ennemi d'Ali & de
toute fa poflérité , défendit fous de rigoureufes peines les pèlerinages qui fe fai-
foiehf à fon: tombeau, & ordonna peu après, que le tombeau de HoulTaïn,
fils d'Ali , qui étoit dans la Plaine de Kerbela; où il avoit été tué , fût entière-
ment rafé j, & pour! en effacer entièrement tous les vertiges , il ne fe conten-
ta pas d'en faire labourer la terre ; mais il y fit paflér encore un canal d'eau
par defîùs.
Les Schiites ou Sectateurs d'Ali , qui donnent à ce fépulcre de HoufTaïn le
nom de Mafchad Mocaddes, Moali, Mozzeki, c'eft-ii-dire, le Lieu Saint, Subli-
me & Pur , où Houffaïn , qu'ils regardent comme .un Martyr , a fouffert la mort ,
difent que Motavakkel fut frufl:ré de fon attente , & qu'il ne fut jamais poffi-
ble de conduire l'eau du canal jufqu'à ce tombeau , & qu'elle s'arrêta par ref-
peft à fa vûë;: ce qui fit que l'on lui donna le nom de Haïr,, qui fignifie éton-
né & refpeftueux, nom qui a paffé jufqu'au Sépulcre même de Houflliïn, à eau-
fe d'une telle merveille.
L'Auteur du Giame alhekaïât rapporte conformément aux Traditions des Schii-
tes, que Motavakkel aj-ant donné cet ordre impie, vit en fonge la nuit fuivan-
tc , Ali , qui après lui avoir reproché les outrages qu'il faifoit à ceux de fa Mai-
fon, lui donna fept coups d'un fouet qu'il tenoit à la main. Ce Khalife racon-
tant le lendemain à fes amis ce qui lui étoit arrivé en fonge , un de ceux qui
l'entendirent dit , que le fouet qu'Ali tenoit en fa main , n'étoit autre que le
Dhoulfekar ou Zoulfikar , cette épée fameufe que Mahomet lui donna autre-
fois pour exécuter fes grandes proùelTes, & qu'il pourroit bien arriver au Kha-
life quelque grand malheur pour punition de la haine qu'il portoit à Ali & à
fa famille. • , ■
Ce prognofiic ne fut que trop certain; car deux jours après, Motavakkel paf,
fa par le tranchant des épées des Turcs , & le même Auteur qui vient d'être
cité, ajoute, que MontaflTer fon fils. Auteur de ce Parricide, & qui avoit oui
raconter ce fonge cà fon père, demanda, après qu^il eût été maiïacré , combien
on avoit trouvé de pièces de fon corps , & qu'après qu'on lui eut dit qu'on
n'en avoit trouvé que fix, il dit à fes Valets-de-chambre : Cherchez bien; car
il y en doit avoir fept, fuivant le nombre des coups qu'Ali lui a donnés, &
qu'en effet , on chercha fi bien qu'on trouva encore un de fes doigts , qui
faifoit la feptième partie. . i
Motavakkel avoit été averti peu auparavant, par un de fes efclaves, qu'il fe
formoit une grande Conjuration des Principaux de l'Etat contre fa perfonne.
Cet avis lui fit prendre la réfolution de les prévenir & de fe défaire de tous
Ceux qui lui étoient fufpeéts. Il les fit pour cet effet convier à un fellin qu'il
Z z z z 2 leur
.j M O T A V A K K E L.
leur avoit préparé & qui devoit être le dernier de leur vie. Car il ne fat
pas fi-tôt lîni 5 que le Khalife prit fon cimeterre, tua plufieurs des Conviez
de fa propre main, & fit mettre les autres entre les mains de fes Exécu=
tcurs.
Après cette aftion , il palTa brufquement dans un autre de fes appartemens j -
où animé comme il étoit , & ayant encore l'épée fanglante à la main , il ren.
contra un de les Domeftiques les plus confidens. Cet homme fut d'abord fort
aïlarm^j voyant le Khalife en cet état, qui lui dit : J'ai tué un tel , un tel &
un tei, & plufieurs autres qu'il lui nomma. Surquoi ce Domeftique lui ayant
dit: Cela va fort bien; mais il faut que vous & moi nous demeurions en vie,
le khalife entendant ces paroles fi naïves , ne put s'empêcher de rire , calma
fa colère & remit fon épée dans le fourreau.
On lit dans le Nighiariltan , que Motavakkel avoit fongé la nuit qui précé-
da le jour auquel il fut tué , qu'une bôce lui parloit. Il ne fut pas plûtofl
éveillé , qu'il envoya quérir fon Interprète- de fonges pour lui donner l'explica-
tion du fien.
Cet Interprète entendant parler d'une bete que 1 on appelle en Arabe D24
bah, nom que les Mahometans donnent en particulier à la bête de l'Apocalyp-
fe , qui doit paroître à la fin du monde , tourna fa penfée fur un paffage de
l'Alcoran qui porte: Edna vacâ alcaul âleïhom akher hâlhom Dabat men alardh
bekullehoum , c'eft-à-dire , (^and le terme préfcrit par .le décret divin ejî arrivé ,
rétat di la vie des hommts s'écoule ^ .finit fur la terre.. Il faut remarquer, que-
le mot Dabat , dans ce paiTage ne fignifie pas une bête ; mais il exprime une
chofe qui s'écoule & qui paffe en glilfant.
L'Interprète joignant donc en fa penfée les deux fignifications de ce mot, &
jugeant que le prognoftic de ce fonge étoit fort fmiftre pour Motavakkel , ne
luy en voulut donner aucun éciaircllfement , & fe contenta de lui. dire : Tout
vous puifle tourner en- bien.
L'on peut compter entre les principales caufes de la mort de ce Khahfe , îe
reflcntimcnt de Vafîîf le Turc, auquel il avoit confié la garde de fa peribnnc,
Gar, 11ms avoir égard qu'il étoit entre ïqs, mains & que par conféquent il. n'é-
toit pas fur de roffenfer , il lui ôta cependant plufieurs domaines qu'il pofle-
doit dans l'iraque Perfienae , pour les . donner à Fatah Ben: Khacan , fon Vizir
& Favori.
Mais pour les motifs qui portcrcnf: MontalTer à délirer la mort de fon pèrey.
& qui le firent confentir à l'attentat que les Turcs entreprirent fur fa vie, on
raconte premièrement les injures & les outrages qu'il recevoit de fa paît. Sou
père l'appelloit fouvent^ par mocquerie & par reproche, iVlontazber ou Monta-
dher au lieu de Montalïev, qui^ étoit fon véritable nom, &îil voul®it^ faire en-
tendre, par ce fobriquet, qu'il etoit toujours dans l'attente de fa mort.- Quelque-
fois fon père le faiibit boire avec excès, & jufqu'à ce qu'il eût perdu la rai-
fon; & alors, il le fouffletoit fans- difcrétioji-&; luy failbit.aufîi' fouffrir fouvcnt
des peines plus, rigoureufes.
La haine que Motavakkel portoit à Ali & à tous ïqs defcendans, fut encore
une des.raifons que Montafier allcguoit- pour excufer fon parricide, & enfin,
il craignit même pour fa propre vie ; parce que fon père tenant un jour entre
les mains une épée, qui luy coutoit dix mille écus d'or, dit à Fatab fon Vizir:
le voudrois biejû trouver parmi mes Efclaves Turcs, un vaillant .homme à qui ja
^' * puiTe
!^ 0 T A V A K K E L. 733
ptïfle mettre cette épée en mam pour veiller à la confervation de ma perfon-
ne. Fatah luy répondit auffi-tôt : Voicy Bagher le plus brave de tous vos Turcs
qui efl di^ne de recevoir ce préfent de vôtre main. Ce Bagher entroit pour
k)rs par hazard dans la chambre du Khalife , & il reçut en même temps de fes
mains l'épée avec de très-gros appointemens de Motavakkel. On dit cependant
qu^ Bagher ne tira point cette épée du fourreau que pour tuer celuy qui la lui
avojt donnée. Khondemr.
Mirkhond & l'Auteur du Tarikh al Abbas rapportent tous deux dans l'an de
r Hégire 247, de quelle manière Motavakkel fut tué par les Jures, que fon fi's
MontalTcr avoit fubornez. vlotavakkel avoit, difent-ils , des façons de f;ure &
joiioit fouvent des jeux qui ne plaifoient qu'à luy feul. Car lorfqu'il étoit ei>
débauche avec fes amis, il faifoit quelquefois lâcher un lion, lequel paroi/Tant
tout-à-coup au milieu du feflin épouvantoit tous les Conviez. Il faifoit aufîî
quelquefois couler des ferpens par delfous la Table, & cafler des pots pleins da
fcorpions au milieu de la Salie où il raangeoit, fans qu'il fut permis à aucun de
fe lever de Table, ni de changer de place; Ôc lorfque quelqu'un de fes ami?
avoit été piqué ou mordu par ces animaux, il le faifoit guérir avec une excel-
lente Theriaque qu'il failoit préparer.
Pendant qu'il étoit un jour en une fembkble débauche, les Efclavcs Turcs
Conjurez entrèrent- avecfBagher, les épées nues à la main, dans la falle du fertin.'
Un de ceux qui étoient à l'abL- les ayant apperçus le premier, & qui ne fca-
voit pas le mauvais deffein des Turcs, dit en raillant: Ce n'eft plus la journée
ni des Lions, ni dés Serpens , ni des Scorpions, c*eft celle des épées. Mota-
vakkel l'entendant parler d'épées ^ dit auffi-tôt à ce railleur : Quefl-ce que tU ■
veux dire?.& à peine eull-il achevé ces paroles, que les Turcs fe jetterenC
fur lui & le mirent en pièces. Fàtah fon Vizir le voulant défendre, &
criant de toute fa force: ô Motavakkel, je ne veux point vivre après vous!
fut aufli tué avec le Khalife ; mais fon Boufon qui s'étoit caché fous une eflrade
à la veuc des épées, après avoir entendu les paroles du Vizir , & vu ce qui
lui étoit arrivé, fe mit à aier, O Motavakkel , je feray fort aife dC' vivra
après vouSi .
Bakhteri écrit au fujet de l'épée que Motavakkel donna a Bagher , qiie ca
Khalife ayant oui loiier la bonté d'une épée qui étoit dans la Ville de Bairc-
rah, il envoya fes ordres au Gouverneur de cette Ville pour l'acheter à quel
prix que ce fùft. Mais que le Gonvei-neur lui ayant fait réponfe , qu'elle étoit
vendue & envoyée à Bahreïn dans la Province d'Iemen ou Arabie heurcufe, il
fit dépêcher un Courier pour l'acheter au prix que l'oix en demanderoit. Son
ordre fut exécuté, & il ne l'eut pas plutôt entre les mains, qu'il la donna à
Bagher le Turc fon Efclave, en lui difant ces paroles: Prens cette épée , elle
ne vaut gueres plus que toi.
Quant au lieu où Motavakkel fut tué par l'ordre, de MontafTer fon fils, Maf.
fôuJi remarque que ce fut au même endroit ou Khofrou Parviz , Roy de Ferle
de la race des SalTan ides, avoit été ma(f:îcré. par le. commandement de Schirouieh^
ou Siroés fon fils, c'cfl à fçavoir, dans la Ville de Makhouriah.
Ce Khalife avoit régné quatorze ans & deux mois, ou dix mois, félon quel-
ques-uns, & il fut tué l'an de l'Hegire 247, dans la quarantième année do fon
âge. Il condamna fort la perfécution que Môtaflem & Vathec fes Prédécelieui-s
avoient fajtes à ceux qui refufoicnt de dire, quç l'Alcoran fijfl créé, & façon-
Zzzz 3 duite -
M O T A V A K K E L,
duite fut entièrement oppofdc à la leur , comme l'on peut voir dans ce qui a
été dit de l'averfion qu'il avoit pour Ali. l^oyezle titre de Jacoub Ben Sakit.
Il a été blâmé de cruauté , particulièrement à l'égard de les Courtifans qui
avoient fait qifelque faute. Car il avoit fait faire un fourneau de fer armé au
dedans de pointes de clouds-, qu'il faifoit échauffer plus ou moins pour punir
ceux qu'il y faifoit enfermei-, & lorfque celui qui fe trouvoit en cet état dou-
loureux, lui ditoit : Arhamni, ayez pitié de moy, il lui répondoit ; Alrahmat
khouar, c'eil-à-dire , la pitié efl; une bafTeire de cœur. Ben Zâïat fon Vizir
mourut dans ce fourneau , après y avoir demeuré quarante jours.
Les Ordonnances, dont il a été pai-lé ci-dpilus, que Motavakkel fit contre
les Chrétiens , furent l'eflet de la colère & du refîentiment qu'il eut contre
.Bakhtifouâ fon Médecin, Chrétien de Religion, que les grands biens qu'il avoit
amaflez, avoient rendu fuperbc & infolent. ' l-^oyez le titre particulier de ce
Médecin.
Les Hiftoriens Orientaux difent , que le règne de ce Khalife fut le règne
des prodiges. Car jufques alors on n'en avoit pas encore vu ni entendu un
fi grand nombre. Ben Giouzi en a ramaifé plufieurs. Il dit que dans la Pro-
vince de Comus , que nos Géographes appellent communément Choemus ,
qui fait une partie du Khoraflan , le tremblement de terre fut fi grand , que
tous les habitans d'un, certain lieu ayant été obligez de le quitter & de ga-
gner la campagne , ils entendirent tous ces paroles , comme une voix du ciel.:
Allah agel vaôudh beirahmat , Dieu a prolongé le terme & a prefervé par
fa miféricorde fes ferviteurs du dernier malheur. Et prefque en même temps
treize Bourgs du Pays de Caïrouan, qui eft la Cyrenaïque en Afrique , furent
abyfmez de telle forte, que de tous leurs habitans, il ne fe fauva que quarante
deux perfonnes, & qu'au Pays d'iemen, un grand Champ labouré fut tranfporté
de* delfus une colline à un autre endroit , fans qu'il y manquait un feul pouce
■de terre.
Ben Aboul Veza écrit, que dans ce même temps & dans le même Pays d'Ie-
men, un Oiïcau plus gros qu'un corbeau s'étant perché fur un arbre à la veuë
de tout un peuple , prononça d'une voix forte ces paroles Arabiques : Aioha
alnaff atracou Allah, Allah, Allah. Servez & craignez Dieu, Dieu, Dieu, ce
qu'il répéta quarante fois de fuite, & qu'après s'être envolé, il retourna & pro-
nonça encore quarante fois les mêmes paroles. La vérité de ce fait fut attcllée
par la bouche de cinq cent perfonnp.s qui l'avoient oui, & qui furent menées
devant iMotavakkel pour l'en affeurer. Ben Al Gela dit auflî que dans le Khour
ziftan un Oifeau vint fe pofer fur la bière d'un homme que l'on portoit en ter-
re , & qu'il prononça intelligiblement dans la langue du Pays : Dieu tout puifTant
fait miféricorde à ce mort & à tous ceux qui affilient à fon convoi. Ces deux
derniers faits pourroient bien n'avoir pas été des prodiges; mais des effets de
l'induflrie de ceux qui auroient pu drelier & inftruire ces Oifeaux.
Mais les prodiges que le Nighiariftan rapporte font beaucoup plus confidera-
blés. Car on y lit que l'eau du Tigre parut dans Bagdet pendant trois jours,
auflî jaune que fi elle euft elle d'un or fondu ; mais que les habitans de la
Ville furent fort épouvantez , lorfqu'ils virent tout d'un coup la couleur de
cette eau changée en rouge comme du fang & demeurer en cet état plufieurs
Jours. En Perfe, le tremblement de terre fit périr quarante-cinq mille perfon-
nes dans la Ville de Damegan, & au même jour <Sc à la même heure, ks Pays
de
M 0 T A V A K K E L. ■ M O' T A Z;. 735
de Baflham, de Giorgian, de Thabareflan , de Nifchaboùr, d'Esfahan, de Cora,
& de Kafchan, furent prefque entièrement ruinez, & cette grande fecouffe de
la Terre fit parokre plufieurs nouvelles fources d'eau qui coulèrent par les fen-
tes des montagnes dont les lianes avoient été ouverts.
Dans une Bourgade d'Egypte nommée Souida , il tomba une grefle de pierres
dont chacune pefoit dix livres Arabiques , & un Arabe en ayant pris une pour
fiiire du feu, il en fortit une flamme fi violente, qu'elle brûla & confuma en
un inftant fa cabane & tout ce qu'il y avoit de combuflible autour de lui. On
porta de ces pierres au grand Caire, & même jufqu'à Betlis en Géorgie, oi!i
elles ont été long- temps confervées. Le même Auteur rapporte auflî que le
foudre ayant frappé en Egypte deux perfonnes en même temps, elles demeurè-
rent noires tout le refte de leur vie , fans qu'elles euflent receu aucune autre
incommodité.
MontalTer fucceda à fon père Motavakkel ; mais il ne régna que fix mois ,
comme l'on peut voir dans fon titre particulier, l^oyez auffi quelque chofe de
particulier de Motavakkel dans la converfation qu'il euil avec Dhoualnoun, au
titre de ce Perfonnage.
MOTAVAKKEL Billah II du nom. C'eft le furnom de Mohammed Ben
Jacoub, qui eft le dernier Khalife Abbaffide qui ait été reconnu en Egypte ou'
ailleurs.
Il fe trouva à la bataille qui fe donna entre Canfou Gauri Sultan des Mame-
lucs, & Selim I du nom. Sultan des Turcs Othmanides. Selim l'ayant fiiit pri-
fonnier , le mena à Conflantinople , où il le retint jufqu'en l'an 926 de l'He-
gire, de J. C. 1519, auquel temps ce Sultan fentant approcher fa mort, le fit
me:tre en liberté & lui affigna foixante drachmes d'argent Othmaniques par jour
pour fa fubliftance.
Motavakkel. s'en retourna après la mort de Selim en Egj^pte , où il véquit
juf-]u'en l'an 945 de l'Hegire, c'ell-à-dire , jufqu'en l'an de J. C. 1538, &
lailTa deux enfans qui tiroient penfion du Trefor Royal. Ben Jofef.
MO'TAZ Billa Ben Motavakkel. C'efl le XIII Khalife de la race des Ab-
baffides qui étoic fils de Motavakkel , & frère de Montafixir à qui il devoit fuc-
ceder par la déclaration & defignation de leur père ; d'autant plus que Montafier
n'avoit pas laifi^é d'enfant qui pull troubler l'ordre de la fiicccffion. Mais les
Turcs qui craignoient que Môtaz ne vangeail fur eux la mort de fon perc
qu'ils avoient tué à la foUicitation de MontaflTer, obligèrent celui-ci avant qu'il
mourût , à décider de fa pleine autorité que le droit de fon frère à la fuc-
cefïïon étoit nul , & ne pouvoit pas empêcher que l'on la pull transférer à
un autre.
Les Turcs ayant en main cette décifion du Khalife Montaflln-, firent procé-
der à une nouvelle eleélion , & firent en forte par leur crédit que Molldïn ,
duquel l'on a parlé en fon lieu , fufl élu pour Souverain Imam & Khalife des
Mufulmans.
Cette eleflion cependant ne préjudicia point au droit de Môtaz. Car les mê-
mes Turcs , h fçavoir , Vaffif , Bagher , & les deux Bouga contraignirent peu
de temps après iVlofi:âïn de renoncer à fa dignité, & ils en reveflirent Môtaz
auquel elle appartenoit légitimement, l'an de l'Hegire 252,
Môta2 -
:73^
M Ô^T A Z.
Motaz ne fut pas plus-tôt reconnu pour Khalife qu'il dcclara pour Ton Vizîr
Ahmed Ben Ifmel , & confirma Mohammed Ben A'bdallah de la Maifon des
Tahericns dans la pofleflion de fes Etats & du Gouvernement de la Ville de
Bai^dct, conformément à la promciTe > qu'il lui avoit faite avant fon élévation
^au'^Khalifac. Il voulut aufîî fe défiiire des. principaux Chefs de la Milice Tur-
quefque qui étoient de dangereux Sujets, & qui avoicnt fait voir fous les règnes
précédens ce qu'ils fçavoient faire. Mais il fut diffuadé d'exécuter ce deffein
par IMohammed Ben A'bdallah qui lui en fit connoiftre & appréhender les con-
fequences , de telle manière , qu'au lieu de punir Vaffif , Bagher , & les deux
Bouga, comme il avoit refolu de faire, il leur donna de nouvelles charges qui
augmentèrent encore de plus en plus leur pouvoir-
En la même année 252.., Motaz fit, fur im fmiple foupcon, emprifonner un
de fes frères cadets nommé Mouïad, Il efl: vray que ce Prince avoit un fort
grand parti dans l'Etat qui l'auroit fans doute ftivorifé , s'il avoit voulu entre-
prendre quelque chofe contre le Khalife fon frère ; mais au relte , il n'ctoit
coupable d'.aucun crime , non plus qu'un autre de fes frères nommé Mouaf-
fcc, qui encourut peu après la même difgrace.
Mouïad étant mort dans fa prifon , le bruit courut dans la Ville de Samarah ,
que Môtaz avoit commandé à ceux qui le gardoient de le mettre nud & lié aa
milieu de la neige pour lui ofter la vie. Ce bruit qui s'étoit répandu de tout
codé fit que Môtaz ordonna qu'on le revêtit après fa mort d'une fourrure
d'hermine, & qu'il fut expofé en cet état aux yeux du public, & particulière-
ment à la veuë des Do(^eurs de la Loy, pour leur perfuader qu'il étoit decedé
de fa mort naturelle.
L'an 25:3 de l'Hegire, les Turcs s'étant mutinez dans Samarah au fujet de
leur folde, Vaffif leur General, pour appaifer la fedition , leur remontra vive-
ment leur devoir. Mais ayant maltraité de paroles quelques-uns de leurs Chefs,
cette Milice infolente fe révolta contre lui & le hacha en pièces.
L'an 254 Bouga le Turc, que l'on nommoit l'Ancien, pour le diftinguer de
l'autre qui étoit plus jeune , reconnoifi'ant quelque changement à fon égard dans
i'efprit du Khalife , quitta brufquement la Cour , & tira du cofté de Moful. Mais
il ne fut pas plus tôt parti, que les foldats de la Garde du Khalife pillèrent fa
Maifon. Bouga fur cette nouvelle, retourna fur fes pas & marcha avec les
Troupes qu'il commandoit vers Samarah, fous prétexte d'y vouloir châtier les
Séditieux; mais en effet, pour fe vanger du Khalife. Ce Prince qui n'ignoroit
pas les mauvais deffeins du Turc, .commanda à Valid Al Magrebi , d'aller avec
«ne armée au devant de lui. Ce Magrebin attaqua Bouga fi à propos , que non
Teulemcnt il défit {qs Troupes; mais encore, qu'il le fit lui-même prifonnier,
& Môtaz n'eut pas plûs-tôt receu la nouvelle de cette Viftoire , qu'il envoia
ordre à Valid de faire coup.er I9 tefte à fon prifonnier.
Les Turcs cependant qui s'appercevoient tous les jours que Môtaz vouloit
fe défaire d'eux, allèrent prendre Saleh iîls de Vallîf leur General qu'ils avoicnt
tué , & l'ayant élevé fur leurs épaules , ils l'élurent & le proclamèrent pour
leur Chef à la place de fon père dont ils regretoient la perte. Après cette
éieîlion ils coururent aufîi-tôt à la Maifon d'Ahmed Ben Ifmel, Vizir de Môtaz.,
qu'ils pillèrent, & vinrent tout d'un pas, ayant pris encore avec eux Moham-
;3ed, fils de Bouga, à qui Môtaz venoit de faire couper la telle, invefiiir le
Palais
M 0' T A Z. M O' T A Z E L A H. ^^^
Palais Impérial , & demandèrent infolemment les arrérages de la paye qui leur
'étok deuë.
Le Khalife ne Te trouvant pas alors en état de les fatisfaire, ni de refifter auffi
à leur violence, fijt tiré hors de fon Palais & contraint de s'abdiquer lui-même
en faveur de IMohammed , fils du Khalife Vathec , qui porta enfuite le nom de
Mohtadi. Après ce changement qui arriva l'an de l'Hegire 255 , Môtaz fut
envoyé à Bagdet, où peu de temps après on le fie mourir de foif dans la vingt-
quatrième année de (on âge, après trois ans & fept mois de règne. Khofidemir.
Ben Schohnah écrit fur cette, même année de 255 , que les Atrak , les Al Mo-
garebah, & les Al Feraênah , c'eft-à-dire , les Turcs, les Magrebins ou' Africains,
•& les Faraons, ou Egyptiens, fe confedererent enfemble pour attaquer le Kha-
life Môtaz dans fon Palais , & qu'après y être entrez par force , ils le tirèrent
par les pieds de defllis fon Throne , le battirent avec leurs maffcs d'armes &
l'expoferent étendu au Soleil, pour l'obliger par un traitement fi dur & fi in-
digne, à figner lui-même fa depofition.
Selon le Leb Tarilch , quelques Auteurs ont écrit que Môtaz , après avoir été
dépofé, fut mis dans une étuve où on lui fit boire de l'eau à la glace qui étoit
empoifonnée.
Le même Ben Schohnah que l'on vient de citer, dit^ que la Mère de ce Kha-
life fe nommoit Cabihah, & non pas, Fatihat, comme Erpenius a lu, du nom
que le Khalife Motavak!:el fon mari lui avoit donné à contre -fens à caufe de
fa beauté ; car ce nom fignifie dans fa propre fignification , Laide. Cette fem-
me avoit amaffé fous le règne de fon mari un fort grand Threfor qu'elle avoit
caché fous terre. Mais le Khalife 'Mohtadi l'obligea à le découvrir, & à le
lai remettre entre les mains. L'on y trouva un million de dinars d'or , un
Mecouk, ou Boifl!eau d'Emeraudes, & un autre de perles avec un Kilegeh de
Rubis, couleur de feu. Le Kilegeh eft une mefure qui contient le poids de
trois livres & trois quarterons Arabiques , le Mecouk contient trois Kilegeh , &
par confequent onze livres & un quarteron j & la livre Arabique ne pefe que
douze de nos onces.
Quand Saleh, fils de ValTif, parîoit de cette Princelîe, il difoit, Cabbah Allah
Cabihat, Dieu enlaidifle, c'eft-à-dire, maudifie, cettte femme qui porte le nom
*de laide, quoiqu'elle foit très-belle^ car elle eft caufe de la mort du Khalife
Môtaz fon fils , pour avoir réfufé de donner cinquante mille dinars qui pou-
voient contenter la Milice Turquefque, quoiqu'elle polTedâft de fî grands biens.
Cabihah qui avoit quitté la Vilie de Samarah & s'étoit retirée à la Mecque
après la mort de fon fils, maudiflbit de fon cofté Saleh fils de Vaffif & difoit
en fe plaignant de lui : Hatak fetri , c'eft-à-dire , il a rompu mon voile , pour
dire honnefteracnt : Il a jolii de moi , il a tué mon fils , il m'a chafl'é de mon
Pays , & m'a quittée enfin pour fuivre une femme publique.
MO'TAZELAH, ou Môtazalah. Ce mot fignifie proprement en Arabe,
des Gens qui fe font feparez des autres; c'eft pourquoi plufieurs Auteurs Ara-
bes , Chrétiens & Mahometans ont traduit le mot Hébreu , Peroufchim , qui
fignifie les Pharifiens, par le mot Arabe, Môtazelah.
Mais les Mahometans donnèrent ce nom particulièrement aux Difciples de
Vaflel Ben A'tha Al Gazai, qui ont fait une Secle particulière qui ne paffe pas
pour Orthodoxe dans le Mahometifme.
Tome IL A a a a a VaiTel
738 M O T H A H A R. M p T H A L L A T H.
VaflTel Ben A'tha, duquel il faut voir le titre particulier dans cet Ouvrage,
ctoit Difciple du fameux Dodeur Haiîan Al Bafri, & il quitta fon Echoie au'
fujct d'une difpute qui s'éleva parmi Tes Condilciples , fur ce que l'on devoit
croire touchant ceux qui commettoient des péchez griefs dans le Mufulmanifme, &
Il ces gens-là dévoient être reputez Fidèles, ou non. ValFel foûtenant unfentiment
qui n'étoit conforme ni à l'un ni à l'autre Parti , & qui d'ailleurs ne pouvoit
non plus accorder à fon Maître, qu'il y eut en -Dieu des attributs feparez de
fon elfence, fortit comme l'on a déjà dit, de fon Echoie, ce que voyant Haf-
fan, il dit: Cad êttazal êmma Vallel , c'e(t-à-dir£ , Valîel fe fepare , ou s'ell
feparé de nous. C'ell de cette parole de Haffan , que le nom de Môtazelah
fut donné à* ceux qui ont fuivi l'opinion de ValFel.
ies principaux fentiraens'des Motazales font, qu'il n'y a point d'attributs en
Dieu feparez de fon cfTence, ce qui leur a fait donner aufli le nom de Moât-
tal , comme s'ils dépoûilloient Dieu de fes attributs comme de fes ornemens,
ce que porte la fignification du mot Arabe , Atal. Car ils ne veulent point
que Dieu connoiife par lii fcience ; mais feulement , par fon elTcnce , & ainû
des autres attributs. Ils croyent audî que la parole de Dieu, comme l'Alcoran,
n'ell pas incréée, ni par confequent éternelle; mais qu'elle a été créée dans un
fujet , en quoi ils font conformes à tous les Seélatcurs d'Ali , & entièrement
oppofez aux Alfchariens que tous les autres Mufulmans Orthodoxes fuivent. .
C'elt pourquoy les Hifloriens remarquent que le Khalife Vathck & quelques,
autres de fes fuccciTeui-s , amis delà poflerité d'Ali, étoient de la Seéle des Mo-
tazales, & qu'Ai Momoun même l'avoit embralfée fur la tin de fes jours.
Ils difent auflî fur le fujet de la Foy , que l'on ne peut pas dire que les
Mufiilmans qui commettent de grands péchez, ayent perdu la Foy, comme les
Kharegiens foûtiennent , ni aulîi que l'on les puilfe appellcr Fidèles, comme font
les Alfchariens , ne croyant pas que la Foy puiffe fubfiiter fans les bonnes
œuvres.
Il y a plufieurs fubdivifions dans cette Secte. Car il y en a que l'on nomme y
Cadariens . d'autres , Nadhamiens , & jufqu'à vingt fortes différentes, dont la
plulpart foûtiennent que tout ce que Dieu opère dans fes créatures, efl toujours
plus expédient pour elles; (Se il y en a même qui l'approchent û fort du Chrifl^'
tianifme, qu'ils croyent qu'un des attributs de Dieu peut fe revêtir d'un corps,,
fans que pourtant ils attribuent la Divinité ou reffence Divine à J. C.
Ces Motazales font fort fubtils dans la Philofophie & dans la Théologie
Scholaitique ; car plufieurs de leurs Dodeurs , comme A'moud , Ben Catthan
Al Fafli , Nadham , & autres , avoient lu les Philofophes Grecs , comme il .pa- ,
roît par leurs Ouvrages qui font tous favorables aux Schiites & oppofez aux
Sunnites, ^oyez aulîi le titre de Giahedh.
MOTHAHAR Al Sâdi. C'efl le nom d'un Saint des Mufulmans duquel
lafêi parle dans la feftion feptième de fon Hilloire.
MOTHx\LLATH, ou Mothalleth. Ce mot qui fignifie en Arabe une
chofe divifée en trois , eft le titre d'un Poëme compofé par Cothrob Ben Ah-
med A ! Bafri, dont chaque vers contient un mot Arabe qui a trois fignifica-
tions félon les trois diiFerentes voyelles Fathah , Kefra & Dhammah , dont la
première
M 0 T H A R E Z T. — - M O T H T. -73-9
.pïamiere de ces trois lettres radicales efl marquée. .11 ell dans la Bibliothèque
rduRoy, n^. 1147.
MOTHAREZr. NalTer'Bcn A'bda'feïd, que l'on nomme encore Borha-
■Siedddin Ben Abilmoka.rem , porte 'aulH le furnom de Motharezi, à caufe qu'il
étoit Tailleur d'habit , de race ou de profeffion. C'eft un des plus illufti-es
.Grammairiens des Arabes qui mourut l'an 606 oii 610 de l'Hegire. Il efl: Au-
teur du Mcsbah fil nahou, c'eltà-dire , Flambeau de h Grammaire Arabique,
•qui a été commenté par ElTaraïni , qui a donné à fon Ouvrage le titre de Dhou ,
qui fignifie , Lumière. Il ell dans la Bibliothèque du Roy, n . 1109. ,
Ce même Auteur nous a laiiré auffi un Dictionnaire Arabe , intitulé Ecnrià
lema haui, qui eft dans la Bibl. R. n^. 11 25, & un autre fous le nom de Ado.
gareb, ou Mogreb.
. Motharezi efl auffi le furnom de Nadhami, Poëte Perfien. Voyez auffi le titre
de Kengi.
MOTHAVAL. Ce mot, qui fignifie en Arabe ce qui efl étendu au lont^,
eft le titre d'un Ouvrage d'Ebn Hageb qui efl auffi intitulé Mothaual alamani.
, Ce font des Diélées d'un ProfefTcur fur la Metaphyfique & Théologie Scholalb"-
que des Mufulmans. Le Scherif Al Giorgiani a fcu't des Haoualchi, c'efl^-à-dire,
des Notes marginales fur ce Livre , qui le trouvent dans la Bibliothèque du
Roy, n^. 573.
Mothaual efl donc proprement ce qui fait le corps & le texte d'un Livre,
& Hafchîah, dont le plurier efl liaouafchi, fignifie les Schohcs, ou les Notes
que l'on écrit à la marge du texte.
MOTHAVAL uMokhtaffin-. L'Etendu & l'Abbregc. Ce font deux Corn-
-mentaires que Tagrazani a écrits fur le Livre de Gelaleddin Al Cazuini, intitulé
Talkhis almeftah. Il efl dans la Bibliothèque du Roy, n". 1129.
MOTHP Billah Ben Moftader Billah. C'efi; le XXIII Khalife de la race
desAbbaffides, qui fucceda à Moftakti que Moêzaldoulat, Prince de la Race des
Bouïdes, avoit depofiedé l'an 334 de l'Hegire. Ce Khalife régna fans aucune
autorité. Car Moêzaldoulat qu'il avoit élevé, ne lui permit pas d'avoir un Vi-
zir; il lui donna feulement un Kateb, ou Secrétaire, qui n'avoit point d'autres
affaires que de tenir compte de fes revenus & de la dépenfe de fa Maifon.
Le peu d'état que Moêzzaldoulat faifoit de ce Khalife provenoit de l'inclina-
tion qu'il avoit pour les Alides, & de ce qu'il croyoit que le Khalifat leur ap-
partenoit de droit, à l'exclufion des Abbaffides. L'on dit même que ce Prince
vouloit élever à cette dignité Aboul Haifan Ben lahia Al Zcîdi, un des princi-
paux Chefs de la Maifon d'Ali, qui s'étoit rendu fort recommandable parmi les
Mufulmans par fa Doélrine & par fa pieté.
Moêzzaldoulat auroit effeftivement exécuté ce defl'ein fi Mohammed Al Za-
meri fon Vizir ne fen eufl dilfuadé, en lui faifant connoître que ce change-
ment auroit entièrement bouleverfé l'Etat & mis fes propres affaires en grand
defordre.
L'an de l'Hegire 339 , les Carmathes rapportèrent à Coufah la Pierre noire
qu'ils avoient autrefois enlevée du Temple de la Mecque , & ilg publièrent en
Aaaaa 2 înême
74P M 0 T H I R. — M O T H R E F.
même temps que l'ayant oftée du lieu, où elle étoit, par un exprès commande-
ment du Ciel , ils l'avoient reportée dans la Ville de Coufah pour obéir à un
nouvel ordre du Ciel qu'ils avoient reçu, royest^ cette Hilloire décrite plus au
long dans le titre de Hagiar alafTouad.
L'an 355 de l'Hegire, Moczzaldoulat mourut dans la Ville de Bagdet, lailTarft
pour fuccefleur dans tous fes Etats, A'zzaldoulat, ou E'zzaldoulat ion fils, fur-
nommé Bakhtiar , lequel ne traita pas mieux le Khalife Mothî qu'avoit fait
fon père.
L'an 363 , Mothî fe trouvant accablé d'infirmitez renonça au Khalifat en fa-
veur de Thaï fon fils , entre les mains duquel il le remit entièrement après un
règne de vingt-neuf ans & cinq mois , & il ne faut pas s'étonner fi l'on dit fi
peu de chofes de ce Khalife , dont l'Empire avoit duré près de trente ans , ,
puifque nous avons veu ci-deffus qu'il n'avoit aucun pouvoir, & que tout ce
qui s'cfi; palfé de confiderable fous fon règne , fe trouve dans les titres de
Moczzaldoulat & des autres Princes fes contemporains.
Ce mot de Mothî fignilâant en Arabe, celui qui efl: craint & redouté, ou
celui qui fe fait craindre, fe prend auffi pour un des noms & attributs de Dieu,
d'où vient qu'il y a quelques Auteurs qui ont pris le furnom d'A'bdalmothî,
comme Ihaia Ben A'bdalmothî qui a compofé un Poëme, intitulé Al FiabBen^
Giâadh. Cet Auteur mourut l'an 62.8 de l'Hegire..
*
MOTHIR algaram. Ce qui ôte & ce qui efl'ace les pecheZ;
Mothir algaram ela ziarat al cods u alfcham. La Remiffion des péchez que-
l'on obtient en vifitant les deux Temples de Jerufalem & de Damas. C'efl le
titre d'un Livre compofé par Schehabeddin Ahmed , fils de Mohammed dit Al
Mo:addeflî , c'eft-à-dirc , qui ctoit natif de Jerufalem ou de la Terre Sainte..
Ce Livre traite du Pèlerinage que les Mahometans font en Jerufalem pour y
vifiter les faints Lieux & à Damas, pour y vifiter le fameux Temple de faint
Jean-Baptifi:e, ik du mérite ou, pour ainfî dire, des Indulgences que l'on gagne ■
en les vifitant.
Mothir algaram fi ziarat AI Khalil. C'efl: le titre d'un autre Livre compofé-
par Ifaac, fils d'Ibrahim Al Khalili, qui traite des Pèlerinages que les Mufulmans
font à Hebron pour y vifiter la Caverne, où Abraham & les autres Patriarches
fes enfâns font enterrez avec leurs femmes. Le nom de Khalil fe donne par
les Mufulmans à Abraham , à caufe de fa qualité de KhaHl allàh , qui fignifie
Ami de Dieu. Et ce même nom fe communique auffi à la Ville de Hebron,.
à caufe du fepulcre de ce Patriarche que l'on y révère. Ces deux Ouvrages fe
trouvent dans la Bibliothèque du Roy.
MOTHLEBL Ceft le furnom de Mohammed Ben Edris Al Schaféï, un
des quatre Imams ou- Chefs des quatre Sedes Orthodoxes du Mufulmanifme.
Cet Imam ou Dofteur porte ce furnom à caufe qu'il defcendoit d'Abdal Moth-
leb, Ayeul de Mahomet. IL y a plufieurs Perfonnages qui portent auffi ce mê-
me furnom.
M O T H R E F. C'efl: le furnom d'Abdalrahman Ben Mohammed , que l'on
nomme ordinairement Mothref Al Andalouffi , à caufe qu'il étoit né en Efpa-
gnc;^. qui a. compofé. le Livre intitulé Asbab alnozoul ? c'efl-à-dircj des fujets à
r.oc-
M 0 T H R I A. — - M O U I A D. 741
roccafion defquels les difFérens Verfets de l'Alcoran font defcendus du Ciel, fé-
lon la croyance des Mufulmans. Cet Auteur mourut l'an 413 de l'Hegire,.
MOTHRIA. Voyez Akbbar alraothria de Balathi.
MOUAHEDOUN. Voyez Moahedoun. ~
MOUAKKE'. C'eft le furnom de Mohammed Ben Ahmed Vafà , qui eft
Auteur du Livre intitulé Élham alfîan. Voyez Elham.
MOUAKKET. Voyez le titre dû Tizini..
MOUANESSAH. Ce mot qui fignifie en Arabe converfation familière j
eft le titre d'un Livre compofé par Abou Haïan. Voyez le titre de cet Auteur.
MOUGIAH. Gezaïr Al Mougiat. C'eft le nom de quelqugs Ifles qui fer-
vent de Port & d'entrepo3 aux Vailfeaux de la Chine qui n'en eît pas fort éloi-
gnée. La principale de ces Ifles s'appelle Maied , félon Edrilïï , qui n'eft éloi-
gnée qiie de quatre journées, ou courfes de Vailfeau, de rifle nommée Schab,
MOUHADDHAB. Titre d'un Livre compofé par Ibrahim Al Schirazi.
Voyez le titre de cet Auteur.-
MOUHADETH ou Mohadcth. Ce mot fignifie proprement un Auteur
de Hadith, c'eft-à-dire , celui qui a rapporté quelques Traditions prétendues de
Mahomet , ou celuy qui fçait par cœur & qui a fait un Recueil de ces mêmes
Traditions. Al Medini eft furnommé par excellence Scheïkh Al Mouhadethin,
à caufe qu'il citoif," fiu* tous les fujcts qu'il traitoit , quelqu'une de ces Tradi-
tions & qu'il \ms avoit ramaflees. Voyez le titre de Hadith.
MOUHADHERAH ou Mohadherah, ou Muhadherah. Ce mot qui figni^
fie en Arabe un entretien ou une converfation familière , eft le titre d'un Li-
vre, compofé par Abou Manfor Abdalmalek Al Thâlebi , fur différentes matiè-i
res de Grammaire & de Morale.
Cet Ouvrage porte auffi le titre de Ahfan almahalfèn, qui fignifie l'Elite des
meilleures chofes;
MOUHAKKAM ou Mtihakkem. Livre méthodique fur la Grammaire Ara-
bique, compofé par Ebn Seïdat.
MOUHALHAL ou Mohalhel. C'eft le furnom d'Amri Al Caïs, le pre-
mier des fept Postes Arabes qui font Auteurs des Moâllacar, Fnyez ce titre.
Ce Poëte a vécu au tems de la Gentilité ou Paganifme des Arabes. On îuy
donne encore les noms de Ada & de Rabiê, & l'on tient qu'il eft le premier
Auteur de^ cette forte.de Poëme, que les Arabes appellent Caffidah , alTez fem-
blable à nôtre Elégie.
M OUI AD u Ramin. Noms de deux: Princes qui regnoient dans le Khoraft-
fâri au tems de Narfi, fils de Gudarz. Voyez le titre de.Narfi..
Aaaaa 3., MOUIADj
74i M 0 U I AD. M O U I A D A L D 0 U L A T.
- MOUIAD AI Molk. Ceft le nom d'un des fils du fameux Nadham AI
Molk ou Nczam Al Mulk, Vizir de Malekfchah. Ce Mouiad ne fut pas héth.
tier des vertus de Ton père; car il avoit rcfprit fort brouillon. II fçut par Tes
intrigues rentrer dans les bonnes grâces du Sultan Barkiaroc fon Maître , qu'il
avoit perdues par fa faute. Mais enfin, BarkiardI luy coupa luy-même la tê-
te, l^oyez le titre de ce Sultan & celuy de Nadham Al Molk fon père, où l'on
Voit que ce Mouïad fut la caufe de fa difgrace.
MOUIADALDOULAT Ben Roknaldoulat. Uoknaldoulat , duquel on
parlera dans fon titre particulier , laifia après fa mort trois enfans .qui partagè-
rent fes Etats, à fçavoir, Adhadaldoulat, Mouladaldoulat duquel il elt queftion,
& Fakhraldoulat, qui étoient tous trois par conféquent petit-fils de Biiïah. l^o-
yez le titre de ce Perfonnage. ,
Mouiadaldoulat avoit en partage le Gebal , c'efl - à - dire , l'Iraque Perfienne ,
dont la Ville é?Ifpahan étoit la Capitale , & cependant il eut tant de déféren-
ce pour Adhadaldoulat fon aîné , qu'il n'en voulut pas prendre poffeflion fans
fon aveu. Adhadaldoulat , qui d'ailleurs étoit un Prince fort ambitieux , fut
ga^né par ce refpcft que fon frère luy rendit & le laifia joiiir paifiblement de
les Etats , pendant que d'un autre côté , il fe fcntit fort piqué de ce que fon
Cadet Fakhraldoulat n'en avoit pas ufé de la même manière en fon endroit.
Ce reflentiment fit qu'il fufcita Mouiadaldoulat contre fon autre frère & luy
donna même des Troupes, pour l'attaquer dans le milieu de fes Etats. Mouiad
marcha aufii-tôt du côté de Reï, Ville qui étoit alors la Capitale de l'Etat, qui
appartenoit à Fakhraldoulat , & s'empara bientofl par cette furprife de cette
Ville & de toutes fes dépendances.
Cabous Ben Vafchmeghir , qui fut furnommé Schems almâala , Prince de la
Dvnaftie des Dilemites, regnoit pour lors dans les Provinces de Giorgian & de
Thabareftan , qui s'étendent le long de la Mer Cafpienne. Ce Prince , qui avoit
des liaifons fort étroites avec Fakhraldoulat fon voifîn, ne put pas foutTrir que
Mouiadaldoulat s'ouvrill un chemin par les Etats de fon frère pour venir tom-
ber fur luy. Il mit des Troupes en Campagne 6c réfolut de fccourir avec tou-
tes fes forces Fakhraldoulat, qui avoit été déjà contraint d'abandonner la Ville
de Reï & de la céder au Vainqueur.
Cette jonàlion des l>oupes de Cabous avec celle de Fakhraldoulat , obligea
Adhadaldoulat de fortifier des ficnnes l'armée de fon frère Mouiad , & le parti
de celuy-ci devenant, par le iri'oyen de ce grand fecours, le plus fort , Fakh-
raldoulat fut obligé de fe jetter entièremei;t entre les bras de Cabous , qui
le reçut & traita avec tant de générofité & de fidélité , qu'il aima mieux cou-
rir la fortune de ce Prince fugitif , que de le remettre entre les mains de fon
frère Mouiad.
Mouiad ne pouvant rien obtenir de Cabous , quelque forte infl:ance qu'il lui
filt faire de lui remettre fon frère entre les mains, réfolut de luy déclarer la
guerre & d'entrer avec fon armée dans le Pays de Giorgian , où il fit de û
grands progrès , que Fakhraldoulat fut obligé à une féconde fuite & de fe ré-
fugier avec Cabous fon Proteéleur en Khorafiàn.
Le Khorafian dépendoit alors de Nouh ou Noé , Sultan de la Dynaftie des
Samanides. Tafchi , qui y commandoit fous les ordres du Sultan , reçut fort
bien ces deux Princes fugitifs , &, le Sultan Nouh entreprit fi hautement leur
pro-
MOUIADEDDIN. ^î O U L T A N.
TâS.
proteaion , qu'en l'an 371 de l'Hegire , il marcha en perfonne à la tête d'une
puilllmte armée contre iVIouiad , qui s'étoit déjà emparé de toute la Province,
de Giorgian.
Ce Prince fe voyant attaqué par trois ennemis tout à la fois , & ne pouvant
pas tenir la campagne devant eux, mit la plupart de fes Troupes dans les Pla-
ces de fa nouvelle Lonquefte, & ne s'en referva que l'élite pour défendre la
principale & la plus forte , où il s'enferma pour ibûtenir l'effort de fes enne-
mis. Il y fut en effet affiegé par ces trois Princes Confédérez qui l'auroient
enfin forcé, s'il n'eult pris la réfolution vigoureufe de les attaquer dans leur
Camp. Ce Prince prit fi bien fon tems pendant une nuit , qu'ayant fait une
fortie à la tête de les plus braves Officiers, il fit non-feulement lever le fiége,
mais il les pouffa encore fi vivement , qu'ils furent obligez d'abandonner en-
tièrement le Giorgian , & de fe retirer promptement avec leurs Troupes fort-
délabrées dans la Province du Khoraffan.
Après cette retraite honteufe, que la bravoure de Mouiad fit faire à fes en-
nemis , ce Priflce demeura paifiMe Poffeffeur , non-feulement de l'Iraque Perfien-
nc, mais encore du Giorgian & de tous les autres Etacs que les Dilemites pof-
fédoient fur la Mer Cafpienne, & mourut glorieux , après fept ans de règne,
l'an 373 de l'Hegire.
Mouiadaldoulat eut le bonheur d'avoir pour Vizir le plus excellent homm©
de fon tems, nommé Ebn E'bad, furnommé Saheb. Il faut voir le titre de ce
Perfonnage & celuy de Fakliraldoulat , qui demeura trois ans entiers dépouillé
de fes Etats dans le Khoraffan. Khondemir.
MOUIADEDDIN Ben Al A'icami. C'ell le nom du Vizir du Khalife
Mofiiâdhem , dernier Khalife de la race des Abbaffides. l^oyez la perfidie & la
trahifon de ce Miniffre dans le titre de iMoftâdhem.
MOU'ID al Nàim v Moubid alnakam. Traité du Gouverncmei?C politique
des Etats, compofé par Sobeki.
MOUIN^Ben Scfî. C'eft le nom d'un Auteur qui a écrit fur les Arbâïn.
MOUIN eddin. C'eff le furnom de Pervaneh Cafchi , Tuteur de Caïkhof-
rou Ben Soliman, Sultan de la ,Dynaffie des Selgiucides de Roum ou de Nato-
lie. i^oyez le titre de ce Sultan & de cette Dynaftie.
MOULA. C'eft le même que. Meula. Voyez ce titre. Moula Haffan eftie
même que Muleihaffem, comme nos Hifforiens l'appellent, Roy de Tunis, qui
fut chaffé par Khaïreddin , que nous floramons ordinairement Barberouffe , &
rétabli par Charles-Quint l'an 943 de l'Hegire , qui efl de J. C. 1536.
MOULTAN ou Multan. C'efl le nom d'une Province ou pi ûtofl d'un Ro-
yaume qui fait partie du grand Pays , que les Arabes appellent Sind , qui- cÛ
proprement l'Inde ou les Indes de de-çà le Gange , & tout ce qui eft de-çà &
de-l'i le Fleuve Indus.
Le Multan confine avec le Zableffan du côté du Septentrion , & plufieurs Géo-
graphes comptent ces deux Provinces- parmy celles qui compofenc ce que noua
appelions le grand Empire de Perfe.
LIali-
744. MOU M. !- MOUSSA.
Mahmoud Ben Sebekteghin , premier Sultan de la Dynailie des Gaznevides ,
conquit fur les Indiens Idolâtres le Royaume de Multan, & y trouva une Idole
qui repréfentoit un Jiomme, vêtu de maroquin rouge, aflis fur un Trône quarré,
auquel les Indiens qui le vifitoient en pèlerinage faifoicnt de grands préfens.
Mais depuis que cet Etat fut tombé entre les mains des Mahometans , ces
Princes tournèrent , à leur profit , toutes Iqs offrandes que l'on faifoit à cette
Idole.
Iletmifch, qui étoit un de ces Efclaves que Schehabeddm , Sultan des Gauri-
des , avoit élevés & qui partagèrent les Etats de ce Prince après fa mort , fit la
guerre à Naffireddin Cobah, & le dépouilla du Royaume de Multan.
La Ville de Kenaouge pafie pour être la Capitale de ce Royaume , & c'cft
dans cette Ville que quelques Géographes Orientaux ont placé le premier Me-
ridien , & d'où ils comptent les degrez de Longitude , en tirant du côté de
'Orient.
MOUM. Ce motj^ qui fignifîe proprement de la Cire & mêrn^ du Suif chez
les Perfans & chez les Turcs , efl auflî le nom propre d'un vaillant homme par-
my les Perfans , lequel fit prifonnier Afrafiab , Roy des Turcs Orientaux , qui
faifoit la guerre à Caïkhofrou , Roy de Perfe de la féconde Dynailie, nommée
des Caïaniens ou Caïanides.
M OU MI A. Ce mot qui efl formé de celuy de Moum , fignifîe la chair
d'un corps humain confervée dans les fables , après qu'elle a été embaumée.
On en trouve aufïï dans des fepulcres voûtez, comme en Egypte, mais la plus
grande partie des Moumics de l'Orient fe tirent d'une Caverne , qui eft affez
proche de la Bourgade , nommée Abin , fituée dans la Province de Fars , qui
efl la Perfe proprement dite. *
MOUNGAKA. Voyez Mangu & Mangulîa.
MOUNTEKHAL. C'efl le nom d'un Florilège recueilli des anciens Poè-
tes Arabes , par Aboulfadhl Al Menkhali ou Mikhali. C'efl de ce Livre que
Thâlebi a tiré fon Ouvrage, qu'il a intitulé Montckhab al MounCekhal.
MOURON. C'efl ce que les Grecs appellent juv^ov^ qui efl proprement le
baume de Matarée , lieu d'Egypte , d'où les Chrétiens Orientaux tiroient le
Chrefme de la Confirmation. C'efl pourquoy tous ces Chrétiens , de quelque
langue qu'ils foient, ont confervé ce mot dans leurs Rituels.
MOUS CH A M. Nom d'une des Ifks que nous appelions aujourd'huy les
Maldives. Voyez le titre de Dambac.
MOUSSA Ben Amran, Ben Cahath, Ben Laoui, Ben Jacoub. C'efl Moyfe
le Prophète, qui étoit fils d' Amran, fils de Caath, fils de Levi , fils de Jacob,
qui efl furnommé par les Mufulraans Kelim Allah , à caufe qu'il parloit fami-
lièrement avec Dieu.
Moyfe, félon le Tarikh Khozideh ou Montkheb, naquit cinq cent & iîx ans
après le déluge , & perdit fon père un mois après qu'il fufl né. Le Pharaon
qui regnoit pour lors en Egypte & qui portoit le nom de Valid , avoit épou-
MOUSSA. ' 74S
fé la nîéce d'Amran , nommée Aflîah , laquelle étoit par conféquent Coufine
Germaine de Moyie , & cette alliance rendoit Amran des plus conudérables dans
la Cour de Pharaon.
Ce grand crédit d'Amran n'empêcha pas que Nagiah , mère de Moyfe , n'eût
de la crainte pour fon ûls que Pharaon, vu l'averfion qu'il avoit pour fa Na-
tion, ne le fifl mourir. Cette crainte luy fit expofcr fon fils enfermé dans un
petit coffre fur le Nil, & il arriva que le courant de l'eau le porta jufleraent
proche le Palais de Pliaraon, où il fut recueilli & nourri cnfuite dans la Mai-
îbn du Roy avec fes autres enfans.
Moyfe véquit jufqu'à l'âge de quarante & un an dans le Palais de Pharaon ,
Jufqu'à ce qu'ayant tué un jour un Egyptien qui maltraitoit quelque Juif, il
fut obligé de quitter le Pays & de s'enfuir en Arabie , où il fut reçu par Schoâïb
jqu Jethro, grand Prêtre & Prophète du peuple de Midian, qui font les Madia-
nites.
.. Schoâïb voulut arrêter Moyfe dans fon pays en luy donnant fa fille en ma-
rîage; mais il ne put le retenir fi long-tems qu'il auroit fouhaité. Car Moyfe,
prelTé du defir de revoir Nagiah , fa mère , Haroun ou Aaron , fon frère aîné ,
& ceux de fa Nation, prit congé de fon beau-père & la route de l'Egypte par
la Montagne de Thour ou Tor , qui cil le mont Sinaï. Ce fut au pied de
cette montagne qu'il reçut de Dieu le don de Prophétie &c le commandement
d'aller trouver Pharaon , de fa part , pour obtenir de luy la délivrance de fon
peuple.
Ce Prophète ne fut pas plûtoft arrivé en Egypte , qu'il communiqua à fon
frère Haroun le don de Prophétie qu'il avoit reçu, afin qu'il le iervit en tou-
tes choies pour l'exécution des ordres de Dieu. Ils fe préfenterent donc tous
deux enfemble devant Pharaon , auquel Moyfe , faifant paroître fa main qui
étoit d'une blancheur & d'un éclat extraordinaire , & ayant enfuite changé la
verge qu'il tenoit, en ferpent, ne put pas cependant obtenir de luy la délivran-
ce de fon peuple. Car quoique ce Prince fufl fort ébranlé par les grands mi-
racles que Moyfe fît enfuite pour autorifer fa Million , les Magiciens qui firent
plufieurs préftiges pour contrefaire les miracles de Moyfe , luy endurcirent tel-
lement le cœur, qu'il ne pufi; fe réfoudre d'accorder là hberté à ce peuple que
Dieu vouloit retirer de fes mains.
Moyfe ne laifla pas de fe mettre à la tête de fix cent mille hommes de fa
Nation & de paffer par le milieu des eaux de la Mer de Caizum , qui eft la
mer rouge, où Pharaon qui les pourfuivoit, fut fubmergé avec tous les fiens.
Le même Auteur du Tarikh Montekheb écrit , que les Ifrachtes ayant pafl'ê
la Mer Rouge ^arrivèrent en un lieu de l'Arabie , nommé Mag/mâ albahreïn ,
mots qui fignifient l'Union ou la Rencontre de deux Mers, & que Khedher,
que les Mufulmans les plus groffîers croyent être le même que le Prophète Elic,
qui ne vint cependant au monde que long-tems après ce pafTage, fe préfenta k
eux , pour leur fervir de Guide dans le grand défert nommé Tiah , qu'ils dé-
voient traverfer.
Les Mufulmans réduifent le tems des quarante années que les Ifraëlites em,-
ployerent à traverfer ce défert, à quarante jours, comme au contraire, ilsf^nt
monter le nombre des huit perfonnes , qui s'enfermèrent dans l'Arche du tems
du Déluge, jufques à quatre-vingt, & ils difent auffi, que les difficultez que les
mêmes Ifraëlites trouvèrent dans ce voyage , auroient été infurmon tables fans
Tome IL B b b b b le
^4,5 MOU S S A.
le fecours de Khedher, que Dieu leur envoya exprefle^ment pou? h^ fovfifîer.
Car ce fat-là qu ils eurent à combattre Aoug' Anak , que l'Ecriture fainte ap^
pelle Gog, lequel étoit de la race de ceux que les Livres facrez. appellent A na-
kim ou Geans. ,,,/., • , , ,
L'on peut remarquer icy en panant , a 1 occafion de cette mam blanche &.
luidmte de Moyle qui opéra en Egypte toutes ces grandes merveilles, dont on
parlera cy-aprè's, que les Mufalraans parlant d'un- homme qui fait des chofes ex-
traordinaires , comme d'un Médecin dont les cures font admirables , difent ,
qu'il a, lad Be'idhu, c'ell-à = dire , la main blanche de Moyfe, & le foufflc ou,
l'haleine du MelTie.
Quoyque l'hiftoire de Moyfe foit couchée aflcz au long dans un Chapitre de
l'Alcoran, intitulé Aaraf, les" Commentateurs de ce Livre ne lailTent pas de l'é-
tendre encore davantage & de la charger de plufieurs contes fabuleux , tirez des
livres des, Juifs, ou de 'je ne Içai quelles Traditions anciennes, autorifées parmy
eux, & qu'ils mêlent fans diftinclion avec les Faits véritables qui font couchez
dans nos Ecritures.
Moyfô, félon eux, s'étant enfui d'Egypte fe retira au Pays de Medine , ou
pjûtofb de Midian ou des Madianites auprès du Prophète Schoâïb, c'efl Jethro,
que Dieu avoit envoyé à ce peuple pour le tirer de l'Idolâtrie dans laquelle il
voir
'une
rivière , nommée Aïmen , une Robe de Prophète avec une Verge ou Baflon.
AuOî-toft qu'il fe fut revêtu de cette Robe & qu'il euft" pris cette Verge en
main , fa main devint tout-à-coup couverte d'une blancheur éclatante , & alors
Dieu luy étant apparu, il reçut de fa part l'ordre d'aller trouver Pharaon pour
l'inftruire en la foi d'un feul Dieu , & pour lui demander la liberté des Ifraëlites
qu'il avoift-éduits en fervitude , avec la permifîîon de pouvoir aller en la Ter-
re de Chanaan, pour prendre polîeffion de Tancien patrimoine de leurs pères.
Pharaon , après avoir oiii les propofitions de Moyfe , lui demanda quel fîgne
il pouvoit donner pour l'afllirer de la vérité de fa Commiflîon , & de la puis-
fance de celuy de la part duquel il luy parloit. Car les lettres de créance des
Pro'phétcs, luy difoit-il , font les Miracles. Moyfe jetta auffi-tofl par terre la
Ver'^e qu'il tenoit en main, & Pharaon vit en même tems un Dragon épouvan-
table, qui avoit la gueule ouverte & qui le regardoit fixement. Ce prodige in-
opiné ietta une û grande frayeur dans le cœur de Pharaon & de tous les fiens,
qu'ils prirent incontinent la fuite, prièrent Moyfe de faire difparoiftre ce mon-
ftre & luy promirent de luy accorder fes demandes. Moyfe prit auflî-toft ce
Dragon par la tête, & il ne fe trouva dans fa main que la fimple Verge qu'il
portoit auparavant.
Le même Pharaon s'étant un peu raffuré , demanda à Moyfe , s'il n'avoit point
d'autres fignes ou miracles à luy faire voir? Et Moyfe lui ayant témoigné que
fon pouvoir netoit pas fi borné, lui monflra auffi-toft fa main droite qui étoit
suffi brune que fon vifage , & après l'avoir mife fous fon ailTelle , il la retira
auffi blanche que la neige & aufli claire qu'un aftre , dont l'éclat faifoit impref-
fion dans l'air & fur la terre.
Ce Prince , après avoir vu ces deux chofes qui étoient fi extraordinaires , af-
fembla un Cqy^q'û , compofé des plus grands Seigneurs de fon Etat , pour déli-
bérer
M O 0 s s A.
7M
Wref fur ce qu'il y avoit à faire dans une pareille' conjonfture. Le réfultat du
Confeil fut, qu'il falloit entretenir Moyfe de belles efpérances , & faire venir
cependant à la Cour les plus habiles Magiciens de l'Egypte , dont le nombre
étoit pour lors fort grand dans le Pays appelle Saïd, qui efl la ThebaïJe, pour
les oppofer à cet homme qui leur paroilîbitêtre le plus expert de tous ceux,
dont on avoit entendu parler jufqu'aiors.
- On dépêcha donc aufîî-tofl: des Exprès aux Magiciens les plus célèbres de tou-
te l'Egypte, afin qu'ils comparuflent devant Pharaon. Sabour & Gadour , frè-
res,, qui étoient des Principaux, fe mettant en état d'obéïr aux ordres du Prin-
ce, allèrent par le confeil de leur mère, vifiter le fépulcre de leur père, pour
le confulter fur le bon ou le mauvais fuccès de leur voyage. Ils l'appellerent
par fon nom, & lui leur ayant répondu qu'il étoit -là pour les entendre, ils
lui dirent qu'il étoit arrivé en Egypte deux frères , car Aaron accorapagnoit
toujours Moyfe, lefquels avoient réduit, fans armes, ni foldats, les affiiires de
Pharaon en très-mauvais état ; que ce Prince les avoit mandez pour s'oppofer à
eux , & pour combattre leurs prelliges par d'autres encore plus grands ; qu'ils
avoient une Verge qui fe transformoit en Dragon, qui devoroit tout ce qui fe
préfentoit devant lui.
Le Père ayant entendu le difcours de fes deux enfans, leur parla en ces ter-
mes : Auffi - toit que vous ferez arrivez à la Cour de Pharaon , informez - vous , li
la Verge dont vous me parlez , fe change en dragon pendant leur fommeil , ou
non? Car les enchantemens qu'un Magicien peut faire, n'ont nul effet pendant
qu'ils dorment, &. fçachez que s'il arrive autrement, nulle créature ell capable de
refifter à ces deux perfonnes.
Ces deux Magiciens étant donc arrivés dans la Ville de Monf, ou Memphis,
qui étoit pour lors la Capitale de toute l'Egypte, s'informèrent exaélement de
toutes les chofes dont leiu- père les âvoit inllruits & apprirent avec grand éton-
nement que toutes «& quantes fois que Moyfe & Aaron fon frère prettoicnt leur
repos , leur Verge devenoit auffitoft un Dragon qui veilloit à leur garde , &
qui ne laiflbit approcher d'eux aucune perfonne.
Les Magiciens bien furpris d'une fi étrange nouvelle , ne laifTerent pas de fe
prefenter devant Pharaon avec tous les autres qui avoient couru à ce grand
fpeflacle, que quelques Auteurs font monter jufqu'au nombre de foixante & dix
mille. Car outre ces deux frères qui étoient venus avec tous leurs Difciples,
il en arriva deux autres, nommez Giaath & Mosfa , qui font peut-être, Jam-
Tiés, & Mambrés, desquels faint Paul fait mention, dont la fuite n'étoit pas
moindre. Et enfin, le grand bimeon. Chef & Souverain Pontife de tous les
Prêtres d'Egypte , & de tous ceux qui faifoient profeffiôn particulière de Magie,
vint auffi en grande compagnie.
Tous ces Prêtres Idolâtres & Magiciens avoient préparé- des baguettes & des
cordes pour contrefaire le miracle de Moyfe , & auffi - toft que ce ^Prophète eut
jette fa Verge par terre, & qu'elle fut devenue un Serpent, ils jecterent auffi
leurs baguettes & leurs cordes qu'ils avoient remplies de vif argent au dedans ,
lesquelles fe mirent en mouvement & firent plufieurs plis & replis les uns fur
les autres, auffi -tofl qu'elles fentirent la chaleur du terrain échauffé par les ra- '
yons du Soleil. La plûpajt des Speétateurs qui n'ofoient pas approcher de fi
près, crurent d'abord, à voir le mouvement de ces Baguettes, que c'étoient de
verit-ables Serpens; mais ils en furent bientoll desabuiez lorfqu'ils virent que le
B b b b b 2 Ser-
74^ ISI O U S S A.
Serpent de Moyfe mit en pîl^ces & dévora tous ces faux Serpens , & ils furen
fi effîaj^ez de ce fpeftacle qu'ils prirent tous la fuite , aufîî bien que les Magi-
ciens mêmes qui commençoient à craindre pour leurs propres peribnnes.
Sabour & Gadour reconnurent fur le champ la puifTance du vrai Dieu au nom
duquel Moyfe parloit Ils l'adorèrent en la p-efence même de Pharaon qui dé-
fendoit à les fujets d'en adorer un autref^que lui, & ils perfiflcrent dans leur
profeffion de foi , non - obftant toutes fcs menaces , jufqu'à ce qu'ils furent con-
damnez à avoir les pie.is & les mains coupées, & à être enfuite attachez à des
gib-'ts, fur la fauffe fuppolition que ces gens -ci avoient été gagnez par Moyfe
& par les Ifraëlites, pour favorifer leur délivrance.
Les Principaux Confeillers de Pharaon remontrèrent à ce Prince ,' qu'il étoit
étrange de voir qu'il punifl les propres fujets, & pardonnait à Moyfe & aux
Ifraëlices. Mais Pharaon qui fçavoit bien n'avoir pas le pouvoir de rien entre-
prendre contre Moyfe, leur répondit: Le châtiment que je prépare aux Juifs
efl beaucoup plus grand que vous ne penfez. Car je les extcrmineray tous dans
peu de temps par le commandement que j'ai fait aux Sage -femmes, de mettre
à mort leurs enfans mâles, & de ne referver que les femelles. Btïdhaoïà. Za^
tmkhfchari. Hou[Taïn l^aêz^ ^c.
Dans le Chapitre Aàraf, qui a déjà été cité, Mahomet fait dire à Dieu ces
paroles: Nous avons écrit pour Moyfe fur des Tables toutes ces chofes en particu-
lier, qu'ils (^c'eft- à-dire les Ifraëlites) doivent olferver, tant à regard de ce qui
efl commandé, que de ce qui eft défendu , ^ recevez- les avec refpe^ ^ commandez à
vôtre peuple d<? les garder Joignmfement. v katabna laho fi alalouah men kolfcheï,
mouœdhat taffilan lekol fchei. Les Interprètes qui ont été déjà citez, glofenfe
ainfi ce paflage: Nous avons ordonné à la plume, ou au burin celefle d'écrire,
ou de graver ces Tables , ou bien nous avons commandé à Gabriel de fe fervir
de la plume, qui eft l'invocation du nom cle Dieu, & de l'encre qui efl puifée
dans le Fleuve des lumières, pour écrire la Loy.
Le nombre de ces Tables va jufqu'au nombre de fept félon quelques-uns, &
félon les autres jufqu'à dix. Mais les Hébreux n'en comptent que deux. Ces
Tables qui avoient chacune dix ou douze coudées de longueur, étoient, félon
quelques Auteurs, faites d'une efpéce de bois que les Ai"abes appellent, Sedr,
ou Sedrat, qui eft une efpéce de Lot, que les Mufulmans plantent dans le Pa-
radis. Les autres veulent qu'elles fuffent de Rubis rouge , ou Efcarboucle. .
Mais la plus commune opinion eft, qu'elles étoient faites d'Emeraudes, au de-
dans desquelles les Caraéleres étoient taillez, enforte que l'on les pouvoit-lire de
tous les cotez.
Moyfe apportoit ces Tables du haut de la Montagne au peuple , lorfqu'il ap*
prit la fabrique du Veau d'Or. Cette nouvelle échauffa tellement le zèle qu'il
avoit pour l'honneur de Dieu & pour le falut de fon peuple, qu'il \qs jetta par
terre. Quelques Interprètes difent, qu'il ne les jctta pas; mais qu'il les laifiâ
tomber de ks mains & qu'il fembla qu'il les avoit jettées. Mais de quelque ma-
nière que cecy foit arrivé, les Tables furent rompues & les morceaux furent
reportez au Ciel par les Anges, à la referve d'une feule pièce de la grandeur
d'une coudée qui demeura fur terre , & qui depuis fut mife & confervée dans
l'Arche d'Alliance. C'cft cette Table qui porte le nom de Hoda v Rahmat,
c'eft-à-dire, La Table de la Mifericorde. '
Houlfuïn Vâez rapporte la Tradition fuivante fondée fur quelques paroles de
l'Alcoran
MOUSSA. rA9
PAIcoran qui font couchées dans le Chapitre A'araf , & qui feront citées à la fin de
cette Hifloire, à fçavoir, que les Ifraëlites ayant reçu de Moyfe la Loy que
Dieu lui avoit donnée fur le Mont Sinaï, quelques incrédules dirent parmy eux,
que Dieu ne lui avoit point parlé-, & qu'il avoit écrit lui - même fur les Tables ce
qu'il lui avoit plu. Ce murmure fut caufe que Dieu commanda à Moyfe de
choifir foixante & dix d'entre les Anciens du peuple pour les faire monter avec
lui fur la Montagne, afin qu'ils fulfent témoins de ce qu'il lui diroit.
Moyfe en exécution des Ordres de Dieu , choifit foixante & dix perfonncs
d'entre les douze Tribus du peuple & les conduifit avec lui fur le fomraet du Mont-
Sinaï. Mais auflî-toft que ces foixante & dix perfonnes y furent arrivez, une
nuée épaifl'e les fepara de Moyfe qui entra dans la nuë & parla feul avec Dieu.
Pendant cet entretien les Vieillards fe proftcrnerent en terre & entendirent les
paroles que Dieu dit à Moyfe, qui confifl:oient en ce que les Arabes appellent,
Emr u Nehi ; Vàad u Vaîd , c'eft - à - dire , en préceptes affirmatifs ou négatifs ,.
en promelfes & en menaces,
Moyfe après avoir reçu les Ordres de Dieu, fortit de la nuë, & dit aux
Vieillards : Vous avez oui tout ce que Dieu m'a dit , fur quoi ils lui répliquè-
rent, nous avons véritablement oui des paroles; mais nous ne pouvons pas fça-
vok qui les a proférées, puisque la nuée nous empèchoit de le voir, de forte
que fi vous voulez que nous ajoutions foi à vos paroles, faites nous voir à
découvert ce Dieu qui vous parle, & ce fut alors que la colère de Dieu éclata fur
ces incrédules par un tremblement de terre , excité par un bruit épouvantable, &
accompagné d'un feu dévorant qui les confuma tous,fuivant ce qui efl; porté dans
le même Chapitl'e A'araf, qui a été déjà cité, par ces paroles: fa lama akhadha-
thom alragfat, c'eft - à-dire, â? alors un tremblement les furprit , ce que quelques'
Interprètes entendent, non point d'un tremblement de terre; mais d'un tremble-
ment de tout leur corps, dont tous les membres furent tellement disloquez ^
qu'ils demeurèrent dans une agitation continuelle.
L'Hiftoire du Veau d'or qui n'efl: touchée que légèrement par Mahomet dans
le même Chapitre, fe trouve beaucoup dus étendue chez les Interprètes du
Verfet de l'Alcoran qui en parle. Vo'ci le pallage' du texte Arabique: Vatra-
khadh Caum Moulfa men bâdehi men Holaïhem âgelan giafedan laho khaouar,
c'efl - à - dire , Les Jfraëlites , après que Moyfe les eut quittés^ pour monter fur la
Montagne de Sinaï , firent de leurs bracelets &' autres ornemens de métal un veau
qui n'étoit qu'un,corps fans anK , ê? ([ui nmgiffoit néanmoins comme un bœuf.
Voici de quelle manière les Interprètes racontent cette Hifloire. Quand les
Ifraëlites furent fur le point de partir d'Egypte pour ôter aux Egyptiens tout
foupçon de leur fuite, ils feignirent de faire des nopces entr'cux, & emprun-
tèrent pour cet efl'et de leitrs voifins des colliers, des bracelets, & autres fem-
blables ornemens de femmes qui fe trouvèrent être de difi'érens métaux, & après
qu'ils eurent pafie la Mer rouge, & que les Egyptiens euilent été fubmergez, ils
tiafiquerent entr'eux de ces bijoux qui leur étoient demeurez entre les mains:
Sameri,un des principaux Chefs du Peuple Juif , vo3^ant ce trafic, avertit Aa-
ron qui comman 'Oit pendant l'abfence de Moyfe fon frère, de ce commerce qui
ne lui paroilToit pas jufi:e. Aaron fur cet avis ordonna à Sameri de ramaflèr
tous ces_ ornemens, & de les garder en dépôt jufqu'au retour de fon frère, qui
étoit alors fur le Mont -Sinaï, & Simcri ayant exécuté l'ordre d'Aaron, crut,
comme il étoit habile dans la fonte des métaux, qu'il étoit i propos- da
Bbbbb 5, ' mettre-
7S^
MOUSSA.
mettre toutes ces pièces qui étoient d'or, d'argent & d'autres matières , dansTin
fourneau pour n'en faire qu'une mafle qui pourroit fervir aux ufages que iVloyfe
en voudroit faire. Tous ces métaux fondus enfemWe formèrent, comme s'ils
avoient été jetcés dans un moule , la figure d'une cfpece de Veau.
Les Ifraëlitcs , accoutumez encore à l'Idolâtrie des Egyptiens, eurent d'abord
quelque vénération pour cette figure , ce qui fit que Sameri prit un peu de pou?'
fiere qu'il mit dans la gueule du Veau, lequel auiïï-tôt commença à mugir. Les
Ifraëlitcs qui portoient déjà du refpeft k ce Veau qui n'avoit ni voix, ni mou-
vement , ne l'eurent pas plutôt entendu m.ugir qu'il fe proflernerent devant lui
& Fadorerent comme leur Dieu. Cette terre ou poufliei-e qui fit mugir le Veau,
avoit été ramaflTée par Sameri de deflbus les pieds du cheval de Gabriel , ou de
Khedher , lorfqu'il marchoit à la tête du Camp des Ll-aclites dans le defert.
C'efl; pourquoi elle eut la vertu de donner la vie & le mouvement à une fta-
tuë de métal , fuivant ces mêmes Interprètes.
Mais laiflant à part les rêveries de ces Auteurs , ceux qui traitent plus ferieu»
fement de la manière dont Dieu parla à Moyfe, les uns prétendent que Moyfe en-
tendoit la Voix de Dieu qui lui parloit fans que le peuple l'entendît. Abou Manfor
dit dans fes Taouiiat, que le peuple entendoit un bruit ,& par Je moyen de ce bruit,
la parole de Dieu. Mais Abou Halfan & les Afchdriens les Difciples, foûtien-
nent que Moyfe entcndoit les paroles de Dieu, men gaïr vafethat, c'eft-à-
dire, fans aucun milieu, & fans voix. Ebn Faurekh, Dofteur /\fchârien, eft
aulîî du même fentiment félon le témoignage de Mohamimed Ben Caflem, le-
fjuel dit auflî que Moyfe, étant charmé de la parole de Dieu, lui demanda la
grâce de pouvoir voir fa face; mais Dieu lui répondit: Lann teram: Vous ne
la verrez point aflin-ement ; car cette veuë eft impoffible à un homme mor-
tel , fur quoi un Poète Perfien a fait ces Vers : La beauté Immortelle déman-
de un œil immortel pour la contempler.
Les Hifloriens Mahometans font vivre Moyfe & Aaron du temps de Ma-
nougeher, feptième Roy de Perfe, de ki première Dj-naflie, & comptent depuis
fa mort jufqu'à la première année d* l'Hcgire, deux mille trois cent quarantc-
fept ans, ce qui ne s'accorde pas exaftement à notre Chronologie.
Il y a plufieurs chofes qui regardent ce grand Prophète dans les titres de Fe-
raoun , qui ell Pharaon, de Caroun, qui eft Coreh, deSaoum, ou du jeufne, <k
d'Amal , qui font les Oeuvres de Tor , de Sina &c
MOUSSA Ben Giafar Sadik. C'efi: le VU des douze Imams que les
Schiites révèrent. Il naquit l'an 128 de l' Hégire entre la Mecque, & Meài-
îie, d'une mère, nommée Hamidah & furnoramée Berberiah, à caufe qu'elle
étoit native de Barbarie.
Giafar Sadik, père de cet Imam, avoit eu un fils nommé Ifmaël, qui étoit
l'aîné de Mouilà; mais il mourut avant fon père qui tranfera la fucceffion d'If-
maël fur la tête de Mouflli fon Cadet. Cependant, les Ifmaëliens qui ont
fondé deux Dynaflies, comme l'on peut voir dans leur titre, prétendent que
cette fucceflîon n'a pas été légitimement transférée , & comptent cet Ifmaël
fils aîné de Giafar, duquel ils ont tiré leur nom, pour le feptième, vérita-
ble & légitime Imam, & veulent que la fucceffion des Imams ait été continuée
-dans la pofterité de cet Ifmaël,
Le
^foussA. ^51
Le Khalife Haroun Al Rafchid craignant que cet Imam , qui faifoit fâ demeure
à Medine , ne donnait occafion ou prétexte à ceux qui auroient voulu exciter
quelques troubles en Arabie, le fit venir à Bagdet & le mit à la garde d'un
de les Officiers. Mais fes Ibupçons augmentant toujours, il le fit, quelque temps
après , empoiibnner par lahia Ben Khaled fon Vizir , de peur qu'il ne lui échapât
des mains.
iNdouifii mourut à l'âge de cinquante-cinq ans ou environ, l'an 153 de l'He-
gire, & laiiFa pour fon fuccelfeur en la dignité d'Imam, fon fils aîné Ali, fur-
nommé Ridha.
Le titre le plus ordinaire que l'on donne à Imam Mouffà , efl celui d'Al Kiad-
hem, c'eft-à-dire, le Débonnaire, comme aufli celui de Saber, qui fignifie pa-
tient, parce qu'il retenoit &. moderoit fa colère, & qu'il fouffroit conftamment
les afflictions qui lui arrivoient. On le trouve aufli fouvent qualifié de celui
d'Amin , qui fignifie le Gardien fidèle du dépôt de la Foy & de la Tradition.
MOUSSA Ben Baiazidkhan. C'elt le troifiéme fils de Bajazet I du nom.
Sultan des l'urcs Othmanides , lequel après avoir défait Ifia fon frère puifné , &
dépoiiillé Soliman fon. aîné, des Etats qu'il devoit légitimement pofiîeder aprè.s
la mort de Bajazet fon perc, fut reconnu pour légitime Sultan des Ottomans,
& régna aflez paifiblement pendant trois ans & fix mois.
Mais Mahomet, Cadet de Moulfa , qui étoit à Amafie, Ville de Cappadoce,
ayant obtenu de l'Empereur Grec le palTage par Conflantinople , entreprit de le
dépolîeder, & il lui fut aifé de le faire par la révolte des Janifi^aires, & du refi:e
de la Milice, lefqucls mnnquant de fidélité à Moufl^a, l'abandonnèrent & le mi-
rent, pour ainfi dire, entre les mains de fon frère qui le fit étrangler l'an 816
de l'Hegire, qui eft le 141 3 de J. C.
Mouda eut pour fuccellèur ce même Mahomet, qui fut le premier du nom
entre^ les Sultans Othmanides.
MOUSSA Ben Naffir. C'efl le nom d'un Perfonnage qu'Abdalaziz, Gouver-
neur d'Egypte, envoya, par Ordre deV^alid, Khalife de la Race des Ommiades
fon neveu , l'an 89 de l'Hegire, en Afrique, pour la gouverner.
Ce MoulIIi fit de grands progrès , principalement le long de la Cofte Mariti-
me , en ce Pays-là , & étendit ion Gouvernement jufqu'au détroit. Il conquit
auOi les Ifl-;s de Sardaigne & de Corfc, & en l'an 92 de la même Hégire, il
fit paflTer fur une grande Flotte & avec une puifiTante Armée, un de iVs AfFran»
chis, nommé Tharek Ben Ziad, en Elpagne, pour la conquérir, & cette entre-
prife lui réuflît fi-bien , que les Arabes fe rendirent les Maîtres de la plus gran-
de partie de ce grand Pays , qu'ils ont poITcdée pendant l'eipace de huit cent
ans. Foyez les titres d'Andalous, & de l"harek.
MOUSSA Ben Amran. Ce nom qui eft celui de Moyfe , eft auflî celui que
portoit un fameux Impofteur qui fe difoit être le véritable Moyfe le Legifla-
teur , reflufcité dans fa pcrfonne. Foyez le titre du Khalife Maraon , fous le-
quel il vivoit.
MOUSSA Al Kermani. ^c^^ez Kermanj. *
MOUSSA Ben laffar. Foyez Abou Maher-
MOUSSA-
752 M 0 tf S S A. -— M 0 U S S A L t.
MOUSSA Ben Maïmon. l^oyez les titres d'Abou Amran & de Maîmon.
MOUSSA Ben Schaker. Voyez Schaker. Ce Perfonnage eut trois cnfans
qui furent tous trois excellcns dans les Sciences , fous le règne du Khalife
Mothâdhed.
MOUSSAL, ou MoulToI. Il y a deux Villes qui portent ce nom. La
première, qui porte le nom de Moulfal Ai A'tik , c'cft-à-dire , l'ancienne Mouf-
fal, & que plufieurs croyent être l'ancienne Ninive, la Capitale des Alfyriens,
ell la plus proche de Mardin, & la féconde qu'on appelle ûmplement aujour-
d'hui, Mouffal , efl celle que nous nommons vulgairement, Moful. Ces deux
Villes font fituées fur le l'igre, & la première doit, félon les Auteurs Peilicns,
fa fondation à Tahmurath , Roy de Perfe de la première Dynaltie. Les Tables
Arabiques lui donnent 77 degrez de Longitude , & 34 degrez , 30 minutes de
Latitude feptentrionale.
Cette Ville fut afliegée par Saladin l'an de ITIcgire 578, mais ce Prince fut
obligé d'en lever le ficge que les Habitans foûtinrent avec une fermeté incroya-
ble. Les Mogols la prirent l'an 659 , trois ans après la prife de Bagdet , &
Samdagou qui les commandoit ne lit alors aucun quartier aux iVlufulmans , &
n'épargna que les Chrétiens.
Moulfal ne laiilà pas de fe rétablir après la mine qu'elle avoit foufierte de
4a part des Mogols Ginghizkhaniens, mais Tamerlan l'ayant affiegée avec fes
nouveaux Tartares l'an 'j')^', il la défola de telle forte, qu'elle n'eil plus en-
core aujourd'huy qu'une Ville fort peu confidcrable.
'- Abou Racoub a compofé l'Hiftoirc de cette Ville, dans laquelle il décrit fort
amplement tous les changemens qu'elle a fouffcrts fous divers Princes qui y ont
commandé, & il a intitulé Ion Ouvrage, Akhbar Mouffal.
Plufieurs grands Perfonnagcs font fortis de cette Ville & ont pris le furnora
d'Al Mouflali, tels que font Ibrahim Zehireddin Naccafch, A'zzeddin, & plu-
fieurs autres dont il eft fait mention dans cet Ouvrage. Un des plus célèbres
d'entr'eux eft Aboul Abbas Ahmed Ben MouiTa, mort l'an 622 de l'Hegire,
qui a compofé le FaïfTal, le Megil alertiab, & qui a abbregé le Ahïah de Gazali.
Voyez tous ces titres en leur particulier.
MOUSSALI. Ce mot qui fignific, natif, ou originaire de Mouffal, eft
devenu le furnom du plus excellent Muficien des Arabes & ùqs Mufuîmans ,
lequel on appelle ordinairement, NaJim Al MoufTali , quoiqu'il ne fût, ni na-
tif, ni originaire de Mouffal ; mais feulement à caufe qu'il y avoit établi fa de-
■ meure. Aboulfarag' Al Esfahani qui eft aufîî le plus fameux Chanibnnier des
Arabes, fait fouvent mention dans fes Ouvrages de cet excellent Muficien.
Le Khalife Mahadi , fils d'Al Manfor, fut le premipr Prince devant lequel
chanta Mouffali accordant fa voix avec le Lut, ou la Mandore, que Manfor,
furnommé Zulzul , touchoit excellemment.
Haroun Al Ralchid, fils de Mahadi, cinquième Khalife des Abbafîides, s'étant
. un jour brouillé avec une de fes MaîtreiPes nommée iVlaridah , qu'il aimoit ce-
pendant jufqu'à l'excez, & cette mefmtelligcnce ayant déjà duré quelque- temps,
commença à s'ennuyer. Giafar Barmcki fon Favori qui s'en aperçut, comman-
da à Abbas Ben Ahnaf , excellent Poëte de ce temps-là , de compofer quelques
vers fur le fujet de cette brouillerie. Ce Poëte exécuta l'ordre de Giafar qui fit
chanter ç§S vers par Mouiiali en prcfcnce du Khalife, & ce Prince fut telle-
ment
MO S S I C A H. M O U Z E N I.
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nrenr touché de la tendrefle des Vers du Poète , & de la douceur de la voix
du Mulicien qu'il alfa auiîî-tôt trouver Maridah , & fit fa paix avec elle. La
Dame étonnée de ce changement fi fubit du Khalife, lui en aj'ant demandé la
caufe, ce Prince la lui raconta , & elle fentit fi-bien l'obligation qu'elle avoit
à ces deux perfonnes, qu'elle leur fit pr,efent à chacun de ;dix mille- drachmes,
& Harourt de fon côté , pour témoigner la ' joye" qu'il' avôit de cÈtte reconci-
liation, leur en fit donner à chacun vingt mille. J]en Khalekatt.
M OS SIC A H, & Moufliki. Les Arabes ont pris' ce nom: des Grecs, & ap-
pellent ainfi la Mufique, quoique dans leur langue, ils la nomment auffi E'im
alilhan, &, E'im angan.
Saïdaoui a compofé un Livre, intitulé Fiârefat alangan, qui fe trouve dans la
Bibliothèque du Roy, n°. 1146.
Il y a encore parmi les Arabes des Livres compofez fur les Inflrumens de
Mufique, qu'ils appellent Alat alâgibat al Moufficaouiat.
Les Perfàns ont plufieurs airs & tons de Mufique qu'ils appellent Perdeh, aux-
quels ils donnent le nom de leurs anciens Rois , & de leurs plus célèbres
Muficiens. On en parle dans cet Ouvrage fous fes differens titres. Et lorf-
qu'ils veulent exprimer la voix hannonieufe des gens de quelque Pays, ils difent
que leurs enfans pleurent & crient en Mufique dès le berceau.
Mouflicah, ou Mouffical, fignifie auffi en Perfien & en Turc, une efpece
de fiflet, aflTez femblable à ceux de nos Chaudronniers, & c'efl; proprement l'an-
cienne Flûte de Pan, dont Virgile parle dans fes Bucoliques.
MOUZA. Figue, & Figuier des Indes, ^oyez Maouz.
MOUZDELIFA, &, Mozdehfah. C'efl le nom d'un lieu de la Mecque,
où les Pèlerins font quelques cérémonies particulières en vifitant la Câbah, ou
Maifon quarrée du Temple de la Mecque.
Ce Heu efi: au dehors du Temple & en eft comme le Veftibule. C'efl pour
quoy les Mufulmans l'appellent encore Mafchâr alhafâm.
MOUZENI, ou Mozeni. Mokhtaflir Al Mozeni. f^oyez le titre d'Ibrahim
Al Merouzi.
FIN D U T 0 M E S E C 0 N D.
0;c c c c . NOTE
NOTE DES LIBRAIRES.
Ce fécond Tome efl: devenu, malgré nous , encore plus fort
que le Premier , parce que nous avons jugé ne devoir pas
divifer la Lettre M.
ERRATA,
Du Tome Premier,
Page 17, à la tête ADALMALEK Ufez ABDALMALEK.
Page 24, ligne 35, l'an de l'Hegire , ajoutez 150.
Page 6q6, ligne 24, Gas, Ufez Gao,,
A L A HA r E^
De l'Imprimerie de JAQUES VAN KARNEBEEK,
!)rmeur de la Fille (f du petit Sceau de la Province d'' Hollande,'.
1
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