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Full text of "Bibliotheque orientale : ou dictionnaire universel contenant tout ce qui fait connoître les peuples de l'Orient .."

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BIBLIOTHEQUE 

ORIENTALE, 

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DICTIONNAIRE  UNIVERSEL 

CONTENANT 

Tout  ce  qui  fait  connoître  les  Peuples  de  l'Orient. 

LEURS  HISTOIRES  et  TRADITIONS  tant  FABULEUSES  q.ue  VÉRITABLES. 

LEURS    RELIGIONS   et   LEURS    SECTES. 

LEURS   GOUVERNEMENS ,    POLITIQUE,  LOIX,  MOEURS,  COUTUMES, 
£T  LES  REVOLUTIONS  de  LEURS  EMPIRES. 

LES    ARTS   EX    LES    SCIENCES, 

La   Théologie  ,   Médecine  ,    Mythologie  ,  Magie  ,   Physique  ,  Morale, 

Mathematiqites ,  Histoire  Naturelle,  Chronologie,  Géographie, 

Observations  Astronomiqites,  Grammaire  et  Réthorique. 

LES  VIES  DE  LEURS  SAINTS, 

Philofophes,  Dodieurs,  Poëtes,  Hiftoriens,  Capitaines,  &  de  tous  ceux  qui  fe 
font  rendus  illuftres  par  leur  Vertu,  leur  Sçavoir  ou  leurs  Aftions. 

DES  JUGEMENS  CRITIQUES  et  des  EXTRAITS  de  LEURS  LIVRES, 

Écrits  en  Arabe,  Perfan  ou  Turc  fur  toutes  fortes  de  Matières 

&  de   Profeffions. 

PAR 

AF       D'HERBELOX- 
TOME       SECOND. 

F M. 


A      L     A      H    A    T    Ey 

Avx  DEPEINS  DE  J.  NEAULME  &  N.  van  DAALEN,  Libraires. 
MDCCLXXVIL 


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BIBLIOTHEQUE 

ORIENTALE. 


F    A    D    H    A    I    L. 

#^C§)^ÉA  D  HA  I L,  les  Vertus.    C'eft  le  plurier  de  Fadhilah  qui  fignifîe 

"^  "^     vertu,   fur  ce  qu'il  eft    dit  dans  î'Alcoran  au   chapitre   Nahal, 

Qii.e   Dieu   a  étendu   les  mers  fur   la   tirre  ,    çj'  a  àomié    rinvention 

_-,  _^   .--^.  _    aux  hommes  de  bdiir  des  vaiffeanx  pour  les    traverfer  ,    afin    au' ils  le 

%i^C^#  remercient.  J     ^     J       ^ 

•L'Auteur  du  Kabchf  Afrdr  dit  qu'il  y  a  deux  fens  renfermez  dans  ces  paro- 
1er,  Le  premier  qui  eft  littéral  cil,  qu'eifeclivcraent  il  y  a  des  mers  fur  la 
terre,  &  des  vaifleaux  fur  les  mers,  &  que  Dieu  prétend  que  les  hommes 
lui  rendent  des  aftions  de  grâces ,  pour  leur  avoir  procuré  les  grands  avanta- 
ges qu'ils  tirent  d'un  élément  fi  'fier,  &  li  dangereux,  par  le  moyen  de  la 
navigation  &  de  la  pefche  .    v  .     ' 

Mais  il  y  a  un  fens  myftiqye"  dans  ce  ipafTagc  qui  cil  beaucoup  plus  relevé, 
à  Içavoir  qu'il  y  a  dans  l'horahiq  plufieurs  mers,  qui  font  celle  des  foins, 
&  des  occupations  de  la  vie  ,  ce;lle  aes  affligions  &  des  peines  ,  celle  de  la 
convoitife  &  des  paflions ,  celle  de  l'ignorance  &  de  l'oubli ,  &  enfin  celle  de 
la  diiïipation  fur  la  multiplicité  &  variété  des  objets  ,  &  Dieu  a  préparé 
auflî  à  l'horame  des  vailfeaux  pour  voguer  fur  ces  mers  qui  font  fort  orageufcs. 

Ces  vaifleaux  font  les  cinq  vertus  dans  lefquellcs  confifte  toute  la  vie 
fpirituelle,  à  fçavoir,  Taouvakklil,  Ridha,  Candat ,  Dhekr ^  &   Taiihid. 

Celuy  qui  monte  fur  le  vailleau  de  la  première  qui  efl  la  confiance  en  la 
Providence ,  -traverfc  heureufement  la  mer  des  foins  de  la  vie  prefente  ,  & 
le  met  en  repos. 

Celuy  qui  s'embarque  fuF  le  vailTcau  de  la  féconde,  qui  ell  la  conformité 
à  la  volonté  de  Dieu ,  fe  fauve  de  la  mer  des  afflictions ,  au  rivage  de  la  joye. 

Celuy  qui  prend  place  dans  le  vaifll-au  de  l'abnégation  &  du  retranchement 
qui  ell  la  troifième  vertu  ,  pafl^e  la  mer  de  la  convoitife  ,  &  demeure  en 
fureté  fur   les  bords,  dans  l'exercice  d'une  vie  aullere,  &  pénitente. 

Celuy  qui  fe  fcrt  du  vaifieau  de  la  prière  ,  quatrième  vertu,  quitte  bien- 
TOME  II.  A  tôt 


a  F  A  D  H  A  I  L.  F  A  D  H  E  L. 

tôt  la  mer  tencbreure  de  l'ignorance,   &  arrive  eg   peu  de  tems   à  Ta  terre 

des  luniicrcs. 

Enfin  ccluy  qui  s'embarque  dans  h  contemplation  de  l'unité  de  Dieu,  qui  .. 
eft  la  cinquième  ,  après  avoir  vogué  long-tems  fur  l'océan  de  la  multiplicité 
des   êtres  ,   arrive  au  port   de  cette  union  ,    qui  raircmblant   tous    les  objets 
differcns,  n'en  fait   plus  qu'un. 

En  effet  la  vérité  eft  que  l'anité  ne  fe  trouve  proprement  que  dans  ce 
qui  eft  neccffairc  &  éternel,  &  que  l'alfemblage ,  ou  compofition  de  pluficurs 
chofcs ,  ne  fe  rencontre  que  dans  ce   qui  eft  contingent  &  palfager. 

De-là  vient  que  C2ux  qui  fe  regardent  eux-mêm2s,  &  qui  vivent  encore  à 
eux-mêmes ,  font  toujours  dans  le  danger  de  fe  perdre  par  la  multiplicité  des 
objets:  au  lieu  que  ceux  qui  fe  font  entièrement  dépoiiillez  d'eux-mêmes,  fe 
trouvent  dans  l'unité  qui  eft  un  état  d'affeurance.  Paffez  la  plume ,  &  effacez 
hardiment  tout  ce  qui  eft  couché  fur  le  compte  de  vôtre  être  ,  &  de  vôtre 
propre  fonds:  Marchez  courageufement ,  &  prenez  le  chemin  royal  de  l'ab- 
négation &  de  l'aneantiffem.ent  :  car  à  force  de  battre  ce  chemin  dans  lequel 
on  ne  voit  encore  rien  ,  on  arrive  enfin  à  cette  retraite  facrée  où  on  ne 
voit  plus  que  Dieu  feul.     Voyez  fur  cecy  Kafchefi  dans  fon  Commentaire  Per^ 

fien,  page  488. 

Il  y  a  dans  l'Anvar  Sohaili  une  defcription  très-belle  de  la  vertu ,  où  il  dit 
qu'il  eft  vray  que  la  vertu  fe  trouve  entre  deux  extremitez  vicieufes:  mais 
qu'entre  les  degrez  de  vertu  qui  font  dans  ce  milieu,  il  y  a  autant  de  diffé- 
rence ,  qu'il  en  paroît  entre  le  Soleil  ,  &  l'étoile  appcllée  Soha  ,  qui  eft  la 
plus  obfcure  de  la  conftellation  de  la  grande  Ourfe. 

La  fentence  la  plus  approuvée  par  les  Phiiofophes  Moraux,  que  rien  d'ex- 
ceffif  n'eft  bon,  eft  ainfi  exprimée  par  les  Arabes,  Khair  al  euir  aoufathha.  Le 
meilleur   d'une  chofe  eft  fon  milieu,  c'eft-à-dire  ,Ja  médiocrité. 

Les  Orientaux  difent  auffi  commmiément  que  l'homme  vertueux  n'eft  étran- 
ger en  aucun  pays  ;  que  la  vertu  eft  femblable  au  mufc ,  lequel  quoyque 
caché,  ne  laiffc  pas  de  fe  faire  fentir ,  &  au  Soleil  dont  les  rayons  ne  re- 
çoivent point  d'atteinte  ,  ni  de  l'obfcurité  dss  nuages  ,  ni  de  la  fange  d'un 
bourbier. 

FADHAÎL  Mefr,  les  excellences,  &  les  prerogati\^s  de  l'Egypte,  Titre 
d'un  livre  compofé  par  Ebn  Amrou  Alkendi,  que  Soiouthi  cite  dans  h  pré- 
face de  fon  hilloire  d'Egypte. 

FADHAIL  Schahar  Ramadhan  ,  les  prérogatives  du  mois  de  Ramadhan, 
Ouvrage  compofé  par  Abou  fbrour  Sadiki ,  où  il  eft  traité  d'abord  du  jeûne 
qui  s'obferve  par  les  Mufulmans  pendant  ce  mois  ,  après  quoy  l'on  trouve 
quarante  Hadith,  c'cft-à-dire,  Hiftoires  ou  Traditions  qui  concernent  le  même 
fujet.    Ce  livre  eft  dans  la  Bibhotheque  du  Roy,  n'.  669. 

FADHEL  Ben  lahia,  étoit   de  la  famille  des  Barmecidcs,  &  devint  puif- 

faht  auprès  du  Khalife  Haroun  Al  Rafchid,  auffi-bien  que  lahia  fon  pcre ,  & 

tous  fcs  autres  frères.     Entre  plufieurs  caufes  de  la  difgrace  de  cette  famille, 

il  eft  conftant  qu'une  des  principales  fut  que  Fadhel  ayant  obligé  lahia  de  la 

Maifon  de  Halfan,  fils  d'Ali  ,   qui  avoit  été   acclamé  Khalife   dans  le  pays  de 

Giorgian  &  de  Dilem,  de  venir  à  la  Cour  du  Khalife,  &  di  fe  foûmcttrc  à 
^  '  luij 


F  A  D  H  E  L.  j 

Kji  :  Haroun  reçut  d'abord  fort  bien  lahia  ;  mais  confidorasit  qu'il  c'toit  fou 
compétiteur  au  Khalifat  ,  &  que  la  prétention  à  cette  dignité  fubfiftoit  tou- 
jours dans  la  Maifon  d'Ali  contre  le  droit  des  Abbafîidcs,  il  rcfolut  de  le 
ifaire  mourir ,  &  donna  le  foin  de  cette  exécution  à  fon  favori  Giafar ,  frère 
de  FadheL 

Jahia  ayant  appris  la  refolution  du  Khalife  ,  dit  un  jour  à  Giafar:  Crains 
Dieu,  &  ne  fois  pas  du  nombre  de  ceux  qui  auront  au  jour  du  jugement  le 
Prophète  pour  ennemi,  à  caufe  qu'ils  auront  trempé  leurs  mains  dans  le  fang 
innocent  de  fes  dcfccndans;  car  tu  fçais  fort  bien  que  je  n'ay  rien  fîiit  qui 
mérite  la  mort,  &  que  je  fuis  venu  ici  fur  la  parole  du  Khalife,  &  fur  celle 
de  Fadhel  ton  frère. 

Giafar  fut  touché  de  ces  paroles ,  &  bien  loin  de  faire  mourir  Jahia  ,  il  lui 
Et  toutes  fortes  de  careiTes.  L'on  dit  que  Haroun  averti  de  tout  ce  qui  fe 
paflbit ,  en  conçut  un  fi  grand  dépit ,  qu'il  dit  ces  paroles  :  Dieu  puijfe  niotcr 
La  vie,  fi  je  ne  te  prive  de  la  tienne. 

Giafar  ayant  été  mis  à  mort  par  Tordre  du  Khalife  ,  Fadhel  &  Ces  autres 
frères  furent  enfermez  dans  une  étroite  prifon  où  ils  finirent  miferablement 
leurs  jours,  auffi-bien  qu'Iahia  Ben  Khalcd  leur  père,  duquel  il  faut  voir  le  titre. 

Ben  Schohnah  a  remarqué  que  Fadhel  étoit  frerc  de  lait  de  Haroun  Al 
Rafchid;  car  Khaizuràn  mcre  de  ce  Khalife  lui  a\'oit  donné  la  mammelle. 

L'Auteur  du  Nighiariftiin  rapporte  que  Fadhel  étoit  également  fupcrbe  & 
libéral.  Un  de  fes  amis  les  plus  familiers  lui  demandant  un  jour  la  caufe  de 
cette  fierté,  dont  il  accompagnoit  toujours  fa  magnificence,  il  lui  répondit: 
J'ay  pris  ces  deux  qualitcz  d'Amarah  Bpn  Hamzah ,  lequel  les  pofTedoit  toutes 
deux  en  un  haut  degré,  je  les  admirai,  &  comme  elles  firent  une  forte  im- 
preffion  fur  mon  efprit ,  je  l'ay  imité ,  &  l'habitude  a  produit  en  moy  l'efFet 
d'une  féconde  nature. 

Une  des  principales  aéhions  d'Amarah  ,  pourfuivit  Fadhel  ,  &  qui  m'cil  le 
plus  demeurée  dans  l'efprit,  efl  celle-cy:  Mon  père  lahia  ayant  dans  le  pre- 
mier état  de  fa  fortune ,  un  gouvernement ,  le  Vizir  qui  n'étoit  pas  de  les  amis , 
voulut  qu'il  envoyât  au  trelbr  Royal  les  deniers  de  fa  Province ,  avant  qu'ils 
eufil'nt  pu  être  recueillis:  mon  père  ayant  fait  un  eflx)rt,  &  cherché  dans  U 
bourfe  de  tous  fes  amis,  ne  put  jamais  faire  la  fomme  que  l'on  lui  deman- 
doit ,  à  beaucoup  près. 

Dans  cette  extrémité  où  il  s'agifToit  de  fa  fortune ,  il  fongea  qu'il  n'y  avoit 
qu'Amarah  qui  pût  le  fecourir;  quoyque  ni  luy,  ni  moy,  nous  ne  fuflions 
pas  trop  avant  dans  fes  bonnes  grâces.  Cependant  la  neceflité  obligea  mon 
père  de  m'envoyer  lui  rcprefenter  le  befoin  d'argent  dans  lequel  il  fe  trouvoit 
dans  une  occafion  fi  preffante.  Je  me  tranfportai  donc  chez  Amarah  que  je 
trouvai  affis  fur  une  eflrade  élevée,  &  appuyé  fur  quatre  couflins:  je  le  fa- 
luay  d'embas  fans  qu'il  ouvrît  la  bouche  pour  me  dire  un  feul  mot ,  &  bien 
loin  de  me  faire  aucune  civilité,  il. tourna  le  vifage  vers  la  muraille,  &  k 
peine  me  regarda-t-il. 

Je  lui  fis  cependant  les  complimens  de  mon  père  ,  &  lui  reprcfentai  de  fa 
part  ce  qu'il  m'avoit  ordonné.  Il  me  laiifa  debout  fort  long  -  tcms  fans  ré- 
ponfe,  puis  me  dit  feulement:  Je  verrai.  Après  cette  réponlè  je  me  retirai 
fans  efperance  de  rien  obtenir  ,  &  je  n'ofai  pas  même  retourner  fi-tôt  chez 
mon  père,  n'ayant  qu'une  mauvaife  réponfe  k  lui  porter.    Cependant  ayant 

A  i  quelque 


4  '  F  A  D  H  E  L, 

quelque  tems  après  pris  le  chemin  du  logis  ,  &  trouvé  des  mulets  chargez 
à  la  porte  ,  je  fus  fort  furpris  d'apprendre  que  c'étoit  l'argent  qu'Amarah 
avoit  envoyé. 

Pour  finir  l'hiflroire  ,  mon  père  ayant  reçu  peu  après  l'argent  de  la  Pro- 
vince, le  fit  porter  chez  Amarah,  &  m'envoya  pour  lui  fau-e  de  grands  re- 
m-rciemens  de  fa  part;  mais  luy  ayant  appris  ce  que  c'étoit,  il  me  dit  comme 
en  colère :^Suis -je  le  banquier  de  vôtre  pereV  Emportez-moi  cet  argent  hors 
de  chez  moy,  &  Dieu  vous  condùife. 

Mondir  Ben  Mogheirah  raconte  qu'étant  tombé  dans  une  très-grande  mrfere , 
il  quitta  Damas  fon  pays  ,  &  vint  à  Bagdet  avec  {es  enfans ,  du  tems  que 
Fadhcl  le  Barmccide  ét'oit  en  faveur  auprès  du  Khalife  Haroun.  Lorfqu'il' 
fut  arrivé  fur  la  grande  place  du  marché,  il  mit  fes  enfans  à  la  porte  de  la 
grande  Mofquée,  &  fut  chercher  fortune.  Il  vit  d'abord  beaucoup  de  gens 
de  qualité  qui  paroiflbient  s'afiembler  pour  aller  à  quoique  feftin  :  comme  la: 
faim  le  prciToit,  il  prit  la  refolution  de  les  fuivre  ,  &  entra  avec  eux  dans 
un  Palais  magnifique ,  où  d'abord  la  porte  ayant  été  ouverte  y  on  les  fit  pafiTer 
tous  jufques  dans  la  fiillc,  du  fellin. 

Chacun,  dit-il  lui-m.ême,  s'étant  mis  à  table,  je  pris  auffî  ma  place,  &  ayant" 
demande  à  celui  qui  étoit  aflis  auprès  de  moy,  le  nom  du  maître  du  logis,, 
il  me  dit  que  c'étoit  Fadhel.  Quoy  qu'à  ces  paroles  je  me  fifi^e  connoître 
pour  étranger  ,  on  ne  laifla  pas  d^  me  fouffrir  avec  les  autres  ,  &  de  me. 
prefenter  une  affîctte  d'or  comme  l'on  faifoit  à  tous  les  conviez,  &  après  le 
repas  deux  fachcts  de  parfums,  lefquels  on  cmportoit  chez  foy  avec  l'affiette. 

Enfin  la  compagnie  fe  feparant,  je  prenois  le  chemin  de  la  porte,  lorfqu'un- 
valet  de  la  maifon  m^arrêta:  alors  je  crus  que  l'on  me  vouloit  faire  rendre 
ce  que  j'emportois  ;  mais  il  me  fut  dit  feulement  que  Fadhel  me  vouloit  parler. 
Je  me  prefentai  donc  devant  lui,  &  il  me  dit  d'abord  qu'il  m'avoit  reconnu 
pour  étranger  parmi  les  autres ,  &  que  fa  curiofité  _  l'avoit  porté  à  apprendre 
de  moy  quelle  avanture  m'avoit  conduit  en  fa  maifon.  Je  lui  fis  donc  urr 
détail  de  tout  ce  qui  m'etoit  arrivé  :  mais  lui  non  content  de  ce  récit ,  voulut 
s'enquérir  de  toute  ma  vie  palTée  ;  &  Thiftoire  de  mes  mifercs  le  toucha 
fi  fort,  qu'il  me  pria  dé  demeurer  le  reftc  de  la  journée  en  converfition. 
avec  lui. 

Comm^o  la  nuit  s'approchoit  ,  je  lui  demandai  congé  d'aller  apprendre  des 
nouvelles  de  mes  enfans  ;  il  me  demanda  où  je  les  avois  laifTez ,  &  lui  ayant 
dit  qu'ils  étoient  à  la  porte  de  la  Mofquée  :  Hé  bien,  dit-il,  il  n'y  a  rien  à 
craindre  pour  eux  ,  ils  font  en  la  garde  de  Dieu  ,  &  appellant  incontinent 
un  de  fcs  domeftiques  auquel  il  dit  un  mot  à  l'oreille  ,  il  continua  fon  dif- 
cours ,  &  voulut  que  je  demeurafle  chez  lui  jufqu'au  lendemain ,  qu'il  me  don- 
na un  homme  pour  me  conduire  à  In,  Mofquée:.  mais  cet  homme,  au  lieu  de 
prendre  ce  chemin-là,  me  mena  dans  une  belle  maifon  fort  proprement  meu- 
blée, où  je  trouvai  mes  enfans  qui  me  dirent  y  avoir  été  conduits  dès  le 
jour  précèdent.     Nighiariftan 

Un  Poëte  célèbre  nommé  Mohammed  Demefchki  raconte  qu'étant  un  jour 
en  converfation  chez  Fadhel  dans  le  tems  que  l'on  lui  recitoit  plufieurs  vers 
qui  avoient  été  faits  fur  la  naifilmce  de  fon  fils ,  &  tous  ces  Ouvrages  ne  lui 
plaifu..it  pas,  il  me  demanda  fi  je  ne  compoferois  pas  bijn  quelque  chofe  fur 

i© 


F  A  D  H  E  L7  5 

Te  même  fiijet.  Je  le  fis  pou"  lui  obcïr,  &  ma  compofition  lui  plut  de  telle 
forte,  qu'il  me  fit  donner  dix  mil  ccus  pour  recompcnfe. 

Sa  diigrace  étant  arrivée  dans  la  fuite  des  tems,  je  me  trouvai  un  jour  dans 
ie  bain,  où  le  maître  me  donna  un  garçon  affez  bien-fiut- pour  me  iervir:  je 
ne  fçaj'  par  quelle  fantaifie  alors  les  vers  que  j'avois  faits  fur  la  nailfance  du 
fils  de  Fadhel  ,  me  vinrent  en  Tefprit  ,  &  je  les  chantois,  lorfque  tout  d'uo 
coup  le  garçon  qui  me  fervoit,  tomba  de  fon  haut,  puis  s'étant  relevé  ,  me 
quitta  aalîi-tôt. 

Je  me  trouvai-  fort  furpris  de  cette  avanture,  &  étant  forti  du  bain,  je  me 
plai^qnis  au  maître  de  ce  qu'il  m'avoit  donné  pour  me  fcrvir  ,  un  homme  qui 
tomboit  du  haut  mal.  Le  maître  me  jura  qu'il  ne.  s'en  étoit  jamais  appcrçu , 
&  fit  venir  ce  garçon  en  ma  prefence ,  lequel  me  demanda  d'abord  qui  étoit 
l'Auteur  des  vers  que  j'avois  recités.  Je  luy  répondis  qu'ils  étoient  de  moy. 
Pour  qui  les  avez  vous  compofés ,  me  rcpliqua-t-il:  &  moy  lui  ayant  répondu  » 
pour  le  fils  de  Fadhel,  il  me  demanda  fi  je  fçavois  où  il  étoit  alors  ce  fils  de 
Fauhel  ?  Non ,  lui  d'-"-je  ;  &  auffi-tôt  il  me  déclara  que  c'étoit  lui-même  qui 
me  parloit,  &  que  m'ayant  ouy  reciter  mes  vers,  l'état  de  fa  fortune  paflee 
lui  étant  venu  dans  l'efprit ,  &  la  trifteflTe  lui  ayant  faifi  le  cœur  ,  il  étoit 
tombé  accablé  de  douleur. 

Après  que  j'eus  entendu  des  chofes  fi  furprcnantes  ,  touché  de  compaflion 
pour  le  fils  d'une  perfonne  à  laquelle  j'avois  l'obligation  entière  de  ma  for- 
tune, je  lui  dis:  Vous  voyez  que  je  fuis  déjà  vieil,  je  n'ay  point  d'héritiers, 
venez  avec  moy  devant  le  Cadhi  ;  car  je  veux  dès  maintenant  vous  pafler 
une  donation  de  tout  mon  bien  après  ma  mort.  Ce  jeune  homme  me  répon- 
dit  la  larme  à  l'œil:  A  Dieu  ne  plaife  que  je  reprenne  ce  que  mon  pcre  vous 
a  donné,  &  quelque  inflancc  que  je  lui  fis,  d'agréer  de  ma  part  quek]ue  rc- 
connoiffiuice  des  biens  que  j'avois  reçus  de  fa  Maifon  ,  il  ne  fut  jamais  en 
mon  pouvoir  de  lui  faire  accepter  la  moindre  chofc. 

.  FADHEL  Ben  Rabia,  Vizir  du  Khalife  Amin  ,  fur  lequel  il  avoit  tout 
pouvoir.  Pendant  le  règne  de  ce  Prince  il  avoit  fort  mécontenté  Mamon 
ion  frère  qui  lui  fucceda  dans  le  Khahfat  ;  cela  fut  caufe  qu'après  la  mort  de 
Ibn  maître,  il  fut  obligé  de  fe  cacher  dans  Bagdet;  quand  Mamon  y  fit  fon 
entrée,  parce  qu'on  le  cherchoit  pour  le  faire  mourir.  Schahck  fut  chargé 
de  cette  exécution  :  mais  il  falloit  le  trouver.  Schahek  cependant  fit  tant  de 
diligences ,  qu'il  l'eut  entre  fes  mains ,  &  le  conduifit  devant  le  Khahfe  jMamon 
qui  lui  pardonna.  Ce  Prince  étant  depuis  entré  en  converfation  avec  luy, 
voulut  fçavoir  comment  il  s'étoit  fi  bien  caché,  &  de  quelle  manicre  il  avoit- 
été  découvert. 

Fadhel  commençant  le  récit  de  fon  hiftoire,  lui  dit:  M'étant  laflc  un  jour 
de  demeurer  en  un  même  lieu,  je  rcfolus  d'en  c'aanger,  &  ayant  pris  un  far- 
deau fur  mes  épaules,  afin  que  l'on  me  prît  pour  un  porte -faix,  je  rencon- 
tray  fur  mon  chemin  deux  hommes  l'un  à  pied,  &  l'autre  à  cheval ,  le  piéton 
m'ayant  reconnu,  en  avertit  le  Cavalier.  Àufïï-tôt  que  je  me  vis  découvert, 
fans  perdre  tems  je  pris  le  fardeau  dont  je  m'étois  chargé  ,  &  le  jettai  fi  à 
propos  à  la  tête  du  cheval  de  ce  Cavalier,  qu'il  en  prit  l'épouvante,  &  jetta 
fon  homme  par  terre.  Je  pris  en  même  tems  la  fuite  de  toute  ma  force,  & 
rencontrant  une  vieille  femme  fur  le  pas  de  fa  portp  ,  je  la  priay  de  me 
cacher  chez  ellc> 

A3  I^ 


La   V 
pas  beaucoup 


F  A  D  H  E  L. 

vieille  m'accorda  cette  grâce  ,  &  me  mit  dans  foii  grenier  qui  n'ëtoit 
aucoup  élevé,  oïi  à  peine  mï'tois-jc  caché,  quand  un  moment  après , 
ce  môme  Ctu-alier  qui  m'avoic  fuit  prendre  la  faite ,  lui  demanda  de  mes 
nouvelles.  Je  mourois  de  peur  entendant  ce  difcoufs  ,  &  un  eternucmcnt 
qui  me  prit  alors  alloit  achever  de  me  perd.-e  ,  û  la  vieille  n  eut  pris  fom 
de  moi:  car  le  Cavalier  entendant  ce  bruit,  lui  demanda  qui  ctoit  en  haut? 
Elle  lui  répondit  froidement  que  c'étoit  fou  neveu,  nouvellement  arrive  d  un 
voyage  ,   dans  lequel  il    avoit  été   détrouilé    par  des   voleurs  ,  &  qui  n  oloit 

paroîtrc  à  caufe  de  fa  nudité.  i    ,  •     »    r  •. 

Le  Cavalier  lui  dit,  en  lui  prefentant  fon  manteau,  portez-le  lui,  &  faites- 
le  defccndre ,  afin  que  je  le  voye.  La  vieille  ne  perdit  point  pour  cela  con- 
tenance,  &  lui  répliqua  au(îi-tôt:  Il  meurt  de  faim,  prenez  de  grâce  cet  an- 
neau, &  allez  au  marché  lui  achepter  quelque  chofe,  afin  qu'il  puilfe  manger, 
&  \'0us  entretenir.  Le  Cavalier  prenant  la  bague  ,  s'en  va  au  marché  ,  & 
dans  cet  entre-tcms  la  vieille  monte  en  haut ,  &  me  demande  fi  j'étois  celui 
que  l'on  cherchoit ,  &  lui  ayant  avoué  que  j'étois  celuj-là  même  ,  elle  me 
confeilla  de  prendre  le  tems  de  me  fouver. 

Te  Ibrtis  de  mon  grenier  tout  étourdi  ,  &  .  fort  troublé  ,  ne  fçachant  où 
i'allois,  jufqu'à  ce  qu'étant  arrivé  à  laj  porte  d'une  grande  maifon,  je  m'affis 
"à  la  porte  pour  y  prendre  quelque  repos;  mais  je  fus  bien-tôt  reveillé  par 
le  bruit  des  chev\aux ,  &  un  moment  après  je  vis  arriver  Schahek  ,  celuy-là 
jullemcnt  qui  a\'oit  ordre  de  me  chercher  de  la  part  du  Khalife  ,  &  c'étoit 
"fa  maifon  dans  laquelle  je  me  trouvois  fans  y  penfer. 

Auni-côt  que  Schahek  eût  jette  les  yeux  fur  moy,  faifi  d'un  grand  étonne- 
mcnt,  m'aborda  avec  ce  Diftique  Perfien:  Je  cherche  par  tout  un  ami  ou  décou- 
yert,  ou  caché ,  en  quelque  lieu  des  deux  mondes  qu'il fe  trouve.  Et  me  dit:  Q  Fadhel, 
que  faites-vous  icy?  Je  lui  répondis  que  je  venois  implorer  fa  proteélion ,  & 
me  mettre  fous  fa  fauvcgarde. 

Schahek  entendant  ces  paroles,  me  fit  beaucoup  decivilitez,  me  mena  dans 
fon  appartement,  où  il  m'interrogea  fur  tous  mes  accidens  pafTez  ,  &  me  fit 
préparer  à  manger.  Quand  l'on  fut  preil  de  fe  mettre  à  table  ,  je  lui  dis: 
Avec  quelle  efpcrance ,  A  Schahek,  puis-je  manger  avec  vous?  Il  me  répon- 
dit :  Avec  toute  la  confiance  que  Fadhel  doit  prendre  en  la  gencrofité  de 
Schahek  :  en  effet  il  me  tint  trois  jours  chez  lui  ,  pendant  lefqucls  je  reçus 
de  lui  mille  honêtctez.  Après  ce  tcms-là,  il  me  dit  en  me  congédiant:  Il  eft 
«n  vôtre  choix  d'aller  oi!i  il  vous  plaira  fans  aucune  crainte. 

Je  fortis  donc  de  fa  maifon ,  pour  me  retirer  chez  un  Marchand  qui  m'avoit 
beaucoup  d'obligations  ,   à  caufe  des  fervices  que  je  lui  avois  rendus  pendant 

Suc  j'étois  en  fortune  :  il  m'accueillit  fort  bien  en  apparence  ,  mais  il  alla 
onner  au!Îî-tôt  avis  à  la  Cour  que  j'étois  chez  luy  ,  où  Schahek  étant  venu 
de  vôtre  part,  Seigneur,  il  m'a  conduit  en  vôtre  prefencc.  Almamon  ayant 
ouy  cette  hiftuirc  envoya  une  fomme  confiderable  d'argent  à  la  vieille  &  après 
avoir  fuit  une  grande  réprimande  au  Marchand,  le  bannit  hors  de  la  ville. 
Alirkhond. 

FADHEL  Pen  Sahal,  Vizir  &  premier  Minifcrc  du  Khalife  Almamon  fep- 
tième  des  Abb-ifTidci;,  qui  lui  avoit  donné  le  titre  &  le  furnom  de  Dliùlrialfa- 
Etdin  ,  c'cll-à-dù-e  ,   de  policlfeur  des  deux  commandcmcns,   à  caufe  qu'il  lui 

uvoit 


F  A  D  H  E  L.  2 

avoit  conféré  dans  une   feule  charge  toute  l'autorité  attachée   à  l'épée  ,  &  à 
la  robe. 

Ce  fut  lui  qui  confeilla  à  fon  iVîaître  de  choifir  un  fucceffeur  dans  la  JMaù 
fon  d'Ali,  à  caufe  que  ceux  de  cette  race  levoient  la  tète  de  tous  côtcz,  fe 
faifoient  fuivre  par  les  peuples  ,  &  que  l'on  ne  pouvoit  mieux  les  appaifer 
qu'en  mettant  le  Khaliftt  dans  leur  Maifon,-  &  leur  ôtant  ainfi  l'unique  fujec 
de  leur  révolte.  Ce  confcil  qui  fut  fuivi  par  Mamon  coûta  la  vie  à  fon  au- 
teur: car  les  Abbaflîdes  ne  pouvant  fouffrir  cette  tranflation  duKhalifat,  de 
leur  Maifon,  dans  une  autre,  entreprirent  de  le  faire  aflalîiner. 

Fadhel  qui  étoit  grand  Ailrologue  avoit  appris  par  fon  horofcope  qu'un  cer- 
tain jour  lui  ctoit  fatal,  &  qu'il  dcvoit  mourir  entre  le  feu  &  l'eau;  il  avoit 
pris  toutJS  fes  précautions  pour  éviter  ce  funefte  fort,  &  il  étoit  chez  lui  dans 
le  bain,  lorfque  quatre  perfonnes  apportées  entrèrent  chez  lui,  &  le  tuèrent 
dans  le  même  lieu ,  ce  qui  vérifia  û  prédiction  Aflrologique.  Ce  funefte  acci- 
dent lui  arriva  l'an  de  l'Hegire  202 ,  &  l'Imam  Riza  qu'il  avoit  fait  élire  fuc- 
ceffeur du  Khalife,  mourut  l'année  fuivante.     Khondemir. 

Ce  Vizir  avoit  donné  au  Khalife  Almamon  plufîcurs  témoignages  non  feule- 
ment de  fa  fidélité,  mais  encore  de  fon  habileté  dans  la  fcience  Aitronomiquc, 
&  dans  la  Geomance;  &  le  Khalife  raconta  lui-même  l'hiftoire  fuivante  à  ion 
Médecin ,  nommé  Gabriel  Bachtilbuah ,  Chrétien  de  Religion ,  qui  la  rapporte. 

Lorfque  j'étois  encore,  dit  le  Khahfe  ,  dans  le  pays  de  KhorafTan,  je  me 
trouvai  obligé  d'envoyer  Tliaher  pour  combattre  Ma  Ben  Ali, 'Général  d'armée 
de  mon  frère  Amin  qui  polFcdoit  alors  le  Khalifat,  je  vuidai  entièrement  mes 
coffres  pour  payer  mon  armée.  Les  troupes  qui  étoient  reftées  auprès  de  mov , 
me  prefTerent  auffi  de  leur  côté  pour  le  payement  de  leur  folde  ;  mais  comme 
je  me  trouvois  épuifé  d'argent,  &  dans  l'impoflibilité  de  les  fatisfaire,  elles  fe 
mutinèrent  &  xinrent  afïïeger  mon  Palais  dans  la  ville  de  Merou ,  oii  je  fai- 
fûis  pour  lors  mon  fejour. 

Fadhel  mon  Vizir  qui  étoit  grand  Aflrologue  ,  me  voyant  dans  cette  per- 
perplexité ,  me  dit  qu'il  étoit  d'avis  que  je  montafîe  au  plus  haut  de  mon  Pa- 
lais, &  que  je  miffe  la  tête  à  un  balcon  qui  regardoit  la  campagne:  Je  lui 
demandai  fi  cela  appaiferoit  la  mutinerie  de  mes  troupes,  &  fi  faifant  ce  qu'il 
me  difoit,  j'aurois  de  quoy  les  payer.  Il  me  répliqua:  Je  croy  que  fi  vous 
y  montez,  vous  n'en  defcendrez  point  qu'avec  la  qualité  de  Khalife. 

j[e  pris  ce  qu'il  me  difoit  pour  une  raillerie,  &  néanmoins  pour  lui  com- 
plaire, je  ne  laiirù  pas  d'y  monter:  cependant  mes  foldats  devcnoient  toujours 
plus  féditieux ,  &  je  roulus  plufieurs  fois  defcendre  pour  tâcher  en  me  mêlant 
parmi  eux ,  de  les  appaifer  par  mes  paroles  ;  mais  Fadhel  s'y  oppofoit  toujours , 
&  obfervoit  pendant  ce  tems-là  avec  fes  inftrumens  fort  cxaéleraent  tous  les 
points  &  tous  les  momens  du  cours  des  aftres. 

Enfin  l'infolence  de  mes  troupes  croiffant  de  plui;  en  plus  ,  arriva  jufqu'à 
menacer  qu'ils  mcttroient  le  feu  au  Palais,  fi  on  ne  les  contentoit  ;  &  j'étoii; 
refolu  de  defcendre,  lorfque  Fadhel  m'aifùra  avec  ferment  qu'il  >ne  fe  paileroit 
pas  plus  d'une  heure  avant  que  je  fuffe  déclaré  Khalife.  Sur  cette  alfurancc 
je  demeuray  encore  une  heure  dans  ce  même  lieu,  &  à  peine  fut-elle  écou- 
lée ,  que  Fadhel  me  demanda  ,  fi  je  ne  voyois  point  dans  la  campagne  un 
homme  qui  couroit  à  toute  bride. 

Je  fis  alors  regarder  par  un  de  mes  efclaves ,  qui  me  dit  feulement  voir  quel- 
que 


g  F  A  D  II  E  L.        F  A  D  H  E  L  I. 

que  cliofe  de' noir  que  Ton  ne  pom^oit  pas  aflez  diflinguer,  à  caufe  de  l'éloi- 
gncmcnt  ;  mais  peu  après  il  s'apperçut  que  c'étoit  effectivement  un  Courrier 
cui  vcnoit  en  grande,  diliscnc.e,  jnonté  fur  un  de  ces  animaux  que  les  Arabes 
appellent  Giammazcli  (c'eii  un  Dromadaire).  Cette  nouvelle  ne  fut  pas  plutôt 
fçuë,  qu'une  partie  .des  foldats  mutinez  partit  pour  aller  au-devant  du  Courrier, 
&  pour  apprendre  ce  qu'il,  portoit.- 

Ce  Courrier  étoit  celui  que  Thaher  avoit  dépêché  pour  me  faire  fçavoir 
la  viftoire  complète  qu'il  venoit  de  remporter  fur  le  Général  du  Khalife  Amin 
mon  frère,  &  cette  nouveUe  changea  tellement  la  face  de  mes  affaires,  que 
la  mutinerie  de  mes  foldats  fc  tournant  tout  d'un  coup  en  rejoiiiffances  ,  ils 
me  proclamèrent  aufli-tôt  Khalife,  Toute  la  Province  .du  Khoraffan  fuivit  leui* 
exemple,  &  réfuta  entièrement  fon  obeïlîance  à  mon  frère.  Ainfi  la  prédic- 
tion de  Fadhel  fe  trouva  vérifiée  de  point  en  point  par  cet  événement  mer- 
veilleux,    Tar'ikh  al  Abbas. 

-  Le  Khalife  Almamon  ayant  appris  la  mort  de  Fadhel  ,  que  quelques-uns 
cependant  difent  lui  avoir  été  donnée  par  fes  ordres,  fit  dire  ' à *fli  mère,  quj 
s'il  y  avoit  quelque  choie  parmi  les  papiei-s  de  fon  fils  qui  regardât  fa  per- 
fonne  ,  ou  fes  affaires  ,  elle  le  lui  envoyât.  Cette  Dame  ayant  trouvé  une 
layette  fermée,  &  cachcttée  par  deffus,  la  porta  à  Mamon,  qui  la  fit  ouvrir 
incontinent:  mais  on  n'y  trouva  autre  chofe  qu'un  papier  de  foy^,  fur  lequel 
étoient  écrits  ces  mots  :  Voici  ce  que  Fadhel  a  jugé  par  l'infpeâtion  des  aflires 
lui  devoir  arriver.  Il  vivra  quarante-huit  ans,  puis  fera  tué  entre  le  feu  c^i 
l'eau.  En  effet  il  arriva,  comme  nous  avons  déjà  vu,  qu'en  l'an  202,  qu'il 
crai^noit  le  plus  ,  il  entra  dans  le  bain,  en  la  ville  de  Serkés  ,  pour  éviter 
la  (fireclion  fatale  de  ce  jour  auquel  tous  les  hommes  font  trompez;  car  ft 
c'cfi;  le  deft:in  ,  ou  l'arreft  du  ciel,  il  n'arrivera  jamais  d'autre  manière  qua 
de  celle  qui  eft  prefcrite  :  mais  les  affaffms  qui  le  cherchoient  ,  le  furprirenC 
dans  le  même  lieu  où  il  croyoit  trouver  fa  fureté  entre  le  feu  &  l'eau  du 
bain.  Chacun  pour  lors  plaignit  fon  malheur ,  &  admira  fa  fcience.    Nighiarijian. 

Nous  avons  un  livre  d'Allrologic  Judiciaire  compofé  par  le  Vizir  fadhel  Ben 
Sahal,  auquel  il  a  donné  le  titre  d'Ekhtiarat,  c'efl:-à-dire ,  des  Eleftions  &  des 
jugemens  qui  fe  forment  fur  l'horofcopc. 

L'on  peut  voir  dans  le  titre  de  Thaher  l'horofcopc  que  Fadhel  dreffa  pour  ce 
grand  Capitaine,  &  CQ  qu'il  prédit  fur  la  durée  de  la  dynafiiic  des  Thahericns, 

FADHEL  Ren  Ibrahim,  furnommé  Al  Moaferi,  étoit  Imam  &  Khathib, 
c'efl;-à-dire ,  Chef  fpiritucl  &  Prédicateur  de  la  Mofquée  de  Grenade  en  Efpagnc. 
Ployez  le  titre  de  Moaferi. 

FADHEL  Ben  Zacaria.  C'efi:  Mohammed  Al  Cazuini,  Auteur  des  vies  des 
hommes  illufi:res  en  pieté,   f^oyez  Cazuini. 

FADHEL  Esfaraini.     Voyez  Aboulabbas. 

FADHEL  Schah  Hoffain,  Auteur  d'uu  commentaire  fur  le  Livre  intitulé 
Jdab  al  Samarcandi.     Voyez  ce  titre. 

'  FADHELI,  Poëtc  Perficn ,  lequel  étant  fort  Mo.  de  vifa^e  ,  donna  lieu 
à  Souzeni,  duquel  il  cenfuroit  les  vers,  de  lui  faire  une  réponfe  ingenieufcî 
&   piquante     Voyez  Sowzcm.  -pAnwr 


F  A  D  H  L.  —  FAIS.  p 

FADHL  Al  Khoddâm,  Livre  comporé  à  la  louange  des  Efclaves  Eunuques, 
par  Aboulabbas  Ahmed  Al  Tanoukhi  Al  Cothri. 

FADHL  ALLA  H,  furnom-né  Bafchtmi,  pcre  d'x\bdalrazzâk ,  premier  Prin- 
ce, &  Fondateur  de  la  Dyna^lie  des  Sarbedariens. 

FAEL  Iffuf  Rabban,  nom  d'un  grand  Philofophe,  &  Médecin  qui  vivoit 
du  tems  de  Giamfchid ,  Roy  de  la  première  dynaftie  de  Perfe  ,  qui  eft  le  pre- 
mier Eicander,  lurnommé  Dhulcarnein  des  Arabes. 

FAGFOUR,  Titre  &  furnom  dos  Roys  de  la  Chine,  que  les  Hiftoriens 
de  Perfe  difent  avoir  été  donné"  par  Feridoun ,  Roj^  de  la  première  dynaftie  de 
Perfe,  à  fon  fils  nommé  Tour,  lorfqu'il  lui  abandonna  le  gouvernement  des 
pays  du  Turkeftan  &  de  la  Chine. 

C'eft  de  ce  nom  que  les  Porcelaines  de  la  Chine  ,  font  appellées  Fagfouri 
dans  tout  le  Levant,  &  fouvent  par  corruption  Farfouri. 

FAGIOULI,  fils  de  Toumenah  Khan,  frère  de  CoublaKhan,  &  de  Kil- 
khan.  Empereurs  des  anciens  Mogols.  Il  fut  auflî  oncle  de  Bortan  Bahadur  ou 
Behadir  ,  duquel  il  commanda  les  armées  ,  &  laiifa  un  fils  nommé  Jardumgi 
Perlas  qui  lui  fucceda  dans  la  même  charge. 

Bortan  Bahadur  fut  Tayeul  dj  Genhizkhan ,  &  d'Iardumji  eft  iffuë  la  Tribu 
des  Mogols  nommée  de  fon  nom.  Perlas,  de  laquelle  étoit  Tamcrian.  l^oyiz 
Coubla  Khan ,  âf  Toumenah  Khan. 

FAHAD.  H:ifedli  Ben  Fahad,  Autcui-  d'un  Livre  intitulé  Dorrar  al  fmniah 
u  giauvahcr  al  hahiah  ,  qui  eft  un  traité  des  loix  du  Mahometifme  compofé 
l'an  855   de  l'Hegire.    Il  eft  dans  la  Bibliothèque   du  Roy  n°,  671. 

FAHFAH,  Nom  d'un  des  fleuves  que  les  Mufulmans  mettent  dans  leur 

Paradis. 

FAHOVATU  Alnaderat,  les  chofes  curieufcs  &  rares.  Ouvrage  du  célè- 
bre Dofteur  Afmâi ,  cité  par  l'Auteur  des  Rakaik  alholal. 

F  AID,  Nom  d'un  lieu  en  la  Province  d'Arabie,  que  l'on  nomme  Neged 
&  Hegiâz.    On  pafle  par  ce  lieu-là,  quand  on  va  de  Coufah  à  la  Mecque. 

FAIEZ  Benafrillah  ,  fils  de  Dhafer,  Khalife  d'Egypte  ,  qui  fucceda  à  fon 
père  à  l'âge  de  cinq  ans,  l'an  de  l'Hegire  549,  de  J,  C.  1154.  Le  Vizir  le 
porta  fur  fes  épaules,  &  le  plaça  fur  le  trône.' 

FAIK  Fi  logat  al  hadith  ,  Livre  de  Zamakhfchari  fur  les  traditions  Mu- 
fulmanes. 

FAIOUM.    Voyez  Fioum,  ville  d'Egypte. 

FAIS  ou  F  AI  A  S.  Ebn  Fais  Al  Mocadeffi  eft  Auteur  du  Livre  intitulé 
Anfâb  Al  Mohadethin.    Les  Généalogies  des  Auteurs  des  Traditions. 

Tome  IL  B  FAISSAL, 


f^r 


îo  F  A  I  s  s  A  L.  FAKHR. 

F  A  ISS  AL)  Livre  de  Généalogies,  compofé  par  Abou^magd  Ifmaël  Ben 
Hebatallah  Al  Moairali.  Il  ell  foùvent  cité  dans  les  Anlab  ou  Généalogies 
d'Abulfeda. 

FAKARL     Voyez  le  titre  d'Abou  Dher. 

F  AK  EH  AT  Al  Kholafa  u  Mofakehat  al  dhorafa,  Titre  .d'un  Livre  d'Apo- 
logues ,  &  de  fables ,  divifé  en  dix  chapitres ,  &  compolé  par  Ahmed  Ben  Arab- 
fchah.    Ileil  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n  .  1221. 

FAKEHI,  Surnom  de  Tagcddin  Omar  Ben  Ali,  mort  l'an  731  de  l'He- 
gire  ,   qui  a  compofé   un  Ouvrage   de    grammaire  Arabique    intitulé   Kjcharat 

fil  iialiou. 

FAKHERL     Voyez  le  titre  d'Abcar  al  afcâr. 

FAKHOR  ou  Nakhor,  Nom  du  père  de  fainte-Anne,  mcre  de  la  fainte 
Vierge  Marie:  nous  l'appelions  ordinairement  faint-Joachim. 

FAKHR  Al  daoubt  ,  ou  Fakhr  eddoulat ,  S  Itan  de  la  race  on  dynaflie 
des  Bouides  ,  étoit  le  troifièmj  fils  de  Rokneddoulat ,  fils  de  Bouiah.  Il  fut 
chaiTé  de  fes  Etats  de  Rei ,  à.  de  Hamadan  par  fes  deux  aînez  nomm^^z  Muiad 
eddou'at,  &  Adiiad-edJouIat ,  &  fut  obligé  de  fe  retirer  auprès  de  v^abous,  fils 
de  Vafchmeghir  Roy  du  Tabarellan,  &  du  Giorginn,  Provinces  qui  compren- 
nent rancienne  Hyrcanic  :  imis  il  ne  s'y  trouva  pas  en  fureté  ,  car  Muiad- 
eddoulat  entrant  dans  le  Giorgian  avec  une  puifiante  armée,  ces  deux  Princes 
avec  toutes  leurs  forces  jointes  enfcmble  ,  ne  pouvant  fe  mettre  en  état  de 
lui  refifter  ,  furent  contraints  de  s'enfiiir  à  Nifchabour,  ville  du  KhorafTan, 
où  Timurtafche,  qui.  gouvernoit  cette  Province  au  nom  de  Nouh,  Sultan,  de 
la  dynaitie  des  Sam?nides,    leur  donna  un  azyle  afieuré. 

Fakhr-eddoulat  étoit  encore  à  Nifchabour,  lors  qu'il  apprit  la  mort  de  fon 
frère  Mouiad:  mais  cette  mort  ne  Fauroit  jamais  fait  rentrer  dans  fes  Etats, 
fi  Sahjb  Kafi,  dit  communcmcnt  Ebn  Ebad,  qui  avoit  été  Vizir  de  Mouiad, 
ne  l'eut  fait  rappelîer.  Ce  Vizir,  fort  célèbre  dans  l'hiftoire  pour  fon  grand 
mérite  ,  ayant  alf^mblé  1^  confeil  auffi-tôt  après  la  mort  de  fon  maître  ,  il  y 
fut  propofé  quel  des  Princes  de  la  Maifon  des  Bouias  il  étoit  plus  à  propos 
d'appeller  à  la  fucceilion  de  la  Coui-onne  de  Mouiad,  &  qui  paroifibit  être  le 
plus  digne  de  la  porter. 

Le  Vizir  dont  l'autorité  étoit  grande,  fut  d'avis  qu'il  falloit  jetter  les  yeux 
fur  Fakhr-eddouht ,  Prince  eftimé  pour  lors  le  plus  capable  de ^  toute  cette 
famille;  &  fon  i':ntiment  ayant  été  approuvé  de  tous,  l'on  dépêcha  auflî-tôt 
an  Courrier,  peur  lui  en  porter  la  nouvelle.  Fakhredoulat  ne  l'eut  pas  plutôt 
reçue,  qu'il  fe  tranfporta  en  diligence  à  Ifpahan  ,  où  il  prit  poffeiTion  du  Ro- 
yaume de  Perle.  Il  confirma  d  abord  Sahcb,  fils  d'Ebâd ,  dans  la  charge  qu'il 
avoit  poilcdée  avec  tant  de;  re::aitation  fous  le  règne  précédent,  &  en  l'an  377, 
de  J.  C.  987,  il  lenA^oya  en  Thabarcfi:an  pour  y  régler  les  afi^ires  de  ce  nou-. 
velEtat:  S^h-b  y  en  trouva  de  fort  épincufes  ;  car  il  fallut  chafier  plufieurs 
petits  Seigneurs  des  châteaux  qu'ils  avoient  accupez  en  ces  quartiers-là. 

Dans  cette  niême  année  ,  Fakhr -eddou'at  entreprit  de  chalTer  de^Bagdet  le 
Sa.tan  B.dia-edûoulat  qui  y  coxiiniandoit,  fous  le  nom  du  Klialife  Taîlillah.  Ba- 

ha- 


F  A  K  H  R.  II 

ha-eddoulat,  qui  écojt  fils  d'Adhad-edJoulat,  &  par  confcquent  neveu  de  Fakhr- 
cddoulat ,  n'eut  pas  plutôt  apjAs  que  fon  oncle  venoit  à  main  armic  contra 
luy,  qu'il  prit  la  réfbiution  dj  J'aîler  recevoir:  les  deux  armées  le  ti-ouveicnt 
campées  dins  la  province  d  Aliovdz,  qui  appartient  à  la  Chr.ldée  ,  où  il  arriva 
qu'une  nuit  le  Tigre  débordiint  infcnfiblement ,  gagna  jufqu'iia  carap  de  Fakhr- 
eddoulat.  Les  foldats  épouvantez  par  cet  accident ,  crurent  que  leurs  ennemis 
avoient,  par  quelque  llratagcrne,  fait  remontrer  la  rivière  jufqu'à  leur  ca.np  pour 
les  furprendre  ,  &  fans  f.àre  d'autre  relicxion  ,  prirent  honteusement  la  fûiie, 
&  abandonnèrent  leur  Prince.  Ce  milheur  lit  manquer  à  Fakhr-ed.ioulat  fon  ea- 
treprife  ,  &  l'obligea  de  faire  ia  retraite  dii  côté  des  villes  de  Rei  \Sc  de  tia- 
madan.  •    . 

L'an  3S5  de  l'Hegire  ,  le  Vizir  Saheb  Ben  Ebud  tomba  malade  de  fa  derniè- 
re maladie  ,  le  Sultan  Tallu  viliter  en  perfonne  ,  &  voulut  recevoir  de  la  bou- 
che les  derniers  avis,  qu'il  lai  donna  avant  fa  mort.  Ce  iage  Miniilre  dit  à  !bn 
Prince  :  Seigneur,  vous  voyez  quel  bon  ordre  j'ay  rnis.  Dieu  mercy,  dans  vô- 
tre Etat  ;  la  juflice  y  ell  re'iJue  exaflement ,  &  vos  finances  font  bien  réglées: 
fi  vous  voulez  remporter  toute  la  goire  de  CL-tte  conduite  ,  il  fiut  que  vous  faf- 
fiez  obferver  le  même  ordre  après  ma  mort;  car  fi  vous  le  négligez,  &  que  lo 
defordre  s'y  glifi^e,  j'en  auray  moy  feul  toute  la  gloire,  &  vos^'pcuples  ne  man- 
queront pas  de  dire  ,  que  l'on  me  doic  tout  ce  qui  s'ell  fait  de  bon  pendant 
mon  miniftère. 

Ces  paroles  firent  d'abord  quelque  impreffion  fur  l'efprit  de  ce  Prince  :  mais 
peu  de  teras  après  la  mort  de  Sahcb  ,  il  fe  lalifa  tellement  gouverner  par  fes 
domefliiques  &  par  tes  f.-;voris  ,  que  tout  l'Etat  changea  bicn-.'k  de  face  ;  l'in- 
iufl:ice  &  la  violence  prirent  le  dofllk;,  &  les  finances  fe  diïïpperent  bien -tôt  ; 
en  forte  que  les  peuples  ne  manquèrent  pas  de  regretter  le  Vizir  ,  &  de  louer 
de  plus  en  plus  fa  prudence. 

L'an  387  ,  Fakhr-eddou'.at  étant  dans  le  château  de  Tabarek  ,  fut  faifi  d'un 
très-grand  mal  d'eilomacqui  lui  furvint,  après  avoir  m.mgé  du  bœuf  rôti  &  du 
raifin  ave:  excez.  L'indigefhion  lui  caufa  une  fièvre  violeuLe  ,  qui  l'emporta  en 
peu  de  jours,  après  un  règne  d'environ  quatorze  ans,  pendant  lequel  il  amif- 
fa,  dit-on,  de  grands  trélbrs  pour  fon  fuccefl;eur.  khondemir.  l^oyez  Saheb  Ben 
Ebad. 

Le  Nighiarifi:an  rapporte,  qu'après  la  mort  de  Saheb  Ben  Ebâd,  Seidat,  fem- 
me de  Fakhr-eddoulat,  prit  un  ^i  grand  empire  fur  l'efprit  du  Sultan  fon  mari, 
qu'elle  s'empara  de  tous  fes  tréibrs  ,  &  en  difpofa  abfolument  ,  ou  plutôt  elle 
n'en  difpofoit  point  du  tout;  car  fon  avarice  étoit  extrême  ,  &  arriva  jufqu'au 
point  de  refufer  les  chofes  néceiTaires  pour  enfevelir  le  Sultan,  qu'il  fallut  em- 
prunter du  Refteur  de  la  Mofquée  de  Tabarek,  où  ce  Prince  étoit  décédé. 

Cependant  on  dit,  qu'il  avoit  laifl'é  dans  fa  garde -robe  trois  mil  paires  d'ha- 
bits, faits  pour  fa  perfonne,  &  plus  de  quatre-vingt-dix  millions  d'argent  mon 
noyé  dans  fes  coffres,  c'efi;  ce  qui  fait  dire  à  FAuteur  du  Nighiarifl;an  contre 
les  avares:  Riches  du  monde,  infl:ruifez-vous,  par  cet  exemple,  on  ne  peut 
vous  le  dire  afiTez. 

Ce  Prince  a  donné  un  des  plus  grands  exemples  de  gcnerofité  &  de  récon- 
noifiTance  que  l'on  life  dans  rhifi:oire  ;  car  au  rapport  du  Tergimeh  Al  Jemini , 
ayant  été  bien  reçu  dans  fa  difgrace  par  HuiTâm-eddoulat  Tafche  ou  Timurta- 
fche,  Gouverneur  du  KhoraflTan,  comme  nous  avons  vu  cy-defilis,  celuy-ci  ne 

B  2  put 


i£  F  A  K  H  R.  ' FAKIR. 

put  jamais  être  porté  à  le  livrer  à  fes  frères  ,  quelque  offre  qu'ils  lui  fiffent 
pour  l'avoir  entre  leurs  mains ,  &  le  défraia  entièrement  jufqu  à  ce  qu'il  fut 
rentré  dans  fes  Etats. 

Il  arriva ,  par  fucceffîon  de  tems ,  que  Tafche  ayant  été  difgracié  par  fon  maî- 
tre Nouh  ,  Sultan  de  la  dynaftie  des  Samanides ,  eut  recours  à  Fakhr-cddoulat, 
qui  pour  lors  réfidoit  à  Aflcrabad,  ville  capitale  du  Giorgian.  Ce  Prince  le  re- 
çut à  ion  tour,  fi  magnifiquement ,  qu'il  lui  céda  fon  Palais  &  même  la  ville  , 
qu'il  quitta  pour  aller  demeurer  à  Rci.  Il  lui  affigna  de  plus  tout  le  revenu 
de  cette  province  pour  fon  entretien,  lui  fit  de  très-riches  préfens  ,  &  entr'au- 
tres,  un  de  cent  chevaux  de  main,  dont  les  harnois  étoient  d'or. 

Saheb  Ben  Ebâd,  fon  Vizir,  fut  étonné  de  cette  largeffe  ,  qui  fcmbloit  paf- 
fer  les  juftes  bornes  de  la  réconnoilfance  ;  mais  ce  Prince  lui  raconta  fi  parti- 
culièrement &  fi  pathétiquement  tous  les  bons  traitt-mens  qu'il  avoit  reçus  de 
ïafche  pendant  fon  exil,  qu'il  lui  fit  avoiier  ,  que  fa  réconnoifllance  étoit  enco- 
re beaucoup  au-delfous  des  bienfaits  de  fon  ancien  hôte. 

Tafche  au  milieu  de  tous  les  avantages  que  fon  ami  lui  avoit  procurés  dans 
le  plus  fort  de  fa  dilgrace,  &  fe  trouvant  en  un  état  lequel  furpalfoit  de  beau- 
coup celui  de  fo  prcinlère  fortune,  mourut  d'un  accident  de  pefle  ,  laquel- 
le ravagea  en  ce  tems -là  le  Giorgian,  &  défola  entièrement  la  ville  d'Afte- 
rabad. 

L'on  trouve  dans  un  Poète  Perfien  la  defcription  de  cette  pefte  en  ces  termes. 

L(i  pejîe  femblable  à  un  feu  vengeur.,  ruina  tout -h- coup   cette  belle  ville,    dont  le 

terroir  rcfpire  une  odeur  qui  pajfe  celle  des  plus  excellents  parfums. 
Il  ne  reftà  de  tous  fes  habit  ans  ni  jeune ,  ni  vieillard  : 
Ce  fut  un  foudre  qui  tombant  fur  une  forêt ,    y  confuma  le  bois  vsrd  avec  le  fec, 

FAKHR  Al  Eflûm  ,  la  gloire  du  Mufulmanifme  ,  titre  d'honneur  qui  a  été 
donné  au  Schcikh,  ou  Dofteur  Bezdaovi.     Foyez  ce  titre. 

FAKHREDDIN,  Fils  de  Schamfeddin,  troifième  Prince  de  la  dynaflie  des 
Molouk  Kurt.-    l^oycz  le  titre  de  cette  dynafldc. 

FAKHREDDIN,  Titre  &  furnom  d'Aboul  fadhl  Mohammed  Ben  Omar 
Al  Razi ,  fameux  Théologien  parmi  les  Alufulmans.     i^oyez  Razi. 

FAKIH  Al  OHouli,  Titre  d'honneur,  qui  fignifie  le  Jurifconfulte  Fondamen- 
tal, donné  à  Ebn  Athir.     F  oyez  fon  titre. 

FAKIR,  les  Perfins  &  les  Turcs  appellent  Dervifche  ,  un  Pauvre  en  géne^ 
rai,  tant  celûy  qui  l'efl  par  néceffité,  que  celui  qui  l'eft  par  éledion  &  par  pro- 
fefiion  :  Les  Arabes  ont  le  mot  de  Fakir ,  qui  fignifie  la  même  chofe  ;  c'efl 
pourquoy  il  y  a  des  pays  dans  le  MufuliTianifmc,  où  les  Religieux  font  nommez 
Derviches,  &  d'autres  où  on  les  nomme  Fakirs,  comme  l'on  fait  particulière- 
ment dans  les  Etats  du  Mogol. 

Voici  des  vers  Turcs  à  la  louange  de  la  pauvreté  en  général. 

Souffre  patiemment  ia  pauvrdé  ,   ô  mon  ame  ,  fi  tu  prétends   obtenir  de  Dieu  une 

récompenfe  fans  fin, 

DemeU' 


.  F  xi  K  I  R.  13 

Demeure  încejfamment  à  la  porte  un  bon  plaifir  de  Dku  ,  âf  tu  verras  qu'à  la  fin 

on  t'ouvrira  celle  de  fts  plus  riches  t réfors. 
Fourqmy  déplores-tu  cj  miprifss-tu  fi  fort  ta  condition^  laquelle  eji,  fi  tu  le  fçais 

connuùre,  plus  élevée  que  le  ciel  même. 
Puifque  la  Providence  t'a  dsjliné  de  toute  éternité  le  bien  dont  tu  dois  jouïr  en  ce 

monde,  ^  l'a  tellement  fixé  que  tu  ne  peux  jamais  y  rien  ajoiUer, 
Quitte  tous  hs  foins  inutiles  (f  indignes  que  tu  pj-ens  pour  en  acquérir.     Voyez 

le  titre  de  la  Providence  dans  Cadr  &  Tacdir. 

Dans  l'Alcoran  ,  au  chapitre  Ràad  ou  du  Tonncre  ,  on  trouve  ces  paroles  : 
Salam  dlaikom  hsmi  fabartom.  Bien  vous  foit  de  ce  que  vous  avez  foujfeit  patiem- 
mmt.  vos  vnux.  C'eil  le  falut  que  les  Anges  donnent  à  ceux  qui  entrent  en 
Paradis.  L'Auteur  du  Coût  AI  coloub  dit  fur  ce  paOage:  La  qualité  que  Dieu 
aime  le  plus  dans  fes  créatures,  elt  la  pauvreté  :  &  j\Lihomet,  félon  une  tradi- 
tion, dit  un  jour  à  Belâl  :  Faites  de  telle  manière  que  vous  arriviez  pauvre  , 
&  non  riche  auprès  de  Dieu;  car  les  pauvres  tiennent  les  premières  places  dans 
Ê  Miifon. 

Belal  étoit  efclave  de  Mahomet  &  devint  fon  Muezin  ,  c'eft-à-dire  ,  celui  qiri 
avertit  &  qui  convoque  les  Mullilmans  aux  tems  marquez  pour  la  prière  publi- 
que, &  il  avoit  acquis  beaucoup  de  crédit  auprès  de  fon  maître. 

Pour  ce  qui  regarde  la  pauvreté  l'eligieufe,  de  laquelle  les  Mufalmans  font 
beaucoup  d'état,  elle  demande,  félon  eux,  une  grande  pcrfeflion.  11  n'y  a  qu'à 
lire  le  chapitre  fécond  du  Guliftan  de  Saàdi ,  où  vous  trouverez  qu'il  ne  faut 
pas  ôter  la  pauvreté  aux  Religieux  ,  parce  que  fans  elle  ils  ne  font  plus  Reli- 
gieux, que  leurs  biens  font  les  biens  de  tous  les  pauvres  généralement,  que  les 
Religieux  ne  prennent  point  d'argent ,  &  que  ceux  qui  en  reçoivent  ne  font  pas 
Religieux:  far  quoy  il  y  a  une  hiftoire  agréable  de  celui  qui  n'avoit  point  trou- 
vé de  Religieux  pour  leur  en  dillribuer. 

Lamai  fait  le  conte  fuivant ,  dans  lequel  il  a  inféré  des  maximes  fort  fevè- 
res  pour  les  Religieux.  Un  Derviclie  qui  avoit  perdu  un  œil  ,  &  qui  avoit  la 
cervelle  un  peu  démontée,  deraeuroit  jour  &  nuit  dans  une  grotte,  où  il  fouf- 
froit  beaucoup  à  caufe  de  fa  nudité;  il  s'adreffa  un  jour  à  Dieu  &  lui  dit  :  O 
Créateur  des  hommes  ,  je  n'ay  point  honte  d'être  borgne  ,  &  je  ne  me  plains 
point  de  ce  qu'il  vous  a  plu  me  faire  tel:  mais  je  fouÎFre  beaucoup  à  caufe  du 
froid ,  &  j'ay  abfolument  befoin  d'un  habit  :  je  fçais  bien  qu'il  ne  m'appartient 
pas  de  vous  faire  cette  infiance  ;  mais  enfin  ,  où  eft  vôtre  libéralité  ,  &  qu'eft 
devenue  cette  profufion  de  grâces  que  vous  répandez  fur  tous  les  hommes ,  fi 
.vous  m'ababdonnez  au  befoin? 

Il  n'eut  pas  plutôt  dit  ces  paroles  ,  qu'un  de  fes  camarades  qui  étoit  caché  , 
lui  fit  entendre  ces  mots  :  Si  vous  avez  trop  froid  dans  vôtre  grotte ,  fortez-en , 
&  rechauffez  vous  à  mon  Soleil.  Le  Derviche  crut,  que  cette  voix  venoit  du 
ciel  &  repartit  auffi-tôt:  (^uoy  donc.  Seigneur,  n'avez -vous  point  d'autre  ha- 
bit à  me  donner  que  le  Soleil  ?  En  vérité  ,  là  libéralité  n'ell  pas  trop  grande. 
La  même  voix  répliqua  auffi-côt  :  Borgne  infolent ,  attends  encore  huit  jours, 
&  tu  auras  un  habit  qui  ne  te  coûtera  rien. 

En  effet,  au  bout  de  la  femaine,  le  Derviche  vit  un  vieillard  qui  lui  prcfen- 
ta  une  Khircah  ou.robe  de  Derviche,  fî  vieille,  fi  ufée  &  fi  rapetailée,  que  lorf- 

B  3  qu'il 


14  F  A  KIR. 

qu'il  l'eut  bien  confidérée ,  il  s'écria  :  Seigneur ,  qui  gouvernez  toutes  les  cho- 
fes  de  ce  monde,  eft-cc  là  tout  l'ouvrage  que  vous  avez  pu  ûiire  en  luiit  jours  ? 
Vous  ne  vous  êtes  pas  ennuyé  de  la  garder,  &  vous  ne  l'avez  pas  laille  fortir 
de  vos  mains,  tant  qu'il  y  a  eu  un  feul  lambeau  entier.  Il  ajouta  encore  plu- 
fieurs  autres  dilcpui-s  dignes  d'un  extravagant ,  fur  lefquels  l'Auteur  de  cette 
hiftoire  fait  les  réflexions  fuivantes. 

C'eft  icy  l'hiftoire  d'un  fol  :  mais  fi  vous  la  confidérez  avec  attention  ,  vous 
trouverez  que  c'eft  la  peinture  naïfve  de  l'état  des  hommes  :  car  fi  vous  en- 
tendez parler  les  gens  du  monde ,  pour  un  qui  rend  grâces  à  Dieu  ,  il  y  en  a 
mil  qui  lui  font  des  reproches.  L'un  le  plaint  de  la  pauvreté,  qui  comme  une 
fièvre  lente  le  mine  &  le  confume  :  L'autre  dit ,  qu'il  a  tant  de  charges  à  ad- 
minillrcr,  &  tant  de  biens  à  gouverner,  que  l'occupation  continuelle  où  il  eft, 
l'empêche  encièrement  de  penfer  à  Dieu  &  de  vacquer  à  fon  falut. 

La  grotte  de  nôtre  Derviche  efl;  l'image  du  monde  ,  l'homme  eft  celuy  qui 
l'habite ,  ou  plûcôt  c'eft  fon  anie  qui  demeure  dans  le  corps  ,  dépouillée  ,  nue 
&  plaintive  :  mais  la  robe  de  Derviche  toute  ufée  &  déchirée  ,  que  l'on  lui 
préfente  ,  eft  plus  précicufe  que  tous  les  plus  riches  brocards  d'or  &  de  foye  : 
car  quel  eft  le  propre  habit  de  l'homme,  finon  la  robe  de  la  piété  &  de  l'hu- 
milité. 

Prenez  donc  ce  vêtement  d'honneur  ,  qui  vous  eft  préfenté  de  la  part  de 
Dieu ,  comme  a  fait  Lamai  ,  &  n'ayez  jamais  honte  de  porter  les  livrées  de  la 
pauvreté. 

J'entends  par  la  pauvreté  Religieufe ,  dit  ce  même  Auteur  ,  la  privation  de 
toutes  chofes  ,  &  cet  abandon  glorieux  ,  dont  Dieu  favorife  les  plus  parfaits  : 
le  corps  mal  vêtu,  les  mains  vuides  d'argent,  &  le  ventre  affamé  :  voilà  l'état 
de  ceux  que  Dieu  honore  particulièrement  do  fon  amitié. 

Les  riches  ne  trouvent  point  de  chemin  ouvert,  ni  de  route  afTùrée  qui  con- 
duife  au  Palais  du  Très-Haut.  Il  faut  être  dépouillé  de  biens ,  &  anéanti  d'ef- 
prit ,  pour  parvenir  à  celui  qui  eft  lui  feul  ,  (Se  qui  poifede  lui  feul  toutes 
chofes. 

Combien  de  gens,  dit-il  encore,  font  venus  à  cette  Cour,  croyans  y  être  bien 
reçus  en  qualité  d'amis  &  m'me  de  favoris,  lefquels  cependant  en  ont  été  chaf- 
fez  &  bannis  comme  des  milerables?  Et  combien  de  miférables  s'en  font-ils  ap- 
prochez avec  humilité,  qui  y  ont  trouvé  de  la  faveur  &  reçu  des  carefies.  Con- 
ficîere  donc  ,  mon  amc  ,  que  ce  monde  n'eft  qu'une  école  d'apprentillage  & 
d'exemple,  &  que  le  dénouement  de  la  pièce,  qui  fe  joue  fur  cette  fcène,  fur- 
prendra  &  étonnera  bien  des  gens. 

Un  de  ces  Religieux  ,  véritablement  pauvres  ,  étant  interrogé  par  un  grand 
Prince,  s'il  ne  penfoit  jamais  à  lui  dans  les  néceffitez,  il  lui  répondit:  J'y  pen- 
fe  quelquefois  ;  mais  c'eft  lors  que  j'oublie  de  penfer  à  Dieu. 

L'on  peut  ajouter  icy  le  mot  de  Dhoualnoun  ,  célèbre  pour  la  fpiritualité 
dans  l'Orient.  La  crainte  de  la  pauvreté  eft  une  marque  de  la  colère  de  Dieu 
fur  celui  qui  en  eft  faili.  Et  cet  autre  :  Le  vray  pauvre  ne  poffede  rien,  & 
n'eft  poffedé  de  rien ,  ce  qui  fait  connoître  que  la  pauvreté  volontaire  rend  un 
homme  maître  du  monde. 

L'exemple  de  Saladin  eft  admirable  ;  car  ce  grand  Prince  aimoit  la  pauvreté 
au  milieu  des  richeifcs  &  de  l'abondance  de  toutes  chofes ,  comme  vous  pou- 
vez voir  dans  fon  titre  :  il  ne  pouvoit  pas  garder  chez  lui  plus  d'un  habit,  ni 

plus 


FALAHAT.  —  FALASTHIN.  15 

plus  d'un  cheval  dans  fon  écurie.     Foyez  l'exemple  de  la  pauvreté  volontaire 
des  premiers  Khalifes. 

Doulet  abadi  a  fait  un  traité ,  qui  a  pour  titre  /Isbàb  al  fdhr  u  al  ghina  ,  des 
caules  -le  la  pauvreté  &  des  richelFes ,  où  il  difcoure  problematiquemont  fur  cet- 
te matiè.e. 

FALAHAT,  l'Agriculture:  Falahat  Nabatheat,  l'Agriculture  des  Nibatheens, 
Ouvrage  d'Ebn  Aovàm  Al  Cothai.  Ebn  Vahafchiah  a  aufli  travaillé  fur  le  mê- 
me fujet.  Les  Turcs  difent ,  que  cet  Art  eft  le  vray  foufÎTe  rouge,  c'ell-à- 
dii'e,  la  Pierre  Philofophale. 

FALANBEKI,  furnom  de  Khalil  Al  Roumi,  qui  a  écrit  fur  le  livre  inti- 
tulé Efchardt  u  Al  Nadhair. 

FALAOUAN  Al  Hamaoui,  furnom  d'Aliah  Ben  Athiah,  qui  a  compofé  un 
commentaire  fur  le  Poëme  intitulé  Taïah  de  Safadi. 

FALASTHIN  &  Falefthin;  les  Mufulmans  appellent  ainfi  la  Paleftine,  qu'ils 
qualifient  aulîî  comme  nous  du  nom  de  Terre -funte.  Ils  difent,  que  les  deux 
villes  capitales  de  ce  pays-là  font  Elia  &  Ariha  ,  c'efl  -  à  -  dire ,  Jerufalem  &  Jé- 
richo; qu'il  y  avoit  dans  cette  province  mille  Bourgades  y  qui  avoient  chacune 
de  très -beaux  jardins;  que  cinq  hommes  pouvoient  à  peine  porter  une  feule 
grape  de  leurs  raifins  ,  &  que  cinq  perfonnes  pouvoient  demeurer  dans  l'ccorce 
d'une  feule  grenade  de  ce  pays-là. 

Les  Géants  qu'ils  nomment  Giabbaran  ou  Giababcrah  ,  qui  étoient  de  race 
Amalecite  ,  occupoient  cette  terre  :  les  plus  petits  d'entr'eux  étoient  hauts  de 
neuf  coudées.  Ôg  ,  qu'ils  appellent  Aoug ,  fils  d'Anak  ,  les  furpallbit  tous  en 
grandeur,  &  a  prolongé  fa  vie  jufqu'à  1  âge  de  trois  mille  ans.  Il  dcfcendoit 
lui  &  fon  peuple  de  la  poflérité  d'Ad  :  c'eft  pourquoy  ces  Géants  font  auflî  ap- 
peliez Adiân  ou  Adites. 

Moyfe  ayant  reçu  ordre  de  Dieu  de  faire  entrer  les  enfans  d'Ifraël  dans  cet- 
te terre  ,  il  envoya  douze  hommes  choifis  des  douze  tribus  ,  Icf-iuels  ,  après 
avoir  reconnu  le  pays  ,  en  rapportèrent  la  vérité  à  Moyiè  &  à  A.^ron  ;  mais 
ils  convinrent  enfemble  de  n'en  rien  dire  au  peuple  ,  de  crainte  de  l'ciFrayer, 
&  de  lui  faire  prendre  la  réfolution  de  retourner  en  Egypte.  Mais  de  ces  dou- 
ze hommes  ,  il_  y  en  eut  dix  ,  qui  ne  purent  garder  le  fecret ,  &  qui  racon- 
tèrent naïvement  tout  ce  qu'ils  avoient  vu. 

Ce  rapport  excita  une  très-grande  fédition;  le  peuple  fe  foùleva  contre  fes  con- 
dufteurs  :  mais  Jofué  &Caleb,  qui  étoient  les  dcuK  autres  Plnvoyez,  qui  avoient 
gardé  le  fecret  ,  s'employèrent  à  les  appaifer ,  &  leur  reprcfentercnt  que  ces 
Géans  ne  dévoient  point  caufer  de  la  terreur  à  des  gens  qui  étoient  ailûrcz  de 
la  proteftion  de  Dieu  ,  pui{l|u'il  leiu*  avoit  promis  de  les  mettre  en  policllicn 
de  cette  terre  dont  il  leur  avoit  fait  le  don. 

Une  partie  de  cette  hiftoire  efl  comprife  dans  le  chapitre  de  l'AIcoran  ,  inti- 
tulé Maidat  ou  de  la  Tabk^  mais  en  paroles  conciles  &  obfcures,  que  les  Inter- 
prètes développent  &  expliquent,  comme  el  e  cft  icy  couchée. 

Le  pays  d'Ardcn,  c'efc-à-dire,  du  Jourdain,  eil  fouvcnt  employé  dans  les  li- 
vres Orientaux  pour  exprimer  la  Terre -fainte.     'l'ira  Jurdiuis  dans  l'Ecricu.xv 
y  efl  effectivement  comprife  :  mais  elle  a  éué  diltinguée  de  la  Judée,  auili-bicn 

que- 


i6  TALOUDHI. FARABEKI. 

que  la  Palefline ,  fi  nous  entendons  feulement  par  ce  mot  le  pays  qui  comprend 
les  cinq  fatrapies  des  Philiftins. 

Ahmed  Al  Fafli  dit ,  que  tous  les  anciens  Rois  de  la  Palefline  portoient  le 
titre  de  Gialout ,  qui  eft  le  Goliath  de  l'Ecriture  fainte  :  de  même  que  ceux 
d'Egypte,  celui.de  Pharaenah  ,  ou  Pharaons;  &  ceux  de  Perfe  AkaÛerah  ou 
Khoiroës. 

L'hiltoire  de  la  Palefline  efl  écrite  fort  au  long  dans  le  livre  intitulé  :  Uns 
al  Khalil.    Voyez  ce  titre. 

Falaflhi ,  un  Philiflin  ou  Chananeen  ^  c'efl-à-dire  ,  un  des  anciens  habitans  de 
la  Terre-lainte  ou  Palefline.  Les  Arabes  écrivent,  que  ce  peuple  fut  chalfé  de 
fon  pays  &  relégué  en  Afrique ,  premièrement  par  Jofué ,  puis  par  David ,  après 
la  défaite  de  Goliath.  Il  faut  entendre  ,  par  la  première  tranfmigi-ation  ,  celle 
des  Chananeens,  &,  par  la  féconde,  celle  des  Philiftins. 

FALOUDHI,  furnom  de  Ptolomée  l'Aflronome  ,  tiré  de  fon  pays:  car  ce 
mot  efl  le  même  que  Felujîota,  c'efl-à-dire,  natif  de  Damiette. 

FAMIAH;  les  Syriens  &  les  Arabes  appellent  ainfi  la  ville  que  les  Grecs  & 
les  Latins  nomment  Apamcea.  C'efl  Apamée ,  ville  de  la  féconde  Syrie  ,  fituée 
fur  le  fleuve  Orontes,  qui  efl  maintenant  ruinée. 

FANARI,  furnom  de  Schamfeddin  Mohammed  Ben  Hamzah,  mort  l'an  834 
de  THegire  ,  qui  efl  Auteur  d'un  fupplément  fur  les  Eflhelâat  Al  Sofiah.  C'efl 
un  ouvrage  qui  traite  des  Uz  &  coutumes  des  Sofis.     i^oyez  le  titre  de  Sofi. 

FA  NO  UN,  Ville  Royale  du  tems  fabuleux,  que  les  Arabes  appellent  Ante- 
Adamite  :  C'étoit  le  fiége  des  anciens  Solimans  ou  Salomons  ,  qui  rcgnoicnt  fur 
une  efpèce  de  créatures ,  différente  de  celle  àQs  hommes,  f^oy^z  le  titre  de  So- 
liman. 

FARAB,  Fariab  &  Fargiab.  C'efl  une  ville  du  pays  de  de -là  le  fleuve  Gi- 
hon ,  fur  les  contins  du  Turqueflan  à  l'Occident  :  elle  a  une  journée  entière  de 
longueur  &  autant  de  largeur,  &  fes  habitans  font  Mufulmans  de  la  Scfte  Scha- 
feienne.  Gieuhari,  Auteur  du  Sihat  aîlogat,  qui  efl  un  Ditlionnaire  Arabe  très- 
ample,  en  étoit  natif,  auffi-bien  qu'Alfarabius,  &c. 

Cette  ville  efl  plus  Septentrionale  que  Schalthe,  &  fli  rivière,  que  l'on  nom- 
me de  Farûb,  efl  une  àes,  deux  qui  palfc'nt  à  Schafche. 

Farâb  femble  être  plutôt  un  pa3's  entier  qu'une  ville  :  car  il  y  a  des  bois  & 
de  fort  grandes  terres  labourables  dans  fon  enceinte.  On  l'appelle  aujourd'huy 
Otnir,  &  on  la  compte  entre  les  villes  du  Turqueflan,  qui  font  au  de -là  de 
Schache  &  plus  proches  de  Balafgoun. 

Le  mot  de  Fargiab ,  qui  efl  en  iifage  dans  ces  pays-là  ,  fignifie  une  terre  ar- 
roufée  p^tr  les  eaux  des  rivières  &  des  canaux,  au  contraire  de  Dim,  qui,  dans 
la  même  langue  ,  fignifie  celle  qui  n'cfl  arroufée  que  des  eaux  du  ciel.  AL 
Bergendi. 

Ebn  Haucal  donne  à  la  ville  de  Farâb  ou  Otrâr  98  degrez  de  longitude  ,  & 
Birouni  ne  lui  en  donne  que  88  :  mais  tous  les  Géographes  conviennent  à  lui 
en  donner  44  de  latitude. 

FARABEKI,  Auteur  d'un  livre  fort  eflimé  ,  qui  a  pour  titre  Bahagiat  al 
gialesy  la  récréation  de  ceux  qui  converfent  cnfemblc. 

FARABER, 


FARABER,        FARABI.  17 

FARABER,  petite  ville,  fituée  fort  près  du  fleuve  Gihon.  Il  y  a  un  gué 
où  l'on  traverlè  ce  fleuve  pour  venir  de  la  Tranfoxane  en  Khorafl'an  ;  &  quoy 
qu'elle  foit  des  dépendances  de  la  ville  de  Bokharah,  Abulfeda  l'a  inférée  daas 
la  table  du  Khuarezm.  Sa  longitude  varie  ,  félon,  les  Auteurs ,  de  87  à  89  de- 
grez:  mais  fa  latitude  eft  fixée  unanimement  à  38  degrez. 

FARABI  &  Fariabi,  furnom  d'Abou  Nafl!ar  Mohammed  Tarkhani  ,  que  les 
Arabes  appellent  ordinairement  par  excellence  Al  Fariabi ,  le  Farabien ,  &  nous 
autres  Al  Farabius ,  parce  qu'il  étoit  natif  de  la  ville  nommée  Farab  ,  qui  eft 
la  môme  qu'Otrar. 

Ce  Dofteur  étoit  réputé  le  Phénix  dé  fon  fiécle  ,  le  Coriphée  des  Philofo- 
phes  de  fon  tems,  &  furnomraé  Maailem  Tfani,  le  fécond  Maître,  duquel  en- 
fin Avicenne  confeA^e  avoir  puifé  toute  fa  fcience. 

L'an  de  l'Hegire  343  qu'il  mourut,  il  avoit  fait  le  pèlerinage  de  la  Mecque, 
&  paffa  à  fon  retour  par  la  Syrie,  où  regnoit  alors  Scifcddoulat,  Sultan  de  la 
Maifon  de  Hamadan  ,  fous  le  Khalifat  de  Mouthi  ,  vingt -troifiènie  Khalife  des 
Abbaflîdes.  Il  vint  d'abord  à  la  Cour  de  ce  Prince,  chez  lequel  il  y  avoit  tou- 
jours un  grand  concours  de  gens  de  lettres ,  &  il  fe  trouva  préfent  &  inconnu 
à  une  célèbre  difpute  qui  fe  faifoit  devant  luy. 

Fariabi  étant  entré  dans  cette  afl'emblée  ,  il  fe  tint  debout ,  jufqu'à  ce  que 
Seifeddoulat  lui  fit  figne  de  s'afl"eoir  :  Alors  il  lui  demanda ,  où  il  lui  plaiibit 
qu'il  prît  fa  place.  Le  Prince  lui  répondit  :  Là  où  vous  vous  trouverez  le  plus 
commodément.  Fariabi,  fans  faire  autre  cérémonie  ,  alla  s'alfeoir  fur  un  coing 
du  Sofa  ou  Eftrade,  où  étoit  affis  le  Sultan.  Ce  Prince  furpris  de  la  hardieife 
de  cet  étranger,  dit,  en  fa  langue  maternelle,  à  un  de  fes  Officiers:  Puifque  ce 
Turc  eft  fi  indifcret ,  allez  lui  faire  une  repriraende ,  &.  faites  lui  en  même 
tems  quitter  la  place  qu'il  a  prife. 

Fariabi  ayant  entendu  ce  commandement ,  dit  au  Sultan  :  Tout  beau ,  Seigneur, 
celuy  qui  commande  fi  légèrement  eft  fujet  à  fe  repentir.  Le  Prince  furpris 
d'entendre  ces  paroles,  lui  dit:  Entendez- vous  ma  langue?  Fariabi  lui  repartit: 
Je  l'entends  &  plufieurs  autres  ,  &  entrant  tout  d'un  tems  en  difpute  avec  les 
Dofteurs  alfemblez,  il  leur  impofa  bien-tôt  filence;  il  les  reduifit  à  l'écouter  & 
à  apprendre  de  lui  beaucoup  de  chofes  qu'ils  ne  fçavoient  point. 

La  difpute  étant  finie,  Seifeddoulat  rendit  beaucoup  d'honneur  à  Fariabi,  & 
Je  retint  auprès  de  lui  pendant  que  les  Muficiens ,  qu'il  avoit  fait  venir  ,  chan- 
tèrent :  Fariabi  fe  mêla  avec  eux  &  les  accompagnant  avec  un  luth  qu'il  prit  en 
main ,  il  fe  fit  admirer  du  Prince ,  qui  lui  demanda  s'il  n'avoit  point  quelque 
pièce  de  fa  compofition. 

Il  tira  fur  le  champ  de  fa  poche  une  pièce  ,  avec  toutes  fes  parties  ,  qu'il 
diftribua  aux  Muficiens  &  continuant  à  foûtenir  leurs  voix  de  fon  luth  ,  il  mit 
toute  l'afi'emblée  en  fi  belle  humeur  ,  qu'ils  fe  mirent  tous  à  rire  ^à  gorge  dé- 
ployée; après  quoy  faifant  chanter  une  autre  de  fes  pièces,  il  les  fit  tous  pleu- 
rer; &  en  dernier  lieu  changeant  de  regiftre,  il  endormit  agréablement  tous  les 
afliftans. 

Seifeddoulat  fut  fi  charmé  de  la  mufique  &  de  la  doftrine  de  Fariabi ,  qu'il 
l'eût  voulu  toujours  avoir  en  fa  compagnie  :  mais  ce  grand  Philofophe  ,  qui 
étoit  entièrement  détaché  des  chofes  du  monde,  voulut  quitter  cette  Cour,  & 
fe  mit  en  chemin  pour  retourner  en  fon  pays.  '  Il  prit  la  route  de  Syrie,  dans 

Tome  II.  C  laquel- 


i8  FARACLITHA. 

laquelle  ayant  trouvé  des  voleurs  qui  Tattaquerent ,  comme  il  fçavoit  très -bien 
fe  fervir  de  l'arc  ,  il  fe  mit  en  défenfe  ;  mais  une  flèche  des  aflaflins  l'ayant 
bleffé,  il  tomba  roide  mort. 

On  rapporte  encore  de  ce  grand  homme  ,  qu'étant  un  jour  en  compagnie 
avec  Saheb  Ben  Ebâd  ,  il  prit  le  luth  des  mains  d'un  des  Muficiens  ;  &  ayant 
joïié  de  ces  trois  manières  dont  nous  avons  parlé,  lorfque  la  troifième  eut  en- 
dormi les  alTiflans,  il  écrivit  fur  le  manche  du  luth,  dont  il  s'étoit  lèrvi  ,  ces 
paroles  :  Fariab  eft  venu  âf  l^s  chagrins  Jont  dijfipez.  Saheb  ayant  lu  un  jour , 
par  hazard,  ces  paroles  ,  fut  tout  le  refte  de  fa  vie  dans  un  grand  dépJaifir  de 
ne  l'avoir  pas  connu  :  car  il  s'étoit  retiré  fans  rien  dire  ,  &  fans  fe  faire  con- 
noître. 

Alfarabius  eft  qualifié,  par  Ebn  Khalccân  ,  Acbar  Filaflefah . al  mofîemin  ,  le 
plus  grand  Philofophe  des  Mufulmans,  &  Azhed  alnas  fi  dunia ,  le  plus  détaché 
du  monde  parmi  les  hommes.  Abulfeda  foufcrit  à  ce  fentiment ,  &  cependant 
plufieurs  Dofteurs  Mufulmans ,  du  nombre  defquels  eft  Fakhreddin  Razi ,  l'ont 
accufé  d'impiété,  &  Gazali  le  range,  avec  Avicenne  fon  difciple,  parmi  les  Phi- 
lofophes  qui  ont  cru  l'éternité  du  monde ,  quoy  qu'ils  admilfent  un  premier  mo- 
teur, ce  qui  paffe  chez  ks  Mahometans  pour  un  pur  Athéifme. 

L'on  attribue  ordinairement  à  Alfarabius  la  tradu6lion  des  Analytiques  d'Ari- 
ftote,  fous  le  nom  d'Anolouthica. 

11  y  a  un  autre  Fariabi ,  qui  mourut  l'an  619  de  l'Hegire  ,  qui  eft  Auteur 
d'un  livre  intitulé  JJJoulah  allameâh.  Son  propre  nom  étoit  Emadeddin  Maha- 
moud. 

Il  y  a  auffi  des  Auteurs  qui  marquent  la  mort  d' Alfarabius  l'an  339  de  l'He- 
gire,  &  mettent  dans  celle  de  350,  celle  d'Ishak  Ben  Ibrahim,  Auteur  du  livre 
intitulé  /idad  al  Cateb,  qui  eft  auflî  fur  nommé  Fariabi. 

Ahmed  Ben  Mohammed  ,  qui  a  compofé  le  livre  intitulé  Idhah  al  Honafa  , 
ou  l'hiftoire  des  Doftem-s  Hanefites,  tirée  de  la  Chronique  de  Ben  Aiàs,  porte 
aufli  le  même  furnom  de  Fariabi. 

FARACLITHA,  le  Paraclet.  Les  Mufulmans  diftînguent  entre  Rouh  al- 
cods,  qui  fignifie  le  faint-Efprit  ^  le  Paraclet. 

lis  difent ,  que  le  faint-Efprit  fe  peut  entendre  de  Jesus-Ghrist,  lequel 
eft  devenu  tel  par  un  foufle  de  Dieu,  de  même  que  la  terre  devint  Adam  par 
le  même  foufle  :  mais  qu'il  faut  entendre  ordinairement  par  ce  mot ,  l'Ange  Ga- 
briel ,  le  dépofitaire  &  le  Miniftre  de  tous  les  myftères  divins  révélez  aux  hom- 
mes, lequel  eft  encore  appelle  Rouh  Amin,  l'Efprit  fidèle. 

Pour  ce  qui  regarde  le  nom  de  Faraclitha,  que  les  Arabes  ont  pris  des  Sy- 
riens, &  ceux-cy  du  Grec  Paraclet  os  ou  Paraclitos  ,  le  fentiment  commun  des 
Mufulmans  modernes  eft  qu'il  faut  l'entendre  de  Mahomet ,  qu'ils  difent  avec 
beaucoup  d'impudence  &  d'ignorance,  avoir  été  promis  par  Jesus-Christ  à 
fes  difciples ,  pour  leur  expliquer  le  véritable  fens  de  l'Evangile  ,  en  quoy  ils 
font  d'une  opinion  fort  oppofée  à  celle  des  anciens  Mufulmans ,  qui  n'ont  ja- 
mais penfé  à  une  telle  fiflion  ,  de  laquelle  ils  n'ont  aucune  preuve  dans  l'Al- 
coran. 

Ben  Catcb  ou  Hagi  Khalfa  écrit ,  fur  le  titre  de  Gefr  u  Giamê ,  que  perfon- 
ne  ne  pourra  jamais  connoître  le  fens  des  myftères  couchez  dans  ce  livre  ,  où 
eft  comprife  la  fuite  de  tous  les  grands  éveneincns ,  qui  doivent  fucceder  les  uns 

aux- 


FARAD  HL  —  FAR  A  H.  ip 

aux  autres ,  jufqu'à  la  confommation  des  fiécles ,  à  la  feule  exception  du  Me- 
hedi  ou  douzième  Imam  ,  auquel  cette  connollFance  eft  refervée ,  &  que  c'eft 
lui  duquel  Je  sus-Christ  parle  dans  fon  Evangile  en  ces  termes  (forgez  à 
plaifir.  )  Nous  autres  Prophètes ,  envoyez  de  Dieu  ,  nous  vous  apportons  les 
livres  que  nous  avons  reçus  de  lui  :  mais  pour  ce  qui  concerne  leur  explication , 
ce  fera  le  Faraclitha  qui  vous  l'apportera  après  moy. 

Voici  donc  un  nouveau  Paraclet ,  à  fçavoir  le  Mehedi ,  que  les  Schiites  ou 
Hérétiques  Perfiens  ont  inventé  ,  à  l'imitation  de  Manés  ,  lequel  avoit  ufurpé 
ce  titre  dans  la  Perfe,  long-teras  avant  le  Mahomctifme. 

Les  Mahometans  cependant,  qui  ont  eu  quelque  connoifTance  plus  particuliè- 
re du  Ciiriftianifme  par  la  communication  des  Syriens  &  des  Grecs,  difent,  que 
le  faint-Efprit  efl  appelle  Mehaia,  Vivifiant,  &  Menahemia  Confolateur,  qui  eft 
la  véritable  fignification  du  mot  Faraclitha,  quoique  quelques-uns  d'entr'eux  ayent 
voulu  que  ce  dernier  mot  foit  formé  du  mot  Grec  Perklytos,  &  qu'il  faut  pro- 
noncer Fericlita,  pour  fignifier  lUufbre  &  Récommandable ,  &  le  faire  ainfi  qua- 
drer  avec  le  mot  Arabe  Mohammed,  qui  fignifie  la  même  chofe. 

FARADHI  Al  Scheliereftani ,  furnom  d'Abou  Abdallah  Mohammed  Ben  AI 
Fadhl,  Auteur  du  livre  intitulé  urbain  âfcharidt.    Voyez  le  titre  ri'Ocberi. 

FARAGE  ,  Fils  de  Barcok  ,  fécond  Roy  d'Egypte  de  la  race  des  Mamlucs 
Circaffiens.  Il  fut  le  troifième  Prince  de  cette  dynaitie,  &  commença  à  régner 
l'an  802  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1399. 

Une  fédition  s'étant  émue  au  Caire  l'an  808  ,  il  crut  que  l'on  en  vouloit  à 
fa  perfonne,  &  prit  la  réfolution  de  fe  cacher;  puis  s'cnnuyant  de  demeurer  dans 
fa  retraite,  il  parut  de  nouveau  &  dépolfeda  Abdclaziz  fon  frère,  qui  avoit  été 
mis  à  fa  place  &  régna  encore  près  de  fept  ans. 

Les  troupes  de  Tamerlan ,  qui  avoient  conquis  une  grande  partie  de  la  Syrie , 
l'ayant  défait  en  plufieurs  rencontres  ,  il  fut  obligé  de  s'accommoder  avec  ce 
conquérant,  &  d'abandonner  les  intérêts  d'Ahmed  Ben  Avis  llekhani  &  de  Ca- 
ra  Jofef  le  ïurcoman.  Il  fut  enfin  tué  par  les  ficns  dans  la  ville  de  Damas 
qu'il  pofiedoit ,  &  jette  fur  un  fumier  l'an  de  l'Hegire  815,  de  J.  C.  1412. 
Raoudhat  almenadhir. 

FARAGE  Bdad  al  fcheddat  ,  Confolation  des  affîgez  ,  livre  compofé  par 
Abou  A!i  Hafiàn  Al  Tanoukhi  ,  qui  fe  trouve  dûns  la  Bibliothèque  du,  Roy, 
n'^,  1228. 

FAR  A  H.  Ebn  Farah  &  Ebn  Alfarah  Al  Afchbili.  C'ell  le  furnom  d'Ahmed 
Ben  Mohammed  Aboulabbas  Schehabeddin ,  natif  de  Seville  en  Efpagne ,  qui  mou- 
rut l'an  699  de  l'Hegire.  Il  efl  Auteur  d'une  Caffidah  &  d'une  Mandhoumah 
fil  hadith,  c'efl-à-dire ,  d'un  Poëme  Arabique  fur  les  Traditions,  La  première  a 
été  commentée  par  Schamfeddin  Ben  Giumâah  &  par  Cafl;em  Ben  Cothluboga , 
&  la  féconde  par  lahia  Al  Farakhi  ou  Carafi.  Ces  deux  ouvrages  font  dans  la 
Bibliothèque  du  Roy,  n^.  11 27  &  1148. 

^  Nous  avons  deux  autres  ouvrages  de  cet  Auteur ,  dont  le  premier  efl  intitu- 
lé Ëbthâl  altaovil  fil  ojfoiil ,  de  l'inutilité  qui  fe  rencontre  dans  l'explication  des 
points  fondamentaux  du  Mufulmanifme.  Le  fécond  efl  une  explication  des  Ar- 
bain  Mokhraràt,  c'efl-à-dire,  des  quarante  Traditions  choifies. 

C  2  FARAKI, 


20 


F  A  R  A  K  I.  — —  F  A  R  A  N  G  E. 


FARAKI,  Surnom  de  celuy  qui  el-  natif  ou  onginaire  de  la  ville  de  Mia- 
ùrekin  en  Mefopotamie.  Abou  Nafr  Mohammed  Ben  Afàad  porte  ce  furnom. 
llclt  Auteur  du  Livre  qui  a  pour  titre  ylfbdb  al  nozoïil,  les  caufes  ou  fujets 
qui  ont  fait  defcendre  du  ciel  ,  comme  parlent  les  Mahometans  ,  chaque  verfet 
de  TAlcoran  en  particulier.  Noirs  avons  aulïï  de  luy  Efcbarat  fil  coran  qui  traite 
à  peu  près  de  la  même  matière,     l^oyez  plus  bas  Fareki. 

FARAMORZ,  fils  de  Ruflam,  l'Hercule  des  Perfans.  Il  étoit  né  après 
Seherâb  fon  frère  aîné,  lequel  avoit  été  tué  malheurcufement  par  fon  propre 
père,  qui  ne  le  connoilToit  pas.  6'a  mère  étoit  fille  d'un  Roy  des  Indes,  &  avoit 
apporté  à  Ruftam  une  très-riche  dot  ,  de  forte  que  Faramorz  fon  unique  héri- 
tier devoit  devenir  un  jour  très-puiffant  :  c'eft  ce  qui  donna  de  la  jaloufîe  à 
Bahaman,  fils  d'Asfendiar,  Roy  de  Perfe,  lequel  d'ailleurs  haïflbit  Ruilam  ,  &  ce 
qui  le  porta  à  le  faire  alfaffiner. 

Il  y  a  un  Auteur  cité  fous  le  nom  de  Mohammed  Ben  Faramorz  qui  elt 
qualifié  Schehid,  c'eft-à-dire ,  Martyr. 

FAR  AN,  Nom  d'une  montagne  des  Madianites  en  Arabie  qui  fut  réduite 
en  poudre  ,  à  la  vûë  de  la  Majefté  de  Dieu,  f^oyez  les  titres  de  Moufl'a  cf  de 
Colzoum. 

FARANGE,  &  Afrange  ,  les  Francs,  les  François,  les  Européens,  &  les 
Latins  en  général.  Ben  Schonah  raconte  en  l'année  591  de  l'Hegire  ,  de 
T.  C.  1097  ,  que  les  Francs  prirent  de  force  Antioche  après  un  fiege  de  fept 
mois,  quils  défirent  les  Mufulmans  qui  vcnoient  au  fecours  de  la  ville,  &  qu'ils 
les  pourfuivirent  jufqu'à  Mâarah  où  ils  en  tuèrent  plus  de  cent  mil,  qu'enfuite 
ils  fe  rendirent  maîtres  d'Emcfle,  &  allèrent  affieger  Hierufalem. 

Ce  fiet^e  dura  plus  de  fix  femaines  ;  mais  enfin  les  Francs  la  prirent  l'an  492 , 
&  y  firent  un  butin  ineftimable.  Il  y  eut  dans  cette  prife  plus  de  foixante  & 
dix  mil  Mufulmans  tuez,  quoy  qu'ils  fe  fufient  retirez  dans  le  Temple,  &  dans 
les  E-^lifes  demandant  quartier.  Ceci  arriva  fous  le  règne  de  Moftedaher,  vingt- 
huitième  Khalife  de  la  Maifon  des  Abbaffides  à  Bagdet^  &  fous  celuy  de  Moftaali, 
fixième  Khalife  des  Fathimites  en  Eg>'pte. 

L'an  495  les  Francs  affiegerent  Tripoli,  &  prirent  plufieurs  places  des  Muful- 
mans, pendant  que  ceux-ci,  dit  le  même  Auteur,  étoient  acharnez  à  fe  faire  la 
guerre  les  uns  aux  autres ,  ce  qui  fit  enfin  tomber  Tripoli  entre  leurs  mains 
l'an  503  de  l'Hegire. 

Le  pays  des  Afrange  ou  des  Francs ,  félon  tous  les  Géographes  Orientaux ,  s'étend 
du  côté  du  Septentrion,  depuis  le  déti'oit  de  Conftantinople  qui  comprend  le 
Bofphore  de  Thrace  &  l'Hellefpont,  jufqu'à  l'Océan  Occidental,  que  nous  appel- 
Ions  Atlantique. 

Cependant  ils  ne  comptent  point  le  pays  de  Roum  qui  comprend  la  Grèce , 
non  plus  que  la  Natolie,  parmi  les  Provinces  occupées  par  les  Francs;  ils  mar- 
quent toutefois  dans  leurs  Chroniques  que  les  Francs  fe  rendirent  maîtres  de 
Conftantinople  l'an  600  de  l'Hegire  ,  ce  qui  n'aiTiva  néanmoins  que  l'an  1224 

n'y  eut  l'an  618  de  l'Hegire,  &  de  J.  C.  1222,  une  paix  folemnelle  &  géné- 
rale faite  entre  les  enfans  de  Saladin  &  les  Francs,  après  que  ceux-ci  eurent 
perdu  Damicttc.    Les  Mufulmans  prétendent  que  les  Francs  furent  les  infrafteurs 

-  de 


PARAS.  F  A  R  E  D  H.  21 

de  cette  paix.  Il  eft  vray  que  les  Papes  de  ces  tems-là  ne  fe  foucioient  pas 
beaucoup  des  traitez  que  les  Chrétiens  failbient  avec  les  Infidèles,  &  ne  laifîbient 
pas  de  continuer  la  publication  de  leurs  croi fades  en  Europe  ;  c'eft  ce  qui  fit 
perdre  enfin  aux  Francs  tout  ce  qu'ils  'avoient  conquis  fiar  les  Mufiilmans. 

Il  y  a  plufieurs  Auteurs  Mahometans  qui  ont  écrit  l'hilloire  delà  Terre  fainte, 
&  lefquels  ont  aufïï  décrit  par  occafion  les  guerres  que  les  Francs  y  ont  faites. 
Les  uns  ont  deguifé  ou  altéré  la  plupart  des  faits  qui  nous  regardent,  &  les 
autres  plus  fînceres  ont  fait  des  déclamations  fort  pathétiques  fur  la  divifion  des 
Mufulraans  qui  fut  caufe  des  pertes  qu'ils  foufTrirent. 

F  ARAS,  Un  Cheval.  Le  Maître  d'Ecurie,  &  Médecin  des  chevaux  du  Sul- 
tan Kelaoun,  Roy  d'Egypte,  nous  a  laiffé  un  Ouvrage  curieux  intitulé  KameL  al 
Sanatcin,  dans  lequel  il  enfeigne  les  deux  arts  de  dreifer,  &  de  guérir  les  thevaux. 

Il  parle  de  dix  races  de  chevaux,  à  chacune  dcfquellcs  il  donne  l'épithete 
qui  lui  convient.  Il  dii  que  des  trois  races  qui  fe  trouvent  en  Arabie,  ceux 
de  la  Province  de  Hegiâz  font  les  plus  nobles,  ceux  de  Neged  les  plus  furs, 
&  ceux  de  l'Iemen  les  plus  durs  au  trav^iil,  &  les  plus  patiens. 

Il  paffe  enfuite  dans  la  Syrie,  &  prétend  que  ceux  de  Damas  ont  le  plus  beau 
poil ,  &  ceux  de  Mefopotamie ,  la  plus  belle  taille ,  &  qu'ils  font  les  mieux  tournez. 

En  Afrique  les  chevaux  d'Egypte  font  les  plus  légers ,  ceux  de  Barcah  les  plus 
rudes  ,  &  les  plus  difficiles  à  dompter  ,  ceux  de  Barbarie  les  plus  propres  à 
faire  race. 

Les  Tartares  font  les  plus  courageux  ,  &  ceux  d'Europe ,  les  plus  lourds ,  & 
les   plus  lâches. 

Il  y  a  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n'.  94^,  un  livre  de  manège  en  Arabe 
avec  les  figures;  mais  il  eft  fans  nom  d'Auteur,  &  fans  commencement.  Abou 
Obeidah  IVIàmar  a  fait  un  Livre  exprès  des  noms  qui  appartiennent  aux  chevaux 
fous  le  titre  d'Efma  al  khail. 

Le  Khalife  Hefchdm  l'Oramiadc  nourri/Foit  quatre  mil  chevaux  dans  fes  écu- 
ries; Malekfchah  le  Selgiucide  en  entrctcnoit  quarante  mil  pour  fa  garde,  &  pour 
fa  vénerie,  &  le  Khalife  Motaflem  l'AbbaffiJe  qui  ne  fe  fervoic  que, de  chevaux 
Pies,  tigréz,  ou  truitéz,  en  entrctcnoit  130  mil. 

Il  n'y  a  point  de  chevaux  dans  le  pays  des  Zenges  ,  qui  eft  le  Zanguebar; 
mais  ils  fe  fervent  de  bœufs  ,  qu'ils  dreflent ,  &  qu'ils  montent  même  dans  les 
combats. 

FARAT.  Ebn  Al  Farat  NaOereddin ,  eft  l'Auteur  d'une  hiftoire  d'Egypte 
de  laquelle  Ebn  Haggiar  s'eft  beaucoup  fervi  pour  compofer  la  fienne.. 

FARAZI,  Surnom  de  Borhaneddin  Ibrahim,  duquel  nous  avons  une  hiftoire 
de  Damas  fort  complète,  fous  le  titre  d'Eéiam  befaahail  al  fchàrn.  Cet  Auteur 
ne  parle  pas  feulement  dans  fon  Ouvrage  de  la  ville  de  Damas  ;  mais  il  s'étend 
auffi  fur  les  autres  lieux  de  la  Syrie ,  dont  il  avoit  une  plus  particulière  con- 
noifTance. 

FA  RED  H.  Abou  Hafs  Scharfeddin  Omar  Ben  Al  Afaâd,  Ben  Al  Morfched,- 
Ben  Ahmed  Al  Afâadi,  eft  plus  connu  fous  le  nom  d'Ebn  Faredh.    Il  étoit  ori- 
ginaire de  Hamah  en  Syrie;  mais  il  naquit  au  Caire  l'an  577  de  l'Hegire,  &  y 
mourut  l'an  632.    C'eft  un  des  plus  illuftres  Poètes  Arabes  que  les  Mufulmans 

C  1  ayent 


22  F  A  R  E  K  I.  FARGANAH. 

ayent  eu.  On  a  recueilli  un  Divan  de  fes  poëfies,  lequel  a  été  commenté  par 
plufieurs  Auteurs  auflî  bien  quefon  Poëme  intitulé  Taiah  qu'il  compofa  en  fa- 
veur des  Sofis,  ou  Religieux  Mufulmans.  l^oyez  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  les 
w".  859  &  1153.  On  dit  que  la  famille  de  cet  Auteur  defcendoit  de  Halimah 
Sâadiah,  nourrice  de  Mahomet. 

FAREKI,  Natif  ou  originaire  de  la  ville  de  Miafarckin  en  Mefopotamie. 
Tel  étoit  ce  fameux  Prédicateur  ou  Homiliafle  des  Mufulmans,  connu  ordinaire- 
ment fous  le  nom  d'Ebn  Nobatah.  Ebn  Afaâ.1,  &  Ebn  Azrak  étoient  auflî  du 
même  paj-s.     Voyez  plus  haut  Faraki. 

F  ARES  ou  Fars.  Ebn  Fares  eft  le  même  qu'AbouI  HolTain  Ahmed  Al  La- 
gaoui,  ou  le  Grammairien  qui  mourut  l'an  de  l'Hegire  395.  Il  eft  l'Auteur 
du  Livre  intitulé  Efma  al  Nabi,  des  noms  du  Prophète,  c'elt- à-dire ,  des  difFe- 
rens  noms  que  les  Mufulmans  donnent  à  Mahomet  leur  faux  Prophète. 

Il  a  auflî  compofé  un  traité  fur  les  difFerens  fentimens  des  Grammairiens  Ara- 
bes ,  auquel  il  a  donné  le  nom  d'Ekhtelaf  al  Nahàt. 

Nous  avons  auflî  de  lui  le  Mogimel  allogat  qui  elt  un  Di6lionnaire  Arabe 
aflTez  ample  &  correct. 

FARESCOURI,  Surnom  du  Dofteur  Mohammed  Ben  Mohammed  Al  Ha- 
nefi ,  Imam  de  la  Mofquée  nommée  La  Gauride  ,  au  grand  Caire  ,  qui  vivoit 
Tan  964  de  l'Hegire.  Il  efb  Auteur  du  Livre  intitulé  Jlba^wt  fi  mdrtfat  al  Jma' 
nat ,  Eclairciffement  fur  la  matière  des  dépôts  félon  le  Droit  civil  des  Mufulmans. 

FAR  ES  SI,  Surnom  d'Aboul  Faovares  Ibrahim,  Auteur  d'un  Livre  Perfien 
intitulé  Bojîaji  al  madrefat,  le  Jardin  de  la  fcience. 

FARGANAH,  Nom  d'une  des  contrées  de  la  Tranfoxane  ,  dont  la  ville 
capitale  porte  le  même  nom.  Le  nom  d'Andoghiân  &  d'Andugian  lui  eft  auflî 
commun,  quoyque  ce  foit  proprement  une  de  fes  dépendances,  auflî  bien  que 
les  villes  de  Coba  &  de  Nelîa.  ' 

Ce  pays  s'étend  le  long  du  fleuve  Sihon  ou  Jaxartes,  quoy  qu'il  ne  foit  qu'à 
92  degrez  de  longitude,  &  à  42  degrcz  20  minutes  de  latitude  Septentrionale, 
félon  les  Tables  d'Abulfeda  dans  le  cinquième  Climat ,  quoyqu'AIfragan  le  place 
dans  la  fin  du  quatrième. 

Quelques-uns  ont  cru  que  la  ville  d'AIihficat  ou  Akhfiket  eft  la  même  que 
Farganah;  Ulug  Beg  luy  donne  Tépithete  de  Cafbat  Farganah  ,  &  la  met  à  42d. 
25m.  de  latitude.     Voyez  fur  secy  les  notes  de  Golius  fur  Alfragan. 

Al  Bergendi  qui  place  cette  ville  dans  le  cinquième  climat,  écrt  qu'elle  eft 
voifine  de  celle  de  Schafche  (quoy  qu'elle  en  foit  cependant  éloignée  de  cinq 
journées  de  caravanne)  &  que  la  ville  de  Coba ,  d'où  font  fortis  plufieurs  grands 
perfonnages,  eft  de  fes  dépendances;  cependant  quelques-uns  veulent  qu'elle  appar- 
tienne à  celle  de  Schafche. 

On  trouve  dans  les  montagnes  de  Farganah  des  Turquoifes  ,  &  du  charbon 
de  pierre  dont  les  cendres  font  de  très-grand  ufage;  il  y  a  auflî  des  mines  d'or, 
d'argent,  de  cuivre,  de  fer  &  de  plomb,  &  des  fources  de  Naphte. 

Quelques  Géographes  mettent  auflî  les  villes  de  Khovakend,  de  Khogiend,  & 
de  Marghinan  dans  le  pays  de  Farganah  ,  &  fixent  en  cet  endroit  les  limites 
du  Mufulmanifme. 

FARGANL 


F  A  R  G  A  N  I.  F  A  R  O  U  C.  23 

r  FARGANI.  Ahmed  ou  Mohammed  Ebn  Cothair  Al  Fargani,  eft  le  nom 
d'un  célèbre  Aftronome  que  nous  connoiflbns  fous  le  nom  d'Alfragan  ,  auquel 
Aboulfarage  donne  pour  contemporains  Habafch ,  Al  HalFeb  Al  Merouzi ,  &  Ebn 
Naoubakhc,  avec  lefquels  il  travailla  aux  obfcrvations  Aftronomiques  fous  le  Kha- 
lifat  d'Al  Mamon  environ  l'an  1S4  de  l'Hcgire,  ou  800  de  J.  C.  l^oyez  Golius 

fur  Alfragân. 

Il  y  a  un  autre  Auteur  nommé  Abufàid  Mohammed  Ben  Alfargani  qui  mou- 
rut l'an  700  de  l'Hegire  ,  duquel  nous  avons  un  commentaire  fur  la  Taiiah 
d'Ebn  Faredh. 

FARGIAB,  Terre  arroufec  par  des  canaux  tirez  des  rivières.     Voyez  Fardb. 

FARIAB  &  Fariabi    Voyez  cy-dejfus  Fardb. 

FARIRI,  Auteur  d'un  de  ces  Ouvrages  que  les  Arabes  appellent  Amali, 
c'eft-à-dire ,  Cahiers  diftez  par  un  Profefleur  à  fes  Ecoliers. 

FA  RM  A.  Abou  Navds  dans  la  defcription  d'un  voyage  de  Syrie  en  Egypte, 
qu'il  entreprit  pour  viilter  Abdal  Hamid ,  Auteur  du  Divan  intitulé  KJioza ,  qui 
ell  fort  eftimé,  dit  qu'il  palfa  par  les  villes  de  Gaza  de  Hafchcm,  qui  eft  Gaza 
en  Syrie  ,  &  par  Farma  de  Hagiar. 

Ben  Khalccan  dans  la  vie  d'Ibrahim  Algazi ,  dit  que  la  ville  de  Farma  étoit 
la  capitale  d'Egypte  ,  &  le  fiegc  Royal  des  Pharaons  qui  y  regnoient  au  tems 
d'Abraham;  que  Hagiar  mère  d'Ifmaël  en  étoit  native,  ou  de  quelque  Bourgade 
d'alentour,  &  que  cette  mère  des  Arabes  ell  reconnue  par  ces  peuples  pour 
être  originaire,  de  leur  pays.  Cette  ville  fut  tellement  ruinée  dans  la  fuite  des 
tems,  qu'il  n'y  refloit  qu'une  colline  aflez  élevée  que  l'on  voyoit  à  main  gau- 
che, lorfqu'en  venant  du  Caire  en  Syrie,  on  palfoit  par  le  milieu  des  fablons 
du  Coflir. 

Cette  ville  ayant  été  rétablie  par  les  Fathimites,  fut  pillée  &  brûlée  par  Bar- 
douil  qui  eft  Baudouin  Roy  de  jerufalcm.  Voyez  Gaza ,  àf  ce  qu'en  dit  le  même 
Abou  Naovâs. 

FAROUC,  Epithete,  ou  Titre  d'honneur  qui  fut  donné  par  Mahomet  à 
Omar.  Un  Mufulman  opiniâtre  ayant  procez  aVec  un  Juif,  l'affaire  fut  portée 
au  tribunal  de  Mahomet  qui  la  décida  en  faveur  du  Juif. 

Le  Mufulman  ne  fe  tenant  pas  bien  condamné ,  dit  au  Juif  qu'il  appelloit  de 
cette  fentence,  &  qu'il  prétendoit  que  fon  procez  fût  revu  par  Omar  qui  n'étoit 
pour  lors  que  particuUcr.  Etant  donc  convenus  tous  deux  fur  ce  point ,  ils 
allèrent  trouver  Omar,  lequel  après  s'être  informé  de  toutes  les  procédures  de 
l'affaire,  &  ayant  appris  que  le  Mufulman  avoit  refufé  d'acquiefcer  à  la  fentence 
de  Mahomet,  leur  dit:  Attendez-moy  à  la  porte  jufqu'à  mon  retour,  &  paroif- 
fant  peu  après  devant  eux  le  fabre  à  la  main,  il  en  déchargea  un  li  grand  coup 
fur  le  Mufulman ,  qu'il  lui  abbattit  la  tête  à  fes  pieds ,  &  dit  tout  haut  :  Voilà 
ce  que  méritent  tous  ceux  qui  n'acquiefcent  pas  au  jugement  que  le  Cadhi  a 
prononcé. 

Mahomet  ayant  fçu  cette  aftion ,  l'approuva ,  &  donna  en  même  tems  à  Omar 
lé  furnom  de  Farouc  qui  fignifie  celuy  qui  fcpare,  voulant  faire  entendre  qu'O- 
mar fçavoit  auflî-bien  diftinguer  le  vray  d'avec  le  faux,   &  le  jufte  d'avec  Fin-- 
jufte,  qu'il  avoit  fçu  feparer  la  tête  du  corps  de  cet  opiniâtre. 

FARRAKH.:. 


î4  FARRAKH.  FARS. 

FARRAKH,  Nom  d'un  perfonnage,  qui  paffe  en  Perfe  pour  le  modèle 
achevé  de  la  juflice,  &  de  la  magnanimité,  auflî-bien  que  Feridoun.  AlTadi  Poëte 
Perfien  dit  :  Feridoun  &  Farrakh  n'étoient  pas  des  Anges  ;  leurs,  corps  n'étoient 
pas  compofez  ni  d'ambre  ,  ni  de  mufc:  c'elt  la  jullice  &  la  libéralité  qui  leur 
ont  acquis  cette  grande  réputation  qui  les  fait  refpefter  dans  l'hifloire.  Prati- 
quez ces  deux  vertus,  &  vous  deviendrez  un  Farrakh,  &  un  Feridoun. 

FARS,  les  Arabes  difcnt  que  Fars  étoit  fils  d'Azaz  ou  d'Arphaxad  fils  de 
Sem ,  fils  de  Noc,  Quelques-uns  le  font  néanmoins  defcendre  de  Japhet  , .  & 
tous  conviennent  qu'il  a  donné  fon  nom  à  la  Perfe,  que  l'on  appelle  le  pays 
de  Fars,  &  d'Agem  en  gênerai. 

Cependant  les  Perfans  prétendent  tirer  leur  origine  de  Kaiumarath  qui  eft 
parmi  eux,  ce  qu'ell  Adam  parmi  nous,  &  difent  qu'ils  ont  toujours  eu  des 
Roys  de  leur  nation  ,  dont  la  fucceUîon  n'a  été  interrompue  que  pendant  un 
efpace  de  tems  qui  n'elt  pas  confiderable. 

Les  Pilemites,  les  Curdes,  &  même  les  Turcs  Orientaux,  félon  quelques  Au- 
teurs, defcendent  des  Perfans.  Les  Dilemites  habitent  le  long  des  rivages  de 
la  mer  Cafpienne,  que  les  Orientaux  nomment  la  mer  de  Thailefan,  laquelle 
porte  auflî  le  nom  de  Dilem  à  caufe  du  voilinage  de  cette  nation. 

Pour  les  Curdes  qui  font  répandus  vers  Scheherezur  dans  l'Affyrie,  à  laquelle 
ils  ont  donné  le  nom  de  Curdiltan ,  plufieurs  veulent  qu'ils  foient  Arabes  d'ori- 
gine, &  qu'étant  venus  établir  leurs  demeures  dans  les  marais  des  Nabatheens, 
aux  emboucheures  de  l'Euphrate,  &  du  Tigre,  on  les  a  appeliez  Arabes  Agem, 
c'ell-à-dire ,  Arabes  Barbares,  nom  qui  cil  demeuré  depuis  aux  Perfans. 

Les  Turcs  fe  font  retirez  au  delà  du  Gihon,  c'eft-à-dire ,  du  fleuve  Amou  ou 
Oxus ,  dans  le  pays  qui  a  été  appelle  à  caufe  d'eux  le  Turkeffcan. 

Mais  pour  revenir  aux  Perfans ,  c'eft  une  nation  dont  la  Monarchie  &  h  Re- 
ligion font  fort  anciennes  ;  car  ils  reconnoilîent  pour  fondateur  de  l'une  &  de 
l'autre ,  leur  premier  Père  &  leur  premier  Roy  ;  c'eft  pourquoy  ils  appellent 
leur  Religion  Kaiumarathienne. 

Les  principes  de  leur  Religion  font  qu'il  y  a  un  Dieu  éternel  qu'ils  appellent 
en  leur  langue  Jezdân,  &  Oromazde  qui  eft  le  vray  Dieu,  appelle  parles  Ara- 
bes Allah,  auteur  de  tout  bien;  &  un  autre  créé  des  ténèbres,  auquel  ils  don- 
nent le  nom  d'Ahermcm  ,  qui  eft  proprement  l'Eblis  ou  le  Diable  des  Arabes, 
principe  de  tout  mal. 

Ils  ont  en  très-grande  vénération  la  lumière,  &  ont  une  extrême  horreur  des 
ténèbres,  ce  qui  les  porte  jufqu'à  la  fuperftition  d'adorer  le  feu. 

Cette  Religion  n'a  pas  fait  grand  bruit  jufc]u'à  Zerdacht  ou  Zeradafcht  (c'eft 
Zoroaflre)  qui  voulut  paiïer  pour  Prophète  parmi  eux,  &  leur  enfeigna  que  le 
Créateur  de  toutes  chofes  qui  ne  connoît  rien  de  femblable  à  luy  ,  a  produit 
la  lumière  &  les  ténèbres  ;  &  que  du  mélange  de  ces  deux  chofes ,  le  bien  &  le 
mal,  la  génération,  &:  la  corruption;  &  enfin  la  compofîtion  de  toutes  les  par- 
tics  du  monde  s'eft  faite  ,  &  llibfîftera  toujours  ,  jufqu'à  ce  que  la  lumière  fe 
retirant  à  part  d'un  côté,  &  les  ténèbres  de  l'autre,  cauferont  fa  deftruftion. 

^  Cette  doctrine  de  Zoroaflre  eft  celle  des  Parfis  appeliez  auffi  Mogdn ,   &  Ma- 
gious,  ou  Mages,  comme  aulîi  Ghebres  ,   lefquels  fe  tournent  toujours  vers  le 
Boleil  levant,  quand  ils  prient- 
Ben  Schohnah,  Auteur  fort  eftimé,  parle  ainfi  des  Perfans  dans  fon  Raoudhat 

alme- 


F  A  s.  25 

almenadhir,  &  leur  attribue  l'inflitution  d  une  réjoûifîànce  que  les  A'-abc*  a]5pel- 
lent  la  fête  des  Mages;  mais  il  n'en  fait  point  la  d.ic! iption ,  comm-  il  fuk  de 
celle  qu'ils  appellent  Rokoub  al  Kaoufage ,  célébrée  au  commencement  du  prin- 
.t«ms  en  la  manière  fuivante.  Un  homme  fans  barbe  &  fans  dencs,  monté  fur 
un  afne,  tient  d'une  main  un  corbeau  qui  bat  des  ailes,  &  qui  l'éventé,  &. de 
l'autre  une  baguette;  cet  homme  court  ainfi  par  toute  la  ville,  &  frappe  tous 
ceux  qu'il  rencontre  fur  fon  chemin,  c'eft  luy,  difent-iîs,  qui  chaife  l'hyver. 

Cette  fête  ell  affez  femblable  à  quelques  mafcarades  qui  fe  font  parmi  les 
Chrétiens,  dans  la  même  faifon.  Les  jours  que  les  Arabes  appellent  al  agiouz 
de  la  vieille ,  y  ont  auffi  du  rapport ,  &  il  femble  que  Ségar  la  vecchia  .  "^fcier 
la  vieille,  qui  fe  dit  en  Italie  au  milieu  du  carefme,  ait  pris  de-là  fon  origine. 

La  fête  appellée  Sedéh  ouSedouk,  dans  laquelle  les  Perflms  allument  de  grands 
feux  pendant  la  nuit,  autour  defquels  ils  font  des  feftins  &  desdmfes,  eil  des 
plus  folemnelles  parmi  eux;  les  Arabes  l'appellent  Leilatal  voiicoud,  l^oyez  les 
titres  de  Neurouz ,  de  Mihirgian ,  de  Tirghian ,  ^'Abrizghiàn ,  &;c. 

Le  mot  de  Fars  pris  plus  fpecialement ,  eft  la  Perfe  proprement  dite.  Cette 
Province  eil  bornée  à  l'Orient  par  celle  de  Kerman,  à  l'Occident  par  le  Khu- 
ziftan,  au  Midy  par  le  Golphe  Perfique,  &  au  Septentrion,  par  un  grand  defert 
qui  la  fepare  du  Khoraflan. 

Elle  a  160  parafantes  d'étendue  le  long  de  la  mer  Oceane  ,  ce  qui  revient 
à  300  lieues  Françoifes.  Jezd  cil  la  ville  la  plus  Orientale  de  cette  Province, 
&  celle  de  Hamadan  en  efl  la  plus  Occidentale ,  Gireft  ou  Sireft  la  plus  Méri- 
dionale, &  Rei  la  plus  Septentrionale. 

Le  grand  defert  dont  on  a  parlé ,  s'appelle  Naubendighian ,  &  il  appartient  en 
partie  au  Khoralfan  par  où  il  fe  joint  au  pays  de  Fars,  vers  les  villes  de  Co- 
rnus, de  Com,  de  Cafchian,  &  de  Rei,  &  en  partie  au  Segellan  &  au  Kerman. 
Toute  cette  grande  Province  eft  divifée  en  deux  parties  ,  celle  qui  efl  plus 
unie  s'appelle  Nerm,  qui  fignifie  douce  &  traitable,  celle  qui  ell  plus  raboteufe, 
fe  nomme  KouhelTar,  ou  GebâI. 

Voyez  ces  titres  éf  cpux  ii'Ellekhar,  de  Schiraz ,  ^'Esfahan  ,  de  Cazuin  ,  &  de 
Tauris,  qui  font  les  principales  villes  de  Perfe. 

Il  y  a  dans  la  Perfe  auprès  de  Hendekan  un  puits  qui  exhale  continuellement 
une  groffe  fumée,  dont  la  vapeur  efl  fi  maligne,  que  perfonne  n'ofe  en  appro- 
cher, &  les  oyfeaux  qui  palfent  par  delfus  ,  y  tombent  morts  infailliblement, 
comme  au  lac  d'Averne  dans  le  Royaume  de  Naples.    Meffahet  al  ardh. 

FAS  &  Fes,  Ville  de  la  Province  que  les  Arabes  appellent  Magreb  al  Acfa, 
le  dernier  Occident.  Elle  efl  fituée  à  18  dcgrez  de  longitude,  &  à  32  &  3  mi- 
nutes de  latitude  Septentrionale  félon  les  Tables  Arabiques  ,  &  cenfée  être  des 
dépendances  de  la  ville  de  Tangiah  qui  efl  Tanger. 

Le  Géographe  Perfien  écrit  dans  fon  troifième  climat  que  la  ville  de  Fes  ou 
Fez  efl  divifée  en  deux  parties,  qu'elle  a  douze  portes,  &  une  rivière  qui  coule 
le  long  de  fes  murailles,  laquelle  fait  moudre  foixante  moulins. 

On  y  voit  trois  grandes  Mofquées  principales  accompagnées  de  Collèges  & 
d'Hôpitaux,  &  plufieurs  belles  rues  garnies  de  boutiques  remplies  de  toutes  for- 
tes de  marchandifes ,  qui  la  rendent  la  plus  belle  &  la  plus  agréable  vDle  du 
Xttonde,  félon  ce  même  Auteur. 

Elle  a  été  long-tems  le  fiege  des  Princes  &  Sultans  de  la  Mauritanie;  mais 

ToMB  IL  D  elle 


j^  FASCHOUSCH.  F  A  T  H. 

elle  efl  aujourd'huy  fiijette  au  Roy  de  Maroc.  Il  faut  voir  fur  ce  fujet  l'hiftoire 
intitulée  Carthas,  compolce  par  Ebn  Zorâ  l'an  72.6  de  l'Hegire. 

L'on  appelle  ordinairement  en  Turquie  Pas,  ou  Faffi  ce  que  nous  nommons 
ordinairement  un  bonnet  de  Fez,  qui  eft  de  couleur  rouge,  &  d'une  laine  fort 
fine,  fabriquée  dans  la  ville  de  Fez. 

11  eft  forti  de  cette  ville  un  grand  nombre  de  fçavans  qui  prennent  tous,  le 
furnom  de  Faffi;  l'on  en  peut  voir  quelques-uns  plus  bas. 

FASCHOUSCH  fi  ahkam  Cara  coufch,  les  fimplicitez  de  Caracoufch.  Ce 
perfonnage  étoit  Vizir  du  Caire  en  Egypte  fous  le  règne  de  Saladin.  Soiouthi 
compofa  l'an  de  l'Hegire  899  ,  cet  Ouvrage  qui  eft  plein  de  rencontres  agréa- 
bles &  divertifiantes.    On  le  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n^.  1322. 

FASSA,  Ville  de  Perfe,  que  les  Naturels  du  pays  appellent  Rafla  &  Befla; 
ceux  qui  y  ont  pris  nailîance  ou  leur  origine,  font  furnommez  Faflaovi. 

F  AS  SI,  Surnom  de  Fakieddin  Mohammed  Ebn  Ahmed  Ali  Al  Hoflàini,. 
natif  de  Fez ,  &  habitant  de  la  ville  de  la  Mecque  où  il  fut  Cadhi.  Il  a  com- 
pofé  une  hiftoire  fort  ample  de  la  Mecque  en  plufieurs  volumes,  qui  ont  chacun 
d'eux  un  titre  particulier.  Ces  titres  font  Tohfat  alkerâm^  ScJ/afa  al  garam,  Acd 
al  timnin,  Ogialat  alkera,  ^c.     Cet  Auteur  mourut  l'an  de  l'Hegire  833. 

Faffi  ,  eft  auffi  le  furnom  de  Schehabeddin  Al  Mocri ,  Auteur  du  Ketab  Al 
Giamman.    Voyez  ce  titre  ^  ^  celui  dEhn  Catthân. 

FASSIH,  Livre  qui  enfeigne  l'élcgance  de  la  langue  Arabique,  compafé  par 
Aboul  Abbas  Ahmed  Ben  lahia  Al  Scheibani. 

F  ATAO  VA,  Décidons  des  points  de  Droit,  faites  par  les  Muftis  ou  Cadhis. 
Il  y  en  a  un  recueil  fait  par  le  Cadhi  Zakaria  ,  dans  la  Bibliothèque  du  Roy 
n^.  706,  qui  porte  auffi  le  titre  d'Eêiâm  u  Ehtemdm.  Un  Fetua  ou  Fetfa  à 
Conftantinople  eft  une  de  ces  decifions  du.  Mufti;  ce  nom  tire  fon  origine  du 
mot  Arabe  Fata,  qui  fignifie  décider  en  matière  de  droit. 

FAT  H  Al  Mouffih,  C'eft  un  Saint  des  Mufulmans,  dont  Jafeî  a  écrit  la  vie 
dans  la  78  fcdion  de  fon  Ouvrage. 

FAT  H  Al  abouâb  u  Hakikat  al  addb  ,  Titre  du  fixième  volume  que  Seidi 
Gcmali  a  écrit  tant  en  profe  qu'en  vers  fur  les  prérogatives  de  Mahomet.  Cet 
Ouvrage  eft  écrit  en  langue  Perfienne. 

FATH  Al  Coffi  fi  fath  al  Codfi;  Hiftoire  de  la  conquête  que  fît  Saladin  delà. 
ville  de  Jerufalem  l'an  de  l'Hegire  583,  de  J.  C.  11 87,  écrite  par  Mohammed 
Eb.i  Ahmed  furnommé  Emâd  Àl  Catcb  Al  Esfahani,  lequel  a  été  comparé  pour 
réloouence  à  Colf,  les  Arabes  ayant  parmi  eux  la  coutume  de  dire  d'un  excel- 
lent Orateur  :  Il  eft  plus  éloquent  que  Coll.  Ce  livre  eft  daiis  la  Bibliothèque 
du  Roy. 

FATH  Al  Schâm  ,  Hiftoire  de  la  conquête  que  les  Mufulmans  ont  faite  en 
divers  teras  de  la  ville  de  Damas  &  de  la  Syrie ,  écrite  par  Abou  Abdallah  Ben, 
Omar  Al  Vakodi.    Il  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy. 

FATH 


F  A  T  H.  FATHEMIAH.  27 

FATH  AI  ongioud  u  Scharh  al  gioud,  Eloge  divifé  en  24  chapitres,  &  ter- 
miné par  un  Poëme  Acroftiche  fur  Mahmoud  Pafcha  Gouverneur  d'Egypte.  Il 
cfl  dans  la  BibUotheque  du  Roy. 

FATH  Al  raouf  al  cadér,  &c.  Commentaire  fait  fur  le  Livre  intitulé  Emad 
al  red/ia,  qui  n'eft  qu'un  autre  commentaire  fur  les  Adâb  al  cadha,  livre  dans 
lequel  on  trouve  les  règles  qu'un  Cadhi  doit  fuivre  dans  fes  jugemens  félon  les 
principes  des  Schafeiens.    Il  ell  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n  -.  605. 

FATH  Al  Rahmàn  be  Cafchf  ma  iolbas  fil  Coran  ,  Explication  des  paflages 
les  plus  difficiles ,  &  les  plus  enveloppez  de  l'Alcoran  ,  compo;ee  par  Zakaria 
Ben  Mohammed  Al  Anfari  qui  a  emprunte  de  Fakhreddin  Al  Razi  ce  qu'il  a  mis 
de  meilleur  dan?  fon  hvre.    Il  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n".  583. 

FATHAVAT  ou  Fothovdt  Mekkiah ,  les  conquêtes  de  la  Mecque,  C'eft 
une  hiftoire  de  toutes  les  guerres  qui  fe  font  faites  en  divers  tems  au  fujet  de 
cette  ville.    Foyez  Bedr,  (Sec. 

FATHEAT  Al  ôloura  ,  les  ouvertures,  ou  les  clefs  des  fcienccs  ,  Livre 
d'Abou  Hamed  Al  Gazali,  divifé  en  fept  chapitres.  Il  ell  dans  la  Bibliothèque 
du  Roy  n'.  902. 

FAT  HEM  AH  &  Fathimah  ,  fille  de  Mahomet,  &  d'Aifchah  ,  naquit  à  la 
Mecque,  cinq  ans  avant  que  fon  père  voulût  palfer  pour  Prophète,  &  mourut 
fix  mois  après  lui  dans  la  ville  de  Medine,  âgée  feulement  de  28  ans.  Elle  fut 
mariée  à  Ali,  coufin  germain  de  Mahomet,  &  fut  mère  de  Haflan  &  de  Houffain. 
Les  Mufulmans  la  font  paifer  pour  une  femme  fort  vertueufe. 

FATHEMAH,  Reine  ou  Princeffe  des  Arabes  en  Syrie,  laquelle  ayant 
appris  par  fes  livres  qu'il  devoit  naître  d'Abdallah  Coraifchite  un  très-grand  Pro- 
phète ,  le  fit  rechercher  pour  l'cpoufer  ;  mais  la  deftince  de  mettre  au  monde 
Mahomet ,  étoit  refervée  à  une  autre. 

FATHEMIAH.  Doulat  al  Fathemiah:  La  dynafi:ie  des  Fathimites,  c'eft- 
à-dire,  des  Princes  qui  prétendoient  defcendre  en  ligne  direde  d'Ah,  &  de  Fa- 
thima  fille  de  Mahomet ,  fon  époufe. 

Cette  dynallie  commença  en  Afrique  l'an  de  l'Hegire  295,  de  J.  C.  908,  par 
Abou  Mohammed  Obeidallah,  lequel  fe  fit  fuivre  comme  un  Prophète,  chcdTa 
les  Aglebites  de  la  Province  proprement  dite  Afrique  ,  «Si  peu  après  les  Edriflites 
de  la  Barbarie,  Numidie,  «Se  Mauritanie  où  ils  regnoient. 

Ce  premier  fondateur  de  la  puifl^mce  des  Fathimites  qui  conquirent  enfuite 
l'Egypte ,  «Se  s'y  établirent  en  qualité  de  Khalifes  ,  prenort  le  titre  de  Mehedi 
qui  fignifie  le  Direfteur  des  Fidèles,  quoique  ce  titre  foit  refervé  au  douzième 
&  dernier  Imam  qui  ne  doit  paroître  qu'à  la  fin  du  monde. 

Plufieurs  ont  conteflé  à  ces  Princes  l'origine  qu'ils  prétendoient  tirer  d'Ali  «Se 
de  Fathima  :  quelques-uns  ont  écrit  que  ce  premier  Fondateur  de  la  dynailie 
s'appelloit  Sâid  Ben  Alimed  fils  d'Abdalla  Al  Kadâh ,  &  que  ce  furnom  de  Kadah 
lui  avoit  été  donné  ,  à  caufe  qu'il  avoit  les  yeux  fort  enfoncez  dans  la  tête  ; 
c'eft  ce  que  rapporte  Ben  Schonah.  Dahebi  dit  qu'il  n'y  a  que  les  ignorans  qui 
les  appellent  Fathimites,  car  bien  loin  de  defcendre  d'Ali  «Se  Fathima ,  l'on  avoit 

D  2  de 


ag  F  A  T  H  E  M  I  A  H. 

de  bonnes  preuves  que  le  grand  père  d'Obeidallah  étoit  Mage  ou  Juif  de  Reli- 
t^ion,  &  Serrurier  de  fon  métier,  exerçant  fon  art  dans  Salamiah,  ville  des  dépen- 
dances d'Emefle  en  Syrie.  Cette  origine  d'Obeidallah  eft  confirmée  par  Aboul 
Vahab  Al  Bafri,  &  par  Aboubecre  Al  Balani. 

Soiouthi  dans  la  préface  du  Tarikh  al  Kholafa  ou  Hiftoire  des  Khalifes  qu'il 
nous  a  laiflee ,  dit  qu  Aziz  fils  de  Moêz  le  Fathimite ,  Khalife  d'Egj^pte  ,  ayant 
écrit  à  celuy  d'Efpagne  qui  étoit  Ommiade  de  race  ,  &  fe  mocquant  du  titre 
de  Khalife  qu'il  prenoit,  vu  fon  origine,  celui-ci  lui  récrivit:  Vous  vous  moc- 
quez  de  moy ,  parce  que  vous  me  connoifl^ez  ;  fi  je  vous  connoiflbis  auffi  ,  je 
pourrois  vous  répondre.  L'on  dit  qu'Aziz  fe  fcntit  piqué  jufqu'au  vif  par  ces 
quatre  mots  qui  font  Arafcâna  hegi  ou-tana  laou  arafnak  Agibnak. 

Thabatheba  ayant  demandé  un  jour  à  Moêz  de  quelle  branche  des  Alides  il 
étoit,  ce  Khalife  tira  fon  épée  du  fourreau  ,  «&  lui  dit  ces  deux  mots  :  Hadha 
nesbi  :  voici  ma  généalogie  :  puis  jcttant  l'or  à  pleines  mains  à  iés  foldats ,  il 
ajouta:  Hadha  ghîji ,  voici  ma  race. 

Cader  billah  Khalife  de  la  race  des  Abbaffides  à  Ragdet,  voyant  que  les  Fa- 
thimites  ufurpoient  le  titre  fi  vénérable  parmi  les  Mufulmans  ,  de  Khalife  ,  fit 
faire  un  manifelle  contre  eux  dans  lequel  il  prétcndoit  prouver  qu'ils  n'apparte- 
iioient  en  aucune  manière  à  la  Maifon  d'Ali;  mais  qu'ils  étoient  Kharegiens  ou 
Se6laires  de  la  faftion  d'Ebn  Diiîlm. 

Cette  dynaftie  des  Fathimites  efl  auffî  fouvent  nommée  par  les  Auteurs  Al 
Khilafat  al  âloidat  ,  le  Khalifat  des  Alides  ou  Aliades  ,  c'eft-à-dire  ,  des  dcfcen- 
dans  d'Ali,  &  contient  la  fucceffion  de  quatorze  Princes  ou  Khalifes  fuivant  cet 
ordre  :  Obeidallah  ou  Mahadi.  Caiem.  Manfor.  Moêz.  Aziz.  Hakom.  Dhaher. 
MoHanfer.   Moftaâli.  Amer.   Hafedh.  Dhafer.   Faiez   &  Adhed. 

Il  eft  bon  de  remarquer  que  l'on  doit  ajouter  à  tous  ces  noms  LediJiillah ,  qui 
fignifie  dans  la  foy  ou  dans  la  Religion  de  Dieu,  comme  à  ceux  des  Khalifes 
Abbaffides,  les  mots  de  Billah,  Lillah,  ou  Bemr  illah,  qui  fignifîent  en  Dieu,  à 
Dieu,  &  par  le  commandement  de  Dieu,  ce  qui  a  allez  de  rapport  à  nôtre,  Par 
la  grâce  de  Dieu. 

La  durée  de  cette  dynaftie  depuis  que  Mahadi  fe  fit  connoître  à  Segelmafia 
en  l'année  296  de  l'Hegire ,  jufqu'à  la  mort  d'Adhed  qui  arriva  l'an  567  efl:  de 
172  années  Arabiques  de  lunaires. 

Il  efb  vray,  félon  le  témoignage  de  plufieurs  Auteu'rs,  qu'en  569  de  l'Hegire» 
deux  ans  après  la  mort  d'Adhed,  les  Egyptiens  voulurent  rétablir  le  Khalifat  dans 
Ja  Maifon  des  Alides,  &  avoient  déjà  jette  les  yeux  fur  Amarah  fils  d'Ah  leme- 
ni:  mais  ce  fut  fans  fuccez;  car  le  Khalife  de  Bagdet  y  fut  reconnu,  ce  qui 
dura  juf]u'en  l'an  656^  que  les  Tartares  abolirent  entièrement  le  Khalifat,  ce 
qui  n'empêcha  pas  cependant  que  la  Maifon  des  Abbaffides  n'ait  encore  pofiedé 
en  Egypte  i  au  moins  en  apparence,  cette  dignité  fous  les  Sultans  Mamlucs, 
jufqu'à  la  conquête  que  Sultan  Selim,  premier  du  nom,  fit  de  ce  Royaume. 

Pour  fçavoir  les  caufes  de  la  décadence ,  &  enfin  de  la  chute  entière  de  cette 
dynafl:iG,%7  faut  voir  les  titres  d'Mh^à,  &'  de  Snladin.  Je  me  contcnteray  d'in- 
férer icy  l'hiftoire  d'un  fongc  que  fit  Adhed,  félon  qu'elle  eft  rapportée  par 
Ben   Schohnah. 

Adhed  dernier  Khalife  de  la  dynafi:ie  des  Fathimites,  un  peu  avant  qu'il  fut 
dépofiTedé ,  vit  Cii  fonge  un  Scorpion  forti   de  la  JNIofquée  qui  le  vint  piquer. 

Ceux 


FATHIRAH.  FEHEREST.  29 

Ceux  qui  lui  expliquèrent  fon  fonge ,  lui  dirent ,  qu'il  pouvoit  fignifier  qu'un 
homme  de  cette  Mofquée  lui  ôteroit  fa  dignité,  ou  entreprendrait  ilir  fa  vie. 

Le  Khalife  far  cela  fit  venir  en  fa  prélènce  l'Intendant  de  la  Mofquée ,  & 
voulut  fçavoir  de  lui  qui  y  demeuroit;  l'Intendant  lui  dit,  que  c'étoit  un  vieil- 
lard qui  faifoit  profeffion  de  la  vie  Religieufe  des  Sofis  ,  nommé  Nagemeddin 
Al  Gioufchani.  Cet  homme  ayant  été  mené  devant  le  Khalife,  lui  avoiia,  qu'il 
étoit  venu -là  exprès  pour  fa  dépofition.  Adhed  confidérant  cet  homme,  le 
trouva  fi  foible  &  fi  miférablc ,  qu'il  ne  le  crut  pas  capable  d'une  telle  entre- 
prife  :  c'efl  pourquoy  il  lui  donna  l'aumône,  &  le  congédia  en  lui  difant:  Priez 
Dieu  pour  moi. 

Il  arriva  cependant  quelque  tems  après  que  Saladin  voulant  fe  rendre  le  maî- 
tre abfolu  de  l'Egj-ptc  ,  prit  la  réfolution  de  fupprimer  le  Khalifat  des  Alides, 
&  de  faire  reconnoître  celui  des  Abbaffides.  Il  fit  pour  cet  efi^et  une  aflïmblée 
géiierale  des  principaux  Chefs  &  Docteurs  de  la  loy,  où  cette  afi'aire  importan- 
te dcvoit  être  décidée.  Le  vieillard  ,  dont  nous  avons  parlé ,  ne  manqua  pas 
de  s'y  trouver ,  &  il  parla  fi  fortement  contre  les  vices  &  les  erreurs  des  Ali- 
des, qu'ils  furent  déclarez  infidèles  par  ce  Synode,  &  leur  Khalifat  aboli. 

Quoy  que  l'on  compte  quatorze  Princes  dans  cette  famille,  il  n'y  en  a  pour- 
tant qu'onze  qui  ayent  régné  en  Egypte  ;  car  les  trois  premiers  établirent  le 
fiége  de  leur  Khalifat  à  SegelmelFe  ,  à  Cairoan  ,  &  à  Mahadie  dans  l'Afrique  , 
&  ce  fut  le  quatrième,  nommé  Moêz,  qui  le  transfera  en  Egypte  dans  la  vil-- 
le  du  Caire,  qu'il  avoit  fait  bâtir,  où  il  a  fubfifté  pendant  le  cours  de  208  an- 
nées Arabiques. 

Ce  fut  l'an  362  de  l'Hegire  ,  de  J.  C.  972  ,  que  Moêz  ledinillah  entra  en 
Egypte,  &  que  l'on  celfa  d'y  reconnoître  le  Khalife  de  Bagdet,  qui  étoit  pour 
lors  Mothi  lillah  ;  mais  fes  prédecciïeurs  ,  outre  l'Afrique  qu'ils  pofTédoient , 
avoient  conquis  la  Sardaigne  &.  la  Sicile,  dès  l'an  920  de  Nôtre  Seigneur,  qui 
réppnd  au  308  de  l'Hegire. 

FATHIRAH.  L'Oblation  ou  Sacrifice  de  la  Méfie,  que  les  Mufulmans 
mettent  au  nombre  des  cinq  points  capitaux  de  la  foy  des  Chrétiens,  mot  Ara- 
be ,  qui  fignifie  proprement  la  fête  de  Pàque  ,  à  caufe  du  pain  azime  qui  y  eft 
confacré. 

FAT  H I R I ,  furnom  de  Mahmoud  Al  Cafchi ,  Auteur  d'un  commentaire  fur 
le  Poëme  d'Ebn  Faredh,  intitulé  Taiiah ,  qui  mourut  l'an  785  de  l'Hegire. 

FAZARI,  furnom  d'Abou  Ishak  ,  que  les  Mufulmans  révèrent  pour  faint  ; 
Jafëi  a  écrit  fa  vie  dans  la  fection  150  de  fon  hifloire. 

FA  Z I N I ,  furnom  d'un  Mohammed  Ben  Mohammed  ,  difciple  de  Gaiathed- 
din  Manfour.  Il  a  travaillé  fur  les  Elemens  d'Euclide ,  &  a  intitulé  fon  ouvra- 
ge Tahadhib  al  OJfoul. 

FEGANI  &  Figani,  les  Perfans  le  prononcent  Figoni.  C'efl  le  nom  d'un 
Poëte ,  qui  a  compofé  en  Perfien  un  Iskender  Nameh ,  c'efl-à-dire ,  une  hiflou-e 
d'Alexandre  le  Grand  en  vers.    Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  vers  Turcs. 

FEHEREST  &  Fihirifl:.  Feherefl:  Ebn  Nedira ,  Catalogue  de  livres  Arabes 
recueilli  par  Ebn  Nedim.' 

D  3  FEHIM, 


30  F  E  H  I  M. F  E  L  E  K. 

FEHIM,  furnom  de  Tageddin  Ali  Ben  Mohammed  Al  MoufTali,  Auteur  d'un 
livre  intitulé  Athàr  al  rabe4t, 

FEK  &  Fekehat,  l'étude  &  la  fcience  de  la  Loy,  la  JuriCprudence  ;  Fakih  , 
un  Dofteur  de  la  loy ,  ou ,  fi  vous  voulez  ,  un  Jurifconfulte.  C'eft  d'où  vient 
le  mot  Efpagnol  Alfaqui. 

Il  faut  remarquer,  que  l'Alcoran  étoit  chez  les  Mahometans  le  feul  livre  de 
leur  loi;  il  renferme,  par  conféquent,  tout  leur  Droit  civil  &  canonique,  pour 
parler  félon  nous,  &  comme  il  comprend  aufîi  toutes  les  véritez  qu'ils  doivent 
croire ,  il  s'enfuit  qu'un  Dofteur  en  cette  loy ,  ell  auiïï  Do6leur  en  Théologie 
à  leur  mode,  &  que  les  deux  profelîions^  de  Théologie  &  de  Droit,  font  chez 
eux  inféparables. 

Cette  loy,  fur  laquelle  eft  fondée  toute  la  Théologie  &  toute  la  Jurifpruden- 
ce  des  Mufulmans  ,  eft  donc  comprife  dans  l'Alcoran  ,  de  même  que  celle  des 
Juifs  l'eft  dans  les  cinq  livres  de  Moyfe;  c'eft  pourquoy  ils  appellent  par  excel- 
lence l'étude  qu'ils  en  font,  Ders,  c'eft-à-dire  ,  méditation,  mot  qu'ils  ont  em- 
prunté de  l'Hébreu  Derafch,  qui  fignifie  recherche  &  éclairciffement  de  la  loy, 
d'où  fe  forme  celuy  de  Darlchan  ,  qui  eft  chez  les  Juifs  un  Prédicateur  &  un 
Interprète  de  la  loy. 

On  trouve  dans  le  livre  intitulé  Uns  Jlmoncathein ,  une  fentence  ou  tradition 
de  Mahomet  en  ces  termes  :  La  chofe  la  plus  excellente  de  la  Religion  eft  la 
fcience  de  la  loy  ,  &  la  chofe  la  plus  excellente  de  la  loy  eft  l'obfervance  des 
commandemens  de  la  loy,  Dieu  ne  pouvant  être  plus  honoré  que  par  l'étude 
&  par  l'accomplilTement  de  fa  loy.  Il  ajoute  enfuite  ,  qu'un  homme  bien  verfé 
dans  la  loy,  eft  plus  fort  contre  le  Démon  que  mil  perfonnes  dévotes  &  pieu- 
fes  ;  &  il  en  rend  cette  raifon ,  qui  eft  que  chaque  chofe  étant  appuyée  fur  fon 
fondement ,  &  l'étude  de  la  loy  étant  le  fondement  &  la  colonne  de  la  Reli- 
gion, celui  qui  s'y  applique,  demeure  toujours  ferme  &  inébranlable. 

Moavie  fut  autrefois  qualifié  du  titre  de  Calil  alhadith,  c'eft-à-dire,  d'homme 
qui  s'attachoit  peu  aux  traditions  prétendues  de  Mahomet  &  de  Çqs  premiers 
compagnons;  &  il  difoit  fouvent  :  Appliquez-vous,  Mufulmans,  à  bien  étudier 
la  loy,  parce  que  j'ay  ouy  dire  au  JProphete  ,  que  Dieu  rend  celui  qu'il  aime, 
fçavant  dans  fa  loi. 

Il  eft  aifé  de  voir,  que  tous  ces  fentimens  font  pris  des  Pfeaumes  de  David, 
&  particulièrement  du  cent-dix- huitième. 

FEKEHAT  Allogat,  l'intelligence  de  la  langue  Arabique ,  Ouvrage  qui  con- 
tient les  mots  les  plus  propres  &  les  plus  recherchez  de  la  langue  Arabique  , 
rangez  fous  divers  titres  ,  à  la  manière  d'un  Onomafticon  ,  tel  qu'eft  celui  de 
Pollux  en  Grec,  &  le  Janiia  Ungiiarum  en  Latin.  Il  eft,  in  folio,  dans  la  Bi- 
bliothèque du  Cabinet  du  Grand-Duc.    C'eft  Thaalebi  qui  en  eft  l'Auteur. 

FEKHERL    Voyez  k  titre  d'Afchgi  Zadeh. 

FELE  K,  le  Ciel.  Ce  mot  Arabe,  auffi-bien  que  le  Perfien  Kerdoun,  fe  prend 
ordinairement  chez  les  Poètes  Orientaux  ,  pour  le  deftin  &  pour  la  fortune ,  à 
caufe  de  fes  révolutions  continuelles.  Dunia  &  Deher,  Gehan  &  Rouzghiar,  qui 
fignifient  en  Arabe  &  en  Pcrfien  le  monde ,  le  fiècle  &  le  tems ,  fe  prennent 

aulS 


F  E  L  E  K  I.  g, 

auflî  dans  le  même  fens.     Von  -peut  voir  ces  titres ,  pour  fçavoir  ce  que  difent 
les  Orientaux  fur  la  viciffitude  des  chofes  humaines.  j.o||| 

FELEKI,  furnom  d'un  Poëte  Perfien,  natif  de  la  province  de  Schirvan  ou 
Medie  des  anciens,  dont  le  nom  propre  eft  Aboul  Nazâm  Mohammed,  On  le 
qualifie  ordinairement  du  titre  de  Schems  al  Schoâra  ,  Soleil  des  Poètes  ,  &  de 
Melikal  fodhala ,  Roy  des  fçavans  ;  &  l'on  préfère  fa  poëfie  à  celle  de  Khaka- 
ni ,  &  à  celle  de  Zehir. 

Le  Sultan  Sâid  Ulugh  Begh  Mirza  dit,  qu'après  les  Poëmes  d'Envari ,  il  n'y 
a  point  de  poëfie  qui  ait  plus  de  force  que  la  fienne  ,  &  Hamdallah  Moftaoufi 
croit  qu'il  a  été  le  maître  de  Khakani  ;  mais  l'Auteur  du  Tezkereh  Afchoara 
réfute  cette  opinion ,  par  le  témoignage  du  Scheikh  Azéri  dans  fon  poëme ,  in- 
titulé Giavahir  al  afrdr,  où  il  aiTùre  ,  que  Feleki  &  Khacani  ont  été  tous  deux 
difciples  d'Aboulôla,  le  plus  illuftre  des  Poètes  Arabes. 

La  ville  où.  ce  Poëte  prit  naifîance  eft  Schumakhi,  ou,  comme  nous  l'appel- 
ions ,  Schamachie  ,  proche  le  rivage  de  la  mer  Cafpienne  ,  dans  la  province  de 
Schirvan,  dont  le  Prince  qu'il  a  entrepris  pai-ticulièreracnt  de  loiier,  étoit  pour 
lors  Manugeher  Schah,  auprès  duquel  il  avoit  grand  crédit. 

L'on  donne  le  furnom  de  Feleki  à  nôtre  Poëte ,  à  caufe  ,  dit  -  on  ,  du  com- 
merce qu'il  eut  au  fujet  de  fes  amours ,  dans  la  maifon  d'un  Ailrologue ,  qui 
lui  fit  naître  le  defir  d'apprendre  l'Allrologie ,  que  les  Arabes  appellent  Elm  al 
felek,  la  fcience  du  ciel.  11  fit  de  ïi  grands  progrcz  dans  cette  fcience  ,  qu'il 
compofa  même  un  traité  intitulé  Jhcdm  Nogioum  ,  des  jugemens  Aflrologiques  3 
ouvrage  fort  eftimé  par  les  gens  de  cette  profelîion. 

L'on  dit,  que  fes  amours  le  portèrent  à  un  fi  grand  excez  de  mélancholie , 
qu'il  refolut  de  rompre  tout  commerce  avec  les  hommes ,  &  de  fe  retirer  dans 
le  coin  d'une  maifon  écartée  ,  qui  étoit  à  l'extrémité  de  la  rue  où  loo-eoit  fa 
maîtrefl^e.  Il  y  compofa  d'abord  ce  quatrain  qu'il  lui  envoya  ,  où  il  s^'adrefle 
au  vent  qui  paffoit  devant  fa  porte  ,  avant  que  d'arriver  au  logis  de  fa  Dame, 
&  il  lui  dit  : 

La  rançon  âf  le  prix  de  ma  vie  fera  ta  récompenfe,  Jî  dajis  le  moment  que  tu  pas- 
feras  devant  le  logis  di  ma  maitrcjfe,  tu  lui  dis  ces  paroles: 

J'ay  vu  en  pajjant  au  coin  de  cette  rué  un  amant  éperdu ,  qui  prejfé  de  l'extrême 
d'fir  de  vous  voir  eft  fur  le  point  de  rendre  Came. 

Un  jour  ayant  appris  que  la  perfonne  qu'il  aimoit,  étoit  dans  fon  voifina-^e, 
&  qu'elle  lui  donnoit  part  de  fon  arrivée,  il  effuya  fes  larmes;  &  paflant  tout 
d'un  coup  à  une  extrême  joye ,  il  chanta  ces  vers  : 

Le  plaifir  que  fai  fenti  entendant  feulement  le  bruit  de  vos  pas: 

O  vous,  qui  afafinez  fur  les  grands  chemins  le  bon  fens  de  tous  vos  amants, 

Faffionné  que  je  fuis^  de   voir  l'unique  objet  de   tous  mes  fouhaits ,  après  mil  mo-^ 

mens  lattgufftants  d'une  foib.'e  efpérance. 
Ce  plaifir,  dis-je,  a  laijfé  enfin  échapper  mon  cœur  fur  les  prunelles  de  mes  yeux, 

âf  a  fait  courir  toute  mon  ame  à  la  porte  de  mon  oreille. 

Lorfqu'il  eut  le  bonheur  de  la  voir,  il  s'écria  :  Ne  croyez  pas  que  je  puiffe 

jamais  - 


32  FELEKI.  FERAIDH. 

jamais  avoir  de  la  patience  à  vôtre  égard  ,  ou  que   je  puifTe  demeurer  un  mo- 
ment éloigné  de  vous  :    Mais ,  que  dis-je ,  &  que  fais-je  ,   fi  je  n'ay  pas  de  pa- 
tience? puis  que  la  fortune  des  vrais  amants  efl  de  foufFrir  toujours. 
Il  fallut  pourtant  enfin  fe  féparer,  &  la  Dame  en  partant  chanta  ces  vers. 

Jufqv'à  ce  que  -vous  foyez  entier eme^it  perdu ,  quelque  playe  que  vous  fajje  l'amour , 
vous  lie  demanderez  jamais  au  Médecin  qu'il  vous  guérijfe. 

Ne  craignez  donc,  ni  mal,  ni  perte  dans  la  voye  de  l'amour  ;  car  fi  vous  ne  cejfez 
entièrement  d'être,  vous  ne  ferez  jamais  un  parfait  amant. 

Quoy  que  Feleki  fe  fût  rendu  excellent  dans  les  Mathématiques  ,  il  les  quitta 
cependant ,  pour  fe  donner  entièrement  à  la  Poëfie.  Il  nous  a  laiiTé  plufieurs 
de  fes  ouvrages,  dans  lefquels  on  compte  plus  de  quatorze  mil  vers,  qui  l'ont 
rendu  illuflre  dans  toute  la  Perfe.  Il  mourut  l'an  de  l'Hegire  577,  &  fut  en- 
terré dans  la  ville  royale  5chamachie.  Cet  abrégé  de  fa  vie  eft  mis  en  guife 
de  préface,  à  la  tête  de  fes  ouvrages,  en  langue  Perfienne. 

FELEKI,  furnom  d'Aboulfadhl ,  qui  a  travaillé  fur  les  Efma.  Voyez  ce  titre. 

FELVARIS  Ai.  C'eft  ainfi  que  les  Turcs  appellent  le  mois  de  Février  du 
Calendrier  Julien;  ils  difent,  qu'il  correfpond  au  mois,  nommé  dans  le  Calen- 
drier Syrien  5  Schubat,  &  le  comptent  pour  le  dernier  mois  de  l'hyver.  Ils  fe 
fervent  beaucoup  dans  leiu-s  Ephémerides ,  auffi  -  bien  que  les  autres  Orientaux , 
du  Calendrier  Julien. 

FENEK  ou  Fenk;  les  Aftronomes  du  Cathai  &  del'Igur,   au  rapport  d'U- 

'  \\i^h  Begh  ,    divifent  le  jour  civil  de  24  heures  en  douze  parties  égales  ,   qu'ils 

appellent  Tchagh,  &  chaque  Tchagh  en  huit  parties  qu'ils  nomment  Keh:  Mais 

par  une  autre  divifion  plus  particulière,   ils  partagent   nos  vingt -quatre  heures 

en  dix  mil  parties,  dont  chacune  eft  nommée  Fenk. 

Ces  mêmes  Aftronomes  ne  mefurent  pas  cet  efpace  de  24  heures  d'un  midy 
à  l'autre,  comme  font  tous  les  autres  Mathématiciens  de  l'Orient  &  de  l'Occi- 
dent ;  mais  d'un  minuit  à  l'autre,  ce  qui  leur  eft  particulier. 

FERAIDH,  les  commandemens  &  les  obligations  de  la  Religion  Mufulma- 
ne.  Seragiah  ,  Auteur  célèbre  ,  en  a  fait  un  livre  fort  eftimé  des  gens  de  fa 
fefte,  qui  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n°.  714. 

Cet  Auteur  ,  avant  que  d'entrer  en  matière  ,  difcoure  de  toutes  les  qualitez 
qui  tombent  fur  les  différentes  chofes  ,qui  font  commandées  ou  défendues  par 
la  loi.    Cette  diftinftion  eft  curieufe. 

Il  dit  premièrement  ,  que  tout  ce  gui  eft  clairement  déclaré  dans  la  parole 
de  Dieu,  laquelle  félon  lui  eft  l'Alcoran,  s'appelle  Fardh  ,  &  que  quiconque  ne 
le  reçoit  pas,  eft  infidèle. 

Vagcb  s'appelle  tout  ce  qui  eft  clair  par  la  raifon:  celui  qui  ne  l'obferve  pas 
eft  un  ignorant  &  un  miférable,  mais  il  n'eft  pas  infidèle. 

Sunnah  ou  Tradition.  Il  y  a  du  mérite  à  l'obferver,  &  celui  qui  ne  l'obfer- 
ve pas  eft  digne  de  réprimende,  mais  non  pas  de  punition. 

Moftehcb  eft  ce  qui  mérite  d'ôti-e  obfcrvé  ;  &  ce  qui  ne  l'étant  pas ,  n'obli- 
ge ni  à  punition,  ni  .à  repréhenfion. 

Mobah 


F  E  R  A  O  U  N.  35 

Mobah  efl  tout  ce  qui  peut  être  obfervé  ,  ou  obrais  également  &  fans  dif- 
tinftion. 

Macrouh  eft  une  chofe  pour  laquelle  on  ne  loiie  point  celuy  qui  s'en  abllient, 
&  on  ne  blâme  point  celui  qui  en  ufe. 

Harâm  efl  ce  qui  mérite  repréhenfion  &  punition,  en  un  mot,  ce  qui  efl  dé- 
fendu expreiïëment  par  la  loy  ;  &  le  contraire  de  Halal ,  qui  fignifie  tout  ce  qui 
efl  permis  par  la  même  loy. 

Adab  tombe  fur  tout  ce  que  le  Prophète,  c'efl-à-dire ,  Mahomet,  a  pratiqué 
une  ou  deux  fois. 

FERAOUN  &  Firaoun;  les  Mufulmans  appellent  Feraoun  celui  que  les  Hé- 
breux nomment  Perô ,  &  nous  autres  Pharaon ,  &  ils  difcnt ,  que  ce  mot  efl  un 
titre  que  prenoient  les  anciens  Roys  d'Egypte  ,  de  même  que  les  fucceffeurs 
d'Alexandre  ont  pris  celui  de  Ptolomée.  Ainfi  le  nom  de  Refera  ou  Khofroes 
étoit  commun  à  tous  les  Roys  de  Perfe  de  la  quatrième  dynaflie ,  que  l'on  nom- 
me auflî  des  Saffanides,  celui  de  Cailfar  auv  F2mpereurs  Grecs  &  Romains,  ce- 
lui de  Khacàn  aux  Tartares ,  de  Fagfour  aux  Chinois,  &  de  Tobâ  aux  Roys 
de  riemen  ou  Arabie  Hcureufe. 

Le  Pharaon  ,  qui  regnoit  en  Egypte  lorfque  Jacob  y  vint  avec  fcs  enfans  , 
s'appelloit  félon  les  Arabes  Rian ,  celui  qui  lui  fucceda  Malfàab,  &  celui  auquel 
Moyfe  s'adreffa  Cabous  ou  Valid. 

Le  premier  éleva  Jofcph  à  ce  point  de  grandeur  que  les  faintes  Ecritures 
marquent,  le  fécond  continua  à  bien  traiter  les  Juifs,  en  conOdcration  des  grands 
fervices  que  Jofeph  avoit  rendus  à  fon  père  :  mais  le  troilième  ayant  oublié  Jo- 
feph ,  s'oublia  fi  fort  lui-même,  que  de  vouloir  palfer  pour  une  divinité  ,  di- 
fant  à  fes  peuples  /ina  liakom  ,  je  fuis  vôtre  fouverain  Maître,  c'efl-à-dire, 
vôtre  Dieu. 

Il  maltraita  fort  les  Ifraëlites,  à  caufe  qu'ils  réfufoient  de  le  reconnoître  pour 
tel ,  &  il  leur  dit  :  Jofeph  étoit  un  efclave  ,  acheté  à  prix  d'argent  par  un  de 
mes  prédecelfeurs  ,  &  par  conféquent  vous  êtes  tous  mes  efclaves  ;  &  fur  ce 
fondement,  il  les  reduifit  en  fervituJe  jufqu'au  tcms  que  Moyfe  les  délivra  de 
fcs  mains. 

C'efl  ainfi  que  parlent  les  Interprètes  de  l'Alcoran  fur  le  chapitre  Aaraf. 

Le  Tarikh  Âfontekheb  veut ,  que  les  Pharaons  appeliez  par  les  Arabes  Faraê- 
nah  ,  foient  de  la  race  d'Ad  ,  Père  de  la  Tribu  des  Adites  ,  &  que  Valid  ou 
Velid,  qui  fut  fubmergé  dans  la  mer  rouge,  vcquit  du  tems  de  Manugeher , 
Roy  de  Perfe  de  la  première  dynaflie. 

Les  Alides  ,  qui  ne  pouvoient  foulfrir  que  le  Khalifat  fût  hors  de  leur  Mai- 
fon,  appelaient  les  Ommiades  Faraenah  Béni  Ommiah,  les  Pharaons  de  la  Mai- 
fon  d'Ommie  ,  &  les  Arabes  appellent  auffi  généralement  du  nom  de  Pharaon 
toutes  les  tribus  ou  familles  des  impies  &  des  infidèles. 

Dans  le  chapitre  de  l'Alcoran,  intitulé  Nazéat ^  l'on  trouve,  que  Pharaon  vint 
jufqu'à  cet  excez  d'orgueil  &  d'impiété,  qu'il  prononça  ces  paroles:  Je  fuis  yo- 
tre  -fouverain  Seimeur ,  Éf  le  plus  grand  de  tous  vos  Dieux:  mais  Dieu  punit  fa  té- 
mérité  en  ce  monde-cy  ^  en  l'autre.  D  fut  en  effet  fubmergé  dans  les  eaux  de  la 
mer  rouge,  &  fut  condanné  au  feu  éternel  de  l'enfer,  difent  les  Interprètes, 

Cafchiri  dit,  dans  fon  Livre  intitulé  Lathaif ^  que  le  Démon  ayant  entendu 
ces  paroles  de  Pharaon,  fc  plaignit  de  ce  que  pour  avoir  feulement  tente  Adam 

ÏOME  IL  E  du 


54  F  E  R  A  O  U  N. 

du  dsfir  d'une  fcience  égale  à  celle  de  Dieu  ,  il  fe  trouvoit  en  un  état  fi  m'- 
lerable,  &  que  Tharaon  ,  qui  avoit  voulu  palTer  pour  Dieu  même,  n'étoit  paa 
plus  puni  que  lui. 

Quelques-uns  veulent,  que  ces  deux  peines  auxquelles  Pharaon  a  été  condam- 
né, regardent  les  deux  paroles  impies  qu  il  profera,  la  première  qui  ell  rappor-- 
tée  cy^delTus ,  &  la  féconda  qui  fe  trouve  couchée  ailleurs.  Je  ne  crois  pas  quil 
y  ait  pour  vous  d'autre  Dku  que  moi:  Et  plufieurs  avancent,  que  cet  impie  de- 
meura pendant  Tefpace  de  quarante  ans  dans  ce  fentiment. 

Le  Scheik  Ah-eddou'at  rapporte,  qu'étant  allé  vifiter  HoufTain,  fils  de  Man- 
for,  furnommé  Hallage,  il  le  trouva  ravi  en  extafe,  ce  qu'ayant  vu,  il  lui  vint 
dans  l'efprit  cette  peniée:  Pourquoy  Pharaon  pour  avoir  dit,  Je  fuis  vôtre  Dieu^ 
eft-il  condamné  aux  fiâmes  éternelles  ;  &  que  Houlfain  qui  dit  :  Je  fuis  Dieu  , 
eft-il  élevé  au  plus  haut  degré  de  la  contemplation ,  &  jouit-il  en  ce  monde  des 
délices  du  paradis? 

Dans  le  tcms  que  je  faifois  cette  réflexion ,  dit  le  Scheik ,  une  voix  fe  fit  en- 
tendre ,  en  ces  termes  :  Pharaon  difant  ces  paroles ,  ne  regardoit  que  lui-même , 
&  m'avoit  entièrement  oublié ,  &  HoufTain  en  les  proférant  ne  penfe  qu'à  moy, 
&  s'eft  oublié  lui-même.  Pharaon  blafphemoit  &  m'abandonnoit,  HoufTain  s'u- 
nit à  moi  &  m'adore.  Ce  ,  je  fuis  ^  dans  la  perfonne  de  Pharaon  ,  étoit  une 
malédiftion  pour  luy  :  ce  ,  je  fuis ,  dans  celle  de  HoufTain  ,  efl  un  efTet  de  ma 
miféricorde.  Enfin,  ce  Tyran  étoit  l'ennemi  déclaré  de  la  fouveraine  Vérité, 
&  celui-cy  en  ell  un  amant  paflionné ,  &  ti'anfporté.    Voyez  Le  titre  de  cet  Houf- 

L'hifloire  de  Pharaon  e(t  rapportée  par  lambeaux  en  plufieurs  endroits  de  TAl- 
coran.  Dans  le  chapitre  de  Jonas  ,  Mahomet  fait  dire  à  Dieu  les  paroles  fui- 
vantes  :  Nous  avons  fait  pafer  la  mer  aux  enfans  d'Ifraël  ,  Pharaon  les  pourfuivit 
avec  fon  armée  pour  les  perdre,  jufqiià  ce  qu'il  fe  noyai  lorfqu'il  fe  vit  à  l'extré- 
mité de  fa  vie,  il  dit:  Je  croy  qu'il  ny  a  point  d'autre  Dieu  que  celui  des  Ifraëli' 
tes,  ce(î  en  lui  qu'ils  croyenî ,  &  je  protejîe,  que  je  fuis  aujfi  du  nombre  des  Fidè- 
les, On  lui  dit  alors  :  Vous  avez  été  rebelle  jufqu'icy ,  6?  n'avez  employé  votre  vie 
qu'à  offenfr  Dieu  ,  vous  augmenterez  maintenant  le  nombre  de  ceux  qui  font  perdus 
fans  refource.  Dieu  lui  dit  encore  :  Je  retirerai  aujourd'hui  vôtre  corps  mort  du 
milieu  'des  eaux  ,  afin  qu'il  ferve  de  figne  èP  de  monument  de  vôtre  rébellion  ,  ^  de 
ma  puiffance  à  ceux  qui  viendront  après  vous. 

Les  "Interprètes  Mufulmans  ont  chargé,  félon  leur  coutume,  cette  hifloire  de 
plufieurs  contes  fabuleux  ;  il  ne  fera  pas  inutile  d'en  rapporter  quelques  -  uns. 
Ils  difent  premièrement  ,  qu'il  faut  voir  dans  le  chapitre  Schoara  de  quelle  ma- 
nière  Moyfe  fendit  les  eaux  de  la  mer  rouge,  pour  ouvrir  le  palîage  aux  Ifraë- 
lites,  après  quoy  voici  comme  Pharaon  y  entra. 

Gabriel  ,  l'Ange  conducteur  de  ce  peuple  ,  monté  fur  une  hacquenée  ,  étant 
demeuré  le  dernier  de  tous  fur  le  bord  de  la  mer  du  côté  d'Egypte  ,  Pharaon 
y  arriva,  &  voyant  la  mer  entr'ouverte,  qui  lui  frayoit  un  chemin,  il  ne  vou- 
loit  point  y  entrer  ;  mais  fon  cheval  attiré  par  l'odeur  de  la  hacquenée  de  Ga- 
briël  ,  l'emporta  ,  &  fit  que  toutes  les  troupes  qui  fuivoient  leur  Prince  ,  fe 
trouvèrent  fans  y  penfer  au  milieu  de  la  mer  ,  laquelle  en  fe  refermant ,.  les. 
engloutit  tous. 

L'Auteur  des  Medarek  dît  ,  que  Pharaon  fe  voyant  dans  cette  extrémité  ,  fît 
une  déclaration  &   profefîion  de  foi  en  trois  manières  difl'érentes,  lorfqu'il  n'é- 

toit 


F  È  R  A  O  U  N.  3j 

toit  plus  tems ,  &  qu'une  feule  de  ces  trois  formules  lui  auroit  auti-efois  fuffi  : 
c'efl  pourquoy  Gabriel  lui  dit  :  Vous  n'êtes  plus  en  état  de  choifir  ,  vous  en 
avez  perdu  l'occafion. 

Le  même  Auteur  &  celui  de  Tebiiân  écrivent ,  que  ce  même  Ange  s'étoit 
prefenté  autrefois  devant  Pharaon,  fous  une  figure  empruntée,  &  lui  avoit  pro- 
poie  un  cas  à  décider  en  cette  manière:  Un  maître  avoit  un  efclave  qu'il  avoit 
élevé  &  diftingué  de  tous  fcs  compagnons  ,  par  une  infinité  de  faveurs  dont  il 
l'avoit  comblé.  Cet  efclave  oubliant  fa  condition  &  les  grâces  qu'il  avoit  reçues 
de  fon  maître,  devint  fi  méconnoiffant ,  qu'au  lieu  de  demeurer  dans  l'obcilTan- 
ce ,  il  entreprit  de  faire  le  maître  ,  &  palfa  dans  une  rébellion  ouverte  contre 
fon  Seigneur. 

Pharaon  n'eut  pas  plutôt  ouy  ce  récit,  qu'il  fîgna  de  fa  propre  main  la  condam- 
nation de  l'efclave,  &  déclara  qu'il  méritoit  d'être  jette  &  noyé  dans  la  mer. 
L'Ange ,  qui  avoit  gardé  cette  fentence  de  Pharaon  par  écrit ,  ne  manqua  pas 
de  la  lui  préfenter  ,  lorfqu'il  fut  fur  le  point  d'être  enfcveli  dans  les  eaux  de 
la  mer  ,  &  lui  dit  pour  dernier  adieu  ces  pai'oles  :  Vous  vous  êtes  condam- 
né vous-même,  &  vous  ne  fouffrez  que  ce  que  vous  avez  mérité  de  vôtre  pro- 
pre aveu. 

Les  Ifraëlites,  après  avoir  pafle  la  mer  ,  ne  furent  pas  encore  délivrez  de 
toute  forte  de  crainte;  car  ne  fçachans  pas  que  Pharaon  fut  péri  dans  les  eaux, 
ils  appréhendèrent  qu'il  ne  fill  préparer  des  vaiffeaux  pour  la  palier,  &  ne  les 
pourfuivît  jufques  dans  le  defert  :  c'ell  pourquoy,  difent  les  Mufulmans  en  con- 
tinuant leurs  fables  :  Dieu  fit  venir  au-delTus  de  l'eau  à  la  vue  de  leur  camp , 
le  corps  de  Pharaon  qui  fut  reconnu  à  la  cuirafl'e  de  fer  qu'il  portoit ,  &  ce 
miracle  de  faire  flotter  un  corps  chargé  de  fer  les  alfurant  de  plus  en  plus  de 
la  proteffion  de  Dieu,  leur  ôta  toute  forte  d'inquiétude. 

Les  Egyptiens ,  qui  ne  voyoient  point  revenir  leur  Roy ,  difoient ,  qu'il 
étoit  allé  dans  quelque  Ifle  de  la  mer  ,  pour  y  chafl'er  aux  oyfeaux  ou  pour  y 
pêcher;  mais  Dieu  fit  encore  un  autre  miracle,  car  les  vagues  de  la  mer  pouf- 
fèrent le  corps  de  Pharaon  fur  un  des  rivages  les  plus  élevez  de  cette  mer  du 
côté  de  l'Egypte,  afin  qu'il  fût  vu  de  tous  fes  fujets  ,  &  que  l'on  ne  doutât 
point  de  fa  mort. 

Ce  fut-là  ce  figne  dont  il  ell  parlé  dans  ce  verfet,  &  un  exemple  à  fes  fuc- 
ceifeurs  &  à  tous  les  plus  grands  Roys  de  la  terre ,  afin  que  celui  qui  eft  par 
nature  un  efclave,  foûmis  à  la  domination  du  fouverain  Maître,  comme  tous  les 
autres  hommes,  ne  dife  pas  comme  Pharaon:  Je  fuis  vôtre  fouverain  Seigneur  ^ 
Maître^  titre  qui  n'appartient  qu'à  Dieu  feul. 

Un  Poëte  Perfien  dit  fur  ce  fujet  :  Quelle  ignorance  n'efl-ce  pas  à  un  hom- 
me qui  ell  efclave  du  fommeil,  du  boire  &  du  manger,  de  fe  vanter  d'être  in- 
dépendant &  abfolu;  &  que  celui  qui  eft  fi  foible  à  l'égard  de  foi-même  ,  falTe 
tant  de  bruit  du  pouvoir  qu'il  a  fur  les  autres? 

Dans  le  livre  intitulé  Lathaif,  Lamai  rapporte  ,  que  Pharaon  tenoit  fouvent 
çonfeil  avec  le  Démon  &  qu'il  lui  avoit  fait  plufieurs  inftances  ,  afin  qu'il  le 
lift  paifer  auprès  de  fes  fujets  pour  une  Divinité.  Le  Démon  lui  répondoit  • 
toujours,  qu'il  n'étoit  pas  encore  tems  ,  &  qu'il  ne  manqueroit  pas  de  le  fatis- 
faire  en  tems  &  lieu.  Sur  ceci  l'Auteur  s'écrie  :  Quelle  folie  n'eft-ce  pas  à 
un  homme  de  vouloir  paifer  pour  Dieu  ,  pendant  que  fouvent  la  faim  &  la 
maladie  le  preffent  :  Tu  te  veux  élever ,  malheureux ,  au  -  defllis  de  la  condi- 

E  2  tion 


3^  F  E  R  A  O  U  N. 

tion  des  autres  hommes ,  &  tu  as  befoin  de  fubvenir  à  tes  nécefîîtez  ,  com- 
me eux. 

Un  jour  enfin  le  Dé.non  le  vint  trouver  &  lui  dit  :  Le  tems  efl  venu  de  f.ù- 
re  publier  vôtre  Divinité.  Piiaraon  lui  demand.i  alors  .*  Pourquoy  avez-vous  at- 
tendu prcciilment  jufqucà  ce  tems-cy  pour  accomplir  vôtre  promefle.  Le  Dé- 
mon lui  répliqua  :  C'ell  que  vous  vous  êtes  11  mal  comporté  ,  &  avez  fi  mal 
gouverné  vos  Etats  juiqu'à  ce  tems -ci,  qu'aucun  de  vos  llijets  ne  vous  peut 
plus  foulFrir,  de  forte  que  déformais  ils  fe  révolteront  tous  contre  vous,  à  moins 
que  vous  ne  palliez  dans  leurs  efprits  pour  un  Dieu  :  car  lorfqu  ils  auront  cet- 
te croyance,  tout  ce  que  vous  ferez,  &  tout  ce  que  vous  direz  pour  extrava- 
gant qu'il  puilic  être,  fera  regardé  &  écouté  avec  refpeft. 

La  moralité  de  cette  fable  ell ,  qu'il  n'y  a  que  les  infenfez  qui  puilTent  con- 
cevoir des  penfées  fi  vaines  ,  ce  qui  fait  conclure  à  Lamaï  fon  conte  par  cet- 
te réflexion  inftruftive.  Quand  un  homme  de  peu  de  valeur  feroit  élevé  juf- 
ques  fur  le  trône,  il  ne  paifera  jamais  pour  un  grand  Roy.  L'homme  dénué  de 
mérite  ne  trouve  point  d'élévation  dans  la  grandeur  même.  Vous  voyez  fou- 
vent  une  vapeur  s'élever  de  terre  julqu'au  ciel  &  former  une  nuée  éclatante  ; 
mais  elle  a  beau  monter,  elle  n'arrivera  jamais  jufqu'au  Soleil,  ni  même  jufqu'au 
plus  bas  des  planètes.  En  effet  ,  toutes  ces  Lunes  que  l'on  employé  aux  orne- 
mens  des  bàtimens  &  des  habits  pourroient- elles  jamais  attirer  l'admiration  des 
hommes  Lien  fenfcz,  comme  fait  l'Aftre  véritable  de  la  nuit. 

Les  Magiciens  de  Pharaon ,  fuivant  le  fentiment  des  Mufulmans  ,  s'étant  con- 
vertis à  la  vue  des  véritables  miracles  de  Moyfe,  par  lefquels  leurs  preftiges  & 
leurs  impoilures  furent  entièrement  difîipées ,  ce  Prince  ii-rité  les  foupçonna  être 
d'intelligence  avec  JVIoyfe,  &  les  condamna  tous  à  la  mort. 

Ces  Profclytes ,  bien  loin  d'être  épouvantez  par  la  crainte  des  fupplices ,  s'af. 
fermirent  de  plus  en  plus  dans  la  foi  du  vrai  Dieu,  &  témoignèrent  une  très- 
grande  joye  de  mourir  pour  fon  amour  ;  c'eft  ce  qui  leur  lit  dire  à  Pharaon  : 
Non  feulement  nous  ne  craignons  pas  la  mort  ;  mais  nous  la  fouhaitons  plus 
ardemment  qu'une  perfonne  alt>jrée  ne  dcfire  l'eau  la  plus  fraîche.  Nôtre  mort 
ne  fera  qu'un  retour  ;i  Dieu,  &  qui  ell  celui  qui  ne  doive  pas  foupirer  après 
ce  retour  ? 

Gelaleddin  Mohammed  Al  Balkhi  chante  fur  ce  fujet  :  Nos  âmes  font  enfer- 
mées dans  des  vafes  d'argille  ,  qui  ne  font  que  terre  &  eau.  Quand  elles  font 
une  fois  dépêtrées  de  cette  boue,  avec  combien  de  joye  vont -elles  fautant  & 
bondiffmt  dans  les  airs  de  la  Divinité.  Elles  paroiffent  comme  autant  de  lunes 
dans  leur  plein,  auxquelles  il  ne  manque  plus  rien  de  leur  éclat.  Auflî-tôt  que 
le  voile  dont  elles  étoient  enveloppées  efl  levé ,  combien  d'ouvertures  ne  trou- 
vent elles  pas  pour  aller  voir  &  poffeder  leur  Bien -aimé.  C'efl  alors  qu'elles 
font  retentir  tout  l'empyrée  de  leurs  cantiques  ,  &  qu'elles  redifent  inceffam- 
ment  ces  paroles  :  Piût  à  Dieu,  que  tous  les  hommes  fçuffent  &  connuffjnt. 

Les  Chrétiens  Orientaux,  félon  le  témoignage  d'Ebn  Batrik,  donnent  le  nom 
d'Amious ,  au  Pharaon  de  Moyfe  qui  fut  fubmergé.  Il  y  a  au/îi  des  Mufulmans 
qui  le  nomment  Sendn  Ben  Uluân.  Le  nom  d'Amious  femble  avoir  quelque  rap- 
port à  celui  d'Amafis,  ancien  Roy  d'Egypte,  fort  connu  des  Grecs. 

Il  y  a  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n^.  1121,  un  livre,  intitulé  Ketâb  fi  imîn 
Fdrao'tn,  oli  il  efl:  traité  de  la  profeffion  de  foi  ,  <Sc.de  la  pénitence  trop  tardi- 
ve de  ce  Prince. 


FERARIGE.  F  E  R  I  D  O  U  N.  3^ 

n  y  avoit  autrefois ,  félon  le  Géographe  Perfien ,  un  lieu  proche  la  ville  da 
Colzum,  qui  portoit  le  nom  de  Kiofchk  Feraoun,  c'eil-à-dire ,  le  Balcon  ou  le 
Portique  de  Pharaon.     Foyez  le  tare  de  Moulfa  ou  Moyfe. 

FERARIGE.  Màmal  al  ferarige,  l'art  de  faire  éclore  des  pouflins  dans  un 
four,  qui  n'cft  en  ufage  qu'en  Egypte.     Foycz  le  tare  ûlê  Giavaher  Bohour. 

FER  CAD,  Auteur  eflimé  ,  également  pour  fa  doftrine  &  pour  ft  piété, 
par  les  IMululmans.  On  cite  de  lui  cette  fentence  :  Faites  état  que  ce  monde- 
cy  n'cft  qu'une  nourrice  étrangère  &  empruntée  ,  &  que  l'autre  vie  eft  vôtre 
\''.ritable  mère  ,  &  coniiderez  que  le  Faon  ,  qui  tette  une  autre  biche  que  fa 
mère,  ne  commence  pas  plutôt  à  fe  fentir  &  à  fauter,  qu'il  abandonne  fa  nour- 
rice pour  courir  vers  la  mère. 

FERDOUSI ,  furnom  de  Haiîlui  Ben  Scharf  ou  Scharfschah ,  auquel  on  a  don^ 
ne  le  titre  de  Danifchmcnd  Agcm  ,  le  Sçavant  de  Perle.  C'eft  le  plus  célèbre 
Poëte  que  la  Perfe  nous  ait  donné ,  dont  le  Poëme  intitulé  ^chahnameh  ,  c'eft- 
à-dire,  l'hiftoire  ou  les  Annales  des  Roys  de  Perfe,  eft  le  plus  fameux  de  tout 
l'Orient. 

Ferdoufi  le  compofa  en  foixante  mil  vers ,  dont  chacun  cflr  proprement  un  de 
nos  Diftiques,  à  la  requifition  du  Sultan  Mahmoud,  fils  de  Scbccteghin,  qui  ne 
l'ayant  recompenfé  que  de  foixante  mille  drachmes  d'argent ,  ce  Poëte  irrité  en 
eut  tant  de  dépit,  qu'il  quitta  la  Cour  du  Sultan,  &  fie  des  vers  contre  lui.  Il 
mourut  à  Thous  ,  fa  patrie,  l'an  de  i'Hcgire  411.  On  l'appelle  ordinairement 
Ferdoufi  Thoufi. 

On  parlera  ailleurs  plus  au  long  des  avanturcs  de  ce  Poëte.  Foyez  cependant 
le  titre  de  Schahnameh. 

FERIDOUN  &  Afridoun,  feptième  Roy  de  Perfe  de  la  première  race  ou 
dynaftie  ,  étoit  fils  d'Apiten  ou  Alkian  ,  Prince  qui  defcendoit  de  la  lignée  de 
Giarafchid.  11  défit  en  bataille  rangée  Zohak,  ufurpateur  de  la  couronne  de  Per- 
fe, il  le  fit  prifonnier  &  le  tint  fous  bonne  garde  dans  une  grotte  dé  la  mon- 
tagne de  Damavend.  Le  jour  qu'il  gagna  cette  fameufe  bataille,  &  qui  délivra 
la  Perfe  de  la  tyrannie  de  Zohak  ,  fut  appelle  par  les  Perfans  iVIihirgian  ,  & 
tombe  juftement  au  point  de  l'Equinoxe  d'Automne ,  qui  porte  ce  nom  dans 
le  Calendrier  Perfien. 

Gomme  le  principal  Auteur  de  cette  viftoirc  fut  Gaou  ou  Gao,  fimple  For- 
geron, lequel  ayant  attaché  fon  tablier  au  bout  d'une  perche  affembla  ,  &  ex- 
cita le  peuple  contre  le  Tyran  Zohak  ,  Feridoun  pour  conferver  la  mémoire 
de  cette  aftion  fi  hardie  &  fi  hcurcufe  ,  fit  enrichir  le  tablier  de  Gao  ,  qui 
avoit  fervi  d'étcndart  le  jour  de  la  bataille,  de  pierres  prctieufcs,  que  tous  les 
Roys  fes  fucccifcurs  ont  augmentées,  jiifqu'à  ce  que  fa  valeur  eft  montée  à  un 
prix  ineftimable.  Les  Arabes  le  prirent  fur  les  Perfans  à  la  bataille  de  Cade- 
fie,  qu'ils  gagnèrent  fous  le  Khalifat  d  Omar,  &  l'ayant  partagé  cntr'eux  ,  cha-- 
cun  fe  trouva  recompenfé  d'un  trè'-'-riche   butin. 

Quand  Keridoun  fe  fentit  avancé  en  âge,  il  refolut  de  partager  les  Keats  en- 
tre trois  cnfans  qu'il  avoit.  Il  donna  à  l'aîné  ,  nommé  Salm"^  la  partie  Occi- 
dentale de  fes  Etats ,  qui  s'étendoient  jufqu'on  Afrique.  Le  léconJ  ,  nommé 
Thour,  eut  pour  partage  la  partie  Orient  le  jufqu'au  Gihon.     Et  le  troiCème, 

E  3,  nom- 


p  F  E  R  I  D  O  U  N. 

nommé  Irage,  fut  pourvu  des  Provinces  qui  en  occupoient  le  milieu ,  avec  la 
prérogative  du   trône  Royal ,  &  la  pofleffion   des  trefors  que  fon  père  avoit 

Feridoun ,  après  avoir  ainfi  difpofd  de  fes  Etats,  choifit  un  lieu  de  retraite, 
pour  y  vacquer  uniquement  au  fervice  de  Dieu:  mais  le^  repos  de  fa  folitude 
fut  bien-tôt  troublé  par  fes  propres  enfans ,  dont  les  deux  aînez  piquez  de  jaloufie 
contre  leur  cadet ,  qu'ils  difoient  avoir  été  avantagé  par  leur  père  à  leur  pré- 
judice ,  lui  firent  une  cruelle  guerre.  Cette  guerre  ne  finit  que  par  la  mort 
d'Ira<ïe  qui  fut  vaincu  &  tué  par  fes  frères  :  mais  ceux-ci  non  contens  de  fa 
mort^  envoyèrent  par  une  impieté  deteftable  ,  fa  tête  à  leur  propre  pcre  Feri- 
doun^ lequel  outré  de  cet  attentat,  maria  la  fille  d'Irage  à  un  Prince  de  fa  fa- 
mille, &  c'eft  de  luy  que  Manugeher  naquit,  lequel  étant  arrivé  à  l'âge  de  por- 
ter les  armes,  vangea  la  mort  de  fon  gr4nd-pcre  par  celle  deSalm  &  de  Thour 
fes  grands  oncles. 

C'efl;  ainfi  que  l'Auteur  du  Lebtarik  raconte  l'hilloire  de  Feridoun ,  laquelle  efl 
rapportée  par  l'Auteur  du  Tarikh  Cozideh  avec  quelques  circonllances  différen- 
tes. Cet  Auteur  dit  que  Feridoun  étoit  petit-fils  de  Giamfchid,  &  qu'il  por- 
toit  le  furnom  de  Ferrakh  ,  qui  fignifie  généreux  &  libéral  ;  il  le  fait  palfer 
pour  Mufulman,  c'efi;-à-dire  ,  pour  un  très-religieux  obfervateur  de  la  loy  du 
vray  Dieu. 

11  ajoute  qu'il  partagea  fes  enfans  en  grand  Seigneur;  car  il  donna  à  Salm  fon 
fils  aîné  le  pays  nommé  Magreb,  c'efl:-à-dire,  toutes  les  Provinces  de  l'Occident 
conquifes  ou  à  conquérir,  avec  le  titre  de  KailFar.  A  fon  fécond  fils  nommé 
Tour,  la  Turquie  Orientale  qui  comprend  les  pays  des  Turcs,  Tartares,  &  Mo- 
gols,  &  toute  la  vafi;e  étendue  du  pays  de  Catha  Ôc  de  Tchin  ,  c'efi;-à-dire,  le 
Cathai  &  la  Chine,  avec  le  titre  de  Fagfour. 

Le  Cadet  qu'il  aimoit  plus  tendrement  demeura  maître  de  la  Perfe,  des  deux 
Iraques,  de  la  Syrie,  de  l'Arabie  &  du  Khoraflàn,  avec  leurs  dépendances  ,  & 
prit  le  titre  de  Schah  :  Celui-ci  fe  nommoit  Irage  ,^  &  l'on  croit  que  le  grand 
Empire  de  Perfe  qui  comprenoit  les  Provinces  lailfées  en  partage  à  Irage,  prit 
de  lui  le  nom  d'Iran,  de  même  que  les  Provinces  qui  étoient  à  l'Orient  &  au  Sep- 
tentrion de  la  Perfe,  prirent  le  nom  de  Tourln  à  caufe  de  Tour  qui  en  étoit 
le  maître. 

Feridoun,  félon  le  même  Auteur,  fit  ce  partage  après  avoir  régné  500  ans, 
&  fut  le  premier  qui  dompta  des  Elcphans,  &  qui  inventa  la  Theriaque. 

Khondemir  qui  s'étend  un  peu  plus  que  les  Hifl:oriens  précédents  ,  dit  que 
Feridoun  étoit  fils  d'Atkian,  &  non  d'Apiten;  mais  il  y  a  peu  de  différence  dans 
les  chara6leres  Perfiens  ,  de  l'un  à  l'autre  de  ces  deux  noms ,  &  qu'après  que 
Gao  eut  par  fa  valeur  ,  délivré  la  Perfe  de  la  tyrannie  de  Zohak ,  &  mis  ce 
Prince  fur  le  thrône ,  il  fe  fervit  du  commandement  général  des  armes  qu'il 
avoit  entre  les  mains ,  pour  affujettir  tous  les  peuples  voifîns  de  la  Perfe  à  l'o- 
boïffance  de  Feridoun;  car  ces  peuples  avoient  fecoûé  le  joug  des  Perfans  fous 
le  règne  de  Zohak. 

Après  cette  expédition  il  pouffa  fes  conquêtes  bien  avant  dans  l'Occident,  où 
il  fubjugua  pendant  l'efpace  de  vingt  années,  tous  les  peuples  qui  ne  reconnoif- 
foient  pas  la  majefté  &  la  puiffance  du  Monarque  de  Perfe  ,  lequel  faifoit  fon 
fejour  pour  lors  dans  l'Adherbigian,  qui  eft  la  Medie.  Gao  portoit  dans  toutes 
fes  expéditions  l'étendart  dont  il  fe  fervit ,  lorfqu'il  fit  fa  première  entreprife 

contre 


F  E  R  I  D  O  U  N.  39, 

contre  le  Tyran  Zohak  ,  &  cet  étendart  n'étoit  autre  qu'une  peau  dont  il  fe 
ceignoit  pour  travailler  à  la  forge  qui  étoit  fon  métier  ordinaire;  car  il  l'atta- 
cha au  bout  d'une  lance  en  forme  de  guidon,  &  la  faifoit  toujours  porter  à  la 
tête  de  fon  armée. 

L'on  dit  que  les  foldats  regardant  feulement  ce  guidon,  fe  promettoient  tou- 
jours une  victoire  complète,  &  infaillible  fur  leurs  ennemis,  &  il  devint  fi  fa- 
meux, que  les  Perfans  l'ont  toujours  confervé  depuis,  tant  que  leur  Empire  a 
duré,  c'eft-à-dire ,  jufqu'au  ÎMahometifme. 

Après  que  Gao  eut  fini  fes  exploits  ,  il  retourna  à  Ispahan  fa  patrie  dont 
Feridoun  le  fit  Seigneur  abfolu ,  auffi  bien  que  de  toute  l'iraque  Perfienne  dont 
cette  ville  étoit  la  capitale,  en  forme  néanmoins  d'appanage  reverfible  à  fa  cou- 
ronne. Gao  y  commanda  l'efpace  de  dix  ans ,  à  la  fin  defquels  il  pafla'  en  l'autre 
vie,  fort  regretté  de  fon  Prince,  &  de  tous  les  Perfans  dont  il  avoit  rétabli  la 
réputation,  &  l'Empire. 

feridoun,  pour  immortalifer  la  mémoire  d'un  û  grand  homme,  fe  fit  appor- 
ter fon  guidon  que  l'on  appelloit  Dirfeic  Gaviani,  fétendart  de  Gao,  &  le  fit 
broder  de  perles,  &  de  pierres  prctieufes  pour  le  conferver  dans  fon  trefor. 
Les  Rois  de  Perfe  fes  fuccefleurs  l'enrichirent  tous  à  l'envi  l'un  de  l'autre  , 
&  ne  le  firent  jamais  porter  à  la  guerre  ,  que  lorfqu'ils  marchoient  en  perfonne, 
&  il  leur  fut  toujours  le  fignal  d'une  viftoire  certaine,  jufqu'au  tems  d'Omar, 
fécond  Khalife  des  Mufulmans  ,  fous  lequel  il  fut  pris ,  6c  l'armée  des  Perfans 
entièrement  défaite  au  combat  de  Cadefie,  terme  fatal  de  leur  Monarchie. 

Feridoun  aj-ant  déjà  régné  cinquante  ans ,  époufa  la  fille  du  Tyran  Zohak  fon 
predeceiTeur,  de  laquelle  il  eut  deux  enfans  qui  furent  nommez  Tour,  &  Salm. 
Ces  deux  Princes  eurent  tous  les  traits  du  vifage  ,  &  tous  les  mouvcmens  de 
l'ame  femblables  à  ceux  de  Zohak  leur  aycul  maternel ,  ce  qui  fit  que  Feridoun 
n'ayant  que  peu  d'affeétion  pour  eux,  fe  remaria  à  Irân-Dokht  fille  d'un  Seir 
gneur  Perfien,  de  laquelle  il  eut  un  troifième  fils,  qu'il  nomma  Irage. 

Ce  Prince  mérita  par  les  dons  natiueîs  qu'il  polîedoit,  &  par  les  vertus  qu'il 
acquit,  le  droit  d'aînelFe  fur  fes  frères;  car  il  leur  fut  en  effet  préféré  par  Feri- 
doun, lorfque  de  fon  vivant,  &  fans  quitter  fa  couronne,  il  leur  partagea  fes 
Etats,  à  condition  néanmoins  qu'ils  le  reconnoîtroient  toujours  pour  leur  fouve- 
rain  Seigneur. 

Nous  avons  déjà  vu  plus  haut  le  partage  qui  échut  à  un  chacun  d'eux  ;  les  deux 
aînez  n'en  furent  pas  contcns ,  &  rcfolurent  entr'eux  de  faire  la  guerre  à  leur 
père  pour  l'obliger  à  un  nouveau  partage  dans  Icqujl  Irage,  auquel  ils  portoient 
une  extrême  envie,  ne  fut  pas  avantagé  à  leur  préjudice. 

Ils  avoient  déjà  fait  la  jonétion  de  leurs  armées,  &  marchoient  vers  l'Adher- 
bigian  quand  Irage  demanda  au  Roy  fon  père  la  permidion  d'aller  trouvei-  fes 
frères  dans  l'efperance  qu'il  avoit  de  les  appaifer ,  &  de  leur  faire  changer  de 
refolution;  mais  ces  frères  dénaturez,  au  lieu  de  bien  recevoir  celui  qui  venoit  à 
eux  pour  leur  donner  toute  forte  de  fatisfaftion ,  le  mafilicrerent  impitoyablement 
au(îî-tôt  qu'il  fe  fut  mis  entre  leurs  mains  ,  &  par  un  excez  d'impiété  barbare , 
envoyèrent  fa  tête  à  Feridoun  leur  père. 

Ce  Prince  pénétré  de  douleur  à  la  vue  d'un  fpeftacle  fi  affreux,  après  avoir 
pris  le  deuil  avec  toiit;i  fa  Cc>ur,  ne  fongea  plus  qu'à  la  vangeance  d'un  fi  cruel 
affront.  Il  fut  cependant  obligé  de  paffer  plufieurs  années  fans  en  témoigner  au- 
cun rellentiment,  jufqu  à  ce  que  Manugeher,  fils  d'irage  &  d'Afridmah,  ou  félon 

quel- 


40  F  E  S  H. 

quelques  Auteurs,  neveu  feulement  de  Feridoun,  &  non  pas  fon  petit-fils,  eut 
atteint  l'âge  de  porter  les  armes  ;  car  aufli-tôt  qu'il  eut  allez  de  force ,  pour  les 
manier ,  il  fe  mit  à  la  tête  d'une  grolfe  armée  ,  &  alla  combattre  fes  oncles 
qu  il  délit  &  tua  dans  la  bataille  qu'il  leur  livra. 

Manugeher,  après  avoir  tiré  une  vangeance  fi  complète  de  la  mort  de  fon  père, 
retourna  vidorieux  &  triomphant  auprès  de  fon  ayeul.  Feridoun  le  reçut  avec 
mille  carefTes,  &  le  déclara  aulTi-tôt  fon  fucceffeur ,  &  enfin  lui  mit  le  Tage, 
c'eft-à-dirc ,  la  Couronne  fur  la  tête,  fe  contentant  d'avoir  régné  cinq  cent  ans, 

L'Auteur  du  Lebtarikh  cite  un  beau  mot  de  Feridoun:  Rouzglndr  nameh  ker~ 
àâr  fchuniajl:  lier  angia  Kerdâr  niku  baied  kumafcht:  La  vie  de  l'homme  eft  un 
papier  journal:  Il  ne  faut  écrire  fur  ce  papier  que  de  bonnes  aftions. 

Sâdi  rapporte  auffi  que  ce  Prince  avoit  ùit  graver  fur  le  frontifpice  d'une  de 
fes  galeries,  ces  vers. 

Souvi  m-toy,  qui  que  tu  fois,  que  le  monde  manque  à  un  chacun: 
Donne  ton  cœur  au  Créateur  du  monde,  il  ne  te  manquera  jamais. 
Ne  fajfure  point  fur  la  puifance ,  ni  fur  les  richejfes  d' ici-bas  : 
Car  le  ficcle  m  a  nourri  6?  élevé  beaucoup  de  fanblables  à  toy  quil  a  enfin  fait  périr. 
Quand  un  homme  de  bien  efî  fur  le  point  de  pafj'er  en  l'autre  vis,  que  lui  importe 
de  mourir  fur  un  trône  ^  ou  fur  le  pavé. 

Ben  Schohnah  veut  que  Feridoun  ou  Afridoun  foit  l'ancien  Dhoulcarnain  du- 
quel il  eft  parlé  dans  l'Alcoran  ,  &  que  plulieurs  Mufulmans  mettent  au  rang 
des  Prophètes,     k'oyez  le  titre  ^'Efcander. 

Giami  parle  dans  fon  Bahariftan  de  Feridoun ,  comme  d'un  Prince  qui  avoit  un 
grand  fond  de  clémence,  &  qui  étoit  doiié  d  une  profonde  fagelfe  ;  entre  les 
traits  d'une  rare  prudence  que  les  Hiftoriens  racontent  de  lui  ,  ils  difent  qu'a- 
vant fa  mort  il  laifla  écrit  comme  par  teftamcnt  à  fes  enfans ,  cet  avis  impor- 
tant. Faites  état  que  tous  les  jours  de  vôtre  règne  font  autant  de  feuillets  du 
livre  de  vôtre  vie.  Prenez  donc  garde  de  ne  rien  écrire  dans  ce  livre ,  qui  ne 
foit  digne  d'être  tranfmis  à  la  pofterité.  C'eft  à  peu  près  la  même  fentcnce  qui 
a  été  rapportée  cy-delTus  ,  laquelle  un  Poète  Perlien  explique  en  ces  termes  : 
L'étendue  du  ciel  qui  par  fon  mouvement  mefure  le  tems  de  nôtre  vie  ,  eft 
comme  une  grande  feuille  de  papier  ,  où  toutes  les  allions  des  hommes  font 
écrites.  Heureux  celui  qui  n'y  couche- que  celles  qui  font  dignes  de  loiiange, 
&  de  mémoire. 

FESH,  &  avec  la  tcrminaifon  du  nominatif  abfolu  ,  Feshon  ,  la  Paque  àes 
Juifs  &  des  Chrétiens.  Ce  mot  vient  aufli-bien  que  celui  de  Pafcha ,  du  Pefakh 
des  Hébreux. 

Les  Chrétiens  de  l'Orient,  &  particulièrement  les  Syriens ,  foûtiennent  que  la 
Pâqijt  dans  laquelle  N.  S.  Jésus -Christ  mourut,  fe  célébra  le  treizième  du 
mois  Adar,  le  Samedi  qui  commençoit  dès  le  foir  du  Vendredy  précédent,  & 
que  N.  S.  la  prévint  d'un  jour,  &  la  célébra  le  Vendredy  qui  commençoit  dès 
le  foir  du  Jeudi  précédent,  à  caufe  qu'il  devoit  mourir  le  Vendredi. 

Calvilius  met  la  même  Paque  aufli  le  Samedi,  quatrième  jour  d'Avril ,  l'an  33 
de  l'iEre  vulgaire,  &  la  35  de  l'âge  de  Jésus- Christ  ,  qui  tombe  dans  l'an- 
née 344  d'Alexandre. 

Il 


FETHAL.  FIL.  41 

Il  -  paroîc  que  les  Orientaux  pofent  quatre  fêtes  de  Pîlque  qui  fe  font  pafTées 
pendant  la  prédication  de  Jesus-Christ,  ce  que  plufieurs  de  nos  Auteurs 
admectent. 

FETHAL;  les  Arabes  ne  font  point  d'accord  fur  la  fignification  de  ce  mot 
qui  fe  trouve  dans  l'Alcoran.  Les  uns  veulent  que  ce  foit  le  tems  qui  s'eft  palfé 
entre  la  création  du  monde  ,  &  celle  de  l'homme  ,  pendant  lequel  les  pien-es 
étoient  encore  molles,  &  les  autres  foûtiennent  qu'il  fignille  cet  efpace  de  tems 
qui  s'écoulera  depuis  que  la  génération  des  honynes  fera  ceflee ,  jufqu'au  jour 
du  Jugement  dernier. 

F 1 1 0  U  M  &  Faiioum ,  Ville  de  la  Thebaïde  inférieure ,  ou  de  la  haute  Egyp- 
te, ficuée  fur  le  Nil  dont  elle  eft  entourée  avec  fon  terroir  qui  efl  fort  bas, 
&  qui  ne  fe  défend  de  l'inondation  que  par  des  levées  fort  épailles  &  fort  hau- 
tes. Elle  efl  éloignée  du  Caire  en  remontant  le  Nil  d'environ  lix  journées,  & 
demeura  inconnue  aux  Arabes  pendant  plus  d'un  an  ,  après  qu'ils  eurent  con- 
quis l'Egypte. 

Les  Auteurs  Arabes  attribuent  au  Patriarche  Jofeph  la  fondation ,  ou  la  reftau- 
ration  de  cette  ville ,  à  caufe  des  grands  Ouvrages  qui  s'y  voyent ,  &  qui  ne 
peuvent  avoir  été  faits,  ou  tracez  que  par  d'excellens  Géomètres.  Il  y  a  ce- 
pendant apparence  que  c'efl:  l'Heracleopolis  Supérieure  des  Anciens,  qu;  porte 
aulïï  le  nom  de  Htrculis  magna  urbs  ,  pour  la  diftinguer  d'une  autre  ville  du 
même  nom,  qui  efl:  à  une  des  emboucheures  du  Nil,  que  l'on  appelloit  autre- 
fois   Oftium   Heracleoticum. 

Saadias  Gaon  Juif  qui  a  traduit  le  Pentateuque  Hébreu  en  Arabe,  eft  furnom- 
mé  Al  Faiioumi ,  parce  qu'il  étoit  natif  de  cette  ville. 

FI  Kl  AH,  nom  de  la  femme  de  Jefus  fils  de  Sirah,  que  les  Orientaux  difent 
avoir  été  Vizir  ou  Miniftre  d'Etat  de  Salomon.  C'eft  celui  de  qui  nous  avons 
le  Livre  de  l'Ecriture  fainte  intitulé  V Ecckfiajlique.  La  vie  de  fa  fainte  femme  a 
été  écrite  en  Arabe ,  &  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n°.  792. 

FIL  &  Pil,  le  premier  de  ces  mots  eft  Arabe  ,  &  le  fécond  eft  de  l'ancien. 
Perfien;  ils  fignifient  tous  deux  un  Elefant  que  les  Arabes  difent  n'avoir  été 
connu  dans  leur  pays  que  depuis  qu'Abrahah,  Roy  de  l'Iemcn  &  de  Habafche, 
c'eft-à-dire,  de  l'Arabie  Heureufe,  &  des  Abiffins ,  en  eut  fait  palfer  de  l'Etîno- 
pie  en  Arabie  pour  aflieger  la  Mecque, 

Caous  fil  dendân.  Caous  aux  dents  d'Eléphants  eft  un  des  anciens  Héros  de 
la  Perfe.  Piltcn  qui  fignifie  Corps  d'Elefant  eft  l'épithete  que  les  Anciens'  Ro- 
mans de  Perle  donnent  à  leurs  plus  vaillants  guerriers. 

Pilpai,  Pied  d"Elcfant  ,  eft  le  nom  du  Vizir  de  Dabfchelim,  ancien  Roy  des 
Indes  qui  compofa  le  fameux  livre  de  Calilah  &  Damnah. 

Ce  fut  Mahmoud  fils  de  Sebecleghin ,  Sultan  des  Gaznevides ,  qui  impofa  le 
premier  à  l'Empereur  des  Indes  qu'il  avoit  fubjugué  ,  un  tribut  d'Elephans  , 
dont  il  fe  fervit  dans  fes  armées  qui  faifoient  la  terreur  de  la  Perfe,  &  de  tout 
le  refte  de  TAfie.  II  en  montoit  un  blanc  .qu'il  eftimoit  être  un  gage  certain 
de  la  vicloirc. 

Khondemir  rapporte  dans  la  vie  du  Sultan  Mahmoud,  qu'en  l'année  de  l'He- 
gire4Q5,  ce  Sultan  qui  faifoit  la  guerre  aux  Indes     ayant  appris  qu'il  y  avoit 

Tome  IL  F  xine 


4î  F  r  L  A  M  E  N  G  H.  ■  F  I  L  S  A  F  A  T. 

une;  PiOvi;ics  entre  les  mains  d'un  Prince  Idil  itre  d.ins  laquelle  il  fe  trouvoit 
une  race  d'Elephans  que  Ton  appelloit  Mufuiiiians,  c  ell-à-dire,  fidèles,  cet  avis 
lui  fit  entreprendre  la  conquête  de  ce  pays-h\,  d'où  il  rapporta  de  très-grandes 
richelies.  Ces  Elephahs  faiibicnt  des  elpeces  de  génuflexions,  &  de  proltrations 
qui  firent  ci'oire  alFez  fottement  aux  Mahometans  qui  les  voyoient  pratiquer  des 
chofes  femblubles  à  celles  qu'ils  faifoient  dans  leurs  prières  ,  t^ue  ces  animaux 
étoient  de  leur  religion.  Pline  ,  &  quelques  autres  Auteurs  ont  écrit  que  les 
Elefans  étoient  capables  de  religion  ,  &  qu'ils  adoroient  le  Soleil  levant  ;  m^is 
c'eft  une  fable.  • 

Les  Indiens  ont  une  tradition  encore  plus  ridicule:  car  ils  croient  que  la  terre 
eft  foLitenue  par  huit  Elefans.  Il  y  a  cependant  apparence  que  cette  tradition 
eft  plutôt  chez  eux  une  fable  tirée  de  leur  mythologie,  qu'ils  allegorifent  de 
même  que  les  Mufiilmans  font  celle  du  Taureau ,  qu'ils  difent  tenir  fur  fes 
deux  cornes. 

Nous  avons  déjà  vu  que  Feridoun  a  été  le  premier  qui  a  dompté  les  Elephans, 
&  qui  les  a  rendus  domeftiques.    Nous  avons  dans  les  hilloires  de  l'Orient  deux, 
fameux  combats  d'hommes  avec  ces  furieux  animaux,  celui  de  Baharam  Gour,. 
«Sf  celuy  de  Bakhtiar.     Foyez  ces  deux  titres. 

FILAMENGH,  &  Flanbeki.  Les  Turcs  appellent  ainfi  les  Flamands  fous 
le  nom  defquels  les  IToUandois  font  compris.  L'on  trouve  auffi  dans  lem-s  livres 
Balandrah  Vilaieti  pour  fignifier  la  Flandre.. 

FI  LIE.  Abulfarage  remarque  dans  l'an  587  de  l'Hegire  qui  eft  de  J.  C.  1191, 
que  Filib,  c'eil  Philippe  Augufte,  qu'il  appelle  Malek  Alfranfi  Roy  de  France, 
&  qu'il  qualifie  des  plus  illufi;res  en  noblelle,  entre  les  Roys  Francs  ou  Latins, 
fut  le  premier  de  tous  les  Princes  Croifez  qui  apporta  un  renfort  confiderabla 
aux  Chrétiens,  lefquels  affiegeoient  depuis  deux  ans  la  forte  place  de  S.  Jean 
d'Acre  ou  Ptolemaïde.  Il  fut  caufe  que  cette  ville  importante  fut  obligée  de 
capituler  ,  après  avoir  rendu  inutiles  tous  les  effbrts  que  Saladin  fit  pour  la 
fecourir. 

Le  même  nom  de  Filib  efb  aufiî  donné  par  les  Orientaux  h  l'Empereur  Phi- 
lippe, qu'ils  difent  avoir  été  Chrétien ,  du  nombre  de  ceux  qui  n'entroient  point, 
dans  l'Eglife,  &  qui  étoient  feulement  Catéchumènes.  Plufieurs  de  nos  Auteurs 
ont  jugé  que  cet  Empereur  étoit  fort  indigne  de  porter  ce  nom. 

Il  faut  remarquer  ici  que  Philippe  Roy  de  Macédoine  n'eft  jamais  nommé  par 
les  Orientaux  Filib;  mais  toujours  Filikous  ,  &  qu'Alexandre  le  Grand  fon.fils 
ou  véritable,  ou  putatif ,  eft  toujours  furnommé  Ebn  Fihkous,  fils  de  Philippe 
de  Macédoine. 

FI  LIE  A  H,  la  ville  de  Philippopolis  en  Macédoine,  d'où  les  Turcs  ont  tiré 
le  nom  de  cette  Province  ,  qu'ils  appellent  Filibali  Vilaieti  ,  le  pays  de  Phi- 
lippopolis. 

FI  LIS  TIN.     Foyez  Falafti^.^ 

FIL  S  AF  AT,  mot  corrompu  du  Grec,  qui  fignifie  en  Arabe  la  Philofophie , 

cependant  les  Arabes   l'appellent   plus  communément  en  leur  langue  Hekmat, 

mot  qui  fignifie  proprement  la  Sageffe, 

L  Au- 


F  I  L  s  0  F. F  I  R  F  I  R.  43 

L'Auteur  du  Lebtarikh  dit  dans  la  vie  d'Alexandre  le  Grand  qu'Ariflote,  maître 
de  ce  Prince,  porta  la  Philofophie  du  pays  d'Iran,  c'eft-à-dire ,  de  la  Perle,  ea 
celui  de  Roum  qui  eft  la  Grèce. 

L'on  peut  voir  dans  les  titres  d'Elahioun,  &  de  Deherioun  les  feftes  différen- 
tes de  Philofophos  que  les  Arabes  connoiffcnt. 

Les  Indiens  les  divifent  en  iix  fe61:es  ,  dont  les  Dofteurs  qu'ils  appellent  Pendets, 
ont  une  efpece  d'Univerfité  à  Banarfi,  ville  fituée  fur  le  Gange.  La  fixième  de 
ces  fe6les  efl  l'Epicurienne. 

FILSOF,  ce  mot  ell  corrompu  du  Grec  ,  &:  fignifie  en  général  un  Philo- 
fophe  ;  mais  en  particulier  il  fc  prend  pour  un  Auteur  particulier  auquel  on 
attribue  le  Livre  intitulé  OJoul  u  Dhoiiabat ,  les  Principes  &  leurs  dépendances. 
Foyez  le  jugement  qu'il  porta  d'Abou  Temam  dans  le  titre  particulier  de  ce 
pcrlbnnage. 

Khondemir  dit  fur  le  fujet  des  Philofophes  qu'il  appelle  Falafafât,  plurier  de 
Filfof,  que  des  deux  feéles  de  Philofophes  qui  rcconnoifTent  Thaïes,  &  Anaxa- 
gore  pour  leurs  Auteurs,  celle  de  Tiialcs  qui  admet  l'eau  pour  principe  de  tous 
les  corps  naturels,  efl  la  plus,  conforme  aux  fentimens  des  Juifs,  &  des  Muful- 
mans,  &  que  celle  d'Anaxagore  qui  pofe  le  feu  pour  premier  principe,  a  plus 
de  rapport  à  la  Religion  des  Zoroaftriens  qui  font  les  anciens  Mages  de  Perle. 

FINHAS,  Phinees  fils  d'Eleazar,  fils  d'Aaron.  Les  Orientaux  difent  qu'il 
gouverna  les  Juifs  pendant  vingt-cinq  années ,  après  la  mort  de  Jofué  ,  &  que 
les  Juifs  ont  une  tradition ,  félon  laquelle  ils  veulent  que  ce  grand  Prêtre  de  la 
Synagogue  foit  le  même  que  le  Prophète  Kheder  ou  Êlie ,  lequel  vécut  plufiturs 
fiecles  après  ,  ce  qui  ne  pouvoit  être  arrivé  que  par  la  metempfychofe  ,  que 
plufieurs  des  anciens  Juifs  femblent  avoir  admife  fous  le  nom  de  Ghilgoul,  &  de 
laquelle  il  y  a  même  quelques  vertiges  dans  le  nouveau  Teftament. 

FIRASSAT,  la  Phyfionomie.  Les  Orientaux  prétendent  que  Philemon  qu'ils 
font  vivre  du  tems  d'Hippocrate ,  à  été  l'inventeur  de  cet  art. 

Nous  en  avons  un  traité  d'Anfari  Al  Sofi  qui  ell  dans  la  Bibliothèque  du 
Roy  n°.  930. 

Le  livre  intitulé  AJfds  al  riajjiit  fi  élm  al  firajjat^  traite  aulîi  fort  amplement 
de  cette  fcience;  de  même  que  celui  qui  porte  le  titre  de  Bahagiat  al  enjiat,  où 
il  efl  aufîî  traité  de  la  Chiromantie. 

Outre  cette  Phyfionomie  qui  eft  naturelle,  il  y  en  a  une  autre  que  les  Mu- 
fulmans  appellent  ceielle;  mais  c'efl  un  don  de  Dieu  que  nous  appelions  le  Difcer- 
nement  des  Efprits. 

FIRFIR,  la  Pourpre.  Ebn  Batrik  rapporte  que  fous  le  règne  de  Hiram,  Roy 
de  Tyr,  contemporain  de  Salomon,  le  chien  d'un  Berger  ayant  mangé  un  limaçon 
de  mer  que  les  Arabes  appellent  Halzounah  ,  c'efl  celui  que  les  Latins  nom- 
ment Murex,  fon  mufeau  en  fut  teint  de  telle  forte,  qu'ayant  été  frotté  avec 
de  la  laine,  elle  en  prit  la  couleur,  &  fut  portée  au  Roy  qui  fit  faire  la  pêche 
de  cette  forte  de  coquiUage  ,  &  en  tira  la  pourpre ,  dont  on  lui  attribue  fin- 
vention. 

Les  Arabes  la  nomment  auflî  Birfir ,  &  donnent  pareillement  ce  nom  à  une 

F  2  efpece 


44  FIRISCHTEH.  F  I  R  0  U  Z. 

efpece  de  violette  dont  la  couleur  efl   fort  vive  ,   &  bcaucou«p  plas  éclatante 
que  la  nôtre. 

FIRISCHTEH,  c'eft  le  nom  d'un  Ange,  en  langue  Perfienne  ;  car  Fi- 
rifchten  dont  ce  mot  eft  le  participe,  fignifîe  en  cette  langue  envoyer,  aufîi  bien 
que  le.  mot  Grec,  duquel  celui  d'Ange  efl  dérivé.  Les  Hébreux  l'appellent  Me- 
Idk  de  la  racine  Ldk  ,  laquelle  ne  fe  trouve  point  dans  la  langue  Hébraïque , 
mais  qui  s'eft  coniervée  dans  l'Ethiopienne,  &  lignifie  auflî  envoyer.  Les  Ara- 
bes ont  tiré  leur  mot  de  Malek  ou  Melik  qui  fignitie  auflî  chez  eux  un  Ange, 
du  Melâk  des  Hébreux. 

Ebn  Firirchteh  ou  Ebiî  Melik  ell  le  furnom  d\m  Auteur  nommé  Abdellathif, 
qui  a  fait  un  commentaii-e  fur  le  Menar  ou  Fanal  du  célèbre  Dofteur  Naflafi^ 
y'oyez  le  titre  de  Menar. 

FIROUZ  &  Pirouz,  mot  Perfien  qui  fignifîe  premièrement  le  troifième  jour 
des  cinq  que  les  Grecs,  &  après  eux  les  Latins,  ont  appelle  Epagomena ,  qui 
s'ajoutent  à  la  fin  de  l'année  folaire,  compofée  de  360  jours,  telle  qu'étoit  l'an- 
née des  Egyptiens,  (S:  des  anciens  Perfans  félon  h  Calendrier  Jezdegirdique ,  &. 
félon  le  Gelaleen. 

Les  Perfans  appellent  ces  cinq  jours  qu'ils  ajoutent  à  la  fin  da  douzième 
mois  de  leur  année,  Penge  Duzdidé,  ôc  les  Arabes  les  nomment  Mofiieraca, 
comme  qui  diroit,  les  jours  dérobez,  &  difent  qu'il  faut  necefi^airement  les  ajou- 
ter, fi  l'on  veut  avoir  le  cours  entier  du  Soleil  depuis  le  premier  degré  du  Bé- 
lier jufqu'au  dernier  degré  des  Poiflxjns,  en  quoy  ils  fe  trompent  groflierement, 
parce  qu'il  y  a  de  furplus  cinq  heures,  &  49  minutes. 

Secondement  ce  mot  fignifîe  bonheur  &vi6loire;  &  c'efl  dans  cette  fignifica- 
tion  qu'il  entre  dans  la  compofition  de  plufieurs  noms  de  lieux  &  de  villes. 
^oyez  les  titres  de  Firouzabab,  Firouz  Schabour,  Firouz  Cobad,  Firouz  ghoueh, 
Firouzan,  ôic. 

Firouz  &  Firouzeh  ou  Pirouzeh  fignifîe  auflî  en  Perfien  une  Turquoife,  &  c'efl 
de  ce  mot  que  les  Arabes  ont  dérivé  celui  de  Firoufage ,  qui  fignifîe  chez  eux 
la  même  pierfe,  dont  la  mine  eft  dans  les  montagnes  de  Farganah  félon  le  rap-i 
port  d'Ebn  Haucal,  &  dans  celles  de  Gaur. 

FIROUZ  Ben  Belafche  ,  cinquième  Roy  de  Perfe  de  la  D3'naflie  des  Afch- 
caniens.  11  fucceda  à  Belafche  fou  perc,  &  acquit  la  réputation  de  Prince  très- 
vaillant. 

La  Chronique  Giaferienne  rapporte  que  Firouz  pourfuivant  un  cerf  à  la  chafTe, 
fe  trouva  proche  d'une  caverne  où  étant  entré,  &  où  ayant  lu  une  infcription 
gravée  fur  la  pierre  qui  portoit  que  Feridoun  avoit  caché  en  ce  lieu  un  de 
fes  trefors  ,  il  y  fît  fouiller  ,  &  en  tira  une  fomme  très  -  confiderable  d'or  & 
d'argent ,  qu'il  fit  diftribuer  toute  entière  à  fes  foldat?. 

Le  même  Hiilorien  dit  que  fous  le  règne  de  Belafche  père  de  Firouz,  plufieurs 
Juifs  qui  n'obfervoient  pas  la  loy  deMoyfe,  furent  changez  en  fingcs,  &  mou- 
rurent tous  au  bout  de  fept  jours. 

Cette  même  fable  efl  rapportée  par  des  Hiflioriens  Arabes,  qui  attribuent  cette 
metamorphofe  des  Juifs  au  violement  du  jour  du  Sabath,  dont  ils  furent  punis, 
en   cette  vie-cy  &  en  l'autre. 

Firouz  régna  dix -neuf  ans  ,  &  eut  pour  fiaccefll^ur   un  de  fes  frères  nommé 

.  Narfi 


F  I  R  O  U  Z.  45- 

Narfi  ou  Narfes ,  lequel  après  quatorze  ans  de  i-egne  ,  laifla  fa  couronne  à 
Firouz  Ben  Firouz  ion  neveu.  Celui-ci  la  polFeda  dix-fepi;  ans,  &  la  perdit 
avec  la  vie  par  une  confpiration  qui  fut  faite  contre  lui.  Les  conjurez  mi- 
rent fon  iils  Belafche ,  fécond  du  nom ,  fur  le  trône  de  la  Perfe  ,  &  celui-ci 
s'y  maintint  jufqu'à  fa  mort  qui   arriva   la    douzième   année  de   fon  regue. 

FIROUZ  Ben  Jezdegerd  Ben  Bàharam  Gour  ,  feizième  Roy  de  Perfe  de 
la  d\Tialtie  des  SaiPanidcs,  étoit  fils  d'iezdegerd,  &  petit-fils  de  Baharam  Gour. 
11  fucceda  à  fon  frère  Hormouz,  lequel  n'étant  que  fon  cadet,  lui  avoit  été 
cependant  préféré,  par  la  difpofition  d'iezdegerd  leur  perc. 

Hormouz  pouvoit  être  avec  raifon  préféré  à  fon  aîné  ,  puifqu'il  portoit  le 
furnom  de  Firzaneh,  c'efl-à-dire ,  de  Sage,  félon  le  rapport  de  l'Auteur  du 
livre  intitulé  Mefatih  aklown,  les  clefs  des  fciences. 

Cependant  Firouz  ayant  imploré  le  fecours  de  Kliofchnaovaz ,  Roy  des  Haia'' 
thclites ,  contre  fon  frère  Hormouz,  le  dépoffcda  de  fes  Etats,  &  le  fit  pri- 
fonnier  avant  que  la  première  année  de  fon  règne  fût  expirée. 

Ce  Prince  y  après  avoir  ôté  la  vie  à  fon  frerc ,  changea  auffi-tôt  toute  la  face 
du  gouvernement ,  &  fit  régner  impunément  l'injurtice ,  exigeant  fans  neceffité 
des  fommcs  immcnfes  de  fcs  fujets  :  mais  le  ciel  le  punit  de  ces  excez  par 
une  fécherclfe  fi  exti'aordinaire  ,  qu'il  ne  refta  prcfque  point  d'eau  dans  les 
grands  fleuves  du  Gihon  &  du  Tigre,  en  forte  que  la  famine  qui  s'enfuivif, 
mit  tous  les  peuples  hors  d'état  de  lui  payer  leur  tribut  ordinaire. 

Cette  famine  dura  près  de  fept  ans,  au  bout  defquels  la  colère  de  Dieu 
étant  appaifée,  les  pluyes  firent  en  peu  de  tems  rcv^erdir  la  terre,  &  rame- 
nèrent l'abondance  qui  en  avoit  été  bannie:  mais  Firouz  au  lieu  de  profiter 
du  châtiment  qu'il  avoit  fouftert,  &  de  la  grâce  qu'il  recevoit,  reprit  fon  pre- 
mier train  de  vie,  &  après  avoir  appauvri  Ces  fujets,  entreprit  de  dépouiller 
fes  voifins. 

Firouz  avoit  d'extrêmes  obligations  à  Khofchnaovaz-,  comme  nous  avons  vu 
cy-delfus  ;.  cependant  il  prit  la  refolution  de  l'attaquer  avec  toutes  fes  forces. 
Ce  Prince  ne  fe  trouvoit  pas  pour  lors  en  état  de  refifter  à  l'armée  de  Fi- 
rouz, s'il  ne  fe  fût  fervi  d'un  flratagéme  que  lui  fuggera  un  de  fes  Officiers. 

Cet  Officier  qui  avoit  une  main  couppée  lui  propofa  que  s'il  vouloit  l'en- 
voyer lui  feul  au  devantde  Firouz,  il  fe  faifoit  fort  de  l'arrêter,  &  de  le  mettre 
lui  &  fon  armée  entière  entre  fes  mains.  La  propofition  ayant  été  acceptée, 
rOfficier  alla  fe  pofter  en  un  détroit  de  montagne  où  il  fçavoit  que  Firouz 
devoit  pafler.  Ce  Prince  l'ayant  apperçu,  le  fit  venir  devant  lui,  &  finter- 
TOgea  fur  le  fujet  qui  l'arrôtoit  en  ce  lieu-là. 

L'Officier  lui  répondit  que  c'étoit  le  defefpoir  de  fe  voir  réduit  en  un  fi 
miferable  état  par  Khofchnaovaz  qui  lui  avoit  fait  couper  la  main,  &  fouffrir 
plufieurs  autres  traitemens  indignes ,  pour  avoh:  eu  le  courage  de  lui  reprefen- 
ter  les  injurtices  qu'il  faifoit  foufirir  à  Ces  fujets  ,  &  le  danger  auquel  il  s'en- 
gageoit  en  voulant  foûtenir  contre  le  Roy  de  Perfe,  une  guerre  fi  préjudicia^ 
ble  à  fiîs  Etats. 

Le  Roy  touché  de  ce  récit,  accorda  fa  proteftion- à  l'Officier,  &  lui  de^ 
manda  l'état  de  l'armée  de  fon  ennemi  :  Celui-ci  ayant  déjà  gagné  créance  dans 
l'elprit  du  Rov,  lui  dit  que  s'il  vouloit  venir  à  bout  aifémcnt  de  Khofchnaovaz, 

F  3  il 


4^  F  I  R  O  U  Z. 

il  n'avoit  qu'à  prendre  une  route  qu'il  lui  montreroit  dans  la  campagne  du 
défert,  parce  qu'en  la  fuivant  ,  au  lieu  de  celle  de  la  monta'^ne  qui  étoit  la 
plus  longue  ,  il  tomberoit  par  derrière  fur  fon  ennemi  &  l'envelopperoit  in- 
failliblement. 

Firouz  ayant  fuivi  malheureufement  le  confeil  de  cet  efpion  ,  tomba  jufle- 
ment  dans  le  piège  qu'il  lui  avoit  tendu  ;  car  fon  armée  périt  prefque  toute 
entière  de  faim  &  de  foif ,  &  il  fut  obligé  ,  avec  peu  de  gens  qui  le  fuivi- 
rent,  de  demander  quartier  à  fon  ennemi. 

Khofchnaovâz  le  lui  accorda,  à  condition  qu'il  s'engageroit  par  un  ferment 
folemnel,  de  ne  plus  entrer  dans  fcs  Etats  à  main  armée.  Firouz  ne  fit  au- 
cune difficulté  de  prêter  ce  ferment  ;  mais  auffi-tôt  qu'il  fut  rentré  dans  fon 
Royaume,  fans  y  avoir  aucun  égard,  il  ne  fongea  qu'à  fe  vanger  de  l'affront 
qu'il  avoit  reçu ,  &  lailîant  le  gouvernement  de  fes  Etats  à  Saoukh  ,  Frincc , 
iflu  de  la  race  de  Manugeher  ,  il  marcha  incontinent  avec  une  puilTante  ar- 
mée contre  Khofchnaovâz. 

Ce  Prince  extrêmement  indigné  de  la  perfidie  de  Firouz,  lui  drcffa  un  fécond 
piège,  qui  lui  fut  beaucoup  plus  funcfte  que  le  premier  ;  car  ayant  fait  creufer 
un  folié  très-profond ,  &  l'ayant  fait  cnfuite  couvrir  de  paille  ,  il  vint  camper 
entre  ce  fofl'é  &  l'armée  de  Firouz. 

Au(îî-tôt  que  les  deux  armées  furent  en  préfence  ,  Kofchnaovaz  commanda 
aux  fiens  de  faire  leur  retraite  ,  par  un  chemin  fur  qu'il  avoit  fait  lailfer  au  tra- 
vers du  folle;  l'armée  des  Perfans  voyant  fuir  les  ennemis,  les  pourfuivit  avec 
chaleur,  &  voulant  les  envelopper  de  tous  cotez,  prit  à  droit  &  à  gauche,  & 
s'engagea  avec  tant  de  précipitation  dans  cette  fondrière,  que  Firouz  lui-mê- 
me, avec  fes  principaux  Officiers,  y  demeura,  &y  perdit  la  vie. 

Les  Haiathelites  eurent,  après  cet  événement,  bon  marché  des  Perfans;  car 
fe  fervant  du  grand  avantage  que  le  llratagême  leur  avoit  procuré  ,  ils  tournè- 
rent vifage  à  l'ennemi,  &  achevèrent  de  défaire  ce  qui  refloit  de  leurs  troupes 
au  de-là  du  fofiTé. 

Saoukh  n'eut  pas  plutôt  reçu  la  nouvelle  de  cette  déroute ,  qu'il  entreprit  de 
la  reparer  :  il  fit  fes  derniers  efforts  ,  pour  mettre  fur  pied  une  nouvelle  ar- 
mée :  mais  enfin  voyant  que  Kofchnaovaz  ,  nonobllant  les  avantages  qu'il  avoit 
remportés,  lui  offroit  la  paix  à  des  conditions  honorables,  car  il  lui  rendoit  fans 
rançon  tous  les  prifonniers  qu'il  avoit  faits  dans  la  dernière  bataille  ,  &  tous  les 
équipages  du  Roy  qu'il  avoit  enlevés  :  il  accepta  fes  olfres ,  à.  la  guerre  finit 
entre   ces  deux  Etats. 

Firouz,  auquel  l'Hillorien  donne  en  cet  endroit  le  furnom  de  Mardaneh,  ré- 
gna trente  ans  ou  environ  ,  &  laiffa  pour  fucceiTeur  Belafch  ,  qui  ell  le  troifiè- 
me  du  nom  entre  les  Roys  de  Perfe.  Il  eut  auffi  un  autre  fils,  nommé  Cobad, 
lequel  fucceda  à  Belafch  fon  frère  ,  &  fut  père  du  grand  Noufchirvan  ,  le  plus 
célèbre  de  tous  les  Roys  de  Perfe.    Khondemir. 

Ebn  Batrik  lui  donne  vingt-fept  ans  de  règne  ,  &  dit ,  qu'il  bâtit  deux  villes 
de  fon  nom  dans  le  pays  de  Cafgar  en  Turquellan  ,  dont  l'une  porte  le  nom 
de  Douriz  Firouz ,  &  l'autre  de  Ram  Firouz  ;  &  qu'il  eut  de  grands  démêlez 
avec  Khafchnaovar  ,  (  c'ell  Khofchnaovâz  )  Roy  des  Haiathelites ,  dans  le  payj 
de  Ralkhe  en  Khoraffan. 

Aboulfarage  écrit  que  Firouz ,  fils  d'Iezdegcrd  ,  regnoit  au  commencement  de 
J'Empire  de  Léon  Premier  ,  fucceifear  de  Martian ,  qui  eft  l'an  879  d'Alexan- 
dre, 


FIROUZ.  FÏROUZABAD.  4;^ 

drc ,  ce  qui  ne  s'accorde  pas  avec  nos  Chronologides ,  félon  lefqueîs  ,  la  pre- 
mière année  de  Léon  le  Thrace  commença  dans  l'année  769  d'Alexandre  ,  & 
de  J.  C.  457. 

FIROUZ,  nom  d'un  Efclave  Pcrfien,  qui  tua  Omar,  troifième  Khalife.  Vo- 
yez le  titre  d'Omar. 

^  FIROUZ  A  BAD,  lieu  &  demeure  de  la  félicité.  C'efl  le  nom  d'une  ville 
de  la  Perfe  proprement  dite,  lituée  proche  celle  de  Schiaiz,  qui  eft  aujourd'hui 
la  capitale  de  cette  province  ,  comme  étoit  autrefois  Eltekhdr  ,  que  les  Grecs 
ont  appellée  Pcrfepolis. 

Cette  ville  a  donné  la  nailTance  à  plufieurs  granJs  pcrfonnages,  dont  Ibrahim 
fils  d' Ali ,  fils  de  Jofeph ,  eit  des  principaux  ;  c'ell  pourquoy  il  porte  le  furnom 
de  Senirazi  &  de  Firouzabadi. 

Abju  faid  Samâni  dans  fon  livre  intitulé  Anfâb,  ou  les  Généalogies,  dit  que 
Firouzabab  efl  la  même  ville  que  Ton  appelle  plus  communément  Khouz  ,  qui 
donne  fon  nom  à  une  petite  province,  nommée  le  Khouzifl:an ,  qui  efl  l'ancien- 
ne Sufianc.  Ce  pays  fait  partie  de  la  Province  de  Perfe  ,  prife  dans  une  plus 
grande  étendue. 

Ibrahim,  dont  nous  avons  fait  mention  ci-delTus,  étoit  un  grand  Dofteur  dans 
la  loy  Mufulmanc,  lequel,  après  avoir  étudié  dans  la  ville  de  Schiraz,  fe  tranf- 
porta  à  Bagdet ,  où  Nezàm  Al  molk ,  premier  'Vizir  de  Malek  fchah  ,  homme 
fort  illuftre  ,  lui  donna  la  direftion  du  fameux  Collège  qu'il  avoit  fait  bâtir  à 
fes  dépens,  &  qui  portoit,  à  caufe  de  fon  fondateur,  le  nom  de  MedralTat  Al 
Nezamiat. 

Ce  Doftcur  avoit  étudié  à  Schiraz  fous  un  autre  celèbfe  Dofteur ,  nomme 
Al  Beidhaovi,  &  palTa  de-là  à  Baffbra,  où  il  écouta  les  leçons  du  Dofteur,  nom- 
mé Al  Gioudi ,  après  quoy  il  vint  à  Bagdet ,  qui  étoit  la  ville  Impériale ,  &  le 
fiége  des  Khalifes ,  où  il  prit  encore  des  leçons  du  fçavant  Jurifconfulte  Aboul 
Thib  Al  Thabari. 

Après  avoir  profité  fous  ces  habiles  maîtres,  il  fit  profeffion  de  la  fefte  Scha, 
fêienne.  Il  refufa  d'abord  l'employ  que  Nezâm  al  molk  lui  voulut  donner  dans 
fon  Collège  ;  &  ce  fut  en  etfet  Abou  Nalfer  Ebn  Al  Sabbagh  ,  qui  en  eut  Li 
première  dire6lion,  pendant  laquelle  il  compofa  le  livre  ,  qu'il  intitula  Schamel  y  ■ 
mais  enfin  Ibrahim  ayant  accepté  cette  charge,  il  s'en  acquitta  très  -  dignement 
jufqu'à  fa  mort,  qui  arriva  l'an  de  l'Hegire  476,  en  la  82  année  de  fon  âge. 

Tous  fes  difciples  portèrent  un  grand  deûii  de  fa  mort ,  &,  Nezàm  al  molk 
voulut  que  fon  '  ollege  fût  fermé  une  année  entière  ,  pour  mieux  marquer  la 
douleur  qu'il  refièntoit  de  la  perte  d'un  fi  grand  homme.  Ebn  Sabbagh  ,  qui 
avoit  été  fon  prédécelfeur ,  fut  auflî  fon  fuccelTeur.     B  n  Khalecan 

Ce  Docteur ,  qui  portoit  auifi  le  prénom  d'Abou  Ishak  ,  efi:  l'Auteur  d'un  li-  - 
vre  fort  efl:imé  parmi  les  Mahometans  ,  dont  le  titre  efi;  /Il  I  anbih  ,   l'Avertif- 
fement  en  général ,    où  il  traite  des   principaux  rites   &  obfervances  de  la  loy 
Mufulmane.     Abulfadhl  Ahmed  y  a  fint  un   commentaire  ,    intitulé  Hcharh  al 
Tanhih.- 

Maffdeddin  Abou  Thahcr  Mohammed  Ben  Jacob  ,  efi:  auffi  furnommé  Al  Fi- 
rouzabadi  &  Al  Schirazi.  Il  efi:  l'Auteur  d'un  Diéli  mnuire  très-ample  de  la  lan- 
gue Arabique  ,  qu'il  compila  en  60  volumes  ,  &  lui  donna  le   titre  de  Lavé  : 

mais  -^ 


4S  F  I  R  0  U  Z  A  G  E.  F  Ô  D  H  A  I  L. 

mais  étant  lui-même  épouvanté  de  la  grolTeur  énorme  de  fon  ouvrage  ,  il  en 
retrancha  toutes  les  autoritez,  &  le  reduifit  en  deux  feuls  volumes  fous  le  nom 
de  Camous.     t^oyez  ce  titre. 

Ce  même  Auteur  a  compofé  auffi  Ahafian  al  lathaif ,  qui  efl:  un  recueil  de 
facéties  &  de  plaifanteries ,  &  un  autre  ouvrage  nommé  AJfadd  bel  JJfdad  dla 
dzregiat  al  egtchd'd^  le  moyen  d'acquérir  la  félicité  autant  qu'il  fe  peut  faire,  le- 
quel il  dédia  à  Ifmaël  Al  Afchraf ,  Roy  de  flemen.  Magdeddin  mourut  l'an  de 
l'Hegire  817,  &  compofa  fon  Diftionnaire  après  celui  de  Giaouhari ,  dont  la 
grofleur  n'étoit  que  la  foixantième  partie  du  fien. 

FIROUZAGE.  yoy2Z  plus  haut  Firouz  &'  Firouzeh ,  qui  fignifie  une  Tur- 
quoife. 

FIROUZCOUH,  Ville  de  la  province  de  Tabarellan  ou  Mazanderan,  qui 
a  pris  fon  nom  d'une  montagne  affez  proche ,  où  il  y  a  une  mine  de  Turquoi- 
fes.  ^oyez  plus  haut  Firouzeh.  Il  y  a' préfentement  un  Palais  des  Roys  de  Per- 
fe,  aufli-'^bien  qu'à  Ferhabad  &  à  Afchref,  qu'Abbas,  premier  du  nom,  y  fit  bâ- 
tir, pour  y  aller  goûter  les  délices  que  fournit  la  Mer  Cafpicnne. 

Quelques  Auteurs  font  auffi  Firouzcouh  ,  capitale  de  la  province  de  Gaiir. 
Voyez  le  titre  de  Mahmoud.,  fils  ,de  Gaiatheddin. 

FIRZEND  Aâz,  nom  d'un  Poëte  Pcrfien  ,  qui  porte  auffi  celui  de  Safied- 
din.  Il  étoit  fort  fpirituel  &  dévot,  &  a  écrit  pkifieurs  chofes  fur  la  prière  & 
fur  la  contemplation  ,  qui  font  citées  par  les  Auteurs  ;  mais  on  ne  trouve  au- 
cun de  fes  ouvrages  entier. 

FITHAGORES,  Pythagore.  Le  Tarik  Montekheb  le  furnomme  Hakim, 
c'efl-à-dire  ,  le  Sage  ou  le  Philofophe  ,  &  dit  qu'il  étoit  de  nation  Jounani  , 
c'eft-à-dire  ,  des  anciens  Grecs  ,  qu'il  vivoit  fous  le  règne  de  Giamfchid  ,  cin- 
quième Roy  de  Perfe  de  la  race  des  Pifchdadiens ,  du  tems  du  Patriarche  Noé, 
&  que  l'on  lui  doit  l'invention  de  la  mulique  ,  &  de  pkifieurs  fortes  d'inftru- 
mcns  muficaux. 

Le  Lebtarikh  auffi-bien  que  Khondemir  difent  plus  probablement,  qu'il  vivoit 
fous  le  règne  de  Cai-Khofrou,  troifième  Roy  de  Perfe  de  la  race  des  Caianides, 
&  qu'il  avoit  été  difciple  de  Locman,  contemporain  de  David. 

Ben  Cafchem  écrit /que  ce  Philofophe  étoit  natif  de  la  ville  de^Tyr  en  Phe- 
nicie;  qu'il  voyagea  long-tems  en  Grèce  &  en  Egypte,  &  compoia  280  livres; 
que  fes  envieux  le  voulurent  faire  mourir,  &  qu'il  fe  fauva  avec  40  de  fes  dif- 
ciples  dans  un  temple,  où  il  fe  fortifia  de  telle  forte,  qu'on  ne  put  jamais  le 
forcer  pendant  quarante  jours  ;  mais  qu'enfin  fes  ennemis  y  mirent  le  feu  &  le 
firent  périr.  Il  ajoute,  que  ce  Philofophe  jeûnoit  &  prioic  beaucoup,  que  l'ofl 
ne  l'avoit  jamais  vu  rire  ,  ni  pleurer ,  &  qiie  fa  devife  étoit  Khair  la  iedoum  , 
fchcrr  la  iedoum,  ni  le  bien  ,  ni  le  mal  n'ont  pas  une  longue  durée.  Il  parok 
que  ce  Philofophe  a  tiré  plufieurs  de  fes  maximes  de  Zoroaftre. 

Abulfarage  fait  vivre  Pythagore  fous  Darius,  fils  de  Hifi;afpe,  &  dit  qu'il  po- 
foit  les  nombres  pour  premiers  principes  de  toutes  chofes. 

FODHAIL,  furnom  d'Abou  Ali  Ben  Aiadh  Ben  Mafibûd  Al  Temimi  Al 
Khoraffani,  qui  étoit  natif  des  environs  de  la  ville  de  Merou  en  l^dioraifan.    Sa 

première 


FODHOULI.  FOMM.  4^ 

première  profeflîoti  fut  d'être  voleur  de  grands  chemins.  On  dit  do  lui ,  qu'a- 
yant entrepris  pendant  la  nuit  d'efcalader  une  maifon  pour  y  joiar  d\in^  per- 
Ibnne  qu'il  aimoit,  oc  y  ayant  entendu  lire  un  verlèt  de  l'Alcoraii  ,  ii  fut  tou- 
ché de  Dieu  &  fe  convertit. 

Ce  perfonnàge  n'eft  pas  leulement  eftiraé  des  Mufulmans  pour  fa  doctrine  ; 
mais  il  paife  encore  chez  eux  pour  un  de  leurs  plus  grands  Saints ,  &  Ton  ti-uu- 
ve  fa  vie  écrite  dans  Thiftoire  d'Iafei,  feclion  trente-deuxième. 

Il  vivoit  fous  le  Khalifat  de  Hv^roun  Al  Rafchid  ,  &  l'on  rapporte  ,  que  ce 
Khalife  lui  ayant  demandé  un  jour  s'il  connoilfoit  quelqu'un  qui  fîc  prof.'^ou 
d'un  plus  grand  détachement  que  le  fien,  il  lui  répondit:  C'efl:  vous-même,  Sei- 
gneur, que  je  croy  être  encore  beaucoup  plus  détaché  que  raoy;  car  pour  moy 
je  n'ay  quitté  que  les  choies  de  ce  monde  qui  Ibnt  fort  mépriiables  ,  &  il  me 
paroît,  que  vous  avez  abandonné  entièrement  celles  de  l'autre  vie,  qui  font  d'un 
prix  ineftimable. 

Il  avoit  accoutumé  de  dire  au  fujet  de  la  Cour  des  Princes ,  que  le  pire  d'en- 
tre les  gens  de  robe  &  de  lettres,  eft  cJui  qui  fréquente  les  Gr?nds  ,  <Sc  que 
le  meilleur  d'entre  les  Grands,  eil  celui  qui  fréquente  ceux -ci.  Que  la  meil- 
leure marque  qu'un  fidèle  pulifc  avoir  d'être  chéri  de  Dieu  ,  ell  de  fc  voir 
chargé  d'afflictions,  &  que  celui  qui  en  efl  abandonné  ,  vit  ordinairement  dans 
les  plaifirs  &  dans  la  joyc. 

On  dit  auffi  de  lui,  qu'on  ne  l'avoit  jamais  vu  rire,  finon  à  la  mort  d'un  fils 
qu'il  aimoit  beaucoup,  ce  qui  fit  dire  à  Mobarek,  lorfqu'il  eut  appris  la  mort 
de  Fodhail,  que  la  trilleirc  avoit  quitte  le  monde. 

Sur  ce  que  les  Arabes  difent,  !c  monde  efl  un  cadavre,  &  ceux  qui  le  dé- 
firent &  qui  s'y  arrêtent,  font  des  chiens.  Zamahfchari  dans  fon  Rabi  al  abrar, 
le  Printems  des  jufles,  cite  cette  fentence  de  Fodhail:  Quand  l'on  m'offriroit 
le  monde  entier  avec  toutes  fes  pom.ies ,  &  toutes  fes  richcifes  pour  le  pofîe- 
der  &  pour  en  joiiir  juftement ,  je  le  refuferois  dans  la  vûë  de  la  vie  éter- 
nelle; &  je  me  garderois  do  fes  impuretez,  comme  fait  celui  qui  pafie  par-def- 
fus  une  charogne  ,  &  qui  relevé  avec  grand  foin  fa  robe  ,  de  peur  qu'elle  ne 
contracte  quelque  fouilleure. 

Fodhail  dilbit  encore  :  Je  fers  Dieu  par  amour  ;  car  je  ne  puis  pas  m'empê- 
cher  de  le  fervir;  &  étant  interrogé  quel  étoit  celui  qu'il  eftiraoit  être  le  plus 
trompé  en  matière  de  Religion,  il  répondit:  Celui  qui  ne  iert  pas  Dieu  au-def- 
fus  de  toute  crainte  &  de  toute  efpérance.  Quelqu'un  lui  dit  enfuite:  Et  vous, 
comment  le  fervcz-vous  "?  Il  luy  fît  cette  réponfe  :  De  l'amour  d'un  ami  ;  car 
c'efl  l'amour  de  bien-veiilance  qu'il  me  porte  ,  qui  m'a  conduit  à  fon  fervice , 
&  qui  m'y  retient. 

FODHOULI,  furnom  de  Mohammed  Ben  Soliman  Al  Bagdadi ,  qui  eft 
l'Auteur  d'un  poëme  Perfien ,  intitulé  A7tis  alcalb  ,  l'Ami  du  cœur ,  &  d'un  au- 
tre ouvrage  en  Turc ,  qui  porte  le  nom  de  Benk  u  Badeh ,  fur  le  Behgh  &  fur 
le  vin,     Foyez  le  titre  de  Benk. 

FOMM  Al  Salah,  nom  d'une  ville  de  la  province  d'Erak  ou  Chaldée,  fituée 
fur  les  bords  du  Tigre  entre  Vafeth  &  Coufah  ;  c'efl  en  ce  lieu-là  que  cet  hom- 
me fi  puifl[ant,  nommé  Hafian  Ben  Sohal ,  faifoit  fa  demeure,  l^oyez  le  titre  de 
ce  perfonnàge. 

Tome  IL  G  FONCE 


5» 


F  0  N  G  E.  FORFOURIOS. 


FONGE  &  Fongiah  ,  Peuples  qui  habitent  entre  la  Nubie  &  IVEthiopie  , 
des  deux  cotez  du  Nil.  On  appelle  ordinairement  leur  pays  Bagiah  &  Beggiat: 
ils  ne  font  connus  que  par  les  courfes  &  les  larcins  qu'ils  font  fur  leurs  voi- 
fins  ;  car  ils  manquent  prefque  de  toutes  chofes  chez  eux.  Le  Bâcha  ou  Bey 
de  Girge,  dans  la  haute  Egypte,  eft  obligé  de  leur  donner  la  chaiTe  pour  met- 
tre ks  frontières  à  couvert  de  leurs  brigandages. 

F  O NO  UN  Al  adab,  les  Maximes  de  la  Morale.  C'efl  un  ouvrage  de  Nou- 
vciri.    Foyez  le  titre  de  cet  jliitair. 

FORAT,  l'Euphrate.  Ce  fleuve  de  l'Afie,  qui  eft  fi  célèbre,  &  dans  l'E- 
criture faintc  &  dans  ks  Auteurs  profmes  ,  eft  divifé  ,  par  les  Arabes  ,  en 
grand  &  en  petit. 

Le  grand  Euphrate  eft  celui  qui  prenant  fa  fource  dans  les  monts  Gordiens,' 
fe  décharge  dans  le  Tigre  près  d'Anbar  &  de  Felougiah:  le  petit,  dont  le  ca- 
nal eft  fouvent  plus  gros  que  celuy  du  grand ,  prend  fon  cours  vers  la  Chal- 
dée  ,  paftè  par  Coufih  &  va  fe  'décharger  aufïï  de  fes  eaux  dans  le  Tigre  , 
(après  en  avoir  laiffé  néanmoins  une  grande  partie  dans  les  marais  des  Naba- 
theens)  entre  Vaffeth  &  Naharvan,  en  un  lieu  nommé  aujourd'huy  Carna ,  par- 
ce qu'il  eft  la  corne,  c'eft-à-dire,  le  Confiant  de  ces  deux  fleuves. 

De  ce  petit  Euphrate  l'on  palfe  dans  le  grand  ,  par  un  canal  que  Trajan  fit 
creufer  :  c'eft  la  FoJJa  Regia  ou  le  Bafilius  Fluvins  des  Grecs  &  des  Romains , 
que  les  Syriens  ont  appelle  \'aharmalca  ,  par  où  l'Empereur  Severe  palfa  pour 
aller  allîéger  la  ville  de  Ctefiphon  fur  le  Tigre. 

Les  Hiftoricns  de  Pcrfe  difent  que  Manugeher ,  un  des  Roys  de  leur  premiè- 
re dynaftie ,  fut  celui  qui  fit  travailler  le  premier  à  partager  les  deux  fleuves  du 
Ti^re  &  de  l'Euphrate  en  plulieurs  branches,  pour  empêcher  leurs  inondations. 
Les  Roys  de  Perfe ,  fes  fuccefll-urs  &  les  Khalifes  mêmes ,  y  ont  fait  auflî  tra- 
vailler à  plufieurs  reprifes ,  fans  que  tous  les  grands  ouvrages  qu'ils  y  ont  fait 
faire  ,  ayent  pu  empêcher  que  les  teiToirs  de  Coufah,  de  Vafl!eth,  &  de  plu- 
fieurs  autres  villes  de  la  Chaldée  ,  ne  foient  inondez  tous  les  ans  à  peu  -  près 
comme  l'Egypte.     Voyez  les  titras  de   Nahar  al  meiik ,    de  Naharvan  èf  de  Nil 

Faidh. 

Ce  fleuve  eft  fouvent  appelle  par  les  Arabes,  aufîi-bien  que  par  les  Hébreux, 
Nahar  ou  Neher ,  c'eft-à-dire ,  le  Fleuve  par  excellence  ;  de  même  que  les  Per- 
fans  appellent  h  Gihon  ou  Oxus ,  Rond  ,  qui  lignifie  la  même  chofe  que  Na- 
har.    Voy^z  ks  titres  de  Rou.l  'îf  de  Maovaralnahàr. 

L'Euphrate  eft  fouvent  auffi  appelle  par  les  Arabes  Nahar  Coufah  ,  le  fleuve 
de  Coufa. 

FORAT;  nous  avons  une  hiftoire  d'Egypte  ,  qui  porte  le  nom  de  Tarikh 
Ben  Forât.  Ce  Ben  Forât  eft  le  même  que  Nalfereddin  Mohammed  Ben  Ab- 
dulrahim  Al  Mefri,  qui  mourut  l'an  807  de  THegire. 

FORFOURIOS  Al  Souri,  Porphyre  le  Tyrien  ,  Philofophe  Platonicien, 
difciple  de  Longin  ,  de  Plotiii  &  d'Ameiius  ,  qui  vivoit  fous  les  Empereurs  Ca- 
rus,  Carinu;;,  Numerianus  &  Diocletien.  Il  compofa  fon  Ilagogé  ,  que  les  Ara- 
bes appellent  Al  Medkhal ,  &,  Idagogi  du  mot  Grec  ,  pour  Icrvir  de  préambule 


ou 


F  os  SOUL.  FOSSOUS.  5r 

ou  préface  aux  œuvres  d'Ariilôte,  à  la  réquifition  de  Chryfaurius  fon  ami,  qui 
avoit  peine  à  entendre  ce  Phiiofophe. 

Abulfarage  met  au  nombre  des  ouvrages  de  Porphyre,  un  livre  des  fylloTif- 
mes  Topiques,  deux  livres  à  Libinius  ,  une  réponfe  à  Pamm^.chius  ,  Jli  àcL  u  al 
micoul  i  de  Tintelleft  &  de  Tinteliigible,  &  une  hiiloire  des  Ph'Iofophes. 

Le  même  Auteur  dit,  que  ces  deux  derniers  ouvrages  le  trouvenc  traduits  en 
Syriaque  ,  &  ne  fait  aucune  mention  des  quinze  livres  qu'il  a  écri:s  contre  la 
Religion  Chrétienne  ,  que  l'Empereur  Thcodofe  fit  brûler.  On  ne  trouve  en 
Arabe  que  fon  LTagogi,  dont  on  peut  voir  le  titre. 

FOSSOUL  Bocrath  ,  Aphorifines  de  Hippocrate.  Ils  ont  été  traduits  en 
Arabe  par  Honain  Ben  Ishâk,  avec  le  commentaire  de  Galion.  Ils  font  dans  la 
Bibliothèque  du  Roy,  n"*.  866. 

Il  y  a  dans  la  même  Bibliothèque  ,  n\  947  &  918,  les  Aphorilmes  de  Hip- 
pocrate ,  divifcz  en  fept  livres  ,  commentez  par  Abulca'Jem  Abdalrahman  .'?en 
Ali,  Ben  Abifadik  ,  natif  de  la  ville  de  Nifchabc;K  en  Kiioi.'.Tan  ,  qui  a  com- 
polé  pkifieurs  autres  ouvrages  de  médecine,  lefquels  fe  crouvi.' ut  dans  la  Biblio- 
thèque du  Grand- Duc,  n".  130. 

FOSSOUL  Al  Ahcam  fi  ofToul,  les  Préceptes  du  Mufulmanifme ,  divifez  par 
aiticles,  &  appuyez  fur  les  points  fondamentaux  de  la  Riagion.  Ce  livre  eft 
fans  nom  d'Auteur. 

FOSSOUL  Al  Mehemât  fi  mâtefat  al  Aimât,  &c.  les  vies  des  douze  Imams. 
Ouvrage  d'Ali  Ben  Mo'iavamed  Ebn  Al  Sabbâgh  ,  qui  fc  trouve  dans  la  Biblio- 
thèque du  Roy,  n°.  847. 

FOSSOUL  Al  mehemat  fi  maovarith  al  ommât ,  Livre  qui  traite  des  fiic- 
ceffions  qui  viennent  du  côté  maternel  ,  compofé  par  Aboulabbas  Schehabcdnin 
Ahmed  iîen  Haiem  ,  &  commente  par  Schamfeddin  Mohammed  ,  furnommé 
Sebth  Al  Mardini.    Il  efi:  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n  .  711, 

FOSSOUL  Fi  hagiar  al  mokarrem  ,  Livre  qui  traite  de  la  Pierre  Philofo- 
phale ,  compofé  par  Athai  Afchar.  Il  efl:  dans  la  Bibliodicque  du  Roy,  n°.  967. 

FOSSOU^  Al  fofibul  u  ôcoud  al  ôcoul ,  les  Elégances  de  la  langue  Arabi- 
que, recueillies  par  le  Cadhi  Al  Saîd,  c'eft-à-dire,  le  Bienheureux  Cadhi ,  nom- 
mé Aboulcaflem  Hebatallah  Ben  Al  Agel  Al  Rafchid.  Il  cft  dans  la  Bibliothè- 
que du  Roy,  n  .  1133. 

FOSSOUS  Al  Hekdm,  Livre  de  Théologie  Myftique  ,  félon  les  principes 
du  Mufulmanifme.  On  dit ,  pour  accréditer  davantage  cet  ouvrage  ,  qu'il  fut , 
ou  difté,  ou  infpiré,  ou  envoyé  par  le  faux  Prophète  à  Ebn  Al  Arabi ,  Doc- 
teur de  Damas,  l'an  627  de  l'Hegire. 

Ce  livre  contient  27  Hekâm  ou  Inft:ruiR:ions ,  chacune  defquelles  efi:  attribuée, 
à'  un  des  anciens  Patriarches  ou  Prophètes,  à  la  referve  de  la  dernière,  qui  efi: 
de  Mahomet ,  &  s'intitule  Hekmat  Ferdiat  Mohammediat.  Les  Dofteurs  Muful- 
mans  font  fort  partagez  fur  le  mérite  de  cet  ouvrage  ;  car  les  uns  le  louent, 
&  les  autres  le  rejettent  abfolument ,  comme  étant  plein  de  fuperflitions  &  de 
mcnfonges.    Il  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n'.  625. 

G  a  FOSTHATH5 


5i  FOSTHATH.  F  O  U  R  E  K. 

FOSTHATH,  Ville  bâtie  par  Amrou  Ben  As,  auprès  de  l'ancienne  Baby- 
lonc  d'Egypte,  au  même  lieu  où  ce  Capitaine  avoit  fait  drefTer  fa  tente,  lorf- 
qu'il  en  forma  le  fiége.    Foflhath  en  Arabe  fignifie  Tente  &  Pavillon. 

C'eft  la  ville  qui  s'appelle  aujourd'huy  le  vieil  Caire,  fur  quoy  il  faut  voir 
les  titres  de  Mefr,  de  Caherah  èc  de  Bablioun. 

FOTIA  Seldh  al  âmcl  le  entidhàr  al  agel ,  la  Néceffité  des  bonnes  -  œuvres 
dans  l'attente  du  terme  fatal,  c'efl-à-dire ,  de  la  mort.  C'ell:  un  ouvrage  fpiri- 
tuel,  compofé  pour  les  Solis  ou  Religieux,  par  le  Dofteur  Fakhreddin  Al  He- 
rali.    Il  elt  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n".  616. 

F  O  T  O  U  H  Medinat  Bahanah  u  maoulad  IlTa  ,  &c.  Les  diverfes  conquêtes 
qui  ont  été  faites  de  la  ville  de  Bahana,  depuis  le  tems  du  Patriarche  Jofeph, 
jufqu'à  celuy  de  Mahomet  &  de  fes  compagnons ,  qui  font  les  quatre  premiers 
Khalifes. 

C'eft  une  hilloire  fabuleufe  ,  dans  laquelle  font  décrites  les  merveilles  d'une 
ville  d'Egypte  ,  qui  n'a  jamais  fubfifté  que  dans  l'imagination  d'un  Auteur  in- 
connu, qui  nous  a  débité  fes  révenss.  11  y  efb  parlé  de  la  naiiîance  dlffa,  & 
de  tous  les  Princes  qui  y  ont  régné  fucjelfivement  devant  &  après  cette  naif- 
fance.    Ce  livre  elt  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n.  835. 

FOTOUH  Mefr  u  akhbarha  u  acalimha  ,  les  conquêtes  qui  ont  été  faites 
de  l'Egypte  en  divers  tems,  avec  une  defcription  hiltorique  &  géographique  du 
pays.  Ouvrage  compofé  par  Abdalrahman  Ben  Abdallah  Ben  Abdalhokm  Al 
Coraifchi ,  fur  les  relations  d' AbulcaiFem  Ben  Khalaf  Al  Vakedi.  Il  elt  dans  la 
Bibliothèque  du  Roy,  n.  834. 

FOTOUH  Mefr  Tharaboîos  Afrikiahv  Erâk ,  les  conquêtes  faites  par  les  Mu- 
fulmans  de  l'Egypte  ,  de  la  Tripolitaine  ,  de  l'Afrique  proprement  dite  ,  &  de 
riraque  Arabique.  Livre  qui  a  pour  Auteur  Aboul  Rabid  Soliman  Ebn  Salem 
Al  Kolai,  &  qui  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy. 

FOTOUH  AT  Al  fcham  ,  les  Conquêtes  de  Damas  &  de  la  Syrie,  faites 
fous  le  Khalifat  d'Omar,  Livre  compofé  par  Jofef  Ben  Abdallah  Al  Meheli  Al 
Vakedi.    Il  <-it  dans  la  Bibliothèque  Royale. 

11  y  a  un  autre  ouvrage,  qui  porte  le  même  titre  ,  &  qui  contient  les  con- 
quêtes qui  ont .  été  faites  de  la  Syrie  ,  par  plufieurs  Princes  en  divers  tems. 
Ce  n'eft  qu'un  abrégé  fait  par  Abou  Ifmael  Mohammed  Ben  Abdallah  Al  Azdi 
Al  Bafri. 

FOULI  Al  Schumifchathi ,  Paul  de  Samofate,  Evêque  d'Antioche  Herefiar= 
que ,  &  chef  de  la  Secle  des  Fouliciens  ou  Paulianiltes.     Foyez  Boulos. 

FOUREK.  Abubecr  Mohammed  Ben  Haflan  Ben  Fourek  ,  appelle  ordinai- 
rement Ebn  Fourek  ,  étoit  Doftcur  de  la  fefte  Schafeienne  &  Afcliârienne  , 
Grand  Mctaphyficien  &  Séholaflique  :  c'eft  pourquoy  on  lui  donne  le  titre  de 
Motckellem.  Il  avoit  pris  naiiî-mce  à  Ifpahan  :  mais  il  quitta  fon  pays  natal  , 
pour  s'établir  dans  la-  ville  de  Nifchabour  en  KhoriilTan  ,   où  il  mourut  l'an  de 


rilcgire  406. 


FOURT, 


F  O  U  R  I.  FRANK.  ^5 

FOURI)  nom  d'un  Interprète  Arabe  d'Ariftote,  duquel  nous  avons  un  com- 
mentaire fur  le  livre  que  ce  Philofophe  a  intitulé  D2  Interpreîatione^  &  que  les 
Arabes  nomment  d'un  nom  qui  eft  corrompu. 

FOURON;  les  Arabes  appellent  ainfi  le  Philofophe  Pyrrhon ,  chef  de  la  feéle 
des  Sceptiques.  Il  femble  qu'Abulfarage  le  confonde  avec  Epicure  ;  car  il  dit, 
que  les  difciples  de  Pyrrhon  furent  appeliez  Ashdb  alledhat,  les  feftateurs  de  la 
volupté,  &  qu'ils  ne  croyoient  pas  que  l'ame  fubfiftàc  fans  le  corps. 

Il  efl  vray,  que  ces  dcu\'  Pliilofophes  vivoient  dans  le  même  fiécle ,  le  pre- 
mier fous  Ptolomée  ,  fils  de  Lagus  Roy  d'Egypte  ,  &  le  fécond  fous  Ptolomée 
Philadclphe,  fon  fuccefleur;  mais  ce  qu'Abulfarage  dit  de  Pythagore  &  de  Tha- 
ïes ,  qu'ils  ont  été  difciples  de  Pyrrhon  ,  eft  entièrement  iiifoûtenable  ,  puifque 
ces  deux  Philofophes  l'ont  précédé  d'environ  300  ans. 

FOUROUMENTIOUS,  c'efl  le  premier  Evêque  des  Abi/îîns  ,  que  l'E- 
glife  des  Cophtes  en  Egypte  croit  avoir  été  envoyé  le  premier  par  Saint-Atha- 
nafe,  en  Ethiopie,  pour  prêcher  la  foy  de  Jésus -Christ  à  ces  peuples. 
Foyez  le  titre  de  Salamah. 

FOUSCHANGE,  Ville  de  la  province  de  KhorafTan  ,  affiegée  &  prife' 
par  Gaiatheddin ,  troifième  Sultan  de  la  dynaftie  des  Gaurides. 

Aboulhaffan  Foufchangi ,  homme  célèbre  pour  fa  doélrinc  &  pour  fa  piété , 
en  étoit  natif.  Nous  avons  de  lui  cette  maxime  de  fpiritualité  :  L'homme  vé- 
ritablement dévot  ne  doit  point  aimer  Dieu  ,  Ezberai  garez  ia  cv  z  ,  ni  pour 
aucune  fin  particulière ,  ni  en  vue  de  la  récompenfe ,  ce  qu'un  Poète  Perfîen 
a  paraphrafé  en  ces  termes:  Un  amant  qui  fe  plaint  de  la  féparation  de  fon 
ami ,  &  qui  veut  demeurer  toujours  dans  un  état  d'union  &  de  joûilfance  , 
ne  mérite  pas  aflurément  le  nom  d'amant ,  puifqu'il  defire  quelque  autre  cho-  ' 
fe  que  la  volonté  de  fon  bien-aimé. 

FRANK  &  Frenk,  un  Franc,  c'cfl-à-dire ,  un  François,  &  par  extenfion 
ou  par  une  plus  ample  fignification  ,  un  Européen  ,  ou  plutôt  un  Latin,  à 
caufe  que  la  nation  Françoife  s'ell  fait  connoître  &  diftingucr  entre  toutes 
les  autres,   qui  ont  porté  les  armes  dans  l'Orient,  au  tems  des  Croifades. 

Frankpani  ,  le  Seigneur  Franc  ou  Latin.  C'efl  le  nom  d'un  Gentilhomme 
Romain ,  qui  vint  au  fervice  des  Roys  de  Hongrie  pendant  les  premières  guer- 
res  que  ces  Princes  avoient  avec  les  Turcs,  il  s'établit  en  Croatie  ,  &  fut 
le  chef  de  la  Maifon  des  Frangipani  ;  de  cette  Maifon  étoit  iflTu  Jean ,  fils  de 
Bernardin ,  lequel  ,  après  la  mort  de  Mathias  Corvin ,  Roy  de  Hongrie  ,  fe 
révolta  contre  LadiOas  &  contre  le  Duc  Jean ,  i3a{lard  de  Mathias.  Ce  Duc,  ' 
qui  étoit  Ban  de  Croatie  ,  affiégea  Frangipani  dans  la  ville  de  Brevia  ,  &  le 
preffa  fi  fort  ,  qu'il  le  reduifit  à  fe  jetter  entre  les  bras  des  Turcs  ,  &  ce 
fut,  par  cette  occafion,  que  Bajazeth  fécond-  fe  rendit  maître  de  la  Croatie, 
l'an   899  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1493. 

(^uoy  que  le  mot  Pani ,  qui  fignifie  Seigneur ,  foit  Efclavon  ,  les  Turcs  ne 
laillenc  pas  de  s'en  fervir,  quand  ils  parlent  des  gens  &  des  pays  de  la  lan- 
gue Efclavone.  Il  y  a  une  branche  de  ces  Frangipani  encore  aujourd'huy 
dans  Rome  ,  &  c'efl  d'eux  que  la  manière  de  parfumer  les  gants  à  la  Fran- 
gipane ,  a  pris  fon  origine,     l^oyiz  Farange  âf  Afrange. 

G  3  FRANKIS 


54  '  FRA  NKIS.  FURSÎ. 

FRANKIS  &  Franghiz,  Nom  de  la  fille  d'Afrafiab,  Roy  du  Turqueftan, 
mariée  à  Siavefch,  fils  de  Caicaus,  Roy  de  Perfe  de  la  féconde  dynallie.  Vo- 
yez les  titres  de  Siavefch ,  de  Caicaus  i^  de  Caikhofrou. 

FULFUL,  le  Poivre.  Les  Arabes  appellent  Belâd  al  fulful  ,  le  pays  du 
poivre,  ce  que  nous  appelions  la  côte  de  Malabar  aux  Indes  Orientales.  Vo- 
yez le  titre  de  Kaoulem. 

FULIKHRIAH,  c'eft  l'Impératrice  Pulchcria  ,  fœur  de  Théodofe.  Les 
Jacobites  ,  comme  Aboulfarage  &  autres  ,  difent  qu'elle  étoit  Religieufe  ,  & 
qu'elle  ne  laifla  pas  de  fe  marier  à  Martian  ,  avec  lequel  elle  étoit  foupçon- 
née  d'avoir  eu  auparavant  quelque  commerce  fccret.  Ils  difent  encore  ,  que 
quelques  Evêques  hypocrites  approuvèrent  ce  mariage.  Il  ne  faut  point  dou- 
ter ,  que  ces  Evêques  ne  fuflent  ceux-là  même  qui  avoient  tenu ,  ou  qui  tin- 
rent le  Concile  .de  Chalcedoine  qui  condamna  les  Jacobites,  &  que  cette  con- 
damnation fit,  que  ces  Hérétiques  décrièrent  l'Empereur  &  l'Impératrice  fous 
l'autorité  defqueis  ce  Concile  avoit  été  tcnu. 

FUROUDEH,  fils  de  Siavefch,  fils  de  Caicaus,  Roy  de  Perfe  de  la  fé- 
conde dynaftie.  Siavefch  avoit  eu  ce  fils  de  la  fille  de  Piran  Veifleh ,  avant  qu'il 
époufât  Frankis,  fille  d'Afrafiab.     Voyez  le  titre  de  Caikhofrou. 

FURSI,  furnom  de  Mohammed  Een  Abi  Zakaria  ,  qui  efl  l'Auteut  du  li- 
vre intitulé  Dorar  u  gorar.  Les  Perles  &  les  Pierres  prétieufes.  Voyez  le  ti- 
tre de  Dorar. 


GADHA.      GADHAMIS. 

^■i;0*^-|iADHA  &  Gadhat,  efpèce  d'arbre  affcz  femblable  au  Tamarix  ,  le- 
^  f^%  quel  croît  dans  les  fables  des  défcrts.  Les  Chameaux  font  fort  friands 
^4  ^  i?  de  fes  fciiilles ,  qui  leur  donnent  néanmoins  des  tranchées.  Le  bois 
^  ^^'^'ip  de  ces  arbres  eft  fort  propre  à  faire  du  charbon ,  qui  conferve  long- 
tems  le  feu  ;  c'efl:  pourquoy  on  le  cranfporte  dans  les  villes  où  il  ell  de  grand 
débit. 

Les  loups  fe  retirent  ordinairement  parmi  ces  arbres  ,  ce  qui  a  donné  lieu 
à  la  façon  de  parler  des  Arabes,  qui  difent  à  leurs  chameaux  ,  pour  les  em- 
pêcher d'en  manger  les  feuilles,  Dhib  Gadlian,  le  loup  efl  auprès  du  Gadha. 

GADHAMIS  ,  le  Géographe  Perfien  m.et  cette  ville  d'Afrique  dans  fon 
troifième  climat,  &  dit,  qu'elle  a  été  biitie  par  une  colonie  de  peuples  de  la 
Barbarie ,  qui  s'y  font  établis  dans  les  derniers  tems.  Cette  ville  ell  fort  mar- 
chande &  peuplée  de  Mahometans ,  qui  n'ont  point  cependant  d'autre  eau  que 
celle   qu'ils  tirent  de  leurs  puits. 

GADHANFER, 


GADHANFER.  GAIATHEDDIN.  ^5 

GADHANFER,  nom  pronre  d'i.'\l  Malck  Al  Modhaffer ,  dix  -  huitième 
Sultan  des  Mamlucs  Turcs  en  Egypte.  Il  étoit  fils  de  Mulek  Al  NalTer  ,  fils 
de  Calaoun  ,  &  fut  le  fi\"ièm3  de  huit  frères  qui  fe  fijccedcrent  les  uns  aux 
autres  dans  le  Roj'aunie  d'Egypte.  Celiù-cy  fuccedi  immédiatement  à  Malek 
Al  Kamel ,  &  ne  régna  qu'un  an  &  trois  mois  ,  au  bout  defquels  les  Mam- 
lucs mirent  en  fa  place  fon  frère  Al  Malek  Ai  Naiîer ,  l'an  de  l'Hegire  748, 
de  J.  C.  1347. 

GADHANFER,  nom  d'un  Poète  Perfien,  furnommé  Al  Camar  Al  Sçhaêr, 
Auteur  d'une  Milliadc  ou  Poème  en  mille  vers  Pcrfiens,  intitulé  Pir  ve  Givan, 
c'efi:-à-dire  ,  le  vieillard  &  le  jeune  homme  ,  dans  lequel  les  avantages  de  la 
vîeillefle  &  de  la  jeunefie  font  balancez. 

GADI  Kioi  ou  Cadhi  Kioi,  en  Turc,  c'cll  le  \allage  du  Cadhi.  Ce  nom 
a  été  donné  à  un  lieu  où  l'on  voit  les  ruines  de  l'ancienne  ville  de  Chalce- 
doine ,  que  l'Oracle  appella  autrefois  la  ville  des  Aveugles.  Ce  lieu  n'eft  pas 
beaucoup  éloigné  de  la  ville  d'Ifcodar  ou  Scutarct  ,  qui  cft  bâtie  en  Afie, 
vis-à-vis  de  Conftantinople ,  &  c'eft  ce  qui  a  donné  lieu  de  croire  ,  que  Scu- 
tarct elt  la  même  que  l'ancienne  ville  de  Chalcedoine. 

GADI  AT.  Ahel  Gadiat  ,  Auteur  de  Géomance  ,  qui  eft  mis  au  nombre 
de  ceux  qui  ont  écrit  fur  cette  fcience  fuperfcitieufe  ,  dans  le  livre  intitulé 
■Alagmoû  al  lieml. 

Gx\IALIGH ,  nom  d'un  p:.ys  de  la  Turquie  Orientale  ,  qui  avoit  un  Prince 
particulier,  tributaire  de  Gengliizkhan  ,  auffi-bien  que  ceux  d'Almaligh  &  de 
i3ifchbaligh ,  qui  font  aulïï  des  contrées  particulières  du  Turqueflan. 

GAI  AT  Al  Ahcâm  ,  Livre  des  préceptes  de  la-loy  Mufulmane  ,  compofé 
par  Mohibcddin  Almiad  Al  Tbabari  AI  Mekki. 

G  AI  AT  Al  maâreb  fil  menaih  u  al  Khabaia  u  al  methaleb.  Livre  qui  en- 
feigne  les  lieux  où  font  cachez  les  tréfors  de  l'Egypte  ,  &  le  moyen  de  les 
trouver  par  les  prières  qu'il  faut  réciter  ,  &  par  les  fufFumigations  &  autres 
cérémonies  fuperflitieufes  ,  qu'il  faut  pratiquer  pour  parvenir  à  l'ouverture 
des  talifmans  qui  les  renferment.  Ce  livre  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy, 
n  .  1031. 

GAIATHEDDIN  Caikhofrou,  fils  d'Alaeddin  ou  Aladin  ,  Sultan  de  la 
dynailie  des  Selgiucides,  qui  rcgnoicnt  dans  le  pays  de  Roum  ,  c'eft -à- dire, 
dans  la  Natolie  &   pays  circonvoifins. 

L'an  de  l'Hegire  640 ,  de  J.  C.  1 242 ,  ce  Prince  '  entreprit  malheureufement 
de  faire  la  guerre  aux  Mogols  ou  Tartares,  qui  n'étant  pas  éloignez  de  fes 
frontières  ,  ne  lailToient  pas  néanmoins  de  vivre  en  paix  avec  lui  ,  comme 
ils  avoient  fait  avec  Aladin  fon  père.  Il  leva  pour  ce  fujet  une  très-grof- 
•fe  armée,  compofée  de  Grecs,  de  Francs ,  de  Géorgiens,  d'Arméniens  &  d'A- 
rabes. 

•  Il  marcha  jufqu'auprès  d'Arzengian,  ville  d'Arménie;  mais  à  peine  fuc-il  en 
préfencc  des  ennemis ,  que  tous  les  Mufulmans  &  tous  les  Chrétiens  de  fon 
iU"méc  tournèrent  en  arrière,  ce  qui  l'obhgea   lui-même   à  prendre  la  fuite, 

& 


56  G  A  I  AT  H  E  D  D  î  N. 

&   à  prendre  fes  femmes  &  fes  enfans  qu'il  avoit  laifTës  à  Cefarée  de    Cappa- 
doce,  pour  les  mettre  en  fureté  dans  Ancyre,  ville  de  Galatie. 

Les  Mogols  furpris  de  cette  fuite ,  appréhendant  que  le  Sultan  ne  leur  eût 
drelTé  quelque  embûche,  ne  le  pourfuivirent  pas  auflî  vivement  qu'ils  eulTent 
pu  faire;  ils  ne  lailfercnt  pas  cependant  de  prendre  les  villes  de  Si  vas  ou  S  e- 
bafte  &  de  Cefarée ,  après  quoj'  ils  fe  retirèrent  chez  eux ,  &  forcèrent  en  paf- 
fant  la  ville  d'Arzengian. 

Gaiatheddin  connut  enfin  à  fes  dépens  ,  que  fes  forces  étoient  trop  inéga- 
les, pour  les  mefurer  avec  celles  des  Mogols;  il  envoya  des  Ambalfadeurs  à 
Oftai  Caan ,  leur  Empereur ,  &  obtint  de  lui  la  paix ,  à  condition  de  lui  pa- 
yer annuellement  un  gros  tribut  de  chevaux,  de  munitions  &  d'étoffes. 

Ce  fut  dans  cette  même  année  qu'Abulfarage  marque  être  la  1554  d'Alexan- 
dre, ou  de  l'Ere  commune  des  Seleucides  ,  que  mourut  à  Bagdet  le  Khalife 
Abbaflîde  Moftanfer  billah  ,  père  de  MoflaalTcm  ,  qui  fut  le  dernier  de  tous 
les  Khalifes  légitimes  du  Muîulmanifme. 

Le  même  Auteur  remarque  ,  que  Gaiatheddin  avoit  époufé  la  fille  du  Roy 
de  Géorgie ,  de  laquelle  il  étoit  fi  amoureux  ,  qu'il  fit  mettre  fon  image  fin- 
la  monnoye.  L'on  trouve  auflî  des  médailles  de  ce  Prince  dans  lefquelles  il 
y  a  pour  revers  un  lion  avec  le  foleil  au-delfus  de  fa  tête  :  car  fes  Afi;rolo- 
gues  lui  avoient  dit ,  que  s'il  y  faiCoit  graver  les  figures  qui  repréfentoient 
fon  horofcope,  il  viendroit  à  bout  de  tous  fes  defi^eins. 

Ce  Sultan  mourut  l'an  642  de  l'Hegire,  &  laifia  trois  enfans  mâles  ,  à  fça- 
voir  Ezzeddin  ,  Rokneddin  &  Alaeddin  ,  dont  il  déclara  l'ainé  pour  fon  fuc- 
cefieur,  fous  la  tutele  de  Cortai,  qui  étoit  un  homme  très-efl;imé  pour  fa  pro- 
fité.    Khondemir. 

GAIATHEDDIN,  troifième  Sultan  de  la  race  ou  dj^naflie  des  Gauri- 
des,  étoit  neveu  de  Gihaufouz,  &  coufin- germain  de  Seifeddin  fon  prédecef- 
feur.  Il  fut  qualifié  du  titre  oc  furnom  d'Aboulfetah  ,  qui  fignifie  le  vifto- 
rieux  &  le  conquérant,  à  caufc  de  fes  grands  exploits. 

Il  vangea  d'abord  la  mort  de  fon  prédccefieur,  en  faifant  mourir  Abouîab- 
bas  Gauri,  qui  l'avoit  tué  ,  &  diflipa  par  cette  exécution  toute  la  faftion  des 
rebelles,  qui  s'étoient  foûlevez  dans  le  pays  de  Gaur  &  qui  réfufoient  de  lui 
payer  le  tribut  ordinaire. 

il  aflbcia  enfuite  à  l'Empire  Ton  frère  Schehabeddin ,  qui  fut  fon  fuccefi'eur, 
après  avoir  été  fon  compagnon  inféparable  dans  toutes  fes  entreprifes  militai- 
res.  Après  avoir  foûmis  les  peuples  de  Gaur  ,  il  fe  rendit  maître  des  pays 
de  Raver  &  de  KermelTir,  qui  féparent  la  province  de  Gaur  de  l'Indoftan  , 
&  qui,  félon  quelques-uns,  font  une  partie  de  celle-cy. 

L'an  de  l'Hegire  571  ,  de  J.  C.  1175  ,  il  reprit  fur  les  Selgiucides  la  ville 
de  Badghis  ,  &  peu  après  celle  de  Herat .,  qui  étoit  pour  -lors  la  capitule  du 
Khorafîan.  En  SJS  3  i^  força  la  ville  de  Foufchange  dans  la  même  provin- 
ce, &  en  577,  il  marcha  avec  Ces  troupes  jufqu'aux  portes  de  Schadbagh,  af- 
fez  près  de  Nifchabour,  où  Alifchah  ,  fils  de  Takafch  Khan  ,  Roy  de  Khova- 
rezme,  s'étoit  jette  pour  la  défendre  avec  plufieiirs  Princes  de  fa  famille. 

Gaiatheddin  étant  campé  fous  une  des  tours  de  cette  ville  ,  &  confidérant 
l'efpice  de  la  courtine  qui  s'étendoit  d'une  tour  à  l'autre,  dit  auxficns,  qu'il 
Juy  fembloit  que  l'on  pourroit   battre  en  ruine  avec  àes  machines  le  mur  qui 

étoit 


G  A  I  A  T  H  E  D  D  I  N.  59 

étoit  entre  ces  deux  tours ,  &  il  n'eut  pas  plutôt  achevé  ces  paroles ,  que  tou- 
te cette  étendue  de  muraille,  laquelle  apparemment  étoit  très  -  mauvaife ,  tom- 
ba d'elle-même;  ce  qui  fut  remarqué  comme  un  effet  du  bonheur  extraordinai- 
re de  ce  Sultan:  car,  par  la  chute  de  ce  mur,  il  fe  rendit  maître  de  la  ville, 
&  fit  prifonniers  tous  les  Princes  qui  s'y  ctoicnt  enfermez. 

L'année  fuivante,  le  même  Sultan  aflîégea  &  prit  d'affaut  la  ville  de  Merou 
<lans  le  même  pays ,  &  ayant  ainfi  achevé  par  la  prife  de  cette  importante  p'a- 
ce  ,  la  conquête  de  tout  le  KhoralFan  ,  il  fe  retira  en  la  ville  dj  Gaznah  ,  où 
plein  de  gloire  "&  de  bonheur  il  finit  fes  jours,  l'an  de  l'Hegirc  599,  de  J.  C. 
1202,  âgé  de  63  ans,  après  43  de  règne. 

Ce  Sultan  avoit  bnti  la  grande  &  fameufe  Mofquée  de  la  ville  de  Herat ,  & 
il  voulut  y  être  enterré  ;  &  parce  qu'il  faifoit  profefïïon  de  la  fc5te  Schafêien- 
ne  ,  qui  eil  une  des  quatre  feélcs  Orthodoxes  du  Mahometifme  ,  il  en  avoit 
attaché  la  préfecture  ou  Intendance  à  un  Dofteur  ou.  Imam  de  cette  fefte ,  fans 
qu'aucun  autre  qui  fît  profcffion  d'une  fefte  différente,  y  pût  prétendre.  Kkon- 
demir ,  Mirkhojid  &  l\Jutcur  du  Nighiariftan. 

L'Auteur  du  Leblarikh  dit ,  que  ce  Sultan ,  après  avoir  donné  à  fon  frère  Sche- 
hab-eddin  qu'il  avoit  allbcié  au  gouvernement  de  fes  Etats  ,  la  ville  Royale  de 
Herat,  capitale  du  KhoralTan,  pour  fa  demeure,  chojfit  pour  fa  rcfidence  ordi- 
naire ,  celle  de  Gaznah  ou  Chaznin  ,  capitale  du  Zablcftan  ,  -qui  étoit  autrefois 
le  fîége  royal   des  Sultans,  nommez  les  Gaznevides, 

Ce  même  Auteur  ne  lui  donne  que  quarante  ans  de  règne,  &  dit  qu'il  mou- 
rut l'an  de  l'Hegire  598. 

Pour  ce  qui  regarde  la  fuperbe  Mofquée  qu'il  fit  bâtir  dans   la  ville  de  He- 
rat, il  remarque  que  le  Sultan  Ali-fchir  ,   de  la  Maifon  &  poflérité  de  Tamer- 
lan,  la  fit  reparer  l'an  de  l'Hegire  904,   qui  eft  le  1498  de  J.  C,  par  laquel- 
le Epoque  on  connoît  évidemment  ,    que  cet  Auteur  du  Lebtarikh  eft  aflTez    - 
moderne. 

L'Auteur  du  Nighiariftan  rapporte  une  aftion  fort  géncreufe  de  ce  Sultan. 
Il  dit  que  fon  oncle  Fakhreddin  ,  qui  avoit  le  gouvernement  de  Bamiân  ,  s'é- 
tant  révolté  contre  luy ,  s'étoit  fecretement  lié  avec  les  Gouverneurs  de  Balkhe 
&  de  Herat,  villes  principales  de  la  grande  province  duKhorafilm,  &  tous  en- 
femble  dévoient  faire  une  grande  irruption  dans  le  pays  de  Gaur:  mais  il  arri- 
va ,  que  le  Gouverneur  de  Balkhe  n'ayant  pas  bien  pris  fes  mcfures  ,  fut  trop 
diligent  à  fe  mettre  en  campagne  ,  de  forte  qu'il  le  trouva  feul  fur  les  confins 
de  Gaur,  Gaiatheddin  &  fon  frère  ayant  appris  ce  mouvement  ,  &  fait  mar- 
cher promptement  leurs  troupes  de  ce  côté-là,  eurent  bon  marché  de  ce  Gou- 
verneur ;  car  il  fut  d'abord  enveloppé  ,  &  conduit  prifonnier  devant  les  Prin- 
ces ,  qui  lui  firent  en  même  tems  couper  la  tête  ,  qu'ils  envoyèrent  à  leur  oncle. 

Ce  Prince  commençoit  déjà  à  fe  repentir  de  fon  entreprife  téméraire  ;  mais 
il  n  étoit  plus  tems  :  car  l'armée  des  Princes  £qs  nev^eux  avançoit  toujours  ,  & 
il  fe  trouva  au  milieu  de  leurs  troupes,  avant  qu'il  pût  fe  fau'ver  par  la  fuite. 

Un  Poëte  décrivant  cette  action  ,  dit  :  Si  le  pays  de  Gaur  eft  fi  grand  qu'il 
femble  n'avoir  point  de  bornes ,  l'armée  des  Sultans  étoit  fi  grofiTe  qu'elle  pa- 
roifix)it  être  innombrable. 

Gaiatheddin  voyant  fon  oncle  dans  une  fi  grande  perplexité  ,  pouflli  droit  à 
lui;  &  defcendant  de  cheval,  alla  lui  embraffer  la  cuifi:e  &  baifer  l'étrier,  après 
quoy,  il  le  conduifit  dans  fon  camp  ,  le  logea  dans  fa  propre  tente  ,   &  le  fit 

TûME  n.  H  afleoir 


,5§  GAIATHEDDIN.  •  G  AID  H  A  B. 

aflTeoir  fur  fon  trône  ,  demeurant  debout  en  fa  préfence  comme  un  de  fes 
Officiers. 

Fakhred:lin  fe  voyant  traité  ainfi  par  fon  neveu ,  &  croyant  que  ce  n'étoit 
qu'une  mocquerie  picquante ,  &  un  mépris  couvert  d'une  faulTe  apparence  d'hon- 
neur que  l'on  lui  faifoit,  ne  put  s'empêcher  d'en  témoigner  du  chagrin,  &  fe 
lailîli  échapper  même  quelques  paroles  affez  rudes:  mais  Gaiatheddin  ne  s'en  of- 
fenfa  point  ,  &  continua  toujours  d'ufer  envers  lui  de  termes  fort  honnêtes, 
&  obligeants  pour  le  confoler  de  fon  infortune  ;  &  enfin ,  après  lui  avoir  fait 
plufieurs  préfens  confidérables ,  il  le  renvoya  en  pleine  liberté  à  fon  gouverne- 
ment de  Bamiàn  qu'il  lui  lailfa. 

Cette  aélion  héroïque  fut  fort  applaudie  de  tout  le  monde  ,  &  le  même 
Poëte  qui  a  été  déjà  cité,  dit  fur  ce  fujet:  Celui-là  enlevé  infailliblement  avec 
fon  mail  ,  la  boule  de  la  bonne  fortune  ,  qui  fçait  gagner  les  hommes  par  la 
générofité  de  fon  amc;  &  nous  voyons  par  expérience  que  le  bonheur  fuit  or- 
dinairement celui  qui  a  la  réputation  d'être  honnête-homme. 

Cette  allégorie  eft  prife  du  jeu  de  mail  à  cheval  ,  qui  eft  un  exercice  ordi- 
naire des  gens  de  qualité  en  Perfe. 

GAIATHEDDIN,  fils  de  Schamfeddin,  efl  le-^uatrième  Prince  de  la  dy- 

naflie  des  Malek  Kurt.     Foyez  ce  titre. 

GAIATHEDDIN  dit  Pir  Ali,  fils  de  Moêzzeddin,  eft  le  huitième  Prin- 
ce de  la  môme  dynaftie.  Foyez  anffi  Abou  Saîd  Ben  Algiaptu  ,  où  vous  ver- 
rez ,  que  Gaiatheddin,  fe  joignit  au  Scheik  HouITain  pour  chaifer  Baiifur  du 
Khorafian. 

GAIATHEDDIN  Mohammed  Ebn  Rafchid  ,  Vizir  d'Abufaid  ,  fils  d'Al- 
giaptou  &  d'Arbah  Khan.  11  étoit  homme  de  lettres,  f^oyez  les  titres  de  ces 
deux  Princes. 

G  A I  AT  H  E  D  D I N  Ebn  Hemdmeddin.  C'eit  Khondemir  l'Hiflorien  qui  efl 
fi  fouvent  cité   dans  cet  ouvrage. 

.  GAIATHEDDIN,  fils  de  HouITain,  Sultan  de  Herat,  que  Tamerlan  épar- 
gna pendant  la  vie  du  Sultan  fon  père  ;  mais  qui  fut  dépouillé  par  le  même 
Tamerlan,  après  fa  mort.- 

GAIDHAB  &  Aidhdb,  Ville  fituée  fur  les  bords  de  la  mer  rouge  ou  Gol. 
phe  Arabique,  que  quelques-uns  mettent  au  nombre  des  villes  d'Egypte,  &  que 
d'autres  rangent  p-ârmi  celles  dVEthiopie.  Elle  a  un  port  alfez  fréquenté  ,  oii 
s'embarquent  le  plus  fouvent  les  Caravanes  des  Pèlerins  qui  vont  par  mer  d'E- 
gypte à  la  Mecque.  Eile  n'efl  éloignée  de  Souaquen  en  Ethiopie  que  de  fept 
journées  ;  c'cfc  pourquoy  ceux  qui  pafiTent  auffi  d'Egypte  dans  la  province  d'Ie- 
men  en  Arabie,  pour  y  faire  leur  commerce,  vont  par  mer  de  cette  ville  en 
rifle  de  Dehelck  ,  qui  n'effc  qu'à  trente  milles  de  la  terre  ferme  de  l'Icmen.  ■ 
Jbdelmoal  dans  le  fécond  Climat. 

Il  ne  faut  pas  confondre  cette  ville  avec  celle  de  Coflir  ,  qui  efl  l'ancienne 
Bérénice  ,  qui  a  pareillement  un  poi  t  fur  la  mer  rouge ,  où  l'on  s'embarque 
pour  paffcr  de  la  Thebaïde  ix  de  fes  principales  villes,,  qui  font  Afna  &  Afo- 

van. 


G  A  I D  H  A  R.  G  A  I U  K.  y^ 

ran,  fituées-fur  le'lSfil,  dans  le  CD'ndnenc  de  l'Arabie,  pour  prendre ■  eTïn.îite  là; 
route  de  Medine  ou  de  la  Mecque. 

GAIDHAR,  fils  d'Aaron,  premier  Grand  Pohtife  des  Hébreux.  11  faut  li- 
re plutôt  Aidhàr;  car  c'eil  en  Hébreu  Eleazar. 

G  AIL  AN,  les  Arabes  appellent  ainfi  ce  que  nous  nommons  un  Satyre.  Ils 
difent  cependant ,  que  c'eft  auffi  une  elpèce  de  D Jmon  des  forêts  qui  tue  les 
hommes  &  les  bêtes. 

Ce  mot  ell  devenu  auffi  le  nom  propre  de  quelques  perfonnages  qui  ont  paf- 
fé  pour  être  farouches  &  cruels  ,  &  les  Arabes  appellent  auffi  Om  gaiian  ,  la 
mère  des  Satyres  ou  des  Démons  Forcftiers,  l'arbre  qui  porte  Je  nom  de  Spi- 
na  jEgyptia,  que  nous  connoiffons  mieux  Ibus  celui  d'yicacia  &  de  Cagie. 

GAIM.  Ali  Ben  Al  Gaim  AI  Mocdeffi  ,  eft  l'Auteur  du  livre  intitulé  Bog- 
hiat  al  Mortad ,  dans  lequel  il  traite  des  lentimens  que  les  Renégats  ont  quand 
ils  abandonnent,  &  après  qu'ils  ont  abandonné,  leur  Religion.  Cet  Auteur  mou- 
rut l'an  1036  de  l'Hcgire. 

GAIUK  Khan,  troifième  Roy  du  Turkeflan.  Il  ctoit  fils  de  Dib  Eakovi 
Khan,  &  defcendoit  en  droite  ligne  de  Turk,  fils  de  Jafeth  ou  Japhet,  fils  de 
Noë ,  félon  Mirkhond  dans  la  généalogie  de  Genghizkhan.  Ce  Prince  étoit  fort 
libéral  &  aimoit  la  bonne  chère  ;  mais  d'ailleurs  ,  fa  violence  &  lès  )njufi:ices 
firent  regretter  la  perte  que  l'on  avoit  faite  de  fon  prédécefîcur.  Il  lailfa  un  fils,  ■ 
nommé  Alinge  Khan,  qui  lui  fucceda  dans  les  Etats  du  Turquefiian. 

GAIUK  Khan  ,  fils  d'Oétai  Caan  &  petit-fils  de  Genghizkhan  ,  commença  â"' 
régner  l'an  639  de  l'Hegire,  &  de  J.  C.  1241,  fous  la  tutcle  de  fa  mère   nom- 
mée Tourakinah  Khatoun  ,   laquelle  mourut  l'an  de  l'Hegire  643.     Cette  Prin- 
cefie  femble  avoir  été  Chrétienne 5  car  Mirkhond  écrit,  que  les  Chrétiens  avoient 
beaucoup  de  crédit  à  la  Cour  de  Gaiuk  khan. 

Après  la  mort  de  Tourakinah,  il  fe  tint  une  afl'emblée  générale,  que  les  Mo- 
gols  appellent  Curiltai,  dans  laquelle  l'Empire  fouverain  des  Mogols  fut  donné 
ou  confirmé  à  Gaiuk  Khan ,  qui  n'en  jouit  qu'un  an  entier  ;  car  il  mourut  en 
644  de  l'Hegire,  dans  l'année  du  cycle  des  Alogols  nommée  It  II,  c'efi:-à-dire , 
l'année  du  chien.     Khondemir. 

Ce  Prince  eut  pour  fuccelfeur  Mangu  Caan  fon  coufin-germain ,  fils  de  Tulî- 
khan ,  fils  de  Genghizkhan  ,  qui  ne  fut  pourtant  déclaré  Empereur  des  Mogols 
Genghizkhaniens  que  fix  ans  après  la  mort  de  Gaiuk  ,  ou  plutôt  après  celle  de 
Tourakinah,  en  648  de  l'Hegire,  qui  efl;  l'année  du  cycle  des  Mogols  nommée 
Dongouz  II,  l'année  du  Pourceau. 

Abulfarage ,  qui  met  la  mort  de  ce  Prince  en  l'année  647  de  l'Hegire  ,  dans 
un  lieu  du  Turkefl:an  à  cinq  journées  de  Bifch  Baligh  ,  dit ,  qu'il  avoit  deux 
frères  ,  dont  l'un  portoit  le  nom  de  Kuban  &  l'autre  de  Siramoun  ,  &  qu'il 
leur  diftribua ,  &  aux  autres  Novain  ou  Princes  de  fon  fang,  toutes  les  provin- 
ces de  TAfie» 

Ogulganmifch ,  veuve  de  Gaiuk ,  gouverna  par  intérim  ,  fuivant  les  ordres  de 
Batou  fils  de  Giougi,  fils  aîné  de  Genghizkhan,  les  Etats  que  pofi^ëdoit  fon  ma- 
ry,  jufqu'au  prochain  Kuriltai,  qui  étoit  la  Diète  générale  des  Mogols,  laquelle 

H  2  s'étant 


5o  G  A  L  A  T  H. G  A  N  A  H. 

s'étant  tenue  l'an  650  de  THegire,  Batou  déclara  lui-même  Mangu  pour  fuccef- 
feur  de  Gaiuk. 

G  AL  AT  H  Al  dhoàfa  meh  al  fokaha ,  les  erreurs  des  Jurifconfultes  Muful- 
mans,  Livre  d'Abou  Mohammed  Abdallah  Ben  Berri  Al  Mocdeflî.  11  eft  dans- 
la  Bibhotheque  du  Roy,  n°.  1099. 

GALEB.  Hemâm  Ben  Giâfar,  Ben  Galeb  Al  Mocri,  eft  l'Auteur  de  l'hif- 
toire  qui  porte  le  titre   de  Tarikh  Ben  Galeb. 

GALIKIA.     Gallicia ,  c'eft  la  Valachie  nommée  autrement  Ulak  &  Iflak  ; 
car  l'on  trouve  dans  les  anciens  titres  des  Roys  de  Hongrie,   qu'ils  fe  difoient, 
auffi  Roys  de  la  Gallicie  ou  Valachie  j  &  de  la  Moldavie. 

GALIPOLI  ou  Galiboli,  Calliopolis,  ville  de  Grèce  fituée  fur  rHellefpont, 
que  les  Turcs  appellent  Galiboli  Denghizi,  la  mer  de  Galipoli  ,  &  les  Italiens, 
Il  mar  di  San  Georgio.  Cette  ville  eft  le  fiége  du  Bâcha  de  la  mer,  qui  s'ap- 
pelle en  Turc  Capoudan  Bâcha. 

.  G  A  LOVA  H,  Ville  de  Nubie,  fituée  fur  le  Nil  au-defibus  de  celle  de  Dan- 
galahi  d'où  elle  eft  éloignée  de  cinq  journées  ;   mais  il  y  en  a  dix  pour  arriver - 
de  Gàlouah  à  Ildk  dans  le  déicrt ,  en  tirant  vers  l'Occident. 

GAMBIA,  fleuve  des  Nègres,  qui  fe  décharge  dans  l'Océan  Atlantique  pro- 
che du  Cap  verd.     l^oyrz  Ulil. 

G  AMD  AN,  nom  d'une  colline,  où  le  Palais  des  Tobais,  Rois  de  l'Iemen, 
&;  le  plus  fameux  Ternple  du  pays  font  bâtis   dans  la  ville  de  Sanâa. 

Ce  temple ,  que  l'on  prétend  avoir  été  bùti  par  émulation  de  celui  de  la  Mec- 
que, eft  fouvent  appelle  du  même  nom  de  Gamdân  &  d'Amddn. 

■  G  A  M  M  A  Z,     Foyez  Manfor  Ben  Gammaz. 

GAMRI  &  Gomri,  farnom  de  Mohammed,  qui  eft  Auteur  d'un  livre  inti- 
tulé Ahcdm  al  mlfuj  des  Préceptes  de  la  loy  Mufulmane,  qui  obligent  les  femmes. 

Les  Juifs  difcnt ,  que  les  femmes  ne  font  point  obligées  à  fobfervation  des 
préceptes  affirmatifs  de  Ja  loy,  mais  feulement  aux  négatifs. 

G  AN  A II,  Ville  capitale  du  pays  des  Soudan,  c'eft-à-dire,  des  Nègres,  fituée 
entre  le  premier  climat  &  la  ligne  équinoéliale ,  fur  une  rivière  femblable  au 
Nil  d'Eg3^ptc  ,  qui  la  fepare  en  deux  parties  prefqu'égales  :  la  partie  Septentrio- 
nale eft  habitée  par  des  Mahometans  :  mais  la  partie  Méridionale  n'eft  peuplée 
que  de  Caf-cs  &  d'Infidèles.  Il  y  a  aux  environs  de  cette  ville  plufieurs  mines 
d'or,  eftimé  plus  pur  &  plus  fin  que  celuy  qui  fe  rencontre  dans  les  autres  mi- 
nes; niais  celuy  d.>s  rivières  le  furpafili  encore  en  bonté. 

Abdclmoal  &  E jriffi  ,  Géographes  Orientaux  ,  la  placent  entre  les  villes  du 
premier  Cliiuat,  &  difcnt,  qu'il  y  a  auprès  de  Ganah  un  lac  d'eau  douce,  & 
un  château  très-fort  fur  le  bord  du  fleuve,  qui  fut  bâti,  l'an  510  dp  l'Hegire^ 
par  un  Prince- de  la  Maifon  de  Salch,  fils  d'Abdallah,  lequel,  quoy  qu'il  fût  de 
la  race  d'Ali  &  de  ILuTiin  ,  ne  laifibit  pas  pourtant  de  reconnoître  le  Khalife 
de.  la  Maiibn  des  Abbalîides  qui.  reûdoit  daas  JBagdct, 

Entre 


GANARAH. G  A  O.  6i 

Entre  le  pays  de  Ganah,  &  la  Barbarie  qui  eft  fur  la  côte  d'Afrique,  il  n'y 
a  qu'un  fort  grand  defert  nommé  Sahara  ou  Sahra,  au  bout  duquel  vous  trou- 
vez la  ville  de  Gougah ,  après  un  mois  &  demi  de  clicmin. 

Cette  ville  qui  eft  la  plus  opulente  de  toutes  celles  de  la  Nigritie,  efl:  placée 
par  Abou  Rihan  Al  Birouni  au  dc-là  de  la  ligne  équinoftiale.  Le  Géographe 
Perfien  appelle  la  ville  de  Gougah,  du  nom  de  Cougou  ,  &  ce  pouvoit  être 
celle  que  nous  appelions  Congo. 

GANARAH,  Ville  forte  &  peuplée,  fituée  fur  le  Nil  des  Nègres,  qui 
eil  des  dépendances  de  Ganah,  &  qui  obéît  à  fon  Roy. 

GANGIATU,  que  l'on  trouve  aufïï  nommé  Caiflu,  &  Caicatu,  étoit  fils 
d'Abaka  Khan  ,  &  fucceda  à  Argoun  Khan  dans  l'Empire  des  Mogols  de  la 
race  de  Genghizkhan.  Jl  ne  régna  que  quatre  ans  au  bout  dcfqucls  il  fut 
tué  par  Baidu  Khan  fon  fuccelfeur  l'an  694  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1294.  Foyez 
Baidu  Khan. 

KJiondemir  remarque  que  le  véritable  nom  do  ce  Prince  étoit  Aicatu  ,  ou 
Gaicatu  qui  fignific  en  langue  Mogolicnne ,  mervcilleufcment  beau  ,  &  écla- 
tant.    Der  âgieb  Ahddr. 

Il  ajoute  que  Gangiatu  nonobflant  fes  débauches,  fut  le  plus  libéral  de  tous 
les  defcendans  de  Holagu ,  &  qu'il  fit  fi  bien  adminiftrcr  la  juftice  à  fes  fujets, 
que  fous  Ion  règne ,  l'on  ne  fit  mourir  aucun  innocent. 

Baki  Bok,  ou  Bafchi  Bog,  fut  GeneraJilîIm^  des  armées  de  ce  Prince  fous  le 
titre  d'Emir  al  Omara,  &  Khovageh  Sadreddin  Khaled  Zengiani  fut  fon  pre- 
mier Vizir. 

Plufieurs  Seigneurs  de  fa  Cour,  dont  il  avoit  enlevé  les  filles  pour  les  rnet- 
tre  dans  fon  Serrail,  conjurèrent  contre  luy:  il  en  fit  prifonniers  quelqu'uns; 
mais  les  autres  envoj^erent  fecretement  folliciter  Baidu  Ogul  fils  de  Targai ,  & 
petit-fils  de  Holagu,  lequel  étoit  pour  lors  Gouverneur  de  Bagdet  ,  de  faire 
diligence,  s'il  vouloit  fe  rendre  maître  de  l'Empire.  Baidu  ayant  ramafl^é  le 
plus  de  troupes  qu'il  put,  s'avança  vers  Mogàn  où  Gangiatu  l'attendoit  avec 
fon  armée;  mais  ce  Prince  ayant  été  trahi,  &  abandonné  par  fes  Généraux', 
il  fe  fauva  dans  une  grotte  où  ceux  qu'il  avoit  emprifonnés ,  &  qui  avoient 
été  délivrez  par  les  conjurez  ,  le  mallacrercnt, 

GANIMI,  Surnom  de  Schehabeddin  Mohammed  ou  Ahmed  Al  Anfari,  Au-- 
teur  d'un  Ouvrage  intitulé  Erfchdd  al  Ekhudn  dla  al  fark  bdn  al  cadm  bel  dhat 
u  al  cadm  belzamdn  ,    Inftruétion    donnée  aux  Auteurs  nommez  Ekhuan  alfafa, 
fur  la  différence  qu'il  y^  a  entre  la  priorité  de  nature,  &  la  priorité  de  tems. 

Il  efl  auflî  l'Auteur  de  Bahagiat ,  qui  cil  un  commentaire  fur  le  livre  qui  a- 
pour  titre  Amliat  al  borhân  fildcaid,  Demonilration  évidente  de  tous  les  articles 
de  la  foy  des  Mufulmans. 

GAO,  nom  d'un  célèbre  Forgeron  natif  de  la  ville  d'Ifpahan,  Il  fe  fit' 
chef  d'un  gros  party  de  conjurez  qui  fe  fouleverent  contre  le  Tyran  Zohak, 
&  marcha  à  leur  tête ,  élevant  au  bout  d'une  pique  fon  tablier  de  cuir  ,  en 
gUife  d'étendart. 

Il  fe  trouva  en  peu  de  tems  maître  d'une  grande  armée  laquelle  il  fit  marcher 
auffi-tôt ,  &  défit  en  bataille  rangée  le  Tyran  ;  après  quoy  il  donna  la  Couronne 
de  Perfe ,  dont  il  étoit  le  maître ,  à  "Feridoun ,  ifilj  de  la  race  des  anciens  Roys.  ■ 

H  3  Feri-' 


^,  G  A  R.  G  A  S  â  A  N. 

Feridou'n  doftna  enfuite  à  Gao  pour  recompenfe  de  fes  fervices  la  Ville  d'Ifpa- 
han  avec  fon  territoire  ,  &  voulut  que  fon  tablier  qui  avoit  fervi  de  fignal 
aux  conjurez,  fut  de-là  en  avant  l'étendart  Royal,  &  pour  ainfi  dire,  TOri^ 
flamme  de  la  Couronne  de  Perfe  ,  qui  a  toujours  porté  le  nom  de  Dirfcfcti 
Gaviani,  c'eft-à-dire,  l'Etendart  de  Gao. 

Ce  Forgeron  mérita  par  fes  grandes  avions  de  valeur  &  de  generofité ,  que 
l'Empire  de  Perfe  paflat  dans  fa  famille;  cai-  Cobad,  père  de  Khofrocs,  furnom- 
mé  Noufchirvan ,  Roy  de  la  quatrième  dynaflic  (^  :  Pcrfè ,  defcendoit  de  lui  en 
ligne  direftc.     f^oyez  les  titres  de  Zohak,  de  Feridoun,  à?  de  Dirfefch. 

GAR  Mohammed,  Grotte  de  Mahomet.    Foysz  la  Mecque, 

GARHAVAH,  le  Sepulchre  d'Eve,    ^'ij'?;^  Havah. 

GARNATHAH,  Grenade  en  Efpagne,  une  des  premières  villes  que  les 
Arabes  y  prirent  après  celle  de  Cordoue,  letu*  capitale.  Elle  fut  auffi  la. der- 
nière que  les  Efpagnols  recouvrèrent:  &  fon  hiftpire  eft  aflez  connue  par  nos 
hiitoires  modernes.  . 

Ahmed  Ben  Caflem  Al  Andaîoufi  écrit  qu'en  l'an  1008  de  IHegire,  de 
J.  C.  1599,  l'on  trouva  proche  de  Grenade  dans  un  lieu  nommé  Khandak  al- 
gennar,  feize  lames  de  cuivre  «Se  de  plomb  de  la  grandeur ^de  la  main,  qud 
l'on  prétendu it  avoir  été  enterrées  par  Saint  Cœcilius ,  Archevêque  de  Grenade, 
où  la  prédication  de  la  foy  Chrétienne  étoit  décrite  en  langue  Arabique,  mêlée 
"de  plufieurs  contes  fabuleux.  Ces  lames  furent  portées  à  B.ome  ,  &  ont  été 
condamnées    à  Rome  depuis  peu  d'années,     ^oyez  dans  la  Bibliothèque  du  Roy 

71  .    104.^. 

Ben  Schohnah  écrit  qu'en  l'an  482  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1089,  JofepJi  fils 
de  Taffetin  ou  Baf  kehin ,  commença  à  régner  dans  la  ville  de  Grenade ,  &  que 
la  dynaltie  des  Sanahegiàt  finit  dans  ce  même  tems ,  depuis  lequel  la  ville  &  la 
province  de  Grenade  ont  pris  le  titre  de  Royaume. 

Cet  Etat  a  été  le  dernier  de  toute  l'Efpagne ,  où  les  Arabes  que  nous  appel- 
Ions  ordinairement  les  Mores ,  ont  régné  ;  &  c'efl;  auffi  de-là  ,  que  les  Mores 
chalTez  d'Efpagne  qui  fe  font  réfugiez  en  Barbarie,  font  appeliez  encore  aujour- 
d'huy  Grenadins,  &  Tagarins. 

Ce  fut  fous  le  règne  de  Caiem ,  vingt-feptième  Khalife  des  Abbaffides ,  &  de 
Mofi:anfer ,  cinquième  Khalife  d'Egypte  de  la  race  des  Fathimites ,  que  le  Royau- 
me de  Grenade  fut  établi.    • 

Il  y  a  une  hifl:oire  fort  ample  du  Royaume  de  Grenade ,  qui  a  pour  Auteur 
Mohammed  Ben  Abdallah  furnommé  Al  Khathib  Al  Corthobi.  Ce  livr^  a  pour 
titi:e  ihathah  fi  tarikh  Garnathah. 

Nous  avons  un  abrégé  de  medicine  intitulé  Igiaz  filt  heb  compofé  par  Jofef 
.  Ben  Al  Garnathi  qui  mourut  l'an  753  de  l'Hegire,  &  un  Jlhcdm  Alcorân  qui 
a  pour  Auteur  Abd  al  monaêm  Ben  Mohammed  Ben  Ars  Al  Garnathi  qui 
mourut  l'an  770  de  l'Hegire. 

GASSAN,  nom  d'une  ancienne  ville  de  Syrie  dont  le  terroir  étoit  abon- 
dant en  fontaines  &  en  ruilTeaux ,  où  les  Arabes  furnommez  dans  la  fuite  Gaf- 
fanides,  établirent  une  colonie.     Foyez  plus  bas. 

Galfani  ell  le  furnom  d'Aboulfadhl  Abd  al  monaêm  Ben  Omar  Ben  Haiiàn, 

lequel 


G  A  s  s  A  NI  A  H.        G  A  U  R.  ^3 

fequel  étant  tié  dans  la  Gallice  en  Efpagne,  porte  auffi  les  noms  d'Andaloufi , 
&  d'Aï  Gialiani.  Il  tiroit  fon  origine  de  ces  Arabes  GaiTanides  dont  on  vient 
de  parler  ,  &  il  nous  a  laiflc  un  Divan  compofé  de  dix  Ouvrages ,  dont  le 
premier  efl  en  vers  Acroftiques,  &  Figurez,  fur  les  louanges  de  Saladin.  Ce 
livre  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n°.  1072. 

Al  Gaflani  AI  Azraki  efl  un  autre  Auteur  qui  a  compofé  une  billoire  fort 
ample  de  la  Mecque,  dont  Alfarani  a  fait  un  abbregé. 

GASSANIAH,  les  GaiTanides.  Les  Arabes  ont  eu  une  dynallie  de  Roys 
qui  ont  porté  ce  nom  plus  de  400  ans  avant  la  nailfance  de  IMahomet.  lis 
étoient  de  la  famille  d'Azad,  &  de  la  pollerité  de  Kaheldn  fils  de  Saba  ,  fils 
d'Iafchhub,  fils  d'Iàrab,  fils  de  Cahtan,  qui  eil  Jodan  fils  du  Patriarche  Eber 
ou  Heber. 

Ils  quittèrent  l'Arabie  après  l'inondation,  ou  le  déluge  d'Irem  ,  &  vinrent 
en  Syrie  auprès  d'un  lieu  abondant  en  eau  nommé  Galfan  ,  où  ayant  trouvé 
d'autres  Arabes  nommez  Dhagâemah  qui  s'y  étoient  déjà  établis  ,  ils  les  en 
chaflerent. 

Le  premier  de  leurs  Roys  portoit  le  nom  de  Giafnah  fils  d'Amrou,  fils  de 
Thaâlebah  qui  tiroit  fon  origine  d'un  Roy  de  Hirah  ,  furnommé  Maziah  ,  à 
caufe  qu'il  déchiroit  tous  les  jours  l'habit  qu'il  portoit ,  pour  le  donner  à  quel- 
qu'un. Le  dernier  de  ces  Roys  fut  Giabalah  fils  d'Aihem ,  lequel  fe  fit  Muful- 
man  du  tems  d'Omar ,  fécond  Khalife  après  Mahomet ,  &  enfuite  Chrétien ,  mais 
par  dépit.     Foyez  fon  titre  particulier. 

La  plupart  des  Rois  de  Gaffàn  portoient  le  nom  de  Hâreth  ,  d'où  vient 
celui  d'Arctas  que  les  Grecs  &  les  Latins  ont  formé.  Ces  Roys  Arabes  ont 
été  fouvent  déclarez  par  les  Empereurs,  Chefs  de  leurs  armes  en  Syrie.  11  y 
en  avoit  un  qui  coramandoit  dans  Damas  du  tems  de  faint-Paul ,  comme  il 
paroît  par  la  féconde  Epîcre  de  cet  Apôtre  aux  Corinthiens. 

GAUR  &  GOUR;  ce  mot  qui  fignifîe  proprement  une  Plaine,  &  un  pays 
plus  bas  que  les  autres,  fe  donne  à  pluficurs  Provinces  de  l'Afie. 

Celle  de  Tahamah  en  Arabie  porte  fouvent  ce  nom,  à  caufe  qu'elle  eil  plus 
baflTe  que  toutes  les  autres  contrées  de  ce  grand  pays.  Il  y  en  a  pourtant  qui 
veulent  que  Gaur  foit  entre  l'Iemen  &  Tahamah. 

En  Syrie  le  pays ,  que  les  anciens  nommoient  l'Auranitide ,  où  Hyrcan  le  Grand 
Pontife  des  Juifs  fut  fait  prilbnnicr,  &  où  Antipatcr  père  d'Herode  fut  tué, 
eil  nommé  Gaur  par  les  Hifloriens  Arabes.  Ce  pourroit  être  la  Phœnicie ,  ou 
la  Cœlefyrie;  car  ce  mot  fignifie  la  Syrie  Creufe. 

Mais  la  plus  grande  de  toutes  les  Provinces  qui  portent  ce  nom  ,  efl  celle 
qui  s'étend  entre  le  Khoraffan  du  côté  de  la  ville  de  Herat ,  &  le  pays  de 
Gaznah.  Cette  Province  de  Gaur  n'cft  fcparée  des  Indes  que  par  le  paj-s  de 
Raver ,  &  elle  cft  fort  célèbre  par  la  montagne  des  Turquoifes  que  les  Per- 
fans  appellent  Firouz  goueh  ,  où  il  y  a  une  fortereffe  qui  porte  le  même 
nom,  &  que  l'on  tient  être  la  meilleure  de  toute  l'Afie.  Foyez  le  titre fuivans 
de  Gauri,  âf  ceux  de  Gaznah,  âf  de  Zableflan. 

Ce  fut  dans  les  montagnes  de  Gaur  que  la  pofterité  de  Zohak  le  Tyran  de 
Pevfe  fc  réfugia,  &  y  établit  une  principauté.  Sam  Ebn  Souri,  Chef  &  Fonda- 
teur de  la  dynallie  des  Gaurides,  prétendoit  tirer  fon  origine  de  cette  race. 

GAURANI, 


54  G  A  U  R  A  N  I. G  A  U  R  I  A  N. 

G  AURA  NI,  Surnom  de  l'Imâm  Abulcaflem  Al  Merouzi,  qui  ell  le  mêmft 
qu'Abdal  rahman  Ebn  Mohammed,  Grand  Doéleur  de  la  Seéle  Schafêienne  qui 
mourut  l'an  de  l'Hegire  461.  Il  nous  a  laifle  deux  Ouvrages  de  Jurifpruden- 
ce  Mufulmane  ,  dont  l'un  eft  intitulé  j^fràr  al  fekeh ,  &:  l'autre  Abanat  fi 
fekeh  fchafêi. 

G  A  URL     Foyez  le  titre  qui  fuit  j  de  Gauriân. 

GAURIAN,  les  Gaurides,  qui  font  appeliez  ordinairement  par  les  Hiflo- 
riens  Selathin  Gaur,  les  Sultans  de  la  dynaftie  des  Gaurides.  Ils  commencèrent 
à  régner  l'an  de  l'Hegire  545,  de  J.  C.  1150,  &  finirent  l'an  609  ,  de  forte 
que  cette  dynaftie  n'a  dure  que  64  ans,  fous  cinq  Roys  ou  Sultans. 
'  Le  premier  a  été  Alaleddin  HafTan  fils  d'Huffain,  fils  de  Sam  Souri,  &  il 
fut  furnommé  Gihanfouz ,  qui  fignifie  en  Perfien ,  celui  qui  a  mis  le  monde  en 
feu.     Ce  Prince  a  régné  fix  ans. 

Le  fécond  eft  Seifcddia  Mohammed ,  fils  de  Ala  eddin  Gihanfouz  ,  qui  a 
régné  fept  ans. 

Le  troifième  Gaiath-eddin  Aboulfetah  ,  fils  de  Sam  fils  de  Huflain  ,  dont  le 
règne  a  été  de  quarante  ans. 

Le  quatrième  ,  Sçhehab-eddin  Aboulmozaffer  ,  fils  de  Sam  fils  de  Huflliin , 
frère  de  Gaiath-eddin  fon   prédécelfcur ,  qui  a   régné   feul  quatre  ans. 

Le  cinquième  nommé  Mahmoud ,  fils  de  Gaiatheddin  Aboulfetah  troifième 
Sultan  de   cette  dynaflie,  régna  fept  ans.     Khondemir.   Lehtarikh.   Nighiariflàn. 

Cette  dynafi.ie  qui  s'éleva  fur  les  ruines  de  celle  des  Gaznevides,  pafiTa  en- 
fuite  dans  celle  des  Khovarezmiens.  Il  faut  voir  le  titre  de  Sam  Souri,  ^  ceux 
de  ces  cinq  Sultans  pour  apprendre  l'origine ,  le  progrez  ,  âf  la  décadence  de  cette 
dynaftie. 

Après  que  le  grand  Empire  de  la  famille  de  Sam  Souri  que  l'on  nomme  la 
dynafiiie  des  Gaurides  ,  fut  fini  en  la  perfonne  de  Mahmoud  ,  fils  de  Gaiath- 
eddin,  cinquième  &  dernier  Sultan  de.  cette  race,  l'an  de  l'Hegire  609  ,  de 
J.  C.  1212  ,  une  branche  de  cette  maifon  s'établit  dansBamian,  ville  &  Pro- 
vince particulière  du  Khorailan ,  au  de-là  de  la  ville  de  Dalkhe ,  en  tirant  vers 
Kabul,  Province  Septentrionale  des  Indes  ,  comme  aufîî  dans  le  Tokhareltan 
qui  efb  la  partie  la  plus  Orientale  de  la  Province  de  KhoralTan. 

Le  premier  .de  cette  féconde  branche  des  Gaurides  fut  le  Sultan  Fakreddin , 
oncle  de  Gaiath-eddin  Aboulfetah,  troifième  Sultan  de  la  première  dynaftie. 
Voyez  ce  qui  lui  arriva  avec  fon  neveu  dans  le  titre  de  Gaiath-eddin  fils  de  Sdm. 

Le  fécond  fut  fon  fils  Schamf-cddin  ,  lequel  ajouta  aux  Etats  de  fon  perc, 
une  pa^rtîe  du  Badakhfchian  ou  Balakfchian ,  pays  d'où  viennent  lee  rubis  ba- 
luys,  &  la  Province  de  Tchagauiàn. 

Le  troiiième  fut  Baha-eddin,  fils  de  Schamf-eddin ,  renommé  pour  fajuftice, 
fa  doftrine ,  &  pour  l'aifeclion  qu'il  portoit  aux  gens  de  lettres  ;  car  c'eft  à  ce 
Prince  que  l'Imâm  Fakhreddin  Razi  dédia  un  de  fcs  Ouvrages. 

Le  quatrième  fut  Gelal-eddin,  auquel  on  donne  fept  années  de  règne,  les 
Hiftoriens  ne  remarquant  pas  les  années  de  fes  prédécelfeurs  :  mais  ce  fut  fous 
ce  Prince  ou  après  fa  mort  que  l'Etat  de  Bamiân  &  de  Tokhareftan  paffa.  entre 
les  mains  des  Sultans  de  Khovarezmc,  qui  avoient  déjà  dépouillé  la  première 
branche  de  la  Maifon  des  Gaurides  dès  l'année  609  de  l'Hegire,  comme  nous 
venons   de  voir.     Kliondemir. 

L'on 


G  A  U  T  H  A  H.  —  G  A  Z  A  L. 


^S 


L'on  pourroit  compter  pour  une  troifième  dynaflie  des  Gaurides ,  la  fuite  de  plu- 
Ticurs  Efclaves  &  Affranchis  Turcs  ciev'ez  par  les  Su 'tans  de  cette  Maifon  & 
fur  tout  par  Scliehab-cddin  qui  en  fut  le  quatrième  Sultan  ,  lefquels  régnèrent 
a^ès  fa  mort  dans  le  Kerraan  ou  la  Caramanie  Perfique,  dans  le  Souran,  dans 
le  Multan,  &  dans  Delli,  Royaumes  des  Indes.  Voy^z  les  titres  de  Schehab-eddin , 
6f  de  Golamân  Selathin  Gaur. 

GAUTHAH.  Gauthat  Demefchk ,  h.  plaine  de  Damas.  C'efl  un  pays  fi 
délicieux-,  qu'il  pafTe  pour  un  des  quatre  lieux  qui  font  vantez  pour  être  les 
Paradis,  ou  les  Jardins  les  plus  beaux  de  toute  la  terre  habitable.  Les  trois 
autres  font  Obollah  en  Chaldée  où  il  y  a  une  rivière  du  même  nom,  Scheb 
Baovân  en  Perfe,  &  la  Sogdiane  que  les  Orientaux  appellent  aujourd'huy  So"-d 
Samarcand,  la  plaine  ou  la  valide  de  Samarcand.  °  . 

GAZ,  dixième  fils  de  Japhet  fils  de  Noé  ,  qui  établit  fa  demeure  fur  le  fleuve 
nommé  Bulgar,  après  que  fes  autres  frères  fe  furent  emparez  des  meilleurs  pays 
de  la  fucceffion  de  leur  père.  Il  fit  la  guerre  à  fon  frère  aîné  nommé  Turk, 
pendant  pluficurs  années. 

La  race  de  Usures ,  ou  Turcomans  appellée  aujourd'huy  Gazieh  &  Gazan ,  & 
qui  efl  la  plus  vile ,  &  la  plus  méprifée  de  toutes  ,  tire  fon  origine  de  Gaz. 
On  lui  donne  aufli  le  nom  de  Tchefchmgaz ,  lequel  l'on  prononce  auflî  Tam^^azi 
&  ces  deux  noms  fignilient  Horgnes.  I^oyez  Mirkhond  dans  la  Généalogie  de 
Gcnghiz-Khan ,  &  le  titre  de  Turcomans. 

Gaz  eut  deux  enfans  dont  l'un  nommé  Bulâr  &  Bulgâr  demeura  dans  le  pays 
que  fon  père  avoit  choifl  pour  fa  demeure  au  de-là  du  Volga ,  d'où  les  Bulga- 
res qui  vinrent  depuis  s'établir  dans  la  Mœfie,  font  defcendus. 

Le  fécond  nommé  Berthas  ou  Perthas,  fut  le  chef  d'une  nation  Turque  ou 
Turcomane  qui  vint  s'établir  dans  l'Afie.  Ils  ravagèrent  la  grande  Province 
du  KhorafTan  l'an  426  de  l'Hegire  ,  de  J.  C.  1034,  mais  ils  furent  défaits  par 
Mahmoud  le  Gazncvidc  qui  les  chafTa  hors  de  fes  Etats. 

L'an  435  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1043,  les  Gazes  Turcomans  entrèrent  dans 
la  Mefopotamie ,  &  fe  rendirent  maîtres  de  la  ville  de  Mofui  :  mais  le  Khahfe 
Caiem  Bemrillah  reprit  fur  eux  cette  importante  ville  ,  &  les  obligea  de  fe 
retirer   dans  l'Adherbigian,  c'eft-à-dire ,  dans  les  montagnes  de  la  Medie. 

Gaz  efl  auiîi  le  furnom  de  Alohibeddin  Seid  Huflain  Al  Bagaovr,  mort  l'an  536 
éi  l'Hegire,  qui  nous  a  laiifé  un  livre  fous  le  titre  d'Erfclidd. 

GAZAL,  nom  d'un  animal  que  les  Grecs  &  les  Latins  ont  appelle  Dorcas. 
Nous  avons  retenu  le  nom  Arabe;  car  nous  l'appelions  Gazelle.  Scherif  AI 
Edrifîi  dit  dans  le  premier  climat  de  fa  Géographie,  qu'il  y  a  beaucoup  de  ces 
animaux  dans  le  pays  des  Nègres.  Les  Maronites  ont  expliqué  dans  la  Géogra- 
phie Nubienne  le  mot  de  Gazai  par  le  mot  de  Cerfs  qui  ne  Ce  trouvent  point 
dans  toute  I  Afrique;  mais  Virgile  avant  eux  étoit  tombé  dans  la  même  fiiute. 

Ce  mot  fignifie  auflî  des  vers  amoureux  ,  qui  ne  doivent  pas  excéder  le  nom- 
bvQ  dé  dix-fept  ou  dix-huit  Beits  que  nous  appellerions  Difliquss  ;  mais  dont 
chacun  n'efl  qu'un  vers  Arabique.  Lorfqu'ils  palTent  ce  nombre  ,  le  poëme 
s'appelle  Caffidah  qui  répond  à  nôtre  Elégie.  Le  Gazai  ne  peut  être  aufli  moin- 
dre que  de  fept  Beits  ,  ou  tout  au  moins  de  cinq  ;  car  quand  il  n'y  a  que 
J  T0M6  IL  I  quatre 


(56  GAZALAN.        GAZA  L  I. 

quatre  Beits,  c'eft  un  Rabedt  ou  quatrain.    Les  deux  premiers  Beits  d'un  Gazai 
s'appellent  Methld,  &  les  deux  derniers  Mecthâ. 

GAZALAN;  on  appelle  ainfi  les  deux- Gazelles  d'or  dont  un  Roy  de  Perif: 
fit  preibnt  au  temple  de  la  iMecque.    Elles  furent  long-tems  cachées  au  fond  du 
puits  nommé  Zenizem  ,   d'où  ayant  été   tirées,  Aboulchcb,  ennemi    déclaré  de- 
Mahomet,  les  vendit  à  des  Marchands,  &  en  convertit  le  prix  à  fon  ufage.. 

Ce  même  mot  fignifie  en  langue  Perfienne  ceux  d'entre  les  Poètes  qui  fe 
font  appliquez  à  la  compofition  de  vers  lafcifs  &  amoureux,  que  les  Arabes 
appellent  Gazai. 

GAZ  ALI,  furnom  d'Abou  Hamed  Mohammed  Zein  eddin  Al  Thoufi.  Ce 
Dofteur  qui  cil;  des  plus  célèbres  entre  les  Mufulmans,  porte  les  titres  magni- 
fiques d'Imam  alâlem ,  le  fçavant  Imam ,  ou  l'Imam  du  monde ,  Amcl  al  ôlamah , 
celui  qui  mettoit  en  pratique  ce  qu'il  enfeignoit,  Al  Varâ  Al  Zahed,  qui  crai- 
gnoit  le  plus  d'offcnfer  Dieu,  &  qui  s'abftenoit  entièrement  des  plaifirs  de  la 
vie,  Scheikh  al  tharicat,  le  Dofteur  de  la  vie  fpirituelle  ,  Hoggiat  al  Iflàm,  le, 
plus  grand  témoin  du  Murulmanifme.  _        ^t     .       ,      n 

il  naquit  à  Thous,  ville  du  Khoraflan ,  1  an  450  de  1  Hegire.  Nezam  almulk 
l'avoit  fait  Profeffjur  de  fon  Collège  nommé  Al  Nezamiat  ,  qu'il  avoit  fondé 
dans  la  ville  de  Bagdct  fous  le  règne  de  Melikfchah  :  mais  Gazali  quitta  cette 
profeffion  pour  embralfer  la  vie  retirée  l'an  488  de  l'Hegire  ;  &  après  avoir 
fait  le  pelerinafTc  de  la  Mecque  ,  il  retourna  en  fon  pays  ,  où  il  mourut  1  an 
de  l'Hegire   504  félon  Ben  Schonah ,  &  505  félon  les  autres. 

'Le  plus  fiimeux  Ouvrage  de  ce  Docteur  cft  celuy  qu'il  intitula  Mm  ôloum 
eâdin  les  différentes  clafles  des  fciences  qui  concernent  la  Religion.  Ce  hvre 
fat  abbregé  par  Ahmed  Ben  Mouffa  Al  Arbeli  fous  le  titre  de  Rouh  al  Mia^ 
c'en:-à-dire^  FEiprit  du  livre  intitulé  Mia.  ;  ^  . 

•  Il  V  a  un  volume  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  qui  contient  cinq  opufcules 
de  Gazali  dont  le  premier  eft  intitulé  Mâar'f  al  âkliah  ,  des  connoilHuices  in- 
telleftuellcs.  Le  fécond  Moncad  men  al  dlialal,  ce  qui  nous  délivre  de  l'erreur. 
L*-  troiiièm'e  ^l  Madhnoim ,  âf c.  ce  qui  doit  être  caché  aux  indignes.  Le  qua- 
trième  Mefchrat  alanovdr,  le  lieu  où  la  lumière  eft  cachée.  Le  cinquième  Nha- 
rese  al  Salekim,  les  Elévations  d'efprit  des  perfonncs  pieufes  vers  Dieu.  _ 

Ce  Dodeur  étant  interrogé  de  quelle  méthode  il  s'étoit  fervi  pour  arrivera 
ce  haut  point  le  fcience  qu'il  avoit  acquife  ,  répondit  qu'il  n'avoit  jamais  eu 
honte  de  demander  ce  qu'il  ne  fçavoit  pas  .  .    .    ..  ■^  r    /r 

Il  V  a  des  livres  fort  fuperflitieux  &  dangereux  qui  font  attribuez  faulFe- 
m-nt  à'ce  Doèleur.  L'un  clt  le  Khaîem,  ou  Anneau  Magique  qui  eft  dans  la 
Bibliothèque  du  Roy  n^.  loio.  Le  fécond  eft  Hall  al  rcmoiiz  fi  mcfaiih  al 
conouz,  explication  de  trois  Alphabets  renverfez  pour  la  découverte  des  trefors. 
Ce  ii^^re  fe  trouve  aufli  dans  la  même  Bibliothèque  n^.  1030. 

Nous  avons  encore  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n^  902,  le  Livre  de  Fa. 
tehat  al  ôloum,  la  clef  des  fciences,  qui  eft  un  commentaire  du  Ahia  al  ôloura 

Le'  livre  intitulé  Jnîs  fil  ovahdat ,  l'Ami  ou  le  Compagnon  de  la  folitude  eft 
attribué  à  un  Abou  Ilamcd  Al  Gazali,  qui  mourut  l'an  705 ^de  l'Hegire.  Il  y  a 
peut-être  erreur  dans  cette  datte,  &  cet  Ouvrage  pourroit  ctre  du  même  Gazali 
dont,  nous  parlons. 


G  A  Z  A  N.  ç^ 

Il  n'en  eft  pas  de  même  du  Gazali  qui  portoit  Je  nom  d'Alf  Ben  CofTaibah 
&  qui  mourut  l'an  878,  de  l'Hegire,  duquel  nous  avons  le   Livre  intitulé  Eftel 
hathdth  al  m;rah:m,  des  moyens  qui  fervent  à   attirer  fur  nous  les  milericordes 
de  Dieu. 

;r  Le  Tarikh  Montekheb,  livre  Turc,  cite  dans  l'hifloire  de  Caiumarath  un  livre 
du  premier  Gazali  intitulé  Nafthat  al  moloûk,  Confeils  donnez  aux  Roys  &  aux 
Princes. 

L'Emir  Mofthafa  Al  fchâer  a  traduit  en  Turc  un  opufcule  fpirituel  de  Gazali, 
dont  le  titre  n'eft  autre  que  le  commencement  du  livre,  Eiuka  al  yded,  c'eft-à- 
dire,  Mon  fils. 

GAZ  AN  Khan.  C'cft  Mahmud,  fils  d'Argiin  Khan,  qui  fiicceda  à  Baidu  dans 
les  Etats  que  les  (uccefTeurs  de  Genghizkhan  polFedoient  en  Perle ,  Tan  de  l'He- 
gire 694,  de  J.  C.  1294,  Baidu  ayant  été  tué  par  l'Emir  Nevriiz  dans  la  ville 
de  Nakfchivan  en  Arménie.  p 

Ce  Prince  ayant  appris  dès  le  commencement  de  fon  règne  que  quelques-uns 
de  fes  parens  avoient  pafTé  le  Gihon  pour  lui  venir  difputer  la  couronne ,  envoya 
l'Emir  Nevrdz  en  Khorailan  avec  une  puillante  armée  pour  s'oppofer  à  leurs 
defleins.  Ce  Général  s'acquitta  fort  bien  de  fa  commillion  ;  car- il  obligea  ces 
Princes  à  retourner  fur  leurs  pas,  &  laifler  Gazan  leur  parent  joiiir  en  paix  d'un 
Royaume  qu'il  gouvernoit  avec  beaucoup  de  fageffe  &  d'équité. 

En  effet  il  tenoit  fouvent  en  perfonne  fa  Cour  de  juflice  où  tous  fes  fujets 
étoient  reçus  à  porter  leurs  plaintes  contre  les  plus  grands  Seigneurs  ,  &  les 
premiers  Officiers  de  fa  Maifon,  &  il  leur  donnoit  à  tous  une  fatisfaétion  propor- 
tionnée aux  torts  qu'ils  avoient  Ibuff'erts. 

L'Emir  Nevrûz  qui  'avoit  rendu  à  fon  maître  de  fi  bons  fervices  dans  le  Kho- 
raflTan,  y  fut  envoyé  derechef  en  qualité  de  Gouverneur:  mais  il  n'y  fut  pas 
plutôt  arrivé,  que  pluficurs  Seigneurs  du  pays  qui  briguoicnt  ce  Gouvernement, 
&  qui  lui  portoient  envie,  le  rendirent  fufpefl  à  la  Cour,  &  envoyèrent  à  Sad- 
reddir^,  Khaled ,  Prefident  du  Divan  ,  une  lettre  de  Nevrûz  ,  qu'ils  prétendoient 
avoir  interceptée ,  par  laquelle  il  paroifibit  s'entendre  avec  le  Roy  d'Egypte  pour 
faire  la  guerre  d'un  commun  accord  à  Gazan. 

Le  Sultan  n'eut  pas  été  plutôt  informé  de  ce  complot ,  que  fans  examiner 
plus  avant  la  chofe,  il  fit  alfembler  fes  troupes,  l'an  696  de  l'Hegire,  &  les  fit 
marcher  vers  le  Khorafllm,  &  Cutluc  fchah  qui  en  eut  la  conduite,  reçut  l'ordre 
de  ne  point  retourner  à  la  Cour,  qu'il  n'eût  puni  Ncvriiz  de  fa  rébellion. 

Gazan  étoit  pendant  ce  tems-là  dans  la  ville  de  Hamâdan  où  il  faifoit  fon 
fejour  ordinaire,  quoy  qu'il  eût  été  couronné  dans  Tauris  ville  capitale  de  fon 
Empire,  à  caufe  que  les  affaires  qu'il  avoit  en  Syrie  avec  le  Roy  d'Egj^pte, 
l'obligeoient  à  ne  pas  perdre  de  vue  cette  Province.  Cutlucfchah  ne  fut  pas 
plutôt  entré  dans  le  Khoraffan  ,  qu'il  contraignit  l'Emir  Nevrûz  d'abandonner 
fon  gouvernement,  &  de  fe  réfugier  auprès  de  Fakhreddin  Malek  Kurt  qui  étoit 
-fon  gendre  &  fa  créature  :  mais  ce  Prince  infidèle  oubliant  fes  obligations ,  &  tous 
ks  devoirs  de  falliance  &  de  l'hofpitalité ,  le  chargea  de  fers ,  &  le  mit  entre 
les  mains  de  Cutlucfchah  qui   le  fit  aulîî-tôt  mourir,  &  envoya  fa  tête  à  Gazan. 

L'an  697  de  l'Hegire  Gazdn  donna  le  gouvernement  du  Khoraffan  au  Sultan 
A?giaptu  fon  frère,  qui  fut  depuis  furnommé  Mohammed  Khodabendé,    Ce  Prince 

1  2  eut 


a  G  A  Z  A  R  I  A  H. 

eut  beaucoup  de* démêlez  avec  Malek  Kurt,  à  caufc  du  voiTinage  de  leurs  Etats; 
mais  cnlin  Taccord  fut  fait  eiitr'eux  par  les  foins  du  Mofti  Schihabiddin  Giami. 

L'an  699,  Gazan  rît  faire  le  procez  à  fon  Vizir  Sadreddin  R_ng.iani  auquel  on 
donnoit  le  furnom  de  Sadr  Gehan  ,  fur  la  mauvaife  adminiftraLioii  des  Finances; 
mais  en  effet  pour  le.  dépouiller  des  grands  biens  qu'il  pofledoit.  Ce  Miniftre 
ayant  été  exécuté',  fa  charge  fut  partagée  entre  Raichid  eddin  Thabib ,  &  Kliuagé 
Sahededdin. 

Dans  la  même  année  699  ,  Gazan  entra  dans  la  Syrie  ,  &  donna  bataille  à 
Naiier  fils  de  Calaoun,  Roy  d'Egypte,  auprès  de  la  ville  d'Emeffe.  Naflcr  y  fut 
vaincu  ,  &  ne  put  fe  fauver  qu'avec  fept  Cavaliers  feulement.  Cutluk  (chah 
Général  de  l'armée  des  Mogols  prit  à  compofition  la  ville  de  Damas,  &  tout 
le  refte  de  la  Syrie  fut  fubjugué:  mais  peu  de  tems  après  que  Gazan  eut  repalTé 
l'Euphrate  pour  retourner  à  Hamadan,  les  Syriens  égorgèrent  tous  les  Mogols 
qui  y  étoient  demeurez  en  garnifon. 

L'ari*7o2  de  l'Hegire  Gazan  repafTa  en  Syrie,  &  vint  à  Alep  où  ayant  pafle 
quelque  tems  à  fe  divertir,  il  lailîa  à  Cutlukfchah,  &  à  fes  autres  Capitaines  la 
conduite  de  fes  armées ,  &  le  foin  de  recouvrer  le  refte  de  la  Syrie  :  Mais  NalTer 
qui  avoit  appris  le  retour  de  Gazan  en  Syrie  étoit  venu  l'attendre  auprès  de 
Damas  avec  une  puilfante  armée.  Ce  fut  dans  cette  même  année  que  Gazan 
établit  Caicobad  fils  de  Feramorz,  dernier  Sultan  des  Selgiucides  de  la  djmaftie, 
appcllée  de  Roum  ou  de  Natolie. 

Gazàn  cependant  avoit  repafi^î  l'Eupbrate  ;  &  fes  Capitaines  trompez  par  les 
cfpions,  ne  fçachant  pas  la  venue  de  NalTer,  s'approchèrent  de  Damas  qu'ils 
croyoient  furprendre,  lorfque  tout  à  coup  leur  avantgarde  ayant  découvert  l'ar- 
mée de  NalTer ,  elle  fut  obligée  d'engager  la  bataille.  Le  combat  fut  long  & 
cruel  ;  l'Emir  Giuban  y  fit  des  choies  furprenantes  ,  &  qui  approchoient  de  ces 
faits'  d'armes  de  Roftam  &  d'Asfendiâr,  anciens  Héros  de  laPerfe:  mais  il  ne  fut 
pas  bien  fécondé  par  les  Officiers  Mogols  qui  tournèrent  le  dos  à  l'ennemi ,  & 
lui  laiiTerent  une  pleine ,  viéloire. 

L'an  703,  Cutlukfchah  ajT'ant  été  ainfi  vaincu,  repalTa  avec  fes  Mogols,  dont 
il  avoit  perdu  dix  mil ,  de  la  Syrie  en  Perle.  Il  rejoignit  Gazan  auprès  de 
Cazuin,  où  le  Sultan  qui  s'y  étoit  arrêté,  recompenfa  les  fervices  &.  h  valeur 
de  l'Emir  Giuban,  fit  châtier,  fijivant  la  difcipline  des  Mogols,  avec  le  corraJi 
qui  eil  une  efpece  de  fouet,  tous  ceux  qui  n'avoient  pas  fait  leur  devoir,  & 
peu  de  tems  après  s'étant  allité,  il  mourut  fort  regretté  de.  tous  fesfujets,  dans 
un  lieu  nommé  Scham  Gazan,  le  Damas  de  Gazan.    Klmidcmir. 

Gazan  s'étant  fait  M.ihometan  de  la  manière  que  Doulet  Schah  raconte  dans 
la  vie  du  Poëte  Auhedi,  prit  le  nom  de  Sultan  Mahmoud.  11  fit  bâtir  des  villes 
aufquelles  il  donna  le  nom  du  Caire  , .  de  Damas ,  &  d'Alep  ,  &  une  fuperbs 
Mofquée  à,  Scham  Gazan  où  il  fut  enterré.  Mirkhond  dit  que  c'eft  le  feul  monu- 
ment dos  Mogols  qui  reftoit  de  fon  tems  en  Afie. 

Abulfeda  Prince  de  Hamah ,  le  plus  fameux  Géographe  de  l'Orient,  fe  trouva 
dani  le  camp  de  NalTer,  à  la  bataille  où  les  Mogols  furent  défaits. 

GAZ  A  RI  AH;   on  appelle  aujourd'hui  de   ce  nom  le  lieu  qui  eft  appelle 

dans  l'Ecriture ,  Bethanie. 

Gazâri  eft  lé  furnom  d'Ibrahim   Ben  Habib,  lequel  s'eft  fervi  le  premier  de 

l'Afti-o- 


G  A  Z  I.  — »-  G  A  Z  N  A  V  I,  .€f 

fA'^roIabe  que  les  Orientaux  àiCent  avôit  été  inventé  par  Ptolemée.     Foyez 
AlVnarlàb. 

GAZI,  Conquérant.  Ce  mot  devient  le  titre,  &  le  furnoin  de  plufieurs 
Frinces  tant  parmi  les  Arabes,  que  parmi  les  Turcs  ,  qui  ont  fait  la  guerre  aux 
ii^lidoles,  &  qui  ont  étendu  les  limites  du  Mufulmanirme.   ^ 

Gazzi.  "  Un  homme  natif  de  la  ville  de  Gaza  enPaieftine,  tel  qu'étoit  l'Imam 
Schaféi  ,  RaJhi  eddin  Ben  Mohammed  ,  Auteur  d  une  Argiouzat  fil  D'hât,  & 
Scharfeddin  Ben  Abdalcader  Ben  Baracât  qui  a  commenté  le  Livre  intitulé  Efclia- 
rat  u  al  Nadkair. 

Gazi  Al  Amcri  qui  cft  peut-être  le  même  que  Radhieddin  Ben  Mohammed,  a 
fait  un  Livre  intitulé  tffah,  des  Elégances  de  la  langue  Arabique.  On  le  trouve 
dans  la  Bib-liothequs  du  Roi  n"*.  1127.     Foyez  Tahrir. 

GAZIEH,  nom  d'une  nation  du  Turkeftan  que  l'on  nomme  auflî  Gaz  de  la- 
quelle les  Turcomans  tirent  leur  origine.  Foyez  le  titre  de  Sin.  Ebn  Alvardi 
dit  qug  cette  nation  habitoit  entre  les  hozares,  &;  les  Kaimaks  ou  Calmuques, 
comme  nous  les  appelions ,  d'un  côté  ;  &  les  Bulgares  &  Khezelgiens  de  l'autre. 
Tous  ces  peuples  foiit  au  deiïlis  de  la  mer  Cafpicnne,  &  font  paÎTez  enfuite  dans 
le  Dilem  entre  les  villes  &  les  Provinces  de  Giorgiàn,  &  de  Marâb.  Voyez  le 
titre  de  Gaz,. 

GAZNAH".  Sabra  al  Gaznah  ,  le  defert  de  Gaznah  dans  la  Tranfoxane, 
entre  lequel ,  &  la  montagne  d'Ofrouichnah ,  la  ville  de  Zamin  eil  fîtuée. 

GAZNAH  &  Gaznin,  Ville  capitale  de  la  Province  de  Zableftan  à  laquelle- 
Naflîreddin ,  &  Ulugh  Beg  donnent  .104  degi-ez  &  20  minutes  de  longitude, 
33  degrez,  &  35- minutes  de  latitude.  Ces  Auteurs  la  placent  dans  le  troifième 
climat  auflî-bien  qu'Abdelmoal  dans  fa  Géographie  Perfienne,  qui  dit  néanmoins 
que  quelques-uns  la  mettent  dans  l'Indoftan  ,  &  qu'elle  n'eft  éloignée  que  de 
huit  journées  de  la  ville  de  Bamian,  - 

Gaznah  eft  une  ville,  dit  le  même  Auteur,  qui  n'a  ni  arbres,  ni  jardins,  & 
qui  n'eft  rccommandable  que  pai-  la"  grande  dynaftic  des  Princes  qui  s'y  efl  éta- 
blie. Le  Sultan  Mahmoud  fils  de  Sebefteghin  qui  la  fonda ,  prit  le  Hirnom  de 
Gaznevi,  &  l'a  lailfé  à  toute  fi  pollerité.  Il  ell  pourtant  vray  que  le  même 
Mahmoud  fut  auflî  furnommé  Zabeli ,  à  caufe  que  cette  ville  eft  de  la  Province 
de  Zableflan,  d'où  étoit  Ibrtie  fa  raere,  fille  d'un  Prince  du  pays.. 

Cette  même  ville  devint  auflî  la  capitale  des  Sultans  de  la  dynaflie  des  Gauri- 
des  qui  dépoiiillercnt  les  Gazncvides  de  leurs  Etats ,  &  fut  pillée  &  brûlée  pac 
Gihanfouz.     Foyez  Haflan  Ben  Huifain. 

.GAZNAVI,  &  Gaznevi,  Surnom  de  Mahmoud  fifs  de  Sebefleghin.  Foyet 
plus  bas  Gaznaviah. 

C'elt  auflî  le  furnom  de  Haflan,  Poëte  Pôrfien,  qui  a  excellé  dans  le  Panégy- 
rique qu'il  fit  de  Baharainfchah  Sultan  de  la  dynaflie  des  Gaznevides. 

Othman  Ben  Mohammed  fut  auflî  furnommé  (îa^nevi.  Il  efl  Auteur  d'un 
livre  Pcrfien  intitulé  Abuâb  al  Sdadet  fi  mijjail  al'faL-iva,  les  portes  de  la  félicité 
fur  les  demandes  que  l'on  fait  à  Dieu  dans  la  priere.^  r 

1 3.  gaznaviah; 


y^  G  A  Z  N  A  V  I  A  H, 

GAZNAVIAH  en  Arabe,  &  Gaznevian  en  Perfien,  les  Gaznevides.  Ceft 
une  dynaftie ,  ou  race  de  Princes  ,  de  Roys  ,  &  de  grands  Monarques  qui  ont 
ret^né  dans  le  Khorafîan,  dans  la  Pcrfe,  &  dans  les  Indes:  ils  ont  tiré  leur  nom 
de^la  ville  de  Gaznah,  fituée  fur  les  confins  du  Khoralîàn,.  du  Zableftan,  &  de 
l'Inde  de  deçà  le  Gange,  à  caufe  que  ce  fut  dans  cette  ville  que  commença 
la  grandeur  de  Sebeéleghin,  père  de  Mahmoud,  qui  éleva  cette  Maifon  au  plus 
haut  degré  de  la  fouveraineté. 

Cette  dynaftie  comprend  quatorze  Princes  qui  ont  régné  cent  cinquante  & 
cinq  ans  dans  la  Perfe  ,  &  dans  les  Indes,  depuis  l'an  de  l'Hegire  384  ou  387, 
jufqu'en  539  ou  542,  c'eft-à-dire  ,  depuis  l'an  de  J.  C.  994  ou  997  ,  julqu'en 
l'an  1144  ou  1147.     Lebtarikh, 

Ben  Schonah  dit  qu'en  l'an  de  l'Hegire  547,  de  J.  C.  1152,  la  djmaftie  des 
Gaznevides  prit  fin  ,  &  voicy  commme  il  en  parie  dans  fon  Raoudhat  al- 
menadhir. 

Cette  Maifon  ou  Dynaftie  a  régné  213  ans  dans  la  Perfe,  &  dans  une  partie 
des  Indes.  Le  dernier  de  fes  Princes  fut  Khofrou  fchah,  fait  prifonnier  avec 
fon  fi-ls,  par  Gaiatheddin  Mohammed  Ben  Sama  ,  ou  plûtoft  Sam.  Ce  -Prince 
infortuné  avoit  fuccedé  à  fon  père  Baharâm  fchah  fils  de  MalTôud  ,  fils  d'Ibra- 
him ,  fils  de  Mahmoud ,  fils  de  Scbekteghin  ,  fondateur  de  cette  dynaftie.  Tous 
ces  Princes  ont  été  fort  eftimez  ,  &  louez  pour  leur  bravoure  ,  &  pour  leur 
oénérofité.     Ce  fut  la  dynaftie  des  Gaurides  qui  leur  fucceda  l'an  de  l'Hegire  547. 

Mirkhond,  Khondemir,  le  Lebtarikh,  &  autres  Hiftoriens  Arabes  &'Perfiens 
.conviennent  tous  qu  il  y  a  eu  quatorze  Princes  de  cette  Dynaftie  qui  ont  régné 
dans  le  KhorafTan ,  dans  la  Perfe  &  dans  les  Indes,  félon  l'ordre  qui  fuit,  pefl-* 
dânt  l'efpace  de  155  ans. 

Magmoud  fils  de  Sebefteghin  a  régné  31   ans. 

Malîoud  premier  du  nom,  fils  de  Mahmoud,  treize  ans. 

Mohammed  fils  de  Mahmoud,  &  frère  de  MalIôud,  cinq  ans. 

Maudoud  fils  de  Malîoud  premier,  fept  ans. 

Mafloud  fécond  fils  de  Maudoud,  un  mois  feulement. 

Ali  fils  de  Mafloud  premier,  deux  ans. 

Abdalrafchid  fils   du  Sultan  Mahmoud  pre^iier  Roy  de  cette  dynaftie,  un  an. 

Ibrahim  fils  de  MaffôuJ  Second,  &  petit-fils  de  Mahmoud,  quarante-deux  ans. 

Mafloud,  troifième  du  nom,  fils  d'Ibrahim,   dix-huit  ans. 

Schirzdd  fils  cfe  Mafloud  troifième,  un  an. 

Arflan-Schab  fils  de  Maflioud  troifième,  &  frère  de  Schirzdd,  trois  ans. 

Baharâm-fchah  troifième  fils  de  Maflôad  troifième,  &  frère  des  deux  préccdens 
Roys,  trente-deux  ans. 

Khofrou  Schah  fils  de  Baharâmfchah,  depoiiillé  de  Çqs  Etats  par  Huflain  Gauri 
qui  fonda  la  Dynaftie  des  Gaurides  fur  la  ruine  de  celle  des  Gaznevides,  fut  le 
dernier.  Ce  Sultan  régna  peu  de  tems  ,  garda  la  prifon  dix  ans  ,  &  mourut 
fan  550  de  l'Hegire  félon  Khondemir,  &  félon  le  Lebtarik  560.  Voyez  Khof- 
rou-fchah. 

Pour  faire  le  compte  de  155  ans  de  la  durée  de  cette  dynaftie,  îl  faudroit  fixer 
le  commencement  du  règne  de  Mahmoud  en  495  de  l'Hegire  ,  quoy  qu'il  ait 
régné  quelques  ,  années  auparavant  ;  mais  peut-être  n'étoit-il  pas  abfolu ,  &  il 
faudroit  que  Khofrou  fchah  eût  perdu  le  .titre  de  Sultan  avec  fa  liberté  en  Tan- 


née 


G  A  Z  Z  A.  G  E  B  A  L.  7f 

née  s^°i  car  il.  ne  mourut  qu'en  s6o,  c'eft  pourquoy  Je  calcul  de  Ben  Schoh- 
nah  qui  donne  213  ans  de  du/étf  à  cette  Monarchie,  me  paroît  plus  jufte. 

GAZZA  &  GAZZAT,  Ville  do  la  Paleiline  bâtie  fur  la  mer  Méditerranée 
afifez  proche  d'Alcalon,  par  où  l'on  commence  d'entrer  en  Syrie,  quand  on  vient 
d'Egypte. 

Les  Murulraans  prétendent ,  que  cette  ville  efl-  un  des  deux  gifles  marquez 
dans  l'Alcoran,  quand  il  eft  parlé  de  la  demeure  ou  ftation  d'hyver,  &  de  cel- 
te d'été;  car  i|s  difent,  qu::  la  première  efl  celle  de  l'iemen  ouArabie  Heureu- 
fe,  &  que  la  féconde  ell  celle  de  la  Syrie,  à  caufe  que  les  Arabes  Coraifchites,- 
du  nombre  defquels  étoit  Mahomet,  trafiquoient  pendant  l'été  en  Syrie,  où  ils 
joiiiiroient  .de  la  fraîcîieur  de  l'air,  &  alloicnt  l'hyver  en  lemen  ,  où  il  n'eft 
pas  poilîble  d'entrer  pendant  l'été ,  à  caufe  de  la  chaleur  qui  y  efl:  exceffive. 

Abdalmalek,  liJs  de  Hefchâm,  dit  fur  ces  paroles  de  l'Alcoran  :  La  demeure 
d'été  ell  la  ville  de  Gaza  en  Syrie,  où  Hafchera,  grand-père  deALnhomet,  mou- 
rut, lorfqu'il  y  trafiquoit,  &  l'on  y  voit  encore  aujourd'huy  fon  fépulcre  ,  fé- 
lon ce  vers  de  Kliorzâi. 

Le  fépulcre  de  Hafchem  efl  battu  des  vents,  au  milieu  du  cimetière  de  Gaza. 

Le  nom  de  Gaza  efl  mis  dins  ce  vers  au  plurier,  comme  qui  dîroit,  au  mi- 
lieu des  terres  où  la  ville  de  Gaza  efl  fituée.  •* 

La  ville  de  Gaza  efl  fouvcnt  appeliée  pour  ce  fujet  Gaza  de  Hafchem  :  quoy 
qu'il  y  ait  lieu  de  douter  ii  Hafchem  y  efl  enterré  ;  car  les  habitans  n'en  ont 
aucune  tradition. 

Cependant  Khorzài  n'eft  pas  le  feul  qui  le  dife:  Abou  Naovas  dans  le  poëme  oii 
il  décrit  le  voyage  qu'il  a  fait  de  6"yrie  en  Egypte ,  dit  :  J'ay  fait  un  voyage 
long  &  pénible  paffmt  par  Gaza  de  Hafchera  &  par  Farma  de  Hagiar.  yoycz 
le  titre  de  Farma,  ville  d'Egypte  où  Affar  efl  enterrée. 

Ben  Khalecan  ,  dans  la  vie  dlbrahinPSazi ,  Poëtc  Arabe  natif  de  Gaza,  dit, 
qu'il  mourut  en  Khoraflan  l'an  524  de  THegire,  &  qu'il  dit  ces  paroles  en  mou- 
rant: J'efpére  bien  de  la  miféricordc  de  Dieu  pour  trois  raifons  ,  la  première, 
parce  que  je  fuis  de  la  ville  de  Gaza,  pays  natal  de  flmam  Schafêi;  la  féconde, 
parce  que  je  fuis  fort  vieil,  il  étoit  âgé  de  93  ans;  la  troillème  ,  parce  que  je 
meurs  hors  de  mon  pays,  dans  l'état  de  pèlerin  &  de  voyageur, 

G  AZZAL  ,  Vendeur  de  fil  ;  VafTel  Ben  Atha  a  eu  ce  furnom,  pris  du  mé- 
tier qu'il  exerçoit.     l^oyez  fm  titre. 

GEBAL  &  Gebel,  Montagne.    Balad  ou   Beled  a!  gebdl,  le  pays  des  mon- 
tagnes.    C'efl  ainfi  que  les  Arabes  appellent  la  partie  la  plus  montueufe  de  la' 
Perfe,  qui  porte  aufli  le  nom  d'Irak  Agemi ,   c'eft -à- dire,    l'Iraque  Perfienne. 
Fuyez  Erâk. 

Le  Gebal,  que  les  Perfans  appellent  aulH  en  leur  langue  Koùheftan  ou  Gou- 
heftan,  pa3-s  de  montagne,  corrcfpond  à  une  partie  de  la  Medie,  &  de  la  Par- 
the  des  anciens.  Ce  pa3-s  confine  du.  côté  de  l'Orient  au  défert  de  Naoubendi- 
giân,  qui  eft  entre  les  provinces  de  Fars  &  de  KhoralTan  :  du  côté  de  l'Occi- 
dent à  TAdherbigian  :  Elle  a  au  Midy  le  Khuziftan  &  une  partie  de  llraque 
Arabique,  &  au  Septentrion  une  partie  de  l'Adherbigian,  du  Dilem  &  du  Ma- - 
zanperan. 

Le- 


72  G  E  B  A  L. 

La  ville  de  Hamadan  efl  fitiiée  dans  fon  milieu  ,  &  les  villes.  d'Abergoueîi , 
de  Deinour,  da  llei,  de  Cafcbaii  &  de  Com  Ifli  appartiennent  :  mais  cel  e  d'If- 
pahan  en  eft  la  capitale  ,  &  eft  aujourd'huy  le  fiége  Royal  des  Sultans  de  Per- 
le de  la  race  d'Ifmaël  Sofi. 

G  E  B  A  L  Ahermen  ,  Montagne  fabuleufe  dans  le  pays  des  Fées,  roycz, 
Ahermen. 

GEBAL  Camoron,  la  Montagne  ou  le  Cap  de  Camorin  ou  Comorin.  Ab- 
dalmoal  dit  dans  fa  Géographie  Pernenne ,  que  cette  montagne  ell  entre  le  pays 
de  Hend  &  celui  de  Tchin  ,  c'efh-à-dire ,  entre  les  Indes  &  la  Chine. 
■  11  faut  entendre  par  ce  mot  de  Tchin,  les  provinces  Chinoifes ,  dans  lefquel- 
les  ,  félon  les  Géographes  Orientaux  ,  tout  ce  qui'  cfl  au  de-là  du  Golphe  de 
Bengale  eft  compris ,  &  tout  ce  qui  efl  au  de-çà  de  ce  Golphe  &  le  Kcrman , 
c'efl-à-dire ,  la  Caramanie  Pcrfienne,  félon  les  mêmes  Auteurs  ,  appartient  aux 
Indes. 

GEBAL  Al  camar  ,  les  montagnes  de  la  Lune  en  Ethiopie.,  qui  ont  plu- 
fieurs  croupes  &    plufieurs  branches,     l^oyez  Camar. 

•  Une  de  ces  croupes  s'appelle  Gebal  al  haical  al  moifaovar  ,  la  montagne  du 
Temple  ou  de  TEglife  peinte  ,  à  caufe  d'un  Monaflère  célèbre  qui  y  eft  bâti. 
Cette  montagne  s'étend  du  Levant  au  Couchant. 

~  Il  y  a  auflî  Gebal  al  dheheb  ,  la  Montagne  de  l'or ,  où  il  y  a  plufieurs  mi- 
nes; mais  la  Montagne  des  f.'rpens,  qui  en  eft  fort  proche  &  qui  s'appelle  Ge- 
bal alhiât,  en  rend  l'accez  difficile.  La  tradition  peut-être  fabuleufe  du  pays  eft 
que  ces  ferpens  font  fi  pleins  de  venin,  qu'ils  tuent  les  hommes  par  leur  feule 
vue  ,  &  qu'il  y  a  même  des  fcorpions  noirs  aufîi  gros  que  des  moineaux ,  qui 
tuent  auffi-tôt  qu'ils  ont  piqué. 

GEBAL  Al  Koflan  &  al  Coifous ,  le  Mont  des  Moines.  C'eft  le  Mont 
Athos  ,  que  les  Turcs  appellent  aufîi  Kefchifch  Daghi  &  Ainoros  ,  qui  fignitie 
Monte  fanào,  comme  \qs  Italiens  le  nomment,     ^oyez  le  titre  ^'Ainofos. 

GEBAL  Al  Lobnan,  le  Mont  Liban,  dans  lequel  on  trouva,  fous  le  Kha- 
îifat  d'Omar  premier ,  le  tombeau  de  Sennacherib.  l'^oycz  le  titre  de  Senna- 
fcheriva. 

GEBAL  Eiia,  Montagne  d'Elie.  P''oycz  le  titre  de  Zerîb  Bar  Elia.  Les  Orien- 
taux  croyent  qu'Elie  vit  dans  cette  montagne. 

GEBAL  Al  gioud  ,  la  Montagne  de  Gioud.  Les  Orientaux  appellent  ^infi 
les  Monts  Gordiens  en  Arménie,  &.  une  autre  Montagne  jdu  Zableftàn  dans  le 
pays  -de  Gaur.  '  i^oyez  Schchabeddin. 

GEBAL  Al  mandeb.  C'cft  la  montagne  ou  le  cap  d'Arabie,  qui  s'avance  à 
l'entrée  de  la  mer  rouge,  &  qui  fait  avec  la  côte  d'Ethiopie  le  détroit  qui  por- 
te le  nom  de  Bab  al  mandeb,  &  que  nous  appelions  vulgairement  le  détroit  de 
Bobelmandel.     l^oyez  ce  titre. 

GEBAL 


G  E  B  A  L. G  E  B  R  A  I  L.  73 

<ÎEBAL  Al  nathroun,  la  montagne  du  Nitre ,  autrement  dite  par  les  Chré- 
tiens d'Egypte  Ovadi  Habib  &  Hobaib.  C'ell  ce  que  nos  Auteurs  appellent  le 
Défert  de  Nitrie  en  Egj'pte.  l^oyez  le  livre  intitulé  Arbdin  Khabar  ,  qui  con- 
tient les  vies  de  quarante  Pères  du  défert,  dans  la  Bibliothèque  du  Roj' ,  n'.  797. 

GEBAL  Ollaki,  Voyez  le  titre  rf'OUaki  ,  c'ell  une  montagne  du  paj-s  des 
Nègres,  où  l'on  trouve  beaucoup  d'or. 

GEBAL  Sous,  la  Montagne  de  Sous.  C'ell  le  Mont  Atlas,  auquel  les  Ara- 
bes ont  donné  ce  nom  ,  à  caufe  de  la  ville  de  Sous  Al  Acfa  ,  qui  ell  fituée 
fur  l'Océan  Atlantique  au  pied  de  ce  mont.    Foyez  le  titre  de  Sous  Al  Acfa. 

GEBAL  Tharek  ou  Gezirat  Tharek.  Le  Mont  ou  l'IOe  de  Tharek.  C'ell 
Gibraltar,  nom  qui  a  été  corrompu  du  mot  Arabe.  Voyez  le  titre  de  Tharek, 
qui  fit-là  fa  première  defcente.  Abdalinoumen  y  fît  bâtir  une  ville  qu'il  nom- 
ma Gebal  al  feth,  c'ell-à-dire ,  la  Montagne  de  la  Viftoire  ou  de  la  Conquête; 
mais  le  hom  de  Tharek  lui  ell  demeuré.  Les  Turcs  appellent  le  détroit  de 
Gibraltar  Sebtah  Bogazi ,  &  les  Arabes  Bab  al  Zocàk.  Foyez  le  titre  de  Sebtah , 
qui  eil  la  ville  de  Ceuta  en  Afrique. 

GEBAL  Thour,Ja  Montagne  de  Tor  ou  le  Mont  Sinai,  que  les  Turcs  ap- 
pellent Thour  Daghi.  Ce  même  nom  s'applique  aux  montagnes  qui  font  aux 
environs  de  Mouflal  ou  Moful;  c'ell  le  Mont  Taurus  des  anciens. 

GEBER.     Voyez  Giaber. 

GEBR,  c'ell  de  ce  mot  joint  avec  l'article  que  nous  avons  fait  Algèbre, 
qui  ell  Arabe  tout  pur  ,  &  qui  fignifîe  proprement  la  reduélion  des  nombres 
rompus,  à  un  nombre  entier. 

Cependant  les  Arabes  ne  fe  fervent  jamais  de  ce  mot  feul  pour  fignifier  ce 
que  nous  entendons  par  l'Algèbre  :  mais  ils  y  joignent  toiâjours  celuy  de  Moca- 
belah ,  qui  fignifie  oppofition  &  coraparaifon.  Ainfi  Algebr  u  almocahelah ,  que 
les  Arabes  rangent  dans  les  règles  d'Elm  al  heflab  ,  c'cil-à-dire,  de  l'Arithméti- 
que, ell  proprement  chez  eux  ce  que  nous  appelions  l'Algèbre. 

11  ne  faut  donc  pas  croire  ,  que  cette  fcierice  tire  fon  nom  du  Philofophe  & 
Mathématicien  nommé  Gebsr  ,  que  les  Arabes  appellent  Giaber ,  duquel  il  fera 
parlé  :  ni  moins  encore  confondre  le  mot  de  Gebr  avec  celui  de  Gefr ,  que  l'on 
trouvera  ici  un  peu  plus  bas. 

Argiouzah  fil  gebr  u  al  mocabelah,  Poëme  compofé  d'Hemifliques  lùr  l'Algè- 
bre, par  Ebn  Jaffin  ou  Jafmin. 

Bedî  fil  gebr  u  al  mocabelah.  Les  merveilles  de  l'Algèbre ,  livre  compofé  par 
Fakhreddin  Al  âdhir. 

Ellecfa  fil  gebr  u  al  mocabelah,  le  dernier  terme  où  l'on  peut  arriver,  &  le 
plus  gran-î  effort  de  l'efprit  humain  fur  l'Algèbre.  Ouvrage  d'Ebn  Al  Hareth 
Al  Khovarezmi. 

Oflbul  Al  gebr  u  al  mocabelah ,  les  fondemens  &  les  principes  de  l'Algèbre  5 
par  Anbari.     Voyez  aujfi  le  titre  d'Elm  Heffàb. 

GEBRAIL  &  Gebrain,  &;  Ghebrail,  l'Archange  Gabriel,  furnommé  parles- 
Mahometans  Rouh  al  Amin  j  l'Efprit  fidèle ,  &  que  quelques-uns  d'entr'eux  cro- 
ToME  IL  K  yent 


74  G  E  B  R  A  I  L. 

yent  être  le  même  que  le  Rouh  alcods ,  qui  eft  le  faint-Efprit ,  dont  il  éft  par- 
lé  dans  TAlcoran  :  ils  croyent  cependant  comme  nous  ,  que  cet  Ange  annonça 
à  la  fainte- Vierge  qu'elle  devoit  enfanter  Jesus-Christ.  Les  Perfans  ap- 
pellent par  métaphore  Gabriel ,  Thaous  bàgh  beliifcht ,  le  Paon  du  Ciel  ou  du 
Paradis. 


Dans  le  fécond  chapitre  de  l'Alcoran  ,  nous  lifons  ces  paroles  :   Qidconque  ejî 
ennemi  de  Gabriel,  fera  confondu.     Hiiûain  Vaôz  dit  flir  ce  verfet:  Gabriel  cil  le 


car' 

- _-,--       -.  .  'étoit 

lervi  de  Michel  &  non  pas  de  Gabriel,  nous  l'aurions  tous  fuivi.  C'eft  donc 
Gabriel,  pourfuit  cet  Auteur,  qui  a  apporté  à  Mahomet  les  révélations  céleftes 
ainfi  qu'il  les  a  publiées,  &  ce  fut  lui  qui  le  conduifit,  lorfque  monté  fur  l'Ai 
Borak,  il  fit  ce  voyage  nofturne  au  ciel,  que  l'on  nomme  Mérag  ,  fur  lequel 
on  a  fait  des  livres  entiers. 

Au  relie  ,  Gabriel  ell  l'ami  des  Mufulmans ,  parce  qu'il  a  fervi  le  Meffîe  , 
qu'ils  révèrent ,  &  l'ennemi  des  Juifs ,  qui  ont  rejette  ce  même  Meflîe ,  à  leur 
confufion. 

Mikail  &  Gebrail  font  de  ce  genre  d'efprits  célcfhes  ,  que  les  Mufulmans  ap- 
pellent Mocarreboun,  c'cll-à-dire ,  qui  approchent  de  plus  près  le  trône  de  Dieu. 

II  ell  rapporté  dans  le  chapitre  Houd  du  même  Alcoran  ,  que  Dieu  voulut 
punir  le  peuple  de  Themud  ou  les  Themudites,  ancienne  tribu  des  Arabes  d'en- 
tre celles  qui  font  éteintes  ,  pour  avoir  refufé  de  prêter  l'oreille  aux  prédica- 
tions du  Prophète  Saleh  qu'il  leur  avoit  envoyé. 

Ce  Prophète  leur  ayant  donc  annoncé  ,  de  la  part  de  Dieu ,  qu'ils  dévoient 
tous  périr  dans  trois  jours ,  les  Themudites  appréhendant  l'effet  de  fes  mena- 
ces, travaillèrent  pendant  ces  trois  jours  à  creufer  des  folTes  ou  des  caves  dans 
leurs  maifons ,  pour  s'y  mettre  à  couvert  de  l'orage  .qu'ils  craignoient ,  &  ils 
n'en  fortirent  point  que  le  quatrième  jour  ,  auquel  ils  crurent  que  le  tems  de 
leur  punition  étoit  paifc,  voyant  le  foleil  fe  lever  &  les  éclairer  à  fon  ordinai- 
re. S'étant  donc  encouragez  les  uns  les  autres  ,  ils  quittèrent  leurs  maifons  & 
vinrent  au-dehors  de  leurs  habitations. 

Dans  ce  même  tems ,  l'Ange  Gabriel  leur  apparut  dans  fa  véritable  forme ,  & 
voici  comme  lAuteur  du  Zd  !  al  Meffir  l'a  décrite  exadement.  Cet  Ange  avoit 
fes  pieds  pofez  fur  terre  &  fa  tête  élevée  jufqu'au  ciel  ;  il  étendoit  fes  aîles  de- 
puis rOrient  julqu'à  fOccident  ;  fes  pieds  étoient  de  couleur  d'aurore  &  fes  aî- 
les vertes  :  fes  dents  étoient  blanches  &  luifantes ,  fon  front  poli ,  fes  yeux  bril- 
lants, fes  joues  enflammées,  &  les  cheveux  de  fa  tête  rouges  comme  le  corail, 
dcfquels  il  couvrit  tout  l'horizon. 

Les  Themudites  épouvantez  par  la  vûë  d'un  objet  fi  terrible  ,  fe  retirèrent 
fort  vîte  dans  leurs  maifons,  &  allèrent  fe  cacher  dans  les  foifes  qu'ils  avoient 
crcufées  ;  Gabriel  cria  pour  lors  d'une  voix  épouvantable  :  Mourez  tous  ;  car 
vous  êtes  maudits  de  Dieu  ,  qui  vous  a  condamnez.  Ce  cry  de  Gabriel  fut  h 
fort ,  qu'il  caula  en  même  tems  un  tremblement  de  terre ,  lequel  ayant  renver- 
fé  toutes  les  maifons  du  pays ,  les  Themudites  deraeiu-erent  tous  enfevelis  lous 
leurs  ruines. 

GEBRAIL, 


G  E  B  R  A  I  L.  G  E  F  R.  75 

GEBRAIL,  Nom  du  95  Patriarche  d'Alexandrie,  auquel  Claudious,  Empe- 
reur des  Abiffins  ,  envoj^a  la  «vie  de  7'akalhaimanouth ,  Père  &  Fondateur  des 
Moines  d'Ethiopie.  Cette  vie  fe  trouve  écrite  en  Arahe,  dans  la  Bibliothèque 
du  Roy,  n^.  7915. 

GEBRAIL  Ben  Gergis  Al  Bakhtifouâ,  nom  d'un  excellent  Médecin  Chré- 
tien ,  natif  de  Syrie  ,  qui  vivoit  fous  le  Khalifat  de  Haroun  Rafchid.  Voyez 
Bakhtifovâ  &  Manglie.  Aboulfarage  raconte  piufieurs  de  fes  cures. 

GEBRAIL  Al  Cahhâl,  Gabriel  l'OcuIifle.  Ce  Médecin  étoit  auffi  Chrétien , 
&  cependant  il  étoit  entré  fort  avant  dans  les  bonnes  grâces  du  Khalife  Al  Ma- 
moun  ;  mais  il  perdit  entièrement  la  faveur  de  ce  Prince  ,  pour  avoir  dit  un 
jour  à  quelques  Seigneurs  de  fa  Cour  qu'il  dormoit. 

GEDAL;  c'ell  ce  que  les  Mufulmans  appellent  autrement  Gehâd  fi  Sebil 
Allah,  la  guerre  dans  la  voye  de  Dieu,  c'eft-à-dire,  contre  les  Infidèles.  Voyez 
le  titre  de  Harb,  où  vous  verrez  les  différentes  guerres  qu'il  faut  faire  aux  uns 
&  aux  autres  de  ces  Infidèles,  félon  la  loy  Mahometane. 

GEDHAMI,  furnom  d'Ahmed  Ren  Daoud  ,  originaire  d'une  des  anciennes 
familles  ou  tribus  des  Arabes  ,  appellée  Giadhâm.  Ce  perfonnage  ell  Auteur 
d'un  Commentaire  fur  le  livre  intitulé  Adab  al,  cateb.    Voyez  ce  titre. 

GEDI,  un  Chevreau,  Le  ligne  du  Capricorne  porte  ce  nom  chez  les  Ara- 
bes ;  mais  le  même  mot  fignifie  aufli  chez  eux  une  étoile  Septentrionale ,  &  fe 
prend  même  pour  le  Pôle,  ou  pour  l'étoile  polaire. 

Le  Capricorne  étoit  le  ligne  afcendant  ou  Horofcope  dans  le  thème  ou  figure 
génethliaque  de  Tamerlan,  Un  Arabe  étant  interrogé  par  un  Aftrologue  quel 
étoit  fon  horofcope,  répondit.  Tais,  c'eft-à-dire,  le  Bouc,  &  l'Aftrologue -lui 
ayant  dit ,  qu'il  n'y  avoit  point  de  telle  conftellation  dans  le  ciel ,  l'Arabe  ré- 
pliqua :  L'on  m'a  dit  autrefois  que  j'étois  né  fous  le  chevreau;  mais  ayant  vieil- 
li depuis  ce  teras-là,  je  croy  que  le  chevreau  fera  maintenant  devenu  bouc. 

GEDOVAL  ;  ce  mot  qui  fignifie  proprement  un  ruilTeau  ou  un  canal,  fe 
prend  métaphoriquement  pour  une  table  Aftronomique  &  pour  une  Ephemeride. 

Gedoval  fidhl  al  dair,  Table  de  la  longueur  des  jours  &  des  nuits  ,  calculée 
à  la  hauteur  dafc33  dcgrez,  30  minutes,  qui  ell  celle  de  la  ville  de  Damas,  par 
Khalili.    Ce  livre  eft  dans  la  Bibhothequc  du  Roy,  n°,  888. 

Toutes  les  Ephemerides  ,  que  nous  appelions  vulgairement  Almanachs ,  écri- 
tes en  Arab^,  en  Pcrficn  &  en  Turc  ,  portent  le  nom  de  Gedoval.  Il  y  en  a 
pîufieurs  dans  les  Bibliothèques  du  Roy,  du  Grand-Duc  &  ailleurs. 

GEFR  u  Giamè,  nom  d'une  Membrane  ow  parchemin,  fait  de  la  peau  non 
d'un  chevreau,  (ce  que  Gefr  fignifie  proprement  en  Arabe)  mais  de  celle  d'un 
chameau  ,  fur  laquelle  Ali  &  Giâfar  Sadek  écrivirent  en  caraftères  myftiques  la 
deftinée  du  Mufulmanifme  .  &  les  grands  évenemens  qui  dévoient  arriver  dans 
le  monde,  jufqu'à  la  confommation  des  fiécles. 

Cette  membrane  eft  divifée  en  deux  Bab  ou  chapitres,  dont  le  premier,  qui 
porte  le  nom  de  Grand,  fuit  l'ordre  de  l'alphabet  Arabique  ,   appelle  Teheggi, 

K  2  qui 


76  G  E  G  H  I  L.  G  E  H  A  N. 

qui  contient  vingt -huit  lettres,  &  le  fécond  appelle -le  Petit,  fuit  l'ordre  de 
22  lettres  Arabiques ,  rangées  félon  l'Alphabet  -Hébraïque  &  Chaldaïque  ;  c'eft 
ce  que  les  Arabes  appellent  Abged  :  mais  l'explication  de  tous  ces  myftères  eft 
refervce  au  Mchedi  qui  doit  venir  à  la  fin  du  monde,  félonies  rêveries  des  Ma- 
hometans. 

Il  y  a  cependant  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n°.  1017,  une  interprétation 
de  cette  membrane  ,  attribuée  à  l'Imam  Giafar  Al  Sadek  &  le  livi'e  intitule 
Erkha  alfotour,  en  fait  mention. 

L'on  peut  voir  aufïï  à  la  fin  de  la  patente ,  que  le  Khalife  Al  Mamon  don- 
na à  Ali  Al  Ridha,  lorfqu'il  le  déclara  fon  fucccffeur,  quelque  chofe  qui  regar- 
de la  Gefre. 

GEGHIL  ou  Tchighil,  nom  d'une  Bourgade  du  Turqueftan ,  fituée  proche 
de  la  ville  de  Tharâz  ,  laquelle  s'efl  rendue  feulement  célèbre  par  la  naiflance 
d'Abou  Mohammed  Abdalrahman  Ben  lahia,  qui  porte  le  titre  d'Al  Kliathib  AI 
Samarcandi ,  c'eft- à -dire  ,  ïe  Prédicateur,  ou  plutôt  le  Faifeur  de  prônes  de  la 
ville  de  Samarcande. 

GEHAN  &  Gihan,  en  Perfien  fignifîe  le  monde.  Ce  mot  entre,  dans  la 
compofition  de  plufieurs  noms,  tels  que  font  les  fuivans. 

GEHAN  Pehelevani ,  nom  d'une  Charge,  que  les  anciens  Roys  de  Perfe 
avaient  accoutumé  de  donner  aux  plus  vaillants  hommes  de  leurs  Etats.  Elle 
répond  à  l'Emir  al  Omara  des  Khalifes,  &  à.  celle  de  Connétable  parmi  nous. 

Caicobad,  Fondateur  de  la  dynaftie  des  Caianides,  donna  cette  chargea  Rof- 
tam,  qui  étoit  le  plus  renommé  perfonnage  en  valeur  &  en  puilTunce  de  toute 
la  Perfe,  &  qui  palfe  encore  aujourd'huy  dans  l'Orient  pour  le  modèle  des  plus 
vaillans  guerriers. 

GEHAN-Schah,  frère  d'Emir  Eskander  &  fîls  de  Cara  Jofeph  le  Turco- 
man ,  fut  le  troifième  Prince  de  la  race  du  Mouton  Noir.  Il  fucceda  à  fon 
frère,  prit  le  Gurgeftan,  c'eft-à-dire,  la  Géorgie,  &  fe  rendit  maître  d'une  gran- 
de partie  de  la  Perfe  &  du  Kerman  ,  aulîî-tôt  après  la  morf  de  Mahmoud ,  fils 
de  Baifangor  le  Timuride,  qui  arriva  l'an  856  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1452. 

Il  fit  en  S61  la  guerre  en  KhoraiTan ,  à  Mirza  Ibrahim ,  fils  d'Alaeddoulat  qu'il 
défit ,  puis  à  Aboufaid  ,  autre  Prince  des  defcendans  de  Timur  ou  Tamerlan  , 
avec  lequel  il  s'accorda  néanmoins,  pour  coui'ir  à  Tauris ,  où  Uti  de  fes  enfans 
s'étant  révolté  5  il  le  rangea  à  fon  devoir ,  &  le  mit  enfuite  dans  une  étroite 
prifon. 

Pir  Budak,  qui  étoit  un  autre  de  fes  enfans,  s'étant  auffi  cantonné  dans  Bag- 
det,  il  l'afliégea  pendant  un  an,  &  s'accorda  enfin  avec  lui  environ  l'an  869. 

La  guerre  que  Gehanfchah  fit  à  Ufuncafi'an,  qui  n'étoit  alors  que  Gouverneur 
de  Diarbek,  commença  en  872,' mais  elle  ne  lui  fut  pas  hem-eufe  ;  car  celui- 
cy  étant  à  la  tête  de  cinq  mil  chevaux  feulement,  le  furprit,  lorfqu'il  n'en  avoit 
que  mil  avec  lefquels  il  rejoignoit  fon  armée.  Il  fallut  cependant  fe  battre,  &, 
il  fut  tué  lui  &  fon  fils  aîné.  Le  fécond  de  fes  enfans,  demeuré  prifonnier  du 
vainaucur,  fut  privé  de  la  vue,  &  le  ti-oifième,  nommé  Halfan  Ali,  lui  fucceda. 
Mirkhond, 

GEHANGHIR, 


-GEHANGHIR.  GEHEL.  77 

GEHANGHIR,  le  Conquérant  du  monde.  Nom  que  Tamerlan  donna  à 
fon  fils  aîné  ,  fur  lequel  il  fondoit  de  grandes  efpérances  ;  mais  il  mourut  du 
vivant  de  fon  père  ,  &  laifili  de  Khanzadah  fa  femme  un  fils  nommé  Moham- 
med ,  lequel  Tamerlan  defi:inoit  pour  être  l'unique  héritier  de  fon  grand  Em- 
pire; mais  la  mort  le  lui  ravit  aulîi  fix  mois  avant  fiin  décès,  l'an  806  de  l'Ue- 
gire,  de  J.  C.  1403. 

GEHANGHIR,  fils  d'Ali  Bcgh  &  neveu  de  Hamzah  Begh.  Il  fucceda  à 
fon  oncle  dans  les  Etats  de  la  dynafi:ie  des  Turcomans  du  Mouton  blanc.  Il 
mourut  l'an  de  l'Hegire  872,  de  J.  C.  1467,  prefque  entièrement  dépouillé  par 
fon  frère  Haffan  ,  que  nos  Hifloriens  appellent  Ufuncallan.  Foycz  k  titre  de 
HalTan  al  Thaouil.  Ce  Prince  fut  le  cinquième  Prince  Turcoman  de  la  race  des 
Ac  Coinlu,  ou  du  Mouton  Blanc. 

GEHANGPIIR,  fils  d'Acbar  &  petit-fils  de  Homaioun,  Empereur  des  Mo- 
gols  ou  Tartarcs  de  la  race  de  Tamerlan,  qui  régna  dans  les  Indes. 

Ce  Prince  fit  peu  d'état  du  Mahometifme  qu'il  profelfoit  néanmoins ,  non  plus 
qu'Acbar  fon  père.  Il  permit  aux-  Chrétiens  de  bâtir  des  Eglifes,  &  de  faire  une 
épreuve  de  feu  entre  fes  Moulas  ou  Dodeurs ,  &  un  Jéfuite,  qui  fut  furnommé 
depuis  le  Père  Atefch  ou  le  Père  Feu ,  fur  le  fujet  des  deux  Religions  Chré- 
tienne &  Mahometane.  II  eft  vraj',  que  la  compaffion  l'empêcha  d'en  permet- 
tre  Texécution. 

Nourgehan  fa  femme  le  gouvernoit  prefqu'abfolument.  Le  nom  xle  cette  Prin- 
ceiïe  fignifie  la  lumière  du  monde  ,  de  même  que  le  nom  de  Nourmahal ,  au- 
tre Princeife  Mogolienne  ,  fignifie  la  lumière  de  la  Cour.  Gehangh'ir  fut  père 
de  Schah  gehân ,  nom  qui  fignifie  Roy  du  monde  ,  on  le  nomme  auffi  Sultan 
Coroun. 

Ce  fut  Gehanghir  qui  fit  faire  le  chemin  Royal  de  150  lieues  d'Agra  à  La- 
hor,  avec  un  plan  d'arbres  des  deux  cotez. 

GEHEL,  l'Ignorance.  Je  remarquerai  dans  ce  titre  quelques  traits  des  Au- 
teurs Arabes,  Perfans  &  Turcs,  pour  faire  connoîtrc  quel  état  ils  font  de  la 
fcience,  &  quel  mépris  ils  ont  pour  les  ignorans. 

Tofi:eri  difoit,  que  l'ignorance  efi:  la  fource  de  tous  les  péchez  qui  fe  commet- 
tent contre  Dieli ,  &  qu'il  y  a  cependant  encore  un  mal  plus  dangereux ,  qui 
eft  l'ignorance  de  fon  ignorance.     ^Igehel  belgehel. 

Un  autre  Arabe  a  dit ,  que  l'ignorance  eft  une  méchante  monture  ,  qui  fait 
fans  celfe  bronclier  celui  qui  eft  delfus  ,  &  qui  rend  ridicule  &  méprifable  ce- 
lui qui  la  conduit.     /ilgelieL  mathiiat  man  racabha  zall  11  man  Sahabha  dhali. 

N'admirez  point,  dit  un  Poëtc  Arabe,  la  braverie  &  la  pi'iffc  d'un  ignorant; 
car  c'eft  un  mort  couvert  de  fes  ornemens  funèbres.  Et  un  Perfien  dit,  que  le 
portier  d'un  tel  homme  peut  fort  bien  répondre  à  celui  qui  demande  fon  mai» 
tre  :  Il  n'y  a  perfonne  au  logis. 

Fodhail  a  dit  autrefois  :  Vous  cherchez  dans  ce  monde  deux  chofes  que  vous 
n'y  trouvez  point.  La  première  eft  un  homme  fçavant  qui  foit  pieux  ;  mais 
auflî-tôt  que  vous  avez  rencontré  de  la  piété  ,  vous  y  trouvez  de  l'ignorance. 
La  féconde  chofe  que  vous  cherchez  dans  le  monde  ,  eft  un  ami  fmcère  & 
conftant;  &  puis  que  vous  ne  trouvez  point  celui-cy  non  plus  que  l'autre,  ne 
vaut-il  pas  beaucoup  mieux  vivre  dans  la  retraite. 

K3  L'Au- 


7S  G  E  H  E  L.    . 

L'Auteur  du  Raoud  al  abrar  rapporte  ,  que  Mahomet  a  prédit  que  fon  peu» 
pic  ou  fa  religion  périroit  par  deux  chofes ,  par  l'ignorance  &  par  l'avarice. 
Beterk  al  êlm  u  gemd  al  mal.  Nous  voyons  accomplir  une  partie  de  cette  pré- 
diftion  en  nos  jours. 

L'on  trouve  entre  les  fentences  d'Ali,  celle-ci.  La  da  aâia  meit  algehel ,  il  n'y 
a  point  de  maladie  plus  difficile  à  guérir  que  l'ignorance  invétérée.  Les  deux 
Poètes,  l'un  Perfien  &  l'autre  Turc  qui  l'ont  paraphraiee,  difent,  que  la  fcience 
ell  le  partage  des  heureux,  &  que  la  milere  ell  l'héritage  des  ignorans. 

Tout  le  mal  des  hommes,  dit  Hufîàin  Vaêz  ,  vient  de  leur  ignorance  volon- 
taire, qui  les  empêche  de  faire  attention  à  ce  qu'ils  connoilTcnt,  ni  de  réflexion 
fur  ce  qu'ils  pratiquent,  C'ell  poiirquoy,  nous  difons,  dit-il,  dans  l'Alcoran  au 
chapitre  intitulé  Jonas:  La  plus  grande  partie  des  hommes  eft  dans  figmrance. 

Les  caufes  de  cette  ignorance  font  expliquées  par  un  Poëte  Periieu  dans  les 
vers  fui  vans. 

Ce  monde  eft  une  grande  foire  ,   dam  laquclh  tout  fe  pajfe  ordinairement  ,    comme 

dans  une  fête  de  village^  oîi  il  n'y  a  pour  tous  inft rumens  de  mufique  qu^u^ 
ne  cornemufe. 
Toute  r application  de  nos  feus  n'eft  que  pour  les   chofes  les  plus  viles  âr*  les  plus 

méprifables. 
Il  n'y  a  que  l'œil  de  la  fcience  Çff  de  rintelligence ,  qui  puijfe  percer  les  voiles  qui 

nous  cachent  les  chofes  fpirituelles. 
Sans  cet  œil  éclairé  ,  nous  ne  pourrons  jamais  arriver  jufqiCà  la  contemplation  du 

Royaume  céle/îe  6f  éternel. 
Voifeau,  qui  eft  tenu  prifonnier  dans  une  cage  çf  qui  a  perdu  l'ufage  de  fes  ailes ^ 

peut-il  avoir  quelque  connoiftance  des  beautez  de  la  campagne^ 

Lamai,  Poëte  Turc,  dit  dans  Ces  Lathaif  :  Si  un  ignorant  reconnoît  en  foy- 
même  une  feule  vertu,  il  croit  en  avoir  cent,  &  s'il  a  d'ailleurs  mille  imper- 
feftions  ,  il  n'en  apperçoit  aucune.  Lorlqu'il  conlidere  quelque  excellent  hom- 
me, s'il  remarque  en  lui  quelque  défaut,  il  lui  femble  en  voir  mil. 

Le  même  Auteur  racontant  les  plaintes  que  lui  faifoit  un  ignorant ,  de  ce 
qu'il  avoit  logé  un  homme  de  lettres  chez  lui,  duquel  il  fe  tenoic  fatigué,  s'é- 
crie dans  la  même  langue  :  Les  rochers  témoignent  par  leurs  échos  d'être  tou- 
.chez  des  airs  d'une  voix  agréable.  Les  tulippes  &  les  rofes  fe  déchirent  au  ga- 
zouillement des  oifeaux.  Les  chameaux  mêmes  fe  réjouiffent  aux  chanibns  de 
leur  chamelier.  Il  faut  être  plus  dur  qu'une  pierre,  &  plus  ravallé  qu'une  bê- 
te, pour  demeurer  infenfible  à  la  poëfie  &  à  la  mufique. 

Quoy  que  les  Orientaux  faffent  grand  état  de  la  fcience  ,  ils  difent  cependant 
que  les  plus  grands  Doéleurs  ne  doivent  point  avoir  honte  de  confelfer  leur 
ignorance  en  beaucoup  de  chofes ,  &  de  dire  fouvent  ,  La  ^dri ,  Je  ne  fçay 
pas  cela;  car  Ali  Ben  lezid  Ben  Hormouz  difoit ,  qu'un  habile  Docteur  devoit 
îaifTer  à  fes  difciples  cette  maxime  pour  héritage. 

Ali  ayant  fait  une  pareille  réponfe  à  une  quellion  qui  lui  fut  faite ,  un  imper- 
tinent lui  dit  ,  qu'il  donnoit  une  marque  d'ignorance.  Alors  Ali  lui  répliqua  : 
Ma  réponfe  marque  que  je  fçai  quelque  chofe  ,  &  que  j'en  ignore  quelqu'une  ; 
or  il  n'y  a  que  Dieu  qui  fçache  tout  &  qui  n'ignore  rien.  f 

Un 


G  E  H  E  N  N  E  M.  7^ 

Un  Dofleur  ayant  fait  la  même  réponfe  qu'Ali  ,  un  de  fcs  collègues  lui  re. 
procha,  qu'étant  le  chef  d'une  école  celèbx-e,  il  ne  devoit  pas  avouer  ainfi  fon 
ignorance,  &  que  cette  façon  de  parler  le  lurprenoit  fort.  Ce  Dodleur  lui  ré- 
pliqua :  Il  y  auroit  lieu  de  s'étonner  beaucoup  plus  d'un  homme  qui  parleroit 
fans  fçav^oir ,  &  qui  citeroit  &  allégueroit  fans  autorité  ,  comme  font  plufieurs 
Dofleurs. 

L'on  rapporte  d'Ebn  MalTôud,  qu'il  avoit  accoutume  de  dire,  que  le  bouclier 
qui  met  à  couvert  un  Dofteur  eft  de  fçavoir  dire  ce  mot,  La  Jdri,  Je  ne  fçai 
pas;  car  lorfqu'il  fe  trompe  en  difant  ces  paroles,  il  vaut  beaucoup  mieux.  Fo- 
yez  le  titre  ^'Elm,  qui  fignifie  la  fcience.  • 

GEHENNEM,  les  Arabes  Mufulmans  ont  appris  apparemment  des  Juifs  & 
des  Chrétiens  ce  mot ,  qui  fignilie  chez  eux  l'Eiifer  ,  aulîi  -  bien  que  celui  de 
Gehim. 

L'origine 'du  mot  Hébreu  vient  de  Ghéhennom,  nom  qui  fignifie  la  valfée  de 
Hennon,  où  les  Amorrheens  faifoicnt  brûler  vifs  leurs  enfans  qu'ils  facrifioient 
à  Molok.  Cependant  Gehennâm  fignifie  en  Arabe  un  puits  très-profond  &  Ge- 
him un  homme  dont  le  vifage  ell  laid  &  contrefait. 

Ben  Gehennem  ,  un  fils  de  l'enfer ,  fe  prend  ordinairement  chez  les  Muful- 
mans pour  un  reprouvé,  &  néanmoins  c'eft  auffi  le  furnom  ou  plutôt  le  fobri- 
quet  de  Noureddin  Kahami,  de  la  même  manière  que  l'on  a  donné  parmi  nous 
à  quelqu'un  celui  d'Ame  damnée. 

Les  Mufulmans  donnent  auflî  généralement  aux  Reprouvez  le  nom  de  Ashab 
al  nar,  les  compagnons  du  feu  &  plufieurs  noms  à  l'Enfer,  comme  nous  ver- 
rons plus  bas.  11^  ont  auffi  une  efpècc  de  mythologie ,  félon  laquelle  il  y  a 
des  rivières  &  des  arbres  en  enfer,  auffi -bien  que  dans  le  Paradis.  L'arbre 
qu'ils  appellent  Zacoum  ,  dont  les  fruits  font  des  têtes  de  Diables ,  eft  le  plus 
terrible  de  tous, 

Thabekh  eft  le  nom  de  l'Ange  qui  préfidc  de  la  part  de  Dieu  à  l'enfer.  Ce 
mot  fignifie  proprement  un  Bourreau. 

Dans  l'Alcoran  au  chapitre  île  la  Pierre  ,  il  eft  dit ,  que  l'Enfer  a  fept  por- 
tes, &  que  chaque  porte  a  fon  fupplice  particulier. 

Quelques  Interprètes  difent,  qu'il  faut  entendre  par  ces  fept  portes,  fept  éta- 
ges différens ,  dans  lefquels  fept  dilférentes  fortes  de  pécheurs  feront  punis. 

Le  premier,  qui  s'appelle  Gehennem,  eft  deftiné  pour  les  Adorateurs  du  vrai 
Dieu,  tels  que  font  les  Mufulmans,  qui  auront  mérité  parleurs  crimes  d'y  tomber. 

Le  fécond,  appelle  Ladha,  eft  pour  les  Chrétiens. 

Le  troifième,  nommé  Hothama,  eft  pour  les  Juifs. 

Le  quatrième,  nommé  Sàir,  eft  deftiné  aux  Sabiens. 

Le  cinquième,  appelle  Sacar,  eft  pour  les  Mages  ou  Ghebres. 

Le  fixième,  nommé  Gehim,  pour  les  Payens  &  Idolâtres,  appeliez  Mufchre- 
can,  qui  admettent  la  pluralité  des  Dieux. 

Le  feptième  &  le  plus  profond  de  l'abyfme  ,  qui  porte  le  nom  de  Haoviat , 
eft  refervé  aux  hypocrites ,  c'eft-à-dire ,  à  ceux  qui  font  paroître  au  dehors  qu'ils 
ont  une  religion,  &  qui  n'en  ont  aucune  dans  le  cœur,  &  ce  dernier  étage  eft 
encore  appelle  Derk  Asfal,  c'eft-à-dire,  le  plus  profond. 

L'Imam  Manfor ,  dans  fon  livre  intitulé  Taovildt ,  diftribue  d'une  autre  maniè- 
re ces  différens  étages. 

Il 


go.  GEHENNE  M. 

Il  prétend  d'abord ,  qu'il  n'y  en  a  point  de  particulier  pour  les  Mufulmans , 
parce  qu'ils  n'y  doivent  avoir  qu'une  demeure  paiTagère  ,  &  non  pas  éternelle 
comme  les  autres.    Il  relie  donc  feulement  à  y  placer  les  autres. 

Le  premier  étage  eft  donc  ,  félon  cet  Auteur ,  pour  ceux  qu'il  appelle  De- 
heriens ,  qui  croyent  l'éternité  du  monde ,  &  n'admettent  ni  création  ,  ni  Créa- 
teur. 

Le  fécond  étage  eft  pour  les  Thanoviens  ou  Thenovites,  qui  admettent  deuï 
principes  comme  les  Zoroaftriens  &  les  Manichéens  ,  &  pour  les  Arabes  Idolâ- 
tres qui  étoient  du  tems  de  Mahomet. 

Le  troifième  eft  pour  les  Barahemâh ,  qui  font  les  Bramens  ou  Brachmanes 
des  Indes ,  qui  rejettent  les  Prophètes  &  les  livres  facrez  ,  <Sc  qui  ne  croyent 
ni  au  vieil,  ni  au  nouveau  Teftament. 

Le  quatrième  eft  pour  les  Juifs ,  qui  ne  reçoivent  que  Je  vieil  Teftament. 

Le  cinquième  eft  pour   les  Chrétiens ,   qui  reçoivent  le  vieil  &  le  nouveau 

Teftament 

Le  ftxième  eft  pour  les  Mages  dePerfe,  qui  ont  des  livres,  les  uns  attribuez 
à  Abraham  &  les  autres  à  Zoroaftre:  ces  gens  font  les  mêmes  que  les  Ghebres. 

Le  fcptième  eft  du  confentement  de  tous  pour  les  hypocrites,  qui  font  pro- 
feflîon  d'une  religion  qu'ils  ne  croyent  pas.  C'eft  de. ceux-ci  qu'il  eft  parlé  fi 
fouvent  dans  l'Alcoran  :  car  Mahomet  fe  doutoit  bien.,  que  plufieurs  feroient 
profeffion  de  fa  Religion  fans  y  ajouter  foy  ;  c'eft  pourquoy  toute  fa  colère  & 
toutes  fes  menaces  font  contre  ces  gens-là. 

L'Auteur  du  Bàhar  el  Hakaik  dit  plus  fpirituellemcnt ,  que  les  fept  portes  de 
l'enfer  font  les  fept  péchez  capitaux,  qu'il  nomme  en  cet  ordre:  La  cupidité  ou 
l'avarice.  La  gourmandife.  La  hayne.  L'envie.  La  colère.  La  luxure  &  l'o-^ueil. 
Il  conclut ,  que  c'eft  par  ces  fept  portes  que  l'on  entre  dans  lenfer  de  l'éloigne- 
ment  &  de  la  privation  de  Dieu. 

Dans  le  commentaire  du  livre  intitulé  Rcfchef,  l'on  trouve  qu'il  y  a  fept  por- 
tes à  l'Enfer,  à  caufe  des  principaux  membres  <!e  l'homme  qui  font  les  inftru- 
mens  du  péché,  &  par  conféquent  autant  d'ouvertures  &  de  defcentes  aux  En- 
fers. Ces  fept  principaux  membres  font  les  yeux  ,  les  oreilles ,  la  langue  ,  le 
ventre,  les  parties  naturelles ;,  les  pieds  &  les  mains:  fur  quoy  un  Poëte  Perfien 
a  dit  :  Vous  avez  les  fept  portes  de  l'enfer  dans  vôtre  corps  ;  mais  l'ame  peut 
faire  fept  ferrures  à  ces  fept  portes.  L;i  clef  de  ces  ferrures,  qui  eft  vôtre  franc 
arbitre,  eft  entre  vos  mains,  fervez-vous  en  pour  fermer  ii  bien  ces  portes  , 
qu'elles  ne  s'ouvrent  plus  à  vôtre  perte. 

Dans  le  chapitre  intitulé  Aaraf,  on  lit  que  les  damnez  difent  aux  Bienheureux'. 
Répandez  fur  mus  de  cette  eau ^  que  vous  avez  en  abondance  pour  étancher  nôtre  foifi 
faites-nous  part  de  ce  que  Dieu  vous  a  donné  fi  libéralement  pour  addoucir  nos  maux  : 
mais  les  Bienheureux  leur  répondent:  Dieu-  a  défendu  âf  interdit  ces  chofes  aux  im- 
pies qui  ont  fait  un  jeu  de  la  Religion ,  &'  qui  fe  font  laijfez  ahufer  par  les  trom- 
peries  de  la  vie  du  monde. 

.  Il  n'eft  pas  dilEcile  de  s'appercevoir,  que  ceci  eft  pris  tout-entier  de  la  para- 
bole du  mauvais  riche,  qui  eft  couchée  dans  l'Evangile. 

Sur  ce  qu'il  eft  dit  icy ,  que  la  -vie  du  fiécle  préfent ,  ou  du  monde ,  trompe 
les  hommes ,  un  Interprète  de  ce  paftage  dit  :  Ce  que  nous  croyons  voir  dans 
le  monde ,  n'éft  que  le  fantôme  d'un  fonge.  Les  maifons  que  nous  habitons 
ne  font  que  des  logis  de  paftage  ,  fituez  fur  la  route  qui  nous  mené  au  terme 

fatal 


G  E  H  E  N  N  E  M.  gr 

fatal  de  nôtre  vie.    Le  monde  enfin  n'eft  qu'un  fond  demiferes,  &  il  faut  être 
toujours  en  garde  contre  fcs  fraudes  &  fes  illulions. 

Les  Epithetes  du  monde  chez  les  Orientaux  font  Gadddr,  Trompeur;  Mak- 
kiar ,  Drefleur  d'embûches  ;  Bazi  Kion ,  Charletan  ;  Pirchzen  ,  une  vieille  forciè- 
re,  c'cffc  ce  que  rapporte  icy  ce  même  Interprète. 

Le  plus  grand  de  tous  les  maux  des  damnez,  difcnt  les  Mufulmans,  eft  la  fé- 
paration  de  Dieu ,  qu'ils  appellent  Ferâk  ,  en  quoy  leur  doftrine  eft  conforme 
à  celle  des  Chrétiens  ,  qui  appellent  cette  féparation  la  peine  du  dam.  Leurs 
Interprètes  veulent,  que  cette  grande  peine,  Adhr.b  al  adhim,  de  laquelle  il  eil 
parlé  dans  l'Alcoran,  fe  doit  entendre  de  cette  privation  de  Dieu,  &.  que  par 
les  mots  d'Adhâb  al  alim  ,  qui  fignifient  la  peine  douloiireufe ,  d'-  laquelle  il 
eft  fait  fouvcnt  mention  dans  le  même  livre,  on  doit  entendre  la  peine  du  feu. 

La  plus  grande  peine  des  damnez ,  dit  Cafchiri  ,  eil  leur  éloignement  de  la 
préfence  de  Dieu ,  &  le  voile  épais  qui  les  empêche  àc  jouir  de  cette  lumière 
divine  ,  qui  fait  la  vifion  beatifique.  C'eft  cette  lumière  que  nos  Théologiens 
appellent  la  lumière  de  la  gloire. 

Le  même  Auteur,  qui  pâlie  pour  être  un  des  plus  éclairez  &  des  plus  aifec- 
tifs  entre  les  Mufulmans,  dit  à  Dieu:  Vous  nous  menacez,  S  i  neur,  d'une  fé- 
paration amère  ,  qui  nous  privera  pour  jamais  ô:  vôtre  pn'.';  -ce.  Ah,  Sei- 
gneur, faites  de  moy  tout  ce  qu'il  vous  plaira,  poàrvù  que  je  ne  fois  jamais 
féparé  de  vous.  Il  n'y  a  aucun  poifon  plus  amer,  ni  plus  mortel  que  cette  fé- 
paration; car  que  peut  faire  l'ame  féparée  de  Dieu,  nnon,  dctrc  dans  une  in- 
quiétude &  dans  une  agitation  continuelle  qui  la  tourraence.  Cent  mille  mjrts 
les  plus  cruelles  ie  peuvent  fouffrir;  car,  après  tout,  elles  n'ont  rien  de  fi  ter- 
rible que  la  privation  de  vôtre  divine  face.  Tocs  les  malheurs  du  iîccle  ,  tou- 
tes les  maladies  les  plus  aiguës  &  les  plus  fâchcufes  jointes  enfcmble  ,  ne  me 
font  rien  &  me  paroiifent  incomparablement  plus  aiiecs  à  fupporter ,  que  ceiRi 
éloignement.  C'efl  cet  éloignement  palfiger  qui  rend  nos  terres  ilériles  ,  qui 
tarit  &  qui  infefte  nos  eaux,  que  fera-ce,  s'il  eil  éternel?  Sans  lui  le  feu  d'en- 
fer ne  brûleroit  point,  &  c'ell  par  lui  qu'il  devient  fi  ardent.  En  un  mot, 
c'eil  vôtre  feule  préfence  qui  nous  foûtient  &  qui  nous  comble  de  toutes  ibr- 
tes  de  biens,  &  vôtre  abfence  eil  celle  qui  caufe  tous  nos  maux. 

Plufieurs  Mahometans  font,  par  une  extrême  impiété,  Dieu  auteur  du  mal  & 
du  péché  ;  ils  admettent  par  conféquent  la  réprobation  pofitive ,  &  enfeignent 
que  Dieu  a  créé  des  hommes  pour  le  feu  ,  fondant  cette  doilrine  fur  plufieurs 
paflliges  de  l'Alcoran. 

Dans  le  chapitre  Aaraf  fur  ces  paroles  :  Les  méchaits  feront  punis  pour  ce  qtCils 
auront  fait  de  mal.,  HulFain  Al  Heraovi  dit,  que  ces  méchans-là  font  ceux  qui 
ont  été  créez  pour  le  feu,  de  même  que  les  predeilinez  l'ont  été  pour  la  gloi- 
re; car  il  eil  porté  dans,  la  fuite  du  même  chapitre  :  Ceux  qui  font  créez  pour 
le  Paradis ,  ne  manquent  point  d'être  dirigez  félon  la  vérité  ,  éf  font  juftifiez  par 
elle. 

Dans  la  fuite  du  texte ,  nous  lifons  ces  autres  paroles  attribuées  à  Dieu  :  J'at- 
trapperai  les  médians  oii  ils  ne  penfent  pas,  ils  auront  pourtant  du  teins  ;  mais  C em- 
bûche que  je  leur  dreffe  cft  très- for  te ,  c'efi-à-dire  .^  inévitable.  Voici  la  manière 
avec  laquelle  Dieu  fe  gouverne  à  l'égard  des  reprouvez  ,  félon  le  fentiment  de 
l'Imam  Caichiri.  Chaque  fois  que  ces  malheureux  pèchent,  Dieu  augmente  leurs 
l)iens ,  afin  qu'Us  augmentent  leurs  péchez.  Cette  tromperie  donc  que  Dieu  fait 
.  Tome  IL  L  aux 


82  GEHERNAZ.  GÉLALEDDIN.     ' 

aux  reprouvez  ,  confifle  à  leur  faire  du  bien  &  à  les  rendre  ingrats  ,  jufqu'à 
ce  que  le  tems  de  les  punir  foit  venu  ;  &  cette  tromperie  s'appelle  encore  em- 
bûche ,  parce  que  c'eft  une  conduite  c;)chée  qui  paroît  au  dehors  bonté  ;  mais 
qui  n'ell  efFeèlivement  qu'un  pur  abandon. 

11  y  a  encore,   un  peu  plus  bas  dans  le  même  chapitre  ,  un  verfet  plus  im-  - 
pie  :    Celui  que  Dieii  met   dans  le  mauvais  chemin  ,    na  plus  de  guide  qui  le  puijfe 
redrefTer-,  car  Dieu  laijje  les  dévoyez  dans  kur  erreur ^    ^   ils  demeurent  étourdis  èf 
confus. 

Il  y  a  pourtant  quelques  Auteurs  qui  donnent  un  bon  fens  à  ces  paroles,  en 
les  entendant  de  l'abandon  que  Dieu  fait  de  certains  Pécheurs,  dont  il  punit  les 
péchez  par  d'autres  péchez  ,  dcfquels  il  n'eft  pas  l'auteur  &  qui  font  les  effets 
de  la  pure  malice  des  pécheurs  :  mais  cette  explication  efl  celle  des  Motazales, 
qui  font  des  feftaires  &  non  pas  celle  des  Mufulmans  Orthodoxes  ,  qui  foûtien- 
nent  la  prédeftination  abfolue  &  pofitive,  à  l'égard  des  Elus  &  des  Reprouvez. 

Les  plus  modérez   entre    les  Mufuhnans  s'en   tiennent  à  ce  principe  exprimé 
métaphoriquement  par  un  Poëte  Perfien.     Si    la  grâce   du  fouverain  Maître  &  : 
Conducteur  ne  vient  à  notre  fecours ,   perfonne  ne  trouvera  le  bon  chemin ,  ni 
n'arrivera  au  gîte. 

GEHERNAZ  ou  Tehehernaz  ,   la  dot  de  la  beauté.   Nom  de  la  fœur  de 
Caicaus  ,   fécond  Roy  de  Perfe  de   la  dynallie  des  Caianides  ,  qui  fut  mariée  à. 
Rollàm. 

G  EL  AL  Allah,  la  gloire  de  Dieu.  Ce  mot  fe  prend  non  feulement  pour 
la  gloire  effentielle  de  Dieu  inféparable  de  fa  nature  ;  mais  encore  pour  une 
manifefln.tion  fenfible  de  la  préfence  de  la  Majefté  Divine  ,  telle  qu'elle  fe  fai- 
«éfoit  connoître  entre  les  Chérubins  de  l'Arche  &  fur  le  Mont  Sinai.  Les  Mu- 
fulmans difent ,  qu'un  rayon  de  cette  gloire  réduifit  en  pouffière  le  mont  Pha- 
ran  en  Arabie,  &  fondit  en  eau  la  première  fubilance  que  Dieu  créa  pour  for- 
mer le  monde. 

GELALANI  &  Gelalein.  Les  deux  Gelalcddin  qui  ont  commenté  l'Alco- 
ran  ,  dont  le  premier  eft  furnommé  Al  Mahalii  ,  &  le  fécond  Al  Soiouthi  ou 
Afiouthi.     /  'oyez  plus  bas  le  titre  de  ces  deux  perfonnages. 

GELALEDDIN  &  Gelaleddoulat ,  c'ell  -  à  -  dire  ,  la  gloire  de  la  Religion, 
&  kl  gloire  de  l'Etat.  Ce  font  des  furnoms  qui  ont  été  donnez  à  plufieurs 
perfonniiges ,  &  fur  -  tout  à  de  grands  Princes  ,  defquels  nous  allons  voir  les 
titres. 

GELALEDDIN  Gauri ,  Sultan  de  la  féconde  branche  de  la  dynaflie  des 
Gaurides,  dont  les  Etats  pafTérent,  après  fa  mort,  aux  Khovarezmiens. 

GELALEDDIN  Malekfchah  ou  Melikfchah.  f^oyez  l'hijîoire  entière  de  ce 
Sultan  des  Selgiucides  dans  le  titre  de  Malekfchah. 

GELALEDDIN  Mahmoud.    Fcyez  le  titre  de  Mahmoud. 

GELALEDDIN,  fu  nommé  Mankberni  &  Khovarezme - Schah.  C'efl  le 
fils  aîné  du  Sultan  Mohammed  Khovarczm  -  Schah  >  Sultan  du  Khovarezme,  ou 

pour 


..GELALEDDÎN.  g^ 

pour  prononcer  k  la  Perfienne  Kharczme  &  Khorezme  ,  lequel,  anrès  la  mort 
.de  fon  père,  fe  retira  dans  la  province  de  Gaznin  ou  Gaznah  ,  vers  les'lnl-s 
appanagc  que  le  Sultan  fon  père  lui  avoit  douné  pendant  'à  vis.  Il  tomba  d'a- 
bord dans  une  embufcade  que  les  Tartares  lui  avoient  drellee  ;  mais  il  s'en  tira 
avec  une  valeur  incomparable,  &  arriva  heureufement  dans  cette  ville,  où  il  fut 
joint  par  Scifeddia  Aghrâk  ,  qui  étoit  à  h  tète  de  quarante  mil  chevaux  & 
par  Icmin  almulk,  Prince  de  ilei;at,  qui  lui  amraena  auffi  d'autres  troupes  fort 
coiifidérables. 

Gelaleddin  ainfi  arme  ,  ne  craignit  point  d'attaquer  les  Mogols  ,  oui  l'a  voient 
toujours  pourfuivi  juiqu'à  Gaznah  ,  depuis  la  défaite  de  Mohammed  fon  père, 
■&  dans  fi\-  ou  fept  combats  qu'il  leur  livra  ,  il  demeura  toujours  le  \'ainaueur  • 
mais  il  arriva  malheureufement  pour  lui ,  que  la  divilion  fe  mit  entre  les  Olii- 
■ciers-Géncraux  de  fon  armée,  lemia  al  mulk  aj^ant  frappé  de  fon  fouet  Seifed- 
din,  &  celui-cy  en  ai'ant  porté  fa  plainte  à  Gelaleddin  ,  ce  Sultan  ne  'crut  pas 
qu'il  fut  tems  de  lui  en  faire  raifon  ,  pendant  qu'il  avoit  de  fi  grands  ennemis 
fur  les  bras;  de  forte  que  Scifcddin  irrité  de  ce  refus  de  juftice,  partit  du  camp 
du  Sultan  dès  la  même  nuit  avec  fes  troupes  ,  &  alla  camper  fur  la  m^ntao^ne 
de  Sangràk. 

L'armée  du  Sultan  étant  ainfi  afFoib!ie  par  la  déiertion  de  ce  Général  ,  n'étoit 
•plus  en  état  de  faire  tète  aux  Tartares  ,  c'efl:  ce  qui  lui  fit  prendre  la  réfolu- 
tion  de  pafler  aux  Indes;  &  il  étoit  déjà  arrivé  fur  les  bords  du  fleuve  Sind  ou 
Indus ,  oi!i  il  préparoit  toutes  chofcs  pour  le  pafTcr  ,  lorfqu'il  vit  les  Mo^oIs  à 
fa  queue;  car  Genghizkhan ,  ayant  appris  la  retraite  du  Sultan,  partit  de  la -pro- 
vince de  Thalecan,  où  il  étoit  avec  le  gros  de  fon  armée,  &  vint  par  la  route 
du  Cabul  avec  une  extrême  diligence  juf-^u  à  luy. 

Ce  Mogol  étendit  fes  troupes  au-dclîus  &  au-deflbus  du  courant  de  l'Indus; 
&  faifant  de  fon  armée  un  arc,  dont  le  fleuve  étoit  la  corde,  ainfi  que  dit  un 
Hiftorien,  il  reir.'rra  fi  fort  de  tous  cotez  le  Sultan,  qu'il  fembloit  lui  avoir  ôté 
toute  efpérance  de  pouvoir  échapper. 

Le  Sultan  ayant  apperçu.  au  point  du  jour,  cette  multitude  innombrable  de 
trounes,  qui  le  tenoient  alliegé  de  toutes  parts  ,  ne  perdit  point  courage:  mais 
raifeniblant  au  contrai.-e  tout  ce  qu'il  avoit  de  vigueur  &  de  forces  ,  il  harce- 
la tellement  fes  ennemis  de  tous  cotez  &  fit  des  aclions  de  valeur  fi  extraordi- 
naires ,  que  Fon^  n'en  avoit  point  vu  d'exemples  depuis  le  tems  d'Asfendiar  & 
de  Rofl:am  :  de  Ibrte ,  dit  rHifl:orien  ,  que  l'on  pourroit  dire  avec  vérité  ,  que 
fi  ces  deux  grands  Héros  avoienf  vécu  du  tems  de  ce  Sultan  ,  ils  auroient  fait 
gloire  de  s'enrôler  ibus  fes  étendarts. 

Un  Poëte  Perfien  ,  décrivant  cette  aftion  ,  dit  de  lui  :  Quand  fa  lance  étoit 
levée  ,  les  plus  braves  étoient  obligez  de  baiiTer  la  leur  ,  où  fa  maffe  d'armes 
tomboit,  il  refl:oit  une  marque  ineffaçable  de  la  péfanteur  de  fon  bras.  Il  bri- 
foit  les  cafques  fur  les  têtes  ,  comme  un  autre  auroit  caffé  les  chofes  les  plus 
fragiles  ,  il  mettoit  en  pièces  les  cottes  de  maille  avec  la  même  facilité  qu'un 
autre  auroit  déchiré  la  toile  qui  les  couvre. 

Cependant  toute  fa  bravoure  ne  pouvoit  pas  l'empêcher  de  périr  ,  puifqu'il 
avoit  à  combattre  autant  de  foldats ,  qu'il  y  avoit,  pour  ainfi  dire,  de  grains  de 
fable  fur  le  rivage  de  l'Indus  ;  &  le  combat  n'auroit  pas  même  duré  fi  long-tems ,  fi 
Genghizkhan ,  qui  le  vouloit  avoir  vif  entre  fes  mains ,  n'eût  défendu  à  fes  foldats 
de  tirer  fur  fa  perfonne.    Il  voulut  pourtant  faire  un  dernier  effort  avec  foixante- 

L  2  dix 


84  GELALEDDIN. 

dix  chevaux  feulement  qui  lui  reftoient  ;  mais  comme  il  étoit  fur  le  point  de  fe 
jetter  dans  la  mêlée,  Agiafch-Melik ,  fon  neveu,  mit  la  main  fur  la  bride  de  fon 
cheval,  &  l'arrêta  en  lui  difant  ces  vers. 

Ne  vous  engagez  jamais   témérairement  au  milieu  de  ceux  qui  vous  furpajfent  fi 

fort  en  nombre-, 
Car  on  vous  accujeroit  de  folie  ,   de  même .  que  l'on  fait  celuy  qui  frappe  avec  le 

poing  le  trenchant  d'un  rafoir. 

Le  Sultan  tourna  bride  à. ces  paroles,  &  gagnant  un  lieu  élevé,  &  de  difficile 
accez,  après  avoir  changé  de  cheval,  &  pris  congé  de  fes  cnfans,  il  le  jetta  à 
la  nn^e  dans  l'Indus  avec  les  plus  braves  de  fes  foldats ,  qui  ne  le  voulurent 
point  abandonner.  Il  traverfa  hardiment  ce  grand  fleuve  à  la  vue  de  Genghiz- 
khan,  &  de  toute  fon  armée,  qui  tira  un  nombre  infini  de  flèches  fur  lui,  fans 
qu'il  pût  être  blefle.  Les  Tartares  fe  mettoient  auffi  en  devoir  de  paflTer  l'eau 
pour  le  fuivre:  mais  Genghizkhan   les  en  empêcha. 

Lorfque  le  Sultan  eut  traverfé  le  grand  courant  de  l'eau ,  il  lui  fallut  aller 
encore  alTez  loin  pour  gagner  le  gué,  les  rives  de  ce  fleuve  étant  prefque  par 
tout  fort  élevées:  miis  il  aborda  enfin  heureufement  au  gué  de  Caitoul,  où 
ayant  expofé  fes  habits,  &  les  harnois  de  fon  cheval  au  Soleil  pour  les  faire 
fécher,  il  vit  que  les  Tartares  pilloient  fon  camp,  &  particulièrement  ion  Ha- 
ram  qui  eft  le  quartier  des  femmes,  &  que  Genghizkhan  mordoit  fes  doigts  d«. 
dépit,  de  ce  qu'une  û  belle  proye  lui  étoit  échappée. 

Ce  Conquérant  ne  lailfa  pas  cependant  d'admirer  le  grand  courage  du  Sultan-; 
&  fe  tournant  vers  fés  enfans,  il  leur  dit  ces  paroles  :  Voilà  un  fils  digne  de 
fon  père  !  Heureux  celuy  qui  a  de  tels  enfans.  Un  Poëte  dit  de  luy  :  On  n'avoit 
point  encore  vu  un  homme  d£  cette  trempe  dans  le  monde,  &  on  n'avoit  jamais 
ouy  dire  qu'il  y  en  eût  eu  un  femblable  dans  les  fiecles  paffez.  Il  étoit  aulîi 
redoutable  qu'un  Lion  dans  ks  campagnes ,  &  il  n'étoit  pas  moins  terrible  dans 
les  eaux ,  qu'un  crocodille. 

Cette  uélion  mémorable  de  Gelaleddin  fe  paflTa  l'an  de  l'Hegire  (?i8  ,  de 
J,  C.  1221..  Il  n'y  eut  que  fcpt  des  fiens  qui  fe  fauverent  avec  lui,  tout  le 
refle  ou  fe  noya ,  ou  fut  tué  à  coups  de  flcclies  par  les  Tartares  dans  ce  fameiLX 
paOTage;  cependant  lui  feul  avec  ces  fept  hommes  ramafla  peu  à  peu  des  trou- 
pes, &  remit  fur  pied  en  deux  ans  de  tems,  une  puilfante  ai-mée ,  avec  laquelle 
'il  fubjugua,  &  conquit  la  plus  grande  partie  des  Indes;  &  après  qu'il  eut  appris 
que  Genghiz  Kh^n  avoit  repalîe  le  Gihon  avec  fes  Mogols ,  &  pris  la  route  de 
Tartarie,-  il  repalfi  auili  l'Indus,  &  rentra  dans  la  Perfe  l'an  de  l'Hegire  621, 
pa'-  les  Provinces  Méridionales  de  Kige  ou  Kitfche,  &  de  Alakran. 

Auffi- tôt  qu'il  fut  de  retour,  en  Perfe,  tous  les  Seigneurs,.  &  Gouverneurs  des 
Provuiccs  de  Fars,  de  l'Iraquc  Perfique,  &  de  l'Adherbigian  ou  Medie ,  vinrent 
le  falucr ,  &  lin"  rendirent  un  nouvel  hommage.  Les  peuples  le  reçurent  avec 
des  acclamations  extraordinaires ,  &  chantoient  par  tout  ces  vers. 

Nous  voyons  à  la  faveur  de  ce  flambeau ,   pr.fage  certain  du  bonhnir  qui  retourne 
fur  nos  terres  f  une  nnuvdU  lumière  qui  r:nd  au  monde  ^  plongé  dans  ks  ténèbres 
d'une  profonde  nuit ,  le  premier  éclat  qiiil  avoit  perdu. 

Kemal  eddia  Ifmaël ,  excellent  Poëte ,  pour  célébrer  fon  retour ,  &  pour  témoi- 
gner 


GELALEDDIN. 


S5 


gner  la  joye  publique,  &  la  Tienne  en  particulier,  compofa  une  très-belle  Ode , 
dont  voici  quelques  vers  qui  me  paroiffent  fort  remarquables. 

Toute  la  terre  a  été  rétablie  en  fon  premkr  état,  tout  a  été  rebâti  dans  les  villes, 
es'  cultivé  dans  les  campagnes  ^  aujfi-tôt  que  les  pavillons  du  Sultan  ont  été 
dri'JJ'ez ,  6f  ont  jette  feult:ine7it  leur  ombre  fur  elles. 

C'-eJl  ce  grand  Empereur  Gelakddin  Mangberni ,  la  gloire  &  le  fofctien  de  l'Etat, 
&  de  la  Religion,  qut  Dieu  a  choifî  pour  gouverner  l'Univers,  parce  quil  a 
fait  plus  d'état  des  maximes  de  rAlcoran,  que  de  celles  de  la  Croix,  6f  qu'il 
na  pas  permis  que  les  cloches  des  Chrétiens  retentiffent  dans  nos  Mofqiiees. 

C'ejî  fon  bras  qui  a  fortifié  celui  de  la  loy,  ^exécuté  ce  que  le  décret  Divin,  avoit 
ordonné  touchant  la  dfiruHtion   des  Barbares,  ^  des  Infiddes. 

On  peut  apprendre  par  ces  vers  que  les  Tartares  étoient  Chrétiens  pour  la 
plupart,  &  que  Dieu  s'étoit  fervi  d'eux  comme  d'un  fléau,  pour  punir  l'orgueil 
des  Mahometans,  &  vanger  les  injures  que  la  Religion  Crêtienne  avoit  Ibulfertcs, 
comme  il  paroîtra  par  la  fin  mifcrable  que  fit  le  même  Gelaleddin  dont  nous 
parlons. 

L'an  de  rtlegire  625,  le  Sultan  délivré  de  la  crainte  des  Tartares,  entreprit 
la  conquête  du  Gurgiftan  ou  Géorgie;  le  Roy  de  ce  pays  qui  s'étoit  préparé  à 
foLitenir  cette  guerre,  vint  au  devant  de  lui  avec  une  armée  beaucoup  plus  forte 
que  la  fienne.  Gelaleddin  pour  la  mieux  reconnoître  ,  monta  fur  une  hauteur 
de  laquelle  il  découvrOit  le  camp  des  ennemis,  &  s'apperçeut  qu'il  y  avoit  dans 
leur  avant-garde  des  troupes  de  Khozariens,  peuples  de  la  grande  campagne  qui 
s'étend  fur  la  rive  Septentrionale  de  la  mer  Cafpienne,  &  que  les  Perfiens  ap- 
pellent Defcht-Kiptchak: 

Ces  gens  qui  autrefois  fous  le  règne  du  Sultan  Rîo'hammed  s'étoient  révoltez, 
&  qui  pour  éviter  le  châtiment,  avaient  eu  recours  au  Prince  Gelaleddin  fon 
fils  pour  obtenir  le  pardon  de  leur  faute,  n'avoicnt  pas  encore  oublié  ce  bien- 
fait. Le  Sultan  voulant  profiter  de  leur  reconnoillànce  dans  cette  conjonfture, 
leur  envoya  du  pain  &  du  fel  pour  les  faire  rellbuvenir  du  bon  office  "qu'il  leur 
avoit  rendu  autre  fois,  &  de  l'alliance  qu'il  avoit  contraftée  avec  eux.  Ce  tour 
d'adrelTe  lui  reiiflit  fi  bien,  que  les  Khozariens  ayant  honte  de  fiiire  la  guerre 
à  leur  bienfaiteur,  abandonnèrent  les  Géorgiens,  &  fe  retirèrent  chez  eux. 

On  peut  remarquer  en  cet  endroit  que  la  cérémonie  de  prefenter  du  pain  & 
du  fel  fe  pratique  dans  l'Orient,  pour  marque  d'amitié,  d'alliance  &  d'hofpitalité. 
Les  Arabes  en  ont  encore  une  particulière ,  qui  efi;  de  prefenter  à  boire  à  ceux 
qui  ont  quelque  défiance  d'eux,  pour  les  alfurer  de  leur  bonne  foy.  Foycz  les 
titres  de  Harmozan  .  â?  de  Saladin. 

Après  que  ces  gens  furent  partis ,  le  Sultan  envoya  un  exprès  au  camp  des 
Géorgiens  pour  leur  faire  entendre  qu'il  ne  vouloit  point  fe  prévaloir  de.la  dé- 
feftion  des  Khozariens,  &  qu'il  leur  accordoit  un  jour  de  trêve,  pour  traiter 
d'accommodement.  Dans  ccc  intervalle  de  tems  les  plu?  biaves  de  l'un  &  de 
l'autre  camp  fe  prefenterent  à  la  tête  des  troupes,  &  fe  firent  des  défis  d'honneur. 

Le  Sultan  voulut  prendre  part  à  cette  gloire  militaire,  &  il  fe  déguifa  de  telle 
forte,  que  n'ayant  pris  que  fhabit  d'un  fimple  Cavalier,  &  paiRuit  par  un  che- 
min détourné,  il  fe  prefenta  pai'mi  les  auti-es  fans  être  connu.    Aulîi-tôt  qusGe- 

L  3  laleddin 


86  G  E  L  A  L  E  D  D  I  N. 

lalcddin  parut,  un  Géorgien  bien  monté  vint  à  lui:  mais  le  Sultan  au  premier 
coup  de  lance  ,  le  jetta  auffi-tôt  par  terre  ,  &  en  trois  autres  coups  il  en  fit 
autant  aux  trois  fils  de  celuy  qu'il  avoit  defarçonné. 

Après  ce  combat,  un  homme,  d'une  taille  démefurée,  &  d'une  force  incom- 
parable, qui  auroit  pu  pafier  pour  un  Géant,  fe  prefenta,  &  porta  fans  relâche 
de  fi  rudes  coups  au  Sultan ,  que  ce  Prince  les  ayant  tous  foùtenus  ou  parez 
avec  une  force  &  une  ^adrelle  mcrvcilleufe ,  fon  cheval ,  pour  être  trop  vif ,:  fut 
fur  le  point  de  tomber  avec  lui. 

Cet  accident  le  fit  refoudre  à  defcendre  de  cheval ,  &  à  attendre  de  pied  fer- 
me fon  ennemi,  &  il  foûtint  fi  à  propos  ce  dernier  afifaut,  qu'il  prit  fon  tems 
de  porter  un  coup  de  lance  au  milieu  du  front  du  Géorgien  qui  tomba  mort 
auffi-tôt  à  fes  pieds. 

A  cette  action  les  troupes  des  deux  armées  qui  voyoient  ce  combat,  élevèrent 
des  cris  d'admiration  &  de  louange  ;  tous  avouèrent  que  ce  vaillant  champion 
avoit  un  bras  Pil-Aflmn ,  c'efl:-à-dire,  capable  de  renverfer  un  Eléphant:  mais 
le  Sultan  ne  fe  contenta  pas  des  éloges  que  l'on  donnoit  à  fa  valeur,  il  voulut 
fe  fervir  utilement  de  l'étonnement  qu  il  avoit  jette  parmi  fes  ennemis ,  &  com- 
manda en  môme  tems  aux  fiens  de  les  charger  ;  il  remporta  fur  eux  une  viftoire 
fi  pleine  &  fi  entière,  qu'elle  le  rendit  maître  de  tout  le  pays. 

Le  Sultan  étant  entré  dans  Teflis ,  ville  capitale  de  la  Géorgie  ,  apprit  que 
Borak,  Gouverneur  de  la  Province  de  Kcrman,  qui  avoit  été  autrefois  un  des 
Huiffiers  de  fa  porte,  accoutumé  durant  la  guerre  des  Tartarcs,  à  vivre  dans 
l'indépendance ,  n'obeilfoit  pas  poncluellement  à  fes  ordres ,  il  prit  la  relblution , 
avant  que  la  defobeïifance  palfàt  à  une  rébellion  ouverte,  de  partir  promptement 
avec  trois  cent  chevaux  feulement,  pour  le  prendre  au  dépourvu.  Il  fit  cette 
expédition  en  dix-fept  jours ,  &  arriva  dans  le  Kerman  avant  que  Boràk  eut  avis 
de  fon  départ. 

Cette  diligence  extraordinaire  du  Sultan  furprit  Borak  de  telle  forte  qu'elle  le 
mit  hors  d'état  de  défenfe,  en  forte  qu'il  fut  reJuit  à  porter  lui-même  fa  tête 
à  fon  maître,  qui  en  fit  fortir,  dit  nôtre  Hiilorien,  toutes  les  fumées  d'orgueil, 
&  de  prefomption  qui  la  reniplillbient.  Kcmaleddin  Ifmaël  parlant  de  la  diligen- 
ce prefque  inconcevable  que  lit  ce  Pi-ince,  lui  dit:  Quel  autre  que  vous,  entre 
tous  les  Roys  du  monde ,  a-t-il  jamais  fait  repaître  fes  chevaux  à  Teflis  pour 
les  aller  abbreuver  aux  eaux  qui  coulent  dans  la  mer  d'Oman,  c'eft-à-dirc,  aux 
Indes  qui  s'étendent  le  long  de  cette  mer. 

Falloit-il  que  Borak ,  qui  fçavoit  que  vôtre  courage  vous  avoit  déjà  porté^  des 
Indes  julqu'en  Géorgie,  vous  fît  retourner  des  Provinces  du  Septentrion  jufqu'à 
celles  du  Midy  pour  le  vaincre  ? 

L'an  de  l'Hegire  624,  les  armées  du  Sultan  &  des  Tartares  fe  rencontrèrent 
auprès  d'Ifpahan ,  mais  ce  fut  fans  s'entrechoquer  ,  comme  fi  elles  eufient  été 
d'accord;  les  Tartares  fe  retirèrent  dans  le  Khoraflan  ,  &  Gaiatheddin,  frère  du 
Sultan,  prenant  la  fuite  fans  fçavoir  pourquoy,  s'en  alla  du  côté  du  Lariflan , 
abandonnant  fon  équipage,  &  le  bagage  de  toute  l'armée.  Les  habitans  d'Ifpa- 
han voyant  cette  déroute  coururent  auffi-tôt  pour  piller:  mais  le  Cadhi  Rocnod- 
din  Saedi  les  en  empêcha,  &  les  pria  d'avoir  un  peu  de  patience,  leur  promet- 
tant que  fi  le  Sultan  ne  paroilfoit  pas  dans  un  tems  afiïz  court  qu'il  leur  mar- 
qua^  ils  auroient  la  liberté  de  faire  ce  que  bon  leur  fembleroit.     Le  Sultan  ne 

m;ui- 


G-  E  L  A  L  E  D  D  I  N.  g^ 

manqua  pas  d'être  de  retour  à^  point  nommé  ;    car  il  fit  une  diligence  incroya- 
ble pour  arrivera  Ifpahan,  &  fauva  ainfi  fcs  bagages,     Niglnarijian. 

L'an  (527  de  l'Hegire  GJaleddin  prit  Khalat  ou  Akhlat,  ville  d'Arménie,  ou 
de  l'Adherbigian,  par  force:  mais  les  Sultans  d'Egypte,  &  de  Roura,  à  fcavoir 
Malek  Al  Asehraf  &  AlaedJin  Caicobad  ,  ayant  joint  leurs  troupes  enfemble, 
attaquèrent  le  Sultan,  lequel  étant  forti  d'AkhIat  avec  quarante  mil  hommes, 
leur  livra  une  bataille  qu'il  perdit.  Les  deux  armées  cependant  étant  reliées 
toutes  d.nix  dans  leurs  portes  pendant  um  nuit,  le  combat  fe  renouvella  le  len- 
demain, dans  Lquel  le  Sultan  ayant  perdu  le  relie  de  ion  armée  ,  fut  obligé  de 
s'enfuir  à  Khartabert,  &  de-là  à  Ifpahan. 

L'an  628,  le  Sultan  ayant  appris  que  Giarm.agun  ,  General  d'Oclai  Caan  qui 
avoit  fuccedé  depuis  fan  624.,  à  Genghizkhan  fon  père,  ayant  palfé'  le  Gihon 
avec  une  puilîante  armée  de  Mogols  ,  venoit  en  Perfe  ,  envoya  demander  des 
fecours  au  Khalife,  à  iSIalek  Al  Afchraf,  &  à  Caicobad:  mais  tous  ces  Princes 
les  lui  ayant,  rcfufez  ,  il  palTa  en  Mefopotamie,  où  pendant  qu'il  s'adonnoit  à 
toutes  fortes  de  débauches ,  il  fut  furpris  par  les  Mogols ,  &  contraint  de  pren- 
dre la  fuite,  accompagné  feulement  de  deux  ou  trois  de  fcs  domelliques  ;  l'on 
dit  que  dans  cette  fuite  il  fut  tué  &  dépouille  par  un  Curde  qui  le  trouva 
endormi. 

Quelques-uns  cependant  veulent  qu'il  fe  cacha  fous  un  habit  de  Dervifche ,  & 
qu'il  ne  fut  plus  vu  depuis  ce  tems-là  ,  finon  que  plufieurs  années  après  vers 
l'an  652,  un  homme  fut  arrêté,  &  mis  à  la  quellion  comme  efpion  ,  lequel  di- 
foit  être  le  Sultan  Gelaleddin  que  l'on  a  cru  pendant  long-tems  n'être  pas  mort. 
C'elt  dans  la  perfonne  de  ce  Sultan  que  finir  la  djmallie  des  Khovarczmiens'. 
Khondîinir. 

Ben  Schohnah  dit  dans  fa  Chronique  que  Gelaleddin  Manfcberni  étoit  le  fils  aîné 
des  enfans  de  Mohammed  fils  ds  Tagofche  ou  Togufch;  qu'il  eut  en  partage  le 
Royaume  de  Gaznah;  mais  que  dans  la  fuite  il  fe  rendit  aufli  puilTant  que'' fon 
père ,  &  en  pofleda  prefque  tous  les  Etats  ;  qu'il  fut  défait  en  bataille  rangée 
par  Genghizkhan  l'an  de  l'Hegire  628  ,  &  qu'ayant  été  fait  prifonnier  par  les 
Taf tares,  il  échappa  de  leurs  mains,  &  fut  tué  par  des  voleurs  du  Curdellan; 
qu'après  cette  défaite  de  Gelaleddin  ,  Genghiz-khan  devint  maître  abfolu  de  la 
Perfe,  &  que  lui  &  fes  Tartares  y  exercèrent  des  cruatutez  encore  plus  horri- 
bles que  toutes  celles  qu'ils  avoient  faites  jufqu'alors. 

Nous  avons  remarqué  plus  haut  que  Genghizkhan  étoit  mort  l'an  624 ,  &  que 
ce  fut  Giarmagun  qui  défit  Gelaleddin  ,  &  qui  fe  rendit  maître  de  la  Perfe  fous 
Oclai  Caan  fils  de  Genghizkhan, 

Le  même  Auteur  remarque  que  ce  Sultan  étoit  fi  fier ,  que  lorfqu'il  ccrivoit 
aux  Roys  d'Egypte ,  de  Syrie ,  &  de  l'Afie  Mineure  ,  dont  les  deux  premiers 
étoient  de  la  pollerité  de  Saladin,  &  le  troifième  de  la  race  des  Selgiucides  ,  il 
ne  fe  foufcrivoit  jamais  ni  frère,  ni  ferviteur,  &  qu'il  ne  prenoit  le  titre  de  fer- 
viteur,  que  lorfqu'il  écrivoit  au  Khalife:  mais  pour  les  Princes  de  Moful ,  de 
la  Mefopotamie,  &  autres  femblables  ,  il  ne  mettoit  que  fon  fceau  fur  lequel  il 
avoit  fait  graver  ces  paroles  :  La  viàoire  vient  de  Dieu  feul. 

Il  fe  faifoit  appeller  le  Roy  du  monde,  c'eft  en  Arabe  Malek  al  âlcm,  &  en 
Perfien  Schah  gehan  ,  titre  qui  avoit  déjà  été  pris,  iclon  quelques-uns,  par 
fon  père. 

Le  Saheb  al  Tarikh ,  qui  eft  la  correction  du  Calendrier  Arabe  &  Perfien  que 

l'OH 


88-  GELALEDDIN.  —  G  E  L  A  L-E  DD  0  UL  AT, 

l'on  appelle  aufïï  Tarikh  al  Neiran,  c'efl-à-dire ,  le  calcul  du  cours  du  Soleil  & 
de  la  Lune  ,  lui  eft  attribuée. 

Ce  Prince  devint  fi  éperduement  amoureux  d'une  de  Tes  efclaves,  qu'il  fit  gar- 
der long-tems  fon  corps  mort,  auquel  il  faiibit  lervir  tous  les  jours  à  manger, 
&  lui  faifoit  demander  l'état  de  fa  fanté  ,  &  fi  elle  étoit  meilleure  que  le  jour 
précèdent. 

On  dit  que  ce  Prince  étoit  fi  jaloux  ,  que  lorfqu'il  fut  pourfuivi  jufques  fur 
les  bords  du  fleuve  Sind  ou  Indus,  par  la  cavalerie  des  Tartares  ,  les  femmes 
qu'il  avoit  avec  lui,  lui  ayant  demandé  qu'il  les  fill  tuer  ,  ou  qu'il  les  fauvât 
des  mains  des  Tartares  ,  il  commanda  aufîi-tôt  qu'on  les  noyât  toutes  ,  après 
quoy  il  pafTa  avec  peu  de  gens  ce  grand  fleuve  à  la  nage ,  au  grand  étonnement 
de  fes  eone.mis. 

Ce  paitage  fc  fit  dans  le  mois  que  1-es  Arabes  appellent  Regeb,  &  il  devint  fi 
digne  de  niempire  ,  qu'il  efl  refté  dans  l'Orient  une  façon  de  parler  vulgaire. 
Fivez  jufqu^au  mois  de  Regeb ,  âf  vous  verrez  des  chofes  extraordinaires.. 

l\  y  a  un  liviçe  dans  la  Bibliothèque,  du  Roy  n^.  S45,  intitulé  Seirat  Gelaleâ- 
âin  Mankberni.  C'efi;  la  vie  de  ce  Sultan  qui  .y  ell  qualifié  fils  d'Aboulfeth 
Mohammed,  fils  de  Tagafche,  fils  d'il  Arflan,,  fils  d'Atfiz,  fils  de  Mohammed 
Cothbeddin,  fils  de  Noufchteghin.  L'Auteur  de  cette  hifl:oire  eft  Mohammed 
Ben  Ahmed  Al  Monfchi  Al  Nallaovi,  lequel  dit  entr'autres  chofes  que  ce  Sultan 
avoit  donné  quatorze  batailles  en  onze  ans.  ^oyez  Les  titres  de  Mohammed, 
^'Atfiz  ,  ^  de  Khovarezm-Schab. 

GELALEDDIN  Al  Sekri.  l^oyez  le , titre  de  Mohammed  Khovarezm-Schah , 
duquel  il  étoit  le  fils  aîné. 

GELALEDDIN,  nom  du  dernier  Sultan  de  la  féconde  branche  des  Gau- 
rides,  les  Etats  duquel  pafiTerent  entre  les  mains  des  Khovarezmiens.  f'oyez  le 
titre  des   Gaurides. 

GELALEDDIN  Hafilm  Ben  Mohammed;  c'efl  le  fixième  Prince  delà 
dynafl:ie  des  Ifmaëliens  de  l'Iran  ,  c'efl:-cà-dire  ,  de  ceux  qui  régnèrent  dans  la 
Perfe.     Voyez  le  titre  d'Ifmaeliah  Iran. 

GELALEDDIN  Mohammed  Ben  Ahmed  Al  Mahalli  ou  Mehelli,  Auteur 
d'un  Commentaire  fuccint  de  l'AIcoran ,  fait  en  forme  de  fcholies ,  que  Gelalcd- 
din  Afiouthi  acheva  l'an  871  de  l'Hegire. 

Ces  deux  Auteurs  font  citez  fous  le  nom  de  Gelalani ,  c'efl:-à-dire  ,  les  deux 
Gelaleddin.  • 

GELALEDDIN  Al  Afiouthi  ou  Al  Soiouthi,  Auteur  fort  célèbre  qui  a 
compofé   plufieurs  ouvj-ages.     Voyez  Soiouthi. 

GELALEDDIN  furnommé  Sultan  Al  Arefin,  le  Maître  des  fpirituels;  il 
naquit  au  tcms  que  Genghizkhan  entra  dans  le  Khorafllan.  La  Chronique  Otho- 
mane  en  fait  mention  comme  d'un  Saint. 

GELAL-EDDOULAT,  troifième  fils  de  Baha-eddoulat  ,  fils  d'Adhad- 
.eddoulat,  pctit-fiis  de  Buiah.  L'on  compte  ce  Prince  pour  le  quatorzième  Sultan 
.de  la  Maifon,  &  Dynaftie  des  Buidcs. 

-  Il 


GELAL-EDDOULAT.  G  E  M.  89 

n  commanda  dans  Bagdet  en  qualité  d'Emir  al  Omara,  c'eft-à-dire,  de  Gcnera- 
liffime  des  armées  du  Khalife ,  après  la  mort  de  Mclchref-eddoulat ,  fon  frère  de- 
puis l'm  415  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1025,  jufqu'en  l'an  435  de  la  même  Kegirc , 
dans  laquelle  il  mourut. 

Khondemir  ne  lui  donne  que  feize  ans  &  onze  mois  de  règne;  mais  le  Leb- 
tarikh,  &  le  Nighiariftan  lui  en  donnent  25.  Il  fe  pafla  de  grands  démllez  entre 
ce  Sultan,  &  les  Selgiucides,  dont  la  puilfance  croilfoit  de  plus  en  plus  dans 
l'Empire  des  Khalifes;  &  cette  puiiTance  vint  à  un  tel  point,  qu'elle  doana  le 
dernier  coup  à  la  Maifon  des  Buides  dans  l'année  447 ,  fous  le  règne  d'Aimalek 
Al  Rahira,  qui  en  fut  le  dernier  Sultan. 

Ce  Prince  eut  auffi  des  affaires  avec  fon  neveu,  fils  de  Sultan-eddoulat  fon 
frère ,  lequel  pourtant  enfin  s'appaifa ,  &  fe  contenta  de  l'efperance  de  fa 
fucceflîon. 

GELAL-EDDOULAT  v  eddin,  furnora  ou  titre  de  Malekfchah,  &  de 
plufieurs  autres  Princes  ,  Sultans  ,  &  même  de  beaucoup  de  Codeurs  Muful- 
mans  qui  fe  font  rendus  célèbres  par  le  zèle  qu'ils  avoient  pour  leur  Religion. 
Voyiz  Gclâl. 

G  EL  ALI,  nom  de  plufieurs  Poètes  Perfiens  dont  les  furnoms  font  Jezdi, 
Ferahani ,  Azéri ,  Rourai.  Voyez  ces  titres  particuliers ,  voytz,  aujft  celuy  de 
Souzeni. 

Gelali  eft  employé  dans  ces  noms  par  abbregé  ,  au  lieu  de  Gelaleddin,  de 
même  que  Raichidi  au  lieu  de  Rafchideddin. 

Ainfi  l'on  appelle  Tarikh  Gelali ,  le  Calendrier  Gclaleen  ,  la  Correftion  du 
Calendrier  Perfien  ,  qui  fut  faite  par  l'ordre  du  Sultan  Gelaleddin  Malekfchah 
le  Selgiucide  ,   &  enfuite  par  le  Sultan  Gelaleddin  Mankberni  le  Khovarezmien. 

Il  y  a  encore  un  Gelali,  Auteur  d'un  Ouvrage  intitulé  Habib  al  feir  ^  L'ami, 
ou  le  compagnon  du  voyage. 

G  EL  IL  &  Gelilah  ,  Surnom  d'Aboul  Vali  dont  il  efl  fait  mention  dans 
Jemeni,  Auteur  d'un  livre  intitulé  Ehtegiage  Al  Schaféi^  qui  eft  une  explication 
de  la  doélrine  du  Dofteur  Schafêi. 

GEM,  c'eft  ainfi  que  les  Turcs  appellent  celuy  que  les  Perfans  appellent 
Giam  &  Giamfchid  ,  qui  eft  un  des  anciens  Roys  de  leur  première  dynaftie. 
Voyez  les  titres  de  Giam,  6f  de  Giamfchid. 

GEM  Tchelebi ,  &  Sultan  Gem  ,  étoit  fils  de  Mahomet  fécond  ,  Sultan  des 
Turcs ,  &  frère  puîné  du  Sultan  Bajazeth  fécond. 

Mahomet  fécond  étant  mort  l'an  885  de  l'Hegire,  de  J.  C.  14S0,  après  la 
prife  d'Otrante  ,  ville  maritime  du  Royaume  de  Naples ,  Bajazeth  qui  étoit  dans 
fon  gouvernement  d'Amafie,  vint  au(îî-tôt  à  Conftantinople ,  &  prit  pofl"e(îîon  de 
l'Empire;  mais  il  n'y  avoit  pas  encore  fait  un  long  fejour,  quand  il  apprit  que 
Gem  fon  frère  ,  fortifié  des  troupes  de  Caramanie ,  s'étoit  emparé  de  la  ville  de 
Burfe  en  Natolie,  où  il  prétendoit   établir  le  fiege  Royal  de  fes  Etats. 

Bajazeth  ne  fçut-pas  plutôt  ce  mouvement  de  Gem,  qu'il  rappella  de  la 
Pouille  Ahmed  furnommé  Ghéduc,  c'eft-à-dire,  Breche-dent,  Général  des  troupes 
qui  étoient  en  Italie,  pour  combattre  fon  frère,  avant  qu'il  fe  fortifiât  davan- 

ToME  II.  M  tage. 


^é  G  E  M.        GEM-IEM. 

tage.    Cette  diligence  lui  lervit  beaucoup;   car  Ahmed  défit  ce  jeune  Sultan ,- 
&  l'obligea  de  fe  retirer   en  Caramunie  avec  ie  débris  de  fes  troupes,  Fan  886 

de   FHegire.  .  ,  .  . 

Ahmed  fut  foupçonnc  de  collufion  avec  Géra,  pour  ne  lavoir  pas  pouriuivi 
aflez  chaudement;  ce  qui  obligea  Bajazcth  à  partir  de  Conflantinople  pour  achever 
de  ruiner  les  afRiires  de  fon  frère.  Il  luy  donna  donc  en  perfonne  une  féconde 
bataille,  qui  l'obligea  à  une  féconde  fuite  ,  &  le  contraignit  de  palier  la  mer 
pour  demander  du  fecours  au  Sultan  d'Egypte. 

Ce  fut  dans  l'an  887  que  Bajazeth  remporta  cette  viftoire  fîgnalée  fur  font 
frère,  laquelle  le  délivra  d'une  fort  grande  inquiétude,  &  coûta  la  vie  à  Ah- 
med, que  ce  Sultan  fit  étrangler  peu  de  tems  après. 

Gem  fit  courir  le  bruit  qu'il  alloit  faire  le  pèlerinage  de  la  Mecque  :  mais  en; 
effet  il  n'étoit  parti  que  pour  tirer  des  fecours  d'Egypte,  avec  lefquels  il  vint 
encore  pour  la  troifième  fois  tenter  la  fortune  des  armes  avec  fon  frère  :  il  fut 
cependant  encore  battu,  &  contraint  de  fe  réfugier  à  Rhodes  auprès  du  Grand 
Maître    Pierre    d'Aubulibn   qui  l'envoya  à   la   commanderie    de   Bourgneuf  en 

France. 

Bajazeth  ayant  appris  que  fon  frère  étoit  entre  les  mains  des  Chevaliers  de 
Rhodes,  llipula  une  paix  perpétuelle  avec  eux,  &  promit  de  leur  payer  tous 
les  ans  quarante  mille  écus  d'or  à  condition  qu'ils  le  gardalTent  foigneufement,.. 
ce  qu'il  exécuta  de  très- bonne  foy. 

Les  mêmes  Chevaliers  mirent  enfuice  ce  Prince  entre  les  mains  d'Inno- 
cent VIII  qui  le  leur  demanda;  après  la  mort  de  ce  Pape  ,  Gem  pafTa  en  celles 
d'Alexandre  VI  qui  recevoit  tous  les  ans  de  Bajazetli  deux  cent  mil  écus  d'or 
pour  le  garder. 

Ce  Pape  obferva  de  fon  côté  fi  fidellement  fa  parole  que  lorfqu'il  fut  obligé 
par  force  de  le  donner  à  Charles  VIII  qui  alloit  cà  la  conquête  du  royaume  de 
Naples ,  l'on  crut ,  dit  l'Hillorien  de  la  vie  de  Cœfar  Borgia  ,  qu'il  fit  donner 
à  ce  Prince  un  poifon  lent  dont  il  mourut  à  Terracine ,  à  caufe  que  le  Roy 
Très-Chrctien  vouloit  fe  fervir  de  luy  pour  exciter  de  nouveaiLX  troubles  dans 
l'Empire  Othoman. 

Thomas  Cantacuzene  dit  que  Gem  n'avoit  que  28  ans,  lorfqu'il  palTa  à  Rho- 
des, &  qu'il  avoit  lailfé  fa  femme  &  fon  fils  en  garde  au  Sultan  d'Egypte;  que 
ce  fils  fe  ilmva  aufïï  depuis  à  Rhodes  ,  où  s'étant  fait  Chrétien ,  il  prit  femme 
&   en  eut  deux  fils  &  deux  filles. 

Le  même  Auteur  dit  que  Soliman  ayant  pris  Rhodes,  ce  qui  arriva  l'an  de 
rilegire  928,  de  j.  C.  1522  ,  fit  chercher  ce  fils  de  Gem  qui  vivoit  encore, 
&  que  l'ayant  trouvé  avec  fes  enfans ,  il  le  fit  mourir  lui  &  fes  deux  garçons 
pour  n'avoir  pas  voulu  retourner  à  la  Religion  de  leurs  pères,  &  qu'il  emmena 
avec  lui  les  deux  filles  à  Confi:antinople.  Ainfi  la  Maifon  Othomanne  a  donné 
trois  martyrs  à  1  Egliiè. 

GEM  Vii,  nom  du  dix-neuvième  jour  du  Cycle  fexagenaire  des  Cathaiens, 
&  IgureenSo 

GEM-IEM,  nom  du  trente  -  neuvième  jour  du  Cycle  fexagenaire  dQs  mê-- 
mes  peuples, 

GEM,A. 


G  E  M  A.  — —  G  E  M  I  L.  9i 

GEMA  u  Al-Beiân  fi  akhbar  al  magreb  u  Cairoân  ,  Iliftoire  fort  ample  de 
FAfrique  ,  &  de  la  Cyrenaïque  ,   dont  Azzeddin  fils  d'Abdelaziz  eft  l'Auteur. 

Foysz  le  titre  de  Molatfemiah  de  Novairi. 

GEMALEDDIN,  c'eft  un  des  noms  ou  titres  de  Mohammed  Ben  Abibckr 
Al  Anfari,  qui  a  abrégé  le  Giamê  ou  Hiiloire  des  plantes  dEbn  Bcithàr. 

GEMALEDDIN.  Othmân  Ben  Omar  duquel  il  eft  parlé  dans  le  livre  in- 
titulé  Makki ,  comme  d'un  homme  fort  doéle  en  plufieurs  fortes  de  fciences. 

GEMALEDDIN,  Auteur  d'une  hiftoire  dédiée  à  Emirzad  ou  Mirza  Isken- 
der ,  Prince  de  la  pofterité  de  Tamerlan ,  dans  laquelle  il  eft  fort  parlé  des  Tur- 
comans ,  &  de  leur  origine. 

GEMALI,  Surnom  de  Fadhl  Ben  AH,  Autçur  du  livre  intitulé  Iddriat  al  fa. 
redh,  où  il  enfeigne  ce  que  doit  fçavoir  celui  qui  veut  être  intelligent  dans  les 
ftatuts  obligatoires  du  Mufulmanifme. 

GEMALI,  Surnom  de  Jofeph  fils  de  Tangri  Virdi.    Foyez  le  titre  de]oCcL 

GEMALI,  Scidi  Gemali ,  Auteur  d'un  livre  Perfien  intitulé  Fath  al  ahonâb, 
qui  eft  rempli  d'allégories  &  de  moralitez  fur  la  vie,  &  fur  les  aélions  du  faux 
Prophète  ;  il  eft  mêlé  de  profe ,  &  de  vers,     yoyez  aujjï  Giamali. 

GEMEL  &  Polta,  nom  de  deux  frères  Ragias  ou  Princes  dans  les  Indes, 
lesquels  après  avoir  foûtenu  avec  leur  mère ,  un  long  fiege  dans  le  château  de 
Chitor  que  l'Empereur  Akbar  attaquoit ,  &  étant  réduits  aux  dernières  extre- 
mitez,  aimèrent  mieux  le  faire  tuer  dans  une  fortie  defefperée  qu'ils  firent, 
que  de  fe  rendre  prifonniers  entre  les  mains  du  vainqueur.  Ce  Prince  qui  avoit 
l'ame  grande,  fut  fi  touché  de  cette  belle  action,  qu'il  leur  fit  ériger  deux  ftatues 
de  marbre  pofécs  fur  des  Elephans  à  la  porte  du  château  de  Delli,  où  la  ville 
de  Gehàn-abad  a  depuis  été  bâtie. 

GEML    Ebn  Gemî.    Foyez  Hcbatallah.    ) 

GEMIL,  &  Schanbah.  C'eft  le  nom  d'un  de  ces  couples  d'Amants,  dont 
les  Orientaux  célèbrent  dans  leurs  hiftoires,  &  dans  leurs  poëfies,  laconftance, 
&  la  fidélité.  Les  plus  fameux  font  Jofeph  &  Zoleikhah.  Alegenoun  &  Leilah , 
Khofrou  &  Schirin.  Gemil  &  Schanbah  defquels  nous  parlons  icy,  vivoient  fous 
le  règne  d'Abdalmalek,  Khalife  de  la  race  des  Ommiades. 

Le  Roman  Perfien  qui  décrit  leurs  amours  en  vers,  dit  qu'ils  étoient  Arabe? 
de  nation ,  &  qu'Abdalmalek  ayant  ouy  beaucoup  parler  d'eux  ,  eut  la  curiofité 
de  voir  Schanbah,  &  que  l'ayant  trouvée  noire  &  maigre,  comme  il  étoit  fort 
bon  Poëte,  il  lui  dit  en  vers: 

Ouds  traîts  de  beauté  Gemil  a-t-il  découvert  en  voiis^  qui  Vaycnt  pu  porter  à  vous 
choijîr  entre  tant  £' autres  femmes  ,  pour  en  faire  le  feul  objet  de  fis  amnurs  ? 
car  ordinairement  nous  appelions  laide  une  pcrfonne  qui  a  le  vifage  auffi  maigre, 
Ôf  l^  i^ifit  oujji  noir  que  vous. 

M  a  -Schanbah- 


^a  G  E  N  GENGHÏZKHAN. 

Schanbah  dont  l'efprit  étoit  fort  vif,  &  qui  excelloit  auffi  dans  la  Poëfie,  fè 
fentant  piquée  de  ce  difcours,  lui  répondit  fur  le  eliamp  : 

Ouel  mérite  o?ît  reconnu  en  vous  les  peuples  de  la  terre,  qui  vous  ont  choijl  entre' 

tous ,  pour  co7nmander  à  tous  ? 
Celuy-là  feul  efi  digne  de  Veftime  des  hommes  ,   qui  a  Famé  belle  ,    âf  femblabk  à"^ 

un  diamant  dont  l'éclat  n'e/î  terni  par  aucune  tache. 

Le  Khalife  furpris  d'une  repartie  fî  libre ,  &  û  fpirituelle  ,  loua  refprit  de 
Schanbah,  &  l'ayant  régalée  de  prefens  çonfiderables ,  la  renvoya  à  fon  amant. 

GEN  ou  Tchen  prononcé  à  la  Perfienne,  nom  du  cinquième  Cycle  ou  Giag 
des  Cathaiens,  que  les  Turcs  Orientaux  appellent  Loui,  &  les  Arabes  Temfah, 
c'efl-à-dire ,  un  Crocodile.. 

GENADEL,  Montagne  qui  cfl:   aux  confins  de  l'Egypte,   &  de  la  Nubie 
fur  le  Nil  à  douze  journées  au  defTus   d'Afovane,   ou  de   Siene  en  Thebaïde. 
C'eft-là  qu'efl  la  grande  catarade  du  Nil,  &  où  l'on  tranfporte  les  marchandifes 
du  fond  des  vaifleaux,  fur  le  dos  des  chameaux  pour  les  voiturer  de  Nubie  en^ 
Egypte  &  de  cette  Province  aux  autres.. 

GENEK  Vilaeti,  les  Turcs  appellent  ainfi  la  Cappadoce  ,  &  le  Pontus  qui 
en  efl  la  partie  la  plus  Septentrionale.  La  ville  maritime  de  Tarabozan  ,  que 
nous  appelions  Trebizonde,  &  celle  d'Amafie  où  le  Sangiak  Bey,  &  quelquefois 
le  Beghilerbey  de  la  Natolie  refide,  font  cenfées  être  de  cette  Province,  félon 
la  Notice  de  l'Empire  Turc. 

GENGHIZKHANi  c'eft  ainfi  que  les  Arabes  prononcent  ce  nom:  mais 
les  Perfans  &  les  Turcs  le  prononcent  comme  s'il  étoit  écrit  en  François ,  Tchin^ 
ghizkhan ,  ou  en  Italien  Cinghizkhan.    Nos  Hiftoriens  Latins  l'appellent  L'angius. 

Ce  Surnom  ou  titre  qui  fignirie  en  langue  Mogolienne  Roy  des  Roys  ,  fut 
donné  par  Tubi  Tangri,  Prophète  du  Turkeftan,  à  Timiugin,  après  qu'il  eut 
vaincu  Avenk  ou  Unghkhan ,  &  fubjugué  la  plus  grande  partie  des  Princes 
Mogols,  Tartares,  &  Cathaiens,  ou  Chinois. 

Tamugin  que  nous  appellerons  déformais  Genghizkhan  étoit  Mogol  de  nation, 
&  non  pas  Tartare;  car  il  étoit  fils  d'iefukai  Behadir  félon  Khondemir,  ou  dé 
Bifukai  félon  Kovand  Schah  ou  Mirkhond  ,  lequel  defcendoit  en  ligne  droite  de 
Toumenah  Khan ,  Roy  des  Mogols. 

Toumenah  Khan  ,  qui  defcendoit  de  Bouzangiar,  fils  miraculeux  de  la  Princeflo 
Alancavah  ,  dont  l'on  peut  voir  le  titre,  eut  deux  enfans,  Kilkhan  trisayeul  de 
Genghizkhan,  &  Fagiouli  feptième  ayeul  de  Tamerlan. 

Bouzangiar  étoit  ilfu  de  Kian,  fi.ls  d'Ilkhan  lequel  fut  défait  par  Tour  fils  de 
Eeridoun  Roy  de  Perfe ,  qui  s'étant  rendu  maiftre  d'une  grande  partie  du  Tur- 
keftan, &  joint  aux  Tartares,  extermina  entièrement  la  nation  des  Mogols,  à 
la  rcferve  de  deux  hommes,  &  de  deux  femmes  feulement, 

Kiân  qui  étoit  un  des  quatre .  fe  retira  avec  les  trois  autres  dans  la  montagne 
nommée  Erkcneh  Koun  où  trouvant  des  pâturages  excellens,  if  s'y  habitua  ,  & 
peupla  par  la  fucceffion  de  plulieurs  années  qui  voiu  au  deUà  de  mil,  im  grand. 

pays 


GENGHIZKHAN.  P3 

pays  qui  avoit  été  jufqu'alors  inconnu,  de  forte  qu'il  fut  le  père  d'une  nouvelle 
nation  de  Mogols  qui  porta  le  nom  de  Kiât. 

Puifque  nous  avons  déjà  remonté  fi  haut,  nous  dirons  encore  qu'Ilkhan,  pè- 
re de  Khian,  étoit  le  feptièrae  arrière-fils  de  Mogoul  Khan,  frère  deTatarkhan, 
tous  deux  enfans  dllinge  Khan ,  defqucls  les  deux  nations  des  Mogols  &  des  Tar- 
tares  font  defccnduës. 

Mus  pour  arriver  jufqu'au  terme  que  l'on  ne  peut  outrepafifer  ,  j'ajoûteray 
fur  le  témoignage  de  Mirkhond  &  de  Khondemir ,  qu'Ilinge  khan  étoit  le  qua- 
trième fils  de  Turk  ,  fils  de  Japhet ,  fils  de  Noë  ,  duquel  le  Turkeflan  qui 
comprend ,  félon  fon  ancienne  fignification ,  les  pays  que  les  Mogols ,  les  Tar- 
tares,  les  Cathaiens,  les  Rulfcs,  les  Bulgares,  les  Grecs,  les  Alains,  les  Secla- 
bes  ou  Chalybes,  &  les  Hyperboreens  habitent,  a  tiré  fon  nom. 

Genghizkhan  naquit  à  Diloun  Joloun,  Fan  549  de  l'Hegire  ,  de  J.  C.  1154, 
dans  le  Dongouz-il  ,  c'eil-à-dire ,  en  l'année  du  Cycle  des  Cathaiens  ,  nommée 
le  Pourceau ,  fous  le  figne  de  la  balance ,  au  tems  que  fon  père  Jefukai  fit  une 
grande  irruption  fur  les  Tartares.  Mirkhond  appelle  le  lieu  de  fa  nailfance  Di- 
loun Jaldak  ,  &  donne  à  fa  mère  le  nom  d'Oloun.  Il  perdit  fon  père  à  l'âge 
de  treize  ans,  &  fut  obligé,  par  la  révolte  &  par  les  divâfions  des  Mogols,  à 
fe  retirer  auprès  d'Avenk  ou  Ungh  Khan,  Prince  Chrétien  de  la  tribu  de  Ke- 
rit,  qu'Aboulfarage  appelle  Malek  lohanna,  le  Roy  Jean.  C'eil  celui-là  même 
que  nos  Hilloriens  &  voyageurs  ont  appelle  le  Prêtre  Jean. 

Khondemir  dit,  auffi-bien  que  les  autres  Hiftoriens  de  la  vie  de  Genghizkan , 
qu'il  naquit  tenant  du  fang  caillé  dans  fes  mains  de  la  grolTeur  d'un  dé,  &  ci- 
te fur  ce  fujet  deux  vers  Perfiens  ,  qui  portent  que  fi  ce  fang  étoit  un  pro- 
gnofl;ique  de  celui  de  fes  ennemis  qu'il  devoit  répandre,  c'étoit  auffi  Ghir  lez^ 
dân,  c'ell-à-dire  ,  la  marque  de  l'expiation  des  crimes  des  hommes  que  Dieu 
avoit  mife  entre  fes  mains,  ce  qui  fe  rapporte  encore  au  figne  de  la  balance 
que  nous  regardons  comme  un  figne  de  juflice,  quoyque  les  Orientaux  le  pren-- 
nent   pour  celui  des  vents  &  des  tempêtes. 

Après  que  Genghizkhan  eut  demeuré  pîufieurs  années  auprès  d'Avenk  Khan, 
&  qu'il  l'eût  fervi  très-utilement  dans  les  guerres  qu'il  avoit  avec  fes  voifins, 
il  époufa  fa  fille  nommée  Oifungin  ; .  nonobllant  quoy  il  fut  fi  fort  perfecuté 
par  fes  envieux,  qu'il  fut  obligé  de  quitter  la  Cour,  pour  mettre  fa  vie  en 
fureté,  &.  enfuite  ,  de  faire  la  guerre  àAvenkkhan,  lequel  conjointement  avec 
fon  fils   Sehokoun  le  pourfuivoit  à  outrance. 

Genghizkhan  les  fiirprit  tous  deux  à  fon  avantage   avec   quatre  mil  chevaux 
feulement;  &  après  les  avoir  défaits  entièrement,  les  contraignit  de  fe  réfugiée 
auprès  de  Tabanek  ou  Tajanek ,  Roy  des  Tartares.     Ce  Prince  ufant  de  trahi-- 
fon  fit  tuea-  Avenk  khan  ;  de  forte  que  Sehokoun  ,  fon  fils  ,  fut  obligé  de  fuir 
promptcment  jufqu'au  pays  de  Cacfchgar  ,  oi^i  il  ne  trouva  pas  plus  de  fureté  ,  • 
&  y  perdit  aufiî  la  vie,  ce  qui  arriva  l'an  599  de  l'Hegire. 

Depuis  l'année  fuivante,  qui  fut  la  600  de  l'Hegire  jufqu'en  la  602,  que  les  ■ 
Mogols  appellent  Tannée  du  Léopard  ,  il  fubjugua  toutes  les  tribus  des  Mogols  ■ 
&  des  Tartares ,  &  tint  une  aiîemblée  générale  de  tous  les  grands  Seigneurs 
de  ces  deux  nations.  Les  Turcs  appellent  cette  efpèce  d'Etats -généraux  Kuril- ■ 
tai,  où  le  nom  de  Tamugin  lui  fut  changé  en  celui  de  Genghizkhan,  par  Tu- ■ 
bî  Tangri ,  &  il  y  ordonna  qu'une  Conictte  blanche  feroit  dorénavant  l'éten-  • 
dart  général  de  fes  trQupes  ;  après  quoy  marchant  contre  les  Caracathaiens ,   il 

M  3,  les-' 


94  G  E  N  G  H  I  Z  K  H  A  N. 

les  défit  fi  pleinement,    qu'Ilcan  leur  Roy  réfolut  de  s'empoifonner  lui-même, 
pour  ne  pas  voir  la  défolation  entière  de  fes  Etats. 

Depuis  ce  tems-là  jufau'en  l'an  615  ,  il  fubjugua  tous  les  Princes  du  Caraca- 
thai  qui  réfufoient  de  lui  -obéir.  Il  défit  Kulchlek  ,  grand  ennemi  des  Muful- 
mans,  lequel  fut  contraint  de  s'enfuir  dans  les  montagnes  couvertes  de  forêts 
d'un  pays,  qui  en. a  tiré  fon  nom  de  Caracathai,  c'efc-à-dire  en  Turc,  le  Ca- 
thai  noir. 

L'an  615  de  l'Hegire,  Genghizkhan  entra  dans  la  Tranfoxane,  pour  faire  la 
guerre  à  Mohammed,  furnommé  Khouarezm-fchah.  Le  fujet  de  cette  guerre  fe 
peut  voir  dans  le  titre  de  ce  Prince.  Il  envoya  d'abord  deux  de  fesenfans,  nom- 
mez Giagatai  ou  Gioghtai  &  Oélai,  pour  ferrer  de  près  les  troupes  de  ce  Sul- 
tan,  &  deux  de  fes  Capitaines  pour  afîiéger  les  villes  de  Benaket  ou  Asbaniket 
&  de  Khogend.  Il  marcha  cnfuite  lui-môme  en  perfoime  vers  celle  de  Bokha- 
rah ,  où  les  principaux  chefs  de  l'armée  du  Sultan  Mohammed  s'étoient  enfer- 
mez pour  la  défendre. 

L'an  617,  qui  eft  l'année  du  ferpent  dans  le  Cycle  des  Mogo!s  &  des  Ca- 
thaicns  ,  Genghizkhan  fe  préfenta  devant  Bokharah  ,  où,  dès  la  première  nuit, 
il  enleva  la  Cavalerie  des  Khovarezmiens  qui  faifoient  la  ronde  autoui*  de  la 
place  ;  cet  accident  obligea  les  habitans  d'aller ,  dès  le  lendemain  ,  demander 
quartier,  &  Genghizkhan  le  leur  ayant  accordé,  fe  contenta  d abord  de  piller 
la  ville  :  mais  ayant  appris  qu'un  grand  nombre  de  foldats  s'étoient  cachez  dans 
la  ville ,  pour  faire  quelque  furprife  ,  après  qu'il  en  eut  forcé  le  château  ,  il 
le  fit  démolir  &  commanda  que  Ton  fit  pafler  au  fil  de  lepée  tous  les  habitans. 

Oktai ,  fils  de  Genghizkhan  ,  avoit  cependant  affiégé  la  ville  d'Otrâr  ,  dont 
Gairkhan,  principal  auteur  de  cette  guerre,  étoit  (Gouverneur,  il  la  prit  dans 
fefpace  de  cinq  mois  ,  au  bout  defqucls  Gairkhan  fut  obh'gé  de  fe  fauver  dans 
le  château,  où  il  ne  put  tenir  que  fort  peu  de  tems.  Oktai  le  fit  d'abord  fon 
prifonnier  ;  mais  il  reçut  bientôt  après  les  ordres  de  fon  père ,  pour  le  faire 
mourir;  de  forte  que  lui  &  tous  les  habitans  d'Otrâr  furent  juftcment  punis  de 
la  perfidie,  dont  iis  avoient  autrefois  ufée  envers  les  Mogols,  comme  il  elt  rap- 
porté dans  l'hiltoire  de  Mohammed  Khovarezm-fchah. 

Giougi  Khan  prit  dans  le  même  tems  la  ville  de  Giound  ,  qu'il  fît  piller  & 
rafer,  Alâf  khan  cc!le  de  Khogiend  ,  qu'il  traita  de  même  ,  &  il  ne  refia  des 
îiabitans  de  ces  villes,  que  ceux  qui  purent  fe  fiuver  par  la  fuite.  Les  Hifto- 
riens  rapportent  une  aclion  hardie  &  hcureufe  de  Timur  Melik,  Gouverneur  de 
Khogiend  ,  lequel  fe  fauva  par  eau  à  la  vûë  des  Mogols  ,  qui  le  pourfuivirent 
en  le  combattant  pendant  pluficurs  jours  fans  pouvoir  l'atteindre. 

AuOî-tôt  que  Gengizkhan  eut  achevé  le  fiége  de  Bokharah,  il  vint  inveflir  la 
ville  de  Samarcand.  Les  habitans  fe  trouvèrent  partagez  fur  le  party  qu'ils  avoient 
à  prendre  ;  car  les  uns  vouloient  lui  ouvrir  Jeurs  portes  ;  mais  les  autres  étoient 
réfolus  de  garder  la  fidélité  à  leur  Sultan  &  de  fe  défendre  jufqu'à  l'extrémité. 
Dans  ces  entrefaites ,  le  Mufti  de  la  ville  ,  avec  les  principaux  Imams  &  Doc- 
teurs de  la  loy  Mufulmane  ,  allèrent  au  camp  des  Mogols  ,  pour  obtenir  une 
bonne  compofition  en  faveur  de  leur  ville  :  mais  n'ayant  pu  obtenir  bon  quar- 
tier que  pour  leurs  perfonncs  &  leurs  biens ,  &  pour  celles  de  leurs  proches  , 
les  Mogols  étant  entrez  dans  la  ville,  en  firent  fortir  tous  les  habitans,  &  après 
l'avoir  pillée,  en  affiégerent  &  prirent  le  château,  où  ils  pallérent  au  fil  de  fé- 
née  tous  ceux  qu'ils  y  trouvèrent ,  fans  aucune  exception. 

Ce 


G  E  N  G  H  I  Z  K  H  A  N.  p^- 

Ce  fut  dans  ce  même  tems-là  que  Genghizkhan  étant  informé  du  mauvais  état 
de  l'armée  de  Mohammed  Khovarezmfchah ,  envoya  deux  de  fes  Généraux  d'ar- 
mée, nommez  Gebch  Noviân  &  Souidai  Behadir  ,  avec  trente  mil  chevaux  en 
Khoraflàn ,  où  ce  Sultan  étoic  campé.  Ces  deux  Capitaines  le  firent  bientôt  dé- 
loger, &  ils  le  pourfuivirent  fi  chaudement ,  qu'il  fut  obligé  d'abandonner  cet- 
te province  &  de  faire  fa  retraite  dans  l'Iraque  :  mais  les  iVIogols  le  fuivant  à 
la  pifle ,  pillant  &  malîacrant  tout  ce  qu'ils  rencontrpicnt  fur  leur  route  ,  tra- 
verferent  ces  deux  provinces  ,  celles  de  l'Adherbigian  &  du.  Schirvan  ,  &  ga- 
gnant enfuite  la  ville  de  Derbehd ,  pafTerent  au  Nord  de  la  mer  Cafpienne  , 
pour  réjoindre  le  camp  général  de  Genghizkhan,  qui  étoit  dans  la  Tranfoxane. 

Genghizkhan  ,  après  avoir  achevé  la  conquête  de  la  Tranfoxane  ,  envoya 
trois  de  i^es  enfans  ,  nommez  Giougi  ,  Giagathai  &  Oftai ,  pour  fubjuguer  la 
province  de  Khovarezme  ,  qui  s'étend  des  deux  cotez  de  l'Oxus  ou  Gihon  , 
fleuve  qui  traverie  tout  ce  pays  avant  que  de  décharger  fes  eaux  dans  la  mer 
Cafpienne.  Ces  Princes  vinrent  d'abord  affiégcr  la  capitale  qui  porte  le  nom  de 
Khovarezme,  auffi-bien  que  la  province,  où  Khamarteghin  commandoit  de  la 
part  du  Sultan  Mohammed.  Ce  fiége  dura  long-tcms  fans  avancer  ,  à  caufe  de 
la  divifioa  ,  qui  arriva  entre  les  doux  frères  Giougi  &  Giagathai ,  au  fujet  du 
commandement. 

AuHî-tôt  que  Genghizkhan  eut  appris  la  mefintclligence  de  ces  deux  Princes, 
il  envoya  {"es  ordres  à  Oclai  pour  commander  en  chef  toute  l'armée ,  &  ac- 
commoder les  différends  de  fes  deux  frères  ,  lui  préfcrivant  en  même  tems  de 
ne  rien  entreprendre  fans  leurs  avis.  La  concorde  fut  ainfi  en  peu  de  tems 
rétablie  dans  cette  armée ,  &  le  fiégc  de  la  ville  de  Khovarezme  fut  bientôt  fini. 

Les  Mogols  s'en  étant  rendus  les  maîtres,  &  réconnoiifants  qu'elle  étoit  très- 
forte  par  la  fituation  ,  ,1a  démolirent  entièrement  ,  en  firent  fortir  tous  les  ha- 
bitans ,  &  après  avoir  choifi  cent  mil  des  plus  jeiznes  des  deux  feses  qu'ils  ré- 
duifirent  en  fervitude,  ils  diflribuerent  tout  le  relie  aux  foldats  pour  êti-e  cgor- 
gez.  L'on  rapporte  que  chaque  foldat ,  de  plus  de  cent  mil  qu'ils  étoient  de- 
vant la  place,  en.  eut  vingt-quitre  à  tuer  pour  fa  part. 

Pendant  que  l'armée  des  Princes  défoloit  la  province  de  Khovarezme  ,  le 
père  failbit  d'étranges  ravages  dans  le  Khoraflàn:  car  tirant  du  côté  de  Balkhe, 
la  plus  ancienne  capitale  de  cette  province  ,  qui  portoit  le  titre  de  Cubbat  al 
Illam,  c'efl-à-dire  ,  la  Métropole  du  Mufulmanifrae  ,  il  trouva  la  ville  de  Ter- 
raed  fur  fa  route  ,  qu'il  prit  &  ruina  en  deux  jours  ,  exterminant  jufqu'au  der- 
nier de  fes  habitans  ;  &  quoyque  les  habitans  de  Balkhe  euffent  envoyé  au- 
devant  de  luy  des  députez  pouj-  lui  jurer  fidélité  &  fe  rendre  à  fa  mercy,  ils 
ne  purent  obtenir  de  lui  aucun  quartier,  &  furent  tous  palfez  au  fil  de  l'épée. 

Tuli  khan,  autre  fils  de  Genghizkhan,   étant  arrivé  au.  camp  peu  après  cette- 
exécution,  fon  père  lui  donna  au;]] -tôt  l'ordre  de  s'avancer   plus  avant  dans  le 
pays  &  d'y  faire  le  dégât,  pendant  qu'il  feroit  lui-même  en   perfoone  le  fiége 
de  Thalecan  ,  place  forte  qui  avoit  un  très -bon  château,     Genghizkhan  eue  le 
loifir  de  fe  morfondre  devant  cette  place ,  qui  rcfifta  pendant  lèpt  mois  entiers 
à. fa  puiffance.    Son  armée  étoit  déjà  beaucoup  diminuée:   mais  le  retour  que 
Tuhkhan  fit  de  fon  expédition  du  Khoralfan ,  dont  il   avoit  fubjugué  les  villes- 
principales,  aj'ant  fortifié  fon  c  imp  ,  il  emporta  enfin  d'alîlwt  Cjtte  place,   &- 
n'épargna  aucun  de  tous  ceux  qu'il  y  trouva. 

Après  la  prife  de  Thalecdn,  le  bruit  s'édaut  répandu  dans  fon  camp  queGe-- 

laîcd-- 


96  G  E  N  G  H  I  Z  K  H  A  N, 

laleddin  ,  fils  de  Mohammed  Khovarezmfchah  ,  avoit  battu  les  Mogols ,  auprès 
d'un  lieu  nommé  Barani  ,  la  colère  le  faifit  de  telle  manière  qu'il  tourna  auf- 
fi-tot  vers  les  parties  Occidentales  de  la  Perfe ,  &  fit  une  défolation  fi  cruelle 
&  fi  univerfeile  par-tout  où  il  pafiTa ,  qu'il  n'y  lailla  aucun  vcfl:ige  qui  pût  mar- 
quer que  ces  lieux  eufi'ent  jamais  été  peuplés  ,  ayant  envoyé  en  même  tems 
Balai  Novian  dans  les  Royaumes  de  Lahaver  ou  Lahor  ,  &  de  Multan  à  l'O- 
Tient,  pour  y  faire  les  mêmes  ravages. 

Tulikhan  alla  peu  de  tems  après  afiiéger  les  trois  autres  villes  capitales  de  la 
grande  province  de  Khoraflan  :  car  nous  avons  déjà  parlé  de  Balkhe  qui  en  eft 
la  quatrième.  Il  commença  par  celle  de  Merou,  fi.irnommée  Schaighian ,  pour 
la  difl;inguer  d'un  autre  Merou  de  la  même  province  ,  qui  efi;  fiirnommée  Al 
Roud  ;  &  il  eut  fort  bon  marché  de  cette  grande  ville  ,  abandonnée  par  fon 
Gouverneur  qui  étoit  fort  hay  du  peuple  ,  &  qui  craignit  que  l'on  ne  le  mît 
entre  les  mains  des  Mogols.  Aullî-tôt  que  Tulikhan  y  fut  entré  ,  il  en  fit  ra- 
fer  les  murailles,  &  après  avoir  fait  le  choi::  des  jeunes  garçons  &  des  jeunes 
filles,  qu'il  vouloit  referver  pour  en  faire  des  efclaves,  il  abandonna  un  million 
&  trois  cent  mille  perfonnes  à  la  fureur  du  foldat. 

La  ville  de  Nifchabour ,  autre  capitale  de  la  môme  province  ,  eut  le  même 
fort  :  &  perdit  un  million  &  747  mil  de  les  habitans  ,  ce  qu'il  faut  entendre 
aufli-bien  que  des  autres  villes,  de  tout  ce  qui  étoit  compris  dans  fon  territoi- 
re, qui  étoit  fort  étendu  &  très-peuplé. 

Celle  de  Herat  étoit  la  plus  confidérable  de  ces  trois  capitales  du  Khoraflliii 
qui  furent  aflîégées  par  Tulikhan;  car  elle  étoit  défendue  par  Mohammed  Gior- 
giani,  Gouverneur  de  la  province,  qui  avoit  une  armée  très-confîdérable  pour 
la  défendre.  En  efi'et ,  pendant  les  fept  premiers  jours  du  fiége  ,  le  Gouver- 
neur fit  de  fi  fréquentes  &  fi  vigoureufes  forties  ,  que  les  Mogols  virent  bien 
qu'ils  ne  viendroient  pas  fi  aifément  à  bout  de  cette  entreprife  ,  qu'ils  avoient 
fait  des  précédentes  :  mais  il  arriva  que  ce  Seigneur  ,  qui  étoit  également  fage 
&  vaillant,  fut  malheurcuferaent  tué  d'un  coup  de  flèche  dans  le  combat. 

Après  la  mort  du  Gouverneur,  les  alîiégcz  commencèrent  à  perdre  courage, 
&  on  parloii'  déjà  de  fe  rendre  ,  lorfque  Tulikhan  ,  qui  en  fut  averti  par  les 
efpions,  s'avança  avec  deux  cent  chevauv  feulement  vers  une  des  portes  de  la 
ville  ,  pour  attirer  à  une  conférence  ceux  des  Bourgeois  ,  qui  étoient  les  plus 
portez  à  la  paix.  Là  il  déclara,  que  s'ils  le  rcndoient  volontairement  à  lui  qui 
étoit  en  état  de  les  forcer,  ils  ne  recevroient  aucun  dommage  ni  en  leurs  per- 
fonnes ,  ni  en  Icui^  biens  ,  &  qu'il  le  contenteroit  de  recevoir  d'eux  la  moitié 
feulement  du  tribut  qu'ils  payoient  au  Sultan  du  Khovarezme. 

Après  que  Tulikhan  eut  donné  fi  parole  &  confirmé,  par  un  ferment  folem- 
nel,  les  conditions  de  la  capitulation  qu'il  leur  accordoit,  les  Bourgeois  de  He- 
rat lui  ouvrirent  auflî-tôt  leurs  portes,  &  lui  firent  une  entrée  magnifique.  Tu- 
likhan obferva  exa6lement  le  traité  qu'il  avoit  fait  avec  eux,  &  ne  Ibufirit  pas 
que  fes  Mogols  leur  fifi^ent  aucun  outrage.  Il  fe  contenta  feulement  de  l'exé- 
cution des  foldats  de  la  garnifon,  avec  lefquels  il  n'avoit  point  capitulé,  &  leur 
ayant  donné  Malek  Abubecre  pour  Gouverneur,  &  Manghtai  pour  Prévôt  & 
Grand  Jufiicier,  il  vint  trouver  fon  père  au  fiége  de  la  ville  de  Thalecdn,  dont 
nous  avons  déjà  parlé. 

Mais  la  ruine  de  cette  puiiïante  ville  ayant  été  déjà  refoluë  dans  le  décret  Di- 
vin ,  dit  Khondemir ,  fa  perte  étoit  inévitable.     Il  arriva  en  eifet  que  le  bruit 

s' étant 


GENGHIZKHAN.  p^ 

s'étatlt  i-épandu ,  que  les  Mogols  avoient  été  défaits  par  Gelaled^in  ,  aiîprès  de 
la  ville  de  Gaznah,  les  habitans  des  villes  du  KhoralTan,  où  Tulikhan  avoit  laif- 
fé  des  Gouverneurs,  fc  foûleverent  tous  en  même  tems ,  &  égon'^ereot  tous  les 
Mogols  qui  leur  tombèrent  entre  les  mains.  Les  habitans  de  Heràt  le  jettercnt 
fur  .Malek  Abubecrc  &  fur  Manghtai,  qu'ils  maflacrerent  avec  tous  leurs  gens, 
&  mirent  à  leur  tête  Mobarez-eddin  Scbzvari  pour  les  défendre. 

Genghizkhan  ayant  appris  ces  méchantes  nouvelles,  fit  une  rude  reprimende 
à  Tulikhan  fon  fils,  de  ce  qu'aj^ant,  par  une  fauffe  clémence,  donné  la  vie  à  fes 
ennemis,  il  leur  avoit  auffi  lailfé  les  moyens  de  lui  jouer  un  fi  mau^-ais  tour; 
pour  reparer  cette  faute  &  pour  fe  vanger  d'un  fi  grand  affront ,  il  en\-oya  II- 
genkvai  Novian  avec  quatre-vingt  mil  chevaux  devant  Hcrat,  Cette  vi'ie'  foû- 
tint  un  fiége  de  fix  mois  entiers,  pendant  lequel  fes  habitans  qui  fe  dél'c.idoient 
en  defefpérez  firent  des  efforts  inconcevables  :  mais  ayai:t  été  ennn  forcez,  ils 
furent, tous  égorgez  flinsmiléricorde,  jufqu'au  nombre  d'un  milhon  &  fix  cent 
mil  perfonnes,  à  plufieurs  reprifcs. 

Emir  Khovand  ou  Khavend  Schah  dit ,  que  le  Docleur  Scherfeddin  Khathib 
refta  feul  avec  quinze  autres  perfonnes  ,  qui  s'étoient  cachées  dans  des  grottes 
où  les  Mogols  qui  foùilloient  par-tout ,  ne  les  avoient  point  trouvées  ,  &.  qu'ils 
furent  joints,  quelque  tems  après,  par  vingt-quatre  autres  c.ui  avoient  aufli  échap- 
pé à  la  fureur  des  ennemis  par  une  efpèce  de  miracle.  Ces  quarante  perfonnes 
demeurèrent  pendant  quinze  ans  dans  Herat ,  avant  qu'aucun  autre  fe  joignît  à 
eux  pour  y  habiter,  tant  cette  ville,  qui  po.toit  le  titre  de  Ferdous  Nifchin  ou 
Nifchin  ,  qui  fignifie  le  fymbole  ou  la  demeure  du  Paradis  ,  avoit  été  détruite. 
Cette  défolation  générale  arriva  l'an  de  l'Hegire  619,  de  J.  C.  1222. 

Après  que  Genghizkha  1  eut  terminé  les  guerres  qu'il  avoit  entreprifes  contre 
Mohammed  Khuarezm  fchah  &  fes  enfans  ,  comme  nous  avons  vu  cy-dcflùs  en 
partie ,  &  comme  il  en  eft  traité  plus  particulièrement  dans  les  titres  de  Mo- 
hammed &  de  Gelaleddin  Khuarezm  fchah  :  ce  Prince  tint  confeil  avec  fes  en- 
fans  &  les  plus  grands  de  fa  Cour,  l'an  621  de  l'Hegire,  dans  lequel  il  fut  ar- 
rêté qu'il  retourneroit  dans  fon  Orde  natal ,  nommée  Ordou  Baligh  ,  où  étoit 
proprement  le  fiége  Royal  de  fon  Empire. 

A  peine  y  étoit-il  arrivé  qu'il  apprit  que  Scheidercou  ,  qui  commandoit  dans 
le  pij's  de  Tangur  &  de  Cafchin,  s'éLoit  révolté,  &.  qu'il  s'avançoit  vers  lui 
avec  une  armée  de  cinq  cent  mil  hommes.  Genghizkhan  alla  au-devant  de  lui 
avec  des  forces  à-peu-près  égales.  Il  fe  donna  pour  lors  une  des  plus  fanglan- 
tes  batailles  dont  on  ait  jamais  ouy  parler  ;  car ,  félon  la  fupputation  des  Mo- 
gols, il  fe  trouva  trois  cent  mil  hommes  des  ennemis. morts  fur  la  place,  fans 
que  l'on  fçache  le  nombre  de  ceux  que  les  Mogols  perdirent. 

Cette  perte  cependant  ne  fut  pas  capable  de  réduire  pour  lors  Scheidercou 
à  fe  foûmettre  au  vainqueur  :  mais  ayant  été  depuis  encore  vaincu  à  diverfes 
reprifes,  il  demanda  quartier  &  jura  fidélité  à  Genghizkhan.  Ce  Prince  vouloit 
en  même  tems  faire  encore  la  guerre  à  quelques-uns  de  fes  voifins,  mais  il  fut 
appaifé  par  les  Ambalfadeurs  &  par  les  préfens ,  qu'ils  lui  envoyèrent  pour  ob- 
tenir de  lui  la  paix. 

L'an  624  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1226,  Genghizkhan  fe  troirvant  accablé  d'in- 
firmitez  ,  caufées  par  les  grandes  fatigues  qu'il  avoit  fouffertes  dans  l'exercice 
continuel  des  armes  jufqu'à  l'âge  de  foixante  &  treize  ans,  réfolut  de  partager 
fes  Etats  entre  fes  enfans.     Il  en  avoit  eu  quatre ,  à  fcavoir ,  Giougi  ,   Giaga- 

ToAiE  IL  N  thai, 


9S  G'E  N  G  H  I  Z  K  H  A  N. 

thai ,  Oftai  &  Tuli  :  mais  Giougi  l'aîné  étoit  mort  dans  la  campagne  de  Kip- 
«^iak,  au-delTus  de  la  mer  Cafpienne  où  il  commandoit,  fix  mois  avant  le  décès 
de  fon  père ,  &  avoit  lailTé  plufieurs  enfans ,  dont  Batou  étoit  l'aîné. 

Genghizkhan  déclara  pour  fucccITeur  dans  fon  Orde  Impériale  &  dans  tous  les 
pays  des  Mogols ,  Cathaiens  &  autres ,  tirant  v^ers  l'Orient ,  06lai  ,  qui  fut  fur- 
nommé  Caan,  &  qui  eut  pour  fuccclîeur  Gaiuk  Khan  fon  fils. 

Giagathai  eut  pour  fa  part  la  Tranfoxane  ,  que  les  Arabes  nomment  Maova- 
ralnahar,  &  que  nous  appelions  encore  aujourd'huy  du  nom  de  ce  Prince  ,  le 
Zagathai  ou  Pays  des  Uzbeks,  &  c'eft  proprement  le  Turkeftan.  Son  père  lui 
donna  pour  confeil  &  pour  Général  de  fes  armées  Caragiâr  Noviàn. 

Le  Khoraffan ,  la  Fcrfe  &  les  Indes  furent  donnez  à  Thulikhan ,  qui  en  avoit 
conquis  en  perfonne  une  grande  partie  ,  &  dont  les  enfans  Manguca  ,  Coblai 
&  Holagu  fe  font  rendus  célèbres  dans  l'hiltoire. 

Batou,  fils  aîné  de  Giougi ,  fuccéda  à  fon  père  par  l'ordre  de  Genghizkhan, 
&  polfeda  les  pays  d'Alan  ,  de  Rous  &  de  Bulgâr  ,  au  -  defllis  de  la  mer  Caf- 
pienne. C'cfi:  ce  petit- fils  de  Genghizkhan  qui  traverfant  la  RUffie,  vint  juf- 
qu'en  Moravie  ,  d'où  il  prit  le  chemin  de  la  Hongrie ,  dans  le  defi'ein  d'aller 
aflîéger  Conflantinople  :  mais  fes  grands  projets  finirent  avec  fa  vie  l'an  656  de 

l'Hegire. 

Après  cette  diflribution  de  provinces ,  Genghizkhan  mit  entre  les  mains  de 
Giagathai ,  la  tranfaftion  folemnelle  que  Kilkhan  &  Fagiouli  ,  enfans  de  Tou- 
menah  khan  ,  avoient  paffée  enfemble  ,  par  laquelle  les  hoirs ,  defcendans  de  Fa- 


afte  avoit  été  fcellé  du  Iceau  de   1  oumenali  Khm  ,   &  11  etoit  de  conlequence 
pour  les  Genghizkhaniens  qui  dcfcendoient  de  Kilkhan;  car  il  leur  pouvoit  fer- 
vir,  comme  il  arriva,  contre  les  Timuriens,  c'eft-à-dire  ,   la  pollérité  de  Tamer- - 
lan  qui  tiroit  fon  origine   de  Fagiouli. 

La  mort  de  Genghizkhan  arriva  le  quatrième  jour  du  mois  Ramadhan  ,  l'an  . 
624  de  l'Hegire ,  &  dans  le  Dongouzil  ,  c'efl;-à-dire  ,  dans^  l'année  du  Pourceau 
félon  les  Igureens  &  les  Cathaiens ,  année  dans  laquelle  étoit  tombée  aufîî  fa 
naiiwnce  &  fon  élévation  à  la  fouveraine  dignité  &  autorité  fur  les  nations  des 
Turcs,  des  Taitares  &  des  Mogols.  Il  fut  enterré  fecretement  au  pied  d'un  ar- 
bre, où  l'on  dit  qu'étant  un  jour  campé,  il  demanda  à  fes  gens  ,  s'il  leur  fem- 
bloit  que  ce  lieu  fût  propre  "à  fa  fépulture  ,  &  que  fort  peu  de  tems  après  fa 
mort ,  il  crût  à  l'entour  du  même  arbre  une  efpèce  de  buiflbn  fi  épais ,  qu'il  ren- 
dit le  lieu  inacceffible. 

Tout  ce  que  j'ai  dit  jufqu'ici  de  Genghizkhan  efl  tiré  de  Khondemir.  Mir- 
khond ,  qui  efl:  le  même  que  l'Emir  Mohammed  Kovand  ou  Khavend  fchah ,  a . 
écrie  la  vie  de  ce  grand  Conquérant,  le  fléau  du  Mufulmanifme  ,  fort  au  long. 
J'ay  prêté  le  Manufcrit  de  cet  Auteur,  qui  efl:  fort  rare  &  qui  m'eft  venu  en- 
tre les  mains  ,  par  la  libéralité  du  Grand -Duc  de  Tofcane,  à  un  de  mes  amis, 
qui  s'en  cil  fervi  pour  nous  donner  la  vie  de  ce  Prince  dans  toute  fon  éten- 
due.   C'eft  un  ouvrage  qui  doit  paroître  au  premier  jour. 

Abaifarage  dit  dans  fa  dynaftie  dixième,  qui  efl  celle  des  Mogols,  que  Gen- 
ghizivhan  donna  pendant  fa  vie  à  fes  quatre  enfans  le^  gouvernement  de  l'Etat 
diftrib'ié  en  cette  manière.  Le  premier,  qu'il  nomme  Toufchi  au  liai  de  Giou- 
gi, eut  l'intendance  des  chalfcs ,  qui  étoit  h  première  charge  chez  ks  Mogols. 

♦   Le 


GENGHIZKHANIAH.        GENGHÎZKHANIAN.  99 

Xe  fécond,  nommé  Giagathai,  eut  celle  de  la  juftice.  Oftai,  le  troifiùmc,  qui 
lui  devoit  fucceder,  le  gouvernement  politique,  &  Tuli,  le  quatrième,  le  corn- 
mandement  militaire. 

La  poftcrité  de  Genghizkhan  fut  tellement  refpec"tée  par  les  Mogols  &  pnr 
les  Tartarcs,  qu'aucun  d'cntr'eux  no  fa  prendre  depuis  les  titres  de  Khan  &  de 
Sultan  qui  lui  étoient  rcfervez;  &  Tamcrlan  même  fe  fit  un  grand  honn  -u'  de 
porter  feulement  celui  de  Kurklian,  c'cfl-à-dire ,  de  leur  parent.  Il  donna  mê- 
me, après  la  mort  de  HuiTain  qu'il  avoit  défait,  le  titre'  de  Sultan  à  Soiour^ 
gatmifche ,  qui  étoit  de  la  même  race  ,  quoy  qu'il  fût  entièrement  dans  fa  dé- 
pendance. 

Touchant  la  grande  irruption  de  Genghizkan  ,  il  eft  bon  de  voir  encore  le 
titre  de  Thogrul,  fils  d'Arflan. 

GENGHIZKHANIAH.  Taourat  Genghiz-Kaniat ,  la  loy  de  Genghiz- 
khan.  C'ell  un  Octalogue  qui  contient  tous  les  prcccpt  js  du  Décalogue ,  ^à  la 
referve  de  celui  qui  ordonne  la  célébration  du  Sabat.'  Il  efl  certain  ,  que  la 
Religion  des  Mogols  approchoit  fort  du  Chriflianifme  ;  car  Genghizkhan  &  fes 
fucceffeurs  ont  été  toujours  amis  des  Chiêtiens  &  ennemis  des  Mahometans  , 
jufqu'à  Nicoudar  Oglan ,  qui  fe  fil  Mufuhnan  &  prit  le  nom  d'Ahmed. 

La  femme  de  Genghizkhan  étoit  Chrétienne ,  &  Tamerlan  époufa  la  fille  de 
Camaraldin,  qui  étoit  de  la  Religion  Genghizkhaniennc  au/L"  bien  que  lui.  Plu- 
fieurs  Empereurs  Mogols  ont  célébré  les  fêtes  de  Pàqucj  &  de  la  Pentecôte 
avec  les  Chrétiens;  &  les  Ambalfades  que  faint-Louis  &  les  Roys  Chrétiens  d'Ar- 
ménie leur  envoyoient ,  font  foy  qu'ils  rclpeélpiv^nt  fort  les  cérémonies  de  la 
Religion  Chrétienne. 

Abulfarage  rapporte  que  Genghizkhan  ,  avant  que  de  marcher  contre  fes  en- 
nemis ,  monta  fur  le  haut  d'une  colline  ,  où  il  demeura  trois  jours  &  trois 
nuits  la  tcte  nuë,  &  à  jeun,  implorant  la  miféricorde  de  Dieu  &  fon  fecours: 
qu'enfuite  de  cette  aftion  de  piété,  il  vnt  en  fonge  un  homme  vêtu  d'un  habit 
femblable  à  celui  que  les  Evêqucs  portent  en  Orient ,  qui  l'aflura  d'une  pleine 
viftoire.  Il  y  a  grande  apparence  ,  que  cette  hiiloire  a  été  forgée  fur  la  pro- 
meflli  que  lui  fit  Tubi  Tangri ,  lorfqu'il  lui  changea  fon  nom  de  Tamugin  en 
celui  de  Genghizkhan. 

GENGHIZKHANIAN,  les  Mogols  defcendus  de  Genghizkhan.  Ils  ont 
régné  dans  tous  les  Etats  que  ce  Conquérant  lailfa  à  fes  cnfans  :  mais  il  n'y  a 
que  la  fucceffion  de  ceux  qui  ont  régné  dans  l'Iran  ou  Perfe,  prife  dans  fa  plus 
ample  fignification ,  qui  foit  bien  marquée. 

Cette  dynaftie  ,  qui  comprend  quatorze  Princes  ,  commença  l'an  de  l'Hegire 
599,  de  j.  C.  1202  .  &  finit  Pan  736  de  l'Hegire  ,  de  J.  C.  1335.  Ce  n'eft 
pas  qu'après  ce  tems-là,  c*ell-à-dire ,  depuis  Arbakhan,  il  n'y  ait  eu  encore  des 
Princes  de  cette  maifon;  mais  ils  n'ont  plus  été  confidérez  par  les  Hiiloriens, 
comme  des  fucceûTeurs  de  ce  grand  Empire.  Ces  quatorze  Princes  ont  régné 
137  ans. 

Le  premier  efl  Genghizkhan,  qui  a  régné  25  ans. 

Le  fécond,  Oktai  Caan,  fils  de  Genghizkhan,  a  régné  treize  ans, 

Gaiuk  Khan,  fils  d'Oktai,  un  an. 

Mangu  Caan,  fils  de  Tuli,  fils  de  Genghizkhan  ,  neuf  ans. 

N  2  Holagu 


100  G  E  N  G  H  I  Z  K  H  A  N  I  A  N.        G  E  NN. 

Holaîu  Khan,  fils  de  Tuli,  neuf  ans.     , 

Abaca  Khan,  fils  de  Holagu,  dix-fept  ans. 

Ahmed  Khan,  dont  le  nom  Mogolien  étoit  Nikudar  Ojlan,  fils  de  Holagu, 
deux  ans  &  deux  mois. 

Argun  Khan,  fils  d'Abaca  khan,  fept  ans. 

Gangiatu  Khan  ou  Caikhtu  Khan,  tils  d'Abaca  Khan,  trois  ans  &  fept  mois.. 

Baid'u  Khan ,  fils  de  Targai ,  fils  de  Holagu ,  fept  ou  huit  mois. 

Gazan  Khan,  fils  d'Argun,  huit  ans,  neuf  mois. 

Mohammed,  fils  d'Argun,  furnommé  Khodabendé,  &  dont  le  nom  Mogolien 
ell  Algiaptu,  douze  ans  &  neuf  mois. 

Abufaid  Khan,  fils  de  Mohammed  Khodabendé,  19  ans. 

Aiba  Khan,  fi]s  de  S.nghigan ,  fils  de  Malec  Timur  ,  fils  d'Artak  Boga,  fils 
de  Tuli,  fils  de  Genghizkan,  régna  cinq  mois. 

■  Les  Genghizkhaniens  furent  à  la  fin  dépouillez  par  les  Timurides  ,  c'eft-à- 
dire,  par  Tamerlan  &  fes  defcendans  l'an  736  de  l'Hegire ,  car  ils  les  chaire'- 
rent  du  Turkeftan  &  de  la  Tranfoxane  ,  &  les  obligèrent  de  fe  retirer  dans 
le  paj^s  des  Uzbecs  ou  Jouzbeghs  ,  fort  avant  dans  le  Nord. 

Ces  Timurides  régnèrent  dans  la  Tranfoxane  jufqu'en  l'année  900  de  l'He- 
gire, &  de  J.  C.  1494,  dans  laquelle  Schaibek  Khan,  fils  dé  Boudak  ,  Sultan 
dés  Uzbeks,  qui  fe  difoit  être  de  la  race  de  Gengizkhan,  chafl^a  les  Timurides 
du  Turkeftan  &  du  KhoraiTan,  &  les  contraignit  de  s'cnfuïr  aux  Indes,  où  ils 
fondèrent  la  dynaftie  des  Princes  ou  Empereurs  qui  y  régnent  aujourd'huy , 
&  que  nous  appelions  les  grands  Mogols  ,  à  caufe  qu'ils  font  de  race  Mogo-- 
lienne  ou  Tartare.     l^oyez  le  titre  de  Schaibek. 

Marafchi  ou  Marakfchi  a  écrit  l'hiftoire  de  Genghizkhan  &  des  Mogols  dans 
la  troifième  'partie  de  fon  hiftoire  ,  qui  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du 
Roy.,  l^oyez  le  titre  de  Marafchi.  Nous  avons  encore  fa.  vie  en  vers  Pcr- 
fiens. 


jENN  ou  Ginn,  en  Arabe,  eft  le  même  que  Div  en  Perfien,  &  Deura  eiï 
icn,  c'ell-à-dire ,  un  Génie  ou  Démon,  qui  a  un  corps  fait  de  matière  plus 
hilp'nne  la  nôtre,  telle  qu'efl  celle  de  l'élément  du   feu. 


G 

Indic 

fubtile  que  la  nôtre,  telle  qu' 

Ces  Génies ,  félon  la  Mythologie  des  Orientaux  ,  ont  été  créez  &  ont  gou"- 
v-erné  le  monde  avant  Adam.  P'oyez  le  titre  de  Giân.  Cette  efpèce  de  créatu- 
res félon  la  même  doélrine  fabuleufe  ,  comprend  les  bons  &  les  mauvais  An- 
ges', &  même  les  Géants  qui  ont  fait  la  guerre  aux  hommes  dans  les  premiers 
tems.  Ils  ont  été  depuis  confinez  dam  un  pays  nommé  à  caufe  d'eux  Ginnif- 
tan,*c'e(t  la  Féerie  ou  le  pays  des  Fées  de  nos  anciens  Romans,  où  il  y  a  des- 
villes  admirables,  telles  que  Schadoukiàm,  &c. 

Les  Mages  de  Perfe  donnant  à  chaque  jour  &  à  chaque  mois  de  l'année  un 
dp  CCS  Génies  qui  y  préfident  ;  ils  en  affignent  encore  un  particulier  à  chaque 
Ailre,  aux  montagnes,  aux  mines,  aux  eaux  ,  aux  arbres,  &c.  Il  femble  que 
les  Mufulmans  en  attribuent  au^Ti  aux  hommes.  Foyez  les  titres  rf'Amrou  Beir 
Leith,  de  Mota(r3m,  de  Div,  de  Péri  &  auti-es.    . 

Ben  Schohnah  raconte  qu'en  l'année  456  de  l'Hegire  ,   de  J.  C.  1063 ,  fous 

le  r'^gne  de  Caiem,  vingt-fixième  Khalife  de  la  race   des  Abbaffides  ,   on  fema 

dans  Bagdet  un  bruit,  qui  fe  répaudit  enfuitç  dans  toute  la  province  d'Iraque, 

°  que 


G  E  NfN.       G  E  N  N  A  H.  lox 

que  quelques  Turcs  étant  à  la  chaiïe ,  virent  dans  le  défert  une  tente  noire 
fous  laquelle  il  y  avoit  beaucoup  de  gens  de  l'un  &  de  l'autre  fexe  ,  qui  fe 
battoient  les  joues,  &  poulToient  de  grands  cris,  comme  il  eft  ordinaire  de 
faire  en  Orient,  quand  quelqu'un  eft  mort.  Parmi  ces  cris  on  entendoit  ces 
paroles:  Le  grand  Roy  des  Ginnts  ejl  mort,  malheur  à  cz  p(iyî\  &  il  fortit  enfuite 
une  grande  troupe  de  femmes  fuivies  de  beaucoup  d'autre  canaille  qui  allèrent 
à  un  cimetière  voilin,  continuant  toujours  de  fe  battre  en  ligne  de  deiiil,  & 
de  douleur. 

Le  célèbre  Hiflorien  Ebn  Athir  rapporte  que  fe  trouvant  l'an  600  de  l'Hè- 
gire,  de  J.  C.  1203,  à  Moful  fur  le  Tigre,  il  couroit  dans  tout  ce  pays-là  une 
maladie  épidemique  qui  s'attachoit  à  la  gorge,  &  que  l'on  difoit  qu'une  femme 
de  l'elpecc  des  Ginncs,  ou  des  J<"ées,  nommée  Omm  Ankoud,  ayant  perdu  un  fils, 
tous  ceux  qui  ne  la  confoloient  pas  fur  cette  mort,  étoient  attaquez  de  ce  mal: 
de  forte  que  pour  en  être  guéris ,  les  hommes  &  les  femmes  s'allembloient ,  & 
fe  battant  les  joues,  crioient  de  toutes  leurs  forces r  ^(?!  Omm  Ancoud  Adâherina, 
Mat  Ancoud  ou  ma  Derina,  O  mère  d'Ankoud  excufez  nous,  Ancoud  eft  mort, 
&  nous  n'y  fongions  pas. 

La  même  chofe ,  félon  le  rapport  de  Ben  Schonali ,  étoit  déjà  arrivée  en  Egypte 
fous  le  règne  du  Khalife  Dhahele  Fathimite:  un  mal  de  gorge  régnant  dans  le 
pays,  le  remède  étoit  de  faire  une  efpece  de  bouillie  fort  épailTe  qui  eft  en 
ufage  dans  le  paj-s,  &  de  la  jetter  dans  le  Nil,  en  répétant  plufieurs  fois  ces 
paroles  :  la  Omm  Halcom  aadherina ,  mdt  Halcom  ou  mad^rina.  O  mère  de  Hal- 
com  excufez-nous;  tLilcom  eft  mort,  &  nous  n'y  penfions  pas. 

La  première  de  ces  hiftoires  eft  aflez  femblable  à  ce  que  Suétone  raconte  que* 
du  tems  de  Tybere  on  entendit  crier  dans  les  forêts  :  Le  grand  Pan  eft  mort.- 
Pour  les  deux  autres  il  fuffit  de  dire  que  ce  font  des  remèdes  fuperftitieux  pris 
de  la  fignitication  de  Ancoud  &  de  Halcom,  qui  fignifient  en  Arabe  la  gorge  oit 
cette  forte  de  mal  s'attachoit,- 

GENNAH,  le  Paradis.  Les  Mufulmans  tiennent  qu'il  y  a  huit  Paradis  & 
fept  Enfers,  c'eft-à-dire,  huit  degrez  de  béatitude  pour  les  Bienheureux,  &  fept 
degrez  de  peine  pour  les  Damnez.  Ils  veulent  donner  à  entendre  par  ce  nom- 
bre inégal  que  la  mifericorde  de  Dieu  furpaife,  pour  ainfi  dire,  fa  juftice. 

Un  Poëte  Turc  expliquant  le  fentiment  d'Ali  qui  difoit  que,  quand  on  lui 
ôteroit  le  voile  qui  lui  cachoit  les  choies  fpirituelles ,  il  ne  les  croiroit  pas  avec 
moins  de  certitude,  ni  fermeté,  parle  ainfi  ;  Je  connois  fi  certainement,  &  je 
croy  fi  fermement  qu'il  y  a  huit  paradis  pour  les  élus,  &  fept  enfers  pour  les 
reprouvez,  &  cela  par  les  yeux  de  mon  ame ,'  &  par  la  lumière  de  la  foy;: 
que  quand  on  leveroit  tout  à  coup  le  voile  de  ce  corps  qui  me  les  cache,  la 
certitude  &  l'alTurance  que  j'ay  de  ces  chofcs-là,  n'augmenteroit,  ni  ne  diminue- 
roit  en  aucune  manière  à  mon  égard. 

Je  mettrai  icy  quelques  fentiméns  des  Mufulmans  touchant  le  Paradis ,  pour 
faire   mieux  connoître  l'idée  qu'ils  s'en  forment. 

On   lit  dans   le  chapitre  de  l'Alcoran  intitulé   Taoïibaî ,  ou  de  la  Pénitence, 
ces  paroles  :  Dieic  a  acheté   des  fidelles   leurs  vies ,  éf  ^eurs  biens  ,   leur  donnant  en  • 
échange  le  Paradis.    Vaffich  dit  que  ce  verfet  fut  écrit  au  fujet  de  la  converfion 
de  plufieurs  infidèles,  lefquels  après  avoir  fait  profeffion  de  la  foy  Mufulmanne,.. 

N  3  deman-- 


102  'G  E  N  N  A  H. 

demandèrent  à  Mahomet  à  quoy  ils  étoient  obligez  envers  Dieu,  «Se  envers  lui, 
&  qu'il  leur  répondit:  A  l'égard  de  Dieu  vous  n'êtes  obligez  à  autre  chôfe,  finon 
à  l'adorer  &  à  le  fervir  lui  feul  aux  dépens  de  vos  biens,  &  de  vos  vies,  & 
quant  à  moy,  je  vous  demande  feulement  que  vous  m'aimiez  autant  que  vous 
faites  vos  vies  &  vos  biens. 

Ces  Profelytes ,  après  avoir  ouy  ce  difcours ,  s'écrièrent  tous  d'une  voix  Ribh 
al  bit  la  tekil  u  la  nejlekil.  Voici  un  marché  fort  avantageux ,  contre  lequel 
nous  ne  reviendrons  jamais.  Ces  mots  qui  ont  paffé  comme  en  proverbe  parmi 
les  Arabes ,  font  expliquez  en  ces  termes  par  un  Interprète  Perfien  :  Cette 
façon  de  parler,  Dieu  acheté  les  âmes  ($  les  biens  des  fidelks  y  eft  métaphorique, 
&  non  pas  propre;  elle  nous  fait  voir  feulement  combien  il  eft  vray  que  Dieu 
donne  fon  paradis  aux  Fidelles  qui  employent  leurs  vies  ,  &  leurs  biens  à  fon 
fervice.  La  preuve  que  ceci  n'eft  qu'une  métaphore  ,  eft  que  l'achapt  &  la 
vente  n'ont  lieu  qu'où  il  y  a  différence  de  poiTelfeurs  &  de  polTefîîons  ;  or  eft-il 
qu'il  n'y  a  aucune  perfonne  ,  ni  aucune  chofc  dans  le  monde  qui  n'appartienne 
à  Dieu;  car  l'efclave,  &  fon  bien  appartiennent  à  celui  qui  en  eft  le  Maître. 

C'eft  donc,  pourfuit  cet  Auteur,  comme  fi  Dieu  difoit:  il  dépend  de  toy,  ô 
homme,  de  me  donner  ta  vie,  &  ton  bien,  &  il  dépend  de  moy  de  te  donner 
le  Paradis  ;  la  vie  eft  un  fond  de  péchez  &  de  miferes ,  &  tes  biens  font  une 
fource  d'orgueil  &  de  rébellion  :  Vends ,  &  aliène  donc  pour  le  fervice  de  Dieu 
deux  chofes  méprifables,  pour  acheter  un  bien  aufîî  defirable  qu'eft  le  Paradis. 

Gelaleddin  Al  Balkhi  paraphrafe  ainfî  ces  paroles  dans  fon  Methnevi.  Jette 
une  pierre  pour  recevoir  un  joyau,  donne  une  poignée  de  terre,  &  reçois  en 
échange  de  l'or.  Enfin  pour  une  chofe  vile,  &  perilfable,  reçois  un  bien  ex- 
cellent &  éternel. 

On  lit  dans  le  livre  intitulé  Kefchdf ,  &  dans  ^in  al  mâani  l'hiftoire  fuivante  qui 
a  un  grand  rapport  à  ce  qui  a  été  dit  cy-deifus.  Un  Arabe  du  defert  pafîant  devant 
la  porte  de  la  Mofquée  de  Medine,  entendit  quelqu'un  qui  recitoit  ces  paroles: 
Dieu  a  acheté  les  âmes  âf  ies  biens  des  Fidèles ,  âf  leur  a  donné  eji  échange  le  para- 
dis. Il  demanda  auflî-tôt  de  qui  étoient  ces  paroles,  &  on  lui  répondit  qu'elles 
étoient  de  Dieu.  L'Arabe  voulut  fçavoir  cnfuite  dans  quel  tems  cet  achapt  &  cette 
vente  avoient  été  faites,  &  on  lui  répliqua  que  ce  contrat  avoit  été  palfé  dans 
le  commencement  des  tems,  lorfque  Dieu  fit  un  pacl  avec  Adam,  &  avec  toute 
fa  pofterité ,  par  ces  paroles  :  Ne  fuis-je  pas  vojîre  Seigneur  ^  ^  ne  me  rcconnoijjlz- 
vous  pas  pour  tel  ,  &  le  refte  ,  comme  l'on  peut  voir  dais  le  titre  d'Adam. 
L'Arabe  qui  fut  éclairé  de  Dieu  dans  ce  moment,  lui  dit  r.u(îî-tôt  ces  paroles:  Je 
trouve  ce  marché  fort  bon,  fi  vous  ne  le  retraftez  point.  Seigneur  ,  je  n'ay 
garde  de  m'en  dédire:  car  vous  achetez  de  moy  une  ame  chargée  de  péchez, 
&  quelques  biens  pafi'agers  ,  au  prix  d'une  félicité  éternelle.  Bien  loin  de  ne 
pas  accepter  ce  marché ,  je  vous  abandonne  dès  maintenant  &  mes  biens  ,  & 
ma  vie. 

Azizi  dit  fur  ce  fujet:  Celui  qui  acheté  un  efclave  dont  il  connoît  les  défauts, 
ne  peut  plus  le  rendre  à  celui  duquel  il  l'a  acheté,  ni  en  redemander  le  prix, 
Ainfi  il  n'y  a  point  lieu  de  craindre  que  Dieu  qui  nous  a  achetés,  quoy  qu'il 
connût  nos  imperfeélions  &  nos  miferes ,  nous  chafl^e  ,  &  nous  renvoyé  au 
Démon,  nôtre  premier  maître,  ce  qui  eft  exprimé  par  un  Poëte  en  ces  termes: 
J'efpere ,  Seigneur',  que  je  ne  feray  point  rejette  de  vous  comme  un  efclave 

plein 


G  E  N  N  A  H.  103 

plein  de  défauts,  puifque  vous  avez  eu  la  bonté  de  m'acheter  après  les  avoir 
connus  parfaitement. 

L'Auteur  des  Nafehât  dit  auffi  :  Vous  m'avez  vu  &  connu ,  Seigneur  ,  de 
toute  éternité,  &  après  m'avoir  vu  &  connu  avec  tous  mes  défauts,  vous  n'a- 
vez pas  laiflTé  de  m'acheter.  Cette  connoifTance  efl  toujours  prefente  en  vous, 
&  la  honte  que  j'en  ay  me  couvre  d'une  confufion  perpétuelle.  Ayez  pitié. 
Seigneur,  de  celuy  que  vous  avez  une  fois  agréé  &  accepté.  Voyez  Hulîain 
Vaêz  page  367. 

Il  y  a  enfuite  de  ce  texte  du  chapitre  Taoubat ,  le  verfet  qui  fuit  :  Rejouijfez- 
vous  donc  de  cette  vente  que  vous  avez  faite  ^  (3'  de  ce  prix  avec  lequel  vous  avez  été 
achetez  ;  car  c'ejl  un  grand  bonheur  pour  vous. 

L'Auteur  des  Medarek  rapporte  que  l'Imam  Giafer  Sadik  difoit  aux  fidelles. 
Vôtre  prix  n'oft  autre  que  le  Paradis ,  gardez- vous  bien  de  vous  vendre  pour 
une  chofe  de  moindre  valeur. 

Le  Methncvi  Manevi  dit  auflî  très-élegamment  en  fa  langue.    L'homme  eft  fi 
miferable,  qu'il  ne  fe  conuoît  point.    Tantôt  il  s'élève  trop,  &  tantôt  il  s'ab- 
baiire  &  s'avilit  trop  ;  il  fe  donne  fouvent  pour  un  prix  fi  bas ,  qu'il  fait  pitié , 
femblable  à  un  pauvre  fol  qui  coud  des  haillons  à  un  habit  de  brocard,  ou  qui  • 
vend  celui-cy  pour  avoir  les  autres. 

Quoyque  les  Mufulmans  ne  connoifîent  pas  clairement  la  rédemption  des  hom- 
mes, faite  par  Jesus-Christ,  ils  ne  laifrent  pas  d'en  avoir  quelque  lumière, 
comme  il  paroît  par  leurs  expreflîons  aflez  femblables  aux  fentimens  des  Chré- 
tiens.    C'ell:  un  effet  de  la  force  invincible  de  la  vérité,  dont  la  lumière  percé' 
les  ténèbres  les  plus  épaifles  de  l'erreur. 

Au  chapitre  troifième  de  l'AIcoran  intitulé  de  la  famille  d'Amran  ,  on  lit 
ces  paroles.  Le  retour  à  Dieu  eft  le  meilleur  que  Von  puijfe  faire.  La  verfion 
Perfienne  dit:  Il  fait  bon  retourner  à  Dieu,  puifqu'il  n'y  a  aucun  autre  bien 
comparable  à  luy. 

Un  autre  Auteur  Perfien  paraphrafe  ainfi  ce  verfet.  Vôtre  paflîon  vous 
fait  courir  par  les  plaines  &  par  les  montagnes  ;  mais  enfin  après  toutes  ces 
courfes  qui  font  autant  d'égaremens ,  il  faut  revenir  au  gîte  ,  &  il  n'y  a  point 
d'autre  retour  que  vers  luy. 

On  lit  enfuite  dans  le  même  texte.  Ceux  qui  retournent  à  Dieu  en  le  fer  vaut, 
trouveront  un  paradis  oit  il  y  a  des  jardins  fur  le  courant  des  rivières,  oii  ils  vivront 
éternellement  avec  leurs  femmes  qui  feront  très-pures;  mais  outre  ces  délices,  ils  joui- 
ront du  bon  plaifir  de  Dieu  qui  les  rendra  contens.  La  paraphrafe  Perfienne  porte: 
mais  outre  ces  délices ,  le  bon  plaifir  de  Dieu  qui  fe  complaît  en  eux ,  &  qui 
eft  content  d'eux ,  furpafi^e  toutes  chofes ,  &  leur  tient  lieu  de  tout  ;  car  Dieu 
étant  content  d'eux,  il  les  rendra  pleinement  contens,  &  fatisfaits  de  lui,  par 
luy-même. 

Il  n'eft  donc  pas  vray,  ce  que  plufieurs  Auteurs  qui  ont  combattu  le  Mnhome- 
tifme,  ont  avancé  que  les  Mufulmans  ne  reconnoifl^ent  point  d'autre  béatitude  dans 
le  ciel,  que  la  joûifiance  des  plaifirs  des  fens.  Dans  le  même  chapitre  page  8(5, 
du  texte  Arabique  nous  trouvons  encore  ce  verÇct.  Ae  penfez  pas  que  ceux  qui 
font  tuez  dans  les  batailles  données  pour  la  caufe  de  Ditu,  fuient  morts:,  car  ils  vivait 
ViTitabkment  auprès  de  leur  Seigneur  qui  les  pourvoit  abondamment ,  çf  les  fait  jouir 

avec 


104  G  E  N  N  A  H. 

avec  im  extrême  plaifir  de  tout  ce  qu'il  a  de  plus  grand,  â?  de  plus  excellent.  Meii 
Fadhlihi. 

Huflain  Vâez  explique  ainfi  ce  terme.  La  magnificence  de  Dieu  confille  en 
ce  qu'il  donne  à  fa  créature  la  béatitude  qui  n'eft  autre  que  fon  bon  plaifir, 
c'eft-à-dire  ,  la  complaifance  qu'il  a  pour  eux,  après  laquelle,  &  auprès  dcla- 
quelle  il  n'y  a  point  d'autre  bien  qui  foit  comparable,  ni  même  concevable. 

L'Auteur  du  Tefsir  Kebir  dit  que  lorfque  les  âmes  faintes  font  éclairées  dans 
la  béatitude  des  rayons  de  la  lumière  Divine,  leurs  fubflances  font  entièrement 
pénétrées  de  la  fplendeur  de  ce  qu'elles  connoiffcnt,  &  c'eft  le  premier  degré  de 
la  félicité  qui  ell  exprimé  par  ce  mot  du  verfet ,  Jorzecoun  ,  ils  font  pourvus 
abondamment.  Après  cette  pénétration  intime  de  la  fource  des  lumières  éter- 
nelles ,  les  âmes  des  bienheureux  entrent  dans  un  grand  repos  qui  leur  caufe 
une  joye  inexplicable  qui  fait  le  fécond  degré  de  la  béatitude  exprimé  par  le 
mot  Farehin,  Remplies  de  joye.  Ores  cette  joye  confifte  particulièrement  en  ce 
qu'ils  ne  fe  voyent  pas  feulement  arrivez  auprès  de  l'objet  qu'ils  aiment  ;  mais 
qu'ils  s'y  trouvent  intimement  unis  ,  f^oiijfoul  betaman  vejjàl  ;  car  on  ne  peut 
pas  concevoir  un  plus  grand  plaifir,  ni  de  plus  grande  joye,  que  de  contem- 
pler, &  de  goûter  intimement  la  beauté  de  la  face  glorieulè  du  Seigneur,  I\kdhr 
begemâl  vegeh  kerim  ,  ce  qui  a  fait  dire  à  un  Auteur  myftique  pour  exprimer 
cet  état:  La  fource  du  plaifir  &  de  la  joye  efb  où  l'objet  aimable  fe  rencontre. 
Pour  moy  je  ne  travaille  à  autre  chofe  qu'à  me  jetter  à  corps  perdu  dans 
cet  abîme. 

A  la  fin  du  même  chapitre  d'Amran,  page  pi ,  du  texte  Arabique  il  efl  dit 
de  ceux  qui  font  fidèles  &  obcïfîans  à  Dieu  :  Ils  auront  des  jardins  autour  def- 
quels  couleront  des  fleuves ,  àf  Us  y  demeureront  éternellement^  recevant  continuelle- 
ment de  nouveaux  prefens  de  la  part  de  Dieu.  Les  Interprètes  difcnt  que  le  mot 
Nûziil ,  qui  eft  icy  cmiployé ,  fignifie  tout  ce  que  l'on  prépare  dans  le  logis  pour 
bien  recev^oir  un  hôte,  &  que  comme  la  grandeur,  l'excellence  &  la  multitude 
des  apprêts  que  l'on  y  fait  ,  marquent  l'eflime  que  l'on  fait  de  la  perfonne 
qui  y  efl  reçue,  le  Paradis  étant  l'apprêt  que  l'on  fait  aux  hôtes  de  la  Cité 
de  paix ,  on  ne  peut  point  leur  faire  de  plus  grand  prefcnt  que  celui  qui  les 
comprend  tous,  qui  cil:  la  vue  de  Dieu  môme,  famaschai  anovar  lika^  ce  qui  a 
fait  dire  à  un  Auteur  fpirftuel  &  dévot  :  O  vous  qui  me  conviez  à  jouir  des 
délices  du  Paradis,  ce  n'cll  pas  le  Paradis  que  je  cherche,  mais  feulement  la 
fac     de  celuy  qui  fait  le  Paradis. 

Pour  arriver  à  ce  bonheur,  voici  ce  qu'il  faut  faire  ,  fuivant  le  verfet  qui 
finit  &  termine  le  chapitre  d'Amran.  Jl  vous  qui  êtes  déjà  ftdcles  ,  il  ne  rcjîe 
plus,  flnon  de  foitjfrir ,  de  pcrfeverer,  de  vous  attacher  à  Dieu,  âf  de  marcher  avec 
crainte  devant  lui  ;  car  par  ce  clicmin  vous  parviendrez  au  bonheur  du  Paradis. 

Les  Literpretes  expliquent  ainfi  ces  paroles  :  Souff'rez  en  combattant  vos 
paffions ,  «Se  les  afiTijetiilant  au  fervice  de  Dieu.  Perfeverez  dans  l'uoion  de  vos 
cœurs  avec  la  volonté  de  Dieu,  vous  refignant  h  lui  dans  les  affligions  de  la 
vie,  &  acquiefçant  en  toutes  chofes  aux  ordres  de  fa  Providence.  Attachez, 
&  liez  vos  efprits  à  cette  feule  penfée  de  vous  unir  à  lui  ,  les  détachant  de 
toutes  les  imaginations  qui  vous  en  peuvent  feparer.  Confervez  foigneufement, 
&  avec  crainte ,  les  grâces  que  Dieu  vous  fera ,  &  gardez- vous  de  les  perdre 
par  la  communication  trop  familière  avec  les  hommes.  'Ceft  ainfi  que  vous 
parviendrez  à  la  félicité  qui  confille  à  être   développez  du  voile  des  créatures, 

pour 


GENNAH.  j^^ 


pour  être  anéantis  en  Dieu  ,  &  pour  paffer  de  cet  aneantiflement  à  un  être 
permanent  &  inaltérable  avec  lui. 

Un  Auteur  a  dit  excellemment  fur  ce  fujet  :    Si  vous  voulez  fubfifler  éter 
nellement  heureux  ,   aneantiffez-vous  dans  le  tems;  car  la  moindrt:  chofe  que 
produit  cet  aneantifTement,  c'eft  une  éternité. 

Nous  remarquerons   icy   que  Mahomet,  après  avoir  promis  à  fes  Arabes  des 
jardins  de  délices  pleins  de  fources  abondantes  d'eau  dans  l'autre  vie ,  il  les  alTure 
aufli  dans  le  même  chapitre,  qu'ils  auront  des  demeures,  &  des  Palais  maoni- 
fiques  dans  les  jardins  d'Eden ,  mot  Hébreu  qui  eft  le  nom  du  paradis  terrcftre 
dans  la  Genefe.  ' 

Les  Interprètes  varient  fur  l'explication  de  ce  mot;  car  les  uns  difent  que 
c'efl  le  nom  d'une  ville  du  Paradis,  au  milieu  de  laquelle  fe  trouve  la  fontaine 
ou  la  rivière  qu'ils  appellent  Tafnim,    de  laquelle  tous  les    bienheureux   font 
abbreuvez. 

Les  autres  veulent  que  ce  mot  ne  fignifie  autre  chofe  que  le  degré  le  plus 
haut  de  la  félicité,  &  de  la  gloire  que  polledent  les  Bienheureux  dans  le  ciel. 

L'Imam  Thaâlebi  dit  qu'Eden  efl  le  nom  d'une  de  ces  grandes  rivières  dont 
les  rivages  font  bordez  de  jardins  délicieux;  car  les  plus  rigoureux  Mufu'mans, 
ou  pour  mieux  dire ,  les  plus  fuperftitieux  d'entre  leurs  Dofteurs ,  foùtiennenc 
qu'il  faut  entendre  à  la  lettre  toutes  ces  expreffions  groffieres  qui  re<Tardent 
les  délices  du  corps  dans  le  Paradis,  &  confondent  le  Paradis  terreftre,  ^Paradi- 
fum  yoluptatis,  duquel  il  efl  parlé  dans  l'Ecriture  fainte,  avec  le  Paradis  de  la 
gloire,  taxant  d'impiété  ceux  qui  les  allegorifent ,  &  fpiritualifent  à  la  manière 
des  Chrétiens  &  des  Juifs  mêmes. 

Cependant  après  les  promelfes  de  ces  délices  corporelles  ,  le  faux  Prophète 
s'eft  trouvé  obligé  d'ajouter  ce  que  nous  avons  déjà  vu  dans  le  chapitre  Taou- 
bat,  qu'outre  ces  délices,  il  y  a  encore  quelque  chofe  de  plus  grand  dans  le 
Paradis.  U  Rifuàn  mm  Allah  acbar:  Mais  la  complailance  que  Dieu  a  dans  les 
Bienheureux,  pafle  toutes  chofes. 

Les  Interprètes  difent  que  cette  complaifance  de  Dieu  eft  le  principe  de 
tout  le  bonheur ,  &  l'origine  de  toutes  les  faveurs.  Ce  qui  fait  dire  à  un 
d'entr'eux  :  L'un  vous  demandera.  Seigneur,  la  joiiilfance  du  Paradis,  &  de 
fes  délices ,  &  un  autre ,  la  délivrance  d'enfer  &  "de  fes  peines  :  Pour  mov  je 
ne' vous  demande  ni  l'une,  ni  l'autre  de  ces  chofes.  Mon  feul  defir  eft  que 
vôtre  volonté  s'accomplilfe  en  moy.  Quand  vous  ferez  content  de  iTioy  en  ce 
monde-cy  &  fautre  ,  j'ay  tout  ce  que  je  fouhaite ,  &  j'abandonne  tout  le  refte 
■entre  vos  mains. 

Les  Mahometans  ont  une  de  ces  traditions  qu'ils  appellent  authentiques ,  qui 
porte  que  Dieu  demandera  aax  Bienheureux  s'ils  font  contcns ,  &  ils  lui 
répondront,  comment  ne  le  ferions-nous  pas,  puifque  vous  nous  avez  fait  des 
dons  que  vous  n'avez  point  faits  aux  autres:  &  Dieu  leur  répliquera,  Je  veux 
vous  en  faire  encore  un  plus  grand  ,  c'eft  que  dorefnavant  je  me  complairai 
en  vous,  &  que  vous  ne  deviendrez  jamais  plus  l'objet  de  ma  colère. 

Dans  le  chapitre  intitulé  Jonas ,  le  "faux  Prophète ,  après  avoir  pai-lé  des  jar- 
dins délicieux,  &  des  eaux  abondantes  du  Paradis,  voyant  bien  que  cette  béa- 
titude qu'il  promettoit  à  fes  fidelles  ne  fatisferoit  pas  les  efprits  les  plus  éclai- 
rez ,  il  ajoute  ces  paroles,  dans  ces  jardins  de  délices  les  Bienheureux  difent 
fans  cefle  :  Vous  êtes  Saint  le  Seigneur  nôtre  Dieu ,  &  le  bon  accueil  qu'ils 
Tome  IL  O  ,        reeoi- 


io5  G  E  N  N  A  H. 

reçoivent  eft  le  Salam,  ou  falut  qui  fignifîe:  La  paix  foit  fur  vous,  &  eiifîn 
la  confommation  de  toutes  leurs  aftions  efl  de  dire:  Louange  à  Dieu  Seigneur 
de  toutes  les  créatures.     ^Ihamdlellah  rabb  al  dlemin. 

Les  Interprètes  de  ce  vcrfet  difcnt:  Lorfque  les  Fidèles  entrent  dans  le  Para- 
dis pénétrez  qu'ils  font  de  la  lumière  de  gloire  qui  leur  découvre  la  Majelté 
de  Dieu  ,  ils  fe  portent  d'abord  à  loiier  ,  &  à  magnifier  fa  grandeur  ,  &  fa 
puiflTance  fouveraine.  Alors  les  Anges  leur  fouhaitent  la  paix  ,  Dieu  la  leur 
donne,  &  leur  confère  en  même  tems  plufieurs  grands  prefens  qui  font  divers 
de-^rez  d'élévation,  &  d'excellence ,  les  uns  au  delîus  des  autres.  Les  Bienheu- 
reux, après  avoir  reçus  ces  prefens  de  Dieu,  le  louent,  &  le  beniffent,  finiifant 
fans  jamais  finir,  leurs  aftions  de  grâces  par  le  cantique  des  attributs  glorieux 
du  Seigneur,  &  la  joye  qu'ils  refientent  en  louant  &  magnifiant  ces  divins  attri- 
buts,  elt  fi  grande,  qu'elle  furpaffe  tous  les  autres  plailirs  du  Paradis. 

C'efl;  ce  qui  a  fait  dire  à  un  Auteur  Perfien:  Le  plaifîr  &  le  goût  qu'ont  les 
Bienheureux  comme  autant  d'amans  paflîonnez ,  à  prononcer  les  noms  ou  attri- 
buts glorieux  de  Dieu  ,  leur  efi:  plus  doux  que  la  demeure  éternelle  dans  le 
Paradis  même  ;  car  quoy  que  dans  ce  lieu  de  délices  il  y  ait  des  plaifirs  fans 
fin,  ils  comptent  pour  rien  tout  le  reflie,  en  comparaifon  de  l'union  qu'ils  ont 
avec  Dieu. 

Le  Scheikh  al  âlem  dit  :  Il  y  a  un  bien  dans  le  Paradis  auprès  duquel  tous 
les  autres  biens  du  Paradis  même  font  defedueux,  &  peu  confiderables.  Ce 
bien  efl:  la  vûë  de  Dieu  ,  &  il  s'écrie  enfuite.  Le  Paradis ,  Seigneur ,  n'efi; 
fouhaitable,  que  parce  que  l'on  vous  y  voitj  car  fans  l'éclat  de  vôtre  beauté, 
il  nous  feroit  ennuyeux. 

Cette  vue  que  nous  appelions  la  vifion  beatifîque,  efl:  nommée  dans  le  chapi- 
tre de  Houd  Agr  acbar,'  la  grande  recompenfe.     Voyez  Hudain  Vaêz  p.  403. 

Au  même  chapitre:  Dieu  appelle,  âf  invite  à  la  Maifon  de  paix  ,  âf  met  dans 
le  bon  chemin  ceux  qu'il  lui  plaît  d'e?ître  les  bons,  qu'il  recompejtfe,  S'  enrichit  de  fes 
biens.  Les  Interprètes  difent  que  cette  maifon  de  paix  efl:  le  Paradis  defi:iné 
pour  les  Fidèles ,  où  Dieu  les  convie ,  les  excitant  à  la  pratique  des  bonnes 
œuvres  qui   en  donnent   l'entrée. 

Le  Paradis  efl:  appelle  maifon  de  paix  à  caufe  du  falut  &  de  la  paix  que  Dieu 
&  fcs  Anges  donnent  à  ceux  qui  y  entrent ,  comme  l'on  a  vu  cy-deflîis  ;  ou 
bien  à  caufe  du  falut  de  paix,  &  de  conjouifiance  que  les  Bienheureux  fe  don- 
lient  les  uns  aux  autres  ,  ou  bien  encore ,  à  caufe  que  ce  mot  Salâm  efl:  un 
des  noms  ou  attributs  de  Dieu  qui  efl:  nôtre  paix,  &  nôtre  falut;  de  forte  que 
c'efl;  par  excellence  que  le  Paradis  efl:  appelle  la  demeure  de  Dieu  ,  ou  de 
la  paix. 

L'Auteur  des  Foflbul  ou  Articles  dit  fur  ce  paflage  que  Dieu  appelle  les  fidel- 
les  d'une  maifon ,  dont  les  larmes  font  Tentrée  ,  la  mifere  le  fejour  ,  &  la  cor- 
ruption, la  fin,  à  une  autre  maifon,  dont  l'entrée  efl:  un  don  très -précieux 
qui  efl:  celui  de  la  predefl:ination ,  le  milieu  ,  oii  la  demeure  efl:  la  joiiiffance 
de  tout  bien,  &  la  confommation  fans  fin  en  efl:  la  claire  vifion  de  l'eflence 
Divine  ,  Men  dâr  aoualho  beka  aouftho  dna  akherho  fena  âla  dar  mabdaho  âtha 
aoufthho  ridha  imntehaho  lica.  Cette  voix  de  Dieu  qui  appelle  les  fidelles  ,  efl: 
celle  qui  appelle  les.  captifs  à  la  liberté;  ces  captifs  engagez  dans  les  liens  du 
monde  &  de  la  vie,  croyent  n'être -là  que  pour  mourir.  Il  efl:  vray  que  les 
Roys  de  la  terre  tirent  ordinairement  les  coupables  de  la  prifon  pour  les  en- 
voyer 


G  E  N  N  A  T.  lo^ 

voyer  au  gibet  :  mais  vous ,  Seigneur  ,  vous  les  tirez  des  balTes-foITes ,  &  des 
cachots  de   ce  monde ,  pour  les  placer  dans   vôtre  Palais  qui  eft  le  Paradis. 

Le  Schéikh  al  Iflam  dit  que  Dieu  appelle  tous  les  hommes  au  Paradis,  à  la 
referve  de  ceux  qui  le  rendent  indignes  d'une  telle  faveur;  mais  Afchûri  étant 
interrogé,  qui  eft  celui  qui  efl;  appelle  au  Paradis,  répondit:  Celui  que  l'.imi 
veut,  &  pour  qui  il  a  de  la  predile6lion  ,  ce  qui  fignifie  les  feuls  predeftinez 
&  clûs. 

On  lit  dans  le  chapitre  NaiTa  ces  paroles.  Nous  placerons  les  fidelles  dans  ime 
ombre  ftable  ,  ^  permanent:.  La  plupart  des  Interprètes  avoiient  franchement 
que  Mahomet  a  mis  de  l'ombre  dans  le  Paradis,  à  caufe  que  les  Arabes  qui 
font  beaucoup  incommodez  de  la  chaleur  du  Soleil,  regardent  l'ombre  comiae 
la  principale  caufe  du  repos,  &  de  la  commodité  de  la  vie  :  cependant  ils  fe 
font  cette  objeélion  :  Comment  pourra-t-il  y  avoir  de  i'ombre,  puifqu'il  n'y 
aura  ni  Soleil,  ni  aucun  autre  Aftre  qui  la  puiflb  caufcr. 

Les  plus  fpirituels  difent  que  par  cette  ombre  continuelle,  &  non  paffngere, 
il  faut  entendre  la  protedion  favorable  du  Roy  de  gloire,  qui  couvrira  perpé- 
tuellement les  têtes  des  Bienheureux,  &  cette  ombre  ne  paifera  point;  ce  qui 
leur  fait  dire:  Toutes  les  ombres,  c'eft-à-dire,  toutes  les  faveu/s  de  ce  monde, 
à  la  fin  fe  diffipent:  Fuyez  à  l'ombre  de  celui  qui  ne  palfe  jamais. 

Soiouthi  a  fait  un  livre  exprès  touchant  l'ombre  du  Paradis ,  qu'il  a  intitulé 
Bozough  al  heldl ,  o\x  il  fait  la  defcription  du  trône  de  Dieu  que  les  Arabes 
appellent  Arfche.     f^oyez  ce  titre. 

Le  même  Auteur  en  a  auffi  compofé  un  fur  !a  tradition  vulgaire  des  Mahome- 
tans,  laquelle  a  eu  grand  crédit  parmi  nous,  à  fçavoir  que  les  femmes  n'entre- 
ront point  en  Paradis.  Ce  livre  a  pour  titre  Ajbdb  al  kejja  fi  hal  al  nejfa.  On 
attribue  auffi  à  Giaouhari  un  Ouvrage  fur  le  même  fujet. 

On  fonde  cette  tradition  fabuleufc  fur  une  plailar.terie  que  fit  Mahomet  à  une 
vieille  femme  qui  fe  plaignoit  à  lui  de  fon  fort  fur  le  fujet  du  Paradis,  car  il 
lui  dit  que  les  vieilles  n'y  entreroient  point,  &  fur  ce  qu'il  la  voyoit  inconfo- 
lable,  il  la  ralTura  &  la  réjouit  en  même  tems  en  lui  difant  que  toutes  les 
vieilles  feroient  rajeunies  avant  que  d'y  entrer.     Lamdi  dans  fes  Lathaif. 

Quoy  qu'il  en  foit  du  Paradis  des  Mahometans  ,  il  efl;  certain  qu'il  a  été 
forme  fur  le  plan  de  celui  de  Cerinthus.  Cet  ancien  Hercfiarque  qui  vivoit 
dès  le  tems  de  l'Apôtre  faint-Jcan  ,  foûtenoit  que  l'on  mangeroit ,  que  l'on 
beuveroit,  &  que  l'on  exerceroit  les  fonctions  du  mariage  dans  le  Paradis.  II 
y  a  plufieurs  auffi  de  nos  contemplatifs  qui  ont  crU  que  le  corps  ayant  eu 
part  aux  foufFrances  de  cette  vie,  auroit  fa  part  à  la  béatitude,  &  qu'au  moins 
les  fens  de  la  vue,  de  l'ouye,  &  quelque  autre  joUiroient  des  plaifirs  qui  leur 
font   propres. 

Le  faux  Paradis  de  Scheddd  qui  efl:  nommé  par  les  Arabes  Irdm ,  efl:  rejette 
par  les  Mufulmans ,  quoy  qu'ils  l'admettent  en  plufieurs  chefs,  l^oyez  Sche- 
dâd,  &"  Iram. 

GENNAT  Adn  ou  Eden,  le  Jardin  d'Eden,  ou  le  Paradis  terrefl;re.  Les 
Mufulmans  qui  joignent  brutalement  les  délices  de  la  terre  avec  celles  du 
ciel,  confondent  ce  Paradis  avec  celui  de  la  gloire,  auffi  bien  que  celui  d'Iram 
-quQ  Schedâd  avoit  planté  dans  l'Arabie. 

O  2  Quoy 


io8  G  E  N  N  I.  G  E  R  B  I. 

Quoy  que  la  plupart  des  Mahometans,  inftruits  par  le  livre  de  la  Genefe^ 
mettent  ce  Paradis  dans  la  terre  ferme  de  l'Afie ,  c'eft  à  fçav^oir  vers  Damas 
en  Syrie ,  vers  Obollah  en  Iraque  ou  Chaldée  ,  ou  en  Perfe  vers  le  defert  de 
Naoubendigian  en  un  lieu  nommé  Scheb  Baovân ,  arroufé  par  le  Nilàb  :  cepen- 
dant la  plus  ancienne  &  la  plus  générale  tradition  de  l'Orient  eft:  que  ce  Jardin 
ou  Paradis  n'elt  autre  que  l'ifle  de  Serandib  que  nous  appelions  aujourd'huy 
Zeilan  ou  Geilan,  où  l'on  prétend  qu'Adam  fut  enterre,  après  qu'il  fut  rentré 
en  grâce  auprès  de  Dieu,  enOiite  d'une  pénitence  de  cent  trente  ans.  Les  Por- 
tuguais  fuivant  la  tradition  du  pays  ont  nommé  la  montagne  où  eft  la  grotte ,  & 
le  fepulcre  d'Adam,  iico  de  Adam. 

Les  Orientaux  comptent  quatre  Paradis  dans  FAfie  ,  à  fçavoir  les  trois  dont 
nous  venons  de  parler  en  Syrie  ,  en  Chaldée  ,  &  en  Perfe  &  le  quatrième  à 
Samarcand. 

G  E  N  N I.    Aboulberekat  Mobarek  Othman  Ben  Genni ,  Auteur  du  livre  in-  - 
titulé  Serr  al  Sandat^  le  fecret  de  l'art.    Ce  n'eft  qu'une  Grammaire  Arabique, 
qui  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n°.  iioo. 

GENOU  A  H,  la  ville  de  Gennes.  Genovizlar  ,  c'eft  ainfi  que  les  Turcs 
appellent  les  Gennois ,  que  l'on  accufe  à  tort  d'avoir  fourni  des  vaiifeaux  à 
Amurath  fécond  du  nom,  Su'tan  des  Turcs,  quand  il  paffa  d'Afie  à  Gallipoli  en 
Europe,  pour  donner  bataille  à  Ladiflas  Roy  de  Hongrie;  car  lorfqu'il  défit  ce 
Prince  dans  les  marais  de  Varna  vers  les  cmboucheures  du  Danube  fur  le  Pont 
Euxin ,  l'an  de  l'Hegire  848  ou  849,  qui  répond  à  l'année  de  J.  C.  1444,  l'ar- 
mée navale  des  Chrétiens  étoit  poftée  à  Gallipoli  dans  l'Hellefpont ,  &  lui  en. 
ferma  le  palFage.;  de  forte  qu'il  fut  obligé  de  palfer  au  Bofphore  de  Tlirace. 
qui  eft  le  canal  de  la  mer  Noire. 

Il  eft  vray  que  vingt  ans  environ  auparavant,  à  fçavoir  Tan  827  de  l'Hegire, 
îe  même  Sultan  pourfuivant  le  faux  Muftafa  qui  fe  difoit  fils  du  Sultan  Bajazeth 
premier,  palTa  d'Afie  à  Gallipoli  fur  des  vaifi'eaux  Marchands  de  Gennes  :  mais 
cela  ne  convient  pas  non  plus  au  premier  trajeél  que  les  Turcs  firent  en  Eu- 
rope fan  de  THegire  758,  de  J.  C.  1356.  Car  alors  Soliman  ,  fils  d'Orkhan, 
&  petit-fils  d'Othman,  premier  Sultan  des  Turcs,  qui  mourut  du  vivant  de  fon 
père ,  palîa  de  l'Afie  en  Europe  fur  des  radeaux ,  &  .enfuite  fur  des  vailTeaux  . 
qu'il  fit  enlever  fur  les  côtes   de  la  Grèce. 

GERA  HE  M,  Montagne  diftante  environ  trois  mille  de  la  ville  de  la  Mec- 
que. Les  Mufulmans  difent  que  l'on  voit  dans  cette  montagne  une  grotte  où 
Eve  fe  retiroit  ;  mais  que  le  véritable  lieu  de  fa  fepulture  eft  à  Gidda ,  ville 
frtuée  fur  la  mer  rouge  qui  fert  de  port  à  la  Mecque.- 

GERBI  &  Gerbia.     C'eft  une  ifle  de   la  mer  de  Barbarie,  que  les  Anciens 
ont  appelle  MeninXi,  Meninga^  ^  Loii-phagorum  Infiila.     Les  Italiens  l'appellent- 
aujourdluiy  le  Gfrbé^  elle  eft  proche  de  la  petite  Syrte  dans  une  égale  diftance, 
de  Tunis  &  de  Tripoli.  . 

Dragut  fameux  Pyrate  ,  &  Généraldes  forces  Maritimes  de  Soliman  Sultan 
des  Turcs,  après  s'ètrc  rendu  maître  de  Tripoli  l'an  de  l'Hegire  957  ,  &  avoir 
défait  le  Roy  dç  Cairoan  ,  s'empara  de  cette  ifle  par  une  fupercherie  qu'il  fif 
au  Scheikh  Soliman ,  Priuce  Arabe  qui  y  commandoit. 

Les 


GERÇAS.  GERMA.  109 

Les  Maltois  ,  fur  lefquels  Tripoli  avoit  été  pris ,  obtinrent  quelques  années 
après ,  une  flotte  &  des  troupes  de  Philippe  Second ,  Roy  d'Efpagne  ,  pour  re- 
couvrer cette  ville;  mais  l'entreprife  ayant  manqué,  les  Efpagnols  commandez 
par  le  Duc  de  Médina  Caïli  le  jettcrent  fur  l'ifle  de  Gerbe  &  la  prirent,  obli- 
geant le  Schcikh,  qui  y  commandoit,  de  leur  payer  tribut  &  de  leur  livrer  le 
château  ,  dont  ils  firent  une  place  confidérable  qu'ils  nommèrent  Philippalcal- 
far ,  où  ils  lailTerent  garnifon. 

L'an  966  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1558,  Soliman  envoya  Pir  Ali  &  Cara  Mo- 
ftafa  avec  une  puilFante  flotte,  qui  battit  le  Duc  de  Médina  &  André  Doria, 
lefquels,  après  avoir  perdu  dix -huit  mil  hommes,  vingt -fept  galères,  &  qua- 
torze vaiflTeaux,  s'cnfuyrent  à  Malte,  &  lailTerent  cette  ifle  au  pouvoir  de  So- 
liman. 

GERÇAS  &  GERKES.     rayez  Kerkcs  àf  Tcherkes.' 

GERGIS,  George  &  en  particulier  faint-Georgc,  Martyr,  fort  connu  dans 
rOrient  &  même  par  les  Mahometans,  qui  le  mettent  au  nombre  des  Prophè- 
tes &  le  confondent  avec  Elle  ;  car  ils  lui  donnent  le  nom  ou  furnom  de 
Khedherles  &  de  Khizir  Elia,  qui  efl:  celuy  du  Prophète  Elle. 

Gergis,  Moyne  célèbre  du  mont  Liban  dans  le  Monadère  de  faint-Simeon 
en  Syrie,  a  compofé  un  ouvrage,  intitulé  Mohaverah  Gedaliahy  qui  efl:  une  dif- 
pute  ou  conférence  qu'il  eut  avec  trois  Mufulmans  pour  défendre  le  Chrifl:ia- 
nifm3 ,  dans  laquelle  il  réfute,  avec  beaucoup  de  hberté  &  d'érudition,  le  Mu- 
fulmanifme.     Foyez  le  titre  ds  Mohaverah  al  gedaliah. 

Gergis  Ben  Bakhtifova  ,  Médecin  Chrétien  ,  natif  de  Giundifchabour  ,  qui  , 
après  avoir  fervi  quelque  tems  le  Khalife  Almanfor  &  en  avoir  reçu  beaucoup 
de  bienfaits,  aima  mieux  mourir  auprès  des  fiens  en  confervant  la  Religion  de 
fes  pères  ,  que  d'accepter  les  grandes  ofl^res  que  ce  Prince  lui  fiifoit  pour  l'o- 
bliger il  embraller  le  Mufulmanifme.  Abulfarage  rapporte  aufli  de  lui  un  exem- 
ple infigne  de  chaflreté. 

Gergis  Ben  Amid.  Cefl:  l'Auteur  du  Tarikh  Al  Moflemin,  c'efl-à-dire,  d'un 
Abrégé  de  la  Chronique  Giafarienne,  qu'Erpenius  nous  a  donné  fous  le  nom 
d'Hifl;oire  Saracenique  d'Ehiiacin,  Cette  Hiftoirc  commence  à  Mahomet  le  faux 
Prophète,  &  finit  l'an  512  de  lllegire  ,  de  J.  C.  m 8,  fous  le  Khalifat  de 
Moftedhaher  &  au  commencement  de  la  dynaftie  des  Atabecs. 

GERID  &  Geridah,  une  branche  de  palmier  dépouillée  de  fes  feuilles.  La 
Numidie  efl:  nommée  par  les  Arabes  Beled  al  gerid  ,  &  par  nos  Auteurs  mo- 
dernes .le  Biledulgcrid  ,  à  caufe  qu'elle  efl:  abondante  en  palmiers  qui  fe  dé- 
pouillent de  leurs  feuilles,  à  caufe  de  la  fécherefl'e  exceflive  du  pays. 

Le  jeu  des  cannes,  que  les  Turcs  appellent  Girid  Oiui ,  fe  fait  avec  de  ces 
fortes  de  branches  taillées  en  traits  ,  que  les  Cavaliers  fe  lancent  les  uns  aux 
autres  dans  l'Atmeidan  ,  ou  Place  Royale  de  Confl:antinople  &  ailleurs ,  pour 
s'entretenir  dans  les  exercices  de  la  lance  ,  de  la  pique  &  du  javelot. 

Geridat  al  alfai-  &  Geridat  al  caflàr ,  font  deux  ouvrages  compofez  par  Omad 
Al  Cateb.     f^oyez  le  titre  de  cet  auteur.  - 

GERMA  &  Germi,  Ville  Royale  &  capitale  de  l'Ethiopie,  félon  l'Auteur 
du  MéflTaet  alardh,  fituée  au-delfus  du  premier  climat. 

O-  3  .  Foyez 


iio  G  E  T  H  A  H. G  E  Z  E  R  I. 

Voyez  le  titre  de  Habafchah ,  qui  eft  le  pays  des  Abiflîns. 

GETHAH  &  Gethé.  Les  Gates  ou  Scythes  Orientaux,  qui  habitent  au  de- 
là du  mont  Imaus  &  du  fleuve  Gihon ,  que  les  Anciens  ont  appelle  Jaxartes. 

Tamerlan  fit  bâtir  un  château  dans  Alchbarah ,  ville  des  Getes ,  &  fonda  en- 
fuite  la  ville  de  Scharokhiah  fur  la  rivière  de  Gihon  ,  pour  contenir  ces  peu- 
ples dans  leurs  limites.  Ce  fleuve  leparoit  les  Getes  &  les  Cathaiens  d'avec  la 
province  de  Tranfoxane  ,  de  môme  que  le  Gihon  féparoit  celle-cy  de  la  Perfe. 
Voyez  les  titres  de  Scharokhiah  ^  de  Gihon. 

GEZAIR,  Plurier  de  Gezirah,  qui  fignifîe  en  Arabe  Ifle  &  Prefqu'Ifle. 

Gezair  alomam ,  c'efi;  ainfi  que  les  Arabes  appellent  ce  que  le  Texte  facré  de 
la  Genèfe  nomme  lié  hagoim  ,  les  Ifles  des  nations ,  ce  qui  fignihe  non  feule- 
ment les  Ifles,  mais  aufli  les  Prefqu'ifles  de  la  Grèce,  de  l'Italie,  de  l'i;;pagne, 
des  Gaules ,  &c.  qui  font  à  l'Occident  ,  &  au  Septentrion  de  la  terre  lamtc. 
Voyez  le  titre  de  Gezirah. 

Gezair  Al  Khaledât,  les  Mes  Fortunées.  Ce  font  les  Canaries  &  les  Açores, 
où  la  plupart  des  Géographes  Orientaux  aufli-bien  que  les  Grecs  fixent  le  pre- 
mier Méridien. 

GEZAIR  ou  Keflliir.  Alger.  Ce  nom  Arabe  ne  vient  pas  de  Gezirah  com- 
me le  précédent  ;  mais  il  a  été  corrompu  du  Latin  Cœfarea  ; .  car  la  ville  d  Al- 
ger n'efl:  autre  que  Julia  Ccefarea,  autrefois  capitale  de  cette  partie  de  la  Mau- 
ritanie que  les  Romains  appclloient  Cccfarienfisy  pour  la  difl:inguer  de  deux  au- 
tres provinces  du  même  nom ,   que  Ton  diilinguoit  par  les  furnoms  de   Tmgi- 

tana  &  de  Sitifenfis.  i     /- /       ,,       t.        a    i.        ^ 

Cette  ville  efl;  devenue  par  la  fuite  des  tems  le  fiege  d  un  Roy  Arabe  ,  le- 
quel s'étoit  rendu  puiflànt  fur  la  côte  que  nous  appelions  aujourd'huy  de  Bar- 
barie. Khaireddin,  fameux  Pyrate,  natif  de  Metehn,  ou  plutôt  fon  frère  aîné, 
nommé  Oroufch  ,  s'en  rendit  maître  fous  Sehm ,  premier  du  nom ,  Sultan  des 
Turcs,  fous  prétexte  de  fecourir  le  Roy  de  ce  pays -là  contre  un  voifin  qui 
lui  faifoit  la  guerre.  Depuis  ce  tcms-là,  le  Sultan  de  Confl:antinople  a  toujours 
envoyé  un  Bâcha  en  Alger,  qui  y  commande  la  milice,  quoyque.le  Divan  ou 
Confeil  de  cette  ville  ait  toujours  confervé  le  pouvoir  d'éhre  une  efpèce  de 
Roy,  qu'ils  appellent  Dai.  • 

Ce  même  Pyrate  fut  fait  par  Soliman  ,  fils  de  Sehm  ,  Bâcha  de  la  mer  ,  re- 
prit la  Morée  fur  les  Vénitiens ,  &  conquit  le  Pvoyaume  de  Tunis  Tan  de  l'He- 
gire  940,  de  J.  C.  1533.  Les  Italiens  l'appelloient  Barbarofla  ,  &  le  fiége  de 
Nice  en  Provence  nous  l'a  fait  connoître  fous  le  nom  de  BarbcrouflTe.  Voyez- 
le  titre  de  Khaireddin. 

GEZAM,  furnom  de  Mohammed  Ebn  Said,  Auteur  du  livre  intitulé  Jbkar 
al  *fkar,  qui  efl;  proprement  un  commentaire  fur  les  Poëfics  de  Cairoani  Al 
Schaêi-.     Cet  Auteur  mourut  l'an  460  de  l'PIegire. 

GEZAM  Al  Farfi.    Voyez  Ebn  Nefis,  dans  le  titre  de  Nefis. 

GEZERI,   furnom  de  ceux  qui   font  natifs  d'une  ville,  nommée  Gezirat 

Ben  Omar  ,  fituée  fur  le  Tigre ,  au  Septentrion  de  Ninive  &  de  MouflTal  ou 

Moful. 

Un 


GEZIRAH.  GEZIRAT.  i^ 

Un  des  plus  illuftres  entre  les  gens  de  lettres  ,  qui  font  fortis  de  cette  vil- 
le, ell  celui  qui  eft  plus  connu  fous  le  nom  d'Ebn  Athir  Al  Scheibani  Mag- 
deddin ,  mort  l'an  606  de  THegire ,  duquel  nous  avons  plufieurs  ouvrages,  /^'o- 
<yez  Ebn  Athir,  dans  le  titre  ^'Athir. 

Schamfeddin  Mohammed  Al  Gezeri ,  Dofteur  Schafeien ,  mort  l'an  de  l'He- 
f  ire  733  ,  ell  Auteur  d'un  Tarikh  ou  Chronique  &  d'un  livre  fur  la  prière , 
intitulé  Hefn  al  Iiaffin,  la  forterelfe  inexpugnable,  qui  eft  dans  la  Bibhotheque 
Royale,  n°.  697,  &  de  Mocaddemat  Al  Gczeriat,  qui  eft  dans  la  même  Bi- 
bliothèque, n\  581,  où  il  traite  de  la  prononciation  la  plus  corrcéie  de  l'Al- 
coran. 

Abulâz  Ifmâil  Al  Gezeri,  dont  l'éloge  ou  le  titre  eft  Ufiad  al  âlemat  al  aou. 
had,  le  Maître  unique  ou  lingulicr  des  Sçavans,  eft  Auteur  d'un  traité  fur  les 
Hydrauliques.  Foyez  Meglis  al  Scharab  ,  la  Converfation  du  vin  ou  des  Beu- 
veurs.  Livre  qui  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n°.  885. 

Emad  ou  Omâdeddin  Caflem  Ben  Mohammed  Al  Gezeri  ,  a  traduit  du  Per- 
fien  en  Arabe  le  livre  de  Fakhreddin  Razi  ,  intitulé  Ekhtiaràt ,  des  Elevions 
Aftronomiqucs. 

GEZIRAH,  Ifle  &  Prefqu'iOe  en  général:  mais  en  particulier,  Al  Gezirah 
fe  prend  pour  la  Méfopotamie  ,  province  renfermée  entre  les  deux  fleuves  le 
Tigre  &  l'Euphrate,  que  les  Arabes  divifent  en  quatre  parties  ,  auxquelles  ils 
donnent   le  nom  de  Diâr  ou  Quartiers. 

Ces  quatre  quartiers  font  celui  de  Diar  Bekr ,  appelle  vulgairement  Diarbek, 
qui  donne  fouvent  fon  nom  à  toute  la  Méfopotamie.  Le  fécond  eft  Diar  Ra- 
biât,  le  troifième  Diar  Râcat,  &  le  quatrième  Diâr  Mouflal. 

Les  Villes  capitales  de  ces  quatre  cantons  font,  du  premier  Amida,  que  les 
Turcs  appellent  Caraemit  &  Diarbek;  du  fécond,  Nifibe;  le  troifième,  qui  por- 
te aufli  le  nom  de  Diar  Modhar  ,  a  pour  capitale  Racah  ,  que  nos  Hiftoriens 
appellent  Arafta  ;  &  le  quatrième  ,  la  ville  célèbre  de  Mouflld  ou  Moful. 

11  y  a  plufieurs  autres  villes  confidérables  dans  ce  grand  pays  ,  telles  que 
font  Roha  ou  Edelfe ,  Harran  ou  CarrhcC ,  Manbege ,  Rafalain ,  Mardin  &  Tek- 
rit  ,  Gezirat  Ben  Omar  ,  &c.  Anbar  y  eft  auffi  comprife  ;  mais  auffî  -  tôt  que 
l'Euphrate  a  quitté  cette  ville  ,  &  qu'il  a  reçu  les  eaux  des  deux  Zàb  ,  que 
les  Arabes  appellent  Zabani  &  Zabein,  qui  arroufent  cette  province,  ce  n'eft 
plus  la  Méfopotamie ,  mais  l'Iraque  Babylonienne  ou  Chaldée. 

Le  Géographe  Perfien  remarque  ,  que  ces  deux  Zâb ,  étant  joints  enfemble , 
font  un  canal  auffi  gros  que  celui  du  Tigre,  &  c'eft  proprement  le  lit  de  ces 
deux  rivières  qui  fait  la  jonélion  de  l'Euphrate  &  du  Tigre ,  ce  que  nos  Car- 
tes Géographiques  ne  marquent  pas  affez. 

GEZIRAT  Abdelaziz  Ben  Omar.  C'eft  la  ville  d'Ebn  Omar,  que  l'on  ap- 
pelle encore  Gezirat  Bani  Omar  ,  l'Ifle  des  Enfans  d'Omar ,  à  caufc  qu'elle 
a  été  bâtie  par  les  defcendans  d'Omar ,  dans  une  Ifle  du  Tigre  au  -  defliis  de 
Moufl'al.  Ebn  Batrik  dit,  qu'elle  eft  fituée  dans  le  quartier  de  la  Méfopota- 
mie  appelle  Diâr  Rabiat,  que  l'on  nomme  auffi  la  Terre  de  Thamanin,  ou  des 
Quatre-vingts ,  à  caufe  qu'il  fortit  un  pareil  nombre  de  perfonnes  de  l'arche 
de  Noé,  qui  s'arrêta  fur  les  montagnes  de  Gioud  en  ces  quartiers-là. 

Nous  avons  déjà  remarqué,  qu'une  perfonne  native  de  cette  ville  porte  le 

nom 


JJ2  GEZIRAT. 

■nom  fimple  de  Gezeri  ;  car  ceux  qui  font  Méfopotamiens  de  naiflance ,  &  qui 
tirent  leur  origine  des  autres  villes  de  cette  province,  prennent  le  nom  par- 
ticulier de  leurs  villes,  comme  Al  Mouflali,  Al  Diarbekri ,  &c. 

Abou  Aioub  ,  natif  de  Racah  ,  que  l'on  appelle  autrement  Maimoun  Ben 
Maharan,  eft  furnommé  Ahel  al  Gezirat  &  Alem  al  Raccat,  le  Mefopotamien 
&  le  Dofteur  de  Raccah,  parce  qu'il  étoit  natif  de  cette  dernière  ville.  Voyez 
les  titres  particuliers  de  toutes  les  villes  dont  il  efl  fait  ici  mention. 

GEZIRAT  Al  Arab.  L'Ifle  ou  la  Prefqu'ifle  des  Arabes.  L'Arabie  n'eft 
qu'une  Prefqu'ifle.     Voyez  le  titre  ^'Arab. 

GEZIRAT  Béni  Omar  ou  Ben  Omar.     Voyez  cy-dejfus  GQzmt  Abdelaziz. 

GEZIRAT  Beit  Naharain,  l'Iflc  d'entre  les  deux  fleuves.  La  Méfopota- 
mie.     Ce  mot  efl:  compofé  de  l'Arabe  &  du  Syriaque. 

GEZIRAT  Khefchk,  l'Ifle  fcclie  ou  plutôt  l'Ifle  Continent.  La  terre  & 
fon  continent  eft  appellée  féche  par  les  Orientaux,  à  l'imitation  des  Hébreux,  qui 
la  nomment  Jabafchah,  comme  il  paroît  par  ce  pafllige  de  la  Genèfe  ,  £j;  voca- 
vit  aridam  terram.  Cette  Ifle  fcche,  qui  peut  pafler  pour  continent,  eft  fituee, 
félon  les  Mufulmans,  au  de-là  du  mont  Câf,  &  eft,  pour  ainfl  dire,  un  mon- 
de feparé  du  nôtre,  qu'ils  appellent  auTi  Agiaib  al  makhloucat  ,  les  merveilles 
de  la  nature ,  félon  les  propres  termes  Turquefques  du  Tahmurath  Nameh  ou 

liiftoire  de  Tahamurath,  ^  .    „^^      »  -,      .  „ .  , 

'  On  ne  peut  point  douter,  que  cette  Ifle  ne  foit  1  Ifle  Atlantique  ou  1  Atlan- 
tide de  Platon,  au  de-là  du  mont  Atlas,  qui  eft  appelle  par  les  Orientaux  Câf. 
On  eft  aufïï  aflez  perfuadé  ,  que  cette  Ifle  Atlantique  eft  l'Amérique  que  les 
Turcs  appellent  Jeni  Dunia,  c'eft-à-dire,  le  nouveau  monde  ,  auquel  le  titre 
d' Agiaib  al  makhloukàt  ,  qui  fignifie  les  merveilles  des  créatures  ou  de  la  na- 
'ture  convient  fort  bien.  Ainfl  l'on  voit,  que  ce  nouveau  monde  na  pas  été 
entièrement  inconnu  aux  anciens.  Voyez  tous  ces  titres  particuliers  dans  cet  Ou- 
vrage. 

GEZIRAT  Hiiat,  Tlfle  des  ferpens.    C'eft  une  Ifle  fabuleufe  ,   dont  fl  eft 
fort  parlé  dans  les  Romans  Perflens  &  Turcs.    Voyez  le  titre  de  Ziiiezzamiin. 

GE-ZIRAT  Mafthiki,  l'Ifle  de  Maftic.    Les  Arabes  appellent   ainfl  l'Ifle  de 
'Chio     que  les  Tares  nomment  en  leur  langue  Sakiz  Adaflî ,  qui  fignifie  la  mê- 
me chofc ,  &  les  Grecs  modernes  Eftankio ,  nom  dont  les  Turcs  fe  fervent  auf- 
fi.  On  fçait  allez  que  les  arbres  dont  on  tire  la  gomme,  que  nous  appelions  le 
Maftic,  croifiTent  dans  cette  ifle. 

GEZIRAT  Sovâken,  Ifle  de  la  Mer  Rouge,  où  eft  fituéc  la  ville  de  Sua- 
qucn  fur  les  côtes  d'Ethiopie.  C'eft  proprement  une  Prefqu'ifle  qui  fut  con- 
quife  par  les  Turcs ,  fous  le  règne  de  Soliman.  Il  y  a  eu  toujours  depuis  ce 
tcms  -  là  un  Bâcha  qui  y  commande  ,  &  qui  tire  beaucoup  d'or  du  pays  des 
Abifllns. 

GEZIRAT  Tharek,  flfle  de  Gibraltar,  qui  donne  le  nom  au  fameux  Dé- 
troit, que  les  Anciens  ont  appelle  Fretum  Gaditaniim  ,  les  Arabes  Halk  al  bdb. 


G  H  E  B  R.  IJ3 

&  les  Turcs  Bah  Bogazi,  la  Gorge  de  la  porte,  &  SeJUah  Bogazt,  la  Gorge  de 
Ceuta,   à  caufe  que  ce  Détroit  eil  comme  la  Porte   de  la  mer  Méditerranée 
&  que  la  ville  de  Ceuta  y  elt  fituée.     Foyez  Tharck. 

GHEBR  ,  mot  Perfien  ,  qui  fignifie  particulièrement  un  Zoroaflricn  ,  un 
Adorateur  du  feu,-  &  celui  enfin  qui  fait  profeffion  de  l'ancienne  Religion  des 
Perfes;  c'eft  pourquoy  on  lui  donne  auffi  le  nom  de  Parîî  :  mais  en  généra!, 
ce  mot  fe  prend  pour  un  Idolâtre  &  pour  un  Infidèle  ,  qui  ne  reçoit  ni  Fan- 
cien,  ni  le  nouveau  Teltament,  qui  vit  fans  loi  &  fans  difciplinc. 

Les  Turcs  ont  formé  de  ce  mot  celui  de  Ghiaour  ,  qu  i's  appliquent  par  in- 
jure, auffi -bien  que  ccluy  de  Kafer  ,  à  tous  ceux  qui  ne  font  pas  profeffion 
du  Mufulmanifme.  Les  Auteurs  du  Nighiariftan  &  du  Befter  Lathaif  racon- 
tent une  hiftoirc  facetieufe  ,  qui  fait  bien  connoître  la  fignification  &  rufafre 
de  ce  mot. 

Il  fe  trouva  à  la  Mecque  ,  fous  le  Khalifat  de  Montaiïcr  ,  onzième  Khalife 
des  Abbaffides,  un  homme  de  la  race  des  Coraifchites,  qui  faifoit  dans  fa  mai- 
fon  des  feflins  où  les  hommes  &  les  femmes,  les  garçons  &  les  filles,  de  toutes 
conditions,  fe  trouvoient.  Ces  gens-là,  après  le  repas,  pratiquoient  tout  ce  qui 
fe  fait  dans  les  maifons  des  Ghebres ,  fe  mêlant  entr'eux  fans  aucune  diftinc- 
tion  d'âge  ou  de  fexe.  Le  Juge  en  ayant  été  averti,  chafili  cet  homme  de  la 
Mecque  ;  mais  celui-cy  ne  s'en  écarta  pas  beaucoup  ,  &  fe  retira  fur  le  mont 
Arafat,  qui  eft  fort  proche  de  la  ville,  &  continua  toujours  d'y  tenir  fes  mê- 
mes afîemblées. 

Le  Gouverneur  du  pays  ayant  été  enfin  informé  de  la  vie  de  cet  homme, 
le  fit  venir  en  fa  préfcnce  &  lui  dit  :  Comment  ,  ennemi  de  Dieu  ,  ôles-tu 
dans  le  lieu  facré  de  la  Mecque  &  de  fon  territoire  ,  exercer  fi  infolemmcnt 
toutes  les  impudicitez  des  Ghebres  ?  Le  Coraifchite  nia  la  chofe  ,  les  témoins 
fe  préfenterent  ,  il  les  reprocha  &  perfifta  toujours  dans  la  négative.  Les  té- 
moins fe  voyant  hors  d'état  de  le  convaincre  par  leurs  dépofitions  ,  dirent  au 
Gouverneur,  qu'il  ne  falloit  point  de  meilleure  preuve  de  ce  fait,  que  défai- 
re venir  les  Moucres  ,  qui  font  les  loueurs  de  mazettes  qui  fe  tiennent  à  la 
porte  de  la  ville  ,  &  leur  commander  de  lailfer  aller  leurs  montures  fans  les 
conduire;  car  fi  ces  animaux  vont  droit  à  la  maifon  de  l'accufé,  qui  efl  fur  le 
mont  Arafat,  l'on  pourra  juger  infailliblement,  qu'il  y  tient  les  aifemblées  or- 
dinaires de  Ghebres  &  de  débauchez. 

L'expédient  fut  trouvé  excellent  ,  &  les  mazettes  ne  manquèrent  pas  d'aller 
droit  chez  lui.  Le  Gouverneur  tenant  alors  l'accufé  fuffifamment  convaincu 
par  cet  indice  ,  &  par  conféquent  coupable  ,  avoit  déjà  fait  venir  les  fouets 
dont  il  devoit  être  châtié,  lorfque  cet  homme  lui  dit:  Il  v^ous  efl  fort  aifé  de 
me  faire  punir  ,  puifque  je  fuis  entre  vos  mains ,  mais  vous  allez  attirer  un 
grand  blâme  fur  toute  la  nation  des  Arabes  ;  car  l'on  dira  déformais  d'eux , 
que  quand  le  témoignage  des  hommes  leur  manque  ,  ils  ont  recours  à  celui 
des  afnes. 

Ce  tour  d'efprit  plut  fi  fort  au  Gouverneur,  qu'il  ne  put  s'empêcher  d'en 
rire,  &  fit  qu'il  renvoya  le  Coraifchite  chez  lui  fans  châtiment. 

Ces  Ghebres  font  les  mêmes  que  les  Magious,  d'où  vient  nôtre  mot  de  Ma- 
ge, que  nous  n'attribuons  cependant  qu'à  leurs  Philofophes  &  à  leurs  Docteurs. 
Leurs  principaux  Temples  ou  Pyréez  étoicnt  dans  l'Adherbigian  ;  mais  les  Mu- 
^i_ToM^  IL  P  fui- 


114  -   GHERSCHASB. GHIAUSCHID. 

ililmans  les  ont  tous  renveiTez.  Ils  en  ont  pourtant  confervé  fort  loflg-tems 
tin ,  qui  étoit  fort  célèbre  dans  la  ville  de  Herat  en  Khoraflan ,  &  cela  au  mi- 
lieu du  Mufulmanifme.  l^oyez  les  titres  d  Atefch  gheda  ou  Atefch  khaneh ,  âf 
é/'Atefch  pereft. 

GHERSCHASB,  Khondemir  &  l'Auteur  du  Tarikh  Montekheb  appellent 
ainfi  le  dernier  Roy  de  Perfe  de  la  dynaflie  des  Pifchdadiens.  Le  Lebtarikh 
appelle  ce  Prince  Kifchtafb ,  fils  de  Zou  :  mais  c'eft  une  faute  ;  car  Gherfchasb 
étoit  fils  de  Kifchtasb,  oncle  de  Zab  ou  Zou,  qui  le  fit  héritier  de  ^qs  Etats, 
parce  qu'il  n'avoit  point  de  plus  proche  parent.  On  dit,  que  Gherfchasb  étoit 
Bis  d'une  Juive  de  la  tribu  de  Benjamin,  fils  de  Jacob,  &  que  Roftam  ,  fur- 
nommé  Daflan  ,  étoit  iflli  de  fa  lignée.  Gherfchasb  régna  vingt  ou  vingt-deux 
ans  ,  &  remit  fes  Etats  entre  les  mains  de  Caicobad  ,  premier  Roy  de  la  fé- 
conde dynafl;ie  des  Perles,    royez  Kifchtasb,  fils  de  Zab  ou  de  Zou. 

GHERSCHIAVESCH,  frère  d' Afrafiab,  Roy  du  Turkeflan ,  qui  fit  fi  long- 
tems  la  guerre  aux  Perfans.  Ce  Prince  avoit  une  fille  nomm.ée  Saudabah  , 
laquelle  ayant  été  prife  en  guerre ,  fut  mariée  à  Caicaus  ,  Roy  de  Perfe.  De 
ce  mariage  naquit  Siavefch ,  lequel  s'étant  réfugié  dans  la  fuite  des  tems  ,  au- 
près d' Afrafiab  dont  il  avoit  époufé  la  fille  ,  Gherfchiavefch  piqué  de  jaloufie 
contre  fon  petit-neveu,  qui  fe  rendoit  par  ce  mariage  tout  -  puiflant  à  la  Cour 
de  fon  frère  ,  le  fit  mourir  :  mais  il  fut  puni  de  ce  parricide  par  Caikhofru , 
fils  de  Siavefch  ,  lequel  ,  après  l'avoir  pouffé  lui  &  Afrafiab  dans  les  monta- 
gnes de  l'Adherbigian  ,  le  fit  prifonnier  &  lui  fit  perdre  la  vie.  Foyez  Sia- 
vefch â?  Caikhofru. 

GHIAU,  en  Perfien  fignifie  un  Bœuf.  Ghiavanbar  ,  le  Bœuf  de  l'Ambre- 
gris.  Les  Perfans  croyent,  que  l'Ambregris  n'ell  autre  chofe  que  l'excrément 
du  Bœuf  Marin  agité  par  les  flots  de  la  mer,  &  cuit  par  l'ardeur  du  Soleil. 
Les  Orientaux  appellent  de  même  k  Cerf  du  Bezoar  ,  l'animal  qui  produit 
cette  pierre,  le  Chevreuil  du  Mufc  &  le  Chat  de  la  civette,  les  animaux  d'où 
l'on  tire  ces  parfums. 

Saâdi  compare  dans  fon  Gulifi;an  ,  l'homme  riche  &  ignorant  au  Bœuf  de 
l'Ambregris. 

GHIAUHER,  en  Perfien  eft  la  même  chofe  que  Giauher^en  Arabe,  & 
fignifie  toutes  fortes  de  pierreries  ,  ce  que  nous  appelions  en  nôtre  langue  des 
joyaux,  &  d'un  nom  ufité  parmi  les  Marchands  de  pierreries,  la  Joye.  Les  Ita- 
liens difent  Gioia  &  Gioie,  &  les  Efpagnols  Aliofar.  Tous  ces  noms  font  ve- 
nus de  l'Orient  avec  les  pierreries. 

Ghiauher-Abad,  la  ville  des  pierreries.  C'efl  une  ville  fabuleufe  que  les  Ro- 
mans Perfiens  &  Turcs  difent  être  la  capitale  de  la  province  de  Schadoukiâm, 
qui  efl;  proprement  le  pays  que  les  Italiens  ont  appelle  La  Caucagna. 

GHIAUSCHID,  nom  d'un  ferpent  ou  dragon  fort  terrible  qui  infeftoit 
les  confins  de  l'Traque  &  de  la  Perfe,  &  qui  fut  tué  par  Caikhofru  ,  Roy  de  la 
féconde  dynafl:ie  de  Perfe.  Ce  Prince,  pour  conferver  la  mémoire  d'un  exploit 
fi  mémorable,  fit  bâtir  un  fuperbe  Pyrée  fur  le  lieu  même  où  il  avoit  combats 

tu  ce  monftre,  &  le  nomma  Deir  Ghiaufchid. 

GHILAN3 


G  H  I  L  A  N.  G  H  I  R  I  T.  n^ 

GHILAN,  Province  de  l'Empire  des  Perfes ,  qui  s'étend  le  long  des  riva- 
ges de  la  mer  Cafpienne  ,  depuis  le  74  degré  de  longitude  jufqu'au  76  inclufi- 
vement,  &  comprend,  dans  fa  largeur  du  côté  du  Midy,  les  degrez  35  &  35 
de  latitude. 

Cette  province  a  donné  fon  nom  à  la  mer  Cafpienne  ,  que  les  Arabes,  Per- 
fans  &  Turcs  appellent  la  mer  de  Ghilan.  Les  Ferfans  l'appellent  auffi  Deriah 
Bacovieh  ,  la  mer  de  Bacovieh  ,  à  caufe  de  la  ville  appellée  par  nos  Géogra- 
phes Bachu  ,  qui  eft  fituée  fur  fes  bords.  On  luy  donne  auffi  le  nom  de  Di- 
lem ,  de  Giorgian  ,  &c.  qui  font  des  provinces  dont  elle  eft  environnée.  Les 
Turcs  la  nomment  suffi  Cozgoun  Denghizi,  la  mer  des  corbeaux  ou  plutôt  des 
cormorans,  que  les  Latins  appellent  Corvi  Marini,  à  caufe  du  grand  nombre  de 
ces  oy  féaux  pêcheurs  qui  la  couvrent. 

Les  habitans  de  la  province  de  Ghilan  ont  peu  de  bled  &  beaucoup  de  ris; 
c'eft  pourquoy  ils  font  leur  pain  ordinaire  de  celuy  -  cy  ,  &  le  mangent  avec 
d'excellent  poiflbn  ,  que  la  mer  leur  fournit  en  abondance.  Il  n'y  a  dans  cet- 
te province  que  deux  villes  confidérables  ,  celle  de  Rafcht  ou  Refchut  qui  eft 
fur  la  mer  ,  &  celle  de  Lakhfchan  ,  que  l'on  appelle  auffi  Ghilan  ,  fituée  plus 
avant  dans  les  terres. 

Quelques  Géographes  Orientaux  comprennent  dans  le  Ghilan  la  province  de 
Mazanderan  ,  qui  eft  à  fon  Orient ,  &  qui  confine  avec  le  Tabareftan.  Ces 
deux  dernières  provinces  communiquent  auffi  leur  nom  à  la  mer  Cafpienne  ,  <Sc 
renferment  dans  leurs  limites  ce  que  les  anciens  ont  appelle  l'Hircanie. 

Un  des  plus  grands  Saints  &  des  plus  fpirituels  du  Mufulmanifrae  ,  nommé 
Mohammed  Abdalcader,  eft  furnommé  Al  Ghilani  ,  à  caufe  qu'il  étoit  natif  de 
cette  province.  On  rapporte  de  lui  qu'il  difoit  à  Dieu  dans  fa  prière  :  Sei- 
gneur, pardonnez -moy  mes  péchez,  ou  fi  vous  voulez  me  punir,  faites -moy 
au  moins  reffufciter  aveugle ,  afin  que  je  n'aye  pas  la  confufion  de  me  voir  par- 
mi tant  de  gens  de  bien,    f^oyez  les  titres  de  Kilani  6f  «i'Askili. 

GHILOVIEH,    Foyez  Dilemgoueh  (f  Diamgoueh. 

GHIOLGHEDISSI,  furnom  de  Pir  Mohammed  Ben  Moufla  Al  Burfao- 
vi  ,  qui  eft  l'Auteur  du  livre  intitulé  Bedhdat  al  Cadhi ,  le  Capital  d'un  Juge. 
Cet  ouvrage  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n.  707. 

GHIRDABAD,  Ville  ronde  en  Perfien.  C'eft  le  nom  d'une  ville  bâ- 
tie dans  riraqoe  Perfienne ,  par  Tahamurath ,  Roy  de  la  première  dynaftie  de 
Perfe. 

GHIRD  GO'UEH,  Montagne  ronde  en  Perfien.  C'eft  Je  nom  particuliei* 
d'une  montagne  de  Perfe ,  laquelle  eft  de  figure  ronde ,  fituée  dans  une  plaine , 
qui  la  rend  inacceffible  de  tous  cotez.  C'eft  dans  un  château  bâti  fur  cette 
montagne  qu'Asfendiâr,  fils  de  Kifchtasb,  fut  enfermé,  &  ce  château  auffi-bien 
que  la  montagne  ,  font  connus  aujourd'huy  fous  le  nom  de  Zer  Kunbudân  , 
mot  qui  fîgnifie  en  langue  Perfienne  les  voûtes  dorées. 

GHIRIT  Adaffi,  en  Turc  fîgnifie  Tlfle  de  Crète  ou  de  Candie,  &  la  mer 
^i  l'environne  porte  le  nom  de  Ghirit  Denghizi.    Il  ne  faut  pas  entendre  par 

P  î  ce 


11^  G  I  A  A  D.  G  I  A  B  B  A  R. 

ce  nom  FArchipel  ;   car  les  Turcs  le  nomment  en  leur  langue  Adalar  Denghi- 
zi,  la  mer  des  Illes. 

GIAAD  Ben  Dàrham.  C'ell  le  nom  d'un  des  principaux  Docteurs  de  la 
Sefte  des  Motaz;iles ,  qui  vivoit  du  tems  de  Marvan  ,  furnommé  Hemar  ,  der- 
nier Khalife  de  la  MaiCon   des  Ommiades ,  mort  l'an   de  l'Hegire  132  ,  de  J. 

C.  749. 

Ce  Kiialife  fut  fon  difciple  &  fît  profeflîon  de  fa  feéle  ;  c'eft  pourquoy  mê- 
me il  en  porta  le  furnom  &  fut  appelle  Giaadi ,  c'efl  -  à-dire  ,  le  Giaadien  ou 
difciple  de  Giâad.  l^oyez  Khondemir  dans  la  vie  de  Marvan.  Ce  Khalife  en 
fuivant  l'opinion  de  Giàad  ,  croyoit ,  comme  tous  les  Motazales ,  que  l'Alco- 
ran ,  nonobstant  qu'il  fût  la  parole  de  Dieu ,  étoit  pourtant  du  nombre  des  créa- 
tures. 

GIABAH,  Ifle  de  la  mer  des  Indes,  voifme  de  celle  de  Calah  &  qui  obéît 
au  môme  Roy.  Elle  cil  fîtuée  dans  le  premier  Climat,  l^oyez  Edriflî  dans  la 
neiivihne  partie  de  ce  même  Climat. 

GIABALAH  Ben  Alaihcm  ,  c'eil  le  nom  d'un  Roy  des  Arabes  qui  vint 
trouver  le  Khalife  Omar,  pour  fe  foûmettre  à  lui  &  pour  embralfer  le  Muful- 
manifme.  Il  fut  reçu  avec  tous  les  honneurs  dûs  à  fa  qualité,  &  Omar  le  prit 
en  fa  compagnie  pour  faire  cnfemble  le  pèlerinage  de  la  Mecque. 

Giabalah  fe  trouvant  un  jour  à  une  cérémonie  ,  il  arriva  qu'un  homme 
de  baffe  condition  le  prit  par  la  manche  &  le  fit  fortir  de  fa  place.  Giabalah 
fe  fentant  offenfé ,  lui  donna  auflî-tôt  un  foufflet  ;  ce  qu'Omar  ayant  apperçu, 
il  dit  à  Giabalah  ,  qui  étoit  fort  ému:  Appaifez-vous ,  autrement  je  commande- 
ray  à  cet  homme  de  vous  rendre  le  foufflet  que  vous  lui  avez  donné.  Sur 
quoy  Giabalah  dit  à  Omar:  Quelle  juftice  y  auroit-il  dans  cette  aftion,  puifque 
je  fuis  Roy  &  que  cet  homme  n'eft  qu'un  miférable. 

Omar  lui  repartit":  La  Religion  Mufulmane  ,  que  vous  profeffez  tous  deux, 
vous  ayant  afîemblez  &  unis  enfemble  ,  il  n'y  a  plus  de  différence  icy  entre 
l'un  &  "l'autre,  ni  entre  le  Prince  &  le  fujet.  Les  paroles  Arabiques  font,  Enn 
Al  EJIdm  giamâcoma  u  faovi  bein  al  malek  u  al  foiicah  filhagge. 

Giabalah  fut  fi  outré  de  ces  paroles  qu'il  partit  la  nuit  même  de  la  Cour  du 
Khalife  ,  &  paflant  par  la  Syrie  avec  500  chevaux  ,  il  vint  jufqu'à  Conltanti- 
nople ,  où  il  fe  fit  Chrétien  avec  tous  les  fiens.    Ben  Schonah. 

GIABALI,  furnom  d'Abou  Ali  Mohammed  Ben  Abdalvahab,  qui  a  été  le 
maître  du  célèbre  Dofteur  Aboul  Haflan  Al  Afchâri  ,  lequel  profita  fi  bien  des 
leçons  de  Giabali,  qu'il  devint  depuis  chef  de  la  fefte  des  Afchariens,  &  un  des 
quatre  Imams  du  Mufulmanifme.     Foyez  le  titre  de  Nahadh. 

GIAHARIOUN,  Sefte  de  Théologiens  parmi  les  Mufulmans ,  qui  ôtent 
toute  forte  de  liberté  à  l'homme  ,  &  veulent  que  Dieu  crée  &  produife  toutes 
les  aftions  bonnes  &  mauvaifcs  de  l'homme  néceffairement.  Les  Afchariens 
font  une  branche  de  cette  fefte  ;  mais  ils  y  admettent  quelque  tempérament. 

GTABBAR,  Géant.  Son  plurier  eit  Giabbaroun,  Giabbarin  &  Giababerah, 
les  Géants.  Voilà  comme  les  Arabes  les  appellent,  «&  les  Hébreux  Ghibborau 
fingulicr  &  Ghibborim  au  plurier.  Les 


G  I  A  B  E  R.  ijy. 

Les  Perfans  les  appellent  Div  &  Divan,  d'un  nom  qui  convient  auflî  aux  Ef- 
prits  &  aux  Démons,  quoj'que  dans  la  langue  Pehelevicnne  ,  qui  eft  l'ancien 
Perfien  ,  on  les  appelldt  Cai  ,  qui  eft  le  Prénom  des  Roys  de  Perfe  de  la  fé- 
conde dynafhie  ,  qui  porte  ,  pour  cette  raifon  ,  le  nom  de  Caianiens  ou  Caia- 
nides. 

Ad  &  Scheddd,  Roys  de  Syrie  &  d'Arabie,  étoient  d'une  fi  prodigieufe  gran- 
deur ,  qu'il  falloit  employer  les  plus  hauts  arbres  des  forets  pour  drefler  leurs 
pavillons,  comme  il  efi:  porté  dans  le  chapitre  de  l'Alcoran,  intitulé  De  l'Aurore. 

L'on  peut  voir  ce  qui  a  été  dit  des  Géans  de  la  Paieftine,  dans  les  titres  de 
Falaftin,  d'Aouge,  d'Amalek,  &  de  Schcith  ou  Seth.  Il  parut,  fous  le  règne 
de  Noufchirvan  Cofroés  ,  une  Géante  haute  de  fept  coudées.  Sacfagan  avoit 
quatre  têtes,  félon  le  Tahamurath-Naméh.   l^oyez  auj]i  le  titre  de  Tekovin. 

Le  fentiment  des  Chrétiens  d'Orient,  touchant  l'origine  des  Géants  dont  il  eft 
parlé  dans  les  premiers  chapitres  de  la  Genèfe ,  eft  qu'Adam  aj^ant  fait  connoî- 
tre  aux  enfans  de  Seth  les  délices  dont  il  joiiillbit  dans  le  Paradis  tcrrcftre  , 
fit  naître,  dans  le  cœur  de  quelques-uns  d'entr'eux,  le  defir  d'y  entrer.  A  cet 
effet,  ils  ie  retirèrent  de  la  compagnie  des  autres,  &  choilirent  la  montagne  de 
Hcrmon  en  Paieftine  pour  leur  demeure  ,  où  ils  vi voient  chaftcment  &  dans  la 
crainte  de  Dieu, 

Ces  gens  ainfi  retirez  du  commerce  des  autres,  furent  appeliez  les  cnfins  de 
Dieu,  &  donnèrent,  par  leur  exemple,  l'idée  &  le  modèle  de  l'état  Monafti- 
que,  qui  a  été  depuis  embraiîe  avec  tant  de  ferv^eur  dans  l'Orient:  mais  enfin, 
ces  Solitaires  perdant  l'efpérance  de  rentrer  en  polfeilion  du  Paradis  ,  qu'ils 
confidéroient  comme  l'héritage  d'Adam  ,  vinrent  trouver  les  Cainites  leurs  pa- 
rens  &  ennuyez  du  célibat ,  prirent  leurs  filles  en  mariage  &  engendrèrent  les 
Géants, 

Foyez  encore  les  titres  de  Tahamurath  Diubend  ,  de  Div,  de  Péri,  de  Ginn  âf 
plufuiirs  autres  dans  la  fuite  de  cet  ouvrage,  où,  il  eft  parlé  des  Géants. 

GIABER,  c'cft  un  nom  qui  eft  commun  à  plufieurs  Dodeurs  du  Muful- 
manifme. 

Le  plus  ancien  de  tous  eft  Abou  Abdallah  Giaber  Ben  Abdallah  Al  Anfari , 
qui  a  été  un  des  premiers  compagnons  &  difciples  de  Mahomet.  Il  étoit  natif 
de  Medine,  comme  fon  furnom  d'Anlari  le  témoigne.  Ce  fut  luy  qui  deman- 
da à  iSlahomet  quelle  étoit  la  première  de  toutes  les  créatures  ,  &  il  apprit  de 
luy  que  c'étoit  ce  qui  s'appelle  Noiir  ou  Dorr  ou  Giauker,  c'eft-à-dire,  lumiè- 
re ou  fubftance  prétieufe  ,  qui  fe  fondit  d'abord  en  eau  ,  &  qui  fut  partagée 
en  matière  &  en  forme;  que  de  la  première  furent  faits  tous  les  corps  &  tous 
les  efprits  de  la  féconde. 

Le  fécond  eft  celui  que  nous  appelions  Geber,  &  qui  pafle  pour  un  des  plus 
célèbres  Philofophes  des  Arabes,  Il  portoit  le  nom  d'Abou  Moulîa  Giaber  Ben 
Haiian  Al  Sofi,  dont  nous  avons  le  livre,  intitulé  Ketdb  Giaber  ,  &  un  grand 
nombre  d'ouvrages  fur  la  pierre  Philofophale,  Nos  Chymiftes  qui  n'ont  jamais 
lu  ces  livres,  en  font  cependant  un  fort  grand  bruit  dans  leurs  ouvrages.  On 
lui  attribue  jufqu'à  500  volumes  fur  cette  matière.  11  vivoit  au  milieu  du  troi- 
fième  fiécle  de  l'Hegire. 

Cet  Auteur ,  qui  peut  avoir  été  le  père  de  Mohammed  Al  Rattani ,  AI  Har- 
rani ,  &  le  fils  de  Senân  ,  étoit  originaire  de  Harran  en  Méfopotamie  &  Sabien 

P  3  de 


ri8  G  I  A  B  E  R  I.  G  I  A  F  A  R. 

de  Religion.  Ces  Sabiens,  originaires  de  Harran  ,  \ille  natale  d'Abraham,  pré- 
tendoient  avoir  hérité  de  la  doélrine  de  ce  Patriarche  ,  avant  qu'il  paffât  l'Eu- 
phrate  pour  venir  dans  la  terre  de  Chanaan  ,  &  croyoient  faulTement  faire  pro- 
feffion  de  la  plus  ancienne  Religion  du  monde. 

Il  y  a  un  autre  Giabcr,  furnommé  Schamfeddin  ,  qui  étoit  Andaloufi ,  c'eft- 
à-dire,  Arabe  d'Efpagne,,  &  qui  portoit  auffi  le  furnom  d'Al  Maleki,  dont  il  y 
a  plufieurs  ouvrages  en  vers  fui'  l'art  Poétique  &  fur  la  grammaire,  qui  fe  trou- 
vent dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n".  1056. 

GlABERI,  furnom  d'Ibrahim  Ben  Omar,  qui  mourut  Tan  732  de  l'Hegire, 
&  qui  a  abrégé  le  livre  de  Vahedi,  intitulé  yisbàb  al  Nozoul. 

GIABRINI,  furnom  d'Ali  Ben  Mohammed,  Auteur  d'un  fupplément  fait 
à  l'hiltoire  d'Alcp,  compofée  par  Ebn  Khathib. 

GIACMAK,  nom  propre  d'Al  Malek  Al  Dhaher  ,  qui  avoit  été  efclave  de 
Malek  Al  Dhaher  Barcok.  Il  fucccda  à  Malek  Al  Aziz  depoffedé  par  les  Mam- 
lucs,  &  fut  le  dixième  Roy  d'Egypte  de  la  dynaftie  des  Circaflîens.  Son  règne 
fut  de  quatorze  ans  ;  car  il  avoit  été  élu  à  l'â'^e  de  66  ans  ,  &  s'abdiqua  un 
peu  avant  fa  mort,  qui  arriva  dans  le  80  de  fon  âge,  en  faveur  de  fon  fils 
Malek  Al  Manfor  ,  l'an  de  l'Hegire  857,  de  J.  C.  1453  ,  année  dans  laquel- 
le la  ville  de  Conftantinoplc  fut  prife  par  Mahomet  Second,  Sultan  des  Turcs. 
L'Ifle  de  Chypre  qui  avoit  été  prife  par  Barfebai  ,  prédécefleur  de  Giacmak  , 
ctoit  encore  au  pouvoir  des  Mamlucs. 

GIACOU  &  Giaco,  nom  d'un  Tartare  qui  étoit  des  premiers  &  ûqs  plus 
vaillans  Capitaines  de  Tamerlan.  Ce  nom  eil  le  diminutif  de  Jacob;  car  les 
Tartares  &  les  Turcs  Orientaux  avoicnt  des  noms  Juifs  parmi  eux,  comme  ceux 
d'Ifrail ,  de  Mikail ,  de  Johanna  ,  de  Jacob  &  d'autres  ,  qu'ils  avoient  pris  des 
Juifs  retirez  chez  eux,  depuis  la  déportation  que  Salmanaiîar  fit  des  dix  Tribus 
du  Royaume  de  Samarie. 

GIAFAR  Al  Barmeki,  fils  d'Iahia  &  pctit-fik  de  Khaled,  fucceda  à  la  char- 
ge de  Vizir  du  Khalife  Haroun  Rafchid  ,  que  fon  père  lahia  avoit  pofTedée. 
Khaled,  fon  grand -père  ,  ayant  eu  la  même  charge  auprès  d'AbouI  Abbas  Saf- 
fah ,  premier  Khalife  de  la  race  des  Abbalîîdes ,  &  le  premier  de  tous  les  Kha- 
lifes qui  prit  un  Vizir,  les  Khalifes  Ommiades  n'en  ayant  point  eu,  &  leiu*  Se-' 
crétaire  faiiant  cette  charge. 

Ce  Vizir  étant  monté  jufqu'au  plus  haut  degré  de  faveur  &  d'autorité  au- 
près de  fon  maître,  eut  le  crédit  de  faire  donner  à  Fadhel,  fon  frère,  la  même 
charge  de  Vizir,  quoy  qu'il  l'eût  exercée  lui-même  avec  tant  de  capacité,  qu'il 
fit  en  une  feule  nuit,  en  préfence  du  Khalife,  mille  expéditions,  dans  lefquel- 
les  on  ne  trouv^a  rien  qui  ne  fût  fort  exa6l  &  très-legal:  auflî  avoit -il  été  in- 
ftruit  par  Abou  Jofeph,  le  plus  grand  Jurifconfulte  de  fon  tems. 

Giafar  s'étant  ainfi  déchargé  des  foins  du  Vizirat,  fe  contenta  de  jouir  paifi- 
blement  des  bonnes  grâces  de  fon  Maître  ,  dont  il  avoit  l'entière  confiance. 
L'on  dit,  que  Giafar  ayant  trouvé  un  jour  ce  Prince  plongé  dans  une  profon- 
de trifl:efie  ,  à  caufe  qu'un  Aftrologue  Juif  lui  avoit  prédit  qu'il  mourroit  dans 
l'année  courante  ,  il  fit  venir  le  Juif  &  lui  demanda ,  combien  d'années  il  ero- 

Yoit 


GIAFAR.  ij^ 

yoît  vîVre  félon  fa  fupputation  Aflrologique :  le  Juif  luy  répondit,  que  fon  ho- 
rofcope  lui  promettoit  une  longue  vie.  Cette  réponfe  fit  ,  que  Giafar  coni^il- 
la  au  Klialife  de  faire  mourir  cet  Allrologue  ,  pour  le  convaincre  de  faiiireté 
dans  fes  prédirions  ,  &  la  chofe  ayant  été  exécutée ,  le  Klialife  fut  entièrement 
délivré  de  fa  mélancolie  &  de  fa  crainte. 

Ce  Favori  avoit  un  û  grand  crédit  fur  l'efprit  de  fon  maître  ,  que  fe  trou- 
vant un  jour  en  converfation  avec  un  de  fes  amis,  Abdalmalek  Hafchemi,  qui 
étoit  proche  parent  du  Khalife  ,  mais  peu  avancé  dans  fes  bonnes  grâces  ,  le 
vint  trouver,  ëc  lui  dit  d'un  ton  plaintif,  que  Haroun  ne  le  regardoit  plus  de 
fi  bon-œil  ;  qu'il  étoit  chargé  d'une  debte  de  quatre  mil  écus  d'or ,  payable  à 
des  créanciers  qui  le  prelfoient  fort,  &  que  fon  fils,  qui  étoit  déjà  grand  &  qui 
avoit  du  mérite ,  ne  faifoit  rien  à  la  Cour.  Giafar  l'ayant  entendu  ,  lui  dit  : 
Je  vous  afflire,  que  le  Khalife  vous  regardera  déformais  de  bon -œil,  qu'il  pa- 
yera vos  debtcs ,  qu'il  donnera  fa  fille  en  mariage  à  vôtre  fils  ,  &.  qu'elle  luy 
apportera  pour  dot  le  gouvernement  d'Egypte, 

Ishac  de  Moful ,  qui  étoit  préfent  lorfque  Giafu-  tint  ce  difcours  ,  crut  que 
la  chaleur  du  vin  qu'il  avoit  bu  avec  le  Khalife  le  faifoit  parler  de  la  forte  ,  & 
qu'il  ne  s'en  fouviendroit  plus  le  lendemain  :  mais  il  fut  bien  furpris  ,  lorfque 
Haroun  déclara  .publiquement  à  Abdalmalek,  qu'il  lui  accordoit  tout  ce  que  Gia- 
far lui  avoit  promis  de   fa  part,' le  jour  précédent,     Nighiariftan. 

Khondemir  écrit,  qu'une  des  principales  caufes  de  la  difgrace  de  Giafar,  fut 
qu'FIaroun  Rafchid  aimant  d'un  côté  fort  tendrement  fa  fœur  Abbaffah ,  &  aj'ant 
de  l'autre  une  fort  grande  attache  pour  fon  favory,  avec  lequel  il  paffoit  ordi- 
nairement plufieurs  heures  de  converfation  libre  &  agréable ,  le  tems  qu'il  y 
employoit ,  le  privoit  du  plaifir  de  voir  fa  fœur  ,  qui  étoit  retirée  dans  l'ap- 
partement fecret  des  femmes ,  où  les  hommes  ,  hors  du  Klialife ,  n'avoient  au- 
cun accez. 

Pour  fatisfaire  ces  deux  pallions  également  violentes ,  il  prit  la  réfolntion  de 
marier  fa  fœur  à  fon  favory  :  car  ,  par  ce  moyen  ,  il  pouvoit  en  même  tems 
joiiir  de  la  préfence  de  l'un  &  de  l'autre ,  fans  aucun  fcrupule  ni  difficulté.  Il 
ell  vrai  ,  que  ce  fut  avec  une  condition  fort  onereufe  aux  deux  époux ,  qui 
étoit  de  ne  point  coucher  enfemble,  ni  d'avoir  même  aucune  fréquentation  l'un 
avec  l'autre,  que  celle  qu'ils  auroient  en  fa  préfence. 

Cependant  la  fœur  du  Khalife  ne  put  pas  foûtenir  long-tems  la  converfation 
de  Giafar,  qui  étoit  jeune  &  bienfait,  qu'elle  n'en  devint  amoureufe  ,  &  Gia- 
far, de  fon  côté,  oubliant  tout  ce  qu'il  avoit  promis  à  fon  maître  ,  fatisfit  aux 
dcfirs  de  la  Princefle  ,  laquelle  étant  devenue  grolfe ,  accoucha  Çi  fecretement, 
que  le  Khalife  n'en  auroit  jamais  rien  fçu ,  fi  une  de  fes  efclaves  ne  l'eût  trahie. 

On  envoya  nourrir  l'enfant  à  la  Mecque,  où  le  Khalife  Haroun  étant  en  pè- 
lerinage, voulut  en  apprendre  des  nouvelles  ;  mais  il  ne  lui  fut  pas  poffible  , 
car  auffi-tôt ,  après  fon  arrivée  ,  on  le  tranfporta  dans  la  province  d'Iemcn  ou 
Arabie  Hcureufe. 

Haroun  étant  donc  pleinement  informé  de  toutes  chofes  ,  réfolut  de  perdre 
Giafar,  avec  toute  fa  famille  qui  étoit  nombreufe,  &  pour  exécuter  cedefl^ein, 
il  ne  fut  pas  plutôt  de  retour  de  la  Mecque  à  Bagdet ,  qu'il  quitta  cette  ville 
pour  aller  à  Anbar ,  où  étant  arrivé  avec  Giafar,  il  commanda  fecretement  à 
un  de  ks  plus  confidens  d'aller  à  Bagdet ,  &  de  faire  emprifonner  les  Harraccides 
qui  y  étoient ,  à  fcavoii-  lahia .  père  de  Giafar ,  &  fes  trois  autres  enfans. 

Cet 


120  G  I  A  F  A  R. 

Cet  ordre  ayant  été  exécuté  fans  que  Giafar  ,  auquel  HarôUll  faifoit  plus  de 
carefles  qu'à  l'ordinaire,  en  eût  appris  aucune  nouvelle,  enfin,  le  premier  jour 
du  mois  de  Sefer  Tan  de  l'Hegire  187,  Haroun  commanda  à  un  de  fes  Offi- 
ciers, nommé  Jaffer,  de  lui  apporter  la  tête  de  Giafar.  L'officier  étant  entré 
brufquemcnt  chez  Giafar,  lui  notifia  l'ordre  du  Khalife.  Giafar,  fans  faire  pa- 
roîcre  aucune  émotion  ,,  dit  à  l'Officier  :  Il  fe  peut  faire  que  Haroun  vous  ait 
donné  cet  ordre  étant  encore  échauffé  du  vin  ;  retournez  fur  vos  pas ,  &  di- 
tes-luy  que  vous  avez  exécuté  fon  ordre:  s'il  s'en  repent  je  ferai  encore  en  vie; 
linon ,  ma  tête  eft  toujours  prête. 

Jaffer  n'étant  pas  content  de  cet  expédient  ,  Giafar  alla  avec  lui  jufqu'à  l'en- 
trée de  l'appartement  du  Khalife,  &  dit  à  l'officier:  Entrez  &  dites-lui  que  vous 
lui  apportez  ma  tête  que  vous  avez  laifi^ee  dehors  ;  Jafier  fit  ce  que  Giafar  lui 
avoit  propofé  :  mais  auffi-tôt  que  le  Khalife  Teût  entendu  ,  il  lui  dit  :  Appor- 
tez-la vite  devant  moy:  A  ces  paroles,  l'Officier  fortit  &  coupa  la  tête  de  Gia- 
far, qu'il  vint  jetter  incontinent  aux  pieds  du  Khalife. 

Cette  exécution  ne  fut  pas  plutôt  faite  que  le  Khalife  dit  à  Jafi^er  :  Appel- 
lez-moy  tels  &  tels.  Jafi^er  ayant  obéï ,  &  ces  gens-là  étant  entrez  avec  Jafler 
dans  la  chambre,  Haroun  leur  dit  auffi-tôt:  Couppez-moy  la  tête  de  cet  hom- 
me :  car  je  ne  puis  fouffrir  le  meurtrier  de  Giafar  en  ma  préfence. 

Giafar  n'étoit  âgé  que  de  38  ans  ,  &  avoit  pofledé  la  faveur  de  fon  maître 
pendant  dix-fept.  Le  Khalife  fit  attacher  fa  tête  fur  le  pont  de  Bagdet,  où  elle 
demeura  expofée  jufqu'à  ce  que  Haroun  fe  mit  en  chemin  pour  l'expédition  du 
Khorafi!an  ;  car  alors  il  commanda  que  l'on  Tôtàt  pour  la  brûler.  Khondcmir , 
qui  raconte  cette  hiitoirc  ,  prend  pour  garand  l'Emir  Khovand  fchah ,  Auteur 
du  Raoudhat  affafa,  qui  n'eft  autre  que  Mirkhond. 

Le  même  Khondemir  rapporte  dans  la  vie  de  Haroun  Rafchid  ,  que  dans  les 
comptes  de  fa  maifon  on  trouva  toutes  les  fommes  d'or  &  d'argent  ,  comme 
^uffi  les  étoffer  ,  pierreries  &  parfums  donnez  à  Giafar,  &  que  le  prix  de  tou- 
tes ces  chofes  mifes  enfemble  montoit  jufqu'à  trente  millions  de  drachmes  d'ar- 
gent pour  une  feule  année  ,  &  que  dans  le  régi  (Ire  de  la  dernière  année  ,  on 
trouva  écrit  endépenfe,  quatre  écus  d'or  en  naphte  &  en  étoupes,  pour  brûler 
le  corps  de  Giafar. 

Le  Nighiariftan  ,  après  avoir  fait  auffi  cette  remarque  ,  cite  ce  dillique  Per- 
ficn:  L'hifloire  que  la  viciffitude  des  tems  écrit  fur  le  livre  de  ma  vie,  elt  mar- 
quée un  jour  par  les  faveurs  de  la  fortune  ,  &  un  autre  par  fes  revers.  L'al- 
Jufion  des  deux  mots  de  Rouzi  &  de  Zouri  elt  fort  élégante  dans  le  Perfien  : 
'^nra  rouzi  nevijj'ed  inra  zoiiri. 

On  rapporte  de  Giafar  Barmeki  ,  qu'un  homme  lui  ayant  préfenté  une  fille 
cfclave  qu'il  vouloit  vendre,  il  la  trouva  fi  fort  à  fon  gré,  qu'il  lui  en  donna 
quarante  mil  écus  ,  ,&  les  lui  paya  par  avance.  La  fille  toute  éplorée  dit  à 
celui  qui  la  vendoit  :  Ne  vous  fouvenez-vous  point  de  la  promefle  que  vous 
m'avez  fouvent  faite  de  ne  me  point  vendre  V  Giafar  ,  dont  la  générofité  étoit 
incomparable ,  n'eut  pas  plutôt  entendu  les  plaintes  de  cette  fille ,  qu'il  dit  au 
vendeur  :  Atteftez  feulement  que  cette  fille  eil  libre  &  que  vous  l'avez  épou- 
Tée  ,  &  je  vous  laiffe  l'argent  que  je  vous  ay  donné.    Rahi  alahrar. 

Le  même  Auteur,  citant  celui  qui  a  écrit  l'hifloire  des  Barmecides,  dit,  que 
.Giafar,  un  peu  avant  fa  mort  voulant  aller  chez  le  Khalife,  confulta  les  éphç- 
merides  pour  obferver  un  teras  favorable  à  fes  defleins.    Il  étoit  pour  lors  dans 

fa 


G  I  A  F  A  R.  121 

fa  maifon  fituée  fur  le  bord  du  Tigre  ,   où  un  homme  qui  ne  le  voj-oit  point, 
.paflant  en  batteau,  recitoit  ces  vers  en  Arabe. 

Il  fe  gouverne  par  les  étoiles,   6?  il  m  fonge  pas  que  Dieu  ejl  le  maître  des  étoi- 
les, ^  que  fa  volonté  s^ accomplit  toiijours  infailliblement. 

Giafar  n'eut  pas  plutôt  entendu  ces  paroles ,  qu'il  jetta  fes  épliemerides  &  fon 
.Allrolabe  par  terre,  monta  à  cheval  pour  aller  au  Palais  ,  &  y  trouva  peu  de 
tems  après ,  la  mort.  Voyez  les  titres  de  Barmekian ,  «i'Iahia  Ben  Khaled  âf  de 
Fadhel. 

GIAFAR  ,  furnommé  Sadek  ou  Sadik  ,  c'eû-à-dire ,  le  Jufte,  étoit  fils  aîné 
de  Mohammed  Baker ,  &  d'Omm  fervah ,  fille  de  Mohammed ,  fils  d'Abubecre , 
premier  Khalife.  11  eft  reconnu  pour  le  fixième  Imâm,  &  d'une  telle  autorité 
parmi  les  Mufulmans  pour  fa  doctrine,  qu'ils  tiennent  pour  une  tradition  authen- 
tique ce  qu'il  avoit  accoutumé  de  leur  dire  :  Interrogez  -  moy  fouvent  pendant 
que  je  fuis  avec  vous  ;  car  il  ne  viendra  perfonne  après  moy  qui  vous  puilfe 
inilruire   comme  moy. 

Il  prit  nailfance  à  Medine  l'an  83  de  l'Hegire ,  &  mourut  dans  la  même  ville 
où  il  fut  enterré  près  de  fon  père  fous  le  Khalifat  d'Abugiafar  Almanfor  de  la 
race  des  Abbaffides,  l'an  148  de  la  même  Hégire,  &  de  J.  C.  754,  âgé 
de  65  ans. 

On  lui  donne  fept   enfans  mâles,  &  trois  filles. 

Les  deux  premiers  furent  Ifmaël,  &  Moulfa.  L'aîné  qu'il  avoit  déclaré  fon 
fucceileur  dans  l'Imamat ,  mourut  avant  lui  ;  c'ell  pourquoy  il  transfera  la  fuc- 
ceiTion  à  l'Imamat,  en  la  perfonne  de  MouOa  fon  fécond  fils:  mais  nonobilant 
cette  déclaration ,  il  s'éleva  une  faftion  de  gens  qui  prétendirent  qu'Ifmaël  ayant 
été  reçu  pour  ainfi  dire,  en  furvivance  de  la  dignité  d'Imam  ,  les  defcendans 
dévoient  jouir  de  la  même  prérogative ,  laquelle  ils  foûtenoient  n'avoir  pu  paffer 
en  la  perfonne  de  fon  frère,  qui  faifoit  une  ligne  collatérale. 

Cette  faftion  a  eu  des  partifans  qui  ont  excité  fouvent  des  troubles  dans  la 
Religion,  &  dans  l'Etat  des  Mufulmans,  jufqu'à  ce  que  dégénérant  en  rébellion 
ouverte,  &  en  impieté  raanifcfte  ,  il  s'en  forma  une  dynaftie  ou  Principauté 
fous  le  nom  d'Ifmaëliens,  dont  Halfan  Sabah  fut  li^l^datelir  en  Afie. 

Les  Khalifes  Fathemites  d'Egypte  font  regardez  auflî  par  les  Mufulmans  Ortho- 
doxes, comme  defcendans  de  la  branche  de  Ifmaël;  c'eft  pourquoy  ils  les  qua- 
lifient fouvent  du  nom  d'Ifmaëliens  d'Afrique.  On  parlera  de  ces  deux  dyna- 
fties  dans  leur  rang. 

On  lit  dans  l'hiftoire  intitulée  Moroî^ge  al  dheheb,  les  Prairies  dorées,  qu'Abou 
Moflcm  ayant  pris  la  refolution  de  dépolfeder  les  Ommiades  ,  qu'il  prétendoic 
avoir  ufurpé  le  Khalifat ,  follicita  par  fes  lettres  Giafar  Sadik  de  l'accepter  ;  mais 
cet  Imam  qui  craignit  peut-être  que  l'on  ne  lui  tendît  un  piège  ,  rejetta  cette 
propofition,  &  brûla  même  les  dépêches  qu'il  avoit  reçues  fur  ce  fujet. 

Ses  Seftateurs  ne  laiiferent  pas  néanmoins  de  prendre  ce  prétexte  pour  {c 
révolter  contre  les  Khalifes  Motadhed,  &  Moélafi ,  fous  le  nom  de  Carmathes, 
comme  nous  verrons  dans  les  titres  de  ces  Khalifes. 

Le  même  Giafar  Sadik  eft  furnommé  dans  les  livres  fabuleux  des  Mahome- 
tans  Seidi  Batthâl,  c'eft-à-dire,  le  Preux,  à  caufe  de  pluficurs  combats  imagi- 

ToME  II.  Q  naircs 


122  G  I  A  F  A  R. G  I  A  F  A  R  I  A  H. 

naircs  qu'il  a  donnés  dans  des  pays  inconnus ,  menant  la  vie  de  Chevalier  errant. 
Nous  avons  encore  le  récit  de  toutes  les  proueircs  dans  un  fort  gros  Roman 
qui  fc  trouve  en  langue  Turquefque. 

Cet  Imâra  n'elt  pas  moins  confideré  cependant  pour  fa  doftrine.  II  ell  réputé 
l'Auteur  de  la  petite  Gefre.,  comme  Ali  l'ell  de  la  grande,  yoyez  les  titres 
d'Ali  &'  de  Gcfr.  On  lui  attribue  auflî  un  livre  de  forts  ,  ou  Ketab  Corrdat 
qui  le  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n^.  1007. 

Le  Rabi  al  abrâr  rapporte  que  Giafar  étant  interrogé ,  s'il  n'y  avoit  point  eu 
d'autre  Adam  en  ce  monde  avant  celui  dont  parle  Moyfe ,  répondit,  qu'il  y  en 
avoit  eu  trois  ,  &  qu'il  y  en  auroit  encore  dix-fept ,  dans  autant  de  grandes 
révolutions  d'années;  &  comme  on  lui  demanda  fi  Dieu  créeroit  d'autres  hom- 
mes après  la  fin  de  ce  monde -cy  ,  il  répondit:  Voulez -vous  que  le  Royaume 
de  Dieu  demeure  vuide,  &  fa  puifUmce  oyfive?  Dieu  ell  Créateur  dans  toute 

l'on  éternité. 

L'Auteur  du  livre ,  intitulé  Medarek ,  rapporte  au  fujet  d'un  verfet  de  l'Alco- 
ran  dans  le  chap.  de  la  Pénitence  où  il  ell  dit  que  Dieu  a  acheté  des  hommes 
leurs  biens  àf  leurs  âmes  au  prix  du  Paradis,  cette  fentence  de  Giafar  Sadik:  0 
vous  qui  êtes  fidèles  ,  puifque  le  prix  de  vôtre  achapt  eji  le  Paradis ,  gardez-vous 
bien  de  vous  vendre  pour  quelque  autre  chofe. 

Giafar  Sadik  en  qualité  de  Dofteur,  avoit  reçu  fes  traditions  de  "Mohammed 
Baker  fon  père,  &  d'Atha,  un  des  compagnons  de  Mahomet;  il  les  tranfmit  à 
Thouri ,  à  Ben  Ainah ,  à  Abou  Hanifah ,  &  à  Malek  ,  dont  les  deux  derniers 
font  chefs  de  deux  feftes  réputées  Orthodoxes  par  les  Mufulmans. 

Abou  Hanifah  difoit  qu'il  n'avoit  point  connu  de  plus  fçavant  Jurifconfulte 
que  Giafar  Sadik ,  ôc  que  toutes  les  fois  qu'il  paroiflbit  devant  lui ,  il  étoit  faifi 
d'une  plus  grande  crainte  ,  &  frappé  d'un  plus  grand  refped  ,  que  lorfqu'il  fe 
prefentoit  devant  le  Khalife  Almanfor. 

GIAFAR  Ben  Soliman,  ell  le  nom  d'un  de  ceux  que  les  Mufulmans  révè- 
rent comme  Saints  ,  dont  Jafei  a  écrit  la  vie  dans  la  feélion  feizième  de  fon 
Hifloire. 

GIAFARI.  Tarik  Giafari  ,  la  Chronique  Giafarienne.  C'ell  une  hifloire 
compofée  par  l'Imam  Abugiafar  Al  Thabari ,  dont  Georges,  furnommé  Ebn 
Amid ,  &  vulgairement  Elmacin ,  nous  a  donné  l'abbregé  depuis  Mahomet  jufqu'à 
fon  tems ,  fous  le  nom  de  Tarikh  Al  Moflemin.  C'ell  en  un  mot  l'HiUoire 
Sarracenique  qu'Erpenius  nous  a  donnée. 

GIAFARI,  l'or  Giafarien,  Monnoye  d'or  que  le  Khalife  Abugiafar  Al- 
manfor fit  battre  à  plus  haut  titre  que  celle  qui  couroit.  Voyez  le  titre  de  So- 
liman fils  d'Abdalmalek. 

GIAFARI  AH,  Ville  que  le  Khalife  Motavakel  l'Abbaffide  fit  bâtir  dans 
riraque  Arabique  pour  y  faire  fon  fcjour,  en  y  transférant  le  iiege  de  l'Em- 
pire des  Mufulmans  qui  étoit  pour  lors  à  Samarah.  Il  la  nomma  Giafarie,  parce 
que  Giafar  ou  Giàfer  étoit  fon  nom  propre;  &  Motavakel  âl  allah,  qui  fignifie 
celuy  qui  fe  confie  en  Dieu,  étoit  fon  nom  de  Khalife.  MontalFer,  fon  fils,  & 
fon  fuccelfeurj  ayant  abandonné  cette  ville,  elle  fe  ruina  en  fort  peu  de  tems. 

GIAFEREK 


G  I  A  F  E  R  E  K.  G  1  A  G  A  T  H  A  I.  123 

GIAFEREK  AI  Mocri ,  eft  le  même  que  Giàfer  Ben  Ahmed  Al  Baiheki 
qui  mourut  J'an  544  de  l'Hegire,  Nous  avons  de  Juy  Je  Livre  intitulé  Tair 
al  meffader,  la  Couronne  des  fontaines.  C'eft  un  recueil  de  tous  les  infinilifs 
de  la  langue  Arabique  traduits  en  langue  Perfienne, 

GIAGANIAN,  Province  de  l'Afic  vers  le  fleuve  Indus,  dont  Sjhamfeddin 
Gauri  étoit  Sultan.  Les  Arabes  en  addoucilTcnt  la  prononciation,  &  rappel- 
lent Saganiân. 

GIAGANNAT,  Idole  des  Indiens  qui  a  donné  fon  nom  à  une  ville  fituée 
fur  le  Golphe  de  Bengale,  oti  il  y  a  un  aufli  grand  concours  d'indiens,  que 
de  Mahometans  à  la  Mecque.  Une  des  principales  cérémonies  qui  fe  praci:]ucnt 
dans  fon  Temple  ou  Pagode  ,  eft  de  lui  donner  pour  époufes  les  plus  belles 
filles  du  paj's  que  l'on  enferme  avec  lui,  &  qui  ne  manquent  gueres  d'en  for  tir 
grolTes,  par  l'induftne  de  ceux  qui  ont  le  foin  du  culte  abominable  de  cet  idole. 

GIAGATHAI  Khan,  fécond  fils  de  Genghizkhan;  il  eut  pour  partage  dans 
la  fucceffion  de  fon  père  les  Pi-ovinces  de  Turân,  c'eft-à-dire  ,  la  Tranfoxane , 
&  le  Turkeftan, 

Il  établit  le  fiege  de  fon  Empire  en  la  ville  de  Bifchbalig,  &  gouverna  fes 
Etats  avec  beaucoup  de  fagelTe  &  de  modération,  vivant  en  bonne  intelligence 
avec  Oktai,  fon  frère  puîné,  qui  avoit  fuccedé  à  leur  père  dans  les  Etats  d'Iran, 
c'eft-à-dire ,  de  de-çà  le  Gihon.  Il  ne  faifoit  rien  iàns  l'avis  de  Caragiar  Nuiân , 
que  Genghizkhan  lui  avoit  donné  en  mourant  pour  chef  de  Ces  confeils,  &  de 
fes  armées.  Ce  Seigneur  étoit  pour  lors  un  des  plus  puillans  entre  les  Mogols , 
&  a  été  le  cinquième  ayeul  de  Tamerlan. 

Pendant  le  règne  de  Giagathai ,  un  nommé  Mahmoud  que  l'on  furnommoit 
Tarabi,  à  caufe  qu'il  étoit  originaire  de  Tarab ,  bourgade  fituée  à  fix  lieues  de  la 
ville  de  Bokharah  ,  fe  foûleva  contre  les  Mogols  fan  630  de  l'Hegire  ,  de 
J,  C.  123a.  C'étoit  un  Impofleur  qui  avoit  déjà  par  fes  prelliges  &  faux  mira- 
cles tellement  gagné  l'efprit  de  ces  peuples  ,  qu'il  fe  trouva  bien-tôt  à  la  tête 
d'une  groffè  armée  avec  laquelle  il  fe  rendit  maître  de  la  ville  de  Bokharah. 

Les  Commandans  de  Giagathai  ayant  aflemblé  leurs  troupes  pour  combattre 
ce  rebelle,  il  fe  prefenta  à  eux  pour  leur  livrer  bataille:  les  Mogols  étant  en 
prefence  de  leurs  ennemis  ,  &  fe  trouvant  cnvelojîpez  d'une  pouflîere  fort 
épaiOe,  ne  purent  jamais  fe  refoudre  à  les  attaquer.  Une  feule  flèche  décochée 
de  leur  armée  par  hazard,  alla  cependant  tuer  Mahmoud  au  milieu  de  fon  camp; 
mais  un  tourbillon  de  pouflîere  qui  couvroit  les  deux  armées  ,  iit  qu'aucun 
n'eut  connoilfance  de  l'effet  qu'avoit  produit  ce  coup  fatal. 

Les  Tartares  qui  s'étoient  trouvez  tout  d'un  coup  fans  courage ,  &  invcflis 
de  tous  cotez  par  une  pouflîere  fi  extraordinaire  ,  ne  manquèrent  pas  d'attri- 
buer cet  accident  aux  enchantemens  de  l'impoflieur  Mahmoud  ,  &  la  fuperflii- 
tîon  s'emparant  entièrement  de  leurefprit,  fépouvante  faifit  bien-tôt  leur  coeur, 
&  leur  fit  prendre  une  honteufe  fuite  fans  qu'aucun  ennemi  les  pourfuivît. 

Cette  terreur  panique  qui  mit  les  Tartares  en  déroute,  haulfa  le  courage  des 
rebelles,  de  forte  que  s'étant  mis  à  leurs  trou  Iles ,  ils  en  tuèrent  plus  de  di.; 
raille,  mais  étant  retournez  en  leur  camp,  ils  furent  bien  furpris  de  n'y  point 
Irouver  leur  General.    Ceux  qui  étoient  de  fa  cabale ,   firent  aufli-tôt  courir  le 

Q  2  bruit, 


r24  G  I  A  G  H. 

bruit,  qu'il  s'étoit  rendu  invifible  pour  quelque  tenîg,  &  ces  pauiTôs  abufez-  fans 
s'étonner  autrement,  ni  le  débander,  établirent  Mohammed,  &  Ali,  frères  de 
Mahmoud,   pour  fcs  Lieutenans  pendant  fon  abfcjice. 

Caragiar  cependant  qui  gouvernoit  les  Etats  de  Giagathai ,  prit  la  refolution 
d'éteindre  cet  incendie  qui  gagnoit  peu  à  peu  les  meilleures  villes  du  pays.  Il 
employa  pour  cet  effet  les  principales  forces  de  l'Empire,  &  entreprit  d'exter- 
miner encieremcnt  ces  rebelles.  La  ville  de  Bokharah  qui  les  favorifoît  ,  fut 
châtiée  comme  elle  le  meritoit  ;  car  après  avoir  vu  faccager  fon  terroir ,  & 
répandre  le  fang  d'un  grand  nombre  de  fes  habitans ,  elle  fut  enfin  obligée  de 
députer  vers  Giagathai  pour  obtenir  le  pardon  de  fa  rébellion.  Elle  l'obtint  de 
la  clémence  de  ce  Prince,  &  fe  trouva  délivrée  en  même  tems,  &  des  violen- 
ces qu'elle  fiuffroit  des  Tarabiens,  car  on  appelloit  ainfi  cette  nouvelle  faftion, 
&  de  la  fureur  des  Tartares  qui  fe  vangeoient  d'eux  impitoj'ablement. 

Giagathai  Khan  mourut  l'an  de  FHegire  638,  de  J,  C,  1240,  qui  convient 
avec  celui  que  les  Mogols  appellent  Od ,  c'cft-à-dire  ,  le  Bœuf  dans  le  Cycle 
d'années  qui  leur  eft  particulier.  Il  n'eut  pas  pour  fuccefleur  un  feul  ;  car  tous 
fes  enfans  &  fes  plus  proches  parens  partagèrent  entr'eux  les  provinces  de  fon 
Empire,  &  ceux  qui  eurent  la  meilleure  épée,  en  emportèrent  la  meilleure  part. 

Manuca  fon  fils  aîné  qui  mourut  avant  lui  ,  laiila  trois  enfans  '  nommez  Baif- 
fiir,  Cara  Holagu,  &  Naligu  qui  fe  fuccederent  l'un  à  l'autre,  Barak-Khan,  fils 
de  Bailfur,  fut  un  des  plus  confiderables  Princes  de  cette  famille  ,  régna  après 
eux,  &  fit  des   conquêtes  jufques   dans  la  Chine,     Khondemir. 

Abulfarage  met  entre  les  Etats  de  Giagathai  les  Provinces  d'Aigur  ou'd'Igur, 
d'Almalig,  &  de  Khovarezmc.  Il  femble  aullî  que  Khondemir  lui  donne  les 
premiers  Etats  que  Genghizkhan  poffeda  dans  le  pays  des  Mogols  :  cependant 
Emir  Khouand  ichah ,  &  le  même  Khondemir  écrivent  qu'Oktai  Caan  eut  pour 
partage  les  Etats  patrimoniaux  de  ce  Monarque,  &  qu'il  fut  reconnu  de  tous 
fes  frères  pour  le  chef  de  la  maifon  de  Genghizkhan ,  &;  de  tout  fEmpire  des 
Mogols. 

C'eft  de  Giagathai ,  que  le  pays  d'au  de-là  du  Gihon,  ou  Oxus  a  été  nommé 
le  Zagathai, 

G I A  G  H  &  Tcliagh.  Les  Cathaiens ,  &  les  Turcs  Orientaux  ont  un  Cycle 
de  douze  ans  qu'ils  appellent  de  ce  nom  ,  &  chaque  année  de  ce  Cycle  porte 
1j  nom  d'un  animal.  La -première  porte  le  nom  de  la  fouris:  La  féconde  du 
bœuf:  La  troifièmc  du  lynx  ou  léopard:  La  quatrième  du  lièvre  :  La  cinquième 
du  crocodile:  La  fixième  du  fcrpent  :  La  feptième  du  cheval:  La  huitième  du 
mouton:  La  neuvième  du  finge:  La  dixième  de  la  poulie:  L'onzième  du  chien: 
La  douzième  du  pourceau. 

Ils  divifent  auflî  les  vingt-quatre  heures  du  jour  en  douze  parties  qu'ils  appel- 
lent encore  Giagh ,  dont  chacune  efl  de  deux  heures  ,  &  ils  leur  donnent  les 
noms  des  mêmes  animaux.  Ils  divifent  de  plus  chacun  de  ces  douze  Giagh,  dont 
la  journée  cil  compofée,  en  huit  parties  qu'ils  appellent  Keh  ;  de  forte  que  leur 
journée  contient  quatre -vingt  feize  Keh. 

GIAGH   Schabath  ;  ce  mot  eft  compofé  du  Tartare  ,   &  du  Syriaque.    Il 
fignific  chez  les  Mogols  icAdouzième  mois  de  leur  année.    Il  paroît  par  ce  mot 
&  par  plufieurs   autres  ,    que  les   Chaldeens  ou   Syriens  ont  porté  leur  langue 
avec  la  rjligion  Chrétienne  bien  avant  dans  la  Tartaiùe:  ce  qui  eft  arrivé  pro- 
bable- 


G  I  A  G  H  M  I  N.  -; G  I  A  H  E  D  H.  t2'5 

Bablemcnt,  lorfque  les  Nefloriens  ayajit  établi  plufieurs  Eglifes,  &  même  des 
Patriarchales  dans  Bagdet ,  &  dans  MozaI ,  ont  auffi  envoyé  des  Miflionnaires 
aux  Indes,  en  Tartarie,  &  même  dans  la  Chine,  pour  y  prêcher  la  foy. 

GIAGHMIN,  Ville  de  la  Province  de  Khovarezme,  de  laquelle  étoit  natif 
Mahmoud  Ben  Omar  ,  furnommé  à  caufe  de  fa  naiflance  Al  Giaghmini.  Ce 
perfonnage  nous  a  donne  en  langue  Perfienne  un  traité  de  la  Sphère  intitulé 
Molakhcff  fil  IJidt,  qui  a  été  traduit  &  commenté  par  Cadhi  Zadeh  Al  Roum.i. 
On  trouve  cet  ouvrage  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n°.  724  &  799. 

GIAGRAFIAiï&  Giarafiah.  La  Géographie.  Mot  que  les  Arabes  ont 
corrompu  du  Grec.  Cependant  les  liv^res  que  les  Arabes,  Pcrfans  &  Turcs  ont 
compofés  fur  cette  fcience ,  ne  portent  gueres  ce  titre. 

L'Ouvrage  Géographique  d'Ebn  Eifaker  efl  intitulé  Efchraf  dla  mârefat  al 
athrdf. 

Al  Balkhi  a  nommé  le  fien  Takovim  d  beldd ,  &  Abulfeda,    Takovhn  alboldan. 

Al  Birouni  a  intitulé  le  fien  Canoiin,  &  Scherif  Al  (£dri(îî  a  donnné  le  nom 
de  Nozehat  al  Mofchtàk  à  celui  dont  l'abrégé  nous  eit  connu  fous  le  nom  de 
Géographie  Nubienne.  "  ■ 

Nous  avons  le  Ahfan  al  tecajjîm  fi,  mârefdt  ai  akdlim  de  Mucdcjfi ,  &  plufieurs 
autres  dont  il  efl;  fiiit  mention  dans  cet  ouvrage  fous  divers  titres. 

Les  Anciens  Perfans  ont  eu  une  Carte  Géographique  de  Manés  l'Herefiarque, 
laquelle  portoit  le  nom  de  Sourat  rohoû  meskoim,  c'eft-à-dire ,  la  Figure  ,  ou  la 
difpofition  des  quatre  quartiers  de  la  terre  habitable.  L'Auteur  du  Lebtarikh 
en  fait  mention  dans  la  vie  de  Schabour  Al  Aktâf  qui  ell  Sapor  aux  épaules , 
Roy  de  Perfe  de  la  quatrième  dynaftie. 

Les  Mufulmans  ont  une  Géographie  fabuleufe  tii'ée  de  l'AIcoran,  laquelle  efl: 
fuivie  par  leiu-s  anciens  Dofteurs  qui  fe  font  attachez  plus  fcrupuleufement  à  la 
doftrine  groffiere  de  leur  faux  Prophète. 

Roger,  fécond  Roy  de  Sicile,  avoit  un  globe  terreflre  qui  pefoit  huit  cent 
marcs  d'argent.  L'on  dit  que  ce  fut  pour  faire  la  defcription  de  ce  globe, 
qu'Edriffi  ,  dont  les  ancêtres  s'étoient  réfugiez  d'Afrique  en  Sicile  ,  compofa 
le  traité  de  Géographie  dont  nous  avons  l'abrégé  ,  &  duquel  il  a  été  parlé 
ci-deiTus, 

GIAHANI  ou  Giaheni,  Surnom  de  Màbad  Ben  Khaled,  Chef  de  la  fefte 
des  Cadariens  ,  qui  eft  une  fubdivifion  de  celle  des  Motazales.  f'oyez  le  titre 
de  Mâbad. 

GlAHEDH,  Celui  qui  a  les  yeux  gros,  ou  à  fleur  de  tête.  C'efl:  le  fur- 
nom  ou  fobriquet  d'un  fameux  Dofteur  Mufulman.,  dont  le  nom  étoit  Abou 
Othman  Amoud  ou  Amrou  Ben  Mahboub  ,  natif  de  la  ville  de  Baflbrah,  d'où 
il  pafla  à  Bagdet. 

Il  fut  difciple  d'Abou  Ishak  Al  Nadhâm,  &  chef  de  la  fefte  des  Motazales; 
fon  éloquence  le  faifoit  admirer  de  tous  ,  aufli  avoit-il  puifé  dans  les  Auteurs 
Grecs ,  &  fort  étudié  leur  Philofophie.  Il  a  lailTé  plufieurs  Ouvrages  de  Meta- 
phyfique  que  les  Arabes  appellent  Elm  al  Kelam  ,  la  Science  des  paroles ,  ou 
des  termes 

Les  Schîites  ou  Seftaires  d'Ali  qui  font  amis  des  Motazales,  lui  donnoient  dfc 

Q  3  groflis 


i^$  G  I  A  L  A  I  R-  - —  G  I  A  L  I  N  O  U  S. 

grolTes  fommes  d'argent,  pour  l'obliger  d'écrire  en  leur  faveur  ;  auflî  compofa-t- 
il  un  livre  dans  lequel  il  ramafîa  mille  traditions  ou  récits  qui  étoient  tous  à  l'a- 
vantage d'Ali. 

Ben  Caircm  rapporte  un  fentiment  qu'il  dit  avoir  été  général  parmi  les  Mu- 
fulmans,  à  fçavoir  qu'il  y  a  eu  dans  le  Mufulmanifme,  quatre  hommes  de  lettres, 
qu'aucun  autre  n'a  ni  devancé ,  ni  atteint.  Abou  Hanifah  dans  la  Jurifprudence , 
Khalil  dans  la  Grammaire,  Giahedh  dans  la  compofition,  &  Abou  Temam  dans 

la  Poëfie.  . 

Ce  Docteur  mourut  à  Bagdet  l'an  de  l'Hegire  255,  fous  le  Khalifat  de  Môtaz 
l'Abbaffide.  Sa  réputation  fut  telle  que  les  Motazales ,  ou  au  'moins  une  feéle 
d'entr'eux,  portent  le  nom  de  Giahedhiah. 

GIALAIR,  nom  d'une  tribu  des  Mogols  qui  fit  mourir  la  Reine  Menoul on 
avec  huit  de  Ces   enfans.     f^oyez  le  titre  de  Caidou  Khan. 

GIALALECAH.  C'eft  ainfi  que  les  Arabes  d'Efpagne  appellent  la  Galice. 
Ceux  qui  font  originaires  de  cette  Province  font  appeliez  Gialiani,  comme  Ab- 
dalmoLimen  Ben  Omar  Al  Andaloufi,  Auteur  du  livre  intitulé  ^dab  Al  Soiouk , 
&  d'un  autre  qui  porte  les  noms  de  Divan  Saghir,  &  de  Mâafcheràt.  Ce  der- 
nier  ouvrage  ell  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n".    11 80. 

Cet  Auteur  mourut  en  Efpagne  Tan  602  de  FHegire.  f^oyez  fur  le  fujet  de  la 
Gallice  la  defcription  du  pays  de  Roum ,  tirée  d'Ebn  Alvardi,  dam  le  titre  de  Roum  if 
le  titre  de  Galikiah ,  qui  n'eji  pas  la  Gallice  d'Efpagîie ,  mais  la  Valachie. 

GIALDANIOUN  en  Arabe,  &  Gialdaniân  en  Perfien.  Les  Chaldeens, 
appeliez   encore  Cafchdaniân  du  mot  Hébreu  Cafchdira. 

GIALIANI.     Voyez  plus  haut  Giz\d.\ecz\i, . 

GIALIB,  furnom  de  Mofleheddin  Mofthafa  Ben  Khaireddin,  qui  eft  Auteur 
d'un  Commentaire  fur  le  livre  intitulé  Efcharàt  u  al  nadhair.  Ce  commentaire 
porte  le  nom  particulier  de  Tanovir  al  azhar  u  al  dhamair. 

GIALINOUS.  Galicn.  Mohammed  Ben  Caflem  dit  qu'il  étoit  Rhodien 
d'origine,  qu'il  naquit  60  ans  après  la  mort  de  Jesus-Christ,  66$  après 
celle  de  Socrate,  &  qu'il  mourut  à  l'âge  de  87  ans. 

Il  étoit  fils ,  félon  le  même  Auteur ,  d'un  grand  Géomètre ,  &  a  été  le  der- 
nier des  Médecins  du  premier  rang.  Son  père  lui  avoit  laiffé  de  très -grands 
biens;  de  forte  qu'il  exerçoit  gratuitement  la  Médecine,  &  ne  prenoit  aucune 
rétribution  des  Ecoliers  qu'il  inftruifoit.  On  dit  même  qu'il  fournilîbit  non  feu- 
lement des  remèdes  ,  mais  encore  la  nourriture  à  fes  malades  ,  ce  qui  fc  doit 
entendre  àes  pauvres. 

Quant  à  fa  perfonne,  il  mangeoit  peu,  jeûnoit  fouvent,  &  aimoit  fort  la  pro- 
preté. Il  a  compofé  près  de  400  traitez  differens  fur  la  médecine,  lefquels  ont 
été  prefque  tous  traduits  en  Syriaque,  en  Hébreu,  &  en  Arabe,  &  commentez 
par  divers  Interprètes. 

Honain  Ben  Ishak  a  traduit  en  Arabe  la  plupart  de  fes  ouvrages.  Nous 
avons  dans  la  Biblothcque  du  Roy  les  Foffoul  ou  Aphorifmes,  Menafé  al  addha^ 
de  Tufagc  des  parties  du  corps.  Fil  ménage,  du  Tempérament,  Tadbir  al  Sehnt , 

des 


G  I  A  L  K  0  U  N  E  H. G  I  A  M.  127 

^es  moyens  de  ^conferver  Ja  fiinté ,  Efiacfat ,  des  Elemens ,  &  plufieurs  autres 
opufcules  du  même  Auteur,  traduits  en  Arabe  par  le  même  Auteur,  dans  les 
n^  866  &  950.  Et  il  s'en  trouve  aufli  plufieurs  dans  la  Bibliothèque  du  Cabi- 
net du  grand  Duc  de  Tofcane. 

Ebn  Batrik  dit  qu'il  étoit  premier  Médecin  de  l'Empereur  Commode  ;  mais 
il  eft  certain  airifi  qu'il  a  lervi  Antonin ,  &  Marc  Aurele.  Abulfarage  q'ui  dit 
conformément  au  rapport  des  Auteurs  Grecs,  qu'il  étoit  natif  de  Pergame,  cite 
un  paflage  de  fes  écrits ,  par  lequel  il  paroît  avoir  eu  des  fentimens  fort  favo- 
rables aux  Chrétiens. 

On  lit  dans  les  écrits  des  Mufulmans  des  éloges  magnifiques  de  Galicn,  &  par- 
ticulièrement dans  la  préface  du  commentaire  fur  le  Menafê  alaâdha  ,  qui  eft 
dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n^.  866.  Ce  commentaire  a  pour  Auteur  Ben 
Abi  Sadik,  &  on  le  trouve  feparément  dans  la  même  Bibliothèque  n"".  949. 

GIALKOUNEH,  ce  mot  eft  corrompu  par  les  Arabes  du  mot  Tchalghiou- 
neh  qui  fignifie  en  Perfien  les  quatre  couleurs.  C'eft  le  furnom  de  Mâbad 
Cadhi,  dont  il  faut  voir  le  titre. 

GIALOULAH,  lieu  de  la  Province  de  Khoraflan,  où  les  Perfans  furent 
défaits  par  les  Arabes  pour  la  féconde  fois  après  la  bataille  de  Cadefie  fous  le 
Khalifat  d'Omar  premier.  Ce  fut  dans  cette  féconde  journée  fatale  à  la  Mo- 
narchie de  Perfe  qu'Iezdegerd  ,  leur  dernier  Roy ,  fut  tué,  Foyez  le  titre  de 
Nihavend. 

GIALOUS,  Ifle  de  la  mer  des  Indes,  dont  les  habitans  font  nègres,  mar- 
chent nuds ,  &  s'entremangent  les  uns  les  autres.  Elle  eft  éloignée  de  deux 
journées  de  navigation  de  celle  qui  porte  le  nom  d'Albinoman,  Ces  deux  illes 
font  au  Midy  de  celle  de  Rami ,  laquelle  félon  Edriffi,  a  700  lieuës  de  long, 
&  n'eft  pas  beaucoup  éloignée  de  celle  de  Serandib  ,  que  nous  croyons  être 
Zeilan ,  ou  Sumatra  ;  û  cette  dernière  eft  Serandib ,  l'ifle  de  Rami  fera  Bornéo. 

GIALOUT,  c'eft  ainfi  que  les  Arabes  appellent  celui  qui  eft  nommé  Go- 
liath  dans  le  dix-feptième  chapitre  du  premier  livre  des  Roys,  Et  ils  appellent 
Gialoutialï  la  dynaftie  des  Roys  des  Philiftins,  qui  rcgnoient  en  Paleftine,  lorf- 
que  les  Hébreux  y  entrèrent. 

Ahmed  Al  Faffi  dit  dans  fon  livre  intitulé  Ketab  Al  Giamman,  que  ces  Roys 
étoient  connus  fous  le  nom  ou  titre  de  Gialout ,  de  même  que  les  Roys  d'E- 
gypte portoient  tous  en  ce  tems-là  celuy  de  Pharaon  ,  &  que  David  défit  le 
Gialout  de  fon  fiecle  ,  qui  n'eft  autre  que  Goliath  ,  &  extermina  entièrement 
les  Philiftins,  dont  les  reftes  fe  réfugièrent  en  Afrique;  &  enfin  que  c'eft  d'eux, 
que  les  Berber,  peuples  de  la  côte  de  Barbarie,  font  defcendus. 

GIAM,  en  Perfien  fignifie  une  couppe  ou  verre  à  boire,  &  un  Miroir. 
Les  Orientaux  qui  fabriquent  cette  efpece  de  vafes  ou  uftcnciles ,  de  toutes 
fortes  de  métaux  auffi-bien  que  de  verre  ou  de  cryftal,  &  en  plufieurs  figures 
ditferentes,  mais  qui  approchent  toutes  de  la  Spherique  ,  donnent  aulfi  ce  nom 
à  un  Globe  celefte.  Ils  difent  queJ'ancien  Roy  Giamfchid ,  qui  eft  le  Salomon 
des  Perfes,  &  Alexandre  le  Grand,  fivoicnt  de  ces  couppes,  globes,  ou  miroirs, 

par. 


123  G  I  A  M.  G  I  A  M  A  S  B. 

par  le  moyen  defquels  ils  connoifToient  toutes    les  chofes   naturelles  ,   6c  quel- 
quefois même  les  furnaturelles. 

La  couppc  qui  fervoit  à  Jofeph  le  Patriarche  pour  deviner ,  &  celle  de  Neftor 
dans  Homère  où  toute  la  nature  étoit  rcprefentée  fymboliquement  ,  ont  pu 
fournir  aux  Orientaux  le  fujet  de  cette  fiftion.  Un  Poëte  Turc  dit  :  Lorfquc 
j'aurai  été  éclairé  des  lumières  du  ciel,  Giam  Kiti  olur  giani:  Fehem  ider  nilchê 
raz  penhani^  mon  ame  deviendra  le  miroir  du  monde,  dans  lequel  je  découvri- 
ray  les  fecrets  les  plus  cachez. 

GIAM  Kiti  Noma  ,  Miroir  qui  reprefente  le  monde.  C'eft  le  titre  d'un 
livre  Perfien  traduit  en  Arabe  fous  le  nom  de  MecaJJed  alhehmt.  Ce  font  des 
thcfcs  de  Philofophie  tirées  d'un  ouvrage  plus  ample  qui  a  pour  titre  Tohfat  al 
Solthan ,  Prefent  fait  au  Sultan. 

Ibrahim  Al  Hacalani  Al  Marouni,  que  nous  connoifTons  fous  le  nom  d'Abra- 
ham Ecchellenfis ,  nous  a  donné  cet  abrégé  traduit  en  Latin,  mais  l'édition  du 
texte  Arabe  eft  fort  défeftucufe. 

GIAMAHERI,  furnom  d'Ahmed  Al  Hegiage  Jofeph  Ben  Mohammed, 
mort  l'an  158   de  l'Hcgire.     Foyez  Hegiage. 

GIAMAHI,  furnom  de  Mohammed  Ben  Salara  ,  Auteur  des  vies  des  Poè- 
tes, fous  le  titre  de   Tabacat  al  fchoâra. 

GIAM  AL  ou  GIEMAL,  la  Beauté.  Gemal  abâd,  la  belle  ville,  furnom 
que  l'on  donne  en  Orient  à  la  ville  de  Cazuin,  appellée  vulgairement  Casbin, 
qui  a  été  autrefois  la  capitale  de  Perfe.  C'eft  ainfi  que  la  ville  de  Florence  a 
été  qualifiée  en  Europe,  Fiorcnza   la  Bella. 

Holagu ,  Empereur  des  Mogols  ou  Tartares ,  ayant  envoyé  à  Casbin  trois  cent 
prifonniers  qu'il  y  fit  mourir  ,  donna  lieu  au  proverbe  Perfien  :  On  l'a  envoyé 
à  Gemal  abad,  c'efl-à-dire ,  à  Casbin,  pour  fignifier  on  l'a  fait  mourir.  Il  a  été 
remarqué  dans  le  titre  de  Gcnnat  que  le  mot  de  Gemalabad,  qui  fignifie  la  belle 
demeure,  fignifie  aufiî  en  Perfien  le  Paradis. 

GIAM  ALI,  furnom  d'Ali  Ben  Mohammed  Al  Roumi  qui  mourut  l'an  931 
de  l'Hegire.  Il  éfl  l'Auteur  du  livre  intitulé  Âdab  Al  Aotiffm^  c'efi:-à-dire ,  les 
Loix  &  les  Coutumes  qui  regardent  les  Légataires,  félon  la  Jurifprudence  des 
Mahometans. 

GIAM  AS  B  &  Giamaft.  C'efi;  le  nom  d'un  Philofophe  Perfien  de  la  fefte 
de  Zoroaftre,  qui  efi;  Auteur  d'un  livre  Perfien  traduit  en  Arabe,  &  intitulé. 
Livre  du  Philofophe  Giamasb^  cojîtenanî  les  jiigemens  fur  les  grandes  conjonàions  des 
planètes^  is'  fur  les  évejiemens  qiCelks  produifent.  Lali  efl  l'Auteur  de  cette  tra- 
du6lion  Arabe  qui  a  été  faite   ou  écrite  l'an  d'Alexandre  1592,  de  J.  C.  1180. 

La  Préface  de  ce  livre  porte,  qu'après  le  tems  de  Zoroaftre,  régna  Kifchtasb, 
fils  de  Lohorasb ,  Prince  très  -  puilîant ,  qui  ne  pofi'edoit  pas  feulement  le  pays 
d'Iran,  mais  encore  celuy  de  Touran  ,  &  celui  de  Habafche,  c'eft-à-dire,  la 
Perfe,  le  Turkeftan  &  l'Ethiopie.;  que  fous  fon  règne  fleuriflbit  dans  la  ville  de 
Ealkhc,  fur  les  confins  du  Khorafi'an  ,  un  Philofophe  confommé  dans  toutes  fortes 
de  fciences  nommé  Giamasb,  Auteur  de  cet  ouvrage,   dans  lequel  font  décrites 

toutes 


G  I  A  M  C  O  U  D.      ■    G  I  A  M  E.  i^v, 

toutes  les  grandes  conjon6èions  des  Planètes ,  tant  celles  qui  l'avoient  précédé 
que  celles  qui  dévoient  arriver  après  lui  dans  la  fuite  des  fiécles  ,   &  où  la  fon- 
dation de    toutes  les  Religions  &  l'origine   des   grandes  Monarchies  font  mar- 
quées.    Cet  Auteur  appelle  toujours  Zoroaflre,  Nôtre  Prophète. 

II  y  a  des  Hifloriens  qui  veulent  que  Giamasb,  furnommé  Al  Hakim,  c'eft-à- 
dire ,  le  Sage  ou  le  Philofophe  ,  ait  été  frère  de  Kifchtasb  ,  cinquième  Roy  de 
Perfe  de  la  race  des  Pifchdadiens. 

GIAMCOUD  &Giamcout,  Ville  fituée  fous  la  ligne  Equinoftiale  vers 
l'Orient.  Abdelmoal ,  Géographe  Perfien ,  dit ,  qu'elle  eft  à  l'extrémité  du  pays 
habité:  ce  qui  fe  doit  entendre  de  nôtre  hemifphère  &  des  climats  fituez  dans 
la  latitude  Septentrionale;  ou  bien  de  toute  la  terre,  félon  le  fentiment  des  an- 
ciens Géographes  Grecs  ,  qui  ne  croyoient  pas  qu'il  y  eût  des  peuples  ,  ni  au- 
cun lieu  habité  au  de-là  la  ligne  Equinoftiale. 

Il  faut  avouer  qu'il  y  a  peu  de  Géographes  Orientaux  qui  en  aycnt  fçu  plus 
que  les  Grecs;  car  ceux  qui  parlent  du  nouveau  monde,  qu'ils  appellent  Agiaib 
al  makhlovcât ,  les  merveilles  des  créatures  ,  ce  n'efl  qu'avec  beaucoup  d'ob- 
fcurité,  &  de  la  même  manière  que  Platon  a  parlé  de  l'Ifle  Atlantide,  que  l'on 
croit  avec  affez  d'apparence  être  l'Amérique. 

GIAME  &  Giamî.  Ce  mot  fe  prend  en  Arabe  pour  deux  chofes  fort  diffé- 
rentes ,  pour  un  temple  &  pour  un  livre  ;  cependant  l'un  &  l'autre  tire  fon 
origine  de  Giemâ,  qui  lignifie  alfembler,  ce  qui  fe  fait  dans  un  temple,  auflî- 
bien  que  dans  un  livre. 

Giamê  Al  Acfa  fignifie  le  Temple  de  Jerufalem  ,  à  caufe  que  l'on  y  vient 
&  que  l'on  s'y  aflemble  des  lieux  les  plus  éloignez, 

Giamê  Béni  Ommiah  ,  le  Temple  des  Ommiades ,  c'ell  le  temple  de  Damas, 
dédié  à  Zacarie  &  à  faint  Jean  Baptifte  par  les  Chrétiens  ,  &  profané  par  les 
Mahometans,  qui  en  ont  fait  une  célèbre  JSIofquée  ,  augmentée  &  enrichie  par 
les  Khalifes  de  la  race  des  Ommiades. 

Saddi  dit,  qu'il  avoit  fait  fes  prières  dans  cette  Eglife  fur  le  tombeau  d  lahia 
le  Prophète;  c'efl  ainfi  que  les  Mufulmans  appellent  faint  Jean  Baptifte. 

Giamê  eft  proprement  le  temple  principal  d'une  ville  ,  dans  lequel  on  s'as- 
femble  pour  faire  la  prière  folemnelle,  &  pour  entendre  la  prédication.  Les 
Mufulmans  donnent  cependant  plutôt  le  nom  de  Mefged,  qui  fignifie  lieu  d'a- 
doration, aux  Temples  de  Jerufalem  &  de  la  M«cque,  que  celuy  de  Giamê. 

G-IAME  Al  Mofredât,  Colleftion  ou  Recueil  des  médicamêns  fimples.  C'cil 
le  titre  du  grand  ouvrage  d'Ebn  Beithâr  fur  les  plantes,     ^oyez  Beithâr. 

Cet  ouvrage  eft  en  quatre  volumes ,  &  fe  trouve  fouvent  cité  fous  le  nom 
de  Ketab  al  mofredât,  livre  des  Simples. 

GIAME  Al  Kebir,  la  grande  Collcftion,  c'eft  un  Recueil  de  traditions  Mu- 
fulmanes  authentiques  ,  c'e'ft  pourquoy  on  lui  donne  aulîi  le  nom  de  Giamê  Al 
Sahih,  le  Recueil  fincère.  L'Auteur  de  cet  ouvrage  eft  Abou  Ilfa  Mohammed 
Ben  Ilfa,  furnommé  Al  Tcrmedi,  mort  l'an  279  de  l'Hcgire. 

L'on  dit  que  ce  Dofteur,  après  avoir  compofé  fon  livre,  l'envoya  aux  Doc- 
teurs de  l'Arabie  ,  de  l'Iraque  &  du  Khoraffan  ,  pour  avoir  leur  approbation 
avant  que  de  le  publier ,  &  que  tous  l'approuvèrent  avec  cet  éloge  :    Quicon- 

ToME  IL  R  que 


130  G  I A  M  E    A  L    S  A  G  H  I R.  .      G  I  A  M  E.    . 

que  aura  ce  livre  chez  foy  ,  peut  faire  état  qu'il  a  chez  foy  le  Prophète  qui 
lui  parle. 

Ifmâil  Al  Bokhari  a  fait  un  ouvrage  ,  qui  traite  le  même  fujet  &  qui  porte 
aulli  le  même  nom. 

Il  y  a  plufieurs  autres  Giamê  Kebir  ou  Colleftions  générales  fur  différens  fu- 
jets.  Il  y  en  a  plufieurs  fur  les  loix  Mufulmanes,  fur  la  Philofophie  ,  fur  l'A- 
itronomie  &  fur  f Hifloire.  Voyez  le  livre  intitulé  Kafchf  al  dhonoun  dans  la 
lettre  Gim. 

GIAME  AL  SAGHIR,  la  petite  Colleclion.  Alfoiouthi  en  a  fait  une 
fur  les  traditions  par  ordre  alphabétique,  &  Scheibani  une  autre  fur  les  Foroû, 
ou  points  de  droit  &  cas  de  confcience. 

GIAME  Al  Hckaidt  u  Lamé  al  revaiàt  ,  Recueil  hilloriquc  ,  compofé  en 
Perfien  par  Gemaleddin  Mohammed  Al  Aouki ,  &  traduit  en  Turc  par  Ebn 
Mohammed  Ben  Arabfchah,  Précepteur  du  Sultan  Morad  Khan,  vers  fan  840 
de  l'Hegire ,  qui  eft  de  J.  C.  1436.  Le  Sultan  Mohammed  ,  fécond  du  nom  , 
fils  de  Morad  ,  le  fit  traduire  de  nouveau  par  Negiati  Al  Schaêr  ,  qui  mourut 
l'an  914,  &  Bajazet ,  fécond  fils  de  Mahomet  ,  en  fit  faire  une  nouvelle  ver- 
fion  Turquefque  par  Saleh  Ben  Gelai ,  mort  fan  973. 

GIAME  Al  Rafchidi  ,  Pvccueil  de  plufieurs  ouvrages,  compofez  par  le  fça- 
vant  Rafchideddin  Fadhlallah,  Vizir  d'Algiaptu  ,  Empereur  des  Mogols  de  la  ra- 
ce de  Genghizkhan.  Ceft  un  très-grand  &  fort  gros  volume  ,  qui  efi:  dans  la 
Bibliothèque  du  Roy,  n°.  i.  Voyez  le  titre  de  Magmoû  Rafchidiah.  Ce  recueil 
traite  d'une  infinité  de  matières  différentes ,  &  fut  légué  par  l'Auteur  au  Collè- 
ge de  la  ville  de  Tauris  avec  une  fondation  confîdérable. 

GIAME  Al  Taovarikh  ou  Al  Tevarikh.  C'efl:  une  hifi:oire  de  la  famille  & 
de  la  race  de  Genghizkhan ,  depuis  Japhet ,  fils  de  Noé ,  jufqu'à  Algiaptu ,  com- 
pofée  en  Perfien  par  le  même  Vizir  Rafchideddin ,  dont  nous  venons  de  voir 
un  autre  ouvrage. 

L'Auteur  dit,  qu'il  commença  fon  ouvrage  jufiiement  au  tems  de  la  mort  de 
Gazan  Khan,  Empereur  des  Mogols,  l'an  714  de  l'Hegire,  qui  efi:  de  J.  C. 
i'>i4,  &  que  fon  fils  nommé  Mahmoud  Khodabendeh  ,  qui  lui  fucceda ,,  voulut 
qu'il  continuât  fon  ouvrage  &  «^uil  lui  donnât  fon  propre  nom  ,  en  y  ajou- 
tant tout  ce  qui  i:onccrnoit  les  provinces  &  les  Etats  ,  non  feulement  des  Mo- 
ools  &  des  Turcs  Orientaux,  mais  encore  des  Cathaiens,  des  Chinois,  compris 
fous  les  noms  de  Tchin  &  Marfchin,  de  Cafchmir,  des  Indes,  des  Juifs,  des 
Melahcdah,  c'eft-à-dire  ,  des  principautez  que  quelques  impies,  &  gens  fans 
Reli'ïion  ont  établies,  &  des  Afrange  ,  c'efl:-à-dire,  des  Francs  ou  Européens. 

Si  cet  ouvrage,  que  je  n'ay  point  vu,  étoit  exaft  pour  les'chofes  de  l'O- 
rient &  du  Septentrion  ,  l'on  pardonneroit  aifément  à  fon  Auteur  les  fautes 
qu'il  aura  fans  doute  commifes  en  parlant  de  l'Europe. 

GIAME  Al  Dakaik  fi  Kafchf  Al  Hakaik,  c'efl  un  cours  de  Philofophie,  qui 
a  été  compofé  par  Mohammed  Al  Giouini ,  Vizir  des  Sultans  Mamkics  d'E- 
gypte.   Il  cft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n*^.  907. 

GIAMI, 


G  I  A  M  I.  G  I  A  M  M  A  A  T. 


niers 

peu 

fan.    Il  vivoit  fous  le  règne  du  Sultan  Hu/Tain  Baicara  ,   Prince "ïifu  de  Ta' rice 

de  Tamerlan,  qui  regnoit  en  Khoraiîaii  dont  la   ville  de  lierat  étoit  pour  lors 

la  capitale. 

Ce  Poëte  ,  qui  étoit  regardé  d'ailleurs  comme  un  Dotrcur  célèbre  de  la  loy 
Kkifulmane  ,  étoit  connu  &  carefTé  de  tous  les  Princes  ci-  fon  Cécle.  Il  dédia 
même  un  de  fes  ouvrages,  intitulé  Erfchad,  Inflrudion,  d  Mohammed  Khan  AI 
Fatheh ,  c'eft-à-dire  ,  à  Mahomet  Second  ,  Sultan  des  Othomans ,  fiirnommé  le 
Conquérant. 

Les  principaux  ouvrages  de  Giami  font  un  Divan  en  vers ,  dont  le  flyle  eft 
du  genre  fublime,  &  contient  toute  la  Théologie  myftiqu^  des  Mufulmans";  & 
le  Bahariftân  ou  Printemps ,  mèé  de  Profe  &  de  vers ,  divifé  en  huit  Raoud- 
hat  ou  Parterres  ,  &  dédié  au  Sultan  HulFain  Baicara.  Il  publia  auffi  le  docte 
commentaire  d'Ebn  Hageb  fur  la  Cafiah ,  qui  ell  une  Gramr^iaire  Arabique.  Cet 
ouvrage  d'Ebn  Hageb  ell  dans  la  Bibliothèque  du   Roj' ,  n''.  1082  &  1083. 

Nous  avons  encore  de  cet  Auteur  le  Roman  de  Jofepli  &  de  Zoîeikhah  en 
vers  Perfiens,  &  plufieurs  bons  mots,  rapportez  dans  le  Defcer  Lathaif  de  La- 
mai.  Giami  mourut  l'an  de  l'Hcgire  888,  ou,  félon  quelques  Auteurs,  l'an  891, 
qui  efl:  le  i486  de  J.  C. 

On  rapporte  de  Giami  ,  que  le  Poëte  nommé  Deilieki  lui  raconta  un  jour 
toutes  fes  proueffes  ,  en  matière  de  combats  d'cfprit ,  qu'il  avoit  foûtenus  con- 
tre d'autres  Poètes  î^s  concurrens,  &  diiant  d'un  ton  fort  animé:  J'ai  répondu 
ainfi  à  Khofrou,  &  d'une  telle  manière  à  Kemal.  J'ai  rendu  Zehir  muet  &  Sel- 
man  tout  confus.  Giami  yoj^ant  cet  homme  fort  échauffé  ,  lui  répondit  froide- 
ment :  Vous  avez  fort  bien  répondu"  aujourd'hui  ;  mais  avez -vous  fongé  à  ce 
que  vous  devez  répondre  demain.  L'aujourd'huy  &  le  demain,  chez  les  Orien- 
taux, fignifient  la  vie  préfente  &  la  vie  future,  comme  il  a  déjà  été  remarqué 
cy-deffus. 

'Un  homme  d'Ifpahan,  qui  vantoit  extrêmement  toutes  les  chofies  de  fon  pays, 
&  méprifoit  les  autres  ,  ayant  dit  à  Giami  ,  qu'il  y  avoit  à  Ifpahan  des  melons 
d'une  grolfeur  fi  extraordinaire,  qu'un  homme  y  étant  aflîs,  ne  touchoit  pas  la 
terre  avec  fes  pieds,  il  lui  répliqua  auffi  -  tôt  :  Nous  n'avons  pas  véritablement 
dans  la  ville  de  Herat  de  fi  gros  melons  ;  mais  en  échange  ,  il  y  a  des  navets 
qui  font  auffi  long  que  des  gaules. 

Un  autre  de  Samarcand  louant  beaucoup  une  forte  de  raifin  de  fon  pays,  ap- 
pelle Rifch  Baba  ,  Baxbe  de  Père  ,  Giami  lui  demanda ,  fi  cette  efpèce  furpaf- 
foit,en  délicatefl'e,  celle  que  l'on  nomme  dans  le  Khorafiân  Khaieh  golamân, 
Bourfes  de  Mores.  Le  Samarcandois  lui  ayant  répondu  que  non:  Giami  lui  dit 
auffi-tôt:  Il  efi:  donc  clair,  que  les  Bourfes  de  nos  efclaves  valent  mieux  que  les 
Barbes  de  vos  Pères. 

Voyez  dans  le  titre  d'ÏQzià  ou  de  Mezid,  une  autre  repartie  fort  ingénicufc  du 
même  GiamL  , 

GI  AMMAAT.Azzeddin  ou  Ezzeddin  Mohammed  Ben  Abibecr  Ben  Giammâat 
Al  Kenani,  qui  mourut  l'an  819  de  l'Hegire  ,  eft  l'Auteur  du  livre  intitulé  Of- 
foui  fi  fanâaî  Al  Douais.    Voyez  le  titre  de  Keaart. 

R  2  Le 


132  G  I  A  M  s  C  H  I  0. 

Le  mot  de  Giammaât  ou  Giammeât  fignifîe  proprement  l'afTemblée  des  Mufiil- 
mans,  c'eft-à-dire ,  pour  parler  abufivement,  l'Eglife  de?  Fidèles. 

Les  Mahometans  citent  fur  le  fujet  de  leur  alFemblée  Religieufe  deux  maxi- 
mes ,  prononcées  par  deux  des  plus  anciens  &  des  plus  autorifez  Dofteurs  du 
Mufulmanilme. 

La  première  eft  d'Ebn  Maflbûd ,  qui  dilbit  ,  Laljfa  al  gîamdât  bekethrat  alnas , 
raffemblée  Religieufe  ne  confilte  pas  dans  la  multitude  des  perfonnes.  Man  kan 
vidalio  alhak  fahou  algiamdât  u  en  kan  çvahedhoj  celui  qui  a  la  vérité  de  fon  cô- 
té, eft  l'Eglife,  encore  bien  qu'il  foit  feul. 

La  féconde  eft  de  Sofîàn  Thouri,  dont  le  fens  eft  prefque  le  même.  Jl  gia- 
viddî  al  dlem  u  laou  âla  ras  algiabal.  -  L'homme  fçavant  &  éclairé  eft  l'alfem- 
blée,  encore  qu'il  foit  fur  la  çrouppe  d'une  montagne. 

Ces  fentimens  font  fort  favorables  aux  Seftaires  ;  c'cft  pourquoy  il  ne  faut 
pas  s'étonner  s'il  y  en  a  tant  parmi  les  Mahometans.  yoyez  cependant  fur  la  fin 
du  titre  rf'Ali  ,  ce  que  ce  Khalife  difoit ,  ou  ce  que  les  Sonnites  lui  font  dife  par 
rapport  à  czux  de  fa  Secte. 

GIAMSCHID,  quatrième  Roy  de  la  race  ou  dynaftie  des  Pifchdadiens  , 
qui  eft  la  première  des  Roys  de  Perfe  ,  étoit  frère  ou  neveu  de  Tahamurath 
fon  prédéceftcur.  Son  nom  propre  étoit  Giam  ou  Gem,  <^  on  y  ajouta  celuy 
de  Schid,  qui,  dans  la  langue  des  anciens  Perfans,  fignifie  le -Soleil ,  à  caufe  de 
la  grande  beauté  &  majefté  de  fon  vifage  ,  qui  éblouiffoit  les  yeux  de  tous  ceux 
qui  le  regardoient  fixement,  ou  bien,  félon  quelques  Auteurs,  à  caufe  de  l'é- 
clat de  fes  grandes  aélions. 

Un  des  plus  illuftrcs  monumens  de  fon  règne  ,  eft  la  ville  d'Eftekhàr  ,  dont 
Tahamurath  avoit  déjà  jette  les  fondemens.  Cette  ville  eft  celle  qui  fut  con- 
nue depuis  par  les  Grecs  fous  le  nom  de  Perfepolis  ,  dont  les  ruines  portent 
aujourd'huy  celuy  de  Gihil  menâr  ou  Tchilminâr,  c'eft-à-dire,  les  quarante  co- 
lonnes. Giamfchid  donna  à  cette  ville  une  enceinte  prodigieufe  ,  que  Ton  dit 
avoir  été  de  douze  parafanges,  qui  font  24  lieues  Françoifes  ,  parce  qu'il  y  en- 
ferma non  feufement  un  grand  nombre  de  Palais  «Se  de  maifons  de  plaifance  ; 
mais   encore  plulieurs  grands  parcs  &  terres  labourables. 

Cette  grande  ville  étant  achevée,  il  y  fit  fon  entrée  &  y  établit  le  fiége  de 
fon  Empire  ,  ce  qui  étant  arrivé  au  même  moment  que  le  Soleil  entroit  dans 
le  figne  du  bélier,  ce  jour  nommé  par  les  Perfans  Neuruz,  c'eft-à-dire,  le  nou- 
veau jour,  parce  qu'il  eft  le  premier  du  printems,  fut  fixé  pour  le  commence- 
ment de  f  année  Perfienne,  qui  eft  purement  foîaire. 

L'Auteur  du  Giamê  al  tavarikh  rapporte ,  qu'en  fouillant  les  fondemens  de 
la  ville  d'Eftekhàr  ,  l'on  trouva  un  vafe  de  Turquoife  qui  contenoit  quatre  li- 
vres ou  deux  pintes  de  liqueur.  Ce  vafe  fi  précieux  fut  nommé  par  excellen- 
ce Giamfchid,  qui  fignifîe  en  Perfîen  le  vafe  du  Soleil,  &  quelques-uns  ont  cru 
que  ce  Prince  en  a  tiré  fon  nom.  Mais  quoy  qu'il  en  puifie  être  ,  il  eft  cer- 
tain ,  que  les  Poètes  Perfiens  parlent  fouvent  du  vafe  ou  de  la  couppe  de  Giam , 
qui  eft  le  même  que  Giamfchid  ,  &  l'allégorifent  en  mille  manières  différentes, 
le  faifant  tantôt  le  fymboîe  de  la  nature  &  du  monde,  comme  les  Grecs  ont 
fait  celui  de  Neftor,  tantôt  celuy  du  vin  pour  autorifer  leurs  débauches ,  quel- 
quefois celuy  de  la  divination  &  des  augures ,  &  enfin  de  la  cbyraie  &  de  la 

pierre 


G  I  A  M  s  C  H  r  D.  ,33 

pierre  philofophale  ;  car  les  Chymiflcs  ne  manquent  jamais  de  la  trouver  par- 
tout où  ils  croj'cnt  y  avoir  quelque  myftère  caché. 

Ce  Prince  ,    après  avoir  fournis  à  fon  empire  fept  grandes  provinces  de  la 


tel  &  de  mériter  les  honneurs  divins.  Pour  fe  les  attirer  ,  il  fit  faire  plufieurs 
ftatuës  de  différentes  matières ,  qu'il  envoya  dans  les  provinces  de  fon  .Empire , 
&  contraignit  les  peuples  de  les  adorer  fous  fon  nom. 

Le  Dieu  tout-puilfant  &  feul  adorable,  voulant  abbatre  l'orgueil  de  ce  Prin- 
ce, luy  fufcita  auflî-tôt  un  terrible  ennemi  dans  fa  propre  famille,  qui  fut  Sche- 
dâd,  fils  d'Ad,  Roy  d'Arabie  fon  neveu;  car  ce  Prince  ambitieux  prenant  pour 
prétexte  l'impiété  "de  Giamfchid  fon  oncle  ,  envoya  une  puilfante  armée  contre 
lui  fous  la  conduite  de  Zohak ,  fils  d'Okian.  Ce  Capitaine  n'eut  pas  grand'  pei- 
ne à  combattre  Giamfchid  :  car  il  le  prit  au  dépourvu ,  &  défit  aifément  des 
troupes  qu'une  longue  paix  avoit  amollies,  &  fait  oublier  entièrement  le  métier 
de  la  guerre  :  c'ell  ce  qui  obligea  ce  Prince  à  prendre  la  fuite  &  d'abandonner 
fes  Etats  à  l'ufurpateur. 

Giamfchid  ainfi  dépouillé  ,  entreprit  pendant  fon  exil  de  faire  ,  félon  le  rap- 
port de  quelques  Hiiloriens ,  tout  le  tour  de  la  terre  habitable,  ce  qui  a  fait 
croire  à  quelqu'un  d'entr'etLX,  que  ce  Prince  eft  le  même  que  l'ancien  Dhulcar- 
nein ,  duquel  il  effc  parlé  dans  l'Aicoran  ,  &  qu'il  faut  diftingucr  d'Alexandre  le 
Grand,  auquel  on.  a- donné  le  même  nom,  à  caufe  de  fes  grandes  conquêtes. 
Khondemir.     Voyez  les  titres  de  Dhulcarnein  6?  (fEfcander. 

Le  Tarikh  Monteklieb  dit ,  que  ce  Prince  fut  renommé  pour  fa  fagefie  ,.  & 
qu'il  rangea  tous  fes  fujets  en  trois  claifes.  La  première  fut  celle  des  gens  de 
guerre.  La  féconde  comprenoit  ceux  qui  cultivoient  la  terre  ;  &;  il  reduifit  fous 
la  troifième  ceux  qui  exerçoient  les  arts  libéraux  ou  méchaniques  ,  qui  furent 
pour  la  plupart  inventez  de  fon  tems. 

La  mufique  des  voix  &  des  inilrumens,  &  l'aftronoraie  doivent  leurs  commen- 
cemens  à  Pythagore  &  à  Thaïes  ,  que  l'on  dit  avoir  été  contemporains  de  ce 
Prince ,  &  "le  même  Auteur  ajoute  ,  qu'il  fit  bâtir  des  greniers  publics  pour  y 
amalfer  &  conferver  des  grains ,  qui  ne  dévoient  fervir  à  la  nourriture  de  fes 
fujets  ,  que  dans  les  années  de  difette  &  de  famine  ,  &  qu'ayant  obfervé  que 
la  boiflbn  du  vin  avoit  rendu  la  fanté  à  une  de  fes  femmes  qui  étoit  malade  , 
il  en  rendit  l'ufage  public. 

Après  fa  mort  ,  la  Reine  Feramak  ,  fa  femme  ,  fauva  Feridoun  fon  fils  des 
mains  de  Zohak,  &  le  tint  caché  pendant  plufieurs  années  ,  jufqu'à  ce  qu'étant 
plus  avancé  en  âge,  il  pût,  comme  il  fit  enfuite  par  le  fecours  de  Gao  ,  déli- 
vrer la  Perfe  des  mains  de  ce  Tyran. 

L"" Auteur  du  Lcbtarikh  rapporte  ,  que  Giamfchid  donna  à  lli  nouvelle  ville 
d'Ellekhâr  douze  parafànges  de  longueur  fur  dix  de  largeur ,  qu'il  fonda  aufïï 
celles  de  Thous  en  Kiiorafl;àn ,  &  de  Hamadan  dans  l'Iraque  Perfienne ,  &  que 
c'efl  à  lui  que  l'on  doit  attribuer  la  conltruftion  du  pont  de  pierre  fur  le  Ti- 
gre, dont  la  ftrufture  étoit.  merveilleufe.  L'on  dit,  qu'Alexandre  le  Grand  aj-anC 
confideré  ce  pont ,  l'admira  ,  &  qu'après  avoir  dit  que  c'étoit  le  plus  grand  ou- 
vrage des  anciens  Roj's  de  Perfe,  il  commanda  qu'il  fût  démoli. 

Cependant  cecy  ne  fe  rapporte  pas  à  ce  que  Saâdi  dit  dans  fon  Guliftan  , 

R  3  qu  A- 


154.  G  I  A  M  S  C  H  I  D. 

qu'AleXâllcîre  avoit  acquis  une  gloire  incomparablement  plus  grande  que  tous  fes 
prédécefTeurs  ,  en  ce  qu'il  n'avoit  pas  permis  que  l'on  ruinât  aucun  de  leurs 
ouvrages. 

Si  cela  eft ,  le  tems  n'a  pas.  épargné  ce  qu'Alexandre  avoit  cru  devoir  con- 
fcrver-  car  enfin  ce  pont  ayant  été  renverfé,  Ardlchir  Babeghan  ou  Artaxerxe, 
fondateur  de  la  quatrième  dynaftie  de  Perfe,  connue  fous  le  nom  des  Safanides 
ou  des  Kofroes ,  entreprit  de  le  rebâtir  ;  mais  n'ayant  pu  y  reuflîr  ,  il  fe  con- 
tenta d'en  faire  un  de  bateaux  liez  enfemble  par  des  chaînes  de  fer  ,  qui  a 
fubfiflé  fort  long -tems.  On  met  encore,  fous  le  règne  de  ce  Prince,  l'in- 
vention de  la  chaux  &  du  plâtre ,  celle  des  bains  &  des  étuves  publiques  ,  des 
tentes  &  des  pavillons ,  &  même  celle  de  pêcher  des  perles  dans  le  fonds  de 
la  mer. 

Le  Neuruz  qu'il  inftitua,  comme  nous  avons  vu,  le  premier  jour  du  prin- 
tems  ,  ayant  reculé  dans  Tannée  Iblaire  faute  de  Bilfextile  ,  fut  remis  fous  le 
Khalifat  du  Moftadhi  du  quinzième  degré  des  poiifans  ;,  où  il  fe  trouvoit ,  au 
premier  degré  du  Bélier  ;  &  Ulug  beg  remarque  ,  que  de  fon  tems  le  Neuruz 
commun  &  populaire  étoit  toujours  au  premier  jour  du  mois  de  Feruardin  j 
mais  que  le  propre  &  véritable  ne  tomboit  qu'au  fixième  jour  du  même  mois. 

L'Auteur  du  livre ,  intitulé  Himaiiin  Nameh  ,  dit ,  que  ce  Monarque  atten- 
tif à  confidérer  les  ouvrages  de  la  nature  &  du  Créateur,  apprit  des'  abeilles, 
à  établir  des  gardes  de  fa  porte  &  de  fa  perfonne  ,  des  rondes  ,  &  des  fenti- 
nelles ,  des  huiflîers  de  fa  chambre  ,  &  enfin  un  trône  de  majeflé  &  un  tribu- 
nal de  jullice. 

Saâdi  veut  auflî,  que  ce  Prince  ait  non  feulement  divifé  les  hommes  en  plu- 
fieurs  états  &  profeffions ,  mais  qu'il  les  ait  encore  diftingués  par  des  habits  & 
par  des  coëff'ures  différentes.  On  lui  attribue'  auffi,  d'avoir  introduit  l'ufage  de 
porter  des  anneaux  au  doigt ,  pour  cachetter  les  lettres  &  autres  acles ,  nécef- 
faires  dans  le  commerce  de  h  vie  &  pour  l'entretien  de  la  fociété. 

Il  donna  à  la  main  gauche  la  préférence  qu'elle  a  toujours  maintenue  jufqu'à 
préfent  dans  l'Orient ,  &  comme  l'on  s'en  étonnoit  ,  il  donna  ,  pour  raifon  de 
fon  ordonnance  ,  qu'il  fuffifoit  à  la  main  droite  ,  d'avoir  l'avantage  d'être  la 
droite,  &  qu'il  falloit  honorer  la  gauche  pour  faire  quelque  forte  de  compen- 
fation. 

Le  Tarikh  Cozidéh  donne  à  Giamfchid  ,  Anougihân  ,  frère  de  Tahamurath  , 
troifième  Roy  de  la  race  des  Pifchdadiens,  pour  père,  &  faifant  allufion  à  fon 
nom,  dit,  que  lorfqu'il  monta  fur  le  trône  de  fon  oncle  ,  l'on  pût  dire,  que  le 
Soleil  plus  éclatant  qu'à  l'ordinaire  s'étoit  levé  fur  l'horizon  de  la  Perfe  ,  tant 
il  l'orna  par  fes  vertus  &  l'embellit  par  fes  ouvrages. 

Prefque  tous  les  Hilloriens  donnent  fept  cent  ans  de  règne  à  ce  Monarque, 
après  lefquels  il  fut  dépouillé  de  fes  Etats  ,  &  en  emploj-a  cent  autres  à  voya- 
ger. Quelques  -  uns  cependant  écrivent ,  qu'il  fut  fait  prifonnicr  par  Zohak  & 
fendu  ou  coupé  en  deux,  par  l'ordre  de  ce  Tyran. 

Khondemir  donne  à  Giamfchid  pour  minières  deux  grands  pcrfonnages,  l'un 
Juif  &  l'autre  Grec.  Le  premier  fe  nommoit  Fael  Ifllif  Rabban  ,  &  le  fécond 
Fithagorcs ,  qui  efi;  Pythagore  ,  dont  Teixera  a  fait  les  deux  noms  de  Fitha  & 
de  Gores.  Il  dit  aufîî,  qu'il  faifoit  fon  féjour  ordinaire  dans  la  province  de  Se- 
?eflan,  qui  éll  une  des  plus  méridionales  de  la  Perfe. 
^  GIAN 


GIAN.  13^ 

GIAN  &  Giân  Ben  Giân.  C'ell  le  nom  d'un  Monarque  de  cette  efpèce  de 
créatures  que  les  Arabes  appellent  Gian  ou  Ginn ,  les  Perfans  Giannian  &  Gin- 
nian,  les  Turcs  Ginniler ,  &  Ginler.  Le  Tarikh  Thabari  dit,  qu'il  étoit  Mo- 
narque des  Perl  ou  Féez  ,  qui  ont  gouverné  le  monde  pendant  deux  mil  ans, 
après  lefquels  Eblis  fut  envoj'é  de  Dieu  pour  les  chafTcr  ,  &  confiner  dans  une 
des  parties  du  monde  les  plus  reculées,  à  caufe  de  leur  rébellion. 

L'hiftoire  de  Tahmurath  en  Turc  fait  fouvent  mention  de  cette  efpèce  de 
créatures  ,  laquelle  a  été  enfin  exterminée  par  de  fréquentes  guerres  ,  &  dans 
l'Epitaphe  de  Kaiumarath  ,  premier  Roy  de  Perfe  &  Empereur  de  tout  l'O- 
rient, il  efl  fait  mention  de  Giân  Bon  Giân  en  cette'  manière:  Qu'efl:  devenu 
le  peuple  de  Gian,  fils  de  Gian:  Regarde  ce  que  le  tems  en  a  fait. 

Les  expéditions  militaires  &  les  ouvrages  fuperbes  de  ce  grand  Monarque  font 
couchez  dans  le  Tahmuras  Nameh,-&  les  Pyramides  d'Egypte,  félon  la  tradition 
des  Orientaux ,  font  des  monumens  de  fà  grande  puiifunce.  ^oycz  les  titres  de 
Ahrâm  6?  de  Éhram,  cf  ceux  de  Div  âf  de  Péri. 

Le  Bouclier  de  Giân  Ben  Giân  effc  auflî  fameux  parmi  les  Orientaux ,  que 
celuy  d'Achille  parmi  les  Grecs.  Il  a  été  dans  les  mains  de  trois  Salomons  con- 
fécutifs  qui  s'en  font  fervi  à  exécuter  des  exploits  merveilleux",  mais  fabuleux. 
Il  tomba  enfuitc  dans  celles  de  Kaiumarath  ,  qui  le  laifia  par  fucceffion  à  fon 
fils  Siamek,  &  celui-cy  à  Tahmurath,  furnommé  Divbend,  c'cft-à-dire,  le  vain- 
queur des  Géants;  car  c'efl  ainfi  qu'en  parle  le  Kaiumarath  Naméh. 

Ce  bouclier  étoit  fort  myfterieux;  car  outre  fa  compofition  ,  dans  laquelle  le 
nombre  de  fept  fe  rencontre  ,  foit  à  l'égard  des  peaux  qui  le  couvroicnt ,  ou 
des  cercles  qui  l'environnoient  ,  il  avoit  été  fabriqué  par  art  Talifmanique  ou 
Aftronomique  :  enforte  qu'il  détruifoit  tous  les  charmes  ,  &  tous  les  enchante- 
mens  que  les  Démons  ou  les  Géans  pouvoient  faire  par  l'art  Goetique  ou  Ma- 
gique. 

Ces  Salomons ,  dont  il  eft  icy  parlé  ,  font  des  Monarques  univerfels  de  toute 
la  terre  habitable  ,  &  même  des  Ginnes  ,  comme  l'on  peut  voir  dans  le  titre  de 
Soliman. 

Bénou  ou  Béni  al  Giân ,  font  les  Efprits  ou  les  Génies  ,  qui  ne  font  ni  An- 
ges,  ni  Diables,  c'eft-à-dire,  les  Intelligences  feparées  avant  que  quelques-unes 
d'entr'ellcs  eulfent  prevariqué  ,  &  pendant  qu'elles  étoicnt ,  comme  difent  les 
Théologiens,  dans  la  voie  ,  in  Jîatu  via  ,  c'eft-à-dire  ,  en  état  de  pouvoir  mé- 
riter ou  démériter. 

Plufieurs  de  nos  Docteurs  ont  cru  ,  que  cet  état  n'a  duré  qu'un  moment  ou 
un  inllant,  comme  ils  parlent,  après  leur  création:  mais  les  Orientaux  ne  font 
pas  de  cette  opinion  ;  car  ils  croyent  que  cet  état  a  duré  fort  long-tems  avant 
la  création  d'Adam,  &  que  pendant  ce  tems -là  ils  ont  rempli  &  gouverné  le 
monde  ,  qu'ils  fe  font  fouvent  révoltez  &  ont  été  fouvent  châtiez  ,  jufqu'à  ce 
que  Dieu  ne  les  pouvant  plus  fouifrir,  refolut  de  créer  l'homme  &  de  l'établir 
fon  vicaire  fur  terre. 

Ils  difent  auflî,  qu'une  partie  de  ces  créatures  refufant  de  s'affujettir  à  Adam, 
furent  reprouvées  avec  leur  chef,  nommé  Eblis,  que  nous  appelions  Lucifer. 
L'Alcoran  parlant  de  ces  efprits  dit ,  que  Dieu  les  avoit  créez  avant  Adam  ,  de 
la  matière  d'un  feu  ardent  &  bouillonnant ,  &  qu'ils  ne  voulurent  pas  fe  foû- 
mettre  à  l'homme  créé  ou  formé  de  la  terre. 

U 


136  G  I  A  N.  -^—  G  I  A  N  B  I  T  A  H. 

Il  y  a  un  livre  Arabe  ,  intitulé  Jkàm  al  mergiân  fi  ahcam  al  gian.  Pièces  de 
corail  amafTées,  fur  ce  qui  regarde  les  Ginnes  ou  Génies. 

GIAN,  furnom  de  Mohammed  Ben  Hafîan  ,  Précepteur  d'Amurath  ,  fils  de 
Selim ,  Sultan  des  Turcs  Ochmanidcs ,  Auteur  du  livre  intitulé  Bahagiat  al  afrar, 
les  plus  beaux  fccrets;  c'elt  un  livre  curieux,  plein  d'exemples  rares  &  de  pré- 
ceptes moraux. 

GIANABI,  Soliman  Ben  HafTan  ,  furnommé  Aboufaîd  Al  Gianabi  ,  eft  un 
fameux  Kharegite  ou  Rebelle  ,  lequel  ayant-  ramafTé  plufieurs  gens  fans  aveu  , 
dans  les  provinces  d'Iemamah  &  de  Baharain  en  Arabie  ,  vint  dans  l'Iraque  Ba- 
bylonienne &  s'empara  des  villes  de  BalTora  &  de  Coufa. 

Après  cette  conquête,  il  eut  la  hardieffe  de  fe  préfenter  devant  Bagdet  &  de 
faire  infulte  au  Khalife  Moftader,  qui  y  regnoit  pour  lors  l'an  313  de  l'Hegire, 
puis  fe  retirant  peu-à-peu,  il  fit  combler  de  fable  tous  les  puits  qui  avoient  été 
creufez  fur  le  chemin  de  la  Mecque  pour  la  commodité  des  pèlerins. 

L'an  317  de  la  môme  Hégire  ,  il  vint  à  la  Mecque  au  tems  que  les  Pèlerins 
y  étoient  affemblez,  en  tua  un  grand  nombre,  pilla  la  ville  pendant  fept  jours, 
emplit  le  puits  de  Zemzem,  qui  eft  fi  fort  efi:imé  par  les  Mufulmnns,  de  cada- 
vres &  enleva  la  pierre  noire  ,  qui  étoit  la  pièce  la  plus  vénérable  du  temple 
de  la  Mecque;  en  forte  que  le  pèlerinage  de  ce  temple,  qui  eft  le  fixième  arti- 
cle capital  de  la  Religion  Mufulmane,  fut  fupprimé. 

Gianabi  efl  auflî  le  furnom  d'Abou  Mohammed  Mofthafa  Ben  Seid  Haflan  Al 
HolTeini ,  Hiflorien  célèbre  ,  qui  a  conduit  fon  ouvrage  depuis  la  création  du 
monde  jufqu'en  l'an  997  de  l'Hegire, qui  elt  le  1588  de  J.  C,  fous  le  règne  d'Amu- 
rath, troifième  fils  de  Selim  ,  fécond  Sultan  des  Turcs.  Cette  Hifioire  efl  inti- 
tulée Bakar  alzakhâr  u  êlm  al  tebâr,  &  contient,  en  deux  gros  volumes,  82  fec- 
tions,  dont  chacune  comprend  une  dynaft:ie  particulière.  Elle  a  été  abrégée  & 
traduite  de  l'Arabe  en  Turc.  Cet  Auteur  mourut  l'an  999  de  l'Hegire,  de  J. 
C.  1590. 

L'Auteur  du  Kafchf  al  dhonoun  écrit  ,  que  quelques-uns  donnent  à  ce  livre 
le  titre  d' Elm  al  Zakher^  Icience  llirabondantc  ;  mais  que  fon  véritable  nom  eft 
Bahar  al  Zakhâr,  qui  fignifie  une  mer  pleine  &  enflée  j  &  ajoute  que  c'eft  l'hif- 
toire  la  plus  ample  que  les  Mufulmans  aycnt. 

GIAN  BAL  AT  H,  nom  propre  d'Al  Malck  Al  Afchraf  Caictbai ,  vingtième 
Roy  de  la  dynaflie  des  Mamlucs.  Circafli-ns ,  lequel  ayant  été  mis  à  la  place 
d'Al  Malek  Al  Dhaher  Canfou  ,  dèpofé  l'an  905  dé  l'Hegire  ,  fut  auflî  dcpo- 
fé  luy-mcme,  l'an  906,  qui  efi:  le  1500  de  J.  C.  ,  après  un  peu  plus  de  fix 
mois  de  règne. 

GIANBITAH,  nom  d'une  ville,  qui  pafle  pour  être  la  plus  grande  de  tout 
le  pays  de  Habafchah  ,  qui  efi:  l'Ethiopie  ,  quoy  qu'elle  foit  bâtie  en  quelque 
façon  au  milieu  d\m  défert.  Elle  eil  fort  peuplée  &  a  plufieurs  villages  fituez 
fur  une  rivière,  qui  prend  fa  fource  au  de-là  de  l'Equateur  &  qui  le  rend  dans 
le  Nil ,  en  coulant  vers  le  couchant  d'Eilé ,  auprès  d'une  ifie  &  d'une  ville  qui 
font  toutes  deux  nommées  lalak.  Il  y  a  des  Géographes  ,  dit  Edrifli  dans  la 
cinquième  partie  de  fon  premier  climat,  qui  prennent  le  fleuve  qui  pafle  à  Gian- 
bitah  pour  le  Nil  5  mais  ils  fe  trompent. 

GIANL 


G  I  A  N  I.  G  I  A  R  M  A  G  I  N.  137 

GIANI.     II  y  a  trois  Auteurs  qui  portent  ce  nom.     Le   premier  cfl  Abou 
AbJallah  Mohammed  Ebn  Malck  Attlui,  natif  de  Damas,   Auccu.-  di  Tashil  al 
faouaid.     yoyez  ce  titre. 
.  Le  fécond  eft  Baflbr  Giani.     Foyez  fou  titre. 

Le  troifiè:ne  eft  Manfor  Ben  Omir  A!  A  lih  ,  natif  d'ffpahan ,  &  mort  Tan 
416  de  l'Hegire,  qui  eft  Autour  d'Aful  u  taifarufaa  ,  c'cft-à-cii.-c  ,  des  verbes 
Arabes  &  de  leurs  conjugaifons. 

GIANKOVA,  Ville  de  la  Chine,  diftante  de  celle  de  Khancu  ,  de  huit 
journées  de  chemin,  félon  Edriifi,  dans  la  neuvième  partie  de  fon  premier  climat. 

GIAR  ALLAH,  furnom  de  Mahmoud  Ben  Omar  Al  Zamakhfchari ,  qui 
mourut  l'an  538  de  l'îlegire.  Ce  furnom,  qui  fignifie  Voifin  de  Dieu  ,  lui  iat 
donne,  à  caufe  qui!  palla  la  plus  grande  partie  de  fa  vie  à  la  Mecque  au.>. es 
du  Temple  que  les  Mufulmans  appellent  Beit  Allah,  la  Maifon  de  Dieu,  il 
étoit  natif  de  la  ville  de  Zamakhfcaar  en  KhoralTtn.  Foy^z  ce  titre.  Il  eft  Au- 
teur du  livre  intitulé  ^J]as  al  beldgat ,  les  fondemens  de  l'Eloquence. 

GIARAFIAH,  les  Arabes  ont  ainfi  nommé  la  Géographie  de  Ptolemce, 
qu'ils  ont  traduite  en  leur  langue.  Foyez -le  titre  d:  Bathalmious.  Ebn  Alvar- 
di  cite  fouvent  cet  ouvrage  de  Ptolemée  .  'dans  fon  livre  inlituié  Kcricat  al 
âgiaib,  le  Joyau  des  choies  les  plus  curicufes.     l'oy:z  aujji  le  titre  de  Giagratiah. 

GIARBADKHANI,  furnom  de  Najibeddin,  Auteur  Perfien,  qui  a  com- 
pofé  le  Roman  de  Befchir  ve  Hend. .  Ce  font  les  amouis  6l  les  avantures  de 
Befchir  &  de  HenJ  ou  Hindah  ,  qui  font  un  de  ces. couples  d'Amants  fameux 
dans  l'Orient. 

GIARBURDI,  furnom  de  Fakhreddin  Ahmed  Ben  Haftan,  qui  eft  Auteur 
d'un  commentaire  fur -le  Tasrif  d'Ebn  Hageb.  Ce  livre  eft  dans  la  Bibliothèque 
Royale,  n<^.  1087. 

GIARHI,  furnom  d'un  Dofteur  Mufulman  ce!èbre  pour  fa  piété,  nommé 
ordinairement  Aboulfaâddt,  qui  eft  l'Auteur  du  Daovat  Fatehah,  Traité  fur  l'ex- 
cellence du  premier  chapitre  de  l'Alcoran,  nommé  Al  Fatehah» 

GIARIR.  Ebn  Giarir,  eft  un  des  noms  du  fameux  Hiftorien  Abou  Giàfar 
Al  Thabari,  Foyez  le  titre  de  Thabari.  Les  Perfans  le  nomment  fouvent  au/H 
en  leur  langue  Pefter  Giarir ,  le  Fils  de  Giarir. 

Il  y  a  un  Giarir  ou  Giorair ,  qui  eft  aufîi  fameux  pour  fa  beauté  parmi  les 
Arabes,  que  Jofeph  l'a  été  parmi  les  Hébreux. 

GIARMAGIN  &  Giurmakin,  Père  &  Chef  de  la  race  des  Sahiout  chez  les 
Mogols.     Foyez  le  titre  de  Baifancor. 

Les  Giarraacides  ou  Giurmacides  ont  fait  autrefois  des  incurfions  dans  la 
Perfe  &  dans  la  Méfopotamie ,  plufieurs  fiécles  avant  le  Mahometifme.  Les 
hiftoires  Orientales  portent ,  que  l'Empereur  Carinus  fut  défait  &  tué  par  ces 
peuples,  qui  s'étoient  en  ces  tems-là  rendus  maîtres  de  Mouflal  ou  Ninive. 

Tome  II.  S  GIARMANI, 


130  G I  A  R  M  A  N  I.  G  I  A  S  S  A  S. 

GIARMANI,  furnom  de  Mohammed  Ben  Ali,  Auteur  du  livre  intitulé  M 
Efchdrdt  u  Al  Tafchhehat,  des  Métaphores  &  des  fimilitudes,  c'eft-à-dire,  en  gê- 
nerai, un  livre  de  Rhétorique,  qui  traite  des  Tropes  ou  Figures.  Nous  avons 
aufli  de  luy  un  Scharh  ou  Commentaire  fur  les  Arbain  ou  40  Traditions.  Cet 
Auteur  mourut  Fan  de  l'Hegire  729. 

GIAROUMIAH,  Grammaire  Arabique,  qui  tire  fon  nom  de  fon  Auteur, 
nommé  Abou  Abdallah  Mohammed  Ben  Mohammed  Ben  Daoud  Al  Sanhagi  , 
lequel  eft  plus  connu  fous  le  nom  d'Ebn  Giaram  &  de  Giaroumi.  Ce  livre  efl: 
dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n".  1042,  Manufcrit,  &  a  été  imprimé  à  Rome 
dans  rimprimerie  de  Medicis ,  auffi-bien  qu'une  autre  Grammaire  appellée  Ca- 
tiah.     Cet  Ebn  Giaram  eft  auffi  nommé  Ben  Agram. 

Il  y  a  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  ïf.  1085,  un  commentaire  du  Seid  Ab- 
bas  Azheri  fur  la  même  Grammaire. 

GIARRAH,  furnom  de  Mohammed  Ben  Daoud,  Auteur  du  livre  intitulé 
Kctab  Al  l^ouzara^  le  livre  des  Vizirs. 

GIARRAZ.  Ahmed  Ben  Ibrahim  Al  Thabib  Al  Afriki  ,  efl  fouvent  citd 
fous  le  nom  d'Ebn  Giarrâz.  Il  étoit  Afriquain  de  nation  &  Médecin  de  pro- 
feOion.  Nous  avons  de  lui  un  traité  des  médicamens  fimplcs  ,  intitulé  Etecàd 
fil  ado'vidt  al  mofredat,  &  un  autre  des  Médicamens  compofez  ,  intitulé  Boghiat 
fil  adoviat  al  morakkMt.     Il  mourut  l'an  400  de  t'Hegire. 

GIARVANI,  furnom  de  Mohammed  Ben  Abdallah  Ben  Abd  Manaêm  Al 
Haffani  Auteur  du  livre  intitulé  Kaoukab  al  mnfelirck  fi  ma  iohtage  al  maouthek. 
Cet  ouvrage  enfeigne  les  conditions  de  toutes  les  efpèces  de  contrats  licites  par- 
mi les  Mufulmans.  11  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n".  594. 

GIASCHNÏ,  ce  mot  fignifie  proprement  en  Perfien  l'efTai  &  l'épreuve  que 
l'on  fait  de  la  viande  à  de  la  boilTon ,  avant  que  d'en  faire  fon  repas  ,  &  il 
fe  prend  métaphoriquement  pour  un  échantillon  de  quelque  chofe  que  ce  foit. 
"  Giafchni  &  Tchefchni  ghir  eft  celui  qui  fait  cet  effai  à  la  table  des  Princes. 
Les  Turcs  fe  fervent  de  ce  mot  pour  fignifier  un  des  principaux  Officiers  du  Sul- 
tan, qui  eft  proprement  ce  que  nous  appelions  l'Echanfon. 

Giefchni  ou  Giefchen  ,  fignifie  autre  chofe,  comme  l'on  pourra  voir  plus  bas. 

GIx\SMANIAH,  Eglife  de  Jcrufalem  ,  bâtie  par  Théodofe  le  Grand,  fur 
le  lieu  où  étoit  le  fepulcre  de  la  iainte- Vierge,  Mère  de  N.  S.  Elle  fut  brûlée 
par  Khofrocs  Parviz ,  Roy  de  Perfe ,  après  qu'il  eut  pris  Jerufalem  fur  l'Empe- 
reur Phocas ,  &  n'a  point  été  rebâtie  ,  comme  furent  la  plupart  des  autres  qui 
avoient  couru  le  même  fort. 

GIASSAR,  Céfar,  c'eft-à-dire,  l'Empereur  des  Romains.  Giaffarlu  en  Turc 
fe  prend  pour  celuy  qui  eft  du  parti  de  l'Empereur ,  lequel  cependant  n'eft  ap- 
pelle ordinairement  par  les  Turcs  que  Betche  ou  Vetche  Crali,  le  Roy  de  Vien- 
ne ou  d'Autriche. 

G  TAS  S  AS,  ce  mot  fi  unifie  proprement  en  Arabe  le  Plaftrier  ou  le  Maf- 
fon:  c'eft  le  furnom  d'un   fameux  DoCleur  de  la  loy  parmi  les  Mululmans,  dont 

le 


G  I  A  s  s  E  M G  I  A  U  II  A  R.  135 

le  nom  écoît  Ahmed  Ben  Ali  Al   Razi ,  qui  naquit  l'an  305  de  rHcgirc ,  & 

mourut  le   370. 

Il  fut  fait  Dofteur  dans  Bagdet  par  Aboul  HaOîm  Al  Carkhi,  &  on  le  compte 
pour  le  dernier  des  chefs  de  la  feftc  Hanifienne  qui  foûtient  rigoureulement 
le  Cadha,  c'eft-à-dire ,  le  Dellin.    NalTafi  autre  Dofteur  célèbre  fut  fon  difciple. 

Giaflas  expliqua  à  Bagdet  les  livres  intitulez  MùkhtafJ'ar ,  ou  les  fommaires  de 
Carkhi  ,  &  de  Thagaovi  ,  &  compofa  les  Ahkâm  Alcorân  ,  &  les  Oifoul  iil 
fekhi.     f^oyez  ces  titres. 

GIASSEM,  Bourgade  fituée  entre  les  villes  de  Damas  en  Sj^ie  ,  &  de 
Tiberiade  en  Paleftine;  elle  s'efl:  rendue  famcufe  par  la  nailfance  qu'elle  a  donnée 
à  Abou  Temâm,  qui  eft  réputé  par  la  plupart  des  Auteurs  Orientaux  pour  le 
Prince  des  Poètes  Arabes. 

GIATHLIC  &  Giathalic,  Catholique.  Nom  de  dignité  parmi  les  Chrétiens 
d'Orient  qui  fignifie  le  Patriarche  ou  fouvent  le  premier  Prélat  après  le  Pa- 
triarche ,  qui  eft  comme  fon  Vicaire  gênerai.  Ce  mot  eft  corrompu  du  Grec 
Catholicos. 

Les  Orientaux  fe  fervent  auiïï  du  nom  Grec  fans  le  corrompre.  L'Eglifc 
Cathédrale  des  Chrétiens  de  Damas  appellée  Mart  Miriam  ,  de  fainte  Marie, 
étoit  aulïï  nommée  Catholikiah:  elle  avoit  coûté  deux  cent  mil  dinars  d'or  à 
bâtir,  &  à  orner,  &  fut  brûlée  par  les  Mahometans  fous  le  Khalifat  de  JMoéla- 
der  l'an  312  de  l'Hegire,  de  J.  C.  924. 

GIAUBERI,  furnom  d'Abdalrahman  Ben  Abibekr  Al  Demefchki,  Auteur 
du  livre  intitulé  Kajclif  al  afrdr  u  hafk  al  ajtdr  ,•  la  Découverte  des  Myfteres , 
qu'il  dédia  à  Sultan  Maffoûd  le  Gaznevide. 

GIAUHAR,  nom  d'un  Efclave,  Grec  de  nation,  lequel  ayant  été  affranchi 
par  Manfor,  Khalife  de  la  dynaftie  des  Fathimites  en  Afrique,  s'avança  dans  les 
charges  militaires  jufqu'à  celle  de  General  d'armée.  Ce  fut  lui  qui  conquit  l'E- 
gypte pour  Moêz  ledinillah,  &  qui  fit  bâtir  la  ville  qu'il  nomma  Al  Caherah, 
&  que  nous  appelions  vulgairement  le  grand  Caire  ,  l'an  de  l'Hegire  358  ,  de 
J.  C.-  968.  Cafour  qui  commandoit  en  Egypte  comme  tuteur  des  enfans  d'Akh- 
fchid  étoit  mort  cette  même  année.  Moêz  cependant  ne  vint  de  Cairoan  en 
Egypte  que  l'an  362 ,  dans  lequel  la  ville  du  Caire  fut  achevée. 

GIAUHAR,  furnommé  Gedali  ,  premier  chef  des  Molathemiens  ou  Mara- 
bouths  ,  lequel  après  les  avoir  inftruits ,  &  conduits  ,  refufa  d'être  leur  Prince 
fouverain  ,  &  voulut  vivre  en  particulier.  Cet  homme  n'aj'ant  pas  obfervé 
quelqu'une  des  loix  qu'il  avoit  prefcrites  fut  condamné  à  la  mort  par  un  Juge 
qu'il  avoit  établi  lui-même,  &  la  fouffrit  avec  une  fort  grande  rcfignation  difant 
ces  paroles:  Il  y  a  long-tems  que  je  fouhaite  de  voir  Dieu,  &  d'apprendre  ce 
qui  fe  paffe  chez  lui.  Idha  Ahebb  iikà  allah  hatta  art  ma  andhou.  C'eft  Novairi 
qui  rapporte  ces  paroles  dans  le  chapitre  des  Molathemiali, 

GIAUHAR  Thamin  fi  feirat  al  molouk  u  al  Selathin.     Hiftoire  générale 
du  Mahometifme  jufqu'en  l'an  de  l'Hegire  814  de  J.  C.  141 1. 
Il  y  en  a  une  autre  qui  porte  le  même  titre    mai  s  qui  ne  traite  que  de 

S  2   .  l'Egypte, 


140  G I  A  U  H  A  R  — ~  G  I  A  U  H  A  R I. 

l'Egypte,  &  qui  arrive  jufqu'au  dernier  Roy  des  Mamlucs  nommé  TomamBey, 
vaincu   par  Selim,  père  de  Soliman  Sultan  des  Turcs. 

Elle  a  pour  Auteur  un  Ibrahim  Ben  Dacmac  ou  Docmac  qui  a  vécu  au  moins 
jufqu'en  l'an  de  l'Hegire  906  ,  qui  efl  de  J.  C.  1500.  Le  titre  de  ce  livre 
lignifie  la  Pierre  pretieufc. 

GIAUHAR  Al  Albâb  u  Boghiat  al  Thollab.  Livre  de  Théologie  myflique 
à  l'ufage'  des  Sofîs ,  compofé  par  Mohammed  Ben  Al  Vafa  Al  Schadeli. 

GIAUHAR  Al  Fard  fi  ma  iokhlaf  bihi  al  harr  u  al  âbd  ,  Livre  fi.ir  la  dif- 
férence qu'il  y  a  entre  un  homme  libre  ôc  un  efclave ,  compofé  par  Alemeddin 
Salch   Ben  Omar  Al  Balkini. 

GIAUHAR  Al  Ferid  fi  êlm  al  tauhid,  traité  de  l'unité  de  Dieu  par  Kema- 
leddin  Mohammed  Ben  Iffa  Al  Demiri,  mort  l'an  de  l'Hegire  808. 

GIAUHAR  Al  Ferid  fi  ômr  al  calîir  u  almedid,  traité  fur  la  brièveté,  & 
fur  la  longueur  de  la  vie  par  un  Anonyme. 

GIAUHAR  Al  Maknoun,  fil  Cabail  u  al  Bothoun  ,  Livre  très -ample  de 
Gcnealoi^ies ,  contenant  l'origine  des  fouches,  &  des  familles.  Ces  fouches  font 
les  différentes  tribus  &  races  principales  que  les  Efpagnols  appellent  Al  Cabil- 
das  ,  nom  tiré  de  l'Arabe  Al  Cabilah  dont  le  plurier  eft  Cabail.  L'Auteur 
de  ce  recueil  ell  le  Scherif  Aboul  berakàt  HafTan  Al  Giavani,  mort  Tan  588 
de  l'Hegire. 

GIAUHAR  Al  Monadham  fi  ziarat  cabr  al  mokarram,  traité  du  pèlerinage 
&  de  la  vifite  du  tombeau  de  Mahomet ,  fait  par  Amad  Ben  Hagiar  Al  Hai- 
themi  Al  Mekki  dans  le  tems  qu'il  faifoit  ce   pèlerinage  l'an  de  l'Hegire  956. 

GIAUHARAT  al  fard  fi  monadherat  nerkhes  u  al  ûard,  Difpute  entre  le 
Narciffe  &  la  Rôle.     Ouvrage  fort  fpirituel  d'Ali  Scherif  Al  Mardini. 

GIAUHARAT  al  ietimat  fi  akhbar  al  Mefr  al  cadimah  ,  Livre  des  antî- 
quitez  de  Memphis,  ou  de  l'ancienne  Mefr,  capitale  d'Egj'pte.  f-^oyez  Giauhar 
Thamin. 

GIAUHARAT  al  thaminat  fi  fadhl  Al  Meccah  u  Al  Medinah  ,  traité  fait 
en  forme  de  Mecamat,  c'efl-à-dire ,  de  Difcours  Académique  fur  les  prérogati- 
ves des  villes  de  la  Mecque,  &  de  Medine. 

GIAUHARAT  Al  Nairat,  Livre  de  fpiritualité ,  compofé  par  Aboul  HaiTan 
Al  Coduri. 

GlAUHARI,  &  pour  prononcer  ce  mot  à  la  Turquefque ,  Gieuheri,  un 
Jouaillier.  C'elt  le  furnom  d'Abou  Nafr  Ifmael  Ben  Hamad  qui  eft  encore  fur- 
nommé  Al  Farabi  Al  Turki,  à  caufe  qu'il  étoit  natif  de  la  ville  de  Farab  ou 
Otrâr  en  Turqucftan. 

Quoy  que  Giauhari  fût  Turc  de  naiffancc ,  il  fit  de  fi  grands  progrez  dans  la 
langue  Arabique  qu'il  avoit  étudiée  en  Mclbpotamie  &  en  Egypte,  que  Ion  lui 
donne  le  titre  d'Imâm  allogat  ,  C'eft-à-dire  ,  de  Maître  de  langue.    En  effet  il 

eu 


GIAUHAR    ZADEH.  G  I  A  V  A  H  E  R.  141 

efl  l'Auteur  d'an  Diftionnaire  très-ample  de  la  langue  Arabique ,  qu'il  intitula 
Sekah  aliogat  ,  la  Pureté  de  la  langue  ,  &  on  l'appelle  Ibuvent  à  caufe  de  cet 
ouvrage  Saheb  al  Sehah,  l'Auteur  du  Sehàh. 

Il  y  a  deux  éditions  de  cet  ouvrage  :  La .  première  s'«ppelle  en  langue  Per- 
fienne  Sehah  Dirineh ,  qui  ell  l'Ouvrage  entier  de  Giauliari  ;  la  féconde  ell  un 
abrégé  qui  a  été  fait  par  Mohammed  Ben  Abubecr  Ben  Al  Caher  alRazi,  dont 
il  y  a  uii  exemplaire  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n°.  1088. 

Outre  ces  deux  éditions  de  TOuvrage  de  Giauhari ,  il  y  en  a  une  troifièrae 
qui  porte  le  nom  de  Sehah  gcdid  u  Kebir,  c'eft-à-dire,  le  Grand,  &  le  nouveau 
Sehah,  dans  lequel  on  a  fait  quelques  additions  au  premier  Ouvrage  de  cet  Au- 
teur qui  mourut  félon  Ben  Callem  à  Nifchiabour ,  ville  du  Khoralfan ,  l'an  493  de 
l'Hegire;  mais  félon  Ben  Schonah  l'an  393,  &  félon  Abulfeda  dans  fon  hiftoire 
l'an  398.     ^oyez  le  titre  de  Camus. 

Il  y  a  encore  d'autres  Auteurs  qui  ont  porté  le  furnom  de  Giauhari,  comme 
Giauhari  Al  Azdi ,  qui  eft  le  môme  que  Vakedi.  l^oyez  ce  titre.  Un  autre 
qui  a  écrit  contre  Afiouthi  fur  le  fujet  de  la  béatitude  des  femmes.  Foyez  Aibab 
al  kefla. 

.11  y  a  auflî  une  traduftion  d'Oclides ,  c'cfl-à-dire ,  d'Euclide  qui  a  pour  Auteur 
un  Giauhari,  fans  parler  de  Schamfeddin  Abdalnaâm ,  qui  a  fait  un  commentaire^ 
fur  le  Livre  intitulé  Erfchàd  fit  forôu  /Il  Schafei. 

GIAUHAR  ZADEH, .furnom  d'Aboubekr.  Ben  Mohammed,  Auteur  d'un-: 
commentaire  fur  le  Livre  intitulé  ^dab  ou  Edeb  al  Cadhi ,  des  qualitez  d'un 
Juge  félon  les  principes  de  l'Imam  Abou  hanifah.  Cet  Auteur  morirut  l'an  de 
l'Hegire  483. 

GIAUZEHER,  en  Langue  Perfienne  fignifie  ce  que  les  Aftronomes  Ara- 
bes appellent  Acadtein ,  les  deux  nœuds  ,  &  encore  Ras  u  Dheneb ,  la  tête  &  la 
queue.  C'efl;  ce  que  nos  Altronomes  appellent  Caput  IS  cauda  Draconis ,  la  tcte 
&  la  queue  du  Dragon,  dans  le  globe  ou  Difque  de  la  Lune,  &  dans  le  Cercle 
ou  Ciel  du  même  Aftre. 

GIAVAD  &  Giaovad,  Libéral,  Bienfaifant.  C'efl  le  titre  &  le  furnom 
de  Hathem  Thai  qui  palfe  pour  le  modèle  des  hommes  les  plus  généreux  & 
libéraux  parmi  les  Arabes.    ' 

Ebn  Giaovâd.  Voyez  le  titre  de  Thai.  Al  Giaovad  mis  abfolument  efl:  im 
des  noms  ou  attributs  de  Dieu.. 

GIAVAHER,  Plurier  de  Giaiîliar  ,  qui  fignifie  toutes  fortes  de  joyaux 
tirez  des  mines,  ou  de  la  mer.  Il  y  a  pluficurs  livres  Orientaux  qui  portent 
ce  titre,  quoy  qu'ils  ne  parlent  point  de  pierreries, 

Ketab  al  giavaher  eft  un  livre  de  Droit,  tiré  des  plus  doftes  Jurifcon- 
fultes  Mufulmans ,  compofé  par  Thaher  Ben  Salam ,  Ben  Caffem  Al  -  Kho\^- 
rezmi  Al  Anfari  qui  mourut  l'an  -jji  de  l'Hegire.  Il  efl  dans  la  Bibliotlaeque 
du  Roy  n'.  629. 

GIAVAHER  Al  taffir  ,  ell  un  Extrait  des  meilleurs  commentaires  de 
l'Alcoran.    Voyez  le  titre  de  Locraan. 

S  3  GIAVAHER 


I4i  G  I  A  V  A  II  E  R.  G  I  A  V  I  N  I. 

GIAVAHER  al  agdiah.  Voyez  le  livre  intitulé  Morfched  aux  chapitres  ii,. 
12,  13  &.14,  qui  font  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n-'.  942. 

GIAVAHER  al  ahgidr.     Foyez  Azhâr  al  afldr  de  Souflî.  . 

GIAVAHER  al  bohour  u  vakâi  al  omour  u  agiaib  al  dohour  ,  Hilloire 
abrégée  d'Egypte  faite  par  Ibrahim'  Valfaf  fchah  ,  &  continuée  jufqu'à  Selim 
Sultan  des  Turcs  qui  la  conquit  fur  les  Mamlucs.  Cette  hilloire  contient  les 
plus  anciennes  dynafties   de  l'Egypte. 

GIAVAHER  Al  Khams ,  Recueil  de  prières  pour  les  Mufulmans  les  plus 
dévots  :  Il  y  en  a  de  bonnes  ,  &  de  fuperftitieufes.  Ce  livre  qui  efl  divifé 
en  cinq  chapitres  a  été  compofé  par  Aboul  Moviad  Mohammed  Ben  Khathi- 
reddin  l'an  gs^  de  l'Hegire ,  &  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n".  1029. 

GIAVAHKR  Al  Keldm,  Livre  de  lettres  miffives  qui  a  pour  Auteur  Mo- 
hammed Ben  Scharaf  Al  Zerâi.    Il  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n°.  1136. 

GIAVAHER  Al  Naki  fi  redd  al  Beihald  ,  Livre  des  Loix  Mufulmancs , 
compofé  par  Abdallah  Ben  Abibekr ,  pour  fervir  de  réponfe  au  Hvre  du  Dofteur 
Baihaki. 

GIAVIDAN  Khird,  la  SagcfTe  de  tous  les  tems.  C'efl:  un  livre  de  Philo- 
fophie  morale ,  compofé  par  Hufchenk  ancien  Roy  de  Perfe  ,  lequel  à  été  traduit 
plufieurs  fois,  &  en  plufieurs  langues. 

Entre  les  autres  verfions  celle  de  HalTan ,  fils  de  Sohail ,  Vizir  d'Almamon , 
feptième  Khalife  -de  la  race  des  Abbaflides,  effc  célèbre:  il  la  fit  en  langue  Ara- 
bique fur  l'ancien  texte  Perfien  ;  &  elle  a  depuis  été  mife  en  Turc  ,  dans  un 
flile  très-élegant ,  par  un  Auteur  qui  l'a  intitulée  /Invdr  Sohaili ,  c'eft-à-dire, 
les  lumières  de  Sohail ,  en  faifant  allufion  du  nom  de  ce  Vizir  à  l'étoile  de 
Canopus,  que  les  Arabes  appellent  Sohail. 

Une  partie  de  ce  livre  a  été  traduite  en  François  par  David  Said  d'Ifpahan ,  & 
imprimé  à  Paris  l'an  1644,  fous  le  titre  de  livre  des  lumières,  ou  la  conduite 
des  Roys.  Le  Traduéleur  dit  dans  fa  préface  que  ce  livre  fut  traduit  du  Per- 
fien en  Arabe  par  Abulhalfan  Abdalla,  par  ordre  d'Abugiafar  Almanfor,  un  des 
Khalifes  Abbaffides,  mais  il  fe  trompe;  car  ce  fut«tîalfan  Vizir  d'Almamon  qui 
en  fit  la  traduction;  comme  nous  avons  viï  cy-delfiis.    f^oyez  Humaioun  Naméh. 

GIAVINI,  furnom  d'Aboulmâali  Abdalmalek,  Doftcur  Metaphyficien  très- 
celebre  qui  porte  le  titre  d'Imam  al  Haramein,  c'eft-cà-dire,  l'Intendant  des  deux 
temples  de  la  Mecque  &  de  Medine.  Il  vivoit  fous  le  règne  de  Malekfchah  le 
Sclgiucide,  &  a  profeiïe  la  do6lrine  de  Schafèi  à  Nifchabour,  où  il  eut  le  fi- 
mcux  Gazali  pour  difciple.  Il  y  a  de  lui  un  ouvrage  intitulé  Faracât  fil  ojfoid 
dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n°.  S75-  ^'et  Ouvrage  traite  des  fondcraens  du 
-Mufulmanifmc. 

Il  y  a  encore  deux  autres  livres  de  lui.  Al  AJJalib  fil  khelafiat ^  de  la  diverfitc 
.&  contrariété  des  opinions ,  &  Erfchdd  fil  kelâm.  Ces  deux  Ouvrages  font  de 
Metaphylique.    On  marque  la  mort  de  cet  Auteur  dans  l'an  478   de  l'Hegire. 

MohammedAl  Giaiiini  Atha  al  molk,  Vizir  des  Sultans  Mamluks  d'Egypte,  cft 
Auteur  du  livre  intitulé  Giamê  al  dakaik  fi  kajchf  al  hacaik,  qui  efl  une  Logique, 

&  une 


G  I  A  V  I  R  D  I,  G  I  H  A  N.  14.3 

&  une  Phyfique  très-bien  écrites  fuivant  les  principes  d'Ariïlote.    Ce  Livre  efl 
dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n*^.   907. 

Giavini  Auteur  du  Gihan  Kufchai.     Foyez  Alaeddin. 

GIAVIRDI,  furnom  de  Fakhreddin  Ahmed,  Auteur"  du  livre  intitulé  Ba- 
hath  al  dlldm.  Les  Queflions  des  Doftes,  ou  Queflions  curieufes.  11  mourut 
l'an  746  de  l'Hegire.  Cet  ouvrage  s'appelle  aufli  OiFail  Giavirdi ,  &  a  été  com- 
menté par  Abou  Mokarrem  Ahm^d  Ben  HolTâm. 

GIAZLAH.  Ben  Giazlah,  nom  fous  lequel  efl  le  plus  connu  un  célèbre 
Médecin  appelle  lahia  Ben  IJfa,  dit  Al  Cateb,  l'Ecrivain,  &  Thabib  Al  Bagdadi , 
le  Me.lecin  de  Bagdet.  Il  étoit  Chrétien  de  naiirance:  mais  enfeignant  la  Logi- 
que à  Abou  Ali  Ben  Al  valid,  chef  de  la  feéèe  des  Motazales;  il  fut  perverti 
par  fon  écolier. 

Ce  Doélcur  devenu  ainfi  Mufulman  entre  les  mains  de  Mohammed  Ben  Ali 
Al  Damagàni  Cadhi  al  Codhât,  ou  Chancelier  du  K'ialife  Mocladi,  compofa  une 
lettre,  qu'il  adrelfa  à  Elle,  Prêtre  Chrétien,  pour  juftifîer  fon  apoftafie  ,  dans 
laquelle  il  prétend  par  un  aveuglement  déplorable ,  prouver  que  Mahomet  a  été 
prédit  &  annoncé  dans  le  vieil,  &  dans  le  nouveau  Teftament. 

On  doit  faire  beaucoup  plus  d'état  de  deux  de  fes  Ouvrages  ,  dont  l'un  efl 
intitulé  Al  Menhage ,  ou  Méthode  pour  guérir  toutes  les  maladies  ,  &  l'autre 
porte  le.  titre  de  Tacovim  al  abddn,  tables  divifées  en  plufieurs  cellules,  où  il 
traite  des  maladies  &  de  leurs  remèdes  par  ordre  Alphabétique,  pour  le  Kha- 
life Moftadi. 

Abulfeda  dit  dans  la  préface  de  fa  Géographie  ,  qu'il  a  emprunté  la  méthode 
de  fes  tables  de  Ben  Giazlah ,  qu'il  a  appliquée  à  la  defcription  des  pays  &  Pro- 
vinces, &  l'a  intitulée  pour  cette  caufe  Tacovim  al  boldan.  Ben  Giazlah  mourut 
l'an  de  l'Hegire  493. 

GIESCHEN,  &  Giefchn,  &  quelquefois  Giefchni,  fignifie  en  gênerai  chez 
les  Perfes  une  fête:  mais  plus  particulièrement  celle  qui  fe  célèbre  chaque  mois, 
le  jour  qui  porte  le  nom  du  même  mois.  Par  exemple  Fervardin  efl  le  nom 
d'un  des  mois  du  Calendrier  Perfien,  &  efl  encore  celuy  d'un  des  jours  de  cha- 
que mois ,  à  fçavoir  du  dix-neuvième  :  c'efl  pourquoy  le  jour  nommé  Fervardin 
efl  fêté  dans  le  mois  qui  porte  le  même  nom  de  Fervardin.  On  peut  dire  la 
même  chofe  d'Ardbehefcht ,  &  des  autres. 

Il  ne  faut  pas  confondre  ce  mot  Giefchni  avec  celui  de  Giafchni  duquel  il  a 
été  parlé  plus  haut. 

GIGHIL,  ville  fituée  fur  les  confins  du  Turkeflan  ,  du  côté  de  la  Perfe. 
Foyez  Thardz. 

•' 
GIHAN,  en  Perfien  le  Monde,     Votiez  Gehân. 

GIHAN  Danefch,  en  Perfien  la  fcience  du  monde.  C'efl  le  titre  d'un  livre 
-de  Cofmographie ,  qui  n'ell  que  la  traduftion  Perfienne  d'un  livre  Arabe  intitulé 
Al  Cafiat  fi  êlm  al  heiat.  L'Auteur  de  cette  verfion  efl  Mohammed  Ebn  MafToûd 
Al  Maffbùdi.  Cet  ouvrage  efl  divifé  en  deux  parties,  dont  la  première,  qui  con- 
tient 23  chapitres,  traite  des  cieux ,  &  la  féconde  qui  en  contient  quatorze,  fait 
la  defcription  de  la  terre. 

GIHAN 


144  G  I  H  A  N.  —  G  I  H  O  N. 

GIHAN  Khatoûn,  la  Dame  du  monde.  Nom  d'une  Sultane  qui  mérita  paf 
fon  crprit  de  porter  le  titre  de  Ftridat  zaman  u  fchaêrat  d-:vràn.  L'unique  entre 
les  femmes  du  monde  qui  a  le  mieux  reuffi  dans  la  Poëfie. 

Cette  Princefle  étant  au  bain,  le  Sultan  fon  mary  lui  jetta  une  petite  boule 
de  terre  pour  l'exciter  à  dire  quelque  chofe  ;  elle  fans  hefiter  lui  recita  auffi- 
tôt  ce  diftique  de  Zehir,  Poè'te  Perfien  :  Le  monde  efl  femblable  à  un  vieil 
château  demi  ruiné ,  bâti  fur  le  courant  rapide  d'un  torrent  qui  en  emporte  in- 
ceffamment  quelque  pièce.  C'eft  en  vain  que  vous  penfez  le  reparer  ,  &  le 
rétablir  avec  une  poignée  de  terre.  La  Sultane  faifoit  allufion  à  fon  nom  de 
Gihdn  qui  fignifîe  le  monde.  Le  diftique  Perfien  eft  Gihân  rabàth  khardb  ejt 
der  ghezerghiah  feil.    Gumân  meber  ki  bick  mufcht  ghil  fcheued  mimour. 

■  GIHAN  Kufchai,  la  conquête  du  monde,  ou  traité  des  conquêtes  qui  fe 
ibnt  faites  par  divers  Princes  qui  ont  régné.  C'eft  le  titre  d'une  Hiftoire  Orien- 
tale écrite  en  langue  Perfienne  par  Alaeddin  Athalmulc  Al  Giavini. 

GIHIL  Menàr,  ouTchiliil  minâr ,  les  quarante  tours  ou  fanaux.    Les  Per- 
■^ans  appellent  ainfi    ce  qui    refte    des   ruines  de  l'ancienne   ville  d'Iftckhâr   ou 
Eftekhâr,  que  l'on  croit  être  la  même  que   Perfepolis,  autrefois  la  capitale  de 
TEmpire  des  Perfes.     f^oyez  le_  titre  ^"Eftekhâr. 

GIHON,  les  Arabes  ■  appellent  ainfi  ce  grand  fleuve  de  l'Afie,  lequel  pre- 
-nant  fa  fource  dans  la  Province  de  Tokhareftan  au  pied  du  mont  Imaus  à  l'O- 
rient, traverfe  le  Badakhfchian  &  pays  de  Balkhe  vers,  le  Midy  ,  fe  décharge 
•d'une  partie  de  fes  eaux  dans  le  lac  de  Khovarezme ,  couppe  cette  Provin:e 
■en  deux ,  &  fe  décharge  à  l'Occident  dans  la  mer  Cafpienne. 

Il  fepare  par  fon  cours  le  pays  d'Iran  ou  la  Perfe  d'avec  le  Touran  ou  Tur- 
keftan  ,  &  donne  h  tout  ce  grand  pays  qu'il  laille  au  Septentrion  le  nom  de 
Maovaralnahar ,  c'eft-à-dire ,  le  pays  de  delà  la  rivière  ,  ou  la  Province  Tran- 
foxane;  car  ce  fleuve  eft  le  même  que  l'Oxus  des  anciens. 

Quoyque  fon  cours  ordinaire  foit  du  Levant  au  Couchant ,  il  ne  laifl'e  pas 
cependant  de  fe  courber  quelquefois  du  côté  du  Septentrion  &  du  Midy.  Les 
villes  deC-dt,  &  de  Balkhe  font  fltuées  fur  ce  fleuve  du  côté  de  l'Orient  j  Ter- 
med  &  Amol  au  Midy;  Corcange  ou  Giorgianie,  capitale  du  Khovarezme,  &.  le 
fameux  château  de  Hezdr  Esb  vers  le  Couchant. 

La  Province  qui  borde  le  Gihon  au  Midy  eft  le  Khorafllm  ,  &  quoyque  ce 
fleuve  foit  d'une  extrême  largeur  ,  &  d'une  profondeur  égale  ,  &  qu'il  femble 
lui  fervir  d'un  fofllî  qui  la  couvre' &  la  défende  contre  les  courfes  des  Septen- 
trionaux ,  il  n'y  a  rien  de  plus  ordinaire  dans  Thiftoire  de  Perfe  que  de  voir 
des  armées  innombrables  de  Turcs  &  de  Tartares  qui  le  pafl:ent  à  la  nage  fur 
leurs  chevaux  ,  &  qui  viennent  faccager,  ruiner  &  brûler  les  plus  belles  villes 
de  cette  Province. 

Il  eft  vray  qu'il  y  a  trois  principaux  guez  fur  cette  rivière  qui  font  fameux 
dans  l'hiftoire ,  à  fçavoir  Conduz  ,  Haclan  ,  &  Carki.  Le  Sultan  Babur  de  la 
race  de  Tamerlan  pafla  de  Perfe  ,  à  Bokharah ,  &  à  Samarcande  par  les^  deux 
premiers,  &  retourna  en  Perfe  par  le  dernier,  i'^oyez  le  titre  i^'Amou  ,  ri'Abia- 
çiu,  â?   de  Roudkhanéh  qui  font  ks  noms' Fer fiens  de  ce  Jîeuve. 

.  .  GILAN, 


G  I  L  A  N.  •  G  I  0  R  A  I  G  E.  145 

■  GILAN,  nom  d'une  Bourgade  de  l'Arabie  Heureufe,  ou  de  l'Iemen,  fituée 
notre  les  villes  de  Sanàa  &  de  Zebid  :  elle  n'eft  éloignée  de  cette  dernière  ville 
que  de  36  milles.  La  Province  du  Ro3'aumc  de  Pcrfc  appelléc  ordinairement 
Ghilân  qui  eft  fur  la  mer  Cafpicnne ,  eft  auffi  nommée  Gildn  par  les  Arabes. . 

GILI,  furnom  de  Cothbeddin  Abdalkerim  Ben  Abi  Saleh  qui  porte  encore 
le  furnom  d'Al  Soiï,  parce  qu'il  a  été  un  des  chefs  de  l'ordre  des  Sofîs,  dont 
on  peut  voir  la  fucceffion  dans  le  titre  de  Konaovi:  Il  cR  Auteur  du  livre  in- 
titulé Enfdn  Al  Kamel ,  l'homme  parfait,  qui  efl  dans  la  Bibliothèque  du  Roy 
n**.  418,  &  d'un  Poème  intitulé  Ainiah,  dont  toutes  les  rimes  fe  terminent  en 
une  lettre  de  l'alphabet,  que  les  Arabes  appellent  Ain.  Cet  Ouvrage  fe  trouve 
auffi  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n^.  11 80. 

GIM,  c'eft  la  lettre  G  de  l'alphabet  Arabique.  Ali  Ben  Jofcph  al  Bafraovi 
a  compofé  un  Poème  qu'il  a  intitulé  Monfargiab,  dont  toutes  les  rimes  fe  ter- 
minent en  cette  lettre:  c'eft  pourquoi  on  fappelle  auffi  Al  Gim.  Il  ell  dans 
la  Bibliothèque  du  Roy   n"".  1098. 

GIM,  dans  la  langue  des  Cathaiens  eft  le  nom  de  la  neufvièmo  partie  du 
Cycle  compofé  de  dix,  lequel  fe  joignant  avec  un  autre  Cycle  com.pofc  de  dou- 
ze, va  jufqu'à  foixante,  qui  eft  le  nombre  d'autant  de  jours  qui  fe  rencontrent 
fix  fois  dans  leur  année  :  de  forte  que  Gim  fchin  eft  le  neufvième  jour  de  ces 
foixante,  Gim  vou,  le  dix  -  neufvième,  Cimgin,  le  vingt-ncufvième,  (imjem, 
le  trente-neufvième ,  Girageh,  le  quarante-ncufvième,  Gim  fou,  le  cinquante- 
neufvième. 

GIMI,  ville  Royale  &  capitale  du  royaume  de  Kalem  qui  fait  une  partie  de 
l'Ethiopie  d'aujourd'hui.  Elle  abonde  en  toutes  fortes  de  fruits,  comme  pêches, 
abricots,  grenades,  &c.  Son  terroir  produit  auffi  des  cannes  defucre,  &  la  race 
de  fes  Roys  qui  fe  font  rendus  célèbres  par  leur  valeur  &  par  leurs  conquêtes, 
defcend  de  Scif  Dhou  Izen.     /oyez  ce  titre, 

AbJelmoal,  Géographe  Perfien,  dit  dans  le  chapitre  des  villes  fituées  entre  la 
ligne  Equinoftiale ,  &  le  premier  climat ,  qu'il  y  a  plufieurs  Provinces  du  grand 
Empire  des  Abiffins  qui  ont  été  autrefois  des  Royaumes  feparez,  comme  Kalem, 
Barnagafche,  &  autres,     f^oyez  le  titre  de   Habafchah. 

Il  ne  faut  pas  confondre  le  nom  de  cette  ville  avec  celui  de  Germi,  qui  eft 
la  ville  capitale,  &  royale  de  toute  l'Ethiopie,     l^oyez  aiijfi  le  titre'  de  Berbera. 

GINN,  &  Ginni,  une  Fée,  un  Démon.     Voyez  le  titre  de  Gidn. 

GIOHNI,  furnom  de  Mâabed  Ben  Khaled  ,  Auteur  de  la  fede  des  Cada- 
riens,  que  Hegiage  fit  mourir  à  Balfora.    Voyez  Barezi. 

GIORAIGE, ^om  d'un  enfant  qui  parla  par  miracle.  Saheb  Gioraige ,  nom 
d'un  Abiffin  homme  de  fainte  vie ,  dont  Eokhari  raconte  l'hiftoire  fuivante  dans 
fon  Sahih. 

Les  Mufulmans  font  mention  dans  leurs  livres  de  trois  enfans  qu'ils  difent 
avoir  parlé  dans  le  berceau.  Le  premier  eft  Ifta,  ou  Jésus  Christ  félon 
qu'il  eft  porté  dans  TAIcoran.    Le  fécond  eft  celui-ci  dont  nous  allons,  parler, 

Tome  II.  T  nommé 


14?  G  I  O  R  A  I  G  E. 

nommé  Gioraige,  dont  Thifloire  eft  rapportée  au  long  dans  le  livre  de  Bokharl" 
intitulé  Sahih  al  Bokhari ,  fuivant  la  tradition  d'Abou  Horeirah. 

Il  y  avoit  un  Abiffin  parmi  les  Ifraëlites ,  lequel  étoit  fi  fort  addonné  à  la 
prière ,  qu'il  ne  Ibrtoit  preique  point  de  fon  Oratoire  ;  fa  mère  l'appeilant  un 
jour  pour  quelque  affaire  ,  il  ne  lui  répondit  point  ,  pour  ne  pas  interrompre 
îbn  exercice  ordinaire ,  de  forte  que  fa  mère  fâchée  lui  lit  une  imprécation  & 
fouhaita  que  quelque  femme  pût  le  débaucher. 

Il  arriva  peu  de  tems  après  qu'une  prollituée  fe  prefenta  à  lui,  lorfqu'il  prioit, 
&  le  follicita  puiffammcnt  :  mais  l' Abiffin  refilla  courageufement  à  cette  tentation  , 
&  renvoya  cette  impudique  qui  fut  fort  irritée  de  fon  refus ,  &  refolut  de  s'en 
venger.  Pour  cet  effet  elle  s'abandonna  à  un  Berger  dont  elle  eut  un  fils  nom- 
mé Gioraige  qu'elle  difoit  être  du  fait  de  l'Abifîîn.  Tout  le  peuple  ému  de  ce 
fcandale,  courut  à  FOratoire  de  cet  homme,  le  renverfa  ,  &  le  chargea  d'inju- 
res, &  de  coups  qu'il  fouffrit  fort  patiemment. 

Après  ce  mauvais  traitement,  nôtre  Solitaire  s'étant  mis  à  fon  ordinaire  en  ;{ 
prière,  recommanda  à  Dieu  fon  innocence,  &  le  pria  avec  beaucoup  de  ferveur, 
qu'il  lui  plût  la  faire  paroître  devant  tout  ce  peuple  irrité  contre  lui.  Dieu 
l'exauça  ,  &  lui  infpira  de  demander  publiquement  à  l'enfant  que  cette  femme 
tenoit  entre  fes  bras ,  quel  étoit  fon  père  ?  L'Abifîîn  le  fit ,  &  l'enfant  qui  n'a-  - 
voit  pas  encore  l'ufage  de  la  parole ,  lui  répondit  d'un  ton  fort  haut  &  intelli-' 
gible  ,  que  c'étoit  un  Berger  ,  qu'il  indiqua.  Le  peuple  touché,  alors  d'un  fi 
grand  miracle  ,  fit  au  Solitaire  une  réparation  publique  du  tort  qu'il  lui  avoit 
fait,  &  lui  offrit  de  rebâtir  fon  hermitage  beaucoup  plus  beau  qu'il  n'étoit:  mais 
il  leur  déclara  qu'il  fe  contentoit  qu'on  le  rebâtit  de  terre  comme  il  étoit  au- 
paravant. Depuis  ce  tems-là  l'Abifîîn  fut  nommé  Saheb  Gioraige,  c'eft-à-dire  , 
l'homme  de  Gioraige  à  caufe  de  cet  accident. 

Le  troifième  enfant  qui  a  parlé  avant  que  d'avoir  l'ufàge  de  la  langue ,  dit 
le  même  Bokhari,  étoit  parmi  les  Ifraëlites.  La  mère  qui  le  portoit  entre  fes 
bras  voyant  paffer  un  Cavalier  de  bonne  mine ,  richement  vêtu  ,  &  bien  monté , 
dit  au(fi-tôt:  Plût  h  Dieu  que  mon  enfant  fût  un  jour  femblable  à  ce  Cavalier  t: 
L'enfant  entendant  ces  paroles,  quitta  aufïï-tôt  la  mammelle  de  fa  mère,  fe  mi 
à  regarder  fixement  ce  Cavalier,  &  prononça  enfuite  ces  paroles  :  Ne  permet- 
tez pas.  Seigneur,  que  je  devienne  jamais  femblable  à  cet   homme. 

Sa  mère  bien  furprifc  de  l'entendre  parler,  vit  paffer  quelque  tems  après  un 
criminel  que  l'on  fuftigcoit,  &  elle  dit  aufli-tôt  à  Dieu:  Ne  permettez  pas.  Sei- 
gneur ,  qu'il  en  arrive  autant  à  mon  enfant  :  Mais  l'enfant  à  ces  paroles  fe  tourna 
tout  à  coup  vers  elle,  &  pria  Dieu  qu'il  lui  arrivât  un  accident  pareil.  Sa  mère 
encore  plus  étonnée  qu'auparavant ,  l'interrogea  pourquoi  il  parloip  ainfi  ,  &  il 
lui  repartit  :  La  raifon  eft  que  le  premier  efl  un  méchant  homme  ,  &  celui-ci 
un  innocent,  lequel  au  milieu  des  outrages  qu'il  fouffrc ,  dit  inccfîamment:  Je 
fuis  content,  Aihh  hasbi,  Dieu  me  llifEt,  c'eft  lui  qui  me  tiendra  compte  de  ce 
que  j'endure,  de  forte  que  cet  homme  a  acquis  par  fa  patience,  &  par  fa  refi- 
gnation  à  la  volonté  de  Dieu,  un  degré  fort  ém.inent  de  mérite,  auquel  je  fou- 
haitcrois  bien  de  pouvoir  parvenir  un  jour.     'J hiraz  Al-Mmicuufch. 

Ce^Saheb  Gioraige  dont  il  eft  parlé  cy-defTus  étoit  apparemment  Chrétien,  & 
peut-être  ie  mi-me  que  Thacalhaimanout ,  duquel  les  Ethiopiens  ou  Abifîîns  ra- 
conteiu  plufîcurs  miracles  allez  femblables,  dans  la  vie  qu'ils  en  ont  écrite  en 

langue 


G  I  O  R  G  I  A  K        G  I  C^  R  G  I  A  N  I.  147 

langue  Ethiopienne  par  l'ordre  de  Claudious,  leur  Roy.     Cette  vie  a  été  traduite 
en  Arabe,  &  nous  en.  avons  un  exemplaire  dans  la  Bibliothèque  du  Roy. 

GIORGIAN,  &  Giorgianiah.  C'ell  la  ville  capitale  du  pays  de  Kliovarezm- 
l'on  la  nomme  encore  Corcangc.  Elle  eft  fîtuée  vers  les  embouchures  du  fleuve 
Gihon,  &  à  l'Occident  de  ce  fleuve  qui  prend  en  cet  endroit  fon  cours  vers  le 
Septentrion.    On  attribue  il\  fondation  à  lezid  Ben  Mahaleb. 

Cette  ville  a  donné  fon  nom  à  la  mer  Cafpienne;  car  les  Arabes,  &  autres 
Orientaux  l'appellent  la  mer  de  Giorgiân,  auffi-bien  que  la  mer  de  Gliilan  ,  de 
Dilcm,  &  de  Bacovieh. 

Elle  donne  auÏÏî  fon  nom  h  une  petite  contrée  qui  porte  encore  le  nom  de 
Kerkân.  Les  tables  Arabiques  mettent  cette  ville  dans  la  Province  de  Kerkâa 
à  90  degrez  de  longitude  ,  &  à   36  de  latitude. 

Le  pays  où  elle  eft  fituée  abonde  en  foye  ,  &  en  faffran.  Quelques  Hiflo- 
riens  divifent  cette  ville  en  grande  &  petite  ,  &  lui  donnent  fouvent  le  nom 
du  pays  dont  elle  eft  la  capitale,  à  fçavoir  de  Khovarezm. 

^oyez  le  titre  de  Sauli ,  ou  Souli  ,  dans  lequel  vous  trouverez  que  lorfque  les 
Mufulmans  s'emparèrent  du  pays  de  Giorgiaa  ,  lezid  fils  de  Mahaleb  dépouilla 
Savé  &  Firouz  qui  y  regnoient ,  dont  le  premier  étoit  Chrétien  ,  &  le  fécond 
Mage  de  Religion.  Hamzah  Ben  Jofeph  a  écrit  l'hiftoire  de  Giorgian ,  qu'il  ne 
faut  pas  prendre  pour  la  Géorgie ,  car  les  Orientaux  appellent  celle-ci  Gurge 
&  Gurgiftan- 

GIORGIANI,  celui  qui  eft  natif  du  pays  de  Giorgian.  Un  des  plus 
célèbres  Dofteurs  du  Mufulmanifme  qui  ait  porté  le  furnom  de  Giorgiani,  eft 
Alfeii  Alfcherif  Abou  Haflan  ou  Hoflain  Ali  qui  naquit  l'an  740  de  l'Hegire, 
mourut  en  816,  à  Schiraz  où  il  fut  enterré. 

Il  a  été  difciple  de  Mobarekfchah ,  &  de  Alaeddin  Mohammed  Ben  Atthâr  AI 
Bokhari,  &  il  difoit  parlant  de  celui-ci,  qu'il  n'avoit  point  connu  Dieu  avant 
qu'il  le  fréquentât. 

Il  eft  l'Auteur  des  Taârifât ,  qui  contiennent  une  explication  fort  ample  de 
tous  les  termes  de  Philofophie  ,  &  de  Théologie.  Ce  livre  fe  trouve  dans  la 
BiWiotheque  du  Roy  n".  637. 

Le  même  Auteur  a  fait  une  glofe  fur  l'Euclide  de  Naffireddin  ,  &  un  com- 
mentaire fur  les  Adâb  d'Aigi. 

n  y  a  plufieurs  autres  Auteurs  du  même  nom ,  comme  Alfcherif  Al  Holfaini , 
fils  du  premier. 

Un  Médecin  célèbre  qui  vivoit  fous  Atfiz ,  Sultan  des  Khovarezmiens  &  qui  a 
compofé  Agradh  al  ïhaibât ,  &,  Dhakhirat  Khovarezmfchahiat  en  l'an  530  de 
l'Hegire. 

Un  Mathématicien  nommé  Aboulvafa  qui  a  commenté  Euclide ,  &  qui  eft 
peut-être  l'Auteur  du  Tabacât  Nafferi. 

Un  Grammairien  nommé  Aboubecr  Ben  Abdalcaher,  Auteur  des  Aovamel, 
c'eft-à-dire  ,  des  particules  de  la  langue  Arabique  ,  qui  entrent  en  régime.  Ce 
livre  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n^.  117.  Il  a  compofé  auflî  un  traité 
de  Rhétorique  fous  le  titre  (ÏJfrdr  albelagat. 

Mohammed  Giorgiani,  vaillant  capitaine,  &  gonverneur  de  la  ville  de  Herat 
pour  le  Sultan  de  Khovarezm  ,  fut  tué  en  défendant  cette  place  contre  Tuli- 
khân  fils  de  Genghizkhan. 

T  a  GIORHAM, 


148  G  I  0  R  H  A  M.  G  I  0  U. 

GIORHAM,  père  d'une  des  plus  anciennes  tribus  des  Arabes.  Les  Gior- 
hamides  avoient  autrefois  l'intendance  du  temple  de  la  Mecque  ,  &  ils  eurent 
à  cette  occafibn  de  grandes  querelles  avec  les  Ifmaëlites. 

Il  y  a  auprès  de  la  Mecque  une  montagne  appellée  Gebal  Gerahem  ou  Gior- 
liam  ,  la  montagne  des  Giorhamides  ,  où  cette  tribu  fe  retira  pour  le  fortifier 
contre  leurs  ennemis.     Voyez  le  titre  de  Zemzem. 

GIORM  Mah  &  Giormrouz.  C'eft  le  même  mois  &  le  même  jour  que  les 
Perles  appellent  dans  leur  Calendrier  Dimah  &  Dirouz. 

GIOSLIN  &  Giolfin,  les  Arabes  appellent  ainfi  le  Comte  JofTelin,  auquel 
ils  donnent  le  titre  de  plus  brave  des  Francs.  Il  eft  alTez  connu  dans  nos  hil- 
toires  des  guerres  de  la  Terre  fainte. 

Il  étoit  Seigneur  de  Telbalcher  &  de  plufieurs  autres  villes  fur  l'Euphrate  au 
Septentrion  de  la  ville  d'Alep  ,  qu'il  tenoit  à  titre  de  Comté  ,  &  étoit  vallal 
de  Baudouin  ,  Comte  de  Roha  ou  d'EdelTe.  Il  délivra  cette  ville  du  fiége  que 
Maudoud,  Prince  de  Moulîal  ou  Moful,  y  avoit  mis,  &  offrit  de  grandes  fom- 
mes  d'argent  à  Baudouin  pour  acheter  fon  Comté ,  qui  étoit  fouvent  ravagé  par 
les  Turcs  ou  Turcomans ,  qui  le  ravageoient  tous  les  ans.  Baudouin  fut  li  fort 
irrité  de  cette  offre  qu'il  priva  Jolîelin  de  fes  Etats  ,  &  le  reduilit  à  l'état  d'un 
particulier. 

Baudouin,  Roy  de  Jerufalem  ,  touché  de  l'infortune  d'un  fi  brave  Guerrier, 
luy  donna  le  Comté  de  Tiberiade  ,  afin  qu'il  le  fécondât  dans  la  guerre  qu'il 
faifoit  aux  Tyriens,  comme  il  fit. 

L'an  543  ou  544  de  l'Hegire  ,  Jolîelin  battit  l'armée  de  Noureddin,  Sultan 
d'Alep  ,  qui  menaçoit  la  ville  d'Antioche  :  mais  ce  Sultan  eut  bien  fa  revan- 
che; car  il  gagna  quelques  chefs  de  Turcomans  lefquels  lui  drelferent  une  em- 
bufcade,  l'enlevèrent ,  lorfqu'il  étoit  à  la  chaffe  &  le  mirent  entre  les  mains 
du  Sultan,  dans  les  prifons  duquel  il  mourut. 

La  prifon  de  JoiTelin  tombe  dans  l'an  1149  de  J.  C. ,  un  an  après  que  Louis 
Septième  &  l'Empereur  Conrard  eurent ,  par  la  trahifon  des  Chrétiens'  de  la  Pa- 
lefline,  manqué  la  prife  de  Damas,  &  furent  partis  pour  retourner  en  Europe , 
au  tems  que  faint-Bernard  prêchojt  fa  croifadc. 

GIOSTHAH  ,  Ville  fituée  dans  le  pays  de  Mozambique,  que  les  Arabes 
appellent  Sefalat  al  dhahab  ,  la  Plaine  ou  la  Campagne  de  l'or,  proche  la  vil- 
le qui  porte  aujourd'huy  le  nom  de  Sofala.  La  ville  de  Gioflhah  efl  petite: 
mais  elle  efl  au  fond  d'un  golphe  fort  fpacieux ,  où  il  y  a  un  fort  bon  mouil- 
lage pour  les  vailTeaux. 

G 10  T  TA  ,  Ville  du  Khouziftan  ou  de  la  Sufiane  ,  d'où  étoit  natif  Abou 
Ali ,  furnommé  Al  Giottai  ou  Al  Giobbai ,  difciple  d'Aboulhaifan  Al  Afchàri, 
Il  paffe  pour  lAutcur  de  la  fe»5te  des  Motazales.     Voyez  Gioubba. 

GIOU  ou  Tchiou  ,  c'eft  le  fécond  jour  des  douze  qui  font  principalement 
remarquez  par  les  Khataiens  ,  pour  être  heureux  ou  malheureux.  Il  y  en  a 
quatre  noirs  ou  malheureux  ,  quatre  jaunes  ou  heureux  ,  du  nombre  dcfquels 
eft  Giou,  doux  blancs  qui  font  très  -  heureux ,  &  deux  rouge -bruns  qui  font 
très-malheureux. 

Le 


G  I  0  U.  G  I  O  U  B  I  N.   •  149 

Le  même  mot  fignifie  auffi  le  fécond  Giagh  ou  Cycle  d'années  dans  leur  Ca- 
lendrier, 

Giou  Schiou  eft  la  quatorzième  partie  des  24  de  leur  année  ,  dont  chacune 
eft.  de  quinze  jours  &  leur  fert  de  femaine. 

GIOU  Al  Bacar ,  la  ûiim  du  bœuf.  Les  Arabes  appellent  ainfi  la  maladie 
que  les  Grecs  ont  nommé  Boulimiu  dans  la  même  fignification.  Les  Latins  lui 
ont  donné  le  nom  de  Faim  canine. 

Les  Hiftoriens  Orientaux  remarquent  que  Schah  Schegià ,  Sultan  des  Modhaf-' 
feriens,  défait  par  Tamerlan,  étoit  tellement  tourmenté  de  cette  maladie,  qu'il 
ne  pouvoit  fe  raiïafier,  ni  dans  le  voyage,  ni  dans  le  repos. 

GIOUBAIR  &  Giobair.  Abou  Abdallah  Saîd  Ben  Giobair  Ben  Hefchâm 
Al  Aiïadi  ,  Docteur  célèbre  de  Coufah  ,  difciple  d'Ebn  Abbas  &  d'Ebn  Omar, 
fut  mis  à  mort  l'an  95  de  l'Hegire  par  Hegiage  ,  qui  ouit  une  voix  qui  lui 
fignifia  qu'il  fcuffriroit  la  mort  pour  chaque  homme  qu'il  avoit  fait  mourir  ,  & 
70  fois  pour  celui-cy. 

GIOU  BAN.  Emir  Giouban  ,  Général  des  armées  d'Aboufaid ,  fils  d'Algiap- 
tou,  avoit  été  fon  tuteur  ,  &  avoit  gouverné,  avec  un  pouvoir  abfolu,  l'Em- 
pire des  Mogols  Genghizkhaniens  dans  la  Perfe. 

Le  Sultan  le  fit  mourir  ,  à  caufe  du  refus  qu'il  fit  de  lui  donner  fa  fille  en 
mariage.  Foysz  le  titre  rfAbufaid.  Son  fils  nommé  Timurtafch  ,  Gouverneur 
du  pays  de  Roum  ou  de  Natolie  ,  &  fes  dépendances,  ayant  appris  la  mort  de 
fon  père  ,  fe  réfugia  auprès  d'Aï  Malek  Al  Naller  ,  Sultan  des  Mamlucs  en- 
Egypte. 

Haflàn  Kugiuk,  fils  de  Timurtafch,  voyant,  qu'après  la  mort  d'Abufaîd  Em.- 
pereur  des  Mogols,  qui  n'avoit  point  lailfé  d'enfans,  tous  les  Gouverneurs  des 
provinces  fe  faifoient  les  maîtres  abfolus  &  indépendans  dans  leurs  gouverne- 
mens,  &  prenoient  les  titres  de  Sultans  &  de  Princes,  crut  qu'il  ne  devoit  pas 
luy  feul  vivre  en  particulier. 

Pour  venir  à  bout  de  fes  delTeins  ,  il  alla  dans  le  pays  de  Roum  ou  Nato- 
lie, où  fon  père  avoit  beaucoup  d'amis,  &  y  ayant  afl'emblé  un  nombre  con- 
fidérable  de  troupes,  il  fe  rendit  maître  de  l'Adherbigian  &  de  l'Iraque  Perfien- 
ne ,  rendant  inutiles  tous  les  eff'orts  d'Arbah  Khan  &  de  Haflan  Buzruk  ,  fur- 
nommé  Ilekhani ,  qui  étoient  ilTus  de  la  race  royale  des  Mogols. 

Ce  fut  l'an  738  de  l'Hegire,   de  J.  C.  1337,   deux  ans  après  la  mort  d'A- 
boufaid ,   que  Hafllin  Kugiuk  établit  la  dynaftie  des  Gioubaniân  ,    &  régna  fept 
ans  ,    pendant  lefquels   il  eut  toujours  la  guerre  avec  quelqu'un  de  fes  voifins 
&  lailfa  ^Qs  Etats  à  fon  frère  Malek  al  Afchraf ,  qui  en  régna  treize. 

GIOUBBx\,  Nom  d'un  lieu  appartenant  à  la  ville  de  Bafibra  &  au  Khuzi- 
ftân  ,  duquel  étoic  AI  Giobai  ,  difciple  d'AbouIhaflan  Al  Afchâri.  Foyez  plus 
haut  Giotta. 

GIOUBIN,  furnom  de  Baharam,  que  quelques  Hiftoriens  mettent  au  nom- 
bre des  Roys  de  Perfe  de  la  dynaftie  des  SalTanides.  Il  n'étoit  pas  de  la  race 
rpyale,  &  cependant  il  fut  reconnu  pour  Roy  légitime,  après  qu'il  fe  fut  ré- 
volté contre  Hormouz ,  fils  de  Noufchirvan.     Voyez  le  titre  de  ce  Frince. 

X  3  On 


IS9,  G  I  O  U  C  A  H. G  I  0  U  N. 

On  donna  à  ce  Capitaine  le  fumom  ou  plutôt  le  fobriquet  de  Gioubin  ou 
Tchoubin,  qui  fignifîe  du  bois  fec,  à  caufe  qu'il  étoit  long  &  maigre. 

GIOUCAH  ou  Tchocah  AdaOî.  Les  Turcs  appellent  ainfi  l'IAe  de  Cerigo 
dans  l'Archipel,  que  les  Grecs  &  les  Latins  ont  connu  fous  le  nom  de  Citliœra. 

GIOUD,  la  libéralité.  L'Auteur  de  l'Humaioun  Nameh  dit.,  que  c'eft  le  plus 
grand  des  attributs  de  Dieu  ,  fi  cela  fe  peut  dire  ,  à  caufe  que  les  bienfaits  de 
Dieu  le  répandent  généralement  fur  toutes  les  créatures  &  pénètrent  intimement 
leur  fubftance.  Giond  agiovad  fefdt  dhât  vagib  al  vougioud.  Surquoy  il  rapporte 
la  tradition  Prophétique  qui  fuit. 

La  libéralité  dans  les  hommes  cft  une  branche  de  l'arbre  de  la  félicité,  dont 
ia  racine  eft  dans  le  Paradis,  où  elle  ell  arroufée  dos  eaux  du  fleuve  Couther, 
qui  la  font  croître  de  jour  en  jour. 

Les  Arabes  difent ,  que  tous  les  vaillans  hommes  ont  été  libéraux  jufqu'à  Ab- 
dallah ,  fils  de  Zobeir  ,  lequel  fut  fort  brave  &  fort  avare.  Cet  Abdallah  eft 
celuy  qui  a  porté  le  nom  de  Khalife,  pendant  que  les  Ommiades  regnoient  & 
qui  a  interrompu  leur  dynaftie. 

Ahel  gioud  ,  Auteur  de  Reml  ou  de  Géomantie  ,  duquel  il  eft  fait  mention 
dans  le  Reml  Magmoû. 

GIOUD,  Giouda  &  Gioudi,  nom  de  la  Montagne  où  l'Arche  de  Noë  s'ar- 
rêta  dans  le  pays  de  Moufllil  ou  de  Diâr  Rabiâh  en  Méfopotamie  ,  au  pied  de 
laquelle  il  y  a  encore  un  village  nommé  Thamanin  &  Corda.  Ce  font  les  monts 
Gordiens,  que  l'Ecriture  fainte  nomme  Ararat. 

Les  Turcs  ont  une  tradition,  que  l'arche  s'arrêta  fur  une  montagne  de  l'Ar- 
ménie, qu'ils  nomment  Parmak  Daghi  ,  la  Montagne  du  doigt ,  à  caufe  de  fa 
figure,  &  que  les  reftes  de  l'arche  s'y  vOyent  encore. 

Gioud  eft  aulîî  une  chaîne  de  montagnes  qui  s'étend  le  long  des  pays  de  Za- 
bleftan  &  de  Gaiir.    Foyez  le  titre  de  Schehabeddin. 

GIOUEH  &  Giouah,  Ville  du  pays  de  Rerbera,  qui  eft  la  côte  de  Cafrerie 
ou  le  Zanguebar,  plus  méridionale  de  deux  journées  ,  que  Carcounah  ,  qui  ap- 
partient au  même  pays,  &  fort  proche  de  celle  de  Bathah  en  Ethiopie. 

GIOUF,  les  Arabes  appellent  ainfi  la  partie  littorale  ou  Maritime  de  l'E- 
gypte, que  le  vulgaire  appelle  le  Chouf.  Schamfeddin  Ahmed  Ben  Khalil,  Cadhi 
de  Damas,  en  637  de  l'Hegire  ,  Auteur  d'un  Commentaire  fur  Erfchad  fi  êlm 
alkhelàf,  eft  furnommé  Al  Gioufi. 

GIOUGHI  &  Gioghi,  un  Dervifche  Indien.  Efpèce  de  Religieux  Idolâtres, 
que  les  Arabes  appellent  Fakir.  Ces  gens-là  vont  tout  nuds  &  pratiquent  des 
aufteritez  incroyables.  Voyez  le  titre  de  Behergir.  Tavernier  en  parle  beaucoup 
dans  la  relation  de  ks  voyages;  il  les  appelle  Giogues. 

GIOUL  &  Soûl,  Ville  du  pays  de  Giorgian.    Voyez  Souli. 

G 10 UN  Al  Hafchifch  ,  le  Golfe  des  herbes.     C'eft  un  golfe  de  la  mer  de 

l'Iemen  ou  Océan  Arabique,  qui  eft  dans  le  pays  de  Hadhramout:  il  eft  fait  en 

'forme  de  fac  &  on  le  tient  fort  dangereux.    li  y  a  dans  la  partie  Orientale  de 


GI'OV  N.  G  I  O  U  Z  G  I  A  N  r,  15^ 

ce  golfâ  deux  ifles ,  nommées  Kharthan  &  Marthan ,  qui  regardent  la  ville  de 
HaflTek  dans  le  continent  de  l'Arabie. 

G  1.0 UN  Al  Malek,  le  Golfe  Royal.  Ville  de  laThebaïde,  fituée  fur  la  mer 
rouge. 

GIOUr^D,  Ville  du  Turkeflan,  de  laquelle  font  fortis  plufieurs  gens  de  lettres. 
Gioundifchâbourj  ville  du  Khuziftan  ,  bâtie  par  Schabour,  fils  d'Ardfchir  Ba- 
begàn. 

GIOUND,  Ville  de  l'Iemen  ou  Arabie  Heureufe,  dans  laquelle  il  y  a  un 
Mefged  Giamê,  c'efl-à-dire,  une  Mofquée  principale,  bâtie  par  Moàz  Ben  Ge- 
bàl  pour  les  Schiites  ou  Seftaires  d'Ali,  "qui  y  font  en  très-grand  nombre.  Cet- 
te ville  efl:  plus  Septentrionale  que  Sanâa,  capitale  du  pays,  d'où  elle  eft  éloi- 
gnée de  près  de  80  lieues. 

Al  Gioundi  ell  le  furnora  d'Ahmed  Al  Caheri ,  qui  a  commenté  le  Meffal 
de  ZamakfGhari.  . 

GIOUNI,  furnom  dejofef  Ben  Ifmaîl,  lequel  porte  auffi  le  furnora  de  Ben 
kebir,  lequel  compofa  ,  l'an  711  de  l'Hcgire ,  un  livre  de  Médecine,  intitulé 
Malaieffâ,  où  il  efl:  traité  de  la  connoilfance  &  de  l'ufage  des  Simples.  Il  elt 
dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n°.  963. 

GIOUR,  Ville  du  pays  de  Fars,  c'efl-à-dire  ,  de  la  Pcrfe  proprement  di- 
te, diftante  de  celle  de  Karzoun  de  feize  parafanges.  Elle  efl  fituée  dans  un 
terroir  fort  agréable ,  rempli  de  jardins  &  arroufé  d'une  grande  abondance  d'eaux. 
Ses  folTez  &  fes  murailles  la  rendent  confidérable  pour  fa  force. 

GIOURTASCH";   c'efl   la   même  chofe  que  Gioudeh  tafch  &   Senkideh.  - 
Pierre  myflerieufe  des  Turcs  Orientaux,  qu'ils  croyent  avoir  reçue  de   leurs  an- 
cêtres ,   de  main  en  main  ,   en  remontant  jufqu'à  Japhet ,   fils  de  Noé ,  &  ils 
prétendent,  qu'elle  a  la  vertu  de  leur  procurer  la  pluye  quand  ils  en  ont  befoin. 

GIOUSCHANI,  furnom  d'un  Sofi,  qui  portoit  auffi  le  nom  de  Nagmed- 
din,  lequel  depofi^eda  les  Fathimitcs  du  Khalifat  d'Egypte.  -Voyez  le  titre  d'Ad- 
hed ,   dernier  Khalife  de  cette  race. 

GIOUZ  Alamzah  ,   Drogues  mêlées.     Titre  d'un  livre   de  l'Imam  Cafchiri, 
qui  n'efl  autre  qu'un  abrégé  du  Sahi  de  Mondheri  ,  où  il  efl  traité  de  la  Sun- 
nah,  c'efl-à-dîre,  félon  le  langage  des  Mufulmans  ,  de  tout  ce  qui  n'efl  que  de 
tradition,  &  qui  ne  lailfe  pas  pourtant  d'être  d'obligation;  mais  non  pas  fi  pré- •- 
eife  que  ce  qui  efl  expreitément  écrit  dans  leur  loy. 

GIOUZ  AN  Demefchk  ,  nom  d'une  des  Contrées  du  pays  de  Damas  ou  de '- 

la  Cœlefyrie.    Voyez  Sarkhad.    . 

GIOUZGIANI,  furnom  d'Abou  Ali,  qui  pafiè  pour  un  des  plus  grands  ■''■• 
fpirituels  du  Mufulmanifme.     Dans  le  chapitre  de  l'Alcoran  ,    intitulé   Ibrahim  , 
Mahomet  fait  dire  à  Dieu  les  paroles  fuivantcs  aux  Ifraëlites  :    Vous  fouvemz- 
vnus  de  ce  que  je  vous  ay  dit  fi  fouvent ,   fi  vous  êtes  reco7inoi[fans  de  mes  grâces, 
fy  en  ajoiiteray  encore  d'autres,  mais  fi  vous  en  êtes  mécowwijfans ,  il  vous  airivera 

du 


I5i  7  -G  I  0  U  Z  î.  G  I  O  Z  0  U  L  I. 

àe  grands  mduX:  car  vous  ferez  privez  de  mes  grâces  en  ce  monde,  ^  vous  ferez 
punis  feverement  en  Vautre. 

Abou  Ali  Giouzgiani ,  au  rapport  de  Selemi  ,  paraphrafoit  ainfi  ces  paroles  : 
Si  vous  me  remerciez  de  Ja  grâce  de  vôtre  vocation  à  la  vraye  Religion  ,  je 
vous  donneray  la  grâce  d'une  vive  foy:  fi  vous  me  remerciez  de  celle -cy,  j'y 
ajoûteray  celle  des  biens  temporels.  Si  vous  êtes  reconnoiflans  d»  cqs  biens , 
je  vous  gratifierai  des  biens  fpirituels,  tels  que  font  \qs  dons  de  fcience  &  d'in- 
telligence. Si  vous  n'êtes  pas  ingrats  de  ces  dons  ,  vous  ferez  élevez  jufqu'au 
degré  d'union  avec  moy  par  amour  :  Si  vous  me  remerciez  de  cette  grâce  fpé- 
ciale ,  vous  arriverez  à  un  degré  fublime  de  contemplation ,  &  enfin  fi  vous 
me  rendez  les  grâces  qui  me  font  dues  pour  un  fi  grand  bienfait,  je  vous  com- 
blerai de  la  plus  grande  des  faveurs  que  puiiTe  recevoir  un  homme  en  ce  mon- 
de ,  qui  efl  de  vous  admettre  dans  le  cabinet  de  la  familiarité  la  plus  intime  , 
&  de  vous  communiquer  ma  préfence  par  une  viie  intelleftuelle. 

On  peut  recueillir  de  ces  paroles ,  dit  Selemi ,  que  l'aftion  de  grâces  efl  l'é- 
chelle par  où  l'on  monte  de  degré  en  degré  jufqu'au  plus  haut  fommet  de  la 
perfeélion ,  ce  que  le  Methnevi  confirme  en  difant  :  L'a6lion  de  grâces  efb  une 
augmentation  de  grâces  à  celuy  qui  fçait  employer  fon  cœur  &  fa  langue  à  la 
„bien  faire  :  Elle  chafie  toutes  les  maladies  de  l'ame  &  guérit  toutes  les .  playes 
"du  cœur.    Foyzz  Huifain  Vaêz,  page  465  de  fa  Paraphrafe  Perfienne. 

GIOUZI.  Aboulfarage,  Ben  AH  Ben  Al  Giouzi,  père  dé  Schamfeddin  Abul- 
"farage  Al  Giouzi,  qui  fut  le  maître  de  Saâdi,  fameux  Auteur  &  Poète  Perfien. 
-  .  Ebn  Al  Giouzi  mourut  l'an  $ç)Y  de  l'Hegire,  &  nous  a  laifié  plufieurs  ouvra- 
ges hifloriques,  &  entr'autres  Tarikh  al  montadham  ,  Chronique  en  vers.  Aâmdr 
al  âidn.  Vies  des  hommes  illuftres.  Alerat  al  zamân^  le  Miroir  des  tems.  Akh- 
bdr  al  BeramscaJi ,  rhifi:oire  des  Barmecides.  Tanovir  al  gabafch ,  Traité  des  Nè- 
gres &  des  Abiffins.  Icadh  al  vefnat ,  le  Réveil  du  fomnieil.  Ryfchâd  al  morid^ 
Inllruftion  pour  celuy  qui  commence  la  vie  fpirituelle,  &c. 

GIOVALEKI,  furnom  d'Abou  Manfor  Mauhoub  Ben  Ahmed  ,  mort  l'an 
-465  de  l'Hegire,  qui  a  commenté  le  livre  intitulé  Jdab  al  ketab. 

GIOVANGAR,  c'cfi:  en  langue  Mogolienne  ce  qui  efi:  à  la  main  gauche: 
de  même  que  Berangar  eft  ce  qui  cil  à  la  droite.  Ces  deux  mots  s'entendent 
particuHèremcnt  de  la  droite  &  de  la  gauche  d'un  pays  ,  &  de  Faîle  droite  & 
gauche  d'une  armée. 

Les  vingt- quatre   peuples  dcfcendus  des  fix  enfans  d'Ogouzkhan  ,  Empereur 

.-des  anciens  Mogols ,  partagèrent  ainfi  leur  pays  en  Berangar  &  en  Giovangar; 

& ,  depuis  ce  tems-Ki ,  les  Mogols  de  h  droite  ne  fe  font  plus  alliez  avec  ceux 

de  la  gauche;  ce  qui  a  fait  ,   dit  Mirkhond  ,   qu'ils  ont  confervé  plus  aifémcnt 

•leurs  généalogies. 

GIOZOULI,  furnom  d'Abou  Moufili  Ben  Iffa  Ben  Abdalâziz,  Auteur  d'un 
.;Commentaire  fur  Oflbul  fil  nahou,  qui  efl;  une  Grammaire  Arabique  d'Ebn  Sar- 
,rage.     Cet  Auteur  mourut  l'an  677  de  l'Hegire. 

Il  y  a  un  autre  Giozouli,  Auteur  du  Delail  al  lihairat,  les  marques  excellen- 
,tes,  qui  efi;  un  Traité  fur  la  bénediftion  que  les  Mufulmans  ajoutent  toujours 
;  au.  nom  .de  leur  faux  Prophète ,  qui  efl,  Salallah  àkibi  u  faldm ,  h  bénediélion 

& 


G  I  R  E  F  T. G  I  U  M  A  A  T.  i^3 

&  la  paix  de  Dieu  foit  fur  luy.     Ce   livra  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Rov 
n^  6s7-    Cet  Auteur  fe  nomme  Abou  Abdallah  Mohammed  Ben  Soliman  Bon 
Abibekr. 

GIREFT,  Ville  capitale  de  la  province  de  Kcrman  ,  dont  le  terroir  eft 
fertile  en  palmiers  ,  citroniers  &  orangers.  Il  s'y  fait  un  grand  commerce  de 
toutes  les  marchandifes  du  Khoraffan  &  du  Segeflan,  &  elle'n'eft  éloignée  d'Or- 
muz  que  de  quatre  journées. 

Les  Tables  Arabiques  ,   qui  la  nomment  Siràf  &  Sireft ,   lui  donnent  88  de- 
vrez de  longitude  &  29  de  latitude.     Ce  fut  dans  cette  ville  qu'Abou  NafTer 
fils  de  Bakhtiar ,  fe  réfugia.     Foyez  ce  titre.  "  ' 

GIRGIR,  Roy  d'Afrique  dans  les  plus  anciens  tems ,  tué  par  Afrikin,  fils 
de  Kis  Hemiarite.  Ce  Kis  étoit  Arabe  ,  de  la  famille  de  Hemiar  ,  qui  a  é'tabli 
une  dynaftie  particulière  de  Roys  en  Arabie.  Ptolemée  appelle  la  nation  par- 
ticulière de  ces  Arabes ,  les  Homerites ,  &  c'eft  de  cet  Afrikin ,  que  la  province 
proprement  dite  d'Afrique,  a  tiré  fon  nom;  car  pour  le  grand  pays  entier,  qui 
fait  une  des  quatre  parties  de  la  terre,  les  Arabes  la  nomment  Magreb  ,  l'Oc- 
cident, quoy  qu'effeélivement  ce  nom  ne  convienne  proprement  qu'à  la  Mau- 
ritanie &  à  une  partie  de  la  Numidie. 

GIUDDAH  ou  Giddah,  Ville  Maritime  de  l'Arabie  Petrée ,  fituéc  dans  la 
contrée  ou  province  appellée  Hegiâz  ou  Negd  ,  dans  laquelle  plufieurs  placent 
les  villes  de  la  Mecque  &  de  Medine.  Elle  eft  bâtie  fur  le  bord  de  la  mer 
rouge  à  deux  journées  de  la  Mecque ,  dont  elle  eft ,  pour  ainfi  dire ,  le  port. 

C'eft  dans  le  port  de  cette  ville  que  les  Galères  du  Turc  ,  qui  hyvernent 
ordinairement  à  Suez  dans  le  fonds  du  golphe  Arabique ,  viennent  aborder  pour 
y  décharger  les  provifions  qui  viennent  d'Egypte  &  de  Syrie  ,  &  y  charo-er  les 
marchandifes  du  pays ,  comme  les  cuirs  ou  maroquins  préparez  ,  les  gommes , 
le  café  &  les  autres  drogues  de  l'Arabie. 

Gidda  eft  auffi  un  entrepos  des  caravannes  qui  paffent  par  mer  de  Gaidhâb, 
ville  d'Egypte,  à  la  Mecque,  &  c'eft-là  auffi  que  les  Mahometans  croyent  qu'eft 
le  fepulcre  d'Eve. 

C'eft  auffi  à  Gidda  que  fe  tranfportent  par  mer  les  ma'-chandifes  des  Indes, 
que  l'on  décharge  à  Moka  ,  port  de  la  mer  rouge  qui  eft  plus  méridional  ,  & 
où  les  plus  gros  vailfeaux  peuvent  aborder. 

GTUGH,  Cycle  des  Indiens,  qui  contient  plufieurs  Lek ,  dont  chacun  eft 
^e  plulieurs  milliers  d'années.  Les  Philofophes  Indiens  difent ,  que  le  monde 
doit  durer  pendant   le  cours  de  quatre  de  ces  cycles. 

Ils  appellent  le  premier,  Sate  giugh  ;  le  fécond  ,  Trita  giugh  ;  le  troifième, 
Duaper  Giugh;  &  le  quatrième,  Calé  giugh. 

Les  trois  premiers,  félon  le  rapport  de  ]\L  Bernier,  font  déjà  écoulez,  &  le 
quatrième,  dans  lequel  nous  forames,  eft  déjà  beaucoup  avancé. 

GIUMAAT.  laûra  al  giumâ  &  al  giumâat,  le  Jour  d'aflembléc.  C'eft  le 
jour  que  les  Mahometans  ont  confacré  au  culte  de  Dieu,  qui  eft  le  Vendre Jy 
de  chaque  femaine:  les  Arabes  du  paganifme  le  reveroient  ayant  une  tradition. 

Tome  IL  V  que 


154  G  I  U  M  A  H  A  T.  G  I  U  N  E  I  D. 

que  les  ouvrages  de  la  création  avoicnt  été  confommez  ce  jour-là ,  &  ils  l'ap. 
pelloient  Jaum  al   âroubat. 

Les  premiers  Grecs ,  qui  ont  combattu  le  Mahometifme  ,  fans  le  connoître ,. 
ont  rapporté  le  refpeft  ,  que  les  Alufulmans  portent  à  ce  jour ,  au  culte  de 
l'étoile  de  Venus. 

Les  Mahometans  attribuent  à  ce  jour  plufieurs  prérogatives  &  excellences, 
comme  l'on  peut  voir  dans  le  titre  /f  lofchovâ  Ben  Noun. 

Ebn  Batrik  remarque,  que  Conllantin  le  Grand  ordonna,  par  un  Edit  parti- 
culier ,  que  le  Vendredy  de  la  femaine  fainte  &  celuy  de  la  femaine  Pafchale 
Icroicnt  fêtez  &  chômez.  Le  premier  de  ces  deux  Vendredis  efl  appelle  par 
les  Chrétiens  d'Orient  Giumâat  al  alàm  ,  le  Vendredy  des  douleurs ,  &  le  fé- 
cond ,  Giumâat  al  Kcbirat ,  le  grand  Vendredy.  Foyez  le  titre  de  Leiflaliemin , 
qui  eft .  le  bon  Larron  de  la  Croix. 

Il  y  a  plufieurs  cérémonies  attachées  au  jour  du  Vendredy  parmi  les  Mu- 
fulmans,  car  ils  appellent  ce  jour  Seid  al  aiam  ,  le  Seigneur  des  jours  ,  &  ils 
croyent,  que  le  Jugement  dernier  fe  fera  dans  ce  jour. 

GIUMAHAT.  Schamfeddin  ou  Azeddin  Mohammed  Ben  Giumâhat ,  a 
commenté  le  Cafîîdah  ou  le  Poëme  d'Ebn  Farah  ,  &.  compofé  le  livre  intitulé 
Arhâin  Motabainât.     Foyez  Arbâin. 

GIUMAZEH,  efpèce  de  chameau  à  deux  bofTes  qui  efl  de  grande  fatigue, 
&  dont  les  couriers  fe  fervent  en  Orient  ,  pour  porter  en  diligence  leurs  dé- 
pêches. Nous  appelions  cet  animal  un  Dromadaire.  Foyez  Fadhel ,  fils  de  Sohal. 

GIUMGIUMAH.  Un  Crâne,  une  tête  de  mort.  Il  y  a  un  livre  Arabe 
intitulé  J^eJJat  algiimigitimah .  C'eft  un  Dialogue  entre  Jesus-Christ  nôtre 
Seigneur  ,  &  une  tête  de  mort.  Cette  hiftoire  eft  prife  d'une  tradition  des 
Chrétiens  d'Orient,  qui  difent,  que  la  Croix  de  nôtre  Seigneur  fut  plantée  juf- 
tement  fur  le  crâne  d'Adam,  qui  étoit  enterré  fur  la  montagne  que  les  Orien- 
taux appellent,  à  caufe  de  cette  tête,  Cranion,  &  nous  autres  le  Calvaire,  qui 
fignifie  la  même  chofe.     Voyez  les  titres  de  Cranion  &'  ^'Acranion.. 

GIUjMMAN.  Ketâb  Al  Giumman  men  mokhtaffar  akhbar  alzamân  ,  Per- 
les recueillies  de  l'abrégé  des  hiftoires.  C'eft  une  hiftoire  générale  ,  compo- 
fée  par  Schehâbeddin  Ahmed  Al  Faflî  ,  lequel  s'arrête  beaucoup  fur  les  cho- 
fes  concernantes  la  Barbarie  ,  dans  la  fin  de  fon  ouvrage.  Cet  Auteur  étoit 
natif  de  la  ville  de  Fez  en  Mauritanie  ,  &  fon  livre  eft  dans  la  Bibliothèque 
du  Roy,  rf.  841. 

*GIUND,  Ville  du  Turkeftan  ,  au  de -là  de  Bokharah  &  vers  le  fleuve  de' 
Sihon  ou  l'Iaxartes  des  Anciens.  Abulfeda  lui  donne  78  degrez  ,  45  minutes 
de  longitude,  &,  félon  quelques-uns,  43  degrez,  30  minutes  de  latitude  Sep- 
tentrionale. C'eft  de  ce  lieu-là ,  où  Selgiuk  s'établit  d'abord  ,  que  les  Selgiuci- 
dcs  (ont  venus  ,  &  d'où  ils  partirent  pour  entrer  en  Perfe.  Foyez  Giourd, 
ville  de  l'Arabie  Heureufc. 

GIUNEID,  c'eft  le  même  peifonnage  qu'Abul  Caflem  Al  Caovarini,  chef 
de  Sofis.  Voyez  la  fuccefîion  de  ces  chefs  dans  le  titre  de  Conaovi.  Le  Raoudh 
Alriahin ,   ou  Parterre  de  plantes  odoriférantes  d'Iafêi  dans  la  fcftion  quatriè^ 

me. 


GIUNEID.         GIUNEIN.  155, 

me,  contient  la  vie  de  Giuneid,  qui  eft  réputé  un  des  plus  grands  Saints  du 
Mufulmanifme,  Son  maître  dans  la  fpirituaiité  fut  Abougiafar  Al  Haddâd  & 
Hallage  fon  difciple.    Il  mourut  l'an  297  de  l'Hegire.  ' 

On  rapporte  de  luy  cette  fentcnce  remarquable  ,  Kimat  al  enfân  becrdr  him- 
metihi,  le  prix  &  Ia% valeur  d'un  homme  fe  mefure  à  ce  qu'il  ellime.  S'il  cfti- 
me  le  monde,  la  kimat  laho,  il  n'eft  pas  eftimable;  car  le  monde  ne  l'cft  pas: 
s'il  eftime  les  chofes  de  l'autre  vie  ,  fakimatho  al  genmh ,  le  ciel  jqù.  fon  prix  : 
mais  s'il  eflime  Dieu  par-defllis  toutes  chofes ,  fa  lanihaiat  laho ,  fon  prix  eft  inl 
eftimable.     Voyez  les  titres  ^/'Iman  ou  de  la  foy,  ^  de  Seri  Sacathi. 

GIUNEID,  Père  de  Scheikh  Haidar,  duquel  defcendent  les  Roys  de  Per- 
fe  d'aujourd'huy ,  étoit  fils  de  Scheikh  Ibrahim ,  fils  de  Khovageh  A\ï ,  fils  de 
Schadreddin ,  fils  de  Safîeddin ,  appelle  autrement  Scheikh  Sefi  ,  qui  prctendoit 
defcendre  d'Ali. 

Scheikh  Giuneid  deraeuroit  â  Ardebil ,  où  il  avoit  beaucoup  d'adhérants  qui 
étoient  de  la  feéïe  d'Ali.  Il  donna  ainfi  beaucoup  de  jaloufie  à  Gihanfchah  , 
fils  de  Cara  Jofef,  Sultan  des  Turcomans  de  la  dynailie  du  Mouton  Noir, 
entre  les  mains   duquel  la  ville  d'Ardebil  étoit  pour  lors. 

Giuneid  fut  donc  enfin  obligé  de  la  quitter  &  de  fe  réfugier  auprès  de  Haf- 
fan  le  Long,  ou  Ufuncâflàn,  Sultan  des  Turcomans  du  Mouton  Blanc,  qui  re- 
gnoit  en  Mefopotamie.  Ce  Prince  le  reçut  fi  bien,  qu'il  luy  donna  même  en 
mariage  fa  propre  fille ,  de  laquelle  ce  Scheikh  eut  un  fils  nommé  depuis  Scheikh 
Haidar. 

Il  fervit  fort  utilement  Ufuncafi^an  pendant  plûïïeurs  années ,  &  principale- 
ment contre  les  Géorgiens  ,  fur  lefqucls  il  faifoit  de  fréquentes  courfes ,  fous 
prétexte  de  Religion,  dont  il  fçavoit ,  à  l'imitation  de  fes  ancêtres,  fort  bien 
mafquer  toutes  fes  afHons.  Il  s'avança  même  jufqu'à  Trebifonde  ,  &  s'em- 
para de  cette  forte  ville,  où  il  laiflà  dans  la  fuite  du  tems  fon  fils  Haidar  pour 
y  commander. 

Après  que  Giuneid  fe  fut  enrichi  du  butin  qu'il  avoit  fait  fur  les  Géor- 
giens &  fur  les  Arméniens,  il  vint  s'étaWir  dans  la  province  de  Schirvân:  mais 
fes  grandes  richefi'es  ,  &  le  nombre  de  fes  partifans  &  feclaires  ,  qui  le  forti- 
fioient  de  tous  cotez,  jetterent  tant  de  défiance  dans  l'efprit  des  gens  du  pays, 
qu'il  fe  fit  une  conjuration  fecrete  contre  lui  ,  dans  laquelle  il  périt  avec  une 
grande  partie  des  fiens. 

GIUNEIN,  lieu  d'Arabie  ,  qui  s'cft  rendu  fameux  par  la  bataille  que  Ma- 
homet y  donna  la  même  année  qu'i}  prit  ài  Mecque  ,  qui  fut  la  huitième  de 
l'Hegire. 

Ce  lieu,  que  quelques-uns  appellent  Honain  ,  eft  une  vallée  ,  où  les  Haova- 
izeniens  &  les  Thakifiens  s'aficmblerent  ,  après  la  prife  de  la  Mecque ,  fous  la 
conduite  de  Mâlek  Ben  Aûf.  Mahomet,  qui  avoit  douze  mil  hommes,  les  at- 
taqua, (^cs  gens  plièrent  d'abord;  mais  ils  ne  laifl!erent  pas  de  remporter  la  vic- 
toire &  de  faire  un  très-grand  butin,  qui  les  encouragea  fi  fort,  qu'ils  allèrent 
de-là  attaquer  la  ville  de  Thaief  dans  l'Iemen. 

Les  Mufulmans  furent  cependant  obligez  d'abandonner  cette  entreprife  &  re- 


V  2  GILWEK 


i5<5  G  I  U  N  E  K.  — —  G  0  R  A  R. 

GIUNEK  &  Giunek  Ven.  C'eft  le  fécond  cycle  fexagenaire  des  Cathaiens , 
qui  en  compofent  un  de  i8o  ans,  de  trois  de  ceux-cy.  Le  premier  s'appelle 
Schanek  yen  ,  le  fécond  ell  Giunek  ven ,  &  le  troifième  Kha  ven.  Voyez  le 
titre  de  Van  ou  Ven. 

GIUNLU,  la  quatorzième  portion  des  ^4  qui  compofent  l'année  des  Cat> 
haiens  &  Turcs  Orientaux. 

GIUZURAT  &  Guzrat.  C'cll  le  Royaume  de  Guzerate  aux  Indes  Orien- 
tales.    Voyez  le  titre  de  Hend. 

GIZI,  furnom  de  Mohammed  Ben  Rabî,  Auteur  du  livre  intitulé  Tarikh  al 
fahabah  fi  mefr.  Hilloire  des  compagnons  ou  contemporains  de  Mahomet ,  qui 
ont  vécu  en  Egj'pte. 

GOBAI  Camar  ou  Gioun  al  camar ,  le  Golfe  de  la  Lune  ,  Ville  Maritime 
du  pays  de  Hadhramout  en  lemen  ou  Arabie  Heureufe,  fituée  entre  Scharmah 
&  Merbathj  villes  de  la  même  province.. 

GO  G  &  Magog.  Voyez  les  titres  d'Aouge,  ^'lagiouge  ^  de  Magiouge. 

GOLAM  Thaleb,  îe  jeune  homme  defireux ,  furnom  d'Abou  Omar  Ben 
Abdalouahed  ,  Auteur  du  livre  intitulé  Efma  Al  fchoâra  ,  les  noms  des  Poëtcs 
Orientaux. 

GOLAM  Zobal ,  Fcnfant  de  Saturne.  Nom  d'un  Aftronome  célèbre,  qui 
vivoit  du  tcms  d'Adiiad  eddoulat,  Sultan  de  la  dynaftie  des  Buides.  Abuîfara- 
ge  cite  de  lay  un  fentimcnt  fort  jufte  qu'il  faifoit  de  l'Aflrologie  ;  car  il  di- 
foit,  que  c'étoit  une  fcience  fort  incertaine,  puifqu'il  y  avoit  de  certaines  con- 
ftitutions  &  figures  du  cici,  qui  ne  découvroient  rien  que  de  faux,  à  ceux  qui 
pénétroient  le  plus  avant  dans  les  fecrets  de  cette  fcience;  &  d'autres  ,  qui  dé- 
couvroient des  véritez,  même  aux  plus  ignorans, 

GOMRI,  furnom  de  Mohammed  Ben  Omar,  mort  fan  849,  Auteur  de 
l'ouvrage  intit  ulé  Entijjar  letharik  alakhbâr  ,  qui  ell  une  méthode  pour  appren- 
dre l'hilloire. 

GORABA;  pluder  de  Garib,  qui  fignifie  en  Arabe,  ce  qui  efl  étranger, 
rare  &  inufité.  Lefîân  al  goraba  ,  1»  langue  des  étrangers.  C'ell-  une  langue 
différente  de  l'Arabiqile,  de  laquelle  on  fe  fert  néanmoins  en  Arabie;  mais  l'u- 
llige  en  cft  rare,  &  elle  paffe  pour  inufitée.  Voyez  le  Divan  de  Safi  Al  Holli, 
page   258.     U  cfi  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n".  1168. 

GORAR  Al  Belagat,  ce  qu'il  y  a  de  plus  brillant  dans  l'éloquence.  C'eft 
le  titre  d'un. Florilège  ou  Recueil  de  bons  mots,  fait  par  Thâalebi  ,  qui  lui 
a  donné  encore  le  nom  d'Eêgiàz  fil  igiaz.  Il  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque: 
du  Roy,  n''.  1058., 

GORAR  Al   KhafTais ,  &c.     Livre  de  morale  ,   qui  traite  dcs>  vertus  &  des 
vices   en  fcize    diapitres  ,   compote  par  Abou  Abdallah  Mohammed  Ben  Ibra- 
him 


GOUGOU;  GULSCHEN.  1,-7 

hira  Ben  lahia  Al  Katebi  Al  Vathovath.     Il  efl:  dans  la  Bibliothèque  du  Roy, 
n°.  1143. 

GOUGOU  ou  Cougou,  Ville  capitale  des  Soudan,  c'eil-à-dire  ,  des  Nègres 
qui  habitent  au  de-h'i  la  ligne  Ecjuinotlialc  ,  dans  laquelle  le  plus  grand  Roy  de 
toute  cette  nation  fait  fa  rcfidence  ordinaire.  Les  peuples  qui  Fhabitent  font 
tous  infidèles,  c'efl-à-dire  ,  qu'ils  ne  font  pas  Mufulmans. 

Quelques  Géographes  la  placent  entre  l'Equateur  &  le  premier  Climat  Sep- 
tentrional, f^oyez  le  Géographe  Fcrlien  dans  le  premier  chapitre  de  fon  ouvra- 
ge, où  il  traite  des  lieux  qui  font  entre  l'Equateur  &  le  premier  Climat. 

Il  femble,  que  cette  ville  foit  celle  que  nous  appelions  aujourd'huy  Congo, 
dont  les  habitans  font  Nègres  &  Idolâtres.  Les  Portugais  y  ont  envoyé  &  en- 
voyent  encore  fbuvent  des  Miffionnaires  ,  par  le  moyen  defquels  la  Religion 
Chrétienne  y  a  fait  déjà  de  fort  grands  progrcz. 

Edriffi  dit,  que  cette  ville  ell  diftante  de  vingt  journées  d'une  autre  appel- 
lée  Cougha  ,  qui  efl  plus  Méridionale  ,  &  que  c'eil-Ià  que  fe  trouve  le  bois, 
appelle  par  les  Arabes  Aoud  alhiat ,  Bois  de  ferpent ,  appelle  par  les  Portugais  • 
Paie  de  Cobra ,  lequel ,  félon  quelques-uns ,  attire  à  foy  les  ferpens  &  leur  ôte 
leur  venin  ;  mais ,  félon  les  autres  ,  il  a  la  propriété  de  les  chalTer.  Ce  bois 
efl  allez  femblable  à  celuy  que  les  Arabes  appellent  Aker  Carha  ,  qui  efl. le 
Pyrethre. 

GRAN,  nom  d'une  ville  de  Hongrie,  que  nous  appelions  ordinairement 
Strigonie,  Les  Turcs  la  nomment  auflî  Eftrigoniah  du  mot  Italien.  L'on  dit, 
que  ce  mot  efl  corrompu  à' IJlrigranhan  ,  à  caufe  que  cette  ville  eft  fituée  au 
conflans  d'une  rivière  nommée  Gran ,  &  de  l'Ifter  ou  Danube. 

GRIGORIOUS  Abulfarage,  Médecin  &  Hiflorien  Chrétien,  eflimé  par 
les  Mufulmans  même.  Pokok  l'a  fait  connoître  en  Europe",  par  la  ti-adu6lion 
Latine  qu'il  s  faite  de  fon  abrégé  des  Dynaflies.     Foyez  Abulfarage. 

GUD  ARZ,  un  des  plus  grands  Capitaines  de  la  Perfe  ,  qui  conquit  la  Ju- 
dée, &  prit  Jerufalem  fous  le  règne  de  Lohorasb,  Roy  de  la  première  dynallie 
de  Perfe ,  &  foûtint  plufieurs  guerres  contre  Afrafiab  ,  Roy  du  Turqueflan  , 
fous  les  premiers  ^Roys  de  la  féconde  dynaftie.  Il  fut  père  de  Guiu  ,  qui  fe 
rendit  auffi  célèbre  par  fa  valeur  dans  les  règnes  fuivans. 

GUL  ENDAM,  MaîtrelTe  de  Baharam.  Katebi,  Poëte  Perfien  ,  a  écrit 
un  Roman  ,  intitulé  Baharam  ve  Gui  Enddm.  Bahaj-am  fignilîe  en  langue  Per- 
fienne  Mars,  &  Gui  Enddm,  Corps  de  rofe,  Epithete  de  Venus:  de  forte  que 
ce  Roman  peut  s'appeiler  les  Amours  de  Mars  &  de  Venus ,  ou  de  deux  per-" 
fonnes  qui  portoient  ce  nom. 

GU  LIS  TAN,  Jardin  ou  Parterre  de  rofes.  C'efl'  le  nom  d'un  ouvrage 
fort  eflimé  dans  tout  l'Orient,  compote  en  langue  Pcrfienne,  &  mêlé  de  pro- 
fe  &  de  vers  ,  par  le  fameux  Sàadi  Schirazi  Molleheddin  ,  l'an  6s6  de  l'Hc- 
gire.    Gentius  l'a  traduit  en  Latin  &  lui  a  donné  le  nom  de  Rofarium  Politicum. 

GULSCHEN  Raz  ,  le  Rofier  ou  le  Jardin  des  fccrets.  Livre  Perfien  en 
vers  fia-   la   Métaphvfique ,   &  fur  la    Théologie   mvftique   des  Soils  ;    il   con- 

V  ^         '  tient 


158  G  U  N  D  E  H.  •  G  U  R  G  E. 

tient  des  demandes  &  des  réponfes  en  forme  de  Catechifme.    Son  Auteuf  efl 

inconnu. 

Le  Scheikh  Mohammed  Al  Tabrizi  Al  Hateri  a  compofé  un  ouvrage  pour 
le  réfuter,  qu'il  a  intitulé  Jzhdr  Gulfchen,  les  Fleurs  du  Jardin. 

'GUNDEH  &  Gundah,  nom  d'un  raonflre  marin  ,  qui  ne  fe  voit  que  dans 
les  mers  d'Iemcn  &  de  Herkend. 

GUNDOGDI,  l'Aurore  ou  le  Jour  naiffant,  nom  du  fils  de  Soliman  Schah , 
•  Ayeul  d'Othman,  duquel  nous  venons  de  parler,  &  frère  de  Sancour  Teghin. 

GUNPUZ  &  Gunduzin,  fils  d'Ôrthogrul  &  frère  d'Othman,  Fondateur  de 
la  dynaftie  des  Othmanides  ,  qui  font  les  Sultans  de  Conftantinople.  Ce  mot 
fignifie  en  Turc  le  Jour. 

G  U  RE  H  &  Tchefchm  Guréh  ,  nom  ancien  des  Turcomans ,  lorfqu'ils  paf- 
ferent  avec  les  Sclgiucides  du  Turkeflan  en  Perfe.  Foyez  les  titres  de  Gaz  6? 
de  Turk. 

GURGE  ,&  Kurge.  Les  Géorgiens,  Gurgillan,  la  Géorgie.  Les  Géorgiens, 
peuples  qui  habitent  les  environs  du  Mont  Caucafe  au  couchant  de  la  mer 
Cafpienne ,  ont  toujours  été  Chrétiens  ,  quoy  qu'environnez  de  tous  cotez  par 
les  Mufulmans. 

Du  tems  des  Samanides,  Abou  Nafler,  Roy  de  Géorgie  ,  qui  avoit  été  fub- 
jugué  par  le  Sultan  Nouh,  fils  de  Manfor,  avoit  remis  fes  Etats  entre  les  mains 
de  Schah  Schar,  fon  fils,  &  vivoit  en  particulier  à  la  Cour  de  ce  Prince. 

Mahmoud,  fils  de  Sebecteghin,  Sultan  des  Gaznevides,  fit  la  guerre  à  Schah 
Schâr.  Altun  Tafch  ,  Général  des  armées  de  ce  Sultan  ,  le  défit  &  l'envoya 
prifonnier  à  Mahmoud.  Mahmoud  lui  rendit  la  liberté  &  le  rétablit  dans  fes 
Etats,  à  condition  qu'il   y  vivroit  en  bon  &  fidèle  vaflal. 

Schah  Schar  s'étant  révolté  contre  le  Sultan  ,  fut  défait  &  pris  prifonnier 
une  féconde  fois ,  &  envoyé  au  Sultan  Mahmoud  ,  qui  le  fit  fouetter  comme 
.\xn  efclave  échappé,  &  l'enferma  dans  un  château  où  il  finit  fa  vie. 

Ainfi  finit  la  dynaftie  des  Schars,  au  rapport  de  Khondemir^  qui  dit,  que  ce 
nom  de  Schar  étoit  commun  à  tous  les  Roys  de  Géorgie,  comme  celuy  de  Cce- 
far ,  dont  celuy  de  Schâr  pourroit  être  corrompe  ,  de  môme  que  le  tzar  des 
Mofcovitcs,  l'étoit  aux  Empereurs  Romains. 

Cependant  il  s'éleva  bien  -  tôt  après  une  autre  dynaftie  de  Roys  dans  le  Gur- 
giftan,  qui  foûtinrent  une  longue  guerre  contre  les  Sclgiucides,  fuccclfcurs  des 
Gaznevides.  Alp  Arflan  le  Selgiucide  remporta  de  grands  avantages  fur  les 
Géorgiens  :  car  il  en  dompta  une  grande  partie  qu'il  reduifit  en  efclavage  ,  les 
obligeant  de  porter  un  fer  à  cheval  pendu  à  Foreille  ,  pour  marque  de  leur 
fervitude. 

Malek  Schah  ,  Sultan  de  la  même  race ,  continua  à  faire  des  progrez  dans 
la  Géorgie  ,  où  il  prit  le  fort  château  de  Miriam  Nifchin.  Foyez  le  titre  de 
Malek  fcliah. 

■Les  Khovarezmiens,  qui  fucccderent  aux  Sclgiucides,  firent  aufE  la  guerre  à 
ces  peuples,  fans  pouvoir  les  alfujettir  entièrement.    Gelaleddin  Mank-Bcrni  fit 

de 


GUROVAN.  GUZARATE.  159 

de  grands  exploits  en  ce  pays-Jà,  comme  l'on  peut  voir  dans  fon  titre -^  mais  toutes 
les  viéloires  qu'il  remporta  ,  n'empêcherpnt  pas  que  les  Mogols  ou  Tartares  , 
qui  poflederent  enfuite  les  Etats  des  Khovarezmicns ,  n'ayent  été  obligez  d'ê- 
tre toujours  en  armes  contre  des  peuples  fi  féroces  &  fi  indomptables.  Foyez 
le  titre  ^i'Abufâid  Ben  .Algiaptu. 

Aboulfarage  veut  ,  que  les  Gurges  ou  Géorgiens  foient  les  mêmes  que  les 
Khozares  ;  mais  ce  font  deux  Jiations  bien  différentes.  Les  Khozares  habitent 
au  Septentrion  de  la  mer  Cafpienne ,  &  confinent  avec  les  Turcs  Orientaux  ou 
Tartares.  Les  Tables  Arabiques  marquent  pour  capitale  de  leur  pays  la  ville 
de  Balangiar,  qui  eft  à  85  degrez  ,  20  minutes  de  longitude,  &  à  46  degrez, 
30  minutes  de  latitude:  &  les  villes  de  Schamcur  &  deTellis,  dont  cette  der- 
nière pafi"e  pour  la  ville  Royale  des  Géorgiens  ,  font  fituées  à  83  degrez  de 
longitude,  &  k  44  degrez  de  latitude  Septentrionale. 

GUROVAN,  Montagne  la  plus  ftérilé  de  toute  l'Arabie  ;  elle  eft  dans  la 
province  nommée  Hegiâz,  auprès  de  la  ville  de  Thaief. 

GURSCHAH  ou  Gaurfchah.  Nom  du  quatrième  fils  de  Mohammed  Kho- 
varezm  fchah.    Il  faut  voir  le  titre  du  père. 

GUSCHIR  &  peut-être  Gaufchir,  Ville  capitale  de  la  province  de  Kerman 
en  Perfe,  bâtie  par  Ardfchir  Babegân  ,  Roy  de  Pcrfe,  fondateur  de  la  dynaftie 
des  Salfanides. 

GUZARATE.    Voyez  le  titre  de  Hend,  ou  Hind  âf  Sind. 

HABAB.       HABASCH. 


*^'2^*ABAB,  furnom  d'Aboufaîd  ,  Chef  &  Prophète  des  Carmathes.  Voyez 
è  Jj\  Aboufaîd. 

*^w^*  HABASCH,  fils  de  Coufch  ou  Chus,  fils  de  Kenaan  ou  Chanaan, 
fils  de  Ham  ou  de  Cham,  fils  de  Nouli  ou  Noé.  C'eft  de  lui  que  les  Arabes 
ont  pris  le  nom  des  Abi/îins  ou  Ethiopiens  ;  car  Habafch  étant  pris  colledive- 
ment,  fignifie  chez  eux  fEthiopic. 

•  Habafch  &  Habafchi  fignifie  un  Abilîîn  ou  Ethiopien ,  le  plurier  de  ce  nom 
eft  Hoboufch  &  Hobfchân,  les  Ethiopiens,  que  les  Perfans  appellent  Siah  Hin- 
dou, les  Indiens  Noirs. 

Les  Grammairiens  Arabes  veulent  que  le  mot  de  Habafchah  ,  qui  fignifie  auffi 
l'Ethiopie,  vienne  de  celuy  de  Hoboufchah  ,  dont  le  plurier  eft  Ohoboufch  & 
Ahabifch  ,  qui  fignifie  un  peuple  mêlé  de  différentes  nations  originaires  de  di- 
vers pays  ,  qui  vivent  unis  cnfemble  ,  &  que  c'eft  la  véritable  étymologie  de 
Habafch,  nom  qui  comprend  les  Abiffins,  les  Nubiens  &  les  fonges. 

Abdal- 


j5o  h  a  B  a  s  C  h. 

Abdalmaâl  marque  pour  confins  de  l'Ethiopie,  du  côté  du  midy,  le  Zangue- 
bar,  ou  la  Cafreric:  à  l'Orient  la  mei?  rouge:  au  Septentrion,  le  defert  qui  eft 
entre  la  Mer  rouge,  la  Nubie,  &  la  haute  Thebaïde:  &  à  l'Occident  celui  de 
Bagiah  ou  Beggiah. 

Les  Arabes  appellent  encore  les  Ethiopiens  du  nom  -que  les  Hébreux  leur 
donnent,  qui  eft  Coufchim,  à  caufe  de  Coufch  ou  Chus,  père  de  Habafch,  que 
les  Hébreux  ne  connoifTent  point:  car  félon  la  Genefe  Cham  eut  pour  enfans 
Chus,  Mefraim,  Phut,  &  Chanaan,  &  par  confequent  Chus  étoit  frère,  &  non 
pas  fils  de  Chanaan.  La  ville  capitale  &  Royale  de  ce  pays  s'appelle  Germi, 
félon  Abdal-mâal,  Nafîir-eddin ,  &  Ulug-Begh;  ces  deux  derniers  lui  donnent  6s 
dcgrez  de  longitude  ,  &  9  degrez  ,  &  30  minutes  de  latitude  Septentrionale, 
entre  la  ligne  Equinocliale,  &  le  premier  Climat  qui  ne  commence  félon  les 
Arabes  qu'au  douzième  degré. 

Abdalmaâl  dit  que  c'cft  une  fort  grande  ville.  Edrifîî  dit  que  la  capitale  de 
l'Ethiopie  fe  nomme  Gionbitah:  aujourd'huy  c'eft  Axumah. 

Sehertah  &  Hadiah  font  des  villes  du  même  pays ,  fituées  au  de-là  du  premier 
Climat,  auffi-bien  que  Marcath,  ou  Marcathah. 

Macdafchou  eft  entre  le  pays  de  Zengc,  &  celuy  de  Habafchah,  fcs  habitans 
font  Mufulmans ,  &  un  grand  fleuve  qui  déborde  en  Eftc  comme  le  Nil ,  pafte 
le  long  de  fes   murailles,  dont  l'enceinte  eft  fort  grande. 

Zi'â  &  Zailegh  eft  aulîî  une  des  villes  d'Ethiopie,  où  les  chaleurs  font  11 
excefïïves  ,  qu'il  n'y  croît  aucune  forte  de  fruit  :  il  y  a  cependant  beaucoup 
de  Mahometans  qui  s'y  font  habituez ,  &  qui  font  un  très-bon  accueil  aux  Mar- 
chands Mufulmans  qui  y  trafiquent. 

Scherif  Al  Edriffi  met  aufîî  au  nombre  des  villes  8'Ethiopie  celles  d'Akent, 
de  Bakthi ,  &  de  Mancounah,  &  il  y  a  d'autres  Géographes  qui  veulent  que 
Gaidhab,  ville  &  port  de  la  mer  rou?e  du  côté  de  la  Thebaïde,  d'où  l'on  paffe 
à  Gidda  en  Arabie,  foit  du  même  pays  aufli-bien  que  HUe  &  la  ville  de  Soua- 
ken  dans  la  même  mer. 

Ce  fleuve  dont  il  eft  parlé  cy-deffus,  eft  fort  grand,  &  fe  jette  dans  le  Ni-1 
proche  la  ville  d'Ialak.  C'eft  fur  {es  bords  que  les  villes  de  Gionbitah,  de  Ma- 
rakthah,  &  de  Nagiagah  font  fituées. 

Une  partie  de  l'Arabie  ,  &  particulièrement  celle  que  nous  appelions  Heu- 
reufe,  a  autrefois  été  comprife  fous  le  nom  d'Ethiopie,  à  caufe  que  les  Abif- 
lins  qui  l'avoicnt  conquife  ,  la  pofiederent  long-tems,  comme  l'on  pait  voir  dans 
les  titres  <^'Ibrahim  al  Afchram,  (^  de  Mafrouk.  Mirkhond  appelle  la  côce  ma- 
ritime de  riemen  qui  eft  au  de-là,  &  au  de-ça  du  Détroit  de  Bab  aimandhab, 
où  les  Ethiopiens  ont  régné,  du  nom  de  Habafchah. 

Dhou  Izen  Roy  de  Flcmen  les  en  chaffa  avec  le  fccours  des  Perfes.  Qi-'^l- 
ques-uns  veulent  que  ce  fut  fon  fils  Saif ,  &  d'autres  ,  Maadi  C?.rb  fils  de  Saif  : 
mais  quoy  qu'il  en  foit,  les  Perfes  \qs,  chalfercnt  enfin  fous  le  règne  de  Nou-* 
fchirvan  qui  y  envoya  des  Gouverneurs,  jufqu'à  ce  que  Mahom.et,  &  les  Kha- 
lifes fes  fucceifeurs  fe  rendirent  les  maÎLi-es  de  toute  l'Arabie,  l^oyez  le  Livre 
intitulé  Bogliiat  /il  mojîafid. 

Les  Ethiopiens  veulent  que  Salamah  ,  Evcque ,  qui  leur  fut  envoyé  par  faint 
Athanafe  ,  fut  le  premier  qui  les  baptifa  ;  car  jufqu'alors  ils  n'avoient  que  la 
circoncifion  qui  leur  fut  enfeignée  par  Sadok,  grand  Prêtre  des  Juifs,  qui  leur 
«nvoya  fon  fils  pour  les  inftruire  au  Judaïfmc  du  tems  de  Salomon.     Voyez  la 

vie 


HABIB.  ^5j 

vie  de  Tâcalh  aimanouth  qui  eft  dans  Ja  Bibliothèque  du  Roy  n".  y<^6.  Fbyez 
aujjî  le  titre  de  Fourumentius. 

Ebn  Amid  rapporte  que  fous  le  Khalifat  de  Motaflem  le  huitième  des  Abbaf- 
fides,  il  y  avoit  en  Ethiopie  un  MetropoHtain  ,  car  c'eft  ainfi  que  les  Abiflîns 
appellent  celuy  de  leurs  Evoques  qui  a  la  fuperiorifé  fur  les  autres;  il  portoit 
le  nom  de  Jacob,  &  vivoit  en  réputation  de  fainteté  parmi  eux. 

La  Reyne  du  pays  qui  n'étoit  pas  fatisfaite  de  fa  conduite,  le  chalTa  de  fon 
fiege  pendant  l'abfence  du  Roy  fon  mary  qui  avoit  pour  lors  guerre  avec  fes 
voifins.  Le  Métropolitain  fe  réfugia  en  Alexandrie  auprès  de  fon  Patriarche, 
&  l'on  dit  qu'après  fa  retraite  il  arriva  de  grands  malheurs  dans  le  pays  que 
l'on  attribuoit  à  la  perfecution  que  fouffroit  un  fi  faint  Prélat. 

Le  Roy  d'Ethiopie  étant  de  retour  de  fon  expédition,  envoya  une  ambafTade 
au  Patriarche  d'Alexandrie  pour  lui  demander  pardon  de  l'expulfion  qui  avoit 
été  faite  du  Métropolitain  fans  fa  participation,  &  le  pria  fort  humblement  de  le 
luy  renvoyer.  Le  Patriarche  eut  égard  aux  prières  du  Roy  &  Jacob  fut  reçu 
des  peuples  avec  une  joye  univerfelle. 

Le  même  Auteur  dit  que  les  Abiflîns  peuvent,  quand  ils  veulent,  empêcher 
le  débordement  du  Nil,  &  que  l'an  482  de  l'Hegire  ,  de  J.  C.  1088  ,  fous  le 
Khahfat  de  Mollanfer  en  Egypte,  le  Nil  ne  croiifant  point,  mcnaçoit  l'Egypte 
d'une  grande  famine.  Le  Khalife  pour  prévenir  ce  malheur  ,  obligea  le  Pa- 
triarche d'Alexandrie  nommé  Michel ,  d'aller  en  ambaifide  de  fa  part  ,  auprès 
du  Roy  d'Ethiopie  pour  obtenir  de  luy  que  l'on  levât  les  éclufes  qui  empê- 
choient  le  Nil  de  grofïïr. 

Le  Roy  d'Ethiopie  ayant  appris  la  venue  du  Patriarche ,  fortin  au  devant  de 
luy  avec  toute  fa  Cour ,  &  le  reçut  avec  des  demonftrations  d'un  très-grand 
refpeft ,  lui  accorda  fa  demande ,  &  le  renvoya  fort  fatisfait  des  honneurs  qu'on 
iuy  avoit  faits. 

HABIB.  Ali  Ben  Mohammed  qui  defcendoit  d'Ali  du  côté  de  Houflain, 
&  touchoit  ainfi  de  fort  près  aux  Imams,  prit  le  furnora  de  Habib,  qui  fignitic 
iAmy,  parce  qu'il  vouloit  être  chéri  de  tous  fes  feélateurs.  Il  fc  rendit  miiître 
de  la  ville  de  Baffora,  &  de  fes  environs  fous  le  Khalifat  de  Motammed ,  y 
régna  pendant  quatorze  ans ,  &  eut  le  loifir  de  bâtir  la  ville  de  Mokhtârah  qui 
n'en  étoit  pas  éloignée. 

Il  fortifia  fi  bien  ce  pofte,  que  MouafFek,  frère  du  Khalife  ]Motammcd,  qui 
luy  faifoit  la  guerre,  fut  obligé  de  faire  conflruire  une  autre  ville  pour  l'af- 
fieger,  à  laquelle  il  donna  fon  nom.  Cette  ville  fut  donc  nommée  Mouaffikiah, 
&  fervit  à  ferrer  de  fi  près  Ali ,  qu'il  fut  enfin  contraint  d'abandonner  fa  \'ille 
de  Mokhtarah,  que  MoualFek  prit,  &  faccagea. 

Ali  fut  peu  de  tems  après  pris  luy-même,  &  Mouafi'ek  l'ayant  f;iit  mourir, 
fit  porter  fa  tête  au  bout  d'une  lance  par  tous  les  lieux  de  la  Province  &  en- 
fuite  à  Bagdet ,  où  elle  fut  attachée  à  la  porte  du  pont.  Cecy  arriva  l'an  %yo 
de  l'Hegire,  de  J.  C.  883. 

Cet  Ali  fe  difoit  fauficment  être  de  la  race  du  premier  qui  étoit  gendre  de 
Mahomet,  &  prenoit  le  furnom  de  Habib,  le  Bien  aimé,  titre  qui  n'appartient 
proprement ,  félon  les  fentimens  des  Mufulmans ,  qu'à  leur  faux  Prophète. 

Ce  fourbe  avoit  attiré  par  une  faufile  apparence  de  pieté  ,  beaucoup  de  ca- 
naille à  fa  dévotion,  qui  étoit  foûtenue  par  le  nom,  &  par  l'autorité  d'Ali: 

Tome  IL  X  nia^ 


ï6t  H  A  B  I  B.  — —  HABULBAN., 

mais  la  vérité  efl:  qu'il  droit  fon  origine  de  la  famille  d'Abdal  Caîs,  &  que  la 
plupart  de  fes  feclateurs  étoient  Zenges ,  c'efl-à-dire ,  de  ces  gens  ramalTez  que 
nous  appelions  Eohemiens. 

HABIB.  Abou  Jofef  Jacob  Ben  Ibrahim  Al  Coufi,  ell  ordinairement  cité 
fous  le  nom  d'Ebn  Habib.  11  eft  Auteur  d'une  hiftoire  qui  porte  le  titre  de 
'l'arikh  Ebn  Habib. 

Bedreddin  Abou  Mohammed  HalTan  Ben  Omar  Ben  Habib  a  compofé  deux 
ouvrages,  dont  l'un  eft  intitulé,  NaJJlm  al  Saba,  le  Soufle  du  vent  Oriental; 
&  l'autre  Schodour  u  Zeher  al  zohour  ,  Florilège.  Ils  font  dans  la  Bibliothèque 
du  Roy  n^.  1173.    Foyez  aujfi  le  titre  de  Mazeni.  . 

HABIB  Allah.  Nadhmeddin  Ben  Habib-allah  a  commente  en  langue  Per- 
fienne  un  traité  de  l'Aftrolabe,  que  Naflir-eddin  Thouflî  a  écrit  en  la  même 
langue  fous  le  titre  de  Bait  bdb  fil  ajlharlàb. 

HABIB  Al  Seir,  l'Amy  du  voyage.  Ceft  ce  que  nous  appelions  dans  l'u- 
fage  du  vulgaire  un  I^eni  meciim. 

Il  y  a  un  livre  de  Gelali  qui  porte  ce  nom.  l^oyez  le  titre  de  Mahizer ,  Poif- 
fon  d'or,  &  un  autre  de  Khondemir,  que  plufieurs  veulent  être  le  même  que 
Khelaftat  al  akhbar ,  &  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  Haoui  al  Sojar, 
qui  eft  un  recueil  de  plufieurs  vies  de  Princes,  &  autres  perfonnes  illuftres. 

HABIB  Ben  Aous ,  c'eft  le  mêm.e  qu'Abou  Temâm  qui  pafte  pour  le  Co- 
ryphée  des  Poètes  Arabes. 

HABIB,  avec  une  afpiration  fimple,  fignifîe  en  Arabe  le  Defert  de  Nitrie, 
qui  eft  divifée  en  deux  parties  ,  dont  la  plus  montueufe  s'appelle  Gebal  al 
nathroun,  la  montagne  du  nitre,  &  la  plus  baffe,  ou  Ovadi  Habib  ,  la  Vallée 
de  Habib,  où  eft  la  ville  de  Scheté  ou  Scetis  des  Anciens, 

Cette  vallée  ,  &  la  montagne  qui  la  couvre,  ont  été  autrefois  remplies  de 
Monafteres  ,  &  de  Solitaires  ,  dont  vous  pouvez  voir  les  vies  écrites  fous  le 
titre  à'Arbain  Khabar  ,  les  quarante  hiftoires,  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n°.  •j'^j. 

Il  n'y  a  prefque  que  la  Mareotide  entre  ce  defert,  &  la  ville  d'Alexandrie. 
Voyez  le  titre  de  GcMl  al  nathroun. 

H  A  B I L.  Abel  fils  d'Adam.  Voyez  fon  hiftoire  dans  le  titre  de  Cabil  qui  eft 
Cain  fon  frère.  Les  Syriens  montrent  encore  aujourd'huy  le  lieu  où  Abel  fut 
tué  par  Cain  auprès  de  Damas.     Voyez  Demefchk. 

HABRAN,  petite  ville  de  l'Iemen  ou  Arabie  Heureufe  ,  fituée  dans  une 
plaine  arroufée  de  plufieurs  ruiffeaux,  qui  la  rendent  très-fertile,  &  abondante 
en  diverfes  fortes  de  fruits.  Elle  eft  habitée  par  des  Arabes  de  différentes 
tribus,  venus  des'  villes  de  Sanâa  &  de  Sâada.  Habràn  eft  à  48  railles  de 
cette  dernière,  &  à  trois  journées  de  la  première,  félon  Edriffi,  dans  la  fLxième 
partie  du  premier  Climat. 

HABULBAN.    Voyez  B-<xn.. 


•r  'K  A  D  D  A  D.  H  A  D  H  E  R.  163 

HADDAD,  un  Serrurier.  Ebn  Haddâd,  le  fils'  du  Serrurier,  furnom  d'A- 
bou  Mohammed  Haflan  Ben  Ahmed  ,  mort  l'an  345  de  l'Hegire  ,  Auteur 
d'Adab  al  Cadhi  ,  des  qualitez  d'un  Cadhi  ou  Juge  ,"  félon  les  principes  des 
Schafeiens. 

HADDADI,  furnom  d'Abdalraouf  Al  Mânaovi  ,  Auteur  du  liv^re  intitulé 
Ergâm  Aiilia  al  fcheitan  ,  des  viétoires  remportées  par  les  Saints  fur  les  Dé- 
mons ,  &  de  Caovakeb  al  dorriah  fi  inemkeb  al  Sofiah ,  les  louanges  des  Religieux , 
&  de  la  vie  religieufe. 

HADHAIK  Al  Sihr,  Art  Poétique  compofé  par  Rafchidi ,  Poëte  Perfien. 

HADHARI  &  Hadheri,  furnom  d'Azzeddin,  Auteur  d'un  Commentaire  fur 
le  Sahih  de  Bokhari,  qui  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n^  720. 

C'ell  auflî  le  furnom  de  fchamfeddin  Moham.mcd ,  Auteur  du  {Livre  intitulé 
Ojfoid  al  carat  y  ou  al  cordt ,  traité  fur  la  manière  de  lire  l'Alcoran,  ou  fur  les 
Sorts,  compofé  vers  l'an  830  de  l'Hegire. 

H  AD  HE  R  Nadher,  ou  Hadhir  Nadhir ,  Prefent ,  &  Voyant.  C'efl  un  des 
attributs  de  Dieu  qui  exprime  fon  immenfité;  Khabir  &  Baffîr,  ConnoilTant,  & 
Pénétrant  de  fa  vue  ,  fignifîe  la  même  chofe  ;  ce  font  des  termes  répétez  fans 
ceffe  par  le  plus  impie  des  hommes  dans  fon  Alcoran. 

Au  chapitre  intitulé  Bacrah  ,  ou  de  la  vache  rouffe  de  Moyfe  ,  on  lit  ces 
paroles  :  Û  Allah  berna  tamelima  Khahiron.  Dieu  fçait  tout  ce  que  vous  faites ,  (fjfc. 
Huffain  Vaêz  les  paraphrafe  ainfi.  Vous  qui  faites  profeifion  de  pieté,  ne  vous 
affligez  jamais  de  quoy  que  ce  foit:  car  Dieu  connoît  vos  bonnes  œuvres,  &  il 
les  recompenfera.  Et  vous  pécheurs,  puifque  vous  fçavez  que  Dieu  connoît 
vos  mauvaifes  aftions,    faites -en  pénitence,  pour  éviter  le  châtiment. 

Le  Mcthnevi  dit  fur  ce  même  texte  :  Celuy  qui  croit  que  Dieu  le  voit  dans 
chaque  moment  de  fa  vie  doit  pefer  attentivement  toutes  les  paroles,  &  régler 
exaétement  toutes  fes  aélions. 

Au  chapitre  Nefla,  ou  des  femmes,  dans  le  même  Alcoran  ,  l'on  trouve  ce 
verfet.  En  Allah  kan  alaikom  rakiban.  Dieu  a  toujours  l'œil  fur  vous.  Un  Au- 
teur Pcrfien  expliquant  ce-  palîlxge,  dit  fort  élégamment:  Celuy  qui  croit  fer- 
mement que  Dieu  cft  Hadher  Nadher  der  hemeh  giai,  ce  qui  lignifie  en  Per- 
fien ,  prefent  en  tout  lieu ,  doit  fçavoir  qu'il  n'y  a  ni  porte  ,  ni  muraille ,  ni 
'huiffier  ,  qui  le  puilfe  garantir  de  fa  vue  ,  &  que  mille,  &  mille  voiles,  ou 
portières ,  les  unes  fur  les  autres ,  ne  peuvent  pas  luy  donner  alTcz  d'allurance 
,pour  l'offenfer. 

Au  chapitre  intitulé  Alak  ,  qui  eft  le  g6  ,  du  même  livre ,  il  cft  dit  ,  alam 
iakm  beann  allah  iara.  L'homme  ne  fçait-il  pas  que  Dieu  le  regarde  ?  Selemi  dit  fur 
ce  paflage  les  paroles  fuivantcs.  Ce  verfet  comprend  une  promeffe  ,  &  une 
menace;  car  il  s'adreffe  à  l'homme  de  bien,  &  luy  dit:  Travaille  à  fervir  Dieu, 
puifqu'il  ell  prefent  pour  te  recompenfer.  Il  dit  à  l'impie:  Convertis  -  toy  ; 
car  Dieu  voit  ton  infolence  ,  &  il  la  punira  :  Il  dit  à  l'hypocrite  ,  Purifie  tes 
intentions;  puifque  tu  fçais  que  Dieu  pénètre  le  fond  de  ton  cœur  :  &  enfin 
il  exhorte  l'homme  dévot  à  fe  preferver  des  moindres  fautes-,  puifque  Dieu 
réclaire  de  tous  cotez. 

C'efl  dans   la  confideration   de  ce   dernier   point   qu'un  Dcrvifche  picuroit 

X  2  toû- 


i64  HADHIR.  —  HADHRAMOUT.. 

toujours,  &  ne  fe  pouvoit  confoler  ;  car  lorfque  l'on  l'afluroit  que  Dieu  lui 
avoit  pardonné  fes  pephez,  il  répondoit  :  Je  veux  bien  que  cela  foit  ainfi:; 
mais  comment  voulez- vous  que  je  fupporte  la  honte  de  paroître  devant  luy  en 
état  de  pécheur. 

Saadi  dit  qu'il  n'y  a  rien  de  plus  intime  à  un  chacun  que  la  prefence  de 
Dieu ,  &  qu'il  n'y  a   rien  cependant  qui  lui  foit  moins  connu. 

Cette  prefence,  dit  Cafchiri,  fait  qu'il  n'y  a  point  de  jour  d'hier,  ny  de  de- 
main,  pour  un  vray  ferviteur  de  Dieu.  F^oyez.  le  titre  J'Adam  ,  dans  lequel 
vous  trouverez  le  pafle  que  Dieu  fit  avec  luy ,  &:  avec  fa  pofterité.,  en  quoy 
confille  le  plus  grand  fecret  de  la  vie  fpirituelle,  félon  ce  même  Auteur,  qui 
ajoute  que  la  prefence  de  Dieu  raflemble,  &  réduit  toutes  chofes  à  l'unité, 
ne  permettant  pas  que  l'ame  foit.  diftraite  par  la  multiplicité  des.  objets,  f^oyez 
fur  cecy  le  titre  de  Kobair. 

Giuneid  dit .  que  l'attention  à  cette  prefence  intime  de  Dieu ,,  eft  l'exercice 
particulier  des  hommes  fpirituels  en  ce  monde  ,  &  que  c'ell  elle  qui  fera  la 
félicité  des  bienheureux   dans  le  ciel. 

Comme  Dieu  eit  prefent  en  tout  lieu ,  il"  importe  peu  de  choifir  l'un  plutôt 
que  l'autre  pour  l'adorer.  C'eft  ainfi  que  parlent  les  Mufulmans  les  moins 
groflîers  ,  &  ce  fut  la  raifon  que  Mahomet  rendit  de  fon  inconftance,  lorf- 
qu'il  fubllitua  le  temple  de  la  Mecque  à  celuy  de  Jerufalem  ,  pom-  être  le 
Keblah ,  ou  point  de  converfion ,  félon  la  manière  de  parler  Ai-abique ,  c'eft-à- 
dire,  l'objet  local  du  culte  des  Mufulmans.     Foyez  le  titre  de  Keblah. 

Les  Schiites  ou  Seftaires  d'AH  ,  tirent  de  cette  imimenfité  de  Dieu.,  une 
confequence  qui  favorife  leur  opinion;  car  ils  difent  que  cet  attribut  dans  Dieu 
fait  qu il  fe  manifeftc,  &  apparoît  dans  des  individus  particuliers,  d'où  ils  con- 
cluent tem.erairement  que  fi  Ali  n'ell  pas  Dieu,  au  mo;ns  en  approche-t-il  fort..- 

HADHIR..    Voyez  le  titre  précèdent  Hadlier, 

HADHIRI,  furnom  de  Sdad  Ben  AH  Al  Varrak  ,  mort  l'an  568,  Auteur 
d'un  traité,  de  Logogriphes ,  &  d'Enigmes  fous  le  titre  de  Aâgiâz  fil  ahàgi  u 
al  algdz. 

H  A  D  H  R  A.  Voyez  Gezirat  al  hadhra ,,  ou  l'Ifle  verte  qui  elt  dans-  la  mer 
des  Indes,  appellée  Verte. 

HADHRAMOUT,  c'efl  le  nom  d'une  ville  ,  &  d'un  pays  particulier, 
compris  dans  la  grande  Pro,vince  de  l'iemen ,  ou  Arabie  Heureufe ,  que  les  An- 
ciens ont  connu  fous  le  nom  d'Hadramythena.  Ce  nom  efl  tiré  de  celuy  d'une 
tribu  defcenduc  de  la  famille,  de  Hatfarmout,,  ou  Hatfarmavet,  troifième  fils 
de   jocliin  fils  de  Heber,  dont  les  enfans  ont  peuplé  l'Arabie. 

Abdalmoal ,  Géographe  Perficn ,  mret  la  ville  de  Hadhramout  dans-  la  Province 
d'Iemcn,  &  dit  qu'elle  n'eft  éloignée  de  la  mer  d'Oman,  qui  efl:  l'Océan  Arabi- 
que ,  que  de  quatre  journées.  Il  écrit  aufîî  qu'il  y  a  dans  le  pays  de  Hadhra- 
mout une  montagne  nommée  Schibam,  cultivée  &  couverte  de  plufieurs  bel- 
lés  bourgades,  d'où  l'on  tire  les  plus  belles  onyces,  &  agathes  de  tout  l'Orient. 

La  ville  de  Saba  qui  a  été  autrefois  le  fiege  des  Tobais  ou  Roys  de  l'Ie- 
mon,  appartient  au  pays  de  Hadhramouth.    La  ville  qui  porte  le  nom  de  Ca- 

bar 


H  A  D  R  A  0  VI.  -        H  A  D  I.  i5- 

bar-Houd  à  caufe  du  fepulcre  de  Houd,  ou  de  Heber  le  Patriarche,  que  les 
Arabes  y  révèrent,  en  eft  aulïï.  Les  campagnes  fablonneufes ,  que  les  Arabes 
appellent  Ahcâf  où  l'on  trouve  de  l'Aloës  en  abondance ,  font  dans  cette  Pro- 
vince. Cette  efpece  d'Aloës  porte  le  nom  de  Sabr  alhadhri ,  pour  le  dillinguer 
de  celuy  que  l'on  appelle  Soccotori  qui  le  furpafle  en  bonté.  Les  Adites  ap- 
peliez dans  TAlcoran  le  peuple  de  Houd,  ont  autrefois  habité  ce  pays.  Foyez 
le  titre  rf'Ad. 

Hadhri  &  Hadhrami,  natif,  ou  originaire  de  Hadhramout.  Tels  étoient  Ebn 
Asfour,  &  Ebn  Jardoun. 

Abou  Abdallah  Mohammed  Ben  Omar  Al  Hadhrami  efl:  l'Auteur  de  Fath  al 
aefâl  udharb  al  amthâl,  qui  eft  un  ouvrage  de  grammaire  Arabique,  en  forme 
de  commentaire  fur  le  poème  intitulé  Lamiab  ou  Lamiat  d'Ebn  MakkAL  Na- 
hooviy  que  l'on  trouve  dans  la  Bibliothèque   du  Roy  n'.   1098. 

Il  y  a  audi  un  Abdalmalek  ,  fils  d'Abdallah  ,  petit-fils  du  précèdent,  Auteur 
qui  porte  auffi  le  furnora  de  Hadhrami. 

HADHRAOVI,  furnom  de  HaflTan  Ben  Abdalrahman  Ben  Adhra.  • 

HADI,  Quatrième  Khalife  de  la  Maifon  des  Abbalîîdes,  étoit  fils  de  Ma- 
hàdi  qui  en  fut  le  troifième,  &  frère  de  Haroun  qui  luy  fucceda.  Il  ne  régna 
qu'un  an,  &.  82  jours,  &  voulut  ôter  à  Haroun  fon  frère  la  fucceffion  qui  luy 
étoit  fubfiituéc,  pour  la  donner  à  Giafar  fon  fils  qui  n'avoit  pas  encore  atteint 
rage  de  puberté  ;  mais  lahia  fils  de  Khaled  Al  Barmeki ,  perfonnage  de  grande 
réputation  pour  fa  prudence,  &  qui  polfedoit  la  charge  de  Vizir,  l'en  dilfuada, 
en  luy  reprefentant  que  les  Mufulmans  vouloient  un  Khahfe  qui  leur  fit  la 
prière,  &  le  fermon,  qui  les  pût  conduire  au  pèlerinage  de  la  Mecque,  &  qui  ■ 
marchât  à  leui*  tête  ,  lorfqu'il  faudroit  combattre. 

Le  Khalife  feignit  d'approuver  ce  difcours;  mais  il  fit  appeller  fecretement 
Harthamah ,  homme  de  confiance  ,  auquel  il  commanda  de  tuer  Haroun  fon 
frère,  &  lahia  fon  Vizir.  Il  le  tenoit  caché  pour  cet  efi^et  dans  fon  Palais, 
lorfqu'environ  l'heure  de  minuit,  Harthamah  entendit  la  voix  de  Khaizurân,  mcre 
du  Khalife ,  qui  l'appelloit  par  fon  nom ,  &  qui  lui  fit  voir  Hadi  mort  fur  fon 
lit;  ce  Prince  venoit  d'expirer  fubitcraent  par  une  toux  qui  lui  prit,  après  avoir 
bû  un  verre  d'eau. 

Harthamah  reçut  ordre  en  même  tems  de  cette  Princefle  d'aller  avertir  Ha» 
roun,  lequel  ayant  vu  fon  frère  mort,  fe  fit  en  môme  tems  proclamer  Khalife 
l'an   170  de  l'Hegire.     Khondmnr. 

Houfiain  fils  d'Ali ,  fils  de  Haflan  ,  fe  révolta  contre  le  Khalife  Hadi  l'an  de  - 
l'Hegire  X69,  de  J.  C.  785.     11  fe  fit  proclamer  Khalife  dans  la  ville  de  Mcdine,   • 
qui  s'étoit  déclarée  ouvertement  pour  lui  :   &  vint  de   là  à  la  M?cque  ,   où  il 
fit  tuer  tous  les    pèlerins  reconnus  pour  être  du  fang  des  Abbaifides. 

Cette  révolte  coûta  cependant  bien  cher  aux  Alidcs   ifius  du  fang  d'Ali-  ;   le   ' 
Khalife  Hadi  ayant  défait  Houfiain,  fit  coupper  la  tête  à  la  plus  grande  partie 
de  fes  gens,  &  de  fa  famille  ,   &  callà   toutes   les  pcnfions  ,   &.   appointeraens 
dont  ils  jouifix)ient  par  un  privilège  particulier. 

HoulTain  avoit  la  réputation  d'un  homme  vaillant,  &  très-liberal  :  car  on  dit 
que  le  Khalife  luy  ayant  donné  un  jour  quarante  mil  écus  d'or  ,  il  diftribua 
entièrement  cette   forame  entre  les  habitans  de   Bagdet ,   &  de  Coufa ,  &  fe 

X  3  retira  ■■- 


1.66      -■■  H  A  D  I. 

retifa  chez  luy  à  Medine  avec  une  feule  robe  fourrée  fous  laquelle  il  n'avoit 
point  de  chemife. 

L'on  dit  aufli  de  cet  Houflain,  qu'avant  fa  déclaration,  il  fit  proclamer  que 
tous  les  Efclaves  qui  quitteroient  leurs  maîtres  ,  pour  prendre  party  avec  luy , 
feroient  mis  en  liberté.  Un  grand  nombre  de  ces  efclaves  vint  à  luy  de  tou- 
tes parts ,  &  groffit  en  peu  de  tems  fon  armée  ;  mais  lorfqu'il  croyoit  vaincre 
fon  ennemy  par  le  nombre  de  fes  gens  ,  il  fut  vaincu  honteufement  par  une 
poignée  de  troupes  réglées  &  difciplinées  ,  que  le  Khalife  envoya  contre  lui, 
&  tous  ces  efclaves  fugitifs  furent  rangez  à  coups  de  fouet,  &  rendus  à  leurs 
premiers  maîtres. 

Le  Khalife  Hadi,  comme  nous  avons  vu,  avoit  voulu  fe  défaire  de  fon  frère 
qui  luy  étoit  fufpeft  ,  d'autant  plus  que  Khaizuran ,  leur  mère ,  avoit  témoigné 
en  pkifieurs  rencontres  avoir  plus  d'inclination  pour  le  cadet  que  pour  l'aîné: 
mais  cette  mère  jaloufe  de  fon  autorité ,  prévint  l'exécution  des  ordres  du  Kha- 
life, &  luy  donna  d'un  poifon  fi  fubtil,  qu'il  en  mourut  fubitement  en  touf- 
fant  ,  &  en  éternuant.  Afladi  Poëte  Pcrfien  fit  un  diftique  fur  cet  accident, 
où  il  dit  que  le  fang  de  deux  frères  efi;  le  même ,  puifqu'il  eft  formé  d'un 
même  lait,  &  que  celuy  qui  le  répand  eft  l'homicide  de  la  mère  auffi-bicn  que 
de  fon  •  frère. 

Comme  ce  Khalife  donna  par  fa  mort  la  vie  à  beaucoup  de  perfonnes,  il 
fournit  auflî  au  Poëte  Senai  le  fujet  de  ce  quatrain. 

Oiioyque  la  plupart  des  hommes  tienne  un  mauvais  chemin  ,  âf  que  la  moindre 
partie  d'entre  eux  prenne  celuy  du  falut ,  il  faut  que  tu  vives  deforte  que  tu 
te  puijjes  fauver  en  mourant ,  ^  non  de  telle  manière  que  les  autres  trouvent 
leur  falut  en  ta  mort. 

Pour  mieux  connoître  le  grand  nombre  de  gens  aufquels  Hadi  donna  la  vie 
par  fa  mort  ,  je  rapporteray  icy  ce  que  Harthamah ,  qui  étoit  chargé  d'une  fi 
terrible  exécution,  en  a  raconté  Iny-raême,  fuivant  le  témoignage  de  TAutcur 
du  Nighiariftân. 

Harthamah  racontant  un  jour  fon  hiftoire  à  un  de  fes  amis  ,  luy  dit  :  Le 
Khalife  Hadi  m'ayant  fait  venir  un  jour  en  fa  prefence  ,  me  dit  cqs  paroles: 
Tu  vois  que  ce  traître  lahia,  fils  de  Khalcd ,  mon  premier  Miniftre,  que  j'ay  fait 
emprifonner,  eft  mon  ennemy  déclaré,  qu'il  ne  ceife  par  fes  difcours  de  m'ôter 
peu  à  peu  l'afteélion  des  peuples ,  &  qu'il  s'employe  de  toutes  fes  forces  à  ]es 
gagner  en  faveur  de  mon  frerc  Haroun.  C'eft  ce  qui  m'oblige  à  te  commander 
d'aller  de  ce  pas  dans  la  prifon  pour  luy  faire  couper  le  col;  dc-là  tu  te  tranfl 
porteras  auffi-tôt  chez  mon  frère  Haroun  pour  luy  faire  le  même  traitement. 
Après  que  cette  double  exécution  fera  faite,  il  faudra  que  tu  falfes  palfer  par 
le  fil  de  l'épée  tous  ccilx  de  la  Maifon  d'Ali  qui  fe  trouveront  dans  les  pri- 
fons;  tu  te  mettras  cnfuite  à  la  tête  de  mes  troupes,  pour  aller  en  diligence 
furprendre  la  ville  de  Coufah,  où,  après  en  avoir  fait  fortir  tous  les  Abbaffi- 
des,  tu  feras  mettre  le  feu,  en  forte  qu'elle  foit  entièrement  réduite  en  cendres. 

Après  que  j'eus  reçu  tous  ces  ordres  du  Khalife,  je  me  jettay  h  fes  pieds; 
ge  luy  reprcfcntay  l'importance  de  cette  alftirc,  &  je  m'excufay  lùr  la  foiblcfie 
de  mes  forces,  qui  ne  me  pcrmcttoit  pas  de  pouvoir  exécuter  de  fi  grandes 
^hofcs.     Le  Khalife  irrité  de  mes  excufes,  après  m'avoir  menacé   de  la  mort, 

fi 


H  A  D  I.  H  A  D  I  T  H.  j^j 

lî  je  n'executois  ponftuellement  fes  ordres ,  me  quitta  briifquement ,  &  entra 
dans  les  appartemens  fecrets  de  fon  Palais,  d'où  un  moment  après  la  nouvelle 
vint  qu'il  étoit  mort  fubitement  en  touilant. 

Hadi  fit  la  guerre  en  Giorgian,  &  en  Mazandcran  pendant  la  vie  du  Khalife 
Mahadi  ion  père,  &  il  fe  trouvoit  dans  ces  Provinces,  lorfque  fon  père  mou- 
rut à  Bagdet.  Ce  fut  auffi  dans  le  teras  qu'il  n'étoit  encore  que  Khalife  defigné, 
qu'il  reçut  l'ordre  de  fon  père,  de  rechercher  les  Zendik  ou  Sadduceens  pour 
les  punir. 

Ces  Sadduceens  étoient  les  Manichéens,  lefquels  au  rapport  de  Ben  Caflem, 
enfeignoient  d'abord  à  fe  preferver  des  péchez,  à  travailler  pour  l'autre  vie, 
fans  rechercher  les  biens  de  celle-cy,  &  défendoient  même  l'ufage  de  la  viande: 
mais  dans  la  fuite  c'étoient  des  gens  qui  introduifoient  le  culte  des  deux  prin- 
cipes, à  fçavoir,  de  la  lumière,  &  des  ténèbres,  &  qui  permettoient  le  ma- 
riage entre  les  plus  proches  parens ,  &  même  dans  les  premiers  degrez  de  con- 
fanguinité.  - 

Hadi  s'acquita  fort  bien  de  l'ordre  que  fon  père  luy  avoit  donné  ;  car  il  fit 
drefler  mil  potences  tout  à  la  fois  dans  la  ville  de  Bagdet,  &  fit  pendre  tous 
les  Manichéens  qu'il  put  trouver  après  une  recherche  très-exafte. 

Marvan  Ben  Abou  Hafedh ,  Poëte  Arabe  le  plus  illuflre  de  fon  tems ,  ayant 
prefenté  un  de  fes  ouvrages  au  Klialife  Hadi,  ce  Prince  qui  étoit  bon  connoifl^eur 
(car  il  nous  reile  encore  de  fes  poëfies  qui  en  font  foy,)  trouva  le  poëme 
de  Marvan  fort  beau,  &  luy  dit:  Choififiez  pour  recompenfe  de  vôtre  travail, 
de  toucher  comptant  trente  mil  drachmes  d'argent,  ou  d'en  avoir  cent  mil, 
après  que  vous  aurez  palfé  par  toutes  les  longueurs,  formalitez  &  remifcs  des 
finances.  Le  Poëte  luy  repartit  agréablement  :  Trente  mil  comptant ,  &  cent 
mil  avec  le  tems.  Cette  repartie  fut  fort  bien  reçue  de  Hadi  qui  étoit  Hberal; 
car  il  luy  fit  payer  comptant  la  fomme  entière  de  130  mil  drachmes. 

HADI,  ce  mot  qui  fignifie  Direfteur,  &  Condufteur  ,  auffi-bien  que  celuy 
de  Mahadi,  efl  devenu  le  furnom  ou  le  titre  de  plufieurs  perfonnages  aufquels 
cette  quahté  convenoit  par  le  droit  ou  légitime ,  ou  ufurpé  de  leur  '  charge. 

HADI-,  fiirnom  de  Mohammed  Ben  Ali  Al  Saoudi,  Auteur  du  livre  intitulé 
BulbuL  Al  /kddh,  qui  traite  des  forts  qui  fe  font  avec  des  flèches. 

HADI  Zadeh  ,  furnom  de  Barzerimi  ,  Auteur  à'Erkian  al  Khamis ,  les  cinq 
Colonnes ,  traité  des  cinq  prières  que  les  Mufulmans  font  chaque  jour. 

HADI  Al  nogioum,  le  Condufteur  des  étoiles.  Nom  de  cette  étoile  fixe 
que  les  Arabes  nomment  autrement  Al  Debaran  ,  &  nos  Aflronomes  ,  l'Oeil 
du  Taureau,  qui  eft  fort  lumineufe. 

HADI  A  H,  ville  d'Ethiopie  qui  efl:  fituée  entre  l'Equateur,  &  le  premier 
climat,  félon  le  Géographe  Perfien. 

HADITH,  Hifloire,  Narration,  un  Ouy-dire,  Ahadith  al  rafl^oul ,  Tradi- 
tion des  chofes  que  le  faux  Prophète  a  dites,  &  qui  ont  été  communiquées 
bouche  à  bouche,  des  uns  aux  autres. 

11  y  a  fix  Auteurs  principaux  de  ces  traditions  ,  à  fçavoir,   Ommdmoummin y 

la 


i58  HADITH.  H  A  FED  H. 

la  Mère  des  fidelles  qui  eu  Aifchah,  fille  d' Aboubecre ,  &  femme  de  Mahomet 
qui  a  furvécu  plufieurs  années  à  fon  mar}''  ;  ^bou  Horairah  ,  Ami  particulier  de 
Mahomet;  Ebn  Âbbas^  fon  coufm  germain;  Ebn  Omar '^  Giaber  Ben  Abdallah ^ 
&   /ins  Ebn  Malek. 

Ces  Traditions  doivent  être  apprifes  par  cœur:  Celuy  qui  en  fçait  beaucoup 
eft  appelle  par  les  Mufulmans  Hafcdh,  le  Confervateur,  ou  le  Reteneur.  Un 
Arabe  du  defert  étant  interrogé  comment  il  en  pouvoit  tant  fçavoir?  c'eft, 
répondit-il,  que  je  fuis  femblable  au  fable  du  defert  qui  boit  toutes  les  goûtes 
de  pluye  qui  tombent,  fans  en  perdre  une  feule. 

Il  eft  pourtant  permis  à  celuy  qui  n'a  pas  la  mémoire  heureufe ,  de  les 
écrire;  car  il  y  a  une  de  ces  traditions  qui  porte  kidou  al  êlm  belketabat.  Liez 
avec  récriture  ce  que  vous  avez  appris  :  &  un  Mufulman  fe  plaignant  de  ce 
qu'il  ne  les  pouvoit  pas  conferver  dans  fa  mémoire  ,  Mahomet  lui  dit  EJlaàn 
biemineka  ,  Aidez-vous  de  vôtre  main. 

Zohari  eft  le  premier  qui  a  fait  un  Recueil  de  ces,  traditions.  Bokhari  pré- 
tend qu'il  s'en  eft  publié  jufqu'au  nombre  de  fix  cent  mil  tant  vrayes  que  fauf- 
fes.  Khuarezmi  en  a  ramalfé  jufqu'à  $i66.  Abdallah  furnommé  Al  Hafedh  en 
fçavoit  un  fort  grand  nombre ,  &  difoit  que  l'eau  du  puits  de  la  Mecque ,  nom- 
mé Zemzem ,  qu'il  avoit  bûe  à  longs  traits,  luy  avoit  fortifié  la  mémoire. 

Bokhari,  Termedi,  NelTai  ,  Abou  Daoud,  Meflcm,  Daremi,  Maoutha,  Da- 
rafthani,  BenMagiah,  Baihaki ,  Soiouthi,  &  Sebti  font  les  principaux  Auteurs 
qui  ont  compilé  de  ces  Hadiths,  que  l'on  reconnoît  être  pour  la  plupart  tirées 
du  Talmud ,  d'oui  l'on  peut  juger  qu'il  y  a  eu  beaucoup  de  Juifs  qui  ont  em- 
brafle  le  Mahometifme. 

11  y  a  plufieurs  Ouvrages  fur  les  traditions  ,  dans  la  Bibliothèque  du  Roy. 
Voyez  les  n°.  6i8,  671,  11 27,  &  le  titre  de  Naffekh  ou  Manfoukh,  où  l'on 
voit  qu'il  y  en  a  beaucoup  de  rejettées,  &  de  profcrites.  Le  Sultan  Noured- 
din  Zenghi,  grand  zélateur  de  la  loy  Mufulmane,  comme  l'on  peut  voir  dans  fon 
titre ,  a  été  le  premier  qui  a  fondé  un  Collège  pour  les  enfeigner.  Voyez 
aujfi  le  titre  d'Arhim  àf  Arbâinât. 

HAFEDH  ou  Haféz,  dont  le  nom  propre  étoit  Mohammed  Schamftddin, 
Poëte  Perfien  des  plus  célèbres  ,  naquit  à  Schiraz  fous  le  règne  des  ModhafFe- 
riens ,  &  vivoit  encore  au  tems  que  Tanierlan  défit  Schah  Manfor  Sultan  de 
cette  dynaftie.  Il  mourut  fan  de  l'iiegire  797,  &  fut  enterré  dans  un  Oratoire 
de  Schiraz  dans  le  tems  juftemcnt  que  le  Sultan  Babor  ou  Babur  fe  rendit  maî- 
tre de  cette  ville.  Mohammed  Mimai,  Précepteur  du  Sultan  Babor,  fit  depuis 
bâtir  une  chapelle,  &  un  monument  fur  le  lieu  oii  ce  Poëte  avoit  été  inhumé. 

Les  Poëfies  de  Hafedh  ont  été  ramaffées  après  fa  mort  par  Seid  Caffcm 
Anovàr,  dans  un  volume  qui  porte  le  nom  de  Divan  Khovageh  Hafedh  Schi- 
razi.  Elles  font  beaucoup  eftimées,  particulièrement  à  caufe  du  ftyle  fublime, 
&  des  myfteres  que  les  Mufulmans  prétendent  y  être  enfermez,  jufques-là  que 
l'on  a  donné  à  ce  Poëte  le  titre  &  l'éloge  de  Lelfan  gaib  qui  lignifie  la  lan- 
gue myllericufe. 

Ahmed  Feridoun  a  expliqué  en  langue  Turquefque  ces  mj'ftcres,  &  a  fait 
une  allégorie  perpétuelle  des  termes  de  vin  &  d'amour  qui  s'y  rencontrent 
aux  tranfports   dune   ame  dévote  attachée  à  la  conduite   dun  Diretlcur  fpiri- 

tucl. 


Il  A  F  E  n  H.  ^Q^ 

tiiel  &  éclairé,  qui  la  mené  par  des  voyes  bien  élevées  jufqu'aii  fomtnct  de  la. 
perfeftion. 

Hafedh  fut  fort  carefTé  par  le  Sultan  Ahmed  Ilekhani ,  qui  luy  fit  de  grandes 
offres  pour  l'engager  à  fon  fervice  ;  mais  il  aima  mieux  vivre*  retiré  parmi  fes 
amis ,  &  fréquentant  feulement  les  gens  de  piété  ,  âxns  l'état  de  pauvreté  qu'il 
avoit  embralfé,  que  de  joiiir  des  délices  d'une  Cour  non  moins  dangereufe  que 
floriffante. 

Tamerlan  voulut  aufïï  le  voir  &  l'entretenir;  &  l'on  rapporte,  que  ce  Prii)ce 
luy  aj^ant  reproché  qu'il  avoit  fait  peu  d'état  dans  fes  vers  ,  des  villes  de  Sa- 
marcande  &  de  Bokhara,  fon  pays  natal,  il  le  fatisfit  fi  à  propos  par  fa  répon- 
îe,  qu'il  en-  reçut  des  grâces  ,  au  lieu  du  châtiment  que  fes  ennemis  vouloient 
lui  attirer. 

Il  y  a  eu  encore  un  autre  Poëte  Perfien  du  même  nom  ,  qui  vivoit  fous  le 
règne  du  Sultan  Schahrokh,  fils  de  Tamerlan  ;  on  le  furnomme  Halvai,  c'eft-k- 
dire,  le  Confiturier,  pour  le  diftinguer  du  premier.» 

Hafedh  Schirazi  fut  foupçonné,  pendant  fa  vie,  de  n'être  pas  trop  bon  Mu- 
fulman:  En  effet,  quelque  fens  caché  &  myilerieux ,  que  Ton  puiiTe  donner  à 
fes  vers  ,  il  y  paroit  une  grande  indifférence  pour  le  Mufulmanifme  ,  &  l'on 
pourroit  même  croire  qu'il  parle  de  Jesus-Christ  ,  à  la  manière  des  Chré- 
tiens, en  plufieurs  endroits  de  fes  ouvrages. 

Il  y  a  encore  un  autre  Hafedh ,  furnomme  Agem  Roumi ,  &  un  qui  porte  le 
nom  d'Ali  Ebn  Mohammed  Al  Farfi  ,  defquels  il  eil  parlé  ailleurs.  Hafedh 
Ben  Kethir  eft  un  Hiftoricn  d'Egypte  ,  qui  finit  fon  ouvrage  ■  où  Ebn  Nag- 
giâr  commence  le  fien,  à  fçavoir,  fan  773  de  l'Hegire  ,  qui  eft  de  J.  C.  1371. 

Hafedheddin  eft  un  des  noms  de  Nalfafi  .  Auteur  du  livre  intitulé  Meiidr, 
le  Phare  ou  le  Flambeau,  ouvrage  fort  eftimé  parmi  les  Mufulmans. 

HAFEDH  Ledinillah  ,  huitième  Khalife  des  Fathemites  en  Egypte,  étoit 
fils  .de  Moftanfer  billah ,  qui  avoit  été  le  cinquième  ,  &  fucceda  à  Amer  ben 
akamillah  ,  fon  parent  ,  tué  par  un  aflaflîn  l'an  524  de  l'Hegire  ,  &  de  J.  C. 
II 29. 

Ce  Khalife  choifit  pour  fon  Vizir  Ahmed  Ben  Fadhel ,  que  l'on  qualifioit  fils 
de  fEmir  al  giaoufche,  c'eft-à-dire  félon  nôtre  façon  de  parler,  du  Connétable. 
La  juftice  &  les  autres  v^ertus  de  ce  Miniftre  lui  attirèrent  la  haine  des  mé- 
dians, de  forte  qu'il  perdit  bientôt  la  vie,  par  la  main  d'un  alfafïïn,  auffi-bien 
que  fon  fucceffeur,  qui  vouloit  marcher  fur  fes  traces. 

Hafedh  irrité  par  ces  accidens  funeftes ,  mit  à  la  place  du  dernier  Vizir,  Haf- 
fan ,  fils  du  premier ,  homme  cruel  &  avare  ,  lequel  d'abord  fit  voler  la  tête  à 
quarante  des  premiers  Seigneurs  de  f Etat.  Le  Khalife  indigné  d'une  fi  fan- 
glante  exécution ,  pratiqua  des  gens  qui  lui  promirent  de  fe  défaire  du  Vizir  : 
mais  celui-cy  ayant  eu  avis  du  complot  fait  contre  luy,  prévint  fes  ennemis  & 
leur  fit  fouffrir  le  traitement  qu'ils  lui  préparoient. 

Cette  féconde  exécution  allarma  tellement  tous  les  Grands  de  la  Cour,  qu'ils 
menacèrent  le  Khalife  de  le  dépofer  ,  s'il  ne  pourvoyoit  à  leur  fureté  par  la 
punition  du  Vizir.  Ces  menaces  obligèrent  enfin  Hafedh  de  faire  donner  du 
poifon  à  Haflan,  par  un  de  fes  Médecins  qui  étoit  Juif. 

Ce  fut  environ  ce  tems-Ià  que  HalTan  Sabah  ,  qui  fe  difoit  de  la  même  race 

ÏOME  II.  Y  que 


I70  H  A  F  E  D  H.  —  H  A  F  T  A  H. 

que  les  Fathemites ,  c'eft-à-dire  ,  Ifmaëlien ,  fonda  la  dynalb'e  qui  fut  appellée 
depuis  les  Ifmaëliens  de  Perfe. 

Hafedh  le  Khalife  mourut  à  Tâge  de  quatre  -  vingt  ans  ,  dont  il  en  avoit  ré- 
gné vingt  ,  &  laîfla  le  Khalifat  à  fon  fils  nommé  Dhafer  billah ,  l'an  de  l'He-- 
giie  544,  de  J.  C.  1149. 

HAFEDH  Ben  Gàiatheddin,  fixième  Prince  de  la  dynallie  qui  porte  le  nom 
de  Malek  Kart  ou  Kurt.     ^oyez  ce  titre. 

HAFEDHAH,  Idole  des  Adites,  c'elt-à-dire ,  des  peuples  d'une  Tribu  des 
Arabes  ,  qui  habitoient  dans  le  pays  de  Hadhramoutli  en  lemen  ou  Arabie  Heu- 
rcufe,  &  qui  furent  exterminez  du  tems  du  Propliete  Houd  ,  c'eil  -  à  -  dire ,  du: 
Patriarche  Heber.    yoyez  ce  titre.  ^ 

Cette  Idole  étoit  principalement  invoquée  pour  obtenir  un  bon  fuccez  dans 
les  voyages.  • 

HAFESSAH,  fille  d'Omar  le  Khalife  &  femme  de  Mahomet,  qui  furvê- 
quit  à  fon  mary.  Aboubecre  ,  fuccefieur  de  Mahomet ,  mit  entre  fes  mains 
comme  en  dépôt  l'original  de  l'Alcoran  ,  &  non  entre  celles  d'Aifchah ,  autre 
femme  de  Mahomet,  parce  qu'elle  étoit  fa  propre  fille. 

H  A  FI,  ce  mot  fignifie  en  Arabe  un  homme  qui  va  nuds  pieds,  fans  aucu- 
ne forte  de  chaufiure.  11  y  a  eu  plufieurs  Mufulmans  auxquels  on  a  donné  ce 
furnom.     Voyez  Bafchar  Al  Hafî. 

Zeineddin  Mohammed,  Auteur  des  Aourad  Alzeiniah,  c'efl:-à-dire ,  d'un  livre 
de  prières ,  divifées  en  plufieurs  parties  ,  ou  offices  particuliers  ,  que  les  plus 
dévots  entre  les  Mufulmans  récitent  à  certaines  heures  du  jour ,  outre  les  priè- 
res ordinaires  préfcrit  js  par  la  loy.  Cet  Auteur  faifoit  profeflîon  d'une  vie  fort 
aufi:èrc  &  marchoit  nuds  pieds:  c'efi:  pourquoy  on  le  furnomma  Al  Hafi.  Mar- 
cher les  jambes  nues  avec  quelque  chauffure  aux  pieds  ne  pafie  pas  pour  une 
aufi:erité  parmi  les  Mahometans. 

HAFS.  Abou  liafs  Al  Bokhari ,  Mufti  de  la  ville  de  Bokhara  ,  Dofteur 
Mufulman  fort  rigide.  Lorfque  Mohammed  Ben  Ifmail  Al  Bokhari ,  autre  Doc- 
teur fort  célèbre,  vint  à  Bokhara,  Abou  Hafs  déclara,  qu'il  ne  le  réconnoif- 
foit  point  pour  être  des  fiens  ,  parce  qu'il  étoit  trop  indulgent,  &  qu'il  faifoit 
profeflîon  d'une  morale  moins  fevère.  Mais  ce  Dofteur  ayant  poufle  fa  rigueur 
jufqu'à  décider  que  la  boiiTon  du  lait  de  vache  &  de  brebis  étoit  défendue  , 
félon  les  principes  du  Mufulmanifme  ,  il  fut  chafle  de  la  ville  par  les  habitans , 
&  Ben  Ifmail  mis  en  fa  place. 

Cet  Abou  Hafs  cil  furnommé  Al  Kebir  ,  c'efl:-à-dîre  ,  le  Grand  ou  l'Ancien, 
pour  le  diflinguer  de  fon  fils  Ben  Abi  Hafs,  qui  fut  furnommé  Al  Saghir,   le 
Petit  ou  le  Jeime,  Docteur  non  moins  illufl:re  que  fon  père. 

HAFTAH,  c'eil:  en  Turc  une  femaine.  Ce  mot  vient  du  Perfien  Heft,  qui 
fignifie  Sept,  &  approche  fort  du' Grec  Epta,  avec  un  efprifafpre,  qui  répond 
à  la  lettre  h  des  Latins.  Cependant  Ulug  Beg  remarque  dans  fon  livre  intitu- 
lé Tavarikh  ,  les  Epoques  ,  que  les  Perfans  n'ont  point  de  femaine  ,  &  qu'ils 
donneût  un  nom  particulier  à  chaque  jour  du  mois.. 


H  A  G  E  B. 

Il  faut  entendre  cecy  des  anciens  Perfans:  car  depuis  qu'ils  font  devenus  Mar 
îiometans  ,  ils  fc  fervent  de  Ja  façon  de  compter  les  joui-s  de  la  femainc  com- 
me les  Arabes. 

Ils  appellent  donc  le  Samedy  Schanbah  ou  Schenbeh ,  du  mot  Hcbreu  Schabat. 

Le  Dimanche  ,  lek  fchenbeh ,  comme  qui  diroit  à  l'imitation  des  Juifs  J^rima 
Sabathi. 

Le.  Lundy,  Dou  Schenbeh,  Sxunda  SahatJn. 

Le  Mardy,  Sib  Schenbeh,   Tcrlia  Sabathi. 

Tchar  Schenbeh,  ell  le  Mercredy ,  ou  Qiiarta  Sabathi. 

Le  Jeudy,  Penge  Schenbeh,  Ouinta  Sabathi. 

Le  Vendredy,  Adhineh,  c'ell-à-dire  ,  la  Fête  ,  parce  qu?  ce  jour  tient  lieu 
du  Dimanche  aux  Mufulmans. 

Les  Turcs  comptent  un  peu  différemment  leur  'femaine  ;  car  ils  appellent  le 
Dimanche,  Bazar  guni,  le  jour  du  marché,  &  le  Lundy,  Bazar  erteffi,  le  len- 
demain du  marché. 

Le  Mardy,  Saligun,  c'efl-à-dire ,  Jour  vacant  &  libre. 

Le  Mercredy  &  le  Jeudy,  ont  Ijs  mômes  noms  qu'en  Perfien. 

Le  Vendredy,  efl  appelle  Giumâ  guni  ,  le  Jour  de  l'aflemblée  ,  dans  lequel 
ils  vacquent  plus  particulièrement  au  fervice  de  Dieu,  l^oyez  le  titre  de  Giumâ 
^  Giumâat. 

Le  Samedy  porte  le  nom  de  Sebt  guni ,  le  jour  du  Sabath  &  de  Giumâ  cr- 
teffi,  c'^-à-dire,  le  lendemain  de  Falfemblée. 

Les  Arabes  comptent  les  jours  de  la  femaine  à  la  façon  des  Hébreux  ,  par 
premier,  fécond,  troifième ,  &c.  en  commençant  par  le  Dimanche,  à  la  re- 
ferve  du  Vendredy,  qu'ils  nomment  Jaoum  al  ginmà  ou  giumâat,  ou  giamê  , 
c'eft  -  à  -  dire ,  Jour  de  faifemblée  Religieufe,  ou,  pour  parler  abufivement,  Ec-, 
cléfiallique. 

Le  Samedy,  chez  eux,  eft  Jaoum  al  fabt,  c'eft-à-dire  ,  le  jour  du  Sabath  ou 
du  repos  :  mais  la  femaine  eft  appellée  Usboû ,  dont  le  plurier  eft  Alfabî ,  le 
Septénaire. 

La  femaine  des  Cathaiens,  &  des  Igureens  ou  Turcs  Orientaux ,  efl:  de  foixan- 
te  jours  ,  félon  Ulug  Beg  :  mais  on  doit  plutôt  appeller  ce  cycle  de  foixante 
jours ,  leurs  mois  ;  car  ils  en  ont  un  autre  de  quinze  jours ,  qui  approche  beau- 
coup plus  de  nôtre  femaine. 

H  A  G  E  B  &  Haggiâb ,  Huiiïîer  &  Portier.  Le  Maître  de  la  portière  ,  c'efl:- 
à-dire,  d'un  voile  ou  pièce  d'étoffe  ,  qui  fe  m?t  devant  les  portes  des  Princes 
&  Seigneurs  ,  &  c'eft  en  Levant  la  qualité  de  celuj'  que  les  Italiens  appellent 
//  Maeftro  délia  camcra,  &  les  François  ,  le  premier  Gentilhomme  de  la  Cham- 
bre ou  le  grand  Chambelan, 

C'étoit  une  grande  charge  auprès  des  Khalifes  de  Bagdet  &  d'Egypte  ,  aufli- 
bien  que  chez  nous;  mais  elle  crut  beaucoup  en  autorité  dans  l'Efpagne,  parce 
que  ceux  qui  la  polfédoient,  étoiént  les  Vizirs  &  premiers  Minières  des^Prin- 
ces  Arabes  qui  y  rcgnoient  :  c'efl;  pourquoy  ceux  qui  interprètent  ce  mot  par 
celuy  de  Huiiîier  tout  Amplement ,  ne  nous  donnent  pas  l'idée  que  l'on  doit 
avoir  de  cette  dignité  ,  non  plus  qu'en  rendant  Cateb  par  celuy  d'Ecrivain  , 
puifqu'il  faut  entendre  par  ce  titre  un  Secrétaire  d'Etat. 

Barak,  dit  Al  Hageb  ,  étoit  Grand  Chambellan  d'un  Sultan  du  Turkeftan  ;  il 

Y  2  devint 


179.  H  A  G  E  L  A  H.  H  A  G  G  E. 

devint  lui-même  Sultan    du  Kerman  &  fondateur  de  la  dynaflie  des   Caraca- 
ttiaiens.     ^oyez  fm  titre. 

Ebn  Hagcb ,  le  fils  de  Chambellan.  C'eft  le  furnom  d'Abou  Amrou  Othmaii 
Ben  Omar  dit  auffi  Takhtazani  ,  lequel  a  compofé  plufieurs  ouvrages  fur  la 
grammaire  Arabique  ,  &  qui  mourut  l'an  672  de  l'Hegire.  Il  y  a  dans  la  Bi- 
bliothèque du  Roy,  aux  n'^.  573,  1060,  1082  &  1087,  d'autres  Auteurs,  qui 
portent  le  même  norn  &  qui  ont  écrit  fur  l'Elm  al  Kelam,  c'eft-à-dire ,  fur  la 
Métaphyfique  ou  Scholailique. 

HAGELAH.  Aboulabbas  Ben  lahia  Al  Hagelah  ,  furnommé  Al  Telmefla- 
ni ,  c  eil-à-dire  ,  nfftif  de  Tremilfen  en  Mauritanie ,  ell  Auteur  du  Siicurdan  & 
du  Divan  al  Sahabah ,  où  il  traite  de  l'amour  &  des  Amants.  Foyez  dans  la  Bi- 
bliothèque du  Roy,  n°.  1174.  il  dédia  Ion  livre  au  Sultan  Naffer  l'an  757  & 
mourut  en  770. 

HAGGE,  le  Pèlerinage  de  la  Mecque.  Haggi,  un  Pèlerin  qui  a  fait  ce  vo- 
yage. 

Après  que  Mahomet  a  parlé  des  excellences  du  Temple  de  la  Mecque  dans 
le  chapitre  d'Amran ,  voicy  comme  il  établit  la  loi  de  ce  pèlerinage.  Dieu  a- 
ordonné  le  pèlerinage  du  Temple  de  la  Mecque  à   quiconque  fera  en  état  de  faire  ce 

voyage, 

'Les  trois  plus  célèbres  Do6leurs  de  laloy  Mufulmane  ,  dont  les  %ptimens 
partagent  tous  les  autres  Docteurs  Mufulmans ,  expliquent  différemment  les  con- 
ditions  qui  rendent  ce  pèlerinage  obligatoire. 

Schafei  dit ,  qu'il  fuffit  d'avoir  des  provifions  nécelllùres  &  une  monture  , 
pour  y  être  obligé. 

Malek  veut,  que  ces  conditions  foient  la  fanté  du  corps  &  des  facultez  fuf- 
fifantes,  pour  fe  pourvoir  des  chofes  nécelfaires  à  ce  voyage. 

Abou  Hanifah  croit,   que  le  pouvoir  ,  requis  dans  ce  chapitre,   s'étend  non- 
feulement  aux   provifions  nèceŒiires  pour  le  voyage  ,  mais  qu'il  comprend  aulîî' 
la  fanté  du  corps,  la  commodité  d'une  voiture  &  même  la  fureté    du  chemin, 
fans  laquelle  on  n'y  efl:  point  obligé  ;    c'efl;.  cette  décifion  que  la  plupart   des 
Mufulmans  &  particulièrement  les  Turcs  ont  reçue. 

Dans  le  chapitre  intitulé  Bacrat ,  Mahomet  ordonne  ,  que  ceux  qui  font  ce 
pèlerinage  portent  leur  provifion  pour  n'être  pas  à  charge  aux  autres,  &  il  dit 
ces  paroles  :  Faites  vos  provifions»\  mais  la.  meilkure  de  toutes  Les  provifions ,  c\Jl 
la  piété  [y   fahftinence.  * 

Houlfain  Vaêz  dit  fur  ce  verfet  :  la  meilleure  provifion  que  l'on  puifife  fai- 
re ,  eft  de  s'abft;enir  pour  n'être  pas  importun  aux  autres ,  en  leur  demandant. 
C'eft,  dit- il  ,  le  fens  littéral  de  ce  pafi:age  :  mais  le  moral  &  le  myftique  eft  y. 
qu'il  faut  faire  fa  provifion  pour  le  voyage  de  l'autre  vie  ,  fignifîé  par  le  pèle- 
rinage de  la  Mecque.  Or  la  meilleure  provifion  que  nous  puiflions  faire  pour 
ce  voilage  eft  l'abftinence.  * 

Calchiri  dit,  que  l'abftinence  du  commun  des  fidèles  eft  l'éloignement  du  pé- 
ché :  mais  que  l'abftinence  des  parfaits  confifte  à  ^  fe  retirer  fous  le  voile  de_  la 
contsmpU\tion,  qui  nous  couvre  tous  les  objets  &  ne  nous  fait  voir  que  Dieu 
feul.  Il  eft  vray,  que  nous  ne  pouvons  pas  faire  ce  voyage  fans  provifion  :. 
mais  cette  provifion  n'eft  autra  qu'un  ardent  defir ,  fans  lequel  nous  ne  pou- 
vons 


H  A  G  G  E.  rj^ 

vons  pas  avancer  un  feul  pas  dans  la  piété  :  Surquoi  Selemi  dit ,  que  la  pro- 
vifion  de  ceux  qui  marchent  dans  la  voye  de  Dieu ,  confifle  dans  la  componc- 
tion du  cœur,  qui  fe  manifefle  par  la  pâleur  du  vifage  &  par  les  foupirs  de  la 
poitrine.    Heureux  celuy  qui  entreprend  un  tel  voyage. 

Les  Khalifes  fatisfaifi3ient  autrefois  eux-mêmes  à  l'obligation  du  pèlerinage. 
Abugiafar  Almanfor ,  fécond  Khalife  des  Abbaflîdes  ,  mourut  dans  ce  pèlerina- 
ge. Mahadi,  fon  iils  &  fon  fucce/Teur  ,  le  fit  en  l'année  i6o  de  l'Hegire 
avec  tant  de  fomptuofité,  qu'au  rapport  de  Khondemir,  il  fît  charger  cinq  cent 
chameaux  de  neige  &  de  glace  feulement ,  &  plufieurs  mil  de  provifions  pour 
les  pèlerins. 

Après  que  Mahadi  eut  fatisfait  à  tous  les  devoirs  du  pèlerinage ,  que  les  Ara- 
bes appellent  en  leur  langue  Menailck  alhagge,  on  lui  vint  dire,  que  les  plan- 
chers des  maifons  où  étoit  fa  garderobe  étoient  fr  chargez,  qu'il  y  avoit  danger 
qu'ils  ne  tombafTent  fous  le  poids,  cet  avis  lui  donna  occafion  d'ordonner,  que 
l'on  diftribuàt  tout  ce  qu'il  y  avoit  dans  fes  magazins  aux'pauvres  ,  dont  cha- 
cun eut  deux  vefles  de  brocard  pour  fa  part. 

Abougiafiir  Almanfor  ayant  donné  la  charge  de  Chef  &  de  conducteur  de  la 
Caravanne  des  pèlerins ,  appelle  par  les"  Arabes  Emirhagge  ,  à  fon  frère ,  au- 
préjudice  d'Abou  Mofiem  ,  qui  la  luy  avoit  demandée  ,  ce  puiifant  Seigneur  , 
qui  étoit  Gouverneur  de  la  province  de  Khorafîan  ,  en  fut  fi  fort  piqué,  qu'il 
fe  cantonna  dans  fon  gouvernement,  &  obligea  enfuite  Almanfor,  qui  lui  avoit 
les  dernières  obligations,  de  le  faire  mourir. 

Haron  Rafchid ,  cinquième"  Klialife  de  la  Maifon  des  Abbaflîdes  ,   fut  le  der- 
nier de  tous  les  Khalifes  qui  fît  le  pèlerinage  de  la  Mecque.     11  y  alla   pour  la- 
dernière  fois  l'an  i86  de   l'Hegire,    accompagné  de   fes  deux  enfans  Amin  & 
Mamoun,  qui  lui  fuccederent  tous  deux  l'un  après  l'autre. 

Etant  arrivé  ^Medine,  il  fît  trois  préfens  aux  habitans  ,  le  premier  en  fon" 
nom  ,  &  les  deux  autres  au  nom  de  fes  deux  enfans  ;  &  lorfqu'il  fut  arrivé  à 
la  Mecque  ,  il  fît  la  môme  choie  ,  enforte  que  l'argent  qu'il  diftribua  dans  ce 
voyage,  montoit  à  la  fomme  de  quinze  cent  mille  dinars  d'or. 

Dans  ce  même  voyage,  il  fît  attacher  à  la  porte  du  Temple  de  la  Mecque, 
que  les  Arabes  appellent  Caâbah  ,  c'eft-à-dire  ,  la  Maifon  quarrée  ,  l'Afte  ou 
Déclaration  du  partage  qu'il  avoit  faic  de  tous  fes  Etats  entre  fes  trois  enfans 
Amin,  Mamoun  &  Motaliem,  avec  fubflitution  de  l'un  à  l'autre.  Voyez  le  ti- 
tre de  Haron. 

L'on  dit  de  ce  Khalife ,  qu'il  attribuoit  à  fes  pèlerinages  toutes  les  viftoires 
qu'il  avoit  remportées  fur  fes  ennemis  :  car  il  avoit  fait  huit  fois  ce  voyage , 
&  avoit  gagné  huit  batailles.  Il  en  fît  même  un  à  pied,  dans  lequel  il  rencon- 
tra Ibrahim  Ben  Adhem ,  qui  employoit  douze  années  •  entières  à  faire  le  fien. 
L'on  dit  auflî ,  que  Haraoun  fît  graver  fur  fon  cafque  ces  deux  mots  ,  Haggion 
Azzon^  qui.  lignifient ,  celui  qui  fait  le  pèlerinage  de  la  Mecque  devient  fort 
&  puiffant. 

Toutes  les  fois  que  ce  Khalife  faifoit  le  pèlerinage  de  la  Mecque ,  il  fe  fai- 
foit  accompagner  par  cent  Dofleurs  de  la  loy,  qu'il  défrayoif  ;  &  lorfqu'il  ne 
pouvoit  pas  s'en  acquitter  en  perfonne,  il  en  habilloit  trois  cent  qu'il  envoyoit 
à  fes  dépens  pour  tenir  fa  place. 

Après  que  les  Khahfes  fe  furent  difpenfcz  de  ce  devoir,  les  divers  Sultans, 
qui  s'élevèrent  dans  le  Mufulmanifrae ,  ne -laiffoient  pas  de  s'en  acquitter.    Ma^ 

Y  3  lek- 


1^4  H  A  G  G  E. 

lekfchah,  Sultan  des  Selgiucides,  fit  ce  pèlerinage  avec  une  dépenfe  incroyable, 
&  abolit  le  tribut  que  les  pèlerins  ctoient  obligez  de  payer  ,  comme  fon  peut 
voir  dans  fon  titre.  Bajazeth  fécond  Sultan  des  Othmanides  ,  le  fit  auflî  ,  &  ce 
fut ,  dans  ce  voyage  ,   qu'il  apprit  la  mort  de  Mahomet ,  fon  père  ,  auquel  il 

fucceda. 

Les  Arabes  prétendent,  que  ce  pèlerinage  étoit  en  vogue  dans  l'Arabie  avant 
le  Mufulmanifme ,  &  même  dès  le  tems  d'Abraham,  &  d'ifmaël  fon  fils,  qu'ils 
fuppofent  avoir  été  les  fondateurs  du  Temple  de  la  Mecque.  Quoi  qu'il  en 
foit ,  Mahomet  en  a  fait  un  des  fix  points  capitaux  de  fa  Religion  ,  qui  eit 
d'une  obligation  plus  précife  ,   que  la  circoncifion  qui   n'eft  que  de  tradition. 

Cependant,  l'an  319  de  THegire  ,  de  J.  C,  931  ,  fous  le  Khalifat  de  Moéla- 
der  ,  ce  pèlerinage  cefTa  par  la  crainte  des  Carmathes  ,  qui  en  une  feule  fois 
tuèrent  plus  de  vingt  mil  pèlerins.  Ces  rebelles  prirent  enfuite  &  pillèrent  la 
Mecque  ,  prophanerent  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  faint  pour  les  Mufulmans  ,  & 
les  obligèrent  de  prendre  le  chemin  de  l'Euphrate  ,  c'eft  -  à  -  dire ,  de  fubflituer 
Jerufalem  en  la  place  de  la  Mecque  ,  ce  qui  fe  pratiqua  pendant  le  règne  du 
Khalife  Radhi  ,  comme  autrefois  Abdalmalek  ,  Khalife  des  Ommiades  ,  l'avoit 
établi.. 

Le  fameux  Hallage,  duquel  il  fera  parlé  dans  un  titre  particulier  ,  fut  mis  à 
mort,  par  fentence  des  Dofteurs  de  la  loy,  pour  avoir  particulièrement  enfei- 
gné  une  pratique  de  dévotion  &  des  cérémonies ,  qu'il  difoit  pouvoir  fuppléer 
au  pèlerinage  de  la  Mecque. 

Nonobflant  la  dévotion  prétendue  des  Mufulmans  dans  ce  pèlerinage  ,  Saâdi 
ayoiie,  que  les  pèlerins  y  commettent  fouvent  de  grands  excez  ,  &  il  rappor- 
te qu'un  jour  ceux  qui  étoient  à  pied  avec  lui  ,  eurent  une  très -grande  que- 
relle entr'eux  ,  &  fe  battirent  rudement  à  coups  de  poings  &  de  pierres ,  ce 
qui  fit  dire  ingénieufement  à  un  de  ceux  qui  étoit  monté  fur  fon  chameau,  ces 
paroles  :  C'eji  merveille  ,  que  les  pions  du  jtu  des  échecs  deviennent  des  pièces  prin^ 
cipales  ,  quand  elles  ont  traverfé  heureufement  tout  le  champ  du  damier  ,  S'  que  les 
piétons  de  la  Mecque  ne  deviennent  pas  meilleurs ,  après  avoir  m  Juré  la  plaine  entiè- 
re du  défert. 

L'Auteur  du  Nighiarifian  rapporte  ,  qu\ui  pèlerin  ,  homme  de  fort  mauvaife 
inine  &  grand  fcèlerat,  prenant  en  main  l'anneau  de  la  porte  du  Temple  de  la 
Mecque,  s'en  frottoit  le  vifage  &  prioit  Dieu  de  le  préferver  du  feu  infernal. 
Celui  qui  étoit  proche  de  lui  entendant  fa  prière ,  lui  dit  :  Je  m'étonne  ,  que 
vous  foyez  dans  cette  crainte,  ne  fçavez-vous  pas  le  proverbe,  qui  dit  que,  le 
feu  d'enfer  ne  peut  jamais  brûler  un  beau  vifage.  Ce  proverbe  efi;-  tiré  des  vers 
Perfiens  du  Poëte  Hafez,  lequel  entend  par  un  beau  vifage  un  homme  de  bien: 
comme,  au  contraire,  un  vifage  noir  ou  laid,  chez  les  Perfans  ,  .s'entend  tou- 
jours d'un  méchant  homme. 

On  peut  remarquer  ici,  que  le  premier  pas  que  les  Mufulmans  ont  accoutu- 
mé de  faire  ,  lorfqu'ils  fe  veulent  convertir,  ou  faire  pénitence  à  leur  mode, 
de  leurs  ^  péchez  palfez  ,  efi:  de  prendre  l'habit  de  pèlerin  ,  ou  de  Dervifche  , 
&  de  faire  le  pèlerinage  de  la  Mecque,     l^oyez  fur  ce  point  le  titre  de  Souzeni. 

Le  dernier  mois  de  l'année  Arabique  eft  appelle  Dhoulheggiat ,   à  caufe  que 
c'efl;  dans  cette,  lune  que  les  Pèlerins  doivent  être  rendus  à  la  Mecque,    pour 
y  faire  leurs  cérémonies  &  leurs  dévotions.     Foyez  les  titres  de  Dhoullieggiat  àf 
de  Caâbah,  qui  eft  le  Temple  de  la  Mecque. 
•  Les 


H  A  G  G  I  A  B.  —  H  A  G  I  A  R.  ïj,^ 

Les  pèlerinages  de  Jerufalem  ,  de  Hebron  ,  du  fepulcre  d'Ali  &  de  fes  en- 
fans,  aufli-bien  que  de  celui  de  Mahomet  à  Medine  ,  font  tous  pratiquez  par 
les  Mufulmans  :  Il  eft  vrai  pourtant  ;  que  celui  d'Ali  fut  défendu  par  le  Kha- 
life Motaovazel,  &  qu'il  n'y  a  gueres  que  les  Schiîtes  qui  le  fréquentent. 

Foyez  fur  tous  ces  pèlerinages  les  livres  à'Adhkar  al  hagge  u  alùmrah,  fait  par 
Cothb  al  Mekki  ,  d'Efchardt  ela  marefat  al  ziaràt ,  par  Ebn  Al  Saih ,  de  Baéth 
al  nofous,  par  Carari ,  &  dCUns  al  Khalil.  Ces  deux  ouvrages  traitent  particu- 
lièrement '  de  ceux  de  Jerufalem  &  de  Hebron.    Foyez  aujjî  les  titres  de  Cods. 

HAGGIAB.     Foyez  le  titre  d'Omar  Ben  Abdalaziz/ 

HAGGIAH,  Aboubecre  Ben  Haggiah,  dit  Al  Hamaovi,  à  caufe  qu'il  étoit 
natif  de  la  ville  de  Hamah 'en  .Syrie  ,  eft  Auteur  d'un  commentaire,  intitulé 
Tacdim  Abubecr,  fur  le  poërae  d'Al  Barezi ,  nommé  Bediah  ,  qui  eft  dans  la  Bi- 
bliothèque du  Roy.  n°.  1056.     Cet  Auteur  mourut  l'an  de  l'Hegire  837. 

H  AGI;  on  a  déjà  dit,  dans  le  titre  de  Hagge  ,  que  ce  mot  fignifie  un  Pè- 
lerin de  la  Mecque.  Cette  qualité  entre  dans  les  noms  de  plulieurs  perfon- 
nages. 

Hagi  Baba  ,  eft  le  nom  fous  lequel  Abdalkerim  Othman  Al  Tharfoufîî  eft  le 
plus  connu.  C'eft  un  Auteur  qui  a  commenté  les  Covaêd  al  âaràb  ,  qui  eft  un 
livre  de  grammaire  Arabique  d'Ebn  Hefchâm.  Cet  ouvrage  fe  trouve  dans  la 
Bibliothèque  du  Roy,  n'.  1104. 

Hagi  Caovani ,  homme  célèbre  dans»  la  Perfe ,  que  le  Poëte  Hafedh  a  beau- 
coup  loué,  &  propofé  pour  un  modèle  parfait  de  génerofité  &  de  libéralité. 

Hagi  Cogelah  ,  nom  fous  lequel  Tageddin  Cazerouni  eft  le  plus  connu.  II 
eft  Auteur  d'un  livre  Perfien,  intitulé  Bahar  alfddd,  la  mer  de  la  félicité.  C'eft. 
un  ouvrage  de  Morale. 

HAGIAR,  écrit  par  un  he  ,  qui  eft  une  afpiration  douce,  &  non  par  un 
ha  ,  qui  eft  une  afpiration  forte  ,  comme  dans  les  mots  précédens ,  eft  le  nom 
d'Agar,  mère  d'Ifmaël. 

Les  Turcs  l'appellent  dans  leur  langue  Hagiar  Anai ,  Agar  la  mère  par  excel- 
lence ,  à  caufe  d'Ifmaël  fon  fils.  Les  Mufulmans  ne  croyent  point  qu'elle  fût 
concubine  d'Abraham  ,  &  prétendent  au  contraire  qu'elle  fut  fa  femme  légiti- 
me ,  &  qu'elle  luy  donna  Ifmaël ,  lequel  comme  aîné  eut  un  grand  avantage 
fur  Ifaac  ,  obtenant  pour  fon  partage  TArabic  ,  qui  furpalfe  de  beaucoup  en 
étendue  &  en  richeff'e  ,  la  terre  de  Chanaan  qui  demeura  à  fon  cadet. 

Ils  difent  auffi  ,  qu'Agar  mourut  à  la  Mecque  &  qu'elle  fut  enterrée  dans 
l'enceinte  extérieure  du  Temple  de  la  Càabah  ou  Maifon  quarrée;  cette  encein- 
te ou  muraille  eft  appellèe  par  les  Arabes  Hathim.  Foyez  le  titre  de  Farma,. 
ville  d'Egypte,  qui  lui  avoit  donné  la  naiflance. 

HAGIAR  Alaftbvad,  Pierre  noire  en  général,  mais  en  particulier  une  pier- 
re de  cette  couleur  attachée  à  un  des  piliers  du  Portique  du  Temple  de  la 
Mecque. 

Abdallah,  fils  de  Zobair,  la  fit  tranfporter  de  ce  lieu  dans  le  Sanftuaire ;  mais 
Hegiage  fen  fit  ôter  &  remettre  dans  fa  première  place. 
-^  Les  Carmathes ,  après  avoir  pillé  la  Mecque  fous  le  Khalifat  de  Modiader, 

en- 


i^e  H  A  G  I  A  R.      •   H  A  G  R. 

enlevèrent  cette  pierre,  qu'ils  difoient,  avec  aflez  de  vraifemblance ,  être  un  an- 
cien Idole  :  on  voulut  leur  donner  cinq  mil  dinars  d'or  pour  la  racheter  :  mais 
ils  les  réfuferent,  &  la  retinrent  pendant  22  ans,  à  fçavoir  ,  depuis  l'an  317 
de  l'Hegirc  jufqu'en  339,   qu'ils  la  rapportèrent  à  Coufah ,   fous  le  Khalifat  de 

Mothî. 

Les  Khalifes  firent  enchaffcr  un  morceau  de  cette  pierre  duHs  le  feuil  de  la 
■porte  de  leur  Palais  à  Bagdet ,  ce  qui  obligeoit  tous  ceux  qui  y  entroient ,  de 
le  baifer,  &  ils  s'attiroient  par-là  une  grande  vénération.  En  effet,  un  Muful- 
man  ne  croiroit  pas  avoir  fatisfait  aux  devoirs  du  pèlerinage  de  la  Mecque , 
s'il  n'avoit  baifé  cent  &  cent  fois  cette  pierre  ,  à  laquelle  ils  attribuent  des 
qualitez  merveilleufes ,  comme  de  nager  fur  l'eau,  d'engrailfer  un  chamean  mai- 
gre qui  la  porte,  d'avoir  quelquefois  une  pcfanteui?  que  plufieurs  bœufs  ou  che- 
vaux ne  peuvent  ébranler,  &  plufieurs  autres  chofes  fabuleufes. 

Khondemir  rapporte  dans  la  vie  de  Mahomet,  que  cette  pierre  a  été  révérée 
dès  les  premiers  tems  dans  le  temple  de  la  Mecque  ;  car  il  dit ,  fuivant  les  an- 
ciens  mémoires  des  Arabes ,  que  les  Giorhamides ,  qui  avoient  la  garde  de  ce 
Temple ,  furent  contraints  d'en  céder  la  poffeflîon  aux  Banou  Beker  ,  c'efl:  -  à- 
dire ,  aux  enfans  de  Beker  ,  qui  étoient  de  la  pofl;érité  d'Ifmaël  ,  fils  d'Abra- 
.Jiam,  qui  s'étoient  rendus  maîtres  de  la  ville  par  la  force  de  leurs  armes. 

Amrou  Ben  Hareth  ,  chef  des  Giorhamides ,  craignant  la  profanation  de  ce 
temple ,  détacha  la  pierre  noire  du  lieu  où  elle  étoit  placée ,  &  la  jetta  dans 
le  puits  de  Zemzem ,  dont  il  ferma  fi  bien  l'ouverture  ,  qu'elle  ne  fut  connue 
par  aucun  de  leurs  ennemis.  , 

Les  chofes  demeurèrent  long-tems  en  cet  état,  jufqu'a  ce  qu'Abdalmothleb, 
ayeul  de  Mahomet,  ayant  appris  par  révélation  tout  ce  qui  s'étoit  palîe  ,  fit 
tirer  du  puits  cette  pierre  &  la  remjt  au  même  lieu  d'où  elle  avoit  été  tirée. 
Voilà  les  vains  amufemens  dont  les  Muiùlmans  entretiennent  leur  dévotion. 

Il  ne  faut  pas  confondre  le  nom  de  Hagiar  al  fovad ,  qui  fignifie  auffi  pierre 
noire,  qui  efl:  proprement  le  charbon  de  terre  ou  de  pierre,  avec  la  pierre  noi- 
re myfl;érieufe  dont  nous  venons  de  parler ,  &  que  l'on  appelle  toujours  Ha- 
giar al  aflx)vad. 

HAGIAR.  Ebn  Ilagidr,  efl  le  nom  de  plufieurs  Auteurs  Arabes,  dont  l'un 
elt  furnommé  Al  Alcalani  ,  parce  qu'il  étoit  natif  de  la  ville  d'Afcalon  en  Sy- 
rie ,  un  autre  Ai  Bagdadi  &  un  troifième  Al  Mekki ,  originaires  des  villes  de 
Bagdet  &  de  la  Mecque. 

Le  premier  fe  nomraoit  Al  Hafcdh  Schehabeddin  AboulfadhI  Ahmed',  &  mou- 
rut l'an  852  de  l'Hegire.  Il  a  travaillé  beaucoup  fur  l'hilloire  d'Egypte  :  fon 
principal  ouvrage  hiftorique  a  pour  titre  Enha  al  gomri  fi  ebnalômri.  Les  vies 
des  Cadhis  du  Caire,  intitulées  Refê  al  efr  ânXodhdt  Mefr ,  font  auffi  de  luy. 

Les  deux  autres  Ebn  Hagiar  étoient  plus  anciens ,  &  n'ont  travaillé  que  fur 
des  matières  qui  regardent  le  Mufulmanifme. 

H  A  G  R  &  Hagiar.  Ce  mot  fignifie  en  Arabe  une  pierre ,  &  efl;  devenu  le 
nom  d'une  ville  de  l'Arabie,  fituée  dans  la  province  de  Higiaz;  elle  efl:  àcs 
;dépendances  de  lemamah,  dont  elle  n'efi:  éloignée  que  de  vingt -quatre  heures 
de  chemin. 

C'efi:  dans  cette  vWh  que  l'on  voit  les  fepulcres  des  Sclioâda   ou  Maityrs , 

qua- 


haï.  1^7 

qualité  donnée  à  ceux  qui  furent  tuez  en  combattant  contre  le  faux  Prophète 
Mufeilemah  ,  lequel  prétendit  faire  dans  l'Ieraen  ce  que  Mahomet  avoit  fait 
dans  l'Higiaz. 

Il  publia  en  effet  une  nouvelle  loy,  &  il  eut  pendant  un  tems  beaucoup  de 
fëftateurs;  de  forte  qu'Abôubecre ,  fiicceffeur  de  Mahomet,  craignit  que  ce  nou- 
veau Prophète  ne  l'emportât  fur  le  fien  ,  &  ne  caufàt  la  ruine  du  Mufulmanif- 
me  :  mais  enfin,  Mufeilemah  fut  défait  &  tué  auprès  de  cette  ville,  qui  eil  ap- 
paremment celle  que  Ptolemée  &  Strabon  appellent  Fetra  deferti,  &  ks  Hébreux 
Arac.  Foyez  Abdelmoal  dans  le  fécond  climat ,  &  Nafîireddin  qui  lui  donne 
83  degrez  de  longitude,  &  25  degrez,  15  minutes  de  latitude  Septentrionale, 

La  ville  dlemamah  ell  éloignée  de  Baffora  de  16  journées,   &  à  82  degrez» 
30  minutes  de  longitude,  &  23  degrez  de  latitude. 

Cette  ville  a  donné  fon  nom  à  un  paj's  qui  efl,  félon  Khondemir  &  tous  les 
Géographes  Orientaux ,  entre  la  Syrie  &  l'Arabie  ,  &  c'efl  ce  que  nous  appel- 
ions aujourd'huy  l'Arabie  Petrée,  où  le  peuple  de  Saleh  ,  c'ell-à-dire,  les  The- 
mudites  habitoient  autrefois;  on  voit  encore,  difent  les  Mufulmans,  en  ce  pays- 
là  les  roches  &  les  cavernes ,  où  ils  fe  retirèrent  pour  fe  garentir  des  maux  dont 
le  Prophète  Saleh  les  menaçoit ,  &  l'on  y  remarque  aufïï  les  terribles  effets  de' 
la  colère  de  Dieu.     Foyez  les  titres  de  Saleh  âf  de  Themoud. 

La  ville  de  Hagiar  devint  ,  à  caufe  de  fa  fituation  avantageufc  ,  la  place  qui 
fervit  de  retraite  &  de  capitale  aux  Carmathes  ,  d'où  ces  rebelles  infcftcrent 
long-tems  les  Etats  des  Khalifes  de  Bagdet  ,  &  moleflercnt  à  un  tel  point  les 
pèlerins  de  la  Mecque,  que  ce  pèlerinage  ceffa  pendant  plufieurs  années,  com- 
me l'on  peut  voir  dans  le  titre  de  Hagge.  Abufaid  y  bâtit  un  palais  ou  châ- 
teau, nommé  Hagiarah ,   que  fon  fils  Abou  Thaher  fortifia  extrêmement. 

Depuis  ce  tems  -  là ,  Hagiar  paflà  pour  une  place  prefque  imprenable.  Les 
Sultans  de  Syrie  &  -d'Egypte  l'ont  poffedée  long-tems.  Les  Francs  la  prirent 
à  leur  tour,  &  changèrent  le  nom  de  Crak  qu'elle  portoit  alors  ,  tiré  de  celuy 
d'Arak  ,  que  les  Juifs  lui  donnoient ,  en  celui  de  Montréal.  Plufieurs  de  nos 
Hifl:oriens  l'appellent  Crak  de  Montréal ,  c'efl;  du  mot  Crak  que  quelques  Au- 
teurs, qui  ont  voulu  faire  les  habiles,  ont  formé  le  nom  de  Cyriacopolis ,  qu'ils 
lui  donnent. 

On  peut  encore  remarquer ,  que  cette  ville  n'cfi:  point  Rahbat  MoaUtis ,  ou 
Rabba  des  Moabites ,  car  ces  peuples  habitoient  au  de -là  du  Jourdain,  &  un 
peu  au-deffus  de  la  mer  morte.  Il  efl;  vray  toutefois  que  la  dignité  de  Métro- 
pole fut  transférée  de  Rabbat  à  Montréal,  qui  a  dépendu  autrefois  du  Patriar- 
che d'Alexandrie  &  enfuite  de  celuy  de  Jerufalem. 

Il  y  a  une  autre  ville  ,  nommée  Hagr  &  Hagiar ,  plus  avant  dans  l'Arabie , 
qui  appartient  à  la  province  de  Baharain.  Ses  dattes,  qui  font  excellentes,  don- 
nent lieu  au  proverbe  Arabe  ,  Porter  des  dattes  à  Hagiar  ,  pour  exprimer  une 
peine  inutile. 

HAI  Ben  Jakdhân  ,  Hifioire  fabuleufe  d'un  homme  né  de  la  terre,  nourri 
par  une  chèvre,  qui  s'élève  parmi  les  bêtes,  &  qui  parvient  par  fes  reflexions 
jufqu'aux  plus  hautes  connoiffances  de  la  Philofophie. 

Cette  hifl:oire  fe  trouve  écrite  en  Hébreu,  en  Arabe  &  en  Perfien.  Mardo- 
khai  Ben  Eliezer  Comtino,  Rabbin  de  Confl:antinople ,  &  Ifaac  Arama  la  citent 
comme  l'ouvrage  d'un  autre  Rabbin,  nommé  Moyfe  de  Narbonne. 

Tome  IL^  Z  Po- 


fyi  H  A  I  A  N.  H  A  I  A  T. 

Pokokius  nous  Ta  donnée  en  Arabe  avec  la  verfion  Latine  ,  comme  l'ouvra- 
ge d'Abougiafar  Ben  Tofail ,  fous  le  nom  de  Fhilofophus  Autodidaàus. 

Fadhlallah  Ben  Rouzgihàn  Al  Haigi ,  natif  d'Ifpahan,  l'a  mife  en  langue  Per- 
fienne ,  fous  le  nom  de  Bedî  al  zamân ,  la  merveille  du  tems ,  &  l'a  dédiée  au 
Sultan  Jacob  Al  Baianduri. 

H  AI  AN.  Abou  Haiân  &  Ebn  Haian  &  Al  Haiani  ;  ce  font  les  noms  de 
plufieurs  Auteurs,  dont  le  plus  ancien  eft  Auteur  du  Tarikb  Ebn  Haian ^  qui  eft 
une  hiftoire  des  Traditionnaires  Mufulmans;  il  mourut  l'an  354  de  l'Hegire.  Il 
porte  auffi  le  furnom  de  Sabthi. 

Abou  Haian  Al  Taouhidi,  ainfi  fùrnommé,  à  caufe  que  fon  père  vendoit  des 
Taouhid ,  efpcce  de  dattes  excellentes ,  vivoit  Tan  400  de  IHegire.  Il  porte  la 
qualité  de  Zahed  ,  qui  fignifîe  un  homme  retiré  du  monde  ,  &  qui  mené  une 
vie  dure  &;  auftère.  On  a  de  luy  plufieurs  ouvrages  de  Religion  &  de  dévo- 
tion ,  fort  bien  écrits  ;  car  il  excelloit  dans  la  compofition  foit  en  profe  ,  foit 
en  vers.  Les  titres  de  fes  livres  font ,  Amtàd  u  al  mova  najfdt,  Dakhair  u  al 
Bajfair.     Sadik  u  al  Sadacdt. 

Ebn  Haian  Al  Andaloufi  Athireddin  Al  Haiani,  étoit  Efpagnol,  &  a  compo- 
fé  le  Bahar  al  mohith  fi  taffir ,  qui  efl  un  commentaire  fort  étendu  fur  l'Alco- 
ran,  auquel  il  donne  le  nom  d'Océan.  Il  le  commença  l'an  de  l'Hegire  710, 
âgé  de  5Y  ans,  &  mourut  l'an  745.  Nous  avons  auffi  de  luy  Tohfatal  adib  le 
ma  fil  Coran  mm  al  garib ,  des  cliofes  les  plus  rares  &  les  plus  curieufes  de  l'Al- 
coran.    Cet  ouvrage  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n".  585. 

H  AI  AT,  la  vie.  Au  chapitre  Anaâm  ,  ou  des  créatures,  dans  l'AIcoran , 
J^iahomet  fait  dire  à  Dieu  :  Je  feray  revivre  celui  qui  eft  mort. 

Les  Interprètes  difent,  que  ce  verfet  fut  publié  au  fujet  de  deux  Arabes  ido- 
lâtres, dont  l'un  étoit  Abou  gehel  &  l'autre  Omar,  qui  fut  depuis  Khalife.  Ma- 
homet les  ayant  vus  enfemble,  pria  Dieu  qu'il  lui  plût  faire  la  grâce  à  un  des 
deux  de  l'appeller  au  Mufalminifme.  Sa  prière  fut  exaucée  ,  &  Omar  fut  ce- 
]uy  fur  lequel  tomba  cette  grâce  ;  car  de  mort  qu'il  étoit  ,  il  fut  vivifié  par 
la  foy ,  &  Abou  gehel  demeura  mort ,  c'eft  -  à  -  dire ,  dans  les  ténèbres  de  l'inii- 
délité. 

Les  plus  fpirituels  qui  allégorifent  ce  pafTage,  difent ,  que  la  mort  de  l'hom- 
me eft  fa  concupifcence,  &  que  fa  vie  confifte  dans  l'amour  de  Dieu  :  ou  qu'il 
faut  entendre  dans  ce  pafïlige  par  la  mort,  l'ignorance  &  l'infidélité,  &  par  la 
vie,  la  connoiffance  &  la  foy. 

Le  Kafchef  al  afràr  dit,  que  la  vie  de  la  connoifTance  eft  bien  différente  de 
la  vie  animale.  Les  hommes  ,  ajoûte-t-il ,  vivent  pour  l'ordinaire  à  la  manière 
des  autres  animaux,  d'une  vie  animale  &  fenfitive:  mais  les  fpirituels  vivent  de 
la  vie  de  la  connoilfance.  La  différence  de  ces  deux  vies  eft  ,  que  la  premiè- 
•  re  finit  fuivant  ce  qui  eft  écrit  :  Toute  ame  fera  féparée  du  corps  par  la  morù.  il 
y  a  mot  à  mot  ,  Omnis  anima  giiftabit  mortem.  Et  la  féconde  ne  finit  point , 
félon  cette  autre  maxime  indubitable  :  Le  fidèle  vil:  dans  l'une  cf  dans  raiitre  de- 
mnire,  c'eft -à -dire,  en  ce  monde  ^  en  l'autre.  Ce  qui  a  fait  dire  à  un  Poëte 
Perfien  :  Celui-là  ne  meurt  jamais ,  Seigneur ,  qui  n'a  de  la  vie  que  pour  vous. 
Heureux  donc  mille  fois  celuy  que  vous  animez  de  vôtre  efprit. 

Scl:ah  Kermmi,  homme  docle  &  pieux,  difoit  ,   qu'il  y  a   trois   marques  de 

cette 


HAIATHELAH.         H  AID  A.R.  179 

cette  vie  de  Dieu  dans  l'homme  ,  Ez  Khalkazîat  bahak  hlmlvat  daovdm  dhikir  Se 
réparer  du  monde,  fe  retirer  auprès  de  Dieu  &  perfdverer  dans  la  prière  de 
bouche  ou  de  cœur.     Voicy  la  paraphrafe  de  ces  paroles  en  vers  Perfiens. 

N'ouvrez  point  la  porte  de  la  connrfation  à  tous  venant. 

Mais  tournez-vous  vers  Dieu  en  toutes  fortes  de  rencontres. 

Ne  cejfez  jamais  de  pouffer  des  foupirs  ^  des  defirs  ardens  vers  lui,  6*  ne  vous 

la(fez  point  de  publier  de  bouche  fes  grandeurs  âf  fes  bienfaits. 
Cejl  ainfi  que  vous  pojjëderez  la  véritable  vie  en  ce  monde-cy  (f  en  l'autre. 

n  y  a  une  tradition  Mufulraane ,  qui  porte  que  cinq  chofes  prolongent  la 
vie,  Berral  valedin,  honorer  fes  père  &  mère,  f^ajlat  al  raham .,  entrettnir  l'a- 
mitié avec  fes  proches.  Aatha  alfadacah ,  donner  l'aumône.  Gehâd  fi  fibil  allait , 
faire  la  guerre  aux  infidèles  pour  la  gloire  de  Dieu.  Daovdm  fil  voudkou  ,  être 
exaft  à  fe  purifier  par  l'ablution  ordonnée  par  la  loy. 

Les  Mufulmans  auflî-bien  que  les  Chrétiens  Orientaux  donnent  à  la  troifième 
perfonne  adorable  de  la  Trinité,  pour  propriété  eflentiellc  Haiat ,  c'cfl-à-dire, 
la  vie.  Il  efl  vray,  que  les  premiers  ne  croyent  pas  que  cette  propriété  con- 
flitue  une  perfonne,  qu'ils  appellent  Aknoun;  mais  que  c'efl  feulement  un  des 
attributs  de  la  Divinité  ,  que  les  Chrétiens  appellent  Perfonne.  Les  Syriens 
donnent  le  nom  de  Mehaia  ,  ou  de  Vivifiant  au  faint-Efprit  ,  ce  qui  efl  con- 
forme au  Symbole  de  Nicée  ,  qui  porte  exprefliement  ces  paroles  :  Jit  in  Spiri- 
tum  fanStum  Dominum  6f  vivificantem. 

Haiat  al  haivân,  la  Vie  des  animaux.  C'efl  l'hifloire  des  animaux  que  Dc- 
miri  a  écrite,  plutôt  eji  Doéleur  delà  loy,  qu'en  Naturalifle  ou  Phyficien.  II 
y  a  deux  éditions  de  cet  ouvrage.  La  première ,  qui  efl  entière ,  s'appelle  le 
Grand  Demiri.  La  féconde  porte  le  nom  de  petite ,  à  caufe  que  l'on  y  a  re- 
tranché les  contes  fabuleux  &  les  fonges  qui  font  dans  la  première.  Voyez  les 
titres  de  Demiri  âf  de  Haivan. 

H  AI  AT  HELA  H,  peuples  que  les  Anciens  ont  appelle  Indofcytha.  Il  y  a 
apparence  que  ces  peuples  habitent  le  Tonbut,  Tobut  ou  Thebet,  .pays  qui  s'é- 
tend vers  le  Nord,  entre  les  Indes  &  la  Chine.  Le  pays  de  Barantola,  que  nos 
voyageurs  mettent  en  ces  quartiers-là ,  pourroit  bien  avoir  tiré  fon  nom  de  Be- 
lad  Haiathelah,  Pays  des  Haiathelites. 

Les  Haiathelites  ont  eu  autrefois  un  Roy  fameux,  nommé  Khafchnaovar ,  qui 
défit  Firouz ,  fils  d'Iezdegerd  ,  Roy  de  Pcrfe  ,  &  qui  fat  cnfuite  défait  &;  tué 
par  Noufchirvan,  quoy  qu'il  eût  rétabli  Cobad,  fon  père.  Ces  peuples  faifoienC 
leur  capitale  de  la  ville  de  Balkhe;  mais  ils  furent  pour  lors  entièrement  chaf- 
fez  de  Perfe. 

HAIDAR,  c'efl  un  des  noms  Arabes  du  lion,  &  un  des  furnoms  ou  titres 
d'Ali ,  lequel  eft  aufîi  appelle  Alfad  Allah ,  le  Lion  de  Dieu  :  c'efl  pourquoy  ce 
nom  de  Haidar  fe  trouve  dans  plufieurs  perfonncs  de  la  famille  d'Ali. 

Le  plus  célèbre  de  tous  ces  perfonnages  eft  le  Scheikh  Haidar  ,  fils  de  Gio- 
neid  ou  Giuneid,  arrière-petit-fils  de  Scheikh  Scfi  ou  Seficddin,  lequel  prétendoit 
de  defcendre  d'Ali,  par  la  branche  de  Houlfain  fon  fécond  fils,  qui  efl  celle  des 
Imams,  félon  les  Perfans. 

Z  2  La 


i8o  H  A  I  D  H  A  R  I.  -— -  H  A  I  M  E  N  I. 

L  La  more  de  Scheik  Haidar  étoit  fille  d'UfuncafTan  ou  HafTan  Begh  Al  Baiaîi^ 
duri  ,  premier  Sultan  de  la  dynaflie  des  Turcomans  nommez  Baianduriens  ou 
du  Mouton  Blanc.  Ce  Sultan  donna  des  troupes  à  Haidar,  pour  faire  la  guerre 
à  Ferokhzad ,  Roy  de  Sehirvan,  qui  avoit  défait  &  tué  Gionaid  dans  une  batail- 
le :  mais  en  voulant  vanger  la  mort  de  fon  père  ,  il  perdit  la  vie  &  fut  caufe 
de  l'cxtinftion  prefque  entière  de  fa  famille  qui  étoit  fort  nombreufe. 

Cependant  Ifmaël,  un  de  f.s  enfans,  fe  fauva  avec  fon  frère  Jâr  Ali;  &  c'eft 
cet  Ifmaël,  furnommé  Sofi  ,  qui  fonda  depuis  la  dynaflie  qui  règne  aujourd'huy 
cil  Perfe,  dont  la  famille  s'appelle  Sofiat  &  Haidariat  ,.  c'eft-à-dire  ,  Sofienne  & 
HaiJarienne., 

Les  Perfans  d'aujourd'huy  dîfent  y  que  Haidar  fut  le  premier  qui  inventa  une 
nouvelle  coëfFure  de  couleur  rouge,  qui  a  douze  plis  autour  d'un  bonnet  &  qu'il 
la  fît  porter  à  tous  les  ficns  ;  c'eft  ce  que  l'on  appelle  en  Perfe  le  Tage  ou  la 
Couronne  Haidarienne,  &  c'efl  à  caufe  de  cette  même  coëfFure  que  les  Perfàns 
font  nommez  Kezelbafche,  Têtes  rouges..  r       > 

11  y  a  eu  trois  Princes  de  la  famille  des  Sarbedariens ,  à  fçavoir ,  le  feptieme, 
le  huitième  &  le  neuvième,  qui  ont  porté  le  nom  de  Haidar.  f^oyez  le  titre  de 
cette  famille.  .     . 

HAIDHARÎ,  furnom  de  Cbthbeddin  Mohammed,  dit  Al  Schâmi  &  Al  De- 
mefchki ,  h  caufe  qu'il  étoit  natif  de  la  ville  de  Damas.  11  efl  Auteur  du  li- 
vre  intitulé  Boghiat  al  imttaki,  ce  que  doit  defirer  &  chercher  celuy  qui  craint 
Dieu ,  &  d'un  autre  qui  porte  le  titre  de  Efterddh  refê  al  êterâdh  ,  de  l'obliga- 
tion qu'il  y  a  de  faire  celler  les  contradiftions  &  les  difpuces.  Cet  Auteur 
mourut  l'an  894  de  l'Hegire. 

HAIGL     Foyez  le  titre  de  Rouzgehan. 

HAIM  u  Khaif  men  laoumat  allaim  ,  titre  d'un  livre  qui  traite  des  avanta- 
ges de  la  folitude,  &  qui  exhorte  vivement  à  l'embralTer.  Il  a  été  compofé 
par  Nagmeddin  AI  Kebri,  &  il  fe  trouve  dans  h  Bibliothèque  du  Roy,  n°.  617. 
Son  titre  Arabe  figniHe  ,  Celuy  qui  craint  le  blâme  ,  car  il  combat  contre  les 
refpeéls  humains,  &  contre  le,  Qu'en  dira-t-onV. 

HAIM.  Aboulabbas  Ahmed  Ben  Haim  ,  dit  Al  Salemi  &  Al  Manfouri  ,  à- 
caufe  qu'il  étoit  natif  de  la  ville  de  Manfourah  en  Egypte,  naquit  l'an  798  de 
l'Hegire  &  vint  l'an  82.5  au  Caire.  Le  Divan  ou  Recueil  de  Ïqs  poëfies  eft 
fort  eflimé,  &  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n^.  1170. 
"  Il  étoit  cependant  bon  Jurifconfulte  &  avoit  étudié  le  Tenbih,  fous  le  Doc- 
teur Ilfa  Acfahesbi  ;  c'eft  pourquoy  nous  avons  de  lui  un  ouvrage  de  Droit  fur 
les  fucceffions  qui  viennent  du  côté  maternel ,  intitulé  FoJJ'oul  al  mehemmàt  fi 
rmovareth  al  ommdt,  qui  a  été.  commenté  par  Mardini.  On  le  trouve  auffi  dans 
la  Bibliothèque  du  Roy,  n'^.  711.  •    •    1.    ^ 

Nous  avons  auflî  un  commentaire  de  cet  Auteur  fiir  un  poëme ,  mtitule  Jr- 
.giouzah  fil  gebr  u  mocabelah ,  compofé  de  vers  libres  fur  l'Algèbre. 

HAIMENI  Al  Mekki,  furnom  de  Schehabeddin  Ahmed  Ben  Hagidr  ,  Au- 
teur d'un  Arbâin  ou  de  quarante  traditions ,  Belâdl  u  al  ddel ,  fur  la-  Juftice  & 

fur  le  Juflc.    . 

HAIOUKI, 


(  H  A  I  0  U  K  I.  i.  H  A  I  V  A  N.  i8i 

HAIOUKI,  furnom  de  Nagmeddin  AI  Mekki.    Foyez  ce  titre. 

haïr,  nom  d'un  canal  qui  a  été  fait  autour  du  fepulcre  de  Houflkîn  fils 
d'Ali  ,  &  qui  donne  auffi  Ton  nom  à  ce  monument.  Foyez  le  titre  du  Khalife 
Motaovakel. 

Delalat  al  hairin.  Le  Condufteur  ou  le  Guide  des  dévoyez,  titre  d'un  livre 
fort  eftimé,  que  Rabi  Moyfe,  fils  de  Maiemoun,  compofa  en  Arabe,  &  qui  a 
été  traduit  en  Hébreu,  par  Jofeph  Ben  Tibbon,  fous  le  nom  de  More  Nevo- 
kim.  U  a  été  depuis  traduit  de  l'Hébreu  en  Latin ,  par  Buxtorf ,  &  intitulé 
DoCtor  perplexorum. 

H  AIT  HEM  Ben  Gemiï,  nom  d'Abou  (ahal  Al  Bagdadi ,  qui  a  pafTé  pour 
un  des  plus  fidèles  traditionnaires  du  Mufulmanifme  ,  &  qui  efl  mort  l'an  104 
de  l'Hegire. 

Ebn  Haithem  eft  Auteur  du  livre  intitulé  Idhah  al  heidn  u  noiir  al  imdn  ,  l'é- 
clairciflement  de  la  raifon  &  la  lumière  de  la  foy ,  c'eft-à-dire  ,  Démonftration 
naturelle  jointe  aux  principes  de  la  religion  &  dé  h  foy.  Cet  Auteur  mourut 
Tan  $5'^  d^  l'Hegire. 

Abou  Ali  Ebn.  Haithem  Al  Bafri  étoit  un  Géomètre  excellejit ,  natif  de  Baf- 
fora  ,  lequel  fe  faifoit  fort  de  rendre  l'Egypte  fertile  en  quelque  état  que  fe 
trouvât  le  Nil,  foit  qu'il  crût  ou  qu'il  baiiîît.  Le  Khalife  Hakem  Bemrillah 
le  fit  venir  de  Bafibra  au  Caire  ,  le  reçut  avec  honneur ,  lui  fit  beaucoup  de 
carefles  ,  &  lui  fournit  tout  ce  qui  lui  étoit  nécefiaire  pour  cette  entreprife  : 
mais  cet  habile  Géomètre  s'appercevant  de  l'impofîîbilité  qu'il  y  avoit  dans  l'exé- 
cution de  fon  projet,  contrefit  le  fol  pour  fe  mettre  à  couvert  de  la  colère  du 
Khalife,  &  mourut  au  Caire  l'an  430  de  l'Hegire.. 

HAITHEM.     Foyez  Hathem. 

HAITHEMAH.  Ebn  Haithemah  Ben  Zohr  Al  Nefiai  Al  Bagdadi,  qui 
mourut  l'an  923  de  l'Hegire  ,  efl;  Auteur  d'un  Tarikh  ou  Hiftoire  générale  qui 
porte  fon  nom. 

HAITHEML  Ebn  Hagiar,  Auteur  d'une  Géographie  des  pays  du  Muful- 
manifme ,  porte  ce  furnom.  Son  ouvrage  efl:  intitulé  JL  Eeldm  be  caovathè  al 
EJldm. 

HAITHON  ou  liai  ton,  Roy  Chrétien  d'Arménie.    Foyez  Hatem. 

H  AI  VAN,  Animal  &  Animaux.  I^tdb  al  haivân,  l'Hiftoire  des  animaux, 
eompofée  par  Giahedh.  Foyez  rhiftoire  d'Aboulfabi  dans  la  Bibliothèque  du 
Roy,  n«.  798. 

Haiat  al  haivan ,  les  vies  des  animaux ,  c'efl:  l'hiftoire  des  animaux  de  Demi- 
ri.     Foyez  les  titres  de  Haiat  £ff  di:  Demiri. 

Menafê  al  haivan  ,  des  utilitez  des  animaux  dans  la  médecine.  Nous  avons 
deux  ouvrages  qui  portent  ce  titre;  l'un  d'Ebn  Heithar,  le  plus  célèbre  Auteur 
de  la  Botanique  chez  les  Orientaux.  L'autre  efl:  d'Abdallah  ben  Gcbrail  Ben 
Bakhtifovâ,  Médecin  Chrétien  du  Khalife  Haroun  Ralchid;  celuy-ci  fe  trouve 
avec  les  figures  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n°,  939. 

Z  1  HAKAIK. 


i8z  HAKAIK.         HAKEM.     - 

HAKAIK  ou  Hacaic,  les  Veritez  Içs  plus  importantes;  c*efl:  le  pluriet  de 
Hakikat.  Il  y  a  plufieurs  ouvrages  qui  portent  ce  nom.  Celuy  de  Selemi  eft 
le  plus  célèbre,  car  il  traite  des  allégories  de  l'AIcoran ,  où  cet  Auteur  femble 
avoir  voulu  fpiritualifer  ce  que  les  plus  groflîers  d'entre  les  Mufulmans  ont 
pris  à  la  lettre. 

Hakaik  Al  Mandhoumat,  Ouvrage  compofé  en  vers  par  Abou  Hafedh  Omar 
Ben  Mohammed ,  fur  les  loix ,  &  Iqs  obfervances  du  Mufulmanifme. 

H  A  K  E  M  Bemrillah  ,  troifième  Khalife  de  la  race  des  Fathemites ,  ëtoit  fils 
d' Aziz  ,  fils  de  Moêz ,  qui  furent  les  deux  premiers  Khalifes  de  cette  dynaflie. 

Il  commença  à  régner  à  l'âge  d'onze  ans  fous  la  tutele  d'Arghevan  que  fon 
pcre  lui  avoit  donne  pour  Gouverneur,  l'an  de  l'Hegire  386,  de  J.  C.  996.  Il 
s'éleva  fous  fon  règne  un  rebelle  qui  fe  difoit  defcendre  de  Hefchâm,  fils  d'Ab- 
dalmalek  ,  fils  de  JVIarvân ,  tous  trois  Khalifes  de  la  race  des  Ommiades  :  mais 
après  plufieurs  combats  livrez  de  part  &  d'autre ,  ce  miferable  fut  défait  &  pris 
prifonnier.  Hakem  le  fit  mettre  pieds  &  poingts  liez  fur  un  chameau  avec  un 
finge  derrière  luy  qui  lui  frappant  inceflamment  le  derrière  de  la  tête  avec  une 
pierre,  le  fit  mourir. 

Ce  Khalife  devint  fol ,  &  impie  en  même  tems  ;  car  il  ordonna  que  toutes  les 
nuits  les  maifons ,  &  les  boutiques  du  Caire  fuffent  ouvertes ,  &  éclairées ,  que  les 
•femmes  ne  fortifient  jamais  de  leur  logis  fous  quelque  prétexte  que  ce  fut,  défen- 
dant aux  ouvriers  de  faire  aucune  chaufilire  à  leur  ufage  ,  &  voulant  que  l'on 
leur  prefentât  ce  qui  leur  étoit  necefiTairc  avec  des  culieres,  ou  pallettes  à  man- 
-che  long,  pendant  que  leurs  portes  ctoient  entr'ouvertes,  &  qu'elles  fe  tenoient 
derrière,  fans  fe  faire  voir. 

Il  voulut  paifcr  pour  Dieu ,  &  fit  écrire  un  catalogue  de  feize  mil  perfonnes 
qui  le  reconoifibient  pour  tel.  Un  impofi:eur  nommé  Darâr  qui  fe  fit  chef  d'une 
fefle  que  l'on  nomma  Darariah,  favorifoit  l'extravagance  de  Hakem,  lequel  ne 
manquoit  pas  tous  les  matins  avant  le  jour  d'aller  fur  le  mont  Mocattam ,  où  il 
difoit  avoir. des  entretiens  avec  Dieu  femblables  à  ceux  de  Moyfe. 

L'on  crut  en  ce  tems-là  que  Hakem,  qui  avoit  publié  une  malediélion  con- 
tre les  premiers  Khalifes  compagnons  de  Mahomet ,  avoit  defi^ein  d'abolir  le 
Mahometifme,  &  de  s'ériger  en  nouveau  Legiflateur:  mais  fa  fœur,  &  le  chef 
de  fes  troupes  foupçonncz  d'avoir  des  intelligences  fecretes  enfemble  pour  tra- 
verfer  fes  projets  ,  luy  ayant  donné  quelque  prétexte  pour  les  faire  mourir, 
refolurent  de  le  prévenir,  &  le  firent  aififfiner  pendant  qu'il  étoit  prefque  feul 
fur  la  montagne  de  Mocattam  fan  411  de  l'Hegire. 

Après  la  mort  de  Hakem  qui  avoit  régné  25  ans,  fa  fœur  fe  rendit  maîtrefle 
des  afi'aires ,  &  fit  proclamer  Khalife  fon  neveu ,  fils  de  Hakem  fous  le  nom  de 
Dhaher  Ledinillah. 

Entre  les  folies  de  Hakem  ,  celle  de  faire  brûler  la  moitié  de  la  ville  du 
Caire,  &  de  faire  piller  l'autre  par  Cqs  foldats,  mérite  le  premier  rang.  Il  obli-^ 
gea  les  Juifs  &  les  Chrétiens  de  porter  des  marques  fur  leurs  habits  qui  les  diflin- 
guaOTent  des  Mufulmans;  il  en  contraignit  plufieurs  de  renoncer  à  leur  Religion, 
puis  leur  permit  enfuite  d'en  faire  une  profeflîon  ouverte  ;  il  fit  démolir 
i'Eglife  de  la  Refurreftion ,  ou  du  Calvaire  dans  Jerufalem,  puis  la  fit  rebâtir. 

Après  avoir  fait  excommunier  ,  &  maudire  les  Khalifes  qui  avoicnt  précédé 
Ali ,  comme  des  ufurpateurs ,  il  révoqua  fon  Edit ,  &  néanmoins  il  interdit  le 

pelc- 


H  A  K  E  M.  jgj 

pèlerinage  de  la  Mecque,  fupprima  le  jeûne  du  Ramadhan  ,  &  la  folemnité  des 
cinq  priei-es  journalières,  &  inftitua  la  vifite  du  temple  de  Thaalab  dans  l'Iemen 
ou  Arabie  Heureufe,  félon  les  principes  de  Hamzah  Ben  Ahmed ,  fucceiTeur  dé 
Darar,  duquel  on  a  déjà  parlé. 

Cet  Hamzah  qui  fe  qualifioit  Al  Hadi,  c'eft-.Vdire,  le  Conduéleur,  ou  le  Di- 
refteur,  permettoit  le  mariage  ontre  les  frères  &  les  fœurs,  les  pères,  &  leurs 
filles,  les  mères  &  leurs  enfans,  fupprima  la  folemnité  du  Vendredy  de  chaque 
femaine ,  &  la  célébration  des  deux  Fêtes  appellées  la  Grande  &  la  Petite.  Ce- 
pendant nonobllant  ces  excez,  il  fut  toujours  protégé  par  le  Khalife  Hakem 
ce  qui  fit  que  la  fefte  des  Darariens  fe  multiplia  en  Egypte  ,  &  fe  répandit  dans 
toute  la  côte  maritime  de  la  Syrie. 

HAKEM  Ben  Hefchâm,  troifièrae  Khalife  de  la  race  des  Ommiades  en  Efpa- 
gne ,  étoit  fils  de  Hefchâm ,  &  petit-fils  d'Abdalrahman ,  Fondateur  de  la  dynaftie 
des  Ommiades  dans  le  pays  d'Andalous,  c'eft-à-dire,  en  Efpagne. 

Il  commença  fon  règne  après  la  mort  de  Hefchâm  fon  père,  arrivée  Tan  de 
lUegire  i8o,  de  J.  C.  796,  pendant  que  Haroun  Rafchid  étoit  reconnu  pour 
le  vray  &  légitime  Khalife  des  Mufulmans  à  Bagdet,  &  il  le  finit  l'an  206,  après 
avoir  défait  fes  oncles  paternels  qui  lui  difputoient  la  couronne. 

Ce  Prince  avoit  pour  fa  garde  ordinaire  cinq  mil  renégats ,  dont  deux  mil 
étoient  Eunuques.  II  fut  furnommé  l'Heureux,  &  acquit  la  réputation  de  fage, 
&  de  x'^illant.  Il  fe  vangea  des  habitans  de  ïolede  qui  s'étoient  révoltez,  par 
un  ftratageme  fort  fanglant,  car  AbJalrahman  fon  fils  s'étant  fait  beaucoup  prier 
d'entrer  dans  leur  ville,  &  ayant  invité  les  plus  qualifiez  à  un  feflin  ,  il  les  fit 
tous  égorger  à  mefure  qu'ils  fe  prefentoient  pour  entrer  dans  la  falle  du  banquet. 

Ceux  de  Cordoue  ne  profitèrent  point  de  cet  exemple  de  feverité:  car  ils  fe 
foûleverent  aulîi  quelque  tems  après  ;  mais  Hakem  arrivant  à  l'impourvû  dans 
leur  ville  avec  Abalkerim ,  Capitaine  General  de  fes  troupes ,  après  avoir  fait  paf- 
fer  par  le  fil  de  l'épée  une  grande  partie  des  rebelles,  en  fît  pendre  plus  de  trois 
cens  à  la  porte  du  pont. 

Les  Chrêciens  reprirent  cependant  la  ville  de  Barcelonne  fous  le  règne  de  ce 
Khalife,  qui  fe  preparoit  à  leur  faire  une  rude  guerre,  lorfqu'il  mourut  après 
vingt-fept  ans  de  règne  ,  laiffint  fa  couronne  à  Abdalrahmm ,  fecojid  Khalife  de 
ce  "nom  en  Efpagne ,  qui  étoit  l'aîné  de  dix-neuf  garçons  &  de  vingt-une  filles. 

HAKEM,  fécond  du  nom  Khalife  d'Efpagne,  étoit  fils  d'Abdalrahman  troi-- 
fième.    Il  fucceda  à  fon  pore  l'an  350  de  l'Hcgire,  de  J.  C.  961.    Oa  lui  donna 
le  furnom  de  Moftaker  billah  qui  fignifie  Bien  établi  de  Dieu  :  en  efi'et  il  gou-  ■ 
verna  fes  Etats  dans  une  grande  tranquillité;  car  fon  règne  qui  fut  de  feize  ans, 
ne  fut  troublé  par  aucune  guerre   ni  civile,  ny  étrangère. 

Hefchâm  fon  fils  qui  lui  fucceda  l'an  366  de  l'Hegire,  ne  régna  pas  fi  paifi-- 
blement. 

HAKEM  Bemrillah ,  fécond  Khalife  de  la  race  des  Abbaffides  en  Egypte,, 
appelle,  &.  reconnu  par  1:;  Su'tan  Al  Malck  Al  Dhaher  Bibars,  qui  voulut  réta-- 
blir  le  Khahfat  dans  cette  Maifon, 

Ce  Khalife  avoit  eu  pour  predecefl!eur  AI  Moflanfer  billah  ,  lequel  ne  jouit  ' 
de  cette  dignité  qu'environ  fn  mois;  car  il  fut  tué  par  les  Tartares,  lors  qu'il 

alloit^ 


i84  H  A  K  E  M. 

alloit  -à  Bagdèt  avec  des  troupes  du  Sultan  Bibars  pour  rentrer  en  poflefîion  dû 
trône  de  fes  ancêtres. 

Hakem  fut  proclamé  Khalife  l'an  660,  de  l'Hegire,  de  J.  C.  I25i,  &  jouit 
de  cette  dignité  plus  de  quarante  ans,  car  il  mourut  l'an  701  ,  fous  Malek  Al 
Nafler,  fils  de  Kelaoun,  &  eut  pour  fuccelTeur  fon  fils  Moflacfi  billah. 

Le  Sultan  Kelaoun  Roy  des  Mamlucs  en  Egypte ,  fait  mention  du  Khalife 
Hakem ,  dans  la  réponfe  qu'il  fit  à  la  lettre  d'Ahmed  Nicùdar  Oglân ,  Empereur 
des  Mogois,  &  le  qualifie  le  fouverain  Imam  ou  Pontife  de  la  loy  Mufulmane. 

HAKEM  Ben  Flafchem,  c'eft  le  nom  d'un  fameux  Impoileur  qui  parut  fous 
le  règne  de  Mahadi ,  troificme  Khalife  des  Abbaflîdcs ,  dont  l'Auteur  du  Lebta- 
rikh  raconte  ainfi  l'hilloire. 

Il  parut  dans  la  ville  de  Nekhfcheb  en  Khoraflan  un  nommé  Hakem,  fils  de 
Hafchem  furnommé  Sazendéh  mah,  le  Faifeur  de  Lune,  qui  avoit  été  Secrétai- 
re, ou  Greffier  dans  la  Chancellerie  d'Abou  Moflem,  Gouverneur  du  KhorafTan 
fous  Almanfor  père  de  Mahadi:  cet  homme  fe  fit  foldat,  devint  Capitaine,  &  en 
fuite  chef  de  party.  Il  reçut  dans  les  combats  qu'il  donna  un  coup  de  flèche 
qui  lui  fit  perdre  un  œil,  ce  qui  l'obligea  pour  cacher  cette  difformité,  de  por- 
ter un  voile,  ou  un  mafquc  que  l'on  nomme  en  Arabe  Burcâ,  ce  qui  luy  fit 
donner  le  furnom  de  Burcâi. 

Cet  impoileur  ,  quoy  qu'il  fût  d'ailleurs  fort  malfait  de  fa  perfonne ,  v^ouîut 
cependant  par  une  témérité  incroyable  palfer  pour  Dieu ,  &  eut  plufieurs  fefta- 
teurs  qu'il  abufa  ,  &  qui  luy  fervirent  à  fe  rendre  maître  de  quelques  places 
fortes  dans  le  Mavaralnahar  autour  des  villes  de  Nekhfcheb,  &  de  Ivafche  ;  de 
forte  que  s'étant  rendu  déjà  puiffant,  &  fa  faction  croilfant  de  jour  en  jour,  le 
Khalife  Mahadi  fut  obligé  d'envoyer  unj  armée  pour  en  arrêter  les  progrez ,  & 
pour  châtier  c<3t  Irapoflieur  qui  écoit  déjà  fuivi  de  plufieurs  milliers  de  gens  dé- 
vouez. L'armée  du  Khalife  l'aiîîcgea  dans  la  plus  forte  de  fes  places,  où  après 
une  longue  défenie  fe  voyant  réduit  à  l'extrémité,  il  prit  le  party  de  fe  faire 
mourir  luy  &  tous  les  fiens,  par  une  invention  fort  nouvelle. 

Pour  venir  à  bout  de  fon  deifcin,  il  donna  du  poifon  dans  le  vin  à  tous  fes 
gens ,  &  fe  jetta  liiy-mcme  enfuite  dans  une  cuve  pleine  de  drogues  brûlantes  & 
confumantes ,  afin  qu'il  ne  refilât  rien  de  tous  les  membres  de  fon  corps,  &  que 
ceux  qui  reflioient  de  fa  fecfc^,  puTent  croire  qui!  étoit  monté  au  ciel  ,  ce  qui 
ne  manqua  pas  d'arriver.  Les  Hiftonens  ne  s'accordent  pas  fur  Je  tems  de  cet 
événement;  car  les  u:is  le  marquent  dans  l'année  162  &  les  autres  dans  la  163 
de  l'Hegire. 

Khondemir  qui  donne  à  cet  Impofleur  le  furnom  de  Mocannâ,  auflî-bien  que 
Ben  Schohnah,  rapporte  cette  hiitoire  avec  d'autres  circonfiiances. 

Il  dit  que  fon  nom  propre  étoit  Hakem  Ben  Atha,  qu'il  étoit  petit  détaille, 
&  de  fort  mauvaife  mine,  &  que  pour  cacher  la  difformité  de  fon  vifage,  il 
portoit  toujours  un  mafque  d'or,  ce  qui  donna  lieu  de  le  furnommer  Mocannâ 
qui  fignific  en  Arabe  couvert  d'un  voile,  oumafqué:  mais  fes  difciples  affuroient 
qu'il  fe  couvrdit  le  vifiige  pour  ne  pas  éblouir  ceux  qui  l'approchoient ,  par 
l'éclat  de  fon  vifage  comme  Moyfe. 

Sa  do>?Lrine  étoit  que  Dieu  avoit  pris  une  forme  &  figure  humaine  depuis 
qu'il  eut  commandé  aux  Anges  d'adorer  Adam,  le  premier  des  hommes.  Qu'a- 
près la  mort  d'Adam,  Dieu  étoit  apparu  fous  la  figure  de  plufieurs  Prophètes, 

&  au- 


H  A  K  E  M.  rS- 

^-  autres  grands  hommes  qu'il  avoic  choifis ,  jufqu'à  ce  qu'il  prît  celle  d'Abu 
Modem  Prince  du  KhoraiTan,  lequel  profelToit  l'erreur  dé  la  Tenafllikhiah  ou 
Metempfychole ;  &  qu'après  la  mort  de  ce  Prince,  la  Di\'initc  ctoit  paifi'e,  & 
defcendue  en  fa  perfonne.  Mais,  dit  Khondcmir,  Dieu  eft  bien  élevé  au  delTus 
de  tout  ce  que  peuvent  dire  les  impies  ,  ladla  Allah  âmma  iacoul  aldhaiemoun^ 
qui  font  les  paroles  de  l'Alcoran. 

Cet  impie  parut  d'abord  dans  la  ville  de  Merou  en  KhoralTan  ,  d'où  il  paiïa 
dans  la  Province  Tranfoxane,  aux  environs  de  la  ville  de  Kafche;  &  fe  llùilt 
d'une  fortereffj  qui  étoit  prefque  inacceiïïble.  Là  il  fut  fuivi  d'un  très-grand 
iwmbre  de  gens  abufez  qui  fe  faifoient  appeller  en  Pcrfien  Sifid  giameghidn, 
c'eft-à-dire  ,  les  vêtus  de  blanc  ,  aufquels  plufieurs  Chrétiens  ,  &  Idolâtres  fe 
joignirent.  Comme  il  étoit  très-expert  dans  l'art  de  la  Jonglerie ,  que  les  Arabes 
appellent  Schaoudhat,  il  amufa  pendant  deux  mois  le  peuple  de  la  ville  de  Nekh- 
fcheb  en  faifant  fortir  toutes  les  nuits  du  fonds  d'un  puits  un  corps  lumineux 
femblable  à  la  Lune  qui  portoit  fa  lumière  jufqu'à  la  diflance  de  plufieurs  milles. 

Mahadi  le  Khalife  ayant  appris  la  révolte  de  Hakera  envoya  Abufàid  avec  une 
armée  confiderable  pour  fexterminer.  Il  fallut  donc  l'affieger  dans  fa  place,  & 
il  y  tint  aifez  long-tems  :  mais  voyant  enfin  la  necefîîté  oili  il  étoit  réduit  de 
périr ,  ou  de  fe  rendre ,  il  refolut  d'empoifonner  tous  les  fiens.  Une  de  fes  con- 
cubines qui  découvrit  fon  deffein ,  fe  cacha  dans  un  coin  du  château  pour  éviter 
ce  danger,  &  vit  que  Hakcm  après  la  mort  de  tous  fes  gens,  prit  leurs  corps, 
&  les  brûla,  ce  qu'ayant  fait,  il  fe  jetta  lui-même  dans  une  cuve  pleine  d'eau 
forte  qu'il  avoit  préparée ,  où  l'on  ne  trouva  de  tout  fon  corps  que  les  cheveux 
qui  demeurèrent  au  deffus  de  l'eau. 

La  femme  qui  étoit  demeurée  feule  en  vie  dans  la  place ,  après  avoir  veu  toute 
cette  tragédie»  cria  du  haut  de  la  muraille  aux  affiegeans  que  fi  on  vouloit  luy 
faire  bon  quartier,  elle  leur  livreroit  la  place.  Abufaid,  General  de  l'armée  du 
Khalife ,  lui  promit  non  feulement  la  vie ,  mais  encore  qu'il  luy  donneroit  tous 
les  biens  qui  étoient  dans  le  château,  fi  elle  l'en  rendoit  maître. 

Cet  accord  ayant  été  fait ,  la  femme  ouvrit  la  porte  aux  affiegeans ,  lefquels 
bien  étonnez  de  ne  trouver  perfonne  hors  elle,  dans  la  place,  apprirent,  par 
fon  moyen  tout  ce  qui  s'étoit  paffé  ,  &  les  fe6tateurs  de  l'irapofteur,  appeliez, 
comme  nous  avons  déjà  dit ,  les  Vêtus  de  blanc ,  ne  manquèrent  pas  de  publier 
auffi-tôt  que  leur  maître  étoit  monté  au  ciel  pour  un  tems ,  &  qu'il  retourne- 
roit  bien-tôt  fur  terre. 

Ben  Schonah  fur  l'année  163  de  l'Hegire,  dit  que  Mocannd  Ben  Atha  étoit 
KhorafiTanien  de  nailfance,  qu'il  trompa  par  la  magie,  &  par  fes  impofl:ures  beau- 
coup de  gens  aufquels  il  montroit  une  efpece  |de  Lune  qu'il  faifoit  lever  la  nuit, 
quand  il  vouloit  :  qu'il  voulut  pafl'er  pour  Dieu ,  ce  qu'il  exprime  en  Arabe  par 
les  paroles  de  Daâ  alru  houbiat ,  &  qu'il  avoit  fait  bâtir  un  château  très  -  fort 
qu'il  nomma  Senâm  Waral  nahar  ,  c'efl -à-dire  ,  la  Bolle  ou  le  Tertre  <de  la 
Tranfoxane. 

Abou  Giafar  Al  Thabari  écrit  que  Hakem  appelle  par  fes  difciples  Ben  Ha- 
fchem  Al  Burcâi ,  difoit  que  la  Divinité  s'étoit  premièrement  manifeflée  dans 
la  perfonne  d'Adam,  &  que  pour  cette  raifon  Dieu  avoit  obligé  les  Anges  de 
l'adorer;  qu'Eblis  qui  eft  Lucifer,  avoit  été  chaflTé  du  Paradis,  &  reprouvé  de 
D»eu  ,  pour  ne  luy  avoir  pas  voulu  rendre  cet  hommage  ,  comme  les  autres 
Anges  avoient  fait  ;   que  depuis  Adam  ,  cette  même   Divinité  étoit  defcendue , 

ïomeIL  a  a  &s'é- 


i86  H  A  K  I  M.         H  A  K  K. 

&  s'étoit  repofée  ftir  plufieurs  Prophètes,  Roys,  &  Sages,  fuccefîîvement  jufqu'à 
Abou  Moflera,  Prince  de  Khorailan,  duquel  elle  avoit  palFé  en  fa  perfonne. 

Le  même  Auteur  dit  que  Hakem  fçavoit  les  plus  beaux  fecrets  de  la  Magie. 
Il  y  a  grande  apparence  ^auflî  qu'il  étoit  inflruit  du  Judaïfme,  &  même  il  peut 
avoir  été  Juif:  car  cette  Divinité  qui  répofoit  fur  les  Prophètes,  n'eil  autre 
que  le  faint  Efprit  que  les  Douleurs  Juifs  appellent  Sekinaii  d'un  mot  qui  figni- 
lie  Repos;  &  ce  palfage  de  l'un  à  l'autre  Prophète  qui  eft  une  efpece  de  me- 
tempfychofe,  eft  fort  approchant  des  fentimens  que  les  Juifs  avoient  au  tems 
même  de  Jesus-Christ. 

Il  faut  remarquer  ici  touchant  les  habits  blancs  des  difciplcs  de  Hakem,  que 
la  couleur  des  habits,  des  coëfFures,  &  des  étendarts  des  Khalifes  Abbaflldes 
étant  la  noire,  ce  chef  de  Rebelles  ne  pouvoit  pas  en  choilir  une  qui  iuy-fût 
plus  oppofée.  Al  Mamoun  voulut  changer  le  noir  en  verd  en  faveur  de  la 
pofterité  dAli,  à  laquelle  il  avoit  deflein,  difoit-il,  de  rendre  le  Khalifat;  mais 
il  fut  obligé  de  reprendre  le  noir  pour  éviter  la  révolte  de  fes  fujets. 

Il  y  eut  depuis  dans  l'Afie  une  diftinélion  de  Blancs  &  de  Noirs  parmi  les 
Turcomans ,  dans  le  môme  tems  que  les  Blanchi  &  Neri  firent  naître  deux  gran- 
des faélions  en  Italie,     y'oyez  les  titres  d'Ac  Coinlu,  âf  de  Cara  Coinlu. 

HAKIM;  et  mot  qui  fignifîe  Sage,  Philofophe,  &  Médecin,  efl  donné  par 
excellence  à  Locman  parmy  les  Arabes,  &  à  Pythagore  parmy  les  Grecs.  On 
donne  auffi  à  Nafis  Ben  Aovadh  le  titre  de  Hakim  Ai  Kermani ,  le  Sage  du  pays 
de  Kerman ,  ou  plutôt  le  Médecin.  Il  a  compofé  un  livre  intitulé  y^sbâb  u  Cla- 
mât, des  caufes,  &  des  prognoflics  des  maladies,  qu'il  dédia  à  Ulug  Beg,  Sultan 
de  la  Tranfoxane  qui  regnoit  à  Samarcand  l'an  817  de  FHegire. 

Ce  mot  pris  éminemment  devient  un  des  attributs  de  Dieu.  Abdalhakim,  le 
Serviteur  du  Sage,  efl:  un  furnom  qui  efl  auflî  eniifage,  qu'Abdalcader,  &  Ab- 
dalrahmàn  qui  fignifient  Serviteur  du  PuiiTant  &  du  Mifericordieux. 

Il  y  a  un  célèbre  Do6leur  Mufulman  nommé  Abou  Abdallah  Ben  Abdalha- 
kim mort  l'an  214  de  l'Hegire,  lequel  étudiant  fous  Malek,  un  des  quatre  Imams 
ou  Chefs  de  la  loy  Mahometane  ,  entendit  un  jour  fonner  Midy  ,  &  fe  leva 
auffi-tôt  pour  faire  fa  prière.  Malek  lui  ■  dit  alors  :  Ce  que  vous  avez  quitté  ell 
plus  excellent  que  ce  que  vous  allez  faire,  fi  vôtre  intention  efl  pure  &  droite.  . 

HAKK,  la  Vérité,  la  Juflice,  le  bon  Droit.     C'efl  aufïï  le  nom  de  Dieu. 

Nous  lifons  dans  le  chapitre  de  l'Alcoran  intitulé  Jonas,  ces  paroles:  lahakk 
j^ILih  al  hakkn  bekclematihi-,  u  laou  karah  al  mogr,moun.  Dieu  maintient  la  vérité 
&  le  bon  droit  par  fa  parole  en  dépit  des  méchans. 

Le  Mcthnevi  Mànevi  paraphrafe  en  vers  Perfiens  très-élegants  ce  pafTage. 

Dieu  n'abandonne  jamais  fis  amis  enticremetit  à  Penvie  ^  à  la  malice  de  leurs 
ennemis ,  car  enfin  la  vérité  fe  fait  conmître. 

ha  Lune  jette  fa  lumière^  &'  le  chien  abboye:  mais  fabboi  du  chien  ne  fait  jamais- 
de  tort  à  la  lumière  de  la  Lune. 

On  jette  les  balieures  d'une  maifon  dans  Veau  courante  d'un  fleuve  ,  â?  ces  ordu- 
res nagent  fur  la  furface  de  l'eau  ,  fans  qu'elles  puijjhit  ni  l'arrêter  3  ni  la 
troubler.  '■ 

Le 


H  A  L  A  B.  jg 

Le  Prophète  fend  la  Lune  en  deux  au  milieu  de  la  nuit  y  (^  fe  mocrue  de  toutes 
les  impojîures  d'Abouleheb  qui  décrie  fes  miracles. 

Le  MeJJîe  d'un  côte'  rejfufcite  le  Lazare,  6f  de  Vautre  vous  voyez  des  Juifs  ron- 
gez d'envie  (f  de  dépit  qui  font  des  grimaces,  qui  fe  mordent  les  doigts  ,  ^ 
qui  s'arrachent  la  barbe.    Hulîain  Vaez  dans  fa  paraphrafe    Pcrfiennc. 

Lorfque  le  mot  de  Hakk  fe  prend  pour  un  nom  de  Dieu,  l'on  y  ajoute  ordi- 
nairement celui  de  taâla  ;  Haktaàla  lignifie  donc  la  Vérité  fupreme,  &  le  fouve- 
rain  Seigneur  du  monde. 

HALAB,  ou  Haleb.  Alep,  ville  de  Syrie,  qui  eft  l'ancienne  Berrhsa,  & 
--non  Hierapolis,  comme  plulieurs  ralfurent.  Elle  fut  conquife  fur  les  Grecs  par 
les  premiers  Khalifes  :  elle  pafla  des  mains  des  Khalifes  de  Bagdet ,  en  cell:s 
des  Sultans  de  la  race  de  Hamadan.  Seifcddoulat,  le  plus  puiflànL  de  cette  Mai. 
fon,  la  perdit  avec  tous  fes  trefors  qui  furent  pillez  par  .les  Grecs  l'an  3-1  de 
l'Hegire ,  de  J.  C.  962  ,  mais  fon  château  que  l'on  nommoit  Khaibar ,  &  qui 
étoit  très-fort,  s'étant  bien  défendu,  les  Grecs  furent  obligez  de  labandonner. 

Cette  ville  tomba  enfuite  fous  la  puiffance  des  Scigifcidcs,  puis  des  Atabeks , 
des  Khalifes  d'Egypte,  &  fucceflivement  des  Aioubites.  ou  lobites,  c'ell-à-dire , 
de  Saladin ,  &  des  Sultans  de  fli  Mailbn  :  elle  pafïa  de  ceux  -  cy  aux  Mamiucs , 
fur  lefquels  le  Sultan  des  Othomans  Selim,  premier  du  nom,  la  prit  un  peu  avant 
la  conquête  de  l'Egypte. 

Il  eft  vray  cependant  que  dans  des  entretems ,  Alep  a  été  pofTedée  par  les 
Kelabites  ou  Mardafchites ,  par  les  Genghizkhaniens  ou  Mogo!s,  &c  par  ïamer- 
lan  &  fes  Tartares:  mais  les  prenù^is  n'y  demeurèrent  que  fort  peu  de  tems, 
&  les  derniers  ne  l'ont  fait  proprement  que  piller  lc  ruiner. 

Omar  Ben  Abdalâziz  furnommé  Ebn  Al  A  ;im  ,  dit  Al  Halabi ,  à  caufe  qu'il 
étoit  natif  d'Alep  ,  a  écrit  l'hiftoire  de  Ton  pays  en  dix  volumes  fous  le  titre 
de  Boghiat  al  Lhakb  fi  tarikh  al  Haleb ,  qui  fignitie  la  Crème  du  lait,  à  caufe  que 
le  mot  de  Halab  fignifie  en  Arabe  du  luit  ,  que  cet  Auteur  prétendoit  avoir 
écrémé. 

Il  y  a  plufieurs  Auteui-s  qui  font  fortis  de  cette  ville,  &  qui  ont  par  confe- 
quent  porté  le  titre  d'Al  Halabi.-  Un  des  plus  célèbres  eft  Ibrahim  Ç>cn  Mo- 
hammed qui  porte  la  qualité  de  Mohaddeth  Al  Halabi,  le  Traditionnaire  d'Alep, 
des  paroles  duquel  Al  Cordi  a  tiré  l'ouvrage  qu'il  a  publié  fous  le  nom  Acd  ai 
gali,  que  l'on  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n\  720. 

Ce  même  Ibrahim  eft  l'Auteur  du  livre  intitulé  Moltaki  al  abhdr,  le  rencontre 
ou  le  confîans  des  mers,  qui  eft  dans  la  même  Bibliothèque  n°.  609. 

rayez  aujfi  fur  le  mot  de  Halabi,  les  titres  de  Dhalieri,  &'  i'Ebn  Hanbali. 

Les  Hiftoriens  d'Alep  prétendent  que  cette  ville  eft  aulïï  ancienne  que  la  dy- 
naftie  des  Caianides  de  Perfe;  car  ils  écrivent  que  Kifchtasb,  fils  deLohorasb, 
cinquième  Roy  des  Caianides,  reçut  dans  cette  ville  le  Tage,  ou  la  couronne 
royale,  que  le  Roy  fon  père  lui  envoya. 

La  ville  de  Kennaflerin  en  Syrie  a  été  long-tems  la  capitale  des  Sultans 
d'Alep,  &  elle  pofledoit  encore  cette  prérogative  dans  le  tems  que  Ben  Scho- 
nah  vivoit. 

Holagou  prit  Alep  l'an  658  de  l'Hegire,  &  il  y  tua  plus  de  monde  qu'à  Bag- 
det, qu'il  avoit  prife  deux  ans  auparavant,    Tamerlan  la  faccagea ,  &  la  ruina 

A  a  a  l'an 


i88  '     H  A  L  A  0  V  A  R  D.  — -  HALLAGE. 

l'an  805  de  la  même  Hégire  ,   qui  eft  le  1402   de  J.  C.     f^oyzz  les  titrer  de 
Hamadan,  de  Nafler ,  de  Saladin,  de  Holagû,  ^  de  Timur. 

HALAOVARD,  c!eft  un  des  noms  de  la  ville  de  Khotol.  Voyez  Khot= 
lan,  âf  Vahafch. 

HALIMI.     Voyez  le  titre  de  Luthfallah. 

HALK  Alovad,  la  gorge  du  fleuve.  C'eft  ce  que  lès  Italiens  ont  appelle 
la  Goletta,  &  nous  autres  la  Goulette. 

Charles  -  Quint  prit  cette  place  qui  efl  la  porte  de  la  ville  de  Tunis,  fous 
prétexte  de  rétablir  Moula  HalFan,  que  nos  Hifloriens  appellent  MulealTcm ,  dans 
ÏQS  Etats,  l'an  943  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1537.     Voyez   le  titre  de  Tunis. 

Les  Efpagnols  tinrent  la  Goulette  jufqu'en  980  de  l'Hegire,  1573  de  J.  G. 
■pendant  lequel  tems  les  Tunifins  prenoicnt  des  Roys  tantôt  de  leurs  mains,  & 
tantôt  de  celles  des  Turcs  :  mais  Dom  Jean  d'Autriche  enflé  du  fuccez  glorieux 
de  la  bataille  de  Lcpante  ,  aj^ant  voulu  s'afliirer  du  Royaume  entier  de  Tunis, 
&  commencé  de  bâtir  une  nouvelle  place  entre  Tunis  &  la  Goulette  fur"  le 
lac  qui  elt  entre  deux ,  où  il  mit  trois  mil  Italiens  fous  le  commandement  de 
Serbellon  ,  &  trois  mil  Efpagnols  fous  celuy  de  Salazar  ,  Selim  fécond  Sultan 
des  Turcs  en  prit  jaloufie  ,  &  envoya  Sinan  Balfa  avec  une  flotte  de  cent 
foixante  galères  ,  &  plulieurs  vaifl^eaux  de  guerre  ,  qui  reprit  tout  ce  que  les 
Efpagnols  avoient  dans  ce  Royaume  l'an  981  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1574. 

Les  Efpagnols  perdirent  cinq  cent  pièces  de  canon ,  &  des  munitions  à  pro- 
portion. Carrera  Gouverneur  de  la  Goulette  fut  fait  efclave ,  &  Serbellon  Gou- 
verneur de  la  nouvelle  forterefl'e,  fort  maltraité.  C^te  expédition  ell  décrite 
dans  le  livre  intitulé  Bark  Al  Jcmani,  fur  la  fin. 

HALL  al  ramouz  fi  mefatih  al  Conouz  ,  Livre  fuperfiitieux  d'Abou  hamed 
al  Gazali,  qui  enfeigne  les  moyens  de  découvrir  \qs  trefors- cachez.  Il  efl:  dans 
la  Bibliothèque  du  Roy  n°.  1030.  , 

HALL  al  romouz  u  Fekk  al  aklam  u  al  thclfemar  men:  gemî  almofchkelàt, 
Livre  non  moins  fuperflitieux  que  le  précèdent,  dont  l'Auteur  prétend  enfeigner 
^les  moyens  de  déchifrer  toutes  fortes  d'Alphabets  renverfez,  ou  autres,  &  d'ou- 
'vrir,  ou  expliquer  tous  les  Talifmans  les,  plus  difficiles.  .  On  trouve  aulïï  cet 
Ouvrage  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n''.  1005,  . 

HALLAGE,  ce  mot  fignifie  proprement  en  Arabe  celuy  qui  prépare  le 
cotton  avant  que  l'on  le  mette  en  œuvre.  C'efl:  le  furnom  d'un  fameux  Doc- 
teur, homme  fort  extraordinaire;  car  l'on  dit  quil  faifoit  paroître  aux  yeux  des 
hommes  des  fruits  d'hyver  en  été,  &  des  fruits  d'été  en  hyver;  qu'en  étendant 
fes  mains  en  l'air,  il  en  faifoit  tomber  des  drachmes  d'argent  dont  l'infcription 
étoit  Col  Allah  ahed.  Dis  quil  ny  a  qiCun  feul  Dieu ,  &  il  appelloit  cette  mon. 
noyé  des  Draclimes  de  la  Toute-puifl'ance ,  Derahém  al  Codrat. 

On  ajoute  qu'il  difoit  aux  gens  ce  qui  fe  paflbit  de  plus  fecret  dans  leurs 
maifons  ;  &  dcvinoit  tout  ce  qu'ils  avoient  dans  la  penfée.  Ces  merveilles  lui 
attirèrent  un  grand  nombre  de  difciples,  &  firent  que  les  Doftcurs  de  la  loy  fe 
trouvèrent  fort  partagez  dans  leurs  feiitimens  fur  fon  fujet.    Plulieui's  d'entr'eux 

crurent 


HALLAGE.  ,jg^ 

crurent  qu'il  étoit  plus  qu'homme,  &  les  autres  le  traitèrent  d'iiripofteur  & 
Ben  Schohnah  dit  que  les  Mululmans  étoient  divifez  entr'eux  à  fon  égard,  com- 
me le  font,  les  Chrétiens  à  l'égard  du  Meffie. 

Hallage  jeûnoit  Ibuvent  pendant  plufieurs  jours,  &  lorfqu'il  rompoit  fon  jeû- 
ne, ce  n'étoit  qu'avec  trois  bouchées  de  pain,  &  un  peu  d'eau.  Etant  venu 
du  KhoralTan  dans  l'Iraque  Babylonienne,  il  palia  de-là  à  la  Mecque,  &  vint  à 
fon  retour  s'établir  à  Bagdet,  où  fon  nom  faifant  un  très-grand  bruit,  le  Vizir 
Alimed  demanda  permiffion  au  Khalife  Mo6lader  l'année  309  de  l'Hegù-e ,  de  le 
garder  chez  lui: 

Le  Vizir,  après  avoir  obfervé  Hallage  pendant  quélqiie  tems,  prit  la  refolution 
de  le  faire  périr.  Il  alTembla  pour  cet  effet  un  grand  nombre  de  Doéleurs  de 
la  loy  pour  luy  faire  fon  procez  fur  ce  qu'il  avoit  écrit  dans  un  de  les  Ouvra- 
ges touchant  le  pèlerinage  de  la  Mecque  ;  il  avoit  avancé  que  celui  qui  ne  pou- 
voit  pas  faire  ce  pèlerinage  ordonné  par  la  loy ,  devoit  feparer  un  lieu  dans  fa 
maifon,  le  tenir  fort  propre,  &  n'y  donner  l'entrée  à  perfonne,  afin  qu'il  y 
pût  pratiquer  toutes  les  cérémonies ,  &  faire  toutes  les  prières  qu'on  a  coutume 
de  faire  à  la  Mecque  ;  &  qu'après  qu'il  fe  feroit  acquité  de  ce  devoir ,  il  falloit 
qu'il  affemblàt  trente  orphelins,  aufquels  il  donneroit  à  manger  dans  ce  même 
lieu  feparé  de  fa  maifon  ,  les  habilleroit ,  &  leur  feroit  une  aumône  de  fept 
drachmes  d'argent ,  par  tête ,  &  qu'en  accomplilfant  toutes  ces  chofes ,  il  acquer- 
roit  autant  de  mérite  que  s'il  avoit  fait  le  pèlerinage  de  la  Mecque. 

L'affemblée  des  Docteurs  de  la  loy  s'étant  tenue  ,  on  y  rapporta  la  propolî- 
tion  de  Hallage.  Le  Cadhi  Abou  Omar  en  aj^ant  ouy  la  lefture  ,  demanda  à 
Hallage  d'où  il  l'avoit  tirée  :  Hallage  répondit  qu'il  l'avoit  tirée  du  livre  intitulé 
Keîab  al  Ikhlâs ,  le  livre  du  falut,  compofé  par  un  Doéleur  irréprochable  nom- 
mé Halfan  Bakhteri.  Le  Cadhi  lui  répliqua  :  vous  êtes  digne  de  mort ,  car  nous 
avons  entendu  la  leélure  de  ce  livre  à  la  Mecque,  &  nous  n'y  avons  rien  trou- 
vé de  ce  que  vous  avancez.  ■ 

Le  Vizir  après  avoir  entendu  ces  paroles ,  dit  au  Cadhi:  Donnez  vôtre  avis 
par  écrit,  afin  que  nous  fçachions  fi  vous  trouvez  cet  homme  digne  de  mort, 
ou  non.  Le  Cadhi  fit  quelque  difficulté  d'abord  de  déclarer  fon  fentiment:  mais 
peu  de  tems  après  il  prononça  qu'il  étoit  permis  de  le  faire  mourir  ,  &  fon 
fentiment  fut  fuivi  de  tous  les  autres  Docteurs  de  l'affemblée  qui  foufcrivirent 
la  fentence  du  Cadhi. 

Hallage  fe  voyant  condamné,  leur  dit:  Mon  fmg  ne  devroit  pas  être  répan- 
du par  vos  mains;  car  ma'foy  cil  celle  des  vrays  Mufulmans ,  &  ma  fefte  eft 
Orthodoxe,  puifque  je  fuis  la  tradition  de  nos  pères.  Il  y  a  plufieurs  de  mes 
livres  qui  attellent  cette  vérité,  &  Dieu  vangera  ma  mort. 

Le  Vizir  après  avoir  recueilli  les  avis  des  Docleurs ,  les  envoj^a  au  Khalife, 
lequel  donna  la  permiffion  de  le  faire  mourir.  Tel  fut  fon  fupplice  :  Il  reçut 
mil  coups  d'efcourgées ,  après  quoy  on  lui  coupa  les  mains ,  puis  les  pieds  ,'  ik 
enfuite  la  tête  ;  fon  corps  fut  brûlé ,  &  fa  tête  expofée  dans  la  place  du  mar- 
ché de  Bagdet.  C'ell  tout  ce  que  l'on  trouve  de  Hallage  dans  le  Raoudhat  de 
Ben  Schohnah. 

Emir  Khovand  fchah,  &  Khondemir  fon  abrcviateur  écrivent ,  que  l'on  a  par- 
lé de  cet  homme  diverfement  :  car  quelques  -  uns  l'ont  fait  paiîer  pour  un  im- 
pofleur  &  d'autres  pour  Chrétien.  Ce  qu'il  a  dit  dans  quelques  vers  ,  rappor- 
tez dans  Ihilloire  d'Abugiafiir  Tabari,  feroit  croire  affez  qu'il  réconnoilToit  Tln- 

A  a  3  car- 


i9«  HALLAGE. 

carnation  du  Verbe  e'ternel:  car  il  parle  afTez  claireniÊnt  de  l'union  de  la  Divi- 
nité à  l'Humanité.  II  dit  fouvent  dans  fes  vers:  Moy  àf  vous,  parlant  à  Dieu: 
mais  ce  peut  être  une  expreflion  de  la  Théologie  myflique ,  par  laquelle  on  en- 
tend l'union  intime  de  la  Divinité  au  cœur  de  l'homme  détaché  de  l'amour  des 
chofes  de  la  terre  &  tranfporté  hors  de  foy. 

Le  Scheikh  Ala  eddoulat  vifitant  un  jour  Hallage,  le  trouva  ravi  en  extafe, 
ce  qui  luy  donna  lieu  de  faire  cette  réflexion  ,  que  Pharaon  a  été  condamné 
aux  flammes  éternelles  ,  pour  avoir  voulu  faire  croire  à  fes  peuples  idolâtres 
qu'il  étoit  Dieu,  &  que  Hallage  qui  difoit  hautement  parmi  les  Fidèles:  ^e  fuis 
Dieu,  Jna  alhakk  ,  a  été  élevé  par  la  gi;ace  toute  -  puifl'ante  de  Dieu  môme, 
jufqu'au  plus  haut  degré,  de  la  contemplation.  La  raifon  de  cette  difl:'érence  de 
traitement  efl:  expliquée  dans  le  titre  de  Feraoun.  f^oyez-le  dans  l'article  i'Alaed- 
doulat. 

Dans  le  chapitre  de  l'Alcoran,  intitulé  Hamzat,  il  eft  parlé  du  feu  que  Dieu 
allume  dans  nos  cœurs,  appelle  Nar  allah  al  moukedat ,  le  feu  allumé  &  brûlant 
de  Dieu;  furqiioy  l'Auteur  du  Kafchf  alafrar  dit,  que  ce  feu  qui  s'inflnue  dans 
nos  cœurs  eft  allumé  par  la  contemplation  qui  excite  dans  nous  l'admiration  des 
grandeurs  de  Dieu,  &  c'eft  de  luy  que  Manfor,  furnommé  Hallage,  dit:  Il  y 
a  foixante-dix  ans  que  ce  feu  Divin  s'eft  allumé  dans  mes  entrailles  &  il  les  a 
tellement  embrafées  ,  qu'elles  en  auroient  été  entièrement  confumées ,  fi  une 
étincelle  fortie  du  foyer,  Am  alhakk.  Je  fuis  la  fouveraine  Vérité,  ne  fût  tom- 
bée fur  ce  qui  étoit  déjà  tout  brûlé  &  ne  lui  eût  donné  une  nouvelle  vie  : 
mais  il  n'y  a  que  celuy  qui  eft  embraie  du  môme  feu  ,  qui  puifîe  dire  quelle 
eft  ma  brûlure.  Sur  quoy  cet  homme  merveilleux  s'écrioit  :  0  Ardeur  de  ta- 
mour  Divin ,  venez  à  mon  feccurs ,  afin  que  vous  âf  moy ,  nous  nous  plaignions  fans 
ceffe.  Car  celuy -là  feul  qui  brûle,  ^peut  dire  Uétat  'd'un  cœur  confumé  par  le  mê- 
me feu. 

Les  vers  que  Hallage  a  compofez ,  &  qui  l'ont  pu  faire  pafl'er  pour  Chré- 
tien, font  les  fuivans. 

Mon  efprit  eft  tellement  confondu  avec  le  vôtre  ,  qu'il  femble  que  ce  fait  le  vin  ^ 

Veau  mêlez  enfemble ,  qid  7ie  font  que  la  même  boijjon. 
Quoi  que  f  entreprenne  êf  en  quelque  état  que  je  me  trouve ,  je  ne  trouve  que  vous 

^  moy. 
Loué  foit  à  jamais  celui  qui  nous  u  manlfefté  fon   humanité  ,   en  nous  cachant  fa 

Divinité  qui  pénètre  toutes  chef  es  i  jufques-là  qu'il  a  voulu  paroître  parmi 

mus,  buvant  âf  mangeant  comme  les  autres  hommes. 
Cefî  ce  qui  fait  que  fa  créature  le  regarde,  mais  obliquement,  comme  fait  la  prU' 

nelle  d'un  œil  celle  de  l'autre. 

Mais  les  vers  qu'il  prononça,  lorfque  l'on  le  menoit  au  fupplice ,  font  enco- 
re plus  clairs,  pour  exprimer  les  fentimens  d'un  véritable  Martyr  de  Je  s  us- 
Christ. 

Celui  qui  me  convie  à  fon  banquet ,  ne  me  fait  point  de  têrt ,   en  me  faifant  boin 
le  calice  qu'il  a  bu  lui-même. 
'Il  me  traite  comme  celui  qui  convié^  traite  fon  convive. 

Al 


H  A  L  L  A  L,        H  A  RI.  jpr 

Al  Dhahabi ,  Dofleur  confidérable  parmi  les  Miiruîm;ins ,  &  qui  n'étoit  pas 
des  amis  de  ce  contemplatif,  rapporte,  que  Hallage  ayant  dit  un  jour  à  Abube- 
kre,  fils  de  Sâad  :  Croyez  en  moy  &  je  vous  donneray  une  plante  d'Usfurat, 
qui  eft  une  efpèce  de  Cnicus  ou  Safran  bâtard  ,  dont  la  graine  fera  de  cuivre 
&  fe  changera  en  autant  de  grains  d'or ,  Aboubekre  lui  répondit  :  Croyez  en 
moy  &  je  vous  envoyerai  un  Eicfant  couché  fur  le  dos ,  dont  les  pieds  iront 
jufqu'au  ciel  ;  &  lorfque  je  voudrai  le  faire  difparoître  ,  je  le  cacherai  dans 
\«os  yeux. 

Cette  réponfe  rendit  Hallage  confus  &:  interdit ,  parce  qj.i'clle  lui  fit  connoî- 
tre  que  ce  Dofteur  ne  prenoit  toutes  les  merveilles  qu  il  opéroit  ,  que  pour 
des  prefl:iges. 

Tageddin  Ali  Ben  Ahmed  Al  Bagdadi  ,  qui  mourut  Tan  674  de  THegire  ,  a 
fait  la  vie  d'Abou  Moghith  HoulTain  Ben  Manfor  Al  Hallage,  duquel  nous  par- 
lons, fous  le  titre  d'Aklibâr  Hallage.  Gazali  &  Ebn  Kalecân  fe  font  aulfi  fort 
étendus  fur. les  faits  de  ce  perfonnage. 

HALL  AL;  ce  mot  fignifie  proprement  en  Arabe  tout  ce  qu'il  efl  permis 
de  faire  ou  de  manger  félon  la  loy  Mahometane ,  &  efi:  le  contraire  de  Harâm, 
qui  fignifie  tout  ce  qui  efl:  défendu.  Les  réponfes  ,  que  les  Muftis  font  aux 
cas  &  aux  qucftions  qui  leur  font  propofées,  &  qui  paficnt  pour  des  décifions, 
roulent  ordinairement  fur  ces  deux  mots  :  car  ils  ne  mettent  ordinairement  que 
l'un  ou  l'autre  dans  leurs  Fetuas  ou  Refcrits,  Hallal  ou  Hardm  ,  il  efl:  permis, 
ou  il  efl:  défendu. 

Hallâl  efl:  auffi  un  nom  propre:  car  nous  trouvons  un  Auteur,  nommé  Aboii 
Mohammed  Hallal,  qui  a  fait  une  hifloire  des  fourds  ou  fourdauts ,  qu'il  a  in- 
titulé Akhbdr  al  tlwcala. 

HAM  Ben  Nouh,  Cham,  fils  de  Noé..  L'Auteur  du  Tarikh  Thabari  rappor- 
te, que  Noé  donna  fa  malédiction  à  Cham  &  à  Chanaan,  fon  fils,  à  caufe  qu'ils 
ne  couvrirent  pas  fa  nudité  ,  ce  qui  efl  aflTez  conforme  au  texte  de  l'Ecriture 
fainte.  Il  ajoute,  que  par  cette  malédiftion  la  pofl:6rité  de  Cham  fut  non  feu- 
lement afTervie  &  rendue  fujette  à  fes  frères:  mais  encore  que  la  couleur  de  fa 
chair  fut  changée  &  devint  noire. 

Noé  cependant  voyant  un  changement  fi  prompt  ,  dit  le  même  Auteur,  fut 
attendri ,  &  pria  Dieu,  qu'il  luy  plût  donner  à  fes  frères  de  l'amour  &  de  la 
confidération  pour  luy;  &  cette  prière  de  Noé  fut  certainement  exaucée:  car, 
fi  nous  voyons  encore  aujourd'huy  l'effet  de  la  malédiftion  de  ce  Patriarche, 
la  poflérité  de  Cham  étant  efclave  par  toute  la  terre,  nous  y  remarquons  auffi 
celuy  de  fa  prière,  puifque  cette  forte  d'efclaves  noirs  efl:  chérie  &  recherchée 
en  tous  lieux. 

Cette  hifloire  a  fourni  une  preuve  de  la  prcdefl:inatisn  abfolue  à  un  Auteur 
Arabe,  qui  a  été  traduit  en   Turc  par  l'Auteur  du  Thirdz  Almankouch. 

Il  dit,  qu'il  y  a  dans  toutes  les  créatures  en  général  &  dans  chacune  en  par- 
ticulier ,  une  volonté  déterminée  de  Dieu  fur  elles.  Qu'il  efl:  impoflîble  qu'au- 
CHne  de  ces  créatures  puifllî  produire  aucune  aftion  que  celle  qu'il  v^eut ,  &  que 
c'efl;  la  volonté  de  Dieu,  qui  les  produit.  Que  les  hommes  qui  ne  font  qu'une 
efpèce  parmi  toutes  les  autres  créatures  ,  ne  peuvent  s'occuper  à  autre  chofe 
qu'à  ce  pour  quoy  ils  ont  été  créez.  Que  nous  ne  pouvons  pas  nous  emplo- 
yer 


192  H  A  M  A  D  A  N. 

yer  à  quelque  chofe,  ni  en  ufer  comme  il  nous  plaît.  Et  enfin  ,  tout  ce  que 
nous  difons  en  nous-mêmes ,  ou  que  nous  propofons  de  faire  ,  n'efl  pas  pour 
nous,  puifque  nous  ne  pouvons  jamais  le  faire  reuffir  ,  s'il  n'efl  conforme  au 
décret  éternel  de  Dieu. 

Ceft  icy  le  véritable  fentiment  de  tous  les  Mufulmans  qui  fe  croyent  Ortho- 
doxes, c'eft-à-dire ,  féparez  de  toutes  les  fefles  erronnées  ,  &  quoyque  ce  prin- 
cipe femble  ruiner  abfolument  la  liberté  de  l'homme  ,  ils  ne  laiflent  pas  néan- 
moins de  la  croire  ou  plutôt  de  la  fuppofer ,  puifque  félon  leur  doftrine ,  fans 
la  liberté ,  il  n'y  auroit  point  d'Emr ,  ni  de  Nehi  :  c'efl-à-dire ,  que  fi  l'homme 
n'étoit  pas  libre,  il  "n'y  auroit  point  lieu  de  luy  faire  aucun  commandement., 
ni  aucune  défenfe.  Voyez  les  titres  de  Nouh,  de  Kenaan,  cj'  de  Caous  ou  Cous 
iil  dendàn,  qui  eft  Chus,  fils  de  Chanaan. 

HAMADAN  ,  Ville  qui  eft  la  plus  Occidentale  de  la  proiânce  de  Fars, 
ou  Perfe  proprement  dite,  diftante  d'Ifpahan  de  150'  licuè's  Françoifes  ou  en- 
viron ,  félon  quelques  Géographes  :  mais  félon  les  plus  célèbres  ,  comme  Naffi- 
rcddin,  Ebn  Haucal  &  Abulfeda,  elle  appartient  au  Gebàl  ou  ancien  pays  des 
Parthes,  dont  Ifpahan  eft  aujourd'huy  la  capitale. 

Les  Tables  Arabiques  lui  donnent  de  longitude  83  degrez  ,  &  35  degrez, 
10  minutes  de  latitude.  Quelques  autres  la  placent  au  36  degré,  8  ou  32  mi- 
nutes de  latitude.  La  fituation  de  cette  ville  eft  très-agréable  ,  &  la  monta- 
gne nommée  Alvend,  qui  en  eft  proche,  luy  donne  une  fraîcheur  fi  tempérée^ 
que  les  Roys  de  Perfe  en   faifoient  autrefois  leur  féjour  d'été. 

Les  Perfans  veulent  que  Giamfchid,  qui  étoit  de  la  première  dynaftie  de  leurs 
Roys,  en  ait  été  le  fondateur  :  Les  Selgiucides  en  ont  fait  autrefois  la  capita- 
le de  leurs  Etats ,  particulièrement  fous  Mohammed  ,  fils  de  Mahmoud.  Elle 
auroit  été  defolée  par  Tamcrlan  ,  fi  elle  ne  fe  fût  rachetée  par  deux  fois  en  fort 
peu  de  tems. 

On  remarque ,  que  cette  ville  a  été  autrefois  le  centre  d'un  grand  commer- 
ce, &  fes  habitans  étçient  fi  riches,  que  lorfque  Mardavige  la  prit  d'afi!aut,  on 
chargea  deux  mulets  des  calleçons  de  foye  de  ceux  qui  y  furent  tuez  par  les 
Dilemites.  C'cft  auffi  dans  Hamadan  que  fe  fait  le  meilleur  Surmeh  ou  colly- 
re d'antimoine  préparé   pour  les  yeux. 

Hamadan  eft  encore  le  nom  d'un  pays,  &  tribu  des  Arabes  de  la  poftérité  de 
Cahthan  ou  Joflhan  dans  l'Iemen  ,  d'où  defcend  la  famille  de  Hamadan ,  dont 
nous  allons  parler,     Voyez  aujji  Hamadani. 

HAMADAN  Ben  Hamdoun  ,  nom  d'un  Seigneur  Arabe  de  la  tribu  des 
Thâlebites ,  qui  eut  trois  enfans ,  dont  le  fécond  ,  nommé  Abdallah  Abulhegia , 
en  eut  deux  nommez  Naffer  eddoulat  &  Seifeddoulat,  qui  fe  rendirent  maîtres 
d'une  grande  partie  de  la  Méfopotamie  &  de  la  Syrie. 

La  Maifon  de  Hamadan  ,  qui  commença  fous  Motâdhed  ,  étoit  fort  puifi'antc 
fous  Moktafi  &  Moclader  :  car  ces  trois  Khalifes  de  la  race  des  Abbaffides  ne 
purent  empêcher  que  cette  maifon  ne  fe  rendît  fouverainô  dans  Moful',  dans 
Mardin,  dans  Alep,  à  Kcnnafferin  &  en  plufieurs  autres  lieux  des  dépendance? 
du  Khalifat. 

L'Auteur  du  Nighiariftan  rapporte  ,  qu'en  l'année  320  ou  environ-  de  THegi- 
re,  Munas,  Eunuque  très-puiflant  auprès  du  Khalife    Moftadcr  ,   s'étant  retiré 

mécontent 


H  A  M  A  D  A  N  I.  t^^ 

mécontent  de  la  Cour,  pour  éviter  Jes  embûches  de  fcs  ennemis,  marcha  avec 
des  troupes  vers  Mofiil,  où  les  trois  Princes,  fils  de  Hamadan,  commandoionf 
il  croyoit  trouver  la  fûrcté  chez  eux  ,  comme  chez  des  amis  ,  qui  lui  avoicnt 
d'extrêmes  obligations  :  mais  les  Hamadanites  ,  bien  loin  d'affiftcr  INIunas  ,  pri- 
rent le  party  du  Vizir  fon  ennemi  ,  &  fe  mirent  en  campagne  pour  le  chaffer 
de  delTus  leurs  terres. 

Daoud,  cadet  des  Princes  de  cette  Maifon,  ne  pouvant  approuver  Tadlion  de 
fes  frères,  refufa  de  les  fuivrc;  &  ceu\-cy  lui  en  ayant  demandé  la  iai/)n  ,  il 
leur  dit,  qu'ayant  toujours  vécu  fous  la  proteélion  de  Munas,  il  appréhendoit 
de  recevoir  quelque  coup  de  flèche  s!il  raarchoit  contre  lui:  car,  ajoûtoit-il, 
fi  j'étois  blefle  à  mort,  j'aurois  un  extrême  regret  de  mourir,  chargé  du  repro- 
che &  de  l'infamie,  que  porte  avec  foy  l'ingratitude. 

Ses  frères  ne  fe  payant  point  de  cette  railbn,  l'obligèrent  abfblument  de  ve- 
nir avec  eux.  Ils  marchèrent  tous  trois  à  la  tête  de  trente  mil  hommes  con- 
tre Munas,  qui  n'avoit  qu'une  poignée  de  gens:  mais  ce  petit  nombre  combat- 
tit fi  heureufement ,  que  Daoud  y  fut  tué  cffeétivement  du  coup  de  flèche  qu'il 
appréhendoit,  &  les  troupes  de  Hamadan  défaites  &  mift's  en  fuite. 

Munas  chafl!a  pour  lors  les  Hamadanites  de  Moufllil  ou  Moful:  mais  après  fa 
mort,  qui  arriva  bientôt  après,  fous  le  Khalifat  de  Caher  billah,  les  Princes  de 
cette  Maifon  NaflTer  eddoulat  &  Seifeddoulat ,  enfans  d'Abdallah  Aboul  hcgia  , 
crurent  en  dignité  &  en  puiflance,  fous  le  Khalifat  de  Radhi  &  fcs  fucccflTeurs, 
jufqu'à  un  tel  point ,  qu'il  y  a  eu  peu  de  Sultans  qui  aient  égalé  leur  magnifi- 
cence,    f^oyez  les  titres  de  ces  Princes. 

L'on  dit,  que  h  ville  &  château  de  Plouflainiah  ,  bâtie  dans  la  partie  de  la 
Méfopotamie,  appellée  Diâr  Rabîah  ,  par  Plouflain  ,  fils  aîné  de  Hamadan  ,  fut 
la  place  qui  donna  le  plus  de  jaloufie  aux  Khalifes  contre  les  Princes  de  cette 
Maifon.  Les  Khalifes  démolirent  ce  château,  mais  la  race  de  Hamadan  fubfiîla 
malgré  eux. 

La  Maifon  de  Hamadan  defcendoit  de  Hareth  le  Thaalebite.  L'on  dit  de  ces 
Princes,  que  leurs  vifages  étoient  formez  Idfabahat  ,  pour  la  beauté;  leurs  lan- 
gues, klfajjahat ,  pour  l'éloquence;  &  leurs  mains  ,  lelfaimhnt ,  pour  la  libérali- 
té. Il  y  a  eu  .parmi  eux  d'excellens  Poètes,  dont  le  plus  illufl;re  fut  Seifeddou- 
lat. L'on  peut  voir  des  échantillons  de  leurs  ouvrages  dans  la  première  partie 
du  livre  intitulé  Jeiimat  al  dJur.  .     . 

HAMADANI,  furnom  d'Abdalgiabbâr ,  Doftcur  célèbre  de  la  fec^e  des 
Motazales.  Ce  Dofteur  fe  trouvant  un  jour,  dans  une  aflemblée  de  gens  de  let- 
tres ,  où  il  furvint  un  des  plus  illufl:res  d'entre  les  Doéleurs  Sunnites  ou  Or- 
thodoxes, nommé  A"bou  Ishak  Al  Asfardni ,  aufli-tôt  qu'il  l'eut  vu  entrer  dans 
la  falle  de  la  conférence  ,  prononça  d'un  ton  de  voix  fort  élev'é  ces  paroles  : 
Louange  fait  donnée  à  celui  qui  ejt  féparé  ^  éloigné  de  tout  mal  par  fa  fainteié  , 
piiétendant  établir  par  ces  paroles  le  fentiment  de  ceux  de  fa  feéle  ,  qui  nient 
que  Dieu  foit  l'auteur,  le  créateur  &  le  principe  du  mal,  contre  l'opinion  com- 
mune des  Mufulmans  ,  qui  tiennent  que  Dieu  veut  le  bien  &  le  mal ,  &■  qu'il 
■cil  le  créateur  &  l'auteur  de  l'un  &  de  l'autre  :  ce  qui  étant  fuppofé  ,  on  ne 
pourroit  pas  dire  ,  que  Dieu  fût  féparé  ,  par  fa  pureté  &  par  fa  fainteté ,  de 
tout  mal. 
Asfarani  entendant  les  paroles  de  Hainadani ,  repartit  aulfi-tôt  :  Louange  foit 
ÏOME  IL  B  b  don- 


194  H  A  M  A  D  A  N  I. H  A  M  A  H: 

âonnée  à  celuy  qui  ne  permet  pas  qiCaucime  chofe  Je  paffe  dans  fon  Royaume  fans 
fon  ordre.  Il  vouloit  faire  entendre  par  ces  paroles,  que  ceux  qui  croyent  que 
Dieu  n'efl  pas  l'auteur  du  bien  &  du  mal,  accufent  Dieu  de  foiblefle  &  lui  im- 
putent un  défaut  de  puifTance. 

L'opinion  des  Motazales  eft  communément  reprouvée  par  les  Mahometans, 
qui  prétendent  qu'elle  favorile  l'erreur  des  deux  principes ,  que  les  Mages  & 
les  Manichéens  enfeignent. 

HAMADANI,  furnom  d'un  Dofteur  Arabe  ,  nommé  Abulfadhl  Ahmed, 
lequel  a  mérité  par  fon  éloquence  le  titre  de  Bedî  al  Zamân  ,  c'eft-à-dire  ,  le 
miracle  de  fon  fiécle.  Il  eft  Auteur  d'un  livre  intitulé  Mecamât  ou  Lieux  com- 
muns. C'eft  un  recueil  de  plufieurs  pièces  d'éloquence,  que  les  Italiens  appel- 
leroient  Difiorfi  /jcademici ,  &  nous  autres  Déclamations  ,  à  l'imitation  duquel 
Hàriri  a  compofé  les  fiens. 

Nous  avons  aufli  plufieurs  ouvrages  de  Poëfie  du  même  Auteur  ,  entre  lef- 
quels  on  trouve  ce  quatrain  qu'il  fit  contre  fa  propre  ville. 

Hamadan  £jl  mon  pays ,    6?  je  dirai  à  fa  louange  qu'elle  furpajje  en  laideur  toutes 

les -autres  villes  du  monde  ^ 
Oiie  fes  enfans  ont  autant  de  vices  que  fes  vieillards ,  ^  que  fes  vieillards  ont  au> 

tant  de  jugement  ^  de  fagefe  que  fes  enfans. 

Voyez  la  Bibliothèque  du  Roy,  n°.  1132. 

On  dit  que  ce  Dofteur  mourut,  empoifonné  dans  la  ville  de  Herat  en  Kho- 
rallan,  l'an  de  i'Hegiw;  398.  Quelques-uns  ont  écrit,  qu'il  tomba  en  léthar- 
gie &  qu'ayant  été  enterré  trop  -  tôt  ,  il  s'éveilla  &  cria  :  il  fut  découvert  & 
trouvé  tenant  fa  barbe  à  la  main  ;  mais  l'horreur  du  fepulcre  le  lit  mourir. 
Ben  Khalekan  dans  fa  vie. 

Ali  Ben  Ahmed  Al  Hamadani  a  compofé  un  traité  de  Géomantie  ,  intitulé 
Magmou  Reml ,  &  un  livre  d'Ekhtiarât ,  ou  des  £le6lions  fur  l'Allrologie  Judi- 
ciaire. 

Aboul  Haffiin  Mohammed  Ben  Abdalmalek  Al  Hamadani  ,  qui  mourut  l'an 
521  de  l'Hegire,  cil  Auteur  d'une  hiftoire  des  Vizirs  d'Egypte,  intitulée  Akhbâr 
al  Fûuzara,  &  d'une  autre,  dont  le-  titre  eft  Omvàn  al  fjar. 

HAMADOUN  &  Hamdoun.  C'eft  le  nom  d'un  Arabe,  petit- fiis  de  Ha- 
reth  le  Thaalebite ,  qui  s'étoit  rendu  puiffant  en  Méfopotamie.  Il  fut  père  de 
Hamadan,  dont  les  enfans  établirent  une  dynaftie  ou  famille  de  Princes  qui  ré- 
gnèrent en  Méfopotamie  &  en  Syrie.  Voyez  plus  haut  Hamadan  ^  le  titre  de 
Seifeddoulat. 

Ebn  Hamadoun  ou  Hamdoun  eft  Auteur  d'un  recueil  ou  Florilège  ,  qu'il  a 
intitulé  Tedhkerah ,  ou  Mémorial ,  dans  lequel  il  a  ramafle  des  choies  curieifTes 
fur  diverfes  matières. 

HAMAH,  Ville  de  Syrie,  que  l'on  croit  être  très-ancienne  ,  puifque,  fé- 
lon quelques  Hiftoriens,  elle  eft  la  même  dont  il  eft  parlé  dans  le  21  chapitre 
de  Jofac  fous  le  nom  do  Hamoth.  Elle  tomba  dans  le  partage  que  les  enfans 
de  Saladin  firent  des  Etats  de  leur  père,  à  Mohammed  fils  d'Omar»  fils  de  Scha- 

hen> 


HAMALOUK.  H  A  M  D  A  L  L  A  H.  195 

henfchah,  fils  d'Aioub  ou  de  Job;  elle  fut  prife  par  Holagu  fur  Al  Malek  Al 
Nalfer,  l'an  657  de  l'Hegire ,  de  J.  C.  1258. 

Le  ville  de  Hamah  fut  renverfée  par  un  horrible  tremblement  de  terre ,  qui 
étoit  arrivé  dès  l'an  552  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1157,  avec  les  villes  d'Antio- 
che,  d'EmefTe,  d'Apamée,  de  Laodicée,  de  Tripoli  &  de  plufieurs  autres  :  mais 
elle  s'étoit  rétablie  &  ne  fut  point  ruinée  comme  plufieurs  villes  de  la  Syrie  , 
par  les  Mogols  ou  Tartares. 

Al  Malek  Al  Saleh  Omad  eddin  Aboulfcda  Ifmaîl,  fils  d'Al  Malek  Al  Nafler, 
y  régna  depuis  l'an  743  de  l'Hegire  jufqu'en  746  ,  qui  eft  le  1345  de  J.  C. 
Ce  Prince  eft  celuy  qui  nous  eft  connu  fous  le  nom  d'Abulfeda,  Auteur  d'u- 
ne hiftoire  &  d'une  Géographie,     l^oycz  fon  titre, 

Abulfeda  donne  à  la  ville  de  Hamah  60  degrez ,  45  minutes  de  longitude, 
&  34  degrez,  45  minutes  de  latitude  Septentrionale.  Les  Tables  Arabiques  de 
Naffir-eddin  lui  donnent  34  degrez  ,  40  minutes  ,  &  celles  d'Ulug  Begh  feule- 
ment 34  degrez  de  latitude. 

Le  Nighiariftan  rapporte  ,  qu'un  Maître  d'école  étant  forti  de  Hamah  pen- 
xlant  que  le  grand  tremblement  de  l'an  552  arriva,  tous  fes  écoliers  furent  écra- 
fez  fous  les  ruines  du  logis  ,  &  que  le  même  étant  retourné  dans  la  ville  ,  il 
ne  vit  perfonne  qui  vint  s'informer  de  l'état  d'aucun  d'eux. 

HAMALOUK,  nom  d'un  fameux  voleur  de  grands  chemins,  Arabe  de 
nation  &  de  la  race  de  Khafagiah  ,  lequel  tcnoit ,  avec  un  grand  nombre  de 
brigans  ,  les  paffages  qui  font  entre  la  ville  d'Iezd  en  Khoraflan ,  &  celle  de 
Schiraz  en  Pcrfe  ,  aflîegcz.  Il  fallut  une  armée  pour  le  défaire  &  Mohammed 
Ben  Modhaffer ,  qui  fut  père  de  Schah  Schegiâ ,  Roy  de  Perfe  ,  fut  obligé  de 
marcher  contre  lui  &  le  fit  enfin  périr. 

H  AMAN  &  Pigen  ,  deux  fameux  Héros  de  la  Perfe.  Foyez  leur  combat 
dans  le  titre  de  Tagafche  ou  Togufche. 

HAMANI,  nom  d'un  Auteur  qui  a  traduit  Euclide  du  Grec  ou  de  l'Arabe 
en  Perfien. 

H  A  M  A  O  V  I ,  natif  de  la  ville  de  Hamah.  Le  Cadhi  Schehabeddin  Ben 
Abildem ,  Hiftorien  ,  eft  furnommé  Al  Haraaovi  ,  &  cité  fouvent  par  Aboul- 
feda. 

Jacout  Ben  Abdallah  porte  le  furnom  de  Hamaovi ,  &  de  Bagdadi.  Foyez 
fon  titre. 

Al  Barezi,  Ebn  Haggiah  &  Hebat  allah  portent  auffi  le  furnora  de  Hamaovi, 
&  nous  avons  un  Hiftorien  des  Ommiades,  appelle  abfolument  Al  Hamaovi. 

HAMASSAH,  Ouvrage  de  grande  réputation  parmi  ceux  qui  ont  cultivé 
la  Poëfie  Arabique.  Abou  Temara  Al  Thai  l'a  compofé  ,  ou  plutôt  recueilli 
des  anciens  Poètes  Arabes  qui  ont  excellé  chacun  dans  leur  genre.  Mohammed 
Ben  Houifain  Al  Mai-zouki  y  a  fait'  un  commentaire ,  fans  lequel  il  feroit  fort 
difficile  de  l'entendre. 

Hamaffi.    Foyez  Noukal  ou  Nokel. 

HAMDALLAH,  Dieu  foit  loué.  C'eft  auÛî  un  nom  propre  chez  les  Ara- 
bes, comme  Deo  gratias  parmi  les  Latins.    Hamdallali  Moftaovafî,  ou  par  abre- 

Bb  2  # 


196  H  A  M  D  O  U  N.  —  H  A  M  M  A  D.  ' 

gé  MelloLifi  Al  Cazuini ,   eft  Auteur  du  Tarikh  Cozidéh  ou  Chronique  choifia . 
l'oyez  ce  titre. 

H  A  M  D  O  U  N.     J^oyez  Hamadoun. 

HAMDOVIAH,  Mohammed  Ben  Ragia  Ben  Hamdoviah-j  efl  Auteur  d'un 
Tarikh  ou  Hiltoire. 

HAMID.  Abdalhamid  lahia,  Ecrivain  célèbre,  qui  a  reformé  les  caraftères 
Arabiques,  fous  le  règne  des  Khalifes  Ommiades.  Cependant  ces  mêmes  carac- 
tères n'ont  été  réduits  à  la  forme  qu'ils  ont  préfentement  que  fous  les  Khalifes 
Abbaffides,  par  Ebn  Baovâb  &  par  Ebn  Moclah.     Foyez  ces  titres. 

Abougiafar  Al  Manfor  ,  qui  n'avoit  point  encore  vu  ces  caraftères  en  l'état 
où  ils  ont  été  depuis,  difoit ,  que  les  Ommiades  avoient  eu  l'avantage  au-def- 
fus  des  Abbaffides  en  trois  chofes,  en  Capitaines,  en  Ecrivains  &  en  Crieurs. 

Ce  Khalife  croyoit,  que  les  Abbaffides  n'avoient  point,  eu  jufqu'alors  un  Ca^ 
pitaine  femblable  à  Hegiage ,  ni  un  Ecrivain  qui  égalât  Ebn  Hamid  ,  non  plus 
qu'un  Crieur  qui  valût  Baalbcki.  Pour  fçavoir  ce  que  c'eft  qu'un  Cricur  chez 
les  Mahometans ,  voyez  le  titre  de  Movedhin  6?  celui  de  Belal. 

Cet  habile  Ecrivain  mourut  fan  132  de  l'Hegire,  &.on  dit  à  fon  fujet  :  Ba. 
àat  al  ketabah  be  Abdalhamid  u  khotamat  l'Ebji  al  âinid^  l'Ecriture  Arabique  a  com- 
mencé par  Abdalhamid  &  a  été  perfectionnée  par  Ebnalâmid. 

Nous  avons  un  ouvrage  de  Géométrie  ,  qui  eft  un  commentaire  fur  l'Eucli- 
de,  compofé  par  Ebn  Hamid. 

HAMIDEDDIN,  Dofteur  célèbre,  furnommé  Dharir,  c'eft-à-dh-e,  l'A- 
veutrle.  Il  avoit  été  difciple  de  Korderi,  &  devint  maître  de  Naflafi,  le  jeune. 

H.AMIDI,  on  cite  le  Mefnad  Al  Hamidi ,  fur  quoy  il  faut  voir  le  titre 
à'Ethaf  al  hebrat.  Le  livre  intitulé  /Jfchrut ,  a  été  auffi  compofé  par  un  Auteur 
qui  porte  le  nom  de  Hamidi, 

HAMMAD,  Abou  Ifmaîl  Hammad  Ben  Soliman,  étoit  affranchi  d'Ibrahim 
Al  Afchâri  Al  Couli  ,  qui  portoit  le  titre  d'Al  Fakih  ,  c'eft -à- dire  ,  de  Jurif- 
confulte. 

Il  étudia  la  loy  Mufulmane  fous  Ans  Ben  Malek,  &  reçut  les  traditions  d'I- 
brahim  al  Nakhai,  qui  les  tenoit  d'Alcamah,  &  celuy-ci  d'Ebn  Mâfîbud.  Il  de- 
vint maître  du  célèbre  Abou  Hanifah,  chef  de  la  première  fefte  des  quatre  qui 
palTent  pour  Orthodoxes  entre  les  Mufulmans.  On  dit,  qu'il  donna  pour  règle 
à  fon  difciple  de  n'apprendre  jamais  plus  de  trois  queftions  par  jour. 

On  loue  extrêmement  la  libéralité  de  ce  Dofteur,  car  il  nourrilfoit  tous  les 
jours  du  mois  de  Ramadhàn ,. pendant  lequel  les  Mufulmans  jeûnent,  cinquante 
pauvres  qu'il  habilloit  de  neuf  le  jour  du  Bairam  ou  Fethr,  qui  eft  comme  leur 
Pâque,  &  leur  donnoit  cent  drachmes  d'argent  par  tête. 

L'on  rapporte  auffi  qu'un  fameux  Dofteur ,  nommé  Ben  Ziàd  ,  l'étant  venu 
voir  pendant  qu'il  diftribuoit  ^es  aumônes  ,  &  s'étant  rangé  parmi  les  pauvres, 
Hammâd  l'interrogea  combien  il  lui  demandoit.  Ben  Ziàd  lui  répondit ,  pour 
l'étonner,  mil  drachmes:  mais  H:)mmad  lui  répliqua:  J'ai  déjà  ordonné  que  l'on 
vous  en   donnât  cinq  mil  &  je  np   revoqueray  point  mes  ordres.     Sur   cecy, 

Bên 


H  A  M  Z  A  H.  jp^ 

BenZiâd  lui  fît  le  remerciraent ,  que  les  pauvres  ont  accoutumé  de  faire  Ge- 
zjîk  allah  khairan,  Dieu  vous  le  rende.  ', 

Hammàd  mourut  l'an  120  de  l'Iiegire  ,  &  il  ne  faut  pas  le  confondre  avec 
Abulcaflem  Haramdd  Ben  Maifferat  Al  Scheibani  ,  qui  mourut  l'ar»  165.  Cclui- 
cy  fut  furnommé  AI  Raoviat,  c'ell-à-dire  ,  le  Reciceur  ou  Conteur  d'hiltoires. 
Le  Khalife  Valid  Ben  lezid  l'Ommiade  lui  ayant  demandé  pourquoy  on  lui  avoit 
donné  ce  furnom ,  il  luy  répondit  :  C'eft  que  je  vous  reciteray,  Ij  vous  me  le 
commandez,  cent  poèmes  des  anciens  Arabes  &  autant  des  modernes,  fur  cha- 
que lettre  de  l'Alphabet.  Le  Khalife  voulut  faire  cette  épreuve  ,  &  après  en 
avoir  ouy  plulîeurs  ,  mit  un  homme  à  fa  place  pour  entendre  reciter  le  relie, 
ce  qui  ayant  été  ponftuellement  exécuté  par  Hammàd  ,  il  reçut  un  prefent  de 
cent  mil  drai^mes  d'argent  des  mains  de  Valid. 

Hammàd  Abou  Ifmail  Ben  Zeid  efl  furnommé  Al  Bafri ,  parce  qu'il  étoit  na- 
tif de  la  ville  de  Bafrah  ou  Balîbra.  Quoi  qu'il  fut  aveugle  ,  il  ne  lailîa  pas 
néanmoins  de  profiter  dans  les  fciences  du  Mululmanifme  fous  les  Dofteurs  Tha- 
bet  Al  Benani  ,  Aioub  &  Amrou  Ben  Dinar  ,  &  devint  le  maître  d'Al  Moba- 
rek.     Il  mourut  l'an  177  de  l'Hegire. 

Hammàd  Al  Dabbas  ,  Chef  de  Sofis.  Foyez  fa  fucccflîon  dans  les  titres  de 
Konovi, 

HAMZAH,  fils  d'Abdalmothîeb ,  &  petit -fils  de  Hafchem  ,  &  par  confé- 
quent  oncle  de  Mahomet,  le  faux  Prophète.  On  l'appelle  encore  Abou  Ommàr. 

Quoy  que  Hamzah  fût  frère  d'Abdallah  ,  père  de  Mahomet ,  il  étoit  cepen- 
dant frère  de  lait  de  fon  neveu  :  l'on  dit  ,  qu'il  fe  fit  Mufulman  dans  la  fécon- 
de année  de  la  million  prétendue  de  Mahomet  ;  &  que  fon  neveu  l'ayant  re- 
connu pour  homme  de  courage  &  de  valeur,  lui  donna  le  titre  ou  furnom  d'Af^ 
fad  Allah,  qui  fignifie  le  Lion  de  Dieu,  &  lui  mit  en  main  le  premier  étendart 
qu'il  fit  faire,  &  que  l'on  appelh  Raiat  al  eflâm,  l'Etendart  de  la  foy,  la  pre- 
mière année  de  l'Hegire. 

II  fut  tué  l'année  d'après  ,  qui  fut  la  féconde  de  l'Hegire  ,  à  la  bataille  de 
Bedr  que  Mahomet  donna  aux  Coraifchites:  ceux-cy  furent  défaits,  &  il  n'y  eut 
que  quatorze  Mufulmans  de  tuez,  du  nombre  defquels  Hamzah,  oncle  de" Ma- 
homet ,  fe  trouva. 

HAMZAH  Ben  Jofef  Al  Schemi ,  Auteur  d'une  hifloire  du  Giorgiàn.  Fo- 
yez  le  titre  de  Souli.  L'Auteur  du  Lebtarikh  cite  dans  la  vie  de  Schabour  Dhou- 
laktàf  un  Hiltorien  ,  qui  porte  le  nom  de  Hamzah  Al  Esfahani ,  qui  pourroit 
être  le  même  que  le  précèdent, 

HAMZAH  Al  Caramani,  Auteur  d'un  Commentaire  fur  les  Anovàr  al  tanzil 
de  Beidhaovi,  mourut  l'an  871  de  l'Hegire.     Fuyez  le  titre  de  Zaharaovi. 

HAMZAFI  Begh,  fils  de  Cara  Ilugh  Othman,  ell  le  troifième  Prince  de  U 
dynaftie  des  Turcomans  ,  appellée  du  Mouton  IBlanc  ou  des  Baianduriens.  Il 
régna ,  après  la  mort  de  fon  père  ,  en  Méfopotamie  &  en  Cappadoce  près  de 
quarante  ans,  &  mourut  l'an   848  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1444. 

Il  eut  pour  fuccelTeur  fon  neveu  Gihanghir,  fils  d'Ali  Begh,  &  celuj'-ci  laif^ 
fa  fes  Etats  à  fon  propre  frère  nommé  Haifan  ,  furnommé  Uzun  ,  c'eiî-à-dire , 
le  Long,  l'an  de  l'Hegire  872.    Cet  Haifan  eft  le  fameux  Ufuncafl'm. 

Bb  3  HANBAL, 


rpS  H  A  N  B  A  L.  H  A  N  B  A  L  A  H. 

HANBAL  ,  Ahmed  Ebn  Hanbal ,  furnommé  Al  Schibani  Al  Merouzi,  un 
des  chefs  des  quatre  Seéles  reconnues  pour  Orthodoxes  dans  le  Mufulmanifme, 
naquit  à  Bagdet  l'an  164  de  l'Hegire  &  y  mourut  l'an  241. 

Il  fut  regardé  comme  un  Doflcur  infigne  dans  la  loy,  dans  les  traditions  & 
dans  la  fpii-itualité.  Les  voyages  qu'il  fit  à  Coufa,  à  Baffora  ,  à  la  Mecque,  à 
Medine,  dans  l'Iemen  &  dans  la  Syrie,  le  firent  beaucoup  connoître,  &  fa  ver- 
tu le  fit  refpefler  par-tout. 

Le  Khalife  Môtafl'em  cependant  le  confidéra  fi  peu  ,  qu'il  le  fit  emprifonner 
&  fuiliger ,  pour  avoir  refufé  _de  dire  que  TAlcoran  n'étoit  pas  créé.  Cette 
folie  de  croire  que  l'Alcoran  n'étoit  pas  créé,  fit  grand  bruit  parmi  les  Muful- 
mans  en  ce  tems-là ,  comme  l'on  peut  voir  dans  le  titre  de  l'Alcoran.  Mota- 
vakkel,  fils  de  MôtafTem  ,  qui  fucceda  à  Vathek  fon  frère  aîné  ,  fit  mettre  en 
liberté  Ebn  Hanbal ,  &  le  renvoya  chez  luy  chargé  de  préfens ,  au  lieu  de 
chaînes. 

Ce  Dofteur  fut  toujours  depuis  ce  tems-là  fort  confideré,  jufques-là  qu'Abu- 
giafar  Al  Thabari  fut  fufpeft  d'hérefie  ,  pour  ne  l'avoir  pas  mis  au  nombre  des 
Docteurs  canoniques,  &  avoir  écrit  qu'il  n'étoit  point  fcriptural,  mais  feulement 
traditionnaire.  Il  avoit  reçu  fes  traditions  de  Schaféi ,  &:  il  les  fit  paffcr  de  luy 
à  Bokhari  &  à  Meflem. 

Ayant  été  un  jour  rapporté  à  Ebn  Hanbal  qu'il  y  avoit  une  troupe  de  gens 
qui  ne  faifoit  autre  chofe  que  chanter  &  danfer  ,  il  dit  à  ceux  qui  s'en  éton- 
noient  :  Ce  font  des  amoureux  ;  dites  leur  feulement ,  au  lieu  de  les  reprimen- 
der,  qu'ils  fe  rejoiiilFent  une  heure  avec  le  Seigneur.  Dâouhom  iafrahou  ma  AU 
lah  fàâtan. 

L'on  dit  ,  que  ce  Dofleur  mourut  avec  une  fi  grande  réputation  de  fainte- 
té  ,  qu'il  y  eut  un  concours  de  800  mil  hommes  &  de  60  mil  femmes  à  Çqs 
funérailles,  &  que  le  jour  qu'il  fut  enterré,  20  mil  perfonnes  de  diverfes  Re- 
ligions embrafTerent  le  Mufulmanifme. 

HANBALAH,  les  Hanbalites.  Ceux  qui  faifoient  profeflîon  de  la  fede 
çl'Ebn  Hanbal.  Cette  fede  fit  grand  bruit  dans  Bagdet,  fous  le  Khalife  Mocla- 
der,  l'an  317  de  l'Hegire.  Merouzi,  chef  de  la  fefte  ,  avoit  avancé  que  Dieu 
devoit  placer  Mahomet  fur  fon  trône,  fondé  fur  un  pafiage  de  lAlcoran  ,  qui 
porte:  Ton  Sdgneur  te  donnera  blcn-td:  une  place  tres-confiderabk.  Ajfa  m  iabdùéka 
rabhoka  mecanian  mahmoudan. 

Les  Mufiilmans  des  autres  feclcs  regardoient  l'explication  des  Hanbalites  com- 
me une  impieté,  telle  qu'elle  eft  &  en  avoient  horreur:  Ils  foûtenoient  ,*  que 
cette  place  confidérable  étoit  le  poile  &  la  qualité  de  Médiateur,  qu'ils  difoient 
par  une  autre  rêverie  non  moins  condamnable,  appartenir  à  leur  faux  Prophè- 
te. Cette  querelle  paffa  de  l'école  dans  les  afl^emblées  publiques ,  &  on  vint 
des  paroles  aux  armes  avec  une  telle  fureur  qu'il  en  coûta  la  vie  à  plufieurs 
milliers  de  perfonnes ,  fans  que  le  Khalife  y  pût  apporter  aucun  remède. 

L'an  323  de  l'Hegire  ,  les  Hanbalites  devinrent  fi  infolens  qu'ils  marchèrent 
en  armes  dans  la  ville  de  Bagdet,  pillant  &  faccageant  les  boutiques,  fous  pré- 
texte que  l'on  y  bcuvoit  du  vin  &  que  l'on  y  chantoit.  Le  Khalife  Radhi^ 
fils  de  iMoftader  ,  fit  publier/une  déclaration  contre  eux  ,  dans  laquelle  il  Iti, 
accufe   de  donner  un  corps  à  Dieu  &  par  conféquent  de  le  faire  matériel ,  ce 

que 


H  A  N  B  A  L  I.  H  A  N  I  F  I  A  H.  j^ 

que  les  Arabes  appellent  Tagiefllim,  &  en  même  tems  les  menace  des  dernières 
rigueurs,  s'ils  troubloient  davantage  le  repos  des  Mufulmans. 

HANBALI,  un  qui  fait  profeffion  de  la  fede  d'Ebn  Hanbal. 

Ibrahim  Ben  Jofcf,  natif  d'Alep,  eft  furnommé  AI  Halabi  &  Ebn  A!-FIanba- 
li  :  il  a  compofé  un  livre  de  politique  ,  intitulé  Adab  al  JjaJJat  &  Mejfabih  arbdb 
al  riaffat.    Il  mourut  l'an  950  de  l'Hegire. 

Il  y  a  encore  une  hiiloire ,  nommée  Tarikh  Ebn  Hanbali ,  qui  porte  le  titre 
particulier  de  Dorar  al  Habib. 

Uns  algelil  ,  ouHiftoire  de  Jerufalem,  a  pour  Auteur  Abdalrahmaji  Al-Han- 
bali. 

HANDASSAH,  la  Géométrie.  Ce  mot  Arabe  a  été  formé  du  Pcrfien 
Andâz  &  Endâz,  qui  fignifie  Mefure. 

Samarcandi  eft  Auteur  d'un  livre  de  cette  fciencc ,  qu'il  a  intitulé  Jfchcdl  al 
tdjfis  fil  hendajjah. . 

Abou  Ali ,  lurnommé  Al  Mohandes ,  le  Géomètre ,  a  excellé  dans  cette  fcien-  ■ 
ce  :   Il  vivoit  l'an  530  de  l'Hegire  ,   fous  le  Khalifat  de  Hafedh  bedinillah  ,   en 
Egypte,  &  de  Rafched,  fils  de  Moftarfched,  à  Bagdet.     Ce  Géomètre  étoit  fça- 
vant  dans  les  lettres  humaines  &  faifoit  de  bons  vers. 

Les  Orientaux  donnent  prefquc  toujours  à  la  Géométrie  le  nom  d'Aclides  ou 
Oclides  ,  c'eft-à-dire  ,  d'Euclide  ,  à  caufe  que  cet  Auteur  en  a  donné  les  éle- 
mens.     Voyez  ce  titre. 

HANDHALAH.  Dagfal,  ancien  Poëte  Arabe,  eft  fouvent  nommé  fim- 
plement  Ben  Handhalali. . 

HANI,  furnom  de  Mohammed  Ben  Ali,  mort  l'an  733  de  l'Hegire,  qui  eft 
Auteur  d'un  poëme,  intitulé  Argiouzdt  fil  âraidh  ^  fur  l'art  Poétique. 

Ebn  Hani,  Poëte  Arabe  né  en  Efpagne.  Il  lotie  extrêmement  Moez  le  Fa- 
thimite,  premier  Khalife  d'Egypte,  dans  quelques-uns  de  fes  ouvrages  &  le  blâ- 
me enfuite  dans  d'autres. 

H  A  NI  FA  H.  Mohammed  Ben  Hanifah  étoit  fils  d'Ali  &  de  Hanifah,  fa  fé- 
conde femme  ,  &  on  l'appelle  toujours  fils  de  Hanifah  ,  pour  le  diftinguer  de 
Haiïan  &  de  Iloulfain,  qui  étoient  fils  d'Ali,  &  de  Fathimah,  fille  de  Mahomet. 

Mohammed  Ben  Hanifah  refufa  plufieurs  fois  le  Khalifat,  que  les  ennemis  des 
Khalifes  Ommiades  lui  ofFroient.     Foyez  fort  titre  propre, 

Abou  Hanifah,  le  père  de  Hanifah.  Nom  d'un  des  principaux  chefs  de  fec- 
tes  approuvées  par  les  Mufulmans.     Voyez  fon  propre  titre. 

HANI  FI  A  H,  la  Sefte  &  la  Doftrine  d'Abou  Hanifah.  Les  Turcs  qui  la 
-fuivent,  donnent  ce  nom  à  la  foy  Orthodoxe  des  Mufulmans. 

Cette  fefte ,  auffi-bien  que  celles  de  Schafêi  ,  d'Ebn  Hanbal  &  de  Malek  ,  a 
eu  des  chefs  fuccefléurs  de. fon  premier  Maître  &  Fondateur.  On  remarque, 
qu'Ahmed  Ben  Ali  Al  Giafi^âs  Al  Razi,  maître  de  Nallafi  ,  a  été  le  dernier  de 
ces  chefs  reconnus  par  les  Hanifites. 

Abdallah  Bathalmious  a  écrit  un  livre  fur  les  divifions  ou  fentimens  diuércns 
des  Hanifites. 

HANTHAMAH, 


200  H  A  N  T  H  A  M  A  H.  H  A  îl  B. 

HANTHAMAH,  ville  du  pays  de  Sefalah  fituée  fur  la  m@r.  Ce  pays  de 
Sefalah  eft  le  pays  de  Zanguebar,  &  la  côte  de  Cafrerie.  f^oyez  Sefalat  al  dha- 
hab.  La  ville,  que  nous  connoiflbns  aujoiird'huy  fous  le  nom  de  Sofala,  eft  en 
ces  quartiers-là,  proche  de  Mozambique. 

-HARACTOUS.  Giauberi  cite  Heraclite  le  Philofophe,  qui  a  pofé  les  ato- 
mes pour  premiers  principes  de  toutes  chofes,  fous  ce  nom.  Les  Grecs  &  les 
Latins  attribuent  cette  opinion  à  Democrite. 

HARAM,  chofe  défendue  par  la  loy  ,  c'eft  le  contraire  de  Halâl.  Foyez 
ce  litre. 

C'eft  aufïï  une  chofe  facrée  ,  dont  l'entrée  n'eft  pas  permife  à  toutes  fortes 
de  gens:  un  Sanftuaire  comme  celuy  de  la  Mecque,  félon  la  faufte  perfuafion 
des  Mahometans  ,  &  le  Temple  de  Medine  où  eft  le  fepulcr^  du  faux  Pro- 
phète ,  portent  ce  nom.  Ils  appellent  ces  deux  lieux  Harâmani ,  &  au  génitif 
Harâmain,  qui  eft  le  Duel  du  fmgulier  Harâm.  Foyez  le  titre  ^'Imam  al  Ha- 
ramain. 

L'appartement  des  femmes  chez  les  Orientaux  s'appelle  aufîî  Haram  ,  &  le 
quartier  où  elles  logent  dans  les  voyages ,  &  dans  les  campcmens  ,  porte  le 
même  nom.  Lorfque  le  Haràm  marche,  il  eft  fort  dangereux  à  ceux  qui  ne 
font  pas  de  fervice,  de  fe  prefenter  fur  fa  route. 

HARAR,  nom  d'un  peuple  que  nous  appellerions  comme  Erpenius  &  au- 
tres, les  Harariens;  mais  il  faut  lire  Khozar  en  mettant  un  point  fur  la  pre- 
mière lettre  ,  &  un  autre  fur  la  féconde.  Il  y  a  cependant  Ben  Harrar  Al 
Afriki ,  Auteur  de  l'hiftoire  de  Mahedi  d'Afrique ,  fils  dAbdallah  ,  &  des 
Jathimites. 

HARB,  la  guerre  en  gênerai:  car  celle  qui  fe  fait  contre  les  infidèles,  s'ap- 
pelle Gehâd.     Foyez  ce  titre. 

Les  Arabes  de  la  Gentil  ité  ne  pouvoient  faire  la  guerre  qu'en  certains  mois 
de  l'année,  c'eft  pourquoy  ils  les  tranfpofoient  fouvent,  &  les  intercaloient  pour 
éluder  la  défenfe  qui  les  empêchoit  de  fe  battre.  Mahomet  pour  remédier  à  cet 
abus,  défendit  abfolument  l'intercalation ,  que  les  Arabes  appellent  Nelîa.  Foyez 
ce  titre. 

Divan  al  harb,  leConfeil  de  guerre,  ou  Cour  de  juftice  établie  pour  juger 
•les  Officiers  de  l'armée  qui  n'obfervoient  pas  la  difcipline  militaire.  Lohorafb, 
Roy  de  Perfe  de  la  première  dynaftie,  fut  le  premier  qui  l'ainftitué,  &  cette 
-inftitution  fut  fuivie  par  les  Sultans ,  &  par  les  Khalifes  qui  ont  régné  dans 
la  Perfe. 

Les  Hiftoricns  Orientaux  remarquent  qu'en  l'an  678  de  l'Hegire  qui  eft  de 
J.  C.  1279,  la  guerre  étoit  générale  dans  tout  l'Orient,  &  particulièrement 
celle  que  l'on  appelle  domeftique  &  civile:  Les  Tartares,  les  Arabes,  les  Dha- 
Jiarites  ou  fucccfteurs  de  Malek  Al  Dhaher  en  Egypte,  &  les  francs  en  Syrie, 
fe  détruifant  les  uns  les  autres. 

Darb  al  harb,  la  Porte  de  la  guerre,  C'eft  le  nom  d'une  des  portes  de  la 
ville  de  Bagdet  ,  par  laquelle  les  troupes  fortoient,  quand  les  Khalifes  faifoient 
quelque  expédition  militaire:  on  ne  l'ouvroit  que  dans  cette  occafion,  de  même 
que  celle  du  Temple  de  Janus  chez  les  Romains. 

Alât 


H  A  R  E  B  A  H.  H  A  R  I  R.  aor. 

.  A'ât  al  harb.  Il  y  a  un  livre  Arabe  qui  porte  ce  nom ,  &,  qui  traite  de 
Part  militaire.  Cet  Auteur  dit  qu'un  Capitaine  fage  vaut  mieux  que  mil  vaillans 
ibldats;  car  chacun  de  ceux-cy  ne  pourra  tuer  que  quinze  ou  vingt  au  plus  de 
fes  ennemis  :  mais  celuy-là  peut  faire  périr  par  fa  bonne  conduite  une  armic 
entière,  fût -elle  de  cent  mil  hommes  &  plus. 

Ebn  al  harb,  nom  d'un  Auteur  appelle  autrement  Ahmed  Al  Nifchabouri, 
mort  l'an  230  de  l'Hegire,  duquel  nous  avons  un  Argiouzat  fur  l'Arithmétique, 
&  un  commentaire  fur  les  Arbâia 

HAREBAH,  fumom  d'Abou  JâU  Mohammed,  dit  encore  Al  Bagdadi  Al 
Abaflî,  Auteur  du  livre  intitulé  ^l  Sadéh  u  Al  Bagkem,  de  celui  qui  parle  trop 
haut,  &  de  celui  qui  parle  trop  bas.  Cet  ouvrage  efl  dans  la  Bibliothèque  du 
Roy,  n\  1226. 

Ce  traité  efl  fait  au  fujet  des  Arabes  qui  étoient  taxez  de  parler  trop  haut, 
&  trop  fièrement.  Mahomet  leur  a  reproché  ce  défaut,  &  lésa  exhortés  à  par- 
ler d'un  ton  moins  élevé ,  &  plus  humble.  Ces  deux  mots  Sadeh  &  Baghera 
marquent  les  deux  excez  que  l'on  peut  commettre  en  élevant,  ou  en  abbaiflant 
trop  fa  voix. 

HARETH,  Amrou  Ebn  Hareth,  &  Hareth  Ben  Ararou.  Khondemir  donne 
ces  deux  noms  au  même  Poëte  Arabe  qui  eft  un  des  fept  Auteurs  des  Moalla- 
cât.     l^oyez  ce  titre. 

HARETH  Ben  Câb.  Voyez  fon  teftament,  &  les  préceptes  qu'il  donne  à 
{iis  enfans,  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n°.  924.     Foyez  auji  Haougial. 

HARETH  Ebn  Keldat,  Médecin  Arabe  qui  vivoit  du  tems  de  Mahomet. 
Son  régime  étoit  de  manger  le  matin,  d'ufer  avec  difcretion  du  mariage,  &  de 
marcher  vêtu  légèrement.  On  dit  qu'il  entendait  par  ce  dernier  avis ,  de  ne  fc 
point  charger  de  dcbtes,  &  non  pas  d'habits.  K  exerça  long-tcms  la  médecine 
en  Perfe,  &  y  amalTa  de  grandes  richeffes;  il  revint  dc-là  en  Arabie,  &  l'on 
doute  s'il  embralTa  le  Mahometifme  ou  non  ;  mais  quoy  qu'il  en  fût ,  il  étoit 
des  amis  de  Mahomet  qui  lui  en  voy  oit  fou  vent  des  pratiques. 

HARETH,  dit  Aboul  Hafs,  natif  de  la  Province  de  KhoralTan,  a  travaillé 
en  Arabe  fur  Éuclidc. 

AboulhalTan  Ebn  Hareth ,  natif  de  Khovarezm ,  a  compofé  un  traité  d' Algèbre- 
intitulé  Eftekfa  fil  gebr  u  mocabelah.     l^oyez  le  titre  de  Gebr. 

HARIADENUS,  c'eft  ainfi  que  Paul  Jove  &  autres  Hiiloriens  Latins 
appellent  Khaireddin  furnommé  BarbarolTa ,  fameux  Pyrate.   Foyez  fon  propre  titre. 

HARIFISCH  Schoâib  ,  Auteur  du  livre  intitulé  Raoudh  Alfaiky  les  Jardins 
élevez  &  fufpendus ,  tels  qu'étoient  ceux  de  Semiramis  dans  Babylone.  L'Au- 
teur a  donné  ce  titre  à  fon  ouvrage,  parce  qu'il  y  traite  de  la  morale,  &  de 
la  fpiritualité  la  plus  relevée,  &  la  plus  raffinée  du  Mufulmanifme. 

HARIR,  Bourgade  de  la  Province  de  Fars,  ou  Perfe  proprement  dite,  dans 
laquelle  un  célèbre  Auteur  qui  en  a  tiré  fon  nom,  faifoit  fa  demeure  ordinaire. 
Voyez  plus  bas  Hariri. 

Tome  IL  Ce  HARIR,* 


toi  H  A  R  I  R.  H  A  R  K  E  L. 

HARIR,  ce  mot  fignifie  en  Arabe  dj  la  Soye  ;  les  Perfans  ,  &  les  'Turc* 
^ppellcat  ordinairement  Berfchcm  ,  &  Ibrifchim. 

Les  Perfans   chez  lefquels  la  foye  abonde,  &  particulièrement  dans  les  ?râ^'-- 
vinces  de  Dilcm,  de  Giorgian,  de  Thabareftan ,  &  de  Mazanderan ,  fans  parler 
des  autres,  attribuent  pour  l'ordinaire  l'invention  de  la  foye  àGiamfchid,  un.de 
leurs  plus  anciens  Monarques. 

Cependant  ceux  qui  écrivent  plus  exaflement,  &  plus  fincerement,  confeflerfé' 
que  l'invention  de  la  foye  leur  ell  venue  des  Chinois,  de  même  qu'elle  nous 
a  été  communiquée  par  les  Grecs.  On  doute  qu'elle  fût  connue  dans  les  pre- 
miers tems  du  Mufulmanifme ,  c'eft  ce  qui  a  partagé  les  fcnthnens  des  Doreurs 
Mahometans  touchant  l'ufage  des  étoffes  de  foye  dans  les  habits. 

L'on  remarquera  feulement  icy  que  la  foye  étant  regardée  par  les  Muful- 
mans  comme  une  chofe  impure,  à  caufe  que  ce  n'ell:  autre  chofe  que  la  bave 
d'un  infefte  ,  il  a  été  décidé  d'un  plein  confentement  de  tous  leurs  Doéleurs 
qu'un  homme  vêtu  d'une  «toife  toute  de  foye,  ce  qui  s'appelle  en  Latin  tiré 
du  Grec  Holofericum,  ne  peut  pas  vacquer  à  la  prière  journalière  qui  elt  com- 
mandée par  la  loy. 

C'eft  ce  qui  leur  fait  dire  que  le  Safi  harir,  qui  eft  proprement  Yholoferktm, 
eft  Haram  ,  c'eft-à-dire  ,  défcn.iu  félon  la  loy  ,  ce  qui  n'empêche  pas  que  les. 
moins  fcrupuleux  n'en  portent. 

Les  R-rfans  diftinguent  la  foj^e  en  Kenar  ou  Ardaffe,  qui  eft  la  plus  groffiere 
dont  on  fait  les  franges,  &  les  cordons;  &  en  Lagian  ou  Legi  ,  comme  nos 
Marchands  l'appellent,  laquelle  fert  à  la  fabrique  des  étoffes. 

HARIRI,  furnom  d'Abou  Mohammed  Al  CafTem  Ben  Mohammed.  Ce  fur= 
nom  lui  fut  donné  à  caufe  qu'il  demeuroit  dans  une  Bourgade  de  Perfe  nommée 
Harir  ;  car  d'ailleurs  il  avoit  pris  naifl'ance  dans  Baffora ,  d'où  il  eft  encore  fur- 
nommé  Al  Bafri.  Ift 

Il  compofa  un  ouvrage  fous  le  titre  de  Mecamdt ,  à  l'inftance  d'Abou  Schir- 
van  Khaled,  Vifir  du  Sultan  Mahmoud  de  la  race  des  Selgiucides  ,  lequel  eft 
eftimé  un  chef  d'œuvre  d'éloquence  Arabique.  Il  contient  cinquante  difcours, 
ou  efpeces  de  déclamations  fur  differens  fujets  de  morale,  «Se  chacun  de  ces  dif- 
cours porte  le  nom  du  lieu  où  il  a  été  recité. 

Cet  Auteur  naquit  l'an  de  l'Hegire  446  &  mourut  l'an  515  fous  le  règne  de 
Moftarfched  vingt-neufvième  Khalife  de  la  race  des  Abbaffides. 

Okberi  Al  Bagdadi  a  fait  une  explication  àQS  mots  difficiles  qui  fe  rencon- 
trent tant  dans  la  profe ,  que  dans  les  vers  de  cet  ouvrage  ,  qui  eft  dans  la 
Bibliothèque  du  Roy  n.  11 20,  &  plufieurs  autres  Auteurs  y  ont  fait  dejuftes 
commentaires ,  entre  lefquels  celuy  d'Al  Motharezi  Al  Schirazi  eft  le  plus 
eftimé.  f^oyez  le  titre  de  Mecamât,  Ce  mot  fignifie  proprement  en  Arabe  ce 
que  les   Rhetoriciens  appellent  Lieux  communs. 

Il  y  a  un  Ahmed  Ben  Abou  Sâid  furnommé  Al  Hariri ,  qui  a  travaillé  fur 
les  Sphœriques  de  Menelaus.  Jafêi  a  fait  la  vie  d'Abu  Mohammed  Al  Hariri 
dans  l'article  148  de  fon  hiftoire.. 

HARKEL,  l'Empereur  Heraclius.  Les  Chrétiens  Orientaux,  comme  Ebiî 
Amid ,  &  Ebn  Batrik ,  écrivent  que  Heraclius  étoit  Melkite ,  c'eft-à-dire ,  Ortho- 
«loxe,  &  qu'il  rétabUt  des  Evoques  Catholiques  dans  les  fieges  que  les  Jacobites, 

ou 


H  A  R  M  A  N  r.  H  A  R  0  U  N.  203 

ou  Eutychiens,  avoient  envahis:  mais  que  fur  la  fin  de  fa  vie,  il  devint  Miro 
nite,  c'eft-à-dire ,  comme  Eba  Batrik  l'explique,  Monothelite. 

Le  même  Auteur  ajoute  que  les  habitans  de  la  ville  de  FIcms  qui  cH: 
EmefTe  ,  ne  le  voulurent  pas  recevoir  dans  leur  ville ,  à  caufe  qu'il  étoit  Ma- 
rouni;  ce  qui  l'obligea  à  paOer  de  cette  ville  au  JNIonaftere  de  Maroun  où  il 
fit  de  fort  grands  prefens. 

Les  Maronites  d'aujourd'huy  qui  font  Catholiques  Romains ,  ne  conviennent 
pas  de  ce  fait,  car  ils  foûtiennent  fermement  que  la  Religion 'Meikite  ou  Ca- 
tholique s'eft  toujours  confervée  parmi  eux  dans  le  Mont  Liban,  &  que  l'Abbé 
Maroun  à  qui  ils  donnent  le  titre  de  Saint,  étoit  fort  Orthodoxe. 

Les  Chrétiens  d'Orient  attribuent  beaucoup  de  chofes  à  cet  Empereur ,  qui 
..ne  5'accordent  pas  avec  ce  qu'en  qnt  écrit  nos  Hiftoriens  Grecs  &  Latins. 

H  ARM  A  NI,  les  Ara"bes  appellent  ainfi  les  deux  plus  grandes  Pyramides 
d'Egypte,     yoysz  le  titre  rf'Ehrâm,  ou  de  Herem. 

HARMOZAN,   nom  d'un  Seigneur  Perfien  qui  étoit  Gouverneur  de  la 
Province  d'Ahovâz,  &  de  Schoufter  pour  lezdegerd  Roy  de  Perle.     Il  fe  trouva 
^Tiegé  dans  l'un  de  fes  châteaux  par  les  Arabes  du  tems  d'Omar,  fécond  Kha- 
life des  Mufulmans,  l'an  de  l'Hegire   17  &  fut  obligé,  faute  de  fecours,  de  fe 
Tendre  à  eux  à  bonne  compofition. 

Le  chef  des  Arabes  l'ayant  envoyé  à  Omar  qui  faifoit  fa  refidence  dans  la 
ville  de  Medine,  qui  étoit  pour  lors  le  fiege  de  l'Empire  des  Mufulmans,  on  le 
conduifit  d'abord  à  la  grande^  Mofquée ,  où  le  Kliahfe  dormoit  à  la  porte  parmi 
les  pauvres  qui  avoient  accoutumé  de  s'y  aflembler. 

Harmozan  ne  pouvant  pas  démêler  le  Khalife  dans  cette  troupe ,  demanda 
auffi-tôt  à  fon  conduéleur  où  étoit  Omar ,  &  Omar  s'étant  reveillé  au  bruit  que 
l'on  fit,  alla  auffi-tôt  fe  placer  fur  fon  trône  ,  pour  le  recevoir  avec  honneur, 
&  après  avoir  loué  Dieu  de  ce  qu'il  envoyoit  des  gens  de  fon  mérite  ,  &  de  fa 
qualité  pour  embralfer  le  Mufulmanifme,  il  commanda  qu'on  luy  ôtat  fes  habits, 
^  que  l'on  lui  en  donnât  de  neufs. 

Le  Khalife  l'ayant  enfuite  entretenu  de  plufieurs  chofes,  Harmozan  demanda 
à  boire ,  la  coutume  étant  parmi  les  Orientaux  que ,  lorfque  deux  perfonnes  ont 
'bû  enfemble  ,  ou  que  quelqu'un  a  bû  en  prefence  d'un  autre ,  ils  fe  tiennent 
réciproquement  dans  une  entière  fureté  l'un  de  l'autre  ,  comme  étant  devenus 
hôtes,  amis,  &  poui*  ainfi   dire,  commenfaux. 

Omar  ayant  interrogé  Hai'mozan  poiu"quoy  il  deraandoit  à  boire,  il  lui  ré- 
pondit que  c'étoit  pour  s'alfurer  de  fa  vie.  Vpus  êtes  en  toute  feureté  ,  lui 
répliqua  Omar,  &  vous  n'avez  que  faire  de  boire  pour  vous  délivrer  de  cette 
crainte:  Harmozan  après  la  parole  qu'Omar  lui  eut  donnée,  s'abftint  de  boire, 
fit  profefiîon  du  Mufuhnanifme ,  &  devint  un  bon  Néophyte  au  rapport  de  Ben 
Schohnah. 

Le  même  Auteur  rapporte  au  fujet  de  la  boiflbn ,  que  Saladin  ayant  fait  quel- 
rques  Chrétiens  prifonniers,  leur  fit  apporter  à  boire  pour  les  allurer  de  leur  vie, 
&  qu'un  d'eux  auquel  il  ne  vouloit  pas  pardonner,  voulant  boire,  il  l'en  empêcha, 
&  lui  couppa  lui-même  la  tête  à  la  prefence  des  autres. 

HARO  UN  Al  Rafchid,  frère  de  Hadi,  &  fils  de  Mahadi,  fut  le  cinquième 
Khalife  de  la  Maifon  des  Abbuffides.    Il  commença  à  régner  l'an  170  Je  l'He- 

C  c  2  gire, 


,04  H  A  R  O  Ù  N. 

gire,  aiiflî-tôt  après  la  mort  de  fon  frère  ,  en  vertu  de  la  fubflitution  que  ioir 
père  avoit  faite.    C'eit  ccliiy  que  nos  Hiftoriens  appellent  Aaron  Roy  des  Ssr- 
razins,  ou  de  Pcrfe,  qui  fît  des  prefcns  à  Charlemagne.     L'on  peut  remarquer 
une  adion  toute  fcmblablc  de  ces  deux  grands  Princes,  en  ce  qu'ils  partagèrent 
tous  deux  leur  fucceflion  à  trois  de  leurs   enfans. 

Hai-oun  donna  à  Mamon  fon  fécond  fils  tout  l'Orient  de  l'Etat  des  Khalifes, 
à  fçavoir  ,  la  Perfe  ,  le  Kerman  ,  les  Indes  ,  le  Khoraffan ,  le  Tabareftan ,  le 
Zabul  ,   &  le  Cabul ,  avec  le  Mavaralnahai-  ou  pays  de   de-là  le  .fleuve  Gihôn 


ou  Oxus. 


l'Afrique  jufqu' 

Motaffan  fon  troifième  fils,  qui  avoit  été  comme  oublié,  n'eut  que  l'Arménie, 
la  Natolie,  la  Géorgie,  la  Circaffie,  &  tout  ce  que  les  Khalifes  polTedoient  aii 
deflus,  &  aux  environs  du  Pont  Euxin.    Khondemir.  Lebtarikh. 

La  dignité  de  Khalife  palfa  de  l'aîné  au  fécond,  &  du  fécond  au  troifième; 
car  ces  trois  frères  fuccedcrent  l'un  à  l'autre. 

Haroun  ordonna  qu'après  fa  mort,  Amin  lui  fuccederoit  à  la  dignité  de  Kha- 
life, &  qu'il  feroit  fon  fejour  dans  Bagdet ,  ville  Capitale ,  &  Impériale  du  Mu- 
fulmanifme;  que  Mamon  feroit  fa  refidence  dans  Merou  ville  Royale  du  Kho- 
raifan,  &  qu'il  fuccederoit  à  fon  frère  au  Khalifat,  &  à  tous  i^^s  Etats  après 
fa  mort,  à  l'exclufion  de  fes   neveux. 

Après  avoir  fait  ce  partage ,  il  fit  jurer  fes  enfans  &  tous  les  Grands  de  FEiu- 
pire,  qu'ils  acccpCoient  cette  difpofition  &  qu'ils  ne  s'en  départiroient  jamais; 
&  pour  la  rendre  plus  authentique,  il  en  fit  attacher  les  lettres  patentes  dans 
le  Sanftuaire  même  de  la  Mecque,  après  les  avoir  fait  promulguer  fm*  le  feuil 
prétendu  facré  de   la  Caabah,  ou  Maifon  quarrée. 

Lorfqu'on  attacha- cette  déclaration  du  Khalife  dans  le  Temple  de  la  Mecque, 
elle  tomba  des  mains  de  celuy  qui  la.  tenoit  ,  &  fut  emportée  par  le  vent; 
cet  accident  fit  juger  à  la  plupart  de  ceux  qui  étoient  prefens  à  cette  aftion^, 
que  la  concorde  de  ces  frères  ne  feroit  pas  de  longue  durée,  &  que  ce  qui 
venoit  d'arriver  ne  pouvoit  être  qu'un  très-mauvais  augure. 

Ce  Prince ,  comme  il  a  été  déjà  remarqué  cy-defllis ,  avoit  été  comme  afixDcié 
au  Khalifat  avec  fon  frère  aîné  Hadi,  par  le  tellament  de  Mahadi  leur  père; 
car  c'cft  ainfi  que  les  Arabes  parlent;  cependant  Hadi  qui  n'étoit  pas  content 
dé  cette  aifociation,  avoit  cherché  avant  fa  mort  tous  les  moyens  de  faire  paf- 
fer  cette    dignité  à  fon  fils  nommé  Giafar. 

Après  fa  mort,  Giafar  ne  manqua  pas  de  partifans  qui  voulurent  faire  valoir 
fon  droit:  mais  la  fadion  des  amis  de  Haroun  étant  la  plus  forte,  il  fallut  que 
le  neveu  cédât-  à  l'oncle,  ce  qu'il  fit  de  lui-même,  &  de  fort  bonne  grâce. 

L'on  dit  que  Haroun  pendant  fa  vie  privée  ,  fe  trouva  un  jour  fi  accablé 
des  traverfes  que  fon  frère  lui  faifoit  fouffrir,  qu'il  voiia  de  faire  à  pied  le 
pèlerinage  de  la  Mecque,  s'il  en  pouvoit  être  délivré.  Lorfqu'il  fut  parvenu 
au  Kiialifat ,  plufieurs  de  fes  courtifans  lui  remontrèrent ,  qu'il  n'étoit  point 
obligé  de  fatisfiiire  à  ce  vœu:  mais  les  Doéleurs  de  la  loy  qu'il  confulta,  ayant 
répondu  tous  unanimement,  qu'ils  l'y  croyoient  obligé,  il  partit  l'an  179  de 
l'Hegire ,  de  Bagdet  à  pied ,  &  continua  ainfi  fon   voyage  jufqu'à  la  Mecque. . 

L'on  dit  qu'il  trouva  dans  toute  fa  route  les  chemins  couverts  de  tapis ,  & 

de 


flAROUN.  •  235 

de  diverfes  étoffes  de  prix;  &  l'on  a  remarqué  auîîî  qu'il  fut  le  dernier  des  Khs- 
îifes  qui  entreprit  de  faire  le  pèlerinage  de  la  Mecque.     Thabari. 

flaroun  fat  lurnomméAl  Rifchid,  le  Droiturier,  ou  le  Jufte:  &  l'on  dit  que 
lorfqu'il  reçut  la  nouvelle  de  Li  mort  de  Hadi  fon  frère,  &  par  confequent  de 
fon  exaltation  au  Khalifat,  il  vacquoit  à  la  lefture  de  l'Alcoran,  &  qu'aulfi-tôt 
après,  il  apprit  que  MamoJi  fon  fils'  étoit  ne/  Ce  rencontre  fit  que  les  Arabes 
ont  depuis  ce  tems-Ià  appelle  ce  jour  qui  fut  le  feizièma  du  mois  Rabiâ  al  aoval, 
de  fannéa  cent  &  foixante  dixième  de  FHogire,  le  jour  des  Hafchemites,  parce 
qu'il  avoit  donné  la -mort  à  l'un  d'eux,  &  la  vie  à  l'autre. 

Les  AbbalTîdes  font  appeliez  Hafchemites,  à  caufe  que  leur  fimille  étoit  une 
branche  de  la  tige,  &  de  la  Mailbn  de  Hafchem,  de  laquelle  Mahomet  defccn- 
doit  auflî. 

Cette  avanture  de  la  mort  de  Hadi ,  &  de  la  naifTance  de  Mamon  arrivée  au 
même  jour,  fait  dire  à  l'Auteur  du  Nighiariftan  que  !e  monde  ell  femblable  à  la 
toile  qu'un  Peintre  a  tracée  &  couverte  entièrement  de  quelque  delfein;  car 
l'ouvrier  n'y  peut  rien  ajouter ,  s'il  n'en  efface  quelque  chofe.  Jekitclmn  reved 
diker  aied  bcgiai.  Ainli  dans  ce  monde  l'un  s'en  va,  6c  l'autre  prend  auffi-tàt 
fa  place. 

Mahadi  ayant  laiffé  à  Haroun  pour  arrhes  de  la  fuccefîion  à  laquelle  il  l'avoit 
appelle  après  fon  frère  ,  un  très-beau  rubi  qu'il  portoit  au  doigt ,  fenvie  prit 
au  Khalife  fon  frère  de  le  retirer  de  fes  mains.  Haroun  étoit  proche  de  la 
rivière  du  Tigre  ,  lorfqu'un  Eunuque  vint  de  fa  part  la  lui  demander.  Cette 
demande  le  mit  en  une  fi  grande  colère  qu'après  avoir  reproché  à  fon  frère-, 
qu'il  étoit  très^injufte  de  lui  vouloir  ravir  ce  qui  lui  étoit  feul  rcité  de  confide- 
rablc  parmi  les  meubles  de  la  fucceilion  de  Mahadi  leur  père,  pendant  qu'il  poffe- 
doit  lui  feul  de  fi  grands  Etats ,  &  de  fi  riches  trefors ,  il  ôta  ce  rubi  de  fon 
doigt,  &  le  jetta  dans  le  courant  du  Tigre. 

La  mort  de  fon  frère  étant  arrivée  cinq  mois  après ,  Haroun  dans  le  tems 
•qu'il  prit  po(fefîîon  du  Khalifat  y  fe  fouvint  de  fon  rubi ,  &  commanda  à  des 
plongeons  de  l'aller  chercher  au  lieu  où  il  l'avoit  jette.  La  pefche  en  fut  li 
heureulé ,  que  la  première  chofe  que  les  plongeons  trouvèrent  ibus  leurs  mains , 
fut  fa  bague,  ce  qui  fut  regardé  comme  le  prefiige  du  bonheur  dont  il  devoit 
jouir  pendant  fon  règne.    Mirkhond. 

Ben  Schohnah  rapporte  une  circonftance  particulière  fur  ce  fait  ;  il  dit  qire 
ce  Prince  paffant  fur  le  même  pont,  &  étant  au  même  endroit  d'où  i!  avoic 
jette  fon  rubi  dans  l'eau,  tira  de  fon  doigt  une  bague  de  plomb  qu'il  jetta  dans 
la  rivière ,  &  qu'en  même  tems  les  plongeons  ayant  été  commandez  pour  la 
chercher,  rapportèrent  au  lieu  de  l'anneau  de  plomb  ,  celuy  où  étoit  ce  rubi 
d'une  ineftimable  valeur,  11  dit  auffi  que  cet  accidefit  fut  pris  alors  pour  un 
prognoftique  alfeuré  du  bonheur,  &  de  la  durée  de  fon  règne. 

Ben  Schohnah  rapporte  cette  hiftoire  l'an  560  de  l'Hegire  ,  au  fujet  du  rubi 
que  Saladin  avoit  perdu,  &  qui  fut  auffi  heureufement  retrouvé. 

L'hiftoire  de  l'anneau  de  Polycrate  trouvé  dans  le  ventre  d'un  poifTon  qui 
lui  fut  fervi  à  table,  a  beaucoup  de  rapport  à  celle-cy,  finon  que  ce  bonheur 
de  Polycrate  fut  regardé  comme  le  prefage  d'un  très-grand  malheur,  tel  que  fut 
celuy  qui  lui  arriva  d'être  attaché  à  une  croiï.  4^ 

Haroun  déclara  fan  de  l'Hegire  175,  de  J.  C.  791,  fon  wPfeîné  Mohammed 
furnommé  Amin  pour  fon  fuccclfeur,  &  l'année  182,  il  lui  donna  pour  colle- 

C  c  3  guc , 


%o6  %  H  A  R  O  U  N. 

-gue ,  &  fuccelTeur  defigné  fon  fécond  fils  nommé  Mamoun  on  Almamon ,  com- 
me il  a  déjà  été  die:  on  ajoutera  feulement  ici  que  cette  déclaration  d'un  fuc- 
ceiTeur  eft  appellée  en  Arabe  Velaiat  Ahed. 

L'an  de  l'Hegire  193,  qui  eft  celuy  de  la  mort  de  Haroun,  félon  Khonde- 
mir,  cet  Hiftorien  raconte  que  l'année  précédente  Haroun  étant  à  Raccah  en 
Mefopotamie,  avoit  vu  en  fonge  une  main  fur  fa  tête  qui  tenoit  une  poignée 
de  terre  rouge;  qu'en  même  tems  il  avoit  entendu  la  voix  d'une  perfonne  qui 
profera  diftinélement  ces  paroles:  Voici  la  terre  qui  doit  fervir  de  fepulture  k 
Haroun,  &  qu'ayant  demandé  fur  cela  quel  devoit  être  le  lieu  de  fa  fepulture, 
la  même  voix  avoit  répondu,  Thous. 

Haroun  fe  trouvant  à  fon  réveil  effrajx"  par  ce  fonge,  entra  dans  une  pro- 
fonde melancholie  :  fon  Médecin  ordinaire  nommé  Gabriel,  fils  de  Bakhtifoû, 
Chrétien  de  Religion ,  qui  le  voyoit  tous  les  matins  ,  s'en  étant  apperçu  ,  lui 
demanda  quelle  pouvoit  être  la  caufe  d'une  fi  profonde  triftefi!e,  le  Khalife  lui 
raconta  tout  ce  qu'il  avoit  vu  en  fonge.  Le  Médecin  lui  dit  que  les  fonges 
n'étoient  que  des  fantômes  produits  par  les  fumées  que  les  humeurs  de  nôtre 
corps  envoyent  au  cerveau,  qu'il  n'y  avoit  aucun  fujet  de  s'en  affliger,  &  que 
le  voyage  qu'il  alloit  faire  en  Khoraffan  pour  appaifer  la  rébellion  que  Rafiê, 
fils  de  Leits,  y  avoit  fufcitée  ,  avoit  donné  lieu  à  cette  imagination.  Qu'au  rcfte 
il  n'y  avoit  point  de  meilleur  remède  pour  diiîiper  fon  chagrin  que  de  chercher 
à  fe  bien  divertir. 

Le  Khalife  fuivit  le  confeil  de  fon  Médecin.  Pour  cet  effet  il  ordonna  un 
régal  magnifique  qu  il  fit  durer  pendant  plufieurs  jours  ,  &  fit  pafi^er  ainfi  fa 
melancholie.  Cette  fétu  étant  finie,  il  fe  mit  en  chemin  à  la  tête  de  fon  ar- 
mée, &  il  étoit  déjà  arrivé  dans  la  Province  de  Giorgian,  lorfqu'une  maladie  âfféz 
légère  d'abord  commença  à  l'attaquer. 

Le  pays  de  Giorgian  n'étoit  pas  alors  entièrement  calme  ;  fa  maladie  qui  con- 
tinuoit,  l'obligea  de  prendre  la  route  du  Khoraffan  pour  y  être  plus  en  repos; 
il  ne  fut  pas  plûtoft  arrivé  dans  Ja  ville  de  Thous  ,  que  fon  mal  croiifint  de 
jour  en  jour,  il  .fit  appellcr  fon  Médecin;  &  lui  dit:  Te  fouviens-tu ,  Gabriel, 
de  ce  que  je  te  dis  à  Raccah?  Nous  voicy  enfin  à  Thous,  qui  efi;  le  lieu  où 
je  dois  être  enterré:  envoyé  un  de  mes  Eunuques  me  chercher  une  poignée  de 
terre  des  environs  de  la  ville.  L'Eunuque  nommé  Mefrour,  qui  étoit  de  fes  plus 
confidens,  en  alla  prendre,  &  la  lui  prefenta  rouge  comme  elle  étoit,  avec  le 
bras  à  demi  nud,  ce  que  Haroun  n'eut  pas  plûtoft  apperçu,  qu'il  s'écria:  En 
vérité  voici  la  terre,  &  voici  le  bras  que  j'ay  vu  en  fonge.  Le  trouble  faifit 
auffi-tôt  fon  efprit,  &  fa  maladie  augmentant  de  plus  en  plus  ,  il  mourut  trois 
jours  après  ce  fpeélacle  affreux  ,  &  fut  enterré  dans  le  lieu  où  le  fepulcre  de 
l'Imam  Riza  a  été  bâti  depuis,  que  l'on  appelle  aujourd'huy  Mefchliad. 

On  dit  un  jour  à  Haroun  ,  qu'il  y  avoit  à  Bagdet  un  fol  qui  fe  difoit  être 
Dieu.  Ce  Khalife  voulut  le  voir:  &  l'entendre,  pour  éprouver  fi  c'étoit  vérita- 
blement un  fol  ou  un  impofteur.  11  lui  dit:  On  me  prefenta  ces  jours  paffez 
un  homme  qui  faifoit  le  fol,  &  qui  vouloit  paffer  pour  un  Prophète  envoyé  de 
Dieu  ;  Je  le  fis  mettre  en  prifon  ,  on  lui  fit  fon  procez ,  il  fut  condamné  ,  & 
on  lui  couppa  le  col. 

Le  fol  apprès  avoir  entendu  ces  paroles ,  lui  dit  :  Vous  avez  fait  en  cette 
occafion  ce  que  devoit  faire  un  de  mes  fidèles  ferviteurs;  cette  aélion  m'eft  fort 
agréable  ;  car  je  n'avois  point  accordé  le  don  de  Prophétie  à  ce  miferable ,  & 

il 


H  A  R  O  U  N. 


ioj 


îl  n'avoit  reçu  aucun  ordre ,  nf  miffion  de  ma  part,  L'Auteur'  des  Lathaif , 
qui  raconte  cccy  ,  dit  feJon  les  principes  du  Mufuli-nanifmo  ,  que  celui  qui  efl: 
véritablement  égaré  &  privé  de  l'uiage"  de  la  raifon  ,  ne  dit  ordinairement  que 
ce  qui  eil  vray;  car  c'ell  Dieu  qui  parle  en  lui.  Au  contraire  celui  qui  fe  dit 
Prophète  ou  Envoyé  de  Dieu,  ne  Tétant  pas,  eil  un  impolleur  &  ne  peut  dïi-e 
que  des  menfonges.  La  folie  d'un  homme  qui  dit,  Je  fuis  iJU'u,  confiile  dans 
cette  parole ,  Moy ,  dcHit  Tinfenfé  ne  comprend  ni  les  bornes  ,  ni  l'étendue. 

La  plupart  des  Mahometans  croit,  que  les  fols  font  agitez  de  refprit  de  Dieu, 
&,  ils  les  révèrent  ordinairement  comme  des  Saints  extaficz  &  tranfportez  de 
ramour  divin.  Nous  dilbns  auffi  communément,  que  la  vérité  efl  dans  la  bou- 
che des  fols  &  des  enfans. 

Ce  Khalife  étant  en  Egypte  ,  dont  il  s'étoit  rendu  le  maître  ,  dit  un  jour  h 
fes  courtifiins  :  Le  Roy  de  ce  pays-cy  fe  vantoit  autrefois  d'être  Dieu ,  je  veux 
en  haine  de  cet  orgueil  en  donner  le  gouvernement  au  plus  chetif  de  mes  ef- 
claves.  Il  choifit  pour  cet  effet  Hozaib,  qui  étoit  Ethiopien  de  nation  &  d'un 
efprit  fort  grolîier.  Ce  Roy,  qui  ie  vantoit  d'être  Dieu,  eft  Pharaon,  duquel 
il  efl;  rapporté  dans  l'Alcoran  au  chapitre  intitulé  Nazeat ,  qu'il  difoit  à  fes  peu- 
ples ces  paroles  :  Je  fuis  le  plus  grand  é?  le  plus  puijfant  de  tous  vos  Dieux.  Et 
cellcs-cy  :  Je  fuis  vofîre  fuverain  Diai  ^  Ma' (Ire. 

On  rapporte  au  fujet  du  peu  d'efpiit  de  Hozaib  ,  que  les  Egyptiens  fe  plai- 
gnans  à  luy  de  ce  que  le  Nil  avoit  emporté  par  fon  débordement  tout  le  cot- 
ton  qu'ils  avoient  femé  fur  fes  rivages  ,  il  leur  dit  pour  toute  confolation  : 
Pourquoy  n'y  femiez-vous  pas  de  la  laine  V  Croyant  que  la  laine  fe  fcmoit  de 
même  que  le  cotton.  On  pourroit  pourtant  dire,  ce  me  femble,  à  la  déchar- 
ge de  ce  Gouverneur,  que  ce  fut  un  trait  d'efprit  ,  par  lequel  il  vouloit  leur 
faire  entendre  ,  qu'au  lieu  de  femer  du  cotton  fi  près  du  Nil ,  ils  y  dévoient 
faire  paître  leiu's  moutons  que  le  Nil  n'auroit  pas  emportés ,  &  qui  leur  auroient 
fourni  de  la  laine.  Sâadi  cependant  cite  la  réponfe  de  Hozaib  pour  une  marque 
de  fa  fl;upidité, 

L'Auteur  du  Nighiariflan  dit  ,  en  parlant  du  Khalife  Haroun  Rafchid  ,  que 
l'Empereur  des  Grecs  luy  ayant  fait  prefent  de  pluûeurs  épées  excellentes ,  ce 
Khalife  les  couppa  toutes  par  le  milieu,  comme  il  auroit  fait  des  raves,  avec 
fon  Samfaraah,  en  prefence  de  rAmbafladcur  qui  lui  avoit  apporté  ce  prefent. 
Ce  Samfamah  étoit  une  épée,  qui  lui  étoit  venue  entre  les  mains  des  dépouil- 
les d'Ebn  Dakikdn ,  un  des  derniers  Roys  de  l'Ieraen  de  la  famille  des  Hemia- 
rites:  mais  l'on  dit,  qu'elle  avoit  appartenu  autrefois  à  un  vaillant  Arabe,  nom- 
mé Amrou  Ebn  Maadi  Carb ,   fous  le  nom  duquel  elle  efl:  plus  connue, 

Algianabi  &  Ahmed  Ben  Jofef  en  font  mention  dans  l'hiftoire  des  Hemiari- 
tes.  On  dit ,  qu'il  ne  parut  pas  la  moindre  brèche  à  la  lam.e  de  cette  épée , 
après  l'épreuve  que  Haroun  en  eut  faite:  ce  qui  prouve  la  force  de  fon  bras, 
auffi-bien  que  la  bonté  de  l'épée  ;  car  Amrou  l'ayant  autrefois  envoyée  à  un 
Prince,  qui  fe  plaignit  qu'elle  ne  faifoit  pas  l'effet  qu'il  en  attendoit,  ce  brave 
homme  lui  fit  dire,  qu'il  ne  lui  avoit  pas  envoyé  fon  bras  avec  fon  épée. 

Cet  Empereur  Grec ,  duquel  il  efl:  fait  mention  dans  cette  hifl:oire  ,  efl  Ni- 
cephore  ,   lequel  refufant  d'envoyer  à  Haroun  le  tribut  que  l'Impératrice  Irène 
avoit  accordé  de  luy  payer,  lui  fit  fçavoir,  par  ce  prefent  d'épées  ,   qu'il  étoit 
plus  difpofé  à  luy  faire  la  guerre,  qu'à  lui  donner  de  l'argent,    Haroun  cepen- 
dant 


2o8  H  A  R  0  U  N. 

dant    n'attendit  pas    que    Nicephore    la    lui   déclarât  ,   il  vola  comme  un  aigle 
jufques  aux  portes  de  Conftantinople  &  prit  la  ville  d'Heraclée. 

Je  ne  m'arrête  pas  beaucoup  fur  les  expéditions  militaires  de  ce  Prince ,  par- 
ce qu'elles  font  décrites, dans  l'hifloire  Saracenique,  dans  Abulfarage  &  dans  Eu- 
tychius  ,  qui  font  entre  les  mains  d'un  chacun  :  mais  je  tâche  de  ramalîer  ce 
que  j'ay  trouvé  de  luy  dans  des  Auteurs  moins  connus. 

Ce  Khalife  aimoit  fort  les  gens  de  lettres  &  cultivoit  lui-même  les  fciences  : 
Il  fe  faifoit  expliquer  le  livTC  fameux ,  intitulé  Maoutha  ,  par  Malek  même  qui 
en  efl  l'Auteur  ;  &  comme  il  vouloit  faire  fermer  la  chambi-e  où  cette  expli- 
cation fe  faifoit ,  afin  qu'il  n'y  eût  que  lui  &  fcs  enfans  qui  l'entendiflent ,  ce 
Dofteur  lui  dit  hardiment,  que  la  fciencc  ne  profitoit  point  aux  Grands  ,  à 
moins  qu'elle  ne  fût  communiquée  aux  petits.  _ 

Pour  mieux  connoître  l'état  que  Haroun  faifoit  des  fciences,  il  faut  voir  l'hi- 
ïloire  de  Xaovadud  Khatoun  &  de  Haroun  dans  fon  titre  particulier,  aufîi-bien 
que  divers  ouvrages  des  anciens  auteurs  qu'il  a  fait  traduire  en  Arabe ,  dont  le 
détail  fe  peut  voir  en  plufieurs  titres  de  cette  Bibliothèque  ,  qu'il  feroit  inutile 
&  ennuyeux  de  repeter  ici. 

Je  remarquerai  icy  cependant  les  principaux  titres,  où  l'on  trouvera  des  cho- 
fes  confidérables  qui  regardent  ce  Khalife,  l^oyez  donc  ceux  d'Abou  Jofcf,  d'AC 
mai,  de  Manghé,  Médecin  Indien,  de  IMobarek  ,  d'Abou  Naovas  ,  d'Ebn  Ad- 
hem,  des  Beramekah  ou  Barmecides,  de  Mofuli,  de  Bahaloul,  de  Sibouieh  ,  de 
Zohak ,  de  Keflài  ,  de  Sammâk  ,  de  Zebeidah  ,  d'Ibrahim  ,  fils  de  Mahadi  ,  de 
Giafar  &  de  Fadhel  ben  lahia,  d'Iahia, -fils  de  Khaled,  de  Hagge,  de  Hadi,  de 
Mahadi ,  &c. 

Ben  CalTem  remarque ,  que  le  fort  château  de  Saffaf  dans  la  Natolie ,  appel- 
le aujourd'huy  Belegek  par  les  Turcs ,  fut  pris  fur  les  Grecs  par  Haroun  ,  qui 
obligea  l'Empereur  Nicephore  de  luy  payer  tribut  ;  mais  que  les  Grecs  le  re- 
prirent fur  les  Arabes  &  le  conferverent  jufqu'au  tems  d"Othman  ,  fils  d'Orto- 
grul,  fondateur  de  la  dynaflie  des  Othmanides. 

Entre  les  paroles  remarquables  de  ce  Khalife  ,  on  ne  peut  pas  omettre  ce 
qu'il  dit  ,  félon  Sâadi  ,  à  Amin  ,  fon  fils  ,  qui  lui  demandoit  la  punition  d'un 
homme  qui  avoit  mal  parlé  de  Zebeidah  fa  mère  ;  car  après  avoir  confulté  ^qs 
officiers  de  juftice  fur  la  peine  que  cet  homme  meritoit,  il  confeilla  à  fon  fils 
de  lui  pardonner ,  &  lui  dit  ,  qu'il  feroit  en  cela  l'aélion  ,  &  le  devoir  d'un 
grand  Prince  ;  mais  que  s'il  ne  pou\'oit  pas  abfokmient  reprimer  fon  defir  de 
vangeance  ,  ni  fe  vaincre  foj^-même  dans  une  fi  belle  occafion  ,  il  pouvoit  di- 
re autant  de  mal  de  la  mère -de  cet  homme,  que  cet  homme  en  avoit  dit  de 
la  fienne. 

L'Auteur  du  Rabî  alabrar  raconte  ,  que  Haroun  marchant  à  la  tête  de  fon 
armée  ,  une  femme  vint  fe  plaindre  à  luy  de  ce  que  fes  fo'dats  avoient  pillé 
fa  maifon.  Il  lui  répondit  fur  le  champ  :  Ne  fçavez- vous  pas  ce  qui  eft  écrit 
dans  1  Alcoran,  Ennalmolouk  edha  da  khalou  kcriat  affadoiiha  :  Lorfque  les  Princes 
paffenc  en  armes  par  un  lieu  ,  ils  le  détruifent.  La  femme  lui  répliqua  aufîî- 
tôt:  J'ai  lu  auffi  dans  le  même  livre  ces  psroles  :  t^  Telka  boiouthom  Khaoviat 
hpna  dhakmou.  Mais  les  Maifons  de  ces  Princes  fer 07it  àéfoUes^  a  caiife  des  injujîi. 
ces  qu'ils  ont  ccmnvfes.  Cette  repartie  hardie  &  fçavante  d'une  femme  fat  fi  bien 
reçue  par  ce  Khalife  ,  qu'il  donna  audi-tôt  l'ordre  de  reparer  tout  le  dommage 
.qu'elle  avoit  foujSiert. 

U 


HAROUN.  - — HARRAN.  "  209 

Il  avoit  pris  pour  fon  maître  en  Droit  ie  célèbre  Dodeur  Afinâi  ,  lequel 
voulant  fouvent  examiner  les  chofes  à  Ja  rigueur  de  la  loy,  lui  auroit  fait  fai- 
re fouvent  de  mauvais  pas,  s'il  ne  fe  fût  tenu  fort  fur  Ces  gardes:  cefl  pour- 
quoy  il  lui  difoit  fouvent  :  Enta  ââlem  menna  u  naJm  dâkel  meiimk.  Fous  êtes 
plus  fçavajît  que  moy  ;  mais  j'ay  plus  d'efprit  i^  de  prudence  que  vous.  Voyez  le 
titre  ^Afmâi. 

La  ville  de  Tauris ,  fi  fameufe  dans  la  Perfe ,  fut  bâtie  fous  le  règne  de  Ha- 
roun  Rafchid,  par  Zebeidah  fa  femme,  mère  du  Khalife  Amin  ,  qui  lui  fucceda 
l'an  192  ou  193  de  l'Hegire.    Foyez  Tabriz. 

HAROUN  Ben  Ahmed,  furnommé  Al  Menaggera  ,  l'Aftrologue  ,  eft  l'Au- 
teur d'une  hiftoire  des  plus  célèbres  Poètes  Arabes ,  qu'il  a  intitulée  Barê  fi 
fchoâra.     Il  m.ourut  l'an  288  de  l'Hegire. 

HoulTain  Ben  Haroun  Giâfar,  eft  Auteur  de  quelques  écrits  ou  diflées  fur  la 
loy,  que  les  Arabes  appellent  Âmali. 

HAROUN,  c'eft  le  nom  d'Aaron,  frère  de  Moyfe  ;  il  s'écrit  comme  ce- 
luy  du  Khalife  dont  l'on  vient  de  parler:  mais  quand  on  fait  mention  de  quel- 
que Auteur  Chrétien,  comme  d'Aaron,  Prêtre  d'Alexandrie,  Médecin,  il  s'é- 
crit Ahroun  ou  Ahron. 

HARO  UNI,  Château  de  l'Iraque  Babylonienne,  que  \  Khalife  Haroun , 
dit  Al  Vathek  fils  de  Motaflem ,  fit  bâtir  pour  y  faire  fa  demeure ,  après  avoir 
quitté  celuy  de  Sermenrai,  que  fon  père  avoit  fait  fortifier.  • 

HAROUSCHIR,  nom  d'un  Capitaine  -  général  des  armées  de  Houfchenk, 
troifième  Roy  de  la  première  dynaftie  des  Perfes,  qui  pénétra  jufqu'au  pays  des 
Ichthyophages.     Voyez  le  titre  de  Mahifer.    C'eft  une  tradition  fabuleufe. 

HARRAN,  Ville  de  Mefopotamie,  que  les  Latins  ont  appelle  Carrhœ,  îoxt 
fameufe  par  la  défaite  de  Crafllis  &  des  armées  Romaines. 

Les  Tables  de  NaffiredJin  &  d'Ulug  Begh  luy  donnent  73  degrez  de  longitu- 
de, &  36  degrez,  40  minutes  de  latitude  Septentrionale. 

Harrani ,  un  homme  natif  de  cette  ville  &  même  du  pays  où  elle  eft  fituée , 
qui  eft  appelle  en  particulier  Diàr  Modhar ,  du  nom  d'une  tribu  d'Arabes  qui 
s-'y  eft  habituée. 

Thabeth  Ben  Corrah,  qui  nous  eft  connu  fous  le  nom  de  Thebir,  eft  fur- 
nommé  Al  Sabi  Al  Harrani,  Sabien  de  Harran.     Voyez  fon  titre  particulier. 

Giaber  Ben   Sinan   porte  le  même  furnom.     Voyez  aujjl  fon  titre.  C'eft  Geber. 

Mohammed  Ben  Giaber  Ren  Sinan  ,  outre  le  furnom  de  Harrani ,  porte  auffi 
celuy  de  Battani,  c'eft  Albategnius.     Voyez  Battani. 

Les  Sabiens,  defqucls  il  fera  parlé  dans  le  titre  de  Sabi,  portent  tous  le  fur- 
nom  de  Harrani,  à  caufe  que  la  ville  de  Harran  étoit,  pour  ainfi  dire,  la  Mé- 
tropole de  leur  Religion  :  &  comme  ils  prétendent ,  que  le  Patriarche  Abraham 
foit  leur  premier  Legiflateur  ,  ils  ne  font  point  de  difficulté  de  l'appeller  Ibra- 
him Al  Sabi  AI  Harrani. 

Nous  avons  encore  un  Auteur  nommé  Takieddin  Ben  Teimiah ,  furrfbmmé  Al 
Harrani  ,    qui  a  compofé  un  livre   intitulé  Mefjilat  fil  Renais ,   oîi  il    traite  des 

Tome  n.  D  d  Eglifes 


2IÔ 


HASCHAISCHI.  HASCHEMIOUN. 


Ef^lifes  des  Chrétiens ,   des  Synagogues  des  Juifs ,  des  Temples  des  Mages ,   & 
traite  la  quellion  ii  les  Mufulmans  les  doivent  démolir  ou  non. 

HASCHAISCHI,  un  Botanique,  un  Herborifte,  Surnom  de  Takîeddin, 
qui  s'efl  rendu  célèbre  par  la  confeftion  de  la  theriaque  ,  vers  Tan  670  de 
THegirc. 

Hafchafch  a  auffi  la  même  fignification.  Ebn  Beithar,  fameux  Botanique,  eft 
furnommé  Al  Hafchafch. 

H  ASC  HEM,  nom  d'une  des  plus  anciennes  Tribus  des  Arabes,  que  l'on 
met  au  nombre  de  celles  dont  il  ne  reite  que  le  nom. 

C'ell  aufli  le  nom  du  fils  d'Abdalmenâf,  qui  fut  père  d'Abdalmothleb,  père 
d'Abdallah  &  aycul  de  Mahomet  le  faux  Prophète.  Les  Mufulmans  prétendent 
que  le  fepulcre  de  Hafchcm  ,  bifayeul  de  Mahomet ,  cfl  dans  la  ville  de  Gaza 
en  Palefline.     Foyez  le  titre  de  Gaza. 

Il  faut  remarquer  ici  que  cet  Hafchem,  qui  eft  bifayeul  de  Mahomet,  Teft 
encore  d'AH,  qui  étoit  fils  d'Abuthalcb ,  fils  d'Abdalmothleb,  fils  de  Hafchem, 
duquel  dcfcendent  auOî  les  Khalifes  Abbaffîdes,  qui  fe  qualifioient ,  à  x:aufe  de 
cette  origine,  Hafchemites. 

Aboul  Abbas  Saffah  ,  premier  Khalife  de  la  race  d'Abbas  ,  qui  étoit  fils  de 
Mohammed,  iîls  d'Ali,  fils  d'Abdallah  ,  dont  nous  venons  de  parler,  fît  bâtir 
l'an  134  de  l'Hcgire  ,  auprès  d'Anbar,  une  ville  qu'il  nomma  Hafchemiah  ,  où 
il  transfera  le  fiége  du  Khalifat  qu'il  avoit  tenu  jufqu'alors  à  Cpufa  &  à  An- 
bar.  Ce  KhaHfe  lui  donna  ce  nom  pour  perpétuer  la  mémoire  de  fa  famille, 
qui  touchoit  de  fi  près  à  ceJle  de  Mahomet ,  &  ce  fut  dans  cette  même  ville 
qu'il  mourut  l'an  136  de  la  môme  Hégire. 

Abou  giafar  Al  Manfor ,  fon  frère  &  fon  fuccelFeur  ,  demeura  aufli  dans  la 
ville  de  Hafchemiah,  jufqu'en  l'an  145,  qu'il  prit  la  réfolution  de  bâtir  la  vil- 
le de  Bagdet. 

HASCHEMIOUN,  les  Hafchemites.  Ceux  de  la  race  de  Hafchem  ont 
eu  toujours  la  réputation  d'être  généreux  &  libéraux.  L'Auteur  du  Nighiari- 
flan  écrit  que  Vaked  ,  qui  vivoit  fous  le  Khalifat  d'Almamon  &;  qui  mourut 
l'an  de  l'Hegire  207,  avoit  deux  amis,  dont  l'un  étoit  Hafchemite  ,  c'eft-à-di- 
re  ,  de  la  famille  de  Hafchem  &  ainfi  proche  parent  des  Abbaflîdes  ;  que  ces 
trois  amis  étoient  liez  fi  étroitement  l'un  avec  l'autre  ,  qu'ils  ne  paroiïToient 
avoir  qu'une  feule  ame.  C'étoient,  dit-il,  de  ces  amis,  qui  font  bons  dans  tous 
les  tems,  car  dans  la  profperité  l'on  joiiit  agréablement  de  leur  compagnie  ,  & 
l'on  en  tire  du  fecours  &  de  la  confolation  dans  l'advcrfité  :  ils  font  honneur 
à  la  Religion  &  afiaifonnent  en  même  tems  tous  les  plaifirs  de  la  vie. 

Dans  le  tems  que  Vaked  étoit  dans  fa  plus  baffe  fortune  ,  comme  il  ra- 
conte lui-même  ,  la  fête  du  Beiram  approchant,  fa  femme  lui  dit:  Je  ne  mur- 
mure point  contre  la  Providence  de  ce  qu'elle  nous  a  réduit  à  un  état  fi  miféra- 
blc  ,  &  je  fupporte  patiemment  toutes  nos  difgraces  :  mais  yoicy  la  fête  qui 
approche  ,  &  je  vous  avoiie  que  j'auray  beaucoup  de  peine  à  voir  mes  enfans 
avec  des  Jiabits  déchirez  ,  tandis  que  ceux  de  nos  plus  proches  parens  feront 
bien  vêtus  &  parez;  il  faudroit  trouver  quelque  expédient  qui  nous  mît  à  cou- 
vert de  cette  honte., 

Vaked, 


H  A  s  C  H  I  A  H,  HASSAN.  arr 

Vaked  ,  après  avoir  cherché  long-tems  dans  fon  efprit  de  quoy  remédier  à 
l'inconvénient  que  fa  femme  appréhendoit ,  ne  trouva  rien  de  meilleur  que  d'é- 
crire deux  mots  à  fon  ami  le  Hafchemite.  Ces  deux  mots  furent  ;  Je  fuis  en 
néceffité  àf  la  féie  approche. 

Aufïï-tôt  que  ce  généreux  ami  eût  reçu  fa  lettre  ,  il  envoya  pour  rcponfe 
une  bourfe  cachetée  de  fon  cachet,  femblable  à  celles  dans  lefquelles  on  envo- 
yé les  lettres,  laquelle  étoit  pleine  d'or,  Vaked  furpris  de  ce  préfent,  fe  ren- 
dit auffi-tôt  chez  fon  ami ,  pour  apprendre  de  luy  s'il  n'y  avoit  point  d'équi- 
voque; mais  l'ami,  auflî-tôt  qu'il  l'eût  apperçu,  fit  appeller  leur  troifième  ami, 
&  leur  dit  à  tous  deux  :  Voicy  tout  l'argent  que  j'ai  chez  moy  prefentement, 
trouvez  bon  que  nous  le  partagions  entre  nous  pour  fubvenir  à  nos  befoins 
communs. 

HASCHIAH,  Frange,  Bordure.  Ceû.  auflî  par  métaphore,  la  marge  d'un 
livre,  &  ce  que  l'on  écrit  deffus  pour  éclaircir,  ou  pour  réfuter  le  texte  dun 
Auteur. 

Hafchiat  al  Kefchaf ,  les  Notes  marginales  ou  Scholics  fur  un  Commentaire 
fort  ample  de  l'Alcoran ,  intitulé  Kefchâf. 

HASCHISCH,  Herbe.  P'oyez  plus  haut  h  titre  de  Hafchaifchi.  Hafchifchah. 
Voyez  Benk. 

Gioun  al  hafchifch ,  le  Golfe  des  Herbes.  Voyez  Gioun  ^  Mirbath.  Ce  Golfe 
eft  dans  l'Iemen  ou  Arabie  Hcureufe. 

HASNA,  Ville  du  pays  d'Iagiouge,  fituéc  proche  la  muraille  ou  le  rempart 
qui  a  été  fait  pour  arrêter  les  courfes  des  Hyperboreens ,   qui  font  les  Scythes 
les  plus  Septentrionaux.     Ce  pays  ,  nommé  par  les  Orientaux  Jagiouge  &  Ma-  ' 
giouge ,  eft  celuy  d'où  doivent  fortir  Gog  &  Magog  ,    defquels  il  efl  fait  men- 
tion dans  l'Apocalypfe,  au  chapitre  20.     Foyez  le  titre  (i'iagiouge. 

HASNOUN,  Médecin  Chrétien  ,  natif  de  la  ville  de  Roha  ou  Edefle ,  qui 
fe  rendit  célèbre  dans  la  Syrie  &  dans  la  Méfopotamie ,  fous  le  Khalifat  de  Mo- 
ftanfer  billah.  Il  mourut  &  fut  enterré  dans  l'Eglife  des  Jacobites  d'Alep  l'an 
6%s  de  riiegire. 

HASSAB,  Calculateur.     Arithméticien.    Voyez  HefTab. 
Halfab  &  Haffjb,  nom  d'une  ville  qui  eft  fur  le  chemin  de  Gaour  ou  Gour, 
à  la  ville  de  Herat  en  Khoraffan. 

HASSAF,  furnom  d'Ahmed  Ben  Amrou  ,  Auteur  du  livre  intitulé  Jhcdm 
al  ovak  fi,  des  loix  &  des  Ordonnances  qui  regardent  les  fondations  &  les  legs 
pieux,  que  les  Mufulmans  font  aux  Mofquées  &  aux  Hôpitaux. 

HASSALBAN,  les  Turcs  appellent  ainfi  le  Benjoin,  gomme  odoriférante. 
Ce  mot  a  été  dérivé  ou  corrompu  de  celuy  de  Ban.     Voyez  ce  titre. 

HASSAN,  fils  aîné  d'Ali  &  petit-fils  de  Mahomet,  par  fa  mère  ,  ne  fut, 
après  la  mort  de  fon  père,  reconnu  Khalife  que  dans  l'Arabie  &  dans  l'Iraque 
Babylonienne  ou  Chaldce.    Moavie,  qui  poliedoit  la  Syrie  &  l'Egypte,  futpro- 


212  ■  H  A  S  S  A  N. 

clami  Khalife  avant  mcme  qu'Ali  eàt  été  tué,  &  il  refufa  de  reconnoître  fîas- 
fan,  parce  qu'il  l'accufoit  d'avoir  été  complice  de  la  mort  d'Othman, 

HafTan  avoit  plutôt  hérité  de  la  piété  de  fon  père  que  de  fa  valeur  ;  car  il 
étoit  d'une  humeur  fort  pacifique,  &  très-attaché  à  la  pratique  &  aux  exercices  de 
la  Religion  Mufulmanne:  de  forte  que  ne  fe  jugeant  pas  allez  fort  pour  refifler  à 
Moavie,  ayant  d'ailleurs  une  très-grande  horreur  de  l'cifufion  du  fang  des  fidè- 
les, &  fe  voyant  maltraité  &  prefque  abandonné  par  les  Iraquiens  ,  il  s'accom- 
moda avec  Moavie  &  renonça  en  fa  faveur  au  Khalifat. 

Après  cette  abdication,   il  refolut  de  mener  une  vie  privée  dans  la  ville  de 
.Medine,  oi^i  il  mourut  l'an  49  de  l'Hegire,  empoifonné,  comme  l'on  croit,  par 
fa  femme,  que  Moavie  avoit  fubornée. 

On  ne  donne  au  Khalifat  de  Hafilm  que  fix  mois  de  durée  :  cependant  les 
Perfans  prétendent  ,  qu'il  a  été  l'Imam  ou  le  Chef  de  la  Religion  &  de  l'Em- 
pire des  Mufulmans  jufqu'à  fa  mort,  &  qu'il  laifla  à  Houlfain,  fon  frère,  la  fuc- 
ceflîon  dans  cette  même  dignité  ,  de  forte  que  ,  félon  le  fentiment  des  Perfans 
ôc  de  tous  les  Schiites  ou  Sénateurs  d'Ali  ,  ces  deux  frères  ont  été  avec  leur 
père  les  trais  premiers  Imams  ou  Chefs  du  Mufulmanifme.  Khondemir.  Foyez 
le  titre  ^i'Imam. 

Quoyquc  Hafi'an  fe  fût  abdiqué  ,  il  ne  laifibit  pas  de  joiiir  de  fort  grands 
bi^ns  ;  car  Moavie  lui  avoit  alîigné  par  an  une  penfion  ,  qui  montoit  prefque  à 
la  fomme  de  deux  millions.  Il  employoit  la  plus  grande  partie  de  cet  argent 
en.  aumônes  ,  &  étoit  fi  peu  attaché  aux  biens  de  la  terre  ,  qu'il  fe  defappro- 
pria  deux  fuis  de  tout  fon  bien  pendant  le  cours  de  fa  vie  ,  &  qu'il  le  parta- 
gea ,  à  moitié  avec  les  pauvres,  trois  autres  fois. 

Ans ,  fils  de  Malek ,  rapporte  ,  qu'une  femme  luy  ayant  prefenté  une  botte 
d'herbes  fines,  il  luy  demanda  fi  elle  étoit  libre  :  la  femme  lui  ayant  répondu 
qu'elle  étoit  efclave  ;  mais  que  le  préfent  qu'elle  lui  faifoit  étoit  rare  &  exquis  : 
HafiTan  lui  donna  la  liberté,  &'  dit  à  ceux  qui  étoient  préfens  :  Nous  avons  re- 
çu cette  infi;ru6lion  de  Dieu  même,  qu'il  faut  rendre  à  ceux  qui  nous  font  des 
préfens  ,  quelque  chofe  de  meilleur  que  ce  qu'ils  nous  donnent.  Il  vouloit  di- 
re, que  cette  inflruclion  de  morale  étoit  couchée  dans  l'Alcoran,  que  les  Mu- 
fulmans, aveuglez  qu'ils  font,  regardent  comme  la  parole  de  Dieu. 

L'Auteur  du  Rabi  al  abrar  rapporte  un  exemple  rare  de  la  modération  de  ce 
Khalife.  Un  efclave  ayant  verfé  fur  lui  un  plat  tout  bouillant  pendant  qu'il 
étoit  à  table,  fe  jetta  aufli-tôt  à  fes  genoux  &  lui  dit  ces  paroles  de  l'Alcoran: 
l^e  Paradis  ejl  pour  ceux  qui  repriment  leur  colère.  Haflan  luy  répondit  :  Je  ne 
fuis  point  en  colère.  L'efclave  pourfuivit  :  Et  pour  ceux  qui  pardonnent  les  fau- 
tes. Je  vous  pardonne  les  vôtres  ,  lui  dit  HafiTan.  L'efclave  achev^a  de  dire  le 
refte  du  verfet,  qui  porte  que  Dieu  aime  fur-tout  ceux  qui  font  du  bien  à  ceux 
qui  les  ont  offenfez;  &  HafiTan  conclut  aulîi:  Puifque  cela  eil  ainfî,  je  vous  don- 
ne la  liberté  (Se  400  drachmes  d'argent. 

Hafedh  Abru  dit  au  fujet  de  la  mort  de  Hafl!an  ,  que  le«  conventions  qu'il 
avoit  faites  avec  Moavie,  portoient  que  Moavie  ne  déclareroit  aucun  fucceifeur 
pendant  la  vie  de  Hafllin,  (Se  qu'il  en  remettroit  l'éledion  entre  les  mains  d'un 
certain  nombre  de  perfonnes  que  Hafilm  devoit  nommer  ,  comme  avoit  fait 
autrefois  Omar  :  mais  que  Moavie  voulant  laifl^er  le  Khalifat  à  lezid ,  fon  fils  , 
crut  qu'il  ne  pouvoit  pas  venir  à  bout  de  fon  defl^ein  tant  que  Hafllm  feroit 
en  vie. 

Son 


HASSAN.  jj-j 

Son  amtooii  le  fit  donc  refondre  d'ôter  la  vie  à  Haflna  :  il  fuborna  poiu- 
ce  effet  Giaadah,  fa  femme,  pat-  de  grands  préiens,  &  par  la  promeQe  qu'il  lui 
fit  de  la  marier  à  lezid.  Cette  méchante  femme  aj-ant  été  ainfi  corrompue  , 
frotta  fon  mari  avec  un  linge  empoifonné  que  Moavie  lui  avoit  envoyé ,  & 
fut  ainfi  caufe  de  fa  mort. 

Moavie  ayant  appris  la  mort  de  HafTan ,  envoj'a  cinq  cent  mil  drachmes  d'ar- 
gent à  Giaadah ,  pour  récompenfe  de  fon  crime  :  mai%  il  fe  garda  bien  de  don- 
ner une  telle  femme  à  fon  fils, 

Haflan  avoit  eu  vingt  enfans  ,  quinze  mâles  &  cinq  filles.  Il  y  a  parmi  les 
Schiites  ou  feftateurs  d'Ali  ,  des  gens  qui  tirent  la  ligne  ou  defcendance  des 
Imams,.  d'Abdallah  un  de  fes  enfans  qui  eut  un  lahia  pour  fils,  duquel  il  a  été 
déjà  parlé  ailleurs  ,  &  que  l'on  trouvera  aullî  plus  bas  dans  fon  propre  titre  : 
mais  les  Perfans  veulent ,  que  la  fucccffion  des  Imams  foit  paflee  de  Halian  à 
HoulTain,  fon  cadet,  duquel  on  parlera  auflî  dans  fon  propre  titre. 

Un  autre  des  petits-fils  de  Haifan  ,  nommé  Hufiain  fils  d'Ali ,  fe  révolta  fous 
le  Khalifat  de  Hadi ,  &  prétendit  que  cette  dignité  lui  appartcnoit. 

Hadan  s'abdiqua  juftement  30  ans  après  la  mort  de  Mahomet,  félon  le  mê- 
me Auteur,  &  ce  fut  alors  que  l'on  entendit  le  fens  des  paroles  ,  que  le  faux 
Prophète  avoit  autrefois  prononcées  :  Le  Khalifat  durera  après  moi  trente  ans. 

Il  mourut  à  1  âge  de  47  ans  ,  au  mois  de  Sefer  ,  la  50  année  de  l'Hegire. 
Aifchah ,  veuve  de  Mahomet  ,  &  les  partifims  d'Othman  empêchèrent  qu'il  fût 
enterré  auprès  de  Mahomet  ;  c'efl  pourquoy  il  fut  mis  dans  le  fepulcre  de  Fa- 
themah  fa  mère. 

•  Les  Mufulmans  citent  cette  fentence  de  Hafllin  :  Qu'il  ne  faut  jamais  efiljyer 
l'eau  des  larmes  que  la  dévotion  fait  couler ,  ni  celle  qui  demeure  llir  le  corps 
après  Fablution  légale  ,  parce  que  cette  eau  rend  éclatante  la  face  des  fidèles, 
lorfqu'ils  fe  prefentent  devant  Dieu. 

Après  la  mort  de  Hafilin  ,  Moavie  n'ayant  plus  de  concurrent  ,  joiiit  paifi- 
blement  du  Khalifat ,  qu'il  fit  pafier  de  cette  forte  de  la  Maifon  de  Mahomet , 
de  laquelle  Ali  étoit,  comme  fon  coufin-germain,  du  côté  paternel,  &  de  plus, 
fon  gendre,  en  celle  d'Ommiah  ,  de  laquelle  Moavie  étoit  ifi'u  ,  &  fut  ainfi  le 
premier  des  Khalifes  Ommiades, 

Hafllin  &  Houflliin  ,  fon  frère  ,  tous  deux  enfans  d'Ali  &  de  Fathime  ,  fille 
de  Mahomet,  font  reputez  enfans  véritables  de  Mahomet.  Voyez-en  la  raifon 
ati  titre  de  Miriam  dans  fa  généalogie. 

.  HASSA^N  Al  Askeri ,  onzième  Imam,  fils  aîné  d'Ali  Askeri ,  qui  fut  le 
dixième,  naquit  à  Medine  l'an  232  de  l'Hegire,  &  fut  conduit. avec  fon  père 
&  fes  frères  en  la  ville  d'Afker.  Il  mourut  &  fut  enterré  dans  la  même  vil- 
le, auprès  de  fon  père,  l'an  260  de  l'Hegire,  &  de  J.  C.  873,  âgé  feulement 
de  28  ans. 

Cet  Imam  ne  laifi^a  qu'un  feul  fils  nommé  Mohammed  ,  &  fumommé  Maha- 
di  ou  le  Mehedi ,  le  douzième  &  le  dernier  des'  Imams  ,  qui  ne  doit  paroîcre 
qu'à  la  fin  du  monde.  On  loue  beaucoup  cet  Haifan  pour  fa  valeur  &  pour 
fa  hberalité,  vertus  qui  le  rendirent  fufpeft  au  Khalife  Môtamed,  fils  de  Mo- 
taovakel ,  quinzième  Khalife  de  la  race  des  Abbaffides ,  &  lui  firent  avancer  fes 
jours,  comme  l'on  croit,  par  le  poifon. 

Les  titres  de  cet  Imam  font  celui  de   Zaki ,   qui  lui  eft  commun  avec  fon 

D  d  3  père. 


214  HASSAN. 

père  ,  celui  de  Khales ,  qui  fignifie  Sauveur  ,  &  de  Serage  ,  qui  veut  dire  le 
Flambeau.  Le  premier  marque  la  pureté  &  l'innocence  de  ("es  mœurs.  Le  fé- 
cond lui  fut  donné  dans  l'efpérance  qu'il  délivreroit  les  Mufulmans  de  l'oppref- 
fion  des  Abbaflîdes;  &  le  troifième,  parce  qu'il  les  éclairoit  par  la  lumière  de 
fa  foy  &  de  fa  doélrine. 

HASSAN  Ali,  fils  d^  Gehanfchah  ,  fucceda  à  fon  père,  &  fut  le  quatriè- 
me &  le  dernier  Sultan  de  la  race  Turcomane  du  Mouton  noir,  que  les  Turcs 
appellent  Caracoinlu. 

Après  que  Gehanfchah  fon  père  eut  été  furpris  &  mis  à  mort ,  par  Uzun 
Haflan  ou  Ufuncaffan,  comme  nos  Hilloriens  l'appellent,  l'an  de  l'Hegire  872, 
de  J.  C.  1467,  il  fit  une  levée  de  près  de  deux  cent  mil  hommes  pour  vanger 
la  mort  de  fon  père,  qui  lui  avoit  lailTé  de  grands  trefors. 

Ce  Prince  mal  avifé  fut  fi  prodigue  de  fon  argent,  qu'il  paj'a  une  année  de 
folde  par  avance  à  toute  fon  armée  pour  l'attacher  davantage  à  les  intérêts  : 
niais  Abufaid,  Sultan  de  la  race  de  Tamerlan  qui  regnoit  dans  le  Khoralfan,  ne 
l'eut  pas  plutôt  attaqué  ,  qu'une  grande  partie  de  ces  troupes  mercenaires  l'a- 
bandonna &  prit  le  party  de  fon  ennemi. 

Une  aufli  grande  perfidie  de  fes  gens  l'obligea  de  prendre  la  fuite  devant 
Abufaid,  &  il  fc  feroit  fauve  avec  le  débris  de  fon  armée  ,  s'il  ne  fût  tombé 
entre  les  mains  d'Uzun  Haflan  ,  lequel  le  fit  périr  de  même  qu'il  avoit  déjà 
fait  fon  père,  &  deux  de  fes  frères  l'an  de  l'Hegire  873.  Ainfi  finit  la  dynaf. 
tie  du  Mouton  Noir ,  qui  avoit  régné  dans  la  Mefopotamie  ,  Medie  &  partie 
de  la  Perfe  environ  cinquante  ans ,  &  tous  fes  Etats  pafferent  à  celle  du  Mou- 
ton Blanc ,  de  laquelle  Ufuncafllin  a  été ,  pour  ainfî  dire ,  le  fondateur. 

HASSAN  Al  Bakhteri,  Doéleur  infigne  de  la  loy,  duquel  Hallage  préten- 
doit  avoir  tiré  ce  qu'il  avoit  avancé  touchant  la  compenfation  du  pèlerinage  de 
la  Mecque,     f^oyez  le  titre  de  Hallage. 

Il  y  a  encore  un  célèbre  Poète  Arabe  ,  nommé  Ben  Bakhteri ,  qui  a  été  le 
concurrent  d'Abou  Temâm.     l^oyez  Bakhteri. 

HASSAN  Al  Bafri  ,  efl  leraême  qu' Abufaid  Ben  Jefflr  ,  fils  d'un  AfTran- 
chi ,  nommé  Aioula  Zeid  Ben  Tabeth  &  d\me  efclave  d'Omm  Salmah  ,  femme 
de  Mahomet,  laquelle  lui  donnoit  fouvent  la  mammelle  ,  lorfquc  fa  mère  étoit 
occupée  au  fervicc  de  fa  maîtrelfe  ,  ce  qui  relevé  extrêmement  la  réputation 
de  ce  Dofteur  ,  qui  d'ailleurs  devint  fort  dode  &  très -dévot  dans  la  religion 
Mufulmane ,  en  forte  qu'il  paffe  pour  le  premier  Scholafbique  des  Mahometans. 

On  le  furnomme  Al  Bafi-i,  parce  que  fon  père  étoit  efclave  à  Maiflan,  Bour- 
gade des  dépendances  de  Bafrah  ou  Bafîbra ,  &;  qu'il  tenoit  école  dans  cette  vil- 
îe ,  où  les  Khaovareges  ou  Seftaires  venoient  fouvent  difputer  contre  lui.  Valfel 
Ben  Atha,  fon  difciple,  s'éloignant  de  fes  fentimens,  &  le  pouffant  à  bout,  fit 
bande  à  part  &  devint  le  chef  de  la  fefte  des  Motazales.  l^oyez  le  titre  du  Val- 
fel Ben  Atha. 

HaiTan  Al  Bafri  avoit  vu  le  Khalife  Othman  &  Ebn  Abbas  ;  c'ef}:  pourquoy 
il  cite  dans  fes  ouvrages  ce  qu'il  avoit  appris  d'eux  par  tradition.  Il  mourut  fan 
iio  de  l'Hegire,  &  nous  a  laiffé  un  ouvrage  intitulé  Hadith  Sclierif,  où  il  a 
ramalTé  les  traditions  qu'il  fçavoit  fur  chaque  Feridhat  ou  Précepte  obligatoire 

de 


HASSAN.  jj^ 

de  la  loy  Mufiilmane.    Ce  livre  qui  contient  54  de  ces  Feridhat  ou  préceptes 
fe  trouve  djns  la  Bibliothèque  du  Roy,  n'.  618.      ■  f       f     i 

HASSAN  Buzruk,  HafTan  le  Grand  :  HalTan  Kugiuk  ,  Haflan  le  Petit,  font 
les  noms  de  deux  perfonnages  ,  dont  le  premier  ell  le  clicf  &  le  fondateur  de 
kl  dynaftie  des  lleklianiens.    f^oyez  ce  titre  &'  celui  d'Avis  ou  Veis. 

Le  fécond  eft  le  premier  de  la  race  &  de  la  petite  dynaftie  des  Gioubaniens. 
Foyez  le  titre  de  Gioubdniân. 

HASSAN  Damegdni,  furnommc  Pehelévan,  c'eft-à-dire,  le  Preux  ou  le  He- 
ros,  eft  Tonzième  Prince  de  la  dynaftie  des  Sarbedariens  ,  qui  s'éleva  du  tems 
de  Tamcrlan  dans  le  Khoraifan.     l^oyez  le  titre  de  Sarbedar  ou  Sarbcdal. 

HASSAN,  dit  Gelaleddin  ,  fixième  Prince  de  la  race  de  Halfan  Sabah  ,  ou 
de  la  race  &  dynaftie  des  Ifiiieiëliens  de  flrân ,  c'eft-à-dire,  des  IfmaëJiens  qui 
ont  régné  en  Perfe.  On  les  nomme  ainft  pour  les  diftinguer  des  Ifraaëliens  d'A- 
frique ,  qui  font  les  Fathimites. 

HASSAN,  fils  de  Houffain,  furnommé  Aiaeddin  Gehanfouz,  étoit  petit -fils 
de  Sdm  Al  Gauri  ;  fon  père  Houlîain  avoit  laiffé  plufieurs  enfans ,  dcfqucis  il 
étoit  l'aîné  ,  &  il  les  furpalToit  tous  en  efprit  &  en  courage  ,  aufli  -  bien  qu'en 
âge.  On  lui  donna  le  furnom  de  Gehanfouz,  qui  fignifie  le  Brûleur  ou  l'In- 
cendiaire du  monde  ,  à  caufe  de  ce  qu'il  fit  à  Gaznah  ,  comme  nous  verrons 
dans  la  fuite. 

Il  ne  fe  contenta  pas  de  pofl'eder  le  pays  de  Gour  ou  Gaour  en  titre  de  gou- 
vernement ,  comme  avoit  fait  fon  père ,  fous  fautorité  des  Sultans  Gaznevides  ; 
car  il  voulut  fe  prévaloir  de  la  foiblcffe  de  fes  maîtres  &  de  la  décadence  de 
leurs  aff'aires,  que  les  Sclgiucides  reduifoient  tous  les  jours  en  plus  mauvais  état , 
en  fe  faifant  dcclai-er  Prince  &  Maître  abfolu  dans  toute  l'étendue  de  fon  gou- 
vernement 

Mais  fon  ambition  croiflànt  de  jour  en  jour  avec  fa  puifl'ance,  ne  trouva  point 
d^iutres  bornes  que  dans  une  entière  indépendance.  Pour  cet  effet ,  après  avoir 
envahi  la  province  de  Zabicftan,  il  attaqua  la  rillc  de  Gaznah  fa  capitale  ,  où 
étoit  le  trône  Royal  des  Sultans  Gaznevides. 

Bsherâm  Schah,  petit-fils  d'Ibrahim  ,  duquel  Hafilm  &  Houffain  fon  père  te- 
noient  l'origine  &  le  progi-ez  de  leur  fortune  ,  y  rcgnoit  alors  ,  mais  foiblc- 
mcnt.  Haffan  eut  bien  la  hardieffe  de  lui  faire  la  guerre ,  &  après  l'avoir  vain- 
cu 5  de  le  chafl'er  de  fes  Etap ,  qu'il  donna  à  gouverner  à  Souri ,  fon  frère. 

Beherâm-Schah  ,  qui  s'étoit  réfugié  dans  l'Indoftan  ,  prit  cependant  le  tems 
de  l'abfence  de  Haffan  ,  qui  avoit  quitté  le  paj^s  de  Gaznah  ,  où  il  avoit  laiffé 
Souri,  fon  frèj*e,  avec  peu  de  troupes,  pour  rentrer  dans  fes  Etats 5  &  il  con- 
duifft  fon  entreprife  avec  tant  d'adreifo  &  de  bonheur  ,  qu'il  fe  rendit  maître 
de  la  ville  de  Gaznah  &  y  furprit  Souri-,  auquel  il  fit  foulî'rir  une  mort  cruelle 
&  jgnominicufe. 

Haffan  n'en  eut  pas  plutôt  appris  la  nouvelle ,  qu'il  retourna  en  diligence  vers 
Gaznah  pour  y  vanger  la  mort  de  fon  frère,  &  l'on  dit  qu'en  marchant,  il  fit 
&  prononçai»  ce  diftique  en  langue  Perfienne,  car  il  étoit  fort  bonPoëte,  com- 
me nous  verrons  encore  plus  bas.. 

SU 


2i6  H  A  s  s  A  N. 

Si  je  ne  renverfe  pas  de  fond  en  comble  la  ville  de  Ghaznîn ,  dites  que  je  m  fuis 
pas  Haffan ,  fils  de  Houjfain. 

En  effet ,  il  la  prit ,  la  pilla  &  la  brûla  pendant  fept  jours  entiers ,  avec  un 
très-grand  nombre  de  bourgades  &  de  villages  de  fes  dépendances. 

Ce  fut  cette  terrible  exécution  qui  lui  fit  donner  le  furnom  de  Gehan-fouz, 
ou  de  Brûleur  de  monde,  duquel  il  a  été  déjà  parlé. 

L'an  544  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1149,  Haffan  ayant  entrepris  de  faire  la  guer- 
re à  Sangiar ,  Sultan  des  Selgiucides ,  il  fut  fait  prifonnier  ;  mais  ce  Sultan  gé- 
néreux le  renvoya  dans  fes  Etats  fans  rançon  ,  à  caufe  de  fa  belle  humeur,  & 
il  y  mourut  paifiblement  l'an  de  l'Hegire  551. 

Nous  rapporterons  icy  quelques  traits  de  la  belle  humeur  de  ce  Prince  &  quel- 
ques échantillons  de  fa  poëfie.  ■  Après  qu'il  eut  été  défait  par  le  Sultan  Sangiar, 
le  plus  brave  &  le  plus  généreux  Prince  de  la  Maifon  des  Selgiucides ,  qui  le 
pouvoit  faire  mourir,  fe  contenta  de  le  retenir  prifonnier  à  fa  Cour.  Haffan 
trop  heureux  d'avoir  fauve  fa  tête  ,  chercha  de  témoigner  fa  reconnoiffance  à 
Sangiar  par  toutes  fortes  de  foûmifîîons,  &  en  lui  faifant  affiduement  fa  cour. 

Il  fe  jetta  un  jour  par  terre,  baifant  les  pas  que  le  cheval  du  Sultan  avoit 
marquez,  &  luy  recita  ce  quatrain  Perfien  qu'il  avoit  compofé. 

■  La  marque  que  le  pied  de  vôtre  cheval  a  la{[[ée  fur  la  poujfiere ,  me  fert  mainte- 
nant de  couronne. 
Vanneau  que  je  porte  pour  marque  de  mon  efclayage  ejl  devenu  mon  plus  bel  orne- 
ment. 
Tant  que  f  aurai  le  bonheur  de  haifer  la  poujfiere  de  vos  pieds  ,  je  croiray  que  la 
fortune  me  favorife  de  fes  plus  tendres  careffas  ,  çj'  de  fes  plus  chers  bai- 
fers. 

Cette  flatterie  fut  fi  bien  reçue  du  Sultan,  gi'and  amateur  des  louanges  &  de 
la  gloire,  qu'il  voulut,  depuis  ce  tcms-!à  ,  avoir  Haffan  auprès  de  luy.  Ce  fut 
dans  la  converfation  familière  avec  le  Sultan  ,  que  Haffan  fçut  fi  bien  gagner 
fes  bonnes  grâces  ,  qu'il  obtint  enfin  de  luy  la  liberté  ,  &  peu  après  un  entier 
rétabliffement  dans  fes  Etats. 

On  rapporte  encore  un  autre  trait  de  flatterie,  fort  fpirituel,  du  même  Haf- 
fan, qui  efl  que  Sangiar  s'étant  apperçu  qu'il  avoit  le  poil  fort  long  contre  la 
coutume  du  pays ,  où  on  le  porte  fort  court  ,  lui  en  demanda  la  raifon  ,  Haf- 
fan lui  répondit  agréablement  en  ces  termes:  Lorfque  ma  tête  étoit  à  moy,  mil 
de  mes  efclaves  y  prenoient  garde  &  en  avoient  foin  :  maintenant  que  le  Sultan 
en  eft  le  maître  comme  de  celle  de  fon  cfclave,  mes  efclaves  font  devenus  mes 
maîtres,  &  font  ce  qui  leur  plaît. 

Cette  ïéponfe  fi  humble  &  fi  accorte-,  v^alut  à  Haffan  une  boëte  de  pierreries 
de  très-grand  prix,  que  Sangiar  lui  fit  donner,  en  le  renvoyant  chez  luy  où  il 
mourut,  comme  Ton  a  déjà  dit,  l'an  de  l'Hegire  551  ,  laiffant  fa  couronne  à 
Mohammed,  furnommé  Seifeddin,  fon  fils,  &  par  ce  moyen  la  dynaflie  des  Gau- 
rides  ,  qui  portèrent  le  titre  de  Sultans ,  fut  entièrement  établie.  •  Khondemir, 
Lebtarikh.     JSighiuriJlan. 

HASSAN, 


H  A:S  s  A  Ni  217 

HASSAN,  fils  de  Sahal  ou  de  Sohail,  comme  quelques-uns  l'appellent,  fut 
Gouverneur  de  l'Iraque  Babj^lonienne  ou  de  la  Chaldée  ,  pour  le  Khalife  Al 
Mamon.  Il  étoit  frère  de  Fadliel  Ben  Sohal ,  Vizir  &;  favory  de  ce  Khalife, 
qui  époula  la  fille  de  Haffan,  nommée  Touran-Doîdit. 

Le  Tarikh  Al  Abbas  ,  ou  Thifloire  des  Abbaffidcs  ,  raconte  fort  au  long  la 
magnificence  de  ces  noces  &  la  dépenfe  que'  Haiïàn  y  fit  ;  car  ce  Seigneur  don- 
na des  bourles  ou  nombrils  de  mufc,  des  œufs  d'ambre  gris,  &  des  efclaves  de 
Y-un  &  de  l'autre  fexc,  à  tous  les  Grands  de  la  Cour. 

Lorfque  le  Khalife  alla  prendre  Ton  époufe  pour  la  conduire  au  Palais  Impé- 
rial, Hafian  fit  couvrir  le  chemin  par  où  il  palla  de  nattes  d'or  &  d'argent.  Ce 
Prince  la  trouva  aflîfe  fur  un  trône,  la  tête  chargée  de  mil  perles,  dont  chacur 
ne  étoit  de  la  grofleur  d'un  œuf  de  pigeon ,  ou  d'une  grolTe  noilette.  Le  Kha- 
life voulut,  que  cette  riche  coëfFure  lui  fut  alîignée  pour  fon  douaire. 

On  ajoute,  que  toute  la  Cour  &  toutes  les  troupes  de  la  garde  du  Khalife 
furent  défrayez  par  Halfan  ,  pendant  tout  le  tems  qu'il  féjourna  à  Fommalfa- 
leh,  qui  étoit  le  lieu  où  fon  beau- père  deraeuroic  ,  &  que  tous  les  Poctos  de 
ce  tems-là ,  qui  firent  à  l'envi  l'un  de  l'autre  des  Epithalames ,  reçurent  de  très- 
gros  prefens  de  Hafian. 

L'on  attribue  ordinairement  à  cet  Hafian  Ben  Sahal  ou  Sohail  ,  que  l'on  dit 
avoir  été  Vizir  d'Al  Mamon ,  la  traduction  du  livre  Perfien  intitulé  Ciavidân 
Khird,  en  Arabe,     k'oycz  es  titre  cf  cduy  J'Anovâr  Sohaili. 

HASSAN  Gaznaovi  ou  Gaznevi ,  Poëte  Perfien  ,  natif  de  la  ville  de  Gaz- 
iiah,  fleuriiroit  fous  le  règne  du  Sultan  Baharamfchah.     Foyez  ce  titre. 

HASSAN  Al  Giauri,  furnommé  Al  Rafadhi,  c'efi;-à-dire ,  l'Hérétique,  étoit 
Prince  de  la  Ville  de  Sebzuàr  en  Khoraifan  du  tems  de  Tamerlan.  Il  efl:  fort 
parlé  de  lui  dans  le  livre  intitulé  Agiaib  al  Macdour ,  fi  akhhâr  Timur. 

HASSAN  Ilekhani  Nuiân,  furnommé  Buzruk  le  Grand,  étoit  fils  de  Scheikh 
Huiriin  Kurkan  &  touchoit  de  près  à  la  race  Genghizkhanienne.  Il  époufa  la 
fille  de  l'Emir  Giouban  &  la  répudia  par  force,  pour  la  donner  au  Sultan  Abu- 
faid ,  fils  d'Algiaptu. 

Cette  condcicendance  le  fit  entrer  bien  avant  dans  la  faveur  de  fon  makre  ; 
mais  il  la  perdit  bientôt.  Il  efl  vrai ,  qu'il  rentra  en  grâce  quelque  tems  apVès , 
&  obtint  le  gouvernement  du  pays  de  Roum ,  c'efl-à-dire ,  de  la  Natolie ,  où  il 
avança  fi  bien  fes  afTaires,  qu'après  la  mort  d'Abufaid,  il  devint  Seigneur  abfo- 
lu  de  plufieurs  Etats  &  fonda  la  dynallie  des  Ilekhaniens.  Foyez  le  titre  if' Avis 
ou  Veis. 

HASSAN  Sabâh,  Chef  de  la  dynaflie  des  Ifmaëliens  de  Perfe ,  qui  ont  ré- 
gné à  RouJbar  &  dans  tout  le  pays  de  Kouheflan,  qui  efl:  l'Iraque  Perfienne  ou 
l'ancien  pays  des  Parthes.  Il  fe  rendit  maître  du  fort  château  d'Almout  l'an  483 
de  l'Hegire,  de  J.  C.  1090  ,  &  finit  fon  règne  avec  fa  vie  l'an  518  de  l'He- 
gire,  de  J.  C.  1124.  Kaia  Buzruk  lui  fucceda.  Nous  verrons  ailleurs  la  vie 
de  cet  Hafian ,  qui  étoit  un  grand  impoflieur  &  qui  devint  le  chef  des  afiliflins , 
dont  il  eft  parlé  dans  nos  hiftoires  de  la  Terre-fainte,  fous  le  nom  du  Vieillard 
de  la  montagne:  car  c'efi:  ainfi  que  les  Hilloriens  Latins  ont  traduit  Scheikh  al 

ToMB  II.  E  e  Gie- 


2i8  HASSAK.  HATE  M. 

Giebâl,  qui  fignifie  en  Arabe  le  Seigneur  de  l'Iraquc  Perfienne,  ou  de  la  partie 
la  plus  élevée  &  montueufe  de  la  Perfc, 

Halîlm  Ben  Mohammed ,  furnommé  Dhccrat  al  eflâm  ,  fut  le  quatrième  Prin- 
ce de  cette  même  dynaitic  des  Ifmaëliens. 

HASSAN,  furnommé  en  Arabe  Al  Thaouil  &  en  Turc  Uzun,  c'cfl-à-dire ^ 
le  Long  ou  le  Grand.     Nos  Hiftoriens  l'appellent  Ufuncaflan. 

II  paiîe  pour  le  premier  des  Princes  de  la  dynaflie  des  Turcomans  Baiandu- 
riens ,  autrement  appeliez  de  la  race  du  Mouton  Blanc  ,  que  les  Grecs  moder- 
nes appellent  Jfproprobatada ,  quoy  qu'il  n'en  foit  à  proprement  parler  que  le 
fixième. 

Il  fucceda  à  fon  frère  Gehanghir,  l'an  872  de  l'Hegire ,  de  J.  C.  1467,  après 
avoir  défait  Gchanfchah,  Sultan  de  la  race  du  Mouton  Noir,  auquel  il  enleva 
tous  les  Etats  que  lui  éc  fes  predecefTeurs  avoient  conquis  dans  la  Mefopota- 
mie,  dans  la  Chaldée  &  dans  la  Perfe.  Il  défit  aufïï  Abulaid,  Sultan  de  la  race 
de  Tamerlan,  qui  polîcdoit  le  Khoraflan  &  la  Tranfoxane  :  mais  ayant  voulu 
attaquer  Mahomet,  fécond  du  nom,  Sultan  des  Turcs,  dans  la  Natolie,  il  y  per- 
dit une  bataille  fameufe  dans  l'hifloire  Othomane,  l'an  878  de  l'Hegire,  &  ds  J. 
C.  1473,  auprès  d'Arzcngian  en  Natolie.  Ufuncaflan  fe  retira,  après  cette  per- 
te à  Tauris  en  Perfe  &  y  mourut  l'an  882  ,  après  onze  ans  de  règne.  Il  eut 
pour  fuccclfeur  Khalil  fon  fils ,  lequel  fut  tué  fix  mois  après  ,  combattant  con-- 
tre  fon  frère  Jacoub  Bcgh  ,  lequel  ayant  ainfi  recueilly  la  fuccelîîon  entière  des 
Etats  de  Haffan,  fon  père,  en  jouit  pendant  treize  ans  ou  environ. 

HASSEK,  petite  ville  de  l'Icmen  ,  fituée  fur  la  mer  d'Oman,  vis-à-vis 
l'ifle  de  Zocotora.  L'ancien  peuple  des  Adites  habitoit  aux  environs  de  cette 
ville,  qui  n'eft  éloignée  que  de  deux  milles  d'une  autre  bourgade,  nommée  Ca- 
bar  Houd,  le  Sépulcre  de  Houd  ou  de  Heber  le  Patriarche. 

HATE  M.  Abou  Adi  Hatem  Ben  Abdallah  Ben  Saâd  Al  Thai,  appelle  ordi- 
nairement Hatem  Thai,  efl  trop  illuftre  pariiii  les  Arabes  pour  n'en  pas  parler. 

Ce  perfonnagc  ,  qui  d'ailleurs  étoit  vaillant  &  fçav^ant ,  s'eft  tellement  rendu 
célèbre  par  fa  libéralité  ,  qu'il  a  fait ,  pour  ainfi  dire  ,  perdre  le  nom  h  cette 
vertu;  car  lorfquc  l'on  veut  loiier  un  homme  de  fa  libéralité ,  on  le  qualifie  tou- 
jours du  nom  de  Hatem  Thai. 

Il  vivoit. avant  le  Mahometifme  &  ne  fut  point  Mufulman;  mais  Adi,  fon  fils, 
le  devint  l'an  7  de  l'Hegire  ,  &  on  le  met  au  nombre  des  Sahabah  ,  c'efl-à- 
dire,  des  Compagnons  ou  Contemporains  de  Mahomet.  Cet  Adi  mourut  à  Cou- 
fah  Tan  68  de  l'Hegire  ,  âgé  de  120  ans ,  &  portoit  le  titre  de  Giovàd  Ben 
Giaouâd ,  le  Libéral ,  fils  du  libéral  par  excellence. 

Le  furnom  de  Thai ,  que  Hatem  porte  ,  lui  cifc  donné  ,  parce  qu'il  étoit  iflii 
de  la  tribu  ou  famille  de  Thai,  qui  a  donné  fon  nom  à  une  contrée  particulière 
de  l'Arabie.  On  voit  encore  fon  fepulcre ,.  qui  y  cit  vifité  &  révéré ,  dans  une 
Bourgade  qui  porte  le  nom  .d'Aovarcdh. 

Les  exemples  de  la  libéralité  de  Hatem  font  fi  connus  ,  par  les  ouvrages  de 
Sâadi  &  d'autres  Auteurs,  qui  font  maintenant  entre  les  mains  de  tout  le  mon- 
de,  qu'il  m'a  paru  inutile  de  les  rapporter  icy.  Le  plus  fameux  eft  celui  qu'il 
donna  à  un  Ambafilideur  de  l'Empereur  Grec,  envoyé  exprès  pour  lui  demander 
en  don  uia  cheval  de  très-grand  prix,  de  la  paît  de  fou  maître  ;  car  ce  généreux 

Arabe , 


H  AT  E  M.  —- H  AU  CAL.  irp 

Arabe  ,  avant  'que  d'apprendre  le  fujet  de  fa  légation  ,  &  n'ayant  rien  alors 
dans  fa  maifon  de  quoy  le  régaler  à  caufe  du  mauvais  tems  qui  lui  ôtoit  le 
commerce  de  la  campagne ,  avoit  fait  tuer  fon  clieval  poui-  faire  un  fcfti'n  à 
fon  hôte. 

L'on  dit  auflî  qu'il  faifoit  tuer  foiivent  jufqu'à  40  chameaux  pour  traiter  fes 
voifnis,  &  les  pauvres  Arabes  du  dclcrt. 

HATEM,  furnommé  Al  AfTûmm,  c'eft-à-dire,  le  Sourd,  portoit  le  prénom 
d'Abou  Abdalraliraan.  Il  étoit  natif  de  la  ville  de  Balkhe  où  i!  mourut 
l'an  237  de  l'Hcgirc  ,  avec  la  réputation  d'un  des  plus  infignes  Docteurs  du 
Khoralliin. 

Il  menoit  une  vie  fort  auftere  ,  &  détachée  des  bruits  du  monde  :  de  forte 
qu'étant  un  jour  interrogé  d'où  il  tiroit  fa  fubfiftance  ,  il  répondit  que  Dieu 
avoit  de  grands  trelbrs  au  ciel,  &  fur  terre;  mais  que  ceux  qui  ne  font  pas 
fiables  dans  les  principes  de  la  foy ,  -  n'y  font  point  d'attention,  &  que  Di-u 
n'en  fait  part  qu'à  ceux  qui  ont  une  parfaite  conllance  en  lui  :  laJio  fil  iaovakkel 
fcbân  dgib. 

L'on  dit  que  le  furnom  de  fourd  lui  fut  donné  à  caufe  qu'il  feignit  de  n'a- 
voir pas  entendu  quelque  bruit  qui  écoit  échappé  à  fa  femme  pendant  qu'elle 
lui  parloit,  &  lui  lit  repeter  plus  haut  ce  qu'elle  difoit;  on  ajoute  que  depuis 
ce  tems-là,  Talfamam,  c'eft-à-dire,  qu'il  contrefit  toujours  le  fourd. 

Hatem  étoit  ami  particulier  de  Schakik  AI  Balkhi ,  autre  Dofteur  illuftre  dans 
la  loy  Mufulmane;  il  embraifa  fa  méthode,  laquelle  fut  fuivie  depuis  par  plu- 
fleurs  autres. 

HATEM,  appelle  autrement  Tacfur,  Roy  Chrétien  d'Arménie  fort  connu 
par  nos  Hiftoriens  fous  le  nom  de  Haiton.  Ce  Prince  fe  rendit  tributaire  de 
Mongaca ,  ou  Mangu  Caan ,  Empereur  des  Mogols  ou  Tartares ,  de  la  race  de 
Genghizkhan,  l'an  650  de  ITIcgire  ,  de  J.  C.  1252  ,  deux  ans  après  la  prifon 
de  S.  Louis ,  &  la  perte  de  Damiette, 

Nos  Hiftoriens  écrivent  que  ce  Prince  exhorta  Mangu  Caan,  &  tous  les  fîens 
■d'cmbraffer  la  Religion  Chrétienne  ,  &  de  fe  joindre  aux  Francs  pour  extermi- 
ner les  Mahometans ,  &  qu'il  obtint  un  grand  fccours  de  Tartares  pour  leur 
^  faire  la  guerre. 

Les  Orientaux  rapportent  que  Haiton  palTant  déguifé  avec  fon  Ambafladeur 
fur  les  terres  du  Sultan  d'Iconie  ,  &  ayant  été  reconnu  par  un  homme  du 
Sultan ,  cet  Ambafladeur  prit  la  liberté  de  donner  un  foufflet  à  fon  maître, 
pour  faire  croire  au  Sultan,  qu'il  n'étoit  que  fon  domeftique. 

H  AU  CAL,  Ebn  Haucal ,  Auteur  d'un  livre  intitulé  Giagrafiah  fi  mârefat 
alboldân.  C'eft  une  Géographie  fort  prolixe.  Abulfeda  qui  le  cite  fouvent ,  fe 
plaint  de  ce  qu'il  n'a  pas  defigné  aflcz  clairement  les-  noms  propres  des  lieux, 
faute  de  s'être  fervi  des  voyelles  qui  fervent  à  en  fixer  la  prononciation.  Cet 
Auteur  eft  auffi  fort  defeélueux  en  ce  qu'il  ne  marque  ni  les  lonf^itudes  ,  ai 
les  latitudes  des  lieux  dont  il,  parle,  défaut  qui  lui  eft  commun  avec  la  plupart 
des  Géographes  de  l'Orient  qui  ont  lailfé  ce  foin  aux  Aftronoraes. 

Ee2  •  HAUDH 


2^  H  A  U  D  iï.  '  H  A  V  A  H. 

HAUDH  ou  Haoudh  Al  hidt,  la  Pifcine,  ou  la  Fontaine  de  la  vie.  Livre 
comjofé  en  Indien,  abbregé  &  traduit  en  Arabe  par  Samarcandi.  Cet  ou^rrge 
n'ell  proprement  qu'une  Philofophie  corrompue,  appuyée  iur  les  principes  de  ta 
Magie  &  de  la  Chymie ,  &  remplie  d'oblcrvations  &  d'expériences  fuperlliticufes. 
11  eil  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n».  927. 

HAUGIAL,  le  Guide  des  chemins.    Livre   qui  porte  auiïï  le  titre  de  5o/ar 
it  akhbar  al  hocama^Aes  Vies  des  Philofophes.     On  y  trouve  celles    d'Ariflote  ,' 
d'Alexandre,  de  Locrtian  ,  de  Salomon  ,  de  Jefu  Ben  Si:akh  ,   de  Secundus,  de 
Harcth  Ben  Câb,  avec  plufieurs  fentences.     On  trouve  ce  livre  dans  la  Biblio- 
thèque du  Roy  n°.  924. 

HAVAH,  Eve,  femme  d'Adam,  que  les  Hébreux  nomment  Khavah:  ces  deux 
noms  ont  la  même  fignification;  car  l'un  &  l'autre  font  dérivez  d'une  racine  qui 
fignitie  la  vie.  Les  Mufulmans,  &  les  plus  anciens  Orientaux  prétendent  que  le 
premier  fils ,  qu'Eve  mit  au  monde ,  porta  le  nom  d'Abd  al  hareth  qui  fignifie 
k  la  lettre  ferviteur  ou  fils  d'un  Jardinier,  ou  d'un  Laboureur,  à  caufe  qu'A- 
dam fut  le  premier  qui  cultiva  la  terre  fuivant  ce  qui  efl  porté  dans  laGenefe,_ 
que  Dieu  mit  Adam  dans  le  jardin  appelle  Paradis  terrellre,  pour  l'habiter,  & 
pour  le  cultiver. 

Les  Mahometans  féconds  en  narrations  fabuleufes  donnent  une  autre  raifon 
de  ce  nom,  qui  eft  rapportée  par  HulTain  Vaez  dans  fa  paraphrafe  fur  le  cha- 
pitre Aâraf.  Ils  difent  qu'Eve  fe  trouva  gi-oife  d'Adam  neuf  mois  après  avoir 
demandé  lignée  à  Dieu  par  ces  paroles  couchées  dans  le  chapitre  qui  vient 
d'être  cité.  Si  vous  nous  donnez  ,  Seigneur  ,  un  fils  qui  foit  homme  de  bien ,  ^ 
Jcniblable  à  nous  ^  nous  vous  en  rendrons  ajfurément  des  grâces  très -particulières. 

Sur  cette  nouvelle  le  Diable  déguifé  accoîla  Eve  ,  &  lui  demanda  ce  qu^elIe 
avoit  dans  le  ventre,  &  lui  dit  enfuite:  C'elt  peut-être  quelque  animal,  encore 
ne  fçait-on  s'il  efl  domeftique  ou  farouche.  Eve  lui  avoua  franchement  qu'elle 
ne  fçavoit  point  ce  que  c'étoit.  Le  Diable  lui  dit  enfuite  :  Sçavez-vous  par 
où  doit  fortir  ce  que  vous  portez,  fera-ce  par  la  bouche,  par  le  nez,  ou  pai* 
l'oreille;  ou  bien  ne  vous  faudra-t-il  point  ouvrir  le  ventre  pour  l'en  arracher? 
Eve  ayant  été  épouvantée  par  ces  dernières  paroles  ,  vint  auffi  -  tôt  trouver 
Adam,  &  lui  raconta  ce  qu'elle  avoit  appris,  &  Adam  lui-même  tomba  dans 
quelque  embarras  fur  un  événement  qui  lui  paroilfoit  fort  douteux. 

Le  Diable  voyant  Adam  triile  s'apparut  à  lui  fous  une  autre  figure  ,  «S:  lui 
dît,  pour  le  confoler:  Ne  foyez  point  en  peine '  touchant  l'accouchement  d'Eve 
vôtre  femme;  cai-  je  fcai  le  grand  nom  de  Dieu  avec  lequel  j'obtiens  tout  ce 
que  je  lui  demande,  &  je.  l'invoqueray,  afin  qu'Eve  enfante  un  fils  digne  de 
vous,  &  qui.  vous  foit  femblable:  Je  vous  alîlire  de  plus  qu'elle  l'enfantera  aifé- 
ment,  &  fans  violence;  mais  il  faut  que  vous. me  promettiez, avant  toutes  choies 
dé  lui  donner  le  nom  de  Abd  al  harcth. 

Le  Diable  recherchoit  a\'cc  tant  d'empreflcmcnt,  qu'Eve  donnât  ce  nom  à  fon 
fils,  afin  qu'elle  l'engaTCat  par-la  à  fon  fervice;  car  cet  Ange  Apoftat  qui  s'ap- 
pelle  auiourd'huy  par  Tes  Arabes  Éblis  ,  fc.  nonimoit  autrefois  ,  lorfqu'il  étoit 
cneorc  dans  le  ciel  ,  Hareth;'  de  forte  qu'il  vouloit  que  le  premier  lils  d'Adam 
&  d'Eve  l\it  qualifié  Serviteur  de  HaretJî  &.  non  pas  Abdallah,  nom  qui  fignifie 
Serviteur  de  Dieu,  &  qu'Adam  avoit  dcftiné  de  lui  donner. 

Cv'tte   lèconde .  fruu Je  rcuHit,  félon  le  Centimcnt  des  Mufulinans,  au  Démon, 


H  A  V  A  R  I  O  U  N.  H  A  Z  C  A  N  I.  san 

àuffî-bien  que  la  première  dont  il  s'étbit  fervi  dans  le  Jardin  ;  c'cfl  pourquoy 
il  eft  dit  dans  le  même  chapitre  ,  qu'auflî-tôt  que  Dieu  eut  donné  un  fils  h 
Adam  &à  Eve,  ces  deux  infortunez  Gidla  laho  Scharcdn,  c'eft-à-dirc ,  donnèrent 
un  compagjion  à  Dieu;  non  pas  qu'ils  tomballent  dans  l'idolâtrie,  ce  que  fi-^nifie 
cette  façon  de  parler  ;  mais  parce  qu'ils  donnèrent  à  leurs  enfans  des  noms  qui 
faifoient  entendre  qu'ils  av^oient  d'autres  Maîtres ,  &  d'autres  Seigneurs  que  Dieu. 

Mahomet  taxe  en  cet  endroit:  l'ufage  des  anciens  Arabes  qui  donnoient  à  leurs 
enfans  les  noms  d'Abdalfchams,  Serviteur  du  Soleil  &c.  qui  eft  une  efpece  d'ido- 
lâtrie à  l'égard  des  Mufulraans. 

Les  Mufulmans  révèrent  encore  aujourd'huy  une  grotte  de  la  montagne  de 
Gerahem  à  trois  mil  pas  de  la  Mecque ,  qu'ils  appellent  G:îr  Havah  ,  la  Grotte 
d'Eve,  où  Mahomet  fe  rctiroit  fouvent,  &  en  faifoit  félon  ce  qu'ils  difent,  fon 
oratoire. 

La  Montagne  d'Arafat  à  dix  milles  de  la  Mecque,  qui  eft  une  des  ftations  du 
pèlerinage  ,  a  tiré  fon  nom  du  rencontre  ,  &  de  la  reconnoilfance  d'Adam  & 
d'Eve,  qui  fe  fit  fur  fon  fommet. 

On  a  pu  voir  dans  le  titre  de  Giuddah  ou  Giddah,  port  de  la  mer  rouge  le 
plus  proche  de  la  Mecque ,  que  les  Mufulmans  croyent  y  voir  encore  le  fepul- 
cre  d'Eve. 

L'on  verra  daiTS  le  titre  de  Noé  que  les  eaux  du  Déluge  commencèrent  à 
fourdre,  &  à  fortir  du  four  où  Eve  avoit  cuit  autrefois  fon  pain;  car  ce  four, 
félon  les  rêveries  des  mêmes  Mufulmans  ,  s'étoit  confervé  jufqu'alors  &  avoit 
pafie  de  main  en  main  d'un  Patriarche  à  l'auti-e. 

yoyez  le  titre  <i'Adara  dans  lequel  on  trouvera  qu'Eve  n'enfantoit  jamais  que 
des  jumeaux. 

HAVARIOUN,  les  Arabes  appellent  ainfi  les  Apôtres  de  Jesus-Chrts.t. 
Ce  mot  fignine  proprement  des  Blanchilfeurs ,  ou  des  Foulons,  dits  dans  la  mêmie 
langue  Caffarouu. 

Quelques  Auteurs  Mufulmans  ont  cru  que  ce  nom  étoit  tire  de  leur  profef- 

■  fîon  :  mais  les  plus  fenfez  prétendent  qu'ils  ont  été  ainfi  appeliez  à  caufe  que  les 

anciens  Chrétiens  les  reprefentoient  dans  leurs  peintures,  vêtus  de  blanc,  &  que 

leur  tradition  portoit,   qu'ils  apparoiflbient  aux  Fidèles  en  cette  forme,     l^oyez 

le  titre  de  Maidat. 

Les  Apôtres  S.  Pierre  &  S.  Jean  font  les  plus  connus  des  Mufulmans;  ils 
font  peu  mention  des  autres ,  fi  ce  n'eft  de  faint-Mathieu  qu'ils  comptent  parmi 
les  Evangeliftes.     Foyez  le  titre  d'Engil  ou  Ingil. 

Les  Arabes   donnent  encore  aux  Apôtres  le  nom  d'Ashab  Ifia,    c'eft-à-dire,. 
de  compagnons  ,   ou  de  difciples  de  J.  C.  mais  jamais  ccluy  de  Rafiîbulon,  ou 
Moi-feloun  qui  fignifîe  proprement  des  Apôtres,  &  des  Envoyez.     lis  refervent 
celuy  de  Rafibul  à  leur  faux  Prophète,  &  celui  de  Morfel  aux  Patriarches,  & 
aux  Prophètes  de  l'ancien  Teftament. 

HAZCANI  ou  Harcani  AbouIhafiTan ,  Dofteur  célèbre  auquel  on  donne  les 
titres  de  Scheikh  Al  Pvabbani  ,  Salek  Al  Samadani,  Aref  Al  Hakkani,  Dofteur 
du  premier  rang,  marchant  par  les  voyes  du  Seigneur,  &  pénétrant  les  veritez 
les  plus  cachées. 

Il  étoit  le  chef  d'une  focieté  de  Sofis   ou  Religieux  Mufulmans  ,   &  il  leur 

E  c  1  difoit 


414  H  A  Z  E  M.       H  E  B  A  T. 

difoit  fouvent  qu'un  Sofi  eft  Gaitmakhlauk ,  c'efl-à-dire ,  qu'il  n'efl  pas  du  nom- 
bre des  chofes  créées  ,  pour  leur  faire  entendre  qu'ils  dévoient  être  tellement 
unis  au  Créateur  qu'il  ne  devoit  refter  rien  en  eux  de  la  créature.  Voyez  le 
livre  al  dfchek  Mal  mâfchouk ,  Lettre  de  l'Amant  à  fon  bien-aimé  ,  dans  la  Biblio- 
thèque du  Roy  n'*.  721. 

HAZEM,  Aboulhazem  Salmah  Ben  Dinar,  efl  furnommé  Al  Adrage  ,  le 
Boiteux.  Il  eft  du  nombre  de  ces  Do6leurs  que  les  Mufulmans  appellent  Ta- 
baôun,  c'elt-à-dire,  qui  ont  fijivi  les  Sahabah  ou  contemporains  de  Mahomet 
&  ont  été  leurs  difciples:  celuy-cy  eut  pour  maître  Sahal  Ben  Saâd  ,  un  des 
compagnons  du  faux  Prophète,  &  mourut  Tan  133  de  l'Hegirc,  fous  le  règne 
d'Aboulabbas  SafFah  premier  Khalife  des  Abbaflîdes. 

L'on  donne  à  ce  Doéleur  le  titre  de  Câff,  qui  fignifie  un  homme  fçavarit 
dans  l'hiftoire,  &  l'on  rapporte  de  luy,  que  Soliman,  fils  d'Abdalmalek  Khalife 
de  la  race  des  Ommiades,  lui  ayant  demandé  comment  l'on  fe  pouvoit  fauver,  il 
lui  répondit  :  En  ne  prenant  rien  qu'avec  juftice ,  &  ne  mettant  rien  qu'en  fa 
véritable  place.  Le  Khalife  lui  ayant  répliqué  :  Qui  peut  faire  cela  ?  Ce  Doc- 
.teur  lui  repartit:  Celui  qui  cherche  le  Paradis,  &  qui  veut  éviter  l'Enfer. 

Abou  Hazem  Abdalhamid  qui  mourut  Tan  292  de  l'Hegire,  étoit  Cadhi,  & 
compofa  le  livre  intitulé  Adab  al  Cadhi  ^  des  Devoirs  d'un  Cadhi  ou  Juge  félon 
Abou  Hanifah. 

Ebn  Hazem  Al  Anfari  natif  de  Carthagene  en  Efpagne  ,  &  habitant  de  la 
ville  de  Tunis,  eft  l'Auteur  du  livre  intitulé  Menhage  al  bolaga  u  Sarrage  al  odaba, 
la  Méthode  des  Orateurs,  &  le  Flambeau  des  Humanilles. 

HEBAT  Allah,  don  de  dieu,  ou  Dieu  donné,  A  Deo  datus ,  nom  propre 
de  trois  Médecins  illuftres ,  tous  trois  de  religion  différente  qui  ont  vécu  enfem- 
ble  vers  l'an  550  de  l'Hegire  fous  le  règne  du  Khalife  Moftafî. 

Le  premier  furnommé  Ebn  Saêd  ,  &  Ebn  Talmid  étoit  Chrétien,  &  paffoit 
pour  le  plus  dofre  perlbnnage  de  fon  tems,  poffedant  la  faveur  des  pins  grands 
Princes  qui  le  comblèrent  d'honneurs  &  de  richeifes  ,  nonobflant  fa  Religion. 
Quelques-uns  le  font  Prêtre,  &  d'autres,  Religieux. 

Sa  doctrine  &  fa  vertu  excelloient  à  un  tel  degré,  dit  Ben  Schohnah,  que 
les  Mahometans  demeuroicnt  étonnez  de  ce  qu'il  n'avoit  point  embraiTé  la  Re- 
ligion Muililmane:  mais,  dit  le  même  Auteur  ,  Dieu  éclaire  par  fa  grâce  celui 
qu'il  lui  plaît,  &  abandonne  par  fa  juflice  au  milieu  des  ténèbres  de  l'erreur 
celui  qu'il  lui   plaît. 

Ce  grand  homme  mourut  fous  le  règne  de  Moflançed ,  trente-deuxième  Kha- 
life des  Abbaflîdes,  l'an  de  l'Hegire  560  âgé  près  de  cent  ans.  11  avoit  pour 
ami  un  autre  excellent  Médecin  Juif  qui  portoit  le  même  nom  que  lui ,  & 
qui  étoit  furnommé  Ebn   Mclkan,  duquel  nous  allons  parler. 

Hebat  allah  eut  trois  enfans  dont  l'un  nommé  Ebn  Maflîh  fut  Catholique, 
c'cft-à-dire ,  polfedint  la  première  dignité  Ecclefiallique  après  le  Patriarche  ;  un 
autre  nommé  Abulkhair  fut  Archidiacre  ,  &  le  troifième  nommé  Abulhalfan 
Saêd  Al  Hadhiri  fut  Médecin  du  Khalife  Naffer  l'Abbaflide,  &  acquit  beaucoup 
-de  réputation  dans  fon  art,  dont  l'Archidiacre  fon  frère  faifoit  aufîi  profeflîon. 

Aboulfarage  rapporte  des  vers  Arabes  de  Hebat  allah  qui  font  voir  que  ce 
Docteur  étoit  aufli  fort  habile  dans  les  belles  lettres. 

HEBAT 


H  E  B  A  T.  H  E  B  L.  ^23 

H  EBAT  Allah  Ben  MelMn  ,  qualifié  Aouhad  alzaman  ,  lu  Phœnix-  de  fon 
ficelé,  étoit  un  très-dofte  Médecin  Juif,  contemporain,  &  ami  de  liebat  allah, 
fils  de  Saêd,  qu'il  n'imita  pas  dans  la  fermeté  pour  fa  Religion;  car  il  raban- 
donna  par  intérêt,  &  fe  fit  Mahometan. 

II  faifoit  des  cures  fi  admirables  ,  qu'il  fut  furnommé  par  les  Mahomet-ins 
mêmes  Aboul  Berekiât ,  le  Père  des  benediélions.  Hebat  allah  le  Chrétien  ne 
put  fouflfrir  patiemment  cette  désertion  de  fon  ami,  &  lui  en  fit  des  reproches 
fanglans  par  des  vers  rapportez  dans  Abulfarage,  où  il  dit  entre  autres  chofes, 
qu'il  imite  fes  anciens  pères  qui  erroient  dans  le  defert,  &  qui  n'en  fortoient 
que  pour  s'égarer ,  &  s'éloigner  de  plus  en  plus  de  leur  route. 

Il  y  a  un  livre  qui  porte  le  nom  d'Acrabadin ,  c'eft-à-dire  ,  d'Antidotes ,  ou 
Medicamens  compofez  ,  qui  a  pour  Auteur  un  de  ces  deux  grands  hommes: 
mais  Ben  Schonah  n'a  pas   pu  déterminer  auquel  des  deux  il  doit  être  attribué. 

Le  troifièmc  Médecin  illuftre  de  ce  nom  eft  Hebat  allah  Ben  HoufTain  Ben 
Ali ,  fijrnommé  à  caufe  de  fon  pays  Al  Esfahani ,  lequel  a  été  au/ïï  extrêmement 
loué  par  fes  contemporains.  Il  mourut  d'apoplexie,  &  on  le  crut  trop  tôt  mort- 
car  le  lieu  où  il  étoit  en  dépôt  ayant  été  ouvert  pour  le  tranfpoiter  ailleurs' 
on  le  trouva  affis  &  mort  fur  un  des  degrez  de  la  cave  où  il  avoic  été  mis! 
Celui-ci  étoit  Mahometan. 

HEBATHAH,  ville  des  Indes  dans  la  Province  appellée  Sind  qui  eft  aux 
environs  du  fleuve  Indus  vers  fon  embouchure.  Elle  étoit  des  plus  confldera- 
bles  du  pays,  lorfque  le  Sultan  Mahmoud  le  Gaznevide  la  prit.  Le  Multan  que 
quelques  uns  comprennent  dans  la  Perfe,  &  quelques  autres  dans  l'Indoftan,  en 
efl;  fort  proche. 

HEBBAT  Alcalb,  la  Graine  du  cœur.  L'amour  propre,  &  la  concupifcen- 
ce  qui  nous  porte  au  péché.  C'efl:  auflî  le  péché  d'origine  que  les  Mahome- 
tans  reconnoiffent  être  venu  d'Adam ,  nôti-e  premier  père ,  &  ils  difent  qu'il  cil 
le  principe  de  tous  les  autres  péchez. 

Mahomet  fe  vantoit  d'en  avoir  été  délivré  par  l'Ange  Gabriel ,  qui  lui  arracha 
du  cœur  cette  femence  noire,  &  que  par  ce  moyen  il  étoit  devenu  impeccable. 

Cette  même  graine  eft  encore  appellée  la  noirceur  du  cœur  ,  fouadalcalb , 
&  hebbat  al  faouda  ,  la  graine  noire  ,  mot  qui  convient  auffi  à  la  graine  du 
Melanîhium,  que  nous  appelions  Nigella. 

Le  mot  de  Saouda  fignifie  auffi  la  bile  noire  ou  mélancolie,  &  l'amour  e.x- 
ceffif  qui  la  caufe. 

H  E  B  L  Al  metin  rah  umid  u  bim  fi  ahkâm  al  din  ,  titre  moitié  Arabe  ,  & 
moitié  Perfien  d'un  livre  compofé  par  Baha  eddin  Mohammed  fur  l'efperance  & 
la  crainte   que  les  jugemens  de  Dieu  doivent  caufer  dans  les  âmes  des  Fidèles. 

Hebl  Al  varid,  la  veine  jugulaire.  Il  efl:  dit  dans  l'Alcoran  que  Dieu  efl  plus 
proche  de  fa  créature  que  cette  veine  fie  lui  eft.  v  nahn  acrab  elaihi  men  hebl  al  varid, 
fur  quoy  Saâdi  dit  que  c'eft  une  chofe  digne  d'étonnement  que  Dieu  foit  fi 
proche  ,  &  fi  intime  à  l'homme  ,  &.  que  l'homme  cependant  foit  fi  éloigné 
de  Dieu.. 

HEBRON,, 


in  H  E  B  R  O  N.  H  E  B  A  I  A  H. 

HEBRON,  ville  de  Paleftine  qui  porte  ordinairement  le  nom  de  Khalil, 
à  caufe  qu'Abraham  furnommé  AI  Khalil,  c'eft-à-dire  ,  l'Ami  intime  de  Dieu,% 
y  eft  enterré ,  &  que  fon  fepulcre  y  eft  honoré  ,  &  vifité  par  les  Mufulmans. 
C'eft  ce  qui  fait  que  Al  Khalil  fe  prend  auffi  pour  un  des  quatre  pèlerinages 
que  les  Mufulmans  font.  Le  premier  qui  eft  celui  de  la  Mecque  eft  d'obliga- 
tion, &  les  trois  autres  qui  font  de  Medine,  de  Jerufalem,  &  de  Hebron,  ne 
font  que  de  dévotion. 

Il  y  a  pluficurs  livres  qui  traitent  de  ces  quatre  pèlerinages  en  gênerai,  & 
en  particulier.  Celuy  qui  eft  intitulé  Mothir  al  garam  fi  ziarat  al  Khalil  , 
^  Uns  al  khalil  traitent  de  celuy  de  Hebron.  ^oyez  les  titres  d'Abraham, 
âf  de  Khalil. 

HEDAD  ,  le  Deuil,  &  les  habits  de  Deuil  Le  premier  Deuil  que  les 
Orientaux  Chrétiens,  Juifs,  ou  Mahometans  célèbrent,  eft  celuy  d'Abel;  car  ils 
prétendent  qu'Adam  le  porta  ou  pratiqua  en  fe  feparant  d'Eve  fa  femme,  pen- 
dant Fefpace  de  120  ans  pour  pleurer  fa  mort. 

Les  Perfans  difent  que  le  premier  deuil  qui  ait  été  porté  dans  l'Orient,  fut 
celuy  de  Siavefch  ,  lequel  ayant  été  tué  dans  le  Turkeftan  ,  Kaicaous  Roy  de 
Perfe  de  la  féconde  dynaftie  ,  fon  père  ,  en  fit  publier  un  qui  fut  gênerai  dans 
tous  fes  Etats  ,  &  célébré  par  le  changement  d'habits.  La  couleur  b!euë  fut 
alors  choifie  pour  marquer  le  deuil  ;  mais  elle  a  été  changée  depuis  en  noir  par 
les  Mahometans  depuis  la  mort  de  Houflain  fils  d'Ali,  comme  nous  allons  voir. 

Le  deuil  de  Houlfain,  que  l'on  appelle  encore  Jaoum  Houlîain,  le  jour  de 
HoulTain  qui  tombe  au  dixième  du  mois  Moharram,  eft  célébré  tous  les  ans  en 
Perfe  avec  une  fort  grande  folcmnité  par  les  fedlaires  ou  partifans  d'Ali:  ce 
jour  eft  nommé  particulièrement  Afchour,  &  Afchoura  par  les  Arabes. 

Les  Abbaflides  parcns  proches  d'Ali  prirent  le  noir  pour  leur  livrée  ,  lorf- 
qii'ils  s'élevèrent  contre  les  Ommiadcs,  prétendant  vanger  le  fang  de  HoulFain, 
que  les  Ommiades  avoient  répandu  :  mais  cependant  les  defcendans  d'Ali  &  de 
Houffain  en  droite  ligne  ont  toûjoui-s  porté  le  verd,  &  le  portent  encore  au- 
jourd'huy  ,  prétendans  que  leur  race  fubfifte  toujours  avec  les  droits  d'Imam 
&  de  chef  temporel  &  fpirituel  de  tout  le  Mufulmanifmc.  Foyez  le  titre  de 
Mamoun,  auquel  le  changement  de  noir  tu  verd  penfa  coûter  la  perte  de  fes 
Etats  &  même  celle  de  fa  vie.     Foy-z  aujji  celuy  de  Houflain. 

Le  deuil  des  Orientaux  tant  Chrétiens,  que  Juifs  &  Mahometans  eft  afiez 
femblable  à  celuy  des  Anciens;  car  ils  ne  fe  contentent  pas  de  changer  d'ha- 
bits, &  de  les  déchirer:  mais  ils  s'arrachent  les  cheveux,  fe  battent  les  joues, 
&  font  des  hurlemens  épouventables. 

HEDAIAH,  Manuduftion  &  Inftruflion.  Il  y  a  plufieurs  livres  Arabes 
qui  portent  ce  titre. 

Hadaiah  fil  foroû  ,  livre  de  la  loy  Mufulmane  compofé  par  Borhaneddin  Al 
Mirghinani  ,  qui  mourut  l'an  591  de  l'Hegire.  Il  eft  dans  la  Bibliothèque  du 
Roy  n'^.  634.     Il  y  a  un  Commentaire  fur  cet  ouvrage  intitulé  Dorrar  gorrar., 

Hedaiat  al  hckm;it,  cours  de  Philofophie,  compofé  par  Ebn  Athir  Ebn  Omar 
Abheri,  &  commenté  par  Mofthafa  Ben  Jofef  furnommé  Khovagéh  Zadéh. 

Hedaiah  u  Enaiah  ,  Livre  de  Théologie  Scholaftique  des  Mufulm.ans  digéré 
par  queftions.     Foyez  le  titre  ^'Akmal,  ou  Kemaleddin,  qui  en  eft  l'Auteur. 

HEDIAH, 


H  E  D  I  A  H.  H  E  G  I  A  G  E.  ^z- 

^HEDIAH,  vnie  du   pays   des  Habafch  ,   qui   eft  l'Ethiopie  ,  ou  Abiflîni^ 
Foyez  le  titre  de  Habafch  ou  Habafchah. 

H  EFT  Khan,  ou  Heft  Khovan ,  en  Perfien   les  fept  Tables,   nom   de  la 
ville  capitale  du  Turkeflan  ,  ou  Argiasb  ,   fils   d'Afrafiab ,   Roy  de  ce  pays-là 
tcnoit  fa  Cour  du  tems  de  Kifchtasb  Roy  de  Perfe.  * 

L'on  auroit  pu  palTer^  par  cette  ville  pour  aller  à  Rovin  Diz  ou  Château 
d'airain,  le  plus  fort  Château  de  tout  le  pays,  comme  étant  le  plus  court  che- 
min, fi  les  neiges,  les  précipices,  &  les  bêtes  farouches  ne  l'eulfent  rendu  im- 
pratiquable.     l^oyez  le  titre  de  Kifchtasb. 

HEFT  Peigher,  en  Perfien,  les  fept  fontaines.  C'efl  le  nom  d'un  Roman 
Perficn ,  compofé  en  vers  par  le  célèbre  Poëte  nommé  Nadhâmi ,  ou  pour  pro- 
noncer à  la  Perfienne,  Nazomi. 

Nous  avons  encore  en  langue  Perfienne  le  Heft  Peigher  de  Hatefi ,  &  en 
langue  Turque  celuy  de  Lamâi. 

HEFT  AKHTER.  Heft  Iclim ,  Heft  Aurenk ,  font  livres  Perfiens.  Hcft 
Khovân  ,  Heft  Dallan  ,  &  Heft  Meglis  font  livres  Turcs ,  defquels  il  fera 
parlé  ailleurs. 

HEGIAGE  Ben  Jofef  AI  Thakefi ,  un  des  plus  vaillans,  &  des  plus  élo- 
quens  Capitaines  qu'ayent  eus  les  Arabes  au  tems  des  Khah'fes.  "  Il  fut  fait  Gou- 
verneur de  l'Arabie,  &  de  l'Iraq ue  Arabique  par  AbJalmalec,  cinquième  Khalife 
des  Ommiades,  après  qu'il  eut  défait  Abdallah  Ben  Zobair  qui  avoit  pris  le  titre 
de  Khalife. 

Un  jour  qu'il  fe  promenoit  à  la  campagne  ,  il  fit  rencontre  d'un  Arabe  du 
dcfert  qui  ne  le  connoifix)it  point,  à  lui  demanda  quel  homme  étoit  cet  Hegiaa-e 
duquel  on  parloit  tant.  L'Arabe  lui  répondit  que  c'étoit  un  méchant  homme. 
Hegiage  lui  dit  alors  :  Ne  me  connois-tu  point  ?  L'Arabe  luy  aj^ant  répondu  \ 
Non.     He  bien,  lui  dit  Hegiage,  fçaches  que  c'efl  Hegiage  même  à  qui  tu  parles. 

L'Arabe ,  après  l'avoir  entendu  parler  de  cette  forte  ,  fans  témoigner  aucun 
étonnement,  lui  dit:  Et  vous,  fçavez-vous  qui  je  fuis?  Non,  lui  répliqua  He- 
giage. Je  fuis,  lui  dit  l'Arabe,  de  la  Maifon  de  Zobair,  dont  tous  les  defcen- 
dans  deviennent  fols  trois  jours  de  l'année ,  &  cette  journée-cy  efi:  l'une  des 
trois.  Hegiage  ne  put  s'empêcher  de  rire,  &  d'admirer  une  défaite  auflî  inge- 
nieufe  que  celle-cy  :  de  forte  qu'encore  qu'il  fut  extrêmement  fevere,  &  qu'il 
pafllit  même  pour  cruel,  car  l'on  dit  qu'il  avoit  fait  mourir  cent  &  vingt  mil 
perfonnes,  &  que  lors  qu'il  mourut,  il  y  en  avoit  cinquante  mil  dans  fcs  priions, 
cependant  il  fit  grâce  à  cet  Arabe,  dont  il  efi:ima  l'efprit  &  le  courage. 

Voicy  une  autre  renconti-e  dans  laquelle  Hegiage  fit  bien  connoître  quel  il 
étoit.  Ayant  fait  plufieurs  Officiers  prifonnicrs  dans  la  bataille  qu'il  gagna  en 
Arabie  fur  Abdalrahman  qui  s'étoit  révolté  contre  le  Khalife  Abdalmalek,  il  prit 
la  refolution  de  les  faire  tous  paflTer  par  le  fil  de  l'épée.  Un  de  ces  prifonnicrs 
qu'on  alloit  exécuter,  s'écria,  qu'il  avoit  une  jufl:ice  à  demander  à  Hegiage. 

Hegiage  bien  furpris  de  ce  difcours ,  demanda  à  cet  homme  ce  qu'il  préten- 
doit  de  lui?  C'efl ,  dit  le  prifonnier,  qu'Abdalrahman  nôtre  General  s'étant  em- 
porté un  jour  de  paroles  contre  vous  ,  je  lui  dis  qu'il  avoit  tort.  Sur  cecy 
Hegiage  demanda  au  prifonnier,  s'il  avoit  quelque  témoin  de  fon  action,  Ouv, 

Tome  IL  Ff  lui 


î26  H  E  G  I  A  G  E. 

lui  répondit  le  prifonnier  ,  &  montra  un  de  fes  camarades  defliné  à  la  mort 
auflî-bien  que  luy,  qui  y  avoit  été  preient.  Hegiage  ayant  appris  la  vérité  du 
fait ,  dit  au  témoin  :  Et  toy,  pourquoi  n'en  fis-tu  pas  autant  que  ton  camarade  ? 
Cet  homme  intrépide  lui  répondit  fièrement:  Je  ne  l'ai  pas  fait,  parce  que  vous 
étiez  mon  ennemi.  Hegiage  leur  donna  h  vie  à  tous  deux ,  à  l'un  pour  recon- 
-  noître  l'obligation  qu'il  lui  avoit,  &  à  l'autre  parce  qu'il  avoit  avoiié  fi  fran- 
chement, &  avec  tant  de  courage  la  vérité. 

Quelques-uns  s'étant  plaints  des  violences  que  Hegiage  exerçoit  contre  fes 
fujets ,  &  lui  ayant  mis  devant  les  yeux  la  crainte  de  Dieu  ,  il  monta  auffi-tôt 
fur  la  tribune  pour  haranguer  le  peuple  ,  &  fans  s'être  préparé  ,  leur  fit  avec 
fon  éloquence  ordinaire  ce  difcours.  Dieu  m'a  donné  maintenant  la  puifTance 
fur  vous  ,  &  fi  je  l'exerce  avec  quelque  feverité  ,  ne  croj^z  pas  qu'après  ma 
mort  vous  en  ayez  meilleur  marché.  De  la  manière  que  vous  vivez  ,  vous 
ferez  toujours  maltraitez;  en*  Dieu  a  beaucoup  de  ferviteurs,  &  quand  je  feray 
mort,  il  vous  envoyera  un  autre  qui  exécutera  fes  ordres  contre  vous  peut- 
être  encore  avec  plus  ie  rigueur.  Voulez-vous  que  le  Prince  foit  doux  &  mo-; 
deré,  exercez  entre  vous  la  jufi:ice,  &  obeïfl^ez  à  fes  ordres.  Faites  état  que  vos 
déportemens  font  le  principe,  &  la  caufe  du  bon  ou  du  mauvais  traitement  que 
vous  recevez  de  lui.  Le  Prince  peut  être  comparé  jufl:ement  à  la  glace  d'un 
miroir;  tout  ce  que  vous  voyez  dans  cette  glace  n'ell  qu'un  renv^oy  des  objets 
que  vous  lui  prefentez. 

Cecy  efl:  rapporté  dans  le  Baharifl:an  de  Giami  ,  où  nous  trouvons  encore 
î'hillôire  qui  fuit.  Hegiage  étant  à  la  chaife,  s'égara  de  fes  gens,  &  fe  trouva 
feul  fort  altéré  en  un  lieu  écarté  où  un  Arabe  faifoit  paître  fes  chameaux. 
Auffi-tôt  qu'il  parut,  les  chameaux  s'effarouchèrent,  ce  qui  obligea  l'Arabe  atten- 
tif à  autre  chofe  de  lever  la  tête  tout  en  colère,  &  de  dire:  Qui  efl  cet  hom- 
me avec  fes  beaux  habits  qui  vient  dans  le  defert  effaroucher  mes  clwmeaux? 
La  malediftion  de  Dieu  puilié  tomber  fur  lui. 

Hegiage  fans  s'arrêter  à  ces  paroles  ,   s'approcha  de  l'Arabe,   &  le  falûa  fort 
civilement,  en  lui  fouhaitant  la  paix:  mais  celuy-cy  au  lieu  de  lui  rendre  le  fa- 
lut,  lui  repartit  brurqucment  qu'il  ne  luy  fouhaitoit  ni  la  paix,  ni  aucune  bene- 
diftion  de  Dieu.    Hegiage   ne  fit  pas  femblant  de  l'entendre,  &  lui  demanda  fort 
humblement  de  l'eau  à  boire.    L'Arabe  lui  dit:  Hé  bien,  fi  vous  voulez  boire, 
prenez  la  peine  de  vous  bailler,  &  d'en  puifer  vous-même;    car  je   ne  fuis  ni 
vôtre  camarade,  ni  vôtre  ferviteur.   Hegiage  obéît  à  l'Arabe;  &  après  avoir  bû, 
^         lui  fit  cette  demande.    Qui  croyez-vous  être  le  plus  grand  &  le  plus  excellent 
de  tous  les  hommes  ?  C'eil  le  Prophète  envoyé  de  Dieu ,  en  deufliez-vous  cre- 
ver de  dépit,  lui  répliqua  TArabe,  &  que  di tes- vous  d'Ali ,  ajouta  Hegiage?  On 
ne  peut  aifez  exprimer  de   bouclie  fon  excellence ,   repartit  l'Arabe.    Hegiage 
continuant  fon  difcours,  lui  demanda  ce  qu'il  penfoit  d'Abdalmalek,  fils  de  Mer- 
van,  c'étoit  le  Khalife  qui  regnoit  alors,  duquel  Hegiage  étoit  Lieutenant  Ge- 
■■   neraî ,  &  Gouverneur  prefque  abfolu  dans  l'Iraque  Arabique.    L'Arabe  ne  répon- 
dit rien  d'abord;  mais  étant  preffé,  il  fe  lailTa  échapper  qu'il  le  tenoit  pour  un 
mauvais  Prince.    Et  pourquoi,  répliqua  Hegiage?  C'eft  parce  qu'il  nous  a  en- 
voyé pour  Gouverneur  le  plus  méchant  homme  qui  foit  fous  le  ciel. 

Hegiage  connoilîant  que  TArabe  parloit  de  lui,  ne  lui  difoit  plus  rien,  lorf- 
qu'il  arriva  qu'un  uyfeau  volant  deifus  leurs  têtes,  fit  un  certain  cry,  que  TA- 
rabe  n'eut  pas  plutôt  entendu,  qu'il  regarda  fixement  Hegiage,  &  lui  demanda 

qui 


H  E  G  I  A  G  E.  „7 


être  le  chef.     L'Arabe  n'eut  pas  plûtoft  fini  ce  difcours,  que  les  gens  de  He- 
giage  arrivèrent,  &  reçurent  ordre  de  lui,  d'emmener  l'Arabe  avec  eux. 

Le  lendemain  Hegiage  le  lit  appeller  ,  le  fit  affeoir  à  fa  table,  &  lui  com- 
manda de  manger.  L'Arabe  avant  que  de  commencer  à  manger,  fit  fa  bene- 
diétion  ordinaire,  &  dit  :  Dieu  veuille  que  la  fin  du  repas  fait  auffi  heureufe  que 
rentrée. 

Pendant  le  repas  Hegiage  lui  demanda  s'il  fe  fouvenoit  des  difcours  qu'ils 
avoient  tenus  enfemble  le  jour  précèdent.  L'Arabe  lui  répondit  aufîî-tôt: 
Dieu  vous  faffe  profperer  en  toutes  chofes  ;  mais  quant  au  fecret  d'hier,  gar- 
dez-vous bien  de  le  divulguer  aujourd'huy.  Je  le  veux  bien,  dit  Hegiage, 
mais  il  faut  que  vous  choifilfez  l'un  de  ces  deux  partis,  ou  de  me  reconnoitre 
pour  vôtre  maître,  &  alors  je  vous  retiendrai  à  mon  fervice  ,  qu  bien  d'être 
envoie  à  Abdalmalek,  auquel  je  ferai  fçavoir  tout  ce  que  vous  avez  dit  de  luy. 
L,'Arabe  'ayant  ouy  la  propofition  de  Hegiage ,  lui  repartit  auilî-tôt  :  Il  y  a  un 
troifième  parti  que  vous  pourriez  prendre,  &  qui  me  paroît  beaucoup  meilleur. 
Hé  quel  efl-il ,  infifla  Hegiage.  Ce  feroit ,  lui  dit  l'Arabe,  de  me  renvoyer 
chez  nloy,  &  que  nous  ne  nous  vidions  jamais  plus  ni  l'un  ni  fautre.  Hegiage 
tout  farouche  qu'il  étoit,  prit  plaifir  aux  paroles  pleines  d'efprit  de  cet  homme, 
lui  fit  donner  dix  mille  drachmes  d'argent ,  &  le  renvoya  chez  lui  comme  il 
le  fouhaitoit. 

Il  fera  bon  de  remarquer  fur  le  fujet  de  cet  oyfeau  qui  fe  fît  entendre  à  l'A- 
rabe ,  qu'il  y  a  parmi  les  peuples  de  l'Arabie  "des  gens  qui  prétendent  fçavoir 
le  langage  des  oyfeaux.  Ils  difent  que  cette  fcience  leur  eft  connue  depuis  le 
tems  de  Salomon,  &  de  la  Reine  de  Saba,  lefqucls  avoient  un  oyfeau,  nommé 
Hudhud ,  qui  efl  la   Houppe ,  pour  melfager  de  leurs  amours. 

Kumeil  fils  de  Ziâd  étoit  un  homme  de  bel  efprit ,  qui  vivoit  du  tems  de 
Hegiage ,  duquel  il  n'approuvoit  pas  la  conduite.  Hegiage  le  fit  venir  un  jour 
devant  luy  ,  &  lui  reprocha  que  dans  un  tel  jardin  ,  &  devant  telles  &  telles 
perfonnes  qu'il  lui  nomma,  il  avoit  fait  plufieurs  imprécations  contre  lui  ,  en 
difant  :  Que  le  Seigneur  noirciife  fa  face  ,  c'eft-à-dire ,  qu'il  foit  chargé  de 
honte,  &  de  confufion-,  qu'il   ait  le  col  coupé,  &  que  fon  fang  foit  répandu. 

Kuméil  qui  avoit  l'efprit  fort  prefent ,  lui  répondit  au(ïï-tofl  :  Il  efl  vray  que 
j'ay  dit  ces  paroles  dans  un  tel  jardin;  mais  j'étois  fous  une  treille,  &  je  regar- 
dois des  grappes  de  raifin  qui  n'étoient  pas  encore  meures  ,  &  je  fouhaitois 
qu'elles  devinlfcnt  bien-tôt  noires,  afin  qu'on  les  couppât ,  &  qu'on  eo  fift  du 
vin.  Cette  explication  ingenieufe  plut  fi  fort  à  Hegiage ,  qu'il  renvoya  Kuméil 
chez  luy  &  le  rétablit  dans  fes  bonnes  grâces.     Lamdi. 

Le  Rabî  al  abrar  rapporte  que  Hegiage  difoit  fouvent  pour  excufer  la  rigueur 
dont  il  ufoit  envers  les  peuples  qui  lui  étoient  foùmis  ,  que  le  gouvernement 
fevere ,  &:  même  violent  d'un  Prince ,  efl  préférable  au  gouvernement  foible  & 
trop  indulgent  ;  parce  que  celuy  -  là  ne  fait  tort  qu'à  quelques  particuliers  ,  & 
celuy-cy  bleffe  &  ofFcnfe  tout  le  peuple  en  gênerai.  Giaur  kliair  men  dluiaf 
leenna  dhâk  iokhaff  u  hadlia  iadmm. 

11  difoit  auffi  que  robéifTancc  due  aux  Princes  efl  plus  abfolue  ,  &  plus  ne- 
ceflaire  que  celle  que  l'on  doit  à  Dieu,  félon  l'Alcoranj  car  il  ell  dit  de  cellc-cy: 

F  f  2  Okijjez 


22S  H  E  G  I  A  G  E. 

Obéïfjez  h  Dieu  autant  qus  vous  pouvez  ,  Faettakou  allah  ma  ajîathâtom ,  dans  \e£- 
quelles  paroles  il  y  a  une  condition  ou  exception  ;  mais  de  celle  qui  regarde 
les  Princes ,  il  eit  dit  :  Ecoutez  6?  obéïjjez  ,  fans  aucune  exception  ,  de  forte 
que,  difoit-il,  fi  je  commande  à  quelqu'un  de  palier  par -là,  &  qu'il  refufe 
de  le  faire ,  il  eft  coupable  de  defobéïlfance ,  &  par  coniequent  digne  de  mort. 

Quelqu'un,  après  lavoir  entendu  parler  ainfi ,  lui  dit:  Vous  êtes  donc  un  en- 
vieux &.  un  ambitieux  ,  puiique  vous  prétendez  avoir  une  plus  grande  autori- 
té que  les  autres.  Sur  quoy  il  répliqua:  Celuy-là  eft  encore  plus  envieux,  & 
plus  ambitieux  que  moy,  qui  dit  à  Dieu:  Donnez-moy ,  Seigneur ^  un  état  duquel 
ptrfonne  ne  pui(]e  jouir  après  moy. 

f^oyez  fur  cecy  ce  qu'il  dit  à  Ebn  Corrah  ,  &  ce  que  les  Grands  dirent  de 
luy  à  Abougiafar  Almanfor,  Khalife  Abbaffide,  dans  les  titres  de  Corrah  &  de 

Manfor.  ,       ,    ,.    ^       .  /      .,  ,    ,  . 

Le  Do6leur  Schâbi  blâmant  Hegiâge  de  fa  feverité  ,  il  reçut  de  lui  une  pie- 
ce  d'or  de  b.on  aloy,  avec  ordre  de  l'aller  porter  chez  les  Changeurs.  Ce  Doc- 
teur y  alla  ;  *  les  Changeurs  lui  dirent ,  que  c'étoit  une  monnoye  de  Hegiage , 
dont  faloy  n'étoit  pas  bon.  Il  retourna  donc  dire  à  Hegiage  ce  qui  lui  étoit 
arrivé.  He^^iâ'^e  lui  dit:  Allez  en  un  tel  quartier  de  la  ville  ,  &  prefentez-Ia  à 
un  tel*  pour'  la^  changer.  Schâbi  y  alla  ,  &  cet  homme  prit  la  pièce  pour  bon- 
ne telle  qu'elle  étoit ,  <Sc  la  changea.  Schâbi  fort  furpris  demanda  au  Chan- 
geur fi  Hegiage  ne  luy  avoit  jamais  fait  d'injuftice  :  Non  ,  luy  répondit  -  il  , 
tant  s'en  faut,  depuis  qu'il  gouverne  ce  pays-cy,  il  empêche  qu'aucun  ne  m'en 

faffe. 

Cependant  Sâdl  rapporte ,  que  Hegiage  s'étant  recommandé  aux  prières  d'un 
Rf^lif^ieux  Mufulman  ,  ccluy-cy  pria  auffi-tôt  Dieu  qu'il  luy  plût  de  le  faire 
mom-ir  promptemcnt  ,  parce,  difoit-il,  qu'il  ne  pouvoit  rien  arriver  de  plus 
avantageux  ny  pour  lui,  ny  pour  les  peuples.     ,   ^     ^     ,      ., 

Mirkhond' écrit,  que  Hegidge  fe  trouvant  allite  de  fa  dernière  maladie,  con- 
fulta  fon  Aftrologue  pour  fçavoir  de  luy  s'il  ne  trouvoit  point  dans  fes  Ephc- 
merides  que  quelque  grand  Capitaine  dût  bien-tôt  finir  fes  jours.  L'Aflrologue 
lui  répondit  qu'un  grand  Seigneur,  nommé  Kolaib ,  étoit  menacé  fuivant  fes 
obfervations  de  mourir  bien-tôt.  Hegiage  lui  répliqua:  Voilà  juftement  le  nom 
que  ma  mère  me  donnoit ,  lorfque  i'étois  encore  enfant.     Ce   mot  figniiie  en 

Arabe  un  petit  chien.  ,.,,-,,•,     i        r  ,  •    ,• 

L'i\fl:rolome  auffi  imprudent  à  parler,  qu  il  etoit  habile  dans  Ion  art,  lui  dit 
là-deffus  fort  brufquement.  C'eft  donc  vous  qui  devez  mourir,  vous  n'avez  au- 
cun lieu  d'en  douter.  Hegidge  offenfé  de  ce  difcours ,  dit  auffi-tôt  à  l'Aftrolo- 
gue  :  Puiique  je  dois  mourir,  &  que  vous  êtes  fi  habile  dans  vos  prediftions,, 
je  veux  vous  envoyer  devant  moy  en  l'autre  monde,  afin^que  je  puilfe  me  fer- 
vir  de  vous,  &  donna  ordre  en  même  tems  qu'on  le  dépêchât. 

Le  m°me  Auteur  met  la  mort  de  Hegiage  l'an  de  l'Hegire  95  ,  dans  le  54 
de  fon  âge  ,  &  dit  de  luy  qu'il  naquit  fermé  par  en  bas  ;  de  forte  qu'il  fallut 
l'ouvrir  avec  des  inftrumens  de  chirurgie.  ^ 

Dans  le  livre  intitulé  Aovail,  l'Auteur  écrit,  que  Hegiage  etoit  h  magnifique 
dans  fes  feftins  ,  qu'il  y  avoit  quelquefois  jufqu'à  mille  tables  dreflees  ,  &  qu'il 
faifoit  de  fi  gros  prefens  à  Ces  amis  ,  qu'il  leur  donnoit  juiqu'à  un  million  de 
ô'ateres  ou  réaux  d'argent  en  une  feule  fois. 

L'on  peut  voir  dans,  le  titre  de  la  Mecque,  que  Hegiage  ayant  aflîegé  AbdaJ- 
^      "  ,  lah; 


^   H  E  G  I  A  G  E.  H  E  G  I  A  Z.  2^9 

lah  ,   fils  de  Zobair ,  faux  Khalife ,  dans  la  ville  de  la  Mecque ,  il  en  brûla  le 
temple  qu'Abdallah  avoit  augmenté  ,  &  le   tit  rebâtir  tel  qu'il  étoit  auparavant 
l^oyez  le  fonge  qu'il  eut  fur  cette  aftion.     l^oyez  aujfi  Vafleth ,  nom  d'une  ville 
qu'il  bâtit  fur  le  Tigre,  entre  Coufah  &  Bafrah. 

Aboulfarage  remarque,  que  Hegiage  tomba  malade  pour  avoir  trop  mangé  de 
boue.  Cette  boue  eii  la  terre  figillée,  Terra  Lemnia  ,  que  les  Arabes  appellent 
Thin ,  &  Thin  makhthoum ,  Liitim  &  Lutinn  Sigillatum.  L'ufage  de  cette  terre 
le  fit  tomber  en  phtifie  dont  il  mourut. 

Abou  Obeidah  Màmar  Ben  Al  Mothani  a  écrit  la  vie  de  Hegiage ,  fous  le 
titre  ^Akbâr  Hegiage.  Cet  Auteur  étoit  natif  de  Bagdct ,  &  mourut  l'an  209 
de  l'Hegire. 

Hegiage  laiffa  un  fils  "qui  fe  fit  une  Principauté ,  compofée  de  fept  petites  vif- 
les  ou  bourgades,  dans  le  Gebâl  ou  Iraque  Perfienne.  L'on  dit,  que  ces  villes 
s'étant  ruinées  peu-à-pcu  ,  les  habitans  fe  retirèrent  en  un  feul  endroit ,  où  ils 
en  bâtirent  une  qui  fut  compofée  des  fept  autres  ;  cette  ville  s'appelle  aujour- 
d'huy  Com.     l^oyez  ce   titre. 

HEGIAGE.  Abou  Omar  Ebn  Hegiage  ,  eft  un  des  premiers  Auteurs  Ara- 
bes  qui  ait  écrit  de  l'Agriculture,     yoyez  Le  titre  de  Falahah. 

HEGIAGE  Ben  Arthat,  furnommé  Al  Coufi,  qui  porte  le  titre  d'Al  Fakih 
Al  Haffadh,  c'eft-à-dire  ,  le  Jurifconfulte,  doué  d'une  excellente  mémoire,  avoit 
été  difçiple  de  Thouri. 

HEGIAGE  Jofef ,  furnommé  auflî  Al  Cou  fi  ,  natif  de  la  ville  de  Coufah, 
efl  l'Autem-  de  deux  tradu6lions  Arabiques  d'Euclide.  11  intitula  la  première 
Harouni ,  &  la  féconde  Mamouni ,  du  nom  des  deux  Khalifes  Haroun  &  Ma- 
moun,  pour  lefquels  il  les  avoit  faites. 

HEGIARAT  Bardiiil  ,  lieu  où  Baudouin,  Roy  de  Jerufalem,  mourut,  fitué 
entre  les  villes  d'Arifch  &  de  Farma  en  Egypte  ;  fes  entrailles  y  furent  enter- 
rées &  fon  corps  porté  à  Jcrulalem.     l^'oyez  le  titre  de  liardùil. 

Hcgiarat  Soud ,  Pierre  noire.  C'eft  du  charbon  de  pierre  dont  il  y  a  des  mi- 
nos  abondantes  dans  les  montagnes  de  Farganah. 

HEGIAZ  ou  Higiaz,  nom  d'une  province  de  l'Arabie,  que  nous  appelions 
Pierreufe ,  où  font  fituces  les  villes  de  la  Mecque ,  de  Medine ,  de  Thaif  & 
d'Ieraamah  ,  laquelle  a  eu  fes  Roj's  particuliers,  aufli  anciens  que  ceux  de  l'Ie- 
men ,  qui  efl  l'Arabie  Heureufe. 

Giorham,  fon  premier  Roy,  efl;  réputé  frère  de  Jàrab,  duquel  l'Arabie  a  ti-- 
ré  fon  nom,  &  celuy-cy  étoit  fils  de  Cahtan  ou  Joftan,  oujeftan,  fils  de  He- 
ber,  &  frère  cadet  "de  Phaleg  ,  duquel  il  eft  fait  mention  au  chapitre  dixième 
de  la  Genefe. 

Ce  fut  avec  la  pofl:erité  de  Giorham  que  s'allia  Ifmaël ,  iorfqu'il  vint  en  Ara- 
bie; de  forte  que  les  defccndans  de  ces  deux  Patriarches  Heber,  père  d'Ioftan , 
&  Ifmaël ,  fils  d'Abraham  ,  compoferent  une  feule  nation  ,  de  laquelle  tous  les 
Arabes  d'aujourd'huy  font  ifllis. 

Dans  la  première  partie  de  l'hifloire  générale  de  Ben  Schohnah ,  qui  efl:  com- 
me la  préface  de  fon  Raoudhat  almenadhir  ,    on  peut  voir  une  lifte  des  races 

E  f  a  iUiif- 


ajo  HEGIRATAN.         H  E  G  R  A  H. 

illuftres  qui  font  defcendues  de  cette  foiiche  primitive  des  Arabes.  Cet  Auteur 
remarque ,  qu'Ifmaël  eut  douze  enfans  mâles ,  dont  Kedar ,  qui  étoit  l'aîné ,  fut 
reconnu  par  fes  frères  &  par  leur  poflerité  pour  Roy  de  la  province  de  He- 
giaz,  dont  nous  parlons,  &  pour  gardien  &  adminifh-ateur  perpétuel  du  temple 
de  la  Mecque ,  qu'Ifmaël  avoit  bâti  avec  Abraham ,  fon  père. 

Outre  les  villes  defquelles  on  a  déjà  parlé  ,  celles  d'Ianboù  ,  de  Giddah  ,  de 
Khaibar,  de  Bathen  mor  &  de  Corah,  Ibnt  encore  comprifes  dans  l'Hegidz.  Il 
efl  pourtant  vray,  que  quelques-unes  font  fituées  dans  la  partie  de  l'Arabie ,  que 
nous  appelions  Deferte. 

Perdeh  Higiaz  eft  chez  les  Perfes  un  air  de  mufique  ,  qui  leur  eft  venu  de 
cette  contrée  particulière  de  l'Arabie. 

H  E  G I R  ATA  N ,  les  deux  Fuites.  Ebn  MaîToûd  ,  un  des  premiers  difciples 
&  compagnons  de  Mahomet ,  porte  la  qualité  de  Hager  al  hegiratan ,  pour  s'être 
"trouvé  dans  les  deux  fuites  ,  de  même  qu'il  avoit  prié  fi  kebiatan ,  c'eft-à-dire  , 
aux  deux  Keblés. 

Pour  entendre  ce  que  fignifie  cette  qualité  ,  il  faut  remarquer  que  Mahomet 
étoit  âgé  de  54  ans  ,  lorfqu'ii  fe  fauva  à  Medine  ,  &  qu'il  avoit  commencé  à 
prêcher  fa  fauife  doftrine  dès  l'an  quarantième  de  fon  âge  :  de  forte  que  dans 
cet  efpace  de  quatorze  ans  ,  il  avoit  efluyé  beaucoup  de  contradiftions  &  de 
traverfes  de  la  part  des  Coraifchites  Ces  concitoyens,  qui  le  regardoient  comme 
un  Novateur  &  un  Perturbateur  du  repos  public. 

Plufieurs  de  fes  difciples  qui  ne  pouvoicnt  fouffrir  d'être  regardez  par  leurs 
compatriotes,  comme  les  feftateurs  d'un  impolleur  ,  luy  demandèrent  la  permif- 
fion  d'abandonner  leur  ville  ,  pour  n'être  pas  obligez  de  renoncer  à  leur  Reli- 
gion. Mahomet  la  leur  accorda ,  à  condition  qu'ils  fe  retireroient  en  Ethiopie 
auprès  du  Negiafchi ,  c'eft-à-dire,  de  l'Empereur  des  Abiffins,  avec  lequel  il  en- 
tretenoit  correfpondance. 

C'elt  cette  retraite  qui  efl  appellée  la  première  Hcgire  ;  mais  ces  réfugiez  ne 
pouvoient  pas  bien  trouver  leur  compte  avec  un  Prince  qui  faifoit  profeffion  de 
la  Rehgion  Chrétienne,  quoyque  corrompue  par  l'Eutychianifme  ,  que  Diofco- 
re  ,  Patriarche  d'Alexandrie  &  par  confequent  d'Ethiopie ,  y  avoit  introduit  ; 
c'eft  pourquoy,  lorlque  Mahomet  fe  retira  à  Medine,  ils  allèrent  le  joindre  & 
augmentèrent  ainfi  beaucoup  le  nombre  des  Mufulmans. 

Quant  aux  deux  Kheblés ,  où  Ebn  Malloûd  pria ,  voyez  le  titre  de  Keblah. 

HEGRAH  ou  Hegirah,  l'Hegire,  ou  la  fuite  de  Mahomet.  C'efl  le  tems 
auquel  Mahomet,  le  faux  Prophète  ,  fe  retira  de  la  Mecque  avec  fes  nouveaux 
profeîytes ,  pour  éviter  la  perfecution  des  Coraifchites ,  qui  étoient  alors  les  plus 
puillâns  dans  la  ville  ,  &  qui  ne  pouvoient  fouffrir,  que  Mahomet  abolit  l'Ido- 
lâtrie pour  y  établir  fa  nouvelle  Religion. 

Cette  fuite,  qui  ne  fut  pas  la  première,  comme  nous  verrons  plus  bas,  a  été 
néanmoins  la  plus  confiderable ,  &  arriva  la  quatorzième  année  depuis  que  Ma- 
homet fe  fut  déclaré  Prophète  &  Envoyé  de  Dieu,  publiant  l'Alcoran  &  prê- 
chant le  Mufulmanifme  ,  que  nous  appelions  de  fon  nom  la  Religion  Mahome- 
tane.  Elle  fe  fit  en  plein  midy,  félon  quelques-uns,  &  en  compagnie  de  peu 
de  perfannes  :  mais  elle  fut  fuivie  de  plufieurs  qui  ne  fe  crurent  pas  en  fureté 
dans  la  Mecque. 

Î^Iaho- 


H  î:  G  il  A  H.  jjj 

M^homçt  fe  retira  à  Jathreb  ;  car^c'eft  ainO  que  la  ville  de  Medine  s'appel- 
loit  avant  que  le  faux  Prophète  y  eût  établi  fa  demeure  ,  &  y  arriva  le  dou- 
zième jour  du  mois  de  Rabi  al  aoual  ,  qui  eft  le  troiOème  de  l'année  des  Ara- 
bes  qui  efl  purement  Lunaire  ,  &  par  confequent  de  354  jours.  Il  eft  vray 
cependant  que  les  Mahomctans  commencent  l'Hegire  dès  le  mois  de  Moharram 
précèdent,  qui  correfpond  au  16  de  Juillet  de  l'année  de  Jesus-Christ  622, 
ce  qu'il  faut  remarquer  pour  fixer  l'époque  des  années  de  l'Hegire  ,  que  l'on 
peut  appeller  VJEvq  Mahometane,  &  cela  conformément  aux  fentimens  de  nos 
plus  habiles  Chronologiftes, 

Les  Orientaux  ne"  s'accordent  pas  avec  nous  touchant  ce  calcul.  Entre  les 
Maliometans  ,  Amaffi  prétend  que  l'Hegire  ou  la  fuite  de  Mahomet  fe  fit 
l'an  630  depuis  la  naidance  de  Jesus-Christ,  2347  ans  depuis  la  mort  de 
Moyfe  ,  &  Ben  Cafiem  la  met  l'an  du  monde  5800  ,  ce  qui  fe  doit  entendre 
félon  la  fupputation  des  Grecs  ;  car,  félon  celle  des  Latins,  elle  doit  être  mar- 
quée l'an  4571. 

Entre  les  Chrétiens,  Saîd  Ebn  Batrik  met  le  commencement  de  l'Hegire  l'an 
614  de  J.  C. ,  33S  de  Diocleticn  ,  933  d'Alexandre  &  61 14  depuis  la  création 
du  monde;  mais  fon  calcul,  lailTant  à  part  les  ans  du  monde  qu'il  compte  félon 
les  Grecs,  n'efl:  pas  jufte:  car,  félon  la  fupputation  des  années  de  Diocletien  , 
la  première  année  de  l'Hegire  concourt  avec  la  fix  cent  vingt  -  deuxième  de  J. 
C,  ce  qui  efl  vray,  &  non  pas  avec  l'an  614,  comme  il  le  dit:  &  félon  celle 
des  années  d'Alexandre,  qui  commencent  309  ou  310  avant  J.  C. ,  la  première 
année  de  l'Hegire  tombcroit  fur  l'année  623   ou  624. 

Khondemir  écrit  que  ce  fut  Omar,  fécond  Khalife,  qui  ordonna  que  l'on  fup- 
puteroit  les  années  depuis  la  fuite  de  Mahomet  ,  dont  il  y  en  avoit  déjà  dix- 
îept  d'écoulées  depuis  cette  ordonnance.  Les  Mahometans  établirent  cette  épo- 
que à  l'imitation  des  Chrétiens  ,  lefquels  comptoient  alors  leurs  années  depuis 
la  perfecution  que  Diocletien  avoit  commencée  l'an  de  J.  C.  284,  &  la  nom- 
moient  l'^Ere  des  Martyrs  :  Ainfi  les  Mufulmans  voulurent  fignaler  leur  yEre 
ou  la  fupputation  de  leurs  années  par  la  plus  mémorable  perfecution  qu'ils  cuf- 
fent  foufferte. 

Voyons  maintenant  com'ment  cette  fuite  de  Mahomet  &  de  fes  feiStateurs 
s'exécuta ,  &  les  faux  miracles  foûtenus  de  traditions  fabuleufes ,  dont  les  Muful- 
mans ont  embelli   cette  hiftoire. 

Houdain  Vaêz,  qui  dit  avoir  emprunté  ce  récit  des  plus  anciens  Dofteurs  du 
Mufulmanifme  &  des  plus  habiles  Interprètes  de  l'Alcoran ,  allure  que  Mahomet 
ayant  pris  la  refolution  de  quitter  la  ville  de  la  Mecque  pour  fe  réfugier  à  Me- 
dine ,  fortit  un  foir,  qui  fut  la  première  nuit  de  la  lune,  ou  du  mois  appelle 
par  les  Arabes  Rabi  al  aoval ,  de  la  maifon  d'Aboubecre ,  fon  beau-père ,  &  ac- 
compagné de  luy  feul  ,  pour  pafier  la  nuit  dans  une  grotte  de  la  montagne 
nommée  Thour  ,  dillante  d'une  heure  de  chemin  de  la  ville  de  la  Mecque ,  du 
côté  de  riemen  ou  Arabie  Heureufe. 

Aulîî-tôt  que  l'on  eut  appris  dans  la  Mecque  fa  retraite,  les  Coraifchitcs,  fes 
ennemis  déclarez,  fe  mirent  en  campagne  pour  fe  faifir  de  fa  perfonne,  &  arri- 
vèrent jufqu'à  l'entrée  de  la  caverne  où  il  s'étoit  caché,  dès  le  grand  matin  du 
jour  fuivant.  Le  premier  miracle  qui  fe  fit,  fut  que  cette  même  nuit,  en  ver- 
tu de  la  toute-puifiance  de  Dieu  ,  un  arbre  d'Acacia  ou  de  Gagie  étoit  crû  à 
rentrée  de  la  grotte ,  &  une  paire  de   pigeons  ramiers  y  avoient  déjà  fait  leur 

nid. 


232  H  E  G  R  A  H. 

nid ,  ce  qui  reftoit  d'ouverture  à  la  caverne  fe  trouva  de  plus  fermé  d'une  toi- 
le d'araignée. 

Toutes  ces  chofes  étant  des  marques  certaines  qu'il  n'y  avoit  perfonne  dans 
ce  trou,  ôterent  la  penfée  aux  Coraifchites  d'y  fouiller.  Aboubecre,  duquel  il 
eft  dit  dans  un  chapitre  de  l'Alcoran ,  intitulé  Taouhat  ,  qui  étoit  le  fécond  des 
deux  qui  fe  trouvèrent  dans  la  caverne  ,  fut  faifi  d'une  fort  grande  peur  ,  4orf- 
qu'il  vit  approcher  leurs  ennemis  fi  près  du  lieu  où  ils  étoient ,  &  dit  à  Ma- 
homet: Avec  tout  ce  qui  nous  cache,  fi  ces  gens-là  baifToient  leur  tête,  ils  nous 
verroient  infailHblement.  Mahomet  lui  répondit  d'un  grand  ^courage:  Vous  cro- 
yez que  nous  ne  fommes  ici  que  deux  ,  mais  il  y  en  a  un  troifième  ,  &  c'efl 
Dieu  qui  eft  au  milieu  de  nous  &  qui  nous  protégera. 

Alors  ,  félon  ce  qui  eft  porté  dans  le  même  chapitre  ,  Anzal  Allah  fekinaîhê 
âlailii,  Dieu  fit  defcendre  fon  faint-Efprit  fur  Aboubecre  ,  qui  le  fortifia  &  le 
confola.    Ferideddin  Atthar  explique  ainfi  ce  verfet  en  vers  Perfiens. 

Le  premier  Doàeur  de  la  loy  Mufulmane ,  qui  a  été  le  premier  Miifiilman ,  le  pre- 
mier compagnon  de  Mahomet ,  âf  fon  premier  fuccejj'eur  ou  t^icaire ,  étoit 
le  focond  des  deux  dans  la  grotte  avec  lui. 

Ce  fut  fur  lui  que  TEfprit  de  Dieu  vint  repofer ,  ^  alors  toutes  fes  craintes  ^ 
toutes  fes  peines  s'évanoïiireiit  en  un  moment. 

Ce  mot  de  Sekinah,  qui  fignifie  l'Efprit  de  Dieu  ou  le  faint-Efprit ,  eft  pris 
des  Hébreux.  Les  Mufulmans  difent  qu'il  eft  ainfi  appelle  ,  parce  qu'il  confole 
&  met  en  repos  les  âmes  àts  fidèles  ;  c'eft  la  fignification  du  mot  Grec  Para- 
clet,  &  Teskin  en  Arabe,  d'où  vient  Sekinah,  fignifie  mettre  en  repos  &  con- 
foler. 

Mirkhond  &  Khondemir  écrivent ,  que  lorfque  Mahomet  eut  donné  la  per- 
miflîon  à  fes  compagnons  de  quitter  la  Mecque  &  de  fe  retirer  à  Medine ,  il 
demeura  dans  la  ville  accompagné  feulement  dAboubecre  &  d'Ali.  Les  Corai- 
fchites furpris  &  fâchez  de  cette  dcfertion  ,  tenant  confeil  dans  la  maifon  pu- 
blique ,  fur  ce  qu'ils  feroient  de  luy,  le  Démon  ne  manqua  pas  de  fe  trouver 
dans  cette  afi^emblée  ,  fous  la  figure  d'un  vieillard  habile  &  expérimenté  ,  &  y 
donna  fon  avis  comme  les  autres. 

Quelqu'un  ayant  propofé  dans  ce  confeil  qu'il  falloit  l'enfermer  dans  une  mai- 
fon dont  on  mureroit  la  porte  ,  où  l'on  lui  pafieroit  feulement  à  manger  &  à 
boire  par  une  fort  petite  ouverture ,  &  que  1  on  lui  fcroit  ainfi  pafi!er  le  refte 
de  fes  jours,  le  Démon  ne  fut  pas  de  cet  avis;  &  il  dit ,  que  Mahomet  ayant 
beaucoup  de  feftateurs  cachez  dans  la  ville,  &  la  famille  des  Hafchemites  ,  de 
laquelle  il  étoit,  étant  fort  nombreufe,  il  fe  formeroit  aifément  un  party  ,  qui 
ie  délivreroit  infailliblement  de  leurs  mains ,  d'autant  plus  qu'il  feroit  fomenté 
par  les  Mcdinois,  qui  étoient  déjà  prefque  tous  Mufulmans. 

Un  autre  propofa  qu'il  le  falloit  bannir  &  le  laifi^er  en  liberté  d'aller  où  il 
voudroit:  mais  le  Démon  s'oppofa  encore  à  cet  avis,  alléguant  que  par-tout  où 
il  iroit ,  il  feduiroit  beaucoup  de  gens  par  fes  impoftures  ,  &  que  fe  mettant  à 
la  tête  de  ces  gens-là,  il  feroit  en  état  de  leur  faire  la  guerre. 

Abou  gehel  ,  un  des  plus  grands  ennemis  de  Mahomet ,  dit  que  pour  luy  il 
eftimoit  que  pour  procéder  fûrement  en  cette  aff'aire,  il  falloit  que  chaque  tri- 
bu 


H  E  K  A  M.         HEKMAH.  233 

hn  des  habitans  envoyât  un  fyndic  ou  député  de  fa  part ,  pour  compofer 
une  cour  de  juftice ,  qui  pût  légitimement  le  condamner  à  la  mort  comme  un 
impofteur;  car  ils  fe  délivrcroient  par  ce  moyen  d'une  guerre  civile  &  domef- 
tique,  les  H-ifcbemites  ne  pouvant  pas  faire  eux  feuls  la  guerre  à  toutes  lus  au- 
tres tribus  ,  (Se  fe  trouvant  par  confequent  obligez  à  recevoir  ce  que  les  loix 
des  Arabes  ordonnent  pour  la  compenfation ,  &  pour  l'expiation  du  fang  de  leur 
parent. 

Le  Démon  approuva  cet  avis ,  &  dit  que  c'étoit  le  feul  bon  party  qu'il  y 
avoit  à  prendre  dans  cette  alTaire  :  mais  l'Ange  Gabriel  ne  manqua  pas  d'aver- 
tir Mahomet  de  tout  ce  qui  fe  paiïbit,  de  forte  qu'avant  que  la  refolution  pri- 
fe  pût  être  exécutée  ,  il  fe  retira  avec  Aboubecre  dans  une  grotte  hors  la  vil- 
le, comme  nous  avons  vu,  &  après  qu'Ali  fut  arrivé  ,  il  le  fit  coucher  dans 
le  même  lit  avec  lui  ;  Ali  dont  la  valeur  merveilleufe  cfl  fi  fort  vantée  par 
tous  les  Mufulmans. 

Nous  avons  une  hifloire  de  cette  fuite  de  Mahomet ,  décrite  fort  amplement 
avec  plufieurs  autres  circonllances  de  même  nature,  parMergiân,  Auteur  Ara- 
be &  Mufulman,  furnommé  Al  Corthobi,  parce  qu'il  étoit  natif  de  Cordoue  en 
Andaloufic.  Cette  hilloire  porte  le  titre  de  Bahagjat  al  no  fous  ,  la  récréation 
des  efprits. 

HEKAM  AI  Athaiiah,  Recueil  de  fentences  Théologiques,  morales,  fpirituel- 
les  &  myfl;iques ,  fait  par  Ebn  Athar  allah.  Il  efl  dans  la  Bibliothèque  du  Roy, 
n".  672. 

HEKMAH,  la  Sagefil;.  On  lit  dans  l'Alcoran  ces  paroles,  u  lacaà  atina 
Locman  alhckmat.  Nous  avons  donné  la  fagejfe  à  Locman.  Les  Interprètes  infè- 
rent de  ce  pafiage ,  que  Locman  n'étoit  pas  Nabi,  Prophète,  mais  feulement 
Hakim  ,  Sage  ,  &  ils  déilnilfent  la  fagefi^e  ,  Al  Kcmdl  al  âmeli  ma  al  êim.  Une 
vertu  pratique  jointe  à  la  fcience. , 

Les  Scholalliques  Mufuhnans  la  décrivent  plus  amplement,  en  difant,  que  c'efl 
une  connoiffimce  de  la  vérité  des  chofes  qu'elle  contemple ,  &  une  habitude  par- 
faite dans  l'exercice  &  dans  la  pratique  des  allions  excellentes.  Voyez  le  titre 
de  Locman. 

Le  mot  de  Hekmah  a  encore  une  fignification  plus  étendue  ;  car  il  fignifie 
en  Arabe  la  Philofophie  avec  toutes .fes  parties,  &  lorfque  les  Mufulmans  par- 
lent de  la  Trinité  que  nous  adorons,  ils  ne  font  point  de  difficulté  de  dire,  que 
la  première  Perfonne,  qui  efl:  le  Père,  efl;  l'efl^ence  de  Dieu  ;  la  féconde  ,  qui 
cfl:  le  Fils,  cfl:  la  fagefle;  &  la  troifième,  ou  le  faint-Efprit ,  efl  fa  vie. 

Hekmat  Al  afchrâf  &  Aoufif  al  afchraf,  la  Sagefle  ou  la  Philofophie  des  Grands; 
c'efl:  un  livre  compofé  par  Naffireddin  Al  Thouffi ,  &  commenté  par  Schirazi, 
fon  difciple. 

Cazuini,  difciple  du  même  Thouffi,  a  compofé  auffi  le  livre  intitulé  Hacmat 
al  âin^  la  Sagefle  dans  fa  fource. 

Le  livre  de  la  Sagefle,  que  nous  appelions  de  Salomon  ,  efl:  attribué  par  les 
Mufulmans  à  Locman. 

La  Sagefl'e  éternelle,  Giavîdan  Kird ^  efl:  un  livre  d*  morale,  écrit  en  langue 
Perficnne  &  traduit  de  l'Indien.     Voyez  le  titre  de  Giavidân. 

Les  Mufulmans  difent ,    que  Dieu  a  deux    trônes  ,    comme  l'on  tpeut  voir 

Tome  11.  G  g  dans 


^34  H  E  L  A  L.  H  E  L  I  A  T. 

dans  les  titres  d'Arfch  &  de  Corfi ,  que  le  fécond  ,  qui  eft  le  Corfî ,  efl  ceîuy 
de  fa  SagefTe  &  de  fa  Providence,  qui  gouverne  le  monde,  &  le  premier  ce- 
luy  de  fa  Gloire. 

Nous  avons  déjà  vu  quelque  part ,  que  les  Mahometans  croyent  que  la  plu- 
part des  fols  font  Saints.  Ils  ajoutent  de  meilleur  fens,  que  la  véritable  fageffc 
efl  réputée  folie  par  les  gens  du  monde  ,  &  que  cette  même  SagefTe  confifîe 
dans  la  folie.  Ces  deux  fentimens  font  tout-à-fait  dignes  du  Chriftianiûne ,  & 
le  dernier  eu.  de  Saint-Paul  tout  pur.     f^oyez  Mir  Divaneh. 

H  EL  AL,  furnom  d'Abou  Mohammed  Sofîân  Ben  Aiinah  AI  Koufi,  Doéleur 
célèbre ,  dès  l'âge  de  feize  ans.  Il  fut  difciple  de  Zohari  &  maître  d'Aamafch , 
de  Thouri  &  de  Schafêi ,  les  plus  illuftres  Dofteurs  du  Mufulmanifme  :  il  leur 
difoit  fouvent  :  Je  ne  fuis  que  le  narrateur  des  traditions  ;  mais  pour  vous  autres 
Dofteurs,  vous  en  êtes  les  Maîtres  :  il  vouloit  dire,  par  un  excez  de  modellie, 
qu'il  ne  faifoit  que  propofer,  &  qu'ils  avoient  l'autorité  de  décider. 

Ce  Dofleur  étoit  fi  abflinent ,  qu'il  ne  mangeoit ,  pour  toute  pitance,  quc: 
deux  petits  pains  d'orge  par  jour.  Il  étoit  natif  de  la  ville  de  Coufàh  ,  où  il 
mourut,  l'an  207  de  l'Hcgirc,  âgé  de  plus  de  cent  ans. 

HELAL  Ben  Ibrahim  Ben  Zahroun,  Médecin  fort  expert  de  Tozun  le  Turc, 
qui  gouvernoit  le  Khalifat  fous  Moftacfî  l'Abbaffide  ,  l'an  334  de  l'Hegire.  Il 
étoit  Sabien  &   non  Mahometan  de  religion. 

HELAL  Ben  Thabet  Ben  Senàn,  Hîflorien  &  Sabien  de  Religion,  auflî-bien 
que  fon  père  Thabet,  qui  étoit  un  excellent  Philofophe  &  Médecin,  que  nous 
connoilfons  fous  le  nom  de  Thebit.  Helal  nous  a  donné  un  fupplement  à  l'hif- 
l;oire  que  fon  père  avoit  écrite  depuis  l'an  290  jufqu'en  363  de  l'Hegire. 

HELAL,  dit  Aboulganaim,  Aftrologue,  qui  a  fait  un  traité  de  l'Aflrologie 
Judiciaire,  intitulé  Ekhtiaràt. 

HELALI  furnom  d'Ebn  Kerriat,  le  plus  éloquent  homme  de  fon  tems.  Il 
avoit  une  mémoire  ii  hcurcufe  ,  qu'elle  a  palTé  en  proverbe  ;  car  les  Arabes 
difent  y]hfadh  men  Eùn  Kerriat ,  il  farpaflTe  en  mémoire  Ebn  Kerriat. 

Hegiage  le  fit  mourir.     Foyez    le  titre  de  Kerriat.      On  cite  de  lui  cette  fen- 
te nce  ,  Al  àahd  tcgiarrâ  al  gujjat  u  taovakkâ  alfurfat,  l'homme  fage  &.  prudent, 
avalle  fon  chagrin  &  attend  J'occafion. 

HELALI,  Poëte  Perfien  Myflique,  Auteur  du  livre  intitulé  Sefat  al  dfche. 
Un  ,  des  quaiitez  des  Amants ,  dans  lequel  il  rapporte  toutes  les  vertus  à  l'a-- 
mour  que  fes  interprètes  veulent  être  le  Divin, 

HELANI  (Si  Hailani ,  &  Hailanah.  Hélène,  mère  de  Conflantin.  Elle  étoit 
native  d'Edeifc,  ville  appellée  par  les  Orientaux  Roha.  f^oyez  le  titre  de  Keffat 
Hailanah. 

HELIAT  Al  abrdr  u  Schiar  al  akhiâr ,   Livre  de  Naovaovi ,    qui  contient 
353  chapitres,  où  l'on  trouve  des  prières  pour  toutes  les  aftions  du  jour  &  de 
la.  nuit.     Il  a  été  abrégé  par  Soiouthi.      l^oyez  le  titre  ^'Adhcàr  al  adhcàr  dans, 
la. Bibliothèque  du.  Roy,  n°.  691. 

":  HELIAT 


H  E  L  I  A  T.  H  E  M  A  M.  ^3^ 

H  ELI  AT  AI  Aulia  u  Thabicâc  al  asfia  ,  Livre  de  traditions  Mufuîmancs 
compofé  par  Abou  Nàim  Ahmed  AI  Eifahani.     Il  eft  dans  la  Bibliotiieque  du 
Roy,  n».  883. 

L'on  a  encore  un  livre  hiftoriquc  Ju  même  Auteur  en  neuf  volumes ,  dont 
le  précédent  ne  fait  peut-être  qu'une  partie. 

HE  LIAT  Al  Cornait  &  Holbat  al  comait,  Livre  fur  les  qualitez  &  les  loûan- 
|es  du  vin,  compofé  par  Scharafeddin  Naovagi.  Il  efl  dans  la  Bibliothèque  du 
Roy,  n°.  1063  &  II 82. 

HELLAH,  Ville  de  l'Iraque  Babylonienne  ou  Arabique,  qui  eft  la  Chaldée, 
fituée  fur  le  Tigre  entre  Bagdet  &  Coufah,  dans  le  troifième  climat. 

Elle  a  été  embellie  par  SaifeJdoul-it  Sadaca,  qui  y  fit  bâtir  une  très-belle  Mol^ 
quée  &  un  Hôpital.  Ce  Saifeddou'at  étoit  fils  de  Bahacddoulat  Maulbr,  &  pe- 
tit -  fils  de  Dobais  ,  qui  y  avoit  établi  une  petite  Principauté  qu'il  gouverna  sj 
ans,  jufques  en  l'an  474  de  l'Hegire,  qu'il  mourut  fous  le  Khalifat  de  Moda- 
di,  fils  de  Caiem  beemrillah  l'Abbaflido. 

Cette  ville  avoit  un  pont  fur  le  Tigre,  qui  fervit  à  Ahmed  Ben  Avis  pour 
fe  fauver  des  mains  de  Taraerlan  ,  qui  avoit  pris  Bagdet  &  qui  le  faifoit  pour- 
fuivre  par  fes  Tartares.     Foyez  le  titre  J'Ahraed  Ben  Avis. 

HEMAM  Tabrizi  ,  Poëte  Perfien,  très-celèbre  à  Tauris  dont  il  étoit  natif> 
&  contemporain  Je  Saàdi,  natif  de  Schirdz.  11  mourut  l'an  de  l'Hegire  713,  au 
tems  qu'Algiaptu ,  dit  autrement  Mo'namraed  Ren  Argoun ,  Empereur  des  Mogols 
Genghizkhaniens  ,  tenoit  fon  fiége  royal  à  Tauris,  qui  eft  l'an  13 13  ou  13 14 
de  J.  C. 

Il  étoit  fi  riche  qu'ayant  convié  le  Khovageh  Haroun  ,  fils  de  Schamfeddin  , 
chef  des  confeils  d'Algiaptu,  à  un  banquet,  il  lui  fit  fervir  quatre  cent  plats  ou 
bafîins  de  porcelaine,  &  il  chanta  une  très-belle  chanfon  ,  qu'il  compofa  fur  le 
champ  à  la  louange  de  ce  Seigneur. 

Ce  Poëte  s'étant  trouvé  fortuitement  dans  un  bain  avec  Saâdi ,  fans  le  con- 
noître ,  ils  fe  dirent  d'abord  quelques  mots  piquants  l'un  à  l'autre  ;  puis  étant 
fortis  du  bain  &  prenants  leurs  habits ,  Hemâm  ayant  fon  fils  à  fa  droite  &  Saâ- 
di, qu'il  prcnoit  pour  un  Dervifche  du  commun,  à  fa  gauche,  s'informa  de  fon 
pays  ,  &  apprit  qu'il  étoit  de  Schirâz ,  furquoy  il  lui  demanda  s'il  ne  fçavoit 
point  quelques  vers  des  plus  nouveaux  de  Sàadi,  &  le  Dervifche  lui  en  recita 
deiL  plus  beaux. 

Hemâm  lui  demanda  enfuite  ,  fi  on  faifoit  quelque  état  à  Schirâz  de  ceax  de 
Hemâm  ,  &  s'il  en  fçavoit  quelques-uns  :  Le  Dervifche  lui  recita  auffi  -  tôt  ce 
diftique  ,  qui  étoit  de'  la  compofition  de  Hemâm. 

Entre  celuy  que  j'aime  (f  moy  il  y  a  ,  Hemdm ,  un  voile  qui  nous  fépare  ,•  mait 
il  ejl  tems  déformais  que  je  le  tire  pour  jouir  pleinement  de  fa  vàe. 

Saâdi  n'eut  pas  plutôt  achevé  ce  diftique  ,   que  Hemâm  le  reconnut  &  lui  fit 
•mille  carefies. 

L'Auteur  du  Defter  Lathaif ,  qui  rapporte  cette  hiftoire ,  dit  que  ce  voile 
dont  il  eft  parlé,  eft  le  corps  qui  nous  empêche  de  voir  Dieu,  &  que  ces  vers 
fignifient,  le  tems  de  ma  mort  approche,     t^oyez  le  titre  de  Saâdi. 

G  g  2  HEMAM 


-23<S  H  E  M  A  M.  — —  H  E  M  I  A  R. 

H  E  M  A  M  Kemâleddin  Mohammed  Ben  Abdal  vaheb  ,  qualifié  par  Arabfchab 
un  des  plus  illuftres  Doéleurs  du  nombre  des  Sadât ,  c'efl-à-dire  ,  de  la  race 
d'Ali.  11  vivoic  du  tems  de  Tamerlan  &  mourut  l'an  86i  de  l'Hégire^.  Nous 
avons  de  luy  le  livre  intitulé  Zdd  al  fakir  ,  la  provifion  du  pauvre  ou  du  Re- 
ligieux,  qui  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n^.  602.  Cet  Auteur  cfl  appel- 
le aufli  Hemàmeddin, 

HEMAM,  dit  Thabib  Al  Tàbrizi ,  le  Médecin  de  Tauris.  Il  eft  l'Auteur 
du  livre  qui  porte  le  titre  (XKrfchàd  fi  mârefat  al  adâd  Introdu6lion  à  la  fcien- 
ce  des  nombres. 

HEMÀR,  un  Afne  domeftique  ou  fauvage.  Ce  mot  fe  prend  chez  les 
Orientaux  en  bonne  &  en  mauvarle  part  ;  car  Mahomet  d'un  côté  dit ,  que  la 
voix  de  l'Afne  eft  la  plus  defagreable  de  toutes  ,  &  même  que  c'eft  celle  du 
Diable  :  cependant  l'Afne  du  Mcflie  ,  celuy  de  Balaam  ,  &  celuy  d'Efdras  ou 
Ozair ,  font  fort  eftimez  par  les  Mahometans ,  &  Bafchar  Al  Mariffi ,  Doftcur 
inllgne,  a  décidé,  que  la  chair  de  l'afne  étoit  permife  dans  le  Mufulmanifme. 

Mervan  ,  dernier  Khalife  des  Ommiades  ,  fut  furnommé  Hemar  ,  l'Afne  ,  & 
l'Afne  de  Mefopotamie ,  à  caufe  de  là  force  &  de  fa  vigueur.    Voyez  fon  titre. 

Les  Oi'ientaux  tiennent ,  que  l'afne  fauvage  furpalfe  tous  les  autres  animaux 
en  vîcelle.  Baharâm,  Roy  de  Perfe,  fut  furnommé  Gour  ,  mot  qui  lignifie  en 
Perfien  afne  fauvage^    Voyez  le  titre  de  BaJiarâm. 

HEMIAR  ,  un  des  enfans  de  Saba  ,  fils  de  Cahtan  ou  Jo6lan  ,  qui  fut  le 
chef  de  la  plus  grande  &  plus  noble  tribu  des  Arabes  de  flemen.  Il  a  don- 
né fon  nom  aux  peuples  appeliez  Hemiarites,  qui  font  les  tiomeritœ  dont  parle 
Ptolomée. 

Abdalmalek  Ben  Hcfeham  a  écrit  un  livre  intitulé  A^ifab  Hcmîar  u  moloukha , 
les  Généalogies  des  Hemiarites  &;  de  leurs  Roys.  Haifan  Ben  Jacob  Al  leme- 
ni,  qui  mourut  Fan  334,  a  compofé  auffi  un  ouvrage  fur  le  même  fujct  ,  au- 
quel il  a  donné  le  titre  à' Eklil  fil  anfàb.  Couronne  des  généalogies,  &c.  Voyez 
auiîi  le  livre  intitulé  Boghiat  al  moftafid. 

La  langue  &  les  cara6lères  des  Hemiarites  font  très-anciens;  Al  Bergendi  re- 
marque ,  qu'il  y  avoit  de  fon  tcms  une  infcription  fur  la  porte  de  la  ville  de 
Samarcand,  en  ces  caradères  ,  que  perfonne  n'entendoit.  Il  y  a  un  proverbe 
parmi  ces  peuples  qui  porte  ,  que  celuy  qui  vient  demeurer  parmi  eux  ,  doit 
apprendre  leur  langue;  parce  qu'elle  eft  fort  différente  de  celle  des  autres  ^^-a- 
bes..    Pokok  nous  a  donné  im  catalogue  des  Roys  de  la  dynaftie  des  Hemiarites. 

Seid  Hcmiari  ,  Auteur  d'une  fe6le  particulière  paj-mi  les  Schiites  ou  Partifans 
d'Ali  ,  qui  publioit  que  Mohammed  fils  de  Hanifah,  troifième  fils  d'Ali,  n'étoit 
pas  mort,  &  qu'il  devoit  reparer  toutes  chofes  foit  dans  la  Religion,  foit.  dans 
l'Etat.     Voyez  le  titre  de  Mohammed  Ben  Hanifah, 

IJalfan  Sabdh  ,  qui  a  fondé  la  dynaftie  des  Ifmaëliens  de  Perfe  ,  prétendoit 
être  Hemiaii  d'oritrine.     :f  ^i   '-'^" 

Les  .Arabes  Hemiarites  prétendent  auflî  avoir  conquis  l'Afrique ,  &  y  avoir 
établi'  leur  langue  avant  que  les  Mahometans  s'en  foient  rendus  les  maîtres  : 
leur  prét-ention  eft  fort  conteftée  par  les  Phœniciens  ;  fi  l'on  avoit  des  livres 
3iîy2j  anciens,  l'on  pourroit  décider  ce  difiTcread.. 

H  E  MI  G  HE  R.,, 


H  E  M  I  G  H  E  R.  - —  H  E  N  D.  .  237 

HEMIGHER,  furnom  d'un  Poëtc  Perfien  fort  illii/lre  ,  qualifié  Magdcd- 
din.  L'on  dit ,  que  l'Atabck  Sal.gar  (chah  Jiiy  ayant  fait  prcTent  d'une  de  fcs 
veiles  les  plus  prétieufes  ,  mais  qui  étoit  fort  vieille  ,  fur  laquelle  les  paroles 
de  la  profeffion  de  foy  des  Mufulmans  étoient  brodées  en  or,  on  en  lilbit  feu- 
lement le  commencement,  qui  porte:  Il  n'y  a  point  de  Dieu  finon  Dieu,  Lae- 
lah  ellalah.  Quelques-uns  étonnez  de  n'y  voir  point  ce  qui  fuit  toujours  immé- 
diatement après  :  Mahomet  eft  l'Envoyé  de  Dieu,  Mohammed  raffoul  allah  ^  que 
les  tarmes  apparemment  avoient  rongé,  Hcmigher  leur  dit  agréablement,  c'cft 
que  cette  velle  a  été  faite  avant  le  tems  de  Mahomet. 

HEM  S,  EmelTe,  ville  de  Syrie,  fituée  à  jo  degrez  ,  45  minutes  de  longi- 
tude, &  à  34  degrez  de  latitude  Septentrionale. 

Les  Orientaux  veulent  ,  qu'Hippocrate  ait  fait  fon  féjour  ordinaire  en  cette 
ville,  d'où  il  venoit  fouvent  à  Damas;  &  les  Chrétiens  du  pays  difent  aulTi  que 
la  tête  de  faint-Jcan  Baptifte  fut  trouvée  dans  la  même  ville,  fous  le  règne  de 
Theodofe  le  _^cune, 

La  ville  de  Hems  a  été  célèbre  au  tems  du  Paganifme  par  le  temple  du  So- 
leil ,  qui  y  étoit  fcrvi  par  des  cérémonies  particulières  fous  le  nom  d'Elah  ga- 
balah,  duquel  l'Empereur  Romain,  nommé  Heliogabale,  a  tiré  le  fien. 

Elle  fut  prife  par  les  Francs  fur  les  Mufulmans  ,  dans  la  même  année  que 
celle  d'Antioche,  à  fçavoir,  l'an  de  l'Hegire  491,  de  J.  C.  1098.  Saladin  la 
j-eprit  l'an  583  de  l'Hegire,  de  J.  C.  11 87.  Les  Tartares  en  dépoiiillerent  les 
Mufulmans  l'an  ôsj  de  fllegire  ,  de  J.  C.  1258.  Elle  palfi  depuis  entre  les 
mains  des  Mamlucs  ,  &  de  ceux-cy  aux  Turcs  qui  la  poûedent  encore  au- 
jourd'huy. 

La  ville  d'EmelTe  fut  rcnverfée  par  un  horrible  tremblement  de  terre ,  avec 
celles  de  Hamah  ,  de  Tripoli  ,  d'Apamée  ,  de  Laodicée  ,  d'Antioche  ,  '&c.  l'an 
de  l'Hegire  552,  de  J.  C.  1157,  pendant  que  les  François  ou  Latins  occupoient 
la  Syrie. 

HEMTEN",  en  Perfien  fignifie  un  compagnon  inféparable.  C'eft  le  titre 
ou  furnom  que  Kaicaous,  Roy  de  Pcrfe  de  la  féconde  dynaltie  ,  donna  à  Ro- 
llam,  après  que  ce  Héros  ,  le  plus  fameux  de  l'Orient,  l'eût  délivré  des  mains 
de  Dhoulzagar,  Roy  de  l'Iemen,  qui  avoit  fait  une  grande  irruption  en  Perfe. 

H  END  u  Sen-1,  &  Hiiid  ve  Sind  ,  c'efl  ce  que  hous  appelions  d'un  mot 
général  les  Indes  Orientales  ,  qui  font  partagées  par  les  Orientaux  en  ces  deux 
difFérens  noms  HenJ  &  Scnd.  Le  pays  de  Hend  elt  l'Orient  de  celuy  deScnd, 
&  a  à  fon  Couchant  le  Golfe  de  Perfe,  au  Midy  1  Océan  Indien  ,  à  l'Orient  de 
fort  grands  dcferts  qui  le  feparent  de  la  Chine,  &  au  Septentrion  le  pays  des 
Azcic  ou  Tartares. 

Il  paroît  par  cette  pofition ,  que  le  Send  eft  feulement  ce  qui  s'étend  de  -  çà 
<!c  de-là  le  long  du  fleuve  Indus,  particulièrement  vei-s  les  emboucheures.  l^c- 
■^iz  le  titre  de  Send. 

Tout  le  pays  de  Hend  &  de  Send  pris  enfemble  fe  divife  en  trois  parties. 
La  première  s'appelle  Giuzurat ,  que  nous  appelions  Guzerate  ou  Decan  ;  elle 
confine  avec  les  pays  de  Gazncn  ,  de  Multan  &.  de  Makhran  ,  &  ell  la  plus 
Occidentale. 

Ga  7  La 

a.    ut 


138  H  E  N  D. 

La  féconde  porte  le  nom  de  Manibdr,  que  nous  appelions  le  Malabar  ;  elle 
eft  à  l'Orient  &  au  Midy  du  Guzerate ,  &  on  l'appelle  encore  Belad  al  fulful , 
le  pays  du  poivre ,  parce  que  c'eft-là  où  il  vient  en  abondance  :  l'arbre  qui  le 
porte  s'attache  aux  autres  &  les  embrafle  comme  le  lierre. 

La  troifième  partie  &  la  plus  Orientale  s'appelle  Mâbar  ou  Mêbar,  mot  qui 
fignifie  en  Arabe  le  trajet  &  le  paiTage,  à  caufe  que  l'on  palTe  de  cette  partie 
des  Indes  à  la  Chine:  elle  eft  toute  entière  au  de-Ià  du  Golfe  de  Bengale,  &  a 
pour  capitale  la  grande  ville  de  Canacor  ou  Cancanor,  C'eft-là  que  l'Empe- 
reur ou  le  plus  grand  Roy  des  Indes  fait  fon  féjour,  félon  l'Auteur  du  Meffa- 
het  al  ârdh ,  qui  eft  une  Géographie  Perfienne.  Le  titre  des  Roys  de  ce  pays- 
là  eft  Birdaoval ,  dit  le  même  Auteur ,  qui  vivoit  avant  que  les  fuccefleurs 
de  Tamerlan  fe  fufTent  rendus  les  maîtres  de  la  plus  grande  partie  des  Indes. 

Ebn-Alvardi  écrit  dans  la  première  partie  de  fa  Géographie  Arabique ,  que  le 
pays  de  Hend  s'étend  depuis  le  Send  &  le  Makran,  jufqu'à  la  ville  de  Kanoge 
de  l'Occident  à  l'Orient ,  qui  eft  un  efpace  d'environ  trois  mois  de  chemin 
par  terre  ,  &  que  depuis  Kanoge ,  en  tirant  de  l'Orient  vers  Ip  Septentrion  , 
on  va  jufqu'au  Tonbut,  ou  ïcbet,  en  quatre  mois  de  chemin,  à  journées  de 
Caravane. 

Le  même  Géographe  dit,  que  les  Roys  des  Indes  portent  le  nom  de  Raiàn, 
nous  les  appelions  Ragias;  mais  que  le  plus  puilfant,  &  comme  l'Empereur  de 
tous,  s'appelle  Belhar.  Il  marque  entre  les  principales  villes  de  ce  pays-là  Kan- 
baiat,  c'eft  Cambaya,  Soumenât,  Manfourat  ou  Mahourat,  &  Canoge  ou  Ken- 
nauge. 

Il  écrit  auflî  que  les  ifles  principales  de  la  mer  Indienne  font  Cameron,  qui 
eft  le  Cap  de  Comorin,  car  les  ifles  &  les  prefqu'illes  chez  les  Orientaux  s'ap. 
pellent  du  même  nom,  Sila  ou  Sili ,  Giamcout,  Serandib  ,  qui  eft  Zeilan,  La- 
meri,  Kala  ou  Kalé  ,  qui  eft  peut-être  Calecut  &  Mcherage. 

Hend  &  Send  ,  ou  les  Indes  font  feparées  de  la  Chine  ,  félon  les  Auteurs 
Orientaux,  par  le  Cap  de  Comorin;  car  les  Anciens  donnoient  le  nom  de  Sin 
en  Arabe,  &  de  Tchin  en  Perfien,  aux  pays  de  Siam  ,  de  Pegu  ,  de  Tunquin 
&  de  la  Conchinchine.    l^oyez  le  titre  de  Sila  ou  Sili. 

Les  Orientaux  ont  quelquefois  compris  l'Ethiopie  fous  le  nom  des  Indes ,  & 
les  Perfans  appellent  encore  aujourd'huy  un  Ethiopien  Siah  Plindou  ou  Hindi, 
un  Indien  noir.  Leurs  hiftoires  portent ,  que  les  Indiens  demandèrent  des  Evê- 
ques  à  Simon  le  Syrien ,  Patriarche  Jacobite  d'Alexandrie.  Il  ne  faut  point  dou- 
ter que  ces  Indiens  ne  ■  foient  les  Abiflîn?  '•  car  nos  hiftoires  Grecques  &  Lati- 
nes portent,  que  faint-Frumentius,  qui  palfa  en  Ethiopie,  fut  envoyé  par  faint- 
Athanafe  aux  Indiens. 

Une  partie  des  Indes  fut  rendue  tributaire  aux  Arabes  fous  le  règne  de  Va- 
lid,  fixième  Khalife  de  la  race  des  Ommiades,  comme  Ton  peut  voir  dans  fon 
titre  particulier;  mais  elles  ne  furent  fubjuguées  entièrement  que  par  Mahmoud, 
fils  de  Sebekteghin  ,  lequel  y  pénétra  bien  avant  &  au  moins  jufqu'au  Gange, 
ce  que  n'avoit  encore  fait  aucun  Prince  étranger  depuis  Alexandre  le  Grand. 
C'eft  ce  qui  fait  qu'Ebn  Amid  n'appelle  jamais  Mahmoud  ,  Roy  de  Gaznah  ou 
Sultan  de  Gaznin  ,  mais  toujours  Roy  des  Indes.  Khofrou  Schah  ,  dernier 
Sultan  des  Gaznevides  ,  fonda  le  Royaume  de  Lahaver  ou  Lahor.  Foyez  les 
titres  di  Mahmoud  6f  de  Kofrou  Schah. 

Les  Orientaux  appellent  Bahar  Al  Hend ,   la  mer  des  Indes ,   &  lui  donnent 

auflî 


H  E  N  D  A  s  s  A  H. H  E  R  A  M.  »3> 

auflî  le  nom  de  Herkend.  Scherif  Al  Edrifli  écrit  ,  que  cette  mer  s'étend  de- 
puis les  côtes  de  la  Chine ,  prife ,  comme  nous  avons  vu  cy-delTus ,  jufqu'à  l'en- 
trée du  Golphe  Arabique  ou  Mer  rouge.  Les  Anciens  ont  donné  cette  même 
étendue  à  ce  qu'ils  appelloient  Mare  Erythrœum  ,  comme  il  paroît  par  le  Péri- 
ple d'Arrien ,  &  y  ont  compris  auffi-bien  que  les  Arabes  les  deux  Golphes  Ara- 
bique &  Perfique.   '  l^oyez  les  titres  ds  Macdifchou  àf  de  Mahmoud. 

HENDASSAH.    HandafTah. 

HENDECAN,  Ville  de  la  province  de  Perfe  proprement  dite,  dans  la- 
quelle il  y  a  un  puits  qui  exhale  une  vapeur  peftilente.    f^oyez  le  titra  de  Fars. 

HENDI  &  Hendovi,  &  Hindou,  un  Indien  &  ce  qui  vient  des  Indes,  com- 
me Tchini  eft  ce  qui  vient  de  la  Chine. 

Kankah  Al  Hendi.    Foyez  Kankah. 

Ahmed  Daouletabadi,  eil  encore  appelle  Schehàbeddin  Al  Hendi,  Foyez  Dou- 
letabad. 

Scrage  al  Hendi  efl  Auteur  du  Hvre  intitulé  Scharb  al  Bedâi. 

Khircat  al  hendi,  une.jUidienne,  c'eft  proprement  une  robe  déchirée. 

Giaouz  al  hendi  en  Arabe ,  &  Hidollan  Cozi  en  Turc  eft  un  Cocos ,  que  les 
Latins  appellent  conformément  à  la  fignification  du  mot  Arabe  &  du  mot  Turc 
Nux  Indica  ;  les  Arabes  &  les  Perfiens  le  nomment  encore  Nargil  &  Narege  :  mais 
ces  deux  mots  font  Perfiens  d'origine.. 

KENDO  VAN,  Quartier  de  la  ville  de  Ralkhe,  Capitale  du  Khoraflan,  du^ 
quel  étoit  natif  un  Doélcur  Mufulman  fort  célèbre,  furnommé  Hendovani.  Son; 
nom  étoit  Abougidfar  Mohammed  Ben  Abdallah  Ben  Omar. 

Il  étoit  fi  fçavant  dans  le  Droit  des  Mufulmans  ,  qu'il  parvi^it  à  la  dignité 
de  Mufti ,  non  feulement  à  Balkhe  ;  mais  encore  dans  toute  la  province  Tran- 
foxane ,  &•  fut  furnommé  encore  Abou  Hanifah  le  Jeune.  Il  avoir  reçu  fes  tra- 
ditions d'Aâmafche  ,  de  Ben  Salamah  &  de  Giouzgiani ,  &  mourut  l'an  362  de 
l'Hegire,  dans  la  ville  de  Bokharah.  L'on  dit,  que  le  jour  de  fa  mort  un  grand 
nombre  de  Mages  &  de  Juifs  fe  convertirent  au  Mufulmanifme ,  en  vue  de  fa. 
grande  pieté  &  abftinence.. 

HENDU  &  Hindou,  un  Indien.  C'eft  auflî  le  nom  d'un  Roy  de  Hirah  en' 
Arabie,  fils  de  Noomân,  fon  prédecefl'eur  ,  qui  prit  foin  de  l'éducation  de  Ba- 
haram  Gour,  Roy  de  Perfe.     F  oyez  le  titre  de  Baharam. 

RENDU  GHE.  Khalil  Hendughé  étoit  un  des  principaux  Seigneurs  de  la- 
Cour  de  Babur  ou  Babor  ,  Sultan  de  Perfe  de  la  race  de  Tamerlan.  Il  fe  ré- 
volta contre  le  Sultan  à  qui  il  livra  bataille  &  y  fut  tué  par  Ali  Behadir.  ^o- 
yez.  les  titres  de  Babur  âf  de  Khalil. 

HERAH,  Herat  &  Heri ,  c'eft  la  ville  que  les  Anciens  ont  connue  fous  le 
nom  d'Aria,  qui  a  donné  le  nom  à  toute  la  province  qui  en  dépendoit,  appel- 
lée  ,  par  Ptoloméc  ,  Ariana  ,  laquelle  jointe  à  la  Drangiane  &  à  la  Baélriane , 
fait  la  grande  province  que  nous  connoilTons  aujourd'huy  fous  le  nom  de  Kho- 
raflan. 

Herat  a  toujours  été  une  de  fes  principales  villes,  & ,  comme  les  Perfans  par- 
lent., = 


a4o  H  E  R  A  H. 

lent ,  une  de  fes  quatre  Capitales.  Son  terroir  ample  &  fpatîeux  pafTe  -  pour 
une  province  particulière,  que  l'on  nomme  fouvent  Heri,  où  plufieurs  Sultans 
de  la  race  de  Tamerlan  ont  fait  leur  féjour  ordinaire. 

Khondemir  ,  qui  étoit  natif  de  cette  ville  ,  dont  il  a  fait  la  defcriptîon  à  la 
fin  de  fon  biliaire,  rapporte  que  fous  le  règne  d'Abdallah ,  .Prince  de  la  dyna- 
ftie  des  Taherites,  il  y  avoit  auprès  de  Herat  un  Temple  des  Mages  ou  Adora- 
teurs du  feu,  qui  étoit  d'une  ftrufture  magnifique,  pour  la  confervation  duquel, 
ces  Idolâtrc-s  payoient  tous  les  ans  un  fort  gros  tribut  aux  Mufulmans  ,  &  que 
fort  proche  de  ce  Temple  on  y  voyoit  une  Mofquée  des  Mahometans  qui  étoit 
très-chetive. 

La  magnificence  de  ce  Temple  ou  Maifon  du  feu ,  comme  les  Perfans  l'appel- 
lent, faifoit  un  très-grand  concours  de  Mages  ou  de  Ghebres  ,  comme  on  les 
appelle ,  qui  y  abordoient  en  foule  de  toutes  parts.  Un  jour  l'Imam  ,  qui  fai- 
foit le  fervice  de  la  Mofquée ,  tranfporté  de  zèle  pour  fa  religion ,  dit  dans  fon 
fermon,  avec  beaucoup  de  chaleur  ,  qu'il  ne  falloic  pas  s'étonner  fi  la  religion 
Mufulmane  languilloit  &  s'affoibliflbit  tous  les  jours  dans  la  ville  de  Herat , 
puifque  le  temple  des  Idolâtres  étoit  fi  proche  de  celuy  des  Fidèles ,  &  qu'il  ne 
fe  trouvoit  aucun  Mufulman  afTcz  zélé  ou  affez  appij^é  qui  ofàt  entreprendre 
de  le  renverfer. 

Les  Auditeurs  animez  de  ce  difcours  ,  ne  manquèrent  pas  de  venir  la  nuit 
fuivante  mettre  le  feu  à  ce  temple  ,  &  il  fur  brtilé  entièrement  avec  la  Mof- 
quée voifme ,  qui  fut ,  par  cette  occafion  ,  rebâtie  beaucoup  plus  belle  qu'elle 
n'étoit. 

Les  Ghebres  ou  Mages  ne  manquèrent  pas  de  porter  leurs  plaintes  à  Abdal- 
lah, contre  la  violence  des  Mufulmans.  Ce  Prince  commanda  que  l'on  infor- 
mât du  fait ,  &  fit  citer  devant  luy  quatre  mil  habitans  de  la  ville  ,  pour  ap- 
prendre par  lefirs  dépofitions  comment  la  chofe  s'étoit  paiféc  :  mais  il  n'y  eut 
pas  un  de  ces  quatre  mil  qui  ne  luy  afiurât  de  n'avoir  jamais  vu  aucun  Tem- 
ple de  Ghebres  dans  ce  lieu  ,  mais  feulement  la  Mofquée  qui  lui  étoit  prefque 
contigue.  Sur  lin  témoignage  fi  autcntique  &  fi  folemnel,  quoy  que  faux  ,  lés 
Ghebres  furent  déboutez  de  leur  demande  ,  &;  leur  Temple  ne  fut  jamais  plus 
rebâti   depuis  ce  tems-là. 

Si  la  Mofquée,  de  laquelle  on  vient  de  parler,  étoit  chetive,  celle  que  Gaia- 
theddin.  Sultan  de  la  dynafi:ie  des  Gaourides,  y  fit  bâtir  long-tems  après,  paf- 
foit  pour  un  des  plus  beaux  ouvrages  de  tout  l'Orient;  cependant  elle  fut  brû- 
lée par  les  Tartares  de  Genghizkhan.  Vo')jizz  fur  cela  le  titre  de  Mohammed  , 
Sultan  de  la  dynafiiie  des  Khovarezmiens,  où  la  défolation  entière  de  cette  gran- 
de \'ille  efl:  décrite. 

Herat  fut  encore  prife  depuis  ce  tems-là  par  Tamerlan ,  &  les  prognofi:ics  àcs 
gran.ls  malheurs  auxquels  cette  ville  devoit  être  fujette ,  félon  fon  horofcope, 
ne  furent  que  trop  vérifiez,     l^oyez  le  litre  de  Babur. 

Les  Hift:oriographes  de  Pcrfe  écrivent  tous  unanimement  cependant  ,  que  la 
ville  de  Herat  eil  une  des  villes  auxquelles  Alexandre  donna  fon  nom  en  la  bâ- 
tilfant ,  &  il  efi:  difficile  à  croue  ,  que  l'on  ait  pu  conferver  la  mémoire  de  la 
confiiellation  fous  laquelle  il  en  fit  jetter  les  fondemens. 

-  livrât  ell  fituée  ,  félon  les  Tables  Arabiques  ,  à  94  degrez  ,  20  minutes  de 
longitude  ,  &  à  34  degrez  ,  30  minutes  de  latitude  i^eptentrionale.  On  appelle 
IL'raovi,  un  homme  natif  de  la  ville  de  Herat.     l^'oy^z  plus  bas. 

HERALI, 


H  E  R  A  L  î.  -—  HERMES.  24-r 

HERALI,  furnom  de  Fakhreddin  Aboulhaflan  Ali,  dit  encore  Al  Te?ibi 
Al  Sofi.  Il  étoit  Sofi,  comme  fon  furnom  le  porte,  c'eft-à-dire ,  faifant  profef 
fion  de  la  vie  retirée  &  contemplative.  Nous  avons  de  luy  un  recueil  de  fcpt 
traitez  de  la  fcience  myllique  dans  la  Bibliothèque  du  Roy.  n°.  616. 

HERAO  VI,  natif  ou  originaire  de  la  ville  de  Herat.  Nagmeddin  Omar  Ben 
Al  Imâm  Al  Fadhel,  Al  Kamel  Al  Hcraovi,  eft  Auteur  d'un  livre  fur  la  Gram- 
maire Arabique  intitulé  Mokhlajfar  ^  ou  Abbregé,  qui  eft  dans  la  Bibliothèque 
du  Roy  n°.   11 19. 

Mohammed  Ben  Ali  Al  Heraovi  eft  l'Auteur  d'un  petit  traité  fur  tous  les 
mots  Arabes  qui  fignifient  Epéc  ou  Poignard  ;  il  s'intitule  Efma  al  feif.  Cet 
Auteur  mourut  l'an  de  l'Hegire  433. 

Abou  Ifmâil  Abdallah  Al  Heraovi  eft  Auteur  d'un  Ouvrage  intitulé  urbain,- 
ou  les  quarante  Traditions.     Foyez  encore  le  titre  de  Pir  Herât. 

Ebadi  Abou  Affem  eft  auffi  furnommé  Al  Heraovi. 

HERKEND,  nom  d'une  partie  de  la  mer  des  Indes,  qui  porte  encore  le 
nom  de  mer  d'Oman.  C'cft  plutôt  la  mer  qui  s'étend  le  long  de  la  côte 
d'Oman  en  Arabie. 

HERMES,  Mercure.  Les  Arabes  &  autres  Orientaux  ont  retenu  ce  nom 
qui  eft  Grec;  ils  ne  le  donnent  pas  cependant  à  la  planète  que  nous  connoiflbns 
fous  le  nom  de  Mercure,  mais  feulement  aux  perfonnes,  car  le  nom  Arabe  de 
planète  eft  Ethared. 

Le  premier  perfonnage  qui ,  félon  leUr  tradition ,  a  porté  ce  nom ,  eft  Hermès 
premier  du  nom  qui  vivoit  mil  ans  ou  environ  après  Adam,  au  commencement 
da  fécond  millénaire  folaire  du  monde,  &  celuy-cy  n'eft  autre  qu'Edris  ou  Enoch, 
furnommé  par  les  Chaldeens  Our.iai  ou  Douvanai ,  c'eft-à-dire ,  le  Grand  Maître , 
titre  qu'ils  ne  donnent  qu'aux  plus  grands  Piiilofophes ,  ou  Sages  qui  ayent  vécu. 

Le  fécond  a  paru  au  commencement  du  troifième  millénaire  folaire  ,  &  eft 
appelle  Hermès  Thani,  le  fécond  Mercure,  &  le  fécond  Ouriai  ou  Douvanai, 
c'eft-à-dire  ,  Dofteur  du  monde ,  pour  le  diftinguer  de  Hermès  Alaoval  qui  eft 
le  premier.  C'eft  celuy  qui  eft  encore  furnommé  par  les  Arabes  A!  Motha- 
leth  al  hecmat ,  trois  fois  grand  en  fcience  ,  &  en  fagefte  ,  &  Trifmegifte  par 
les  Grecs, 

Enhn  c'eft  l'Orus  des  Egyptiens  d'où  le  nom  d'Ouriai  ou  d'Ouroio  qui  fignifie 
Maître  &  Doéleur  en  langue  Chaldaïque  &  Syriaque .  luy  a  été  donné.  Je  laiflc 
pouitant  à  décider  fi  Ouroio  vient  d'Orus  ,  ou  fi  Orus  vient  d'Ouroio  ;  car  il 
n'eft  pas  aifé  à  juger  quelle  nation  eft  la  plus  ancienne  des  Chaldeens  ou  des 
Egyptiens. 

Ce  fécond  Mercure  eft  encore  appelle  par  les  Chaldeens,  comme  nous  avons 
déjà  dit,  Douvanai,  que  le  livre  intitulé  ' j^frar  Herm:s,  les  fecrets  de  Hermès, 
explique,  le  libérateur  des  hommes,  quoy  qu'il  ne  fût  ny  Ange  ,  ny  Prophète, 
comme  il  parle:  mais  c'eft  à  caufe  qu'il  les  avoit  délivrez  de  l'erreur. 

Le  môme  livre  qui  eft  attribué  à  Hermès  ,  dit  qu'il  naquit  dans  la  grande 
conjonftion  du  Soleil  avec ■  Mercure  ,  &  c'eft  à  cette  occafion  qui!  nous  pro- 
pofe  le  Thème  de  la  nativité  du  monde  :  mais  il  y  a  grande  apparence  que  ce 
livre  de  Hermès ,   aufli-bien  que  les  autres  ,  a   été  fuppofc   par  les  Arabes ,   de 

Tome  IL  H  h  même 


,^j^  HERMES. 

même  que  ceux  que  nous  avons  du  même  Auteur,  l'ont  été  par  les  Grecs  foug 
le  nom  de  Trifmegifte. 

Tout  ce  que  nous  venons  de  dire  de  Hermès  efl  tiré  du  Kerâb  alkeranàt  ou. 
livre  des  grandes  conjonftions  des  planètes  :  mais  Abulfarage  écrit  dans  fou 
abrégé  des  dynailics  qu'il  y  a  eu  trois  Hermès  ,  dont  le  premier  efl  Edris  ou 
Enoch ,  &  le  troifiènie  cfb  celuy  que  nous  avons  marqué  pour  le  fécond  à  fça- 
yoir  Trifmegifte. 

Le  fécond ,  félon  luy  ,  efl:  un  Hermès  Babylonien  ou  Chaldeen  ,  qui  vivoit 
quelques  fiecles  après  le  déluge,  &  demeuroit  à  Calovaz,  ville  de  la  ChalJée:  c'eft 
à  celuy-cy  que  les  Philofophes  Chaldeens  rapportoient  les  principales  connoiifan- 
ces  qu'ils  avoient  des  aflres ,  &  ils  ne  faifoient  point  de  difficulté  de  luy  attri- 
buer le  rétablilTement  de  Babel  que  Nembrod  avoit  fondé  ,  &  qui  avoit  été. 
rainée  de   fon  tems. 

Les  Sabicns ,  defquels  il,  fera  parlé  dans  leur  titre  particulier ,  ont  par  une 
tradition  fuperftitieufe,  qu'Èdris  ou  Enoch  avoit  appris  de  Seth  ,  fils  d'Adam, 
l'Ailronomie  ,  &  le  culte  de  la  Religion  qu'ils  profelfent  ;  c'efl;  pourquoy  ils 
confervent  fort  curieufement  la  mémoire  de  ce  premier  Hermès  dans  le  livre 
qu'ils  attribuent  faulTement  à  Adam. 

Le  premier  Hermès  efl;  appelle  des  Arabes  ,  par  excellence  Hermès  al  Hera- 
meiBh ,  l'Hermès  des  Hermès ,  ou  bien  Hermès  Al  Akbar ,  le  Grand  Hermès. 
Giaouberi  dans  fon  traité  intitulé  Reml  megman ,  dit  qu'il  fut  furnommé  aufll 
Al  Mothaleth,  ou  Trifmegifte,  à  caufe  des  trois  noms  qu'il  porte  d'Ahknokh. 
ou  Enoch  ,  d'Edris  ,  &  de  Hermès,  &  à  raifon  de  Ces  trois  qualitez  de  Roy, 
de  Sage,  ou  Philofophe,  &  de  Prophète. 

Les  Orientaux  prétendent  que  cet  Hermès  ou  Edris  a  été  la  première  caufe 
occafionnelle  de  l'idolâtrie  ;  parce  qu'Afclepiades  fon  difciple  luy  ayant  drefl^é  une 
ftatue  après  fa  mort,  &  demeurant  afliiuement  auprès  d'elle,  il  fembloit  l'ado- 
rer, ce  qui  fut  imité  fuperftitieufement  par  les  autres.    Foyez  le  titre  ^'Edris. 

On  trouve  en  Arabe  un  livre  intitulé  Jfrar  Kdàm  Hermès,  les  paroles  fecre- 
tes  de  Hermès,  qui  eft  le  même  ouvrage  que  nous  attribuons  à  ÂlercUre  Trif- ' 
megifte.     Il  traite   des  grandes   conjonftions    des    planètes,   &  de  leurs  effets. 
Son  titre  porte  qu'il  a  été  compofé  par  Hermès,  ou  Mercure  fécond  du  nom, 
que  les  Grecs  ont  appelle  Trifmegifte ,  &  les  Chaldeens  Dhouvanai. 

Le  Tradufteur  Arabe  dit  que  ce  mot  Dhouvanai  fignifie  en  Chaldeen  Mok- 
hallés  albafchar,  c'eft-à-dire,  le  Sauveur  des  hommes,  à  caufe  que  ce  Mercure 
à  prefervé  les  hommes  de  plufleurs  calamitez ,  foit  en  les  avertiffant  avant  qu'el- 
les ai-rivaflTent ,  foit  en  leur  procurant  les  moyens  de  s'en  garentir. 

Ce  furnom  pourroit  fort  bien  convenir  au  Patriarche  Jofeph  que  les  Egyp- 
tiens qualifièrent  Pfonthom  Phanees  ,  ce  qui  fignilie  dans  leur  langue  Sauveur 
du  monde:  par  où  il  paroît  que  ces  peuples  attendoient  un  Sauveur,  &  qu'ils 
donnoicnt  par  avance  ce  titre  à  ceux  defquels  ils  recevoient  de  grands  bienfaits, 
ignorant  celuy  qui  devoit  porter  ce  nom  par  excellence. 

Le  livre  intitulé  Beiàn  fi  tholoii  al  fchêra  al  jemdniah ,  traité  du  lever  de  l'étoile 
appellée  par  les  Grecs,  &  par  les  Latins  i'mui',  ou  Syrius  qui  eft  le  Canis  major 
de  nos  Aftronomes,  eft  attribué  à  Hermès  al  Haramelfah,  au  premier  des  Her- 
mès qui  eft  l'Edris  des  Arabes.    Il  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n°.  1033. 

HERMES. 


HERMES.  H  E  S  C  H  A  M.  44j 

HERMES.  Saint  Hermès  ou  Mercure  Martyr,  qui  fouffrit  fous  la  perfecu- 
tion  de  Dece  dans  la  ville  de  Cefarée.  Les  Orientaux,  &  même  les  Mahome- 
tans  luy  portent  un  grand  honneur;  ceux-cy  difent  que  ce  faint  Martyr  tranf- 
porta  un  nommé  Schahed ,  fils  de  Ragia  ,  en  une  nuit  de  la  Mecque  en  fon 
Egliîe-    Foyez  le  titre  de  Schahed. 

Les  Chrétiens  rapportent  beaucoup  de  faits  fabuleux  de  ce  Saint,  &  particu- 
lièrement touchant  la  dévotion  que  Chofroes  Roy  de  Perfe  luy  portoit ,  &  les 
prefens  qu'il  luy  fit.  La  Chronique  d'Alexandrie  dit  que  faint  Hermès  tua  Ju- 
lien l'Apoftat  par  l'ordre  exprès  de" Dieu,  &  cite  une  révélation  de  faint  Bafile 
fur  ce  fujet. 

HERMES.  Aflabî  Hermès,  doits  de  Hermès,  ou  de  Mercure.  Ce  font  des 
racines  féches  &  blanches  d'une  plante  Automnale  nommée  par  les  Grecs  &  par 
les  Latins  Colchicum.  On  les  appelle  vulgairement  dans  les  boutiques  Hermo- 
dattes.  Ce  Colchicum  efl  différent  de  ccluy  qui  porte  le  furnom  de  Kigrim^ 
&.  d" Ephemerum ,  &  que  l'on  met  au  nombre  des  plantes  dangereufes. 

HERZEK,  les  Turcs  appellent  ainfi  la  Boffine  qui  fe  divife  en  Royaume, 
&  en  Duché.  Ce  mot  vient  de  l'Efclavon  Herze  gouina  qui  fignifîe  proprement 
le  Duché.  Herzekogli  efl  le  nom  d'un  Renégat  qui  étoit  fils  d'un  Duc  de 
Bolïïne  qui  devint  gendre  de  Bajazet  fécond  Sultan  des  Turcs,  &  Beghilerbegh 
de  Romanie. 

HESCHAM,  fils  d'Abdalrahman ,  a  été  le  fécond  Khalife  de  la  race  des 
Ommiades  en  Efpagne.  Il  fucceda  à  fon  père  l'an  172  de  l'Hegire,  de  J.  C.  788, 
pendant  que  Haroun  Rafchid  l'AbbafTide  tenoit  le  Khalifat  à  Bagdet. 

Ce  Khalife  que  Roderic  de  Tolède  appelle  par  corruption  Ifen  ,  foûtint  pen- 
dant quelque  tcms  la  guerre  que  fes  deux  frères  nommez  Soliman  &  Abdallah 
luy  firent  ;  il  les  chaiïa  enfin  d'Efpagne ,  &  les  obligea  de  s'enfuir  en  Afrique. 
Il  fit  l'an  175  de  l'Hegire  de  grandes  courfes  en  Gallice. 

L'an  177  de  l'Hegire,  il  prit  Gircjpe  &  Narbonne  fur  les  Chrétiens;  mais  il 
ne  garda  pas  long-tems  la  féconde  d'où  les  François  ou  Gafcons  le  chalferent 
avant  fa  mort,  qui  arriva  l'an  179  de  l'Hegire,  après  qu'il  eut  été  défait  par 
Alphonfe,  Roy  de  Gallice,  &  des  Afturies. 

C'efl  cet  Hefchâm  qui  acheva  la  fuperbe  Mofquée  qu'Abdalrahman  avoit  com- 
mencée dans  la  ville  de  Cordoue;  il  y  fit  conftruire  aulîî  un  fécond  pont,  &  l'on 
dit  qu'il  fe  fervif  dans  ces  bàtimens  des  Chrétiens  qu'il  faifoit  venir  de  la  Gaule 
Narbonnoife  pour  y  travailler.  Il  eut  pour  fuccefTeur  Hakem ,  premier  du  nom , 
duquel  on  a  déjà  parlé. 

HESCHAM,  fécond  du  nom,  fils  de  Hakem,  auflî  fécond  du  nom  ,  a  été  le 
dixième  Khalife  de  la  race  des  Ommiades  en  Efpagne.  Il  fucceda  à  fon  père 
i'an  366  de  l'Hegire,  de  J.  C.  975,  âgé  de  dix  ans,  &  huit  mois  feulement. 

Il  eut  pour  Gouverneur  &  Régent  de  fes  Etats  un  Ebn  Amer  qui  avoit  la 
quahté  de  Hageb,  ou  de  Grand  Chambellan,  &  qui  dans  la  fuite  porta  le  titre 
d'Almanfor,  à  caufe  des  grandes  viéloires  qu'il  remporta  fur  les  Efpagnols,  & 
fur  les  Arabes  rebelles  qui  fe  foûlevoient  de  tems  en  tems. 

Ce  Prince ,  après  trente-trois  ans  de  règne  qu'il  avoit  pafTés  dans  une  entière 
dépendance  de  ceu.x  qui  prcnoient  la  qualité  de  Hageb  dans  fa  Cour,  tomba  en- 

Hh  î  lin 


a^^  H  E  S  C  H  I  AM. 

fm  entre  les  mains  d'un  Almahadi  qui  l'enferma  dans  un  lieu  fort  fecret,  &qu!- 
fit  courir  le  bruit  qu'il  écoit  mort  ,  en  faifant  même  enterrer  un  autre  pour 
luy  dans  le  tombeau  de  fes  predecciieurs. 

Mais  Almahadi,  après  avoir  joïiy  quelque  tems  de  la  puiirance  fouveraine,  ne 
put  pas  fe  défendre  d'une  grolle  fitîion  d'Arabes  qui  s'éleva  contre  luy.  Ceux- 
cy  refolurent  de  rétablir  Hefchâm  fur  le  trône ,  qui  ne  manqua  pas  de  fe  défaire 
auflî-tùt  d'Almahadi,  &  d'envoyer  fa  tête  à  Soliman  fon  neveu,  lequel  pendant 
fa  prifon,  av^oit  pris  le  titre  de  Roy  à  la  faveur  des  Arabes  de  la  campagne. 

Hefchâm  étant  remonté  fur  fon  trône ,  fit  Al  Ameri  fon  Hageb ,  ou  premier 
Miniitre  :  mais  les  habitans  de  Tolède  s'étant  révoltez  contre  luy ,  &  ayant  pro- 
clamé Roy  Obeidallah,  fils  d'Almahad,  &  ceux  de  Cordoue  ayant  auffi  appelle' 
Soliman  fon  neveu ,  il  fut  obligé  d'en  defcendre  uoe  féconde  fois ,  &  de  palfer 
en  Afrique.  Soliman  alors  fut  reconnu^  pai*  tous  les  Arabes  d'Efpagne  pour  le. 
feul  Roy  &  Khalife  légitime. 

HESCHIAM  Ben  Abdalmalek,  dixième  Khalife  de  la  race  des  Ommiades^ 
fucceda  à  fon  frère  lezid,  &  fut  le  quatrième  fils  d'Abdalmalek  qui  joiiit  du 
Khalifat.  Il  remporta  plufieurs  viftoires  fignalées  fur  le  Roy  du  Turkefiian  nom- 
mé ,  ou  plutôt  furnommé  Khacan  ,  lequel  fut  tué  dans  un  combat  par  Aifad  ,- 
fils  d'Abdallah  General  de  fes  armées.  Il  défit  aufli  Zcid ,  petit-fils  de  Houlfain, 
fils  d'Ali,-  lequel  avoit  été  proclamé  Khalife  dans  la  ville  de  Coufah. 

La  durée  de  fon  règne  fut  de  dix-neuf  ans,  &  huit  ou  neuf  mois  ;  car  une- 
efquinancie  le  fuffoqua''  l'an  de  l'Hegire   125,  de  J.  C.  842.     Khondcmir. 

Mohammed,  ou  Ahmed  Ebn  Sirin  ,    l'Auteur  des  Oneirocritiques  en  Arabe, 
qu'Ebn  Schohnah  dit  avoit  été  fils   d'Abdaluns ,   fils  de  Malek  ,  vivoit  fous  le- 
règne  de  ce  Khalife. 

Cet  Auteur  a  traduit  Artcmidore  ,  &  a  ajoute  beaucoup  de  fes  obfervations 
particulières  à  l'original.     Voyez   le  titre  de  Taâbir. 

Hefchâm  a  pafie  dans  l'hilioire  pour  un  Prince  des  plus  avares.  Khondemir 
dit  qu'il  gardoit  luy-même  les  clefs  de  fes  trefors  ,  &  generalemeut  de  tous  ks 
coffres;  de  forte  qu'on  eut  de  la  peine  à  prouver  un  linceul  pour  fenfevelir, 
parce  que  tout  étoit  enfermé  fous  la  clef.  II  aimoit  cependant  extrêmement- 
les  chevaux,  &  en  nourriflx)it  jufqu'à  quatre  mil  dans  fes  écuries.  Il  étoit  lou- 
che, mais  d'une  manière  qui  luy  lieoit  bien.  Ben  Schohnah  appelle  ce  défaut^ 
Ahoval    bein  haoval  ,  entre  le   louche  &   le  bigle  ,  nous  dirions  en  François 

Louchet.  • 

Ebn  Amid  parlant  de  fon  avarice  dit  qu'il  avoit  fept  cent  coffres  pleins  de 
meubles,  de  linges  &  d'habits  qui  étoient  tous  fcclle.z  de  fon  fceau,  &  que  l'on 
ne  trouva  pas  à  fa  mort  de  quoy  l'enfevelir. 

Le  même  Auteur  dit  que  Hefchâm  ayant  donné  le  commandement  de  fes  ar- 
mées  à  deux  de  fes  enfans,  les  envoya  faire  la  guerre  aux  Romains,  c'ell-à-dire , / 
aux  Grecs ,  &  que  l'Empereur  Conllantin  ,  c'étoit  le  fils  de  Léon  Ifaurique, 
furnommé  Copronyme,  étant  venu  au  devant  d'eux  avoit  été.  enveloppé,  dé- 
fait, &  pris  prifonnier,  ce  qui  eft  tout -à- fait  contraire  à  ce  que  les  Hiftoriens 
Grecs  &  Latins  rapportent  de  cet  ÏLmpereur. 

Hclcl-jâm  eut  pour  fucceffeur  Valid   fon  neveu,  fils  d'Iczid  fon  predecciîeur. 
qui  l'avoit  ainfi  ordonné  au  préjudice  des  propres  enfans  de  Hefchâm. 
"Sous  le  Khalifat  de  Hefchâm  le  pays  qui  comprend  la  côte  Occidentale  de  la. 

mt-r 


H  E  s  s  A  B.        H-  I  R  A  H.  24^ 

mer  Cafpienne,  où  cfl  la  ville  de  Derbend  au  pied  du  mont  Caucafe,  fut  con- 
quis par  les  Arabes.  Ce  pays  fait  une  partie  du  Schirvan  ,  &  eft  appelle  en 
particulier  par  les  Arabes  Serir  aidheheb ,  le  pays  du  trône  d'or.  l''oyzz  ce  titre. 
Le  trait  de  ce  Khalife  ell  mémorable  touchant  la  pieté;  car  un  de  fes  enfans 
ne  s'étant  pas  trouvé  à  la  Molquée  faute  de  monture ,  il  luy  dit  d'un  ton  fort 
fevere  qu'il  y  devoit  venir  à  pied  ,  &  luy  défendit  en  môme  tems  de  marcher 
autrement  pendant  un  an. 

HESSAB,  un  Nombre,  &  la  fcience  des  nombres,  l'Arithmétique,  &  l'art 
fuperftiticux  de  deviner  par  les  nombres. 

Il  y  a  parmi  les  Arabes  un  livre  fuppofc  d'Ariftote ,  qui  ell  une  lettre  de 
ce  Pnilofophe  à  Alexandre  intitulé  Heffdb  al  galeb  u  almagloitb^  pour  connoitre 
par  la  fupputation  des  nombres  qui  doit  être  le  victorieux  &  le  vaincu  dans  un 
combat.     Ce  Manulcrit  ell  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n^.  670. 

Samâni  a  compofé  un  ouvrage  intitulé  Adab  fi  ejlêmdl  al  Hafeb^  des  qua'itcz 
d'un  bon  cômputifte. 

HelTabiât  u  Khathâin,  "la  Règle  des  fauiTes  polltions, 

Elliab  fil  Helfâb,  traité  d'Arithmétique,  loyez  ce  titre,  ^  celui  ^Ellecfa  fil 
gebr  u  mocabelah  qui   efl  un  traité  d'Algèbre, 

Le  célèbre  Docleur  Hendovani,  duquel  on  a  parle  cy-deiï'us,  difoit  qu'il  avoit 
trouvé  un  Doflcur  à  Bokhare,  cà  fçavoir,  Meidani,  &  un  demy  Docteur  nom- 
mé Ben-  Fadhl,  qui  étoit  cependant  fort  efiimé  ;  mais  Hendovani  le  qualifioit 
ainfi ,  parcequ'il  ne  fçayoit  pas  êlm  al  héifabiât ,  la  fcience  des  nombres.  Ce 
jugement  de  Hendovani  fit  que  Ben  Fadhel  s'y  appliqua,, &  y  devint  trés-habile. 

l^^oyez  aufi  le  titre  dz  Diophantous  dont  l'Ouvrage  fur  les  nombres  a  été  tra- 
duit en  Arabe,  fans  parler  de  beaucoup  d'autres,  entre  lefquels  il  s'en  rencontre 
un  grand  nombre  de  fuperûitieux. 

H  IRA  H.  Au  tems  que  les  Molouk  Thaovaif  qui  font  les  fuccelTeurs  d'Alex- 
andre le  Grand ,  regnoient  dans  la  Perfe  ,  Malek  fils  de  Faham  de  la  tribu  ou 
famille  d'x\zed,  &  de  la  ppilerité  do  Cahelan,  fils  de  Saba ,  Roy  de  llcmen  , 
s'écablit  dans  l'Iraque  ou  Chaldée  ,  &  y  bâtit  la  ville  de  Hirah  à  deux  lieues  de 
Coufah,  où  après  avoir  régné  quelque  tems,  il  eut  pour  fuccelfeur  fon  frère 
nommé  Amrou. 

Giodhairaah  fils  de  Mtilek  fucceda  à  Amrou  fon   oncle",  &  il  fut  furnommé 
Al  Abras ,   parce   qu'il   étoit   lépreux.      Ce  Prince   eut  une  fœur  nommée  Ra- 
cafch  ,   qu'il  maria  étant  yvre  ,  à  un   Arabe  nommé  Adi,  fils  de  Nalfer,  do  la. 
famille  des  Lakhmites,  dans  laquelle  le  Royaumo  de  Hirah  pafFa  dans  la  fdte' 
quoy  que  Giodhairaah  le  fiât  repenti  de  ce  mariage,  &  qu'il  n'y  confentit  après', 
qu'avec  peine. 

Il  y  a  eu  plufieurs  Princes  de  cette  famille  des  Lakhmites  qui  ont  fuccedé 
les  uns  aux  autres  dans  le  Royaume  de  Hii-ah  ,  entre  lefquels  Amrilcais ,  & 
Nooman  font' célèbres. 

Tous  ces  Roys  font  appeliez  par  les  /Vrabes  AI  Monadherah,  c'cll-à-dire ,  les- 
Mondars  ou  Mondirs,  à  caufe  que  tous  portèrent  le  nom  de  Mondar  avce  quel- 
que furnom  particulier.    '[Jn  des  derniers  fut  chalîe  par  Cobad  Roy  de  Perfe    à 
caufe  qu'il  refula   dembraifcr  la   fefte   de   l'Impofleur  Mazdak  ,   de  laquelle 'ce 
Prince  faifoit  profeffion.;  mais  il  fut  rétabli  par  Noufchirvan  fils  de  Cobr.d ,  i^ . 

H  h  3.  eut. 


245  HIT.         H  î  T  H  r. 

eut  pour  fuccefTeur  Amrou  fon  fils,  qui  fut  furnommé  Modhareth  al  hegiarat, 
fous  lequel  naquit  Mahomet. 

Amrou  eut  trois  luccelfeurs  dont  le  dernier  fut  dépouillé  par  Khaled  fils  de 
Valid,  Capitaine  gênerai  de  l'armée  des  Mufulmans.  Tous  ces  derniers  Roys  de 
Hirah  n'étoient  proprement  que  des  Lieutenans  généraux,  &  Gouverneurs  pour 
les  Ro3's  de  Perfe  qui  avoient  fubjugué  leurs  Etats ,  de  la  même  manière  que 
les  Roys  Arabes  de  Gaflan  en  Syrie,  l'étoient  des  Empereurs  Grecs,  avant  que 
la  Syrie  fût  conquife  par  les  Mufulmans. 

Ces  fuccefieurs  d' Amrou  portèrent  tous  trois  le  nom  de  Noôman  -  Khofroes, 
Noufchirvan  tua  en  bataille  un  des  trois  que  l'on  appelloit  Aboul  Cabous  pour 
le  diftinguer  des  autres. 

La  ville  de  Hirah  fut  ruinée  par  Sàad  Ben  Abi  Vacas  l'an  17  de  l'Hegire , 
fous  le  Khalifat  d'Omar ,  &  ne  s'eft  point  relevée ,  ny  rebâtie  depuis  ce  tems-là. 

Les  derniers  Roys  de  Hirah  aufli-bien  que  la  plupart  de  leurs  fujets  étoient 
Chrétiens.  Le  JudaiTme  avoit  fait  aufll  de  fort  grands  progrez  dans  tout  ce 
pays-là,  au   tems  de  Mahomet.    Novairi  a  écrit  l'hifioirc  de  ces  Roys. 

Le  Palais  ou  Château  connu  des  Arabes  fous  le  nom  de  Khaovarnak  ,  qui 
étoit  l'ouvrage  de  Noôman,  fils  de  Monder  Roy  de  Hirah,  avoit  été  bfiti  dans 
cette  ville,  &  non  dans  celle  de  Coufah,,  comme  quelques-uns  l'ont  écrit. 

Ishak  père  de  Honain  étoit  natif  de  Hirah,  du  nombre  de  ces  Chrétiens  que 
l'on  appelloit  Ebad,  c'ell-à-dire.  Serviteurs  de  Dieu,  parce  qu'ils  s'étoient  reti- 
rez aux  environs  de  cette  ville  pour  avoir  un  exercice  plus  libre  dé  leur  reli- 
gion, lohanna  Ebn  Mafoviah  dit  par  reproche  à  Honain  qui  le  fervoit,  que  la 
Médecine  n'étoit  pas  faite  pour  les  gens  de  fon  pays. 

HIT,  nom  d'une  ville  de  la  Province  nommée  en  Arabe  Erac,  qui  eft  l'Ira- 
que,  ou  Chaldée.  Elle  eft  fituée  fur  un  des  bords  de  l'Euphrate,  lequel  en  fe 
courbant  regarde  le  Septentrion,  &  elle  u'eft  éloignée  de  la  ville  de  Cadefie 
où  fe  donna  ce  grand  combat  qui  décida  de  la  fortune  de  Perfe,  que  de  huit 
parafanges  qui  font  feize  de  nos  lieues  communes. 

Cette  ville  a,  félon  les  Géographes  Orientaux,  deux  chofes  remarquables.  La 
première  eft  une  fontaine  ou  fource  de  Naphthe  que  les  Perfans  appellent 
Tchechmeh  Kir,  Fontaine  de  poix.  Les  Turcs  pour  diftinguer  la  Naphthe  de 
la  poix ,  l'appellent  Carah  fakiz ,  du  maftic  noir.  La  féconde  chofe  que  les 
Mahometans  trouvent  confîderable  à  E^it  eft  le  fepulcre  d'un  Mufnlman  dont 
la  fainteté  eft  en  grande  réputation  chez  eux  ;  il  s'appelloit  Abdallah  ,  fils  de 
Mobarek. 

L'Auteur  de  la  Géographie  Pei-fienne  dans  fon  troifième  climat ,  dit  que  la 
Naphthe  fort  des  fontaines  de  terre,  comme  l'Ambre  gris  fort  de  celles  de  la. 
mer.  f^oyez  aiijft  Edriiîi  dans  la  partie  feptième  du  premier  climat.  Ces  Auteurs 
difent  que  ce  fut  avec  cette  Naphte,  ou  efpece  de  Bitume,  que  l'on  bâtit  les 
tours,  &  les  murailles  de  la  ville  de  Babel  ou  Babylone.  Oioun  Hit,  les  fon- 
taines de  Hit  d'oij  fortoit  cette  Naphthe  ,  font  célèbres  parmy  les  Arabes  ,  & 
parmy  les  Perfans. 

HITHI,  nom  ou  plûtoft  titre  de  l'Empereur,  des  Abilîins,  comme  autrefois 
Pharaon  &  Ptolomée  étoit  le  nom  ou  titre  gênerai  des  Roj^s  d'Egypte:  Cepen- 
dant il  eft  appelle  dans  l'Alcoran  Negiafchi  qui  vient  de  l'Ethiopien  Ncgioufcho 

qui 


H  I  V  A  T.  H  O  B  B.  24^ 

fjui  fignifîe  Roy.    C'efl:  de  ce  nom  que  s'cil  formé  ccluy  de  Negus   que  nous 
donnons  à  ce  Prince. 

HIV  A  T.  Voyez  le.  titres  de  Haiat  qui  fignifie  la  Vie.  Hivat  al  haivan  efl 
l'ouvrage  de  l'hiiloire  des  animaux  ,  compofée  par  Demiri  :  Il  y  en  a  deux 
éditions,  l'une  nommée  Cobra,  la  grande,  &  l'autre  Sogra,  la  petite. 

HOBAIRAH,  nom  propre.  Cafr  Ebn  Hobairah  ,  Château  ou  Ville  bâtie 
dans  riraque  Arabique  par  Abou  lezid  Ben  Amrou  Ben  Hobairah.  Voyez  le 
titre  de  Cafr.  Il  efl  dans  le  troifième  climat,  &  non  pas  dans  le  quatrième, 
comme  l'on  a  marque  dans  le  titre  de  Cafr. 

Abou  ModhafFer  lahia ,  dit  Ebn  Hobairah  ,  cil  l'Auteur  d'un  livre  intitulé 
Ejchràf  âla  medhaheb  al  afchrdf,  qui  efl  un  traité  fur  les  quatre  feftes  reconnues , 
&  reçues  comme  Orthodoxes  par  les  Mufulmans.  Il  a  auiîî  abrégé  le  livre  qui 
porte  le  nom  (ïEkhteldf  al  êlatm,  des  diverfes  opinions  des  Dofteurs  Mahome- 
tans.  Cet  Auteur  porte  la  qualité  de  Vizir.  Il  mourut  fous  le  KhaUfat  de 
Moftafi  l'an  555  de  l'Hegire. 

HOBAISCH  Ben  Aâillun  ,  Neveu  de  Honain  Betf  Ishak,  lequel  conjointe- 
ment avec  Honain  a  traduit  beaucoup  de  livres  Grecs  &  Syriens  en  Arabe.  Il 
y  en  a  même  plufieurs  de  fa  façon,  qui  font  attribuez  à  Honain  fon  oncle. 

Il  y  a  eu  un  Ebn  Hobaifch  Aboulfadhl  qui  a  excellé  dans  la  Médecine.  Il 
étoit  Médecin  à  Teflis ,  ville  capitale  de  la  Géorgie  ;  c'ell  pourquoy  on  le  nom- 
me ordinairement  Al  Thabib  Al  Taflilïï. 

Hobaifch  efc  le  diminutif  de  Hobafch,  qui  fignifie  un  petit  Abilîîn,  &  un  Coq 
de  Numidie  que  les  Latins  appellent  Meleagris  ,  &  les  François  ,  Coq  d'Inde. 
Voyez  Hobafch. 

HOBAL,  Idole  des  anciens  Arabes  entouré  de  360  autres ,  plus  petits  qui 
reprefentoient  les  Divinitez  qui  pouvoient  être  invoquées  comme  prefidentes  à 
chaque  jour  de  l'année.  Cet  Idole  fut  renverfé  par  Mahomet  après  qu'il  fe 
fut  rendu  maître  de  la  Mecque. 

Ebn  Hobal ,  Médecin  célèbre  de  Bagdet,  Auteur  du  livre  intitulé  MokJitdry 
c'ell-à-dire.  Recueil  de  matières  choifies  fur  la  Médecine.  Il  mourut  l'an  610 
de  l'Hegire.     On  l'appelloit  autrement  AboulhalTan  Ali  Ebn  Ahmed. 

HOBASCH,  efl  le  même  que  Hobaifch.    Aboulfadhl  Ben  Ibrahim  Al  Taflifïï ' 
efl  auffi  nommé  Hobafch.     Il   a  compofé  le  livre  intitulé  Beian  al  iiogioum  qui 
efl  une  Théorie,  ou  Defcription  des  étoiles  fixes  &  errantes.   On  a  auffi  de  luy 
un  livre  de  Morale  fous  le  nom  de  Catwun  al  abad. 

H  O  B  B  &  Hobbat  Allah ,  l'Amour  de  Dieu.  On  lit  au  fécond  chapitre  de 
l'Alcoran  ces  paroles ,  Falladhin  amanou  afchodd  hobban  lelali.  L'Amour  pour  Dieu 
de  ceux   qui  croyent  eji  le  plu;  difficile. 

Houflain  Vaêz  rend  la  raifon  de  cette  difficulté  en  difant  que  l'Infîdele  voit, 
&  aime  ce  qu'il  voit  ;  mais  le  Fidèle  aime  ce  qu'il  ne  voit  pas  :  &  de  plus , 
c'ell  que  l'homme  ne  peut  aimer  Dieu  ,  fi  Dieu  ne  l'aime  auparavant  ,  fuivant 
ee  qui  efl  dit  dans  un  autre  verfet  Johebhom  u  iohebounho.  Dieu  les  aime ,  if 
ils  raimerout.. 

11 


^48  H  0  D  H  A  I  L.  H  0  L  A  G  U. 

Il  dit  enfuite  métaphoriquement,  que  fi  la  femence  du  premier  amourn'a  été 
iettée ,  la  plante  du  fécond  ne  germera  point  ;  &  un  autre  Dofteur  myflique 
dit  :  C'efl  un  trait  du  regard  de  cet  amy  qui  m'a  frappé  ,  avant  que  mon  œil 
fe  foit  tourné  vers  luy:  expreflion  qui  paroît  être  tirée  du  Cantique  des  Can- 
tiques.    II  faut  voir  fur  le  fujet  de  Famour  de  Dieu  le  titre  Efchkallah. 

H  O  D  H  A I  L.     Voyez  le  titre  de  Zafr  ou  Zafar, 

HODOUD,  les  Définitions  des  chofes.  Hadd  ou  Hodcud  al  dcl  ,  Ouvrage 
dans  lequel  on  trouve  les  définitions  principales  de  tout  ce  qui  regarde  la  reli- 
gion &  la  pieté.    Il  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n^.  723. 

HO  F  F  AD  H.  Plurier  de  Hafedh,  l^oyez  le  titre  Thabacdt  al  hoffadh,  Hi- 
ftoire  de  ceux  qui  ont  confervé  &  communiqué  aux  autres  les  traditions  reçues 
de  Mahomet:  Dhahabi  en  eft  l'Auteur. 

HOGGIAH  &;  Heggiah ,  Sentence  decifive  d'un  procez  ,  Preuve  convain- 
quante &  demonftrative.  Mohammed  Al  Gazali,  Docteur  infigne  parmi  les  Mu- 
fulmans,  a  été  qualifié  du 'titre  de  Hoggiat  al  eflàm  qui  fignifie  la  preuve  &  la 
décifion  du  Mufulmanifme,  c'eft-à-dire,  le  Docteur  le  plus  decifif. 

Ce  mot  efl  auffi  devenu  un  nom  propre.  Takieddin  Abubecr  Ali  Al  Ha- 
maovi  eft  aufll  furnommé  Ebn  Hoggiah.  Il  eft  Auteur  d'un  Ouvrage  intitulé 
Bediah ,  Chofe  nouvelle ,  que  l'on  nomme  encore  Tacdim  Aboubecr  ,  &  d'un 
autre  qui  porte  le  nom  de  Thamardt  al  aourâk  fil  mohadlurdt ,  \qs  fruits  des 
feuilles  fur  les  contentions  litigieufes,  &  fur  les  difputes.  Le  premier  de  ces 
Ouvrages  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n^.  1078,  &  le  fécond  au  n°.  1155, 
le  mot  de  feuilles  fe   prend  pour  celuy  de  livre. 

Il  y  a  encore  dans  la  même  Bibliothèque  n\  1135,  un  Enfcha  du  même  Au- 
teur ,  qui  eft  un  Formulaire  fort  ample  de  lettres  patentes  des  Princes ,  &  de 
mifïives  des  particuliers. 

HOGIENDI,  furnom  de  Borhancddin  Ibrahim,  Ben  Ahrae.l  Al  Medcni  qui 
eft  Auteur  d'un  Commentaire  fur  ïqs^  Arbàin  ou  Quarante  Traditions.  Il  mou- 
rut l'an  851  de  J'Hegire. 

HOLAGU,  cinquième  Empereur  des  Mogols,  étoit  fils  de  Tuli  Khan,  qua- 
trième fils  de  Genghizkhan  ,  •&  fucceda  à  fon  frère  Mongaca,  ou  Mangu  Caan, 
Il  fut  furnommé  Ilkhan,  &  c'eft  de  lui  que  defcend  la  branche  ou  dynaftie  des 
Mogols  nommée  Ilekhanienne. 

Il  partit  de  Cara  moram  en  Turkeftan,  où  Mangu  Caan  faifoit  fa  refidence, 
&  pafîa  dans  l'Occident,  c'eft-^-dire ,  en  Perfe  l'an  651  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1253, 
avec  une  armée  que  fon  frère  lui  donna  ,  compofée  de  l'élite  de  tous  les  au- 
tres camps  des  Mogols ,  dont  on  avoit  tiré  deux  foldats  par  dixaine.  Il  con- 
quit avec  ces  troupes  tout  ce  que  nous  appelions  aujourd'huy  laPerfe,  la  Syrie, 
la  Chaldée,  la  Mefopotamie  &  une  grande  partie  de  la  Natolie;  car  ce  fut  fous 
Mangu  Caan,  &  n'étant  eftcore  que  particulier,  qu'il  fit  ces  grandes  conquêtes. 

Il  les- commença  par  l'extermination  de  cette  fefte  deteftable  des  Ifmaëliens 
de  l'Iran,  aufqucls  on  ne  donnoit  point  d'autre  nom  que  celui  de  Molahedah, 
£'eft-à-dire,  d'impies,  &  il  dépouilla  leur  Prince,  nommé  Rocneddin  Khuz  fchah, 

de 


H  O  L  A  G  U.  14^ 

de  tous  les  châteaux  qu'il  polTedoit  dans  le  Gebdl  ,  ou  la  Montagne,  qui  cfl: 
riraque  Perfienne ,  ancien  pays  des  Paithcs,  licus'  foits  &  bien  munis  de  toutes 
choies.  Cecy  arriva  l'an  654  de  l'Hegire  ;  car  Holagii  navoic  puii'é  le  fieuve 
Gihon  ou  Ox'us  qui  fepare  l.i  Perfc  du  ïuikeftan ,  qu  en  Tan  653  ,  dans  lequel 
il  écrivit  au  Khalife  qù'il^ui  envoyât  des  troupes  pour  forcer  ces  rebelles 
dans  leurs  montagnes. 

Après  la  défaite  des  Ifmaëiiens,  Holagu  avoit  dcflein  de  venir  par  la  Natolie 
droit  à  Conllantinople;  mais  Naffired.lin  AlThouffi,  ce  fameux  Adronome,  qui 
drelTa  enfuite  les  tables  Ilekhanicnncs  fur  les  obfervations  qui  fe  firent  à  Ma- 
ragah  fous  l'autorité  du  même  Prince,  l'en  dilfuada  ,  &  lui  confcilla  de  porter 
fes"  armes  contre  le  Khalife  Moftlaliem  duquel  il  ctoit  mal  fatisfait  en  fou 
particulier. 

L'an  6s S  de  l'Hegire ,  Holagu  s'approcha  de  Bagdct ,  &  écrivit  au  Khr.life 
pour  lui  reprocher  le  refus  du  fecours  qu'il  lui  avoit  demandé  contre  les  Ifmaë- 
liens,  ennemis  déclarez  de  la  religion  Mufulmane,  &  par  confequent  du  Khalife. 

Les  principaux  Officiers  du  Khalife  ayant  fait  faire  une  réponfe  très-injurieUiC 
à  fes  lettres,  &  l'ayant  même  menacé  de  la  colère  de  Dieu,  &  de  celle  du  Kha- 
life pour  avoir  ofé  mettre  le  pied  fur  fes  terres,  Holagu  qui  connoiifoit  fes  for- 
ces, &  celles  du  Khalife,  ne  fut  pas  moins  indigné,  qu'irrité  de  leur  infolence, 
&  commanda  à  fes  Généraux  de  marcher  des  deux  cotez  du  Tigre  pour  affieger 
le  Khalife  dans  Bagdct. 

Il  faut  remarquer  ici  que  cette  année  6ss  de  l'Hegire  qui  répond  à  la  1257 
de  J.  C.  cft  marquée  par  les  Orientaux  pour  celle  dans  laquelle  Conftantinople 
fut  recouvrée  par  les  Grecs  fur  les  Latins,  quoyque  plufieurs  de  nos  Hiftoriens 
ne  la  mettent  que  ^inq  ans  après. 

Ahmed  Ben  Mohammed  Ben  Abdalgaffâr  Al  Cazuini  rapporte  dans  fon  Ni- 
ghiariftan  ,  au  fujet  de  la  prifc  de  Bagdet ,  &  de  la  fin  miferable  du  Khalife 
Moftâaircm,  qu'un  an  avant  la  prife  de  Bagdet  par  Holagu,  c'cfl-à-dire,  l'an 
65s  de  l'Hegire,  il  y  avoit  un  Gouverneur  dans  la  ville  d'Idcoubah  ,  ou  d'A- 
coubah,  qui  n'efl:  pas  beaucoup  éloignée  de  cette  capitale,  qui  avoit  accoutumé, 
félon  l'ufage  afll'Z  ordinaire  du  Levant,  de  fe  faire  gratter  les  pieds  pour  s'en- 
dormir. 11  em^loyoit  à  cet  ufage  un  de  fes  efclaves  nommé  Atoudeh  Ben  Am- 
rdn,  lequel  s'étant  un  jour  endormy  en  faifant  cet  office,  fon  maître  lui  donna 
un  coup  de  pied  pour  le  reveiller. 

Ebn  Amrân  s'étant  rcveilié,  demanda  pardon  à  fon  maître  ,  &  lui  dit  qu'il 
avoit  fongé  en  dormant  que  la  Mailbn  des  Abbaffides  étoit  fur  le  point  de 
tomber,  &  d'efchve  qu'il  étoit,  il  deviendroit  maître  de  f£tat  des  Khalifes,  & 
de  la  ville  de  Tagdet. 

Le  Gouverneur  fe  mocqua  du  fonge  de  fon  efclave;  cependant  Holagu  étant 
venu  l'année  fuivante  mettre  le  fiegc  devant  Bagdet,  les  Mogols,  ouTartares, 
dont  le  nombre. croiffbit  tous  les  jours,  firent  un  tel  dégât  aux  environs,  que 
le  pays  fut  en  peu  de  tcms  entièrement  ruiné,  en  forte  qu'à  peine  y  pouvoit- 
on  trouver  {le  l'herbe  ;  car  pour  l'orge  &  la  paille ,  on  n'en  p<arloit  plus. 

L'armée  des  Tartarcs  qui  ne  confi'ltoit  qu'en  Cavalerie,  n'ayant  plus  de  quoy 
fubfifler ,  Holagu  eût  été  obligé  de  lever  le  fiege ,  &  de  fe  retirer  avec  honte , 
&  perte,  fans  la  trahifon  dont  nous   allons  parler. 

Ebn  Arardn  fe  trouv^oit  pour  lors  du  nombre  des  aiïïegez  dans  Bagdct,  & 
il  n'eut  pas  plutôt  appris  l'état  de  l'armée  des  ennemis,  que  par  un  billet  qu'il 

Tawfi  IL  I  i  écrivit 


^So  H  0  L  A  G  U. 

écrivit  &  attacha  au  bout  d'une  flèche,  qui  ftit  enfuite  tirée  dans  le  camp  des 
ennemis,  il  fit  fçavoir  à  Holagu  que  s'il  vouloit  demander  au  Khalife  qu'il  4ui 
envoyât  un  nommé  Ebn  Amran  qui  lui  avoit  écrit  ce  billet ,  il  trouveroit  le 
moyen  de  faire  fubfifter  ailément  toute  fon  armée  un  mois  entier. 

Holagu  fur  cet  avis  ne  manqua  pas  d'envoyer  ^leniander  cet  homme  au 
Khalife  Moftâaffcm.  Ce  Prince  qui  fc  trouvoit  réduit  à  une  telle  extrémité, 
que  fi  on  lui  eût  demandé  fon  propre  fils  ,  il  l'auroit  accordé ,  fit  chercher  ce 
Ben  Amran  avec  tant  de  diligence  qu'ayant  été  enfin  trouvé,  il  le  lui  envoya 
auffi  -  tôt. 

Cet  cfclave  étant  arrivé  au  camp  des  ennemis,  fut  conduit  devant  Holagu, 
&  lui  découvrit  qu'il  y  avoit  des  puits  dans  la  ville  d'iàcoubah  où  Ton  avoit 
ferré  une  prodigieufe  quantité  de  grains.  Cet  avis  qui  étoit  fidèle,  fit  que  les 
Tartares  affamez  trouvèrent  de  quoy  fubfifler  &  qu'ils  emportèrent  de  force 
cette  grande  ville  qui  fut  pillée  &  ruinée  entièrement  l'an  6^6  del'Hegire,  de 
J.  C.  1258. 

Holagu  qui  devoit  la  prife  de  Bagdet  à  la  trahifon  d'Ebn  Amran  ,  crut  ne 
pouvoir  mieux  recompenfer  cet  efclave  qu'en  luy  donnant  le  gouvernement  de 
la  même  ville,  &  de  fes  dépendances:  ainfi  fe  vérifia  le  fonge  qu'Ebn  Amran 
avoit  fait  Tannée  précédente.  Foyez  la  mort  du  Khalife  ,  &  l'extinélion  du 
Khalifat  dans  le  titre  de  Mofiiâaflem. 

La  priié  de  Bagdet  fut  bien-tôt  fuivie  de  celle  de  Mouffal  ou  Moful,  &  de 
toute  la  Mcfopotamie ,  car  Bedreddin ,  qui  en  étoit  Sultan ,  n'attendit  pas  que 
les  Mogols  fe  prefentaffent  devant  fa  place  ;  il  alla  rendre  en  perfonne  fès 
hommages  h  Holagu,  lequel  peu  de  tcms  après  fit  jetter  des  ponts  fur  l'Euphrate, 
&  paffi  en  Syrie. 

Ce  fut  dans  ce  tems-là  qui  efl  l'an  657  de  l'Hegire ,  que  Holagu  fucceda 
dans  l'Empire  des  Mogols  à  Mangu  Caân  fon  frère,  décédé  dans  l'Orde  de 
Genghizkhan  à  Caramoram,  ville  du  Turkeilan,  &  ce  fut  dans  la  même  année- 
qu  il  prit  aufli  les  villes  de  Damas  &  d'AIep  qui  furent  toutes  deux  defolées. 

Après  la  conquête  de  la  Syrie,  Holagu  voulut  aller  donner  ordre  aux  affai- 
res de  l'Orient  dont  la  fucceffion  lui  étoit  échue  :  pour  cet  effet  il  laiffa  un 
des  Généraux  nommé  Ketboga  avec  un  gros  corps  de  Tartares  dans  la  Syrie; 
mais  ce  General  eut  à  faire  à  un  nouvel  ennemi  qu'il  méprifa.  Cet  ennemi 
futCotouz,  furnommé  Al  Malek  Al  Modhaffer  Seifeddin,  troiCème  Sultan  des 
Mamlucs  Turcs  d'Egypte  ,  lequel  en  l'an  658  ,  donna  bataille  à  Ketboga  ,  le 
défit,  lui  ôta  la  vie,  &  fit  fes  enfans  prifonniers;  ce  qui  fit  retourner  la  Syrie 
fous  la  domination  des  Mufulmans. 

Les  Hiftoriens  remarquent  cette  défaite  des  Tartares  pour  la  première  qu'ils 
euffent  foufferte  jufqu'alors  ;  mais  cette  perte  fut  bien-tôt  reparée  par  le  retoiu: 
de  Holagu  qui  reconquit  la  Syrie  dans  l'année  fuivante  659. 

Quelque' tems  après  cette  féconde  expédition  de  la  Syrie,  Holagu  paffa  dans- 
la  Province  d'Adherbigian  pour  y  prendre  quelque   repos  ,   &   ce   fut-là  qu'il 
affembla  les  plus  grands  Aftronomes   du  Mufulmanifme  ,   aufquels  il  donna  de- 
gros  appointemens,  &  leur  fournit  tous  les  infl;rumens  neceffaires  pour  y  faire 
de  nouvelles  obfervations.    La  ville  de  Maragah  affez  proche  de  celle  de  Tau-: 
ris   fut  choifie  pour  lar  conftru6lion    d'un  Obfervatoire  ,   &   ce  fut  dans  cette 
même  ville  que  Holagu,  Prince  fage  &  intelligent,  mourut  entre  les  bras  de  ces 
grands  hommes  qu'il  avoit  comblés  de  bien-faits,  l'an  de  l'Hegire  663   ou  664 y- 

■  fçIoQï 


H  O  L  A  G  U.  ^^j, 

fclon  quelques  Auteurs,    ce  qui  fe  rapporte  à  l'an  de  J.   C.  12^4  ou  \26s 
après  fix  ans  de  rcgnj  abfolu,  depuis  la  mort  do  ion  frère.  * 

Dughuz  Khatoua  ,  une  des  principales  femmes  de  co  Monarque ,  qui  étoit 
Chrétienne  ,  l'accompagna  dans  toutes  fes  expéditions  militaires  ;  fa  piUdcncu 
&  fa  fciencc  la  firent  beaucoup  confidcrcr  par  fon  mary  qui  lui  donnoit  part 
dans  fes  confeils ,  &  la  mit  par  ce  moyen  en  état  de  procurer  plufieurs  avan- 
tages aux  Chrétiens:  elle  furvcquit  peu  de  tcms  à  Holagu ,  &  fut  enterrée  auarès 
de  luy  dans  la  même  ville  de  Maragah  en   la  Province  d'Adherbigian. 

L'on  dit  que  Holagu  avoit  demandé  en  mariage  la  fille  de  Michel  Paleob^-u?, 
Empereur  de  Conftantinople  qui  avoit  chalFé  les  Francs  de  cette  ville,  camn  e  ■ 
nous  avons  vu  plus  haut:  l'Empereur  Grec  la  luî  envoya;  mais  cette  nouvelle 
epoufe  le  trouva  mort.  11  y  a  cependant  plus  d'apparence  qu'il  favoit  deman- 
dée pour  fon  fils  ;  car  en  cfifet  Abaka  Ilkhdn  qui  fucceda  immediaeeraent  à  fon 
père,  l'époufa  dans  Tannée   664. 

Ben  Schohna'i  fait  le  dénombrement  des  Etats  que  Holagu  laiffa  en  mourant 
à  fon  fils,  &  unique  héritier  Abaka,  ou  Abga  Khan  l'an  663  de  l'Hegiro. 

La  grande  Province  nommée  Khoraffan  dont  la'  capitale  étoit  pour  lors  la 
ville  de  Nifchabour. 

Le  Cebdl  ou  l'iraque  Perfienne,  pays  des  Parthes,  qui  avoit  ix)ur  capitale  la 
ville  d'Ifpahan. 

L'iraque  Arabique  qui  comprend  l'Aflyrie,  &  la  Chaldée,  &  que  l'on  nomme 
auffi  firaque  Babylonienne,  dont  Bagdet  étoit  la  capitale. 

L'Adherbigian  ou  la  Medie  dont  la  capitale  étoit  pour  lors  la  ville  de  Tabriz 
ou  Tauris. 

La  Perfe  proprement  dite  ,  dont  la  capitale  étoit  alors  la  ville  de  Scliirâz, 
autrefois  dite  Cyropolis;  car  Eftekhar  ou  Perfepo^is  étoit  déjà  ruinée. 

Le  Khourellân  ou  Khouziftân  qui  ell  l'ancienne  Sufiane ,  dont  la  capitale 
étoit  Tôlier  ou  Schuiler ,  autrefois  dite  Sufe  de  Perfe. 

Le  Diarbekir  qui  comprend  une  partie  de  l'AflTvrie  ou  Curdillan  ,  &  la  Me- 
fopotamie ,  dont  la  capitale  étoit  MoUiTiI  ou  Mjful ,  bâtie  auprès  de  l'an- 
cienne Ninive. 

Le  pavs  de  Roum  ou  des  Grecs  qui  comprenait  l'Arménie  ,  la  Géorgie,  & 
i'ATie  Mineure  dont  la  capitale  étoit  Conia  qui  ell  l'ancienne  ville  d'iconium 
en  Cappadoce  ,  où  les  Sultans  Selgiucides  avoient  établi  leur  fiege  Royal  ,  & 
d'où  les  Turcs  Ottomans  ont  tiré  l'origine  de  leur   première  grandeur. 

Voilà  ce  que  les  Mogols,  que  nous  connoifTons  mieux  fous  le  nom  de  Tar- 
tares  ,  avoient  conquis  dans  i'^lfie  en  fi  peu  de  tems ,  fans  compter  ce  qu'ils 
avoient  déjà  pri,  dans  les  pays  du  Nord  au  defllis,  &  au  de-là  de  la  mer  Ca- 
fpienne,  en  Mofcovie,  en  Pologne,  en  Moravie  ,  &  dans  l'Orient  le  Tebet, 
&  la  Chine  même  dont  ils  étoient  les  maîtres. 

Le  même  Auteur  a  remarqué  auffi  que  les  Tartares  ne  furent  défaits  qu'une 
feule  fois  pendant  qu'ils  firent  toutes  ces  grandes  conquêtes,  à  fçavoir  par  Ko- 
touz  furnommé  Al  Âlalek  Al  Modhaffer ,  troifième  Sultan  d'Egypte'  de  la  dynafi:ie 
des  Mamlucs  Turcs  ou  Baherites  ;  car  ce  Sultan  remporta  une  viftoire  fignalée 
fur  Ketboga,  Lieutenant  gênerai  de  Holagu  en  Syrie  fan  de  l'Hegire  658,  de 
J.  C.  1259  5  durant  le  règne  de  Saint  -  Louis  ,  comme  nous  avons  déjà  vu 
cy-  deffiw. 

lia  HOLBAT 


«52  H  0  L  B  A  T.  — —  H  O  M  A  I. 

HOLBAT  Al  Cornait,"  traité  du  vin,  &  de  la  débauche  en  25  chapitresy 
dont  la  conclufion  eft  'comme  une  retraélation  de  tout  ce  que  l'auteur  a  dit , 
&  une  deteftation  du  vin  comme  d'une  chofe  défendue  par  la  loy.  Il  eft 
dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n°.  11 82.     l^oyez  Le  titre  de  Heliat. 

HOLVAN,  &  Hulvan  ,  Ville  de  l'Iraque  Babylonienne,  c'eft-à-dire ,  de 
i'Aiîyrie.  ou  de  la  Chaldée,  fituée  à  34  degrez  de  latitude  Septentrionale,  où 
les  Kh.ilifes  venoient  prendre  le  frais  en  été  ;  car  elle  eft  dans  les  montagnes 
qui  fe parent  l'Iraque  i3abylonienne  de  la  Perfienne  ,  dans  laquelle  cependant 
quelques  Géographes  la  mettent. 

Cette  ville  eft  à  quatre  ou  cinq-  journées  de  Bagdet  en  tirant  vers  le  Septen- 
trion: on  tient  que  Cobad,  fils  de  Firouz  Roy  de  Perle  de  la  quatrième  dyna- 
ftie,  appellée  des  Khofroes  ou  des  Saflanides,  en  a  été  le  fondateur  ,  &  les  Tar- 
tares  ou  Mogols  de  Genghizkhan  les  deftruéteurs.  Le  fepuicre  de  Hamzah  y 
eft  fréquenté,  &  vifité. 

Les  Mufulmans  croyent  que  le  Prophète  Elle  qu'ils  tiennent  vivant ,  fait  fa 
demeure  dans  une  montagne  proche  de  liolvan.  l^oyez  le  titre  de  Zerib 
Bar  Elia. 

Holvani  eft  le  furnom  d'Abdalâziz  Ben  Ahmed  qui  a  commenté  le  livre  d'Ia- 
coub  Ben  Ibrahim,  intitulé  yldab  Al  Cadhi^  des  qualitez  que  doit  avoir  un  bon 
Juge.     Cet  Auteur  mourut  l'an  450  de  l'Hegire. 

Selman  qui  a  compofé  des  Amali  ou  des  Diélécs  fur  plufieurs  matières  difit». 
rentes,  &  qui  mourut  l'an  492  de  l'Hegire,  eft  aufîî  furnommé  Holvani. 

HOMACA,  plurier  de  Ahmac  qui  fignifie  en  Arabe  un  Fol,   un  Sot,  un 
Ignorant,  &  ce  que  nous  appelions  en  François  un  Innocent. 
"^Ketab  al  homaca  u  al   mogafelin,   traité  des  fols   &  des  ftupides  ,  Ouvrage 
d'Abulcaftem  Ben  Al  Giouzi  qui  fc  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  n°.  862. 

no  MAI  &  Humai,  mot  Perfien  qui  fignifie  le  plus  noble  oj^feau  que  les 
Orientaux  connoilTcnt.  Les  Perfans  l'appellent  auffi  Bad  Khour  ,  à  caufe  qu'il 
ne  vit,  &  ne  fe  repaît,  à  ce  qu'ils  difent,  que  de  l'air  &   du  vent. 

Il  pourroit  fembler  que  ce  fût  l'oyfeau  que  nous  appelions  de  Paradis,  nom- 
mé par  les  Latins  Majuicodiata ^  fi  plufieurs  Auteurs  Arabes  &  Perfiens  n'aftu- 
roient  que  le  Humai  eft  une  efpece  d'aigle  royale  qui  ne  mange  point  les  au^ 
très  oyfeaux,  &  qui  fe  nourrit  feulement  des  os  qu'elle  trouve.  Saadi  dit  qu'il 
eft  eftimé  le  plus  excellent  des  oyfeaux,  parce  qu'il  ne  fait  mal  à  aucun  animal j 
&  qu'il  fe  contente   de  manger  les  os  qu'il  trouve. 

Il  ne  f^ut  pas  pourtant  confondre  cet  oyfeau  avec  celui  que  les  Perfiens  ap- 
pellent Uftukhan-khour,  le  mangeur  d'os;  car  ce!uy-cy  eft  l'Offifraga  des  Latins 
que  nous  appelions  l'Orfraye,  qui  déterre  les  corps,  &  mange  leurs  os  dans  les 
cimetières  ;  ce  qui  lui  a  fait  donner  aufli  le  nom  à'Avis  Bujîiiaria  chez  les 
Latins. 

'  C'eft  du  nom  de  cette  Aigle  Royale  ou  Hunlai  que.fe  forme  le  mot  de 
Humaioun  qui  fignifie  en  Perfien,  Noble,  Heureux,  Excellent,  &  Augufte,  à 
eaufe  que  l'ombre  faite  par  cet  oyfeau, -en  volant  fur  la  tête  de  quelqu'un,  lui 
eft,  félon  la  tradition  des  Orientaux  ,  un  prognoftique  certain  de  fortune  ,  & 
^c.graudew^   ce  qui  fait  dire   au  mênio,  ^âadi,   que   perfonne  ne  recherchera 

jamais- 


H  O  M  A  r. 

jamais  l'ombre  du  Chathuant,  quand   bien  même  il  n'y  auroit  point  de  Humai 
dans  l'univers. 

HOMAI,  &  Khamani,  furnommée  au/ïï  Tcheherzad,  ell  une  Rcyne  de  Perfe 
qui  tient  le  feptième  rang  dans  la  dynaftie  des  Kaianides.  Elle  étoit  fille  d'Ard- 
fchir  Bahaman,  fixième  Roy  de  la  même  famille,  &  devint  grolTe  du  fait  de 
fon  père  qui  la  déclara  en  mourant  fon  héritière,  julqu'à  ce  qu'elle  accouchût 
d'un  fils   qui  lui  pût  fuccedér. 

Elle  en  eut  un  en  effet  ;  mais  elle  l'ex'pofa  dans  un  coffre  qu'elle  mit  avec  plu- 
fieurs  joyaux  fur  les  bords  du  ficuve  Gihon,  au  tems  de  fa  crue.  Les  eaux  em^ 
portèrent  auflî-tôt  dans  leur  courant  ce  coffre  où  étoit  l'enfant,  &  le  jetterent 
en  un  endroit  où  un  Teinturier  lavoit  fes  étoffes. 

Le  Teinturier  ayant  ouvert  le  coffre,  y  trouva  l'enfant,  qu'il  jugea  être  de 
grande  nailfance  par  les  pierreries  de  prix  ,  que  la  Reyne  y  avoit  mifcs  ,  afin 
que  celui  qui  le  trouveroit  eût  de  quoi  faire  nourrir  fenfant.  Il  en  prit  donc 
un  très-grand  foin,  &  le  nomma  Darâb,  à  caufe  de  cette  avanture.  Foycz  le 
titre  de  Durab. 

Lorfque  cet  enfant  eut  atteint  l'âge  de  puberté,  le  Teinturier  qui  étoic  fon 
père  putatif,  refolut  de  lui  faire  apprendre  fon  métier;  mais  Darâb  avoic  des 
inclinations  bien  plus  nobles ,  &  plus  dignes  de  fa  naifîance.  Il  voulut  porter 
les  armes ,  &  prit  l'occafion  de  la  guerre  que  la  Reine  Homai  faifoit  aux  Grecs 
pour  s'énrôiler  dans  fes  troupes. 

Il  donna  d'abord,  quoique  fort  jeune,  des  preuves  de  fon  courage;  en  forte 
qu'il  fut  dès -lors  diftingué  par  les  Commandans  de  l'armée,  Lorfqu'i'l  fut  plus 
avancé  en  âge,  il  fit  des  actions  d'une  fi  grande  valeur,  que  le  Général,  qui 
remarquoit  en  luy  des  fignes  d'une  naiffance  élevée  au  defllis  de  la  condition 
d'un  fimple  foldat,  crut  en  devoir  donner  part  à  la  Reyne. 

Cette  Pi-inceffe  fit  venir  ce  brave  foldat  en  fa  prefence ,  &  jugea  auGî- 
tofi:  par  fon  grand  air  ,  &  par  fon  âge  qu'il  pouvoit  être  cet  enfant  que 
l'ambition  de  régner  lui  avoit  fait  cxpofer.  Pour  s'en  éclaircir  entièrement, 
elle  fit  faire  une  cxn&s  recherche  de  fon  éducation.  Le  Teinturier  fut  appelle, 
&  déclara  l'avanture  du  coffre  ;  on  reconnut  encore  quelques  joyaux  de  ceux 
que  la  Reyne  y  avoit  mis  ,  &  enfin  fa  naiffance  fut  fi  pleinement  vérifiée, 
qu'il  fut  reconnu  pour  véritable-  fils  d'Ardfchir. 

Homai  fo  mère  qui  avoit  déjà  régné  32  ans,  luy  mit  elle-même  la  couronne 
de  Perfe  qui  lui  appartenoit,  fur  la.  tête,  &  fe  retira  enfuite  de  la  Cour,  choi- 
fiffant  un  lieu  écarté  où  elle  palfa  le  reffe  de  fes  jours  dans  une  vie  privée. 

Cette  Reine  mérita  de  régner  par  les  grandes  qualitez  qu'elle  pofledoit  ;  on 
lui  attribue  les  plus  beaux  ouvrages  qui  fe  voient  aujourd'huy  en  Perfe  ,  car 
l'on    croit  qu'elle  fit  bâtir  le  fuperbe  Palais   des  40   colomnes  appelle  Tchihil 


Homai  fit  bâtir  aufîi  la  ville  de  Scmrem,  ou  Semiramis,  au  rapport  du  livre 
intitulé  LeZ)  altaovarikh. ,  ce  qui  fuit  juger  que  cette  Princeffe  efl' la  Semiramis 
des  (îrecs.  ' 

:  Le  Tarikh  Cozideh   ou   Montckheb   ne  fait .  aucune  m.ention. de  cette  Reine 
dans  la  dynaftie  des  Càianidcs. 

I-i  .1  HO  M  AID  Air. 


^54  H  O  M  A  I  D  A  H.  H  O  M  A  I  O  U  N. 

H  OM  AID  AH.  Abouthai  lahia  Ben  Ho'maidali  eft  cité  comme  l'Auteur 
d'un  Tariich  ou  Hiiloire. 

HOMAIDI,  furnom  de  Mohammed  Ben  Abou  Nafr  qui  a  compofé  une 
hiftoire ,  qui  -commence  à  la  naiffance  du  Mufulmanifme ,  &  finit  au  Khalifat  de 
Mollarfched  l'AbbalIide:  Elle  eil  intitulée  JJolgat  almojîâmel. 

HOMAIOUN,  &  Humaioun;  ce  mot  fignifîe  proprement  en  Perfien,  Heu- 
reux,  Royal,  &  Augufte.  C'ell  auffi  le  nom  propre  d'un  Sultan  fils  de  Babor 
ou  Pabur  ,  fils  d'Omar  Scheikh,  fils  d'Abufaidmcd  ,  fils  de  Miranfchah,  fils  de 
Timur  ou  Tamerlan,  félon  Mirkhond,  &  Khondemir.  ^ 

Nous  mettons  icy  cette  généalogie  entière ,  parce  qu  elle  eft  importante  pour 
fçavoir  la  véritable  defcendance  des  Grands  Mogols  qui  ont  régné ,  &  qui  régnent 
encore  dans  les  Indes ,  laquelle  eft  fort  corrompue ,  &  embrouillée  dans  la  plu- 
part des  relations  de  nos  voyageurs. 

Babur  fils  d'Omarfcheikh  qui  ne  régna  point,  fucceda  à  fon  oncle  Ahmed, 
fils  d'Abufaid  ,  dans  les  j)ays  de  la  Tranfoxane  ,  l'an  899  de  l'Hegire  ,  & 
J.  C.  1493.  11  f^t  chafte  de  fes  Etats  Tan  904  de  la  même  Hégire  par  Schai- 
beg  Khan  qui  prétendoit  être  fils  d'Ahmed  ,  &  avoir  été  enlevé  ,  &  nourry 
parmi  les  Uzbeks.  Babur  fut  obligé  de  s'enfuir  avec  ce  qui  lui  refta  de  trou- 
pes fidèles  au  pays  de  Gaznah  ,  &  dc-là  aux  Indes  où  il  régna  jufqu'cn  937, 
&  laifta  pour  fucceiTeurs  deux  fils  nommez  Homaioun,  &  Camoràn. 

Homaioun  ayant  fuccedé  à  Babur  fon  père  l'an  de  J.  C.  1530  ,  ne  fut  pas 
long-tems  pailible  dans  i^QS  Etats;  car  Schir  khan  fon  Vizir  s'écant  lié  d'intérêt 
avec  Cimoran  fon  frère,  firent  enfemble  un  complot  pour  le  dépouiller.  Cette 
conjuration  l'obligea  de  s'enfuir  en  Perfe  auprès  de  Schah  Thamas  qui  y  regnoit 
•pour  lors. 

Schah  Thamas  ufa  d'une  très-grande  generofitc  envers  ce  Prince  ,  car  il  lui 
donna  un  puiflant  fecours  fous  la  conduite  de  Baharam  Khan  ,  par  le  moyen 
duquel  il  vint  à  bout  de  tous  ^es  ennemis ,  fut  rétabli  fur  fon  trône ,  &  régna 
jufqu'en  l'an  960  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1552. 

Homaioun  fut  père  de  Gelalcddin  Akbar  ,  celuy-cy  de  Gehanghir  père  de 
Schahgehan  ,  qui  eut  pour  lils  Aurenk  Zcb  ou  Orangieb  ,  qui  règne  en- 
core aujourd'huy  dans  les  Indes  ,  &  que  nous  appelions  ordinairement  le 
Grand  MogoL 

HOMAIOUN  Nameh,  ou  Humaioun  Nameh,  le  Livre  Roj^al ,  ou  Augufte. 
C'eft  la  traduftion  Perfienne  du  livre  intitulé  Kalilah  ve  Damnah. 

Ce  livre  qui  n'eft  qu'un  tifiu  d'Apologues  ,  &  de  fables  tirées  des  proprietez 
des  animaux  ,  fut  compofé  par  un  Philofophe  Indien  nommé  Bidpai  pour  un 
Roy  des  Indes  qui  portoit  le  nom  de  Dabfchelim.  Il  eft  rempli  de  précepte» 
moraux,  &  politiques. 

Nourchirvan,  Roy  de  Perfe,  envoya  fon  Médecin  nommé  Buzrvieh  exprès  pour 
recouvrer  ce  livre  qui  étoit  gardé  foigncufement  dans  la  Bibliothèque  des  Roys 
des  Indes  ,  &  l'ayant  entre  les  mains ,  il  le  fit  traduire  de  l'Indien  en  langue 
Pehelcvicnnc  qui  eft  l'ancien  Perfien  ,  &  lui  donna  le  nom  de  Humaioun 
Nameh. 

Abou^iâfar  Almanfor ,  fécond  Khalife  àQi  Abbaffides,  le  fit  enfuite  traduire  de 

l'an- 


HO  NAIN.    "  25^ 

l'aticien  Perfien  en  Arabe,  par  l'Imam  Abulhaflan  Abdallali  Ben  Mocannâ  foiis 
le  titre  de  KaliJah  &  Damnah.  ' 

Quelque  tems  aprjs,  le  Sultan  Nafler  Ben  Ahmed,  de  la  dynaftie  des  Sama- 
•ides  ,  le  fit  encore  traduire  de  la  langue  Arabique  en  Perfien.  plus  moderne , 
par  un  Doftcur  inconnu;  &  cette  verfion  fut  mile  aufli-tôt  en  vers,  par  le  cé- 
lèbre Poète  Perfien  nommé  Roudeki. 

Baharara  fchah ,  fils  de  MaiFoûd  ,  Sultan  de  la  dynafiiie  des  Gaznovides  ,  non 
content  de  cette  verfion  Perfienne,  fit  travailler  Naliallah  Aboulmàala,  le  plus 
éloquent  homme  de  fi)n  tems,  fiir  le  texte  Arabique  de  Mocanna,  &  c'efl:  cet- 
te verfion  Perfienne  que  nous  avons  aujourd'huy  fous  le  titre  de  Kalilah  ve 
Damnah.     l^oycz  le  titre  de  CaUlah  ou  Kalilah, 

Ce  livre  a  acquis  une  Çi  grande  ellime  dans  l'Orient,  que  dans  la  fin  du  neu- 
vième fiècle  de  THegirc ,  l'Emir  Sohaili  ,  Géneralillîme  des  armées  de  Houflain 
Ben  Manfour  ,  Ben  Baicarah  ou  Baiera  ,  Sultan  de  Khoraflan  ,  qui  étoit  de  la 
pofl:erité  de  Tamerlan  ,  entreprit  d'en  faire  faire  une  nouvelle  verfion  ,  par  le 
Do6teur  Hufiliin  Vaèz  ,  dit  Al  Kafchefi  ,  laquelle  furpalle  toutes  les  autres  en 
élégance  &  en  clarté. 

Cette  nouvelle  verfion  porte  le  nom  à'^nvar  Sohaili ,  les  Splendeurs  ou  les 
Lumières  de  Canopus,  à  caufe  qu'elle  fut  faite  à  l'inftance  de  l'Emir,  qui  por- 
toit  le  nom  de  cette  confi:ellation  ,  &  a  été  traduite  en  langue  Turquefque  en 
profe  &  en  vers. 

Gemali  l'a  mife  en  vers  pour  Bajazeth,  fécond  du  nom,  Sultan  de  la  race  des 
Ottomans. 

Il  y  a  un  autre  Humaioun  Nameh  ,  qui  efl:  un  formulaire  de  lettres  dans  la 
langue  &  dans  le  fi;yle  des  Perfans  ;  c'ell  un  Mohammed  Ben  Ali ,  connu  fous 
le  nom  de  Schehabeddin  Al  Monfchi ,  qui  en  ell  l'Auteur, 

HO  NAIN.  Abouzeid  Abdalrahman  Honain  Ben  Ishak  Ben  Honain,  Méde- 
cin Chrétien ,  célèbre  dans  fon  art ,  m.ais  encore  plus  illufl:re  par  la  traduction 
qu'il  a  faite  des  livres  Grecs  en  Syriaque  &  en  Arabe. 

Il  étoit  fils  d'un  Ishak,  &  fut  père  d'un  autre  Ishak,  que  l'on  qualifioit  Ben 
Honain,  &  lui-même  étoit  petit-fils  aufïï  d'un  Honain.  Il  étoit  Ebadi  ou  Eba- 
dien,  c'elt-à-dire ,  de  ces  Chrétiens,  connus  fous  le  titre  de  Serviteurs  de  Dieu, 
lefqucls  s'étoient  ramafi!cz  de  pluficurs  endroits  de  la  Syrie  &  de  l'Arabie  ,  & 
avoient  choifi  leur  demeure  dans  l'Iraque  Babylonienne  ou  Chaldéc  aux  envi- 
rons de  Hirah  &  de  Coufah. 

Il  fut  Médecin  du  Khalife  Motavakkel ,  _&  mourut  fous  le  Khalifat  de  Mota- 
med  l'an  160  ou  261  de  l'Hegire,  excommunié  par  le  Patriarche  pour  une  gran- 
de irrévérence  qu'il  avoit  commife  contre  les  images. 

■  Il  avoit  été  difciple  de  Jtan ,  fils  de  Mafibviah  ,  que  nous  appelions  Mcfué , 
lequel  parut  lui  envier  fa  doctrine  ,  &  il  le  fervit  beaucoup  -d'Ishak  fon  fils  & 
de  Hobaiz  fon  neveu  dans  les  verfions  qu'il  entreprit. 

Nous  avons  de  luy,  dit  Ben  Schonah  ,  l'Euclide  &  l'Almagefle  de  Ptolemée 
eh  Arabe ,  que  Thabet  Ben  Corrah  ,  le  Sabien ,  a  revu  &  corrigé  après  luy. 

La  plus  grande  partie  des  ouvrages  d'Hipocrate  &  de  Galien,  qu»  l'on  a  en 
Arabe,  efl;  fortie  de  l'école  de  Honain:  car  il  avoit  pluûeurs  difciples  qui  fe  fai- 
foient  honneur  de  faire  pafi^er  leurs  traductions  fous  fon  nom. 
'  Il  y  a  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  plufieurs  ouvrages  du  même  Auteur ,  com- 

>  •  me 


.%S6  '  H  O  R  M  O  U  Z. 

me  Kefalat  al  naik  &  Haouafchi  mejfail  al  Iiakim  Honaîn  le  Abifanek^  n*.  86<5.  On 
attribue  aufïï  la  traduflion  des  Analj'tiqucs  d'Ariflote  ,  &  du  Traité  de  l'inter- 
prétation à  Honain  &  à  fon  iils.  Les  Arabes  appellent  le  premier  ouvrage  Ano- 
louthka,  &  le  fécond  Bari  Arminias ,  noms  corrompus  du  Grec.  • 

HORMOUZ,  Ville  que  nous  appelions  aujourd'huy  Ormuz,  fituée  fur  le  Gol- 
fe de  Perfe.  Le  Géographe  Pedien,  dans  le  MelFahat  al  ardh  au  troifième  cli- 
mat, parle  en  ces  termes  de  la  ville  d'Ormuz. 

Cette  ville  cH  très-ancienne  &  appartient  à  la  province  de  Kerman  ,  qui  efl: 
la  Caramanie  Perfique  ,  fituée  au  milieu  d'une  plaine  très -fertile  en  palmiers 
d'Inde.  Après  que  les  Francs  ou  Européens  l'eurent  ruinée  ,  les  habitans  paf- 
rent  dans  une  ifle  du  Golphe  Perfique  ,  qui  en  étoit  fort  proche  du  côté  de 
l'Occident,  &  y  bâtirent  une  nouvelle  ville,  à  laquelle  ils  donnèrent  le  même 
nom ,  &  l'on  ne  voit  plus  préfcntement  que  le  tour  des  murailles  prefque  tou- 
tes ruinées  de  l'ancien  Ormuz. 

Teixcra  dans  fon  hiftoire  d'Ormuz  dit,  que  ce  furent  les  Turcs,  c'efl-à-dire , 
les  Selgiucides,  qui  par  leurs  pilleries  obligèrent  les  habitans  de  fe  retirer  dans 
rifle  de  Gerun,  où  ils  bâtirent  la  ville  dite  aujourd'huy  Ormuz. 

Jean  de  Barros  écrit  que  ,  lorfque  les  Portugais  arrivèrent  aux  Indes  ,  ils  ne 
trouvèrent  point  d'autre  Ormuz  que  celle  qui  étoit  bâtie  dans  l'ifle  ,  celle  du 
Continent  étant  déjà  ruinée  ,  de  forte  qu'il  feroit  fort  difficile  de  deviner  qui 
font  ces  Francs  ou  Européens,  lefquels,  félon  le  Géographe  Perfien,  l'auroient 
pu  démolir;  de  forte  qu'il  eft  plus  fur  de  s'en  tenir  aux  annales  de  Touranfchah 
d'où  Tcixera  a  tiré  ce  que  nous  en  avons  déjà  rapporté. 

Le  nom  de  cette  ville  s'écrit  en  Perfien ,  de  môme  que  celui  de  quelques  Rois 
de  Perfe,  connus  par  les  Hîfi:oriens  Grecs  &  Latins,  fous  celui  de  Plormizdas. 
Les  Perfans  attribuent  à  l'un  d'eux  la  fondation  de  cette  ville.  Voyez  Hormouz, 
fils  de  Schabour,  &  Hormouz,  fiis  de  Narfi. 

Les  Annales  de  Touran  fchah  atti-ibuent  la  fondation  de  cette  ville  à  un  ISIo- 
hammed,  Prince  de  i'Iemen  de  la  famille  de  Saba,  fils  de  Joftan,  fils  de  Hebcr, 
lequel  ayant  été  défait  par  un  autre  Prince  de  (es  voifins  ,  traverfii  le  Golphe 
Perfique  &  s'habitua  dans  la  province  de  Kerman  ,  où  il  bâtit  cette  ville  qui 
n'étoit  pas  éloignée  de  la  m:r.  Ce  Prince  fat  furnommé  Dithem  kûb,  à  caufe 
de"s  drachmes,  monnoye  d'argent,  qu'il  fit  battre,  &  non  pas  Drame  u ,  comme 
l'appelle  Teixera. 

La  nouvelle  Ormuz  a  une  fort  haute  montagne  qui  couppe  fifle  d'une  mer 
à  l'autre:  la  fortorefic,  que  les  Portugais  y  ont  bâtie,  regarde  le  Nord,  &  fut 
prife  par  Schah  Abbas  ,  Roy  de  Perfe  ,  fur  les  Portugais  ,  qui  n'y  font  point 
rentrez  depuis.  Tout  le  commerce  de  cette  ville ,  dont  le  terroir  n'efl;  que  fel 
&  fouffre  qui  y  rendent  la  chaleur  infupportable  ,  a  été  transféré  par  les  Per- 
fans au  Bendcr  Abbaflî,  qui  efi:  fur  le  même  Golfe  un  peu  plus  vers  le  Nord. 

HORMOUZ,  fils  de  Schabour  &  petit-fils  d'Ardfchir  Babegân ,  efi;  celui  que 
nos  Hifioriciis  appellent  Hormizdas ,  fils  de  Sapor  ,  troifième  Roy  de  Perle  de 
la  race  des  Saifanides  ou  Khofrocs. 

C'étoit  un  Prince  de  très-bonne  mine,  robufte  &  de  belle  taille.  Il  s'addon- 
m  à  l'étude  ;  '  mais  fa  fcience  lui  nuifit  :   car  elle  le  fit  tomber  dans  \qs  erreurs 

de 


HORMOUZ.-  ^^ 

ée  Manés,  qui  prétendoit  avoir  raffiné  fur  la  dodrine  de  Zoroaftre,  Légiflateur 
des  Mages,  en  la  mêlant  avec  celle  des  Chrétiens. -j 

Ce  Prince  fut  tellement  prévenu  en  faveur  de  cet  impofteur  ,  qu'il  6t  bâtir 
exprès  une  place  forte  entre  Bagdet  &  la  Sufiane,  pour  lui  fervir  de  retraite 
contre  ceux  qui  le  pourfuivoient  juflement  à  caufe  de  fon  impiété  :  ce  château 
fut  appelle  Defkereh,  nom  qui  ell  demeuré  depuis  ce  tems-ld  à  tous  les  châteaux 
en  général. 

On  tient   auflî  que   ce  Prince  a  été   le  fondateur  de  l'ancienne  ville  de  Hor- 
mouz  ou  Ormuz,  &  qu'il  lui  donna  fon  nom:  Elle  étoit  bâtie  dans  la  terre  fer- 
me, &  on  l'appelloit  tJcheher  Hormouz  ,  la  ville  de  Horraouz  ,   pour  la  diflin- 
guer  de  Gezirat  Hormouz,   l'Ifle  de  Hormouz  ,   où  on  a  depuis  bâti  une  villa  " 
du  même  nom.     l'^oyez  encore  Hormouz,  fils  de  Narfi. 

Ce  Prince  i  du  confentement  de  tous  les  Hilloriens,  n'a  régné  que-  deux  ans 
au  plus;  car  quelques-uns  ne  lui  donnent  qu'un  an  &  dix  mois  de  règne,  & 
marquent  fa  mort  en  la  deuxième  année  de  TEmpire  de  Maxirain.  Baharam, 
fon  fils,  lui  fucceda. 

L'Auteur  du  Bahariflan  rapporte  dans  fon  troifième  chapitre  ,  qu'un  des  Mi- 
niflres  de  Hormouz  ayant  acheté  pour  luy  une  partis  de  Diamants  cent  mil  di- 
nars d'or,  &  ayant  appris  qu'il  n'en  vouloit  point,  lui  écrivit  qu'il  trouvoit  à 
les  vendre  au  double  du  prix  qu'ils  avoient  coûté;  c'ell  -  à  -  dire ,  qu'il  y  avoit, 
comme  parlent  les  Marchands  ,  cent  pour  cent  à  gagner.  Ce  Prince  fage  & 
definterelfé  lui  fit  réponfe  en  ces  termes.  Ni  cent  ,  ni  mil'  de  profit  ne  me 
font  rien:  mais  fi  je  me  mêle  de  ftiire  le  négoce,  qui  eft-ce  qui  fera  le  métier 
de  Roy  ?  Et  que  deviendrons  les  Marchands  ? 

L'on  lit  dans  le  Rabi  al  abrar  une  de  ces  maximes,  que  l'on  appelle  Apoph- 
thegmes  ,  qui  lui.  eft  attribuée ,  à  fçavoir  ,  que  les  Princes  font  femblables  au 
feu  qui  brûle  ceux  qui  s'en  approchent  de  trop  près  ,  &  qui  fert  beaucoup  à 
ceux  qui  s'en  éloignent  à  une  diftance  convenable.  Les  termes  Arabes  font  Man 
carebha  Kather  âlaihi  dhararha  u  man  baêdha  entefà  bihi. 

Ce  Prince  efl  furnommé  par  quelques  Hiftoriens  Al  Horri ,  &  par  quelques 
autres  Al  Giarri;  mais  ce  dernier  mot  peut  être  corrompu  par  la  tranfpofition 
des  points  :  Le  premier  fignifie  libre  &  libéral.  Ce  fut  lui  qui  établit  Nômân  , 
fils  de  Mondar,  furnommé  Aboulcabous  ,  dans  le  Royaume  de  Hirah  en  Chal- 
dée,  lequel  fut  tué  enfuite  par  Khofrou  Parviz,  félon  le  Rabi  al  abrar;  mais  il 
y  a  bien  plus  d'apparence  que  ce  fut  Hormouz ,  fils  de  Noufchirvan  ,  &  noa 
pas  le  fils  de  Schaboûr  qui  donna  la  couronne  à  Nôman.  L'on  parlera  de  cet 
Hormouz  après  Horraouz,  fils  de  Narfi.     Foyez  Schaboûr  fils  d'Ardfchir. 

HORMOUZ,  fils  de  Narfi.  C'ell  Hormizdas.,  fils  de  Narfes ,  comme  l'ap- 
pellent les  Grecs,  11  étoit  petit-fils  -de  Baharam  &  fut  le  huitième  Roy  de  Per- 
fe  de  la  famille  ou  dynaftie  des  SalTanides. 

Ce  Prince  paflTe  pour  avoir  été  doué  de  toutes  les  vertus  royales  ;  car  il  ai- 
moit  extrêmement  la  juitice  qui  en  eft  la  principale ,  &  en  donna  des  marque» 
éclatantes  par  l'établiflement  qu'il  fit  le  premier  d'entre  tous  les  Roys  de  cette 
dynaftie,  d'une  Cour  de  juftice  créée  exprelTement  pour  reparer  les  torts  que  les 
Grands  faifoient  aux  plus  petits.  Il  ne  fe  contenta  pas  d'avoir  érigé  ce  tribu- 
nal contre  les  propres  Officiers;  mais  il  y  venoit  fouvcnt  préfider  lui-même, 
pour  imprimer  plus  de  terreur  à  ceux  qui  abufoient  de  leur  autorité. 

Tome  IL  K  k  Hor- 


tst  H  0  R  M  O  U  Z. 

HoiTHOUZ  regm  refpace  de  neuf  ans  pendant  lefquels  il  étendit  beaucoup  les 
limites  de  fon  Empire.  Il  bâtit  plufieiirs  villes  dans  le  Khuziftan,  qui  eft  la  \u- 
fiane,  &  le  Tarikh  Cozideh  aufïï-bien  que  le  Lebtarikli  difent ,  qu'il  eft  peut- 
être  aufii  le  fondateur  de  l'ancienne  ville  de  Hormouz  ,  fituée  dans  la  provin- 
ce de  Kerman  ,  quoyque  plufieurs  attribuent  la  fondation  de  cette  ville  à  Hor- 
rtouz,  fils  de  Schabour  ,  un  de  fes  prédecelTeurs  ,  qui  a  été  le  troilième  Roy 
de  la  même  dynallie  des  Salfanides. 

Ebn  Batrik  dit,  qu'il  régna  fept  ans  &  cinq  mois  fur  la  fin  del'Empire  de  Gai- 
lien,  c'efl-à-dire ,  dans  fa  quatorzième  année., 

HORMOUZ,  fils  de  Noufchirvîln.  Les  Perfans  le  nomment  aufîî  Hormozd,, 
d'où  les  Grecs  ont  fait  Hormizdas.  Il  étoit  fils  de  Khofroes  ,  furnommé  Nou- 
fchirvan,  &  fut  le  père  de  Khofroes,  furnommé  Parviz  ou  Aparviz. 

Ce  Prince  rendit  afTez  bonne  juftice  à  ks  peuples  dans  les  premières  années 
de  fon  règne  ;  mais  il  devint  dans  la  fuite  cruel  ,  &  particulièrement  envers  les 
Grands  de°  la  Perfe ,  dont  il  fit  mourir  un  fi  grand  nombre  ,  que  quelques  Hif- 
toriens  le  font  monter  jufqu'à  treize  mille. 

Il  prétendoit  aufli  fe  poavoir  pafler  de  gens  de  Jufl;ice  ,  fous  prétexte  qu'il 
k  vouloit  rendre  lui-même  en  perfonne  à  tous  Ces  fujets ,  ce  qui  fut  la  caufe 
des  grands  defordres,  qui  arrivèrent  depuis  dans  fes  Etats.  Sa  trop  grande  fé- 
verité  aliéna  tellement  les  efprits  ,  &  lés  cœurs  de  tous  les  Seigneurs  reftez  en. 
vie  ,  &  enfuite  de  tous  fes  fujets  ,  qu'une  averfion  fi  générale  de  fon  gouver- 
nement fit  naître  à  fes  voifins  le  deffein  d'entreprendre  fur  fa  couronne. 

Schabé  Schiah  ,  fon  coufin-germain  ,   fils  du  Khacân  ou  Empereur  des  Turcs 
Orientaux,  duquel  Noufchirvan,  fon  père,  avoit  époufé  la  fille,  fut  celui  qui 
l'attaqua  le  premier.    Ce  Prince,  après  avoir  palIé  le  Gihon,  entra  dans  la  Per-- 
fe  avec  uile  armée  de  trois  cent  iflil  hommes ,  ce  qui  obligea  Hormouz  ,   félon, 
le  rapport  de  Khondcm.ir  ,  de  tenir  un  grand  confeil  de  guerre  pour  délibérer 
'  des  moyens  qu'il  y  avoit  à  prendre  pour  s'oppofer  à  de  fi  grandes  forces. 
Pendant  que  le  Roy  tenoit  fon  confeil,  un  de  fes  Minifbres  lui  dit,  que  fon 
père,  homme  déjà  fort  avancé  en  âge,   fçavoit  quelque   chofe  affez  importante, 
fur  le  fujet  de  cette  guerre,  dont  il  defiroit  entretenir  le  Prince  en  particulier, 
ïi,e  Roy  commanda  auffi  -  tôt  qu'il  fût  appelle  pour   être  entendu  ,   &.  voicy  le, 
difcours  que  le  vieillard  lui  tint. 

Lorfque  Noufchirvan  ,  père  de  vôtre  Majefté  ,  m'envoya  de  fa  part  vers  le  - 
Khacan  des  Turcs  »  pour  luy  demander  une  de  fes-  filles  eh  mariage  ,  ce  Prince 
fit  venir  devant  moy  toutes  fes  filles ,  afin  que  je  fiffe  le  choix  de  celle  que  je . 
trouverois  la  mieux  faite ,  &  la  plus  fortablc  pour  le  Roy  mon  maître. 

Une  des  Reines  ,  femmes  du  Kliacan  ,  qui  efl:  maintenant  vôtre  ayeule ,  ne  ■ 
pouvant  fe  refoudre  à.fc  feparer  de  fa  fille,  qui  eft  aujourd'huy  la  Reine,  vô- 
tre mère,  ufa  d'artifice,  afin  que  je  n'en  fis  pas  le  choix,  &  fit  en  forte  qu'el-.. 
le  parut  devant  moy,  fans  aucun  auti-e  ornement  que  celui  de  fa  beauté  natu-. 
relie  ,  pendant  que  les  filles  des  autres  Reines  fe  préfenterent  avec  la  pai-ure,. 
&avec  tous  les  ajufl:emens  qui  convenoient  à  leur  fexe  &  à  leur  rang. 

Je   ne   me  lailfay  point  cependant  furprendre  ,  ni  éblouir  par  l'éclat  de  tout  ; 
cet  appareil  extérieur,   &  je  m'arrêtai  uniquement  à  celle  qui  me  parut  la  plus 
belle,  quoyque  la  plus  négligée  ;  je  la  demandai  au  Roy  fon  père  ,   &  elle  me 
fut  accordée  dans  le  même  tems.     H  arriva  donc,  pour  lors  à  mon  égard  ce  que 

dit 


H  O  R  M  0  U  Z.  ijj^ 

dît  un  de  nos  Portes  :  Mon  cœur  s'eft  tourné  plufieurs  fois  à  droit  &  à  gau- 
che  ,  mais  enfin  ,  il  a  laiffé  toutes  les  autres  bcautez  à  part  pour  s'attacher  à 
vous  feule. 

La  Princefle  m'ayant  été  confiée  ,  le  Roy  fon  père  fit  faire  ,  fuivant  l'ufa^e 
du  pays ,  fon  horofcope ,  par  les  plus  habiles  Aftrologues ,  pour  apprendre  d'eux 
quelle  deftinée  elle  auroit  en  Perle.  Ils  s'accordèrent  tous  en  ce  point,  qu'elle 
devoit  mettre  au  monde  un  Prince  qui  furpalTeroit  en  grandeur  &  en  puiflan- 
ce  tous  fes  ancêtres  ;  que  ce  Prince  fcroit  un  jour  attaqué  par  un  des  Roys  du 
Turqucftan,  fur  qui  il  remporteroit  une  viftoire  fignalée,  par  la  valeur  d'un  de 
fes  Capitaines  qui  auroit  la  phyfionomic  d'un  chat  fauva?e. 

Les  Devins  dirent  de  plus,  que  ce  Capitaine  feroit  un  homme  de  haute  fta- 
ture,  qui  auroit  le.  front  large,  les  cheveux  épais,  le  vifage  plein,  le  teint  af- 
iez  brun,  les  fourcils  joints  enfemble,  la  taille  fort  dégagée,  &  porteroit  en  un 
mot  la  phyfionomie  de  cet  animal. 

Ce  rapport ,  pourfuivit  le  vieillard  ,  ayant  été  fait  au  Khacan  ,  je  pris  congé 
de  lui,  &  je  conduifis  la  Princede  en  Perfe  ,  &  il  n'eût  pas  plutôt  achevé  ces 
mots,  chofe  étrange,  qu'il  tomba  roide  mort  aux  pieds  du  Roy.  Si  ce  Prince 
fut  furpris  de  cet  accident  ,  il  ne  fut  pas  moins  empreffé  d'apprendre  le  nom 
de  ce  Capitaine  qui  devoit  combattre  &  vaincre  fes  ennemis  ;  il  fit  chercher 
avec  unp  extrême  diligence  celui  que  l'on  trouveroit  avoir  les  fignes  que  les  Afl:ro- 
logues  &  les  Devins  du  Turkeftan  avoient  marquez ,  &  comme ,  après  une  exac- 
te recherche,  ils  fe  rencontrèrent  tous  dans  la  perfonne  de  Baharam  ,  furnom- 
mé  Tchoubin  ou  Khounin ,  félon  quelques  exemplaires  ,  car  ces  deux  mots  s'é- 
crivent avec  les  mêmes  caraftères  marquez  de  difix^rens  points  ,  on  ne  douta 
point  qu'il  ne  fût  celuy  que  les  Aflrologues  &  les  Devins  avoient  prédit. 

Hormaz  lui  deflina  donc  le  commandement  de  fon  armée  ,  &  lui  donna  en 
même  tems  le  pouvoir  de  choifir  entre  toutes  fes  troupes  celles  qu'il  jugeroit 
les  meilleures  pour  combattre  les  Turcs  ;  mais  il  demeura  fort  étonné  ,""  lors- 
qu'il vit  que  Baharam  ne  choifit  que  douze  mil  hommes  d'entre  les  plus  braves 
de  toute  l'armée  ,  avec  lefquels  il  prétendoit  d'en  battre  une  que  l'on  faiibit 
monter  jufqu'au  nombre  de  trois  cent  mil. 

Ce  grand  Capitaine ,  qui  étoit  de  la  race  des  Princes  de  Rei ,  gouvernoit  pour 
lors  la  province  d'Adherbigian  ou  Medie.  Il  partit  de  ce  pays-là,  doù  s'étant 
avancé  vers  le  camp  des  Turcs  ,  il  ne  fut  pas  plutôt  en  préfence  ,  qu'il  leur 
prefenta  bataille.  Il  tua  d'abord  le  Prince  Schabé  Schiah  d'un  coup  de  fieche 
de  fa  main,  fit  enfuite  prifonnier  fon  fils,  qui  s'étoit  jette  le  plus  avant  dans  la 
mêlée  pour  vanger  la  mort  de  fon  père,  &  il  mit,  par  ce  double  fucccz  fi 
avantageux  &  fi  inopiné ,  les  Turcs  en  un  tel  defordre  ,  que  n'ayant  plus  de 
Généraux  à  leur  tête  pour  les  faire  agir  ,  ils  prirent  la  fuite  &  abandonnèrent 
leurs  bagages  aux  Perfans, 

Baharam  ,  après  s'être  rendu  maître  de  leur  camp  &  avoir  fait  un  très-gros 
butin,  envoya  le  Prince  fon  prifonnier  à  Hormouz,  avec  ce  qu'il  avoit  trouvé 
de  plus  prctieux  parmi  les  dépouilles  des  ennemis  ,  &  le  Roy,  fort  content  de 
fon  aftion ,  lui  donna  les  louanges  'qu'il  avoit  méritées ,  par  une  viftoire  qui  avoft 
fauve  la  Perfe  des  mains  des  Turcs  :  mais  les  envieux  de  la  gloire  du  vainqueur 
qui  étoient  auprès  du  Roy ,  &  entr'autres  Jezddn  Bakfche  ,  fon  premier  Vizir , 
lui  firent  entendre ,  que  Baharam  ne  lui  avoit  envoyé  que  la  moindre  partie  du 
butin,  &  qu'il  s'étgit  refervé  plufieurs  pièces  d'un  prix  incftimablc. 

K  k  a  Ces 


,i.<5o  H  O  R  M  O  U  Z. 

Ces  mauvais  offices  firent  un  tel  effet  fur  fefprit  de  ce  Prince  ,  qui  étoit 
avare,  qu'oubliant  le  grand .  fervice  que  Baharam  venoit  de  lui  rendre,  il  perdit 
tout  d'un  coup  l'eflimc  qu'il  avoit  11  jullcment  conçue  pour  un  fi  grand  Capi- 
taine ;  de  forte  que  pour  le  .deshonorer  entièrement,  en  échange  de  fes  pré- 
fens,  il  lui  en  envoya  un,  qui  confiftoit  en  quenouilles,  en  fufeaux  &  en  autres 
inftrumens,  propres  aux  femmes  pour  filer. 

Baharam  outré  au  dernier  point  de  Tingratitude  du  Roy,  &  fe  trouvant  à  la 
tête  d'aufli  braves  foldats  qu'étoient  les  fiens  ,  crut  qu'il  étoit  en  état  de  fe 
.•venger  de  cet  afi'ront  ;  il  parut  auffi-tôt  au  milieu  de  {es  troupes  paré  de  tout 
cet  appareil  féminin ,  que  le  Roy  lui  avoit  envoyé  ,  &  leur  donna  part  de  tout 
ce  qui  s'étoit  palfé  entre  le  Roy  &  lui ,  leur  faifant  entendre  qu'ils  partageoient 
cet  afl^ront  avec  lui.  Ce  fpeélacle 'accompagné  des  difcours,  féditieux  de  Baha- 
ram, irrita  tellement  fes  troupes,  qui  ne  pouvoient  fouffrir  patiemment  un  trai- 
tement fi  indigne  fait  à  leur  Général  &  à  tout  leur  corps  ,  que  tous  les  Offi- 
ciers lui  jurèrent  avec  de  grands  fermens  qu'ils  le  fuivroient  par -tout  où  fon 
relTcntiment  le  pourroit  poulfcr., 

Baharam  s'étant  ainfi  affui'é  de  la  fidélité  de  fon  armée,  fe  foùleva  hautement 
contre  le  Roy ,  fit  battre  monnoye  au  coin  de  Khofrou  Parviz  ,  fon  fils  aîné , 
&  la  fit  répandre  en  fort  peu  de  tems  par  toute  la  Perfe. 
.  Hormouz  tourna  auïli-tôt  tout  fon  rclfentiment  contre  Khofrou  fon  fils ,  du- 
•quel  les  rebelles  prenoient  le  nom  pour  lui  faire  la  guerre  ,  ce  qui  oBligea  ce 
Prince  à  quitter  la  Cour,  &  à.fe  réfugier  en  Adherbigian  ou  Medie,  pour  évi- 
ter la  colère  du  Roy  fon  père.  La  guerre  s'échauffant  cependant  entre  ks  deux 
partys ,  Hormuz  fut  défait  par  Baharam  :  mais  fon  malheur  ne  s'arrêta  pas  -  là  ; 
car  lorfqu'il  voulut  fe  fauver  dans  une  de  fes  places  ,  il  fut  faifi  par  une  trou- 
pe de  faftieux ,  qui  l'ayant  mis  fous  fûre  garde  ,    lui  firent  crever  les  yeux. 

Khozrou  Parviz  n'eut  pas  plutôt  appris  •  la,  difgrace  de  fon  père ,  qu'il  prit  la 
qualité  de  Roy,  &  l'alla  trouver,  pour  fe  purger  de  tout  ce  qu'on  lui  pouvoit 
imputer  fur  ce  qui  s'étoit  paifé.  Plormouz  lui  dit,  qu'il  recevoit  fes  excufes,  à 
condition  qu'il  fît  châtier  ceux  qui  l'avoient  réduit  en  cet  état  :  &  fon  fils  le 
lui  ayant  promis,  les  troubles  celferent. ,  &  le  règne  de  Khofrou  Parviz  com- 
mença ,  après  douze  ans  du  règne  de  fon  père. 

Ce  qui  a  été  dit  jufqu'icy  de  Hormouz,  efi;  tiré  de  Khondemir.    Il  faut  voir 
le  rcile  des  avantures  de  Baharam  &  de  Khofrou  Parviz  ou  Aparviz  dans  leurs 
titres  particuliers.     Aboulfarage,  &  pluficurs  autres  Hifi:oriens  furnomment  Baha- 
rdm,  qui  ufurpa  dans  la  fuite  la  cour.onne  de  Perfe,  Marzaban  ,  mot  qui  figni-- 
fie  Gouverneur  &  Lieutenant- Général  de  province  &,  d'armée. 

Noufchirvan  avoit  donné  pour  Gouverneur  à  Hormouz,  fon  fils,  pendant  fa 
jcunelfe,  Buzurge  mihir,  homme  doué  de  fort  grands  tàlcns.  l^oycz  dans  fon  ti- 
tre particulier ,  le  tour  que  lui  fit  fon  difciple  ,  auquel  ce  fage  Gouverneur  rcr 
commandoit  fur  toutes  chofes  la  vigilance  &  l'application  aux  aflaires. 

Hormouz  fils  de  Noufchirvan,  duquel  nous  parlons  ,  fut  furnommé  Tagedâr  j 
le  Porte-couronne  ,  à  caufe  de  la  coutume  qu'il  avoit  de  s'en  fervir  continuel- 
lement,  ce  que  fes  prédecefi'eurs  ne  pratiquoient  pas;  car  ils  ne  la  prenoient 
que  lorfqu'ils  rendoient  juftice  à  leurs  fujets:  c'eft  pourquoy  il  femble  qu'il  eût 
pris  cette  coutume ,  à  caufe  qu'il  vouloit  la  rendre  luy  feul ,  ayant ,  pour  cet 
effet,  cailé   tous  les  Officiers  fubalternes  qui  l'adminiilroient  fous  fon  autorité. 

Lion  dit,  que  ce  Priive  étant  interrogé  pourquoy  il  ufoif  d'une  fi  grandç_ 
.-;-)  fcve-- 


H  O  R  V  A  T. H  O  S  R  I. 


261 


féverité  envers  les  Seigneurs  de  fa  Cour,  dont  il  tenoit  un  grand  nombre  dans 
les  prifons,  répondit  qu'il  le  faifoit,  à  caufe  qu'ils  témoignoient  de  le  craindre 
trop  ,  &  qu'n  trouvoit  bon  de  le  défier  toujours  de  ceux  qui  ne  prenoient 
point  de  confiance  en  Uij\     (^oyez  aujjl  les  titres  d'Onnoz  âf  a'Orraozd. 

'  HORVAT  &  Harvàt.  Horvat  Vilaicti.  Les  Turcs  appellent  ainfi  en  leur 
langue  la  Croatie  qu'ils  confondent  fouvent  avec  la  Bofline,  quoy  que  celle-cy 
ait  néanmoins  fqn  nom  particulier  de  Herzek  &  de  Herzegouina. 

Les  Turcs  appellent  aulfi  Drenzil  Ban  ,  le  Prince*ou  Gouverneur  de  la  Croa- 
tie, à  caufe  de  Drenzen  ,  Comte  de  Cilley  en  Croatie,  qui  fut  défait  &  pris 
prifonnier,  par  le  Bâcha  de  la  Bofline  fous  iiajazet  Second,  l'an  de  l'Hcgire  899, 
de  J.  C.  1493. 

Les  Grecs  mo.lernes,  comme  Cedrenus  &  autres  ,  appellent  les  Croates  Hor. 
vatœ  &  Chorvalce. 

H  O  S  N  al  menakeb  ^  &c.  men  al  fairat  al  Dhaheriat.  La  Vie  &  le  Règne 
du  quatrième  Sultan  des  Mamlucs,  Turcomans  d'Egypte,  nommé  Bibars  ,  fur- 
nommé  Al  Malek  Al  Dhaher  &  Al  Bondokdari ,  qui  commença  fon  règne  l'an 
658  de  l'Hegire  &  le  finit  en  676,  qui  efl  de  J.  C.  le  1277.  Ce  livre  a  pour 
Auteur  Schafage  Ben  Ali,  &  le  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n^.  818. 

HOSN  AI  mohadherat  fi  akhbar  Mcfr  u  al  Caherat,  Hifloire  du  vieil  &  du 
nouveau  Caire  d'Egypte,  recueillie  des  ouvrages  'de  28  différens  Auteurs  ,  par 
Gelaleddin  Al  Sôiouthi.     Elle  efl  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n.  824. 

HOSNI  ou  Hcfni ,  fïirnom  de  Takieddin  Aboubecre  Al  HofTaini-,  natif  dô 
Damas,  qui  mourut  l'an  820  de  l'Hegire.  Nous  avons  de  lui  deux  ouvrage? 
dans  la   Bibliothèque  du  Roy,  n  .  686. 

«-Le  premier  eft  intitulé,  àioiar  al  fakcât  al  moumenàt  al  khairdt  y   les  Vies- des 
faintes  iMufulmancs. 

Le  fécond  porte  le  titre  de  Scir  al -fakk  fi  afm  armejfalek,  la  vie  que  doit 
mener  un  homme  qid  s'applique  à  la  dévotion. 

HOSRI,  furnom  de  Sdad  Ben,  que  l'on  appelle  auffi' fouvenf  Al  Ovarrdk, 
TEcrivain.  11  efl  différent  d'Ibrahim  Ben  Ali  ,  duquel  on  parlera  immédiate- 
ment après  ccluy-ci  ,  qui  efl  Auteur  du  livre  intitulé  Lpfdindt  men  al  Mc^Oniât 
Âl  liariridt,  c'cfl-à-dire  ,  explication  &  Prononciation  des  mots  dilBciles  du  IK. 
vre  de  Hariri,  intitulé  Mecamàt. 

HOSRI,  furnom  d'Ibrahim  Ben  Ali- Ben  Temim  ,  qui  efl  plus  connu  fous 
le  nom  de  Cairovpni,  à  caufe  qu'il  étoit  natif  de  la  ville  de  Cairoan  ou  de 
Cyrene  en  Afrique.  Il  étoit  excellent  Poëte ,  &  nous  avons  de  lui  un  Divan' 
en  Arab-e  qui  porte  fon  nom. 

Il  compofa  aufiî  en  profc  ,  dans  Ja  même  langue  ,  '  plufieurs  ouvrages  ,  dont 
les  principaux  font  Zahcr  al  addb  ou  Schaher  al  albab  ,  les  Fleurs  des  bonnes 
mœurs  &  les  lumières  des  cœurs.  Ce  livre  ,  qui  efl  un  traité  de  morale  fort 
complet,  eft  divifé  en  trois  parties. 

Il  en  fit  un  autre,  qui  efl  compris  dans  un  feul  volume  ,    intitulé  Ketàb  M 
W.3jf(nmfifirr  al  Imvdn'al  imkmun^  le  livre  caché,  touchant  le  fecrctde  l'hiN 
'  iv  k  3.  milité,. 


^51  H  OS  S  AN.  -H  OU.. 

milité  &  de  la  douceur.  Ce  livre  eft  fort  eftimé,  &  Ben  Rarehik  le  cite  fou- 
vent  dans  fon  ouvrage,  intitulé  ^^  ^wzoMiflge. 

Ce  Dofteur,  félon  quelques-uns,  mourut  dans  la  ville  de  Cairoan  fa  patrie 
l'an  de  l'Hegire  413,  mais  plufieurs  ont  écrit  qu'il  publia  fon  livre  de  Zaher  al 
adàb  feulement  dans  l'an  450 ,  ce  qui  favorife  le  fentiment  de  ceux  qui  alfu- 
rent  qu'il  ne  mourut  qu'en  l'an  453.  C'eft  ainfi  qu'en  parle  Ebn  Baffâm  dans 
fon  livre  intitulé  M  Dakhirat,  ou  Tréfor. 

Cet  Ibrahim  eft  furnommé  Hofri ,  à  caufe  qu'il  faifoit  ou  vendoit  ce  que  le§ 
Arabes  appellent  Alhofra,  plurier  de  Haflir,  qui  fignifie  une  natte  faite  de  jonc, 
de  feuilles  de  palmier  ou  d'écorce  de  cannes,  fuj  laquelle  l'on  s'aflied,  ou  l'on 

fe  couche.  -r^   o    "      .    /- 

Un  autre  Ibrahim  ,  natif  de  Bagdad  ou  BagJet ,  Doreur  tres-fçavant  dans  U 
loy  &  dans  la  morale  des  Mufulmans  ,  fut  furnommé  Al  Zagiâge  ,  le  Verrier, 
à  caufe  que  lui  ou  fes  ancêtres  faifoicnt  profeflion  de  polir  <Sc  ti-availler  le  ver- 
re.   £en  Khalecân.     Foyez  auflî  Kairoan. 

H  OS  S  AN.  Ebn  Bcithâr  cite  fouvent  dans  fon  Mogni  un  Auteur  qui  A 
écrit  en  Médecine  ,  nommé  Ebn  Hoflan  ou  HulTàn. 

HOSSAS,  furnom  d'Aboubecre  Ahmed  Ebn  Ali  ,  qui  eft  cité  fouvent  fous 
le  nom  de  HolTas  Al  Razi  ,  à  caufe  qu'il  étoit  natif  de  la  ville  de  Rei.  Il  a 
compofé  un  ouvrage,  intitulé  Ahcâin  yJlcoran.  Foyez  ce  titre.  Cet  Auteur  mou- 
rut l'an  de  l'Hegire  370. 

HOSSOUN  Al  gebâl  al  raovaffi  ,  nom  d'une  place  très -forte  du  pays  ou 
Royaume  de  Lar,  qui  eft  procha  du  Golfe  Perfique.  Elle  porte  encore  le  nom 
de  Burugcrd  ,  félon  Arabfchah ,  qui  appelle  ce  pays- là  Belad  al  Lour  ,  ou 
Laour. 

HOU  &  Hû;  ce  mot  Arabe  a  plufieurs  fignifîcations,  lefquelles  s'entendront 
beaucoup  mieux,  par  le  récit  que  Ton  va  faire,  que  par  quelque  explication 
littérale  que  l'on  lui  pût  donner.  Il  y  avoit  parray  les  Turcs  en  Natolie  un  de 
ces  Abdais  ou  Extafiez  ,  duquel  on  a  déjà  dit  un  mot  dans  la  lettre  B,  que 
l'on  nommoit  Baba  Bazarlu  ,  lequel  fc  tenoit  ordinairement  enfermé  dans  (à 
cellule,  &  ne  fe  fervoit  point  d'autre  livre  que  de  fa  muraille,  fur  laquelle  H 
avoit  fait  écrire  un  feul  mot  de  deux  lettres ,  qui  en  occupoit  toute  la  furface 
par  la  grolfeur  &  par  la  grandeur  de  {gs  cara6lères. 

Ce  mot  eft  Hu  ,  que  l'on  prononce  Hou ,  lequel  étant  quelquefois  le  pro- 
nom de  la  troifième  perfonne  ,  &  quelquefois  le  verbe  fubftantif  pour  expri- 
iner  ce  fens  :  Il  eji,  de  forte  que  ce  mot  devient  auflî  un  des  n^ms  de  Dieu, 
parce  qu'il  marque  fon  eflence  limple  &  abfolue  ,  &  répond  au  nom  que  Dieij 
fe  donne  à  luy-même  ;  Je  fuis  celuy  qui  fuis  ou  qui  efi. 

Les  Mufulmans ,  pour  remarquer  cecy  en  paflhnt ,  mettent  ordinairement  ce 
mot  aij  commencement  de  tous  leurs  ouvrages,  &  il  fe  trouve  en  tête  de  tous 
les  Refcripts ,  Paflepoits  ,  &  Letti'cs  Patentes  des  Princes  &  des  Gouverneur? 
^lahometans. 


HOUD.  ,^3 

de  force  en  criant,  fans  Intermiffion,  hou,  hou^  hou,  qu'à  la  fin  ils  s'étourdif- 
ibnt  &  tombent  fouvent  dans  des  fyncopes,  qu'ils  appellent  extafes. 

Quelques  gens  d  efpnt  étant  venus  un  jour  vifiter  Bazarlu,  lui  dirent  en  rail- 
fcnt:  Ce  grand  Hou,  qui  eil  écrit  dans  vôtre  cellule,  ne  peut  plus  fe  rappor- 
ter à  aucun  nom,  ni  à  aucun  verbe  tant  il  eft  grand  :  car  il  faut  remarquer, 
que  ce  pronom  eft  fouvent  relatif  &  s'attache  à  la  fin  des  noms  ou  des  verbes , 
ce  qui  lui  donne  le  nom  d'affive,  &  il  faudroit,  lui  dirent -ils  ,  que  la  parole 
où  il  feroit  attaché,  fût  couchée  dans  un  efpace  demefuré  ,  fi  l'on  vouloit  y 
garder  quelque  proportion. 

Bazarlu,  qui  ne  manquoit  pas  d'efprit,  leur  répondit,  faifant  allufion  au  nom 
de  Dieu,  que  ce  pronom  fignifie  :  Mes  amis  ,  fçachez  que  ce  mot  ne  fe  rap- 
porte à  aucun  autre,  &  que  tous  les  autres  fe  rapportent  à  luy ,  &  il  leur  ex- 
pliqua fa  penfée  par  ces  vers  en  langue  Turquefque. 

La  grandeur  du  Palais  répond  à  la  puijfance  de  celuy  qui  rhabite  ;  de  même  que 
chaque  nid  eft  proportionné  à  fon  oyfeau. 

Ne  penfez  pas  non  plus  que  les  hommes  fe  gouvernent  ou  foient  emportez ,'  comme 
l'on  dit  ordiiiaireme^ît ,  par  le  tems  ;  car  c'efi  le  tems  qui  s'accommode  aux 
hommes ,  qui  difpofent  de  luy  comme  étant  fait  pour  eux. 

HOUD;  c'eft  le  nom  que  les  Arabes  donnent  au  Patriarche,  que  les  Hé- 
breux appellent  Heber  ;  car  il  a  plu  à  Mahomet  d'appelier  ainfi  ce  Patriarche, 
parce  que  croyant,  comme  l'ont  cru  plufieurs  de  nos  Auteurs,  que  le  nom 
d'Hébreu  étoit  dérivé  de  celuy  du  Patriarche  Heber,  par  la  même  raifon  celuy 
de  lahoud  ,  qui  fignifie  Juif,  devoit  être  formé  de  celuy  de  Houd  ,  &  qu'ainfi 
Houd  &  Heber  étoient  le  même  nom. 

Houd  étoit  fils  de  Saleh  ,  fils  d'Arphaxad  ,  fils  de  Sem  ,  fils  de  Noé.  Dieu 
l'envoya  prêcher  aux  peuples  d'Ad  &  de  Schedâd  :  mais  il  y  fit  peu  de  fruit, 
trouvant  même  fort  peu  de  gens  qui  Técoutafient ,  &  encore  moins  de  ceuS 
qui  ajoûtaflent  foy  à  fes  paroles.  L'incrédulité  de  ces  peuples  irrita  tellement 
le  Seigneur,  qu'il  envoya  un  vent  brûlant ,.  nommé  Rih  âkim  dans  l'Alcoran, 
qui  les  fit  prefque  tous  périr. 

Après  cette  punition ,  Houd  fe  retira ,  félon  quelques  Auteurs  ,  avec  un  pe- 
tit nombre  de  fidèles  à  la  Mecque,  ou  il  établit  fa  demeure;  mais,  félon  les 
autres ,  il  pafia  dans  la  province  nommée  Hatfarmavet  ou  Hadhramuth ,  où  il 
finit  fes  jours. 

En  effet,  on  voit  encore  fon  fepulcre  dans  la  province  d'Iemen  ou  Arabie 
Heureufe  ,  proche  la  ville  de  Mirbath  ;  il  y  a  même  une  petite  ville  bâtie  à 
Tentour,  qui  porte  encore  le  nom  de  Cabar  Houd  ,  le  fepulcre  de  Houd.  Ce 
Patriarche  vivoit  du  tems  que  Giam  fchid  regnoit  en  Perfe  ,  félon  le  Tarikh 
Montekheb  ou  Cozideh. 

Ce  que  nous  avons  rapporté  cy-deffus,  n'eft  qu'un  abrégé  qui  eft  couché  dans 
là  Chronique  choifie ,  ou  Tarikh  Montekheb  ,  que  l'on  vient  de  citer  :  mais 
l'on  trouve  l'hiftoire  de  Houd  bien  plus  étendue  dans  Khondemir  ,  &  dans  la 
paraphrafe  de  Houflain  Vaêz ,  fur  le  chapitre  de  l'Alcoran  qui  porte  fon  nom. 

Ils  difent  donc  ,  que  le  Patriarche  ou  Prophète  Houd  car  c'eft  ainfi  qu'ils 
l'appellent,  étoit  fiiJs  de  Schalekli,  fils  d'Arphaxad,  fils  de  Sem,   fils  de  Noë, 

& 


2-64  HOU  D. 

&  qu'il  naquît  dans  l'Arabie  parmi  le  peuple  nommé  Ad,  c'efl  -  à  -  dire ,  les  A- 
dites  qui  defcendoient  d'Ad  fils  de  Aous  ouHus,  fils  d'Aram,  fils  de  Sem, 
fils  de  Noë. 

Dieu,  fuivant  la  tradition  Mufiilmane  tirée  du  chapitre  Aaraf,  le  deftina  pour 
prêcher  à  ce  peuple  l'unité  de  fon  eiFence,  &  pour  le  détourner  du  culte  des 
idoles.  Ces  idoles  étoient  Sakiah  qu'ils  invoquoient  pour  avoir  de  la  pluye:  Ha-.- 
fedhah  à  qui  ils  recouroient  pour  être  prefervez  de  mauvaifes  rencontres  pen- 
dant leurs  voyages  :  .  Razceah  qu'ils  croyoient  leur  fournir  les  chofes  necelTaires 
à  la  vie;  &  Saîemah  qu'ils  imploroient  pour  le  recouvrement  de  la  faute,  quand 
ils  étoient  malades. 

Ces  Adites  habitoient  dans  l'Arabie  Heureufe  en  une  contrée  nommée  Ahcaf  ; 
mot  qui  fignifie  en  Arabe  des  collines  de  fable ,  dont  tout  le  terroir  qui  s'étend 
depuis  la  province  de  Hadhramut  jufqu'à  celle  d'Oman  fur  les  bords  du  Golfe 
Perfique,  ell  entièrement  couvert.  Houd  prêcha  inutilement  â  cS  peuple 
pendant  plufieiirs  années ,  jufqu'à  ce  que  Dieu  enfin  le  lalla  de  les  attendre  à 
pénitence. 

La  première  punition  que  Dieu  leur  envoya,  fut  une  famine  de  trois  ans 
confecutifs ,'  pendant  lefquels  le  ciel  fut  fermé  pour  eux.  Cette  famine  jointe 
à  beaucoup  d'autres  maux  qu'elle  cauia,  emporta  une  granJe  partie  de  ce  peu- 
j)le  qui  étoit  le  plus  fort,   le  plus  riche,   &  le  plus  puifiant  de  toute  l'Arabie, 

Les  Adites  fe  voyant  réduits  à  une  telle  extrémité ,  &  ne  recevant  aucun 
fecours  de  leurs  fauiîes  Divinitez,  refolurent  de  faire  un  pèlerinage  en  un  lieu 
de  la  province  de  Hegiâz  où  eft  fituée  prefentement  la  Mecque.  11  s'élevoit 
pour  lors  en  ce  lieu  une  colline  de  fable  rouge,  autour  de  laquelle  on  voyoit 
toujours  un  grand  concours  de  divers  peuples:  &  toutes  ces  nations  tant  fidel- 
les  qu'infidelles,  croyoient  obtenir  de  Dieu,  en  le  vifitant  avec  dévotion,  tout 
ce  qu'ils  lui  demandoient  concernant  les  befoins ,  &  les  neceflîtez  de  la  vie. 

Les  Adites  ayant  donc  refolu  d'entreprendre  ce  voyage  religieux,  choifirent 
fôixante-dix  hommes,  à  la  tête  defqaels  ils  mirent  Mortadh  &  Killes,  deux 
plus  confiderables  perfonagcs  du  pays,  pour  s'acquiter  au  nom  de  tout  le  peu- 
ple de  ce  devoir,  &  obtenir  du  ciel  par  ce  m.oyen,  la  pluye  fans  laquelle  tout 
étoit  perdu  cliez  eux.  Ces  gens  étant  partis,  arrivèrent  auprès  de  Moavie,  qui 
regnoit  pour  lors  dans  la  province  de  Hegiaz,  &  en  furent  très -bien  reçus. 
Ils  lui  expoferent  le  fajet  de  leur  voyage,  &  lui  demandèrent  la  pcrmiffion  d'al- 
ler faire  leurs  dévotions  à  la  colline  rouge  ,  pour  obtenir  de  la  pluye. 

Morthad  qui  étoit  le  plus  fage  de  cette  troupe,  &  qui  avoit  été  perfuadé 
par  les  prédications  du  Prophète  Houd  ,  remontroit  fouvent  à  fcs  compagnons, 
qu'il  étoit  inutille  d'aller  faire  des  prières  en  ce  lieu  là,  fi  auparavant  on  n'ad- 
heroit  aux  veritez  que  le  Prophète  Houd  leur  prêchoit,  &  fi  l'on  ne  faifoit 
une  ferieufe  pénitence  de  leur  péché  d'incrédulité:  car  comment  voulez -vous, 
leur  difoit-il,  que  Dieu  répande  fur  nous  la  pluye  abondante  de  fa  mifericor- 
de,  ii  nous  refufons  d'écouter  la  voix  de  ccluy  qu'il  a  envoyé  pour  nous  in- 
ûruii-c. 

Kil  qui  étoit  des  plus  obfl;inez  dans  fon  erreur,  &  par  conféquent  des  plus 
•contraires  au  Prophète,  entendant  les  difcours  de  fon  collègue,  pria  aufîîtôt  le 
Roy  Moavie  de  retenir  prifonnier  Mortadh ,  pendant  que  lui  &  les  fiens  iroient 
faire  leurs  prières  fur  la  colline.    Moavie  fe  rendit  à  iès  inllances,  &  retenant 

celui- 


HOUD.        ^      .  25^ 

celui -cy  prifonnier,  permit  aux  autres  de  pourfuivre  leur  voyage,  &  d'accoin-' 
plir  leur  vœu. 

Kil  demeuré  feul  chef  de  ces  fourvoyez,  étant  arrivé  avec  les  ficns  fur  le 
lieu ,  fit  ainfi  fa  prière  :  Seigneur  donnez  au  peuple  d'yJd  de  la  pluye  telle  qiiil  voar 
plaira^  &  il  ne  l'eut  pas  plutôt  achevée,  qu'il  parut  trois  nuées  au  ciel,  l'une 
blanche ,  l'autre  rouge ,  &  la  troifième  noire.  En  même  tems  on  entendit  re- 
tentir du  ciel  ces  paroles  :  Choifis  laquelle  tu  veux  de  ces  trois.  Kil  choifit  la 
Noire,  qu'il  croj'oit  la  plus  chargée,  &  la  plus  abondante  en  eau  dont  ils 
avoient  un  extrême  befoin,  &  après  avoir  fait  ce  choix,  il  quitta  auffi-tôt  cet 
endroit,  pour  prendre  la  route  de  fon  pays,  fe  flattant  du  fuccez  heureux  qu'a- 
voit  eu  fon  voyage. 

Auffi-tôt  que  Kil  fut  arrivé  dans  la  vallée  de  Mogaith,  une  des  contrées  du 
pays  des  Adites,  il  donna  part  à  fes  compatriotes  de  la  réponfe  favorable  qu'il 
avoit  reçue,  &  de  la  nuée  qui  devoit  arrouler  bientôt  toutes  leurs  terres:  ces 
peuples  infenfez  fortirent  tous  de  leurs  habitations  pour  la  recevoir;  mais  cette 
nué^  qui  n'étoit  groffe  que  de  la  vangeance  Divine ,  ne  produifit  qu'un  vent 
très-froid  &  très  -  violent  que  les  Arabes  appellent  Sarfar,  lequel  foufflant  pen- 
dant fept  nuits,  &  fept  jours  entiers,  extermina  tous  les  Infidèles  du  pays,  & 
ne  lailfa  en  vie  que  le  Prophète  Houd  avec  ceux  qui  l'avoient  écouté,  &  em- 
braffé  la  foy. 

C'eft  ce  que  fignifient  ces  paroles  qui  terminent  l'hifloire  de  Houd  dans  le 
chapitre  qui  porte  fon  nom.  Nous  avons  délivré  Houd  (f  tous  les  Jiens  par  7iûtrt 
mifericorde ,  (f  7ious  avons  exterminé  entièrement  ceux  qui  ont  méprifé  nos  ftgnes  ^ 
^  qui  font  demeuré  dans  Vinfidelité. 

Houd  ou  Heher  ^dit  dans  le  chapitre  de  l'Alcoran  qui  porte  fon  nom,  au 
peuple  auquel  il  prêchoit  la  parole  de  Dieu,  &  qui  le  menaçoit  du  dt^nier 
fupplice,  ces  paroles  couchées  dans  fon  chapitre:  J'ay  mis  toute  ma  confiance, 
en  Dieu  qui  efi  mon  Seigneur  (f  le  vôtre;  car  il  n'y  a  aucune  créature  fur  terre, 
qu'il  ne  tienne  entre  fis  mains  par  la  touffe  des  cheveux  de  fon  front ,  pour  les  cok- 
duire  par  le  droit  chemin  oîi  il  lui  plaît. 

Les  Interprètes  de  ce  pafl"age  difent  que  cette  façon  de  parier ,  tenir  quelqu'un 
par  les  cheveux  du  devant  de  fa  tête  ,  fignifie  que  l'on  cil  maître  abfolu  de  fa 
perfonnc,  en  Ibrte  qu'il  ne  puiffe  rien  faire  que  ce  qu'il  plaît  i  celuy  qui  le 
tient  par  cet  endroit. 

L'Auteur  du  Bahar  alhacaik  dit  que  ce  chemin  droit  efl  celui  qui  conduit, 
&  qui  fe  termine  à  Dieu  exclufivement  à  tout  autre  "fuivant  ce  palîage  où  il 
eil  dit  :  U  enn  ela  rabbeka  montehi  :  C'eft  à  Dieu  feul  que  toutes  chofes  fe 
rapportenL 

Dans  le  livre  intitulé  Nacd  al  noffous  ^  qui  eft  une  compilation  de  pluficurs 
commentaires  de  l'Alcoran,  dans  le  chap.  qui  traite  de  l'unité, des  aftions ,  c'eft- 
à-dire,  de  quelle  manière  Dieu  agit  dans  l'homme,  &  de  quelle  façon  l'hom- 
me coopère  avec  Dieu  dans  la  produftion  de  îes  actions,  l'on  trouve  félon  le 
fcntiment  des  Docteurs  Mufulmans  qui  paflTent  pour  les  plus  Orthodoxes,  que 
le  Souverain  Etre  élevé  au  deffus  de  Toutes  chofes,  à  fçavoir  Dieu,  ell  effec- 
tivement l'Auteur,  &  le  principe  de  toutes  les  aftions  des  créatures,  &  même 
de  toutes  leurs  coopérations;  que  c'efl  lui -feul,  lequel  par  l'ordre  de  fa  provi- 
dence, &  avec  le  concours  ûss  caufes  fécondes  qu'il  a  établi,  attire  chaque 
chofe  à  foy,  félon  la  capacité  &  les  difpofitions  du  fujet,  &  qu'en  cccy  confifte 

ÏOME  IL  •        L 1  Tin- 


i(5d  H  O  U  S.        H  Ô  U  S  S  A  I  N: 

l'intelligence  de  ce  verfet  où  le  Prophète  Houd  dît  que  Dieu  tient  un  chacun 
par  les  cheveux  de  fon  front,  &  le  porte  infailhblement  &  dii eftement  où  il 
lui  plait.  Un  Poëte  myllique  explique  ce  îentiment  en  un  feul  vers  qui  eft 
moitié  Perfien  &  moitié  Arabe.    . 

Dieu  a  attiré  premièrement   celui  qui  a  attiré  ceux  par  qui  vous  êtes  attiré  vous- 
même  ,  afin  que  tous  aillent   âf  retournent  à  luy. 

Un  autre  a  dit  fur  le  même  fujet:  Puifque  tous  les  chemins  qui  fe  trouvent 
foit  à  droit,   foit  à  gauche,  tendent  à  lui,  tu  as  beau  faire,   quelque  chemin 
que  tu  prennes,  tu  iras  vers  luy,  ou  pour  être  recompenfé , fi  tu  as  pris  la  droi- 
te, ou  pour  être  puni  fi  tu  as  pris  la  gauche.     Comme  tout  prend  fon  origine 
de  lui,  il  faut  aUfli  que  tout  s'y  termine.  ^ 

:    Il  y.apluficurs  palfagcs  dans  ce  même  chapitre  intitule  Houd  touchant  la  pre-- 
dcftin'ation ,    &  la    réprobation  pofitive  ,     qui   ont  fait   dire  à  l'impolleur  qui 
l'a  fabriqué ,  par  une  hypocrifie  qui  n'a  point  fa  pareille ,  que  le  chapitre  ^oud 
lai    avoit    fait  venir  les  cheveux  gris   avant  le  tems  ,    tant  il   en  avoit  été 

11  y  a  un  Carah  Giâfar  Al  Cafchiri  qui  eft  fur- nommé  Ebn  Houd  Al  Nifcha- 
bouri.     Ployez  le  titre  di  Carah  Giâfar. 

HOUS  &  Hus,  Efl  le  même  qu'Aous  &  Aus,  qui  eft  apparemment  le  Hus 
de  l'Ecriture  fainte ,  pays  d'où  le  faint  homme  Job  étoit  natif.       Foyez  la  Ge- . 
nealogie  de  Houd  &  l'origine  du  peuple  d'Ad  ou  des  Adites. 

HOUSSAIN,  Second  fils  d'Ali ,  &  frère  de  Haflan,  lequel  ayant  refufé  de 
reconnoître  lezid  fils  de  Maovie  pour  Khalife  légitime,  fut  obligé  de  quitter 
la  ville  de  Medine,  &  de  fe  retirer  à  la  Mecque.  Les  habitans  de  Coufah  , 
dont  la  plus  grande  partie  avoit  beaucoup  d'inclination  pour  la  famille  d'Ali, 
iiyant  appris  la  retraite  de  Houiîain,  le  convièrent  de  venir  chez  eux,  après 
l'avoir  proclamé,   &  reconnu  unanimement  pour  Khalife    légitime,    &  déclaré 

lêzid   pour  un    ufurpateur.  ,.,  j     -^  u  i    r .  /-     v  • 

lezid  n'eut  pas  plutôt  appris  cette  nouvelle,  quil  dépêcha  un  de  les  Capital- - 
nos  nommé  Obeidallah,  avec  des  troupes  pour  aller  au  devant  de  lui.    Ce  Ca- - 
pitaine  ayant  rencontré  Houflain  dans  la  plaine  de  Kerbela  qu  il  travcrloit  pour 
venir  k  Coufah  à  gran.les  journées  avec  foixante  -  douze  perionnes  feulement  de 
fa  famille,  le  tua  lui  &  tous  les  liens,  l'an  6i  de  l'PIegire. 

Cette  mort  de  Houiîain  que  les  Perfans  appellent  Schehadet,   c'elt-à-dire,  le 
Martyre  par  excellence,   efl  déplorée  tous   les   ans  parmi  eux  le  dixième  jour  • 
du  mois  nommé  Moharram,  &  a  été  la  caufe  de  la  haine  implacable  des  Kha- . 
•lifcs  Abbaflides,  contre  les  Ommiadcs.     Cecy  n'étant  qu  un  abrégé  de  Ihiftoire 
de  Houlfain,    nous   en    allons  voir  quelques  autres  particularitez   des  plus  re.- 
ma^i'quables.  • 

-  Houffain  fécond  fils  d'Ali,  que  les  Perfens  difent  être  le  troifième  Imam  ou 
Pontife  de  la  loy  Mufulmane ,  naquit  à  Medine  la  quatrième  année  de  1  Hegire, 
n'ayant  été  que  fix  mois  dans  le  ventre  de  fa  mère  Fathemah ,  fille  de.  Maho- 
met. Sa  naiirance  palTe  chez  les  Perfans  pour  miraculeufe;  car  ils  avancent 
hardiment  qu'aucun  cnflint  .n'eft  né  dans  ce  terme  avant  lui,  .a  ta  reierve  d  la- . 

•  ill3  3  , 


MOUS  s  A  IN.  .j5. 

hia,  qui  eft  faint-Jean  Baptifte,  Ils  difent  auffî  que  Ja  mort  violente  qu'il  de 
voit  fouffrir  pour  la  juftice  de  fon  droit,  &  pour  la  Religion,  mort  que  les 
Mufulmans  qualifient  du  nom  de  Schedadat,  qui  fignifie  témoignage,  ou  martv 
re,  lui  fut  annoncée  par  Gabriel,  lorfqu'il  étoit  encore  dans  le  tems  de  fon  en- 
fance, &  que  cette  nouvelle  lui  donna  dès  ce  tems -là  un  air  morne  &  triftc 
qu'il  conferva  toute  fa  vie.  , 

HoulTain  étoit  âgé  de  huit  ans,  lorfque  Mahomet  mourut,  &  de  trentc-fept 
au  tems  qu'Ali  fon  père  fut  alîailîné.  Le  refle  de  ù.  vie  qui  fut  encore  d'en- 
viron vingt  ans,  fe  palTa  allez  paifiblement  fous  le  Khalifat  de  Maovie  :  mais 
lezid  fon  fils ,  &  fon  fucceiîcur  ayant  commencé  à  régner  l'an  60  de  rHe<Tire 
cet  impie  qui  s'étoit  dé  Jaré  ouvertement  l'enncmy  de  Mahomet ,  &  de  fa  "mai- 
son, envoya  fes  ordres  à  Medine  pour  faire  mourir  HouIHnn  &  Abdallah  fils 
de  Zobair  qui  pouvoient  lui  dilputer  le  Khalifat. 

Ces  ordres  ne  furent  pas  fi  fecrets,  qu'ils  ne  vinfient  à  la  connoifiance  de 
ces  deux  perfonnages;  c'elt  pourquoy,  après  avoir  délibéré  conjointement  fur  ce 
qu'il  y  avoit  à  faire ,  ils  prirent  la  rciblution  de  fe  réfugier  à  la  Mecque  ,  de 
fc  déclarer  tous  deux  ouvertement  contre  lezid,  &  de  ne  le  regarder  plus  qu3 
■comme  un  Ufurpateur. 

Les  habitans  de  la  ville  de  Coufah  ayant  appris  d'un  côté  la  perfccution 
qu'Iezid  faifoit  à  Houfiliin,  &  de  l'autre,  que  les  Medinois  avoient  proclamé 
Khalife  Abdallah  fils  de  Zobair,  fu-ent  fçavoir  à  Houlfain  que  s'il  vouloit  le 
tranfporter  chez  eux,  il  y  feroit  non  feulement  en  fi'ireté  de  fa  pcrfonne,  mais 
qu'en  confideration  de  l'efliime  qu'ils  avoient  pour  Ali  fon  père,  &  pour  fa 
maifon,  ils  lui  rendroient  leurs  hommages,  &  le"  reconnoîtroient  pour  le  feul 
légitime  &  véritable  Khalife;  Houflliin  prit  le  party  de  les  aller  trouver. 

Il  fortit  pour  cet  effet  fort  fécretement  de  la  Mecque,  accompagné  feulement 
de  foixante  -  douze  Cavaliers  qui  étoient  tous  fes  enfans,  ou  proches  parens  , 
efcorté  de  quelques  troupes  d'infanterie  Arabe ,  prenant  le  chemin  du  defert  qui 
eft  entre  Coufah  &  la  Mecque;  mais  il  ne  put  û  bien  cacher  fa  marche, 
qu'Obeidallah  uiî  des  Généraux  des  armées  d'Iezid  qui  commandoit  les  troupes 
d'Arabie,  n'en  eiàt  avis.  Ce  General  lui  coupa  le  chemin  par  la  Chaldée,  que  l'on 
appelle  aujourd'huy  l'Iraque  Arabique  &  Babylonienne,  &  le  rencontra  dans  la 
campagne  de  Kerbela,  où  plufieurs  troupes  s'étant  jointes  à  luy,  HoulTain  fe  vit 
invefli  tout  d'un  coup  par  dix  mil  chevaux. 

Il  falloit  dans  une  telle  conjonfture ,  ou  fe  rendre  ou  périr  en  combattant. 
Houfl'ain  chofit  le  dernier  party ,  &  'ce  fut  en  cette  extrémité  qu'après  avoir 
combattu  avec  une  bravoure  incroj^able,  &  vendu  bien  chèrement  fa  vie  à  fes 
ennemis,  il  fut  mis  en  pièces  lui  &  les  fiens  le  dixième  jour  du  mois  Moharram 
ebns  la  foixante  -  unième  année  de  l'Hegire. 

Cette  datte  eft  fi  célèbre  parmi  les  Perfans,  qu'ils  l'appellent  encore  au- 
jourd'huy, la  journée  de  Houiîain,  Jaum  Houfiàin,  &  Rouz  Iloufiain,  jour  ce- 
pendant que  les  autres  Mufulmans  appellent  Afchour,  &  Afchoura.  La  mé- 
moire ,  &  le  Deuil  de  cette  mort  fon  encore  célébrez  folemnellement  tous  les 
ans  parmi  eux ,  &  c'eft  cet  anniverfaire  de  pleurs  &  de  lamentations  extrava- 
gantes qui  entretient  encore  aujourd'huy  l'averfion  de  cette  nation,  pour  toi.< 
les  Mufulmans  qui  ne  font  pas  dans  leurs  fentimens,  de  même  qu'elle  caufa  pour 
lors  une  haine  implacable  entre  les  Ommiades,  &  les  Abbaffides ,  comme  l'on 
peut  voir  en  plufieurs  endroits  de  cet  ouvrage. 

Lia  I;a 


26t  HO  us  s  AIN. 

La  tête  de  HoufTaiii  fut  envoyée  par  Obeidallah  à  Iczid  qui  lui  infulta,  &  ne- 
permit  qu'avec  peine  qu'elle   fut  enterrée  dans  la  ville  de  Damas.      Elle  fut 
mile  d'abord  en  un  lieu  nommé  Bab  al  faradis,  la  porte  des  Jardins,  d'où  ells 
fut  tranfportée  à  Afcalon  en  Palefline,  &  de-là  au  Caire  par  les  Khalifes  Fathe- 
mites  maîtres  de  la  Syrie,  &  de  l'Egypte,  dans  une  Mofquée  bâtie  exprès  fous- 
le  nom  de  Mafchehad  Houffiiin,  c'eft-à-dire  le  fepulcre  du  Martyr  Houfiain. 

Son  corps  fut  inhumé  dans  la  plaine  de  Kerbcla  où  Adhadeddoulat,  premier 
Sultan  de  la  race  des  Bouides,  fit  bâtir  un  fomptueux  monument,  qui  efl  encore 
îîujourd'huy  vifité  avec  grande  dévotion  par  les  Perfans.  Ce  Sultan  donna  à 
fon  édifice  le  nom  de  Kunbud  Faiz  qui  fignifie  en  langue  Perfienne,  le  Dôme 
ou  la  Voûte  magnifique  ;  mais  on  l'appelle  aujourd'hui  communément  en  Arabe 
Mafchehad  Houllain  ,  le  lieu  du  martyre  de  Houfiain,  qui  n'eft  pas  fort  éloi- 
gné du  Mafchehad  Ali  qui  ell  le  Sépulcre  de  fon  père  Ali.^ 

La  mort  de  Houlîain  ne  demeura  pas  long-tems  fans  être  vangée:  car  peu 
après  qu'elle  fut  arrivée',  fous  le  règne  même  des  Ommiades,  il  s'éleva  plufieurs 
parcys  qui  demandèrent  le  fang  de  Houfi'ain;  car  c'efh  ainfi  que  les  Mufulmans 
parlent,  quand  on  fe  porte  pour  vangeur  de  la  mort  de  quelqu'un,  &Mokhtâr, 
un  des  chefs  de  ces  faftieux  ,  fe  vanta  d'avoir  fait  mourir  lui-feul,  près  de  50 
mil  des  ennemis  de  la  Maifon  d'Ali. 

Les  deux  titres  que  l'on  donne  en  Perfe  ordinairement  à  Houfiiiin,  font  ce- 
luy  de  Schehid,  le  Martir,  &  celui  de  Seid  ,  le  Seigneur,  &  par  le  mot  d'Al 
Seidani,  qui  fignifie,  les  deux  Seigneurs,  fans  y  rien  ajouter,  on  entend  tou- 
jours les  deux  fils  aînez  d'Ali  qui  font  Uaiïkn  &  Houfi^ain. 

Ben  Schonah  rapporte  entre  les  autres  aftions  de  pieté  que  HouiTain  prati- 
quoit ,  qu'il  faifoit  tous  les  jours  en  24  heures  mil  adorations ,  ou  proftrar 
tions  devant  Dieu,  &  qu'à  l'âge  de  55  ans  il  avoit  fait  vingt -cing  fois  le  pè- 
lerinage de  la  Mecque  qu'un  bon  Muiùlman  n'eft  obligé  de  faire  qu'une  fois 
en  fa  vie. 

Jezdi  dans  fon  livre  mtkulé  Reffalat  fi  beian  almeliabhat ,  qui^  eft  un  traité  ds 
l'amour  de  Dieu,  rapporte  que  fioulfain  ayant  demandé  un  jour  à  Ali  fon  père 
s'il  l'aimoit,  &  Ali  lui  ayant  répondu  qu'il  l'aimoit  tendrement,  Houffain  lui  de- 
manda derechef  s'il  aimok  Dieu,  &  qu'Ali  lui  ayant  aufii  répondu  affirmative- 
ment, Houfllu'n  lui  dit:  Deux  amours  ne  peuvent  pas  fe  rencontrer  dans  un  mê. 
me  co2ur;  ni  Dieu  na  pas  donné  deux  cœurs  à  l'homme.  A  ces  paroles  le 
cœur  d'Ali  s'attendrit,  &  l'on  die  même  qu'il  pleura. 

Houfiain  touchédes  larmes  de  fon  père,  reprit  la  parole,  &  lui  dit,  pour  le 
confoler:  Si  vous  aviez  à  choifir  entre  le  péché  d'infidélité  envers  Dieu,  ou 
ma  mort,  que  feriez  vous?  Je  choifirois  de  vous  donner  plutôt  la  mort,  que 
d'abandonner  ma  foy,  repartit  Ali;  vous  pouvez  donc  reconnoître  par  cette 
marque,  lui  répliqua  Houfliun ,  que  l'amour  que  vous  avez  pour  moy  n'eft 
qu'une  tendreffe  naturelle,,  &  que  celuy  que  vous  portez  à  Dieu,  eft  un  vé- 
ritable amour. 

Houfiain  Vaêz  dans  fa  Paraphrafe  Perfienne  de  l'Alcoran,  attribue  à  Houfiain 
ce  qui  a  déjà  été  dit  de  Hallan  fon  frère-,  au  fujet  de  l'efclave  auquel  il  par- 
donna une  faute  punifiable.  Il  importe  peu  de  Içavoir  precifément  lequel  des 
deux  frères  a  fait  cette  aftion  qui  eft  fort  belle  dans  les  perfonnes  même  de  la  plus 
balfe  qualité  ;  mais  ce  que  dit  le  même  Auteur  touchant  ces  deux  frères  ,  quoy 
^yil  femble  être  à  l'honnem-  do  Jes  us- Christ,  eft  tout  -  ù  fait  impertinenti 


H  O  U  s  s  A  I  N.  .^^ 

Il  pofe  pour  principe  que  félon  l'Ecriture  fainte  l'on  peut  fort  bien  tirer  la 
généalogie  de  quelqu'un  du  côté  de  fa  mère,  puilque  Jésus-  Christ  cft  dit 
fils  d'Abraham,  quoy  qu'il  ne  dcfcende  de  luy  que  par  la  bienhcureufc  Marie 
ft  raere;  ce  font  les  propres  paroles  de  cet  Auteur,  &  qu'ainfi  l'on  peut  foû- 
tenir  avec  vérité  que  Hallan  &  Houffain  font  véritables  fils  de  Mahomet ,  quoy 
qu'ils  ne  defcendent  de  lui  que  par  Fathemah  leur  mère.  Foyez  le  titre  de  Mi- 
riam,  qui  eft  la  fainte  Vierge,  où  l'on  peut  voir  les  fcntiracns  des  Mufulmans, 
fur  fon  fujet. 

Avant  que  de  finir  cet  article,  j'y  ajouterai  que  les  Mouahedites,  Princes  qui 
ont  régné  en  Afrique,  &  en  Efpagne,  qui  font  plus  connus  dans  nos  hiîloires 
fous  le  nom  d'Almohades,  prétendoicnt  defcendre  en  ligne  direclo  &  mafculine 
de  Houflliin. 

HO  US  S  AIN  Ben  Sam,  Cefl"  le  nom  du  Fondateur  de  la  dynallie  des  Gau- 
rides.  Il  faut  voir  les  avantures  de  fon  père  dans  le  titi-e  de  Sdra,  &  pour  par- 
ler de  celles  de  Houilain  fon  fils,  je  fuivray  ce  que  Khondemir  en  a  écrit. 

Houffain  s'étant  fauve  feul  d'un  naufrage  avec  un  tigre,  lequel  quoyqu'affamé 
de  trois  jours,  le  quitta,  &  s'enfuit  dans  le  bois  aufîî  -  tôt  qu'il  fut  à  terre, 
gagna  comme  il  pût  une  ville  qui  n'étoit  pas  éloignée  du  rivage  de  la 
mer.  Se  trouvant  étrangei-  &  dénué  de  toutes  fortes  de  commoditez  en 
ce  lieu,  il  fut  obligé  de  coucher  pendant  la  nuit  fur  le  pas  d'une 
boutique,  où  le  Guet  qui  faifoit  la  ronde  l'aj'ant  trouvé,  il  fut  pris  pour 
un  voleur  de  nuit,  &  mend  en  cette  qualité  dans  les  prifons  de  la  ville.  Il 
demeura  en  cet  état  fefpace  de  fept  mois,  au  bout  defqucls  le  Prince  de  ce 
pays -là  étant  tombé  malade,  &  ayant  fait  par  charité,  fortir  des  prifons  tous 
ceux  qui   s'y  trouvoient  enfermez,  Houffain  fut  délivré  avec  les  autres. 

Auflî-tôt  qu'il  eut  recouvré  fa  liberté,  il  prit  le  chemin  de  Gaznah,  fiege  ro- 
yal des  Sultans  Gaznevides  de  fa  Maifon  de  Sèbeéleghin  ,  dont  la  Cour"  étoit 
alors  très  -  ilorifi;!uite  ;  mais  il  n'eut  pas  fait  une  journé-e  de  chemin^  qu'il  tom- 
ba entre  les  mains  d'une  bande  de  voleurs  de  grand  chemin  ,  qui  le  voyant 
homme  robufte,  &  de  bonne  mine,  lui  donnèrent  auffi-tôt  un  cheval,  &"  des 
armes,  &  le  firent  marcher  avec   eux. 

Il  y  avoit  fort  peu  de  tems  que  Houflliin  étoit  enrôlé  parmi  ces  brigands  , 
lorfque  les  gardes  du  Sultan  Ibrahim  fils  de  Maffoùd  qui  regnoit  dès  l'an  450 
dé  l'Hegire,  tombèrent  fur  eux,  &  les  conduifirent  tous  prifonniers  à  Gnz- 
nah  où  ils  furent  condamnez,  à  la  mort.  Houflliin  étant  conduit  au  lieu  du  fup'-- 
plice  avec  les  autres,  fit  fa  prière,  &  dit  à  Dieu:  Seigneur  vous  jie  faitts  ja- 
mais d'ifijujiicej  (y  vous  ne  tombez  jamais  dans  l'erreur,  permettrez- vous  qaim  in'- 
nccent  foij  enveloppé  dans  le  crime  des  coupables  f- 

Les  gens  du  Sultan  entendant  ces  paroles,  s'informe-rent  de  lui  par  quel  ren- 
contre étant  innocent,  il  s'étoit  trouyé  en  fi  mauvaife  compagnie:  Houlîain 
leur  raconta  le  détail  de  toutes  fes  difgraces,  &  de  celles  de  fa  famille ,  de  fon 
naufrage,  de  Ion  premier  emprifonnement  dans  une  ville  des  Indes,  &  tnfiii 
de  la  compagnie  de  ces  voleurs.  Les  Officiers  de  la  juflice  entendant  le  récit 
de  fes  avantures,  en  furent  toucliez.,  &  après  l'avoir  tiré  des  mains  de  l'excciN 
teur,  le  prefenterent  au  Sultan,  qui  voulut  apprendre  de  fa  bouche  mêjne  fhl- 
floire   de  fes  infortimcs. 

Après  que  Houflain  la  lui  eut  cxpoféc,  le  Sultan  qui  étoit  d'un  naturel  fort 
iiiimain,  étant  perfuadé  de  la  vérité  de  fon  récit,  fut  touché  en  même  tems  de 

Ll  3.  fon. 


^7®  H  0  U  S  S  A  I  N. 

fon  innocence  ,  &;  ayant  reconnu  dans  fa  phifionomie  quelques  traits  qui  mar- 
quoient  la  grandeur  de  fon  ame ,  voulut  prendre  le  foin  de  fa  fortune  &  le  re- 
tint à  fa  Cour. 

Houffain  profita  fi  bien  des  premières  faveurs  du  Sultan,  qu'il  gagna  en  peu 
de  tems  fa  confiance  ,  &  s'avança  de  degrez  en  degrez  jufqu'aux  premières 
char(Tes  de  l'Etat;  de  forte  qu'Ibrahim  étant  mort  après  quarante-deux  ans  de 
règne  l'an  de  l'Hegire  492,  qui  répond  à  l'an  1098  de  J.  C.  Maffoûd  troifième 
du  nom,  fils  &  fucceflx3ur  d'Ibrahim  ,  le  fit  Gouverneur  gênerai  de  la  grande 
Province  de  Gaour,  ou  Gaur  dont  il  étoit  originaire,  &c  où  fes  ancêtres  avoient 
autrefois  régné.     Foyez  les  titres  de  Gaûr,  6?  de  Sâm. 

Houlfain ,  fils  de  Sam ,  eut  un  fils  aîné  qui  porta  le  même  nom  ,  &  fut  fur- 
nommé  Alaeddin  Gehanfouz.     P'oyez  le  titre  de  Gehanfouz. 

HOUSSAIN  Ben  Avis,   ou  Ben  Vcis ,   étoit  le  fils  aîné  de  Scheikh  Avis, 
&  portoit  le  titre  de  Kurkan,  parce  qu'il  étoit  parent  proche  des  Sultans  Mo- 
gols  de  la  race  de  Genghizkhan ,  auffi-bien  que  celuy  d'Iikhani ,   à  caufe  qu'il 
defcendoit  de  Holagu  qui  portoit  le  titre  d'Ilkhan.     11  fut  le   troifième  Prince, 
des  Ilckhaniens. 

Il  fe  rendit  maître  de  Bagdet,  de  l'Iraque  Babylonienne  ou  Arabique,  &  de 
TAdherbigian ;  mais  il  fut  dépouillé  de  tous  ces  Etats,  &  mis  à  mort  par  Ah- 
med fon  frère  puîné  l'an  de  l'Hegire  783,  de  J.  C.  1381.  f^oyez  les  titres  d'Avis, 
de  Veis,  àf  ^' Ahmed  Ben  Avis. 

Houlfain  Kurkan  II  Khani  fut  pore  de  Scheikh  Haflan ,  mary  de  Bagdad  Kha- 
toun;  il  défit  Baiifur  &  le  chafi:^!  enfuite  de  toute  la  Province  de  Khorafl'an 
fous  le  Sultan  Abùfaid  Ben  Algiaptu.     l^oyez  le  titre  de  ce  Hultaru 

HOUSSAIN  Solthân,  Prince  de  la  race  de  Genghizkhan  qui  regnoit  dans  une 
partie  du  Khoraflan ,  dont  la  ville  de  Balkhe  efl:  la  capitale  ,  &  dans  la  Tran- 
foxane.  L'on  tient  communément  que  Timur  ou  Tamcrian  étoit  à  fon  fer- 
vice,  &  qu'il  fe  révolta  contre  lui.  Quoy  qu'il  en  foit,  il  cft  certain  qu'il  fut 
défait  &  tué  par  Tamerlan  l'an  de  l'Hegire  771,  de  J.  C.  1369,  depuis  lequel 
tems  on  compte  le  règne  de  ce  Conquérant  jufqu'en  l'an  807  ,  qu'il  mourut. 
Houlfain  avoit  été   fait  prifonnier  à  Balkhe  où  Tamerlan  favoit  affiegé. 

Tamerlan  n'ofa  pas  après  la  mort  de  Houlfain  prendre  le  titre  de  Khan,  ni 
de  Sultan  ;  mais  il  donna  ce  titre  à  Soiorgatmifche  qui  étoit  aufTi  de  la  race 
•Genghizkhanienne,  quoy  qu'il  polfedat  cependant  toute  l'autorité  dans  fes  Etats. 

Quelques  Auteurs  fonc  cet  Houlfain  Sultan  de  Herat,  &  lui  donnent  un  fils 
nommé  Gaiatheddin  qu'ils  difcnt  avoir  autrefois  fauve  Tamcrian  du  gibet  lors 
qu'il  fut  pris  dans  fes  Etats  comme  un  voleur. 

HOUSSAIN  Sofî,  Sultan  de  Khovarezme,  lequel  ayant  été  long-tems  épar- 
gné par  Tamerlan,  mourut  enfin  paifiblement  dans  fes  Etats,  &  laifili  fa  cou- 
4-onne  à  fon  fils  Jofef  Sofî  ;  mais  celuy-cy  fut  affiegé  &  pris  flans  fa  capitale 
par  Tamerlan  qui  le  fit  mourir,  &  fe  rendit  par  ce  moyen  maître  de  tout  ce 
grand  pays. 

Ces  deux"  Sultans  ne  faifoient  pas  profeffion  de  la  Religion  Orthodoxe  des 
Mufulmans,  «Si  le  titre  de  Sofi  qu'ils  portoient ,  marque  qu'ils  étoicnt  Schiites 
Jk.  Sénateurs  d'Ali. 

HOUSSAm 


HOUSSAIN.  HUSCHENK.  a^, 

vHOUSSAIN  Ben  Manfour  ou  Manfor.  C'efl  le  nom  d'un  perfonntgc  qui 
i  fait  grand  bruit  dans  le  Mullilmanifme  fur  le  llijet  de  iîi  doètrine.  H  portoit 
le  furnom  de  Hallage,     l^oyez  ce  titre. 

HOUSSAIN  Mirza,  fils  de  Manfour  ou  d'Alraanfor,  fils  de  Baikarah  ,;  fili 
d'Omar  Scheikh,  fécond  fils  de  Timur,  ou  Tamerlan.  Il  fut  furnommé  Aboul- 
gazi  à  caufe  de  fes  vittoires;  car  il  détit  &  fit  mourir  ladighiâr  fils  de  Moham- 
med Mirza ,  fils  de  Balifancoy ,  fils  de  Scharokh ,  quatrième  fils  de  Tamerlan  ion 
proche  parent ,  qui  s'étoit  emparé  du  KhorafTan  ,  &  de  la  ville  de  Herat  fa 
capitale  en  l'an  875  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1470. 

il  foûtint  auiïï  plufieurs  guerres  ,  &  remporta  des  viftoires  fignalées  fur  les 
Tartares  Uzbecs  qui  faifoient  de  fréquentes  courfes  fur  fcs  terres  ,  &  avoient 
déjà  chaiTé  Babur  de  la  Tranfoxaue.  Ce  Prince  étoit  ami  de  la  vertu,  &  des 
fcicnces  ,  &  c'efl  par  luy  que  Khondcmir  finit  fon  hifboire  en  l'an  904  '  de 
l'Hegire.  Cependant  il  vêquit ,  &  régna  jufqu'en  l'an  911,  qui  efl:  l'an  1505 
de  J.  C.  dans  le  KhorafTan,  &  lailfa  plufieurs  enfans  dont  l'aîné  nommé  Bedi 
al  zaman  fut  dépouillé  par  les  Uzbecs  de  la  fuccelîion  du  Sultan  Houflain  fon 
père,  &  fut  obligé  de  le  réfugier  auprès  de  Schalî  Ifmael  Sofi  Roy  de  Perfc, 
qui  lui  aflîgna  la  ville  de  Tauris  pour  fa  demeure.  Ce  Prince  fit  fon  fejour  en 
Perfe  jufqu'en  l'an  920,  &. mourut  trois   ans  après  à  Conftantinople. . 

HUSCHENK,  &  Houfchcngb,  fils  de  Siamek,  fils  de  Caiumarath ,  efl  le 
fécond  Prince  de  la  prem.ierc  dynaflie,  ou  de  la  plus  ancienne  race  des  Roys  de 
Perfe  ,  fi  l'on  ne  compte  pas  le  règne  de  Siamek  ,  fils  de  Caiumarath ,  comme 
n'ayant  régné  que  peu  d'années  pendant  la  retraite  de  fon  père,  &  étant  mort 
avant  lui. 

Le  nom  de  Hufchenk  fignifié  en  langue  Perfienne  ,  Sage,  &  Prudent,  aufïï- 
bien  que  celui  de  Firhcnk,  que  quelques-uns  lui  donnent,  &  l'on  y  ajouta,  du 
contentement  des  peuples ,  le  titre  ou  furnom  de  Pifchdàd  ,  qui  fignifié  dans  la 
même  langue  le  Jufl:e,  ou  le  Legiflatcur,  parce  qu'il  fut  l'auteur  des  plus  an- 
ciennes loix  de  rOrient,  fuivant  lelquelles  il  gouverna  fes  fujets,  &  régla  admi- 
rablement la  police  de  fes  Etats.  Ce  titre  honorable  pafia  de  lui  à  fes  fuccef- 
feurs  qui  ne  furent  pas  tous  cependant  fi  bons  Juflicicrs  que  lui,  &  on  a  tou- 
jours depuis,  en  fa  confideration,  qualifié  cette  première  dynaflie  fabulcufe  des 
Roys  de  Perfe,  ou  plûtofl  des  plus  anciens  Roys  de  TAfie,  &  même  du  mon- 
de, du  nom  de  Pifchdadiens, 

Tous  les  Hiiloriens  de  Perfe  marquent  un  interrègne  ,  entre  Caiumarath  & 
lui,  qui  a  duré  deux  cent  ans,-  &  donnent  unanimement  à  ce  Prince  cinq  cens 
ans  de  vie ,  quoique  félon  eux  il  n'en  ait  régné  que  quarante  ,  ou  cinquante 
feulement.  Ils  difent  que  ce  fut  fous  fon  règne  que  l'on  commença  à  fouiller 
les  mines,  pour  en  tirer  les  métaux  qui  fervent  à  la  fabrique  des  armes  ,  &  à 
celle  des  inllrumens  necelTaîres  à  l'Agriculture.  On  lui  attribue  auffi  l'inven- 
tion des  canaux  tirez  des  rivières  pour  arrofer  les  campagnes ,  dont  l'ufage  efl 
encore  aujourd'huy  fort  fréquent  en  Perfe ,  à  caufe  de  la  féchereffe  du  pays. 
Il  fut  auiîi  le  premier  qui  fit  dreffer  &  inflruire  des  chiens  ,  &  des  léopards 
pour  la  chalîe  ,  &  qui  introduifit  l'ufage  des  fourures  tirées  des  dépoiiillcs  des 
animaux. 

Quelques  Hifloriens  le  font  auffi  fondateur  de  la  ville  de  Sous  que  l'on  nom-- 
BJû  aujourd'huy  Tofler,  Souder,  &  Schoullcr  qui  eft  la  même  que  Sufc ,  capitale  ■ 

d'unc-o 


5,7^  H  US  CHENK. 

d'une  ^es  Provinces  de  la  Perfe  connue  par  les  Grecs ,  &  par  les  Latins  fous 
le  nom  de  Sufiane  ,  «Se  qui  porte  aujourd'huy  le  nom  de  Khuziftân.  On  dit 
même  qu'il  jetta  les  premiers  fondemens  des  villes  de  Babel  ou  Babylone^,  & 
d'Ifpahan*  mais  ces  origines  font  fort  incertaines  d'autant  plus  que  ces  mêmes 
Hiftoriens  font  Hufchenk  contemporain  d'Edris  ou  d'Enoch  qui  a  vécu  avanC 

le  dcluse. 

Il  eft  encore  auflî  peu  vrai-femblable  que  ce  Prince  foit  l'Auteur  d'un  livre 
intitulé  Gidvidan  Khird^  la  Sagefle  éternelle,  ou  d^  tous  les  tems,  auquel  on  a 
donné  auffi  le  nom  de  Teiliment  de  Hufchenk;  mais  l'ancienneté,  &  la  répu- 
tation de  ce  Monarque  ont  fait  emprunter  fon  nom  pour  donner  plus  d'auto- 
rité à  cet  Ouvrage,  qui  eft  d'ailleurs  fort  eftimable  ,  &  lequel  eft  parvenu  juC- 
qu  à  nous  fous  le  titre  de  Humaioun  Nameh.     Voyez  ce  titre. 

Les  expéditions  militaires  &  chimériques  de  cet  ancien  Monarque  font  décri- 
tes fort  au  long  dans  un  livre  Perfien  intitulé  Hufchenk  Nameh  ,  ou  Hiftoiro 
de  Hufchenk,  qui  a  été  traduit  en  langue  Turquefque:  mais  comme  cet  Ouvrage 
eft  un  pur  Roman,  je  me  contenteray  de  dire  que  ce  Héros  exploita  tous  fes 
hauts  faits  monté  fur  un  animal  à  douze  pieds  qu'il  eut  beaucoup  de  peine  à 
domotcr.  Cet  animal  eft  nommé  Rakhfche,  il  fut  trouvé  dans  l'iOe  féche,  ou 
nouveau  Continent ,  où  il  fortit  de  l'accouplement  d'un  crocodile  ,  &  de  la 
femelle  d'un  Hippopotame  ;  on  dit  auffi  quMl  ne  fe  noudlToit  que  de  la  chair 
des  ferpens  &  des  dragons.  Il  fallut  que  Hufchenk  employât  non  feulement 
toutes  fes  forces;  mais  encore  pluficurs  ftratagemcs  pour  combattre  ce  monftre 
avant  qu'il  pût  sq^  rendre  le  maître  :  auffi  après  l'avoir  dompté ,  il  ne  rencontra 
point  de  géant  li  terrible,  ni  de  monftre  fi  épouventable,  qu'il  ne  terraffàt;  il 
paffa  même  monté  fur  cet  animal  jufqu'au  pays  des  Mahifer,  peuples  ainfi  nom- 
mez, à  caufe  qu'ils  ont  la  tête  de  pollfon  ,  ce  font  peut-être  ceux  que  nous 
appelions  les  Ichthyophages ;  il  fubjugua  cette  nation  de  figure  horrible,  fur  la- 
quelle l'on  peut  voir  les  titres  de  Ramac,  &  de  Mahifer. 

Enfin  ce  Monarque  invincible  ,  après  avoir  étendu  fes  conquêtes  de  tous 
pôtez  jufqu'aux  extrcmitez  de  la  terre,  &  fait  fleurir  la  juftice  ,  &  les  arts  dans 
fes  Etats  ,  fut  tué  ,  ou  plutôt  écrafé  par  un  grand  quartier  de  roche  que  les 
Geans  fes  ennemis  mortels ,  qui  occupoient  les  détroits  des  montagnes  de  Dama- 
vend,  lancèrent  fur  lui. 

Il  lailfa  un  fils  nommé  Martakend  qui  fut  père  d  Anoughiân  ,  que  quelques 
Hiftoriens  Arabes,   pour  accommoder  fon  nom  à  leur  langue,  appellent  Boul- 

sehan  &  Abiilgehan,  ,      ,   rr  ^,     , 

Ni  l'un,  ni  l'autre  de  ces  deux  Princes  ne  fucceda  à  Hufchenk,  au  moins 
ne  les  trouve-t-on  point  dans  la  fuite  de  cette  dynaftie  ,  ils  ne  laiiferent  pas 
.cependant  de  fe  fignaîer  dans  les  guerres  des  Geans ,  mais  les  enfans  d'Anougihân , 
à  fçavoir  ,  Tahmurath  furnommé  Divbend  ,  c'eft-à-dire  ,  le  vainqueur,  &  le 
Dcftrufteur  des  Geans,  &  Giamfchid  fon  fils  tiennent  le  troifième  ,  &  le  qua- 
trième rang  dans  cette  dynaftie. 

11  eft  cependant  fort  incertain,  félon  quelques  Hiftoriens,  fi  Tahmurath  étoit 
fils  d'Anougihân,  &  petit-fils  de  Hufchenk,  ou  de  Leilanfchah  ,  fils  d'un  autre 
Tahmurath'^,  fils  de  Siamek  ,  fils  de  Caiumarath  :  mais  cecy  regarde  plutôt  le 
jifre  de  Tahmurath  que  celui  de  Hufchenk. 

JACOB. 


J  A  C  O  R.        J  A  C  0  U  B.      ■  473^ 

JACOB.       J  A  C  O  U  B. 

#^^^ACOB,  fils  d'Ifaac.  Les  Arabes  l'appellent  en  leur  langue  Jacoub 
^  T  %  Ben  Ishak,  &  difent ,  félon  le  Tarilçh  Montekhcb  ,  qu'il  cft  nommé 
4  J  #  lû-aël  en  langue  Syriaque,  &  qu'il  eft  le  père  de  douze  enfans  mâles, 
•*%^p^*  que  l'on  appelle  ordinairement  Asbath  ,  c'eft-à-dire  ,  les  Tribus,  à 
caufe  qu'ils  furent  les  pères,  &  les  cheft  des  douze  tribus  du  peuple  Juif,  & 
que  de  la  race  de  ce  Patriarche  font  fortis  tous  les  Prophètes,  à  la  rcferve  de 
trois  qui  font  Aioub  ou  Job,  Schioaib,  ou  Jetliro,  bcaupere  deMoyfe,  &  Ma- 
homet ;  car  ces  trois  defccndoient  d'ifmael ,  &  étoient  Arabes  de  nation. 

Ce  même  Auteur  ajoute  que  non  feulement  la  prophétie  demeura  parmi  les 
enfans  de  Jacob  ,  ou  dlfrael  ,  mais  encore  la  Royauté  ,  &  qu'elle  dura  parmi 
eux  jufqu'au  tems  dlahia,  &  d'IlTa,  c'cil-à-dire ,  de  faint.-Jean  Baptifle,  &  de 
Jesus-Christ,  après  lefqucls  les  Romains,  &  les  Perfcs  ruinèrent  leur  pays. 

Jacob  mourut  en  Egypte ,  félon  le  même  Auteur  :  mais*  Jofeph  fon  fils  en- 
voya fon  corps  au  pays  de  Chanaan  poui-  être  inhumé  auprès  de  celuy  d'Ishak 
Ibn  père,  dans  la  caverne  d'Abraham  à  Hebron. 

Les  Mufulmans  difent  que  la  lumière  de  la  foy  pafTa  d'Abraham  à  Ifaac  fon 
fils  d'une  part,  &  à  Ifnael  fcîn  autre  fils  ,  qu'ils  nomment  toujours  le  premier 
comrne  l'aîné.  Les  Tribus  des  Juifs  font  defcendues  d'Abraham  par  Ifaac  fon 
jeune  fîls,  &  celles  des  Arabes  d'Abraham  -euffi  par  Ifmaël  fon  fils  aîné. 

Il  eft  beaucoup  parlé  de  Jacob  dans  l'hiftoire  de  Jofeph,  &  de  Zoleikha  que 
nous  verrons  ailleurs.  Je  diray  feulement  icy  que  Jacob  ayant  été  interrogé, 
comment  il  fe  pouvoit  faire  qu'il  eût  fenti  dans  la  terre  de  Chanaan  l'odeur 
excellente  de  la  chemife  de  fon  fils  Jofeph  qui  étoit  en  Egypte,  &  qu'il  ne  s'en 
fût  point  apperçu  pendant  qu'il  étoit  dans  le  puits  où  fes  frères  l'avoient  mis, 
ce  Patriarche  répondit  que  la  lumière  de  la  prophétie  étoit  comme  un  éclair 
do-nt  l'illuflration  ne  dure  qu'un  moment,  &  laille  aufii-tôt  le  Prophète  dans 
robfcurité.  Quelquefois  le  Prophète  perce  jufques  dans  le  ciel  ,  &  y  voit  des 
chofes  merveille ulès ,  &  fouvent  dans  un  autre  tems  il  ne  voit  pas  ce  qui  eflà" 
fes  pieds. 

JACOUB  Ben  Lnith,  Jacob  fils  dé  Leits,  premier  Prince  &  Foi-^dateur  de 
h  dj'naftie  qui  porte  le  nom  de  Solfarides,  ou  Suffaridbs  ,  parce  que  Ion  pcre 
nommé  Leits  étoit  SofFàr,  c'eft-à-dire.  Ouvrier  en  cuivre,  ou  Chaudronnier,  & 
lui-même  avoit  exerce  cet  art  pendant  quelque  tems. 

Ce  Jacob  s'ennuyant  dans  fa  boutique ,  prit  les  armes ,  &  fe  fit  Bandoulier. 
Quoy  qu'il  menât  une  aulîi  méchante  vie ,  il  ne  laifToit  pas  de  garder  quelque 
honnêteté  ;  car  il  avoit  accoutumé  de  lailTer  toujours  quelque  chofe  à  ceux  qu'il 
détrouiïbit,  &  ne  les  dépoiiijloit  jamais  entièrement. 

Etant  entré  une  nuit  dans  le  Palais  de  Darham,  Prince  de  la  Province  de  Sc- 
geftan,  &  y  ayant  déjà  ramaflÀ;  un  affez  gros  butin  qu'il  emportoit  ,  fon  pied 
•  Tome  IL  _  M  m  donna 


274-  .        J  A  C  O  U  B. 

donna  contre  une  pierre  qui  le  fît  bronciier.  Jacob  crut  d'abord  que  c'etoit 
■quelque  pierre  precieufe  ,  que  l'obfcurité  de  la  nuit  lui  cachoit  ^  il  la  ramafla, 
&  la  porta  auflî-tôt  à  fa  bouche  pour  s'cclaircir  de  fon  doute  ;  mais  il  n'en  eut 
pas  plutôt  approché  la  langue,  qu'il  s'apperçut  que  s'étoit  du  fel,  &  fa  religion, 
ou  plûtofl  fuperllition  pour  le  fel ,  qui  ell  parmi  les  Orientaux  le"  fymbole  &  le 
gage  de  fhofpitalité,  fut  fi  grande,  qu'il  abandonna  entièrement  fon  butin,  & 
fe  retira  chez  luy  fans  rien  emporter. 

Le  lendemain  on  s'apperçut  dans  le  Palais  du  danger  qu'on  avoit  couru  de 
perdre  des  chofes  fort  pretieufes,  &  on  étoit  en  peine  de  connoître  celuy  qui 
avoit  manqué  un  fi  beau  coup  ;  enfin  après  une  exa6le  recherche  ,  on  vint  à 
fçavoir  que  c'étoit  Jacob,  lequel  ayant  raconté  fincerement  au  Prince  comment 
la  chofe  s'étoit  pallée ,  il  s'acquit  une  fi  grande  eftime  auprès  de  lui ,  que  Ton 
peut  aflurer  avec  vérité  que  ce  rcfpeft  qu'il  eut  pour  le  fel ,  fut  la  caufe  de 
fa  fortune. 

Kn  cftet  Darham  l'employa  comme  un  homme  de  cœur  &  d'efprit  en  plu- 
fieurs  entreprifes,  &  voyant  que  tout  rcuffillbit  entre  fes  mains,  il  l'éleva  peu- 
à  peu  jufqu'aux  premiers  honneurs  de  la  milice,  de  forte  que  Jacob  fe  trouva, 
au  tems  de  la  mort  de  ce  Prince,  Commandant  en  chef  de  toutes  les  troupes 
du  Segefi:an.  Il  acquit  tant  de  crédit  parmi  elles  que  manquant  toutes  à  la 
fidélité  qu'elles  dévoient  auS  enfans  de  Darham  ,  pour  le  fuivre  ,  il  fe  rendit 
par  leur  moyen  maître  abfolu  du  Segeftan  dont  il  dépouilla  la  pofterité  de  fon 
maître  &  de  fon  bienfaideur. 

Jacob  étant  déjà  en  polîeffion  d'un  grand  Etat ,  attaqua  peu  après  fes 
voifins,  &  prit  fur  eux  les  villes  de  Herat,  &  de  Koufchange ,  avec  une  partie 
du  Khoralîan.  Il  fe  trouva  ainfi  en  fort  peu  de  téÎTis  en  état  de  faire  la  guerre 
au  Khalife  même,  &  pour  cet  effet  il  entra  l'an  de  l'Hegire  255,  de  J.  C.  8685 
dans  la  Perfe  qu'il  conquit  prefque  toute  entière  ^  &  y  fit  prifonnier  celuy  qui 
commandoit  de  la  part  du  Khalife  dans  Schiniz  qui  pour  lors  en  étoit  la  capitale.. 

En  Fan  257  de  l'Hjgire,  il  conquit  le  rcfbe  du  Khoraffan  ,  prit  la  ville  de 
Balkhe  fa  capitale,  fiege  Royal  des  Sultans  Thaheritcs,  &  paffa  de-là  en  la  Pro- 
vince de  Thab-.ireftan  qui  ne  lui  refilla  pas  long-tems.  11  finit  cette  guerre  par 
la  victoire  qu'il  gagna  l'an  259  fur  Mohammed,  fils  de  Thahcr  qui  regnoit  dans 
toutes  les  Provinces  qu'il  venoit  de  fubjuguer,  &  l'ayant  fait  fon  prifonnier, 
il  termina  en  fa  perfonne  la  puilîance ,  &  la  dynafl:e  des  Thaherites  ,  qui  fît 
place  par  ce  moyen  à  celle  des  Soifarides  fuccefieurs  de  Jacob. 

Lan  260,  Jacob  fils  de  Lcits  fut  déclaré  rebelle  par  le  Khalife  Môtamed, 
ce  qui  l'obligea  de  marcher  avec  fon  armée  du  côté  de  l'Iraquc  Babylonienne,  à 
d-lîoin  de  l'afiieger  dans  Bagdet.  Le  Khalife  envoya  au  devant  de  lui  fon  frère 
MoafFck  grand  Capitaine ,  &  qui  gouvernoit  toutes  les  affaires  du  Khalifat  au 
nom  de  fon  frerc.  Moaffck  fçut  li  bien  prendre  tous  fes  avantages  foit  pour 
îc  campement,  foit  pour  l'attaque,  que  Jacob  tout  habile  qu'il  étoit,  fut  con- 
traint de  fe  retirer  avec  perte  d'une  grande  partie  de  fes  troupes. 

L'r,n  265,  Jacob  ayant  remis  fur  pied  une  puiliantc  armée,  marcha  une- fécon- 
de fois  vers  Bagdet;  murs  ayant  été  furpris  en  chemin  d'une  cholique  fort  vio- 
lente, il  mourut  après  avoir  régné  onze  ans  depuis  fa  première  entrée  dans  la 
Perfe,  d  laiiic  !a  fucceiîîon  de^  fes  Etats  à  fon  frère  nommé  Amrou  Ben  Laithy 
ou  Am.-ou  Leith.  f^oyez  ce  titre,  âf  cdiiy  des  Samanides  qui  fucccdcrcnt  aux 
Suff arides. 

Ce 


J  A  C  O  U  B.  -j^^- 

Ce  Prince  étoit  maître  de  tous  les  chevaux  de  fon  armée,  &  les  nourriiToit 
de'  fes  propres  greniers ,  ce  qui  rendoit  fa  cavalerie  toujours  bien  montée,  il 
choifit  parmi  toutes  fes  troupes  deu\-  mil  Cavaliers  qu'il  divifa  en  deux  bandes 
égales,  &  donna  à  ceux  de  la  première  des  maJes  d'armes  d'or,  dont  chacune 
pefoit  mil  drachmes,  ou  mil  écus  d'or,  &  à  ceux  de  la  féconde  des  malic?  Siv\ 
gent  du  même  poids.  Ces  deux  bandes  ou  biigadcs  lui  fervoient  de  garde  or- 
dinaire,  &  dans  les  cérémonies  extraordinaires  chacun  de- ces  Cavaliers  port'jit 
fa  maffe  d'armes  fur  l'épaule. 

Lorfqua  ce  Prince  campoit ,  il  montoit  fur  une  eCpccc  de  théâtre  élevé  f.i 
delfus  de  tout  fon  camp,  &  découvroit  ainii  tout  ce  qui  s'y  paiibit  ;  d.-  fortJ 
qu'il  ne  pouvoit  s'élever  aucune  mutinerie  parmi  ks  fold.its  ,  à  laquelle  il  ne 
fût  en  état  de  remédier  aufTi-tôi,  L'on  dit  aufîî  qu'il  n'avoit  dans  fa  tente 
qu'un  tapis,  &  une  paire  d'armes  pour  tout  fon  équipage,  &  qu'il  ne  pcnnjt- 
toit  à  aucun  de  fes  ibldats,  après  une  bataille  gagnée,  de  piller  fans  un  con.^é 
exprès.  Il  ne  faifoit  jamais  part  de  fon  fecret,  ni  de  fes  refolutiois  à  perfon- 
ne;  c'efl  pourquoy  il  ne  tenoit  jamais  xonfcil  de  guerre  avec  les  Omcicrs  de 
fon  armée. 

L'on  rapporte  au/îî  de  lui  qu'un  Prince  étranger  s'étonnant  de  ce  qu'il  .n'avoit 
dans  fa  tente  qu'un  feul  tapis  qui  iuy  fervoit  de  chaife ,  de  table ,  &  de  lit  avec 
une  paire  d'armes  ,  il  lui  dit  :  Je  me  contente  de  cecj^ ,  afin  que  les  Officiers 
qui  fuivent  toujours  l'exemple  de  leur  Général,  aycnt  honte  d'en  avoir  davan- 
tage; car  fi  j'av^ois  plus  de  coramoditez  dans"  ma  tente,  ils  en  voudroient  tous 
avoir  autant,  &  il  n'y  a  rien  qai  cmbarraife  plus  une  armée  que  la  grofleur  des 
équipages. 

Mohammed  fils  de  Thaher  lui  ayant  fait  demander  s'il  avoit  reçu  des  ordres 
dli  Khalife  pour  entrer  armé  dans  les  Etats  :  il  répondit  fièrement  à  fon  Envoyé 
en  tirant  l'épéc  de  fon  fourreau:  'Voici  la  patente  en  vertu  de  laquelle  je  fais 
la  guerre  à  vôtre  maître,  car  je  ne  reçois  des  ordres  de  qui  que  ce  fqjt. 

Il  étoit  cependant  julle  &  modéré  en  beaucoup  de  chofes  ,  &  Abou  Jofef 
Ben  Sofian  ayant  été  accufé  devant  lui  d'avoir  parlé  d'Othman  le  troifième 
Khalife  après  Mahomet,  comme  d'un  ufurpateur,  Jacob  étoit  prêt  de  le  faire 
punir  ,  lorfque  fon  Vizir  lui  reprcfenta  que  ce  Dofteur  n'avoit  parlé  de  ce 
Khalife  qu'liifloriquement  -,  &  fuivant  le  fentiment  des  Schiites  ,  &  non  pas  le 
fien.  Sur  cela  ce  Prince  déciara  qu'il  ne  vouloit  pas  entrer  plus  avant  dans  la 
connoilfance  de  cette  affaire,  &  le  renvoya  abfous. 

JACOUB  Ren  Jofef,  c'eft  le  petit-fils  d'Abdalmoumen  fondateur  de  la  dy. 
nalbe  des  Almohadcs  en  Afrique.  Jacoub  ayant  été  défait  l'an  de  l'Hegire  591, 
de  J.  C".  II 94,  par  Alfonfe,  neuvième  Roy  de  Callille,  palfa  d'Afrique  en  Efpa- 
gne  ,  dé6t  les  Caftillans  ,  &  le  refle  des  Almoravides  qui  étoient  fort  diviiez 
entr'cux  ,  &  établit  la  dynaflje  des  Almohades  qui  dura  jufqu'en  l'an  672  de 
l'Hegire,  qui  efl  le  1273  de  J.  C.    Ce  Jacob  porte  le  titre  d'Almanfor. 

JACOUB  Begh,  fécond  fils  de  Haffan  Begh  ,  qui  eft  Ufuncaffan  ,  fut  le 
huitième  Prm:e  de  la  féconde  dynaftie  des  Turcomans  d'Afie  ,  furnommée  du 
Mouton  blanc.  II  commença  à  régner  l'an  de  l'Hegire  886,  après  la  mort  de 
Khalil  fon  frère  auquel  il  faifoit  la  guerre,  ce  fut  l'an  de  J.  C.  1481. 

Ce  Prince,  qui  avoit  été  fait  par  fon  frère  aîné  Gouverneur  du  Diarbekr, 

M  m  2  c'eft- 


%{6  J  A  C  O  U  B; 

c'efl-à-dii-e ,  de  la  IMcfopotamie ,  fe  révolta  contre  lui ,  &  ayant  pris  pour  com^ 
plice  de  lli  rébellion  un  autre  de  fes  frères  nommé  Macfoud,  lui  donna  bataille, 
&  le  vainquit.  Khalil  fuyant  après  fa  défaite,  fut  pourfuivi  &  tué  par  Mac- 
foud proche  la  ville  de  Tauris,  après  fix  mois  feulement  de  règne. 

Jacoub  Beg  fecourut  'à  à  propos  Feroldizad  Roy  du  Gurgillan  ou  Géorgie, 
attaqué  par  Haidar,  père  dlfmael  Sofi,  que  ce  Prince  défit  &  tua  fon  ennemi, 
&  prit  fes  deux  enfans  Ali  Mirza,  &  Schah  Ifmael  prifonniers.  Quelques  Hifto- 
riens  font  Ferokhzad  aufli  Roy  de  Schirvàn. 

Ce  Sultan  inflruit  par  l'exemple  d'Ufuncafîanfon  père,  qui  avoit  été  défait 
par  Mahomet  fécond  Sultan  des  Turcs ,  entretint  toujours  bonne  intelligence 
avec  Bajazeth  fécond ,  fon  iils  &  fon  fuccelTcur.  Il  mourut  à  Carabagh  dans,  le 
voifinage  de  Tauris  à  l'âge  de  28  ans,  empgifonné,  comme  l'on  crut,  par  les 
ficns,  l'an  de  l'Hegire  896,  de  J.  C.  1490.  Il  lailfa  à  Baifancor  fon  fils  des 
Etats  d'une  fort  grande  étendue,  lefquels  palTerent  peu  de  tems  après  entre  les 
mains  de  ce  Schah  Ifmael  qui  avoit  été  Ton  prifonnier. 

JACOUB  Ben  David,  Jacob  fils  de  David  furnommé  Mahamafb,  C'étoit 
un  homme  d'efprit ,  &  d'un  entretien  charmant ,  qui  s'étoit  rendu  fi  agréable 
au  Khalife  Mahadi  fils  d'Almanfor  que  ce  Prince  l'avoit  admis  dans  tous  î^ 
divertiffemens ,  vivant  très-familieremcnt  avec  luy ,  &  ayant  peine  à.  fe  paiTer  de 
fa  compagnie. 

Cette  faveur,  qui  lui  avoit  attiré  l'envie  des  43rincipaux  Seigneurs  ,  &  Miniflres 
de  la  Cour,  donna  lieu  à  plufieurs  cabales  qui  fe  firent  pour  renverfer  fa  for- 
tune ,  n'y  ayant  rien  de  plus  vray  que  cette  fentence  :  Le  bois  ne  reçoit  pas 
un  plus  grand  dommage  du  feu  qui  lui  ell  attaché,  que  le  cœur  de  l'ho'mme 
en  fouffre  de  l'envie  quand  il  en  eft  une  fois  faifi. 

Il  arriva  un  jour  que  Jacob  étant  forti  du  Palais,  pour  fe  retirer  chez  luy,, 
reçut  du  cheval  qu'il  vouloit  monter  un  coup  de  pied  qui  lui  cafi^i  la  cuifie.  ' 
Le  Khalife  n'eut  pas  plutôt  appris  cet  accident,  qu'il  courut  à  grande  hâte,  & 
même  fans  chaulfure ,  jufqu'au  lieu  où  il  étoit  pour  le  confoler  ,  &  pour  faire 
mettre  en  diligence  le  premier  appareil  à  fon  mal.  Il  le  fit  tranfporter  enfuite 
avec  grand  foin  dans  fon  propre  brancart  jufqu'à  fon  logis,  &  lui  donna  toutes 
les  marques  non  feulement  d'un  bon  maître,  mais  encore  d'un  parfait  ami. 

Ses  ennemis  cependant  trouvèrent  pendant  le  cours  de  fa  maladie  qui  fut  lon- 
gue ,  plufieurs  occafions  de  lui  nuire  ,  en  lui  rendant  beaucoup  de  mauvais 
offices  auprès  du  Khalife.  La  plus  puilfante  machine  qu'ils  employèrent  pour 
le  renverfer  ,  fut  de  Taccufer  d'être  partifan  fecret  de  la  fefte  des  Schiites, 
ennemis  capitaux  des  AbbafTides  ,  qu'ils  regardoient  comme  les  ufurpateurs  du 
Khalifat  fur  la  famille  d  Ali.  Khondemir  dit  que  cette  accufation  lui  faifoit 
beaucoup  d'honneur,  puifque  l'amour  &  le  refpecl  que  l'on  a  pour  les  eiîfans 
d,e  la  Mciifon  du  Prophète,  11e  peut  jamais  être  une  herefie,  &  fi  par  impoflîble 
cela  étoit  ,  l'on  pourroit  appeller  bien-heureux  celui  qui  en  feroit  noté.  Tel 
eft  le  fentimcnt  des  Perfans,  bien  oppofé  à  celui  des  Turcs,  &  des  autres  Mu- 
fulraans  appeliez  Sunnites,  qui  font,  pour  ainfi  dii*e  ,  les  Orthodoxes  dans  le 
Mahometifnie,  , 

Jacob  étant  enfin  guéri  ,  &  retourné  à  la  Cour ,  fut  reçu  à\\  Khalife  avec 
beaucoup.de  carcfles,  &  traité  comme  auparavant;  cependant  comme  l'accufa- 
tjun  portcç  contre  lui   ayoit  fait  quelque  imprefljon.fur.  l'eCprit  de  Mahadi,  ce 

Pfince 


J  A  C  O  U  B.  .^^^ 

Prince  voulut  s'éclaircir  de  la  vcrité^du  fciit.  II  lui  commaïuki  pour  réprou- 
ver, qu'il  eût  à  le  délivrer  de  ia  peine  que  lui  faiioit  un  certain  pcrfonnagc  de 
k  race  d'Ali,  qu'il  ne  pouvoit  plus  IbufFrir  en  vie;  &  pour  l'obliger  davanta- 
ge à  lui  rendre  ce  fervice,  il  lui  lit  prefent  de  cent  mil  drachmes  d'arocnt  & 
■]ui  donna  en  mariage  une  très-belle  fille  qu'il  tira  de  ton  propre  Serrai?.      ' 

Jacob  -reçut  avec  refpcft  Je  commandement  du  Khalife  ,  &  lui  promit  d'exé- 
cuter ponftuellenaent  fes  ordres,  ce  qui  étoit.  cependant  bien  éloigné  de-fa  pen- 
féo.  Il  fit  cependant  conduire  dans  ion, logis  ce  parent  dAli  qu'il  traita  fort 
bien,  &  il  arriva  qu'étant  un  jour  en  converfation  avec  luy,  ce  nouvel  hôte 
qui  le  doutoit  bien  de  l'ordre  que  Jacob  .avoit  reçu,  du  Khalife  ,  lui  dit:  Don- 
ncz-moy  la  vie  que  vous  pouvez  m'ôtcr  ,  &  vous  éviterez  par  ce  moyen  la 
confufion  que  vous  recevriez  fans  doute  au  jour  du  jugement  de  la  part  d'Ali 
mon  ayeul,  li  a'ous  vcrfiez.mon  lang  qu'il  regarde  comme  le  ilcn  propre. 

Ces  "paroles  touchèrent  .fi  fort  le  (jœur  do  Jacob,  qui  étoit  déjà,  très- difpofé 
en  f;i  faveur ,  q-a il  lui  dit :_  Voici, les  cpnt  mil  drachmes  que  le  Khalife  m'a  don- 
nées pour  vous  faire  mourir,  prenez -les  &  fauvez-vous  au  plutôt  :  car  je  fuis 
perfuadé  de  la. vérité  de  cet  oracle  ,  qui  a  été  autrefois  prononcé  par  Hakani 
cet  excellent  homme:  Aimez  toujours  Ali  &  fa  race,  parce  qu'elle  excelle  tel- 
lement au-defTus  des  autres  ,  que  le  pire  d'entr'eilx  vaut  mieux  qu'un  homme 
de  bien  du  commun ,  &  que  celui  des  Ahdes ,  qui  furpafTe  les  autres  de  catte 
famille  en  vertu,  efl  plus  parfait  qu'un  Ange.  Voilà  jufqu'où  les  feiftaircs  d'Ali 
poulîent  leurs  excez  ;  c'cft  pourquoy  il  ne  faut  pas  s'étonner  fi  les  autres  Mu- 
fulraans  les  détellent  &  les  traitent,  comme  les  plus  grands  ennemis  du  Maho- 
metifmc. 

Pour  reprendre  le  frl  de  nôtre  hifloire  ,  il  faut  fçavoii-  que  cette  fille  don- 
née par  le  Khalife  en  mariage  à  Jacob  ,  fçachant  la' manière  avec  laquelle  l'A- 
lide  avoit  été  traité  chez  luy ,  ne  manqua  pas  d'en  donner  avis  ;i  la  Cour,  La 
Khalife  informé  de  l'évafion  du  prifonnier  &  du  procédé  de  Jacob  envers'  lui 
ordonna  à  fes  gens  dc^  chercher  l'Alidc  ,  &  de  l'arrêter  en  quelque  lieu  qu'ils 
le  pulTent  trouver.  L'ordre  du  Khalife  fut  exécuté  promptement ,  car  l'Alida 
fut  trouvé  &  gardé  foigneufemcnt  dans  le  Palais. 

Un  peu  après,  le  Khalife  fit  appeller  Jacob,'  &;  lui  demanda  ce  qu'il  avoit  fait 
de  fon  hôte. 

Jacob  lui  répondit,  qu'il  avoit  .exécuté  fes  ordres,  &  jura  même,  par  la  tê. 
te  &  par  la  vie  du  Khalife  ,  qu'il  J'avoit  fait  mourir  ;  alors  le  Khalife  irrité 
au  dernier  point  du  faux  ferment  qu'il  venoit  de  faire,  voulant  le  couvrir  en- 
tièrement de  honte  &  le  convaincre  de  fon  parjure,  fit  paroître  devant  liù 
l'Alide.  Jacob  demeura  confus  à  cette  vue ,  &  fut  mené  auiîî  -  tôt  en  prilbn , 
où,  après  avoir  IbufFert  beaucoup  de  mauvais  traitemens.,  il  finit  miferablement 
fa  vie. 

Nezâm  al  mulk  rapporte  cet  exemple  dans  fon  livre  ,  intitulé  Vafjaia  ,  pour 
enfeigner  aux  favoris  des  Princes,  combien  il  cft  dangereux  d'abufer  de  leur 
crédit ,  &  de  manquer  au  principal  devoir  d'un  fujct ,  qui  eil  la  fidélité.. 

JACOUB  Gerkhi  ou  Tcherkhi  ,  Dofteur  célèbre  ,  Auteur  du  livre  intitulé 
Scharh  al  efma,  qui  efl  une  explication  des  noms  ou  attributs  de  Dieu. 

Ce  Doéleur  expliquant  ces  paroles  remarquables  du  chapitre  de  l'Alcoran  , 
intitulé  Houd  :  Demandez  pardon  de  vos  prckez  à  Dku  ,  puis  changez  de  vie ,  vous 

M  ra  3  unif-  - 


27»  J  A  C  0  U  B. 

unijfant  à  lui  par  la  pratique  des  bonnes  œuvres ,  foûtenues  de  la  foy  :  car  c'ejl  un 
Seigneur  qui  fait  miféricorde ,  qui  aime  Jes  créatures  &'  qui  en  veut  être  aimé ,  dit , 
que  le  dernier  mot  de  ce  verfet,  à  fçavoir  Voudoud  ,  eft  un  attribut  particu- 
lier de  Dieu,  lequel  on  ne  peut  expliquer  que  par  les  mots  fuivants. 

Dieu  eft  ce  fouverain  être  qui  aime  généralement  toutes  fes  créatures  &  leur 
fait  du  bien  ,  il  eft  en  particulier  Tami  de  tous  les  cœurs  purs  &  fmcères  qui 
l'aiment:  mais,  pourfuit  cet  Auteur,  l'amour  que  les  créatures  ont  pour  Dieu, 
n'eft  qu'une  production  &  un  effet  de  l'amour  que  le  Créateur  a  pour  elles; 
parce  que  fi  nous  confiderons  la  chofe  telle  qu'elle  eft  ,  nous  ne  pouvons  at- 
tribuer ni  le  bien  qui  eft  en  nous,  ni  celui  que  nous  faifons  à  autre,  qu'à  Dieu 
feul  ;  de  forte  qu'il  eft  vrai  de  dire  ,  que  Dieu  n'aime  proprement  que  foy- 
même  en  nous  aimant. 

L'on  peut  voir  ce  qui  a  été  dit  de  ce  double  amour  ,  dans  le  titre  d'Efch- 
kallah,  fur  le  verfet,  il  les  aime  fc?  ils  laiinmt. 

Al  Valad  AI  Aâz  ,  Auteur  myftique  &  dévot ,  qui  paffe  pour  le  plus  fpiri- 
tuel  des  Mufulmans,  dit  fur  ce  fujet. 

Cejl  Dieu   qui   communique  quelque  trait  de  fa  beauté  aux  jfofeplis  ,    çf  qui  fait 

part  de  quelque  étincelle  de  fou  amour  aux  Jacohs. 
Ceft  lui  enfin,  fi  nous  y  faifons  attention  ,  qui  ejl  dans  le  commerce  de  r amour, 

S'  l'amant,  6f  Is  bien  aimé  tout  enfemble. 

JACOUB  Ben  Sakit,  Jacob  fils  de  Sakit.  Ce  Docleur  eft  re:^ârdé  par  les 
IMufulmans  pour  un  des  plus  grands  hommes,  en' matière  de  langue  &  en  élo- 
quence que  les  Arabes  ayent  eus.  Il  vivoit  fous  le  règne  de  Motavakel,  dixiè- 
me Khalife  des  Abbaflides,  &  étoit  fort  attaché  à  la  fefte  d'Ali,  que  ce  Khali- 
fe perfccutoit  de  tout  fon  pouvoir. 

L'an  244  de  l'Hegire  ,  -Motavakel  l'ayant  fait  venir  en  fa  préfence  ,  lui  de- 
manda ,  lefquels  il  aimoit  le  mieux  des  deux  Princes  fes  enfans ,  nommez  Mô- 
tîtz  &  Moviad ,  ou  des  deux  enfans  d'Ali  ,  Haftan  &  Houflain.  Ce  Docleur  lui 
ayant  répondu  fièrement:  En  vérité  ,  Canbar  l'affranchi  d'Ali  valoit  mieux,  fé- 
lon mon  fentiment,  que  vous,  ni  vos  enfans  tous  enfemble;  le  Khalife  irrité 
de  ce  mépris,  commanda  auOi-tôt  qu'on  lui  attachât  la  langue  par  derrière  la 
^ête,  ce  qui  ayant  été  exécuté  lui  ôta  la  vie.    Ben  Schohnah. 

JACOUB  Ben  Ishak  Al  Kendi,  c'eft  ce'ui  qui  nous  eft  connu  fous  le  nom 
d'Alkindus ,  &  qui  paffe  parmi  nous  pour  un  fameux  Magicien  :  ma.s  la  vérité 
eft,  qu'il  étoit  le  plus  grand  Aftrologue  de  fon  tems.  Ilvivoit  fous  le  Knali- 
fat  d'Al  Mamon  ,  &  comme  il  étoit  Juif  de  naiffance  &  de  Religion  ,  il  eut 
fouvent  des  différens  avec  les  Doélours  Mufulmans,  qui  attribuoicnt  à  la  Ma- 
gie tout  ce  qu'il  operoit  de  merveilleux. 

Un  de  ces  Dofteurs  lui  dit  un  jour  en  préfence  du  Khalife  :  Quel  eft  donc 
-ce  grand  mérite  qui  vous  élevé  par-deffus  les  autres?  Jacob  lui  répondit  :  C'eft 
que  vous  ne  fçavez  pas  ce  que  je  fçai ,  &  que  je  fçai  ce  que  vous  ne  fça- 
vez  pas. 

Le  Dofteur  luy  ayant  répliqué  là-dcffus  :  Venons -en  à  quelque  expérience 
dans  l'art  où  vous  excellez  le  plus  ,  qui  eft  la  divination  ;  &  voyons  ce  que 
vous  fçavez  faire.     Alkindus    accepta   le  défi  ,    &  chacun  d'eux  ayant   fait  un 

cer- 


J  A  C  O  U  B.  279 

cercle  autour  de  foj',  le  Dofteur  Miifulman  écrivit  deux  mots  fur  un  papier 
fermé ,  qu'il  prélenta  au  Khalife  préfent  à  cette  ditputc  ,  aftn  que  Jacob  devi- 
nât ce  qui  y  étoit  écrit. 

L'épreuve  étoit  dilBcile  ;  cependant  Jacob  prit  Ces  livres  &  fcs  inftrumens  de 
Mathématique,  &  après  avoir  rêvé  quelque  tems ,  dit  hardiment  au  Docteur: 
Des  deux  mots  que  vous  avez  écrits  iar  le  papier,  le  premier  fij^mifie  une  plan- 
te, &  le  fécond  un  animal. 

Al  Mamon  ouvrit  aulli-tôt  le  papier,  &  vit  que  le  Docteur  y  avoit  écrit  Af- 
fa  MoulTa,  la  Verge  de  Moyfe,  ce  qui  ne  lui  donna  pas  moins  d'étonnemcnt, 
que  d'eftime  pour  Jacob.  Celuj-cy  tout  fier  du  fuccez  de  la  difpute ,  &  voyant 
encore  le  Do6leur  dans  fon  cercle,  oii  il  n'operoit  rien,  dit.,  par  plaifanterie  au 
Khalife,  que  s'il  le  vouloit  permettre,  pour  prouver  encore  davantage  ce  qu'il 
fçavoit  faire  ,  &  ce  qu'il  meritoit  au-deffus  du  Dofteur  ,  il  prendroit  fa  vefte 
doctorale  &  s'en  feroit  des  chaulles. 

Cette  raillerie  s'étant  divulguée  dans  la  ville  de  Balkhe  en  KhorafTan ,  un 
Légifte,  qui  étoit  difciple  de  ce  Do6teur,  en  conçut  une  telle  indignation  con- 
tre Jacob  Alkendi,  qu'elle  le  porta  jufqu'à  partir  de  Balkhe,  &  à  venir  exprès 
à  Bagdet,  où  étoit  Jacob,  pour  le  tuer;  il  le  chargea  pour  cet  effet  d'un  cou- 
teau ,  &  vint  un  jour  qu'il  y  avoit  un  grand  monde  chez  Jacob  ,  &  l'aborda 
dans  la  pofture  d'un  écolier  qui  vouloit  apprendre  de  lui  l'Aflronomie. 

L'on  dit,  qi/aufli-tôt  que  Jacob  l'eut  vu  &  entendu  ,  il  lui  dit  d'un  ton  fer- 
me: Vous  êtes  entré  ici  dans  l'intention  de  me  tuer,  mais  quittez  promptement 
cette  refolution  avec  le  couteau  que  vous  portez ,  &  je  vous  cnfeigneray  l'Af- 
tronomie.  Cet  homme  étonné  au  dernier  point,  jetta  fon  couteau  par  terre, 
&  fe  mit  effectivement  au  nombre  de  fes  écoliers  ,  parmi  lefquels  il  excella  à 
un  point  qu'il  fuffit  de  dire,  que  ce  fut  Abou  Màafchar  Al  Balkhi ,  que  nous 
appelions  ordinairement  du  nom  d'Albumafar. 

JACOUB  Almanfour.     Fcyez  ]\Linfour,  qui  eft  Almanfor. 

JACOUB  Ben  Ibrahim,  eft  le  même  qu'Abou  Jofef,  dit  Al  Imam  Al  Cou- 
fî  &  Al  Càdhi  Al  Mogtahad  Al  Ilanefi.  Il  fut  fait  Cadhi  al  Codhat ,  Juge 
des  Juges,  ou  Chancehcr  de  l'Empire  des  Khalifes  par  Hadi ,  &  continué  par 
Haroun  Al  Rafchid,  tous  deux  de  la  race  des  Abbaffides. 

11  a  porté  le  premier  cette  qualité  ,  comme  il  a  été  auflî  le  premier,  qui  a 
donné  un  habit  particulier  aux  Dofteurs  de  la  loy  Mufulmane  ,  &  qui  a  mis 
en  vogue  la  doctrine  d'Abou  Hanifah ,  qui  avoit   été  jufqu'alors  négligée. 

Il  eft  Auteur  du  livré  intitulé  /idab  ni  Cadhi ,  des  qualitez  que  doit  avoir  un 
Cadhi,  félon  les  principes  du  môme  Abou  Hanifah,  &  mourut  à  l'âge  de  115 
ans,  l'an  de  l'Hegire  182.  l^oyez  le  titre  ^'Abou  Jofef.  On  l'appelle  auflî  Ben 
Ibrahim  Ben  Habib. 

JACOUB  Al  Firouzabadi,  c'eft  l'Auteur  du  Camus,  royez  ce  titre  ^  celuy 
de  Firouz-abadi. 

JACOUB  Pacha  Ben  Khedher  Begh  ,  eft  l'Auteur  d'un  commentaire  fur 
l'ouvrage  de  Borhan  eddin,  intitulé  Jl  Fecaiah.     ^oyez  ce  titre. 

JACOUB: 


28o  jACOUB.  JADIGHIAR. 

JACOUB  Ben  Saclan,  Médecin  Chrétien,  furnommé  Al  Mocdeflî ,  à  eau- 
fe  qu'il  écoit  natif  de  Jerufalem  ;  il  fervit  long-tems  les  Aioubites ,  c'efl-à-dire , 
les  Princes  de  la  poflerité  de  Saladin,  &  mourut  l'an  626  de  l'Hegire. 

JACOUB  Al  Sarougi,  nom  d'un  Ev^êque  de  la  ville  de  Sarouge,  qui  a  fait 
plufieurs  difcours  ou  fermons.  Il  y  en  a  un  fur  le  LafF  al  jamin  ,  qui  eft  le 
bon  Larron  ,  que  l'on  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy.  Foyez  le  titre 
de  LaiT. 

JACOUB  Al  Bardai  ou  Al  Baradêi  ,  Difciple  de  Severe  ,  Patriarche  d'An- 
tioche  ,  intrus  par  l'Empereur  Anaftafe.  Jacob  alla  prêcher  l'herefie  d'Euty- 
chcs  &  de' Severe  dans  la  Mefopotamie  &  dans  l'Arménie  ,  &  c'eft  de  luy  que 
les  Eutychiens  prirent  le  nom  de  Jacobites,  qu'ils  portent  encore  aujourd'hui. 

Ce  faux  Miflionnaire  fut  furnommé  Bardai ,  à  caufe  qu'il  alloit  vêtu  d'une 
étoffe  pareille  à  celle  dont  on  fe  fert  pour  mettre  fous  le  bât  des  bêtes  de  voi- 
ture ,  que  les  Arabes  appellent  Barda ,  qui  cft  une  èfpèce  de  feutre.  Cependant 
il  cfl  plus  probable  qu'il  avoit  tiré  ce  furnom  de  la  ville  de  Eardàa  en  Armé- 
nie, dont  il  étoit  originaire  ou  natif.         .    • 

Les  Chrétiens  d'Arabie  étoient  Jacobites ,  fous  les  Roys  appeliez  Mondars  , 
dont  on  a  parlé  dans  le  titre  de  Hirah  ,  &  leur  divifion  d'avec  les  Melchites 
ou  Orthodoxes  ,  qui  fit  bruit  fous  l'Empereur  Juftinien  &  fes  faccefleurs ,  dif- 
pofa ,  &  prépara ,  pour  ainfi  dire ,  leurs  efprits  déjà  corrompus  ,  au  Mahomctif- 
me  qui  éclata  dans  le  fiécle  fuivant. 

Les  Jacobites  polTederent  \qs  Eglifcs  d'Egypte  &  de  Syrie  depuis  que  les  Ara- 
bes fe  furent  rendus  maîtres  de  ces  provinces  pendant  l'efpace  de  près  de  cent 
ans,  jufqu'à  ce  que  le  Khalife  Hefchdm,  tlls  d'Abdalmalek  ,  y  rétablit  les  Mel- 
chites. Diofcore ,  Patriarche  d'Alexandrie,  avoit  infeélé  la  plus  grande  partie  de 
ces  peuples  de  l'hérefie  d'Eutyches ,  &  avoit  envoyé  des  Evêques  hérétiques  en 
Nubie  &  en  Ethiopie. 

JACOUB  Ofcof  Naffibin  ,  Saint- Jacques ,  Evêque  de  Nifibe ,  qui  délivra, 
par  fes  prières,  cette  ville  .du  fiége  que  Schabour  Ben  Hormouz ,.  Roy  de  Per- 
fe,  y  avoit  mis  du  tems  du  Grand  Conftantin.  Saint- Ephrem  ,  que  les  Arabes 
appellent  Mar  Afram  du  Afrim,  ctoit  fon  difciple. 

JADIGHIAR  Mirza,  fils  de  Mirza  Mohammed  ,  fils  de  Baifankhor,  fils  de 
Scharokh,  fils  de  Tamerlan. 

11  fit  la  guerre  à  Aboufaid,  fils  de  Mohammed,  fils  de  Miranfchah ,  troifième 
fils  de  Tamerlan ,  en  fe  joignant  à  Ilallan  Bcgh  ,  qui  elt  Ufuncafian  ,  &  après 
l'avoir  tué,  il  .alla  l'an  873  de  l'Hegire  afliéger  la  ville  d'Afterabad  :  mais.il  y 
trouva  Houlîliin  Mirza,  Roy  de  Khoraffan,  qui  dcfcendoit  d'Omar  Scheich,  fé- 
cond fils  de  Tamerlan,  qui  la  fccourut  &  le  défit. 

En  874,  ladighiar  fe  réfugia  à  Tauris  vers  Ufuncaffan  ,  qui  le'fecourut  pour 
la  féconde  fois ,  &  lui  donna  des  troupes  avec  lefquelles  il  défit  Houffain  ,  & 
l'obligea  de  s'enfuir  du  côté  de  Fariab  ik  de  Bâlkhe  :  mais  ce  Prince  étant  de- 
venu par  cette  viéloire  le  maître  du  Khorafl-m  ,  s'abandonna  tellement  k  fes 
plaifirs,  en  négligeant  entièrement  i^QS,  afl'aires,  &  ne  prenant  aucune  précaution, 
.que  Houfiain  eut  le  loifir  de  prendre  fon  tems  pour  l'attaquer  à  l'impourvu;  il 
,le  fit  avec  mil  chevaux  feulement,  le  furprit  au  milieu  de  fes  débauches,  &  lui 

'^^  ôta 


j  A  F  E  I.  -^-  I  A  G  I  0  U  G  E.  281 

ôta  la  vie  l'an  de  l'Hegire  875.  Ce  Prince  fut  le  dernier  de  la  famille  de  Schah- 
rokh,  fils  de  Tamerlan.    Khundemir. 

JAFEI,  furnom  d'Abdallah  Ben  Afàad  Al  Jemeni  ,  mort  l'an  768  ou  7-0 
de  l'Hegire;  il  cil  qualifié  Nezil  al  haramein  ,  à  caufe  qu'il  vint  demeurer  a 'la 
Mecque  &  à  Medine.  Il  a  compofé  pluficurs  ouvrages  hiftoriques ,  dont  le  prin- 
cipal eft  celui  qui  commence  à  la  première  année  de  l'Hegire  &  finit  dans  la 
750.  Cette  hiftoire  eft  intitulée  Raoudh  al  riahin,  &  contient  les  vies  de  ceux 
que  les  Mufulmans  eftiment  laints.  Il  cfl  auffî  l'Auteur  de  Meràt  al  gianân  , 
de  Afiia  al  mecalTed  fur  la  vie  d'Abdalcader  &  d'Athrâf  al  taouarikh. 

JAFETH  Ben  Nouh,  c'efl  Japhct ,  fils  du  Patriarche  Noé.  Mirkhond  & 
Khondemir  écrivent ,  que  Japhet  étoit  le  fils  aine  de  Noé  ,  &  qu'après  que 
l'arche  fe  fût  arrêtée  fur  la  montagne  de  Gioudi  en  Arménie,  fon  père  lui  don- 
na en  partage  les  pays  qui  étoient  à  l'Orient  &  au  Septentrion  de  cette  pro- 
X'ince. 

Avant  que  Japhet  partit  avec  fa  famille  pour  aller  peupler  ces  contrées,  Noé 
kii  fit  prefent  d'une  pierre  ,  que  les  Turcs  Orientaux  appellent  Giudé  Tafch  & 
Senk  ledé,  fur  laquelle  il  avoit  écrit  le  grand  nom  de  Dieu  ,  Efm  Addlmn  ou 
Âdzem  ,  par  la  vertu  duquel  celui  qui  la  pofl'edoit ,  pouvoit  faire  defcendre  la 
pluye  du  ciel  à  fa  difcretion.  Voyez  le  titre  de  cette  pierre  fuperftitieufe ,  qui 
s'eft  confervée  long-tems  parmi  les  Mogols. 

japhet  efl  furnomraé  Aboulturk,  c'eft-à-dire  ,  Père  de  Turk,  parce  qu'il  eut 
un  fils  de  ce  nom,  qui  eft  reconnu  pour  le  premier  père  des  peuples  compris 
fous  le  nom  général  de  Turcs. 

Japhet  eut  onze  enfans  mâles,  dont  les  noms  font  Gin  ou  Tchin  &  Sin,  du- 
quel defcendent  les  Chinois  ;  Seklâb ,  duquel  font  ifllis  les  Efclavons  ;  Manfchu- 
ge,  d'où  viennent  les  Goths  ou  ^Scythes  ,  appeliez  lagiouge  &  iVIagiouge  ;  Go- 
mari  ,  le  Gomer  de  la  Genefe  ;  Turk  ,  dont  l'on  a  déjà  parié  ;  Khalage  ,  race 
de  Turcs;  Khozar,  duquel  font  defcendus  les  Khozaricns;  Rous,  Père  des  Ruf- 
fes  ou.Mofcovites  ;  Soufian  ,  Ghaz  &  Tarage,  defquels  font  fortis  les  Turco- 
mans, 

Japhet  maria  fes  enfans  à  leurs  propres  fœurs  avant  qu'ils  parrifTent,  afin  que 
par  ce  moyen  ils  pufient  fe  multiph'er  plus  aiféraent;  &  en  effet  il  arriva  que 
les  pays  de  l'Orient  &  de  la  plus  grande  partie  du  Septentrion  ,  furent  les  pre- 
miers peuplez.  Ce  Patriarche  eft  mis  par  les  Mufuhnans  au  nombre  des  Pro- 
phètes envoyez  de  Dieu. 

lAGIOUGE  &  Magiouge.  Gog  &  Magog  ,  dont  la  pofterité  qui  d^-fcend 
de  Japhet,  habite  les  pays  les  plus  Septentrionaux  de  l'Afie.  Ebn  Alovardi, 
dans  fon  livre  intitulé  Khiridat  al  agiaib ,  parlant  de  ces  {lays  ,  dit  :  L'on  trou- 
ve les  peuples  de  Gog  &  Magog  dans  le  plus  haut  du  Septentrion ,  après  avoir 
traverfé  le  ^ays  des  Kaimakiens  &  celui  des  Scclables. 

Les  premiers  4e  ces  peuples  font  les  Tartares  ,  que  nous  appelions  aujour- 
d'huy  Calmuques.  Les  féconds  font  les  Chalybes  des  anciens,  que  nous  appel- 
ions Sclaves  ou  Efclavons.  Ceux-cy  demeuroient  dans  l'Afie:  mais  ils  fortircnt 
de  leur  pays  pour  en  venir  peupler  un  autre  plus  proche  de  nous  ,  auquel  ils 
ont  donné  leur  nom. 

Toj^iE  n.  N  û  Ces 


•  82  r  A  G  I  0  U  G  E. 

Ces  peuples,  dit  le  même  Auteur,  habitoient  fur  des  montagnes  très -hautes 
&,  efcarpées  ,  où  aucune  bête  de  voiture  ne  pouvoit  aller;  de  forte  qu'au  rap- 
port d'Abou  Ishak  qui  y  fut  envoyé  par  le  Roy  de  ChorafTàn,  toutes  les  den». 
rées  &  marchandifes  dont  Ton  negotioit  avec  eux,  fe  portoient  fur  le  dos  des 
hommes,  ou  des  chèvres,  qui  font  fort  grandes  en  ce  pays-là.  Il  ajoute  qu'il 
falloit  employer  dix-fept  jours  à  monter,  &  à  defcendre,  avant  que  d'arriver 
iLifqu'à  cette  nation,  &  que  l'on  n'a  pu  trouver  aucun  d'entr'eux  jufqu'à  prefent 
qui  ait  voulu  donner  ia  moindre  connoiffance  des  chofes  qui  les  regardent.  II 
y  a  grande  apparence  que  ces  peuples  font  ceux  que  les  Grecs  ont  appelle  Hy- 

perboréens. 

L'Auteur  du  livre  intitulé  Nezahat  al  colouh  cite  un  autre  livre  intitulé  Katah 
al  mejlakk  val  memalek ,  dans  lequel  il  eft  rapporté  que  Vathek ,  neuvième  Khalife 
de  la  race  des  Abbaffides,  ayant  la  curiofité  de  fçavoir  au  vray  ce  que  c'étoit 
que  le  fameux  rampart  de  lagiouge,  &  de  Magiouge,  ou  de  Gog  &  de  Magog,, 
bâti  autrefois  par  Alexandre  le  Grand,  pour  refferrer  les  nations  barbares  du 
Septentrion,  &  les  empêcher  par  ce  moyen  de  faire  des  irruptions  dans  le  cœur 
de  l'Afie ,  ce  Khalife  donna  la  commifTion  à  un  nommé  Salam  fon  Interprète ,  de 
chercher  un  ouvrage  fi  fort  vanté  dans  les  anciennes  hiftoires ,  &  de  lui  en  faire 
un  fidèle  rapport. 

Salam  partit  avec  un  équipage  de  cinquante  perfonnes  pourvues  de  toutes 
les  chofes  necelfaires  pour  un  tel  voyage ,  de  la  ville  nommée  Sermenrai  ou  Sa- 
mara  en  Chaldée,  oii  Vathek  faifoit  fa  demeure  ordinaire  l'an  de  l'Hegire  228 
qui  eft  de  J.  C,  842,  &  alla  trouver  d'abord  le  Roy  d'Arménie  dans  fa  ville 
capitale  de  Sis. 

Après  avoir  quitté  l'Arménie,  il  prit  la  route  du  Schirvan  ou  Medie  Septen- . 
trionale  dans  laquelle  Filân  fchah  rcgnoit  pour  lors.  Du  Schirvan  il  pafla  chez 
le  Roy  des  Alan  ou  Alains,  peuples  qui  ont  confervé  leur  nom  jufqu'à  nous,  & 
alla  enfuite  vifiter  le  Prince  qui  porte  le  titre  de  Maître  du  trône  dor,  qui 
commande  dans  la  ville  de  Bâb  al  abouâb,  c'eft -à-dire,  aux  portes  Cafpiennes 
appellées  autrement  Derbend  en  Perfien ,  &  Demir  capi  en  Turc. 

Pendant  qu'il  fut  à  Derbend  ,  le  Prince  "de  ce  pays-là,  félon  le  ^rapport  de  Ca- 
zuini  dans  fon  livre  intitulé  Jgiaib  al  makhloukhàt ,  alla  à  la  pêche  fur  la  mer 
Cafpienne,  &  mena  avec  lui  Salam:  on  prit  dans  cette  pêche  un  fort  grand 
poilTon  dans  le  ventre  duquel  on  trouva  un  autre  poiffon  encore  vivant,  qui 
avoit  la  figure  d'une  fille  toute  nue  jufqu'à  la  ceinture ,  &  qui  portoit  jufqu'aux 
CTenoux  une  efpece  de  calle^ons  faits  d'une  peau  femblable  à  celle  d'un  homme  ; 
elle  tenoit  fes  mains  fur  fon  vifage ,  fe  tiroit  les  cheveux^,  &  poufibit  de^  grands 
foupirs;  mais  elle  ne.  fut  pas  long-tems  en  vie.  Le  même  Cazuini  ajoute  que 
le  Tarikh  Magrcb  qui  eft  une  hiiloire  d'Afrique,  confirmiC  cette  narration  par. 
d'autres  femblables  qu'il  rapporte  fur  le  fujet  des  Sirènes. 

Le  Roy  du  trône  d'or  nommé  Tarkhân  donna  à  Salam  des  «guides  pour  le 
conduire  plus  avant  dans  le  Nord,  où  ayant  marché  26  jours,  il  apva  en  un 
pays  qui  fcntoit  fort  mauvais.  A  dix  journées  de-là  il  trouva  des  villes,  où 
l'on  dit  qu'étoit  l'ancienne  demeure  des  peuples  Hyperboreens  nommez  lagiouge, 
&  Magiouge  ;  mais  elles  n'étoient  plus  que  des  mazures  fans  habitans  :  après  qu'il 
eut  fait  27  journées,  il  arriva  enfin  à  llaiha,  lieu  ainfi  appelle  parles  Arabes, 
à  caufe  dé  fon  affiette  qui  cil  très -forte,  &  prefque  inacceflîble. 
On  voyoit  afiTez  près  de  ce  fort  les  reftes  du  rempart  que  nos  voyageurs 

cher- 


I    A    H    I    A.  283 

cherchoient,  &  Salam  s'y  ëcant  fait  porter,  &  aydiit  reconnu  cet  ouvrage  mer- 
veilleux, il  le  trouva  tel  qu'il  ctoit  décrit  dans  les  livres  qu'il  avoit  apportés 
expreirement  pour  les  vérifier,  &  n'ayant  plus  rien  à  faire  après  une  fi  curieufe 
découverte,  il  prit  la  refolution  de  retourner  à  Samara  par  un  autre  chemin 
que  celui  qu'il  avoit  déjà  fait.  Il  tira  vers  l'Orient  au -de/Fus  de  la  mer  Caf- 
pienne,  &  arriva  après  deux  mois  de  chemin  avec  fa  petite  caravane,  à  fept 
parafanges  qui  font  quatorze  lîeuës  Françoifes  de  Samarcande ,  d'où  ayant  pris 
la  route  du  Khoraflan,  il  retourna  auprès  du  Khalife  fon  maiïtre,  n'ayant  eraplo- 
yé  en  tout  fon  voyage  -que  deux  ans,  &  quatre  mois. 

lAHIA  Ben  Zacaria,  Jean  fils  de  Zacarie  que  les  Arabes  appellent  aufïï  à 
l'imitation  des  Syriens,  Johanna  &  Mar  Johanna.  C'efl  ainfi  que  les  Muful- 
mans  nomment  faint-Jean  Baptifte,  d'un  nom  qui  fignifie.  Donnant  l:i  vie,  à 
caufe,  difent-ils  ,  qu'il  a  fait  vivre  le  nom,  &  la  mémoire  de  Zacharic  fon  père; 
ou  parce  que  la  véritable  religion,  ou  la  foy  au  Meiîie  ont  reçu  de  lui  une 
nouvelle  vie. 

On  lit  dans  le  chapitre  intitulé  De  la  famille  (TAmran,  que  Zacharie  priant 
dans  le  Mehérab,  ou  Oratoire  de  Marie,  dont  il  avoit  pour  lors  le  foin  &  la 
garde.  Les  Anges  lui  promirent  de  la  part  de  Dieu  un  fils  qui  devait  être  nommé 
lahia ,  parce  qu'il  verifieroit ,  â?  confirmcroit  la  parole  ou  le  ^erbe ,  qu'il  deviendrait 
chef  &'  Pontife  de  la  Religion  du  Meffie,  qu'il  fe  conferveroit  pur  ^  faint ,  &  fe- 
roit  enfin  un  d>'S  plus  grands  Propintes  fortis  de  la  lignée  des  gens  de  bien. 

Houlfain  Vaêz  paraphrafe  ce  paifage  dans  les  termes  fuivans.  Jean  Baptifte 
vôtre  fils  publiera  &  autorifera  la  foy  au  JVIcflîe,  Jefus  fils  de  iVIarie,  qui  eft  la 
parole  de  Dieu,  ou  le  Verbe  procédant  de  Dieu;  car  il  fera  le  premier  qui 
croira  en  lui.  Il  deviendra  Chef  &  Pontife  par  fa  fcience,  par  fauftericé  de  fà 
vie,  &  par  la  douceur  de  fes  mœurs,  qui  font  les  trois  qualitez  requifes  pour 
être  Imam  ou"  Pontife  de  la  loy  de  Dieu.  11  fe  feparera  de  tout  commerce 
avec  les  femmes,  &  s'abftiendra  de  tous  les  plaifirs  des  fens,  &  enfin  il  fera 
un  Prophète  iflli  de  gens  de  bien,  tels  qu'ont  été  Zacharie  fon  père,  &  Saleh 
fon  aycul,  enfeignant  aux  hommes  les  voyes  de  la  jufticc  &  du  falut. 

Il  eft  remarqué  dans  le  Tarikh  Motekheb  que  faint-Jean  Baptifte  ayant  eu  la 
tête  tranchée  par  le  commandement  d'un  Roy  de  Judée ,  le  fang  qui  fortoit  de 
fon  corps  ne  put  s'étancher,  jufques  à  ce  qu'il  fut  vangé  par  une  très -grande 
defolation  que  Dieu  envoya  au  peuple  Juif,  &  qu'il  fut  le  dernier  Prophète 
de  fa  nation. 

Khondemir  rapporte  dans  la  vie  de  Mahomet  que  les  Juifs  qui  habitoient  l'He- 
giaze,  province  qui  fait  partie  de  l'Arabie,  dans  laquelle  la  ville  de  la  Mecque 
eft  fituée,  confervoient  parmi  eux  une  tunique  blanche  de  faint-Jean  Baptifte 
qui  étoit  encore  teinte  de  fon  fang,  dont  il  en  diftilloit  de  teras  en  teras  quel- 
que goutte,  &  qu'une  ancienne  tradition  s'étoit  confervée  parmi  eux,  félon  la- 
quelle ce  fang  devoit  toujours  couler  jufqu'à  la  nailfance  d'un  homme  nommé 
Abdallah ,  qui  devoit  être  le  père  du  dernier  des  Prophètes. 

Si  cette  fable  n'a  pas  été  inventée  par  les  Arabes  Mufulmans,  il  y  a  lieu  de 
croire  que  quelques  Juifs  jApoftats  l'ont  produite ,  pour  flatter  Mahomet  &  les 
Tiens;  car  il  eft  très-certain  que  les  Juifs  ont  été  les  premiers,  &  les  principaux 
fauteurs  du  Mufulraanifme,  comme  l'on  peut  voir  dans  le  titre  de  l'Alcoran. 

Le  Géographe  Perfien  parlant  de  Damas ,  écrit  que  la  tète  de  faint-Jean  Bap- 

N  n  2  tifte 


£g4  I    A    H    î    A. 

tifte  fut  mife  dans  un  temi51e  de  cette  ville  que  les  Sabiens  y  bâtirent,  à  foîa 
honneur,  &  qu'elle  y  a  été  toujours  fort  révérée  par  les  Chrétiens,  &  parles 
jMufulmans  dans  la  fuite  des  tems.  Foyez  le  titre  de  Damas,  &  remarquez  que 
ces  Sabiens  font  les  Mendai  lahia  que  nous  appelions  les  Chrétiens  de  faint -Jean, 
dont  plufieurs  habitent  encore  aujourd'huy  dans  la  ville  &  dans  Je  territoire  de 

BaiTora. 

Saadi  fait  mention  dans  fon  Guliflan  du  fepulcrc  de  S.  Jean  Baptifle  qui  étoit 
révéré  dans  le  temple  de  Damas ,  &  l'appelle  Turbct  lahia  Peghembcr  en  lan- 
gue  Perlienne;  il  y  fàifoit  fes  prières,  &  rapporte  celles  d'un  Roy  des  Arabes 
qui  y  étoit  venu  en  pèlerinage.  Le  Khalife  Abdalmalek  voulut  achepter  cette 
Eglife  de  la  main  des  Chrétiens,  &  il  ne  s'en  empara  par  force  qu'ajirès  Te  re- 
fus qu'ils  firent  de  quarante  mil  dinars,  ou  piftolcs  d'or  qu'il  leur  avoit  offertes. 

Ce  Temple  qui  efl  prefentement  une  Mofquée,  étoit  dédié  h  Zacharie  père 
d'Iahia,  &  il  n'a  porté  le  nom  de  faint -Jean  Baptifle  que  depuis  que  fa  tête 
qui  fut  trouvée  dans  la  ville  de  Uems  fous  l'Empire  de  Theodofe  de  Jeune,  y 
eût  été  transférée.  C'eft  ce  qui  a  trompé  l'Auteur  du  Tarikh  Cozideh,  lequel 
voyant  cette  Eglife  de  Zacharie  père  de  faint  Jean  Baptifte,  a  cru  que  la  mort 
de  ce  faint  Précurfeur  fut  vangée  par  Gudarz  Roy  d'Orient  ou  de  Perfe ,  de  la 
race  des  Molouk  Thaovaif,  par  la  ruine  de  Jerufalem,  ce  qui  doit  être  rapporté 
à  la  mort  de  Zacharie ,  grand  Pontife  des  Juifs ,  que  Joas  fit  lapider  dans  le  tem- 
ple ,  nonobflant  les  grands  fervices  qu'il  avoit  reçus  de  Jojada  fon  père. 

Cette  mort  de  Zacharie  fils  de  Jojada,  ou  de  Barachia,  félon  faint  Mathieu, 
a  été  tellement  marquée  dans  les  hvres  faints  par  ces  mots  qu'il  dit  en  mourant: 
Fideat  Dominiis  àf  requirat,  que  les  Mufulmans  ont  fait  venir  exprès  Gudarz  qui 
cfl  Nabuchodonofor  pour  la  vanger,  &  il  ne  s'en  faut  pas  étonner,  puifque 
Jesus-Christ  même  la  reprocha  encore  aux  Juifs  de  fon  tems:  on  ne  peut 
que  blâmer  leur  ignorance  de  confondre  ce  Zacharie  avec  le  père  de  faint  Jean 
Baptifle  ;  mais  leurs  hifloires  font  pleines  de  ces  anachronifmes. 

Les  Mahometans  citent  plufieurs  paroles  de  faint- Jean  Baptifle,  lefquelles  fonC 
de  Jésus- Christ  même,  telles  que  nous  les  trouvons  couchées  dans  les  Evan- 
geliflcs.  Ils  ont  aufîî  inventé  des  dialogues  entre  Jesus-Christ  &  faint  Jean 
Baptifle.  Il  y  en  a  un  dans  lequel  Jesus-Christ  efl  reprefenté  avec  un  air 
gai  &  agréable,  &  faint  Jean  Baptifle  avec  un  vifage  trifle  &  auftere.  Saint 
Jean  dit"" ces  paroles  remarquables  à  nôtre  Seigneur:  Il  paroù  bien,  Seigneur,  que 
vous  jouijjez  pleinement  dès  cette  vie  de  la  gloire,  ^  du  bonheur  éternel,  pendant  que 
vôtre  ftrviteur  ejî  encore  dans  la  voye ,  6?  dans  les  exercices  de  la  pénitence. 

Les  Mufulmans  donnent  plufieurs  titres  à  faint  Jean  Baptifle  ;  car  outre  celui 
de  Nabi  ou  Prophète  qui  lui  efl  commun  avec  plufieurs  autres,  ils  le  furnom- 
ment  particulièrement  Aàlfem  &  Mâaflbum,  mot  qui  fignifîé  proprement  prefer- 
vé,  exempt,  &  affranchi  de  tout  péché,  ce  qui  a  rapport  non  feulement  à  fin- 
nocence  &  à  l'auflerité  de  fa  vie ,  mais  encore  à  fa  fànclification  dans  le  ven- 
tre de  fa  mère.  Il  efl  bon  de  remarquer  que  les  mêmes  Mufulmans  donnent 
encore  ce  titre  à  la  fainte  Vierge,  fur  quoy  Foyez  le  titre  ^e. Miriam. 

Les  Chêtiens  Orientaux  célèbrent  la  fête  de  la  Nativité  de  faint  Jean  Bap- 
tifle le  21  jour  du  mois  appelle  dans  le  Calendrier  Syrien  Hazinin  qiu  corrcf- 
p,ond  à  nôtre  mois  de  Juin.  Cette  fête  efl  marquée  dans  les  éphemerides  des 
Mahometans  fous  le  nom  de  Milâd  lahia. 

L.^  fête  que  nous  appelions  la  Décollation  de  faint  Jean  Baptifle,    &  qu'ils 

nom?- 


•I    A    H    I    A.  285 

nomment  Méfiai  lahia,  eft  mar(]uée  dans  le  même  Calendrier  le  17  du  mois  Ab 
qui  correfpond  à  nôtre  mois  d'Août. 

Les  Difciples  de  faint  Jean  Baptifte  qui  furent  appeliez  dans  les  premiers  tcms 
de  l'Eglife,  Hemerobaptiftes ,  &  dont  le  nombre  ell  confiderable  parmi  les 
Juifs,  ont  fait  depuis  ce  tems-ià  une  fectc,  ou  plutôt  une  Religion  à  part  fous 
le  nom  de  Mendai  lahia.  Voy^z  ce  titre.  Ces  gens-  à  que  nos  voyageurs  ap- 
pellent Chôticns  de  faint  Jean  Baptiile,  à  caufe  d'une  efpece  de  baptême  fort 
différent  Ju  nôtre,  dont  ils  le  fervent,  ont  été  confondus  avec  les  Sabicns  qui  font 
cependant  une  lefte  bien  différente;  c'efl  pourquoy  il  faut  voir  fur  ce  fujct 
le  titre  de  Sabi. 

lAFÎIA  Ben  Abdallah.  lahia  fils  d'Abdallah,  &  pctit-fi!s  de  Haffan  fils  d'Ali, 
efl  celui  duquel^  quelques  -  uns  tirent  la  ligne  droite  des  Imams,  à  caufe  qu'il 
defcendoit  de  l'àiné  des  enfans  d'Ali;  mais  les  Perfans  la  tirent  de  la  bran- 
che du  cadet,  à  fçavoir  de  HouUàin,  fécond  fils  d'Ali,  parce  quil  fut  pro- 
clamé Khalife  dans  Coufah,  comme  nous  avons  vu  cy-dcifus.  Voyez  la  fuite  de 
ces  Imams  vrays  ou  faux ,  au  titre  d'Imam. 

Cet  lahia  dont  il  ell  queftion  parut  au  teras  du  Khalife  Haroun  Rafchid  dans 
la  province  de  Ghilan  fur  la  mer  Cafpienne,  où  il  avoit  déjà  attiré  beaucoup 
de  gens  à,  fa  fuite  qui  faifoient  tous  une  profeffion  ouverte  de  la  fefte  d'Ali. 
Pour  couper  la  racine  de  cette  nouve'le  fadion,  ce  Khalife  voulant  ufer  de  dou- 
ceur, dépêcha  vers  lui  un  homme  de  confiance  avec  un  paffeport  fort  ample 
fcellé  des  fceaux  de  tous  les  Cadhis,  ou  Juges  principaux  de  l'Etat,  &  foufcrit 
des  feings  ou  fignatures  des  principaux  Seigneurs  des  deux  Waifons  de  Hafchem 
&  d'Abbas ,  qui  étoierit  tous  fes  parens ,  afin  qu'il  pût  fe  rendre  en  toute  feureté 
auprès  du  Klialife- 

il  ne  falloit  pas  prendre  moins  de  précaution  dans  une  affaire  aufïï  délicate  que 
celle -cy,  pour  prévenir  les  deffeins  des  faélieux,  qui  avortèrent  en  effet,  auffi- 
tôt  que  cet  Imam,  lequel  d'ailleurs  n'avoit  point  d'ambition,  fût  entre  les  mains 
du  Khalife. 

Cette  hiftorre,  qui  efl  rapportée  dans  la  Chronique  des  Abbaffides,  fait  affez  voir 
en  quelle  vénération  étoient  les  Chefs  de  la  Maifon  d'Ah',  &  les  grands  pro- 
grez  que  fiifoit  déjà  cette  fefte;  mais  la  fuite  fera  encore  beaucoup  mieux  con- 
noître  de   quelle  importance  étoit  cette  affaire  pour  le  Khalife. 

lahia  ayant  reçu  de  telles  affurances  de  la  part  de  Haroun,  ne  fit  aucune  dif- 
ficulté de  fe  rendre  à  la  Cour;  mais  il  n'y  fut  pas  plutôt  arrivé  que  l'on  lui 
dreffa  un  piège.  Un  certain  Abdallah  de  la  famille  de  Zobair,  famille  qui  de 
tout  tems  s'étoit  déclarée  ennemie  de  celle  d'Ali  ,  accula  lahia  de  s'être  dit  Pro- 
phète, &  de  l'avoir  voulu  attirer  à  fon  parti,  adùrelfant  ces  paroles  au  Khalife: 
Vous  pouvez  juger,  Seigneur,  s'il  s'efl  ouvert  à  fes  amis ,  puis  qu'il  n'a  point 
fait  de  difficulté  de  fe  déclarer  à  fon  ennemi  même,  tel  qu'il  fçait  que  je  fuis, 
&  combien  il  faut'  qu'il  ait  déjà  gagné  de  gens  pour  en  venir  jufqu'à  ce  point. 

Le  Khalife  qui  étoit  fort  prudent,  voulut  pour  s'cclaircir  pleinement  de  la 
chofe,  que  l'on  fifl  venir  devant  lui  l'accufiiteur,  &  l'accufé.  Le  premier  per- 
fifta  dans  fon  accufation ,  &  le  fécond,  après  avoir  nié  conllammcnt  le  fait, 
&  fait  fa  prière  avec  les  cérémonies  ordinaires,  pour  fe  préparer  au  ferment 
dont  il  fe  devoit  purger,  s'approcha  de  fon  adv^rfaire,  mit  les  doigts  de  fa  mair> 
droite  entre,  ceux  de  celle  de  ion  accufateur,  &  prononça  ces  paroles  :  .Se/g/vcKr  • 

N  n  a  '  ^- 


a85  I    A    H    I    A. 

Êf  Créateur  tout-pufffant  ,  Jl  fay  jamais  convié  cet  homme  à  me  fiiîvrê,  ou  à  mi 
reconmijîre  pour  Frophete,  faites  par  vôtre  juftice  Jouveraine  que  je  perijfe  miftrable^ 
ment\  mais  fi  cela  n'ejl  pas,  punijfez  mon  accufateur  de  la  même  peine. 

Son  adverfaire  ayant  été  obligé  de  faire  le  même  ferment,  &  étant  mort  le 
même  jour,  on  ne  douta  point  qu'il  n'eût  reçu  la  punition  de  fon  parjure,  de 
forte  que  le  Khalife  fit  depuis  ce  tems-'lla  de  grands  honneurs  à  lahia ,  qu'il  re- 
connut pour  un  faint  homme  dont  Dieu  exaucoit  les  prières. 

I A  H I A  Ben  Klialed  Al  Barmeki ,  Les  Barmekides ,  ou  Barmecides  que  les 
Arabes  appellent  Baramecah,  &  les'Perfans  Barmekian,  tiroient  leur  origine  des 
anciens   Roys  de  Perfe,    félon  Khondemir  dans  la  vie  du  Khalife  Haroun  Al 

Rafchid.  ,  ,  ,         . 

Cette  famille  qui  n'a  produit  que  des  gens  de  grand  mente,  commença  a  pa- 
roître  fur  le  théâtre  du  monde,  en  la  perfonne  d'Iahia  fils  de  Khalcd,  homme 
d'un  mente  extraordinaire,  qui  avoit  reiini  en  foy  toutes  les  vertus  civiles  & 
militaires,  aufquelles  il  donnoit  encore  un  nouvel  éclat  par  fa  magnificence,  & 
par  fa  'generofîté  incomparable. 

Fadhel  fon  fils  aîné  fut  un  des  plus  grands  Capitaines  de  fon  tems ,  &  fon 
fécond  fils  nommé  Giafar,  outre  qu'il  pofTedoit  à  un  fouverain  degré  les  vertus 
héréditaires  de  fa  Maifon,  palloit  pour  le  plus  éloquent  &  le  plus  poli  Ecrivain 
de  fon  fiecle.  Les  deux  derniers  de  fes  enfans  nommez  Mohammed ,  &  Moufla , 
ne  degeneroient  point  d'une  fi  bonne  race ,  &  poifedoient  les  premiers  employs 
dans  l'adminifi:ration  des  aflTaires  de  l'Etat  &  de  la  guerre. 

Le  Khalife  Haroun  Rafchid  fe  repofa  entièrement  pendant  l'efpace  de  17  ans, 
c'ell  -  à  -  dire ,  depuis  l'an  170  de  l'Hegire  jufqu'en  187,  de  toutes  chofes  fur 
lahia,  &  fur  fes  quatre  enfans,  dont  Giafar,  qui  étoit  le  fécond,  pofledoit  la  fa- 
veur'&  les  bonnes  grâces  de  fon  maître  à  un  tel  point,  qu'il  n'y  a  point  d'exem- 
ple d'aucun  Prince  qui  en  ait  ufé  avec  tant  de  familiarité ,  &  tant  de  bonté  avec 
fon  favory.     FoyEZ  le  titre  de  Giafar  ben  lahia. 

Ben  Schohnah  rapporte  que  lorfqu'Iahia  vit  la  fortune  de  fa  maifon  renverfée, 
fes  enfans  ou  tuez  ou  emprifonnez ,  fa  liberté  perdue,  &  tous  fes  grands  biens 
confifquez,  il  dit  à  fes  amis:  La  puilfance  &  les  richefles  font  des  prêts  que  la 
fortune  fait  aux  hommes:  Nous  devons  nous  contenter  de  ce  dont  nous  avons 
jouy  par  le  palfé,  &  nous  confoler  fur  ce  que  nous  laifibns  pour  l'avenir  une 
grande  infl:ru(5lion  à  ceux  qui  viendront  après  nous. 

Ce  grand  perfonnage  avoit  élevé  fa  Maifon  à  un  tel  point  de  grandeur,  que 
lui  &  fes  enfans  dirpolbient  abfolument  de  l'Empire  ôqs,  Khalifes;  mais  ils  ufe- 
rent  de  cette  autorité  avec  tant  de  fageffe,  &  de  modération,  &  difpenferent 
leurs  grandes  richelfes  avec  tant  de  generofité  &  de  magnificence,  que  leurdif- 
<Trace  fut  pleurée  par  tous  les  grands  hommes  de  leur  fiecle ,  &  leurs  vertus  louées 
par  tous  ceux  qui  les  avoient  connus,    l^oyez  le  titie  des  Barmecides. 

Le  Rabî  al  Akhidr  cite  un  quatrain  Arabique  fait  à  la  loiiange  d'Iahia  dont 
le  fens  efl:.:  J'ay  demandé  à  la  rofée  (  fymbole  de  la  libéralité  )  fi  elle  étoit 
libre,  elle  me  répondit.  Non;  car  je  fuis  l'efclave  d'Iahia  fils  de  Khaled.  Sur 
cette  réponfe  je  lui  dis:  Je  veux  donc  vous  acheter  de  lui,  &  elle  me  répliqua: 
Cela  n'eft:  pas  poffible;  car  il  me  pofiTede  comme  un  héritage  fubfi:itué  de  père 
.en  fiis  dans  fa  famille. 

'Zamakhfchari  dans  fon  livre  intitulé  Rahî  al  ahrar  nous  donne  le  nom ,  «Se  la 


I    A    H    I    A. 


287 


genealog:ie  d'Iahia  en  cette  manière:  Abou  Ali  lahia  Ben  Khaled ,  Ben  Barmek, 
Ben  Kifchtasb,  Ben  Giamasb,  &  dit  que  Je  Khalife  Mahadi  le  donna  pour  Gou- 
verneur à  fon  fils  Haroun ,  lequel  étanf  devenu  Khalife  après  la  mort  de  Ma- 
hadi, traita  lahia  comme  il  auroit  fait  fon  propre  pcre ,  lui  confia  fon  fceau, 
&  lui  donna  l'adminillration  générale  de  toutes   les  affaires  du  Khalifat. 

Le  même  Auteur  rapporte  auffi  qu'Iahia  ayant  été  difgracic ,  &  mis  en  prifon 
par  Haroun,  un  de  fes  enfans  qui  étoit  enveloppé  dans  le  même  defallre,  lui 
dit  un  jour  :  Comment  eft-il  poffiblc  qu'après  avoir  fervi  Dieu  &  l'Etat  de 
nôtre  mieux,  &  fait  du  bien  à  tout  le  monde,  nous  foyons  réduits  à  une  telle 
mifere  ?  lahia  lui  fit  cette  réponfe  ;  Il  fe  peut  faire  que  la  voix  de  quelque 
affligé  qui  aura  fouffert  de  nous  quelque  tort,  ait  été  entendue  de  Dieu  pen- 
dant que  nous  négligions  de  lui  rendre  juftice. 

lahia  difoit  fouvent  à  fes  enfans:  Soyez  liberau^c  de  vos  biens  dans  le  temps 
de  vôtre  profperité  ,  &  ils  ne  diminueront  point  :  Donnez  aufli  durant  vôtre 
adverfité  ;  car  fi  vous  vous  abftencz  alors  de  donner  ,  il  ne  vous  en  reftera 
rien  du  tout. 

L'on  trouv^a  dans  le  fein  d'Iahia  après  fa  mort,  un  papier  dans  lequel  il  avoit 
écrit  ces  mots  de  fa  propre  main  en  Arabe  :  L'accufé  palfe  le  premier,  l'accu- 
fateur  le  fuivra  de  près  ,  &  ils  paroîtront  tous  deux  devant  un  Juge  auprès 
duquel  ni  les  écritures  ni  les  procédures  ne  ferviront  de  rien.  Ce  papier  ayant 
été  porté  au  Khalife,  il  n'en  put  faire  la  leclure  fans  verfer  des  larmes. 

.  lAHIA  Ben  Aktem.  Cadhi  des  Cadhis  ou  Chancelier  du  Khalife  Almaraon, 
fut  celuy  qui  fit  changer  ce  Prince,  fur  l'opinion  qu'il  avoit  que  le  mariage  à 
tems  eftant  licite ,  pouvoit  efi:re  eftabli. 

Cette  forte  de  mariage  s'appelle  en  Arabe  Almetâah,  &  le  Khalife  étoit  fur 
le  point  d'en  publier  la  perraiffion,  lorfque  le  Cadhi  fe  fervit  d'un  palTage  de 
l'Alcoran  pour  fen  dilTuader.  Ce  pafiage  eft  fort  équivoque;  car  il  ne  défend 
pas  abfolument  cette  efpcce  de  mariage  ,  &  dit  feulement  qu'il  ne  fimt  pas  fe 
contraindre  les  femmes  dans  leur  Religion ,  &  qu'il  ne  paroît  pas  que  celui  qui 
fe  fert  d'une  femme  feulement  pour  un  tems ,  puide  être  appelle  véritablement 
fon  mari,  ni  qu'il  ait  une  entière  puilfance  fur  elle,  comme  fur  une  chofe  qu'il 
poiïede  pleinement  ou  légitimement. . 

Ce  Cadhi  fit  &  publia  cependant  une  loy  contre  cette  forte  de  mariages 
qu'il  difoit  être  condamnez  dans  l'Alcoran:  nonobflant  quoy  ils  ne  lailFent  pas 
d'être  fort  en  ufage  parmi  les  Miifulmans.  Les  Chrétiens  mêmes  du  Levant 
les  pratiquent  quelquefois,  quoyque  très-défendus  par  les  loix  de  TEglife,  & 
ils  les  appellent  des  mariages  faits  alla  carta ,  c'eft-à-dire  ,  par  une  promcfie 
écrite,  &  autorifée  par  le  Cadhi,  en  vertu  de  laquelle  l'homme  s'oblige  envers 
la  femme  qu'il  prend ,  de  la  tenir  pendant  un  tel  tems  ,  moyennant  une  telle 
forame  d'argent  Ib'pulée  entre  eux. 

Ce  Cadhi  mourut  l'an  de  l'Hegire  242 ,  fous  le  Khalife  Motavakel. 

lAHIA  Ben  Ali  Al  Monaggem  ,  Homme  de  bonne  compagnie  qui  s'étoit 
fort  avancé  dans  les  bonnes  grâces  du  Khalife  Moftafi,  d'où  vient  que  l'on  le 
furnomme  ordinairement  Nedim  Al  Mo^lafi  ,  à  caufe  que  ce  Prince  Je  faifoit 
fjuvent  manger  &  boire  avec  lui. 

Nous 


288  I    A    H    I    A. 

Nous  avons  de  lui  une  hiltoire  des  Poètes  Arabes  qui  commence  par  Bafchar, 
&  finit  par  Marvan  :  elle  ell  intitulée  Baher  fi  akhbdr  alfchoâra.  Cet  Auteur 
mourut  Fan  300  de  l'Hegire. 

lAHIA  Ben  Ali  Ben  Gezalah,  Auteur  d'un  liv^e  de  Médecine  dont  les  ma- 
tières font  rangées  par  tables  à  l'inftar  de  celles  des  Ephemerides  ;  il  s'intitule 
Tacovpn  al  abddn  fi  tadbir  al  enfàn. 

lAHIA  Ben  Adda,  Chrétien  Jacobite  natif  de  la  ville  de  Tacrit  en  Mefo- 
pbtamiè.  II  étoit  Philofophe  Peripateticien ,  &  a  traduit  plufieurs  ouvrages  d'A- 
riftote,  en  langue  Syriaque  &  Arabique. 

lAHIA  Aboulmanfour  ,  furnommé  Al  Mouflali ,  parce  qu'il  étoit  natif  de 
Moful  en  Mefopotamie-,  ek  l'Auteur  du  livre  intitulé  Agàni.  C'ell:  un  Recueil 
de  chanfons  Arabiques  difpofées  par  ordre  Alphabétique. 

lAHIA  Ben  Iakhfchi  Ben  Ibrahim.  C'efl  l'Auteur  d'un  Scharh  ou  commen- 
taire fur  le  livre  intitulé  Scherâat  al  ejlàm  ;  ce  Scharh  eft  dans  la  Bibliothèque 
du  Roy  n^.  590. 

lAHIA  ,  furnommé  Al  Nahaovi,  a  traduit  &  expliqué  en  Arabe  lejivre 
d'Ariftote,  qu'il  nomme  Bari  arminids ,  mot  corrompu  du  Grec  qui  fignilie  De 
Jnterpretatione. 

ÎAHIA  Ben  Abdalmatha.     l^oytz  Zaovaovî. 

lAHIA  Ben  Geifch.     l^oyez  Schaharvardi. 

•IAHIA  Affendi.     Voyez  Mohieddin  Al  Thabarî. 

IAHIA  Ben  Abilmanfour  ,  c'cil  le  nom  d'un  des  plus  grands  Agronomes 
qui  ayent  vécu  fous  le  Khalifat  d'Almamoun.  AbulmalTar  en  faifoit  grand  état, 
&  le  cite  fouvent. 

IAHIA  Ben  Mohammed,  huitième  Khalife  ou  Empereur  des  Moahedites  ou 
Al  Mohades,  comme  les  Efpagnols  les  appellent,  qui  a  régné  en  Afrique,  & 
en  Efpagne  ,  ce  que  les  Arabes  appellent  Magreb  u  Andalous.  Voyez  le  titre 
de  Movahedin. 

IAHIA  Ben  Modhaffer,  Ben  Mobarez.  C'cfb  le  nom  du  fixième  Prince  ou 
Sultan  de  la  dynaltie  des  Modhaferiens  ou  Mozaffericns  en  Perfe.  Cette 
dynaftie  fut  abolie  fous  les  Sultans  Schah  fchegiâ ,  &  Schah  Manfour ,  par  Ta* 
gierlan.    Voyez  Modhafferioun. 

ÎAHIA  Ben  Haidar  Carati,  feptième  Prince  de  la  petite  dynaftie  qui  s'éta- 
blit dans  le  Khoralfan  au  tems  des  conquêtes  de  Tamerlan ,  fous  le  nom  de 
Sarbedariens ,  &  qui  fut  maintenue  par  ce  même  Conquérant.     Voyez  Sarbedarân. 

JAHIA  Ben  îfrail  a  écrit  fur  l'Ifagoge  de  Porphyre. 

Abou  Jacob  Ishak,  Ben  Soliman  al  Ifraili ,  furnommé  al  Thabib ,  le  Médecin , 
eft  auteur  du  Boftan  alhekmat,  Jardin  Philofophique. 

Le 


I  A  H  K  E  M.  — -  I  A  II  O  U  D.  289 

Le  furnam  d'Ifraili  ell  fouvent  donné  aux  Auteurs  Juifs  qui  font  eflimez  par 
les  Mufulmans. 

lAHKEM  Ma  câni,  Turc  de  nation,  lequel  ayant  été  efclavc  de  Mardavige 
Sultan  de  Dilem,  &  depuis  fon  affranclii ,  &  élevé  par  lui  jufqu'aux  premicrcs 
charges  de  la  milice,  tua  fon  maître  ,  &  s'empara  de  fes  Etat?. 

Il  ■s'approcha  enfuite  de  Bagdet  d'où  il  chafTa  Raiek  qui  tenoit  le  Khalife 
Radhi  fous  fa  puiffimce ,  &  prit  lui-même  fa  place  fous  le  titre  d'Emir  al  omara , 
c  ell-à-dire ,  Commandant  des  Commandans ,  ou  Prince  des  Princes.  Il  gouv'erna 
le  Khalifat  avec  tant  d'autorité  qu'il  faifoit  faire  la  charge  de  V^izir  par  fon 
Secrétaire. 

■lAHOUD  &  lahoudi,  un  Juif  que  les  Turcs  appellent  d'un  terme  de  mé- 
pris Tchifout  ou  Tchufut.    Foyez  l'origine  du  mot  lahoud  dans  le  titre  de  Houd. 

Les  Juifs  ont  été  condamnez  à  une  captivité  perpétuelle  ,  à  caufe  de  leur 
rébellion  contre  Dieu,  &  pour  n'avoir  pas  reçu,  ni  reconnu  Jesus-Ciiiust 
pour  Meflîe.  C'eft  le  fentiment  de  tous  les  Mufulmans  fondé  fur  l'AIcoran, 
dans  lequel  au  chapitre  Aàraf  Mahomet  dit ,  que  Dieu  a  fait  connoifire  qu'il 
envoyer  oit  toujours  jufquau  jour  du  jugemint  quelqu'un  qui  châtierait  fcvcrancnt  les 
^tiifs ,  â?  qu'il  les  a  difpcrjez  parmi  toutes  les  iiatiojis  du  monde. 

Les  Interprètes  de  ce  paflàge  difent  tous  unanimement  que  les  Juifs  ont  tou- 
jours été  fujets  depuis  leur  rébellion  à  être  ou  tuez,  ou  tenus  efclavcs,  ou  au 
moins  obligez  à  payer  tribut.  Nabuchodonofor ,  &  après  lui  les  Roys  de  Chal- 
dée ,  de  Perfe  ,  &  les  Romains  les  ont  ainfi  traitez  ;  &  enfin  les  Mufulmans 
ont  receu  l'ordre  de  Dieu,  apporté  par  Mahomet,  de  leur  faire  la  guerre,  & 
de  les  maltraiter  jufqu'à  ce  qu'ils  embralTent  le  Mufulmanifme  ,  ou  payent  le 
tribut:  ce  qui  doit  durer,  &  fubfiflcr  ,  ajoùtent-ils ,  jufqu'à  la  confornmation 
des  fiecles. 

Quant  à  leur  difpcrfion,  les  Mahomctans  affurent  qu'il  n'y  a  point  de  pays, 
où  il  ne  fe  trouve  quelque  Juif.  Le  même  texte  fait  dire  "à  Dieu  les  paroles 
fuivantes:  Dans  cet  état  de  captivité  nous  ne  laijjlrons  pas  de  les  éprouver  ,  ou  en 
leur  faifant  part  de  quelques  biens  temporels  ,  ou  en  les  affligea-nt  de  peines  extraor. 
dinaires,  car  il  y  en  aura  parmi  eux  de  bons  (f  de  mauvais.  L?sbons,  lors  qu'ils 
feront  dans  l'abondance  des  biens  nous  remercieront  ,  &  lorfqu'ils  tomberont 
dans  la  mifere,  ils  prendront  patience  dans  leurs  maux:  mais  les  méchans,  lorf-^ 
qu'ils  fe  verront  comblez  de  riche/les ,  diront  :  //  faut  que  Dieu  foii-pauvre,  puis  ' 
qu'il  ne  nous  donne  rien  ;  nous  ne  manquons  cependant  d'aucune  chofe  ;  car  nous  ac' 
querrotis  des  biens  par  nôtre  propre  induftrie;  âf  lorfqu'ils  fe  verront  preffez  par  la 
necepte,  ils  diront:  La  main  de  Dieu  efl  racourcie,  elle  efl  attadtée  à  fon  col:  Une 
peut.,  ou  ne  veut  pas  nous  faire  du  bien. 

La  conclufion  de  ce  verfet  :  Nous  en  ufo7is  ainfi  afin  quils  retournent  à  nous., 
car  cette  épreuve  efi  la  pierre  de  touche  qui  fait  connoifire  le  prix  d'un  chacun.  C'cll 
de  ce  pafiage  que  le  Methnevi  a  emprunté  ce  beau  diflique  :  La  volonté ,  &  le 
bon  plaifir  de  Dieu  efl  la  pierre  de  touche  qui  nous  éprouve  ,  afin  que  celui 
qui  n'ell  pas  de  bon  aJoy  fafTe  paroître  au  dehors  la  noirceur  qu'il  cache  au 
dedans,  comme  fait  une  pièce  faufîe, 

Mahomet  ayant  contrafté  des  obligations  particulières  avec  les  Juifs  qui  luy 
svoient  fourni  des  mémoires  pour  fon  Alcoran ,   ik  qui  vouloit  les  menagtV, 

ÏOME  II,  o  o  pouf 


apo 


I    A    H.    0    U    D. 


pour  un  tems,  après  avoir  parlé  de  ceux  qui  ont  violé  la  loy  deMoyfe,  dans 
le  chapitre  AMf,  qui  vient  d'être  cité,  ajoute  aufTi  ce  verfet:  IL  y  a  une  race 
parmi  le  peuple  de  Moyfe  qui  montre  aux  autres  la  vent é^^  êf  qui  fe  gouverne  avec 
ji'Jlice   ^  équité. 

Les  Interprètes  difent.fur  ce  paiïage ,  qu'après  la  mort  de  Moyfe  &  de  Jofué'- 
fon  luccelleur,  il  y  eut  lïne  grande  confafion  parmi  le'  peuple  Juif-  ;  car  il-; 
tomba  dans  l'idolâtrie,  &  fe  fouilla  les  mains  du  fang  des  Prophètes  que  Dieu 
fufcitoit  de  tems  en  tcms  pour  le  ramener -à  fon  devoir.  (.Cependant  un  nom- 
bre confiderable  d'entr'eux  obferv^oit  exaftement  la  loy,  n'adoroit  que  le  véri- 
table Dieu  de  leurs  pères,  &  faifoit  continuellement  des  vœux  &  des  prières  à 
ce  qu'il  plût  à  la  Divine  bonté  de  les  feparer  des  impies  dont  ils  ne  pouvoient 
plus  fupporter  la  compagnie. 

Dieu 'exauça  leurs  prières,  &  par  un  miracle  t)ién  furprenant,  leur  ouvrit  un 
grand  chemin  fort  fpatieûx  piar  lequel ,  s'étant  tous  mis  en  voyage  ,  ils  arrivè- 
rent aifément  jufqu'aux  extremitez  de  l'Orient ,  au  de-là  de  la  Chine ,  où  s'étant 
arrêtez,  ils  firent  un  établixTement ,  dont  il  relie  encore  jufqu'à  prefcnt,  quel- 
ques reftes  félon  le  rapport  de  nos  voyageurs. 

Quelques  Interprètes  ajoutent  à  cette  fiftion  une  autre  fable  encore  plus  im- 
pertinente, à  fçavoir  que  Mahomet  dans  ce  voyage  myflerieux,  ou  plûtofh  ima- 
ginaire qu'il  fit'  en  une  nuit  vers  le  ciel,  vit  en  paHant  ces  gens-là,  &  que  leur 
avant  lu  d'ix  verfcts  de  fon  Alcoran  ,  il  les  convertit  à  la  loy  Mufulmane,  & 
que,  c'eft  de  ces  Juifs-là  qu'il  efl  parlé  dans  le   chapitre  Aâraf. 

C'eft  une  tradition  allez  univerfelJe  dans  tout  l'Orient,  &  qui  n'efl  pas  nou-- 
velle,  comme  il  paroît  parce  que  Ton  vient  de  dire,  qu'il  y  a  des  Juifs  dans- 
la  Chine,  &  fes,  environs,  &  dans  la   partie  la  plus  Orientale  de   la  Tartarie., 
Les  Européens  croyent  que  ce   font  des  defcendans   des  dix   tribus  qui  furent 
tranfportces  en  Medie,  au  de-là  du  fleuve  Gozan,  par  Salmanazar  Roy  d'AfTyrie. 

Il  auroit  pu  arriver  effectivement  que  ces. Juifs,  ou  une  partie  d'entr'cnx 
fût  palTée  de  la  Medie  au  deffus  de  la  mer  Cafpienne  dans  le  pays  de  Khozar, 
&  eût  pénétré  dc-!à  jufques  dans  les  endroits  les  plus  reculez  de  la  Tartarie , 
nui  ne  font  pis  fi  éloignez  de  la  mer  Cafpienne,  que  l'on  a  cru  jufqu'à  prelènt. 
Les  Mahometans  ,  &  fur  tout  les  Alcoraniftcs  qui  font  très-ignorans  dans  la. 
Geo'^raphie,  ont  cru  qu'il  falloit  un  chemin  fait  exprès  par  la  toute -puiffance 
de  Dieu ,  pour  faire  paffer  les  Juifs  de  la  Palefline  en  la  Chine. 

Les  Mufulm-ms ,  entre  les  reproches  qu'ils  font  aux  Juifs,  &  entre  les  caufes 
crincipales  de  leur  punition ,  mettent  le  violement  du  Sabbat  ,  dont  l'obferva- 
tion  exafte  leur  avoit  été  fi  étroitement  commandée  ;  c'eft  ce  qui  fait  dire  à 
Mihomet  dans  ce  même  chapitre  Aâraf,  quelques  paroles  qui  ont  fourni  à  fes 
Interprètes  le  fujet  de  l'hiftoire  fuivante. 

Dan?  une  des  villes  maritimes  de  la  Judée,  on  voj'oit  paroître  ordinairement 
beaucoup  de  polifons  le  jour  du  Sabbat,  lefquels  s'écartoient  pendant  les  autres 
jours  de  la  femaine;  ce  que  Dieu  avoit  ainfi  ordonné  pour  éprouver  robeïifance 
de  fon  peuple.  Une  grande  partie  des  habitans  de  la  ville  pour  profiter  de 
l'abondance  de  ces  poiffons  fans  violer  les  droits  du  Sabbath  ,  creuferent  fur  le 
bord  de  la  mer  pluficurs  folTes,  oi^i  les  eaux  de  la  mer  tomboient  par  le  moyen 
de  certains  canaux  qui  les  conduifoient  avec  une  grande  quantité  de  poillbns, 
le  jour  du  Sabbat.  Ces  pDiifons  ne  pouvant  plus  retourner  à  la  mer,  à  caufe 
qu^ils  écoient  arrêtez  par  des  filets  qu'ils  trouvoicnt  fur  leur  paflage  ,  les  Juifs 

les 


I    A    H    O    U    D.  2pj 

les  tiroient  le  lendemain  de  ces  folTes ,   &  prétendoient  n'avoir  point  violé  le 
fabbat  par  la  pêche. 

Il  s'en  trouva  plufieurs  qui  s'oppoferent  à  cette  fraude  que  l'on  faifoit  à  la- 
loy  de  Dieu:  mais  cette  oppofition  ne  détourna  point  ceux  qui  en  profitoient 
de  la  pratiquer,  ils  firent  au  contraire  beaucoup  pis  ;  car  voyant  que  Dieu  ne 
puniiToit  pas  leur  action,  ils  fe  portèrent  jufqu'à  violer  ouvertement  le  fabbat, 
&  à  exercer  ce  jour-là  publiquement  la  pêche.  Ceux  qui  avoient  defapprouvé 
la  première  aétion  ,  furent  û  touchez  de  cette  prévarication  fcandaleufé,  qu'ils 
ne  voulurent  plus  depuis  ce  tems-là  avoir  aucune  communication  avec  ceux  qui 
en  étoient  les  auteurs. 

Ils  s'enfermèrent  pour  cet  effet  dans  un  quartier  feparé  des  autres,  d'où  éctnt 
après  quelque  tems  fortis,  ils  furent  bien  furpris  de  ne  trouver  perfonne  dans 
le  relie  de  la  ville;  car  tous  ces  infrafteurs  de  la  loy  avoient  été  par  la  toute- 
puilfance  de  Dieu  metamorphofez  en  linges  lefquels  s'approchants  de  leurs  amis, 
les  frotoient  de  leurs  têtes  en  pleurant;  cette  transformation  ne  dura  que  trois 
joiirs,  au  bout  defquels  tous  ces  miferables  perdirent  la  vie.  C'efl  ici  une  des 
plus  ridicules  metaraorphofes  dont  Mahomet  ait  réjoui  fes  difciples  aux  dépens 
des  Juifs,  dans  fon  Alcoran. 

Le  Judaïfme  ,  félon  Algianabi  &  Aboulfeda  fut  introduit  dans  l'Arabie  par 
Abou  Kerb  Alfàad,  ^'l"-  Roy  de  l'Iemen,  ou  Arabie  Heureufe  ,  fept  cens  ans 
avant  Mahomet.  Ce  Prince  ctoit  de  la  famille  de  Hcmiar  ,  duquel  les  Ara- 
bes fes  fujets  furent  appeliez  Hemiarites  ,  ou  comme  les  Grecs  les  nomment , 
Homerites. 

Dhou  Naovas  ,  43'.  Roy  de  la  même  race  ou  dynaftie  fut  fi  zélé  pour 
le  Judaïfme  ,  qu'il  foifoit  jetter  dans  des  folles ,  ou  fournaifes  de  feu  ceux 
qui  refufoient  d'en  faire  profcflion.  Il  efi:  fait  mention  de  lui  dans  l'Alcoran 
fous  le  nom  de  Saheb  al  okhdoud  ,  c'ell-à-dire  ,  l'auteur ,  &  l'inventeur  des 
foffes  ardentes. 

Al  Gianabi  dit  qu'il  fut  le  dernier  des  Roys  Hemiarites  ,  &  que  fa  cruauté 
envers  les  Chrétiens  qui  refufoient  de  fe  faire  Juifs  ,  obligea  le  Negiafchi,  ou 
r Empereur  d'Ethiopie  qui  étoit  Chrétien  ,  de  lui  faire  la  guerre  ,  &  de  le 
dépouiller  de  fes  Etats  ,  lefquels  demeurèrent  entre  les  mains  des  Chrétiens 
durant  l'efpace  de  72  ans.  L'on  compte  quatre  de  ces  Ethiopiens  qui  ont 
régné  dans  l'Iemen,  ou  Arabie  Heureufe,  à  fçavoir  Jakfoum,  Abrahah,  Ariath 
&  Mafrouk.  Foyez  les  vies  d'Arethas  âf  d'Elesbaan  au  24  Oftobre  dans  Me- 
taphrafle. 

Lorf  ]ue  Mahomet  parut ,  il  y  avoit  beaucoup  de  Juifs  en  Arabie.  Ils  étoient 
fi  puifiants ,  qu'ils  y  polfedoient  plufieurs  châteaux  où  ils  commandoient  en  Prin- 
ces. Ben  Schohnah  remarque  dans  la  vie  de  Mahomet  qu'en  l'année  troifième 
de  l'Hegire  ,  Mahomet  fit  la  guerre  à  plufieurs  Princes  Juifs  de  l'Arabie,  & 
que  les  ayant  fubjugez,  ils  les  reduifit  tous  avec  leurs  fujets  en  efclavage. 

La  quatrième  année  de  la  même  Hégire,  Mahomet  donna  un  combat  con- 
tre les  Nadhireens  ou  Nazireens  qui  étoient  Juifs;  il  en  défit  un  grand  nom- 
bre, &  obligea  les  autres  d'abandonner  leur  pa5's,  &  de  fe  retirer  dans  celuy 
de  Khaibar. 

Mahomet  eut  encore  depuis  ce  teras-là  plufieurs  afi'aires  avec  eux  ;  mais  il 

O  o  2  leur 


292  I    A    H    O    U    D. 

leur  donna  enfin  quartier,  avec  des  lettres  de  fauvegarde ,  &  de  protection,  tant 
à  caufe  qu'ils  avoient  été  autrefois  de  fes  amis  ,  que  pour  les  avoir  comme 
ajtant  de  témoins  de  fii  doilrine,  ou  plûtofl  de  fcs  impollurcs. 

Ces  Nazireens  ,  dont  il  eil  fait  mention  cy-deffus  ,  pourroient  bien  être  les 
Nazaréens  qui  ont  paru  dans  les  premiers  fiècles  de  l'Eglife  ,  &  qui  faiibient 
profeffion  d'allier  les  obfervanccs  Judaïques  avec  la  doctrine  de  Jesus-Chrtst; 
car ,  comme  nous  avons  vu  cy-delîlis  ,  il  y  avoit  beaucoup  de  Chrétiens  &  de 
Juifs  dans  l'Arabie  piufieurs  fiécles  avant  Alahomet. 

Ben  Cafchcm  dit  que  Paréhzerd,  qui  fignifie  en  Perfien  une  pièce  jaune,  eft 
une  étolFe  que  les  Juifs  font  obligez  de  coudre  fur  leur  épaule,  pour  fe  faire 
connoître  &  diftinguer  entre  les  autres  nations  du  Levant  -,  cette  mai-que  eft 
nommée  par  les  Arabes  Ghiûr  ,  nom  gênerai  qui  convient  à  tous  les  fignes  qui 
fervent  de  dillinftion;  en  forte  que  ce  mot  fignifie  aufli  la  couleur  particulière 
que  les  foldats  portent ,  pour  faire  rcconnoître  de  quel  party  ils  font  ,  ainfi 
que  parmi  nous  l'écharpe  blanche,  noire,  rouge,  &c..  en  un  mot,  tout  ce  qui 
f-Tt  de  fignal  aux  perfonnes,  pour  faire  connoître  de  quelle  nation,  religion  ou 
party  ils  font. 

Les  Chrétiens  ,  par  l'ordonnance  des  Khalifes  ,  portoier  t ,  &  portent  enco- 
re aujourd'huy  dans  l'Orient  de  larges  ceintures  de  cuir ,  quoyque  cette  di^=- 
tinclion  ait  été  abolie  par  quelques  Trinces.  Les  Juifs  étoient  connus  par  la 
pièce  jaune  fur  fépaule  ,  oc  par  le  chapeau  jaune ,  rouge  ou  orangé  en  plu- 
ficurs  endroits;  mais  aujourd'huy,  dans  les  Etats  du  Turc  à  Conftantinople  & 
ailleurs  ,  ils  font  obligez  de  porter  un  chapeau  de  feutre  fans  bords  ,  que  les 
Turcs  appellent  par  dérifion  Haurouz  ,  qui  fignifie  en  leur  langue  un  bafîîn  de 
garderobe. 

Burkai  fit  porter  à  fes  feiftatcurs  des  étoffes  blanches ,  parce  que  les  Abbafîîdcs 
en  portoient  de  noires  ,  &  les  Scherifs  ,  qui  fe  difent  être  de  la  poflerité  d'A- 
li ou  par  les  malles  nu  par  les  femelles ,  ont  confervé  le  vcrd  dans  leurs  bon- 
•nets  ou  turbans ,  à  l'exclufion  de  tous  les  autres  Mufulmans  :  mais  la  marque 
la  dIus  hontcufe  de  toutes  eft  celle  d'un  fer  à  cheval  ,  que  Malekfchah  le  Sel- 
giucide,  fit  porter  pendu  à  l'oreille,  aux  Géorgiens  qui  étoient  Chrétiens. 

Les  Ju  fs  du  premier  fiècle  du  Alihometifme  ,  voyant  les  divifions  furvenues 
entre  les  iMufulmans  ,  au  fujet  de  la  religion  &  du  gouvernement  ,  demandè- 
rent à  AH  d'oLi  venoit  qu'à  peine  douze  ou  quinze  ans  s'étoient  écoulez  depuis 
la  mort  de  leur  Prophète,  quils  fe  déchiroient  les  uns  les  autres  par  des  guer- 
res civiles  &  domcftiques. 

Ali  leur  répondit  fur  le  cliamp  :  D'où  vient  que  vous  Juifs  ,  qui  vous  glori- 
fiez d'être  le  peuple  de  Dieu  ,  aviez  encore  à  peine  vos  pieds  fecs  du  palTage 
de  la  mer  rouge,  lorfque  voyant  les  idoles  d'Abda  &  de  Hinda,  que  les  Lîolàr 
très  adoroient  ,  vous  demandâtes  à  Moyfe  qu'il  vous  fît  des  Dieux  comme  les 
autres  peuples  de  la  terre  en  avoient? 

Cette  réponfe  les  rendit  muets  &  confus  ,.  de  même  qu-e  les  Chrêdens  le  fu- 
rent, dit  Lamâi,  Auteur  de  ce  Dialogue  d'Ali  avec  les  Juifs,  lorfque  ccux-cy 
reprochants  aux  Mufulmans  quelques  mauvais  difcours ,  qui  fe  tenoient  fur  le 
fujet  dAifchuh,  femme  de  leur  Prophète,  on  leur  répondit,  qu'il  y  avoit  des 
gens  parmi, euxa  ce  font  quelques  anciens  hérétiques,  qui  n'avoient  pas  épargné 


I  A  I  A  H.  I  A  I  T  Z  A.  2P3 

lî  pîu5  pure  de  toutes  les  créatures ,  car  c'eft  ainfi  que  cet  Auteur  Mahometan 
qualifie  la  Sainte- Vierge. 

Ces  idolâtres  qui  adoroicnt  Abda  &  Hinda  font  les  Madianites ,  appeliez  par 
les  Arabes  Caoum  Midian  ,  peuple  qui  habitoit  la  côte  de  la  mer  rouge ,  où 
les  Ifraëlites  abordèrent  après  leur  paffige  de  la  mer  rouge. 

On  lit  dans  l'Alotran  ,  que  ce  qui  eft  relié  de  Juifs  de  la  famille  de  Moyfe 
&  d'Aaron  fera  porté  par  les  Anges  dans  le  ciel.  On  rapportera  fur  le  fujct 
de  ce  verfet  un  trait  agréable ,  que  fit  un  homme  d'efprit  de  la  Cour  du  Sul- 
tan Abulaid.  Ce  Prince  avoit  pour  Médecin  ordinaire  un  Juif,  très-habile  dans 
fon  art ,  &  duquel  il  faifoit  grand  état.  11  arriva  qu'ayant  un  jour  befoin  de 
kiy  ,  il  l'envoya  quérir  par  fes  pages  qui  le  portèrent  en  chàife  ,  à  caule  que 
les  gouttes  l'empéchoient  de  marcher. 

Dans  le  tems  que  le  Juif  arriva  ,  iMozafFer  le  Poëtc  ,  qui  étoit  cet  homme 
d'efprit,  fe  trouvant  en  la  compagnie  du  Sultan,  &  voj-ant  paroître  le  Juif  en 
Gct  équipage,  fe  profterna  auflî-tôt  devant  lui,  &  allégua  pour  raifon  de  fon  ac- 
tion, qu'alîlirément  ce  ne  pouvoit  être  qu'un  de  ces  Ifraëlites  porté  par  autan? 
d'Anges  qu'il  voyoit  de  pages  ,  &  prononça  en  même  tems  ce  verfet  de  l'Al- 
coran  :  l^oicy  ce  qui  ejl  njté  de  la  Maifon  de  Moyfe  ^  de  celle  d'Aaron  ,  que  les 
Anges  portent.  Ce  rcflc  de  Juifs  porté  par  les  Anges  femblc  fignifier  ce  qu'a 
dit  faint-Paul,  lorfque  parlant  d'eux,  il  cite  la  prophétie  d'Ifaie,  Rdiquiœ  falvis 
fient,  félon  laquelle  il  paroît,  qu'il  y  aura  un  relie  de  Juifs  fauve. 

Les  Alahometans  mettent  les  Juifs  dans  un  étage  plus  bas  que  les  Chrétiens 
en  enfer ,  &  un  Juif  Apollat  nommé  Samuel  Ben  Ichuda ,  Efpagnol  &  Mogre- 
Bin,  qui  a  écrit  contre  les  Juifs,  en  rend  la  raifon  ,  qui  cil  d'avoir  corrompu 
le  texte  de  plufieurs  endroits  de  FEcriture.  fainte.  Ce  Juif  Mahometan  vivoir 
dans  l'an  570  de  l'Hegire. 

lAIAH  ,  Caflîdah  ou  Poëme  ,  dont  toutes  les  rimes  font  en  I  confonc  ou 
voyelle  ,   compofé  par   le  célèbre  Poëte  Arabe  nommé  Ebn  Faredh.     Cet  ou- 
vrage  commenté   par   un  inconnu  ,    fc  trouve  dans   la    Bibliothèque   royale  , , 
n".  617. 

lAIN  Kemoutehi  ,  furnom  d'Ezzeddoulat  Saàd  Ben  Manfour  ,  Auteur  d'un 
commentaire  flir  les  Efcharilt  &  Tenbihât  d'Ebn  Sina  ou  Avicenne.  Le  fur- 
nom  de  cet  Auteur  eil  bizarre  ;  car  il  fignifie  un  homme  qui  meurt  dans  fon 
tems,  c'cfl-à-dire,  dans  le  terme,  que  Dieu  a  prefcrit. 

lAITZA,  Ville  capitale  du  Royaume  de  Boffine  ou  Bofnie.  Les  Turcs 
rappellent  plus  ordinairement  Khaovatza  ,  &  nos  Géographes  laycza. 

Elle  fut  prife  par  Mahomet  Second ,  Sultan  des  Turcs ,  l'an  869  de  THegirc , 
de  J.  C.  1464,  onze  ans  après  la  prife  de  Conflantinople.  Mahomet  fit  périr 
Eflienne,  fon  dernier  Roy,  qui  avoit  dépoiiillé  &  chalfé  fon  propre  père. 

Mathias ,  Roy  de  Hongrie ,  la  reprit  peu  de  tems  après  fur  les  Turcs  :  mais 
Bajazeth  fécond  s'en  rendit  derechef  le  maître,  auffi-bien  que  de  Herzegovina, 
qui  étoit  la  capitale  du  Duché  de  faint-Sabas,  que  l'on  peut  appeller  la  Bofliue 
Supérieure. 

Nos  Hilloriens ,  comme  Bonfinius  &  autres ,  écrivent ,  que  cette  ville-  fut 

O  o  3.  aliic^- 


2'^:  I  A  L  A  M  L  A  M.  I  A  M  A  N. 

affie^ée  une  féconde  fois  en  vain    par  Mahomet  Second  ,   lequel  en  leva  ,  di- 
fent-ils,  le  fie"-e  aufli-tôt  que  le  Roy  Mathias  s'en  approcha  pour  la  fecourir. 

lALAMLAM,  Lieu  de  l'Iemen  qui  eft  l'Arabie  Heureufe,  oii  les  pèlerins 
du  pays,  qui  vont  à  la  Mecque,  s'afTemblent  &  forment  leur  caravane,  ce  qui 
lui  fait  donner  le  nom  de  Micât  ahel  lemen,  Entrepos  des  Jemanites. 

JALDA  &  JELDA,  la  Nuit  ou  la  Fête  de  Noël  chez  les  Orientaux, 
foit  Chrétiens  ,  foit  Mahometans.  Les  Arabes  appellent  encore  cette  fête  Al 
Milâd,  la  naifTance  par  excellence,  &  les  Perfans  Scheb  laldai,  que  l'Auteur  du 
Mircat  allogat  explique  en  Arabe  Dcigiour ,  mot  qui  fignifie  une  nuit  claire  & 
lumineufe ,  à  caufe  de  la  defcente  des  Anges  revêtus  de  lumière  ,  qui  fe  fit  fé- 
lon l'Evangile  à  la  naidance  de  Je  sus- Christ  en  Bethlehem. 

lALL     Abou  lali  Ben  Abdallah  &  Ben  Harebat.    I^oyez  Khalil. 

lAM  &  lem.  Les  Cathaiens  &  les  Turcs  Orientaux  appellent  ainfi  le  troi- 
fième  Tchagh.  de  leur  cycle  duodenaire  ,  qui  comprend  les  vingt  -  quatre  heures 
du  jour  &  de  la  nuit ,  &  qui  contient  auffi  douze  années  ,  à  chacune  defquel- 
les  ils  donnent  un  nom  particulier. 

Ces  douze  parties  du  jour,  &  les  douze  années  de  ce  cycle  portent  les  noms 
de  douze  animaux.  Jam  ,  dont  nous  parlons  ,  fignifie  en  langue  Cathaienne, 
ce  que  les  Turcs  Orientaux  &  les  Perfans  appellent  Pars  ,  les  Latins  Fardas  & 
nous  autres  un  Léopard,     i^oyez  Giagh. 

lAMAMAH,  Ville  de  la  province  qui  porte  le  nom  de  Hegiaz  ou  Hegia- 
ze,  où  les  villes  de  la  Mecque  &  de  Medine  font  fituées.  Quelques  Auteurs 
attribuent  cette  ville  à  la  province  de  Hagr  ,  qui  eft  proprement  l'Arabie  Pe- 
trée.  Elle  eft  éloignée  de  Baffora  de  i8  journées  en  tirant  vers  l'Occident  , 
&  les  Tables  Arabiques  lui  donnent  82  degrez  ,  30  minutes  de  longitude ,  & 
2.3  degrez  de  latitude  Septentrionale.  Quelques  Auteurs  font  auffi  de  Jamamah 
une  petite  province. 

lAMAN  ou  lemen.  Province  do  l'Arabie,  qui  fait  la  troifième  &  Ja  plus 
gran.le  partie  de  ce  vaftc  pays:  nous  l'appelions  l'Arabie  Heureufe,  à  caufe  des 
drogues  précieufes  qu'elle  produit. 

Ben  Schohnah  dit,  qu'après  la  divifion  des  langues  Cahthan  ou  Jocthan,  fils 
de  Gaber  ou  ficher,  fils  de  Saleh,  vint  en  lemen,  où  il  régna,  &;  que  fon  fils 
Jàrab,  qui  lui  fucceda,  parla  le  premier  la  langue  Arabique,  qui  a  tiré  de  lui 
fon  nom. 

Le  troifième  Roy  de  l'Iemen  fut  Lifchab ,  fils  de  lârab  ,  auquel  fucceda  aufîi 
fon  fils  nommé  AÏîdalfchams ,  Prince  fort  vaillant ,  qui  alfujetit  à  fon  empire 
tous  fes  voifins  ,  à  caufe  de  quoi  il  fut  furnommé  Saba  ;  il  bâtit  la  ville  qui 
porte  fon  nom  ,  &  c'eft  de  lui  que  les  Sabeens  ,  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  les  Sabiens,  font  defcendus. 

Saba  eut  pour  fuccelîeur  fon  fils  Hemiar ,  qui  a  donné  le  nom  aux  Hemia- 
rites  ou  Homerites  ,  defquels  il  a  déjà  été  parlé  plus  haut.  Entre  les  defcen- 
dans  de  celui-cy,  Schedâd  ,  fils  d'Ad  ,  qui  a  bâti  des  villes  &  des  palais  fabu- 
leux, s'eit  rendu  célèbre  dans  l'Orient. 

Afrikis  ou  Afrikin ,  un  de  ces  Roys  Hcmiarites  de  l'Iemen ,  paffa  d'Arabie  en 

Afri- 


I  A  M  A  N.  295. 

Afrique  &  la  fubjugua,  on  dit  qu'il  lui  a  lailTé  fon  iiom.  Il  dtoit  fils  de  D'hoiil- 
menar  Abrahah,  duquel  dcfcendoit  auffi  Hadhàd,  Père  de  la  Reine  Balkis,  fem- 
me de  Salomon ,  que  les  Arabes  croyent  être  celle  que  rÊcriture  iainte  appel- 
le la  Reine  de  Saba. 

Dhoulnâs  ou  Dhoulnaovas ,  qui  jettoit  ceux  qui  rcfufoient  de  Ce  faire  Juifs,, 
dans  des  fournaifes  ardentes,  &  Dhoulgedan,  fon  iils  ,  furent  les  derniers  Roys 
des  Hemiarites  ,  qui  ,  félon  le  calcul  des  Arabes  ,  régnèrent  2020  ans  dans 
riemen. 

Les  Ethiopiens  appeliez  par  les  Chrétiens  qui  fouffroient  une  pcrfecution 
cruelle  fous  ces  derniers  Roys ,  les  dépouillèrent  &  chaiferent  de  leurs  Etats , 
dont  s'étant  rendus  les  maîtres ,  il  y  eut  des  Roj's  de  leur  nation  qui  régnèrent 
dans  riemen. 

Le  premier  fut  Ariakh,  fils  d'Abrahah  ,  furnommé  AI  Afchram  &  Saheb  Al- 
fil,  qui  avoit  en  vain  affiegé  la  Mecque,     yoyez  le  titre  ^'Abrahah. 

Le  fécond  fut  Macfoum  ,  fils  d'Ariakh  ,  &  le  troifième  Mafrouk  ,  fils  auffi 
d'Abrahah  &  oncle  de  Macfoum  ;  ce  fut  fous  le  règne  de  Mafrouk  que  Seif , 
fils  de  Dhou  Izen,  Hemiarite  de  race,  implora  le  fecours  de  Noufchirvan,  Roy 
de  Perfe,  qui  le  rétablit  dans  le  Royaume  de  fes  ancêtres,  fous  la  dépendance 
néanmoins  de  celui  de  Perfe. 

laddn  fut  le  dernier  de  la  pofi:eritc  de  Seif ,  &  fe  fit  Mufulman  du  tems  de 
Kl  diomet  :  depuis  ce  tiîms  -  là  les  Arabes  de  i'Iemen  &  des  autres  provinces  de 
l'Arabie  font  toujours  demeurez  fous  l'obéïifance  des  Khalifes  ,  ou  de  fiagdet , 
ou  d'Egypte,  tant  que  le  Khalifat  a  duré. 

Les  villes  principales  de  cette  province  font,  au  rapport  de  la  Géographie 
Pcrfienne,  intitulée  MeJJahzt  al  ardh,  Sanàa  ,  Sàada,  Cabar  Houd  ,  c'ell-à-dire , 
le  fepulcre  du  Prophète  Houd,  qui  efb  le  Patriarche  Heber,  Mareb,  Dhaffar, 
Aden,  Giurfch,  Mehegiem,  Dhamar  Giound,  Gioubelat,  Schiargiat,  Sirrin,  Ne- 
giran,  Zabid  ou  ZiIiit,Maharah,  Mirbath,  qui  eft  fituée  entre  l'Equateur  &  le 
premier  Climat ,  &  d'où  vient  la  plus  grande  quantité  du  meilleur  encens  , 
Hadharmouth ,  qui  a  donné  le  nom  à  THadramytene  de  Ptolomée,  Schibâm,  &c. 

La  mer  d'Iemen  efl  entre  la  mer  rouge  &  celle  d'Oman,  celle -cy  efl:  plus 
proche  du  Golfe  de  Perfe.  Plufieurs  cependant  confondent  ces  deux  mers  ,  & 
veulent  que  l'Oman,  province  de  l'Arabie  qui  s'étend  le  long  du  Golfe  de  Per- 
fe, fafTe  auffi  une  partie  de  celle  d'Iemen. 

Selon  ce  dernier  fentiment ,  les  villes  de  Cathif ,  de  Baharain  ,  de  Ahafia , 
appellée  vulgairement  Lahalfa,  &  de  Mafcath  appartiendroient  à  l'Ieraen. 

Les  Arabes  difcnt  ,  que  ce  pays  a  une  efpèce  de  cailles  que  l'on  ne  voit 
point  ailleurs  ;  ils  les  appellent  Salova,  &  croyent  que  celles  que  Dieu  envoya 
aux  Ifraëlitcs  pour  les  nourrir  dans  le  défert ,  furent  poulfées  par  un  vent  du 
Midy  de  I'Iemen  jufqu'à  leur  camp.  Ils  écrivent  que  ces  cailles  n'ont  point 
d"os,  &  qu'elles  fe  mangent  toutes  entières. 

Plufieurs  Auteurs  ont  écrit  l'hiftoire  de  I'Iemen.  Mohammed  Ben  Abdalha- 
mid  a  ramafi^'é  quarante  Hadith  ou  Traditions  Prophétiques ,  comme  les  Muful- 
mans_  les  appellent ,  à  la  louange  de  I'Iemen.  Cet  Auteur  étoit  Al  Coraifchi  AI 
Mefri,  c'eft- à-dire,  Coraifchite  de  race  &  Egyptien  de  nation. 

Mohammed  Ben  Ifmuil  AI  Jemeni  eft  Auteur  d'un  livre  qui  a  pour  titre  Fi 
fadhl  al  Icmctiy  de  l'excellence  de  I'Iemen.. 

Ilofruin , 


29^  ï  A  N  A  N  A  H.  J  A  N  C  O  U. 

lîoflain,  fon  fils,  qui  étoit  habitant  ,  &  Cadhi  de  la  ville  de  Sanaha,  a  trai- 
te audî  le  même  fujet. 

Dhia  eddin  Ebn  al  Megid  en  a  donné  aufli  une  hifloire  très  -  ample  ,  fous  le 
titre  de  Bahagiat  zaman  ji  akhbâr  laman. 

Vagieddin  Ben  Rabî  Al  Jemeni  a  continué  cette  hifloire  jufqu'en  Tan  923 
de  l'Hegire ,  fous  le  nom  de  Boghiat  al  mojlafid  fi  akhbâr  Zebid. 

Cothbeddin  al  Mekki,  qui  eft  mort  Fan  988  de  THegire,  a  le  dernier  de  tous 
écrit  cette  hifloire,  fous  le  nom  de  Bark  aliamaiii  fil  feth  al  OtJmanii  qui  com- 
mence feulement  au  dixième  fiècle  de  l'Hegire;  elle  cfl  dédiée  à  Sinàn  Pafcha, 
qui  fit  la  conquête  de  ce  pays-là  fous  Selim  premier  ,  Sultan  des  Othmanides. 
Ce  dixième  fiècle  de  l'Hegire  commence  l'an  de  J.  C.  1495. 

Outre  la  ville  de  l'Iemcn  ,  qui  porte  le  nom  du  Patriarche  Houd  ou  Heber, 
les  Mufulmans  prétendent  encore  que  Seth,  fils  de  Noé,  y  bâtit  auffi  une  ville 
où  il  habita.     Voyez  le  titre  de  Scheith. 

Dhoulzagar,  ancien  Roy  de  l'Jcmcn,  fit  autrefois  la  guerre  à  Caicacus ,  Roy 
de  la  féconde  dynaflie  de  Perfc.     l'^oycz  Is  titre  de  ce  Prince. 

Les  Aioubites,  Princes  de  la  poflerité  de  Saladin,  ont  poffedé  l'Iemen  long- 
tems ,  après  que  les  Mamlucs  fe  furent  rendus  maîtres  de  l'Egypte  ,  &  les  en 
eurent  dépouillez.  Cette  grande  province  eut  depuis  ce  temsJà  pluficurs  petits 
Princes,  lefquels  ne  portent  plus  maintenant  que  le  titre  de  Bâchas,  quoy  qu'ils 
foient  pour  la  plupart  perpétuels  &  abfolus  ,  depuis  que  les  Sultans  de  Con- 
llantinople,  Selim  Premier  &  fbn  fils  Soliman,  l'ont  conquife. 

lANANAH,  Ville  d'un  pays  d'Afrique,  que  les  Arabes  appellent  VacQ- 
vak.     f^oyez  ce  titre. 

lANARIS,  les  Turcs  appellent  ainfi  nôtre  mois  de  Janvier,  lorfqu'ils  fe 
fervent  du  Calendrier  Julien,  pour  régler  leurs  Ephemerides. 

JANE  OU,  la  Source  d\mc  fontaine,  &  le  nom  d'un  château  fitué  dans 
une  des  provinces  de  l'Arabie,  appellée  Higiaz.  Il  n'efi;  éloigné  de  la  ville  de 
Medine  que  de  huit  journées  de  caravanne  ,  &  c'efl  une  des  flations  ou  cou- 
chées des  pèlerins  de  la  Mecque,  qui  s'y  arrêtent  toujours,  à  caufe  de  la  four- 
,ce  d'eau  d'où  elle  a  pris  fon  nom. 

Ce  château  n'efl  éloigné  de  la  mer  rouge  ou  Golfe  Arabique  que  d'une  jour- 
née; cefi;  pourquoyJes  Afriquains,  qui  s'embarquent  fur  cette  mer,  viennent  join- 
dre en  ce  lieu  la  Caravane  des  péJcrins  qui  viennent  de  Turquie  à  la  Mecque.  Les 
environs  de  ce  lieu  font  moins  fleriles  que  les  autres  qui  fe  rencontrent  fur 
cette  route;  car  on  y  trouve  grande  quantité  de  palmiers  qui  portent  de  très- 
excellentes  dattes,  &  des  terres  labourables  qui  portent  de  fort  bon  bled. 

Janbôu  cfl:  auflî  le  titre  d'un  commentaire  fur  l'Alcoran  ,  compofé  par  Mo- 
hammed Ebn  Dhaffer,  furnommé  Al  Mekki,  parce  qu'il  étoit  natif  de  la  Mecque. 

Janboû  al  hekmat,  la  Source  de  la  fligeffe ,  ouvrage  moral,  compofé  par  Af- 
fif  Ben  Barakhia.  Ce  nom  fcnt  fort  le  Juif ,  quoyque  l'Auteur  fe  fafi'e  hon- 
neur du  nom  Giaouberi. 

J  AN  COU  &  Jancous;  les  Turcs  appellent  ainfi  celui  que  Chalcondyle  &  les 
autres  Grecs  nomment  Jangous  Choniates  ,  lancous  Vaivoda  &  lancous  Banus. 
îC'efl  Jean  Hunniade  ,  Prince  de  Tranfilvanie  ,   père  de  Mathias  Corvin  ,  Roy 

de 


î  A  N  I  A  H.  J  A  R  D.  297 

de  Hongrie,  qui  fit  révolter  la  Moldavie  ,   &  la  Valachie  contre  Amurath  Se- 
cond. 

Il  défendit  la  ville  de  Belgrade  contre  ce  Sultan,  qu'il  obligea  d'en  lever  le 
fiege  l'an  de  l'Hegire  843  ,  de  J.  C,  1439  ,  battit  les  Généraux  de  ce  Sultan 
en  845  &  846  ,  &  fut  enfuite  défait  avec  le  Roy  Ladiflas ,  à  Varna ,  l'an  848 
qui  répond  à  l'-an  de  J.  C.  1444. 

Il  le  fut  encore  une  féconde  fois,  l'an  853  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1449,  P^'" 
le  même  Sultan  à  Cofova,  que  nos  Hilloriens  appellent  le  Champ  des  Merles, 
entre  la  Rafcie  ou  Servie,  &  la  Bulgarie:  mais  Mahomet  Second,  fils  d' Amu- 
rath, ayant  aflîegé  Belgrade  l'an  860,  cinq  ans  après  la  mort  de  fon  père,  avec 
un  appareil  de  guerre  formidable  tant  fur  terre  que  fur  le  Danube,  Jean  Hun- 
niade  lui  tua  40  mil  hommes  ,  lui  enleva  deux  cent  vaifleaux  ,  &  l'obligea  de 
fuir  avec  une  très-grande  précipitation,  tout  blelTé  qu'il  étoit. 

Cette  viftoire  fignalée  fut  remportée  par  Jean  Hunniade  ,  foûtenu  du  zèle 
de  Saint- Jean  de  Capiftran ,  le  fixième  jour  d'Août  de  l'an  1456  ,  jour  qui  fut 
confacré,  par  Calixte  troifième,  à  la  mémoire  de  la  Transfiguration  de  N.  S., 
en  aélion  de  grâces  d'un  fi  grand  avantage. 

Le  Vaillant  Jean  Hunniade,  qui  n'étoit  que  Vice-roy  de  Hongrie,  étant  mort 
la  même  année,  laifTa  deux  enfans,  Ladiflas  qui  eut  la  tête  tranchée  à  Bude, 
pour  avoir  tué  le  Comte  de  Cilley ,  &  Mathias ,  lequel  de  prifonnier ,  qu'il  étoit 
à  Vienne ,  fut  élu  Roy  de  Hongrie  après  la  mort  de  Ladiflas ,  Roy  de  Hongrie 
,&  de  Bohême  l'an  1458. 

lANIAH,  les  Turcs  appellent  ainfi  une  ville  de  l'Albanie,  que  les  nôtreg 
nomment  ordinairement  Joannina  &  lanina. 

JAOUSCHI,  Noureddin  Ali  Ben  Jaoufchi ,  qui  mourut  l'an  850  de  l'He- 
gire ,  efl:  l'Auteur  du  livre  intitulé  ^novar  leâmel  alabrar ,  les  lumières ,  dont  les 
juftes  font  ou  doivent  être  éclairez  dans  leurs  allions. 

JAR  Ali,  fils  d'Efcander  &  petit-fils  de  Cara  Mif ,  tous  deux  Princes  Tur- 
coraans  de  la  dynafl:ie  du  Mouton  Noir.  Ce  Prince  voyant  la  déroute  de  fon 
père  ,  défait  par  Schahrokh  fils  de  Tamerlan ,  fe  réfugia  auprès  de  Schirvan 
Schah;  mais  ce!u3'-ci  le  trahit  &  le  mit  entre  les  mains  de  Schahrokh,  qui  l'en- 
voya prifonnier  en  la  ville  dé  Samarcand  où  il  mourut.  Foyez  Baifancor,  fils 
de  Schahrokk 

JARALIG,  ce  mot  en  langue-  Turquefque  &  Mogolienne  fignifie  des  let- 
tres de  fureté  ,  de  confédération  &  d'alliance  ,  que  les  Mogols  donnoient  au.t 
Princes  leurs  amis  qui  vivoient  fous  leur  prote6lion  &  dans  leur  dépendance. 

JARD  ou  Jared  Ben  Mahalail.  Jared  le  Patriarche,  fils  de  Malaleel ,  & 
père  de  Henoch.  Les  Mufulmans  difent ,  que  ce  fut  de  fon  temps  que  com- 
mença l'Idolâtrie,  laquelle  fe  répandit  fi  univerfellement  fur  la  terre  qu'il  ne  fe 
trouva  du  tems  de  Noë  que  80  perfonnes  qui  fuflent  demeurées  fidèles  à  Dieu  ; 
car  c'efl:  un  pareil  nombre  de  gens  qu'ils  prétendent  avoir  été  fauvez  du  délu- 
ge, contre  la  foy  de  l'Ecriture  fainte  qui  n'en  marque  que  huit. 

Les  mêmes  Mufulmans  font  plufieurs  contes  fabuleux  au  fujct  du  Patriarche 
Jai-ed.    Ils  difent  qu'il  gouvernoit  le  monde  dont  il  étoit  Monarque  abfolu,par 

To)!iE  IL  P  p  la 


îpS  J  A  R  D  U  M  G  I.  J  A  T  I  M. 

la  vertu  d'un  anneau  qu'il  poitoit ,  lequel  vint  enfuite  par  fucceflîon  entre  lêS 
mains  de  Salomon,  qui  eut  le  même  pouvoir  que  Jared  fur  les  hommes  &  fur 
les  démons.  Jared,  félon  eux,  après  avoir  combattu  contre  Sathan  ,  le  Prince 
des  Démons ,  le  fit  fon  prifonnier  &  le  mena  enchaîné  ,  par-tout  où  il  alloit , 
à  fa  fuite. 

'  Cette  fable  peut  avoir  été  inventée  au  fujet  de  l'Idolâtrie  naiflante,  à  laquei-. 
le  ce  Patriarche  s'opoofa  dp  toutes  ihs  forces., 

JARDUMGI  Perlas,  fils  de  Fagiouli  &  frère  de  Coubla  Khan.  B  fut  on- 
cle &  General  des  armées  de  Rortan  Behadir  ;  &  c'efl  de  luy  que  la  Tribu  des 
i\Iogols,  nommé  Perlas,  a  tiré  fon  origine  &  fon  nom.  Le  mot  Jardumgi  figni- 
fie  encore  aujourd'huy,  en  Turc  moderne ,  un  homme  qui  vient  au  fecours  d'un 
autre,    f^oyez  le  titre  de  Coubla  Khan. 

JASMIN,  Fleur  que  nous  appelions  du  même  nom  en  nôtre  langue.  C'efl 
audî  le  nom  propre  de  plufieurs  perfonnes  ,  &  particulièrement  des  efclaves 
noirs ,  auxquels  on  donne  auflî  fouvent  les  noms  de  Cafour  &  de  Nerkes  ,  qui 
font  le  Camphre  &  le  Narcifi'e ,  à  caufe  de  leur  blancheur  oppofée  à  la  noirceur 
de  ces  efclaves. 

Ebn  Jafmin  ,  furnom  d'Abou  Mohammed  Abdallah  Ebn  Hegiage  ,  qui  eil 
l'Auteur  d'un  Argiouzat  ou  Poëme  fur  Algebr  u  Mocabelah  ,  c'elt-à-dire,  ilir 
l'Algèbre. 

JASSA  &  JafTak,  Loix  des  Mogols  plus  anciennes  que  Genghizkhan,  quoy- 
que  plufieurs  Auteurs  les  appellent  Taourat  Genghizkhaniat  ,  la  Loy  ou  le  Co- 
de de  Genghizkhan.  Il  efl;  vray,  que  ce  Conquérant  ajouta  plufieurs  Ordon- 
nances civiles  &  mifitaires  à  ces  anciennes  loix,  que  l'on  peut  appeller  un  Oc- 
talogue,  parce  qu'elles  ne  comprenoient  que  huit  préceptes  naturels  &  moraux, 
allez  femblables  au  Dccalogue  ,  dont  on  auroit  ôté  le  précepte  du  Sabath  &, 
celui  de  la  convoitife.      l^oyez  le  titre  de  Taourat  Genghizkhaniat. 

Entre  les  ordonnances  militaires  des  Mogols ,  celle  de  ne  jamais  fuïr  avant 
que  d'avoir  combattu,  quelque  furprifc  qu'il  leur  arrive,  eft  des  plus  confidéra- 
bles.     yoyez  le  titre  rf'Ilmingé. 

JATHREB,  nom  propre  de  la  ville  qui  a  été  depuis  appellée  Medinat  Al- 
nabi,  la  ville  du  Propliete,  à  caufe  du  fepulcre  de  Mahomet  qui  s'y  voit.  Ce 
faux  Prophète  y  avoit  fa  réfidence  pendant  treize  ou  quatorze  ans  depuis  fa  fui- 
te de  la  Mecque.     Nous  l'appelions  aujourd'huy  Medine. 

JATIM  &  Jetim  ,  un  Orphelin.  Les  Mufulmans  difent ,  que  la  peine  de 
ceux  qui  ont  mangé  le  bien  des  orphelins,  cfi:  marquée  exprelTément  dans  le, 
chapitre  de  l'Alcoran,  intitulé  Nejfa^  ou  des  femmes,  en  ces  termes:  Ceux  qui 
mangent  le  bien  des  crphiliiis  injiijîement ,  inangcront  un  feu  brûlant  qui  dévorera  leurs 
entrailles. 

Abou  Debrat  dit,  avoir  appris  de  la  bouche  de  Mahomet  même,  qu'au  jour- 
du  jugement  Dieu  fera  fortir  certaines   gens  hors   de  leurs  fepulcres  ,  lefquels 
jetteront  du  feu  par  la  bouche,   &  qu'ayant  interrogé  qui  étoient  ces  gens -là  ,. 
il  répondit:  A'e  fçavez  vous  pas  ce  que  Dieu  dit  de  ceux  qià  dépouillent  injujlement 
les  orphelins  V- 

L'Au- 


J  A  T  I  M  A  T.  I  B  E  K.  ^99 

L'Auteur  du  Taffir  Kebir ,  ou  le  grand  Commentaire ,  dit ,  que  cet'te  forte  de 
gens  deviendra  tellement  pleine  de  feu  ,  que  la  flamme  &  la  fumée  leur  fortira 
par  la  bouche  ,  par  le  nez ,  par  les  oreilles  &  par  les  j^eux  ;  &  que  l'on  con- 
noîtra  ,  par  cette  marque  ,  qui  font  ceux  qui  ont  pillé  les  orphelins ,  &  que 
c'efl  en  cette  manière  que  fe  doit  entendre  l'expreffion  de  manger  le  feu,  qui 
ell  couchée  dans  ce  verfet. 

J  ATI  M  AT  Al  dahar  fi  mehalTen  al  afllir ,  Recueil  aflez  ample  des  plus 
beaux  vers  ,  &  Abrégé  de  la  vie  des  principaux  Poètes  Arabes  qui  ont  fleury 
dans  l'Iraque,  dans  la  Syrie,  dans  la  Perfe  &  dans  le  Khorafllin ,  compofé  par 
Abou  Manfor  Abdalmalek  Al  Thaâlebi.  II  commence  par  les  Poètes  de  la  Mai- 
fon  fouveraine  de  Hamadan,  entre  lefquels  Seifeddoulat  a  excellé. 

Il  faut  remarquer  icy  que  le  mot  d'Iatimat,  qui  fignifie  des  orphelins,  a  auflî 
la  fignification  d'Uniques  &  d'Incomparables  :  c'eft  ce  qui  a  donné  lieu  à  un 
Poëte  ,  nommé  Aboulfotouh  Nafrallah  ,  de  faire  une  épigramme  à  la  louange 
de  cet  ouvrage  ,  dont  le  fens  eft  ,  que  les  Uniques  &  les  Incomparables  Au- 
teurs de  ces  vers ,  avoient  lailTé  après  leur  mort  de  très-beaux  ouvrages ,  lef- 
quels cependant  étoient  abandonnez  comme  autant  de  pauvres  orphelins ,  û  Thâa- 
lebi  ne  les  eût  reçus  &  accueillis  chez  lui;  &  c'eft  ce  qui  a  fait  donner  à  fon 
li\jre  le  nom  d'Orphelins  ou  d'Incomparables. 

Le  même  Thâalebi ,  duquel  on  parlera  encore  dans  fon  titre  particulier ,  a 
fait  un  fupplément  à  fon  ouvrage  ,  qu'il  a  intitulé  Tetemmat  Jetimat.  Le  Jeti- 
mat  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale  au  n°.  1064. 

JATIMIAH,  Aboubecr  Abdalhalim  Ben  Jatimiah  ,  qui  a  porté  aufïï  le  ti- 
tre de  Takieddin,  étoit  Hanbalite  de  fefle,  &  mourut  l'an  de  l'Hegire  j6i  ou 
748  félon  quelques-uns.  Il  eft  TAuteur  du  livre  intitulé  Beidn  al  forcân  hin 
Aulia  al  Scheitan  u  al  Rahnan  ;  découverte  de  la  différence  qui  eft  entre  les 
Saints  ou  les  amis  du  Démon  &  ceux  de  Dieu,  c'eft-à-dire,  entre  les  vraj^s  dé- 
vots &  les  hypocrites. 

Le  même  Auteur  a  aulîi  répondu  à  un  Evêque  de  Seidc  en  Syrie,  qui  avoit 
-écrit  contre  le  Mahometifrae;  cette  réponfe  a  pour  titre  Beién  al  giaovdb  al  fa- 
M,  la  Saine  Réponfe. 

IBA  &  Ihiba,  c'eft  le  nom  d'un  célèbre  Evêque  de  Roha  ou  Edefle  eh  Me- 
fopotamie,  allez  connu  dans  l'hiftoire  Eccléfiaftique  fous  le  nom  d'ibas.  Il  écri- 
vit une  lectre,  laquelle  jointe  avec  le  livre  de  Théodore  Al  Mafïïffi  ,  c'eft-à- 
dire  ,  de  Mopfuefte  ,  &  celuy  de  Theodorct  ,  Evêque  de  Cyr  ,  font  les  trois 
chapitres  qui  ont  fait  tant  de  bruit  dans  l'Eglife  Orientale  ,  &  fur  lefquels  le 
cinquième  Concile  Géne:-al  a  été  alfemblé. 

Cet  Evêque  fut  dépolfedé  &  excommunié ,  pour  avoir  avancé  avec  une  ex-- 
trême  impudence  qu'il  n'envioit  point  à  Jesus-Christ  fa  divinité,  puis  qu'en 
toute  autre  chofe  il  lui  étoit  femblable.  Je  n'ay  point  taxé  Ibas  d'impiété  , 
mais  feulement  d'impudence  ;  car  jl  femble  qu'il  ait  voulu  dire  ,  que  Je  s  us- 
Christ  étoit  un  véritable  homme,'  entièrement  femblable  aux  autres  hom- 
mes, quant  à  la  nature  humaine,  ce  qui  eft  très-Catholique. 

IBEK.  Cothbeddin  Ibek.  Efclave  de  Schehabeddin  ,  Sultan  de  la  dynaftie 
^es  Gaurides.ou  Gourides ,  qui  devint  Roy  de  Deheli  ou  Dclli  aux  Indes.    Il 

Pp  2  fut 


300  I  B  E  K.  IBRAHIM. 

fut  d'abord  Gouverneur  de  cette  province  ,  pendant  fix  ans ,  pour  le  Sultan  ; 
mais  ce  Prince  ne  fut  pas  plutôt  mort,  qu'Ibek  s'en  rendit  le  maître  abfolu  & 
ajouta  même  à  cet  Etat  plufieurs  provinces  de  l'Indoflan.  Il  régna  quatorze 
ans  depuis  la  mort  de  Schehabeddin ,  &  mérita  que  les  conquêtes ,  qu'il  fit  aux 
Indes,  fuilent  décrites  dans  un  volume  particulier ,  qui  porte  le  titre  de  Tagt 
al  mather.    Voj^ez  le  titre  de  BaJchtiar. 

IBEK.  Azzeddin  Ibek  ou  Ibeg,  premier  Sultan  des  Mamlucs  Turcs  ou  Tur- 
comans  qui  ont  régné  en  Egypte.  Il  avoit  été  grand  Efchanfon  de  Malek  Af 
Saleh,  Sultan  d'Egypte  de  la  race  des  Jobites  ou  de  Saladin. 

Ce  Sultan  étant  mort  &  fon  fils  Turanfchah  affaffiné  ,  Schagreddor  fa  veuve 
époudi  Ibek  ,  &  le  fit  élire  Sultan  par  les  Mamlucs  en  compagnie  de  Malek. 
Al  Alchraf,  enfant  de  fix  ans,  qui  fut  le  dernier  des  Jobites  qui  régnèrent  en 
Egypte.  Ibek  le  défit  bientôt  de  cet  enfant  &  régna  feul  avec  la  Sultane  fa 
femme:  mais  fon  règne  fut  fort  court;  car  la  même  Sultane  qui  l'avoit  élevé 
fur  le  thrône  ,  l'en  fit  précipiter  par  une  mort  violente  ,  pour  régner  plus  ab- 
Iblument,  ayant  en  main  la  régence  de  fon  fils,  âgé  feulement  de  quinze  ans. 

Ibek  fut  tué  l'an  de  l'Hegire  655 ,  après  avoir  régné  fix  ans  &  onze  mois  , 
&  eut  pour  fucceflxîur  fon  fils ,  qui  fut  furnommé  Al  Malek  Ai  Manfor  ;  fon 
père  portoit  le  furnom  de  Malek  Al  Moêzz. 

IBEK.  Khalil  Ben  Ibek  Al  Safadi  Salaheddin  ,  mort  l'an  749  de  l'Hegire ,. 
eft  Auteur  d'un  livre  intitulé.  Adah  al  Katé,  al  adib,  des  qualitez  que  doit  avoir, 
un  bon  Secrétaire,. 

IBRAHIM  &  Ebrahim.     Abraham. 

IBRAHIM  Al  Nabi  &  Ibrahim  Khalil  Allah,  c'eft-à-dire,  Abraham  lePro-- 
phete  ou  l'Ami  de  Dieu,  efi;  le  même  qu'Abraham  le  Patriarche,  qui  eft  recou- 
ru pour  père  par  les  Arabes ,  auffi-bicn  que  par  les  Juifs.    On  a  parlé  fuffifam- 
ment  de  luy  dans  le  titre  d'Abraham,  &  l'on. ne  parlera  icy  fous  celuy  d'Ibra- 
him, que  de  ceux  d'entre  les  Mufulmaus  qui  ont  porté  ce  nom. 

IBRAHIM -Ben  Valid.  Ibrahim  fils  de  Valid  ,  treizième  Khalife  de  la  ra- 
ce des  Ommiades ,  fucceda  à  fon  frère  lezid ,  troifième  du  nom ,  l'an  de  l'He- 
gire 125,  de  J.  C.  743  :  mais  fon  règne  ne  dura  que  deux  mois  &  quelques 
fours;  car  Marvan,  furnommé  Hemàr  ,  qui  s'étoit  déjà  foûlevé  du  temps  d'Ie- 
zid  fon  prédecefieur,  fous  prétexte  de  vanger  la  mort  de  Vàlid  ,  vmt  de  Me- 
fopotamie,  où  il  commandoit  avec  une  grofiTe  armée,  à  K-ennafferin,  à  deflein^ 
d'affiéger  Ibrahim  dans  Damas,  ville  capitale  du  Khalifat. 

Ibrahim  ne  l'y  attendit  pas  &  vint  au-devant  de  lui  avec  fix  vmgt  mil  hom- 
mes de  troupes  ramafiees  :   mais  elles  furent  fi  aifément  défaites  par  Marvan  , 
que  Valid  fut  obligé  de  fe  renfermer  dans  fa-  capitale  ,  laquelle  cependant  ne- 
laiflà  pas  d'ouvrir  fes  portes  au  vainqueur.  ,  ,. ,    ,    ^r,    ,-r    p    ,- 

Marvan  entra  ainfi  viftorieux  dans  Damas ,  dépofa  Valid  au  Khalifat  &  le  re- 
duifit  à  une  vie  privée,  au  commencement  de  l'an  127  de  l'Hegire  félon  KJwn- 
àmir.    Ben  Schonah  donne  h  cet  Ibrahim  le  furnom  d'Al  Makhlu  ,   quifignifie- 
le  dépoié.    L'Auteur  du  Lebtarik  dit,  qu'il  fut  tué  trois  mois  après  fa  dépofi- 
tion,  &  le.TariHh  Gi^ifari  le  fait  vivre  jufques  en  l'an  132  de  l'Hegire. 

Ibrahim. 


I  B  R  A  H  I  M.  301 

IBRAHIM  Imam;  cet  Ibrahim,  qui  porte  le  titre  d'Imam  ou  de  Chef  de 
la  Religion,  auflî-bien  que  de  l'Etat  des  Mufiilmans  ,  n'cft  pas  du  nombre  des 
douze  de  la  polterité  d'Ali.  Il  ccoit  fils  de  Mohammed  ,  fils  d'Ali  ,  fils  d'Ab- 
dallah, fils  d'Abbas,  &  frère  aîné  des  deux  premiers  Khalifes  de  la  Maifon  des 
Abbaffides-,  mais  il  ne  fut  jamais  reconnu  lui-même  ouvertement  pour  Khalife. 

Ce  n'efl  pas  qu'Abou  MoHem  &  Cahtabah  ne  fifient  tous  leurs  efforts  pour 
le  faire  proclamer  tel  dans  toutes  les  Provinces  Mufulmanes  ;  mais  il  ne  fuÈ 
reconnu  véritablement  que  dans  la  Province  de  Khoraifan. 

On  ne  donne  donc  à  cet  Ibrahim  que  le  titre  d'Imam ,  e'eft-à-dire ,  propre- 
ment, de  Chef  de  la  Maifon  du  faux  Prophète  Mahomet,  &  par  confequent  de 
Grand  Pontife,  &  de  Maître  fouverain  du  Mufulmaniime.* 

Lorfque  Marvân  furnommcHimar,  dernier  Khalife  de  la  race  des  Ommiades, 
entendit  le  bioiit  que  le  nom  de  cet  Imam  faifoit  dans  les  Provinces  de  fou 
Empire,  il  fe  taifit  de  fa  perfonne,  &  le  fie  mourir,  dit  Khondemir,  en  lui  fai- 
fant  mettre  la  tête  dans  un  fac  plein  de  chaux,  l'an  de  l'Hegire  130.  Ibrahim 
déclara  avant  fa  mort  que  fon  frerc  Sefah  lui  devoit  fucceder  dans  la  dignité 
d'Imam.  Cette  déclaration  eut  fon  plein  &  entier  etFct,  car  ce  frère,  aidé  des 
txoupes  d'Abou  Moflem  ,  devint  le  premier  Khalife  de  la  race  des  Abbaffides  j 
qui  conferva  cette  dignité  jufqu'en  l'an  6;^6  de  IHegira. 

IBRAHIM  Ben  Mafibûd ,  Ibrahim  fils  de  MafibuJ ,  Huitième  Sultan  de  la 
dynaflie,  ou  de  la  race  des  Gaznevides,  &  fi  l'on  compte  Mohammed  l'Aveu- 
gle  ,  le  neuvième.  Il  étoit  petit-fils  du  Sultan  Mahmoud,  fils  de  Sebecleghin» 
fondateur  de  cette  d^maftie  ,  &  fucceda  à  fon  frère  Ferokhzad,  dit  auffi  Ben 
Maffôud. 

Ce  Sultan  continua  la  paix,  que  Ion  frère  avoit  faite  avec  les  Selgiucides  ,  à 
condition  qu'ils  ne  feroient  point  de  courfes  fur  fes  terres,  &  acquit  la  répu- 
tation d'un  Prince  très-juilc  ,_  &  très-pieux,  nonobflant  les  guerres  fréquentes. 
qu'il  fit  à  fes  voifins  dans  l'indoibn.  Il  y  remporta  de  fi  grands  avantages,, 
qu'il  mérita  de  porter  les  titres  de  ModhafFer  &  de  Manfor,  qui  fignifient  Vain- 
queur &  Triomphant.  Son  règne  fut  de  42  ans  :  car  il  mourut  l'an  de  l'He- 
gire 492,  félon  Khondemir.     Cette  année  répond  à  la  1098  de  J.  C. 

Le  Lebtariiih  rapporte  que  fa  pieté  &  fon  zèle  le  portèrent  à  bâtir  un  grand- 
nombre  de  Mofquées  ,  d'Ov-atoires  &  «d'riofpitaux.  Sa  coutume  étoit  de  pafler 
toutes  les  nuits  qu'il  n'eraployoit  pas  à  la  prière  ,  à  faire  la  ronde  par  ia  ville- 
de  Gazna ,  où  il  faifoit  diftribuer  de  grandes  aumônes  aux  veufvcs ,  aux  orphe- 
lins, &  aux  autres  pcrfonncs  neceffiteufes,  ouvrant  d'ailleurs  fon  apothiquairerie. 
à  tous,  les  pauvres  malades.  Il  jeûnoit  trois  mois  de  l'année  ,  à  fçavoir  les  ■ 
mois  de  Regieb ,  de  Schâabân ,  &  de  Raraazan  ,  quoy  qu'il  n'y  ait  que  le  jeûne. 
de  ce  dernier  mois  de  Ramazan  qui  foit  d'obligation  chez  les  Mahometans. 

Ce  Sultan  qui  vêquif&  régna   long-tems  ,  eut   trente -fîx   enfans  mâles  qui 
acquirent  tous  de  la  réputation  dans  les  armes ,  ou  dans  les  fciences ,  &  40  filles- 
qui  furent  toutes  mariées  à  des  gens  de  bien,  &  k  des  Dodeurs  de  la  loy;  car 
Ibrahim  refufa  l'alliance  des  ancres  Princes,   lefquels  cependant  lui  portoient  un, 
fi  grand  refpeél,  qu'ils  le  qualifioient  Seid  aL  Salatliin,  le  Seigneur  &.  le. Maître. 
de  tous  les  Sultans. 

Il  fit  bâtir  pluficurs  villes  dans  fes  Etats,  &  dans  les. Indes  qu'il  nomma  Khair: 
abid,  Imam  abad,  c'eft-à-dire  Habitation  de  la  bonté.  Demeure  de  la  foy,  *.- 
■d'uutrcs  femblables  noms.    Comme  il  écrivoit  fort  bien,  il  copioit  tous  les  ans. 

P  p  3  liU-i 


^^'T* 


^02  -  IBRAHIM. 

un  Alcoran  de  fa  main ,  qu'il  envoyoit  à  la  Mecque  avec  de  très-riches  prefens, 
Ce  Prince  laiiTa  pour  fucceffeur  Mallôud,  troifième  du  nom,  fon  fils. 

IBRAHIM  Abou  Ishak  Ben  Mahadi.  Ibrahim  fils  du  Khalife  Mahadi  ,  & 
par  confequent  frère  de  Haron  Rafchid  ,  &  oncle  d'Amin  &  de  Mamon  qui 
ont  été  tous  trois  Khalifes.  Il  étoit  très-fçavant  dans  la  mufiquc,  chantoit  fort 
bien,  &  joiioit  parfaitement  des  inflrumens;  le  teint  de  fon  vifage  eftoit  fort 
brun  ,  ce  qu'il  tenoit  de  fa  mère  Schakelah  ,  Efclaves,  noire  du  Serrail ,  que  Ma- 
hadi fon  père  avoit  époufée  ;  le  ventre,  qu'il  avoit  fort  gros,  lui  fit  donner  le 
îbbriquet  de  Tin  ,  qui  fignifie  en  Arabe  une  figue  Brugiotte  ,  ce  fruit  étant 
noir,  &  fort  ventru.  ' 

Ce  Prince  d'ailleurs  étoit  fort  honnête  &  très-liberal ,  &  a  pafTé  pour  le  plus 
cloquent  Orateur  &  pour  le  plus  excellent  Poëte  de  tous  ceux  de  fa  Maifon 
qui  l'ont  précédé.  Il  fut  falué  &  proclamé  Khalife  dans  Bagdet,  peu  après  la 
mort  d'Amin  fon  neveu ,  pendant  que  Mamon  fon  frère  ,  &  fon  légitime  fuc- 
cefîeur ,  étoit  encore  dans  la  Province  de  Khorallan. 

La  caufe  de  cette  révolution  dans  Bagdet  fut  que  Mamon  qui  avoit  été  déjà 
reconnu  pour  Khalife,  avoit  déclaré  pour  fon  fucceffeur  au  Khalifat,  Ali  fils 
de  Moudii ,  furnommé  Al  Riza ,  qui  étoit  un  des  Imams  &  fuccefleurs  en  droite 
ligne  &  mafculine  d'Ali  ,  gendre  &  coufin  germain  de  Mahomet.  Ce  choix 
irrita  extrêmement  tous  ceux  de  la  Maifon,  &  du  fang  d'Abbas,  dans  la  Maifon 
duquel  la  dignité  du  Khalifat  étoit  entrée  par  préférence  à  ceux  du  fang,  & 
de  la  pofterité  d'Ali. 

Cependant  Mamon  étoit  tellement  perfuadé  du  droit  que  cet  Imam  avoit  au 
Khalifat  ,  qu'il  refolut  d'en  priver  ics  propres  enfans ,  &  tous  ceux  de  fa 
famille,  qui  étoit  très-npmbrcufe  ,  pour  le  remettre  après  fa  mort  dans  celle 
d^Ali.  Cette  aftion  ayant  autant  dépIû ,  qu'il  eft  aifé  de  juger ,  aux  Abbaffides 
qui  fe  trouvoient  dans  Bagdet,  ils  s'aîîemblerent ,  &  dépoferent  d'un  commun 
confentement  le  Khalife  Mamon ,  après  quoy  ils  prêtèrent  le  ferment  de  fidélité 
à  Ibrahim  fon  oncle,  qui  fc  trouvoit  pour  lors  parmi  eux,  l'an  de  l'Hcgire  202 
&  de  J.  C.  817. 

Mamon  ayant  appris  ces  nouvelles  ,  partit  inceffamment  du  Khorafllm  ,  & 
s'approcha  avec  une  puilîante  armée  qu'il  avoit  toute  prête  ,  de  la  ville  de 
Bagdet.  Ibrahim  dont  le  party  n'ctoit  pa.^  affez  fort  pour  contenir  la  ville  dans" 
fon  obéïffance,  prit  le  party  de  dcfcendre  du  trône,  de  quitter  les  habits  Royaux, 
&  de  fe  cacher  déguifé  chez  quelqu'un  de  fes  amis ,  n'ayant  joiiy  que  deux  ans 
moins   quelques  jours,  du  Khalifat. 

Pendant  qu'Ibrahim  étoit  caché,  Daabul  Al  Khozai,  Poëte  célèbre  de  ce  fie- 
cle,  l'infulta  par  des  vers  fort  piquants,  pour  flatter  Al  Mamon.  Le  fens  de 
ces  vere  étoit  ,  qu'après  Ibrahim  on  auroit  pour  Khalife  Mokharek  ,  &  après 
ccluy-cy,  Zulzul,  deux  fameux  Muficiens,  &  Joueurs  d'inftrumens  de  ce  temps-là, 
&  qu'ainfi  le  Khalifat  pafferoit  par  fuccelîion  de  violons  en  violons. 

Après  qu'Ibrahim  eût  été  caché  quelque  tems,  Al  Mamon  fit  faire  tant  de 
diligence,  qu'il  fut  enfin  découvert,  &  comme  ce  Khalife  ne  le  faifoit  chercher 
que  pour  avoir  la  gloire  &  le  plaifir  de  lui  pardonner,  auflî-tôt  qu'il  le  vit,  il 
lui  dit  en  plaifantant:  Vous  êtes  donc  le  Khalife  des  Nègres,  à  quoy  Ibrahim 
hiy  ayant  répondu  :  Je  ne  fuis  que  ce  que  vous  m.'avez  fait  par  vôtre  grâce. 
Al  Mamon  voulant  fe   divertir   avec  fon   oncle   qu'il  fçavoit   avoir  beaucoup' 

d'efprit, 


d^fprit,  continua  la  raillerie,  &  l'appel  la  l'Efclave  des  enfans  du  Pavot  Noir 
fur  quoy  il  faut  remarquer  qu'Abd ,  Efclave  en  Arabe ,  fignifie  aufli  un  Nègre  ', 
&  Balad  al  âbid  ,  le  pays  des  efclaves  ,  n'cfl  autre  que  le  pays  des  Nègres  • 
d'ailleurs  le  Pavot  noir  qui  eft  commun  en  Egypte  ,  où  l'on  tire  de  fa  tige 
l'opium  qui  eft  aulïï  noir  que  fes  feuilles  ,  marque  allez  cette  Province  qui  crt 
limitrophe  de  l'Ethiopie. 

Ibrahim  piqué  de  ces  paroles,  repartit  ftir  le  chump  au  Khalife,  par  un  qua- 
train Arabique  dont  le  fens  eft  :  Vous  me  comparez  par  mépris  aux  pavots 
noirs,  dont  vous  confondez  cependant  la  tige  &  îes  feiiiiles:  fi  je  parois  efclave 
au  dehors,  j'ay  un  cœur  libre  au  dedans;  &  fi  la  nature  a  donné  de  la  noir- 
ceur à  mon  vifage,  elle  a  donné  de  la  blancheur  &  de  l'éclat  à  mon  ame.  Le 
premier  diftique  de  ce  quatrain  picquoit  un  peu  le  Khalife,  qui  étoit  de  la  même 
tige  qu'Ibrahim,  fon  oncle  paternel  :  c'eft  ce  qui  lui  fit  dire  agréablement  au 
même  Ibrahim-.  Je  vous  ay  fait  fortir  de  la  raillerie ,  &  tomber  infenfiblement 
dans  le  fcrieux.  Alors  Ibrahim  lui  repartit  par  un  autre  quatrain  fort  refpec- 
tueux,  dont  le  Khalife  fon  neveu  demeura  très-fatisfiit. 

Ebn  Calanis  Al  Eskanderi  a  fait  une  épigramme  fur  une  femme  Nc^re  qui 
aaerite  d'être  icy  rapportée.  '^ 

Une  noire  fe  trouve  fouvmt  plus  blanche  que  les  autres  par  fes  mœurs  ,  êf  un 
corps  de  couleur  de  mufc  a  quelquefois  dans  foy  la  pureté  du  Camphre. 

Ce  teint  brun  rejfemhk  alors  à  la  prilhelle  de  l'œil  que  l'on  croit  être  noire,  âf 
qui  n^ejl  cependant  que  lumière. 

Le  Camphre  eft  auflî  blanc   que  le  mufc  eft  noir  ;    il  eft   fort   eftimé  dans 
l'Orient  pour  fon  odeur,  &  pour  la  vertu  qu'il  a   de  purifier  le  fang. 
.  Môtaflem  qui  avoit  fuccedé  à  Mamon  fon  frère  au  Khalifat ,  ayant  un  jour 
à  fa  droite  Abbas  fils  de  Mamon  fon  neveu,  &  à  fa  gauche  Ibrahim,  fon  oncle 
qui  manioit  un  anneau    qu'il  portoit  au  doigt ,   Abbas   lui   voyant  faire   cette 
adion,  luy  demanda   quel  étoit   fanneau  qu'il  manioit.     Ibrahim  lui  répondit:: 
C'eft  un  anneau  que  j'avo's  mi^   en   gage   du  tems  de   vôti-e  père  Mamon  ,  & 
lequel  je  n'ay  pu   dégager  que  fous  le  règne   de  Motalfem.    Abbas  fe  trouvant 
fort  piqué  de  ce  difcours  qui  taxoit  Al  Mamon  fon  père  d'avarice,  lui  dit  auffî-^ 
tôt ,  fi  vous  êtes  fi  ingrat  envers  mon  père  qui  vous  a  donné  la  vie  que  vous 
méritiez  de   perdre  ,  vous  ne  ferez  pas   plus    reconnoiflant   envers    le   Khalife 
d'aujourd'huy  pour  vous  avoir  donné  dequoy  dégager  vôtre  bague. 

Cette  repartie  qui  ferma  entièrement  la  bouche  à  Ibrahim,  eft  rapportée  dans 
le  Tarikh  Thabari ,  où  l'on  trouve  aufli  que  Mamon  ayant  Ibrahim  entre  fes 
mains,  &  confuJtant- fon  Vizir  Ahmed,  fils  de  Khaled ,  fur  ce  qu'il  en  devoit 
faire,  le  Vizir  lui  dit:  Si  vous  le  faites  mourir,  vous  aurez  l'exemple  de  plu- 
fieurs  Princes  qui  ont  fait  la  môme  chofe  ;  mais  il  vous  lui  pardonnez ,  vous 
vous  diftinguerez  par  cette  adion,  de  tous  les  autres.  Les  term.es  Arabes  font 
Eficataltaho  jalka  nadharan   u  en   âfouta  famakka  na.ihiran. 

Ibrahim,  félon  Ben  Khalecân,  mourut  dans  la  ville  de  Sermenrai  ,  ou  de  Sa- 
mara  l'an  de  i'Hegire  224.  Ce  que  Khondemir  rapporte  des  particularitcz  de 
la  vie  cachée  d'Ibrahim,  eft  trop  remarquable  pour  cftre  oublié. 

Cet  Auteur  écrit  qu'Ibrahim  aj-ant  été  proclamé  Khalife  dans  Bagdet,  auffî- 
tpt  qu'il    eut  appris  que  Mamon  fon    neveu  venoit  à   lui   avec  fon  armée, 

n'ayant  ~ 


304  IBRAHIM. 

n'aj'ant  pas  tiiïez  de  ■forces  pour  lui  refifter ,  prit  la  refolution  de  quitter  la 
couronne,  &  de  fe  cacher  chez  fes  amis;  mais  le  Khalife  l'aj^ant  fait  chercher 
avec  grande  diligence,  on  le  trouva  entin  déguifé  en  habit  de  femme,  &  on 
le  conduifit.en  cet  état  devant  lui.  Mamon  l'ayant  reçu  fort  humainement, 
&  après  l'avoir  admis  dans  la  converfation  la  plus  famihere  ,  le  pria  de  lui 
raconter  ce  qu'il  avoit  vu  &  remarqué  de  plus  fingulier  dans  le  tems  de  fa 
retraite. 

Ibrahim  lui  dit  :  Etant  forti  un  jour  du  logis  où  j'étois  caché  pour  entrer 
dans  un  autre  ,  &  ayant  pour  cela  choifi  l'heure  de  Midy  pour  rencontrer 
moins  de  gens  ,  je  me  trouvay  devant  une  boutique  fermée  ,  fur  la  porte  de 
laquelle  je  vis  un  homme  dont  le  vifage  étoit  fort  bazané  &  affez  femblable 
au  mien;  je  lui  demanday  d'abord  s'il  ne  pouvoit  pas  me  donner  la  commodité 
de  me  repoler  un  moment  chez  luy;  il  me  répondit  fort  civilement  que  je  ne 
pouvois  pas  lui  faire  plus  d'honneur  &  plus  de  plaifir,  &  me  conduifant  en  même 
tems  au  dedans  du  logis ,  il  en  fortit  peu  après  ,  &  ferma  la  porte  fur  moy 
par  dehors. 

Je  craignis  pour  lors  que  cet  homm.e  ne  fût  allé  avertir  les  gardes  du  Kha- 
life qui  me  cherchoient  :  mais  je  fus  bien  lurpris  ,  quand  je  le  vis  retour- 
ner chargé  de  vivres  ,  &  fuivi  d'un  autre  homme  qui  portoit  un  lit  &  un 
tapis.  D'abord  qu'il  fut  rentré  ,  il  me  dit  :  Je  fuis  Barbier  de  ma  profefïïon , 
&  ne  doutant  point  que  vous  n'euffiez  de  la  répugnance  à  vous  fervir  de  cho- 
fes  qui  auroient  déjà  fervi  aux  autres,  j.'ay  été  au  marché  acheter  ces  meubles, 
&  je  vous  ay  fait  préparer  à  manger. 

J'admirai ,  continue  Ibrahim ,  une  fi  grande  honnêteté ,  &  je  ne  fis  point  de 
diflîculté  de  me  mettre  à  table  avec  lui.  Pendant  le  repas,  il  me  demanda  fi 
je  ne  buvois  point  de  vin;  &  moy  lui  ayant  répondu  que  j'en  beuvois,  il  en 
fit  apporter  du  meilleur,  avec  lequel  nous  achevâmes  nôtre  repas  fort  joyeufe- 
'  ment.  Le  repas  étant  fini ,  il  me  dit  :  Je  vous  demande  la  liberté  de  vous 
faire  une  prière;  je  la  lui  accorday,  &  il  me  témoigna  qu'il  defiroit  que  je  lui 
fille  l'honneur  de  vouloir  chanter  en  fa  prefence,  qu'il  fe  fentoit  véritablement 
très-indigne  de  cette  faveur,  mais  aulli  qu'il  la  recevroit  comme  une  grâce  très- 
particulière ,  &  me  prefentant  auffi-tôt  un  luth  ,  il  me  recita  ce  quatrain  d'un 
Poëte  Fer  fie  n. 

Nom  fommes  dégoûtez  de   toutes  fortes  d'infîrumens  ,  Jl  nous   n'avons  pas  une  voix 
femblable  à  la  vôtre  qui  les  accompagne. 

Je  me  trouvai  fort  embarraffé  du  difcours  de  cet  homme  ,  &  lui  ayant  de- 
mandé, comment  il  fçavoit  que  je  fçus  quelque  cho'fe  dans  la  mufique  ,  il  me 
répondit  en  ces  termes:  Vous  êtes  trop  connu  pour  pouvoir  vous  cacher;  je 
fçais  que  vous  êtes  Ibrahim,  oncle  du  Khalife,  &  que  ce  Prince  a  promis  cent 
milles  drachmes  d'argent  à  celui  qui  lui  découvriroit  le  lieu  où  vous  êtes.  Ces 
paroles  me  frappèrent  fi  fort,  que  fans  hefiter  je  pris  auffi-tôt  le  luth  en  main 
pour  le  fatisfaire.,  &  lui  accordai  même  une  féconde  prière  qu'il  me  fit ,  de^  lui 
permettre  de  chanter  quelques  airs  qu'ils  fçavoit,  les  accompagnant  moy-même 
.-avec  le  luth.  Cet  homme  chanta  pour  lors  de  fi  belles  cbanfons,  que  j'en  fus 
lotit  eftonné,  &  lui  demanday  de  qui  il  les  avoit  apprifes.    Je  fçeus  alors  qu'il 


k 


IBRAHIM.  3^^ 

les    tenoit   d'Ishak   de  Moful,  excellent   muficien    chez    qui  il  avoit  demeuré 
long  -  tems, 

La  nuit  étant  venue  ,  je  quittai  mon  hôte  ,  &  lui  prefentai  en  partant  une 
bourfe  pleine  de  pièces  d'or;  mais  il  la  rcfufa,  &  me  dit  ces  paroles':  Vôtre 
^ftion  eft  bien  étrange,  car  après  que  j'aj''  fait  de  mon  côté  tout  ce 'qui  m'a 
été  poffible  pour  vous  bien  recevoir,  vous  voulez  maintenant  me  faire  perdre 
l'honneur  de  mon  hofpitalité  ;  Dieu  me  garde  de  recevoir  vôtre  argent ,  &  il 
ajouta  en  me  quittant,  ce  vers  Perfien. 

Les  penfées  de  l'homme  qui   s'ejî  donné  à  Dieu  ,  font  bien  différentes  des  penfées 
de  celuy  qui  demeure  attaché  aux  créatures.     Tarikh  Al-Àbbas. 

IBRAHIM  Ben  Agiab,  c'efl  le  nom  d'un  Capitaine  Arabe  qui  fut  envoyé 
par  le  Khalife  Haroun  Rafchid  pour  Gouverneur  de  FEgypte  &  de  l'Afrique, 
Tan  184  de  l'Hegire,  &  de  J.  C.  800. 

La  pofterité  de  ce  Gouverneur  s'établit  dans  l'Afrique,  porta  le  nom  d'Agla- 
biah  ou  d'Aglabites,  &  forma  une  dynaftie  de  Princes  qui  y  régnèrent  jufqu'en 
l'an  de  l'Hegire  296  auquel  les  Fathemites,  devenus  maîtres  de  tout  le  pays, 
les  en  chalTerent. 

IBRAHIM  frère  de  Nafas  ou  Nefes  Alzakiah.  Ce  Nefes  Alzakiah  dont  le 
nom  fignifie  l'ame  fainte  ou  l'ame  pure  &  innocente  ,  étoit  lils  de  HafTan ,  le 
fécond  Imam  entre  les  douze  qui  portent  ce  titre  par  excellence,  &  par  con- 
fequent  petit-fils  d'Ali,  le  père  ou  la  fouche  de  tous  les  Imams.  Son  frère 
nommé  Ibrahim  ,  duquel  nous  parlons  ,  fe  foulcva  contre  les  premiers  KhaHfes 
Abbaflîdes,  &  fut  tué  en  une  bataille  qu'il  perdit,  par  Iffa  Ben  Moufla,  neveu 
du  Khalife  Abougiafar  Almanfor ,  fécond  Khalife  de  la  maifon  d'Abbas. 

i  B  R  A  H I M  Soltan  ,  fils  de  Scharokh  ,  &  petit  -  fijs  de  Tamerlan  ;  on  ne 
trouve  rien  de  remarquable  touchant  ce  Prince,  finon  fa  naiflTance. 

IBRAHIM  Mirza,  fils  d'Alaeddoulat  Rokneddin,  &  petit-fils  de  Baifancor, 
fils  aîné  de  Scharokh ,  quatrième  fils  de  Tamerlan,  Cet  Ibrahim  étoit  petit- 
neveu  du  précèdent,  &  affifta  le  Sultan  Alaeddoulat  fon  père  dans  les  guerres 
qu'il  eut  avec  le  Sultan  Babor  qui  le  fit  prifonnier.  Ce  Babor,  qui  étoit  frère 
puîné  d'Alaeddoulat,  &  par  confequent  oncle  d'Ibrahim  Mirza  ,  fut  défait  cn- 
fuite  par  un  des  autres  frères  nommé  Sultan  Mohammed  père  d'Iadighiar,  lequel 
délivra  Ibrahim  Mirza  de  la  prifbn  où  il  étoit  enfermé. 

IBRAHIM  Hakém  Schiruan,  Ibrahim  Seigneur  ou  Gouverneur  de  Ja  Pro- 
vince de  Schiruan  ou  Medie.  Il  étoit  des  amys  de  Tamerlan  ,  qui  luy  donna 
le  fort  Château  d'Alnagia  qu'il  venoit  de  prendre,  parce  qu'il  étoit  à  fa  bien- 
feance  &  dans  le  voiiinage  de  fes  Etats. 

IBRAHIM  Al  Schirazi  ,  Ibrahim  de  Schiraz  ,  natif  de  la  Ville  de  Schiraz, 
Capitale  de  la  Province  de  Fars,  qui  efl  la  Perfe  proprement  dite.  On  le  fur- 
nomme  auflî  Al  Firouzabadi,  parce  qu'il  tiroit  fon  origine  de  celle  de  Firou- 
zabad ,  qui  n'ell  pas  éloignée  de  Schiraz ,  &  appartient  à  la  même  Province  de 
Fars  ou  de  Perfe. 

To  M  E  II.  Q  q  II 


3.o5  IBRAHIM.  I  B  R  A  H  I  M  I  A  H. 

Il  paffe  pour  un  des  plus  grands  Jurifconfultes  du  Muru'manifnie.  Il  vivoit 
fort  retiré  du  commerce  du  monde  ,  s'adonnant  particulièrement  aux  exercices 
de  la  pieté:  on  a  de  luy  plufieurs  Livres  Arabes  dont  le  principal  eft  celuy 
qu'il  intitula  Almohadhab  où  l'Hoiapie  de  bien ,  qui  a.  été  coinmenté  par  Ibra- 
liim  Almelri ,  Docteur  de  la  Sede  ^hafeienne. 

Nous  avons  encore  de  luy  le  ïanbih  FiJfekh  ,  Exhortation  à  l'étude  de  la 
Jurifprudence  &  le  Lamé  ou  l'Echantillon,  qui  eft  une  explication  des  princi- 
paux articles,  ou  comme  les  Mufulmans  les  appellent,  des  fondemens  de  la  Loy„ 

On  le  croit  aulîî  l'autheur  d'un  Ouvrage  qui  contient  l'art  de  contredire,  & 
de  difputer  dans  les  matières  fcholaftiques  ;,  ce  Livre  eft  intitulé  Al  Nakth  fil 
Khelaf  v  almaôunat  filgedel  :  c'eft  proprement  ce  que  nous  appellerions  la 
recherche  de  la  vérité.  Ben  Khalecan.  l^oyiz  aujji  le  titre  de  Firouzabadi  auffir 
bon  Poëte,  &  Ben  Klialecan  cite  plufieurs  wqis  de  fa  compofition. 

IBRAHIM  Al  Merouzi  ,  Jurifconfulte  très -célèbre  parmi  les  Mufulmans^. 
duquel  nous  avons  plufieurs  beaux  Ouvrages  en  langue  Arabique,  &  entr'autres 
un  commentaire  fur  le  Mozni.  Ce  Dofteur  faifoit  fa  demeure  dans  la  Ville  de 
Bagdet  où  il  étoit  confulté  comme  un  oracle  des  Loix,  &  fa  réputation  fe  ré- 
pandit à  un  tel  point  qu'une  des  portes  de  cette  grande  Ville,,  auprès  de  la- 
quelle il  avoit  fa  maifon,  fut  appellée  de  fon  nom  Darbe  Al  Merouzi,  la  porte 
de    Merouzi  qui  eft  dans   le  quatrième  quartier  de  Bagdet. 

Ibrahim  étoit  de  la  Sefte  Schafêienne ,  &  quitta  fur  la  fin  de  fa"  vie  le  fejour 
de  la  Ville  de  Bagdet  pour  pafiTer  au  Caire  en  Egypte;, il  mourut  dans  la  même 
Villp  l'an  de  l'Hegirc  340,  &  y  fut  enterré  auprès  de  l'Imam  Schafei. 

Le  furnom  de  Merouzi  fut  donné  à  ce  Dodeur  parce  qu'il  étoit  natif  de  la 
Ville  de  Merou,  une  des  quatre  Villes  Capitales  ou  Royales  de  la  grande  Pro- 
vince du  Khoraflan  ,  &  cette  Ville  eft  ordinairement  furnommée  Schahgian, 
pour  la  diftinguer  d'une  autre  Ville  de  la  même  Province  que  l'on  nomme  par 
diftinftion  Mcroualroud.     Ben  Khalecan. 

IBRAHIM  Ben  Ibrahim  Meheran  ,  furnommé  Esfaraini,  à;  caiifè  qu'il  étoit 
natif  d'une  petite  ville  du  Khoralfan  appellée  Esfarain  qui  eft  des  dépendances 
de  la  ville  Capitale  &  Royale  nommée  IMifchabour,  également  diftante  de  celle- 
cy  &  de  Giorgian.  C'étoit  un  Doftcur  des  plus  célèbres  de  la  Sefte  Schafêienne 
duquel  on  dit  que  les  plus  fçavants  perfonnages  du  KhoraflTan  &  de  l'Iraque 
ont  puifé  leur  doftrine. 

Il  a  compofé  plufieurs.  Ouvrages  dont  le  principal  eft  un  Livre  de  controverfe 
dans  lequel  il  dcftend  la  Loy  Mufulmanne  contre  les  impies  &  les  athées  que 
les  Arabes  appellent  Melahedin.  Abdalgafer,  auteur  Perfien,  fait  fouvent  men- 
tion de  luy  dans  la  Chronique  de  Niichabour,  &;  dit  que  le  Collège  de  cette 
Ville  où  il  enfeignoit,  portoit  fon  nom.  Il  y  mourut  l'an  de  l'Hégire  418,  & 
fut  porté  à  Esfarain  lieu  de  fa  naillànce. 

L'on  parlera  ailleurs  de  plufieurs  Auteurs  &  autres  perfonnages  qui  ont 
porté   le  nom  d'Ibrahim,  &  particulièrement  dans  leurs  furnoms, , 

IBRAHIMIAH,  Sefte  d'Hérétiques  qui  s'éleva  dans   l'Eglife  d'Antioche, 
Voytz  le  titre  ri'Abnham»     Cette  forte  d'Hérétiques  pouvoit  être  celle  des  Sa- - 
biens 5  qui.  rcconnoilî'oit. Abraham  pour  leur  Legiilateur.    Helal  Ben  Ibrahim  Ben 

Zahroua 


I  D  E  G  O  U.  J  E  II  O  U  D  A. 


207 


Zahroun,  fameux  Médecin  de  Tozoun  le  Turc,  &  Ibrahim  Ben  Helal  fon  fils 
Aftronome  célèbre  fous  Scharfeddoulat ,  Sultan  de  la  dynaflie  des  Bouides ,  étoient 
Sabiens  de  Sefte ,  &  natifs  de  Harran  en  Mefopotamie  ,  d'où  partit  Abraham 
pour  venir  dans  la  terre  de  Chanaan.  Plufieurs  autres  grands  Philofophcs,  Ma- 
thématiciens ,  &  Poètes  qui  ont  écrit  en  Arabe,  étoient  Sabiens.  Foyez  Thebet, 
Senan,  Corrah,  &c. 

Cependant  il  femble  qu'outre  cette  Secle  d'Abrahamites ,  ou  Sabiens,  il  s'en 
foit  élevée  une  autre  parmy  les  Chrétiens  qui  a  été  alfez  obfcure ,  &  dont  l'on 
ne  voit  point  de  Se6bateurs  confiderables. 

I D  E  G  Q  U  &  Idi  Koub  ,  jiom  Khataien  ou  Mogolien.  Un  Prince  de  ce 
îiom  qui  étoit  Souverain  dans  le  pays  d'Igur,  limitrophe  du  Khatai,  reconnut, 
l'an  606  de  l'Hegire,  la  puiffance  de  Genghizkhan,  luy  vint  faire  hommage,  & 
fut  renvoyé  par  ce  Conquérant,  en  fes  Etats. 

Un  autre  Idegou  fut  un  des  principaux  Capitaines  de  Tamerlan,  &  fît  plu- 
fieurs méchantes  aftions  pour  le  fervice  de  fon  Maître.  Ebn  Arabfchah  l'ap- 
pelle un  des  Schiathin  de  Timur,  c'eft-à-dire ,  un  des  Diables  de  Tamerlan.  Il 
fut  Gouverneur  du  Kerman. 

IDELCAN,  nom  corrompu  d'Adelkhan,  le  Roy  jufte ,  titre  que  les  Roys 
de  Decan ,  &  de  Golconde  Mahometans ,  prennent  ordinairement.  Ce  font  nos 
voyageurs  qui  ont  corrompu  ce  nom. 

IDRUNT  &  Budrunt,  les  Turcs  appellent  ainlî  la  ville  d'Otrante,  dans  la 
Potiille ,  que  les  anciens  ont  appeliée  Hydrimtum.  Il  y  a  une  autre  ville  du 
nom  de  Butrintum;  mais  les  Turcs  confondent  fouvent  ces  deux  Villes. 

JEBEGOU  Ben  Mikail.  Ben  Schohnah  appelle  ainfi  celuy  que  les  Hiilo- 
riens  Perfans  appellent  Jonous  ou  Jonas,  fils  de  Selgiuk.  Foysz  le  titre  de  Sel- 
giuk,  &  des  Selgiucides. 

JEHOUDA  Ben  Jofeph,  c'efl  l'Apôtre  faint  Thadée  ,  fils  de  Jofeph,  & 
de  Marie  Cleophé  ;  on  l'appelle  aufli  fils  d'Alphée  :  il  étoit  frère  de  l'Apôtre 
faint  Jacques  le  Mineur,  &  parent  de  Nôtre-Seigneur  Jefus-Chriil. 

.  Cet  Apôtre  eût  des  enfans;  &  l'on  dit  que  Domitien  ayant  appris  que  les 
Clirétiens  tenoient  Jefus-Chrift  pour  leur  Roy  ,  &  difoienc  que  fon  Royaume 
étoit  éternel,  fit  venir  ces  enfans  à  Rome  ,  &  les  interrogea  fur  ce  fait;  mais 
que  ceux-cy  luy  ayant  répondu  que  le  Royaume  de  J.  C.  étoit  celefte ,  &  ne 
regardoit  point  les  Princes  de  la  terre  ,  furent  renvoyez  en  Judée.  Voilà  la 
tradition  des  Chrétiens  Orientaux ,  rapportée  par  Ebn  Batrick  dans  fes  Annales. 

JEFIOUDA  Ben  Sagivan  ,  il  eft  furnommé  Al  Farfi  ,  &  a  compofé  une 
Préface  fort  élégante  furie  Livre  intitulé  Calilah  ve  Damnah ,  laquelle  le  trouve 
dans  la  Bibliothèque  Royale,  n°.  1220. 

JEHOUDA  Al  Mosléman  ,  Juif  apoflat ,  &  Mufulman,  Auteur  d'un  Re- 
cueil  d'Alphabets  ,  feints  &  fuperftitieux ,  intitulé  Ketab  Alanovar ,  le  Livre 
•des  lumières. 

Qq'a  JEMEN 


3q8  JEMEN.  JE  NI  SCHEHER. 

.  JEMEN;     rayez  ]?im2in.     C'eft  l'Arabie  Heureufe.     ;    ' 

JE  MINI  Ben  Jcmini,  c'efl  le  même  que  Benjamin,  un  des  enfans  de  Ja^- 
cob,  chef  d'une  des  XII.  Tribus  des  Ifraëlites., 

TENGHI  CUNT,  les  Géographes  Arabes  appellent  ainfi  une  Ville  du  Tup- 
keltan,  que  les  Turcs  nomment  Jeni  kent,  c'eft-à-dire ,  comme  les  mêmes  Géo- 
g-aphes  le  traduifent  en  Arabe  Alkeriah  algedidah,  la  nouvelle  Ville.  Les  Turcs 
d'Europe  l'appelleroient  Jeni  fcheher  ,  nom  qu'ils  ont  donné  à  d'autres  lieux., 
dont  l'on  va  faire  mention. 

JENI  CALA  V  Château-neuf ,  que  l'on  appelle  ordinairement  du  nom  Ita^ 
lien  Caflelnuovo  :  il  fut  nommé  ainfi  par  les  Turcs ,  qui  le  bâtirent  fur  le  Gol- 
fe de  Cataro ,  &  pris  fur  eux  par  l'armée  Efpagnole  fous  Charles  -  quint ,  qui  y 
mit  une  forte  garni fon  d'Efpagnols  &  d'Allemands. 

Khaireddin,  dit  BarbarofTa,  le  reprit  fur  les  Chrétiens  l'an  de  FHegire  .946-^ 
de  J.  C.  15-39  ,  &  mit  toute  la  garnifon.,  qu'il  y  trouva,  à  la  chaîne  ,  fur  les 
Galères  Turques.  Ce  Château  eft  fitué  fur  les  confins  de  la  Dalmatie  &  de  ÏAU 
banie.    Les  Vénitiens  l'ont  repris  depuis  peu  fur  les  Turcs. 

J'EN!  DU  NI  A,  c'eft  en  Turc  le  nouveau  monde,  &  ils  appellent  ainfi 
comme  nous  l'Amérique  ,  qiie  les  Arabes  qualifient  auffi  du  titre  d'Agiaib  al, 
makhloucat  ,  &  les  Perfans  de  Gezjrat  khefchk.  f^oyez  ces  mots  dans  leurs  ti« 
très  particuliers» 

JENI  HISSAR,  le  nouveau  Château  en  Turc.  Les  Grecs  modernes  l'ont 
nommé  en  leur  langue  Neocaftron.  C'eft  un  Château  bâti  fur  le  Bofphore  de 
Thrace  ou  Canal  de  la  Mer  noire  ,  du  côté  de  l'Europe ,  par  Mahomet  fé- 
cond, Sultan  des  Turcs,  avant  qu'il  affiégeât  Çonftantinople.  On  l'appelle  auf-' 
fi  Roumeli  Hiffar,  le  Château  d'Europe,  pour  le  diftinguer  d'un  autre  qui  futi 
conftruit  vis-à-vis  dans  l'Afie  ,  &  lequel  eft  nommé  Anadoli  Hiifar ,  le  Châ- 
teau d'Afie. 

De  ces  deux  Châteaux,,  celuy  d'Europe  eft  entièrement  ruiné,  &  celuy  d'A- 
fie,  qui  fubfifte  encore,  fert  à  garder  des  Prifonniers.  On  les  appelle  tous 
deux  les  Châteaux  de  la  Mer  noire,  ou  Pont-lîuxin,  pour  les  diftinguer  de. 
ceux  de.  la  Mer  blanche,  ou  Propontide  ,  appeliez  ordinairement  les  Darda- 
nelles. 

JENI   SCHEHER,  en  Turc  Ville -neuve.    Othman ,  fils  d'Orthogrul  & 
fondateur  de  la  dynaftie   des  Sultans  Othmanides   ou  Ottomans ,  comme    nous, 
les  appelions,   bâtit  cette  nouvelle  Ville  dans  la  Natolie  ,   où  il  s'établit  avant 
(jue  Prufée  ou  Burfe  devint. la  Capitale  de  foa  nouvel  Empire.. 

JENI  SCHEHER,   nom  que  les  Turcs . donnent  à  la  Ville  de  LariiTa  cm 
Thelfalie,  à  caufe  de  fon  rétablilfement  qui  en  fit,   pour  ainfi  dire,,  une  nou- 
velle Ville.     Les  mêmes  Turcs  appellent  toute  la  Theflàlie  Jeni  Scheher  vi- 
laieti,  c'eft -à -dire,  le  Pays  de  Larilfa..î  à.  caufe  que  cette  Ville  en  eft  la  Ca- 
pitale. 

,-  JENITCHERI,, 


•'ij'fe'N T-T-C  H  E  R  I.  -^  J  E  Z  t>.  •  ^305 

-'  JRNITCHERI,  nouvelle  Bande,  nouvelle  trouppe.  JaniflTaires.  Morad 
Gazi  ,  c'eft-à-dire  ,  Amurath  premier  du  nom,  dit  le  Conquérant,  Sultan  des 
Turcs  Othraanides  ,  ayant  pris  la  cinquième  partie  des  jeunes  prifonniers  Chré- 
tiens qu'il  avoit  faits  fur  les  Grecs  ,  les  fît  élever  &  inftruire  dans  la  difcipline 
militaire  &  dans  fa  religion.  ^  Il  les  envoya  enfuite  à  Hagi  Bektafche  ,  perfon, 
nage  eftime  &  révéré  des  Turcs  pour  fa  prétendue  fainteté  ,  afin  qu'il  leur 
donnât  fa  bénediftion  ,  &  en  même  temps  quelque  marque  qui  les  diftinguât 
de  fes  autres  troupes. 

Bektafche,  après  les  avoir  bénits  à  fa  mode,  couppaune  des'  manches  de  la 
robe  de  feutre  qu'il  portoit ,  &.  en  coeffa  le  Chef  de  cette  nouvelle  milice, 
à  laquelle  le  nom  de  Jenitcheri ,  &  le  bonnet  de  feutre  font  toujours  demeu- 
rez depuis  ce  temps-là,  qui  fut  l'an  763  de  1  Hégire,  &  de  J.  C.  1361. 

Tel  eft  le  fentimcnt  d'Ebn  Jofeph  &  de  Gianabi  touchant  l'inllitution  des 
Janiffaires  :  mais  plufieurs  autres  Hifloriens  Turcs  croyent,  que  ce  futOrkhan, 
fils  d'Othman  &  père  d'Amurath  premier  ,  qui  les  établit ,  &  qu'ils  furent  d'a- 
bord appeliez  en  langue  Turque  Jaja,  c'eft-à-dire,  Fantaflîns  &  piétons  ,  poup 
les  diftinguer  des  autres  Turcs  dont  les  troupes  confiftoient  prefque  toutes  en 
Cavalerie. 

Le  premier  fentiment  me  paroît  plus  vraifemblable  d'autant  plus  que  cette 
milice  conferve  encore  aujourd'huy  le  nom  de  Jenitcheri ,  &  porte  le  bonnet 
dé  feutre,  coëffure  fort  différente  de  celle  des  autres  Turcs. 

On  pourroit  dire  cependant  encore,  que  cette  nouvelle  milice  ayant  été  pre- 
mièrement affemblée  à  Jenifcheher,  ville-neuve,  dont  on' a  déjà  parle  ,  qui  fut 
bâtie  par  Othman,  alTez  près  de  Nicée  en  Bithynie,  pour  être  le  fiéf^ede  l'Em- 
pire Ottoman  ,  elle  auroit  tiré  fon  nom  de  celui  de  cette  même  ville  ,  la  dif- 
férence de  Scheheri  à  Tfcheri  n'étant  pas  fort  grande.  Je  m'en  tiens'  cepen- 
dant toujours  au  premier  fentiment. 

.  L'on  peut  remarquer  icy,  que  cette  coëffure  ou  bonnet  des  Janiffaires  eft' 
appelle  en  Turc  abfolumcnt  Ketché,  mot  qui  fignifie  Feutre,  &,  autrement  Uf- 
cuf,  mot  qui  peut  avoir  été  corrompu  du  Grec  vulgaire  &  de  l'Italien  Scufia. 
(f  Ufciifia,  d'où  vient  nôtre  mot  de  Coëffe. 

JETENG,  nom  du  feptième  mois  dans  le  Calendrier  des  peuples  de  ITgur 
«&  du  Turkeftan,  qui  eft  le- même  que  celui  des  Cathaiens. 

JEZ  D,  Ville  la  plus  Orientale  de  la  province  de  Fars,  qui  eft  la  Perfe  pro- 
prement dite  ,  de  même  que  Hamadan  en  eft  la  plus  Occidentale.  Elle  eft  fi- 
tuée  à  89  degrez  de  longitude,  &  à  32  de  latitude  Septentrionale,  félon  1# 
tables  de  Nalîireddin  &  d'Ulug  Beg.  Le  Géographe  Perficn  la  place  entre  If- 
pahan  &  le  Kerman. 

Plufieurs-  perfonnages  célèbres  en-  doftrine  font  fortis  de  cette  ville  &  de  fon" 
territoire.  Les  étoffes  de  foye  que  l'on  y  ti-availle  ,  &  que  l'on  appelle  en- 
Turc  &.en  Periien  Comafche  Jczdi,  la  rendent  fort  marchande ,  &  les  Parfis  ou 
Adorateurs  du  feu ,  qui  y  ont  eu  pendant  plufieurs  fiècles  des  Pvréez  ,  &  donf 
il  y  a  encore  aujourd'huy  plufieurs  familles  qui  l'habitent ,  ont  "donné  lieu  au 
proverbe  Ghebr  Jezdi,  un  Ghiaour  d'Iezd ,  pour  expa-imer  un  Infidèle  des  tjIus- 
grolîkrs  &  des  plus  opiniâtres. 

JEZD  &  Ized,    eft  le  nom  de  Dieu  Tout-puiffant  en  langue  ancienne  de 

Q.q  3,  Pcrfc,. 


3ÏO  J  E  Z  D  A  D.  J  E  Z  D  E  G  I  R  D. 

Perfe.    On  lui  donne  aujourd'hui  plus  ordinairement  celui  d'Iezdàn  dans  la  lan- 
gue moderne,     i^oyez  plus  bas. 

JEZDAD,  Ben  Jezdâd.  Abou  Houiïain  Ali  Ebn  MoufTa,  Auteur  du  livre 
intitulé  Ahcâm  Alcoran  ,  qui  traite  des  matières  judiciaires  &  des  Préceptes  de 
r Alcoran ,  porte  ce  furnom  ,  qui  eil  abrégé  de  Jezd  -  Dad ,  qui  fignifie  en  Per- 
fien  Dieu-donné,  comme  Jezdân  Bakhfche  qui  fuit. 

JEZD  AN,  Nom  de  Dieu  en  langue  Perfienne  &  Pehelevienne.  Les  Perfes 
d'aujourd'huy  l'appellent  plus  communément  Khoda.  C'efl  auflî  le  nom  de  l'A- 
gathodœmon  des  Platoniciens,  qui  eft  ou  Dieu  même  ,  ou  un  Ange  Bien-fai- 
faifant,  ou  enfin  le  premier  Principe  du  bien,  félon  la  doftrine  de  Zoroaltre, 
&  des  Mages  (qs,  difciples. 

JEZDAN  Bakhfche,  Don  de  Dieu  ou  Dieu-donné  en  langue  Perfienne,  de 
même  qu'Iezdâd  &  Khodaidad  dans  la  même  langue ,  Tangri  Verdi  (Se  Allahverdi 
•en  Turc,  Atha  allah,  Athiaht  allah  &  Hebat  allah  en  Arabe. 

Hormouz ,  fils  de  Noufchirvan  ,  Roy  de  Perfe  de  la  dynaflie  des  SalTanides 
ou  des  Khofroes,  eut  un  Vizir,  nommé  lezdan  Bakhfche,  qui  fut  caufe  de  la 
■révolte  de  Baharam  Gioubin  ou  Tchoubin.     l^oyez  le  litre  de  Hormouz. 

JEZDANJAR,  celuy  qui  a  Dieu  pour  amy,  l'Amy  de  Dieu.  Ce  furnom 
Perfien  fut  donné  à  Abou  Giàfar  Mohammed  Ben  HoufTain  ,  Auteur  du  livre 
intitulé  Adab  al  moridiny  les  qualitez  de  ceux  qui  défirent  s'avancer  dans  la  vie 
fpirituelle.  Cet  ouvrage  a  été  compofé  pour  les  Sofis  ,  &  il  fe  trouve  dans  la 
Bibliothèque  du  Roy,  n^.  683. 

JEZDEGIRD.  Il  y  a  eu  plufieurs  Roys  de  Perfe  dans  la  dynaflie  des 
Saffanides  qui  ont  porté  ce  nom. 

Le  premier  eft  Jezdegird ,  fils  de  Schabour  Dhoulaftâf ,  c'eft-à-dire,  de  Sapor 
,aux  épaules,  ou  plutôt  fon  petit -fils;  car  Khondemir  met  un  Baharam  entre 
les  deux ,  &  qualifie  cet  lezdegird  ,  fils  de  Baharam  ,  en  quoy  il  eft  fuivi  par 
Ebn  Batrik. 

Cependant  Abulfarage  veut  qu'il  foit  fils  de  Sapor,  &  le  fait  régner  fous  les 
Empereurs  Arcade  &  Theodofe  le  Jeune  fon  fils:  mais  nous  fuivrons  plutôt  ici 
les  Perfans  ,  que  les  Arabes ,  quoyque  Chrétiens  ,  en  ce  qui  regarde  l'hiftoire 
de  leur  pays. 

lezdegird,  fils  de  Baharam  ou  de  Sapor,  fucceda  à  fon  père  ou  à  fonayeul, 
êbnt  il  n'imita  pas  les  vertus  ,  puifqu'il  pafie  chez  les  Perfans  pour  un  Prince 
impudique  ,  avare  &  cruel  ,  &  que  les  peuples  lui  donnèrent  le  furnom  d'Ai- 
tâm,  mot  qui  enferme  dans  fa  fignification ,  le  viol,  le  pillage  &  le  maftacre. 

Ce  Prince  fit  la  guerre  aux  Romains,  c'eft-à-dire,  aux  Empereurs  de  Con- 
ftantinople  ,  qui  refufoient  de  lui  payer  le  tribut  qu'ils  avoient  accoutumé  de 
payer  à  fes  Ancêtres.  Theodofe  le  Jeune,  fils  d'Arcade  ,  fit  la  paix  avec  lui, 
&  lui  envoya  en  AmbafiTade  Marutha  ,  Evêq\ie  de  Miafarekin  ,  ville  que  les 
Grecs  modernes  ont  appellée  Martyr opoli s  ^  autrefois  la  capitale  du  Diar  Becr, 
qui  «ft  la  première  des  quatre  Contrées  que  la  Mefopotamie  enferme. 

La  Religion  Chrétienne  fit  alors  de  grands  progrez  en  Perfe  ,  tant  par  les 
prédications  de  Marutha  &  de  fes  compagnons,  que  par  la  proteélion  qu'Iezde- 

gird 


J  E  Z  D  E  G  I  R  D.  jrr 

gird  lui  donna;  &  c'eft  peut-être  en  vue  de  cette  faveur,  que  les  Perfes  Ido- 
lâtres ont  décrié  le  gouvernement  de  ce  Prince.  Ils  difcnt  en  effet ,  qu'il 
éprouva  la  vangeance  du  ciel  &  qu'il  fut  tué  p?a-  un  coup  de  pied  d'un  très- 
beau  cheval,  trouvé  par  hazard  à  la  porte  de  fon  Palais,  &  qui  ne  parut  plus 
auflî-tôt  qu'il  eut  rué  fon  coup  dans  l'eftomac  du  Prince. 

Baharatn  ,  fon  fils  ,  qui  lui  fucceda ,  n'eut  pas  la  même  inclination  pour  les 
Ghrètiens  :  au  contraire,  il  les  perfécuta  cruellement,  mais  ayant  été  mis  en 
fuite  par  Theodofe  le  Jeune  ,  il  fut  obligé  de  donner  la  paix  aux  Grecs  &  à 
l'Egiile.  C'efl  ce  Baharam  que  les  Grecs  &  les  Latins  ,  après  eux,  ont  appela 
Varanes  &  Vararanes. 

Le  Bahariftan  rapporte,,  qu'Iezdegird  ayant  trouvé  fon  -fils  Baharam  dans  l'ap- 
partement de  fes  femmes  appelle  Haram  ,  c'e(t-à-dire  ,  Lieu  fcparé,  retiré  &, 
pour  ainfi  dire,  facré ,  lui  commanda  de  donner  trente  coups  de  fouet  à  l'Huif- 
fier  qui  l'avoit  lailFé  entrer  ,  &  d'en  mettre  un  autre  à  fa  place.  L'ordre  du 
Roy  ayant  été  exécuté,  Baharam  fe  préfenta  un  jour  pour  entrer  une  féconde 
fois  dans  le  Haram;  mais  le  nouvel  Huiffier  qu'il  y  avoit  mis  de  fa  main,  l'en 
empêcha  &  le  menaça  du  même  traitement  qu'il  avoit  fait  fouffrir  à  celuy  dont 
il  occupoit  la  place. 

Khondemir  furnomme  ce  Prince  Al  Athim. ,  qui  fignifie  le  Méchant,  terme 
qui  marque ,  avec  plus  de  force  &  d'emphafe  »  la  même  chofe  que  celui  d'Ai- 
tam ,  dont  on  a  déjà  parlé. 

JEZDEGIRD  Ben  Baharam,  c'efl  le  fils  de  Baharam  Gour  ,  Roy  de  la 
même  dynaftie  des  Roys  de  Perfe,  que  l'on  peut  appeller  Jezdegird,  fécond  du 
nom.  Il  efl  loué  par  tous  les  Hiftoricns  pour  fes  vertus  morales  &  politi- 
ques ,  &  pour  avoir  eu  la  vigueur  &  le  bonheur  de  fe  faire  payer  le  tribut  par 
les  Empereurs  Grecs ,  en  mettant  feulement  une  bonne  armée  fur  pied ,  fans 
leur  faire  la  guerre. 

Ce  Prince  eut  deux  enfans,  nommez.  Firouz  &  Hormouz,  qu'il  fit  fort  bien 
élever:  mais  ayant  préféré  le  cadet  à  l'aîné  pour  en  faire  fon  fuccelTeur,  il  fut 
caufe  d'une  grande  divifion  entre  ces  deux  frères,  laquelle  éclata  enfin  en  une 
cruelle  guerre,  dans  laquelle  Hormouz  fut  défait  &  pris  prifonnier  par  Firouz 
fon  frère,  après  avoir  régné  une  feule  année. 

L'on  donne  à  ce  fécond  lezdegird  le  furnom  de  Sipah  doft,  à  caufe  qu'il  ai-- 
moit   fes   troupes,   &  que  fes   troupes  lui   étoient  auflî  très-affeftionnées  ,   ce 
qu'elles  firent   bien    paroître  ,    en  marchant  fi  gayem.ent  contre  les  Grecs  ,  & 
alors  qu'elles  fe  retirèrent ,    fans   commettre  aucun    defordre  au  moment   que 
ce  Prince  témoigna  être  content  du  tribut  que  l'Empereiir  Grec  lui  avoit  en-- 
voyé. 

JEZDEGIRD  Ben  Scheheriàr.  Cet  Jezdegird,  que  l'on  peut  appeller  Troi- - 
fième  du  nom,   fut  le  dernier,   non  feulement  de  la  race  des  SafTanides ,   mais 
aufli  de  tous  ceux  de  fa  nation  ,   qui  ont  régné  en  Perfe  ;   il  perdit  la  bataille 
de  Cadefie  contre  les  Arabes  fous  le  Khalifat  d'Omar  &  non  d'Othman  ,  cora-- 
me  quelques-uns  ont  avancé,  l'an  15  de  l'Hegire,  de  J.  C.  636. 

Ce  Prince  fut ,   après  cette  défaite  ,   eirant  &  fugitif  dans  les  provinces  de  • 
Kerman  ,   de  Segeftan  &  de  Khorafilm  ,   julqu'en  l'an   31  de  là  même  Hegirc  , 
dans  lequel  il  fut  trahi   par  un  de  fes  fujets  ,    Gouverneur  de  la  ville  de  Me- 
reUs  qui  attira  les  armes  du  Turkhan,.  Roy  des  Turcs  dans  la  Perfe,  contre  lui.- 

L'on  i 


su  JEZDI.  JE.Z,ID. 

,  L'on  dit,  qu'Iezdegird  ayant  été  défait  par  ce  traître  ,  qui  s'étoit  joint  aux 
Xurcs,'prit  la  faite  jufques  à  une  rivière  qui  n'étoit  pas  guéable  ,  &  que  vou- 
lant donner  un  bracelet  de  grand  prix  à  un  batelier  pour  le  tranfporter  au-de- 
là du  fleuve,  cet  homme  groffier  lui  dit,  qu'il  n'avoit  que  faire  de  fon  brace- 
let ;  qu'il  prétendoit  feulement  avoir  quatre  oboles  de  lui  ,  s'il  vouloit  qu'il  le 
pafll^t,  &  que  pendant  cette  difpute,  les  Cavaliers  qui  le  pourfuivoient,  l'attei- 
gnirent &  lui  ôterent  la  vie. 

C'eft  au  commencement  du  règne  de  ce  Prince ,  qui  tombe  fur  l'onzième  an- 
née de  l'Hegire,  &.  fur  la  632  de  J.  C,  que  l'on  doit  fixer  l'époque  de  l'^E- 
re ,  que  nos  Chronologiftes  appellent  Jezdegirdique  ,  &  non  pas  au  tems  de  fa 
défaite  à  Cadefie,  ni  à  fa  mort  en  Khoraflan,  puilque  fa  défaite  arriva  l'an  15 
&  fa  mort  l'an  31  de  l'Hegire.  Il  efl:  vray  cependant,  que  les  Orientaux  fem- 
blent  plutôt  marquer  le  commencement  de  cette  iEre  par  la  chute  de  l'Empire 
des  Perfes,  que  par  la  première  année  du  règne  de  ce  Prince.  Foyez  le  titre 
de  Tarikh  Farfi, 

Quelques  Hifloriens  font  cet  Jezdegird  fils  de  Schirovieh  ou  Siroes  ;  mais 
tous  les  Orientaux  le  font  fils  de  Schehcriar  ,  qui  n'étoit  que  particulier;  mais 
qui  defcendoit  de  Siroes,  fils  de  Kofroes  Parviz,  fils  de  Noufchirvan,  furnom- 
mé  le  Julie. 

•  Comme  il  a  été  dit,  qu'Iezdegird  efl  le  dernier  des  Roys  Perfiens  qui  ait  ré- 
gné en  Perfe  ,  Ton  pourroit  objeéler  que  la  race  d'ifmael  Sofi  ,  qui  règne  au- 
jourd'huy ,  efl;  Perfienne  ;  mais  bien  loin  qu'elle  le  foit ,  les  Roys  de  Perfe  pré- 
tendent être  d'une  famille  Arabe ,  qu'ils  appellent  Haidarienne ,  attachée  de  fort 
près  à  celle  d'Ali,  gendre  de  Mahomet,  duquel  ils  profeflcnt  avec  un  grand  zè-' 
le  la  doftrine  &  la  feéle. 

JEZDI,  ce  qui  efl:  originaire  ou  ce  qui  appartient  à  la  ville  d'Iezd.  Jezdi 
ell  le  furnom  de  Khalil  allah  ,  fils  de  Nourallah  ,  Auteur  d'une  Relfalat ,  ou 
d'un  petit  traité  fibeiàn  al  mehabbat ,  fur  l'amitié.  Il  efl:  dans  la  Bibliothèque  du 
Roy,  n**.  654. 

JEZDOVI,  furnom  de  Sadreffiilam  Haidar,  Auteur  d'Amali  fil  foroû  ,  qui 
font  àes  dictées  fur  les  branches,  ou  inducbions,  tirées  delà  loy  Mufulmane. 

JEZID  Ben  Moaviah  ,  Jezid  fils  de  Moavie ,  que  l'on  peut  appeller  Jezid 
pi-emier  du  nom  ,  effc  le  fécond  Khalife  de  la  race  des  Ommiades  ;  il  n'imita 
par  les  vertus  de  fon  père  ,  qui  étoient  la  clémence  &  la  libéralité  ,  car  il  fut 
cruel,  avare,  &,  outre  cela,  impie  dans  fa  Religion. 

Tous  les  Auteurs  Perfiens  ne  font  jamais  mention  de  lui  qu'avec  abomina- 
tion, &  ajoutent  ordinairement  à  fon  nom  cette  imprécation,  Làanahu  Allah, 
la  malédiction  de  Dieu  foit  fur  lui  ,  ce  qu'ils  ne  font  pas  à  l'égard  de  i^Qs  vi- 
ces, mais  à  caufe  de  la  mort  de  Houfl'ain  ,  fils  d'Ali  ,  qu'il  entreprit  de  faire 
périr  par  le  poifon,  &  qu'il  fit  tuer  enfuite  avec  toute  fa  famille  dans  la  plaine 
de  Kerbela.     ^oyez  le  titre  de  Houllain,  fils  d'Ali. 

Jezid  auflî-tot ,  après  la  mort  de  Moavie  fon  père,  avoit  été  reconnu  pour 
légitime  Khalife  dans  la  Sjn-ie  ,  la  Méfopotamie,  l'Egypte,  la  Perfe  &  dans  tous 
les  autres  pays  du  Mufulmanifme  ,  à  l'exception  des  villes  de  la  Mecque  ,  de 
Medine  &   de  quelques  autres  de  la  Chaldée  qui  refuferent  de  fe  foûraettre  à 

lui , 


J  E  z  I  a  3^3 

lui,  &  parmi  les  Grands,  il  n'y  eut  que  HouiTain  &  Abdallah,  fils  de  Zobair , 
qui  lui  diiputerent  le  Khalifat,  jufqu'à  leur  mort. 

Après  la  mort  de  Houllain  ,  Abdallah  prit  encore  !e  titre  de  Khalife  ,  quoy- 
que  prefque  toutes  les  provinces  de  1  Empire  des  Mufulmans  fe  fulTent  foûmi- 
fes  à  Jezid ,  &  il  ne  relia  que  peu  de  gens  dans  Medine  &  dans  la  Mecque  qui 
demandoient  la  vangeance  du  fang  de  Houiïain;  il  fallut  cependant  qu'Iezid  en- 
voyât des  troupes  pour  alîîéger  &  prendre  de  force  Medine  ,  &  pour  preiîer 
cnfuite  la  Mecque,  mais  avant  que  cette  dernière  ville  fiii:  réduite  ,  il  mouiut 
dans  un  lieu  de  la  Syrie  proche  de  la  ville  de  Hems  ,  nommé  Khaurain  ,  l'an 
de  l'Hegire  64,  de  J.  C.  683 ,  après  avoir  régné  trois  ans  &  neuf  mois  moins 
quelques  jours.     Khondemir. 

Mohammed  Ben  CalTem  remarque,  qu'Iezid  a  été  le  premier  des  Khalifes  qui 
a  bu  publiquement  du  vin  ,  &  qui  fe  foit  ievvi  d'Eunuques  :  on  lui  reproche 
auffi  de  ce  qu'il  nourrilloit  &  carelfoit  des  chiens ,  ce  que  les  Mahometans  fcru- 
puleux  ont  en  horreur. 

Ben  Schohnah  dit  qu'il  ctoit  fort  bon  Poëte  ,  &  rapporte  des  vers  qu'il  fît 
fur  le  vin  au  milieu  de  fes  débauches.  Ebn  Amid  en  cite  auffi  plufieurs  de  fa 
façon  fur  le  même  fujet. 

Mais  les  plus  grands  vices  de  ce  Khalife  ctoicnt  l'impiété  &  l'avidité  du  bien 
d'autruy;  c'ell  ce  qui  fait  dire  à  l'Auteur  du  Rabî  al  akhiar ,  que  pour  faire 
fleurir  l'Empire  des  Mufulmans ,  il  faut  qu'il  foit  entre  les  mains  de  Princes  ou 
pieux  tels  qu'étoient  les  quatre  premiers  Khalifes,  ou  libéraux,  comme  Moavie: 
mais  que  lorfqu'il  étoit  gouverné  par  un  Prince  qui  n'avoit  ni  piété  ,  ni  géné- 
rofité ,  tel  qu'étoit  Jezid,  tout  étoit  perdu. 

Les  Mufulmans  appellent  encore  aujourd'huy  entr'eux,  les  gens  qui  ont  peu 
de  Religion  ,  Jezid  &  Izit.  L'on  dit  ,  que  le  fameux  Poëte  Perfien ,  nommé 
Giami ,  étoit  de  ce  nombre  ;  c'ell  pourquoi  un  nommé  Mezid  étant  entré  un 
jour  dans  l'atTemblée  qu'il  tenoit  chez  lui  ,  &  voulant  l'infulter  fur  ce  point, 
cria  d'un  ton  fort  haut ,  que  la  raalédiélion  de  Dieu  tombe  fur  Jezid.  Giami 
fentant  fort  bien  que  ces  paroles  le  regardoient  perfonnellement ,  dit  fur  le 
même  ton  ,  que  cette  malédidbion  tombe  fur  Jezid  &  fur  Mezid;  l'élégance  de 
cette  repartie  conliilc  en  ce  que  ces  mots  ,  fur  Mezid ,  fignifient  auffi  de  plus 
en  plus. 

Sous  le  Khalifat  d'Iczid,  les  Mufulmans  conquirent  tout  le  Khoraffan ,  le  Kho- 
varezm,  &  mirent  à  contribution  les  Etats  du  Prince  de  Samarcand.  II  y  a  un 
Auteur,  nommé  Al  FadhI  Al  Berid  ,  qui  a  écrit  l'hifcoire  de  ce* Khalife,  fous 
le  titre  d'Acbâr  Jezid. 

Foyez  ce  qui  regarde  les  fiéges  de  la  Mecque  &  de  Medine  ,  dans  les  titres 
particuliers  de  ces  deux  villes. 

JEZID  Ben  Abdalmalek  ,  Jezid  fils  d'Abdalmalek  ,  que  l'on  peut  appeller 
Jezid,  fécond  du  nom,  fut  le  neuvième  Khalife  de  la  race  des  Ômmiades.  II 
changea  d'abord  tous  les  Gouverneurs  qu'Omar  avoit  choifis ,  &  fut  cependant 
allez  heureux  pour  venir  à  bout  d'Jezid  fils  de  Mahaleb  ,  fon  plus  dangereux 
ennemi ,  qui  foûtenoit  un  gros  parti  contre  lui  dans  flraque  Arabique  ;  car  il 
le  contraignit  de  s'enfuir  avec  tous  les  fiens  à  Ormuz  ,  où  il  avoit  fait  bâtir 
une  fortereife  qu'il  ellimoit  imprenable. 
Cet  Jezid  fils  de  Mahaleb  ,  duquel  on  parlera  encore  dans  fon  titre  particu- 
ToME  IL  11  r  lier, 


m  ï  E  2  1  D. 


lier  fat  fclon  quelques  Hifloriens,  tué  en  bataille  rangée,  par  Moflailaimah, 
frère  du  Khalife,  &  fon  fils,  nommé  Moavie,  fe  trouva  obligé  de  fuir  avec  Toz 
débris  de  fes  troupes,  jufqu'à  cette  forterefle  que  fon  père  avoit  fait  conftrui.. 
re  Dour  fervir  de  retraite  aux  fiens  après  le  malheur  d'une  déroute  :  mais  ce- 
kii'  au  lezid  ,  fils  de  Mahaleb  ,  y  avoit  laiffé  pour  Commandant ,  lui  en  ayant 
rcfufé  l'entrée,  il  fut  pourfuivi  jufqu'au  fleuve  Indus  par  les  Généraux  du  Kha- 
life oui  défirent  toutes  fes  troupes  fune  après  l'autre.  Ainfi  fut  exterminée 
la  race  de  Mahaleb  ,  renommée  pour  fa  valeur  &  pour  fa  génerofité  ;  leurs 
vertus  ont  été  louées  par  plufieurs  Auteurs  de  ce  tems-là,  dont  nous  avons 
encore  des  vers  Arabes,    rapportez  par  Ben  Schohnah    dans  fon  Raoudhat  al 


Tezid  remporta  aulîî  de  grands  avantages  fur  les  Turcs  qui  s'étoîent  répan- 
dus dans  l'Afie  Moflàilaimah,  fon  frère  ,  les  défit  à  platte  couture  dans  l'Ad- 
herbi^^ian  ou  Medie  ,   &  les  contraignit  d'abandonner  entièrement  les  Etats  du 

cJ  fût  auflî  fous  le  règne  de  ce  Khalife  que  les  Arabes  d'Efpagne  prirent  la 
ville  d'Arbonah,  qui  eft  Narbonne,  &  affîégerent  celle  de  Thouloufe  ;  celle-cy 
fut  fecourue  par  le  Comte  Eudes,  lequel  reprit  enfuite  Narbonne  fur  eux.  He»- 
fchâm,  fécond  Khalife  d'Efpagne,  l'ayant  depuis  conquife  l'an  177  de  1  Hégire, 
lit  porter  delà  les  matériaux,  qui  fervirent  a  k  conftruaion  de  la  grande  Mof^ 
Guée  de   Cordoue,  par  fes  habitans.      ,.,..,,  ^      r 

Ce  Klialife  eut  deux  concubines  qu  il  aimoit  éperduement ,  1  une  nommée 
«>elamah  &  l'autre  Hababah  :  celle-ci  fut  caufe  de  fa  mort  en  la  manière  que 
Khondemir  rapporte  en  ces  termes  traduits  du  Perfien.  Jezid  étant  en  Palefti- 
ne  qu'il  appelle  Beled  Ai'den  ou  pays  du  Jourdain,  &  fe  divertiffant  dans  un 
iardin  avec  une  de  fes  femmes  qu'il  aimoit  jufqu'à  la  folie ,  on  lui  fervit  à  fa 
collation  des  fruits  les  plus  excellens  du  pays:  pendant  ce  petit  repas  ,  il  prit 
un  grain  de  raifin  qu'il  jctta  à  fa  maîtrelfe,  celle-cy  le  prit  &  le  porta  à  fa  bou- 
che pour  le  manger;  mais  ce  grain  qui  étoit  fort  gros,  tel  que  ce  pays-là  en 
produit ,  paflant  de  travers  dans  fa  gorge  ,  la  ferra  fi  fort ,  qu  elle  en  perdit 
l'haleine,  &  fut  étoufî-ée  en  un  inftant. 

Tezid  furpris  d'un  accident  fi  funefle ,  tomba  dans  un  fi  grand  excez  detnf-- 
tcile  qu'il  pleura  amèrement  la  perte  qu'il  faifoit  d'un  objet  fi  aimable  ,  &   le 
tranfport  de  fon  amour  &  de  fa  douleur  alla  fi  loin  ,  qu'il  crut  ne  pouvoir  re-. 
narer  cette  perte,  qu'en  confervant  le  corps  mort  de  fa  maitreflTe  auprès  de  lui. . 
Il  le  fit  pendant  une  femaine  entière  ,   &  fans  les  infl:ances  que  lui  firent  fes . 
dom-ftiques  ,    qui   n'en  pouvoient  plus  fupporter  la   puanteur ,  il  n'eût  jamais 
cerm^is  qu'elle  fût  enterrée  :   m.ais  le  fepulcre   ne  fut  pas  capable  de  guérir  fa 
frcnefie,  il  voulut  la  faire  déterrer,  &  fa  douleur  augmentant  de  jour  en  jour, . 
le  mit  e'nfin  lui-même  au  tombeau,  ,  ^t     s  r".^  a 

Quelques  Hifl:oriens  écrivent  qu'il  mourut  de  phthifie  à  1  âge  de  quarante 
ans  après  avoir  déclaré  Hefchiâm  ,  fon  frère  ,  pour  fuccefleur  ,  à  condition 
néanmoins,  que  fon  propre  fils,  nommé  Vahd  ,  fuccederoit  à  fon  oncle  ,  cç 
qui  arriva  cffeftivement  fan  de  l'Hegire  125  ,  vmgt  ans  après  la  mort  de  Je- 
^d  fon  père. 

TEZID  Ben  Valid.     Jezid  fils  de  Valid  ,    que  l'on  peut  appeller  Jezid  troi- 
fîème  du  nom,  douzième  Khalife  de  la  race  des  Ommiadcs,     11  étoit  petit-fils 

d  Ad- 


JEZID.  „^. 

é'Abdalraalec,  &  fucceda  à  fon  coufin-germain  Valid,  fils  de  Jezid,  dans  la  mort 
<iuquel  il  avoit  trempé. 

Cette  mort  ayant  été  divulguée  dans  les  provinces  ,  plufieurs   fe  foûleverent 
-contre  Jezid  ,  &  demandèrent  la   vangcance  du  fang  de  Valid.     Marvan  ,  fur 
nommé  Hemâr,  fut  un  des  principaux  foûlevez;  mais  il  fut  bientôt  appaifé  par 
le  don  que  Jezid  lui  fit  du  gouvernement  de  Mefopotamie. 

Ce  Khalife  fut  furnommé  Nakés  &  Ebn  Nakés  par  fobriquet ,  k  caufe  de  la 
néceflîté  où  il  fe  trouva,  faute  d'argent,  de  diminuer  la  paye  des  foldats:  il  ne 
régna  que  ûx  mois  &  mourut  de  la  perte,  félon  quelques-uns  ,  l'an  de  l'Hegire 
126,  de  J.  C.  743. 

Pour  ôter  l'ambiguité  du  mot  de  Valid  ,  qui  fe  rencontre  dans  cette  narra- 
tion, il  faut  fçavoir  que  ce  Valid,  duquel  Jezid  troifième  étoit  fils,  fut  fils  du 
Khalife  Abdalmalek ,  &  eut  quatre  de  fes  frères  qui  furent  auffi  Khalifes  ,  fous 
lefquels  il  avoit  vécu  en  homme  particulier.  Foyez  le  titre  ti'Abdalmalek  ou 
Abdelmelik. 

Ce  Khalife  vantoit  fort  la  nobleiïe  de  fa  race ,  parce  que  fa  mère ,  nommée 
Mah  Afrid  &  non  pas  Schaferend ,  comme  on  le  ht  dans  l'hiftoire  Sarraceni- 
que,  étoit  fille  de  Firouz  fils  d'Iczdegird,  Roy  de  Perfe  ,  &  Firouz  defcendoit 
de  la  fille  de  l'Empereur  Maurice,  du  côté  de  fon  père,  &  du  Khacan  ou  Em- 
pereur des  Turcs,  par  fa  mère.  Il  compofa  même  ce  diftique  fur  fa  généalo- 
gie. Je  fuis  fils  de  Cofroes ,  Roy  de  Perfe  &  de  Marvan  ,  quatrième  Khalife  de 
la  Maifon  d'Ommie ,  &  je  compte  entre  mes  ayeuls  le  Caifiar,  l'Empereur  des 
Romains j  &  le  Khacan,  l'Empereur  des  Turcs. 

JEZID  Ben  Mahlcb  Ben  Abou  Safrah.  Jezid,  fils  de  Mahaleb,  un  des  plus 
grands  Capitaines  de  fon  fiécle,  fut  Général  d'armée  de  Soliman,  feptième  Kha- 
life de  la  Maifon  des  Ommiades.  Il  força  par  fes  armes  les  peuples  de  la  pro- 
vince de  Giorgian  de  fe  foûmcttre  à  lui,  &  tourna  enfuite  du  côté  du  Thaba- 
reftan  ,  où  Akhfchid,  qui  y  commandoit ,  s'oppofa  à  lui  avec  une  fi  puifTante 
armée,  qu'elle  mit  d'abord  en  fuite  les  troupes  d'Iezid. 

Les  peuples  du  Giorgian  ayant  appris  fa  déroute ,  &  croyant  pouvoir  fe  foû- 
lever  impunément,  mafl'acrerent  la  plus  grande  partie  des  gens  qu'il  avoit  lailTés 
pour  la  garde  du  pays.  Jezid  fiir  cette  nouvelle  ,  fit  la  paix  avec  Akhfchid  , 
pour  tomber  avec  toutes  les  forces  fur  le  Giorgian. 

L'on  dit  qu'Akhfchid  ,  pour  acheter  la  paix  d'Iezid  ,  lui  fit  préfent  de  fept 
£ent  mil  drachmes  d'argent  comptant,  de  quatre  cent  charges  de  fafran,  dont  ce 
pays  eft  fort  fertile,  &  de  quatre  cent  efclaves ,  qui  portoient  chacun  un  riche 
Turban  de  foye  dans  un  baffin  d'argent.  Après  cet  accord  ,  Jezid  alla  au  -  de. 
vant  de  l'armée  du  Giorgian ,  dont  Marzaban  étoit  le  chef:  celuy-cy  n'ofant  pas 
tenir  la  campagne  devant  Jezid ,  fe  renferma  dans,  une  de  fes  forterefies ,  où 
ayant  été  forcé,  Jezid  lui  fit  couper  la  tête  ,  auffi -bien  qu'à  un  grand  nombre 
Jes  principaux  Officiers  de  l'armée  des  rebelles ,  fit  pendre  enfuite  quatre  mil 
foldats  des  plus  mutins,  &  donna  à  fes  troupes  le  pillage  de  toute  la  province. 

Voici  ce  que  fit  lezid ,  fils  de  Mahaleb ,  fous  le  règne  de  Soliman ,  fils  d'Ab- 
4almalek.  Foyez  ce  qu'il  fit  depuis  dans  le  titre  d'Iezid  Ben  Abdalmalek. 

JEZID  Eddin,  furnom  de  Houfl'ain  Ben  Ali.  Foyez  le  titre  de  Thograi. 

Rr  i  JEZIDI, 


3i<5  J  E  Z  I  D  r. I  L. 

JEZIDI,  Auteur  d'une  traduftion  d'Euclide.    Voyez  KcMqs,  6?  Oclîdes. 

I G  T  A  R ,  petit  paj^s  compris  dans  l'Arménie.  Salam  ,  Ambafladeur  du  Kha- 
life Vathek  vers  les  pays  Septentrionaux  ,  pafla  par  ce  paj^s  pour  joindre  le 
Roy  d'Arménie,  &  de-là  pénétrer  jufquau  pays  d'iagiouge  ,  ou  des  Hyperbo- 
reens. 

IGUR  &  Aigur ,  nom  d'une  Tribu  des  Turcs  Orientaux  ,  laquelle  vint  au 
fecours  d'Ogouzkhan ,  pendant  qu'il  foûtenoit  une  rude  guerre  contre  fon  père 
&  fes  oncles,  au  fujet  de  fa  Religion. 

Ces  Princes  Idolâtres  ne  pouvoient  fouffrir  qn'Ogouz  eût  renoncé  à  leurs  fu- 
perititions  pour  profeiFer  l'unité  de  Dieu  ;  ils  l'attaquèrent  de  toutes  leurs  for- 
ces pour  ce  fujct,  &  il  auroit  fuccombé  à  leurs  efforts,  fi  des  peuples  voifins, 
qui  avoient  embraffé  fa  nouvelle  Religion  ,  n'eulfent  joint  leurs  troupes  aux 
ûennes. 

Ogouz  fortifié  de  ce  fecours  &  encore  plus  de  la  protection  de  Dieu  ,  fur- 
monta  tous  ^es  ennemis  ,  &  donna  à  ces  troupes  le  nom  d'Igur  ou  Aigur , 
qui  fignifie,  en  la  langue  du  pays,  Défenfe,  protection  &  alliance:  Il  en  fit  une 
nouvelle  milice,  feparée  &  diftinfte  de  fes  autres  fujets ,  laquelle  s'étant  depuis 
beaucoup  multipliée ,  occupa  cette  partie  du  Tur^eflan  qui  confine  avec  le 
Cathai. 

La  Nation  ou  la  Tribu  d'Igur  a  une  langue  qui  lui  efl  commune  avec  les 
Cathaiens,  auffi  bien  qu'un  Calendrier.  Ils  embralferent  dans  la  liiite  des  tems 
la  Religion  Chrétienne  ,  car  ils  avoient  des  Evêques  particuliers  du  tems  de 
Genghizkhan  :  mais  ils  ne  l'ont  point  conferyée  ,  &  font  aujourd'huy  ou  Ido- 
lâtres, ou  Mahometans.  Voyez  les  titres  de  Giagathai  6f  de  Turkeflan. 

Idi  Koub  ou  Idegou,  Roy  du  pa3\s  d'Igur,  fe  foûmit  à  Genghizkhan  &  le  re- 
connut pour  fon  Souverain ,  après  qu'il  l'eut  vu  maître  de  toutes  les  autres  na- 
tions du   Cathai  &  du  Turkeiîan. 

IHAGI,  hom^me  fort  fpirituel  &  dévot,  qui  remit  le  Foëte  Souzeni  dans  le 

bon  chemin.     Voyez  le  titre  de  Souzeni. 

IHIBA,  c'cH  le  même  qu'îba  ou  Ibas,  Evèque  de  Mefopotamie  ,  duquel 
l'on  peut  voir  un  peu  plus  haut  le  titre. 

I L  ,  en  Turc  fignifie  Pays ,  Province.  Roum  Ili ,  le  Pays  des  Grecs  ou  des 
Romains.  Nous  l'appelions  vulgairement  la  Romelie  ou  la  Romanie ,  &  ce  mot 
fe  prend,  fouvent  chez  les  Turcs  pour  l'Europe ,  de  même  qu'Andoli ,  qui  figni- 
fie proprement  la  Natolie ,  fe  prend  chez  eux  pour  l'Afie  en  général. 

Arnaud  Ili,  l'Albanie;  Magiarlli,  la  Hongrie;  Erdel  Ili,  la  Tranfilvanie,  &c. 
Les  Turcs  ont  un  proverbe  ,  dont,  ils  fe  fervent ,  quand  on  leur  demande  des 
nouvelles,,  ^en  répondant  à  celuy  qui  les  interroge,  Begler  Sagler  Hier  amanler, 
ks  Scigncui-s  fe  portent  bien  &  les  provinces  font  en  paLx  :  cela  veut  dire  :  Il 
n'y  a  rien  de  nouveau; 

Il ,  fignifie  auffi  en  Turc  l'année  ;  mais  on  l'écrit  fouvent  avec  un  double  l. 
Tlan  II,  l'année  du  Serpent.  Pars  II,  l'année  du  Loup  Cervier  ou  du  Léopard. 
Dongou^  II,  Tannée  du  Porc.    Taufchdn  II,  l'anncc  du  Lièvre,  &c.   Tous  ces. 

noms- 


•  I    L    A    K.  317 

noms  s'appliquent  aux  années  d'un  Cycle  particulier ,   que  les  Turcs  Orientaux 
ont  dans  leur  Calendrier.     Voyez  le  titre  de  Giaghet  ïchagh. 

ILAK,  nom  du  quatrième  fils  de  Turk  fils  de  Japhet ,  auquel  plufieurs 
donnent  auffi  le  nom  de  Foudath.  Emir  Khovand  Ichah  écrit  qu'llak  fe  trou- 
vant dans  le  pays  nommé  Silouk  où  il  habitoit  avec  fon  père  ,  ik  ayant  apperçu 
que  la  viande  qui  lui  ctoit  tombée  des  mains  fur  la  terre  où  il  maiigeoit,  étoit 
devenue  plus  lavoureufc,  &  que  Teaa  qui  couloit  près  le  même  lieu  étoit  chau- 
de, il  en  avertit  fon  père;  &  que  par  ce  moyen  l'ufagc  du  fel  qui  juiqu'alors 
étoit  inconnu  dans  les  pays  Septentrionaux,  fut  introduit. 

Le  même  Auteur  dit  auffi  que  la  nation  des  Turcs  qui  confine  avec  les  Per- 
fes,  le  Gihon  entre  deux,  tire  fon  origine  de  cet  Ilak  ,  &  que  le  même  a 
donné  auffi  fon  nom  à  une  Province  du  Turkellan,  &  à  une  ville  du  KhoraC- 
fan ,  comme   nous  allons  voir. 

ILAK,  nom  d'un  pays  particulier  duTurkeftan,  qui  eft  contigu  à  la  Pro- 
vince de  Schâfche.  Sa  principale  ville  nommée  Tonkat ,  ou  felOn  quelques- 
uns,  Nobakht,  cil  fituce  au  pied  d'une  montagne  appellée  Schabali?h,  fur  une 
rivière  qui  arroufc  fes  Jardins.  Les  Kabitans  du  pa3-s  ont  bâti  un'^mur  depuis 
le  pied  de  leur  montagne  jufqu'à  la  rivière  de  Schafche  qui  cil  le  Sihon  ,  pour 
arrêter  les  courfcs  que  les  Turcs  plus  Septentrionaux  qu'eux  ,  pourroient  faire 
dans  leur  pays. 

Le  pays  d'Ilâk  a  une  rivière  qui  porte  fon  nom,  &  il  comprend  tout  le  ter- 
roir qui  ^tend  depuis  Tonkat  jufqu'à  Schafche  en  tirant  dû  Midy  au  Septen- 
trion, de  forte  qu'il  efl  tout  entier  dans  le  fixième  .climat ,  fous  la  longitude 
de  89  degrez  10  minutes,  &  43  degrez ,  20  minutes  de  latitude  Septentria- 
nale,  félon  la  fupputation  d'Aboulfeda;  mais  félon  le  calcul  de  Naffi-reddin  & 
d'UIugh  Bagh.  .Toncat  eil  fituée  k  loi  degrez  de  longitude,  &  à  43  degrez,  25 
minutes  de  latitude. 

Al  Bei-gendi  écrit  que  le  pays-  d'Ilàk  eil  félon  tjuelques-uns ,  des  dépendaji- 
ces  de  la  ville  de  Bokharah,  &  félon  ies  autres,  de  celle  de  Schafche,  &  qu'il 
eft  fitué  dans  le  cinquième  climat. 

ILAK,  Ville  des  dépendances  de  celle  de  Nifchabour,  une  des  quatre  capi- 
tales de  la  grande  Province  de  Khorauan,  félon  A!  iîcrgendi  ,  qui  lui  donne 
auffi  le  "nom  d'Ilaki  :  c'efl:  peut-être  une  colonie  de  Turcs  qui  ayant  paflc  le 
Gihon,  fe  font  établis  en  ces  quartiers-là,  comme  ils  ont  fait  plufieurs  fois  dans 
le  même  pays. 

ILAK,  &  Jalak,  Ville  de  Nubie  fituée. entre  deux  bras  du  Nil.  Elle  eft 
difl:ante  de  Galovah  ,  de  dix  journées  ,  &  l'on  en  compte  trente  jufqu  a  Mar- 
cathah  en  Ethiopie.  Les  habicans  de  cette  ville  qui  a  un  Prince  particulier, 
font  leur  commerce  avec  l'Egypte,  par  le.  Nil  qu'ils  defcendent  jufqu'à  la 
montagne  tle  Gcnadel  où  efl:-  la  grande  catarafte  de  ce  fleuve:  c'efl  en  ce  lieu 
qu'ils  font  obligez  de  décharger  leurs  marchandifes  ,  &  de  les  faire  porcer  par 
terre  jufqu'à  Afovân  qui  efl;  l'ancienne  ville  de  Syene  fituée  auffi  fur  le  Nil.- 

Le  Prince  d'ialak  qui  étend  fa  jurifdiflion  dans  toute  .l'iOe  que  le  Nil  en-- 
fenne  dans  fes  dsux  bras ,   rcconnoît   cependant  pour  Souvcraui  le   Roy  do 

Rr  3  Nubie  5; 


jr8  TLA  L.  I  L    A  R  S  L  A  N. 

Nubie,  dont  les  Etats  ont  une  grande  étendue,  &  font  entièrement  indépendants 
du  Negoufcho  ou  Negiafchi ,  Empereur  d'Ethiopie,    f^oyez  Allaki  âf  Ollaki. 

IL  AL,  Château  très-fort  fitué  dans  le  Mazanderân,  où  la  mère  de  Moham- 
med Khovarezm-Schah  fe  retira  avec  tous  l'es  trefors  qu'elle  avoit  fauves  de  la 
déroute  de  fon  fils  pourfuivi  par  Genghizkhan.  Ce  Château  fut  contraint  de  fe 
rendre,  faute  d'eau,  aux  Tartai-es  qui  l'aflîegeoient. 

ILAMESCH  Al  Hanefi,  Auteur  du  livre  intitulé  OJfoul  aldin  ou  eddîn^  les 
Fondcmens  de  la  loy  ,  Ouvrage  appuyé  fur  les  principes  du  Doftèur  Abott 
Hanifah ,  un  des  quatre  chefs  des  fe6les  Orthodoxes  du  Mufulmanifme. 

ILAN;  ce  mot  fignifie  en  Turc  un  Serpent.  Ok  Ilan,  un  Serpent  flèche', 
c'eft-à-dire,  dans  la  même  langue  un  Serpent  volant,  ou  un  Scorpion  volant: 
il  s'eft  vu  de  ces  fortes  d'infeéles  dans  la  Chaldée  ,  &:  dans  l'Arabie  ,  lorfque 
quelque  vent  les  y  a  portés  d'Afrique  où  ils  s'engendrent. 

Il  Ilan  ou  Ilan  II ,  l'année  du  Serpent ,  fignifie  auffi  chez  les  Turcs  Orien- 
taux le  fixième  Tchagh  du  Cycle  de  douze  ans  qui  eft  en  ufage  parmi  eux  auffi- 
bien  que  chez  les  Cathaiens  qui  appellent  en  leur  langue  cette  même  année 
Siz,  &  les  Perfans  Màr,  mots  qui  fignifîent  tous  un  ferpent. 

Les  Hifloriens  Orientaux  marquent  fouvent  leurs  époques  du  caraâere  des 
années  de  ce  Cycle,  lors  qu'ils  traitent  principalement  des  faits  qui  regardent 
l'expédition  des  Mogols  ou  Tartares  fous  Genghizkhan ,  &  fcs  fuccefleurs ,  dans 
leur  propre  langue.  -  ^ 

IL  ARSLAN,  troifième  Sultan  de  la  dynaftie  des  Khovarezmiens ,  étoit  fils 
aîné  d'Atfiz.  Il  avoit  un  cadet  nommé  Soliman-fchah ,  qui  voulut  lui  difputer 
la  couronne  ;  en  effet  ce  Prince  s'empara  d'une  partie  des  Etats  de  fon  père  ; 
mais  Il-Arflan  ne  lui  donna  pas  le  tems  de  fortifier  fon  parti,  il  le  furprit,  & 
le  tint  prifonnier  pendant  tout  le  tems  de  fon  règne  qui  ne  dura  que  fept  ans. 

Il  Arflan  ne  laifTa  pas  de  'faire  pendant  un  règne  aufli  court  de  fort  grandes 
conquêtes,  foit  dans  les  Provinces  Tranlbxanes  au-delà  du  Gihon,  foit  dans  le 
Khorafian,  ce  qui  fit  que  l'Etat  des  Khovarezmiens  commença  de  fon  tems  à 
devenir  fort  confiderable  ,  les  affaires  des  Selgiucides  allant  toujours  en  décli- 
nant, &  celles  des  Khovarezmiens  prenant  une  telle  vigueur,  qu'il  étoit  aifé  de 
juger   que  ces  Princes  venoient  prendre  la  place  des  autres  dans  l'Afie. 

Ce  Sultan  mourut  l'an  de  l'Hcgire  547  ou  S57^->  car  les  Hifloriens  font  par- 
ta<Tez  fur  ce  point,  &  laiflli  pour  fuccelTeur  Solthân  Schah  fon  fils. 

Khondemir,  dont  le  calcul  des  années  du  règne  des  Khovarezmiens  ne  s'ac- 
corde pas  avec  celui  des  autres  Hifloriens ,  écrit  qu'Atfiz  étant  mort  dans  la 
vallée  nommée  Khabou - Schân ,  une  des  plus  belles  de  toute  l'Afie,  Il-Arflan 
fon  fils  lui  fucceda  l'an  de  l'Hegire  551. 

L'Auteur  du  Nighiariftan  rapporte  un  fait  remarquable  touchant  la  mort 
d'Atûz,  &  le  commencement  du  règne  d'il  Arflan  fon  fils.  Il  dit  que  quelque 
tems  avant  qu'Atziz  mourut  ,  pendant  que  fes  amis  l'entretenoient  au  chevet 
de  fon  lit ,  ce  Sultan  entendant  la  voix  d'un  homme  qui  lifoit,  impofa  aufli-tôt 
filence  à  ceux  qui  parloient,  &  leur  recommanda  de  prêter  l'oreille  attentive- 
ment à  ce  qui  fe  lifoit.     On  entendit  alors  fort  intelligiblement  ces  paroles 

de 


I  L  D  I  R  I  M.  —  I  L  E  K.  3ip 

de  l'Alcoran  :  Uma  tedri  nefs  beat  temout,  Perfonne  ne  fçait  en  quel  lieu  il 
doit  mourir. 

L'on  dit  que  ces  paroles  firent  une  fi  grande  impreffion  fiir  fian  efprit,  qu'il 
ne  fongca  plus  dès  lors  qu'à  fa  mort;  &  qu'il  déclara  en  même  tems  pour  fuc- 
cefTeur  fon  fils  aîné  nommé  Il-Arflan ,  duquel  nous  parlons.  Ce  Prince  mourut 
l'an  de  l'Hegire  558,  &.  laifla  fa  couronne  à  Soltan  fchah  fon  fils,  comme  nous 
avons  déjà  vu  cy  defTus. 

Le  mot  d'il  qui  eft;  prcpofé  à  celui  d'Ardan  dans  le  nom  de  ce  Sultan ,  fîgni- 
fie  en  langue  Khovarezmienne  Fort  &  Vaillant.  Nous  le  trouverons  encore 
dans  les  noms  de  plufieurs  autres  Princes.  Quelques-uns  veulent  que  ce  mot 
fbit  Mogolien  ou  Tartare.    Foyez  plus  bas  II  khân,  &  Ilek  khan. 

ILDIRIM,  le  Foudre  en  Langue  Turque.  Bajazet  premier  du  nom,  Sultan 
des  Turcs  Othomanides  ou  Othomans  ,  porta  ce  furnom.  Foyez  k  titre  de 
ce  Sultan.. 

ILDIZ,  fignifie  en  langue  Turque  une  Etoile.  Atilan  Ildiz,  étoile  jettée. 
Les  Turcs  appellent  ainfi  ces  feux  qui  femblent  être  autant  d'étoiles  qui  chan-- 
gent  de  place  dans  le  firmament  pendant  les  grandes  chaleurs  de  l'été.  Les 
plus  fimples  d'entre  les  Mufulmans  croyent  que  ce  font  autant  de  foudres  que 
les  Anges  lancent  contre  les  Démons  qui  veulent  s'approcher  du  ciel  d'où  ils 
ont  été  chaffez. 

Ildiz  eft  âufli  le  nom  d'un  des  principaux  Efclaves  Turcs  affranchis  par  She- 
habeddin  Sultan  des  Gauridcs,  lequel  s'empara  après  la  mort  de  fon  maître,  des 
Provinces  de  Kermân,   &  de  Sourân  ,  &  même  de  la  viUe  royale  de  Gaznah" 
où  il  régna  quelque  tems:   mais  il  fut  enfin  détrôné  par  Iletmifche ,  duquel  il 
fera  parlé  un  peu  plus  bas. 

Cet  Ildiz  portoit  le  furnom  de  Tàgeddin;  il  étendit  fes  Etats  jufqu'au  pays 
de  Sind  fur  le  fleuve  Indus,  car  les  Provinces  de  Kerman  ou  Caramanie  Per- 
fienne ,  &  de  Souran ,  font  cenfées  appartenir  à  l'Indoftan ,  félon  le  fcntiment 
de  quelques  Géographes. 

ILEK  Khan,  fils  de  Cara  Khan,  Roy  du  Turkefi:an,  fit  long-tems  la  guerre 
à  Nouh  ou  Noé  fils  de  Manfor,  feptième  Sultan  de  la  dynaflie  des  Samanides. 
Il  remporta  plufieurs  viftoires  fur  lui,  &  donna  enfuite  beaucoup  de  peine  à' 
Manfor  fécond,  fon  fuccefl^'eur. 

Abdalraalek,  fucceffeur  de  Manfor,  ayant  été  défait  par  Mahmoud,  fils  de  Se-- 
bekteghin,  implora  le  fecours  d'Ilek  khan.     Ce  Prince  le  lui  accorda,   &  partit 
de  Cafchgar  avec  une  puilfante  armée;  mais  au  lieu  d'aller  chercher  les  ennemis 
du  Sultan,  il  vint  droit  à  Bokharah,  fîege  Royal  des  Sultans  Samanides,  &  obli- 
gea Abdalmalek  de  fe  livrer  luy-même  entre  fes  mains. 

Ilek  khan  n'eut  pas  plutôt  ce  Sultan  en  fa  puifiance  ,  qu'il  l'envoya  prifon- 
nier  à  Dizghend,  place  forte,  qui  eft  fort  avant  dans  le  Turkeftan  ,  mettant 
fin  par  cette  lâche  aftion  à  la  dynaftie  des  Samanides. 

Ilek  khan  fut  cependant  puni  de  fa  perfidie.  Car  il  ne  jouit  pas  long-tems 
dii  KhorafTan,  &  fut  défait  en  bîitaille  rangée  par  Mahmoud. 

Il  y  a  eu  encore  un  autre  Ilek  khan  du  tems  de  Tamerlan  dont  le  fiege 
royal  ctoit  à  Marghinân  ville  du  Maovaralnahar  ,  ou  de  la  Tranfoxane.    L'on 

pour- 


320  I  L  E  T  M  I  s  C  H  E.  — -  I  L  I  A; 

pourroit  aifémenf  fe  perfuader  que  le  nom  d'Ilek  khan  feroit  le  même  que  ce- 
lui d'Ilkhan  prononcé  un  peu  plus  fortement  ;  cependant  ces  deux  mots  font 
toujours  fort  diftinguez  dans  les 'Auteurs  Orientaux. 

royez  le  titre  de  Mahmoud  ^  fils  de  Scbekteghin ,  touchant  Ilek  khan  fils  de 
Cara  khan. 

ILETMISCHE,  nom  propre  de  Schamfeddin,  Fondateur  d'une  nouvelle 
dynaflie  dans  *le  Royaume  de  Delli  aux  Indes  ,  où  refide  aujourd'huy  ce  puif- 
funt  Prince,  que  nous  appelions  le  grand  Mogol. 

Quelques  Hilloricns  veulent  qu'il  ait  été  du  nombre  de  ces  efclaves  Turcs 
que  Schehab  eddin,  quatrième  Sultan  de  la  dynaflie  dès  Gctourides ,  avoit  fait 
élever.  Ces  efclaves  ,  comme  l'on  a  déjà  vu  dans  le  titre  d'IIdiz  ,  &  comme 
l'on  peut  voir  plus  amplement  dans  celui  de  ce  Sultan ,  s'emparèrent  auflî-tôt 
après  fa  mort  de  la  plupart  des  Royaumes  qui  relevoient  de  fon  Empire, 
parce  qu'il  n'avoit  point  lailfé   d'enfans. 

D'autres  Auteurs  écrivent  qu'Iletmifche  avoit  été  efclave  de  Cothbeddin  Ibek 
qui  avoit  été  luy-même  Efclave  du  même  Sultan.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  cer- 
tain, efl  que  cet  Affranchi  fe  rendit  maître  du  Royaume  de  Dehcli  ou  Delli 
dans  l'Indoftan  ,  après  en  avoir  chaffé  Aramfchah  qui  y  regnoit  paifiblement 
&  qu'il  dépouilla  enfuite  Naffireddin  du  Royaume  de  Multân  dans  ïq^  mê- 
mes   Indes. 

On  dit  cependant  qu'il  régna  16  ans,  avec  beaucoup  de  prudence  &  de  jufti- 
ce,  ayant  pour  Vizir  Mohammed  Aboufaâd  furnommé  Nezdm  al  molle,  homme 
fàge  ,  &  fçavant  ,  auquel  le  livre  intitulé  Giamê  al  hekaiât ,  qui  elt  un  ample 
recueil  de  différentes  hifloires  ,  a  été  dcdié.  Iletraifche  mourut  fan  de  l'He- 
gire  633,  de  J.  C.   1235,  félon  Khondemir. 

ILGAR,  nom  propre  d'un  Turc  que  l'on  appeîloit  ordinairement  Khovageh 
Ilgar  ,  Maître  llgâr.  Ce  Turc  a  donné  fon  nom  à  une  Bourgade  qui  eft  des 
dépendances  de  la  ville  de  Schafche  au  pays  de  de-là  le  Gihon. 

Cette  bourgade  appellée  Kiriac  Khovageh  Ilgar,  eft  le  Heu  natal  de  Taraer- 
lan  Mefcath  ras  Timur  dit  Ben  Arabfchiah,  c'cft-à-dire  proprement  le  lieu  où 
tomba  cet  avorton. 

Cependant  ce  mot  Ilgar  fignihe  en  Turc,  ancien  &  moderne,  une  incurfion 
militaire,  une  irruption  de  troupes  dans  le  pays  enncmy. 

ILIA,  &  Eilia,  nom  que  portoit  encore  la  ville  de  Hierufalera  au  com.men- 
ccment  du  Mahomctifme,  depuis  que  l'Empereur  Hadrien  lui  eut  donné  le  nom 
é'/Elia  Capitolina,  après  l'avoir  réduite  en  village.  Le  nom  à'JElia  lui  demeura 
chez  les  Grecs  &  chez  les  Romains  en  mémoire  de  cet  Empereur ,  dont  le  nom 
propre  étoit  /Eîius. 

L'Alcoran  dans  le  chapitre  fécond,  fait  parler  Dieu  aux  Juifs  en  cette  ma- 
nière :  Entrez  dam  cette  ville.  Houffain  Vaez  paraphrafe  ainfi  ce  paffage  :  En- 
trez dans  cette  ville  d'Eilia  qui  eft  Hierufalem,  ou  dans  celle  d'Ariha,  qui  eft 
Jéricho,  appellée  autrement  la  ville  des  Géants. 

Les  Hiftoriens  Arabes  qui  ont  écrit  la  vie  des  Khahfes  ,  difent  tous  unani- 
mement qu'Omar  le  fécond  Khalife  des  Mufulmans  ayant  pris  la  ville  d'Eilia 
par  compoûtion  l'an  :de  l'Hegire  16  &  de  J.  C,  637,  promit  aux  Chrétiens  que 

leur.-î 


I    L    I    A.  3„ 

leurs  Eglifes  ne  feroicnt  ni  fermées,  ni  démolies;  &  qu'il  ne  vdulut  pas  mc-ni' 
y  entrer  de  -peur  que  les  Miifulmans  ne  s'en  emparalll-nt  fous  prétexte  qu-  leur 
Khalife  en  auroit  pris  polfeflioii  en  y  faifant  fa  prière,  &  en'àn  qu'il  fic'^coi. 
ftruire  une  Mofquée  au  lieu  où  le  Temple  de  Salomon  avoit  été  autrefois  bâti. 
f^oyez  le  titre  de  Cods. 

Affadi  Poète  Perfien  fait  un  étrange  anachronifme  ,  lorfqu'il  dit  que  la  ville 
de  Hierufalera  que  l'on  appelle  prefentemcnt,  Beit  almocaddes,  la  Maifon  fain- 
te ,  à  caufe  de  fon  temple  ,  portoit  du  tems  de  Zohak,  un  des  plus  anciens 
Roys  de  Perfe  ou  de  l'Orient  ,  que  quelques-uns  veulent  avoir  été  le  même 
que  Nembrod,  le  nom  d'Eilia. 

ILIA,  &  quelquefois  Ili.  Le  Prophète  Elie  que  les  Mufulmans  croyent  être 
le  même  que  Khedher  ou  Khizir,  comme  les  Turcs,  &  les  Perlàns  prononcent 
ce  mot.  Ce  nom  de  Kheder  qui  fignifie  en  Arabe  Verdoj-ant,  a  été  donné  à 
Elie,  à  caufe  de  la  durée  immortelle  de  fa  vie  qui  le  maintient  toujours  dans 
un  état  floriflant  au  milieu  d'un  Paradis  ou  Jardin  élevé  ,  que  l'on  pourroit 
prendre  pour  le  ciel  même. 

C'cft  ce  qui  fait  dire  à  un  Poëte  Turc  ces  paroles  dignes  .d'un  Chrétien: 
Gardez-vous  bien  de  croire  que  la  terre  foit  vôtre  domicile ,  vôtre  véritable 
demeure  n'ell  autre  que  le  ciel.  Efforcez-vous  d'arriver  par  vôtre  vertu  oij 
ell  Elie;  car  c'efl  dans  ce  Jardin  élevé  que  vôtre  place  efl  marquée, 

Plufieurs  Juifs  ont  cru  qu'Elie  étoit  le  même  que  Phinees  ,  fils  d'Eleazar  & 
petit-fils  d'Aaron,  à  caule  peut-être  du  grand  zèle  que  l'un  &  l'autre  ont  fait 
paroître  pour  le  culte  du  vrai  Dieu.  Cette  opinion  des  Juifs,  fondée  fur  l'er- 
reur de  la  metempfychofe ,  a  été  embrafîce  par  les  Mahometans ,  &  même  par 
quelques   Chrétiens  Orientaux. 

Les  Mufulmans  avancent  auffi  qu'Elie  fut  envoyé  de  Dieu  pour  prêcher  l'u- 
nité de  Dieu  aux  habitans  de  Baalbék,  que  quelques-uns  croyent  être  l'ancienne 
ville  de  Palmyre  ,  &  pour  leur  faire  abandonner  le  culte  de  l'idole  de  Baal , 
duquel  leur  ville  a  tiré  fon  nom. 

Les  Mages  de  Perfe  prétendent  que  Zoroaftre  leur  Prophète  a  été  un  des 
difciples  d'Elie,  ou  au  moins  que  leurs  ancêtres  ont  été  inflruits  par  les  difci- 
ples  des  deux  Prophètes  Elie  &  EHfée.  La  fiftion-  de  cette'  fable  tire  fon  ori- 
gine de  ce  que  le  Prophète  Elie  fit  tomber  plufieurs  fuis  le  feu  du  ciel,  & 
de  ce  qu'il  fut  enlevé  auffi  dans  un  chariot  de  feu,  élément  que  les  Zorouftriens 
font  le  principal  objet  de  leur  culte. 

Les  Mufulmans  ont  auffi  une  tradition  qu'ils  ont  prife  apparemment  des 
Chrétiens ,  à  fçavoir  qu'Elie  doit  paroître  h  la  confommation  des  fieclcs  ;  mais 
ils 'y  ajoutent  que  lui  ou  quelqu'un  de  fa  race  attend  dans  une  certaine 
montagne  le  fécond  avènement  de  Jesus-Christ.  Foyez  le  titre  de  Zctib 
Bar  Elia. 

La  Fontaine  d'Elie,  ou  d^immortalité  que  le  grand  Monarque  nommé  Dhou!- 
carnein  chercha  en  vam  ,  ell  fort  fameufe  dans  tous  les  Romanç  de  l'Orient; 
c'efl  d'où  les  nôtres  ont  pris  la  fontaine  de  jouvence  dont  l'eau  produit  le 
même  eff^et  que  celle   d'Elie.     Foyez  le  titre  d'Ab  Haiat. 

Les  Hifl;oriens  de  Perfe  font  vivre  les  deux  Prophètes  Elie  &  Elifée  au  tems 
que  Caicobad,  premier  Roy  deja  dynaftie  des  Caianides,  regnoit  en  Perfe. 

.Tome  II.  S  s  ÎLKHAN, 


322  I  L  K  H  A  N. 

IL  KHAl!>f,  dernier  Roy  des  Mogols  de  la  race  d'Ogouz-Khan.  Il  étoit 
fils  de  Menkeli  où  Mtngheli  khan. 

Ce  fut  du  tems  de  ce  Prince  que  Tour,  fils  de  Feridoun  Roy  de  Perfe,  qui, 
avoit  eu  de  fon  père  pour  partage  le  Maovaral  nahar  qui  cil  le  pays  au  de-là. 
du  Gihon,  entreprit  la  conquête  du  Tuikcftan.  Pour  accomplir  ioa  dellein, 
il  lui  fallut  faire  la  guerre  à  Ilkhan  qui  en  poiîedoit  la  plus  grande  partie  ;  mais 
il  trouva  tant  de  refiltance  de  ce  côté-là,  qu'il  tut  obligé  de  s'aliier  avec  Sou- 
nege,  dernier  Roy  de  la  race  de  Tatar,  lequel  pouffé  par  une  ancienne  jaloufie 
qui  avoit  toujours  duré  entre  les  deux  nations  des  Mogols  ,  &  des  Tarti-ires ,. 
joignit  toutes  fes  forces  à  celles  de  Tour 

Le  Perfan  fortifié  d'un  fi  puiiTant  fecours,  pénétra  jufqu'au  milieu  des  Etats 
d'Ilkhan  ,  oij  lui  ayant  livré  bataille,  les  deux  aimées  combattirent  avec  tant 
d'opiniâtreté  ,  &  avec  un  fi  heureux  fuccez  pour  les  Pcrfans  que  de  toute 
cette  grande  armée  d' ilkhan  où  toute  la  nation  des  Mogols  combattit  fous  lui, 
il  n'y  eut  que  Kian  fils  d'ilkhan,  &  un  de  fes  coufins,  nommé-  Tegouz,  avec 
leurs  femmes ,  qui  purent  fauver  leurs  vies. 

Ces  quatre  perfonnes  feules  s'étant  cachées  le  jour  parmi  les  morts,  prirent 
des-  chevaux  pendant  la  nuit,  &  gagnant  les  détroits  des  montagnes,  fe  mirent 
en  pleine  feureté. 

Si  nous  en  voulons  croire  l'hifloire  des  Mogols  ,  ces  quatre  fugitifs  ne  fça- 
chant  quel  chemin  prendre  ,  s'enfoncèrent  fi  avant  dans  ces  montagnes  ,  qu'ils 
n'en  purent  trouver  aucune  iffue,  de  forte  qu'après  avoir  erré  long-tems  dans 
les  détours  de  leurs  vallons ,  ils  prirent  la  refolution  de  grimper  fur  la  crouppe 
de  celle  qui  leur  parut  la  plus  facile  à  gagner  ,  &  ils  n'y  furent  pas  plutôt 
arrivez ,  qu'une  campagne  delicieufe ,  couppée  par  plufieurs  ruiffeaux  &  plantée 
de  toutes  fortes  d'arbres  fruitiers,  fe  prefenta  à  leurs  yeux,  &  leur  caufa  une 
furprife  bien  agréable.  Ce  fut-îà  qu'ils  fe  délafferent  à  loifir  de  toutes  leurs 
fatigues,  &  où  ils  refolurent  de  fixer  leur  demeure. 

Sur  cette  montagne  nommée  Erkené  Koun,  qui  efl  la  plus  haute,  &  la  plus 
renommée  de  tout  le  MoguHftan,  Kiin  &  Tegouz  établirent  leur  petite  colo- 
nie ,  laquelle  s'augmenta  ii  fort  par  la  fucceflion  des  tems  ,  que  les  hommes , 
&  leurs  troupeaux  s'étant  multipliez  prefque  à  l'infini ,  il  fallut  que  ce  peuple 
fortît  d'un  lieu  qui  n'étoit  plus  ni  capable  de  les  nourrir,  ni,  pour  ainfî  dire, 
de  les  contenir.  Cette  necefîité  les  obligea  d'entreprendre  une  irruption  dans 
leur  ancien  pays,  &  elle  leur  reùffit  fi  heureufement,  qu'ils  s'en  rendirent  en= 
tierement  les  maîtres  en  fort  peu  de  tems. 

C'efl  une  tradition  conftante  parmi  les  Mogols  que  ceux  qui  font  defcendus 
de  la   race  de  Kiân  ,  furent  furnommez  Kiàt ,   &  que  la  pofterité  de  Tegouz . 
fut  nommée  Derlighin. 

IT^KïIAN,  &  Ilkhani ,  furnom  de  plufieurs  Sultans  &  Princes  qui  font 
nommez  Ilklianiens ,  à  caufe  qu'ils  font  fortis  d'une  flimille  dont  le  plus  ancien , 
qui  eîl  comme  la  fouche  de  tous  les  autres,  portoit  le  nom  d'Argoun,  &  étoit 
fi!s  d'Abufai.i,  Empereur  des  Mogols  de  la  race  de  Genghizkhan. 

Un  des  defcendans  de  cet  Argoun  eut  un  fils  nommé  Haffan  Nuiàn  Ilekhani, 
que  l'on  furnomme  encore  HalPan  Ruzruk,  Halfan  le  Grand,  pour  le  diftinguer 
de  Haffan  Kuj;iuk,  ou  I TafTan  le  Petit,  qui  fut  <chef  de  la  fimiille  ou  dynafbie 
des  Gioubaniens,  ou  Tchobanicns. . 

Haffan 


I  L  M  I  N  G  E'.  I  M  A  M.  323 

Haffan  Buzruk  fut  le  premier  Sultan  de  la  dynaflie  des  Illdianiens,  &  vemz 
vingt  ans,  lailHint  pour  fuccçffeur  Sultan  Avis  fon  fils  qui  Ci;  régna  dix-neuu 

Sultan  Avis  ou  Vois  eut  deuxenfans,  dont  l'aîné  nommé  Sult;iu  l'ouHainno 
régna  que  huit  ans,  &  fut  dépolfedé  par  fon  frère  nommé  Sultan  Ahmed  Ben 
Avis,  lequel  en  régna  vingt-neuf,   &  fut  enfin  dépouillé  par  Tamerlan. 

Ces  quatre  Princes  ont  régné  fucccffivemcnt  environ  75  ans  depuis  l'an  de 
THegire  737,  qui  eft  de  J.  C.  1336,  jufqu'en  l'an  de  l'Hegire  813,  de  J.  C.  1410. 

Ahmed  Ben  Arabfchah  .décrit  en  la  manière  fui  vante  la  généalogie  d'Ahmed 
Ben  Avis.  Il  dit  que  le  Schcik  Avis  étoit  fils  de  HalTan  ,  qui  clt  cependant 
obmis  dans  le  texte  imprimé  de  cet  Auteur,  que  HalTan  étoit  fils  de  Houfiain, 
celuy-ci  d'Ac  Boga  fils  d'Idkan  ,  &  qu'Idkan  defccndoit  de  Scherfeddin  Scbth 
Alcan  ou  Ilkhan  Argoun ,  fils  d'Aboufaid,  duquel  on  a  déjà  fait  mcnticn. 

Ces  Ilkhaniens  ont  régné  dans  Bagdet ,  &  dans  l'Adherbigian ,  comme  l'on 
peut  voir  dans  les  titres  d'Avis  &  d'Ahmed  Ben  Avis  :  cependant  il  y  a  quel- 
ques Auteurs  qui  donnent  le  nom  d'Ilkhan  aux  Etats  que  ces  Sultans  polfe- 
doient. 

Zig  Ilkhani,  Tables  Ilkhaniennes.  Ce  font  les  Tables  Aftronomiques  de  Naffi- 
reddin  Al  Thouflî,  compofées  par  la  faveur,  &  fous  la  proteflion  de  Hoiagu 
Empereur  des  Mogols,  lequel  a  ^Dorté  le  premier  ce  titre  d'Ilkhan.  Les  Ilkha- 
niens dont  on  a  parlé,  prétendoient  defcendre  en  ligne  direfte  de  Hoiagu,  par 
Abufaid  fon  petit-fils. 

ILMINGE'  Khan,'  nom  du  fils  aîné  de  Turk  fils  de  Japliet.  Il  fucceda 
h.  fon  père  dans  l'Empire  des  Turcs  Orientaux  qui  habitèrent  les  Provinces 
Tranfoxanes,  immédiatement  après  le  déluge. 

Il  gouverna  fes  peuples  félon  les  loix  qu'il  avoit  reçues  de  fon  père,  &  de 
fon  ayeul;  il  y  en  ajouta  cependant  encore  d'autres  qui  firent  fleurir  fes  Etats 
par  la  juftice  qu'il  y  faifoit  rendre,  &  par  la  police  qu'il  y  avoit  établie. 

Toutes  ces  loix  mifes  enfemble  font  ce  que  les  Mogols  &  7'artares  ont  ap- 
pelle Jajpi,  loix  fondamentales  de  la  Religion  &  de  l'Etat  qu'ils  ont  toujours 
obfervées  jufqu'à  ce  qu'ils  ont  embrafie  le  Mahometifmé. 

Dib  Bacovi  khan,  fils  aîné  d'IIminge,  fucceda  à  fon  père  qui  véquit  jnfquà 
une  extrême  vieilIeiTe, 

ïLOUL,  nom  d'un  mois*  du  Calendrier  des  Syriens,  ou  Syromaccdoniens  ,■ 
qui  correfpond  à  une  partie  des  mois  dAoùt  &  de  Septembre.  La  fête  nom- 
mée Aid  al  Salib  qui  efl  l'Exaltation  de  la  fainte  Croix  que  nous  célébrons  le 
quatorzième  Septembre ,  tombe  fur  le  13  jour  de  ce  mois-là. 

IMAM,  fignifie  proprement  en  Arabe,  ce  que  les  Latins  appellent  Antijîes ^ 
celuy  qui  précède,  &  qui  marche  devant  les  autres.  Cette  lignification  eft  gé- 
nérale; mais  les  Mufulmans  appliquent  en  particulier  ce  mot  à  celui  qui  efl;  à 
la  tête  de  leur  afl^emblée  dans  les  Mofquées  ,  &  par  excellence  à  celui  qui  eft 
reconnu  pour  le  chef  fouverain  du  Mufulmanifme  tant  au  fpirituel  qu'au  tem- 
.porel.  Il  y  a  cependant  des  Imams  particuliers  dans  les  villes  qui  tiennent  la 
place  de  ce  premier  Imam;  mais  quant  au  fpirituel  feulement:  car  ce  font  les 
Gouverneurs  &  les  OfBciers  du  Prince  qui  ont  toute  l'autorité  temporelle ,  & 
pour  ainfi  parler,  le  bras  feculier. 

Ss  t  Lorf- 


324  ï    ^    -^    ^^* 

Loi-fque  l'on  parle  abfolumcnt  de  ITmam-de  la  Religion  Mahometane,  l'on- 
entend  toujours  le  véritable  &  le  légitime  lucceiïcur  de  Mahornet,  lequel  poflc. 
de  ,  en  fa  pcrfonne  ,  la  fource  de  Tune  &  de  Tautre  Junfdiclion  ;  parce  que 
toute  Tautorité,  Toit  dans  la  Religion,  ibit  dans  l'Etat  ,  rcfide  en  fli  feule  per^ 
fonne  ce  qui  fait  dire  aux  Mufulmans ,  que  leur  faux  Prophète  étoit  un  Lé- 
eiflateur  formé  fur  le  modèle  de  AIo3'fe,  &  non  pas  fiu*  celui  du  Meffîe ,  qui 
a  déclaré  que  fon  Royaume  n'étoit  pas  de  ce  monde. 

Les  Khalifes  prenoient  donc  le  titre  dlmam  &  en  faifoient  les  fondions,  de 
forte  que  le  Khalife  A'mamon  entrant  un  jour  à  la  Mofquéc,  trouva  fort  mau- 
vais qu'un  particulier  fît  faire  la  prière  publique  ,  &  regarda  cette  adion  com- 
me un  attentat  fur  fon  autorité.     On  parlera  encore  de  ce  fait  un  peu  plus  bas. 

Moftafi  ou  Mollacfi,  un  de  fes  fuccelFeurs,  prit  le  titre  d'Imam  al  hak,  c'elt- 
à-dire,  de  fcul  véritable  &  légitime  Imam,  &  le  fit  même  graver  fur  fes  mon- 

noyes. 

Les  Mahometans  ne  font  pas  d'accord  entr  eux  fur  l'Imamat ,  qui  ell  la  di- 
o-nité  d'Imam.  Les  uns  le  croyent  de  droit  divin,  &  attaché  à  une  feule  fimil- 
fc  comme  le  Pontificat  d'Aaron  ;  les  autres  foûtiennent  d'un  côté  qu'il  eu.  de 
droit  divin  ,  mais  de  l'autre  ils  ne  le  croyent  pas  tellement  attaché  à  une  fa- 
mille, qu'il  ne  puiffe  palîer  dans  une  autre,  tS;:  ils  avancent  de  plus,  que  l'L 
mam  devant  être  félon  eux ,  exempt  non  feulement  des  péchez  griefs  comme 
rinfiielité  ,  mais  encore  des  autres  moins  énormes  ,  il  peut  être  dépofé  s'il  y^ 
tombe  ,  &  la -dignité  transférée  à.  un  autre.  Ce  fentimcnt  a  fait  naître  parmi 
les  Chrétiens  une  des  principales  hércfies  de  Wiclef. 

Quoy  qu'il  en  foit  de  cette  queftion  ,  il  ell  confiant  parmi  ceux  qui  paiTent: 
pour  Orthodoxes  dans  le  Mufulmanifme  ,  qu'après  qu'un  Imam  a  été  re-connu 
pour  tel  par  les  Mufulmans  ,  celui  qui  nie  que  fon  autorité  vienne  immédiate- 
ment de  Dieu  ,  efl  un  impie  ,  celuy  qui  ne  lui  obéît  pas ,  ell  un  rebelle  ,  & 
celui  qui  s'ingère  de  lui  contredire,  doit  pafler  pour  un  ignorant,  félon  la  dé- 
cifion  authentique  qui  en  a  été  faite  pai-  le  Dofteur  Sahal  Ben  Abdallah. 

Les  Schiâites  ou  Schiites  ,  feélateurs  d'Ali  ,  quoy  qu'ils  ne  conviennent  pas 
entr'eux  de  la  fuccefîian  des  Imams  en  particulier  ,  s'accordent  néanmoins  tous 
à  vendiq^ier  ce  droit  à  la  famille  d'Ali,  préférablcment  à  toute  autre,  droit  qu'ils 
difent  lui  appartenir  par  fucccflîon,  Ali  ayant  été  le  feul  immédiat  &  •néccflliire.- 
héritier  de  Mahomet,  Cette  opinion  des  Schiites  fait  qu'ils  refuient  de  recon- 
uoître  aucun  pour  légitime  chef  de  la  loy  -Mufulmâne,  qu'il  ne  prouve  «fa  def- 
cendance  direéte  &  mafculine  de  ce  premier  Imam. 

Ils  paffent  encore  bien  plus  avant  ;  car  ils  Ibûciennent  que  le  principal  point- 
de  leur  Religion,  qui  ell  comme  le  fondement  de  tous  les  autres,  confille  dana. 
la  foy,  &  dans  la  foûmiilîon  entière  &  parfaite  que-  l'on  doit  avoir  en  toutes 
ckoles  à  cet  Imam  :  d'où  vient  i]uc  dans  la  feclc  des  Carmathcs ,  qui  eft  un  rc- 
jctton  de  celle  d'Ali,  tous  les  points  capitaux  du  Muiulmanifme  ,  tels  que  font, 
les  cinq  prières  par  jour,  l'aumône  Ou  dixme  ,  le  pèlerinage  &  tous  les  autres 
préceptes  de  la  loy  ,  ne  font  que  des  allégories  &  des  figures  de  l'obéiifance. 
dûë  à  l'Imam  ou  Chef  de  leur  fefte. 

Ceux  d'entre  les  Mufulmans  qui  ne  fc   foûmettent  pas  à  l'Imam  légitime  &. . 
reconnu,,  font  appeliez  Khaovarege   ou  Kharegiens ,  mot  qui  fignifie  des  gens 
fortis  de  l'obciHance  ,   &  regardez  par  les  autres  comme  d^s  rebelles  &  des  rc-. 
voltez  ,  auxquels' on  efl  obligé  de  faire  la  guerre.     11^ y  en  a  eu  de.  plufieurs. 

fortes  1 


I    M    A    M.:  3-2^ 

fortes ,   &  en  grand  nombre  qui  ont  donné  beaucoup  de  peine  dans  la  fuite 
des  tcms  aux  Khalifes. 

Les  premiers  le  révoltèrent  contre  Ali/qui  les  diilipa  en  fort  peu  de  tems: 
mais  les  Carmathes  qui  ont  fuivi ,  paffcnt  pour  les  pkis  pernicieux  de  tous  les 
Kharegiens,  parce  qu'ils  ne  croyoicnt  pas  que  l'Imamat  ou  la  Dignité  de  chef 
des  Mullilmans,  fût  attachée  h  uiie  nation  particuliài-c ,  comme  à, celle  des  Ara- 
bes', bien  moins  encore  à  une  famille  comme  à  celle  d'Ah'.  ,  f-^oyez  le  titre  de 
Carmathes. 

Abou  Mollem  ,  qui  fit  paffer  le  Khalifat  de  la  race  d'Ommiah  en  celle 
d'Abbas,  fut  l'Auteur  d'une  nouvelle  feéle,  qui  fut  nommée  par  les  Arabes  Al 
Tenaiîlikhiat  al  holûliat,  h  caufe  qu'il  croyoit  ou  feignoit  de  croire  que  l'Ima- 
mat avoit  paflë  de  la  perfonnc  d'Ali,  en  colle  de  HaUan  fon  fils  aîné,  de  Haf- 
fan  à  riouifain"  fon  fécond  fils,  de  celui-cy  à  Mohamned,  autre  fils  d'Ali,  qui 
n'étoit  pas  iifu  de  Fathimah  ,  fille  de  Mahomet ,  fa  première  femme  ,  mais  de 
la  féconde  nommée  Hanifih  ;  de  Mahomet ,  fils  de  Hanifal|  ,  l'Imamat  étoit 
djfcenilu  par  fuccellion  k  fon  lils  Abou  Hafchem,  &  que  de  celuy-cy  l'Imamat 
avoit  fait  un  faut  dans  la  famille  dAbbas  ,  comme  par  une  efpèce  de  transfu- 
fi:)n  ou  metempfychofe,  ce  quefignifie  le  mot  Arabe  Tenalfukhiah  :  mais  cette 
Ode  n'ayant  été  inventée  que  pour  appuyer  le  droit  des  Abbalîîdes  ,  plufieurs 
Khalifes  de  cette  famille,  quoyque  fort  proches  parcns  d'Ali,  ne  lailferent  pas 
d'avoir  de  grands  fcrupules  fur  cette  ufurpation  ,  jufiues-!à  que  quelques-uns 
d'entr'eux  voulurent  s'abdiquer  eux  -  mêmes  ,  &  déclarer  les  Alides  pour  leurs 
fucceflTeurs,  au  préjudice  même  de  leurs  propres  enfans ,  &  remettre  ainfi  je  Kha- 
lifat dans  la  famille  d'Ali,     l'oyez  les  titres  de  Mamon  âf  de  Ridha, 

Les  douze  Imams  dont  la  fucceflîon  ell  certaine  ,  félon  la  doctrine  des  Per- 
fans  ,  font  Ali  &  Hafi;an  ,  fon  fils  aîné,  qui  ont  été  tous  deux  Khalifes.  Le 
troiûème  Imam  eil  Houffain  ,  fécond  fils  d'Ali,  &c. 

Ces  douze  Imams  font  trop  célèbres  parmy  les  Mufulmans,  &  fur -tout  chez 
les  Perfans ,  qui  mettent  leurs  noms  fur  leur  monnoye  ,  pour  n'en  pas  donner 
ici  le  Catalogue  entier. 

Les  douze  Imams  après  Mahomet ,  que  les  Perfans  révèrent  avec  tant  de  fu- 
perftition,  font  dans  l'ordre  qui  fuit. 

Le  I.  Ali,  coufin-germain  &  paternel  de  Mahomet,  dont  il  époufa  la  fille 
nommée  Fathimah,  &  fut  le  quatrième  Khalife. 

Le  2.  Haifan,  fils  aîné  d'Ali,  &  cinquième  Khalife  qui  s'abdiqua. 

Le  3.  Houffain,  fils  puîné  d'Ali,  tué  en  la  journée  de  Kerbelah. 

Le  4.  Ali  ,  furnommé  Zin  alàbcdin,  fils  aîné  de  HoulTain. 

Le  5.  Mohammed  Baker,  fils  de  Zin  alàbcdin. 

Le  6.  Giâfar  Sadik,  fils  de  Mohammed  Baker. - 

Le  7.  Mouffi  Al  Kiadhem ,  fils  de  Giàfar. 

Le  8.  Ali  Ridha,  fils-  de  Mouffa. 

Le  9.  Abou  Giaff'ar  Mohamiffcd,  fils  d'Ali  Ridha,  furnommé  Al  Giaovâd, 

Le  10.  Ali  Askeri,  fils  d'Abou  Giâfar,  furnommé  Al  Zek. 

Le  II.  Haflan  Askeri,  fils  d'Ali  Askeri. 

Le  douzième  &  le  dernier,  Mohammed  furnommé  Mahadî ,  c'eil  -  à  -  dire  ,   le-" 
Directeur  &  le  Conducteur,  que  les  Perfans  prétendent  être  encore  vivant,  & 
devoir,  paroître  avec  le  Prophète  Elle  au  fécond  avènement  de  Jésus -Chrîst,.. 
Sç  être  l'un  des  deux  témoins  dont  il  ell  parlé   dans   l'Apocalypfe.      Fuyez  .es 

■  S  s  3  titres 


325  IMAM. 

titres  de  ces  Imams,  chacun  en  particulier.    Ebn  Al  Sabbdgh  a  écrit  leurs  vies 

fort  au  long. 

Les  Imams  particuliers  de  chaque  Mofquée  font ,    comme    l'on  diroit   parmi 
nous    des   Curez  ou  Officiants,   qui  commencent  les  prières   publiques   &  qui. 
font  une  efpèce  de  prône,  que  les  Mufulmans  appellent  Khotbah  ,    oans  lequel 
on  prie  pour  le  Prince,  &c.     f^oyez  ce  titre. ^ 

Une  des  fonétions  principales  du  Khalife  étoit  de  faire  celle  d'Imam  tous  les 
Vendredis  dans  la  principale  Mofquée  du  lieu  de  fa  réfidence  ,  &  lors  qu'il  ne 
le  pouvoit  faire  ,  il  déleguoit  quelque  Officier  en  fa  place  :  mais  s'il  n'avoit 
délégué  perfonne,  le  plus  digne  des  affiftans  s'acquittoit  de  cette  charge. 

L'Tiiftoire  des  Abbaffîdes,  où  le  Tarikh  al  Abbas  de  Tcharbaftani  rapporte, 
que  le  Khalife  Al  Mamon  étant  allé  fur  le  foir  à  la  Mofquée  dans  Bagdet ,  il 
trouva  que  la  prière  étoit  déjà  commencée  ,  &  qu'un  particulier  avoit  pris  fa 
place  &  fait  la  fonftion  d'Imam;  en  forte  que  lui,  au  lieu  d'être  ce  jour -là 
rimam ,  tel  qu'il  ^toit  par  fa  dignité  de  Khalife.,  fe  trouva  être  Mamoum,c'eft- 
à-dire,  obligé  à  fuivre  comme  tous  les  autres  la  voix  de  ce  particulier. 

Il  fut  fi  fort  piqué  de  cette  rencontre  ,  qu'il  fit  appeller  le  lendemain  celui 
qui  avoit  fait  la  fonftion  d'Imâm  ;  &  enfin  ,  après  plùfieurs  difcours  qu'il  lui 
tint ,  il  s'emporta  contre  lui  &  lui  dit  ,  qu'il  voyoit  bien  que  fon  intention 
avoit  été  de  fe  faire  un  mérite  envers  ceux  de  Bagdet,  &  de  le  décrier  au- 
près d'eux. 

Ce  perfonnage  lui  répondit  d'un  ton  ferme  &  fans  crainte:  J'ai  grande  com- 
paffion  pour  vous,  Seigneur,  à  caufe  de  ceux  qui  font  ici  préfens,  &  qui  vo- 
yent  pour  quel  fujet  vous  m'avez  fait  venir  icy  ;  &  d'ailleurs  ,  j'ai  beaucoup 
de  honte  de  voir  où  aboutit  toute  nôtre  difpute  ,  &  voilà  comme  fe  termina 
l'afi'aire  d'entre  le  Khalife  &  ce  perfonnage. 

Il  y  a  plufieurs  Auteurs  qui  ont  porté  le  titre  &  la  qualité  d'Imam,  ou  par- 
ce qu'ils  ont  exercé  cette  charge ,  ou  parce  qu'ils  ont  excellé  en  doélrine  ,  ou 
en  pieté  au-defilis  des  autres, 

Aboulmaali  Abdalmalek  Ben  Abdallah,  Auteur  d'un  livre  intitulé  Telklns,  qui 
eft  une  revifion  ou  correftion  de  l'ouvrage  de  Cazuini,  intitulé  Erfchàd  fi  ôla- 
ma  al  beladj  cet  Auteur,  dis-je  ,  eft  pour  l'ordinaire  cité  fous  le  nom  d'Imam 
al  Haramein,  parce  qu'il  avoit  été  Imam  dans  les  deux  temples  de  la  Mecque 
&  de  Medine  ,  qui  font  qualifiez  Haram  ,  mot  qui  figni fie  iacré.  Ce  Do6leur 
mourut  l'an  47S  ou  487  de  l'IIegire. 

Mohieddin,  furnommé  Thabari,  porte  le  titre  d'Imâm  mekâm  Ibrahim,  c'efl- 
à-dire,  l'Imam  de  l'Oratoire  d'Abraham  qui  eft  à  la  Mecque. 

Imam  al  adab  ,  l'Imam  des  bonnes  mœurs.  Titre  qui  a  été  donné  à  Ebn 
Nobatah ,  Auteur  de  plufieurs  difcours  moraux  qui  font  fort  eftimez  par  les  Mu- 
fulmans. 

Imam  al  hoda  ,  l'Imam  de  la  direftion  ou  de  la  conduite,  fpirituelle.  Titre 
donné'à  Samarcandi ,  un  des  plus  célèbres  Do6l!èurs  du  Mufulmanifme.  l^oyez 
auJTi  le  titre  ^'Abou  Manfor  ni  Matridi. 

Imam  Zadeh  Al  Bokhari,  le  fils  de  l'Imam  de  Bokharah.  C'eft  le  même  que 
Ferideddin  Mohammed  Ben  Aboubeker  ,  Auteur  de  deux  ouvrages  fur  la  loy 
Mufulmane ,  dont  le  premier  a  pour  titre  Ocoud  al  dcaid,  &  le  fécond  Scherâat 
al  ijlam.    On  les  trouve  tous  deux  daias  la  Bibliothèque  àa  Roy,  n ,.  624. 


IMAN, 


I  M  A  N.  I  N  G  I  U.  §2j, 

IMAN,  h  Foy.  La  plupart  de  nos  Auteurs  qui  parient  du  Mahometirme, 
confondent  ce  mot  avec  le  précèdent.  Les  Mufulmans  difent  qu'il  y  a  deux 
fortes  de  foj-,  la  fpeculative ,  qui  eft  le  fujet  de  leur  Théologie  Scholafliquc; 
&  la  pratique,  qui  comprend  leur  morale  &  leur  Jurifprudcnce.  L'on  parlera 
ailleurs  de  h  foy  des  Mufulmans. 

IMLAK,  c'eft  le  même  qu'Ilak,  fils  de  Turk  &  petit-fils  de  Japhet.  ra- 
yez Ilak. 

INABAADI  &  Ainabaadi ,  furnom  d'Aboubecr  Mohammct  Ben  Mondh 
A'a..iabaadi,  Auteur  d'un  abrégé  du  livre  intitulé  Ekhtdâf  al  oiama  ,  qui  mou- 
rut l'an  319  de  l'Hegire. 

INAL,  nom  propre  du  douzième  Sultan  de  la  féconde  dyrigftie  des  Mnmlucs, 
furnoinmez  Borgites  ou  Circaffiens.  Il  prit  le  titre  de  Malek  Al  Afchraf ,  & 
régna  huit  ans  &  deux  mois ,  après  la  dépofition  de  Malek  Almanfor  Othman 
fon  prédecefleur. 

Ce  Sultan  ,  quoy  qu'âgé  de  près  de  quatre-vingt  ans  ,  lorfqu'il  fut  mis  fur 
le  trône  ,  étoit  û  ignorant ,  qu'il  ne  fçavoit  pas  même  écrire  fon  nom  fur  les 
lettres  patentes ,  ce  qui  donna  occafion  au  Khalife  Caiem  Bemrillah  &  à  quel- 
ques autres  de  murmurer  contre  lui. 

Inai  ayant  appris  ces  murmures  ,  dépoffeda  le  Khalifa ,  fous  prétexte  d'une 
conjuration  qu'il  fomentoit  contre  lui,  &  le  relégua  en  "Alexandrie,  les  Khali- 
fes d'Egypte  étant  pour  jors  dans  une  entière  dépendance  des  'Sultans. 

Cette  dépofition  du  Khalife  arriva ,   félon  la   Chronique   intitulée  Maoured ,  ' 
l'an  863   de  l'Hegire,  &  la  mort,  ou  plutôt  l'abdication  du  Sultan  ,   l'an  865, 
qui   eil  de  J.  C.  1^60,  Liai    ayant   cédé  fa  couronne  à   Malek   Al  Moviad  , 
fon  fils. 

L'on  donne  à-Inal  les  titres  d'Olai,  de  Nafferi  &  de  Dhaheri  ,  à  caufe  qu'il 
avoit  été  achepté  efclave  par  un  Seigneur  nommé  Olaeddin  ,  qui  le  vendit  au 
Sultan  Milek  Al  Dhaher  Barcok  ,  &  eufuite  affranchi  par  le  Sultan  Malek  Al 
NaJer  Farage. 


-o^ 


ING'IU  &  Ingiudan;  les  Arabes  appellent  ainfi  une  efpèce  de  fuc  ou  de  gom- 
me, qui  fe  tire  d'une  plante  ferulacée  du  même  nom  ,  que  les  Perfans  appel- 
lent Ingu,  Inguân  &  Ingudân.     Nous  l'appelions  communément  ^ffa  'fœtida. 

Ces  mots  Arabes  &  Perfiens  font  dérivez  de  Hink,  nom  que  les  Indiens  don- 
nent aujourd'huy,  auffi-bien  que  celuy  d'Ingu,  à  ce  fuc,  dont  ils  font  un  très- 
grand  ufage. 

Les  Grecs  l'appellent  Silphion,  &  les  Latins  Lafer  ou  Laferpithim ,  comme  qui 
diroit  Lac  f?rf>iiiuin  ,  à  caufe  que  les  Cyreniens  ,  dans  le  pays  defquols  cette 
plante  étoit  fort  commune,   l'appelloient  en  leur  langue  Silphi  &  Serpi. 

Il  y  a  deux-  efpèces  de  cette  gomme  :  félon  les  Arabes  ,  ils  appellent  la  pre- 
mière Hiltit  monten,  W-Jffa  fœtida,  &  la  féconde  Hlltit  thaib  ,  que  nos  Botani- 
ques nomment  /Jffa  dulcis  :  cependant  l'une  &  l'autre  a  une  odeur  très-forte. 

Les  Indiens  de  Guzerate  &  de  Cambaya  ne  mangent  prefque  rien  où  ils  ne 
mêlent  cette  drogue.  Ceux  qui  y  font  accoutumez ,  ne  font  point  offonfez  de 
fa  mauvaife  odeur,  non  plus  que  les  Portuguais  de  celle  des  feuilles  de  corian- 
dre qu'ils  font  cuire  avec  leur  viande,  &  les  mômes  In  .liens  difent,  que  les  !e- 

cumes 


'28  J  O.  — —  J  O  H  AN  N  A. 


j 


gumes  &  les  herliages   apprêtez  avec  l'Ingu  ,   ont  le  goût  de  la  viande  qu'ils 
font  fcrupule  de  manger. 

JO  &  Jou;  les  Cathaiens  appellent  ainfi  le  quatrième  Tchagh  de  leur  Cycle 
duodenaire ,  &  les  Igureens  ou  Turcs  Orientaux  le  nomment  Dacouk ,  l'un  & 
Tautre  de  ces  mots  fignifie  une  Poulie.  Les  Turcs  Occidentaux  difent  aujour- 
d'huy  Taouk  pour  fignifier  la  même  chofe. 

JOAKHIM,  Roy  de  Judée,  que  l'on  nomme  auflî  Jechonias  ;  les  Hiflo- 
riens  de  Perfe  difent,  qu'il  fut  défait  par  Raham  ,  Général  des  armées  de  Lo- 
horasb ,  Roy  de  Perfe  de  la  féconde  dynaflie  ,  qui  porte  le  nom  de  Caianiens 
ou  Caianides. 

Les  mêmes  Auteurs  écrivent  auffî  ,  que  Raham  eft  celui  que  les  Juifs  appel- 
lent Nebucadnatfar  ou  Nabuchodonofor,  lequel  ,  félon  eux  ,  n'auroit  pas  com- 
mandé en  Roy  abfolu  dans  Babylone  ;  mais  feulement  en  qualité  de  Viceroy, 
fous  l'autorité  d'un  plus  grand  Monarque. 

JOB.     Voyez  Aioub.  Jobites,  Aioubiah.     Foycz  ce  titra. 

JOHANNA  &  Jouhanua  AI  Engili.  S.  Jean  l'Evangelifte  ,  que  les  Grecs 
appellent  en  leur  langue  vulgaire  Seologos ,  le  Théologien. 

'La  tradition  Orientale,  que  les  Mahometans  ont  reçue  des  Chrétiens,  efl  que 
ce  faint  Apôtre  étoit  l'époux  des  noces  de  Cana  ,  &  qu'après  avoir  vu  le  mi- 
racle que  Jésus- Christ  y  lit,  il  quitta  fon  époufe  pour  le  fuivre. 

Ils  difent  auffi,  qu'il  compofa  en  Grec  fon  Evangile  dans  la  ville  d'Ephefe, 
&  qu'il  le  laiffa  en  dépôt  à  cette  Eglife  qu'il  avoit  fondée.  Les  Mufulmans 
ne  parlent  que  de  fon  Evangile  ,  &  ne  font  aucune  mention  ni  de  ihs  lettres, 
ni  de  fon  Apocalypfe. 

Il  y  a  encore  aujourd'huy  une  ville  dans  la  Natolie  qui  porte  le  nom  de 
faint-Jean  l'Evangelille.  Les  Turcs  l'appellent  Aia  Jouni,  c'eft-à-dire,  S.  Jean, 
&  Aii  Sulug,'  nom  coiTompu  du  Grec  vulgaire  Aiafeologos,  qui  fignifie  S.  Jeao 
le  Théologien.     Cette  ville  ell  dans  le  pays  appelle  autrefois  la  Carie. 

JOHA.NNA  fomm  al  dhchth.  Jean  Bouche  d'or.  C'ell  faint -Jeaii  Chry- 
follome.  .*  Les  Orientaux,  comme  Ebn  Batrik  &  autres,  dilent  que  ce  furnora 
de  bouche  d'or  lui  fut  donné  originairement  par  une  femme  ,  laquelle  pleurant 
ou  fon  exil ,  ou  fa  mort ,  s'écria  :  Ja  Johanna  ,  Ja  fomm  al  dhehé.  O  Jean  , 
ô  Bouche  d'or. 

Le  même  Auteur  ,  que  nous  venons  de  citer  ,  parle  fort  au  long  des  diffé- 
rens  qu'eut  faint-Jean  avec  faint-Epiphane,  &  des  prédirions  que  ces  deux  Saints 
Te  firent  l'un  à  l'autre  ,  de  leur  mort. 

JOHA'N'NA  Al  Rahoum,  Jean  le  Miféricordieux.  C'eft  faint-Jean  l'Aumô- 
nier, qui  fut  élu  Patriarche  d'Alexandrie  dans  la  quatrième  année  du  règne  de 
Phocas.  Il  contribua  de  grandes  fommes  d'argent  ,  pour  faire  rebâtir  les  Egli- 
fes  do  Jcrufalem  &  de  la  Paleitine  ,  que  Cofroes ,  furnommé  Parviz  ,  Roy  de 
Perfe ,  avoit  démolies. 

Ce  Saint  porte  le  titre  de  Rahoum  &  non  pas  de  Rahim  ,  qui  {igniÇiQ  pour- 
tant la  même  chofe,  à  caufe  que  c^t  épithete,  auflî-bien  que  ccluy  de  Rahman, 

font 


JOHANN  A.  JOSCHOVA.  ^^ 

font  Tefervez  à  Dieu  feul ,  &  marquent  l'attribut  de  fa  miféricorde.  Cette  dif- 
férence vient  de  la  délicate/Te  &  de  l'abondance  de  Ja  langue  Arabique ,  ou  du 
profond  refpefl  que  les  Mufulmans  portent  aux  attributs  de  Dieu. 

•JOHANNA  &  Jahia  Al  Nahovi ,  Jean  le  Grammairien,  natif  d'Alexan- 
drie ,  qui  fut  un  des  plus  grands  Philofophes  de  fon  tems.  Il  étoit  Chrétien 
de  Religion  ;  mais  infcélé  de  l'hérefie  de  Severus ,  &  par  confequent  Eutychien. 
ou  Jacobite. 

Il  fut  excommunié ,  dit  Aboulfarage  ,  par  les  Evoques  d'Egypte  ,  pour  n'a- 
voir pas  voulu  abjurer  des  ei'reurs  qu'il  foûtenoit  contre  la  Trinité  ,  &  vê- 
quit  jufqu'au  tems  qu'Amrou  Ben  Al  As  ,  conquit  l'Egypte ,  fous  le  Khalifat 
d'Omar. 

On  dit ,  qu'il  voulut  fe  fervir  du  crédit  qu'il  avoit  acquis  auprès  d'Amrou  , 
pour  fauver  les  livres  de  la  Bibliothèque  fameufe  d'Alexandrie;  mais  le  Khalife 
Omar  ayant  commandé  que  l'on  les  brûlât ,  il  eut  le  déplaifir  de  les  voir  por- 
ter &  diftribuer  à  tous  les  bains  de  cette  grande  ville ,  où  ils  furent  employez 
pendant  fix  mois  à  en  entretenir  le  feu. 

JOHANNA  Ben  MalToviah ,  Jean  fils  de  Mefué  ,  dit  auflî  Abou  Zakaria» 
étoit  Syrien  de  nation  &  Chrétien  de  Religion,  Le  Khalife  Haroun  Rafchid 
le  prit  pour  fon  Médecin  ,  &  lui  fit  traduire  plufieurs  livres  Grecs  &  Syriens 
en  Arabe.  Depuis  ce  tems -là,  il  fervit  toujours  les  Khalifes  jufqu'à  Motava- 
kel,  &  eut  pour  collègues  deux  autres  très -habiles  Médecins,  dont  l'un  nom- 
mé Gabriel  Bakhtifovah,  étoit  Chrétien,  &  l'autre  nommé  Saleh  Ebn  Nahalah> 
étoit  Indien. 

Ce  Doéleur  ne  pratiquoit  pas  feulement  la  médecine  ;  mais  il  l'enfeignoit  aufîi 
&  a  écrit  plufieurs  ouvrages,  dont  celui  que  nous  appelions  ordinairement  l'E-r 
leftuaire  de  Mefué,  efl  entre  les  mains  de  tous  ceux  qui  fe  mêlent  de  Pharma- 
cie. Il  tenoit  auffi  chez  lui  des  conférences  fur  toutes  les  parties  de  la  Phi- 
iûfophie,  &  Aboulfarage  rapporte  quelques  traits  facétieux  de  fcs  converfations. 

JOHANNA  Al  Antaki  ,  Jean  d'Antioche  ,  Auteur  Chrétien,  qui  nous  •  a 
donné  la  continuation  de  l'hifloire  d'Ebn  Batrik  ,  depuis  l'an  326  de  l'Hegire, 
cù  ce  Patriarche  a  iini,  jufqu'à  l'an  400  de  l'Hegire,  qui  eft  de  J.  C.  1009. 

JOSCHOVA  ;  ce  mot  qui  efl  Hébreu  dans  fon  origine  ,  efl  employé  pan 
les  Syriens  &  par  les  Arabes  dans  la  fignification  de  Sauveur,  &  efl  auffi  de- 
venu chez  eux  un  nom  propre  que  nous  prononçons  Jofué  &  Je.fus. 

Le  Sauveur  du  monde,  Jesus-Christ  nôtre  Seigneur,  n'efl  pas  cepen- 
dant ainfi  nommé  chez  les  Mufulmans;  car  ceux-cy  lui  donnent  le  nom  parti- 
culier d'Iffa,  &  laifTent  celui  d'Iofchovà  à  Jofué,  fuccefT^ur  de  Mpyfe,  &  à  Je- 
.  lus ,  fils  de  Sirach ,  Auteur  de  l'Eccléfiaftique. 

Jofué,  fils  de  Noun ,  félon  les  Hébreux  ,  les  Chaldeens  &  les  Arabes,  ou 
Jefus,  fils  de  Navé,  félon  les  Septante  Interprètes,  a  été  tenu  par  quelques  Juifs 
luperflitieux  pour  une  perfonne  élevée  au-delîlis  de  la  nature  humaine  ,  &  qui 
participoit  quelque  chofe  de  la  nature  divine.  Ce  fentiraent  extravagant  a  été 
embrafle  par  quelques  Mufulmans ,  &  les  Schiites  l'ont  adopté  en  faveur  de 
leur  Ali. 

Le  Tank  Montekheb  dit,  qu'il  étoit  petit- fils  d'Ephraiœ,  fils  du  Patriarche. 

ÏOME  IL  T  t  Jofepli, 


â30  J  O  S  C  H  O  V  A. JOULIANOUS. 

Jofeph,  &  qu'il  fut  envoyé  de  Dieu  pour  exterminer  les  Geans  ,  appeliez  par- 
les Helareux   Ghibborim  ,  &   par  les  Arabes  Giabbaroun  &.  Giababerah ,    qui 
étoient  pour  lors  maîtres  de  la  viile  &  du  pays  d'Ariha  ou  de  Jéricho. 

Ce  grand  Capitaine ,  félon  le  même  Auteur  ,  leur  livra  bataille  un  Vendredy 
au'foir,  &  comme  la  nuit  s'approclioit ,  &  qu'il  ne  lui  étoit  pas  permis  de- 
combattre  le  Samedy  ,  à  caufe  de  la  folemnité  du  Sabath  ,  il  pria  Dieu  de  lui; 
accorder  affez  de  tems  pour  finir  le  combat.  Ce  fut  alors  que  ,  par  la  toute-. 
puillance  divine  ,.  le  Soleil  retarda  fa  courfe  ,  &  demeura  une  heure  &  demie 
de  plus  qu'il  n'auroit  fait  fur  l'horifon  ,  &  donna  à  Jofué  tout  le  tems  qui  lui 
étoit  néceffaire  pour  tailler  en  pièces  l'armée  de  fes  ennemis. 

Ce  jour  du  Vendredy  devenu  ainfi  plus  long  que  les  autres  d'une  heure  & 
demie  ,  joiiit  par   ce  moyen  d'une  prérogative  que  nul  autre  jour  n'a  jamais. 
eue,  &  c'efl  une  des  raifons  qui  a  porté  les  Mufulmans  à  le  choifir  entre  tous 
les  autres  jours  de   la  femaine  pour  en  faire  leur  fête,  au  lieu  du  Sabath  des 
Juifs. 

Le  même  Auteur  écrit ,  que  Jofué  étoit  contemporain  de  Naudar ,  Roy  de 
Perfe  de  la  première  dynaflie ,  qui  porte  le  nom  de  Pifchdadiens ,  &  que  Ca- 
leb  lui  fucceda  dans  le  gouvernement  du  peuple  Juif.    Voyez  le  titre  de  Ealafthin, 

JOSCHOVA  Ben  Sirak,  Jefus  fils  de  Sirach.  Les  Mufulmans  qui  ont  eu 
connoiffance  des  livres  de  ce  faint  Perfonnage  ,  tels  que  celuy  de  l'Eccléfiafli- 
que  ,  &  peut-être  celui  de  la  SagelTe  que  nous  atti-ibuons  à  Salomon ,  ont 
feint  que  lui  ou  fon  ayeul ,  qui  pouvoit  porter  le  même  nom  ,  a  été  le  Vizir 
de  Salomon. 

Us  lui  donnent  auffî' une  femme  très-vertueufe ,  qu'ils  nomment  Fikiih,  dont 
la  vie  a  été  écrite  en  Arabe.    Ce  livre  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy, 

n'.  792. 
Nous  avons  auflî  dans  la  même  Bibliothèque,  nV924,  un  ouvrage  ,   intitulé 

Les  Sentences  âf  la   Sagejfe  de  Jefus  ^  fils  de  Sirakh. 

JOUB.     f^oyez  Aioub.    C'efl:  le  faint  homme  Job* 

JOULIAH&  Joulious ,  le  mois  de  Juillet.  Les  Orientaux  l'appellent  ain- 
fi,  &  ils  employent  ce  mot,  lorfqu'ils  fe  fervent  dans  leurs  Tables  Aftronomi= 
ques  &  ailleurs,  du  Calendrier  Julien., 

JOULIANOUS,  fùrnommé  par  les  Arabes  Al  Kafer  &  Barabathis.  C'efl  Ju- 
lien l'Apofliat.  Le  premier  des  titres  que  les  Arabes  luy  donnent  fignifie  Infi- 
dèle; Je  fécond  efl:  corrompu  du  Grec  Parabathes,  qui  fignifie  Déferteur. 

Il  fut  défait  par  Schabour  ou  Sapor  ,  fils  d'un  autre  Sapor  ,  &  tué  dans  fon 
Camp.      Les  Chrétiens  Orientaux  difent ,  qu'il  prononça  ces  paroles   en  mou- 
rant :   Tu  m'as  vaincu  !  ô  fils  de  Marie,  fuccedez-moy  donc,  &  poifedez  le  Ro-  . 
yaume  de  la.  terre  avec  celuy  du  ciel!   C'cffc  ainfi   qu'ils  paraphrafent  le  Vicijîi 
Galilœe^  qui  efl:  rapporté  par  nos  Auteurs» 

Les  mêmes  Orientaux  ont  une  tradition  qui  porte  que  S.  Bafile  ,  j^^vêque  de 
Cefarée  en  Cappadoce  ,  regardant  l'image  de  faint  -  Hernies  ,  la  figure  difparut 
tour-d"un  coup ,  &  fe  lit  voir  peu  de  temps. après  avec  le  bout  de  fa  lance  en- 
fanglantée  ,.  &  qu'ayant  été  remarqué  que  la  mort  de  Julien  étoit  arrivée  dans 
•ç  même  temps,  l'on  crut  qu'il   avoit  été  tué  par  ce  faint-Martyr. 

JOUNAN^. 


J  O  U  N  A  N.  J  O  U  N  O  U  S.  331 

JOU  NAN,  nom  du  quatrième  fils  de  Japhet,  appelle  par  les  Hébreux  Jauan. 
On  ne  doute  point  qu' Jauan  n'aye  donné  fon  nom,  qui  fe  peut  prononcer  Jon , 
aux  Grecs  appeliez  Jones. 

Tous  les  Hiftoriens  conviennent  fur  ce  point;  mais  les  Orientaux  entendent 
toujours  par  le  mot  d'Jpunan  les  anciens  Grecs ,  avant  qu'ils  eulFent  été  fubju- 
guez  par  les  Romains ,  car ,  depuis  ce  temps-là  ,  ces  mêmes  Grecs  ont  porté  lo 
nom  de  Roum  ou  de  Romains,  parce  qu'ils  étoient  fujets  de  l'Empire  Romain, 
dont  le  fiége  s'établit  enfin  chez  eux. 

C'eft  pour  cette  raifon  que  les  meilleurs  Hiftoriens  de  l'Orient  remarquent, 
qu'Alexandre  le  Grand  étoit  Jounani  &  non  pas  Roumi  ,  comme  quelques-uns 
le  furnomment  mal,  non  pas  à  caufe  qu'il  avoit  fubjugué  tout  le  pays  de  lou- 
nan  ou  des  Grecs,  mais  parce  qu'il  étoit  Grec  de  nation. 

Les  Ptolomées  fuccelFeurs  d'Alexandre  ,  qui  regnoient  dans  l'Egypte  &  dans 
la  Syrie,  font  toujours  appelles  Roy  d'Jounan  ou  Jounanioun  ,  c'eft- à- dire, 
Grecs ,  à  caufe  de  leur  origine  ,  quoique  leurs  Etats  n'ayent  jamais  porté  le 
nom  de  Roum. 

.  Scherif  Al  Edriffi  écrit ,  qu'Alexandre  le  Grand  tranfporta  dans  l'Ifle  de  Zo- 
cotora  une  colonie  d'Jounanion ,  c'eft-à-dire ,  de  Grecs ,  pour  y  cultiver  les  ar- 
bres d'Aloés ,  dont  le  fuc  eft  aiîez  connu. 

Il  faut  donc,  bien  diftinguer  les  Jounan  d'avec  les  Roum ,  quoique  ce  foit 
la  même  nation,  pour  entendre  les  Hiftoires  Orientales,    t^uyez  le  titre  de  Roum. 

JOUNANI.  Un  ancien  Grec.  Jounanioun,  les  Anciens  Grecs.  Pitha- 
gore  eft  furnommé  Jounani,  auffi-bien  que  les  Pbilofophes  de  l'ancienne  Grèce. 
Les  Orientaux  difent  que  les  Bathaleflah  ,  ce  font  les  Ptolomées  ,  étoient  Mo- 
louk  al  Jounaniin ,  Roys  des  Grecs ,  &  Molouk  al  Joundn ,  Roys  de  la  Grè- 
ce ,  où  cependant  ils  ne  poflëdoient  rien  ,  à  caufe  qu'ils  étoient  Grecs  d'o- 
rigine, 

JOUNIOUS.     Le  mois  de  Juin  auquel   arrive  le  Solftice  d'été.    Les  Mu-  ' 
fulmans ,  qui  fe  fervent  de  l'année  Arabique  ,  ne  pouvant  fixer  les  Solftices  ni 
les  Equinoxes  dans  leurs  mois  qui  fuivent  le  cours  de  la  lune ,  employent  ceux 
•du  Calendrier  Julien,  &  empruntent  par  conféquent  le  nom  de  leurs  mois. 

JOUNOUS  Ben  Mathai,  c'eft  le  Prophète  Jonas ,  qui  étoit,  félon  les  Hé- 
breux ,  fils  d'Amithai  ;  ce  Prophète  defcendoit  de  Jacob  le  Patriarche ,  &  fut 
envoyé  de  Dieu  pour  prêcher  à  Moful  ou  Mouff^  ville  fituée  fur  le  Tigre, 
dont  tous  les  habitans  étoient  Idolâtres. 

Il  leur  difoit ,  félon  le  Tarikh  Montekheb  :  Si  vous  ne  vous  convertifl"ez  à 
Dieu  avant  un  tel  jour,  vôtre  Ville  périra  infailliblement,  &  cependant  ce  jour 
dont  Jonas  les  menaçoit  étant  arrivé  ,  ils  ne  périrent  point ,  &  le  mal  que  ce 
Prophète  avoit  prédit  fut  détourné  par  leur  pénitence. 

Jonas  demeura  fort  confus  de  ce  que  fa  parole  n'avoit  point  été  accomplie, 
&  refolut  de  s'embarquer  fur  un  vaiifeau  &  d'abandonner  entièrement  le  pays. 
îl  arriva  qu'étant  en  mer,  le  vailTeau  où  il  étoit  monté  s'arrêta  tout -à -coup, 
fans  avancer  ni  reculer  en  aucune  mai)ière ,  de  forte  que  les  Mariniers  réduits 
à  une  extrémité  fi  fàcheufe,  refolurent  de  jetter  un  homme  à  la  mer,  croians 
pouvoir,  par  cette  aftion,  continuer  leur  voyage. 

T  t  a  Poitt 


332  J  0  U  N  O  U  S.  J  O  U  S  O  U  F. 

Pour  exécuter  ce  deJTein  ,  on  tira  au  fort  les  noms  de  tous  les  padagers  qui 
étoient  fur  Je  vaifleau,  &  le  fort  étant  tombé  trois  fois  confécutives  fur  Jonas', 
il  fut  jetcé  en  mer ,  à  la  difcrétion  des  i^ots  ,  mais  un  poiifon  l'engloutit  d'a- 
bord &  le  porta  jufques  au  plus  profond  des  abîmes. 

•Ce  fut  en  cet  état  que  Jonas  fie  à  Dieu  une  prière,  qui  efl  couchée  dans 
TAIcoran  ,  &  que  les  Âlufulmans'  eftiment  être  la  plus  fainte  &  la  plus  efficace 
de  toutes  les  prières:  La  elah  illa  enta  fobhamca  ennikonto  mcn  al  dhalenm  venta 
arhaiu  mm  rahemin,  il  n'y  a  point,  Seigneur,  d'autre  Dieu  que  vous,  foyez  loué 
à  jamais  ,  je  fuis  du  nombre  des  pécheurs;  mais  vous  êtes  miféricordieux  aii- 
deifus  de  tout  ce  qui  fe  peut  dire. 

Ce  Prophète  a  été  furnommé  par  les  Mufulmans  Saheb  alhout  &Dhoualnoun, 
le  compagnon  du  poilTon,  à  caufe  qu'il  a  demeuré  quarante  jours  dans  le  ven- 
tre de  celui  qui  l'engloutit. 

JOUNOUS.  Anba  Jounous ,  fut  premièrement  Evêque  de  Sojouth  ou 
Afiouth  en  Egypte  ,  d'où  ayant  été  transféré  au  fiége  d'Alexandrie  ,  il  en  fut 
le  94me.  Patriarche.  Il  étoit  Eutychicn  ou  Jacobite  de  fefte,  &  compofa  une 
hiftoire  des  Schoâda  ou  Martyrs  d'Egj-pte  ,  qui  fouffrirent  dans  la  perfécutiou 
de  Diocletien.     Cette  hifloire  efl  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n'.  61.8. 

Il  y  a  un  Ebn  Jounous,  qui  a  écrit  l'hiftoire  de  la  haute  &  de  la  baffe  Egyp- 
tç.    Son  ouvrage  efl  cité  fous  le  nom  de  Tarikh  Ebn  Jounous.* 

JOUNOUS  Ben  Obaid,  Nom  d'un,  faint  Mufulman  ,  duquel,  on  cite  cette 
fentence  :  Un  Fidèle  ne  doit  point,  s'employer  dans  les  œuvres  de  fureroga- 
tion,  qu'il  n'ait  rempli  tous  les-devoirs  de  fon  obligation. 

JOURTOU  &  Jourti.  Jourti  &  Jourtu  gunleri  ;  les  Turcs  appellent  ainfi 
les  fêtes  des  Chrétiens,  à  caufe  qu'ils  entendent  les  Grecs,  qui  donnent  le  nom 
d'Eorti  à  ce  que  nous  appelions  une  Fête  d'Eglife.  Les  mêmes  Turcs  ont  pour 
maxime  de  les.  honorer,  &  de  les  faire  obferver. exaélement  par  les  Chrétiens;, 
ils  appellent  cette  conduite  mî  leur  langue  Jorti  guninéh'raâiet  itmek  ,  rendre 
honneur  à  la  fête. 

JOUSOUF  Ben  Jacob.  Jofeph  fils  du  Patriarche  Jacob.  Les  Turcs  pro» 
noncent  ce  mot  plus  délicatement,  &  difent  Juffuf  &  IfTuf,  de  même  que  Jonus 
pour  Jounous.. 

Les  Mufulmans,  au  rapport  du  Tarikh  Cozidch,  difent,  que  Jofeph  fut  fur^ 
nommé  Siddik,  mot  qui  fi^ifîe  le  véritable  témoin  ou  le  vérificateur,  à  caufe 
de  la  déclaration  fincère  ^ae  la  preuve  convainquante  qu'il  donna  du  fait,  qui 
s" étoit  paffé  entre  lui  &  la  femme  de  fon  maître  ,  en  faifant  parler  un  enfant 
dans  le  berceau.. 

Il  .n'étoit  ilgé  que  de  dix-fept  ans  lors  qu'il  eut  le  fonge,  au  fujet  duquel  Ces 
frères  l'ayant  jette  dans  un  puits  fec ,  ils  ne  l'en  tirèrent  que  pour  le  vendre 
à.  des  Marcliands  qui  le  pqvterent  en;  Egj^pte  ,  où-regnoit  alors  Rian  ,  fils  de 
Valid.  i;.,_,. 

Ce  Prince  que  l'on  nommoit  aufîi  Pharaon,  à  cauf^  que  ce  titre  étoit  com- 
mun à  tous  les  Roys  du  pays  ,  &  qu'il  fignifie"  en  langue  Egyptienne  un  Mo- 
narque abfolu  ,  fut  inflruic  par  Jofeph  de  la  connoiflance  du  vray  Dieu  ;  mais 
il. eut  pour  fucceffcur  un  impie  nojnoié  lihabous,  fils  de  Maffaab, 

Jacob-. 


J  0-  U  s  O^  U  F. 


333 


■  Jacob  vint  du  temps  de  Jofeph  a/ec  toute  fa  fafnille  compofée  de  70  per- 
fonnes  ,  en  Egypte,  &  y  vèquit  fept  années;  c'ell  depuis  l'arrivée  de  ce  Pa- 
triarche jufques  à  la  fortie  des  Ifraëlites  d'Egypte,  que  l'on  compte  430  ans, 
felon  cet  Auteur,  qui  ne  s'accorde  pas  en  ce  point  avec  nos  Chronologiftes , 
mais  qui  eft  conforme  aiix  Livres  faints  ,  lors  qu'il  dit  que  ces  70  perlbnnes 
s'étoient  multipliées  jufques  au  nombre  de  fix  cent  mil  combatans ,  quand  Moyie 
les  fit  fortir  d  Egypte,  &  que  ce  Legiflateur  emporta  avec  luy  le  cerciieil  où 
le  corps  de  Jofepli  eftoit  enfeveli ,  ajoutant  néanmoins  du  lien  que  ce  cercueil 
fut  trouvé  dans  le  fleuve  du  Nil. 

Ebn  Batrik  écrit  que  Jofeph  é  pou  fa  à  .l'âge  de  30  ans,  Afimah  fille  du  Preftre 
ou  Kahen  d'Ain  Schems.  Le  mot  Kahen  qui  eft  pris  de  l'Hébreu  Cohen  fignifie 
Preftre,  Pontife,  Augure  &  Devin,  &;  Ain  fchems  qui  fignifie  l'œil  ou  la  Fon- 
taine du  Soleil,  eft  le  nom  de  la  ville  appelléc  dans  l'Ea-iture  On,  &  nommée 
par  les-  Grecs  Heliopolis. 

Le  mefme  Auteur  fuivant  la  Tradition  de  tous  les  Orientaux,  veut  que  le 
Mekias  ou  Nilometre  de  Monf  qui  eft  la  ville  de  Mcmphis ,  foit  l'ouvrage .  do 
Jofeph  auffî.bien  que  le  Mcnha  ou  Khalige ,  canal  creufé  dans  la  ville  du  Caire 
pour  la  décharge  des  eaux  du  Nil  ,  c^ie  nos  voyageurs  appellent  ordinairement 
le  Calis.' 

On  pourroit  encore  fuivant  la  mefme  tradition ,  ajouter  à  ces  Ouvrages  le 
puits  &  les-  gceniers  publics  qui  portent  encore  aujourd'huy  le  nom  de  ce  Pa- 
ti-iarche,  &  plufieurs  croient  mefme  qu'il  a  beaucoup  contribué  à  l'erefiion  des 
Obelifques,  &  à  la  conftruftion  des  Pyramides. 

Jofeph  eft  auflî  regardé  par  plufieurs  comme  le  Hermès  ou  le  Mercure  d'E- 
gypte que  Ton  dit  avoir  enfeigné  à  ces  peuples  les  fçiences  les  plus  profondes, 
&.fur  tout  la  Géométrie  qui  leur  eftoit  fort  necefiaire  pour  mefurer  leurs  ter- 
'res,  régler  leurs  limites,  &  pour  ménager  de  telle  forte  l'inondation  du  Nil 
qu'ils  en  tiralfent  tout  le  profit ,  &  n'en  receuiïent  aucun  dommage.  Ce  font 
tous  ce"s  avantages  procurez  aux  Egyptiens  qui  les  obligèrent  à  l'acclamer  lé 
Sauveur  du  monde ,  titre  qui  l'a  rendu  non  feulement  célèbre  dans  tout  l'Orient, 
mais  qui  luy  a  communiqué  auffi  l'honneur  d'eftre  un  Type  ou  figure  de  J.  C. 

Mais  ce  qui  rend  Jofeph  le  plus  célèbre  de  tous  les  Patriarches  Hébreux, 
chez  les  Mufulmans ,  font  fes  amours  avec  Zoleikha ,  fille  de  Pharaon  Roy 
d'Egypte,  &  femme  du  Putiphar.  Les  Mufulmans  ont  efté  inftruits  de  cette 
fable  par  ij;i  Chapitre  de  l'Alcoran  qui  porte  le  nom  de  Jofeph ,.  &  ils  fe  fer- 
vent fouvent  de  leurs  noms  ,  &,  de  leurs  exemples  pour  élever  le  cœur  des 
hommes  à  un  amour  plus  excellent  que  celuy  du  vulgaire  ,  prétendants  que 
ces  deux  amants  ne  font  que  la  figure  de  l'ame  fidèle  qui  's'élève  par  amour 
jufques  à  Dieu,  de  même  que  les  Livres  facrez  employent  les  noms  de  fépoux- 
âc  de  l'époufe  dans  le  Cantique  des  Cantiques. 

s.C'eft  ce  qui  fait  dire  à  Hafez  Poëte  Perfien  dans  fon  Divan,  qui  palîe  parmy 
Us  Mahometans ,  pour  un  ouvrage  entièrement  myftique  :  Je  comprends  fort 
bien  comment  l'excellente  beauté  de  Jofeph  peut  &  doit  tranfporter  hors  des 
bornes  d'un  amour  ordinaire  le  cœur  de  Zoleikha;  Jofeph  eftanticy  félon  les 
Commentateurs  de  ce  Poëte ,  -  la  figure  du  Créateur ,  &  Zoleikha  celle  de  la 
créature. 

Les  mefmes  Orientaux  fe  fervent  auffi   des    noms  de  Megnoun  & ,  de   Leilé, 

autres  amans  non  moins  illuftres  parmi   eux  pour  leur   fidélité  &  conftance , 

■-,.     .'V   M»;  T.t  3.  que 


3-34  J  O  U  S  O  U  F. 

que  pour  leur  chafleté.  Voici  ce  que  Giami ,  autre  Poëte  myftique ,  en  dit 
dans  fon  Divan  :  Dans  le  chemin  plein  de  dangers  &  de  peines  qui  con- 
duit à  la  raaifon  de  Leilé,  il  faut  avant  que  d'y  faire  le  premier  pas,  devenir 
Megnoun. 

Le  mot  de  Megnoun,  qui  fîgnifîe  en  Arabe  un  infenfé,  eft  devenu  le  nom 
propre  d'un  Amant  tranfporté,  de  les  Interprètes  de  ce  Poëte  veulent  que  le 
fens  de  ce  diflique  foit  que  pour  arriver  à  la  poiTeffion  de  l'amour  divin  ,  il 
faut  fe  defFaire  auparavant,  de  toutes  les  confiderations  humaines,  &  par  con- 
fequent  de  fa  propre  raifon.  l^oyez  le  titre  de  Megnoun ,  de  Leilé  &  de  Zo- 
leikha  ;  mais  fur-tout  l'hiftoire  entière  du  Patriarche  Jofeph  que  j'auray  occa- 
fion  de  donner  ailleurs ,  où  l'on  trouvera  des  fentimens  fort  relevez  fur  la 
mefme  matière. 

Il  faut  remarquer  ici  que  les  Mtifuîmans  ne  fe  fervent  jamais  des  esremples 
de  Khofrou  &  de  Schirin,  de  Ferhad  &  autres  Amants  qui  ont  fourni  la  ma- 
tière à  une  infinité  de  Romans,  compofez  dans  les  langues  Arabique,  Perfien- 
ne  &  Turquefque,  pour  exprimer  l'amour  cfivin  ;  mais  feulement  quand  il  s'agit 
de  l'amour  prophane  ;  au  contraire  ceux  .dont  nous  avons  parlé  cy-dcflas ,  ont 
chez  eux  une  autorité  prefque  facrée  ,  par  rapport  à  ce  qui  en  eft  dit  dans 
l'Alcoran. 

Les  Mufulmans  ont  trouvé  je  ne  fçay  où ,  que  Jofeph  avoit  fur  l'épaule  un 
point  lumineux  qui  refTembloit  à  une  écoile  ;  ils  Fapellent  en  Arabe  Dhaiâl  & 
•veulent  que  ce  fut  un  charaélere  ineffaçable  du  don  de  la  Propherie,  &  de  fa 
future  grandeur. 

Us  donnent  aufîi  à  Jofeph  le  titre  de  Lune  de  Chanaan  ,  c'efl-à-dire  ,  félon 
leur  langage ,  la  beauté  la  plus  parfaite  qui  ait  jamais  paru  fur  l'horizon  de  la 
Judée.  Hafez  qui  a  efté  déjà  cité ,  s'écrie  dans  fon  Poème  myftique  :  O  Lune , 
ou  fplendeur  de  la  terre  de  Chanaan,  le  thrône  de  l'Egypte  vous  eft  préparé, 
.&  vous  attend;  il  eft  donc  déformais  temps  que  vous  difîez  adieu  à  la  prifon. 

L'Interprète  Turc  de  ce  Poëte  dit  qu'il  faut  entendre  par  ce  Jofeph  fi  écla- 
tant l'ame  fidelle  éclairée  des  lumières  divines,  laquelle  ell  deftinée  à  la  pofTef- 
fion  du  Royaume  de  Dieu ,  dont  elle  ne  peut  cependant  jouir  pleinement 
qu'elle  ne  foit  dégagée  entièrement  des  ténèbres  des  chofés  ienlibles  ,  &  deli* 
vrée  de  la  prifon  du  corps. 

Saadi  ayant  avancé  dans  fon  Guliftan  qu2  l'on  ne  peut  jamais  bien  foulager 
les  maux  d'autruy,  fi  l'on  n'y  participe  en  quelque  façon  ,  rapporte  l'exemple 
de  Jofeph,  lequel  félon  luy  ,  jeûna  pendant  les  fept  années  de  fterilité,  qui 
'Cauferent  une  grande  famine  en  Egypte,  pour  pouvoir  fubvenir  aux  necelîîtez 
des  pauvres. 

JOUSOUF  ou  IfTuf  Mirza.  Fils  de  Gihanfchap  Sultan  de  la  Dynaftio  des 
Turcomans  du  Mouton  noir.  Ce  Prince  eftant  tombé  entre  les  mains  d'Ufu§- 
calTan  ou  Haffan  Begh,  après  la  deffaite  de  Gihanfchah  fon  père,  fut  condam- 
né par  le  vainqueur  à  perdre  la  veuë.  Il  fe  retira  en  cet  état  dans  la  ville  de 
Schiraz,  &  y  fut  reconnu,  aulfi-bien  que  dans  toute  la  Province  de  Perfe  pour 
Sultan;  mais  ayant  voulu  mefurer  une  féconde  fois  fes  armes  avec  celles  d'Uf- 
funcaffan  ,  il  perdit  la  vie  avec  fes  états  ,  l'an  de  l'IIegire  875  ,  de  Jefus- 
Chrift  1470. 

JOUSOUF 


J  0  U  s  O  U  F.  335 

JOUSOUF  Ben  Bafchkehin.    Jofeph  fils  de  Bafchkehin,  félon  Ben  Scho- 

nah,  &  plufieurs  autres  Hiftoriens  Orientaux,  ou  fils  de  Tefl'efin  félon  Rodri- 
gue Archevefque  de  Tolède,  &  tous  les  autres  Hiiloriens  modernes. 
'  Ce  Prince  qui  portoit  le  titre  d'Emir' al  MofTemin ,  c'eft-à-dire  de  Chef  & 
Commandant  des  Mufulmans ,  efloit  neveu  d'Aboubecre ,  fils  d'Omar  Prince  des 
Marabouths  ;  il  fe  renJit  maiftre  de  toute  l'Afrique  Occidentale  &  de  l'Efpa- 
gne  ,  où  il  établit  la  Dynaftie  des  Almoravides  l'an  de  l'Hegire  472  ,  de 
j.  C.   1079. 

Ce  Prince,  quoique  très-puilTant,  reconnoilToit  le  Khalife  de  Bagdet  pour  fon 
Souverain,  &  ne  voulut  jamais  dépendre  de  celuy  d'Ég^ypte  qui  étoit  fon  voi- 
fin.  Il  bâtit  en  Afrique  la  ville  de  Marakafch  que  les  Èfpagnols  appellent  Mar* 
ruecos  &  nous  autres  Maroc  ,  où  il  mit  le  fiege  de  fon  Empire  qui  s'étcn- 
doit  de  deçà  &  de  delà  la  mer,  après  qu'il  eut  défait  Alphonfe  Roy  de  CaftiU 
le,  &  fait  mourir  Ebn  Habéth,  qui  l'a  voit  appelle  à  fon  fecours. 

Jofeph  mourut  l'an  de  l'Hegire  500,  &  laiffa  pour  fuccelfeur  fon  fils  Ali  qui 
prit  la  qualité  d'Emir  Al  Mouinenin,  titre  refervé  aux  feuls  Khalifes.  Du  titre 
de  cet  Ali  &  de  fes  fucceffeurs ,  nos  Hiiloriens  ont  formé  celui  de  Mitamamo- 
iin  ,  qu'ils  n'ont  jamais  donné  aux  Khalifes  de  Bagdet  ni  d'Egypte,  quoi  qu'ils 
le  portaifent  à  meilleur  droit  que  ceux-cy. 

Moftedaher  regnoit  pour  lors  à  Bagdet ,  qui  eftoit  le  28  Khalife  des  Ab- 
baffidee  ,  de  mefrae  qu'Amer  tenoit  le  feptième  rang  entre  les  Khahfes  Fathi- 
mites  d'Egypte,     f^oyez  les  îitns  de  Marabouth,  de  Molatfemin,  &  de  Tomrut. 

JOUSOUF  Ben  Abdalber.  C'efl:  le  nom  d'un  des  plus  illuflres  entre  les 
Dofteurs  du  Mufulmanifme  ;  il  étoit  Imam,  c'eft-à-dire  chef  d'une  Mofquée, 
où  il  s'appliqua  entièrement  à  la  pieté  &  à  l'étude  dont  il  a  laiflTé  un  ample 
témoignage  dans  plufieurs  Ouvrages  qu'il  a  compofcs  en  Arabe. 

Le  principal  de  fes  Ouvrages  eil  intitulé  Ifliab ,  titre  qui  fignifie  Livre 
univerfel. 

Le  Tamhid  âla  al  Maoutha  le  Malék,  qui  ell  une  explication  du  Maoutha- 
de  Malek,  n'eft  pas  moins  eftimé. 

Dorar  Filmegazi  valteir,  eft  un  recueil  des  chofes  les  plus  remarquables  fur 
les  conqueftes  des  Mufulmans  &  fur  leurs  mœurs  &  coutumes. 

Nous  avons  encore  de  luy  Hegiat  almégialis ,  l'entretien  des  compagnies  &  des 
converfations. 

Ce  Dofteur  rapporte  dans  ce  dernier  Ouvrage  que  Mahomet  eut  un  fonge 
pendant  lequel  il  crut  eftre  en  Paradis,  où  il  vit  entr'autres  chofes  une  de  ces 
machines  à  bafcule  fort  ufitées  dans  le  Levant ,  dont  on  fe  f>rrt  pour  tirer  de 
l'eau  d'un  puits. 

Mahomet  curieux  de  fçav^oir  à  qui  appartenoit  cette  machine  ,  on  kiy  dit 
qu'elle  appartenoit  à  Abougehel  ,  qui  efloit  un  des  plus  grands  ennemis  de  la 
religion  Ivlufulmane  ,  &  de  Mahomet,  qui  le  regardoii  comme  un  reprouvé; 
c'ell  ce  qui  l'obligea  à  dire:  qu'eit-ce  qu' Abougehel  a  de  commun  avec  le  Pa- 
radis, il  n'y  entrera  jamais. 

Il  arriva  quelque  temps  après  qu'Akramas ,  fils  d'Abougehel ,  s'eftant  fait  Mu- 
fulman,  Mahomet  en  eut  une  très-grande  joye,  &  comprit  la  fignification  de 
fon  fonge,  feloii  lequel  Abougehel  eftoit  comme  la  machine  qui  avoic  tiré  fon 
fils  du  fond  du.. puits  de  l'idolâtrie,  pour  l'élever  jufques  à  la  connoilfance.  du; 

vray 


335  J  O  U  S  O  U  F.        JOUZ. 

vray  'Dieu  ,  •  pendant  qu'il  s'elloit  liiy  -  mefnie   plongé    de  plus    en    plus  dans 
l'abime  de  l'infidélité. 

JOUSOUF  Ben  Tagri  Bardi.  Jofeph  fils  de  Tangd  Virdi ,  Auteur  célèbre 
&  homme  de  qualité  qui  fervoit  les  Sultans  d'Egypte, 

Son  nom  entier  avec  fes  titres  efl  Al  Emir  Gemaleddin  Aboul  MehalTen 
Ebn  Tangri  Virdi  Al  Dhaheri  Al  Atabeki.  On  luy  donne  auffi  par  excellence 
le  titre  de  Mouarekh  Mefi-,  c'efi;-à-dire  ,  d'Hiftoriographe  d'Egypte,  à  caufe 
d'un  excellent  Ouvrage  qu'il  compofa  de  l'hiftoire  entière  de  ce  pays-là,  intitulé 
Nogioum  Alzaherah  fi  molouk  Mefr  ou  Al  Caherah,  les  Effcoiles  lumineufes  fiir, 
l'hiftoire  des  Rois  d'Egypte  &  du  Caire. 

Cet  Ouvrage  ell  divifé  en  quatre  Volumes  dont  le  premier  traite  d'abord  de 
la  conquefte  de  l'Egypte  faite  par  les  Mufulmans,  du  gouvernement  d'Amrou 
Ebn  al  As  ,  &  de  tous  ceux  qui  y  ont  commande  ou  régné  fous  les  Khalifes 
jufques  à  Malek  Al  Afchraf  Inal ,  douzième  5ultan  des  Mamlucs  Circaflîens,  qui 
commença  à  régner  l'an  de  l'Hegire  857,  de  J.  C.  1452. 

L'Auteur  de  cette  hiHoire  eft  fi  exaft  qu'il  marque  dans  chaque  année  jufques 
à  quel  degré  le  Nil  efi;  monté  ou  defcendu,  de  forte  que  l'on  peut  dire  qu'il 
n'y  a  point  d'hifl;oire  plus  complette  dans  le  grand  nombre  de  celles  qui  nous 
refient  des  Auteurs  qui  ont  travaillé  fur  FEgypte. 

Selim,  Empereur. des  Turcs,  après  avoir  conquis  l'Egypte  ,  ayant  vu  &  lu 
cet  Ouvrage,  le  trouva  fi  accompli  qu'il  commanda  à  Schamfeddin  Ahmed  Ben 
Soliman  Ben  Kemâl  qui  avoit  efl:é  fon  Précepteur  ,  de  le  traduire  en  langue 
Turque,  ce  qu'il  exécuta  fort  bien.  Ce  Traducteur  mourut  l'an  de  l'Hegire  940, 
cent  ans  ou  environ  après  le  decés  de  fon  Auteur. 

Ce  Schamfeddin  qui  efioit  devenu  Cadhilef ker  de  Natolie ,  &  qui  accompagnoit 
en  cette  qualité  Selim  dans  fon  retour  d'Egypte  à  Confl:antinople ,  traduifoit  à 
chaque  campement  une  partie  du  livre  de  noltre  Auteur,  &  il  fit  une  telle 
diligence,  qu'il  le  prefenta  entier  &  complet  à  Selim  auffi-toft  qu^il  fut  arrivé 
à  Confl;antinpple. 

Ben  Tangri  Virdi  a  luy-mcfmc  al)bregé  fon  ouvrage,  de  crainte  que  quelque 
^utre  ne  l'entreprît  &  ne  l'eftropiafh.  Il  donne  à  fon  abbrcgé  le  titre  de 
Kaouakeb  al  baherah  men  al  nogioum  alzaherah,  &  il  dit  dans  la  Préface  de 
cet  abbregé  qu'il  a  fuivi  l'exemple  de  deux  célèbres  Auteurs  Dhohabi  &'  Ma- 
crizi,  qui  ont  pratiqué  avant  luy  la  même  chofe. 

Le  nom  du  père  de  nofi;re  auteur  à  fcavoir  Tangri  Virdi  qui  fignifîe  en 
Turc  Dieu  -  donné ,  a  efié  corrompu  par  les  Arabes ,  qui  l'écrivant  à  leur  mode , 
ie  prononcent  Tagri  Bardi ,  ce  qu'il  efi;  à  propos  de  remarquer.  Ce  perfonnage 
efi:oit  Kafil,  c'efl:  à  dire  Adminifl;ratcur  &  Econome  des  biens  &  des  revenus 
du  Sultan  d'Egypte  dans  les  Provinces  de  Damas  &  d'Alep  ,  ce  qui  comprend 
la  meilleure  partie  de  la  Syrie.  Le  mot  de  Kafil  &  de  Kafel  fignifie  auffi  en 
Arabe  Procureur,  Syndic  &  Tuteur. 

JOUZ&JOZ.  Un  Léopard  que  les  Portugais  appellent  Onça.  On  fe  fert 
en  Orient  de  cet  animal  après  qu'il  a  été  apprivoifé  ,  pour  la  chafie  des  Ga- 
zelles. Thogrul  Ben  Arslan  Sultan  de  la  race  des  Selgiucides  ,  nourriflbit  400 
de  ces  animaux  qui  avoient  tous  des  chaînes  d'or  &  des  couvertures  .d'écarlate. 
Voyez  le  titre  de  Fars. 

IRAM 


I  R  A  M.  — ^  IRAN.  337 

ÎRAM  où  Irem,  nom  propre  d'un  jardin  planté  par  un  ancien  Roy  nommé 
Schedàd  Ben  Ad  dans  l'Arabie  Heureule  :  Ce  Schedad,  qii.Mjuclques-uns  appel- 
lent aiifli  Iram  Ben  Oraad,  ellDic  un  Prince  impie,  qui  v'oiilut  s'attribueMa 
Divinité.  A  cet  effet  pour  trouver  créance  dans  lefprit  djs  peuples,  il  avoit 
renfermé  dans  ce  jardin  tout  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  délicieux  &  de  plus  ca- 
pable de  flatter,  les  fens  de  ceux  qui  croyoienc  en  luy  ,  lors  qui!  les  jugeoit 
dignes  d'être  introduits  dans  fon  paradis. 

JSIahomet  fait  mention  avec  horreur  de  cet  Impie  dan?  fon  Alcoran,  &  ce- 
pendant les  Mahometans  qui  veulent,  fiivant  les  promelfes  tant  de  fois  réité- 
rées de  leur  fmx  Prophète  ,  joiiir  des  plailirs  fenfuels  dans  le  Paradis ,  fe  fer- 
vent fouvent  du  mot  d'Irara  pour  f exprimer:  d'où  vient  que  l'Auteur  du  Livre, 
intitulé  Humaioun  Nameh,  dit  duis  un  de  fes  tranfports  d'amour  à  Dieu:  Sei- 
gneur, je  me  fuis  enfin  fauve  des  orages  &  des  travaux  de  ce  monde,  &  il  me 
fcmble  que  je  fuis  placé  au  milieu  du  jardin  d'iranjî  puifquc  je  me  fens  parvenu 
à  cet  ellat  de  repos  &  de  tranquilicé  dont  joiJiffent  ceux  qui  ont  quitté  le 
monde  pour  vous  fervir. 

L'on  trouve  ce  faux  Paradis  d'Iram  dans  prefque  tous  les  Ouvrages  des  Poètes 
Mufulmans  qui  confondent  &  le  Paradis  terreftre,  &  ce  jardin  fabuleux,  a^^:c 
le  Paradis  de  gloire,  tant  ils  font  entcilez  de  cette  volupté  grofliere  &  imagi- 
naire dont  Mahomet  a  flatté  leurs  fens.     l-'oyez  le  titre  de  Schedad, 

IRAM  dhat  al  Omad.  Le  Paradis  d'Omad  ,  &  Iram  genneti  en  Turc  ,  le 
Paradis  d'Iram.     l^oyez  le  titre  précédent. 

IRAN  Ben  Siamek,  nom  ou  Surnom  deHoufchenk,  fils  deSiamck,  fécond 
Roy  de  Perfe  de  la  première  race  que  l'on  nomme  auffi  la  Dynafl;ie  des  Pifch- 
dadiens  ou  Bons  Jufliiciers.  Ben  Calfem  ,  &  plufleurs  Hifloriens  font  de  ce 
fentiment. 

Le  plus  commun  cependant  efl:  qu'Iran  efl  le  furnom  d'Irage,  troifième  fils 
de  Feridoun  Roy  de  la  mefme  Dynafl:ie  ,  auquel  la  Perfe  écheut  en  partage, 
après  que  Feridoun  eut  divifé   fes   Etats  entre  fes  trois  enfans. 

Quoi  qu'il  en  foit  ,  il  efl  certain  que  ce  que  nous  appelions  aujourd'huy  le 
RojMume  de  Perfe ,  c'eft-à-dire ,  tout  le  pays  compris  entre  l'Euphrate  ,  le  Ti- 
gre ,  le  Gihon  &  l'Indus  fleuves  fi  renommez ,  &  les  deux  mers  Cafpienne  & 
Indienne ,  ce  pays ,  dis-je ,  où  font  les  Provinces  de  Fars  ou  Perfe  proprement 
dite,  l'Iradlv  Agemi ,  ou  l'ancienne  Parthe,  le  Schirvan  &  l'Adherbigian  qui  font 
la  Medie,  le  Khoraifan,  qui  comprend  la  Baftrienne  &  l'Hircanie  &c.  Toutes 
ces  l'rovinces  jointes  enfemble  portent  le  nom  général  d'Iran  ,  de  mefme  que 
ce  qui  s'étend  au  delà  du  Gihon  en  tirant  vers  l'Orient  feptentrional  &  le  Nord 
porte  celuy  de  Turân  ou  Tourân. 

IRAN  v  Touran.  Le  pays  des  Perfans,  &:  celui  des  Turcs,  la  Perfe  &  la 
Turquie  Orientale.  C'eïl  ainfi  que  les  llifloriens  Orientaux  parlent  quand  ils 
veulent  fignifier  tout  ce  qui  efl  compris  dans  la  haute  Afie,  à  la  referve  des 
Indes  &  de  la  Chine. 

Ils  ne  laifl^ent  pas  néanmoins  d'entendre  quelquefois  par  cette  façon  de  par- 
ler toutes  les  Nations  de  la  terre ,  comme  font  les  Arabes  quand  ils'  difent  Arab 
V  Agem,  Arabes  &  Perfans,  ou  fi  vous  voulez,  Arabes  &  Barbares. 

ToM«  IL  Vv  C'efl 


338  ,      I  R  A  N  S  C  H  A  H.  I  RM  I  A. 

C'ell  de  la  mefitie  façon  que  les  Hébreux  divifoient  tous  les  peuples  de  îa 
terre   en  Hébreux   &  en  Gentils ,  faint  Paul  en  Juifs ,  en  Grecs  &  en  Barbares. 

Quoy  que  le  grand  fleuve,  nommé  par  les  Arabes  &  par  les  Perfans  Gihon 
&  Amou,  &  par  les  Gi-ecs  &  les  Latins  Ba6trus  &  Oxus,  fervît  de  borne  &  de 
feparation  entre  ces  deux  grands  Pays  ou  Empires  de  l'Jran  &  du  Turan,  l'on 
trouve  cependant  que  Kifchtasb,  fils  de  Lohorasb  cinquième  Roy  de  Perfe,  de 
la  race  des  Kaianides  ,  fit  bâtir  un  mur  ou  rempart  long  de  ûx  vingt  parafan-^ 
ges  qui  font  deux  cent  quarante  lieues  Françoifes  pour  fervir  de  barrière  à  ces 
deux  Eftats. 

L'Auteur  du  Lebtarikh"  dit  que  ce  mur  commençoit  dans  le  Khoraflan  à  la 
ville  de  Beidha  en  Perle,  &  finiifoit  à  celle  de  Samarcand,  qui  eil  aujourd'hui; 
la  viile  capitale  des  Uzbeks,  dans  le  Zagathai.    Foyez  le  titre  de  Kifchtasb. 

IRANSCHAH  Ben  Touranschah.  Quatrième  Sultan  de  la  troifièmc  bran- 
che des  Selgiucides  qui  regnoient  dans  le  Kerman  qui  ell  la  Caramanie  Perfienne. 

Ce  Prince  n'eut  pas  les  bonnes  quahtcz  de  Touranichah  fon  père  ;  il  fut  au- 
contraire  très-emporté,  &  fa  cruauté  alla  jufques  à  un  tel  point  que  ^es  fujets 
ne  le  pouvant  plus  fupporter,  conjurèrent  tous  univerfellement  contre  luy,  & 
le  malfacrerent  l'an  de  l'Hegire  494,  de  J.  C.  11 00,  dans  la  cinquième  année 
de  fon  règne. 

Il  eut  pour  fuccefl^iur  fon  coufin  germain  nommé  Arflan  Schali ,  fils  de  Ker- 
manfchah,  &  petit-fils  de  Cadherd,  Fondateur  de  cette  troifième  Dynaftie  des 
Selgiucides.. 

IRINL  Irène  fille  de  l'Empereur  Maurice  qui  fut  mariée  à  Khofroes  Par- 
viz  Roy  de  Perfe.  L'alliance  de  ces  deux  grands  Princes  att.ra  de  grands  maux 
fur  l'Empire  Romain  ;  cai-  le  gendre  qui  voulut  vanger  la  mort  de  fon  beau- 
pere  que  Phocas  avoit  fait  -mourir ,  déclara  la  guerre  à  ce  Tyran  ,  &  fit  de 
fort  grands  ravages  dans  la  Syrie  &  ailleurs. 

Les  Perfans  nomment  en  leur  langue  cette  Princefl^e  Schirin  ,  &  l'on  pour- 
roit  croire  que  Nezami,  excellent  Poëte  Perfien,  qui  a  compofé  un  Roman  fur 
les  amours  de  Khofrou  &  de  Schirin ,  a  emprunté  fon  fiijet  de^  Thilloire  vérita- 
ble de  Khofroes  Parviz  &  d'Irène. 

Il  y  a  quelques  Hiflorlens  qui  donnent  à  cette  PrincefiTe  le  nom  de  Marie,  au 
lieu  de  celui  d'Irène. 

IRMIA  &  Armia.  Le  Prophète  Jeremie.  Le  Tarikh  Montekheb  rapporte 
que  ce  Prophète  voyant  que  les  Prédications  &  les  Avis  particuliers  qu'il  fai- 
foit  aux  Juifs  fes  compatriotes,  étoient  inutiles,  &  que  les  maux  qu'il  leur  avoit 
prédits ,  étoient  prêts  de  tomber  fur  eux ,  fit  fa  retraite  en  Egypte. 

Il  retourna  cependant  à  Jérufalem  quelque  tems  après  fa  ruine,  &  y  vêquit 
jufqu'à  l'âge  de  trois  cent  ans,  félon  le  fentiment  de  quelques  Mufuîmans,  &  même 
de  quelques  Juifs:  mais  l'opinion  la  plus  commune  des  premiers  ell  qu'il  mou- 
rut peu  après  fon  retour  à  Jérufalem. 

Plufieurs  Auteurs  Mufuîmans  écrivent  aufTi  que  le  Prophète  Jeremie  demeura 
mort  pendant  cent  ans  ,  au  bout  defqueis  il  refilifcita  ,  &  véquit  encore  long- 
tems  fous  le  nom  d'Ozair  qui  cft  le  même  qu'Efdras.  Il  y  en  a  d'autres  qui 
attribuent  cette  rcfurreélion  à  Efdras.    Foytz  le  tUn  d'Ozm, 

L'Au- 


r  s  C  H  A.  I  s  H  A  K.  339 

L'Auteur  'du  Lebtarikh  fait  vivre  ce  Prophète  au  teras  que  Lohorasb ,  qua- 
trième Roy  de  la  féconde  Dynaftie  furnoramée  des  Caianides  ,  regnoïc  en  Perfe. 
Cette  datte  s'accorde  aflez  bien  avec  l'époque  de  Nabuchodonofor ,  &  de  la 
captivité   des  Juifs. 

La  tradition  des  Chrétiens  Orientaux  efl  que  Jcrémie  fut  la.iidé  par  les  Juifs 
en  Egypte ,  &  qu'Alexandre  le  Grand  fît  transporter  fon  corps  fort  honora- 
blement en  Alexandrie. 

ISCHA,  Ifai  père  de  David,  Roy  &.  Prophète. 

ISCHAIA,  le  Prophète  Ifaïe.  Les  Mufulmans  difent  qu'il  annonça  la  ve- 
nue de  Jefus-Chrifl:  aux  Juifs  ,  &  même  celle  de  Mahomet ,  félon  le  TaiiJvh 
Montekheb ,  qui  ajoute  à  l'hifloire  de  ce  Prophète ,  qu'il  f^courut  Saddaicnh , 
c'cfl  Sedecias  Roy  des  Juifs,  contre  le  Roy  de  Babylone,  &  que  \c<  Juifs  s'ctant 
révoltez  après  la  mort  de  ce  Roy,  ils  facrifierent  Ifaïe  à  leur  fu;>,ur. 

Les  Chrétiens  Orientaux  écrivent  dans  leurs  hiltoires  que  ce  Prophète  per- 
dit le  don  de  prophétie  pendant  vingt-huit  ans,  pour  ne  s'être  pas  oppofé  au 
Roy  Ozias  ,  lorfquil  voulut  entrer  dans  le  Meherab  al  bokiiour ,  c'ell-à-di/e , 
dans  le  Sanftuaire  ,  où  étoit  l'autel  du  Thymiame  ,  c'eft-à-dirc  ,  du  parfum. 
Les  mêmes  Auteurs  lui  donnent  plus  de  cent  vingt  ans  de  vie. 

ISCODAR.     La  Ville  de  Scutari.    Foyez  Efcodar. 

ISFAHAN.    Foyez  Esfahan. 

ISHAK.  Ifaac  fils  d'Abraham  ;  ce  que  les  A-lufulmans  en  difent  efl  telle- 
ment lié  avec  l'hifloire  de  Jacob  &  de  Jofeph,  que  j'ai  crû  y  devoir  renvoyer 
le  Le6beur. 

Je  remarquerai  feulement  que  la  lumière  Proohetique  qui  jufqu'alors  avoit 
cté  donnée  fucceffivement  &  folidairement  aux  Puiriarches ,  fut  partagée  après 
la  mort  d'Abraham  ,  entre  Ishak  &  Ismaël ,  &  que  tous  les  Prophètes  font 
defcendus  d'Ishak  ,  à  la  referve  de  Schoàib  ou  lethro  ,  &  de  Mahomet.  Ce 
font  les  rêveries  des  Mahometans,  qui  en  mettent  quelquefois  encore  deux  au- 
tres entre  les  Prophètes  Arabes  &.  Ifmaëlites.  .  l 'oyez  le  titre  d'Av.hia.  ou  Enbia. 

Il  y  a  dans  la  Bibliothèque  du  Roy  au  n*.  jgz ,  un  Sermon  fait  fur  la  mort 
de  ce  Patriarche  qui  arriva  félon  le  Calendrier  des  Cophtes ,  le  vingt-huitième 
du  mois  de  Mefri.     Les  Egyptiens  attribuent  ce  Difcours  à  faint  Athanafe. 

ISHAK  Ben  Ah,  le  Petit-fils  de  Jofeph  B-n  TefTafin,  Empereur  de  Maroc, 
■pris  &  tué  dans  fa  Capitale  par  Abdalmoumen  ,  l'an  543  de  THegire  ,  &  de 
J.  C.  1148.  Ishak  fut  le  dernier  de  la  dynallie  des  Marabouts  ou  Alraoravides, 
&  AbJahnoumen  le  premier  des  Almohades. 

ISfIAK  Ben  Honain  ,   tradu'.T:eur   de  plufieurs   Auteurs  Grecs  en   Arabe. 
Foyez  Honain. 
Ishak  Al  Ebadi  fut  père  de  Honain. 

ISHAK  Aboulfeda,  furnommé  Al  KhaHli,  Auteur  de  l'hifloire  de  la  ville 
&  du  pèlerinage  de  Hebron,  où  efl  le  fepulcre  d'Abraham  en  Paleflme. 

V  V  2  ISHAK 


3|o  I  S  H  A  K.  I  S  M  A  EL. 

ISHAIC  Al  MoulTali  ou  Moffouli,  excellent  Muficien,  natif  de  Moful.  Fq~ 

•yez  Mofuli» 

ISLADIN  Capi  ou  Derbend.  C'efl  ainfi  que  les  Turcs  appellent  un  paf- 
fage  étroit  dans  les  montagnes  de  Bulgarie,  par  lequel  il  faut  pafler  quand  l'on 
fort  de  cette  province  ,  pour  entrer  dans  celle  de  Rafcie  ou  Servie.  Il  coule 
le  long  de  ce  détroit  une  petite  rivière  ,  que  les  gens  du  pays  appellent  Sla- 
ditza ,  &  les  Turcs  Ifî.adin  :  c'eft  elle  qui  a  donné  à  ce  pc.iBge  le  nom  qu'il 
porte,  lequel  fignifîe  proprement  en  Turc,  la  porte  ou  la  barrière  d'Ifladin. 

Ce  fut  en  cet  endroit  du  mont  Hœmus,  que  Ladifias,  Roy  de  Hongrie ,  joint 
à  Jean  Hunniade  ,  Prince  de  Tranlilvanic  ,  &  à  George  ,  JDelpote  de  Servie  , 
défit  l'armée  d'Amurath  Second ,  l'an  de  l'Hegire  847  ,  de  J.  C.  1443.  Ce 
mont  Hœmus  de  la  iVIoefie  ou  Bulgarie  ^  cffc  différent  du  mont  Hœmus  de  la 
Thrace. 

ISLAM.  L'Iflamifme  ,  c'cfl-îi-dire  ,  le  Mufulmanifme  ou  le  Mahometifme. 
Ce  mot  le  prend  pour  la  Religion  &  pour  le  pays  des  Mahometans.  I^oyez 
Eflâm. 

ISLAM ROL.  l^oyez  Eltanbol.  C'elt  le  nom  que  les  Turcs  ont  donné  à 
la  ville  de  Conltantinople. 

ISMAEL  &  Ali  Mirza ,  fon  frère,  ayant  été  faits  prifonniers  par  Jacoub 
Bet^h,  fils  d'Uzun  Halîan  ou  Ufuncaffan,  qui  avoit  tué  dans  uiic  bataille  Haidar 
lem*  père,  furent  quelque  tems  après  mis  en  liberté  par  Rollam  Begh  ,  fils  de 
Macfoud  &  petit-fils  d'UfLincafTan ,  qui  avoit  fuccedé  à  Jacob ,  Jon  oncle. 

Rollam  Begh  ne  fut  pas  long  -  temps  à  fe  repentir  d'avoir  ôté  les  chaînes  à 
ces  deux  lionceaux  ;  car  ils  prenoient  déjà  la  route  de  la  ville  d'Ardebil  leur 
pays  natal  ,  &  le  fepulcre  de  leurs  Ancêtres,,  fous  prétexte  d'y  aller  en  habit 
de  Dervifches ,  pleiu*er  la  mort  de  leur  père  tout  le  relie  de  leurs  jours  ;  mais 
en  effet,  pour  y  reveiller  la  faftion  Haidarienne  qui  y  étoit  fort  puiflante, 
lorf^.juc  Roflam  envoya  des  gens  après  eux  qui  tuèrent  Ali;  mais  ils  ne  purent 
jamais  joindre  Ifmaël  qui  fe  réfugia  dans  le  Ghilan  ,  où  regnoit  un  des  amis 
du  fèu  Scheikh  Haidar,  fon  père. 

Il  y  avcrlt  alors  entre  les  Muiulnians  une  inanité  de  gens  difperfez  par  toute 
l'iVfie,  qui  faifoient  une  profciTion  publique  de  la  Sq^q  d'Ali  ,  &  une  particu- 
lière de  celle- de  Hnidar,  que  Scheikh  Scfi,  un  de  fes  plus  illuflres  ayeuls,  avoit 
mife  en  în-andc  réputation,  Ifmaël  Sofi  ayant  appris  qu'il  s'en  trouvoit  un  fort 
crand  nombre  dans  la  Caramanie,  qui  eft  l'ancienne  Cilicie  ,  s'y  tranfporta  ,  & 
V  fit  une  levée  de  fept  rail  hommes  tous  attachez  à.  fa  Sede,  &.  dévouez  par- 
ticulièrement à  fa  famille,  parce  qu'ils  avoient  été  autrefois  eux  ou  leurs  pères 
délivrez  des  mains  de  Tamcrlan,  à- la  prière  de  Scheikh  Sefi. 

Le  jeune  Ilmaël  ,  qui  n'étoit  alors  âgé  que  de  quatorze  ans  ,  entreprit  avec 
cette  poignée  de  gens  de  fiiire  la  guerre  à  Ferokhzad,  Roy  de  Schirvan,  Pro- 
vince de  la  Medie,  qu'il  regardoit  comme  le  meurtrier  de  fon  père.  Le  fuc- 
cès  de  cette  entreprife  luy  fut  fi  heureux,  qu'il  défit  &  tua  fon  ennemi  ,  s'em- 
para de  f€s  Etats  ,   &  fe   mit  par   ce  moyen  en  état  de  tout  entreprendre  dans 

l'Afic.  ,     .  ^ 

Ce  premier  exploit  d'armes  arriva  fan  <)o6  de  l'Hegire,  qui  tombe  jultement 

dans 


I  s  M  A  E  L. 

d'ans  le  1500  de  J.  C,  &  dès  l'année  fuivante,  Ifniaël  attaqua  la  ville  de  Tau 
ris,  la  prit  &  obligea  Alvend,  pctit-lils  d'Ufuncafran  ,  qui  y  regnoit,  de  pren- 
dre la  fuite  &  de  s'enfermer  dans  lîagdet  :   mais  ce  Sultan  fut  encore  contraint 
de   fortir.  de  cette  ville  pour  fe  réfugier   à  Diarbeker  ,   où  il  mourut  l'an  oio 
de  l'Hegire ,  &  la  ville  de  Bagdct  tomba  entre  les  mains  d'Ifmaël. 

L'an  908  Ifmaël  Schah,  après  s'être  rendu  maître  de  Tauris  ,  de  la  Medie  & 
de  la  Chaldée,  attaqua  la  Perfe  ,  où  regnoit  un  autre  petit -fils  d'Uluncalfan  , 
nommé  Morad  Beg  ,  ou  Amurath  fils  de  Jacoub  Begh.  Ce  Prince  fe  voyant 
attaqué  vivement  par  fon  ennemy ,  voulut  décider  du  fort  de  cette  guerre  par 
un  combat  général  :  il  partit  pour  cet  effet  de  Schiraz  &  marcha  vei-s  Hama- 
dan,  où  la  bataille  s'étant  donnée,  il  fut  défait  &  contraint  de  fuir  à  Baudet 
comme  avoit  déjà  fait  Alvend,  fon  coufin.  '  o      > 

L'an  909,  Ifmaël  alîîégea  Morad  dans  Bagdet;  ccluy-cy  prit  la  fuite  &  cou- 
rant de  Province  en  Province,  fut  enfin  enveloppé  par  les  foldats  d'iiinaël  qui 
le  tu  rent  :  mais  cecy  n'arriva  que  l'an  920  de  IHcgire  ,  &  Ifmaël  avoit  déjà 
pris  Bag  let  pour  la  feconde  fois  ,  &  conquis  les  Provinces  de  Khuziltan  &  de 
Khoraifan. 

L'on  marque  la  féconde  prife  ,  faite  par  Ifmaël ,  de  la  ville  de  Bagdet  pour 
l'époque  de  la  chute  entière  de  la  Oynaltie  des  Baianduriens  ,  qui  eil  la  même 
que  celle  des  Turjomans  du  Mouton  blanc.  Elle  arriva  l'an  de  l'Hegire  914, 
par  la  défaite  de  Morad  Begh.  Quelques  Hiiloriens  nomment  ce  Sultan  Morad 
Mirzah  ,  &  différent  la  prife  de  Bagdet  jufqu'en  l'an  915. 

Le  Khorafiîin  fut  conquis  l'an  917  par  Ilinaël  ,  après  qu'il  eut  défait  &  tué 
en  bataille  rangée  Schaibek  Khan  ,  Sultan  des  Usbeks ,  qui  s'en  étcjjt  emparé 
après  la  mort  du  Sultan  HoulTain ,  fils  de  Baicara ,  &  arrière  petit -fils  de  Ta- 
merlan. 

L'an  920  de  THegire  &  de  J.  C.  15 14,  ScHm  premier  du  nom,  fils  de  Ba- 
jazet  II  &  père  du  grand  Soliman,  vint,  après  la  mort  de  fon  père,  atta- 
quer Arzengian,  ville  de  la  petite  Arménie,  llmaël  ne  pouvant  fouflrir  que  ce 
Sultan  des  Othmanides  s'approchit  fi  près  de  fes  Etats ,  fit  marcher  fes  trou- 
pes jufqu'alors  viftorieufes  au-devant  de  luy  :  les  deux  armées  fe  rencontrèrent 
dans  les  plaines  de  Gialderan  ,  que  nos  Auteurs  appellent  Chaldcron. 

Ifmaël  fut  défait  pai-  Selim,  &  obligé  de  fe  retirer  à  Ta^uris  &  de-là  à  Cas- 
bin.  Selim  fe  rendit  maître  de  Tauris  où  il  fit  quelque  féjour  ,  &  revint  par 
la  Syrie  qu'il  fubjugua  :  puis  jugeant  que  la  conquête  de  l'Egypte  luy  étoit 
beaucoup  plus  importante  que  celle  de  la  Perfe  ,  il  tourna  l'an  921  de  ce  côté- 
là,  &  laifîli  vivre  en  repos  Ifmaël,  lequel  ,  d  puis  cet  efchec  jufqù'à  là  mort, 
n.'cntreprit  plus  rien  de  confidérable. 

Il  vcquit  cependant  ju.'ques  en  l'an  930  de  l'Hegire,  qui  efl  le  1523  de  l'.'E- 
re  chrétienne ,  &;  mourut  âgé  feulement  de  38  ans ,  dont  il  y  en  a  24  ant.  de 
règne,  iï  l'on  veut  en  compter  les  années  depuis  la  défaite  de  Ferokhzad,  Roy. 
de  Schirvarr. 

Ce  Prince  étoit  doué  d'un  courage  fans  pareil ,  intrépide  dans  tes  plus  grands 
dangers  ,  terrible  &  redoutable  à  fes  ennemis  ,  exacteur  feve.c  de  la  difcipline 
militaire  ,  &  ambitieux  jufques  à  un  tel  excès ,  qu'il  difoit  fouvent  :  Un'  fcid 
Dieu  dans  le  Ciel  &  un  feul  Monarque  fur  la  terre.  Cependant  le  Sultan  Selim 
luy  fit  bien  connoître  que  ce  monde -cy  pouvoit  fouffrir  ea  même  tcms  plu- 
ficurs.  maîtres. 

Vv  3,  ebm-i- 


541  ISMAEL 

Comme  Ifmaël  étoit  d'une  race  qui  faifoit  profeflîon  de  la  vie  la  plus  parfai- 
te ,  il  prit  le  titre  de  Sofi  ou  de  Religieux^,  il  afFefta  même  de  pafTer  pour  Pro- 
phète &  l'on  dit,  que  rhypocrifie  ou  plutôt  la  frenefie  d'Ifmaël  l'emporta  juf- 
qu'à  î'excez  d'afFefter  la  Divinité.  Il  y  avoit  piufieurs  de  ceux  qui  s'étoient 
attachez  à  fon  fervice,  dont  l'extravagance  ou  le  dévouement  arriva  jufqu'à  le 
croire  plus  qu'homme. 

On  rapporte,  que  ce  Prince  ayant  fait  creufer  une  très-grande  fofie ,  y  laifla 
tomber  exprès  fon  foùlier,  &  qu'aufTi-tôt  il  y  eut  un  grand  nombre  de  fes  dé- 
vouez qui  fe  jetterent  à  corps  perdu  dans  la  foife  pour  l'en  retirer.  Ifmaël 
voyant  tous  ces  miférables  abufez  qui  étoient  déjà  à  demy  enterrez  ,  fit  ren- 
verfer  toute  la  terre  qui  étoit  relevée  fur  les  bords  de  la  fofle,  &  les  lit  tous 
accabler  &  enfevelir  en  même  temps.  .       ,„  „    ^ 

Les  Hiftoriens  de  cette  Maifon  des  Sofis,  regnans  aujourd  huy  en  Perfe,  cou- 
vrent^ cette  aftion  horrible  d'un  voile  de  modellie  &  d'humilité  ,  &  difent , 
qu'Ifmaël  voulut  punir  par  cette  cruelle  exécution ,  l'impudence  &  l'impiété  de 
ceux  qui  vouloient  luy  attribuer  la  Divinité ,  &  donner  en  même  temps  un  té- 
moigna?e  de  l'averfion  qu'il  avoit  pour  la  flatterie. 

Entre  les  principaux  établilTemens  qu  liraaël  lit  pour  jetter  des  fondemens  fé- 
lidés de  fa  nouvelle  Monarchie  ,  ccluy  de  la  coëffure  parriculière  qu'il  donna 
aux  fiens ,  ne  doit  pas  être  obmis.  Il  l'inflitua  non  feulement  pour  les  dillin- 
guer  des  autres  nations  ;  mais  encore  pour  les  feparer  en  fait  de  Religion  de 
toutes  les  autres  branches  ou  fecles  du  Mufulm-mifme.  Cette  coëffure  s'appelle 
Ta^e  en  langue  Perfienne,  &  elle  aura  dans  cet  ouvrage  fon  titre  parUculier, 
auquel  on  renvoyé  le  Lefteur. 

ISMAEL  SCHfAH  ou  Schah  Ifmaël  eut  pour  fucceffeur  fon  fils  ,  nommé 
Thahamasb,  lequel  régna  53  ans.  Nos  voyageurs  l'appellent  Schah  Thamas,  au- 
quel fucceda  fon  fils  Ifmaël ,  duquel  on  va  parler. 

ISMAEL  Ben  Thahamasb.  C'eft  Ifmaël  fils  de  Schah  Thamas,  que  l'on 
peut  appeller  Ifmaël  fécond  du  nom  ,    dans  la  Dynailie  des  Rois  modernes  de 

Perfe. 

Ce'Prince  avoit  été  tenu  prifonnicr,  par  fon  père  Thahamasb,  pendant  l'ef- 
pace  de  vin^t-cinq -ans.  Une  de  fes  foours  le  rira  de  prifon  pour  le  faire  ré- 
gner après  la  mort  de  fon  père  ,  &  n'eut  autre  recompenfe  de  ce  cruel  frère , 
que  la  mort  qu'il  luy  fit  foulfrir  auffi-bien  qu'à  tous  ks  frères,  à  l'exception 
d'un  feul    qui  étoit  aveugle.  *  _  ^         ^ 

Ce  Prince  ne  régna  que  deux  ans  moins  deux  mois  :  car  il  fut  empoilonne 
par  les  fiens,  qui  ne  purent  fouffrir  fes  excès,  l'an  985  de  l'Hegire  ,  de  J.  C. 
j^^^_  Sqi-,  frère  aveugle,  nommé  Mohammed  Khodabendeh  ,  luy  fucceda  dans 
la  même  année. 

ISMAEL  al  Adib.  Ifmaël,  furnommé  Adib  ,  c'efl-à-dirc  l'Humanifle  ou  le 
Philofophe  Moral.  Il  étoit  cffeaivement  grand  Philofophe  &  excellent  Méde- 
cin. Il  vivoit  fous  le  règne  de  Malek-Schah  dans  la  ville  de  Herat ,  une  des 
quatre  Capitales  du  Khorafitin. 

L'Auteur  du  Magemà  al  Naovadir  raconte  qu'Ifmaël  al  Adib  ,  marchant  un 
jour  par  la  ville,  vit  un  jeune  garçon.  Boucher  de  fon  métier,  lequel  en  écor- 
.chant  un  mouton,  prenoit  fa  graiffe  encore  toute  chaude  &  la  mangeoit;  cette 


I  s  M  A  E  L.  ^43 

adion  luy  foûleva  le  coeur ,  &  luy  fit  juger  que  ce  jeune  homme  tomberoit 
bien-tôt  dans  une  grande  maladie,  ce  qui  l'obligea  de  prier  un  de  fes  voifins  de 
l'avertir  quand  il  arriveroit  quelque  accident  à  cet   liomme. 

Le  Boucher  étant  tombé,  peu  de  temps  après,  dans  une  fyncope  fi  violente 
qu'on  le  crut  mort,  l'on  voifin  en  ayant  eu  nouvelle  fe  tranfporta  chez  luy, 
&  rappellant  dans  fa  mémoire  ce  que  le  Médecin  luy  avoit  dit,  voulut  luy  en 
donner  avis,  quoy  qu'il  crût  que  ce  fcroit  trop  tard. 

Ifinaël  vint  auiïi-tôt  au  logis  du  Boucher  ,  auquel  on  avoit  déjà  couvert  le 
vifage  comme  à  un  mort,  ôta  le  linge  qui  le  couvroit ,  &  lui  foûlevant  feule- 
ment la  tète  avec  des  oreillers,  lui  rendit  la  vie  au  bout  de  trois  jours. 

Il  n'y  eut  pas  un  des  aiïîftans  qui  ne  crût  alors  que  le  Médecin  Tavoit  ref- 
fufcité,  parce  que  nul  autre  que  luy  ne  fçavoit  la  caufe  du  fymptome  de  fon 
malade  ,  &  il  acquit  une  telle  réputation  par  ce  cas  fortuit  ,  qu'il  palfa  pour 
un  homme  divin. 

ISMAEL  ou  Ben  Ifmaël  al  Bokhari.  Voyez  Bokhari,  Un  autre  Ben  Ifmaël, 
qui  mourut  l'an  ^1)6  de  l'Hegire  ,  eft  Auteur  d'un  Commentaire  fur  le  Taâlim 
&  la  Motàallcm.     Ce  Commentaire  efl  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n°.  621, 

ISMAEL.     Foyez  Kemaleddin  Ifmâil. 

ISMAEL  al  Dharir.    Ifmaël  l'Aveugle.     Voyez  Medini. 

ISMAEL  al  Kafi.     Voyez  les  titres  de  Saheb  &  d'Ebn  Ebdd. 

ISMAEL  Ben  Hebatallah.  C'efl  le  même  que  Magdeddin  al  MouiTali ,  qui 
eft  l'Auteur  du  Faiilal  &  du  Mezil  al  ertiab.  Voyez  les  titres  de  ces  deux  ou- 
vrages. 

ISMAEL  eft  confideré,  par  les  Arabes,  comme  le  Père  de  leur  nation  & 
de  leur  langue  ,  quoyque  leur  première  origine  vienne  de  Cahtan  ou  Joéian  , 
lils  de  Heber.  Ils  luy  donnent  137  ans  de  vie,  ce  qui  eft  conforme  au  chapi- 
tre 25  de  la  Genefe  ,  &  difent  que  de  luy  &  d'Ishac  fon  frère  puifné  ,  rifla- 
mifme  ou  la  Religion  des  fidèles  ferviteurs  de  Dieu ,  fe  répandit  dans  l'Arabie 
&  dans  la  Terre  de  Qianaan.     Voyez  les  titres  d'Eflam  &  d'Ishak. 

Cette  conformité  de  nom  entre  l'Iflamifme  &  l'Ifmaëlifme,  a  fait  que  plufieurs 
Dofteurs  Mahometans  ont  confondu  ces  deux  chofes  ,  &  pnt  foûtenu  que  la 
Religion  enfeignée  par  Mahomet  à  fes  Sectateurs  ,  n'eft  autre  choie  que  celle 
qu'Ifmaël  prêcha  autrefois  aux  Arabes. 

Les  Ifmaëlites  ou  defcendans  d'îfmael  ,  que  quelques  Auteurs  ont  prétendu 
n'être  pas  de  purs  Arabes,  mais  feulement  des  Motarabes  ou  Moftaarabes ,  c'eft- 
îVdire,  des  Arabes  mêlez,  eurent  au  commencement  pluiieurs  querelles  avec  les 
-Giorhamides,  plus  anciens -qu'eux  dans  l'Arabie,  au  fujet  du  Temple  de  la  Mec- 
que j  mais  enfin  ces  deux  lignées  s'étant  unies  &  alliées  enfemble  ,  ne  firent 
plus  dans  la  fuite  du  temps  qu'une  feule  nation. 

Il  y  a  des  Ifmaëliens  qu'il  faut  diftinguer  des  Ifmaëlites.  Il  y  a  des  Ifraaë- 
liens  d'Afrique  &  des-  Ifmaëliens  d'Afie. 

Les^rcmiers  compofcnt  une  Dynaftie  de  Princes  qui  devinrent  enfin  m^aitres 
cb  l'Egypte  &  ufurperent  le  Kkalifat.     Ils  fe  dilbient  Fathimites ,   comme  dcf-  ■ 

cen-  - 


544  I  S  M  A  E  L  î  0  U  N. 

cendans  de  la  fille  de  Mahomet  ;  mais  en  efFet  ils  n'étoient  que  defcendans  d'un 
Ifmaël,  dont  il  fera  parlé  ailleurs. 

Les  féconds  font  plutôt  une  race  d'Aflaflins  &  d'impies ,  qui  n'ont  pas  laifle 
dé  former  une  dynaftic;  y  oyez  le  titre  de  Molhedin  &  celuy  d'Ilmaëlioun ,  qui 
fuit  après  ceux  d'Ifmaël. 

On  remarquera  icy  encore  une  tradition  des  Orientaux,  qui  porte  qu'lfmaël, 
fils  d'Abraham  ,  fe  retira  avec  Agar  fa  mère  à  Jathreb  ,  ville  de  l'Hegiaze  en 
Arabie,  que  nous  appelions  aujourd'huy  Medine,  d'où  il  palia  dans  Tlemcn ,  & 
que  ce  fut-là  qu'il  s'établit  &  qu'il  prit  femme. 

L'on  compte  entre  les  enfans  d'Ifmaël  Thor  ou  Thour,  qui  a  donne  fon  nom 
à  la  montagne  de  Sinaï,  que  les  Arabes  appellent  Thour  &  Thour  Sinaï,  auflî- 
bien  qu'à  la  ville  ,  qui  eft  au  pied  de  la  même  montagne  fur  les  bords  de  la 
mer  rouge,  &  que  l'on  nomme  encore  aujourd'huy  le  Thor. 

ISMAELIOUN.  Ifmaëhens.  Les  Ifmaëlites  font  les  Arabes  ,  comme  il  a 
été  dit  dans  le  titre  dlfmaël,  fils  d'Abraham  :  mais  les  Kiiiaëliens  font  les  Prin- 
ces de  deux  Dynafties,  dont  la  première  a  régné  en  Afrique  &  en  Egypte  ,  & 
la  féconde  dans  l'Afie.  Les  premiers  étant  plus  connus  fous  le  nom  de  Fathc- 
mices  &  de  Khahfes ,  il  faut  voir  ces  titres  où  il  en  eft  parlé  plus  particuliè- 
rement. 

La  féconde  Dynaftie  des  Ifmaëliens ,  qui  ont  re^né  en  Afic ,  a  porté  le  nom 
de  Melahedah  Kouheftan.  l^oyez  Roudbar,  ce  qui  fignifie  en  Perfien  les  Héré- 
tiques &  les  Impies  du  Kouhcftân  &  de  Roudbar. 

Les  Perfans  appellent  ainfi  en  général  tout  pays  de  montagnes  ,  &  en  parti- 
eiiher  celuy  que  les  Arabes  nomment  Erâk  Agcmi,  l'Iraque  Perfienne  ou  Gebal. 

Cette  Dynaftie  comprend  huit  Princes ,  qui  ont  régné  pendant  l'efpace  de 
171  ans,  dans  l'ordre  qui  fuit. 

Haftan  Sabâh,  qui  en  eft  le  Fondateur,  commença  à  régner  l'an  de  l'Hegirc 
485,  de  J.  C.  1091,  &  fe  maintint  fur  le  trône  35  ans.  Il  étoit  fils  d'Ali,  fils 
de  Mohammed,  fils  de  Giafar,  fils  de  Hulfain',  fils  de  Mohammed  dit  Al-lie- 
miari ,  &  furnommé  Sabah. 

Le  2.  Buzruk  Umid  Rudbari  ,  nom  ou  furnom  qui  fignifie  Grande  Efpéran- 
ce,  natif  de  la  ville  &;  cliâtcau  de  Roudbar,  qui  régna  14  ans  ,  2  mois  &  20 
jours. 

Le  3.  Mohammed,  fils  de  Buzruk  Umid,  régna  24  ans,  8  mois,  7  jours. 

'Le  4.  Hafian  ,  fils  âo  Mohammed  fon  prédecefieur.  Il  prit  le  furnom  de 
Dhekrat  al  Eflam ,  -ou  Zicrat  al  Iflam  ,  l'Admoniteur  du  Mufulmanifme  ,  &  re- 
gna  4  ans. 

Le  5.  Mohammed,  fils  de  MafTan  fon  prédecefieur,  régna  46  ans. 

Le  6.  Gelaleddin  HalTan,  fils  de  Mohammed,  qui  fut  furnommé  Neu  Mi.iful- 
man ,  le  nouveau  Mufulman ,  régna  onze  ans  &  demy. 

Le  7.  Alaeddin  Mohaftimed  ,  fils  de  Gelaleddin  Hafilm  ,  régna  35  ans  ,  & 
un  mois. 

Le  8.  Rokneddin  Gurfchah,  fils  d'Alaeddin  Mohammed,  ne  régna  qu'un  an. 

Ce  Catalogue  eft  tiré  du  Nighiariftan  ,  lequel  rapporte  plufieurs  méchantcf 
allions  de  ces  Princes  ,  qui  ont  mérité  de  porter  le  titre  de  Rois  des  Màffins. 
En  efl'et ,   ce  font  les  mêmes  dont  il  eft  parlé  dans  nos  hiftoires  des  guerres 

^e 


ISMAIL  BEN  IBRAHIM.       ISMAIL  SAMANI.  345 

de  la  Terre  fainte  :   &  le  mot   de   vieillard  de  la  montagne ,    n'eft  autre   que 
Scheikh  ai  Gcbâl  en  Arabe,  qui  exprime  non  l'âge,  mais  la  dignité  d'un  Prin 
ce  de  Ja  Province,  appellée  en  Arabe  Gebdl,  mot  qui  fignifie  la  montagne.      ' 

ISMAIL  BEN  IBRAHIM.  Ifmaël  fils  d'Abraham  &  de  Hagar.  Le  Tr- 
rikh  Montekheb  rapporte,  qu'Abraham  ion  père  l'avant  voulu  facritier  ,  Gebrai} 
ou  Gabriel  l'empêcha  ,  par  ordre  de  Dieu  ,  &  fubllitua  en  fa  place  un  Bélier  ; 
que  le  père  &  le  fils  facrifiercnt  enlemible,  au  lieu  même  où  ils  bâtirent  depuis 
le  Temple  de  la  Mecque. 

Le  même  Auteur  rapporte,  que  les  cornes  de  ce  Bélier  furent  attachées ,  par 
les  anciens  Arabes,  à  la  goutière  d'or  ,  qui  reçoit  les  eaux  de  la  couverture  de 
ce  Temple  ,  &  qu'elles  y  demeurèrent  fufpenducs  jufques  au  temps  de  Maho- 
met, qui  les  en  détacha  pour  ôter  à  ces  peuples  tout  iujet  d'idolâtrie. 

Le  Temple  de  Ja  Mecque  qui  ne  fut  bâti  par  Ifmaël  &  par  Abraham  fon  pè- 
re ,  qu'après  la'  mort  de  Hagiar  ou  Agar  ,  fut  nommé  Caabah  ,  à  caufe  de  fa 
figure  quirrée,  &  a  porté  depuis  le  titre  de  Beit  Allah  ,  ou  maifon  de  Dieu, 
que  les  Mahometans  Juy  ont  donné,  pour  l'oppofer  au  Temple  de  Jerufalem. 

ISMAIL  SAMANL  Ifmaël  le  Samanide.  •  Il  étoit  fils  d'Achmed  ,  fils 
d'Alfad,  fils  de  Saman  ,  &  fut- le  Fondateur  de  la  Dynallie  ou  Famille  Royale 
des  Princes   nommez  Saman iens  ou  Saraanides. 

Il  fut  aulTi  celuy  qui,  pendant  le  règne  des  Khalifes  &  dans  l'étendue  du  Mu- 
fulmanifme,  porta  le  premier  le  titre  de  Padiichâh,' c'eft-à-dire,  d'Empereur  ou 
Monarque,  que  Môtadcd  luy  accorda  l'an  de  l'Hegire  287,  de  J.  C.  900,  après 
qu'il  eut  défait  Amrou  Leitsj  ennemi  capital  de  ce  Khalife. 

Ifmaïl ,  qui  s'étoit  fignalc  par  une  très-grande  valeur  &  par  une  pieté  fingu- 
lière,  régna  huit  ans  paifible  pofiefllnir  de  pluficurs  grandes  Provinces,  dont  il 
laiffa  Ahmed  ion  fils  héritier  ,  &  mourut  l'an  de  l'tiegire  295  ,  de  J.  C.  908; 
Il  fut  tellement  regretté  des  fiens,  qu'il  porta,  après  fa  mort,  le  titre  d'Emir 
Madhi,  qui  fignifie  le  Prince  qui  a  palTé,  c'eft-à-dirc,  qui  n'a  point  eu  fon  fcm- 
blable  par  le  paifé,  &  qui  n'en  aura  point  à  l'avenir. 

Pour  bien  entendre  l'hifloire  de  ce  Prince,  il  faut  voir  celle  d'Amrou  ,  fils 
de  Leits,  dans  fon  titre  particulier,  (^  celle  des  Samanides  dans  celuy  de  Saman , 
duquel  il  tiroit  fon  origine. 

Lorsqu'il  marchoit  pour  combattre  Amrou  ,  fon  armée  paffant  auprès  d'un 
des  Jardins  de  la  ville  de  Herat  dans  le  temps  des  fruits  ,  il  s'apperçût  qu'un 
des  arbres  de  ce  jardin  étendoit  fes  branches,  qui  étoient  fort  chargées,  fur  le 
grand  chemin,  &  il  crut  devoir  y  faire  pofer  une  fcntinelle,  afin  que  perfonne 
n'en  cueillît.  L'on  obferva  alors  ,  que  tous  fes  Ibldats  curent  un  fi  grand  ref- 
peft  pour  fes  ordres  ,  &  gardèrent  fi  exaflement  la  difcipline  militaire  ,  qu'il  ■ 
avoit  établie  parmi  eux,  qu'aucun  d'entr'eux  n'eut  la  hardiefi^e  d'en  prendre  un 
feul;  lui-même  l'ayant  aufTi  remarqué  ,  en  rendit  des  actions  de  grâces  à  Dieu, 
&  en  prit  un  très-bon  augure  pour  le  fuccez  de  fon  entreprife. 

Après  qu'il  fe  fut  rendu  maître  de  la  perfonne  de  fon  ennemi  ,  par  un  acci- 
dent auffi  rare  &  aufîî  merveilleux  qu'il  en  puilfe  jamais  arriver ,  comme  l'on 
peut  voir  dans  le  titre  d'Amrou  Ben  Leits  ,  il  envoya  aufïï  -  tôt  à  fon  prilbn- 
nier  un  de  fes  principaux  Officiers  pour  le  confoler  fur  fon  malheur  ,  &  pour 

Tome  II.  X  x  lui. 


J45  I  S  M  A  I  L    S  A  M  A  N  r. 

lui  faire  naître  quelque  efpérance  de  falut  dans  un  fi  grand  defefpoîr  de  fes  af- 

Amrou  touché  de  Taftion  fi  génereufe  de  fon  vainqueur,  voulut  y  correfpon- 
dre  par  un  grand  témoignage  de  génerofité  ;  car  il  tira  de  fon  bras  le  contre- 
.,chifFre  de  tous  fes  tréfors  &  le  remit  entre  les  mains  de  l'Officier,  qui  lui  avoit 
porté  le  compliment  de  la  part  d'Ifmail. 

L'Officier  courut  en  grande  hâte  porter  ce  papier  à  fon  maître  ;  mais  Ifnail 
ayant  appris  ce  qu'il  contenoit ,  lui  dit  :  Retournez  promptement  fur  vos  pas , 
&  rendez  ce  papier  à  Amrou.  Dites-luy  auffi,  de  ma  part,  que  je  vois  bien 
qu'il  me  veut  vaincre  par  ce  tour  de  génerofité  &  d'adreffe. 

Ajoutez  lui  auffi  qu'ayant  appris,  ce  que  tout  le  monde  fçait,  que  lui  &  foa 
frère  Jacob  étoient  tous  deux  enfans  d'un  Chaudronnier  ,  que  la  fortune  avoit 
élevez ,  pour  quelque  temps  ,  à  un  état  de  grandeur  &  de  puiflance  ,  dont  ils 
ne  le  font  fervis  que  pour  amalfer  injuftement  les  biens  des  peuples  opprimez 
fous  leur  tyrannie  ,  je  m'apperçois  bien  qu'il  fe  fent  luy  &  fon  frère  chargez 
de  ce  fardeau  d'iniquitez;  &  que  c'eil  en  vain  qu'il  voudroit  s'en  décharger  fur 
moi  en  me  mettant  en  main  fes  tréfors,  que  je  fçaurai  bien  trouver,  fans  lui 
en  avoir  l'obligation.     Khondemir.     Lcbtarikh. 

Nôtre  Ifmail,  au  rapport  de  Nezàm  Alraolk  dans  fon  Livre  intitulé  FaJJaja, 
ou  Préceptes  Politiques,  regnoit  dans  le  pays  qui  efl  au  dc-là  du  lleuve  appelle 
Gihon,  jufques  au  Turkeflan  &  au  Cathai  exclufivemcnt  ;  &  après  qu'il  eut 
défait  Amrou  Leits ,  dernier  Prince  de- la  Djmaltie  des  Suffarides  ,  il  fe  rendit 
maître  du  Khorafïlin,  &  d'une  grande  partie  de  ce  que  nous  appelions  aujour- 
d'huy  la  Perfe,  ce  qui  fliifoit  un  grand  Etat,  duquel  la  ville  de  Bokharah  étoit 

la  capitale. 

Il  eft  vray,  que  la  défaite  d' Amrou  Leits  fut  plutôt  un  effet  du  bonheur, 
que  de  la  valeur  d'Ifmail  ;.  car  la  bataille  s'étant  donnée  entr'eux,  Amrou  Leits 
fut  emporté  par  fon  cheval  ,  lors  qu'il  donnoit  fes  ordres  à  la  tête  de^fon  ar- 
mée, jufqu'au  camp  d'Ifmail,  ce  qui  fit  que  fes  troupes  deflituées  de  chef,  pri- 
rent honteufemcnt  la  fuite,  &  donnèrent  ainfi  une  victoire  entière  &  complète 

à  fon  ennemi. 

Le  même  Auteur  rapporte,  qu'Ifmail   s'-étant  informé  d'Amrou  Leits  du  lieu 

où  il   gardoit  fes  tréfors  ,  ce  Prince  lui  dit ,   qu'il  en  avoit  confié   la   garde  à 

~un  de  fes  domeftiques  nommé  Sam  ,  qui  les  auroit  peut-être  fait  tranfporter  à 

la  ville  de  Herat.     Cecy  ell  fort  différent  de  ce  que  Khondemir  &  le  Lcbtarikh 

-en  rapportent. 

Ifmail  n'eut  pas  plutôt  appris  ces  nouvelles ,  qu'il  fit  marcher  fon  armée  du 
côté  de  Herat.  Les  habitans  allanuez  par  fa  marche  ,  ne  trouvèrent  point  de 
meilleur  moyen  ,  pour  garantir  leur  ville  de  la  dernière  ruine  dont  elle  étoit 
menacée,  que  de  fe  foûmettre  à  ce  Prince,  en  luy  demandant  fa  proteftion  & 
des  fauve-gardes  contre  les  violences  de  fes  troupes. 

Ce  Prince  leur  accorda  ce  qu'ils  lui  demandoient  dans  la  capitulation  qu'il  fit 
avec  eux,  &  après  être  arrivé  dans  leur  ville  avec  toute  la  diligence  poffible, 
il  donna  auffi-tôt  Ces  ordres  pour  faire  chercher  les  tréfors  d'Amrou  Lèits  ,  qui 
y  étoient  cachez;  mais  quelque  recherche  que  l'on  en  put  faire,  il  fut  impof- 
fible  de  les  trouver. 

Les  troupes  qui  s'attendoient  d'être  payées  de  l'argent  de  ces  tréfors  ,  s'en 
li'ôyant  ainfi  fruftrées ,  repréfenterent  à  Ifmail  leurs  befoins  ,  &  luy  dirent  qu'il 

pou- 


I  s  M  A  I  L    S  A  M  A  N  I.  ^^y 

pouvoit  bien  obliger^  les  habitans  de  Ja  ville  de  Herat  à  lui  fournir  la  folde  de 
fon  armée  ,  ^  puis  qu'ils  poiFédoient  chez  eux  de  fi  grandes  richefll-s ,  &  qu'un 
feul  dinar  d'or  que  chaque  habitant  aile  contribuëroit  pour  fa  part ,  feroit  une 
fomme  capable  de  les  contenter.  L'armée  qui  avoit  fait  cette  inftancc  allez 
prelFante  à  Ifmail  ,  dans  le  temps  qu'il  avoit  le  plus  grand  befoin  d'elle  ,  ne 
remporta  cependant  auti-e  réponfc  de  luy,  finon  qu'il  avoit  donné  fa  parole  ,  & 
qu'il  n'y  vouloit  pas  manquer  ;  furquoy  les  principaux  Officiers  de  l'armée  s'é- 
chautfant  de  plus  en  plus  ,  &  proteftant  que  fon  ai-mée  ne  pouvoit  plus  fubfif- 
ter  fans  ce  fccours  d'argent,  il  leur  répondit  en  des  termes  qui  font  éo-alement 
paroître  fa  juftice  &  fa  fermeté;  car  il  leur  dit:  Celuy  qui  a  par  fa  providen- 
ce poulfé  le  cheval  d'Amrû  Leits  dans  mon  camp ,  cil  allez  puilFant  pour  faire 
fublifter  mon  armée  ,  fans  que  je  manque  à  ma  parole  ;  &  il  ne  leur  eut  pas 
plutôt  fait  cette  réponfe  admirable,  que  pour  n'être  pas  importuné  davantage, 
&  pour  ôtcr  k  fon  armée  tout  fujet  de  murmure  &  de  tentation,  il  la  fit  mar- 
clier,  &  lui  ôta  ainli  la  vue  de  cette  opulente  ville. 

Peu  de  temps  après  cette  belle  aftion  d'Ifmail ,  une  des  femmes  de  fon  Ser- 
rail  de  Herat  ayant  mis  fur  la  fenêtre  de  fa  chambre  un  bracelet  de  rubis  ,  il 
arriva  qu'un  milan  affamé  fondit  deffus  ce  joyau  ,  &  l'enleva  comme  il  auroit 
fait  une  pièce  de  vàande.  On  fuivit  de  la  vue  cet  oifeau  ,  lequel  ne  vola'  pas 
loin,  fans  s'appercevoir  qu'il  s'étoit  trompé,  &  l'on  vit  qu'il  laiffa  tomber  le 
bracelet  dans  un  puits  fec,  d'où  il  étoit  aifé  de  le  retirer. 

On  fit  pour  cet  effet  defcendre  un  homme  ,  lequel  étant  au  fond ,  s'apperçut 
qu'il  y  avoit  une  ouverture  qui  conduifoit  à  une  grotte  où  il  entra ,  &  vit  un 
grand   nombre  de  coffres  &  de  paniers. 

Les  Officiers  d'Ifmail  avertis  de  ce  rencontre  inopiné  ,  fe  tranfporterent  auffi- 
tôt  fur  le  lieu,  en  firent  tirer  les  paniers  &  les  coffres  ,  où  ils  trouvèrent,  fans 
y  penfer ,  ce  qu'ils  avoient  cherché  long -temps  inutilement;  car  c'étoient  les 
trélbrs  d'Amrou  Leits,  qui  tombèrent  ainfî  entre  les  mains  d'Ifmail  comme  pour 
récompenfe  de  fa  bonne  foy. 

Ce  Prince ,  dit  Mirkhond ,  étoit  doué  d'une  vertu  héroïque  qu'il  faifoit  écla- 
ter dans  toutes  fes  avions.  Une  des  plus  belles  de  fa  vie  eft  celle  qu'il  rap- 
porte en  ces  termes  : 

Au  commencement  de  fon  règne,  Naffer,  fon  frère  aîné,  qui  étoit  demeuré 
maître  de  la  ville  de  Bokharah  ,  lui  fit  la  guerre  ;  Ifmail  fe  mit  feulement  fur 
la  défenfive,»mais-  ayant  été  enfin  obligé,  par  fon  frère,  de  luy  Hvrer  bataille, 
il  obtint  fur  luy  une  victoire  fignalce. 

Naffer  ayant  été  fait  prifonnier  après  fa  défaite ,  il  fut  conduit  devant  If- 
mail ,  fon  frère  ,  par  des  foldats  ,  qui  n'attendoient  que  l'ordre  pour  le  faire 
mourir;  mais  ces  mêmes  foldats  furent  bien  furpris,  quand  ils  virent  qu'Ifmail, 
à  la  vûë  de  fon  frère ,  mit  auffi-tôt  pied  à  terre  &  vint  lui  baifer  l'eftrier. 

Nafier  lui-même  prit  d'abord  cette  civilité  pour  une  raillerie  &  pour  une  el^ 
pècc  d'in fuite  faite  à  fon  malheur  ,  &  il  ne  fut  point  détrompé  que  lors  qu'il 
reilcntit  les  effets  de  la  bonté  &  de  la  clémence  du  vainqueur ,  par  la  liberté 
qu'il  obtint,  &  par  la  joiiiffance  de  fes  Etats,  dans  laquelle  il  rentra  bien -tôt 
après. 

Le  même  Auteur ,  fuivi  de  celuy  qui  nous  a  donné  le  Nighiariflan  ,  dit , 
qu'Ifmail  le  Samanide  ayant  appris  que  les  poids  ,  fur  lefquels  les  Fermiers  de 
la  ville  de  Herat  exigeoicnt  des  peuples  fes   droits  &  i'es  tributs  ordinaires, 

Xx  2  étoicnc 


348  '  I  M  A  I  L. 

étoient  plus  forts  que  les  poids  communs  du  pays  &  de  la  ville ,  dépefcha  e« 
diligence  un  Officier  à  Herat ,  à  l'arrivée  duquel  les  habitans  effrayez  craigni- 
rent qu'on  ne  vint  leur  demander  quelque  fubfide  extraordinaire. 

Cependant  ils  furent  fort  agréablement  furpris ,  lors  qu'ils  virent  que  cet  Offi- 
cier, bien  loin  de  leur  demander  de  l'argent,  ne  fît  autre  chofe  que  de  prendre 
les  poids  du  tribut,  &  de  les  mettre  dans  un  fac  qu'il  fcella  &  emporta  avec 
luy.  Ifmaïl  les  ayant  entre  fes  mains  les  examina  luy-mefme,  &  les  ayant 
trouvez  effeftivement  trop  forts,  les  fit  talonner  de  nouveau,  &  donna  ordre 
en  même  temps  que  l'on  diminuafl  à  l'avenir  fur  le  tribut  ordinaire  ,  ce  que 
l'pn  avoit  exigé  de  plus  par  le  palTé. 

ISMAIL  Ben  Caiem.  Ifmaël  furnommé  Al  Manfour  B^covat  Allah,  c'efl-à- 
dire  viélorieux  par  la  puiifance  de  Dieu ,  étoit  fils  de  Caiem  Bemrillah ,  fécond 
Prince  ou  Khalife  de  la  race  des  Ifmaëliens  dAfrique  qui  fe  qualifioient  Fathe- 
mites,  (Se  petit -fils  du  Mebedi  fondateur  de  cette  Dynaffcie.  i^oyi^z  le  titre  de 
Manfor  ou  Manfour. 

ISMAIL  Ben  Seifaleflam.  Ifmaël  fils  de  Seifaleflam,  efloit  Roy  de  l'Iemen 
ou  de  l'Arabie  heureufe  ,  qui  a  eu  des  Princes  particuliers  de  la  Maifon  des 
Âjoubites  ou  Jobites  depuis  l'an  550  ,  jufqu'en  l'an  600  de  l'ilegire.  Cet 
Ifmaël  étoit  petit- fils  de  Doghanghir  ^  fils  d'Aioub,  &  par  confequent  frère  du 
Grand  Saladin. 

Il  fe  vantoit  d'être  de  la  Maifon  desOmmiades,  quoy  qu'il  fufi;  Curde  d'ori- 
gine,  &  prit  cependant  la  couleur  verte  qui  étoit  celle^de  la  famille  d'Ali,  en- 
nemie  capitale  de  celle-là.  Il  fe  fit  proclamer  Khalife,  &  portoit  comme  tel  à 
fon  habit  une  queue  longue  de  vingt  coudées ,  que  quelques-uns  appellent  la 
manche  des  Khalifes,  dont  il  eft  fait  mention  dans  le-  titre  de  Moflaizcm. 

Les  Seigneurs  du  pa}^  las  de  fupporter  Ç<i3,  extravagances,  le  firent  tuer  par 
des  affaffins,  &  mi.ent  en  fa  place  fur  le  trône  un  de  ^qs  frères  qui  étoit  en- 
core fort  jeune;  mais  celuy-cy  ne  leur  plaifant  pas  plus  que  fon  frerc  aîné,  fut 
empoifonné  peu  de  temps  après  par  leur  ordre:  de  forte  que  l'Iemen  demeura 
pendant  quelques  années  fans  Rois  &  fins  Princes,  dans  une  véritable  anai-chie. 

Ommal  NafiTer,  mère  de  ces  deux  derniers  Princes,  s'étoit  retirée  après  la  mort 
de  fes  enfans  dans  la  ville  de  Zebid,  où  elle  vjvoic  &  fubfiftoit  à^s  biens  qui 
luy  étoient  reftez  de  la  Maifon  des  Jobites  dont  elle  étoit  iiluë  •&  héritière , 
lors  qu'un  de  fes  Efclaves  luy  prefenta  un  homme  nommé  Soliman  ,  fils  de 
Schahinfchah ,  fils  d'Omar  Prince  de  la  même  Maifon,  qui  avoit  été  trouvé  à 
ia  Mecque  avec  une  troupe  de  Dervifches,  ou  de  gueux. 

Ce  Soliman  avoit  autrefois  quitté  la  maifon  de  fon  père  ,  &  s'cfloît  enrollé 
dans  une  bande  de  croquans  qui  alloient  par  la  montagne  avec  des  bâtons  fer- 
rez, ou  bourdons,  qu'ils  portoient  fur  les  épaules,  &  fe  difoient  pèlerins,  quoy 
qu'ils  ne  fufîïent  cfl'ciflivement  que   ào^  Bandoufîers. 

La  PrincelTe  Ommal  Nalfer  ne  l'eut  pas  plutôt  vu,  qu'elle  prit  la  refolution 
de  l'époufer,  &  de  le  faire  par  ce  mariage  Roy  de  l'Iemen.  Elle  exécuta  véri- 
tablement ce  deiTiin  ;  mais  ce  nouveau  Roy  qui  n'avoit  été  élevé  que  parmy 
des  miferables,  fe  trouva  tellement  dépourvu  de  toutes  les  qualitez  neccfi!aires 
à  un  Souverain,  &  par  confequent  fon  Etat  fi  mal  gouverné,  que  ks  fujets 
furent  obligez  de  le  dépofer,  &  la  Reine  la  femme  de  fe  feparer  de  luy. 

L'on 


I  s  M  A  I  L    s  C  H  A  H.       I  S  S  A.  349 

L'on  dit  que  Soliman  fe  trouvant  réduit  en  cet  état  déplomblc,  écrivit  à  fou 
grand  oncle  Malck  al  Adel ,  Roy  d'Egypte  ,  "  pour  obtenir  de  luy  quelque  fe- 
cours  contre  fes  fujets  révoltez:  mais  il  fit  allez  connoiftre  qaeJ  il  étoic  parla 
lettre  qu'il  luy  envoya  fur  ce  fujet,  &  la  commençant  ainii;  De  la  part  du  Roy 
Soliman,  au  nom  de  Dieu  débonnaire  &  clément,  où  l'on  voit  que  cet  im- 
becillc  mettoit  fon  nom  avant  ce!uy  de  Dieu.  Cette  fottifc  intolérable  fit  que 
Malek  al  Adel  n'eut  aucune  confidoration  ni  pour  fa  lettre,  ni  pour  ia  perfon- 
ne.    Bm  Schohnah. 

ISM  AIL  SCHAH,  ou  Ifimil  Sofi.  C'efl:  le  grand  Ifmaël ,  Chef  &  Fonda- 
teur de  la  Dynafl:ie  ou  Famille  Roj^alc  qui  règne  aujoi:rd'huy  en  Perfc,  dont 
chaque  Roy  efl;  appelle  par  le  vulgaire  le  Grand  Sofi  de  Perfe. 

Ce  Prince  étoit  fils  de  Scheik'i  H;udar ,  fils  de  Gioneid  ,  fils  d'Ibrahim,  fils 
d'Ali,-  fils  de  Moufi'a,  fils  de  Scheikh  Sefi,.  troifième  defcendant  en  ligne  droite 
&  mafculine  d'Ali,  Gendre  de  Mahomet,  û  l'on  en  veut  croire  les  Perfans  ado- 
rateurs de  cette  famille.    Foyez  fur  ce  fujet  les  titres  de  llaidar  &  de  Sefi. 

ISRAIL  &  Ifraili.  Ifrael  &.  Ifraelite.  Ces  noms  quoique  Juifs  dans  leur 
origine  font  empruntez  par  les  Mahometans  qui  s'en  fervent  pour  exprimer  non 
feulement  les  Juifs,  mais  encore  tous  ceux  de  la  famille  de  Hcbcr;  mcfme  de- 
vant le  temps  d'Abraham. 

ISS  A  Ebn  Miriam,  Jefus  fils  de  Marie.  C'efl:  Jefus-Chrifl. Nôtre  Seigneur. 
L'Auteur  du  Lebtarikh  met  fa  naillance  fous  le  règne  de  Khofrou , .  fils  d'Afchegh  j 
fécond  Roy  de  Perfe  de  la  race  des  Afchganiens  dans  la  cinquante -fix-ieme 
année  d'Augufl:e,  Empereur  des  Romains,  &  cent  &  fix  ans  après  la  mort  d'Alex- 
andre; mais  le  même  Auteur  fe  corrige  fur  cette  dernière  datte  ,  en  difant 
que  pluficurs  comptent  un  plus  grand  nombre  d'années  entre  la  mort  d'Alexan- 
dre,  &  la  naiflànce  de  Jefus  -  Chrift. 

L'Auteur  du  Tarik  Montekheb  ajoute  qu'il  ncâquit  à  Bethlekem  auprès  de 
Jerufalcm  ,  de  Marie  fa  mère  ;  qu'il  efi:  né  fans  père  ;  qu'il  ne  fut  que  trois 
heures  dans  le  berceau,  &  qu'il  ell  monté  aux  cicux,  où  il  a  fon  trône  dans 
le   quatrième  ciel. 

Il  fixe  le  tems  de  fa  naifiance  fous  le  règne  de  Schabour  ou  Sapor  fécond 
Roy  de  la  Dynaflie ,  appcllée  Molouk  al  thaouaif ,  les  Roys  des  Nations.  Cette 
époque  n'cil:  pas  \\  éloignée,  qu'il" paroît,  de  celle  du  Lebtarikh,  caries  Afch- 
gmiens  font  une  partie  de  ces  Roys  des  Nations,  dont  il  fait  une  dillinéiioii 
particulière. 

Ce  même  Auteur  donne  à  Jefus-Chrifi:  un  frère  qu'il  nomme  Akil  ou  Okail; 
mais  c'efi;  un  frère  à  la  mode  des  Hébreux  ,  qui  donnent  ce  nom  aux  coufins 
germains,  de  même  que  le  font  encore  aujourd'hui  les  Italiens.    ' 

Au  chapitre  de  la  famille  d'Amran  qui  ell  le  troifième  de  l'Alcoran ,  on  lit 
ce  paffage  :  Les  Anges ,  c'eft-à-dire ,  l'Ange  Gabriel ,  défigné ,  à  caufe  de  fon 
excellence,  par  un  nom  plurier ,  dirent  à  Marie:  Dieu  vous  annonce  fon  Ferbi 
dont  le  nom  fera  le  Chrijî ,  ou  MeJJte  Jefus  qui  fera  vôtre  fils  très-digne  de  refpecl 
en  ce  monde  âf  fw  ["autre. 

Ces  paroles  furent  dites  à  la  fainte  Vierge,  après  celles  qui  ont  précédé  dans 
un  autre    palTage  du  même  chapitre  ,   qui  portent  que   Its  Anges ,   ou  l'Ange 

X  X  3  Gabriel 


Gabriel  dit  à  Marie  :  0  Marie,  Dieu  vous  a  éhVé,  purifiée,  ^  trh-partîcnue'mmnt- 
cJioiJîe  entre  toutes  les  femmes  du  monde  !  O  Marie ,  foûmettez-rous  à  votre  Seigneur  ! 
profternez-vous ,  &'  adorez-le  avec  toutes  les  créatures  qui  r adorent,  f'^oici  un  grand 
fecret  que  je  vous  révèle. 

Ces  deux  paflages  font  fort  conformes  à  là  vérité  Evangelique.  HoufTain 
Vaêz  en  les  expliquant,  traduit  toujours  le  nom  de  Marie  par  le  mot  Pcrfien, 
Perejîar  Klioda,  qui  fignifie  Servante  de  Dieu;  parce  qu'il  veut,  comme  nous 
verrons  dans  le  titre  de  Marie,  que  ce  nom  ait  en  Hébreu  cette  fgnification  ; 
&  lors  qu'if  interprète  les  mots  de  Kelemat  j^llah,  qui  fignificnt  le  Verbe  ou  la 
Parole  de  Dieu,  il  dit  que  Jefus-Chrifh  eft  appelle  ainfi,  parce  qu'il  a  été  pro- 
duit de  Dieu  par  fa  fimple  parole,  fans  qu'il  ait  eu  befoin  de  Père. 

L'on  pourra  dire  ,  pourfuit  le  même  Auteur ,  que  tous  les  hommes  ont  été 
tirez  du  néant  par  cette  même  parole  :  Mais  cette  caufe  prochaine  de  leur  pro- 
duclion,  qui  eft  un  Père,  ne  fe  trouvant  point  en  Jefus-Chrill,  l'on  doit  attri- 
buer, &  rapporter  fa  génération  à  une  parole  entière  &  fubflantielle. 

Il  efb  appelle  Mefîîe,  ajoute  le  même  Interprète,  parce  que  ce  mot  fignifie 
en  Hébreu  Moharrak ,  Béni ,  terme  que  les  Hébreux  n'appliquent  qu'à  Dieu ,  & 
à  lui ,  qui  faifant  fon  entrée  dans  Jérufalem ,  fut  falué  de  tout  le  peuple  Juif 
par  ces  paroles:  Benediàus  qui  venit  in  nomine  Domini. 

La  fin  du  verfet  porte  qu'il  efl  très-digne  de  refpefl  dans  l'un  &  l'autre 
monde  ,  à  caufe  de  fa  toutc-puifTance  qu'il  a  manifeftée  en  ce  monde  par  fa 
do6lrine  &  par  fa  loy ,  par  fa  naifi[lmce  prodigieufe ,  par  fon  afcenfion  au  Ciel , 
&  par  la  viéloire  qu'il  doit  remporter  fur  l'Ante-Chrifl;  ;  &  il  exerce  cette  mê- 
me puiflance  dans  fautre  monde  par  fon  office  de  Médiateur,  &  par  la  place 
d'honneur  qu'il  occupe  dans  le  quatrième  Ciel.  Voyez  les  pages  12  âf  13  de 
ce  Chapitre  dans  la  Paraphrafe  de  HoufiTain  Vaêz. 

Ce  quatrième  Ciel,  félon  le  fyfteme  des  Alcoranifles. ,  efl  le  ciel  Empyrée; 
car  félon  eux,  le  premier  des  cieux  efl  celui  des  planètes;  le  fécond  que  nous 
appelions  le  fiyiiament,  comprend  les  étoiles  fixes;  le  troifîèuie  ,  celui  des  In- 
telligences feparées  des  corps,  ou  le  premier  Mobile  ;  &.  le  quatrième,  efl  celui 
du  premier  Moteur  où  efl  le  trône  de  la  gloire  &  de  la  Majeffcé  Divine. 

Nous  lifons  dans  le  chapitre  intitulé  Ncjfa  ,  ou  des  Femmes  ,  ces  paroles 
exprelTes:  Le  Mejfis  cft  jéfus  fils  de  Marie,  r  Envoyé  de  Dieu,  fon  Verbe,  (3^  fia 
Parole,  laquelle  il  a  fait  annoncer  à  Marie  ,  &"  le  même  Jefius  efii  Efiprit  procédant 
de  lui.  HulTain  Vàêz  en  glofant  ce  paflage,  dit  que  le  mot  de  Verbe  ou  Parole^ 
fignifie  ce  qui  a  été  annoncé  à  Marie  pour  devoir  naître  d'elle  feule  ,  fans 
tirer  fon  principe  ,  ni  fon  origine  d'aucun  homme. 

Le  mot  à' Efiprit  procédant  de  Dieu  ,  efl  ainfi  expliqué   par  le  même  Auteur: 
Il    effc    doué  d'un  efprit  qui   procède  immédiatement   de   Dieu  fans   le  milieu, 
d'aucune  autre  -caufe  qui  l'ait  produit. 

On  lit  plus  bas  dans  le  même  chapitre  Nefl'a:  Le  Mefife  ne  dédaigne  pas  d'ejîre^ 
(3'  de  fie  dire  le  fierviteur  de  Dieu,  aufifi-hien  que  les  ^nges  qui  fiant  les  plus  pro- 
ches  du  trône  de  la  Divinité.  Les  Interprètes  difent  fur  ce  pafl'age  que  \qs  Chré- . 
tiens  ayant  taxé  Mahomet  d'impiété- fur  ce  qu'il  qualifioit  Jcfus-Chrifl  du  titre 
de  ferviteur  de  Dieu  ,  il  leur  répondit  par  les  paroles  de  ce  verfet  :  Mais  ce 
reproche  des  Mufulmans  efl  mal  fondé  ,  puifque  les  Chrétiens  reconnoilfent 
avec  faint-Paul  que  Jefus-Chrift  a  pris  la  forme  de  Serviteur.  Cette  façon  de 
parler  de  faint-Paul  efl  Orientale  :  car  cet  Apôtre  prend  le  nom  de  ferviteur 

pp- 


I    s    s    A. 

■)iour  celui  d'Homme  ,  lequel  devient  neceflairement  en  vertu  de  fa  o,■Xo^• 
Serviteur  de  Dieu.  ^  ci  cation. 

Au  cliapitre  fécond  de  l'Alcoran  intitulé  ,  Bacrat ,  ou  de  la  Vache  Roi,m. 
dont  Moyfc  parle,  on  lit  les  paroles  fuivantes:  Nous  avons  donné,  dit  Dieu  à 
Jefus  fils  de  Marie,  des  marquas  évidentes  ,  ^  nous  l'avons  aMé  &  fortifié' du 
Saint- Efpriî.  •'      ■' 

Les  Interprètes  de  l'Alcoran  paraphrafent  ce  paflagc  en  la  manière  qui  fuif 
]NJous  avons  donne  a  Jefus  qui  cit  le  véritable  lils  de  Marie,  des  fi'n^s  nai* 
lefquels  on  pouvoit  le  connoître  aifément  Ces  fignes  &  ces  marques"  font  la 
«onnoifTance  des  chofes  les  plus  cachées,  &  le  pouvoir  de  rciRifciter  les  no-ts 
Nous  l'avons  de  plus  fortifié  du  Saint  Kfprr;  c'efl-à-dire ,  de  l'efprit  de  Dureté 
&  de  fainteté ,  de  l'affiftance  continuelle  de  ;abriel  ,  qui  fimifie  la  force  de 
Dieu,  de  la  vertu  du  grand  &  in  affable  Nom ^  Dieu,  par  l'eiîicace  duquJ  il 
operoit  fes  grands  miracles;  &  enfi.i  de  la  puiTï^ce  de  l'Evangile  d'où  fe  tire 
la  vie  de  l'ame,  &  le  renouvellement  du  cœur.  ° 

On  peut  reconnoître   par   cette   glof3  fi  confu.rable  ,   que   les  Mahometans 
■qui  veulent  oter  la  Divinité  à  Jefus  Cnrift,  font  bligez  par  la  force  de  la  v- 
rite  de  lui  attribuer  ce  qui  ne  convient^  qu'à  Diei  feu];   à  fçavoir ,  la  juflilî-' 
cation  de  lame,  &  la  convernon  du   pécheur.  ^  •' 

à  jeiu^cSfft'^  lÏÏ  di'?^°'  ^^  ""'''  ^''''''^'  '^'''"  '"^^'^^^e^^"'  îeq^sl  s'adreflant 

Le  cœur  de  rhomms  affligé  tire  toute  fa  confdation  de  -is  paroles. 

Lame  reprend  fii  vie  ^  fa  vigueur,  entmdamfeulemen  prononcer  vôtre  nom  * 

Si  jamais   refprit    de  l'imme  peut   s'élever  à  'a  contemjation  des  Myjîeres  'de  la, 

Divinité , 
Cejl  de   vous   qu'il   tire  fes   lumières  pour   les  connoîtt ,    ^  c'ejl  vous  aui  Im 

donnez  l'attrait  dont  il  eft  pénétré.  ï         / 

Un  Chrétien  ne  pourroit  pas  parler  plus  énerguement  de  la  grâce  de  Tefus- 
Chrift,  laquelle  ne  proJuiroit  pas  fans  doute  cesffefs  merveilleux  11  elle  n'a" 
voit  fa  fource  dans  la  Divinité  qui  étoit  inféparJcmont  unie  à  fo'n  Humanité 
facrée.     l^oyzz  le  titre  de  Rouhallah,   qui  eft  le  int-Efprit. 

Il  y  a  beaucoup  de  chofes  qui  regardent  la  Perjne  adorable  de  Jefus-Chrift 
que  l'on  peut  voir   dans   les  titres  de  l'Evangile  des  Apôtres,  des  Chrétiens* 
du  McHie,  &  ailleurs.  * 

L'on  trouve  parmi  les  Mufulmans  plufieurspcbnnages  qui  portent  le  nom 
d'IlTa,  de  même  que  parmy  les  Juifs  celuy  dq/eft,  niais  nous  le  rencontrons 
rarement  parmi  les  Chrétiens,  Il  eft  vrai  qu  ie  ^om  d'Iefchou  ,  dont  celui 
d'IlTa  n'eft  qu'une  abbreviation  ou  tranfpofitic  de  ^ttres,  de  môme  que  celuy 
de  Chrift ,  fe  rencontre  en  compofîtion  dans  1  nom;  de  quelques  Chrétiens  de 
Syrie  &  d'Ethiopie. 

ISS  A  Ben  Schalathah ,  Médecin  Chrétien,  fcipJe  de  Geort^e,  fils  de  Bakhti- 
fchouâ ,  fut  mis  par  fon  Maître  auprès  du  Hife  Abougiafar^Al  Manfor  pour 
remplir  fa  place.  Il  étoit  fi  avare,  qu'il  vot  obliger  le  Métropolitain  de  la 
ville  de  Moful  à  4ui  donner  des  vafes  precieue  fon  Eglife  ;  cette  a&on  lui  fit 

perdre 


j  S  S  A.  — -  I  S  T  A  K  H  A  R. 


perdre  entièrement  la  faveur  de  fon  Prince  ;   car  il  fut  fuûigé  ,   dépouillé  de 
fes  biens,  &  banni  de  la  Cour. 

T9S  A  Rar  Ali  furnommé  Al  Motethabeb,  le  Médecin,  Auteur  d'un  Diaion. 
niire  Svriaque,  ti^duit  en  Arabe,  qui  cft  intitulé  Lexicon.  11  étoit  Chrétien  & 
mtif  de  S>n^;  faifant  profeffion  de  la  Médecine. 

TQCA  Ren  Ali,  furnommé  Al  Cahhal;  c'efl-à-dire  ,  l'Oculifïe.    II  a  compofd 
r         ^,^;^„l^      Tndhkerat  Al   Cahhalin  .   lur  les  maladits   des  yeux,    &  leurs 
™nodes.    S   O'uvngé  cft  tué  de  Gafcn  ,  &  fe  trouve   dans  la  Bibliothèque 
du  Roy,  n°.   962. 

ISS  A  Ben  ^^^'^^^  ^^^^^^^7 ^ 

o^-adaf  &  fit  reeonnoître  fon  propre    fils    nomme    Mahadi   pour  fon  légitime 
fuccelieur.  Fan  de  l'Hegire  i7.de  Jefus-Œnil  764. 

TQc:  A   Al  Milek  Al  Dhahr,  Sultan  de  Mardin,  &  d'une  grande  partie  de  la: 
ibi^  n       c  vnintairement  entre  les  mains  de  Tamerlan ,  pour  con- 

S^rSteau  de  Mard>,  place  la  plus  importante  de  tout  le  pays. 

ISS  A  Ben  Ishfik  Ebn  ^erâat.    On  le  furnommé  auflî  Abou  Iffa.    Ilelt  Au- 
'  %  n  Mecalat     ou  Efcours  {^û  adrefTe  a  quelques-uns  de  fes  amis,   dans 

teur  tiun    >  5      „„:saDpliqioient  à  la  Philofophie,  du  reproche  d'irréligion 

leqiiel  d  défend  ^^^^^/l!"  ^Jf  ais  la  Bibliothèque  Royale  ,  n".  792. 
^^iff  rfrêompSfé  unOuvrap  intitulé,   Mefail  ///à  ,  qui  font  des  queflions 
eurieufes  fur  la  Philofopie. 

Tcc  A   Rpn  Tnufouf,  rurnotmé  Ebn  Atthar,  fë  ffls  du  Droguiffe  ou  de  l'A- 
ISSA  ^^"/JJ''\''^.     le  Cber  Biîlah  Khalife,  de  la  Maifon  des  Abbaffides, 
g'^LVunde' &  grals  coniidens. 

T«;SA  Ebn  IlTa     Homm(ti'ès-docle   qui  réfuta    les  Aftrologues   qui  avoicnt 
M>      n  fécond 'dëlu'^e   iverfcl   fous   le   reçne  de  Mohammed  Khovarezm- 
Fchah.    Vo^/ez  le  titre  de  ce  Itan,  âf  celuy  de  Thoufan,  qui  fignifîe  le  Déluge. 

T<;SArOGI     L'Ifa<^ogds  Porphyre.    Ce  livre  a  été  traduit  en  Arabe,  & 
■  commenté  par  Âthireddin  \  ^heri  ;  i-1  y  en  a  un  exemplaire  dans  la  Biblio- 

^^lS/m  Ar MoWâêr  l'anife  en  vers  Arabes,  &  a  intitulé' fon  poëme 
T  ]  à  caufe  que  la  de-nievconfone  de  chaque  rmie  eft  la  lettre  f.  l^oyez 
l'utn  de  Maouzen  al  mzdn,  Pefon  de  la  balance.  Le  mot  de  Mizan  qui 
L-^^  le  nropre  fignifie  une  bal:e  ,  fe  prend  dans  le  figuré  pour  la  Logique. 
T  PS  Ar-ibes  qui  divifent  ordu'ement  la  Logique  en  dix  portes  ou  chapitres, 
en  font  un  deTIfagoge,  ou  bdudion  de  Porphyre, 

ISTAKHAR.  ^^oj-eg;  Eften. 

TT, 


I  T. I  Z  N  I  M  I  D,  3^3 

IT.  Nom  de  l'onzième  Giagh  ou  Cycle  des  Igureens.  Les  Cathaiens  l'appel- 
lent  Sou  ,  d'un  mot  qui  fignifle  en  leur  langue  un  chien  ,  de  même  qu'It  '& 
Kupek  en  Turc. 

IVAN  Ili.  Le  païs  d'Ivan.  Les  Turcs  appellent  ainfi  en  leur  langue,  le 
païs  que  Jean  Caflriot  peiw-  de  George,  poffedoit  en  Albanie  ,  à  caufe  que  les 
Albanois  appelljnt  en  leur  langue  Juan  celui  que  nous  appelions  Jean. 

IZDIN  Corfouzi.    En  Turc  le  Golphe  de  Ziton. 

IZNIK.  La  ville  de  Nicée  en  Bithynie,  première  conquefte  des  Turcs  fur 
les  Grecs.    Iznik  Kioli ,  Lac  de  Bithynie, 

IZNIMID.  La  ville  de  Nicomedie  qui  eft  auffî  fituée  dans  la  Province 
de  Bithynie. 

K     E    B     L    A    H. 


^•^^^ERLAH,  ou  Kebleh,  ou  Kibieh  ,  comme  les  Turcs  le  prononcent. 
^  1^  %  Mot  Arabe,  lequel  fignifie  proprement  &  en  gênerai,  l'endroit  vers 
%  -*^  ^  lequel  on  le  tourne,  que  l'on  a,  ou  que  l'on  doit  avoir  devant  foy. 
•Jt-^âr'^î-  Dans  une  fignih'cation  plus  particulière  ,  les  Mahometans  appellent 
de  ce  nom  ,  la  Partie  du  Monde  où  le  Temple  de  la  Mecque  eft  fitué ,  vers 
kquelle  ils  font  obligez  de  fe  tom-ner  quand  ils  font  leurs  Prières,  &  parce  que 
la  Mecque  cil  fituée  vers  le  Midy  ,  le  mot  de  Kebleh  fe  prend  fouvent  pour 
la  Partie  Méridionale  du  Ciel  &  de  la  Terre;  de  même  que  pour  le  vent  qui 
Ibuftle  de  ce  côté-là. 

Il  efl  vray,  que  Mahomet  ordonna  d'abord  aux  fiens,  de  fe  tourner  en  priant 
vers  le  Temple  de  Jerufalem,  qui  étoit  le  Kebleh  des  Juifs,  &  des  Chrétiens. 
En  effet,  toutes  les  Eglifes  des_  anciens  Chrétiens,  &  même  celles  qui  fubfiftent 
jufqu'à  nos  temps ,  étoient  bâties  de  telle  manière ,  que  le  Prellre  oflYant  le 
facrifice  à  l'Autel ,  regardoit  l'Orient  où  le  Temple  de  Jerufalem  eft  fitué  à 
l'égard  des  Grecs  &-des  Latins. 

Mahomet  n'ofa  pas  d'abord  propofer  aux  ficns  un  autre  Kebleh ,  à  caufe  de 
la.  grande  vénération  que  les  deux  Religions  principales ,  la  Juive  &  la  Chré- 
tienne, dont  la  fienne  n'étoit  qu'une  Seftc  corrompue,  avoieUt  pour  ce  lieu-là, 
qui  étoit  fanftifié  par  les  prières  de  tant  de  Prophètes,  &  par  celles  du  Mellîe 
même.  Mais ,  comme  il  voulut  dans  la  fuite  féparer  les  fiens  de  toute  commu- 
nication en  fait  de  Religion ,  avec  les  Chrétiens  &  les  Juifs ,  il  leui-  ordonna  ■ 
d'addreflcr  leurs  prières  vers  le  Temple  de  la  Mecque,  par  ce  verfet  de  l'Alco- 
ran:  Tu  tourneras  ta  face  vers  k   7'einple  facré  de   la  Mecque. 

Cependant,  ce  changement  de  Kebleh  donna  occafion  à  plufieurs  d'entre  les 

Tome  IL  Y  y  Difciples 


354  K  E  B  L  E  T  A  N. 

Difciples  de  ce  faux  Prophète,  ck  murmurer  contre  luy ,  d:  il  fut  cenfurc  par- 
ticuliérement  par  les  Juifs,  qui  l'accuferent  d'inconfuance  &  de  légèreté  ,  ce  qui 
l'obli'ea  de  dire  en  un  autre  endroit  ces  paroles:  Dùu  eji  le  Maiftre  du  Levant 
cf  du  Couchant,  âf  ^^  î"^^  <^oJîé  que  vous  vous  tourniez  en  priant  ,  vms  y  trouve- 
rez la  face  du  Seigneur,  c''e[l-à-dire,fa  prefence. 

Aulïï  fuivant  l'Auteur  du  Kefchaf,  il  arriva  depuis,  que  les  Soldats  de  l'Ar- 
mée de  Mahomet  faifant  leurs  prières  pendant  une  nuit  fort  obfcure  ,  n'obfer- 
verent  pas  bien  leur  Kebleh ,  deforte  qu'étant  retournez  à  Medine,  ils  deman- 
dèrent permiiïïon  à  Mahomet  de  réitérer  leur  prière,  pour  reparer  ce  manque- 
ment. Mais ,  Mahomet  mit  leur  çonlcience  en  repos ,  &  leur  olla  tout  fcru- 
pule .  par  une  défcnfe  expreffe  qu'il  leur  fit  de  la  réitérer. 

Un  Auteur  Perficn  a  paraphrafé  fort  élégamment  ces  paroles  de  Mahomet  en 
des  vers  dont  voicy  le  fens:  Il  n'y  a  aucun  endroit,  où  l'on  puifTe  fe  cacher 
de  la  prefence  de  Dieu:  fon  œil  perçant  pénètre  en  tous  lieux.  Il  faut  que  celuy 
qui  a  quelque  connoilîance  de  la  Divinité,  de  quel  côté  qu'il  jette  fes  regards,, 
y  contemple  &  adore  la  Majefté  de  Dieu,  reveftuë  de  tout  l'éclat  de  fes  attri- 
buts glorieux.- 

Le  Kebleh  fe  prend  donc  littéralement  pour  la  Partie  du  Monde  que  l'on: 
regarde  en  faifant  fa  prière.  Mais ,  il  eft  pris  fouvent  par  allégorie  ,  pour  la 
lin  que  l'on  fe  propofe  dans  fes  aftions,  Sur  quoy  Houlfain  Vâez  rapporte  dans 
fa  Paraphrafé  Perfienne  de  très-beaux   Vers,  dont  on  donne  icy  l'explication. 

Ces  Vers  poitent  :  Le  Kebleh  que  regardent  les  Rois ,  eft  leur  couronne , 
&  leur  autorité;  celuy  des  gens  d'affaires,  eft  l'or  &  l'argent;  celuy  des  Ado- 
rateurs de  la  beauté  corporelle ,  eft  un  peu  de  terre  &  d'eau  détrempée  ,  que 
l'on  appelle  de  la  boue  ;  celuy  des  débauchez  ,  eft  l'excès  &  la  fuperfluitc  en 
toutes  chofes  ;  celuy  des  gourmans ,  eft  la  bonne  chère  &  le  fommeil  ;.  celuy 
d'un  homme  d'efprit ,  eft  la  fcience.  Le  Kebleh  des  gens  de  bien,  eft  le  com- 
bat de  leurs  pafîions;  celuy  des  Dévots,  eft  la  Prière;  celuy  des  Ames  tranf- 
portées  de  l'amour  de  Dieu,  eft  l'union  inféparable  avec  luy.  Enfin,  celuy  des. 
contemplatifs  les  plus  élevez,  eft  la   Gloire  &  la  Majefté  divine  toute  pure. 

KE  BLE  TAN.  Les  deux  Kebleh;  Ce  font  les  deux  Temples  dejerufalem 
&  de  la  Mecque. 

L'on  dit  de  Maffôud,  un  des  premiers  Compagnons  de  Mahomet,  qu'il  s'étoit 
trouvé  dans  les  deux  Hegires ,  &  qu'il  avoit  prié  aux  deux  Kebleh.  Par  les 
deux  He<Tires ,  ou  fuites ,  l'on  entend  la  première  qui  fe  fit  en  Ethiopie ,  où  les 
premiers  °Mahometans  furent  obligez  de  fe  réfugier  dans  la  première  perfécu- 
tion  que  les  Coraïfchites  de  la  Mecque  leur  firent  ;  &  la  féconde ,  qui  fe  fit  à: 
Medine,  lorfque  Mahomet  fut  obligé  luy -même  de  s'y  retirer  avec  les  fiens, 
&  c'eft  celle-cy  que  l'on  appelle  proprement  l'Hegire. 

Les  Mahometans  difent  en  termes  de  Spiritualité  ;  faire  fa  prière ,  ou  faire 
quelque  bonne  œuvre  fans  Kebleh,  c'eft-à-dire,  fins  droiture  d'intention ,  &  par 
conféquent ,  fans  mérite  ;  &  ils  accufent  les  Sabis ,  c'eft-à-dire  les  Idolâtres  ,  de 
tourner  le  dos  au  Kebleh ,  lorfqu'ils  pratiquent  quelque  cérémonie  de  leur 
Religion. 

Le  mot  de  Kebleh,  eft  encore  appliqué  par  les  Mahometans,  à  cette  Partie 
du  Monde  où  eft  le  Temple  de  la  Mecque ,  &  au  Vent  qui  fouffle  de  ce  côté- 
là.    C'eft  VKuromtus  des  Grecs  ^  des  iLatins ,  que  l'on  appelle  dans  la  Medi- 

terranécj 


KEBOUDAISrGIAKETH.  KEFAIAT.  355 

ternnée,  Sirocco  &  fur  l'Océan,  Sud-cfl:  d'où  vient  que  les  Perfans  &  les  Turcs 
appellent  une  bouifole,  qu'ils  portent  ordinairement  fur  eux  pour  faire  cxacle- 
ment  leur  prière,  Kebleh  noma,  ou  Kcblch  numa. 

Les  Mahometans  ont  dans  toutes  leurs  Mofquées  ce  Kebleh,  qui  cfl  comme 
un  Autel  fort  exactement  marqué  ,  &  ils  ont  obfervé  que  celuy  de  la  g  ande 
Mofquce  qu'Ai  Manfor  fit  bâtir  dans  fa  nouvelle  Ville  de  Bagdet,  "n'étoic  pas  jufte. 

KEBOUDANGIAKETH.  Nom  d'une  Ville  de  la  Province  ïranfoxane,. 
qui  efl  des  dépendances  de  Samarcande,  ou  félon  quelques  autres  Auteuis,  un 
Canton  femé  de  Villages  &  de  Bois,  au  Septentrion  de  la  Vallée  de  Saraarcan- 
4s y  que  l'on  appelle  ordinairement,  la  Sogd. 

KEBOUDI.  Nag'meddin  Ben  Al  Keboudi.  Nom  de  l'Auteur  d'un  Livre 
intitulé  Afdk  alafchrâk  fil  hokraat  ,  le  Soleil  Levant  de  la  SagefTc  ,,  dans  le- 
quel plufieurs  parties  de  la  Philofophie  font  expliquées.  Foyez  le  titre  de 
Leboudi. 

KEBR.    Foyez  le  titre  de  Ghebr. 

KEBRAIL.    C'ell  Gebraïl.     Fbyez  ce  titre. 

KEBRL  Nag'meddin  Al  Kebri.  Nom  d'Aboul  Genab  A'bdallah  Haiouki, 
qui  a  compofé  un  Livre  de  la  Vie  folitaire  ,  qu'il  a  intitulé  Relfaiat  alhaïm 
alkhaïf  men  laumat  allaïm;  Lettre  d'un  fugitif  &  vagabond,  qui  craint  de  con- 
traéter  les  foiiillures  de  l'immonde  ,  c'efl-à-dire  du  Monde.  Cet  Ouvrage  eft 
dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n°.  617. 

KEBTH.    Nom  que  les  Arabes  donnent  au  Royaume  d'Egypte. 

KEBTHL  Egyptien.  On  dit  auflî  Kobthi,  d'où  vient  le  nom  de  Cophthc, 
qui  efl  deineuré  feulement  aux  Chrétiens  d'Egypte,  qui  defcendent  des  anciens 
Habitans  du  Pa3's,  &  que  l'on  diflingue  des  Arabes  Mahometcias,  qui  l'habitent 
prefentement. 

Abou  Nafr  A!  Kebthi  efl;  un  Auteur  qui  a  écrit  en  Arabe,  un  Livre  d'Afliro- 
logie  Judiciaire,  intitulé  Ekhtiarat.    Eleélions,  ou  Jugemens. 

KEDOUAT.  Ebn  Kedouat.  Nom  d'im  Chef  des  Keraraiens.  Foyes  le 
titre  de  A'bdalmegid. 

KEFAIAT.  Mot  Arabe  qui  fignifie ,  ce  qui  fufGt,  lequel  entre  dans  les 
titres  des  Livres  rapportez  cy-deflx)us. 

KEFAIAT  algemal  v  ôrfan  alkemal.  Titre  d'un  Livre  fur  les  Noms  de 
Dieu,  dont  l'Auteur  eft  Anonyme. 

KEFAIAT  alarib  an  mofchauarat  althabib.  Titre  d'un  Traité  de  la  con- 
fervation  de  la  fanté,  &  des  règles  du  tempérament,  en  trois  Parties,  compofé 
par  Serieddin  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Alfi  ,  qui  a  dédié  fon  Ouvrage  à 
Meula  Parviz. 

Yya  KEFAIAT 


356  K  E  F  A  I  A  T.  K  E  L  A  B  A  D  I. 

KEFAIAT  alalmâï  fi  aïat:  la  ardh  eblàï.  Titre  d'un  Traité  ,  compofé  fur 
ce  Verfet  de  l'Alcoran  :  Terre  engloutis  tes  eaux.  Ce  Verfet  eft  eflimé  le  plus 
éloquent  de  l'Alcoran  ,  &  c'efl  celuy  dans  lequel  Dieu  fait  cefier  le  Déluge  , 
par  des  manières  de  pa.rler  qui  font  du  genre  fublime.  l-^oyez  le  titre  de  Alcoran. 

Mohammed  Ben  Alohammed  Ai  Gezeri,  eil  F  Auteur  de  cet  Ouvrage,  qu'il  -i 
dédié  à  Kiafchah  Ben  Scïd  Aii  Kia  Al  Hofîàïni  AI  Q/loui. 

KEFAIAT  altaâlim  fi  ahkam  aîtangim.  Titre  d'un  Livre  Perficn  fur  l'Aflro- 
îioraic,  compofé  par  Zchireddin  Mohammed  Ben  Malfoûd  Al  Zeki,  Al  Cazvini. 

KEFAIAT  fil  thebb.  Titre  d'un  Livre  de  Médecine,  qui  contient  les  Me^ 
dicaraens  fimples  &  compofez  par  ordre  Alphabétique.  Ben  Al  Moncah  en 
ell  l'Auteur,     il  efl  cité  dans  le  Livre  intitulé,  Erfchad  alcalied. 

Il  y  a  un  Livre  Pcrfien  qui  porte  le  même  titre  ,  &  qui  eft  divifé  en  fix 
Traitez. 

KEFAIAT  fil  hiat.  Titre  d'un  Livre  de  Cofmographie ,  compofé  par  Mo»- 
hammed  lien  MaiîÔud  Al  Malfôudi  ,  en  deux  Parties  ,  dont  l'une  traite  des 
Cieux,  &  l'autre  de  la  Terre.  L'Auteur  l'a  traduit  luy-même  d'Arabe  en  Per- 
fien,  &  l'a  intitulé  Gehan  danefçh.     f^oyez  ce  titre.. 

KEFAIAT  fû  mocantharat.  Titre  d'un  Traité  de  l'Aftrolabe  en  douze 
Chnpitres,  compofé  par  un  Aurcur  Anonyme. 

KEFAIAT  fi  fadhlat  alfemt.  Titre  d'un  Traité  des  Méridiens,  &  du  point 
vertical  ,  que  nous  appelions  communément  le  Zenit..  Il  a  été  compofé  par 
A'bdalâziz  Al  Vafaï. 

KEFAIAT  alnaïk. .  Foyez  le  titre  de  Honaïn',  Ben  Ishak.  Foyez  aufii 
celuy  de  Ibrahim  Ben  Ifmaïl  Al  Tharaboloffi ,  Auteur  d'un  Livre  intitulé 
Kefaïah. 

KEFALANIAH.  Nom  de  flfle  de  Cephalonie  dans  le  Golfe  dé  Venife^ 
,aquelle  ell  ainfi  nommée  aujourd'huy  par  les  Turcs. 

KEFERTHAI.  Nom  d'un  Grammairien  Arabe,  Auteur  du  Livre  intitule 
Bahr  fil  nahou. 

KEKILIOS-.    Nom  de  Saint  Cecilius,  Archevêque  de  Grenade  en  Efpagne. 
Son  Livre  en  parchemin  fut  trouvé  avec  plufieurs  lames  de  plomb,  le  tout  échE 
en  characleres  Arabes  ,   à  Grenade  ,   l'an  de  N.  S.  1509  ,   &  veu  par  Ahmed  - 
Ben  Caiîem  Andalous ,   ou  Morifque  ,  lequel  en  fait  mention  dans  un  Volume 
de  la  Bibliothèque  du  Roy,  cotté  1043. 

Ce  Livre  &  ces  Lames  ne  contiennent  que  des  Hifloires  apocryphes,  touchant 
la  Fondation  du  Chriflianifme  en  Efpagne.  Les  Lettres  furent  apportées  à  Rot 
me,  où,  après  un  long  examen  de  plufieurs" années,  elles  ont  été  condamnées, 
&  fapprimées. 

KELABxVDL  Surnom  d'Aboubekr  Mohammed  Ben  Ibrahim,  natif  de  Bok- 
hara,  lequel  efi:  mort  l'an  330  de  l'hegire.  Il  eft  Auteur  du  Livre  intitulé,  Ala? 
fchaàl  V  alanthar.   Foycz  ce  titre. 

Abau 


K  E  L  A  B  A  D  I.  K  E  L  A  I  D,  357 

Abou  Nafr  Ahmed  Ben  Mohammed  ,  natif  de  la  môme  Ville  ,  porte  aufli  le 
même  fiirnom,  &  a  corapole  un  Traite  fur  Jes  noms  des  Auteurs  qui  font  ci- 
tez dans  le  Sahih  de  Bokhari.  Il  mourut  l'an  398  de  TUegire.  C'eft  peut- 
être  le  ffls  du  précèdent  Auteur. 

Il  y  a  auffi  un  Kelabadi^  dit,  par  éloge,  Tag'aleflam  ,  la  Couronne  du  Mu- 
fulmanifme.  Mais,  c'eft  le  même  qu'Aboubekr,  dont  il  cil  parlé  cy-deffus.  Oa 
a  auffi  de  lui  un  Arbaïn  &  un  Amali. 

Ben  Giuza  Al  Balenfi  ,  qui  a  fait  les  Thabacath  alhadith  ,  c'cfl-à-dire  ,  les 
Clair,.-s  des  Traditions,  elt  auffi  nommé  Kelabadi. 

KELABADI. ■  Nom  d'un  autre  Perfonnage,  réputé  Saint  parmi  les  Mufu'- 
mans.  On  dit  de  lui,  qu'ayant  payé  les  dcbtes  d'un  pauvre  homme,  molclîé 
par  fes  Créanciers ,  il  eut  une  vifion  ,  dans  laquelle  il  lui  fcmbla  être  au  Juge- 
ment de  Dieu,  où  il  vit  ce  pauvre  homme  intercéder  pour  lui,  &;  qu'il  en- 
tendit que  Dieu  répondit  au  pauvre  homme  :  Kelabadi  m'a  fait  l'aumône  &  je 
la  lui  ferai, 

KELADAT.  Ce  mot  Arabe  qui  fignifie  un  Collier  de  pierreries,  de  per- 
les ou  d'autres  matières  prétieufes,  Ornement  ,  entre  dans  les  titres  de  Livres* 
rapportez  cy-delTous. 

KELADAT  alarouah  V  fliâdat  alafnih.  L'Ornement  &  la  Parure  des  Gens 
Spirituels ,  &  la  Félicité  de  ceux  qui  fe  réjouilîent  en  Dieu.  C'eft  le  titre  d'un 
Livre  myilique  fur  la  Contemplation,  compofé  par  Abou  Abdallah  A'iem  Ben 
Mohimmed  Al  Kafciigari,  furnommé  Ragiol  fofi,  l'Homme  dévot. 

KELADAT  albahar  fi  vafiat  dïan  aldahar.  Hifloire  des  Hommes  illuftrcs,. 
fuivant  l'ordre  des  temps,  jufques  en  l'an  927  de  l'Hegire.  Son  Auteur  eft  Abou 
Mohammed  Al  Thabib  Ben  'Abdallah,  Ben  Ahmed  Bahariah. 

KELADAT  alfegelat  v  alôcoud  ,  &c.  Titre  d'un  Livre  de  Pratique,  tou- 
chant les  Sentences,  les  obligations,  les  aélions,  les  Juges  &  les  Témoins,  à  l'u- 
ùge  des  Mufulmans.  Il  a  été  compofé  par  Abou  A'mram  MoulFa  Ben  ViTa.  Al 
Maleki,  Al  Magrebi,  c'eft-à-dire ,  natif  d'Afrique,  l'an  791  de  l'Hegire. 

KELAI  Al  Hemiari  Al  Balenfi.  Nom  d'un  Arabe  Hemiarite  d'origine  &  né 
à  Valence  en  Efpagne.  Il  efi:  Auteur  d'un  Livre  intitulé  Ektefa  fi  magazi  Al 
Moftafa ,  fur  les  Conqueltes  de  Maliomet  &  de  fes  fuccefleurs.  Il  étoit  le  Kha- 
thib  de  Valence. 

KELAID.    Plurier  du  mot  de  Keladat  ,  qui  fignifie  Collier  de  toutes  fortes 
de  matières.  Ornement,  Parure,  comme  il  a  été  marqué  cy-de;ius.  Il  entre  auffi  ^ 
dans  les  titres  des  Livres  fuivans. 

KELAID  algïaman  fi  taârif  becabaïl.ârban  alzaman.  Titre  d'un  Ouvrage 
fur  les  Tribus  &  Familles  des  Arabes  modernes  ,  par  le  Père  de  celuy  qui  a 
oompofé  le  Livre  intitulé  Nehaïat  alârab  fi  anfab  Al  A'rab,  qui  efi:  un  Ouvra- 
ge beaucoup  plus  ample  fur  le  même  fujet. 

KELAID  algiauaher  fi  mcnakeb  A^bdalcader.     Titre  d'un  Livre,  qui  con- 

Y  y  3  tient 


5ç8  K  E  L  A  I  D.  K  E  L  B  I. 

tient  les  Eloges  donnez  à  A'bdalcader  Al  Hamani ,  compofé  par  Mohammed  Ben 
Nagibi  Al  Schadheli,  qui  mourut  l'an  773  de  l'Hegire. 

KELAID  alhekam  v  Feraïd  alkelam.  Titre  d'un  Recueil  des  dits  &  faits 
d'Ali,  fils  d'Abou  Thaleb,  gendre  de  Mahomet,  fait  par  Abou  louffbuf  lacoub 
Al  Esfaraïni. 

KELAID  alêkian  fi  ma  ïorath  alfacr  v  alneïïîdn.  Colliers  de  pur  or,  fur 
^eux  qui  ont  pour  héritage  la  pauvreté  &  l'oubli.  Titre  d'un  Traité,  dans  le- 
quel les  pauvres ,  qui  font  dans  l'oubli  des  hommes ,  font  confolez.  Cet  Ou- 
vrage regarde  particulièrement  les  Sofis  &  les  Dcrvifches,  c'eft-à-dire ,  les  Reli- 
gieux Mufulmans.  Il  a  été  compofé  par  Ibrahim  Ben  Mohammed  Al  Nagi,  &; 
mis  en  vers  par  Abou  A'bdallah  Mohammed  Ben  Al  A'rabi. 

KELAID  alêkian  fi  mahafTen  alaiân.  Titre  d'un  Ouvrage  qui  contient  les 
éloges  des  Poètes  illuftres  d'Afrique,  en  quatre  Parties.  La  première  contient 
les  Rois  &  les  Princes  qui  fe  font  appliquez  à  la  Poëfie  ;  la  féconde  eft  des 
Vizirs  &  Miniftres  d'Etat  ;  la  troifième  ,  des  Juges  &  des  Dofteurs  ;  &  la  qua- 
trième  comprend  tous  les  particuliers  qui  en  ont  fait  profeffion ,  &  dont  on 
a  les  Ouvrages. 

L'Auteur  de  ce  Livre  eft  Abou  Nafr  Al  Fatah  l'ITa  Ben  Khacan  Al  Caïffi, 
qui  mourut  de  mort  violente  l'an  535  de  l'Hegire,  11  eft  dans  la  Bibliothèque 
du  Roy,  n^.  1075  &  1171. 

KELAID  fil  âcaïd  âla  madhab  alzeïdiah.  Titre  d'un  Traité  de  la  Seèle  & 
<le  la  Croj^ance  des  Zeïdiens ,  par  Ben  lahia  Ben  Al  Mortadha ,  qui  répond  en 
abrégé  à  tous  les  points  que  Ben  Al  Hageb  avoit  propofez. 

K  E  L  A I  L.  Nom  d'un  Ange  qui  gouverne  le  cinquième  Ciel ,  fuivant  la 
Tradition  des  Mufulmans.    Mircat. 

KELAM.  E'im  Al  Kelam.  La  Science  de  la  Parole.  C'eft  ainfi  que  la 
Théologie  Scholaftique  ou  Métaphyfique  eft  appellée  par  les  Mufulmans;  c'eft- 
à-dire  ,  la  Science  qui  apprend  â  pai'ler  correélement  de  Dieu ,  &  de  fes  At- 
tributs. 

Les  Arabes  ont  un  très-grand  nombre  de  Livres  compofcz  fur  cette  Science, 
de  laquelle  ils  difent  en  leur  Langue:  Khazain  allah  ,  Al  Kelam;  c'eft-à-dire, 
la  Scholaftique  enferme  tous  les  tréfors  de  Dieu.  C'eft  particulièrement  fur 
cette  Science,  que  les  opinions  ont  été  partagées,  &  le  nombre  des  Sedes  dif- 
férentes du  Mufulmanifme  fur  les  matières  Théologiques ,  qui  font  de  pure  fpé- 
culation,  furpafîe  encore  peut-être  celuy  de  nos  Ecoles. 

Ceux  qui  font  profeffion  ou  qui  ont  écrit  de  cette  Science  ,  font  appeliez 
Motecallemoun.  Schahareftani  en  a  donné  une  affez  grande  connoillance.  f^oyez 
les  titres  de  Afrar  alkhafiah,  de  Afrar  alfchafiah,  de  Nehaiah,  &c. 

KELBI,  furnom  de  Hefcham  Ben  Mohammed,  Ben  Schôaïb ,  Al  Kelbi  , 
mort  l'an  214  de  l'Hegire.  Il  a  été  le  premier  qui  a  écrit  les  Généalogies  des 
Arabes  fous  le  titre  de  Anfab. 

KELIM 


KEtIM    ALLAH.  KEMALEDDÎN.  ^^g 

KELIM  ALLAH.  Titre  ou  Eloge  que  les  Mahometans  donnent  à  Moy- 
fc ,  à  caufe  qu'il  a  parié  à  Dieu  face  à  face. 

KELOU  ou  Ghelou  Asfendiar.  Nom  du  quatriO;rae  Prince  de  la  Famille  ou 
DynaftJe  des  Sarbedariens. 

KEMAL.  Mot  Arabe,  qui  fignifie  PerfecT:ion  ,  lequel  entre  dans  les  titres 
do  quelques  Livres  &  dans  les  Noms  propres  de  pluiieurs  Perfonnages  ,  comme 
on  le  peut  voir  par  les  Articles  fuivans. 

KEMAL  albelagat,  la  Perfeffion  de  l'Eloquence.  Ticre  d'un  Livre  compo- 
fé  par  Scharas  almàali  Cabous  Ben  Vafchmeghir,  Sultan  de  Giorgian  &  de  Di- 
lem.     yoyez  le  titre  de  Cabous. 

KEMAL  alferhat  fi  defà  alfamoum  v  hefdh  alfehar.  Titre  d'un  Livre  de 
Médecine ,  pour  cha(îî-'r  les  venins  &  pour  conferver  la  fanté ,  compofé  par  Mo- 
hammed Al  Couifouni  &  par  A'bdal  Gani  Al  Mocdeffi. 

KEMALEDDIN  Al  Armouni.  Nom  que  porte  l'Auteur  de  l'Abrégé  de 
la  Chronique  de  Thabari  en  Perfien. 

KEMALEDDIN  Aboul  Baca  Mohammed.  Voyez  le  titre  de  Demiri. 

KEMALEDDIN  Ifmaïl  Ben  Gemaleddin  Mohammed  AWalrazzak  Al  Esfa- 
hani.  Nom  d'un  Poëte  Perfien,  ilTu  d'une  Maifon  fort  qualifiée  à  Ifpahan,  le- 
quel avoit  pour  frère  Mouineddin  A'bdalkerim  ,  qui  s'appliqua  à  la  Jurifpru- 
dcnce.  Pour  luy,  il  fe  donna  entièrement  à  la  Poëfie  Perfienne,  en  laquelle  il 
excella  à  un  tel  point,  qu'il  mérita  le  titre  de  Malek  alfchôara,  c'efl-à-dire ,  de 
Roy  des  Poètes  de  fon  temps. 

Les  Seigneurs  de  la  Maifon  de  Saêd  firent  de  grands  honneurs  à  Kemaleddin 
Ifmaïl,  &  le  diftingucrent  fi  fort,  que  cela  luy  attira  l'envie  de  fes  Citoyens, 
qui  le  maltraitèrent  avec  tant  de  rigueur  dans  la  fuite  du  temps  ,  qu'il  refolut 
de  les  quitter  &  d'abandonner  fli  Patrie,  avec  des  imprécations  qu'il  mit  en  vers, 
&  qui  eurent  leur  effet  quelque  temps  après. 

Ces  Vers  font  en  ce  fens:  Seigneur,  qui  êtes  le  Maître  des  fept  Planètes  qui 
répandent  leurs  influences  fur  la  naifiance  des  Princes  &  leur  communiquent  des 
inclinations  telles  qu'il  vous  plaît;  donnez  à  ce  Peuple  un  Roy  cruel  &  fangui- 
naire,  qui  fafle  de  la  Porte  &  du  chemin  qui  conduit  au  défert ,  une  folitude 
eff'royable;  qui  faflîe  déborder  un  Torrent  de  fang  de  fes  Citoyens  par-deiïus  fes 
murailles ,  &  qui  enfin  multiplie  fes  Habitans  d'une  horrible  manière ,  en  taillant 
chacun  d'eux  en  pièces. 

La  défolation  de  la  Ville  d'Ifpahan  fuivit  de  près  ce  prognoftic.  Car  ,  l'ar- 
mée des  Tartares,  qu'Oktaï  khan,  fils  &  fucceifeur  de  Genghizkhan  ,  envoya 
pour  l'affiéger,  la  reduifit  en  un  fi  pitoyable  état  ,  qu'elle  fit  même  compaflion 
à  celuy  qui  luy  avoit  fouhaité  tous  ces  maux.  En  effet ,  ce  Poëte  fe  trouva 
trop  vangé,  &  fut  luy-même  obligé  de  déplorer  la  ruine  de  fa  Patrie,  par  d'au- 
tres Vers,  dont  voicy  l'explication. 

Il  dit:  On  ne  trouve  perfonnc  dans  cette  pauvre  Ville  qui  fe  plaigne  ,  ni  de 
lia  calamité  publique,  ni  de  fa  propre  mifère.    Ces  jours  palfez,  il  y  avoit  cent 

per- 


l6o  K  E  M  A  L  E  D  D  I  N. 

perfonncs  pour  pleurer  un  feul  homme  mort,  &  aujourd'huy  il  ne  s'en  trouve 
pas  un  feul  pour  pleurer  la  mort  de  cent  de  fes  amis. 

Cependant  Kemaleddin  fut  accablé  luy-même  fous  l^s  ruines  que  caufa  cette 
horrible  tempête  excitée  par  les  Tartares.  Car,  s'étant  retiré  en  habit  de  Der- 
vifche,  en  un  hermitage  qui  n'étoit  pas  fort  éloigne  de  la  Ville,  plufieurs  Ha- 
bitans  fauverent ,  ce  qu'ils  purent  des  mains  des  Tartares  &  le  portèrent  chez 
luy.  Kemaleddin  fit  jetter  le  tout  dans  un  puits  fec,  pour  le  dérober  à  la  vûë 
des  Tartares  qui  couroicnt  le  Pays.  Mais  ,  rien  n'échape  aux  yeux  de  la  Pro- 
vidence qui  gouverne  toutes  chofes. 

Il  arriva  qu'un  Cavalier  Tartare ,  tirant  un  coup  de  flèche  à  un  oyfeau  per- 
ché  fur  le  toift  de  i'hermitage,  l'anneau  d'yvoire  ,  qui  fert  aux  Archers  à  ban- 
der leur  arc,  étant  tombé  de  la  main  du  Tartare  ,  roula  jufques  à  une  ouver- 
ture de  ce  Puits  ,  dans  lequel  il  fallut  le  chercher.  Ce  fut  pour  lors ,  que  le 
tréfor  fut  découvert ,  &  \qs  Tartares  foupçonnant  que  celuy  qui  avoit  caché 
dans  un  puits  une  fomme  fi  confidcrable  ,  en  pouvoit  avoir  encore  beaucoup 
d'autres  en  difFérens  endroits  ,  ils  luy  firent  fouifrir  de  cruelles  gênes  pour  en 
découvrir  la  vérité. 

Kemaleddin  ,  qui  n'étoit  pas  moins  Philofophe  que  Poëte  ,  foufFrit  ces  tour- 
mens  avec  une  grande  confiance.  Il  nous  a  laifie  même  un  bel  exemple  de 
fa  vertu,  &  un  grand  motif  de  confolation  pour  les  affligez,  dans  les  vers  qu'il 
fit  à  ce  fujet  en  ce  fens  :  Mon  cœur  eft  percé  de  douleurs  pendant  que  mon 
corps  fouffre  ;  mais  telle  efi  la  condition  avec  laquelle  nous  devons  palier  la 
vie.  En  efi'et ,  toutes  ces  afiîiclions ,  confiderées  en  h  préfence  de  Dieu,  ne 
font  qu'un  jeu  de  fa  Providence.  Je  n'ay  donc  garde  de  me  plaindre  de  mon 
mauvais  fort;  car  tout  ce  que  je  fouff're  n'efi:  peut-être  qu'un  trait  de  carelFcs 
que  Dieu  fait  fouvent  à  ï'qs  plus  grands  ferviteurs. 

Kemaleddin ^nc  furvêquit  pas  long-temps  à  la  ruïne  de  fa  Patrie;  car  il  mou- 
rut dans  la  même  année,  qui  étoit  fan  635  de  l'Hegire. 

Ce  Poëte  a  laifie  un  Divan  ou  Recueil  de  fes  Poëfics  en  Langue  Perfienne. 
11  y  a  un  Poëmc  de  luy  fur  le  retoiu-  àz  Gelaleddin  dans  fes  Etats,  après  la 
retraite  de  Genghizkhan,  qui  efi  beaucoup  efiimé. 

Il  efi  aufîî  l'Auteur  d'un  Poëme  allégorique- fur  les  clieveux,  dont  le  fens  efi: 
fort  caché  ,^  quoyque  le  nom  de  cheveux  foit  enfermé  dans  chaque  vers.  Sel- 
man  &  plufi.urs  autres  Poètes,  fes  Contem/porains,  en  ont  voulu  faire  des  Pa- 
rodies^;   mais  ils  n'ont  pas  pu  en  pénétrer  le  fens.  Daulat  fchah.  ISiighiariJîan, 

^KEMALEDDIN  Moufili  Ben  lounas ,  Pen  Malek.  Nom  d'un  Lmam  & 
d'un  Dofteur  des  plus  célèbres  entre  les  Mufulmans  ,  lequel  fit  profcfilon  d'a- 
boi'd  de  la  Sefte  Schafeïcnne.  Mais  il  paffa  enfuite  dans  toutes  hs  autres  qu'il 
réfuta  tour  à  tour.  Il  s'appliqua  aux  Mathématiques ,  &  commenta  les  Livres 
d'Euclide  i\-  de  Ptolomée.  Il  voulut  auffi  prendre  connoilîànce  de  la  Do6lrine 
des  Juifs  &  des  Chi  êtiens  ,  &  lut  les  Livres  de  l'ancien  &  du  nouveau  Tefi:a- 
mont;  de  forte  qu'il  devint  un  prodige  de  ftience,  &  qu'il  fut  furnommé  Schcii'h 
alallamat,  c'eic-à-dire ,  le  Docleur  des  Docleurs.  Ses  deux  principaux  Maifires 
furent  Athireddin  Abheri  &  Takieddin  lien  Salah,  que  5chamseddin  Ben  Khale- 
can  dit  avoir  vu  luy  donner  des  leçons. 

Ce  Doreur  mourut  l'an  de  l'Hegire  ,   fous  Je  règne  des  Sultans  d'Egvpte  A\ 

'  Malc:^ 


KEMALEDDIN.  . KENASCHAT.  ^6r 

Malek  Al  Saleh  Aïoub  ,  &  Malck  AI  Saleh  Ifmaïl ,    de  la  pofterité  de  Saladin. 
Ben  Schohnah. 

KEMALEDDIN  Khogendi.  Nom  d'un  Poëte  Perfien  ,  natif  de  la  Ville 
de  Khogend  dans  la  Tranfoxanc.  II  fut  grand  imitateur  de  Ferideddin  A'tthar. 
Mais  il  n'arriva  pas  à  fa  perfection  comme  il  le  confefTe  luy-même.  Car,  il 
dit:  Je  n'ay  pas  honte  de  mes  Vers,  quoyqu'A'tthar  me  furpaiTe  de  cent  djg-ez. 

Notre  Poète  vint  de  fon  Pays  jufques  à  la  Mecque  en  Pèlerinage  ,  &  s'éta- 
blit enfuite  dans  la  Province  d'Adherbigian,  où  le  Sultan  HoufTaïn,  fils  du  Sul- 
tan Avis  Gialaïr  liekhani ,  l'accueillit ,  &  luy  donna  la  maifon  dans  la  Ville  de 
Tauris  ,  où  demeuroit  aufïï  alors  le  fameux  Poëte  Hafez  Schirazi.  Kemaleddin 
mourut  en  cette  Ville  &  y  fut  enterré  l'an  792  de  l'Hegire. 

Kemaleddin  croyoit  fa  Poëfie  tellement  purgée  &  irrepréhenfible ,  lorfqu'elle 
feroit  bien  entendue,  qu'il  fit  un  Quatrain,  dans  lequel  il  s'addreffe  au  Démon 
&  luy  dit:  Prends  dans  mes  Vers  tous  ceux  qu'il  te  plaira.  Mais,  ne  paiTe  pas 
par-defTus  les  mots,  comme  fait  la  plume;  defcends  &  entre  dans  chaque  lettre, 
<:omme  fait  l'encre. 

A  l'occafion  du  mot  de  Kemal ,  qui  entre  dans  fon  nom ,  lequel  fignifie  Per- 
fe6lion ,  le  même  Poëte  fe  trouvant  un  jour  avec  deux  autres  ,  nommez  Rolcn 
•&  Borhan  ,  mots  qui  fignificnt  Colonne  &  Preuve  ,  Borhaneddin  voyant  paifer 
un  chien ,  dit  :  Cet  animal  a  beaucoup  de  perfeftions.  Kemaleddin  repartit  auffi- 
tôt:  Une  des  principales  eft  qu'il  levé  la  jambe  à  toutes  les  colonnes  qu'il  ren- 
contre; &  Rokneddin  ajouta:  La  preuve  en  eft  claire.     Daulat  Schah. 

KEMAL  PASCHA.  SchamseJdin  Ahmed  Ben  Soliman,  Ben  Kemal  Pa- 
fcha.  Nom  d'un  fort  grand  Jurifconfulte  parmi  les  Mufulmans,  Il  mourut  l'an 
940  de  l'Hegire  ,  &  a  compofé  les  Livres  intitulez  Adab  ,  Eflah  fil  foroû  & 
Édhah.  Il  dédia  ce  dernier  à  Soliman,  Empereur  des  Turcs,  l'an  928  de  l'He- 
gire. 

KENAB.  Fadhlallah  Ben  Kenab  Al  Cazvini.  Nom  de  l'Auteur  du  Tarikh 
Môagem.     Voyez  le  titre  de  Môagera. 

KEN  AI  AT.  Plurier  de  Kenaiah,  qui  fignifie  en  Arabe  Dénomination,  nom 
emprunté.  Ce  mot  entre  dans  le  titre  du  Livre  dont  il  eft  parlé  dans  l'Arti- 
cle fuivant. 

KEN  AI  AT  alodaba  v  efcharat  albolaga.  Titre  d'un  Recueil  de  Pièces  de 
Poëfie  &  de-Profe,  ramaffé  par  Aboul  A'bbas  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Gior- 
giani,  qui  eft  mort  l'an  482  de  l'Hegire. 

KENASCHAT  ou  Kenafchiat  algelal.  Titre  d'un  Abrégé  de  Médecine, 
compofé  par  Gelaleddin  Khedher  Ben  A'ii ,  furnommé  Hagi  Pafcha.  Le  mot  de 
Kenafchat  fignifie  en  Arabe  le  commencement  des  branches  des  arbres.  On  dit 
auffi  Kounafchat. 

KENASCHAT  Ibrahim.  Titre  d'un  autre  Abrégé  de  Médecine,  dont  Ibra- 
him Ben  Bekir  Al  E'raki  eft  Auteur. 

KENASCHAT  Manfour.    Titre  d'un  Siftême  entier  de  la  Médecine,  com- 
ToME  II.  Z  z  pofé 


3^2  KENCHEN.         KENDAH. 

pofé  par  Mohammed  Ben  Zacaria  Al  Razi  ,•  pour  Maiifour'Ben  Ishak,.  Ben  Al- 
A 'mer. 

Ce  Livre  contient  dix  Traitez.     Le   premier  eft  de  la  figure  &  de  la  ficua- 
tion  des  parties  du  corps  humain.     Le  fécond,   du  tempérament  &  de  la  phy- 
fionomie.    Le  troifième,  des  qualitez  des  viandes,  dont  nous  nous  nourriflbns ,, 
&  de  celles  des  remèdes.     Le  quatrième  ,    des  préfervatifs   contre  les  maladies. 
Le  cinquième,  de  la  préparation  des  viandes  &  des  remèdes.     Le  fixième,  de 
la  règle  &  de  la  conduite  que   doivent  garder  les  voyageurs  ,  pour  gouverner- 
leur  fanté.    Le  feptième  ,   de  la  Chirurgie  &  autres  Arts  qui  fervent  à  guérir- 
les  playes.    Le  huitième  ,  de  la  guérifon  &  des  remèdes  qui  fervent  contre  les 
venins.    Le  neuvième,  des  maladies  en  général  &  en.  particulier.    Le  dixième  y, 
des  fièvres  &  de  leur  guérifon. 

KENCHEN.    On  appelle  de  ce  nom  aux  Indes,  ce  que  les  Pcrfàns  &  les 
Turcs  nomment  Genghereh  &  Tchengheneh.      Ce   font  des   Danfeufes   &  des 
Joucufes  d'Inftrumens ,  qui  vont  par  troupes,  qu'Horace  appelle  dans  fa  fecon»- 
de  Satyre  Jmbubaiarum  Collegia.     Tout  le  Levant  eft  plein  de  ces  fortes  de  Ba- 
ladines.    Foyez  le  titre  de  Genghereh. 

KEN D AH.     Nom   d'une  Tribu  célèbre  parmi  les  Arabes,   dont    plufieurs 
Rois  font  ilTus.    Le  premier  fut  Hagiar,  furnommé  Akel  almarar,  le  Mangeur 
de  laitues    amères  comme    un    chameau  ,    fobriquet  que  luy  donna    fa  femme: 
étant  en  colère  contre  lui. 

Cet  Hagiar  defcendoit  de  Zeïd  ,  fils  de  Cadhan  ,  fils  de  Saba  ,  Roy  de  l'Ie- 
men  ou  de  l'Arabie  heureufe.  Il  fut  depoiiillé  de  fes  Etats  par  les  Lakhmides, 
qui  regnoient  dans  l'Iemen.  Mais  Hareth  ou  Aretas  ,  qui  fut  fon  petit- fils ;>, 
leur  rendit  la  pareille.  Car,  étant  foûtenu  par  Cobad,  Roy  de  Perfe  ,  duquel 
il  avoit  embrafi!e  la  Religion ,  il  chaila  MonJhir  de  l'Iemen  &  y  régna  en  fa  place. 

Cet  Hareth  devint  très-puiffant  dans  l'Arabie.  Car  il  la  conquit  prefque 
toute  entière  ,  avec  les  puiiTans  fecours  que  Cobad  lui  envoya  ,  &  il  la  parta- 
gea entre  fes  enfans,  dont  Hagiar  fut  puifné  &  fon  fuccefl'eur. 

Amrilcaïs,  Poëte  très-celèbre  parmi  les  Arabes  de  la  Gentilité,  fut  fils  de  cet- 
Hagiar.     Mais    il  fut   chaffé  de  fes  Etats  ,  &  ne  jouît  que  fort   peu  de  temps 
de   fa   Couronne,  parce  que  Noufchirvan,  nls  de  Cobad,  rétablit  Mondhir  dans 
l'Iemen,  dont  Cobad  l'avoit  dépouillé,  pour  n'avoir  pas  voulu  adhérer  à  la  Sec- 
te de  Mazdak  ,  fon  Prophète. 

Amrilcaïs  demeura  fugitif  en  Arabie  pendant  quelque  temps ,  &  fut  enfin 
contraint  de  la  quitter,  pour  fe  réfugier  auprès  d'un  puiflànt  Juif,  nommé  Sa. 
moul  ou  Samuel ,  qui  le  reçut  fort  bien  &  qui  lui  fit  honneur.  Mais ,  com- 
me il  ne  fc  trouva  pas  encore  aflxîz  en  fureté  chez  ce  Juif,  il  pafla  auprès  de 
l'Empereur  des  Grecs,  laiiTant  fa  cuirafiTe  en  dépôt  à  Samuel. 

Qaclqti2S-uns  difent,  qu'Amrilcaïs  fut  empoifonné  par  cet  Empereur,  ce  qui 
eft  fjit  éloigné  de  la  vraifemblance.  Car  il  eft  certain  ,  qu'il  mourut  fur  fes 
terres,  &  que  Hareth,  fils  de  GalTan  ,  voulut  retirer  des  mains  de  Samuel,  la 
cuii-aife  qu'Amrilcaïs  luy  avoit  lailfée  ,  &  menaça  ce  Juif  de  faire  mourir  fon 
fils,  qu'il  tcnoit  prifonnier,  s'il  ne  la  luy  rendoit.  Mais  Samuel  la  luy  refu- 
ià ,  &  fon  fils  en  perdit  la  vie.    Ben  Hchûlimh. 

KENDL 


K  E  N  D  I.  K  E  N  N  A  S  S  E  R  I  N.  353- 

KENDI.  Abou  loufTouf  Ben  Ishak  Al  Kendi.  Nom  d'un  excellent  Philo- 
Ibphc  Péripateticien ,  furnommé  Al  Kendi ,  parce  qu'il  étoit  de  la  Tribu  de  Ken- 
dah.  C'eft  ccluy  que  nos  Auteurs  appellent  Al  Kindus.  Il  vivoit  fous  le  Kha- 
lifat  d'Al  Mamon,  &  il  a  beaucoup  écrit.  Car,  outre  les  Commentaires  qu'il 
a  faits  fur  la  plupart  des  Ouvrages  d'Ariftote,  nous  avons  de  lui  une  Traduc- 
tion  Arabique  avec  des  Notes,  fur  le  Livre  d'Akar  ou  des  Sphères  d'Avtolycus. 

Abou  A'mrou  Ben  ToufTouf,  que  quelques-uns  nomment  Ben  A'mrou,  porte 
auffi  le  furnom  d'Aï  Kendi.  C'efl  un  Auteur  qui  a  compofé  un  Traité  fur  les 
chofes  remarquables  de  l'Egypte,  dont  le  titre  eft  Fadhaïl  Mefr;  &  une  Hiftoi- 
re  particulière  des  Cadhis  ou  Juges  de  cette  Province,  fous  le  titre  de  Akhbar 
Codhat  Mefr,     Il  eft  mort  l'an  246  de  l'Hegire. 

Le  célèbre  Poëte  Motanabbi  eft  dit  auffi  Al  Kendi  ,  non  pas  à  caufe  qu'il 
fût  originaire  de  cette  Tribu  de  Kendah  ;  mais  ,  parce  qu'il  étoit  né  dans  un 
quartier  de  la  Ville  de  Coufah,  qui  portoit  ce  même  nom. 

KEN  G'.    Voyez  le  titre  de  Kenz. 

KEN  G  HE  H.    Voyez  le  titre  de  Kenker. 

KENGI,  furnom  de  Senaneddin ,  Auteur  d'un  Schahr  ou  Commentaire  fur 
le  Livre  intitulé  Adab  ,  de  Gemaleddin  Al  Kauami  Al  Motharezi ,  Auteur  du 
Livre  intitulé  Bedài  alathâr. 

Mohammed  Ben  loufTouf  Al  Kengi ,  eft  auffi  Auteur  d'un  Ouvrage  intitulé 
Beïan  fi  akhbar  ahel  alzeman. 

KENGIAOUI  ou  Kengioui.     Voyez  le  titre  de  Nozami. 

KENIAH,  Kenaiah  &  Tekniah.  Dénomination  &  efpèce  de  nom  emprunté 
de  celuy  du  Père,  de  la  Mèro,  du  fils,  du  frère,  &c.  qui  eft  fort  en  ufage  par- 
mi les  Arabes.     Voyez  les  titres  de  Abou ,  0mm ,  Ben ,  &c. 

Saheb  alkeniat.     Voyez  le  titre  de  Zahedi  Aboul  Regia  Mokhtar. 

KENKER  ou  Kankar  Al  Hcndi.  Kenker  l'Indien.  Nom  d'un  Philofophe 
&  d'un  Aftrologuo  des  Indes  ,  duquel  on  a  un  Livre  d'Aftronomie  Judiciaire , 
fous  le  titre  d'Ekhtiarat.  Il  eft  auffi  nommé  Kenghch,  ou  Kangliah  &  Kankah. 

KENNAOUG'.  Nom  de  la  Ville  Capitale  du  Pays  de  Hend  ou  Hind,  qui 
s'étend  au  de-là  de  celuy  de  Send  ou  Sind,  c'eft-à-dire,  de  la  partie  des  Indes, 
qui  eft  entre  l'Indus  &  le  Gange.  Elle  a  dans  fon  Territoire  une  mine  d'or 
fort  abondante,  &  il  y  a  un  très-grand  concours  de  Marchands  de  tous  les  Pays 
du  iMonde ,  qui  y  ont  commerce ,  à  caufe  du  grand  gain  qu'ils  font  fur  les  Mar- 
chandifes  du  Pays.  Elle  eft  fituée  dans  le  fécond  Climat  à  115  degrez  de  lon- 
gitude, &  au  26  degré  de  latitude  à  l'Orient  de  la  Ville  &  Province  de  Mul- 
tan.    Mdal  Méal. 

KENNASSERIN.  Nom  d'une  Ville  de  Syrie  afTez  proche  d'Halep ,  fituée 
à  7a  degrez  de  longitude,  &  à  35  degrez,  30  minutes  de  latitude  Septentrio- 
nale. Elle  fut  prife  par  Cofroés,  Roy  de  Perfe,  fur  l'Empereur  Phocas. 

Les  Khalifes,  de  Damas  &  de  Bagdet  s'en  rendirent  les  maîtres.  Ahmed  Ben 
Tholoun,  qui  s'étoit  emparé  de  l'Egypte,  envahit  auffi  une  partie  de  la  Syrie, 

Zz  2  &  prit 


364  KENT.         K  E  N  Z. 

&  prit  cette  Ville  avec  celles  dé  Damas ,  d'Halep  &  d'EmelTe  ,   &c.  jufques  à 
Raccah,  fur  le  Khalife  Motamed,  Tan  265  de  l'Hegire. 

Mohammed  Ben  Ah"  Ben  A'ffchâïr  Al  Halabi  a  écrit  l'Hilloire  de  cette  Vil- 
le ,  fous  le  titre  de  Tag'  alnafrin  fi  tarikh  Kennalferin.  Cet  Auteur  mourut 
l'an  789  de  l'Hegire. 

KENT.     Foyez  le  titre  de  legnikent.     C'efl  le  nom  d'une  Ville. 

KENZ.  Mot  Arabe,  qui  fignifie  Tréfor,  de  même  que  celui  de  Keng'  en 
Perfien.  Il  y  a  un  très-grand  nombre  de  Livres  Arabes,  Perfiens  &  Turcs ,  qui 
portent  indifféremment  le  nom  de  Kenz  &  celui  de  Keng',  avec  quelque  addi- 
tion. Il  faut  pourtant  remarquer,  que  les  Livres  Arabes  portent  plutôt  le  ti- 
tre de  Kenz,  que  de  Keng'.- 

KENZ  alakhbar.  Titre  d'un  Livre  Hifïorique  de  Mohammed  Ben  Boufch- 
rouieh  Al  Balkhi ,  commenté  par  Edris  Ben  A'Ji ,  Ben  A'bdallah.  Khezergi  fait 
mention  de  cet  Ouvrage  dans  fon  Tarikh  Allemen,  c'efl-à-dire,  dans  fon  Hif- 
toire  de  l'Arabie  heureufc 

KENZ  alakhbar  v  lameh  alafkar.  Titre  d'un  Ouvrage  fur  l'Hifloire  Otto- 
manne,  compofé  par  Mollafa  ,  furnommé  A'ali  ,  environ  fan  1000  de  l'Hegi- 
r.e,  fous  le  règne  de  Sultan  Morad,  Empereur  des  Turcs. 

KENZ  alakhfas  v  dorr  almegauas  fi  mâarefat  alkhauas.  Titre  d'un  Ouvrage: 
de  Phyfique  &  de  Médecine.  Son  Auteur  efi:  E'zzeddin  Ben  A'ii,  Ben  Aïdum, 
Al  Geldeki ,  qui  fa  compofé  dans  la  Ville  de  Damas ,  &  l'a  divifé  en  douze 

Chapitres. 

KENZ  alafirar  v  dhekhaïr  alabrar.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Phyfionomié  at- 
tribué à  Hermès  Trifmegifl:e,  très-eftimé  parmi  les  Mufulmans.  Il  a  été  com- 
menté par  Schakloufcha  Al  Babeli,  par  Thabet  Ben  Corrah  Al  Harrani,  &  par 
Hoffaïn  Ben  Ishak  Al  Tabaoui.. 

KENZ  alafrar  v  lauameh  alafkar.     Titre  d'un  Livre  de  Morale  &  de  Spiri- 
tualité,  compofé  par  Abou  A'bdallah  Mohammed  Ben  Sâïd  ,   Ben  O'mar,  Ben; 
Sâd,  Al  Sahnagi,  plus  connu  fous  le  nom  de  Ben  Mefchahed. 

KENZ  balefchteha.  Titre  d'un  Poëme  en  Perfien,  dont  l'Auteur  efl  Gema- 
leddin  Ben  Ishak  ,  furnommé  Al  Hallag'.  Il  fe  vantoit  qu'on  ne  pouvoit  luy 
propofer  aucun  fujet,  fur  lequel  il  ne  fiit  des  Vers.. 

KENZ  albadî.  Titre  d'un  Livre  de  Poëfie  en  Langue  Turque  ,  contenant 
pjufieurs  fables  mifes  en  Vers.    Kuvaï,  Poëte  Turc ,  en  efl  l'Auteur. 

KENZ  albelagat  fil  enfcha.  Titre  d'un  Livre  d'Eloquence  en  Langue  Pcr- 
fjtnne,  compofé  par  Ahmed  Ben  A'ii,  Ben  Ahmed. 

KENZ  algiavahcr.  Titre  d'un  grand  Ouvrage,  qui  eil  un  ramas  d'Hiftoires j . 
de  Récits  &  d'Entretiens,  compofé  par  Ben  AI  Hag'  Mohammed^, Ben  Moham- 
med, lequel  cft  mort,  l'an  741  de   l'Hegire. 

KENZ, 


K    E    N    Z.  355 

KENZ  alhekmat  fil  fanâat  alelahiat.  Titre  d'un  Livre  de  Philofophie,  cora- 
pofé  pai-  Ben  Vahfchiah. 

KENZ  alkhafi  fi  beian  mecamat  alfofi.  Titre  d'un  Livre  de  Spiritualité,  à 
l'ufage  des  Sofis  ou  Religieux  Mufulmans,  compofé  par  HolTameddin  Al  Badliflî. 

KENZ  alvafi  fi  zobdat  altelTauf.  Titre  d'un  Livre  qui  traite  d^  la  Vie  Re- 
ligieufe ,  telle  que  les  Sofis  la  profefient.  Il  a  été  compofé  en  Vers  &  en  Pro- 
fe,  par  Ali  Ben  Mohammed,  furnommé  Al  Kerouani. 

KENZ  aldacaik  fil  foroû  AI  Hanefiah.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Jurifpruden- 
ee  Mufulmanne,  fuivant  la  doftrine  d'Abou  Hanifah.  Il  a  pour  Auteur  l'I- 
mam Aboul  Barakat  A'thallah  Ben  Ahmed,  fiarnommé  Al  Hafafi.  Plufieurs  Au- 
teurs ont  fait  des  Commentaires  fur  cet  Ouvrage. 

KENZ  alromouz.  Titre  d'un  Livre  de  Spiritualité  &  de  Morale,  compofé 
par  l'Emir  Holfaïn  Ben  Al  MahalTen  Al  Hoffaïni. 

KENZ  alrouia  almamoun.  Titre  d'un  Livre  d'Oneirocritique  ou  de  l'Inter- 
prétation des  Songes,  fans  nom  d'Auteur.. 

KENZ  aîthabib  v  boghiat  allabib.  Titre  d'un  Livre  de  Médecine,  &  par- 
ticulièrement fur  les  maladies,  compofé  par  Kemalcddin  Mahmoud  Ben  Al  Haf- 
fan  Al  Maufiali.  Il  a  dcdié  cet  Ouvrage  à  Mag'deddin  O'mar  Ben  Al  Solthan 
Schamseddin ,  qui  defcendoit  de  Raflbul ,  Roy  de  l'Iemen  ou  de  l'Arabie  heureufe. 

KENZ  alârefin.    Titre  d'un  Livre  de  Spiritualité,  fans  nom  d'Auteur. 

KENZ  alêbad  fi  fchath  alaurad.  Titre  d'un  Commentaù-e  fur  l'Ouvrage  de 
Schaharvardi ,  intitulé  Al  Aurad,  fans  nom  d'Auteur. 

KENZ  alàgiaïb.  Titre  d'un  Ouvrage  ,  où  il  eft  traité  des  chofes  mervcil- 
Icufes,  fans  nom  d'Auteur. 

KENZ  alôloum  v  aldorr  almandhoum.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Jurifpruden- 
ce  &  de  Phyfique  ,  compofé  par  Mohammed  Ben  Mohammed ,  Ben  Ahmed  ,- 
Ben  Taumrat  Al  AnJalouffi,  qui  l'a  divifé  en  cinq  Parties. 

K  E  NZ  allebab  fi  êlm  alafthorlab.  Titre  d'un  Ouvrage  qui  traite  de  l'Aftro- 
labe  &  de  fon  ufage ,  en  trente  -  cinq  Chapitres.  Il  a  pour  Auteur  Mohammed- 
Ben  Aboubekr  almonagim,  qui  l'a  écrit  en  Perfien. 

KENZ  allathaïf.    Titre  d'un  Livre  écrit  en  Perfien,  où  it  efl:  traité  de  l'E- 
loquence &  de  la  manière  d'écrire    des  Lettres.      Il  a  été  compofé  par  Hafiar^ 
-  Ben  A'ii  Al  Moumcn  Al  Giouii ,  &.  fon  Ouvrage  comprend  quatre-vingt  fis  Let- 
tres, pour  fervir  de  modèle. 

K^NZ  allogat.  Titre  d'un  Dictionnaire  Perfien,  dans  lequel  les  Noms  font 
féparez  d'avec  les  Verbes.  Son  Auteur  efl:  Mohammed  Ben  A/bdalkhalck  Ai 
Mârouf.    Il  l'a  dédié  à  Mohammed  Naffèr ,  Sultan  dti  Royaume  de  Ghilan. 

■  Z.Z3..  '  KENX 


366  K  E  N  Z.  K  E  R  A  N, 

KENZ  almadfoun  v  aJfelek  almafgioim.  Titre  d'un  Recueil  fur  différentes 
matières,  colligé  par  lounos  Al  Maleki. 

KENZ  almolouk  fi  keïfiat  alfolouk.  Titre  d'un  Livre  de  Spiritualité  ,  en 
cinq  Chapitres,  compofé  par  Aboulmodhaffer  louiTouf  Ben  Al  Giouzi. 

KENZ  almouahheddin  fi  feïrat  falaheddin.  Titre  d'une  Hiftoire  de  la  Vie 
de  Saladin ,  compofée  par  Abou  Thaï  lahia  Ben  Hamid  Al  Halabi ,  lequel  eft 
mort  l'an  630  de  l'Hegire. 

KENZ  ou  plutôt  Kenouz  aldhahab  fi  tarikh  Haîab.  Titre  d'une  Hiftoire  de 
la  Ville  d'Halep,  compofée  par  Abou  Dorr  Ahmed  Ben  Borhan  Ibrahim,  Ben 
Sobth,  Al  A'gemi  Al  Halabi.     Il  eft  more  l'an  884  de  l'Hegire. 

KERAP  ou  Gheraï  khan.  Nom  commun  parmi  les  Princes  ou  Sultans  des 
Tartares  de  Crim  &  de  Cafah ,  que  nous  appelions  ordinairement  ks  petits  Tar- 
tares. 

Le  Livre  intitulé  Borlan  alfchacaïk  ,  de  Baba  Coufchi  Mouphti  de  Cafa,  qui 
mourut  l'an  974  de  l'Hegire,  eft  dédié  à  Keraï  khan. 

KERAMIOUN.  Nom  des  Sénateurs  de  Mohammed  Ben  Keram,  qui  foû- 
tenoient ,  qu'il  falloit  entendre  à  la  lettre  tout  ce  que  l'Alcoran  dit  des  bras , 
des  yeux  &  des  oreilles  de  Dieu  ;  enforte  qu'ils  admettoient  la  TagialTum ,  c'eft- 
à-dire,  quelque  forte  de  corporeïté  en  Dieu,  qu'ils  expliquoient  cependant  fort 
différemment  entre  eux. 

Fakhreddin  Razi ,  fameux  Théologien  parmi  les  Mufulmans,  s'oppofa  à  cette 
impiété.  Cependant,  A'bdal  Magid  Ben  Kedouat,  Chef  de  cette  Sefte  ,  eut  tant 
de  crédit  fur  l'esprit  du  Peuple  de  la  Ville  de  Herat,  qu'il  s'émut  une  fédition, 
&  que  le  Sultan  Gaïatheddin,  dernier  des  Gaurides,  fut  obligé  d'en  fair€  fortir 
Razi  pour  l'appaifer.     f^oyez  le  titre  de  Razi  Fakhreddin. 

KERAN,  au  plurier  Keranat.  Mot  Arabe,  qui  fignifie  la  Conjonftion  de 
plufieurs  Planètes  dans  un  des  Signes  du  Zodiaque.  L'une  des  plus  grandes  eft 
.celle  de  Saturne  avec  Jupiter,  dans  le  premier  degré  du  Bélier;  &  elle  n'arrive 
qu  une  feule  fois  en  960  ans.  Néanmoins ,  la  même  Conjonction  arrive  en  trine 
.alpe6l  au  bout  de  240  »ns. 

La  plus  grande  de  toutes  eft  celle  de  toutes  les  Planètes  dans  le  même  Si- 
;gne,  qui  prognoftique  toujours  de  très-grandes  révolutions  dans  le  Monde,  foit 
à  l'égard  des  Religions ,  foit  à  l'égard  des  Etats.  Les  Hiftoriens  Orientaux  en 
remarquent  une  au  temps  du  Déluge,  &  une  autre  ,  lorfque  Ginghizkhan  fit  fa 
grande  irruption,    ^o-y^s  le  titre,  de  ce  Prince  &  celui  de  Khouarezm  fchah. 

Il  y  a  plufieurs  Princes  qui  ont  porté  le  titre  de  Sahcb  keran,  Maître  d'une 
Conjonflion  heureufe  &  favorable.  Tamerlan  eft  qualifié  particulièrement  de  ce 
titre,     royez  fon  Hiftoire  &  le  titre  de  Saheb  keran. 

Les  Arabes  ont  plufieurs  Livres  en  leur  Langue  ,  qui  font  intitulez  Ketab 
alksranat,  comme  celuy  qu'ils  attribuent  à  Zoroaftre  ,  Ketab  alkeranat  le  Zcra- 
dafcht  Hakim  &  celuy  de  Giamasb,  Philofophe  de  la  Seéle  de  Zoroaftre  ;  ce- 
luy qui  porte  le  titre  de  Afrar  kelam  Hermès  ou  les  Secrets  de  Trifniegifte  , 
ti-aitc  aufîî  le  même  fujct. 

KERAN 


K  E  R  A  N  — -  K  E  R  I  T.  357 

KËRAN  alfâadin.  La  Conjonélion  des  deux  Planètes  heureux.  Titre  de 
deux  Poèmes  écrits  en  Perfien,  l'un  par  Mir  Khofrou,  &  l'autre  par  le  Poëte 
Dehloui,.    Ce  dernier  eft  mort  l'an  720  de  l'Hegire. 

KERANAT  alkebir.  Titre  d'un  Livre  compofé  par  Kengheh,  ou  Kankah, 
Philofophe  Indien ,  apparemment  fur  le  Keranat  de  Zoroaitre.  11  y  a  aufli  un 
autre  Ouvrage  du  mefrae  Auteur  intitulé,   Keranat  alfaghir. 

KERANAT   kobar.     Titre  d'un  Livre  d'Allronoraic ,  fans  nom  d'Auteur. 

KERASBI.  Surnom  de  Hoflaïn  Ben  Abi,  Compagnon  deSchafêï,  un  des 
quatre  Chefs  des  Seftes  réputées  Ortliodoxes  parmy  les  Mufulmans.  Il  a  com- 
pofé un  Livre  fur  les  Auteurs  qui  ne  font  pas  exafls  dans  leurs  citations,  qui 
allèguent  faux,  &  qui  font  plagiaires.  Cet  Ouvrage  porte  le  titre  de  Efma 
almodalleffin. 

KERATH.  Mot  Arabe,  qui  fîgnifie  proprement  goulTe  de  Caroubier.  C'ell 
aufli  le  nom  d'un  Poids,  qui  eft  la  moitié  du  Danek,  ou  Grain  ,  dont  fix  font 
le  Dirhem,  ou  la  Drachme  Arabique,  de  forte  qu'il  y  a  douze  Kerath  à  la 
Drachme.  C'eft  de  ce  mot,  que  vient  celuy  de  Carat,  dont  nous  nous  fer» 
vons,  &  qui  pefs  quatre  de  nos  grains.. 

KERBELA.  Nom  d'une  Campagne  de  l'Iraque  Babylonienne,  ou  de  la 
Chaldée,  proche  de  Coufah,  &  à  TOccident  de  la  Ville,  nommée  Cafr  Ben 
Hobeirah. 

Ce  lieu  eft  fameux  par  la  mort  &  par  le  Sépulcre  de  Houffaïn  fils  d'Ali, 
qui  y  fut  tué,,  en  combattant  contre  les  Troupes  d'Iezid,  fils  de  Moavie  ,  qui 
luy  difputoit  le  Khalifat. 

Le  nom  de  Kerbela  retentit  dans  toutes  les  Chanfons,  ou  Elégies  qui  ont 
été  faites  ,  paiticulièrement  par  les  Perfans,  fur  la  mort  funefte  de  HoufTaïn,. 
duquel  ces  Seftaires  tirent  la  defcendance  de  leurs  Lmams,  dont  Houffaïn  eft  le- 
troifième.     l^'oyez  le  titre  de   Motavakkel. 

KERIAH,  &,  Keriat.    Mot  Arabe,  qui  fignifie,  Ville,  en  gênerai. 

KERIAH  gedidah.  La  Nouvelle  Ville.  Les  Arabes  appellent  de  ce  nom', 
la  Ville  que  les  Turcs  de  la  Tranfoxane  nomment  en  leur  Langue  ,  lenghi, 
ou  legnikent.     l^oyez  ce  titre. 

KERIT,  ou,  Carit.  Nom  d'une  Tribu  de  Mogols,  ou  Tartares  les  plus 
Orientaux,  qui  confinent  avec  le  Khataï,  ou  la  Chine. 

Avenk,  ou,  Unk  khan,  regnoit  dans  ce  pays -là  l'an  599  del'hegire,  &  fut 
défait  par  Ginghizkhan,  Chef  d'une  autre  Tribu.  Celle  de  Kerit  étoit  toute 
de  Chrétiens  Neftoriens,  &  leur  Roy  étoit  Preftre  ,  &  marié.  On  le  nommoit 
en  la  Langue  de  la  Religion  du  Pays,  qui  étoit  Chaldaïque,  Malck  louhanna, 
le  Roy  Jean.  C'eft  celuy  que  les  Portugais  ont  nommé  ,  Prêtre  Joan ,  le 
Preftre  Jean;  nom  qu'ils  communiquèrent  depuis  au  Roy  d'Ethiopie,  qui  étoit; 
aulli  Clirétien.     l^oyez  le  titre  de  Carit.. 

KER.- 


368  K  E  R  K  A  S  K  E  R  M  A  N. 

KER K  AS,  ou  Gerkas , Nom  d'une  Nation  voiTine  des  Iberiens ,  ou  Géorgiens, 
qui  étoit  Chrétienne.  On  l'appelle  aufli  les  Peuples  des  cinq  Montagnes,  & 
ce  font  ceux  que  l'on  nomme  communément,  Circaffiens. 

Il  y  a  eu  en  Egypte  des  Sultans  appeliez  Circaflîens,  ou  Borgites  ,  qui  y 
ont  régné  l'efpace  de  138  ans,  depuis  Barkok  qui  commença  Ton  règne  l>n  784, 
Jufques  à  la  mort  de  ïhoumanBaï,  qui  arriva  l'an  923   de  THegire.  Befi  Jofef. 

KERKEDAN.  Nom  Perfien  d'un  animal  plus  petit  que  l'Elephant,  &  plus 
gros  que  le  Bufle ,  lequel  a  une  boire  fous  le  ventre  femblable  à  celle  que  le 
Cliameau  a  fur  le  dos.  Il  porte  une  corne  fort  grolTe  fur  le  nez  ,  dont  les 
Rois  des  Indes  fe  fervent  à  table.    Car  elle  fuë  à  l'approche  de  quelque  venin 

que  ce  foit.  ,     <-  „ 

Cette  Corne  étant  fendue  par  le  milieu ,  prefente  aux  yeux  la  figure  d  un 
homme,  tirée  avec  des  lignes  blanches,  parmy  lefquelles  on  voit  aulfides  figu- 
res d'oyfeaux. 

Cet  animal,  qui  efl  celuy  que  nous  appelions  Rhmoceros,  le  trouve  parti- 
•culièrement  dans  une  des  Ifles  de  la  Mer  des  Indes,  nommée  Rami,  félon  le 
rapport  du  Scherif  Al  Edriffi,  dans  fon  8e.  Climat,  Partie  8^. 

KER  M  AN.  Nom  d'une  Province  de  l'Afie  ,  fituée  entre  les  27  &  32  d.  de 
Latitude  Septentrionale.  Elle  confine  du  côté  de  l'Orient  avec  le  Segellan  & 
leMacran,  &  du  côté  du  Couchant  avec  la  Province  de  Fars,  qui  efl  la  Perfe 
proprement  dite.  Le  grand  defert  de  Naubendigian  la  fepare  d'avec  le  Kho- 
ralfan  vers  le  Septentrion,  &  la  Mer  &  Golfe  de  Perfe,  la  bornent  du  côté 
du  Midy.  Cependant,  quelques-uns  comprennent  dans  cette  Province,  la  Ville 
d'Oi-muZj  qui  efl  dans  le  fécond  Climat ,  &  à  25.  d.  de  Latitude. 

Il  y  a  auffî  des  Géographes  &  des  Hifloriens  Orientaux,  qui  rangent  le  Ker- 
man,  &  le  Suran  ,  entre  les  Provinces  des  Indes.  Foyez  le  titre  de  Scheha- 
tîeddin  le  Gauridc. 

On  rencontre  dans  le  Kerman  beaucoup  de  Cantons,  qui  font  entièrement 
deferts.,  à  caufe  qu'il  ne  y'y  trouve  pas  d'eau.  Car  il  n'y  a  dans  tout  le  Pays 
aucune  Rivière  confidérable  qui  l'arroufe. 

La  Ville  Capitale  du  Kerman  étoit  autrefois  Caufchir,  qui  a  été  auflî  nom- 
mée Berd  Ardfchir  à  caufe  de  fon  Foniatcur,  qui  fut  Ardfchir  Babej;an,  pre- 
mier Roy  de  Perfe,  de  la  Dynaftie  des  Salîanides.  Le  mot  de  Berd  lignifie 
en  la  Langue  de  ce  Pays -là,  Ville  ou  Château.  On  appelle  aujourd'huy  cette 
Ville  par  abbreviation ,  Berdafchir;  mais  elle  n'en  efl  plus  la  Capitale.  Car, 
Gireft,  ou  Sireft,  &  Sirgian  ,  font  beaucoup  plus  confiderables  aujourd'hui.  Ze- 
rcnd,  &  Sarmafchir  font  auflî  mifes  au  nombre  des  Villes  de  cette  Province,  auf- 
fi  bien  que  celle  de  Bam ,  quoyquc  quelques-uns  donnent  la  Ville  de  Zerend ,  ou 
Zereng' ,  à  la  Province  de  Segeflan. 

Ce  fut  dans  le  Kerman,  que  Cadherd  établit  la  féconde  Dynaflie  des  Selgiucides, 
•qui  portent  ordinairement  le  nom  de  Selgiucides  du  Kerman  ;  quoyque  leurs  Etats 
s'étcndiflTent  beaucoup  au  dc-là  de  cette  Province. 

Les  Cara  Khathaïens  ont  auflî  régné  dans  le  Kerman,  pendant  les  quatre- 
vingt  fix  ans  que  dura  leur  Dynaflie.  l^'oyez  leur  titre,  l^oyez  auflî  plus  bas  le 
titre  de  Kerman  fchah. 

KER- 


K  E  R  M  A  N  I.  35p 

KERMANI.  Surnom  commun  à  plufieurs  Auteurs,  natifs  ou  originaires  de 
îa  Province  de  Kerman. 

Rokneddin  A'bdalraliman  AI  Halabi,  dit  auffi  Kermani,  a  compofé  le  Livre  in- 
titulé  Efcharat  alafrar,  &  eft  mort   l'an  543  de  l'Hcgire. 

Malek  Kermani  efî:  un  Saint  Aîufulman,  duquel  jàfèï  a  écrit  la  Vie,  Sec- 
tion 193. 

Nafis  Ben  Auadh,  Médecin  célèbre,  eft  auffi  nommé  Kerm:ini. 

Scliamfeddin  Mohammed  Ben  loulTouf  Al  Kermani ,  qui  mourut  l'an  2S6  de 
l'Hegirc ,  a  commenté  les  Anouar  de  Baïdhoui ,  &  les  Akhlakh  d'Aïgi. 

Takieddin  Kermani  eft  Auteur   d'un  Ouvrage  intitulé,  MalTalek. 

Borhaneddin  Ibrahim  Ben  MouiTa  Al  Kermani ,  Al  Mocri ,  c.  a.  Docteur  pour 
la  lefture  de  l'Alcoran,  mort  l'an  853  de  l'Hégire,  a  compofé  l'Ouvrage  '"ntitulé, 
Eflaaf  fi  maârefat  alcathâ  v  aleftenaf.    ^ 

Aboul  CafTem  Kermani.  Nom  d'un  Vizir  de  Thogrulbeg ,  premiert  Sultan  deï 
Sclgiucides. 

Zeïneddin  Al  Scheïkh  Al  Fakih  Kermani.  Foyez  le  titre  de  ,Z:ïneddin. 

Khouageh,  ou  Khogiah  Kermani,  très -excellent  Poëte  Perfien,  natif  de  la 
Province  de  Kerman,  &  ilTu  de  race  des  premières  Familles  de  fon  Pays,  fut 
fumommé  Malek  alfodhala,  Le  Roy  des  perfonnes  d'efprit  &  de  mérite.  Il 
fut  tellement  eftimé,  pour  la  richefle,  &  pour  la  naïveté  de  fes  expreffions  , 
que  l'on  le  nommoit  ordinairement,  Nakhlbend  Al  Schodra ,  Le  Peintre  &  le 
Sculpteur  d'entre  les  Poètes. 

Ce  Poëte  fit  fon  principal  fejour  à  Bagdet.  Car  il  quitta  de  bonr»e  heure  fon 
Pays  natal,  qu'il  témoigne  cependant  beaucoup  regretter  dans  fes  Vers.  Il  com- 
pofa  dans  la  même  Ville,  l'Hiftoire  intitulée,  Ketab  Homai  Homaioun,  en 
Vers.  De  Bagdet  il  paffa  en  KhoralTan,  &  demeura  quelque  temps  auprès  de 
Semnani ,  qui  vivoit  pour  lors  en  réputation  d'une  très  grande  fainteté.  Il  fit 
aufîî  un  voyage  à  Ifpahan,  où  il  trouva  à  la  Porte  de  la  Ville,  des  Filles  qui 
lavoient  leur  linge  fur  le  bord  de  la  Rivière ,  lefquelles  répondirent  fort  in- 
genieufement  aux  Vers  qu'il  leur  dit  en  pafTant. 

Il  y  a  un  Divan,  ou  Recueil  des  Poëfies  de  cet  Auteur,  qui  contient  vingt- 
mille  Vers.  Ce  font  des  efpeces  de  Sonnets ,  de  Stances  des  Odes ,  des  Elé- 
gies ,   &c. 

Sa  mort  arriva  l'an  742  de  l'Hegire,  fix  ans  après  celle  de  Semnani.  Dan- 
lat  /chah. 

Mir ,  ou  Emir  Kermani ,  eft  un  autre  Poëte  Perfien  ,  contemporain  de 
Khouageh  Kermani.  Daulatfchah  rapporte  quelques-uns  des  Vers,  dans  la  qua- 
trième Clafie  des  Poètes  dont  il  a  écrit  l'Hiftoire. 

O'mad  eddin  Fakih  Kermani  étoit  un  des  plus  illoftres  Perfonnages  de  la  Pro- 
vince de  Kerman.  Il  excella  dans  toutes  les  fciences,  &  il  tient  le  premier 
rang  entre  les  Poètes  Perfiens  de  la  cinquième  Clafl^e,  félon  l'ordre  des  tems 
qu'ils  ont  vécu.  Il  fe  retira  du  grand  Monde,  pour  vaquer  plus  particulière- 
ment à  Dieu,  &  fa  cellule  étoit  le  rendez -vous  des  plus  habiles  gens  de  fon 
fiècle.  Il  fut  même  très-honoré  par  Mohammed  ModhafFer  ,  &  par  fes  enfans , 
Sultans  de  Schiraz  en  Perfe. 

Le  Scheïkh  Azéri  dit  dans  fon  Livre  intitulé,  Giauaher  alafrar ,  qu'il  n'y  a  rien 
que  de  très -correct  dans  la  Poëfie  de  cet  Auteur ,  foit  pour  le  llyle,  foit  pour 
les  penfées. 
•Tome  IL  Aa  a  I! 


370  KERMANSCHAH  — —  K  E  S  C  H  A  F. 

Il  mourut  en  fa  Patrie  l'an  jjs  de  l'Hegire,  du  temps  de  Tamerlan.  Dau^ 
lat  /chah. 

Emir  lahia  Kermani  fut  Prince  de  la  Dynaflie  des  Sarbedariens.     Il  étoit  des 
plus  intimes  amis  de  Schamseddin  Khuageh  A'ii;   de  forte  que  celuy-cy  ayant 
été  tué  par  Pehelevan  Haïdar,  il  monta  fur  le  thrÔJie  qu'il  tint    pendant  qua- 
tre ans,  au  bout  defquels  fon  propre    frère  le  fit  afTaffiner.      Ce  Piince  étoit 
pieux  &  a/îidu  à  là]  lefture  de  l'Alcoran.     Il  mourut  l'an  759   de  l'Hegire. 

Ahmed  Kermani  étoit  auffi  Poëte  Perfien,  contemporain,  &  amy  particulier 
de  Tamerlan.  Il  a  décrit  en  Vers  Perfiens  l'Hiftoire  d'Alexandre  le  Grand,, 
celle  de  Ginghizkhan,  &  celle  de  Tamerlan. 

f^oyez  dans  le  titre  de  Timour  ce  qu'il  dit  à.  Tamerlan ,  étant  avec  luy 
dans  le  bain. 

KERMAN  S  CHAH.  Surnom  de  Baharam,  fils  de  Schabour  Dhoulaftaf,, 
qui  eft  Sapor ,  Roy  de  Perfe.  Ce  titre  qui  fignifie ,  Roy  du  Kcrman ,  luy  fut. 
donné,  parce  qu'il   fit  la  conquefle  de  cette  Province. 

KERMINAH,  ou  Kerminiah.  Nom  d'une  Ville  de  la  Province  Tranfoxane,, 
fituée,  félon  Aboulfeda,  entre  les  Villes  de  Bokhara  &  de  Samarcande,  ou  fe-- 
lon  Al  Bergendi,  entre  celles  de|Tauauis,  &  de  Debufiah,  à  fept  parafanges  de 
la  première,  &  à  cinq  de  la  féconde.  Elle  a  un  terroir  afiez  grand,  &  plein 
d'habitations.  Sa  Longitude  eft  de  88  d.  &  fa  Latitude  Septentrionale  de  30 
degrés,  30  minutes., 

KERMUAH.  Nom  d'une  Ifle  fituée  dans  TOcean  Ethiopique,  afi^z  près  des 
Ifles  de  Raneg',  &  éloignée  de  la  Cofte  de  Zeng',  ou  Zanguebar,  d'une  jour- 
née de  navigation,  c.  a.  environ  de  trente  mille.  Ses  Habitans  font  noirs,  & 
on  les  nomme  Bomiîn..    Edrijfi ,  dans  fon  premier  Climat  f  Partie  7. 

KERSCH.  Nom  d'une  Ville  Maritime  du  Pays  d'Azak,  c.  a.  des  Cofaques 
qui  habitent  fur  les  bords  de  la  Mer  noire,  aux  embouchures  du  Danube,  du 
Tyras,  du  Boryfthene,  &  du  Tanaïs.  C'eû  auprès  de  ce  dernier  Fleuve,  &  au- 
près de  la  Palu  Meotide ,  que  cette  Ville  eft  fituée ,  félon  Ai  Bergendi ,  dans  le 
feptième  Climat.. 

KESCHAF  an  hacaïk  altanzil.  Titre  d'un  Commentaire  fort  ample  fur 
l'Alcoran ,  compofé  l'an  de  l'Hegire  525  par  Aboul  Caflem  Mahmoud  Ben  O'mar 
Al  Zamakfchari,  qui  mourut  l'an  538  de  la  même  Hégire. 

Cet  Auteur  dit  dans  la  Préface  de  fon  Ouvrage,  que  la  fcience  de  l'explica- 
tio  n  des  Ecritures     furpalTe   infiniment  toutes  les  autres,  &  que,  ni  le  JUrif- 
confulte,  ni  le  Théologien,  ni  le  Prédicateur,  ni  l'Hiftorien  ,  ou  Confervateur 
des  Traditions, j,  ne  fçavent  rien,  s'ils  ne  font  fondez  fur  la  connoilFance  du. 
Texte.  ''  '■-.'"' 

Ce  que  ce  Do6leur  Mahometan  dit  par  rapport  à  fon  Alcoran ,  fe  peut  fort 
bien  appliquer  aux  Ecritures  véritablement  faintes  ,  des  Juifs  &  des.  Chrétiens» 

Ce  Commentaire  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Grand  Duc. 

Schamfeddin  Al  Effahani  dit  dans  fonTaffir,  ou  Commentaire  fur  l'Alcoran, 
.q»e  Zamakhfchari  a  tiré  la  plus  graude  partie  de  fon  Ouvrage  du  Taflir  Al- 
Zagiag'.  .  ^ 


K  E  s  C  H  A  H  E  RL  K  E  S  S  A  I.  371 

'Il  y  a  uii  grand  nombre  d'Auteurs  qui  ont  augmenté,  échircî,  ou  abbrcé 
le  Kefchaf.  Kothbeddin  Al  Schirazi  y  a  fait  des  Scholies,  ou  Gloffs  mam- 
îiales,  intitulées  Hafchiat  Al  Kefchaf. 

KESCHAHEM.  Surnom  de  Mahmoud  Ben  HoufTaïn ,  mort  environ 
î'an  500  de  l'Hegire  ,  qui  eft  Auteur  d'un  Livre  intitulé  Adab  ahiidim  ,  lés 
Devoirs  d'un  Courtifan. 

KESCHAUAD  ,  Kefchuad  &  Kcfchau.  Nom  d'un  des  quatre  principaux 
Capitaines  de  Caïcobad,  premier  Roy  de  la  féconde  Dj-naftie  de  Perfe  ,  par  la 
valeur  dcfquels,  ce  Monarque  fe  défit  de  tous  fes  ennemis.  Son  furnom  étoit 
Zerin  Kulah,  Portant  un  bonnet,  ou  une  tiare  d'or. 

KESCHISCH,  &  Cafchifch  Mot  Arabe,  qui  fignifie  Preftre,  Moine  Chré- 
tien.  Les  Turcs  appellent  le  Mont  Athos,  rempli  d'un  grand  nombre  de  Ca- 
îoiers ,  ou  Moines  Grecs ,  Kefchifch  Daghi ,  la  Montagne  des  Moines.  Ils  nom- 
ment auflî  la  même  Montagne  ,  Aïnoros ,  par  corruption  du  Grec ,  tiyiQi  c^oç , 
la  fainte  Montagne,  nom  ufité  aujourd'huy  par  les  Grecs. 

KESRA.  Nom  que  les  Arabes  donnent  en  gênerai  au  Roy  de  Perfe,  com- 
me celuy  de  Rathalmious ,  mot  corrompu  de  celuy  de  Ftolomœus  ,  à  tous  les 
Rois  Grecs  qui  ont  régné  en  Egypte. 

Ce  mot  Kefra,  eft  pris  du  mot  Perfien,  Khofrau  ou  Khofrou ,  duquel  nous 
avons  fait  celuy  de  Khofroés.  Les  Arabes  difent  au  plurier  Al  Kaflerah ,  les 
Khofroés ,  comme  CaïaiTera ,  les  Cefars  ,  ou  Empereurs  Romains. 

KESSABIOUN.  Nom  d'une  Seéle  parmy  les  Mahometans ,  de  gens  qui 
croyoient  que  Mohammed,  dit  Ben  Hanefah  ,  ou  Hanefiah,  qui  étoit  fils  d'A'li, 
d'une  autre  femme  que  de  Fathemah,  n'étoit  pas  mort,  &  qu'il  devoit  un  jour 
régner  fur  tous  les  Mufulmans.     Voyez  le  titre  de  ce  Mohammed- 

KESSAH,  &  KifFch  ,  félon  la  prononciation  des  Turcs.  Mot  Arabe  qui 
fignifie  Hifloire  ,  Narration.  Il  fe  prend  aufli  fouvent  pour  la  Vie  de  quelque 
Pcrfonnage,  aufîî-bien  que  fon  plurier,  qui  eft  Keffas.  Il  y  a  plufieurs  Livres 
Arabes,  qui  portent  ce  nom,  que  l'on  prononce  en  conftruftion  KeiTat.  En 
voicy  les  principaux  dans  les  Articles  de  ci-deflbus ,  fuivant  l'ordre  alphabétique. 

KESSAI.  Surnom  d'Aboul  Hafian  A'ii  Ben  Hamzah  Bahaman,  Ben  Firouz, 
Perfan  de  Nation  ;  mais  Arabe  de  littérature ,  &  fi  excellent  Grammairien ,  qu'il 
rendit  confus  Sibouieh,  le  Maiftre  de  tous  les  Grammairiens,  dans  une  difpute 
qu'il  eut  avec  luy. 

Ce  Doéteur  avoit  été  efclave  des  Afl*edites ,  &  il  fut  furnommé  Keffaï,  à 
caufe  de  plufieurs  decifions  qu'il  fit  contre  le  luxe  &  la  mode  des  habits.  Le 
Khafife  Haroun  AI  Rafchid  le  donna  pour  Maiftre  à  fon  fils  Al  Mamon  ,  & 
il  eut  auGB  pour  Difciple  ,  Abou  Zacaria  lahia  Ben  Ziad  Al  Abfi ,  furnommé 
Fera,  Dofteur  très-celebre. 

Le  Khalife  Haroun  rencontrant  un  jour  KefTaï  en  fon  chemin,  luy  demanda 
fort  honneftement,  en  quel  état  il  fe  trouvoit  ?  Kefl'aï  luy  répondit  avec  beau- 
coup d'efprit  <Sc  d'élégance  :  Quand  je  n'aurois  jamais  cueilli  autre  fruit  dans 

A  a  a  2  mes 


37Z  -    K  E  S  S  A  R  I  A  H.        K  E  S-  S  A  S. 

mes  études,  que  la  feule  grâce  que  vous  me  faites  de  penfer  à  moy,  cela  feuî 
fuffiroit  pour  me  rendre  content. 

Un  autre  jour  Kelîaï  fe  prefenta  à  la  porte  de  l'appartement  d'Al  Mamon,  pour 
luy  faire  leçon.  Ce  Prince  qui  ctoit  à  table  avec  fes  amis,  luy  écrivit  fur  une 
feuille  de  myrthe  un  Diftique  dont  le  fens  étoit  :  Il  y  a  un  temps  d'étudier , 
&  il  y  a  un  temps  pour  fe  divertir.  Celui-cy  eu  le  temps  des  amis-,  du,  vin 
de  la  rofe  &  du  myrthe  qui  m'entefte.  Keffaï  aïant  lu  ce  Diftique  luy  répon- 
dit fur  le  dos  de  la  même  feuille,  par  un  Quatrain  en  ce  fens:  Si  vous  aviez 
compris  l'excellence  du  fçavoir,  vous  préféreriez  fans  doute  le  plaifir  qu'il  don- 
ne à.  celuy  que  vous  gouftez  prefentement  ;  &  fi  vous  fçaviez  qui  eft  celuy 
qui  eft  à  vôtre  porte ,  vous  vous  lèveriez  auflî-toft ,  &  vous  viendriez  profterné 
à  terre ,  loiier  &  remercier  Dieu  de  la  grâce  qu'il  vous  fait.  Al  Mamon  n'eut 
pas  plûtoft  lu  ces  quatre  Vers  ,  qu'il  quitta  fa  compagnie  ,  &  vint  au  devant 
de  fon  Maiflre.     Rabî  alabrar.- 

Kelfaï  eft  Auteur  d'un  Livre  intitulé  Nefaïs  alaraïs  v  kelfas  alenbia,  l'Hiftoire 
des  Patriarches  &  des  Prophètes ,  depuis  la  Création  du  Monde.  La  Traduftion 
de  cet  Ouvrage  en  Periien  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  num. 

Il  mourut  en  Khoralîan,  à  la  fuite  du  Khalife  Haroun  Al.  Rafchid,  l'an  189 
de  l'Hegire. 

KESSARIAH,  ou  Caïlîariah.  Cefarée.  Il  y  a  trois  Villes  principales  de 
ce  nom  en  Afie.  Celle  de  Paleftine  ,  qui  eft  Tunis  Stratoiiis  ,  qu'Herode  fit 
aggrandir  &  fortifier,  en  la  nommant  du  nom  de  Cefar. 

La  féconde  eft,  Cafarea  Philippi,  que  quelques-uns  ont  crû  être  la  même  que 
Bâalbek. 

La  troifième  eft  Cefarée  de  Cappadoce,  qui  fut  le  terme,  des  Conqueftes  que 
les  Tartares  firent  dans  l'Afie  Mineure ,  après  la  défaite  de  Gaïatheddin  ,  fils 
d'A'laeddin  ,  qui  arriva  l'an   640  de  l'Hegire. 

Il  y   a  une  autre  Cefarée    en  Afrique  ,    &  c'eft  Jidia   Cccjarea  de  Numidie. 
Mais  les  Arabes  en  ont  corrompu  entièrement  le  nom;  car  ils  l'appellent  Gezaïr. . 
C'eft.la  Ville  d'Alger,  fur  la  Cofte  de  Barbarie. 

KESSAS.     Voyzz  cy-defllis   le  titre  de  Kefllih  ,   dont  ce  mot  eft  le  plurier, . 
H  entre  auffidans  le  titre  des  Livres  qui  fui  vent. 

KESSAS  alakhbar.  Titre  d'un  Livre  Hiftorique  ,  dont  l'Auteur  eft  Vahaîy 
Ben  Monbah.  Il  y  en  a  un  autre  Hiftorique,  comme  celui-cy,  intitulé  Akhbar 
alkeflat  ,  compofé  par  Naccafch  Al  Molfouli. 

KESSAS ,  alenbia.  Hiftoire  des  Patriarches  &  des  Prophètes.  Le  premier 
Ouvrage  qui  a  paru  fous  ce  titre  a  été  compofé  par  Vahab  ,  fils  de  Monbah; 
Thâalehi  l'a  décrite  après  luy,  de  même  que  KeflTaï,  comme  il  eft  marqué  cy- 
dcvant  dans  fon  titre. 

Ce,  dernier  Auteur  commence  à' la  Création  du  Monde,  &  dans  la  Conclufion 
de  fou  Ouvrage,,  il  parle  de  fa  Fin,  dans  laquelle  il.  dit  que  Jefus  Chrift  doit 
venir  une  féconde  fois,  pour  combattre  l'Antechrift,  avec  le  Mahadi,  dixième 
Imam.,  qui,  eft  confervé  en.  vie  jufques  à  ce  temps-là.  Son  Hiftoire  fe  trouve 
en  Arabe  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,   n^.  837  ,  &  en  Perfien ,  comme  il  a- 

déjà  été  marqué  danç  le  titre  de  Keffaï,  num, 

Sohaïi: 


K  E  s  s  A-  s. K  E  T  A  B.  o,, 

'    Sohaïl   A'bdaîlah    Al    Bafchiri    a    aufTi  donne    la    même    Hiftoire  abbregée 
Mokhtar  E'zz  alraolk  Mohammed  Ben  A'bd  Al  Malek  Al  MafTihi  ,    l'a  donnée 
plus   ample.    Cet  Auteur  eft  mort  l'an  423  de  THegire. 

La  même  matière  a  auflî  été  traitée  en  Perfien  par  Mohammed  Ben  HafTan 
Al  Deïnouri  Al  Hanefi,  qui  a  fuivi  Thàalebi. 

K  ES  S  AS  Al  Havariin.  Hiftoke  des  Apoflres.  Titre  d'un  Ouvra<ïe  d'un 
Auteur  Chreftien,  nommé  Schimêoun  Al  Safa.  ° 

K  E  S  S  A  S  alhavarioun.  Ce  font  proprement  les  Aftes  des  Apoflres  ,  com- 
pofez  par  Saint  Luc,  qui  eft  aufïï  l'Auteur  d'un  des  quatre  Evangiles,  Hagi 
Khalfah  en  fait. mention. parmy  les  Livres  qui  font  rapportez  cy-delfus. 

KESSAS  Al  Salathin.  L'Hiftoire  des  Sultans.  Titre  d'un  petit  Ouvrage 
Hiftorique  fur  l'IJiftoire  des  Sultans  &  des  Rois,  fans  nom  d'Auteur. 

K  ES  S  AS.     Voyz  le  titre  de  Cafd  Keffas  &  ceux  de  Diat,  &  de  Mekafat. 

KESSAT  algiamgiamah.  Titre  de  l'Hiftoire  d'une  tefte  de  mort  ,  que  les 
Mahometans  difent  avoir  été  reifufcitée  par  Jefus-Chrift,  &  des  Difcours  qu'elle 
luy  tint.    Ce  Livre  fe  trouve  dans  la   Bibliothèque  du  Roy,  n".  6-jo. 

Cette  fiétion  eft  tirée  du  Crâne  d'Adam ,  que  les  Chrétiens  Orientaux  tien- 
nent, avoir  donné  le  nom  au  Mont  Calvaire ,  où  Jefus-Chrift  fut  crucifié. 

KESSAT  Fikiat.     Hiftoire  d'une  fainte   Femme  nommée  Fikiah  ,  que  les 
Juifs,  les  Mahometans,  &  même  les  Chrétiens  du  Levant,  difent  avoir  été  la- 
femme  de  Jefus  Ben  Sirah,  Vizir  de  Salomon,  fils  de  David. 

KESSAT  Haïlanah.  Titre  de  l'Hiftoire  de  l'Impératrice  Hélène,  Mère  dé 
Conftantin ,  dont  on  fait  la  Fefte  en  Egypte  ,  le  neuvième  jour  du  mois  ap- 
pelle Bafchnes,  auquel  elle  deceda.  Cet  Ouvrage  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque 
du  Roy  ,  n  .  792. 

KESSAT  loulfouf  âlaïhi  alfalam  zahar  alkemam  v  kenaan.  Titre  de  l'Hi- 
ftoire du  Patriarche  Jofeph ,  la  FJeur  des  Fleurs,  ou  la  Fleur  de  k  Terre  de 
Ghanaan. 

KESSIR.  Nom  d'une  Montagne  qui  s'élève  au  milieu  du  Golfe  Perfique. 
Voytz  le  titre  de  Bahr  Al  Fars. 

KETAB.  Livre  félon  les  Arabes.  Al'Ketab  le  Livre.  C'eft  l'Alcoran  par 
excellence,  fuivant  les  Mahometans;  de  même  que  les  Grecs  ont  nommé  l'E- 
criture Sainte  Biblia,  les  Livres.  Ce  n'eft  pas  que  les  Mahometans  ne  donnent 
aulfi  le  nom  de  Ketah  ,  à  l'Ancien  &  au  Nouveau  Teftament.  Car  à  l'imita- 
tion de  Mahomet,  ils  appellent  fouvent  les.  Chrétiens,  &  les  Juifi,  Ahel  al- 
ketab',  ceux  qui  ont  des  Livres;  c'eft-à-dirc  des  Ecritures  Saintes,  &  des  Livres 
divins.  Ils  ajoutent  aufli  fouvent  au  mot  de  Ketab,  l'épithete.  de  magid  quand 
ils  parlent  de  l'Akoran;  Ketab  almagid,  le  Livre  Glorieux. 

Il  y  a  plufieurs. Livres  Orientaux,    dans  le  titre  dcfquels   le  mot  de  Ketab' 

Aaa  3,  eft 


374  K  E  T  A  B. 

efl  neceflaircmemt  compris,  comrae  Ketab  Hermès,  le  Uvre  de  Mercure 
Trifmeeifte,  Ketab  Giamasb  alhakim,  le  Livre  de  Giamasb ,  Philofophe  Perfien, 
Hagi  Khalfah ,  dans  fon  Cafchf  aldhonoun  ,  en  fait  un  fort  long  Catalogue. 
Nous  en  rapporterons  les  principaux. 

KETAB  alaba  v  alommahat.  Titre  d'un  Livre  de  Généalogie,  compofc  par 
Ben  Athir  Mobarek  Ben  Mohammed  Al  Gezeri ,  l'an  606  de  l'Hegire. 

KETAB  alagennat.  Titre  du  Livre  De  Fœtu  d'Hippocrate ,  traduit  en 
Arabe ,  &  commenté  par  Aboul  A'bbas  Ahmed ,  Ben  Mohammed  Al  Sarakhfi , 
qui  ell  mort  l'an  480  de  l'Hegire. 

KETAB  alàraïs.  Titre  d'une  Hifloire  des  Prophètes,  l^oyez  le  titre  de 
Thâalebi. 

KETAB  alahgiar.  Titre  d'un  Traité  des  Pierres,  &  des  Minéraux,  &  de 
leurs  proprietez,  attribué  à  Ariftote. 

KETAB  fi  ahdath  algiauhar.  Titré  d'un  Ouvrage  qui  traite  de  la  Formation 
des  pierreries.    Il  a  été  compote  par  Abou  O'beïdah  Caflem  Ben  Selem. 

KETAB  alahdath  le  Bocrath.  Titre  d'une  Tradu6lion  en  Arabe  du  Traité 
ées  Symptômes  d'Hippocrate. 

KETAB  alahdiat.  Livre  de  l'Unité,  touchant  les  Secrets  des  nombres, 
compofé  par  Mohieddin  Ben  Al  A'rabi. 

KETAB  ahkam.  Titre  de  plufieurs  Ouvrages  fur  l'Aflrologie  Judiciaire^ 
dont  les  principaux  Auteurs  font  Haflabi ,  Tanglou  fchah  Al  lounani ,  Afthafan , 
Vales  Al  Ef  kenderi ,  Al  Kebirdi  Al  Tabrizi  y  Sohaïl  Ben  Bafchar  Al  lahoudi , 
Hermès  Al  Hakim  ,  ou  Mercure  Trifmegille  ,  Giamasb  ,  Philofophe  Perfien  , 
Farkhan  Al  Thabari ,  Naubakht  AI  Hakim  ,  &c.  Aâtha  a  écrit  auffi  fous  le 
même  titre  touchant  l'Hiftoire  des  Prophètes ,  &  touchant  les  Sectes  Ortho- 
doxes  du  Mufulmanifme. 

KETAB  ahkam.  Titre  d'un  autre  Traité  d'Aftrologie  Judiciaire  ,  compofé 
<par  Khogiah  Houfîlun,  Ben  Farfi  Al  Mohailèb.  C'eft  un  Ouvrage  en  Perfien, 
dédié  par  fon  Auteur  à  Schams  Al  Kuttab  Khogiah  Mahmoud. 

KETAB  ahkam  thaïe  molleïlat  v  dhamaïr  v  valTaïa.  Titre  d'un  Ouvrage 
de  Morale  en  Perfien  ,  compofé  par  Mahmoud  Ben  Mohammed ,  plus  connu 
fous  le  nom  de  Miran  Tchelebi.  Il  eft  mort  l'an  941  de  l'Hegire  ,  &  il  a 
dédié  fon  Ouvrage  à  Ahmed  Pafcha  ,  un  des  grands  Vizirs  des  Empereurs 
Othmanides. 

KETAB  ekhtelaf  alhdr  v  albared  beïn  Al  Hend  v  Al  Roum.  Titre  d'un 
Ouvrage  dans  lequel  il  eft  traité  de  la  différence  de  la  chaleur  &  du  froid  qui 
s'obfervent  dans  les  Indes ,  &  dans  le  pays  de  Roum  ,  c'eft-à-dire ,  dans  les 
Pays  de  l'Afie  qui  font  prefentement  fous  la  domination  du  Grand  Seigneur, 
fans  nom  d'Auteur. 

KETÀB 


KETAB.  j^y 

KETAB  alakhlath  le  Bocrath.  Titre  du  Livre  De  Humoribus  d'Hippocrate , 
traduit  en  Arabe. 

KETAB  alakhlak  le  Arifthou.  Titre  de  la  Morale  d'Ariflote  ,  traduite  en 
Arabe,  par  Honaïn  Ben  Ishak. 

KETAB  aladàb.  Titre  d'un  Livre  de  Morale,  compofé  par  Abou  A'bdallah 
Al  Selemi.  A'bdallah  Al  Môtabar  a  aufli  traité  de  la  même  matière  fous  le 
même  titre. 

KETAB  alâdab  fil  haflan  alhadith.  Titre  d'un  Ouvrage  touchant  les  tradi- 
tions Mufulmannes,  compofc  par  Aboul  O'ia  Haflan  Ben  Al  A'tthar  Al  Hama- 
dani,  mort  l'an  458  de  l'Hegire. 

KETAB  aladouar.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Mufique,  compofé  par  Eskender 
Abin.  Il  a  été  abbregé  par  MuafFekeddin  Affaad  Ben  Elias ,  Ben  Mathran  ,  le- 
quel efl  mort  l'an  585  de  l'Hegire. 

KETAB  aladouiat.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Médecine ,  qui  traite  de  tous 
les  remèdes  fimples,  compofé  par  Ben  Beïthar.     l^oyez  le  titre  de  Beïthar. 

KETAB  aladouiat  le  Gialinous.  Titre  du  traité  des  Remèdes  fimples  de  Ga- 
lîen,  traduit  du  Grec  en  Arabe.  On  a  aulfi  un  Ouvrage  fous  le  même  titre,. 
&  fur  la  même  matière  de  Ben  A'bdallah  Al  Ahuazi. 

KETAB  Al  Armetathiki.  Titre  d'un  Ouvrage  d'Arithmétique,  compofé  par 
Aboul  A'bbas  Al  Sarakhfi. 

KETAB  Arfchemides.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Mathématique  d'Archimedcj 
ti'aduit  du  Grec  en  Arabe- 

KETAB  Al  Raflad  alkolliat.  Titre  d'un  Recueil  gênerai  de  toutes  les  Ob- 
fervations  d'Agronomie,  par  Ben  Al  Haïthem.  Avicenne  eft  auffi  Auteur  d'un 
Ouvrage  fous  le  même  titre.. 

KETAB  fi  erkan  alfelafiTafat.  Titre  d'un  Ouvrage  qui  traite  des  Principes 
de  la"Philofophie,  compofé  par  Ben  Mohammed  Al  Sarakhfi  Al  Thabib,  Mede- 
cin  de  profeffion,  lequel  eft^  mort  l'an  286  de  l'Hegire.. 

KETAB  alazal.  Livre  de  l'Eternité.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Mohammed 
Ben  Al  A'rabi  Al  Thaï,  mort  l'an  648  de  l'Hegire.  11  y  traite  en  particulier 
de  la  force  de  ce  mot,  &  de  toute  l'étendue  de  fa  fignification. 

Seïd  Mohammed  Al  Vafa  Al  Efkenderi  Al  Schadheli  a  auffi  traité  la  même 
matière  fous  le  même  titre,  &  fon  Ouvrage  a  été  commenté  par  Aboulmadad 
A'ii  Ben  Mohammed  ,  Ben  Ahmed  ,  fous  le  titre  de  Kafchf  alazaliah  v  tahkik 
alanuar  alabadiah,  qui  acheva  fon  Commentaire  l'an  907  de  l'Hegire. 

KETAB  alazmenat.  Le  Livre  des  Temps.  Titre,  à  ce  qu'il  paroit,  d'une 
Chronique,  dont  l'Auteur  eftAbou- A'ii/,  plus  connu  fous  le  nom  de  Cathrab 
Al.Nahoui..  ' 

KETAB. 


576  K   'E    T    A    B. 

KETAB  alefleharat  v  aleftefcharat.  Titre  d'un  Ouvrage  qui  traite  de  îs 
manière  de  s'entretenir  familièrement  dans  les  Compagnies  &  de  demander  con- 
feil.  Il  a  pour  Auteur  Abou  A'bdallah  Ahmed  Ben  Soliman  Al  Zobeïri,  Al 
Schafêï,  Dofteur  de  la  Se6te  de  Schafêï ,  lequel  eft  mort  l'an  217  de  l'Hegire. 

KETAB  aleftecamat.  Titre  d'un  Livre  touchant  la  Droiture,  ou  plutôt 
touchant  la  Perféverance  ,  compofé  par  HolTaïn  Ben  Al  Moaddeb. 

KETAB  Al  AfTad  V  algauuas.  Livre  du  Lion  &  du  Plongeur.  Titre  d'En- 
tretiens de  Morale  entre  des  animaux ,  compofé  par  HouflTaïn  Ben  Ahmed ,  fur- 
nommé  Ben  Klialouiah. 

KETAB  Afrar  Al  Nahou  le  Arillhou.  Titre  d'un  Traité  de  Grammaire 
attribué  à  Ariflote. 

ICETAB  Al  Efraïliat.  Titre  d'une  Hilloire  des  Enfans  d'Ifraël  ou  des  Juifs , 
compofée  par  Vahab  Ben  Monbah. 

iKETAB  alaflhorlab.  Titre  de  deux  Ouvrages  touchant  l'Aftrolabe.  Le  pre- 
mier a  été  compofé  par  Ibrahim  Ben  Habib  Al  Ferari ,  qui  eft  le  premier  des 
Mufulmans  qui  a  conllruit  cet  inllrument  de  Mathématique.  Le  fécond  eft 
Aboul  Caflem  Asbâ  Ben  Mohammed  Al  Garnathi ,  c'eft-à-dire  ,  natif  ou  origi- 
naire de  la  Ville  de  Grenade  en  Efpagne,  lequel  eft  mort  l'an  426  de  l'Hegire 
L'un  &  l'autre  ont  divifé  leur  Ouvrage  en  deux  Parties.  La  première  traite  de 
la  Conftruélion  de  l'Aftrolabe;  &  la  féconde,  de  fon  ufage.  La  féconde  Partie 
de  céluy  d' Aboul  Calfem  Asbâ  contient  fîx-vingt  Chapitres. 

KETAB  Efma  giabal  Tahamah.  Titre  d'un  Livre  qui  traite  des  Montagnes 
du  Pays  de  Tahamah  dans  l'Arabie ,  de  leur  Drjfcription  &  des  chofes  qui  y  font 
arrivées.    Son  Auteur  eft  Abou  Saïd  Hamed  Ben  A'bdallah  AI  Seïrafî. 

KETAB  efma  allah.  Titre  d'un  Livre  qui  traite  âes  noms  de  Dieu  cSc  de 
leur  explication ,  compofé  par  Abou  Cafïem  Ben  AI  Vezir  ,  mort  l'an  285  de 
THegire. 

KETAB  alefma.  Titre  d'un  Traité  fur  les  Nom^,  qui  a  pour  Auteur  Abou 
Sâad  Al  Meïdani. 

KETAB  alefma  v  alfefat.  Titre  d'un  Ouvrage  touchant  les  Noms  &  les 
Qualitez,  dont  Baïheki  eft  l'Auteur. 

KETAB  efma  v  alcabaïl.  Titre  d'un  Ouvrage  qui  traite  des  Noms  &  âes 
Tribus  des  Arabes  ,  à  l'occafion  des  différens  qifû  y  avoit  fur  ce  fujet  entre 
les  Arabes  de  l'Iraque  Babylonienne.  Son  Auteur  eft  Mohammed  Ben  Edris, 
qui  y  fait  une  mention  particulière  des  dilputes  qu'Abou  Hanifah  &  Ben  Co- 
tadah  ont  eues  fur  ce  fujet. 

KETAB  alefina  v  alkonni.  Titre  d'un  Traite  touchant  les  Noms  &  les  Sur- 
noms, compofé  par  Abou  Ahmed  Mohammed  Ben  Mohammed  Al  Hakem. 

KETAB 


K    E    T    A    B.  277 

KETAB  alefm  alââdham  v  alnour  alakoùam.  Titre  d'un  Traité  touchant  le 
grand  nom  de  Dieu,  &  touchant  la  Lumière  la  plus  épurée  &  la  plus  parfaite, 
fans  nom  d'Auteur.  Al  Bouni  fait  mention  de  cet  Ouvrage.  Il  y  a  un  autre 
Ouvrage  fur  le  même  fujet,  fous  le  titre  de  Ketab  alefm  almcktoum  fil  kcnz  al- 
raakhtoum,  auffi  fans  nom  d'Auteur,  dont  le  même  Al  Bouni  fait  mention. 

KETAB  alanouar  v  mcfatih  alafrar.  Titre  d'un  Livre  d'Alphabets  étrangers 
&  fuperftitieux  de  Chymie  &  de  Magic  ,  dont  l'Auteur  eft  un  Dofteur  Juif  ou 
Rabin,  nommé  Jehouda  Moflcman,  lequel  a  dédié  fon  Ouvrage  au  Klialife  A'b- 
dalmalek  Ben  Marvan.    Il  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n'^.  891. 

KETAB  alâcàdad  le  Arifthou.  Titre  d'un  Traité  des  Nombres  attribué  à 
Arillote,  traduit  en  Arabe. 

KETAB  aldddad.  Titre  d'un  Traité  des  Nombres,  &  particulièrement  de  la 
valeur  de  certains  mots  de  l'Alcoran,  fuivant  la  valeur  numérique  de  chacune 
de  leurs  lettres  ,  expliquez  cabalilliquement  &  de  leur  fignification.  Il  a  été 
compofé  par  Ben  Saracah. 

KETAB  aleêtecad  v  alhedaiat  ela  febil  alrafchad.  Titre  d'un  Livre  qui  trai- 
te de  tout  ce  qu'il  faut  croire  dans  la  Religion  Mufulmanne  ,  &  de  ce  qu'il 
faut  pratiquer  ,  pour  être  dans  le  droit  chemin  qui  conduit  à  Dieu.  Il  a  été 
compofé  par  Tlraam  Abou  Bekr  Ahmed  Al  Hoflaïni  Al  Baïhcki  Al  Schafêï, 
lequel  ell  mort  l'an  458  de  l'Hegire.  Borhaneddin  Ibrahim  O'mar  Al  Bacâï  en 
a  fait  un  précis ,  fous  le  titre  de  Serr  alzad  men  ketab  aleêtecad ,  qu'il  acheva 
l'-an  825  de  l'Hegire. 

KETAB  allamê.  Livre  hérétique  parmi  les  Mufulmans ,  dont  l'Auteur  efl 
Ravendi.    Foyez  ce  titre. 

KETAB  alfchafa.     Foyez  le  titre  de  Sebti. 

KETAB  almathreb  fil  akhbar  almagreb.  Titre  d'une  Hiiloire  d'Efpagne  &  d'A- 
frique, compofée  par  £bn  S.iïd  Al  Magrebi.     f'oycz  le  titre  de  Schaloubini. 

KETAB  almafToun  fi  ferr  alhaouan  almeknoun.  Titre  d'un  Li\Te  qui  traite 
de  la  vertu  d'Humilité,  compofé  par  Hofri.     Fuyez  ce  titre. 

KETAB  alzumruJ.  Titre  d'un  Livre  hérétique,  dont  l'Auteur  efl  Ravendi, 
FeyiiZ  ce  titre. 

KETAB  almocannâa  fi  macâreflit  khath  almedahef.    Foyez  le  titre  de  Mokri. 

KETAB  aladouiat  v  alagdiat.  Titre  d'un  Ouvrage  qui  traite  des  Alimens  & 
des  Remèdes  ,  compofé  par  un  Médecin  Juif ,  nommé  Abou  làkub  Ishak  Ben 
Soliman  AI  Ifraïli,  lequel  cil  mort  l'an  330  de  l'Hegire. 

KETAB  acalim  alfebâat.  Titre  d'un  Traité  des  fept  Climats.  C'eft  un  Ou- 
vrage de  Géographiii  ,  compofé  par  Aboul  Caliem  Mohammed  Ben  Mohammed 
Al  Samaoui ,  Al  E'raki. 

;  Tome  IL  Bbb  KETAB' 


.jZ  K'  E    T:    A    K. 

KETAB  alokar  le  Mcneîaous.  Titre  du  Traite  des  Sphères  de  Mciielaus , 
traduit  du  Grec  en  Arabe,    f^oyez  le  titre  de  Menelaous.. 

KETAB  alalat  alharb  le  liaroun.  Titre  d'un  Traité  des  Machines  de  guerre 
de  Hi*ron.  •  C'eft  une  'l'radiiclion  du  ^Grec  en  Arabe. 

•  KETAB  alalat  alrouhaniat.  Titre'  d'un  Livre  qui  traite  des  machines  inven- 
tées  avec  cfprit.  Il  a  été  compote  par  Aboulêzz  Ifmaïl  Al  Gezeri ,  furnommé 
Al  Razzaz,  parce  qu'il  étoit  Marchand  de  ris.  Il  a  divifé  fon  Ouvrage  en  fix 
parties ,  &  il  parle  des  Montres  &  des  Horloges  dans  la  première  ;  des  Vafes 
d'une  flrufture  merveillcufe  dans  la  féconde;  des  Inllrumens  de  Mulique  dans  la 
troifième;  des  Machines  Hidrauliques  ,  &  de  celles  qui  fervent  à.  tirer  des  cho- 
fes  très-pefmtes  des  lieux  profonds  dans  la  quatrième  :  des  Vafes  propres  à  boi- 
re, &  des  baiîîns  ou  plats  dans  la.  cinquième  ;  &  dans  la  fixième  ,  d'autres  ma- 
chines ,  dont  il  donne  les  figures.  H  a  dédié  fon  Ouvrage  k  Cara  Arllan  Al 
Ariki.  Le  même  Ouvrage  a  été  traduit  en  Turc  &  dédié  à  l'un  des  deux  Se- 
lim  ,  Empereurs  des  Turcs  ;  car  Hagi  Khalfa ,  qui  fait  mention  de  ce  Livre  dans 
fa  Bibliothèque  Orientale,  ne  diftingue  pas  auquel  des  deux  il  fut  prefenté. 

KETAB  alât  âladhldl.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Morale,  où  il  eft  traité  des 
Moyens  qui  conduifent  à  la  perdition.  Il  a  été  mis  au  jour  par  Abou  Ishak. 
Ibrahim  Ben  Senan  Al  Giorgiani,  &  Hagi  Khalfa  remarque  que  cet  Auteiirn'a- 
voit  alors  que  feize  ans. 

KETAB  alâgehat  AI  RafTadiat.  Titre  d'un  Livre  touchant  les  Inflrumens 
admirables  qui  fervent  à  faire  les  Obfervations  Aftronomiques.  Il  a  été  cora- 
pofé  par  Al  Khazeni. 

KETAB  Algaz.  Livre  d'Enigmes.  Hagi  Khalfa  cite  quatre  Auteurs  qui  en 
ont  compofé  ,  ou  fait  des  Recueils  ,  qui  font  Afmâï  Ben  Al  A'rabi ,  Thâaleb 
&  Schehab  Ben  Mohammed,  Al  Giazi  j  mort  l'an  875  de  l'Hegire. 

KETAB  alfadh  alkufr.  Titre  d'un  Ouvrage,  qui  traite  des  Paroles  qu'il  n'efl 
point  permis  k  un  Mufulman  de  prononcer  ,  fans  renoncer  en  quelque  façon 
à  ù.  Religion.  Son  Auteur  efh  Mohammed  Ben  Ifmaïl,  connu  fous  le  nom  de 
Badralrafchid  ,  qui  l'a  recueilli  des  Ouvrages  les  plus  autentiques  dQS  Auteurs 
îiiufulmans. 

KÉTAB  alcab.  Livre  des  Surnoms.  Plufieurs  Auteurs  ont  traité  cette  ma- 
tière fous  ce  titre,  comme  Ben  Khalouiah  ,  Aboul  Farag'  Ben  A'ii  Al  Giouzi ,.. 
Aboulfadhl  A'ii  Al  Wamadani ,  Ishak  Al  Schirazi  ,  Abou  Bekr  Ali  Al  Rahmaiî. 
Al  Schirazi.    L'IIiftorien  Ben  Al  Naggiar  fait  mention  de  ce  dernier. 

KETAB  Oluan  le  Bocrat.  Titre  d'un  Traité  des  Couleurs  d'Hippocrate  ,, 
traduit  du  Grec. 

KETAD  alolouf.  Titre  d'un  Ouvrage  dans  lequel  il  eft  traité  des  Temples, 
des  Palais,  &  généralement  des  Edifices  magnijfiqucs  qui  ont  été  bâtis  dans  tous 
les  fiècles.  Il  a  été  compofé  par  Abou  Mâfchar  Mohammed  Ben  O'mar  Al 
Balkhi ,  fuivant  le  rapport  de  Ben  Madliiar ,  Difciple  de  cet  Auteur ,  dans  fon 
Livre  intitulé  Montekheb.  KETAB 


K    E    T    A    B.  3^p 

KETAB  alàlahiat  le  Arifthou.  Titre  des  Mctaphyfiqiies  d'Ariftote  ,  traduc- 
tion du  Grec  en  Arabe,  par  Ishak  Ben  Honaïn.  lahia  Ben  Adi,  Ollad  Al  Ken- 
•di,  Abou  Bafchar  Mattaï,  &  Ishak  Ben  Honaïn  luy-même,  ont  auili  traité  cet- 
te matière  fous  le  même  titre. 

KETAB  alemamat.  Titre  d'un  Traité  de  Ja  dignité  &  des  devoirs  d'un 
Imam ,  par  Ifmaïl  Ben  E'bad  Al  Vezir.  D'autres  Auteurs  ont  aufïï  écrit  fur  le 
même  fujet  ,  à  fçavoir,  Mohammed  Ben  Zeïd  Al  Valfethi  ,  mort  l'an  302  de 
l'Hegire,  Abou  Houiîaïn  Mohammed  Ben  A'ii  Al  Motekellcm,  le  Théologien 
Dofteur  de  la  Sefte  des  Motazales ,  mort  l'an  463  ,  &  Aboul  Abbas  Ben 
Mohammed  Al  Afchbili,  mort  l'an  651  de  la  même  Hégire. 

KETAB  alemradh  alharath  le  Bocrath.  Titre  du  Traité  des  fièvres  d'Hip- 
pocrate,  traduit  en  Arabe. 

KETAB  alemrad  alvakedat  le  Bocrath.  Titre  du  Traité  des  maladies  épide- 
miques  d'Hippocrate ,  traduit  auffi  en  Arabe. 

KETAB  alamr  belmâârouf  v  alnehi  an  monker.  Titre  d'un  Traité  touchant 
ce  qui  ell  permis  &  ce  qui  efl  défendu  fuivant  la  Religion  &  la  Loy  Muful- 
manne,  compofé  par  A'bdallathif  Ben  A^bdalrahman  Al  Mocdeffi,  natif  ou  ori- 
ginaire  de  la  Ville  de  Jerufalem. 

KETAB  alamfar.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Géographie,  compofé  par  O'mar 
Ben  Bahr  Al  Hafedh. 

KETAB  alamkenat  v  algebal  v  almiah.  Titre  d'un  autre  Ouvrage  de  Géo- 
graphie, où  il  cfb  traité  des  Lieux,  c'efl-à-dire ,  des  Villes  ,  des  Montagnes  & 
des  Rivières.    Il  a  pour  Auteur  Mahmoud  Ben  O'mar  Al  Zamakfchari. 

KETAB  alandhar.  Titre  de  plufieurs. Ouvrages,  compofé  par  différens  Au- 
teurs touchant  l'Aflronomie ,  la  Chronologie ,  les  Vents  extraordinaires ,  &  tou- 
chant plufieurs  autres  matières,  fuivant  la  doflrine  &  la  connoiffance  des  Arabes. 

Ces  Auteurs  font  Abou  Mouiah  Mouarrakh  Ben  O'mar  Al  Nahoui,  Al  Bafri; 
Abou  Mahlam  Ben  Hefcham  Al  Sàdi  Al  Lagoui  ,  mort  l'an  245  de  l'Hegire  ; 
Aboubekr  Mohammed  Ben  HolFaïn  ,  plus  connu  fous  le  nom  de  Ben  Duridali 
Al  Nahoui;  Abou  Hollaïn  Naduar  Ben  Schamaïl  Al  Nahoui;  Abou  Ibrahim  Ben 
Mohammed  Al  Zagiagi,  Al  Nahoui,  mort  l'an  210  de  l'Hegire;  Abou  Hanifah 
Ahmed  Ben  Daoud  Al  Deïnouri. 

KETAB  alaoudiah  v  algebal.  Titre  d'un  Livre  qui  traite  des  Rivières,  ou 
des  Vallées  &  des  Montagnes ,  compofé  par  Hoffaïn  Ahmed  Al  Khalc  ,  mort 
l'an  380  de  l'Hegire. 

KETAB  ahual  alcobour.  Titre  d'un  Ouvrage  qui  traite  des  Sépultures,  dont 
l'Auteur  eft  Zeïn  eddin  Ben  Regeb  AI  Hanbali. 

KETAB  alahouïah  v  almiah.  Titre  d'un  Ouvrage  d'Hippocrate  ,  qui  traite 
de  la  température  de  l'air,  &  des  mauvaifes  qualitez  des  eaux  fuivant  le  Pays. 

Bbb  2  KETAB 


S3  K    E    T    A    a 


-  KETAB  àlaïam  v  alllali.  Titre  d'un-  Livre  dans  lequel  il  eft  traité' oïadic- 
m-itiquement  des  jours  &  des  nuits.  Deux  diifércns  Auteurs  ont  travaillé  fur 
cette  même  matière  fous  le  même  titre  ;  à  fçavoir  ,  Tlieodofius  &  Aboul  A'b- 
bas  Al  Moflagfar.  Ces  deux  Ouvrages  le  trouvent,  auffi.  fous  le  titre  de  Ketab 
alleïl  V  alnihar. 

K  E  TA  B  alaïman.  Titre  du  Serment  d'Hippoerate ,  avec  le  Commentaire  de 
Galien,  traduit  du  Grec  ea  la  Langue  Arabique. 

KETAB  alaïman  v  alnodhour.  Traité  des  Sermens  &  des  vœux,  par  Abou 
O'beïdah  Calièm  Ben  Salam  Al  Naiioui. 

KETAB  albothour.  TiD-e  du  Traité  de^.  Tumeurs  d'Hippoerate,  traduit  du 
Grec  en  Arabe. 

KETAB  badî.  Titre  d'un  Traité  de  la  Poefie  Arabique,  compofé  par  Af- 
fàmah  Ben.  Moncad. 

KETAB  baraât  v  alfaflahat.     Titre  d'un  Ouvrage  touchant  l'Eloquence  Ara=- 
bique,  compofé  par  O'beïdallah  Ben  A'bdallah. 

KETAB  Bagdad.  Titre  d'une  Hilloire  de  la  Ville  de  Bagdct ,  compofée 
par  Aîimed  Ben  Abou  Thaher. 

I^  E  TA  B-  Boldan.  Titre  d'un  Livre  de  Cofmographie  &  d'Hiiloire ,  compofé 
par  Ahmed  Ben  Lahia  Al  Beladhcki  ,  Al  Schâer ,  Poëte  Arabe.  Hagi  Khalfah 
en  parle  comme  d'un  Ouvrage  très-excellent  &  cité  par  Ben  Al  A'dim. 

KETAB  Balims.  Le  Livre  de  Pline.  C'éfl  le  titre  que  lés  Arabes  donnent 
aux  Ouvrages  de  Pline ,  qui  eft  fouvcnt  cité  dans  les  Ouvrages  des  Naturalii- 
tes  &  des  Médecins  Arabes,. 

KETAB  albaul.  Titre  d'un  Traité  de  Médecine  touchant  l'Urine,  compofé 
par  Abou  lâcoub  Lhak  Ben  Soliman  AI  Ifraïli,  Al  Thabib,  Al  Kairouani.  Cet 
Auteur  étoit  Juif,  natif  de  Caïrouan  en  Afrique,  <Sc  il  eft  mort  l'an  320  dé 
l'Hegire. 

KETAB'  albe'itharat.  Titre  d'un  Ouvrage  touchant  les  maladies  des  che- 
vaux, compofé  par  Nafchakj  furnommé  Al  Hindi,  parce  qu'il  étoit  Indien. 

KETAB  Tarbî  aldairat.  Titre  du  Traité  de  la  Quadrature  du  Cercle,  com- 
pofé par  Archimede  &  traduit  du  Grec  en  Arabe. 

KETAB  tartib  fil  kimia.  Titi-e  d'un  Traité  de  Chymie,  compofé  par  Abou- 
bekr  Mohammed  Ben  Zakaria  Al  Razi ,  à  J'udîge  de  ceux  qui  font  avancez  dans 
la  connoilTançe,  de  cet  Art. 

KETAB  Al  Tariak  alakbar.  Titre  d'un  Traité  de  la  Compofîtion  de  là 
Theriaque,  par  Andromachus.  Mouaffek  Al  Bagdadi  a  aufli  écrit  fur  ce  fujet, 
de  même  que  le  Médecin  Juif  Abou  lacoub  Ishak  Ben  Soliman  Al  Ifraïli,  qui 
a.  écri£  de  l'Urine, 

KETAB 


K    E    T    A    B.  35, 

KETAB  tnflhih  alkorrat.  Jitre  du  Traité  de  Ja  Sphùrc,  compofé  par  Ibra- 
him  Ben  Habib  AI  Khari.  C'efl  auffi  le  titre  d'un  Traité  femblahle  ,  compofé 
par  Ptolomée  &  traduit  du  Grec  en  Arabe  par   J'habeth  Ben  Corrah. 

Al  Rou.ni  AI  Efkenderi  efl  Auteur  d'un  Commentaire  fur  le  même  Ouvra- 
ge de  Ptolomée. 

KETAB  taâbir  altaàbir.  Titre  d'un  Ouvrage  touchant  l'Interprétation  des 
Songes,  compofé  par  Abou  Saïd  AI  Vaedh.  Tag'eddin  Ben  Ahmed  Ben  A'rab 
fcIiah  Al  Demefchki  a  aufli  écrit  fur  la  même  matière ,  un  Poërae  de  huit  mil- 
le vers.  Abou  Ishak  Al  Kermani  en  a  auffi  écrit  en  Proie,  &  cet  Auteur  ùik 
mention  d'avoir  vu  en  fonge  le  Patriarche  Jofeph  ,  qui  luy  avoit  préfenté  une 
chemife,  dont  il  s'étoit  revêtu. 

KETAB  tekuin  alhaïuanat.  Titre  de  lUifloire  des  Animaux,  compofée  par 
Arillote. 

K  E  TA  B  altauadhô  v  alhamoul.  Titre  d'un  Traité  de  l'Humilité  &  de  la 
Souffrance,  par  Abouldonia. 

KETAB  altaubat.  Titre  d'un  Traité  de  la  Pénitence,  compofé  par  Ahmed 
Ben  Ishak,  plus  connu  fous  le  nom  de  Ben  Obâïh,  Ifmaïl  Al  Motekellem  a 
auffi  écrit,  fur  le  même  fujet. 

KETAB  taubat  v  alairef  v  alhadhr  fi  almautenef.'  Titre  d'un  Oiivra<re  qui 
traite  de  la  Pénitence  &  de  la  Conponflion,  &  du  foin  que  l'on  doit  avoir  de 
refifter  d'abord  à  la  tentation  du  péché,  de  crainte  d'en  prendre  l'habitude.  Son 
Auteur  elt  Abou  A'bdallah  Al  Giauheri,  lequel  eft  mort  fan  739  de  l'Hegire. 

KETAB  tauhid  v  athbat  alfefat.     Titre  d'un  Ouvrage  toucliant  l'Unité  de 
Dieu  &  les  Attributs  divins ,  compofé  par  Aboubekr  Mohammed  Ben  Ishak  Ben 
Hazimah.     Abou  Manfour  Mohammed  Ben  Mohammed  Al  Matheri  a  auffi  trai. 
té  la  même  matière;  de  même  qu'A'bdalgaffar  Ben  Nouh  AI  Kouffi,  qui  a  fim-- 
plement  intitulé  fon  Ouvrage  Al  Tauhid,  &  qu'Abou  Hamed  AI  Gazali. 

K  E  TA  B  tauaffà  alkclam  aldrab.     Ouvrage  où  il  eft  traité  des  manières  vaftes 
&  étendues  de  s'expliquer   dans  la  Langue  Arabique ,   compofé  par  làcoub  Ben  - 
Ishak  Al  Sakit. 

KETAB  altauakkul.  Titre  de  deux  Ouvrages  où  il  eft  traité  dé  la  Réfigna- 
tion  à  la  volonté  de  Dieu.  Le  premier  a  été  compofé  par  Abouldonia,  &  le 
fécond  par  Mahdoui  Ben  Al  Calfem  ;  &  celui-cy  eft  défendu  panny  les  Muful- 
raans  ,  parce  que  l'Auteur  y  a  avancé  des  Propofitions  oppofées  à  la  Uoclrine 
de  Mahomet  dans  fon  Alcoran  &  de  fes  Interprètes  les  plus  approuvez. 

KETAB  tauadhum.  Titre  d'un  Livre  de  Médecine  touchant  les  maladies, 
compofé  par  Abou  Cobaïl ,  Médecin  Indien. 

KETAB  Thoulougia.  Livre  de  la  Théologie.  C'eft  le  titre  d'un  Ouvrage 
de:  Proclus ,  Philofophe  Platonicien  ,  traduit  du  Grec  en  Arabe,     Il  y  en  a  un 

B  b  b  3  ,  autre 


582  K    E    T    A-   B. 

autre  fous  le  même  titre  d'Al  Efkenderi  Al  Afrodis ,  c'efl  -  à  -  dire ,  d'Alexandcr 
Aphrodifœiis.    Abou  O'thman  Al  Demefchki  en  eft  le  Tradufteur. 

KETAB  Thena.  Titre  d'un  Recueil  de  Traditions  Mahometanes ,  dont  l'Au- 
teur cft  Hafedh  Mohammed  Ben  Haiian  Al  Bafli ,  auquel  les  Mufulmans  ont 
donné  le  titre  d'O'mdat  almohadethin.  La  Colomne  ,  le  Soutien  des  Doéleurs 
Traditionnaires ,  à  caufe  de  la  grande  connoiflluice  qu'il  avoit  de  ces  Traditions, 

KETAB  thauab  fil  hadith.  Titre  d'un  Ouvrage  fur  les  Traditions  Mahome- 
tanes, compofé  par  Aboul  Scheïkh  Ben  Haiian. 

KETAB  Giamasb  &  Ketab  Giamasb  alhakim.  Titre  d'un  des  Ouvrages  de 
Giamasb,  Philofophe  Perficn,  dans  lequel  il  parle  ,  entre  autres  chofes,  de  Zo- 
roailre  &  de  fcs  Seélateurs. 

KETAB  algebal  v  alamkenat  v  almiah.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Géogra- 
phie, où  il  eft  traité  des  Montagnes,  des  Pays,  ou  des  Villes  &  des  Rivières. 
i^oyez  le  titre  de  Ketab  alamkenat  cy-dellus. 

KETAB  algebr  v  almocabelat.  Titre  d'un  Traité  d'Algèbre  ,  compofé  par 
Abou  Hanifah  Ahmed  Ben  Daoud  Al  Deïnjuri  ,  mort  l'an  290  de  l'Hegire. 
Aboul  A'bbas  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Thahib  Al  Sarakfi,  qui  eft  mort  au- 
paravant ,  à  fçavoir  l'an  286  ,  en  a  auffi  compofé  un  fous  le  même  titre  ;  de 
même  que  Mohammed  Ben  Mouifa  Al  Khouarezmi,  Kamel  Schagiâ  Ben  Afiam 
eft  le  premier  Dofteur  entre  les  Mufulmans ,  qui  a  écrit  fur  cette  partie  des  Ma- 
thématiques fous  le  titre  de  Vaffaïa  belgebr  v  almocabelat,  plus  connu  fous  ce- 
luy  de  Kemal  algebr. 

KETAB  algederi  v  alhafleb.  Titre  d'un  Livre  qui  contient  deux  traitez, 
l'un  touchant  là  petite  vérole,  &  l'autre  touchant  fébullition  du  fang.  Son  Au- 
teur eft  Abou  Giâfar  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Thabib  ,  Médecin  ,  qui  eft 
mort  l'an  360  de  l'Hegire. 

KETAB  algedel.  Titre  que  les  Arabes  donnent  aux  Topiques  d'Ariftote , 
dont  la  Traduction  du  Grec  a  premièrement  été  faite  en  Langue  Syriaque  , 
par  Ishak  Ben  Honaïn  ,  &  la  traduction  Arabique  fut  faite  enfuite  du  Syria- 
que ,  par  lahia  Ben  A'di. 

Il  y  en  a  une  autre  traduction  dans  la  même  Langue,  faite  par  Ibrahim  Ben 
A'bdàllah ,  &  une  autre ,  par  Demefchki ,  mais  de  feprf^Parties  feulement  des  huit 
que  contiennent  les  Topiques.  Al  Fariabi  a  fait  un  Commentaire  fur  le  même 
Ouvrage,  qu'il  a  auiîî  abrégé. 

Les  Arabes  ont  auflî  en  leur  langue  le  Commentaire  d'Alexander  Aphrodi- 
faeus  fur  la  première  &  fur  la  fixième  Partie  ;  de  même  que  celuy  d'Ammonius 
fur  la  cii?quième  &  fur  la  huitième. 

KETAB  algedel  almolhak  v  alaulTath.  Titre  d'un  Ouvrage  d'Avicenne  fur 
les  Topiques.  Il  y  en  a  un  autre  d'Abou  Manfour  AI  Mataridi  fur  le  même 
fujet. 

KETAB 


K    E    T    A    B.  ^^3 

KETAB  aJgerrah  le  Bokrath.  Titre  d'un  Livre  d'Hippocrate ,  où  il  traite 
du  Ciiirurgien. 

KETAB  algermi  alfcharas  V  alcaraar  v  baàdiha.  Titre  d'un  Traité  du  Corps 
du  Soleil  ,  &  du  Corps  de  la  Lune  ,  &  des  Eloignemens  de  ces  deux  Aftres 
l'un  de  l'autre  ,  corapofé  .par  Ariftomene  en  dix-fept  figures ,  tracées  par  Naffir- 
eddin  Thoufîî. 

K  E  TA  B  germi  alneïrein  v  baâdilia.  Titre  d'un  Ouvrage  fur  la  même  ma- 
tière que  le  précédent,  compofé  par  Ariïlarquc,  &  traduit  en  Arabe. 

KETAB  algelalat.  Titre  d'un  Traité  de  la  Majefté  de  Dieu  &  des  Secrets 
de  ce  mot,  compole  par  Mohicddin  Ben  Al  A/rabi,  l'an  928  de  l'Hegirc. 

KETAB  algebr  v  heflab  Al  Hendi.  Titre  d'un  Ouvrage,-  où  il  ell  traité  de 
la  manière  de  compter  des  Indiens.  Il  a  été  compofé  par  MouafFek  Al  Bagdadi. 

KETAB  algioman  fi  mofchtabehat  Al  Coran.  Titre  d'un  Livre  qui  traite 
des  endroits  de  i'Alcoran,  dont  le  fens  ell  ambigu,  compofé  par  A'bdallah  Ben 
Mohammed,  connu  fous  le  nom  de  Al  Bandar. 

KETAB  giomà  v  alfark.  Titre  d'un  Traité  de  Philofophie  ,  touchant  W- 
niverfalité  &  la  divifion  ,  compofé  par  Serag'eddin  lounos  A'bdal  Maged  Al 
AiTadi,  mort  l'an  725  de  l'Hegire. 

KETAB  algens  v  fcharflio.  Titre  d'Un  Traité  du  Genre,  compofé  par  Ari- 
llote,  &  traduit  du  Grec  en  Arabe. 

K  E  TA  B  algehad.  Titre  d'un  Ouvrage  touchant  les  Guerres  facrées  ;  c'eft- 
à-dire  ,  touchant  les  guerres  entreprifes  au  fujet  de  la  Religion  entre  les  Mu- 
fulmans  ,  compofé  par  E'zzeddin  Ben  Al  Emir  A'ii  Ben  Mohammed  Al  Ge- 
zeri.  Deux  autres  Auteurs  Mufulmans  ont  aufïï  traité  cette  matière  fous  le 
même  titre,  Abou  Soliman  Mohammed  Ben  Mohammed  Al  Khathaïi ,  &  Abdal. 
lah  Ben  Mobarek. 

KETAB  hormat  almeffaged.  Titre  d'un  Ouvrage,  dans  lequel  il  efl  traité 
de  l'inviolabilité  des  Temples  ou  des  Mofquées.  11  a  été  compofé  par  Abou 
Nàïm. 

KETAB  horouf  v  âdad  v  khauasha.  Titre  de  deux  Livres  qui  traitent  des 
lettres  Arabiques  ,  de  leur  nombre  &  de  leurs  propriétez.  Leurs  Auteurs  font 
A'bdalrahman  Al  Mogrebi  &  Ahmed  Al  Bouni. 

KETAB  heiTab.  Titre  de  plufieurs  Ouvrages  d'Arithmétique,  dont  les  Au- 
teurs font  Ben  Albanna  Almarakefchi,  qui  a  commenté  fon  propra  Ouvrage 
fous  le  titre  de  Rafâ  alhegiab ,  Ben  Almoulfali ,  Ben  Folous  Almazeni ,  &  Scha- 
moul  Ben  lahia.  \ 

KETAB  alhofn  valcabih  fil  k^lam.    Titre  d'un  Traité  touchant  la   beauté 

&la 


384  K    E    T    A    B. 

&  la  difformité  duDifcours,compofé  par  Mohammed  Ben  Mohammed,  connu  fous 
le  nom  d'Al  riakimi. 

KETAB  hakk  v  haldkat.  Titre  d'un  Traite  de  la  droite  raifon  &  de  la  vé- 
rité ,  compofé  par  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Gazali. 

KETAB  heffv  mahfous.  Titre  Arabe  du  Livre  d'Ariftote,  De  fenfu  (^ Sen- 
ftbili,  traduit  du  Grec  en  Arabe. 

KETAB  harchaïfch  v  nabat.  Titre  de  l'Ouvrage  de  Diofcoride  fur  les  Plan- 
tes,  traduit  du  Grec  en  Langue  Arabique. 

KETAB  hodhedh  âla  alfalalTafat.  Exhortation  à  l'étude  de  la  Philofophie. 
Titre  d'un  Ouvrage  attribué  à  Ariftote  par  les  Arabes,  compris  en  trois  Dif- 
cours ,  ou  Seélions. 

KETAB  hefdh  alfchat.  Titre  d'un  Ouvrage,  touchant  la  confervation  de  la 
fanté,  divifé  en  vingt  Chapitres.  Son  Auteur  elt  Al  Scherif  Ben  A'bdalfalam  Al- 
Tounefli,  natif  ou  originaire  de  la  Ville  de  Tunis. 

KETAB  hefdh  v  nofïïan.  Traité  ée  la  Mémoire  &  de  l'Oubli.  Titre  d'un 
Ouvrage,  compofé  par  Abou  MoulTa  Al  Mcdini.  Abou  Thaher  Mohammed  en 
a  compofé  un  autre  fur  la  même  matière. 

KETAB  alhekmat.  Traité  de  la  Sagelîe  ou  de  la  Philofophie.  Titre  d'un  Ou- 
vrage ,  compofé  par  Abou  d'Abdallah  Ben  Harb  Al  Nifchabouri. 

KETAB  alhokm  alualedin  fi  mal  ualadhoma.  Traité  du  Droit  que  les  pères 
ont  fur  les  biens  de  leurs  enfans.  Titre  d'un  Livre  compofé  par  Abou  Hafs 
Al  Barmeki. 

KETAB  halal  v  haram.  Traité  de  ce  qui  eu  permis,  &  de  ce  qui  efl  dé- 
fendu,  fuivant  la  Rchgion  ISIafulmane.  Titre  d'un  Ouvrage,  dont  l'Auteur  eft 
Mohammed  Ben  Schagià. 

KETAB  alhodi  v  akhiab.  Traité  des  Ornemens  &;  des  Habillcmcns.  Titre 
d'un  Ouvrage  compofé  par  Aboul  Hodaïn  Ahmed  Ben  Sa^d  Al  Katcb  Al  Ksfahani, 
mort  l'an  356  de  l' Hégire.  11  eft  diviié  en  fix  Chapitres  ;  dans  le  premier  il 
eft  parlé  des  habillemens  des  hommes;  dans  le  fécond,  de  ceux  des  chevaux^ 
c'eft-à-dire,  de  leurs  harnois;  dans  le  troifième  ,  de  ceux  des  Mulets;  dans  le 
quatrième  ,  de  ceux  des  aines  ;  dans  le  cinquième  ,  de  ceux  des  chameaux  ;  & 
dans  le  fixième,  de  ceux  des  bœufs. 

KETAB  homma  moharekat  le  Bocrath.  Traité  de  la  Fièvre  chaude.  Titre 
ë'«n  Ouvrage  d'Hippocrate ,  traduit  du  Grec  en  Arabe- ( 

KETAB  homaka  v  alâkelin.  Traité  des  Fous,  &  des  Sages.  Titre  de 
deux  diiferens  Ouvrages,  dont  l'un  a  été  compofé  par  Ben  A!  Gioudi  Abou!  Fa- 
rag',  &  l'autre  par  Schchab  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Hegiazi ,  lequel  eft  mort 
l'an  gTS'  de  THegirc. 

,  KE- 


K    E    T    A    B. 


385 


KETAB  alhammiat  le  Gialinous,  Traité  des  Fièvres  par  Galien.  Cet  Ou- 
^'rage  de  GaJicn  traduit  du  Grec  en  Arabe  ,  a  été  commenté  dans  la  même 
Langue  par  Abou  Giafar  Ahmed  Ben  Al  Thabib,  lequel  eft  mort  Taa  360  de 
l'Hegire. 

Al  Ifraïli  a  aulïï  commenté  ce  même  Ouvrage,  qui  a  été  abbregé  par  Mouaf- 
fek  Al  Bagdadi. 

KETAB  alhanaia.  Titre  d'un  Ouvrage  touchant  les  arcs  à  tirer  des  flè- 
ches ;  c'eft-à-dire ,  touchant  la  manière  de  les  faire  &  de  s'en  fervir.  Il  a 
pour  Auteur  Ben  Aboul  OlcKar  Abdallah,  furnomraé  ,  Ebn  Al  Cadhi. 

KETAB  alhaïouat  v  almaut  le  Arillhou.  Traité  de  la  Vie  &  de  la  Mort.  Ou- 
vrage attribué  à  Arillote. 

KETAB  alhidh-  Traité  des  Ordinaires  des  femmes.  Plufieurs  Dofteurs  Mu- 
fulmans  ont  écrit  fur  ce  fujet  par  rapport  à  leur  Religion,  comme  Aboulf^dhl 
Al  Kermani  ,  Abou  O'beïd  Calfem  Ben  Salem  ,  L'Imam  Al  Zcheri ,  le  Cadhi 
O'madeddin  ,  l'Imam  Mohammed  Abou  Sahal  Al  Sarakhfi,  HolTam  eddin  AI 
.Schehid  &  A'bdallah  Al  Zâfrani. 

KETAB  alheïtan.  Traité  d'Architeélure  touchant  la  Fabrique  des  murailles. 
Le  Scheikh  Al  Morgi  Al  Thacafi  a  compofé  un  Ouvrage  fur  ce  fujet,  lequel  a 
été  commenté  par  Abou  A'bdallah  Al  Damagani,  Chef  des  Cadhis.  Al  Rafchid 
en  a  compofé  un  autre ,  divifé  en  trois  Parties. 

KETAB  alheïl.  Traité  de  la  Fraude,  ou  plùtoft  des  Argumens  capt'eu.v. 
Ouvrage  écrit  en  Arabe  attribué  à  Ariftote.  Plufieurs  Philofophes  &  Dofteui-s 
Mufulmans  ont  auffî  écrit  fur  ce  fujet;  entre  autres,  Abou  A'mrou  Ishak  Ben 
Morad  Al  Scheïbani,  Ebn  Catibah  Abdallah  Ben  Modem  Al  Deïnouri,  Moham- 
med Ben  Ziad,  connu  fous  le  nom  d'Ebn  Al  A'rabi  Al  Lagoui,  Al  Coufi,  Abou 
iiohman  Al  Giorgiani,  &  Mohammed  Ben  Hoflaïn. 

KETAB  alkhafi.  Traité  des  chofés  cachées  &  occultes.  Ouvrage  compofé 
par  Samour  Al  Hindi,  Auteur  Indien. 

KETAB  alkharag'.  Traité  des  Tributs  &  des  Impolis  que  les  Sujets  pa- 
yent à  leurs  Souverains.    Les  Auteurs  fuivans  ont  écrit  fur  cette  matière. 

L'Imam  Abou  loufibuf  Jacoub  Ben  Al  Hanefi, 

Aboul'  A'bbas  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Kateb,  qui  eu  mort  l'an  «70  de 
l'Hegire. 

Aboulfarag'  Codamah  Ben  Giafar. 

Nafr  Ben  Mouiïa  Al  Razi ,  natif  ou  originaire  de  la  Ville  de  Reï. 

Hoflaïn  Ben  Ziad. 

KETAB  alkhathth  v  adabho  v  uasf  dhourouflio.  Traité  de  l'Ecriture,  des 
Règles  &  des  Maximes  qu'il  faut  obferver  pour  bien  former  les  lettres,  &  de 
la  manière  d'écrire  élégamment.  Cet  Ouvrage  a  été  compofé  par  Kemaleddin 
Ahmed  Al  O'kaïli  AI  Kiialili ,  natif  ou  -origmaire  de  la  Ville  de  Hcbron. 

Tome  IL  C  c  c  K  E- 


38<5  K    E    T    A    B. 

KETAB  alkhothoutb.  Traité  des  Lignes.  Les  Arabes  attribuent  cet  Ouvra- 
ge à  Ariftote,  &  marquent,  qu'il  efl  divifé  en  trois  Parties. 

KETAB  ali^hothouth  almotauaziat  le  Arfchimedis.  Traité  des  Lignes  parai- 
îcles.   Ouvrage  d'i\rchimcde  traduit  du  Grec  en  Arabe. 

KETAB  alkhafiat.  Traité  des  Points  cachez  &  obfcurs  dans  la  Religion 
MufaJmanne.  Soliman  Ben  A'ii  Al  Caramani,  qui  en  efl  l'Auteur ,  a  prétendu  les 
rendre  intelligibles  dans  cet  Ouvrage ,  en  fuivant  la  doctrine  d'Abou  Hanifah. 
lï  eft  mort  l'an  924  de  l'Hegire. 

KETAB   alkhamr  v  fcherrha  v  fakhra.  Traité  du  vin ,  de  fa  boifîbn ,  &  de  • 
ryvrelîe  qu'il  cauie.  Titre  d'un  Ouvrage  attribué  à  Arillote. 

KETAB  alkhaïl.  Traité  des  Chevaux.  Les  Auteurs  fuivans  en  ont  écrit 
fous  ce  titre. 

Abou  Akhi  Haram  Mohammed  Ben  Làcoub  Al  Habdi. 
Abou  Giafar  Mohammed  Ben  Habib  Al  Bagdadi ,  mort  l'an  245  de  l'Hegire. 
Abou  Mahlem  Mohammed  Ben  Hefcham  Al  Lagoui ,  mort  la  même  année. 
Mohammed  Ben  Redhouan,   mort  l'an  6s7  de  l'Hegire. 

KETAB  aida  v  aldoua.     Traité  des  Maladies  &  de  leurs  remèdes.     Cet  Ou- 
vrage efl  par  demandes  &  par   réponfes,   &  fon  Auteur  eft  Schamseddin  Mo-- 
hammed  Ben  Caïem  Al  Giouziah. 

KETAB  dcrhera  v  dinar.  Traité  de  la  Drachme  &  du  Dinar.  Titr.e  d'un 
Ouvrage  où  il  eft  traité  des  Monnoyes  des  Arabes  en  argent  &  en  or.  Car  le 
mot  de  Derhem  marque  la  monnoye  d'argent  ;  &  celuy  de  Dinar  celle  d'or. 
Abou  Helal  HoITaïn  Ben  A'bdallah  Al  Afkeri,  qui  efl  mort  l'an  395  de  l'Hegire, 
en  eft  l'Auteur. 

Ce  mot  de  Dinar  tire    fon   origine   du  denier  Romain  qui  étoit  d'or. 

KETAB  doâ.  Traité  de  la  Prière.  Titre  d'Ouvrages  de  plufieurs  Auteurs 
qui  ont  écrit  fur  le  même  fujet,  comme  d'Ahmed  Ben  Ishak  Al  Anbari,  Abou- 
bekr  Mohammed  Ben  Al  Valid  Al  Caheri,  Al  Tharthouflî,  Ahmed  Ben  A'rab 
Al  Nifchabouri ,  mort  l'an  234  de  l'Hegire,  &  Ebn  Khatem  Al  Razi. 

KETAB  aldaâuat.  Traité  des  Prétentions  htigieufes.  Plufieurs  Auteurs  Mu- 
fulmans  ont  compofé  des  Ouvrages  fous  ce  titre ,  comme  Aboul  A'bbas  Al  Mo- 
ftagfari,  mort  l'an  432  de  l'Hegire,  Al  Vahedi ,  Al  Baïheki,  Siiâd  &  autres. 

KETAB  dem  v  nagfchho.  Traité  du  fang  &  de  fon  mouvement  dans  les 
■weines.    Ouvr;ige  attribué  à  Ariftote. 

KETAB  douai.  Traité  des  Dynafties.  Titre  d'un  Ouvrage  hiftorique,  com- 
pofé par  A'Ii  Ben  Fadhl  Al  Mahasâï  Al  Nahoui,  mort  l'an  479  de  l'Hegire. 
IakoL.t  Ben  A'bdallah  Al  Hamoui  eft  aulTi  Auteur  d'une  Hiftoire  fous  le  mê- 
mç  titre. 

KETAB   Difcourides  Al  liakim,     C'eft  le  même  Ouvrage  de   Diofcorides  : 

tou- 


K    E    T    A    B.  -3IIJ, 

touchant  les  Plantes ,  traduit  du  Grec  en  Arabe ,  que  celay  dont  il  efl:  parlé  ci- 
devant  fous  le  titre  de  Ketab  alhafchaïfch. 

KETAB   aldhebab.    Traité  des  Abeilles.    Titre  d'un  Ouvrage  compofé   par 
Abou  A'bdallah  Mohammed  Ben  Ziad  Al  Aârabi. 

KETAB  dharâ  alkâbah.    Titre  d'un  Ouvrage,   où  il  efl:  traité  des  Mefures 
de  la  Kàbah;  c'efl-à-dire  du   Temple  de  la  Mecque,  fans  nom  d'Auteur. 

KETAB  dhomm  algaïbat.  Traité  du  Blafme  de  la  Medifance.  Abou  Ishak 
Ben  Ibrahim  Al  Harrani  eft  Auteur  de  cet  Ouvrage. 

KET  AB  Raï  Al  Hendi. Titre  d'un  Ouvrage  compofé  par  Raï,  Auteur  Indien 
dans  lequel  il  traite  des  Serpens,   &  de  leurs  Venins.    Peut-être  auffi  que  c'eft 
un  Ouvrage  compofé  par  un   Roi  Indien  j  car  Raï  en  Indien  fignifie  Empe- 
reur, Roi. 

KETAB  rahmat  fil  Kimia.  Titre  d'un  Livre  de  Chymie,  compofé  par 
Giâber  Jk'n  Haïan,  qu'il  a  dédié  à  Mohammed  Ben  Mankmaffin  Rahmat  II 
y  traite  des  Principes  &  des  Fondemens  du  grand  Art.  Il  y  en  a  un  autre 
fous  le  même  titre,  &  fur  la  même  matière,  compofé  par  Gelai  lezid,  divifé  en 
quatre  Chapitres. 

KETAB  alraddat.  Titre  d'un  Ouvrage  où  il  efl:  traité  des  Tribus  des  Ara- 
bes  qui  fe  feparerent  d'avec  les  autres  après  la  mort  de  Mahomet ,  &  de  ce  qui 
fe  pafTa  entre  elles  &  les  Mufulmans.  Il  a  été  compofé  par  Vathimah  Ben 
Mouifa  Al  Farfi. 

KETAB  alredd  âla  man  cal  ennho  la  ïekoun  fcheï  ella  men  fcheï.  Titre 
d'un  Ouvrage  d'Alexander  Aphrodifeus,  pour  fervir  de  Réponfe  à  un  Auteur, 
qui  foûtenoit  qu'il  n'y  avoit  rien  de  rien.  Les  Arabes  ont  encore  une  Réoonfe 
du  même  Philofophe  à  un  autre  Auteiir  qui  avoit  avancé,  que  la  difl:ance  ne 
fe  faiibit  que  par  les  rayons  qui  partoient  de  l'œil;  c'ell- à-dire  par  les  ra- 
yons vifuels. 

KETAB  rothoubat  le  Arifl:hôu.    Traité  des  humeurs,  attribué  à  Ariflote. 

KETAB  reâiat  fil  taffauf.  Titre  d'un  traité  de  la  Vie  Religieufe,  ou  des 
Sofis  par  Al  Hareth  Ben  Al  Mahalièni. 

KETAB  rekkat.  Traité  de  la  Compalîîon.  Ouvi-agc  compofé  par  MouafFek 
eddin  A'bdallah  Bon  Codamah  Al  Mocdefli. 

KETAB  alraml.  Traité  de  la  Geomance.  Deux  Auteurs  en  ont  écrit  fous 
ce  titre,  Al  Zanati,  &  Ibrahim  Ben  Schâban  Nafé  Al  Salehi, 

KETAB  remi.  Traité  de  l'Art  de  tirer  de  l'arc.  Ouvrage  dont  l'Auteur 
efl:  boubekr  Mohammed  Ben  Khalaf,  plus  connu  fous  le  nom  de  Tarkî  Al- 
-Schâer, 

C  c  c  £  KE- 


38S  K    E    T    A    B. 

KETAB  alrouh.  Traité  de  l'Ame  par  Ariflote,  divifé  en  trois  Parties., 
Ebn  Al  A'rabi  Al  Thaiï,  &  Ebn  Caïem  Al  Giouziat,  ont  aiiffi  écrit  fur  le 
même  fujet,  &  Borhan  eddin  Ben  Omar  Al  Bacâï  a  abbregé  l'Ouvrage  d'A- 
riHote  fous  le  titre  de  Serr  alroiih,  le  Secret  de  l'Ame.  Cet  Auteur  eft  mort 
l'an  885  de  l'Hegire. 

KETAB  rouîîi  alhendiat.  Titre  d'un  Ouvrage  touchant  les  Remèdes  qui 
conviennent  aux  maladies  des  femmes,  fans  nom  d'Auteur. 

KETAB  riah,  Traité  des  Vents,  ou  des  Odeurs.  Ouvrage  compofé  par  Ebn 
Al  Serag'  Mohammed  Ben  Al  Seri  Al  Nahoui. 

KETAB  alriaflat  fil  fialTat.  Titre  du  Livre  des  Politiques  d' Ariflote,  com- 
pofé pour  Alexandre  le  Grand.  Ce  Livre  a  été  imité  par  Maulana  NalTouh  , 
plus  connu  fous  le  nom  de  Nauali,  fous  le  titre  de  Farah  Nameh.  Il  a  dédié 
cet  Ouvrage  à  un  des  fils  du  Sultan  Morad ,  troifième  du  nom ,  Empereur  des 
Turcs  duquel  il  étoit  Précepteur,  dans  le  temps  que  ce  Prince  avoit  le  Gou- 
vernement de  Magnefie  ,  &  qu'il  y  faifoit  fa  demeure.  Voicy  le  partage  qu'il 
en  a  fait. 

Il  traite  dans  la  Préface,  de  la  Perfonne  d'Alexandre  le  Grand,  &  de  fon  règne. 

Dans  le  premier  Chapitre,  de  la  Foy  ou  de  la  Religion  Miilulmanc. 

Dans  le  fécond  de  l'Imamat;  c'ell-à-dire  des  Imams,  ou  premiers  Chefs  de 
la  Religion  Mufulmane. 

Dans  le  troifième  de  la.  Prudence  ,  ou  de.  la  retenue  que  doit  avoir  un 
Souverain. 

Dans  le  quatrième ,   de  fa  Soûmiflion  aux  ordres  &  à  la  volonté  de  Dieu. 

Dans  le  cinquième,  de  fi  patience. 

Dans  le  fixiéme,  de  toutes  les  Sciences,  dont  il  doit  avoir  une  connoifl^ance 
générale. 

Dans  le  feptiéme,  des  Aftions  de  grâces  qu'il  doit  rendre  à  Dieu. 

Dans  le  huitième ,  de  la  Liberahtè  qu'il  doit  exercer. 

Dans  le  neuvième ,  de  la  Jufi;ice  qu'il  efl  obligé  de  rendre  à  fes  fujets. 

Dans  le  dixième,  des  recompenfes  dont  il  doit  reconnoîcre  le  mérite  de  fes 
Officiers,  &  de  fes  foldats. 

Dans  l'onzième,  du  pardon  &  de  la  grâce  qu'il  doit  accorder  à  ceux  qui^ font 
tombez  en  quelque  fiiute. 

Dans  le  douzième,  de  la  douceur  qu'il  doit  avoir  pour  tout  le  monde,  &  de 
l'accueil  favorable  qu'il  doit  faire  à  ceux  qui  approchent  de  fa  perfonne. 

Dans  le  treizième,  de  la  Manière  dont  il  doit  punir  les  coupables. 

Dans  le  quatorzième ,  de  ceux  qu'il  doit  favorifer  de  fon  amitié   particulière; 

Dans  le  quinzième,  des  Qualitez  que  doivent  avoir  les  Vizirs,  ou  les  Mini- 
lires  dont  il  fe  fert,   &  des  égards  qu'il  doit  avoir  pour  eux.  Et  enfin 

Dans  le  feizième,  de  ce  qu'il  doit  obferver  en  confultant  fes  Miniitres. 

Abou  Obeid  allah  a  aufli  écrit  un  Traité  de  Politique,  fous  le  même  titre.  . 

KETAB  alriadhat  fil  adab.  Traité  de  Morale,  d'Ariftote,  divifé  en  •  quatre 
Parties.  Ebn  Nàïm  Al  Esfahani  a  aufîi  écrit  de  la  Morale  fous  le  même  titre  j 
&  Abou  Manfour  Mohammed  Ben  Hafian,  qui  ell  mort  l'an  327  de  l'Hegire, 
%  écrit  contre  fon  Ouvrage. 

KE= 


K    E    T    A    B.  38p 

KETAB'  alriadh.  Titre  d'un  Livre  de  Chymie,  compofé  par  Aboii  fahal 
A4  Zagiagi.  Le  même  eft  encore  Auteur  d'un  autre  O uvrage  touchant  l'Qx  de» 
Philofophes,  intitulé  Ketab- aLkcraal   v.  alriadh  alibfr.  '.die (fi      ia"".--. 

,    KETAB  alzagiat.  Traité  de  l'Art  d'employer  le  Vert  de  gris.  Ouvrage  com- 
pofé par  Farafeddin  Ben  Ibrahim  Al  HiJabi, 

KETAB  Zardafcht  Al  Farfi.  Voyez  le  titre  de  Zaï'dafcht. 

KETAS  zauaïd  v  alfauaïd.  Titre  d'un  Ouvrage  où  il  efl  traité  de  plufieurs 
fciences.     Son  Auteur  efl  Aboul  Haflan  )^Qn  A'ii  Ben  Sâïd  Al  llafganini.    ■ 

KF". TAI3  alzakhuat.  Traité  de  ce  que  chaque  Mufulman  efl  obligé  parla 
Loy  de  Mahomet,  de  donner  comme  confacré  cà  Dieu.  Cela  monte  plus  haut 
que  le  dixième  de  ce  que  l'on  poffede,  comme  il  a  déjà  été  remarqué  ailleurs 
dans  cet  Ouvrage.     Abou  A'bdallah  Al  Zàfarani.  en  efl  l'Auteur. 

KK  1  AB  alzohd.  .Traité  de  l'Abflinence ,  ou  de  l'Abandon  entier  de  toutes 
les  chofes  du  monde,  dans  la  veuë  de  vaquer  uniquement  au  culte  de  Dieu, 
comme  le  pratiquent  les  Mufulmans  qui  mènent  une  vie  dévote  &  relio-ieufé. 
Plufieurs  A uteui-s  ont  écrit  des  Ouvrages  fous  ce  titre  &  fur  cette  matière  °  com- 
me l'Imam  \  ha  Mohammed  Ben  Al  Hanbaii  ,  Al  Baïheki,  A'bdallah  Ben  Al 
Mobarek  ,  Mohammed  Ben  Al  Schaàbi  ,  Ben  Al  Sori ,  Al  Ageri ,  Ahmed  Ben 
A'rab  Al  Nifchabouri,  Abou  Daoud  ,  qui  a  auffi  fait  des  additions  à  l'Ouvrage 
que  ion  père  A'bdallah  en  avoit  écrit,-  &  enfin  Ahmed  Ben  latmaïiih. 

KETAB  fâât.  Traité  des  Horloges  Ouvrage  dont  Abou  O'mar  Moham- 
med Ben  A'ii  Al  Vahed  Golam  Al  Ihaâlebi  efl  Auteoi-. 

K  ETAB  fdàâr  âlât  aima.  Traité  des  Horologes  qui  fe  font  par  le  moyen  de 
l'eau,  c'eft-à-dire  des  Clepfydres.     Cet  Ouvrage  ell  attribué  à  Archimede. 

KETAB  alfalelcin.  Ouvrage  de  fpiritualité ,  à  l'udige  de  ceux  qui  vivent 
dans  la  crainte  de  Dieu,  compofé  par  l'Imam  Hadan  Al  Sagani. 

KETABfebdat  fil  fanâat. Ouvrage  deChymie  dont Giâber Ben  Haïan  efl  Auteur. 

KETAB  flitr  alàurat.  Titre  d'un  Ouvrage  dans  lequel  il  efl  traité  du  foin 
que  l'on  doit  avoir  de  cacher  fa  nudité.  Il  a. été  compofé  par  Ahmed  Ben  So- 
liman Al  Zobaïr. 

KETAB  ferbothoumarica,  C'efl  le  titre  d'un  Ouvrage  d'Ariflote  qui  ne 
peut  être  autre  que  fa  Rhethorique  ,  parce  que  Hagi  khalfah  dans  fa  Bibho- 
theque  Orientale  explique  ce  mot,  par  celui  de  khathabat,  qui  fignifie  propre- 
ment, l'Art  de  parler  en  Pubhc.  Il  efl  à  croire  que  llnterprete  de  cet  Ou- 
vrage du  Grec  en  Arabe,  avoit  écrit,  ketab  rithorica,  &  que  les  Copifles  ont 
depuis  corrompu  ce  titre. 

Cet  Interprète,  fuivant  le  même  Hagi  khalfah,  efl  Ishak  Ben  Honaïn,  à  ce  que 
dîfeht  les  Arabes,  lequel  a  fait  auffi  la  Traduftion  du  Commentaire  d'Alexander 
Aphrodifœus  fur  ce  même  Ouvrage  d'Ariflote.  Les  Arabes  difent  aufli  qu'I- 
brahim Ben  A'bdallah  en  a  fait  une  autre  Verfion,  &  qu'AlFariabi  l'a  aulli  cora- 


m^uté^ 


Ccc3  KE- 


390  K  E  T  A  B. 

KETABféi-fam  v  berfam.  Titre  d'un  Traité  de  la  Phrenefie  &  de  la  Plcii- 
Telle ,"  divifé  en  trois  parties  &  compofé  par  Abou  Ginfar  Ahmed  Ben  Moham- 
med 'ai  Thabib.     Ce  M^dedn  ell  mort  l'an  360  de  THegire. 

KETAB  faâdat  fi  maârefat  alébadat.  Titre  d'un  Oux^age  de  Spiritualité^ 
fans  nom  d'Auteur. 

KETAB  faâdat  v  akbal.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Médecine,  divifé  en  foixan- 
te  &"  dix  feftions  ,  fans  nom  d'Auteur.  On  dit  qu'il  a  été  tiré  du  Schafa 
d'Avicenne. 

KETAB  alfokkar.    Traité  du  fucre.    Ouvrage  compofé  par  un  Indien. 

KETAB  alfelah.  Traité  des  Armes.  Deux  ^Auteurs  Arabes  ont  écrit  fur 
cette  matière  ,  Aboul-Haifan  Nafr  Ben  Schamaïl  Al  Nahoui ,  &  Ebn  Darididî 
Mohammed  Ebn  Al  Halfan  Al  LagouL 

KETAB  alfema  v  alaâîem.  Titre  du  Livre  d'Ariflote,  du  Ciel  &  du  Mon. 
de,  traduit  du  Grec  en  Arabe. 

KETAB  al  femââ  althabîî.  Titre  du  Livre  d'Ariflote,  intitulé  en  Latin,  Dî 
/uiitiom  naturali ,  traduit  du  Grec  en  Arabe.  Il  a  été  commenté  par  Abou 
A'ii,  par  Mouaffek  eddin  Al  Bagdadi,  en  plufieurs  volumes,  &  par  d'autres. 

KETAB  alfemaâ  v  ahkamho.  Titre  d'un  Traité  de  la  Mufique  ,  compofé 
par  Abou  l'A'bbas  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Aichbili,  natif  ou  originaire  de 
la  Ville  de  Seville  en  Efpagne.     Cet  Auteur  eft  mort  l'an  651  de  l'Hegire. 

KETAB  femâ  alkian.  Traité  de  l'Eftre.  Ouvrage  divifé  en  huit  Parties, 
attribué  à  Ariftote. 

KETAB  alfamoum.  Traité  des  Poifons.  Titre  d'un  Ouvrage  compofé  en 
Lingue  Nabatheenne,  par  lacouka  Al  Nabathi  Al  Keft-at  Al  Koucani  ,  &  tra- 
duit en  Arabe,  par  Aboubekr  Ahmed  Ben  A'ii ,  plus  connu  fous  le  nom  d'Ebn  , 
ou  Ben  Al  Vahfchiah.  Il  a  été  augmenté  par  A'ii  Ben  Thabib  Ahmed  Ben 
A 'H,  &  par  Ebn  Al  Ziat. 

KETAB  alfamoum.  Titre  d'un  autre  Ouvrage  touchant  les  Poifons,  com- 
pofé en  Langue  Indienne,  par  Schanak,  /\uteur  Indien  ,  &  traduit  en  Perfien, 
par  Abou  làatem  Al  Balkhi.    Il  efl  divifé  en  cinq  Parties. 

Le  même  Ouvrage  a  été  commmcntc  par  lahia  Ben  Barik ,  &  traduit  en 
Arabe  pour  le  Khahfe  AlMamoun,  par  A'bbas  Sâïd  Al  Giauheri,  fon  Précepteur. 

KETAB  fendhafchat.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Médecine,  tiré  des  ancien* 
Indiens,  &  tranfporté  dans  la  Langue  Arabique. 

KETAB  Al  Soudan  v  fadlhom  âla  Al  Baïdhan,  Traité  des  Nègres,  &  de 
leurs  avantages  par  deffiis  les  Blancs.  Ouvrage  compofé  par  Aboubekr  Moham- 
med Ben  Khalaf ,  ^lus  connu  fous  le  nom  d'Ebn,  ou  Ben  Al  M^zbâu. 

KETAB 


KE.TAB,  ;  3(^1 

;'KETAB  foaflika.     Traité  de  l'Art  des  Sophiltes.    Cet  Ouvrage  eft  attribué 
à  Arirtotc,  &  a  été  commenté  par   Alexander  Aphrodilleus.     Hagi  khalfali  re- 
marque qu'il  a  écé  traduit  du  Grec  en  Langue  Syriaque,  par  deux  diiTerens  Au- 
teurs ,  à  fçavoir  par  Ebn  Naamah ,   &  par  Abou  Bafchrali ,  &  du  Syriaque  en 
.Arabe,  par  Ebn  A'ddi. 

KETAB'  alfinfllit  fi  tadbir  alrialTat.  Autre  titre  du  Livi-e'^des  Politiques  qu'A- 
riftote  compola  ^L  la  prière  d'Alexandre  le  Grand,  l^oyi-z  cy-deHus  le  titre  de 
Ketab  alriaiFat  fil  iiaiïat. 

KETAB  fiaiTat  almodcn.  Titre  du  Livre  des  Republiques  d'Ariflote  traduit 
en  Arabe,  dans  lequel,  luivant  Hagi  Khalfah,  il  fait  mention  de  cent  quatre- 
vin^t  &  onze  Villes,  ou  Republiques  différentes,  &  de  leur  Etat  Démocrati- 
que. Diogene  Laerce  dans  le  Catalogue  des  Ouvrages  d'Ariflote  ,  ne  marque 
que  cent  fbixante  &  trois  Republiques. 

Suivant  le  même  Auteur,  Ariflote-  a  compofé  un  autre  Ouvrage  intitulé  par 
les  Arabes,  SiafFat  alêlraiat,  comme  qui  diroit  la  Republique  des  Sçavans  ,  ou 
des  Philolbphes. 

KETAB  Sibouieh  fil  nahou.  Titre  de  la  Grammaire  Arabique  de  Sibouieh. 
Voyez  le  titre  de  Sibouieh. 

KETAB  faïf,  ou  Seïf.  Traité  du  Sabre,  ou  de  l'Epée.  Plufieurs  Auteurs 
Arabes  ont  écrit  fur  cette  matière  en  rapportant  tous  les  noms  Synonymes  qui 
le  défignent  en  leur  Langue  ,  &  en  décrivant  exaftement  tout  ce  qui  regarde 
fa  bonté,  fon  utilité  &  fes  autres  avantages. 

Les  principaux  de  ces  Auteurs  font,  Abou  O'beïdah  Moâramer  Ben  Mothni 
Al  Bafri ,  Aboul  Khatem  Sahal  Ben  Mohammed  Al  Segeftani ,  &  Aboul  Calfem 
A'ii  ^^T^  Giâfar   Al  Saèdi,  Al  Lagoui. 

KETAB  feïlan  aldemm  le  Bokhrath.  Traité  du  Flux  de  fang.  Ouvrage 
d'Hippocrate,  traduit  du  Grec  en  Arabe. 

KETAB  Schafêï.     Titre  d'un  grand  Ouvrage  en  quinze  volumes  de  l'Imam 
Schafêi,  Chef  d'une  des  quatre  Seftcs   Orthodoxes  du  Mufulmanifme ,  dans  le- 
quel fes    fentimens  ,    qui    ont  été  ,   &  qui  font  encore  fuivis  aujourd'huy  par 
ceux  de  fa  Sefte  ,   font   expliquez  fort  au  long,     11   l'a   compofé   en    Egypte.- 
Foyez  le  titre  de  Schafèi. 

KETAB  alfchabab  v  aldem  le    Arifthou.     Titre    d'un   Ouvrage  attribué  à- 
Ariftote,  dans  lequel  il  efl  traité  de  la  JeuncfTe,  &  du  Sang. 

KETAB  alfcheta  v  alfaief.  Traité  de  l'Hyver,  &  de  l'Eflé.  Ouvrage  dont 
Segeftani  efl  Auteur. 

KETAB  alfcbagian  v  alfakan.  Titre  d'un  Ouvrage,  dans  lequel  il  efl  traité 
de  l'Hilloire  des  Amans.  Il  a  été  compofé  par  JVIohammed  Ben  A'bdallah  Al 
Moflegi  Al  Harrani. 

KETAB  a!fcharb.  Traite  de  la  BoifTon.  C'elt  un  Ouvi-age  dont  Abou  A'm- 
roiL.Al  Zafchkali  eil  l'Auteur. 

KETAB 


392  •     K  E  T  A  B. 

■KETAB  Scîiafchourdh  Al  Ilendi.  Titre  "d'un  Livre  de  Médecine,  compofé 
par  Schafchourdh ,  Médecin  Indien.  Il  eft  divifé  en  dix  parties ,  &  il  a  été  tra- 
duit de  l'Indien  en  Arabe.  Il  traite  particulièrement  des  Remèdes  ,  &  donne 
des  règles  pour  les  bien  connoître. 

KETAB  alfchathrang'.  Traité  du  Jeu  des  Echecs.  Hagi  Khalfah  cite  par- 
ticulièrement deux  Auteurs  qui  ont  écrit  en  Arabe  fur  ce  fujet ,  Aboul  A'bbas 
Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Sarakhfi,  mort  J'an  286  de  l'Hegire,  &  lahia  Ben 
Mohammed  Al  Kabouli ,  natif  ou  originaire  de  la  Ville ,  ou  Province  de  Cabul 
dans  les  Indes. 

Suivant  le  même  Hagi  Khalfàh,  un  Auteur  moderne  en  a  compofé  un  Ou- 
vrage très-ample  en  Langue  Perfienne,  hquel  fe  vante  lui-même  d'avoir  été  le 
meilleur  joueur  du  Jeu  des  Echecs  qu'il  y  eût  au  monde  de  fon  temps.  Il  y 
a  décrit  &  reprcfenté  les  figures  de  chaque  pièce  des  échecs ,  âc  fait  mention 
des  Auteurs  qui  en  avoient  écrit  avant  lui. 

KETAB  Schoâra  Andalous.  Traite  des  Poètes  du  Païs  d'Andalous ,  ou 
d'Efpagne.  Titre  d'un  Ouvrage  compofé  par  Aboul  Valid  A^bdallah  Ben  Mo- 
hammed Ben  Al  Faredhi,  mort  l'an  403  de  Tliegire. 

KETAB  alfcheêr  le  Ariflhou.  Traité  de  la  Poëfie.  Titre  de  la  Poétique 
d'Ariflote  ,  traduite  du  Grec  en  Arabe,  Hagi  Khalfah  ajoute  ,  qu'il  y  a  un 
autre  Poétique  du  même  Ariltote  .en  deux  parties ,  fuivant  la  doflrine  de? 
Pythagoriciens. 

Avicenne  &  Giâber  Ben  Haïan  ont  aufli  écrit  de  la  Poétique  fous  ce  mê- 
me titre. 

KETAB  alfchams  v  alcamar  le  Ariftokfan.  Traité  du  Soleil  &  de  la  Lune; 
c'eft-à-dire,  du  mouvement  de  ces  deux  Planètes,  par  Ariftoxene.  Nafler  Ben 
S.cliamaïl  a  compofé  un  Ouvrage  fous  le  même  titre. 

KETAB  alfchoïoukh.  Titre  d'un  Ouvrage  touchant  la  vie  des  Scheikhs, 
ou  Doéleurs  du  Mufulmanifme  ,  ihullres  par  leur  pieté  ,  compofé  par  Sadr 
Al  Schehid. 

KET  A  B  alfabr  v  alHikan.  Traite  de  la  Patience  &  de  la  Tranquillité  d'efprit. 
Titre  d'un  Ouvrage  de  Morale  ,  compofé  pai-  Beu  Al  Giouzi,  mort  l'an  731 
de  l'Hegire. 

KETAB  alfabih.  Traité  de  la  beauté  du  Vifage.  C'eft  un  Ouvrage  d'A- 
boul  Feth  Mahmoud  Ben  Hoffaïn,  plus  connu  fous  le  nom  de  Kefchahera.  Cet 
Auteur  jeft  mort  l'an  350  de  l'Hegire. 

KETAB  alfehat  v  alfakam  le  Ariflhou.  Traité  de  la  Santé,  &  de  la  Ma- 
b.die,  en  gênerai.     Titre  d'un  Ouvrage  que  les  Arabes  attribuent  à  Ariftote. 

KETAB  alferath.  Traité  du  chemin,  ou  du  paflage  très-^-troit,  par  lequel, 
fuivant  l'opinion  des  Mufulmans ,  tous  les  hommes  doivent  pafler  au  dernier 
jour  du  jugement,  pour  diilingucr  les  bons  d'avec  les  niéchans.  Cet  Ouvrage 
a  été  compofé  par  Ishak,  Ben  Mohammed,  furnommé  Al  Ahmar,  le  lloufleau. 

feiadh 


K  E  T  A  E.  29", 

Feiadh  Ben  Ali ,  Ben  Mohammed  ,  Ben  AI  Feïadhi ,  a  compofd  an  autre 
■Ouvrage  fur  la  même  matière,  intitulé  Ketab  alcofthas ,  Livre,  ou  Traité  de  la 
Balance.  Il  y  parle  aulTi  du  fon  que  ce  chemin  doit  rendre  à  mcfurc  que  cha- 
cun paiTcra,  lequel  fera  connoître  qui  fera  le  Bon  ou  le  Méchant. 

KETAB  alfarê.  Traité  de  l'EpilepHe  ,  ou  du  Mal-caduc.  Titre  d'un  Ou- 
vrage de  Médecine ,  compofé  par  Abou  Gidfar  Ahmed  Ben  Mohammed  ,  fur- 
nommé  Al  Tbabib  ,    le  Médecin,  lequel  eft  mort  l'an  360  de  FHcgire. 

KETAB  alfefat.  Livre  des  Defcriptions,  C'efl  le  Titre  d'un  Ouvrage  divifé 
en  cinq  Parties.  L'Auteur,  qui  cR  Aboul  Hallan  Nalfar  Ben  Schamaïl  Al  Na- 
houi,  traite  dans  la  première,  de  la  Création  de  l'homme  ,  &  des  qualitez  de 
la  femme  ;  dans  la  féconde ,  des  habits ,  des  maifons  &  des  édifices  ,  des  mon- 
tagnes ,  &  des  chemins  difficiles  que  l'on  rencontre  en  les  traverlant  ;  dans  la 
troifième  ,  des  Chameaux  feulement  ;  dans  la  quatrième  ,  des  Moutons  ,  des 
Oifeaux,  du  Soleil  &  de  la  Lune,  de  la  nuit  &  du  jour  ,  des  Puits,  des  Eftangs, 
&  des  Fontaines;  &  d:ins  la  cinquième,  du  Bled,  de  la  Vigne,  du  Raifin,  des 
noms  des  Légumes,  des  Arbres,  des  Nuages,  &  de  la  Pluie.  Cet  Aboul  Hal- 
fan  NalFar  eft  mort  l'an  204  de  l'Hegire. 

D'autres  Auteurs  ont  traité  à  peu  près  de  la  même  matière  fous  le  même 
titre,  comme  Abou  A'h  Mohammed  Ben  Almaflarin,  plus  connu  îbus  le  nom 
de  Cothrob  Al  Nahoui,  Abou  Manfour  Abdal  Caher  Ben  Thuher  Al  Bagdadi, 
qui  eft  mort  l'an  429  de  l'Hegire  ;  &  Abou  Sâïd  Abdalmalek  Ben  Karib  Al 
Afmaghi,  ou  Al  Afmàï. 

KETAB  alfefat  v  aUdab.  Titre  d'un  Livre  de  Morale,  dans  lequel  il  efi: 
traité  de  la  bonne  éducation  ,  &  des  vertus  rcquifes  pour  bien  vivre  dans  le 
Monde.  Son  Auteur  eft  Abdalmalek  Ben  A'ii  Al  Heraoui  ,  AI  Moueddhen. 
Il  étoit  Muezin  de  profeffion  ,  c'eft-à-dirc  ,  qu'il  failbit  dans  une  Mofquée ,  la 
fonftion  d'appeller  à  la  prière  ,  &  natif ,  ou  originaire  de  la  Ville  de  lierat  en 
Khoraflan. 

KETAB  fefat  Cabr  AI  Nabi.  Titre  d'un  Ouvrage  dans  lequel  eft  décrit  le 
Tombeau  de  Mahomet ,  que  l'on  montre  à  Medine  ,  compofé  par  Aboubekr 
Al  Ageri. 

KETAB  alfamt.  Traité  du  Silence.  Ouvrage  compofé  par  Ebn  Aboul  Donia. 

KETAB  alfouar.  Traité  des  Formes.  C'eft  un  Ouvrage  divifé  en  trois 
Parties  dans  lequel  Ariftote,  auquel  les  Arabes  l'attribuent,  car  Diogcne  Laerce 
n'en  fait  pas  mention  dans  le  Catalogue  des  Livres  qu'il  a  compofés ,  examine 
fi  elles  exiftent,  ou   fi  elles  n'exiftent  pas. 

KETAB  aldhamaïr.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Philofophie  ,  dans  lequel  il  eft 
traité  des  Opérations  intérieures  de  l'Ame.  Il  a  été  compofé  par  Mnhmoud 
Ben  Mohammed ,  connu  fous  le  nom  de  Mirem  Tchelcbi  ^  lequel  eft  mort 
l'an  971  de  l'Hegire. 

KETAB  aldhaïil    Titre  d'un  Ouvrage   dans  lequel  Mohammed  Ben  Isha^t 

Al   Heraoui,  qui  en  eft  l'Auteur,  a  ramaHe  ce  qui  ne  fe  trou  voit  plus  Je  ion 

Tome  IL  D  dd  temps, 


394  K  E  T  A  B. 

temps,  dans  les  Ouvrages  des  Do6leurs  de  la  Loy,  &  des  Douleurs  Tradition- 
naires,  touchant  le  Mufulmanifme ,  &  les  Traditions  émanées  de  la  bouche  de 
Mahomet. 

KETAB  thabâï  alhaivan.  Titre  de  l'Hiftoire  des  animaux,  compofée  par 
Ariflotc ,  &  traduite  du  Grec  en  Arabe,  trlagi  Khalfah  écrit  qu'il  eft  divile 
en  dix  Livres  ;  cependant  il  elt  feulement  divifé  en  neuf,  fuivant  le  Catalogue 
rapporté  par  DiogcneLaerce. 

Hagi  Khalfah  attribue  à  Ariilote  un  autre  Ouvrage,  touchant  la  Phyfique  en 
gênerai ,  dédié  à  Alexandre  le  Grand ,  fous  ce  titre  :  ketab  fi  thabâï  alàâlem. 
C'eft  peut-être  celuy  que  Diogene  Laerce  rapporte  fous  le  titre  de  ,  (pt/tnxwv , 
Ouvrage  qui  ne  fait  qu'un  feul  Livre.  Il  luy  attribue  un  autre  Ouvrage  tou- 
chant la  Phyfique,  divifé  en  quatorze  Parties,  ou  quatorze  Livres,  fous  le  titre 
de  Ketab  fi  mafiaïl  althabîat,  Queflions  touchant  la  Phyfique.  Il  n'en  eft  pas 
fait  mention  dans  le  Catalogue  de  Diogene  Laerce. 

KETAB  thabâï  men  kelam  Al  Mahadi  men  Al  Schiât.  Titre  d'un  OuVrage 
dans  lequel  il  eft  traité  du  Mahadi  ,  le  douzième  des  Imams  reconnu  par  les 
Schiites,  ou  Seftatcurs  d'Ali.  Il  a  été  compofé  par  Hoffaïn  Ben  Al  Cafl^em  pour, 
répondre  aux  demandes  que  Zerrin  Ben  Ahmed  Al  Helali  lui  avoit  faites  tou- 
chant cet  Imam,  dont  Iqs  Schiites  racontent  des  chofes  furprenantes ;  &  c'efl  la 
troifième  Partie  d'un  autre  Ouvrage  du  même  Auteur,  intitulé  Ketab  almaâgen. 

KETAB  althebb  le  Ariflhou.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Médecine,  divifé  en 
cinq  Parties,  ou  en  cinq  Livres,  attribué  à  Ariflote.  L'Ouvrage  de  Médecine 
que  Diogene  Laerce  rapporte  dans  le  Catalogue  des  Livres  de  ce  Philofophcy 
ne  contient  que  deux  Livres. 

Le  Médecin  Grec  Rufus  a  compofé  un  autre  Ouvrage  de  Médecine  fous  le 
même  titre,  qui  a  été  traduit  en  Arabe. 

Abou  Nâïm  a  fait  auflî  un  Ouvrage  de  Médecine  fous  le  même  Titre  ,  fur 
ce  que  l'on  en  dit  communément  dans  le  monde  ,  parmi  ceux  qui  font  pro- 
felfion  de  fçavoir  des  remèdes,  d'en  faire,  ou  d'en  donner,  li  l'on  veut  expli- 
quer la  manière  dont  Hagi  khalfah  en  parle. 

KETAB  thabkh  alâffir.  Traité  de  la  Codion  du  vin  doux.  C'ell  un  Ou- 
vrage qui  traite  de  la  manière  de  faire  bouillir  le  mouft ,  ou  le  vin  doux,  juf- 
qu'à  ce  qu'il  devienne  en  confidence.  11  a  été  compofé  par  Sadr  Al  Schehid 
Hoflameddin. 

KETAB  althabikh.    Titre  d'un  Ouvrage   de  Médecine,  dans  lequel,  à  ce 
qu'il  paroît,  il  eft  traité  de  la  manière  de  faire  les   confeftions  ,   &  du  temps 
&  des  jours  propres  qu'il  faut  choifir  pour  cela.     Le  Médecin  Ahmed  Ben  Mo- 
hammed Al  Sarakhfi  en  eft  l'Auteur,  &  il  fa  dédié  à  Môtadhed,  Khalife  delà. 
Race  des  Abbaffidcs,  l'an  387  de  l'Hegire. 

lahia  Ben  Abou  Manfour  Al  Mauflali  a  auflî  compofé  un  Ouvrage  femblable, 
fous  le  même  titre. 

KETAB  althâàm  v  alcdam.  Traité  des  Viandes,  &  des  chofes  comeftibles. 
Ouvrage  compofé  par  l'Emir  Mokhtar  A'zzalmolk  Mohammed  Ben  Al  Moftagi 
Al  Harrani. 

KETAB 


KETAB.  ^. 

KETAB  althelfera.    Traité  des  Talifraans.    Livre  compofé  par  Sekaki. 

KETAB  akhaoual  v  efmaïhom  v  fefathom.  Titre  d'un  Ouvrage  dans  lequel 
Aboul  CafTem  A'ii,  qui  en  eft  l'Auteur,  traite  de  ceux  qui  ont  excédé  la  gran- 
deur d'homme ,  ordinaire ,  avec  leurs  noms ,  &  un  détail  de  leur  Vie. 

KETAB  althaharat  fi  .elm  alakhlak.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Morale  ,  com- 
pofé par  Abou  A'ii  Mohammed  Ben.Iacoub,  Ben  Maskouiah.  Il  eft  divifé  en 
fix  Parties,  La  première  traite  de  la  Sageffe,  ou  de  la  Philofophie  en  gênerai; 
la  féconde,  de  la  a-eation,  &  des  bonnes  mœurs;  la  troifième,  de  la  différence 
qu'il  y  a  entre  le  bonheur  &  la  félicité;  la  quatrième,  de  l'intégrité  des  mœurs  ; 
la  cinquième  ,  de  l'intégrité  de  l'homme  en  particulier  ;  &  la  fixième  ,  de  la 
guerifon  des  maladies,  &  des  moyens  avec  lefqucis  on  doit  remédier  aux  acci- 
dens  fâcheux. 

KETAB  althaïr.  Traité  des  Oifeaux.  Deux  dilFerens  Auteurs  en  ont  écrit 
fous  ce  titre ,  Abou  khatera  Sahal  Ben  Mohammed  Al  Segeftani ,  &  Naffar  Ben 
Schamaïl  Al   Nahoui. 

KETAB  dhefr  fil  gebr  v  almocabelat.  Titre  d'un  Traité  de  l'Aîgebre, 
compofé  par  Naffireddin  Al  Thouflî. 

KETAB  aldhcll.  Livre  de  l'Ombre.  Hagi  khalfah  ne  marque  pas,  fi  l'Ou- 
vrage, qui  porte  ce  titre,  efi;  véritablement  un  Traité  d'Ombre,  ou  fi  c'efl  un 
titre  métaphorique:  mais  quoiqu'il  en  foit,  il  remarque  que  fon  Auteur,  qui  ell 
Ibrahim  Ben  Sar ,  Ben  Thaberh  Al  Giorgiani ,  n'avoit  que  feize  ans ,  quand  il 
le  compofa. 

KETAB  Al  Dhaherat  fil  felek  le  Oclides.  Titre  d'un  Ouvrage  d'Aftrono- 
mie,  attribué  à  Euclide,  que  Naffireddin  a  publié  avec  23  figures,  tracées  par 
lui-même.  On  en  trouve  des  Exemplaires  ,  lefquels  ont  vingt-cinq  figures  ,  au 
lieu  de  vingt-trdîs.    Le  même  Ouvrage  a  été  commenté   par  Tabrizi. 

KETAB  alâlem  v  almotaâllem.  Le  Maître  &  le  Difciple.  Ouvrage  par  de- 
manies  &  par  réponfes ,  touchant  les  articles  de  la  Religion  Mufulmanne,  avec 
des  confeils  pour  la  bien  obferver.    Il  a  pour  Auteur,  l'Imam  Abou  Hanifah. 

KETAB  êbâdat  âla  medheb  alhanbaliat.  Traité  du  Culte  de  Dieu  ,  fui- 
vant  la  dodrine  des  Hanbalites.  Il  a  pour  Auteur  Mohieddin  Mohammed  Ben 
Al  A'rabi. 

KETAB  âgiaïb  althabiïah  v  garaïb  alfanâïah.  Livre  des  merveilles  de  la 
Nature,  &  de  l'Art.  Titre  d'un  Ouvrage,  compofé  par  Aboul  Rihan  Ben 
Ahmed  Al  Birouni. 

KETAB  âgiaïb  alkebir.  Titre  d'un  Ouvrage  fur  la  même  matière  que  le 
précèdent ,  compofé  par  Ibrahim  Ben  Vasf  fchah  Al  lounani. 

KETAB  âgiaïb.  Titre  "d'un  Livre  fur  le  même  fujet  que  les  deux  prece- 
dens,  dont  l'Auteur  eu.  A  bdalrahman  Mohammed  Ben  Al  Mondar  Al  Heraoui, 
connu  fous  le  nom  de  Schokr. 

Ddd  2  KETAB 


39^  '  K  E  T  A  B. 

KETAPi  dgiaïb  v  garaïb  fil  nirengiat  v  1  thelfemat.  Titre  d'un  Ouvrage 
touchant  les  preftiges  ,  &.  les  Talifmans  ,  dont  l'Auteur  eft  Mohammed  Ben 
Cadhi  Minas ,  lequel  y  rapporte  des  choies  fur  cette  matière  ,  qui  ne  fe  trou- 
vent point  en  d'aufes  Livres. 

Mahmoud  Ben  Hamzah  Al  Kerraani  a  compofé  un  Livre  femblable  fous  le 
même  titre. 

KETAB  âgiaïb  v,  garaïb.  Titre  d'un  Ouvrage  touchant  les  merveilles  de 
la  Nature.  Le  nom  de  l'Auteur,  qui  étoit  Mogrebi  ^  c'efl-à-dire  ,  Afriquain, 
n'eft  pas  connu,  fuivant  Hagi  khalfah.  Sorouri  en  parlant  de  ce  Livre,  remar- 
que qu'il  eft  divifé  en  dix  Parties. 

La  première  regarde  les  chofes  celeftes ,  ou  furnaturelles ,  &  ce  qui  y  a  du 
rapport;  La  féconde,  les  cieux;  La  troifième,  le  temps;  La  quatrième,  les  chofes 
terreftres  ,  &  ce  qui  les  regarde;  La  cinquième,  les  Elemens;  La  fixième ,  les 
mines;  La  feptième,  les  Plantes;  La  huitième,  les  Animaux,  &  i'Anatomie  par 
occafion;  La  neuvième,  la  Force;  &  la  dixième,  la  Beauté; 

KETAB  alâdl  le  Arifthou.  Titre  de  l'Ouvrage  d'Ariftote  touchant  la  Juftr- 
ce,  divifé  en  quatre  Livres.     Traduélion  du  Grec  en  Arabe. 

KETAB  ors  v  alâraïs.  Traité  des  Nopces,  &  des  Epoux.  Ouvrage  conp- 
pofé  par  un  Auteur  nommé  fimplcment  Hafedhi. 

KETAB  aîârfch  v  fefatho.  Livre  de  la  Defcription  du  Throne  de  Dieu-, 
compofé  par  Ebn  Abifcheïbah.  Ebn,  ou  Ben  latmai ah,, célèbre  Dofteur  de  Da- 
mas ,  qui  vivoit  fOus  le  règne  des  Aïoubites  en  Egypte  &  en  Syrie  ,  l'a  auflî 
décrit  fous  le  même  titre,  &  Hagi  khalfah  fait  mention  que  ce  Doéleur  a  ofé 
avancer  ,  que  Dieu  en  créant  ce.  Throne  ,  y  a  laiiTé  un  fiege  vuide  ,  pour  y 
plicer  Mahomet. 

KETAB  alôzz  v  alfabr.  Traité  de  la  Force,  &  de  la  P^ience.  C'eft  un 
Ouvrage  qui  a  été  compofé  par  Hafedh   Ben  Aboul  Donia  Al  Coraïfchi. 

KETAB  âroud.  Traité  de  la  Poétique  des  Arabes,  compofé  par  Khalil  Ben 
Ahmed  Al  Nahoui.  Il  eft  le  premier  parmi  eux,  qui  a.  travaillé  fur  cet  Arf. 
L'Imam  Gens  Ben  Mohammed  Al  Sagani,  Abou  Ishak  Ben  Mohammed  Al  Z.t- 
giag',  &  d'autres  Auteurs  Arabes  l'ont  fuivi, 

KETAB  alôzlat.  Traité  de  la  Retraite.  Ouvrage  de  Sjpiritualité ,  où  il  eft 
traité  de  la  Vie  éloignée  du  Monde  ,  pour  fe  donner  entièrement  au  fervice 
de  Dieu.  Il  a  été  compofé  par  Abou  Soliman  Ahmed  Ben  Mohammed  Al 
Khathaïi,  l'an  388  de  l'Hegire.  A/bdallah  Ben  Ahmçd,  &  Ebn  A'flaker  ,  ont 
auflî  traité  le  même  fujet  fous  le  même  titre. 

KETAE'E'fchk.  Traité  de  l'A-mour.  Les  Arabes  attribuent  un  Ouvrage 
en  trois  Parties ,  ou  en  trois  Livres  ,  fous  ce  titre  ,  à  Ariftote  ,  lequel  ne  le 
trouve  point  dans  le  Catalogue  de  fes  Livres ,  rapporté  par  Diogene  Laerce. 

Il  y  a  auiîi  un  Ouvrage  fur  la  même  matière,  compofé  par  Ahmed  Ben  Mo- 
hammed Al  Sarakhfj,  mort  l'an  288  de  l'Hegire. 

KETAB.: 


K  E  T  A  B.  3ÇJ, 

KETAB  alâkareb.  Traité  des  Scorpions,  Petit  Ouvrage,  qui  contient  qua- 
rante Queftions,  aufquelles  Al  Mozeni  a  fatisfait. 

KETAB  alâkakir.  Traité  des  Racines  Aromatiques,  compofé  par  un  Indien, 
dé  qui  le  nom  n'efl  pas  connu. 

KETAB  alàkl..  Traité  de  l'Erprit ,  ou  de  l'Entendement.  Trois  differens 
Auteurs  ont  traité  ce  fujet  fous  le  même  titre.  Aboul'  A'bbas  Ahmed  Ben 
Mohammed  Al  Sarakhfi,  Al  Thabib,  Médecin,  natif,  ou  originaire  de  Sarakhs, 
Ville  du  Khoraffan,  lequel  efl  mort  l'an  286  de  l'Hegire;  Daoud  Ben  Mogir, 
moit  l'an  206  de  la  même  Hégire,  &  Dhahabi. 

KETAB  alâkl  v  alôkala.  Traité  de  fEfprit,  &  des  Perfonnes  d'efprit.  Ou- 
vrage compofé  par  Ebn  A'ii  Al  Barr  Al  Corthobi ,  natif ,  ou  originaire  de  la 
Ville  de  Cordouë   en  Efpagne. 

KETAB  alclali.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Médecine,  dont  Ben  Sina,  ou  Avi- 
cenne  eft  Auteur. 

KETAB  êlal  v  êlagiat  le  Gialinous.  Traité  des  Maladies,  &  de  leurs  remè- 
des. Ouvrage  de  Galien,  traduit  du  Grec  en  Arabe,  lequel  comprend  foixantè 
&  treize  Chapitres; 

KETAB  alêlm.  Traité  de  la  Science.  Cet  Ouvi'age  a  été  compofé  par 
Abou  Haïthemah  Dhahar  Ben  A  'rab. 

KETAB  êlm  v  taâlim.  Traité  de  la  Science,  &  de  la  manière  d'enfeignen 
Titre  d'un  Ouvrage  compofé  par  Abou  Zeïd  Ben  Sahal  Al  Balkhi ,  mort  en- 
viron l'an  350  de  l'Hegire. 

KETAB  O'ioum  aluaheb.  Traité  des  Sciences  que  Dieu  donne.  Ouvrage 
compofé  par  Mohieddin  Al  A'rabi. 

KETAB  O'mad  fi]  nogioum..  Traité  d'Ailronomie  ,  compofé  par  Aboul 
Calfem  Al  Mof^iOer. 

KETAB  alômr  v  thaulho  v  cafrho.  Traité  de  la  Vie  ,  de  fa  longueur, 
6c  de  fa  brièveté..  Les  Arabes  attribuent  cet  Ouvrage  à  Ariflote,  compris  en 
un  feul  Livre,  duquel  il  n'elî  pas  fait  mention  dans  le  Catalogue  que  l'on  a 
dans  Diogene  Laerce. 

KETAB  alahd  le  Bokrath.    Titre  du  Sernientd'Hippocrate,  traduit  du  Grec' 
en  Arabe. 

KETAB  alôhoud.  Titre  d'un  Livre  de  Magie ,  dans  lequel  il  eft  traité  des 
Paéls  ,  qu'un  nommé  Soliman  Ben  Daoud  a  contrariez  avec  les  Démons ,  & 
avec  les  Efprits,  fans  nom  d'Auteur. 

KETAB  alâïn  fil  logat.  Titre  d'un  Diftionnaire  AVabique  ,  fi  ancien,  que 
les  Arabes  ne  font  pas  d'accord  entr'eux ,  touchant  fon  Auteur.  Les  uns  difent 
que  c'eft  Khalil  Ben  Ahmed  Al  Nahoui,  lequel  eft  mort  fan  -/S  àe  l'iicgire; 
5i.  Soïouthi ,  dans  fon  Ouvrage,  intituié  Zahr ,  au  rapport  de  Hagi  Kholfab, 

D  d  d  3  aiTure 


398  K    E    T    A    B. 

affure,  que  c'efl  le  premier  parmi  les  Auteurs  Arabes  qui  ait  fait  un  Diftion- 
naire  en  leur  langue. 

Néanmoins,  ceux  qui  font  du  fentiment  contraire  font  en  plus  grand  nom- 
bre, &  foûtiennent  que  ce  Khalil  n'en  e(l  point  Auteur,  &  quelques-uns  l'at- 
tribuent à  Laïth  Ben  Nafr,  Ben  Saïar,  Al  Khoraflani,  natif  du  KhorafTan. 

KETAB  alâïn  men  albeden  le  Bokrath.  Traité  de  l'Oeil.  Ouvrage  d'Hip- 
pocrate  fiiivant  les  Arabes ,  traduit  du  Grec  en  Arabe. 

KETAB  alâïn  v  aldin.  Titre  de  deux  difFérens  Ouvrages,  de  Préceptes  ou 
de  Maximes  pour  bien  vivre  fuivant  la  Loy  Mufulmane.  Le  premier  a  été 
compofé  par  Ben  AI  Scharih  Ahmed  Ben  O'mar  Al  Schafêï,  &  le  fécond,  par 
Mohammed  Ben  AI  HalTan  AI  Scheïbani. 

KETAB  algadi  v  al  mogtadi.  Traité  des  Alimens  &  de  ceux  qui  les  pren- 
nent ,  di vifé  en  deux  Parties ,  &  compofé  par  Abou  Giâfar  Al  Thabib  ,  Méde- 
cin de  profeffion  ,  lequel  l'acheva  l'an  308  &  mourut  l'an  360  de  l'Hegire. 

KETAB  algheda  le  Bokrath.  Livre  ou  Traité  des  Alimens,  compofé  &  di- 
vifé  en  quatre  Parties  par  Hippocrate  ,  &  traduit  du  Grec  en  Arabe.  Il  y  a 
un  autre  Ouvrage  de  lui  dans  h  même  Langue  ,  intitulé  Ketab  algodad  ,  tou- 
chant les  Bubons  peflilentiels. 

KETAB  algaraïbat.  Traité  des  chofes  fur  prenantes  &  merveilleufes.  Ouvra- 
ge compofé  par  A'Ii  Ben  Sâïd  Al  Mogrebi  Al  Andaloufîî ,  lequel  a  été  honoré 
de  ces  titres  :  AI  Adib ,  AI  Barê  ,  l'homme  de  Lettres ,  le  Perfonnage  élevé  au- 
defllis  des  autres  par  fa  grande  Do6lrine. 

KETAB  garaïb  v  gauamedh.  Traité  des  difficultez  qui  fe  rencontrent  dans 
le  difcours.  Titre  d'un  Ouvrage  compofé  par  Abou  Nafr  Sâïd  Al  Macrizi.  11 
y  en  a  un  autre  d'Abou  Rafchik  fous  le  même  titre. 

KETAB  alghena  v  tahrimbo.  Traité  des  RichefTes  permifes  &  non  permi- 
fes.  Ouvrage  compofé  par  le  Cadhi  Aboul  Thabib  Ben  A'bdallah  Al  Thabari , 
Al  Maleki. 

KETAB  alfakher.  Titre  d'un  Traité  des  Façons  de  parler  proverbiales, 
compofé  par  Al  Mafdhal  Ben  Salmah. 

KETAB  alfal.  Traité  de  la  Divination.  Ouvrage  compofé  par  Aboul'  Ab- 
bas  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Sarakhfi. 

KETAB  alfarab.  Titre  d'un  Ouvrage  écrit  en  Perfien.  C'cft  un  Recueil 
des  Apophtegmes,  ou  Paroles  remarquables  des  Philofophcs  &,  des  Rois,  com- 
pofé par  Aboul  Halfan  Ali  Ben  Nafr  AI  Bagdadi ,  qui  Fa  dédié  à  Kouam  aldaulat. 

KETAB  alfcraffat  le  Ariflhou.  Titre  du  Livre  de  Phyfionomie ,  compofé 
par  Ariftote,  &  traduit  du  Grec  en  Arabe.  Fakreddin  Mohammed^  Ben  O'mar 
Al  Razi  en  a  au/îi  compofé  un  Ouvrage  fous  le  même  titre  de  Ketab  alfer^if- 
fat.    Cet  Auteur  efl  mort  l'an  606  de  l'Hegire. 

KETAB 


K    E    T    A    B.  jpp, 

KETAB  alfarlç  beïn  alfaleh  v  gaïr  alfaleh.  Livre  de  Politique,  compofé 
par  Al  Gazali. 

KETAB  alfark.  Le  Livre  de  la  DifFérence.  Plafieurs  Auteurs  Arabes  ont 
écrit  fous  ce  titre,  touchant  rExcellence  de  l'homme  par  -  deOiis  les  autres  ani- 
maux. Les  voicy  tels  qu'ils  font  rapportez  dans  la  Bibliothèque  Orientale  de 
Hagi  Khalfah. 

Âbou  O'beïdah  Hamzah  Ben  Mathni,  Al  Bafri,  natif  ou  originaire  de  la  Ville 
de  Baflbrah. 

Abou  Sâïd  A'bdalmalek  Ben  Karïb  Al  Afmâï. 

Abou  Ganem  Sahal  Ben  iVlohammed  Al  Scgcftani. 

Ebn  Hamid  Al  Mekki ,  mort  l'an  ss'^  de  THegire. 

Ebn  Abildemim  Al  Hamoui ,  mort  l'an  64:2  de  l'Hegire. 

Abou  Ishak  Al  Soui,  Al  Zagiag',  mort  l'an  804  de  l'Hegire. 

KETAB  aîforouflîah.  Traité  de  l'Art  de  monter  à  chevaL  Abaulfarag'  Ali 
Al  Rahman  Ben  A'U  Al  Giouzi,  mort  l'an  598  de  l'Hegire,  en  a  coraporé  un 
Ouvrage  fous  ce  titre,  &  après  lui  piufieurs  Auteurs  Egyptiens. 

KETAB  alfafllihat.  Traité  de  l'Eloquence  Arabique.  Deux  Auteurs,  fui- 
vant  Hagi  Khalfah,  en  ont  écrit  particulièrement  fous  ce  titre,  à  fçavoir,  Abou 
Khatera  Sahal  Ben  Mohammed  Al  Segeftani  &  Abou  Hanifah  Mohammed  Ben 
Daoud  Al  Deïnouri. 

KETAB  alfasd  v  alhagiamath  le  Bokrath.  Traité  de  la  Saignée  &  de  la. 
Ventoufe.    Titre  d'un  Ouvrage  attribué  à  Hippocrate  par  les  Arabes. 

KET/^B  faâlto  v  afôlto.  Ouvrage  de  Grammaire,  dont  piufieurs  Auteurs 
ont  traité,  comme  Abou  A'ii  Ifmaïl  Ben  Caflem  Al  Kah  ;.  Abou  Ishak  Ibrahim 
Ben  Mohammed  Al  Zagiag',  mort  l'an  310  de  l'Hegire  ;  Abou  Zeïd  Sdïd  Ben 
Aous  Al  Khazargi;  Hallan  Ben  Bafchar  Al  Amedi,  mort  l'an   371, 

KETAB  fâàl  V  âfàl.  Autre  Ouvrage  de  Grammaire,  traité  par  Abou  A'Ii 
Ben  Mohammed  ,  Ben  Al  Moilanir  ,  plus  connu  fous  le  nom  de  Cothrob  Al 
Nahoui  ,  par  lahia  Ben  Ziad ,  mort  l'an  307  de  l'Hegire  ,  &  par  Mohammed 
Ben  Al  Haffan,  furnommé  Ei)n  Al  Sofi. 

KETAB  alfelahat  Al  Roumiah.  Traité  de  l'Agriculture  des  Grecs.  Ouvra- 
ge compofé  en  Grec  par  Al  Hakim  Cofthous  ,  Ben  Askouras  kanah ,  &  traduit 
en  Arabe  par  un  autre  Auteur  Grec,  nommé  Sergious  Ben  Hclia ,  Sergius  fils; 
d'Elie.  Il  contient  douze  Chapitres.  Coflhas  Louca  Al  Bâlbeki ,  natif  ou  ori- 
ginaire de  Bâlbek ,  en  a  fait  une  autre  traduftion  en  Arabe.  Afthath  ,  qui  eft 
un  Euftathius,  autre  Auteur,  en  a  fait  uns  autre  tradiiélion  ;  de  même  qu'A- 
bou  Zakaria  Ben  lahia,  Den  A'di.   Mais  celle  de  .^ergius  ell:  ellimée  la  meilleure. 

Le  même  Ouvrage  a  été  traduit  en  Perfien  ,  fans  nom  d'Auteur,  (bas  le  ti* 
tre  de  Bourz  Naraeh  ;  &  cette  traduiSlion  Perficnne  a  depuis  été  transportée  dans- 
la  Langue  Arabique. 

KETAB  alfelahat  le  Arifthou.  Traité  de  l'Agriculture.  Ouvrage  en  dix  Par- 
ties ou  en  dix  Livres,  attribué  à  Ariftote.     Il   n'en  eft  pas  fait  mention  dans: 

le: 


400  K    E    T    A  .  B. 

le  Catalogue  rapporté  par  Diogene  Laerce.     Abou  Bekir  Ben  Vahafchiah  &  d'au- 
tres Auteurs  ont  auffi  écrit  en  Arabe  fur  le  même  fujet. 

KETAB  alfonoun.  Traité  des  Arts  &  des  Sciences.  Titre  d'un  Ouvrage 
compofc  par  A'ii  Ben  O'kaïl  Al  Bagdadi,  qui  en  a  ramafle  plus  de  quatre  cent, 
dont  il  donne  la  connoifTance. 

KETAB  alcaïek.  -Titre  d'un  Ouvrage  qui  contient  les  Fables  de  Kalilah  & 
Damnah  ,  compofé  par  Aboul  O'ia  Ahmed  Ben  A'bdallah  Al  Madrri ,  mort  Tan 
449  de  l'Hegire.  Il  y  en  a  foixante  Cahiers  qui  ne  comprennent  pas  l'Ouvrage 
entier,  parce  que  l'Auteur  ne  l'a  pas  achevé.  Il  a  lui-même  commenté  ce  mê- 
me Ouvrage  en  dix  cahiers,  fous  le  titre  de  Menar  alfaniah. 

KETAB  alcabaïl.  Traité  des  Tribus  des  Arabes.  Deux  differens  Auteurs 
ont  écrit  de  cette  matière,  fous  ce  titre,  Abou  O'beïdah  Moâmmer  lien  Mathni, 
&  le  Scherif  Abou  A'Ji  Halfan  Ben  Mohammed,  Ben  AlTààd  Al  Harrani. 

KETAB  alkeranat.  Titre  d'un  Ouvrage  où  il  efl:  traité  des  grandes  &  des 
petites  Conjonélions  des  Planètes  ,  compofé  par  Kankâh  ,  Aftronome  Indien. 
Abou  Maâfchar  en  a  compofé  un  Traité  femblable  ,  fous  le  même  titre  ,  dans 
lequel  il  parle  tant  de  celles  qui  étoient  déjà  palfées  avant  le  tems  auquel  il 
vivoit,  que  de  celles  qui  dévoient  arriver  dans  la  fuite, 

Aboul  Feth  Harafch  Ben  Ahmed  Al  Hamadani  a  auffi  écrit  fur  cette  matière 
fous  le  même  titre. 

KETAB  kefmat  alenfan  âla  mezag  albasho  le  Bokrath.  Traité  de  Médecine 
touchant  les  diflferens  temperamens  ,  attribué  à  Hippocrate.  Mais  Hagi  Khalfah 
ajoutant ,  qu'il  a  été  dédié  à  l'Empereur  Titus ,  le  douzième  des  Empereurs 
Romains ,  fait  connoître  lui  -  même  qu'il  eft  d'un  Auteur  contemporain  de  cet 
Empereur. 

KETAB  kefmat  alâdaJ  le  Arisfikous  Al  lounani.  Traité  d'Arithmétique, 
attribué  à  Ariftippe.  Arisfikous ,  qui  fe  lit  dans  Hagi  Khalfah  ,  eft  pour  Arif- 
tifous. 

KETAB  kasm  le  Ariilhou.  Traité  de  la  Divifion  ,  compofé  par  Ariftote  & 
divifé  en  vingt-fix  Parties  ou  vingt-fix  Livres.  C'eft  apparemment  l'Ouviage 
de  ce  Philofophe  dont  il  eft  fait  mention  dans  fa  Vie ,  écrite  par  Diogene  Laer- 
ce, fous  le  titre  de  Divijiones  X/^/,  des  Divifions ,  feize  Livres;  de  forte  que 
les'Copiftes  Arabes  auroient  écrit  vingt-fix  Livres  au  lieu  de  feize,  en  fe  trom- 
pant dans  le  nombre.  Hagi  Khalfah  ajoute  ,  qu'il  y  eft  traité  des  Divifions  du 
Temps,  de  l'Ame,  des  PafTions,  &c. 

KETAB  alcaflar  v  efmaïhom  v  fefathom.  Traité  des  Palais  les  plus  célè- 
bres ,  dans  lequel  ils  font  décrits  &  mentionnez  avec  leurs  noms.  Cet  Ouvrage 
a  été  compofé  par  Aboul  Caflem  A'Ii  Ben  Giâfar. 

KETAB  alcadha  v  alcadr.  Traité  du  Deftin  &  de  la  Puiflànce  de  Dieu.  Ou- 
vrage  compofé  par  Ebn  Caïem  Al  Giouzi. 

KETAB 


K    E    T    A    B.  40T 

KETAB  alcadhaïa  fil  tegiareb.  Traité  des  fondemens  que  l'on  doit  établir 
fur  les  expériences.  Ouvrage  de  Philofophie  ,  compcfé  par  Malîoudi ,  qui  en 
fait  mention  dans  fon  Ouvrage,  intitule  Moroug'  aldhahab. 

KETAB  cathà  alkhothouth  âla  nafTibat.  Traité  de  la  Scftion  des  Lignes. 
Ouvrage  d'Apollonius  en  deux  Livres  ,  traduit  du  Grec  en  Arabe.  Les  Arabes 
appellent  ce  Mathématicien  Grec  Abolonious  Al  Nagiar ,  Al  Eskenderani ,  Apol- 
lonius le  Charpentier ,  natif  d'Alexandrie.  Il  y  a  un  autre  Ouvrage  de  luy ,  tra- 
duit en  Arabe ,  intitule  Cathâ  alfothouh ,  de  la  Seélion  des  Superficies. 

KETAB  alcalb  le  Bocrath.  Traité  du  cœur.  Titre  d'un  Ouvrage  d'Hippo- 
crate,  traduit  du  Grec  en  Arabe. 

KETAB  alcamar  fil  fanâat.  Titre  d'un  Livre  de  Chymie  du  nombre  des 
cent  douze,  dont  Abou  Mouffa  Giâber  Ben  Haïan  efl:  Auteur. 

KETAB  alkanûat.  Traité  de  Morale  touchant  la  tranquillité  de  rame,en  quel- 
que  état  qu'elle  fe  trouve.  Il  a  été  compofé  par  Aboubekr  Ben  Al  Sini. 

KETAB  caoui  althabiât.  Traité  de  l'homme  naturellement  fort  &  robufte. 
Ouvrage  compofé  par  Galien  ,  &  traduit  du  Grec  en  Arabe  par  Honaïa  Ben 
Ishak.    Il  eft  divifé  en  trois  Parties. 

KETAB  alcauafi.  Traité  des  Rimes  ou  plutôt  de  la  Poëfie  Arabique.  Les 
Auteurs  fuivans  en  ont  écrit  fous  ce  titre. 

Mazeni,  mort  fan  248  de  l' Hégire. 

Abou  A'ii  iVloharamed  Ben  Al  Moftanir,  furnommé  Cothrob  Al  Nahoui ,  le- 
quel eft  mort  l'an  310  de  l'Hegire. 

Mohammed  Al  Afchbili ,  natif  ou  originaire  de  la  Ville  de  Seville  en  Efpa- 
gne,  lequel  eft  mort  l'an  951  de  l'Hegire. 

Abou  Said  Ben  Saâdah  Al  Balkhi  Akhfafch  Al  Aouffath. 

Mohammed  Ben  Zeïd,  furnommé  Al  Mebred. 

KETAB  alcouuat  Traité  de  la  Eorcc.  Ouvrage  compofé  par  l'Imam  AI 
Aurâï. 

KETAB  alcaus  v  altors.  Livre  de  l'Arc  &  du  Bouclier.  Titre  d'un  Ouvra- 
ge ,  compofé  par  Abou  Zeïd  faâd  Ben  Ars  Al  Khazergi. 

KETAB  alcoulang'  v  anuâho  v  tedavinho.  Traité  du  mal  de  ventre  ou  de 
la  colique,  de  fes  efpèces  6c  des  remèdes  pour  la  guérir.  Il  eft  divifé  en  deux 
Parties;  &  il  a  été  corapofr  par  Abou  Giâfar  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Tha- 
bib.  Médecin,  mort  l'an  360  de  l'Hegire. 

Avicenne  a  auflî  écrit  un  Traité  ferablable  fous  le  même  titre. 

KETAB  alraboubiat  le  Arifthou.  Traité  de  la  Souveraine  Puiflance  ,  par 
Ariftote.  C'eft  celuy  qui  eft  cité  par  l'Interprète  de  Diogene  Laerce  ,  fous  le 
titre  de  Rtgno^  de  l'Art  de  régner. 

KETAB  alkias  le  Arifthou.    Traité  du  Syllogifiné ,  par  Ariftote,  traduit  en 
Tome  II.  E  e  e  Arabe. 


402  K    E    T    A,  B. 

Arabe.     C'ell  l'Ouvrage  qu'il  en  a  fait  >  divifé  en  deux  Livres  ,  dont  il  eft  fait 
mention  dans  le  Catalogue  rapporté  par  Diogene  Laerce. 

MouuafFek  Al  Bagdadi  a  auflî  fait  un  Ouvrage  touchant  le  Syllogifme,  en 
quatre  volumes,  ■      \ 

KETAB  kiam  alleïl.  Traité  de  la  veille  pendant  la  nuit  pour  vacqueràla 
prière.  X)uvrage  compofé  par  Abou  A'bdallah  Mohammed  Ben  Nafr  Al  Moued- 
dhen  /  c^ell-à-dire  ,  Muezin  ,  ou  qui  avoit  dans  une  Mofquée  la  charge  d'appel- 
1er  à  la  prière. 

KETx\B  keramat  alaulia.  Titre  de  la  vie  &  des  avions  mémorables  des 
Perfonnages  qui  font  morts  en  odeur  de  Sainteté  parmy  les  Mufulmans.  Gelai 
Al  Aârabi  en  eft  Auteur. 

KETAB  keramat  v  berahin  alfalehin.  Ouvrage  femblable  au  précèdent, 
compofé  par  Abou  A'bdallah  Mohammed  Ben  Ibrahim,  Ben  Sou  alleïl ,  Auteur 
d'un  Ouvrage,  intitulé  Aldorr. 

KETAB  alkorrah.  Traité  de  la  Sphère.  Ouvrage  dont  HalTan  Ben  AI  Sab= 
bah  eft  Auteur. 

KETAB  alkorrat  almotaharakat  lé  Authouloufos.  Traité  de  la  Sphère  ,  par 
Autolycus.  Les  Copiftes  Arabes  ont  écrit  Authouloufos,  au  lieu  d'Authouloucos. 

Cet  Ouvrage  a  été  traduit  en  Arabe,  reveu  par  Thabeth  Ben  Corrah,  &  pu= 
blié  avec  des  figures  par  Naffir  eddin  Al  Thouflî ,  &  ces  figures  font  au  nom- 
bre de  feize.. 

KETAB  alkorrat  v  alôfthouan  le  Arfchimedes.  Traité  de  la  Sphère  &  du 
Cylindre.  Ouvrage  de  Mathématique  d'Archimede ,  que  les  Arabes  furnomment 
Al  Mefri,  l'Egyptien.  Thabeth  Ben  Corrah  en  a  traduit  en  Arabe  ce  qu'il  a 
compris,  &  a  laiffé  quelques  Propofitions  qui  étoient  au-delFus  de  fa  connoif- 
fancè ,  comme  le  témoigne  Hagi  Khalfah. 

.  Authoufious  ou  plutôt  Autïioukious  Al  Afcalani  ;  c'eft-à-dire,  Eutychius  de 
1$  ville  dAfcalone  a  fait  un  Commentaire  en  Grec  fur  cet  Ouvrage  d'Archime- 
de, lequel,  fuivant  le  même  Hagi  Khalfah  ,  a  été  traduit  en  Arabe  par  Ishak 
Ben  Honaïn. 

Hagi  Khalfah  remarque  encore  qu'il  y  a  quarante  -  fept  figures  dans  l'Exem- 
plaire  de  Thabet  Ben  Corrah  ,  &  qu'il  n'y  en  a  que  quarante -crois  dans  celuy 
d'Ishak  Ben  Honaïn;  mais  que  le  même  Ishak  a  ajouté  à  la  fin  de  fon  Ouvra- 
ge un  Traité  de  la  Poulie  du  même  Archimede. 

KETAB  alkesb.  Livre  du  Gain.  Titre  d'un  Ouvrage  compofé  pai-  Abou 
Abdallah  Ahmed  Ben  Harb  Al  Nifchabouri,  mort  fan  234  de  l'PIcgire,  &  com- 
mente  depuis  par  Schams  alaïmat  Mohammed  Ben  Ahmed ,  Ben  Abou  Sahal 
Al  Sarakhfi,  mort  l'an  483  de  l'Hegire. 

KETAB  alkefr  v  algebr  le  Bokrath.    Traité  des  Frayions  &  de  leur  réduc- 
tion au  tout,  c'eft-à-dirc,  de  l'Algèbre,  par  Hippocrate,  qui  l'a   divifé  en  trois 
Bar.ies.     Suivant  le  rapport  de  Hagi  Khalfah,  Hippocrate  y  traite  de   cette 
■  ,  -  •         fcicn 


K    E    T    A    B.  4^3 

fcience  ,  autant  qu'il  eft  neceflaire  qu'un  Médecin  en  ait  de  connoiflance  par 
rapport  à  fa  profelfion. 

Les  Sçavans  s'étonneront  peut-être  en  cet  endroit,  de  ce  que  les  Arabes  at- 
tribuent'à  Hippocrate  cet  Ouvrage,  dont  ils  n'ont  pas  entendu  parler.  Il  eil 
vray ,  qu'il  y  a  apparence  qu'Hippocrate  n'en  a  jamais  compolë  un  femblable. 
Mais  on  peut  conclure  de-là ,  que  c'efl:  un  Ouvrage  ancien ,  &  que  les  Arabes 
l'ayant  trouvé  fans  nom  d'Auteur  ,  &  voyant  qu'il  avoit  du  rapport  à  la  Mé- 
decine ,  ils  le  luy  ont  attribué  ,  comme  au  Chef  de  tous  les  Médecins ,  de 
même  que  nous  voyons  plufieurs  Traitez  de  Pliilofophie  qui  ne  font  point  de  luy. 

KETAB  alkona.  Traité  des  Noms  qui  font  difFerens  des  Noms  propres  par- 
my  les  Arabes.    Les  Auteurs  lliivans  ont  travaillé  fur  ce  fujet: 

Ebn  A'bdalbarr  louflbuf  Ben  A'bdallah  AlCorthobi,  natif  ou  originaire  de  la 
Ville  de  Cordouë  en  Efpagne,  lequel  cil  mort  l'an  463  de  l'Hegire. 

Celui-cy  a  été  fuivi  par  Moflem,  par  Nelîaï,  par  Nifchabouri,  &  l'Ouvrage 
de  ce  dernier  a  été  abrégé  par  Dhahabi,  fous  le  titre  de  Moélana  fi  ferd  alkona. 

KETAB  alkenaïat  v  taâridh.  Traité  des  noms  empruntez^  &  des  manières  de 
parler  en  mots  couverts.  Plufieurs  Auteurs  ont  écrit  fur  ce'tte  matière  fous  le 
même  titre,  &  particulièrement  Thaâlebi ,  qui  compofa  fon  Ouvrage  dans  la 
Ville  de  Nifchabour  en  Khoralfan,  l'an  400,  de  l'Hegire. 

KETAB  alkenaiat  v  althabîat.     Titre  d'un  Livre,  attribué  à  Ariftote. 

KETAB  alkaun  v  alfaflad.  Traité  de  l'Elire  &  de  la  Corruption.  Titre 
d'un  Ouvrage  d'Ariflote  fuivant  les  Arabes  ,  traduit  du  Grec  en  leur  Langue. 
Il  a  été  commenté  par  Alexander  Aphrodifeus  ,  &  par  le  Cadhi  Aboul  Valid 
Ben  Al  Rafchid  Al  Maleki,  Al  Andalouffi, 

KETAB  alamanat.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Droit,  dans  lequel  il  efl  traité 
des  Dépôts,  compofé  par  Abouldonia. 

KETAB  aleddhat.  Traité  du  Plaifîr  ou  *de  la  Volupté.  Titre  d'un  Ouvrage 
d'Ariflote ,  traduit  du  Grec  en  Arabe  ,  en  deux  Parties  ou  en  deux  Livres.  H 
n'cft  qu'en  un  feul  Livre  en  Grec  ,  fuivant  le  Catalogue  de  Diogene.  Néan- 
moins Hagi  Khalfah,  en  parlant  de  ce  Traité,  remarque  qu'Ariflote  l'a  compo- 
fé pour  l'éclairciflement  des  Livres  de  la  Republique  de  Platon.  De  forte  que 
ce  pourroit  être  un  autre  Ouvrage  du  même  Arillotc ,  compofé  fur  la  même 
Republique  de  Platon ,  en  deux  Livres ,  fuivant  le  témoignage  de  Diogene 
Laerce. 

KETAB  allofTous.  Traité  des  Voleurs.  Ouvrage  compofé  par  Abou  O'thman 
O'raar  Ben  Bahr  Al  Hafedh ,  Al  Bafri. 

KETAB  allogat.  Titre  d'un  Didionnaire  Arabique,  compofé  par  Ben  Ka- 
rib  Al  Afmâï. 

KETAB  allauahek.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Médecine  ou  de  Philofophie  , 
dont  Ben  Sina  ou  Aviccnne  eft  Auteur. 

KETAB  allouh  v  alcalcm.  Traité  de  la  Table  &  de  la  plume.  Ouvrage 
fans  nom  d'Auteur ,  dans  lequel  il  eft  parlé  au  long  de  la  Table  que  les  Mu- 

E  e  e  2  fulmans 


404  K    E    T    A    B.     > 

fulmar^s  appellent  Louh  almahfoud  ,  la  Table  gardée ,  &^  de  la  plume  avec  la- 
quelle tout  ce  qui  doit  arriver  y  efl:  ccri:  fuivant  leurs  rêveries.  Il  ell  parlé 
de  cette  Table  &  de  cette  Plume  en  d'autres  endroits  de  cet  Ouvrage. 

KETAB  allahou  v  allôb.  Traité  des  Jeux  &  des  DivertilTemens.  Ouvrage 
compofé  par  Aboul  Abbas  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  ùarakhli,  mort  l'an  286 
de  l'Hegire. 

KETAB  leïs.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Grammaire  Arabique,  dans  lequel 
l'Auteur  ,  qui  eft  Ben  Khalouiah  Hoilàïn  Ben  Ahmed  ,  marque  les  mots  &  les 
façons  de  parler  qui  ne  font  pas  de  la  Langue  Arabique.  Il  efl  mort  l'an  270 
de  l'Hegire. 

KETAB  alleïl  v  alnahar..  Titre  d'un  Ouvrage  d'Aftronomie  ,  où  il  eft  traité 
des  jours  &  des  nuits,  compofé  par  Aboul  HofTaïn  Ahmed  Ben  Ai  Fares  AI 
Lagoui,  mort  l'an  395  de  l'Hegire. 

KETAB  ma  ettefak  leàdhim    v  ekhtelaf.     Titre  d'un  Ouvrage  de  Geogra-- 
phie  ,  compofé  par  Zeïn  eddin   Mohammed  Ben  Moufla  Al  Khazeni  ,   Al  Ha- 
madani. 

KETAB  ma  ekhtelaf  Al  Bafriôun  v  Koufiôun.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Gram- 
maire Arabique ,  compofé  par  Ebn  KeïiTan  Mohammed  Ben  Ahmed  ,  dans  le- 
quel il  ell  marqué  en  quoi  différent,  fur  cet  Art ,  les  Grammairiens  de  Baffo- 
rah  &  de  Coufah.     Cet'  Auteur  eft  mort  l'an  299  de  l'Hegire. 

KETAB  ma  baâd  akhabiât.  Titre  du  Livre  des  Metaphyfiques  d'Ariftote  , 
traduit  du  Grec  en  Arabe.  Hagi  Khalfah  ajoute  que  Bandocles ,  qui  vivoit  du 
temps  de  David  ,  a  auffi  écrit  fur  cette  matière.  Il  femble  qu'il  veuille  parler 
d'Empedocle. 

KETAB  maakhoudhat  fi  offoul'Al  Hendaflah  leArfchemides.  Titre  d'un 
Livre  de  Géométrie  d'Archimede,  traduit  du  Grec  en  Arabe  par  Thabeth  Ben 
Corrah  ,  avec  un  Commentaire  d' Aboul  Haffan  A'ii  Ben  Ahmed  Al  Neifoui , 
avec  quinze  figures  ,  qui  ont  été  dreffées  par  Naflir  eddin  Al  Thouffi.  Il  y  a 
auirr  un  Difcours  fur  le  même  Ouvrage  de  Sohaïl  Al  Caouni ,  intitdé  Teziïu 
ketab  Arfchemides  fil  maakhoudhat. 

KETAB  malakhoulia.  Traité  touchant  la  Melancholie.  Ouvrage  de  Méde- 
cine compofé  par  le  Médecin  Aboii  Giâfar. Ahmed  Ben  Mohammed,  mort  l'an 
3^0  dé  l'Hegire. 

Les  Arabes  ont  auflî ,  fous  le  même  titre  &  touchant  la  même  matière ,  un 
Livre  de  Rufus,  Médecin  Grec,  le  meilleur  &,le  plus  eftimé  de  {qs  Ouvrages, 
fuivant  Hagi  Khalfah. 

KETAB  ma  ieg'rav  la  ïeg'ra.  Traité  des  chofes  qui  arrivent  &  qui  n'ar- 
rivent pas.    Ouvra'ge  dont  l'Auteur  eft  lahia  Ben  Al  Thaâleb  Al  Nahoui. 

KETAB  mn  anfiiraf  v  la  ïanfaraf.  Traité  des  chofes  qui  fe  changent  & 
qui-  ne  fc  chajigent  pas.     Ouvrage  dout  l' Auteur  du  précèdent  eft  aufîi    Ai>. 


K  E  T  A  B.  405 

teur.    Abou  Ishak  Ibrahim  Ben  Mohamjied  AI  Zagiag',  mort  l'an  310,  en  a 
auffi  compofé  un  femblable. 

KETAB  Al  Mebaheth.  Traité  dans  lequel  Avicenne,  qui  en  eft  Auteur, 
parle  des  Qualitez  que  doit  avoir  celuy  qui   difpute. 

KETAB  aTmobtadi.  Livre  de  celuy  qui  commence.  Titre  d'un  Ouvrage 
compofé  par  Aboui  MahafTen  Al  Rouiàni,  Al  Schafèï,  Doéleur  de  laSecte.de 
rimam  Schafêi 

KETAB  almobteda  v  almàud.  Traite  pour  la  conduite  de  celuy  qui  corn' 
mence  dans  la  Spiritualité,  &  de  l'autre  vie  à  laquelle  chacun  doit  arriver, 
foit  pour  fon  bien,  foit  pour  fon  malheur.  Ouvrage  divifé  en  trois  Parties, 
fans  nom  d'Auteur. 

KETAB  almebin  fi  tarikh  Al  Andalous.  Titre  d'une  Hiftoire  du  PàVs  d'An- 
dalous,  c'efl-à-dire,  d'Efpagne,  en  foixante  volumes,  compofée  par  Abou  Mar- 
van  Haïan  Ben  Khalaf,  mort  l'an  469  de  l'Hegire. 

KETAB  almotelcaddemin  almodhallal  fi  oflbul  eddin.  Titre  d'un  Ouvrage 
de  Logique  &  de  Philofophie  natui'elle,  fciences  que  doivent  fçavoir  ceux  qui 
veulent  s'appliquer  à  l'étude  de  la  Théologie  iVlufulmanne,  Il  a  été  compofé 
par  Haroun  Ben  A'bdaluah,  l'an  764  de   l'Hegire. 

KETAB  Al  Motavakkel.  Le  Livre  de  Motavakkel.  Titre  d'un  Ouvjage 
de  Soïouthi ,  qu'il  a  ainfi  intitulé ,  parce  qu'il  l'a  compofé  par  ordre  du  Khalife 
Motavakkel.  C'ell  un  Recueil  dans  lequel  il  a  ramalTé  les  mots  Ethiopiens  » 
Perficns,  Indiens,  Turcs,  Zingiens  ;  c'eft-à-dire  ,  de  la  Langue  des  Peuples  du 
Zanguebar  ,  Nabatheens  ,  Syriaques ,  Hébreux ,  &  Grecs ,  qui  fe  trouvent  dans 
l'jAlcoran. 

KETAB  almothallath  le  Arfchemides.    Traite  des  Triangles.    Titre  d'unLi-- 
vre  d'Archimede,  traduit  du  Grec  en  Arabe. 

KETAB  alraohabbat  le  Arifthou.  Traité  de  l'Amitié.  Ouvrage  d'Ariflote 
traduit  du  Grec  en  Arabe,  diviie  en  trois  Parties,  ou  en  trois  Livres,  fuivant 
Hagi  Khaifah.  Cependant,  il  n'y  en  a  qu'un  feul  Livre  fuivant  le  Catalogue 
de  Diogene  Laerce. 

KETAB  àlmakhrouthat  fi  ahual  alkhothouth  almomtahanah  le  Abolonious; 
Titre  de  l'Ouvrage  touchant  les  figures  Coniques  d'Apollonius,  traduit  du  Grec 
en  Arabe,  &  divifé  en  fept  Parties,  ou  fept  Lii-res. 

Hagi  Khaifah  en  faifant  mention  de   ce  Livre  dans  fa  Bibhotheque  Orientale, 
donne  à  Apollonius  les  titres  de  Al  Nagiar,  AI  Hakim  Al  Riadhi,  de  Charpen- - 
tier,  ou  Architefte ,  &  de  Philofophe  Moral. 

Le  même  Auteur  remarque  encore,  que  lorfque  le  Khalife  AI  Mamon  fit  la 
recherche  de  Livres  Gi-ecs  fur' toutes  fortes  de  iciences  pour  les  faire  interpré- 
ter en  Arabe,  l'exemplaire  de  celuy-cy,  qui  fe  trouva  parmi  les  autres  qui  luy 
furent  apportez,  contenoit  feulement  fept  Livres;  mais  que  l'on  connue  p=ir  la 
Préface,  que  l'Ouvrage  entier  en  comprenoit  huit ,  &  même  que  le  huitième 

E.e  e  3  fervoit . 


400  K  E  T  A  B, 

fervoit  de  fondement  &  d'intelligence  aux  autres.  De  plus ,  que  l'on  decou- 
vrit  qu'il  ne  fe  trouvoit  que  dans  la  bibliothèque  des  Empereurs  Grecs ,  lefqueis 
en  étoient  fi  jaloux,  qu'il  n'y  eut  pas  moyen  d'en  avoir  communication. 

Hagi  Khalfah  qui  eft  mort  l'an  1067  de  l'Hegire  ,  de  J.  C.  1656  ,  ajoute 
que  ce  huitième  Livre  ne  s'étoit  pas  encore  trouvé  jufques  à  fon  temps,  & 
Abou  Moufla  qu'il  cite,  a  remarqué  que  ce  même  Livre  contenoit  quatre  figu- 
res expliquées  &  demonftrées. 

Pour  ce  qui  regarde  la  Traduélion  eh  Arabe  des  fept  premiers  Livres,  Ah- 
med Ben  Moufla  Al  Hamfi,  natif  de  la  Ville  de  Hams,  ou  d'Emeffe,  a  inter- 
prété les  quatre  premiers,  &  Thabeth  Ben  Corrah  les  trois  derniers,  &  l'Ou- 
vrage entier  à  été  revu  &  corrigé  par  Haflan  Ben  Moufla,  Ben  Schaker. 

KETAB  almodhakker  v  almouanneth.  Traité  du  Mafculin  &  du  Féminin. 
Plufieurs  Auteurs  ont  compofé  des  Ouvrages  de  Grammaire  Arabique  fous  ce 
titre;  eptre  autres,  Hoflàin  Ben  Ahmed  Al  Nahoui,  furnommé  Ben  Khalouialî, 
mort  l'an  370  de  l'Hegire,  Abou  Khatem  Salial  Ben  Mohammed  Al  Segeftani, 
&  Ahmed  Ben  O'beïd  Al  Koufi. 

KETAB  meflaïl  alheïoulaniat  le  Arillhou.  Livre  de  Queflions  touchant  1» 
Matière  ,  attribué  à  Arifliote  ,  &  divifé  en  quatre  Livres.  Ils  luy  attribuent 
deux  autres  Ouvrages  de  Queftions,  l'un  fur  le  vin  &  fur  l'yvrefle,  où  il  y  en 
a  vingt- deux,  &  l'autre  de  Queflions  naturelles. 

KETAB  mefl'ahat  alafchkal  albafTithat  v  alkeriat.  Livi-e  de  Géométrie  tou- 
chant les  figures'  Régulières  &  Spheriques.  Ouvrage  compofé  par  Abou  Moulfa 
Mohammed  Ben  Holfaïn.  Il  y  a  dix-huit  figures  qui  ont  été  dreflTées  par  Naflîr 
eddin  Al  Thoufli. 

KETAB  meflahat  aldaïrat  v  bakarha  le  Arfchemides.  Traité  du  Cercle, 
Ouvrage  d'Archimede. 

KETAB  meflahat.  Livre  de  Géométrie.  Ouvrage  compofé  par  A'ii  Ben 
Al  Heïtem. 

KETAB  almeflafat.  Traité  des  Longitudes  &  des  Latitudes.  Ouvrage  de 
Géographie ,  compofé  par  Kafcbgari. 

KETAB  almaflliken  le  Thaoudoufious.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Géométrie 
de  Theodofius,  traduit  du  Grec  en  Arabe  par  Coflhas  Louca  Al  Bâlbeki.  Il  y 
a  douze  figures  qui  ont  été  décrites  &  expliquées  par  Naflireddin  Al  Thoufli. 

KETAB  almafsî  fil  daïrat  le  Arfchemides.     Titre   d'un   autre  Ouvrage  de' 
Mathématique  d'Archimede,  touchant  le  Cercle.  • 

KETAB  almodhaf  le  Arifl:hou.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Philofophie  touchant 
ce  qui  a  rapport  à  autre  chofe,  attribué  à  Arïfl:ote. 

KETAB  almethalê  le  Abficlaous.  Traité  du  "lever  des  Etoiles,  par  Hypfi- 
cles.  Ouvrage  d'Aflironomie ,  traduit  du  Grec  en  Arabe  par  Coflhas  Louca  Al 
Bâlbeki.    Il  à  été  corrigé  par  Al  Kendi,  &  expliqué  par  Naflireddin  A\  Thoufli. 

KETAB 


K    K  T    A    B.  40^ 

KETAB  almââd  alrouhani  v  bothlanho  fadhlan  an  algefnidni  le  Bandokles. 
Traité  du  Retour  de  l'Anic  à  fon  principe  ,  preferabl2ment  au  corps.  Ouvrage 
attribué  à  Empcdocle  prir  les  Arabes ,  fuivant  Hagi  Khalfah  ,  qui  veut  encore 
en  cet  endroit ,  que  ce  Philofopiie  ait  vécu  du  temps  de  David ,  comme  il  a 
déjà  été  marqué  cy-delîlis. 

KETAB  almââden  le  Arifthou.  Traité  des  Mines,  ou  des  Minéraux,  par 
Ariflote.  C'ell  peut-être  une  Partie  des  ti-ente-huit  Livres  qu'il  a  compofés 
de  l'Hilloire  naturelle  fuivant  les  Elemens. 

Giâber  Ben  Haïan ,  ce  fameux  Philofophe  &  Chymifle  ,  a  aufll  compofé  un 
Ouvrage  femblable  fous  le  même  titre,  dans  lequel  il  traite  de  la  génération 
des  Minéraux ,  &  de  leurs  caufes. 

KËTAB^  almââridh.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Morale  fous  des  Paraboles, 
compofé  par  lahia'Ben  Abou  Manfour  AI  Mauflali. 

K  E  T  A  R  almâdni.  Titre  de  plufieurs  Ouvrages  de  Grammaire  Arabique , 
compofé  par  differens  Auteurs ,  entre  autres  par  Abou  IsHak  Ben  Al  Zagiag' 
Al  Nahoui,  qui  a  tiré  particulièrement  le  fien  du  Commentaire  fur  l'Alcoran, 
intitulé ,  Kcfchaf ,  de  Zamakfchari  ;  Aboul  Haffan  Nalfar  Ben  Schamaïl  Al  Na- 
houi ,  mort  l'an  904  de  l'Hegire  ;  Helal  Ben  Al  A'skeri  ;  Abou  Saïd  Mouarrakh 
BenO'mar,  &  Ben  Al  Nahas.  • 

KETAB  almôgezat.  Livre  des  Miracles;  c'efl  un  Abbregé  des  Miracles  des 
Anciens  Prophètes ,  recueillis  par  Abou  Ishak  Ibrahim  Ben  Khalaf ,  Ben  Hamdan. 

KETAB  mârefat  almafTaïl  alêttecadiât.  Titre  d'un  Ouvrage  touchant  ce 
qu'il  efl:  necelTaire  de  croire  dans  la  Religion  Mufulmanne  ,  compofé  par  Kïo- 
hieddin  Al  A'rabi. 

KETAB  alraâarefat  ma  ïegeb  alfchoioukh  âla  alfchebab.  Titre  d'un  Ouvrage 
qui  traite  des  devoirs,  ou  plutôt  des  comolaifances  que  les  Vieillards  doivent 
avoir  pour  la  Jeuneife.    Son  Auteur  efl  Hafedh  Al  Hazemi. 

KETAB  almaâthiat  fil  hendaffat  le  Oklides.     Titre  du  Li\Te  d'EucHde,  in- 
titulé  Data,  traduit  du  Grec  en  Arabe  par  Ishak  Ben  Honaïn,  revu  &  corrigé 
par  Thabeth  Ben  Corrah,  &  expliqué  ou  commenté  par  Naffireddin  Al  Thoullî.- 
Get  Ouvrage  ell  divifé  en  quatre-vingt  cinq  Sellions,  ou  Chapitres. 

KETAB  almafroudhat.    Titre  d'un- Ouvrage  d[e  Mathématique  attribué  à  Ar-- 
chimede  par  les  Arabes.     Thabet  Ben  Corrah  en  a  auffi   compofé   un  fous  le 
même  titre,  où  il  y  a  trente  -  lix  figures  que  Nalïïreddin  Al  Thouflî  à  décrites 
&  expliquées. 

KETAB  almakboul  fi  hal   alkhôîoul.     Titre  d'un  Ouvrage  écrit  en  Turc , 
touchant  les  Chevaux,  par'Scheïkh  Moiiammed  Ben  Moilufa,  plus  connu  ("nus 
le  nom  de  Cadiiizadch .  qui  mourut  l'an  1044  de  rHcgire.     Il  l'a  dédié  au  Sul- 
tan Othman ,  &  renfermé  en  une  Préface ,  &  quaa-e  chapitres. . 

KETAB-: 


4o8  K    E    T    A    B. 

KETAB  almelah  fil  thebb.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Médecine,  compofé  pai 
Badreddin  Al  Masfar  Ben  A'bdalrahman  Al  Bâlbeki,  Al  Deraefchki.  Ce  Livre 
efl  eilimé  parmy  les  Arabes  ,  parce  que  l'Auteur  y  a  renfermé  ce  qu'il  avoit 
lu  de  meilleur  dans  Galien  ,  &  autres  Médecins  illultres  qui  avoient  vécu 
avant  lui. 

KETAB  almoîk  le  Arifthou.  Titre  de  l'Ouvrage  d'Arillote  ,  De  Regno^ 
c'eft-à-dire  ,  de  l'Etat  Monarchique  ,  traduit  du  Grec  en  Arabe  ,  &  divifé  en 
quatre  Parties ,  ou  Livres.  Cependant ,  il  eft  en  un  feui  Livre ,  fuivant 
Diogene  Laerce. 

KETAB  almalkout.  Titre  d'un  Ouvrage  qui  traite  de  la  grandeur  &  delà 
puifFance  de  Dieu,  &  particulièrement ,  du  Monde  fuperieur  &  intelligible.  Il 
a  pour  Auteur  Abou  Giâfar  Mohammed  Ben  A  bdallah  Al  Keïffani. 

KETAB  almalkout  v  êlm  algebr.  Livre  du  Monde  Intelligible  &  de  l'Al- 
gèbre.   Il  eft  attribué  au  Patriarche  Adam  par  les  Mahometans. 

KETAB  almalkout.  Traité  de  la  Puiffance  fouveraine ,  compofé  par  Saïd 
Ben  Madat  Al  Balkhi. 

KETAB  menazel  alcamar.  Titre  d'un  Ouvrage  compofé  par  Kankah,  Phi- 
Idfophe  Indien ,  touchant  les  Efprits  celeftes  qui  gouvernent  les  Planètes  ,  & 
touchant  leurs  effets  &  leurs  influences. 

KETAB  almenadher  le  Oclides.  Livre  de  Géométrie.  Ouvrage  d'Euclide 
en  64  figures,  qui  ont  été  décrites  &  expliquées  par  Naflîreddin  Al  Thouffi. 

KETAB  almonakkadhat  alhodoud  le  Ariflhou.  Titre  d'un  Ouvrage  d'Arith- 
métique, attribué  à  Ariftote. 

KETAB  almonakkadhat.  Titre  d'un  Ouvrage  d'Ebn  Katibah  Al  Deïnouri, 
dans  lequel  il  concilie  les  contradiflions  qui  fe  rencontrent  dans  \qs  Traditions 
que  les  Mahometans  difent  être  émanées  de  la  bouche  de  Mahomet. 

KETAB  almenamat.  Titre  d'un  Traité  des  Songes,  &  de  leur  Interpréta- 
tion, compofé  par  Ben  Abouldonia. 

KETAB  man  raua  an  abihi  v  an  geddihi.  Titre  d'un  Livre  dans  lequel 
l'Auteur,  qui  eft  Cothlou  Boga ,  raconte  les  particularitez  qu'il  a  entendu  dire 
à  fon  père  &  à  fon  grand-pere. 

"KETAB  almanthek.  Traité  de  la  Logique.  Deux  Auteurs  Arabes  ont 
écrit  de  la  Logique  fous  ce  titre  ,  Abou  Ahmed  Ben  HofTaïn  lien  A'bdallah 
Al  A'fkeri,  &  Aboul  Holfaïn  Ahmed  Ben  Sàad  Al  Kateb  Al  Lsfahani  ,  mort 
environ  l'an  350  de  l'Hegire. 

KETAB  almouazenat.  Livre  de  l'Egalité,  ou  de  la  JnftefTe.  Titre  d'un 
Ouvrage  compofé  par  Al  Malek  AlMouïad  Ifmaïl  Ben  AH  Saheb  Hamah,  Roi, 
ou  Prince  Souverain  de  la  Ville  &  de  l'Etat  de  Hamah  en  Syrie. 

KETAB 


K    E    T    A    B.  40^ 

■KETAB  almauazin.  Livre  des  Balances.  Ouvrage  comporé  par  Aboul'A 'fa- 
bas  Al  Cadhi  Ahmed  Ben  Aliraed  Al  Thabari. 

KETAB  almaualid.  Traité  des  Couches  des  femmes.  Ouvrage  compofc  par 
Kankah ,  Philoibphe  &  Médecin,  Indien. 

KETAB  ahnaut.  Le  Livre,  ou  Traité  de  la  Mort.  Ouvrage  compofc  par 
Abouldonia. 

KETAB  almoufîîki  alkebir.  Le  grand  Livre  de  la  Mufique.  Titre  d'un  Ou- 
vrage touchant  cette  Science,  divifé  en  deux  Parties  ,  &  compofé  par  Aboul' 
A'bbas  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Sarakhfi ,  mort  l'an  286  de  rilegirc.  Il  en 
a  compofé  un  autre  fous  le  titre  de  Ketab  alraoufliki  Al  Saghir,  Le  petit  Li- 
vre de  la  Mufique, 

Thabcth  Ben  O'mar  Al  Subi  ,  Sabien  de  Religion,  a  aufli  compofé  un  fem- 
blable  Ouvrage,  divifé  en  quinze  Serions, 

KETAB  alraaudhouat.  Traité  des  Objets.  Ouvrage  attribué  à  Arillote. 
Il  efl  divifé  en  trente -quatre  Mecalat ,  Difcours  ,  ou  Livres.  Il  y  en  a  un 
autre  qui  luy  eft  auffi  attribué  ,  divifé  feulement  en  deux  Mecalat. 

KETAB  almiat.  Traité  des  Eaux.  Ouvrage  compofé  par  Abou  Zeïd  Sâïd 
Ben  Aous  Al  Khazergi. 

KETAB  almaïmoun.  Le  Livre  béni.  Titre  d'un  Ouvrage  Hiflorique,  fans 
nom  d'Auteur,  cité  par  Khazergi  dans  fon  Hiftoire  de  l'Arabie  heureufe,  fui- 
vant  le  le  témoignage  de  Hagi  Khalfah. 

KETAB  alnabat  le  Ariflhou,  Livre  des  Plantes.  C'efl  le  titre  de  fOuvrafe 
qu'Arillote  a  compofé  fur  les  Plantes  en  deux  Livres,  comme  il  eft  marqué 
dans  Diogene  Laerce  ,  lequel  a  été  traduit  en  Arabe  par  Ishak  Ben  Honaïn, 
fuivant  la  corredion  de  Thabeth  Ben  Corrah.  Hagi  Khalfah  ajoute,  que  Nico- 
laous,  ou  le   Philoibphe  Nicolaus,  a  fait  un  Commentaire  fur  cet  Ouvrage. 

Abou  Kharan  Sahal  Ben  Mohammed  Al  Segeftani  a  auflî  traité  des  Plantes  fous 
le  même  titre,  de  même  que  Ben  Aous  Al  Khazergi  ,  Ben  Karib  Al  Alinâï, 
Al  Deinouri,  Abou  Giàfar  Mohammed  Ben  Habib  Al  Bagdadi. 

KETAB  alnabdh  le  Arifthou.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Médecine  touchant 
le  poulx,  ou  le  battement  des  artères,  attribué  h  Ariftote,  en  un  feul  Livre. 
Le  Médecin  Juif  Abou  lâcoub  Ishak  Ben  Soliman  AI  Ifraïli  ,  a  compofé  un 
Ouvrage  femblable  fous  le  même  titre. 

KETAB  alnogioum  v  afrathom  le  Arifthou.  Titre  du  Livre  d'Aftronomie 
compofé  par  Ariftote,  fuivant  le  Catalogue  de  Diogene  Laerce,  traduit  du  Grec 
en  Arabe.  Ofchak  Al  Mohndes,  c'eft-à-dire,  le  Mathématicien,  a  auffi  écrit  do. 
j'Aftronomie  fous  le  même  titre. 

KETAB  alnahl  v  alâfl.  Traité  des  Abeilles  &  du  miel.  Ouvrage  compofé 
par  Ben  Khatem  Sahal  Al  Segeftani.  Abou  A'mrou  Ishak  Ben  Morad  Al  Scheï- 
bani,  &  Ben  Karib  Al  Afmâï  en  ont  aufli  écrit  fous  le  même  titre. 

Tome  IL  -  Fff  KETAB 


4fé  IC    E    T    A    R. 

KETAB  alnefla  alfchouaêrah  ,  Livre  touchant  les  femmes  qui  ont  excellé 
dans  la  Pocfie  Arabique.  Ouvrage  comporé  par  Halian  Ben  Al  Tharkah.  Aboul- 
farag'  Al  ïhalgi  a  aullî  écrit  fur  le  même  fujct. 

KETAB  alnesbat  algioudhour  le  Abolonious.  Traite  de  la  Proportion  des 
I^acines  quarrces.  Ouvrage  d'Apollonius,  divifé  en  deux  Parties,  ou  en  deux 
Livres,  dont  le  premier  à  été  revu  &  corrigé  par  Thabeth  Ben  Corrah  ;  mais 
il  n'a  pas  touché  au  fécond ,  parce  qu'il  n'étoit  pas  intelligible. 

KETAB  alnaiïaïh  le  Ariflhou.  Le  Livre  des  Confeils.  Ouvrage  d'Ariflote,, 
fuivanc  le  Catalogue  de  Diogene  Laerce,  traduit  du  Grec  en  Arabe. 

KETAB  alnalfiïh.  Autre  Livre  des  Confeils,  femblable  au  précèdent,  corn- 
pofé  par  Ibrahin  Ben  îshak,  Ben  Ibrahim  Al  Aïhi,  oi^  Al  Aïgi,  AlKorthobi, 
natif,  ou  originaire  de  la  ville  de  Cordouë. 

KETAB  alnadham.  Traité  de  la  Poëfie  Arabique.  Ouvrage  compofé  par 
Aboul  Halfan  Ali  Ben  lahia  Al  Giorgiani. 

KETAB  nafth  aldemm  le  Arifthou.  Traité  du.  Crachement  de  fang.  Titre 
d'un  Ouvrage  attribué  à  Arillote,  par  les  Arabes. 

KETAB  alnefes  le  Ariflhou.  Traité  de  l'Ame.  C'eft  le  titre  du  Traité  de 
l'Ame  d'Ariflote,  que  les  Arabes  ont  djvifé  en  trois  Livres,  ou  trois  Parties, 
quoyqu'il  n'y  en  ait  qu'un  Livre  fuivant  le  Catalogue  de  Diogene  Laerce.  Il 
a  premièrement  été  traduit  en  Langue  Syriaque  par  Ishak  Ben  Honaïn,  &  de- 
puis en  Arabe  avec  le  Commentaire  d'Alexander  Aphrodifeus.  Baflhious ,  Au- 
teur Syrien,  l'aaulîi  commenté  en  Syriaque;  &  fon  Commentaire  a  été  traduit 
en  Arabe,  de  même  que  celui  d'Alexander  Aphrodifeus.  Les  Auteurs  Arabes 
qui  fuivent  ont  aufli  écrit  de  l'Ame. 

Aboul'  A'bbas  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Sarakhfi ,  qui  étoit  Médecin,  le- 
quel efl  mort  l'an  286  de  l'Hegire. 

Mohieddin  Ben  Al  A'rabi. 

Mohammed  Ben  A'mrou  Al  Razi ,  &  fon  Ouvrage  a  ete  commenté  &  expli- 
qué pnr  A '11  an  i. 

Sadreddin  Molla  A'ii  Al  Sameri,  Al  Demefchki,  mort  l'an  620  de  l'Hegire. 

KETAB  altafris  le  Arfchagianes.  Traité  de  la  Phyfionomie ,  par  Archige- 
ncs    Auteur  Grec,  dont  l'Ouvrage  a  été  ti'aduit  en  Arabe  fous  ce  titre. 

KETAB  alnekah.  Traité  du  Mariage  fuivant  la  Loi  Mufulmanne,  Ouvrage 
dont  Ben  Al  A'rabi  efl  Auteur. 

KETAB  alnamalat  V  albdoudhat.  Livre  de  la  Fourmi  &  du  Moucheron.  Ou- 
vra^^e  de  Fables  Morales  ,^ compofé  par  Ali  Ben  O'beïdah  Al  Rihani  ,  un  des 
hommes  les  plus  éloquens'  de  fon  temps ,  &  favory  du  Khalife  Al  Mamoun. 

KETAB  alnauagi  û  akhbar  alboldan.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Géographie, 
compofé  par  Ahou  Ishak  Ibrahim  Ben  Ahmed  Al  Anbari ,  Al  Kateb ,  mort 
Tan  31-2  du  l'Hegire, 

KETAB 


K  E  T  A  B.  41J 

KETAB  Nouffchal  Al  Hendi.  Livre  de  Nouffchal,  Médecin  Indien.  Ouvra- 
ge de  cet  Auteur ,  qui  y  traite  de  cent  maladies  différentes  ,  ik  d'un  remède 
différent  pour  chacune. 

KETAB  alnoum  v  alrouiab.  Traité  du  Sommeil  &  des  Songes.  Til;re  d'un 
Ouvrage  de  Sarakhfi. 

KETAB  fi  nil  Mefr  le  Arifthou.  Traité  du  Nil,  Fleuve  d'Egypte.  Ou- 
vrage divifé  en  trois  Parties,  ou  en  trois  Livres,  &  attribué  à  Arillote. 

KETAB  vageb  fil  forôu  alfekh.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Jurifprudence  Mu- 
fulmanne  ,  compofé  par  Aboul  HalTan  Manfour  Ben  Ifraâïl  Al  Mefri ,  mort 
l'an  306  de  l'Hegire, 

KETAB  aluahadat  alelahiat.  Traité  de  l'Unité  d'un  Dieu.  Ouvrage  dont 
l'Auteur  eft  Aboul'  A'bbas  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Thabib,  lequel  eft  mort 
l'an  286  de  l'Hegire. 

KETAB  aluohoufch.    Livre  des  Animaux.     Les  Auteurs  fuivans  ont  écrit 
de  leur  Hiftoire  fous  ce  titre. 
Abou  Mouffa  Soleïman  Ben  Mohammed  Al  Giagathi. 
Abou  Khatem  Sahal  Ben  Mohammed  Al  Segeftani. 
Abou  Sâïd  Holfaïn  Ben  Hoflaïn  Al  Sekri,  mort  l'an  275  de  l'Hegire. 
Abou  Sâïd  A'bdalmalek  Ben  Karib  AI  Afmâï. 

KETAB  alualfaïa  bclgiodour.  Titre  d'un  Livre  qui  traite  de  l'Algèbre.  Il 
a  été  compofé  par  Abou  Kamel  Schagiâ  Ben  Aflara. 

KETAB  aluaffaïa  alhaià  v  almemat.  Livre  des  Préceptes  pour  bien  vivre 
&  pour  bien  mourir.  Livre  de  Morale  dont  l'Auteur ,  qui  ne  s'efl:  point  fait 
connoître  ,  a  tiré  Con  Ouvrage  des  PalTages  des  Prophètes ,  des  Perfonnagcs 
reputez  Saints  parray  les  Mufulmans,  &  des  Ouvrages  des  Sçavans. 

KETAB  fil  uaffaia  Fitagoras.  Titi-e  d'un  Ouvrage  fur  les  Vers  dorez  de 
Pythagore,  compofé  par  Aboul'  Abbas  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Sarakhfi, 
inort  l'an  276. 

KETAB  fi  afrar  omm  alcoran.  Titre  d'un  Commentaire  fur  le  premier 
Chapitre  de  l'Alcoran,  que  l'on  appelle  Fathat,  &  Omm  alcoran.  Son  Auteur 
eft  incertain. 

KETAB  fil  vaffaïa.  Livre  de  Préceptes,  Plufieurs  Auteurs  ont  écrit  de  la 
Morale  fous  ce  titre  ,  comme  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Kerafïï ,  Al  Hendi , 
Abou  Hanifah,  Ahmed  Ben  Daoud,  Al  Deinouri,  &  Abou  Giâfar  Ahmed  Ben 
Mohammed  Al  Sakhaoui. 

KETAB  aluocoufat  le  Kauikeb.  Titre  d'un  Livre  de  Magie  fuivant  lama- 
ciére  pratiquée  parmy  les  Grecs,  fans  nom  d^Auteui*. 

Fff2  KETAB 


412  K  E  T  A  ïï. K  E  T  B  0  G  A. 

KETAB  alh^ndaiTrît  alkebir.  Titre  d'un  Ouvrage  de  Géométrie,  compofc 
par  Aboul  Callem  A<;bâ  Ben  Mohamiried  Al  Garnathi ,  natif ,  ou  originaire  de 
la  Ville  de  Grenade  en  Efpagne  ,  &  lurnomraé  Al  Mohandes,  le  Géomètre. 
11  eft  mort  l'an  426  de  l'Hegire.  Le  mcme  Auteur  a  mis  au  jour  une  Géo- 
métrie «pratique  fous  le  titre  de  Ketab  fi  alaàmdl  alliandJilfah ,  divifée  en  treize 
Chapitres. 

.  K  E  TA  B  aîïetim  le  Arifbhou,'  Traité  de  Flncomiiarable  Ouvrage  ,  attribué  à 
Arillote,  qui  Ta  addrelle  à  Alexandre  le  Grand,  fuivant  les  Arabes,  &:  qui  7 
traite  eu   Vainqueur,  &  du  Vaincu. 

.    KETAB  aliaum  v  alleïl.    Traité  du  Jour  &  de  la  Nuit.     Ouvrage  d'Allro- 
nomie,  compofé  par  Abou  O'mar  Thaàleb,  furnorami  Golam  Thaâleb. 

KETAB- KHAN  EH.  Bibliothèque.  Les  Perfans  &  les  Turcs  appellent 
ainfi-  le  Lieu  où  les  Livres  font  confervez.  Mais  ils  ne  donnent  pas  ce  nom 
aux  Catalogues  des  Livres,  comme  nous  le  faifons  avec  les  Grecs  &;  les  La^ 
tins.    Ils  les  nomment  ordinairement  du  nom  de  Fihirifl. 

KETBOGA  Al  Manfouri.  Nom  propre  du  dixième  Sultan  de  la  première 
DN'nallie  des  Mamelucs  en  Egypte,  lequel  ayant  été  choifi  pour  monter  fur  le 
Trône,  fut  furnommé  Al  Malek  Al  A'del.  Il  fucceda  l'an  694  de  l'Hegire, 
au  Sultan  M  Ivlalek  Al  NalTer,  fils  de  Kelaoun,  qui  avoit  été  dépofé  à  caufe 
de  fon  bas  âge ,  &  fut  reconnu  à  fa  place  pour  Sultan  en  Egypte ,  &  en  Syrie. 
Les  Hiftoriens  remarquent,  que  le  Nil  ne  crût  pas  cette  année -Là  à  fon  ordi- 
naire, &  que  cela  caufa  une  très-grande  cherté  qui  fut  fuivie  de  la  pefi:e. 

L'année  fuivante,  qui  fut  695-,  Cazan  khan  fils  d'Argoun,  fils  d'Abaka,  fiîs 
de  Holagou ,  Empereur  d^s  Mogols  ,  ou  Tartares  ,  fit  un  tel  ravage  dans  la 
Syrie,  que  plus  de  dix  mille  hommes  avec  leurs  familles,  furent  contraints  de 
fe  réfugier  en  Egypte,   où   Ketboga  les  reçut  fort  bien.,  &  leur    donna  des 

Terres. 

L'an  696,  Lagin  &  Carafancor,  principaux  Chefs  de  la  Milice  des  Mamelucs , 
fe  révoltèrent  contre  Al  Malek  Al  Adel  Ketboga.  Ce  Sultan  n'ayant  pas  SLÏTez 
de  forces  pour  leur  refifter  ,,  s'enfuit  d'Egypte,  à  Damas,  où  il  s'abdiqua  lui. 
ftîême ,  &  obtint  de  Lagin  qui  prit  fa  place ,  la  Ville  de  Sarkhod  pour  y  vivre 
en  particulier ,  après  avoir  régné  l'efpace  de  deux  ans.  Il  eut  pour  fucceffeur, 
Lagin,  dit  Almalek  Al  Manfour.    Bm  Schohnah. 

KETBOGA.  Nom  d'un  General  des  armées  des  Mogols,  ou  Tartares,  qui 
fut  laifle  par  Holagou  en  Syrie. avec  dix  mille  chevaux,  pour  conferver  ce  pays 
nouvellement  conquis,  l'an  658  de  l'Hegire. 

Mais,  auîîi-tôt  que  Malek  Al  ModhafFer  Kothouz,  troifiéme  Sultan  des  Mar 
meîiics  en  E-gypte',  eut  appris  que  Holagou  s'étoit  retiré  vers  la  Perfe,  il  par- 
tit d'Egypte  avec  fes  troupes  qu'il  joignit  à  celles  de  Syrie  ,  &  donna  bataille 
à  Ketboga  qu'il  défit  à  plate  couture.  Ce  fut  dans  ce  combat,  que  les  Tarta- 
ms  invincibles  jufe]u alors,  furent  vaincus  pour  la  première  fois. 

Ketboga  relia  mort  fur  la  place,  '&  fon  fils  demeura  prifonnicr  des  Ma- 
sneclucs.. 

r         .  KETCHBASCa. 


K  E  T  C  H  B  A  s  C  H.        K  E  T  H  I  R.  413 

■  KETCHBASCH.  Tefte  ds  feutre.  Nom  que  les  Perfans  donnent  aux 
Uzbeks,  &  au^  Tartares  ,  qiù  leur  font  fouvent  la  guerre  dans  le  KhorafTan. 
Ce  mot  efl  Turc,  &  a  pris  Ton  origine  des  bonnets  ,  ou  efpeces  de  chapeaux 
de  feutre,  que  Tamcrlan  fit  prendre  à  fes  foldats ,  lorfqu'il  entreprit  la  Con- 
quête de  la  Perfe. 

Les  Perfans  font  nom-n:z  aufîi  par  les  Turcs  &  par  les  Tartares,  Kezel ,  ou 
Kiiilbafch,  Têtes  rouges,  à  caufe  de  la  couleur  de  leur  bonnet,  ou  Turban, 
que  les  autres  Maliometans  portent  ordinairement  blanc. 

KETFIIR,  Aboubekr  A'bdallah  Ben  Kethir,  Nom  d'un  des  Perfonnages, 
ou  Doftjurs  qui  l'on  appelle  du  nom  de  IMocri,  c'eft-à-dire,  Leftcurs  de  l'Al- 
coran  à  la  Mecque.  Il  naquit  dans  la  même  Ville  l'an  45  de  l'Hcgire,  &  mou- 
rut l'an  120  fous  le  Khalifat  de  Hefchim  fils  d'A'bdalmalek,  de  la  Maifon  des 
Ommiades.  Il  eut  entre  ies  Difciples ,  deux  célèbres  Dofteurs  ,  Mogiahed  Ben 
'  Giobaïr,  &  A'bdaliah  Ben  Al  Saïb. 

On  dit  qu'il  vit  en  fonge  Mahomet  aflls  fur  la  chaire,  ou  Tribune  du  Tem- 
ple, lequel  luy  dit:  J'ay  caché  de  grands  trcfors  fous  cette  chaire,  &  j'ay  don-  ' 
né  ordre  k  Malek  de  les  diflribuer  aux  pauv^-es,  allez  donc  le  trouver.     FoycZ 
e  titre  de  Malek. 

KETHIR.  Abou  Kethir  Ben  Manfour,  Ben  Ammar,  Ben  Kethir.  Nom 
d'un  Doftcur  infigne  parmy  les  Mufulmans,  natif  de  la  Ville  de  Merou  en 
Khoralîan,  d'où  il  étoit  venu  demeurer  &  s'établir  à  Baiïbrah.  Il  y  a  des  Sen- 
tences de  luy  qui  font  admirables,  &  fes  prédications  font  fort  eftimées  parmy 
les  Mahometans  ,  qui  tiennent ,  que  perfonne  n'a  jamais  eu  une  narration  pins 
éloquente.  Il  a  vécu  avec  la  réputation  d'un  homme  profond  dans»les  fciences, 
&  d'une  pieté  exemplaire. 

Les  Mémoires  de  la  Vie  de  ce  Dofleur  portent,  qu'il  vit  en  fonge  Mahomet 
qui  luy  cracha  dans  la  bouche,  &  que  déquis  ce  temps-là,  il  ne  prononça  que 
des  fentences  &  des  oracles. 

Ces  mêmes  Mémoires  portent  encore,  qu'ayant  oiii  dire  que  fur  le  rapport 
d' A'bdaliah  Bon  A'mrou,  Ben  A 's,  que  Mahomet  avoit  autrefois  prononcé  ces 
Paroles:  Man  aàiïhi  alm.ekafleb  faâlaïhi  bemefr  v  âlaïhi  bclgianeb  algarbi  menha : 
Qui  ne  gagne  rien,  aille  en  Egypte,  &  vers  les  Parties  Occidentales  du  même 
Pays  ,  il  y  alla  &  fe  mit  à  prêcher  au  peuple  ,  &  à  difcourir  de  la  Religion 
dans  les  allemblées  publiques,  &  Laïth  Ben  Saâd  luy  fit  prefent  de  mille  piè- 
ces d'or.  Il  alla  enfuite  à  Bagdet  où  il. mourut  l'an  225  de  l'Hegire.  Il  étoit 
ti-ès-fçavant  dans  les  Traditions  de  Mahomet  qu'il  ayoit  reçues  du  même  Laïth 
Ben  Saâd. 

Fadh  Ben  Rabî  raconte  ,  que  Kethir  étant  invité  par  le  Khalife  Haroun  Al 
Rafchid  de  lui  dire  quelque  choCe  d'édification  en  peu  de  mots  ,  il  prononça 
ces  paroles  :  Min  âff  fi  giamalho  v  alTa  men  mâlho  v  âdal  fi  folthanho  katabho 
allah  men  alâhrar  :  Celuy  qui  efl:  modefte  dans  fa  grandeur,  libéral  de  fes  biens 
&  jufte  dans  fon  gouvernement.  Dieu  l'a  écrit  fur  le  Livre  de  fes  Elus.  Le 
Khalife  fut  fi  touché  de  ces  paroles  qu'il  en  verfa  des  larmes.     RaH  alakhiar. 

Il  efl:  rapporté  dans  le  même  Ouvrage  de  Rabî  alakhiar  ,  qu'un  autre  jour  le 
même  Khalife  l'ayant  prié  de  luy  dire  quelque  chofe  d'utile  pour  fon  falut ,  il 
luy  fit  cette  interrogation  :  Si  vous  aviez  befoin  d'un  verre  d'eau ,  &  qu'il  vous- 

Fffs.  fallut 


4T4  K  E  T  H  I  R.  ^  K  E  Z  E  L  B  A  S  C  H. 

fallut  donner  la  moitié  du  Monde  pour  l'acheter,  l'acheteriez-vous  à  ce  prix? 
Le  Khalife  luy  aj^ant  répondu  qu'il  l'acheteroit,  il  luy  demanda  encore:  Et  11 
vous  étiez  dans  quelque  foiiillure  défendue  par  la  Loy  ,  donneriez -vous  l'au- 
tre moitié  du  Monde  pour  vous  en  nettoyer  ?  Le  Khalife  répondit  qu'il  le 
fei'oit.  Alors  le  Scheïkh  réprit  fon  difcours  &  luy  dit  ces  belles  paroles:  Vous 
voyez  comment  Dieu  a  rendu  le  Monde  méprifable  &  digne  d'horreur;  cepen- 
dant vous  achetez  avec  un  verre  d'eau  ce  qu'il  y  a  de  plus  horrible  &  de  plus 
pernicieux:  Kabbah  allah  aldonia  betââ  v  taichtari  befcharbat  men  ma  deboulho. 

KETHIR.  Ebn  Kethir.  Surnom  d'ifmaïl  Ben  O'mar  Al  Demefchki,  Au- 
teur d'un  Ouvrage  intitulé  Ahkam  alfogra  hl  hadith.  Il  a  aufli  compofé  un 
Tarikh  ou  une  Hifloire  par  années,  jufques  en  l'an  738  de  l'Hegire  ,  intitulée 
Anba  algemri.  Il  y  traite  particulièrement  des  choies  qui  regardent  l'Egypte. 
On  a  encore  de  luy  un  Livre,  intitulé  Bedaïah  v  nehaïah,  le  commencement 
&  la  fin  fur  la  Chronique  d'O'madeddin  Al  Khateb.  Quelques-uns  luy  donnent 
aullî  le  titre  d'O'madeddin. 

Il  eft  mort  l'an  744  de  l'Hegire, 

KETKHODx\.  Mot  qui  fîgnifîe  en  Perfien  &  en  Turc  Maître  d'Hôtel. 
Mais  on  étend  fouvent  fa  fignifîcation.  Car  les  Turcs  appellent  Ketkhoda  ,  & 
fuivant  la  prononciation  vulgaire  Kiahia ,  l'Agent  ou  le  Refident  d'un  Prince 
auprès  d'un  autre ,  comme  aulîî  celuy  auquel  on  a  donné  procuration  pour  une 
ou  pour  plufieurs  affaires.  C'efl:  auffi  chez  les  Vizirs,  chez  les  Pafchas  &  chez 
les  grands  Seigneurs,  l'Intendant  &  le  premier  Commis.  Les  Pcrfans  fe  fervent 
auflî  de  ce  mot,  pour  fignifier  un  Père  de  famille,  qui  efl  fa  première  fignifî- 
cation âc  la  plus  fîmple. 

KEZEL  ARSLAN  ou  Kizil  Arfîan,  comme  les  Turcs  le  prononcent.  Ce 
mot,  qui  fîgnifîe  en  Turc  un  Lion  rouge,  eit  devenu  un  nom  propre. 

KEZEL  ARSLAN  Ben  Ildighiz.  Nom  d'un  Atabek  dans  l'Adherbigian, 
lequel  a  beaucoup  fait  parler  de  luy  pendant  le  règne  de  Thogrul,  fils  d'Arflan 
le  Selgiucide.  Car  ce  Seigneur,  après  la  mort  de  Mohammed  ,  fon  frère  aîné, 
qui  fut  le  plus  vaillant  homme  de  fon  temps  &  qui  avoit  été  toujours  très -fi- 
dèle aux  Selgiucidcs,  entreprit  de  chalfcr  Thogrul  de  fa  Ville  Royale  de  Hama- 
dan.  Il  le  fit  enfuite  prifonnier  dans  le  fort  Château  de  Nagia  3  &  s'empara 
iuy-même  du  Sulthanat. 

Mais  Fakhreddin  Cutluk  ,  fon  neveu  ,  piqué  de  jaloufie  &  joint  aux  autres 
•Seigneurs  de  fa  Cour,  conlpira  contre  luy  &  le  fit  mourir.  Poycz  le  titre  de 
Thogrul  Ben  Arflan. 

KEZELBASCH  ou  Kizilbafch.  Mot  Turc,  qui  fignifîe  Tète  rouge.  Les 
Turcs  appellent  les  Perfans  de  ce  nom ,  depuis  qu'Ifmaël ,  Fondateur  de  la  Dy- 
mû.[e  des  Princes  qui  régnent  aujourd'huy  en  Perfe  ,  commanda  à  fes  foldats 
de  porter  un  bonnet  rouge  ,  autour  duquel  il  y  a  une  écharpe  ou  Turban  à 
douze  plis,  en  mémoire  &  à  l'honneur  des  douze  Imams,  fuccefTeurs  d'Ali,  def- 
queis  il  prétendoit  defcendre.  Ce  bonnet  s'appelle  en  Perfien  Tag',  <Sc  fut  in- 
Àitué  l'an  907  de  l'Hegire. 

KHABAR. 


K  H  A  B  A  R,  K  H  A  C  A  N  r.  415^ 

KHABAR.  Mot  Arabe,  qui  fignifîe  Nouvelle,  Récit,  Hilloire.  Il  y  a 
plufieuvs  Livres  Arabes  qui  portent  ce  titre,  aulfi-bien  que  celuy  de  fon  plu- 
rier  Akhbar. 

KHABAR  Abil  Sali.  Hilloire  dV\bou  Sali.  Cet  Aboul  Sali  s'étant  luy- 
mème  fait  Eunuque,  &  ayant  pafFé  lage  de  cent  ans,  confe/Fa  qu'il  n'étoit  pas 
encore  exempt  des  mouvemens  de  la  concupilcence. 

Ce  Livre  efi:  éci'it  par  un  Chrétien  d'Egypte,  l'an  des  Martyrs  1392.  II  fe 
trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n°.  798. 

KHABAR  Abina  Ibrahim.  Titre  d'un  Ouvrage  ou  Difcours  de  S.  Ephrem» 
k  byrien  ,  fur  la  defcente  d'Abraham  en  Egypte  avec  fa  femme  Sara.  Il  eft 
dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n*'.  792. 

KHABARI.  Celuy  qui  raconte  01  qui  compofe  des  Hiftoires  particuliè- 
res. C'eft  en  particulier  le  furnom  de  Mohammed  Ben  Ibrahim,  qui  a  écrit  les 
Vies  des  Saints  Mufulmans,  auffi-bien  que  Jafêï,  qui  le  cite  dans  la  Préface  de 
fon  Ouvrage. 


■'t)^ 


KHABER.  Ce  nom  efl  le  même  chez  les  Arabes  que  celuy  de  Hebcr 
chez  les  Hébreux.  Cependant  les  Mahoraetans  appellent  ordinairement  le  Pa- 
triarche Hcber  du  nom  de  Had  ou  Houd  ,  &  il  y  a  un  Chapitre  dans  l'Alco- 
rjn  qui  porte  ce  titre. 

KHABOUSCHAN.  Nom  d'une  Vallée  delicicufe.fur  les  bords  de  la  Mer 
Çafpienne  ,  dans  laquelle  Atfiz,  Sultan  des  Khouarezraiens  ,  mourut.  Foyez  le 
Irtre  de  Atfiz. 

KHACAN.  Nom  gênerai  des  Rois  qui  ont  régné  dans  les  Provinces  Tran- 
fcxanes  parmy  les  Turcs,  les  Mogols,  les  Tartares,  les  Hmthaïens  &  les  Chi- 
nois,   l^oyez  les  titres  de  Turk,  Chin  ou  Tchin. 

KHACAN.  l'flaBen  Khacan.  C'eft  le  même  Perfonnage  qu' Aboul  Nafler 
Al  Caïfli,  Auteur  du  Livre  intitulé  Kelaïd  alekian.  f^oyez  le  titre  de  Caïflî. 

KHACANl.    Surnom  d'Afdhaleddin  Ibrahim  A'îifchir,  excellent  Poè'te  Per-' 
fien,  très-verlé  d'ailleurs  dans  la  plupart  des  Sciences  ,   &  qui  a  mérité  les  élo- 
ges de  plufieui-s  grands  hommes  qui  l'ont  cité  dans  leurs  Ouvrages. 

Il  étoit  nacif ,  de  même  qu'Athireddin  Akhteki  .  du  Pays  de  Farganah  dans- 
le  Turqueftan,  &  il  s'attacha  particulièrement  h  la  Cour  de  Manougeher,  Sul- 
tan de  la  Province  &  Royaume  de  Schirvan.  Mais  ,  ayant  pris  un  dégoût  de 
la  Cour  ,  il  prit  la  refolution  de  fe  retirer  du  Monde  &  de  vivre  dans  l'état' 
de  Dervifche. 

Le  Sultan,   qui  l'aimoit  beaucoup,  ne  put  jamais  confentir  à  cette  retraite  , 
&  luy  rrfula  toujours  le  congé  qu'il  luy  dc-mandoit  avec  grande    inftance  ,  &: 
Gela  l'obligea ,   au   bout  de  quelq'.ie  t:ms  ,    de  prendre  la  fuite   pour   embraffer 
la  vie  à  laquelle   il  afni'oit  depuis  fi   Ion 5 -temps.     Cependant  fon  deflein  ne- 
luy  réuffit  pas.     Car    les  Oiïïjiers   du  Sukan   l'ayant  rencontré  ,   le  ramenerLnt 
à  la  Cour,  &  il  fut  enfermé  l'elnnce  de  fept  mois  par  l'ordre  de  ce  Pri-  ce. 

Ce.  fat  dan^.  cette  prifon- qu'il  compolà  im  Caiïïdah.  ou. Elégie  pleine  de    ha-- 


415  K  H  A  C  0  U  N  I. K  H  A  I  B  A  R. 

crrin,  dans  laquelle  il  parle  de  la  diverfité  des  Religions  avec  tant  de  liberté, 
qu  Azéri  fe  trouva  enfin  obligé  d'y  faire  un  Commentaire,  pour  purger  fon 
amy  du  Ibupçon  qu'il  auroic  pii  donner  de  n'être  pas  bon  Mufulman.  Il  fem- 
ble  qu'il  ait  voulu  imiter  dans  ce  Poërae  fon  maître  Aboul  Ola  ,  lequel  s'eft 
expliqué  fur  ce  fujet  en  des  termes  un  peu  libertins. 

Khacani  étant  enfin  forti  de  ù  prifon  ,  &  ayant  continué  de  rendre  fes  fer- 
vices  à  Manougeher,  obtint,  quelque  tems  après,  la  pcrmiffion  d'exécuter  fon 
ancien  delfein.  D'abord  il  s'accompagna  de  Gemaleddin  Al  MolTouli,  avec  le- 
quel il  fit  le  Pèlerinage  de  la  Mecque  ,  &  il  exerça  fa  veine  à  loiicr  les  fables 
&  les  deferts  qu'il  rencontra  en  fon  chemin,  pour  donner  meilleure  opinion  de 
fon  Mahoraetifme. 

Nôtre  Poëte  eut  de  grands  démêlez  fur  la  Poëfie  avec  Athireddin  Akhteki, 
&  vint  enfin  mourir  en  la  ville  de  Tauris  l'an  582  de  l'Hegire  ,  où  il  fut  en- 
terré auprès  de  deux  autres  Poètes  -fort  célèbres  ,  à  fçavon- ,  Zehireddm  & 
Schahcouri. 

KEiACOUNI.  Nom  d'une  Montagne  de  la  Barbarie  Ethiopique  ,  que  les 
Arabes  appellent  Berberah.  Cette  Montagne  a  fept  croupes  qui  s'avancent  fur 
la  Mer,  &  une  autre  vers  la  terre  qui  s^étend  jufques  à  une  Province  fort  pcu- 
,plée ,  qui  porte  le,  nom  de  Hauiat.     Kdrijfu    . 

KHAFAGIAH.     ^oyez  le  titre  de  Hamaluk. 

KHAFANIAN.  Nom  d'un  des  Pays  qui  eft  des  dépendances  de  la  Ville 
de  Balkh  en  Khoralfan ,  où  les  Turcomans  s'établirent  d'abord  lorfqu'ils  eurent 
palfé  le  Fleuve  Gihon.     i^oyez  le  titre  de  Turkman. 

KHAFFAP.  Surnom  d'Ali  Ben  Emrillah  ,  qui  mourut  l'an  977  de  IHc- 
gire  ,  &  qui  a  compofé  le  Livre  intitulé  Affaaf.  l^oyez  le  titre  de  Ahkam  aluakf. 

KHAFIF.    Voyez  le  titre  de  Ben  Khafif. 

KHAI.  Ce  mot  fignifie  dans  la  Langue  des  Mogols  &  des  Khathaïcns,  Noir 
ou  un  Porc  ,  ou  Sanglier.  Le  douzième  Cycle  de  leurs  années  porte  auffi  ce 
nom.  Les  Turcs  Orientaux  l'appellent  Dongouz,  &  les  Turcs  de  Conftantino- 
ple,  par  corruption,  Domouz. 

KHAIATH.  Tailleur  d'habits,  Tireur  de  Lignes,  Defïïgnateur  &  Ecrivain, 
Les  Mufulmans  donnent  ce  furnom  à  Edris  ,  qui  eil  le  Patriarche  Enoch  ,  à 
caufe  qu'ils  le  croyent  inventeur  de  la  couture  &  de  l'écriture. 

II  y  a  eu  auffi  plufieurs  gens  de  Lettres  parmy  les  Mufulmans  qui  ont  porté 
ce  furnom ,  &,  entre  autres  un  Scheïklî ,  qui  acquit  beaucoup  de  réputation  fous 
le  Khalifat  de  Motadhed.     Voyez  ce  titre.   . 

Un  Abou  A'ii  Al  Khaïath  a  compofé  un  Livre  d'Aflrologie  judiciaire,  inti- 
tulé Ekhtiarat.     Voyez  auffi  le  titre  de  Baffith  Ivhaïath. 

KHAIBAR.  Nom  d'un  Lieu  fort  fertile  en  Palmiers,  fitué  en  Arabie  dans 
la  Province  de  Hegiaz,  à  quatre  journées  de  Medine.    Ce  fut-là  que  les  Juifs, 

qui 


K  ÎT  A  I  L.  K  H  A  L  A  G'.  ^^7 

■qui  avoient  été  chaflez  de  plufieurs  Châteaux  par   Mahomet ,   fe  retirèrent  & 
luy   livrèrent  bataille  l'an  7me.  de  l'Hegire. 

Le  Géographe  Perfien  dit  ,   que^  le  mot  de  Khaïbar  fignifie   en   Langue  Ffe- 
braïque  ForterelTe,     Mais  il  flgnifie  plutôt   une  AlFociation   &  Confédération 
telle  que  les  Juifs  firent  enfemble  contre  les  premiers  Mululmans, 

Il  y  a  encore  un  autre  Lieu  fur  l'Euphrate  qui  porte  ce  même  nom,  où  So- 
liman fchah  voulant  guayer  ce  Fleu\^e ,  pour  palTer  en  Mefopotamie  ,  fe  noya. 
On  y  voit  encore  aujourd'huy  fon  fcpulcre ,  qu'on  appelle  Mezar  Turk  ,  au 
rapport  du  Tag'  altauarik  dans  la  Préface,  où  il  eft  parlé  de  l'origine  de  la  fa- 
mille Ottomanne. 

KHAIL  Ben  MoulTa  Al  Schaker.  Nom  d'un  Auteur  de  plufieurs  Machines 
&  Inftrumens.  P'oyez  le  titre  de  Alât  alâgibah ,  &  celuy  de  Alat  alrouhaniali. 

KHAIR  ABAD.    Foyez  le  titre  de  Khureh  Fars. 

KHAIRALDIN  ou  Khaïreddin.  Titre  qui  fut  donné  à  Barbero/Te  ou 
Barberoufle,  comme  nos  Hiftoricns  l'ont  appelle,  fameux  Corfaire,  par  Soliman 
Empereur  des  Turcs.     Nos  Hiftoriens  Latins  en  ont  fait  le  nom  de  Hariadenus. 

Il  étoic  natif  de  l'Ifle  de  Metelin  dans  l'Archipel,  &  il  avoit  un  frère  nom- 
mé Oroutch  ,  qui  s'empara  du  Royaume  d'Alger ,  après  en  avoir  tué  le  Roy 
Arabe  nommé  Selim.  Khaïreddin  luy  fucceda  &  acquit  tant  de  réputation  fur 
mer ,  que  Soliman  le  fit  Bâcha  de  la  mer  &  luy  donna  le  commandement  de 
cent  galères  avec  cent  mille  écus  d'appointemens. 

Khaïreddin  prit  Tunis  l'an  940  de  l'Hegire  ,  après  avoir  chafTé  les  Vénitiens 
de  la  Morée.  Mais  l'an  943  il  fut  furpris  par  André  Doria  ,  qui  le  battit  & 
reprit  Tunis  Enfuite  il  chercha  long-temps  André  Doria ,  pour  avoir  fa  re- 
vanche &  l'ayant  enfin  trouvé  ,  il  le  défit  entièrement  l'an  945  &  l'obligea  de 
prendre  la  fuite. 

BarberoulTe  mourut  paifiblement  à  Conftantinople  l'an  de  l'Hegire  953 ,  &  fut 
enterré  à  Beziktafch  fur  le  Canal  de  la  Mer  Noire.    Tarikh  AL  O'tlman. 

K  H  AI  VAN.  Nom  d'une  Ville  de  la  Province  d'Ieraen  ou  de  l'Arabie  heu- 
reufe,  à  trente  mille  ou  environ  de  celle  de  Saâdah.  Elle  eft  renommée  par 
fes  bonnes  eaux  &  par  fes  excellens  pafturages.  C'eft  ce  qui  la  rend  fort  peu- 
plée.    JLe  Géographe  Perfien  ^  premier  Climat. 

KHAKAIS'.    Voyez  le  titre  de  Khan  &  celuy  de  Khacan  un  peu  plus  haut, 

KHALAF  Al  Berberi.  Nom  de  l'Auteur  d'un  Livi'c  de  Geomance,  com- 
pris dans  le  Recueil  intitulé  Mag'môu  raml. 

K  H  AL  A  G'  pour  Cal-ag'.  Nom  d'une  Tribu  ou  d'une  Nation  particuliè- 
re du  Turqueftan ,  à  laquelle  Ogouzkhan ,  Roy  de  ce  Pays- là  ,  donna  ce  nom 
a  l'occafion  d'un  accident  qui  arriva  dans  fon  armée  pendant  qu'elle  étoit  en 
marche. 

Un  des  Officiers  étant  demeuré  écarté  du  corps  de  l'armée ,  afin  de  pourvoir 
aux  neceffitez  de  fa  femme  nouvellement  accouchée ,  &  qui  faute  de  nourritu- 

ToME  IL  G  g  g  te. 


4i8  K  H  A  L  A  I.  KHALEDOUN, 

re  ,  manquoit  de  lait  pour  donner  à  fon  enfant ,  il  arriva  qu'il  vit  pafTer  de- 
vant luy  un  Renard,  qui  emportoit  un  lièvre.  L'Officier  luy  donna  la  chafle, 
luy  fit  quitter  prife  &  fît  rollir  le  lièvre,  qui  fervit  de  nourriture  à  la  mère 
de  l'enfant. 

Ogouz  khan  ayant  appris  ce  qui  ctoit  arrivé ,  ordonna  que  l'enfant  avec  tou- 
te  fa  pollcrité  portât  le  nom  du  Khalag'  ou  Cal-ag',  pour  conferver  la  mémoi- 
re d'une  Cl  heurcufe  rencontre  ,  qui  lui  avoit  confcrvé  la  vie  en  faifant  de- 
meurer le  Renard  affamé.  Car  les  deux  mots  de  Cal-ag'  fignifient ,  en  Langue 
Turquefque,  demeure  affamé..    Mirkhoiid. 

KHALAL  Surnom  de  Borhaneddin  Al  Adoui,  qui  a  fuppléé  les  neuf  der- 
niers  Chapitres  qui  manquoient  au  Livre  intitulé  Leffan  alhoccâm  ,  que  Ben 
Schonah  avoit  laiffé  imparfait. 

KHAL  ATHL  Surnom  de  Nag'm  eddin  Aïoub  Ben  A'ïnaldaulat  Al  Haffeb,. 
Auteur  du  Livre  intitulé  Offoul  alahkam. 

KHALE'.  Surnom  de  Hoffàïn  Ben  Mohammed,  Auteur  d'un  Livre  de  Pro- 
verbes de  la  Langue  Arabique ,  qui  porte  le  titre  de  Amthal. 

KHALED  Ben  Valid  Ben  Mogaïrah.  Ce  Perfonnage  étoit  Coraïfchite  ,  & 
fut  un  des  plus  braves  entre  \qs  Arabes  de  la  gentilité  du  temps  de  Mahomet, 
qui  le  qualifia  Saïfallah,  l'Epée  de  Dieu,  après  qu'il  eut  embraffé  fa  Se6te. 

Ce  fut  luy   qui  remporta  la  vidoire  à  la  bataille  de  Moutab  en  Syrie  ,  où 
Heraclius  étoit  en  pcrfonne  avec  cent  mille   hommes   contre  trois  mille   Ara- 
bes,  dont  les  Chefs  furent  tous  tuez.    Khaled  prit  Raïat  aleflam  ,  c'efl- à-dire,. 
l'Etendart  de  la  Foy  ou  du  Mufulmanifme  ,   &  l'on  dit  qu'il  rompit  huit  épées 
en  combattant. 

Il  mourut  dans  la  Ville  d'Emeffe  l'an  21  de  l'Hegire  ,  fous  le  Khalifat  d'O- 
mar ,  &  il  n'y  eut  pas  une  femme  ou  fille  de  la  famille  de  Mogaïrah  qui  ne 
fit  couper  fa  chevelure  fur  fa  fepulture.    Rahî  alabrar. 

KHALED  AT.  Gezaïr  Al  Khaledat.  Les  Ifles  Fortunées.  C'eit  ainfi  que 
les  Arabes  appellent  les  Canaries.     Voyez  le  titre  de  Gezaïr. 

K  H  A  L  E  D  i.  Surnom  d'Aboul  Farag' ,  un  des  principaux  Poètes  de  la  Cour 
du  Sultan  Saïf  aldoulat  Al  Hamadani,     Voyez  le  titre  de  ce  Prince. 

KHALEDOUN  &  Khaledin.  Voyez  le  titre  de  Abou  Rokoub  men  al-- 
ihaledin. 

KHALEDOUN.  Abdallah  Ben  Mohammed,  Ben  Khaledoun  ,  dit  7\1 
Hodhri  ou  Al  Hadhrami ,  parce  qu'il  étoit  natif  ou-  originaire  de  la  Ville  de 
Madhramout  en  Arabie  heureufe. 

Ce  Perfonnage  étoit  Cadhi  de  la  Ville  d'Halep,  lorfqu'elle  fut  prife  par  Ta- 
merlan  qui  l'emmena  avec  luy  à  Samarcande  en  efclavage  ,  où  il  mourut  l'an 
808  de  l'Hegire. 

Nous  avons  de  luy  le  Livî-e  intitulé  Beïan  fi  ferr  alhorouf ,  explication  des 
Myffères  des  Lettres,  c'eft-à-dire ,  des  Lettres  Arabiques.  Il  fe  trouve  dans  la 
Jjihliotheque  du  Roy,  u"',  J0J5, 

KHALEKAN. 


K  H  A  L  E  K  A  N.  K  H  A  L  I  F  A  H.  419 

KIÎALEKAN  Ebn  ou  Ben  Khalekan.  Surnom  d'AbouI'  Abbas  Schamscd- 
din  Ahmed  Ben  Mohammed,  Ben  Ibrahim,  Hiftorien  très-ceJèbrc  des  Vies  des 
Hommes  illuftres  ,  particulièrement  dans  les  Sciences  qui  ont  vécu  parmy  les 
Mufulmans,  qu'il  a  décrites  fous  le  titre  de  Vafiat  alàïan,  les  Morts  des  Hom- 
mes Illuftres. 

Il  compofa  cet  Ouvrage  dans  la  Ville  du  Caire  en  Egypte,  fous  le  rogne  de 
Bibars,  Sultan  d'Egypte  de  Ja  Dynaftie  des  Mamelouk  ou  Mamelucs ,  pour  le 
fervice  duquel  il  le  tranfporta  du  Caire  à  Damas  en  l'année  659  de  l'Hegire. 
Il  y  exerça  la  charge  de  Cadhi,  &  pendant  ce  temps-là,  fes  affaires,  qu'il  avoit 
en  grand  nombre ,  le  détournèrent  beaucoup  de  fon  travail ,  qui  ne  fut  achevé 
que  l'an  6j2  de  THegire.  11  rapporte  luy-mêmc  ces  particularitez  à  la  fin  de 
fon  Livre. 

Ben  Khalekan  naquit  l'an  608  &  mourut  l'an  681  de  l'Hegire,  &  fut  con- 
temporain d'Aboul  Farag',  Auteur  des  Dynafties  que  Pocock  a  publiées  en  Ara- 
be &  en  Latin,     Fadhl  allah  Al  Sakâï  a  continué  fon  Ouvrage. 

KHALES.  Surnom  de  Mohammed  Hoffaïni ,  natif  de  la  Mecque,  mais 
plus  connu  fous  le  nom  de  Ben  Anka.  Il  eft  Auteur  du  Livre  intitulé  Aluah 
ri  moftecar  alaruah. 

KHALFAT.  Nom  d'un  petit  Pays  compris  entre  les  Villes  de  Merbath  & 
de  Scharmah  ,  dans  la  Province  Adramytene  ,  qui  eft  de  l'Arabie  Heureufe. 
C'elVlà  qu'il  y  a  une  Montagne,  que  l'on  nomme  Giabal  alcamar.  Mont  de  la 
Lune,  auffi-bien  que  celle  d'Ethiopie,  &  qui  a  tiré  fon  nom  de  la  refîemblance 
que  fon  fommet  a  avec  le  Croiflant  de  la  Lune.     EdriJJi. 

Cette  Montagne  a  donné  au  valon,  qui  eft  à  fon  pied,  le  nom  de  Gab  alcamar. 

KH  ALI  FA  H.  Mot  Arabe,  qui  fignifie  Vicaire,  SuccefTeur,  d'oîi  l'on  Fait 
en  François  le  mot  de  Khalife,  que  quelques-uns  écrivent  Calife,  &  d'autres 
Chalife. 

Ceft  le  nom  d'une  dignité  fouveraine  parmi  les  Mahometans,  qui  comprend 
un  pouvoir  abfolu  ,  &  une  autorité  indépendante  fur  tout  ce  qui  regarde  la 
Religion  &  le  Gouvernement  politique. 

L'Origine  de  ce  nom  vient  de  ce  qu'Aboubekr,  après  la  mort  de  Mahomet, 
■ayant  été  élu  par  les  Mufulmans  pour  remplir  fa  place ,  il  ne  voulut  pas  pren- 
dre d'autre  titre  que  celuy  de  Khalifah  Relîbul  allah  ;  c'eft-à-dire,  de  Vicaire 
du  Prophète  ou  de  l'Envoyé  de  Dieu.  Mais  O  niar  ayant  fuccedé  à  Aboubekr, 
repréfenta  aux  principaux  Chefs  du  Mufulmanifme  ,  que  s'il  prenoit  la  qualité 
de  Vicaire  ou  de  Succelfcur  d'Aboubekr ,  Vicaire  ou  Succefîeur  du  Prophète  , 
la  chofe,  par  la  fuite  des  tems,  iroit  jufques  à  l'infini  de  Vicaire  en  Vicaire, 
avec  une  répétition  ennuyeufe. 

Sur  cela  Mogaïrah ,  fils  de  Schaâb  ,  dit  à  Omar  :  Seigneur ,  vous  êtes  nôtre 
Emir,  c'eft-à-dire,  Commandant  ou  Prince,  &  nous  fonimes  tous,  par  la  grâce 
de  Dieu,  Moumenin  ,  c'eft-à-dire,  Fidèles.  Recevez  donc,  s'il  vous  plaît,  le 
titre  d'Emir  almouinenin,  c'eft-à-dire,  de  Commandant  des  Fidèles. 

La  propofition  de  Mogaïrah  fut  acceptée,  &  tous  les  Khalifes  ou  Succeffeurs 
■légitimes  de  Maliomet  ont  porté  ce  titre,  qui  a  été  ufurpé  par  plufieurs  autres 

Ggg  2  Prin- 


1 


420  K  H  A  L  I  F  A  H. 

Princes,  comme  on  peut  le  voir  en  plulleurs  endroits  de  cet  Ouvrage.     G'cfT: 
de  ce   nom  Arabe,  que  le  mot  vulgaire  de  Miramamolin  a  été  corrompu. 

Tous  les  Succelîeurs  de  Mahomet  ,  outre  le  titre  d'Emir  almoumenin  ,  n'ont 
pas  laillé  d'ctre  nommez  Khalifes,  lans  rien  ajouter  à  ce  mot,  auquel  plufieurs 
Auteurs  ont  donné  une  étendue  beaucoup  plus  grande.  Car  ils  difent ,  qu'il 
fignifie  Vicaire  de  Dieu  en  Terre,  titre  que  l'AIcoran  donne  à  Adam,  lorfque 
Mahomet  y  fait  dire  à  Dieu  ,  avant  qu'il  le  creaft  :  EJîabliJJons  un  Vicaire  m 
Lieutenant^  qui  timne  nôtre  place  fur  la  terre. 

Entre  les  Khalifes  ,  les  quatre  premiers  qui  fliccederent  à  Mahomet.  &  qui 
furent  fes  Compagnons,  font  qualifiez  Kholafa  alrafchedoun  ,  les  Khalifes  de  la 
droite  ligne  ,  à  içavoir,  Aboubekr  ,  Omar ,  Othman  &  A'ii.  Cependant  les 
Schiites  ou  les  Seftaires  d'A'li  ne  reconnoilTent  pas  les  trois  premiers  pour  lé- 
gitimes. Car  ils  prétendent  ,  que  la  dignité  du  Khalifot  devoit  pafler  immédia- 
tement de  Mahom.et  à  A'ii,  fon  coufin-germain  &  fon  gendi^e,  Voyez  le  titre 
d'A'li. 

La  Vie  de  ces  quatre  premiers  Khalifes  efl  à  la  tête  de  tous  les  Ouvrages  qui 
traitent  des  Khalifes.     Mais  on  la  trouve  écrite   en  particulier  &  fort  au  long . 
dans  le  Livre  qui  a"  pour  titre  :  Megillat  alhonafa  û  menakeb  alkholafa. 

Aboubekr  nomma  O'mar  pour  fon  fucceireur.  Mais  en  mourant,  O'mar  vou- 
lut, que  le  Khalifat  fut  mis  entre  les  mains  de  fix  perfonnes  qui  dévoient  fuc- 
ceder  l'un  à  l'autre,  fuivant  l'ordre  de  leur  éleélion  ou  du  fort.  Les  fix  Per- 
fonnes appellées  au  Khalifat  par  O'mar,  furent  A'ii  ,  O'thman  ,  Saïd,  A'bdal- 
rahman  ,  Thalehah  &  Zobair  ;  &  on  les  qualifîoit  du  titre  de  Ahel  alfchoura  ■, 
Defignez  ou  Héritiers  préfomptifs. 

A'bdalrahman  renonça  à  fon  droit ,  à  condition  qu'il  nommeroit  le  fucceffeur 
d'O'mar;  &  ce  qu'il  demandoit  luy  ayant  été  accordé  ,  il  publia  O'thman  pour 
Khalife  au  préjudice  des  droits  d'A'li.  Ce  fut-là  la  fource  des  grandes  divifions 
entre  les  Mufulmans  Sunnites  ou  Orthodoxes ,  &  les  Schiites  ou  Seftateurs  d'A'li. . 

Le  fiége  des  Khalifes  demeura  fixé  dans  la  Ville  de  Medine  en  Arabie  ,  où 
Mahomet  mourut  &  fut  enterré,  jufques  à  A'ii  qui  le  transfera  à  Confah.  Moa- 
vie  ,  premier  Khalife  de  la  Race  des  Ommiades  ,  le  transfera  depuis  à  Damas 
en  Syrie.  Aboul-A'bbas  Sàffah,  premier  Khalife  de  la  Race  des  Abbaffides  ,  le 
remit  à  Coufih  fur  le  Tigre,  puis  à  Anbar  ,  Ville  fituée  fur  les  confins  de  la 
Chaldée  &  de  l'Arabie  ,  &  de-là  à  une  autre  Ville  qu'il  fit  bâtir  près  de  l'Eu- 
phrate  dans  le  même  Pays,  à  laquelle  il  donna  le  nom  de  Hafchemie,  à  caufe 
que  Hafchem ,  qui  avoit  été  Ayeul  de  Mahomet ,  étoit  aufli  de  fes  Ancêtres , 
&  par  confequent  de  tous  les  Abbafîîdes  fes  defcendans.,  qui.  fe  qualifièrent  tous 
Hafchemitcs. 

Aboul'  Abbas  mourut  dans  cette  Ville  &  Abou-Giàfar  Al  Manfor,  fon  frère 
Qui  luy  fucceda  ,  n'y  fit  pas  long  féjour.  Car  il  fit  bâtir  la  Ville  de  Bagdet, 
qui  fut  depuis  la.  demeure  ordinaire  de  tous  les  Khalifes  Abbaffides  fes  fuccef- 
l^urs  &  la  Ville  de  Samarah  ou  Sermenraï  ,  ne  fut  qu'un  féjour  palTager  du 
Khalife  Motaflèra  &  de  quelques  autres. 

Cette  fuccefîion  des  Khalifes  a  duré  jufques  en  l'an  6$$  tle  l'Hegire,  auquel 
les  Tartares  prirent  la  Ville  de  Bagdet ,  &  firent  mourir  Moflàazem  ,  qui  fut 
le  dernier  Khalife  de  cette  Race. 

Les  Mahometans  prétendent  ,  que  cette  durée  de  656  ans  efl  comprife  dans 
la  béuediclion  que  Dieu  donna,  à  Hagar  &.à  fon  iils  Ilmaël ,  qui  fe  lit  dans  k 

Genefej, 


K  H  A  L  I  F  A  H.  421 

Genefe  ,  Ch,  i5  verfet  10.  La  Verfion  Arabique  de  ce  pafTage  porte  :  V  ak- 
bartoho  thab  thab  :  Je  multiplieray  ou  aggrandiray  beaucoup  fa  pofterité  ,  & 
il  fe 'rencontre  que  ces  mots,  qui  font  compofsz  d'onze  lettres  Arabiques,  font 
juftement  le  nombre  de  656. 

Il  eft  vray  que ,  depuis  ce  temps-là ,  il  y  3  eu  des  gens  qui  fe  difoient  être 
de  la  Race  des  Abbafîîdes  ,  auxquels  les  Sultans  d'Egypte  ont  rendu  dans  le 
Caire  un  honneur  particulier,  comme  aux  véritables  Khalifes  &  SuccefTeurs  de 
Mahomet.  Mais  cet  honneur  étoit  purement  extérieur  ,  &  regardoit  feulement 
la  Religion,  &  le  nom  de  Khalifes  qu"i!s  portoient,  ne  les  empêchoit  pas  d'être 
fujets  &  dépendans  des  Sultans,  Il  fera  parlé  de  cette  forte  de  Khalifes  à  la 
fin  de  ce  titre. 

Une- des  principales  fondions  du  Khalife,  en  qualité  d'Imam  &  de  Chef  Sou- 
verain de  la  Religion  Mufulmanne,  étoit  de  commencer  ou  d'entonner  la  prière 
publique,  tous  les  vendredis  de  chaque  femaine  ,  dans  la  principale  Mofquée  , 
&  de  faire  ou  de  prononcer  le  Khothbah  ,  qui  étoit  une  efpèce  de  Prône  ou 
Sermon,     f^oyez  le  titre  de  Khothbah. 

Radhi,  vingtième  Khalife  des  Abbafîîdes,  a  été  le  dernier  qui  ait  fait  ce  Prô- 
ne,  &  depuis  l'on  établit  des  charges  de  Khathib  ,  qui  Ibulagerent  les  Khalifes 
de  cette  peine.  Mais  ,  pour  la  prière  ,  jamais  ils  ne  s'en  font  difpenfez  lorf- 
qu  ils  ont  été  en  fanté  ,  &  le  Khalife  Al  Mamon  trouva  fort  mauvais  qu'un 
autre  l'eût  faite  en  fa  place,  fans  fon  ordre  exprès. 

Le  Khalife  étoit  aufîî  obligé  de  conduire  en  peribnne  les  Pèlerins  à  la  Mec- 
que ,  &  de  marcher  à  la  tête  des  armées.  C'efI:  pourquoy  on  n'en  élevoit  jamais 
à  cette  dignité  ,  qu'il  ne  fût  en  âge  de  pouvoir  accomplir  ces  devoirs,  ^oyez 
fiir  ce  fujet  le  titre  de  Hadi. 

Les  Khalifes  donnoient  des  lettres  Patentes  d'inveftiture  ,  des  Robes  ,  des 
Epées  &  des  Etendarts  aux  Princes  Mihometans ,  lefquels  ayant  fecoué  lé  joug 
du  Khahfat,  voulurent  bien  devenir  leurs  valfuux.  Les  Khalifes  les  honoroient 
aulTi  de  titres  qu'ils  faifoient  quelquefois  acheter  bien  cher  ,  comme  on  peut 
voir  dans  le  titre  de  Mahmoud  Sebekteghin;  &  ces  titres  étoient  de  Défenfeur^ 
de  Soutien ,  de  Colorane  de  la  Religion.  f^oyi&  aufli  le  titre  de  Buïah  ou 
Bouiah. 

Les  mêmes  Khalifes  alloient  à  la  Mofquée,  montés  ordinairement  fur  des  mu* 
les,  &  les  Sultans  Selgiucides ,  quoique  Maîtres  de  Bagdet ,  leur  tenoient  l'é- 
trier  &  conduifoient ,  pendant  quelque  temps,  à  pied,  leur  muJe  par  la  bride, 
jufqu'à  ce  que  les  Khalifes  leur  difoient  ou  leur  failbient  figne  de  monter  à 
cheval.     Foyez  les  titres  de  Caïem  &  de  Thogrul. 

Il  y  avoit  toujours  à  une  des  fenêtres  du  Palais  des  Khalifes  une  pièce  de 
velours  noir,  de  la  longueur  de  vingt  coudées,  qui  penJoit  fur  la  Place  jufques 
à  la  portée  d'un  homme,  (on  appelloit  cette  pièce  d'étoffe  la  Manche  du  Kha- 
life )  &  tous  les  Grands  Seigneurs  de  la  Cour  ne  manquoient  pas  d'aller  tous 
les  jours  la  baifer ,  &  de  frapper  le  feuil  de  ce  Palais  de  leur  front.  Car  c'é- 
toit  en  cette  manière  que  Ion  rendoit  fes  refpeéls  ,  &  que  l'on  faifoit  fa  cour 
aux  Khalifes.  Ces  refpeéls  &  ces  honneurs  entretinrent  toujours  en  eux  un  or>- 
gueil  exceflîf ,  dont  ils  ont  donné  des  marques  même  dans  le  tems  qu'ils  avoient 
le  moins  d'autorité. 

Caïem  Beemrillah  ,  ayant  été  rétabli  fur  le  Trône  par  Thogrul  Beg  ,  Sul- 
tan des  Selgiucides  ,    qui  par  refpecl  avoit  alors  conduit  par  la  bride  la  muLe 

GBg3  fur- 


4211  '  K  H  A  L  I  F  A  H. 

fur  laquelle  il  étoit  monté,  en  le  conduifant  à  fon  Palais,  ce  Khalife,  dis-je, 
après  une  obligation  fi  infigne  &  une  foûmiiïîon  fi  grande  ,  refufa  de  luy  don- 
ner fa  fille  en  mariage,  quoiqu'il  fût  entièrement  fous  la  puiifance  de  ce  Prin- 
ce. En  effet,  Thogrul  Beg  irrité  de  ce  refus,  ôta  le  maniement  des  Finances 
aux  Officiers  du  Khalife  ,  lequel  pour  le  recouvrer  fut  enfin  obligé  d'accorder 
malgré  luy  fa  fille  à  ce  Sultan.     Ebi  ^mid. 

La' grandeur  de  l'orgueil  des  Khalifes  paroît  encoredans  ce  qui  fe  paffa  ,  lorf- 
que  Holagou  s'approehoit  pour  afficger  la  Ville  de  Bagdet.  Un  des  principaux 
Officiers  de  l'armée  du  Khalife  ajMut  été  fait  prifonnier  par  les  Mogols  ,  dans 
le  temps  qu'ils  venoient  pour  invcftir  la  Ville  ,  &  ayant  connu  par  les  forces 
de  Holagou,  que  le  Khalife  ne  pouvoit  pas  luyrefifi:cr,  écrivit  à  fes  amis  pour 
les  en  informer,  &  leur  manda  d'avoir  compaffion  de  leurs  perfonnes  &  de  fe 
foûmettTc  à  Holagou  ,  fans  attendre  qu'il  les  attaquât.  Ses  amis  firent  réponfe 
en  ces  termes  :  Qui  eft  Holagou  &  quelle  autorité  a-t-il  fur  la  Maifon  des  Ab- 
baffides?  Ils  tiennent  de  Dieu  la  fouveraine  puifllince.  Qui  leur  fait  la  guerre 
ne  peut  pas  réuffir.  Si  Holagou  avoit  voulu  la  paix ,  il  n'auroit  pas  mis  le  pied 
fur  les  terres  du  Khalife,  &  n'y  auroit  pas  commis  tant  de  defordre.  S'il  fou- 
haite  qu'on  luy  accorde  la  paix,  qu'il  retourne  à  Hamadan  &  nous  ferons  nos 
efforts  auprès  de  fon  premier  Minifi:re,  afin  qu'il  fupplic  en  fa  faveur  le  Com- 
mandant des  Fidèles,  qui  aura  peut-être  la  clémence  de  lui  pardonner.  Jlboul 
Farage: 

Cet  orgueil  des  Souverains  de  la  Religion  Mufulmanne  fut  accompagné  d'une 
magnificence  extraordinaire,  dans  le  temps  de  leur  fplendcur  &  de  leur  puiifan- 
ce la  plus  abfoluë,  comme  on  l'a  remarqué  en  plufieurs  endroits  de  cet  Ouvra- 
ge, &  Aboul  Farage  rapporte,  que  'le  Khalife  Motâzem  avoit  fept  cent  fem- 
mes dans  fon  Sérail ,  &  trois  cent  Eunuques  qui  les  gardoient.  Mais  cette  fplen- 
deur  &  cet  éclat  furent  prefque  annéantis  fous  le  règne  des  Bouides  en  Perfe, 
qui  les  dépouillèrent  prefque  de  toutes  chofes,  leur  ôterent  jufques  à  leurs  Vi- 
zirs-, &  ne  leur  laifierent  qu'un  Secrétaire  pour  prendre  foin  de  leurs  affaires, 
qui  ne  donnoient  qu'une  occupation  médiocre  à  cet  Officier,  lequel  tenoit  feu- 
lement le  compte  de  leur  re,venu  &  de  leur  dépenfe. 

Alors  &  particulièrement  fous  le  règne  de  Radhi  ,  vingtième  Khalife  des  Ab- 
baffides  ,  les  Pays  &•  les  terres  du  grand  Empire  du  Mufulraanifme  fe  trouvèrent 
tellement  démembrées  &  divifécs  ,  que  ce  Khalife  fut  réduit  à  la  feule  dignité 
du  Khalifat  &  à  la  polfeffion  de  la  Ville  de  Bagdet.  Car  Baflbrah ,  Vaffith  & 
l'Ahouaz  étoient  fous  la  domination  des  Bouides.  Les  Bouides  occupoient  en- 
core toute  la  Perle;  les  Hamadanides  regnoient  dans  Moful  &  dans  la  Mefopc- 
tamie;  Akhfchid  étoit  Maître  de  l'Egypte  &  de  la  Syrie,  les  Fathimites  avoient 
l'Afrique  ,  les  Ommiades  gouvernoient  l'Efpagne  ,  les  Samanides  le  Khoralfan  , 
les  Carmathes  étoient  paifibles  dans  l'Arabie  heureufe  &  dans  l'Arabie  Petrée, 
&  les  Khahfes  leur  pay oient  tribut  ,  pour  afllirer  les  Pèlerins  de  la  Mecque. 
Enfin ,  les  Dilemites  étoient  les  Souverains  du  Giorgian  &  du  7'habarcflan.  Le 
Khalifat  fe  trouva  en  cet  état  l'an  325  de  l'Hegire,  &  voilà  le  fort  de  ce  vafle 
Empire.    Ebn  Amid. 

La  décadence  des  Khalifes  alla  encore  plus  loin.  Car,  après  que  les  Bouides 
fe  furent  rendus  Alaîtres  de  Bagdet  ,  ils  furent  réduits  aux  feules  fonélions  de 
la  Mofquée  ,  &  ces  Princes  difpofoient  de  leur  fort  en  les  étabîiiTant  fur  le 
Trône,  ou  en  les  dépofant  fous  leur  bon  plaifir.  Il  y  en  eut  un  qui  fut  ré- 
duit 


K  H  A  L  I  F  A  H.  423 

cfuit  à  la  vie  privée,  &  à  vivre  familièrement  avec  Ton  fucceiTeur.  On  en  vit 
un  autre  demander  l'aumône  à  la  porte  de  la  Mofquée  parray  les  aveugles,  & 
un  autre  fut  falué  Khalife,  chalTé  &  rétabli.  VoyiZ  \zs  titres  de  Thaï,  de  Ca- 
her,  de  Môthi  &  de  Moâzz  aldoulat. 

Ces  fréquentes  depofitions  arrivoient  par  la  grande  autorité  que  la  Milice 
Turquefque  s'étoit  donnée ,  qu'elle  étendit  jufqucs  à  en  faire  mourir  de  diffé- 
rentes efpèces  de  mort  ;  mais  de  teile  manière  que  leur  fang  n'étoit  pas  répan- 
du, par  un  égard  que  l'on  avoit  pour  leurs  perfonnes  jufques  à  la  fin  ,  à  caufe 
de  leur  haute  dignité. 

Dans  leur  abbailîemcment ,  il  y  en  eut  quelques-uns  qui  firent  des  efforts 
pour  fecoiier  le  joug  de  cette  domination  étrangère ,  &  fe  délivrer  de  la  vio- 
lence qu'on  leur  faifoit,  &  le  Khalife  Rafched  alfembla  des  troupes  fous  main, 
pour  fe  mettre  dans  une  entière  .liberté  ;  mais  il  n'y  reullit  pas ,  &  Maffôud  , 
Sultan  des  Selgiucides ,  trouva  moyen  de  le  faire  dépofer  par  Sentence  des  Doc- 
teurs de  la  Loy  Mufulmanne  ,  qu'il  fit  afîembler  pour  ce  fujet.  Mais  enfin  , 
après  la  mort  de  ce  Sultan ,  le  Khalife  Moktafi ,  trente  &  unième  des  Abbalîi- 
des,  fe  mit  entièrement  hors  de  page,  comme  on  le  peut  voir  dans  fon  titre. 

Après  la  mort  de  Moktafi  ,  les  Khalifes  maintini-ent  leur  autorité  avec  affez 
d'éclat  ,  &  reçurent  de  grandes  marques  de  vénération  &  de  foûmiffion  de  la 
part  des  Princes  Mufuhnans  leurs  voifins,  jufques  à  leur  ruine  entière,  qui  fût 
caufée  par  la  divifion  des  Sunnites  &  des  Schiites  ,  comme  on  l'a  marqué  dans 
le  titre  de  Moftàzem. 

Il  y  a  un  très-petit  nombre  de  ces  Khalifes,  dont  le  règne  ait  été  confidéra-- 
ble,  comme  il  efî  arrivé  à  plufieurs  autres  Princes  ;  &  l'on  a  remarque  dans 
leur  Hiftoire  qu'aucun  d'eux  n'avoit  régné  vingt-cinq  ans  avant  Moftader ,  qui; 
eft  le  dix-huitième  Khalife  de  la  Race  des  Abbafiîdes. 

PluOeurs  Auteurs  ont  écrit  l'Hiftoire  des  aftions  &  de  la  Vie  des  Khalifes 
fous  differens  titres.  Deux  en  particulier  font  écrite  fous  celuy  de  Akhbar  Al 
Kholafa,  Hifloire  des  Khalifes;  à  fçavoir,  Tag'eddin  A'fi  Al  Bagdadi  &  Dolabi. 
Voyiz  le  titre  de  Akhbar  Al  Kholafa. 

Après  que  Holagou  fe  fut  rendu  miître  de  la  Ville  de  Bagdet  &  eut  détruit 
le  Khalifat,  Moflanfcr  Billah,  fils  de  Dhaher,  pénultième  des  Klialifes  de  cette 
Ville ,  ayant  échapé  à  la  furie  des  Mogols  &  s'étant  retiré  en  Egypte  ,  y  fut- 
reconnu  khalife  ,  mais  fans  aucune  autorité  temporelle.  Car  luy  &  fes  fuccef- 
feurs ,  jufques  au  nombre  de  dix -huit,  y  furent  feulement  confiderez  comme 
Imams ,  ou  Chefs  de  la  Rjligion  xVIufulmanne.  l^oyiz  le  titre  de  Moftanfer 
Billah. 

Les  Mamelucs  ou  Sultans  d'Egypte  ,  qui  avoient  fait  ces  Khalifes  ce  qu'ils- 
étoient  en  les  reconnoiifant  pou-  tels,  les  faifoient  &  les  defaifoient  félon  leur 
bon  plaifir.  C'effc  pourquoy  Al  Miiek  Al  Nailcr  ,  qui  n'aimoit  pas  Moftakfi  , 
ne  voulut  pas  que  Hakem,  fon  fils,  luy  fuccedât.  Mais  il  fit  Vathek  Khalife, 
contre  le  fentiracnt  des  Docleurs  de  la  Loy,  Icfquels  depoferent  celui -cy  d'a- 
bord que  Naffer  fut  mort  &  mirent  Hakem  à  fa  place  ,  l'an  741  de  fHegire. 
Gianahi.     Ivlnùured. 

.  Mais  nonobllant  l'autorité  que  les  ?ultans  d'Egypte  excrçoient  fur  ces  Kha-- 
lifes  ,  néanmoins  les  mêmes  ultans  fe  fc!  voient  d'eux  pour  fe  faire  confirmer  ■ 
&  autorifer  auprès  des  peuples,  &  cela  fe  faubit  av:c  de  grandes  cér'^;monies. . 
Ils  s'en  fervoicnt  même  encore  pour  priver  de  l'autorité  Royale  ceux  qui  étoient 

dépo- 


4M  K  H  A  t  I  F  A  H.  —  K  H  A  L  I  L. 

dépofez,  &  Caïem,  Fun  de  ces  Sultans,  donna  des  marques  particulières  du  rei^ 
ped  qu'il  avoit  pour  eux  comme  le  témoigne  Aboul  Farage.  f^oyez  le  titre  de 
Caïem,  Khalife  Abbafîide  en  Egypte. 

Les  Egyptiens  feuls  n'avoient  pas  de  la  vénération  pour  ces  Khalifes  ;  mais 
encore  les  autres  Mufulmans  &  Bajazet,  Empereur  des  Turcs,  envoya  des  pre- 
lèns  à  Motavakkel,  l'an  797  de  l'Hegire  ,  en  le  priant  de  le  vouloir  confirmer 
dans  fa  dignité  Royale ,  par  fes  Lettres  Patentes.     Elm  Jofef. 

Moflaïn  Biîlah  ,  l'un  de  ces  Khalifes ,  fut  élevé  fur  le  Trône  &  déclaré  Sul- 
tan d'Egypte ,  comme  il  eft  marqué  dans  fon  titre  particulier ,  &  fut  furnommé 
Al  Malek  Al  A'del.     Gianabi. 

Parmy  ceux  qui  ufurperent  la  qualité  de  Khalife ,  les  Fathimites  fe  l'attribuè- 
rent en  Afrique  &  en  Egypte  ,  &  leur  Khalifat  commença  dans  ce  Royaume , 
l'an  361  de  l'Hegire,  &  dura  jufqu'à  ce  que  Saladin  le  fupprima  par  ordre  de 
Noureddin,  Sultan  de  la  Syrie.  P'oycz  les  titres  des  Fathimites  ,  celuy  de  Mo- 
hammed Mahadi,  &  celuy  de  Salaheddin. 

11  y  a  eu  auflî  un  Khalifat  en  Afrique  &  en  Efpagne ,  qui  commença  fous  le 
règne  de  Jofef,  fils  de  Bafch  kehin ,  &  d'A'Ji  fon  fils.  Il  y  en  a  eu  un  autre 
dans  l'Iemen  ou  Arabie  heureufe,  que  s'attribuèrent  quelques  Princ2S  de  la  Race 
d>3s  Aïoubites  ou  Jobites.     l^pyez  le  titre  de  Aïoubiah. 

KH  ALI  FA  H  Khezergi.  Surnom  d'Ebn  Oiîaïbê  Al  Khezergi,  Auteur  d'un 
Livre  intitulé  O  ïoun  alanba  fi  thabakat  alatthebah.  C'eft  une  tiiltoire  des 
Médecins,  ;  • 

K  H  ALI  G".    Mot  qui  fignifîe  en  Arabe  ce  que  nous  appelions  Golfe. 

KHALIG'  Al  Fars,  Khalig'  Al  Khathif,  Khalig'  Al  O'bollah.  Le  Golfe 
Perfique  ell  connu  dans  les  Auteurs  Arabes  fous  ces  trois  dilferens  noms.  Les 
Arabes  le  nomment  encore  Khalig'  AI  Akhdhar  ,  le  Golfe  Verd,  à  caufe  qu'il 
fort  de  rOcean  Oriental ,  auquel  ils  donnent  cet  Epithete.  Obollah  &  Cathif 
font  deux  Villes  fîtuées  fur  ce  Golfe. 

KHALIG'  Al  Cofthantini.  Le  Golfe  de  Conflantinople.  C'eft  ainfi  que 
4es  Arabes  appellent  l'Archipel. 

KHALIG'  Al  Benadeka  ou  Bcnadiki.  Nom  de  la  Mer  Adriatique  ou  du 
Golfe  de  Venife  qui  fort  de  Bahr  Al  Scham,  de  la  Mer  de  Syrie,  c'eft-à-dire , 
de  la  Mer  Méditerranée. 

KHALIG'.  Ce  mot  eft  encore  le  nom  d'im  Canal  ou  Fofle  que  l'on  ou- 
\Te  au  grand  Caire  pour  la  décharge  du  Nil  quand  il  croît.  On  l'appelle  or- 
dinairement, &  par  corruption,  le  Calis.  Il  le  fait  une  grande  Fête  dans  toute 
VEgypte  lorfque  l'ouverture  de  ce  Canal  fe  fait. 

KHALIL.  Mot  Arabe,  qui  fignifie  Amy.  C'eft  auflî  le  furnom  que  les 
Mahometans  donnent  à  Abraham  ,  à  caufe  que  Dieu  le  traita  en  amy  familier 
-&  confident  ;  c'eft  pourquoy  on  fousentend  toujours  Allah  ou  Alrahman  ,  qui 
font  des  Noms  de  Dieu ,  lorfque  ce  mot  eft  emploj-é  pour  fignifier  Abraham. 

Sâdi  dans  fon  Boftan  l'employé  en  ce  fens ,  quand  il  dit  :  Guliftan  koned 
atefchi  ber  Khahl ,  Dieu  fit  de  'la  fournaife  .un  jardin  pour  Abraham.    Scheïkh 

A'tthar 


K  H  A  L  I  L.  425 

A'tthar  dit  auflî  la  même  chofe  dans  fon  Pend  Nameh  dans  ce  Vers  :   Berkhali- 
Icfch  narra  gulzar  kerd. 

Ce  mot  de  Khalil  fignifie  aufli  la  Ville  de  Hebron,  oh.  efl  le  fepulcre  du  Pa- 
triarche Abraham  ,  &  les  Auteurs  Mahometans  la  nomment  ordinairement  de 
ce  nom.  Les  Mufulmans  ont  une  grande  dévotion  pour  ce  fepulcre,  <&  pour 
ceux  des  autres  Patriarches  qui  y  ibnt  enterrez.  Ils  y  vont  en  Pél?'-inagc  , 
touchant  lequel  Ishak  Ben  Ibrahim  a  compofé  un  Ouvrage ,  intitulé  Mothir  al- 
garam  fi  ziarat  Al  Khalil.     f^oyez  le  titre  de  Ibrahim. 

KHALIL.  Nom  du  Maître  de  tous  les  Grammairiens  Arabes  &  en  par- 
ticulier de  Sibouieh.  Il  eft  fouvent  cité  fous  le  nom  de  Ben  Temim.  fl  difoit 
à  fes  difcipîes,  que  l'on  ne  fçait  jamais  le  foible  de  fon  Maître  fi  l'on  n'en  fré- 
quente quelque  autre.  Et  pour  les  exciter  à  luy  faire  des  demandes ,  &  à  ne 
fe  lafler  jamais  de  l'interroger ,  il  leur  difoit  aulîî  :  Al  O'ioum  akfal  v  aifju- 
lat  mefatiha  :  les  Sciences  font  des  ferrures  &  les  interrogations  en  font  les  clefs. 

KHALIL  Ben  Kelaoun.  Nom  d'un  Sultan  des  Mamelucs  de  la  Dj'naftie 
des  Baharites  en  Egypte.  Il  prit  fur  les  Francs  la  Ville  de  Saint- Jean  d'Acre, 
dite  Ptolomaïde,  en  Paleftine,  l'an  690  de  l' Hégire. 

Il  avoic  fuccedé  au  Sultan  Kelaoun  ,  fon  père  ,  l'an  689  de  la  même  Hégi- 
re, &  il  fut  tué  l'an  693  par  Baïdarah.  Mais  cet  Uiurpateur  ne  jouit  du  fruit 
de  fon  crime  qu'un  feul  jour.  Car  les  Efclaves  de  Khalil  rangèrent,  en  fa  per- 
fonne,  la  mort  de  leur  Maître  par  un  autre  alfadinat.    Maured. 

KHALIL  Ben  Miranfchah.  Nom  d'un  Prince,  fils  de  Miranfchah  &  petit- 
fils  de  Tamerlan,  lequel  mourut,  félon  Gianabi  ,  l'an  814  de  l'Hegire.  Voyez 
le  titre  de  Miranfchah. 

KHALIL  Hindougheh.  Nom  dij  fils  de  l'Emir  Hindougheh  ,  qui  fit  la 
guerre  à  Babur,  Sultan  de  la  Race  de  Tamerlan,  &  fut  tué  dans  une  bataille 
qu'il  luy  livra. 

Nonobflant  cette  rébellion  ouverte,  Khalil  fon  fils  ,  ne  laifiâ  pas  de  devenir 
Général  des  armées  de  ce  même  Sultan  ;  &  il  le  fervit  fi  bien  ,  qu'il  le  rendit 
maître  du  Royaume  de  Segeftan,  après  en  avoir  dépoiiillé  HolTaïn  fchah  qui  le 
pcfliedoit.     Foyez  les  titres  de  Babur  &  de  Hindougheh, 

KHALIL  Ben  Ishak,  Ben  lacoub,  furnommé  Al  Andalouffi,  l'Efpagnol,  à 
caufe  de  fon  Pays.  Nom  d'un  Auteur  d'un  Livre  de  décifions  Juridiques  dans 
la  Loy  Mufulmanne,  félon  les  principes  de  la  Seéle  de  Malek  Ben  Ans,  l'une 
des  quatre  qui  font  réputées  orthodoxes  par  les  Mahometans.  Ce  Livre  efl 
Arabe  &  intitulé  Ketab  Khalil  fil  fetaui.  Il  ell  dans  la  Bibliothèque  du  Roy, 
n".  617. 

KHALIL  Ben  Ibek.  Nom  d'un  Auteur  furnommé  Safkdi,  parce  qu'il  étoit 
natif  ou  originaire  de  la  Ville  de  Safet  en  Galilée.  II  a  écrit  en  Arabe  un 
Tenbih,  c'eft-à-dire,  AvertilTement  fur  le  Livre  intitulé  Tefchbih.  Voyez  ce 
titre. 

Tome  H.  Hhh  KHALIL 


426  K  H  A  L  I  L.  K  H  A  L  O  U  I  A  H. 

KHALTL  Sofi.  Nom  de  l'Auteur  d'un  Diftionnaire  Arabe,  expliqué  eîî' 
Turc,  qui  fuit  l'ordre  alphabétique  des  dernières  lettres  de  chaque  mot. 

KH  ALIL  ALLAH.  Nom  d'un  Prince  du  Schïrvan,  furnommé  Schirvani  ou 
Schirvan  fchah  ,  lequel  mit,  par  une  trahifon  infigne,  lar  Ali,  tils  d'Erkender^, 
le  Turcoman  ,  qui  s'étoit  réfugié  chez  luy,  entre  les  mains  de  Schahroch,  fils 
de  Tamerian  &  Succelfeur  dans  la  plus  grande  partie  de  fes  Etats.  ^  oyez  le 
titre  de  Baïfancor. 

K  H  ALIL  BEG.  Nom  d'Uzun  Haflan  Beg,  que  nous  appelions  vulgaire- 
ment Uzum  Calfan.  Il  fut  le  fcptième  Prince  des  Turcomans  de  la  Dynaflie 
ou  Famille  du  Mouton  Blanc.  Il  fe  fit  haïr  fi  fortement  du  fes  fujets,  à  eau- 
fe  de  fes  cruautez  &  de  fes  autres  vices,  qu'ils  l'afiaffi aèrent  ,  après  un  règne 
de  fix  mois  &  quinze  jours,  l'an  884  de  l'Hegire.     Gianabi. 

K  H  A  L I L I ,  natif  ou  originaire  de  la  Ville  de  Khalil  ,  c'efl-à-dire  ,  de  He- 
bron  en  Judée.  Plufieurs  Perfonnages  célèbres  &  un  grand  nombre  d'Auteu's, 
qui  y  avoient  pris  leur  nailTance,  ou  parce  qu'ils  en  tiroient  leur  origine,  ont 
porté  ce  furnom.    En  voicy  quelques-uns  dans  les  titres  fuivans. 

KHALILI,  furnom  de  Schamseddin  Mohammed,  Moeddhen  ou  Crieur  de-, 
la  Mofquée  de  Damas,  appcllée  la   Mofquée  des  Ommiades  ,  laquelle  a  été  au- 
trefois la  célèbre  Eglife  de  S.  Jcan-Baptifte.     Il   cû  Auteur  d'un  Livre  de  Ta- 
bles Aftronomiques,  calculées  fur  le  Méridien  de  Damas,  fous  le  titre  de  Gedual 
fi  fadhl  aldaïr. 

KHALILI ,  furnom  de  Khalil  Ben  Abdallah  ,  lequel  efl;  nommé  plus  ordi- 
nairement Abou  lali .  Al  Kazvini.  Nous  avons  de  luy  un  Ouvrage ,  intitulé  Er- 
fchad  alôlama  albelad,.  C'eft  un  Traité  Hifborique  des  Gens  fçavans  qui  font 
fortis  de  la  Ville  de  Cazbin,  d'où  cet  Auteur  étoit  natif. 

KHALILI,  furnom  d'Ishak  Ben  Ibrahim,  lequel  étoit  natif  ou  originaire  de 
la  Ville  de  Hcbron  en  Pcdeftine.  Il  a  Compofé  un  Ouvrage  fur  les  Pardons  que 
gagnent  les  Mufulmans  en  vifitant  le  fepulcre  d'Abraham,  qui  eft  révéré  en  cet- 
te Ville.     Voyez  plus  haut  le  titre  de  Khalil. 

KHALKHALI.  Surnom  de  Moula  HoiTaïn  Al  Hoffaïni,  qui  a  écrit  fur  les 
Anvar  tanzil  de  Beïdhaoui. 

KHALKIA.  Nom  que  les  Arabes  donnent  au  Père  du  Prophète  Jeremie=, 
C'ell   Helcias. 

KHALOUIAH.  A'bdallah  HofTaïn  Ben  Khalouiah.  Surnom  d'un  Gram- 
mairien célèbre  ,  qui  porte  auiTi  pour  ce  fujet  Je  nom  de  Nahoui.  11  a  écrit 
fur  les  Aàrab  ,  c'ell-à-dire  ,  fur  la  pureté  de  la  Langue  Arabique  avec  laquelle 
l'AlcoTan  a  été  compofé.  ^         ,,    r 

Il  y  a  un  autre  Ben  Khalouiah,  qui  a  fait  un  Commentaire  fur  la  Maclourat 
de  Ben  Dcrid  ,  qui  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n.  lopcp.  Celui- 
cy  mourut  l'an  334 ,  &  le  premier  Tau  370  de  l'Hegire. 

KHALVATlr. 


KHALVATI.  KHAN. 


427 


KHALVATI,  furnom  de  Gemaleddin  Ifraaïl,  Auteur  d'un  Ouvrage  intitulé 
Eiuha  ekliuan.     Foyez  ce  titre. 

K  H  A  M  Ben  Nouh.  Nom  du  fécond  fils  du  Patriarche  Noé,  Les  Arabes  luy 
attribuent  un  Livre  de  Géomance,  intitulé  Adaflîn  Kham  Ben  Nouh.  Voy&z  le 
titre  de  RamI  &  celuy  de  Nouh. 

KHAMARIAH,  Titre  d'un  Poëme  fur  le  Vin  pris  myfliquement.  II  a 
été  commenté  par  Ebn  Faredh,  par  .\laeddin  Ben  Sadakah  &  par  un  autre  Au- 
teur.   II  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n.  617. 

KHAMAROUIAH  Ben  Ahmed,  Ben  Tholoun.  Nom  du  fécond  Souve- 
rain de  l'Egypte  de  la  Race  des  Thoionides,  lequel  fucceda  à  fon  Père  qui  l'a- 
voit  fondée  ,  quoyqu"il  fût  cadet ,  parce  qu'Abbas  ,  fon  frère  aîné  ,  avoit  été 
tué.  Il  étendit  fes  Etats,  dont  fon  Père  s  étoit  rendu  Souverain,  par  la  défai- 
te de  MouafFek  Billah,  frère  du  Khalife  Môtamed,  &  poufla  jufques  à  la  Ville 
de  Rakkah;  de  forte  qu'il   régna  dans  l'Egypte  &  dans  la  Syrie. 

Ebn  Batrik,  qui  rapporte  ces  parciculancuz  de  Khamarouiah,  marque  encore, 
qu'il  vint  faire  fa  réfidence  à  Damas  ,  &  qu'il  Ht  bâtir  un  Château  hors  de  la 
Ville,  près  du  Monaftère  de  Maran,  qu  il  nomma  Thourd.  11  fut  tué  dans  ce 
Château  par  ks  Efclaves,  l'an  282  de  iHegire  ,  &  porté  en  Egypte  où  il  fut 
enterré  fur  la  Montagne  de  Mokhattham.  Il  eut  pour  fuccellèur  fon  fils  aîix, 
nommé  Giaïfch  ,  lequel  ne  régna  que  huit  mois  ,  au  bout  defquels  il  fut  tué, 
lailFant  fa  place  à  fon  frère  Haroun.     y  oyez  le  titre  de  Tholouh. 

KHAMIS.     (^oyez  le  titre  de  Erkan  alkhamis  aledamiat. 

KHAN.  Halimi ,  dans  fon  Diftionnaire  ^erÇ\en  &  Turc  ,  donne  à  ce  mot 
la  fignitication  des  mots  Turcs  Ulug  Beg,  Grand  &  Puillant  Seigneur.  Les  Rois 
les  plus  puiifans  du  Turqueflan ,  de  la  grande  Tartarie  &;  du  Khathaï,  fe  font 
attribuez  autrefois  ce  titre.  Ginghiz,  ce  puilfant  Conquérant,  ne  s'en  eft  point 
donne  d'autre;  de  fortJ  même  qu'il  fait  partie  de  fon  nom,  &  que  tous  les  Auteurs 
Orientaux  l'appellent  Ginghizkhan. 

Les  Tartares  de  la  Crimée  ,  que  l'on  appelle  ordinairement  les  petits  Tarta- 
res,  lefquels  defcendant  de  Ginghizkhan,  retiennent  toujours  le  même  titre;  & 
c'eft  aufli  le  premier  que  prennent  les  Empereurs  Othmanides  de  tous  ceux 
qu'ils  s  attribuent.  Ainfi ,  en  marquant  leur  Généalogie  ,  les  Auteurs  Turcs  di- 
fent,  Mohammed  Khan,  Ben  Ibrahim  Khan,  Ben  Ahmed  Khan,  &c.  Les  mê- 
mes Empereurs  le  prennent  même  au  haut  de  leurs  Patentes,  dans  leur  Parafe. 
Par  exemple,  le  Parafe  du  Sultan  Mahomet  IV  contient  ces  mots:  Mohammed 
khan  Ben  Ibrahim  Khan  ModhatFer  daïma  :  Mohammed  Khan  ,  fils  d'Ibrahim 
Khan,  toujours  viftorieux. 

Les  Seigneurs  de  la  Cour  &  les  Gouverneurs  de  Province,  prennent  auffi  le 
titre  de  Khan  dans  la  Perfe. 

Khakan ,  fe  prend  aufli  dans  la  même  fignification  que  Khan  ;  mais  il  n'eft 
pas  fi  fort  ufité. 

Les  Mogols  ont  auffi  prononcé  ce  mot  fans  afpiration  ,  &  ont  dit  Kaan  ou 
Caan,  au  lieu  de  Khan;  &  l'on  trouve  dans  leurs  Hiftoires  Oktaï  kaan  &  Mon- 
gakaan,  noms  de  deux  fuccefl'eiirs  de  Ginghizkhan. 

Hhh  a  KHANAKAH. 


428  K  H  A  N  A  K  A  H.  K  H  A  N  K  0  U. 

KHANAKAH.  Nom  d'une  fête  qui  fe  célèbre  le  vingt-deuxième  jourdir 
mois  de  Telchrïn. 

KHANBALIG  &  Khanbalek.  Nom  de  la  Ville  que  nos  Hifloriens  &  nos 
Géographes  ont  appellée  Cambalu  ,  &  qu'ils  ont  placée  dans  la  grande  Tartarie, 
au  Septentrion  de  la  Chine.  Mais  fuivant  les  Géographes  &  les-  Hifloriens 
Orientaux  il  efî:  confiant  que  c'ell  une  Ville  de  la  Chine. 

Ehn  Sàïd  dans  Aboul  Feda,  luy  donne  130  degrés  de  longitude,  &  ^s  degrés 
25  minutes  de  latitude  Septentrionale,  &  la  place  dans  le  quatrième  Climat;  & 
les  Tables  intitulées  alharaïr  ne  luy  donnent  que  124  degrés  de  longitude  &  49 
degrés  de  latitude  Septentrionale  ,  &  la  reculent  jufqu'au  fixième  Climat.  Mais 
la  fupputation  d'Ebn  Sâïd  eft  plus  conforme  à  la  vérité  ,  fi  l'on  fait  attention 
au  chemin  que  firent  les  Ambaflàdeurs  de  Schahrokh  &  d'UIug'  Beg  ,  fon  fils , 
pour  arriver  à  cette  Capitale  de  la  Chine  Septentrionale. 

Néanmoins ,  Ebn  Sâïd  &  l'Auteur  des  Tables  alharaïr  conviennent  en  ce 
qu'ils  écrivent,  que  Khanbalig  efl  fituée  dans  le  Khathaï,  c'ell -à- dire,  dans  la 
Chine,  bien  avant  dans  l'Orient.  Ebn  Saïd  ajoute  qu'elle  étoit  fort  célèbre  de 
fon  temps ,  par  les  relations  des  Marchands  qui  y  alloient  &  qui  en  apportoient 
des  Marchandifes  ;  qu'il  y  avoit  des  mines  d'argent  dans  fon  voifinage  ,  &  qu'à 
fon  Midy ,  fon  terroir  étoit  borné  par  les  Monts  de  Belhar  ,  ainfi  appelles  du 
nom  d'un  puifiant  Roy  des  Indes,  voifin  de  la  Chine. 

Al  Bergendi  dans  fa  Géographie ,  intitulée  Refl'alat  mefliihat  ardh  ,  écrit ,  que: 
la  Ville  de  Khanbalig  efl  fituée  à  l'extrémité  du  Turqueflan  ,  &  que  ce  qua 
l'on  difoit  de  fa  grandeur  &  de  fa  puillance  paroilloit  incroyable.  Il  faut  remar- 
quer, que  cet  Auteiu*  prend  icy  le  Turqueftan  pour  tout  le  vafle  pays  qui  s'é- 
tend depuis  la  Mer  Cafpienne  jufques  à  la  Mer  Orientale  ,  qui  borne  la  grande 
Tartarie  &  la  Chine. 

La  première  Conquête  que  GinghizJvhan  fit,  après  s'être  rendu  Maître  abfolu- 
dans  la  grande  Tartarie  ,  fut  celle  de  Khanbalig ,  qu'il  prit  par  fes  Lieutenans 
fur  Altan  Khan,  qui  étoit  alors  Empereur  de  la  Chine  ,  &  il  la  laifTa  à  l'adm'- 
niflration  d'un  Gouverneur,  pendant  qu'il  vint  en  perfonne  jufques  en  deçà  du 
Gihon,  où  il  fit  les  autres  Conquêtes  furprenantes ,  que  l'on  peut  voir  dans  forr 
titre.  A  fon  retour  dans  Ces  Etats  ayant  appris,  pendant  cette  expédition,  que 
les  Khathaïens  ou  les  Chinois  avoient  fecoué  le  joug  ,  il  fe  préparoit  pour  y- 
retourner  en  perfonne,  lorfqu'il  mourut.  Mais  Oktaî  Khan  ,  fon  fuccefl^eur  , 
ayant  exécuté  fan  projet,  ne  contraignit  pas  feulement  les  peuples  qui  s'étoient; 
révoltez  ,  à  fe  foûmettre  une  autre  fois ,  il  étendit  encore  fes  Conquêtes  dans 
le  grand  Empire  de  la  Chine  ,  plus  loin  que  n'avoit  fait  Ginghizkhan  ;  &  de- 
puis ce  temps-là  Khanbalig  &  tout  ce  qui  en  dépendoic  demeura  long-tems  fous 
la  domination  des  Empereurs  Ginghizkhaniens. 

KHANKAH,  Scheïkh  Khankah  Sâïd  afii^uda.  Nom  d'un  Auteur  qui  a 
abrégé  l'Ouvrage  de  Gazali,  intitulé  Rhia. 

KHANKOU.  Nom  d'une  Ville  de  la  Chine,  très-confidérable  par  le  con- 
cours des  Marchands  que  le  négoce  y  attire  de  tous  les  cotez;  &  c'efl  la  der- 
nière &  la  plus  éloignée  du. côté  du  Levant  ,  où  ils  abordent.  Elle  efl  fituée 
îàu  Sud -Efl  de  la  Vill-e   de  Schangiou  ,   &  n'efl  éloignée  de  la  Mer  que  d'une. 

demi- 


KHANNABI.  K  H  A  R  K  H  I  R.  4^ 


EdriiTi  parle  au(ïï  de  Khancou  en  ces  termes:  C'eft,  dic-il ,  un  très -grand 
Port  de  la  Chine,  éloigné  de  quatre  journées  de  navigation,  &  de  vingt  jour- 
nées de  chemin  par  terre,  de  Loukin,  Ville  des  Indes  la  plus  prochaine.  Elle 
efl  éloignée  de  Giankou,  ou  Giankoua,  autre  Ville  des  Indes,  de  huit  journées. 

Al  Bergendi  en  parle  autrement  que  les  deux  Auteurs  précédens.  Il  dit  en 
deux  endroits  de  fa  Géographie ,  que  c'eft  le  nom  d'une  Province  de  la  Chi- 
ne,  que  les  habitans  luy  donnoient;  mais  qui  néanmoins  étoit  plus  connue  de' 
Ion  temps,  fous  celuy  de  Khatha. 

KHANNABI.  A'ii  Ben  Erarallah  Khannabi.  Nom  d'un  Auteur  qui  â' 
compofé  en  Turc  ,  un  Livre  ,  intitulé  Akhlak  E'iaï.  Il  efl  mort  l'an  979  de- 
l'Hegire. 

KHANZADAH,  ou  Khanzadeh.  Nom  d'une  Prince/Te  de  Khouarezm, 
que  Tamerlan  fit  époufer  à  Gehanghir  ,  fon  fils  aîné ,  lequel  eut  d'elle  pour 
fils,  le  Prince  Mohammed  Sulthan..  f^oyez  les  titres  de  Gehanghir,  &  de  Moham- 
med Solthan. 

KHAOUARNAK.  Nom  d'un  Palais,  ou  Château  que  Nôman  Ben  Mon- 
dfr  fit  bâtir  à  Hirah ,  Capitale  de  fes  Etats.  Quelques-uns  ont  prétendu  qu'ih 
avoit  fait  bâtir  ce  Château  à  Coufah  ;  mais  le  Géographe  Perfien  affure,  que 
ce  fut  à  Hirah.    Foyez  le  titre  de  Sennaraar. 

KHAOUS.    Nom  d'une  petite  Ville  fituée  au  defllis  de  Samarcande  ,  éloi- 
gnée de   fept  parafanges  de   la  Ville  de  Zamin  ,   &  de  neuf ,   de  la  Ville  de- 
Khofchkat,  autre  Ville  fituée  fur  la  Rivière   de  Schafch. 

KHARAGIA  Benou  lakfin.     Nom  d'une  Ville  du  Khathaï ,  fituée  fur  le 
Caramoran,  laquelle  fut  affiegée  &  prife  par  les  Mogols,   fous  le  règne  d'Oktaï-- 
kaan,  fils  de  Ginghizkhan.    Jlboul  Farage. 

KHARAITHI.    Surnom  de  Mohammed  Ben  Giâfar  Al  Sameri,  lequel  efl' 
Auteur  d'un  Livre»  intitulé  Eètelal  alcoloub.     Il  efl:  mort  l'an  327  de  l'Hegire. 

K  HARAS  CHK  AT.     Nom    d'une   Ville    de  la    dépendance   de  ceUe   de. 
Schafch,  dans  le  Mauaralnahar.    Âilebab  dans  ALouL  Feda^^ 

KHARBOZI.    Surnom  de  Mohammed  Ben  lofef,  mort  l'an  421  de  l'He-- 
gire.    l^oyez  le  titre  de  Alfôulat  alcadhi  Sarag'  eddin  Al  Armoui. 

KHARCANI.     l^oyez  le  titre  de  Aboul  Hafl'an,  &  celuy  de  Hazcani. 

KHARITHAN.    Anba  Kharithan.    C'efl:  S.  Chariton,  Abbé  du  Monaflere, 
appelle  Saïk  le  Vieil  ,  en  Jerufalem.    Ebn  Bathrik. 

KHARKHIR.    Voyez  le  titre  de  Sin, 

Hhh  3  KHARKHIZ.. 


4^0  K  H  A  R  K  H  I  Z.  K  H  A  T  E  M. 

KHARKHIZ.  Nom  d'une  Nation  particulière  du  Turqueftan ,  environnée 
des  Pays  de  Tagazgaz ,  de  Kcimak ,  &  d'autres ,  &  voifine  de  la  Mer  Orientale. 

Kheridat  alâgiaïù. 

KHARRATH.  Ebn  Kharrath  Al  Afchbili.  Surnom  d'Abdalhakk  Ren  A/b- 
dalrahman,  qui  a  compofé  le  Livre  intitulé,  Ahkam  alfogra  fil  hadith,  furies 
Traditions  Mahometanes.  Cet  Auteur,  qui  étoit  natif,  ou  originaire  de  Seville 
en  Efpagne,  eft  mort  Tan  508  de  THcgire. 

KHARRAZ.  royez  le  titre  de  Abou  Sâid  ,  Perfonnage  réputé  Saint  par 
les  Muiulmans. 

KH  AR<^AMAH  Schagiââ.  Surnom  de  Schagiâ  eddin  Elias  Al  Roumi,  Au- 
teur d'un  Taâlik  fur  le  Livre  de  Samarkandi  ,  intitulé  Aaâb.  Le  Dodeur  efl 
mort  l'an  929  de  l'Hcgire. 

KHARTAN,  &  Martan.  Noms  de  deux  Mes  fituées  dans  un  Golfe  de 
la  Vler  d'Icmen  ,  ou  de  l'Arabie  heureufe  ,  nommé  Gioun  alafchifch,  vis-à-vis 
le  Pays  de  Schag'r,  dans  l'Arabie  heureufe.  Les  Habitans  de  ces  Ifles  ont  une 
langue  particulière  que  les  autres  Arabes  n'entendent  point;  &  ils  font  trafic 
d'Ambre  gris,  que   la  Mer  jette  quelquefois  fur  le  rivage  de  leurs  Ifles. 

KFÎARTBART.  Nom  d'un  Lieu  fîtué  dans  l'Arménie,  félon  le  Géogra- 
phe Perfien. 

KHASCHAF.  Ebn  Khafchaf.  Nom  ou  Surnom  d'un  Auteur  qui  a  écrit 
contre  Schagiari.  Mais  Schagiari  luy  a  répondu ,  &  luy  a  monftré  fès  fautes 
dans  le  Livre,  intitulé  Entalfar,  pour  la  défenfe  d'un  de  fes  Ouvrages,  intitulé 
Amali,  ou  Emla. 

K  H  AS  S  A  F.  Ebn  Al  Khaflaf.  Surnom  d'Aboubekr  Ahmed,  Auteur  du 
Livre  intitulé  Adab  Al  Cadhi  ,  touchant  les  devoirs  d'un  Juge  ,  fuivant  la 
Doftrine  d'Abou  Hanifah,  Chef  de  l'une  des  quatre  Seéles  du  Mufulmanifme. 
Ebn  Al  Khallaf  eft  mort  l'an  261  de  l'Hcgire. 

KHASSA'S.  Surnom  d'Ahmed  Ben  ^hmed  Al  Razi  ,  lequel  eft  Auteur 
d'un  LivTC.  intitulé  Oilbul,  touchant  les  Fondemens  de  la  Religion  Mu fulman- 
ne.    Il  eft  mort  l'an  370  de  l'Hcgire. 

KH  ASSCH  A  B.  Ebn,  ou  Ben  Khaflchal).  Surnom  d'A'bdallah  Ben  Ahme.1, 
le>iuvjl  a  écrit  fur  le  Livre  d'Ebn  Sakkit,  intitulé  Eflah  almanthek.  Il  eft  mort 
i'an  s6j  de  l'Hegire. 

KHASSI.  Gemaleddin  Hoffaïn  Ben  A4i  AI  Khaflî.  Nom  d'un  Auteur, 
lequel  a  compofé  l'an  654  de  1  Hégire  ,*  un  Ouvrage  intitulé  ,  Ekhtiar  fi  ma 
établir  fi  valât  alabrar.  Il  eft  encore  Auteur  du  Livre,  intitulé  Fetaoui  alfogra 
Nag'meddin.     f^oycz  le  titre  de  Moniat  alraofthi. 

KHATEM  Al  Sam.  Khatem  le  Sourd.  Nom  d'un  Doreur  Mufulman, 
■ainfi  nommé,  non  pas  à  caufe  qu'il  étoit  fourd;  mais,  parce  qu'ayant  une  fcm- 

flie, 


K  H  A  T  E  M. K  H  A  T  H  A  I  I.  431 

me,  que  la  pudeur  fuilbit  rougir  aiifli-tôt  qu'elle  parloic,  pour  l'en  guérir,  tou- 
tes les  fois  qu'elle  ouvroit  là  bouche  pour  iuy  parler,  il  luydifoit:  Parlez  haut 
que  je  vous  entende.  Cette  invention  luy  réuffit  fi  hcureufement ,  qu'il  luy  fit 
paiFer  cette  imperfection;  &  le  nom  de  Sourd  ,  qu'il  contrcfaifoit,  luy  en  de- 
meura, il  Vivoit  fous  le  Khalifat  de  Motavakkel ,  &  il  mourut  l'an  237  de 
l'Hegire. 

K  HATE  M.  Ce  mot  Arabe,  qui  fignifie,  Sceau,  eft  un  Livre  qui  traite- 
des  Myfheres  &  des  Opérations  fuperllitieufes  par  le  moyen  des  Lettres.  Il  a 
été  compolé  par  Abou  Ahmed  Mohammed  Ben  Mohammed  Al  Gazali.  Il  fe- 
trouve  avec  un  Commentaire,  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n".  loio.  f^oyez 
le  titre  de  Mollauageb. 

KHATHAI,  &  Khatha.  Nom  de  la  Chine  Septentrionale,  qui  a  toujours- 
été  gouvernée  par  des  Rois  dans  les  plus  anciens  temps,  dont  les  Hifl:oires  des 
Orientaux  font  mention.  Car  elles  portent  que  le  Khacan,  ou  Roy  du  Kha- 
thaï,  joignit  les  Troupes  à  celles  d'Afrafiab  ,  Roy  du  Turquellan  contre  Caï 
Khofrou  Roy  de  Perfe  ,  &  que  Rofiiara  le  fit  prifonnicr.  yoycz  le  titre  de 
Gaï  Khofrou. 

Les  Rois  de  cette  Partie  de  la  Chine  portoient  le  nom  d'Altounkhan  ,  du 
temps  de  Gingizkhan  ,  de  même  qu'ils -portoient  le  nom  de  Daïmenkkhan  ,  du 
temps  de  Tamerlan  &  de  fes  fuccelîeurs.  Car  celuy  que  Ginghizkhan  vainquit 
en  s'en  rendant  maître ,  portoit  ce  nom.  Celuy  qu'Oktaï  vainquit  le  portoit 
auffi;  à  ce  dernier  ayant  été  vaincu  par  Oktaï  en  bataille  rangée  ,  s'enferma 
dans  la  Ville  de  Namkink,  où  il  fe  brûla  avec  les  fiens;  de  forte  qu'Oktaï  s'en- 
rendit  maître  &  de  tout  le  Pays,     j^bcul  Farage. 

La  Ville  de  Namkink   eft  la  même  que  celle  de  Nanquin,   dont  les  Hiiloires 
&  les  Relations  de   la    Chine    parlent    aujourd'huy  ;   &  cda  fait    voir   que  le 
Khathaï  eft  la  Chine,  &  que  Khanbalig,  ou  Cambalu,  qui  en  étoit  la  Capitale,, 
étoit  dans  la  Chine  &  non  pas  dans  la  grande  Tartarie,  comme  la  plupart  de 
nos  Géographes  l'ont  crû, 

Sous  le  règne  de  Mongaka  ,  ou  Mangoukhan  ,  Empereur  des  Mogols  ,  un 
Roy  qui  pofledoit  quatre  cent  Villes,  s'étant  révolté,  ce  Prince  y  entra  avec 
fon  frère  Kublaï;  mais  il  y  fut  tué  d'abord,  l'an  658  de  l'ilegire  Auparavant,. 
le  même  Mongakakhan  avoit  fait  venir  dans  fes  Etats  de  la  grande  Tartarie, 
mille  familles  d'Artifans  du  Khathaï,  qui  fçavoient  faire  des  machines  de  guerre 
&  des  armes.     Jlhoul  Farage. 

Foyez  les  titres  de   Khotan,  de  Turk,  de  Getah,.de  Kerit,  de  Cara  Khathaï, . 
de  Khanbalig,  &  celuy  de  Tarikh  Khatha  v  Igour. 

K  H  AT  H  A II.   -Natif,  ou  originaire  du  Khathaï.     C'eft  le  Surnom  d'Abou 
Soliman  Ahmed  Ben  Mohammed,  Auteur  d'un  Livre  intitulé  Eflah   galath  al- 
mohadethin.     C'eft  une    Critique    fur    les   erreurs  de  ceux  qui  font  profcflîon  • 
d'-enfeigner  les    l'raditions  Mufulmannes ,   ou    qui  compofent    des  Ouvrages  fur 
ce  fujet.     II  eft  mort  l'an  388  de  l'Hegire. 

C'eft  aullî  un  des  Surnoms  du  Dofteur,  appelle  Al  Rommanni,  AI  Razi,  le- 
quel eft  Auteur  du  Livre,  intitulé  Aàgiaz  alcoran.    Voyez  ce  titre, 

KHATHIB,. 


432  K  H  A  T  H  I  B. 

KHATHIB,&;  Khatheb.  Prédicateur,  Harangueur.  Qui  parle  en  public. 
C'eft  auflî  parmy  les  Mahometans ,  celuy  qui  tient  dans  les  Mofquées,  la  place 
que  les  Curez  tiennent  dans  les  ParoiflTes  parmy  les  Chrétiens  ;  parce  qu'outre 
qu'il  fait  la  prière  à  leur  tête  ,  il  leur  fait  encore  des  fermons  &  des  prônes , 
en  les  avertilfant  de  leurs  devoirs,  &  fouvent  en  leur  annonçant  ce  que  le  Prin- 
ce veut  leur  faire  fçavoir  comme  à  fes  fujets.  Les  Chefs  des  Mofquées  Roya- 
les,  ou  Principales  de  chaque  Ville,  portent  ordinairement  ce  nom,  à  la  diftinc- 
tion  des  Chefs  des  autres  Mofquées  qui  s'appellent  Amplement,  Imams.  Pluûeurs 
Perfonnages,  ou  Auteurs,  portent  ce  nom,  ou  furnom  ,  comme  il  pai-oift  par 
les  titres  fuivans. 

KHATHIB  alenbia.  Le  Prédicateur  des  Prophètes.  Surnom  que  les  Ma- 
hometans donnent  à  Jethro  ,  Beaupere  de  Moyfe ,  qu'ils  nomment  Schoaïb. 
Foyez  ce  titre. 

KHATHIB.  .Surnom  d'Ahmed  Ben  Ahmed  Al  Bagdadi,  Al  Hafedh,  Doc- 
teur Traditionnaire  du  Mufulmanifme ,  lequel  a  eu  Vahedi ,  &  Nifchabouri  pour 
Difciples.    Il  eft  mort  Fan  463  de  l'Hegirc. 

KHATHIB.  Ebn  Khathib.  Surnom  de  Mohammed  Beft  O'mar  Al  Razi, 
Doéleur  dans  la  Théologie  ,  &  dans  le  Droit  Civil  &;  Canonique  des  Muful- 
mans,  &  même  Philofophe,  &  Médecin.  Mais  nonobftant  cette  grande  variété 
,  de  belles  connoiflances ,  il  fut  foupçonné  de  n'être  pas  bon  Mufulman.  Il  s'ad- 
donna  auflî  à  la  Chymie  ;  mais  il  s'y  ruïna  ,  comme  s'y  ruinent  ordinairement 
ceux  qui  en  font  profeflion.  Mohammed  Ben  Takafch,  Roy  du  Khouarezm, 
fous  lequel  il  vivoit ,  luy  donna  de  gros  appointemens.  Il  eft  mort  l'an  606 
de  l'Hegire. 

KHATHIB.  Ebn  Al  Khathib  Al  Nafleriat  Al  Giabrini.  Nom  du  Conti- 
nuateur de  i'Hiftoire  d'Halep  compofée  par  Ebn  A'dim.  Cet  Auteur  eft  mort 
l'an  843  de  l'Hegire. 

KHATHIB.  Mohieddin  Mohammed  Ben  Al  Khathib  Caflem.  Nom  de 
l'Auteur  qui  a  fait  un'Abbrcgé  du  Livre,  intitulé  Rabî  alabrar,  divifé  en  cin- 
quante Chapitres.  Il  eft  mort  l'an  940  de  l'Hegire,  &  fon  Ouvrage  fe  trouve 
dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n".  ^52. 

KHATHIB.  Ben  Al  Khathib  Al  A^'abi.  Nom  de  l'Auteur  d'un  Ouvra- 
ge ,  intitulé  Bahath  Ebn  Al  Khathib ,  dans  lequel  il  maintient ,  que  Dieu  n'éft 
pus  fufceptible  du  menfonge. 

KHATHIB  Deniefchki.     Voyez  le  titre  de  Cazvini. 

KHATHIB.  Haflan  Ben  Al  Khathib.  Auteur  qui  ^  compofé  un  Livre 
d'Aftrologie,  intitulé  Ekhtiarat. 

KHATHIB  Al  Tabrizi.  Surnom  d'Abou  Zakaria  lahia  Ben  A^li ,  Auteur 
du  Livre  ,  intitulé  Dhou  alfekhth  ,  qui  eft  un  Commentaire  fur  le  Sckhth  Al 
;Zend  d'Aboul'  O'ia.     Foyez  le  titre  de  Sekhth  Al  Zend. 

KHATHIB. 


K  H  AT  H  I  B.  — -  K  H  A  Z  E  N.  433 

KHATHIB.  Ebn  Al  Khathib  Al  Korthobi.  Surnom  de  Lemineddin  Mo- 
hammed Ben  A'bdallah  ,  qui  a  compofé  l'Hilloire  de  la  Ville  de  Grenade  en 
Efpagne,  fous  le  titre  de  Ihathah  fi  tarikh  Garnathah. 

KHATHIB.  Ebn  Al  Hiathib.  Nom  de  l'Auteur  d'un  Ouvrage,  intitulé 
Lothf  altadbir.     f^oyez  ce  titre. 

L'Auteur  de  l'Hilloire  de  la  Ville  de  Bagdet  en  dix  volumes ,  fous  le  titre  de 
Tarikh  Bagdad,  porte  auflî  le  nom  de  Khathib. 

KHATHIREDDIN.  Aboul  Mouiad  Mohammed  Ben  Khathireddin  Ben 
Raïazid,  Ben  Soliman,  Ben  Khouageh  Ferid  Al  A'tthar.  Nom  de  l'Auteur  d'un 
Ouvrage  intitulé  Giaouaher  alkhams,  divifé  en  cinq  Chapitres.  Il  mourut  l'an  956 
de  l'Hegire,  âgé  de  cinquante  ans.  Ce  Livre  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du 
Roy,  n".  1029. 

KHATHOUAT.     Nom  que  les  Arabes   donnent   au  Pas    Géométrique, 
qui  comprend  trois  akdimi ,   ou  Pieds.     Il  en  faut  douze  mille  pour  faire  une  ■ 
Parafange, 

KHATTHAB.  Ebn  Khatthab  Al  Bagi.  Nom  d'un  Auteur  qui  a  donné 
un  Abbregé  du  Livre  intitulé  Mahfoul. 

KHATTHAB L     Foyez  le  titre  de  Atfar. 

KHAVEN.  Nom  du  troifième  Cycle  de  foixante  années  des  Khathaïens, 
lequel  vient  après  le  Cycle ,  appelle  Tchoukven ,  ou  Gioukvcn ,  qui  eft  le  fé- 
cond Cycle,     t^oyez  le  titre  de  Tarikh  Khatha. 

KHAVEND  SCHAH.  Mohammed  Ben  Khavend  fchah.  Nom  d'un 
fameux  Hiftorien  Perfien,  connu  fous  celuy  de  Mirkhond,  comme  il  s'appelle 
luy-même  dans  la  Préface  de  la  Vie  de  Mahomet,     f^oyez  le  titre  de  Mirkhauend. 

KHAZARGI,  Khazragi,  ou  Khezergi.  A'bdal  Khalek  Ben  Abil  Caflem 
Al  Mefri  ,  Al  Anfari  ,  Al  Khazargi.  Nom  de  l'Auteur  du  Livre ,  intitulé 
Talkhis  algaouis  le  neïl  altakhfis ,  qui  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du 
Roy,  n\  59.3. 

KHAZARGL  Ebn  Abi  olTaïbê  AI  Khazargi.  Nom  de  l'Auteur  du  Livre, 
intitule  Oïoun  alanba  fi  thabakat  Al  Attheba,  qui  efl  une  Hiftoire  de  Méde- 
cins célèbres,     f^oyez  le  titre  de  Aboul  Derdâ. 

KHAZEN.  Ebn  Khazen.  Nom  de  l'Auteur  d'un  Commentaire  fur  l'AI- 
coran,  dont  Soiouthi  a  tiré  fon  Ouvrage,  intitulé  Anmoudag'  Lathif ,  qu'il  a 
compofé  touchant  l'excellence  de  l'Alcoran ,  &  le  refpeft  qui  luy  efl  dû  par  les 
Mufulmans.    L' Anmoudag'  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n°.  722. 

KHAZEN  Al  Bagdadi.  Surnom  de  Tag'eddin  A'ii  Ben  Habib,  Auteur  du 
Livre  ,  intitulé  Ahadith  althamaniah  ,  dont  il  faut  voir  le  titre.  Il  efl  mort 
Tan  674  de  l'Hegire. 

Il  y  a  auffi  un  Khazen  qui  a  travaillé  fur  Euclide.     Voyez  le  titre  de  Oklides. 

To^iE  IL  lii  KHAZENI. 


434  K  H  A  Z  E  N  I.        K  H  A  Z  K  I  L. 

KHAZENI.  Nom  d'un  Auteur  qui  a  inventé  &  décrit  pluficurs  inflrumens 
de  Mathématique ,  dont  il  a  auffi  donné  rufage.  l'^oytz  le  titre  de  Alat  al.ralle- 
diat.     l^vyez  aufli  celuy  de  Afkili. 

KHAZKIL.  C'eH  le  Prophète  Ezechiel ,  ainfî  nommé  par  les  Mahome- 
tans.  L'Auteur  du  '1  arikh  Montekheb  le  fait  fucceireur  dan?  la  Prophétie ,  de 
Caleb  fils  d'Iophneh,  qui  avoit  fuccedé  à  Jofué;  &  fuivant  celuy  du  Leb  Ta- 
rikh  ,  il  vivoit  du  temps  de  Caïcobad ,  premier  Roy  de  Perfe  de  la  Dynaftie  des 
Caïaniens.  "     . 

Holîaïn  Vaèz  ,  en  cx-pliquant  le  Chapitre  de  l'AIcoran  ,  intitulé  Bacrat,  ftdt 
mention  d'une  aèlion  du  Prophète  Ezechiel,  à  laquelle  ces  paroles  qui  en  font 
tirées,  ont  rapport:  Alam  tara  ela  alladhin  kharagiou  men  diarhom  ,  vahom 
olouf  hadhar  almaut.  Fakalhom  Allah:  Moutou,  thom  ahiahom.  Enna,  Allah, 
ladho  âla  alnas  v  lakenna  almis  la  ïafchkoroun;  c'eft -à-dire:  JS'avez-vons  pas  viU 
eu  admiré  ceux  qui  fortirent  de  leur  pays  par  milliers  pour  fe  garantir  de  la  mort'^ 
Dieu  kur  dit  :  A-J aurez- tous  ,  (f  ils  moururent  tous.  Puis  ,  il  leur  rendit  la  vie. 
En  vérité  Dieu  ejî  toujours  porté  à  faire  des  grâces  aux  hommes  i  âf  cependant ,  la 
plupart  d'entre  eux  n'en  font  pas  reconnoifj'ans  comme  ils  le  doivent. 

Hoflliïn  Vàez  fur  ces  paroles ,  rapporte  ce  qui  fuit ,  après  flmam  Seddi ,  qu'il 
cite  pour  les  fliire  mieux  entendre.  Il  dit:  la  pefi:e  ayant  paru  dans  le  Bourg, 
ou  dans  la  petite  Ville  de  Davardan  ,  qui  elt  des  dépendances  de  la  Ville  de 
Vafîith,  une  partie  des  habitans  la  quitta,  &  pluficurs  d'entre  eux  conferverent 
leur  vie.  Une  paitie  auJlî  de  ceux  qui  demeurèrent,  mourut.  La  pelle  ayant 
paiu  une  autre  année  .  tous  les  habitans  quittèrent ,  &  emmenèrent  avec  eux 
leurs  troupeaux ,  pour  fe  garantir  de  la  mort.  Ils  arrivèrent  dans  une  profon- 
de vallée  entre  deux  montagnes;  &  alors  deux  Anges  parurent,  l'un  à  l'entrée, 
&  lautre  à  la  fortie  de  cette  vallée  ,  «&  leur  annoncèrent  la  mort  de  la  part 
de  Dieu.  Ils  moururent  donc  tous  avec  leurs  troupeaux  ,  au  nombre  de  huit 
mille,  que  d'autres  font  monter  jufquà  quarante,  &  quelques-uns  jufques  à  foi- 
xante  &  dix  mille. 

Quand  on.  fçut  cette  grande  mortalité  dans  les  Pays  voifîns,  chacun  courut 
poui-  les  enfevelir.  Mais  voyant  qu'ils  ne  pouvoient  pas  en  venir  à  bout ,  ils. 
fermèrent  de  murailles,  les  avenues  de  la  vallée,  afin  que  perfonne  n'en  appro- 
chât, &  fe  retirèrent.  Tous  ces  cadavres  furent  confommez  en  peu  de  temps, 
&  il  n'en  refta  que  les  os. 

Au  bout  de  quelques  années,  le  Prophète  Khazkil ,  ou  Ezechiel,  le  troifième- 
de  ceux  qui  ont  tenu  la  place  de  Moyfe  parmy  les  Juifs,  paifant  par  ces  quartiers- 
là,  &  confiderant  ces  os,  fit  cette  prière  à  Dieu:  Elahi,  tchenantchih  etfer  heï- 
bet  bedifchan  numoudehi,  nazari  rahmct  ber  ifchan  efken;  c'cft-à-dire:  O  Dieu,. 
de  même  qu'il  vous  a  plu  de  manifeller  fur  ceux-cy  vôtre  puillance  avec  ter- 
reur,  regardez-les  maintenant  avec  un  œil  de  clémence  &  de  mifericorde. 

Dieu  exauça  la  prière  de  ce  Prophète  ,  &  rendit  la  vie  à  tous  ces  morts.. 
Mais  la  veuë'd'un  fi  grand  miracle  ne  put  pas  dompter  la  rébellion  des  Juifs. 
Ils  ne  payèrent  un  fi  grand  bienfait  que  d'ingratitude.  Que  cela  vous  ferve 
d'exemple,  ô  vrais  Fidèles,  qui  lifez  ces  paroles,  que  Dieu  vous  fait  annoncer 
ic  fa  part. 

Voili  de  queUe  manière  Hoffiiïn  Vaêz,  ou  le  Prédicateur,  paraphrafe  le  paf^ 


KHAZRAGI.  KHEDHERKHAN.      435 

fage  de  l'Alcoran,  rapporté  cy-defTus,  en  exhortant  fes  Lc<5leurs  Mufulmans ,  de 
faire  profit  de  cette  hiiloire. 

KHAZRAGI.    Foyez  le  titre  de  Khazargi. 

KHEDHER,  ou  Kliedlir  ,  ou  Khizir ,  &  Hizir,  fuivant  la  prononciation 
des  Turcs.  Nom  d'un  Prophète,  que  les  Orientaux,  félon  leurs  Traditions, 
difent  avoir  été  le  Compagnon,  ou  le  Confciller,  &  General  d'arrnée  de  Dhoul- 
carneïn ,  qui  n'ell  pas  Alexandre  le  Macédonien  ;  mais  un  Monarque  du  Mon- 
de plus  ancien  que  luy  ,  qui  a  porté  le  premier  ,  le  nom  d'iskendcr  Uhoul- 
carneïn,  Alexandre  le  Grand  n'ayant  porté  le  .même  nom  qu'à  fon  imitation, 
&  à  cauie  de  les  grandes  Conquêtes.  Fuyez  le  titre  de  Dhoul  Carncïn,  &  ce- 
luy  de  Iskender. 

Un  Poëte  Perfien  écrit  en  parlant  de  Khedher  :  Ab  haïvan  kih  Sekender  thal- 
befch  fcrmoud  :  Rouzi  gian  Khedher  kefcht  v  fchud  ezevi  khofchnoud  :  la  Fon- 
taine de  Vie  qu'Alexandre  a  cherchée  en  vain,  fut  trouvée  par  Khedher,  qui 
en  but  il  longs  traits. 

Le  mot  de  Khedher,  fignifiant  en  Arabe,  Verd  &  Verdoyant,  on  prétend 
que  ce  nom  fut  donné  à  ce  Prophète,  à  caufe  qu'il  joliit  d'une  vie  fioriiïante 
&  immortelle  depuis  qu'il  eut  bû  de  l'eau  de  la  Fontaine.  Plufieurs  le  con- 
fondent avec  le  Prophète  Elle,  que  nous  difons  faire  fa  demeure  dans  le  Para- 
dis terreftre,  &  jouir  de  l'immortaUté.  Parce  que  l'arbre  de  vie  étoit  dans  ce 
Paradis ,  &  qu'il  y  avoit  auffi  une  Fontaine  ,  les  Mufulmans  donnent  à  cette 
Fontaine,  le  nom  de  Fontaine  de  Vie,  &  croyent  que  c'elt  de  la  boifibn 
de  fon  eau  ,  auffi  bien  que  du  fruit  de  l'arbre  de  vie  ,  qu'Elie  entretient  fon 
immortalité. 

Les  Orientaux  appellent  auffi  Elle  d'un  nom  compofé  des  deux  ;  à  fçavoir, 
Khedher  Elias ,  &  Khedherlas. 

Suivant  le  Tarikh  montekheb  ,  ce  Prophète  vivoit  du  temps  d'Abraham,  du- 
quel il  étoit  neveu  ,  félon  quelques-uns  ,  &  fervit  de  conducteur  à  Moyfe  au 
paifige  de  la  Mer  rouge ,  &  dans  le  Tiah  ;  c'eft-à  dire ,  dans  le  Defert. 

Les  Turcs  nomment  auffi  Saint- George  ,  Khedher  Ehas  ,  ou  Khizir  Elias. 
Voyez  le  titre  de  Ili ,  ou  Ilia ,  &  cehiy  de  Mouffa. 

Quoyque  plufieiu-s  Mufulmans  confondent  Khizir,  avec  le  Prophète  Elic, 
néanmoins  l'Auteur  du  Tarikb  montekheb  en  fait  fort  bien  la  diftinclion,  & 
ajoute  que  Khedher  vivoit  du  temps  de  Caikobad ,  ancien  Roy  de  Perfe; 
&  qu'ayant  trouvé  la  Fontaine  de  vie  ,  &  bù  de  fon  eau  ,  il  ne  doit  pas 
mourir  jufques  au  fon  de  la  Trompette;  c'ell-à-dire  ,  julqu'au  jour  du  Juge- 
ment dernier. 

KHEDHER.  Surnom  de  Modhaffer  Ben  O'thman  Al  Barmeki,  qui  a  com- 
pofé le  Livre  intitulé  Akhlak  alatkia  v  fefât  alasfia  ,  qui  ell  un  Ouvrage  de 
Spiritualité ,  touchant  la  conduite  des  Sofis  ou  Religieux  Mufulmans,  Cet  Au- 
teur efl  mort  l'an  964  de  l'Hegire. 

KHEDHERKHAN.  Nom  d'un  Roy  très-puiflant  ,  qui  regnoit  dans  le 
Turqueflan  au  de-là  de  l'Oxus,  &  qui  avoit  une  infinité  de  Troupe?  du  temps 

1 i  i  2  que 


436  K  H  E  D  R  I.  K  H  ï  A  M. 

que  Khedher  Ben  Ibrahim  regnoit  parmy  les  Gaznevides ,  &  Malek  fclrah  par- 
my  les  Selgiucides ,  avec  lequel  il  entretenoit  bonne  correfpondance. 

Ce  Prince  avoit  à  la  Cour  cent  Poètes  ,  dont  A  maki  étoit  le  Chef ,  &  fa 
magnificence  étoit  fi  grande  ,  qu  il  ayoit  pour  fa  garde  fept  cent  Cavaliers  ar- 
mez de  maires  de  pur  or ,  &  un  pareil  nombre  d'autres ,  qui  en  portoient  d'ar- 
gent. 

KHEDHRI.  Nom  d'un  Scheïkh  ,  duquel  il  eft  fait  mention  dans  le  titre 
de  Sofi,  cil  il  eft  parlé  de  la  définition  d'un  Religieux. 

KHELAFIAT  mandhoumat.  Titre  d'un  Ouvrage  de  2660  Vers,  touchant 
la  Loy  Mufulmanne.,  compofé  par  Abou  Hafs  O'mar  Al  Nallafi.  Il  fe  trouve 
dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n°.  654. 

KHEL  ASS  AT.  Ce  mot  Arabe,  qui  fignifie  Beurre  le  plus  pur,  &  par  mé- 
taphore la  partie  la  plus  exquife  de  quelque  chofe  que  ce  foit ,  entre  dans  les 
deux  titres  de  Livres  qui  fuivent. 

KHEL  AS  S  AT  alakhbar  fi  beian  ahual  alakhiar.  Titre  de  l'Hiftoire  uni- 
verfelle  ,  écrite  en  Perfien  d'un  Style  très -élégant  ,  par  Mirkhond ,  depuis  la 
Création  du  Monde  jufqu'à  l'an  904  de  l'Hegire.    ^oyez  le  titre  de  Mirkhond. 

KHEL  AS  S  AT  fil  nahou.  Titre  d'une  Grammaire  Arabique  écrite  en  mille 
Vers,  d'où  elle  eft  aufîi  appellée  Alfiah.  Son  Auteur  eft  Ebn  Malek  ,  &.  elle 
fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n  .  1103. 

KHERD  NAMEH.  Titre  d'une  Vie  d'Alexandre.  Foyez  celuy  de  Es- 
kender  Nameh. 

KHERIDAT.  Pucelle  ,  Perle  qui  n'eft  pas  encore  percée.  Mot  Arabe, 
qui  entre  dans  les  titres  de  quelques  Livres. 

KHERIDAT  alagiaïb.    Titre  d'une  Géographie  univerfelle,  compofée  par 

Ebn  Al  Vardi. 

KHERIDAT  alcafllir  v  geridat  alâffar.  Titre  d'un  Supplément  dû  Livre  in- 
titulé letimat  aldeher ,  de  Thâlebi  ,  jufques  en  l'an  597  de  l'Hegire ,  lequel  a 
été  compofé  par  O'madeddin  Al  Khateb.  Cet  Ouvrage  fe  trouve  dans  la  Bi- 
bhotheque  du  Roy,  n°.  1167. 

KHEZANAT  alfekh.  Titre  d^in  Ouvrage  touchant  la  Jurifprudence  Mu- 
fulmanne, compofé  par  Samarcandi. 

K  H  E  Z  E  L  G I E  H-     Voyez  le  titre  de  Sin. 

KHI  AL  Benl  xouffa.  Les  Penfées  des  enfans  de  Moyfe.  Titre  d'un  Li- 
vre de  Secrets,  dont  l'Auteur  eft  inconnu. 

KHI  A  M.  Nom  d'un  Philofophe  Mufulman  qui  a  vécu  en  odeur  de  Sainteté 
dans  fa  Religion ,.  vers  la  fin  du  premier  &.le  commencement  du  fécond  Siècle 
de  riijegire. 

L'an 


KHISCHAVENDI.  K  H  O  G  E  N  D.  437 

L'an  105  ou  106  de  l'Hegire  ,  un  jour  ce  Phibrophe  dit ,  étant  en  compa- 
gnie de  quelques-uns  de  fes  amis  :  Mon  fepulcre  doit  être  en  un  lieu  qui  fera 
couvert  de  fleurs  tous  les  ans  au  pi-intemps.  Un  de  ceux  qui  étoient  prcfens; 
&  c'eft  l'Auteur  du  Livre  intitulé  Mag'mâ  alnauadir  ,  qui  raconte  cet  événe- 
ment, dit  alors  en  lui-même  :  r.ll-il  poflîble  qu'un  homme  li  lage  avance  une 
parole  fi  contraire  à  celle  de  Dieu ,  qui  dit  dans  l'Alcoran  :  V  ma  tadhri  nefes 
beaï  ardh  tamaut  ;  Perfonne  m  fçait  en  quel  lieu  il  mourra. 

Plufieurs  années  après ,  cette  même  perfonne  étant  allée  au  printemps  à  Ni- 
fchabour  en  Khoraflan  ,  pour  vifiter  ce  Perfonnage ,  qui  étoit  mort  en  réputa- 
tion de  Sainteté,  trouva  que  fon  fepulcre  étoit  au  pied  de  la  muraille  d'un  jar- 
din ,  où  les  arbres  chargez  de  fleurs  &  entrelaflez  les  uns  avec  les  autres  ,  le 
couvroient  tellement,  qu'on  ne  le  voyoit  point;  &  cela  lit  qu'il  rappella  dans, 
fa  mémoire  ce  qu'il  en  avoit  entendu  dire  autrefois. 

KHISCHAVENDL  Voyez  le  titre  de  Abouf  A'bbas  Fadhel  Al- Esfa- 
raïni. 

KHIZIR.     Voyez  le  titre  de  Khcdher. 

KHODABENDEH.  Surnom  de  Mohammed,  fils  d'Argoun  khan,  dif  Al 
Giaptou,  douzième  Prince  des  Genghizkhaniens.  Voyez  le  titre  de  Al  Giaptou. 

KHODAIDAD.  Ce  mot  qui  fignific  en  Perfien  Dieu -donné,  eft  le  nom 
d'un  Général  d'Armée  &-  d'un  Gouverneur  du  Turkcfl:an  ,  fous  les  ordres  de 
Tamerlan. 

KHODAISER.  Nom  d'un  gros  Bourg  du  Khoraiïan  ,  dans  le  Terroir  de 
Samarcande  &  de  la  dépendance  de  la  Ville  d'Ofroufchnah ,  fort  peuplé  &  fort 
connu  par  les  voyageurs.    JJl  Lebab.  Ebn  Haukal,  dans  Aboul  Feda,. 

KHODDAM.    Voyez  \q  titre  de  FadhI  alkhoddam. 

KHODRL  Abou  Sàïd  Ben  Maick  Al  Anfari  ,  AI  Khezergi ,  AI  Medeni, 
porte  ce  furnom  d'un  Village  des  environs  de  Medine  ,  nommé  Khodrah.  C'ell 
un  des  premiers  Jurifconfultes  du  Mahometifme  &  des  premiers  Compagnons  de 
Mahomet.  Il  ell  réputé  le  plus  fçavant  en  Droit  &  en  Traditions  de  tous  les 
autres  Compagnons  de  ce  faux  Prophète.  Sa  mort  arriva  l'an  74  de  l'Hegire , 
fous  le  Khalifat  d'Abdalmalek.     Rabi  alabrar. 

KHOGEND&  Khogendah.     Nom  d'une  Ville  de  la  Tranfoxane  ,  des  dé^- 
pendances  de  Farganah,  fituée  fur  le  Sihoun  ,  qui  porte  auffi  le  nom  de  Fleu- 
ve de  Khogend.     Il  y  a  des  Géographes  qui  luy  donnent  90  degrés,  35  minu- 
tes  de  longitude,  &  41  degrés,  25  minutes  de  latitude  Septentrionale;.  &  d'au- 
tres 40  degrés ,  50  minutes  de  latitude. 

Suivant  Aboul  Feda,  le  Géographe  Ahmed  AI  Khateb  met  fept  journées  de 
diftance  de  Khogend  à  Samarkande,  &  quatre  de  la  même  Ville  jufques  à  celle 
de  Schafch;  &  fuivant  l'Auteur  du  Livre  de  Géographie,  intitulé  Al  Lebab  , 
c'eft  une  grande  Ville  environnée  de  beaucoup  de  jardinages  qui  portent  des 
fruits  très  -  exquis.  AI  Bergendi  en  parle  de  la  même  manière  dans  fon  cin- 
quième Climat,,  Voyez  les  titres  de  Farganah  &  de  Gctah. 

li  i  a_  KHOGENDL- 


438  K  H  O  G  E  N  D  I.  KHONDEMIR. 

KHOGENDI.  Natif  ou  Originaire  de  la  Ville  de  Khogend.  Surnom  d'un 
Imam  ,  lequel  eft  Auteur  d'un  Scharh  ou  Commentaire  fur  le  Livre  intitulé 
Adab  Al  Kadhi,  dont  Iakoub  Ben  Ibrahim  elt  Auteur.     Voyez  ce  titre. 

KHOGENDI.  Saïf  eddin  Ben  Al  Khogendi.  Nom  de  l'Auteur  d'un  Ou- 
vrage  intitulé  Boftan  fil  koraat,  dans  lequel  il  traite  des  Douleurs  pour  la  Lec- 
ture de  l'Alcoran.     Il  efl  mort  l'an  y^7  de  l'Hegire. 

KHOLCOTHORAT.  Ketab  Kholcotborat.  Titre  d'un  Livre  de  Prefti- 
ges  &  d'Enchantemens  ,  qui  le  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n".  1014. 
Voyez  le  titre  de  Ramadat. 

KHOLGIAN.  Les  Golfes  de  Mer,  C'eft  le  plurier  de  Khalig',  mot  Ara- 
be, qui  fignifie  entre  autres  fignilications  Golfe  de  Mer. 

Les  Géographes  Arabes  comptent  trois  Kholgian  ou  Golfes  principaux  dans 
nôtre  Continent;  à  fçavoir,  Bahr  Fars,  qui  eft  le  Golfe  Perlïque  ;  Bahr  Al 
Roum ,  la  Mer  de  Roum,  c'eft-à-dire  ,  la  Mer  Méditerranée;  &  Bahr  Khozar, 
qui  eft  la  Mer  Cafpienne.  Mais  il  eft  conftant ,  que  la  Mer  Cafpienne  n'eft 
pus  un  Golfe. 

KHONDEMIR.  Surnom  d'un  Hiftoriographe  Perfien  très-celèbre  ,  que 
quelques-uns  appellent  Emirkond  ou  Emir  Khouand  fchah.  Mais  atin  que  l'on 
fcache  quel  eft  fon  véritable  nom,  il  faut  l'entendre  parler  luy-même  dans  fa 
Préface  de  fon  Abrégé  de  l'Hiftoire  univerfelle  ,  intitulé  KhelalTat  âlakhbar  , 
dont  on  a  fait  mention  cy-delfus,  où  il  apprend  aulîî  quelques  particularitez  de 
fa  vie. 

Il  dit  donc  dans  cette  Préface  ,  en  parlant  de  luy-même  :  Il  eft  de  la  con- 
noiftance  de  toutes  les  perfonnes  doftes  &  intelligentes  qui  font  la  Partie  la 
plus  heureufe  de  la  Création,  que  le  pauvre  &  miférable  Serviteur  de  Dieu, 
Gaïatheddin,  fils  de  Hamameddin,  furnommé  Khond  Mir  ou  Khondemir,  auquel 
Dieu  veuille  accorder  tout  ce  qu'il  defire  &  falfe  finir  hcureufement  fes  jours. 
Dès  qu'il  eut  atteint  l'âge  de  la  rajfon  &  du  difcerncraent ,  il  a  commencé  d'em- 
ployer fon  temps,  comme  il  a  continué  de  faire  pendant  le  cours  de  fa  vie, 
à  la  lefture  &  à  la  recherche  de  l'Hiftoire,  tant  générale  que  particulière,  re- 
cueillant tout  ce  qu'il  a  trouvé  d'utile  &  d'agréable  dans  les  OuvTages  des  Hif- 
toriens.  Enfin,  ayant  été  appelle  auprès  d'Emir  Ali  Schir,  Seigneur  doué  d'u- 
ne très-grande  vertu,  amateur  &  proteéleur  ûcs  Gens  de  lettres  ,  il  a  eu  l'oc- 
cafion  &  le  loifir  d'étaler  les  connoiOances  qu'il  avoit  acquifcs ,  &  en  luy  in- 
fpirant,  de  jour  en  jour,  l'amour  de  l'Hiftoire  ,  il  luy  fit  naître  le  defir  d'en 
avoir  les  principaux  Auteurs. 

Ce  fut  l'an  904  de  l'Hegire,  qu'ayant  raraafie,  avec  beaucoup  de  foin  &  da 
dépenfe  ,  une  très -belle  Bibliothèque,  il  en  donna  la  garde  &  la  direftion  à 
Khondemir  ,  lequel  d'abord  ne  penfa  à  autre  chofe  qu'à  profiter  d'un  fi  riche 
dépoli. 

Pour  rendre  l'étude  de  l'Hiftoire  plus  facile  ,  il  a  donc  crû  qu'il  falloit  la 
réduire  dans  un  ordre  plus  méthodique  &  dans  un  ftyle  plus  abrégé,  &  ^il  a 
donné  à  fon  Ouvrage,  qui  comprend  ce  qu'il  y  a  de  plus  excellent  dans  l'Hif- 
tei:e ,  le  titre  de  Khclallat  alakhhar  fi  beïan  ahual  alakhiar  ,  c'cft-à-dirc ,  Livre 

qui 


K  H  O  R  A  I.        K  fl  O  K  A  S  S  A  N.  439 

qui  contient  ce  qu'il  y  a  de  plus  pur  &  de  plus  exafl  dans  les  Hilloires  au- 
tentiques  &  certaines. 

Ce  Livre  comprend  une  Préface  ,  dix  Difcours  &  une  Conclufion  ;  ce  font 
en  tout  douze  Parties,  dont  la  première  traite  de  Ja  Création  du  Monde,  fui- 
vant  l'ordre  des  jours  qui  y  furent  emploj^cz;  de  Ja  Qualité  des  Créatures  ,  & 
de  l'afcendant  qu'Eblis  ou  le  Démon  prit  fur  elles. 

La  féconde  ,  parle  des  Prophètes  ,  &  de  ccuv  qui  ont  été  envoyez  de  Dieu 
dans  le  Monde. 

La  troifième,  des  Sçavans  &  des  Hommes  doftes. 

La  quatrième  ,  des  Rois  de  Perfc ,  &  des  autres  Princes  les  plus  anciens  du 
Monde. 

La  cinquième,  de  Mahomet,  de  fa  Prophétie,  des  guerres  qu'il  a  eues  à  foû- 
tenir  &  des  conquêtes  qu'il  a  faites. 

La  fixièrac,  des  Khalifes ,  fucccffeurs  de  Mahomet,  &  des  douze  Imams  ou 
Pontifes  de  la  Sefte  d'A'li. 

La  feptième  ,  des  Khalifes  de  la  Race  d'Ommiah ,  appeliez  Ommiades. 

La  huitième,  des  Khalifes  de  la  Race  d'Abbas,  nommez  Abbaffides. 

La  neuvième,  des  diiférentes  Dynallies  &  Familles  Royales,  dont  une  partie 
ont  paru  fous  le  rejne  des  Abbaffides  ,  &  les  autres  depuis  l'extinélion  de  leur 
Empire. 

La  dixième,  des  Enfans  da  Japhct ,  fils  de  Noé  ,  de  la  NiilTance  de  Gin- 
ghizkhan,  de  fon  Empire  &  di  celuy  de  fes  defcendans. 

L'onzième,  de  l'Empereur  invincible  &  Conquérant  du  Monde  Tamerlan,  de 
fon  Empire  &  de  fà  poftérité  jufqu'à  nos  jours. 

Enfin  la  douzième  contient  l'Hiftoire  particulière  de  la  Ville  de  Herat ,  de 
fes  Edifices,  de  fes  Jardins  &  des  grands  Hommes  qui  en  font  fortis. 

Voilà  ce  que  Khondemir  dit  de  fa  perfonne  &  d'un  Ouvrage ,  qui  commence 
à  la  Création  du  Monde,  &  finit  Fan  875  de  l'Hegire  &  de  J.  t.'.  147 1 ,  fous 
le  règne  du  Sultan  Holîîim  Behadirkhan,  troifième  petit -fils  de  Tamerlan,  le- 
quel avoit  chaire  du  trône  ladighiar  ,  autre  petit-fils  de  Tamerlan.  Il  étoit  fii- 
jet  de  ce  Sultan,  comme  il  paroîc,  natif  de  Herat,  Capitale  du  Khoralian,  où 
les  Enfans  &  Succefl'eurs  de  Tamerlan  tenoient  leur  fiége  depuis  Schahrokh, 
fils  de  ce  Conquérant,  rvycz  les  titres  de  Habib  alfcïr  &  de  Gaïatheddin  Ben 
Haraameddin. 

K  H  O  R  A  I.  Surnom  d'Ahmed  Ben  Nafiln*  ou  Nezir.  Foyez  le  titre  de 
Vathek. 

KHORASSAN.  Nom  d'une  Province  ou  plûtoft  d'un  Pays  d'une  très- 
grande  étendue  ,  dont  nous  domions  icy  la  defcription  telle  que  le  Géographe 
Perfien  l'a  donnée. 

Premièrement,  touchant  l'origine  de  ce  mot,  il  remarque  que  le  mot  de  Khor 
ou  Khour  fignifie  Soleil  ,  &  alîan,  Lieu  habité.  C'efi:  pourquoy,  par  le  mot 
de  Khorafilm,  on  entend  une  grande  étendu?  de  pays  du  côté  du  Soleil,  c'eft-- 
à-dire  ,  du  Soleil  Levant ,  bien  peuplé.  Aulîî  les  Penfans  de  l'Iraque  Perfique 
difent,  que  le  KhoralTan  s'étend  depuis  Rheï  ,  Ville  de  la  Perfe  Monraî^neufe, 
c[ui  s'appelle  auiîî  E'rak  A'gem,  Iraque  Perfique,  jufques  à  îvlatlilâ  afitab,  juf- 

qucs 


440  K  H  0  R  A  S  S  A  N  I.  K  H  O  R  R  E  M. 

ques  au  Lever  du  Soleil  :  mais  voicy  de  quelle  manière  il  le  décrit  plus  parti- . 
culièrcment. 

Le  KhorafTan  efl  borné  par  un  défert  vers  le  Couchant  du  côté  du  Pays  de 
Giorgian  &  du  Gebal,  ou  de  l'Iraque  Pcrfique.  Vers  le  Midy,  il  a  un  autre 
Défert  entre  la  Perfe,  proprement  dite,  &  le  Pays  de  Comas.  Le  Segellan  & 
les  Lides  vers  le  Levant,  &  le  Mauaralnahar  avec  une  partie  du  Turkellan  vers 
le  Septentrion. 

Le  même  Auteur  décrit  plus  particulièrement  le  Défert  qui  efl  au  Midy,  le- 
quel efl  d'une  très-grande  étendue.  Il  a  une  Partie  des  Confins  de  la  Perfe  à 
fon  Couchant,  une  autre  partie  &  le  Kerman  au  Midy  ;  au  Levant  une  partie 
du  Mekran  &  une  partie  du  Segeftan  ;  &,  au  Septentrion  le  Khoraffan  &  une 
partie  du  Segeftan. 

En  allant  du  Khorafîlm  en  Perfe,  du  côté  du  Midy,  la  première  Ville  que 
l'on  rencontre  ,  après  avoir  pafTé  le  Défert  ,  efl  celle  d'Iezd.  En  allant  vers 
Ifpahan,  on  arrive  à  celle  d'Ardeflan;  vers  le  Kerman,  une  petite  Ville  appel- 
léc  Habeidh;  &  vers  le  Pays  de  Comas,  les  Villes  de  Semnan  &  de  Damagan. 

Dans  cette  grande  étendue  ,  le  KhorafTan  a  quatre  Villes  Royales  ,  où  les 
Rois  qui  y  ont  régné  ont  fait  leur  réfidence;  à  fçavoir.,  les  Villes  de  Balkh,  de 
Merou,  de  Nifchabour  &  de  Herat,  dont  il  faut  voir  les  titres  particuliers.  Le 
Roy  des  Uzbeks  ou  Ttirtares  ,  qui  y  règne  aujourd'huy,  fait  fa  demeure  ordi- 
naire dans  celle  de  Herat. 

Les  anciens  Rois  de  Perfe  ont  eu  le  KhorafTan  fous  leur  PuifTance.  Néanmoins, 
l'Auteur  du  Lebtarikh  remarque  ,  que  du  temps  de^  Narfi  Ben  Gudarz  il  étoit 
occupé  par  Mouiad  &  par  Ramin.  Après  la  Conquête  de  la  Perfe  ,  les  Arabes 
s'en  rendirent  les  Maîtres  fous  le  Khalife  Othman.  Les  Thahericns ,  les  Sama- 
niens,  Mahmoud  Sebekteghin  &  fes  SuccelTeurs ,  &  les  Bouides  y  régnèrent  les 
uns  après  les  autres.  Les  Selgiucides  chafTerent  les  derniers,  les  Khouarezmiens 
vinrent  après  &  enfuite  les  Gaurides.  Mais  les  Khouarezmiens  y  étant  rentrez 
une  autre  fois ,  en  furent  dépouillez  par  Genghizkhan  ,  qui  le  laifTa  à  fes  Suc- 
celTeurs, lefquels  y  demeurèrent  jufques  à  Tamerlan,  qui  le  conquit  fur  eux  & 
le  laifTi  à  fes  Enfans;  ceux-cy  s'y  maintinrent  jufqu'à  ce  qu'ils  furent  contraints 
de  le  céder  aux  Uzbeks,  lefquels  y  régnent  encore  aujourd'hui  ,  comme  il  a  été 
marqué  ,  nonobflant  les  rudes  guerres  qu'ils  ont  eu  à  foûtcnir  contre  les  Rois 
de  Perfe,  de  la  Race  qui  y  règne  préfenteraenL 

KHORA^SANI,  Natif  ou  Originaire  du  Khoraffan.  Abou  Hafs  Harcth, 
qiii  a  travaillé  fur  Euelide,  porte  ce  furnom.  f^oyez  le  titre  de  OkHdes.  f^oyez 
auflî  celuy  de  Abou  Hamzat. 

KHORDADB  AH.  A'bdallah  Ben  A'bdallah  ,  Ben  Khordadbah.  Nom  de 
l'Auteur  d'un  Tarikh  ou  Ouvrage  Hiflorique,  dont  Mafl'ôudi  fait  mention  dans 
fon  Livre,  intitulé  Moroug'  aldhahab.  Ben  Khordadbah  efl  mort  environ  l'an 
300  de  l'Hegire. 

KHORREM.  Nom  d'un  Pays  voifm  de  la  Ville  d'Ardebil.  C'cfl  auffi  , 
fuivant  le  Caherman  Nanjeh  ,  le  nom  d'une  Ville  bâtie  par  Caherman  Catel , 
dans  fine  de  Serandib ,  au  pied  de  la  haute  Montagne  oh  Adam  efl  enterre, 
fuivant  la  Tradition  des  Mufulraans ,  &  où  quelques-uns  croyent  qu'étoit  le  Fa- 

radis 


KHOSCHADAM.  — ^  K  H  O  S  R  0  U.  441 

radis  Terreflre.    Elle  eft  nommée  de  ce  mot  Arabe,  qui  fignifie  Joyeux,  à  cau- 
fe  que  c'étoic  un  Lieu  de  joye  &  de  plaifirs.     Voy2Z  le  titre  de  Serandib. 

KHOSCHADAM  AI  Roumi.  Nom  du  quatorzième  Sultan  ou  Roy  d'E- 
gypte de  la  Dynallie  des  Circaffiens ,  quoiqu'il  fût  Grec  de  Nation  ,  comme 
rétoient  auiîî  Lagin  &  Ibek,  qui  l'avoient  précédé. 

C'efl  un  des  plus  excellens  Princes  qui  ayent  régné  en  Egypte.  Son  règne 
fut  de  fix  ans  &  fix  mois,  &  il  mourut  l'an  872  de  l'Hegire  ,  âgé  de  plus  de 
foixante  ans.    Ebn  Jofef, 

KHOSCHKET.  Nom  d'une  Ville  fituée  fur  la  Rivière  de  Schafch  dans 
le  Mauaralnahar.  II  y  a  de  Khaous ,  Ville  de  la  dépendance  de  Samarcande  , 
dont  il  a  été  parlé  cy-defTus,  jufqu'à  celle  de  Khofchket,  neuf  parafanges. 
Moul  Feàa. 

KHOSCHOUFGAN.  Nom  d'un  gros  Village  ou  Bourg  de  la  Vallée  de 
So^d,  dans  le  Mauaralnahar,  que  l'on  a  depuis  appelle  Ras  alSantharah,  la  Tê- 
te du  Pont.    Aboul  Feda. 

KHOSROU.  On  dit"  auffi  Khofrau  &  Khofrev.  Nom  commun  àplufieui-s 
Rois  de  Perfe,  comme  l'on  peut  voir  dans  les  articles  fuivans. 

KHOSROU  Ben  Afchg.  Khofrou  fils  d'Afchg,  fécond  Roy  de  Perfe  de  la 
Dynaflie  des  Afchganiens  ,  qui  font  les  Arfacidcs  ,  lequel  fucceda  à  fon  père. 
Il  régna  douze  ans ,  &  Jefus-Chrill  naquit  fous  fon  règne ,  fuivant  l'Auteur  du 
Lebtarikh. 

KHOSROU  Ben  Balafchan.  Kliofrou  fils  de  Balafchan  ,  dernier  Roy  de 
Perfe  de  la  Race  des  Afchganiens  ,  lequel  fucceda  à  fon  Père  &  régna  treize 
ans.  Il  fut  tué  dans  la  guerre  que  l'Auteur  du  Lebtarikh  appelle  la  Guerre  des 
Afchganiens  ou  Askaniens. 

KHOSROU.  Nom  de  Noufchirvan  ,  Roy  de  Perfe.  Voyez  le  titre  de 
Noufchirvan. 

KHOSROU  Ben  Hormouz.  Nom  de  Khofrou  Parviz ,  XXIII  Roi  de  Per- 
fe de  la  Dynaflie  des  Saiîaniens ,  fils  de  Hormouz  ou  Hormiidas,  &.  petit- fils 
de  Chofroés,  ou  Noufchirvan  Al  A'dcl ,    Noufchirvan  le  Julie. 

Plufieurs  confondent  ce  Prince  avec  Ion  ayeul  ,  &  enti'autres  Texeira ,  qui 
veut  que  Mahomet  foit  né  fous  fon  règne,  quoy  que  Mahomet  luy-même  té- 
moigne qu'il  efl  né  fous  celuy  de  Noufchirvan,  comme  nous  avons  vu  ci -de- 
vant. C'efl  ce  Chofroés  duquel  nous  parlons  maintenant,  qui  fit  une  fi  longue 
guerre  à  l'Empereur  Herachus  qui  le  vainquit.  Voicy  ce  que  Khondemir  écrit 
de  luy. 

Auili-tôt  qu'il  eût  pris  pofl'efÏÏon  de  la  Couronne  de  Perfe  ,  après  la  difgrace 
arrivée  à  fon  père  ,  Beheram  Gioubin ,  qui  Tavoit  le  premier  promulgué  Empe- 
reur, en  fe  fervant  feulement  de  fon  nom,  pour  dépoffeder  Hormifdas  &  pour 
prendre  fa  place,  fongea  à  fe  défaire  de  ce  nouveau  compétiteur.  Il  alla  droit 
fe  préfenter  avec  une  puilfante  armée  à  la  vûë  de  Madaïn  ,  Ville  Capitale  de 
r  Empire  de  Perfe,  d'où  Chofroés  fortit  auffi-tôt  à  la    ête  de  fes  Troupes  pour 

Tome  IL  K  k  k  le 


442  K  «  0  S  R  O  IT. 

le  combittre.  Li  b:itainc  fe  donna  en  un  lieu  nomme  Nehervan ,  &  Chofroés  ^ 
qui  la  perdit ,  fut  obligé  de  fe  retirer  dans  la  campagne.  Mais  fon  père ,  qui 
étoit  prifonnier  &  aveugle  connoiiïlint  qu'il  ne  pouvoit  pas  y  tenir  long-tems 
contre  les  forces  de  Bjheram,  qui  l'y  afîiégea  auffi-tôt  ,  après  la  bataille  ,  qu'il 
venoit  de  gagner,  luy  confeilla  de  fe  recirer  fur  les  Terres  des  Grecs,  &  de 
recourir  à  la  proteftion  de  l'Empereur  Maurice. 

Cependant  Hinlouï-ih  &  Botham  ,  fes  Oncles  maternels  ,  lui  repréfenterent 
qu'il  ne  devoit  pas  efpérer  de  pouvoir  régner  en  paix,  tant  que  fon  père  Hor- 
mifdas  vivroit,  &  qu'ils  ctoicnt  d'avis  de  le  délivrer  de  cet  embarras.  On  dit, 
que  Chofi-oés  s'oppofà  à  ce  deflein  ,  mais  qu'il  ne  put  en  empêcher  l'exécu- 
tion. En  effet,  fes  deux  Oncles,  qui  écoient  déjà  fortis  de  Madaïn  avec. lui  , 
tournèrent  iur  leurs  pas,  &  firent  étrangler  Hormifdas  avec  la  corde  d'un  arc,, 
après  quoi  ils  le  rejoignirent  avec  grande  diligence  en  un  Monaftère,  où  ils  re- 
purent &  repoferent  pendant  quelque  temps. 

Chofroés  &  fes  Oncles  étant  encore  dans  ce  lieu,  on  vint  leui- annoncer  que 
l'Avant-garde  de  r..rmée  de  iî  heram ,  qui  les  pourfuivoit ,  commençoit  à  paroî- 
tre.  I-îindouïah,  fans  le  troubler,  s'avifa  d'un^ftratagême  qui  fauva  la  Couron- 
ne  à  Cliofroés.  Car  pendant  que  ce  Prince,  qui  avoit  d'abord  monté  à  che\'al,. 
continuoit  fon  voyage  pour  gagner  le  Paj^s  des  Grecs',  il  s'arrêta  dans  ce  Mo- 
naftère &  prit  les  habits  Roj^aux  de  Chofroés.  Les  premières  Troupes  qui  ar- 
rivèrent, le  voyant,  crurent  effe6livement  que  c'étoit  le  Roy,  &  ne  paiferent 
pas  plus  avant  pour  le  pourfuivre  ,  jugeant  qu'il  ne  pouvoit  leur  échaper,  & 
qu'ils  n'avoient  qu'à  attendre  leur  Commandant  pour  fe  failir  de  fa  Perfonne. 

Le  Chef  de  ces  Troupes,  nommé  Siaoufchan  ,  étant  arrivé,  Hindouïah,  qui 
avoit  repris  fes  premiers  habits  ,  parut  à  une  fenêtre  &  lui  demanda  quartier 
pour  le  Roi  jufqu'au  foir,  parce  qu'il  étoic  beaucoup  fatigué  du  chemin  &  qu'il 
avoit  befoin  de  repos.  Siaoufchan  lui  accorda  ce  délai,  &  fit  faire  bonne  gar- 
de autour  du  Couvent,  jufqu'à  ce  que  la  nuit  approchant,  il  fit  fommer  le  Roi 
de  fe  rendre.  Hindouïah  parut  une  féconde  fois  au  même  endroit  &  lui  dit, 
que  le  Roi  le  remercioit  de  l'honnêteté  dont  il  en  avoit  ufé  en  fon  endroit ,  en 
lui  accordant  un  jour  de  repos  ;  mais  qu'il  lui  auroit  une  obligation  iHfinie  , 
s'il  vouloit  bien  y  joindre  encore  la  nuit ,  afin  que  le  lendemain  dès  le  point 
du  jour,  il  pût  le  conduire  plus  aifément  au  lieu  où  il  lui  plairoit. 

Siaoufchan  lui  accorda  encore  ce  qu'il  demandoit  ,  &  le  lendemain  de  grand 
matin  ,  toutes  fes  Troupes  étant  à  cheval  ,  il  vint  à  la  porte  du  Monaftère  , 
pour  prefièr  le  Roi  de  partir,  &  fit  appeller  Hindouïah,  qui  le  fit  attendre 
long-temps.  Enfin,  le  Soleil  étant  levé  &  n'y  ayant  plus  aucun  fujet  de  remi- 
fe ,  Hindouïah  parut  &  découvrit  à  Siaoufchan  la  rufe  dont  il  s'étoit  fervi  pour 
donner  au  Roy  le  temps  de  fe  fauver. 

Ce  Capitaine  confus  de  s'être  laifle  duper  ,  n'eut  point  d'autre  expédient  h 
prendre  que  celui  de  conduire  Hindouïah  au  Camp  de  Beheram,  pour  lui  faire 
fçavoir  tout  ce  qui  s'étoit  paffé  ,  &.  toute  la  vangeance  que  ce  Général  prit  de 
fon  ennemi  fut  de  l'envoyer  en  prifon. 

Quelques-uns  mettent  Beheram  au  nombre  des  Rois  de  Perfe  ,  après  la  fuite 
de  Chofroés  hors  de  ies  Etats  ;  mais  ce  règne  fut  de  très-peu  de  durée.  Car 
l'Empereur  Maurice  ayant  fort  bien  reçu  ce  Prince  ,  lui  donna  en  mariage  fa 
fille,  nommée  par  quelques-uns  Marie  ,  &  par  les  autres  Irène,  ce  qui  paroît 
plus  vraifemblable  5  parce  que  c'eft  de  ce  nom  que  les  Perfans  ont  formé  celui 

de . 


K  H  O  s  R  0  U.  "  443 

de  Schirin,  mot  qui  fignifie  doux  en  leur  langue  ,  dont  ils  ont  appelle  cette 
même  Princefle.  Pkifieurs  d'cntr'eux  &  d'entre  les  Turcs,  ont  même  décrit  en 
vers  les  amours  de  l'un  &  de  l'autre  ,  fous  le  titre  de  Khofrou  v  Schirin  , 
Khofrou  &  Schirin. 

Chofroés  demeura  un  an  &  demi  avec  les  Grecs,  &  ce  temps  écoulé,  l'Em- 
pereur Maurice  lui  donna  une  puiflantc  armée  ,  fous  la  conduite  de  fon  propre 
tils,  que  les  Perfans  nomment  Nathous,  pour  le  rétabh'r.  Il  entra  d'abord  dans 
l'Adherbijian  ,  qui  eft  la  Medie  ,  où  il  fut  joint  par  Hindouïah  ,  fon  Oncle  , 
qui  s'étoit  fauve  de  la  prifon  ,  &  avoit  aiîemblé  un  corps  de  Troupes  confi- 
dérable, 

Beheram  ayant  appris  cette  nouvelle,  vint  au-devant  de  lui  avec  toutes  fes 
forces;  mais  le  bonheur  favorifa  les  jeunes  Princes  dans  la  Bataille,  &  Beheram, 
après  une  déroute  honteufe,  fut  obligé  de  fuir  dans  le  Turkeilan  &  d'implorer 
la  protefbion  du  Khacan  ,  au  fervice  duquel  il  pafla  quelques  années.  Mais  en- 
fui ,  il  y  fut  empoifonné  à  la  follicitation  de  Chofroés  ,  avec  lequel  le  Khacan 
ctoit  bien  aife  de  vivre  en  bonne  intelligence. 

Après  cette  grande  viéloire ,  Chofroés  entra  triomphant  dans  fa  Ville  Capi- 
tale de  Madaïn,  où  il  reçut  des  Ambafladcs  &  des  préfens  de  toute  part.  II 
combla  d'honneur  &  de  bienfaits^  les  Grecs  qui  favoient  fi  bien  fervi  &  il  les 
congédia,  après  leur  avoir  auJIî  reflitué  quelques  Villes  de  la  Méfopotamie, 
c.ue  fon  père  &  fon  aveu)  leur  avoient  ôtées.  Mais  quatorze  ans  après  que 
l'Empereur  Maurice  ,  qu'il  regardoit  comme  fon  père  ,  avoit  été  mis  à  mort 
avec  tous  fes  enfans  ,  à  la  referve  d'un  feul  qui  s'étoit  réfugié  à  fa  Cour  ,  il 
leur  fit  une  très -cruelle  guerre,  &  il  leur  enleva  en  très -peu  de  temps  ,  non 
feulement  ce  qu'il  leur  avoit  rendu ,  mais  encore  plufieurs  autres  Villes  des  plus 
confidérables  de  la  Syrie. 

Néanmoins  ,  t  hofroés  ne  put  pas  avec  tous  fes  efforts ,  rétablir  le  fils  de 
l'Empereur  Maurice.  Car  Phocas ,  qui  avoit  ufurpé  l'Empire  ,  eut  Heraclius 
pour  fucceflcur  ,  ce  qui  fut  caufe  dune  guerre  très -longue  entre  les  Perfes  & 
les  Grecs,  dont  l'ifTuë  fut  très-funefte  k  Chofroés,  comme  nous  le  verrons  dans 
la  fuite.  Mais  auparavant ,  il  faut  dire  quelque  chofe  du  Trône  de  Chofroés  , 
dont  tous  les  anciens  Hiftoriens  ont  parlé. 

Ce  Trône  étçit  un  grand  Palais  d'une  hauteur  prodigieufe ,  &  fon  étendue 
étoit  fi  vaHe  ,  qu'il  étoit  foutcnu  de  quarante  mille  colomnes  d'argent ,  to'ftes 
rangées  en  divers  ordres  d'Architeîlure.  Sa  voûte  étoit  enrichie  de  mille  glo- 
bes d'or,  lefquels  avoient  tous  leur  mouvement  différent,  &  repréfentoient  les 
l'ianetes  &  les  diverfes  Conllellations  du  Zodiaque.  Les  murailles  étoient  pa- 
rées de  trente  mille  houfies  eh  broderie,  tendues  en  plufieurs  compartim^ns. 

Sous  ce  Palais  ,  il  y  avoit  des  voûtes  feparées ,  où  l'on  gardoit  des  cr^T^rs 
immenfes  d'or,  d'argent,  de  pierreries  &  de  drogues  prétieufes  ,  &  l'un  de  ces 
tréfors  portoit  le  nom  de  Badaverd ,  Apporté  par  le  vent  ,  à  caufe  de  Tavantu^ 
re  qui  en  rendit  Chofroés  le  polfefièur. 

L'Empereur  Grec  ayant  fait  charger  ce  •  qu'il  avoit  de  plus  prétieux  ,  Cm 
une  flotte  qu'il  envoyoit  à  Confi:antinople  ,  le  vent  luy  fut  fi  contraire  ,  qu'a- 
yant perdu  fa  route,  elle  fut  jettée  dans  les  Ports  du  Roy  de  Perfe  ,  hv.nû 
étoit  pour  lors  Maître  de  toute  la  Syrie,  d'une  grande  partie  de  ïAfu-  Mineu- 
re, de  l'Ifle  de  Chypre  &  d-  1  Egypte.  Ainfi  toutes  les  richefl^es  qu'elle  per- 
mit étant  tombées  entre  les   mains  des  Gouverneurs  de  Chofroés  ,  furent  in- 

K  k  k  2  con- 


^44  K  H  0  S  R  O  U. 

continent  envoyées  à  Madaïn,  &  mifes  dans  un  des  cent  tréfors  que  ce  Prince 
pollcdoit,  &  qui  porta  depuis  le  nom  de   Hadaverd. 

Entre  les  chofcs  les  plus  précieufes  de  ce  trétbr  y  il  y  avoit  une  certaine 
quantité  d'or  ployable  &  maniable  ,  fans  le  fecours  du  feu  ,  auquel  on  donnoit 
telle  forme  &  telle  figure  que  Ton  vouloit;  ce  que  Khondcmir  exprime  en  Per- 
fien  par  ces  termes  :  Mikdari  thalaï  deft  effchar  kih  bi  âmel  nar  her  tchih  mik- 

halt  ez  an  mifakht. 

Outre  la  magnificence  de  ce  Palais  ,  le  Sérail  de  Chofroés  ctoit  rempli  de 
trois  mille  Filles  de  condition  libre,  &  de  douze  mille  Efclaves  du  même  fexe^ 
toutes  choifies  entre  les  plus  belles  de  fon  Empire.  Six  mille  hommes  compo- 
foient  fa  Garde  ordinaire.  Il  avoit  dans  fes  Ecuries  fix  mille  chevaux  ou  mu- 
les, deflinez  pour  fa  perfonne.  Douze  mille  chameaux  de  grande  taille  &  huit- 
mille  de  taille  moyenne  portoient  fes  bagages  ;  &  il  nourrilïoit  continuellement 
neuf  cent  foixante  Elephans.  Deux  de  fes  chevaux  ont  confervé  leurs  noms 
dans  les  Hiftoires  de  l'Orient,  aulTi-bien  que  le  Bucephale  d'Alexandre  ;^  l'un 
s'appelloit  Schebdiz  &  l'autre  Barid ,  tous  deux  incomparables  ;  le  premier ,  pour: 
û  vîtefle ,  &  le  fécond ,  pour  fa  beauté. 

Emir  ou  Mir  Alifchir ,  l'un  des  Perfonnagcs  les  plus  do6les  de  fon  fiècle , 
fous  le  règne  des  Enfans  de  Tamerlan,  dit  dans  un  de  fes  Ouvrages,  que  quoi- 
que Chofroés  eut  été  un  des  Princes  les  plus  heureux  de  la  Perle,  &  qu'il  ait 
furpaffé  tous  les  Rois  fes  Prédecelleurs  en  puiflance  &  en  richefifes;  néanmoins, 
qu'il  eut  pendant  fii  vie  deux  difgraces  &  deux  malheurs  les  plus  terribles  qui 
puilfent  arriver  à  un  homme  fur  la  terre.. 

Le  premier  eft  ,  qu'étant  éperduëment  amoureux  de  Schirin  ,  cette  Dame 
n'eut  jamais  d'inclination  pour  luy  ,  &  qu'elle  lui  préfera  Ferhad  ,  qui  fût  af- 
fez  heureux  d'être  aimé  de  la  plus  belle  perfonne  qui  fût  alors  fous  le  Ciel. 

Lé  fécond  malheur  qui  lui  arriva,  fuivant  le  même  Auteiu- ,  fut  d'avoir  re- 
cette fa  vocation  au  Mululmanifme  ;  car  Mahomet,  peu  après  fon  hégire  ou  fa 
fuite  de  la  Mecque  à  Medine  ,  lui  ayant  écrit  pour  lui  manifefter  fa  Mi/îîon, 
&  pour  le  convier  k  embraifcr  fa  Religion  ,  ce  Prince  opiniâtre  dans  fa  fuper- 
llition ,  &  attaché  au  culte  du  Feu  &  des  Altres  ,  non  -  feulement  refufa  de  fe 
foûmettre  à  la  croyance  du  vrai  Dieu  ;  mais  il  eut  encore  un  tel  mépris  de  la 
perfonne  de  Mahomet ,  qu'il  déchira  fa  lettre.  Mahomet  ayant  appris  cette 
aftion  de  Chofroés,  dit  ces  paroles:  Mazzak  allah  molkho  kema  mazzak  ketabi ,. 
Dieji  déchirera  fon  Empire,  comme  il  a  déchiré  ma  Lettre. 

Mais  fi  Chofroés  fut  malheureux  dans  ces  deux  rencontres,  pendant  fa  vie,, 
fa  fin  &  fa  mort  furent  encore  plus  defaftreufes.  _      ' 

Mirkhond  écrit  que  ce  Prince,  qui  avoit  fait  mille  belles  aélions,  les  obfcur- 
cit  par  un  grand  nombre  de  mauvaifes  fur  la  fin  de  fon  règne.  C'efi;  ce  qui 
obligea  les  Grands  de  fa  Cour,  qui  ne  pouvoient  plus  le  fouifrir  ,.  de  s'enten- 
dre avec  les  Arabes,  lefquels  dès  la  neuvième  année  de  l'Hégire,  commençoient 
déjà  à  fe  faire  craindre  fous  la  conduite  de  Mahomet  &  de  plufieurs  autres  Ca- 
pitaines, qui  fe  rendirent  célèbres  en  peu  de  temps  par  la  Conquête  de  la  Sy- 
rie &,de  l'Egypte.  ^    /       „      ' 

Les  Sci'^neurs  de  Perfe  s'étant  donc  faifis  de  la  perfonne  de  Chofroés  ,  1  en- 
fer mère  nt^fous  une  de  ces  voûtes  foûtcrraines  ,  où  il  gardoit  Ces  tréfors  &  éle- 
vèrent fi.ir  fon  trône  fon  fils  Cpbad,  furnommé  Schirouieh.  C'ell  celui  que  les 
Hiftoriens  Grecs  ^  Latios  appellent  Siroés..    Il  ayoit. régné  trente-huit  ans,  & 

il 


K  H  O  s  R  O  U.  4^^ 

fl'fut  tué  peu  de  temps  après  dans  fa  priTon ,   comme  on  le  peut  voir  dans  le 
règne    le  Siroés  fon  fils ,  fous  le  titre  de  Schirouieh. 

L'Auteur  du  Livre  intitulé ,  Kamel  altaouariivh  ,   dit  que  le  mot   de  Parviz 
Cgnifie  en  ancienne  Langue  Perfienne,  le  même  que  Modhaffer,  Viftorieux  & 
Conquérant.     Mais  celuy  du   Livre    qui   porte  le  titre  de  Mefatih  alcoloub  v 
alôloum ,    veut   que  Khofrou   parvis  ,  fignitie   Malek  Aziz  ,    le  Roy   puiifant. 
Khondeinir. 

Ben  Cafchem  veut  que  Perviz  £n  Langue  Pehelevique,  qui  efl  l'ancienne  Lan- 
gue des  Perfans"  fignitie  PoilTon  &  que  Chofroés  fut  ainfi  furnommé  ,  à  caufe 
qu'il  aimoit  la  pefche  &  le  poilfon. 

Il  faut  remarquer,  que   les  Perfans  difent    indifi'eremment  Perviz  &  Aperviz 
&c  que  ce  dernier  mot,  par  fa  compofition ,  fignifie  ce  qui  va,  ou  ce  qui  mar- 
che dans  l'eau,  ce  qui   efl:  le  propre   du  poilfon. 

Le  mot  de  Perviz  fignifie  aufïï  en  Perfien  le  même  que  Pervin,  la  Conftel- 
lation  des  Pléiades ,  ou  comme  le  vulgaire  l'appelle ,  la  Pouffinière ,  &  par  mé- 
taphore, ce  qui  brille,  ou  ce  qui  a  de  l'éclat. 

Le  Poëme  Turc  dans  lequel  les  amours  de  Khofrou  &  de  Schirin  font  dé- 
crites ,  parie  ainfi  de  la  caufe  pour  laquelle  il  fut  furnommé  Perviz  :  Bou 
Khofroulik  nifchanin  teïz  vourourlar:  Adini  Khofrou  Perviz  vourourlar:  Guren 
kilardi  gian  v  dil  beraviz  :  Ani  dimifchier  ol  fchehzadehi  Perviz.  C'eft-à-dire> 
On  luy  mit  la  Couronne  Royale  de  Perfe  fur  la  tète ,  &.  on  luy  donna  le  noni 
de  Khofrou  Perviz.  Ce  furnom  de  Perviz  luy  fut  donné  ,  à  caufe  qu'il  ravilfoit 
les  efprits  &  les  coeurs  de  tous  ceux  qui  le  regardoient.  Cela  veut  dire  ,  qu'il 
fut  furnommé    Perviz,  comme  qui  diroit  Beraviz,  qui  enlevé,  &  qui  charme.. 

Ben  Schohnah  dit,  que  Chofroés  bâtit  une  Ville  du  nom  de  fa  Maîtreli'e  Schi- 
rin, fituée  entre  les  Villes  de  Huluan,  &*  de  Khanekin  ,  &  que  fur  la  fin  de 
fes  jours  il  devint  avare  &  cruel  ,  .  fe  tenant  toujours  enfermé  dans  fon  Palais 
pour  garder  fes  trefors.  Il  ajoute,  que  Schirin  étoit  Muficienne,  ou  Chanteu- 
fe,  &  que  c'étoit  par  fa  voix,  que  Chofroés  avoit  été  enchanté. 

A'bdalrahman,  dans  l'Hiftoire  de  Joieph  ,  &  de  Zulikhah ',  dit:  Lizzet  êfchki 
boulraalfah  Perviz:  Lebi  Schirinden  eileïdi  ghiriz.  Si  Perviz  n'eut  pas  trouvé 
de  la  douceur  en  aimant ,  il  fe  feroit  éloigné  de  la  voix  de  Schirin  fa  Maîtreife. 

Un  autre  Auteur  rapporte  ,  que  Chofroés  difoit  à  fa  Maitrefli  :  Ma  ahfari 
hadha  alraolk  lau  dam;  la  Royauté  feroit  une  belle  chofe  ,  fi  elle  duroit  tou- 
jours !  Schirin  luy  répondit:  Lau  dam,  ma  entekal  elaïna  :  Sicile  dm-oit,  elle 
ne   feroit  pas  venue  jufques  à  nous. 

Touchant  le  bonheur  ie  ce  Prince,  les  Auteurs  Orientaux  rapportent ,  qu'il 
eut  encore  celuy  de  retirer  du  fonds  du  Tigre,  une  pierre  prétieufe  qui  .y  étoit 
tombée,  par  le  moyen  d'une  autre  pierre,  nommée  la  Reine  des  i^ierres.  royez 
le  titre  de  Schah  Gouheran. 

,  Ebn  Batrik  écrit  que  Chofroés,  après  avoir  été  rétabli  dans  fon  Empire  par 
l'Empereur  Miurice,  luy  demanda  fi  fille  en  mariage.  Maurice  luy  fit  réponfe, 
qu'il  ne  pouvoit  pas  la  luy  donner,  s'il  ne  fe  failbit  Chrétien.  Chofroés  qui 
âimoit  paffionnément  cette  Princefi:e  fit  ce  qu'il  fouhaitoit.  Mais  ce  fut  con- 
tre le  fentiment  des  Grands  de  fa  Cour,  qui  luy  avoient  reprefenté  ,'  que  les 
Chrétiens  n'obfervoient  pas  les- Traitez  qu'ils  faifoient,  &  qu'on  ne- pouvoit  pas 
fè  fier  à  leur  parole. 

Suivant  ie  même  Auteur,  Chofroés  déclara  la  guerre  à  Phocas,  pour  vange? 

K-kk  3,.  la.1 


44^  K  H  O  S  R  0  U.  KHOSROU-SCHAH. 

la  mort  de  Maurice  Ton  Beau-pere.  Il  prit  la  Ville  de  Damas,  &  celle  de 
Jerufalem  avec  l'aide  des  Juifs  qui  fe  joignirent  à  luy ,  &  dans  cette  dernière, 
ils  firent  un  terrible  carnage,  &  defolerent  toutes  chofes.  Il  ajoute  que  le  Pa- 
triarche Zacharie  fut  fait  prifonnier  ,  &  que  parmy  les  riches  dépouilles,  Chof- 
roés  emporta  le  pal  de  la  Croix  de  Jefus  Chrill,  que  Marie,  Reine  de  Perfe, 
fa  femme  qui  étoit  Chrétienne,  obtint  de  luy,  avec  la  liberté  du  Patriarche, 
&  qu'elle  garda  cette  prétieufe  Relique  avec  grand  foin. 

Aboul  Farage  rapporte  aulîî  ces  particulariÊez  de  la  Vie  ,  &  du  Règne  de 
Chofroés.  ~  *  ^ 

Ce  Piince  ayant  été  obligé  d'abandonner  fa  Capitale  &  de  prendre  la  fuite, 
arriva  à  la  Ville  de  Menbage  en  habit  de  gueux  ,  où  il  écrivit  à  l'Empereur 
Maurice  qui  éroit  alors  dans  la  huitième  année  de  fon  règne,  pour  luy  deman- 
der fa  proteftion.  L'Empereur  ne  luy'  répondit  pas  feulement  très  -  favorable- 
ment; mais  il  Taffifta  encore  d'un  fecours  fi  puifTant,  qu'il  luy  donna  lieu  de 
vaincre  Beheram ,  l'ufurpateur  de  fa  Couronne ,  en  bataille  rangée  ,  entre  les 
Villes  de  Madaïn  &  de  Vaffeth ,  &  de  remonter  ainfi  fur  fon  trône. 

En  reconnoilfance  d'un  bienfait  fi  fignalé  ,  Chofroés  rendit  aux  Grecs  ,  les 
Villes  de  Dara  &  de  Miafarekin,  &  lit  bâtir  dans  cette  dernière  Ville  ,  deux 
Eglifes  aux  Chrétiens;  l'une  en  l'honneur  de  la  Ste  Vierge,  &  l'autre  en  l'hon- 
neur de  S.  Sergius,  Martyr. 

Quand  ce  Prince  eut  appris,  que  Maurice,  qu'il  appelloit  fon  père,  eut  été 
aiTaiîîné,  il  fit  la  guerre  à  Fhocas,  &  reprit  les  Villes  de  Dara,  Amid,  &  Halep. 

L'Empereur  Heraclius  luy  envoya  des  Ambaffadcurs  pour  lui  demander  la 
paix;  mais  il  refufa  de  la  luy  accorder  ,  &  continuant  de  luy  faire  la  guerre 
comme  il  l'avoit  faite  k  Phocas,  il  p;-it  Antioche ,  Apamée,  Emeffe  &  Cefarée. 
L'an  cinquième  de  l'Empire  du  même  Heraclius,  il  prit  Jerufalem,  &  trois  ans 
après,  Alexandrie,  &  toute  l'Egypte  avec  la  Nubie.  Il  pénétra  enfuite  du  côté 
de  Conftantinople  par  l'Aiie  Mineure,  jufques  à  Chalcedoine  qui  fe  rendit. 

L'an  15,  du  règne  du  même  Heraclius,  il  fit  la  Conquête  de  l'Ifle  de  Rho- 
des ;  mais  la  même  année  Heraclius  ,  le  défit  ,  &  prit  la  Ville  de  Madaïn  fa 
Capitale. 

KHOSROU.  Nafîireddin  Khofrou  Al  Esfahani.  Nom  de  l'Auteur  du  Li- 
vre, intitulé  Al  Seïr  ahiàdham  fil  hekmat,  qui  ell  un  Ouvrage   de  Morale. 

KHOSROU.  Naffer  Khofrou.  Nom  d'un  Perfonnage  célèbre  dans  le  Mu- 
fulmanitine,  par  fa  vie  exemplaire  &  toute  fpirituelle.  Foyez  le  titre  de  NalFer. 

KHOSROU.     Foyez  le  titre  de  Moula  Khofrou. 

KHOSROU  V  Schirin.  Titre  d'un  Roman  écrit  en  Langue  Perfîenne  par 
Nazami  ,  dont  il  ell  parlé  un  peu  plus  haut  dans  le  titre  de  Khofrou  Perviz. 
Voyez  aufîî  le  titre  de  Nazami. 

KHC^ROU-SCHAH  Ben  Beheram  fchah.  Nom  du  quatorzième  .Sultan 
jde  la  Race  de  Sebekteghin,  ou  de  la  Dynaftie  des  v-'aznevides  ,  lequel  fucceda 
à  fon  père  Beheram  fchah,  fan  544.  de  l'Hegire,  &  de  J.  C.  1149. 

Ce  Sultan  ayant  appris  que  Halfan  Ben  Hoffaïn,  flirnommé  Hauri,  ou  Gouri, 
s'appro.clioit  de  Gaznah  pour  vanger  la  mort  de  fon  frère  Souri ,  que  Beheram , 

père 


K  H  O  s  R  O  U  Z  A  D  E  II. K  H  O  T  AN*  4  ^r 

père  de  Chofrou,  avoit  fait  mourir  ignominieurement  .  il  quitta  fa  Ville  Capi- 
tale, &  s'enfuit  aux  Indes  où  il  po.TeJoit  de  grands  Etats. 
'  Cependant  (îouri  étant  entré  dans  la  Ville  de  Gaznah  fans  troiu'er  de  refi- 
ftance,  il  la  pilla,  la  démolit,  la  brûla,  &  y  JaiiHi  toutes  les  marques  de  fa  fu- 
reur &  de  fa  vangeance  ,  avec  un  furieux  carnage  de  fcs  habitans  ;  après  quoy 
en.quittiint  ce  Pay.s-là,  il  y  établit  pour  Princes,  ou  Gouverneurs  ,  Gaïatheddin 
&  Schchabeddin  fes  Neveux,  qui  depuis  devinrent  tous -deux  Sultans. 

Ces  Princes  lirent  fi  bien  par  leurs  addrelfes ,  qu'ils  attirèrent  Khofrou  fchah 
des  Indes  où  il  ctoit,  dans  le  Pays  de  Gaznah,  où  il  vint  fe  jetter  fort  im- 
prudem  uont  entre  les  mains  de  les  ennemis  ,  qui  ne  furent  pas  fi-tôt  Maîtres 
de  fa  pcrfonne,  qu'ils  l'envoyèrent  prifonnier  dans  un  Château  où  il  palfa  dix 
années  de  captivité  avant  qu'il  mourut  ,  ce  qui  arriva  l'an  ^^5  de  l'Hegirc. 
Khondjtnir. 

Mirkhond,  au  rapport  du  même  Khondemir,  écrit  que  Khofrou  fchah  s'étant 
fauve  dans  l'Indoftan ,  y  régna  fort  paifiblement,  &  établit  le  fiége  de  fon  Em- 
pire à  Lahor,  &  qu'y  étant  mort,  il  eut  pour  fuccelfeur  ,  fon  lîls  Khofrou, 
lequel  ayant  été  attaqué  par  les  Princes  de  la  Maifon  des  Gaurides ,  fut  dé- 
fait en  bataille  rangée  ,  fait  prifonnier  ,  &  gardé  dans  un  Château  jufques  à 
fe  mort. 

L'Auteur  du  Leb  Tarikh  rapporte  ,  que  Khofrou  fchah  fut  fait  prifonnier 
ran55>,  &  qu'il  mourut  après  dix  ans  de  captivité  l'an  56s  de  l'Hegire  ,  & 
qu'en  luy  h  Miifon  des  Gaznevides  prit  fin,  aulîî-bien  que  leur  Dynaflie  ,  qui 
pafia  err  celle  des  tJaurides;  c'efl:-à-dire ,  aux  Princes  de  la  poflerité  d  A'ia  eddin 
Gouri,  ou  Gauri.     Fuyez  les  titres  de  Gouri,  &  de  Gazneviat. 

KHOSROUZADEH.  Surnom  de  Mofl:hafa  Ben  Mohammed,  lequel  a 
traduit  en  Langue  Turque,  la  Conquefte  de  l'Iemen,  ou  de  l'Arabie  heureufe, 
faite  par  Sukan  Te'im,  premier  du  nom,  Empereur  de  Conftantinople.  Le  Livre 
dans  lequel  cette  Conquefte  efl  décrite  ,  efl;  intitulé  Bark  Al  lemani ,  dont  il 
faut  voir  le  titre. 

Khofrouzadeh  efl  mort  l'an  978  de  l'Hegire. 

KHOSSAIB.  Nom  d'un  Ethiopien,  Efclave  de  Maroun  Al  Rafchid,  auquel 
ce  Khalife  donna  le  Gouvernement  de  lEgypte.  C'eft  le  même  que  Hozaïb, 
duquel  il  efl  parlé  dans  le  titre  de  Harou.i  Al  Rafchid  ,  où  l'on  peut  voir  la 
raifon  qu'eut  ce  Khalife  de  donner  aux  Egyptiens  ce  Gouverneur  qui  étoit  très- 
ignorant  &  très-groffier. 

K  H  OTAN,  &  Khotcn.  Nom  d'un  Pays  du  Turkellan,  fuivant  les  Auteurç 
citez  par  Aboul  Feda  ,  fitué  au  de-là  de  Bourkend ,  &  en  de-çà  ,  ou  plus  bas^ 
que  Cafchgar,  dont  la  Capitale  qui  efl  très-peuplée,  porte  le  même  nom.  La 
Longitude  de  cette  Ville,  fuivant  les  Tables  Perfiennes,  efl  de  107  degi-ez  &• 
la  Latitude  de  42  ^grez,  &,  fuivant  l'Auteur  du  Canoun  ,  fa  Longitude  efl 
feulement  de  loo  degrez,  40  minutes,  &,  fa  Latitude  de  43  degrez  ,  30  minu- 
tes. Ce  Pays  eft  à  1  extrémité  du  Turqueflan  ,  &  il  efl  arrofé  Je  plulieurs' 
rivières,  dans  le  cinquième  Ch'mat. 

Al     ergendi  place  aufîi  le  Khotan  dans  le  Turkeflan,  dans  fon  cinquième  Ci- 
mat,  &  ajoute  que  c'eft  un  Pays  des  plus  peuplez,  &,  coupé  de  beaucoup  de 
rivières.. 


44?  *   K  H  O  T  H  A  B.  K  H  O  T  H  A  T  H. 

En  marquant  que  le  Khotan  eft  à  l'extrémité  du  Turkeftan  ,  Aboiil  Feda 
infinuë  ce  que  plulîeurs  Auteurs  femblent  fignifier  plus  clan-ement;  celt-a-dire, 
que  c  eft  la  Partie  Septentrionale  de  la  Cliine  ,  appellée  autrement  Khathai, 
Ce  peut  être  auffi  la  '  Partie  de  la  Tartarie  qui  borne  la  Chine  du  côté  du 
Septentrion.  Ainfi,  Tchin  v  '{hotan ,  que  Ton  trouve  joint  enfemble  en  quel- 
ques Auteurs,  fignifie  Cliine  Méridionale,  &  Septentrionale,  ou  la  Chme,  & 
la  Tartarie.  , 

Il  y  a  pourtant  lieu  de  croire  ,  que  le  Khotan  eft  dans  la  Chme,  parce  quil  y 
îi  une  Province  appellée  Cara  Khotan ,  le  Khotan  Noir,  qui  pourroit  être  la  Tar- 
tarie, ainfi  nommiée  ,  ou  à  caufe  qu'elle  eft  couverte  de  bois  ,  comme  le  Pays 
de  Cara  Bogdan,  la  Moldavie  Noire  ,  ou  à  caufe  de  la  Barbarie  de  fes  peu- 
ples; de  même  que  la  Mer  Noire  eft  appellée  par  les  Turcs  ,  Cara  Degniz; 
à  caufe  qu'elle -eft  orageufe  ,  &  fujette  à  de  grandes  tempêtes  qui  caufent  la 
perte  d'un  grand  nombre  de  Bâtimens  de  Mer. 

On  trouve  auffi  fouvent  le  mot  de  Khatha,  joint  à  celuy  de  Khotan.  Ainfî» 
il  femble  que  Khatha  v  Khotan,  fignifie  la  même  chofe;  à  fçavoir,  la  Tarta- 
rie, de  même  que  Tchin  v  Matchin   fignilie  la  Chme  en  gênerai. 

Quoyqu'il  en  foit  ,  le  Pays  de  Khotan  v  Khatha  ,  eft  celuy  d'où  vient  le 
Mufc  Le  Tradufteur  &  Paraphrafte  de  l'Anuar  Sohaïli ,  en  la  Langue  Tiir- 
aue  fous  le  titre  de  Humaioun  Nameh,  écrit:  lok  zemanindah  ietim  megher 
durri  A'den:  loktur  eïamindah  khonin  dil,  megher  miski  Khoten.  En  fontems, 
il  n'y  a  pas  d'autre  Orphelin  que  la  perle  de  la  Mer  d'Aden:  Sous  fon  règne 
il  n'y  a  point  de  cœur  enfanglanté,  finon  celuy  du  Mufk  de  Khoten.  Le  Mufc 
eft  un  faiïg  qui  s'amaiTe  auprès  du  nombril  de  l'animal ,  qui  porte  le  nom  de 
Misk,  d'où  le  mot  de  Mufc  tire  fon  origine. 

Un  Poëte  Perfan  fait  mention  du  Mufc  de  Khoten  dans  ces  beaux  Vers: 
Elthaf  dilnevaz  tou  âmed  befoui  mcn  :  Kuftem  megher  nefim  lliba  ez  tchemen 
refid  •  la  karvan  misk  zeraï  Khoten  refid.  A  l'approche  vers  moy  de  vos  fa- 
veurs qui  charment  mon  cœur,  j'ay  dit:  C'eft  le  Zephir  qui  apporte  avec  luy 
une  fi  bonne  odeur,  après  avoir  pafie  par  deffus  une  Praine  émaillée  de  fleurs 
odoriférantes,  où  le  Ciel  a  brûlé  du  bois  d'Aloés  fur  les  charbons  du  Soleil; 
ou  bien  enfin,  c'eft  une  Caravane  chargée  du  Mufc  de  Khoten,  qui  arrive. 

KHOTHAB.  Plurier  du  mot  Arabe,  Khothbah  ,  qui  fignifie,  Sermon, 
Prône ,  Harangue  ,  Difcours.  Il  en  fera  parlé  plus  bas.  Ce  mot  entre  dans 
le  titre  du   Livre  fyivant. 

KHOTPIAB.  Sermons.  Titre  d'un  Ouvrage  qui  contient  un  Recueil  de 
Sermons  prononcez  par  Ebn  Nobatah,  lefquels  ont  été  expliquez  &  commen- 
tez par  plufieurs  Auteurs.  Ces  Sermons  fe  trouvent  dans  la  Bibliothèque  du 
Roy,  n^.  635. 

j^,       KHOTHATH,  &  Khethath.    Plurier  du  mot  Atabc  ,  Khetthat ,  qui  figni- 

W    fie,. Ligne,   Propos,  Ville,  Contrée  de  Pays;   à  caufe  que  les  Villes  &  leurs 

dépendances  font  couchées  par  écrit  dans  les   Archives  des  Princes  ,   afin  qu'ils 

en  tirent  leurs  droits.    C'eft  dans  ces  dernières  fignifications,  fuivant  Hagi  Khal- 

fah,  qu'il  y  a  des  Livres  Arabes  qui  portent  ce  titre.     Ployez  l'Article  fuivant. 

KIÎOTHAT 


K  H  0  T  H  A  T. K  H  O  T  B  A  T.  ^>^g 

KHOTHAT  Mefr.  Les  Villes  de  l'Egjrpte.  Titre  de  la  Defcnption  du 
Royaume  d'Egypte  que  plufieurs  Auteurs  ont  faite,  tant  fous  ce  titre  que  fous 
'd'autres.  Le  premier  qui  en  a  écrit  fous  celuy-cy ,  eft  Abou  O'mar  Mohara- 
n?ed  Ben  louffouf  Al  Kendi  ,  Al  Cadhi.  Il  a  été  fuivi  par  Abou  Mohammed 
lien  Selam  Al  Codhaï,  fous  le  titre  d'Al  Mokhtar  fi  dhekr  alkhothath  v  alathar. 
Mais  l'Ouvrage  le  plus  eftimé  fur  cette  matière  ,  eft  celuy  de  Macrizi  ,  inti- 
tulé A!  Mouaheb  v  alctebar  fi  dlickr  Al  Khothat  v  alathar.  f''oysz  le  titre 
de   Macrizi. 

L'Ouvrage  de  Macrizi  a  été  traduit  en  Langue  Turque  par  Emir  Ibrahim  Al 
Dcfteri,  &  publié  l'an  ^6^  de  l'Hegire. 

KHOTHBAH.  Il  eft  parlé  de  la  fignification  de  ce  mot  Arabe  un  peu 
pUis  haut ,  dans  le  titre  de  Khothab  ,  dont  on  dira  encore  icy  quelque  chofe 
de  plus  précis. 

C'efl  proprement  une  efpece  de  Prône,  ou  de  Sermon,  qui  fe  fait  particu- 
lièrement dans  la  principale  Mofquée  de  chaque  Ville,  après  la  prière  ordinaire 
du  Midy.  On  lotie  Dieu  dans  ce  Khothbah,  on  célèbre  la  mémoire  de  Maho- 
met •,  &  du  temps  des  Khalifes  ,  fouverains  Pontifes  &  Empereurs  des  Muful- 
mans,  on  faifoit  des  prières,  des  vœux,  &  des  acclamations,  pour  la  profperitc 
de  celuy  qui  regnoit,  &  pour  la  longue  durée  de  fon  règne,  &  pour  céluy  qui 
ctoit  defigné  fon  fuccelTeur. 

Cet  honneur  fut  refervé  aux  Khalifes  fculs  jufques  en  l'an  205  de  l'He- 
gire ,  que  Thaher ,  Roy  du  KhorafTxn ,  s'étant  révolté  ouvertement  contre  le 
Khalife  Al  Maraon,  fit  fupprimer  fon  nom  dans  le  Khothbah,  &  y  fit  pronon- 
cer ces  paroles:  Allahom,  aflah  ommat  Mohammed  berna  aflahto  bihi  :  Seigneur, 
faites  profperer  le  peuple,  auquel  vous  avez  fait  la  grâce  de  donner  Mahomet 
pour  Prophète.  Khonderair  en  faifant  mention  de  cet  attentat ,  dit ,  que  le 
même  jour  de  cette  nouveauté  ,  la  fièvre  fe  faifit  de  Thaher ,  &  qu'il  mourut 
peu  de  jours  après. 

Depuis  ce* temps-là,  les  Princes  qui  fecouërent  le  joug  des  Khalifes,  palTe- 
rent  encore  plus  outre.  Car  non  feulement  ils  fupprimerent  le  nom  du  Khalife 
dans  les  prières;  mais  ils  firent  encore  faire  ces  prières  &  ces  acclamations  fous 
leur  nom  propre  ;  de  forte  que  cela  joint  à  l'autorité  de  faire  battre  monnoye 
à  leur  coin  ,  étoit  la  marque  de  leur  fouveraineté  &  de  leur  indépendance. 
Néanmoins,  quand  ces  «Princes  étoient  en  bonne  intelligence  avec  les  Khalifes, 
ils  faifoient  faire  ces  prières  pour  celuy  qui  regnoit  en  même  temps  qu'eux, 
&  pour  eux  mêmes,  en  le  faifant  nommer  le  premier,  &  lorfque  la  Race  des 
Khalifes  Abbalfides  fut  éteinte  ,  chaque  Prince  Mahometan  fit  faire  ces  prières 
dans  fes  Etats  pour  luy  feul ,  &  en  fon  nom  feul ,  comme  il  s'obferve  encore 
aujourd  huy  dans  l'Empire  des  Turcs,  des  Pcrfans,  des  Mogols,  &  des  Uzbeks, 
l'oyez  le  titre  de  Khalifah,  où  vous  verrez  que  les  Khalifes  faifoient  eux-mê- 
mes cette  prière,  ou  ce  khothbah,  chaque  vendredy. 

Quelques  Livres  portent  auffi  le  titre  de  Khotbàh.  Foycz  les  deux  articles 
qui  fuivent. 

KHOTHBAT  A'ii.  Difcours  d'Ali.  Titre  d'un  Ouvrage  dans  lequel  la  lettre 
Elif  ne  fe  rencontre  point.     Il  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n  .  723. 

Tome  IL  LU  KHOTBAT 


45»  K  H  O  T  H  B  A  T.  K  H  0  U  A  G  E  H. 

KHOTHBAT  alfoffih.  Le  Difcoiirs  éloquent.  Titre  d'un  Ouvrage  com- 
pofé  par  AbourOla  Ahmed  Ben  A'bdallah  Al  Mocri,  Dofteur  pour  la  leéture 
de  l'Alcoran  ,  lequel  eft  mort  l'an  949  de  l'Hegire.  11  a  luy-même  fait  un 
Commentaire  fur  fon  propre  Ouvrage  ,  pour  en  expliquer  les  mots  Arabes  les 
plus  particuliers  &  les  plus  difficiles. 

KHOTOLAN,  &  Khotol ,  que  quelques-uns  appellent  auffi  KhotJan,  Nom. 
d'un  Pays  fitué  au-  de-là  de  Balkh  ,  en  approchant  du  Turquclîan ,  entre  les 
rivières  de  Vakhfchah  ^  &  de  Harrat ,  qui  le  feparent  d'avec  le  Pays  de  Badakh- 
fchan,  dans  le  quatrième  Climat.  Tout  le  Pays  eft  partagé  en  deux  grandes 
Contrées  ;  en  celle  de  Khotol,  &  de  Vakhfch,  qui  ne  font  l'une  &  l'autre  qu'une 
feule  Nation  fous  un  feul  Gouvernement ,  &  chaque  Contrée  a  fa  Ville  princi-^ 
pale  qui  porte  le  même  nom. 

Les  Tables  Perfiennes  donnent  en  particulier  à  la  Ville  de  Vakhfch  92  degrez, 
20  minutes  de  Longitude ,  &  37  degrez ,  40  minutes  de  Latitude  Septentrionale^ 

Tout   ce   Pays  en  gênerai   qui  a  eu   fes  Rois  particuliers  ,   eft  fort  fertile  , 
arrofé  de  plufieurs  rivières,  couvert  de  bois  &  d'arbres  fruitiers;  &  l'on  trouve, 
môme  de  l'or  mêlé  avec  le   fable  ,  dans  les   torrens  qui   defcendent  dans  fes 
Vallons.. 

Outre  Khotol,  il  y  a  encore  deux  Villes  dans  le  Khotholan;  Halaouerd  ,  & 
Laoukend.    Aboul-Feda. 

Les  Turcomans   s'établirent   premièrement  dans   le  Khotolan  ,   avant  que  de. 
paflcr  le  Gihon,  comme  on  Je  peut  voir  dans  le  titre  de  Turkman. 

KHOTOLL    Natif  ou  Originaire  du  Khotolan.    Surnom  de  plufieurs  Pex-- 
fonnages  qui  font  forcis  de  ce  Pays. 

KHOUAF,  &  Khaouaf.     Nom  d'un  Bourg  du  Khoraflan,   d'où  le  Scheikh 
Zein  eddin  ,    Do6leur  fameux   parmy  les  Mululmans ,   qui   en  étoit  natif,  ou; 
originaire,  fut  furnommé  Al  Khouafi. 

KHOUAGEH,  &  Khogiah,  fuivant  la  pronojiciation  des  Turcs.  Mot  Per-- 
ficn,  qui  eft  auffi  en  ufage  chez  les  Arabes  &  chez  les  Turcs,  pour  fignifier  pro- 
prement ,  un  Vieillard  ,  &  par  métaphore  ,  c'eft  un  titre  que  l'on  donne  par 
honneur  aux  Marchands,  aux  Hommes  de  lettres,  à  ceux  qui  enfeignent,  aux- 
Précepteurs,  &;  à  ceux  qui  font  attachez  particulièrement  à  i'obfervation  exacle 
des  Préceptes  de  la  Religion  ,  &  qui  pafient  pour  Dévots.  Il  convient  fort 
bien  avec  la  fignification  de  iMaître  tel,  Mefîîre  tel.  On  le  trouve  plus  ufité 
dans  les  Ecrivains  Modernes,  que  dans  les  Anciens;  &  il  eft  demeuré  pour  fur- - 
nom  à  quelques  Auteurs,  &  à  quelques  perfonnages  illuftres. 

KHOUAGEH  Afendi ,  &  Khogiah  Efendi  ,.  commue  les  Turcs  le  pronon- 
cent. Surnom  de  Sâad  eddin  Ben  HolTaïn,  Auteur  de  l'Hiftoire  Ottomanne, 
intitulée  Tag'  altaouarikh.      l^oyez  ce  titre,  &  celuy  de  Sâad  eddin. 

Ce  furnom  luy  a  été  donné  ,  parce  qu'il  a  été  Précepteur  du  Sultan  Murad, 
fils  de  Sultan  Selim  fécond,  fous  lequel  il  eut  une  très-grande  autorité  dans  les 
affaires,  lorfqu'il  fut  arrivé  à  l'Empire;  &  cela  fuivant  la  coutume  obfervée  à 
la  Cour  Ottomanne,  qui  eft  qu'à  l'avencment  du  Prince,  le  Précepteur  à  qui  il 
a,  été  confié ,  demeure  auprès  de  lui  pour  lui  fervir  de  confeil.  Il  a  le  pas 
devant. le  Nakib,  qui  eft  le  Chef  des  Scherifs ,  qui  portent  le  Turban  verd,  & 

qui 


KHOUAGEH. K  H  O  U  A  R  E  Z  E  M.  45^ 

qui  defcendant  de  la  Race  de  Mahomet ,  va  devant  les  Cadhileskers  &  il  ne 
le  cède  qu'au  grand  Vizir  &  au  Moufti ,  comme  le  remarque  Heza'rfen  ,  ou 
Hoiraïn  Efendi,  dans  fon  Canoun  Nameh.  Depuis-ce  temps-là,  Khogiah  Efendi 
parvint  k  la  dignité  de  Moufti. 

Kl-IOUAGEH  Raflan.  Le  Maître  des  Perfonnes  juftcs  &  équitables.  Sur- 
nom de  Nadham  almolk.     ^oyez  ce  titre. 

KHOUAGEH  Refchid.  Nom  d'un  Vizir,  Auteur  du  Livre,  intitulé  Giamû- 
altaoarikh.     f^oyez  ce  titre. 

KHOUAGEH  Ilgar.  Nom  d'une  petite  Ville  du  Pays  de.  Schafch,  Patrie 
de.  Taraerlan,  dans  la  Tranfoxane.     frayez  le  titre  de  Ilgar. 

K  HOU  A  K  END.  Nom  d'une  Ville  du  Mauaralnahar  ,  ou  de  la  Tran- 
foxane, de  la  dépendance  de  Farganah  ,  fuivant  Al  Bergendi,  dans  fon  cinquième 
Climat.  Aboul  Feda  la  met  auffi  fous  la  même  dépendance,  dans  la  Contrée 
fiiperieure  de  NefFa  ,  &  luy  donne,  après  les  Tables  Perfiennes  ,  90  degrez, 
50  minutes  de  Longitude,  &  42  degrez  de  Latiiudc  Septentrionale. 

KHOUAREG'.  l^oyez  le  titre  de  Akhbat  Al  Khouareg',  qui  efl  un  Ou- 
vrage de  Mairôudi. 

KHOUAREZEM,  &  Khouarezra.  Nom  d'un  Pays  fitué  en  partie  en  deçà 
du  Gihon,  ou  de  l'Oxus',  du  côté  du  Khoraflan,  &  en  partie  au  delà,  du  côté 
de  Mauaralnahar ,   ou   de  la  Tranfoxane. 

Al  Bergendi  écrit,  qu'il  a  à  l'Occident  &  au  Septentrion,  le  Pays  des  Turcs 
ou  le  Turkeftan,  la  Tranfoxane  à  l'Orient,  &  le  Khoraflan  au  Midy.     Il  y  a 
encore  de  ce  Pays -là,  cinq    ou  fix   journées  pour  arriver  à  l'embouchure  de 
rOxus,  &  l'on  ne  trouve  point  de  Villes  daps  tout  cet  efpace. 

Suivant  le  même  Auteur,  le  Khouarezm  efl  un  Pays  fort  froid,  &  la  Ri. 
vicre  y  gelé,  &  fa  Capitale,  que  plufieurs  appellent  Kouarezra  ,  du  nom  de 
4.out  le  Pays  ,  fe  nomme ,  Korkang'  ,  ou  Giorgianiah ,  fuivant  les  Arabes,  II 
aioûte  que  les  Habitans  de  ce  Pays,  ont  une  inclination  fi  grande  &  tant  de  difpo- 
fition  pour  la  Mufique,  que  leurs  enfans  crient  &  pleurent  en  fredonnant.  Ils 
ont  l'efprit  plus  fin  que  ceux  de  Samarcande,  &  ils  s'addonnent  fort  à  la  Poe- 
fie.     Tout  le  Pays  elî  entouré  de  Delerts. 

A'rabfchah  convient  de  cette  Defcription  dans  fon  Ouvrage ,  intitulé  Akhbar 
Timour,  qui  eft  la  Vie,  ou  l'Hilloire  de  Tamerlan. 

Nonobitant  la  Defcription  d'Al  Bergendi ,  il  y  a  d'autres  Auteurs  qui  étendent 
le  Khouarezm  jufqu'à  l'embouchure  de  l'Oxus,  fur  le  rivage  de  la  Mer  Cafpienne. 

Ce  fut  dans  ce  Pays  que  Caï  Khofrou  ,  troifième  Roy  de  Perfe  de  la  Race 
des  Caïanides,  défit  &  tua  Scheïdah,  fils  d'Afrafiab  ;  &  cette  Victoire,  à  caufe 
de  la  facilité  avec  laquelle  elle  fut  obtenue  par  les  Perfans  ,  donna  le  nom  à 
toute  la  Province  ;  car  Khouarezem ,   en  leur  Langue  ,  fignifie  Viftoire  facile. 

Il  paroît  par-là ,  que  le  Khouarezm  avoit  été  fouvent  le  théâtre  de  la  guerre 
entre  les  Rois  du  Turqueftan  &  les  anciens  Rois  de  Perfe ,  qui  en  font  demeu- 
rez plus  long  temps  polîeiTeurs  que  les  premiers.  Après  les  Perfans ,  les 
Arabes  s'en  rendirent  les  Maîtres  au   nom  des  Khalifes.    Les  Samanides .  les 

L  1 1  2  Dcf. 


452  K  H  O  U  A  R  E  Z  M  I. 

Defcendans  de  Mahmoud  Scbckteghin,  les  BouiJts,  les  Selgiucides,  êcles  Khoua- 
rezmiens,  le  redaifirent  ibus  leur  Empire  fùcccffivcincnt.  Ginghizkhan  en  dé- 
pouilla Mohammed  Khouarezm  fchah,  après  un  ficge  long  &  obfliné  de  fa  Ca- 
pitale, qui  fut  enlîn  emportée  par  la  valeur  d'Okcaï  khan  r1ls  de  Ginghiz  khan. 
Les  Succeffeurs  de  Ginghizkhan  le  tinrent  jufqu'cà  ce  que  Tamerlan  les  en  chaf- 
fa  &  enfin,  les  Uzbeks  l'ont,  ôté  à  la  poilerité  de  Tamerlan,  &  il  eft  aujour- 
d'huy  une  Partie  de  leurs  Etats. 

Après  Korcsng'  les  principales  Villes  du  Khouarezm  font,  Cath,  Zamakh- 
fehar ,  d'où  étoit  le  fameux  Zamakhfchari  ,  qui  a  commenté  l'Alcoran ,  Heza- 
rasb,  Daràn,  &  Ferben.  La  Ville  de  Cath  eft  à  l'Orient  du  Gihon,  éloignée 
de  quarante  Parafanges  de  Cariath  hadithah  ,  Ville  du  Turkeftan  ,  &.  celle  de 
ilezarasb,  qui  ell  une  place  très -forte,  efl:  à  l'Occident  du  même  fleuve,  éloi- 
gnée  feulement  de  huit  parafanges  de  la  Ville  de  Cath  ,  félon  le  témoignage 
d'Al  Bergendi,  qui  a  auHî  remarqué,  que  le  Khouarezm  eft  à  l'extrémité  du 
Gihon,  ou  dé  l'Oxus  ,  de  même  que  le  Pays  de  Badakfchan  ,  ou  du  Thokha- 
rcftan,  eft  à  fon  commencement. 

Al  Bergendi  dit,  qu'il  y  a  dans  le  Khouarezm  une  Rivière  qu'on  appelle  du. 
même  nom,  dans  laquelle  le  Gihon  fe  jette.     Mais  d'autres  Auteurs  veulent  que 
ce  ne   foit  pas  une  Rivière ,  mais  un  Lac  ,  au  de-là  du   Khouarezm  ,   dans  ie- 
qviel  le  Gihon,  fe  jette  véritablement,  après  avoir  roulé. fes  eaux  par  un  dcferc 
qui  s'étend  depuis  ce  Pays  jufqu'au  Lac. 

l^oyez  le  Livre,  intitulé  Afchâar  Al  Khouarezmiah.. 

KHOUAR-EZML  Natif  ou  Originaire  du  Khouarezm.  Plufieurs  Auteurs 
célèbres  qui  en  font  foitis,  portent  ce  furnom,  comme  on  le,  peut  voir  par  les 
Articles  îliivans. 

KHOUAREZML  Cothbeddin  Ahmed  Berakat  Manfour  Al  Khouarezmi. 
Nom  d'un  Dofteur  Traditionnaire  des  Mufulmans,  lequel  a  recueilli  après  Bok- 
hari,  les  Traditions  que  les  Mahometans  tiennent  être  émanées  de  Mahomet, 
fous  le  titre  de  Ahadith  Al  RalToul.  Ce  Recueil  contient  cinq  mille  deux  cent 
foLxante  nx  de  ces  Traditions,  &  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n°.  <^g6., 

KHOUAREZML  Aboubekr,  fils  de  la  Sœur  d'Abou  Giafar  AlThabari, 
porte  ce  furnom.     l^oyez  le  titre  de  Abou  Giafar. 

KHOUAREZML  Aboul  Farag'  A'bdalrahman  Ben  A*li  Al  Khouarezmf. 
Nom  de  l'Auteur  du  Livre  intitulé,  Alikam  alafchâar  beaklam  alefchâar ,  lequel 
eft.  mort  l'an  de  l'Hegire  sc)-/. 

KHOUAREZML  Mohammed  Ben  Daoud  Al  Khouarezmi.  Nom  d'un 
Auteur  qui  a  traduit  du  Perfien  en  Arabe,  un  Livre,  intitulé  Efma  alnabi  ,  les 
Noms  du  Prophète,  dans-  lequel  il  eft  traité  des  difFerens  Noms- que  Mahomet 
a  portez^. 

KHOUAREZML  Thaher  Bea  Salem,  Ben  CafTem,  Al  Anfari,  AI  Khoua- 
rezmi. Nom  de  l'Auteur  d'un  Livre,  intitulé  Ke^ab  Al  Giaouaher,  qu'il  publia 
V,an,.  771.    Cet  Ouvrage  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n^.  629. 

KHOUAREZML 


K  H  0  U  A  R  E  Z  M  I.  K  H  O  U  R  X  H.  453 

KHOUAREZMI.  Surnom  d'un  Auteur  de  qui  le  nom  propre  n'efl  pas 
connu,  lequel  a  comporé  un  Ouvrage,  intitulé  Mahfoul  li  êlm  alolibul ,  dans 
lequel  il  elt  traité  des  Fondemens  de  Ja  Religion  Muf'ulmanne.  C'eft  un  Ab- 
Bregé  du  Moilalàlî  de  Gazali,  qui  le  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n°.  705. 

KHOUAREZMT.  ZamakTchari ,  natif  de  Zamakhfchar  ,  Ville  du  Khoua- 
rczra,  a  au/li  porté  ce  furnom.     rcyez  l'on  titre. 

KHOUAREZMI.    Foyez  le  titre  de  Bakalli. 

KHOUAREZiM-L     Foyez  le  titre  de  Barkani.     • 

KHOUAREZMI.     Foy^z  le  titre  de  Ebn  Al  HaretH. 

KHOUAREZMIOUN.  Nom  que  les  Hilloriens  Arabes  donnent  aux 
Sultans  d  une  Dynaltic  très-puifFante  ,  qui  s'éleva  du  temps  des  Selgiucidcs  ,  & 
qui  a  fubfifté  pendant  138  ans  ,  depuis  l'an  491  jufques  en  l'an  628  de  l'Hegi- 
re.  On  leur  donne  aufïï  le  nom  de  Khouarezm  Schahan  ,  Khouarezm-Scha^ 
biens,  parce  qu'ils  poitoient  en  particulier  le  titre  de  Khouarezm  fchah. 

n  y  a  neuf  Sultans  de  cette  Dynaftie  ,  qui  ont  régné  dans  l'ordre  qui  fuit. 

Le  premier  efh  Cothbcddm  iMohammed  Ben  Houlleghin  Gurgeh  ,  lequel  a  re- 
gné-  ou  plutôt  gouverné  la  Province  de  Khouarezm  pendant  trente  ans  ,  car  il 
n'étoit  pas  abfolu. 

Le  fécond,  Atfiz,  fils  de  Cothbeddin  Mohammed,  lequel  a  gouverné  en  tout 
20  ans,  &  qui  a  été  Maître  abfolu  pendant  treize  ou  dix-huit  ans. 

Le  troillème.  Il  Arflan,  fils  d' Atfiz,  lequel  a  régné  fept  ans. 

Le  quatrième,  Solthan  fchah,  fils  d  II  ArOan,  qui  a  régné  vingt-un  ans. 

Le  cinquième,  Takafch,  fils  d'il  Arfian,  lequel  a  régné  huit  ans  &  demi. 

Le-fixième,  Cothbeddin  Mohammed  Ben  Takafch-  ou  Takafch  klian,  qui  a  ré- 
gné vingt  &  un  ans. 

Le  fcptième,  Rokneddin  Gorfang'. 

Le  huitième,  Gaïatheddin  Mirfchah. 

Le  neuvième,  Gelaléddin  Manbek  Berni  ou  Borni,  &  Mankberni. 

Ces  trois  derniers  ont  régné  entre  eux  à  diverfes  fois  onze  ans  ,  jufqu'en 
Tan  de  l'Ikgire  628,  comme  le  témoigne  l'Auteur  du  Nighiarifl;an,  d'où  la  lill(3 
de  ces  Sultans  a  été  tirée.     U  faut  voir  le  titre  d'un  chacun  en  particulier. 

KHOUBEK.     Foyez  le  titre  de  Tarikh  Khatha. 

K  H  O  U I L  A  D  Ben  Khaled  Al  Hezîr.  Nom  d'un  Poëte  Arabe  ,  furnommé 
Abou  Dhouaïb  Al  Catel. 

KHOUISCH  Khalil  Al  Roumi;     Foyez  le  titre  de  Falànbeki. 

KHOURDEH  &  Aïardeh.  Titre  de  deux  Livres,  dont  on  veut  qu'Abi-a-- 
ham  oii  Zoroaflre  foient  Auteurs. 

KHOUREH.  Nom  d'une  Ville,. qui  donne  le  Nom  au  ho  Kuriftan ,  Pro^ 
vince  de  Perfe.  Elle  a  été  bâtie  par  Darab,  fils  de  Bahaman ,  ancien  Roy  de 
Perfe. . 

LU  3  KHOUREHFARS; 


454     "  KHOUREHFARS. KHOZA'I. 

KHOUREHFARS.  Nom  d'une  Ville  de  la  Perfe  ,  bâtie  par  Ardefchir 
Babeghan,  laquelle  a  été  rebâtie  par  A'dhad  aldoulat.  Sultan  de  la  Dynaltie  des 
Dilcmites,  &  nommée  Khaïrabad.     Lebtarikh, 

KHOUREHSCHAPOUR.  Nom  d'une  Ville  bâtie  ou  plutôt  rebâtie  par 
Sapor,  Roi.de  Perfe,  furnommé  Dhoulaktaf;  car  c'efl:  la  même  que  la  Ville  de 
Sous  ou  Schoufter,  que  nous  nommons  Suie,  dans  le  Khouziltan,  que  nous  ap- 
pelions la  Sufiane.    Foyez  les  titres  de  Schoufter  &  de  Khouziftan. 

KHOURTSTAN.  Nom  d'une  Province  ou  d'un  Pays  de  la  Perfe,  à  la- 
quelle la  Ville  de  Khoureh ,  dont  on  vient  de  parler  un  peu  plus  haut,  adon- 
né le  nom.  Néanmoins,  il  femble  qu'il  faut  lire  en  plufieurs  endroits  Khour- 
ziftan,  au  lieu  de  Khouriftan  ,  à  caufe  que  dans  la  Langue  Arabique  le  Re  & 
le  Ze  ne  font  différens  que  par  un  point ,  qui  diftingue  le  dernier  d'avec  le 
pa-emicr,  &  les  Copiftes  font  fujets  à  obmettrè  ce  point. 

KHOURSCHAH  Rokneddin.  Nom  du  huitième  &  dernier  Roi  de  la  Dy- 
naftic  des  Ifmaëliens  de  l'Iran.     Foyez  le  titre  de  Rokneddin.  , 

KHOUZ.  Nom  d'une  Ville  qui  a  donné  le  nom  à  la  Province  de  Kouzi- 
ftan,  laquelle  a  été  depuis  appellée  Firouzabad. 

KHOUZ  AI.     Voyez  le  titre  de  Mafia  ib. 

KHOUZ I,  Natif  ou  Originaire  de  la  Province  de  Khouziftan.  Ebn  Khouzi 
eft  l'Auteur  d'un  Livre  d'Hiftoire,  intitulé  Tarikh  moncathem. 

KHOUZI STAN.  Nom  d'une  Province  d'alTez  grande  étendue,  fituée  en- 
tre la  Province  de  Fars  &  le  Pays  de  Baiforah.  Elle  a  du  côté  du  Couchant 
les  Plaines  de  Valfcth,  Ville  de  i'Iraque  Arabique;  au  Midy,  tout  le  Pays  qui 
s'étend  depuis  A'badan  ,  Ville  fituée  à  l'embouchure  du  'J  ygre  dans  le  Golfe 
Perfique  jufques  à  Dourat;  à  l'Orient,  la  Province  de  Fars;  &  au  Septentrion, 
l'Iraque  Perfique  &  le  Gcbal ,  c'cft-à-dire  ,  le  Pays  de  Montagnes  ,  où  la  Ville 
dlfpahan  eft  fituée. 

Cette  Province  eft  toute  en  Plaines  fms  aucune  Montagne ,  &  la  Province  de 
Lor  y  étoit  comprife  autrefois.     Le  Géngraphe  Perfien  dans  fon  fécond  Traité. 

Le  Khouziftan  eft  la  Province  que  nous  appelions  la  Sufiane  ,  dont  la  Ville 
de  Schoufchter  ou  Toufchter  eft  la  Capitale. 

Voyez  le  titre  de  Ahouaz,  Province  qui  fait  partie  du  Khouziftan.  Voyez  auffi 
celuy  de  Lor. 

KHOZAA'.  Titre  d'un  Poëme  touchant  la  Mort,  compofé  par  A^bdalha- 
mid.     Voyez  le  titre  de  Farma. 

KHOZA'I.  Takieddin  Aboubekr  Al  Khozaï.  Nom  d'un  Auteur  qui  a  fait 
un  Scharh  ou  Commentaire  fur  le  Livre  d'A'laeddin  Al  Hanbali  ,  intitulé  Oi- 
foul  allegiam,  touchant  les  Principes  de  la  Religion  Mufulmanne,  félon  les  pré- 
ceptes de  la  Sede  de  Hanbal. 

KHOZAIMAR 


K  H  O  Z  A  I  M  A  H.        K  H  O  Z  A  R.  455 

KHOZAIMAH.  Mohammed  Ben  Ishak,  Ben  Khozaïmah.  Nom  d'un  Doc- 
teur celcbi-e  en  Traditions  JMufulmaines.  Il  écoit  contemporain  de  Mohammed 
Ben  Giorair  Al  Thabari ,  Auteur  d'un  Commentaire  fur  l'Alcoran ,  &  d'une 
Hifloire. 

Ben  Khozaïmah  ctoit  originaire  de  la  Ville  de  Nifchabour  en  Khoraflan  ,  & 
il  avoit  reçu  les  Traditions  d'A'bdalâli  &  celui -cy  de  Schafêï,  II  mourut  l'an 
311,  &  Thabari  l'an  310  de  l'Hegire. 

KHOZAR  &  Khazar.  Nom  du  fépticme  fils  de  Japhet ,  l'un  des  frères  de 
Turk ,  fuivant  les  Hiiloriens  Orientaux ,  lorfqu'ils  parlent  de  l'Origine  des 
Turcs,  des  Tartares  &  des  Mogols.  Voicy  ce  qu'en  dit  Mirkhond  dans  la  Gé- 
néalogie de  Ginghizkhan. 

Khozar  s'étant  feparé  d'avec  fes  frères,  qui  s'établirent  tous  en  difFcrens  en- 
droits des  Pays  qui  font  compris  dans  la  grande  Tartane ,  arriva  fur  le  bord  du 
Fleuve  Etel  ,  qui  eft  le  Volga  ,  &  y  fit  bâtir  une  Ville  ,  à  laquelle  il  donna 
fon  nom,  &  fit  femer  à  l'entour  du  millet,  qui  eft  le  feul  grain  qui  croît  dans 
ce  Pays-là.  On  dit  de  luy  qu'il  étoit  Kiemazar  &  Kiem  kuftar,  c'efl  -  à  -  dire , 
paifibfe,  bienfiifant  &  homme   de  peu  de  paroles. 

Le  Pays  ,  de  même  que  fes  Habitans  qui  s'appellent  Khozariens  ,  a  retenu 
le  nom  de  cette  Ville.  Il  eft  fitué  au  Septentrion  de  la  Mer  Cafpienne  ,  & 
s'étend  depuis  le  Volga  en  tirant  vers  le  Levant.  Il  a  auffi  donné  fon  nom  à 
la  Mer  Cafpienne,  que  les  Géographes  Perfiens  appellent  Bahr  khozar,  la  Mer 
de   Khozar. 

C'eft  dans  le  même  Pays  que  regnoit  ce  Roy  appelle  Cozri ,  qui  fe  conver- 
tit  à  la  Religion  Juïve  ,  par  les  entretiens  qu'il  eut  avec  un  Dofteur  Juif, 
nommé  Rabi  Jehoudah  ,  lequel  à  cette  occafion  compofa  le  Livre  Hébreu , 
intitulé  Sepher  Cozri ,  qui  a  été  imprimé  par  Buxtorf ,  avec  une  Traduftion 
Latine. 

C'eft  de -là  auffi  que  font  fortis  ces  Kharariens  ,  connus  pareillement  fous  le 
nom  de  Turcs  ,  qui  ont  couru  en  diverfes  inondations ,  une  Partie  de  l'Afie  , 
depuis  l'an  100  jufqu'en  l'an  200  de  l'Hegire,  Car  au  lieu  de  Kharaiùens  ,  il 
faut  lire  Khazariens  ou  Khozariens, 

Ebn  Al  Vardi  dans  fon  Livre,  intitulé  Kheridat  alàgiaïb  ,  dit,  que  la  Mer 
Cafpienne  eft  appellée  Mer  de  Khozar ,  &  qu'elle  eft  entourée  du  Pays  de  mê- 
me nom,  du  Ghilan,  du  Dilem,  du  Thabareftan  &  enfin  du  Giorgian  ,  qui  va 
jufqu'au  Khouarezm  ,  fitué  vers  l'Embouchure  de  l'Oxus  ,  ou  du  Gihon.  On 
peut  par  cette  defcription  corriger  ailement  la  fituation  de  la  Mer  Cafpienne. 

Al  Bergendi  ,  en  décrivant  les  Pays  de  Khozar  ,  en  fait  Belengiar  la  Ville 
principale.     Il  y  place  auffi  celles  de  Siahkoueh  &  de  Saraï.  l^oyez  ces  titres. 

Le  Pays  de  Capchak  eft  voifin  de  celuy  de  Khozar,  &.même  ils  font  fou- 
vent  confondus  l'un  avec  l'autre.  Pour  empêcher  les  Courfes  des  deux  peu- 
ples, Noufchirvan,  Roy  de  Perfe,  avoit  fait  bâtir  une  muraille,  pour  les  tenir 
renfermez  au  de-là  du  Mont  Caucafe.  Foysz  le  titre  de  Derbend  &  celuy  de 
Serir  aldhahab. 

Aboul  Farage  écrit,  que  les  Khozariens  font  les  mêmes  que  les  Geoi-giens,  & 
en  parlant  de  ceux  qui  habitoient  vers  le  Derbend  ou  les  Portes  de  Fer ,  qui 
font  à  l'Occident  de  la  Mer  Cafpienne,  il  remarque,  que  dans  l'incm-fion  qu'ils 

fij ent - 


45^  K  ï.  K  I  A  T. 

firent  fur  les  Mufiilmans ,  fous  le  règne  du-  Khalife  Haroun  Al  Rafdhid  ,  ils  en 
enlevèrent  cent  mille  qu'ils  menèrent  en  captivité. 

Les  Khozariens  ont  eu  leurs  Rois  particuliers ,  &  l'on  trouve  dans  FHifloire 
d'Ebn  Batrik,  que  l'Empereur  Hcraclius  obtint  de  celuy  qui  regnoit  fur  eux  de 
fon  temps,  un  grand  fecours  contre  les  Perfans;  &  que  pour  cela  ,  il  luj'  avoit 
promis  un  trône,  c'efl-à-dire ,  une  féance  honorable  dans  les  allcmblécs  de  fon 
Palais  Impérial. 

Abdalmalek,  cinquième  Khalife  de  la  M?Jfon  des  Ommiades  ,  ayant  entrepris 
de  faire  la  guerre  aux  Khozariens,  &  les  ayant  attaqué  dans  l'Arménie,  il  les 
fit  brûler  dans  leurs  Eglifes,  &.  il  les  d-lit  enfuite  à  Bab  alabo.uab  ,  cefi-à-dire, 
aux  Portes  de  fer.  Ceux  qui  refterent  après  la  bataille  ,  fe  firent  Muiulmans. 
Ebtî  /Il  /hnid. 

Edrilîi  écrit  dans  fa  Géographie,  que  chez  les  Khozariens  il  étoit  libre  à  un 
chacun  de  faire  profcfîîon  de  telle  Religion  qu'il  vouloit ,  &  Ahmed  lien  lof- 
fef  le  confirme  ,  en  difant  qu'il  y  avoit  des  Mafulmans  ,  des  Chrétiens  &  des 
Juifs  mêlez  parmy  eux. 

On  remarquera  encore  touchant  le  Sepher  Cozri  ,  dont  il  eft  parlé  au  com- 
mencement de  cet  article,  qu'il  fembîe  que  l'Auteur  du  Livre  Hébreu ,  qui  por- 
te le  titre  de  Meor  ênaïm,  doute  s'il  y  a  jamais  eu  un  tel  Roi  des  Khozariens, 
qui  ait  embrafie  la  Religion  Juive,  comme  ri.'\utcur  du  Sepher  Cozri  veut  le 
faire  croire.  Il  fe  peut  faire,  que  cet  Auteur  ait  feulement  voulu  p  .r-là  donner 
du  crédit  à  fon  Ouvrage. 

K  I.  Nom  de  la  fixième  Partie  du  fécond  Cj^cle  des  Khathaïens  &  des  Igu- 
riens,  lequel  étant  joint  avec  le  premier  Cycle  qui  eft  duodenaire  ,  fert  pour 
compter  leurs  jours,  qui  font  au  nombre  de  foixante,  de  même  que  les  nôtres 
font  au  nombre  de  fept ,  &  forment  la  femaine.  Voyez  le  titre  de  Tarikh 
Khathaï. 

Suivant  cette  manière  de  compter  les  jours  parmi  cette  Nation ,  Ki-Siz  eft  le 
nom  du  fixième  jour  des  foix'ante;  Ki-Maou,  le  feizième;  Ki-Tchion,  le  vingt- 
fivième;  Ki-Kaï,  le  trente-fixième;  Ki-Iou,  le  quarante -fixièmi^  &  Ki-V'i,  le 
c^nquante-lixième. 

■KIAIA  Buzruk  Umid  Roudb.ir.     Voyez  le  titre  de  Buzruk  Umid. 

Kl  AN  G  A  RI.  Nom  que  les  Turcs  donnent  à  l'ancienne  Ville  de  Gangra, 
en  Natolie. 

Kl  AT  v  Dîrlighin.  Kiat  &  Derlighin  Nom  de  deux  Peuples  entre  les 
Mogols,  lefquels  ont  tiré  leur  origine  de  Khian,  fils  d'ilkhan  ,  dernier  Roy  des 
Mogols  de  la  Race  d'Ogouz  &  de  fon  coufin  Teghouz  ,  lefquels  feuls  ,  avec 
leurs  femmes ,  échaperent  de  la  •  défaite  de  leur  Nation  ,  qui  arriva  du  tems  de 
Tour,  fils  de  Feridoun ,  Roi  de  Perfe  de  la  première  Race,  appellée  des  Pifch- 
dadiens. 

Ces  deux  Peuples  furent  produits  &  engendrez  par  ces  quatre  perfonnes,  qui 
s'étoicnt  réfugiez  à  la  Montagne  d'Erkeneh  koun ,  Mont  inacceffible  ,  d  où  étant 
fortis,  lorfque  le  g  and  nombrejles  eut  rendus  puiflans,  ils  reconquirent  leur  an- 
cien Pays  natal  &  rétablirent  l'Empire  des  Mogols.  Mirkhond.  Khond.mir  dans 
la  Vie  d'Jlkhan. 

KIBGIAK 


K  I  B  G  î  A  K.  K  I  L  A  O  F  A  T  R  A.  457 

KIBGIAK  &  Kiptehak.     Voyez  le  titre  de  Cabgiak. 

KIBTH  &  Kibthi.  L'Auteur  du  Mircat  écrit,  que  c'cft  le  nom  des  Egyp- 
tiens infidèles,  appeliez  en  Turc  Tchengheneh,  qui  font  les  mêmes  que  les  Zin- 
gari ,  ou  Cingari  en  Italie  ,  &  qu'ils  defcendent  en  droite  ligne  de  Piîaraon  & 
de  ceux  qui  fuivoient  fun  impiété.  Nous  appelions  encore  aujourd'hui  en  Fran- 
ce ,  ces  fortes  de  gens  ,  des  Egyptiens.  Alais  la  vérité  cil ,  que  le  mot  de 
Kibth  fignifîe  en  général  tous  les  Egyptiens  qui  font  naturels  du  Pays  ,  &  qui 
ne  font  pas  Mahoraetans.  On  les  appelle  aujourd'huy  Cophtcs ,  &:  ils  font  tous 
Chrétiens. 

Dans  un  autre  endroit ,  le  même  Auteur  explique  le  mot  de  Kibthi ,  par 
Ahel  Mefr  ou  Mifr,  c'ell-à-dire ,  Egyptien  ,  &  il  ferable,  que  comme  le  mot 
de  Mifr  vient  de  l'Hébreu  Mifraïra  ,  de  même  aufli  celuy  de  Kibth'  vient  de 
l'ancien  mot,  qui  étoit  propre  à  la  Langue  du  Pays  d'Egypte. 

Le  Géographe  Perfien  dit,  que  le  mot  de  Kifc  cil  le  nom  d'une  Ville  de  la 
Thebaïde  fupérieure  ,  éloignée  du  Nil  de  la  dillance  de  fepi:  Pa'^afingcs  ,  qui 
font  environ  quatorze  licuës ,  &  que  tous  les  habitans  étoient  hércd;]ucs,  de 
fon  temps,  ou  Infidèles,  c'eil-à-dire  ,  Chrétiens,  parce  que  ceft  amfi  que  les 
Mahometans  ont  coutume  de  les  appeller.  C'ell  l'ancienne  Ville  du  Coptos  qui 
a  retenu  fon  premier  nom  Egyptien  ,  qui  ell  le  même  que  Kibth.  Voy^z  cy- 
dclTous  le  titre  de  Kift. 

KIFT.  Nom  d'une  Ville  d'Egypte  de  la  Province  appellée  Siïd  Aàla,  qui 
efl  la  Thebaïde  fupérieure.  Elle  n'cll  éloignée  du  Nil  que  de  fept  Paraianges. 
Tous  les  habitans  font  Infidèles,  c'eft-à-dire ,  Chrétiens,  fuivant  le  langage  des 
Mufulmans.     C'ell  ce  qu'en  dit  A'bdalmoal  dans  le  fécond  Climat. 

Cette  Ville  cil  l'ancienne  Coptos ,  qui  a  donné  autrefois  le  nom  à  une  des 
Provinces  de  l'Egypte  ,  que  les  Egyptiens  appelloient  Nomes  ,  comme  on  le 
peut  voir  dans  Strabon  ,  de  forte  qu'elle  a  été  nommée  par  les  Latins  Nomus 
Coptica. 

Aujourd'huy,  cette  même  Ville,  que  l'on  appelle  auffi  Kibth,  donne  le  non 
à  toute  l'Egypte  &  à  toute  la  Nation  que  les  Arabes  appellent  Al  Kibth,  auf- 
fi-bien  que  Mefr,  qui  cfb  le  nom  tiré  de  l'Ecriture  Sainte ,  à  caufe  deMifraïm, 
fils  de  Cham,  fils  de  Noé. 

Ceux  que  nous  appelions  les  Coptes  ou  Cophtcs  ,  font  les  Egyptiens  Chré- 
tiens ,  qui  ont  encore  une  langue  particulière  ,  mêlée  de  l'ancienne  Langue 
Egyptienne  &  de  la  Grecque,  que  les  Macédoniens  y  introduifirent  en  établif- 
fant  leur  Dynaflie ,  &  c'eil  la  Langue  Coptiquc  que  les  Arabes  appellent  Lou- 
gat  Al  Kibth.    Foyez  cy-dcflus  le  titre  de  Kibth. 

Kl  G'.  Nom  d'une  Province  Méridionale  de  la  Pcrfe.  Foyez  le  titre  de  Ge. 
laleddin  Mankberni. 

KILAOFATRA  ou  Calaofatra.  Ceft  la  fameufe  Cléopatre  ,  Reine  d'E- 
gypte.  Aboulfarage  ,  en  parlant  d'elle  ,  écrit  qu'elle  étoit  doéle  &  qu'elle  a 
corapofé  des  Livres  fur  plufieurs  fortes  de  fciences.  Il  ajoute  qu'entre  autres , 
on  lui  en  attribu?  un  intitulé  Canoun  ;  mais  que  d'autres  difent  être  un  Ouvra- 
ge de  Photin,  excellent  Arithméticien  &  Géomètre,  qui- le  compofa  pour  elle, 
&  qu'elle  voulut  bien  fe  l'adopter,  parce  qu'il  étoit  très-bien  écrit. 

Tome  IL  M  m  m  KILIG' 


45$  K  I  L  I  G'.  K  I  L  -  K  H  A  N. 

KILIG'  Arflan  Ben  Soliman.  Kilig'  fils  de  Soliman.  Nom  d'un  Sultan  de 
la  Dynallie  des  Selgiucides  de  Roiira  ,  qui  tenoiciit  le  fiége  de  leur  Empire 
dans  la  Ville  d'iconium.  Les  Habitans  de  Mol'al  ayant  demandé  du  fecours 
contre  Giaouel,  qui  avoit  fait  prilbnnier  Giakarmifch ,  leur  Roy,  &  qui  les  te- 
noit  affiégez,  il  y  alla  à  la  tète  de  Ion  armée,  à  obligea  Giaouel,  fur  la  nou- 
velle de  l'on  approche  ,  de  lever  le  fiége.  JMais  l'ayant  enfiiite  pouriliivi  ,  & 
lui  ayant  donné  combat  fi.ir  le  bord  de  la  Rivière  de  Khabour  en  Mclbpota- 
mie,  il  arriva  que  fes  gens  ayant  lâché  le  pied  ,  il  fut  pourfuivi  fi  vivement , 
qu'il  fut  contraint  de  fe  jetter  dans  la  Rivière  ,  d'où  ion  cheval  n'ayant  pu  le 
tirer ,  il  y  fut  noïé  ,    ce  qui   arriva  l'an  501   de  rilegire.     j^boul  Farage. 

KTLIG'-ARSLAN  Ben  Mafioud,  Kilig'-Arflan  fils  de  Maiîoud.  Nom  d'un 
autre  Sultan  de  la  Dynaftie  des  Selgiucides  de  Roum  ,  petit -fils  du  précè- 
dent,, lequel  fe  diflingua,  non  feulement  par  les  guerres  qu'il  fit  aux  Grecs  fes 
voifins;  mais  encore  par  fa  grande  habileté  à  régner  à  la  fatisfadion  de  fes 
peuples ,  &  par  la  bonne  juftice  qu'il  leur  rendoit. 

Dans  fa  vieillefi^e,  ayant  partagé  Çqs  Etats  entre  fes  Enfans,  il  fut  traité  par 
eux  avec  beaucoup  d'ingratitude  &  de  mépris.  Cothbeddin,  l'un  d'eux,  fe  fai- 
fit  même  de  fa  perfonne  &  le  tint  prifonnier.  Mais  ayant  déclaré  la  guerre  à 
un  de  fes  frères  ,  qui  avoit  eu  la  Ville  de  Cefarée  de  ^appadoce  en  partage 
avec  fes  dépendances  ,  &  l'ayant  mené  avec  luy  au  fiége  de  cette  Place  ,  Ki- 
lig'-Arflan trouva  le  moïen  de  s'échaper  de  fes  mains  ,  &  de  fe  jetter  dans  la 
Ville. 

Mais  comme  cet  autre  fils  le  regardoit  aulîî  avec  mépris  ,  il  s'addreflTa  à  fes 
autres  fils ,  defquels  il  ne  fut  pas  mieux  traité.  Néanmoins ,  étant  enfin  allé 
trouver  Gaïatheddin  Caï  Kofrou  ,  ce  fils  partit  avec  luy  pour  aflîéger  la  Ville 
d'Iconiûm,  &  l'ayant  enlevée  à  Cothbeddin,  par  ce  moyen  Kilig'-Arflan  fut 
rétabli.  Il  mourut  dans  fa  Capitale  l'an  588  de  l'Hegire  ,  &  y  laifiTa  fon  fils 
Gaïatheddin  pour  fon  fuccefic^ur.    Moiilfarage. 

KILIG'-ARSLAN  Ben  Rokneddin.  Kilig'-Arflan  fils  de  Rokneddin.  Nom 
du  troifième  Sultan  de  la  Dynafi:ie  des  Selgiucides  de  Roum  qui  porta  ce  nom. 
Il  fucceda  à  fon  père  étant  fort  jeune;  mais  Gaïatheddin  Caï  Khofrou  fon  on- 
cle, qui  s'étoit  réfugié  dans  les  Etats  de  l'Empereur  de  Confl:antinople  ,  profi- 
tant de  fon  bas  âge  ,  vint  le  furprendre  dans  Iconium  ,  fe  rendit  maître  de  fa. 
perfonne  &  s'empara  de  l'Empire  de  Roum.     Aboulfarage. 

yoyez  le  titre  de  Gaïatheddin  Caï  Khofrou. 

KILIG'.    Ebn  Kilig'.    Foyez  le  titre  de  Mogolthaï  Al  Mefri. 

KILT  G'  Ebnaïg  ou  Enbaneg'.  Nom  du  fils  d'Ildighiz  Atabek  ,  lequel  follî- 
cita  Takafch  à  la  conquête  de  l'Iraque.  F'oyez  le  titre  de  Takafch. 

Kl  LIS.  Nom  que  les  Turcs  donnent  à  la  Ville  de  Cliflà  en  Dalmatie. 

KIL-KHAN.  Nom  d'un  Prince  des  Mogols  ,  fils  de  Toumenah  khan  & 
frère  jumeau  de  Fagiouli.  Il_ fucceda  à  fon  Père  dans  l'Empire  des  Mogols  & 
fut  furnommé  Elingek  ou  Alingek-khan ,  c'eil-à-dire  ,  en  Langue  des  Turcs  ou 

Tar- 


K  I  M  A  K.  K  I  M  I  A.  455 

Tartares  Orientaux,  Confervatcur  de  fon  Peuple,  Père  dîT  Peuple.  Il  fut  Trif- 
ayeul  de  Ginghizkhan,  &  lailTii  fix  enfans  ;  mais  on  ne  fçait  le  nom  que  de 
trois,  à  fçavoir,  de  Ughin  khan,  Coubla  khan  &  Bortan  Béhadir. 

U'^hin,  qui  étoit  l'aîné,  eft  célèbre  pour  fa  beauté.  Un  jour  étant  à  la  chaf- 
fe,  les  Tartares,  ennemis  mortels  des  Âlogols,  le  firent  prifonnicr  &  le  condui- 
fîrent  devant  leur  Prince,  nommé  Altan  khan.  Ce  Prince  cruel,  qui  portoic 
une  extrême  envie  à  Khil-Khan,  ayant  fon  lils  entre  les  mains,  le  fie  enfermer 
dans  une  échope  de  bois ,  où  il  mourut  fort  regretté  des  Mogols ,  pour  les  gran- 
des efpérances  qu'il  donnoit  de  luy ,  &  laifla  la  fucceffion  à  Coubla  khan  ,  fon 
frère  puifné.     Khondemir. 

KIMAK  ou  Kimal.  Nom,  fuivant  Ebn  Aluardi ,  d'une  Nation  des  Turcs 
Orientaux ,  lefquels  habitent  le  Pays  qui  borne  la  Chine  Septentrionale. 

KIMAR.  Cotheddin  Kimar.  Nom  d'un  Commandant  général  des  troupes 
de  iVloftadhi,  trente-troiûème  Khalife  de  la  Maifon  des  AbbaiTides.  On  rappor, 
te  plufieurs  aftions  de  ce  Perfonnage,  dans  le  titre  de  Molladhi ,  que  l'on  peut 
confulter;  de  forte  que  l'on  fe  contentera  de  rapporter  icy  feulement  quelque^ 
autres  particuiaritez  de  fa  vie  ,  dont  les  Auteurs  font  mention. 

Kimar,  félon  Khondemir,  étoit  fi  propre  dans  fa  maitbn,  ou  plutôt,  il  avoit 
porté  fon  luxe  à  un  fi  haut  point ,  qu'il  avoit  dans  fa  garderobe  une  chaîne 
d'or  attachée  au  plancher  ,  à  laquelle  il  fe  prenoit  quand  il  avoit  fait  fes  né- 
ceflitez.  Car  les  Mufulmans  n'ont  point  de  fiége  élevé  pour  faire  cette  fonc- 
tion ,  comme  il  eft  en  ulage  chez  les  Chrétiens  ,  &  ce  feroit  parmy  eux  une 
immondicité  légale  d'en  avoir. 

De  plus,  ce  Général  avoit  dans  ce  même  lieu  un  arbre  d'or,  dont  les  fruits, 
qui  étoient  de  la  même  matière,  enfermoient,  comme  dans  autant  de  calfolet- 
tes,  toutes  fortes  de  parfums  les   plus  exquis. 

Mirkhond  en  fon  Raouihat  alfaffa,  où  il  traite  de  la  Vie  de  Moftadhj ,  ra- 
conte auffi  ce  qui  fuit,  en  parlant  de  ce  qui  fe  palîà,  lorfque  la  Maifon  de  Ki- 
mir  fut  faccagée  par  le  peuple  de  liagdet.  On  y  trouva  de  très -grandes  ri- 
chefles,  comme  on  peut  le  conjeélurer  aifément  de  ce  qui  a  été  remarqué  cy- 
delfus  après  Khondemir. 

Il  arriva  dans  ce  pillage  ,  qu'un  pauvre  miférable  ayant  mis  la  main  fur  un 
fac  plein  d'or  ,  &  craignant  que  les  gens  attroupez  dans  la  maifon  &  dans  les 
rues  ne  le  lui  enlevalfcnt,  s'avifa  de  le  jetter  dans  une  des  marmites  qui  étoient 
auprès  du  feu  dans  la  cuifinc.  Enfuite  ,  ayant  pris  la  marmite  fur  fa  tête ,  il 
traverfa  ainû  en  grande  diligence  au  milieu  de  tout  le  monde.  Ceux  qui  le  vi- 
rent fe  prirent  à  rire  de  ce  qu'il  s'étoit  attaché  à  une  marmite  pleine  de  vian- 
des, pendant  que  les  autres  emportoient  des  chofes  fort  prétieufes.  Le  pauvre 
homme  en  continuant  fon  chemin  fans  s'arrêter  ,  leur  difoit  :  J'ay  pris  ce  qui 
eH  préfentement  le  plus  nécelfaire  à  ma  pauvre  famille ,  &  il  pafTa  de  cette 
manière,  fans  danger  de  perdre  fon  butin- 

Kl  MI  A.  Les  Arabes  fe  fervent  de  ce  mot  pour  fignifîer  non-feulement  ce 
que  l'on  appelle  la  Chymie  ,  mais  encore  pour  marquer  une  Science  magique 
&  fuperftitieufe  ;  &  en  ce  fens ,  ils  la  joignent  fouvent  avec  une  autre  qui  y 
a  du  rapport ,  qu'ils  appellent  Simia ,  &  dilent ,  Kimia  v  Simia  ,  la  Kimie  &  Ja 

Mm  m  1  Simie. 


4<^o  K  I  M  I  A,  . K  I  R  E  S  C  H. 

Simie.  Ils  défîfiiïent  la  Kimie:  Maârefat  alârouah  alardhiat  v  ekhrag' lethaïflia 
Iclentcfaâ  beha,  la  connoilTance  des  Efprits  terrcftres  ,  pour  tirer  ce  quil  y  a 
de  plus  fubtil  &  pour  s'en  fervir.  Et  la  Simie  :  êlm  alarouah  alôlouiat  v  eflen- 
zal  cauuaha  lelencefaa  beha,  h.  Science  des  Efprits  fupérieurs,  pour  attirer  leur.s 
forces  icy-bas  &  pour  s'en  fervir.      f^oyez  le  titre  de  Simia. 

Les  Auteurs  Mufulmans  écrivent  communément ,  les  uns  que  la  Chymie  a 
été  inventée  par  Kiroun  ou  Caroun ,  qui  eft  Coré  ,  duquel  il  cfl  parlé  dans  les 
Livres  de  Moyfe;  &  les  autres,  qu'elle  luy  a  été  enfeignée  par  Moyfe. 

Les  Orientaux  ont- plufieurs  Livres  de  Chymie,  qui  traitent  de  la  Pierre  Phi- 
lofophale,  dont  plulîeurs  font  rapportez  dans  cet  Ouvrage.  Le  plus  fameux  de 
tous  ceux  qui  en  ont  écrit  eft  Giaber,  que  nous  appelions  Geber.  Foyez  aufîi 
eeluy  de   Ekfir. 

Cependant,  la  Chymie  n'eft  pas  moins  décriée  parmy  ces  peuples  que  parmy 
nous.  Sâdi  écrit  dans  fon  Gulillan:  Kimiaker  bcgulfeh  murdeh  v  reng' :  Eblch 
en  .1er  kharabeh  iaftch  gheng'.  Le  Chymifte  meurt  avec  la  douleur  &  avec  le 
chigrin  de  n'avoir  pas  trouvé,  par  fon  art,  ce  qu'il  chcrchoit  5  au  contraire, 
le  fou  trouve  un  tréfor  dans  des  ruines  ,  c'eil-à-dire  ,  dans  les  lieux  ,  où  il  y 
a  le  moins  d'cfpérance  d'en  ti'ouver. 

KIMIA  affaâdet.  Titre  d'un  Livre  par  demandes  &  par  réponfes,  dans  le- 
quel MohieJdin,  qui  en  eft  l'Auteur,  explique  la  profeffion  de  foi  des  Maho- 
metans  ,  comprife  en  ces  mots;  La  elah  illa-llah,  &c.  Cet  Ouvrage  eft  dans  la 
Bibliothèque  du  Roy,  n*^.  617. 

KIN.  Nom  d'une  Ville  de  l'Iraque  ,  bâtie  par  Tliamurath,  C'eft  auffî  le 
nom  du  premier  jour  du  Cycle,  duodenaire  des  Khathaïens.  Foyez  le  titre  de 
Tarik  Khatha. 

KIRATH.     Foycz  le  titre  de  Kerath. 

KTRATOU.  Nom  dont  les  Turcs  fe  fervent  pour  fignifier  la  Ville  de 
Gratous  en  Servie,  fituée  auprès  du  Mont  Hxmus  ^  où  il  y  a  des  Mines  d'ar- 
gent fort  abondantes.  Sultan  Bajazet,  premier  du  nom  ,  fils  d'Amurat,  la  prit 
l'an  791  de  FHegire,  de  J.  C.  1388  ou  89. 

KIRDABAD.  Nom  d'une  Ville  de  Perfe  ,  bâtie  par  Thamurath.  Leb- 
îar'ikh. 

KIRESCH  &  Corefch.  Nom  dont  les  Perfiens  appellent  encore  aujourd'hui 
Cyrus ,   ancien  Roy  de  Perfe.     Les  Juifs    le  nomment  Corefch  ,  &   les    Grecs 

■■■L'Auteur  du  Lebtarikh  écrit,  que  Cyrus  tiroit  fon  origine  des  Asbath,  c'eft- 
à-dire,  des  douze  Tribus;  à  caufe  que  fa  mère  étoit  Juïve  &  fille  dun  des  Pro- 
phètes des  ^Hébreux,  quoique,  du  côté  de  fon  Père,  il  dcfcendit  de  Giamasby 
fils  de  Lohorasb,  quatrième  Roy  de  Perfe  de  la  Dynaftie  des  Càïaniens* 

Kirefch  ou  Cyrus,  fuivant  le  même  Auteur  ,  fut  envoyé  par  Bahaman  ,  fils 
d'Asfendiar,  Roi  de  Perfe,  à  Habylone  ,  pour  y  commander  de  fa  part  en  la 
place  du  fils  de  Bakhtalnafar ,  c'eft-à-dire  ,  de  Balthafar  ,  fils  de  Nabuchodono- 
for;'  qui  maitraitoit  fi  fort  les  Juife  qui  étoicnt  Captifs  dans  cette  Ville,  afin 
qu'il:  les  délivrât  de   tant  de  maux  qu'ils    fouffroient ,   &  qu'il  les  renvoyât  eit 

leur. 


K  I  R  I.  A  C  O  U  s.  K  I  S.  4^r 

leur  Pays ,  comme  il  le  fit ,  en  leur  permettant  de  rebâtir  leur  Ville  &  leur 
Temple,     f^oyp.z  le  titre  de  Baharam  &  celuy  de  Bakht  alnaflar. 

Ebn  Batrik  établit  deux  Cyrus  ,  l'un  en  Babylone  &  l'autre  en  Perfe ,  &  fé- 
lon lui,  il  époufa  MalTchat,  fille  de  Salathiel,  fils  de  Zorobabel  ,  en  faveur  de 
laquelle,  il  renvoya  les  Juifs  en  Jeriifalem. 

Aboulfarage  parle  autrement  de  ce  mariage.  Il  dit ,  que  la  Reine  de  Perfe , 
femme  de  Cyrus,  étoit  fœur  de  Zorobabel,  fils  de  Salathiel  ,  petit -fils  de  Joa- 
chim ,  Roi  de  Juda ,  &  qu'en  fa  faveur  ,  Cyrus  permit  aux  Juifs  de  rebâtir  le 
Temple  de  Jerulalem. 

KIRIACOUS.    Nom  d'un  Patriarche  d'Alexandrie,  que  nous  appelions  Cy- 
'iiaque ,   lequel  s'oppofa  à  l'hérefie  des  Abraliamiens.     l^oytz   le   titre  de  Ibra- 
himiah. 

KIRIx\T-NOUH.    Bourg  ou  'Ville  de  'i^oé.  Voyez  le  titre  de  Thamanin. 

KIRILLOUS.  Cyrille.  Nom  d'un  Patriarche  d'Alexandrie,  duquel  on  a 
un  'sermon,  écrit  en  Arabe,  fur  la  Sainte-Croix,  prononcé  le  dix-feptième  jour 
du  mois  que  les  Egyptiens  appellent  Toth.  Ce  Sermon  fe  trouve  dans  la  Bi- 
bliothèque du  Roy,  n°.  792. 

KIRILLOUS.  Cyrille.  Nom  d'un  Patriarche  de  Conftantinople  de  ces 
derniers  temps,  lequel  nous  ell  connu  fous  le  nom  de  Cyrille  Lucar.  Il  a  été 
accufé  d'être  Calvinifte ,  &  il  fut  étranglé,  l'an  1638  de  J.  C. ,  par  ordre  de 
Morad,  fils  d'Ahmet ,  dix-feptième  Empereur  des  Ottomans  ,  pour  lors  abfent 
de  Confliantinople. 

Kl  ROUAT.  Les  Turcs  appellent  de  ce  nom  un  Croate,  Habitant  de  là 
Croatie,  un  lUyrien,  un  Efclavon. 

Kl  ROUAT  Vilaieti.    Nom  que  les  Turcs  donnent  à  la  Croatie. 

KIROUN  &  Caroun.  N-om  que  les  Mufulmans  donnent  à  Coré  ,  qui  fut' 
englouti  dans  la  terre  avec  Dathan  &  Abiron.  Ils  le  font  Inventeur  de  la  Chy- 
mie  ,  &  d'autres  veulent  qu'il  l'ait  apprife  de  Moyfe.  Ils  rapportent  plufieurs 
chofes  fabuleufes  touchant  fes  richeiles  immcnfes,  &  entre  autres,  que  plufieurs 
chameaux  étoient  dcflinez  pour  porter  les  clefs  de  fes  coffres  forts.  Ils  difent 
aufli  en  Proverbe,  Riche  comme  un  Kiroun  ou  Caroun,  quand  ils  veulent  par- 
ler d'un  homme  extrêmement  riche. 

KIS,  Kifch  ou  Keïfch.  Nom  d'une  Ifle  fituée  dans  le  Golfe  Perfique  ou 
entre  la  Mer  de  Fars,  qui  efl:  celle  de  la  Perfe  &  celle  d'O'man,  qui  efl  la 
Mer  de  l'Arabie,  laquelle  fait  avec  celle  de  Perfe,  partie  de  l'Océan  Indique  , 
le  long  des  Côtes  de  l'Arabie  heureufc. 

Cette  Ifie  a  douze  mille  de  circuit  ,  &  comme  il  n'y  a  pas .  de  fources  d'eau 
vive  ,  les  habitans  font  obligez  de  crcuier  des  puits  ,  pour  arroufer  les  jardins 
qui  y  font  très-beaux.  On  pêche  aux  environs  les  perles,  qu'on  appelle  Perles 
de  Bahareïn;  à  caufc  que  la  Ville,  qui  porte  ce  nom  ,  cft  fur  la  côte  d.\ra. - 
bic,  qui  regarde  cette  Ifle,  &  que  l'on  y  pêche  aulfi  de  fort  belles  perler,  que 
ies  Habitans  du  Pays  appellent  Muruarid  ou  Maruarid.     C'eft  de  ce  mot  que 

M  m  m  3  vient: 


4.6^  K  I  S  C  H.  KISCHTASB 

vient  celuy  de  margarita ,  que  les  Grecs  &  les  Latins  donnent  aux  perleî.  Ah- 
dalmodl,  dans  la  defcription  du  fécond  Climat. 

Les  Géographes  modernes  appellent  la  même  Ifle  Kifcbmir  ,  &  la  placent 
fort  proche  de  celle  d'Ormuz. 

Une  autre  li\e^  nommée  Sallar,  fe  trouve  auflî  dans  le  même  Golfe. 

KISCH.  Nom  d'une  petite  Province  de  la  Perfe,  contiguë  à  celle  de  Mak- 
ran ,  que  Caï  Khofrou ,  troilième  Roy  de  Perfe  de  la  Dynallie  des  Caïaniens , 
donna  à  Ferbir ,  ou  fuivant  quelques  exemplaires,  Fcrbiraz  ,  fon  Oncle  pater- 
nel. Les  Portugais  appellent  ces  deux  Provinces,  Cache,  &,  Makron.  Teixcra 
les  appelle  des  Royaumes,  en  ces  termes  qui  font  tirez  de  fa  Relation  :  Reynos 
entre  Goadel  y  los  Abindos  en  la  entrada  del  Sino  Perfico. 

KISCHTASB  Ben  Zou,  ou  Zav,  &  Zab.  Kifchtasb  fils  de  Zou,  &  Zav, 
&  Zab.  Nom  de  l'onzième  Roy  de  Perfe  de  laDynaftie,  ou  Famille  des  Pifch- 
dadiens,  lequel  monta  fur  le  thrône  cwant  la  mort  de  fon  Père,  qui  le  luy  céda 
volontairement.  Quelques-uns  veulent  qu'il  fut  feulement  neveu,  à  non  pas 
fils  de  Zou,  &  1'  Auteur  du  Nadham  altaouarikh  dit  que  fa  mère  étoit  hlle  de 
Mamoun,  fils  de  Benjamin,  un  des  Chefs  des  Iribus  Juives,  &  que  Roflani  De- 
flan,  ce  célèbre  Héros  des  Perfans,  defcendoit  de  cette  lignée. 

Kifchtasb  foutint  quelque  temps  la  guerre  contre  Afrafiab  Roy  du   Tu  lue- 
flan,  qui  s'étoit  rendu  maître  de  la  plus  grande  partie  de  la  Perfe.     Mhs  en- 
fin, il  fuccomba,   &  fut  tué  dans  un  combat   qu'il    doima  contre   les  Turcs, 
après  avoir  régné    trente  ans ,   ou    bien  feulement  fix  ans ,  félon  le   I  arikh 
Khozideh. 

Il  y  a  des  Hifloriens  qui  ne  le  mettent  pas  au  rang  des  Rois  de  Perfe,  par- 
ce qu'il  ne  joiiit  jamais  pacifiquement  de  les  Etats,  dont  il  ne  polfedoit  qu'une 
très-petite  partie. 

L'  \uteur  du  Tarikh  Khozideh  appelle  ce  Roy,  non  pas  Kifchtasb,  mais  Gher- 
fchasb  ,  &  marque  qu'il  étoit  fils  de  Kifchtasb,  oncle  de  Zou. 

KISCHTASB  Ben  Lohorasb.  Kifchtasb  fils  de  Lohorasb.  Nom  du  cinquiè- 
me Monarque  de  Perfe  de  la  Race,  ou  Dynaftie  des  Caïanides.  Il  fut  première- 
ment couronné  en  Alep,  où  Ion  frerc  le  trouva  lorfqu'il  venoit  de  virecc  en 
Perfe  ,  pour  f:iire  la  guerre  à  fon  pcre  ,  &  il  le  fut  pour  la  féconde  fois  à 
Balkh,  par  fon  propre  père  qui  luy  céda  iss  Etats. 

Ce  fut  du  temps  de  ce  Prince  que  parut  Zerdafcht,  ou  Zoroaflre,  Legiflateur 
des  Ghebres ,  ou  Adorateurs  du  Feu ,  &  il  fut  des  premiers  qui  cmbraiferent  là 
Loy  &  fa  fupcrfi:ition,  &  il  fit  paroître  tant  de  zèle  pour  cette  nouvelle  Croyan- 
ce, qu'il  força  tous  fes  Sujets  de  la  fuivre,  &  qu'il  bâtit  en  plufieurs  endroits 
de  la  Perfe  des  Mefchged ,  ou  Pyrées,  qui  font  les  Temples  des  Mages ,  ou  des 
ignicoles. 

Kifchtasb  quitta  la  Ville  de  Balkh  ou  demeuroit  ordinairement  Lohorasb  fon 
père,  &  établit  le  Siège  Royal  de  fon  Empire  dans  celle  d'iitekhar  ,  qui  eil 
celle  que  les  Grecs  ont  appellée  Perfepolis  ,  fituée  dans  la  Province  de  Fars, 
•  ou  de  la  Perfe  proprement  dite.  On  y  voit  encore  plufieurs  figures  &  plufieurs 
grottes  dans  lefquelles  ce  Prince,  &  plufieurs  de  fes  -ucceifeurs  ont  été  enfe- 
velis  dans  des  Urnes,  dont  il  relie  encore   des  monumens  dans  la  Montagne, 

&  dans 


K  I  s  C  H  T  A  s  B.        ^  4^3 

&  dans  h  Plaine  de  cette  Ville;  ce  c  eil  auprès  du  lieu  que  l'on  appelle  aujour- 
d'huy   Tcliehelminar. 

Il  n'efl  pas  hors  de  propos  de  remarquer  en  cet  endroit  ,  que  tous  les  an- 
ciens Rois  de  Perfe,  qui  ont  régné  avant  le  Mahometifme ,  ont  été  enfevclis  en 
trois  manières.  Les  uns  ont  été  mis  dans  dos  grottes  ,  ou  cavernes  ,  que  l'on 
trouvoit  faites,  ou  que  l'on  creufoit  dans  la  Montagne.  D'autres  ont  été  enfe- 
velis  dans  la  Plaine,  où  l'on  élevoit  au  dciîus  de  leurs  Icpuicres  ,  des  mon- 
ceaux de  pierre  en  forme  de  petites  collines  ,  comme  les  Pyramides  d'£gy,ite 
qui  font  les  tombeaux  des  Rois  de  ce  Pays-là.  Entin ,  il  y  a  plulieurs  de  ces 
Rois  anciens  que  l'on  mettoit  après  leur  mort  dans  des  urnes  Ibus  terre  ,  ce 
qui  étoit  plus  conforme  à  la  doétrine  de  Zoroaflre,  que  Kifchtasb  étudioic  fort, 
fe  retirant  fouvcnt  fur  la  Montagne ,  pour  s'appliquer  entièrement  à  la  Lefture 
du  Zend,  qui  efl,  pour  ainli  dire,  la  Bible  des  Ignicoles. 

Cependant,  il  arriva  qu'Argiasb  fils  d'Afrafiab,  Roy  du  Turqueftan ,  fit  une 
grande  coLirfe  dans  le  Khoralian ,  &  faccagea  la  Ville  de  Balkh  ,  ou  Lohorasb 
vivoit  encore,  menant  une  vie  entièrement  retirée  &  ne  fe  mêlant  plus  du  gou- 
vernement de  fes  Etats,  qu'il  avoit  remis  entre  les  mains  de  fon  fils. 

Argiasb  ayant  trouvé  ce  Vieillard  dans  Balkh  ,  ne  lépargna  pas  plus  que  les 
autres,  qu'il  fit  tous  paffer  au  fil  de  l'épée.  En  avançant  du  côté  de  la  Perfe, 
il  obligea  Kifchtasb  ,  de  fuir  dans  la  Parthe ,  qui  cft  la  haute  Perfe  ,  dont  les 
palFages  font  inacceffibles  à  une  grande  armée,  à  caule  des  défilez  qui  fe  ren- 
contrent entre  les  montagnes. 

Kifchtasb  avoit  un  fils  d'une  valeur  incomparable ,  nommé  Asfendiar,  qu'  1  ' 
tenoit  enfenné  dins  un  Château  très-fort,  nommé  Zer  Kunbudan;  c'efl:-à-dir'j, 
aux  dômes  &  aux  gijerites  dorées ,  fitué  fur  la  croupe  d'une  Montagne  feparée 
des  autres,  que  rien  ne  commandoit  à  l'entour  ,  &  qui  étoit  appellée  Ghird 
Goueh  ,  ou  Koueh  ,  la  iVlontagne  ronde  ,  ou  à  l'entour  de  laquelle  on  peut 
fkire  la  ronde. 

Se  trouvant  réduit  à  l'extrémité  d'avoir  été  contraint  de  fuïr  devant  l'ennemi, 
&  ne  voyant  rien  à  oppofer  à  Argiasb,  que  la  valeur  d'Asfendiar,  il  envoya  fon 
frère  Giamasb,  furnommé  par  les  Hilîoriens  ,  Al  Hakim,  le  Sage,  ou  le  Phi- 
lofophe,  au  Château  de  Zer  Kunbudan,  pour  donner  la  liberté  à  Esfendiar,  & 
luy  conférer  de  fa  part  le  commandement  de  l'armée,  avec  promelle  de  le  met- 
tre à  fon  retour ,  en  pofieffion  de  la  Couronne;  &c  de  tous  fes  Etats  .  s'il  chalibit 
ce  terrible  ennemi  de  la  Perfe. 

Giamasb  exécuta  l'ordre  du  Roy  fon  frère ,  &  Asfendiar  ne  fut  pas  plûtoft  h 
la  tête  de  l'armée  qu'Argiasb  commença  à  lâcher  le  pied,  ne  pouvant  foùtenir 
l'effort  des  Perfans  commandez  par  un  ft  grand  Capitaine.  Asfendiar  le  défit 
enfuite  entièrement,  &  le  contraignit  de  repalfer  le  Gihon,  &  de  fe  fauver  bien 
avant  dans  le  'l'urqueftan  jufques  à  Heftkhan,  qui  étoit  fa  capitale;  mais  ne  s'y 
trouvant  pas  en  fureté,  à  caufe  qu'Asfendiar  le  pourl'uivoit  Loûjours  ,  il  fe  retira 
pour  dernière  rcflTource,  au  fort  Château,  nommé  Rouiin-diz,  le  Château  d'airain. 

Par  une  bravoure  inoiiie,  Asfendiar  fe  déguifa  en  Marchand,  &  ayant  ainfi 
trouvé  le  moyen  d'entrer  dans  cette  forterelfe ,  il  y  tua  Argiasb  de  fa  main , 
&  donna  le  Royaume  du  Turquellan  à  un  des  enfans  d'Agrireih  ,  frère  d'Af- 
rafiab, duquel  nous  avons  déjà  parlé. 

Après  une  expédition  fi  glorieufe,  le  Prince  de  Perfe  viflorieux  retourna  pour 
recevoir  des  mains  de  fon  père ,  la  couronne  qui  luy  avoit  été  promife.    JNiais 

ie 


464  K  I  S  C  H  T  A  S  B. 

le  Vieillard ,  qui  ne  pouvoit  fe  refoudre  à  renoncer  fi-tolt  à  l'Empire,  luy  dit 
qu'auparavant  il  falloit  qu'il  le  vangeât  de  Roftam  qui  s'ctoit  fortifié  dans  le 
Segeftan,  &  qui  luy  avoit  manqué  de  refpefl. 

Asfendiar  obéit  au  Roy  fon  Père,  &  partît  pour  ranger  Roftam  à  la  raifon. 
Mais  après  plufieurs  combats  donnez  entre  ces  deux  grands  Héros ,  enfin  Asfen- 
diar tomba  malheureufement  d'un  coup  de  flèche  ,  qui  luy  perça  le  cœur ,  & 
laiffa  en  mourant  un  feul  fils  nommé  Bahaman ,  lequel  fucceda  à  Kifchtasb  dans 
le  Royaume  de  Perfe,  après  que  ce  Prince  eut  régné  près  de  fix-vingt  ans. 

Entre  les  grands  Ouvrages  que  Kifchtasb  fit  faire  pendant  fa  vie,  on  compte 
le  Château  de  Samarcande,  &  une  grande  muraille  de  fix  vingt  parafanges  de 
long  ;  c'elt-à-dire ,  de  deux-  cent  quarante  lieues  Françoifes  ,  qui  dcvoit  fervir 
de  feparation  entre  les  Iraniens  &  les  Touraniens ,  qui  font  les  mêmes  que  les 
Perfans  &  les  Turcs.  Cette  muraille  étoit  au  de-là  de  Samarcande,  &  de  cette 
forte  le  Gihon ,  ou  Oxus  ,  ne  fut  plus  le  terme  de  feparation  entre  ces  deux 
grands  Etats  ,  comme  il  l'avoit  été  jufques  alors.  On  dit  aufli  que  ce  même 
Prince  eft  fondateur  de  la  Ville  de  Beidha  en  Perfe,  de  laqu^slle  étoit  natif  ce 
Dofteur  célèbre  parray  les  Mufulmans,  nommé  Beïdhaoui*. 

Deux  infîgnes  Philoibphes  &  des  plus  anciens  ,  dont  on  ait  connoifiance, 
vivoient  du  temps  de  Kifchtasb,  à  fçavoir,  Socrate,  parmy  les  Grecs,  &  Gia- 
masb,  parmy  les  Perfans.  Celuy-cy  a  été  le  plus  grand  Aftrologue  de  l'Orient, 
&  il  efl  l'Auteur  du  Livre  intitulé  Al  Keranat,  ou  des  Conjonflions ,  &  l'on 
tient  qu'il  étoit  frère  de  Kifchtasb.     Leb    Tarikh. 

Le  Tarikh  Montckheb  ajoute  peu  de  chofes  à  ce  qui  efi:  rapporté  dans  le 
Leb  Tarikh  touchant  ce  Roy.  II  s'étend  feulement  un  peu  davantage  fur  le 
fujet  de  Zoroaftre;  &  l'on  peut  voir  ce  qu'il  en  dit,  dans  le  titre  de  Zerdafcht. 
Mais  Khondemir ,  comme  nous  Talions  voir ,  fait  une  detcfiption  plus  ample  de 
l'Hliloire  d' Asfendiar. 

Suivant  cet  Auteur,  Kifchtasb  fut  un  des  Princes  les  plus  puifiims  &  les  plus 
refpeftcz  qui  ayent  régné  dans  fOrient.  Mais  il  fe  laiffa  abufer  mifcrablement 
par  Zerdafcht ,  ou  Zoroallre  ,  duquel  il  fuivoit  la  doftrine  &  les  conlcils  fi 
aveuglement,  que  non  content  d'avoir  établi  le  Magifme,  ou  la  Religion  des 
Ignicoles  dans  tous  fes  Etats ,  il  voulut  encore  l'étendre  dans  les  pays  de  de-là 
le  Gihon;  &  pour  cet  cfict,  il  écrivit  à  Argiasb  fils  d'Afrafiab,  Roy  du  Tur- 
queftan,  pour  le  convier  d'embraffer  la  Religion,  &  luy  refufa  en  même  temps 
les  penfions  ou  fubfides  qu'il  avoit  accoutumé  de  luy  fournir ,  jufques  à  ce 
qu'il  eut  fait   profeffion  de  cette    Loy. 

Argiasb  irrité  au  dernier  point  de  cette  propofition,  prit  en  même  temps  les 
armes,  &  marcha  du  côté  de  l'Iran.  Kifchtasb  de  fon  côté,  alTembla  aufli  des 
troupes,  &  marcha  au  devant  de  fon  ennemi.  Lorfque  les  armées  furent  en 
prefence,  ce  fut  en  ce  moment  que  Kifchtasb  promit  à  fon  fils  Asfendiar,  fi 
par  fa  valeur  il  emportoit  la  viéloire  fur  les  Turcs  ,  qu'il  l'éleveroit  fur  le 
thrône  de  Perfe  à  fa  place.  La  bataille  fe  donna,  &  Asfendiar  fit  tant  d'aftions 
de  bravoure  &  de  prudence  au  plus  fort  du  combat,  que  les  Turcs  furent 
renverfez  ,  &  que  les  Perfans  demeurèrent  viélorieux  &  maîtres  du  champ  de 
bataille. 

Argiasb  vaincu  fut  obligé  de  fe  retirer  dans  fes  Etats  avec  une  armée  fort 
délabrée,  &  Kifchtasb  retourna  triomphant  à  Ifiihckhar  où  il  faifoit  fon  fejour 
ordinaire.    Mais  au  lieu  de  faire  couronner  fon  fils  fuivant  fa  promeife,  il  luf 

donna 


K  I  s  C  H  T  A  s  B.  ^6s 

donna  feulement  les  Gouverneraens  de  l'Adherbigian  ,  ou  de  la  Medie  ,  &  de 
l'Arménie.  Le  Prince  qui  ne  fut  pas  fatisfait  d'une  puilfance  partagée ,  lorf- 
qu'ii  s'attendoit  de  l'avoir  abfoluë,  ne  fe  comporta  pas  dans  ces  Provinces  d'une 
manière  agréable  à  fon  père,  qui  le  rappella  à  la  Cour^  &  l'envoya  prifonnier 
au  Ciiltcau  de  Ghird-goueh,  ou  Ghird-koueh,  comme  il  a  été  dit  cy-deirus._ 

Aulîî-toll  qu'Argiasb ,  Roy  des  Turcs  ,  eut  appris  la  difgrace  d'Asfendiar ,  il  fe 
fervit  de  l'occafion,  &  crut  que  Kifchtasb  s'étant  privé,  pour  ainii  dire,  de  fon 
bas  droit,  en  emprifonnant  Asfendiar,  il  ne  luy  feroit  pas  difficile  de  le  vaincre. 
Il  fe  jetta  donc  dans  le  Khorallan  avec  une  puilfante  armée  ,  il  prit  la  Ville 
Royale  de  Balkh,  il  la  pilla,  &  tua  le  vénérable  Vieillard  Lohorasb,  qui  vivoit 
encore,  fit  prifonnieres  les  Princeifes  de  Perfe,  filles  de  Kifchtasb  ,  &  les  en- 
voya au  1  urqueftan  pour  être  miles  dans  fon  Serail. 

A  la  nouvelle  de  cette  irruption  des  Turcs  &  des  grands  defordres  qu'ils 
avoient  commis,  le  Roy  Perfan  vit  bien  qu'il  n'y  avoit  que  fon  fils  Asfendiar 
qui  pull  remédier  à  tant  de  maux.  Il  luy  envoya  Giamasb  fon  propre  frère 
pour  luy  promettre  de  nouveau  la  Couronne  avec  la  liberté ,  s'il  vouloit  bien 
fe  charger  de  cette  grande  affaire,  en  l'aflurant  par  des  fermens  folemnels,  qu'il 
ne  luy  manqueroit  plus  de  parole. 

On  dit,  qu' Asfendiar  a3'ant  entendu  parler  Giamasb  fon  oncle,  en  ces  termes, 
rompit  en  fa  prefence  par  la  force  de  fes  bras  ,  les  fers  dont  il  étoit  chargé  , 
&  qu'il  alla  de  ce  pas  trouver  Kifchtasb  fon  père  dans  le  Château  où  la  peur 
qu'il  avoit  des  Turcs,  l'avoit  contraint  de  fe  retirer,  &  dès  le  lendemain  il 
partit  pour  l'armée  qu'il  devoit  commander  contre  Argiasb.  Peu  de  temps  après 
il  joignit  l'armée  de  l'ennemy ,  &  luy  donna  un  fi  fui-ieux  choc  ,  qu'il  le  con- 
traignit de  fuïr  au  de-là  du  Gihon,  comme  il  avoit  fait  la  première   fois. 

Kifchtasb  fe  voyant  délivré  d'un  enncmy  fi  redoutable  par  la  pure  valeur  d2 
fon  fils,  luy  fit  beaucoup  de  careifes  à  fon  retour,  ik.  luy  dit,  qu'à  la  vérité  il 
meritoit  la  Couronne  de  Perfe  ;  mais  qu'il  y  auroit  pour  luy  de  la  honte  à  la 
porter  pendant  que  fes  fœurs  étoient  captives  entre  les  mains  de -fes  ennemis. 
Ce  difcours  fit  rougir  Asfendiar,  en  luy  faifant  connoître  que  la  viftoire  n'étoic 
pas  complète.  Il  retourna  donc  fur  fes  pas  ;  &  ayant  fait  un  choix  fur  toute 
l'armée ,  de  douze  mille  chevaux  &  de  douze  mille  hommes  de  pied  ,  accom- 
pagné de  fon  frère  puifné ,  appelle  Befchouten  ,  il  prit  la  route  du  Turque- 
Itan,  pour  achever  de  tirer  vangeance  d'Argiasb, 

Il  y  avoit  trois  chemins  pour  arriver  à  Rouiindiz,  la  principale  &  la  plus  forte 
place  du  Turqueftan,  où  Argiasb  faifoit  fil  refidence.  Le  premier,  aifé  &  faci- 
le, étoit  ceîuy  des  Caravanes;  mais  il  étoit  très -long,  &  il  falloit  fix  mois  de 
temps  pour  faire  le  voyage.  Le  fécond  étoit  plus  incommode  ,  car  ,  on  n'y 
trouvoit  que  très-peu  d'eau  &  de  fourage;  mais  il  n'étoit  que  d'un  mois.  Le 
troifième  enfin,  étoit  par  des  montagnes  &  par  des  bois  que  l'on  pouvoit  faire 
en  une  femaine  ;  mais  prefque  impraticable  ,  à  caufe  des  neiges  &  des  bètcs 
farouches,  que  Ton  y  rencontroit  fréquemment,  &  ce  chemin  s'appelloit  Hcft 
khouan ,  ou  Heft  khan  :  c'ell-à-dire ,  les  lept  Tables.  Asfendiar  fit  prendre  à  fon 
frei^,  Befchouten,  &  à  fon  armée,  le  fécond  chemin,  long  d'un  mois  de  mar- 
che ;  &  pour  luy  il  prit  le  troifième ,  accompagné  des  Officiers  &  des  foldats 
les  plus  refolus. 

Pour  venir  à  bout  do  fon  entreprife ,  il  fe  chargea  de  Pierreries  ,  &  arrix'a  à 
Rouiindiz  fous  l'habit  &  fous  le  nom  de  Marchand,  après  avoir  donné  ordre  à 

T.oME  IL  N  n  n  foa 


4<^(5  K  I  S  C  H  T  A  S  B. 

fon  frère  de  faire  alte  quand  il  feroit  arrivé -en  un  certain  pofle,  &  d'avancer 
avec  1  armée,  lorfqiril  verroit  de  grands  feux  allumez  autour  du  Château,  & 
d'attaquer  la  Place. 

Aufli-tôt  qù'Argîasb  ont  appris  qu'un  Marchand  Perfien  qui  apportent  des 
joyaux  d'un  très-grand  prix  étoit  arrivé  à  fa  Cour,  il  voulut  Je  voir,  &  croyant 
que  c'étoit  un  iViarchand  qui  avoit  été  maltraité  par  Asfendiar,  &  qu'il  fe  re- 
fugioit  chez  luy,  il  luy  fit  un  très -bon  accueil.  Asfendiar  de  fon  côté  ,  fit 
prelcnt  à  Argiasb,  de  ce  qu'il  avoit  de  plus  rare  &  de  plus  beau,  &  dans  le 
peu  de  temps  dont  fon  frère  avoit  befoin  pour  s'approcher  avec  fon  armée,  il 
gagna  les  bonnes  grâces  du  Roi  &  des  principaux  Seigneurs  de  fa  Cour.  Lorf- 
qu'il  jugea  que  Befchouten  pouv^oit  être  arrivé  au  lieu  deftiné  ,  il  convia  les 
premiers  de  la  Cour  à  un  grand  feilin ,  qu'il  leur  devoit  faire  hors  des  murs  de 
la  Ville,  où  il  les  conduifit  un  foir,  &  fit  allumer  des  feux  qui  fervoient  en. 
mnne  tem.ps  &  à  l'apprcft  des  viandes  &  à  la  rejouilTance  ;  mais  qui  donnèrent 
■  auffi  à  Befchouten  le  fignal  de  ce  qu'il  devoit  faire. 

En  effet ,  Befchouten  fe  mit  en  marche  au  moment  qu'il  vit  paroître  ces 
feux  ,  &  vint  droit  à  la  Ville  à  la  tête  de  l'armée ,  &  pendant  qu'il  donna  fur 
ceux  qui  en  fortirent  pour  s'oppofer  à  fon  deirein,  Asfendiar  fécondé  des  bra- 
ves qu'il  avoic  avec  luy,  fe  rendit  maître  du  Château,  tua  Argiasb  de  fa  propre 
main,  fit  /aire  main  baffe  fur  tous  les  fiens  ,  &  délivra  fes  deux  fœurs  qu'il 
emmena  en  Perfe  avec  luy. 

Ava'nt  qu'il  partit  de  ce  lieu ,  il  y  rétablit  pour  Prince  ,  un  des  enfans  d'A- 
grireth ,  lequel  pafiia  pour  un  grand  Prophète  parmy  les  Nations  du  Turqueflan , 
&.  qui  étoit  frère  d'Afrafiab  le  Conquérant  "  de  la  Perfe.  Il  fit  aufîi  bâtir  dans 
cp  Pays-là,  des  Pyrées ,  ou  Temples  du  feu,  pour  complaire  à  fon  père,  qui 
étoit  fi  zélé  pour  la  propagation  du  Magifme ,  ou  de  la  Religion  Zoroaflrienne. 
Enfin,  plein  d'efperance  de  recevoir  des  mains.de  fon  père,  la  Couronne  qui 
luy  avoit  été  promife,  &  qu'il  avoit  fi  bien  méritée,  il  retourna  à  Iflhekhar. 

Mais  Kifchtasb  trouva  encore  une  défaite  ,  &  à  l'arrivée  de  ce  Prince",  il 
luy  dit:  Vous  avez  exécuté  jufques  icy  de  très-grandes  chofes;  mais  il  vous  en 
refte  une  à  faire  qui  doit  mettre  le  comble  à  vôtre  gloire:  Roflam  s'eft  can- 
tonné au  milieu  de  mes  Etats,  &  il  n'y  a  que  luy  feul  qui  refufe  de  m'obéïr. 
Jamais  il  n'a  voulu  cmbraffer  ma  Religion  ,  quelques  inllances  que  je  luy  en 
aye  fait  faire.  Allez  le  mettre  à  la  raifon  ,  &  je  n'ay  rien  qui  ne  vous  ap- 
partienne. 

Asfendiar,  plein  de  courage  &  de  dépit,  après  avoir  reçu  les  ordres  de  fon 
père,  partit  incontinent,  &  prit  le  chemin  duZableftan,  où  demeuroit  ce  grand 
Héros  qui  jouiffoit  paifiblement  au  milieu.de  fa  famille,  du  fruit  de  Ces  grands 
exploits ,  &  d'une  réputation  fans  égale.  Auffi-tôt  qu'il  eut  appris  la  venue  du 
Prince,  il  monta  à  cheval  avec  tous  fes  amis  &  ferviteurs ,  pour  aller  le  rece- 
voir. Les  premières  entreveuës  fe  pafferent  avec  beaucoup  d'honnêteté  de  part 
&  d'autre;  mais  enfin,  Asfendiar  prefTant  Roflam  de  fe  foûmettre  aux  volontcz 
du  Roy,  ce  Héros  s'obftina  de  telle  manière,  que  le  Prince  fe  trouva  obligé 
d'avoir  recours  aux  armes  pour  l'y  forcer.  Ces  deux  Vaillants  Hommes  fe  bat- 
tirent un  jour  entier  fans  aucun  avantage  de  part  ny  d'autre;  mais  le  combat 
du  lendemain  fut  decifif.  Car  des  le  matin  Asfendiar  tomba  mort  d'un  coup 
de  flèche  que  Roflam   luy  décocha. 

Les  Hiltoriens  fabuleux  de  Perfe  difent,  qu' Asfendiar  avoit  un  charme  contre 

tous 


K  I  s  R  A  G'. KIZ-COULA.  467 

tous  les  coups  d'épée  &  de  flèche,  &  que  Roflam  fut  enfin  obligé  de  fe  fervir 
pour  armes,  d'un  râteau,  ou  d'une  herfe  de  laboureur  que  les  Perfans  appel- 
lent Icrkez  ,  &  que  ce  fut  Siraorg  ânka  qui  donna  à  Roflam  cet  expédient, 
pour  rompre  le  charme.  Mais  ce  font  des  Fables.  Revenons  à  nôtre  Hiftoire. 
Kifchtasb  ayant  appris  la  mort  de  fon  fils  ,  qu'il  avoit  précipité  luy-mêrae 
dans  ce  malheur,  entra  dans  un  defelpoir  fi  grand,  que  depuis  ce  temps-là,  il  ne 
voulut  plus  goûter  aucune  des  douceurs  de  la  Royauté  qu'il  avoit  tant  aimée, 
&  il  remit  entre  les  mains  dcBahaman,  fils  d'Asfendiar,  fon  petit-fils,  le  fceptre 
qu'il  avoit  tant  de  fois  promis  &  refufé  à  fon  père  ,  après  gvoir  régné  fix- 
vingt  ans,  ou  environ. 

KISRAG'.  Nom  d'un  Pays  fitué  au  Septentrion  des  Indes,  &  éloigné  de 
trois  mois  entiers  de  chemin  j  de  la  Ville  de  Gaznah,  lequel  fut  conquis  par  le 
Sultan  Mahmoud  Sebekteghin ,  avec  tous  les  autres  Pays  des  Indes  qu'il  reduific 
fous  fa  puiffance. 

KISSI.  Nom  que  les  Mahometans  donnent  au  pcre  de  Thalouth.  Voyzz 
ce  titre. 

KIZ-COULA.  Château  de  la  Pucellc.  Nom  que  les  Turcs  donnent  à 
une  Tour  bâtie  fur  un  rocher  au  milieu  de  la  mer  Jans  le  trajet  de  Conftan- 
tinople  àlskudar,  ou  Scutari.  Elle  a  été  élevée  par  les  foins  d'un  des  derniers 
Empereurs  Grecs ,  pour  tendre  de  -  là  une  chaîne  jufqu'au  Monailere  de  S. 
George,  &  fermer  ainfi  le  Bofphore. 


L      A      B      A       N. 


*^^*  A  B  A  N  &  Lcben.  Le  lait  non  feulement  des  animaux  ,  mais  auffi 
if  T  ^  celuy  qui  coule  des  arbres  ,  que  nous  appelions  ,  Larme  &  refine , 
%  ^  comme  le  florax ,  l'encens  ,  &  autres  gommes  precieufes.  Vo^tt. 
*H^4.  Ladan. 

Entre  les  Dofteurs  Mufulmans  qui  ont  difputé  fur  le  fujet  du  lait,  comme 
nous  verrons  plus  bas ,  il  y  en  a  eu  de  fi  fcrupuleuy,  qu'ils  ont  pris  pour  une 
allégorie  ce  que  Mahomet  en  a  dit. 

Mohammed  Ben  Ali  al  Mekki,  Auteur  du  Coût  al  coloub  ,  c'efl-à-dire  ,  la 
Provifion  des  cœurs,  interprétant  ce  pailage  d'un  chapitre  de  l'Alcoran,  intitulé 
Nahal ,  ou  Dieu  parlant  aux  hommes ,  leur  dit  :  Nous  vous  avons  donné  pour 
breuvage  ce  qui  s'engendn'  dans  k  ventre  des  animaux ,  ^  qui  tient  le  milieu  entre  k 
f(mg  âf  les  fuperfluitez,  c'ejl  à  fçavoir  leur  lait,  qui  ejî  fi  pur,  ^  fi  doux  à  Ccux 
^ui  le  boivent. 

Cet  Auteur  dit  que  la  perfection  des  œuvres  eft  comparée  à  la  pureté  du 
iait,  lequel,  quoique -formé  entre  le  fang  &  les  fuperfluitez  de  l'animal,  n'cft 

N  n  n  i  pourtant 


46S  L  A  B  B  A  N.       L  A  C  A  B. 

pourtant  ni  l'un  ni  l'autre,  &  ne  participe  à  aucune  de  leurs  mauvaîfes"qualîtez. 
Telles  doivent  cftre,  pourfuit-il,  nos  bonnes  œuvi-es  pour  eflre  parfaites;  elles 
doivent  élire  dégagées  de  tout  mélange  "d  nyp  jcrilij  ou  de  convoitife ,  figurées 
par  les  fuperfluitez,  &.par  le  fang  ,  le  premier  de  ces  vices  étant  une  véri- 
table infidclité,  &  le    fccond  effaçant  tout  le  luftrc  d'une  bonne  aftion. 

L'hypocrific,  dit  le  luéùie  Auteur,  cft  une  véritable  infidélité,  parce  qu'elle 
aflbcic  la  créature  avec  le  Crt;itcur  ;  &  la  cupidité  ou.  amour  propre  eft  un 
poifon  qui  corrompt  la  fubftance  des  meilleures  aftions,  en  étouffant  la  charité. 

Lhypocrifie  eft  un  .égard  que  Ton  a  pour  les  autres;  l'amour  propre  eft  un 
regard  fur  iby-inênie:  n'y  ayant  donc  point  de  vûë  pure  &  fimple  de  Dieu,  il 
ne  peut  y  avoir  de  bonne  action. 

Les  bonnes  œuvres,  û  elles  ne  font  pures  &  parfaites,  ne  fervent,  de  rien, 
dit  un  Autour  Perfien  ;  car  de  même  que  l'on  ne  fait  point  d'état  du  mufc 
qui  eft  mêlé  avec  la  chair  de  l'animal  qui  le  porte  ,  ainfi  dans  nos  aftions  ce. 
qui  n'cft  point  purifié  de  tout  mélange  ,  ne  peut  jamais  eflre  confideré  pour 
bon.     yoyez  Houifain,  page  497. 

Mds  pour  revenir  au  lens  littéral  de  ce  pafTage  de  l'Alcoran  ,  il  efl  affez. 
furprenant  qu'après  une  déclaration  fi  authentique  de  Mahomet  en  faveur  du 
lait,  il  fc.  foit  trouvé  des  Doéteurs  Mufulmans  ,  lefquels  ont  déclaré,  que  la 
boillon  du  lait  de  vache  &  de  brebis  leur  étoit  défendue  par  la  loy  &  cela  fur 
ce  que  ces  deux  fortes  de  lait,  pris  avec  excès,  peuvent  donner  dans  la  tefte,  & 
troubler  le  cerveau. 

Abou  Hafs,  Doéteur  infigne  de  la  ville  dé  Bokharah  dans  la  Tranfoxaney 
étoit  de  ce  fentiment,  &  il  le  foûtint  avec  tant  d'opiniâtreté,  que  les  habitans 
furent  obligez  de  le  faire  fortir  de  leur  ville  pour  appaifer  le  trouble  que  cette 
nouvelle  opinion  avoit  excité  chez  eux.  , 

LABBAN.  Ouvrier  &  Marchand  de  briques.  C'eft  le  furnom  d'Abou  Ab- 
dallah Mohammed  al  Mefri ,  qui  mourut  l'an  >749  de  l'Hegire.  Il  efl  Auteur  du 
Livre,  intitulé  Ezdlat,al  SchobeJiât,  &;c.  la  Kefolution  des  doutes. 

LACAB.  Surnom  que  l'on  donne  à  quelqu'un  pour  le  diflinguer  de  ceux 
qui  portent  le  môme  nom  que  luy. 

C'efl;  auffi  fouvcnt  un  titre  d'honneur ,  &  un  éloge  en  général  que  l'on  don- 
ne à  un  homme  en  bonne  &  en  mauvaife  part. 

Les  Khalifes -gratifioient  autrefois  de  ces  titres  d'honneur,  appeliez  parles 
Arabes  Alcdb ,  les  Princes  qui  leur  avoient  rendu  quelque  fervice  ,  ou  ceux  qui 
avoient  témoigné  un  zèle  particulier  pour  le  Mufulmanifme. 

Le  KUife  Mo6tafi  ayant  été  chalFé  de  Bagdet  par  les  Bàridiens,  &  obligé  de 
fe  réfugier  à  Moful,  oi!i  regnoit  pour  lors  Abou  Mohammed  Liafl"an,  Prince  de 
la  Maifjn  de  Hamadan  qui  le  receut  fort  bien,  crut  ne  pouvoir  pas  mieux  re-, 
connoiflre  l'obligation  qu'il  luy  avoit  ,  qu'en  l'honorant  du  titre  de  Naifered- 
douht,  qui  fignific  le  Défenfeur  de  l'Etat  &  de  l'autorité  des  Khalifes. 

Lj  même  Khalife  donna  à  AH  frère  du  mefme  Prince,  celuy  de  Seifeddou-. 
lat,  qui  fignifie  l'Epée  de  l'Etat,  après  qu'il  eut  défait  les  Baridiena,  .&, repris 
fur  eux  la  ville  de  Bagdet ,  Siège  Royal  du  Kha'ifat. 

Ces  titres  fe  donnoient  alors  par  des  Lettres  Patentes    nommées  Manfchour,^_. 
fiL.écoicnt  fouvcnt  accompagnées   d'un  Etçndart ,    lequel  êtoit  toujours   porté 
AtrVi^  '  devant 


LAD  AN.  LADISLAOUg.  4(^9 

devant  le  Sultan  qui  l'avoit  reçu  comme  une  marque  de  l'autorité  que  le  Khalife 
luy  dvuic  donnée  pour  combattre  contre  les  ennemis. 

LAD  AN  &  Laden.  Les  Arabes,  les  Pcffans  &  les  Turcs  appellent  ainH  ce 
que  les  Grecs  &  les  Latins  ont  nommé  Ladanum  ,  qui  cffc  ,  félon  Pline  ,  une 
efpèce  de  gomme  ,  qui  fe  recueille  l'ur  une  plante  ,  appellée  Ledum  &  Cillus. 
C'cft  le  Cirtus  Ladinafcra  de  nos  Botaniques  ,  le  Ciftus  Ledon  de  Mathiole  & 
de  Lobcl,  &  la  gomme  qui  s'en  recueille  eft  ce  qui  s'appelle  vulgairement  par- 
mi nos  Pharmaciens  le  Laudanum. 

Luthfiillah  Ail  Halimi  dit ,  que  cette  gomme  fe  trouve  fur  une  herbe  coto- 
neul'e  qui  cft  le  Cillus  ,  &  s'attache  au  poil  des  chèvres  qui  la  pailfent  ,  d'où 
on   11  tire  pour  s'en  fervir.  •* 

Ebn  Bcichar  &  autres  écrivent,  que  cette  drogue  fort  de  la  peau  même  des 
chuvres,  ce  que  Pine  a  auflî  remarqué,  &  lui  donne  le  nom  grec  d'^Efypus. 

Le  véritable  Laudanum  a  une  odeur  forte  ,  qui  n'eft  pas  agréable  ,  ce  qui 
fait  dire  à  Taki  eddin  Houlfaini,  Poète  Perfien  ,  parlant  à  fa  Maîtrcife:  L'am- 
bre gris,  qui  ne  vient  pas  de  vous  ,  ii'efl  que  du  Laudanum  pour  moi  ,  &  l'or 
que  vous  ne  polfedez  pas,  n'efl  pas  plus  prétieux  à  mon  égard  que  le  fer. 

LADISLAOUS  &  Uladiflaous.  Ce  nom  efl:  commun  à  plufieurs  Rois  de 
Pologne,  de  Bohême  &  de  Hongrie.     L'on  ne  parlera  icy  que  de  quelques-uns. 

Le  premier  eft  Ladiflas  V  du  nom  ,  Roi  de  Pologne  ,  lequel  fut  élu  Roi  de 
Hongrie  ,  après  la  mort  d'Albert  1 1 ,  Empereur  ,  Roi  de  Bohême  &  de  Hon- 
grie, dont  le  fils,  qui  fut  le  jeune  Ladiflas,  étoit  encore  en  trop  bas  âge. 

Ladiflas  étoit  fils  d'iagellon  ,    Duc  de  Lithuanie  ,   &  prit  le  nom  de  Ladiflas 
ou  Uladiflas  I  V  du  nom ,  après  qu'il  fe  fut  fait  Chrétien  ,  &  qu'il  eut  été  élu- 
Roi  de  Pologne,  en  époufanf  Heduvige,  fille  de  Louis  ,  Roi  de  Hongrie  &  de 
Pologne. 

Ce  Prince  fut  fort  vaillant  &  même  alTez  heureux  dans  les  premières  années* 
de  fon  règne  en  Hongrie;  car  il  défit  plufieurs  fois   les  Armées  d'Amurath  II, 
Sultan  des  Turcs,  &  principa'cment  dans  les  détroits  du  Mont  Hœmus  ,  que  les 
Turcs  appellent  aujourd'huy  Ifladin  Capi  ou  Derbend,  c'elt-à-dire,  à  la  porte  ou; 
au  pafiligc  de  Sladitza  en  Bulgarie. 

La  viftoire  fignalée  que  Ladiflas  remporta  en  cet  endroit ,   obHgea  Amurath  ' 
à  lui  demander  la   paix.     La    Vrévc  fut  ftipulée  pour  dix  ans,  &  confirmée  par' 
des  fermens  &    par    des   cérémonies   fort   extraordinaires    entre   ces   deux  Prin- 
ces ;   mais  le  Pape  Eugène  IV  follicita  fi  puilfamment  par  fon  Légat  Ladiflas, 
pour  la  rupture  de  la  Trêve  qui  avoit  été  conclue  fans  fa  participation  ,    que 
ce  Prince  étant  perfuadé  que  l'autorité  du  Pape  le  mettoit  à  couvert  du  parju- ■ 
re,  &  qu'il  étoit  valablement  difpenfé  de  fon  ferment,  rompit  ,   fans  aucun  fu- 
jet ,  avec  Amurath. 

Le  Sultan  étoit  repafTé' en  Afie  ,  &  fe  repofoit  fur  la  foy  des  Traitez  qu'iL 
avoit  conclus  avec  Laiiflis  &  avec  le  Defpote  de  Servie;  mais  auflî-tôt  qu'il  eut 
appris  que  les  Chrétiens  manquans  à  leur  parole,  l'attaquoient  par  terre  du  cô- 
té de  la  mer  Noire  ,  il  fit  pafl!er  une  armée  formidable  de  Turcs  par  le  Bof- 
phore  de  Thrace  ,  que  nous  appelions  aujourd'huy  le  Canal  de  la  Mer  noire  ,' 
au-:leirus-de  Conftantinople  ,  qui  n'étoit  pas  encore  fous  le  joug  de  l'Ennir» 
Ottoman.  . 

N  n  n  3  II  . 


47a  LADISLAS. 

Il  trouva  Ladiflas  à  la  tête  de  fes  Hongrois ,  joints  par  les  Vaîaques ,  les  Mol- 
daves, les  Tranfylvains ,  les  Polonois  &  les  Allemans ,  campé  aux  environs  de 
la  ville  &  du  marais ,  nommez  par  les  Anciens  OdyfTus ,  &  par  les  Modernes 
Varna.  Ce  lieu  rendu  û  fameux  par  Ja  bataille  qui  s'y  donna,  eft  (itué  fur  les 
bords  du  Pont  Euxin,  à  une  diflance  prefque  égale  entre  les  Bouches  du  Da- 
iiube  &  le  Canal  de  la  Mer  noire. 

L'armée  d'Amurath  fut  d'abord  enfoncée  par  Jancous ,  qui  commandoit  l'aîlc 
gauche  de  l'armée  Chrétienne  avec  ùs  Tranfylvains;  c'eft  le  brave  Jean  Hun- 
niade  qui  eût  remporté  une  viftoire  complète,  fi  Ladiflas,  qui  commandoit  l'aî- 
le  droite  avec  les  Hongrois ,  enviant  à  ce  grand  Capitaine  la  gloire  d'une  û  bel- 
le journée,  ne  fe  fût  trop  engagé  dans  le  corps  de  bataille  d'Amurath ,  qui  n'é- 
toit  compofé  que  de  JanilTaires.  •. 

L'on-  dit ,  que  ce  Prince  valeureux  cherchoit  Amurath  dans  la  mêlée ,  &  qu'il 
en  vouloit  à  fa  tête  ;  mais  un  JanilTaire  ,  qui  fe  trouva  derrière  luy ,  ayant 
coupé  les  jarets  de  fon  cheval ,  le  fit  tomber  armé  de  toutes  pièces  par  terre , 
&  donna  le  temps  à  un  de  fes  camarades  de  luy  couper  la  tête  avant  qu'il  pût 
fe  relever. 

Cette  bataille  fut  donnée  ,  félon  la  fupputation  des  Annales  des  Turcs ,  l'an 
de  l'Hcgire  848  ,  qui  correfpond  au  144-I.  de  J.  C.  Amurath  s'y  trouva  en  fi 
grand  danger,  qu'il  invoqua  Jefus  -  Chriil ,  afin  qu'il  vengeât  l'injure  que  les 
Chrétiens  luy  faifoient  par  leur  parjure  ,  &  fit  en  même  temps  vœu  de  fe  fai- 
re Dervifche  ,  ce  qu'il  exécuta  en  remettant  fa  Couronne,  à  fon  fils  Maho- 
met IL 

LADISLAS,fils  d'Albert  d'Auftriche  II  du  nom,  Empereur.    C'efl  ceîuy 
que  l'on  appelle  ordinairement  le  Pofthume,  pa^xe  qu'il  naquit  après  la  mort  de ^ 
fon  père,  qui  luy  lailTa  les  Couronnes  de  Bohême  &  de  Hongrie. 

Jean  Hunniade,  Prince  de  Tranfilvanie  ,  fut  élu  ,  par  les  Etats  de  Hongrie, 
pour  Viceroi  &  Gouverneur  -  général  du  Royaume  pendant  la  minorité  de  ce 
Prince,  l'an  de  l'Hegire  849,  de  J.  C.  1445.  Ce  Viceroi  fit  la  guerre  à  l'Em* 
pereur  F rideric  I II ,  à  caufe  qu'il  retcnoit  le  petit  Ladiflas  à  fa  Cour ,  <Sc  refu- 
foit  de  l'envoyer  en  Hongrie  pour  y  être  reconnu  Roi. 

L'an  de  J.  C,  1449,  &  de  l'Hegire  853,  Jean  Hunniade  donna  dans  la  cam- 
pagne de  Cofova,  pendant  la  minorité  de  Ladiflas  ,  un  grand  combat  à  Amu- 
rath II,  dans  lequel  les  Chrétiens  tuèrent,  pendant  un  jour,  trente  -  quatre  mil 
Turcs  fur  le  champ  de  bataille,  &  furent  néanmoins  vaincus  &  mis  en  fuite, 
avec  la  perte  feule  de  huit  mil  hommes. 

"L'an  1450,  Amurath  tenta  en  vain  le  Siège  de  Belgrade,  qui  fut  vaillamment 
défendue  par  Jean  Hunniade  &  par  faint-Jean  de  Capiflran.  En  1452 ,  Ladiflas 
fut  mis  en  pofleffion  de  fes  Etats  de  Hongrie  ,  de  Bohême  &  d'Auflriche .,  & 
laifîa  le  gouvernement  de  Hongrie  à  Jean  Hunniade,  lequel  afîifté  des  confeils 
&  des  exploits  de  S.  Jean  de  Capiflran  défend  Belgrade,  .&  défait  prefque  en- 
tièrement l'armée  de  Mahomet  II  ,  fils  d'Amurath,  qui  l'affiégeoit  l'an  de 
l'He^i're  860,  &  de  J.  C.  1456,  le  fixième  jour  du  mois  d'Août. 

Jean  Hunniade  étant  mort  un  mois  &  quelques  jours  après  la  levée  du  Sié- 
-ge  de  Belgrade,  c'efl-àdire,  le  10  Septembre,  Ladiflas  y  arriva  pour  y  rccon- 
noître  les  glorieux  monumens  des  vi6loires  de  Jean  Hunniade  &  de  S.  Jean  de 
X^apiftran,  qui  étoit  mort  auffi  fur  la  fin  du  mois  d'O^lobre.    Ce  Prince,  après 

avoir 


L  A  D  r  s  L  A  s.  L  A  G  A  M.  i^7r 

avoir  contenté  fa  curiofité,  retou/na  à  Prague  pour  y  attendre  fôn  épôufè  Mag- 
delaine  dj  France,  fille  du  Roi  Charles  VLl^  mais  il  mourut  dans  cette  atten- 
te •,  âgé  tellement  de  a8'ans,  l'an  de  J.  C.  1457,  Ou,  fdôn  quelques  Hiflo- 
fiens  François ,.  l'an  14^-8  ,  non  ftns  foupçon  d'avoir  été  efnpoifonnc.  Il  eut 
pour  luccelîeur  Matliias  Corvin  ,  tils  de  Jean  Hunniade,  que  les  Hongrois  élu- 
rent Roi  pendant  qu'il  étoit  prifonnier  ,  &  qu'il  n'attendok  que  la  mort  de  la 
part  dis  Aufti-ichiens. 

Après  la  mort  de  Mathias ,  qui  régna  trente-deùX  arté  eh  Hongrie,  un  autre 
Ladillis  fut  élu  Roi  de  Hongrie  fan  1490  de  -J.-^Gj  C'èft  de  luy  que  l'on  va 
parler  dans  le  titre  fuivant. 

LADISLAS,  fils  de  Cafirair  ,  Roi  de  Pologne.  Il  étoit  déjà  Roi  de  Bo- 
hême lorsqu'il  fut  élu  Roi  de  Hongrie  ,  par  les  Etats  ,  après  la  mort  de  Ma- 
thias Corvin;  mais  il  n'en  fut  pas  le  paifible  polTelTeur,  qu'après  qu'il  eut  ren- 
du l'Auftriche  avec  Vienne  fa  capitale  à  l'Empereur  Frideric  III. 

Cependimt  l'Empereur  Maximilien  ,  fils  de  Frideric ,  ne  fe  contenta  pas  de 
cet  accord,  &  lui  fit  depuis  une  guerre  qui  ne  fe  termina  que  par  le  mariage 
de  Ladiflas  avec  la  veuve,  de  Mathias  Corvin  ;  car  alors  il  fut  .ftipulé  dans  le 
Contrat  que,  fi  Ladiflas  mourut  fans  enfans ,  fes  deux  Couronnes  pafleroient  fur 
la  tète  de  Maximilien. 

Ce  Prince  n'eut  qu"un  fils  ,  nommé  Louis  ,  qui  naquit  prématurément  fan 
1506,  &  qui  fut  tué  à  rage  de  vingt-un  an,  l'an  1526  de  J.  C. ,  &  le  932  de 
l'Hegire ,  dans  la  bataille  de  Mohatz ,  un  an  après  avoir  époufé  la  fœur  de 
Charles-Q_uint.  . 

Ladiflas  vêquit  en  paix  avec  les  Sultan»  Bajazet  &  Selim,  &  mourut  l'an  de 
J.  C.  1516,  qui  répond  à  celui  de  fHcgire  922.. 

LAGAM  ou  Leghem  Rai,  c'efl-à-dire,  le  Ragia  Leghem,  nom  d'un  Prince 
"fort  puifiant  dans  les  Indes  ,  au  temps  que  Schehab  eddin  regnoit  dans  le  païs 
de  Gaznah  à  de  Multan.  Il  tenoit  fon  Siège  dans  la  ville  de  Belhâr  ,  où  il 
rendoit  fi  équitablement  la  juilice  ,  qu'il  étoit  aifé  de  reconnoître  qu'il  étoit 
parvenu  à  ce  degré  d'honneur ,  &  même  jufqu  à  la  dignité  Royale  ,  par  fon 
feul  mérite. 

Après  que  ce  Ragia  eut  gouverné  fes  Etats  jufqu'à  l'âge  de  quatre- vingt  ans, 
fans  ,aucun  reproche  ,  rendant  une  jufl:ice  exacte  à  fes  fujets ,  &  leur  faifant 
reflcntir  fouvent  les  effets  de  fa  libéralité  &  de  fa  magnificence  ;  car  fon  dit 
de  luy,  qu'il  ne  donnoit  jamais  moins  de  cent  mil  drachmes  en  une  feule  fois, 
il  éprouva  enfin  dans  un  âge  fi  avancé  un  cruel  revers  de  fortune. 
.  Il  joiiifibit  d'une  profonde  paix  lorfque  Bakhtiar,  furnommé  Khalage  ,  Géné- 
ral des  armées  du  Sultan  Schehab  eddin  ,  l'attaqua  à  l'impourvû  ,  &  luy  enleva 
fes  Etats. 

Khondemir  rapporte,  que  la  m.ère  de  ce  Ragia  étant  grofie  &  prête  d'accou- 
cher, fon  père,  qui  vivoit  dans  une  fortune  privée,  ayant  confulté  les  plus  ha- 
biles Aflrrologues  de  fon  temps  ,  pour  apprendre  d'eux  qu'elle  pouvoit  être  la 
deftînée  de  l'enfant  qui   étoit  fur  le  point  de  naître. 

Ces  Afi:rologues ,  après  avoir  bien  confideré  l'heure  &  le  moment  dans  lequel 
cette  femme  fembloit  devoir  accoucher,  lui  répondirent,  que  li  i'enfant  naiifoit 
dans  une  telle  heure,  il  feroit  induliitablemcnt  très -malheur  eux  ;   mais  que  fi  la 

mère 


47^  LAGIN.  LAHAVVAR. 

mère  n'accouchoit  que  deux  heures  après  d'un  garçon ,  cet  enfant  devîendroit 
grand  Seigneur,  &  peut-être  même  Roi  d'un  grand  Etat. 

La  mère,  qui  avoit  beaucoup  de  croyance  aux  Aftroloirues  &  non  moins  d'am- 
bition ,  voulut  être  attachée  par  les  pieds,  &  la  tête  en  bas,  au. plancher  de  fa 
chambre  ,  de  peur  d'accoucher  avant  le  temps  marqué  par  les  Aftrologues  ,  & 
cette  heure  étant  arrivée  ,  elle  fe  lit  détacher  ,  &  accoucha  dans  ce  moment 
heureux. 

Cependant  le  bonheur  que  la  mère  voulut  procurer  à  fon  fils  lui  coûta  la 
vie;  car  elle  mourut  fort  peu  de  temps  après  avoir  mis  cet  enfant  au  monde, 
&  ce  même  enfant  lequel ,  fuivant  la  prédiélion  des  Aflrologues  ,  devint  véri- 
tablement Roi,  ne  put  pas  toutefois  s'exempter  des  malheurs  de  ce  monde, 
auxquels  les  allres,  qui  préfidoient  au  point  dans  lequel  il  dcvoit  naître  ,  û  fa 
mère  n'eût  retardé  fa  nalifauce ,  l'avoient  deiliné. 

LAGIN.  Nom  propre  d'al  Malek  Almanfour,  XI  Sultan  des  Mamlucs  Ba- 
harites  ou  Turcomans  qui  ont  régné  en  Egypte.  Il  avoit  été  efclave  d'Al 
Malek  Almanfour  Kelaoun;  c'eft  pourquoy  on  lui  a  donné  le  furnom  d'Alman- 
fouri.  Il  fut  tué  par  de  jeunes  Maralucs  ,  qu'il  tenoit  auprès  de  luy  l'an  de 
rilegire  698,  *dc  J.  C.  1298  ,  après  avoir  régné  deux  ans  &  trois  mois.  Son 
prédeceiTeur  fut  Al  Malek  Al  Adel  Kerboga ,  &  il  eut  pour  fucceffeur  Al  Ma- 
Jek,  Al  NalPer,  fils  de  Kelaoun,  qui  régna  pour  la  féconde  fois. 

LAHAVVAR  &  Lahaver.  Ville  Royale,  qui  a  été  autrefois  la  capitale  des 
Indes;  nous  l'appelions  aujourd'hui  Lahor.  Elle  eft  fituée  dans  la  Province  nom- 
jnée  Pengiab,  fous  les  109  degrez  ,  20  minutes  de  longitude  ,  &  à  31  degrez, 
50  minutes  de  latitude  Septentrionale*  dans  le  troifième  climat,  félon  les  Ta- 
bles Arabiques;  mais  nos  voyageurs  lui  donnent  32  degrez,  15  ou  20  minutes 
d'élévation  polaire. 

Le  terroir  de  cette  ville,  qui  efl  arroufc  par  la  rivière  nommée  Ravi  ou  Ra- 
yer, efl  extrêmement  fertile  en  toutes  fortes  de  grains  &  de  légumes.  Le  grand 
Mogol  y  a  un  fuperbe  Palais  ;  mais  Akbar  ayant  transféré  le  Siège  de  fon 
Empire  à  Agra  ,  elle  ell  beaucoup  moins  peuplée  qu'elle  n'étoic  autrefois. 

Le  fameux  chemin  de  250  lieues  françoifes  ,  qui  efl  bordé  d'arbres  plantez 
au  niveau,  depuis  une  de  ces  villes  jufqu'à  l'autre,  eft  allez  connu  par  les  re- 
lations modernes.  Les  Orientaux  donnent  auHi  à  la  ville  de  Lahaver  le  nom 
de  Rahver,  qui  a  aflez  de  rapport  à  ce  chemin  Royal  ,  le  mot  de  Rah  Signi- 
fiant en  Perfien  un  chemin. 

Kbofrou  Schah,  fils  de  Baharam  Schah  ,  qui  fut  le  dernier  des  Sultans  de  la 
Dynaflie  des  Gaznevides,  ayant  été  chafl!o  par  le  Sultan  des  Gaurides  ,  nommé 
Gauri  Ben  Sdm,  fe  retira  à  Lahor,  où  il  régna  paifiblement  le  refte  de  fes  jours; 
fon  fils  Khofrou,  qui  luy  fucceda,  ne  joïiit  pas  long-temps  de  ce  royaume,  car 
l^e  même  Sultan  .  qui  avoit  laiffé  fon  père  en  repos  ,  le  dépoiiiila  de  fes  Etats 
^  le  tint  prifonnier  jufqu'à  fa  mort. 

Depuis  ce  temps -là  les  Gaurides  ou  Gourides  demeurèrent  maîtres  des^  Ro- 
yaumes de  Lahor,  de  Dclli  &  de  plufîeurs  autres  dans  les  Indes,  f^oyez  les  ti- 
tres de  Kiiofrou  Schah  &  de  Pengiab,  dont  le  nom  eft  commun  à  la  Province 
4e  Lahor  &  au  fleuve  Indus  ,  qui  le  forme  du  concours  de  cinq  rivières  qui 
-itri;.pufejît  le  pays.     f^oyiZ  auffi   celuy  de  Gour. 

LAHMl 


L  A  H  M  I. L  A  L  I.  .473 

LAHMI  &  Lakmi.  Surnom  d'Abdallah  Ben  Ali,  dit  auflî  Al  Refchathi,  qui 
mourut  l'an  de  l'Hcgire  466,  &  nout;  a  lailîc  un  ouvrage  intitulé  Ectcbas,  6:c. 
Lu  recherche  des  fciences  ou  de  la  vérité.     Foycz  Tarkhan. 

LAILI.     rayez  Koufchiar. 

LAIT  H  ou  Leith.  Nom  propre  d'un  Ouvrier  en  cuivre  ou  d'un  Chau- 
dronnier. Les  Arabes  appellent  celuy  qui  exerce  ce  métier  SofFar,  &  les  Pcr- 
fhns  Roviker. 

Cet  Ouvrier  éleva  trois  en^ms,  nommez  Jacob,  Amrou  &  Ali,  lefquels  s'en- 
nuyant  de  leur  métier,  auflî- bien  que  leur  père,  voulurent  porter  les  armes. 
Laith  fe  mit  donc  en  campagne  avec  fes  trois  enfans ,  &  ayant  ramaiîé  quelques 
gens  de  fortune,  dont  il  fe  fit  le  chef,  devint  Capitaine  de  Bandoulier  dans 
ia  Province  de  Segeflan. 

L'on  dit  de  Laith,  que  dans  un  exercice  auflî  infâme  qu'ell  celuy  de  voleur, 
il  ne  laifToit  pas  de  garder  quelque  honnêteté  à  l'égard  de  ceux  qu'il  dévalifoit, 
ne  leur  ôtant  jamais  tout  ce  qu'ils  avoient  fur  eux,  &  fe  contentant  feulement 
de  partager  avec  eux  leurs  dépoiiilles. 

Il  fut  connu  &  eftimé  pour  la  bravoure  &  pour  celle  de  fes  enfans  ,  par 
Darham,  qui  regnoit  alors  dans  le  Segeflan.  Ce  Prince  l'attira  à  fa  Cour,  & 
découvrant  tous  les  jours  en  luy  d'excellentes  qualitcz  ,  l'avança  jufqu'aux  pre- 
mières Charges  de  l'Etat  ;  de  forte  que  Laith  finilfant  glorieufement  fa  vie ,  lailFa 
en  mourant  à  fon  fils  Jacob  l'efpérance  &  les  moyens  de  parvenir  à  quelque 
chofe  de  plus  grand. 

En  eff'et,  ce  fut  Jacob,  fon  fils,  qui  fonda  la  Dynaftie  des  SofFarides  ,  des- 
quels il  faut  voir  le  titre  auflî-bien  que  celuy  de  Jacob. 

LAITH  Ben  Saâd.  Homme  réputé  faint  parmi  les  Mufulmans  ,  duquel  Ja- 
féi  a  écrit  la  vie  dans  l'article  73   de  fon  hiftoire. 

LAKITHS  &  Lacaiths,  Enfant  expofé  ,  dont  la  mère  efl  inconnue.  Les 
Efpagnols  ont  fait  de  ce  mot  Lacaio  ,  &  de  celui-ci  nous  avons  fait  Laquais. 

LA  LE  H.  Ce  mot,  dont  les  Perfans  &  les  Turcs  fe  fervent  pour  fignifier 
une  tulippe ,  efl  chez  eux  le  fymbole  d'un  Amant  paflîonné ,  à  caufe  que  cette 
fleur  a  ordinairement  fes  feuilles  rouges,  &  qu'elle  efl  marquée  au  fonds  d'une 
noirceur  ,  qui  a  quelque  relîemblance  à  la  marque  que  laiiîe  l'application  ou 
J'imprefîîon  d'un  bouton  de  feu.  Ainfi,  difent-ils ,  l'Amant  a  le  feu  fur  le  vi- 
fage  &  la  blelfure  dans  le  cœur. 

Laieh  Defchti  &  Lalech  Gouhi.  Tulippe  de  campagne  &  de  montagne,  c'efl- 
à-dirc,  fauvage  &  non  cultivée.  Les  Perfans  appellent  ainfi  les  anémones,  que 
les  Arabes  nomment  Schacaik  al  Noôman  ,  à  caufe  que  ce  fut  Noôman ,  Roy 
d'Arabie,  qui  les  tranfporta  le  premier  de  la  campagne  dans  fes  jardins. 

LALI.  Nom  ou  furnom  d'un  Auteur  Perfien  ,  qui  a  compofé  une  Gram- 
maire de  fa  langue,  qu'il  a  intitulée  Caovaim  al  Furs.     f^oyez  Giaouhari. 

Cet  Auteur,  ou  un  autre  qui  porte  le  même  nom,  a  traduit  de  l'ancien  Per- 
fien en  Arabe  le  Livre  de  Giamasb  ,  fameux  Philofophe  &  Aftrologue  de  Per- 
fe,  intitulé  Al  Keranât,  des  Conjonélions  des  Planètes. 

ioiiE  IL  O  0  o  LAi\L 


474  L  A  M.  L  A  M  E  R  I. 

LA  M.  Lettre  de  l'Alphabet  Arabique,  qui^  repond  à  nôtre  L.  Sàrrage  en 
explique  les  mj'ilères  dans  fon  Livre  intitulé  Eêhim. 

LAMA.  Prêtre  idolâtre  du  Tonbut  ou  du  Royaume  de  Thebet  &  de  Ba- 
rantola,  lequel  ell  fort  refpeflé  par  les  Tartarcs,  que  les  Chinois  appellent  Oc- 
cidentaux à  leur  égard.  Ces  Tartares  ,  qui  ne  font  pas  tout -à -fait  idolâtres, 
foulfrent  néanmoins  que  ces  Lamas  ayent  des  Temples  chez  eux. 

LAMA  &  Lame.  Rayon  de  lumière,  échantillon  &  eiTay  de  quelque  cho- 
fc.  Il  y  a  plufieurs  ouvrages  qui  portent  ce  titre,  &  entre  les  autres  celuy 
d'Ibrahim  al  Schirazi. 

L  A  M  A I  Hakim ,  Poëte  Perfien  ,  dont  la  poëfie  étoit  froide  &  languiflantc. 
Voyez  dans  le  titre  de  Souzeni ,  autre  Poëte  Perfien  ,  les  railleries  piqviantes  & 
réciproques  de  ces  deux  Auteurs. 

LAMAI.     Surnom   de  Mahmoud  Ben  Othman  ,   ou  plutôt  d'Abdallah   Ben 
Mahmoud,  Ben  Othman,  Ben  Aîi,  Auteur  d'un  Livre  Turc  de  Facéties  &  de 
bons  mots  ,   compole  partie  en  Vers  &  partie  en  Profe  ,   &  dédié  à  Soliman , . 
fils  de  Selim  I,  Sultan  des  Turcs. 

Cet  Auteur,  qui  mourut  l'an  958  de  l'Hegire  ,  qui  eft  le  1551  de  J.  C,  a 
divifé  fon  ouvrage  en  cinq  chapitres,  &  y  a  ajouté  une  Préface,  où  il  prouve, 
par  l'exemple  des  Prophètes  &  des  plus  grands  perfonnages,  que  la  .raillerie  in- 
génieufe  &  innocente  a  toujours  été  fort  eflimée. 

Nous  avons  un  autre  ouvrage  du  même  Auteur  ,  intitulé  Bahar  ou  le  Prin- 
tems,  écrit  auffi  en  langue  Turquefque.     Voyez  Khaz<m. 

LAME  Al  Moallem,  &c.  Diftionnaire  de  la  langue  Arabique  en  60  voln= 
mes ,  compoie  par  Mohammed  Ben  Jacob  Al  Firouzabadi ,  lequel  réduifit  enfin 
Ton  ouvrage  en  deux  fculs  volumes ,  qu'il  publia  fous  le  titre  de  Camous.  Vc^ 
yez  ce  titre. 

LAME  AT  al  Nouraniat  fi  aourad  al  Rabbaniat.  Livre  de  Prières  particu- 
îières  pour  toutes  les  heures  de  chaque  jour  de  la  Semaine.  Al  Bouni  en  eft 
l'Auteur ,   &  cet  ouvrage  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy ,  n°.  6Sj, 

LA  MEAT  fi  mârefat  alhorouf.  Traité  du  fens  myfterieux  des  Lettres  Ara- 
biques,  compofé  par  Fakhreddin  al  Herali  al  Tegibi,  à  l'ufage  des  Sofîs.  Il  eft 
dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n^".  6ï6> 

LiVMELIF.  Lettre  particulière  de  l'Alphabet  Arabique,  félon  plufieurs 
Grammairiens ,  quoy  que  ce  ne  foit  proprement  qu'un  L  &  un  A  joints  en- 
femble.  Cependant  queL-iues  Doéteurs  Mufulmans  des  plus  fuperftitieux  foû- 
tiennent,  que  c'eft  véritablement  une  lettre  diftinéle  des  autres  qui  fait  la  vingt- 
neuvième  de  leur  Alphabet  ,  &  que  Mahomet  dans  une  ,  je  ne  fçai  quelle  tra- 
dition ,  a  menacé  de  la  damnation  éternelle  ceux  qui  ne  la  tiendront  pas  pour 
telle.     Voyez  fur  cecy.  le  Livre  d'Albouni ,  intitulé  Lathaif  al  efcharàt. 

LAME  RI.  Nom  d'une  des  Ifles  de  la  mer  des  Indes,  fituée  entre  îa  li- 
gne cquinoftiale  «Se  le  premier  climat  vers  l'Orient  5  c'eft  de-là  que  le  bois  que 

nous 


LAMESCHI.  — —  L  A  M  T  A  H.  475 

nous  nommons  aujourd'huy  de  Brcfil,  &  que  les  Italiens  appellent  Verzino  ,  (e 
tiroit  autrefois  avant  que  l'Amérique  fût  découv^crte.  Les  Arabes  donnent  k 
ce  bois  le  nom  de  Bacam. 

-LAMESCHI  &  Almefchi.  Surnom  de  Bcdreddin  Ben  Zeid,  Auteur  d'un 
Livre  intitulé  OlToul,  où  il  traite  des  fondemens  du  Muiiilmanifme. 

L  AMI  AT.  Poëme,  dont  toutes  les  rimes  fe  terminent  par  une  lettre,  que 
les  Arabes  appellent  Lnm.    C'eft  nôtre  L. 

Il  y  a  trois  de  ces  Poèmes  qui  font  fort  eftimez  dans  l'Orient.  Le  premier 
qui  porte  le  nom  de  Lamiat  al  Arab  ,  le  Lamiat  des  Arabes  ,  a  été  corn,  oié 
par  Schafari. 

Le  fécond  ,  intitulé  Lamiat  al  Agem ,  le  Lamiat  des  étran^^ers  ou  des  Per- 
fien? ,  a  pour  Auteur  Abou  Ifmàil  iioulTain  Ben  Ali  al  Esfahani ,  lurnommé  al 
Thograi. 

Le  troifième  efl  d'Abou  Manfour  Pilaouhoub.  roycz  les  ticres  de  ces  Au- 
teurs. 

L'on  trouve  encore  un  quatrième  Lamiat .  qui  porte  le  titre  particulier  d'Eb- 
niat  ala  fàdl  fi  tafrif ,  qui  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n^'.  1098  ,  mais 
c'eft  un  ouvrage  purement  grammatical,  qui  traite  de  la  conilruccijn  des  Ver- 
bes Arabes. 

De  tous  ces  quatre  Poèmes  intitulez  Lamiat ,  celui  de  Thograi  efl  Je  plus 
fameux  &  le  plus  élégant  de  tous  :  l'Auteur  qui  le  compofa  en  forme  de  Sati- 
re contre  les  mœurs  de  fon  temps ,  ctoit  natif  d'Ilpahan  &  vivoit  l'an  505  de 
l'Hegire  dans  la  ville  de  Bagdet.  Entre  ceux  qui  ont  entrepris  de  com  nenter 
ce  Poëme,  Salahcdiin  S.ifadi  s'ell  le  plus  fignalé  ;  car  il  a  fait  deux  volumes, 
air:^  gros  fur  un  fort  petit  ouvrage.  Pocoke  a  traduit  ce  Poëme  en  Latin  & 
Ta  illuflré  de  fçavantes  Notes. 

LA  MI  RI  &  Al  Miri.     Foyez  le  titre  de  Se!emi  al  Schaêr. 

L  A  M  L  E  M.  Province  du  pays  des  Nègres  qui  efl  au  Midy  de  la  Maczarah , 
autre  Province  du  même  paj's ,  où  Ibnt  les  villes  de  Tocrur  ,  de  Salah  &  de 
Beriffah,  dont  les  habitans  font  de  Léquentes  courfes  fur  les  Lamlem  ,  &  leur 
enlèvent  un  grand  nombre  d'eiclaves-  Ceux  de  cette  Province  font  diftin- 
guez  des    autres,  pai-  des  marques  de  feu  qu'ils  portent  au  front.  Abdalmôal. 

LAMTAH  &  Lamthounah.  Nom  d'une  très-grande  campîf|ne  en  Afrique, 
qui  s  étend  depuis  les  racines  du  Mont  Atlas  ,  jufqu'à  SegclmelTe  à  l'Orient,  & 
julqu'à   l'ocrur  &  Sala  vers  le  ivlidy. 

C'eft  dans  cette  grande  étendue  de  pays  que  l'on  place  le  defert ,  nommé 
par  les  Arabes  Al  Sahra  Al  acfa,  &  par  nos  Géographes  le  Sahara  ,  qui  n'cft 
éloigné  do  l'Océan  Ethiopique  que  de  trois  journées  de  caravane.  Foyez  les  ti- 
tres de  Sous  Aiacfa  &  de  Sahra.     Mejfahet  al  ardh  ^  Eàriffu 

Les  Tables  /'irabiques  donnent  à  Sous  15  degrez  ,  30  minutes  de  longitude, 
avec  30  degrez  de  latitude,  &  à  Segelmefle  trente- fepc  degrez  de  longitude  & 
irente-uû  degrez,  trente  minutes  de  latitude. 

Ooo  2  LANGIALOUS 


475  L  A  N  G  [  A  L  O  U  S.  L  A  O  U  N. 

LANGIALOUS  &  Langhialous.  Klc  de  la  mer  des  Indes,  que  les  Géo- 
graphes Onentaux  mettent  à.  h  diftance  dé  dix  journées  de  celle  de  Ser-an^ 
dib  ,  qui  eil  la  même  que   celle  de  Ceilan,  fans  marquer  ni  la  longitude,  ni  la 

latitude. 

LAQUAI  FI.  Les  Tables  en  général,  &  en  particulier  celles  de  la  loy  des 
Juifs,  apportées  &  brifées  par  Moyfe  en  détefiiation  Je  leur  idolâtrie.  Elks 
étoicnt,  félon  les  Mahometans  ,  cubiques  &  faites  d'émeraudc  tranfparente ,  de 
manière  que  l'on  pouvoit  lire  ce  qui  y  étoit  écrit  de  tous  les  cotez.  Cecy 
ell  tiré  des  rêveries  de  quelques  Rabbins,  qui  prétendent  l'avoir  appris  du  Zo- 
har,  Livre  cllimé  fort  ancien  parmy  eux.  Laouaih  elt  le  plurier  de  Louh.  ^o- 
yez  ce  titre. 

•  Il  y  a  un  Livre  de  dévotion  &  de  fpiritualité,  compofé  par  NouredJin  Ab- 
dalraliman  Sen  Ahmed  al  Hagi,  &  fouvent  cité,  par  HoulFain  Vaéz.,  qui  porte, 
le  titre  de  Laouaih. 

Laouaih  al  Salahiah.  l^oyez  Taouarikh  al  Salahiah.  Hifloire  de  la  Dynaftie 
des  Aioubites  ou  Jobites,  c'elt  -  à  -  dire ,  des  Princes  de  la  race  &  de  la  poftéri-. 
té  de  Saladin  ,  dont  le  nom  Arabe  efl  Salaheddin  ,  compofé  par  Zein  Eddin 
Serigia. 

LA  OU  A  ML  C'cft  le  plurier  de  Lama,  qui  fignifie  en  Arabe  un  rayon  &; 
un  rcjaillillement  de  lumière.  Il  y  a  plufieurs  Livres  Arabes  qui  portent  ce  titre. 

Laoûami  al  afkar.  Ouvrage  de  Philofophie  ,  compofé  par  Aidem  Ben  Ali  al 
Gialdeki. 

Laoûami  al  anovâr  al  coloub.  Foysz  Giaouâmi  afrar  al  maliboub.  Livre  de 
f]oiritualité  &  de  Théologie  affeftive  ,  que  le  Cadhi  Omairi  Abdalmalek  ,  Ben 
Mobamiîjed  Bafchir  compofa  à  Damas  ,  où  il  étoit  Cadhi  ou  Juge.  Ce  Livre 
eft  fouvent  cité  fous  le  nom  fimple  de  Laoûami,  &  a  acquis  une  grande  repu-, 
tation  à  fon  Auteur. 

Un  autre  ouvrage,  intitulé  Laoûami  al  anovar  al  coloub,  Foysz  Giaoûami 
afrdr  al  gaioub ,  qui  explique  les  fecrcts  fuperllitieux  que  les  Mufulmans  croyent 
être  cachez  dans  les  lettres  de  leur  Alphabet  ,  a  été  compofé  par  le  Dofteur 
AbJalrahman  Al  Rafthami. 

Il  y  a  auffi  un  Livre  fur  l'art  de  conflruire  des  Talifmans,  qui  ne  porte  point 
le  nom  de  fon  Auteur,  &  qui  a  pour  titre  Laoûami  al  anovâr.  Foyez  Baoua- 
rik  al  afrar  fi  thelefmât. 

LAOUN.  Les  Arabes  appellent  ainfi  dans  leurs  hiftoires  l'Empereur  Léon , 
furnommé  le  Phiiofophe.  Ebn  Batrik  remarque  que  Nicolas,  Patriarche  de- 
Conftantinople,  lui  ayant  refufé  la  difpenfe  de  fe  marier  en  fécondes  noces,  à- 
caufe  qu'il  avoit  pris  autrefois  l'ordre  de  Lefteur  dans  l'Eglife  de  Conftantino- 
ple  ,  cet  Empereur  avoit  confulté  fur  cette  difliculté  les  autres  Patriarches  de- 
TEglife  Catholique  ,  &  que  ceux-cy  lui  avoient  fait  réponfe  ,  qu'il  pouvoit  fe- 
remarier,  fans  bleffer  fa  confcience. 

Nous  avons  encore  dans  les  Hiftoriens  Arabes  un  autre  Laoun  ou  Léon,  Roi 
d'Arménie,  lequel  fucceda  à  Hatem  ou  liaiton,  &  implora  le  fccours  des  Me-- 
gols  contre  Bondocdar,  Roi  d'Egypte  &;  de  Syrie ,  qui  lui  faifuit  la  guerre. 

JU  A  R.. 


L  A  R.  —  L  A  T.  ^-rj 

L  AR.  Ville  qui  donne  fon  nona  à  un  petit  pays  compris  entre  le  Khuziftan 
&  le  Kennan  ,  Provinces  du  Royaume  de  Perfe  ,  dont  retendue  va  julou'aux 
hoi-ds  du  Golphc  Perliquc,  La  ville  ell  fituce  à  quatre  ou  cinq  journées  du  Ben- 
der  Abballî  <k  d'Ormouz,  &  a  été  autrefois  le  Siège  d'un  Prince  qui  prenoit  le. 
titre  de  Roi  du  Larillan. 

Ce  petit  Etat  a  été  gouverne  autrefois  par  des  Princes  qui  fe  difoient  def- 
cendus  de  Siroës,  fils  de  Khofroës  Aparuiz,  ïloi  de  Perle,  &  qui  faifoient  pro- 
feffion  de  la  Religion  des  Mages;  les  Arabes  les  en  ayant  dépouillés,  ceux-cy 
furent  challez  par  les  Curdes  l'an  500  de  l'Hegirc  ,  de  J.  C".  1106,  &:  ceux- 
cy  s'y  font  maintenus  jufqu'au  règne  de  Schah  Abbas,  qui  le  rendit  maître  de 
tout  le  pays-. 

La  Religion  des  anciens  Perfes  ,  appellée  le  Magifme ,  n'y  fut  point  entière- 
ment abolie  par  le  JMahometifme  jufqu'à  Schah  Abbas  ,  lequel  confina  ce  qui 
ïeftoit  des  anciens  Ghcbrcs  ou  idolâtres  un  peu  plus  avant  dans  le  Kerman  , 
où  ils  habitent  fur  les  mers  de  Perle  &  de  l'Indollan  ,  dans  un  paj's  qui  a  re- 
tenu leur  nom,  &  que  l'on  appelle  encore  aujourd'huy  le  Moghellan ,  c'eft-à- 
dire,  le  pays  des  Mages. 

Le  Lariflan  s'étend  depuis  le  25  degré  de  latitude  jufqu'au  27.  royez  le  ti- 
tre des  Magdeddoulat  &.  ce  qu'en  dit  l'Auteur  du  Nighiarillan,  après  la  Dyna- 
flie  des  Caracathaiens. 

Lari  efl  le  furnoai  de  ceux  qui  font  natifs  ou  originaires  de  Lar.  Foyez 
Safadi. 

LAR  AND  A  H,  Les  Turcs  appellent  ainfi  aujourd'huy  la  ville  de  l'Arta, 
que  les  Anciens  ont  connue  fous  le  nom  d'Ambracia.  Elle  efl  fituée  dans  l'E- 
pire  ou  Albanie ,  fur  un  Golfe  nommé  par  les  Latins  Sinus  Ambracius ,  &  par 
les  Nautonniers  de  la  Méditerranée  il  Golfo  dell'Arta. 

LAS  S  &  Lcir,  Un.  larron.  C'ell  un  mot  Arabe,  qui  paroît  avoir  été  abré- 
gé du  mot  grec  Lelles  ou  Liftis. 

Les  Chrétiens  Orientaux  appellent  Lalî'  al  iemin,  le  Larron  de  la  nwin  droite, 
celuy  que  nous  connoilfons  fous  le  nom  du  bon  Larron.  Les  Eglifes  de  Syrie 
&  de  Slefopotamie  marquent  dans  leur  Calendrier  la  Fête  le  neuvième  jour  après 
le  Vendredy  des  Douleurs  ou  le  Vendredy  Saint,  c'eft-à-dire,  au  Samedy  de  la 
Semaine  de  Pâques. 

Anba  Jacoub,  Evèquc  de  Sarouge,  a  fait  un  Serm.on  fur  la  Fête  du  bon  Lar- 
ron.   Il  eil  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n'.  792. 

LASSA..  Ville  de  la  Province  d'Iemen  dans  le  quartier  de  la  Hadhramitene 
&  peu  éloignée  de  la  ville  d'Abin.  Elle  ell  fituée  fur  la  côte  maritime  &  a 
dans  fon  voifinage  une  fource  d'eau  chaude ,  où  les  malades  trouvent  fouvent 
leur  guérifon.  Il  y  a  dans  cette  ville  un  Bafcha  héréditaire,  qui  ne  reconnoît 
que  par  forme  l'autorité  du  Turc. 

LAT.  Nom  d'une  Idole  des  anciens  Arabes  du  Paganifme,  dont  le  nom  elî 
corrompu,  félon  les  Mahometans ,  de  celuy  d'Allah,  lequel  fignifie  feulement 
le  véritable  Dieu  qui  doit  être  adoré. 

C'eft  aulîi  le. nom  d'imc. Idole  des  Indiens,  laquelle  étoitadorée  dans  la  ville  de 

Ooo  3  Sou-. 


478  L  A  T  H  A  r  F.  L  A  2  0  U  R  I. 

Soumenat.    Sa  ftatuë  étoit  d'une  feule  pierre  haute  de  cinquante  braffes ,  pofe'c 
au  milieu   d'un  Temple,  foûtenu  de  cinquarite-fix  colonnes   d'or  maflîf. 

Mahmoud  tils  de  Sebeéleghin  qui  conquit  cette  partie  des  Indes  où  étoit  fituée 
la  ville  de  Soumenat ,  brifa  de  fcs  propres  mains  cette  idole  ,  &  établit  autant 
qu'il  put,  le  Mahometifmj  dans  les  Indes,     l^'oyez  le  titre  de  ce  Sultan. 

LA  thaï  F.  Plurier  Arabe  de  Lathifah.  Ce  mot  fignifîe  en  gênerai  des 
choies  agréables,  galantes  &  facetieufes.  Ce  font  auûî  de  bons  mots  &  des  con- 
tes faits  à  plaifir. 

Il  y  a  cependant  des  livres  ferieux  qui  portent  ce  titre,  tels  que  font. 

Lathaif  al  Cafchiriât.  Livre  de  dévotion  &  de  fpiritualité  ,  compofé  par 
Cafchiri. 

Lathaif  al  efcharat  fi  afrâr  al  Horouf  al  âlouiat.  Les  myfleres  compris  dans 
les  lettres  de  l'Alphabet  Arabique,  par  le  Docteur  Albouni.  Ce  font  des  ob- 
fervations  fuperfliticufes  fur  la  fignihciition  de  certaines  lettres  que  les  Maho- 
metans  croient  eltrc  cachée  principalement  dans  quelques  verfets  de  l'Alcoran. 
Les  Rabbins  font  les  auteurs  de  femblables  rêveries  ,  dont  leur  cabale  eft  rem- 
plie, &  ils  trouvent  des  myfleres  enfermez  non  feulement  dans  les  lettres,  mais 
aufli  dans  les  points  ou  accens  dont  ils  ont  chargé  eux-mêmes  le  Texte  facré. 
Le  Livre  Arabe  dont  il  cfl  icy  parlé  ,  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du 
Roy,  n°.  896. 

Lathaif  acbàr  al  aoval,  Hifloire  de  toutes  les  Dynafties  d'Egypte  tant  ancien, 
nés  que  mjdernes.  Cet  ouvrage  a  été  dédié  à  Mofthafa,  Sultan  des  Turcs ,  par 
Mohammed  Ben  Abdalmothî,  qui  le  compofa  l'an  1033  de  l'Hegire,  de  J.  C.  1623. 
Il  eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n'.  829. 

Lathaif  al  hacaik.  Elégances  &  fubtilitez.  Ce  Livre  fait  la  quatrième  partie 
du  grand  Ouvrage,  intitulé  Al  Magmoû  al  Rafchidiah,  qui  cfl  dans  Ja  Biblio- 
thèque du  Roy,  n".  i.     l^oyzz  le  titre  de  Magmoû. 

11  y  a  aulTi  des  Lathaif  de  Thaâlebi  &  de  Firouzabadi. 

Boloug  al  Arab  fi  lathaif  al  âtab.  Livre  de  plaifanteries ,  de  Mohammed  Ben 
.Ali  al  Mocri. 

Defter  allathaif  de  Lamâi.     Voytz  Defter. 

Erfchdd  al  Thaif  cla  èlm  allathaif.  Livre  qui  enfeigne  les  qualitez  que  doi- 
vent avoir  \zs  bons  mots  &  \qs  reparties  agréables. 

LATIN  lOUN.  Les  Latin.';.  Voyez  les  titres  d'Afrange  &  de  Frenk  qui 
font  les  Francs ,  nom  que  les  Orientaux  Latins  donnent  à  tous  les  Chrétiens  de 
l'Occident. 

LAZ  &  Laaz.  Les  Arabes  appellent  ainfi  le  Lazare,  frère  de  Marthe  &  de 
Marie,  duquel  il  efl  parlé  dans  l'Ev^angile. 

Les  Turcs  donnent  auflî  ce  nom  à  Lazare  ou  Eleazar,  fils  de  Bulc,  premier 
Dcfpote  de  Servie,  ctably  par  Eflienne  Roy  des  Bulgares,  &  ils  appellent  du 
nom  de  Bulcogli,  qui  fignifîe  chez  eux  le  même  que  P.ulcovitz  en  Efclavon,  le 
fils  de  Bulc,  tous  les  D.efpotes  de  Servie  qui  font  defcendus  de  Bulc. 

LAZOURI  fignifîe  aufîî  en  Arabe  le  nom  de  Lazare,  &  particulièrement 
de  celuv  de  l'Evangile.  Quelques  Auteurs  cependant  l'ont  au/ïï  porté  comme 
Schamfcddin  Mahmoud  Ben  Ahmed,  qui  a  compofé  le  Livre,  intitulé  Erfchfid 

aouli 


L  E  B  I  D.  4-^ 

aouli  albab,  le  Directeur  des  pcrfonii^s  intelligentes  &  fpirituell-s.    Cet  Auteur 
vivoit  l'an  j6s  de  l'Hegirc. 

LEBID.  Son  nom  entier  clT;  Abou  Akil  ou  Okail  Lebid  Ben  Rabiàt.  Il 
a  été  le  plus  ancien  des  Poètes  Arabes  qui  ont  vécu  depuis  l'origine  du  Maho- 
nietifmc;  car  il  étoit  encore  dans  Fidolatrie ,  lorf]ue  Mahomet  commença  à  pu- 
blier lu  lo}'.  Ses  Ouvrages  ctoienC  eûimez  à  un  tel  point  par  les  Arabes  qu'ils 
les  attachoient  à  la  porte  du  Temple  de  la  Mecque.  Un  de  l'es  Poëmes  qui 
commençoit  par  ces  vers: 

Toute  louange  qui  neft  pas  rapportée  à  Dieu ^  eji  vaine. 

Et  tout  bien  qui  m  vient  pas  de  luy ,  neft  qiCwie  ombre  de  bien. 

Ayant  eflé  attache  à  la  porte  de  ce  Temple  ,  il  ne  fe  trouva  aucun  Poète 
Arabe  qui  oUill  rien  faire  en  concurrence  de  cet  ouvrage  ;  mais  le  chapitre  de 
rx\lcoran  intitulé  Bacrat ,  ayant  eflé  peu  après  attaché  à  la  porte  du  même 
Temple  ,  Lebid ,  après  en  avoir  lu  les  premiers  verfets  ,  avoiia  que  les  paroles 
qu'ils  contenoient,  ne  pouvoient  Ibrtir  de  la  bouche  des  hommes  fans  une  in- 
fpiration  particulière  de  Dieu;  l'on  ajoute  que  ce  motif  luy  lit  embraller  deflors 
le  Mufulmanifme. 

Les  paroles  de  ce  chapitre  font:  l^oicy  le  Livre  dans  lequel  il  n'y  a  aucun  doute 
qui  doit  fervir  de  règle  ê?  de  conduite  à  ceux  qui  craignent  Dieu,  à  ceux  qui  croient 
aux  chofes  qu'il  a  révélées  par  luy -me/me,  qui  s'exercent  fréquemment  dans  la  Prière, 
qui  font  part  aux  pauvres  des  biens  qu'ils  ont  reçus  de  la  libéralité  de  Dieu  ,  qui 
croient  à  ce  qnil  a  révélé  à  fon  apôtre,  (j  à  ce  qu'il  a  révélé  aux  autres  Prophè- 
tes, ef  enfin  à  ceux  qui  tiennent  pour  certain  qu'il  y  a  une  autre  vie  après  celle-cy.  - 
car  tous  ces  gens-là  font  dans  les  voyes  de  Dieu ,  âf  jouiront  du  bonheur  éternel. 

Mahomet  ayant  appris  la  converfion  de  Lebid,  en  eut  une  très-grande  joye; 
car  ce  Poëte  paflbit  pour  le  plus  bel  efprit  des  Arabes  de  fon  temps ,  &  il  luy 
ordonna  de  faire  des  vers  pour  répondre  aux  inveftives  &  aux  fatyres  qu'Am- 
rJcais,  autre  Poëte  des  Arabes  infidèles,  compofoit  fouvent  contre  fa  nouvelle 
Religion ,  &  contre  ceux  qui  en  faifoient  profefFion.     Douiet  fchah  S^arcandi. 

Amafi  écrit   que  Lebid,  après  avoir  embraifé  le  Mufulmanifme,   ne  fit  plus 
d'autres  Vers  que  ceux  par  lefquels  il  remercia  Dieu  de  fa  converfion.     On  luy 
attribue   cependant  ce  dillique    cju'il  fit ,   félon  quelques  Auteurs  ,   en  mourant,  ■ 
L'on  dit  que  toute  nouveauté  a  quelque  agrément,  je  n'en  trouve  point  cepen- 
dant aucun  dans  la  mort  qui  me  paroiH  nouvelle. 

Fagiadto  gedid  almout  gair  ledhidh. 

Ben  Cafchem  rapporte  comme  une  Tradition  prophétique,  ce  que  difoit  Ma- 
homet :  La  plus  belle  fentence  qui  foit  fortie  de  la  bouche  des  Arabes  ,  ell 
celle  que  Lebid  prononça,  lors  qu'il  dit:  llla  col fchei  ma  khalâ  Allah  bathel. 
Tout  ce  qui  n'elt  pas  Dieu  n'eft  rien.  Les  Efpagnols  expriment  ainfi  cette 
fentence  en  leur  langue:   Dios  es  todo  y  lo  demas  nada. 

Lebid  faifoit  fon  lejour  ordinaire  dans  la  ville  de  Coufah,  où  ayant  vefcu 
jufqu'à  J'âge  de  cent  quarante  ans,  il  y  mourut  l'an  141;  de  l'Hegire. 

LEBOUDÏ,:. 


48o  L  E  B  O  U  D  I.  —  L  E  K  H  S  I  C  O  N. 

LEBOUDI.  Quelques-uns  lifent  Kcboudi.  Surnom  de  Nagmeddin  ,  duquel 
nous  avons  un  Abrégé  d'Eucîide  ,  &  un  Commentaire  fur  les  Efcbarat.  Voyez 
Tenbihât. 

On  trouve  quelquefois  cet  Auteur  cité  fous  le  nom  d'Agemeddin  Ben  Le- 
boudi,  &  Ben  Keboudi. 

LEBTARIKH.  Hifloire  univcrfelle  du  Mabometifme,  abrégée  &  écrite  en 
langue  Perfienne.  Ce  mot  eil  corrompu  de  Lobbaltarikb  ou  Lobbaltaovarikh , 
qui  fignific  la  moelle  des  Hifboires.     Voyez  ce  titre  un  peu  plus  bas. 

LEILE'.  Nom  de  la  Maîtrefle  de  Megnoun.  Les  amours  de  ces  deux 
Amans  font  auffi  célèbres  parmy  les  Orientaux  ,  que  ceux  de  Pétrarque  &  de 
Laure  parmy  nous.  Ils  ont  fourni  la  matière  à  une  infinité  d'Ouvrages  en 
Profe  &  en  Vers  ,  que  les  Arabes ,  les  Perfans  &  les  Turcs  ont  compofés  Ru- 
leur  fujet. 

Un  Auteur  Turc  fort  fpirituel  ,  pour  faire -entendre  i!i  fes  amis  qu'il  avoit 
renoncé  entièrement  à  l'amour  des  créatures  pour  fe  donner  à  Dieu,  fit  en  fa 
lani^ue  les  Vers  fuivans. 


'a^ 


Celuy  qui  fixe  fa  vue  fur  fou  Seigneur ,  ne  s'amufe  plus  à  confiderer  Leilé. 
Quiconque  regarde  le  Soleil^  ne  daigne  plus  arrefter  fes  yeux  fur  la  Lune. 
Il  en  ejî  de  même  de  celuy  qui  contemple  le  fouverain  bien  : 
Car  dès-lors  qiiil  efi  dans  cet  état ,  il  na  que  du  mépris  pour  les  cliofs  de  la  terre. 
Adieu  donc ^  Leilé ^  puifque  fay  trouvé  aujourdliuy  mon  Seigneur: 
Ton  amour  via  porté  jufquà  celuy  du  vray  (f  unique  bien. 
Adieu  donc^  créatures  miferables,  car  fay  trouvé  toutes  chofes  dans  un  feul  objet. 
Sa  prefence  efi  fi  fortemmt  imprimée  dans  mon  ame , 

Qiie  je  ne  fens  en  moy  autre  defir  que  d'efî.re  uni  à  luy.  ^ 

Sa  beauté  incomparable  efface  toutes  les  autres  de  mon  efprit. 
Adieu  donc ,  Leilé ,  pour  la  dernière  fois. 

Leilé.  "^Abou  Lcilé,  le  pore  de  Lcilé,  Mohammed  Ben  Abdalrahman  efi:  aufii 
furnommé  Ben  Abi  Lcilé  ou  Lcili,  Ce  Doftcur  ,  cftimé  beaucoup  parmy  les 
Jurifconfultes,  étoit  du  nombre  de  ceux  qui  font  appeliez  Tabâioun,  c'cfl:-à-dirc 
de  ceux  qui  ont  fuivi  immédiatement  les  compagnons  du  Prophète ,  &  qui  por- 
tent  le  titre  de  Sahaba. 

Il  fut  Cadhi  de  la  ville  de  Coufah,  où  il  étoit  né  Tan  74  de  l'Hegire,  &  y 
mourut  l'an  148  ,  après  avoir  fondé  une  nouvelle  fede  dans  la  Jurifprudence 
Mufulmane.  Les  Jurifconfultes  le  citent  fous  fon  nom  propre  de  Mohammed, 
&  les  Traditionnaires  fous  fon  furnom  de  Ben  Abdalrahman. 

LEK.  Un  Lck  vaut  aux  Indes,  &  principalement  dans  les  Etats  du  ]\îo. 
gol ,  cent  mil  Roupies ,  qui  font  environ  cinquante  mil  écus  de  nôtre  monnoye. 

LEKHSICON.  Mot  corrompu  du  grec  Lexicon.  Les  Arabes  &  les  Sy- 
riens s'en  fervent.  Ifla  Bar  Ali  al  Mothebabab  a  compofé  un  Didionnairc  de 
ja  langue  Syriaque,  expliqué  en  Arabe  fous  le  titre  de  Lekhficon. 

LESSAM. 


L  E  s  s  A  M        L  E  S  S  A  N.  4,0^ 

LES  S  A  M.  Abou  HafTan  Ali  cfl  furnommé  Ebn  Leflam  ,  &  qualifid  Ebii 
Mohammed  al  Schaêr  ,  fils  de  Mahomet  le  Poëte.  Nous  avons  de  luy  une" 
hiiloii-e  intitulée  Akhbar  Omar  Ebn  Abi  Rabiât.  Il  mourut  l'an  de  l'II-gire  413. 

LESSAN.  La  langue.  Ceft  ainfi  que  les  Arabes  appellent  l'organe  du 
langage ,  aulli-bicn  que  le  langage  mcfmc  ;  les  Pcrfans  la  nomment  Zeban ,  &  les' 
Turcs  Dil. 

Les  Arabes  difent  que  le  cceur  &  la  langue  font  les  plus  petites  parties  du 
corps  humain ,  lefquelles  cependant  diftinguent  davantage  les  hommes.  Que  la 
langue  ell  un  étranger  dans  l'iiomme,  &  qu'il  faut  que  le  cœur  luy  ferve  tou- 
jours de  compagnon  &  de  gfeide. 

Ali  difoit  que  l'homme  cil  caché  fous  fa  langue  :  Jl  maro  makhbou  tahata  l  ija- 
nihi.  parce  que  c'cfl  ibn  difcours  qui  le  fait  connoître:  &  que  celuy  qui  fçait 
modérer  fa  langue,"  multiplie  Ces  amis;  comme  au  contraire  celuy  qui  luy  lafche 
la  bride ,  fe  fait  autant  d'ennemis  qu'il  y  a  de  gens  qui  l'approchent.  Man 
âdhoba  leffanoho  kathora  ckhuânoho,  &c. 

Un  autre  Philofophe  Arabe  a  dit  fort  élégamment  dans  fa  langue:  Lcffhni-a 
tattadhica  ma  âovadataho.  Vôtre  langue  exigera  fans  ceiTe  de  vous  ce  à  quoy 
vous  l'aurez  accoutumée. 

Les  Orientaux  font  partagez  fur  l'antiquité  des  langues.  Mir  Efram  qui  ell 
S.  Ephrem,  foûtient  que  la  langue  Arameenne  ou  Syriaque  foit  la  langue  dont 
Dieu  s'efl  fervi  lors  qu'il  parloit  à  Adam;  c'efl  auffi  le  fentimcnt  de  S.  Bafile 
parmy  les  Grecs,  &  de  tous  les  Chrétiens  modernes  du  Levant  :  cependant  le 
célèbre  Jacques ,  Evefque  de  Roha  ou  d'Edcffe  en  Mefopotamie,  croit  que  Dieu 
&  Adam  fe  fervirent  dans  le  Pai-adis  Terreftre  de  la  langue  Hébraïque ,  &  cette 
opinion  eft  devenue  la  plus  commune  parmi  les  Grecs  &  les  Latins  ,  quoy 
qu'elle  n'ait  aucun  fondement  bien  ét:bly. 

Cependant  il  s'efl  trouvé  parmy  les  Orientaux  un  Auteur  qui  a  écrit  en  Ara- 
be une  hilloire  univerlelle,  intitul'^e  Nahdm  al  giahovar,  c'efl  Said  Ebn  Batrik 
Patriarche  d'Alexandrie  ,  que  nous  connoilTons  fous  le  nom  d'Eutychius.  Cet 
Ecrivain  aj-ant  avancé  que  les  fentimens  des  Auteurs  étoient  partagez  fur  l'anti- 
quité des  langues  :  les  uns  croyant  que  la  lan.^ue  Syriaque  tenoit  le  premier 
rang,  &  les  autres  fe  déclarant  pour  l'Hébraïque,  il  foûtient  cependant  que  la 
<jrecque  luy  paroift  avoir  elle  la  première  de  toutes  à  caufe  de  fon  abondance 
&  de  fon  étendue.     Cette  opinion  ell  fort  finguliere ,  &  a  peu  de  défenl^urs. 

Les  M^hometans  font  d'accord  avec  les  Juifs  &  avec  les  Chrétiens  touchant 
la  confufion  &  la  divifion  des  langues,  arrivée  pendant  le  temps  de  la  conflruc- 
tion  de  Babel,  l'an  du  monde  1717,  quarante  ans  ou  environ  avant  la  naiffmce 
du  Patriarche  Phaleg,  qui  efl  l'époque  de  l'iEre  Babilonienne. 

La  langue  Syriaque  ou  Chaldaïque  fe  divife  félon  Abulfai-age  ,  en  trois  dia- 
leéles.  Le  premier  s'appelle  l'Arameen ,  à  caufe  qu'il  fe  parle  dans  le  pays  d'A- 
ram  qui  efl  la  Mefopotamie  ,  autrement  dite  la  Syrie  extérieure.  Le  fécond 
•efl  celuy  de  la  Syrie  intérieure,  qui  fe  parle  à  Damas  &  dans  tout  le  pays  qui 
•efl  enfermé  entre  l'Euphrate  &  la  mer  Méditerranée;  on  l'appelle  auffi  le  Dia- 
lefte  de  la  Palcfline.  Le  troifième  efl  le  Nabatheen,  duquel  fe  fervent  les  ha- 
bitans  des  montagnes  de  l'Alfyrie,  &  de  la  Province  d'kaque  ou  Chaldée  ,  & 
c'efl  proprement  la  plus  ancienne  langue  Chaldaïque  qu'Abraham  &  fes  anceflres 
ont  parlée,  &  dans  laquelle  les  livres  de  Zoroaflre  nommez   le  Zend  ,  le  Pa- 

ToME  IL  Ppp  zcnd, 


482  L  E  S  S  A  N.   • 

zend  ,   &  le  Vofta  ont  été  écrits  avec   quelque  mélange  de   l'ancienne  langue 
des  Perfcs. 

LESSAN  al  Arabi.  La  langue  Arabique  a  pris,  félon  les  Arabes,  Ton 
origine  de  Cahtan  ou  Joélan,  fils  du  Patriarche  Heber,  &  fa  dénomination  d'Iârab, 
fils'^de  Cahtan ,  qui  ont  fondé  les  premiers  le  Royaume  de  Hamiar  ou  de  Hemiar 
dans  riemen  que  nous  appelions  l'Arabie  Heureufe. 

Cette  langue  Arabique  que  la  poftcrité  de  Heber  parloit,  approchoit  fort  du 
Syriaque  &  de  l'H.'brcu  ;  c'eft  pourquoy  elle  étoit  peu  entendue  des  autres 
Arabes  qui  habitoient  la  Province  de  Hegiaz ,  où  Abraham  accompagné  d'ilmaël 
fon  fils,  baflit  le  Temple  de  la  Mecque,  félon  la  fauffe  opinion  des  Mahomc- 
tans:  il  y  a  cependant  plus  de  trois  cens  ans  depuis  la  naiffance  de  Heber  juf- 
quà  celle  d'Ifmaël, 

Ifmaël  s  "étant  arreilé  en  Arabie  dans  la  Province  de  Hegiaz  où  il  jetta  les 
fondemens  d'un  nouvel  Etat,  oublia  fa  langue  maternelle,  &  apprit  celle  de  la 
famille  de  Giorham,  dans  laquelle  il  s'étoit  aUié,  &  l'épura  de  telle  forte,  qu'elle 
furpafa  en  élégance  &  en  politeife  tous  les  autres  Dialeftes  qui  étoient  en 
ufage  dans  les  autres  Provinces  de  l'Arabie  ,  &  c'eft  celle  qui  fe  parle  encore 
aujourd'huy  par  tant  de  peuples ,  &  dans  laquelle  tous  les  Livres  Arabes  qui 
font  parvenus  jufqu'à  nous,  ont  été  écrits. 

C'eft  cette  même  langue  que  l'on  appelle  auffi  Coraifchique ,  à  caufe  que  les 
Coraifchites  qui  étoient  les  plus  confiderables  habitans  de  la  Mecque  ,  def- 
quels  Mahomet  étoit  ilFu  ,  avoient  pris  peine  de  la  cultiver  &  de  la  polir ,  & 
que  l'Alcoran  que  les  Mufulmans  croient  eftre  le  chef-d'œuvre  de  cette  langue, 
eft  nommé  très-fouvent  par  le  faux  Prophète  l'Alcoran  Arabique  :  cet  impo= 
fleur  fe  vantoit-il   auflî   d'avoir  appris  de  Gabriel  mefme  le  véritable  langage 

d'Ifmaël. 

Comme  le  Siège  du  Khalifat  des  Arabes,  après  avoir  été  transféré  de  l'Ara- 
bie en  Chaldée  ,  de  Chaldéc  en  Syrie  ,  fut  enfin  fixé  par  les  Abbaffides  dans 
Ba<^det,  cette  ville  étant  ainfi  devenue  la  capitale  du  Mufulmanifme ,  &  par  con». 
fequcnt  la  demeure  des  plus  grands  hommes  de  tout  l'Etat,  la  langue  Arabique 
qui  s'y  parloit  y  fut  rafinée  jufqu'à  fa  dernière  perfeélion  ,  en  forte  que  tous 
les  Dialeftes  qui  s'éloignoient  de  la  pureté  du  langage  de  la  Cour,  y  pallbient 
pour  groffiers  ou  pour  barbares. 

Plufieurs  Auteurs  ont  travaillé  expreifément  fur  l'élégance  &  fur  l'abondance 
de  la  langue  Arabique;  car  fans  parler  de  ceux  qui  ont  fait  des  Livres  entiers 
fur  les  fynonymes  du  lion,  du  ferpent,  du  miel,  de  la  palme  &  de  l'épée, 
nous  avons  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n'^.  1127,  l'Ouvrage  de  Gazi  Al  Ame- 
ri  intitulé  Efsâh  ,  qui  traite  à  fond  cette  matière  ;  à  quoy  l'on  peut  ajouter 
qu'il  n'y  a  aucune  langue  de  celles  qui  nous  font  connues,  fur  laquelle  les- 
Grammàij-iens  ayent  plus  travaillé. 

Outre  la  langue  des  Hamiarites  ou  Homerites,  qui  n'étoit  point  entemîuë  par 
les  autres  Arabes,  comme  il  paroift  par  l'exemple  de  celuy  qui  fe  précipita  au 
lieu  de  s'alleoir,  parce  que  le  Roy  de  Maharah  luy  avoit  dit:  Theb,  qui  figni- 
fie  dan5  ]a  première  de  ces  langues,  /ipiez-vous  ^  &  dans  l'autre,  Précipitez- . 
vous^  il  y  a  encore  une  aucre  forte  de  lan.^ue  Arabique  qui  eft  propre  aux  Afri- 
cains ,  &  que  l'on  nomme  pour  ce  fujet  Leifan  al  Goraba ,  la  langue  des  Etran» 
gers  ou  des  Occidentaux.    Cependant  un  Poète  fort  célèbre  parmi  les  Arabes, 

nommé 


L  E  s  s  A  N.  485 

nommé  Safi  al  Holli ,  a  mêlé  dans  fon  Divan  quelques  Vers  de  cette  langue 
dans  le  feuillet  258  de  l'exemplaire  de  cet  Ouvrage  qui  fe  trouve  dans  la  Biblio- 
thèque du  Roy,  n".  1168.     Voyez  le  titre  de  Tahrir. 

Ce  qui  a  contribué  beaucoup  à  l'abondance  de  la  langue  Arabique ,  eft  la 
valle  étendue  des  pays  que  les  Arabes  ont  conquis  ;  &  la  première  retraite  que 
les  Mufulmans  firent  en  Ethiopie ,  après  avoir  été  chalTcz  de  la  Mecque ,  tit , 
félon  les  Interprètes  de  l'Alcoran,  qu'il  y  a  plufieurs  mots  dans  ce  livre  tirez 
de  la  langue  Ethiopique  ,  qu'ils  appellent  Lefsân  al  Habafchi ,  la  langue  des 
Abiffins.     Voyez  le  titre  de  Thouba. 

L'on  trouve  auffi  parmi  les  Ouvrages  des  Arabes  plufieurs  Diflionnaircs  de 
langue  Perfiennc,  qu'ils  appellent  Lefsân  al  Fars  ou  alFarfi,  interprétez  en  leur 
propre  langue;  comme  auffi  des  Dictionnaires  Turcs  &  Mogoliens,  ou  Tartares. 
Nous  trouverons  leurs  noms  dans  cette  Bibliothèque  où  ils  font  rangez  fous 
leurs  titres  particuliers.  Il  y  a  cependant  un  Ouvrage  afl'ez  fingulier,  &  que  l'on 
ne  trouve  que  difficilement,  intitulé  Al  Edrâk  le  Lcilân  Al  Atràk,  Introduction 
à  la  langue  Turquefque ,  cpmpofée  par  Athireddin  Abou  Haian  Al  Andaloufi. 

Jacoub  Al  Carovi  eft  auteur  du  Livre,  intitulé  Bolgat  fillogat  fur  la  langue 
Mogolienne  ou  Tartare,  qui  a  été  depuis  réduit  en  tables  ,  dans  lefquelles  les 
quatre  langues.  Arabique,  Perfienne,  Turquefque  &  Mogolienne  font  feparées. 
.  La  langue  Syriaque  que  les  Arabes  appellent  Leffân  Al  Soriani  ,  &,  dont  on 
a  déjà  parlé  au  commencement  de  ce  titre  ,  eft  fouvent  confondue  par  les 
Orientaux  avec  la  Grecque  ,  à  caufe  qu'il  y  a  une  très-grande  quantité  de  mots 
de  celle-cy  ,  dont  les  Syriens  fe  fervent  ;  ce  mélange  eft  arrivé  principalement 
depuis  que  les  Seleucides  Grecs,  Macédoniens  de  nation,  ont  envahi  &  poflTedé 
la  Syrie.  En  effet,  le  Calendrier  même  des  Syriens  eft  appelle  fort  fouvent 
le  Calendrier  des  Syromacedoniens. 

Les  Arabes  n'attribuent  pas  fimplemcnt  le  langage  aux  hommes  ;  ils  préten- 
dent que  les  animaux  &  principalement  les  oyfeaux  ,  &  les  plantes  même  ,  en 
ont  ijn  qui  leur  eft  propre  &  naturel,  fans  parler  de  celuy  qui  n'eft  que  méta- 
phorique. 

Aboulfarage  Ben  Ali  Al  Giouzi  eft  l'auteur  d'un  Ouvrage,  intitulé  Icadh 
■aloueihah  fil  movêdhat  men  alfcnah  alhaivanv  Alncbât.  Le  Réveil  du  fommeil 
fur  les  avis  que  nous  recevons  par  le  langage  des  animaux  &  des  plantes.  Voyez 
les  titres  de  Daoud  &  de  Hegiage. 

LES  S  AN  Al  Calzoum.  La  langue  de  Caizoum.  C'eft  le  Golphe  Arabique 
que  nous  appelions  auffi  la  Mer  rouge.  Nous  difons  en  François  .une  langue 
de  teiTC  ,  mais  nous  ne  difons  point  une  langue  d'eau. 

LES  SAN  Al  Fars.  Langue  de  cheval.  C'eft  une  plante  que  les  Grecs 
nomment  Hippoglofix)n ,  les  Arabes  &  les  Syriens  Ouboglollon.  Les  Latins  la 
connoiifent  pour  une  efpece  de  Thymeltea  qui  eft  l'Alypon  de  Montpellier, 
ou  de  la  montagne  de  Cette  ;  elle  eft  fort  purgative  ,  auffi  elle  emprunte  fon 
■nom  du  Thithymale  &  de  l'Olivier.  Les  Orientaux  ont  auffi  emprunté  des 
Grecs  les  noms  des  plantes  que  nous  appelions  Arnoglojfum  ,  Buglojftm  ,  Cyno- 
glojfum  ,   éfc. 

LES  S  AN  Al  Hokkâm  fi  mârefat  al  Ahkam.  Formules  des  Jugemens  pour 
ks  Cadhis  ,  compofées  par  Ben  Schohnah  en  30  Chapitres.    Cet  Auteur  nean- 

Ppp  2  moins 


4^4  L  E  S  S  A  N.  L  O  B  B. 

moins  n'en  fit  que  vingt-iin.    Borhaneddin  Al  Khalai  a  ajouté  les  neuf  autres. 
Bibliothèque  Royale,  n*.  612. 

LESSAN  eddin.  Il  y  a  deux  Auteurs  qui  portent  ce  nom,  qui  fignifie  la 
langue  de  la  Religion.  Le  premier  clt  Mohammed  Ben  Abdallah,  dit  Alkha- 
thib  Al  Corthobi ,  Prédicateur  de  CordoLie  ,  auteur  d'Iclil  Al  Thaher  ,  la  Cou- 
ronne pure,  livre  de  Politique.     Il  mourut  Tan  626  de  l'Hegire. 

Le  fécond  efl  Mohammed  Ben  Alkhathib  Al  Garnathi  ,  fils  du  Prédicateur  de 
Grenade  ,  qui  a  fait  des  inftruélions  pour  les  Vizirs  fous  le  nom  Efchàrât  ela 
adab  al  vouzara. 

LIKHA.  Les  Cathaiens  appellent  ainfi  la  feptième  partie  dos  vingt- quatre 
qui  compofent  leur  année. 

LINOUN  efl  la  dix  -  neuvième. , 

LITCHEN  la  première,  & 

LITCHOU  la  troifième. 

L  O  B  A  N.  Larme  ou  gomme  qui  coule  naturellement  ou  par  incilion  d'un 
arbrilfeau  afTez  .femblabic  au  Lentifque.  Les  Arabes  l'appellent  encore  Condur, 
mot  qui  efl  plus  ufité  que  ccluy  de  Loban  qui  vient  de  l'Hébreu  Levonah ,  ou 
du  grec  Libanos  ,  d'où  le  mot  d'Olibanum  des  Chymiftes  &  des  Pharmaciens 
s'eft  formé. 

Nous  appelions  cette  gomme  ou  refme  Encens ,  du  mot  latingenerique  incen- 
fitm  ,  qui  lignifie  tout  ce  que  nous  brûlons  pour  fervir  de  parfum.  Les  Juifs 
defquels  font  venues  les  fuffumigations  dont  on  fe  fert  dans  les  temples  ,  n'em- 
ployoienc  pas  cependant  l'encens,  mais  le  floraz  appelle  par  les  Grecs  Styrax, 
Narcaphthon ,  &  Thymiama ,  qui  croifl  dans  la  Judée  &  dans  la  Phœnicie  ,  au 
lieu  que  le  véritable  arbre  de  l'encens  ne  croifl  que  dans  lArabie. 

La  plus  grande  abondance  d'encens  fe  trouve  dans  le  terroir  de  la  ville  de 
Merbath ,  félon  le  Géographe  Perfien  ;  cette  ville  appartient  à'  la  Province  de 
Saba.  Al  Edriflî  dans  fa  Géographie  Arabique  écrit  que  l'on  trouve  de  l'en- 
cens en  très-grande  quantité  dans  la  Province  de  Schagiar  vis-à-vis  du  golfe  ap- 
pelle  Gioun  Al  ILilchichi;  tous  ces  pays-là  font  de  l'Iemen,  qui  nous  efl  connu 
fous  le  nom  d'Arabie  heureufe. 

LQB3.A1  albâb  fi  êlm  alaârâb.  Titre  d'un  Livre  de  Beidhaovi  ,  qui  n'efl 
autre  qu'un  fupplement  de  la  Cafîah,  Grammaire  Arabique,  Ouvrage  qui  a 
encore  été  expliqué  par  Barkeli ,  &  qui  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du 
Roy  ,   n^.  1049. 

Il  y  a  un  autre  Livre  qui  porte  le  même  titre ,  compofé  par  Tageddin  Al 
Asfaraini. 

LOBB  Alalbab  fi  êlm  alhefTab.  Livre  d'Arithmétique  compofé  eu  langue 
Perfienne  par  Abdallah  Ben  Omar  Al  Affadi  Al  Saovi. 

LOBB  Al  Taovarikh.  La  moelle  des  hifloires.  Hifloire  écrite  en  Perfien 
par  Jahia  Beu  Abdallathif  Al  Cazuini-,  l'an  de  l'Hegire  948.  Cet  Auteur  étoit 
Schiite ,   c'eft   à  dire  de  la  fe6lc  d'Ali ,  de  laquelle  les  Rois  de  Pcrfe ,  qui  re- 

gnoieiit 


L  O  B  N  A  N.  L  O  C  M  A  N.  485 

gno'ent  de  fon  temps,  &  qui  régnent  encore  aujourd'huy,  faifoient  profcffion; 
il  divifa  fon  liiftoire  en  quatre  parties. 

La  première  contient  les  vies  de  Mahomet ,  &  des  douze  Imams  rêverez 
par  les  Perfans,  fans  faire  mention  d'Aboubecre,  d'Omar,  ni  d'Otiiman. 

La  féconde  comprend  les  vies  &  les  Aftions  des  Rois  qui  ont  régné  avant  le 
Muli'lmanifme. 

La  t -oifième  ne  traite  que  de  la  famille  régnante  des  Sofis ,  appellée  com- 
munément Haidarienne. 

La  quatrième  s'étend  fur  toutes  les  Dynaflies  qui  fe  font  élevées  depuis  l'o- 
rigine du  Maliometifme. 

Cet  Auteur  mourut  l'an  de  l'Hegire  960,  qui  commença  le  17  Décembre  de 
l'année  Chrétienne  1552,  la  trente-deuxième  année  de  Soliman,  fils  de  Selim  I 
du  nom. 

C'eft  cet  ouvrage  que  l'on  cite  fouvent  fous  le  nom  corrompu  &  abrégé  de 
Lebtarikh.  . 

LORNAN.  Gebel  allobnan.  Le  Mont  Liban.  Chacun  fçait  que  c'eft  une 
montagne  de  la  Syrie,  laquelle  a  comme  deux  bras,  à  fçavoir,  le  Liban  &  l' An- 
ti-Liban ,  qui  enferment  ee  que  les  Grecs  appellent  la  Cselefyrie  ou  la  Syrie 
creufe. 

Cette  montagne  a  pris  fon  nom  Hébreu  &  Arabe ,  de  la  blancheur  des  neiges 
qui  en  couvrent  le  fommet ,  de  même  que  les  Alpes  ont  pris  le  leur  ,  félon 
Feftus  Pompeius,  du  mot  grec  Alphos,  qui  fignifie  blanc.  Le  Liban  a  été  de 
tout  temps  le  refuge  des  Chrétiens  contre  les  incurfions  des  Arabes  ,  des  Cur- 
des,  des  Turcomans  &  des  Turcs,  &  c'efl  encore  aujourd'huy  la  retraite  la  plu3 
alTurée  des  Maronites,  qui  y  ont  plufieurs  Eglifes  &  Monaftères. 

MoHaheddin  Saadi  rapporte   dans  fon  chapitre  des  Religieux  ou  Dervifches  ,  _ 
qu'il  y  avoit  de  fon  temps  dans  le  Mont  Liban  un  grand  nombre  de  ferviteurS 
de  Dieu,  qui  faifoient  des  miracles. 

LOCMAN  Al  Hakim.  Locman  le  fage.  Le  chapitre  31  de  TAlcoran,  qui 
porte  le  nom  de  Locman  ,  s'appelle  Sourat  Lokman.  Mahomet  y  fait  parler 
Dieu ,  qui  dit  ces  paroles  :  Lécadatina  Locman  alhecmat  ,  nous  avons  donné  la 
fageffe  à  Locman. 

Les  Interprètes  de  ce  Chapitre  ne  font  pas  d'accord  touchant  l'explication  du 
mot  de  fageffe,  car  Saddi  ,  Akramas  &:  Schaâb  veulent  que  ce  foit  le  don  dç 
Prophétie,  Locman  ayant  été  neveu  de  Job  du  côté  de  fa  fœur  ,  ou  fils  de  fa 
tante ,  &  par  confequenc  fon  coufm-germain  ,  &  qu'ainfi  il  avoit  droit  à  la  Pro- 
phétie par  fucceflîon.  L'Auteur  du  Taiaflir  alilire  ,  que  Locman  étoit  fils  de 
Bàour  ou  Béor ,  fils  de  Nakhor ,  fils  de  Tareh  ,  &  par  confequent  petit  -  neveu 
d'.îbraham. 

Abouleits  donne  à  Locman  le  furnom  d'Abou  Anàm ,  c'efl-à-dire ,  Père  d'A- 
nâm,  quoique  d'autres  Auteurs  veuillent  que  fon  fils  portât  le  nom  de  Mathan. 

L'Auteur  du  Livre,  intitulé  Ain  al  mâni,  rapporte,  que  Locman  naquit  du 
temps  de  David  ,  &  qu'il  vêquit  jufqu'au  temps  du  Prophète  Jonas  ;  mais  il 
faudroit ,  félon  ce  calcul  ,  que  Locman  eût  ^'êcu  plufieurs  centaines  d'années. 
Auffi  y  a-t-il  des  Auteurs  qui  luy  donnent  jufqu'à  trois  cens  ans  de  vie. 

Le  plus  grand  nombre  des  Do6leurs  Mufulmans  effc  d'accord ,  que  Lokman  ne 

P  p  p  3  tient 


^85  L    O    C    M    A    N. 

tient  point  de  rang  parmi  les  Prophètes  ;  en  effet ,  on  ne  luy  donne  que  la 
qualité  &  le  titre  de  Hakim,  qui  fignifie  fage.  Sa  condition  étoit  fervile  ,  & 
le  métier  qu'il  exerçoit  étoit  celui  de  Tailleur  ou  de  Charpentier  ,  quelques- 
uns  le  font  auffi  Berger.  A  l'égard  de  fon  pays  ,  tous  conviennent  qu'il  étoit 
Habafchi  ,  c'eft-à-dire ,  AbifTm  ,  natif  d'Ethiopie  ou  de  Nubie  ,  de  la  race  de 
ces  efclaves  noirs  à  grolFes  lèvres,  qui  fortent  de  ce  pays-là  &  que  l'on  portoit 
vendre  en  divers  lieux  ,  de  forte  que  Locman  fe  trouva  porté  &  vendu  parmi 
les  Ifraëlites,   fous  les  règnes  de  David  &  de  Salomon. 

Un  jour  pendant  le  fommeil  du  midy  ,  que  les  Arabes  appellent  Cailoulat , 
les  Anges  entrant  dans  la  chambre  de  Lokraan  ,  le  faluerent  fans  fe  faire  voir. 
Lokman  entendant  une  voix  &  ne  voyant  perfonne  ,  ne  répondit  point  à  leur 
falut  ;  les  Anges  luy  dirent  :  Nous  fommes  les  MeJJagers  de  Dieu  ,  ton  Créateur 
^  le  nôtre ,  qui  7ious  a  envoyez  vers  toy  ,  pour  te  déclarer  qu'il  veut  te  faire  Mo- 
narque â?  fon  Lieutenant  fur  la  terre. 

Lokman  alors  leur  répondit  :  Si  c'eft  par  un  commandement  ahfolu  de  Dieu  que 
je  devienne  tel  que  vous  dues  ^  fa  volonté  doit  s'accomplir  en  toutes  chofes ,  &  fefpe- 
re  fi  cela  arrive ,  qiCil  me  donnera  les  fecours  néceffaires  de  fa  grâce  ,  pour  exécuter 
avec  fidélité  fes  ordres  ;  mais  s'il  me  donne  la  liberté  de  choifir  un  état  de  vie ,  je 
fouhaite  plutôt  qu'il  me  laiffe  dans  celuy  oii  je  me  trouve  préfrJemcnt ,  6f  qu'il  me 
préferve  de  Voffenfer^  fans  quoy  toutes  les  grandeurs  du  monde  me  fer  oient  à  charge. 

Cette  réponfe  de  Locman"  fut  ii  agréable  à  Dieu  ,  qu'il  luy  donna  auffi -tôt 
le  don  de  Sageffe  à  un  tel  degré  d'excellence  ,  qu'il  devint  capable  d'inftruire 
tous  les  hommes  par  un  très  -  grand  nombre  de  Maximes  ,  de  Sentences  &  de 
Paraboles,  que  l'on  fait  monter  jufques  à  dix  raille,  dont  chacune  eft  plus  eili- 
mable  que  le  monde  entier. 

Locman  étant  un  jour  aflis  au  milieu  de  plufieurs  gens  qui  l'écoutoient ,  un 
grand  perfonnage  parmi  les  Juifs,  qui  le  vit  au  milieu  de  tant  d'auditeurs,  luy 
demanda  ,  s'il  n'étoit  pas  cet  Efclave  noir  qui  pailfoit  n'agueres  les  brebis  d'un 
tel;  Locman  luy  répondit:  Je  fuis  le  même.  Et  comment  fe  peut-il  faire,  luy 
repartit  le  Juif,  que  tu  fois  parvenu  à  un  fi  haut  degré  de  fageiiè  &  de  vertu? 
Lokman  luy  dit:  C'cfl  en  accompliffant  trois  chofes,  difant  toujours  la  vérité, 
gardant  inviolablemcnt  ma  parole  ,  &  ne  me  mêlant  jamais  de  ce  qui  ne  me 
regardoit  point. 

Thaalebi  rapporte  dans  fon  Taffir  ou  Commentaire  fur  l'Alcoran  ,  que  Lok- 
man ayant  été  envoyé  avec  d'autres  efchves  à  la  campagne  ,  pour  en  rappor- 
ter des  fruits ,  fes  camarades  les  ayant  mangés  accuferent  Locman  de  ce  fait. 
Locman,  pour  fe  juftifier  de  cette  accuiation  ,  dit  à  fon  maître:  Faites -nous 
boire  à  tous  de  l'eau  chaude,  &  faites -nous  faire  enfuite  plufieurs  tours  en 
rond,  &  vous  apprendrez  bientôt  qui  font  ceux  qui  ont  mangé  vos  fruits.  Il 
arriva  en  effet  à  ces  Efclaves,  qu'après  avoir  fait  plufieurs  tours,  leur  ellomac 
s'étant  foulevé,  ceux  qui  avoient  mangé  les  fruits  les  rendirent,  &  Locman  ne 
rendit  que  Teau  chaude  qu'il  avoit  bûe. 

Cette  hiftoriette  fe  trouve  décrite  en  vers  Perfiens  dans  le  Livre  intitulé  le 
Methnevi,  dont  l'Auteur  qui  moralife  toutes  chofes  ,  fait  une  application  qui 
ilirprend  fon  Leéleur,  car  il  dit  ces  paroles:  Lors  que  l'on  vous  donnera  à.  boire 
de  cette  eau  chaude  âf  brûlante  dans  la  quisjîion  du  Jugement  dernier,  tout  ce  que 
^ous  avez  caché  avec  tant  d:  foin  ,   paroitra  aux   yeux  de   tout  le  monde  ,   ^  celui 

qui 


L    O    C    M    A    N.  487 

qui  aura  a  quis  de  feftim;  par  fon  hypocrifie  âf  par  fon  déguifanent ,  fera  pour  lors 
couvert  de  honte  6?  de  confufiofî. 

Le  mcme  Auteur  rapporte  auffi  ,  que  David  ayant  demandé  un  jour  à  Loc- 
man,  comment  vous  êtes-vous  levé  ce  matin,  il  luy  répondit:  'Je  me  fuis  levé 
du  milieu  de  ma  poufftère.»  Cette  î-éponfe  donna  à  David  une  grande  eftime  pour 
Locman,  duquel  il  admira  l'humilité  &  la  fagefle. 

Nous  avons  un  Livre,  intitulé  Giovaher  altaffir  ,  qui  contient  un  abrégé  des 
principales  actions  &  des   plus  belles   fentences  de  Locman. 

L'Auteur  du  Lebtarik  fait  auffi  vivre  ce  Sage  dans  le  temps  que  Kaikaous  & 
Kaikofroes  regnoient  en  Perfe  ,  qui  efl  à-peu-près  celuy  auquel  David  &  Salo- 
mon  regnoient  en  Judée,  &  que  Pythagore  vivoit  &  philofophoit  en  Italie  & 
en  Grèce.  Cette  Chronologie  n'efl:  pas  fort  jufte,  non  plus  que  celle  de  tous 
les  Orientaux  ,  qui  parlent  des  chofes  arrivées  avant  l'époque  de  l'He^ire  ,  à 
moins  qu'ils  ne   s'accordent  avec  l'Ecriture. 

L'Auteur  du  Tarikh  Montekheb  écrit,  que  le  fepulcre  de  Locman  fe  voyoit 
encore  de  fon  temps  à  Ramlah  ou  Ramah  ,  petite  ville  qui  n'eft  pas  éloignée 
de  Jeruftlem;  qu'il  étoit  Abiflîn  de  Nation  ,  Juif  de  religion  ,  &  qu'il  fut  en- 
terré auprès  des  foixante  &  dix  Prophètes,  que  les  Juifs  firent  mourir  de  faim, 
&  qui  perdirent  tous  la  vie  en  un  feul  jour  auprès  de  Jerufalcm.  Ce  même  Au- 
teur luy  donne  300  ans  de  vie  pour  éviter  les  Anachronilmes,  &  il  avance  de 
plus,  qu'il  y  a  eu  un  autre  Locman  qui  vivoit  dans  le  fiècle  du  Prophète  Houd 
ou  Heber ,"  pour  concilier  avec  fa  Chronologie  celle  de  ceux  qui  donnent  à 
nôtre  Locman  jufques  à  mille  ans  de  vie. 

Ces  deux  Auteurs  conviennent  auffi  qu'il  étoit  Efclave  Abiffin  ou  Nubien  de 
Nition  ,  &  qu'il  a  lailfé  un  Livre  intitulé  Amthdl ,  nom  qui  fignifie  en  Arabe 
Proverbes  &  Apologues^  &  que  l'on  donne  ordinairement  aux  Proverbes  ou  Pa- 
raboles de  Salomon  ;  quoy  qu'il  y  ait  grande  apparence  que  ce  Livre  de  Loc- 
man foit  moderne  &  tiré  feulement  de  fes  Difcours  &  Entretiens. 

Les  Orientaux  ont  un  proverbe  ordinaire ,  dont  ils  fe  fervent  pour  louer  un  ^ 
homme  fçavant,  Il  ne  faut  pas  prétendre  enfeigner  quelque  chofe  à  Locman. 

■  Tous  les  Auteurs  conviennent ,  que  c'efl  de  nôtre  Locman  &  non  pas  de 
Pancien ,  que  parle  le  3 1  Chapitre  de  l'Alcoran  ,  qui  porte  fon  nom  ;  car  dans 
un  Commentaire  Turc  fur  ce  môme  Chapitre,  Vaheb  rapporte,  que  Locman 
étant  efclave,  fon  maître  luy  donna  fa  liberté,  à  caufe  de  fa  vertu  &  de  fa  fa- 
geffe ,  quoy  que  le  Sage  ,  félon  le  fentiment  des  Philofophes  ,  foit  toujours  li- 
bre  en  quelque  état  qu'il  fe  trouve.  C'efl:  luy  qui  a  dit  le  premier  ,  félon  le 
même  Auteur,  que  le  cœur  &  la  langue  étoient  les  meilleures  &  les  pires  par- 
ties du  corps  de  l'homme,  &  ayant  été  un  jour  interrogé  de  qui  il  avoit  aopris 
la  fageffc,  il  répondit  ,  qu'il  l'avoit  apprife  des  aveugles,  lefquels  ne  s'allûrent 
de  rien  jufques  à  ce  qu'ils  le  touchent.  .' 

L'on  pourroit  dire ,  avec  beaucoup  de  vraifemblance  ,  que  LocrHan  eft  le 
même  que  celuy  que  les  Grecs,  qui  ont  ignoré  fon  nom,  nous  ont  fait  connoî- 
ti-e  fous  celui  de  fa  Nation,  en  l'apnellant  Efope,  qui  fignifie  la  même  chofe 
en  Grec  que  le  mot  d'Ethiopien.  En  eflet,  on  trouve  dans  les  Paraboles,  Pro- 
verbes ou  Apologues  de  Locman  en  Arabe,  des  chofes  que  nous  lifons  dans 
les  Fables  d' /Efope,  en  forte  qu'il  feroit  afiez  mal-aifé  de  décider,  fi  les  Arrhes 
les  ont  empruntées  des  Grecs,  ou  fi  les  Grecs  les  ont  prifes  des  Arabes.  Il  efl:' 

ccpen- ■ 


488  L    O    C    M    A    N. 

cependant  certain ,  que  cette  manière  d'inflruire    par  les  fables  ,  eft  plus  con- 
forme au  génie  des  Orientaux  ,   qu'à  celuy'  des  peuples  de  l'Occident. 

Nous  ajouterons  encore  ici,  en  faveur  de  Locman  ,  ce  qu'en  écrivent  dcux 
Auteurs  célèbres.  Le  premier  eft  celuy  du  Livre  intitulé  le  Nighiariftan  ,  qui 
écrit,  que  le  fujet  qui  luy  fit  donner  la  liberté  fut  ,  que  fon  maître  lui  ayant 
donné  à  manger  un  melon  amer,  il  le  mangea  tout  entier;  fon  maître  étonné 
de  cette  aélion  d'obéïiTance ,  lui  dit  :  Comment  avez-vous  pu  manger  un  fi  mau- 
vais fruit.  Locman  luy  répondit  alors:  J'ai  reçu  li  fouvcnt  de  vôtre  part  des 
douceurs,  qu'il  n'eft  pas  étrange  que  j'aye  mangé  une  feule  fois  en  ma  vie  un 
fruit  amer  que  vous  m'avez  prefenté. 

Ce  fentiment  fi  honnête  d'un  efclave  toucha  fi  fort  le  cœur  de  fon  maître, 
qu'il  luy  donna  incontinent  la  liberté  &  il  s'efi;  trouvé  dans  la  fuite  des  temps 
que  cette  même  réponfe,  qui  efl:  admirable,  fut  employée  par  les  foldats  d'Alp- 
teghin,  lequel,  après  qu'il  eut  été  défait,  n'ayant  plus  de  quoy  les  payer,  leur 
confeilloit  de  prendre  le  parti  de  fon  ennemi  &  de  fon  vainqueur  ;  car  ces  bra- 
ves gens  ne  le  voulurent  jamais  quitter ,  &  le  fentiment  généreux  qu'ils  expri- 
mèrent par  les  paroîes  de  Locman  ,  fut  bien-tôt  après  recompenfé  par  la  plei- 
ne viftoire  qu'ils  remportèrent  fur  leurs  ennemis,    f^oyez  le  titre  d'Alp  Téghin. 

Le  fécond .  Auteur  ,  qui  parle  avec  éloge  de  Locman  ,  efl:  celuy  du  Thirâz 
Almancoufch  ,  traduit  de  l'Arabe  en  Turc ,  à  la  louange  des  Efclaves  Noirs , 
où  il  dit,  conformément  à  tous  les  Orientaux,  que  Locman  étoii  Efclave  Abif- 
fm  de  Nation,  à  qui  Dieu,  donna,  par  une  grâce  particulière,  le  don  de  fagef- 
fe ,  félon  l'autorité  de  l'Alcoran  ;  que  les  Interprètes  expliquent  en  cet  endroit 
différemment  ce  mot  de  SagefTe,  que  quelques-uns  veulent  que  cefoit  la  Prophé- 
tie, &  que  Locman  doit  être  mis  au  rang  des  Prophètes  reconnus  pour  tels  par 
les  Mufulmans  ;  mais  que  les  autres  foûtiennent  ,  que  le  mot  de  Sagefiè  doit 
s'entendre  de  la  connoilfance  des  Sciences  fpéculatives  &  de  la  pratique  ,  que 
l'on  en  doit  faire;  que  quelques-uns  luy  donnent  Je  métier  de  Charpentier, 
d'autres,  celuy  de  Tailleur  .d'habits,  &  quelques  autres  auflî  difent  ,  qu'il  étoit 
Berger. 

Quoy  qu'il  en  foit ,  c'étoît  un  excellent  homme  ,  tant  dans  la  connoifiance 
des  chofes,  que  dans  la  pratique  des  vertus.  Il  gardoit  ordinairement  le  filen- 
-ce ,  &  s'appliquoit  beaucoup  à  la  contemplation ,  &  fur-tout  à  l'exercice  de  l'a- 
mour de  Dieu  :  de  forte  que  l'on  difoit  de  luy  ,  que  parce  qu'il  aimoit  beau- 
coup Dieu,  Dieu  le  favorifoit  auflî  de  fon  amour  particulier. 

Enfin,  s'il  ne  fut  pas  Prophète,  il  fut  au  moins  un  des  plus  grands  ferviteurs 
de  Dieu  dans  le  fiècle  où  il  vivoit.  L'on  dit  encore,  qu'il  fe  mit  au  fervice 
du  Roi  David ,  &  que  fa  vie  fut  fort  longue. 

Ce  que  nous  avons  dit  d'Efope ,  qu'il  femble  pouvoir  être  le  même  que  Loc- 
man^  demande  que  l'on  fafl'e  quelque  réflexion  fur  la  chronologie  de  l'un  &  de 
l'autre.  Il  eft  confl:ant,  félon  Plutarque,  Paufanias  &  Suidas,  qu'Efope  a  vécu 
du  temps  de  Crœfus,  Roi  de  Lydie  ,  vaincu  &  pris  par  Cyrus  ,  &  de  Solon, 
Légiflateur  des  Athéniens.  Or  Cyrus  a\^nt  commencé  fon  règne  dans  la  pre- 
mière année  de  la  s 5  Olj^mpiade,  &  Solon  ayant  publié  fes  Loix  à  Athènes, 
la  troifième  a<inée  de  la  46  Olympiade,  il  fiiut  qu'Efope  ait  vécu  dans  l'inter- 
valle des  46  &  s 5  Olympiades,  c'efi-à-dire ,  depuis  l'an  3350  du  monde  jufqueS 
•en  3390,  dans  lequel  temps  les  Juifs  étoient  dans  leur  captivité. 

.Jl  paroît  donc  par  ce  calcul ,   que  Locman  ,  qui  vivoit  du  temps  de  David, 

mort 


L  O  D  0  s,  L  O  H  O  R  A  S  B.  4?Ç9 

mort  l'an  2928  du  monde,  ne  peut  être  le  même  qu'Efope,  à  moins  qu'il  n'ait 
vécu  quatre  ou  cinq  cens  ans  ;  c'cfl:  peuu-être  la  caufe  de  ce  que  les  Arabes , 
qui  ont  copié  ou  traduit  nos  Fables  d'Efope  en  leur  Langue  ,  fous  le  nom  de 
Locraan,  lui  ont  donné  une  très -longue  vie:  &  il  eH;  fort  vraiiemblable , 
qu'ils  n'ont  donné  à  Efope  le  nom  d3  Locraan  ,  qu'à  caufe  qu'il  y  a  un  Cha- 
pitre de  l'Alcoran  qui  porte  fon  nom,  dans  lequel  Dieu  dit,  qu'il  lui  a  donné 
h.  fagefle, 

LODOS.  Les  Turcs  appellent  ainfi  le  vent,  qiiz  les  Grecs  &  les  Latins 
ont  nommé  Africus  &  Libonotus ,  les  Italiens  Lebecchio ,  &  nos  Mariniers  de 
la  Méditerranée  Labéche. 

LOGAT.  Ce  mot  Arabe  qui  femble  avoir  été  pris  du  Grec  logos  ^  fignifie 
non  feulement  le  langage  &  le  difcours  ;  mais  encore  un  Diflionnaire  ,  où  les 
mots  d'une  langue  font  rangez  en  diverfes  manières. 

11  le  trouve  parmi  les  Arabes  un  très-grand  nombre  de  Diélionnaires  de  leur 
propre  Langue ,  expliquée  par  elle-même ,  &  plufieurs  autres  expliquez  en  Per- 
fien  &  en  Turc  ,  dont  on  trouvera  les  Titres  dans  cet  Ouvrage  :  voici  les 
noms  de  quelques-uns,  qui  portent  feulement  le  titre  de  Logat  ou  de  Ketàb  al 
logat. 

Logat  Akhteri.  Diftionnaire  Arabe  ,  recueilli  du  Camus  ,  de  Giauh:in  ,  &c. 
&  traduit  en  Turc  par  Akhteri. 

Logat  Nàmat  Allah.  Difèionnaire  Perfien,  traJuit  en  Turc  par  Nàmat  Allah 
Ben  A'vïied  Ben  Mobarek  A!  Roumi. 

Logat  Tage  Al  Adib.  Autre  Diftionnaire  Arabe  ,  traduit  en  Turc  par  Ali 
Al  Amafi,  qui  dit  l'avoir  recueilli  du  Tage  al  efm.i  de  Zamalvfchari ,  du  Ketâb 
Al  Aifami  de  Meidani ,  &  du  Sihah  de  Giouhari. 

Logat  al  Halimi.  Diftionnaire  Perfien  ,  traduit  en  Turc  par  Luthfallah  Al 
Halimi.  Le  même  Diélionnaire  porte  le  titi-e  de  Bjian  allogat ,  &  d'Aknoum 
Agem,  &c. 

Kénz  allogat,  Tréfor  de  la  Langue.  Diftionnaire  Arabe  &  Perfien  ,  compo- 
fé  par  Mohammed  Ben  Abdalkhalek  Ben  Almârouf  Al  Gilani. 

Deftour  allogat ,  Regiftre  de  la  Langue.  Dictionnaire  Arabe  &  Turc  ,  fans 
nom  dAuteur. 

Sihah  allogat ,  Pureté  de  la  Langue  Arabique.  C'ell  l'ouvrage  de  Giauhari , 
duquel  il  eft  parlé  plus  amplement  dans  fon  litre  particulier. 

On  n'a  fait  ici  mention  que  des  Diélionnaires  qui  portent  le  titre  de  Logat, 
&  il  faut  chercher  les  autres ,  comme  le  Camus ,  le  Giamê ,  le  Thalebi ,  le  Mo- 
tharezi,  &c.  dans  les  Titres  particuliers  des  Auteurs  &  de  leurs  Ouvrages. 

LOHORASB,  quatrième  Roi  de  Perfe  de  la  Dynallie  des  Kaianides  ,  fuc- 
ccda  à  Kaikhofrou,  qui  ctoit  mort  fans  enfans. 

Il  étoit  fils  d'Arvend  ou  Orond-Schah,  fils  de  Kai ,  fils  de  Kai-Kobad,  Roi 
de  Perfe  ;  cependant  à  caufe  que  fon  père  &  fon  grand-père  avoient  mené  une 
vie  privée  &  fans  éclat,  les  grands  Seigneurs  de  Perfe  eurent  d'abord  quelque  ré- 
pugnance à  le  voir  élevé  fur  le  trône  ;  mais  comme  il  fit  éclater ,  dès  les  pre- 
miers jours  de  fon  règne,  les  grandes  vertus  dont  il  étoit  doué,  il  n'y  eut  en- 
iin  perfonne  qui  ne  le  jugeât  digne  de  la  Couronne  qu'il  portoit. 

Tome  IL  Q  q  q  Ce 


4yo  L  O  H  O  R  A  S  B. 

.  Ce  fut  lui  qui ,  le  premier  de  tous  les  Rois ,  établit  en  Perfe  une  Cour  de 
Juilice  particulière  pour  fes  troupes,  qui  les  fit  vivre  ibus  une  difcipline  fevè- 
re,  les  obligeant  à  fe  contenter  de  la  Ibldc  qu'il  leur  avoit  alïïgnce;  chofe  qui 
ne  s'étoit  point  encore  pratiquée  jufques  alors,  car  les  troupes,  avant  fon  rè- 
gne, avoicnt  accoutumé  de  vivre  fans  règle  dans  les  quartiers  qui  leur  étoienc 
donnez. 

Ce  Monarque  ordonna  auflî,  que  les  Officiers  Généraux  &  Gouverneurs  des 
Provinces  donnafTent  leurs  audiences  fur  une  eftrade  relevée  &  dorée,  &  il  ne 
refcrva  pour  lui  aucune  autre  diltinétion  que  celle  de  faire  tendre  devant  fon 
trône  un  rideau  d'étoffe  prétieufe ,  au  travers  duquel  il  donnoit  les  fiennes. 

Lohorasb,  après  avoir  fait  de  grandes  conquêtes  au  Levant,  poulîà  ies  armes 
viftoricufes  jufques  au  couchant  de  fon  Empire  ;  car  il  envoya  en  faleftine  un 
de  fes  Généraux,  nommé  Raham  &  furnomraé  Bakhtalnalfar ,  (mot  qui  fignifie 
le  bonheur  de  la  Vi6loire,)  duquel  les  Hébreux  ont  formé  celuy  de  Nebucad- 
nelîar,  &  les  Grecs  ccluy  de  Nabuchodonofor  ,  fous  la  conduite  duquel  toute 
la  Syrie  fut  réduite  à  fon  obéïlfance.  Le  Roy  de  Judée  de  la  lignée  de  Sa- 
lomon ,  qui  regnoit  pour  lors  dans  Jerufalem ,  refufant  de  fe  foumettre ,  fut  at- 
taqué par  Raham  qui  défit  les  Juifs  à  platte  -  couture  ,  prit  la  ville  de  Jerufa- 
lem qu'il  faccagea  &  ruina  entièrement,  après  quoy  il  retourna  viftorieux  en 
Perfe  ,  chargé  de  riches  dépoiiilles  ,  &  d'un  nombre  prefque  infini  de  prifon- 
niers, 

Lohorasb  avoit  un  fils  nommé  Kifchtasb  ,  que-  les  Grecs  nommeroient  Hy- 
dafpes,  dont  l'ambition  dénaturée  alla  jufques  à  luy  faire  entreprendre  de  dé- 
trôner fon  père.  Mais  enfin  fes  efforts  ayant  été  rendus  vains  ,  par  la  fidélité 
que  les  peuples  gardèrent  h  Lohorasb  ,  fon  chagrin  &  fon  dépit  le  portèrent  k 
quitter  la  Perfe  &  à  pafi^er  dans  le  Turqueftan  ,  où  il  fut  reçu  à  la  Cour  du. 
Roi  de  ce  pays-là  avec  beaucoup  d'honnêteté,  comme  un  étranger  inconnu.  Oa 
dit ,  que  la  fille  du  Roi  du  Turqueftan  fut  tellement  gagnée  par  les  maniè- 
res dû  cet  étranger,  qu'elle  en  devint  amoureufe  ,  &  refolut  de  le  prendre 
pour  fon  époux,  fuivant  la  coutume  du  pays ,  qui  luy  donnoit  la  liberté  de  ce- 
choix. 

Quoy  que  le  Roi  eût  peine  de  voir  fa  fille  entre  les  bras  d'un  inconnu,, 
cependant  Kifchtasb  ayant  avec  le  temps  gagné  les  bonnes  grâces  de  fon  beau- 
père,  il  lui  déclara  fon  état,  &  l'engagea  peu-à-peu  à  faire  la  guerre,  fans  au- 
cun légitime  fujet,  à  Lohorasb,  fon  propre  père. 

Lohorasb  fe  trouvant  attaqué  à  l'impourvû  par  une  armée  innombrable  de 
Turcs,  fans  pouvoir  pénétrer  la  caufe  de  cette  irruption,  fit  tant,  par  le  mo- 
yen de  les  Ambafiiideurs,  qu'il  apprit  enfin  que  fon  fils  en  étoit  l'auteur» 

Cependant  comme  il  ne  fe  trouvoit  pas  en  état  de  refifter  à  de  fi  grandes 
forces  ,  qui  croilîbient  tous  les  jours  par  la  jonélion  des  Perfans  mêmes ,  qui 
fùivirent  le  parti  de  fon  fils  ,  il  prit  la  refolution  de  lui  envoyer  le  Tage  ou  la 
Couj'onne  royale  par  fon  frère  puifné  ,  &  de  fe  retirer  ,  pour  fervir  Dieu  le.- 
relie  de  fes  jours,  dans  la  ville  de  Balkh.  Il  ne  demeura  pas  long- temps  ce- 
pendant dans  cette  retraite  ;  car  Argiaft,  neveu  d'Afrafiab,  Roi  des  Turcs  Orien- 
taux, vint  affîéger  la  ville  de  Balkh,  laquelle  étant  enfin  tombée  entre  fes  mains, 
il  y  trouva  Lohorasb,  auquel  il  fit  perdre  la  vie,  après  fix- vingts  ans  de  rè- 
gne., que  quelques  Eci-i vains  font  aller  jufques  au  temps  de  Jereraie  &  d'Ozaii*». 
nue  nous  appelions  Efdras.    Lebtarikiu   Tarik  Montekheb^ 


lOHORASB.  -4^1 

Ce  dernier  Hiftorieiî  ajoute,  que  le  Prophète  Daniel  avoit  infimk  ce  Prince 
du  culte  du  vrai  Dieu  ,  &  qu'il  l'avoit  porté  à  quitter  Ja  religion  des  Mages'', 
pour  embrafler  la  Judaïque. 

Le  Schah  Naméli  de  Ferdoufi  eft  alTez  conforme  au  rapport  da  deux  Hi.lo- 
riens  précedens  ;  mais  Khondemir  ne  s'accorde  pas  avec  eux  dans  pJuQeurs  cir- 
conftances,  car,  félon  cet  Hiftoricn,  Lohorasb  étoit  Hls  d'un  frèra  de  Kaikaous, 
&  ne  fut  choifi  pour  fucceder  à  Kaikhofrou  ,  qu'à  caufe  qu'il  polîedoit  toutes 
les  qualitez  dignes  d'un  gi'and  Prince. 

Il  fubjugua  une  grande  partie  des  Provinces  Orientales  de  l'Empire  de  Perfe; 
&  dès  qu'il  s'en  vit  le  maître  abfolu  ,  il  envoya  un  des  Généraux  de  fcs  Ar. 
mées,  nommé  Gudarz,  du  côté  de  l'occident.  Gudarz,  félon  le  fcntiment  d'A- 
bou  Giafar  Al  Tliabari ,  &  de  plufieurs  autres  Hiftoriens  des  plus  célèbres  de 
l'Orient,  comme  Ben  Schohnah,  Mircond  ,  &c.  efl:  celuy-là  même  qui  néfant 
que  Lieutenant-Général  de  Lohorasb,  a  palfé  chez  les  Hébreux  pour  un  grand 
Roi,  qu'ils  ont  appeliez  Nehucadnctfar  ,  &  les  Arabes  BakhL-Naiîar  ou  Bokht- 
jialfar,  qui  ell  peut-être  le  Nabonaffar  de  Ptolemée,  qui  pourroit  s'être  fait  dé- 
clarer Roi  après  fes  grandes  conquêtes.  Quoy  qu'il  en  foit,  Gudarz,  que  les 
autres  appellent  Raham ,  comme  nous  avons  vu  plus  haut ,  exécuta  toutes  les 
grandes  entreprifes  que  les  Livres  des  Juifs  nous  apprennent  ;  ce  qui  nous  l'a 
rendu  extrêmement  connu  ,  pendant  que  Lohorasb  ,  duquel  il  dépendoit  &  qui 
faifoit  fa  réfidence  ordinaire  dans  les  parties  les  plus  orientales  de  fon  Empire, 
efl  demeuré  entièrement  inconnu  aux  Nations  de  l'Occident.  En  effet  ce  Prin- 
ce avoit  choifi  la  ville  de  Balkh  en  Khoraffan,  pour  le  fiége  de  fon  Empire  & 
la  capitale  de  tous  fes  Etats  :  c'eft  d'où  le  furnom  de  Balkhi  luy  fut  donnée 
furnom  qui  approche  fort  de  celuy  de  Belochus ,  que  nous  trouvons  dans  le 
Catalogue  des  Rois  d'AiTyrie  ;  mais  le  temps  dans  lequel  Laoflhenes,  autre  Roi 
d'AlTyrie  a  régné  ,  s'accorde  mieux  avec  celui  du  règne  de  Lohorasb ,  &  leurs 
noms  ne  font  pas  non  plus  fort  éloignez  l'un  de  l'autre. 

Ce  Prince  ayant  plus  d'inclination  pour  les  cnfans  de  Kaikous  que  pour  les 
fiens  propres,  auxquels  il  préferoit  toujours  fes  neveux,  fon  fils  aîné  ,  nommé 
Kifchtasb,  dit  le  même  Khondemir,  irrité  de  ce  mépris,  fe  retira  chez  les  Grecs, 
dont  le  Prince,  qui  regnoit  pour  lors  ,  pouvoit  être  un  des  Rois  de  Lydie  ou 
de  Macédoine,  appelle  ici  par  anticipation  Caifar  ou  Cœfar.  Il  demeura  incon- 
nu à  la  Cour  de  ce  Prince  ,  jufqucs  à  ce  qu'un  jour  arriva  qu'il  fe  fit  une 
grande  affemblée ,  fuivant  la  coutume  du  paj's  ,  dans  laquelle  une  des  filles  du 
Prince  devoit  fe  choifir  un  mari. 

Kifchtasb  fe  trouva  dans  cette  compagnie ,  &  il  fut  bien  furpris  lors  que  la 
PrincefTe  luy  préfenta  l'orange,  qui  étoit  la  marque  du  choix  qu'elle  faifoit  de 
fa  perfonne  pour  fon  époux;  mais  le  père  fut  beaucoup  plus  étonné,  de  voir 
que  fa  fille  avoit  préféré  un  Etranger  à  tant  de  Seigneurs  du  paj's  de  la  pre- 
mière qualité.  Il  ne  laifTa  pas  pourtant  de  ratifier  le  choix  qu'elle  avoit  fait, 
mais  il  abolit  l'ufage  de  cette  cérémonie ,  de  peur  qu'à  l'avenir  il  n'arrivât  un 
fcmblable  inconvénient. 

Cette  PrincefTe,  qui  fe  nommoit  Kenaioum ,  en  luy  jettant  l'orange,  dit  à 
fon  Amant  ces  paroles ,  qui  ont  été  traduites  du  Grec  en  Perfien  :  Je  vois  ici 
quantité  de  gens  tus -bien  faits  ^  mais  vous  me  paroijfez  furpajfer  de  beaucoup  tous 
les  autres.  Cependant  le  Roi  Grec  peu  fatisfait  de"  ce  mariage ,  envoya  fa  fille 
chez  fon  mari ,  &  ne  les  voulut  voir  ni  l'un  ni  l'autre  pendant  quelque  temps. 

Q  q  q  2  Kifch- 


492  L  O  H  O  R  A  S  B. 

s  Kifchtasb  fut  privé  par  cette  difgrace  de  la  fuccefîîon  qui  luy  échéoit  par 
fon  mariage,  fuîvant  les  loix  du  pays;  car.  le  Prince  Grec  y  dérogea  expreiré- 
ment,  &  déclara,  qu'ayant  encore  deux  filles  à  marier,  ceux  qui  deviendroient 
leurs  époux  &  Tes  gendres  ,  partageroient  après  la  mort  les  Etats  ;  mais  que 
pour  les  mériter  ,  il  falloit  délivrer  le  pays  de  deux  monltres  qui  le  délb- 
^oient., 

z_Le  premier  de.  ces  monftres  étoit  un  furieux  ferpcnt,  lequel  faifoit  fa  retrai- 
te dans  un  bois  û  épais  ,  que  l'on  ne  croyoit  pas  quil  fut  polîible  de  le  per- 
cer pour  l'aller  combattre  ;  l'autre  étoit  un  puiflant  lion  ,  qui  couroit  la  cam- 
pagne ,  &  qui  s'étoit  rendu  fi  terrible  ,  qu'aucun  Challéur  n'olbit  l'aborder. 
Deux  d'entre  les  principaux  Princes  Grecs,  qui  prétcndojent  d'époufer  les  deux 
Frincefics  ,  étoient  fojt  rebutez  par  la  difficulté  qu'ils  trouvoient  dans  l'exécu- 
tion de  ces  deux  entreprifes,  & .  ils  commençoient  déjà  à  perdre  l'eliierance  de 
voir  réuffir  leurs  prétentions,  lors  quiis  refolureat  de  communiquer  leur  em- 
barras à  Kifclitasb. 

Ce  valeureux  Prince,  poufixjpar  le  mouvement  d'une  gcnerofité  fans  exem* 
pie,  s'off'rit  non  feulement  de  combattre  luy  feul  ces  deux  monltres;.  mais  en- 
core de  donner  tout  le  mérite  de  cette  aftion,  i\  elle  luy  réalHlfoit,  aux  deux 
Princes;  en  effet,  il  les  attaqua  &  les  tua  tous  deux,  fans  rien  déclarer  de  ce 
qui  le  regardoit  dans  deux  actions  auffi  hardies  ;  il  fouffrit  que  les  deux  Prin- 
ces Grecs  s'en  filfent  honneur  auprès  du  Roy  ,  &  obtinlient  par  ce  moyen  Ils 
deux  filles  qu'il  leur  avoit  promiles  en  mariage. 

Ces  choies  s'étant.  ainfi  paifées,  le  Roi  s'exerçant  quelque  temps  après  à  ma- 
nier des  chevaux  &  h.  jouer  au  mail  à  cheval  ,  Kifchtasb,  qui  étoit  rentré  un 
peu  en  grâce  auprès  de  luy.,  fît  paroître  tant  d'adrelfe  dans  ce  jeu  &  dans  tous^ 
les  autres  exercices  que  ce  Prince,  après  l'avoir  long-temps  admiré,  le  fit  appro- 
cher de  luy,  &  fencrctint  quelque  tems  contre  fon  ordinaire.  Le  Roy  lui  ayant 
demandé  entr'autres  cbofes  à  quoy  il  pailoit  fon-  tems,  Kilchtasb  luy  répondit, 
qu'il-  chafibit-,  &  luy  fit  entendre  adroitement ,  qu  il  avoit  été  iiifez  heureux 
âms  fes  dernières  chaifes ,  de  tuer  deux  animaux  cruels  qui  faifoicnt  de  grands 
ravages  dans  fon  pays. 

Le  , Roy  comprit  afi!c:z  ce  qu'il  vouloit  dire,  &  s'étant  fait  depuis  informer 
à  fond  de  la  vérité  du  ftiit ,  le  remit  entièrement  dans  lés  bonnes  grâces ,  & 
voulut, qu'il  fût  toujours  auprès  de  fa  perfonne.  Kilchtasb  ne  manqua  pas  de 
fe  prévaloir  auffi-tôt  de  la  faveur  du  Roy,  &  il  fit  tant  par  les  confeils  &  par 
fes  fo.'li citations  ,  qu'il  le  porta  à  refufer  le  tribut  qu'il  payoit  tous  les  ans  k 
Lbhora.^b ,  ce  qui  étoit  une  véritab.e  déclaration  de  guérie.  Cette  nouveauté 
ne  fut  p^s  p.ûtôt  fçûë  en  Perfe  ,  qu'on  ne  douta  point  que  Kilchtasb  n'en  fût 
l'auteur,  &,,Lohoras.b,  qui  étoit  dans  une  extrême  inquiétude  de  fçavoir  où  étoit 
fon  fi'iS:,  jugea  que  ce  ne  pou  voit  être  que  luy  qui  eût  pu  donner  allez  de  har- 
dieife  âux;  Grecs  pour  le  venir  attaquer. 

La :,çoolc  étant  enfin  éclaircie ,  Lohorasb  plein  de  joye  d'apprendre  que  fon 
fils  ctoii  encore  vivant,  ne  le  confiJera  plus  comme  un  ennemi,  mais  fit  partir 
incontinent' fon  fils  puîné,  noniiaé  Zerir,  pour  aller  aU-devan.t  de  fon  frère  aî- 
né, &  pour  lui  préienter,  de  fa  part,  la  Couronne  Royale  de  Perfe,  comme 
un  gaqe  aliûré  de  la  fucceffion  qui  le  regardoit. 

Ki;'cutasb  s'étoit  déjà  mis  en  chemin  vciS  la  Perfe  avec  l'avant-garde  de  l'ar- 
mée uc$  Urecsj  ce  qui  fit.  q4e  fon  frère  ne  fut.  pas  long-temps  Cxas  le  rencon- 
trer. 


L  O  K  H  O  U  M.  L  O  R.  493 

trer.  Auflî-tôC  qu'ils  fe  virent  de  loin,  ils  coururent  tous  deux  pour  s'embraf. 
fer,  &,  après  s'être  donnez  des  témoignages  réciproques  d'une  grande  amitié, 
Zcrir  fit  placer  Kifchtasb  iur  un  trône,  &  kiy  mit  le  Tage  Impérial  lur  la 
tête.  On  n'eut  pas  plutôt  appris  en  Perle  la  nouvelle  de  cette  cérémonie  , 
que  l'on  y  lit  par-tout  des  réjouiirances  publiques  ,  &  le  Roy  des  Grecs  .  Ion 
beau-père  fut  tellement  furpiis  de  voir  fou  gendre  reconnu  &  proclamé  û  fou- 
daineir.ent  Roy  de  Ferfe  ,  qu'où  par  crainte  de  quejque  embul'che ,  ou  pour 
éviter  les  formalitcz  des  cérémonies,  il  prit  aufîî-tôt  congé  de  luy  pour  s'en 
retourner  dans  fes  états ,  luy  laiilant  fa  tille  pour  gage  de  leur  amitié  réci- 
proque. 

Après  cette  fcparation,  Kifchtasb  fe  rendit  à  la  Cour  de  Lohorasb ,  fon  pè- 
re, qui  le  reçût  à  luy  bailer  les  pieds,  félon  la  coutume  dès-lors  uikée  en  Per- 
le., &  après  l'avoir  ^tendrement  embralfé,  il  luy  mit  de  fes  propres  mains  la  Cou- 
ronne fur  la  tète  ,  renonçant  abi'olument  en  fa  faveur  au'  gouvernement  de  fes 
E.ats,  &  fv'. retirant  de  la  Cour  pour  vacquer  uniquemenc  au  fervice  de  Dieu, 
le  reite  de  fes  jours.  Ce  Prince  fut  furnommé  Balkhi ,  comme  il  a  déjà  '  été 
dit,  à  caufe  qu'il  palla  la  plus  gran.ie  partie  de  fon  règne,  qui  fut  de  fix-vingts 
ans.  dans  la  ville  de  Balkh,  capitale  du  Khoralfan  &  de  tous  fes  Etats,  &  qu'il 
y  f.it  tué.  Selon  le  m:me  Khondemir  ,  les  Prophètes  Jeremie  ,  Daniel  &.  Ef- 
dras  furent  fes  contemporains. 

Mircond  remarque  dans  la  vie  de  Lohorasb  des  chofes  tout-à-fait  oppofées  à 
celles  qui  Ibnt  rapportées  par  les  autres  Hiftoriens.  Il  dit  entr 'autres  chofes  y 
que  Lohoi-asb  fut  reconnu  avec  difficulté  pour  Roy  ,  à  catife  de  fa  cruauté  3 
liquelle  fut  caufe  que  fon-  fils^fe  révolta  contre  luy,  à  la  follicitation  des  plus 
grands  de  la  Cour,  qui  le  foûtinrcnt  pendant  quelque  temps.  L'on  met  Zal, 
père  de  Roft.im ,  au  nombre  de  ceux  qui  s'oppofercnt  à  Loiiorasb. 

Le  même  Auteur  veut,  que  Kifchtasb  fe  (bit  refu;^ié  auprès  du  Roi  de  Tur- 
qucitan  ,  en  quoy  il  s'accorde  avec  le  Lebtarikh  &  le  Tarikh  Montekheb.  Il 
nomme  la  fille  de  ce  Rji  Catâbun  ,  &  luy  met  en  main  une  pomme  d'or,  fe- 
raée  de  pierreries  au  lieu   d'une. orange. 

LOKIiOUM.  Le  Mircat  allogat  explique  ce  mot  Arabe  en  Turc  par  celui 
de  Caoufage  &  Caoufagdih,  &  dit,  que  c'eft  un  poillbn  qui  porte  une  épée  en 
forme  de  trompe.  Les  Grecs  l'appellent  Xiphias  à  caûfe  de  cette  épée,  &  les 
Italiens  Pefce  fpada.  , 

L  O  R  &  Lbur.  Il  ne  faut  pas  confondre  le  pays  de  Lor  avec  celui  de  Lar 
ou  Lariilan,  qui  s'étend  le  long  du  Golfe  Perfique.  Celui  de  Lor  ou  Lour  ell 
montagneux  ,  &  dépendoit  autrefois  de  la  Province  nommée  Khouziftan  ,  qui 
ell  l'ancienne  Sufiane,  Ce  p:iys  s'ell  trouvé  dans  la  fuite  des  tems  peuplé  de 
de  plufieurs  colonies  de  Curdes,  de  forte  qu'il  eft  aujourd'hui  compris  dans  ce 
que  nous  appelions  le  Curdillan,  qui  fait  partie  de  l'AlTyri-c 

Le  pays  de  Lor  eft  très-abondant  en  toutes  fortes  de  fruits  :  fa  principale 
forterelfe  s'appelle  Berougierd,  laquelle,  quoique  bâtie  dans  une  plaine,  ell  plus- 
cllimée  pour  fa  force  ,  que  les  meilleures  places  qui  font  fituées  fur  les  plus 
hautes  montagnes.  Ce  château  ell  fort  proche  de  la  ville  de  Hamadan,  &  fur 
les  confins  des  deux  Iraques  Arabique  &  Perfienne. 

Ezzediû  AI  Abbaffi,.  Prince  de  la  race  des  Abbaffi.des ,   commandoit  dans  c& 

Qqq  3  payô- 


494  L    O    T    H. 

pays-là  lorfque  Tamerlan  le  conquit  ,  félon  le  rapport  d'Arabfchah  dans  la  tîe 
de  ce  Conquérant.     Voyez  le  Géographe  Perfien  dans  le  titre  de  Khuziftan. 

LOTH  ou  Louth.  Selon  le  Tarikh  Montckheb,  Loth  étoit  fils  de  Haran, 
fils  de  Tareh ,  &  par  confequent  neveu  du  Patriarche  Abraham.  Il  efl  du  nom- 
bre de  ceux  que  les  Mufulmans  reconnoiflent  pour  Prophètes ,  &  il  fut  particu- 
lièrement envoj'é  de  Dieu  pour  prêcher  la  foy  &  le  culte  du  vray  Dieu  au 
peuple  de  Sedom,  que  nous  appelions  les  Habitans  de  la  Ville  de  Sodome,  & 
.pour  les  détourner  du  detellable  péché  dont  on  dit  qu'ils  furent  les  premiers 
coupables. 

Ces  gens  impies  &  débauchez  n'ayant  fait  aucun  compte  des  remontrances  de 
Loth,  Gabriel  vint  de  la  part  de  Dieu,  &  renverfa  de  fond  en  comble  cinq  de 
leurs  villes,  &  en  fit  périr  tous  les  habitans. 

Le  mot  de  Louth  &  de  Laouth  fignifie  en  Arabe  depuis  ce  temps-là  le  péché 
de  ces  peuples,  &  ils  appellent  communément  Caoum  Louth  le  peuple  de  Loth, 
.&  encore  Lothi  ou  Louthi  ceux  qui  en  font  entachez.  Saadi  dit  que  la  fem- 
me de  Loth  s'étant  débauchée  par  le  commerce  qu'elle  eut  avec  les  Sodomites ,  fut 
eau fe  que  le  don  de  prophétie  fe  perdit  dans  la  maifon  de  Loth. 

Les  Interprètes  de  l'Alcoran  difent,  comme  les  Hébreux,  que  Loth  étoit  fils 
de  Haran,  fils  d'Azar  ou  Thareh  fils  de  Nachor,  &  neveu  d'Abraham.  Ce  Pa- 
triarche l'ayant  mené  avec  luy  lors  qu'il  partit  de  Babylone  ou  de  Chaldée  pour 
venir  en  Syrie  &  en  Palefline  ,  Dieu  le  defi:ina  pour  eftre  le  Prophète  & 
l'Apôtre  des  cinq  Villes  que  les  Arabes  appellent  Motakefdt  ,  c'eft -à-dire  , 
Renverfées. 

Ces  villes  qui  étoient  au  nombre  de  cinq,  font  nommées  par  les  Arabes  Se- 
•  douma  ,  qui  étoit  la  plus  grande  des  cinq,  Amoura,  Daoura,  Saboura,  &  Saouda. 

Loth  s'acquitta  des  devoirs  de  fa  milTion  pendant  vingt  ans ,  en  les  exhortant 
avec  beaucoup  de  zèle  au  culte  du  vray  Dieu,  leur  donnant  une  grande  hor- 
reur  du  péché  contre  nature,  duquel  ils  fe  foliilloient,  &  leur  reprochant  fou- 
vent  qu'ils  étoient  les  premiers  de  tous  les  hommes  qui  fufient  tombez  dans 
cette  abomination  qui  leur  faifoit  pervertir  entièrement  l'ulàge  des  ^qxqs-^  c'eft 
-ce  qui  elt  porté  expreflemcnt  dans  le  Chapitre  de  l'Alcoran  intitulé  Aaraf. 

Cependant  Loth  n'ayant  pu  ni  par  fes  prédications,  ni  par  les  remontrances 
qu'il  leur  faifoit  en  particulier,  rien  gagner  fur  eux  touchant  la  foy,  &  encore 
moins  touchant  leurs  mœurs,  Dieu  refolut  de  faire  foitir  Loth  &  fa  famille  d'uQ 
lieu  fi  infâme. 

Les  mêmes  Interprètes  ajoutent  que  la  femme  de  Loth  ,  qui  étoit  d'intelli- 
gence avec  les  Sodomites ,  voulut  refl:er  avec  eux  ,  &  qu'elle  fut  ainfi  envelop- 
pée dans  la  punition  exemplaire  que  Dieu  leur  fit  reflTcntir.  En  effet,  auflî-tofi: 
que  Loth  fe  fut  retiré  de  leur  ville  ,  il  furvint  une  pluye  ,  que  quelques-uns 
veulent  avoir  été  de  pierres  ^  de  cailloux  ,  &  les  autres  de  feu  &  de  foufre  , 
■  qui  les  fit  tous  périr. 

L'Hifl:oire  de  cette  funefte  cataflrophe  finit  dans  le  même  Chapitre  par  ces 
paroles  :   Voyez  quelle  a  été  la  fin  âf  /-^  peine  de  ces  pécheurs  abominables. 

Le  crime  des  Sodomites  efl;  nommé  parles  Mufulmans  Louathat,  du  nom  de 
Loth,  à  caufe  que  les  habitans  de  Sodome  &  des  quatre  autres  villes  qui  curent 
■le  même  fort,  font  nommez  dans  l'Alcoran.,  le  peuple  de  Loth,  c'eft-à-dire  le 
rp.ei!ple  auquel  Loth  fut  envoyé  de  Dieu  pour  prêcher  la  Foy  :  de  même  que 

les 


LOT    H.  4P<^ 

lC5  Aditcs  font  appeliez  le  peuple  de  Houd ,  qui  eft  Heber  ;  les  Themouditcs  le 
peuple  de  Saléh,  &  les  Madianitcs  le  peuple  deSchioaib,  qui  eft  le  même  que 
Jethro,  à  caule  que  ces  Prophètes  leur  avoient  elle  envoyez  de  Dieu  pour  les 
convertir. 

L'Hiiloire  de  Loth  &  de  fon  peuple  eft  encore  décrite  plus  amplement ,  & 
avec  des  circonftances  beaucoup  plus  particulières,  dans  le  chapitre  intitulé  Houd, 
où  il  eft  dit  qu'Abraham  dilputa  long-temps  avec  les  Anges  fur  le  fujet  des 
cinq  villes  qu'ils  dévoient  faire  périr:  car  iSIahomet  fait  dire  à  Dieu  ces  paro- 
les: /Ibraham  contejtoit  avec  71qus  forteimnt  fur  le  fujet  du  peuple  de  Luth  ^  ^  difoit 
aux  Anges  que  nous  avions  envoyez  :  l^ous  allez  ruiner  des  villes  oii  il  y  a  peut-être 
cent  perfonnes  fidellcs  dans  cJiaeune, 

Les  Anges  répondirent  alors  à  Abraham ,  que  leur  ordre  portoit ,  que  s'il  : 
s'en  trouvoit  feulement  cinquante,  ils  eufient  à  leur  pardonner.  Mais  s'il  s'y 
en  trouve  feulement  quarante  ou  même  trente,  &  en  defcendant  jufques  à  dix, 
les  exterminerez- vous,  leur  dit  Abraham?  A  quoy  les  Anges  répliquèrent:  Que 
quand  même  il  n'y  en  auroit  qu'un  feul  qui  fût  fidelle,  ils  ne  ruineroient  pas 
une  ville  entière.  Mais  Loth  y  eft  avec  fa  famille  ,  leur  dit  Abraham  ;  aufîî  ■ 
l'en  tirerons-nous  ,  répondirent  les  Anges  ,  avant  que  d'exécuter  nôtre  com- 
miflîon:  &  ne  nous  en  parlez  plus,  car  l'arreft  de  leur  condamnation  eft  donné, 
&  il  eft  irrévocable. 

Houlfain  Vaêz,  &  les  autres  Commentateurs  de  l'Alcoran,   qui  fçavent  rem- 
plir avec  leurs  glofes  les  grands  vuiJes  qui  fe   trouvent  dans   les  Hiftoires  que 
Mahomet  y  rapporte  feulement  par  lambeaux  détachez,  ajoutent  que  les  Anges 
ayant  quitté  Abraham ,  prirent  le  chemin  de  Sodome ,  &  rencontrèrent  Loth  qui 
travailloit  aux  champs  aiTez  près  de  la  ville.      Après  que  Loth  les   eut  faluez, 
comme  de  jeunes  étrangers,  &  qu'il  eut  appris  qu'ils  vouloient  eftre  fes  hôtes, 
confiderant  le  danger  qu'ils  couroient  à  caule  de  leur  bonne  mine ,  s'ils  entroienc 
dans  la  ville  ,   fut  fort  affligé  de  leur  arrivée ,   &  ne  put  s'empêcher  de  leur  ■ 
dire,  qu'ils  ne  connoilfoient  pas  bien  les  gens  du  pays  où  ils  étoient,  &  qu'ils  ■ 
dévoient  fçavoir  qu'il  n'y  en  avoit  pas  de   plus  méchans  fous  le  ciel  ;   ce  qu'il 
leur  répéta  par  quatre  fois,  la  pudeur  l'empêchant  de  leur  déclarer  plus  ouver- 
tement quel  étoit  leur  crime ,  &  les  Anges  avoient  ordre  de  Dieu  de  ne  les  point 
perdre ,  jufques  à  ce  que  Loth  eut  porté  témoignage    contre  eux   par  quatre  ■ 
di  ver  fes  fois. 

Cependant  Loth  voyant  que  fes  hôtes  ,   qu'il  ne  fçavoit  pas  encore  eftre  les 
Anges  du  Seigneur  ,  étoient  refolus  d'entrer  dans  la  ville  ,   il  les  y  conduifit  ;  . 
mais  ils  n'y  furent  pas  fi-toft  arrivez  ,   qu'ils  fe  trouvèrent  afliegez  dans  leur 
logis  par  les  Sodomites.     Ce  fut  alors  que  Loth  pour  délivrer  fes  hôtes  de  ■ 
leurs  outrages  &  fauver  l'honneur  de  l'hofpitalité  ,  voulut  bien  facrifier  les  pro- 
pres filles  à  leur  brutalité;   mais  ces  infiimes  luy   répondirent  par  ces  paroles 
du  même  chapitre  Houd;  l^ous  fçavez  que  nous  n'avons  que  faire  de  vos  filles,  âf. 
vous  n  ignorez  pas  ce  que  nous  demandons. 

Loth  fe  trouvant  ainli  prefte  par  ces  miferables ,  leur  dit  d'Un  ton  ferme  :  : 
^e  nay  pas  véritablement  affez  de  force  en  moy-même  pour  refifter  à  la  violence  que 
vous  me  faites,  mais  fay  mon  recours  au  Dieu  que  f  adore ,  cf  que  je  vous  ay  prêché 
depuis  tant  de  temps  Ji  inutilement  ,  car  c'eft  luy  qui  me  peut  fortifier  contre  vous , 
fj"  V7S  défendre  moy  âf  mes  hôtes  de  vos  outrages.  Ce  furent  ces  paroles  de  Loth 
q^ui,  firent  dire  à  Abraham j  félon  la  traditiori  JMufulmane  :  Dieu  a  eu  pitié  de  mon 

frers 


495  L    O    T    H. 

frère  Loth ,  parce  qu'il  a  eu  recours  à  îuy  dans  l'extrémité  de  fon  affliSlîon  ;  car  il 
ny  a  point  d'autre  azyle  pour  les  affligez  que  'le  recours  au  Tout  puijjant. 

C'eft  fur  ce  fujet  que  l'Auteur  du  Mcthnevi  a  compofé  ces  beaux  vers  en 
Langue  Perfienne:  L?  inarcii;  -  pied  de  fon  trône,  dit-il  parlant  de  Dieu,  qui  eji 
regardé  de  toutes  les  créatures  comme  l'objet  de  leurs  adorations  ,  doit  eftre  auj]i  coji- 
fideré  comme  un  afyle  affuré  contre  toutes  les  dfgraces  éf  calamitez  de  cette  vie.  Oui- 
conque  a  attaché  fon  cœur ,  ^  fournis  fon  efprit  à  Iuy ,  s'efl  délivré  hcureufement  de 
toutes  les  afflictions  qui   Iuy  peuvent  arriver  dans  ce  mon  le  i^  dans  l'autre. 

Les  Anges  voyant  Loth  dans  cette  grande  perplexité  ,  le  rafFeurerent  en  Iuy 
déclarant  quels  ils  étôient  ,  &  comme  Dieu  les  avoit  envoyez  pour  punir  ces 
miferables.  Ils  commencèrent  donc  à  exécuter  leurs  ordres  en  aveuglant  d'a- 
bord ceux  qui  les  tenoient  affiegez;  ce  qu'ils  firent  en  palTant  feulement  la  main 
fur  leurs  propres  vifages.  Ce  premier  châtiment  les  diflipa  d'abord  ,  &  les  fit 
crier  par  toute  la  ville,  que  les  hôtes  de  Loth  étoient  des  fo:ci.rs.  Auffi-toft 
■l3s  Anges  firent  fortir  Loth  &  les  fiens  de  leur  ville,  à  la  referve  de  fa  femme, 
complice   du  crime  de   fcs   concitoyens ,   car  elle   voulut   demeurer ,    &  périt 

avec  eux. 

Gabriel  cependant ,  le  plus  puifl^mt  de  ces  Anges ,  paiTa  incontinent  fous  les 
villes  rebelles,  &  les  éleva  de  delfus  leurs  fonJemens  jufques  à  une  telle  hau- 
teur, que  félon  ces  conteurs  de  fables,  les  habitans  du  ciel  le  plus  proche  de 
;l:i  terre  entendirent  le  chant  de  leurs  coqs ,  &  Tabboyemcnt  de  leurs  chiens. 
Ces  villes  ainfi  élevées  retombèrent  &  fe  renverferent  aufli-tofl  fur  la  terre, 
fuivant  les  paroles  du  mjme  chapitre  Giàlna  âlaiha  (lifelha,  a.in  que  la  punition 
eût  du  rapport  à  leur  crime. 

Après  le  renverfement  &  la  ruine  entière  de  ces  villes,  Dieu  fit  pleuvoir  fur 
eux  des  pierres  ardentes  cuites  aux  fournailes  de  l'enfer,  fur  chacune  defquelles 
étoit  écrit  le  nom  d'un  des  coupables,  en  forte  que  ceux-là  mêmes  qui  étoient 
hors  leur  propre  ville  en  furent  frappez. 

L'on  dit  même  qu'un  de  ces  gens-là  qui  fe  trouvoit  dans  l'enceinte  facrée  du 
tenple  de  la  Mecque  qu'Abraham  avoit  batli  ,  y  demeura  en  feureté  pendant 
quarante  jours  qu'il  y  refta;  mais  qu'auiïî-toft  qu'il  eut  mis  le  pied  dehors  il  fut 
frappi ,  (k  tué  d'ime  de  ces  mêmss  pierres  qui  étoit  demeurée  fuipenduë 
en  lair. 

'1  outes  ces  circonflances  fabuleufcs  ajoutées  à  la  vérité  de  rililloire  ,  ont 
été  inventées  pour  donner  aux  Mufulmans  plus  d'horreur  d'un  péché  qui  fut 
la  véritable  caufe  de  la  ruine  de  ces  villes.  Car  l'hiftoire  de  Loth  &  de  la  pu- 
nition des  Sodomitcs  finit  dans  le  texte  du  même  chapitre,  par  ces  paroles:  La 
peine  dont  les  habitans  de  ces  villes  abominables  ont  été  punis ,  ne  manquera  pas  de 
tomber  fur  tous  ceux   qui  outrageront  la  nature  comme  eux. 

Un  Poëte  Perfien  a  dit  fur  ce  fujet:  Lorfju'il  fe  trouve  de  ces  gens-là  qui  font 
une  fi  grande  injure  à  la  nature^  quelle  mervàlle  fi.  le  ciel  fait  tomber  fur  eux  une 
grêle  de  pierres ,•  les  pierres  ne  font-elles  pas  le  partage  des  chiens?  Ne  manquez  donc 
jamais  de  leur  en  jet  ter  ,  toutes  (f  quant  esf ois  que  vous  les  rencontrerez  fur  vôtre 
(hemin.  H.  ^.  pag.  417,  18  &  19. 

L'on  peut  voir  fur  le  fujet  du  peuple  de  Loth  les  titres  d'Abou  Obeidah , 
foupçonné  d'eftre  du  nombre  de  ces  gens-là,  &  les  Vers  qu'Abou  Naouâs,  Poëte 
.célèbre,  fit  contre  Iuy.  f^oyez  aufli  le  titre  d'Iahia  Ben  A6lem. 

LOUBL 


L  0  U  B  I. LOULOU.  49^ 

LOUBT.  Les  Arabes  appellent  ainfi  les  peuples  de  la  Lybie  intérieure,  que 
les  Turcs  nomment  Cara  Arab ,  les  Arabes  Noirs ,  à  caufe  qu'ils  font  plus  baza- 
nez  que  ceux  de  la  Lybie  extérieure,  qui  s'étend  le  long  des  côtes  de  la  mer 
Méditerranée. 

Loubiah  efl  le  paj's  que  ces  Lybiens  ou  Africains  habitent;  Nom  qu'il  ne 
faut  pas  confondre  avec  celuy  de  Loubiâ,  qui  fîgnifie  en  Arabe  ôc  en  Perfiea 
cette  efpece  de  légume  que  les  Grecs  appellent  Lobos,  les  Latins  Phafeolus,  & 
les  Italiens  Fagiolo.     Ce  font  nos  fèves  d'Aricot. 

LOUL  Ce  mot  fîgnifie  dans  la  Langue  des  Turcs  Orientaux,  ce  que  les 
Arabes  appellent  Temsâ  ,  les  Perfiens  Nehenk  ,  &  les  Cathaiens  ou  Chinois 
Tchen.    C'efl  l'animal  amphibie  que  nous  appelions  Crocodile. 

Ce  nom  eft  approprié  dans  le  Calendrier  des  Cathaiens  &  des  Iguréens ,  au 
cinquième  de  leurs  Giagh  ou  Cycles  d'années,  aufquels  ils  donnent  les  noms  de 
douze  animaux  différents. 

LOTJK  &  Lukk  ,  en  Turc.  C'efl  ce  que  les  Arabes  appellent  Lakk  ,  les 
Italiens  Lacca ,  &  nous  autres  la  Lacque.  C'efl  une  efpece  de  gomme  que  l'on 
trouve  fur  des  branches  d'arbres ,  &  même  quelquefois  fur  terre.  Plufieurs 
croyent  que  c'èfl  l'excrément  de  certaines  fourmies.  Les  Indiens  de  la  côte  de 
Maiabar  l'appellent  Caiulacca.  On  fe  fert  de  la  Lacque  dans  la  compofition 
des  couleurs  ,  mais  fur  tout  dans  celle  de  la  cire  d'Efpagne  ,  que  les  Italiens 
nomment  fouvent  Lacca,  du  nom  gênerai  de  cette  gomme. 

LOUKA  &  Mar  Louca  AI  Engili.  S.  Luc  l'Evangelifle.  Les  Mahoraetans 
le  reconnoiffent  pour  un  des  quatre  qui  ont  écrit  l'Hifloire  de  Jcfus  -  Chrifl ,  & 
difent  qu'il  n'avoit  point  vu  le  Sauveur  ,  comme  les  trois  autres  ;  mais  qu'il 
avoit  été  converti  par  S.  Paul ,  &  S.  Paul  par  S.  Barnabe.  Foyez  le  titre  d'En- 
gil  qui  eft  l'Evangile. 

Il  y  a  quelques  Auteurs  Chrétiens  de  religion,  &  Syriens  de  Nation  qui  ont 
porté  ce  nom,  &  qui  nous  ont  laillé  plufieurs  traductions  de  Livres  Grecs,  dont 
il  efl  parlé  dans  cet  Ouvrage, 

LOUKIN.  Les  Géographes  Arabes,  comme  Edrifîî,  &c.  écrivent  que  c'efl 
le  nom  d'une  ville  de  la  Chine  fituée  fur  la  côte  maritime  &  orientale  de  ce 
grand  pays.  Elle  en  efl  comme  le  premier  port,  lors  que  l'on  vient  de  fifle 
de  Senf  ou  Sinfou ,  qui  appartient  aux  Indes ,  &  qui  n'eft  éloignée  du  port  de 
Loukin  que  de  trois  courfes  de  navire,  c'efl-à-dire',  de  trois  cent  milles  d'Italie 
ou  de  cent  lieues  Françoifes.  * 

LOULOU,  une  perle.  Ce  mot  Arabe  vient  de  Lalâ ,  qui  fîgnifie  Lueur, 
&  Eclat.  Du  mot  de  Loulou  fe  forme  celuy  de  Louloui ,  &  de  Lala  celuy  de 
Ladl,  qui  fignifient  tous  deux  celuy  qui  fait  trafic  de  perles. 

Aboubeker  Al  Thabari  fut  furnommé  Al  Louloui,  à  caufe  du  trafic  de  per- 
les  qu'il  faifoit.  Ce  fut  pourtant  un  Auteur  célèbre  qui  nous  a  laiflé  plufieurs 
'Ouvrages ,^&  entr'autres  le  Ketâb  Al  Afchraf,  le  Livre  des  Gens  de  qualité,  ou 
4cs  Honnêtes  gens,  qui  contient  les  plus  beaux  préceptes  de  la  Morale. 

Tome  IL  Rrr  LOUS, 


49«  L  O  U  S.  L  U  T  H  F  A  L  L  A  H. 

LOUS,  nom  d'une  très-haute  montagne  qui  commande  la  ville  de  Haflek, 
fituée  vis-à-vis  le  Golpiic  appelle  par  les  Arabes  Gioun  Al  Hafchifch.  Le  Gol- 
phe  des  Herbes  ,  dans  le  quartier  de  l'kmen ,  qui  porte  le  nom  particulier  de 
Hadramouth,  c'ell  la  Province  Hadramythene  dans  TArabie  Heureufe. 

L  O  U  T  O  U  R I A  H.  Mot  que  les  Ai-abes ,  Perfans  &  Turcs  ont  corrompu  du 
mot  Grec  Leitourgia,  de  même  qu'ils  ont  fait  de  Cheirotonia  celuy  de  Schar- 
toniah,  qui  fignifie  l'Ordination. 

Loutouriah  eft  chez  ces  Orientaux  ce  que  nous  appelions  la  Liturgie ,  ou  la 
Meire.  Ce  dernier  mot  a  auflî  été  corrompu  par  les  Turcs  en  celay  deNamas, 
lequel  peut  venir  aufll  du  Grec  Nomos ,  la  Loy ,  &  la  Règle. 

LUIS.  C'cft  ainfi  que  les  Turcs  appellent  Louis  Second,  Roy  de  Bohême 
&  de  Hongrie,  fils  de  Ladiflas,  Roy  aufîi  de  Bohême  &  de  Hongrie,  <Sc  petit-fils 
de  Cafimir ,  Roy  de  Pologne  de  la  lignée  des  lagellons. 

Ce  Prince  ayant  donné  bataille  à  Soliman  Sultan  des  Turcs  près  de  la  ville 
de  Mohatz ,  la  perdit,  &  fut  étouff'é  dans  un  marais  oii  fon  cheval  l'engagea 
l'an  932  de  l'Hegire,  &  i5'25  de  J.  C.  On  attribue  cette  défaite  de  Louis  à 
la  négligence  du  Comte  Jean  de  Cepufe,  Palatin  ou  Vaivode  de  Tranfylvanie  ?. 
.qui  n'arriva  pas  afl'ez  à  temps  pour  joindre  fes  troupes  à  celles  du  Roy. 

La  viftoire  que  remporta  Soliman  avoit  été  précédée  de  la  prife  qu'il  avoit 
faite  du  Grand  Varadin ,  &  fut  fuivie  de  celle  de  Bude ,  d'où  il  enleva  un  très- 
grand  nombre  d'efclaves.  Le  même  Soliman  donna  fa  proteéllon  à  Jean  de 
Cepufe ,  qui  fut  élu  Roy  de  Hongrie  &  de  Bohême  après  la  mort  de  Louis. 

Louis  mourut  âgé  feulement  de  vingt  &  un  an  ,  après  avoir  époufé  Marie , 
fœur  de  Charles -Quint  &  de  Ferdinand,  Empereurs,  de  laquelle  il  ne  laifla 
point  d'enfans.  C'eft  ce  qui  donna  lieu  à  Ferdinand ,  qui  avoit  époufé  Anne 
fa  fœur  ,  de  fe  faire  élire  &  couronner  Roy  de  Bohême  &  de  Hongrie ,  & . 
de  chafl'er  Jean  Zapoglia,  Comte  de  Cepufe  fon  compétiteur,  de  ces  deux 
Royaumes. 

U  ne  faut  pas  confondre  ce  Louis  Second  du  nom  avec  Louis  Premier  du 
nom,  Roy  de  Hongrie  &  de  Pologne,  qui  étoit  de  la  Maifon  Royale  d'Anjou, 
&  qui  fut  beau-pcre  de  l'Empereur  Sigifmond,  Roy  de  Bohême  &  de  Hongrie. 

Les  Arabes  ne  donnent  point  aux  Rois  de  France  qui  ont  porté  le  nom  de 
Louis,  &  qui  ont  fidt  la  guerre  dans  la  Terre  -  Sainte ,  le  nom  de  Luis,  mais 
le  nom  gênerai  de  Redefrans ,  mot  corrompu  de  l'Italien  Ré  di  Francia.     S.  Louis, 
même  n'efl  point,  autrement  nommé  par  Ben  Schohnah  ,  par  Aboiilf^irage  ,  ni 
par  les  autres. 

LUTHFALLAH.  Surnom  du  fils  de  Vagieddin  MafTôud,  qui  eft  le  dixiè- 
me Prince  de  la  Dynallie  des  Sarbedariens.     P'oyez  le  Titre  de  cette  Dynaftie. 

Ce  mot  de  Luthfallah ,  qui  fignifie  la  grâce  de  Dieu ,  fcrt  de  prénom  à  plu-  . 
fleurs  pcrfonnages,  comme  à  Halimi  >  Auteur  d'un  Diélionnaire  Peifien  expliqué  ; 
en  T^rc,  &  à  d'autres. 


MABAMONDl 


Pag.  49>> 

MABAMONDI. —  MABSUTH. 


*<5*^*  ABAMONDI  &  Mapamondi  en  Arabe,   Perfien  &  Turc ,  eft  un 

C\/f  %  mot  pris  de  l'Italien  Mappamondo ,  Charte  de  Géographie.  Les  mêmes 
^  Orientaux  l'appellent  auffi  Kharthi  &  Kharthas  ,  &  tous  ces  mots  fe 
^%^^  prennent  fouvent  pour  l'art,  &  pour  un  livre  de  Géographie.  Le  mot 
de  Kharthi  eft  le  plus  fouvent  employé  pour  fignifier  une  Charte  Marine. 
Foyez  Kharthi  &  Kharthas. 

MA'BAR.  Paj's  des  Lndes  fitué  au  troifième  Climat,  félon  les  Géographes 
Arabes.  Ce  mot  fignifie  en  Arabe  ,  Paiïage  ,  comme  fi  c'étoit  Je  pafiage  des 
Indes  à  la  Chine.  On  pourroit  foupçonner  que  c'eft  le  Malabar  ;  mais  nos 
Géographes  le  placent  entre  le  huitième  degré  de  latitude  Septentrionale.  Foyez 
Mibar. 

Edriflî  a  marqué  dans  le  premier  climat  de  fa  Géographie  une  Ifle  nommée 
Mabath,  proche  de  celle  de  Kalad  dans  la  mer  des  Indes. 

MAREDBENKHALED,  furnommé  Al  Gioni,  Doreur  Arabe  ,  Auteur 
de  la  feéle  des  Cadariens  ,  qui  admet  le  franc  arbitre  &  la  liberté  de  l'homme 
dans  toutes  fes  aélions ,  contre  le  fentimcnt  le  plus  commun  &  le  mieux  receu 
parmy  les  Mufulmans,  qui  foûtiennent  la  premotion  ou  predetermination  phyfi- 
que,  qu'ils  expliquent  en  difant  que  nos  aéiions  fe  doivent  abfolument  rappor- 
ter à  Dieu ,  parce  que  c'eft  luy  qui  crée  en  nous  ;  &  Mabed  tenoit  au  contraire 
que  les  aftions  des  hommes  fe  dévoient  rapporter  aux  hommes  mêmes  qui  en 
font  les  maîtres.  Ce  Dofteur  fut  pouffé  par  fes  collègues  &  déféré  à  Hcgiage, 
Gouverneur  de  la  Ville  &  Province  de  Baflora ,  qui  le  fit  mourir.    Foyez  Giohni. 

MABERDIN.  Les  Cathaiens  appellent  ainfi  la  plante  que  nos  Botaniques 
nomment  Anthora ,  qui  eft  l'antidote  du  Napel.  Les  Arabes  &  les  Pcrfans  luy 
ont  donné  le  nom  de  Geduar  &  Zcduar,  d'où  s'eft  formé  celuy  des  boutiques 
Zedoaria.  Mais  il  faut  remarquer ,  que  nôtre  Zedoaria  n'eft  pas  la  véritable ,  ni 
celle  dont  nous  parlons;  mais  une  plante  différente  que  les  Arabes  appellent  en 
leur  langue  Zurunbad. 

MABLUL  Surnom  de  Jofef  Ben  Hegiage  Andaloufi ,  Do61:eur  Arabe  ,  natif 
d'Efpagne,  qui  a  compofé  un  Livre  intitulé  en  Arabe  Ulf  al  Mohadherât,  c'eft-à- 
dire ,  de  la  manière  de  conférer  &  de  difputer  fur  les  matières  conteftées  par 
les  Dofleurs  Mufulmans.  Cet  Auteur  eft  fouvent  cité  fous  le  nom  d'Ebn  al 
Scheikh,  c'eft-à-dire  ,  le  fils  du  Doéleur,  ou  du  Vieillard. 

MABSU'TH.  Ouvrage  de  Bezdâvi  en  onze  volumes.  Ce  mot  en  Arabe 
fignifie  Eftendu  &  s'oppofe  à  MokhtafTar  qui  fignifie  un  Abbregé.  f^oysz  le  titre 
«Je  Bezdavi. 

Rrra  MACALAÏ 


500  M  A  C  A  L  A  T.  M  A  C  A  N. 

MACALAT  al  fafliat.  Méthode  de  guérir  ceux  qui  ont  été  mordus  par 
des  bêtes  venimeufes  ou  qui  ont  été  empoifonnez  d'Abu  Amran  Miifla  ,  ai 
Ifraeli,  al  Corthobi.    C'eft  Moyfe,  ais  de  Maiemon.  B.  R.  n^.  864. 

MACALAT  Abd  Ifla  Ben  Ifhak  Ben  Zgràt,,  Traité  de  Médecine.  Toj'î^ 
Zeraat* 

MACxA-LAT  Arillatalis  fi  tcdbir.  Les  Oeconomiques  d'Ai'iflote  traduits  en 
Arabe.  B.  R.  n^.  792. 

MAC  A  MAT.  AfTemblées  &  Converfations ,  Lieux  communs  &  Pièces  d'E- 
loquence  ou  Difcours  Académiques,  qui  le  recitent  dans  les  compagnies  de  gens 
de  lettres.  Cette  manière  de  reciter  dans  les  aflemblées  des  Ouvrages  en  profe 
&  en  vers  efl  auffi  fréquente  parmy  les  Orientaux,  qu'elle  étoit  autrefois  chez 
les  Romains,  &  qu'elle  eft  encore  aujourd'huy  dans  nos  Académies.  Les  Ara- 
bes ont  plufieurs  livres  qui  contiennent  de  ces  fortes  de  dilcours  ,  qui  pafTent 
parmy  eux  pour  des  chef-d'œuvres  d'éloquence.  Hamadani  a  été  le  premier  qui 
en  a  publié  ,  &  fon  Ouvrage  eft  intitulé  Macamât  Badî  alzaman  ;  c'efl-à-dire , 
les  Lieux  communs  ou  les  Difcours  du  plus  éloquent  homme  de  fon  ficelé  ;  car 
cet  auteur  en  fat  furnommé  le  Miracle. 

Abulcaflem  al  Hariri  l'a  imité,  &  même,  félon  le  fentiment  de  plufieurs,  fur- 
palTé,  enforte  que  Zamakhfchari,  le  plus  do6le  des  Grammairiens  Arabes,  dit  que 
fon  Ouvrage  ne  doit  être  écrit  que  fur  de  la  foye.  Plufieurs  Auteurs  l'ont 
commenté  ,  entre  lefquels  Schirazi  &  ModhafFeri  tiennent  le  premier  rang.  Ces 
deux  Auteurs  font  dans  la  B.  R.  &  le  dernier  eft  auffi  dans  celle  du  G.  Duc.  . 

Macamât  Al  Kamâs  font  auffi  intitulez  Riadh  al  azhàr,  les  Parterres  de  fleurs, 
ce  font  dix  difcours  Académiques  dont  le  dernier  qui  portoit  le  nom  de  San- 
giar  Sultan  des  Sclgiucides ,  n'a  pas  été  achevé  par  fon  Auteur  furnommé  AI- 
laouas.  Il  fe  trouve  en  la  B.  R.  n".  1149,  auffi  bien  que  ceux  de  Soiuthi  qui 
font  au  nombre  de  29  &  portent  les  noms  de  fleuris,  dorez,  azurez,  mufquez;, 
au  lieu  que  ceux  de  Hariri  prennent  le  leur  des  lieux  où  ils  ont  été  pronon- 
cés; car  le  premier  eft  intitulé  de  Sanaa,  ville  capitale  de  l'Iemen ,  &  le  demie!: 
qui  eft  le  cinquantième ,  de  BaiTora ,  ville  de  la  Chaldée ,  fituée  h  l'embouchure 

du  Tigre. 

Il  •  y  a  auffi  des  Macamât  de  Nakhfchbendi ,  furnom  qui  fignine  le  Peintre  ;  & 
de  plufieurs  autres  qui  n'ont  pas  approché  de  l'élégance  ni  de  la  pohteffe  de 
Hamadani  &  de  Hariri.    l^oyez  les  titres  de  ces  deux   Auteurs. 

On  prononce  fouvent  Mecamàt  au  lieu  de  Macamât,  &  comme  ce  mot  figni- 
fie  auffi  en  Arabe  les  Tons  de  la  Mufique,  il  y  a  des  livres  de  cet  art  qui  en 
portent  le  tjtre. 

MACAN.  Roy  de  Ghilan  &  de  Dilem ,  de'  la  race  des  Princes  que  VoTh 
nomme  Dilemites  à  caufe  qu'ils  ont  régné  dans  les  Provinces  qui  s'étendent 
fur  le  bord  méridional  de  la  mer  Cafpienne. 

Ce  fut  à  la  Cour  de  ce  Prince  qu'Amadeddulat,  chef  &  fondateur  de  la  dy- 
naftie  des  Buides  ,  jetta  les  premiers  fondemens  de  fa  fortune.  Macan  avoit 
remporté  plufieurs  viftoires  fur  fes  voifins  &  avoit  par  ce  moyen  aggrandi  confi- 
derablemcnt  fes  Etats;  mais  ayant  attaqué  Natfjr,  Sultan  des  Samanidcs,  qui  étpit 
beaucoup  plus  puiiTant  que  luy  ,  il  fut  enfin  défait  &  tué  dans  une  bataille 
"~     .  "  qu'Ali. 


M  A  C  A'  R; M  A  C  R  A'  N.  50Ï 

qu'Ali  {ijrnommë  Asfar  Ben  Schiriiich  ,  General  des  troupes  du  KhorafTan,  gagna 
fur  luy,  Fan  de  THcgire  329.  Ali  après  avoir  vaincu  Macan,  commanda  à  l'on 
Secrétaire  d'en  donner  part  à  MalTcr  fon  maître ,  le  plus  fuccinteraent  qu'il  pour- 
roit.  Le  Secrétaire  ne  mit  que  trois  mots  Arabes  dans  fa  lettre,  lefquels  ligni- 
fioient,  que  Macan  étoit  devenu  ce  que  fon  nom  portort  ;  le  mot  Macan  fignifie 
en  Arabe:  II  n'efl  plus;     Tarikh  Kbzideh,     Foyez  Dilemitea 

MACAR.  Macaire.  Abu  Macan,  c'eft  faint-Macaire  ,  &  le  Monaftere  ou 
plûtofl  le  defert  dans-  lequel  ce  Patriarch.e  des  Moines  en  fonda  plulieurs,  que 
l'on  appelle  encore  aujourd'huy  le  Defert  de  faint  Macaire.  Voyez  Abu  Macar. 

MACCABIUN.  Les  Maccabées.  Ketab  al  Maccabiin.  Le  Livre  des  Mac- 
Cabées.  Hiftoire  de  Jofef  Ben  Gorion  en  Arabe  traduite  de  fHebreu  qui  fe 
trouve  fous  ce  titre  dans  la  Bibliothèque  Royale  &  dans  la  Bibliothèque  du  G.  D. 
n°.  6.  où  il  ell  joint  à  quelques  livres  de  l'ancien  Teflament  qui  ont  été  tra- 
duits en  Arabe  pour  l'ufage  de  l'Eglife  d'Alexandrie.  Ce  livre  des  Maccabées  eft 
attribué  à  Joleph  1  Hiflorien  ,  ce  qui  diminue  beaucoup  fon  authorité  ,  parce 
qu'ils  ne  pourroient  avoir  elle  compris  dans  le  fécond  Canon  des  Livres  làcrés 
que  Ton  croit  avoir  été  fait  par  ElHras. 

La  mère  des  Macabées  Martyrs  ,  félon  la  tradition  des  Orientaux  rapportée 
par  Abulfarage  ,  fe  nommoit  Afchmunah  ou  Schamunah.  Ce  mot  a  été  em- 
prunté de  l'Hcbreu  Khafchmanim  ou  Khafchmonim,  lequel  fignifiant  des  Grands 
ou  des  Princes,  a  été  donné  aux  Maccabées,  Princes  &  Rois  de  leur  nation, 
d'où  les  Grecs  &  les  Latins  ont  formé  celuy  d'Afmonéens.  Les  corps  de  ces 
Martyrs  furent  tranfportez  de  Jcrufalem  en  Antiocha  où  les.  Chrétiens  leur  ont 
bâci  une  Eglife. 

MACDONIA.  La  Macédoine,  que  les  Turcs  appellent  auffi  Filiba  Vilaieti 
à  caufe  de  la  ville  de  Philippolis  qui  en  efl;  comme  la  Capitale. 

MACD0NIU5.  Maccdonius,  Patriarche  de  Conflantinople ,  condamné 
dans  le  fécond  Concile  Oecuménique,  pour  avoir  foûtenu  ,  que  le  faint  Efprit 
étoit  une  pure  créature  ;  il  tint  le  fiege  dix  ans ,  félon  ]aQn  Batrik. 

MACDOSCHO  &  Macdafchu.  Ville  fituée  entre  l'Ethiopie  &  le  Znngue- 
bar  fur  la  cofle  Orientale  d'Afrique  proche  de  l'embouchure  d'un  fleuve  qui 
prend  fa  fource  aux  pieds  des  montagnes  de  la  Lune  auffi-bien  que  le  Nil,  Ca 
fleuve  déborde  au  folflice  d'Efté  ,  de  même  que  le  Nil  d'Egypte  &  que  celuy 
des  Nègres  ;  de  forte  que  c'efl  comme  un  troifième  Nil  qui  prend  fon  cours 
vers  l'Orient,  &   qui   fe  décharge  dans  la  mer  d'Oman. 

La  ville  de  Macdofcho  ell  au  deçi"!  de  la  ligne ,  &  ell  habitée  par  des  Maho> 
mctans  qui  s'y  font  établis  du  tems  des  Khalifes  d'iEgypte.    Geogr.  Perfien. 

MACRA'N.  Province  du  Royaume  de  Perfe  tel  qu'il  eft  aujourd'huy,  qui 
s'étend  le  long  des  bords  de  la  mer  de  Perfe  ou  des  Indes ,  hors  du  golphe 
Pei-fique.  Elle  a  du  côté  de  l'Occident  la  Province  de  Kcrman  ,  &  à  l'Orient 
celle  de  Segeftan  qui  la  fepare  des  Indes.  Quelques  Géographes  Orientaux  la 
comprennent  même  dans  les  Indes  ;  car  elle  eft  bornée  par  le  fleuve  Indus  j 
dont  un  bras  .paffe..au  pied  da.fes  montagnes.    Son  terroir  eft  fortftcrile  &  n'a 

Rrr  3  point 


502  M  A  C  R  I  Z.  M  A  C  S  U  R  A  H. 

point  d'autres  villes  confidérables  que  Tiz ,  Kenge  &  Deibul ,  qui  font  toutes 
trois  entre  les  98  &  102  degrez  de  longitude.  Deibul  en  a  25  degrez  &  10  mi- 
nutes de  latitude  Septentrionale,  Tiz  26  degrez  &  55  minutes,  &  Kenge  28  de- 
grez ,  félon  les  Tables  Arabiques. 

MACRIZ.  Nom  d'un  quartier  de  la  ville  de  Baalbek  en  Syrie,  d'oii  étoit 
natif  un  Hiltoricn  célèbre,  nommé  Takieddin  Ahmed,  plus  connu  fous  le  fur- 
nom  de  Macrizi. 

Cet  Auteur  naquit  l'an  769  de  l'Hegire  &  mourut   l'an   840  ou  845.     Il   a 
•travaillé  particulièrement  fur  l'Hifloire  d'Egypte,  fur  laquelle  il  a  compofé  plu- 
ficurs  volumes  fous  divers  titres. 

Le  premier  eft  Muâcdh  v  Etebar  be  dekhr  al  Khathath  v  al  athûr. 

U  eft  divifé  en  fept  Traitez  : 

Le  premier,  de  la  Terre  d'Egypte  &  des  Revenus  qu'elle  rend. 

Le  deuxième,  de  fes  Habitans, 

Le  troifième,  de  l'ancienne  Babylone  d'Egypte  ,  qui  fut  depuis  appellce  par 
les  Arabes  Fufthath. 

Le  quatrième,  de  la  Ville  moderne  du  Caire. 

Le  cinquième,  des  Changemens  qui  font  arrivez  au  Caire. 

Le  fixième,  du  Château  du  Caire  &  des  Princes  qui  y  ont  fait  leur  féjour. 

Le  feptième,  des  chofes  qui  ont  caufé  la  ruïne  de  l'Egypte. 

Macrizi  écrivit  enfuite  l'Hiftoirc  des  Gouverneurs  de  l'Egypte,  fous  les  Kha- 
lifes AbbalTides  &  celle  des  Khalifes  Fathemites,  qui  y  régnèrent,  fous  les  titres 
d'Akd  al  giavaher  &  d'Alfadh  alhona.  Ces  deux  ouvrages  furent  fuivis  de  l'hif- 
toire  des  Rois  ou  Sultans  Curdes,  c'eft-à-dire  ,  de  Saladin  &  de  fa  pofteritc, 
puis  de  celle  des  Sultans  Turcomans  &  Lircaffiens,  appeliez  communément  Mam- 
lucs,  depuis  l'an  558  jufqucs  en  l'an  845  de  l'Hagire. 

Cet  ouvrage ,  qui  contient  pluOeurs  volumes  ,  eft  intitulé  Soluk  fi  mârefat 
Daval  V  almoluk  ,  &  fut  continué  par  Badreddin  al  Aini  ;  mais  cet  Auteur  fit 
tant  de  fautes,  qu'un  autre  Macrizi,  nommé  Gemaleddin  Al  Caheri ,  fut  obligé 
de  travailler  à  la  même  continuation  ,  qui  porte  le  titre  de  Havadeth  al  zohiir 
fi  beda  alaium  val  fchohûr. 

On  accule  Ebn  Hagiar,  autre  Hiftoricn  illuftre  d'Egypte,  d'avoir  pris  beau- 
coup de  chofes  de   Macrizi,  fans  l'avoir  cité. 

Nous  avons  encore  une  hiftoire  du  Temple  de  la  Mecque,  compofée  par  Ma- 
crizi ,  qui  porte  le  titre  de  Efchurat  v  Elam  bina  al  Câbah  alhardm.  Ce  même 
Aut:ur,  ou  fon  neveu  qui  porte  le  même  furnom  de  Macrizi,  a  compofé  deux 
ouvraf^es  ,  qui  contiennent  la  defcription  Géographique  de  l'Egypte  &  la  To- 
pographie du  Caire,  l^oyez  les  titres  de  Mavald  &  de  Agathat  alomnat  be  Kafchf 
al  gemmât  &  celuy  d'Ezalat  al  taab  v  alani,  fur  une  autre  matière.    , 

MA  es  A  D  al  gelil  fi  elm  alkali  Calîîdah  d'Ebn  Ageb  fil  aroudh  ou  al  Caouafi- 
Il  eft  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n^.  1060. 

M  A  es  UR  A  H.  Lieu  feparé  dans  les  Mofquées  des  Mahometans  où  fe  pla- 
cent les  Princes  pour  aflîfter  aux  prières  publiques.  Ce  lieu  eft  ordinairement 
f<îrmé  de  rideaux;  &  c'eft  de-là  que  les  Espagnols  ont  introduit  dans  les  Egli- 
fas  ce  qu'ils  appellent  la  Cortina ,  qui  eft  faite  en  tour  de  ht ,   &  dans  laquelle 

s'en- 


MACZARAT.  M  A  D  A  I  N.  505 

s*enferment  les  Rois ,  Princes ,  Vicerois ,  Gouverneurs  &  AmbaHadeurs  d'Efpa- 
gne,  pour  affilier  au  fervice  divin. 

MACZARAT  alfddan.  Café  ou  habitation  des  Nègres:  Maifon  grande, 
fpatieufe  &  forte  à  leur  manière ,  où  ils  fe  retirent  pour  fe  garantir  ^^es  incur- 
fions  de  leurs  ennemis.  Edriffi  en  fait  fouvent  mention  dans  le  premier  climat 
de  fa  Géographie  ;  mais  il  femble  qu'il  faille  plutôt  lire  Macfarat  ,  ou  que  le 
mot  de  Maczarat  foit  ufité  par  corruption  dans  le  pays  de  ces  Nègres,  qui  ha- 
bitent dans  rintcrieur  de  l'Afrique  fur  le  Niger  ou  Nil  Occidental. 

MA'Dr  fils  de  Gebâl.  Vo'jez  Mofuli  ou  MuIH)!!  dans  le  titre  de  Salat  ou 
de  la  prière. 

M  AD  A  IN.     Ville  de  TErac  Bab.vlonienne  ou  Chaldce,  fituée  fur  le  Tigre 
au  midy  de  Bagdet,  dont  elle  n'ell  éloignée  que  d'une  journée  de  chemin.  Les 
Tables  Arabiques  lui  donnent  72  degrez  de  longitude  &  33    degrez  10  de  lati-^ 
tude  Septentrionale;  mais  il  y  a  faute  &  il  faut  hre  79  degrez  au  lieu  de  72  , 
car  Bagdet  eft  à  80  degrez  de  longitude. 

Quelques  Géographes  Arabes  écrivent ,    qu'elle  a  tiré  fon   nom  de  Madain  ,  . 
frère  de  Madian  ,  qui  étoient  tous  deux  enfans  d'Ifmael  ;   mais  il  eft  plus  vrai- 
femblable  que  le  nom  de  Madain  ,  qui  fignitie  en  Arabe  deux  villes  ,  lui  a  été 
donné    ou  à   caufe  de  fa   grandeur  ,    ou  parce  qu'elle  étoit  bâtie  fur  les   deux- 
bords  du  Tigre  ,   &  paroilToit  comme  deux  villes  qui  n'étoient  jointes   que   par 
un  pont  ;  c'eft  ainiï  que  la  Capitale  d'Egypte  fut  nommée  Mefraim  ou  Mifraira  : 
auffi-bien  que  l'Egypte  même  ,  au  nombre  duel ,  à  caufe  qu'elle  s'étendoit  fur  ■ 
les  deux  rives  du  Nil.     l^oytz  ce  titre. 

Nos  Géographes  modernes  prétendent ,  que  cette  ville  eft  l'ancienne  Ctefi- 
phon  ;  mais  les  Hiftoriens  Perfiens  veulent ,  que  Schabur  ou  Sapor  ,   furnommé 
Dhoulaktâf ,  c'eft-à-dire ,  aux  épaules,  l'ait  fondée  fous  le  nom  de  Madain  ,   &- 
que  Kofroes,  furnommé  Noufchiruan,  l'ait  augmentée  notablement  &  embellie 
d'un  fuperbe  Palais ,  qui  a  pafie  pour  l'ouvrage   le  plus  magnifique  de  tout  l'O-  - 
rient.     Ce  Palais ,  que  les  Orientaux  appellent  Thak  Kefra  en  Arabe ,  ou  Thak 
Khofru  en  Perfien,  c'eft-à^dire,  la  voûte,  ou  le  dôme  de  Kofroës,  fut  pillé  av-cc  la 
ville,  l'an  16  de  l'Hegire,  par  Sâad,  Général  du  Khalife  Omar;,  après  qu'il  eut 
remporté  la  victoire  fur  les  Perfans  dans  la  fameufe  journée  de  Cadefie.     Les  - 
Arabes  trouvèrent  dans  ce  pillage  le  trône ,  la  couronne  ,   le  tapis  &  l'étendart 
royal  des  Rois  de  Perfe  ,   qui  étoient  d'un  prix  ineftimable ,   avec  des  magafms  ■ 
de  Camfre  odoriferante  ,   que  l'on  brûloit  pour  éclairer  &  parfumer   en   môme 
temps  ce  Palais.    Et  Fen  Schohnah  rapporte  ,  que  les  Mufulmans  furent  fi  fur-  - 
pris  à  la  vûë  de  tant  de  richefles ,  qu'ils  s'écrièrent  :  Voicy  l'effet  des  proraef- 
les  que  Dieu  nous  a  faites  par  la  bouche  de  fon  Prophète;  car  quelques-uns  de 
leurs  Dofteurs  ont  écrit ,   que  JVlahomet   frappant  avec  une  malle  de   fer   une 
roche  qu'il  falloit  brifer,  pour  continuer  le  retranchement  qu'il  faifoit  faire  con-- 
tre  fes  ennemis,  excita  un  feu  fi  lumineux  ,  qu'il  fit  voir  aux  habitans  de  Me- - 
dine  les  voûtes  du  Palais  de  Madain,  &  qu'il  leur  en  promit  Ja  conquête. 

Khondemir  rapporte  dans  la  vie  d'Abugiafar  Almanfor,  fécond  Khalife  de  la  ■ 
Maifon  des  Abbaffides ,  que  ce  Prince  ayant  entrepris  de  bâtir  Bagdet  &  fon.  ' 
château,  command.a  que  Ken  démolit  le  Palais  de  Kbofroës,  pom- en-. employer 

les- s 


5^4 


M  A  D  A  I  N  I.  M  A  DR  A  S  S  A  H. 


les  pierres  à  la  flruflure  de  fa  nouvelle  ville.  Son  Vizir  luy  difluada  ce  def- 
fein,  &  luy  dit,  que  la  démolition  d'un  ouvrage  fi  folide  ne  fe  pouvoit  faire 
fans  un  miracle  qui  étoit  refervé  au  Prophète  ,  &  que  l'on  pourroit  luy  repro- 
cher un  jour ,  qu'il  n'auroit  pas  eu  allez  de  puiiïance  pour  faire  un  nouveau 
bâtiment .,  fans  en  ruiner  un  ancien.  Almanfor  ne  lailla  pas  ,  nonobftant  cet 
avis,  de  perfifter  dans  fa  réfolution  ,  &  employa  un  très -grand  nombre  d'ou- 
vriers pour  exécuter  Ces  ordres  ;  mais  ce  fut  inutilement ,  car  la  dépenfe  &  la 
difEculté  croilloient  tous  les  jours  de  telle  forte  ,  qu'il  s'ennuya  à  la  fin  de  la 
longueur  de  cette  entreprife  ,  .  &  défendit  que  l'on  continuât  ce  travail.  Son 
Vizir  luy  dit  alors ,  qu'il  n'étoit  plus  temps  d'abandonner  ce  qu'il  avoit  com- 
mencé; car  en  le  faifant  la  pofterité  auroit  fujet  de  dire,  qu' Almanfor  avec  tout 
fon  pouvoir,  n'auroit  pu  renverfer  ce  qu'un  autre  Prince  avoit  élevé.  Un  Poè- 
te Pcrfien  fit  un  diftique  fur  ce  Palais ,  dont  voicy  le  fens  :  Voyez  la  récom- 
penfe  que  l'on  reçoit  d'un  ouvrage  excellent ,  puifque  le  tems ,  qui  confume 
toutes  chofes ,  a  épargné  jufques  à  préfent  le  Palais  de  Khofroes. 

M  AD  AIN  1.    Auteur  d'un  livre  des  Stratagèmes,  intitulé  en  Arabe  Mckajd 
V  al  hial. 

M  ADFîADH,  fils  d'x^mru  ,  Fat  père  d'une  fille  qu'Ifmacl ,  fils  d'Abraham, 
'ëpoufa,  après  qu'il  fe  fut  éiabli  dans  l'Arabie.  Ifmael  eut  de  cette  femme  un 
fils  nommé  Thabeth ,  qui  luy  fucceda  dans  la  Principauté  de  la  Province  de  He- 
giâz  &  de  la  ville  de  la  Mecque ,  qui  en  étoit  la  capitale.  Mais  ayant  laiflTé, 
après  fa  mort ,  des  enfans  en  bas  âge  «Se  hors  d'état  de  recueillir  la  fucceflion 
de  leur  père,  Madhadh  s'empara  de  leur  Etat ,  &  régna  à  la  Mecque  &  aux 
environs ,  jufques  à  ce  que  les  defcendans  d'Ifmael  rentrèrent  dans  la  pofTefîîon 
de  cette  ville,  ce  qui  n'arriva  que  long-tems  après.   Ben  Khuandfchah. 

MA'DI  Karb.  Un  des  plus  vaillans  hommes  d'entre  \q^  Arabes,  qui  vivoit 
fous  le  règne  da  Khalife  Omar,  premier  du  nom.  Il  avoit  une  épée  la  plus 
célèbre  de  tout  l'Orient  ,  qui  portoit  le  nom  de  Samfam.  Omar  luy  demanda 
de  luy  envoyer  fon  épée  ,  &  l'ayant  reçue  &  éprouvée, ^il  luy  écrivit,  qu'il 
ne  luy  fembîoit  pas  qu'elle  répondit  à  fon  attente.  Maadi  Karb  répondit  à  Omar 
en  ces  termes  :  Je  vous  ai  envoyé  l'épée  ;  mais  non  pas  le  bras  qui  s'en  fert, 
&  vous  fçavez  le  proverbe  des  Arabes  qui  porte  ,  que  l'épée  efi;  félon  celuy 
qui  la  manie. 

Cette  épée  vint,  par  fucccITion  de  temps,  entre  les  jnains  du  Khalife  Abu- 
■giafar  Almanfor  ,  &  fon  tranchant  étoit  fi  excellent  ,  que  ce  Prince  en  coupa 
pluficurs  excellentes  lames,  que  Ton  luy  avoit  envoyées  de  divers  pays.  Voy&z 
•Samfam. 

MADRASSAK&  Medrefieh.  Collège  bâti  pour  l'étude  àQS  fciences  par  les 
Mufulmans.     On  ne  parlera  ici  que  des  plus  célèbres. 

Malek-fchah  ou  Melikfchah  ,  Sultan  des  Selgiucides ,  fit  bâtir  à  Bagdet  celuy 
f]ui  porte  le  nom  de  IVIadraffat  al  Hanifiat ,  où  l'on  enfeignoit  le  Droit  &  la 
Théologie  Mufulmane,  félon  les  principes  &  les  fentimens  du  Dofleur  Abu  Ha- 
jiifab,  &  fon  Viiir,  nommé  Nezâm  al  mulk,  fonda  celuy  qui  porte  le  nom  de 
^jadradàt  al  Nadhamiat  ou  Nezamiat.  ' 

.Mollanfer  Khalife,  qui  commença  l\  régner  l'an  623  de  l'Hcgire ,  en  fit  bâ- 
tir 


M  A  G  D  E  D  D  I  N.        M  A  G  D  E  D  D  U'  L  A  T.        505 

tir  un  dans  la  m5me  ville ,  qui  furpafTa  en  magnificence  tous  les  autre!^.  11  y 
établit  quatre  ProfefTeurs  pcxir  les  quatre  feclcs  principales  du  MufuImanifiTic, 
qui  avoient  chacim  foixante  &  quinze  écoliers  entretenus  de  toutes  chofes.  Ce 
Collège  portoit  Je  nom  de  Moftanferiah. 

Mohammed,  fils  de  Mclikfchah  ,  en  fit  conftruire  un  à  Hirpahan  avec  beau- 
coup de  dépenfe,  &  fit  faire  le  feiiil  de  fa  porte  d'une  Idole  des  Indiens,  qu'il 
avoit  remportée  pour  trophée  de  la  viéloire  obtenue  fur  eux. 

Nureddin,  Sultan  de  Syrie,  fonda  deu^  Collèges  ,  l'un  à  Alep  qu'il  nomma 
Dâr  al  hadith  ,  à  caufe  que  l'on  y  enfcignoit  les  Traditions  Mufulmanes  ,  & 
un  autre  à  Damas  nommé  Al  KclaiTah,  duquel  Sadi  fait  mention  dans  fon  Gu- 
liftan.     Ce  Collège  fut  augmente  &  enrichi  par  Saladin. 

Le  même  Saladin  fonda  au  Caire  un  Collège  pour  ceux  de  la  fefte  Scliafcien- 
ne,  &  le  nomma  iMadrafTat  al  fchaLiah  ;  mais  le  nombre  des  Collèges  de  cette 
ville  étoit  û  grand  qu'il  y  a  un  livae  entier  qui  en  traite. 

Alfai  a  fait  cependant  un  ouvrage  beaucoup  plus  grand,  dans  lequel  il  a  com- 
pris l'Hilloire  de  tous  les  Collèges  du  Mufulraanifme  ,  fous  le  titre  de  Akhbir 
îilrobboth  v  al  medares. 

On  trouvera  les  noms  de  ces  Collèges  &  plufieurs  autres  ,  chacun  dans  fon 
titre  particuliei- ,  &  on  obfervera  cependant ,  que  ,  comme  chez  les  JMaliomc- 
tans,  il  n'y  a  point  de  Collèges  fans  Mofquées,  &  que  les  Princes,  qui  ont  bâ- 
ti des  Mofquées,  y  ont  toujours  joint  des  Collèges  &  des  Hôpitaux,  lorfque 
l'on  parlera  des  Mofquées ,  on  fera  auflî  fouvent  mention  des  Collèges  les  plus 
confidérables. 

MAGDEDDIN.  Surnom  de  plufieurs  Auteurs  Orientaux,  comme  de  Ben 
Athir,  de  Hemigher,  Poëte  Perfien  ,  &  Magdeddin  Bagdadi ,  nom  d'un  Scheikh 
fort  refpefté  par  les  Mufulmans ,  même  après  fa  mort ,  que  Mohammed  ,  Roy 
de  Khouarezme ,  fit  tuer  dans  la  chaleur  du  vin. 

MAGDEDDU'LAT,  fils  de  Fakhreddulat ,  Sultan  de  la  Maifon  des  Bui- 
des,  régna  à  Hifpahan  &  dans  l'Iraque  Perfique.  Son  père  le  lailfa  fous  la  tu- 
telle de  Seidat,  fa  mère,  parce  qu'il  n'étoit  encore  âgé  que  de  treize  ans.  Cet- 
te Princefl'e  étoit  doiiée  d'un  très-grand  efprit,  &  elle  avoit  autrefois  gouverné 
fon  mary:  Elle  adminiilra  fi  bien  les  Etats  de  fon  fils,  qu'elle  les  maintint  tou- 
jours en  paix  pendant  fa  régence,  &  elle  fçût,  par  fon  addrefle,  les  confervcr 
contre  l'ambition  de  Malimud  ,  fils  de  Sebefteghin ,  qui  les  muguettoit  depuis 
long-tems. 

Àuffi-tAt  que  ce  Prince  eut  atteint  l'âge  de  gouverner  par  luy-mêmc  fon  ro- 
yaume, il  donna  la  charge  de  premier  Vizir  à  Abu  Ali  Ben  Sina,  (c'eft  Avi- 
cenne)  &  en  ôta  ainfi  le  Gouvernement  à  fa  mère,  laquelle  s'étant  brouillée 
avec  luy  fur  ce  fujet,  fe  réfugia  dans  le  fort  Château  de  Tabrek,  fitué  dans  le 
Lariilan  ou  Royaume  de  Lar,  qui  s'étend  le  long  du  bord  oriental  de  la  mer 
Perfique.  Pederin,  furnommé  Hafnuié,  qui  y  commandoit,  la  reçût  fort  bien, 
&  luy  donna  une  armée  ,  avec  laquelle  elle  vint  attaquer  fon  fils  ,  qui  luy  li- 
vra bataille  :  Elle  eut  le  bonheur  de  le  vaincre  &  de  le  prendre  prifonnier  avec 
fon  Vizir.^  Ce  combat  fe  donna  auprès  de  la  ville  de  Rey,  dont  la  Reine  fe 
rendit  maîtrefle  &  remonta  ainfi  fur  le  trône  ,  où  elle  avoit  commandé  autre- 
fois.   Seidat  continua  de  donnjr  à  fes  fujcts  des  marques  de  fa  juftice  &  de  fa 

Tome  II.  S  s  s  fa^ef- 


5o<5  M  A  G  D  E  D  D  U^  L  A  T. 

fagelTe  ,  après  avoir  fait  éclater  fon  courage  &  fa  conftance  dans  l'advcrfitc. 
Elle  donnoit  audience  à  fcs  ivjinillres  djrricue  un  rideau  fait  d'uiie  étolTc  tranf- 
parente,  &  aux  AmbaHaJeurs  des  grands  Princes  à  vifage  découvert.  Mais  (à 
cOière  ne  dura  pas  long-terns  contre  fon  fils  ;  car  eUe  luy  rendit  la  liberté  & 
le  fit  régner  avec  une  autorité  ablblue  ,  fe  contentant  de  l'allifter  de  les  con- 
feils;  en"  forte  que  fon  règne  fut  très-heureux  tant  qu'elle  véquit.  Mais  fa  mort 
étant  arrivée  l'an  420  de  l'Hegire,  Mahmud  ,  Sultan  des  Gazncvides,  qui-étoit 
un  puilîlmt  voifin,  ne  manqua  pas  d'attaquer  aulli-côt  la  Province  d'Erak',  du 
côté  du  Mazanderan  ;  il  s'approcha  de  la  ville  de  Rey  qu'il  réfoliit  d'aflîéger  ; 
&  donna  ordre  à  fes  Généraux  de  faire  enforte  que  le  Sultan  MagdedJuiat  lui 
tombât  vif  entre  les  mains.  Il  leur  fut  fort  aifé  d'exécuter  l'ordre  de  leur  maî- 
tre, car  le  Sultan  vint  par  fimplicité  fe  rendre  luy-mêrae  entre  leurs  mains.  Le- 
Sukan  Mahmud  le  fit  venir  aulfi-tôt  en  fa  préfence  ,  &  luy  demanda,  s'il  n'a-, 
voit  jamais  lu  le  Schah-Nameh  (c'cft-à-dire,  l'Hiltoire  des  Rois  de  Perfe,  com-  . 
pofce  par  Ferdufi)  ou  les  Annales  de  Thabari.  Le  Prince  luy  ayant  répondu 
affirmativement,  Mahmud  luy  demanda  enfuite  ,  s'il  fçavoit  le  jeu  des  Echecs. 
Le  Prince  luy  ayant  aufîi  répondu  de  la  même  manière  qu'à  la  premJère  inter- 
rogation, le  Sultan  Mahmud  luy  dit  alors  :  Avez- vous  jamais  lu  dans  ces  li- - 
vres  ou  remarqué  dans  ce  jeu  que  deux  Rois  fe  foient  trouvez  enfemble  dans 
le  même  lieu  avec  égalité  de  pouvoir.  Magdeddulat  luy  ayant  répondu  que  non, 
le  Sultan  luy  dit  ces  paroles:  Qui  vous  a  donc  obligé  de  vous  mettre  fans  né- 
ceffité  entre  m:s  mains  ,  &  de  me  rendre  ,  par  vôtre  imprudence  ,  maître  de 
vôtre  Perlbnne  &  de  vôtre  Etat.  Ce  dilcours  fut  auflî-tôt  fuivi  d'un  ordre  que 
le  Sultan  donna,  pour  conduire  ce  Prince  prifonnier  en  la  ville  de  Gazna.  Ce 
fut-là  qu'il  finit  fes  jours,  après  avoir  régné  près  de  trente-trois  ans ,  fi  on  peut 
appeller  régner,  vivre  dans  une  débauche  continuelle,  qui  luy  avoit  enfin  atti- 
ré ce  malheur.     Khondenir. 

L'Auteur  du  Lebtarikh  écrit ,  que  Magdeddulat  régna  heureufement  27  ans , 
fous  la  tutelle  ou  la  direélion  de  ^eidat  fa  mère;  mais  que  cette  Princefle  étant 
morte,  l'an  de  l'Hegire  315,  fes  affiiires  allèrent  toujours  en  décadence,  juf- 
ques  à  ce  que  le  Sultan  ilvlahmud  le  fit  prifonnier,  &  fe  rendit  maître  de  l'Ira- - 
que  Perficnne.  Ce  Prince  ctoit  fujet  à  la  mélancolie  ,  &  Abou  Ali  Ben  Sina, 
fon  Vizir  ,  qui  étoit  grand  Médecin  ,  luy  donna  des  remèdes  contre  ce  mal. 
Dans  les  commencemens  du  règne  de  ce  Sultan,  Câbus  ,  fils  de  Vafchmeghir, 
remonta  fur  le  trône  de  fes  Ancêtres  les  Dilemitcs ,  &  régna  dans  les  Provin- 
ces de  Giorgian,  de  Ghilan>de  Mazanderan  &;  de  1  habareilan  ,  qui  font  tou- 
tes fituées  fur  les  rivages  de  la  mer  Cafpienne.  Ce  Prince  qui  étoit  doiié  de 
très-grandes  quali-tcz,  eut  des  démêlez  avec  Magdeddulat,  defquels  il  fe  tira  fort 
heuireulèment  ,  mais  enfin  ,  fa  trop  graîide  féverité  donna  lieu  à  la  révolte  de 
fes  fujets,  qui  le  firent  prifonnier  &  mirent  Manugeher  ,  fon  fils ,  en  fa  place,  , 
l'an  403  de  l'Hegire. 

L'Auteur  du  Nighiariftan  rapporte,  que  Seidat,  mère  du  Sultan  Magdeddulat 5 
gouvernoit  les  Etats  de  fon  fils  avec  tant  de  lagefiii  que  le  Sultan  Mahmud  , 
duquel  il  efl  parlé  C3^-derfus,  luy  ayant  envoyé  un  Ambafiadeur,  pour  luy  de- 
mander trois  cjiofes,.  la  prem.ière,  que  l'on  battit  à  fon  coin  la  monnoye  dans 
toute  la  Province  d'Erak  ;  la  féconde,  que  fon  nom  fut  publié  &  annoncé  dans 
toutes  L's  Moftiuées  ;  &  la  troifième  ,  que  l'on  lui  payât  tous  les  ans  une  cer- 
tiUiic  fomme  qxi  forme  de  tribut  ,  &  que  fi  elle  manquoit  à  lui  accorder   une 


M  A'  G  E  M.  M  A  G  I  N.  507 

He  ces  trois,  chofes ,  il  lui  dcclaroit  la  guerre.    La  PrincefTe  ne  s'étonna  point 
de  cette  Ambaflade;  mais  ufant  de  fon  addrelFe  ordinaire,  elle  écrivit  au  Sultan 
en  ces  termes  :    J'ai  toujours  appréhendé  vôtre  puiJJ'ance  pendant  la  vie  du  feu  Roi 
mon  êpoia  ,    â?  je  »««  trouvais  dans  une  très-grande  perplexité ,    craignant  que  vôtre 
■courage  ne  vous  portât  à  attaquer  un  Prince  qui  en  avait  aujfi  beaucoup  ,•   m^is ,  de- 
puis que  je  fuis  tombée  dans  le  veuvage  ,    ^  que  je  me   trouve  chargée  de  la  tutelle 
d'un  enfant  âf  de  la  régence  de  fon  Etat,  ma  crainte  a  aufi-tôt  ceffê,  parce  que  je 
fçais,  que  vous  êtes  trop  généreux  pour  vouloir  mefnrer  vos   armes  avec  les  miennes, 
i^  que  d'aillews  ,   vous  êtes  a  fez  éclairé  pour  confidérer  que  l'iffuë  d'une  guerre  ejl 
toujours  fort  incertaine  ,   quoique  fon  cntreprife  dépende  de  nôtre  volonté.     Car  quani 
même  vous  remporteriez  fur  moi  tout  l'avantage  que  vous  vous  promettez  ,   vous  tire- 
riez fort  peu  de  gloire  d'avoir  vaifzcu  une  veuve  ^  un  pupille  ,•   mais  fi  au  contrai, 
re  mes  troupes  battaient  les  vôtres,  ce  qui  dépend  fouvent  de  la  fortune,  vous  ohfcur. 
ciriez  par  cette  aàion   toute  la  gloire  que  vous  avez  acquife  jufques  à  préfent.      Cet- 
te Lettre  fit  tant  d'imprefïïon  fur  l'efprit  du  Sultan,  qu'il  refolut  de  différer  fon 
entreprife  fur  l'Iraque  Perfique  jufques   après  la  more  de   cette   PrincefTe,   qui 
étoit  déjà  avancée  en  âge.    Sa  mort  étant  arrivée,  la  conjonélure  devint  encc- 
re  plus  favorable  à  Mahmud  ,   par  la  foibleffe  d'cfprit  &  par  la  débauche   con- 
tinuelle du  jeune  Prince;  car  trois  des  plus  grands  Seigneurs  de  la  Cour,   pré- 
tendant au  Gouvernement,  &  ne  pouvant  s'accorder  entr'eux  ,   affoiblirent  par 
leur  divifion  les  forces  d'un  Etat ,   qui  avoit  befoin  d'être  alors  plus  uni  que 
jamais,  pour  foûtenir  l'effort  des  armes  dont  il  étoit  menacé.      Cependant  les 
troubles  excitez  par  les  trois  faftions  augmentant  tous  les  jours,  le  Prince  Mag- 
deddulat ,   au  lieu  de  prendre  quelque  rcfolution  vigoureufe  ,   fe  contenta  d'en 
faire  fes  plaintes  à  Mahmud,  qui  n'attendoit  qu'une  femblable  occafion  pour  fe 
préfencer  devant  Rey,  ville  capitale  de  l'Iraque.  Le  prétexte  de  ranger  les  Fac- 
tieux à  leur  devoir  étoit  beau  ;  mais  l'imprudence  du  Prince  qui  avoit  déjà  pa- 
ru dans  la  confidence   qu'il  avoit  faite  à  Mahmud  des  déibrdres  de  fon  Etat, 
acheva  de  l'en  rendre  maître  entièrement,  en  fe  livrant  luy-même  entre  fes 
mains,  comme  nous  avons  déjà  vu. 

MA'GEM.  Tarikh  Mâgem.  Hiftoire  de  Perfe,  écrite  en  langue  Perfienne 
&  traduite  en  Arabe.     Voyez  Tarikh  &  Moaggem. 

MA'GEM  aldhahabi.  C'efl  un  Catalogue  des  Dofteurs  Mahoroetans  ,  ran- 
gé par  ordre  Alphabétique,  qui  porte  au/li  le  nom  de  iMàgem  Saphir  de  iViàgem 
Lathif.    Il  efl  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n",  857. 

MAGESTHI  &  Magifflii.  Mot  corrompu  par  les  Arabes  du  Grec  Megijfi. 
C'efl  le  ^ùvrct^i!  Mîyii-ti  de  Ptolomée  ,  que  nous  appelions  vulgairement ,  par 
une  autre  corruption ,  l'Almagefle. 

M  AGE  S  THON.  Quatrième  fils  de  Noé  ,  le  Patriarche  ,  dont  l'Ecriture 
faint'e  ne  fait  point  de  mention.  C'efl  peut-être  le  même  que  Magiûg  ou  Mi» 
_gog,  fils  de  Japhet.     Foye&  Nûh. 

M  AGI  A  H.    Ben  Magiah.    Voyez  Sonan. 

MAGIN  on  Matchin,  frère  du  Ghin  ou  Tchin.  Ces  deux  frères  font  dcf- 
"ccndans  d?  Japhet,  félon  les  Orientaux  ,  qui  veulent  que  la  Chine  ait  pris  fon 

S  s  s  2  nom 


5o8  M  A  G  I  U'  G  E.        M  A  G  I  U'  S. 

nom  d'eux,  &  lorfqu'ils  veulent  exprimer  toute  l'étendue  de  ce  vafle  pays,  ils 
fe  fervent  de  ces  deux  noms  Tchin  &  Matchin  ,  ou  Gin  &  Magin  ,  qui  font 
des  dériviez  ou  diminutifs  de  Gog  &  Magog",  ou  comme  ils  prononcent  Jagiiig 
&  Magiûg  ,  Pères  &  Patriarches  de  toutes  les  nations  les  plus  reculées  de  l'A- 
fie  ,  tant°  de  celles  qui  font  à  l'Orient ,  que  de  celles  qui  habitent  au  Septen- 
trion &  au  Midy. 

MAGIU'GE.  Les  Arabes,  Perfans  &  Turcs  joignent  toujours  ce  mot  à  ce- 
luy  d'Iagiugc ,  &  ils  entendent  par  ces  deux  mots  Jagiuge  &  Magiuge ,  comme 
ils  entendent  par  Gin  &  Magin,  ou  Tchin  &  Matchin,  les  Chinois  Septentrio- 
naux &  Méridionaux , -ce  que  nous  entendons  par  Gog  &  Magog,  c'eft-à-dire, 
les  peuples  Septentrionaux  ,  qu'ils  difent ,  qu'Alexandre  relferra  vers  le  pôle 
Arftique  par  une  forte  muraille  qu'il  fit  conffcruire  entre  le  mont  Caucafc  & 
la  mer  Cafpienne.     *  Voyèz  Jagiuge. 

MAGIU'S  &  Magiiifi,  Mage.  Magiufiah ,  le  Magifme  ,  c'eft-à-dire,  la  Re- 
licrion  de  Zoroafbre,  qui  pofe  deux  Principes  éternels  de  toutes  chofes  ,  à  fça- 
voir,  la  Lumière  &  les  Ténèbres;  le  Bien  &  le  Mal  ;  un  Bon  &  un  Mauvais 
Diau  ou  Démon.  C'eit  la  même  aufli  qui  enfeigne  l'adoration  du  feu  que  Zo- 
roaltre  fubflitua  à  celle  des  Idoles  qui  étoit  en  vogue  de  fon  temps.  Ce  n'eft 
pas  que  les  Perfans  n'elliment  que  l'adoration  ou  le  culte  du  feu  ne  foit  aufli 
ancien  que  leur  Monarchie;  car  ils  foûtiennent,  que  la  Religion  de  Kaiumarath , 
leur  premier  Roy,  eft  la  même  que  celle  de  Zoroaftre,  &  qu'elle  a  précédé  ou 
faivi  immédiatement  le  Déluge.  Ainfi  le  Magifme  feroit  la  même  Religion  que 
le  Sabifme,  lequel  reconnoît  Seth,  fils  d'Adam,  &  le  Patriarche  Edris  ,  qui  eft 
Enoch ,  pour  fes  Fondateurs.  Il  eft  pourtant  conftant ,  félon  les  plus  anciens 
H  ft  ariens  de  Perfe  ,  que  le  Magifme  ne  remonte  pas  plus  haut  qu'Abraham, 
lequel  eft  reconnu  encore  aujourd'hui,  par  les  Ghebres  ou  Adorateurs  du  feu, 
pour  être  le  même  que  Zerdafcht  ou  Zoroaftre;  mais  voyez  les  titres  particu- 
liers d'Abraham  &  de  Zoroaftre,  comme  auflî  celuy  de  Sabi. 

Khondemir  dit  plus  hiftoriquement ,  que  Kifchtasb  ,  Roi  de  la  féconde  Dy- 
naftie  de  Pcrfe,  fut  fi  fort  entêté  du  Magifme,  qu'il  s'attira  les  armes  d'Argiasb, 
Roy  du  Turkeftan  ,  pour  l'avoir  voulu  étendre  hors  de  la  Perfe  jufques  dans 
les  Provinces  Tranfoxanes.  Et  Ben  Schohnah  écrit ,  que  cette  Religion  étoit 
fort  répandue  dans  l'Arabie  du  tems  de  Mahomet,  &  que  les  Mages,  qui  étoient 
pour  lors  confondus  avec  les  Sabiens,  obtinrent  de  Mahomet  fauvegarde  &  pro- 
tection, aufîi-bien  que  \q?>  Chrétiens  &  les  Juifs,  à  l'exclufion  des  Arabes  Ido- 
lâtres, auxquels  il  ne  faifoit  point  de  quartier.  La  raifon  de  cette  différence 
étoit,  félon  les  Mufulmans,  que  les  Mages  s'appuyoient  fur  l'autorité  des  livres 
qu'ils  attribuoient  à  Seth,  à  Enoch  &  à  Abraham,  de  même  que  les  Juifs  pro- 
duîfoicnt  ceux  de  Moyfe,  &  les  Chrétiens  l'Evangile  de  Jefus-Chrift. 

Le  Tarikh  Montekheb  dit,  que  Zoroaftre  fut  furnommé  Mikhghufch.  Ce  .mot 
ûgnifie,cn  langue  Pcrfienne,  cloué  par  les  oreilles  &  non  pas  elforillé  ,  com- 
me quelques-uns  l'ont  exphqué  ,  pour  faire  quadrer- Zoroaftre  avec  Smermis  le 
Mage,  duquel  Juftin  parle;  mais  les  Zoroaftriens  ont  changé  ce  nom,  qui  mar- 
quoit  peut-être  finfimic  du  fuplice ,  dont  leur  Patriarche  avoit  été  puni ,  en  ce- 
luy de  Alegiiifch  ou  Magiûfch.  On  appelle  aujourd'huy  en  Perfe  ces  gens-Ui 
Ghebr,  Ghabr  &  Ghaur,  &  les  Turcs  donnent  aujourd'huy  Je  nom,  qu'ils  pro- 
noncent GliiaiU-,  à  tous  les  Infidèles  &  fouvent  par  injure  aux  Chrétiens. 

Ces 


M  A  G  I  U'  s  C  H  U  N.  ^05 

"  Ces  Mages  font  connus  aux  Indes  (où  il  s'en  réfugia  un  grand  nombre  lorf- 
qu  i!'-  furent  chafTez  de  Perfe  par  les  Mahometans)  fous  le  nom  de  Parfi ,  à 
caufe  de  leur  origine,  qui  eil  Perficnne  ;  &  ils  y  confervent  leur  fupcrftition 
contenue  dans  les  trois  livres  intitulez  Zcnd,  Pazend  &  Voftha  ,  qu'ils  difent 
avoir  été  compofez  par  Ibrahim  Zcrdafcht ,  qu'ils  confondent  avec  le  Patriar- 
che Abraham. 

Les  Chrétiens  Orientaux-  prétendent  ,  que  les  Mages  ,  qui  ont  adoré  Jefus- 
Chrift,  étoient  diiciples  de  Zoroallre  ,  qui  leur  avoit  prédit  la  venue  du  Mef- 
fie  &  l'apparition  d'une  nouvelle  étoile  à  fa  naiflancc.  Ils  difent  aufli ,  que  ces 
Mages  avoient  les  traditions  Prophétiques  de  Balaam  ,  d'Elie  &  d'Eliféc.  Les 
uns  les  font  partir  de  Perle  &  les  autres  d'Arabie. 

Les  principaux  Pyrées  ou  Temples  ,  dans  lefquels  les  Mages  confervoient  & 
adoroient  leur  feu  facré  ,  étoient  dans  l'Adherbigian  ,  c'ell-à-dire ,  la  Medic  fur 
le  mont  Alborz.  Schah  Abbas,  Roy  de  Perfe,  en  fit  démolir  quelques-uns  qui 
étoient  encore  fur  pied  de  fon  tems,  &  tranfporta  les  Ghebres  à  Hifpahan,  où 
ils  habitent  encore  aujourd'huy  dans  un  fauxbourg,  nommé  à  caufe  d'eux,  Ghe- 
brabâd  ou  Ghiaiirabad,  c'ell-à-dirc ,  la  Demeure  des  Adorateurs  du  feu. 

Les  Mages  prétendent ,  que  leur  Religion  a  lîeury  &  régné  dans  le  monde 
cinq  mille  ans,  «Se  les  Mufulmans  difent,  qu'ils  furent  recommandez  de  Dieu  à 
David,  à  caufe  de  la  juftice  &  de  l'équité  de  leurs  Rois.  Il  efl  parlé  de  cette 
Religion  dans  un  très-grand  nombre  de  titres  de  cet  Ouvrage. 

MAGIU'SCHUN.  Surnom  d'Abu  Jofcf  Jacob  Ben  Abi  Salmah  ,  célèbre 
DoSleur  de  la  ville  de  Medine.  Il  fut  ainfi  furnommé  par  corruption  de  Mei- 
gun,  qui  fignifie  enPerfien  couleur  dé  vin  ,  à  caufe  qu'il  étoit  fort  rouge  de 
vifage.  Il  s'attacha  à  Omar,  fils  d'A'bdelaziz ,  Gouverneur  de  Medine,  qui  fut 
depuis  Khalife  &  qui  le  mena  avec  luy  à  Damas.  Son  maître  dans  la  fcience 
des  traditions  Mufulmanes  fut  Abdallah  Ben  Omar  ,  &  il  eut  pour  condifciple 
Aruit  Ben  Zobair.  Son  Neveu  «Se  héritier  Abu  Afna  A'bdelaziz  ,  furnommé 
aviffi  Megidfchin  avec  toute  fa  pofterité,  devint  fi  habile  Jurifconfulte ,  que  les 
Erakicns  le  préférèrent  à  Malek  Ben  Ans. 

Il  efc  rapporté  dans  le  Rabi  alabrar ,  que  nôtre  Abu  Jofef  Jacob  étant  crû 
mort  par  les  fiens,  on  commençoit  déjà  à  laver  fon  corps  pour  fenfevehr ,  lorf- 
que  celuy  qui  luy  rendoit  ce  pieux  office  ,  s'appcrçût  qu'une  artère  du  pied 
luy  battoit  encore.  Ce  figne  de  vie  fit  que  l'on  attendit  pendant  trois  jours, 
pour  voir  s'il  ne  reviendroit  point  de  cette  fyncopc.  Etant  enfin  revenu  ,  il 
le  mit  à  fon  féant  fur  fon  lit  «S:  demanda  un  verre  de  ptifanc  à  boire ,  &  après 
l'avoir  bù,  il  raconta  aux  affiliants  furpris  d'une  chofe  fi  extraordinaire,  la  vi- 
lion  qu'il  avoit  eue  pendant  fon  cxtafe,  &  leur  dit  que  fon  ame,  qu'il  croyoit 
être  fortie  de  fon  corps  ,  ayant  été  conduite  par  un  Ange  jufques  au  feptième 
ciel,  on  demanda  à  l'Ange,  qui  étoit  celuy  qu'il  conduilbit  ?  l'Ange  ayant  ré- 
pondu que  c'étoit  Magiufchun  ,  on  luy  repartit  :  celuy  que  vous  nommez  ne 
doit  venir  icy  qu'au  bout  d'un  tel  tems  ,  ce  qui  fit  que  l'Ange  le  reconduifit 
jufques  à  fon  corps  «Se  le  lailfa  en  l'état  auquel  on  le  voyoit. 

Il  raconta  enfuite  aux  affifl:ans,  qu'il  avoit  vu  dans  le  Ciel  Omar  Ben  A'bde- 
laziz, le  Khalife,  qui  étoit  déjà  mort,  placé  en  un  lieu  plus  honorable  qu'A- 
bubecre  &  qu'Omar ,  ce  qui  l'avoit  obligé  d'en  demander  la  raifon  à  fon  con- 
ducteur, qui  luy  répondit,  que  les  deux  premiers  Khalifes  avoient  pratiqué  la 

S  s  s  3  julli- 


5IO  M  A  G  M  U'.        M  A  G  R  E  B. 

juftice  dans  un  fiècle  heureux  &  plein  d'exemples^ de  vertu  ;  mais  que  celui -cî 
l'avoit  exercée  dans  un  tems  corrompu  &  plein  d'injuflice. 

MAGMU'.    Ce  mot  fignifîe  en  Arabe  Recueil  &  compilation.    Il  y  a  plu-' 
fleurs  Livres  Arabes  qui  portent  ce  titre. 

MAGMU'  Mobarek.  Recueil  de  bénediftions  ,  ou  Recueil  heureux  fur  les 
vertus   de  flmam  Schafei  Mohammed  Ben  Edris.      11  eft  dans  la  Bibliothèque 

Royale,  n".  846.  „  r  /.    ,  • 

Il  y  a  un  autre  Recueil  de  Poëfies  en  Langue  Arabique,  qui  porte  ce  même 
titre.     Il  eft  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n^  1148. 

MAGMU'  aleltemam  v  alkemal.  Livre  de  Magie  fuperftitieufe ,  dans  lequel 
font  les  invocations  des  efprits.  D  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale  , 
n".  1003. 

MAGMU'  ruhain.  Autre  Livre  de  Magie  attribué  à  AOîmah,  mère  de  Moy- 
fe.    Il  eft  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n".  1026. 

MAGMU'  raml.  Recueil  de  pluficurs  Auteurs  qui  ont  traité  de  la  Géoman. 
tie.     ^oyez  Raml. 

MAGMU'  Rafchidiah.  C'eft  un  fort  grand  Volume,  compofé  par  Rafchid 
Al-Thabib,  Vizir  &  premier  Miniftre  d'Algiaptu  ,  Empereur  des  Tartarcs.  Il 
eft  divifé  en  quatre  grandes  Parties,  nommées:  La  première,  Taudhiah,  fur  la 
loy  Mufulmane:  La  féconde  Mcftah  altaffir ,  c'eft-à-dire,  la  Clef  des  Commen- 
taires faits  fur  l'Alcoran  :  La  troifième  ,  Solthaniah  ,  Traité  de  Morale  &  de 
Politique  mêlée  d'hiftoire:  La  quatrième,  Lathaif  al  hakaik  ,  contient  plufieurs 
qucftions  curieufcs  fur  la  Philofophie  &  fur  la  Théologie  Scholaftique  des  Mu-' 
fulmans.     Voyez  le  titre  de  Rafchid. 

MAGREB.     Les  Arabes  entendent  par  ce  mot,  qui  fignifîe  l'Occident ,  tout 


Candie  jufques  au  Détroit. 

Ils  appellent  néanmoins  ordinairement  l'Efpagne ,  Andaîus  &  l'Afrique  Mag- 
rcb;  car  quelquefois  le  mot  d'Afnkia,  dont  ils  fe  fervent,  ne  fait  qu'une  par- 
tie  du  Magreb,  comme  nous  verrons  plus  bas. 

Ils  divifcnt  ce  pays  ordinairement  en  trois  parties  :  La  première  &  la  plus  Oc- 
cidentale porte  le  nom  de  Magreb  alacla,  c'cfl-à-dire,  le  dernier  Occident,  dont 
la  longueur  s'étend  depuis  Telmeflan  ,  dit  vulgairement  Tremilfen  ,  jufques  à 
rOcean  Atlantique  ,  &  fa  plus  grande  largeur  eft  depuis  Sebta  &  Tangia  ,  qui 
f  )nt  les  villes  de  Ceuta  &  de  Tanger  ,  jufques  à  Marakafch  ,  que  nous  appel- 
ions «^ujourd'huy  Maroc. 

La  féconde  partie  du  Magreb  a  fa  longueur  depuis  TrcmifTcn  jufques  à  Bu- 
gie  ,  que  les  Arabes  appellent  Bagiaiah  ,  fur  les  côtes  de  la  mer  Méditerra- 
née ,  &  fa  largeur  eft  depuis  le  rivage  de  la  même  mer  ,  jufques  au  défert , 
q.i'ils  appellent  vSahra.  Cette  partie  porte  le  nom  de  Magreb  Avaft  ,  c'cft-à- 
ii  re,  l'Afj-Jciue  du  milieu. 

La 


M  A  G  R  E  B  I.  M  A  H  A  D  I.  51Ï 

La  troifième  partie  eft  la  plus  Orientale  du  Magreb  ,  &  depuis  le  pays  de 
Barca  qui  confine  avec  l'Egypte  jufques  à  Gougi  ,  6l  porte  le  nom  parciculier 
d'AfriJcia,  qui   eil  Wifnca  pioinit  dkla  des  Anciens. 

L'Afrique  fut  entamée  par  les  Arabes  fous  le  Khalifat  d'Othman,  qui  envoya 
Abdalli  Ben  Suad,  fon  frère  de  Mère,  en  Egypte,  pour  la  gouverner  à  la  pla- 
ce d'Amru  '^^'à  As  qui  l'avoit  conquiie.  AbJalla  prit  Carthage  fur  les  Grecs , 
l'an  26  de  l'Hegire,  &  Moavie  Ben  Khodaige  la  conquit  entièrement  l'an  45  de 
la  même  Hégire.  Les  iVglebites  ,  famille  qui  tiroit  Ion  origine  d'un  Gouver- 
neur, que  les  Khalifes  y  avoient  envoyé,  s  en  rendirent  Souverains,  &  furent 
enfuite  challez  par  les  Fathemites,  qui  devinrent  Khalifes  d'Egypte,  &  ceux-cy 
ayant  été  détrônez  firent  place  à  plulicurs  autres  familles  ,  nommées  Almoha- 
dès,  Almoravides ,  &c.  l/'u-jiz  tous  ces  titres  chacun  en  fon  particulier,  aufli- 
bien  que  celuy  d'Afrîkia. 

MAGREBT,    Natif  d'Afrique  ;  c'cfl  le  furnom    de  plufieurs   Auteurs  qui. 
ont  été  de  race  Afriquaine,  comme  d  Abu  Jolef  Ben  Abdalrahman  qui  a  com- 
poîe  le  livre  intitulé  Aduar  fi  élm  alhoruf  v  alafrar,  fur  l'explication  myftique 
des  Lettres  Arabiques. 

Abu  Othman,  dit  Almagrcbi  ,  efl  Auteur  d'Adab  al  foluk ,  Livre  de  la  vie 
fpiritucllc  en   langue  Perfienne. 

AbuUchohr  HoMain  Ben  Ali  Alvezir,  &  plufieurs  autres  ont  auffi  porté  ce 
furnom,  comme  Ben  Said. 

Almagrcbi  efl  fouvent  pris  auffi  tout  feul  pour  Ahmed  Ben  Mohammed  Al- 
Mokri  Al-Adib  ,  Auteur  qui  s'eft  rendu  fameux  par  le  livre  intitulé  Azhâr  al- 
ria;lh  fi  akbdr  âiadh,  où  il  traite  amplement  de  toutes  fortes  de  brevets  &  liga- 
tures pcrmifes  &  défendues,  félon  les  principes  de  la  Religion  Mahometane. 

MAGTUNIA.  Voyzz  Makdonia  &  Makdunia.  La  Macédoine  ainfi  appel- 
lée  par  les  Arabes  &  pur  les , Turcs  qui  la  confondent  aujourd'huy  avec  le  refle 
de  la  Grèce  &  avec  la  Thrace  fous  le  nom  de  Rumcli,  c'ell-à-dire.  Pays  des 
Grecs  ou  Romains.  Nos  Géographes  modernes  ont  fait  de  ce  mot  celuy  de 
Romanie  &  de  Romelie. 

MAH  ADI,  fils  d'Abugiafar  Almanfor',  fucceda  à  fon  père  &  fut  le  troifième 
Khalife  de  la  race  des  Abballides.  Il  étoit  aulîî  libéral  &  magnifique ,  que  fon 
pcre  avoit  été  avare  &  relferré,  &  on  le  tax  même  de  prodigalité;  car  il 
diffipa  en  très-peu  de  temps  les  grands  threfors  que  fon  père  avoit  amalfez  pen- 
dant le  cours  de  plufieurs  années. 

Son  règne  commença  l'an  de  l'Hegire  cent  cinquante  huit  à  Bngdet,  où  il  fe 
trouvoit  lorfque  fon  père  mourut  à  Birmeimon  proche  de  la  Mecque. 

Il  ne  fit  point  de  guerre  confiderable  par  luy-méme  ;  mais  il  envoya  plufieurs 
fois  fon  fécond  fils  contre  les  Grecs  fur  lefquels  il  gagna  plufieurs  combats ,  & 
emporta  quelque  place,  &  conclud  enfin  une  paix  avec  l'Impératrice  Irène,  à 
condition  qu'elle  luy  payeroit  tous  les  ans  70  mille  écus  d'or  de  tribut.  Ce 
fut  par-là  qu'Irène  fe  délivra  des  courles  des  Arabes  ,  qui  luy  donnoient  fou- 
vent  des  alarmes  jufquts  à  Confliantinople. 

La  plus  grande  occupation  qu'euft  Maliadi  dans  fes  Etats  fut  la  guerre  qu'il 
fut  oblige  de  foii-e  à  Burcai  (car  tel  étoit  le  furnom  de  hakem  fils  de  Hafchem) 

oui 


^12  M  A  H  A  D  ï. 

qui  avoit  fait  révolter  la  Province  de  Khoraiïan.    Il  défît  &:  mit  en  fuite  enfin 
cet  impolteur,  duquel  on  peut  voir  rhiltpirc  dans  fon  titre  particulier. 

Mahadi  voulut,  à  l'imitation  de  fon  père,  faire  le  Pèlerinage  de  la  Mecque,  mais 
avec  beaucoup  plus  de  fafbe  que  de  Dévotion  ,  car  il  dépenla  dans  fon  voyage 
iufques  à  ûk  millions  d'écus  d'or.  On  dit  entr'autres  chofes  ,  qu'il  fit  charger 
ifur  des  chameaux  une  fi  prodigieufe  quantité  de  neige  ,  qu'il  eut  de  quoy  fe 
raffraichir  non-feulement  au  milieu  des  fablons  brulans  de  l'Arabie  ,  mais  qu'il 
en  porta  encore  jufques  à  la  Mecque  dont  la  plupart  des  Habitans  n'en  avoicnt 
jamais  veu,  &  il  en  fit  conferver  dans  des  vafes  de  terre,  pour  pouvoir  boire 
à  la  glace,  &  pour,  maintenir  les  fruits  en  leur  fraîcheur  pendant  tout  le  temps 
qu'il  y  fejourna. 

Ce  Prince  mourut  à  la  chafle  pourfuivant  une  bcte  qui  s'étoit  jettée  dans  une 

mazure,  &  en  voulant  la  forcer,  fon  cheval  l'engagea  fous  une  porte  qui  ctoit 

.trop  baffe,  ce  qui  l'obligea  à  faire  un  fi  grand  effort  pour  plier  les  reins-y  qu'il 

fe  les  rompit  &  expira  fur  l'heure ,  l'an  cent  foixante  neuf  de  l'Hegire  ,  après 

un  règne  de  dix  ans  &  un  mois. 

Il  avoit  peu  auparavant  fa  mort  déclaré  pour  fucceffcur  fon  fils  aîné,  nom- 
mé Hadi ,  mais  à  condition  que  le  même  Hadi  n'auroit  point  d'autre  héritier  & 
fucceffeur ,  que  fon  frère  puifné  nommé  Haron  ,  à  l'exclufion  de  fes  propres 
enfans,  &  cette  difpofition  de  Mahadi  caufa  de  fort  grandes  brouilleries  dans 
la  fiiite  entre  les  deux  frères.     Foyez  \c  titre  de  Hadi. 

On  remarque,  que  fous  le  règne  de  ce  Kalife  ,  l'an  cent  foixante  quatre  de 
l'Hegire ,  le  foleil  un  peu  après  fon  lever  ,  au  dernier  mois  de  l'année  Arabi- 
que, perdit  fans  s'écliplèr  tout  d'un  coup  &  entièrement  fa  lumière,  quoyqu'il 
ne  fe  fut  élevé  ni  brouillard,  ni  pouffiere.  Cette  obfcurité  affreufe  dura  juf- 
qu'à  midy,  &  les  Hifhoriens  obfcrvent  qu'on  n'avoit  jamais  entendu  parler  juf- 
ques alors  d'un  femblable  prodige.  Lebtarikh.  Khondtmir.  B.  Schohnah    Tabari,  S'c. 

Pendant  que  ce  Kalife  fut  à  la  Mecque  ,  il  en  fit  aggrandir  le  portique ,  & 
il  fit  aulîi  démohr  à  Medine  plufieurs  maifons  pour  donner  plus  d'étendue  à  h 
mofquée  oii  étoit  le  fépulcre  de  Mahomet;  ce  qui  ne  fut  pas  approuvé  par  les 
plus  fuperftitieux  Sénateurs  de  la  Loy  Mufulmane.  Ce  fut  en  ce  temps- là  auffi 
qu'un  particulier  luy  ayant  fait  prefent  d'une  pantoufle  du  faux  Prophète  ,  il 
la  receut  avec  honneur,  &  fit  un  prefent  de  dix  mille  drachmes  d'argenc  à  celuy 
qui  la  luy  prefenta  ,  après  quoy  il  dit  à  fes ,  Courtifans  :  Mahomet  n'a  jamais 
veu  cette  chaulfure;  mais  fi  je  l'avois  refufée,  le  peuple  auroit  cru  qu'elle  étoit 
véritablement  de  Mahomet ,  &  que  je  l'aurois  méprifée  ;  car  ,  la  coutume  du 
peuple  eft,  d'être  toujours  porté  en  faveur  du  plus  foible  contre  le  plus  puiffiint. 

Ce  Prince  changeoit  fcuvent  les  Gouverneurs  des  Provinces  &  fes  Miniftrcs , 
pour  empêcher  qu'ils  ne  priffent  trop  d'authorité;  mais,  pour  la  dilgrace  de  Ja- 
cob, fils  de  David  fon  premier  Vizir,  elle  arriva  par  une  autre  caufe,  comme 
l'on  peut  voir  dans  le  titre  de  ce  même  Vizir. 

Il  tenoit  fouvent  fon  lit  de  juflice  pour  punir  &  reparer  les  oppreffions  & 
les  violences  que  les  plus  grands  faifoicnt  au  peuple  &  il  fe  faifoit  pour  lors 
affiftcr  .par  les  plus  graves  Perfonnages  &  par  les  plus  habiles  Jurifconfultes 
du  Mufulmanifme  ,  afin  que  leur  prefence  l'empêchât  de  rien  décider  qui  fuit 
contraire  à  la  Loy;  &  ayant  un  jour  dit  à  un  de  fes  Officiers  en  le  repri- 
mcndant  :   Jufques  à   quand  tombcrez-vous  dans  des   fautes  ?   cet   Officier    luy 

répon- 


M  A  H  A  D  I.  jjj 

répondit  fagement  :  tant  que  Dieu  vous  confcrvera  la  vie  pour  nôtre  bien ,  ce 
fera  à  nous  de  faire  des  fautes ,  &  à  vous  de  nous  les  pardonner. 

Un  jour  qu'il  étoit  fur  le  point  de  commencer  la  prière  publique  dans  la 
mofquée  de  Cufa,  un  Arabe  de  la  lie  du  peuple  luy  dit:  Je  n'ay  pas  encore 
fait  mon  ablution  ,  &  cependant  je  voudrois  bien  faire  ma  prière  avec  vous. 
Mahadi  s'arrêta  tout  court,  &  demeura  debout  au  milieu  de  la  mofquée  pour 
attendre  que  cet  Arabe  fe  fut  lavé  &  purifié  pour  fe  difpofer  à  la  prière. 

Lorfqu'il  fit  fon  pèlerinage  ,  il  mena  avec  luy  un  homme  efîimé  faint  par 
les  fiens,  que  l'on  nommoit  iVlanfor  Hagiani ,  &  comme,  étant  dans  le  temple,  il 
faifoit  de  grandes  largeffes,  il  dit  à  Manfor  :  Et  vous  ne  me  demandez -vous 
rien  ?  Cet  homme  luy  répondit  avec  un  grand  fehtiment  de  pieté  :  J'aurois 
grand'honte  de  demander  dans  la  maifon  de  Dieu  à  autre  qu'à  luy  ,  &  autre 
chofe  que  luy-même.  Au  retour  de  ce  pèlerinage ,  il  fe  trouva  fi  touché  des 
fentimens  de  tendrefle  &  de  pieté  ,  qu'un  très-grand  orage ,  qui  fembloit  con- 
fondre le  ciel  avec  la  terre,  étant  furvenu  ,  il  fe  jetta  par  terre  &  fit  fa  prière 
en  ces  termes  :  Si  c'efl  moy  ,  Seigneur ,  que  vous  demandez ,  me  voicy  prefl 
à  fubir  les  châtimens  que  je  mérite  y  mais  je  vous  prie  de  ne  pas  regarder  vos 
fidèles  comme  vos  ennemis  à  ma  confideration.     Rabi  alahrar. 

Le  Nighiariftan  rapporte  une  Hiftoire  aflez  agréable  de  ce  qui  arriva  un  jour 
à  ce  Khalife  lorfqu'il  étoit  à  la  chafie.  S'étant  trouvé  abandonné  des  fiens  & 
preflTé  de  la  faim  &  de  la  foif ,  il  fut  obligé  de  chercher  dans  la  cabane  où 
tente  d'un  Arabe  de  quoy  fe  rafraîchir.  Cet  homme  luy  prefenta  du  pain  bis 
&  un  pot  de  lait.  Le  Kalife  luy  demanda,  s'il  n'avoit  rien  autre  chofe  à  luy 
donner,  &  FArabe  luy  alla  quérir  auflî-tôt  une  cruche  de  vin  qu'il  luy  prefen- 
ta. Mahadi,  après  en  avoir  bû  un  coup,  interrogea  l'Arabe,  s'il  ne  le  con- 
noiflbit  point.  Celuy-çy  luy  ayant  répondu  que  non:  Il  faut  que  tu  fçaches, 
luy  dit  alors  Mahadi  ,  que  je  fuis  un  des  principaux  Seigneurs  de  la  Cour  du 
Khalife  ,  &  après  avoir  beu  un  fécond  coup  ,  il  luy  fit  derechef  la  même  de- 
mande. L'Arabe  luy  répondit:  Ne  me  l'avez- vous  pas  déjà  dit  ?  Non  ,  luy  re- 
partit Mahadi ,  je  fuis  plus  grand  encore  que  je  ne  vous  ay  dit ,  &  but  un 
troifième  coup  de  vin ,  après  lequel  il  fit  encore  pour  la  troifième  fois  la  même 
demande  à  fon  hofte.  L'Arabe  luy  dit  alors  qu'il  s'en  tenoit  à  ce  qu'il  avoit 
appris  de  fa  propre  bouche;  mais  Mahadi  reprit:  Je  fuis  le  Khalife  devant  le- 
quel tout  le  monde  fe  profterne.  L'Arabe  n'eut  pas  plûtofl:  entendu  ces  paro- 
les ,  qu'il  prit  fa  cruche  de  vin ,  &  ^l'emporta.  Mahadi  furpris  de  cette  aftion  , 
luy  demanda  pourquoy  il  emportoit  fon  vin?  L'Arabe  luy  répliqua:  C'efl  que 
j'ay  peur,  que  fi  vous  buviez  un  quatrième  coup  ,  vous  ne  me  difliez  que  vous 
efles  Prophète  &  [que  fi  par  hazard  vous  en  preniez  un  cinquième  ,  vous  ne 
prétendiffiez  me  perfuader  que  vous  efles  le  Dieu  tout-puiflant.  Mahadi  fort 
réjoLii  de  ce  plaifant  trait  fe  prit  à  rire ,  &  fes  gens  l'ayant  rejoint  aufîi-tofl , 
il  fit  régaler  fon  hofle  d'une  vefle  &  d'une  bourfe  d'argent.  L'Arabe  fort  joyeux 
luy  dit  alors  :  Je  vous  tiendrai  pour  un  homme  véritable  ,  quand  même  vous 
augmenteriez  vos  qualitez  jufques  à  la  quatrième ,  &  même  jufques  à  la  cin- 
quième fois. 

MAHADI  ou  Mehedi.  Direéleur  &  Pontife  dans  la  Religion  Mufulmane. 
C'efl  le  furnom  par  excellence  du  douzième  &  dernier  Imam  de  la  race  d'Ali. 
Voyez  le  titre  des  Imams. 

Tome  IL  Ttt  Ce 


^14  ^  MAHADI.. 

CeMahadi  portoit  le  même  nom  que  le  faux  Prophète,  c'eft-à-fçavoir  Abul- 
caffem  Mohammed  ,  &  il  étoit  fils  de  Halian  Al  Afkeri  ,  rcrzième.ïmam.  .  Il 
naquit  à  Sermenrai  l'an  255  de   l'Hegire  ,   &  fut  enfermé  à  1  âge  de  neuf  ans 
dans  une  cave  ou  cirberne  par  fa  mcre  qui  le  garde  foigneulement  jufques  à  ce 
qu'il  doive  paroiflre  à  la  fin  du  monde.  Voilà  ce  que  les  Perfans  difent  de  luy; 
car  ils  croyent   que  cet  Imam  doit  fe  joindre  à  Jellis-Chrift   pour  combattre 
l'Antechrift,  &  ne  faire  des  deux  loix   Chrétienne  &  Mufulmane  qu'une  feule.  . 
Il  y  en  a  parmy  eux  qui  difent  que  cet  Imam  a   été  caché  deux  fois  :  la  pre- 
mière 'fut  depuis  fa  naifîance  jufques  à  l'âge  de  74  ans,   pendant  kquel  temps 
il  converfa  fecretement  avec  fes  Diicipîes  fans  fe  faire  connoiflre  aux  autres, 
parce  que  la  plufpart  des  autres  Imams   fes  anccltres  avoient  été  empoifonncz 
par  les  Khalifes  qui  fçavo^cnt  leurs  prétentions  &  qui  apprehendoient  la  révolte 
des  peuples  en  leur  faveur.     La  féconde  retraite  de  cet  Imam  eft  depuis  que  fa 
mort    fut   divulguée  jufques  au   temps   que   la    Providence  a  deftiné    pour  fa 
manifelbtion.     Ces  deux   éflats  du  Mahadi  font  que  fes  Seftateurs  luy   donnent 
entre  plufieurs  titres  ou  éloges  celuy  de  Motebatthen ,  c'efl-à-dire ,  le  fecret  & 
le.  caché. 

Le  Mahadi  d'Afrique  duquel  il  fera  parlé  plus  bas,  prétendoit  être  cet  Imam, 
&  que  le  temps  de  fa  découverte  étoit  arrivé.  Voyez  auffi  le  titre  des  Fathe- 
mites.     Khondcinir  6P  Ben  Schonah. 

11  y  a  dans  la  Chaldée  en  une  petite  contrée  nommée  par  les  Arabes  Ah- 
vaz ,  un  chafteau  nommé  Hefn  Mahadi  ,  oi\  toutes  les  eaux  de  ce  pays  -  là  fe 
joignent  &  font  un  marais  qui  fe  dégorge  dans  la  mer,  c'eft-là  que  les  Schiïtes 
prétendent  que  l'apparition  du  Mehedi  fe  doit  faire  dans  la  fuite  des  temps. 

MAHADL  Surnom  d'x^bulcafTem  Mohammed  Ben  ATîdallah,  Chef  &  pre- 
mier Fondateur  de  la  Dynaftie  des  Fathemites  ou  Ifmaëliens  en  Afrique.  Les 
partifans  d'Ali  prétendent  qu'il  defcendoit  en  droite  ligne  d'Ifmael  fils  de  Giafar 
Sadek,  fixième  Imam;  mais  les  Abbaflïdes  ne  conviennent  pas  de  cette  defcen- 
dance  &  l'ont  toujours  réputé  pour  un  ufurpateur  qui  n'appartenoit  en  aucune 
manière  à  la  famille  de  Mahomet  ,  &  ils  ont  prouvé  par  des  témoignages  au- 
thentiques qu'il  tiroit  fon  origine  d'A'bdalIa  Ben  Salem ,  égyptien  de  nation.  Les 
Sèftateurs  de  ce  Mahadi  ou  Diredleur  des  Fidèles  ont  autorifé  fa  miffion  fur  une 
tradition  receuë  de  Mahomet ,  laquelle  porte  qu'au  bout  de  trois  cens  ans  le 
Soleil  fe  leveroit  du  côté  du  couchant.  En  effet,  cet  homme  commença  à  pa- 
roiflre dans  l'Occident  l'an  296  de  l'Hegire,  &  fe  rendit  maiftre  d'une  grande 
partie  de  l'Afrique  que  les  Arabes  appellent  Magreb,  c'efl-à-dire,  Occident. 

L'an  300  de  la  même  Hégire ,  Mahadi  envoya  trois  armées  en  -Egypte  pour 
la  conquérir;  mais  le  Khalife  Moclader  qui  regnoit  à  Bagdet  défit  fes  troupes 
en  trois  différentes  occafions.  Mahadi  ne  fe  rebuta  point  du  mauvais  fuccés  de 
fes  armes,  &  enfin  ayant  mis  le  fiege  devant  la  ville  d'Alexandrie  il  l'emporta 
de  vive  force.  Il  fe  contenta  pour  lors  de  cet  avantage  &  fans  pouffer  plus 
avant  fa  vidoire  ;  il  fit  bafhir  auprès  de  Cairoan  qui  efl  l'ancienne  Cyrene , 
une  nouvelle  ville  qu'il  nomma  de  fon  nom  Mahadie  où  il  établit  le  fiege  de 
fon  Empire.    P''oyez  ce  titre  plus  bas. 

Quelques  Hifloriens  ne  luy  donnent  que  foixante  &  deux  ans  de  vie;  mais 
les  autres  difent  communément  qu'il  mourut  dans  la  foixante  &  troifième  année 
de.. fon  âge,  l'an  322  de  l'Hegire,  après  avoir  régné  26  ans,  &  lailfé  pour  fuc- 

celTeuî 


M  A  H  A  D  I  E.  M  A  H  A  L  E  B.  ^xs 

cefleur  dans  tous  fes  Etats- Caiem  BeemrilJah  fon  fils,   fous  le  Califat  de  Caher 

'  qui  fut  le  dix-neuviéme  des  AbbafTides. 

On  n'ell  pas  d'accord  fi  Mahadi  a  été  le  premier  qui  ait  porte  le   titre  de 

ÎKhalife  des  Fatiiemites  ;  car  plufieurs  ne  donnent  ce  titre  qu'à  Moêze  fon  pe- 
tit-fils qui  conquit  l'Egypte.  Il  y  a  auffi  quelques  Auteurs  qui  veulent  que  la 
ville  de  Cairoan  fut  toujours  fa  capitale,  &  même  qu'il  y  mourut.  Les  Sun- 
nites, c'eft-â.dire,  les  Mahometans  Orthodoxes  appellent  ordinairement  par  mé- 
pris ce  Prince  O'beidallah  Al  Schii  ;    c'eil  -  à  -  dire  ,   O'beidallah  l'heretique  ou 

"î'impoileur. 

Ahmed  Ben  Ibrahim  Ben  Harrar,  dit  l'Afriquain,  a  écrit  fa  vie  fort  au  long. 
Kbondemir.    Ben  Schohnah. 

MAHADIE.  Ville  que  Mahadi  bâtit  fur  le  bord  de  la  mer  afiez  proche  de 
celle  de  Cairoan;  elle  fut  fondée  l'an  303  de  l'Hegire.  Elle  eft  fituce  dans  une 
prefqu'Ifle,  &  revêtue  d'une  très  -  forte  muraille  avec  un  château  ou  palais  Im- 
périal, accompagné  de  plufieurs  grands  bâtimens  magnifiques  qui  furent  conftruits 
avec  une  dépenfe  exceffive.  C'efi:  l'ancienne  ville  nommée  Aphrodifium.  Dra- 
gut  Bafcha  de  la  mer',  la  prit  fur  les  Arabes  pour  Soliman  Empereur  des  Turcs 
l'an  956  de  l'Hegire.  André  Doria  la  reprit  peu  après  pour  Charles  V,  &  la 
démolit.  Les  Tables  Arabiques  luy  donnent  42  dcgrez  de  longitude  ,  &  32, 
&  demy  de  latitude  Septentrionale,  (^oysz  le  titre  des  Fathemites  &  Ma- 
hadi Imam. 

MAHADU'NL  Surnom  d'Ab'ii  Valid  Abdalmalck  Ben  Catthàr  qui  mou- 
rut  l'an  256  de  l'Hegire.  Il  nous  a  laifl^é  un  livre  intitulé,  Efchtekâk  alefma, 
c'eft-à-dire,  des  mots  de  la  Langue  Arabique  qui  ont  plufieurs  lignifications  & 
qui  par  confequent  font  équivoques. 

MAHAGEM.  Ville  de  l'Iemen  ou  Arabie  heureufe  qui  fépare  deux  Pro- 
vinces de  la  même  Arabie,  nommées  Jcmamah  &  Temamah.  Elle  efl  fituée  dans 
une  plaine  fertile  à  l'Orient  Septentrional  de  la  ville  de  Zebid  de  laquelle  elle 
n'eft  éloignée  que  de  fix  journées.  Le  Géographe  Perfien  la  met  dans  le"  pre- 
mier climat,  &  dit  qu'elle  efi:  petite,  mais  fort  peuplée. 

Edriffi  qui  la  place  dans  la  fixième  partie  du  même  climat,  écrit,  qu'elle  efl 
à  7  journées  de  Sanâa  ,  ville  capitale  de  l'Iemen  ,  &  à  8  d'Aden  qui  efl  fur 
VOcean  proche  de  l'entrée  de  la  mer  rouge,  &  que  le  petit  païs  nommé  Dahés 
s'étend  enti-e  ces  deux  villes. 

MAHALAIL  ou  Mahiaïl.    C'efl:  le  Patriarche  Mahalalecl  fils   de   Caïnan 
Le  Tarikh  Montekheb  dit  qu'il  a  été  le  premier   qui  ait  foiii  les  mines  pour 
y  chercher  les  veines  de.s  métaux ,  &  qui  ait  bâti  des  maifons.     II  luy  a  attribué 
auffi  la  fondation  des  villes  de  Schuftier  &  de  Babel.  Quelques  Ililloriens  Orien- 
taux veulent  qu'il  foit  le  même  que  le  Géant  Dudafch.    Voyez  ce  titre. 

MAHALEB.  Les  Mahalebites  ou  les  Princes  de  la  race  de  Mahaleb  étoieni 
puifians  du  temps  que  les  Ommiades  poflîedoient  le-Khalifat.  Ils  pofledoient  le 
Lariflan  ou  Royaume  de  Lar  &  la  ville  d'Ozmuz  où  ils  avoient  bâti  un  Châ- 
teau renommé  par  fa  force.  Jezid  fils  de  Mahaleb  s'étant  révolté  contre  le 
Khalife  Jezid  II  du  nom,  &  ayant  été  défait  par  fes  troupes,  s'y  voulut  refu- 

T 1 1  2  .'SiS" 


Si6  M  A  H  A  L  I.  M  A  H  E  R    V  I  S  S  I. 

gier  avec  le  débris  de  fon  armée  ;  mais  le  Commandant  luy  en  ayant  refufé 
l'entrée ,  il  fut  taillé  en  pièce  avec  tous  les  fiens  par  fes  ennemis  qui  le  pour- 
fuivoient.  Ben  Schohnah  dit  que  les  Mahalebices  s'étoient  rendus  fort  recom- 
mandables  par  leur  valeur  &  par  leur  magnificence,  &  cite  des  vers  Arabes  qui 
ont  été  compofez  à  leur  louange. 

Il  y  a  un  Abu  Mohammed  de  cette  famille  dont  il  efl  parlé  dans  les  Agani 
Kebir  d'Abulfaragc  Eiïahani  ,  &  un  autre  qu'Abulfeda  cite  iouvent  dans  fa 
Géographie. 

M  AH  ALI  &  Mahalli.  Abumâala  Mahalli  Ben  Gémi  Cadhi  ou  Juge  du  grand 
Caire,  qui  mourut  l'an  550  de  THegire,  a  compofé  l'Adab  al  Cadhi,  c'eft-à-dire., 
des  Devoirs  &  Fondions  des  Juges  félon  les  fentimens  du  Dofleur  &  Imam 
Schafei. 

Amineddin  Mohammed  al  Arudhi  Al  Mahali  a  écrit  en  vers  un  Art  Poétique, 
intitulé  Argiuzat  filârudh.     Cet  Auteur  mourut  l'an  ôj^  de  l'Hegire. 

Gelalcddin  M.  Alraahali ,  qui  mourut  l'an  864  de  l'Hegire  ,  a  commenté  un 
livre  de  Grammaire  Arabique  intitulé  Aârâb  an  Kuaed  aâràb. . 

M  AH  AN.  General  de  l'Empereur  Heraclius  ,  lequel  fut  défait  par  les  Ara- 
bes un  peu  avant  la  prife  de  Damas  fous  le  Khaiifat  d'Omar.  Il  fe  retira  après 
cette  difgrace  au  mont  Sinai  où  il  fe  fit  Moine  fous  le  nom  d'Anaftafe  ,  & 
compofa  quelques  Ouvrages  fur  ks  Pfeaumes,  &c.  Ben  Batrik. 

M  AH  AN  &  Makhan.  Ville  du  KhoralTan  fituée  auprès  de  Merii  Schagehan. 
Lorfque  les  Selgiucides  eurent  pafle  l'Oxus ,  une  famille  d'entr'eux  qui  fe  difoit 
defcenduë  d'Oguzkhan  s'y  arrclta  &  y  commanda  jufques  à  l'irruption  de  Gen- 
ghizkhan.  Car  alors  Soliman  Schah  qui  defcendoit  de  Caïkhan  Chef  des  Ogu-, 
ziens,  voyant  fon  pays  ruiné,  l'abandonna  &  vint  à  Akhiath  ou  Khelath  ville 
d'Amienie  où  il  s'établit.  Tarikh  Othmani  dans  l'origine  de  la  maifon  Otho- 
raane.    l^oyez  cy-delfous  Makhan,  &  le  titre  de  Solimanfchah. 

M  AH  A  R  AH.  Ville  de  l'Arabie  heureufe  dont  les  Habitans  ont  un  langage 
différent  de  celuy  de  tous  les  autres  Arabes.  Elle  efl  fituée  au  premier  climat, 
&  a  un  terroir  fort  fterile  ;  car  il  n'y  a  dans  toute  fon  étendue  aucune  terre 
labourable  ni  autres  arbres  que  celuy  de  Ban.  Cependant,  il  abonde  en  cha-^ 
meaux  &  en  moutons  qui  fe  nourriHent  de  la  graine  &  des  feuilles  de  cet  arbre , 
dont  on  tire  l'huile  que  les  Arabes  appellent  Dehen  elban  ,  &  de  laquelle  on 
fait  un  fort  grand  trafic  dans  toute  l'Arabie.     Géographe  Perjien. 

MAHBU'B.  Mohammed  Ben  Mahhiid,  homme  réputé  Saint  par  les  MufuU 
mans.  l^oyez  f^  vie  dans  l'Ouvrage  qu'Iafei  a  fait  fur  cette  forte  de  Saints  ou 
Santons. 

^oyez  auflî  Amild  fils  de  Mahbud  dans  fon  titre  particulier. 

M  A HER  VIS  SI  fils   de  Sipah  ,  fils  de  Saïar  ou  Jafllaf  ,  célèbre  Médecin ,  . 
Çeifien  de  naiilance,  &  Mage  de  Religion.    Il  fut  maître  d'Ali  Ben  Abbas  dit 
Al-Magiùs  qui  a  compofé  un  Cours  entier  de  Médecine  fort  eflimé ,   fous  lè 
nom  de  Maleki,. 

MAHERANL . 


M  A  H  E  R  A  N  I.  MAHMOUD.  517 

MAHERANI.  Surnom  d'un  Abiifaid  qui  a  corapofc  un  de  ces  Ouvrages 
que  les  Mufulmans  appellent  Arbnâî.  l^oyez  ce  titre. 

MAHISER.  Tefîe  de  PoilTon.  C'ell  ainfl  que  les  Pcrfans  appellent  ces 
peuples  que  les  Grecs  ont  nommes  Ichthyophnges ,  c'eft-à-dire,  Mangeurs  de  poif- 
fon.  Les  Romans  Orientaux  placent  ces  peuples  dans  une  ifle  de  la  mer  d'O'm- 
man,  c'eft-à-dire,  de  l'Océan  Oriental  dans  lequel  font  compris  les  deux  Gol- 
phes  Arabique  &  Perfique.  Le  Livre  intitulé  Hufchenk  Nameh  rapporte,  que 
l'Empereur  Hufchenk  envoya  fon  General  Harufchir  pour  lubjuguer  ces  Ichthyo- 
phages  dont  les  tètes  étoient  approchantes  de  celles  des  monllres  marins,  & 
qui  n'avoient  point  d'autre  nourriture  que  celle  qu'ils  tiroient  du  poiiFon  feché 
au  folcil.  Il  elî  fait  encore  mention  de  ces  Têtes  de  poillbn  dans  la  gallerie- 
du  Géant  Argenk,  dont  vous  pouvez  voir  le  titre. 


«s- 


MAHIZER.  Le  PoifTort'  et  l'or.  Les  Perfans  appellent  ainfi  une  pierre 
très-rare  &  fabuleufe,  laquelle  étant  jettée  dans  l'eau,  s'attache  à  ce  qu'il  y  a 
de  plus  précieux  au  fond ,  &  l'apporte  au  dcflus  de  la  même  eau.  11  fera  parlé 
de  cette  pierre  ailleurs.  - 

MAHMOUD  fils  de  Gaiaith-eddin.  Cinquième  &  dernier  Sultan  de  la  Dj'- 
naftie  des  Gaurides  ou  de  la  famille  de  Sam.  Il  fucceda  à  fon  oncle  Schehab- 
eddin.  Tan  603  de  THegire  &  fut  reconnu  pour  Souverain  dans  les  pay.s  de 
Gaur,  de  Gazna,  de  Zableftan,  d'Indoîlan,  &  de  la  plus  grande  partie  du  Kho- 
ralTan.  Il  acheva  dans  cette  dernière  Province  le  bitiment  de  la  grande  Mof- 
quce  de  la  ville  de  Herat  que  fon  père  avoit  commencé.  Cependant ,  il  ne- 
faifoit  pas  fa  refidence  dans  cette  ville  ;  mais  à  Firiiz  ghûé ,  capitale  du  pays" 
de  Gaur. 

Alifchah  fils  de  Takafch  Khan  s'étant  foufievé  contre  Mohamed  Khuarezni: 
fchah  fon  frère,  &  enfuite  réfugié  auprès  de  Mahmoud,  ce  Prince  prenant  pré- 
texte de  l'alliance  étroite  qu'il  avoit  avec  Mohamed,  le  fit  arrefler  &  remettre 
entre  les  mains  de  fon  frcre.  Cette  infidehté  déplut  fi  fort  aux  Khoralîàniens 
&  aux  Irakiens  qui  étoient  du  party  d'Ali-fchah,  qu'ils  conjurerent  contre  luy 
&  envo3'erent  des  gens  qui  entrant  1  nuit  furtivement  dans  fon  Palais,  le  maf- 
facrerent  dans  fon  lit  fans  qu'aucun  de  fes  domeftiques  s'en  appcrceut.  On  re- 
chercha avec  grande  diligence  les  auteurs  de  cet  attentat  ;  mais  on  ne  put  jamais" 
les  découvrir.  Ce  Prince  étant  mort ,  on  l'enterra  d'abord  dans  le  Chafteau  de 
Firûz-gité,  d'où  il  fut  tranfporté  en  la  grande  Mofquée  de  Hérat,  dont  il  a  été 
parlé.  Il  laifia  un  fils  nommé  Sam  ,  lequel  entra  d'abord  en  guerre  avec  Atfir 
fils  de  Gihanfilz  fon  parent  qui  luy  difputoit  la  Couronne  ;  mais ,  ni  Ynn  ni 
l'autre  de  ces  Princes  la  pofieda  :  Car  la  fortune  de  Mohammed  croilfant  de 
jour  en  jour,  celle  des  Gaurides  enfin  s'éclipfa ,  &  paffk  dans  la  maifon  des 
Khouarezmiens.  Mahmoud  fut  tué  l'an  de  l'Hegjre  609,  après  avoir  régné  fcpt 
ans,  &  terminé  en  fa  perfonne  la  Dynaftie  des  Gaurides  qui  avoit  tenu  le 
Sceptre  pendant  foLxante  &  quatre  ans.    Mirkhond.  Khondernir. 

MAHMOUD  fils  de  Sebefteghin,  premier  Sultan  de  la  Dynaftie  des  Gazne- 
vidos  dont  fon  père  avoit  néanmoins  déjà  jette  les  fondemens  ,  commença  à 
régner  abfolument  lorfqu'il  eut  réduit  fon  frcre  à  la  vie  privée.     Il  palfa  aiifil- 

T  t  t  3  tdt 


5i8  MAHMOUD, 

tôt  de  la  ville  de  G:izna  en  celle  de  Balkhe,  oix  après  avoir  pacifié  entièrement 
les  troubles  de  la  Province  de  KhoralFan,  le  Khalife  Cadet  luy  envoya  par  for- 
me d'inveftiturc  une  très-riche  vcfle,  &  luy  donna  le  furnom  de  lemin  addûlat, 
c'e(t-à-dire ,  la  main  droite  de  l'Etat  des  Mafulmans;  &  celuy  d'Amin  al  miilat, 
c'cfl-à-dire  ,  Gardien  &  Procefteur  des  Fidèles,  Tan  389  de  l'Hegire,  Peu  de 
temps  après,  Mahmoud  fit  un  traité  de  paix  avec  Ilek-Kan  ,  Roy  des  Nations 
&  des  Provinces  Tranlbxanes  ou  du  Turqueftan,  &  pour  l'affermir  davantage, 
il  s'allia  avec  iuy  en  prenant  fa  fille  en  mariage.  Après  s'être  ainfi  allure  de 
ies  voifms,  il  porta  la  guerre  aux  Indes,  &  attaqua  l'an  392  de  l'Hegire,  Gebal , 
le  plus  puiilant  Roy  de  l'Indoftan.  Mais  ce  Prince  ayant  eu  le  malheur  d'eflre 
pris  deux  fois  dans  les  combats  qu'il  livra  à  Mahmoud  qui  l'avoit  renvoyé  deux 
fois  avec  fa  liberté  ,  fut  obligé  ,  félon  la  coutume  du  pays  ,  de  renoncer  à  là 
Couronne ,  de  la  mettre  fur  la  tête  de  fon  fils ,  &  enfin  de  fe  brûler  luy-même 
pour  expier  fon  malheur. 

Mahmoud  après  ces  grandes  conquelles  -obtint „âe  furnom  de  Gazi,  qui  fignrfie 
Conquérant,  &  retourna  à  Gazna,  chargé"  des  richelfes  incroyables  que  {qs  ar- 
mes luy  avoient  acquifes. 

L'année  fuivante  Mahmoud  fit  une  expédition  en  Segefl:an  pour  réduire  à  lâ 
raifon  Khalaf,  lequel  n'étant  que  Gouverneur  de  cette  Province  y  tranchoit  de 
Souverain  &  avoit  même  fortifié  le  Château  de  That  ,  comme  s'il  eut  voulu 
s'y  maintenir  de  force  ;  mais  il  n'eut  pas  plutôt  appris  la -venue  de  ce  Prince, 
qu'il  alla  au-devant  de  lui,  lui  apportâmes  clefs  de  fa  Forterefle  &  le  reconnut 
pour  fon  Sultan.  Ce  titre  de  Suitan  ,  qui  n'étoit  pas  encore  en  ufage  ,  plut  fi 
fort  à  Mahmoud ,  qu'il  le  prit  toujours  depuis  ce  temps- là,  &  pardonna,  non- 
feulement  à  Khalaf  fa  révolte  ,  mais  le  rétablit  encore  dans  fon  Gouvernement. 
Cependant  Khalaf  n'ufa  pas  bien  de  la  clémence  de  Mahmoud;  car  il  fe  révol- 
ta une  féconde  fois,  &  demanda  du  fccours  à  Ilck-Khan  pour  fe  foûtenir.  Le 
Sultan  irrité  de  fa  perfidie  ,  courut  fur  lui  en  grande  diligence  ,  le  furprit  & 
l'envoya  prifonnier  dans  uu  Château  de  la  Province  de  Giorgian ,  où  il  finit 
fes  jours. 

L'an  395,  Aïahmoud  retourna  aux  Indes  ,  &  y  entra  du  côté  de  Hebath  & 
de  Multan  dont  il  s'empara.  Pendant  ce  tems-là  ,  Ilek-Khan  prit  occalion  de 
fon  abfence  pour  attaquer  le  Khoralîàn.  Il  partagea  d'abord  ion  armée  entre 
fes  deux  Généraux^  nommez  Sipafchi-teghin  &  Giafer - teghin ,  &;  leur  donna  à 
chacun  la  moitié  de  cette  grande  Province  à  conquérir.  Arflan  Giazeb-teghin , 
qui  commandoit  de  la  part  de  Mahmoud  dans  Herat ,  dépêcha  aufii-tôt  un  Cou- 
rier aux  Indes,-  pour  luy  fiiire  fçavoir  l'invafion  d'Ilek-Khan  dans  ies  Etats. 
Le  Sultan  fur  cet  avis  ne  perdit  point  de  tems ,  il  vint  à  grandes  journées  trou- 
ver les.  deux  Généraux  d'Ilek-Khan.  Ils  ne  tinrent  pas  long-tenis  ni  l'un,  ni 
l'autre  devant  luy,  &  ils  furent  obligez,  après  une  foible  refifiaace  ,  de  quit- 
ter le  Khoraff m  <Sc  de  repaifer  le  Gihon.  Ilek-Khan  fi;  voyant  honteufement 
chalTé  par  Mahmoud,  implora  le  fecours  de  Cader-khan  ,  Roy  du  Khatay.  Ce 
Prince  le  vint  joindre  avec  cinquante  mille  chevaux  ,  &  ayant  paiîe  enfemble 
le  fieuve  Gihon  ,  ils  fe  préfenterent  devant  la  ville  de  Balkhe.  Le  Sultan  fe 
voyant  attaqué  par  i^ne  fi  puifiante  armée  eut  recours  à  Dieu,  qu'il  pria  ardem- 
ment de  luy  accorder  fa  prote6lion  contre  un  fi  grand  nombre  d'Infidèles;  puis 
montant  fur  fon  Eléphant  blanc  &  rangeant  fon  armée  en  bataille  ,  il  alla  en 
perfonne  inveftir  le  lieu  où  fe  trouvoit  iiek-Khan.  Son  Eléphant  enleva  Ilek- 
Khan 


MAHMOUD.  ji^ 

fJTiati  de  defllis  fon  cheval  ,  Je  jetta  en  l'air  avec  fa  trompe  &  écrafa  avec  Ces 
pieds  Ja  plupart  de  ceux  qui  combattoient  autour  de  luy.  Les  deux  armées 
cependant  fe  choquèrent  fort  rudement ,  &  les  troupes  du  Sultan  firent  un  fi 
grand  carnage  de  leurs  ennemis ,  qu'il  n'y  en  eut  que  fort  peu  qui  écJiapaiTent 
à  leur  fureur  à  la  faveur  du  Gihon  où  ils  fe  précipitèrent.  Cette  fàmeufe  ba- 
taille fe  donna  à  quatre  lieues  de  la  ville,  l'an  de  l'Hegire  397,  &  la  même  an- 
née  Mahmoud  pafla  aux  Indes  ,  où  il  châtia  un  de  leurs  Rois  nommé  Neve- 
fcha,  pour  avoir  renoncé  au  Mululmanifrae  qu'il  avoit  embraffé  en  fa  confi- 
deration. 

L'an  400.  Le  Sultan  Mahmoud  poufla  fcs  conquêtes  aux  Indes  &.  défit  Bal, 
fils  d'Andba!  ,  eftimé  le  plus  riche  &  le  plus  puilfant  Roy  de  tout  l'Indoftan. 
On  dit ,  qu'il  fe  trouva  dans  Ja  Forterelfe  de  Behefim  des  tréfors  immenfes  en 
or,  en  argent  &;  en  pierreries.  Et  la  même  année,  le  Roy  des  Rois  ou  l'Em- 
pereur des  Indes  ,  envoya  demander  la  paix  au  Sultan  qui  la  luy  accorda  ,  à 
condition  qu'il  luy  envoyeroit  cinquante  Elephans  dans  fes  écuries  ,  outre  une 
greffe  fomme  d'argent ,  dont  il  luy  devoit  payer  ti-ibut  tous  les  ans.  Cette 
paix  ayant  été  ratiîiée ,  le  commerce  des  Indes  "fe  rétablit  &  les  Caravanes  mar- 
chèrent à  leur  ordinaire. 

L'an  4or.  Le  Sultan  attaqua  Mohammed  Ben  Suri,  Prince  du  pays  de  Gaur, 
&  le  fit  prifonnier  de  guerre.  Mohammed  fe  trouvant  entre  les  mains  du  Sul- 
tan,  prit  du  poifon  qu'il  tenoit  caché  dans  un  anneau  &  fe  délivra  de  la  cap- 
tivité par  la  mort. 

La  même  année,  Mahmoud  fe  rendit  maître  du  Gurgiflan  ,  qui  cft  la-  Géor- 
gie, &  en  chafîli  le  Schar  ou  Roy  du  pays,     ycyez  le  titre  de  Schar. 

En  405,  il  retourna  aux  Indes,  prit  la  Ville  &  Royaume  de  Marvin.  Ce 
fut-là  qu'il  apprit  ,  que  dans  une  des  contrées  voifines  il  y  avoit  des  Elephans 
Mufulmans,  (voyez  ce  que  c'eft  dans  le  titre  de  Fil)  il  fit  donc  la  guerre  au 
Roy  de  ce  pays-là,  qui  étoit  idolâtre,  &  l'ayant. défait  ,  il  fe  retira  chargé 
d'un  très -grand  butin,  &  mena  avec  luy  un  grand  nombre  de  fes  Elephans. 

L'an  407 ,  fon  gendre ,  nommé  Maraon  ,  fils  de  Mamon  ,  que  Ton  appelloit 
Khuarezm-fehal  ,  parccqu'il  étoit  Gouverneur  du  Khuarezm ,  ayant  été  fulcité 
par  Begal  teghin  &  par  quelques  autres  mccontens  ,  commença  à  luy  refufer 
l'hommage  qu'il  luy  devoit.  Mais  Mahmoud  feut  bientôt  rangé  à  fon  devoir 
&  luy  ôta  fon  Gouvernement  qu'il  donna  à  Altuntafch  ,  fon  Général  &  fon 
Favori. 

L'an  409,  il  entreprit  de  fubjuguer  la  partie  Septentrionale  des  Indes,  &  il 
porta  la  guerre  au  pays  de  Kiiragc  ,  éloigné  de  trois  mois  entiers  de  Gaznah  ; 
il  le  conquit  entièrement  &  en  rapporta  des  richeifes  ineftimables  &  un  fi  grand 
nombre  d'efclaves  ,  que  fon  les  donnoit  pour  dix  drachmes  la  pièce  ,  encore 
avoit-on  peine  de  trouver  qui  les  achetât. 

L'an  416,  il  tira  vers  le  Midy  des  Indes,  &  entra  dans  le  Rcryaume  de  Sou- 
menat,  où  il  eut  plufieurs  combats  à  donner  avant  que  de  s'en  rendre  le  mai- 
tre.  Quelques  Hifloriens  difent ,  que  Soumenat  eu  le  nom  d'une  Idole  que  les 
Habitans  de  ce  pays-là  adoroient ,  à  qui  il  av(*it  danné  fon  nom  ;  mais  Feri- 
deddin'Atthar  n'eft  pas  de  ce  fentiment  quand  il  dit:  Les  foldats  de  Mahmoud 
trouvèrent  dans  le  pays  de  Soumenat  une  Idole  -,  que  Ton  nornmoit  Lât. 

Mirkhond  dans  fon  Raouzat  eflafa  rapporte,  que  dans  le  temple  de  cette  Ido- 
le, il  y  avoit  cinquante  -  fix  colomncs  d'or  maffif ,  toutes  couvertes  de  rubis  & 

-pier-  ■ 


520  M  A  H  M  0  U  D.  I 

pierres  prétieufes.  L'Idole  étoit  d'une  feule  pierre  &  avoit  cinquante  coude'es- 
de  long;  mais  il  n'en  paroiiroit  que  la  hauteur  de  trois  &  les  quarante  -  fept 
autres  étoient  dans  terre.  Mahmoud  la  -voulut  brifer  de  fes  propres  mains , 
&  il  luy  fit  facrifier  en  peu  de  temps  plus  de  cinquante  milles  de  ces  Idolâ- 
tres. On  dit,  qu'il  tira  tant  de  ce  temple  que  des  trcibrs  du  Roy  de  ce  pays- 
là  plus  de  vingt  millions  d'écus  d'or ,  ians  compter  le  butin  que  fes  foldats 
y  firent. 

Ce  fut,  après  cette  conquête  ,  qu'il  établit  dans  ce  pays-la  un  Prince  tribu- 
taire de  la  race  de  Dabfchelim.  l^oyez  cette  Hiftoire  entière  dans  le  titre  de 
Dabfchelim ,  tirée  du  Nighiariltan.  Nôtre  Auteur  ,  qui  eft  Khondemir ,  l'a  ti- 
rée de  Mirkhond  &  le  Nighiariflan  l'a  prife  de  l'un  &  de  l'autre.  Il  cite  un 
proverbe  Arabe  à  ce  fujet  qui  dit  : 

Celuy  qui  creufe  un  puits  à  fon  compagnon  tombe  luy-même  dedans.  Et  un 
palfage  de  l'Alcoran  qui  porte: 

t^ous  donnez i  ô  Seigneur,  le  Royaume  à  qui  vous  voulez ,  ^  vous  Votez  des  mains 
de  celuy  qu'il  vous  plaît. 

L'an  de  l'Hegire  420,  il  conquit  la  grande  Province  de  l'Iraque  Perfique  & 
kl  donna  à  fon  fils  Mafl'ôud,  déclarant  pour  fuccefll'ur  de  fon  trône  &  de  tous 
fes  autres  Etats  fon  autre  fils,  nommé  Mohammed;  ce  qu'ayant  fait,  il  deman- 
da à  Mafloud  comment  il  vivroit  avec  fon  frère  Mohammed  après  fa  mort  ? 
De  la  même  manière,  luy  répondit -il,  que  vous  avez  vécu  avec  vôtre  frère 
Ifmael ,  fils  de  Sebe6leghin.  Cette  réponfe  toucha  vivement  le  Sultan  Mah- 
moud; car  ayant  eu  autrefois  fon  frère  entre  fes  mains,  il  luy  pardonna  :  puis 
luy  ayant  demandé  un  jour,  comment  il  l'auroit  traité  luy-même,  Çi  Dieu  luy 
avoit  donné  la  vicloire  '?  Ce  Prince  lui  répondit  fottement  ,  qu'il  i'auroit  tenu 
enfermé  dans  une  prifon  ,  où  il  ne  l'auroit  laifie  manquer  de  rien  hors  de  la 
liberté.  Cette  réponfe  impertinente  fit ,  que  Mahmoud  le  mit  entre  les  mains 
du  Gouverneur  d'un  des  Châteaux  de  la  Province  de  Georgian,  qui  le  tint  en- 
fermé jufqu'à  fa  mort,  luy  fourniflant  cependant  avec  abondance  toutes  les  au- 
tres commoditez  de  la  vie.  Mahmoud  \nt  bien  ,  par  la  réponfe  que  Mafioud 
lui  fit  que  ces  deux  frères ,  qui  étoient  (es  enfans ,  ne  vivroicnt  pas  long-temps 
en  paix,  &  quelques  efl'orts  qu'il  put  faire  pour  obliger  Mafioud  à  jurer,  qu'il 
ne  molefiieroit  point  fon  frère ,  il  ne  put  jamais  l'obtenir  de  luy  jufqu'à  ce 
que  Mohammed  luy  jura  de  partager  avec  Mafioud  ,  fon  frère,  tous  les  tréfors 
que  fon  père  luy  laifieroit  après  fa  mort. 

L'an  421.  Le  Sultan  Mahmoud  mourut  d'une  fièvre  lente  ,  dans  la  63^  an- 
née de  fon  âge  ,  après  avoir  régné  feul  &  abfolu  l'efpace  de  31  ans.  Ce  fut 
un  très-grand  Prince,  doiié  de  vertus  héroïques  &  fort  zélé  pour  la  propaga- 
tion du  Mufulmanifme  ,  qu'il  aVoit  étendu  bien  avant  dans  les  Indes  ,  où  il 
avoit  extermiiré  un  nombre  infini  d'Idolâtres,  &  ruiné  la  plus  grande  partie  de 
leurs  Temples  ou  Pagodes.  Il  faut  remarquer  en  pafTant ,  que  le  mot  de  Pa- 
gode vient  du  Perfien  Potghcdah  ou  Pokhoda,  qui  fignifie  Temple  d'Idoles,  ou 
Idole  qui  eft  adorée  comme  Dieu.  On  n'a  remarqué  dans  ce  Prince  qu'un  feul 
vice,  qui  étoit  l'avidité  d'amaficr  des  tréfors.  11  eft  vrai,  que  jamais  Prince  n'a 
eu  plus  d'occafion  de  contenter  cette  paflion  ;  car  il  trouva  dans  les  Indes  qui 
lî'avoient  point  encore  été  entamées  jufques  alors  ,  de  quoy  fatisfairc  la  plus 
infatiable  cupidité  d'or  &  d'argent  qu'un  homme  puifiTe  avoir.     Il  eut  pour  Vizir 

Ahmed , 


MAHMOUD.  jjr 

•Ahmed,  fils  de  Haflan,  furnommé  Meïmendi,  duquel  il  fe  dégoûta  à  la  fin,  & 
prit  en  (li  place  Emir  Genk  Mikal  ou  Menkal.     l'^oyez  Mcïmen.Ii. 
•     Pluficurs  grands   Perfonnages   ont  fréquenté  la  Cour  de  Mahmoud  ,   comm; 
Ferdoulli,  Abii  Rihan ,  &c.  defquels  on   peut  voir  les  titres  particulier?. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  cy-delTus  du  Sultan  Mahmoud  ell  tiré  de  Khon- 
demir  dans  la  Dynaftie  des  Gaznevides.  t^oyez  aufli  Ebn  Sina  &  Ion  voyage 
au  Khoraflan. 

Cq  Prince  fut  furnommé  Jermin  Eddoulat,  la  droite  de  l'Etat.  Il  faut  fous- 
«ntendre  des  Mufulmans  ou  du  Khalifat ,  éloge  qui  luy  fut  donné  par  Cider 
Billah,  vingt-cinquième  Khalife  de  la  Maifon  des  Abbaflîdes  ,  lorfqu'il  leiablic 
Roi  du  Khoraflan ,  après  la  ruïne  des  Princes  de  la  race  des  Saraanides ,  l'an  de 
l'Hegire  387. 

Mahmoud  étoit  fils  de  Sebefteghin  ,  Turc  de  Nation  ,  qui  commandok  dans 
les  pays  de  Khoraflan  &  de  Gaznah,  &  de  la  fille  du  Prince  de  Zablcftan.  C'efl 
pourquoi,  il  eft  fouvent  appelle  Zabeli,  &  le  Poëte  Ferdouffi  l'a  qualifié  de  ce 
nom  dans  un  quatrain ,  dont  voici  le  fens  : 

-La  magnifique  Cour  de  Mahmoud  le  Zabelien  eft  une  mer;  mais  une  mer  qui 
n'a  ni  fond,  ni  rive:  Je  me  fuis  trouvé  dans  cette  mer,  &  j'ai  plongé  jufqu'au 
fonds  fans  y  pêcher  aticune  perle  ;  mais  ce  n'eft  pas  la  faute  de  la  mer  ,  c'eft 
un  efl^et  de  mon  malheur. 

Mahmoud  après  avoir  conquis  les  Indes  ,  où  il  trouva  des  tréfors  infinis  & 
où  il  planta  la  foi  Mufulmanne,  fe  rendit  maître  aufli  de  la  Province  de  Khua- 
rezm;  &  en  l'année  392  de  l'Hegire,  il  fut  attaqué  par  Ilek-Khan,  Roi  des 
Turcs  Orientaux  ,  &  de  tout  le  pays  de  de -là  le  fleuve  de  Gihon  ou  Oxus  ; 
mais  il  le  défit  auprès  de  la  ville  Royale  de  Balkhe  dans  le  Khoraffm ,  &  l'o- 
bligea de  repafl"er  la  rivière  de  Gihon,  qui  faifoit  la  feparation  de  leurs  Etats. 

Ilek-Khan  mourut  dans  fon  Pays  l'an  403.  Après  fa  mort,  Cader-khan,  fon 
fuccefleur  dans  le  même  Ro3^aume,-  &  Arflànkhan  ,  Roi  du  Turkcflian  ,  s'étants 
unis  enfemble  ,  pafl'érent  le  Gihon  avec  une  puiflante  armée  &  vinrent  droit  à 
la  ville  de  Balkhe.  Mahmoud  vint  au-devant  d'eux  avec  la  fienne  &  leur  livra 
bataille.  Il  étoit  monté  ce  jour- là  fur  un  Eléphant  blanc,  qui  fut  le  prélage 
de  la  grande  vifloire  qu'il  remporta  fur  fes  ennemis  ;  car  il  les  pourfuivit  tou- 
jours battant  jufqu'au  Gihon  ,  dans  lequel  la  plus  grande  partie  des  Turcs  fe 
noya ,  &  il  le  pafi'a  avec  toute  fon  armée  ,  s'étendant  de  tous  cotez  dans  le 
pays  ennemi  qu'il  pilla  &  ruïna  entièrement.  Après  une  fi  grande  viftoire,  il 
retourna  au  Khoraflan  ,  l'an  de  l'Hegire  410 ,  &  fe  rendit  maître  du  Gior- 
.'gian. 

Dix  ans  après,  l'an  de  l'Hegire  420,  il  entreprit  la  conquête  de  l'Iraque  Per- 
fienne,  où  regnoit  alors  Rofl:am,  furnommé  Magdeddoulat ,  fils  de  Fakhreddou- 
lat,  qui  fut  le  dernier  Prince  de  ce  pays -là  de  la  Maifon  des  Bouides.  Mah- 
moud furprit  ce  Prince  &  s'en  défit  fecretement,  &  après  être  entré  de  gré  ou 
de  force  dans  les  villes  d'Ifpahan  ,  de  Cazvin  &  autres  ,  il  fut  reconnu  pour 
Roi  de  ce  grand  Etat ,  que  les  Princes  de  la  Maifon  de  Bouiah  avoient  polfedé 
durant  plufieurs  années. 

Ce  n'eft  pas  que  les  peuples  fe  foûraiflent  agréablement  à  cette  nouvelle  do- 
mination; mais  Mahmoud  ufa  de  tant  de  feverité  envers  ceux  qui  refufoient  de 

Tome  II,  V  v  v  por> 


522  MAHMOUD. 

porter  ce  joug  ,  qu'il  fit  mourir ,  en  une  feule  fois  ,  quatre  mille  des  princt- 
'  paux  habitans  d'ifpahan  qui  s'étoient  révoltez  contre  lui. 

11  châtia  aufîî  ceux  de  Cazbin  pour  la  même  raifon  ,  &  enfin  ,  après  avoir 
pacifié  ce  Royaume  ,  il  en  donna  le  Gouvernement  à  l'on  fils  Malfôud  ,  qui  y 
établit  fa  réfidence.  Pour  lui ,  il  s'en  retourna  dans  le  Khoralfan ,  &  fit  quel- 
que tems  fa  demeure  dans  la  ville  de  Heri  ,  d  où  étant  palîe  enfuite  dans  celle 
de  Gaznah,  il  y  mourut  l'an  de  THegire  421  ,  âgé  de  61  ans  &  le  31  de  fan: 
règne.  Il  fut  le  premier  Monarque  reconnu  de  la  race  des  Gaznevides  ;  car 
fon  père  avoit  été  plutôt  Gouverneur  que  Roi  abfolu ,  les  Princes  Samanides 
vivant  &  régnant  encore  dans  le  Khoraifan. 

Ce  Prince  étoit  fort  laid  de  vifage,  de  forte  que  s'étant  un  jour  regardé  aur 
miroir,  il  fut  affligé  de  fe  voir  fi  mal  fait,  ôc  prononça  des  vers  en  ce  fens  ; 
J'ai  fait  repolir  la  glace  de  mon  miroir  &  l'ayant  prefenté  à  mes  yeux  ,  j'ai 
remarqué  tant  de  défauts  en  ma  perfonne  ,  que  j'ai  oublié  aifément  ceux  des 
autres.  Le  fens  Moral  de  ce  Quatrain  efi:,  que  la  connoiifance  de  nous-même 
nous  occupe  allez  fur  nos  propres  défauts  ,  &  nous  fait  aifément  excufer  ceux, 
des  autres. 

Le  premier  Vizir  ayant  reconnu  une  grande  melancholie  fur  le  vifage  de  fon 
Prince,  prit  la  liberté  de  lui  en  demander  le  fujet?  Mahmoud  lui  répondit:  J'ai 
toujours  ouy  dire,  que  la  face  du  Prince  doit  réjouir  la  vûë  de  fes  fujets  :  je 
fuis  étonné  comment  la  mienne,  qui  efi:  fi  difforme,  ne  leur  blefiTe  pas  les  yeux.. 
Le  Vizir  lui  repartit  :  L'excellence  de  l'homme  ne  confifl:e  pas  dans  fa  bonne: 
mine:  la  vertu  &  les  qualitez  de  l'efprit,  fuivant  le  fentiment  des  Sages  ,  font 
}e  véritable  fond  de  la  beauté.  Parmi  vos  fujets ,  il  y  en  a  à  peine  un  de  mille 
qui  voye  vôtre  vifage  ;  mais  vos  mœurs  &  vos  vertus  font  regardées  de  tous. 
C'efl  par  elles  que  vous  devez  gagner  leurs  cœurs  &  être  l'objet  de  leur  amour., 
Ncrkeflî  dit  fort  bien  :  Quand  nos  mœurs  n'auront  pas  plus  de  difformité  que 
vôtre  vifage,  jamais  aucun  ne  s'en  plaindra.  Mahmoud  profita  fi  bien  des  bons 
avis  de  ce  fage  Vizir  ,  qu'il  devint  l'exemple  &  le  modèle  des  autres  Rois  au-- 
tant  par  fa  probité  &  par  fa  prudence  que  par  fa  valeur.  Giannabi,  Hikaiat  ^ 
k  Nighiariftan. 

Sous  le  règne  de  ce  grand  Prince  ,  il  arriva  qu'un  Turc  de  fes  troupes  en- 
trant par  force,  fur  le  minuit,  dans  la  maifon  d'un  pauvre  homme  ,  le  tour- 
menta fi  fort  ,  qu'il  lui  fît  quitter  fon  logis ,  abandonner  fa  femme  &  fes  en- 
f\\ns.  Cet  homme  oirtré  de  douleur  ,  s'en  alla  au  Palais  porter  fes  plaintes  au 
Sultan,  qu'il  trouva  éveillé  &  lui  ayant  reprefenté  fa  difgrace,  il  en  fut  écouté 
fi  fiworablement ,  qu'il  eut  tout  fujet  de  fe  confoler,  &  pour  conclufion  le  Sul- 
tan lui  dit -^^  Si  ce  Turc  retourne  chez  vous,  venez  m'avertir  incontinent.  Le 
Turc  ne  manqua  pas  d'y  retourner  trois  jours  après  ,  de  quoi  Mahmoud  ayant 
eu  avis ,.  il  fortit  en  même  tems  avec  une  petite  troupe  de  fes  gens  pour  fe 
renvlre  en  ce  lieil ,  oli  d'abord  qu'il  fut  entré,  il  fit  éteindre  la  lumière  &  tail- 
ler en  pièce  cet  infolcnt. 

Après  cette  exécution,  le  Sultan  voulut,  à  la  clarté  d'un  flambeau  qu'il  fit 
allumer,  reconnoître  le  vifage  de  celui  qu'il  avoit  fait  tuer,  &  auffi-tôt  qu'il 
l'eut  reconnu,  il  fe  proftcrna  à  terre  &  rendit  grâces  à  Dieu.  Enfuite,  il  de- 
manda  au  maître  du  logis  qu'il  lui  apportât  quelque  chofe  à  manger.  Cet  hom- 
me,  qui  vivoit  dans  une  extrême  pauvreté  ,  ne  put  lui  prcfentcr  autre  chofc 
que  du  pain  d'orge  ^  du  vin  pouffé.  Le  Sultan  s'eii  contenta  &  prit  fii  ré- 
fection , 


MAHMOUD.  523 

fcélion;  après  quoi,  étant  prêt  à  fortir  pour  retourner  à  fon  Palais,  cet  liora- 
me,  à  qui  il  avoit  fait  une  fi  bonne  judice  ,  fe  jetta  à  Ces  genoux,  &  fe  pria 
très-humblement  de  lui  dire  ,  pour  quelque  raifon  il  avoit  d'abord  en  entrant 
fait  éteindre  la  lumière  ?  Pourquoi  il  s'étoit  proflorné  après  la  mort  du  Turc  , 
&  enfin  comment  il  avoit  pu  fe  refoudre  à  prendre  un  fi  mauvais  repa.s  ?  l.e 
Sultan  lui  répondit  fort  humu'nement  :  Depuis  que  vous  m'avez  porté  vôtre 
plainte ,  j'ai  toujours  eu  dans  l'efprit  que  ce  ne  pouvoit  être  qu'un  de  mes  en- 
fans  ,  qui  eut  pu  être  allez  hardi  pour  commettre  une  telle  infolence  ;  c'eft; 
pourquoi,  ayant  pris  la  refolution  de  vous  en  vanger  ,  je  n'ai  pas  voulu  être 
attendri  par  fa  vûë,  &  j'avois  fait  éteindre  la  lumière  à  cet  effet  ;  mais  ayant 
enfin  reconnu  que  ce  n'étoit  aucun  de  mes  tnfanS,  .j'en  ai  loué  Dieu  comme 
vous  avez  vu  ;  &  je  vous  ai  demandé  à  manger,  parce  que  le  chagrin  que  j'a- 
vois de  l'outrage  qui  vous  avoit  été  fait ,  m'avoit  ôté  le  iTpos  &  empêché  de 
manger.     Nighiarijtan. 

L'an  420  de  l'Hegire ,  ce  Sultan  s'étant  rendu  maître  de  la  Province  d'Ira- 
que,  en  donna  le  gouvernement  à  fon  fils  Malîôud,  Il  arriva  un  jour  que  la 
Caravane,  qui  partoit  de  ce  pays-là  pour  les  Indes,  fut  volée  &  pillée  par  une 
troupe  de  voleurs  qui  couroit  le  défert  appelle  Nedubendan  ;  il  y  eut  même 
plufieurs  Marchands  de  tuez  &  entre  autres  le  fiis  d'une  veuve  appelle  Ziil. 
Cette  femme  vint  à  la  Cour  de  MahmouJ  ,  &  lui  demanda  jufi;ice  du  meurtre 
de  fon  fils.  Le  Sultan  lui  répondit  ,  que  la  Province  d'Iraque  étant  éloignée 
de  fon  Empire  qui  étoit  à  Gaznah  ,  il  étoit  fort  difficile  qu'il  remédiât  à  tous 
les  defordres  qui  y  pouvoient  arriver.  La  Veuve  lui  repartit  hardiment:  Pour- 
quoi conquêtez-vous  donc  plus  de  pays  que  vous  n'en  pouvez  garder  ,  &  du- 
quel vous  ne  puilfiez  répoiidre  au  jour  du  jugement  lorfque  l'on  vous  i-w  de- 
mandera compte?  Ces  paroles  firent  grande  imprcflion  fur  l'efprit  de  ce  Prince, 
&  l'obligèrent,  après  avoir  renvoyé  cette  veu 'e  confolée  par  de  riches  préfens 
qu'il  lui  fit,  de  faire  publier  dans  toute  la  Province  d'Iraque,  qu'il"  feroit  doré- 
navant caution  de  la  vie  &  des  biens  de  tous  les  Marchands  qui  pafl'eroient  en 
Caravane  de  l'Iraque  aux  Indes. 

Cette  publication  fit  que  le  nombre  des  Marchands  groflît  extrêmement,  & 
lorfqu'ils  furent  tous  alTemblez  à  Ifpahan ,  le  Sultan  leur  donna  cent  de  fes  Sol- 
dats pour  les  efcorter.  Le  Chef  de  la  Caravane  lui  repréfenta  ,  que  mille  de 
fes  Soldats  ne  fufliroient  pas  pour  les  faire  pafier  en  fureté  par  le  grand  défert 
de  Nedubendan  ,  où  les  Détroits  des  paAliges  &  les  défilez  dans  la  montagne 
étoient  très-dangereux.  Le  Sultan  lui  repartit  :  Je  ferai  enlbrte ,  que  ces  cent 
Soldats  fuffiront  &  feront  plus  que  s'il  y  en  avoit  mille.  En  efi'et,  il  leur  com- 
manda fecretement  d  achepter  plufieurs  charges  de  fruits ,  où  il  fit  mêler  de  l'ar- 
fenic  ,  &  lorfqu'ils  furent  arrivez  dans  ce  défert  fi  dangereux  ,  par  l'ordre  du' 
même  Prince,  ils  firent  décharger  leurs  fruits,  fous  prétexte  de  les  faire  fecher 
au  Soleil  pour  les  confcrver.  Les  voleurs  ne  manquèrent  pas  d'attaquer  la  Ca- 
ravane en  cet  endroit ,  &  s'étant  d'abord  jettez  fur  les  fruits  dont  ils  étoient 
affamez  dans  ce  défert  fi  affreux,  les  Marchands  eurent  le  tems  de  fauver  leur 
marchandiles ,  &  les  voleurs  crevèrent  ou  furent  tous  tuez  par  les  Soldats  d« 
Sultan. 

Les  Tréfors  que  ce  Prince  trouva  dans  les  Indes  &  dans  le  ,Segefi:an  furent 
fi  grands,  que  l'on  a  peine  d'ajouter  foi  à  ce  qu'en  écrivent  les  Hifi:oriens;  car 
ils  rapportent,  que,  l'an  de  l'Hegire  394,  Mahmud,  après  la  défaite  de  lihalap, 

V  v  v  a  fils 


524  MA  H  M  0  u  rr. 

fils  d'Ahmed,  qui  s'ctoit  révolté  contre  lui  dans  le  Segellan  &  qu'il  eut  forcé 
le  Château  de  Thac,  fe  promenant  dans  ce  pays  ,  quil  venoit  de  foûmettre  à 
fon  obéïfTance ,  rencontra  dans  Tune  di.s  montagnes,  qui  le  fépare  des  Indes,  un 
arbre  d'or  très-fin,  &  en  creufant  tout  autour  pour  le  déraciner,  on  trouva  que 
fes  racines  s'étendoient  jufqu'à  trois  lieues  entières  fous  la  montagne  ,  laquelle 
quelque  tcms  après  fut  renverfée  par  un  tremblement  de  terre ,  qui  arriva  fous 
le  règne  du  Sultan  MaiTôud,  fon  tils,  &  cette  riche  mùne  difpariit  de  telle  for- 
te qu'elle  n'a  jamais  peu  être  trouvée. 

Ce  même  Prince-,  après  avoir  pris  par  force  Baarea ,  la  place  la  plus  forte 
des  Indes  &  qui  palToit  pour  imprenable  ,  y  trouva  foixante  &  dix  millions  en 
monnoye  d'or  &  d'argent,  &é  foixante  &  dix  mille  marcs  ou  cent  quarante  mil- 
le livres  d'or  ou  d'argent  en  vailîelle.  Les  étoffes  prétieufes  ,  &  les  perles  & 
pierreries  qui  y  étoient  ne  fe  purent  compter  ni  eftimer,  &  il  y  avoit  entr'au- 
tres  choies  une  chambre  entière ,  longue  de  trente  coudées  &  large  de  cinq ., 
dont  les  murailles  &  les  planchers  étoient  d'argent  maflîf.  Ces  tréfors  firent, 
que  Mahmoud  a  palTé  pour  le  plus  riche  &  le  plus  puiffant  Roi  de  l'Afié  qui 
ait  régné  dans  le  Mufulmanifme.  Nighiarijlan ,  qui  cite  d'autres  Hiftoriens. 

Ce  Prince  fe  voyant  attaqué  d'une  maladie  incurable  ,  qui  étoit  une  fièvre 
lente,  caufée  par  un  ulcère -dans  le  poulmon  ,  commença  à  penfer  au  voyage 
de  l'autre  monde.  Les  Philofophes  &  les  Médecins  font  d'accord  en  ce  point: 
Que  l'homme  ne  peut  jamais  fufpendre  l'exécution  du  décret  divin,  qui  ordon- 
ne &  difpofe  de  toutes  chofes  :  Quand  une  fois  le  battement  du  poulx  eu.  dé- 
réglé dans  fa  fubftance,  tous  les  raifonnemens  de  Platon  &  de  tous  les  Philo- 
fophes enfemble  ne  font  pas  capables  de  le  redrelfer,  &  lorfque  le  tempérament 
elt  entièrement  altéré  &  corrompu,  tous  les  remèdes  du  Canon.  d'Avicenne  dcr 
viennent  ablblument  inutiles. 

Mahmoud  fe  voyant  donc  fur  le  point  de  mourir,  voulut  jouir  pour  la  der- 
nière fois  de"  la  viië  de  tous  fes  tréfors.  On  lui  préfenta  d'abord  tout  l'or  & 
fargent  monnoyé.  qu'il  avoit  dans  fes  coffres.  On  lui  étala  cnfuite  tous  fes 
riches  meubles  &  étoffes  ,  &  enfin  les  pierreries  ,  fans  nombre  &  fans  prix , 
qu'il  avoit  curieufement  recherchées  &  amafilées  pendant  un  long-tems  «Se  une 
fuite  continuelle  de  profperitez,  pafîerent  en  revùë  devant  fes  yeux.  Après  avoir 
confideré  attentivement,  toutes  ces  ]-iche{fes ,  qui  ne  lui  dévoient  pas  plus  fervir 
déformais  que  de  la  paille  ,  il  les  fit  reporter . dans  fon  tréfor  ,  &  cela,  par  le 
confeil  de  fes  amis  ,  qui  s'apperçûrent  que  ces  objets  ne  faifoient  qu'augmenter 
le  chagrin  qu'il  avoit  de  les  quitter.  En  effet,  il  jettoit  de  grands  foûpirs  ,  & 
répandoit  beaucoup  de  larmes  en  les  confidérant.  D'abord  que  vous  avez  re- 
folu  d'amaffer  du  bien,  il  faut  vous  préparer  à  fouffrir  de  grandes  fatigues  pour 
l'acquérir.  Vous  devez  faire  état  enfuite  de  travailler  jour  &  nuit  pour  le  con- 
ferver;  &  enfin,  ce  qui  elt  de  plus  fâcheux  ,  vous  ne  pouvez  le  quitter  fans 
peine  &  fans  beaucoup  de  regret.     Nighiarlfian. 

Le  fuperbe  Palais  que  Mahmoud,  fils  de  Sebectegbin ,  premier  Sultan  de  la 
Dynaftie  ^qs  Gaznevides ,  fît  bâtir  dans  la  ville  de  Gaznin  des  dépouilles  des 
Indes,  qu'il  avoit  conquifes  ,  s'appelloit  le  Palais  de  la  Félicité.  Ce  fut  dans 
ce  Pa'ais  où  il  avoit  amalfé  tant  de  tréfors  ,  qu'il  fut  enfeveli  l'an  de  l'Hegire 
421,  &  on  mit  deux  vers  Perfiens  pour  Epitaphe  fur  fon  tombeau  ,  dont  voici 
le  fens:  A  confidérer  toutes  les  qualitez  de  ce  grand  Prince,  on  a  peine  à  croi* 
re  qu'il  foit  venu  au  monde  comme  les  autres  hommes.    ISighiariJtan. 


MAHMOUD.  525 

II  eft  rapporté  dans  le  Tarikh  al  Khohfa,  ou  Hiftoire  des  Khalifes  ,  que  le  Sul- 
tan Mahmoud  s'étant  rendu  maître  ablblu  du  pays  de  Gaznin  &  de  tant  d'autres 
par  fa  valeur,  fouhaita  que  le  Khalife  lui  donnât  un  titre  digne  de  fa  puiffimce,  & 
pour  l'obtenir ,  il  lui  envoya  une  Ambaiîade  extraordinaire.  L'Imara  Abou  Man- 
for  ayant  demeuré  un  an  ou  environ  à  Bagdet,  fans  rien  avancer  dans  l'affaire 
qu'il  pourfuivoit,  préfenta  enfin  un  Mémoire,  dans  lequel  il  expofoit  au  Khali- 
fe les  grandes  conquêtes  de  fon  Maître  ,  fa  puilfance  &  fon  zèle  pour  la  foi 
Mufulmane,  la  converfion  de  pluficurs  milliers  dldolàtres  à  la  Rehgion  Maho- 
mctane  ,  le  changement  de  leurs  Temples  en  Mofquées ,  &  qu'enfin  ,  il  étoit 
tout-à-fait  indigne  ,  que  l'on  ne  reconnut  pas  le  mérite  d'un  fi  grand  Prince , 
par  un  titre  qui  coûtoit  fi  peu  de  chofe  au  Khalife  de  lui  accorder.  Ce  Mé- 
moire fit  fon  effet  auprès  du  Khalife,  lequel  craignant  qu'un  fi  puifiant  Monar- 
que ne  tournât  enfin  fes  armes  contre  lui,  affembla  fon  confeil  &  mit  en  déli- 
bération quel  titre  on  pouvoit  lui  accorder  ,  defirant  ,  à  caufe  que  ce  Prince 
étoit  fils  d'un  efclavc,  qu'on  lui  en  donnât  un  qui  fut  équivoque.  On  trouva 
donc  que  celui  de  Veli  lui  conviendroit  bien  ,  parce  que  ce  mot  qui  fignifie 
Ami  &  Seigneur,  fignifie  auffi  Serviteur  &  Valet.  Mahmoud  connut  bien  la 
penfée  du  Khalife,  &  il  lui  envoya  un  préfent  de  cent  mille  écus ,  afin  qu'il 
ajoutât  feulement  une  lettre  au  nom,  à  fçavoir  un  Elif.  On  lui  accorda  cette 
grâce ,  &  on  lui  envoya  les  Patentes  avec  le  titre  de  Vali ,  qui  fignifie  abfolu- 
ment  Maître  &  Commandant.     Doitlet  Scliah. 

Dans  l'Inde  ,  pendant  que  le  Sultan  tenoit  un  Jour  fon  Divan  de  converfa- 
tion  &  de  plaifir,  un  Fou  fe  préfenta,  lequel  parlant  tout  feul  &  regardant  in- 
confidéremment  de  tout  côté  ,  (è  fit  afi'ez  remarquer  pour  ce  qu'il  étoit.  Le 
Sultan  l'ayant  apperçà,  envoya  un  de  fes  Huifîîers  lui  demander  ce  qu'il  vou- 
loit.  Le  fou  répondit:  Je  voudrois  bien  manger  d'une  queue  de  mouton  rof- 
tie.  Le  Sulnrn  voulant  fe  divertir  ,  commanda  fecrétcment  qu'on  lui  fit  roftir 
une  de  ces  belles  raves  da  paj^s,  qui  rcfl;'emblent  fort  à  une  queue  de  mouton, 
&  qu'on  la  lui  préfcntât.  Le  fou ,  qui.  étoit  fort  affamé  ,  la  mangea  toute  en- 
tière avec  grand  appétit.  Le  Prmce  lui.  demanda  entliite  y  s'il  l'avoit  trouvée 
fort  à  fon  goût ,  &  il  lui  fit  réponfe  qu'elle  étoit  fort  bien  roflie  ;  mais  qu'il 
s'appercevoit  que,  fous  fon  règne,  les  queues  de  mouton,  qui  font  délicates 
extrêmement  dans  ce  pays-là  ,  n'avoicnt  plus  ni  la  grailfe  ,  ni  le  goût  qu'elles 
avoient  auparavant.  Cette  réponfe  fi  piquante  fit  faire  une  réflexion  férieufe  à 
ce  Prince  Magnanime  ,  lequel  avoit  oui  les  vers  du  .Poëte  qui  dit  :  Q^tiand  le- 
Prince  traite  rudement  fes  fujets  ,  il  leur  fait  perdre  le  goût  du  boire  &  du 
manger.  Le  bonheur  de  l'Etat  dépend  de  la  juftice  &  de  la  clémence  du  Prin- 
ce. Comment  voulez -vous  qu'un  Malade  prenne  goût  aux  viandes  qu'on  lui  ^ 
préfente?  Z)f/>£r  Lath.  Cliap.  2. 

Voyez  ce  qui  fe  pafi:a  entre  ce  Sultan  &  Omm  Mokr-i,  homme  réputé  Saint 
par  les  Mufulmans,  dans  le  titi'e  de  ce  Perfonnage, 

Il  efl  bon  de  voir  encore  le  titre  des  SelgiuciJes,  que  plufieurs  Hiftoriens 
difcnt  avoir  été  appeliez  en  Perfe  par  le  Sultan  Mahmoud,  quoiqu'il  y  ait  aulîL 
plufieurs  Auteurs  qui  foûticnnent  le  contraire. 

Voyez  aufïï  le  titre  de   Gour  ou  Gaûr ,    qui   efl:   le   pays  duquel  Mahmoud  : 
chafa-  k  pofterité  de  Zohak,  Roi  de  Perfe  de  la  prem.ière.Dynaftie. 

V.vv  3.  MAHMOUD,->. 


52(5  MAHMOUD. 

MAHMOUD  fils  de  Mohammed,  fils  de  Malek.  fchah ,  Stltan  des  Selgiucides, 
avoit  été  d'abord  établi  Gouverneur  &  Lieutenant  General  des  deux  Iraks  Per- 
fique  &  Arabique ,  par  le  Sultan  Sangiar  fon  oncle.  Il  demeura  quatorze  ans 
dans  ces  deux  Provinces,  avec  cette  feule  qualité;  mais  aufîi-tôt  après  la  mort 
de  fon  oncle  ,  il  fut  reconnu  &  proclamé  Sultan  par  les  peuples  qui  étoient 
charmez  de  fes  belles  qualitez. 

Ce  Prince  avoit  le  corps  très-bien  fait  &  Tame  genercufe;  mais  l'amour  des 
femmes  &  l'exercice  continuel  de  h  chafle,  luy  ollerent  peu  à  peu  une  grande 
partie  de  la  réputation  qu'il  avoit  acquife,  &  on  le  blâme  principalement  d'a- 
voir confumé  une  grande  partie  des  finances  en  équipage  de  chalTe  ,  ce  qui  le 
rendoit  fouvent  court  d'argent  &  luy  ôtoit  le  moyen  de  fournir  à  l'en&retien 
de  fes  troupes. 

Il  mourut  l'an  de  l'Hegire  525  ,  dans  la  ville  de  Hamadan ,  après  avoir  gou- 
verné ou  régné  feul  pendant  l'efpace  de  27  ans  &  laillé  pour  fucceflxîur  le  Sul- 
tan Togrul  fon  frère.     Khond  Emir. 

MAHMOUD  Khan,  fils  de  Mohammed  Khan,  defcendoit  du  côté  de  fon 
pcre  de  Bagra  Khan  &  étoit  fils  de  la  fœur  du  Sultan  Sangiar  le  Selgiucide. 

Auflî-tôt  que  ce  Sultan  fut  mort ,  il  s'empara  de  la  grande  Province  de  Kho- 
rafilm  où  il  régna  pendant  cinq  ans  jufqu'à  ce  qu'un  des  Seigneurs  du  pays , 
que  rhifi:oire  ne   nomme  point,  fe   révolta  contre  luy. 

Après  plufieurs  combats  Mahmoud  Khan  fut  enfin  défait  par  les  Révoltez  en 
bataille  rangée  ,  &  tomba  prifonnier  entre  les  mains  de  fon  ennemi  qui  ne  fe 
•contentant  pas  de  le  dépouiller  de  tous  fes  Etats ,  le  priva  aulli  de  lufage  de 
la  veuë. 

Ces  divifions  du  Khoraflan  furent  caufc  que  le  Sultan  du  Khuarezm ,  dont 
la  Dynafl:ie  s'étoit  nouvellement  élevée  pendant  le  règne  du  Sultan  Sangiar, 
fe  rendit  maître  d'une  partie  de  cette  grande  Province  pendant  que  l'autre  de- 
meura en  la  puifilmce  des  rebelles  ;  en  forte  que  les  Sultans  Selgiucides  qui 
regnoient  encore  dans  les  deux  Iraks  Arabique  &  Perfique,  ne  poilcderent  plus 
rien  dans  toute  l'étendue  du  Khoraflan.     Emir  Khond  fchali. 

L'on  peut  voir  la  fuite  des  Sultans  Selgiucides  dans  les  titres  de  Mohammed , 
fils  de  Malekfchah,  de  Togrul  fils  de  Mohammed,  de  Mailôûd,  &c. 

MAHMOUD  Ben  Farage.  Fameux  Impofi:enr  qui  fe  vantoit  d'efi:re  Moyfe 
rcfllifcité.  Il  avoit  déjà  fi  bien  joué  fon  rôle ,  que  plufieurs  gens  fe  difoient 
ïcs  difciples  &  le  fuivoient  par  tout ,  &  même  lorfqu'il  fut  mené  devant  le 
Khalife  Motavakkel,  l'an  de  l'Hegire  235. 

Ce  Prince  ,  après  avoir  ouy  fes  extravagances  ,  ordonna  que  chacun  de  fes 
difciples  que  l'on  avoit  arreftés  avec  luy,  luy  donnait  dix  foufflets,  &  qu'il  fuft 
enfuite  fuftigé  jufques  à  la  mort.  Quand  à  \^cs  Seftateurs  ,  ils  furent  tous  en- 
fermez jufqu'à  ce  qu'ils  cuUcnt  renoncé  aux  rêveries  de  leur  maîcre,  Ben  fchonah. 

MAHMOUD  Alfchirazi  &  Al  Esfahani,  Auteur  qui  efi;  fouvent  cité  dans 
l'Ouvrage  qui  a  pour  titre  Megiallat  al  honafa  fi  menakeb  al  Kholafa.  l^'oyez 
■ce  titre. 

MAHMOUD  Ben  Mobarez  eddin.     Troifième   Sultan  de  la  Dynafiic  ûcs^ 
iVîodhaficrieiis. 

MAHMOUO 


MAHMOUD. M  A  I  E  D.  j^7 

MAHMOUD  Farabi.    Voyz  Giagathaï. 

MAHMOUD.  Ce  mot  qui  fignifie  en  Arabe  louable,  efl:  devenu  non- feu- 
lement le  nom  de  plufieurs  perfonnagcs ,  comme  on  vient  de  le  voir;  mais  en- 
core ,  celui  d'un  éléphant  fameux  fur  lequel  étoit  monté  Abrahah  furnommé  Al 
Afchram,  Gouverneur  de  l'Iemen  pour  le  Roy  des  Abiffins,  lorfqu'il  s'approcha 
avec  une  puilTante  armée  pour  aftieger  la  Mecque.  Cet  animal ,  difent  les  Mu- 
•  fulmans,  eut  du  refpeft  pour  le  terroir  facré  de  cette  ville;  car  il  ne  voulut 
jamais  avancer  vers  fes  murailles ,  &  fut  caufe  que  tous  les  autres  Elephans 
de  l'armée  d'Abrahah  reculèrent ,  &  firent  manquer  l'entreprife  de  ce  Prince. 
Khuanàjchab. 

Voyez  le  titre  d'Abrahah,  &  les  Elephans  Mufulmins  qui  étoient  de  la  race 
de  celui-ci  aux  Indes,  dans  lej:itre  de  Mahmoud  le  Gazncvide. 

M  AHMUD  Ben  Zenghi.   Voyez  Nured,  qui  efl:  le  fameux  Sultan  Norandin. 

M  AH  MU  D  fchah  Mirza.  Fils  de  Babur  Mirza,  Sultan  de  la  race  de  Ta- 
merlan.  Il  fucceda  à  Ion  père  dans  le  Royaume  de  IvIioraflTan.  l'an  86i  de  Ttie- 
gire.     Khondemir. 

MAHOURAT,  ville  des  Bramenes ;  c'efl-à-dire ,  où  habitoit  la  Se61:e  ou  la 
Tribu  des  Bramenes.     Géographe  Perficn. 

Un  autre  Auteur  dit,  que  Mahourat  efl  la  même  que  Manfourat  qui  s'ap- 
pelle   aujourd'huy  par  abbi-eviation  Sourat.    Foyez  Hind  &  Cajibaiat. 

M  AH  OU Z  A.  (Ville  de  l'Irak  Arabique,  fîtuée  aflez  proche  de  Bybylone  dans 
laquelle  Khofroes,  fils  de  Cohad  &  furnommé  Noufchirvan,  établit  une  Colonie 
des,  Habitans  de  la  ville  d'Antioche  qu'il  avoit  conquife. 

Cette  ville  porta  jîendant  quelque-temps  le  nom  d'Antioche  que  Khofroes 
luy  avoit  donné;  mais  dans  la  fuite  des  temps  elle  reprit  fon  premier  nom. 

MAHROUZ,  Ce  nom  fignifie  en  Perfien  la  Lune  de  chaque  jour.  Quel- 
qu'un l'a  mal  interprété,  fupputation  des  mois;  c'efl  proprement  un  Calendrier.. 
Les  Arabes  ont  arabizé  ce  mot  &  en  ont  fait  Mouarrakh  ,  d'où  ils  ont  formé- 
le  verbe  Ouarakh,  &  fon  dérivé  Tarikh  qui  fignifie  chez  eux  une  Date  ,  une 
Epoque  &  une  Hiftoire  marquée  par  les  fuites  des  années. 

MAHSOUL  fi  êlm  al  oiïbul.  C'efl  l'abbregé  du  Livre  de  Gazali,  intitulé 
Almoflafafi,  duquel  Khuarezmi  efl  l'Auteur.  Il  fe  trouve  dans  la  1^.  R.  n".  705. 

Cet  abbrcgé  a  été  encore  luy -même  abbregé  par  Ebn  Bent  Al  E'raki  &  par- 
A'ia  eddin  Ebn  Klaaflhab  al  Bagi. 

MAHSOUL,  Livre  de  Jurifprudcnce  Mufulmane,  compofc  par  Abou  Ab- 
dallah Mohammed  Ebn  O'mar  Arrazi. 

MATED,  Ifi'e  de  la  mer  de  la  Chine  qui  efl  la  plus  proche  de  fés  cofles,. 
Êtuée  à  quatre  journées  de  navigation  de  celle  de  Soborma  qui  en  efl  plus- 
éloignée. 

On  met  cette  Ifie  au  nombre  de  celles  que  l'on  appelle  Gezaïr  almoagiat; 
mais  elle  les  furpalle  toutes  en  grandeur  &  en  fertilité ,  ce  qui  fait  qu'il  y  a^ 

toujours 


'S^n  M  A  I  E  M  O  N.  M  A  I  N  A. 

toujours  en  fes  ports  un  grand  nombre  de  vaifleaux  Chinois  qui  y  trafiqueîit 
Edrijfi  dans  le  premier  Climat. 

Le  premier  Auteur  écrit  auffi  que  Maied  a  à  fon  Orient  Flflc  de  Dhalah ,  de 
laquelle  elle   n'eft  éloignée  que  de  trois  jours   de  navigation. 

MAIEMONBen  Maharan,  autrement  nommé  Abou  Aïoub ,  étoit  un  efcîave 
dans  la  Tribu  de  Béni  Haffim.  Il  vint  s'établir,  après  avoir  recouv^ré  fa  liberté, 
à  Raka,  une  des  principales  villes  de  la  Mcfopotamie,  &  palfe  parmi  les  Maho- 
metans  pour  un  de  leurs  principaux  Docleurs.     Il  mourut  l'an  i.i  8  de  l'Hegire. 

Nous  avons  encore  un  Maïemon  qui  ell  Auteur  d'un  Livre  intitulé  Oïoun 
el  hakaïk  qui  fe  trouve  dans  la  B.  R.  n°.  1037.  Il  traite  de'  la  Magie  natu- 
relle, &  des  prefliges  qui  fe  pratiquent  par  fon  moyen. 

MAIEMOUN,  ou  Aboir  Amram  MoulTa  ,  fils  de  Maïemoun  Alkortobi  al 
lehoudi  C'eft  le  célèbre  Moïfe,  que  nous  appelions  communément  Maiemoni- 
jdes  ou  fils  de  Mayemon,  Juif  Kfpagnol ,  natif  de  Cordouë,  lequel  demeura  quel- 
que temps  Mahometan  par  force  en  Efpagne  ,  &  qui  vint  enfuite  en  Egypte, 
où  il  fit  profefîîon  ouverte  du  Judaïfme  ,  &,  fut  protégé  par  le  Cadhi  Al  Fad- 
hel  Al  Bailfani. 

On  a  de  luy  plufieurs  Ouvrages  qu'il  a  compofez  fur  la  Loi  Juive  en  langue 
Arabique  qui  ont  efté  enfuite  traduits  en  Hcbrcu  par  Jofeph  Ben  Tibbon  ,  def- 
q-ueis  on  peut  voir  le  Catalogue  dans  la  Bibliothèque  Hébraïque  de  Buxtorf  & 
ailleurs.  Mais  outre  ces  Ouvrages  fur  la  Loy,  nous  en  avons  plufieurs  autres 
fur  la  Médecine  &  fur  les  Mathématiques  qui  font  demeurez  en  langue  Arabi- 
que, &  dont  on  peut  voir  les  titres  en  divers  endroits  de  cet  Ouvrage. 

Le  plus  célèbre  des  tous  Ces  Ouvrages  efl;  le  Moreh  Nevokhim  qu'il  intitula 
Delalat  elhaïrin,  c'efi; -à-dire,  le  Guide  des  Dévoyez,  qui  fut  condamné  folem- 
nellement  par  les  Synagogues  des  Juifs 'Francs  qui  fe  trouvèrent  à  Antioche  & 
à  Tripoli  de  fon  temps  ,  ces  Rabbins  ne  pouvant  foufl'rir  que  la  Philofophie 
.d'Ariftote  fut  employée  à  expliquer  les  points  les  plus  efientiels  de  la  Loi. 

Ce  Dofteur  mourut  l'an  605  de  l'Hegire  ,  &  nous  avons  de  luy  un  de  fes 
Ouvrages  qu'il   compofa  en  l'an   595. 

Il  y  a  quelques  Auteurs  Arabes  qui  ont  porté  le  nom  de  Ben  Maïemon, 
comme  un  certain  Ahmed  Al  Edriflï  qui  a  écrit  un  Traité  de  Gnomonique  , 
.r.an  de  THegire  916. 

MAIMORG.    C'eft  le  nom  de  plufieurs  Bourgades  dont  l'une  efl  fituée  Cm 
le  chemin  de  Bokhara  &  appartient  au  territoire  de  la  ville  de  Nakhfchcb.     II. 
y  en  a  encore  une  autre  proche  de  Samarcande,  &  enfin  un  troifième  lieu  qui 
porte  ce  même  nom,  fitué  fur  le  rivage  du  fleuve  Oxus  ou  Glhon. 

M  AIN  A.  Braccio  di  Maina,  ou  commxC  les  Grecs  Modernes  le  prononcent, 
Brazzo,  çû.  l'étendue  de  la  côte  méridionale  de  la  Morée  qui  regarde  l'Afrique 
■où  font  les  villes  de  Coron  &  de  Modon.  Les  habitans  du  Pays  s'appellent 
Maïnotes,  que  l'on  croit  être  les  mêmes  que  les  Lacedemoniens ,  qui  font  de- 
venus prcfqu'entièrement  Barbares,  &  qui  cherchent  par  tout  des  établilfemcns 
ihors  de  leur  païs. 

MAIRIDL 


M  A  I  R  r  D  r.  — ^  M  A  L  A  r.  529 

MÂIRIDl.  Nom  d'un  Scheikh  eflimé  beaucoup  par  Jes  Mahometam  pour 
la  pieté  &  pour  fa  doctrine.  Il  ell  fouvent  cité  par  les  Auteurs  qui  traitent 
de  leur  Théologie  JVJyftique. 

MA'KHADH.    Livre  de  Gazali  fur  la  difpute  des  Ecoles. 

MAKHAN  &  Mahan.  Ville  qui  donne  fon  nom  à  une  grande  plaine  qui 
s''étend  entre  les  villes  de  Baviu-d  &  de  Mcrû  dans  le  Khoranan"^  Ben  Arabfchiah 
écrit,  que  Tamerlan  la  ruina  avec  toutes  les  bourgades  qui  la  peuploient,  lorf- 
qu'il  fit  fon  irruption  dans  cette  province;  c'efb  de  ce  lieu  que  fortit  Soliman- 
fchah  père  d'Ortogrul  &  ayeul  d'Othman,  fondateur  de  la  Dynallie  des  Othma- 
nides  ou  Othomans. 

Babur  Sultan  de  la  race  de  Tamerlan  donna  le  Gouvernement  de  la  Ville  de 
INlahan  &  de  celle  de  Merù  à  Mirza  Sangiar  fon  parent  ,  l'an  de  l'Hegire  859. 
Foyez  Babur. 

Quelques  Hilloriens  Turcs  traitant  de  la  généalogie  d'Othman,  placent  cette 
ville  dans  la  province  Tranfoxane ,  pour  tirer  l'origine  de  leurs  Princes  de 
plus  loin. 

MAKHUL.  Surnom  d'Abu  Abdallah  Alfchami ,  DoiSeur  célèbre  dans  la 
Théologie  &  dans  la  Jurifprudence  des  Mufulmans.  Il  étoit  natif  de  la  partie 
des  Indes  que  les  Arabes  appellent  Send,  c'eft-à-dire ,  d'au  deçà  du  Gange  &  fur 
les  bords  du  fleuve  Indus.  Il  avoit  été  pris  par  les  Arabes  à  la  conquefte  de 
cette  Province ,  &  fe  trouva  réduit  à  devenir  l'efclave  d'une  femme  ;  mais  fon 
bel  efprit  &  la  grande  capacité  qu'il  acquit  dans  les  fciences  des  Arabes  luy  fit 
donner  la  liberté  ;  &  il  devint  en  peu  de  temps  le  Mufti  de  Damas ,  pendant 
que  trois  autres  grands  perfonnages  l'étoient  à  Medine  ,  à  Baflbra ,  &  à  Cufa , 
qui  pour  lors  étoient  les  quatre  Métropoles  du  Mufulmanifme  :  Ces  trois  Muf- 
tis étoient  Maffiab,  Halfan  Albafri,  &  Schaabi. 

Makhul  mourut- l'an  118  de  l'Hegire,  &  l'on  rapporte  de  luy,  qu'il  ne  pronon- 
çoit  jamais  aucune  décifion  qu'il  ne  dit  auparavant  ces  paroles  :  Cccy  eft  une 
opinion,  &  toute  opinion  .ell  fujette  à  erreur;  car  il  n'y  a  de  certitude  &  ds 
vérité  que  dans  Dieu.     Rabialabrar. 

Ce  Dodleur  fut  difciple  d'Ans  Ben  Malek  &  maillre  d'Auzai ,  tous  deux  grands 
Jurifconfultes. 

MAKHULON..  Ville  de  l'Me  de  Zeilan  ou  Serandib  félon  Edriffî  dans  fa 
Géographie. 

MAKNATHIS  &  Magnatis.  Les  Arabes  ont  pris  ce  mot  du  Grec  Uccy^^nf 
duquel  des  Latins  ont  fait  Magnes ,  c'ell  la  pierre  que  nous  appelions  Aiman. 
Il  y  a  un  livre  Arabe  intitulé,  Eftânah  v  Egredhab  qui  traite  de  ks  proprie- 
tez.  Cette  pierre  cil  nommée  par  les  Arabes  Hagiar  algiadheb,  Pierre  attirante, 
&  la  vertu  ou  propriété  que  nous  appelions  Magnétique ,  ell  expliquée  chez 
eux  par  le  mot  de  Giadhebah  ou  de  Kuat  algiadhebah. 

MAL  AI.  Les  Géographes  Orientaux  nomment  ainfi  le  païs  des  Indes,  que 
nous  appelions  communément  la  côte  de  Malabar.  On  trouve  cependant  quel- 
quefois dans  leurs  Livres  le  nom  cte  Malaïbar  ,  comme  qui  diroit  le  païs  de 
Malaï. 

Tome  IL  X  x  x  Nous 


530  MALAIESA.       MALATHIE. 

Nous  appelions  encore  aujourd'huy  les  peuples  de  cette  côte,  les  Malais,  & 
leur  langue,  la  langue  Malaïque. 

Quelques-uns  ont  crû  que  le  mot  Bar  qui  eft  ajouté  à  Malaï  a  fon  origine 
Arabique,  comme  qui  diroit  Bahr  qui  fignifie  la  mer;  mais  il  eft  certain  que  ce 
mot  eft  Indien  &  Pcrfîen,  &  fignifie  Pays. 

Edriffi  remarque  que  les  Habitans  de  i'Ifle  de  Comr  qui  eft  le  Cap  de  Como- 
rin,  lefquels  font  Malais,  exercent  la  pyraterie  avec  une  efpece  de  Brigantins 
longs  de  foixante  coudées,  &  qui  portent  ordinairement  cent  cinquante  hom- 
mes. Le  même  Auteur  appelle  ces  Brigantins  Mosfinât,  mot  dérivé  de  Selinah>, 
qui  fignifie  en  Arabe  un  Vailleau.- 

Voyez  les  titres  de  Hind  &  de  Manibar.. 

Malaï  eft  aufîî  le  nom  de  la  ville  Capitale  de  l'Ifte  de  Comr  où  le  Roy  du 
pays,  qui  eft  le  Malabar,  fait  fa  refidence  ordinaire.  Le  même  Edrifii  donne  aufli 
le  nom  de  Malaï  à  une  Ifle  de  la  mer  des  Indes  qu'il  dit  être  fort  grande 
&  avoir. fon  étendue  du  Levant  au  Couchant,  diftante  feulement  d'une  petite 
journée  de  l'Ille  d'Afchoura. 

Tous  ces  lieux  font  compris  par  les  Géographes  Orientaux  dans  le  païs  que- 
nous  appelions  de  Malabar,  de  même  que  tout  le  pays  des  Zinges  eft  compris, 
fous  celuy  de  Zangucbar.  Quelques  Auteurs  Orientaux  donnent  le  nom  de  Lef- 
fan  al  Malaï,  à  ce  que  les  nôtres  appellent,  Aurea  Cherfonnefus. 

MALAIESA  al  thabib  gehelho.  H  y  a  deux  Livres  Arabes  qui  portent 
ce  titre,  dont  la  fignification  eft:  Ce  qu'un  Médecin  ne  peut  ignorer. 

Le  premier  de  ces  Livres  traite  de  la  Botanique ,  &  fe  trouve  dans  la  Biblio- 
thèque Roj^ale,  n"".  963.  Celui-ci  ne  traite  que  des  Medicamens  fimples,  &  le 
fécond  trai!:e  des  Medicamens  compofez.  L'Auteur  de  ces  deux  Livres  eft  Jo- 
feph  fils  d'Ifmael  Al  Giouni,  dit,  Ebn  Al  Kebir. 

Ces  deux  Livres  ne  font  proprement  qu'un  abbregé  du  Giamê  aladouiât  du 
célèbre  Auteur  Ebn  Beïchar  dont  l'Ouvrage  eft  ordinairement  divifé  en  quatre: 
Tomes. 

MALATHIE.  Ville  Capitale  de  la  petite  Arménie  que  les  Anciens  ont 
appellée  Melita ,  ou  Melitene,  fituée  à  61  degrez.de  longitude  &  39,  8  m.  de 
latitude.  Les  Arabes  qui  conquirent  cette  Province  fur  les  Grecs,  la  perdirent 
l'an  138  de  l'Hegire  fous  le  Khalifat  d'Al  Manfor.  Ce  fut  l'Empereur  Con- 
ftantin  Copronyme  qui  la  reprit  &  la  fit  démolir.  Mais  le  même  Al  Manfor 
envoya  l'an  140  ,  fon  neveu  A'bderrahman  ,  fils  de  l'Imam  Ibrahim  avec  70 
mille  hommes  &  s'en  remit  derechef  en  pofi^effion,  &  en  fit  rebâtir  les  murailles.. 

Le  mcine  A'bderrahman  paŒi  de  Malathie  à  Ancyre,  Ville  de  Galatie,  qui  n'en- 
eft  pas,  fort  éloignée,  &  il  avança  àe-lk  jufques  en  Cappadoce  &  en  Cilicie- 
nommée  aujourd'huy  Caramanie  ,  où  il  fit  bâtir  la  Ville  de  MaflilFat  fur  les- 
ruïnes  de  la  Ville  de  Mopfuefte ,  qu'on  appelle  aujourd'huy  vulgairement. 
Mamifta. 

Al  Manfor  voulut  que  cette  nouvelle  Ville  portaft  le  nom  de  Mâraouriah,.. 
Ben  Schounah  dans  la  vie  d'Almanfor. 

Le  même  Auteur  écrit  que  Conftantin  Copronyme,  après  avoir  démoli  la  vilie- 
de  Malathie,  en  fit  pafter  tous  les  Arméniens  &  Géorgiens,  qui  l'habitoient,  k 
Conftantinople  pour  la  peupler.. 

C.eLtte- 


M  A  L  C  A.  - —  M  A  L  E  K.  53i 

Cette  même  Ville  que  les  Grecs  ofterent  encore  une  féconde  fois  aux  Kha- 
lifes, fut  reprife  par  Mafloud,  Sultan  de  la  branche  des  Selgiucides  qui  s'dtoit 
établie  dans  le  pays  deRoura;  ceft-à-dire,  la  Natolie. 

Les  Turcs  Othmanides  avant  leur  grandeur  tenoicnt  les  paîs  de  Mclitonc  & 
d'Akhlat  au  temps  de  Soliman  fchah  &  d'OrtogruI. 

•   Zeïn  eddin  Mohammed  qui  étoit  natif  de   cette  Ville  eft  furnomiTié  Al  Ma- 
lathi,    Voyez.  Serigia. 

Les  Turcs  appellent  ordinairement  l'Arménie  Mineure  ,  Malathia  Vilaïeti ,  à 
caufe  que  cette  Ville  en  eft  la  Capitale. 

MALCA.  Ebn  Malca  qui  fut  furnommé  Hebat-allah,  mot  qui  fignifie  don 
de  Dieu,  étoit  un  Médecin  Juif  fort  célèbre,  lequel  étant  d'ailleurs  très-fuperbo 
fe  fit  Mahometan  pour  être  plus  honnoré.  On  dit  cependant  qu'il  devint  fourd, 
aveugle  &  ladre.    Nous  avons  de  luy  un  livre  de  Médecine   intitulé  môtubar, 

MALCHISADAK.  Melchifedech.  Les  Traditions  Orientales  font  diffe- 
rentes  fur  le  fujet  de  ce  Perfonnage.  Car  les  uns  le  font  fils  de  Pliaieg,  &  les 
autres  en  remontant  plus  haut,  le  font  fils  de  Noé.  Ebn  Batrik,  Patriarche 
d'Alexandrie,  rapporte  qu^  Lamech  ordonna,  avant  que  de  mourir,  à  xon  fils  Noé 
de  tranfporter  le  corps  d  Adam  juic]ues  au  milieu  de  la  terre.  On  entend  par 
€6  milieu  de  la  terre  le  lieu  oii  fut  bâtie  dans  la  fuite  la  ville  de  Salem  qui  eft 
la  même  que  Hierufalem. 

Le  même  Lamech  ordonna  auffi  à  Noé  d'envoyer  un  de  fes  enfans  pour  gar- 
der ce  corps,  avec  obligation  d'y  palfjr  toute  fa  vie  dans  le  fervice  de  Dieu, 
gardant  le  célibat,  ne  répandant  en  ciucune  manière  du  fang;  mais  oiFrant  feu- 
lement à  Dieu  un  facrifice  de  pain  &  de  vin. 

Noé  choifit  Melchifedech ,  fils  de  Sem ,  pour  s'acquitcr  de  ce  devoir  ,  &  luy 
deffendit  de  porter  d'autres  vêtemens  que  de  peaux ,  de  rafer  fi  tête  ,  ni  de 
couper  fes  ongles.  Il  le  chargea  aufïï  de  vivre  en  folitude  fans  bâtir  aucune 
forte  de  maifon;  parceque,  difoit-i!,  c'efl  du  lieu  d'où  je  vous  envoyé  que  doit 
venir  le  falut  d'Adam  &.  de  fa  poftcrité. 

Les  mêmes  Orientaux  remarquent  que  Melchifedech  ayant  elle  pris  fort  jeu- 
ne, l'Apôtre  faint  Paul  dit  qu'il  n'avoit  point  de  GeneaWgie,  l'Ecriture  ne  fai- 
fant  aucune  mention  ,  ni  de  fa  naiflance  ,  ni  de  fa  mort,  &  que  le  falut  des 
hommes  devoit  venir  du  lieu  que  Melchifedech  gardoit  à  caufe  que  Jefus-Chrift 
N.  S.  fut  crucifié  où  le  corps  d'Adam  avoit  cflé  enterré,  i^oyez  le  titre  d'A- 
cranioun. 

M  A  L  C  O  U  N.    royez  Elias  Malkhoun. 

MALEK.  Son  nom  plein  &  entier  efl  Abou  AWalIa  Malek  fils  d'Ans, 
fils  d'Abou  A'mer,  Al  Asbehi  ,  Al  Medeni.  Il  étoit  natif  de  Medine  ,  c'eft 
pourquoy,  on  luy  donne  le  titre  d'Iraam  Dar  alhegrat;  c'eft-à-dire ,  l'Imam  de 
la  ville  de  Fuite  qui  efl  Medine. 

C'eft  un  des  Chefs  des  quatre  principales  Seéles  du  Mufulmanifme  ,  qui  font 
appellées  mahmoudât  almathoùàt,  c'eft-à.dire,  approuvées  &  fuivies ,  en  un  mot, 
orthodoxes.  Bokhan  dit  de  luy  que  les  alfanid  Malek,  c'eft-à-dire,  les  principes 
de  la  Doftrine  de  Malek  fout  plus  fûrs  que  ceux  de  Nafé  &  de   Ben  Omar 

X  X  X  2  qui 


532  M  A  L  E  K. 

qui.  Tavoient  précédé  &  qui  pafTent  auflî   pour  les  Cliefs  de  deux  autres  Seftes 
approuvées  que  plufieurs  joignent  aux  quatre  autres. 

Ce  Dofteur  naquit  fous  le  règne  de  Soliman,  tils  d'A'bdelmelek  Khalife  de  la 
race  des  Ommiades  dont  la  refidcnce  étoit  à  Damas. 

On  remarque  de  luy  une  chofe  fort  fniguliere,  qui  eft  d'avoir  demeuré  trois 
ans  entiers  dans  le  ventre  de  fa  mère.  Il  mourut  l'an  de  l'Hcgire  179,  fous 
le  règne  de  Haroun  furnommé  Arrafchid  Khalife  de  la  Maifon  des  Abbaiïides. 

Quelqu'un  ayant  demandé  un  jour  à  Malek  quel  étoit  fon  fcntiment  fur  le 
pourceau  de  mer,  s'il  étoit  permis  d'en  manger,  ou  fi  la  Loy  obligeoit  les  Mu- 
fulmans  à  s'en  abffcenir.  Malek  décida  qu'il  étoit  abfolument  defFendu;  car  quoy- 
que  ce  fut  un  poilfon  :  néanmoins,  le  nom  qu'il  portoit  le  faiibit  pafler  pour 
un  pourceau,  l'impoiïtion  des  noms  étant  ,  félon  la  Tradition  Mufuhnanne,, 
quelque  chofe  de  Divin.      Larmï. 

L'on  peut  voir  dans  le  titre.  d'Abou  Hanifah  une  raillerie  ingenieufe  entre 
ce  Do6leur  &  Malek.  Et  dans  celui  de  Hakim  ce  que  difoit  Malek  fur  le  fujet 
de  l'Etude  &  de  la  Prière. 

MALEK  Ben  NalHu*.  Un  des  Anceflres  de  Mahomet  que  les  Arabes  en-^ 
voyerent  en  AmbafTade  à  Schabour  Dhou  laktâf  Roi  de  Perfe.  Voyez  dans  le- 
titre  de  Schabour  le  confeil  qu'il  donna  à  ce  Prince. 

MALEK  Ben  Dinar  Abou  lahia,  Nom  d'un  Dodleur  de  très-grande  réputa-» 
tion  parmi  les  Mufulmans;  car  outre  la  fcience  des  Traditions  qu'il  poffedoit, 
fon  éloquence  le  fit  palier  pour  le  plus  grand  Prédicateur  de  fon  temps.  Mais 
il  n'étoit  pas  feulement  fçavant ,.  fa  pieté  étoit  exemplaire  ;  car  l'on  dit  qu'il  ne, 
vivoit  que  de  ce  qu'il  avoit  gagné  par  le.  travail  de  fa  main ,  &  il  autorifoit  luy- 
même  cette  façon  de  vivre  par  un  paflage  qu'il  difoit  avoir  lû  dans  l'ancien 
Tellament  qui  porte  en  Arabe  :  Anna  alladhi  lalol  illa  mtn  kefb  jedihi  Thauba 
hUiatiU  v  k  Mematihi.  Celui-là  ell  heureux  en  fa  vie  &  à  fa  mort  qui  fubfiile 
par  le  travail  de  fes  mains.  Il  femble  que  cela  foit  pris  de  ce  verfet  des  Pfeau-, 
ijucs:'  Labores  manutim  tuarum  quia  imnducabrs ,  beatus  es  ^  bene  tihi  erit. 

Le  principal  travail  de  ce  Dofteur  confîiloit  à  copier  des  Livres  dont  il  ven-. 
doit  les. exemplaires,  &  que  fes  Diiciples  achetoient  bien  cher.. 
"  La'fainteté  de  fa  vie  étoit  tellement  reconnue  ,  qu'un  homme  le  vint  prier 
de  faire  oraifon  pour  Ta  femme  qui  étoit  grolTe  depuis  quatre  ans.  Il  fe  mit 
d'abord  en  colère  contre  cet  homme  ,  &  luy  dit  rudement ,  qu'il  n'étoit  pas 
Prophète  pour  faire  des  miracles.  Il  ne  lailfa  pas  néanmoins  de  fe  mettre  en 
prière  ,  &  dit  à  Dieu  en  élevant  fes  mains  vers  le  ciel:  Seigneur,  û  cette  fem- 
me ell  grolTe  d'une  fille,  faites,  s'il  vous  plaill,  qu'elle  accouche  d'un  garçon: . 
Car  vous  pouvez  changer  toutes  chofes  comme  il  vous  plaift. 

Tous  ceux  qui  étoient  prefens  à  cette  aélion  joignirent  leurs  prières  aux  fien-  - 
nés,  &  élevèrent  pareillement  leurs  mains  au  ciel  avec  luy.  L^on  dit  que  ce 
pieux  Scheikh'  n'abbailfa  point  les  fiennes  que  l'homme  qui  l'avoit  prié  pour  la- 
délivrance  de  fa  femme ,  ne  retournait  avec  un  fils  entre  fes  bras  que  fa  femme 
avoit  mis  au  monde  tout  chevelu  &  avec  toutes .  fes  dents  y  comme  s'il  eut  déjà- 
été- à  rage  de  quatre  ans.. 

Malek  Ben  Dinar,  réputé  Saint  par  les  Mufliimans,  étoit  excellent  Poëte  &• 
mourut  à  RaTora  ,  l'an  131  de  l'Hegire.  Jafèi  a  écrit  fa  vie  qui  eit  couchée 
depuis,  la,  quinzième  jufques.  à,  la  vingt-deuxième  feétion  de  fon  Hiltoire. 

Cô 


M    A    L    E    K. 


533 


'  Ce  Saint   pourroit  bien  avoir  eftc  Chrétien;  car  le  Rabî  alabrar    raoportc 
une  autre  citation  du  vieux  Teilamcnt  du  même  Auteur  dans  le  titre  des  Princes. 

MALEK  Dinar.  Ce  Perfonnage  ne  doit  pas  fe  confondre  avec  le  précè- 
dent ;  car  celui-ci  étoit  de  la  race  d'Ali  &  par  confequent  un  de  ces  Princes 
qui  avoient  des  prétentions  fur  le  Khalifat.  En  effet ,  il  fit  la  guerre  dans  le 
Kerman  ou  Caramanie  Perfique  &  s'en  rendit  le  maître  abfolu  après  en  avoir 
chafle  Je  Sultan  Mohammed  fchah  qui  étoit  de  la  branche  des  Selgiucidcs  fur- 
nommez  Cadherdiens  qui  ont  régné  dans  la  Province,  de  Kerman.  ^oyez  \q.s 
Selgiucidcs  de  Kerman. 

MALEK  al  Thaï  AI  Haiiani  ,  furnommé  Gemalcddin.  C'efl  le  nom  d'un 
Gram"înairicn  Arabe  très  -  fçavant  dans  la  Langue  Arabique ,  ce  qui  lui  a  fait 
donner  aufli  le, titre  d'Alnahaoui,  c'cfl-à-dire  ,  de  Grammairien  par  excellence. 
Il  mourut  l'an  '672  de  l'Hegire  ,-  &  nous  a  laiiTé  un  ouvrage  ,  intitulé  Gelafl'at 
fil  nahou,  que  l'on  nomme  auffi  Alfiah,  qui  efl:  dans  la  Bibliothèque  Royale,  num, 
1J03.  L'AIiiah  efl  un  Poëme  ,  que  fon  Auteur  intitula  auffi  Khaffiat.  Il  con- 
tient mille  Diftiques  ,  &  fut  commenté  par  Badreddin ,  fon  fils ,  l'an  6-j6  de 
l'Hegire.  Cet  Auteur  efl  en  Efpagne ,  ce  que  Ebn  Ilageb ,  Auteur  de  la  Ka- 
fiah ,  efl  dans  le  Levant. 

On  appelle  encore  ce  Dofleur  Ebn  Malek ,  auflî-bien  que  Badreddin  Abdal^ 
lah,  Auteur  de  Mesbâh  fil  mani  beian  v  bedî  ,  qui  efl  un  Traité  de  Rhétori- 
que, que  l'on  trouve  pareillement  dans  la  Bibliothèque  Royale ,  n^.  1102. 

Mohammed  Ben  A'bdallah,  autre  Grammairien,  efl  auffi  furnommé  Ebn  Ma- 
lek, Auteur  d'un  Poëme,  intitulé  Lamiat,  &  Ebniat  alafââl,  ouvrage  Gramma- 
tical fur  la  conjugaifon  des  Verbes,  qui  a  été  commenté  par  Haddlirami.  Il 
efl  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n".  1098. 

Schebab  eddin  Ahmed  Ben  Jofef  Ebn  Malek  al  Raïnï  ,  Al  Andaluffi  Al  Gra-' 
nathi  Al  Maleki ,  mort  l'an  -j-^j  de  l'Hegire,  efl  l'Auteur  de  deux  ouvrages^ 
dont  le  premier  efl  intitulé  Tokfat  al  Akran  ,  c'efi:-à-dire ,  Préfent  fait  à  fcs 
Contemporains,  &  le  fécond  de  Ref  alhegiab,  c'efl- à-dire  ,  la  Levée  des  voiles. 
Ce  font  deux  livres  de  Morale,  qui  font  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n^.  1053! 

A'bdellathif  Eba  Malek,  Auteur  d'un  Commentaire  fur  le  livre  intitulé  Meg-- 
mâ  albaharein. 

Ebn  Malek»      Foyez  Scharoubini.' 

MALEK  al  Afdhal,  c'efl-à-dire  ,  Roi  très  -  excellent.    Titre  ou  furnom  de 
plufieurs  Princes  de  la  Maifon  d'Aioub  ou  de   Saladin  ,    comme   auffi  de  quel- 
ques Sultans  Mamlucs;  ainfi  Malek  al  Afchraf,  qui  lignifie  le  Roy  très -noble 
efl  pareillement  le  furnom  de  plufieurs  Princes.  ' 

Il  faut  remarquer,  que  ce  nom  de  Malek  a  été  auffi  un  titre  de  di<Tnité  con- ■ 
feré  à  des  Vizirs  ou  des  Lieutcnans-géneraux  de  l'Etat,  principalement  de  l'E- 
gypte.   Voyez  plus  bas. 

MALEK  al- Afdhal    Surnom  de  Ridhvan  Vahafchi  ,   Vizir  &  premier  Mi 
mflre  de  llafez  ,   huitième   Khalife  d'Egypte  de  la  race  des  Fathimites.     Vo^cl 

Xxx3.  MALEK- 


534  MALE    K. 

MALEK  Archraf,  frère  de  Haflan  Kugiuk  ,  fécond  Prince  de  la  Dynaftie 
des  Giobaniens.    f^oyez  le  titre  de  HaiTan  Kugiuk. 

MALEK  al  Omra  ,  Roy  des  Princes  ou  des  Commandans.  C'étoit  autre- 
fois en  Egypte  le  même  titre  de  dignité  &  de  charge  que  celle  d'Emir  al  Om- 
ra auprès  des  Khalifes  ,  qui  répond  plus  particulièrement  à  colle  de  Beglerbeg 
chez  les  Turcs. 

Cette  même  dignité  fut  encore  plus  relevée  en  Egypte  ,  par  le  titre  de  Ma- 
lek  Mefr,  c'eft-à-dire ,  Roy  d'Egypte,  comme  nous  verrons  bientôt. 

MALEK  lezd.  Ceft  le  même  qu  A'dhad  eddin,  Prince  d'Iezd  dans  le  Kho- 
raflan ,  qui  étoit  très-fçavant  &  qui  a  compofé  un  ouvrage  intitulé  Bahagiat  al- 
tauid,  qui  traite  de  l'Unité  de  Dieu. 

MALEK  Kart  ou  Kurt.  f^oyez  les  titres  de  Giouban  &  d'Aboufaïd  Ben  Al. 
Ijiaptou. 

MALEK  Mefr,  c'eft-à-dire,  Roy  d'Egypte.  Titre  qui  ne  marque  pas  tou- 
jours la  puilTance  fouveraine  ,  ni  abfoluë  ;  car  Ben  Schohnah  rapporte  ,  qu'en 
l'année  531  del'Hegire,  Hafez,  huitième  Khalife  d'Egypte,  ôta  à  Baharam  l'Ar- 
ménien là  charge  de  Vizir ,  qu'il  donna  à  Rizvan  Vahafchi ,  avec  le  titre  de 
Malek  Mefr ,  auquel  il  ajouta  encore  la  qualité  d'Afdhal. 

MALEK  Rahim  ,  fils  du  Sultan  addoulat  Omad  eddin  ,  furnommé  A'zz  aî 
Molouk ,  fut  le  feizième  &  dernier  Prince  de  la  Dynaflie  des  Bouides  II 
fucceda  à  fon  père  l'an  de  l'Hegire  440  ,  le  Khalife  Caïem  bémrillah  le  ren- 
dant maître  de  la  Ville  de  Bagdet  &  luy  donnant  l'inveftiture  de  fcs  Etats  , 
pour  en  joUir  au  même  droit  que  fes  Prédecefleurs. 

Cette  cérémonie  d'Inveftiture  fe  pratiquoit  par  les  Patentes ,  la  Couronne , 
la  Chaîne  &  les  Bracelets ,  que  le  Khalife  envoyoit  au  Sultan  qu'il  invoftiffoit. 

Malek  Rahim  avoit  un  frère  nommé  Abou  M  an  for  ,  qui  lui  difputa  pendant 
quelque  temps  le  Commandement  de  la  Pcrfe  ,  &  qui  s'étoit  emparé  pour  cet 
effet  de  la  ville  de  Schiraz  ;  mais  Maick  Rahim  le  pourfuivit  fi  chaudement , 
qu'il  n'eut  pas  le  temps  de  s'y  établir  ,  &  qu'il  fut  mis  en  déroute  ,  l'an  447 
de  l'Hegire. 

Cette  même  année,  le  Khalife  . Caïem  prcfle  par  Befl'afiri ,  Turc  ,  dont  il  crai- 
gnok  beaucoup  plus  la  puilTance  que  celle  de  Malek  Rahim  ,  fe  crut  obligé 
d'appeller  Togrul  Beg ,  premier  Sultan  de  la  Maifon  des  Selgiucides  ,  pour  le 
fecourir. 

Togrul  Beg  appelle  par  le  Khalife  ,  s'approcha  de  Bagdet ,  dont  il  fe  rendit 
maître  &  où  il  fit  fon  entrée  le  25  jour  de  Ramadhan  de  la  même  année  447, 
&  fe  faifit  d'abord  de  la  perfonne  de  Malek  Rahim  ,  qu'il  envoya  prifonnier 
dans  un  Château  de  l'Irak,  &  ce  fut-là  que  ce  Prince  finit  fes  jours,  après  fept 
ans  de  règne. 

Abou  Manfor,  fon  frère,  fut  fait  aufïï  prifonnier  l'année  fuivante  448,  qui 
cû  le  terme  fiital  de  la  Dynafi:ie  des  Bouides;  car  Caïkhofrou  ,  troifième  fils 
•d'Azz  el  Molouk  ,  vêquit  en  homme  particulier  fous  le  règne  d'Alp  Arflan  , 
fuccefllur  de  Togrul.    Khondemir^ 

MALEK 


M  A  L  E  K.        M  A  L  E  K  I.   .  A  i,:  "  ^35. 

MALEK  Sofi.  Il  eft  parlé  de  ce  Sofî  dans  le  titre  d'Abôu  Hdnifà. 
MALEK  Termedi.     Foyez  A'ia  eddia. 

MALEK  Ben  Vaheb.  Vizir  d'Ali,  tils  de  Jofef  Tefcùcfin.  Voyez  le  titre 
de  Mouahcdites,  qui  font  les  Al  Mohades. 

MALEK  el  bahr.  Roy  de  la  mer,  que  les  Perfans  appellent  Malek  Deria, 
&  les  Turcs  Denghiz  Maliki.  Les  Orientaux  appellent  ainfi  ce  que  les  Grecs  , 
les  Latins  &  les  Européens  appellent  communément  Sirène,  &  ils  ditent,  quil 
y  en  a  beaucoup  dans  la  mer  de  la  Chine  &  des  Lides  qu'ils  nomment  Bahr  al 
akhdhar,  c'efl-à-dire,  la  Mer  verte.    Voyez  ce  titre. 

L'Auteur  du  Tahmurat  Nameh  écrit  ,  que  la  monture  terrible  de  Siamek  , 
fils  de  Kaiumarrath,  premier  Monarque  de  l'Orient ,  étoit  fortie  de  la  mer  ,  & 
qu'elle  avoit  été  engendrée  d'un  Crocodile  &  d'une  Sirène ,  qu'il  appelle  la  Rei- 
ne de  la  mer.  Cet  animal  monflrueux  s'appelloit  Kurbeh ,  &  le  même  Auteur 
du  Tahmurat  Nameh  dit ,  que  Soliman  Ben  Daoud ,  qui  ell  le  Jernier  de  tous 
les  Solimans  ou  Salomons  ,  que  la  Mythologie  Orientale  reconnoît  ,  dcvoit , 
étant  monté  delïïis^  faire  le  tour  du  monde,  &  chercher  le  Roy  de  la  Mer 
pour  Iç  combattre. 

Le  Roi  de  la  mer  en  cet  endroit  peut  fc  prendre  pour  la  Divinité  fabuleufe,. 
que  les  Latins  ont  appellée  Neptune  ,  ou  pour  quelque  monllre  marin  fort  ter- 
rible, tel  que  le  Leviathan  Chimérique  des  Hébreux,  la  défaite  duquel  étoit  re- 
fervée  au  dernier  Salomon,  de  la  même  manière  que  le  Leviatlian  des  Juifs  elt 
refervé ,  félon  la  rêverie  des  Rabbins ,  pour  le  banquet  du  Mcllic ,  dont  Salomon 
étoit  la  figure.  Nous  remarquerons  en  paffant ,  qu'il  faut  chercher  le  titre  de 
Soliman  ,  où  l'on  verra  ce  qu'il  fignific  ,  &  qui  font  ceux  qui  ont  porté  ce 
nom  avant  Adam  ,  comme  Empereurs  ,  Souverains  &  abfolus  de  toutes  les 
créatures  qui  habitoient  le  monde ,  avant  que  Dieu  y  eull  domié  place  aux 
hommes. 

MALE  KL  Ceft  le  furnom  du  Scheikh  ou  Dofteur  Gemal  eddin  Abou 
A'mrou  Othman  ,  fils  d'Omar  ,  qui  ell  plus  connu  fous  le  nom  d'Ebn  Al  Ha- 
geb,  à  caufe  qu'il  étoit  fils  de  l'Huifîier  ou  Maître  de  Chambre  d'Azzeddin  Sa- 
léhi ,  Prince  du  Curdillan.  Ce  Perfonnage  étoit  très-fça\'ant  &  compofa  plufieurs 
ouvrages  ,  dont  un  des  principaux  ell  la  Cafiah.  Voyez  ce  titre.  Il  mourut  dans 
la  ville  d'/Vlcxandrie,  âgé  de  75  ans,  fous  le  règne  des  Aioubites  ou. fuccelfeurs 
de  Saladin,  l'an  de  l'Hegire  646.    Ben  Schohnah. 

MALEKL  Surnom  d'Ibrahim  ,  fils  de  Hafian  ,  Auteur  d'un  Commentaire- 
fur  les  Arbàin,  ou  les  quarante  Traditions,  mort  l'an  de  l'Hegire  734, 

MALEKL^  Livre  très-celèbre ,  qui  porte  encore  le  titre  de  Kamel  alfanâit 
al  Thabbiat,  c'ell-à-dire  ,  Corps  univerfel  de  toute  la  Médecine  ,  duquel  les 
Orientaux  fc  font  toujours  fervi,  jufqu'à  ce  que  le  Canon  d'Avicenne  ait  paru. 

Il  cft  en  31  Chapitres,  &  corapofé  par  Ali  Ebn  Al  Abbas ,  furnommé  AlMa- 
gioufclù,  ç'eit-àrdire ,  le  Mage. 

MALEKIA,- 


Sz6  M  A  L  £  K  I  A.        M  A  L  £  K  S  C  H  A  H. 

MALEKIA.  Les  Mclchitcs.  C'eil  le  nom  de  la  Se£le  Orthodoxe  parmi 
les  Chrétiens  Orientaux-. 

Après  que  Diofcorus  &  Eutyches  eurent  été  xrondamnez  dans  le  Concile  de 
Chalcedoine  ,  il  ne  lailîli  pas  d'y  avoir  plufieurs  Patriarches,  tant  en  Alexandrie 
qu'à  Hierufarlem ,  qui  étoient  Eutychiens  ou  Jacobites  ,  &  alors  on  diftinguoit 
les  Catholiques  d'avec  les  Hérétiques  par  le  nom  de  Melchitcs  .  qui  fignitie  Ro- 
yaux ou  Royaliftes  ,  à  caufe  qu'ils  fuivoient  les  fentimens  Orthodoxes  des  Em- 
pereurs Marcian  &  Léon  ,  qui  avoient  reçu  &  qui  faifoient  obferver  les  dé- 
crions du  Concile.  Cependant  les  Empereurs  ,  Léon  le  jeune  &  Zenon,  firent 
profellîon  ouverte  de  la  Sedle  des  Jacobites. 

Lorfque  les  Arabes  fe  rendirent  les  Maîtres  de  l'Egypte ,  les  Melchites  étoient 
en  pofleffion  du  Patriarchat  d'Alexandrie  ;  mais  les  Jacobites  s'emparèrent  de  ce 
fiége ,  dans  la  troifième  année  du  Khalifat  d'Omar ,  &  ils  l'occupèrent  pendant 
l'elpace  de  quatre-vingt  dix-fept  ans,  jufqu'au  Khalifat  de  Hefcham  ,  fils  d'A'b- 
delmelck.  Car  fous  le  règne  de  ce  Prince ,  Cofraas  le  véritable  Patriarche ,  mais 
détrôné,  obtint  de  ce  Khalife  Ton  rétablilFement. 

Les  Melchites,  pendant  ces  ç)Y  années,  n^  pofiedoient  dans  Alexandrie  que  la 
feule  Eglife  de  S,  Michel  ,  nommée  autrement  la  Calillarie ,  où  demeuroit  leur 
Patriarche  dépouillé,  &  lorfqu'il  venoit  à  manquer,  ils  s'addrelToient  au  Métro- 
politain de  Tyr,  qui  leur  en  ordonnoit  un.     f^oyez  Ebn  Batrik.,  Tom.  2. 

-  MA  LE  KS  CHAH  ou  Melikfchah,  troifième  Sultan  de  la  race  des  Selgiuci- 
des.  Son  nom  entier  avec  fes  furnoms  efl  Moéz-eddin  (félon  les  autres  Gelal- 
eddin  ou  Gelaleddoulat)  Aboulfetah  Melic-fchah.  11  étoit  fils  d'Alp-Arflan  ,  & 
quoyqu'il  ne  fut  pas  l'aîné,  néanmoins  fon  père  ne  lailîa  pas  de  le  déclarer  fon 
fucceffeur  ,  fuivant  le  confeil  dj  Nezam  almulk  ,  fon  Vizir  ,  dont  l'autorité 
étoit  fi  grande  auprès  de  luy  ,  qu'il  luy  fit  préférer  le  cadet  aux  aînez.  Mais 
cette  préférence  fut  enfin  funefi:e  à  ce  même  Vizir,  comme  nous  verrons  dans 
la  fuite. 

Alp-Arflan  ne  fut  pas  plutôt  mort  l'an  de  l'Hegire  465,  que  Melic-fchah 
fut,  à  la  tète  des  armées  qu'il  comraandoit ,  reconnu  pour  légitime  héritier  & 
fucceffeur  de  fon  père.  Le  Khalife  luy  envoya  la  confirmation  du  titre  &  du 
pouvoir  de  Sultan,  &  y  ajouta  même  la  qualité  d'Emir  elmoumenin  ,  c'eft-à- 
dire ,  Commandant  des  Fidèles,  laquelle  jufques  alors  les  Khalifes  s'étoicnt  rc- 
fervée  &  n'avoient  communiquée  à  aucun  autre  Prince  dans  toute  l'étendue  du 
Mufulmanifme.  Il  fut  auffi  proclamé  par  tous  les  fujets  du  nom  de  Gelai  ed- 
doulat  V  Eddin ,  c'eft-à-dire ,  la  gloire  de  l'Etat  &  de  la  Religion,  &  c'cft  à 
raifon  de  ce  titre  de  Gelai  que  la  reforme  du  Calendrier  Perfien,  qui  fut  faite 
fous  fon  règne,  a  été  appellée  Tarikh  Gelali,  c'efl:-à-dire ,  le  Calendrier  Gelaleen. 
Voyez  le  titre  de  Gelali. 

Ce  Prince  eut  dans  le  commencement  de  fon  règne  une  guerre  aflez  fâcheu- 
fe  fur  les  bras  ;  car  fon  oncle ,  nommé  Caderd  ,  Gouverneur  de  la  Caramanie 
Perfique ,  fe  révolta  contre  luy  &  s'avança  même  jufques  auprès  de  Kurge  ou 
Ghurge  avec  une  armée  confidérable  ;  ce  qui  obligea  le  Sultan  à  faire  marcher 
contre  luy  les  troupes  du  Khoraffan,  qui  avoient  été  toujours  viftorieufcs  fous 
le  règne  d'Arp-Arflan.  Ces  deux  armées  furent  trois  jours  &  trois  nuits  à  fe 
harceler  l'une  l'autre  ,  jufques  à  ce  que  le  combat  fut  échaufl'é ,  &  enfin,  il 
fe  donna   une   des  plus  fanglantes  batailles  que  la  Perfe  eut  encore  vues.     La 

Viftoire 


M  A  L  É  K  s  C  H  A  H.  537 

Viftoire  demeura  du  côté  de  Malek-fchah  &  Caderd  y  fut  fait  prifonnier,  puis 
envoyé  fous  bonne  garde  en^  un  Château  du  Khoraffiin.  Cette  viéloire  figna- 
lée,  qui  affcrmilloit  l'autorité  du  nouveau  Prince,  donna  beaucoup  d'infolcnce 
aux  troupes  Khoraflaniennes.  Elles  fe  mutinèrent ,  &  leurs  principaux  Chefs 
allèrent  trouver  Nezam  al  mulk,  lequel  avoit,  avec  la  qualité  de  Vizir  ,  la  à'- 
reclion  de  toutes  les  affaires  de  la  guerre  &  de  l'Etat.  Ils  demandèrent,  qu'on 
leur  doublât  la  folde  ,  à  caufe  du  grand  fervice  qu'ils  venoient  de  rendre ,  & 
menacèrent  en  même  temps  de  mettre  Caderd  fur  le  trône ,  fi  l'on  ne  leur  don- 
noit  une  prompte  fatisfaélion.  Nezam  al  mulk  fçût  appaifcr  par  fa  prudence 
les  premiers  mouvemcns  de  la  fédition  ,  en  leur  promettant  qu'il  feroit  enten- 
dre leurs  prétentions  au  Prince,  &  qu'il  en  efpéroit  une  réponfe  favorable. 

Aufîî-tôt  que  Malek-fchah  eut  appris,  que  le  nom  feul  de  Caderd  fourniffoit 
un  motif  de  révolte  à  Ces  troupes,  il  prit  la  réfolution  de  s'en  défaire.  En  ef- 
fet, dès  la  même  nuit  il  le  fit  empoifonner  dans  la  prifon  ,  &  les  Officiers  de 
l'armée  étant  venus  le  lendemain  fçavoir  du  Vizir  la  réponfe  du  Sultan  ,  ce 
Miniltre  ,  qui  apparemment  avoit  eu  part  à  ce  qui  s'étoit  pafie  la  nuit  précé- 
dente, leur  dit  finement  qu'il  n'avoit  pu  encore  préfenter  leur  Requelle  au  Sul- 
tan ,  parce  qu'il  l'avoit  trouvé  la  nuit  pafl'ée  accablé  d'une  grande  triftelfe  que 
la  mort  imprévue  de  fon  oncle  luy  avoit  caufée  ,  ce  Prince  poufie  de  defef- 
poir  ayant  fuccé  du  poilbn  caché  dans  une  bague  qu'il  portoit  au  doigt.  Cette 
réponfe  du  Vizir  ferma  la  bouche  aux  Officiers  &  à  toute  l'armée,  qui  ne  par- 
la plus  d'augmentation  de  folde ,  depuis  qu'elle  eut  appris  que  Caderd ,  qui  pou- 
voit  feul  favorifer  leur  mutinerie,  étoit  mort. 

L'an  de  THegire  467,  Malek-fchah  envoya  fon  coufin  Solimm  ,  fl;  de  Ku- 
tulmifch  ,  en  Syrie  ,  avec  une  armée  capable  de  réduire  cette  Province.  Soli- 
man s'acquitta  fi  bien  de  fa  commiffion  ,  qu'il  fe  rendit  maître,  en  fort  peu  de 
temps,  de  tout  le  pays  jufqu'à  Antioche,  ville  qui  étoit  encore  pour  lors  con- 
fidérable. 

L'an  de  FHegire  471,  Malek-fchah  entreprit  la  conquête  du  pays  de  de-lk  le 
Gihon.  Le  Prince  ou  Khan,  comme  ils  l'appellent,  de  ce  pays-là,  qui  portoit 
le  nom  de  Soliman  ,  fut  fait  prifonnier  après  la  défaite  de  fon  armée  ,  &  Ma- . 
lek-fchah  l'envoya  fous  bonne  garde  à  Ifpahan ,  Ville  qui  étoit  pour  lors  le  fié- 
ge  Royal  des  Selgiucides.  En  cette  guerre  ,  qui  fe  fit  au  de-là  du  Gihon  ,  le 
Vizir  Nezam  al  mulk  affigna  le  payement  des  battelier^  qui  avoient  fervi  au 
pafi^age  des  troupes  du  Sultan  fur  les  revenus  de  la  ville  d'Antioche.  Ces  gens- 
cy  s'en  plaignirent  au  Sultan  ,  lequel  ayant  demandé  à  fon  Vizir  ,  pourquoy  il 
avoit  affigné  un  fonds  fi  éloigné  pour  le  payement  de  ces  pauvres  gens  ?  "  Ce 
n'efl;  pas,  luy  répondit  le  Vizir,  pour  retarder  leur  payement;  mais  afin  que 
la  pofterité  admire  la  grandeur  &  l'étendue  des  Etats  que  vous  avez  pofledés, 
lorsqu'elle  apprendra  l'affignation  qui  a  été  faite  des  deniers  de  la  recepte  d'An- 
tioche, pour  le  payement  des  Matelots  de  la  mer  Cafpienne  &  des  Batteliers 
du  fleuve  Gihon.  Ce  trait  du  Vizir  plut  extrêmement  à  Malek  -  fchah  ,  d'au- 
tant plus  que  ce  Miniftre  paya  comptant  les  refcriptions  qu'il  avoit  données  à 
ces  gens-là. 

En  cette  même  année ,  le  Sultan  époufa  Tarkhan  Khatun ,  fille  du  Kan  Tam- 

ghage ,  fils  du  Khan  Bagra.     Il  en  eut  un  fils  qui  naquit  l'an  479  de  l'Hcgire , 

dans  une  petite  Ville  du  Khorafiàn  nommée  Sangiar ,   d'où   le  nom  de  Sangiar 

luy  cil  demeuré.    Ce  Sultan  ie  plaifoit  fort  à  voyager,  &  on  dit,  qu'il  fit  dix 

Tome  IL  ■       Y  y  y  fois, 


538  M  A  L  E  K  S  C  H  A  H. 

fois ,  pendant  lîi  vie  ,  le  tour  de  fon  Empire  ,  qui  s'étendoit  depuis  Antioche 
jufques  à  Ourkand,  ville  du  Turkcftan. 

Hamd.illah  Méiloufi  dans  fon  Tarikh  Ghuzideh  rapporte,  que  MaJck-fchah  fit 
le  pèlerinage  de  la  Mecque  avec  une  dépenfe  incroyable;  car  outre  qu'il  abolit 
le  tribut  que  les  Pèlerins  avoient  accoutumé  de  payer,  il  employa  de  très-gran- 
de9  fommes  à  bâtir  des  Bourgades  dans  le  défert ,  où  il  fit  creufcr  quantité  de 
puits  &  de  cifi:erncs,  &  conduire  des  eaux  de  tous  cotez.  Il  fit  porter  auffi  des 
provifions  en  grande  abondance  pour  la  fubfiflance  des  Pèlerins,  &  diftribua  aux 
Pauvres  des  fommes  immenfes  avec  une  libéralité  fiuis  pareille.  11  fit  ce  Péle- 
riiT.ge  Fan  de  l'Hegire  481. 

Le  même  Auteur  écrit ,  que  la  féconde  fois  qu'il  fit  le  tour  de  fes  Etats , 
l'Empereur  Grec  s'avança  avec  une  puifiante  armée  vers  luy.  Un  jour  le  Sul- 
tan allant  à  la  chalfe  &  s'étant  feparé  du  gros  de  fes  gens ,  fe  trouva  envelopé 
dans  une  embufcade  des  "Grecs,  qui  le  menèrent  prifonnier  avec  quelques-uns 
des  fiens,  fans  le  connoître,  à  TEmpereur.  Il  donna  d'abord  ordre  à  fes  gens 
de  le  traiter  comme  l'an  d'entr'eux  ,  fans  aucune  diftinélioH  ,  pour  n'être  pas 
connu,  &  fit  fçavoir  fecretement  à  fon  Vizir  Nczam  al  mulck  ce  qui  luy  étoit 
arrivé.  Le  Vizir  fit  mettre  la  garde  ordinaire  à  fa  tente  comme  s'il  y  fut  ren- 
tré au  retour  de  la  chafic  ,  &  partit  en  même  tems  en  qualité  d'Ambaifadeur 
vers  FEmpe-reur  Grec ,  pour  y  traiter  des  aff'aires  qui  regardoient  le  règlement 
des  limites  des  deux  Empires.  L'Empereur  reçût  fort  agréablement  cette  Am- 
baffade,  &  dit  au  Vizir,  qu'il  vouloit  faire  une  bonne  paix  avec  le  Sultan,  & 
que,  pour  marque  de  la  fincerité  de  fes  paroles,  il  luy  vouloit  renvoyer  des 
prifonniers  que  fes  gens  avoient  faits  depuis  peu.  Le  Vizir  répondit ,  qu'il  fal- 
loit  que  ces  prifonniers  fuffent  gens  inconnus  &  de  peu  de  confîdération,  puif- 
que  l'on  n'en  avoit  rien  fçù  dans  le  camp  du  Sultan.  En  efixt,  comme  on  les 
eut  fait  paroître  devant  luy ,  il  les  regarda  avec  mépris  ,  ne  témoignant  pas  de 
connoître  aucun  d'entr'eux.  Cependant,  il  les  emmena  tous  avec  lui,  &  tranf- 
porté  de  ce  que  fon  ilratagême  avoit  iï  bien  reufli  ,  aûffi-tôt  qu'il  fut  en  lieiï 
de  fureté,  il  fe  jetta  aux  pieds  du  Sultan  &•  demanda  pardon  de  ce  qu'il  luy 
avoit  manqué  de  rclpecl  ;  mais  le  Sultan  ,  bien  loin  de  trouver  mauvais  qu'il 
l'eut  traité  de  la  fo  te  ,  témoigna  luy  être  entièrement  redev^'.ble  de  fa  liberté 
&  peut-être  même  de  fa  vie.  Deforte  que  le  Vizir  fut  depuis  ce  tems -là  au- 
près de  luy  en  plus  graijde  faveur  &  autorité,  qu'il  n'avoit  encore  été  jufques 
alors.  Cependant  la  paix  ne  fe  put  pas  conclure  entre  ces  deux  Princes ,  &  il 
fe  donna  une  bataille  dont  la  vici:oire  demeura  au  Sultan  &  l'Empereur  Grec  fut 
fait  prifonnier.  Ce  Prince  étant  conduit  en  préfence  du  Sultan,  le  reconnut  pour 
avoir  été  fon  prifonnier  &  luy  dit  fièrement  :  Si  vous  êtes  l'Empereur  des 
Turcs,  renvoyez-moy :  Si  vous  êtes  un  Marchand,  vendez-moy:  &  fi  vous  êtes 
un  Boucher,  tuez-moy.  Le  Sultan  luy  fit  bien  connoître  quel  il  étoit;  car  il 
luy  donna  gratuitement  la  liberté  &  le  renvoya  en  fon  pays.  Mais  étant  mort 
bientôt  après,  Malck-fchah  s'empara  dune  partie  de  Ces  Etats,  &  en  donna  le 
Gouvernement  à  SoJiman,  fils  de  Kutulmilch,  fils  d'Ifrael,  fils  de  Selgiuk ,  fon 
coufin. 

Vers  la  fin  du  Règne  de  ATalek-lchah ,  le  Vizir  Nczam  al  mulk  fe  brouilla  ex- 
trêmement avec  la  Sultane  Tarkhan  ]\hatun  ,  au  fujet  de  la  fucceffion  que  la 
Sultane  vouloit  faire  tomber  fur  fon  fils  .  quoy  qu'il  ne  fut  que  le  cadet  des 
enfans  du  Sultan.     Le  Vizir  au  contraire  foûtenoit,  que  la  fucceffion  devoit  ap-.- 

parteair 


M  A  L  E  K  s  C  H  A  H. 


539 


partenii-  à  Berkiarok,  qui  étoit  l'aîné  &  le  plus  capable  de  régner.  Cette  di- 
■vifion  augmenta  fi  fort ,  que  la  Sultane  ne  crut  pas  pouvoir  jamais  hue  régner 
fon  fils  ,  tant  que  le  Vizir  conferveroit  du  crédit  auprès  du  Sultan  fon  mary. 
Elle  chercha  donc  tous  les  moj' ens  de  le  décredicer  dans  fon  efprit ,  &  commen- 
ça à  luy  jetter  des  foupçons  de  fa  conduite  ,  luy  repréfe^tant  fouvcnt ,  que 
toutes  les  Charges  &  les  Gouvernemens  étoient  entre  les  mains  du  Vizir  ,  qui 
les  avoit  partagez  entre  douze  enfans  mdles  qu'il  avoit,  ci  autres  gens  qui  dé- 
pendoient  abfolument  de  luy. 

Cette  accufation  fit  imprcffion  fur  l'efprit  du  Sultan  ,  &  le  porta  à  envoyer 
un  de  fes  Officiers  au  Vizir  pour  luy  dire,  qu'il  s'étonnoit  fore  de  ce  qu'il  di'- 
pofoit  de  toutes  les  charges  de  l'Etat  fans  fa  participation,  &  que  s'il  ne  char- 
geoit  de  conduite  ,  il  luy  feroit  quitter  le  bonnet  &  l'ccritoire  qui  éj^ient  le^ 
marques  de  fa  dignité  &  de  fon  pouvoir.  Le  Vizir  ayant  entendu  les  menaces 
de  fon  Maître,  répondit  à  fon  Envoyé,  que  le  bonnet  qu'il  portoit  &  la  char- 
ge qu'il  poffedoit ,  étoient  tellement  liez  à  la  Couronne  &  au  Trône  du  Sultan 
par  le  décret  éternel  de  la  Providence  divine  ,  que  ces  quatre  chofes  ne  pou- 
voient  fubfiftcr  l'une  fans  l'autre.  Cette  réponfe  ,  quoyque  hardie  ,  pouvoit 
avoir  un  bon  fens ,  mais  elle  fut  altérée  par  l'Envoyé  qui  étoit  gagné  par  la 
■Sultane  ;  de  forte  que  le  Sultan  irrité  au  dernier  point  ,  priva  en  même  tems 
le  Vizir  dà[£i  charge  ,  &  la  donna  à  Tage  al  mulk  Cami ,  Chef  des  Confeils 
de  la  SultOTe,  avec  commiffion  de  faire  informer  des  malverfations  de  fon  Pré- 
-deeefieur. 

Dans  ce  même  tems,  l5  Sultan  Malek-fchah  fortit  d'Ifpahan  pour  aller  à  Bag- 
det ,  où  refidoit  le  Khalife  Radhi ,  lequel  ne  foûtenoit  plus  ce  grand  nom  de 
Prince  de  tous  les  Mufulmans  ,  que  par  certaines  prérogatives  d'honneur  qu'on 
luy  rendoit ,  quoyqu'il  fut  dépoiullé  de  toute  forte  d'autorité  ,  hors  de  celle 
qui  regardoit  la  Religion. 

Le  Vizir  depofiedé  fuivit  la  Cour,  &  s'étant  mis  en  chemin  après  le  Sultan, 
un  afiaffin ,  fuborné  par  Tage  al  mulk  Cami ,  luy  porta  un  coup  de  couteau  , 
dont  il  mourut  peu  de  temps  après,  l'an  de  l'Hegire  485,  On  porta  fon  corps 
à  Ifpahan  où  il  fut  enterré  av^ec  pompe.  Il  eut  le  temps  ,  avant  que  de  mou- 
rir, d'écrire  ce  qui  fuit  en  vers  Perfîens,  qu'il  envoya  au  Sultan  par  un  de  fes 
enfans  : 

Grand  Monarque ,  j'ay  palTé  une  partie  de  ma  vie  ,  à  bannir  rinjufi:ice  de 
vos  Etats ,  étant  appuyé  de  vôtre  autorité.  J'emporte  avec  moy  &  je  vais  pré- 
•fenter  au  fouvcrain  Roy  du  ciel  les  comptes  de  mon  adminifiration  ,  les  témoi- 
gnages de  ma  fidélité  ,  &  les  titres  de  la  réputation  que  j'ay  acquiic  en  vous 
fervant,  fignez  de  vôtre  Royale  main.  Le  terme  fatal  de  ma  vie  fe  rencontre 
dans  la  93  année  de  mon  âge  ,  &  c'eft  un  coup  de  couteau  qui  en  tranche  le 
fil.  Il  ne  me  reflie  plus  qu'à  remettre  entre  les  mains  de  mon  fils  la  continua- 
tion des  longs  fervices  que  je  vous  ay  rendus ,  en  le  recommandant  à  Dieu  & 
à  vôtre  Majcfi;é. 

Mirkhond  écrit,  que  Nczam  al  mulk  à  l'âge  de  douze  ans  fçavoit  tout  l'Al- 
■coran,  &  que  dans  fa  première  jeuncffe,  il  avoit  acquis  une  fi  grande  connoif. 
fance  de  la  Jmùfprudence,  félon  les  principes  de  Schafêi ,  qu'il  attiroit  l'admi- 
ration de  tous  ceux  de  fon  temps.  Comme  il  étoit  fort  fçavant,  auffi-tôt  qu'il 
fut  dans  l'autorité  ,  il  protégea  puifilimment  les  gens  de  lettres.  Il  leur  bâtit 
des  maifons  &  des  Collèges ,  qu'il  fonda  dans  les  Villes  de  Bagdet ,  de  Bafibra , 

Yyy  2  de 


54x>  M  A  L  E  K  S  C  H  A  tT. 

de  Herat  &  d'Ifpahan.    Mais  le  plus  grand  monument  qu'il  ait  laifle   dé  luy , . 
efl:  le  fameux  Collège  de  Bagdet  qui  porte  fon  nom  &  que  l'on  appelle  Medre- 
fat  Ennezamiat,  duquel  font  fortis  les  plus  fçavans  hommes  de  leur  tems  parmi 
les  Mufulman;^ ,    &  dans   lequel  ont  profeflë  ces  deux  illullres  Docteurs  Imam 
Abou  Ifahak  Schira^i  &  l'Imam  Gazali. 

Le  même  Auteur  rapporte  ,  que  Nezam  al  mulk  étoit  monté  à  un  fi  haut 
point  de  dignité,  d'autorité  &  d'effime,  que  fe  trouvant  dans  Bagdet,  lorfque  le 
Khalife  Radhi  fit  la  cérémonie  du  Couronnement  de  Malek-fchah,  &  qu'il  fit 
annoncer  fon  nom  dans  les  prières  publiques  avec  le  fien  propre  ,  ce  Prince, 
pour  rendre  cette  cérémonie  plus  folemnelle  ,  fit  convoquer  tous  les  Doftcurs 
de  la  Loy  &  autres  gens  fçavans  du  Mufulmanifme.  Jamais  on  n'avoit  vu  en- 
core un§  fi  grande  &  nombreuiè  ailemblée  de  gens  de  lettres  ;  car  il  en  vint 
des  dernières  extrêmitez  de  l'Empire  des  Mufulmans ,  qui  avoit  dans  ces  tems- 
là  une  prodigieufe  étendue.  Ils  fe  trouvèrent  tous  dans  le  quartier  Occidental 
de  la  Ville  de  Bagdet,  où  étoit  le  Palais  du  t^.ultan,  lequel  leur  commanda  d'al- 
ler tous  à  pied  pour  rendre  en  corps  leurs  refpefts  au  Khalife  ,- dont  le  Palais 
Imoerial  étoit  dans  la  Partie  Orientale  de  la  Ville.  Le  Khalife  ayant  appris  , 
que  toute  cette  troupe  de  gens  d'élite  venoit  le  faluer  avec  Nezam  al  mulk  à 
leur  tête,  envoya  au-devant  d'eux  fes  Officiers  pour  leur  faire  honneur,  &  or- 
donna, que  Nezam  al  mulk  montât  luy  feul  à  cheval  au  milieu  de^^us  les  au- 
tres qui  le  dévoient  accompagner  à  pied.  Le  Khalife  luy  fit  ^encore  un  plus 
grand  honneur;  car  lorfqu'il  fut  arrivé  en  fa  préfence,  il  luy  fit  donner  un  fié- 
ge  fur  lequel  il  luy  commanda  de.  s'afiTeoir  ,.  ayant  à  fa  droite  &  à  fa  gauche 
cet'.e  grande  troupe  de  Docteurs  qui  étoient  debout.  Mais  tous  ces  grands  hom- 
mes furent  bien  plus  furpris  quand  ils  virent  la  vefl;e  d'honneur  dont  le  Khali- 
fe rhonora  ,  &  qu'ils  entendirent  le.  titre  dont  il  le  qualifia  ,  qui  fut  celuy  de 
Doftc,  de  Jufte  &  de  Directeur  des  Etats  de  Radhi  ,  Khalife  des  Mufulmans  ; 
car  jufques  alors  ,  les  Khalifes  n'avoient  donné  ce  titre ,  ni  conféré  cette  di- 
gnité jointes  à  leur  propre  nom,  à  aucun  de  leurs  Minillres.  La  libéralité  que 
ce  grani  homme  eserçoit.  avec  profufion  ,  relevoit  merveilleufement  toutes  fes 
autres  belles  qualitez;  car  on  dit ,  que  dans  la  première  vifite  que  Malek-fchab 
fit  de  fes  Etats,  il  difiiribua  aux  pauvres  du- fien  propre  jufques  àJa  fomme  de 
280  mil  écus. 

Ce  Sultan  Malek-fchah,  comme  nous  avons  vu  cy-defiiis,  étant  parti  pour 
Bagdet,  y  arriva  l'an  485  le  24  jour  de  Ramadhan.  Quelques  jours  après  étant 
allé  à  la  chaffe,  il  s'y  trouva  mal,  &  après  avoir  paffé  feulement  dix-huit  jours 
depuis  la  mort  de  Nezam  al  mulk  ,  chargé  d'ennuys  &  accablé  par  fon  mal  , 
mourut  le  troifième  jour  de.  la  lune  de  Scheval  de  la  même  année.  Le  Poète 
Magrabi  fit  fur  fa  mort  un  Quatrain  en  Perfien,  dont  voicy  le  fens: 

Le  vieux  Vizir  meurt  dans  un  mois ,  &  le  jeune  Roy  le  fuit  dans  l'autre  : 
La  puillance  de  Dieu  fit  voir  la  folblelfe  du  Prince  ,  afin  que  nous  l'adorions- 
luy- feul,  &  que  nous  ne  nous  attachions  pas  trop  aux  autres. 

Tagclmulk  Cami  qui  avoit  fuccedé  à  Nezam  al  mulk ,  &  qui  l'avoit  fait  afi^afli- 
ner  ,   ne  jouît  pas  long -temps  non  plus  de  cette  dignité  ;  car  on  luy   donna- 
bientôt  un  Coadjuteur  (5c  enfuite  un  Succelîeur,  ce   qui   donna  fujet  au  Poète 
Aboulmaaia  Nuhas  de  faire  quelques  Stances  fur  l'infiabilitc  de  la  i*'ortune. 

MaLk-fc'nah . mourut  l'an  485  de  l'Hcgire,  âgé  feulement  de  38  ans,  dont  rî' 
en  avoit  régné  20.    Il  étoit  beau  de  vifage  ,  bien,  fait  de  fa  pcrfonne  ôc  de/ 

très- 


MALEKSCHAH..  5;^, 

très  bonnes  mœurs.  Il  fît  bâtir  pendant  Ton  règne  en  plufieiirs  endroits  de  Tes 
Etats  des  Collèges,  des  Hôpitaux  &  plufieurs  Maifons  de  plaifance.  11  entrete- 
Boit  47  mille  chevaux  pour  fa  garde  ordinaire  &  pour  fa  vénerie  ;  car  f»n  plus 
grand  plaifir  étoit  celuy  de  la  chalfe  ,  &  il  s'y  portoit  avec  tant  d'ardeur  qu'il 
y  trouva  enfin  fa  mort.  On  dit,  que  pour  chaque  bête  qu'il  tuoit  de  fa  pro- 
pre main,  il  donnoit  une  pièce  d'or  par  aumône  aux  pauvres,  &  il  arrivoit  quel- 
quefois qu'il  en  tuoit  un  grand  nombre.  L'ambition  de  ce  Prince  étoit  fort 
modérée  ;  car  il  diftribua  de  fon  vivant  une  grande  partie  de  fes  Etats  entre 
fes  proches  &  fes  domeftiques.  Il  donna  à  fon  Coufin  Soliman ,  fils  de  Cutul- 
mifch,  le  pays  de  Roum,  c'efl-à-dire  ,  ce  qu'il  avoit  pris  fur  l'Empereur  des 
Grecs ,  qui  portoit  toujours  le  titre  des  Romains  ;  &  cet  Etat  qu'il  luy  donna 
s'étendoit  depuis  l'Euphrate  jufques  aifcz  avant  dans  l'Afie  mineure.  La  vil- 
le d'Arzeroum ,  dont  le  nom  fignifie  Terre  des  Grecs ,  en  étoit  pour  lors  la 
Capitale. 

Il  établit  dans  la  Caramanie  Perfique  Sultan  Schah,  fils  de  Caderd  avec  qui  il 
avoit  eu  des  demeflez  au  commenoeracnt  de  fon  règne ,  comme  nous  avons  vu 
ci  -  delTus. 

Il  donna  aufli  une  partie  de  la  Syrie  à  fon  frère  Tebs;  le  Khouarezm  à  Tou- 
fditeghin;  le  païs  d'Alcp  à  Akfankor;  celui  de  Moful' à  Tchaghirmifch  ;  &  Mar- 
din  à  Catmour.  . 

Plufieurs  do  ces  Ftats  furent  néanmoins  reunis  par  la  fuite  des  temps  dans  la 
famille  de  Milekfchah  ,  qui  failbit  la  première  &  principale  branche  des  Sel- 
giiicides ,  &  plufieurs  aufli  font  demeurez^  daais  les.  familles  de  ceux  à  qui.  il  les 
avoit  donnez. 

Son  Succefi'eur  dans  l'Empire  ou  dans  le  Sukanat  de  la  Maifon  de  Selgiuk, 
fut  fon  fils  aîné  Berkiarok  dont  le  nom  entier  efî:  Rukn-eddin  Aboulmuzaffer 
Berkiarok,  lequel  prit  aufli  le  titre  que  les  feuls  Khalifes  avoient  accoutumé 
de  porter  ,  à  fcavoir  celui  d'Emir  el  moumenin ,  c'eft-à-dire  ,  d'Empereur  des 
Fidelles  ou  Mufulmans.  l^oycz  Berkiarok.  Kondemir.  Mirkhond.  JS'ighiariJlan. 
hlêgemi  alnevadir. 

Pour  fcavoir  entièrement  l'Hidoire  de  ce  Sultan  ,  voyez  celle  d'Alp  Arfiaii  ■ 
fon  père,  fous  le  règne  duquel  il  fit  de  grandes  expéditions  en  Arménie  &  en 
Géorgie ,  &  celle  de  Nezam  al  mulk ,  fous  leurs  titres  particuliers.  Ebn  Amid 
rapporte  aufli  la  guerre  qu'il  fit  aux  Batheniens  ou  Affaflins  qui  avoient  70 
mille  hommes  tous  dévouez,  &  le  Pèlerinage  quil  fit  au  tombeau  de  l'Imam 
Ali  Riza. 

MALEKSCHAH  fils  de  Mohammed ,  fils  de  Malekfchah ,  fucceda  à  fon  oni  • 
cle  MalTôud  ;  mais  fon  règne  fut  de  peu  de  durée,  aufli  étoit-ii   tout-à  fiiit  in- 
digne  de  régner,  car- il  ne  faifoit  état  que   de  la  bonne  chcre ,  &  abandonnoit 
entièrement  le  foin  des  afi'.iires  à  fes  Miniltres.     Non  obfi:ant  fon  incapacité,  il 
prit  ombrage  de  l'autorité,  de  Khasbek,  lequel  avoit  été  dans  une  très -grande 
confideration  auprès  du  Sultan  Maffôud  &  palîbit  pour  le  plus  vaillant  homme 
de  fon  fiecle.    Malek  fchah  le  voulut  faire  arrefter  prifonnier;   mais  cette  relb- ■ 
lution  parut  injuHe  à  tous  les  grands  de  fa  Cour.     C'eil  pourc[uoi  Halfan  Khan- 
dar  qui  étoit  des  meilleurs  amj's  de  Kliasbek,  voulut  prévenir  ce  coup,  &  fous 
prétexte  de  donner  un  grand  regal   chez  luy   au  Sultan  ,  il    le    retint  pendant  : 
trois  jours  dans  une  débauche  continuelle  ,   au  milieu  de-  laquelle  il  fe  iailit  de 

Y  y  y  3  fa  : 


54^ 


INÎ  A  L  E  K  S  C  H  A  H.  M  A  M  L  0  U  K. 


fa  perfonne  &  l'enferma  dans  le  Chaftcau  de  Hamadan.  On  refolut  auflî-tftt  de 
mettre  en  fa  place  fon  frère  Mohammed  ,  qui  fe  trouvoit  pour  lors  en  Khou- 
zellan»  Malek-fchah  ayant  demeuré  prifonnicr  quelque  tems  à  Hamadan ,  trouva 
l'occafion  de  fe  fauver  au  même  pays  d'où  fon  frère  avoit  été  appelle  pour 
régner.  H  y  demeura  pendant  la  vie  de  Mohammed  jufqucs  en  l'an  de  l'Hc- 
gire  555",  &  quand  il  eut  appris  fa  mort,  il  courut  vers  Ifpahan  pour  repren- 
dre la  Couronne;  mais  il  mourut  dans  ces  entrefaites,  n'étant  encore  âgé  que 
de  32  ans.   Khondemir. 

MALEK-SCHAH  Ben  Takhafch  ou  Tokiifch,  étoit  un  excellent  Poëte.  II 
naquit ,  fon  père  étant  Gouverneur  du  Khoraffan. 

MALEL.  Ville  du  pays  des  Nègres,  qui  eft  éloignée  de  douze  journées 
de  defert  de  leur  ville  Capitale  nommée  Gana  al  Kebra,  c'eft-à-dire  Gana  la 
grande. 

On  ne  trouve  point  d'eau  dans  ce  defert ,  &  il  faut  par  neceflité  y  en  porter 
fa  provifion. 

MALTNI.    Surnom  d'Abou  Saïd  Ahmed  Ben  Mohammed,  Auteur  d'un  de 
CCS  Traitez  que  les  Mahometans  appellent  Arbâin  ,   ou  les  quarante  Traditions. 
Il  eft  mort  l'an  de  l'Iiegire  412. 

M  ALT  A.  L'Ifle  de  Malte,  fort  connue  des  Turcs  par  les  grandes  pertes 
que  les  Chevaliers  de  fOrdre  de  faint  Jean  de  Jerufalem,  qui  en  font  les  Maiftres, 
leur  font  fouffrir. 

Soliman  qui  avoit  chaffé  ces  Chevaliers  de  l'Ifle  de  Rhodes ,  entreprit  da  les 
chaffer  encore  de  celle  de  Malte,  fan  971  de  l'Hegire.  Il  en  forma  le  fiege 
par  mer  &  par  terre  ,  &  fe  rendit  maiftre  du  Chafteau  de  faint  Hermès,  ap- 
pelle vulgairement  faint  Elme.  Mais  après  avoir  confumé  quatre  mois  au  ûege 
de  la  Ville ,  &  perdu  vingt-trois  mille  hommes  efFeftifs ,  il  fut  obligé  d'en  lever 
le  fiege,  le  fameux  Corfaire,  nommé  Dragut,  Bâcha  de  Tripoli,  y  ayant  été  tué. 

MALVASSIA,  ou  Malvazia.  Les  Turcs  appellent  ainfi  la  ville  que  ]qs 
Grecs  nomment  Monembafia  ,  fituée  fur  la  colle  de  la  Morcc  qui  regarde  l'O- 
rient. C'eft  le  terroir  de  cette  ville  qui  produit  ces  excellens  raifins  dont  on 
fait  le  vin  délicieux  que  nous  appelions  Malvoifie. 

MAMAR  Ben  Al  Mothani  Al  Bagdadi  Abou  O'beidah.  Auteur  qui  mourut 
l'an  209  ou  210  de  l'Hegire.  Il  a  écrit  la  vie  de  Hegiage,  Gouverneur  de  l'Irak 
Arabique  fous  le  titr^   de  Akhbâr  Hegiag. 

11  a  fait  aulli  un  livre  de  Proverbes  Arabes ,  intitulé  Amthal ,  &  un  autre 
qui  a  pour  titre,   Efmâ  alkhail,  c'eft-à-dire,  fur  les  noms  des  chevaux. 

Ce  même  Auteur  porte  fouvent  auffi  le  titre  d'Al  Lagaoui ,  c'eft-à-dirc ,  le 
Lexicographe. 

Aboul  Mâmar.     Voyez  Badad. 

MAMLOUK.    Ce  mot  dont  le  pluriel  eft  Memalik,  fignifie  en  Arabe  un 
efclave  en   gênerai;  mais  en  particulier,  il  a  été  appliqué  à  ces  efclaves  Turcs 
&  Circafliens  que  les  Rois  de  la  pofterité  de  Saladin  ont  fait  élever  dans  l'exer- 
cice 


M  A  M  O  N.  543 

cice'&  dans  les  charges  de  Ja  Milice,  lefquels  enfin  devinrent  maîtres  de  TE, 
gypte,   &  font  afTcz  connus  de  nos  Hiftoriens  fous  le  nom  de  Mamelucs. 

Al  Malek  Al  Saleh  Aioub,  fils  de  iMalek,  al  Kiamel ,  fut  le  premier  qui  acheta 
de  ces  efclaves  Turcs  des  mains  des  Tartares  qui  ravageoient  pour  lors  toute 
l'Afie.  Il  les  logea  dans  ic  portique  ou  veflibule  de  fon  Palais  dont  il  leur  con- 
fia la  garde  &  apprcnoit  par  leur  moyen  tout  ce  qui  fc  palfoit  dans  les  divers 
quartiers  de  la  ville  du  Caire.  « 

Après  les  avoir  élevez  &  difciplinez  auprès  de  luy  pendant  quelque  temps, 
il  les  diftribua  dans  les  principales  villes  de  l'Egypte  où  ils  dcmeuroient  en 
garnifon. 

Malek  Al  Saleh  étant  mort  l'an  de  l'Hegire  647,  fa  femme  Schagiar  eddor. 
Turque  de  Nation  &  qui  s'entendoit  avec  Ibek,  qui  pour  lors  étoit  General  de 
la  Milice  des  v.amelucs,  fit  celer  fa  mort,  jufqu'à  ce  qu'elle  eut  fait  prefter 
ferment  de  fidélité  à  fon  fils  Touranfchah,  furnommé  Al  Malek  Al  iVloâzzem, 
qui  ctoit  pour  lors  abfent  de  la  Cour. 

Ce  jeune  Prince  qui  étoit  entièrem  -nt  gouverné  par  fa  Mère  ,  ne  hiiVa  pas 
de  s'oppofer  aux  François ,  lefquels  après  avoir  pris  Damiete  s'avançoient  vers 
le  Caire.  Il  eut  même  le  bonheur  de  défaire  &  de  prendre  prifonnier  faint 
Louis.  Cependant,  après  deux  mois  &  quelques  jours  de  règne,  il  fut  tué  par 
fes  propres  efclaves  dans  une  fedition  que  les  Mamelucs  excitèrent. 

Après- fa  mort  ,  Schagiar-eddor  fa  mère  fut  déclarée  Reine  abfoluè' par  les 
brigues  d'Ibek  le  Turcoman  qu'elle  époufa  quelque  temps  après. 

Ibek  ayant  époufé  la  Reine  prit  aufîi-tôt  le  furnom  d'Almalck  al  Aziz  joint 
à  fon  nom  Mufulman  d'Azzcddin ,  &  fut  déclaré  le  premier  Roy  de  la  prcmiè/e 
Dynaftie  des  Mamelucs,  furnommez  Baharites  ou  Marins  à  caufc  qu'ils  avoicnt 
leurs  quartiers  dans  les  principales  Villes  maritimes  de- l'Egypte. 

La  féconde  Dynaftie  des  Mamelucs  d'Egypte ,  qui  eft  celle  des  Circafiîcns ,  fut 
farnommée  des  Borgites,  à  caufe  que  les  Eclavcs  Circafîîens  étoient  en  garnifon 
dans  les 'principales  Forterefies  qui  étoient  plus  avancées  dans  les  terres.  C'eft: 
ainfi  que  Ben  Schohnah  rapporte  l'origine  des  Mamelucs. 

Ces  Mamelucs  ont  régné  en'Egypte  275  ans;  à  fçavoir ,  depuis  l'an  648  juf- 
ques  en  9^3  de  l'Hegire,  auquel  tems  Selim  I  du  nom.  Sultan  des  Turcs,  fub-  - 
jugua  &  extermina  entièrement  les  Mamelucs. 

Il  paroît  par  ce  que  l'on  vient  de  voir ,  que  les  Mamelucs  n'étoient  point  fils 
d-^  Chrétiens,    (fi  ce  n'ell  peut-être  quelqu'un  d'cntr'eux)   comme  plufieurs  de 
n:>s  Hiftoriens  l'ont  avancé:  Et  quant  à  ces  Zindcs  ou  Zindiens  d'Eg\'pte,  dont 
parle  Leunclavius,  ce  n'étoit  autre  chofe  que  les  Gend  ou  Gendi,  mots  qui  fi-  - 
gnifient  en  Arabe  Milice  &  Armée  de  l'Egypte.  . 

MAMON  ou  Al  Mamon  ,   feptième  Khalife  des   Mufulmans  de  la  Maifon 
des  AbbaffiJes.    Il  étoit  fils  du  Khalife  Haron  Al  Rafchid,  &  frère  puifné    du^ 
Khalife  Amin  ,  auquel  il  fucceda  ,   pai-  la  difpofition  que  Haron  leur  Père  en  ■ 
a  voit  faite. 

Pour  fçavoir  de  quelle  manière  Mamon  fucceda  à  fon  frère ,  il  faut  voir  le 
titre  d'Amin  &  celuy  de  Thaher,  Fondateur  de  la  Dynaftie  des  Thaheriens. 

Auffi-tôt  que  Mamon  fe  trouva  paifiblc  poOeiTcur  du  Khalifat,  ce  qui  fut  Tan  ^ 
20.5  de  l'Hegire,  il  recompenfa  le  grand  fervice  que  Thaher  luy  avoit  rendu, 

en;i 


544  '  M  A  M  0  N. 

en  liiy  conférant  le  Gouvernement  de  la  Province  de  KhorafTan  pour  Iuy&  Tes 
defcendans,  avec  un  pouvoir  prefque  abfolu. 

Thaher  ne  manqua  pas  d'en  aller  prendre  auflî-tôt  la  polTeflion;  car  il  avoit 
remarqué  ,  que  Mamon  ne  jettoit  jamais  les  yeux  fur  luy  qu'il  ne  verfât  des 
larmes,  parce  que  fa  préfence  luy  rappelloit  la  mémoire  de  fon  frère  Amin  , 
que  Thaher  avoit  tué.  C'eft  ce  qui  luy  ,fit  juger  qu'il  n'étoit  pas  fur  pour  luy 
(Je  demeurer  plus  long-tems  à  la  Cour. 

Fadhel,  fils  de  Sahal  ou  de  Sohaïl  ,  qui  étoit  premier  Miniflrc  de  Mamon  , 
avant  qu'il  parvint  au  Khalifat,  fut  confirmé  dans  fa  Charge  &  Mamon  luy  don- 
na le  titre,  ou  furnom  de  Dhiil-Riaffatcin,  à  caufe  qu'il  luy  mit  entre  les  mains 
les  deux  Commandemcns ,  c'eft  -  à  -  dire ,  le  Gouvernement  militaire  &  politique 
de  tous  fes  Etats. 

Ce  premier  Officier  de  l'Empire  des  Mufulmans  fit  faire  cependant  une  gran- 
de faute  à  fon  Maître  ;  car  faifant  profeffion  de  la  fefte  d'Ali  ,  il  luy  infpira 
fes  fentimens  &  le  porta  jufqu  a  déclarer  pour  fon  fuccelTeur  au  Khalifat  l'I- 
mam Riza,  fils  de  Moulîa,  un  des  douze  Imams  ,  que  les  Seélaircs  d'Ali  regar- 
dent comme  les  douze  Colomnes  du  Mufulmanifme. 

Après  cette  déclaration  qui  avoit  été  faite  dés  l'an  201  de  l'FIegire,  Mamon 
quitta  l'habit  noir  qui  étoit  la  livrée  des  Abbaffides,  pour  prendre  le  vert,  cou- 
leur affeétée  à  la  race  d'Ali  &  de  Mahom.et.  Mais  ce  pas  que  Mamon  fit  penfa 
caufer  la  ruïne  de  fa  Perfonne  &  de  fon  Etat.  Car  les  AbbaffiJes,  dont  le  nom- 
bre qui  en  fut  fait  en  l'an  200  de  l'Hegire,  montoit  déjà  à  trente  trois  mille  , 
fe  révoltèrent  ouvertement  contre  Mamon,  &  la  Ville  de  Bagdet  où  il  n'étoit 
pas  encore  arrivé,  reconnut  pour  Khalife  légitime  fon  Oncle  nommé  Ibrahim, 
fils  du  Khalife  Mahadi.  Il  faut  voir  fur  ce  fujet  le  titre  de  cet  Ibrahim  dont 
l'exaltation  hâta  le  voyage  de  Mamon  vers  Bagdet.  Mais  il  n'y  fut  pas  plutôt 
arrivé  que  Fadhel  fon  Vizir  fut  tué  par  {es  propres  domeftiques,  &_  qu'il  fut 
obligé  de  révoquer  fa  déclaration  touchant  la  fucceffion  de  l'Imam  qui  mourut 
auffi  bientôt  après ,  du  poifon  qu'on  luy  avoit  donné. 

L'an  207  de  l'Hegire  le  Khalife  Mamon  ôta  à  fon  frère  Môtaman  la  fuccef- 
fion au  Khalifat  qui  lui  appartenoit  de  plein  dro;t,  &  déclaj-a  en  même  temps 
pour  fon  fcul  &  légitime  héritier  .un  autre  frère  qu'il  avoit,  furnommé  Motâf^ 
fem,  après  quoi  fe  préparant  à  faire  la  guerre  aux  Grecs,  il  s'avança  jufqu'à 
Tarfe  en  Cilicie,  &  leur  prit  quatorze  Ou  quinze  petites  Villes  ou  Chafteaux. 

Il  finit  par-là  fon  expédition  &  il  retournoit  avec  fon  armée  vers  Bagdet , 
lorfque- campé  vers, la  fource  du  ileuve  nommé  Bedidon  ou  Bezizon  ,  admirant 
la  pureté  &  la  fraîcheur  des  eaux  de  cette  rivière  ,  il  dit  à  fes  Courtifans  : 
Qu'y  auroit-il  de  meilleur  pour  nous  exciter  la  foif  &  pour  nous  rafraîchir 
enfuite  de  l'eau  de  cette  belle  fource?  Puis  il  ajouta  auffi-tôt  luy -même:  Il  n'y 
auroit  rien  de  meilleur  pour  cela,  que  des  dattes  fraîches  d'Azad  ;  &  il  n'eut 
pas  plufloft  fait  ce  fouhait,  que  l'on  entendit  le  bruit  des  mulets  qui  arri voient 
en  fon  camp. 

L'on  trouva  malhcureufement  pour  le  Khalife  dans  la  charge  de  ces  mulets 
deux  panniers  de  dattes  des  plus  belles  &  des  plus  fraîches  que  l'on  eut  pu  man- 
ger,  ce  qui  fit  l'accomplifiement  de  fes  fouhaits.  Mais  il  en  mangea  une  teljc 
quantité  &  but  enfuite  tant  d'eau  du  Bedidon  ,  que  la  fièvre  le  prit  bien  -  tôt 
après,  dont  il  mourut  fan  218  de  l'Hegire  &  fon  corps  fut  transporté  dans  la 
ville   de  Tarfe  où  il  fut  enterré.     Khondemir.  Bm  Schohnah.  Lé  Tarikh-,  àfc. 

Khon. 


M  A  M  O  U  N.  ^^^ 

Kliondemir  nous  dépeint  ce  Prince  reveflu  de  toutes  les  grandes  vertus  Roya- 
les; car  il  étoit  plein  de  douceur,  libéral,  grand  Capitaine,  d  amateur  des  Let- 
tres qu'il  poiTjdoit  à  un  très-haut  degré.  Il  s'étoit  appliqué  particulièrement  aux 
Sciences  fpeculatives  ,  &  il  y  fit  des  dépenfcs  extraordinaires  pour  atTembler  de 
tout  côté  des  gens  fçavans  &  pour  rechercher  les  plus  curieux  écrits  en  iicbreu , 
en  Syriaque  &  en  Grec,  qu'il  fit  traduire  en  langue  Arabii^ue. 

Le  même  Auteur  finit  le  portrait  de  Mamon  en  difant ,  qu'il  fut  fans  con- 
tredit le  plus  grand  &  le  plus  renommé  Prince  de  la  race  des  Ai)baflîJcs,  race 
la  plus  féconde  en  grands  Perfonnages  de  toutes  celles  qui  ont  régné  parmi  les 
Mufulmans.  Son  règne  fut  de  vingt  ans  &  de  huit  mois  pendant  Icfqaels  il 
favorifa  indifféremment  toutes  les  perfonnes  dodles,  de  quelque  Religion  qu'ils 
fufient,  lefquels  réciproquement  contribuoient  beaucoup  à  la  gloire  de  ce  Mo- 
narque par  les  prefens  qu'ils  luy  faifoient  de  leurs  Ouvrages  recueillis  de  tout 
ce  qu'il  y  avoit  de  plus  rare  chez  les  Indiens,  les  Mages,  les  Juifs  &  les  Chré- 
tiens Orientaux  de  toutes  les  Scéles. 

Ce  Prince  cependant  eut  la  foiblcfTe  de  faire  profeiïïon  de  la  Scfte  des  Mo- 
tâzales,  &  fut  blàraé  par  les  Do6leurs  les  plus  feveres  de  la  Loy  de  n'eftre  pas 
aflez  orthodoxe  dans  la  Religion  Mahometane.  Les  mêmes  Doéleurs  n'approu- 
vèrent pas  non  plus ,  qu'il  eut  introduit  la  Philofophie  &  autres  Sciences  fpecu- 
latives dans  le  Mufulmanifme  ;  car  les  Arabes  alors  n'étoient  pas  encore  accou- 
tumez à  lire  d'autres  Livres  que  ceux  de  leur  Religion,  Ils  ne  commencèrent 
proprement  à  cultiver  i'Allronomie  que  fous  le  Règne  de  ce  Khalife  qui  étoit 
lui-même  fort  fçavant. 

L'on  ne  rapportera  pas  ici  beaucoup  de  chofes  touchant  ce  Khalife ,  parce  qu'el- 
les font  ou  feront  répandues  dans  toute  la  fuite  de  cet  Ouvrage.  On  fe  conten- 
tera de  renvoyer  le  Ledeur  aux  titres  d'Ibrahim  ,  fils  de  Mahadi ,  d'Iahia  fils 
d'A'bdallah,  de  HalTan  fils  de  Sahal,  de  Keffaï,  de  Takicddin,  de  Jacob  Alkin- 
di,  d'Abou  Mafchar,  d'Atorou  Ben  Mallàda,  d'Hafian  Ben  Ragia ,  de  Koufah, 
de  Tomamah,  &c. 

L'on  trouve  la  vie  de  ce  Khalife  avec  celle  d'Amin  fon  frerc  aîné  ,  fous  le 
titre  de  Anfâb  alâoun  fi  feïrat  Amin  v  Al  Mamoun. 

M  A  MO  UN  Ebn  Benjamin.  Mamoun  fils  de  Benjamin  &  petit-fils  du  Pa- 
triarche Jacob.  Quoyque  les  Hébreux  ne  falfent  pas  mention  dete  Perfonnage, 
les  Hiftoires  Perfiennes  dilent  néanmoins  que  Kifchtasb,  onzième  Roy  de  Perfe  de 
la  première  race  ,  defcendoit  de  lui  aufïï-bien  que  le  fameux  Rolîam.  L'on 
trouve  dans  quelques  exemplaires  tout  Amplement,  Mamoun  Ben  Jamin. 

MAMOUN  fils  de  Mamoun  furnommé  Khouarezm-fchah  ,  c'ell-àdire,  Roy 
du  pays  de  Khouarezm,  époufa  la  fille  de  Mahmoud  Sebekteghin,  premier  Sul- 
tan de  la  Dynafliie  des  Gaznevides.  Cette  alliance  n'empêcha  pas  que  le  beau- 
pere  &  le  gendre  ne  fe  broiiillafl^ent  enfemble.  i,a  guerre  fe  fit  quelque  temps 
entre  eux:  Mais  enfin,  Mamoun  fut  défait  &  Mahmoud  fe  rendit  maiflre  des 
Etats  de  fon  gendre,    f^oyez  le  titre  de  Mahmoud. 

MAMOUN.  Ebn  Al  Mamoun,  furrom  d'Ahmed  Ben  Ali,  lequel  efl  At!- 
teur  du  Livre,  intitulé  Afrar  aliiorouf  v  a^kelemat  ,  c'efl;  -  à  -  dire ,  les  mvfiieres 
&  les  fecrets  renfermez  dans  les  lettres  &  dans  les  paroles  de  la  langue  Arabi- 
que.   Il  mourut  l'an  jiiô  de  i'Hegire. 

Tome  IL  Zzz  MA'MOUjR,ZAH 


s^^ 


M  A'  M  O  U  r1*\^X  h.  ^-^^  M  A'  N. 


■MA'MOÛRrÂH.  Nom  qui  fut  donné,  à'ia  ville,  de  Mopfuefle  en  Ciircie. 
par  le  Khalife  Almanfbr,  qui  la  fit  rebâtir  l'ail  140  de  J'Hegir e.  Cette  Ville 
eft  encore  nonimé  JMalîilfat  &  JNIamifta. 

t;.'    ■  ■   •  -  ■ 

M  AN,  fignifle  premièrement  en  Perfien  ce  qiie  nous  appelions  té  poids 
d'une  livre.  Alais  chez  leà  Khataïens,  c'eft  le  nom  du  troifième  jour  d'un  pe- 
tit cycle  de  douze  jours  qa ils"  ont  dans  leur  Calendrier. 

Mann  avec  la  double  n ,  eiï  chez  les  Orientaux,  ce  que  nous  appelions  com- 
munément la  IVIaniie.  Les  Perfans  rappellent  Schirkiefl.&  l'crengubin  ,  com-s 
me  qui  di'roit  le  lait  ou  miel  produit  par  la  rofée.  Il  y  en  a  de  deux  efpeces: 
La  preriiière,  qui  s'appelle  proprement  Schirkiefl,  ou  iManne  de  Rei  ,  à  caufe 
quil  s'en  trouve  bi;aucoup  dans  le  t-erritoire  de  la  viJie' de  Reï.  C'efl  la  plus 
commune  &  la' plus -ordinaire,  & -c'eft  celle  que /nous 'appelions  ici  communé- 
ment, Manne  de' Calahre.  ,.  .  ,i 

L'autre  cfpecc  appclléc  Ter-Q>igubin  ,c'efi;-à-direj,;Mie]  de  rofée,  fe_  recueille 
fur  des  chardons  &  reifemble  dile;Z  à  des  grains  de  Coriandre. 

Les  Orientaux  appellent  en  particulier  la-  Manne  qui  tomba  auî?  Hebreux; 
dans  le  defert ,  la  Dragée  ou  Confiture  de  la  Toute-puiilance,  ce  que  les  Ara- 
bes llg.ijitient.par.HâlU'it.  Al  K.oi].:at,,.  &■  les-ZLoiica-par  Ku JreC. , liaivafi., 

MÀ'N  ou  Mâan,  fils  de  Zaïdfth.,  ,  CePerfonnage  èft  fort  celebfe  parmi  les 
Arabes  pour  fa  valeur  &  pour  Hi  gcnerofité.  On  le  compare  ordinairement  à 
Hatpra/rhai,  qui  eft  le  plu:5  grand  modéje  que  les  Arabes  aj^ent  de  la  Libé- 
ralités '  .Un  Poëte  Perlien  en  îoLiaritt  fon  Prince  dit,  que  la  libéralité  a  tellement 
éclaté  dans  Hi  perfonne ,  que  tout  le  monde  confeife  qu'il  a  enfevely  celle  de 
Hiitera,  &  ofté  tout  le  luftre  à  celle  de  Màn.     .    • 

,  Voici  ce  que' iviirkond  raconte,  de  lùy.    Mari,  étoit  lin  des"  priricipaux  Capitai- 
nes de  Maruan,  dernier  Khalife  de  la  race  des  Ommiades.  Après  que  ce  Prince 
eut  été  défait,  .les  'Abbaffidcs.  les  ehneniis   pe'rfeciitercnt  tous  ceux  qui  avoient 
fervi  les  Ommiades.     Il    le  trouva  donc,  obligé    pniir  éviter  la   colère  d'Aboa 
Giafar  Al  Manlbr,  de  demeurer  long-temps  caché  dans  Bagdet.     Un  jour,  s'en- 
ntiyalit-  de  demeurer  enfermé  dans  un  même  heu,  il  refolut  de  fortir  de  la  Ville 
déguifé,  &  prit  le  chemin  du  defert.     Après  avoir  évité  les  Gardes  des  portes 
&  des  chemins:  Je  me  croyois,   rkcoiite-t-il   lui-même  dans  le  récit  qu'il  fit  de 
fes' avantures  au  "Khalife^- hors  du  danger  d'eitre  reconnu,    lôrfque  tout  d'un 
coup  un  homme  d'allez  mauvaife  mine  faifit  la  bride  de  mon  chameau,  &  m'ar- 
refta  tout  court  en  ma  demandant,  fi  je  n'étois  pas  celui,  que  le  Khalife  faifoit 
chercher  avec  une  fi  grande  diligence,  promettant  une  H  grande  fomme  d'argent 
à  celui  qui  pbûrroit  le  découvrir?  Je  lui  répondis  que  non:  Quoy,  vous  n'efles 
pas  Maanf  me  repliqua.-t-il.     Moy  bien  furpriS,  craignant  qu'il  ne  m'arrivaft  pis, 
fi  je  continuois  à  nier  qui  j'étois,  je. pris  un  joyau  d'^ficz  grand  prii  que  j'avois 
fur  moy,  &  le  lui  j''ettay  ,    en  lui  difant:  Recevez  'ce  jprefent  de  rha  part,  & 
gardez-vous  bien  de  me  découvrir  à  'qù'i  que  c'e  foit.  '  ' 

Cet  homme'  confideranr  le  prix  de.ee' joyau,  ttïe 'dit  :  J'ay  une  demande  à 
vous  faire  ,' dites- moy  la  vérité:  Ne  vous  eft -il  jamais  arrive  pendant  vôtre 
vie  de  donner  en  une  feule  fols  -tout  vôtre  bien?  Car  je  leay  que  vous  paifez 
pour  un  homme  extrêmement  libéral.  Je  .lui  vçpondis:,gue  non.  Il  me  demain 
ia.  ciifUiGe::;  I4'<W*fi\'ez-vous  jamais  dc^ti^^qv la  moitié  ?  Je- lui  répondis  la  même 

chofe. 


■thoCe.  Et  lui,  dcfcendant  par  -degrcz,  au  tiers,  au  iquart  &  jufqu'à'  la' dixième 
partie,  la  honte  me  fit  enfin  kii  dire,  qu'il  fe  pourroit  bien  faire  que  j'en  eufîe 
donné  la  dixième.  Hé  bien,  ajouta- t-il  ,  afin  que  vous  fçachiez  qu'il  y  à  des 
pcrfonnes  encore  pliK  libérales  que  vous  :  Moi  qui  ne  luis  qu'un  limple  fantif- 
fin,  &  qui  ne  tire  que  deux  écus  par  mois  de  folde,  ^je  vous  donne  ce  joyau, 
dont  le  pçix  palTe  plus  de  mille  écus,  &;  je  vous  en  fais  un  préfent..  En  me 
difant'cela,  il  me  jctta  le  joyau 'que  je  luyavois  donné  &  gagna  pays.  Je 
fus  extrêmement  furpris  de  cette  âvanture  &  cnay'de  toute  m'a  force  pour  le 
faire  retourner  fur  fes  pas.  Je  luy  difois ,  que  j'aurois  mieux  aimé  mille  fois 
être  découvert  &  perdre  ma  tête,  que  de  recevoir  une  telle  confufioni.  A  ces 
paroles  il  revint  à  moy.  Je  le  priai  donc  de  conferver  ce  joyau  puifqu'il  en 
étoit  plus  digne  que  moy,  &  de  ne  me  pas  obliger  à  le  reprendre/  Il  me  bai- 
&.  plufieurs  fois  &  me  dit  :  Vous  voudriez  donc  me,  faire  piller, pour  un  voleur 
de  grands  chemins  ?  Je  ne  -veux  point  en  aucune  manière  recévpir  ce  préfent 
de  vous;  car  je  ne  pqurrois  pas  en  to^ute  ma  vie/eftre^ri^at  ;dé  vpus^rèp- 
dre  la  pareille.  Après  cela  nous  nous  feparàmesi  '^',  ''"■''  ''^7  ..■''■^'  "'^''' 
Mân  quelque  tems  après  eut  occafion  de  rendre  un  fervice  confidérable"  à 
Al  Manfor,  dans  le  tems  d'une  fédition  qui  arriva  à  Bagdetj'oùle  Khalife  au- 
roit  couru  grand  rifque  de  fà  perfoqne  fans  fan  fccours.  Ce  fervice  le. fit  ren- 
trer dans  les  bonnes  grâces  d'Abou  Giafar  ,  &'  alors  ,  le  reiroùvënant  de  l'ac- 
tion .génereufe  de  ce  Soldat,  il  le  fit  chercher  par-toi^t ,  |)OLir,  ^i'avi^nqer  i  ^piais 
"il  né  fut  pas  poffible  de  le  trouver.  '  ../-.-,    w.y,x.v  ^^ 

MAN  gab  ânho  almothreb.  Titre  d'un  Livre  compofé  par.ThâA,lebi,  qui  fe 
trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n-'.  1058.  C'ell  un  Recueil  de  ehofcs  fa- 
cetieufes  &  propres  à  réjouir  <lans  la  converfation.'  • 

MANAOUI.'  Surnom  :  de  Mohammed  A'bd  Al  :Raouf  AI  Haddadi.  Il  eft 
mort  l'an  de  l'Hegire  1030.  Il  a  compofe  un  livre  intitulé  Ergiam  Aoulia  Al 
jSchcïtan,  contre  les  tentations  du  .Diable  1;  un  autre,  Ethaf 'alfonniat  bclaha- 
dith  al  codfiath  ,  qui  renferme  des  Traditions  touchant  Hierufalem  &  Ja  Terre 
fainte.  Il  a  aufli  écrit  fur  les  Anouàr  de  Baïdhaoui.  On  l'appelle  àuflî  Iladdï- 
di,  parce  qu'il  tiroit  fon  origine  d'un  Serrurier. 

Il  eft  aulïï  Auteur  d'un  Livre  intitulé^  Taalik  ,  qui  cft  uçe  efpèce,  de  Com- 
mentaire fur  l'Ouvrage  du  Cadhi  Aïadh  ,  qui  porte  le  titre  de  Schcfa.  Foyez 
ce  titre.     Ce  Taalik  ell  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n°.  643. 

MANCALOUT.    Foyk  Manfalout.  , 

MANCOULAT  aldelaïl.  Commentaire  fur  le  Livre  intitulé  Schorôut  aîfa- 
lat,  c'eft-à-dire ,  fur  les  conditions  de  la  prière.  Il  ell  dans  la  Bibliothèque 
Royale ,  n°.  66y ,  mais  fon  Auteur  ell  incertain. 

'MANCOUNAH,  Ville  d'Ethiopie,  fituée  fm-  la  mer  i»oiige  j '  éloignée  de 
celle  de  Zaleg  de  cinq  journées  de  chemin.  C'efl  le  port  où  l'on  arrive  pour 
pafier  à  la  Ville  de  Calgioun,  fituée  dans  le  milieu  du  défert  d'Ethiopie  à  dou- 
ze journées  dudit  port. 

La  même  ville  de  Mancounah  «fl  éloignée  de  quatre  journées  de  celle  d'A- 
•font,  qui  eft  fur  la  même  côte  de  ^a  mer  rouge  en  tirant  vers  le  Midy! 

Zz2i2  MANDA  B. 


54S  M  A  N  D  A  B.  ^—  M  A  N  G  IT  E''H: 

MAN'DAB.     Voyez  Mandeb.     Babel  Mandcb.. 

MANDA  H,  Ebn  Maadah.  Ccil  Mohammed  Ben  Ifhak  ,  qui  mourut  l'an 
?Q5  de  l'Hegire.  Il  ell  Auteur  d'une  Hiftoire  de  la  Ville  d'irpahan?  qu'on  ap- 
pelle ordinairement  Tarikh  Ebn  Mandah. 

MANDAL  ou  Mandel.  Mircat  dit  , .  que.  c'efl  une  Ville  des  Indes,  fans 
en  donner  une  plus  grande  connoillunce.  Ce  même  mot  fignifie  en  Turc  la 
barre  d'une  porte ,  ce  qui  a  fait  que  les  Turcs  appellent  Babel  Mande!  la  bou- 
che ou  le  détroit  qui  donne  l'entrée  de  l'Océan  en  la  mer  Rouge  &  qui  en 
eil  comme  la  porte.  Les  Arabes  appellent  ce  détroit- là  Babal  Mandeb,  qui 
figniiie  Deiiil.     Voyez  ce  titre. 

MANDEB.  Nom  d'une  Montagne  ou  d'un  Cap,  qui  fait  l'entrée  de  la 
mer  Rouge  du  côté  d'Ethiopie  ,  que  les  anciens  Géographes  Orientaux  préten- 
dent être  tout  d'Aimant,  &  attirer  à  foy  tous  les  vaiffeaux  qui  font  armez  de 
fer.  C'eft  cette  montagne  qui  a  donné  le  nom  au  détroit'  de  Babel  Mandeb. 
L'entrée  de  cette  mer  eft  fi  étroite.,  difent  les  mêmes  Auteurs,  qu'un  homme 
qui  eft  fur  la  côte  de  l'Icmen  en  peut  voir  un  autre  qui  feroit  au  pied  de  la 
montagne  de. Mandeb.     Voyez  Babel  Mandeb. 

M  A  N  D  HO  U  M  A  H.    C'eft  en  général  une  Compofition  faite  en  vers ,   un 

Poëme. 

Mandhoumah- Mefchourah.  Ouvrage  en  vers,  que  le  vieux  NalTafi  a  compo- 
fé  fur  le  Giamé  Saghir,  commenté  par  le  jeune  Naflafi. 

Mandhoumah  lelkhelaf.     Ouvrage   en  vers  du  même  Naflafi  fur  -  la  diverfité 
des  opinions  des  Dodeurs  de  la  Loi.     Cet  Auteur  l'écrivit  l'an  504  de  l'Hegire.:. 
11  y  en  a  un  exemplaire  dans  la  BibHotheque  du  Roy,  n^';  601. 

Mandhoumah,  Poëme,  compofé  par  Schehab  eddin  Ben  Farah  AI  Afchbili , 
Auteur  Êfpagnol ,  natif  de  Sèville.  Il  traite  des  Traditions  &  a  été  commenté 
par  lahiaAl  Caraffi,     Il  eft  auffi  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n".  1127. 

Il  y  a  aufïï  un  Mandhoumah  d'Ebn  Vaheb.  fur  la  Sunnah,  dont  tous  lés  vers 
fe  terminent  par  la  lettre  R. 

Manihoumçh  Turki.  Poëme  de  l'Hiftioire  de  Tamerlan  ,  écrit  en  langue 
Turque. 

MANFALOUT  ou  Mâncalout.    Ville  de  l'Egypte  fuperieure,  fituée  dans- 
ce  que  les  Arabes  appellent  Said  Al  Ouaft,  c'eft-à-dire,  la  Thebaïde  Moyenne»  . 
Elle  eft. fut:  la  rive  gauche  du  Nil.     Le  Géographe  Perfien  remarque,   qu'il  y 
a  dans  cette  Ville  une  Mofquéç  ,  qui  paflb  pour  être,  des  plus  confidérables  de 
l'Egypte. 

MANCHE' H,  Médecin  Indien,  lequel  ,  félon  le  rapport  de  Khondemir 
dans  la  vie  de  Haron  Al  Rafchid,  avoit  la  main  blanche  de  Moyfe  &  le  fouf- 
fle  du  Mcflié. 

Cette  façon  de  parler  Orientale  eft  fort  en  ufage  dans  les  élo.çes  que  l'on 
fait  des  habiles  Médecins.  Car  la- main  blanche  &  luifante  de  Moyfe  fut  un 
figne  des  miracles  «Se  des  prodiges  que  ce. Prophète  fit  voir  en  Egypte,  &  Je 

:  foufBe 


M  A  N  G  U'    C  A  A  N.        M  A  N  L  545 

fouffle  ou  l'haleine  du  Meflîe ,  rendoit  la  vie  à  ceux  mêmes  qui  étoient  déjà 
morts.  f 

Le  Khalife  Haron  étant  tombé  malade  d'hydropifie  dans  la  Ville  de  Thous 
en  Khorairan ,  Mangheh  fut  appelle  pour  lui  donner  quelqu'un  de  Ces  remèdes , 
&  le  Khalife  ne  l'eut  pas  plutôt  pris  que  fon  mal  commença  à  diminuer  nota- 
blement. Mais  parce  que  le  Khalife  avoit  pour  fon  premier  Médecin  Gabriel, 
fils  de  Bakhtis'ioua,  Syrien  de  Nation  &  Chrétien  de  Religion,  auquel  on  pré- 
noit  beaucoup  plus  de  créance  qu'à  Mangheh,  ce  Médecin  voulut  donner  auffi 
un  remède  au  Khalife. 

Mangheh  ayant  fçû  la  qualité  du  remède  que- Gabriel  avoit  donné,  dit  hau». 
tement  :  Cet  ignorant  a  tué  le  Khalife.  Ce  qu'étant  rapporté  à  la  Cour ,  le 
même  Khalife  commanda  qu'on  ôtât  la  vie  à  Gabriel.  Mais  celuy-cy  ayant  ap- 
pris la  fentence  qui  avoit  été  prononcée  contre  luy,  fe  jetta  aux  pieds  du  Prin- 
ce &  le  pria  de  luy  faire  grâce  jufqu'au  lendemain  ,  afin  que  l'on  pût  voir 
l'eifet  de  fon  remède. 

Le  Khalife  luy  ayant  accordé  cette  grâce,  Mangheh  dit  aux  Courtifans:  Ga- 
briel a  trompé  le  Prince;  car  le  bon  Seigneur  ne  fera  pas  demain  en  vie. 

Le  même  Hilîorien  rapporte  de  IVIangheh,  qu'un  jour  en  fe  promenant  par 
les  rues  de  la:  Ville  de  Reï,  il  rencontra  un  homme  qui  crioit;  Voicy  les  re- 
mèdes de  telles  &  telles  maladies.  Cette  rencontre  le  furprit  fort,  de  forte 
qu'étant  un  jour  en  converfation  avec  le  Khalife,  il  luy  dit:  Je  ne  croyois  pas^ 
Seigneur  ,  qu'il  fut  permis  dans  le  pays  des  Mufulmans  de  tuer  les  gens  impu- 
nément. 

Haron  ayant  voulu  alors  ouïr  le  récit  du  fait ,  après  qu'il  l'eut  appris  fit 
chercher  aufîî-tôt  ce  Charlatan  qui  ne  put  jamais  être  trouvé,  &  de  peur  que 
là  vie  des  hommes  ne  fut  expofce  à  l'elfronterie  &  à  l'ignorance  de  tels  Mé- 
decins ,  il  les  chafla  tous  par  un^  Edit  folcmnel  hors  de  l'étendue  de  fon  Em- 
pire.   Foyez  Ehu  Sina. 

MANGU'  CAAN.     Plufieurs  l'appellent  IVTanguka  &  Mongaka.     Il  étoft- 
fils  de  Tûli  Khan,  quatrième  fils  de  Genr^hizkhan  ,   &  fut  le  quatrième  Empe- 
reur des  Mogols  ou  Tartares  ,  &   fucceda  à  Gaiiik  Khan  fon  Coufin  -  germain. 
Il  favorifa,  pendant  fon  règne,   les  Chrétiens  &  les  Mahometans  ,  &  perfécura 
lès  Juifs.     Son  règne  fut  de  treize  ans ,   &  il   mourut  l'an   6sj   de   l'Hégire- 
Khondiinir. 

Ce  Prince  avoit  fept  frères,  dont  les  deux  aînez  &  les  plus  connus  furent 
Coblaï  &  Holagou.  Cnblaï  eut  à  commcinder  dans  le  Khataï.  On  dit ,  que  la 
Ville  de  Khanbaleg ,  que  nous  appelions  aujourd'huy  Cambalu  ,  a  été  fondée 
par  ce  Prince. 

Holagou,  (on  autre  frère-,   eut  le  Commandement  de  la  Perfe,   de  la  Mefd-- 
potamie  &  de  la  Syrie.    Ce  fut  celuy-cy  qui  pri:   :igiet  &  qui  abo'it  le  Kha- 
lifit  des  AbbaffiJes,  l'an  656  de  l'Hegire,  un  an  avant  !a  mort  de  l'Empereur- 
Mangû  fon  frère.     Foyez-  les  titres  de  Coblaï  &  de  Holagou. 

MANL     Mânes.     Auteur  de  la  Sefte  des  Manichéens,  qui  efl  furnommé  par 
les  Hiftoriens  Onentau<  Zendik,  c'eft-à-dire,  le  Saduceen  ou  l'imnie.     Il  vivoit 
fous- le  règne  de  Schab-ar  ou  Sapor,  fils  d'Ardfchir  Babegan,  &•  étoit  Peintre  &: 
Graveur  de  fa  proftffioii. 

Zzz3  L'Au.- 


550  M    A    N    I. 

L'Auteur  du  Tarikli  Khozidch  le  fait  plus  moderne ,  &  le  met  fous  Sapor 
Dhoulaftaf,  qui  a  .été  le  neuvième  Roi  de  Perle  de  la  Dynailie  des  Safanides. 

L'Auteur  du  Nezam  altaouarikh  le  fait  vivre  fous  Hormuz  ,  père  de  Bahà- 
ram    troifième  Roy  des  Safanides,  &.  cet  Auteur  eft  fuivi  de  Khondemir  &  du 

Lebtarikh.  ,-.,/>.  t  r-    /-.,    -n 

Cet  Impofteur  ayant  entendu  du-e  aux  Chreciens,  que  Jelus-Clirift  avoit  pro- 
mis d'envoyer  après  luy  un  Paraclet ,  voulut  pcrfuader  aux  peuples  ignorans  de 
la  Perfe,  qu'il  étoit  ce  Paraclet  qui  leur  annonçoit ,  de  la  part  de  Dieu,  une 
nouvelle  Religion.  Khondemir  dit  en  cet  endroit  de  fon  hiftoire  ,  fuivant  les 
principes  du  Mufulmanifrae ,  que  Mânes  voulut  appliquer  h  foy-mcme  ce  que 
Jcfus  -  Chrift  entendoit  de  Mahomet ,    qui  devoit  établir  une  nouvelle  Religion 

après  luy.  y-  ■  r. 

Ce  Mânes  fçavoit  faire  quelques  preftiges ,  &  avoit  la  main  h  julte  ,  qu'il 
tiroit  des  lignes  &  décrivoit  des  cercles  fans  règle  &  fans  compas.  Il  fit  aulli 
un  Globe  terrellre  avec  tous  fes  cercles  &  fes  divifions. 

Après  s'être  fait  admirer  pendant  quelque  tems,  il  commença  d'afTemblcr  des 
gens,  fous  le  nom  de  Difciples,  qui  s  oppofoient  au  culte  &  aux  cérémonies  de 
la  Religion  Zoroaftrienne  ,  que  les  Perfans  profefîbicnt  pour  lors.  Cette  nou- 
veauté ayant  excité  des  troubles,  Sapor  le  voulut  faire  punir.  Mais  Mani  ayant 
appris  qu'on  le  chcrchoit,  prit  la  fuite  &  fe  retira  en  Turqueftan.  Ce  fut -là 
qu'il  eut  beau  champ  pour  faire  croire  fes  rêveries  à  des  peuples  groflîers  ,  (Se 
afin  de  paflcr  chez  eux  pour  un  homme  admirable  ou  même  pour  quelque  Di- 
vinité ,  ayant  trouvé  une  grotte  ,  dans  laquelle  il  y  avoit  une  fort  belle  four- 
ce  ,  il  y  fit  porter  fecretement  des  vivres  pour  un  an  ,  &  dit  h  [es  Dilci- 
ples,  qu'il  alloit  faire  un  voyage  jufqu'au  ciel,  &  qu'ils  demcureroient  une  an- 
née entière  lans  le  voir ,  après  lequel  tems  ,  il  defcendroit  de  nouveau  du  ciel 
&  leur  apparoîtroit  dans  une  certaine  grotte  qu'il  leur  marqua. 

L'année  étant  rev^oluë  &  finie ,  ils  ne  manquèrent  pas  ,  félon  fa  pwmefTe  de 
l'aller  chercher  dans  cette  grotte  où  l'ayant  trouvé  à  point  nommé ,  il  leur  fit  voir 
ce  livre  merveilleux  ,  contenant  des  images  &  des  figures  extraordinaires  ,  qui 
porte  le  nom  d'Ergenk  &  Efiienk,  qu'il  difoit  avoir  apporté  du  ciel.  Cette  nou- 
velle impofl:ure  multiplia  fort  le  nombre  de  fes  Sectateurs  ,  qui  paflin-ent  tous 
du  Turqueftan  en  Perfe  après  la  mort  de  Sapor. 

Hormuz  ou  llormizdas ,  qui  avoit  fucccdé  h  fon  père  ,:.i*eçût  fort  bien  Mâ- 
nes. Il  embraffa  fa  Seéle  &  même  lui  fit  bâtir  dans  le  Kluiziilan  ,  qui  efi;  la 
-Sufianne,  un  Chafl:cau  pour  fa  fureté.     Cette  place  fut  nommée  Defkereh. 

Baharam  ayant  fucccdé  à  Plormuz ,  fon  père ,  fit  paroître  dans  les  commencc- 
mens  de  fon  règne  afiez  d'inclination  pour  la  Doftrinc  de  Mânes,  &  il  voulut 
que  fes  Mages,  c'cfi:-à-dire,  les  Docteurs  de  la  Sefte  Zoroaftrienne  ,  entralTent 
en  conférence  &  en  difpute  avec  Mânes.  Mais  ce  Prince  n'ayant  fait  toutes 
ces  chofes  que  pour  faire  fortir  Mânes  de  fon  Fort,  &  l'avoir  entre  fes  mains, 
le  fit  bientôt  après  écorcher  vif  &  expofer  fa  peau  remplie  de  paille  ,  en  un 
lieu  fort  élevé,  pour  donner  l'épouvante  k  tous  ceux  de  fii  fefte.  Cette  exé- 
cution en  effet  fit  que  la  plupart  des  Manichéens  s'enfuirent  aux  Indes  &  qucl- 
•  ques-uns  même  jufqu'à  la  Chine  ;  car  tous  ceux  qui  demeurèrent  en  Perfe  per- 
dirent leur  liberté  &  furent  réduits  en  efclavage.     Khojidemir. 

Les  Chrétiens  Orientaux,  qiù  appellent  la  Se6te  de  Manes^Al  Mananiat,  di- 
fent,  que  la  Religion  que  Mânes  introduifit  étoit  mêlée  du  Chriltianifme  &  du 

Magif- 


MA'^NL        M  A  N  I  S  S  A.  55r 

if^gÇfÀe,  qu'ifs  nomment  Aï  Thenaouiat,  qui  fignifie  la  Religion  des  deux  Prin- 
cipes  qui  ell  la  môine  que  celle  de  Zoroaflre.  C'cft  pourquoi  fouvent  Mânes 
eft  nommé  Al  Thenaoui.  ^ 

Cet  Impoilcur  étoit  Prêtre  parmi  les  Chrétiens  de  la  Province  d'Ahouaz  , 
qui  eft  un  p'^tit  pays  qui  setend  depuis  l'Arabie  jufqu'aux  embouchures  de 
l'Euphrati."  &  du  Tigre  ,  &  fait  une  partie  de  la  Chaldée  des  Anciens.  Il  dif- 
putoit  fort  fouv'cnt  avec  les  Juifs  (k  avec  les  Mages ,  &  foûtenoit  la  Metemp- 
fychofe  àef-  Indiens. 

Il  eut  enfin  aifez  d'im.pudence  pour  fe  qualifier  un  fécond  Meflîe,  &  nomma 
douze  Apôtres  qu'il  envoya  prêcher  jufqu'aux  Indes  &  à  la  Chine  ,  leur  don- 
mnt  m^me  un  Livre  qu'il  nomma  Anghelion  ,  c'eft  à-dire ,  l'Evangile.  Il  éta- 
blit pour  un  des  grands  Principes  de  fa  Religion,  l'abftinence  de  la  chair  des 
animuix,  &  défendit  expreffèmcnt  d'en  tuer  ou  lacrifier  aucun. 

CoCte  Scifte  cependant  fe  divifli  dans  la  fuite  en  deux  ;  à  fçavoir ,  en  Sade- 
coun  &  Samacoun.  Les  premiers,  dont  le  nom  fignifie  vrais  &  purs  ,  s'abfte- 
noient  de  ce  qu  ils  appclloicnt  Dhebihat,  c'eft  à-dire,  de  tuer  ou  manger  aucu- 
Hc  forte  d'animaux.  Mais  les  féconds,  dont  le  nom  fignifie  Poilfonniers ,  man- 
geoient  de  la  chair  des  animaux  aquatiques,  qu'ils  confciibient  être  véritablement 
de  la  ch'iir;  mais  non  pas  de  la  Dhebihat,  qui  ell  celle  que  l'on  immole  &  que 
l'on  facrifie. 

Cette  ictie  fe  multiplia  fort  en  Egj^pte  en  forte  que  parmy  les  Evoques,  il 
s'en  trouva  beaucoup  qui  étoient  Manichéens  ,  &  que  l'on  fut  obligé  "de  tenir 
im  Concile  Nacional  fous  Timothéc ,  Patriarche  d'Alexandrie,  dans  lequel  il  fut 
permis  au  Patriarche  ,  &  aux  Evoques  &  Moines ,  de  manger  de  la  chair  des 
animaux  le  Dimanche. 

Ebn  Batrik  remarque,  qu'il  y  eut  deux  Patriarches  d'Antioche  &  un  de  Con- 
ftantinople,  fous  l'Empereur  Confiance,  qui  faifoicnt  profefïïon  du  Manichéif- 
me,  &  que  la  plupart  des  Evèques  d'Egypte,  en  ce  tems-là,  étoient  ou  Ariens, 
ou  Manichéens.  Mais  la  foy  de  cet  Auteur  n'eft  pas  inconteftable  ,  non  plus. 
que  l'hiftoire  qu'il  raconte  ,  que  Baharam  ,  api'ès  avoir  fait  couper  Mânes  en 
deux,  fit  enterrer  deux  cent  de  fes  Sectateurs  la  tête  en  bas  dans  du  limon,  (Se 
fe  vantoit  d'avoir  fait  un  jardin  planté  d'hommes  au  lieu  d'arbres. 

MA'NL  Mohammed  Ben  Jofef  Ben  Al  Màni.  Auteur  d'un  Livre  intitulé 
Anfab,  c'eil-à-dirc ,  Généalogies,  lequel  mourut  l'an  700  de  l'Hegire. 

> 

M  A' NI  Al  Coran.  Le  fcns  fpirituel  de  l'Alcoran.  C'eft  le  titre  que  deux 
Auteurs  ont  donné  à  leur  ouvrage.  Le  premier  eft  Ben  Ziad  Al  Fera  ,  &  le 
fécond,  Zagiâge. 

MA'NI  V  Beian ,  lèns  caché  &  figure  d'un  difcours  ou  de  quelqiîes  paroles- 
particulières  que  l'on  explique.  C'eft  le  titre  de  la  troifième  partie  du  Livre, 
intitulé  Mcftah  aloloum  ,  c'eft- à-dire ,  la  Clef  des  Sciences ,  qui  eft  dans  la  Bi- 
bliothèque Royale,  n^  906. 

M  AN  ISS  A.  Les  Turcs  appellent  ainfi  la  Ville  de  Magnefie,  fituée  afl'ez. 
proche  de  Smyrne  dans  l'Afie  mineure,  laquelle  porte  le  titre  de  Sangiak.  Les 
Sultans  de  Conftantinople  ont  donné  autrefois  à  leurs  enfans  &  fuccelTeurs  le 

GoU' 


55*  M  A  N  0  U  C  A.        M  A  N  0  U  G  E  H  E  R. 

Gouvernement  de  cette  ville  avec  erdre  d  y  rcfidcr  fans  en  fortir  ,   lorfqi'iîs 
écoient  en   âge  de  leur  pouvoii-  faire  des  affaires. 

MANOUCA,  fils  de  Giagatiï  &  pctit-fils  de  Ginghiz  Khan.  Il  ne  faut  pas 
le  confondre  avec  Mangûka  ,    qui  eil  Mangûkaan  dont  on  vient  de  parler. 

MANOUGEHER.  Huitième  Roy  de  Perfe  de  la  première  race  furnom- 
mée  des  Pilchdadiens ,  û  Ton  compte  Siam?k  ,  fils  de  Kaiumarat  ^  &  même  le 
neuvième,  fi  on  met  au  rang  de  ccsRois ,  Irage,  fils  aine  de  Feridoun,  qui  mou- 
rut avant  fon  père. 

Il  ctoit  fils  de  Pifchkhour  &  d'une  fille  d'Irage,  &  partant  petit-fils  de  Feri- 
doun auquel  il  fucceda,  après-avoir  tué  Salm  &  Tour,  fcs  oncles,  meurtriers  de 
•fon  ayeuL 

Ce  fut^  un  Prince  fort  appliqué  à  la  Police  de  fes  Etats ,  car  il  établit  un 
Gouverneur  dans  chaque  Province  &  un  i'revoll  dans  chaque  Ville  &  Bourgade. 
Il  fit  fon  premier  Vizir  Sam  Neriman  le  plus  vaillant  homme  de  fon  fiecle  ,  & 
lui  donna  le  titre  de  Pehelevàm  gihàn,  c'elt-à-dire  le  Héros  de  fon  fiécle. 

Il  fit  creufer  de  grands  canaux  par  lefquels  il  -conduifit  des  branches  entières 
de  l'Eufratc  &  du  Tigre  dans  l'Iraque  Arabique  ou  Chaldée  ,  &  on  dit  qu'il 
fut  le  premier  qui  fortifia  les  Vilies  par  des  remparts  &  par  des  foflez. 

Il  avoit  déjà  régné  foixante  ans,  lorfqu'Afrafiab ,  Roy  de  Turquefi:an ,  qui  def- 
cendoit  en  droite  ligne  de  Tour ,  fils  de  Feridoun ,  entreprit  de  vanger  la  mort 
de  Tour  que  Manougeher  avoit  fait  mourir,  &  lui  déclara  la  guerre. 

Afiafiab  entra  en  Perfe  avec  une  fi  puifilinte  armée  de  Turcs,  que  Manou- 
geher ne  lui  pouvant  pas  refifter  fut  obligé  de  fe  réfugier  dans  le  Tabareftan, 
ou  Hyrcanie.  Le  Turc  ne  pouvant  pas  le  pourfuivre  ,  à  caufe  des  défilez  & 
des  lieux  inacceffibles  qui  fe  trouvent  dans  les  forefts  &  dans  les  montagnes  de 
ce  pays-là  ,  fit  la  paix  avec  lui ,  à  condition  que  tout  le  pays  de  de-là  le  fleuve 
Gihon  lui  appartiendroit  fans  qu'il  y  fut  inquiété  par  les  Perfes  ,  lailfant  toute 
la  Perfe  6c  les  Pays  de  de-çà  à  Manougeher. 

Cette  paix  étant  conclue ,  Manougeher  s'occupa  à  bâtir  &  à  faire  fleurir  les 
arts  dans  fon  Royaume,  où  après  avoir  régné  encore  foixante  ans  ,  il  finit  fes 
jours,  laiflant  fa  Couronne  à  Naudar  fon  fils,  qui  fut  bien-tôt  après  dépouillé 
par  le  même  Afrafîab ,  comme  l'on  verra  dans  fon  titre.  Sous  le  règne  de  ce 
grand  Monarque  ,  le  Prophète  Schoâib  qui  efl:  le  même  que  Jethro,  beau-pere 
de  Moife,  fut  envoyé  de  Dieu  aux  Madianites  pour  leur  prêcher  la  foy  &  dans 
le  môme  temps  Mouffa  &  Haroun,  qui  font  Moïfe  &  Aaron ,  furent  auflî  en- 
voyez de  Dieu  à  Valid  Pharaon ,;  ou  Roy  d'Egypte,  qui  étoit  de  la  postérité 
d'riâa.     £,ebtarikh.   Tar.  Montekhtb.. 

Manougeher,  félon  Khondemir,  étoit  fils  de  Mahaferid.  fille  dTrage,  fils  aîfné 
c!e  Feridoun  ,  laquelle  quelques  autres  Hiftoi'iens  écrivent  avoir  été  la  femme 
da  même  Irage  qui  étoit  fon  père,  chofe  aiiez  ordinaire  en  Perfe  avant  le  Ma- 
hometifme. 

Ce  Prince  s'addonna  extrememer.t  à  tirer  des  canaux  ^c  à  planter  des  jardins 
«ju'il  remplilTort  de  toutes  fortes  d'-iibres  &  plantes  rares  qu'il  faifoit  chercher 
avec  foin  dans  les  montagnes  de  Herfe.  Ayant  choifî  Sam -Neriman  peur  fon 
premier  Vizir,  il  lui  donna  plus  particulièrement  la  Province  de  Sillan  ou  ^"e- 

geftan 


M  A  N  O  U  G  E  H  E  R.  ^^^ 

geflan  à  ffonverner.    Cette  Province  s'appelle  auffi  Nimrouz,  à  caufe  qu'elle  cft 
la  plus  Méridionale  de  toute  la  Perfe. 

Sam  Neriraan  venoit  faire  fa  Cour  à  Manougeher  de  temps  en  temps ,  après 
quoy  il  fe  retiroit  dans  fon  Gouvernement,  où  il  eut  un  tils,  lequel  vint  au 
monde  avec  des  cheveux  fort  longs  &  fort  blonds ,  ce  qui  fut  caulè  qu'on  lui 
donna  le  nom  de  Zâl-zer  ,  comme  qui  diroit ,  Poil  doré.  Cet  enfant  ayant 
atteint  Vigs  de  dilcrction,  rit  paroiftre  tant  de  fagelle  que  Manougeher  le  vou- 
lut voir.  Cette  veuë  augmenta  l'eflime  &  l'afFedion  que  ce  Prince  avoit  pour 
Sam-Nerifflan,  &  il  le  renvoya  avec  fon  iils  comblé  d'honneurs  ik.  de  grâces. 

Un  jour  Zàl  zer  étant  devenu  grand,  alla  chalTer  dans  le  Kablcftan  qui  eft  la 
Province  de  Kabul  aux  Indes  qui  conrine  avec  la  Perfc  du  côté  u'i  Nord.  Me- 
herab  étoit  pour  lors  Gouverneur  de  cette  Province,  &  comme  il  fceut  la  ve- 
nue du  fils  de  Sam ,  il  alla  au  devant  de  luy  pour  luy  faire  honneur ,  &  il  fut 
tellement  charmé  de  Tes  belles  qualitez  que  ne  celTant  d'en  dij-e  du  bien  dans 
fa  famille,  une  de  fes  filles,  nommée  RouJabah,  entendant  le  récit  que  failbit 
fon  père  ,  devint  éperduëment  amoureufe  de  Zal  ,  &  refolut  en  même  temps 
d'envoyer  quelques-unes  de  fes  filles,  fous  prétexte  de  cueillir  des  fleurs  autour 
du  lieu  où  Zâl  étoit  campé,  pour  trouver  occafion  de  lui  parler. 

En  effet  Zâl  les  ayant  apperçeues  ne  manqua  pas  de  les  aborder,  &  de  s'in- 
former qui  elles  étoient,  &  ayant  appris  d'elles  qu'elles  appartenoicnt  à  Rouda- 
bah,  il  leur  demanda  de  fes  nouvelles.  Ces  filles  bien  inllruitcs  de  ce  qu'elles 
dévoient  dire  ,  l'entretinrent,  fort  au  long  de  la  beauté  &  des  vertus  de  leur 
maiftrefie.  Cet  entretien  lui  fit  d'abord  concevoir  une  très-grande  eftime  pour 
elle;  mais  cette  eilime  fe  changea  bientôt  en  un  amour  fi  violent,  qu'il  perdit 
entièrement  le  repos  jufqu'à  ce  qu'il  eut  concerté  un  moyen  de  la  pouvoir  voir 
&  entretenir. 

Il  ne  fut  pas  difficile  de  concerter  un  rendez-vous  avec  une  perfonne  qui 
n'étoit  pas  moins  difpofée  que  lui  à  cet  entretien.  Leur  entrcveue  fe  fit  avec 
des  déclarations  réciproques  de  leur  amour  ,  &  ils  fe  donnèrent  mutuellement 
des  parples  inviolables  de  s'époufer  auflî  -  tôt  qu'ils  auroient  obtenu  le  contente- 
ment de  leurs  parens.  Zâl  qui  avoit  vu  auffi  Mehcrab  père  de  Roudabah ,  qui 
lui  fit  un  accueil  très-obligeant,  prit  congé  de  lui  &  retourna  vers  fon  père  Sani 
dans  la  Province  de  Segellan. 

A  fon  arrivée  il  déclara  à  fon  père  l'engagement  qu'il  avoit  pris  fous  fon 
bon  plaifir  avec  Roudabah,  &  il  eut  moins  de  peine  à  le  lui  faire  aggréer  qu'au 
Roy  Manougeher  qui  improuvoit  cette  alliance,  à  caufe  de  la  naifiance  de  Rou- 
dabah ,  qui  étoit  Turque  &  par  confequent  d'une  Nation  qui  s'étoit  déclarée 
ennemie  jurée  des  Pcrfans  depuis  la  mort  de  Tour.  Mais  enfin,  la  confidera- 
tion  des  fervices  de  Sam  &  la  fidélité  inviolable  qu'il  lui  avoit  toujours  gar- 
dée firent  qu'il  donna  les  mains  à  ce  mariage,  &  ne  craignit  point  ce  mélan- 
ge du  fang  Turc  avec  celui  de  fes  fujcts. 

Les  noces  fe  célébrèrent  avec  une  très-gi-ande  magnificence  ,  &  au  bout  de 
neuf  mois  il  fortit  de  ce  mariage  le  fameux  Roftam  furnommé  Dafi:an ,  le  plus 
vaillant  Guerrier  que  les  Perfans  ayent  jamais  eu ,  &  qui  fert  encore  de  modèle 
aujourd'huy  à  tous  les  Braves  de  l'Orient, 

Le  Schah  Nameh  ou  l'Hifiioire  Augufte  des  Rois  de  Perfe,  compofée  par  Je 
Poëte  Ferdouffi ,  rapporte  une  grande  partie  des  aftions  de  valeurw  de  ce  Héros 
incomparable,  &  nous  aurons  occafion  de  parler  de  lui  en  plus  d'un  endroit. 
.    Tome  IL  Aaaa  Manougeher 


554-  M  A  N  0  U  G  E  H  E  R.  M  A  N  S  O  R. 

Manougelier  n'ayant  pu,  comme  nous  avons  vu,  foûtenir  en  pleine  campa- 
gne l'efl'oit  des  armes  d'Afrafiab,  ie  retira  dans  un  Chaiteau  du  Tabareflan ,  oii 
les  Turcs  l'ayant  tenu  affiegé  long-temps,  mais  inutilement,  ils  furent  obligez 
d'entendre  à  un  traité  de  paix'.  Une  des  conditions  fut  que  Arefch,  le  meilleur 
Archer  de  ce  temps-là,  tireroit  du  haut  de  la  montagne  de  Damavend  une  flèche 
vers  l'Orient,  &  que  le  lieu  où  elle  tomberoit,  feroit  Je  terme  qui  marqueroit 
les  contins  des  deux  Etats,  &  il  arriva,  dit  nôtre  Auteur,  par  la  Toute-puif- 
fance  du  fouverain  Maiftre  des  choies  humaines ,  que  la  flèche  qui  avoit  été 
marquée  pour  être  connue,  fut  portée  jufques  fur  le_  rivage  du  Gihon,  lequel 
par  ce  moyen  demeura  depuis  ce  tcms  -  là  pour  limite  &  féparation  des  deux 
Eflats. 

Le  furnom  de  ce  Prince  fut  Firouz,  comme  remarque  Khondemir. 

MANOUGEHER  fils  de  Cabous.  Ce  Sultan  étoit  Maiflre  dès  l'an  de 
l'Hegire  403 ,  de  tous  ks  Etats  que  fon  père  poifedoit  le  long  de  la  mer  Ca- 
fpienne  compris  fous  Je  nom  général  de  Dilem.  11  rcceut  la  Patente  ou  con- 
firmation de  fon  autliorité  &  dignité  du  Khalife  Cader-biilah,  telle  qu'elle  avoit 
été  donnée  à  fon  père  ;  &  de  mcme  que  Cabous  avoit  receu  avec  cette  Patente 
appellée  en  Arabe,  Manfcliour,  le  titre  de  Schems  Al  Maaia,  c'efl:-à-dire ,  le  So- 
leil dans  fon  élévation,  il  reccut  auflî  du  même  Khalife  celui  de  Felek  AJ 
Mdala,  c'efl;-à-dire  le  ciel  de  la  grandeur. 

Ce  Prince  en  ufa  fort  bien  avec  fon  père  que  les  Grands  du  Royaume  avoient 
depofé  &  eraprifonné  à  fon  infceu,  comme  l'on  peut  voir  fous  le  titre  de  Ca- 
bous, &  lorfqu'il  apprit  qu'ils  l'avoicnt  fciit  mourir,  il  n'oubha  rien  pour  avoir 
entre  fcs  mains  &  pour  punir  fcs  aHalîîns.  Il  régna  paifiblement  &  fans  autre 
inquiétude  que  celle  que  lui  donnoit  la  grande  puifllince  de  Mahmoud,  premier 
Sultan  des  Gaznevides,  &  pour  s'en  mettre  à  couvert,  il  fit  rendre  dans  fes 
Ëtats  à  ce  Sultan  tous  les  honneurs  qu'il  y  pouvoit  prétendre.    Khondemir. 

MANOUGEHER  fchah  ,  Sultan  ou  Prince  du  Schirvan.  C'efl:  celui  que 
Feleki ,  excellent  Poëte  Perfien ,  loue  beaucoup  dans  fes  Ouvrages,  f^oyez  le  titre 
de  ce  Poëte. 

MANS  OR,  Abou  Giafar,  dit  Al  Manfor  Billah,  fécond  Khalife  de  la  mai- 
fon  des  AbbaffiJes.  Il  fucceda  à  fon  frère  Aboul  Abbas  Scfl'ah  ,  l'an  de  l'He- 
gire 136.  Il  étoit  Chef  de  la  Caravane  des  Pèlerins  de  la  Mecque,  lorfqu'il  ap- 
prit la  mort  de  fon  frère,  arrivée  dans  le  mois  du  Pèlerinage  appelle  Dhulhigiah 
&  il  efh  remarquable  qu'il  mourut  le  même  mois  en  faifant  le  même  Pèlerina- 
ge. I!  dépêcha  auffi-tôt  Abou  Meflem  à  Cufah,  qui  étoit  pour  lors  le  fiege  des 
Khalifes ,  pour  y  faire  preiler  le  ferment  de  fidélité  à  Ces  habitans  &  le  faire 
proclamer  Khalife. 

Abou  Meflem  ne  perdit  point  de  temps  &  arriva  fort  à  propos  ;  car  déjà 
M,  fi's  de  Mufla  fon  neveu,  faifoit  des  pratiques  pour  envahir  leKhalifat;  mais 
l'arrivée  de  ce  Capitaine,  fuivie  peu  après  de  celle  d' Abou  Giafar,  diffipa  toutes 
fes  menées  ;  de  forte  que  fe  rangeant  à  l'obéiirance  d'Abou  Giafar  &  lui  dé- 
modant pardon.,  il  obtint  de  lui  la  grâce  de  pouvoir  vivre  en  particulier; 
mais  û  la  prct<}ntion  du  Neveu  fut  bien-tôt  évanouie,  celle  de  fOncle  nommé 
A'bdaUuh,  coûta  beaucoup  à  Al  Maafor.    Khonàmir. 

A^bdallah 


M  A  N  s  C  R.  y^^ 

A  "bdallah  qui  étoit  Onde  d'Abiil  Abbas  SelFah,  I.  Khalife  de  h  Maîfon  des  Ab- 
Ijaffides,  ayant  appris  la  mort  du  Khalife  fbn  Neveu,  &  qu'Abju  Giafar  AI 
Nfanfor  frère  du  défunt  &  par  confequent  auffî  fon  autre  nevru,  avoic  été 
proclamé  Khalife  dans  Cufiih ,  refolut  de  ne  Je  point  rcconnoiltrc  :  mais  de 
prendre  lui-même  la  qualité  de  Khalife  dans  Damas. 

Il  alleguoit  pour  raifon  de  fes  prétentions,  que  fon  Neveu  Abulabbas  Sslfah, 
premier  Khalife  de  faMaifon,  l'ayant  envoyé  combattre  contre  Maruan ,  dernier 
Khalife  des  Ommiades,  avoit  déclaré  que  celui  des  Abbaffîdes  qui  le  dchvreroit 
de  cet  ennemi  qui  lui  difputoit  l'Iîmpire  ,  &  qui  lui  euvoy croit  fa  tète  ,  auroit 
pour  prix  la  fucceffion  au  Khalifat  immédiatement  après  lui;  à  ce  fut  ce  qu'A  b- 
dallah  avoit  exécuté. 

Pour  foûtenir  cette  pre'tention  il  falloit  des  troupes.  Il  en  alla  chercher  d;ins 
ie  Khoraifan,  &  vint  de-la  à  grandes  journées  camper  avec  une  puiùante  ann -e 
auprès  de  Nifibe.  Mais  Abou  Medem  qui  coramandoit  l'armée  du  j^h^. ife 
l'ayant  harcelé  pendant  cinq  mois,  enhn  le  d^Hit  entièrement,  &  lobh^'ea  à 
prendre  la  fuite.     Khond.mir.    ^oyez  au:îi  A'bdallah  fils  d'Ali. 

Ce  feroit  ici  le  lieu  de  rapporter  comment  le  Khalife  AI  Manfor  put  fe  re- 
foudre à  la  perte  d'un  û  grand  hom'nj  tel  qu'éDjit  Abou  Mefl.\m ,  qu  il  fit 
-afraffiner  par  des  gens  apportez  dans  fa  propre  chambre.  Mais  ce  grand  événe- 
ment, qui  eft  fi  remarquable  dans  la  vie  de  ce  KJuIife,  ayant  été  rc.conté  fort 
au  long  dans  le  titre  d'Abou  Meflem  ,  je  n'ay  pas  crû  devoir  le  repeter,  pouc 
ne  pas  trop  groffir  cet  Ouvrage. 

Après  la  mort  d'Abou  Meflem,  Sinan'de  Nifchabûr  ,  Mage  ou  Adorateur  dti 
feu,  qui  s'étoit  rendu  m:ii(lre  de  fes  trcf)rs,  fit  révolter  Ja  Province  de  Kho- 
raiTan  contre  le  Khalife  Al  iManfor  ,  l'an  de  l-Hpgire  137.  Mais  il  fut  bien-tôt 
défait  par  Civmhour  que  le  Khalife  envoya  contre  lui.  Ce  General  ayant  fait 
un  butin  confiderable  ,  le  Klialife  qui  évni  a^/are  de  fon  naturel,  envoya  un 
homme  exprès  pour  s  en  faifir  en  l'on  nom  ,  ce  qui  caula  un  fi  grand  dépit  k 
Giimhour,  qu'il  tourna  les  armes  contre  fon  Mailîre.  Mais  ayant  appris  qu'il 
envoyoit  une  grofle  armée^  contre  lui  ,  il  quitta  la  ville  de  Reï  où  il  s'étoic 
cantonné,  &  alla  fe  faifir  d'Ifpahan  &  de  tout  le  pays  qui  en  dépcndoit. 

Il  demeura  quelque  temps  le  maître  en  ces  quartiers -là;  nuis  les  troupes  da 
Khalifj  s'approehant  de  luy  &  le  ferrant  de  plus  près^  il  ne  fe  crut  pas  en  fu- 
reté à  Ifpahan  &  s'enfuit  d.ms  l'Alherbigian,  où  cependant  il  ne  fut  pas  plus  en 
repos,  car  il  y  fut  vivement  pôurfuivi ,  &  enfin  défait  entièrement  par  l'armée 
du  Khalife  fous  le  commandement  de  Aiahomet  fils  d'Afchaat ,  l'an  de  l'He- 
gire   138.     Kin.-;idtmir. 

Les  Ravendiah  ou  Ravendiens  étoient  une  race  de  gens  dcfcenduë  d'A'bdal- 
lah  ,  fils  de  Râvend  qui  fut  des'premiers  à  publier  le  nom  des  Abbalîides  dans 
le.  KhoraiTan.  Cet  A'bdallah  ayant  eu  quelque  différent  avec  Abou  IVIeflem  qui 
étoit  toutpuinant  dans  ce  pays-là,  il  en  fallut  venir  aux  armes,  qui  ne  furent 
pas  favorables  à  A'bdallah,  car  il  fut  défait  lui  &  prefque  tous  les  fiens. 

Ce  qui  relia  de  ces  gens-là  ,  qu'Ebn  Schohnah  appelle  Impics  parce  qu'ils 
■croyoient  la  Metempfychofe,  demeura  caché  jufques  à  la  mort  d'Abou  Meflem, 
laquelle  étant  arrivée,  comme  nous  avons  vu,  par  ordre  du  Khalife  Al  Man- 
for ,  ces  gen?-ci  s'allemblerent  dans  la  Ville  de  Hafchemie ,  refidcnce  du  Kha- 
life,  l'an  de  l'Hegire  140  &  vinrent  faire  leurs  Athouâf  ou  proceffions  fembla- 

A  a  a  a  z  bles 


S56  M  A  N  S  0  R. 

blés  à  ceires  qui' fe  font  autour  du  Temple' de  la  Mecque  au  Palais  d'Almanibi'i 
l'invoquant  comme  leur  Dieu. 

Le  Khalife  indigné  de  cette  impieté  fi  ouverte  ,  en  fît  emprifonner  cent  des 
principaux.  Les  autres  irritez  de  ce  mauvais  traitement,  refolurent  entre  eux 
que  fi  Al  Manfor  refufoit  d'eftre  reconnu  pour  Divinité ,  il  le  fulloit  tuer  &  en 
choifir  un  autre  en  fa  place.  Pour  exécuter  ce  deflein,  ils  prirent  une  bière  de 
mort  qui  étoit  vuide,  &  allèrent  aux  prifons  où  ils  entrèrent  aifement  fous  le 
prétexte  d'y  enlever  un  mort.  Par  ce  llratagême  ils  délivrèrent  leurs  camara- 
des &  retournèrent  tous  enfemble  au  Palais  du  Khalife  dans  la  refolution  de. 
le  tuer. 

Al  Manfor  qui  étoit  fort  brave  de  fa  perfonne,  fe  trouvant  furpris  &  avec, 
fort  peu  de  gens ,  n'ayant  point  de  chevaux  prefts ,  monta  fur  une  mule ,  &  alla 
au  devant  de  ces  Impics  mutinez  contre  lui. 

Dans  ce  même  temps  Mâan  fils  de  Zaidat  qui  fe  tenoit  caché ,  à  caufe  que  le 
Khalife  qui  le  faifoit  chercher  pour  le  faire  mourir,  comme  ayant  été  un  des 
principaux  Chefs  de  la  Faction  des  Ommiades  ;  ce  Mâan  ,  duquel  on  a  déjà 
parlé  ,  dont  la  valeur  &  la  generofité  palTcnt  en  Proverbe  chez  [es  Arabes, 
voj'ant  le  Khalife  en  un  fi  grand  danger,  fortit  de  fa  retraite  ,  &  fe  mettant  à. 
la  tète  des  gens  du  Khalife,  chargea  fi  rudement  ces  rebelles,  qu'il  les  défit  en- 
tièrement. 

'.  Al  Manfop  piqué  de  cet  affront  qu'il  avoit  receu  dans  fa  ville  Capitale  dcL 
Hafchemie  ou  d'Anbar ,  refolut  de  changer  de  demeure  ,  &  fongea  à  bâtir  fa. 
nouvelle  Ville  de  Bagdet,  dont  il  jetta  les  fondemens ,  l'an  145  de  THegire. 

Foycz  le  titre  de  Zenadecah,  tiré  de  Ben  Schohnàh ,  &  celui  de  Bagdet. 

Ben  Schohnàh  écrit,  qux^l  Âlanfor  mourut  l'an  de  l'Hegire  158  ,  en  faifant' 
le  Pèlerinage  de  la  Mecque,  le  fixième  du  mois  Dhulhigiâ,  en  un  lieu  appelle 
Bir  Maïmon  ,  c'eft-à-dire  le  Puits  de  Maïmon.  11  dit  à  fon  fils  Mahadi  qui" 
Pavoit  accompagné,  comme  par  manière  d'adieu,  &  comme  prévoyant  que  c'é- 
toit  la  dernière  fois  qu'il  le  verroit:  Mon  fils,  je  fuis  né  dans  le  mois  de  Dhul- 
higiâ, j'ay  été  fait  Khahfe  dans  le  même  mois,  &  j'ay  dans  l'efprit  que  je  dois 
mourir  aufîî  dans  celui-ci;  c'clt  pourquoy  je  me  mets  en  chemin  pour  accom- 
plir mon  dernier  Pèlerinage,  afin  que  Dieu  me  faffe  mifericorde. 

Peu  après   ce  difcours  il  lui  prit  un  cours  de  ventre,   lequel  dégénérant  en. 
dyfenterie,  l'eniDorta.     Ce  fut  un  Prince  fort  humain  &  honnête  dans  le  parti- 
culier,  jufques-là  qu'il   reconduifoit  fes   amj^s   &  alloit  même   au  devant   d'eux 
quand  ils  le  venoient  vifiter.    Il  régna  vingt-deux  ans  &  troi^mois  &  laiffapour 
Succelfeur  Mahadi  fon  fi's, 

Khondemir  rapporte,  que.  quelques  jours  avant  qu'Ai  Manfor  fûfl  attaqué  de- 
)a  maladie  dont  il  mourut,  il  trouva  quatre  vers  Arabes  écrits  fur  un  mur  qui 
le  troublèrent  fort.    L'explication  de  ces  vers  étoit: 

O  Abou  Giafar,  le  temps  de  ta  mort  ell  venu.  Tes  jours  font  terminez,  & 
l'Ordre  de  Dieu  qui  eft  irrévocable,  eft  arrivé. 

Fais  venir  maintenant  autant  d'Augures,  autant  de  Devins,  &  autant  d'Aflro- 
i'o^ues  que  tu  voudras  :  l'es  derniers  jours  s'écouleront  par  le  genre  de  mort 
qui  t'emportera. 

Il  efl  parlé  des  Aflrologues  dans  ces  vers  ,  parce  que  ce  Khalife  étoit  fça- 
vant  dans  TAflronomie  ,  &  qu'il  avoit  toujours  des  Philofophes  (Se  des  Mathe- 
Biaticicns  autour  de  luy. 

Seloa 


M  A  N  S  O  R.  _j^^ 


'  Selon  la  Chronique  d'Abou  Giafar  AI  Thabari ,  U  trouva  écrit  fur  la  muraille 
d'un  Cai-avanferaï  ou  Hôtellerie  quatre  autres  vers  Pcrfiens  ,   dont  le  fens  efl: 

Les  Etats  &  les  RichefTes  de  ce  monde  ne  nous  font  pas  données,    mais  feu- 
lement prêtées  :   Que  perfonne  donc  ne  s'y  allure  ,   ni  ne  s'en  glorifie.     Qu'û 
conque  y  attache  fon  cœur  &  y  met  fa  confiance,  n'en  retire  que  de  là  honte 
lorfqu'il  les  faut  rendre  à  celuy  de  qui  on  les  a  reçus.  ' 

Le  Nighiariftan  fait  auffi  mention  de  cette  avanture. 

Ce  Khalife,  qui  étoit  doué  d'excellentes  vertus,  fut  taxé  cependant  d'avari- 
ce,  ce  qui  fit  que  les  habitans  même  de  Coufa  le  furnommérent  Abou  Daoua- 
nek,  c'cft-à-dire  ,  le  père  des  Oboles  ,  à  caufe  qu'il  avoit  fait  lever  par'  tête 
une  obole  pour  creufer  le  folié  de  leur  ville;  &  c'ell,  au  fujet  de  cette  mau- 
vaife  qualité,  que  l'on  a  rapporté  de  luy  l'hiftoire  fuivante. 

PcnJaiît  qu'Ai  Manfor  menoit  une  vie  privée  ,  avant  qu'il  fut  élevé  à  la  di- 
gnité iouveraine  de  Khalife  ,   il  avoit  entre  fes  amys   les  plus    familiers'  Azhar 
Baheli  ,  homme  de  grand  mérite,   &  qui  eft  mis  au   nombre  des  Douleurs   les 
plus  autorilés  en  matière  de  Traditions.     Ce  Perfonnage   voyant  qu'Abou  Gia- 
faT  ne  l'appelloit  plus  dans  fes  converfations  particulières  comme  il  failbit  au' 
paravant ,   réfolut  de  fe  préfenter  à  luy ,   lorfqu'il  donnoit  fes  audiences  publi' 
ques.    D'abord  que  le  Khalife  l'apperçût,  il  luy  demanda  ce  qu'il  vouloit?  Az" 
har  répondit,  qu'il  étoit  venu  pour  le  congratuler  &  fe  conjoliir  avec  luv   fui- 
fon  élévation  au- Khalifat.    Abou  Giafar  luy  fit  donner  une  bourfe  de  mille  écus 
d'or  &  le  congédia  avec  ces  paroles:  Ne  prenez  plus  la  pcii:e    de  venir  doré-' 
navant.  Azhar  ne  laifla  pas  de  fe  préfenter  encore  l'année  fuivante  •    le  Khalife 
luy  fit  fort  mauvais  vifage  ,    &  luy  demanda  ce  qui  l'ammenoit  ?    T'ay  appris 
dit  Azhar  ,    que  vous   étiez  indifpofé,  &  je  fuis  venu,  comme  un  de  vos  plus- 
attachez  ferviteurs  ,    pom*  apprendre  des  nouvelles  de   vôtre  fanté.     Abû-^iafar 
luy  fit  donner  une  autre  bourfe  de  la   même  fomme  ,   &  luy  dit  'brufquement 
en  le  renvoyant^  ne  venez  plus  me  rompre  la  tête.     Cela  n'empêcha  pas  Az- 
har de  comparoiUre  l'année  fuivante:  mais  le  Khalife,  aufli-toft  qu'il  le  vit,  luy- 
dit  en  colère:  Ne  cefll-rez-vous  jamais  de  m'importuner  f    Azhar  luy  dit  •  'Au- 
trefois je  ne  recevois  de  vous  que  des  honnêtetez,   maintenant  je  viens'  pour 
apprendre  la  caufe  de  ce  changement.     Le  Khalife  luy  répondit  :  Toutes  k  s  ci- 
vilitez  que  je  vous  faifois,  comme  elles  n'avoient  aucun  fondement,  aulfi  n'ont- 
elles  lailîé  aucune  impreffion  dans  mon  efprit,  parce  que  ne  vous  voyant  plus 
je  me  fuis  accoutumé  &  j'ay  fait  habitude  de   ne  vous  point  voir..  Pour  conl- 
clufion,  le  Khalife  ne  luy  donna  rien. 

Jafêi,  qui  rapporte  cette  hiftoire  ,  dit,  que   la  libéralité  dont  le  Khalife  ufa' 
envers  luy,   &  la  patience  qu'il  eut  à  l'entendre,   étoient  des  vertus   qu'il   ne 
pratiquoit  guères;  car  il  étoit  avare  &  fordlde,  &  de  plus  fort  impatient  &  em  - 
porté.  ^ 

Le?  actions  les  plus  éclatantes  d'Al  Manfor  font  la  conquête  de  l'Arménie  - 
de  la  Cihcie  &  de  la  Cappadoce,  auxquelles  on  peut  ajouter  encore  la  fameu-' 
le  Vifc  de  Bagdet,  dont  on  a  parlé  fort  amplement  dans  le  titre  particulier  de 
cette  Ville.  ^ 

Sa  fcience  dans  la  Loy  des  Mufulmans  n'étoit  pas  commune;  car  il  avoit  m 
les  premiers  Maiftrcs  du  Mufulmanifme,  qu'il  honoroit  for^  ,   &  qu'il  ne  dédî'i 
gaoït  pas  d'écouter  en  qualité  dEcolier,  même  aprcs  fon  élévation  au  Khahfat.-. 

A  aa  a  3  q^ i 


9 


5^3  M  A  N  S  0  R. 

On  en  peut  voir  les  preuves  dans  les  titres  de  plufieufâ  Dôéietii'g,  dont  ÏÏ  êft 
parlé  dans  cet  Ouvrage. 

Qiioyque  les  Abaffîdes  euflent  une  averfion  invincible  contre  les  Khalifes  de 
la  Maifon  d'Ommiah,  que*  nous  appelions  Ommiades,  Al  Manfor  avoiioit  néan- 
moins de  bonne  foy  ,  que  ces  Khalifes  avoient  trois  avantages  fiir  luy  ;  à  fça- 
voir  j  d'avoir  eu  un  Capitaine  &  un  Gouverneur  de  Province,  tel  qu'étoit  He- 
giage;  un  Ecrivain  ou  Secrétaire  ,  tel  qu'étoit  A^dkl  Hamid  ;  &  un  Moedhia 
ou  Crieur,  comme  Baâlbeki. 

Il  ne  faut  pas  oublier  de  voir  le  titre  d'Abou  Meflem,  pour  juftiner  ce  Kha- 
life, que  Ion  a  beaucoup  accule  d'ingratitude  au  fujet  de  ce  Capitaine  qu'il  fit 
allafliner  dans  fa  propre  chambre,  après  les  grands  /ervices  qu'il  luy  avoit  ren- 
dus &  à  toute  fa  famille,  dans  laquelle  ce  grand  homme  avoit  mis  le  Khalifat- 
qu'il  pouvoit  envahir. 

M  ANS  OR  ou  AI  Manfor  Billah  ,  fils  de  Caïem  Béemrillah  ,  dont  le  noia 
propre  étoit  Ifmael  Abou  Thaher  ,  commença  à  régner  en  Afrique  ,  après  la 
mort  de  fon  père,  l'an  33-1.  de  l'Hegire. 

Il  étoit  de  race  Fathimite  &  prenoit  le  titre  de  Khalife,  quoy  que  ce  ne  fût 
proprement  que  fon  fils  &  fuccefleur  Moêz  Ledin  Illah  ,  lequel  ayant  tranfpor- 
té  le  fiége  de  fon  Empire  de  Caïroan  au  Caire  en  Egypte  ,  fut  proclamé  le 
premier  Khalife  de  cette  race. 

L'Eloquence  d'Al  Manfor  eft  fort  louée  par  tous  les  Hiftoriens  qui  ont  écrit 
fa  vie.  Amid  dit,  qu'il  faifoit  de  très-beaux  difcours  en  public  &  dans  les  Mof- 
quées ,  fans  aucune  préparation. 

Il  eut  pour  fucccflcur,  comme  nous  avons  déjà  remarqué  ,  Abou  Tamim 
Moêz  Ledinillah  ',  qui  fut  premièrement  proclamé  Khalife  dans  la  Ville  de  Ma- 
hadie  en  Afrique,  &  enfuite  en  Egypte,  comme  l'on  verra  dans  fon  titre  par- 
ticulier. 

Quelques  Hilloriens  donnent  h  ce  Prince  le  furnom  de  Manfor  Benafr  allah, 
&  le  qualifient  troifième  Khalife  des  Fathimites  ,  &  écrivent ,  que  ce  fut  luy 
qui  fonda  la.  Ville  de  Manfourah  ou  Manfoui-iah  en  Egypte  ,  où  le  Roy  faint- 
Louis  &  les  François  furent  défaits ,  comme  nous  avons  vu  dans  le  titre  des 
Mamelucs,  &  que  l'on  verra  dans  la  fuite  plus  au  long  dans  le  titre  de  Ré  de 
Frans.  • 

MANSOR  ou  Atmanfor,  Roy  &  Khalife  d'Efpagne  de  la  race  des  Ommia- 
des ,  dont  nous  avons  l'Hifl:oire  dans  Roderic  Ximenez  ,  Archevêque  de  To- 
lède. 

L'on  remarquera  icy  feulement  qu'il  fit  bâtir  la  grande  Mofquce  de  Cordouê, 
qui  fut  nommée  Cobbat  Al  Melic,  c'eft-à-dire,  le  Dôme  Royal,  avec  un  Col- 
lège magnifique,  dans  lequel  Ebn  Haligian,  Auteur  du  Livre  intitulé  Bahar  AI- 
mohith ,  enfeignoit  l'an  710  de  l'Hegire. 

Il  y  a  d'autres  Princes  dans  les  familles  des  Al  Moravides,  &  des  Al  Moha- 
des,  qui  ont  porté  le  furnom'  d'Al  Manfor  ,  qui  fignifie  proprement  le  Vifto- 
rieux ,  defquels  on  fait  mention  dans  leur  propre  D3Tiafl:ie, 

MANSOR,  premier  du  nom,  fils  de  Nouh  ,  premier  du  nom,  étoit  petit- 
^Is  de  Nalfer  ,  L  kit  le  ûxième  Roy  de  la  Dynaftie  des  Samanid&s,     il  fiicce- 


M  A  N  s  0  R.  55^ 

.è.  à  fon  frère  Abdelmelik,  régna  15  ans,  &  mourut  l'an  de  l'Hcgire  3^5,  fe- 
Ion  Lebtarikh. 

Khonderair  Iiiy  donne  le  furnom  d'Aboul  Saleh  &  Je  titre  d'Emir  AlMouiad, 
c'eft-à-dire,  le  Prince  viéloricux ,  qu'il  mérita  efteélivcment ,  en  obligeant  par 
la  force  de  lès  armes,  l'an  356 <  Rukneddoulat,  Sultan  de  la  Maifon  des  Buui. 
des,  à.  Juy  payer  tous  les  ans  la  fomme  de  cent  cinquante  mille  écus  d'or»  pour 
tribut  des  États  qu'il  polTédoit  en  Perfe. 

Il  avoit  cependant  perdu  auparavant  la  Province  de  Segeftan,  où  Khalaf,  fils 
d'Ahmed,  s'étoit  établi,  &  d'où  Maufor  ne  le  put  jamais  chaffer.  11  eut  aufli 
à  Ibullenir  long -temps  la  guerre  contre  Alp-teghin  qui  remporta  deux  grands 
avantages  fur  luy ,  qui  furent  comme  les  fondemens  de  la  puiffance  des  Gaz- 
nevides,  que  Sebekteghin  établit  depuis  fous  Nouii,  fils  &  fuccelfeur  de  Manfor. 

MANSOR,  fécond  fils  de  Nouh,  aulîi  fécond  du  nom.  Il  étoit  petit -fils 
de  Manfor ,  premier  du  nom ,  qui  étoit  auffi  fils  de  Nouh  ,  premier  du  nom 
pareillement. 

Il  fucceda  à  fon  père  Noiih  ,  &  fut  le  huitième  Roy  -de  la  Dynaftie  des  Sa- 
manides;  il  ne  régna  qu'un  an  &  demy  ;  car  Tozon  i'egh  ,  'iurc  de  nation  , 
qui  avoit  été  efclave  de  Nouh,  fon  père,  &  élevé  jufques  au  Commandement 
général  de  la  Milice,  fe  faifit  de  luy  dans  la  Ville  de  Serkhas  ou  Sarakhs  en' 
Khorailan,  le  dépouilla  de  les  Etats  &  luy  fit  perdre  la  vue,  l'an  de  l'Hegire. 
389.      Lebtarikh. 

Khondemir  dit  de  Manfor,  qu'il  fit  la  guerre  à  Ilek  Khan,  Roy  du  Turke- 
flan,  puis  à  Sack  contre  lequel  il  envoya  ïozon.  Dans  ce  temps -là,  Sebekte» 
ghin,  père  du  Sultan  Mahmoud,  étant  mort,  Mahmoud  demanda  le  Gouverne- 
ment  du  Khoraflan ,  que  fon  père  polFedoit ,  à  Manfor  ,  qui  le  Juy  refui^  &  le 
donna  à  Tozon.  Mahmoud  irrité  de  ce  refus  ,  vint  avec  une  armée  attaquer 
Tozon ,  le  chaffa  &  Manfor  aufli  ,  lequel  ,  par  la  plus  grande  ingratitude  du-  ■ 
monde ,  fut  dépofl^edé  &  aveuglé  enfuite  par  ce  même  Tozon. 

MANSOR,  autrement  dit  Schah  Manfor,   étoit  fils  de  ModhafTer  ,  fils   de 
Mobarcz   &  fut  le  cinquième  Sultan  de  la  Dynaftie  des  ModhafFeriens ,  qui  s'é-- 
toient  rendus  Mailtres  de  la  Perfe. 

Schah  Manfor  fut  défait  &  mis  à  mort  par  Tamerlan  ,  dans  Je  mois  de  Schaouaî, 
&  la  Ville  de  Schiraz  ,  qui  étoit  devenue  la  Capitale  &  Je  Siège  Royal  des  Prin- 
ces  de  cette  Dynaftie,  avec  tout  le  refte  de  la  Perfe  tomba  entre" les  mains  de 
ce  grand  Conquérant,  l'an  895  de  l'Hegire. 

MANSOR  Amraar.  C'eft  Je  nom  d'un  Scheikh  des  plus  fpirituels  &  des 
pJus  dévots  d'entre  les  Muiulmans ,  lequel  ell  fouvent  cité  dans  leurs  ouvrages 
de  Théologie  Myftique. 

MANSOR  Al  Hagiani.  Autre  Scheïkh,  duquel  il  eff  parlé  dans  le  Pèleri- 
nage de  Mahadi  à  la  Mecque,     Foyez  Mahadi.  • 

MANSOR  Imam.  Auteur  d'un  Livre  intitulé  TaouiJat  ,  nom  oui  fignifie 
Expofitions  fur  J'Alcoran ,  oi:i  il  foùtient  que  les  pécheurs  Mahometans  ne  lerSnt 
dans  l'enfer  que  poiu-  un  tems. 

MANSOR- 


5^0  M  A  N  S  0  R.  -—  M  A  R  A'  I.  „ 

M  ANS  OR  Ben  E'râk.     Ceft  le  même  que  l'Emir  Abou  Nafr,  lequel  i 
laillé  plufieurs  Ouvrages  fur  les  Sphériques  de  Menelaus.     I^oyez  Okar. 

MANS  OR  Ben  Gammaz.  Nom  d'un  Saint  Mufulman,  duquel  Jafêi  a  écrit 
la  vie  dans  la  feélion  164  de  fon  liiiloirc. 

MANS  OR  Ben  Huffein  Alabi.     Auteur  du  Livre  intitulé  Nethcr  eddor. 

MANS  OR.  Ben  Mokafcher,  Médecin  d'Aziz  Billah,  Khalife  d'Egypte,  Chré- 
tien de  Religion  &  Cophte  ou  Egyptien  de  N^ion. 

M  ANS  OR,  furnommé  Zulzul ,  excellent  Muficien.  Foysz  le  titre  de  Mofuli. 

MANSOURAH.  Ville  d'Egypte,  que  nous  avons  déjà  vu  avoir  été  bâtie 
par  Al-Manfor  Billah,  troifième' Khalife  des  Fathimites ,  qui  luy  donna  fon  nom. 
Elle  eft  fituée  fur  le  Nil  en  un  lieu  nommé  Iftirak  el  Neileïn,  à  Cxiufe  que  le 
Nil  s'y  fépare  en  deux  branches  principales. 

Elle'  fut  rebâtie  &  fortifiée  par  Al  Malek  Al  Kamel ,  Roy  d'Egypte  de  la  pof- 
terité  de  Saladin  ,  pour  couvrir  le  paj'S  de  l'invafion  des  Francs  ,  qui  avoient 
pris  la  Ville  de  Damiete  pour  la  première  fois.  Voyez  le  titre  de  Dimiath  & 
celuy.de  Kamel  Mahourat. 

"  MANSOURAH  ou  Manfourat.  C'efl  le  nom  d'une  Ville  du  pays  de  Sind, 
ç'eft-à-dire ,  de  la  partie  de  l'Indoftan  ,  qui  eft  au  deçà  du  Gange  &  aux  envi- 
rons  du  fleuve  Indus. 

On  dit ,  qu'elle  a  tiré  fon  nom  de  ce  que  Mahmoud  ,  fils  de  Scbefleghin  , 
Fondateur  de  la  Dynaftie  des  Gaznevides,  l'ayant  conquife,  dit  en  langue  Ara- 
bique NofTerna,  c'eft-à-dire.  Dieu  nous  a  aidé  &  nous  a  donné  lavidoire;  car 
Manfour  ou  Manfor  fignifie  en  Arabe  Victorieux- 

D'autres  veulent  qu'elle  ait  été  bâtie  par  Abou-Giafar  Ahnanfor ,  fécond  Kha- 
life de  la  race  des  Abbaffides,  Fondateur  auffi  de  Bagdet. 

Cette  ville  eft  cxpofée  à  de  très -grandes  chaleurs  ,  qui  font  qu'il  ne  croît 
point  d'arbres  dans  fon  terroir  hors  des  Palmiers  &  des  Cannes  -de  fucre.  Il 
y  a  une  forte  de  dattes,  en  ce  pays  -  là  ,  qui  font  auffi  grolfes  chacune  qu'une 
pomme  ordinaire  ,  &  qui  viennent  par  grappes  comme  les  autres  ;  mais  elles 
n'en  ont  pas  la  douceur,   ylbdelmoal ,  dans  le  fccond  Climat  de  fa  Géograplne. 

Ebn  Al  Ouardi  appelle  Ardh  M  Manfourat,  c'eft-à-dire,  le  terroir  de  Man- 
fourat,  une  petite  Province  qui  eft  aux  confins  de  la  Perle  &  des  Indes  deçà 
le  Gange,  dont  la  Ville  de  Manfourah  eft  la  Capitale.  C'eft  apparemment  la 
Ville  qui  eft  nommée  Soret  dans  nos  Cartes  Géographiques ,  &  non  pas  Sourat , 
fituée  dans  le  Royaume  de  Camboya,  beaucoup  plus  connue  par  nos  Marchands 
&  par  nos  Voyageurs. 

MANSOURI,  furnom  de  Mohammed  Ben  Ibrahim,  qui  a  écrit  fur  Vlfa- 
goge  de  Porphyre. 

MARAB.    /^o^/îz  Akhteri  Logat. 

MARA'I ,  furnom  d'Ebn  Jofef  Al  Hanbali  Al  Mocdeffi,  qui  eft  Auteur  du 
X<ivrc,  intitulé  Nozehat  al  Nadherin  fiman  Ouala  Mefr  men  Al  Kholafa  v  Al 

Sulathin, 


MARAIAD.  M  A  R  A  S  K  E  N  D  I.  gGi 

Salathin,  c'eft-à-dire  ,   l'Hifloirc  des  Khalifes  &  des  Sultans  qui  ont  régné  en 
Egypte. 
Foyez  auffi  Bedr  Althaouil. 

-MARAIAD,  nom  d'une  Ville  fur  le  chemin  de  Gour  à  Herat.  f^oyez  Gour. 

MARAKAH,  Ville  maritime  du  pays  de  Berberah  ,  qui  eft  la  côte  de  Ca- 
frerie  ou  de  Zangûebar  en  Afrique.  Elle  elt  diftante  du  Mont  ou  Cap  appelle 
Khakouni  qu'elle  a  à  fon  Septentrion ,  de  trois  journées  par  mer,  c'ell-à-dire,  de 
90  milles,  &  de  la  Ville  de  Nagia,  qu'elle  a  à  fon  Midy,  d'une  journée  &  de- 
mie par  mer,  &  de  quatre*  journées  par  terre. 

MARAKASCH  &  Marakefch.  C'eft  une  Ville  moderne,  que  les  EfpagnDis 
appellent  Marruecos,  &  nous  communément  Maroc. 

Elle  fut  bâtie  par  Jofef  Ben  Teflefin,. Sultan  des  Morabethin  ou  Marabous, 
que  nous  appelions  auffi-bien  que  Iqs  Efpagnols  les  Al  Moravides ,  après  avoir 
conquis  une  partie  de  l'Efpagne. 

Le  Géographe  Perfîen  remarque  dans  le  troifième  Climat ,  que  l'air  de  cette 
Ville  eft  fi  chaud  &  fi  pernicieux  aux  Etrangers ,  qu'ils  font  ordinairement  pris 
ou  furpris  de  la  fièvre  auffi-toft  qu'ils  y  entrent. 

Le  tour  de  fes  murailles  eft  de  7  milles  &  on  y  compte  dix-fept  portes.  Sa 
fituation  eft  dans  la  partie  de  l'Afrique,  que  les  Arabes  appellent  Magreb  Alak- 
fa,  c'eft-à-dire,  le  dernier  Occident 

Les  Al  Moravides  firent  de  cette  grande  Ville  la  Cîipitale  de  leur  Empire  ,  qui 
s'étendoit  de  de-cà  &  de  de-là  la  mer  ,  mais  qui  ne  dura  qîie  l'efpace  de  cin- 
quante-cinq ans.  Car  ils  en  furent  dépouillez  par  les  Al  Molwdes ,  l'an  de 
l'Hegire  539,  félon  Roderic,  Archevêque  de  Tolède. 

Mais ,  Mon  les  Hiftoriens  Arabes ,  Maroc  ne  fut  prife  &  faccagée  par  A'bd-al 
Moumen,  Chef  des  Al  Mohades  ,  qu'en  l'an  544  ou  543  de  l'degire  ,  fous  le 
Règne  d'Ishak  ,  qui  avoit  fuccedé  à  fon  frère  A'Ji ,  fils  de  Jofef.  Foyez  Jofef, 
fils  de  Teflefin,  &  le  titre  de  Morabethin  ou  Marabout. 

MARAKESCHI,  furnom  d'Abou  Ali,  Auteur  de  l'Ouvrage,  intitulé  Alat 
Altakouim,  dans  lequel  il  traite  des  inftrumens  qui  fervent  à  compofer  des  Ta- 
bles Aftronomiques. 

C'eft  peut-être  le  même  Auteur  qui  a  compofé  un  Livre  de  Géographie,  in- 
titulé Al  Mefalek  oualmemalek,  qui  eft  cité  par  Ebn  Al  Ouardi  dans  fon  Livre 
de  Khiridat  Alâgiaib.    Foyez  aufli  le  titre  de  Hadicat  ou  Hadifat. 

MARAKIAH,  Pays  maritime,  qui  s'étend  entre  la  Ville  d'Efkendcriah  ou 
Alexandrie  &  Loubiah ,  qui  eft  la  Lybie. 

Ce  Pays  pourroit  être  pris  pour  la  Pentapole  ,  ou  s'il  eft  compris  dans  l'E- 
gypte, pour  la  Mareotide. 

MARASCHL     Foyez  le  titre  de  McfTalek  alabfar. 

MARASKENDI,  Auteur  d'un  Livre  intitulé  O'fTouI  ,  c'eft-à-dire,  Princi- 
pes &  Fondemens  de  la  Loy  Mufulmanne. 

Tome  IL        -  1î  b  b  b  MARASSA, 


5<5a  M  A  R  A  S  S  A.  M  A  R  D  A  U'  I  G  E. 

MAR  ASS  A,  Ville  de  la  Province  de  Vankara,  dans  le  pays  des  Soudan  ou 
Ncf^res.  Cette  Ville  ell  fituée  dans  une  diftancc  égale  de  ûx  journées  entre 
Sokmara  .&  Tirkhi,  félon  Edriflî. 

MARASSED  alatblaâ  ala  efma  alamkenat  v  Ibekââ.  Cell  le  nom  d'urh 
Diftionnaire  Géographique  ,  compolé  par  Safieddin  A  bdalmoumen  ben  •  A'b- 
deihak. 

MARAT  aladeb.    Le  Miroir  des  bonnes  mœurs  &  des  lettres  humaines.  Li- 
vre compofé  par  Ahmed  Ben  A'rab  fchah,  Auteur  du  Livre  intitulé  A^giaïb  aU 
makdour  fi  Akhbar  Timour  ,   qui  cft  une  Hilloire  de  Tamerlan  ,  dans  laquelle- 
l'Auteur  fait  mention  du  Marat  aladeb. 

MARATE'  algazalan  filhaffan  algolaman.     Cefl  le  nom  d'un  Livre  peu  hon- 
ncftc,  duquel  nous  ne  mettrions  pas  même  le  titre,  s'il  ne  fe  trouvoit  dans  la 
Bibliothèque  Royale,  n*'.  1159-     Schamseddin  al  Nahouaï  en  eft  l'Auteur.     11: 
eft  divifé  en  cinq  Chapitres,  tirez  de.  divers  autres  Auteurs. 

M  ARDAS  Salch,.fils  de  Mardas ,  qui  fut  furnommé  Affad  eddoulat,  c'eit- 
à-dire,  le  Lion  de  la  Principauté.. 

Il  étoit  Kelabite  d'origine ,  c'eil-à-dire ,  d'une  Tribu  des  Arabes  qui  portoient 
ce  nom,  dont  il  étoit  le  Chef.  H  vint  en  Syrie,  environ  l'an  415  de  l'Hegire, 
avec  les  Arabes,  &  s'empara  de  la  Ville  d'Alep  ,  où  commandoit  pour  lors  un 
Gouverneur  de  la  part  de  Dhaher  ,  Khalife  des  Fathimites  en  Egypte.  Mais  il 
ne  put  jouïr  de  cette  Principauté  que  trois  ans;  car  il  fut  tué  dans  un  combat 
que  luy  livra  Bouzekin,  Général  d'armée  du  même  Khalife. 

De  ce  Saleh,  fils  de  Mardas,  la  Maifon  ou  la  Dynartie  des  MardafTides  ,  qui 
ont  régné  dans  Alep  &  dans  une  grande  partie  de  la  Syrie,  a  pris  fon  origine. 

Il  y  en  a  qui  donnent  quatre,  ans  &  quelques  mois  de  règne  à  Saleh,   qui. 
fut  tué  Tan  420  de  l'Hegire. 

Ces  Sultans  Marduflides  ou  Mardafchides ,  comme  quelques-uns  les  appellent,, 
après  avoir  repris  Alep  fur  les  Khalifes  d'Egypte  ,  jouirent  de  cette  Principau- 
té environ  cinquante  ans.    Il  y  en  eut  parmy  eux  de  très-fçavans  &  très-libe- 
raux  envers  les  gens  de  lettres  ,  tels  que  furent  Mahmoud  ,   furnommé  Azz'ed- 
doulat  &  fon  fils  Naffcr. 

Le  dernier  de  ces  Princes  fut  Amin  Sabek ,  qui  commença  fon  règne  l'an  468 , . 
&  qui  perdit  enfin  Alep  l'an  472  de  l'Hegire. 

Les  Mardailîdes  font,  fouvent  appeliez  par  les  Hiltoriens  les  Kelabitcs,  à  cau-- 
fe  de  leur  origine. 

MARDAU'IGE,  fils  de  Raïaz  ,  fils  de  Mordanfchah.  Il  étoit  Mage  ou. 
Zoroaftricn  de  Religion  Ôi  Dilcmite  de  Nation,  &  avoit  un  frère  nommé  Vafch- 
makin. 

Ils  étoient  tous  deux  fi  braves  qu'ils  fc  rendirent  Maîtres,  non-feulement  de 

la  Province  de  Dilem  ,   qui  avoit  des  Rois  particuliers  de  la  race  de  Vafclou- 

dan;  mais  encore  de  celles  de  Ghilan ,  de  Thabareftan  &  de  Mazanderan,  dans 

lefquelles  Marddûige  prit  lé  titre  de  Sultan. 

MiU-d-K^ige,    après  avoir  acquis  une  fi  grande  puiiTance ,  attaqua  les  Provinces = 

d'ira.- 


M  A  R  D  I  N. M  A  R  E  B.  ^63 

dlraque  &  de  Fars,  c'eft-à-dire ,  de  la  Haute  Perfe,  &  de  la  Perfe  propre iTiciit 
•dite ,  &  que  l'on  pourroit  appeller  Méridionale  ,  à  l'égard  de  l'Iraquc  Perfique 
■qui  eft  Septentrionale. 

Ce  fut  dans  cette  expédition  que  les  enfans  de  Bouiah  commencèrent  à  pa- 
roître  ;  car  ils  firent  de  fi  belles  aélions  pendant  cette  guerre  ,  qu'ils  méritè- 
rent de  poiTéder  les  premiers  emplois  de  la  Milice,  &  ce  furcnt-là  les  premiers 
pas  qu'ils  firent  pour  monter  jufqu'à  la  Souveraineté ,  où  ils  parvinrent  peu  de 
tems  après. 

Mardaùige  cependant,  qui  portoit  le  titre  de  Roi  de  Dilem  ,  fut  tué  par  un 
de  fes  efclaves,  nommé  Jakhem  le  Turc,  dont  il  efl  parlé  dans  le  titre  du  Kha- 
life Rhadhi. 

Vafchmakin  fucceda ,  après  la  mort  de  fon  frère  Mardaùige  ,  à  la  Couronne 
de  Dilem  &  de  prefque  toute  la  Perfe  l'an  323  de  l'Hegire.  Foyez  le  titre 
'de  Biiiah.  « 

MARDIN,  Ville  de  Mefopotamie,  fituée  fur  le  bord  du  Tigre  entre  Mo- 
ful  &  Bagdet.  Cette  Ville  ,  qui  a  encore  aujourd'huy  fon  Archevêque  par- 
ticulier ,  dépendant  du  "Patriarche  d'Antioche  de  la  Nation  Syrienne , 
fut  prife  &  faccagée  par  Tamerlan  ,  l'an  796  de  l'Hegire.  Mais  fon  Château, 
qui  eft  très  -  fort ,  après  avoir  foûtenu  un  très  -  long  fiége  ,  obligea  Tamerlan  à 
le  lever. 

Ce  Conquérant  s'en  rendit  pourtant  enfuite  le  Maître  ,  &  fit  prifonnier  le 
Sultan  Al  Malek  Al  Dhaher  ,  qui  y  commandoit ,  auquel  cependant  il  donna 
quelque  tems  après  la  liberté,  félon   le  rapport  d't''bn  /\rabfchali. 

Cette  Ville  a  donné  plufieurs  Auteurs  au  Mufulmanifrae ,  qui  ont  tous  por- 
té, à  caufe  de  leur  naillance,  le  furnom  de  Mardini. 

MARDI  NI,  furnom  d'Ali  Ben  Othman  Ebn  Al  Turkmani ,  qui  eft  Au- 
teur du  Livre  intitulé  Bahagiar  alarib,  c'eft-à-dire,  l'éciaircifTement  des  dou- 
tes ,  particulièrement  fur  la  Religion  Mufulmane.  Il  mourut  l'an  750  de  Triegire. 

Abou  A'bdallah  Schamfeddin  Mohammed  eft  appelle  communément  Sabth  Al 
Mardini.  II  a  compofé  plufieurs  Ouvrages  &  plufieurs  Commentaires  fur  la 
Loi.  Son  Commentaire  fur  la  Ivjokkademat  filferaïd,  fe  trouve  dans  la  Biblio- 
thèque Royale,  n^.  718,  &  un  autre  fur  les  Fofïbul  almehemmat  d'Ebn  Al 
Haim,-n'.  711.    Cet  Auteur  mourut  l'an  880  de  l'Hegire. 

Il  y  a  encore  un  autre  Mardini,  mort  l'an  788,  duquel  on  a  le  livre  intitulé 
Akhbar  alâïan,  qui  font  des  Vies  des  Hommes  Illuftres. 

Sabth  Al  Mardini  a  fait  auffi  un  petit  Traité  ou  Reflalet ,  intitulé  Efcharat 
fi  êlm  v  àml  almukantarat.     C'eft  un  Traité  dé  l'Aftrolabe. 

MARDOUIAT.  Ebn  Mardouiat,  Auteur  d'une  Hiftoire  de  la  Ville  d'Ifpa- 
han,  appellée  ordinairement  Tarikh  Ebn  Mardouiat. 

MAREB,  Ville  de  la  Province  de  l'Iemen  ou  Arabie  Heureufe ,  apparte- 
nante à  la  petite  Province  appellée  Hadhramûth  ,  qui  eft  VAdramytena  de  Pto- 
lemée. 

Plufieurs  Géographes  croyent,  que  cette  Ville  eft  l'ancienne  Saba ,  où  regnoit 
Balkis,  que  nous  appelions  la  Reine  de  Saba  ,  &  que  cette  Ville  ayant  été  détruite, 
Mareb  fut  bâtie  fur  fes  ruines  ou  dans  fon  Voifinagc.     Voyez  Saba. 

Bb  bb  2  MA'REF, 


5^4  M  A'  RE  F.  —  M  A  R  G  H  ï  N  A'  N  I. 

MA'REF.    Ouvrage  Grammatical  de  la  Langue  Aribiquc  d'Esfahani  ,  corn-» 
nienté  par  Maulana  Mailbud.     Il  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale ,  n".  901. 

MA"  RE  FAT  Al  Sahabah.     Traité  d'Ebn  Hagiar  ou  Catalogue  des  Compa- 
gnons de  Mahomet,  qui  font  morts  en  Egypte. 

M  A' RE  FAT  Al  Corrâ  âlal  Thabacat  v  alalTar.      Catalogue  des  Lefteurs  de 
l'Alcoran,  diflribuez  par  Clafles  &  félon  le  tems  qu'ils  ont  vécu  ,   compofé  par 
Schams  eddin  Abou  A'bdallah  Addhahebi.  .  Il  eft.dans  la.  Bibliothèque  Royale.    . 
Voyez  Thabakat  AI  Corrâ. . 

MA'RKFAT  Al  Taouarikh  ou  Mârifet  al  Tevarikh.  Livre  des  diverfes  Epo- 
ques &  autres  Caraftères  Chronologiques ,  écrit  en  Langue  Perfienne  par  le 
Sultan  Vlug  13eg.  » 

MARESSL    Surnom  d'Aboul  Abbas,  Difciple  &  SuccelTeur  de  Schadhelr. 

MA  RESTA  NI.  Surnom  d'Un  Cadis,  Auteur  d'un  de  ces.  Ouvrages  qui  font 
nommez  Amaii.  Voyez  ce  titre.  Ls  mot  de  Mareflani ,  en  langue  Teriienne., 
fi<ïnifie  proprement  un  Hofpitalier  ou  Intendant  d'Hofpital.  . 

MARG.  Ce  mot,  dont  le  plurier  efl  Moroug  ,  fignifie  en  Arabe  une  prai- 
rie, &  s'appliquent  l'un  &  l'autre  .métaphoriquement  à  plufieurs  Ouvrages ,  dont 
il  fait  le  titre.     Voyez  Moroug. 

MARG  alnadher  v  Argal  âther.  Livre  qui  traite  des  plaifîrs  fenfuels  da 
l'Amour,  du  Vin,  de  la  iViufique,  des  Chanfons,  des  Bains,  &c.  L'Auteur  de 
cet.  Ouvrage  eft  Je  Scherif  Ai  Soioathi  ,  lequel  traite  ces  matières  pour  démê- 
ler ce  qui  efl  permis  ou ,  défendu  de  ces  chofes  par  la.  Loy  Maliometane.  Il- 
efl  .dans  la  , Bibliothèque.  Royale,,  n^.  67  &,  1066. 

MARG  Dabek,  Ville  de  Syrie,  où  Soliman  ,  fils  d'A'bdehnelek ,  vint  cam- 
pjer  pour  s'oppofer  à  l'armée ,  des  Grecs. 

MARG  Rahet.  Lieu  particulier  de  la  Syrie  afTez  près  [du  Monaftère  de, 
faint-Simeon..    Ce  mot  fignifie  en  Arabe  Prairie  délicieufe.. 

M  ARGHINAN,  Ville  de  la  Province  Tranfoxane,  qui  a  été  autrefois  la 
Capitale  d'un  grand  Pays,  où  Ilek  Khan  a  régné.  Elle  efl  aujourd'huy  des  dé-, 
pendances  de  la  Ville  de  Farganah. 

MARGHINANI,  natif  de  la  Ville  de.  Marghinan.  C'efl  le  furnom  da 
Borhaneddin  Ali ,  fils  d'Aboubekr ,  grand  Jurifconfulte  des  Mufulmans ,  qui  mou- 
rut l'an  591  de  l'Hegire.  . 

II. efl  Auteur  d'un  Livre  fort  celè'ore,  intitulé  Hedaiat  fil  forôu,  c'eft-à-dire ,• 
Inflruftion  fur  le  Droit  Civi!  &  Canonique  des  Mufulmans,  qui  a  été  commen- 
té par  plufieurs  Auteurs.  Cet  Ouvrage  efl  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n°.  634.. 
Mais  fort  imparfait. 

Le  même  Auteur  campofa  aufli,  en  faveur  de  fes  Neveux,  un  a»tre  Livre,' 

inti-  - 


MARGIAN  M  A  R  lA  H.  s^s 

intitula  Mokhtar  alfataoui ,  qui  eft  un  Recueil  de  Décifions  Juridiques,  qui  fe 
trouve  aulTi  dans  la  bibliothèque  Royale  N   638. 

Ily  a  auflî  un  autre  Ouvrage,  intitulé  Bedaiat  almobtadi,  c'eft-à-dire ,  In- 
ftruftion  pour  ceux  qui  commencent  leurs  études,  attribué  à  Abou  HalTan  Al 
Marghinani,  qui  mourut  l'an  593. 

Nous  avons  auflî  un  Livre,  intitulé  Akdhiat  Al  Réflbul  >  c'efl-à-dire ,  Chofes 
décidées  par  Mahomet,   dont  l'Auteur  efl  Ali  bcn  A'bderrazzak  Al  Marghinani. 

Tous  ces  Ouvrages  paroilîent  être  du  même  Auteur  qui  eft  cotté  en  pre- 
mier lieu. 

MARGIAN.    Ce  mot  fignifie  en  Arabe,  du  Corail. 

C'eft  auffi  le  nom  d'un  Peuple,  &  d'une  Province  Septentrionale,  dont  la 
Capitale  porte  le  nom  d'Urgian  &  Burfchan.  Al  Bergcndi  dit  dans  fa  Géogra- 
phie qu'il  ne  refte  aucun  veftige  de  cette  Nation.  Cependant,  il  femble  que 
ce  foientles  mêmes  que  Burgian  &  Burzugian  qui  font  les  Burgufiones  &  Dur- 
gundîoneSf  que  nous  appelions  aujourd'huy  Bourguignons,  peuple. qui  vient  ori- 
ginairement du  Septentrion  ou    du  Nort.  f^oyez  Iki  Kardafch. 

MARGIAN.  Abou  Margian  Mohammed  Ebn  HarbAl  Halabi,  natif  d'Ha- 
lep ,  eft  l'Auteur  d'une  efpece  de  Poëme  nommé  par  les  Arabes  Arzougiat-, 
qu'il  a  ■  corapofé ,  fi  mekhareg  alhorouf ,  c'eft-à-dirc,  fur  les  Myflères  &  Secrets^ 
cachez  fous  les  Lettres  Arabiques.     Cet  Auteur  mourut  l'an  581.  de  l'Hegire, 

MARL  Surnom  de  Zhohak,  Roy  de  Perfe  dé  la  première  Dynaflie.  Ce 
Prince  fut  ainfr  furnommé  à  caûfe  de  deux  ulcères  qu'il  avoit  aux  épaules  que 
l'on  croyoit/être  deux  Serpens,  parce  qu'il  faJloit  "leur  appliquer  tous  les  jours 
de  la.  chair  humaine  qu'ils  confumoient. 

Zhohak  efl'  auffi  furnommé  Egdcha ,  pour  le  mêm.e  fujet  ;  pgrce  que  ces  deux^ 
mots,  Mar  &  Egdeha,  fignifient  en  Perfien  un  Serpent  ou  un  Dragon,  &  la 
maladie  de  Zhohak  étoient  deux  Cancers  qui  le  devoroient. 

MARI,  ou  Meri  ou  Mon".  Surnom  de  Schems  eddin  fils  d'Abderrahïm,  Au- 
teur d'un  Livre,  intitulé  Alafchkâl  alfchabehat ,  qui  eft  un  Traité  des  figures-,' 
images  &  peintures. 

Le  même  nom  eft  celuy  auffi  d'un  Saléh  ou  Saint  Mufulman,  dont  Jafèi  a 
donné  la  Vie  dans  la  feélion  160  de  fon  Hiftoire.  L'on  trouve  fon  nom  écrit 
fouvent  Mra-ri  &  Morri.,  ' 

MARI.  Ebn  Mari.  Surnom  d'Iahia  Ebn  Sâïd,  Médecin  Chrétien,  Auteur 
de  foixante  Mekalat  ou  Difcours  fur  diverfes  matières  de  fciences.  11  vivoit 
fous  le  Khalifat  de  Nailcr  l'Abbaffide. 

MARI  A  H.  Nom  d'un-  Auteur  Ancien  que  Giàouberî.  cite  dans  fa  Préface. 
Voyez  Giaouberi. 

MARI  A  H.  PrincefTe  des  Arabes  de  La  Dynaftie  des  Hemiarites,  laquelle 
mourut  de  faim  au  milieu  de  plufieurs  joj'aux  d'un  prix  ineftimable,  au  prix' 
defquels  elle  ne  put  avoir  de  quoy  ie  nourrir,  tant  étoit  exccffive  la  famine  dont 
fon  Etat  étoit  affligé.  Les  pendans  d'oreille  de  cette  Princclle  paflent  en  Pro- 
verbe parmy  les  Arabes  pour  des  porl'^=  d'un  très -grand  prix. 

Bbbb  3  II 


Sè6  MARIS  MARMARA. 

Il  faut  voir  ce  qui  regarde  la  glorieufe  Marie ,  Mère  de  J.C.dans  le  titre  deMirîam. 

MARIS.   Bourgade  d'Egypte  de  laquelle  le  Doôleur  Mariffi  tiroit  fon  furnom, 

■  MA  RIS  SI.  Ceft  le  furnom  de  Bafchar  Ben  A'ïâth  Ben  A'bdarrahman ,  qui 
pafle  parmy  les  Mufulmans  pour  un  infigne  Dofteur  dans  leur  Loi  &  pour  grand 
Philofophe^  Il  fut  Difciple  d'Abou  Jofef  qui  le  chalTa  honteufement  de  fon 
Ecole.  Mariflî  cependant  ne  lailfa  pas  d'y  retourner  dès  le  lendemain ,  &  dit 
qu'il  avoit  receu  cet  affront  comme  une  très  -  grande  faveur  de  la  part  dé  fon 
Maître. 

Ce  Doreur  introduifit  plufieurs  nouveautez  dans  le  Mufulmanifme  &  permit 
entre  autres  chofes  de  manger  de  la  chair  d'Afiion,  en  quoy  il  fut  fuivi  par 
Ifmael  Al  Bokhari,  autre  fameux  Dofteur  qui  fut  fon  Difciple. 

On  met  ce  Do6leur  au  nombre  des  Motazales  les  plus  feveres,  c'cffc-à-dire  de 
ceux  qui  donnoient  plus  à  la  Liberté  qu'à  la  Grâce.  Aufïï  paffe-t-il  pour  avoir 
innové  beauc.oup  de  chofes  dans  la  Théologie  Scholaflique  ou  Metaphyfique 
des  Mufulmans. 

-  MARKATHA.  Ville  d'Ethiopie  fort  petite;  mais  bien  peuplée,  fituce  fur 
un  ^rand  fleuve  ,  lequel  ayant  fa  fource  au  Midy ,  prend  fon  cours  entre  le' 
Septentrion  &  le  Couchant,  &  vient  .fe  décharger  dans  le  Nil  auprès  de  la 
Ville  d'Uak. 

Elle  effc  éloignée  de  fix  journées  de  la  Ville  de  Nagiaga  au  de -là  de  laquelle 
il  n'y  a  plus  aucune  habitation  vers  le  Midi.    • 

Ses  Habitans  ne  vivent  que  d'orge,  de  poiffons  ,  &  de  laitages,  &  n'ont 
point  d'autre  Commerce  qu'avec  la  Ville  d'Ilak  en  Nubie  qui  en  eil  cependant 
éloignée  de  trente  journées.  Car  c'eft-Ià  que  les  Marchands  de  la  Ville  de 
Zaleg ,  fituée  fur  la  mer  Rouge ,  apportent  leurs  marchandifes. 

MARKION.  C'eft  le  nom  d'un  Hérétique  qui  nous  efl  aiïez  connu.  Il 
vivoit  dans  les  premiers  temps  de  TEglife,  &  fe  qualifioit  le  Prince  des  Apô- 
tres de  J.   C. 

Cet  Impie,  au  rapport  de  Ben  Batrik,  admettoit  trois  Dieux;  le  Bon,  le 
Mauvais,  &  un  troiîièrae  qui  participoit  de  la  nature  des  deux  premiers. 

-  MARKOUS.  Saint  Marc  que  les  Mahometanâ  même  reconnoiffent  pour'un 
des  quatre  Evangeliiles ,  qui  n'a  point  vcu  J.  C.  &  qui  fut  fait  Chrétien  par 
Saint  Pierre  l'Apollrc.     Foycz  le  titre  d'Eiigil  qui  efl  Evangile. 

MARMARA.  Les  Turcs  appellent  la  Propontide,  Marmara  dcgnizi,  c'efl- 
•à-dire,  la  mer  de  Marmara;  mais  plus  communément,  Ak  Degniz  ,  qui  lignifie 
Mer  Blanche,  nom  qu'ils  ont  pris  du  Grec  vulgaire,  Afprothalaffa ,  pour  la  di- 
flinguer  de  la  Mer  Noire,  qui  efl  au  de -là  du  Bofphore  de  Thrace,  &  que  les 
mêmes  Grecs  appellent,  Mavrothalalîli. 

Nos  Géographes  Modernes  veulent  qu'elle  tire  ce  nom  de  Marmara  ou  Mer- 
racra,  du  marbre  qui  fe  tire  des  Ifîes  de  cette  mer,  &  que  les  Turcs  appellent 
en  leur  langue ,  Mermer.  Il  faut  pourtant  remarquer  que  le  mot  d'Akdcgni/. 
n'ell  pas  tellement  propre  à  la  Propontide,  qu'il  ne  fe  communique  encore  à 
l'Archipel  Foy(;z   Mermer. 

MARMARI. 


M  A  R  M  A  R  I M  A  R  O  U  N.  gej 

M  ARM  A  RI,  Surnom  de  Schamfeddin  Mohammed  qui  eft  Auteur  d'an  Ar- 
zougiat,  c'efl-à-dire  d'un  Potme  fur  la  Zaïragie.  Il  eft  dans  la  Bibl,  Royale 
nuili.    1015. 

MARNABA.  C'eft  le  nom  d'uiîe  des  Villes  de  Tlfle  de  Serandid  ou 
Zeilan. 

MAROUBA.    Autre  Ville  delà  même  Ifle. 

MAROUN.  Nom  d'un  Moine,  ou  Abbé,  lequel  vivoit  du  temps  de  l'Em- 
pereur  Maurice,  &  qui  foûtint  qu'il  y  avoit  véritablement  deux  natures  en  Je- 
llis  -  Chrift ,  contre  le  fentiment  d'Eutyches  &  de  fcs  Sénateurs  ;  mais  qu'il  n'y 
avoit  qu'une  feule  volonté  &  une  feule  opération,  de  même  qu'il  n'y  avoit 
qu'une  feule  pcrfonne. 

Ce  Moine  eut  plufieurs  Sénateurs  qui  fe  répandirent  en  Syrie  dans  les  Villes 
de  Hamah ,  de  Kennaflerin  &  d'AoualTem  ,  &  prirent  le  nom  de  Marounioun , 
que  les  Arabes  appellent  auffi-  Maouarna ,  &  c'eft  de  ces  gens  -  là  que  la  Sedle 
des  Monothelites  prit  le  nom  de  Marouniah. 

Après  que  Maroun  fut  mort,  fes  Dilciples  luy  bâtirent  un  Monaftere  &  une 
Eglife  dans  la  Ville  de  Hamah,  &  ce  lieu  a  été  toujours  appelle  depuis,  Dcïr 
Maroun.  Ce  fut  dans  ce  Monaftere  que  l'Empereur  Heraclius  fe  retira  lorfque 
les  Habitans  de  Heras ,  ou  d'Emelfc ,  lui  refuferent  l'entrée  de  leur  Ville  à  caufe 
qu'il  étoit  Maronite,  c'cft-à-dire,  Monothclite.  Heraclius  fit  de  grands  prefens 
à  ce  Monaftere,  &  donna  une  fi  haute  proteftion  aux  Maronites,  que  leur  SqQ-q 
fe.  multiplia  beaucoup  pendant  fon  règne. 

Cyrus,  Patriarche  d'Alexandrie,  ayant  embrafle  l'opinion  des  Maronites,  So- 
phronius,  Moine  d'Alexandrie,  s'oppofa  à  luy;  mais  Cyrus  luy  répliqua  qu'Ho- 
norius  Patriarche  de  Rome,  &  Sergius  Patriarche  de  Conftantinople,  étoient  de 
fon  fentiment,  &  qVil  fuffifoit  d'admettre  deux  Natures  en  Jefus- Chrift,  fans 
qu'il  fut  befoin  de  contefter  s'il  y  avoit  ime  ou  deux  Volontez  dans  fa  perfonne 
facrée.  Ce  fut  ainfl  que  le  fentiment  de  l'Eglife  demeura  fufpendu  &  indécis 
pendant  l'eipace  de  quarante  fix  ans. 

Cependant  Sophronius,  qui  s'étoit  oppofé  ;'i  Cyrus,  ayant  été  élevé  à  la  dignité 
Patriarchale  de  Jerufalem  ,  avança  un  autre  fentiment  bien  particulier;  car  il 
foûtint  qu'il  ne  falloit  pas  dire  une  Nature  double  en  Jefus -Chrift,  parce  que 
ce  qui  eft  double  regarde  la  perfonne. 

Théophile  d'Edeflc,  grand  Aftronome  qui  vivoit  dans  ces  temps -là,  embraffk 
la  Se£le  des  Maronites  qui  fleurilibit  alors. 

Les  Maronites  ou  Monothelites  ayant  efté  enfin  condamnez  dans  le  fixième 
Concile  Oecuménique,  tenu  à  Conftantinople  fous  l'Empereur  Conftajitin  Pogo- 
nate,  l'an  681  de  J.  C.  ils  furent  chaifez  de  la  plupart  des  Villes  de  Syrie  & 
obligez  de  fe  retirer  dans  les  Moncagnes  du  Liban  &  de  TAntiliban,  &*  ils  ont 
formé  comme  une  Nation  particulière.  Ce  font  ceux  que  nous  appelions  au- 
jourd'huy  AJaronites,  &  qui  font  maintenant  fort  Catholiques  &  reconnoifl'ent 
même  le  Souverain  Pontife. 

Cette  Nation  divint  fort  belliqucufe,  de  forte  que  Selim  fécond,  Sultan  des 
Othmanides,  entreprit  fort  inutilement  de  les  forcer  dans  leurs  Montagnes, 
l'an  981.  Mais  ils  furent  enfin  fubjuguez  fous  Amurat  troifième  du  Nom  par 
Ibrahim,  Bafcha  du  Caire,  l'un  95(2. 

MAROUN» 


M  A  R  O  UN  M  A.R  V  A  N. 

MAROUN.  Nom  d'un  Emir  ou  Seigneur  principal  de  la  Ville  d'Antioch© 
lequel  vifita  folemnellemcnt  la  lainte  Croix  qui  étoit  en  Hierufalem ,  avec  fa  fem- 
me Marie  &  fes  enfans.  Saint  Ephrem  a  fait  un  Difcours  exprés  fur  les  mira- 
cles qui  fe  firent  alors  par  la  prefence  de  la  fainte  Croix,  t^oyez  le  titre  >  de 
Salib. 

MA'RRAH.  Petite  Ville  du  territoire  de  Hems,  ou  Emefle  en  Syrie,. liui 
s'eft  rendue  célèbre  par  la  naiffance  qu'elle  a  donnée  au  fameux  Poëte  nommé 
Abou  i'Ola,  lequel  eft  furnommé  Al  Tenoukhi  Al  Mâarri,  à  caufe  qu'il  étoit 
originaire  de  la  Tribu  Arabique,  appellée  Tenoukh,&  natif  de  la  Ville  de  Mâr- 
rah.  f^oyez  le  Monaftere  de  faint  Simeon. 

MARRI,  natif  de  la  Ville  de  Mâra,  furnom  d'Abou  l'Ola.  .Foysz  le  nom 
de  cette  Ville. 

'MARS.  Beït  Mars.  Ancien  Temple  d'Idolâtres,  rempli  d'un  grand  nombre 
de  Pagodes  ou  Idoles,  dans  le  voifinage  de  la  Ville  d'Ifpahan.  Ce  lieu  fut  con- 
verti en  Pyrée  ,  c'eft-à-dire,  en  un  de  ces  Temples,  où  les  Ignicoles,  à  fçavoir, 
les  Adorateurs  du  feu,  confervoient  religieufement  &  reveroient  leur  feu 
facré. 

MARS.  Ce  mot  rignffîe  en  Arabe  un  Port.  Mars  alkebir,  le  grand  Port, 
JNom  d'un  Château  fitué  fur  la  côte  de  la  Barbarie  entre  la  Ville  d'Alger  &  le 
Détroit.    Il  eft  bâti  fur  une  roche  ifolée,  vis-à-vis  de  la  Ville  de  Vêlez. 

C'étoit  autrefois  une  fameufe  retraite  de  Corfaires.  Garcia  de  Tolède,  Capi- 
taine Efpagnol,  la  prit  l'an  970  de  l'Hegire  qui  eft  l'an  1562.  de  J.  C.  Les  Éf- 
pagnols  appellentce, lieu -là  vulgairement  Marzalquivir,  &  la  Ville  de  Veléz, 
£1  Penon. 

MARSCHAB.  Livre  de  Médecine  attribué  à  Tamimî.  Ebn  Beithar  le 
cite  dans  fon  Livre,  intitulé  Mogni  au  titre  de  l'efpecc  de  Myrte,  nommé  As 
alkofrouani. 

M  ART  A  K  END.  Nom  d'un  Perfonnage  Perïlen  duquel  il  eft  fait  mention 
dans  le  Tahmuras  Namch.  Il  n'y  a  presque  point  de  doute  que  le  nom  Hé- 
breu Mordekhaï  n'ait  été  formé  ou  corrompu  par  les  Juifs  de  ce  nom  Perfien. 
C'eft  Mardochée ,  oncle  &  père  nourrilîicr  de  la  Reine  Efther,  dont  le  nom  pa- 
reillement eft  Perfien.     P'oyez  le  titre  de  cette  Reine. 

MARUTHA.  Ceft  le  nom  d'un  Evêque  de  Miafarekin  en  Syrie,  fort  renom- 

•  mé  pour  fa  fainteté.    Il  fut  envoyé  par  l'Empereur  Theodofe  le  jeune  en  Am- 

baflade  à  Jezdegird,  Roi  de  Perfe,   &  il  prit  occafion  de  cette  Ambaflade  pour 

prêcher  la    Foi  Chrétienne   dans    les  Etats   de  ce    Prince,   où  elle   fit  grand 

Progrès. 

MARVAN,  premier  du  nom.  Il  étoit  fils  de  Hakem,  &  fut  le  quatrièmte 
.Khalife  deff  Mufulmans  de  la  Maifon  d'Ommiah  ,  &  fucceda  à  Moavie,  fé- 
cond .çlu  uom. 

D 


M    A    R    V    A    N      I    I.  569 

Tl  ne  fut  pas  reconnu  d'abord  dms  l'Arabie  ni  dans  J'Egypte,  parce  qu'Ab- 
dallah fils  de  Zobeïr  y  avoit  été  proclamé  Khalife.  Mas  après  qu'il  eut  défait 
Zhohak,  General  d'Abdallah,  qui  s'étoit  avancé  jufqu'en  Syrie,  il  fut  reconnu  gé- 
néralement par  toutes  les  Provinces  du  Mufulmaniime. 

Après  la  défaite  de  l'armée  d'Abdallah  fils  de  Zobijïr,  Marvan  eut  encore  à 
faire  avec  plufieurs  Chefs  de  la  Secle  d'Ali  qui  demandoicnt  fans  ceff^  la  van- 
geance  de  la  mort  de  Hoilaïn  fils  d'Ali,  comme  nous  avons  déjà  veu  dans  le 
titre  de  cet  Iraara.  Ces  Alides  étoient  fuivis  aveuglement  par  les  peuples  de 
riraque  Arabique  ou  Chaldée ,  &  les  'Villes  de  Coufah  &  de  Baffbra  les  pro- 
tegeoient.  Cependant  le  Khalife  Marvan  reduifit  tous  ces  mutins  par  la  force 
de  fes  armes  &  lalifa  après  fa  mort  fon  fils  Abdalraelek  en  pleine  poflTeffion  du 
Khalifat. 

Il  faut  remarquer,  qu'après  la  mort  de  Moavie,  Marvan  avoit  été  élu  Kha- 
life avec  cette  condition  que  Khaled  fils  d'Iezid  luy  fuccederoic  à  re.xclufion  de 
fes  propres  enfims  &  que  Khaled  avoit  refufé  le  Khalifat  à  caufe  de  fa  trop 
grande  jeunefle.  C'eft  pourquoy  Marvan,  pour  mieux  affurer  fa  fucceffion  à 
Khaled,  époufa  fa  mère  qui  étoit  veuve  du  Khalife  jczid. 

Cependant  Marvan  ayant  depuis  changé  d'avis  voulut  que  fa  fucceffion  pas- 
faft  à  fes  propres  enfans ,  à  l'xclufion  de  Khaled.  Pour  cet  effet ,  il  fit  pro- 
clamer A'bdelmelek  fon  fils  aifné  pour  fon  fucccfleur  légitime  &  necefiaire. 

Khaled  fe  plaignit  hautement  de  cette  injuftice  de  Marvan  &celuy-cy  trans- 
porté de  colère,  l'injuria  en  l'appellant  Baftard;  ce  que  Khaled  ayant  rapporté 
a  fa  mère  qui  étoit  femme  de  Marvan,  cette  Dame  piquée  jufqu'au  vif  d'une 
telle  injure,  refolut  de  fe  vanger  &  de  procurer  à  Khaled  fon  fils,  tous  les 
avantages   qiîè  luy  donnoit  le  droit  qu'il  avoit  au  Khalifat. 

Quelques-uns  difent  qu'elle  avança  par  le  poifon  la  mort  de  fon  mari;  &  les 
autres ,  qu'elle  mit  un  oreiller  de  plumes  fur  fa  bouche  pendant  qu'il  dormoit ,  & 
qu'elle   fe  tint  affife  fur  luy  jufqu'à  ce  qu'il  fut  expiré. 

Ce  Khalife  mourut  l'an  65  de  l'Hegire ,  avrès  avoir  feulement  régné  dix  mois 
&  laifia  A'bdalmelek  fon  iils  pour  fuccelîeur.     Khondanir.    Ben  Scholinah. 

MARVAN  II.  du  nom.  C'eft  le  quatorzième  &  le  dernier  Khalife  de  la 
race  des  Ommiades.  Il  étoit  fils  de  Mohammed  &;  petit -fils  de  Marvan,  pre- 
mier du  nom  &  fut  éleu  &  proclamé  Khalife  fur  la  fin  de  l'année  127  dans  la 
Ville  de  Damas. 

Dès  l'an  128  qui  fut  le  fécond  de  fon  règne,  les  Provinces  du  Mufiilminif- 
me  commencèrent  à  fe  foûlever  en  faveur  des  Abbaffides  ;  car  Ibrahim ,  His  de 
Mohammed  fils  d'Ali  &  petit-fils  d'Mbas,  étoit  déjà  reconnu  fecretement  pour 
être  par   droit   de  fucceffion  légitime,  le  véritable  Khalife. 

L'an  129  Ibrahim,  dont  nous  venons  de  parler,  qui  portoit  le  titre  dlmam, 
fut  reconnu  publiquement  dans  le  Khoraflan ,  Abou  meflem  qui  étoit  un  des 
principaux  Fauteurs  &  Partifans  des  Abbaffides,  ayant  obligé  par  la  force  de  fes 
armes  tous  les  Gouverneui-s  de  cette  grande  Province  qui  y  avoient  été  établis 
par  Marvan,  de  prêter  le  ferment  de  fidélité  à  cet  Imam. 
^  Cependant,  l'année  fuivante,  qui  fut  l'an  130  de  l'Hegire,  Marvan  fit  enlever 
l'Imam  Ibrahim  qui  faifoit  fa  demeure  à  Hunaïn  dans  l'Iraque  Arabique,  &  le 
fit  mourir  auffi-toft  qu'il  l'eut  entre  les  mains,  &  il  eut  fait  la  même  chofc  k 
fes  frères,  s'ils  ne  fe  fuflent  échapez  &  fauvez  à  Coufah  où  leurs  amys  les 
ToiME  II,  Ce  ce  tinrent 


^fcf  M  A  R  VAN     II. 

tinrent  cachez  pendant  quelque  temps.    Ces  frères  étoient  Aboi'i  l'Abbas  &  Aboii 
Giafar  qui  furent  dans  la  fuite  les  deux  premiers  Khalifes  de  leur  Maifon. 

Marvan  eft  communément  furnommé  Al  Hemar,  c'eft-à-dire  l'Afne  ,    à  caufe 
qu'il  avoit  été  long-temps  Gouverneur  de  la  Mefopotamie  ,   où  les  Afnes  font 
fort  robulles  &  courageux,  en  telk  forte  qu'on  s'en  fert  même  à  la  guerre,  & 
qu'ils  ont  donné  lieu  au  Proverbe  Arabe  qui  dit:  Hemar  Elharb  làïehreb,  c'eft 
à- dire,  l'Afne  de  guerre  ne  fuit  point. 

Mais  Kbondemir  dit  que  le  fobriquet  de  Hemar  fut  donné  à  Marvan  à  caufe 
que  depuis  Moavie,  fils  d'Abou  Sorian  premier  Khalife  des  Omraiades,  jufqu'à 
Marvan  qui  en  fut  le  dernier,  il  s'écouloit  jullement  un  fiecle  que  les  Arabes 
appellent  en  leur  langue,  Hemar. 

La  première  raifon  de  ce  fobriquet  néanmoins  eft  la  plus  vray-femblable;  car 
il  eit  certain  que  C3  Khalife  eft  fouvent  qualifié  par  les  Hiftoriens  Arabes  du^ 
titre  de  Hemar  Algezirat,  ce  qui  fignide,  l'Afne  de  la  Mefopotamie. 

L'an  132  de  l'Hjgire,  A'bd.iUah  oncle  d'Abou  l'Abbas  Saffah,  d'Abou  Giafar 
Al  Manfôr  &  de  l'imim  Ibrahim  que  Marvan  avoit  fait  mourir  ,  s'avança  avec 
une  puiifante  armée  vers  celle  de  Marvan  qui  étoit  auprès  deMoful,  campé  en 
un  lieu  nommé  Tùbar,  où  il  attendoit  le  fuccés  de  fon  armée  de  Syrie  que  Cahta- 
bah ,  un  des  Généraux  des  Abbalïïdes ,  avoit  attaquée  auprès  de  l'Euphrate. 

Cihtabah,  un  des  plus  vaillans  hommes  de  fon  fîécle  ,  avoit  déjà  engagé  le 
combat ,  lorique  fon  cheval  le  porta  dans  l'Euphrate  qui  étoit  alors  débordé. 
Ce  General  fut  emporté  par  le  courant  des  eaux  &  y  périt ,  nonobftant  quoi 
fes  trouoes  ne  laiiierent  pas  de  combattre  &  de  vaincre  Jezid  Capitaine  Gene- 
ral de  Marvan. 

Marvan  ayant  appris  cette  méchante  nouvelle  déplora  fon  malheur  fur  ce  qu'il' 
avoit  été  vaincu  par  un  homme  noyé  ,  &  ne  perdant  pas  néanmoins  courage , 
refolut  de  donner  bataille  à  A'bdallah,  dont  l'armée  étoit  déjà  afiez  proche  de 
la  fiennc. 

Les  deux  armées  étoient  déjà  en  prefence,  lorfque  Marvan  étant  «à  la  tefte  de 
la  fiennc  &  reconnoiiîanC  celle  de  fes  ennemis  pour  commencer  le  combat,  fut 
obligé  de  defccndre  de  cheval  pour  épancher  de  l'eau.  Il  arriva  par  un  fécond 
malheur  beaucoup  plus  grand  que  le  premier,  qu'aufli-tôt  qu'il  eut  mis  pied  à 
terre,  fon  cheval  prit  le  frein  aux  dents  &, retourna  courant  d'une  grande  vitelTe 
jufqu'au  milieu  de  fes  troupes. 

Les  troupes  de  Marvan  effrayées  de  voir  le  cheval  du  Khalife  unis  fon  mai- 
ilre  ,  crurent  qu'il  avoit  écé  tué  dans  la  première  efcarmouche  ,  &  fans  prendre 
aucune  autre  connoillance  de  ce  qu'il  étoit  devenu,  elles  fe  débandèrent  &  fe 
mirent  en  pleine  déroute. 

Marvan  fit  tous  les  efforts  pour  les  rallier  &  les  rappcller  au  combat;  mais 
ce  fut  toujours  inudlemsnt,  de  forte  qu'il  ne  trouva  point  d'autre  remède  à  fa- 
difgrace,  que  de  fuir  vers.  Damas  qui  étoit  la  Capitale  de  fon  Empire. 

11  ne  fe  trouva  pas  plus  en  fureté  dans  cette  Ville  dont  les  Habitans  qui  le 
voyoient  defirmé,  le  mépriferent  &  l'abandonnèrent,  &  cette  défertion  l'obligea 
de  le  fauver  en  Egypte  où  il  fut  enfin  tué  dans  un  combat  qu'il  donna  contre 
fes  ennemis  qui  le  pourfui voient,  &  fa  tèce  fut  envoyée  à  A'bdallah. 

La  datte  de  cette  Catafirophe  de  la  fortune  des  Ommiades  fut  marquée  pai* 
le  mot  i\rabe  Kalb  ,  doat  les  trois,  lettres  K'àf,  Lam  6c.  Ueh  valent  132  ,  qui 

-  eft. 


M  A  R  V  A  N.  *==  M  A  R  Z  O  U  K.;;;  571 

«ft  le  nombre  de  l'année  de  l'Hegire,  dans  laquelle  Marvan,  fut  tué  &  le  Kha- 
îifat  des  Ommiades  aboli. 

Les  Arabes  difent  encore  au  fujet  de  la  chute  de  cette  Dynaftie  des  Ommia- 
des ,  que  la  Fortune  de  cette  Maifon  s'en  ell  allée  ,  Tcbaoulan  ,  c'efl-à-dire  en 
épanchant  de  l'eau,  à  caufe  de  l'accident  qui  arriva  à  Marvan. 

Les  Chrétiens  Arabes  rapportent,  que  Marvan  étant  en  Egypte  entreprit  de 
violer  une  Religieufe  Chrétienne.  Cette  fainte  Fille ,  pour  fe  défendre  de  cette 
violence,  dit  à  Marvan,  que  s'il  vouloir  bien  lui  conferver  fa  pudeur,  elle  lui 
donneroit  un  fecret  qui  lui  feroit  de  grand  ufage;  ce  fecret  étoit  un  onguent 
lequel  rendoit  la  partie  du  corps  qui  en  étoit  frottée,  invulnérable,  &  qu'elle 
en  feroit  l'épreuve  fur  elle  même.  Marvan  lui  ayant  donc  frotté  le  col  de  cet 
onguent  qu'elle  lui  donna,  il  lui  déchargea  enfuite  un  coup  de  fabre  ,  &  fit 
fans  y  penfer ,  en  lui  coupant  la  tête ,  une  Martyre  de  la  Chalteté. 

Ce  Khalife  étoit  fort  brave  de  fa  perfonne  ,  avoit  le  cœur  fort  magnanime 
&  paffoit  pour  très-grand  mangeur.  Il  régna  cinq  ans  ou  environ  ,  &  les  Ab- 
baflides  firent  mourir  après  fa  mort  tous  ceux  de  fa  Maifon  qu'ils  purent  avoir 
entre  les  mains.  Il  y  en  eut  un  cependant ,  lequel  s'étant  fauve  en  Egypte , 
de-là  en  Afrique ,  &  paiïant  en  Efpagne  ,  y  fonda  une  féconde  Dynàftie  des 
Ommiades,  qui  prirent  auffi  en  ce  pays-là  le  titre  de  Khalifes,  i^oyez  le  titre 
d'Ommiah  oh.  il  ell  parlé  des  enfans  de  Marvan ,  &  celui  du  Khalife  Hefcham , 
Tous  lequel  Marvan  conquit  le  pays  de  Derbend. 

MARVAN.  A'bdalmelek,  dit  Abou  Marvan,  qui  mourut  l'an  473  de  l'He- 
gire, eft  l'Auteur  d'une  Hifloire,  appellée  communément  Tarikh  Ebn  Marvan. 

MARVIN.  Ville  qui  a  donné  le  nom  à  une  des  Provinces  des  Indes  qui 
fut  conquife  par  Mahmoud  fils  de  Sebekteghin.    ^oyez  le  titre  de  ce  Sultan. 

MARZ.  C'ell  le  nom  d'un  Capitaine  General  des  armées  de  Noufchirvan, 
lequel  fut  envoyé  en  Arabie  dont  Noufchirvan  ,  qui  eft  Khofroés  fils  de  Co- 
bad,  étoit  le  Maiftre,  pour  faire  la  guerre  à  Mafrouk,  fils  d'Abrahah  Roy  des 
Abiiïîns  qui  polFedoient  alors  la  Province  d'Icmen. 

Ce  General  s'accompagna  de  Seïf  Ben  Dhoun  Izen,Roy  des  Hemiarites,  qui 
étoit  Vaffal  du  Roy  de  Perfe  ,  &  ayant  embarqué  feulement  fix  cent  hommes 
des  plus  braves  d'entre  fes  troupes  ,  vint  attaquer  Mafrouk  qu'il  tua  d'abord 
d'un  coup  de  flèche  qu'il  tira  à  un  rubis  que  Mafrouk  portoit  fur  fa  Tiare  ou 
Couronne.    Ben  Khondfchah  raconte  ceci  dans  la  vie  de  Mahomet. 

MARZ.  Ce  mot  qui  fignifie  en  Perfien,  Confins  &  Limites,  fe  prend  fou- 
vent  dans  la  même  langue  aulfi-bien  que  Marzeban ,  pour  un  Gouverneur  de 
Province  limitrophe  d'un  Royaume. 

Les  Arabes  fe  fervent  de  ce  même  mot  Marzeban  ,  pour  fignifier  la  même 
chofe ,  &  en  forment  un  plurier  ,  qui  eft  Marazebah.  Quelques-uns  croyent 
que  le  mot  de  Satrape  que  les  Grecs  &  Latins  donnent  aux  grands  Seigneurs  de 
Perfe,  eft  tiré  &  corrompu  de  ce  mot  Perfien  &  Arabe, 

MARZOUK.  Surnom  de  Mohammed  Ben  Alimed  Al  Telmefiiini  Al  Ma- 
leki.  C'eft  l'Auteur  du  Livre,  intitulé  Afchraf  Al  Thoraf  l'Ai  Maick  Al-Afchraf. 

C  c  c  c  2  Cet 


^^2  M  A  R  Z  O  U  K  1.  M  A  S  C  H  E:  H  A  D. 

Cet  Ouvrage  eft  un  Recueil  de  bons  mots  &  de  contes  agréables,  dedic  à  Ma- 
lek  Al  Afchraf,  Roy   d'Egypte.     Il  mourut  l'an  781  de  l'Hegire.. 

MARZOUKI.     Surnom    d'Abou  Ali   Mohammed  Ben   HofTaïn  furnommé 
auflî   Al  Ksfiihani.    C'cH:  le    nom  d'un  Do6leur   qui  fut  difciple  d'Ali  Al  Fadi 
&  contemporain  dAboul   Fadhl   Ben  Al   A'mid.,     C'eft  lui  qui  a   compofé  un 
Commentaire  célèbre  Par   un  Livre  encore  plus    célèbre  ,  intitulé  Alhamairah.. 
i'oyez  co  titre.     Nous  avons  encore  de  luy  un  Ouvrage,  intitulé   Alfaffih,  qui; 
cft  une  Philolbphie  Morale.     Il  mourut  l'an  370  de  l'Hegire. 

MAS.    Voyez  Aimas  &  Elmas  qui  fignifient,.  Diamant. . 

MASCIIAIOUN.  Les  Arabes  appellent,  ainfi  les  Philofôphes  Peripateti- 
ciens  defquels  ils  font  Platon,  &  non  pas  Ariftote,  le  Chef,  en  quoy  il  paroît 
évidemment  qu'ils  le  trompent ,  puifqu'ils  reconnoiflent  Platon  poui-  Auteur  de 
la  Sede  des  Philofôphes  qu'ils  appellent  Elahioun  ou  Divins. 
'  U  efi  vray  cependant  qu'ils  reconnoiflent  Arillote  pour  être  de  cette  même- 
Sefte,  à  caufe  qu'il  admet  un  premier  Moteur  ;  de  forte  qu'il  fcmble  que  les 
Mafchaïoun  ou  Peripateticiens  ne  foient  qu'une  fubdivifion  des  Elahioun  ,  ou 
Divins. 

M  A  S  C  H  A  H  A  L  L  A  H.  C'efl:  le  nom  ou  furhom  d\in  Auteur  qui  efl:  auflî 
qualifié  Al  Mefri,  qui  fignifie,  l'Egyptien.  Il  a  compofé  un  Ouvrage  dont  le 
titre  eft,  Ahkam  alkcranat  v  almomazegiat,  c'efl-à-dire ,  des  Jugemens  Aftrolo- 
criques  qui  fe  forment  fur  les  principales  conjon6lions  des  Planètes. 
"^  Ce  nom  de  Mafchah  allah  fe 'forme  de  trois  mots  Arabiques-  qui-  fignifient: 
Ce  que  Dieu,  veut;  nom  qui  étoit.fort  en  ufage  en  Afrique,  comme  il  paroît 
par  les  Ouvrages  de  faint  Auguftin  qui  addreflTe  une  de  ^qs  Epîtres  à  un  Evêque 
nommé ,  Quod  vult  Dcus. 

C'eft  aulTi  le  nom  d'un  Juif  qui  étoit  grand  Aftronome  &  qui  vivoit  fous  les 
Khalifes  Al  Manfor  &  Al  Mamon.  H  eft  peut-être  l'Auteur  du  Livre,  Ahkam 
aikeranat,  dont  on  vient  déparier, 

MASCHAREK.  alhadith   alnobouiah.     Livre  des  Traditions  Prophétiques, 
c'eft-à-dire ,  receu  par  les  Mufulmans  comme  étant  émanées  de   Mahomet  leur 
faux  Prophète.    Saghanani  en  eft  l'Auteur.     U.eft.  dans  la  Bibliothèque  Roya=- 
le  ,  n°.  674. 

MASCHAREK  alanouar.     Voyez  Sebti.. 

M  AS  CH  EH  AD  ou  Mefchehed.    Ce  mot  qui  fignifie  proprement  en  Arabe, . 
un  Lieu  où  eft  enterré  un  Martyr,  comme  autrefois  le  nom  de  hAtz^mptrov  en 
Grec,    eft  attribué,  par  les  Mufuimans  ,   aux  fepulcres  des  Imams  lefquels  ont 
été  tous  pour  la  plufpart ,  ou  tuez  ou  empoifonnez. 

La  'Ville  de  TJious  en  KhoralTan  a  perdu,  pour  ainfi  dire,  fdn  propre  nom 
pour   prendre  celui  de  Mafchehad,   à  caufe    que  l'Imam  Ridha,   fils  de  MoulTa 
Al  Khiadhcm ,  eft  enterré  dans  un  lieu  qui  eft  fort  proche  de  cette  Ville  ,^  où  ■ 
il  y  a  un  concours  extraordinaire  de  Pèlerins  qui  s'y  rendent  de  tous  les  cotez 
de  la  Perfe,  Voyez  ks  titres  de  ïhous ,   de  Mamon,  de  l'Imam  Ridha  &.du 

Sultaa , 


M  A  s  C  H  E  H  A  D.  ■  M  A  S  N  A  D.  573 

Sultan  Babur,  lequel  étant  venu  en  ce  lieu  qu'il  eftimoiC  faint,  pour  faire  péni- 
tence ,  y  fit  enfuite  une  débauche  doi:t  il  mourut. 

Les  Voyageurs  &  la  piufpart  de  nos  Géographes  Modernes  écrivent  Mexad, 
&  Mexat,  au  lieu  de  Mcfchchod  ,  nom  qui  a  pris  fon  origine  de  la  prononcia- 
tion Portugal  le. 

MASCHEHAD  Al  Imam.  Le  Sépulcre  de  Tlmara.  Nom  d'un  lieu 
Je  la  Chaldée  ou  Iraque  Babylonienne,  fitué  à  trois  journées  de  Bagdad  du  côté 
du  Midy  dans  la  campagne  de  Kerbela.  C'eft  le  lieu  de  la  fepulture  de  Hofîliin, 
fils  d'Ali ,  fi  fort  refpe>5lé  par  les  Perfans.  l^oytz  les  titres  de  Ragiaf  &  de 
Kûnbud  Faïz. 

Il  y  a  aufïï  auprès  de  la  Ville  de  Coufah  dans  la  mîmc  Province,  nommée 
Iraque  Arabique  ou  Babylonienne,  uîi  lieu,  nomme  MafchelKid  AH,  où  Ali  fut 
enterré  fecretement  &  tenu  caché  pendant  le  règne  des  Khalifes  Ommiades. 
t^oyez  Ali. 

M  ASÇHIZAiyEH.  Foyez  le  titre  du-  Livre  qui  porte  le  nom  d'Abkhar 
alafkhar. 

MASCOUIAH.  Abou  Ali  Ebn  Mafcouiah.  Il  fut  furnommé  AlKhazen, 
.à  caufe  qu'il  étoit  Thrélbrier  d'AdhadedJdIat,  Sultan  de  la  Dynaftie  des  Boui- 
des ,  &  a  compofé  plufieurs  Ouvrages  dont  le  principal  eft  :  Adab  Al  A'rab  v 
Al  Fars,  c'eft-à-dire ,  des  Mœurs  ocs  Arabes  &   Perfiens.. 

M  A  SGI  AD.  Lieu  defliné  au  culte  &  au  fervice  dé  Dieu,  comme  qui  di- 
roit  une  Adoratoire  ou  Oratoire.  Les  Perfans  &  les  Turcs  prononcent  ordinai- 
rement ce  mot  Mefged  &  Mefgid ,  d'où  les  Italiens  ayant  fait  le  nom  de  Mef- 
quita,  nous  en  avons  enfuite  dérivé  celui  de  Moiquée  ,  dont  nous  nous  fer- 
vons  pour  fïgnifier  un  Temple  des  Mahonietans. 

Les  Mufuimans  appellent  viafgiad  Giamê,  une  Mofquée  d'AlTemblée,  la  Mof 
quée  Principale  d'une  Ville  conliderable  &  qui  eft  parmi  eux ,  ce  qu  ;  nous  au- 
tres Chrétiens  appelions,  Eglife  Cathédrale ;,  ou  la  grande  Eglife. 

Mafgiad  Alharam,  la  Mofquée  facrée.  C'eft  ainfi  que  les  Mufuimans  appel- 
lent par  excellence  le  Temple  de  la  Mecque,  auquel  ils  donnent  auffi  le  titi-e  de 
Kâba  ou  Maifon  quarrée  &  de  Beït  allah,  la  Maifon  de  Dieu,  pour  la  diftinguer 
de  Jerufalem  qu'ils  appellent,  Beït  Al  Mocaddes,  c'eft-à-dire ,  la  Maifon  fainte. 

Mafgiad  Al  Nabi.  La  Mofquée  du  Prophète.  C'eft  la  première  Mofquée 
que  Mahomet  fonda  à  Medîne,  dans  laquelle  il  eft  enterré.  Cette  môme  Mof- 
quée eft  appellée  auffi  Al  Cobah ,  c'eft-à-dire ,  la  Voûte  ou  le  Dôme ,  &  Raoud- 
hat  Scherif,  la  Prairie  ou  le  jardin  noble  &  illuftre,  à  caufe  du  fepulcre  de 
Mahomet.     Voyez  le  titre  de  Medine. 

On  peut  remarquer  cependant ,  que  les  Mahometans  defignent  fouvent  les 
deux  Mofquées  delà  Mecque  &  de  Medine,  par  le  feul  mot  d'Al  riarameïn,  qui 
fignifie  les  deux  lieux  les  plus  facrez, 

M  A  SNA  D.^  Ce  mot  qui  fignifie  en  Arabe,  Appui  &  Autorité,  eft  devenu 
le  titre  de  olufieurs  Livres  de  Traditions  Mufulmannes  les  plus  certaines  &  les 
plus  autorifées.  Malhad  Al  Daremi,  Mafnad  AI  Thaialefi,  h.  Mafnad  Al  Scha- 
îêi  font  de  ce  nom'nre.     Foytz  auffi  Ethaf  Al  Hebrat. 

Ccac  1  MASNADI. 


574  M  A  S  N  A  D  I.  M  A  S  S  A  I  L. 

MASNADI.  Surnom  de  Gemaleddin  Abou  Bekr,  Al  Andalouflî ,  c'eft-à-dii-e^ 
l'Efpagnol,  Auteur  d'un  de  ces  Ouvrages  nommez   Arbâin. 

M  AS  N  A  H.  Statue  ou  Idole  d'un  cruel  Tyran  qui  eft  pofée  en  Ethiopie 
au  milieu  d'un  grand  Lac ,  duquel ,  félon  Edrifïï  ,  les  deux  Nils  prennent  leur 
origine. 

L'on  entend  par  ces  deux  Nils  ,  celui  qui  vient  en  Egypte  &  qui  fe  décharge 
au  Septentrion ,  &  celui ,  qui  traverfant  le  pays  des  Nègres  coule  &  fe  déchar- 
ge vers  le  Soleil  couchant.  Nous  l'appelions  communément  le  Niger  ou 
le  Senega. 

MASROUK  fils  d'Abrahah,  Roy  d'Ethiopie  ou  des  Abiflîns.  Ce  Prince  qui 
commandoit  dans  l'Iemen  ou  Arabie  Heureufe  pour  le  Roy  fon  père  ,  chafîa  & 
dépouilla  Dhouizen  Roy  des  Hemiarites  ou  Homerites ,  comme  les  appelle  Pto- 
lemée.  Mais  ce  Roy  qui  étoit  Vaflal  de  Khofroés  Noufchirvan  Roy  de  Perfe, 
ayant  obtenu  de  lui  des  troupes  Perfiennes  ,  reconquit  fes  Etats  &  en  chafTa 
Mafrouk. 

MASSABIH.  Les  Lampes  ou  les  Flambeaux.  C'eft  le  titre  d'un  Livre  de 
Traditions  Mufulmannes  compofé  par  Ebn  Maffôud ,  furnommé  Al  Bagàoui. 

MASSA'DAH.  Amroun  Ben  MafTàdah  Aboulfadhl  Ben  Soûl.  Perfonnage 
fort  éloquent  qui  fut  Vizir  du  Khalife  Al  Mamon  &  qui  mourut  l'an  215  de 
l'Hegire  à  Adhnah  proche  [de  la  Ville  de  Tarfe  dans  l'expédition  que  ce  Khalife 
iit  en  Cilicie  ou  Caramanie. 

Après  la  mort  de  ce  Vizir,  on  fit  couler  un-  billet  entre  les  mains  de  Ma- 
mon par  lequel  on  lui  donnoit  avis  que  MalTàdah  avoit  laiffé  dans  fa  famille 
une  très  grande  fomme  de  deniers.  Le  Khalife  écrivit  fur  le  dos  du  Billet: 
C'ell  peu  pour  celui  qui  nous  a  approché  de  fi  près  &  qui  nous  a  fervi  tant 
de  temps. 

On  rapporte  auflî  au  fujet  de  ISfaiTàdah  ,  que  le  Khalife  Al  Mamon  ,  ayant 
commandé  au  Secrétaire  de  ce  Vizir  de  faire  une  expédition,  ce  Secrétaire, 
avant  que  de  la  commencer,  fe  tourna  vers  fon  Maiftre  pour  en  recevoir  l'oi*- 
dre.  Mamon  qui  s'en  apperceut,  au  lieu  de  trouver  mauvais  cette  déférence, 
ordonna  que  l'on  comptait  cent  mille  drachmes  à  ce  Secrétaire  pour  recompenfe 
de  cet  afte  de  fidélité  qu'il   avoit  témoignée  pour  fon  Maiftre. 

MAS  S  AH  AT  alardh.  La  mefure,  ou  l'étendue  de  la  terre.  Ce  (1  un  Livre 
de  Géographie  divifé  par  les  fept  Climats  connus ,  compofé  en  langue  Arabique 
par  A'bdelâl  Al  Gionder.  Cet  Ouvrage  a  été  abbregé  &  traduit  en  langue 
Perfienne. 

MASSAI  L.  Queftions.  II  y  a  plufieurs  Ouvrages  qui  portent  ce  titre, 
dont  l'un  des  plus  eftimez  eft  Malfaïl  A'bdallah  Ebn  Salam  Al  An  Nabi. 
(Queftions  faites  par  Mahomet  fur  la  Religion  Mufulmanne. 

MASSAIL  al  Haldm  Honaïn  Ben  Ishak.  Queftions  d'Honaïn,  fils  d'Ishak 
îe  Médecin,  faites  fur  le  fujet  de  fon  art.     Foyez  Khefaiat  alnaïk. 

MASSAÎL 


M  A  s  s  A  I  L.  M  A  S  S  I  H.  57^ 

MASSA  IL  Soiil  ânha  Iffa  Ebn  Ishak  Ebn  Zerâah  ,  Sdl  ânha  Jofef  Abou 
Hakim  Al  Bahiri  men  Ahel  Miafarcijin.  Queftions  propofées  par  Jofef  Abou 
Hakim  AI  Bahiri,  fameux  Médecin  natif  de  la  Ville  de  Miafarekin,  à  un  autre 
Médecin  non  moins  célèbre,  noinmé  llfa  Ben  Ishak  Ebn  Zeraah.  Cet  Ouvrage 
eft  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n",  792. 

M  A  S  S  A I L  almàaroufat  v  almokhalethat.  Queftions  faites  pour  démêler  les. 
chofes  connues  certaines ,  d'avec  celles  qui  lont  douteufts  &  embrouillées. 
F'oyez  Tàarif. 


On  trouve  ce  même  Ouvrage    continué  par  un  fupplément  appelle  par  les 
Arabes,  Dhil,  jufqu'en  l'année  773  de  l'Hegire. 


MASSALEK.  Autre  Livre  Hifloriquc  &  Géographique  dont  Takieddia 
Kermani  ei\  l'Auteur.  Il  efl  cité  par  Soiouthi  dans  la  Préface  de  fon  'Hiftoire 
d'Egypte. 

MASSARGIOUI'EH.  Médecin  natif  de  SjTie ,  mais  Juif  de  Religion ,  qui 
a  traduit  du  Syriaque  en  Arabe,  un  Corps  de  Médecine,  intitulé  Khenafch, 
compofé  par  le  Preftre  ou  Archidiacre  nommé  Aaron. 

M  AS  SI  A  B.     Voyez  Makhoul.  ' 

MASSIB,  ou  Maffiab.  Abou  Mohammed  Sàïd  Ben  Maflîb  ou  Maffiab  AI 
Medeni  Al  Coraïfchi,  natif  de  Aledine  &  de  la  Mailbn  ou  Famille  de  Coraïfch. 
Ceft  le  nom  d'ua  Dofteur  qui  eft  qualifié  Sàïd  A!  Thibein  ,  c'eft-à-dire,  le 
Chef  de  ceux  qui  ont  luivi  immédiatement  après  lesSahaba,  c'efl-à-dire.  Com- 
pagnons de  Mahomet.  Il  eft  un  des  fept  Dofteurs  Jurisconfultes  du  temps  de 
Mahomet  qui  font,  A'rouet  Ben  Zobeir,  Obeid  allah,  Ben  A'bdallah,  Caffem 
Ben  Mohammed,  Soliman  Ben  Jcfllu-,  Salem  Ben  A'bdallah,  Kharegiah  B^n 
Zeïd. 

Ce  Dofteur  eft  celuy  duquel  Makhoul  autre  Doéleur  difoit:  J'ay  parcouru 
divers  pays^  pour  acquérir  quelque  fcience  ;  mais  je  n'ay  rencontré  nulle  part 
aucun  qui  égalât  Ebn  Maiïîab. 

Ce  même  Dofteur  eut  alfez  de  fermeté  &  de  courage  pour  faire  une  répri- 
mande à  Hegiage,  le  plus  terrible  de  tous  les  hommes  qui  faifoit  alors  fon  pè- 
lerinage à  la  Mecque.  &  il  la  fit  fi  à  propos  que  ce  Capitaine  en  profita,  fé- 
lon le  rapport  d'Amaffi  qui  met  la  mort  d'Ebn  Maflîab  en  l'an  93  de  rHc'<Tii-e^ 

MAS  SI  H.  Le  Mefiîe.  Les  Mahometans  reconnoifient  J.  C.  Nôtre-Seigneur,' 
pour  le  véritable  Meffie,  annoncé  &  promis  aux  Juifs  dans  les  Livres  faints  de 
l'ancien  Teftament.   Voyez  ce  qui  en  eft  dit  dans  le  titre  d'Iflâ  Ben  Miriam. 

MASSIH.  Ce  titre  de  Meffie  eft  devenu  le  nom  propre  de  plufieursPer- 
founages  parmy  les  Mufulmans.. 

Maaih 


5/5  M  A  S  S  I  H  I.  M  A  S  S  I  S  S  A  T. 

Maflîh  Beg  fils  de  Haiïan  Al  Thauil,  appelle  communément  Vzun  CalTan  , 
le  9^.  Prince  ou  Sultan  de  la  Famille  ou  Dynallie  des  AkKoïnlus,  c'eft-à-dire 
du  iMouton  blanc 

Il  étoit  frère  des  Sultans  Khalil  &  Jakoub  qui  régnèrent  fucceflivemcnt  avant 
luy  dans  la  même  Dynaftij.  Son  règne  ne  fut  que  d'un  an  &  huit  mois^  car 
il  fut  tué  dans  un  combat  qu'il  donna  contre  des  Rebelles  qui  s'étoicnt  fous- 
levez  contre  luy. 

Ces  Rebelles  étoient  divifez  en  deux  factions,  dont  l'une  vouloit  reconnoiflre 
pour  Sultan  légitime  Ali  Beg  fils  de  Khalil  ;  l'autre  Baïïangar  fils  de  Jacoub  , 
tous  deux  Neveux  de  Mafîih  &  enfans  de  fes  aifnez.  Al  Giannabi  &  Ebn  Jofef 
marquent  la  mort  du  Sultan  Maflih  dans  l'an  898  de  l'Hegire. 

M  ASSIHI.  Surnom  d'Abou  Sahal  IlTà  Ben  lahia,  Auteur  du  Livre  intitulé, 
Ketab  Almiat  fil  Tebb,  qui  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale  n".  879. 

C'eft  un  Livre  de  Médecine,  dont  l'Auteur  eft  accufé  par  Ebn  Al  Abbas  de 
n'être  pas  Philofophe. 

11  y  a  un  autre  Maffihi ,  dit  Ebn  Aboul  Bakaï  Al  Nili  &  furnommé  Ebn  AI- 
Atthar  ,  qui  étoit  auffi  Médecin  &  fort  avant  dans  les  bonnes  grâces  du  Kha- 
life Naffer  l'Abbaffide  ,  lequel  mourut  fort  riche  &  fort  vieux  en  l'an  608  de 
l'Hegire.     Il  étoit  Chrétien  de  Religion. 

M  ASSIHI  Al  Ffarrani.  Ceft  le  même  que  Azzel  Mulk  Mohammed  Ben 
A'bdallah ,  mort  l'an  305  de  l'Hegire  qui  a  compofé  le  Livre,  intitulé  Alham- 
thelat  fildaul  Almôtalat ,  c'efl-à-dire  ,  Exemples  tirez  des  Dynaflies  des  Princes  & 
Sultans  qui  font  palfez. 

Il  y  a  aufïï  un  Aboulkhaïr,  furnommé  Al  Maflîhi,  qui  a  abrégé  un  Ouvrage 
fur  la  Médecine,  intitulé  Aktedhat. 

MAS  S  IL  AT  fil  kenais.  Quellion  faite  fur  les  Eglifes  dss  Chrétiens.  Ce{\: 
un  Ouvrage  de  Taki  eddin  Ben  Teïmiat  Al  Harrani  Al  Hanbali  ,  dans  lequel 
■cet  Auteur  décide,  que  les  Mufulmans  font  en  droit  de  pouvoir  démolir  toutes 
les  Eglifes  des  Chrétiens  qui  font  fur  leurs  terres  ,  &  que  l'on  avoit  eu  raifon 
de  les  faire  fermer  dans  la  Ville  du  Caire.  Ce  Livre  efl  dans  la  Bibliothèque 
Royale,  n°.  864. 

M  AS  S  ISS  AT.  C'efl  la  Ville  de  Mopfuefte,  fituée  fur  le  rivage  de  la  mer 
de  Cilicie,  proche  des  Villes  de  Tharfous  &  d'Alfis  ou  d'Alfias,  qui  font  Tar- 
fe  &  Ilfus  ou  Aiafla,  comme  on  l'appelle  aujourd'huy. 

Toutes  ces  places,  au  rapport  d'Ebn  Khalekan,  ont  été  rebâties  &  fortifiées 
par  Saleh,  fils  d'Ali  &  oncle  du  Khalife  Abou  Giafar  Al  Manfor. 

Il  eft  dit  dans  THiftoire  d'Al  Manfor  que  ce  Khalife  prit  &  fortifia  la  Ville 
de  MaffilTat  qu'il  nomma  Màmouriah ,  félon  Ben  Schohnah.  f^oyez  Mâmouriah  & 
Mamifta  qui  efl  le  nom   que  cette  Ville  porte  aujourd'huy. 

L'on  fçait  aflez  par  l'Hiftoire  Ecclefiaftique ,  que  le  Livre  de  Théodore  ou 
ThadcEUS ,  comme  l'appellent  les  Orientaux  ,  fut  un  des  trois  Chefs  ou  Chapi- 
tres qui  ont  fait  tant  de  bruit  pendant  un  fiecle  dans  l'Eglife^  &  pour  lefquels 
le  fécond  Concile  Oecuménique  de  Conftantinople  fut  tenu. 

MASSISSL 


M  A  s  s  I  s  s  I.       M  A  S  S  O'  U  D.  5^^ 

M  AS  SI  S  SI.  .C'efl  le  furnom  d'un  célèbre  Dofteur  nommé  Aboul  Abbas 
Al  Daremi  Al  Nami ,  qui  étoit  natif  de  la  Ville  de  Maffiflat.     Voysz  Nami. 

MASSO'UD  fils  de  Mahmoud,  fils  de  Scbekteghin.  Il  eft  le  premier  dû 
nom ,  &  le  fécond  ou  le  troifième  ,  fi  l'on  compte  Mohammed  l'Aveugle  fon 
frère,  Sultan   de  la  race  de  Scbekteghin  ou  de  la  Dynaflie  des  Gaznevides. 

Il  fucceda  à  fon  père  Mahmoud  dans  tous  les  grands  Etats  qu'il  avoit  con- 
quis ,  après  qu'il  eut  emprifonné  &  fait  crever  les  j-eux  à  ion  frère  Moham- 
med, &  commença  à  régner  l'an  de  l'Hegirc  422. 

Il  rétablit  la  maifon  des  Bouides  qui  étoit  fur  le  penchant  de  fa  ruïne  dans 
riraque  Perfique ,  en  la  perfonne  d'Aladdoulat  furnommé  Ebn  Kakouiah  ,  dont 
il  faut  voir  le  titre ,  aulfi  bien  que  ceux  de  Mahmoud  &  de  Mohammed  ,  les 
Gaznevides. 

Le  Sultan  Maiîoud  prit  pour  Vizir  ou  Chef  de  fes  Confeils,  Ahmed  fils  de 
Hallan,  furnommé  Al  Meïmendi ,  que  fon  Père  avoit  depoiiillé  de  cette  dignité. 
Mais  ce  grand-homme  ne  vefcut  que  jufqûes  en  Tannée  424,  &  laiffa  fa  charge 
à  Ahmed,  fils  d'Abd  Alfamed. 

Altun  tafch ,  Gouverneur  de  la  Province  de  Khouarczm ,  fît  en  cette  même  an- 
née une  irruption  dans  le  pays  qui  efl  au  de -là  du  Gihon,  au  nom  de  Mas- 
Ibûd.  Mais  ce  grand  Capitaine  ayant  eu  un  œil  crevé  d'un  coup  de  flèche  fur 
le  point  que  fon  armée  alloit  donner  bataille  à  celle  des  ennemis,  il  n'y  eut 
point  de  combat,  &  chaque  armée  fe  retjra  de  fon  côté.  Altuntafch  mourut 
de  cette  bleffure,  &  laiifa  le  Gouvernement  du  Khouarezm  à  fon  fils  Haron, 

En  cette  même  année  424,  les  Selgiucides,  Race  Turqucfque  qui  faifoit  déjà 
grand  bruit  dans  la  Perfe,  pafferent  le  fleuve  Amou  pu  Gihon  &  prirent  des 
quartiers  dans  le  Khouarezm  proche  des  Villes  de  Neflà  &  d'Abiùrd ,  &  peu  de 
temps  après  commencèrent  à  courir  &  à  piller  les  Provinces  d'alentour. 

L'an  426  le  Sultan  Mafl'ôud  voulant  pourfuivre  les  conquêtes  dé  fon  père 
Mahmoud,  entreprit  la  guerre  des  Indes  contre  le  fentiment  des  plus  fages  de 
fon  Confeil,  qui  étoient  d'avis  qu'il  s'appliquât  principalement  à  chalFer  les  Turcs 
Selgiucides  de  fes  Etats,  avant  que  leurs  forces  augmentalTent ,  après  quoy  n'ayant 
plus  d'affaires  chezluy,  il  pourroit  plus  aifément  faire  des  conquêtes  au  dehors. 

Le  Sultan  MaflToûd  ne  laiifa  pas  contre  leur  fentiment  de  pourfuivre  fon  pre- 
mier deffein.  Le  Succès  véritablement  en  fut  heureux  pendant  deux  années 
qu'il  y  fit  la  guerre;  mais  étant  retourné  dans  ^es  Etats  en  l'an  428,  il  trouva 
les  Selgiucides  fi  puilTans,  qu'il  eut  fujet  de  fe  repentir  d'avoir  méprile  le  con- 
feil de  fe^  plus  fages  Minifl:res.  Il  fut  donc  obligé  de  mettre  fur  pied  une  ar- 
m.ée  confiderable  pour  marcher  contre  de  fi  redoutables  ennemis;  mais  il  fut 
défait  «Se  obligé  de  fe  retirer  à  Gazna,  laiflant  les  Selgiucides  maillres  de  la  plus 
grande  partie  du  Khoralîan. 

.  MaflT)ud  étant  dans  ce  chagrin ,  déchargea  fa  colère  fur  ceux  qui  a\'oient  mal 
conduit  fes  affaires  dans  la  guerre  palFée ,  &  mettant  fur  pied  de  nouvelles  trou- 
pes, il  en  donna  le  commandement  à  fon  fils  Maudoud  qu'il  envoya  du  côté 
de  Ijalkhe  pour  défendre  cette  frontière.  Puis  faifant  fortir  fon  frère  Moham- 
med l'aveugle  de  prifon ,  il  le  mena  avec  fes  enfans  aux  Indes  où  il  voulut  ce- 
pendant continuer  la  guerre. 

II  demeura  en  cette  expédition  jufqucs  à  l'hyver  faivant,    &  il  y  fit  d'aflez 

grands  progrez;  mais   élant  contraint  de  tourner  vers  la  Ville  de  Balkhe  pour 

Tome  II.  D  d'd  d  fe 


578  '  M  A  S  S  O'  U  D. 

fe  défendre  des  Selgiucidcs  qui  fe  foitifioierît  tous  les  jours  de  plus  en  pluSy&; 
failant  déjà  palTer  Ion  bagage  fiu*  le  fleuve  Sind,  qui  ell  l'indus,  Jofef  fils  de 
Pouileghin,  un  des  principaux  Chefs  de  fon  armée,  le  révolta  avec  une  partie  de 
fcs  troupes,  &  fe  jettant  fur  fon  équipage  &  fur  fes  threiors-,  il  les  pilla  en  fa 
prefence. 

Au  même  temps,  les  Révoltez  après  avoir  commis  cette  infolence,  procla- 
mèrent fon  frère  iMohammcd  l'Aveugle  pour  leur  iultan,  &  Maliôud  fut  obligé 
de  prendre  la  fuite  pour  fe  fauver  de  leurs  mains;  mais  il  ne  pue  pas  leur  échaper. 
Car  ayant  élé  pourfuivi  chaudement  &  fait  prifonnier,  on  le  conduifit  à  fon 
frère  qui  le  fit  enfermer  dans  un  Chaffceau  avec  les  principaux  OfEciers  qui  ne^ 
favoient  pas  abandonné. 

Mohammed  ne  fe  trouvant  pas  en  état  de  gouverner  par  le  défaut  de  veuë , 
fit  proclamer  pour  Sultan  fon   fils   Ahmed,   lequel  alla  incontinent  avec  Jofeph. 
Poulteghin  &  quelques   autres"  au  Château  dans   lequel  Mafioud  étoit   tenu  pri^ 
fonnier,  &  le  fit  mourir  en  fa  prefence  fan  de  fHegire  433. 

Maiiôud  régna  13  ans,  &  acquit  la  réputation  d'un  Prince  magnifique  &  très- 
libéral ,  de  forte  qu'il  gagna  le  cœur  de  tous  les  gens  d'efprit  &  de  lettres  de 
fon  fiecle ,  félon  le  rapport  de  Khondemir  &  de  Lebtarikh. 

MASSOUD  fils  de  Mohammed  fils  de  Melikfchah;,  Sultan  de  la  Dynaftie 
Perfienne  des  Selgiucides. 

Il  étoit  dans  la  Ville  de  Bagdet  aii  .temps  que  fon  frère  Togrul  mourut;  de 
forte  qu'on  luy  dépêcha  un  Courier  en  grande  diligence,  pendant  qu'im  party 
qui  s'étoit  formé  à  la  Cour,  dépêcha  vers  Daoud  fils  de  Togrul  pour  le  mettre 
fur  le  thrône  en  l'abfence  de  fon  oncle.  Mais  l'oncle  fut  plus  diligent  que  le 
neveu,  &  arriva  le  premier  à  Hamadan  qui  étoit  pour  lors  la  Capitale  des  Selgiu- 
cides dans  flraque,  &  fut  falué  Sultan  par  tous  les  Grands  de  l'Etat  qui  le  re- 
connurent unanimement  pour  leur  Prince  &  on  ne  fongea  plus  à  Daoud. 

Au  commencement  du  règne  de  ce  Sultan ,  le  Khalife  Mofbarfched  qui  ne  fa- 
vorilbit  pas  fon  élévation ,  fut  tué  par  des  aflaffins  avec  Rafchcd  fon  fils ,  com- 
me v^ous  pouvez  voir  au  titre  de  ce  Khalife. 

Cette  mort  donna  occafion  au  Sultan  Mafloud  de  mettre  en  la  place  du  Kha- 
life Moftarched,  Mottaki  Lemrillah  qui  étoit  de  fes  amys.  Mais  ayant  appris 
avant  qu  il  fut  de  retour  à  Bagdet ,  que  le  Gouverneur  de  Perle  fiiifoit  difficul- 
té de  reconnoître  ce  nouveau  Khalife,  il  envoya  fon  frère  Selgiukfchah  avec 
l'Atabek  Carafancar  pour  le  ranger  à  fon  devoir.  Mais  il  arriva  quç  l'Atabek 
n'eut  pas  plûtoll  fait  une  journée  de  marche,  qu'il  fit  fçavoir  au  Sultan  qu'il  ne 
pafieroit  pas  outre,  s'il  ne  luy  envoyoit  Pir  Mohammed  Khazen,  fon  premier 
Vizir,  duquel  il  vouloit  la  mort. 

Ce  Vizir  gouvernoit  très  -  bien  les  afi'aires  de  l'Etat  ;  mais  on  l'accufoit  de 
trop  de  fermeté  &  de  fierté ,  qualitez  qui  le  rendoient  peu  agréable  aux  Seigneurs 
de  la  Cour.  Mafi^'jud  ne  pouvoir  confentir  d'abord  à  une  demande  û  déraiibn- 
nable;  mais  voyant  que  Carafancar  avoit  toutes  fes  forces  entre  les  mains,  il 
fe  trouva  enfin  obligé  de  luy  envoyer  la  tête  du  Vizir. 

L'Atabek  étant  fatisfait  rentra  dans  fon  devoir;    mais  il  ne  jouît  pas  long- 
temps du  fruit  de  fa  vengeance,  car  il  mourut  peu  de  jours  après  qu'il  fe  fut 
deffait  de   fon  ennemy.    Le  Sultan  ayant  appris  fa  mort  donna  fa  charge  à  II- 
digliiz ,.  qui  tient  le  premier  rang  dans  la  Dynaftic  des  Atabeks  ou  Seigneurs  de 
■  ■  l'Ad- 


M  A  s  s  O'  U  D. 


S79 


FAdherbigian,  avec  le  Gouvernement  prefque  fouverain  de  cette  Province  &  de 
celle  du  Curdiftan,  &  luy  accorda  en  mariage  fii  Belle -fœur  qui  avoit  été  pro- 
mife  autrefois  au  Sultan  TogruI  fon  Frerc  &  fon  Prédecefleur. 

C'eft  de  cette  Princeiïe  qu'Ildighiz  eut  deux  enfans  qui  luy  fuccederent  'dans 
la  dignité  [d'Atabek;  à  fçavoir,  Mohammed,  &  Kczel  Arflan.  Foyez  le  titre 
d'Atabek. 

Peu  de  temps  après  l'élévation  d'Ildighiz,  Abbas  Gouverneur  de  la  Ville  de 
Reï  avec  quelques  autres  Conjurez,  fe  Ibûleva  en  faveur  de  Solimanfchah  frère 
de  Mafloud,  &  le  mit  fur  le  thrône;  mais  cette  conjuration  fut  bientofl  dilîipée 
&  chacun  rentra  en  fon  devoir,  après  quoy  MalTôud  fut  paifiblc  poireiïeur  de  fes 
Etats  dont  il  joiiit  pendant  i8  ans.  Il  mourut  âgé  de  45  ans,  l'an  de  l'Hegire 
547.  Khoniemir. 

Ce  Prince  aimoit  extrêmement  les  gens  pieux  &  fçavans,  &  fut  û  libéral, 
qu'il  ne  lailTa  rien  dans  fes  threfors  après  fa  mort. 

Maffôud  fut  le  dernier  des  Selgiucides  qui  eut  du  pouvoir  dans  l'Iraquc.  Avec 
"luy  finit  cette  Dynaflie ,  &  il  s'en  établit  une  autre  dans  l'Afie  Mineure  à  Ico- 
nium,  que  l'on  appelle  aujourd'huy  Cogni.  Moftafi  31  .  Khalife  des  Abbaffides, 
■ne  laifîli  plus  prendre  aucune  autorité  aux  Selgiucides  dans  Bagdet  après  la  mort 
•de  Mairôud,  C'eft  pourquoy,  Ben  Schohnah  finit  en  cette  année  la  Dynaftic 
de  cette  Maifon.  Foyez  aufli*  Khondemir  dans  la  Vie  de  Moftafi. 

Cette  même  année  fut  aufîî  fatale  à  la  race  de  Sebekteghin  ou  des  Gaznevi- 
des.  yoyez  Sebekteghin 

Le.  célèbre  Auteur  du  Lamiat  Al  A'gem,  Poëme  fi  fameux  dans  l'Orient,  fut 
Vizir  de  Mafl'ôud.   t^oyez  Tograï. 

Il  y  a  eu  encore  dans  la  troifième  Dynaftic  des  Selgiucides,  furnommée  de 
Roura,  deux  Sultans  qui  ont  porté  le  nom  de  Mafioud. 

Le  premier  eft  MaflSud,  fils  de  Kilitch  Arflan  qui  fut  le  quatrième  Sultan  de 
cette  Dynaftie. 

Le  fécond  fut  MafiSud,  fils  de  Kaïkaous,  pénultième  Sultan  de  la  même  Dy- 
naftie ,  lequel  étoit  fi  peu  abfolu  dans  fes  Etats  ,  qu'il  fut  obligé  d'en  prendre 
l'inveftiture  d'Argoun  Khan  Empereur  des  Mogols  ,  qui  s'étoit  afliijetti  tous  les 
pays  que  la  pofterité  de  Kilitch  Arflan  avoit  conquis  dans  l'Afie  Mineure  & 
dans  l'Arménie  ,  Province  connue  par  les  Orientaux  fous  le  nom  gênerai  de 
Roura,  qui  fignifie  le  pays  des  Romains  ou  des  Grecs,  i^oyez-  le  titre  des  Sel- 
giucides de  Roum ,  &  celui  de  Gazan  Khan ,  Empereur  des  Mogols. 

MASSO'UD,  furnommé  Vagiheddin.  C'eft  le  fécond  Prince  de  la  petite 
Dynaftie  des  Sarbedaliens  ,  ou  plutôt  Sarbedariens.  Voyez  le  titre  de  cette 
Dynaftie. 

MASSO'UD.  Ebn  Mafloud.  C'eft  le  même  qu'Abou  A'bdalrahman  A'b^ 
dallah  Al  Hazeli ,  qui  fut  un  des  plus  illuftres  entre  ceux  qui  font  nommez  Al 
Sahabah,  c'cft-à-dire ,  Compagnons  ou  Contemporains  de  Mahomet.  Celui-ci  fut 
un  des  plus  Confidens  amys  de  ce  -faux  Prophète ,  &  on  dit  de  lui  que ,  Hager 
alhegeretcïn  u  Sala  âla  Kcbleteïn ,  c'eft-à-dire,  qu'il  fe  trouva  dans  les  deux  fui- 
tes  ou  retraites;  à  fçavoir,  celle  d'Ethiopie  &  celle  de  Medine,  &  qu'il  pria,  la 
face  tournée  vers  les  deux  Keblés,  qui  font  Jcrufalem  &  la  Mecque.  Pour  bien 
entendre  ceci,  il  faut  voir  les  titres  de  Hegrat  &  de  Kcblah. 

Dddd  2  Ce 


Sto  M  A  S  S  0'  U  D  I.  —  M  A  S  T  H  ï  K  I. 

Ce  même  Ebn  Mafloucl  tire  fon  furnom-  de  Hazili  d'un  de  fes  Ayeuls  illus- 
tres parmy  les  Arabes,   qui  portoit  le  nom  de  Hazel  Ben  Madrakah  Ben  Elias, 
&  on  luy  donne  ordinairement  pour  Eloge    le  titre  de  Tag  Alfcheriah,   c'elt- 
ii-dire,  la  Couronne  de  la  Loy  Mufulmanne. 

Il  y  a  encore  un  autre  Ehn  Maffùud  qui  porte  plus  ordinairement  le  nom  de 
Mafioudi.     C'efl  de  luy  dont  nous  allons  parler. 

MASSO'UDI.  Surnom  d'Aboul  HaiTan  Ali,  qui  tiroit  fon  origine  d'Ebn 
Maffôud  AlHazeli,  duquel  on  vient  de  parler.  Il  eft  Auteur  du  Livre,  intitulé 
Moroug  eddheheb  y  Màaden  al  gevaher ,  c'eft-à-dire,  Prairies  dorées  &  Minière 
de  pierreries,  qu'il  coraponi  l'an  de  l'Hegire  336  fous  le  Khalifat  de  MôthiLil- 
lah.  Cet  Ouvrage  qui  ell  Hiflorique  &  Géographique  eft  compris  en  deux  Vo- 
lumes, dont  le  premier,  qui  commence  à  la  création  du  monde,  va  jufqu'à  la  nais- 
fance  de  Mahomet;  &  le  fécond,  depuis  Mahomet  jufqu'au  temps  auquel  cet  Au- 
teur a  écrit. 

Le  même  MafFôudi  ell  Auteur  d'une,  autre  Hilloire ,  intitulée  Akhbar  alza- 
man,  &.  d'un  Cadaftre,  ou  d'un  papier  terrier  de  l'Egypte. 

Il  y  a  auffi  une  Cofinographie  écrite  en  Langue  Perfienne  fous  le  titre  de 
Gihan  Danefch,  qui  reconnoit  Maffôudi  pour,  fon  Auteur,  auffi  bien  que  le  Li- 
vre, intitulé  Akhbar  Al  Kauareg,  c'eft-à-dire ,  l'Hilloire  de  ceux  qui  fe  font  ré- 
voltez en  divers  temps  contre  les  Puiflances  légitimes  &  .particulièrement  contre 
les  Khalifes. 

Maffôudi  mourut  au  grand  Caire  en  Egypte  l'an  346  de  l'Hegire-,  dix  ans 
après  avoir  dpnné  fon  Aloroug  eddheheb.  f^oyez  le  titre  de  Canouii  Al  Birouni. 

Nous  trouvons  encore  un  autre  Maffôudi  nommé  Ahmed  qui  eft  Auteur  d'une 
Hiftoire  de  Syrie  &  de  Damas ,  .intitulée  Raoudh  Al  Scham  , ,  c'eft-à-dire,  le 
Jardin  de  la  Syrie. 

Les  deux  Ouvrages,  intitulez,  Eftédhkar  lema  mars  iî  Salef  alâffar,  &  celui 
de  Moarrekh  aouffath  fil  Tarikh  ,  des  Ouvrages  Hiftoriques  qui  peuvent  être 
rapportez  à  Ali  Ben  .  Hoffaïn  Al   Maffôudi. 

Le  Livjre,  intitulé  Merah  alarouâh  fil  tafrif,  qui  eft  un  traité  de  la  Conjii- 
gaifon  des  Verbes  Arabes,  commenté  par  Ahmed  AiDonghouz,  eft  attribué  à 
Ahmed  Ben  Ali  Ben  Mafloud  &  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n^.  1090. 

MASSOUIAH.  Johanna  Ben  Maffouiah.  C'eft  le  nom  d'un  fçavant  Mé- 
decin Chrétien  qui  nous  eft  connu,  fous  le  nom  de  Mefué.  Il  vivoit  du  temps 
du  Khahfe  Vathek  Billah ,  auprès  duquel  il  étoit  en  grande  faveur.  Aboul  Fa- 
rage  raconte  de  lui  plufieurs  traits  qui  font .  paroiftre  que  ce  Dofteur  avoit  l'ef- 
prit  fubtil   &  l'humeur-  fort  enjouée. 

MASTHIKI.  Gezirat  Al  MafthikL  Llfle  du  Maftic.  C'eft  l'Ifle  de  Chio 
que  les  Turcs  appellent  ordinairement  Sakiz  Adafi  ,  qui  fignifie  la  même  chofe. 

Les  Arabes  ont  pris  des  Grecs  le  nom  de  Màfthiki  pour  du,  Maftic  qu'ils 
appellent  proprement  en  leur  langue,  A'lk.&  A'ik  Roumi,  le  Maftic  de  Grèce, 
c'eft-à-dire,  de  Chio,  où  lés.Lentifques,  arbres  affez  connus,  diftillent  particur 
lierement  cette  gomme.       -  - 

Le  Géographe  Perfien  dit,  que  cette  Ifle  eft  éloignée  du  Bofphore  de  Thrace, 
^u'il  appelle  Kalig  Koftantini,  de  150  Parafangcs. 

'  MASTOUFÎ 


M  A  s  T  0  U  F  I.  M  A  T  H  N  A  O  U  I.  581 

MASTOUFI,  ou  Moflaoufi.  Surnom  de  Scharfeddin  AI  Mobarek  Al  Ar- 
beli,  natif  de  la  Ville  d'Arbela  en  JVIetbpotamie.  Il  eft  Auteur  d'un  Livre  in- 
titulé, Abou  Komafche  fil  ab.  Il  mourut  dans  la  Ville  de  Moful,  l'an  637  de 
l'Hegire. 

MASTOUFI,  Hamdallah  Maftoufi.  C'ell  peut-être  le  même  que  Scharf- 
eddia,  Auteur  d'un  Tarikh  Perfien  ,  intitulé  Tarikh  Khozideh  ,  c'eft-à-dire  ,  la 
Chronique  choific.  Il  efl  traduit  en  Turc  fous  le  titre  de  Tarikh  Montekheb, 
qui  fignifie  la  môme  chofe.    t^oyez  le  titre  de  Hamdallah. 

MATA,  ouMatta.  Les  Orientaux,  particulièrement  les  Mufulmans ,  appel- 
lent ainfi  celui  que  nous  appelions  Matthieu,  nom  qui  efl  propre  à  la  langue 
Syriaque.  Mais  les  Chrétiens  difent  plus  ordinairement  Mattaious,  nom  qui  eft 
dérivé  du  Grec. 

Saint  Mathieu  l'Apôtre  &  FEvangelifle  eft  reconnu  par  les  Mahometans  pour 
avoir  écrit  l'Evangile  après  la  mort  de  J.  C.  en  Alexandrie.  Mais  les  Chré- 
tiens difent  feulement  que  faint  Barthelemi  porta  l'Evangile  de  faint  Mathieu 
en  Egypte  &  dc-là  en-  Ethiopie.- 

MATAI,  qui  fignificle  même  que  Mata  &  Mati,  fils  de  Jonas,  étoit  M->i- 
ne  Neflorien  lequel  devint  grand  Philofophe  &  vivoit  fous  le  règne  du  Khalife 
Radhi.  C'ell  lui  qui  a  traduit  en  Arabe  les  Analytiques  d'Ariftote  que  Honaïn 
&  fon  fils  Ishak  avoient  déjà  mifes  en  langue  Syriaque. 

Le  même  efi;  Auteur  d'un  Commentaire  fur  ce  Livre  d'Ariflote  &  fur  le  L'- 
vre  de  Porphyre,  qu'il  a  auffi  traduit  en  Arabe.  On  luy  donne  fouvcnt  le  fur- 
nom  d'Abou  Bafchar. 

MATAN  alrefTalat.  Le  Don  fait  par  le  Prophète  aux  Mufiilmans  ou  le  Don 
de  la  Prophétie.  C'efl  le  titre  d'un  Livre  qui  traite  des  Obfervances  &  des 
Rits  de  la  Loy  Mufulmanne.  Il  a  été  compofé  par  Kaïruani  ,  &  il  fe  trouve  à 
la  Bibliothèque  Royale,  n^.  595. 

M  AT  H  A  N ,  petite  Ville  du  pays  des  Nègres  ,  ^ui  efl  des  dépendances  de 
là  Ville  &  Province  de  Khanem.  Elle  efl  éloignée  de  Zagara  &  d'Engimi  éga- 
lement de  huit  journées  ;  &  c'efl  dans  cette  "Ville  que  le  Prince  de  Zagara  fait 
fà  réfidence. 

.MATHAR.  Ketab  Al  Ma'har.  Livre  qui  comprend  tous  les  mots  Arabes 
qui  concernent  les  nuées,  la  pluye  ,  le  tonnerre  &  les  orages,  compofé  par 
Abou  Zaïd  Ben  Saïd.  Il  efl  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n"^.  1099. 

MATHL/fB  al  Adib.     Recueil  de  diverfes  Pièces  de  Grammaire,  fait  &  ra- ■ 
mafTé  par  Al  Soiouthi.     Il  efl  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n°.  1152. 

MATHNAOUI  ou  Methnevi.      C'efl  le  nom  d'un  des  plus  fameux  Livre» 
de  l'Orient,   compofé  en  vers  Perfiens  fur  un  grand  nombre  de  différentes  ma- ■ 
tières  de  Religion,  d'ilifloire,  de  Morale  &  de  Politique, 

Il  a  été  compofé  par  Gelaleddin  Mohammed  ,-  fils  de  Mohammed  Al  ■  Balkhi 
Al  Konouij  environ  l'an  600  do  l'Hegire. 

Dd  d  d  3^  Les- 


582  M  A  T  H  R  A  N.  M  A  T  T  H  A  I  O  S. 

L^s  furnoms'  de  Balkhi  &  de  Konoui  font  donnez  à  cet  Auteur ,  parce  qu'il 
é-oit  natif  de  la  Ville  de  Balkh  en  Khoraflan,  &  qu'il  vint  s'établir  enfuite  dans 
celle  de  Cogni  en  Natolie.  ^,,^.,        ,/•. 

Ce  fut  dans  cette  même  Ville  qu'il  inftitua  un  Ordre  de  Derviches  plus  fpi- 
rituels  que  les  autres,  lefquels  on  appelle  ordinairement  Mevlevis,  qui  font  leur 
Capital  de  l'ouvrage  de  leur  Maiftre,  auquel  ils  ne  portent  guères  moins  de  ref- 
peâ  qu'à  l'Alcoran.     C'eft  pourquoy,   on  donne  auffi  fouvent  au  Mathnaoui  le 

furnom  de  Mevlevi.  •       -o  ^        *    t         r  t  • 

Il  V  a  un  grand  nombre  de  Commentaires  Perfiens  &  Turcs  fur  ce  Livre , 
dont  la  poëfie  eft  eltimée  fi  excellente,  que  tous  fes  vers  en  font  citez,  com- 
me autant  de  fenteiices ,  plufieurs  defquelles  font  rapportées  en  divers  lieux  dans 
cet  ouvrage.    Voyez  les  titres  des  NJnivites,  de  Pharaon,  &c. 

M  AT  H  R  AN.  Ce  mot  qui  fignifie  en  Arabe  Evêque  ou  Archevêque,  en- 
fre  dans  le  furnom  d'Abou  Sâed  Ben  Elias ,  qui  efl  fouvent  cité  fous  le  nom 
d'Ebn  Mathran.  Cétoit  un  fameux  Médecin  ,  qui  mourut  l'an  585  de  l'Hegi- 
re,  &  qui  a  compofé  le  Livre  intitulé  Beffatin  Al  Attheba  ,  c'elt-à-dire  ,  les 
Jardins  des  Médecins. 

MATN  almenar.  C'eft  un  Commentaire  fur  le  livre  intitulé  Menar,  dont 
il  fera  parlé  cy-après. 

MATN  ou  Motn  bel  eflah.  Autre  Livre  de  Jurifprudence  Mufulmanne , 
compofé  par  l'Auteur  du  Sadr  Alfcheridh.     Voyez  ce  titre. 

MATOUALLI  Al  Nifchabourri.  Surnom  d'an  Auteur,  nommé  Abdarrah- 
man  Ebn  Mamoun ,  qui  a  compofé  le  Livre  intitulé  Tetmat  Alâbanat ,  c'efl-à- 
dire,  Supplément  ou  Commentaire  fur  le  Livre  intitulé  Alâbanat.  Cet  Auteur 
mourut  l'an  478  de  l'Hegire. 

MATOUGE.  Ebn  Matouge.  C'efl  le  même  que  Tageddin  Mohammed  Ben 
A'bdalvahab  Ali  Zobaïdi  ou  Zobaïri  ,  qui  eft  Auteur  d'une  Hiftoire  d'Egypte  , 
intitulée  Ikadh  Almonfaiïld^  qui  finit  en  l'an  ^6$  de  l'Hegire.  L'Auteur  cepen- 
dant ne  mourut  qu'en  l'an  730.    . 

MATRIDl,  furnom  d'Abou  Manfor  Mohammed  Ben  Mahmoud  Al  Hanefî. 
C'eft  le  nom  d'un  Docteur  de  la  Secte  Hanifienne  ,  à  qui  on  donna  l'éloge  & 
Je  titre  dlmam  Al  Hoda ,  c'eft-à-Jire ,  le  grand  Direfteur.  Il  mourut  &  fut  en- 
terré, l'an  333  de  l'Hegire,  dans  la  Ville  de  Samarkande  ,  dont  il  étoit  natif; 
car  Matrid  eft  un  quartier  de  cette  Ville-là  dont  il  tira  fon  furnom. 

Ce  Dofteur  étoit  Motekellem,  c'eft-à-dire  ,  grand  Métaphyficîen  &  Théolo- 
gien Schoîaftique  ,  &  a  compofé  ,  entre  fes  autres  ouvrages  ,  un  Livre  contre 
les  Môtazales ,  intitulé  Beian  Vaham  Al  Môtazalah. 

MATTHAIOS  ou  Matthaious.  C'eft  le  nom  d'un  Patriarche  d'AIexsn- 
drie,  dont  la  mémoire  eft  en  grande  vénération  dans  l'Eglife  des  Cophtes.  Il 
y  a  un  Livre  qui  contient  l'Hiftoire  de  fa  vie  &  de  fa  rnort ,  &  les  Aétes  des 
■Martyrs  qui  ont  fouffert  pendant  fon  Pontificat.     Il  eft  intitulé  Intikhab-  Abi- 

na 


MATTHIAS. MAOUARANNAHAR.  5S3 

na  Matthaious.    Foysz  ce  titre.    On  le   trouve   dans   la  Bibliothèque  Royale, 
nuni.  792. 

MATTHIAS.  C'cft  le  fils  de  Jean  Hunniadc  ,  qui  obtint  la  Couronne  de 
Hongrie  lorfqu'il  étoit  pril'onnier  &  comme  defliné  à  h  mort.  Les  Turcs,  dont 
fl  étoit  la  ten-eur  ,  l'appellent  ordinairement  Magiar  Krali  ,  nom  compofé  du 
Hongrois  &  de  l'Efclavon,  &  qui  fignifie  Roy  de  Hongrie. 

Son  Hiftoire  efl:  alFcz  connue  par  nos  Ecrivains.  Il  mourut  l'an  896  de  l'He- 
gire  &  eut  pour  lucceffeur  Ladiflas,  fils  de  Cafimir,  Roy  de  Pologne. 

Magiar  efl  le  nom  que  les  Hongrois  donnent  dans  leur  langue  à  la  Hongrie , 
&  Kral  en  Efclavon  figniiie  Roy,  titre  que  les  Turcs  donnent  aux  Rois  &  Prin- 
ces Chrétiens ,  qu'ils  ne  veulent  pas  honorer  du  titre  de  Padifchah ,  qu'ils  re- 
fervent au  Roy  de  France  par  une  prérogative  particulière. 

Nous  avons  des  lettres  de  Soliman  à  Charles  quint,  d:ms  lefqueUes  cet  Empe- 
rour  n'ell  qualifié  que  Betch  Krali,  c'eft-à-dire,  Roy  d'Autriche  ou  de  Vienne, 
qui  en  efl  la  Capitale. 

M  A  OU.  C'efl  le  nom  que  les  Kliataïens  donnent  au  quatrième  de  leurs  Cy- 
cles ou  Tchags  ,  que  les  habitans  du  Turkellan  nomment  Thavfchcan  ,  &  les 
Perfiens  Kerkhoufch  ,  noms  qui  figni fient  en  leui's  langues  un  Lièvre,  l^oyez 
Giag  ou  Tchag. 

MAOUAEDH  ou  Eêtebar  fi  dhekr  AI  Khathath  v  Al  A'thar.  Livre  Hif. 
torique  &  Géographique  d'Egypte  ,  cornpolé  par  Al  Makrizi  en  deux  Tomes, 
qui  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale, 

MAOUAKEF.  Ce  mot  fignifie  proprement  en  Arabe  Stations,  telles  que 
font  celles  que  les  Mufialmans  font  dans  leurs  pèlerinages  &  vifites  de  lieux 
faints,  &  fert  de  titre  à  plufieurs  Livres  ou  'J'raitez  de  iVJétaphyfique  ou  Théo- 
logie Scholafi:ique  des  Mufulmans. 

Il  y  a  un  Auteur  Anonyme,  qui  a  compofé  un  de  ces  Livres,  intitulé  Ketab 
Al  Maouakef,  qui  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Grand-Duc.de  Tofcane  , 
avec  un  Commentaire  dont  Seïdi  Scherif  efl  l'Auteur. 

MAOUAKEF  fil  kelam.  Autre  Livre  fur  la  même  matière  ,  compofé  par 
Adhad  edclin  Al  Aïgi  ,  fur  lequel  Alaeddin  Thouffi  a  fait  des  Notes  affez  am- 
ples. Il  efl  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n\  701.  Ce  même  Ouvrage  efl  fou- 
vent  nommé  le  Livre  du  Kadhi  Adhadeddin. 

MAOUALLAD,  quatrième  Clafl^e  des  Poètes  Arabes.  Foyez  Schôara  ou 
Etthabat  Al  Schôara.  ^ 

MAOUARANNAHAR.     Ce  mot  fignifie  en  Arabe  ce  qui  efl  au  de -là. 
du  Heuve  ,   comme  qui  diroit  en  Latin   Traiisfluvfalis  ;    &  l'on  entend   par   ce 
Fleuve  celuy  que  les  Arabes  appellent  Gihon  ,   les  Perfiens   Amou  ,    d'où   nos 
Géographes  ont  fait  le^  nom  d'Abi  Amu  ,  &  que  l'on  croit  être  l'Oxus  des  An- 
ciens  Géoghraphes. 

^  Ce  nom   de  Maouarannahar  a  été  donné,  par  'es  Arabes  ,  à  une  fort  orande 
ctenduë  de  pays  que  nous  appelions  ordinairement  dans  cet  Ouvrage  la  Provin- 
ce 


5S4  M  A  0  U  A  R  A  N  N  A  H  A  R. 

ce  Tranfoxane,  qui  eft  bornée,  au  Midy  &  au  Couchant,  par  la  rivière  dont 
nous  venons  de  parler  ,  &  en  tirant  du  Couchant  au  Septentrion  par  la  mer 
Cafpienne.  Ses  limites  du  côté  de  l'Orient  &  du  Septentrion  Oriental  font  in- 
connues ,  &  l'on  fçait  feulement  que  ce  qui  eft  au  de-là  du  Gihon  &  compris 
au  de-çà  du  Sihon  ',  qui  eft  l'Iaxartes  des  Anciens ,  eft  habité  par  les  Turcs 
Orientaux  ou  du  Turkeftan  ,  par  les  Tartares  ,  par  les  Mogols  &  par  les  Kha- 
taïens ,  qui  font  apparemment  les  Peuples  les  plus  Septentrionaux  de  la  Chine. 

La  partie  de  cette  Province  Tranfoxane,  la  plus  renommée  dans  les  Hiftoircs 
Orientales ,  eft  la  vafte  Campagne  ou  Vallée ,  nommée  Sogd  ,  •  de  laquelle  la 
Sogdiane  des  Anciens  a  pris  fon  nom.  Elle  a  vingt  Parafanges  de  longueur , 
ce  qui  revient  à  quarante  de  nos  lieues  Françoifes,  &  dix  Parafanges,  qui  font 
vingt   de  nos  lieues,  de  largeur. 

La  Ville  de  Samarcande,  qui  en  eft  la  Capitale  ,  a  autour  de  foy  dix  lieues 
à  la  ronde  ,  un  grand  nombre  de  Bourgades  ,  dont  les  jardins  délicieux  font 
palier  cette  fameufe  Vallée  pour  un  des  quatre  Paradis  terreftres  que  les  Orien- 
taux mettent  en  Afie. 

Outre  la  Ville  de  Samarcande  ,  cette  Province  a  '  plufieurs  Villes  confidéra- 
bles,  tant  par  leur  grandeur,  que  par  letenduë  de  leurs  territoires,  telles  font, 
entre  plufieurs  autres,  les  Villes  de  Bokhara  ,  de  Farganah,  de  Nekhfchab,  de 
Kafch,  de  Saganiane  &  de  Termed. 

Il  fe  trouve  dans  ce  pays-là  des  mines  d'or  &  d'argent,  particulièrement  dans 
fa  partie  méridionale  ,  c'eft- à- dire ,  la  plus  prochaine  du  Gihon  ,  qui  eft  limi- 
trophe à  celles  de  Badakhfchan  &  de  Kh©uarezm,  &  même  auprès  de  Farganah. 

Toutes  les  Villes  de  ce  pays-là  font  bâties  de  pierres  &  de  briques ,  &  il  y 
en  a  plufieurs  fermées  de  murailles  très-fortes  &  flanquées  de  Tours,  telles  que 
font,  entre  les  autres,' les  Villes  de  'Bikend-,  de  Schakh,  de  Khogend  ,  d'Afch- 
tikhan,  de  Bonkat  &  d'Olîbufchaab.  • 

.  La  Province  de  Maouarannahar  fut  conquife  par  les  Arabes  fous  la  conduite 
de  Cahtebah,  fils  de  Meflem  ,  dans  les  années  de  l'Hegire  87,  88  &  89,  du 
tems  de  Valid  ,  fixième  Khalife  de  la  race  des  Ommiades.  Les  Mufulmans  pri- 
rent alors  les  deux  grandes  Villes  de  Samarcande  &  de  Bokhara  ,  &  s'emparè- 
rent même  de  la  Ville  Capitale  du  Turkeftan,  félon  le  rapport  de  Den  Schoh- 
nah  &  de  Khondemir, 

Sous  le  règne  ties  Khalifes  Abbafiîdes,  plufieurs  Provinces  Mufulmannes  ayant 
été  eiTv^ahies  par  des  Princes  particuliers ,  celie-cy  tomba  entre  les  mains  des  Sa- 
rnanides ,  &  pafilmt  de  main  en  main  dans  les  familles  Royales  qui  s'emparè- 
rent de  la  Perfe ,  elle  tomba  enfin  en  la  puiffance  des  Khouarezmiens ,  lefquels 
en  jouirent  jufqu'à  ce  que  Ginghizkhan  les  en  chaffa.. 

■Ce  grand  Conquérant,  après  l'avoir  entièrement  fubjuguée,  en  donna  le  Gou- 
vernement en  Souveraineté  à  fon  fécond  fils,  nommé  Giagataï,  &  c'eft  du  nom 
de  ce  Prince  que  Ton  appelle  aujourd'huy  communément  cette  Province  du  nom 
de  Zagataï. 

;  Les  Succeffeurs  de  Ginghiz  Khan  en  ayant  été  cnfuite  chaflTez  par  Tamcrlan, 
îa  poftcrité  de  ce  fécond  Conquérant  de  l'Afie,  fans  compter  Alexandre,  en  fut 
aufîî  dépouillée  par  Schaïbek  ,  Sultan  des  Uzbeks  ,  l'an.  904  de  l'Hegire.  Car 
Mirza  Babor  fut  le  dernier  de  la  race  de  Tamerlan  qui  y  régna,  de  même  que 
Soiourgatmifch  avoit  été  le  dernier  des  Ginghizkhanicns  par  la  conquête  qu'en 
fit  Tamerlan. 

C'cil 


MAOUARDI. MAOULANASCHAH.  5Sf 

C'efl  de-là  que  nous  appelions  encore  cette  Province  le  pays  des  Uzbeks, 
Nation  qui  la  poirede  aujourd'huy  ,  &  dont  les  Princes  prétendent  tirer  leur 
origine  de   Genghiz  Khan.     Voyez  le  titre  de  Gihon,  &c. 

MAOUARDI,  furnom  d'Abou  HafTan  A'ii  Ben  Mohammed.  Cet  Auteur, 
qui  mourut  l'an  450  de  l'Hegire,  étoit  de  la  Sefte  des  Schaféïens  &  po/toit  le 
furnom  de  Maouardi ,  à  caufe  qu'il  defcendoit  d'un  Diftillateur  ou  Vendeur 
d'eau  rofe. 

Il  a  compofé  deux  Ouvrages  de  Politique,  dont  l'un  eft  intitulé  Naflinat  Al 
Molouk,  c'eft-à-dire ,  Confcil  donné  aux  Rois,  &  l'autre  intitulé  Hakkam  Al  Sol- 
thaniat,  c'eft-à-dire,  des  Droits  Royaux. 

On  a  aufïï  de  luy  un  autre  Livre  ,  intitulé  Adab  adduniah  uddin  ,,  c'eft-à-di- 
re, les  Mœurs  du  fiècle  &  de  la  Religion,  qu'il  écrivit  pour  le  Khalife  Caicm 
Beemrillah,  vingt-fixième  des  Abbaflîdes. 

Mais  le  plus  célèbre  de  tous  les  Ouvrages  de  ce  Dofleur  porte  un  titre  fore 
fupcrbe,  à  fçavoir,  celuy  de  Haoui,  c'eft-à-dirc,  Livre  qui  comprend  toutes  cho- 
ies. .  Ce  titre  a  grand  rapport  à  celuy  d'un  Livre  que  l'on  trouve  parmy  les 
Hébreux,  intitulé  Colbo,  qui  fignifie  la  même  choPj. 

Il  y  a  encore  un  Livre  du  même  Auteur,  intitulé  Amthal  Al  Coran,  c'eft- 
à-dire,  des  Comparaifons  &  Proverbes  de  l'Alcoran. 

MAOUASSL     /^o>ez  Mézz. 

MAOUBALIG,  nom  que  Ginghizkhan  donna  à  la  Ville  de  Bamian  en  Kho- 
rafian,  après  qu'il  feut  defolée. 

On  dit  qu'il  luy  donna  ce  nom  ,  qui  fignifie  Ville  de  trifteffe  ,  à  caufe  qu'il 
y  reçût  la  nouvelle  de  la  perte  qu'il  avoit  faite  par  la  mort  de  fon  petit  -  fils  , 
fils  de  Giagataï. 

MA'OUDHAT.  Préfervatifs  contre  les  enchantemens,  C'eft  le  nom  que 
les  Mahomctans  donnent  aux  derniers  Chapitres  de  FAlcoran ,  qu'ils  recitent 
fouvent  pour  fe  garantir  des  fortileges  &  de  toutes  autres  raauvaifes  rencontres. 

MAOULA.  Ce  mot  Arabe  a  des  fignifications  fî  amples  &  fi  oppofées,  qu'il 
eft  difficile  de  luy  en  aflîgncr  une  qui  ne  foit  pas  équivoque.  Cependant  la  plus 
ordinaire  eft  celle  de  -eigneur  &  de  Maître  ,  de  forte  qu'il  y  a  plufieurs  Prin- 
ces &  plufieurs  Do6leurs  qui  portent  ce  titre ,  que  nous  exprimons  vulgairement 
par  Moula  ou  Moulei. 

Il  faut  cependant  remarquer,  que  ce  même  mot  fignifie  auffi  fouvent  un  Efl 
clave  ,  un  Affranchi  &  un  Compagnon.  Il  eft  fouvent  incertain  ,  laquelle  de 
ces  deux  fignifications  fi  oppofées ,  convient  aux  Perfonnages  auxquels  ce  titre 
eft  appliqué. 

MAOULANASCHAH.  C'eft  l'Auteur  d'une  Hafchiat ,  c'eft-à-dire,  de 
Notes  marginales  fur  le  Livre  intitulé  Adab  Al  Aïgi.  l^oyez  le  titre  de  Schah. 

Le  nom  de  Maoulana,  en  cet  endroit,  peut  fignifîer  Nôtre  Seigneur  ou  Nô- 
tre Maître. 

Maoula  Tchelebi  eft  le  nom  d'un  autre  Auteur ,  duquel  il  eft  parlé  dans  le 
-titre  de  Tchelebi. 

Tome  IL  E  e  e  e  Maoula 


526  M  A  O  U  L  A  O  U  L  —  M  A  0  U  T  H  A. 

Maoïila  HafTan,  Prince  qui  rcgnoit  à  Tunis  dans  le  fiècle  pafTé.  Il  fut  chafTé 
de  fc3  Etats  &  rétably  par  Charles  quint.  ' 

Les  Rois  de  Fez  &  de  Maroc-,  &  autres  Afriquains ,  prennent  la  plupart  le 
titre  de  Maoula  ,  aufli-bien  que  leurs  Scherifs  ,  qui  leur  tiennent  lieu  d'I- 
mams &  de  Mouftis,  comme  ils  font  appeliez  dans  les  autres  Provinces  du  Mu- 
fulmanifme. 

MAOULAOUI  ou  Mcvlevi  ,  comme  les  Perfans  &  les  Turcs  le  pronon- 
cent. Ce  mot,  qui  figniîie  proprement  Alfocié  ,  eft  le  nom  d'une  Sefte  parti- 
culière de  Dervifches ,  lefquels  ont  pour  leélure  ordinaire  le  Livre  de  Gemaled- 
din  Al  Balkhi,  intitulé  Al  Mathnaoui,  dont  il  faut  voir  le  titre  &  l'ufage  par- 
ticulier ■  de  la  danfe  &  de  la  flûte ,  par  le  Ton  de  laquelle  commence  ce  Livre , 
que  ces  Dervifches  ont  rendu   fi  fameux  parmy  les  Mufulmans. 

Il  y  a  plufieurs  Auteurs  qui  portent  le  furnom  de  Mevlevi ,  comme  faifant 
profeffion  de  cet  Ordre  ou  de  cette  Difcipline  particulière  ,  qui  fut  fondée  &. 
inflituée  dans  la  Ville  de  Cogni  en  Natolie. 

Mevlevi  Ankaroui,  c'cfl-à-dire ,  un  Mevlevi  natif  de  la  Ville  d'Ancyre  en  Ga- 
latie,  &  un  autre,  furnommé  Dhemi,  ont  fait  des  Commentaires  en  Perfieil  & 
en  Turc  fur  le  même  Livre,  dit  Mathnaoui. 

MAOULOUD,  Les  Chrétiens  Arabes  de  Langue  ou  de  Nation  appellent 
ainfi  la  fête  de  Noël,  à  caufe  de  la  Nativité  de  Nôtre  Seigneur,  &  les  Maho- 
metans  Arabes  la  nomment  aufîi  lelidah  pour  la  même  raifon.  Tous  ces  mots 
viennent  de  Oualad,  qui  lignifie  donner  &  prendre  naiiïànce. 

MxAOU'N.  Ce  mot  fignifie,  félon  l'Auteur  de  Mirkat  ellogat ,  le  troifième 
Ciel,  où  il  y  a  des  Anges  qui  ont  la  figure  de  Kerkes  ,  c'effc  -  à  -  dire ,  de  Vau- 
tours. 

MAO'UNAT  âla  défi  alhamm  u  algamm.  Aide  &  fecours  pour  chalTer  les 
foins  &  les  chagrins  de  la  vie.  C'eft:  le  titre  d'un  Livre  fpirituel ,  compofé  par 
Elias  ou  Elic,  Evoque  Nefi:orien^'de  la  Ville  de  Nifîbe  en  Melbpotamie.  Il  eft 
dans  la  Bibliothèque  Royal^,.n°.,,92(5. 

M  A  OU  NI,  furnom  de' Box-han  Ibrahim  Ben  A'bdcllathif,  Auteur  du  Livre,. 
intitulé  Arbaïn  Al  Àfchariat,  c'efi:-à-dîre,  les  quarante  Traditions  expliquées  fur 
les  Principes  du  Doéteur  Al  Afchari  ,  &  félon  la  Doctrine  ûqs  Afchariens. 

M  A  OU  RED  allathafat  fi  man  ouali  Alfolthanat  ou  Al  Khelafat.  Hifloire 
de  ceux  qui  ont  régné  en  Egypte  depuis  Mahomet,  tant  Khalifes  que  Sultans, 
jufqu'àu  règne  de  Malek  Al  'Dhaher  Giakmak  ,  Sultan  de  la  Dynaftie  des  Ma- 
melucs  Circafficns. 

Ce  Livre  a  été  compofé  par  l'Emir  Aboul  MahafiTen  Jofef  ben  Tangri  Vir- 
di,  qui  p'fcnd  le  titre  de  AJoiivarrakh  Mefr,  c'eft-'à-dire,  d'Hiftoriographe  d'E- 
gypte. 

MAOUTHA.  Ce  mot  qui  fignifie  proprement  un  Marchepied,  eft^lc  titre 
d'un  livre  fort  efl:imé  par  les  Mufiilmans,  qui  eft  ordinairement  nommé  Maou- 
îha  m  ha^dith  ,  compofé  par  rtouQ  Makk  ,Bea  Ans  ,  un  des  quatre  Chefs  des 

Seétes- 


M  A  0  U  T  I.  M  A  U  D  0  U  D.  587 

Seftes  Orthodoxes  du  MLifulmanifmc.  Les  mêmes  Miifulmans  honorent  foiirent 
ce'  livre  du  titre  de  Mobarek  ,  qui  figHifie  faint  &  béni ,  pour  la  vénération 
qu'ils  portent  à  fon  Auteur,  &  à  caufe  qu'il  traite  des  Traditions  Prophétiques. 

Le  Khalife  Haroun  Al  Rafchid  fît  tant  detat  de  ce  livre  qu'il  s  arrêta  dans 
la  Ville  de-  Medine ,  où  Malek  faifoit  fa  demeure  pour  en  entendre  la  lecture 
&  l'explication  par  fon  Auteur  même.  ■ 

Cet  Ouvrage  a  été  commeiîté  par  plufieurs  Auteurs  Mufulmans. 

MAOUTI,  furnom  d'Aboubekr  Raggar,  Auteur  d'un  Ouvrage,  intitulé  Ama- 
li  ou  Dictées. 

MAOUZEN  almizan.  Poëme  Arabique,  qui  porte  encore  le  nom  de  Tai- 
jah,  qu'Ibrahim  Mofla  bafcheri  a  compofé  fur  l'Ifagoge  de  Porphyre. 

MAUDOUD,  fils  de  MafFoûd.  C'eft  le  troifième  ou  le  quatrième,. fi  l'on 
compte  Mohammed  l'aveugle.  Sultan  de  la  D^-nallie  des  Gaznevides. 

Auffî-tôt  que  Maudoud  eut  appris  dans  la  Ville  de  Balkhe  ,  qu'il  défcndoit 
contre  les  Selgiucides ,  que  fon  père  avoit  été  dépouillé  de  fes  Etats  par, h  ré- 
volte de  fon  armée  ,  &  qu'Ahmed  ,  fils  de  Mohammed  l'aveugle  ,  ion  oncle , 
l'avoit  fait  mourir  ,  il  fe  tranfporta  en  diligence  en  la  Ville  de  Gaznah  ,  où  il 
fut  reconnu  pour  Sultan,  en  qualité  de  Légitime  &  SuccelTeur  de  fon  père. 

Après  cette  prife  de  poireffion  ,  Maudoud  fe  mit  en  campagne  &  alla  au-de- 
vant de  Mohammed  l'aveugle  &  d'Ahmed  fon  fils ,  qui  avoient  été  proclamez 
Rois  par  l'armée  révoltée,  à  la  fufcitation  de  Jofeph,  fils  de  Poufteghin. 

Tous  ces  gens-cy  retournoient  viftorieux  des  Indes  à  la  Ville  de  Gaznah  , 
chargez  de  dépouilles  &  des  tréfors  de  MalFôud,  lorfque  Maudoud  les  rencon- 
tra &  les  obligea  à  donner  bataille. 

Maudoud  les  défit  à  platte  couture  ,  fit  prifonniers  tous  fes  ennemis  ,  &  ne 
leur  donna  aucun  quartier.  Il  pardonna  feulement  à  A'bderrahim,  un  des  en- 
fans  de  Mohammed  l'aveugle  ,  qui  étoit  innocent  de  tout  ce  qui  s'étoit  palfé 
contre  Maffiud. 

Après  qu'il  eut  remporté  une  vicloire  fi  fignaléc  ,  &  qu'il  fe  fut  défait  de 
tous  fes  ennemis  domefliques  ,  il  demeura  paiiible  poireifeur  de  fes  Etats,  qui 
cependant  étoient  déjà  fort  maltraitez  par  les  Selgiucides. 

Pour  reparer  ces  pertes  ,  il  fut  obligé  de  mettre  derechef  une  grande  armée 
fur  pied  ,  avec  laquelle  il  marcha  contre  eux.  Mais  ayant  été  déftiit  par  Alp- 
Arilan  leur  Prince,  il  eut  befoin  de  lever  de  nouvelles  troupes,  avec  lefquelles 
il  fe  proracttoit  de  les  mettre  à  la  raifon.  Pour  cet  effet,  il  refolut  de  leur  li- 
vrer encore  une  bataille;  mais  à  peine  étoit-il  en  marche  qu'il  fut  attaqué  d'u- 
ne colique,  qui  l'emporta  en  fort  peu  de  jours  ,  l'an  435  de  l'Hegire  ,  après 
un  règne  de  fept  ans. 

Maudoud  ne  lailTa  en  mourant  qu'un  fils  en  fort  bas  âge,  nommé  MaflLùd  1 1 
•du  nom,  qui  luy  fucceda.  Mais  les  Turcs,  qui  étoient  les  plus  pulifans  en  cet- 
te Cour  ,  refufant  d'être  commandez  par  un  enfant ,  mirent  fur  le  trône  des 
Gaznevides  fon  oncle  A'ii ,  fils  de  Mafl^jud  premier  ,  dont  le  règne  fut  aufîî 
fort  court;  car  il  fut  dépofledé  &  chaffi  par  A  bderrafchid,  fils  du  Sultan  Mah- 
moud, premier  Sultan  de  cette  Dynafl:ie,  qui  s'étoit  échappé  de  la  prifon  ,  où 
il  avoit  pafle  une  grande  partie  de  fa  vie.     Khondunir, 

Eeee  2  MAVIAH, 


588  M  A  V  I  A  H.  M  A  Z  D  A  R 

M  AVI  A  H,  Reine  des  Arabes  Hemiarites  &  GaiTanites  ,  qui  étoit  Chrétien^ 
ne  &  regnoit  du  tems  de  l'Empereur  Valens.  Elle  étoit  Orthodoxe,  &  elle 
fe  déclara  ennemie  des  Romains ,,  à  caufe  que.  leur  Empereur  fa\'orifoit  l'Ariar 
ni&ie. 

MAZAH.  Omar  Ben  A'bdelaziz  Ebn  Mazah.  C'eft  l'Auteur  d'un  Com- 
mentaire fort  ample  fur  le  Livre  intitulé  Adab  Al  Cadhi,  qui  cil  un  Directoi- 
re pour  les  Cadis  ou  Juges  Mufulmans  ,  félon  les  principes  de  la  Jurifprudence 
d'Abou  Hanifah. 

Cet  Auteur  eft  auffi  furnommé  Huffam  Schehid  ,  à  caufe  qu'il  fut  tué  l'an 
536  de  l'Hegire. 

MAZANDERAN,  Ville  qui  a  donné  fon  nom  à  un  grand  Pays,  qui  s'év 
tend  le  long  de  la  Mer  Cafpicnne,  &  qui  cil  au  Nord  de  la  Province  de  Ghilan. 

Cette  Ville,  dont  la  fondation  eft  incertaine,  étoit  eftimée  très-forte  &  com- 
me inexpugnable  du  tems  de  Kaïkaous  Second,  Roi  de  la  féconde  D.ynaftie  de 
Pcrfe,  furnommée  des  Caïanidea. 

Kaïkaous  fit  long-teras  la  guerre  en  ces  quartiers-là  à  Afrafiab,  Roi  du  Tur- 
queftan ,  qui  le  fit  enfin  prifonnier  &  le  tint  enfermé  dans  la  Ville  de  Mazan- 
deran,  jufqu'à  ce  que  le  brave  Roftam  l'en  délivra. 

Toute  la  Province  de  Mazanderan  eft  pleine  de  Châteaux  &  de  détroits  pref- 
que  inacceffibles,  de  forte  que  Mohammed,  Roy  de  Khouarezm,  fe  voyant  pour- 
fuivi  de  Province  en  Province  par  les  Troupes-  de  Ginghizkhan  ,  crut  ne  pou-^ 
voir  pas  mettre  fes  tréfors  en  plus  grande  fureté,  qu'en  les  faifant  tranfporter 
dans  un  des  Châteaux  de  ce  Pays-îà. 

Les  Peuples  de  ce  Pays  font  les  plus  belliqueux  de  toute  la  Perfe  ,  &  ont 
des  retraites  dans  leurs  montagnes  fi  bien  munies  ,  que  Tamerlan  eut  beaucoup 
de  peine  à  les  fubjuguer. 

C'eft  cette  Province,  jointe  à  celle  de  Tabareftan,  &  peut-être  aufïï  à  cellâ 
du  Ghilan  ,  qui  a  été.  comiue  ,  par  les  Grecs  &  par  les  Latins  ,  fous  le  nom 
d'Hyrcanie. 

MAZANDERANI,  furnom  d'Ebn  Schoaïb.     Voyez  ce  titre.- 

MAZAR  TURK  ou  Mazar  dni  turk.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  encore  au- 
jourd'huy  le  lieu  .où  Soliman  Sehah.,  Aïeul  d'Othman,  premier  Sultan  des  Turks 
Othmanides  ou  Ottomans,  fut  enterré.  Ce  heu  eft  fitué  vis-à-vis  de  Khaïbar, 
Château  fort ,   bâti  fur  un  gué  de  l'Euphrate ,  où  Soliman  Schah  fe  noya. 

MAZDAK.  C'eft  le  nom  d'un  fameux  Impoftcur  ,  natif  de  Perfe  &  fur^ 
nommé  Zcndik,  c'eft-à-dire,  l'Impie,  qui,  fous  prétexte  de  rendre  les  biens  com^ 
muns,  vouloit  s'emparer  de  ceux  d'autrui. 

Il  vivoit  fous  lé  règne  de  Cobad,  Père  de  Cofroés,  furnommé  Noufchirvan , 
&  fçut  fi  bien  gagner  par  fes  impoftures  l'efprit  de  ce  Prince,  qu'il  entreprit^ 
foUs  fon-  autorité ,  de  faire  une  nouvelle  repartition  de  biens  par  toute  la  Perfe. 

Cette  cntreprife  luy  réùfîit  fi  bien  qu'il  dépouilla  la  plupart  des  Grands  du 
Royaume,  &  fe  mit  à  la  tête  d'une  grande  populace  ,  à  laquelle  il  faifoit  part 
de  fon  butin. 

Cependant  les  Grands  de  l'Etat,  qui  i^  virent  fi  maltraitez  par  les  ordres  de 

leur.. 


M  A  Z  E  N. i\l  A  Z  1  L,  589 

leur  Prince,  réfolurent  de  le  détrôner  &  de  le  chaffer  hors  de  fes  Etats.  Mais 
Mazdak,  qui  ctoit  foûtenu  d'un  fore  grand  parti,  eut  aiFez  de  cré,dit .pour  faire 
élire  en  fa  place  un  nommé  Mafraf,  qui  étoit  de  la  faclion. 

Buzurgemihir  ,  qui  étoit  le  premier  Miniftre  de  Cobad  ,  fçut  cependant  il 
bien  ménager  les  efprits  des  Grands  &  du  peuple  ,  leur  découvrant  toutes  les 
fourberies  de  JVIazdalc,  qu'il  fit  rétablir  Cobad  &. que  Mazdak  fut  obligé,  de  for- 
tir  du  Roj'aume. 

Quelque  tems  après,  Mazdak,  qui  continuoit  toujours  à  vouloir  pafTer  pour 
Prophète,  retourna  en  Perfe  ibus  le  règne  de  Noutchirvan ,  fils  de  Cobad.  Mais 
ce  Prince  mieux  confeillé  que  fon  père,  ne  le  voulut  point  écouter,  &  fe  fer- 
vit  fi  bien  des  bons  avis,  que  iuy  donna  le  même  Buzurgemihir,  qu'il  le  fit  em- 
prifonner  &  enfin  condamner  à  la  mort.. 

MAZEN.  C'efl  le  Œef  d'une  Tribu  des  Arabes.  Abou  O'beidah  Al  Bafri 
a  fait  l'Hifloire  des  Perfonnages  les  plus  illultrcs  qui  font  iffus  de  cette  Tribu, 
fous  le  titre  Akhbar  béni  Mazen. 

MAZENI,  furnom  d'Abou  Othman  Ben  Habib,  célèbre  Grammairien,  na- 
tif de  Bafibra  ,  qui  mourut  l'an  249  de  l'Hegire. 

Il  eil  mis  aufîî  au  rang  des  grands  Jurifconlliltes ,  comme  ayant  reçu  les  Tra- 
ditions &  la  Doctrine  d'Abou  O'béïdah  &  d'Afmaï ,  qu'il  communiqua  enfuite 
à  Mobared,  autre  Docteur  infigne  de  la  loi  Mufulmanne. 

Il  efl  Auteur  du  Livre  intitulé  Al  Medheb ,  c'eft-à-dire  ,  de  la  Sefte  ,  où  ii 
traite  de  la  Religion  Mufulmanne,  &  d'un  autre,  intitulé  Al  Tafrif,  qui  eft  un 
Ouvrage  fur  la  Grammaire  Arabique. 

Ce  Dofteur  faifoit  fi  grand  état  de  la  Grammaire  Arabique  de  Sibouïeh , 
qu'on  dit,  qu'il  en  avoit  ufé  vingt  exemplaires  dans  fa  manche,  parce  qu'il  la 
portoit  toujours  fur  Iuy. 

On  rapporte  de  Iuy,  dans  le  Livre  intitulé  Rabî  Al  Abrar  ,  qu'un  Juif  l'a^ 
yant  prié  de  Iuy  expliquer  le  Livre  de  Sibouïeh  ,  &  iuy  promettant  cent  piè- 
ces d'or  pour  fa  peine,  ce  Dofteur  les  réfufa,  lui  alléguant  quelques  verfets  de 
l'Alcoran,  par  lefquels  il  prétendoit  ,  qu'il  étoit  défendu  à  un  Mufulman  d'en- 
feigner  un  Juif,  &  que  peu  de  tems  après  le  Khalife  Vathek  Bil'ah  l'ayant 
confulté  fur  une  difficulté  de  Grammaire  ,  Iuy  fit  prêtent  de  mille  pièces  d'or , 
&  que  fur  cela  Mazeni  dit  au  Khalife:  Je  n'avois  donné  à  Dieu  que  cent  piè- 
ces, il  m'en  a  rendu  mille. 

MAZHAR.     Ce    mot  fignifie    proprement    en    Arabe  un    lieu    fleuri    ou 
parc  de  fleurs,  un  Jardin.    C'efl  le  titre  d'un  Livre  hiftorique  de  Gelaieddin  Al  ■ 
Soiouti. 

MAZIL  alertidb  an  mofchkabeth  alentefiâb.  Livre  qui  réfout  les  difficultez 
qui  fe  rencontrent  dans  l'Hilloire  au  fujet  des  Généalogies,  comoofé  par  -*bouI 
Mag'd  Ifmael  Ben  Hebath  allah  AI  Mouflbuli. 

MAZIL  al  Khafo  an  Al  Fadh  al  Schafa.  C'eft  le  Titre  d*un  Commentaire 
que  Schcmeni  a  fait  fur  le  Livre  de  Cadhi  Aïadh  ,  intitulé  Schafa  fi  tâarif  ho- 
kouk  Al  Mollafa  ,  qui  eft  un  Ouvrage  qui  traite  des  droits  &  des  avantages 
dû  faux  Prophète. 

Eeee  3,  MEBAHEG 


590  M  E  B  A  H  E  G.        M  E  C  C  À  H. 

MEBAHEG  alfekr  u  Menahcg  alêbr.  Ouvragç  dé  Mohammed  Ben  A'bdal- 
]ah  Al  Anfari,  C'eft  un  recueil  de  chofcs  curieufes  &  divcrtiflantes,  que  Soiou- 
thi  cite  dans  fa  Préface  fur  l'Hiftoire  d'Egypte. 

MECCAH.  La  Mecque.  Ville  de  l'Arabie,  fituée  dans  une  des  Provin- 
ces de  ce  vafle  Pays,  appellée  Tehamah,  à  caufe  qu'elle  eft  plus  baffe  que  tou- 
tes les  autres.  _  ■-•'i  i-'i^^  ni 

U  y  a  cependant  plufieurs  Géographes  qui  la  placent  dans  celle  de  Hëgiàz^'au 
miheu 'd'une  grande  plaine  pierreufe,  qui  eu  bornée' à  l:i-ois- mille  de  la  Mecque, 
par  les  Montagnes  nommées  dAbou  Caïs  &  de  Gerahem,  où  les  Muful maris  ré- 
vèrent encore  aujourd'huy  la  grotte  d'Eve  ,  femme  d'Adam  ,  dans  laquelle  Ma- 
homet fe  retiroit  fouvent  pour  v^icquer,  comme  il  difoit,  à  fes  dév^otions. 

Outre  ces  deux  montagnes,  qui  font  au  Septentrion  de  la  Mecque,  il.  y  en 
â  une  troifième  qui  la  regarde  au  Mi'dy ,  nommée  Thour,  &  c'efl  dans  celle-cy 
que  Mahomet  fe  tint  caché  quelque  tems  ,  après  avoir  été  chaffé  de  la  Mec- 
que,  &  où  il  prit  la  réfolution  d'abandonner  "entièrement  fa  Ville  natale,  pour 
établir  fa  demeure  à  Medine  ,  Epoque  fameufe  parmy  les  Mahometans  ,  qu'ils 
nous  ont  fait  connoître  fous  le  nom  d'Hcgire  ,  c'eil-à.dire ,  de  la  fuite,  de  leur 
faux  Prophète. 

:  Les  Géographes  Orientaux  donnent  à  la  Ville  de  la  Mecque  y  y  dcgrez  de  lon- 
gitude, &  21  degrez,  40  minutes  de  latitude  Septentrionale,  &  la  placent  dans 
le  fécond  Climat. 

Quoique  cette  Ville  foit  éloignée  de  la  Mer  rouge  d'environ  trois  journées, 
néanmoins  elle  ne  laiffe  pas  de  luy  donner  fon  nom.  Car  les  Arabes  l'appel- 
lent fouvent  Bahr  Meccah  ,  &  les  Turcs  Mekkah  Denghizi  ,  d'où  les  Italiens, 
tant  Hiftoriens  que  Géographes,  la  nomment  auffi  Golfo  di  Mecca. 

Mais  ce  qui  rend  cette  Ville  la  plus  célèbre  dans  le  Monde  cft  la  nailfance 
de  Mahomet,  le  Temple  de  Câbah  ou  Maifon  quarrée  ,  fouvent  au/îi  nommée 
par  les  Mufulmans  Beït  allah ,  c'cfl-à-dire,  h  Maifon  de  Dieu,  &  le  Puis  pré- 
tendu miraculeux  de  Zcmzem.  Ce  font  ces  av.-inta^^es  qui  font  que  les  Muful- 
.Tnans  ne  nomment  jamais  cette  Ville  ,  qui  a  porté  aufîî  autrefois  le  nom  de 
Beccah,  fans  luy  donner  le  titre  de  Moadhemah ,  c'eflTà-dire  ,  de  Grande  &  de 
Magnifique,  de  la  même  manière  qu'ils  donnent  celuy  de  Munaoverah,  c'eil-à- 
dirè,  d'Illuftre,  à  celle  de  Medine,  &  de  Cods  fcherif ,  c'efl-à-dire  ,  Sainte  & 
Noble,  à  celle  de  Plierufalem. 

Pour  bien  connoître  ce  qui  regarde  la  Ville  de  la  Mecque  ,  il  faut  voir  les 
titres  de  Cabah,  de  Zemzem  &  de  plufieurs  autres  qui  y  ont  du  rapport. 

Quoique  cette  Ville  foit  en  fi  grande  vénération  parmy  les  Mufulmans,  néan- 
moins elle  n'a  pas  laifîe  d'avoir  été  plufieurs  fois  affiégée ,  pillée  &  brûlée ,  au 
fujet  de  diverfes  révoltes  qui  fe  font  élevées  parmy  eux. 

A'bdallah,  fils  de  Zobeïr,  s'étant  fait  proclamer  Khalife  dans  la  Mecque,  fous 
le  règne  d'Iezid,  fils  de  Moavie  ,  fécond  Khalife  de  la  Maifon  des  Ommiades , 
lezid  envoya  fîofiain,  fils  de  Semir,  Général  de  Ces  troupes,  pour  forcer  A'b- 
dallah qui  s'étoit  fortifié  dans  la  Mecque.  Hoffa'ïn  l'affiégea  ,  l'an  64  de  i'He- 
gire ,  &  la  battit  fi  rudement,  pendant  quarante  jours,  qu'il  démoht  une  gran- 
de partie  du  Temple  &*brLila  l'autre,  &  cette  "Ville  auroit  couru  la  même  for- 
tune que  Medine ,  fi  la  nouvelle  de  la  mort  d'Iezid  n'eût  rappelle  Ilofiltïn  en 
Syrie. 

A'bdaî- 


:  A/bdaUahfé  vôyantiinie'ux  étabH  ïjue:j;iitnais;dal$  là,  Meçquascmprèj  ,1^  retrai- 
te de  HoŒiïn  &  de  l'on  armée,  OMCinua  la  guerrcî  ■C'art.tre  .les 'Ivlialifes  Omniia- 
des^  SuccefTeurs  d'feziJ,' jntiju'au  règne  d'Abdv'l  M clejc  ^  cinquiy. ne  Khalife  de 
cette  Mailbn.  Maiscekiy-cy,  voulant  enlin  terminer  cette  affaire,. xelplut  d'at- 
taquer enÈore  une  fois  vivetneJitjfoa  ennemi; dans  ixf  iVJecqui2.;b  -ijo-nï.  T  ■., 
■  Pour  cet' effet,  il  tint  cônfeil  pouf-idélibercr  à  ■qui'il' donne'tojt  :le::Gcfnnnan- 
dejjient  de' l'armée  qu'il  Vouloit  ■  envoyer-  en  Arabie.  "'  ;;; -!. 
-  -Hegia'gc  -fils  de  '  Joicf , ^ 'Gouverneur  '  de  î'IfaqUe'  Arâbiqtfé'  'fîôup 'le  Khalife  ,  <St 
qui  étoit  pour  lors  frâs  contredit  le  plus  gi-and  Capitaine  des  Akifulmans,  S'of- 
frit-d'abord  pour  cet  emploi  Mais  A^bdel  Mclek  fit  quelque  difficulté  de  lé 
lui  accorder  julqu'à  ce  qu'il  eût  appris  de  '  lui -qu'il  avbit  fait  un  fonge  la  nuit 
précédente  dan^  lequel  il  lui  fembloft  d'avoir  raie  la  tête  & 'la  barbe  à  A'bdal- 
lah.  Car' ce  longé  duquel  .il  'prit -bon  augure  ,  lui  fit  pi-eiKlrç  la  i-efolutiôn  de 
charger  iîegirtge  de-  In- conduite  de  cette 'afiiTure.  c^^n  ob  tf.n:fLBC'p  '-r,f-:ci;:  i\ 

Hegiage  réulïït  fi  bien  dans.fon  entrepi-ifc  qu'il  prit''paf''f8fce"la  Vrilè' de  la 
Mecque  l'an  de  l'tlegii'C;  73,  &  fit  couper  la  tcte  à  Abdallah  qui  l'avoit  def- 
fenduë  long-temps  avec  beaucoup  de  vigueur.  Et  parce  que  fies  batteries  avoient 
ruiné  une  grande  partie  du  Temple  pendant  les  neuf  mois  qu'avoit  duré  ce 
fiege,  il  fit  entièrement  démolir  tout  ce  qu'A'bdallah  y  ayoit  ajouté  pour  l'ag- 
grandir  &  pour  .l'embellir,,  &  le  rétablit  entièrement  dans'  la' préiniefe  foiinç  b{i 
il  étoit  du  temps  "diJ  Mahomet.  ■     -   ;     ,'  '      '  '      /  ' '■■  ' 

Depuis  ce  temps-là,  la  Ville  de  la  Mecque  demeura  toujours  àa  pouvoir  des 
Khalifes  ou  Ommiades,  ou  Abbaffidcs  qui  régnèrent  fucceffivement  jufqu'au  rè- 
gne des  Ivlialifcs  Molctafi  &  Moktadi  que  les  Carmathes,  peuples  révoltez  ,*  & 
qui  vouloicnt  introduire  une  nouvelle  Religion  dans  le  Mahometifmc  s'emparè- 
rent de  cette  Ville  ,  tuèrent  en  une  feule  fois  jufqu'à  vingt  mille  Pelerfns,  la 
faccagerent  avec  Ion  Temple  pendant  refpace  de  fept  jours,  &  enlevèrent  cette 
Pierre  noire  fi  refpedée  par  les  Mufulmans,  qu'A'bdallah ,.  fils.de.Zobeïr,  avoit 
mile  dans  le  Temple  même ,  &  fuppriraerent  enfin  pour  quelque  temps  le  Pèle- 
rinage de  h  Mecque,  l^oycz  fur  ceci  les  Titres  de  Hage  ,  ou  Pèlerinage  de  la 
Mecque  &  do  Hagiar  alalîbued,  quiefi:  la  Pierre  noire  dont  nous  parlons ,  com- 
me auilî  celui  des  Carmathes. 

La  plus  ancienne  Origine  que  l'on  trouve  des  Emirs  ou  des  Scherifs  ,  com- 
me on  les  appelle  aujourd'huy  ,  de  la  Mecque  ,  fe  trouve  rapportée  par  Ben 
Schohnah  fous  le  règne  des  Aïoubites  ,  ou  Princes  de  la  pofterité  de  Saladin 
qui  regnoit  dans  l'Iemen  en  Arabie,  Car  il  écrit  qu'en  ce  temps-là,  il  y  avoic 
un  Prince  à  la  Mecque  ,  &  un  autre  à  Medine  qui  portoient  le  titre  d'Emir , 
&  que  l'an  633  de  l' Hégire  un  nommé  Cotadah  ,  fils  d'Edris  de  la  race  d'Ali 
de  la  branch.'i  de  Hofiaïn,  étoit  Emir  de  la  Mecque. 

■  II. écrit  aufîî  que  Cotadah  fit  la  guerre  à  l'Etnir  q^ui  commandoit  à  Medine, 
^  qu'ayant  fait  marcher  .pour  cet  eifet  des  troupes  cobtre  lui  fous  le  Comman- 
dement de  fon  frère  &  de  fon  fils  nommé  Haffan,  cet  Hafian,  au  lieu  d'aitr.quer 
l'Emir  de  Medine  ,  tua  fon  Oncle  fur  le  chemin  ,  &  retourna  fur  fes  pas  à  la 
Mecque,  où  il  fit  étrangler  fon  propre  Père  Cotadah  avec  un  de  fes  frères. 

Ce  Cotadah  eft  illufiire  parmi  les  Arabes ,  parce  qn'il  étoit  fort  bon  Poëte  ,  & 
Ben  Sciiohnah  rapporte  des  vers  qu'il  fit  contre  le  Chef  de  la  Caravane  des  Pèle- 
rins qui  alloient  de  la  Province  d'Iraque  à  la  Mecque,  à  caulè  que  ce  Chef  que 
^-  les 


592  M  E  D  A  R  E  K.  —  MEBHALEM. 

les  Arabes  appellent  Emir  Hage ,  prétendoit  que  TEmir  de  la  Mecque  fortît 
de  la  Ville  au  devant  de  lui  pour  le  recevoir. 

Nous  avons  une  Hiftoire  des  Princes  de  la  Maifon  de  Cotadah  qui  ont  régné 
à  la  Mecque  fous  le  nom  d'Akhbar  almoftefadah  fi  faeian  AI  Alkotadah. 

Le  Terroir  de  la  Mecque  n'étant  couvert  que  de  pierres  &  de  fablods  ,  ne 
produit  aucune  forte  de  fruits.  Cependant  ,  il  s'y  en  trouve  de  toutes  fortes 
en  très-grande  abondance ,  ce  que  les  Mufulmans  attribuent  à  la  prière  qu'Hagar 
&  Ifmaël  firent,  quand  l'Ange  Gabriel  les  eut  tranfportez  au  milieu  de  cette 
Campagne  fi  fterile.  Car  alors ,  l'Ange  leur  promit  de  la  part  de  Dieu  que  la 
Ville  &  la  Vallée  de  Thaïef  leur  fourniroit  non  feulement,  les  chofes  necelTai- 
res;  mais  encore,  les  plus  délicieufes. 

Cependant ,  le  Khalife  Mahadi  voulut  encore  enchérir  fur  ces  délices  ,  en 
faifant  tranfporter  fur  des  chameaux,  pandant  le  temps  de  fou  Pèlerinage,  une 
fi  grande  quantité  de  neige,  qu'il  y  en  eut  pour  rafraîchir  les  eaux  &  les  fruits 
pendant  tout  le  temps  qu'il  y  fit  fon  féjour. 

Si  nous  en  croyons  les  Mufulmans  ,  dans  le  lieu  où  la  Mecque  fut  depuis 
bâtie,  il  y  avoit  toujours  depuis  la  naiffance  du  Monde  ufle  colline  de  fable 
rouge  où  tous  les  Peuples  de  l'Arabie  venoient  en  foule  pour  y  faire  leur  priè- 
re &  obtenir  les  grâces  qu'ils  attendoicnt  du  ciel ,  &  ce  lieu  étoit  eftimé  dès- 
Jors  pour  être  le  milieu  de  la  Terre  habitable. 

Trois  Auteurs  fort  célèbres  furnommcz  ,  Al  Affarani ,  Al  Azraki  &  Al  FafH 
ont  écrit  l'Hiftoire  de  la  Mecque ,  &  il  y  a  encore  deux  autres  Ouvrages  dont 
l'un  eft  nommé  Akhbar  Al  Mekkiah,  &  l'autre,  Eêlam  balad  Allah  AlHaram, 
jqui  traitent  le  même  fujèt. 

MEDAREK.  Ketab  Al  Medarek.  Le  Livre  des  Voyes  ,  ou  des  inflruc- 
tions.    Il  eft  fouvent  cité  dans  les  Livres  Myftiques  &  fpirituels 

MED  EL  LU.  Et  Medelli.  La  Ville  de  Metelin  qui  dl  la  Capitale  de  l'Ifle 
de  Lesbos  dans  l'Archipel,  que  les  Turcs  appellent  auflî  Medellu  Adaffi  ,  ceft- 
à-dire,  l'Ifle  de  Metelin. 

Cette  Ifle  &  fa  Capitale  furent  prifes  par  Mahomet  II,  Sultan  des  Othma- 
nides  l'an  865  de  l'Hegire,  fur  Dominique  Catalufio,  Gentirhommc  Génois,  le- 
quel defcendoit  de  François  Catalufio  à  qui  l'Empereur  Grec  Calo  Joannés  l'a- 
voit  donnée  en  pur  don,  pour  rccompenfe  du  fervice  qu'il  lui  avoit  rendu  con- 
tre Jean  Cantacuzene  fon  Beau-Pere^  qui  vouloit  ufurper  fes  Etats. 

MEDENL     Foyez  Medinî. 

MEDHADH,  ou  Madhadh  Ben  A'mrou.  Ceft  le  nom  du  Père  d'une  fille 
qu'Ifmaël  ,  fils  d'Ibrahim  ou  Abraham ,  époufa  en  Arabie ,  &  qui  fut  mère  de 
Thabcth,  fils  d'Ifmaël,  lequel  fucceda  à  fon  Père  dans  la  Principauté  de  la  Mec- 
que. Ce  Thabet  n'ayant  laifi^e  après  fa  mort  que  àes  enfans  en  fort  bas  âge, 
Medhadh  envahit  cet  Etat  félon  Benkondfchah.     Foyez  Zemzcm. 

MEDHALEM.  Dar  Al  Medhalera.  Cour  de  Juftice  établie  par  les  An- 
ciens Rois  de  Perfe  pour  punir  les  violences  &  les  oppréflions,  que  les  Peuples 
fouffroient  de  la  part  des  Grands  Seigneurs  du  Royaume.  Il  eft  parlé  fouvent 
de  ce  Tribunal  dans  l'iiiftoire  des  Anciens  Rois  de  Perfe. 

MEDHEB. 


M  E  D  H  E  B.        M  E  D  I  N  A  H.  593 

MEDHEB,  Ce  mot  qui  fignifie  proprement  une  Scftc  ,  tant  en  ma- 
tière de  Religion ,  que  de  Icience ,  &  qui  fe  peut  prendre  en  bonne  &  en 
nnuvaife  part ,  eft  auflî  le  titre  d'une  Grammaire  Arabique  compoiee  par  Al 
Mazeni. 

MED  IN  A  H.  Ce  mot  fignifie  en  gênerai  Ville,  mais  en  particulier,  c'cfl: 
celle  de  Jathrcb  en  Arabie  dans  la  Province  d'Hagiazc  où  Mahomet  le  retira, 
lorfqu'il  fut  obligé  avec  les  ficns  de  quitter  la  Mecque,  fon.pays  natal,  l^oysz 
Hegirah. 

Elle  fut  appellée  Ville  par  excellence  ,  à  caufe  que  Mahomet  y  établit  le 
fiege  de  l'Empire  des  Mufulmans.  En  effet ,  les  premier::  Khalifes  y  ont  fait 
leur  refidence  ordinaire,  à  la  referve  d'Ali  qui  tranfera  le  fiege  du  Kiialifat  à 
Coufdh  où  il  étoit  plus  aimé.  Après  lui,  les  Ommiad.'s  doat  la  puilîance  sétoit 
établie  dans  la  Sjaùe,  le  mirent  en  Damas. 

Outre  l'avantage  qu'a  Medine  d'eflre  Capitale  des  Mufulmans  ,  elle  a  encore 
celui  de  conferver  les  Sépulcres  de  Mahomet  &  des  premiers  Khalifes,  C'efl 
ce  qui  lui  donne  le  titre  de  Ville  du  Prophète  ,  Medinat  al  Nabi,  ou  fimple- 
ment,  la  Ville. 

Velid,  fixième  Khalife  de  la  race  des  Ommiadcs,  fit  rebâtir  la  Mofquée  où  efl: 
le  Sépulcre  de  Mahomet ,  &  la  fit  beaucoup  plus  grande  &  plus  belle  qu'elle 
n'étoit,  l'an' de  l'Hegire  88,  par  les  foins  d'Omar,  fils  d'Abdelaziz  qui  comman- 
doit  dans  l'Arabie  en  fon  nom,  &  qui  lui  fucceda  dans  la  dignité  de  Khalife. 

Medine  eft  furnommée  Monaouerah  ou  Munevvereh  ,  c'eil-à-djre  ,  l'Illnflre, 
&  a  quitté  entièrement  les  noms  de  Jathreb  &  de  Thaiba  qu'elle  portoit  au- 
paravant. 

Elle  eft  fituée  dans  le  fécond  Climat,  &  appartient  à  la  Province  ou  partie 
de  l'Arabie  appellée  Hagiaze,  comme  nous  avons  déjà  dit,  auOl-bien  que  la  Mec- 
que félon  quelques-uns.  Ce  n'eft  pas  qu'il  n'y  ait  des  Géographes  qui  difent 
qu'elle  appartient  à  la  petite  Province  de  Negcd ,  qui  veut  dire  ,  partie  haute , 
pour  la  diftingucr  de  la  Province  dite  ïehamah,  c'eft-à-dire,  partie  baffe  de 
l'Arabie  où  la  Mecque  eft  fituée. 

-  Ce  qui  rend  aujourd'huy  cette  Ville  plus  recommandable  eft  le  fepulcre  de 
Mahomet,  que  les  Pèlerins  vifitent  ordinairement  au  retour  de  la  Mecque.  Ce 
fepulcre  s'appelle  par  excellence  Raouzat,  ou  Raoudhat  ,  c'eft-à-dire,  la  prai- 
rie ou  le  Jardin.  Le  Terroir  de  Medine  eft  aride,  &  fans  eau,  hçrs  de  quel- 
ques puits  qui  en  fournilTent.  Le  plus  célèbre  de  tous  eft  celui  qui  porte  le  nom 
de  Bedhâat,  comme  qui  diroit  le  fonds  &  le  capital  de  la  boiifon,  Jhdelmôal 
au  f.cou.d  Climat. 

Naffir  eddin  &  Ulug  Beg  donnent  à  Medine  77  degrez  de  longitude,  le  fécond 
de  ces  Auteurs  y  ajoute  10  minutes  ,  &  tous,  deux  lui  donnent  également  21 
degrez,  40  minutes   de  latitude  feptentrionale. 

Les  Habitans  de  Medine  ayant  appris  la  mort  de  Houffaïn,  tué  à  la  journée 
de  Kerbela,  &  qu'Iezid,  fils  de  Moavie,  qui  avoit  fuccedé  à  fon  Père,  maltrait- 
toit  toute  la  Maifon  d'Ali,  réputée  pour  être  la  même  que  celle  de  Mahomet, 
réfolurent  de  le  renoncer  pour  Khalife,  &  de  reconnoître  pour  tel,  A'bdallah, 
fils  de  Zobeïr ,  qui  avoit  été  proclamé  à  la  Mecque.  Ils  levèrent  pour,  cet  effet 
des  troupes;  mais  elles  furent  bien-tôt  défaites  par  Meflem ,  General  d'Iezid,  qui 
vint  enfuite  les  affiéger.    Les  Medinois  fe  voyant  préfixez,  réfolurent  de  fe  ren- 

ToME  IL  F  f  f  f  dre» 


594  M  E  D  I  N  A  T.         M  E  D  I  N  ï. 

dre,  mais.Meflem,  des  mains  duquel  ils  avoient  réfufé  la  paix  au  commence- 
ment du  liége,  ne  les  voulut  recevoir  qu'à  difcretion 

Ce  General  entra  donc  l'épée  à  la  main  dans  Medine,  où  fans  aucun  repeét: 
pour  le  fepulcre    du  Prophète,  il  fit  main-balfe  fur  tout  ce  qu'il  rencontra  fur 
fa  route,  la  faccagea  pendant  trois  jours,   &,  fit  mourir  jufques-à  fix  mille  de 
fes  Habitans. 

Cette  funcfle  défolation  de  la  Ville  de  Medine    arriva   l'an  6z   de  l'Hegire 
&  fit  que  Meflem  porta  le  furnom  de  Mufrif,  à  caufe   qu'il  avoit  excédé  dans 
l'exécution  de  fes  ordres. 

Après  cette  cruelle  exécution  ,  Meflem  fe  préparoit  à  faire  le  même  traite- - 
ment  à  la  Ville  de  la  Mecque,  &  il  marchoit  déjà  pour  cette  expédition,  lorf-- 
que  la  mort  l'arrêta  au  troifième  jour  de  fa  marche.  Foyez  le  titre  d'Iezid.. 
Khondemir. 

Ebn  A'mid  remarque  de  plus  que  Meflem  reduifît  en  efclavage  tous  les  Me- - 
dinois  qui  avoient  échapé  à  la  fureur  du  foldat,  &  il  cite  une  Tradition  Mu- 
fulmanne ,  félon  laquelle  le  faux  Prophète  avoit  donné  fa  malediélion  à  celui  qui 
faccageroit  fa  Ville. 

Après  que -le  Sultan  Selim,  fils  de  Bajazet,  eut  défait  Canfou  Gauri ,  Sultan  des  . 
Mamelucs  d'Egypte ,  comme  il  a{îifi:oit  à  la  prière  publique  dans  la  Mofquée 
d'Halep  ,  l'Imam  ou  Chef  de  la  Mofquée  dit  à  la  fin  de  la  prière  ces  paroles: 
Dieu  conferve  Sèlim  Khan ,  Serviteur  &  Minifl;re  des  deux  Villes  facrées  de  la 
Mecque  &  de  Medine.  L'Auteur  du  Raoudhat  rapporte  que  ce  titre  plût  (i 
fort  au  Sultan  qu'il  donna  la  vefl:e  qu'il  portoit  à  cet  Imam,  &  que  depuis  ce 
temps-là  les  Sultans  Ottomans  l'ont  toujours  mis  dans  leurs  Patentes  en  qualité 
de  Rois  d'Egypte.     Ce  titre  efl:  en  Arabe,  Khadem  Al  Harameïn. 

Ebn  Nagiar,  Hifl:oriographe  célèbre  parmi  ks  Arabes,  a  écrit  une  Hifloire  par-- 
ticuliere  de  la  Ville  de  Medine. 

Il  y  a  une  Ville  dans  la  Province  d'Iemen  en  Arabie  appellée  Giublat,  qui; 
porte  auffi  le  titre  de  Medinah;  mais  il  faut  fous-entendre ,  Al  Nahareïn,  c'efl:-- 
à-dire  ,  des  deux  fleuves,  en  forte  que  fon  nom  entier  cft,  McJinat  Al  Naha-- 
reïn,  à  caufe  qu'elle  cfl;  fituée  fur  deux  rivières. 

C'efl;  ainfi  que  la  Ville  de  Bagdet  efl;  appellée,  Medinat  Al  Salara ,  la  Ville  de. 
la  paix ,  nom  qu'Ai  Manfor  lui  donna  par  imitation  de  celui  de  Hierufalera  i 
qui  fignifie   en   Hébreu ,  Vifion  de  paix. 

11  y  a  eiî  Efpagne  plufieurs  Villes  qui  portent  le  nom  de  Medine  qui  leur  a 
été  donné  par  les  Arabes  ;  mais  elles  font  toutes  diflinguées  par  quelque  fingu-  ■ 
lanté,  comme  Médina  Coeli,  Médina  de  las  Torres,  Médina  de  Rio  fecco,  Me-- 
dina  Sidonia,  &c. 

MEDINAT  Al  Naflbut.  La  Ville  dé  l'homme  ou  de  l'humanité.  C'eft  une  • 
Hiltoire  Allégorique  dans  laquelle  efl;  décrite  la  conduite  de  l'homme  en  cette . 
Vie,  à  l'égard  particu'ièrcment  de  la  Religion  &  de  la  Pieté.  Cet  Ouvrage  fe. 
trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale  n°.  723. 

MEDINI,  ou  Mcdeni,  Natif  de  Medine.  Plufieurs  Auteurs  ^ont  porté  ce- 
furnom. 

Ifmaël  Al  Dharir,  c'eft-à-dire,  îfmaël  l'Aveugle,  a  été  furnommé  Al  Medini. 
11  a  compofé  un  Livre,  intitulé  Eims.  man  nazal alaïliem  Al  Coran,  c'efl;-à-dire, 

les 


M  E  D  K  H  A  L.  M  E  F  T  A  H.  595 

les  Noms  des  Prophètes  auxquels  Dieu  a  envoyé  des  Livres  particuliers,  com- 
me à  Adam,  à  Seth,  à  Enoch  ou  Edris,  à  Moïfe,  à  Jefus-Chrift,  &,  comme  les 
Mahometans  prétendent  faufTement,  à  Mahomet. 

Ali  Ben  Al  Medini  qui  porte  le  titre  de  Scheikh  Al  Mohadethin,  cclt-à-dii-e, 
le  Dofteur  des  Traditionaires,  eft  le  premier  Auteur  des  Asbab  Al  Nozoul, 
c'eft-à-dire  ,  des  fujets  &  des  occafions  que  Mahomet  a  eues  de  publier  uni 
grande  partie  des  Vcrfets  de  fon  Alcoran, 

Aboul  Mâni  Ahmed  eft  appelle  encore  Ebn  Hebat  Al  Medini.  Il  cft  .au- 
teur d'un  Livre ,  intitulé  Hakkaîn  Al  Gedel ,  c'eft-à-dire ,  des  Conditions  que 
doit  avoir  une  difpute  dans  les  Ecoles.  Cet  Auteur  mourut  l'an  656  de 
l'Hegire. 

MEDKHAL  Al  Tâlira.  Introduftion  à  la  fcience  ou  à  la  doftrine.  C'eft 
le  nom  d'un  Livre  de  Chymie  qui  porte  auflî  le  titre  de  Rothat  Al  Haklm  , 
c'eft-à-dire,  les  degrez  des  perfeélions  du  Sage  ou  du  Philofophe. 

MEDRAR.  Banou  Medrar.  La  pofterité  de  Medrar,  C'eft  le  nom  d'une 
Dynaftie  ou  famille  principale  qui  commandoit  ou  regnoit  dans  la  Ville  &  Pro- 
vince de  Segelmeffe  en  Mauritanie,  pendant  que  la  famille  dos  Aglabites  regnoit 
dans  la  Province  d'Afrique  proprement  dite. 

Ces  Medrarites  régnèrent  environ  l'efpace  de  160  ans  &  furent  fubjugués  auflî- 
bien  que  les  Aglabites,  par  le  Mehedi  d'Afrique,  c'eft-à-dire,  par  le  Prince  qui 
fonda  la  puiffance  des  Fathimites  ,  qui  furent  depuis  Khalifes  en  Egypte  &  en 
Afrique. 

MEFATIH  afrar  alhorouf  v  meffabih  anouâr  aldhorouf  :  Titre  d'un  Livre 
"attribué  à  Baftami  dans  lequel  cet  Auteur  traite  des  fecrcts  &  des  myfteres  qui 
font  cachez  dans  les  lettres  Arabiques.  C'eft  un  Ouvrage  plein  de  fuperftitions  y 
qui  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale  n°.  1020. 

MEFATIH  alôloum.    Les  Clefs  des  Sciences.     Foyez  Meftah  alôloum. 

MEFSAL.  Grammaire  Arabique  compofée  par  Zamakfchari  &  commentée 
par  Ahmed  Al  Gionghi.  Cet  Ouvrage  eft  divifé  en  quatre  parties,  à  fçavoir, 
des  noms ,  des  Verbes ,  des  particules  &  de  la  conftruélion.  On  le  trouve  dans 
la  Bibliothèque   Royale,  n'.  1046. 

MEFTAH  alôloum.  La  Clef  des  Sciences.  C'eft  un  Traité  de  Dialeftique 
&  de  Met jphyfique ,  compofé  par  Serageddin  Jofcf,  furnommé  Al  Sekaki  ,  qui 
mourut  l'an  626  de  THcgire.  Ce  traité  a  été  commenté  par  Sâad  eddin  Tag- 
tazani,  par  Mofnafek,  par  Kadihi  Zadeh,  &  par  un  Difciple  de  Naflîreddin  Al 
Thouffi,  nommé  Schirazi.    Il  eft  dans  la  Bibliothèque  Royale  n°.  913. 

Ce  même  Auteur  a  auflî  donné  un  Meftah  alôloum  ,  fur  la  Grammaire  & 
fur  la  Rhétorique ,  fur  lequel  Hoffam  eddin  Maouzeni  a  fait  un  Commentaire, 
Il  eft  dans  la  Bibliothèque  Royale  n''.  1050. 

MEFTAH  alfalahat.     Livre  d'Agriculture  compofé  par  Ebn  Hegiaz. 

MEFTAH  alfateh  almakfal.  La  Clef  qui  ouvre  les  chofes .  fermées.  Livre 
de  Théologie  myftique  des  Sotis ,  compofé  par  Fakhreddin  Al  Tegibi  Al  He- 
ralL    11  eft  dans  la  Bibliothèque  Royale    n°.  616. 

Ffffa  MEFTAH 


S^6  M  E  F  T  A  H.  M  E  G  L  E  S:     - 

MEFTAH  alkhaïr.  La  Clef  de  tout  bien,  C'eft  le  furnom  ou  fobriquet 
qui  fut  donné  au  Khalife  Soliman,  fils  d'A'bdàl  Melek.  Foycz  fon  titre  par- 
ticulier. 

MEFTAH  aîtcfaflîr.  La  Clef  des  Commentaires  qui  ont  été  faits  far  l'Af- 
coran.  C'eft  le  titi'e  que  porte  la  féconde  partie  du  Livre  intitulé  iMegmôu  Al 
Rafchidi.     I^oyez  ce  titre  un  peu  plus  bas. 

• 

MEGIAHED.  C'eft  le  même  qu'Aboiil  Hegiage  Ben  Glaber,  un  des  plus 
anciens  Dofteurs  du  Mufulmanifme  qui  avoit  reçu  fes  Traditions  d'Abou  Ho- 
reïrah  &  d'Eb.i  Abbas.  Il  étoit  natif  de  la  Mecque  &  mourut  l'an  104  de 
l'Hegirc, 

MEGI  A  LES  Al  N^faïs.  Converfations  curieufes.  C'eft  une  Hiftoire  Orien- 
tale corapofée  par  Mir  A'Ii  Schir.     f^oyez  le  titre  de  cet  Auteur. 

MEGI  A  LES  S  A  T.  Lieu  où  l'on  s'aflcmble  pour  s'entretenir  &  conver- 
fer  enfemble.  C'eft  le  titre  d'un  Ouvrage  Hiftorique  compofé  par  Daïnouri. 
Foyez  le  titre  de  cet  Auteur. 

MEGIAZ  Al  Coran.  Ceft  le  Titre  d'un  Livre-,  qu'Abou  O'beïdah  compofa 
contre  les  Arabes,  fur  lequel  un  particulier  ayant  dit  à  cet  Auteur  qu'il  avoit 
injurié  tous  les  Arabes,  il  lui  répondit:  Enta  beri  men  Dhaleka  ,  c'eft-à-dire , 
'Vous  êtes  fort  innocent  de  tout  ce  que  j'ay  dit. 

MEGIOUI,  ou  Magioui.  Surnom  de  Fadhlallah  Mohammed  Ben  Aïoub. 
Cet  Auteur  porte  le  titre  de  Saheb  Al  O'mdateïn ,  à  caufe  qu'il  a  compofé 
deux  Livres,  l'un  intitulé,  O'mdat  alabrar,  &  l'autre  O'mdat  alakhiar,  c'eft-à- 
dire,  l'appui  &  le  foûtien  des  hommes  jultes,  &  l'appui  des  gens  d'honneur 
&  de  vertu. 

Le  mène  Do6leur  a   compofé  une  Resfaîat ,   c'eft-à  dire  ,   un   traité  tiré   du. 
Livre  qui  porte  le  titre  de  Fctaoui  Al  Sofiah,  fur  le  chant  &  fur  la  danfe  des 
Solîs  ou  Derviches.     Il  eft  dans  la  Bibliothèque   Royale  n^  684.. 

MEGIO.USSI,  ou  Magiouffi.     Nom  dérivé  de  Megius ,    ou  Magious  ,  qui 
fignifie   un  Mage,    c'eft-à-dire,  un  Difciple  de  Zoroaftre  &  un  Adorateur  du  feu. , 
Plufieurs  Auteurs  qui  faifoient  profelîion  de  la  Religion  Zoroaftrique ,  quoiqu'ils 
vôcuilj:^nt  parmi  les  Mufulmans  ,  ont  porté .  ce  furnom  ,  comme  Thabct  Ben 
Corrah  ,  &c. 

M.EGLES,  ou  .Meglis.  Aflemblée,  ou  Compagnie  où  l'on  traite  des  Scien- 
ces, comme  dans  une  Académie,  &  où  l'on  fe  divertit  avec  fes  amis. 

Megics  mahaffen  alathar  v  alakhbar  fî  d'hemm  alfchoh  ou  albokhl  v  medh  al- - 
fekha  v  alfarouat.     C'eft  le  nom  d'un  Livre  compofé  par  Mohammed  Ben  Ah- 
med Al  Mokri ,  contre  l'Avarice  &  à  la  louange  de  la  Libéralité.   Cet  Ouvrage 
eft  dans  la  Bibliothèque  Royale  n°.  842.    II  eft  relié  avec  un  autre  Livre,  inti- 
tulé Kctab   alboloug. 

MEGLES 


ME  G  LE  S.  M  E  G  M  O'  U.  S9? 

MEGLES  alfcharab.  Traité  d'Hydi'aulique  où  il  efl  principalement  parlé 
des  Verres ,  des  talFes ,  Gobelets ,  &  autres  Vaiffeaux  propres  à  boire  &  à  verfer 
l'eau.    Ifraaël  Al  Gezeri  en  cfl  l'Auteur 

MEGMA'.  Ce  mot  fignifie  en  Arabe,  une  afTcmblée  ou  Concours,  une 
colleélion  ou  recueil,  félon  les  fujets  ou  matières  dont  il  s'agit. 

JVIEGMA'  albahreïn.  Le  Concours  des  Mers.  C'efl  le  nom  du  lieu  où  les 
Ifraëlites  abordèrent  en  Arabie  ù  la  fortie  de  la  Mer  rouge,  fous  la  conduite 
de  Khedhcr,  ou  pluftôt,  de  Moïfe. 

Il  y  a  pluficurs  Ouvrages  qui  portent  ce  titre,  &  entre  autres,  ceux  de  Dha- 
gmi  fur  la  langue  Atabique,  de  Soïouthi  fur  l'Alcoran,  &  de  Borhaneddin  Ai 
Sàathi  fur  la  môme  matière^ 

MEGMA'  algialilat.  Livre  de  Médecine  qui  porte  aufïï  le  nom  de  Mogia- 
rablt ,  c'eft-à-dirc  ,  de  Remèdes  éprouvez  &  expérimentez  ,  compote  par  Kaïf- 
founi.    Il  e^  dans  la  Bibliothèque  Royale  n°.  958. 

MEGMA'  alboldan.  C'efl  ainfi  qu'Iacoat  Al  Hamaoui  a  intitulé  fa  Geo- 
graphie. 

MEGVIA'  almcgiales  u  alnaflîat.  Livre  de  diverfitez  curieufes  &  prf;pres  à 
s'entretenir  dans  la  Lonverfation,  compofé  par  Roumi  Afendi. 

MEGMA'  alnaouadir.  Recueil  des  chofes  rares  &  curieufes.  C'eil  le  titre 
d'un  Ouvrage  hiiloriquc  compofé  par  Nazami  Al  A'rouzi. 

MEGMA,  fe  prend  aufïï  également  chez  les  Chrétiens  &  chez  les  Mahome- 
tans  pour  une  Aiiemblée  ou  Concile  d'Evéqucs,  de  Do6teurs  ou  d'Imams.  On 
ne  parlera  point  ici  des  Conciles  tenus  par  les  Evéques  ;  mais  feulement  des 
Conciliabules  tenus  par  les  Mufulmans. 

Le  Sultan  jVfalDud  de  la  Dynsftic  des  Selgiucides  en  fît  tenir  un  pour  la 
dépoficion  d'un  Khalife  &  po'ur  la  Création  d'un  autre,  f^oysz  le  titre  de  ce 
Sultan. 

Saladin  en  fit  tenir  un  au  Caire  pour  dépofer  les  Fathimites  dont  le  Khalifat 
fut  entièrement  fupprimé. 

Mohammed,  dit  Khouarczm  Schah ,  c'eft-à-dire ,  Sultan  des  Khouarezmiens ,  en 
alTembla  un  de  la  plus  grande  partie  des  Doftcurs  du  Mufulraaniimc  qui  lui 
étoient  foùmis,  dans  lequel  il  fît  dépofer  le  Khalife  NafTer  &  élire  Termedi  en 
fa  place.  Mais  cette  entreprife  ne  luy  réufîît  pas.  Car  félon  la  remarque  des 
Hiftoriens  Mahometans,  il  fut  puni  de  fon  attentat  par  l'irruption  que  fit  Gin-- 
gbizkhan   dans  fes  Eftats. 

MEGMO'U  alaltcmam.     Foyez  Magmoû. 

ME  G  MO' U  Mobarelc.  Recueil  des  plus  anciennes  &  des  plus  rares  Poëfîes 
des  Arabes.     11  ell  dans  la  Bibliothèque  Royale  n-.  1148. 

MEGMO'U  Rouhani.  Livre  de  Conjurations,  &  d'opérations  Magiques 
atti-ibué  à  Aflîmah,  Mère  de  Moyfe.  Il  efl  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n-'.  1025. 

F f f f 3  MEGMOU 


55)8  M  E  G  M  0'  U.  M  E  H  A  B  B  A  T. 

MEGMO'U  Al  Rafchidiah.  C'eft  le  titre  d'un  fort  grand  Volume ^q«i  em- 
prunte fon  nom  de  Rafchid  Thabib,  Vizir  d'Al  Giaptou  Empereur  des  Mogols, 
qui  en  eft  l'Auteur.  Cet  Ouvrage  eft  divifé  en  quatre  grandes  parties.  La 
première,  qui  s'intitule  Thaoudhiah,  traite  amplement  de  la  Loy  Mufulmanne. 

La  féconde,  intitulée  Meftah  altaffir,  comprend  ce  qu'il  y  a  de  plus  recherche 
dans  les  Commentaires  faits  fur  l'Alcoran. 

La  troifième  qui  porte  le  nom  de  RefTalat  Sulthaniat,  regarde  la  Politique  & 
le  Gouvernement  de  l'Etat. 

La  quatrième,  qui  porte  le  nom  de  Lathaïf  alhaklcaïk,  examine  les  queflions 
curieufes  &  les  fubtilitez  de  l'Ecole.  Ce  Livre  eft  dans  la  Bibliothèque  du 
Koy,  n«.  I.  ♦ 

MEGMO'U  Mobarek  ala  fodhaïl  alâref  billah  Mohammed  Ben  Edris  Al 
Schafêi.  C'eft  un  Eloge  ou  Panégyrique  des  vertus  &  belles  qualitez  du  fçavant 
^Mohammed,  fils  d'Edris,  Dodeur  de  la  Sefte  de  Schafêï-  Il  eft  dans  la  Biblio- 
theque  Royale,  n^.  846.  ^ 

-  MEGNOUN.  Ce  mot  qui  fignifie  proprement  en  Arabe  ,^  un  Fou,  un 
Furieux,  fe  prend  en  particulier  pour  un  homme  tranfporté  de  l'amour,  ou  Di- 
vin,  ou  profane. 

Ce  mot  de  Megnoun  eft  devenu  auflî  le  nom  d'un  fameux  Perfonnage  que 
les  Orientaux  prennent  pour  le  modèle  d'un  parfait  Amant.  Sa  Maitreflfe  qui 
fe  nommoit  Leïleh,  eft  regardée  aufîî  par  les  mêmes  Orientaux  comme  la  plus 
belle  &  la  plus  chafte  de  toutes  celles  de  fon  fexe. 

L'on  trouve  les  Amours  de  Megnoun  &  de  Leileh  écrits  en  Arabe ,  en  Per- 
fien  &  en  Turc,  &  tous  les  Mahometans  regardent  également  ces  deux  Amans, 
à  peu  près,  comme  les  Juifs  ont  fait  l'Epoux  &  l'Epoufe  du  Cantique  des  Can- 
tiques,  allegorifant  leur  Hiftoire  &  s'en  fervant  pour  élever  les  plus  fpirituels 
à  la  contemplation  des  Myfteres  Divins. 

L'Hiftoire  des  Amours  de  Jofef  &  de  Zulcikha  a  été  auffi  traitée  par  les 
Orientaux  de  la  même  manière;  de  forte  que  fi  on  les  en  veut  croire,  il  n'y 
a  rien  dans  tous  les  Ouvrages  de  Poëfie  qu'ils  ont  compofez  fur  cette  matière, 
tjui  n'ait  fon  rapport  k  leur  Théologie  Myftique  &  à  l'Amour  divin. 

On  peut  remarquer  ici  cependant,  que  le  mot  de  Megnoun,  qui  a  fon  ori- 
gine de  Ginn  ,  fignifie  proprement  un  homme  polTedé  par  un  efprit  étranger , 
foit  bon  ou  mauvais.  C'eft  pourquoy  il  ne  fàut  pas  s'étonner,  fi  les  Mahome- 
tans prennent  fouvent  les  fols  pour  des  gens  agitez  ou  infpirez  par  1  efprit  de 
Dieu  &  pour  des  Saints.  ,  ,     „tt    • 

.  Abou  Al  Azhar  Mohammed  Ben  Zeïd,  qui  mourut  1  an  325  de  IHegire,  a 
compofé  un  Livre,  intitulé  Akhbar  ôkala  AlMogiannin,  c'eft-à-dire,  l'Hiftoire 
des  fages  Fols.     Foyez  les  titres  de  Divaneh,  &  de  Scheïda. 

M  EH  A  B  BAT.  L'Amitié  &  l'Amour.  Refllilat  fi  beïan  Al  Mehabbat.  Traité 
de  l'Amour  Divin,  compofé  par  Khalil  Allah  Ben  Nourallah  Ben  Môin  eddin 
Allezdi.    Ce  Livre  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n^.  654. 

Voyez  fjr  le  fujet  de  l'Amour  Divin  le  titre  Efchk  allah ,  qui  eft  1  Amour 
de  Dieu. 

MEHADOU. 


M  E  H  A  D  O  U.  ^  M  E  H  R  A  G  E.  59^ 

MEHADOU,  C'eft  le  nom  que  les  Brachmanes  des  Indes  donnent  à  une 
troifième  Divinité  fubalterne,  que  Dieu  créa  avant  le  Monde,  &  c'eft  de  celle- 
là  même  dont  Dieu  fe  doit  fervir  pour  le  détruire. 

MEHADOUNI.  Surnom  d'Abou  Valid  A'bdalmelek  Ben  Khatthar,  Au- 
teur du  Livre,  intitulé  Efchtekak  al  Efma,  c'ell-à-dire ,  des  différentes  lignifica- 
tions &  acceptations  des  Noms  équiv^oques.  Cet  Auteur  mourut  l'an  256  de 
l'Hegire. 

MEHEDI.     f^oyez  le  titre  de  Mahdi. 

Le  plus  connu  de  tous  les  Perfonnages  qui  ont  porté  ce  nom  efl  Abou  Mo- 
hammed Ben  A'bdallah,  premier  Khalife  des  Farhiraites  en  Afrique  qui  mourut 
à  Caïrouan  l'an  322  de  l'Hegire,  après  24  ans  de  règne,  &  qui  laifla  pour  Suc- 
ceffeur  fon  fils  Caîem  Beemriliah. 

L'Hiftoire  de  ce  Klîalife  a  été  écrite  par  Abou  Giafar  Ahmed  Ben  Ibrahim 
Ben  Al  Harrar  Al  Afriki. 

MEHEDÏAH.'  Ville  bâtie  en  Afrique  fur  le  bord  de  la  mer  auprès  de 
Gaïrouan ,  par  Mahadi ,  premier  Khalife  des  Fathimites. 

Cette  Ville  a  été  auflî  appellée  Afrikiah  ,  &  fut  bâtie  fur  les  ruïnes  de  l'an- 
cienne Ville,  nommée  Aphrodifium.  Elle  fut  prife  par  Dragut,  Prince  de  Tri- 
poli &  Bâcha  de  la  mer,  au  nom  du  Sultan  Soliman,  l'an  956  de  l'Hegire,  & 
reprife  peu  de  temps  après  par  Andïé  Doria  pour  Charles-quint  Empereur,  qui 
la  fit  entièrement  démolir. 

ME  H  ELI.  Surnom  de  Jofef  Ben  A'bdallah,  Auteur  du  Livre,  intitulé 
Fathouat  Al  Scham,  c'efl-à-dire ,  les  Conquêtes  de  la  Syrie. 

MEHEMMAT,  C'eft  le  nom  d'un  Livre  de  Droit,  compofé  par  Afnaoui , 
grand  Jurifconfultc  des  Mufulmans   qui  mourut  l'an  882  de  l'Hegire. 

Cet  Ouvrage  qui  eft  fort  eflimé  parmi  les  Mahometans,  a  été  commenté  & 
abbregé  par  plufieurs  Auteurs.  Balkhini  qui  y  a  travaillé,  a  intitulé  fon  Livre, 
Mehemmat  Al  Mehemraat.      f^oyez  ces  Ouvrages  dans  la  B.  R.  n".  700. 

M  E  H  E  R  ,  ou-  Maher.  Abou  Meher  Moufîa  Ben  Saijar  Al  Megioufchi.  C'eft 
le  nom  du  Maitre  de  l'Auteur  du  Maleki.     Foyez  ce  titre. 

MEHER  A  H.  Ville  de  l'kmen  ou  Arabie  heureufe  dans  le  TeiToir  de  la- 
quelle il  ne  croît  point  d'autre  arbre  que  celui  qui  porte  le  Ben.  Cette  plante 
y  croît  en  fi  grande  quantité,  que  les  troupeaux  de  moutons  &  de  chameaux 
s'en  nourrilfent. 

MEHER  AN.    Surnom  d'Ibrahim,  fils  d'Ibrahim  Al  Asfaraïni. 

MEHERANI.  Surnom  d'Abou  Saïd,  Auteur  d'une  de  ces  fortes  de  Livres, 
appeliez  Arbâïn.     F'oyez  ce  titre. 

MEHRAGE.  C'eft  le  nom  d'une  Ifle  qui  porte  auffi  le  nom  de  Gezirat 
Serirat.    Le  Géographe  Perfien  écrit,  que  cette  Ifle,  qu'il  met  au  de-là  du  pre- 

mier  •" 


6bo  M  E  I  D  A  N  I. M  E  I  M  E  N  D  t 

mier  Climat  ,  eft  fituée  dans  la  mer  Verte  ,  ou  des  Indes  ,  ou  félon  quelques- 
uns  dans  la  mer  de  la  Chine  ,  qu'elle  eft  fort  grande  ,  &  entourée  d'un  grand 
nombre  d'autres  qui  font  fort  petites. 

'  MEIDANI,  furnom  d'Aboulfadhl  Ahmed  Ben  Mohammed  Al  Nifchabouri, 
Auteur  du  Livre  intitulé  Kctab  AI  Amthal,  qui  eft  un  Recueil  fort  ample  de 
Proverbes  Arabes,  expliquez  dans  la  même  langue. 

Nous  avons  de  luy  auffi  un  autre  Ouvrage,  intitulé  Ketab  Aîfami  ii  laiïami, 
c'eft-à-dire  ,  Livre  des  Noms  propres  &  des  Sjmonymes  ,  qui  a  été  augmenté 
par  fon  tils ,  nommé  Aboufaïd  Sâad  Al  Meïdani.  Il  mourut  fan  559  de  l'He- 
gire. 

On  trouve  aufïï  un  Livre,  intitulé  Adillat  Al  Efmâ  ,  qui  efl  une  explication 
des  noms  Arabes  en  Perfien,  lequel  eft  attribué  à  IMeïdani. 

Meïdani  eft  auffi  Je  furnom  d'un  grand  Jurifconfulte  de  la  Ville  de  Bokhara, 
nommé  Mohammed  Ben  Naifer  Ben  Ibrahim  Al  Bokhari. 

Ces  deux  Auteurs,  l'un  de  Nifchabour  ,  &  l'autre  de  Bokhara,  portent  tous 
deux  le  titre  de  Meïdani,  .à  caufc  qu'ils  étoient  natifs,  chacun  d'eux,  d'un  quar- 
tier nommé  Meïdan,  dans  la  Ville  de  Nifchabour  &  de  Bokhara. 

Ce  mot  de  Meïdan  fignifie ,  ..en  Perfien  &  en  Turc  ,  une  Place  publique  qui 
fert  non  feulement  de  Marché,  mais  encore  d'une  efpèce  de  champ  clos,  où  fe 
font  les  exercices  de  Jeux  &  de  Courfcs  de  Chevaux. 

Le  Meïdan  de  la  Ville  d'ifpahan  eft  fort  renommé  pour  les  Jeux  de  Mail  à 
cheval,  que  le  Roy  de  Perfe  &  les  Grands  de  fa  Cour  y  exercent,  &  l'Atmeï- 
dan  ou  l'Hippo Jrome  de  Conftantinople  eft  affez  connu. 

Nous  avons  encore  un  Aboul  HoJfaïn  ,  furnommé  Al  Meidani,  qui  eft  Au- 
teur du  Livre,  intitulé  Akhbar  Alkolua^  qui  eft  une  Hiftoire  dôs  Châteaux  & 
Places  fortes  du  Mufulmanifme, 

MEIMEND.  Il  y  a  deux  Villes  ou  groiTes  Bourgades  en  Perfe  qui  por- 
tent ce  nom.  La  première  eft  dans  la  Province  de  Zableftan  ou  Roftamdar, 
ancien  Patrimoine  &  Gouvernement  du   fameux  Roftam. 

Cette  Vaille  eft  des  dépendances  de  la  Ville  Royale  de  Gaznin  ou  Gazmh  , 
&  a  donné  la  naiiFance  à  un  grand  Perfonnagc  ,  nommé  Aboul  Haftan  &  fur- 
jiommé  Al  iMcïmendi  ,  qui  fut  Vizir  &  premier  Miniftre  du  Sultan  Mahmoud , 
lils  de  Sebektcghin, 

Le  Terroir  de  la  Ville  de  Mcïmcnd  eft  très  -  agréable  ;  car  il  eft  arrofé  de 
quantité  d'eaux  vives  &  coulantes  ,  ce  qui  fait  qu'il  porte  les  meilleurs  fruits 
de  toute  l'Afie. 

L'autre  Ville,  qui  porte  le  nom  de  Meimend,  eft  fituée  à  deux  journées  de 
la  Ville  de-  Schiraz  en  tirant  vers  le  Midy  ,  &  n'a  rien  de  confidérable.  Le 
Géographe  Perfien,  dans  le  troifième  Climat. 

MEIMEND  I,  furnom  de  Khouageh  Ahmed,  fils  d'Hafi^an,  natif  de  la  Vil- 
le  de  Meïmend.  Ce  P^rfonnage  étoit  Vizir  du  Sultan  Mahmoud,  fils  de  Sebek- 
tcghin ,  &  avoit  joiii  pendant  un  tems  d'un  très -grand  crédit  auprès  de -fon 
Maître;  mais  il  le  perdit  peu  à  peu,  enforte  que  fes  ennemis  s'en  étant  apper- 
;çus,  drefll^rent  de  très-fortes  batteries  pour  le  ruiner  entièrement. 

Hafnek  furnommé  Mangal ,   qui   prétendoit  avoir  fa  charge  ,  étoit  des  plus 

ardcns 


M  E  I  M  E  N  D  r.  6oi 

■ttdens  k  chercher  les  occafions  de  le  perdre.     Cependant ,  la  Sultane  Haram- 
nour ,  &  première  femme  de  Mahmoud  ,  fille  d'Ilek  Khan  Roy  des  Turcs  Orien- 
'taux,  protegeoit  ce  Vizir  &  le  faifoit  toujours  fortir  heureufement  des  mauvais 
pas  où  on  l'engageoit. 

Cette  Princeflç  qui  fut  furnommée,  à  caufe  de  fa  beauté  &  de  fa  dignité,  Mî- 
hir  Schighil,  c'eft-à-dire,  le  Soleil  des  beautez,  avoit  pour  une  de  fcs  principa- 
les Dames  &  Confidentes  ,  Gemilah  de  Candahar ,  qui  étoit  la  bonne  amie  de 
Meïmendi,  &  qui  par  confequent  lui  rendoit  de  très-bons  oflices  auprès  de  fa 
raaifl:refl!e;  mais  Altuntafch ,  que  tout  le  monde  regardoit  comme  la  féconde  per- 
fonne  de  l'Empire,  comme  étant  General  des  armées  du  Sultan  &  fon  favory, 
-avoit  déclaré  une  inimitié  ouverte  à  ce  Vizir  &  ne  le  pouvoit  foufFrir. 

Il  arriva  un  "jour  que  le  camp  du  Sultan  fe  trouvant  pollé  aux  environs  de 
Cabul,  Ville  de  l'Inde  Septentrionale,  il  partit  de -là  une  Caravane  de  Mar- 
chands pour  le  Turqueilan  qui  devoit  être  de  -retour  à  la  Ville  de  Gaznah  au 
commencement  de  l'hyver. 

Le  Vizir  qui  devoit  faire  un  Voyage  à  Gaznah  pour  des  affaires  importantes 
du  Sultan,  &  qui  avoit  befoin  de  fe  fournir  tous  les  ans  de  fourures  pour  îes 
femmes  &  pour  fes  enfans,  crut  qu'il  y  auroit  quelque  chofe  à  gagner  s'il  en- 
voyoit  .un  homme  de  fa  part  comme  une  efpece  de  Faéleur  ,  avec  des  ctoff'es 
du  pays  ,  pour  rapporter  du  Turqueftan  les  choies  qui  lui  étoient  neceflaires. 
Il  ne  put  pas  faire  cette  affaire  fi  fecreteraent  que  fes  emiemis  n'en  euflient 
connoifiance.  Ils  fe  le  dirent  les  uns  aux  autres,  &  enfin  Altuntafch  en  ayant 
été  informé ,  la  porta  jufques  aux  oreilles  du  Sultan ,  auquel  il  dit  que  Meïmendi 
qui  faifoit  fi  fort  l'homme  definterefl^e,  fe  fervoit  néanmoins  des  emplois  que  le 
Prince  luy  donnoit  pour  faire  un  négoce  qui  deshonoroit  fa  charge. 

Le  Sultan  ayant  appris  ce  fait ,  demanda  à  Altuntafch ,  s'il  pourroit  bien  prou- 
ver ce  qu'il  avançoit?  Il  eft  aifé ,  repartit  Altuntafch;  car  il  n'y  a  qu'à  dépê- 
cher un  Courier  à  la  Caravane  ,  qui  vous  amène  le  Marchand  que  Meïmendi 
envoyé  en  Turqueftan,  &  vous  ferez  éclairci  entièrement  de  l'alïaire. 

Le  Vizir,  qui  eut  nouvelle  du  mauvais  office  que  l'on  luy  rendoit  auprès  du 
Sultan,  fit  avertir  auffi-tôt  Gemilah  de  tout  ce  qui  fepaflbit;  car  quoyqu'il  de- 
meurât quelquefois  une  année  entière  fans  luy  parler  ,  il  avoit  trouvé  cepen- 
dant le  fecret  de  luy  faire  Qavoir  ce  qu'il  vouloit ,  &  d'en  avoir  réponfe  au- 
tant de  fois  qu'il  luy  plaifoit,  fans   que  perfonne  s'en  apperçût. 

Gemilah  ayant  donc  appris  le  danger  où  le  Vizir  fe  trouvoit ,  luy  fit  dire  ,' 
qu'il  ne  fe  mit  en  peine  de  rien  &  qu'elle  remedieroit  à  coût.  En  effet ,  elle 
alla  trouver  la  Reine,  &  luy  ayant  raconté  la  chofe,  elle  luy  dit,  que  l'expé- 
dient qu'elle  avoit  trouvé  pour  délivrer  le  Vizir  du  piège  qu'on  luy  avoit  dref- 
fé,  étoit  d'envoyer  un  Courier  en  toute  diligence  au  Marchand  de  la  Caravane 
qui  étoit  chargé  des  étoffes  du  Vizir,  avec  des  Lettres  de  créance  de  la  Rei- 
ne ,  &  des  habits  &  autres  ornemens  de  femmes ,  que  le  Marchand  mettroit 
avec  fes  étoffes ,  comme  fi  c'étoient  des  préfens  que  la  Reine  envoyât  à  fa  mè- 
re &  à  fes  fœurs  ,  qui  étoient  au  Turqueflian  ,  avec  ordre  au  Marchand  ,  que 
lorfque  le  Courier  du  Sultan  arriveroit ,  il  ne  déclarât  rien  &  fe  laiffât  conduire 
jufques  au  Divan. 

Le  Marchand  exécuta  fort  bien  fes  ordres  ;    car  ayant  été  conduit  devant  le 
Sultan,  il  dit-,  qu'il  étoit  envoyé  de  la  part  de  la  Reine  Mihir  Schighil,  mon- 
tra les  Lettres  -cachetées  de  fon  fceau  ,  &  fit  voir  des  mafques ,  des  coëffures , 
,  Tome  IL  G  g  g  g  des 


60^  M  E  K  A  F  A  T.  M  E  K  H  L  A  F. 

des  bracelets  &  autres  ornemens  de  femmes  ,  qu'il  dit  que  la  Reifte  euvoydit  à 

^  Cette^  déclaration  du  Marchand  caufa  beaucoup  de  confufion  aux  ennemis  du 
Vizir  qui  ne  pouvoient  deviner  comment  ils  avoient  été  jouez  ;  mais  ils  cou- 
rurent  un  bien  plus  grand  danger,  lorfque  la  Reine  fit  fes  plaintes  au  Sultan 
de  ce  qu'on  avoit  ouvert  fes  pacquets  en  plein  Divan.  Car  le  Sultan  les  alloit 
faire  punir  de  mort,  fi  la  Reine  ,  qui  ne  vouloit  pas  être  caufe  que  des  inno- 
cens  périllent,  n'eût  dit  au  Sultan  :  Ces  gens -là  vous  font  alTez  d'autres  fera- 
blables  tours;  quand  ils  y  tomberont,  faites  les  chaftier,  mais,  je  vous  prie,  que 
ce  ne  foit  pas  maintenant  à  mon  occafion.    Fajfaia  Nezdm  elmulk. 

Meïmendi  fut  le  grand  Protcfteur  des  gens  de  Lettres  dans  la  Cour  de  Mah» 
moud  &  ce  fut  luy  qui  introduifit  le  fameux  Poëte  Perfien,  nommé  Ferdouf- 
fi  auprès  dp  ce  Sultan,  qui  le  chargea  de  la  compofition  de  l'Ouvrage  intitulé 
Schah  Nameh,  qui  eit  Fhiftoire  des  Anciens  Rois  de  Perfe,  en  vers  Perfiens. 

11  ell  parlé  encore  du  même  Meïmendi,  qui  furvêquit  à  Mahmoud  ,  dans  le. 
titre  du  Sultan  Maifôud,  fils  de  Mahmoud. 

MEKAFAT  &  Mekiaûit.  Les  Rétributions.  Les  Arabes  entendent  par  ce 
mot  la  récompenfe  &  la  peine  que  Dieu  a  ordonnées  dès  ce  monde  ,  pour  les 
bonnes  &  pour  les  mauvaifes  aftions,  &  ils  difent,  pour  cette  raifon  ,  ordinai- 
rement, hi  mckafàt  fiddunia,  c'eft-à-dire,  il  y  a  une  juftice  dans  ce  monde. 

Ce  mot  fe  prend  aufli  pour  la  peine  du  Talion  &  pour  l'expiation  dufang, 
qui  a  été  répandu  &  qu'ils  appellent  autrement  Diat ,  les  Tui-cs  Diet,  &  les 
Perfans  Dehtadeh,  c'eft  à-dire,  dix  pour  dix. 

MEKAID  V  alhial.  Traité  des  flratagemes,  des  rufes  de  guerre  &  autres, 
compofé  par  Madaïni.  L'on  trouve  cet  Auteur  cité  dans  le  Livre  intitulé  Ra- 
taïk  alholal,  c'efl-à-dire ,  les  Rufes  &  les  Tours  de  fouplelle. 

MEKALAH.  Difcours  prononcé  ou  écrit.  Ce  mot  fe  prend  aulîî  pour  tou-- 
te  forte  de  Livres  &  Traitez,     l^oyez  le  titre  de  Macalat. 

Mekalat  alfaflihat  fi  tedbir  man  nahafchoho  fcheï  men  alhaouam  aou  tenaoul 
fcheïan  men  alfamoum.     Traité  de  la  Cure  &  Guérifon  de  ceux  qui   ont  été 
mordus  par  quelque  infefte  venimeux,  ou  qui  ont  pris  quelque  chofe  d'empoi-- 
fonné.     C'eft  un  Ouvrage  compofé  en  Langue  Arabique  par  le  célèbre  Moife , . 
fils  de  Maïemon. 

MEKAMAT.  Lieux  communs  ou  Difcours  Académiques.  Voyez  le  titre 
de  Macamat. 

MEKASSED  al  Salât.     Livre  de  prières  à  l'ufage  des  Mufulmans,  compo- 
fé par  Azzeddin  Abou  Mohammed  Al  Solemi  ou  Al  Selemi.     Il  eft  dans  la  Bk 
biiotheque  Royale ,  n".  691. 

MEKHLAF.  C'efl  un  mot  Arabe,  qui  eft  particulier  aux  peuples  de  l'Ie- 
men  ou  Arabie  Hcureufe ,  &  fîgnifîe  un  Château  ou  ForterelTe  fituée  fur  la  cô- 
te de  la  Mer.  C'efl  apparemment  de  ces  fortes  de  Tours  que  l'on  voit  fur  les 
côtes  de  la  mer  Méditerranée  ,  tant  vers  le  Levant  que  vers  le  Ponent ,  qui 
fervent  à  garanti:*  ceux  qui  navigent  fur  ces  côtes-là,  des  embûches  des  Corfai- 

res. . 


M  E  K  K  T.  M  E  L  I  N  D  A  H.  603 

fés.  Les  Efpagnols  les  appellent  Atalayas  du  mot  Arabe  Thalâa,  que  ceux  qui 
gardent  ces  Tours  ont  accoutumé  de  crier  pour  avertir  les  paffam  ,  ce  mot  fi- 
gnifiant  Prens  garde. 

Mekhlaf  abin,  Mekhlaf  alhirdah,  Mekhlaf  febtan,  &c.  font  les  noms  de  plu- 
Ceurs  de  ces  Forterefles  qui   font  difperfées  fur  les  côtes  de  Zebid  &  d'A'Jen,. 
Villes  &  Places  fortes  de  la  Province  d'Iemen.  . 

MEKKI,  furnom  de  plufieurs  Auteurs  natifs  de  la  Mecque,  &  entre  autres 
celuy  de  Salaheddin  Aboulmahaifen  Mohammed,  plus  connu  fous  le  nom  d'Ebn 
Dhaher,  qui  mourut  fan  643  de  l' Hégire ,  qui  a  écrit  l'Hiftoire  de  la  famille 
de  Cotadah,  dont  on  a  déjà  parlé. 

Nous  avons  aufli  un  Razi,  qui  eft  furnommé  AI  Mekki,  un  Haimeni,  un  Tha- 
bari  &  un  Kothbeddin,  qui  font  furnommez  Al  Mekki.  Ce  dernier  eft  Auteur 
d'une  Hiftoire  de  la  Mecque ,  intitulée  Eêlam  balad  al  Harara  ,  de  laquelle  on 
vient  de  parler,  -r 

•MELAHEDAH.    C'eft  le  plurier  de  Melhed ,  qui  fignifie  un  Impie,  un 
Homme  fans  Religion. 

Melahedah  Kûheftan.  Les  Impies  de  la  Montagne.  C'eft  ainfi  que  font  ap-. 
pelles  les  Ifmaëliens  qui  ont  régné  dans  l'Iran  ,  &  particulièrement  dans  la  Par-* 
tie   Montueufe  de  la  Perfc. 

■Le  Prince  de  ces  Ifmaëliens  fe  nommoit  aufli  Scheikh  algebal,  c'eft-à-dire,  le 
Seigneur  de  la  Montagne;  c'eft  celuy  que  les  Hiftoriens  des  Guerres  Saintes  ap- 
pellent ordinairement  le  Vieillard  de  la  Montagne  ou  le  Roy  des  Affaflins. 

MELAL.  Melal  v  Nehal.  Livre  de  Théologie  Scholaftique,  compofé  paP 
Sheherestani.  f^oyez  le  titre  du  Livre  intitulé  Giamê ,  du  Scheikh  Hogiat  AI 
Iflam. 

MELAMA'AT.  Ce  mot  qui  fignifie  proprement  Réflexion  ou  Rejailliffe- 
nient  de  lumière,  eft  le  titre  d'un  Ouvrage  en  vers  de  Sâdi  Alfchirazi,  qui  n'eft 
pas  moins  eftimé  que  le  Guliftan  &  le  Boftan  ,  dont  il  eft  l'Auteur. 

MELEK.  Ce  mot,  dont  le  plurier  eft  Melaïkah  ,  fignifie  en  Arabe  &  eu 
Turc  un  Ange.    Les  Perfiens  l'appellent  Firifchteh. 

Ebn  Melek  ou  Ebn  Firifchteh,  eft  le  nom  d'un  Auteur  particulier,  que. l'on, 
peut  voir  dans  le  titre  de  Firifchteh. 

ME  L  H  AN.    Foyez  le  titre  de  Schib^n. 

MELILAH  ou  Melalâh.  Ville  d'Afrique.  Voyez  le  titre  de  Mouahedin> 
xffii  font  les  Al  Mohades,  Dynaftie  de  Princes  en  i.frique. 

MELINDAH  &  Melinder.  Ville  du  pays  appelle  par  les  Arabes  Balad  A! 
Kofera ,  c'eft-à-dire ,  le  pays  des  Cafres  ou  autrement  Al  Zinge ,  d'où  nous  avons 
formé  le  nom  de  Zanguebar. 

Cette  Ville  eft  fîtuée  fur  la  côte  Maritime  &  Orientale  de  l'Ethiopie ,  vis-à- 
vis  de  rifle  de  Socotora  &  à  deux  journées  de  la  Ville  de  Monbazah  ,  qui  eft 
fur  k  i]j|me  côte. 


(Î04  M  E  L  K  H  A  N.  —  MENA  R. 

Les  Mines  de  fer,  qui  fe  trouvent  dans  fon  Terroir,  enrichiflent  plus  fea 
Habitans  que  la  Poudre  d'or,  qui  fe  recueille  dans  les  campagnes,  &  fes  Ha- 
bitans  ne  s'appliquent  uniquement  qu'aux  enchantemens  ,  par  lefquels  ils  fe  ga-. 
rantiffent  des  Serpens  &  autres  Infedes  venimeux,  dont  le  pays  eft  fort  infedé. 

MELKHAN.  Ebn  Melkan.  C'eft  le  furnom  d'un  fçavant  Médecin  Juif, 
dont  le  nom  propre  étoit  Hebatallah.     l^oyez  ce  titre. 

MENAFE'  alâadha.  Les  Utilitez  dés  parties  &  membres  du  corps  humain;. 
G'eft  la  Traduftion  d'u>î  Livre  de  Galien,  intitulé  en  Latin  de  Ufu  partium  Cor- 
poris  humani,  qui  contient  feize  Chapitres.  Elle  a  été  faite  en  Arabe  par  Ho- 
naïn  Ben  Ishak  Al  Ebadi.  H  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n''.  866. 

Ce  même  Ouvrage  de  Galien,  De  Ufu  partium^  a  été  aufli  traduit  &  commen- 
té par  Abdalrahman  £en  AH  Ben  Abi  fadek,  &  il  fe  trouve  aufli  dans  la  même 
Bibliothèque ,  n".  949. 

MENAFE^  al  haïvan.  De  l'Utilité  des  animaux  dans  la  Médecine.  Ouvra- 
ge d'Abdallah  Ben  Gebraïl  Ben  Bakhtifchuàh  ,  avec  des  figures  fort  groffières.. 
l\  eil  dans  la  Bibliothèque  Royale ,  n\  939.  Ce  Manufcrit  a  été  écrit  l'an  700 
de  l'Hegire.     l^oyez  le  titre  de  Bakhtifchuàh. 

MENAR  &  Menareh,  d'où  les  Turcs  ont  fait  Minareh  ouMinaret,  fîgnifîe 

en  Arabe  un  Fanal- 

Valid,  iils  d'Abdalmalek,  fixième  Khalife  de  la  Maifon  des  Ommiades,  fut  le 
premier  qui  bâtit  un  Minaret  à  la  fuperbe  Mofquée  de  Damas  ,  pour  fervir  au 
Muezin  ou  Crieur,  qui  annonce  l'heure  de  la  prière,  du  plus  haut  de  cet  édi- 
fice qui  tient  lieu  de  cjocher  aiLX  Mufulmans. 

Menarat  Efkanderiah  eft  le  Phare  ou  Fanal  d'Alexandrie. 

Le  Géographe  Perfien,  au  Climat  troifième ,  parlant  d'Alexandrie  oii  ce  Cli- 
mat  commence,  dit,  que  dans  cette  Ville  ,  qu'Alexandre  fit  bâtir  fur  le  bord 
de  la  mer  Méditerranée,  ce  grand  Prince  fit  conftruire  un  Phare,  qui  palTe  pour 
être,  ez  âgiaïb  eddunia,  c'eft-à-dire,  pour  une  des  merveilles  du  monde,  dont, 
la  hauteur  étoit  de  cent  quatre- vingt  coudées  ,  au  plus  haut  duquel  il  fit  pla- 
cer un  miroir,  fait  par  art  TaHfmanique  ,  par  le  moyen  duquel  la  Ville  d'A- 
lexandrie devoit  toujours  conferver  fà  grandeur  &  fa  puilTance  ,  tant  que  cet^ 
Ouvrage  merveilleux  fubfifteroit. 

Quelques-uns  ont  écrit,  que  les  vaifieaux  qui  arrivoient  dans  ce  port  fe  vo-. 
yoient  de  fort  loin  dans  ce  miroir.    Qtioyqu'il  en  foit ,  il  eft  fort  célèbre  par- 
my  les  Orientaux. 

Les  Pcrfans  appellent  ce  Phare  Aïnch  Ifkenderi  ,  c'eft-à-dire,  le  Mii'oir  d'A- 
lexandre.   Ils  difent,  que  la  Fortune  de  la  Ville  d'Alexandrie  y  étoit  attachée, 
parce  que  c'étoit  un  Tàlifman  ,   qui  avoit  été  conftruit  fous  une  certaine  con-' 
ftellation: 

En  effet,  il  ne  s'eft  brifé  quim  peu . avant  que  les  Arabes  s  en  rendiflent  Jea 
Maîtres,  ce  qui  fût  l'an  19  de  l'Hegire. 

Un  Poëte  Turc  décrivant  la  caducité  des  chofes  du  monde  dit  :  Akibet  Sin- 
madimi  Aïnali  Iskender,  c'eft-à^dire ,  enfin  ,  le  Miroir  d'Alexandre  n'a-t-il  pas 
été  rompu. 

tfefez  dit  myftiquement  à  foA  ordinaire:  Le  véritable  Miroir  d'Alexandre  elt 

ua 


M  E  N  A  Z  E  L.  —  M  E  N  E  L  A'  U  S.  Ços 

un  Verre  de  vin,  fervez-vous  en,  fi  vous  voulez  pofleder,  comme  a  fait  Alexan- 
dre, toutes  les  riche/Tes  du  Roy  Darius.  Dans  ce  Diftique  ,  le  Vin  eft  le  Sym- 
bole de  l'Amour  Divin ,  defigné  par  le  verre  ou  par  la  coupe  de  Gem  ou  Gem- 
fchid;  &  le  Miroir  d'Alexandre  fignifie  la  Connoiflànce  des  myftères  ou  fecrets 
Divins.  C'eft  ainfi  que  Sorouri  explique  allégoriquement  toute  la  Poëfie  du 
Divan  de  Hafez. 

Menar  eft  auffi  le  titre  que  Naflafi  a  donné  à  un  Livre  de  Jurffprudence 
qu'il  compofa  pour  fervir  aux  Mahometans  comme  d'un  flambeau  dans  la  déci* 
lîon' des  principaux  points  de  leur  Loy.  Cet  Ouvrage,  qui  eft  comme  le  Code 
des  Mufulraans,  a  été  commenté  par  plufieurs  Dofteurs,  dont  un  des  plus  con- 
fidérables  eft  Abdallathif  Ben  Firifchteh  ou  Ben  Malek.  Sarkafchi  &  Saganaki 
ont  aulïï  travaillé  fur  ce  même  Livre.    Foyez  Matn  almenar  &  Kafchfalafrâr. 


MENAZEL  al  hagge. 


Journées  du  pèlerinage  de  la  Mecque;  c'eft-à-dire, 
les  lieux  oi!i  la  Caravane  des  Pèlerins  de  la  Mecque  s'arrête.  C'eft  le  nom  d'un 
Livre  qui  eft  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n''.  670. 

MENAZEL  Al  Saïrin.  Les^  Journées  des  voyageurs.  Livre  fpirituel,  qui 
traite  des  progrez  qu'il  faut  faire  pour  arriver  à  la  Perfeftion  ,  félon  les  Prin- 
cipes de  la  voye  myftique  des  Muûjlmans.- 

Le  mot  de  Saïroun  &  Saïrin,  qui  fignifie  en  Arabe  Voyageurs,  fe  prend  auffi 
myftiquement  pour  les  perfonnes  dévotes  &  fpirituellcs  qui  tendent  à  la  per- 
feflion ,  fous  la  direflion  d'un  Maître  qui  prend  la  conduite  de  leur  ame. 

Ces  mêmes  apprentifs  de  la-  vie  fpirituelle  font  encore  appeliez  Salekoiin  & 
Salekin,  c'eft-à-dire,  ceux  qui  marchent  dans  la  même  voye  fpirituelle  à  la- 
différence  de  ceux  qui  font  nommez  Magedheboun  ,  c'eft-à-dire ,  Attirez  &  Em- 
portez ,  qui  eft  à-peu-près  la  même  divifion  que  celle  de  Fiatores  ^  Compre- 
henforss ,  c'eft  -  à  -  dire  ,  de  Voyageurs  &  de  Compreneurs  ,,  dont  nos  Théolo-- 
giens  parlent.  ■ 

M  END  AI  lahia.  Difciples  de  faint  Jéan-Bàptifte.  C'eft  ainfi  que  les  Sabisy' 
qui  prétendent  defcendre  de  ceux  que  faint- Jean  baptifoit  dans  le  Jourdain  ,  fé- 
lon qu'il  eft  porté^  dans  l'Evangile,  ont  accoutumé  de  fe  qualifier.  CependanC 
ils  ne  font  ni  Chrétiens,  ni  Juifs,  quoyque  plufieurs  de  nos  Voyageurs  Jes  ap- 
pellent Chrétiens  de  faint- Jean,  à  caufe  d'une  efpèce  de  Bûptême  qui  eft  enco- 
re  en  ufage  parmy  eux. 

Les  Sabis  prétendent  aufli  d'avoir   confervé  parmy  eux  les  Livres  d'Adam 
qui  font  écrits  en  ancien  caraélère  Chaldaïque ,   qui  eft  afl!ez  différent  du  mo- 
derne.    Foyei^  le  titre  Sabi. 

MENDH  elaïna  baadi.    Foyez  Ina  baadi. 

MENELAU'S  Eskanderani,  c'eft-à-dire,  Alexandrin  de  nation.  C'étoit 
im  grand  Mathématicien,  qui  a  vécu  &  écrit  avant  le  tems  de  Ptolomée. 

Nous  avons  de  luy  en  Arabe  un  Livre  ,  intitulé  Ketab  Al  Okar ,  que  nous- 
connoiflbns  fous  le  nom  de  Sphcerica.  Foyez  le  titre  d'Okar  ,  où  vous  trouve- 
rez ceux  qui  ont  expliqué  &  commenté  cet  Ouvrage. 

Cet  Auteur  étoit  auffi  grand  Philofophe  ,  &  a  compofé  un  Livre  de  la  Dif^ 
férence  des  corps  mutes,  au  rapport  d'Abûl  Farage  dans  fa  première  Dynaftie. 

Gggga  MENHAGE.. 


fy^  '  M  E  N  H  A  G  E.         M  E  N  K  E  L  I. 

MENHAGE.  Ce  mot  qui  fignifie  en  Arabe  Us,  Coutume  &  Méthode,  fert- 
de  titre  à  pluûeurs  Ouvrages  confidérables  compofez  en  Arabe. 

"MENHAGE  albeïan  fi  ma  jcflâmalho  alinfan,  men  alagdiat  u  aladouiat.  Li- 
vre qui  traite  de  tout  ce  qui  fert  à  la  nourriture  &  à  la  guérifon  de  l'homme. 
Cet  Ouvrage,  rangé  par  ordre  Alphabétique,  a  été  compofé  par  Ben  Giazlah,  qui 
eft  auffi  Auteur  d'un  autre  Ouvrage  fur  la  même  matière,  intitulé  Takouira 
alabdan,  dont  l'on  peut  voir  le  titre  particulier. 

Abdallah  Ben  Beïthar  a  remarqué  les  fautes  de  cet  Auteur  dans  un  Livre  par- 
ticuHer,  qu'il  a  intitulé  Alêlam  bema  fi  Imenhage  men  alkhalel  v  alveham. 

Ahmed  Ben  Al  Scheikh  Al  Berid,  furnommé  Al  Khezergi ,  fe  vante  d'avoir 
lu  &  étudié  le  Livre  de  Ben  Giazlah  ,  fous  fon  Auteur  même  ;  &  l'on  trouve 
aulTi  un  autre  Auteur  ,  qui  a  ^ait  un  Tetimah  ou  fupplement  au  Menhage  de 
Ben  Giazlah.     l^oyez  la  Bibhotheque  Royale ,  n'.  954. 

MENHAGE  aldokan  u  deftour  a'âïan.  La  Méthode  des  Boutiques.  Ceâ 
une  Pharmacopée  ,  compoîée  par  Aboulmeni  Ben  Abou  Nafr  Ben  Hafcz ,  qui 
eft  furnommé  Cohen  al  A'tthàr  Al  Ifraiii  Al  Harouni,  c'eft-à-dire,  le  Prêtre 
Droguifte,  IfraëUte  de  Nation  &  de  Famille  Sacerdotale  d'Aaron.  Cet  homme 
étoit  un  Apoticaire  Juif  du  grand  Caire,  qui  vivoit  l'an  658  de  l'Hegire.  Son. 
Ouvrage  eft  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n".  884, 

'MENHAGE  aluofToul  ela  êlm  aloflbul.  Livre  de  Droit  ,  compofé  par  le^ 
Cadhi  Beïdhaoui,  &  commenté  par  Schamfeddin  Esfahani.  Il  eft  dans  la  Biblio-' 
theque  Royale ,  n°.  597. 

MENHAGE  althalebin.  La  Méthode  des  Curieux  ou  de  l'acquifition  de  la 
fciencc.  Livre  de  'ihéologie  Scholaftique  ,  traité  lelon  la  Méthode  des  Muful- 
mans  &  compofé  par  Mohieddin  Nououi,  Dofteur  Schafeïen. 

Le  Commentaire,  intitulé  Tage  Al  Mcnhagc  ,  que  Soiouthi  a  fait  fur  ce  Li-' 
vre,  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n".  591  &  622. 

Ce  Livre  de  Nououi  n'cft  proprement  qu'un  Abrégé  du  Mokhtaffar  almohar- 
rar  de  Rafêï. 

MENHAGE.  C'eft  le  nom  d'un  Livre  qui  n'eft  proprement  que  l'Abré- 
gé de  Menhage  althalebin ,  &  ces  deux  titres  ne  fignifient  que  la  même  choie. 

MENHAGE  albolaga  v  Serag  aladaba.  La  Méthode  &  le  flambeau  des 
|ens  qui  aiment  l'érudition  &  les  belles  Lettres.  C'eft  le  nom  d'un  Livre  com- 
pofé par  Aboul  Hafian  Ebn  Hazem. 

Nous  avons  encore  un  Menhage  d'Ebn  Sarage ,  qui  eft  aufli  l'Auteur  du  Tha- 
bakat  Nafferi.    Foyez  ce  titre. 

MENKELI  ou  Mengheli  ,  mot  Turc  &  Tartare  ,  eft  le  même  nom  qœ 
Michaël  en  Hébreu,  Mikaïl  en  Arabe  &  Michel  en  François. 

Ce  mot  eft  fort  ufité  dans  les  Provinces  Tranfoxanes  ,  où  l'on  peut  croire 
qu'il  a  été  porté  par  les  Juifs  des  dix  Tribus  menées  en  captivité  par  Saîma- 
nafiTar,  ou  par  les  Chrétiens  Neftoriens  qui  y  ont  été  reléguez  ,  ou  qui  y  ont 
établi  des  Miffions ,  dont  l'on  voit  encore  plufieurs  veftiges  en  ces  contrées-là.: . 

Dacs 


M  E  N  K  E  L  I.  MENSCHARI.  rtfô^ 

Dans  un  voyage,  fait  par  des  AmbafTadeurs  de  Samarcande  au  Cathay,  écrit 
en  langue  Turquefque ,  &  qui  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Grand-Duc  de 
Tofcane  ,  il  efl  fait  mention  d'une  Idole  de  taille  Gigantefque  armée  de  toutes 
pièces,  que  l'Auteur  de  ce  voyage,  qui  étoit  MufuJman  ,  vit  dans  un  Temple 
ancien,  bâti  fur  les  confins  du  Cathay,  &  qu'il  dit  porter  le  nom  de  Mengheli 
Timur,  c'efl-à-dire ,  Michel  de  fer. 

II  n'y  a  pas  lieu  de  douter,  que  cette  Statue  ou  Idole  ne  foit  celle  de  faint- 
Michel,  l'Archange,  que  l'on  repréfente  ordinairement  armé  de  fer. 

Nous  trouvons  plufieurs  Perfonnages  qui  portent  le  nom  de  Mengheli  ou  Mi- 
chel dans  les  Généalogies  des  Selgiucides,  des  Mogols  &  des  Turcs,  &  c'efb  de 
ce  nom  qu'une  partie  de  l'iberic  ou  Colchide  porte  aujourd'huy  celuy  de  Men- 
grelie  ,  pour  avoir  été  coriquife  &  pofTedée  par  un  Prince  nommé  Mengheli , 
qui  étoit  de  race  Mogolienne  ou  Tartare  ,  pendant  que  la  Pofterité  de  Gin- 
ghizkhan  regnoit  en  ces  quartiers-là. 

Il  y  a  un  Auteur  Arabe,  qui  étoit  peut-être  d'origine  Tartare,  dont  le  nom 
eft  Manke^i  Al  Alemi,  qui  a  compofé  deux  Ouvrages ,  dont  l'un  a  pour  titre 
Adellat  lafmiat,  c'efl-à-dire,  la  Découverte  de  plufieurs  Ufages  &  Coutumes; 
&  l'autre  ,  Akfi  alamani  ,  qui  traite  des  Dépôts.  Cet  Auteur  étoit  natif  d'E- 
gypte ,  &  on  le  trouve  auffi  cité  fous  le  nom  de  Mohammed  Ben  MenkeJi  al 
Melri. 

MENKELIKhan.    Père  d'IIkhan.    Foyez  lïkhm. 

MENOULON.  C'efl  le  nom  de  la  femme  de  Toumenan  khan,  Prince  de 
îa  Dynaftie  des  Mogols  &  un  des  Ancêtres  de  Ginghizkhan. 

Cette  PrincelTe  eut  grand  foin,  après  la  mort  de  fon  Mari,  de  bien  élever 
neuf  enfans  qu'il  luy  avoit  laiflez,  &  gouverna  fi  bien  leurs  Etats  pendant  leur 
bas-âge,  qu'elle  acquît  une  très-grande  réputation  de  fagelle  &  de  prudence. 

Il  arriva,  pendant  fa  Régence,  qu'une  Nation  voifine  des  Mogols,  &  que  l'on 
nommoit  Gialaïr,  ayant  été  contrainte  d'abandonner  le  Khataï  Khotan  ,  c'efl-à- 
dire  ,   la  partie  Septentrionale  de   la  Chine  ,   oi!i  elle  habitoit ,   vint  fe  réfugier 
fur  fes  Etats,  &  commença  à  y  labourer  la   terre   pour   en  tirer  leur  fubfifl:an- 
ce.  Menoalon  leur  défendit  ce  travail,  qui  étoit  encore  inconnu  pour  lors  par»- 
my  les  Mogols  ,    &  leur  fit  fçavoir  qu'elle   ne   pouvoit  foufFrir   qu'ils  gâtafTent 
ainfi  la  terre,  fur  laquelle  fes  enfans  ne  pourroient  plus  exercer  leurs  chevaux,, 
ni  continuer  leur  chafi'e.     Ces  Peuples  irritez  par  cette  défenfe  entreprirent  fur 
la  vie  de  Menoulon  &  fur  celle  de  fes  enfans,  en  forte  qu'il  n'y  en  eut  qu'un 
fèul  d'entre  eux  qui  échapa  à  leur  fur(?ur. 

Ce  Prince,  qui  fe  fauva  des  mains  des  Gialaïrs,  fe  nommoit  Kaïdou  Khan  &": 
fut  le  feptième  Ayeul  de  Ginghizkhan,  félon  Khondemir. 

MENOUNIAT,     Daoulat  Al  Menouniat.     Foyez  Tarikh  Ebn  Saïrefî,. 

MENSCHARU  furnom  d'Abdalrahin;! ,  Auteur  du  Livre  intitulé  Nozhaf 
albaffir,  le  divertiffement  des  Curieux.  C'efl  un  Commentaire  fur  le  Livre  quî' 
porte  le  titre  de  Zad  alfakir  ,  c'efi:  à-dire  ,  la  provifion  du  pauvre  ou  dtt-Der-- 
vifche.    Il  eft  dans  Ja  Bibliothèque  Royale  ,  num.  602. 

me'rage;. 


6o8  M  E'  R  A  G  E.  M  E  R  B  A  T  H. 

METRAGE.  Ce  mot,  qui  fignifie  proprement  en  Arabe  Afcenfion  &  Mon- 
tée, efl  pris  particulièrement  par  les  Mufulmans,  pour  fignifier  le  Voyage  qu'ils 
prétendent  que  Mahomet  fit  au  Ciel  pendant  une  nuit ,  qu'ils  appellent  Leilat 
Al  Mêrage,  c'eft-à-dire ,  la  nuit  de  l'ACcenfion,  qu'ils  célèbrent  folemnellement 
tous  les  ans,  le  28  du  mois  qu'ils  appellent  Regeb. 

Les  Mahometans  difent ,  que  Mahomet  ayant  fait  fa  prière  dans  le  Temple 
de  Hierufalem  ,  trouva  à  fa  fortie  à  la  porte  du  Temple  une  monture  ,  qu'ils 
appellent  Al  Borak,  fur  laquelle  étant  monté  il  fut  aufli-tôt  tranfporté  au  Ciel, 
où  il  vit  en  fort  peu  de  tems  une  infinité  de  chofes  merveilleufes  ou  plutôt  fa- 
buleufes ,  qui  font  décrites  fort  amplement  dans  un  Livre  qui  porte  le  titre 
de  Ketab  Al  Mêrage. 

L'Animal ,  qui  porta  Mahomet  au  Ciel ,  eil  nommé  AI  Borak ,  à  caufe  de  fc 
fplendeur  &  de  fon  éclat ,  &  il  avoit  une  taille  &  une  figure  moyenne  entre 
l'Afne  &  le  Mulet. 

Ce  Miracle  ,  que  les  Mahometans  fuppofent  s'iêtre  fait  en  fayeur  de  Maho- 
met, efl  aufli  appelle  AI  Mebâth  ,  mot  qui  fignifie  auflî  Refurreélion ,  de  forte 
qu'il  paroît  que  cette  fiélion  a  été  forgée  par  les  Sénateurs  de  ce  faux  Prophè- 
te, pour  luy  donner  quelque  conformité  apparente  avec  J.  C. 

MER  AH  àlarouâh  fi  Itafrif.  Le  repos  des  Efprits,  c'efi:-à-dire ,  ce  qui  doit 
contenter  les  efprits  touchant  les  inflexions.  C'efl  un  Livre  de  Grammaire  Ara- 
bique ,  compofé  par  Ahmed  Ben  Ali  Ben  Mafioud  ,  commenté  par  Ahmed  Al 
Donghouz.    Il  efl  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n".  1090. 

MERAHI  Zadeh.  Le  fils  de  Merahi.  C'efl  le  nom  d'un  Dervifche  extra- 
vagant,  mais  fçavant,  qui  avait  Jes  reparties  promptes  &  fubtiles.  ^o;yes  le  ti- 
tre  de  Scheïthan. 

ME  RAT  almâni  leédrak  alêlm  alenfani.  Miroir  d'intelligence  &  Méthode  des 
Sciences.  Nom  d'un  Livre ,  qui  porte  encore  le  titre  de  Thebb  allenfan  ,  qui 
fignifie  la  Médecine  univerfelle  des  hommes. 

C'efl  la  Traduélion  Arabique  d'un  Livre  Indien ,  intitulé  Anbertkend  ,  nom 
qui  fignifie  Citerne  d'eau  vive.  Mohi  eddin  Ben  Al  Arabi  en  efl  l'Auteur.  Foyez 
la  Bibliothèque  Royale,  n°.  815. 

M  E  R  AT  Al  Gianan.  Les  Miroirs  àQS>  Efprits.  C'efl  un  Ouvrage  Hiflori- 
que,  compofé  par  lafèï. 

MER  AT  alzaman.  Le  Miroir  du  tems.  C'efl  une  Hifloire  d'Egypte,  com- 
jîofée  par  Sebth  Ben  Al  Giouzi. 

MERBAD.  Nom  d'un  lieu  particulier  auprès  de  h  Ville  de  Bafibra.  Foyez 
ce  titre. 

MERBATH.    Ville  de  la  Province  d'Hadhramuth  dans  l'Iemen  ou   Arabie 
heureufe.    C'efl  dans  les  montagnes,  qui  font  autour  de  cette  Ville,   que  naif^ 
fent  les  arbres  qui  portent  le  meilleur  encens  de  toute  l'Arabie.     C'efl  la  re- 
marque que  fait  EdriHî,  qui  dit  auflî,  que  les  pays  de  Schagere  ,  de  HafiTek  & 
.^e  Scharmah  fourniffent  aufli  abondamment  cette  même  gomme. 

MERCAT 


M  I  R.        M  I  R  B  A  D.  6,7 

Milâd  Johanna.  La  NaifTance  de  faint  -  Jean  Baptille.  Cette  Fête  eft  mar- 
■quée  dans  le  même  Calendrier  Syrien ,  le  25  du  mois  de  Niflan ,  ou  de  Juin , 
quoique  nous  la  célébrions  nous  autres  Latins,   le  24  du  même  mois. 

MIR.  C'ell  l'Abbregé  du  mot  d'Emir  qui  fignifie  en  Arabe,  Chef ,  Prince 
&  Commandant.  Les  Perfans  &  les  Turcs  le  fervent  fouvent  de  cette  abbre- 
viation,  foit  dans  les  Noms  propres,  foit  dans  les  appellatifs. 

Mir  Ahor  fignifie  en  Turc  ce  qui  étoit  autrefois  parmy  nous,  le  Cornes Jlabuïiy 
ou  Conneftable,  &  le  Grand  Ecuyer,  Charge  qui  a  pris  fon  origine  de  la  première. 

Mir  Alem.  Le  Porte -Etendard,  ou  le  Guidon,  &  c'eft  chez  les  Turcs,  ce 
que  nous  appelions  en  France,  la  Cornette  blanche. 

M I R  Ali  Schir.  Nom  d'un  Auteur  qui  a  compofé  le  Livre ,  intitulé  Megia- 
lis  alnufaïs,  les  Converfations  curieufes  &  agréables,  l^oyezlo.  titre  de  Naouai. 

MIR  Khofrou.  Nom  d'un  Poëtc  Perfien,  qui  a  décrit  dans  un  Poëme  par- 
ticulier ,  l'Hiftoire  de  trois  frères  Arabes  qui  dirent  à  un  Chamelier ,  comment 
étoit  fait  le  Chameau  qu'il  avoit  perdu,  &  tout  ce  qu'il  portoit,  fans  qu'ils 
l'eulfent  jamais  vu. 

L'on  a  parlé  en  quelque  autre  endroit  de  cette  Hiftoire,  pour  faire  connoî- 
tre  la  fubtilité  de  l'elprit  des  Arabes. 

Ce  même  Poëte  a  compofé  auffi  on  Perfien  un  Ouvrage,  intitulé  Deriaï  Abrar, 
c'eft-à-dire,  la  Mer  des  Juftes,  ou  des  Perfonnes  fpirituelles.  C'efc  un  Poëme 
myftique  auquel  Selimi  en  oppofa  un  autre  qu'il  intitula,  Bahagiat  alathar,  titre 
qui  fignifie  le  Luftre  des  aftions,  ou  des  bonnes  œuvres-  Il  femble  que  Seli- 
mi ait  voulu  -combattre  la  Do£trine  du  Quietifme  que  Mir  Khofrou  avoit  étalée , 
en  exaltant  un  abandon  trop  gênerai  de  la  Créature  qui  porte  infenfiblement  k 
une  inaftion  totale  &  à  une  dangereufe  oifiveté. 

MIR  Divaneh.  C'efl  le  Nom  d'un  de  ces  Fols  entoufiafmez  que  les  Mu- 
fulmans  regardent  comme  leurs  plus  grands  Saints. 

MIR  Miran.  Le  Seigneur  des  Seigneurs,  Ce  mot  qui  efl:  Perfien  corres- 
pond entièrement  au  mot  Turc,  BeghiJer  Beghi,  &  c'eft  le  nom  ou  titre  d'un 
Gouverneur  General  d'une  Province,  qu'on  appelle  aujourd'huy  Pacha,  ou  Bâ- 
cha, ou  Baffa  dans  les  Etats  du  Turc. 

Mirmiranlik  ou  Beghler  Beghilik.    C'eft  une  Province  ou  un  Gouvernement. 

MIR  Scharaf.  C'eft  le  furnom  de  Seïd  fcharf  ou  Scharfeddin  Al  Hoflaïni 
Al  Tabrizi ,  qui  a  compofé  une  Hiftoire  générale  en  langue  Perfienne  depuis  la 
Création  du  monde  jufqu'en  l'an  1026  de  1'  egire.  Elle  eft  intitulée,  Anfas 
alakhbar,  c'eft-à-dire,  la  plus  curieufe  des  Hiftoires. 

■  MIRANSCHAH.  Troifième  fils  de  Tamerlan.  Il  fut  furnomraé  Gurgha 
&  pofTeda  comme  en  Souveraineté  de  la  part  de  fon  père ,  les  provinces  de  l'Ira- 
que ,  de  l'Adherbigian  &  de  Syrie.  Erjiir  Khoand  fchah  qui  le  fait  père  des 
Sultans  Aboufaïd  &  Khalil. 

MIRBAD.  Lieu  particulier  de  la  Ville  de  Bafrah  ou  Baflbrah,  dans  le- 
quel s'aflembloient  les  Poètes  pour  y  reciter  &  expofer  à  la  Cenfure  publique 
leurs  Ouvrages. 

Tome  IL  liii  MÎRBATH' 


Si$  M  r  R  B  A  T  H  —  M  r  R  î  A  M^ 

MIRBATH.    Ville  de  la  Province  dlemen,  ou  Arabie  heureufe,  Titube  en- 
.tre  celle  de  Thaffar  qu'elle  a  au  Septentrion,  &  le  fepulcre  de  Houd,  qui  eft 
à  fon  Midy.     C'eft  de  cette  Ville  que  fe  tire  le  meilleur  encens  de  toute  l'Ara» 
bie,  où  l'Arbre  qui  le  porte  eft  appelle  Leban  &.  fa  Gomme  Kundur. 

MIRCOND.  Nom  d'un  Auteur  qui  a  commencé  d'être  aflez  connu  depu» 
que  Teixera  en  a  donné  une  efpece  d'Abbregé  traduit  en  Efpagnol.  Son  véri- 
table nom  eft  Mohammed  Ben  Emir  Khoandfchah,  qui  a  été  enfuite  nommé 
Mir  Khoandfchah,  &  puis  Mirkhoand  que  les  Perfiens  prononcent  Mirkhavend- 
ou  Mirkhond.  f^oyez  le  titre  de  Raouzat  Al  Safa ,  qui  eft  le  nom  du  grand  Ou- 
vrage Hiftorique  de  cet  Auteur. 

MI  RI  A  M.  Ce  mot  qui  fignifie  en  Arabe,  Marie,  eft  pris  de  l'Hébreu  & 
du  Syriaque  &  ne  s'applique  ordinairement  qu'à  la  fainte  Vierge ,  Mère  de  N.  S, 
Jefus-Chrift. 

11  eft  parlé  de  la  fainte  Vierge  très  -  honorablement  en  plufieurs  endroits  de 
l'Alcoran,  où  l'on  trouve  même  un  Chapitre  entier  qui  porte  fon  Nom.  Ce» 
pendant  il  y  en  a  plufieurs  autres ,  comme  ceux  de  la  famille  d'Araran  &  d'A- 
ndn  dans  le  même  Livre,  où  il  eft  parlé  non  -  feulement  de  fa  Naiifance,  mais 
encore  de  la  Groflefle  de  fainte -Anne  fa  Mère,  de  fon  éducation  dans  la  mai- 
fon  de  Zakarie  &  dans  le  Temple,  &  de  fon  divin  Accouchement,  où  les  In- 
terprètes ajoutent  pour  les  expliquer,  plufieurs  Traditions  des  Chrétiens  OrieU-- 
taux  que  nous  aurions  peut  -  être  perdues  fans  eux. 

Une  des  Principales  eft  celle  qui  porte  que  Dieu  rayant  preferrée  elle  & 
fon  fils  du  Démon,  félon  l'Alcoran,  cette  prefervation  eft  expliquée  par  Hos- 
faïn  Vâez  en  ces  termes:  Qu'il  ne  vient  point  d'enfant  au  monde  que  leDia-- 
ble  ne  touche  &  ne  manie  jufqu'à  ce  qu'il  le  faffe  crier,  &  qu'il  n'y  a  eu  que 
Marie  &  fon  fils  Jcfus  qui  ayent  été  garantis  &  prefervez  de  cet  attouchement. . 
Ses  paroles  font  en  Perfien  :  Ez  meft"  fcheïthan  Miriara  ve  pefero  Mahfoudh  ve 
Mahrous  mandend. 

Il  n'y  a  prefque  point  de  doute  que  la  Tradition  Chrétienne  touchant  le  pe-^ 
elle  originel  ne  foit  ici  marquée ,  particulièrement  fi  nous  voulons  la  joindre  à 
une  autre  dont  l'on  fait  mention  dans  le  titre  d'Adam,  félon  laquelle  toute  la^ 
pofterité  de  ce  premier  Père  du  genre  humain  fut  reprefentée  devant  Ces  yeux 
&  fit  un  pafte  avec  Dieu,  f^oyez  le  'titre  d'Adam. 

Dans  le  troifième  Chapitre  de  l'Alcoran,  intitulé  Sôurat  Al  Amran,  c'eft-à- 
dire  ,  le  Chapitre  de  la  famille  d' Amran ,  on  trouve  ces  paroles  :  Enn  Allah 
eftafa  Adam  u  Nouhan  u  âl  Ibrahim  v  dl  Amran  dla  alâlemin ,  c'eft-à-dire ,  Dieu 
a  choifiAdam,  Noé,  la  famille  d'Abraham  &  celle  d' Amran  entre  toutes  les  aur 
très  créatures  de  l'un  &  de  l'autre  Monde. 

Hoflain  Vâez  explique  dans  fa  Paraphrafe  ce  Verfet  de  l'Alcoran  en  ces  ter- - 
mes:    Dieu  a  choifi  Adam  pour  le  faire  le  Père  de  tous  les  hommes,   pour- 
lui  enfeigner  les  noms  de  toutes  les  chofes  en  particulier,  en  le  faifant  adorer 
par  les  Anges  mêmes ,  &.  en  l'établiflànt  Chef  de  tous  les  Prophètes  &  de  tous 
les  Elus. 

Noë  a  été  choifi  de  Dieu,  c'eft-à-dire,  diftingué  de  tous  les  autres  hommes , . 
par  la  longueur  de  fa  vie  qui  a  duré  dans  l'un  &  l'autre  Monde,  c'eft-à-dire j-, 
avant  &  après  le  Déluge,    par  la  fabrique   de  l'Arche  &  par  la  promulgation, 
d'une  nouvelle  Loi  qui  a. abrogé  l'^ncieûne  félon  laquelle. les  Anciens  Patriarches 
vj voient  avant  luy,  Aijra- 


M    I   R    I    A    M,  Çj^ 

Abraham  a  été  avantagé  par  deffus  tous  les  hommes  du  titre  d'Ami  intime 
&  familier  de  Dieu;  car  il  a  été  furnomraé  Khalil  Allah  ,  qui  porte  cette  figni- 
fication.  Il  a  été  délivré  du  feu  de  la  fournaife  de  Nemrod  &  a  poliedé  la  d?^ 
gnité  de  Prince  &  de  Pontife  de  tous  les  Fidèles.  Mais  par  defllis  toutes  ces 
chofes,  il  a  été  honoré  du  choix  que  Dieu  a  fait  de  luy  pour  la  conllni6lion 
du  Temple  facré  de  la  Mecque  qui  eft  l'objet  du  culte  &  de  la  dévotion  des 
Mufulmans. 

Enfin-  la  famille  d'Amran  a  eu  le  Privilège  de  donner  au  peuple  de  Dieu  les 
deux  grands  Prophètes  Moïfe  &  Aaron,  dont  la  Miflîon,  la  Prophétie  &  le 
Colloque  familier  qu'ils  ont  eu  avec  Uieu,  les  élèvent  au  delTus  de  tout  le  res- 
te des  hommes.  Et  ce  qui  efl  encore  de  plus  confiderable ,  cette  famille  nous 
a  donné  auffi  la  glorieufe  Marie ,  Mère  de  Jefus ,  enforte  que  cette  fainte  Mère 
&  fon  enfant  miraculeux  y  font  compris. 

Il  faut  ici  remarquer  que  l'on  impute  ordinairement  à  Mahomet  &  à  la  plu. 
part  de  fes  Sénateurs ,  d'avoir  confondu  Marie ,  fœur  de  Moïfe  &  d'Aaron  ,  avec 
la  fainte  Vierge,  Mère  de  Jefus-Chrift,  &  il  y  a  même  grande  apparence  que  Ma- 
homet étoit  affez  ignorant  pour  tomber  dans  cette  faute  groffière,  puifque  ce 
ne  feroit  pas  la  feule  qui  fe  trouve  dans  fon  Alcoran. 

Mais  cependant ,  les  plus  habiles  Interprètes  de  l'Alcoran  difent,  que  la  fainte 
'Vierge  efl  de  la  famille  d'Amran,  Père  de  Moïfe  &  d'Aaron,  à  caufe  qu'elle  en 
defcendoit  du  côté  de  fa  Mère,  ce  qui  eft  conforme  à  ce  que  le  faint  Evangile 
dit  que  fainte  Elizabet  fa  Couline  étoit,  ExfiliabusÂarouy  c'eft-à-dire,  defcendante 
d'une  famille  facerdotale. 

Ils  ajoutent  de  plus,  qu'Amran,  père  de  Marie, Mère  de  N,  S.  étoit  fils  deMa- 
thée,  &  par  confequent  autre  qu'Amran ,  père  de  Marie,  fœur  de  Moîfe,  de  forte 
que  félon  les  Mufulmans  cet  Amran  feroit  le  même  que  celui  que  nous  appel- 
Ions  Saint  Joachim,  mari  de  Sainte -Anne  &  père  de  Notre  Dame. 

Quant  à  fainte -Anne,  la  bien  -  heureufe  Mère  de  la  fainte  Vierge,  elle  eft  con- 
nue, par  les  Mahometans  fous  fon  propre  nom  qui  eft  Hannah  &  les  mêmes  Ma- 
hometans  ont  auffi  une  Tradition  qui  porte,  que  Hannah  étoit  fille  de  Nakhor  & 
femme  d'Amran. 

Ils  difent  encore  que  fainte  Anne  fe  trouvant  grofle  de  la  bien  -  heureufe  Ma- 
rie ,  voua  fon  fruit  au  fervice  du  Temple  fans  fçavoir  fi  elle  portoit  dans  fon 
ventre  un  fils  ou  une  fille ,  &  que  Dieu  receut  fort  agréablement  ce  vœu  fui- 
vant  ces  paroles  de  l'Alcoran  :  Cabbalha  rabhohd  bccaboul  haffan ,  &  que  lorfqu'elle 
eut  mis  au  monde  la  fainte  Vierge  ,  elle  la  prefenta  aux  Preftres  en  leur  difant 
ces  paroles  qui  font  auffi  couchées  dans  l'Alcoran  :  Dhouncon  hadih  alnedhirat , 
•t:'eft-à-dire,  Voici  l'offrande  que  je  vous  fais,  aufquelles  paroles  HolTaïn 
Vàez  ajoiàte  dans  fa  Paraphrafe  Perfienne,  Kih  ez  an  khodaï  eft,  ce  qui  fignifie, 
car  c'eft  un  prefent  que  Dieu  m'a  fait,  ou  encore  plus  mot  à  mot,  car  c'eft  de 
ce  prefent  que  Dieu  doit  venir. 

La  manière  dont  fainte  Anne  voua  fa  fainte  fille  à  Dieu,  eft  exprimée  dans 
le  Chapitre  d'Amran  en  ces  termes:  Rabb  enni  nadhart  leka  ma  fi  bat/mi  mohar 
raran,  c'eft-à-dire,  je  vous  ai  voué,  Seigneur,  ce  qui  eft  dans  mon  ventre  pour 
eftre  entièrement  hbre.  Les  Interprètes  expliquent  la  parole  de  Libre,  par 
celles  de  délivré  de  tous  les  embarras  du  Monde  pour  vous  fervir  plus  particu- 
lièrement.   Et  ils  ajoutent,   que  c'étoit  la  coutume  des  Juifs  de  voiier  leurs^ 

liii  2  enfans' 


&ia  Kl  I  R'  I  A  M. 

enfans  mafles  au  fcrvice  du  Temple,  ce  qui  efl  pris  de  la  Loy  qui  obligeoit 
les  Juifs  de  prefenter  leurs  premiers  nez  au  Temple  &  de  les  racheter.  Ils 
difent  de  plus  que  ces  vœux  eflant  obligatoires  &  non  de  fimple  dévotion, 
Amran  aj^ant  entendu  le  vœu  de  fa  femme  lui  dit:  Ne  fe  pourroit-il  pas  faire 
que  ce  que  vous  portez  dans  vôtre  ventre  foit  une  fille  &  qui  par  confequent 
ne  pourra  pas  rendre  fervice  au  Temple?  Nonobllant  quoi,  Awne  ne  laifTa  pas 
de  pourfuivre  fa  prière  &  de  dire  à  Dieu  ces  paroles  couchées  dans  le  même 
Chapitre  d'Amran:  Faîskahbd  mmni,.ennac  enta  j^lfamî  fl/i/wn,  c'eft-à  dire,  Sei- 
gneur, acceptez  ce  que  je  vous  offre,  car  vous  êtes  celui  qui  exauce  les  vœux 
éc  les  prières,  &  qui  fçavez  les  chofes  les  plus  cachées  aux  yeux  des  hommes. 

Après  qu'Anae  fe  fut  délivrée  de  fon  fruit,  Mahomet. fait  dire  à  Dieur 
Ouenni  femitoha  Miriam-,  c'eft-à-dire  ,  Je  l'ay  nommée  Marie.  Nom,  difent  les: 
Interprètes,  qui  fignifie  la  même  chofe  que,  Amat  Allah,  c'eft-à-dire.  Servante 
de  Dieu ,  explication  tirée  de  la  réponfe  que  fit  la  fainte  Vierge  à  l'Ange  par 
ces  paroles  :  Eccc  Ancilla  Domini. 

Mahomet  dont  la  coutume  eft  d'enchérir  toujours  fur  les  Hiftoires  de' l'Ancien 
&  du  Nouveau  Teftament ,  en  les  chargeant  de  circonftances  dont  l'Ecriture 
ne  fait  point  de  mention  ,  &  corrompant  fouvent  la  vérité  du  Texte  facré,; 
dit  dans  le  même  Chapitre  de  la  famille  d'Amran  ,  que  Dieu  donna  Marie  en 
garde  à  Zacharie,  Ouacafalha  Zacaria,  qui  l'enferma  dans  une  des  chambres  dir 
Temple  dont  la  porte  étoit  fi  élevée,  qu'il  y  falloit  monter  par  une  échelle,, 
ât  dont  il  portoit  toujours  la  Clef  fur  foy. 

Zacharie  rendoit  de  temps  en  temps  des  vifites  à  la  fainte  Vierge  ,  &  il  ne. 
k  faifoit  jamais  qu'il  ne  trouvaft  auprès  d'elle  quantité  des  plus  beaux  fruits  de 
la  Terre  fainte,  &  toujours  à  contre-faifon  ,  ce  qui  l'obligea  enfin  de  deman- 
der à  Marie  d'où  lui  pourroient  venir  tous  ces  beaux  fruits?  &  Marie  lui  ré- 
pondit :  Hou  tmn  and  Allah  ïarzoc  man  ïafcha  begàir  Hijfab  ,  tout  ce  que  vous 
voyez  vient  de  la  part  de  Dieu  qui  pourvoit  de  toutes  chofes  ceux  qu'il  lui 
plaift,  fans  compte  &  fans  nombre.. 

La  pureté  de  la  fainte  Vierge  eft  tellement  reconnue  par  tous  les  Mufulmans- 
^ue  pour   en   donner  des   preuves   inconteftables ,  je   ne  puis  m'empêcher  de^ 
mettre  icy  ce  que  l'Auteur  du  Defter  Lathaïf  rapporte  d'Abou  Ishac,  AmbaflTa- 
deur  du  Khahfe  à  la  Cour  de  l'Empereur  des  Grecs. 

Ce  Perfonnage  qui  étoit  un  des  plus  habiles  Dofteurs  du  Mufulmanifme  ,  fe, 
trouvant  dans  une  conférence  qu'il  eut  avec  le  Patriarche  &.  plufieurs  Evêq.ues. 
Grecs  fur  le  fiijet  de  la  Religion  ,  les  Evêques  dans  la  chaleur  de  la  difpute 
reprochèrent  au  Mufulman  plufieurs  chofes  qui  avoient  été  dites  autrefois  par 
les  Mufulmnns  mêmes,  contre  Aïfchah,  femme  &  veuve  de  leur,  faux.Prophete: 
Ce  qui  avoit- ému  plufieurs  troubles  &  divifîons  entre  eux. 

Abou  Ishac  leur  répondit  fort  fageroent,  qu'il  ne  falloit  pas  s'étonner  de  ces. 

diffcrens,  puifque  parmi  les  Chrétiens  les  fentimens  avoient  été  fi  partagez  fur. 

le  fui  et  de  la  glorieufe  Vierge  Marie,  Mère  de  Jefus,   que  Ton   peut  appeller 

la  Mine  &  la  fource  de  toute  pureté..   Les  paroles  Turquefquea  de  cet  Auteur 

font:  Genab  IJmet  mcah  Miriam  Kan  ijet-.  Car  difoit  ce  Dofteur  aux  Evêques,- 

plufieurs  parmi  vous  ont  ibutenu  que  cette  fainte  Vierge,,  dogourdi,  c'eft-à-dire, 

a- véritablement  enfanté,  les  autres  ont  dit,  dogourmadi,   c  eft-à-Jire,^  elle  n'a. 

pas  veritabkiîieiat -enfanté 3  &  enfin,  il  y  en  a  eu  d'autres  qui  ont.  crû  &  ont 

affuré 


M  I  R  I  A  M.  6zt 

affuré  qu'on  ne  pourroit  pas  dire  d'elle,  qu'elle  euft  enfanté  ,  ni  qu'elle  n'euft 
pas  enfanté,  Neh  dogourdi,  neh  dogourmadi. 

Pour  fçavoir  de  quelle  manière  les  Mufulraans  prétendent  que  la  fainte  Vierge 
foit  devenue  grofle  du  Meffie^  &  comment  l'Ange  Gabriel  lui  annonça  ce  grand 
myftere,  il  faut, voir  le  titre  d'Alancavah  &  d'Ifla. 

Les  Mufulmans  attribuent  faulTement  aux  Chrétien»de  reconnoiflre  cette  fainte 
Vierge  pour  la  troifième  pcrfonne  de  la  Trinité-  Ce  n'ell;  pas  que  parmi  eux 
il  ne  s'en  trouvent  qui  nous  purgent  de  cette  calomnie.  Mais  leur  erreur  vient 
de  ce  que  les  Chrétiens  Orientaux  lui  donnent  ordinairement  le  titre  d'Al 
Scïdat,  qui  fignifie,  la  Dame,  &  qu'entre  les  Pères  Grecs  faint  Cyrille  l'appelle,, 
le  complément  ou  fupplement  de  la  très -Sainte  Trinité. 

Ebn  Batrik  remarque  dans  fes  Annales ,  que  Theodofe  le  Grand  bâtit  dans 
la  Ville  de  liierufalem  une  Eglife,  nommée  Al  Gefmaniat,  c'eft-à-dire ,  l'Eglife^ 
du  Corps,  à  caufe  du  Sepulcra  de  Nôtre- Dame  qui  y  étoit  &  que  l'on  y  reve- 
roit;  &  que  les  Pcrfans  ayant  démoli  cette  Eglife  avec  les  autres,  lorfque  Cof- 
roés  prit  Hierufalem,  elle  ne  fut  point  réparée  comme  les  autres  &  qu'on  en' 
voj'oit  encore  les  ruines  en  l'an  328  de  l'Hegire. 

Aboulfarage  écrit  dans  fes  Dynafties  que  la  Tradition  des  Chrétiens  d'Orient  ' 
étoit  que  la  fainte  Vierge  n'étoit  âgée  que  de  treize  ans  lorfqu'elle  enfanta 
Jefus-Chrift,  &  qu'elle  n'en  vécut  que  cinquante  &  un.' 

Le  Jeûne  que  célèbrent  les  Chrétiens  d'Orient  avant  la  grande  fefle  de  Nô- 
tre -  Dame   qui   tombe   au  quinzième  du  Mois  d'Aouft  ,   &  que  nous  appelions 
l'AfTomption,  commence  le  premier  jour  du  même  mois,  &  on  appelle  com- 
munément dans  le  Levant  la  Fête  même  de  l'AiTomption,  Fithr  Miriam,  c'eft-- 
à-dire,  la.  Fin  du  Jçûne,  ou.  la  Pafque  de  Nôti-e-Dame. 

MIRIAM.     Bokhour  Miriam.     Le  Parfum  de  Marie.     C'eft  la   plante' que- 
nous  appelions  le  Cyclamen  odoriférant.     Les  Perfans  l'appelfcnt,  Tchenk  Mi- 
riam ,    &  Pentcheh  Miriam  ,  c'eft-à-dire ,   la  Main  de  Marie  ,   &  difent  que  la- 
fainte  Vierge  ayant  rais  la  main  fur  cette  plante,  elle  prit  la  forme  de  fes  cinq 
doigts  &  en  tira  une  excellente  odeur.     Les  Arabes  l'appellent  Artlienita  ,   &=! 
nous  autres  vulgairement,  les  Gands  de  Nôtre-Dame. 

MIRIAM  Nifchin.     C'cft   le  nom  d'un  Monaftere  de  Nôtre-Dame,  fitué  en." 
Géorgie  fur  une  Roche  du  Mont  Caucafe   au  milieu  d'un  Lac  qui  la  rend  in- 
acceffible  par  terre. 

Ce  Roc  ou  Château  qui   paflbit  pour  inexpugnable  fut  pris  par  Melikfchah  ' 
fous  le  règne   d'Alp-Arfl.in  fon  Père  ,   deuxième  Sultan  des  Selgluciiles  ,    &  fa 
prife  fut  attribuée  à  un  miracle ,  à  caufe  d'un  tremblement  de  terre  qui  le  ren-- 
verfa  entièrement  dans  le  Lac  pendant  qu'il  étoit  affiegé. 

MIRIAM,  fillede  l'Empereur  Maurice,  laquelle  doit  eftre  plutôt  appellée 
Mariah,  ou  Marie.  Elle  fut  mariée  par  fon  Père  à  Cofroés  Parviz  Roy  de  Pcrfe.^ 
Quelques-uns  lapoellent  Irène,      veulent,  que  ce  foit  la  même  que  Schirin ,  dont 
les  Amours  avec  Khofrou  font  décrits  fort  au  long  par  Nezami,  Poëte  Perfieny 
ious  le  nom  de  Khofrou  ve  Schirin. 

I  i  i  i  3  ^  MIRIMAL.- 


6%^  M  I  R  I  M  A  L.  — «  M  I  Z  A  N. 

MIRIMAL.  Les  Turcs  appellent  ainfi  ce  que  nous  appellerions  en  France *" 
le  Domaine  du  Roy.  Mais  ce  mot  fe  prend  aufli  pour  le  Threfor  Royal  & 
généralement  pour  tous  \q^  Droits  du  Sultan. 

MIRZA.  Ce  mot  qui  efl  l'abbregé  d'Emir  Zadeh  ,  qui  fignifie  en  Perfien, 
fils  de  Prince ,  a  efté  particulièrement  en  ufage  dans  la  famille  &  dans  la  pofte- 
rité  de  Tamerlan. 

Il  eft  encore  aujourd'huy  fort  commun  parmi  les  petits  Tartares. 

Mirzakhan  ,  ou  Mirzagian  ,  nommé  autrement ,  Habiballah  Al  Schirazi ,  qui 
mourut  l'an  940  de  l'Hegire ,  eft  Auteur  d'un  Livre ,  intitulé  Anmoudhage  alfo- 
noun,  c'eft-à-dire,  ElTais  fur  plufieurs  fortes  de  fciences. 

MISCHK,  &  Mufchk.  Ces  deux  mots  fignifîent  en  Perfien  &  en  Turc  la 
même  chofe  que  Misk. 

MISK.  En  François  Mufc.  Les  Arabes  difent  ordinairement  pour  expri- 
mer le  Mufc,  nafegiat  AI  Mifk,  &,  Farat  Al  iVlifk,  c'eft-à-dire,  une  Veflîe  ou 
un  Nombril  de  Mufc.  Les  Turcs  difent,  Mifk  kupeghi,  pour  la  même  caufe, 
parce  que  le  Mufc ,  qui  n'eft  autre  chofe  que  du  fang  caillé  d'une  certaine  efpece 
particulière  de  Chevreuil  ou  de  Daiiii  du  Thebet  &  du  Cathaï  ,  fe  tranfporte 
ordinairement  dans  un  morceau  dé  peau  velaë  de  cet  animal. 

Les  Orientaux  donnent  ordinairement  au  Mufc  l'épithete  d'Asfer,  qui  fignifie, 
doué  d'une  excellente  odeur,  &  le  furnom  de  Khothan,  &  deThobut,  ou  Thebet, 
à  caufe  que  les  Caravanes  qui  viennent  du  Cathaï  Kothan  &  du  Thebet ,  l'ap- 
portent de  ce  pays-là.  Ils  lui  donnent  aufîî  l'Epithete  de  Mafchmoun,  c'eft-à-dire, 
très  -  odoriférant ,  &  appliquent  aufli  fon  nom  au  parfum  que  l'on  tire  de  la 
•Civette.  C'eft  pourquoy  les  Turcs  appellent  cet  animal,  non  feulement,  Ze- 
bed  ghedifli;  mais  encore,  Mifk  ghediffi,  c'eft-à-dire,  l'animal,  ou  le  Chat  de 
la  Civette,  &  du.  Mufc. 

Cadhikhan ,  Doéleur  infigne  parmi  les  Mufulmans ,  propofe  un  cas  de  confcien- 
ce  ,  à  fçavoir ,  s'il  eft  permis  à  un  Mufulman  de  faire  fa  prière  ayant  fur  foy 
:une  veflîe  de  Mufc,  &  il  répond  qu'il  eft  permis  ,  pourveu  que  la  veflîe  foit 
entièrement  feiche. 

Mifk  Beri.  Mufc  fauvage.  Les  Turcs  appellent  ainfi  la  plante  que  les  La- 
tins nomment  ,  Sanguiforba  &  Pimpi?iella  ,  c'eft  ainfi  que  nous  appelions  de  la 
Pimprenelle. 

Mifket  eft  aufli  chez  les  Turcs  ce  que  nous  appelions  vin  Mufcat. 

MIZAN.    Une  Balance.    Al  Mizan,  le  fîgne  de  la  Balance  dans  le  Zodiac. 

Ce  mot  pris  métaphoriquement  en  Arabe  fe  prend  pour  Règle  ,  Méthode, 
&  Syllogifme. 

Mizan  almanthak.  C'eft  une  Logique  qui  eil  dans  la  Bibliothèque  Roya- 
le ,  n^.  911. 

Bahr  àlbeian  fil  kelam  âlalmizan.  C'eft  le  titré  d'un  Livre  qui  traite  métho- 
diquement de  la  Metaphyfique  &  de  la  Théologie  Scholaftique  des  Mufulmans. 

Borhan  fi  Afrâr  êlm  Al  Mizan  ,  Livre  de  Phyfîque  &  de  Metaphyfique  fui- 
vant  la  Méthode  d'Ariftote,  compofé  par  le  Dofteur  Aidera  Ali  Al  Gialdeki, 
&  commenté  par  Giaber  ou  Geber. 

MOADHAM. 


M  Ô  A  D  H  A  M.  —  M  O  A  H  E  D  O  U  N.  62$ 

MOADHAM.  Al  Malelc  Al  Moadhani  ,  fils  d'Alraalek  Al  Saleh  ,  dernier 
E-oy  ou  Sultan  d'Egypte  de  la  race  des  Aïoubites ,  ou  de  la  pofterité  de  Saladin. 

Ce  fut  lui  qui  défit  à  Manfourah  le  Roy  faint  Loiiis ,  &  le  fit  prifonnier.  Ce 
Sultan  ayant  traité  de  la  liberté  du  Roy  fans  la  participation  des  Mamelucs,  qui 
avoient  alors  une  très  grande  autorité  en  Egypte  ,  comme  étant  Maiftres  des 
Troupes,  &  par  confequent  des  principales  forces  de  l'Etat,  ces  gens-ci  fe  ré- 
voltèrent contre  lui,  &  l'obligèrent  de  fe  réfugier  dans  une  Tour  de  boisbâtip 
fur  le  rivage  du  Nil.  vicn;    ,  ■[ 

Les  Mamelucs  l'aflîegerent^  dant  cette  Tour  &  y  mirent  enfin  le  feu  ,  ce  quî 
obligea  le  Sultan  à  fe  jetter  à  la  nage  dans  l'eau  du  Fleuve  ,  où  il  ne  pût  ce- 
pendant éc'naper  à  la  fureur  de  ces  rebelles  qui  le  percèrent  de  mille  coups  de 
ftéches  l'an  688  de  l'Hegire. 

MOADHENJ.  Nom  d'un  Auteur  qui  a  fait  un  Commentaire  fur  la  troifiè- 
me  partie  du  Livre,  intitulé  Meftah  al  QlQvq3i^..(5c  coœpofé  par  Sekaki.  Il  eft 
dans  la  Bibliothèque  Royale,  n".  916..     >  tb  ;>.y. 

MOAFA  Ben  ^Jakaria.  C'eft  le  nom  de  celui  qui  interrogea  le  Do(îleur 
Thabari  touchant  le  Khalifat  d'A'bdallah,  fils  du  Khalife  Môtaz,  &  qui  rapporta 
pour  réponfe  que  le  droit  d'A'bdallah  étoit  fçrt  dautç^iix^  ,&  que  partant  il  ne 
fubfijfteroit  pas  long  temps.  •".' .j|^"^^,  .'. 

MOA'FERL'  Surnom  de  Mohammed  Benbrahim  ,  qui  efl  encore  appelle 
Saki  Al  Moâferi,  Il  eft  Auteur  d'un  Livre,  intitulé  Efcnarah,  qu'il  a  compofé 
fur  les  Traditions  Mufuhnanes.  f^oyez  les  titres  d'Efcharah ,  &  de  Scheïkh  AI 
Offouli.. 

MOA'GGEM.  C'eft  le  titre  d'un  Livre  de  'Hadiths  ou  Traditions  Muful- 
mannes ,  compofé  par  Thabrani.  Il  y  a  detix  Editions  de  cet  Ouvrage  ;  la  pre- 
miere  s'appelle  Moaggera  al  kcbir  ,  c'eft- à-dire,  le  grand  Moâggem,  &  la 
•féconde,  Moâggem  al  faghir,  c'eft-à-dii-e,  le  petit  Moâggem. 

MOA'GGEM.  Tarikh  Moâggem.  L'Hiftoire  ou  la  Chronique,  intitulée 
.•Moâggem  ou  Maâggem.  Elle  a  efté  compofée  par  Ebn  khanab  Fadhlallah  AI 
Gazvini,  qui  commence  fon  Hiftoire  par  Kaïumarath  &  la  finit  par  Çofroés,.dit 
Noufchirvan. 

Cet  Auteur  dédie  fon  Ouvrage  à  l'Atabek  Moftâïed  Rokn  eddunia  veddin 
loufouf  Schah ,  &  dit  qu'il  ne  le  peut  mieux  finir  que  fous  le  figne  de  la  Ba- 
lance, qui  eft  l'Horoicope  de  Mahomet  &  d'Ioulbuf  Schah,  &  par  un  Roy  qui 
a  porté  le  furnom  de  Jufte ,  fçavoir  Noufchirvan. 

Cette  Hiftoire  eft  écrite  d'un  ftyle  fort  élégant  &  très  -  élevé ,  &  cependant' 
entrecoupé  de  quantité  de  vers.  Arabes  &  Perfiens  qui  font  de  la  compofition: 
ds  l'Auteur.. 

MOAHEDOUN  &  Moahedin.  C'eft  le  nom  d'une  Dynaftie  ou  Famille 
qui  a  régné  en  Afrique,  &  que  les  Hiftoriens  Efpagnols  &  François  appellent. 
Al  Mohades. 

Le  premier  Fondateur  de  cette  Dynaftie  fut  Mohammed  Ahdalmoumen ,  fils 
de  Tomrut,  q^iii  prit  le  furnom  de  Mahadi,  c'eft-à-dire,  de  Chef,  de  Conduo.. 

teur 


$24  -^^  M  0  A'  L  L  A  C  A  T. 

teur  &  de  Diredeur  des  Fidelles,  fous  lequel  titre,  toute  la  puiiTance  OU  auto- 
rité, tant  fpirituclle  que  temporelle,  efl  comprife. 

Ce  nouveau  Prophète  &  Capitaine  General  d'une  troupe  de  Bandits  &  de 
Croquans,  fe  diibit  defcendu  en  droite  ligne  de  Hoflaïn,  fils  d'Ali,  duquel  les 
Imams  fi  célèbres  parmi  les  Perfiins  tirent  aufli  leur  origine  ,  &;  il  parut  dès 
l'an  514  de  l'iiegire,  dans  le  Pays  de  Haragah,  fitué  aux  environs  de  la  mon- 
tagne de  Sous  alakfa  ,  qui  efl  le  Mont  Atlas. 

A'bdalmoumen  après  avoir  détrôné  les  Marabous  ou  Al  Moravides  en  Afri- 
que, les  chaifa  aufli  de  l'Efpagne  où  il  entra  triomphant  l'an  539  de  l'Hegire, 
félon  Roderic,  Archevêque  de  Tolède.     Foyez  Abdalmoumen  &  Tomrut. 

Novaïri  l'Hiltorien  donne  dix-fept  Princes  à  cette  Dynallie  des  Al  Mohades, 
dont  le  dernier  fut  A  b  lalouahed  Ebn  Abil  O'ia  Edris,  &  dit  qu'elle  commença 
l'an  514  &  prit  fin  l'an  666  de  l'Hegire.  Mais  l'Auteur  du  Nighiariflan  ne 
.donne  à  cette  Dynaftie  que  treize  Princes,  &  marque  l'efpace  de  144  ans, 
qu'elle  a  régné  depuis  l'an  524,  jufqu'en  668  de  l'Hegire. 

Voici  le  Catalogue  des  Princes  de  cette  Dynallie  ,  félon  le  Nighiariflan. 

Le  premier  efl;  A'bd'Almoumen  qui  régna  34  ans. 

I^e  fécond ,  Mohammed  ,  fils  d'A'bdalmoumen  qui  régna  feulement  quelques 
jours. 

Le  troifième,  Jofef  autre  fils  d'A'bdalmoumen,  dont  le  règne  fut  de  32  ans. 

•Le  quatrième,  Jacoub  fils  de  Jofef  &  petit -fils  d'A'bdalmoumen,  15  ans. 

Le  fixième  fut  un  Anonime,  qui  ne  régna  que  quatre  ans. 

Le  feptième  A'bdaluahcd  ,    fils  de  Jofef,  neuf  mois. 

Le  huitième,  Jahia  fils  de  Mohammed,  fils  de  Jacoub.  Le  nombre  des  an- 
nées de  fon  règne  efl:  obmis. 

Le  neuvième,  Edris  fils  d'Iacoub,  il  régna  dix  ans. 

Le  dixième,  AI  Rafched,  fils  d'Edris,  dix  ans. 

L'onzième,  Ali  fils  d'Edris,  fix  ans. 

Le  douzième,  Abou  Hafedh,  fils  d'Ibrahim  fils  d'Edris,  20  ans. 

Le  treizième  &  le  dernier,  félon  la  fupputation  du  Nighiarifl:an ,  Edris  neveu 
d'Abou  Hafedh,  trois  ans. 

La  raifon  pour  laquelle  cet  Auteur  compte  quatre  Princes  de  moins  que 
Novaïri,  vient  de  ce  qu'il  compte  les  quatre  derniers  au  nombre  des  Edriffites, 
qui  font  une  Dynaftie  particulière. 

MO A'L  LAÇAT.  C'eft  le  titre  que  portent  les  Ouvrages  de  fept  des  plus 
■excellens  Poètes  qui  ont  fleuri  parmi  les  Arabes  dans  le  temps  qu'ils  appellent 
Al  Giaheliat,  c'eil-à-dire ,  le  temps  d'ignorance  qui  a  précédé  celui  qu'ils  appel- 
lent  Al  Eflamiat,    c'eft-à-dire,  celui  du  Mahomctifme. 

Ces  Poëmes  font  nommés  Al  Moâllacat,  c'eft-à-dire,  fufpendus,  à  caufe  qu'ils 
svoient  efté  attachez  fuccefljvement  par  honneur!  la  Porte  de  la  Câbah  ,  c'eft-à- 
dire,  du  Temple  de  la  Mecque,  &  on  les  furnommoit  encore  Al  Modhahebât, 
c'eft-à-dire.  Dorez,  à  caufe  qu'ils  étoient  écrits  en  Or  fur  du  papier  d'Egypte. 

Les  noms  -àe  ces  fept  Poètes  font,  Zohaïr,  ou  Zehir,  Tharafah,  Amri  Okaïs, 
Amrou  Een  Kalthoum,  Al  Hareth,  A'ntarah,  &  Lebid.  .Ce  dernier  qui  a  vécu 
jufqu'au  temps  de  Mahomet  fe  fit  Mufulman.    l^oyez  fon  Titre. 

Quelques  Auteurs  fubftituënt  à  la  place  de  Hareth,  &  d'Antarah  ,  Ai  Afchi 
•^  Nabegâh. 

Al 


M  O  A'  R  R  A  H.  M  O  A  V  I  A  H.  Sig 

Al  Anfari  &  Abou  Giafar  Al  Nahas  ont  compofé  des  Commentaires  fur  ces 
Poëmes.  Il  eft  vray,  qu'Ahmed  Ben  A'bdallah,  furnommé  Al  Anfari  Al  Anda- 
louffi,  qui  étoit  Efpagnol  de  naiffance,  n'a  fait  proprement  que  des  Scholies  ou 
Notes  marginales,  qui  expliquent  feulement  les  mots  difficiles  qui  fe  rencontrent 
dans  ces  Poëmes. 

Zouzeni  les  a  expliquez  plus  au  long,  &  fon  Ouvrage  fe  trouve  dans  la  Bi- 
bliothèque Royale,  n".  1154. 

MOARRA'H  &  Modrri.  Foyez  le  Titre  de  Moarrah  &  celuy  d'Abou  l'O'la, 
qui  étoit  un  des  plus  excellens  Poètes  Arabes,  &  qui  portoit  le  furnora  de 
Moarri  ou  de  Maârri. 

MOA'SCHERAT.  Al  Moàfcherat  v  alcodfiat.  Les  Converfations  fain- 
tes,  c'eft-à-dire,  faites  dans  la  Terre  Sainte,  C'eft  le  titre  que  porte  le  Divan 
Saghn-,  le  petit  Divan,  ou  le  petit  Recueil  des. vers  de  Gialiani.  11  efl  dans  la 
Bibliothèque  Royale,  n°.  11 80. 

MO  AVI  A  H  Ben  Abi  Sofïan.  C'eft  le  nom  du  premier  Khalife  de  la  Mai- 
fon  d'Ommiah,  perfonnage  de  grande  réputation  parmy  les  Arabes,  &  ce  font 
les  Khalifes  de  cette  Maifon ,  qui  font  nommez  ordinairement  dans  cet  Ouvrage 
les  Ommiades. 

Moaviah,  qu'on  appellera  dorénavant  Moavie,  avoit  été  fait  Gouverneur  de 
la  Province  de  Syrie,  que  les  Mufulmans  avoient  nouvellement  conquife  fur  les 
Grecs  par  Othman  ,  troifième  Khalife  ,  après  Mahomet,  Et  ce  Khalife  ayant 
été  tué  par  une  révolte  de  fes  fujets  ,  dans  laquelle  Ali  fut  foupçonné  d'avoir 
trempé  ,  ce  Gouverneur ,  qui  devoit  fa  fortune  à  Othman  ,  fe  déclara  haute- 
ment le  vangeur  de  fon  fang  ,  &  rcfufa  de  reconnoître  Ali  qui  avoit  été  élu 
pour  luy  fucceder. 

Les  Syriens  &  les  Egyptiens  embrafferent  le  party  de  Moavie ,  deforte  qu'A- 
li ne  fut  fuivy  que  par  les  peuples  de  l'Arabie  &  de  l'Iraque  Babylonienne.  La 
guerre  s'alluma  entre  ces  deux  partis  avec  une  telle  fureur  ,  &  les  N'ufuîmans 
fouffrirent  de  fi  grandes  pertes  de  part  &  d'autre  dans  ces  divifions  ,  que  trois 
hommes  particuliers  fe  dévouèrent  pour  faire  finir  cette  guerre  qui  étoit  ïi  fu- 
nefte  au  Mufulmanifme ,  par  le  meurtre  qu'ils  entreprirent  de  faire  des  princi- 
paux Chefs  des  faftions,  qui  étoicnt  Ali,  Moavie  &  Amrou  Ben  Al  As,  Gou- 
verneur de  l'Egypte, 

On  ne  dira  rien  icy  du  détail  de  cette  longue  &  cruelle  guerre,  parce  qu'on 
en  a  déjà  parlé  fort  au  long  dans  le  titre  d'Ali  ,  auffi-bi-en  que  de  lu  conjura- 
tion de  ces  trois  perfonnes  dévouées,  II  fuffîra  de  dire,  que  ceux-cy  man- 
quèrent leur  coup  à  l'égard  de  Moavie  &  d'A'mrou ,  &  qu'il  n'y  eut  qu'Ali 
de  tué. 

Après  la  mort  d'Ali,  Hafiàn,  fon  fils  aîné,  fut  déclaré  &  proclamé  Khalife 
par  fes  Partifans,  &  la  guerre  eut  duré  encore  long-tcms  entre  luy  &.  Moavie, 
û  pour  éviter  une  plus  grande  efFufion  du  fang  des  Mufulmans  ,  HafiTan  n'eut 
renoncé  par  foiblefle  à  fon  rang  &  à  fa  dignité ,  en  faveur  de  Moavie. 

C'eft  depuis  le  tems  de  cette  ceffion  ,  qui  fe  fit  l'an  41  de  l'Hegire  &  dont 
il  efl  parlé  au  long  dans  le  titre  de  Haflan,  que  commence  le  règne  de  Moa- 
vie, qui  tranfporta  la  dignité  &  l'autorité  du  Khalifat  de  la  Maifon  de  liafchcm. 

Tome  IL  li  k  k  k  <ie 


620  M  O  A  V  I  A  H.  : 

de  laquelle  Mahomet  &  Ali  fon  gendre  étoicnt,  en  celle  d'Ommie,  dans  laquelle 
elle  demeura  cent  ans  ou  environ,  jufqu'au  tems  qu'Abou  l'Abbas  SafFah  la  re- 
mit dans  celle  de  Hafchcm,  dont  luy  &  tous  les  Abbaflides  étoient  iffus. 

Moavic  commença  à  régner  l'an  41  &  mourut  l'an  60  de  l'Hegire,  ayant  re- 
wné  l'efpace  de  dix-neuf  années ,  &  ayant  vu  toute  l'Afrique  fubjuguée  &  la 
Ville  de  Caïrouan,  qui  en  fut  regardée  comme  la  Capitale,,  bâtie  fur  les  ruines 
de  l'ancienne  Cyrcne,  que  l'on  acheva  de  démolir. 

L'an  52  de  l'Hegire  ,  il  avoit  envoyé  fon  fil?  aîné  lezid  faire  la  guerre  aux 
Grecs  dans  l'Arménie  &:  dans  la  Natolie.  Ce  Prince  les  poufTa  fi  loin  qu'il. 
arriva  jufqu'aux  fauxbourgs  de  Conllantinople  ,  &  il  tint  cette  grande  Ville  11 
long-tems  afîîégée,  que  l'on  dit  qu'il  fema  &  moilFonna  dans  fes  environs.  Ce 
fut  en  cette  expédition  qu'un  des  Capitaines  de  l'armée  d'Iezid  ,.  nommé  Abou 
Aïoub  ,  mourut  &  fut  enterré  fous  les  murs  de  Conltantinople ,  &  les  Turcs 
Othmanides,  qui  poficdent  aujourd'huy  cette  Ville  qui  efi:  la  Capitale  de  leur 
Empire,  ont  le  fepulcre  de  cet  ancien  Mufulman  en  fi  grande  vénération  qu'ils 
le  vifitcnt  par  dévotion,  &  que  le  Sultan  même  s'y  fait  ceindre  l'épée,  ce  qui 
tient  lieu  parmy  eux  d'une  efpèce  de  Couronnement  lors  qu'ils  prennent  pol- 
fefïïon  du.  trône.  Ce  lieu  efl:  appelle  vulgairement  par  les  Turcs  Eïoub ,  mot 
qui  fignifie  Job,  &  qui  efi:  tiré  du  nom  de  ce  Capitaine,  nommé  Abou  Aïoub, 
comme  l'on  a  déjà  vu  cy-defllis. 

Moavie  fit  aufli  la  guerre  par  luy  -  même  aux  Azrakhéens  ,    peuples  de  l' A- 
huaz  &  Partifans  d'Ali  ,  qui  refufoient  encore  de  le  reconnoîtrc  pour  Khalife. . 
il  leur  livra  un  grand  combat  dans  la  Campagne  de  Dolab  ,  aux  confins  de  la 
Syrie  &  de  l'Arabie,  &  les  défit  à  plate  couture. 

Ce  Khalife  fut  enterré  dans  la  Ville  de  Damas  ,   où  il  avoit  étably  le  Siège 
du  Khalifat  ;   &  cette  Ville  confer  va.  toujours  cette  prérogative,   tant  que  les 
Ommiades  ou  defccndans  de  Moavie  y  régnèrent,  jufques  aux  Abbaffides  qui  le. 
transférèrent  à  Anbar,  &  depuis  à  Hafchemie  &  à  Bagdad. 

Ce  fut  Moavie  qui  introduifit  le  premier  la  Macfourah  dans  les  Mofquées  , 
c'efi:-à-dire,  un  lieu  feparé  &  élevé,  où  le  Khalife,  qui  étoit  également  le  grand 
Pontife  de  la  Religion  &  le  Souverain  de  l'Etat ,  commençoit  &  entonnoit  la 
prière  folemnelle,  qui  eft ,  pour  ainfi  dire  ,  l'Oiîice  public  des  Mufulmans  ;  & 
u'efl:  dnns  ce  lieu-là  même  qu'il  faifoit  au  peuple  le  Khothbah  ,  qui  eft  comme 
une  efpèce  de  Prône  ou  Prédication.    Khondemir.   Thabari.  Ben  Schohnah. 

L'Auteur  de  Rabî  alabrar  remarque  aulîî,  qu'un  voleur  Arabe  ayant  été  con- 
damné à  avoir  la  main  coupée,  Moavie  luy  pardonna,  à  caufe  de  quatre  vers 
pleins  d'efprit  que  cet  Arabe  compofa  &  luy  recita  fur  le  champ  ,  &  que  ce  fut 
la  première  fentencc  prononcée  parmy  les  Mufulmans  ,  qui  n'eut  point  fon 
exécution  ,  les  Khalifes  n'ayant  point  encore  pris  jufqu'à  Moavie  l'autorité  de 
faire  grâce  à  ceux  que  les  Juges  ordinaires  avoient  condamnez.. 

K'ion  Jemir  dit ,  au  fujet  de  la  clémence  de  Moavie  ,  que  ce  K^ialife  parloit 
toujours  fort  honnêtement  de  fes  ennemis  ;  car  il  difoit ,  que  les  Hafchemites 
étoient  ellimez  à  bon  droit  pour  leur  valeur,  &  que  ceux  de  la  Maifon  de  Zo- 
beïr  ne  pouvoient  être  trop  louez  à  caufe  de  leur  génerofité.  (^uant  à  moy,. 
diiûit-il,  je  me  contente  de  pafi^er  parmy  les  Mufulmans  pour  un  Prince  qui: 
aime  à  exercer  la  douceur  &  la  clémence.  ^Dy^z  dans  le  titre  d'Ali  ce  qu'il 
répondit  à. ceux  qui  luy  firent  le  rapport  de  ces  paroles  de  Moavie._ 

MOAVIAH5. 


M  O  A  V  I  A  H.  ■         ■  g2r 

MO  AVI  AH,  fils  d'Iezid.  Cefl  Moavie  II  du  nom,  qui  étoit  petit-fils  de 
Moavie  I.  Il  n'étoit  âgé  que  de  21  ans  lors  qu'Iezid  fon  Père  mourut,  &  il 
confulta  fon  Maître  ,  nommé  O'mar  Al  Macfous ,  pour  fçavoir  de  luy  s'il  ac- 
cepteroit  le  Khalifat  ou  non.  L'on  dit  qu'O'mar  luy  répondit,  que  s  il  fe  fèn- 
toit  aiTez  fort  pour  rendre  eyaftemcnt  la  juftice  aux  Mufulmans,  &  pour  ren> 
plir  tous  les  devoirs  de  cette  dignité,  il  devoit  l'accepter;  mais  qu'autrement, 
il  ne  s'en  devoit  pas  charger. 

Ce  Khalife  eût  à  peine  régné  pendant  l'efpace  de  fix  femaines  qu'il  fe  fentit 
trop  foible  pour  foûtenir  le  poids  du  Gouvernement ,  «Se  prit  la  réfolution  d'y 
renoncer.  Il  aiTembla  pour  cet  eiïet  les  plus  Grands  de  fa  Cour  &  leur  dit, 
que  dans  la  penfée  qu'il  avoit  de  s'abdiquer  luy-même,  il  auroit  voulu  d'abord 
imiter  Aboubekr  &  défigner  fon  fuccefleur ,  comme  ce  premier  Khalife  avoit 
fait  le  fien;  mais  qu'il  n'avoit  pas  trouvé,  comme  luy,  d'hommes  femblibles  à 
O'mar,  fur  qui  il  pût  alTeoir  fon  choix.  Il  leur  dit  enfuite,  qu'il  avoit  eu  auflî 
le  delTein  d'imiter  O'mar  &  de  nommer  fix  perfonnes  ,  fur  une  defquelles  le 
choix  devroit  tomber  par  le  fort  ;  mais  qu'il  en  avoit  tant  trouvé  de  capables 
pour  ce  choix  parmy  eux,  qu'il  n'avoit  pu  fe  déterminer  à  fixer  ce  nombre. 

J'ay  donc  réfolu,  pourfui vit-il,  de  remettre  entièrement  ce  choix  à  vôtre  dif- 
pofition:  furquoy  les  Grands  de  l'Etat  luy  ayant  dit  ,  qu'il  n'avoit  qu'à  choifir 
celuy  d'entre  eux  qui  luy  plairoit,  &  que  tous  les  autres  luy  obéïroient,  Moa- 
vie leur  répliqua  en  ces  termes:  Comme  je  n'ay  pas  joui  jufques  icy  des  avan- 
tages du  Khalifat,  il  n'efl  pas  raifonnable  que  je  me  charge  de  ce  qu'il  y  a  de 
plus  odieux  ■;  c'eft  pourquoy  j'efpere  que  vous  trouverez  bon  que  j'en  déchar- 
ge ma  confcience  fur  vous  autres ,  &  que  vous  jugiez  vous  même  qui  efl  le  plus 
capable  d'entre  vous  de  remplir  ma  place. 

Après  que  Moavie  eût  fait  fon  abdication  en  fi  bonne  forme,  l'on  procéda  k 
l'éleftion  d'un  Khalife,  &  le  choix  tomba  fur  Marvan,  fils  de  Hakem,  qui  fut 
le  quatrième  des  Khalifes  de  Syrie  ,  Abdallah,  fils  de  Zobeïr,  ayant  été  décla- 
ré Khalife  en  Arabie. 

Moavie  n'eût  pas  plutôt  renoncé  au  Khalifat,  qu'il  avoit  tenu  pendant  trois 
mois  tout  au  plus ,  qu'il  s'enferma  dans  une  chambre ,  de  laquelle  il  ne  fortic 
point  jufqu'à  fa  mort ,  qui  fuivit  d'afl'ez  près  fon  abdication ,  &  l'on  dit ,  que 
les  Ommiades  furent  fi  fort  irritez  de  fon  procédé,  qu'ils  en  firent  éclater  leur 
reffentiraent  fur  la  perfonne  d'O'mar  Al  Macfous,  qu'ils  firent  mourir  en  l'en- 
terrant tout  vif ,  parce  qu'ils  fuppofoient  qu'il  avoit  confeillé  à  Moavie  de  f^ 
démettre. 

Ce  Khalife  fut  furnommé  par  fobriquet  Abou  Leilah,  c'eft-à-dire ,  le  Père  de 
la  nuit ,  à  caufe  de  fa  foiblelle  naturelle  &  fon  peu  de  fanté ,  qui  l'empêchoient 
de  paroître  beaucoup  pendant  le  jour. 

Moavie  mourut  l'an  64  de  l'Hegire ,  &  il  tient  le  troifième  lieu  dans  la  liflie 
des  Khalifes  de  la  Maifon  d'Ommie ,  &  Marvan  ,  qui  en  efl:  le  quatrième ,  & 
dont  le  règne  ne  fut  guère  plus  long  que  celui  de  fon  prédecelTeur ,  mourut 
en  l'an  6s- 

MOAVIAH,  fils  de  Hefcham,  fils  d'Abdal  Malelc,  tous  deux  Khalifes.  Ce 
rejetton  de  la  Maifon  des  Ommiades  échapa  à  la  fureur  des  Abbafîides,  qui  en 
extermmerent  tous  ceux  qu'ils  purent  avoir  entre  leurs  mains.    Il  fe  fauva  d'à 
tïord  en  Afrique  &  de-là  en  Efpagne,  où  il  eût  un  fils,  nomme  Abdalrahman, 

K  k  k  k  a  qui 


d25         M  O  B  A  P  E  D  HOU  N. MOBARRAD. 

qui  fonda  la  Dynaftic  des  Rois  Arabes  d'Efpagne  ,  qui   prirent  dans  k  fuite  le 
titre  de. Khalifes,  &  refuferent  de  reconnoître  ceux  de  la  Maifon  d'Abbas. 

MOBAPEDHOUN.  Les  Blancs.  C'eft  le  nom  de  ceux  qui  adhérèrent 
à  la  Sefte  du  fameux  irapofteur  nommé  Burkaï  &  Mokannâ.  Ils  fe  foûleverent 
dans  la  Province  de  Khorallan  contre  le  Khalife.  Mahadi,  qui  les  défit  enfin  par 
fes  f  jeutenans. 

Ces  Révoltez  prirent^  le  nom.de  Blancs,  à  caufe  de  la  couleur  de  leurs  ha- 
bits qu'ils  affcflerent  de  porter  blancs  ,  pour  fe  diflinguer  de  ceux  qui  obéïf-» 
foient  au  Khalife  ^^  dont  la  couleur  auflî-bien  que  celle  de  tous  les  AbbaHîdes.- 
étoit  le  noir,     f^oyez  le  titre  de  cet  Impofteur. . 

MOBAREDI.  C'efl  lé  furnom  de  Scharfeddin  ,  Auteur  du  Livre  intitulé 
Afrar  altcnzil,  c'eft-à-dire ,  les  Myllères  ou  les  Secrets  du  Tenzil.  Les  iMuful-. 
mans  entendent  par  ce  mot,  ce  qui  eft  defcendu  du  Ciel ,  c'elt-à-dire ,  Révélé 
de  Dieu ,  &  en  particulier  l'Alcoran. . 

MOBAREK.  A'bdallah  Ben  Mobarek,  que  l'on  appelle  au/ïï  feulement  Eb» 
Môbarek,  C'eft  un  faint  Mufulman  ,  dont  le  fepulcre  ,  qui  eft  à  Hit,  Ville  de 
riraque  ou  Chaldée  ,  eft  fréquemment  vifité  par  les  plus  dévots.  Sa  vie  eft' 
écrite  dans  la  dix-fept  &  dix-huitième  Seftion  de  l'Hiftôire  de  lafêi. 

Mobarek  eft  encore  le  furnom  d'Aboulberekiat  Ben  Abilfath  O'thman  Ben 
Genni,  Auteur  du  Livre  intitulé  Serr  alfanâat  ,  c'eft -à -dire,  le  fecret  de  l'art; 
C'eft  un  Ouvrage  de  Grammaire  Arabique,  qui  eft  dans  la  Bibliothèque  Roya- 
le, num.  iioo. 

Mobarek  Al  Merouzi;  c'eft  le  nom  d'un  Auteur  natif  de  la  Ville  de  Merou,- 
qui  a  écrit  un  Ouvrage  fur  les  Arbàïn  ou  quarante  Traditions.  Il  vivoit  dans, 
l'an  i8o  de  l'Hegire. 

Mobarek  Ben  Hakher,  furnommé  Al  Nuhoui,  c'éft-à-dire,  le  Grammairien, 
a  écrit  fur  Adab  alkiateb,  c'eft-à-dire  ,  fur  les  conditions  &  qualitez  d'un  Ecri- 
vain ou  d'un  Secrétaire.     Cet  Auteur  mourut  l'an  500  de  l'Hegire. 

L'on  trouve  encore  un  Mobarek,  furnommé  Al  Mokharemi.  Voyez  Mokhà-: 
remi. 

MOB  AREK  Khuageh,  fils  dé  Barak.  C'eft  le  nom  du  fécond  Prince  de' 
la  Dynaftie  des  Caracathaïens.*    Foyez  le  titre  de  ces  Princes. 

MOBAREK  Schah.  C'eft  le  nom  d'un  Dofteur  qui  fut  Maître  de  Giorgia- 
ni,  &  qui  mom-ut  l'an  76(5  de  l'Hegire.     Voyez  le  titre  de.  Giorgiani. 

MOBAREZ  eddin.  Surnom  de  Mohammed,  premier  Prince  &  Sultan  de 
îa  Dynaftie  des. ModhafFerlens  ou  Mozafferiens.  Voyez  le  titre  de  cette  Dy-, 
Baftie.  .. 

MOBARRAD  ou  Mobarred.  C'eft  le  furnom  d'Aboul  Abbas  Mohammed 
Ben  lezid  Ben  Abdalakbar  Al  lemani  Al  Azdi.-  Ce  perfonnage  .  qui  fut  très- 
habile  Grammairien  &  fort  grand  Rhetoricien  ,  eût  grand  nombre  d'Ecoliers  & 
corapofa  plufieurs  Ouvrages,,  dont  le  Kiamel  &  le  Raoudliat  font  les  principaux,' 
Voyez-en  les  titres. 


M  0  B  L  A  C.  M  0  C  A  D  D  A  M  A  H.  62^ 

ÎI  fut  difciple  de  Mazeni  &  contemporain  de  Thâlcb,  Auteur  du  Livre  inti- 
tulé Kctab  aifailih,  c'efl-à-dirc,  Livre  d'éloquence,  &  mourut  âgé  de  80  ans  l'an 
286  de  l'fiegire,  fous  Je  Khalifat  de  Motâdhed  Billah. 

Mobarrad  eitc  de  grandes  dilputes  avec  Scheïbani  ,  qui  nfr  mourut  que  l'an 
£91.     On  peut  voir  le  titre  de  ce  dernier. 

MOBLAC.  C'cil  le  furnom  de  Mohammed  Ben  A'bdaldaïm,  qui  mourut 
l'an  797  de  l'Hegire.  Il  eft  Auteur  d'un  Livre  intitulé  Élma  Al  Nabi  ,  c'eft- 
^,-iire,  les  noms  du  Prophète,  Ce  font  les  noms  propres  ou  appellatifs  que  les 
Mufulmans  donnent  à  Mahomet ,  leur  faux  Prophète. 

MOBTEDA.  Titre  du  Livre  que  Vaheb  Ben  Monabbeh  a  compofé,  qui 
eft  plein  de  récits  curieux  ou  plutôt  fabuleux.  Cet  Ouvrage  eft  fouvent  cité 
par  l'Auteur  des  Rakaik  alholal  fi  dakaik  alhial,  qui  eft  un  Recueil  de  plufieurs 
traits  de  linefles  &  de  tromperies. 

MOBTHAN..  L'on  appelle  ordinairement  Mohammed,  fils  d'Ahmed  Al  le- 
meni  du  nom  d'Ebn  Mobthan.  C'eft  un  Auteur  qui  mourut  l'an  630  de  l'He- 
gire, (Scqui  a  compofé  un  Livre  d'Arbâïn  ou  des  quarante  Traditions,  fous  le 
titre  d'Adhkar  almefla  v  alfabah  ,  c'eft-à- dire.  Avis  pour  le  foir  &  pour  le 
matin, 

MO  C  A  BEL  A  H,  Ce  mot,  qui  fignifie  en  Arabe  comparaifon,  devient  un 
terme  d'Art  parmy  les  Arithméticiens  &  les  Algebriftes. 

Algebr  &  Al  Mocabelah  ,  termes  qui  fignifient  proprement  fraffion  &  com- 
paraifon, étant  joints  enfemble,  fignifient  parmy  les  Arabes  ce  que  nous  appel- 
ions l'Algcbre ,  mot  que  nous  avons  pris  des  Arabes  &  qui  tire  beaucoup  plus 
naturellement  dii  mot  Gebr  avec  al,  fon  article,  que  non  pas  de  Geber  ou  Gia- 
ber ,  grand  Piiilofophc  ,  que  l'on  dit  l'avoir  inventé  &  en  avoir  compofé  un 
Livre.  .  l^oyez  Je  titre  de  Gebr. . 

MOCADDAMAH  ou  Mocaddemah.  Ce  mot,  qui  fignifie  proprement  une 
Préface  en  matière  de  Livres,  fe  prend  auffi  pour  le  titre  de  plufieurs  Ouvra- 
ges entiers,  comme  les  fuivans. 

Mocaddemat  aladab,-  Livre  ou  Diftionnaire  des  langues  Arabique  ,  Perfien- 
ne  &  Turquefqu'J, 

Mocaddemah  /^groumiah,  C'eft  une  Grammaire  AVabîque  ,  qui  a  été  tradui-' 
te  en  Latin  ,  &  que  nous  appelions  la  Giaroumiah.  yoyez  le  titre  d'Agrou-' 
miah. 

Mocaddemah  Argezeriah.  Nom  d'un  Poëme  compofé  par  Mohammed,  fils  de- 
Mohammed  Al  Gezeri,  qui  mourut  l'an  733  de  l'Hegire,  Ce  Poëme  a  été  com- 
pofé par  Radhjcddin  Mohammed ,  furnommé  Nadhafi  Al  Hakbi  ,  l'an  941  de-. 
l'Hegire. 

Mocaddemat  alfdaouat  ou  alfalat.  Livre  de  Prières,  qui  a  été  abreo-é  fous  le 
nom  de  xMokhtafiar  almocaddemat  ,  par  Naffer  Ben  Mohammed  Abuti  l'Haïth 
Al  Samarkandi,  que  l'on  furnommé  auffi  Al  Kandi ,  c'eft-<à-dire,  natif  de  la  ••  il- 
lé  de  Samarcande ,  &  expliqué  ou  commenté  par  Muftafa  Ben  Aï  Dogmifch  Al; 
Karamani,  qui  a  intitulé  fon  Ouvrage  Al  laoudhih. 

Ce -Livre  de.  Mocaddemat  alfalat  eft  attribué  à  Schamfeddin  Al  Fanari  ,  fa- 

•l^kkk  3.  meux 


530       MOCADDEMATEI'N.  M  0  C  A  N  N  A'. 

meux  Do6leur  chez  les  Mufulmans.    Voyez  ia  Bibliothèque  Royale  ,  num.  (5o5t 
615  &  673. 

MOCADDEMATEI'N.  Les  deux  Préfaces  ou  les  deux  Ouvrages  fur  la 
Grammaire  Arabique  d'Abou  O'beïdah  Mâmar. 

MOCADDES.  Saint  ou  Sanftifié.  Beït  almocadde?.  La  Maifon  Sainte, 
Les  Mahometans  donnent  ce  nom  au  Temple  &  à  la  Ville  même  de  Hierufa- 
lem ,  qu  ils  qualifient  encore  du  nom  de  Cods  Schenf ,  c'eft-à-dire,  la  Ville  Sain- 
te &  illuflre. 

Mocaddeffi ,  ou  Mokdeflî  &  Codli ,  efl  le  furnom  appellatif  d'un  homme  qui 
tcft  natif  de  Hierufalem  ou  de  fon  Territoire ,  &  même  de  toute  la  Terre  Sain- 
te ou  Palefline. 

Schams  eddin  Abou  A'bdallah,  qui  mourut  en  414  de  l'Hegire,  porte  ce  fur- 
nom. Il  eft  Auteur  du  Livre  intitulé  Ahfan  altecafîim  fi  màrefat  alecalim.  C'eft 
une  Géographie  ou  Defcription  des  fcpt  climats. 

Un  autre  Auteur,  nommé  Hofiameddin  Mohammed  Ben  A'bdalouahed  ,  fur- 
nommé  Mokaddefli ,  qui  mourut  l'an  643  de  l'Hegire  ,  a  compofé  le  Livre  in- 
titulé  Adab  Alfatoua,  c'eft-à-dire ,  des  qualitez  que  doivent  avoir  les  Décifions 
ides  Mouftis  pour  être  Juridiques. 

Il  y  a  aufïï  un  Mocaddefli,  qui  nous  a  donné  le  Livre  intitulé  Mothir  alga- 
ram,  c'efl-à-dire,  ce  qui  remet  les  péchez.  C'eft  une  Hiftoire  de  Hierufdem, 
qui  contient  tous  les  avantages  que  l'on  retire  du  Pèlerinage  de  Hierufalem  & 
particulièrement  la  remiflîon  des  péchez  que  l'on  y  obtient.  Cet  Auteur  fait 
la  defcription  de  toute  la  Terre  Sainte  ,  dans  laquelle  il  vivoit  l'an   J65  de 

l'Hegire. 

Mocdeflî  efl  auflî  le  furnom  de  Mohammed  Ben  Mohammed  Ben  Abillathif, 
qui  a  compofé  le  Livre  intitulé  Ethâf  Al  Salathin  ,  Ouvrage  de  Politique  ,  fait 
en  manière  d'inftru6tion  pour  les  Princes. 

Voyez  le  titre  de  Codfî ,  qui  eft  commun  à  tous  ceux  qui  portent  le  furnom 
de  ^iocdeffi  &  de  Mocaddeffi. 

MOCAMAT  aladabiàh.  Lieux  communs  fur  divers  points  d'érudition  &  de 
morale.  Ce  font  les  cinquante  Difcours  de  Hariri ,  qui  fe  trouvent  dans  la  Bi- 
bliotheque  Royale  ,  num.  1138  ,  écrits  de  la  main  d'Ahmed  Ben  Hamzah  Ben 
A'thaallah,  furnommé  Al  Afchnovi ,  Tan  611  de  l'Hegire.  Voyez  le  titi-e  de 
Macamat  ou  Mecamat. 

MOCANNA',  furnom  de  Hakem ,  fils  de  Hafchem  ,  fameux  Impofteur  d« 
:Khoraflan ,  fous  le  règne  du  Khalife  Mahadi.     Voyez  Hakem, 

Ce  furnom  de  Mocannà  luy  fut  donné  à  caufe  d'un  voile  ou  d'un  mafque 
qu'il  portoit  fur  le  vifage  ,  pour  s'attirer  un  plus  grand  refpeél  d'une  foule  de 
gens  abufez  qui  le  fuivoient,  &  qui  ont  formé  une  Sefte  d'Impies,  qui  ont  re- 
noncé en  partie  au  Mufulmanifme,  &  qui  s'attendent  de  le  revoir  un  jour  de- 
fcendre  des  Cieux  &  convertir  tout  le  monde. 

Abdallah  Ben  Mocannâ  a  traduit  le  Livre  fameux  de  Calilah  &  Damnah  du 
Perfien  en  Arabe.  Cette  Traduélion  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale , 
îium.  1219.  . 

Ebn  Mocannâ,  qu^  eft  peut-être  le  même  que  celuy  dont  Ion  vient  de  par» 


MOCANNES.  M  O  C  L  A  H.  531 

lèrj  a  travaillé  fur  le  Livre  d'Ariltote,  intitulé  en  Arabe  Bari  arminias,  qui  efl; 
en  Grec,  Uifl  î^f*Lj»îixç ,  c'efl-à-dire,  de  Tlnterpretation. 

MOCANNES.  Un  faifeur  de  balais.  C'eft  le  furnom  dé  Saheb  Fakhred- 
din ,  que  l'on  appelle  ordinairement  Ebn  Mocannes  ,  c'efl-à-dire ,  le  fils  du  ba- 
layeur ,  qui  eft  Auteur  d'un  Divan  en  langue  Arabique ,  compofé  partie  en 
Profe  &  partie  en  Vers..  Cet  Ouvragg  eft  dans  la  Bibliothèque  lloyale,  nmn> 
U77' 

MOCANNI.  Abou  O'beïdah  Mâmar  eft  furnomraé  Ben  Mocanni  Al  AIc- 
houi.    Il  eft  Auteur  d'un  Livre  intitulé  Boïoutàt  Al  A'rab  ,  où  il  traite  de  1» 

Verfification  Arabique. 

MO  CASSA  M.  Mohammed  Ben  HalTan  eft  furnommé  Ebn  Mocaflàra.  II 
eft  Auteur  d'un  Livre  intitulé  Enteffar  lecorà  alamfar ,  qui  eft  un  Ouvrage  de 
Gco^raphie^  &  mourut  l'an  341  de-l'Hegire. 

MOCATEL.     Surnom  d'Abou  l'Haflan  Bèn   Soliman  Ben  Balchir  AI  Azdi 
Al  KhoraTani.     C'eft  le  nom  d'un  Dofleur,   natif  de  Khoraflan ,   qui  faifoit  fa 
demeure  dans  Merou,  une  des  quatre  Villes  Capitales  &  Royales  de  cette  Pro-^ 
vince. 

Ce  Douleur,  qui  avoit  autrefois  étudié  fous  Ebn  Doualdouz,  fut  chafle  de  la 
Ville  de  Merou,  à  caufc  du  Tagiaffim,  c'eft-à-dirc,  de  l'opinion  qu'il  foûtenoit 
de  la  corporeité   qu'il  avoit  apprife  de  fon  Maître. 

Cette  opinion  de  la  corporeité  étoit  celle  qui  attribuoit  à  Dieu  un  corps  & 
des  membres,  tels  que  l'Alcoran  &  même  l'Ecriture  Sainte  femblent  luy  don- 
ner, prenant  à  la  lettre  tout  ce  qui  y  eft  dit  de  fes  bras,  de  fès  mains,  de  fes 
yeux  &  dé  fes  oreilles. 

Ceux  qui  faifoient  profeffion  de  cette  Sefle ,  pafToient  encore  plus  outre ,  &• 
foùtenoient ,  que  Dieu  avoit  une  baibe  noire  &  fort  épaifle ,  &  fe  forraoient- 
ainfi  plufieurs  idées  ridicules  &  indignes  de  la  Divinité. 

MO  C  ATT  H  A  M.  Montagne,  qui  eft  ordinairement  appellée  là  Montagne 
Sainte,  à  caufe  du  grand  nombre  de  Monaftères  remplis  de  faints  Perfonnages, 
qui  y  ont  été  bâtis.  C'eft  ce  qui  luy  attire  une  grande  vénération  des  JVJufuI- 
raans  même,  enforte  qu'Ebn  Thouloun,  qui  étoit  Maître  de  l'Egypte,  &  pveC- 
que  indépendant  des  Khalifes ,  étant  tombé  malade ,  fit  prier  Dieu  pour  luy  fuc 
cette  montagne  &  y  voulut  être  enterré. . 

M  OC  L  AH.'  Ebn  Moclah.  Ceft  le  furnom  d'Abou  A 'li  Mohammed  Ben 
A'ii  Ben  Haffan. 

Ce  Perfonnage  fut  fait  Vizir  par  le  Khahfè  Moftader,  Fan  316  de  Hlegire, 
&  difgracié  par  le  même  Khalife  l'an  317. 

Depuis  ce  temps-là  jufqu'en  l'an  322,  Ebn  Mocla.i  vêquit  en  homme  parti- 
culier ;  mais  cette  même  année  ,  le  Ivhalife  Caher  Biilah  ,  qui  avoit  fuccedé  à 
Moftader ,  luy  rendit  la  charge  de  Vizir  qu'il  ne  pofieda  pas  long -temps  paifi-- 
blement.  Car  ce  Kh.l^fè,  qui  étoit  de  fon  naturel  fort  emporté,  fe  trouvant 
mal  fatisfait  de  ce  Miuiftte ,  luy  fit  couper  la  main  droite  ,  &  ne  lailfa  pas  ce- 

pen»- 


\ 


632  M    O    C    R    1. 

pendant  de  le  rétablir  dans  fa  charge,  qu'il  exerçoit ,   nonobflant  fa  main  cou- 
pée, en  écrivant  avec  une  plume  artificielle  attachée  à  fon  bras. 

Ebn  Moclah  cependant  cherchant  à  fe  vanger  de  Caher  ,  fit  tant  par  fes  in- 
trigues, que  les  Turcs,  qui  étoient  pour  lors  les  maîtres  dans  Bagdet,  le  dépo- 
ferent  &  luy  donnèrent  Radhi  pour  fuccefieur. 

Radhi  Biilah,  vingtième  Khalife  de  la  race  des  Abbaflîdes,  confirma  Kbn  Mo- 
clah dans  fa  charge  de  Vizir,  en  confidération  des  bons  fervices  qu'il  luy  avoit 
rendus,  en  procurant  la  dépofition  de  Caher  fon  PrédcccfiTeur. 

Mais  Ebn  Moclah,  qui  avoit  l'efprit  brouillon,  voulut  faire  des  affaires  à  foii 
nouveau  Maître.  Il  écrivit  pour  cet  effet ,  comme  de  la  part  du  Khalife,  à 
Iakem ,  le  Turc ,  pour  le  faire  venir  à  Bagdet ,  luy  promettant  le  Commande- 
ment en  chef  de  toutes  les  Troupes  du  Khalifat. 

Ebn  Raïk,  qui  pour  lors  en  avoit  le  Commandement,  ayant  intercepté  la  Let- 
tre d'Ebn  Moclah,  la  fit  voir  au  Khalife;  &  ce  Prince  ,  qui  n'avoit  point  don- 
né d'ordre  à  fon  Vizir  de  l'écrire  &  qui  ne  defiroit  pas  même  la  venue  de  lar 
kem  ,  fit  venir  Ebn  Moclah  en  fa  préfence  &  luy  demanda  pourquoy  il  avoit 
écrit  cette  Lettre  à  fon  infçu. 

Le  Vizir  nia  d'abord  la  chofe  ;  mais  il  fut  convaincu  par  fa  propre  Lettre 
qui  luy  fut  repréfentée,  &  le  Khalife  qui  ne  pût  fouffrir  cette  infidélité,  le  con- 
damna d'avoir  fon  autre  main  coupée  ,  &  quelque  temps  après  la  langue. 
.  Cette  punition  arriva  à  Ebn  Moclah  l'an  326  de  1  Hégire,  &  il  traîna  depuis 
ce  temps-là  une  vie  miférable  &  languiffante  ,  jufqu'cn  l'an  338  qu'il  mourut. 
Khondemir.     Ben  Schohnali:    KighiarifiaiL 

On  s'efl:  étendu  un  peu  au  long  fur  ce  Perfonnage  ,  à  caufe  qu'il  s'eft  rendu 
célèbre  par  l'invention  des  Cara6lcres  Arabes  modernes,  dont  l'on  fe  fcrt  enco- 
re aujourd'huy,  qu'il  fubfi;itua  en  la  place  des  anciens,  que  l'on  appelloit  Cou- 
fiques ,  &  qui  étoient  fort  grofficrs  ;  c'tfi;  pourquoy  on  luy  donne  le  titre  de 
Vadhê  Khath ,  c'cft-à-dire  ,  d'Auteur  &  d'Inventeur  de  l'Ecriture. 

L'on  rapporte  qu'ayant  été  condamné  à  perdre  la  main  ,  il  fe  plaignit  de  ce 
qu'on  le  traitoit  comme  un  Voleur,  &  que  l'on  luy  coupoit  une  main  qui  avoit 
copié  trois  fois  l'Alcoran ,  &  dont  les  Exemplaires  dévoient  être  à  toute  la  pof- 
terité  le  modèle  de  l'écriture  la  plus  parfaite.  En  effet ,  cqs  trois  Exemplaires 
ont  été  toujours  admirez  pour  l'élégance  de  leurs  Cara6lères  ,  quoique  dans  la 
fuite  des  temps  Ebn  Bauvab  les  ait  encore  furpaffez.  Quelques-uns  cependant 
ont  écrit  que  ce  ne  fut  pas  Ebn  Moclah,  mais  un  de  fes  frères,  nommé  A'b- 
<lallah  Al  Hafian  ,  qui  fut  l'Inventeur  de  ces  bsaux  Caraftcres. 

On  a  remarqué  que  ce  Vizir,  qui  avoit  copié  trois  fois  l'Alcoran,  avoit  fait 
auffi  trois  fois  ic  Pèlerinage  de  la  Mecque  ,  &  qu'il  eût  l'avanture  d'avoir  été 
enterré  trois  fois  après  fa  mort;  la  première,  dans  la  prifon;  la  féconde,  dans 
ie  Palais  Impérial  ;  &  la  troifième  ,  dans  fa  propre  Maiibn  ,  fon  corps  ayant 
été  remis  entre  les  mains  de  les  enfans. 

MO  CRI.  Ce  mot,  qui  fignifie  en  général  Lefteur,  efi:  le  furnom  ou  le  ti- 
tre de  plufieurs  Auteurs  qui  l'ont  porté,  à  caufe  qu'ils  étoient  du  rang  de  ces 
Doclcurs  ,  qui  font  profeffion  particulière  d'enfeigner  la  lefture  &  publication 
tie  l'Alcoran,  &  peut-être  auffi  celle  de  lire  le  même  Alcoran  dans  les  Mofquées 
•auprès  des  7\irbés  ou  Sépulcres  des  Princes,  pour  le  fouJagemcnt  de  leurs  ames^ 
.comme  prétendent  les  Mahomerans. 

MOCTADER 


M  O  C  T  A  D  E  R.  63^ 

MOCTADER  Billah,  dix-huitième  Khalife  de  la  Maifon  des  Abbaflides.  Il 
ëtoit  fils  de  Motadhed,  feizième  Khalife  de  la  même  iMaifon,  &  frère  de  Mok- 
£a(i  fon  Prédecefleur.  H  fut  créé  Khalife  à  l'âge  de  treize  ans ,  l'an  de  ITIe- 
gire  295  &  régna  vingt -cinq,  plus  que  n'avoit  fait  encore  aucun  des  Khalifes 
les  PrédecefTeurs. 

Les  Vizirs  &  les  femmes  gouvernèrent  avec  un  Empire  abfolu  les  Etats  do 
ce  Prince,  jufques-là  que  l'on  dit,  qu'une  des  filles  de  la  Reyne  fa  mère  préfi- 
doit  à  la  Chambre  Criminelle,  appellce  Divan  Al  Modhalem  ,  c'eft  -  à  -  dire ,  le 
Tribunal  des  torts  &  des  outrages  reçus. 

Moètader  fut  dépofé  deux  fois  du  Khalifat  &  deux  fois  rétably.  Abbas  ,  fils 
de  Hofiàïn  ,  Vizir  ,  &  quelques  autres  des  Grands  ayant  honte  d'avoir  fait  un 
Khalife  fi  jeune,  cherchèrent  deux  autres  Sujets,  l'un  après  l'autre,  dans  la  Mai- 
fon  des  Abbaffides  pour  les  élever  à  cette  Dignité;  mais  on  ne  trouva  ny  lun 
ny  l'autre,  defor-te  que  le  Khalifat  luy  demeura,  fimte  d'un  Sujet  qui  pût  pren- 
dre fa  place. 

■  Ce  Prince  eût  cependant  plufieurs  guerres  à  foûtenir  contre  les  Carmathes , 
peuple  révolté  de  l'Arabie,  qui  avoit  pillé  les  Caravanes  &  faccagé  la  Ville  de 
la  Mecque  ,  comme  l'on  peut  voir  dans  leur  titre  particulier. 

Ebn  Schonah  écrit  que,  l'an  de  l'Hegire  304,  il  arriva  à  Bagdet  des  Ambaf- 
fadeurs  de  l'Empereur  de  Conflantinople  à  la  Cour  de  Moftader  ,  qui  y  furent 
reçus  avec  grande  niamificence.  Le  Palais  Impérial  fut  paré  de  fes  plus  beaux 
meubles  &  de  toutes  fortes  d'armes.  On  rangea  dans  la  place  du  Palais  Impé^ 
rial  les  Soldats  de  la  garde  du  Khalife  en  bataille,  au  nombre  de  cent  foixante 
mille  hommes,  auxquels  on  paya  la  folde  dans  des  bourfcs  d'or.  On  fit  paroî- 
tre  quarante  mille  Eunuques  blancs  &  trente  mille  Eunuques  noirs  avec  fept  cens 
Huiffiers  ou  Portiers  fur  les  avenues  &  aux  Portes  du  même  Palais. 

On  mit  dans  l'eau,  fur  le  fleuve  du  Tigre,  un  nombre  infiny  de  bâtimens, 
peints  &  dorez,  avec  leurs  équipages  des  plus  lefl:es,  des  mieux  vêtus  ,  &  des 
plus  parez.  On  tendit  dedans  &  autour  du  Palais  trente  -  huit  mille  Portières , 
dont  il  y  en  avoit  douze  mille  de  foye  &  cinq  cens  de  brocard  d'or ,  avec 
douze  mille  cinq  cens  tapis  d'un  ouvrage  excellent.  Au  milieu  de  la  grande  Sal- 
le, l'on  fit  paroître  un  arbre  d'or  maffif,  qui  avoit  dix-huit  branches  principa- 
les, fur  lefquelles  un  grand  nombre  de  diverfes  efpèces  d'oyfeaux  d'or  &  d'ar- 
gent voltigeoient  &  chantoient  leur  ramage  avec  harmonie ,  ce  qui  fit  que  les 
Ambafiadeurs  virent  toute  cette  pompe  avec  grande  admiration. 

Mirkhond  écrit,  que  lorfque  Moftader  eût  été  faliié  Khalife  par  les  foins  d'Ab- 
bas  ,  fils  de  Hodaïn  ,  fon  Vizir  ,  on  commença  à  murmurer  beaucoup  fur  le 
bas  âge  de  ce  Prince  ,  qui  n'avoit  encore  que  treize  ans.  Tout  le  blâme  de 
cette  Eleélion  tomboit  fur  le  Vizir ,  lequel  fe  repentant  auffi  de  fon  choix ,  jet- 
ta  les  yeux  fur  Mohammed,  fils  du  Khalife  Mohtadi.  Mais  il  mourut  juftcment 
dans  le  tems  que  l'on  pcnfoit  à  luy.  Après  que  ce  deflcin  eût  manqué  ,  le  Vi- 
zir prit  encore  la  réfolution  de  mettre  le  Khalifat  fur  la  tête  d'un  des  cnfans  de 
Motevakkel  ;  mais  il  fut  auffi  trouvé  mort  dans  le  même  tems.  Comme  il  étoit 
toujours  agité  de  différentes  penfées,  il  arriva  qu'il  fut  tué  par  Houflaïn,  Prin- 
ce de  la  i\.aifon  de  Hamadan;  dcforte  que  la  Couronne  fut  affermie  fur  la  tête 
de  Moftader,  par  tous  ces  accidcns, 

■Il  ne  laiffa  pas  néanmoins   de  courir  un   autre  grand  danger  de   la  perdre  , 

parce  que  cet  Houffun  fit  déclarer  pour  Khalife  un  Abdalla,  fils  deMôtaz,& 

TuM£  IL  LUI  fè 


534  M  0  C  T  A  D  E  R.  ' 

fc  fiiifit  du  Palais  Impérial ,  où  il  mit  fon  nouveau  Khalife ,  en  chafTa  Mofla- 
dér  '  qui  fut  obligé  de  fe  réfugier  dans  la  maifon  d'un  de  fes  Eunuques,  nom- 
mé ^Munas.  Ses  Domcftiques,  qui  avoient  aufli  été  chalPjz  du  Palais,  trouve- 
rent  cependant  moyen  le  même  jour  d'y  rentrer  y  &  ils  le  firent  fi  à  propos , 
qu'ils  furprirent  le  nouveau  Khalife  ,  luy  mirent  la  tête  dans  un  fac  de  chaux 
vive  &  le  firent  ainfi  mourir.  Moftader  ne  fut  pas  plutôt  averty  de  l'heureux 
fuccès  d'une  entreprife  fi  hardie ,  qu'il  retourna  au  Palais  ,  fe  plaça  derechef 
fur  fon  trône  ,  &  reçut  de  nouveau  l'hommage  que  l'on  avoit  accoutumé  de 
rendre  au  Khalife.  C'efli  ce  qui  fait  que  Mirkhond  conclut  cette  Hiftoire  par 
un  Difl;ique  Perfien,  qui  porte  :  Le  monde  eft  toujours  plein  de  ces  fortes  de 
troubles,  qui  caufent  la  peine  des  uns  &  le  repos  des  autres. 

Le  même  Hifl:orien  fait  aufli  un  long  détail  des  circonftances  de  la  mort  de 
ce  Khalife ,  en  la  manière  qui  fuit. 

Moftader  ayant  fait  emprifonner  fon  frère  Caher ,  qui  avoit  fait  une  entre- 
prife pour  le  détrôner,  réfolut  enfin  de  luy  ôter  la  vie.  Caher  averti  du  mau- 
vais defiTein  de  fon  frère  contre  luy,  fuborna  un  Babarefque  ,  bon  homme  de 
cheval ,  qui  étoit  fon  Officier  &  fort  affedionné  à  fon  fervice  ,  pour  prévenir 
Moftader,  &  poiu-  fe  défaire  de  luy:  &  pour  cet  effet,  il  s'entendit  avec  Mu- 
nas  l'Eunuque ,  qui  étoit  mécontent  de  Moftader ,  &.  qui  par  conféquent  pou^ 
voit  fomenter  fon   party.  ^        ,      ,      , 

Le  Barbarefque  chargé  de  cette  commiflion  chercha  dcjpc  toutes  les  occafions 
de  tuer  le  Khalife.  Un  jour  que  le  Khahfe  étoit  fur  la  place  nommée  Scha^ 
maflle,  pour  voir  des  jeux  d'armes  &  des  courfes  de  cheval ,  le  Barbarefque  f« 
préfenta  pour  courir  les  têtes ,  &  fit  fon  jeu  avec  tant  d'adrefîe  &  de  bonne 
ïrace  ,  q^e  le  Khalife  luy  fit  recommencer  plufieurs  fois  la  môme  courfe  ;  & 
pour  le  mieux  voir ,  commanda  à  fes  Gardes  de  s'éloigner  de  Juy  ,  pour  luy 
laifler  la  vûë  plus  libre  &  plus  étendue  dans  la  Place..  Le  Barbai-efque  trou- 
vant l'occafion  de  faire  fon  coup ,  pouflTa  avec  une  extrême  vîtefi;e  fon  cheval  vers 
le  Khalife  &  luy  lança  fa  demy-picque  avec  tant  de  force  au  milieu  de  la  poi- 
trine, qu'il  le  fit  tomber  du  Heu  où  il  étoit  aflis,  &,  après  avoir  fait  fon  coup,- 
courut  à  toute   bride  droit  à  la  prifon,  pour  délivrer  Caher  fon  Maître. 

Il  arriva  cependant  que  ce  Cavalier  pafTant  dans  la  Place  du  marché,  ren- 
contra fur  fon  chemin  un  afne  chargé  d'épines,  dont  on  fe  fert  en  ces  pays-là: 
pour  chauffer  le  four.  Cette  rencontre  fit  que  fon  cheval  ,  en  courant ,  s'om- 
bragea &  le  porta  contre  l'étau  d'un  Boucher  de  cette  Place  ,  &  qu'un  des 
croches  ,  qui  pendoient  à  la  boutique,  prit  le  Barbarefque  par-defiîpus  le  men- 
ton ,  &  le  tint  attaché  ,  pendant  que  le  cheval  fe  déroba  de  delibus  luy,  & 
prit  la  fuite. 

Cet  homme  fe  trouvant  arrêté  en  cet  état,  les  gens  du  Khalife  blefile  ,    qui 
le  fuivirent  de  près,  le  rencontrant  ainfi    pendu  &  accroché,   crûrent  qu'il  ne  - 
leur  reftoit  plus  rien  à  faire  que  de  prendre  la  charge  d'épines,  qui  étoit  tou- 
te prête ,  &  d'y  mettre  le  feu  pour  le  brûler.    Ainfi  le  fupplice  fuivit  de  près 
l'attentat  que  cet  afiaflîn  avoit  commis.  •   ^ 

Le  Khalife  cependant  mourut  peu  après  de  fa  blefi:ure  ,  à  l'âge  de  trente- 
huit  ans,  &  Caher  fon  frère  prit  fa  place,  l'an  320  de  l'Hegire  ,  félon  tous. 
les  Hiftoriens. 

Ce  Khalife  aimoit  la  juftice,  car  les  Evêques  &  Moines  Chrétiens  d'Egypte, 
ayant  été  fournis  au  Tribut  qu'ils  n'avoient  pas  accoutumé  de  payer,  par  Ali, 

fils 


M  O  C  T  A  D  I.  ç^^ 

fils  d'IfTa,  fon  Lieutenant  General,  auflî-tôt  qu'il  en  eût  reçu  les  plaintes  de 
la  part  des  Evêques ,  il  commanda  qu'on  les  rétablît  dans  leurs  premières  fran- 
chifes ,  dont  les  Princes  Mufulmans  les  avoient  laifTcs   jouir  jufqncs  alors. 

Ebn  Batrik  remarque  auffi ,  que  le  même  Moftader  fit  rebâtir  plufieurs  Egli- 
fes  des  Chrétiens,  que  les  OiSciers  des  Khalifes  avoient  démolies. 

MOCTADI  BemriUah.  Ce  fut  le  XXVI I.  Khalife  de  la  Maifon  des  Ab- 
baflîdes.  Il  étoit  fils  de  Mohammed,  &  petit -fils  de  Caïeni  fon  Predecefleurj 
auquel  il  fucceda,  l'an  de  l'Hegire  4157. 

En  469  Melik  Schah  le  Selgiucide,  furnomraé  Gelai  eddin- v  eldulah  ,  vint  à 
Bagdet ,  rendit  beaucoup  d'honneurs  au  Khalife  ,  &  véquit  toujours  fort  bien 
avec  lui,  contre  la  coutume  ordinaire  des  Sultans,  &  s'en  retourna  peu  de  temps 
«près  en  Perfe. 

L'an  480,  Mocladi  époufa  la  fille  de  M elikfchah ,  Princefle  doiiée  d'une  très- 
grande  beauté,  &  les  Feiles  qui  fe  firent  à  Bagdet,  lorfqu'elle  y  fit  fon  entrée, 
fuL-pairerent  toutes  les  réjoiiiifances  qui  s'étoient  faites  jufqu'alors  dans  le  Mu- 
fulmanifme  en  de  pareilles  occafions.  Car  toutes  les  rués  de  la  Ville  furent 
éclairées  de  flambeaux  de  cire  &  de  fanaux.  L'on  dit  aulîî  qu'on  avoit  em- 
ployé au  defl'ert  du  fellin  que  l'on  fit  à  cette  Princefl'e  ,  quarante  mille  man 
de  fucre  ,  qui  font  le  poids  de  quatre-vingts  mille  livres  ,  de  douze  onces 
chacune  ,  &  tout  le  refte  de  la  dépenfe  de  ce  grand  appareil  s'étoit  fait  à 
proportion. 

Cependant ,  cette  Princefle  ne  véquit  pas  long-temps  en  bonne  intelligence 
avec  le  Khalife  fon  mari  ;  car  en  fan  482  ,  elle  voulut  retourner  auprès  de 
fan  Père  à  Ifpahan,  où  elle  mourut. 

En  484,  Mehkfchah  fit  un  fécond  voyage  à  Bagdet,  d'où  étant  retourné  en 
Perfe,  il  y  mourut  peu  de  temjjs^près  à  la  chafl^e,  l'an  485. 

La  mort  de  Melik  Schah  fut  fuivie  de  près  par  celle  du  Khalife  Moéladi, 
qu'une  pefl:e  emporta  fubitement  en  l'autre  monde  ,  l'an  de  l'Hegire  487  , 
à  l'âge  de  trente -huit  ans  &  huit  mois  ,  après  un  règne  de  dix-neuf  ans  & 
cinq  mois. 

Ce  Prince  a  eu  la  réputation  d'aimer  la  jufl:ice  ,  &  il  corrigea  pendant  fou 
Khalifat  une  infinité  d'abus  qui  fe  commettoient  contre  les  Loix.    Khondsmir. 

Mocladi  aimoit  &  favorifoit  fort  les  gens  de  Lettres ,  ce  qui  fit  que  plufieurs 
excellens  hommes  lui  dédièrent  leurs  Ouvrages ,  comme  fit  Saïd  Ben  Hebat  allah 
fon  Livre,  intitulé  Mogni  fil  thebb,  &  Ben  Giazalah  le  fien,  intitulé  Talvouim 
alabdan,  dont  l'on  peut  voir  les  titres  dans  cet  Ouvrage. 

Melik  Schah  féconda  fort  bien  les  defl'cins  &  les  projets  que  ce  Khalife  fit 
pour  l'avancement  des  fciences;  car  Ben  Schohnah  rapporte  que  dans  le  com- 
mencement du  règne  de  Moftadi,  Melik  Schah  &  fon  Vizir  Nezam  elmulk, 
afl^emblerent  l'année  467,  les  plus  grands  Aflironomes  qui  flcuriflbient  en  ce 
temps  là,  lesquels  fixèrent  le  Neurouz,  c'efl:-à-dire,  le  premier  jour  de  l'annéa 
Solaire  du  Calendrier  Perfien ,  au  premier  degré  de  l'Ariés  ou  Bélier.  ■ 

Ce  jour  du  Neurouz  fe  trouvoit  pour  lors,  par  la  neghgence  des  Afl:rono- 
mes,  ou  pour  mieux  dire,  par  la  fuite  des  années,  reculé  jufqu'au  quinzième 
degré  des  Poiflbns;  deforte  qu'il  fallut  alors  fupprimer  quinze  jours  entiers, 
comme  nous  avous  eflé  obligez  d'en  fupprimer  dix ,  dans  la  reformation  du  Ca- 

L  1  1  1  2  ■  len. 


636  MOCTAFi: 

lendrier  Julien,  l'an  de  Jcfus-Chrifl  1682,  pour  faire  retourner  l'Equinoxe  du 
Printcms  à  ce  premier  degré  du  Bélier.  ...     ^  ,     .        -  , 

C'ell  donc  cette  année  467,  qui  eft  la  véritable  Epoque  de  la  reforme  du 
Calendrier  Perfien,  qui  fut  appellée  Gelaléenne  à  caufe  du  titre  de  Gelaleddin 
nue  portoit  Melikfchah.  Zacuti,  Auteur  Juif,  place  cette  Epoque  dans  l'an  465, 
de  rHe^^ire  qui  correfpond  au  1072  de  Jefus -  Chrift ,  cinq  ans  plus  tard  que  ne 
font  les'' Auteurs  Arabes;  &  veut  que  ce  premier  Neurouz  foit  tombé  au  qua- 
torzième du  mois  de  Niflan    ou  de  Mars. 

L'Auteur  du  Niglnrariftan   rapporte    la    mort    de  ce  Khalite  en  la  manière 

L'an  de  l'Hegire  487,  le  Khalife  Moftadi  étant  à  table  avecfes  plus  fami- 
liers amis  beuvoit  à  fon  ordinaire.  Après  que  la  table  fut  levée,  étant  de- 
m-^urc  feul  avec  deux  de  fes  femmes ,  l'une  nommée  Cahermanah,  &  l'autre 
Sehemsalnahar ,  il  interrogea  tout  d'un  coup  la  féconde,  fur  des  gens  qu'il  vo- 
voit  &  lui  demanda  qui  les  avoit  laiffez  entrer  fans  fa  permiffion?  Cette  Da- 
me étonnée  tourna  la  tête  pour  voir  qui  c'étoit,  &  n'ayant  veuperfonne,  elle 
ietta  les  yeux  fur  Moftadi  &  s'apperceut  qu'il  changeoit,  &  que  fes  mains  & 
les  pieds  lui  manquoicnt.,   &  dans,  ce  même  infiant. elle  le  vit  tomber  mort  à 

^  Cc^  mal  qui  fait  mourir  fî  promptement  s'appelle  en  Arabe ,  Fagia  &  Mefa- 
gian  nom  que  l'on  donne  aufli  à  la  Pefte.  Les  Mahometans  croyent  qu'il  y 
a  des'  Efprits ,  ou  des  Lutins  armez  d'arcs  &  de  flèches  que  Dieu  envoyé  pour, 
punir  les  hommes  quand  il  lui  plaid,  &  que  les  bleffures  que  font  ces  fpeftres 
font  mortelles  lorsqu'ils  paroilTent  noirs;  mais  qu'elles  ne  le  font  pas  lorfque. 
les  flèches  font  décochées  par  des  Speélres  qui  paroiffent  blancs.  C'cfl;  ainfi  que. 
les  Mahometans  raifonnent  fur  la  Pefl:e,  &_c'elt..fur  ce  fondement  qu'ils  ne 
prennent  aucune  précaution  pour  s'en  garanl^j.^.  . 

MÔCTAFL  Léemrillah.  C'efl:  le.  Nom  diï  trente-unième  Khalife  de  la 
Maifon  des  Abbaflîdes. 

Il  étoit  fils  du  Khalife  Mbfl:edhaher,  &  oncle  de  Rafclied  fon  PredecefTcur  qui 
avoit  été  depofé  par  une  Ailcmblée  Juridique  de  Docteurs  que  Mafloud,  Sul- 
tan des  Selgiucides,. avoit  convoquée,  l'an  532  de  l'Hegire. 

Comme  le  Khalife  avoit  été  mis  fur    le  thrône  de  fon  Neveu  par  le  crédit* 
&  par  l'autorité  de    Mafloud,   il  n'eut  rien  à  faire  dans  le  Gouvernement   de 
fon  Etat  pendant  tout  le   temps  que   ce  Sukan   vêquit.      Mais  après  qu'il  fut- 
mort  l'an  547,  de  l'Hegire,  Moélafi  repiùt  fcn  autorité  &  mit,  pour-  ainfi  dire,' 

les  Khalifes  hors  de  page.  ,        ,  .^.  o        ^        , 

Ce  n'efl;  pas  que  Mafloud  en  mourant  n  eut  lame  pour  Succefl^ur  dans  le 
Sultanat,  Melikfchah  fon  Neveu;  mais  le  Khalife  ne  lui  laiflli  aucun  pouvoir  & 
demeura' feul  le  Maiftre  dans  toute  l'étendue  de  l'Iraque  Babylonienne  ,  c'efl:-à- 
dlrc  de  la  Chaldée  &  de  l'Arabie ,  &  enfin ,  ce  fut  fous  ce  Khalife  que  la  puif- 
fance  des  Selgiucides ,  qui  étoient  Maîtres  de  toutes  les  forces  dé  l'Etat  des  Kha- 
lifes,  aufquels  ils  n'avoient  laififé  que  le  nom  avec  quelques  honneurs  apparens- 
qui  regardoient  plutôt  le  fpirituel  que  le  temporel,  commença  à  s'aff'oiblir  &à 
fe  détruire  peu  à  peu. 

Moftafi  mourut  l'an  S55   de  l'Hegire  ,   après  avoir  régné  vingt-quatre  ans  &• 
trois  mois,  &  laifiTu  pour  SuccsATeur  Moflanged  Bïllah  fon  fils. 

Klion- 


MOCTARAH.  M  O  D  II  A  F  F  E  R.  6^r 

Khondemir  rapporte  dans  l'année  $5^-  de  l'Hegire,  que  Moftafi  ayant  appris 
que  la  Porte  de  la  Kâbah,  c'eft-à-dire,  du  Temple  de  la  Mecque  étoit  prefque 
confumée  de  vieilleffe  ,  il  en  fit  faire  une  neuve  couverte  de  lames  d'argent 
doré ,  &  que  s'étant  fait  apporter  les  pièces  de  l'ancienne ,  il  en  fit  faire'^par 
dévotion,  fon  cercueil. 

Il  faut  remarquer  fur  le  nom  de  ce  Khalife  ,  qu'il  ne  diffère  du  nom  de 
celui  qui  eft  placé  ci -après  en  fon  lieu,  que  parce  qu'il  s'écrit  par  un  C  ,  & 
que  l'autre  s'écrit  par  un  K,  qui  font  deux  lettres  fort  différentes  dans  la 
Langue  Arabique,  enforte  que  le  nom  de  Moktafi  écrit  avec  un  k,  &  l'addi- 
tion du  mot ,  Billah  ,  fignifîe ,  Celui  à  qui  Dieu  fufîît  &  qui  fe  contente  de  le 
pofïeder  lui  feul,  &  le  nom  de  Moélafi  par  un  C,  avec  l'addition  de  Leemril- 
lah ,  fignifie ,  Celui  qui  fuit  Dieu ,  &  qui  obéît  à  fes  commandemens. 

Quelques-uns  veulent  que  ce  dernier  Khalife  prit  le  nom  ou  furnom  de  Moc- 
tafi,  à  caufe  d'un  fonge  qu'il  eut  quelque  temps  avant  fon  élévation  au  Khalifat 
dans  lequel  Mahomet  lui  apparut,  &  lui  dit:  Actafbi,  c'eft-à-dire,  Suivez-moi. 

MOCTARAH,  fil  moflhalah  fi  tâlim  remi  albondok.  Nom  d'un  Livre  qui 
enfeigne  l'art*  de  tirer  de  l'Arbalète  &  de  chaffer  aux  petits  oifeaux.  Abdalmegid 
en  eft  l'Auteur,  &.fon  Ouvrage  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n°.  703. 

MODAHIGIAN.  Surnom  de  Gemaleddin  Mohammed  Ben  A'ii  qui  î 
compofé  un  Livre,  intitulé  Anfâb  ,  c'eft-à-dire,  de  Généalogies.  Cet  Auteur 
vivoit  l'an  889  de  l'Hegire.. 

MODESTOUS.  C'eft  le  nom  d'un  faînt  Abbé  de  Hicrufalem,  lequel  aid^ 
des  fecours  de  S.  Jean  l'Aumônier,  Patriarche  d'Alexandrie ,  fit  rebâtir  les  Eglifes 
que  Khofroes  Parviz  avoit  fait  démolir ,  après  le  faccagement  de  Hierufalem 
fous  l'Empire  de  Phocas, 

MODHAFFER.  Ce  mot  qui  fignifîe  la  même  chofe  que  Manfour,  c'eft- 
à-dire  ,  Vi6lorieux ,  fert  de  furnom  à  plufieurs  Princes  &  autres  Pcrfonnages. 

ModhafFeroun.  Nom  d'une  Dynaftie  que  nous  pouvons  appcller  des  Kjodhaf- 
feriens,  Princes  qui  ont  régné  en  Perle  environ  feptante  fept  ans  depuis  l'an  718, 
jufqu'en  l'an  jgs  de  l'Hegire. 

Cette  Dynaftie  a  pris  fon  nom  de  Mobarez  eddin  Mohammed  ,  furnommd 
Al  Modhaffer  qui  en  eft  le  Fondateur;  &  comprend  fept  Princes  ou  Sultans 
qui  ont  régné  fuccefTivement  ou  conjointement  en  Perfe. 

Voici  la  Lifte  de  ces  Princes  avec  le  temps  qu'ils  ont  régné  dans  l'ordre 
qui  fuit. 

Le  premier  eft  Emir  Mobarezeddin  Mohammed  Modhaffer,  qui  a  régné  qua- 
rante deux  ans. 

Le  fécond,  Schah  Schcgià,  fils  de  Modhaffer  qui  a  régné  vingt-fix  ans. 

Le  troifièrae ,  Schah  Mahmoud ,  fils  de  Modhaffer  en  a  régné  dix. 

Le  quatrième,  Sultan  Ahmed  autre  fils  de   Modhaffer. 

Le  cinquième,  Schah  Manfour,  fils  de  Modhafl'er,  fils  de  Mobarez. 

Le  fixième,  Schah  lahia,  fils  de  Modhaffer,  fils  de  Mobarez. 

Le  feptième,  Zin  alâbedin,  fils  de  Schah  Schegiâ. 

Ces  derniers  Princes  n'ont  régné  qu'environ  neuf  ou  dix  ans  entre  eux,  fcps- 

L  1  1  1  3  rémen'c^ 


<^3S  M  O  D  H  A  F  F  E  R.  M  O  D  H  A  L  L  A  M. 

rcment  ou  conjointement  en  divers  endroits  de  la  Perfe.  Car  Tamerlan  ruïna 
entièrement  cette  Dynaftie  dont  le  Siège  Royal  étoit  dans  la  Ville  de  Schiraz. 
Foysz  le  titre  de  Timur  ou  de  Tamerlan. 

il  y  a  eu  un  autre  ModhafFer  dans  la  famille  de  Tamerlan ,  &  celui-ci  étoit , 
fils  de  HoulTaïn ,  fils  de  Manfour ,  fils  de  Baïkra ,  fils  de  Tamerlan.  Tous  ces 
Princes  portoient  le  titre  de  Mirza. 

Ce  Petit-fils  de  Tamerlan  régna  après  la  mort  de  Mirza  Houfl'aïn  fon  Père, 
dans  le  Khorafi^an,  conjointement  avec  fon  frère  nommé  Badî  alzaman,  nom  qui 
fiffaific  la  Merveille  du  fiècle  ou  du  temps.  Mais  fon  règne  ne  fut  pas  long- 
temps paifible;  car  Schaïbcg  Aboul  Khaïr ,  furnommé  Uzbeghi,  qui  étoit  de  la 
pofi:crité  de  Ginghizkan ,  palTa  de  la  Province  Tranfoxane  en  celle  de  KhorafiTan 
pour  lui  faire  la  guerre.  .       .    - 

ModhafFer  fut  vaincu  l'an  915  de  l'Hcgire ,  par  fon  ennemi  qui  fe  rendit 
Maiftre  de  la  Ville  de  Merou ,  qui  étoit  pour  lors  fa  Capitale  ,  &  obligé  de 
prendre  la  fuite  pour  fe  réfugier  dans  les  montagnes  du  KhoralTan,  où  il  de*, 
meura  caché  le  relie  de  fes  jours. 

MODHAFFER.  Cefl  auflî  le  furnom  d'Abou  Manfour  Ebn- Mohammed 
AI  Thouffi ,  c'efl:-à-dire ,  natif  de  la  Ville  de  Thous  en  KhorafiTan  ,  lequel  a 
compofé  un  Livre  d'Arithmétique  &  un  Commentaire  fur  Diophante  ,  lequel 
fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Grand  Duc  de  Tofcane. 

MODHAFFEREDDIN.  Surnom  de  Mohammed  Aboubekr,  Ben  Sâad, 
Ben  Zenghi ,  qui  étoit  Prince  de  la  Race  ,  ou  Dynafl:ie  des  Atabeks  de  Perfe , 
dont  le  lie^e  Royal  étoit  dans  la  Ville  de  Schiraz. 

C'efi:  celui  auquel  Sâadi,  qui  mourut  l'an  691  de  l'Hegire,  a  dédié  fon  Livre, 
intitulé  Gulifl;an. 

MODHAFFER  L  Surnom  d'un  Auteur,  qui  a  fait  un  Commentaire  fur 
le  fameux    Livre  de   Hariri,  intitulé  Al  Mecamat.     Voyez  ce  titre. 

Tarikh  Al  Modhafl'eri.  C'efi:  le  nom  que  porte  l'Hiflioire  ou  Chronique,  in- 
titulée autrement,  Tarikh  Ebn  Afthas. 

MODHAHEBAT.  Les  Arabes  appellent  Al  Modhahebat ,  les  Ouvrages 
des  fept  Poëtcs  qui  ont  été  les  plus  renommez  parmi  eux  avant  le  Mahome- 
tifme.     Voyez   le  titre  de  Moâllakât^ 

Ce  mot  de  Modhahebat  qui  fignifie  'Dorés  ,  a  été  donné  aux  Vers  de  cq& 
anciens  Auteurs ,  par  ce  qu'on  les  écrivoit  en  carafteres  d'or  à  caufe  de  leur 
excellence.  C'efi;  ainfi  que  les  Grecs  ont  appelle  aufli  les  Vers  d'Or  de  Pytha- 
gore,  &  lorfque  les  Arabes  veulent  louer  la  Poëfie  de  quelqu'un  ;,  ils  ont  accou- 
tumé de  dire,  Modhahebat  Falan,  c'efi:-à-di-re,  ce  font  les  Vers  d'or  d'un  tel. 

MODHALLAM.  Bahr  Al  Modhallam.  La  Mer  obfcure  &  tenebreufe. 
C'ell  ainfi  que  les  Arabes  appellent  la  Mer  Oceanne  qu'ils  nomment  aufiî  autre- 
ment, Bahr  Al  Mohith  ;  mais  l'epithéte  de  Modhallam  s'applique  particulière- 
ment  l\  l'Océan  Atlantique,  à  caufe,  dit  Ebn  Al  Vardi,  que  ,  la  âlem  bafchar 
ma  Khalfho,  c'efi:-à-dire  ,  Perfonne  ne  fçait  ce  qui  efl;  au  de-là.  Cependant, 
PAuteur  des  Khiridat  alâgiaïb  dit  que  c'efi:  dans  cette  Région  tenebreufe  qu'il 
appelle  Dholmat ,  aue  fe  trouve  cette  fontaine  de  Vie ,   de  laquelle  Khedher 

but 


M  O  E'  B.        M  0  E'  Z.  ^^^ 

but  à  longs  traits  &  devint  immortel ,  quoyque  la  plupart  de  nos  Géographes 
Orientaux  mettent  cette  fontaine  dans  l'Orient. 

C'eft  dans  cette  mer,  furnommée  Modhallam,  qu'Ebn  Al  Vardi  dit  que  font 
de  très-grandes  liles  nommées  par  les  Arabes  ,  Al  Khaledat,  c'ell-à-dire  ,  les 
Perpétuelles.  Ce  font  celles  que  nous  appelions  aujourd'huy  Fortunées ,  ou  Ca- 
naries ,  qui  ne  font  pas  néanmoins  de  très-grandes  Ifles  ;  de  forte  qu'il  paroift 
que  ce  Géographe,  ainfi  que  plufieurs  autres  Anciens,  a  eu  par  tradition  quel- 
que lumière  toucliant  les  pays  qui  ont  été  découverts  depuis  ce  temps -là  dans 
l'Amérique. 

MOE'B.    Titre  d'un  Livre  de  Grammaire  Arabique,  attribué  à  Ebn  Altiaï. 

MOE'Z  Eddaulat;  c'eft  le  furnom  ou  le  titre  que  le  Khalife  Moftakfi  donna  h 
Ahmed,  troifièmefils  de  Bouiah,  qui  devint  un  très-puilîànt  Prince  en  Afie.  Quo}-- 
qu'il  ne  fut  que  le  Cadet  des  trois  &  qu'il  ne  tint  fes  Etats  que  des  maiîis 
d'O'mad  Aldaulat  fon  Aîné,  il  s'éleva  néanmoins  encore  beaucoup  plus  haut 
que  celui-ci  qui  étoit  cependaiît  le  Chef  &  le  Fondateur  de  la  Dynaftie  des 
Bouides. 

Moêz  eddaulat  avoit  reçu  en  don  de  fon  frère  aîné  la  Province  de  Kerman 
ou  Caramanie  Perfique,  l'an  322  de  l'Hegire;  mais  cette  Province  lui  fut  don- 
née plutôt  pour  la  conquérir  que  pour  la  gouverner.  Car  Mohammed  ',  fils 
d'Elie  qui  y  commandoit,  étoit  un  fort  brave  homme  qui  fçut  défendre  fes  pla- 
ces avec  une  fort  grande  vigueur.  Ce  fut  ce  qui  fit  refoûdre  Moêz  eddaulat 
de  fe  rendre  Maiftre  avant  toutes  chofes  du  petit  pays  nommé  Sirgian,  où  il 
trouva  peu  de  refiflance  &  de  très-bons  quartiers  pour  fes   troupes. 

Moêz  eddaulat,  après  avoir  en  fort  peu  de  temps  groffi  &  fortifié  fon  armée 
dans  un  pays  fort  gras  &  abondant  en  toutes  cliofes  ,  vint  attaquer  avec  beau- 
coup d'avantage  Mohammed ,  fils  d'Elie ,  que  quelques  Hiiloricns  nomment  aufiî 
Emir  Ali.  Il  lui  livra  pluiieurs  combats  defqucls  il  fortit  toujours  viftorieuv, 
&  obligea  enfin  Emir  Ali  de  quitter  la  Campagne  &  de  fe  renfermer  dans  l'une 
de  fes  plus  fortes  places ,  dont  les  Hiftoriens  nous  ont  tii  le  nom. 

11  fallut  donc  que  Aloëz  eddaulat  en  formait  le  fiege  dans  les  formes  ;  mais 
il  y  trouva  beaucoup  de  difficultez,  foit  de  la  part  des  Alïïegés  qui  faifoient 
de  fréquentes  forties  fur  fes  quartiers  dont  ils  remportoient  toujours  quelque 
avantage,  foit  à  caufe  de  la  difette  de  vivres  qu'il  foufFroit ,,  parceque  ce  fic"-c 
duroit  beaucoup  plus  long-temps  qu'il  ne  s'étoit  imaginé.  '^ 

On  raconte  un  fait  fort  extraordinaire  qui  arriva  pendant  ce  fiegc,  car  Khon- 
demir  écrit  que  l'Emir  Ali  ayant  appris  que  Moêz  eddaulat  foufFroit  beaucoup 
dans  fon  camp  &  même  que  le  pain  lui  manquoit,  il  lui  en  envoya  toutes  les 
nuits  que  dura  le  fiege  de  fa  place,  quoyque  pendant  le  jour  il  ne  lailîàft  pas 
de  l'incommoder  beaucoup,  en  le  harcelant  continuellement  &  lui  enlevant  tou- 
jours quelques  troupes.  Moêz  eddaulat  étonné  de  ce  procédé,  lui' envoya  dire 
par  un  de  fes  Officiers:  Si  vous  êtes  mon  ennemi,  pourquoy  ufez-vous  de  tant 
d'honnefteté  en  mon  endroit?  Et  fi  vous  êtes  mon  ami,  pourquoy  vous  défen- 
dez-vous avec  tant  d'opiniaftreté  ? 

L'Emir  Ali  lui  fit  cette  réponfe  :  Comme  vous  nous  attaquez  pendant  le  jour , 
nous  vous  confiderons  dans  ce  temps-là  comme  nos  ennemis,  &'  nous  vous  ftifons 
tout  le  mal  que  nous  pouvons  ;  mais  pendant  la  nuit  que  vous  nous  laill'ez  on 

repos. 


'64'^ 


M    O    E'    Z. 


■jepos,  nous  vous  regardons  comme  des  étrangers  aufquels  nous  rendons  les  de- 
voirs de  rhofpitalité. 

Cette   réponfe  caufa  beaucoup   de  confufion  à  Moêz   eddaulat  &  fit  que  ce 

•  Prince  ,  qui  ne  vouloit  pas  céder  en  generofité  à  Ton  ennemi  &  qui  fe  trouvoit 

xiéja  Maître  du  reftc  de  la  Province  de  Kerman,  leva  aufîî-tôt  le  fiege  &  laifTa 

l'Emir  A'ii  dans  fa    place  pour  y  vivre  &  y  commander,  fans  qu'il  eût  jamais 

-rien  à  craindre  de  fa  part. 

La  Province  de  Kerman,  ayant  été  ainfî  conquife,  fervit  de  païTage  à  Moêz 
eddaulat ,  pour  entrer  dans  le  Khouziflan  ,  qui  eft  la  Sufiane  des  Anciens.  Il 
trouva  dans  cette  Province  les  Troupes  du  Khalife  Moftakfi  ,  qui  y  avoient 
leurs  quartiers.  Il  en  enleva  une  partie  &  diffipa  les  autres,  &  par  ce  moyen  il 
fe  facilita  beaucoup  l'entreprifc  qu'il  meditoit  depuis  long-temps  d'affieger  la 
Ville  de  Bagdet. 

Ce  fut  l'an  335  de  l'Hegire,  qu'il  en  forma  le  fiege  qui  ne  fut  pas  de  longue 
durée ,  cai'  cette  grande  Ville  fe  rendit  aufïï  -  tôt  à  luy ,  &  le  Khalife  qui  fe 
trouva  dénué  de  troupes ,  n'eut  point  de  meilleur  parti  à  prendre  que  de  le 
recevoir  à  bras  ouverts ,'  &  de  lui  faire  rendre  tous  les  honneurs  poffibles ,  & 
ce  fut  dans  ce  premier  accueil  qu'il  lui  conféra  le  titre  de  Moêz  eddaulat,  mot 
qui  fignifie  le  bras  &  la  force  de  l'Etat ,  &  il  qualifia  en  même  temps  fes 
deux  autres  frères ,  l'aîné ,  du  titre  d'Omadeddaulat ,  c'eft-à-dire ,  le  Soutien  de 
l'Etat ,  &  le  fécond  ,  de  celui  de  Rokncddaulat ,  qui  fignifie ,  la  Colomne  du 
même  Etat. 

Le  même  Khalife  Mofiiakfi  ordonna  que  ce  titre  de  Moêz  eddaulat ,  qu'il 
lui  avoit  donné  ,  fut  annoncé  &  publié  dans  les  Mofquées ,  &  gravé  fur  la 
monnoye  ,  revêtit  ce  Prince  du  Manteau  Royal ,  &  lui  mit  un  Diadème  ou 
Couronne  fur  la  tête^  <Sc  voulut  qu'il  logeait  dans  Iqs  appartemens  du  derrière 
de  fon  Palais. 

Tous  ces  honneurs  que  le  Khalife  rendoit  par  contrainte  à  ce  Sultan,  étoient 
regardez  de  lui  comme  beaucoup  inférieurs  au  grand  pouvoir  qu'il  avoit  acquis, 
de  forte  qu'il  en  voulut  donner  des  marques  fort  éclatantes  en  ufurpant  toute 
l'autorité  du  Khalife,  &  enfin  en  le  dépofant  pour  lui  en  fubfi;i tuer  un]  autre, 
nommé  Mouthî  Lillah  ,  qui  étoit  auflî  de  la  famille  des  Abbaflides  ,  &,  Coufin 
germain  de  fon  prédecelleur. 

Ce  nouveau  Khalife  ne  fut  pas  plus  heureux  que  fon  prcdecefieur  ,  car  Moêz 
eddaulat  dont  la  puiffance  n'avoit  plus  de  bornes  ,  ne  fe  trouvant  pas  content 
de  lui ,  lui  fit  crever  les  yeux  &  le  tint  prifonnier  dans  fon  propre  Palais ,  où 
il  vêquit  jufqu'en  l'année  338  de  l'Hegire. 

La  prife  de  Bagdet  fut  bien-tôt  fuivie  de  celle  de  Moful  que  Moêz  eddaulat 
envoya  affieger,  enforte  que  le  refle  de  l'Aflyrie  avec  la  Mefopotamie,  Damas, 
&  toute  la  Syrie  qui  obéilfoient  encore  aux  Khalifes ,  fe  fournirent  entièrement 
à  ce  Sultan  ,  qui  ne  prenoit  pourtant  alors  que  la  qualité  d'Emir  Al  Omera 
c'efl-à-dire  ,  de  Prince  des  Princes,  ou  de  Chef  de  tous  les  Commandans  fous 
l'autorité  Souveraine  du  Khalife. 

11  jouit  de  cette  dignité,  jointe  à  un  pouvoir  abfolu,  jufqu'en  l'an  ^s^  de 
l'Hegire,  qu'il  mourut,  &  laiifa  pour  Succefieur  Azzeddaulat,  fon  fils,  lequel 
gouverna  tous  les  Etats  dipendans  du  Khalifat  fous  le  même  nom  &  avec  la 
jiîême  autorité  ,  les  Khalifes  étant  pour  lors  réduits  aux  feules  fondions  de  la 

Mpfquce 


M    O    E'   Z.  ^^j 

Mofquée  ,  que  l'on  ne  pouvoit  pas  leur  ôter  à  caufe  de  la  dignité  ,  &  pour 
ainfi  dire  ,  du  Caraftère  de  fouverains  Imams  ou  Pontife  de  la  Religion  Ma- 
hometane. 

Une  des  avions  les  plus  confidérables  de  Moêz  eddaulat  cft  celle  par  laquelle  il 
fit  graver,  fur  la  porte  des  Mofquées ,  la  malcdiftion  que  l'on  avoit  accoutumé 
de  publier  feulement  de  vive  voix  contre  les  Ommiadcs. 

Cette  malediftion  ou  excommunication  eut  fon  origine  dans  le  temps  que  les 
Abbaffides  s'emparèrent  du  Khalifat ,  en  le  transférant  de  la  famille  d'Ommiah 
en  celle  de  Hafchera.  Car  alors,  les  Abbaffides  voulurent  fe  vanger  des  Om- 
miades  &  de  Moavie ,  leur  premier  Khalife  ,  qui  avoit  eu  l'infolence  de  faire 
maudire  &  excommunier  Ali  &  tous  fes  Defcendans,  Voicy  les  termes  de  la 
malediftion  que  les  Abbaffides  firent  publier  contre  les  Ommiadcs: 

Dieu  a  maudit  (  c'Èft  -  à  -  dire ,  Dieu  maudifle)  Modvie  ,  fils  d'Jbou  Sofian  ,  S' 
celuy  qui  a  6té  la  terre  de  Fidek  aux  héritiers  de  Fathime  (Fille  de  Mahomet  & 
femme  d'Ali  )  &'  celui  qui  a  empêché  que  fo^i  enterrât  Haffan  ,  fils  d'^li ,  auprès 
de  Mahomet  fon  grand-père,  &'  celui  qui  a  empêché  qu'Abbas  ne  fût  mis  au  nombre 
de  ceux  quOmar  avoit  marquez  çf  defignez  pour  être  h  s  légitimes  prêtendans  au 
Khalifat ,  éf  que  Dieu  veuille  combler  tous  les  Habitans  de  cette  l^ille  de  paix  (c'cft 
Bagdet)  d'années  ^  de  grâces. 

Moêz  eddaulat  ayant  donc  fait  graver  ,  comme  l'on  a  déjà  dit ,  cette  ex- 
communication ,  qui  n'étoit  fulminée  auparavant  que  de  vive  voix  ,  il  fe  trou- 
va des  gens  aflez  hardis  dans  Bagdet ,  pour  l'effacer  &  mettre  en  fa  place  les 
paroles  fuivantes:  Laân  allah  aldhokmin  leàl  Mohammed ,  c'cil-à-dire ,  Dieu  mau- 
difj'e  ceux  qui  font  violence  aux  perfonnes  qui  font  iffues  de  la  Nlaifon  du  Prophète  , 
ce  qui  étoit  un  très  -  fanglant  reproche  au  Sultan,  qui  avoit  envahy  l'autorité 
du  Khalife  &  s'étoit  rendu  Maître  de  fa  perfonne. 

Il  y  a  plufieurs  autres  Princes  de  différentes  Dynafties,  comme  de  celle  des 
Kelabites  ou  Mardaffides  ,  &c.  qui  ont  porté  le  titre  de  Moêzeddaulat  &  def- 
quels  on  parlera  ailleurs. 

MOE'Z  Ledinillah.  C'eft  le  furnom  d'Abou  Temim  Mâad,  fils  de  Manfor, 
fils  de  Caïem ,  fils  de  Mohammed  ,  furnommé  Al  Mahadi  ,  quatrième  Prince  & 
premier  Khalife  d'Egypte  de  la  Dynaftie  des  Fathimites. 

Il  commença  fon  règne  dans  l'Afrique,  l'an  de  l'Hegire  341,  &  tint  fon  fic- 
%Q  Royal  dans  les  Villes  de  Caïrouan  &  de  Mahadie  fucceffivement  jufqu'en 
l'an  358.  •  Dans  cette  même  année  ,  il  envoya  en  Egypte  Giaohar ,  Grec  de 
Nation,  Affranchi  du  Roy  fon  père,  qui  l'avoit  élevé  jufqu'aux  premières  char- 
ges de  la  Milice,  &  luy  donna  le  commandement  d'une  fort  grande  armée  pour 
la  conquête  de  cette  importante  Province. 

Ce  Général  fe  rendit  facilement  Maître  de  tout  le  pays,  lequel  ne  fe  trouva 
point  pour  lors  en  défenfc,  &  fe  faifit  même  de  la  Capitale,  que  l'on  noramoit 
pour  lors  Fuftath  ,  qui  eft  h.  même  que  Mefr  ou  l'ancienne  Bdbylone ,  où  il 
commença  à  jetter  les  premiers  fondemens  de  la  Ville  que  nous  appelions  au- 
jourd'huy  le  grand  Caire. 

Nouaïri  Hiflorien  écrit,  que  Moêz,  fils  d'Al  Manfor  Billah,  petit-fils  de  Caïem 
Billah  &  arrière  petit-fils  d'O'beïdalJah  ,  furnommé  Mahadi ,  après  avoir  régné 
vingt  ans  dans  l'Afrique  ,  partit  de  la  Ville  de  Manfouriah  ,  que  fon  père 
avoit  fait  bâtir,  &  palTa  en  l'Ifle  de  Sardaigne  ,  en  l'an  3<5i  de  l'Hegire  ,  lail'- 

Tome  IL  M  m  mm  fant 


642 


M  O  E'  2r. 


fant    l'Afrique   à    gouverner ,    pendant'  fon  abfence  ,  à  Jofef  Ben  Zeïri  Ben 

MenacL 

Après  avoir  demeuré  près  d'un  an  dans  cette  Ifle,  il  en  lortit  l'an  362  &  fit 
voile  vers  Tripoli  de  Barbarie  ,  où  n'ayant  fait  que  fort  peu  de  féjour  &  ne 
voulant  point  perdre  de  tems ,  il  fe  fit  porter  en  Alexandrie  que  Giauhar,  fon 
Général,  avoit  prifc  peu  de  tems  auparavant,  &  commença  dès  la  même  année' 
à  y  établir  le  fiége  da  fon  Empire,  abandonnant  l'Afrique,  où  luy  &  fes  Pré- 
déceffeurs  avoient  déjà  régné  pendant  rcfpace  de  foixante-cinq  ans. 

Auffi-tôt  que  Moêz  fe  vit  paifible  polfefleur^de  TEgypte,  il  fit  fupprimer  dans 
les:  prières  publiques  le  nom  du  Khalife  Mothî  l'Abballîde,  qui  occupoit  le  fié- 
ge du  Khalifat  à  Bagdet  ,  &  fit  continuer  la  conftruélion  de  fa  nouvelle  ville 
du  Caire,  que  Giauhar  avoit  commencée  fous  l'Horofcope  de  la  Planète  de  Mars 
&  luy  donna  le  nom  d'Al  Kaherah,  c'efi-à-dire,  de  Viftorièule,  à  caufe  du  fur- 
nom  de  Cahcr,  que  les  Afi:ronom£s  Arabes  donnent  a  la  Planète  de  Mrts.' Vo- 
yez le   titre  de  Caherah. 

Ren  Sclionab  écrit ,  que  Moêz  entra  en  Egypte  ,  l'an  360  de  l'Hcgire  ,  & 
qif  avant  que  de  partir  d'Afrique  ,  il  fit  fondre  tout  fon  or  &  tout  fon  argent 
en  lingots  ou  en  mafles  de  la  grofleur  d'une  meule  de  moulin  ,  dont  chacune 
faifoit  la  charge  d'un  chameau.  Ce  même  Auteur  ajoute,  que  Moêz,  après  avoir 
fait  fùpprimer  le  nom  du  Kh:ilife  iVIothî  dans  les  Mofquées ,  y  fit  publier  le  fien, 
qui  fut  reçu  non-feulement  en  Egypte  ,  mais  encore  dans  la  Syrie  &  dans  l'A- 
rabie, &  même  jufques  dans  ia  ville  de  Medine  ,  la  feule  ville  de  la  Mecque 
refufant  de  le  reconnaître. 

Quoyquc  Giauhar  eût  déjà  fait  renoncer  les  peuples  d'Egypte  à  l'obéifiance 
du  Khalife  Mothî,  dès  l'an  360,  cependant  ce  ne  fut  que  deux  ans  après  que 
l'on  commença  à  entendre  le  nom  de  deux  Khalifes  dans  le  Mufulmanifme;  à 
fçavoir,  celuy  de  Mothî ,  fuccelTeur  légitime  des  Abbaffides  fes  predecefieurs,  &. 
celuy  de  Moêz,  prétendu  fiiccefiTeur  de  la  famille  d'Ali  &  qui  avoit  ufurpé  le 
nom  de  Fathimite,  furquo}»  l'on  peut  voir  le  titre  d'O-'beïdallah  Al  Mahadi 

Moêz,  pour  mieux  établir  parmy  les  peuples  la  créance  qu'il  vouloit  leur  per- 
ûiader,  touchant  forîgine  de  fa  famille  &  fon  droit  prétendu  au  Khalifat,  vou- 
lut &  or.îonna  ,  que.  Ton  ajoutât  à  la  publication  de  la  prière  folemnelle  ces 
paroles  :  Ihi  Ali  Khaïr  alàmal  j  c'efi:-à-dire ,  Vive  Ali ,  dont  toutes  les  aftions  ont 
été  louables ,  &  que  l'on  la  commençât  par  cette  formule  :  Bifmillahi  rahmani 
rahimi,  c'efi:-à-dire,  au  nom  de  Dieu,  plein  de  bonté  &  de  miféricorde^.  qui  fé 
trouve  à  la  tête  de  tous  les  Chapitres  de  l'Alcoran  ,  &  par  laquelle  les  Muful- 
mans  commencent  aulîl  toutes  leurs  prières ,  &  même  la  plupart  de  leurs  ac- 
tions. 

Ce  Schifme  de  deux  Khalifes  dans  le  Mahometifme  dura  depuis  l'an  362  juf- 
qu'en  l'an  s^?  cle  THegire,  que  Noureddin,  Sultan  d'Halep  &  de  Syrie,  &  Sa- 
ladin,  fon  Général  en  Egypte,  fupprimcrent  le  Khalifat  des  Fathimites  &  réta- 
blirent celuy  des  Abbaflides  en  reconnoiliant  Moftadhi  ,  qui  tenoit  fon  fiége  à 
Bagdet,  pour  le  feul,  légitime  oc  véritable  Khalife -&  fouverain  Imam  ou  Pon- 
tife des  Mufulmans. . 

Moêz  mourut,  l'an  365  de  l'Hegire  âgé  de  quarante-cinq  ans ,  après  avoir  ré- 
gné vingt-un  an  ou  environ  en  Afrique  &  trois  feulement  en  Egypte.  Il  laiffa 
pour  fuccefleur  fon  fils,  furnommé  A'ziz  Billah  ,  dont  le  nom  fut  proclamé  juf- 
ques dans  le  temple  même  de  la  Mecquci . 

Ebn 


M  O  E'  Z  E  D  -D  I  N.  M  O  F  I  D^  643 

Ebn-AmidJuy  donne  quarante-iîx  ans  de  vie  &  vingt -trois  ans  quatre  mois 
de  règne,  Ji  dit  auffi ,  que  Moèz  paffant  d'Afrique  en  Egypte ,  ne  tranfporta 
pas  feulement  fes  trcfors  ;  mais  encore  les  corps  de  fcs  Ancêtres  ,  auprès  def- 
quels  il  vouloit  être  inhumé  dans  fa  nouvelle  &  magnifique  Ville  du  Caire. 

L'Auteur  du  Rabî  alabrar  rapporte,  que  Moêz  fe  trouvanE  un  jour  à  la  tê- 
te de  fes  troupes,  dont  il  faifoit  la  revûë  en  Egypte  ,  un  particulier  luy  de- 
manda de  quelle  race  il  étoit,  &  que  ce  Prince  luy  répondit  en  luy  monftrant 
iès  troupes  &  l'épée  qu'il  portoit:  Hadah  ginfi,  Hadah  nesbi,  c'eft-à-dire,  voi- 
ci ma  race,  &  voici  ma  généalogie. 

La  juftice  &  la  modération  de  ce  Prince  font  louées  par  tous  les  Hiftoriens, 
qui  rapportent  plufieurs  exemples  de  fes  vertus.  Ebn  Hani  ,  Poète  célèbre,, 
Arabe  d'origine  &  Efpâgnol  ^q  .naiffance  ,  qui  l'avoit  accompagné  dans  ia  plu- 
part de  fes  expéditions,  a  fait  fon  éloge  dans  plufieurs  de  fes  ouvrages.  Niais 
ce  ,même  Poëte  enfin  malfatisfait  de  luy,  retrada  tout  le  bien  qu'il  en  avoit 
dit,  par  une  Satyre  qu'il  fit  contre  luy. 

MOE/ZEDDIN.  Surnom  d'Hoffaïn  ,  fils  de  Gaiath  eddin  ,  qui  fut  Prin: 
ce  de  la  Dynallie ,  nommée  Molouk  kurt ,  c'efl-à-dire  ,  des  Rois  de  Curt.  Fo- 
jyez  ce  titre. 

MOE'ZZÎ.  C'eft  le  nom  d'un  célèbre  Poëte  Perfien,  qui  efl  Auteur  d'un 
Poëme  intitulé  Solvan  almethà.     Foyez  ce  titre. 

MO  FA  DEL  Ben  Omar.  C'ell  le  nom  d'un  Auteur,  qui  efl  plus  connu 
fous  le  fur  nom  d'Abheri. 

MOFAKEHAT  alakhouan.  Livre  de  Morale  ,  corapofé  pour  l'ufage  d'u- 
ne fociété  de  gens  de  Lettres  ,  par  A'bdallah  Ben  Motaz  ,  qui  étoit  fils  d'Al 
Môtaz  Billah,  Khalife  de  la  Maifon  des  Abbaffidcs. 

MO  FA  REGI  AT  al'  O'mem  fi  medh  Seïd  alumem.  Ceft  proprement  les 
diiïipations  de  chagrins.  C'ell  un  Ouvrage  fait  pour  louer  Mahomet ,  qui  efl 
.qualifié  dans  ce  titre,  le  Seigneur  de  tous  les  peuples  de  la  terre.  Cet  Ouvra- 
ge efl  en  vers  Arabes  ,  &  fait  la^  cinquième  Elégie  des  fept  que  Sakhaoui  a 
compofécs,  fous  .le  titre  de  Cailaïd  âlfcba ,  c'efl-à-dire,  les  fept  Elégies.  Plo- 
yez dans  la  Bibliothèque  Royale,  n».  644. 

.  ;  MOFASSEL.    Livre  de  diflinflions.    C'efl  un  Ouvrage  de  Grammaire  Ara- 
^bique,  compofé  par  Zamakfchari. 

Il  y  a  aufïï  un  Ouvrage  de  Métaphyfique  qui  porte  le  même  titre  ,  &  qui 
Ji'efl  proprement  qu'.un  Commentaire  fur  le  Mohafiil  de  Razi ,  compofé  par 
A'ii  Ben  Omar  Al  Katebi  Al  Kazvini.  Ce  Commentaire  efl  dans  la  Bibliothè- 
que du  Roy,  n°.  933. 

MOFID  alôloum  v  Mobid  alhomoum..     C'eil  le  titre  d'une  Encyclopédie, 
'qui  promet  d'aider  à  l'acquifition  de  toutes  les  fciences  &  à  l'éclairciffement  de 
tous  les  doutes  que  l'on  peut  avoir. 

Ce  Livre  efl:  ordinairement  attribué  à  Mohammed  Ben  Ahmed  Al  Kazvini 
&  cependant  1  Auteur  du  Kafchf  aldhonoun  foupçonne,  qu'il  ^  été  compofé  par 
■fjaeiQuef.^ricâiJi  aïoierne.    H.efl;  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n".  59S. 
■  M  m  mm  2  MOFLEiï, 


644  M  0  F  L  E  H. M  0  G  I  A  L  L  A  T. 

MOFLEH  ou  Mofalleh.  Schamseddin  Abou  Abdalla  eft  fom'eat  furnom^ 
mé  Ben  Mofleh  ou  Mofalleh.  H  étoit  natif  de  Damas  &  Hanbalite  de  Sefle-, 
e'efl  pourquoy  on  ajoute  fouvent  à  fon  nom  AI  Demefchki  _,  Al  Han-bali.  H 
mourut  l'an  310  de  l'tlegire  &  nous  a  laiffé  un  Ouvrage,  intitulé  Adab  alfcha- 
riâh,  ç'eft-à-dire ,  les  Mœurs  &  les  Coutumes  de  ceux  qui  font  attachez  parti- 
•culièrement  à-  la  Loy  Mahometane. 

MOFREDAT.  Al  Mofredat.  Ce  mot  auquel  on  fous-entend  Al  Adouiatr, 
fignihe  chez  les  Arabes  les  Médicamens  fimples  qui  font  oppofés  à  ceux  que 
les  Arabes  appellent  Al  Morakcbat  &  Akrabadin,  c'eft-à-dire,  les  Médicamens. 
fompcfcz. 

Kctab  Al  Mofredat.  Le  Livre  des  Simples:  C'eft  le  titre  que  l'on  donne 
ordinairement  au  grand  Ouvrage  qu'Ebn  Beïthar  a  compofé  fur  tous  les  Sim- 
ples, auquel  néanmoins  l'Auteur  a  donné  le  titre  de  Giamê  Al  Mofredat,  c'eft- 
à-dirc,  le  Recueil  qui  les  comprend  tous. 

On. donne  aulîi  fouvent  ce  même  nom  au  Livre  que  le, même  Auteur  a  cora^- 
pofé  fous  le  nom  de  Mogni,  duquel  l'on  peut  voir  le  titre  un  peu -plus  bas. 

MO  GAI  AT  H.  Al  Malek  Al  Mogaïath.  C^eil  le  furnom  d'Omar,  fils  de 
Malek  Aladel-,  fils  de  Malek  Al  Kiamed,  fils  de  Malek  Al  Adel,  frère  de  Sala- 
din.  Il  regnoit  de  père  en  fils  dans  une  partie  de  la  Syrie  &  de  l'Arabie,  3c 
étoit  Maître  du  Château  de  Crac,  fitué  auprès  de  la  Ville  que  les  Anciens  ap- 
pelloient  Peîra  deferti.  Ce  Prince  avoit  fait  pluficurs  expéditions  heureufes  con- 
tre fes  ennemis;  c'eft  pourquoy  il  porta  le  titre  de  Fath  eddin  ,  c'elt  -  à  -  dire, 
le  Conquérant  de  la  Foy.  Mais  il  fut  enfin  dépouillé  de  fes  Etats  par  Bibars, 
Sultan  des  Mamelucs  Circaflîens,  qui  exterminèrent  entièrement  la  race  des  Aiou-- 
feites  ou  Jobites. 

MO  GAI  R  A  H.  Khaled  Ben  Valid  Ben  Mogaïrah  eft  un  àes  premiers  & 
^es  plus  grands  Capitaines  qu'ayent  eu  les  Arabes.    Vcyez  le  titre  de  Khaled. 

MOGARESSI.  Surnom  d'A'bdalfamad  Ben  Ibrahim,  qui  eft  Auteur  dn 
Livre,  intitulé  Asbab  alâgiaïb,  c'eft-à-dire^  des  Caufes  que  l'on  peut  apporter 
pour  raifon.  des  évenemens  merveilleux  &  même  des  miracles. 

MOGIAHED.  Al  Malek  Al  Môgiahed.  C'eft  le  nom  d'un  Prince  de  la  ^ 
Mailon  des  Jobites,  qui  fut  proclamé  Sultan  dans  la  ville  de  Damas,  contre  Bi- 
bars.  Sultan  des  Mamelucs  Circaflîens,  qui  avoit  envahi  les  Royaumes  d'Egypte 
&  de  Syrie  ,  &  chalfé  la  pofterité  de  Saladin.  Mais  ce  nouveau  Sultan  n'eut 
pas  afTez  de  forces  pour  refifter  à  celles  des  Mamelucs.  Voyez  les  titres  de  Bî- 
bars  &  de  Bondocdar. 

Il  y  a  eu  depuis  un  autre  Al  Malek  Al  Mogîàhed ,  qui  fut  Roi  ou  Sultan  de 
VIemen  dans_  l'an  778  de  l'Hegire.  Voyez  le  titre  d'Iemen.  Ce  Môgiahed  fut 
père  d'Abbas ,  Auteur  d'un. Livret  de.  Généalogies  des  Arabes  &.  des  Barbares 
ou  Etrangers. 

MO GI  ALLAT  alhonafa  fi  menakeb  alkholafa.  Livre  qui  contient  les  Vies 
&  les  Eloges  des  premiers  Khalifes  ,  que  les  Mahometans  appellent,  ordinaire- 
ment Al  Rafchqdin^  c'eft-à-dire,  de  ceuxL  qui  font  reconnus  fans  conteftation 

PI». 


M  O  G  I  A  R  A  FA  T.  -- —  M  O  G  N  I.  645 

par  tous  ler  Mufulmans  pour  véritables  Khalifes.  Ils  font  au  nombre  de  qua- 
tre,  à  f^avoir,  Aboubekr ,  Omar,  Othraan  &  Ali.  Cet  Ouvrage  ,  dont  l'Au- 
teur efl  incertain,  fe  trouve  dans  ia  Bibliothèque  du  Roy,  n*'.  675. 

MOGIARABAT.  Al  Adouiat  Al  Mogiarabat ,  ou  fimplement  Al  Mogia- 
rabat.  Remè.ies  éprouvés  &  expérimentez.  Il  y  a  un  Livre  qui  porte  le  ti- 
tre de  Mogiarabat  Al  Kaïflbuni  ,  &  celuy  de  Magma  algialilat ,  qui  contient 
plufieurs  de  ces  remèdes  ,  parmy  lefquels  il  y  en  a  beaucoup  de  fuperftitieux. 
CaifFouni  en  ell  l'Auteur,  &  il  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  Roj'ale,  n°.  958. 

Il  y  a  un  autre  Livre  du  même  nom  ,  qui  fe  trouve  auffi  dans  la  même  Bi- 
bliothèque, num.  1021,  qui  comprend  non-feulement  les  expériences  naturelles 
tirées  de  la  Médecine  ;  mais  qui  enfeigne  encore  pkiOeurs  remèdes  Magiques  & 
Diaboliques ,  qui  efl  attribué  à  Dhou  alnoun ,  furnommé  Al  Akhraimi ,  c'efl-à- 
dire,  natif- de  la  Ville  d'Akhmim  en  Egypte». 

« 

MOGIAZ  fitthebb.  Livre  de  Médecine,  compofé  par  Ebn  Nefîs  &  com- 
menté par  Khadherouni.     Foyez  le  titre  de  Mogni. 

MOGIMEL  allogat.  C'eft  le  titre  d'un  Diftionnaire  Arabe,  compofé  par 
Ahmed  Ben  Fares  Ben  Zakariah,  furnommé  Al  Razi,  à  caufe  qu'il  étoit  natif 
de  la  Ville  de  Reï.  Cet  Auteur  vivoit  du  tems  de  Giauheri ,  qui  a  compofé 
un  autre  Diftionnaire  Arabe  beaucoup  plus  ample  ,  intitulé  Sihah  allogat.  Fa- 
yez  le  titre  de  Sihah. 

MOGIR,  furnom  d'Abou  A'bdallah  Mohammed  Ben  Ibrahim,,  qui  a  compo- 
fé un  Scharh  ou  Commentaire  fur  les  Arbaïn. 

MOGIREDDIN.  A'bdalrahman  Ben  Mogireddin  vivoit  l'an  900  de  l'He- 
gire.  Il  étoit  Hanbalite  de  Sefte  ,  &  nous  a  laiffé  une  Hiftoire  de  la  Terré 
fainte,  qu'il  a  intitulée  0ns  algelis  fi  tarikh  Cods  v  alkhaliJ.  Il  s'attache  par- 
ticulièrement à  parler  des  pèlerinages  que  les  Mahometans  font  à  Hierufalem  & 
à  Hebron,  où  ell  le  fepulcre  d'Abraham.  Foyez  le  titre  de  Khalil.  Cet  Au- 
teur porte  les  furnoms  d'O'laïmi  &  d'O'mari ,  à. caufe  qu'il  prétendoit  defcendre 
en  ligne  direfte  du  Khalife  Omar.. 

MOGNI.  Ce  mot,  qui  fignifie  fuiEfant  &  capable  de  contenter,  eft  leti-< 
tre  de  plufieurs  Livres  Arabes. 

Al  Mogni,  ou  Ketab  Al  Mogni,  ell  le  titre  abrégé  de  l'Ouvrage  qu'Ebn  Beï- 
thar  a  intitulé  luy-même  plus  au  long  Al  Mogni  ti  menafî  aladouiat  almofredat 
V  modhareha  behesb  alâdha,  c'ell-à-dire.  Livre  qui  contient  tout  ce  qu'il  ell 
important  de  fçavoir  touchant  les  médicamens  fimples ,  tant  à  l'égard  du  bien 
qu'ils  font ,_  que  du  mal  qu'ils  peuvent  caufer  fuivant  l'ordre  des  membres  du^ 
corps  humain.  Ce  Livre  ell  in  4° ,  &,  compris  en  deux  volumes,  &  fe  trouve 
dans  la  Bibliothèque  du  Grand-Duc  de  Tofcane. 

Mogni  fi  olFoul  alfekeh.  Livre  de  Jurifprudence,  qui  ell' fort  en  ufage  par-- 
my  les  Mahometans ,  quoyque  fans  nom  d'Auteur. 

MOGNI  Labib  ou  Mogni  allabib  men  Kotob  alâarib.  Livre  de  Grammaire 
^abique  ,  compofé  par  A'bdallah  Ben  Hafchem  ou  Hefcham-,  qui  traite  parti- 

M -m  m  m  3,  cuii^r-- 


646  M  O  G  N  I.  M  O  G  0  L. 

culièrement  des  conjugaifons.  Il  eft  divifé  en  huit  Chapitres ,  dans  lefquels  on 
trouve  plufieurs  autoritez  tirées  des  Poètes  Arabes ,  que  Gelaleddin  Soiouthi  a 
jugées  dignes  d'être  expliquées  par  un  Ouvrage  particulier ,  qu'il  a  intitulé 
Scharh  Schaouahed  Al  Î^Iogni.  Voyez  dans  la  Bibliothèque  Royale ,  \qs  nunL 
1044  &  1065. 

MOGNI  alkhallan  an  haïVat  alhaïvan.  C'ell  le  titre  d'un  Abrogé  de  l'Hif- 
toire  des  Animaux  ,  que  Demiri  a  compofée  &  qu'il  a  intitulée  Haïvat  alhaï- 
van.   Cet  abrégé  efl  dans  la  Bibliothèque  Royale,  num.  935. 

MOGNI  alraghebin  fi  menhag  althalebin.  Ce  qni  doit  contenter  les  curieux. 
C'elt  le  titre  d'un  Livre  qu'Abdalrahman  Ben  Aboubekr,  furnommé  Gelaleddin 
Alfoiouthi,  a  compofé  fur  plufieurs  points  de  l'Hiiloire  &  de  la  Loy  Mahome- 
tane.     Cet  Ouvrage  a  été  abrégé  &  publié  fous  le  titre  de  Tag  almenhag. 

MOGNI  fil  thebb.  Livre  de  Médecine,  compofé  par  Sâïd  Ben  Hebatallah, 
réduit  en  Tables,  &  divifé  en  quatre  clalfes  en  faveur  du  Khalife  Moftadi  au- 
quel il  eil  dédié.     Il  eft  dans  la  Bibliothèque  Royale,  iY\  877. 

MOGNI  Scharh  almogiaz  fil  thebb.  Commentaire  fait  fur  le  Mogiaz  ,  du- 
quel on  a  déjà  parlé  ,  par  Sedidcddin  Al  Khadherouni.  Il  eft  dans  la  Biblio- 
thèque du  Roy,  n^  870. 

MOGOL  &  Mogul.  Mogol  Khan.  Nom  d'un  àQs  fils  d'Alingehkan  ,  cin- 
quième Roy  du  Turqucftan  ,  qui  defccndoit  en  ligne  direfte  de  Turc ,  fils  de 
Jafeth  ou  japhet. 

Mogolkhan  naquit  frère  jumeau  de  Tatar  khan,  &  c'eft  de  luy  &  de  fon 
frère  que  les  deux  grandes  nations  des  Mogols  &  à.Qs  Tartares  ont  pris  leur 
origine. 

C'eft  du  premier  de  ces  deux  Princes  que  Ginghizkhan  eft  dcfccndu.  Car 
Mogol  khan  eut  quatre  enfans,  dont  le  premier  porta  le  nom  de  Karakhan,  le 
fécond  d'Azerkhan ,  le  troifième  de  Ghezkhan  ,  &  le  quatrième  d'Oi-khan  ;  & 
c'eft  de  Karakhan  l'aîné  que  Ginghizkhan  defcend  en  ligne  directe  &  mafculine. 

Cette  première  Dynaftie  des  Mogols  a  eu  neuf  Rois  confccutifs ,  dont 

Le  premier  eft  Mogolkhan. 

Le  fécond,  Karakhan. 
'   Le  troifième,  Ogouzkhan. 

Le  quatrième,  Ghunkhan. 

Le  cinquième ,  Aïkhan. 

Le  fixième,  Ilduzkhan. 

Le  feptième,  Menghelikhan.^ 

Le  huitième ,  Tonghurkhan. 

Et  le  neuvième,   Ilkhan.     Voyez  le  titre  de  ce  dernier  Prince. 

Cette  première  race  &  Dynnftie  des  Mogols  fut  abolie,  &  leur  nation  pref- 

^que  exterminée  du  tems  que  Tour,  fils  de  Feridoun,    Roy  de  Perfe  ,    conquit 

toutes  les  Provinces  Tranfoxanes,  c'eft- à- dire,  toutes  celles  qui  font  au  de -là 

du  Fleuve  Gihon  ou  Oxus ,  &  leur  donna  le  nom  de  Touran ,  qui  a  été  changé 

depuis  <;n  celuy  .de  Turqueftan.  - 

Elle 


MOGOLTHAI.  M  O  H  A  L  E  B.  C^-f 

Elle  fut  cependant  rétablie  dans  la  fuite  par  quatre  feules  pcrfonnes  ;  à  fça- 
voir,  par  Kiat  &,  par  DerJighin  avec  leurs  femmes.  Voyzz  ces  deux  titres.  Et 
c'ell  de  cette  fecunde,  pour  ainfi  dire,  nation  de  Mogols,  que  parla  fuite  de  plu- 
fîeurs  Princes  moins  connus,  Tamagin,  furnommc  Ginghizkhan,  a  établi  une  fé- 
conde Dynallie  des  Mogols ,  qui  s'eft  rendue  famcufe  par  tout  l'univers  fous  le 
nom  de  T;u-tares. 

Ces  Mogols  confondus  avec  les  Tartares  firent  leur  grande  irruption  dans  la 
ijaute  Alie,  l'an  de  l'Hcgire  599,  qui  répond  au  1202  de  J.  C,  que  les  Orien- 
taux marquent  auîlî  pour  être  le  1514  d'Alexandre,  après  avoir  dès  auparavant 
conquis  le  grand  Royaume  de  la  Chine.  Il  y  a  pourtant  quelques  Hifloriens, 
comme  Aiirkhond  &  autres ,  qui  marquent  l'entrée  des  Mogols  ou  Tartares  en 
Perle  feulement  en  l'an  602  de  l'Hcgire  ,  parce  que  ce  fut  efFcftivcrnent  feu- 
lement en  ce  tems-Ià,  qu'ils  portèrent  l'allarme  jufques  dans  la  Syrie  &  dans  la 
Chald5e,  où  le  Kiialife  des  Mufulmans  tenoit  fon  Siège  Impérial. 

Cette  féconde  Dynaftie  des  Mogols  dura  jufques  en  l'an  771  de  la  même  Hé- 
gire ,  auquel  tems  Tamerlan  dépouilla  Soiourgatmifch  ,  qui  en  fut  le  dernier 
Sultan  ,  pour  jetter  les  fondemens  d'un  autre  Empire  de  Tartares  qui  ne  paf- 
lënt  pas  pour  Mogols. 

Cependant  les  Mogols ,  déchus  &  dépoilillez  de  leur  grand  Empire ,  ne  laif- 
ferenc  pas  de  paroître  fous  le  nom  d'Uzbeghs  ;  car  Schaïbeg  Khan  renverfa  à' 
fon  tour  la  puiffance  des  fuccefleurs  de  Tamerlan  dans  la  Perfe  &  dans  les  fro- 
vinces  l'ranfoxa-nes  ,  mettant  en  fuite  Babor  ,  qui  fe  réfugia  aux  Indes  &  qui 
ne  fut  plus  connu  dans  la  fuite  que  par  fon  fils  Humajoun. 

Ce  fut  ce  Prince  lequel,  quoyqu'ilfu  en  ligne  direfte  de  la  race  de  Tamer- 
lan, établit  l'an  937  de  l'Hégire,  qui  répond  au  1130  de  J.  C. ,  une  troiiiè- 
me  Dynaftie ,  qui  porte  cependant  le  nom  de  Mogols  dans  les  Indes  ,  où  elle 
règne  encore  aujourd'huy. 

Schah  A'iem  ,  fils  d'Aurengzeb  ,  qui  règne  à  préfent  à  Dehli  &  qui  poffede 
prefque  toutes  les  Indes  ,  efl:  le  fixième  de  cette  Dynafi:ie  &  le  quinzième  de- 
puis Tamerlan  ;  &  c'ell  luy  que  nous  appelions  communément  le  grand  Mogol. 

MOGOLTHAI.  C'efl  le  furnom  d'A'laeddin  Ben  Kilig  Al  Mefri  ,  qui 
mourut  l'an  764  de  IHegire.  Nous  avons  de  luy  une  Vie  de  Mahomet  inti- 
tulée Efchai-at  ela  Sirat  Al   Moflafa. 

MOGREB  fi  logat.     Diftionnaire  Arabe,  compofé  par  Motharezzi. 

MO  H  A  LE  B.    lezid  ,  fils  de  Mohaleb,     C'eft  le  nom  d'un  Pei-fonnage  qui 
fe  révolta  dans  l'Iraque  Arabique  contre  le  Khalife  lezid,  fils  d'Abdalnielek,  dé. 
la  race  des  Ommiades,  l'an  loi  de  l'Hegirc. 

Cet  lezid  s'étoit  rendu  Vlaître  des  villes  de  Cùfah  &  de  Bafl'ora  ,  &  traînoit 
beaucoup  de  gens  à  fa  fuite.  Mais  il  fut  enfin  défait  par  les  Capitaines  du 
Khalife. 

Moavie,  fils  d'Iezid  &  petit-fils  de  Mohaleb  ,  ne  laifià  pas,  après  la  mort  de 
fon  père,  d'entretenir  un  fort  grand  parti  ,  que  l'on  nommoit  des  Mohalebi- 
tes,  qui  ne  peuvent  pas  palfer  pour  une  Dynallie  particulière  ,  le  foûtint  tou- 
jours, jufqu'à  ce  que  le  Khalife  lezid  envoya  contre  luy  Moficilemah,  fon  frè- 
re, qui.  reprit  les  villes  de  Cùfah  &  de  Ballorah  ,   &  contraignit'  enfin  Moaviè 

de 


64Z  M  O  H  A  L  E  B  I.        M  0  H  A  M  M  E  D. 

de  fe  réfugier  dans  le  Khouziflan  pour  palTer  de -là  aux  Indes.  Ce  fut  dans 
cette  fuite  que  Moavie  fut  atteint  par  les  troupes  de  MofTeïlemah ,  qui  le  maf- 
facrerent,  &  que  la  faftion  des  Mohalebites  fut  tout-à-fait  éteinte. 

MOHALEBI.  Voyez  \q  titre  d'Agani  kebir,  c'eft-à-dire ,  du  grand  Recueil 
des  Clianfons  d'Aboulfarage  Al  Esfahani. 

MOHAMMED  Aboulkaflem  Ben  A'bdalhh.  Mahomet,  Père  de  Caflem  & 
fils  d'A'bdalIah  ,  furnommé  ,  par  les  Mabometans  fimplement  &  abfolunient ,  Al 
Nabi  ,  le  Prophète. 

C'eft  le  fameux  Impofteur  Mahomet ,  Auteur  &  Fondateur  d'une  héreCe  , 
qui  a  pris  le  nom  de  Religion,  que  nous  appelions  Mahometane.  Voyez  le  ti- 
tre d'Eflam. 

Les  Interprètes  de  TAlcoran  &  autres  Douleurs  de  la  Loy  Mufulmane  ou 
Mahometane  ont  appliqué  à  ce  faux  Prophète  tous  les  éloges,  que  les  Ariens, 
Paulitiens  ou  Paulianiftes  &  autres  Hérétiques  ont  attribué  à  Jefus-Chrift  ,  en 
luy  ôtant  fa  Divinité  ;  car  ils  veulent  qu'il  Rit  été  créé  avant  tous  les  tems  , 
que  le  monde  n'ait  été  créé  que  pour  kiy,  &  qu'il  foit  enfin  le  feul  Médiateur 
entre  Dieu  &  les  hommes ,  fans  parler  de  la  plupart  des  Myffcères  particuliers 
de  fa  vie  qu'ils  luy  approprient. 

'  Ils  difent ,  que  la  première  cliofe  que  Dieu  créa  fut  la  lumière  ,  ce  qui  eft 
très-conforme  au  texte  flicré  ;  mais  ils  prétendent  que  cette  lumière  ,  qu'ils  ap- 
pellent Nour,  étoit  une  fubftance  dont  l'ame  de  Mahomet  fut  tirée,  &  enfuite 
celles  de  toutes  les  autres  Créatures,  parmi  lefquelles  les  Ames  des  Patriarches 
&  des  Prophètes  tiennent  le  premier  rang. 

Quant  à  l'origine  temporelle  de  Mahomet ,  les  Arabes ,  entre  lefquels  il  eft 
né  &  qui  font  les  peuples  les  plus  curieux  dans  la  recherche  de  leurs  Généalo- 
gies, difent  tous  unanimement  qu'il  étoit  fils  d'A'bdalIah,  petit-fils  d'Abdal  Moth- 
Icb  &  arrière  petit-fils  de  Hafchem. 

Ils  font  remonter  la  Généalogie  de  Hafchem  jufqu'à  Adnan,  &  d'Adnan  juf- 
qu'à  Ifmaël,  fils  d'Abraham.  Mais  ils  afllirent  en  même  tems  ,  que  la  defcen- 
dance  depuis  Adnan  jufqu'à  Mahomet  étant  très  -  certaine  &  confirmée  par  des 
Traditions  autcntiqucs  ,  on  ne  trouve  pas  la  même  certitude  en  remontant  de- 
puis Adnan  jufqu'à  Ifmaël. 

Mahomet  naquit  à  la  Mecque  ,  dans  une  famille  ou  Tribu  nommée  des  Co- 
raïfchites,  eftimée  des  plus  anciennes  &  des  plus  illuftres  du  pays,  &  qui  étoit 
diftinguée  par  la  Garde  &  par  l'Intendance  de  la  Câbah  ou  du  Temple ,  qui 
luy  étoit  confiée. 

Comme  les  Annales  d'Eutychius ,  les  Dynafties  d'Aboulfarage  &  l'Hiftoire  Sa- 
racenique  d'Erpenius  font  entre  les  mains  de  tout  le  monde ,  on  ne  dira  icy, 
que  fort  peu  de  ehofe  de  ce  qu'elles  contiennent  touchant  la  perfonne  de  Ma- 
lîomet. 

Il  .faut  remarquer  icy  d'abord,  pour  bien  entendre  l'Hilloire  Mahometane  & 
les  prétentions  de  divers  perfonnages  fur  la  fucceflion  de  Mahomet ,  qU'Aboul 
Mothleb,  fils  de  Hafchem,  grand-père  de  Mahomet,  eut  dix  enfans  mâles,  qui 
font  Hareth,  Gaïdac,  Abouléheb,  A'bdalkâbah,  Dheran,  Abbas,  Hazmah  ,  Zo- 
beÏL-,  Abouthaleb  &  A'bdallah. 
" ~  Abdallah, 


MOHAMMED.  <^^ 

Abdallah,  le  dixième  &  dernier  de  ces  enfans,  fut  pèce  de  Mahomet,  &  les 
neuf  autres  furent  par  conféquent  fes  Oncles  ,  entre  -  lefquels  Abouleheb  fut  fon 
plus  grand  &  plus  irréconciliable  ennemy. 

Abbas  le  fut  pendant  quelque  tems  &  même  luy  fit   la  guerre  ;  mais  enfin 
■  ayant  été  fait  pnTonnier ,   il  fe  réconcilia  avec  luy  &  embraifa  le  Mufulmanif- 
me.     C'eft  de  cet  Abbas  que   font  deCcendus  les  Khalifes  Abbaffîdes. 

Zobeïr,  qui  fut  toujours  attaché  à  fon  Neveu  ,  donna  lieu  aux  prétentions 
de  fon  fils  ,  nommé  Abdallah  ,  fils  de  Zobeïr ,  qui  fe  fit  proclamer  Khalife  à 
la  Mecque  &  à  Medine,  &  fut  reconnu  pour  tel  dans  toute  l'Arabie  ,  pendant 
que  les  premiers  Khalifes  de  la  Maiibn  d'Ommie  regnoient  en  Syrie  à  en 
Egypte. 

Abouthaleb,  neuvième  Oncle  de  Mahomet,  fut  père  d'Ali,  Mahomet  les  ai- 
ma chèrement  tous  deux  ,  &  choilit  enfin  Ali  pour  l'on  Gendre  ,  en  luy  don- 
nant  en  mariage  fa  fille  unique,  nommée  Fathimah. 

La  poflerité  de  tous  ces  enfans  d'Abdal  Mothleb  compofe  la  grande  &  illuf- 
tre  famille  des  Hafchemites  ,  ainfi  appellée  du  nom  de  Hafchem  ,  père  d'Abdal 
Mothleb  ;  &  le  fentiment  commun  de  tous  les  Mufulmans  a  été  toujours  ,  que 
le  Khalifat  ne  pouvoit  pas  fortir  de  cette  famille,  laquelle  feule  y  avoit  droit. 
C'cfl  pourquoy  les  Khalifes  Ommiades  ,  qui  n'en  étoient  pas  ,  ont  toujours  été 
regardez  par  les  Hafchemites  comme  les  ufurpateurs  d'un  Etat  qui  ne  pouvoit 
pas  fortir  de  leur  famille. 

L'on  ne  parlera  icy  de  la  Loi  publiée  par  Mahomet  ,  que  pour  renvoyer  le 
Ledeur  au  titre  de  l'Alcoran ,  ni  de  fa  fuite  ou  expulfîon  de  la  Ville  de  la 
Mecque ,  que  pour  indiquer  le  titre  d'Hegerat  ou  Hégire.  On  a  parlé  auffi  am- 
plement de  fes  miracles  fuppofez  dans  le  titre  d'Aïat  ,  &  enfin  ,  l'on  trouvera 
dans  tout  cet  Ouvrage  plufieurs  autres  titres,  dans  lefquels  l'ignorance  &  l'Im- 
pofture  de  ce  faux  Prophète  font  découvertes  &  réfutées. 

Pour  ce  qui  regarde  l'ignorance  de  Mahomet,  outre  les  exemples  qui  en  font 
alléguez  en  plufieurs  endroits  de  cet  Ouvrage  ,  on  ne  doit  pas  oublier  le  té- 
moignage que  Mahomet  luy-même  en  porte  dans  fon  Alcoran,  au  Chapitre  in- 
titulé Aâraf ,  où  il  fait  dire  à  Dieu ,  qu'il  fera  miféricorde  à  tous  ceux  qui  vi- 
vent pieufement ,  qui  donnent  la  dixme  de  leurs  biens  aux  pauvres  ,,  qui  cro- 
yent  avtx  faintes  Ecritures ,  &  qui  enfin  fuivent  l'Envoyé  de  Dieu  ,  qui  ell  un 
Prophète  ignorant.  Les  termes  Arabes  font  :  letbâoim  alrajjoul  Al  Nabbi  aîomni. 
Et  cet  endroit  n'efl  pas  le  feul  dans  lequel  Mahomet  fe  qualifie  du  titre  d'Om- 
mi,  que  tous  les  Interprètes  de  l'Alcoran  difent  fignifier  un  homme  qui  ne  fcaic 
ni  lire ,  ni  écrire ,  &  tel  ,  pour  ainfi  dire  ,  qu'il  étoit  lorfqu'il  fortit  du  ventre 
de  fa  mère.  Car  ce  mot  d'Ommi  cft  dérivé  de  celuy  de  0mm ,  qui  fif^nifie  en 
Arabe  une  Mère.  '^ 

C'eft  ce  qui  fait  dire  aux  mêmes  Interprètes ,  qu'un  des  plus  grands  miracles 
de  Mahomet  efl  qu'étant  un  Ommi ,  c'efi:-à-dire  ,  tel  qu'il  a  été  dit ,  il  écrivit 
avec  tant  de  pohtefie  &  parla  avec  tant  d'éloquence.  Surquoy  un  Poëte  Per- 
fien  a  fait  un  pifi:ique,  dans  lequel,  parlant  de  Mahomet,  il  dit  :  Mon  bien- 
aimé  n'a  jamais  été  à  l'école  &  n'a  jamais  fçû  écrire  une  feule  ligne,  &  ce. 
pendant ,  il  fçait  refoudre  ,  d'un  feul  clin  d'œil  ,  toutes  les  plus  grandes  diffi- 
cultez.  ■ 

Il  eft  vray  cependant  que  quelques  Interprètes ,  qui  ont  voulu  forcer  le  fens 
naturel  de  l'Alcoran  pour  donner  plus  de  relief  à  leur  Prophète  ,  ont  avancé 
.    Tome  IL  N  n  n  h  que 


^5<a  M  0  H  A  M  M  E  ÎX 

que  le  mot  Ommi  fignific  aiifli  le  Principe  &  l'Origine  dé  toutes  les  chofes  ^ 
ce  qu'ils  prétendent  prouver,  mais  inutilement,  par  les  mots  Omm'Alcora,  qui 
fit^miicnt  la  Mère  des  Villes  ou  la  Métropole,  ( c'efl-à-dire ,  la  Ville  de  la  Mec- 
que) &  Omni  alketab,  la  Mère  des  Livres,  c'eft-à-dire,  la  Table  des  Décrets 
divins,  qui  eit  l'Origine  de  toutes  les  Ecritures  &  de  tous  les  Livres. 

Il  y  a  à  la  fin  du  Verfet  de  l'Alcoran  ,  qui  a  déjà  été  cité  ,  que  ceux  qui 
fiiivront  ce  Prop'nete  idiot  &  ignorant ,  trouveront  fon  nom  écrit  dans  la  Loy 
&  dans  l'Evangile,  c'elt-à-dire  ,  dans  l'Ancien  &  dans  le  Nouveau  Teftament. . 
Voicy  les  termes  Arabiques  :  legs  donnho  inektouhan  ândhom  fil  tauriat  oualengil. 
Et  c'ed  icy  l'impolture  la  plus  groffièrc  dont  ce  faux  Prophète  s'effc  fervi ,  pour 
perfuader  aux  Juifs  &  aux  Chrétiens  la  vérité  de  fa  Miflîon. 

Les  Interprètes  de  ce  paffage  ,  pour  favorifer  &  foûtenir  un  menfonge  auflî 
impudent,  difcnt,  fans  citer  ce  lieu,  que  le  paffage  du  Vieux  Teftament  eft  ce- 
luy-cy;  Ahmà  aldhmuk  alkatal  ïerhb  albaïr  ouïalbas  alfcbamlat,  c'eft-à-dire,  Ah- 
med ou  Mohammed,  car  ces  deux  noms  fignifiant  la  même  chofe,  fe  prennent 
aufîî  pour  le  même  nom ,  aura  un  vifage  riant  ,  fera  un  grand  Guerrier,  mon- 
tera fur  un  chameau  &;  fera  vêtu  d'un  habit  fait  d'une  feule  pièce,  qui  luy  cou-- 
vrira  tout  le  corps. 

Ce  Verfet  ne  fe  trouve  conçu  en  propres  termes  en  aucun  Livre  de  l'An- 
cien Teftament ,  &  femble  avoir  été  coufu  de  divers  endroits  des  Prophètes,  Et 
quand  bien  même  il  s'y  trouveroit  tel  qu'il  eft ,  comme  le  mot  d'Ahmed  figni- 
iic  loué  ou  louable ,  defiré  ou  defirable ,  &  que  c'eft  un  mot  Arabe  &  non  pas 
Hébreu,  la  fignification  de  ce  mot  ne  pourroit  jamais  tomber  fur  ce  faux  Pro- 
phète ;  mais  feulement  fur  le  Meflie ,  qui  eft  appelle  par  les  Prophètes  le  defiré 
des  Nations. 

Quant  au  paffage  de  l'Evangile,  où  ces  Interprètes  difent,  que  le  nom  de  Ma- 
homet fe  trouve,  le  voicy  tel  qu'ils  le  citent:  Enni  dhaheb  ela  rabbi  v  rabbekom 
ulfaraclita  gia  bûakher ,  c'eft-à-dire,  je  m'en  vais  vers  mon  Seigneur  &  le  vôtre, 
&- le  Paraclet  viendra  à  la  fin,  ou  après  moy,  &  ils  prétendent,  que. le  mot  Fa- 
raclita  figniiie  la  même  chofe  que  Mohammed. 

Cecy  eft  fondé  fur  ce  que  quelques  demy-fçavans  parmy  eux  ont  crû,  que 
ee  mot  Faraclita  étoit  tiré  du  Grec  TvifUxinoç  ,  qui  fignifîe  illuftre  &  digne  de 
louange,  &  non  de  irxfXKMroi  ou  5r«p«'HA>jT0f,  qui  fignifie  Confolateur  ou  Avocat. 
Ma'is  cette  explication,  bien -loin  d'être  reçue  des  plus  habiles  Mahometans  , 
eft  abfolument  rejettée  par  l'Auteur  du  Livre  intitulé  Tebian,  qui  dit,  que  le 
nom  de  Faraclita  en  Syriaque  fignifie  la  même  choie  que  Mehaiia  &  Menakhmia 
dans  la  même  langue,  c'eft-à-dire,  Vivifiant  &  Confolateur,  laquelle  fignifica- 
tion ne  convient  nullement,  ni  à  Ahmed,  ni  à  Mohamm.ed. 

Mahomet  cependant  à  voulu  fortifier  cette  créance ,  de  laquelle  dépendoient 
effeftivement  toute  la  certitude  &  la  vérité  de  fa  Miffion  ,  dans  un  autre  Cha- 
pitre de  fon  Alcoran  ,  qui  eft  intitulé  Sourat  Saf ,  où  il  fait  dire  à  Jefus-Chrifi 
les  paroles  fuivantes,  en  s'addrelTant  aux  Juifs:  0  Enfans  dlfraël^  je  fuis  ce  luy 
que  Dieu  vous  -a  envoyé ,  pour  vérifier  ^  pour  accomplir  tout  ce  qui  vous  a  été  re- 
yelé  avant  moy  dans  la  Loy  Mofaïque  ,  ^  peur  vous  annoncer  un  autre  Envoyé, 
qui  doit  venir  après  moy  S  qvÀ  portera  le  nom  d'Ahmed.  Les  termes  Arabiques 
•font  :  la  ,  béni  Ifraël ,  enni  Rajfoul  allait  elt'ikom  Mofiaddakan  lema  behi  ïedi  men 
ajtauriat  v  Mobaffichcrvn  beraffoul  ïati  baddi,  efinho  Ahmed. 

Mais  il  paroît  ^  par  ce  qui»  a  été  marqué  cy-devant  j  que  Li  preuve  de  tout 

ce 


MOHAMMED.  5jj 

-ce  qu'il  avance  pour  autorifer  fa  Miflîon  ,  ne  fc  trouve  point  dans  les  Ecritu- 
res auxquelles  il  renvoyé  fcs  difciples  ,  &  par  coniequent ,  que  fon  Alcoran 
n'étant  qu'un  tilHi  d'impoftures  fort  groflîères  qui  fe  détruifent  d'elles-mêmes, 
ne  peut  faire  impreffion  fur  l'efprit  d'aucun  homme ,  pour  peu  qu'il  veuille  fe 
fervir  des  lumières  de  fa  raifon. 

Les  Dotleurs  Myftiques  des  Mufulmans  ne  s'arrêtent  point  aux  concluHons  , 
ni  aux  décifions  que  leurs  Tliéologiens  Scholafliques  prononcent  fur  la  Prophé- 
tie &  fur  la  Million  de  Mahomet,  ni  à  l'autorité  des  preuves  qu'ils  prétendent 
tirer  des  Livres  facrez.  Ils  prennent  leur  vol  bien  plus  haut.  Car  nous  lifons 
dans  le  Bahar  alhacaik ,  &  dans  le  Mcthneui,  que  Dieu  a  eu  en  vue,  avant  la 
Création  du  monde  ,  l'idée  de  Mahomet ,  qu'ils  appellent  une  fubflance  fpiri- 
tuelle  &  luraineufe,  laquelle  jetta  trois  rayons. 

Du  premier  de  ces  rayons,  le  Ciel  Empyrée  ,  qui  efl  le  Trône  de  Dieu  en- 
touré des  Intelligences  feparécs  ,  &  la  Table  ou  Livre  oti  font  écrits  les  Dé- 
crets divins,  qui  regardent  le  gouvernement  du  monde  ,  ont  été  créés. 

Le  Monde  tel  que  nous  le  voyons ,  c'eft-à-dire  ,  les  Cieus  ,  les  Aftres  &  les 
Elémens  fortirent  du  fécond  rayon. 

Et  le  troifième  produifit  Adam  &  toute  fa  poflcrité.  'Voilà  donc  les  trois 
moi^des;  à  fçavoir,  l'Intelligible,  le  Celelte  &  le  Sublunaire,  émanez  de  cotte 
lumière  Mohammcdique,  (comme  les  Mufulmans  l'appellent)  &  qui  par  confé- 
quent  eft  une  liaifon,  &  un  rapport  nécelTaire  avec  ce  faux  Prophète. 

L'Auteur  du  Nacdalnoffous  poulfe  fon  extravagance  encore  plus  loin,  car  il 
dit,  que  Dieu  étant  le  Principe  &  la  P"in  de  la  création  de  toutes  chofes,  par- 
ce qu'il  eft  la  fouveraine  vérité;  &  la  vérité  de  Mahomet  étant  l'image  de  l'u- 
nique vray,  (Mohammed  Hakk ,  Mahomet  efl  vray,  difcnt  les  Mahometans,) 
il  s'enfuit  néceffairement ,  que  Mahomet  renferme  dans  fa  perfonne  toutes  les 
perfe6lions  créées  &  incréées ,  qu'il  tient  la  balance  de  toutes  les  proportions 
&  de  tous  les  rapports  qui  font  dans  les  trois  natures,  Angélique,  Humaine  & 
Animale.  Le  Monde  entier  n'eft  qu'un  écoulement  &  une  participation  de  fes 
qualitez,  &  tous  les  hommes  en  particulier  font  devenus  à  fon  égard,  comme 
des  fujets  conquis  &  alfervis  par  la  communication  de  fes  grâces. 

Mahomet  luy- même  a  eu  l'impudence  de  dire  hautement ,  Anna  f ci d  vekd 
Adam,  je  fuis  le  Seigneur  des  enfms  d'Adam.  Et  ces  autres  paroles,  /idam  v 
man  dounho  taJit  levait  :  Adam  &  toute  fa  poftcrité  doit  combattre  fous  mon 
étendart. 

Entre  les  affions  mémorables  de  Mahomet  que  fes  Seftateurs  font  pafTer  pour 
miracles,  outre  celles,  qui  ont  été  déjà  rapportées  au  titre  de  Aiât,  les  batail- 
les  qu'il  a  données,  foit  en  attaquant,  foit  en  fe  défendant,  leur  en  fourniifent 
un  grand  nombre.  J'ay  crû  en  devoir  remarquer  icy  quelques-unes ,  pour  faire 
connoître  plus  particulièrement  le  caraàlère  de  ce  faux  Prophète ,  duquel  on  ne 
nous  a  donné  jufques  icy  qu'une  idée  imparfaite. 

Dans  la  Journée  ou  Bataille,  appellée  de  Bedre,  que  les  premiers  Mufulmans 
donnèrent  contre  les  Mecquois  ,  qui  venoient  au  -  devant  d'une  Caravane  de 
leurs  Marchands ,  chargez  de  riches  marchandifes  achetées  en  SjTic  ,  les  fenti- 
mens  des  Chefs  Mufulmans  fe  trouvèrent  partagez  touchant  la  manière  de  l'at- 
taque.  Car  le  plus  grand  nombre  vouloir ,  que  l'on  fe  content.t  d'enlever 
la  Caravane  des  ennemis  pour  en  profiter  ,  (ans  fe  mettre  en  peine  de  conibat- 
■tre  leur  armée  ;  mais  Mahomet  qui  préfcroit  la  défaite  des  infidèles ,  qu'il  ap- 

N  n  n  n  2  pelloit 


6S^  M  0  H  A  M  M  E  D. 

pelloit  les  ennemis  de  Dieu  ,   au  riche  butin  qui  s'offroit  à  eux ,  voulut  abfa- 
iument  que  l'on  livrâc  bataille  aux  Mecquois. 

Ceux-cy  ,  dont  le  nombre  furpalToit  de  beaucoup  lès  troupes  des  Mèdinois 
qui  combattoient  pour  Mahomet,  firent  d  abord  un  fi  grand  etfort,  qu'ils  firent 
plier  leurs  ennemis.  Ce  delavantage  obligea  Mahomet ,  qui  craignoit  pour  le 
fuccez  du  combat,  de  faire  cette  prière:  AUahom  engiz  Lima  vâdatni,  Seigneur  y 
accompliffez  ce  que  vous  ni  avez  promis ,  &  aufli-tôt  Gabriel  luy  apparut  &  luy  dit 
de  la  part  de  Dieu  :  Prens  une  poignée  de  pouffière  &  jette-la  du  côté  de  tes 
ennemis.  Mahomet  le  fit  en  prononçant  ces  paroles:  Schahat  alvgiuh:  Oue  leurs 
faces  foimt  chargées  de  eonfufim.  Et  il  ne  les  eut  pas  plutôt  dites ,  qîie  cette 
pouffière  leur  couvrit  entièrement  le  vifage ,  &  leur  ôta  ablblument  le  moyen 
de  combattre. 

Les  troupes  de  Mahomet  chargèrent  fort  rudement  leurs  ennemis  ,  d'autant 
plus  facilement  qu'ils  étoient  précédez  par  plufieurs  Anges ,  qui  occupoient  lés 
premiers  rangs,  &  remportèrent  par  ce  moyen  une  viftoire  très-complette.  Les 
Mecquois  eurent  foixante  &  dix  de  leurs  principaux  Officiers  de  tuez  ^  &  il  y 
en  eut  autant  qui  furent  faits  prifonniers. 

Les  foldats  Mahomctans  enflez  du  fuccez  de  cette   viftoire  ,    qui   fut  la  pre-- 
mière  &.  la  plus  importante  pour  l'établillement  des  aff'aires  de  Mahomet  &  du 
Mufulmanifme,  fe  vantoient  chacun  d'eux  après  le  combat  d'avoir  tué.,  ou  d'a- 
voir pris  plufieurs  de  leurs  ennemis  ;    mais  Mahomet  ,  qui  voulut  paroître  plus 
modéré  >5c  reprimer  la  vanité  des  fiéns  ,  publia  auffi-tôt  ce  verfet  de  l'Alcoran ,  . 
qui  fe  lit  dans  le  Chapitre  Anfàl  ou  des  Dépouilles.     Ce  rî'eji  pas  toy  qui  as  dé- 
fait tes  ennemis  ,  c'eji  Dieu  qui  les  a    défaits,    6f   lorfquil  te  fenible ,    6  Mahomet,  . 
que  tu  as  jette  aux  yeux  de  tes  ennemis  cette  poujjïère,   ce  n'ejî  pas  toy  qui  fas  jet- 
tée,  mais  c'efl  Dieu  qui  l'a  jettée. 

Il  ne  fera  pas  hors  de  propos  de  rapporter  iey  les  fentimens  des   Interprètes 
Mufulmans  fur  les  dernières  paroles  de  ce  verfet  :    Ce  n'eji  pas  toy  .qui  as  jette 
■cette  poujfière,  quand  tu  l'as  jettée.     Pourquoy,   difent-ils,  c'cfl  que  cette  pouffiè- ■ 
re  n'étoit  pas  en  état,  par  la  prop^^e  aftion  de  Mahomet  ,  de  couvrir  le  vifage 
<îe  tous  fes  ennemis;  mais  c'efb.de  Dieu  qu'elle  a  tii'é  cette  force  ;   car  l'aélion  • 
cft  attribuée  k  l'homme  par  voye  de  kebs,  c'efl^à-dire ,  d'acquifition  ou  démé- 
rite; mais  elle  doit  être  rapportée  à  Dieu,    comme.à  .celuy  qui  la  crée  &  qui 
la  produit  dans  l'homme.    L  Auteur  des  Taoujlat  dit  fur  ce  pafl^age  ,  que  Dieu 
a  fait  connoître,    par  cette  façon  de  parler  à  Mahomet. &.  à  fes   difciples ,  la 
voye  de  l'anéantiflement  que  nous  devons  faire  de  toutes  nos  a6lions,  en  nous 
dépouillant  de  la  propriété  de  ces  mêmes  aélions  &  les  attribuant  à  Dieu  ;  car 
ce  n'eft  pas  vous  qui- les  avez  défaits  ces  ennemis,  mais  c'eft  moy ,  dit  le  Sei- 
gneur.   Et  d'un  autre  côté.,   il  nous  enieigne  l'état  d'union  étroite  dans  lequel 
le  Fidèle  eil  avec  luy,  en  le  dépouillant  de  fon  aébion  propre,  «Se  la  luy  ren-  - 
dant  auffi-tôt ,  lorfqu'il  dit:  Ce  n'ejî  pas  toy  qui  as  jette,  quand  tu.  as  jette. 

L'Auteur  des  Fetouhât ,  qui  voit  fort  bien  où  va  la  conféquence  de  cette 
propofition  ,  dit,  que  l'homme  en  agilTant  ell  véritablement  la  caufe  de  fon 
aôlion  par  l'ordre  de  Dieu,  qui  luy  a  donné  des  mains  &  àts  pieds  pour  agir; 
mais  que  lorfque  le  Soigneur  dit,  ce  n'eil;  pas  toy  qui  as  jette  ,  il  fait  ,  que 
l'homme  n'eft  plus  la  caule  de  fon  aftion,  non  pas  par  nature  &  par  fon  prin- 
cipe ,,  mais  par.  un  autre  ordre  fingulier  &  fpécial ,  qui  .ne  regarde  jamais  les 

com- 


MOHAMMED.  (^5,3 

èommandômens  d'obligation;  mais  feulement,  les  chofes  ou  indifférentes ,  ou  de 
furerogation.     Tel  cfl  le  fentiment  de  ce  Dofteur. 

Mais  celui  de  l'Auteur  du  Livre  Nafehât  alvns,  dit  que  ces  paroles:  Tuii'as 
pas  jette  ,  quand  tu  as  jette  ;  mais  c'eji  moy  qui  ay  jette  ,  font  voir  feulement 
l'excellence  de  Ja  vertu  de  Mahomet,  dont  toutes  les  aftions  étoient  Deifomies , 
parce  qu'il  étoit  entièrement  abimé  dans  la  Divinité  par  la  deftruélion  de  fon 
propre  eilre  ,  &  c'eft  la  différence  qu'il  y  a  entre  luy  &  les  autres  Prophètes, 
pourfuit-il  avec  beaucoup  d'impiété,  car  quand  Dieu  parle  de  David,  il  dit: 
David  tua,  Goliath,  au  lieu  que  Dieu  dit  ici:  Ce  n'efl  pas  toy  qui  as  défait  tes 
ennemis,  mais  c'eil  moy  qui  les  ay  défaits. 

Le  Methnevi  explique  fort  nettement  &  fort  élégamment  fa  penfée  fur  ce 
vcrfet ,  dans  des  vers  dont  voici  le  fens:  Dieu  dit  à  Mahomet:  Ce  nejl  pas  toy 
qui  as  jette  quand  tu  as  jette;  car  il  faut  que  l'aftion  de  Dieu  précède  la  nôtre. 
Lorfque  nous  tirons  une  flèche ,  cette  aéiion  ne  vient  pas  de  nous  ,  nous  ne 
forames  que  l'arc  ,  c'eft  Dieu  qui  eft  l'Archer.  Jufques  à  ce  que  l'efprit  de 
l'homme  foit  entièrement  dompté,  il  ne  comprend  pas  ce  fecret  ;  mais  s'il  veut 
arriver  à  le  comprendre ,  il  n'y  a  point  de  temps  à  perdre  j  il  faut  qu'il  fe 
dipêche.. 

Houffain  Vaêz  après  un  ferieux  examen  de  tous  ces  paffages ,  conclud  que 
fuivant  le  fentiment  de  ces  deux  derniers  Auteurs  ,  le  fens  de  ce  verfet  de 
l'Alcoran  ne  tombe  pas  feulement  fur  les  chofes  indifférentes  ,- ou  de  fureroga- 
tion ;  mais  encore ,  fur  celles  qui  font  neceffaires  &  d'obligation ,  &  c'eft  cette 
opinion  qui  eft  eftimée  la  plus  orthodoxe,  &  la  plus  généralement  fuivie  parmi  les 
Mahometans. 

Les  Mahometans  qui  reconnoiffent ,  de  même  que  les  Juifs  &  les  Chrétiens, 
que  Dieu  eft  le  Dieu  des  Batailles,  &  que  lui  feul,  &  que  non  point  le  nom- 
bre, ni  la  valeur  des  troupes,  donne  la  victoire  à  qui  i!  lui  plaît,  racontent  à 
ce  propos  ce  qui  arriva  à  Mahomet  dans  la  bataille  de  Giuneïn  après  la  prife 
de  la  Mecque. 

Mahomet  ayant  appris -que  les  Tribus  de  Haouazen  &  de  Thekif  marchoient 
au  nombre  de  quatre  mille  hommes  pour  l'attaquer,  alla  au  devant  d'eux  avec 
douze  mille,  ce  qui  fit  dire  à  un  des  fiens,  ces  paroles:  En  tegajlub  clioum  men 
killat  :  le  petit  jiombre  fera  feurement  battu  aujourd'huy  par  le  plus  grand.  Ce  dif- 
cours  plein  d'une  vaine  complailànce  &  d'une  confiance  téméraire  fur  fes  pro- 
pres forces  fut  condamné  par  Mahomet,  &  il  arriva  en  effet  que  le  petit  nom- 
bre défit  &  mit  d'abord  en  fuite  le  plus  grand  ,  comme  il  eft  porté  expreffe- • 
ment  dans  le  Chapitre  Taoubat  ,  ou  de  la  pénitence  en  ces  termes  :  Dans  la 
bataille  de  Giuneïn  vous  admiriez  vos  forces  qui  étaient  beaucoup  fuperieures  à  celles 
de  vos  ennemis  ,•  cepe?idant ,  elles  n"" empêchèrent  pas  que  vous  ne  fujjïez  battus.  Le 
terrain  que  vous  ne  croyez  pas  avoir  affez  d'' étendue.,  fe  rétrejfit  pour  vôtre  fuite.  ■ 
Mais  lorfque  vous  eûtes  recours  à  Dieu  ,  il  vous  donna  etifin  la  victoire,  . 

La  déroute  des  Mahometans  fut  fi  grande  effeftiveraent •  en  cette  journée,  > 
qu'il  ne  demeura  que  quatre  feules  perlbnnes  auprès  de  Mahomet,  à  fçavoir, 
Ali ,  Abbas  ,  Aboufofian  &  A  bdallah.  Mahomet  qui  n'étoit  pour  lors  monté 
que  fur  une  mule,  voyant  les  ennemis  fondre  fur  lui  de  tous  cotez  voulut  fe 
jetter  au  milieu  d'eux ,  en  difant  ces  paroles  pour  les  intimider  :  Ana  Al  Nabi 
la  kedheb  ana  ebn  Abdel  Mothleb.  Je  fuis  le  Frophetd  qui  ne  ment  point  ,  je 
fuis  le  fils.. d'Abdel  Mothkb.    Car  il  faut  remarquer  ici  que  fes  ennemis  lui  don-- 

N  n  n  n  3.  noient-^ 


^54  MOHAMMED. 

noient  le  titre  qu'il  meritoit ,  en  l'appellant  Al  Nabi  alkedheb  ,  c'eft-à-dire,  le 
Prophète  menteur,  &  que  lui  au  contraire  fe  qualifia.  Al  Nabi  la  Kedheb,  le 
Prophète  qui  ne  ment  point,  pour  les  épouvanter  davantage. 

Cependant,  les  quatre  perfonnes  qui  étoient  demeurées  auprès  de  lui,  &  qui 

ne  vouloient  point  tant  de  bravoure  dans  leur  Prophète,  l'arrêtèrent  &  empêche- 

rent  qu'il  ne  s'engageât  plus  avant ,   comme  il  vouloit  faire  ,   dans  le  gros  des 

•ennemis,  louant  la  valeur  incomparable  de  ce  que  le  jour  d'une  bataille  il  avoit 

pris  une  monture  de  fi  peu  de  deffenfe,  telle  qu'étoit  une  mule. 

Mahomet  fe  voyant  arrêté  dit  à  Abbas:  Puifque  vous  ne  voulez  pas  que  je 
me  jette  dans  la  mêlée,  rappeliez  donc  les  fuyards.  Ce  fut  alors  qu' Abbas ,  qui 
furpafîbit  en  force  de  voix  tous  les  fiens,  commença  à  crier  à  gorge  déployée: 
Où  allez-vous  ferviteurs  de  Dieu?  Son  Envoyé  ejt  icy.  Fous  qui  faites  paître  Cjka- 
cie  à  vos  Chameaux,  âf  qui  êtes  ce  peuple  fidèle,  duquel  il  eJt  parlé  dans  le  Livre 
de  Dieu:  Fous  en  faveur  de  qui  les  promejfcs  du  ciel  ont  Hé  faites  ;  vous  fuyez! 
A  cette  voix,  il  y  eut  environ  cent  des  fuyards  qui  tournèrent  vifage,  &  qui 
vinrent  fe  rendre  auprès  de  leur  General ,  qui  leur  ayant  remis  le  cœur  au  ven- 
tre ,  les  fit  retourner  à  la  charge.  Mais  le  nombre  étoit  fi  inégal  qu'ils  auroient 
été  taillez  en  pièces  fans  rinfpiration  que  Mahomet  eut  de  reciter  la  prière  que 
fit  Moyfe,  lorfquil  fendit  la  Mer  rouge  pour  donner  paflage-  aux  Ifraëlites. 
Cette  prière  eft:  Seigneur,  vous  êtes  f cul  digne  de  loûaiige,  vous  êtes  le  refuge  des 
affligez ,  6?  vous  fecourez  infailliblement  ceux  qui  vous  invoquent. 

Mahomet  ayant  fait  cette  prière  defcendit  de  fa  mule  &  prit  une  poignée  de 
fable  qu'il  jetta  vers  fes  ennemis  en  prononçant  ces  paroles  :  Que  leurs  vifages 
fuient  couverts  de  honte  çf  de  çonfujlon.  Après  quoy  il  ajouta  celles-ci:  I^uyez, 
c'efl  le  Dieu  de  Mahomet  qui  vous  le  commande.  Ces  paroles  ne  furent  pas  pluftôt 
dites  que  les  yeux  &  les  bouches  de  ces  infidelles  furent  incontinent  remplis 
de  fable,  ce  qui  les  mit  tout  à  f;iit  hors  de  combat,  &  fut  caule  par  confe- 
quent  de  leur  entière  défaite. 

Le  texte  de  l'Alcoran  porte:  Dieu  envoya  fur  fon  Prophète,  ^  fur  les  Fidèles 
fa  mifericorde ,  en  faifant  defcendre  du  ciel  fon  efprit  avec  des  troupes  invifibles  d'An- 
ges qui  les  fecoururent ,  ^  une  punition  tres-fevere  fur  les  infidelles;  car  telle  efl  la 
rétribution  que  les  uns  ^  les  autres  doivent  attendre.  Les  Interprètes  ajoutent  du 
leur ,  que  ces  Anges  étoient  vêtus  de  blanc  ,  portans  des  Tiares  fur  leurs  têtes 
&  des  baudriers  fur  leurs  épaules  de  couleur  de  feu  ,  montez  fur  des  chevaux 
pies,  marquez  de  différentes  couleurs. 

La  punition  de  ces  Infidèles  fut  grande ,  car  les  Mufulmans ,  après  avoir  pafTé 
par  le  fil  de  l'épée ,  tous  ceux  qui  portoient  les  armes ,  firent  fix  mille  efclavés 
de  leurs  femmes  &  enfans,  gagnèrent  vingt-quatre  mille  chameaux,  &  quarante 
,millc  moutons,  outre  quatre  mille  onces  d'argent,  qui  étoit  une  très -grande 
fomme  parmi  les  Arabes  du  defert  ou  champêtres,  tels  qu'étoient  ceux-là.  Les 
mêmes  Interprètes  remarquent  que  de  ceux  qui  relièrent  de  ces  deux  Tribus  fi 
maltraittées ,  plufieurs  embralTerent  le  Mufulmanifme.  Car  il  eft  dit  dans  la  fuite 
du  texte  de  ce  Chapitre  ,  que  Dieu  après  cela  accorda  le  don  de  pénitence, 
c'efl-à-dire ,  fit  grâce  à  ceux  qu'il  lui  plut. 

Nous  n'aurions  jamais  fait ,  fi  nous  entreprenions  de  rapporter  toutes  les  ac- 
tions merveilleufes  que  les  Mahometans  attribuent  faulfement  à  Mahomet.  Nous 
dirons  icy  feulement  qu'il  paroît  par  plufîeurs  titres  de  cet  Ouvrage,  qu'ils  ont 
atFecté  de  dire  de  luy  prefque  toutes  les  chofes  que  les  Prophètes  ont  dites  du 
-,  Melîie. 


MOHAMMED.  g^^ 

Meflie.    Car  ils  veulent ,  que  fa  venue  ait  été  prédite  dès  le  tems   de  Sapor 
furnommé  DhouPaktaf,  Roy  de  Perfe  de  la  Dynaftie  des  Salïlinides,  &  qu'il  ait 
fait  celTer  entièrement  les  Oracles  ,  par  fa  venue  au  Monde  &  par  fa  prédica- 
tion. 

Les  mêmes  Mahometans  veulent  auflî ,  qu'il  ait  été  garanti  du  péché  oric^inel 
&  de  la  concupifcence ,  auffi-bien  quilîa  &  Miriam  ,  c'eft-à-dire,  Jefus  &  fa 
Mère ,  par  l'Ange  Gabriel ,  uns  la  cérémonie ,  ou ,  pour  mieux  dire ,  fans  le  Sa- 
.  crément  du  Baptême,  Cependant  les  Mahometans  mêmes  avouent  qu'il  a  eu 
vingt  &  une  femmes ,  quoique  la  Loy  n'en  permette  que  quatre.  De  ces  vingt 
&  une  femmes,  il  en  répudia  fix,  &  cinq  moururent  avant  luy,  de  forte  qu'il 
luy  en  relia  encore  dix,  auxquelles  il  donnoit  à  chacune  une  nuit,  &  l'on  dit, 
qu'A  ïfchah  en  avoit  deux  ,  parce  que  Soudah  ,  la  dernière  de  toutes  fes  fem- 
mes, luy  avoit  cédé  la  fienne. 

Ans  Hen  Malek  rapporte  une  Tradition^  par  laquelle  il  paroît  que  Mahomet 
fe  vantoit  de  quatre  avantages  qu'il  avoit  au-defllis  de  tous  les  autres  hommes; 
car  il  prétcndoit  les  furpaifer  tous  en  valeur,  en  libéralité,  en  force  de  poignet 
&  en  vigueur  dans  le  mariage.  Mais  fi  les  Ai-abes  ont  blâmé  fes  moeurs  ,"  ils 
n'ont  pas  épargné  fa  Religion  qu'ils  ont  traitée  d'impofture,  donnant  à  fon  Au- 
teur les  furnoms  de  Sabi,  de  Zendik  &  de  Megioufch  ,  ceft-à-dire,  d'homme 
qui  avoit  fait  un  mélange  de  pluficurs  Religions  différentes  ,  &  qui  par  confé- 
quent  n'en  avoit  aucune. 

Ils  l'ont  traité  d'homme  léger  &  inconfiant  dans  la  promulgation  de  fa  loi, 
comme  ayant  ftatué  des  choies  qu'il  abrogeoit  dans  la  fuite,  tel  que  l'établiffe- 
ment  du  khebleh,  c'eft-à-dire,  du  lieu  vers  lequel  on  fe  doit  tourner  dans  la 
prière,  l'ayant  fixé  d'abord  au  Temple  de  Hicrufalem ,  &  l'ayant  depuis  tranf- 
porté  à  celuy  de  la  Mecque.  Il  défend  de  contraindre  perfonne  dans  fa  Reli- 
gion ,  puis  il  commande  cnfuite  que  Ton  faffe  la  guei-re  aux  infidèles ,  &  ne 
permet  pas  que  les  fiens  puiffent  faire  aucune  paix  avec  eux  ;  mais  feulement 
des  fufpenfions  ou  des  trêves.  Il  cite  prefque  par-tout  l'Ancien  &  le  Nouveau- 
Teflament  pour  autorifer  fa  doflrine  ,  &  cependant  il  a  abrogé  l'un  &  l'autre  y 
félon  le  fentiment  univerfel  des  Mufulmans,  fous  prétexte  de  corruption,  quoi- 
que nous  ayons  encore  aujourd'huy  les  mêmes  textes ,  qui  étoient  entre  les  mains 
des  Juifs  &  des  Chrétiens ,  quand  il  publia  fon  Alcoran. 

Il  fe  contredit  luy-mêrae  fur  le  fujet  de  la  création  du  Monde ,  &  prefque 
dans  toutes  les  hilloires  qu'il  rapporte  de  l'un  ou  de  l'autre  de  ces  Livres  ,  & 
enfin  ,  quoiqu'il  ait  exterminé  les  Idoles  ,  il  a  cependant  retenu  toutes  les  cé- 
rémonies ,  que  les  Idolâtres  pratiquoient  dans  le  culte  du  Temple  de  la  Mecque. 

C'efl  ce  qui  fait  que  les  Mahometans  même,  qui  l'exemptent  du  péché  oà- 
ginel ,  avouent  qu'il  n'étoit  pas  impeccable  ,  &  Soiouthi  a  compofé  un  Livre  , 
intitulé  Al  Moharrar,  dans  lequel  il  avance  que  Dieu  a  pardonné  à  Mahomet,  dans 
un  certain  temps  qu'il  marque,  non  feulement  les  fautes  qu'il  avoit  commîtes,  mais 
encore  celles  qu'il  pouvoit  commettre  ,  nonobftant  quoy  Mahomet ,  prefTé  par 
les  remors  de  fa  confcience  -  difoit  fouvent  ,  qu'il  craignoit  la  réprobation  ,  & 
que  le  Chapitre  Houd  ,  qui  efl  un  de  ceux  de  l'Alcoran  ,  où  il  eft  'e  plus  . 
parlé  de  la  Pr'^deftination,  luy  avoit  fait  venir  les  cheveux  gris  avant  le  tems. 

Ce  faux  Pi-op!iete  voulut  cependant  jouer  la  Comédie  jufqu'à  :a  mort;  car 
ayant  été  attaqué  plufieurs  fois  par  le  poifon  qu'il  avoit  évité,  &  appréhendant 
toujours  une  mort  violente,  il  fit  defcendre  du  ciel,  pour  la  dernière  fois,  un 

Chu-- 


/j-^  MO  H  A  M  M  E  D. 

Chapitre  de  rAIcoraîi ,  qui  porte  le  titre  de  Sourat  alnafr,  c'eft-à-dire,  de  h 
Viftoire  que  les  Mahometans  nomment  auffi  le  Chapitre  de  l'Adieu  ,  à  caufe 
que  c'efl'le  dernier  qu'il  a  reçu  avant  fa  mort,  qui  n'arriva  pourtant  que  deux- 
ans  après  L'Auteur  du  Kefchaf  dit,  que  Mahomet  fit  appeller  auflî-tôt  après 
la  publication  de  ce  Chapitre,  fa  iille  unique  ,  nommée  Fathimah ,  &  luy  dit, 
ou'avant  reçu  une  lettre  de  l'autre  Monde  qui  luy  annonçoit  fon  retour,  il  ne 
foneeoit  plus  qu'à  partir  &  à  envoyer  par  avance  fon  bagage  vers  le  ciel.  Ces 
naroles  attendrirent  le  cœur  de  Fathimah  &  luy  tirèrent  les  larmes  des  yeux. 
Mais  fon  père  h  confola  en  luy  difant:  Ne  pleurez  pas;  car  vous  ferez  la  pre- 
mière de  toute  ma  Maifon  qui  me  fuivra  de  plus  près. 

Les  Hiftoriens  Mululmans  ne  conviennent  pas  fur  le  tems  de  la  mort  de 
Mahomet;  car  les  uns  la  mettent  dans  la  dixième  année  &  les  autres  dans  l'on- 
-'ième  de  l'He^^ire.  Mais  tous  font  d'accord,  qu'il  mourut  d'un  poilbn  lent  qui 
fuy  avoit  été  donné  par  une  femme  que  fes  ennemis  avoient  fubornée.  Sa  mort 
fut  d'abord  cachée  par  Omar,  un  de  les  principaux  Compagnons;  mais  elle  fut 
enfuite  publiée  par  Aboubckr,  fon  beau-père,  qui  luy  fucceda  fous  le  nom  de 
Khalife,  c'ell-à-dire ,  de  fon  Vicaire. 

On  n'eft  pas  non  plus  d'accord  fur  fon  âge;  car  les  uns  luy  donnent  foixan- 
te  &  trois,  «Se  les  autres  foixante  &  cinq  ans  de  vie.  La  Ville  de  Medine,  qui 
luy  avoit  fervy  de  retraite  dans  fa  fuite,  devint  le  fiége  de  l'Empire  qu'il  fon- 
da &  luy  donna  enfin  la  fepulture  dans  la  même  Mofquée  &  fous  la  même 
chah-e  où  il  avoit  accoutumé  de  prêcher  tous  les  Vendredis.  Et  c'eft  dans  cet- 
te même  Mofquée  où  le  Sépulcre  de  ce  faux  Prophète  eft  révéré  aujourd'huy, 
par  tous  les  Pèlerins  Mufulmans  à  leur  retour  de  la  Mecque. 

Ce  Sépulcre  eft  ordinairement  nommé  par  les  Mufulmans  Raoudhat  Scherif, 
ceft-à-dire,  l'Illuftre  &  le  noble  Jardin;  car  les  Sépulcres  des  Mahometans  por- 
tent ordinairement  le  nom  de  Jardins  ou  de  Parterres,  à  caufe  qu'ils  font  ordi- 
nairement fituez  dans  ces  lieux-là.  Voicy  une  Infcription  qu'un  Turc  fort  dé- 
vot a  attachée  à  la  porte  de  cette  Mofquée  :  La  coutume  des  Arabes  eft  que 
leurs  Princes  en  mourant  donnent  la  liberté  à  leurs  efclaves ,  ^&  qu'ils  la  vien- 
nent recevoir  fur  leurs  tombes.  Eft-ce  que  vous  permettriez,  ô  Mahomet,  vous 
qui  êtes  la  gloire  des  Prophètes  &  le  Prince  de  toutes  les  créatures  ,  qu'un  de 
vos  efclaves,  qui  baife  fi  humblement  vôtre  tombeau,  n'obtint  pas  la  liberté  & 
l'afi'ranchiirement  de  toutes  fes  fautes  qu'il  vous  demande  ? 

Ce  fentiment,  fi  humble  &  fi  dévot ,  eft  fondé  fur  la  croyance  que  les  Mu- 
fulmans ont,  que  Mahomet  eft  le  Médiateur  &  l'Intercefi^eur  de  fon  peuple  au- 
près de  Dieu,  &  les  Hanbalites  ,  Sccle  qui  paile  pour  Orthodoxe  dans  le  Ma- 
hometifme  ,  ont  porté  leur  impieté  jufqu'à  placer  Mahomet  fur  le  trône  de 
Dieu  même,  pour  y  faire  valoir  plus  efficacement  fon  interceflîon. 

Mahomet  ne  laifila  point  de  poftérité  mafculine  quoiqu'il  ait  eu  vingt  &  une 
femmes  ,  -comme  l'on  a  déjà  remarqué.  11  avoit  eu  toutefois  un  fils  ,  nommé 
Cafiem,  qui  fit  que  fon  père  porta  le  furnom  dAboul  Calfem  ,  à  la  mode  des 
Arabes  ,  qifi  prennent  le  nom  de  leur  fils  aîné ,  en  fe  difant  père  d'un  tel  ou 
*  d'un  tel.  Mais  ce  CaiTem  ne  vêquit  pas  long-tems  ,  de  forte  que  Mahomet  fut 
expofé  à  la  raillerie  de  fes  ennemis,  qui  l'appelloient  par  fobriquet,  Abtar,  c'eft- 
à-dire ,  fans  queue  ,  pour  dire  qu'il  ne  laiflbit  point  de  fuite  ni  de  defcendans 
•Siâles  après  luy.    Cette  raillerie  le  piqua  fi  fort ,  qu'il  publia  exprefiTéraent  un 

Cha- 


MOHAMMED.  ^^j 

Chapitre  de  ^an  Alcoran,  qu'il  intitula  Caouther,  où  il  repouOè  le  mieux  qu'il 
peut,  cette  injure.     Voyez  ce  titre. 

Les  difciples  de  Mahomet  ont  rapporté  plufieurs  apparitions  de  leur  Maître 
après  fa  mort.  Ils  ont  feint  qu'il  avoit  guéri  en  fonge  plufieurs  malades ,  ce 
qui  ell  le  fujet  du  fameux  Poème  en  langue  Arabique  ,  intitulé  Al  Bordah  ; 
qu'il  avoit  rendu  Ebn  Nobatah ,  le  plus  éloquent  Orateur  de  fon  fiècle ,  en  luy 
mettant  de  fa  falive  dans  la  boucîie  pendant  fon  fommeil  ;  &  l'on  trouve  une 
infinité  d'autres  nan;ations  fabulcufes  au  fujet  de  ces  apparitions  ,  fur  lefquelles 
Al  Baftharai  a  fait  un  volume  entier  ,  fous  le  titre  d'AIélam  fi  rouïac  Al  Na- 
bi, de  même  que  Mohamm.^d  Ben  Jofef  AI  Salehi  ,  natif  de  Damis  &  habitant 
du  Caire,  en  a  compofé  un  qui  contient  tous  les  prétendus  miracles  de  ce  faux 
Prophète,  intitulé  Al  Aïat  aladhimat  albaherat ,  c'efl  -  à  -  dire ,  les  miracles  les 
plus  .grands  &   les  plus  avérez  de  Mahomet. 

La  Vie  de  Mahomet  a  été  écrite  prefque  par  tous  les  Hilloriens  Mufiilmms 
qui  ont  ou  commencé,  ou  continué  leurs  Ouvrages  jufques  au  tems  qu'il  a  vé- 
cu. Mais  il  y  a  plufieurs  autres  Auteurs  qui  ont  entrepris  de  l'écrire  en  par- 
ticulier fous  divers  titres  ,  comme  font  celuy  d'Akhlak  Al  Nabi ,  c'eft-à-dire  , 
les  Mœurs  du  Prophète,  compofé  par  Mohammed  Ben  Abdallah  Al  Uarràk,  & 
par  Ebn  Haian  Al  Berr  5  &  celuy  de  Seïrat ,  qui  fignifie  proprement  Vie  ou 
Conduite  de  la  Vie.     Voyez  le  titre  d'Efcharah  ela  Seïrat  Al  Mofthafa. 

On  remarquera  cependant  icy  ,  qu'il  y  a  deux  Hifloriens  qui  ont  écrit  fort 
amplement  cette  Vie,  à  fçavoir,  Nouaïri  dans  la  quatorzième  partie  de  fon  Hif- 
toire  écrite  en  Arabe  ,  &  Emir  khoand  Schah  ou  Mirkhond  dans  la  fîenne  écrite 
en  Perficn. 

La  fuperftition  des  Mahometans  eil  fi  grande  &  fi  outrée  au  fujet  de  leur 
faux  Prophète ,  que  l'on  trouve  parmy  eux  plufieurs  Livres  compofez  fur  fon 
nom  ,  ce  qui  n'eft  pas  étrange  ,  puifqu'ils  luy  donnent  nonante  &  neuf  noms 
ou  attributs,  aufli  -  bien  '  qu'à  Dieu.  Voyez  Efma  A  Nabi.  Et  un  de  leurs  Au- 
teurs a  pouffé  l'extravagance  encore  plus  loin,  en  corapofant  un  Ouvrage  pour 
prouver  que  tous  ceux  qui  portent  fon  nom ,  feront  exempts  des  châtimens  de 
Dieu  dans  l'autre  Vie.  Le  titre  de  ce  Livre  cfi;  Bofchra  alkerim  alamged  beâdm 
taâdhib  beman  ioiïerai  bc  Ahmed  u  Mohammed,  c'eft-à-dire  ,  la  bonne  nouvel- 
le que  Dieu  glorieux  donne  aux  fidèles  ,  en  leur  annonçant  que  celuy  qui  por- 
tera le  nom  d'Ahmed  ou  Mohammed,  fera  exempt  des  peines  de  l'Enfer. 

MOHAMMED  Ben  Hanefiah.  C'efl  le  nom  du  troifième  fils  d'Ali,  qui 
n'étoit  pas  né  de  Fathimah,  fille  de  Mahomet,  comme  HalTan  &  Houfîaïn,  les 
frères  de  père,  mais  d'une  féconde  femme  ,  nommée  Hanefiah  ,  qu'^ili  époufa 
après  la  mort  de  Fathime. 

Cette  différence  de  Mère  a  fait  que  ce  Perfonnage  n'eft  pas  mis  au  nombre 
des  Imams,  parce  qtfil  n'étoit  pas  du  fang  de  Mahomet,  nonobftant  quoy  il  ne 
laiffa  pas  d'avoir  plufieurs  Seélateurs  ,  qui  le  reconnurent  fecrétement  pour  lé- 
gitime Khalife  après  la  mort  de  Houfi^iïn. 

Un  célèbre  Docteur  parmy  les  Mufulmans  ,  nommé  Seïd  Al  Hemiari  ,   fut  fî 
grand  partifan  de  ce  fils  d'Ali  ,  qu'il  le  regarda  comme  un  très -grand  Prophète 
que  Dieu  avoit  enlevé  vivant,  &  caché  dans  une   certaine  montagne  ,    pour  le 
faire  paroître  un  jour  au  Monde  &  y  rétablir  la  juftice  &  la  pietc. 
.  Il  mourut  cependant  l'an  81  de  l'Hegire  ,  fous  le  règne  d'A'bdalmekk  ,   cin- 

ToME  IL  O  G  o  o  quièrae 


^58  MOHAMMED. 

cinquième  Khalife  de  la  race  des  Ommiades ,  laifTant  quelques  enfans  qui  ne  lî- 
rent  pas  grand  bruit  après  la  mort  de  leur  père. 

Ce  Perlbnnage  eft  furnommé  Ebn  Al  Ouaflî,  c'eft-à-dire,  le  fils  de  l'héritier, 
ou  du  fuccefleur  légitime,  qui  n'eft  autre,  félon  l'opinion  des  Schiites,  qu'AiL 
gendre  de  Mahomet.     Foyez  fon  titre. 

MOHAMMED  Ben  Zinaîâbedin.  C'efl  celuy  que  l'on  nomme  ordinaire- 
ment Mohammed  Baker. 

Le  furnom  de  Baker  luy  fut  donné  ,  à  caufe  de .  la  grande  étendue  de  fa 
fcience  &  de  fes  lumières  ,  &  il  fucceda  à  fon  père  Zinaîâbedin  en  la  dignité 
d'Imam  ,  de  forte  qu'il  eft  entre  les  douze  qui  portent  cette  qualité  ,  le  cin« 
quième  en  ordre  ,  comme  ifTu  en  ligne  direfte  de  HouiTaïn ,  fils  d'Ali.  Il  nac- 
quit  à  Medine  de  la  fille  de  HafTan,  nommée  Omm- Abdallah  ,  l'an  59  de  l'He- 
gire,  &  mourut  l'an  114  foiîs  le  Khalifat  de  Hefchdm.... 

L'on  crut,  que  ce  Khalife  l'avoit  fait  empoifonner;  car  ce  genre  âé  mort  a 
été  prefque  commun  à  tous  les  Imams ,  dont  les  Khalifes ,  tant  Ommiades  qu'Ab- 
baffidcs ,  ont  craint  le  crédit  &  l'autorité  parmy  les  peuples.  Ces  Princes,  au 
pouvoir  defquels  étoient  les  Imams ,  ayant  toujours  rcfpefté  en  eux  le  fang  de 
Mahomet ,  faifoient  fcrupule.  de  le  répandre ,  quoyqu'ils  vouluffent  fe  défaire  de 
leurs  perfonnes. 

Cet  Imam  ayant  laifle  fix  enfans  mâles  &  deux  filles  ,  l'aîné  des  mâles  fut 
Giafar  ,  qui  luy  fucceda.  11  fut  enterré  à  Medine  auprès  de  i^QS  prédecefieurs 
dans  la  Bekiah ,  c'eft-à-dire  ,  dans  le  fepulcrc  de  Fathimah ,  &  fut  le  fixièmc 
îmam. 

Ces  titres  ou  furnoms  as  cet  Imam,  outre  celuy  de  Baker  duquel  nous  avons  • 
parlé,  font  celuy  de  Schaker  ,  h  caufe  qu'il  rendoit  de  fréquentes  adions  de 
grâces  à  Dieu,  &  de  HaJi,  qui  fignifîe  Guide  (Se  Dircftcur.  .  Cecy  eft  tiré  du 
Lcbtarikh,  qui  met  la  mort  de  cet  Imam  fous  le  Khalifat  de  Vahd,  fils  d'Iczid; 
mais  cette  datte  ne  quadre  pas  avec  la  cent  quatorzième  année  .  de.  l'Hegire  , 
dans  laquelle  cet  Auteur  convient  avec  Khondcmir  qu'il  mourut^- 

Schehcreftani  rapporte  les  fcntimcns  de  cet  Imam  ,  touchant  les  décrets  de 
Dieu  &  la  liberté  de  l'homme.  Il  difoit:  Le  Décret  de  Dieu  ne  nous  contraint 
pas;  mais  il  ne  nous  permet  pas  auflî  toutes  chofes.  .  Dieu  veut  quelque  chofe 
en  nous  &  quelque  chofe  de  nous.  Ce  qu'il  veut  en  nous  eft  caché  ,  &  ce 
qu'il  veut  de  nous,  nous  eft  révélé  dans  fa  parole..  D'où  vient  donc  que  nous 
ne  faifons  que  difputer  de  ce  qu'il  veut  en  nous  ,  &  que  nous  négligeons  ce 
qu'il  demande  de  nous?  Puis  s'addrefîant  à  Dieu,  il  luy  difoit:  Seigneur,  fi  je 
vous  obéïs,  la  louange  vous  en  appartient ,  &  fi  je  vous  defobéïs ,  vous  avez 
raifon  de  me  punir,  car  ni  nioy  ,  ni  aucun  autre  ,  nous  ne  pouvons  nous  at- 
tribuer le  bien  que  nous  faifons,  ni  moy,  ni  aucun  autre  ,  nous  ne  pouvons 
nous  excufer  du  mal  que  nous  commettons. 

MOHAMMED  furnommé  Giaouad,  c'eft-à-dire,  le  Libéral,  étoit  fils  d'Ali 
Ridha,  &  nacquit  à  Medine,  l'an  195  de  l'Hegire,  &  fut  reconnu  pour  le  neu- 
vième Imam. 

Il  vint  à  la  Ville  de  Thous  en  Khoraflan  avec  fon  père  Ali  Ridha-,  où  le 
Khalife  Mamon  fut  fi  charmé  de  fes  manières  qu'il  l'aima  fort  tendrement ,  & 
luy  donna  fa  propre  fille  en  mariage. 

Cet 


MOHAMMED.  ^^^ 

Cet  Imam  accompagna  le  Khalife,  fon  beau -père,  dans  le  voyage  qu'il  fit 
-l'an  220  de  l'Hegire  de  Jhous  à  Bagdet,  &  ce  fut  dans  cette  Ville  qu'il  mou- 
rut peu  de  tems  après,  âgé  feulement  de  25  ans,  &  où  il  fut  enterré  auprès 
de  Moufla  fon  ayeul ,  avec  une  pompe  digne  du  gendre  du  Khalife  ,  dans  le 
lieu  deftiné  à  la  Sépulture  des  Coraïfchites. 

Il  fut  fort  regreté  par  tous  ceux  qui  avoient  de  l'amour  &  du  refpc6t  pour  h 
maifon  d'Ali ,  &  l'on  ne  douta  prefque  point  qu'il  n'eût  été  empoifonné  par  les 
parens  du  Khalife,  qui  craignirent  que  Mamon  n'eût  pour  luy  la  même  penfée 
qu'il  avoit  eue  pour  fon  père. 

Le  titre  de  cet  Imam  eft  Taki,  c'cft-à-dire,  craignant  Dieu,  ou  félon  quel- 
ques-uns, Zaki,  c'efl-à-dire  ,  Pur  &  innocent.  Il  ne  lailFa  que  deux  enfans  Ali 
&  MoufTa,  dont  l'aîné  fut  le  dixième  Imam. 

MOHAMMED  AboulcafTera.  Ce  nom  &  ce  furnom  du  faux  Prophète 
Mahomet,  eft  aulïï  celuy  du  douzième  Imam,  lequel  porte  auffi  par  excellence 
le  titre  de  Mahadi,  qui  fignifie  le  Directeur  &  ie  Maître  de  tous  les  fidèles. 

II  étoit  fils  unique  de  Haflan  Al  Askeri ,  onzième  Imam  ,  &  naquit  l'an  de 
l'Hegire  255,  fous  le  Khalifat  de  Motâmed  l'Abbaffide,  &  l'on  dit,  que  ce  Kha- 
life ayant  appris  qu'il  étoit  né  ,  entreprit  de  luy  ôter  la  vie  ;  mais  qu'il  fut 
garanti  de  ce  danger  par  fa  mère,  qui  le  tint  caché  dans  une  grotte  jufqu'à  la 
fin  de  fa  vie. 

Les  Schiites  ou  Sénateurs  d'Ali  ne  conviennent  pas  entr'cux  au  fujet ,  ni  de 
fa  vie  ,  ni  de  fa  mort.  Car  les  uns  veulent ,  comme  il  eil  fort  raifonnablc, 
qu'il  mourut  l'an  330  de  l'Hegire,  âgé  de  feptante-cinq  ans,  &  que  pendant 
tout  le  tems  de  fa  vie,  il  n'eut  point  de  communication  avec  les  fiens  que  par 
■des  voyes  fort  fecretes  &  inconnues  au  refte  des  hommes ,  cq  qui  luy  a  fait 
donner  l'Epithete  de  Motabatthan,  c'eft-a-dire ,  d'Intérieur  &  de  Caché. 

Les  autres  veulent  qu'il  foit  encore  vivant,  &  qu'il  paife  fa  vie  miraculeufe 
dans  la  même  grotte  ,  où  il  fut  caché  quand  il  difparut  aux  yeux  des  hommes. 
Mais  tous  conviennent  unanimement ,  qu'il  doit  paroître  à  la  fin  du  monde  im- 
médiatement avant  le  fécond  avènement  du  Melîie ,  pour  réunir  toutes  les  Sec- 
tes  des  Mufulmans  en  une  feule  ,  &  toutes  les  Religions  difi'érentes  au  Muful- 
manifme. 

Cette  fable  eft  prife  apparemment  d'une  Tradition  qui  eft  commune  aux  Juifs 
&  aux  Chrétiens,  félon  laquelle  Elle,  qui  vit  encore,  doit  vers  la  fin  des  fié- 
cles  ,  paroître  dans  le  monde  pour  préparer  les  voies  à  la  venue  duMeffie,  & 
précéder  le  jugement  de  tous  les  hommes,  que  les  Mufulmans  croient  auffi- 
bien  que  les  Chrétiens  devoir  être  fait  par  Jefus  -  Chrift  ,  contre  le  fentimenc 
des  Juifs. 

Il  y  a  eu  en  diff'érens  tems  dans  le  Mufulmanifme  pluficurs  perfonnages,  qui 
ont  voulu  perfuader  aux  peuples  abufez  qu'ils  étoient  ce  Mahadi  attendu  par  les 
Mufulmans.  Mais  l'impofture  ayant  été  découverte  &  punie  dans  plufieurs  ,  il 
s'en  eft  trouvé  cependant  qui  l'ont  fçû  faire  fi  bien  valoir,  qu'ils  ont  fondé  & 
■établi  deux  grandes  Dynaftics  ou  Empires  en  Afrique.  Ce  font  celles  des  Al 
Mohades  &  des  Fathemites  ,  dont  on  peut  voir  la  naifilincc  ,  le  progrès  &  la 
fucceffion  dans  leurs  titres  particuliers. 

Il  faut  remarquer  auffi  que  Mahadi,  fils  d'Abou  Giafar  Al  Manfor,  troifième 
Khalife  de  la  Maifon  des  Abbaffides,  ne  doit  pas  être  confondu  avec  les  Maha- 

O  0  o  o  2  dis 


è6o  MOHAMMED. 

dis  dont  nous  parlons.  Car  ceux-cy  étoient  ou  fe  vantoient  d'être  tous  de  la 
poflerité  d'Ali,  &  n'appartenoient  aucunement  à  la  famille  de  Hafchem,  de  la- 
quelle les  Abbafîîdes  éc  Mahomet  luy-même  ètoient  ifllis. 

Nous  avons  un  Livre  Arabe,  qui  porte  le  titre  d'Akhbar  Al  Mahadi.  C'eft 
l'Hiftoire  du  douzièine  &  dernier  Imam  dont  nous  parlons  ;  mais  il  eft  plein 
de  tant  de  fables,  que  les  Schiites  ont  inventées  pour  relever  la  dignité  &  l'au- 
torité de  leur  Imam,  qu'il  ne  mérite  aucune  créance.  Cependant  Emir  Khoand 
Schah,  qui  efl  un  Hiftorien  d'ailleurs  allez  férieux,  ne  laifle  pas  de  rapporter 
quelques-unes  de  ces  fictions. 

Les  principales  font ,  que  ce  Mahadi  naquit  le  nombril  coupé  &  ayant  ces  pa- 
roles écrites  fur  fa  main  droite  :  La  vérité  s'ejl  manifejlée  ^  le  menfonge  s'ejî 
éclip/é.  Qu'il  reçut  de  Dieu  dès  fon  enfance  la  Sageife  &  la  Prophétie  avec  la 
prérogative  d'Imam,  c'eil-à-dire  ,  de  Chef  de  tous  les  Fidèles,  de  même  qu'Ia- 
hia,  fils  de  Zakarie,  qui  ell  faint  Jean-Baptifte  ,  &  Illà,  fils  de  Miriam  ,  c'elt- 
à-dire,  Jefus-Chriil ,  l'a  voient  autrefois  reçue.  Mais  avec  cette  différence,  que 
le  Mahadi  n'avoit  reçu  qu'en  partie,  ce  que  ceux-cy  poffédoient  avec  plénitude: 

Le  même  Auteur  ajoute,  que  le  Mahadi  porte  auflî  le  titre  de  Hogiat,  par- 
ce que  c'cll  luy  qui  doit  décider  toutes  les  difficultez  de  la  Religion  ,  en  quoy 
les  Mufulmans  imitent  les  Juifs,  lefquels  renvoyent  à  Elie  les  points  les  plus 
difficiles  de   l'Ecriture  qu'ils  ont  peine  à  refoudre. 

On  luy  donne  auffi  celuy  de  Caïem,  qui  fignifie  celuy  qui  pofe  &  établit  les 
fondemens  de  la  Loy.  On  lui  attribue  auflî  celui  de  Mondher ,  à  caufe  qu'il 
porte  ou  qu'il  doit  porter  la  lumière  ,  &  éclaircir  par  fa  dodrine  tout  ce  quï 
eft  de  plus  myfterieux  &  de  caché  dans  les  Ecritures.  Et  enfin  ,  celui  de  Sa- 
heb  alzaman,  c'eft-à-dire ,  le  Maître  des  tems,  à  caufe  qu'il  fçait ,  drt-on,  tout 
ce  qui  doit  arriver  dans  le  cours  des  fiècles ,  &  particulièrement  ce  moment  at- 
tendu des  Mufulmans  avec  tant  d'inquiétude  ,  auquel  il  doit  remplir  toute  la: 
terre   de  juftice  &  de  fainteté. 

Les  mêmes  Schiites,  dont  nous  avons  déjà  parlé,  prétendent  que  le  Mahadf 
a  fait  deux  retraites  ou  deux  eclipfcs  ;  à  fçavoir,  la  grande  &  la  petite.  La  pe- 
tite eft  celle  pendant  laquelle  il  donnoit  de  tems  en  tems  de  {"es  nouvelles ,  & 
décidoit  toutes  les  difficultez -que  les  Mufulmans  lui  propofoient  ,  par  le  moyen 
de  certains  Meffagers  qui  les  lui  portoient  fort  fecretement ,  en  fe  fuccedant  les 
uns  aux  autres,  fans  fe  connoître.  Cette  coramimication  dura  Jufqu'en  l'an  de 
l'Hegire  326,  auquel  un  de  ces  Meffagers  ,  nommé  AH  ,  mourut  ,  après  avoir 
rapporté  un  billet  de.  la  part  du  Mahadi ,  par  lequel  cet  Imam  lui  annonçoit 
qu'il  devoit  mourir  dans  fix  jours ,  &  lui  défendoit  de  laifiTer  à  aucun  autre  la 
commifTion  de  le  venir  trouver. 

C'cft  depuis  ce  tems-là  que  commence  la  grande  retraite  du  Mahadi  ;  car  de- 
puis la  mort  de  cet  Ali ,  aucun  autre  n'a'  fait  fçavoir  aucune  des  chofes  qui  re- 
gardent le  Mahadi ,  fi  ce  n'elt  par  révélation.  C'eft  ainfi  que  les  Schiites  amu- 
fçnt  leurs  difciples ,  en  leur  faifant  entendre  &  croi-re  tout  ce  qu'il  leur  plaît, 
fous  l'autorité  prétendue  de  leur  Mahadi. 

MOHAMMED  Ben  Thaher.  C'eft  le  nom  du  cinquième  &  dernier  Pi'ince 
de  la  Dynaftie  des  Thaherites,  qui  regnoient  fous  l'autorité  des  Klialifes  dans  le 
Khoraffan  &  autres  Provinces  voifines. 

Ce  Prince ,  en  rendant  fon  hoiamage  au  Khalife  Moftâïn  l'Abbainde  ,  avoie 

reçu 


M  0  H  A  M  M  E  n,  55JJ 

reçu  de  lui  TEtendart  &  les  Patentes ,  par  lefquellos  il  étoit  confirmé  dans  la 
pofTeffion  des  Etats  que  fes  Ancêtres  lui  avoiexnd  lailTez.  Mais  comme  il  s'étoit 
abandonné  entièrement  à  la  débauche,  &  négligeoit  abfoluraent  fcs  alFaires  ,  il 
donna  par  fa  mauvaife  conduite  occafion  à  fes  voifins  de  l'inquiéter. 

Jacob,  fils  de  Leïts ,  qui  fut  dans  la  fuite  le  premier  Fondateur  de  la  Dyna- 
ilie  nommée  les  SofFarides ,  fut  le  plus  dangereux  de  tous  ;  car  ce  Prince  ,  qui 
s'étoit  déjà  mis  en  poffeffion  de  la  Province  de  Segeflan  ,  crut  que  la  conquê- 
te de  celle  du  KIioralTan  étoit  trop  à  fa  bienfeance  pour  la  lailTer  échaper. 

Mohammed  fe  voyant  attaqué  par  Jacob  à  l'impourvû,- au  heu  de  fe  mettre 
en  défenfe ,  fe  contenta  de  lui  envoyer  demander ,  s'il  avoit  la  Patente  du  Kha- 
life, en  vertu  de  laquelle  il  eut  droit  d'entrer  armé  dans  fes. Etats?  A  cette  de- 
mande, Jacob  répondit,  en  tirant  fon  épée  hors  du  foureau  :  Voicy  le  fceau 
de  ma  Patente  ;  &  fans  perdre  le  tems ,  il  fit  marcher  fes  troupes  des  environs 
de  la  Ville  de  Herat  où  elle  étoit  campée, -vers  celle  de  Nifchabour,  qui  étoit 
pour  lors  la  Capitale  du  Khoraffan  &  le  Siège  Royal  de  Mohammed. 

L'armée  de  Jacob  ne  parut  pas  plutôt  à  la  vûë  de  cette  Ville,  que  Moham- 
med, Prince  lâche  &  fainéant,  en  abandonna  la  défénfe  &  prit  le  parti  de  la 
fuite.  Mais  elle  ne  put  être  fi  fécrete  que  fon  ennemi  n'en  fut  averti  ,  de 
forte  qu'ayant' envoyé  fes  Coureurs,  Mohammed  fut  pourfuivi  fi  chaudement, 
qu'il  tomba  prifonnier  entre  leurs  mains. 

C'efl:  ainfi  que  finit  la  Dynaftie  des  Thaherites,  l'an  259  de  l'Hegire,  aprè? 
avt)ir  duré  feulement  l'efpace  de  cinquante-quatre  ans  félon  Klrondemir  ,  ou  de 
cinquante-fix  félon  l'Auteur  du  Lebtarikh.  Car  Mohammed,  fils  de  Thaher, 
perdit  entièrement  fes  Etats  avec  fa  liberté,  &  Jacob,  fils  de  Leïts-,  le  retint 
toujours  prifonnier  auprès  de  luy  ,  jufqu'à  ce  qu'il  fut  défait  à  la-  bataille  que 
Môuaffic  ou  Mouaffec,  frère  du  Khalife  Motâmed,  lui  Hvra. 

Ce  fut  dans  cette  déroute  que  Mohammed  trouva  l'occafion'  de  fe  làuver  des 
mains  de  Xacob  &  de  fe  réfugier  à  la  Cour  du  Khalife  Motâmed.  Ce  Khahfe- 
le  reçût  fort  bien.  Mais  il  y  a  apparence  qùll  n'y  vêquit  qu'en  particuher  ; 
car  les  Hiftoriens  ne  font  aucune  mention  de  luy  depuis  ce  tems-là. 

MOHAMMED,  fils  de  Mahmoud,  fils  de  Sebefteghin.  C'efl:'  le  fécond: 
Prince  de  la  Dynaftie  des  Gaznevidcs  qui  fucccda  à  fon  père.  Mais  pour  fort 
peu  de  tems;  car  fon  frère  Maifôud  ,  qui  regnoit  dans  ITraque  Perfienne  ,  &■ 
qui  fe  trouvoit  dans  la  Ville  de  Hamadan_,  lorfqu'il  reçût  la  nouvelle  de  la  moi  t 
du  Sultan  Mahmoud  fon  père,  envoya  lui  dire,  qu'il  ne  vouîoit  point  le  trou- 
bler dans  la  poffeflîon  de  fes  États  ;  mais  qu'il  prétendoit  feulement ,  que  fcn- 
nom  fut  proclamé  le  premier  dans  le  Khotbah  ,  ou  Prière  publique  ',  à  caufe- 
qu'il  avoit  régné  avant  lui. 

Mohammed  entendit  bien  ce  que  cela  vouîoit  dire  ,  &  il  fe  préparoit  déjà  à- 
la- guerre,  lorfque  les  plus  Grands  de  fa  Cour  ,  qui  étoient  dans  les  intérêts  de 
Malîoud,  fe  faifirent  de  fa  perfonne  &  le  livrèrent  entre  les  mains  de  fon  frè- 
re. Mafloud  arrivant  à  Gaznah  fur  ces  entrefaites ,  fe  fît  proclamer  Sultan  dans 
les  Etats  de  Mohammed,  fit  mourir  ceux  qui  avoient  le  plus  favorifé  fon  par- 
ti, &  lui  fit  crever  les  yeux. 

On  dit,  que  la  couronne  étant  tombée  de  deffus  la  tête  de  ce  Prince  le  jour 
de  ion  couroianement,  cet  accident  fut  regardé  pour  un  mauvais  augure,  &  fut 

0  0  0  0  3  caufe 


(552  M  0  H  A  MM  E  D. 

caufe  que  Ces  ennemis  conjurèrent  plus  aifément  contre  lui.     Foysz  le  titre  de 
Mahmoud  &  ce  que  dit  Kiiondemir  de  ce  Sultan. 

MOHAMMED,  fils  de  Melikfcliah.  Cell  le  cinquième  Sultan  de  la  pre- 
mrère  branche  des  Selgiucides;  car  le  jeune  Melikfchah  ,  fils  de  Barkiarok  ,  ne 
tient  point  de  vang  parmi  ces  Sultans  ,  d'autant  que  fon  re^ne  ne  fut  que  de 
peu  de  jours,  &.,  pour  ainfi  dire.  Ephémère.  ;      ;.:    ;  . 

Il  eft  vray  cependant,  que  les  tuteurs  de  ce  jeune;  Prince  ,  nommez  Aiaz  & 
^qdecias ,  alfcmblcrent  une  très-puilTante  armée  pour  défendre  les  droits  de  leur 
pupille  &  pour  s'oppofer  à  Mohammed  ;  mais  le  grand  nombre  de  leurs  trou- 
pes ne  fervit  qu'à  faire  éclater  davantage  le  bonheur  de  ce  Sultan ,  qui  parut 
avoir  été  élevé  par  la  divine  Providence  fur  le  trône  de  fes  Ancêtres. 

En  etfet,  cette  même  Providence  qui  favoit  conduit  jufques  alors  par.  des 
routes  fi  difficiles  &  fi  cachées,  conjme  l'on  peut  voir  dans  le  titre  de  Barkia- 
rok, lui'  donna  une  viftoire  entière  contre  fon,  neveu.  Car  les  deux  armées 
étant  déjà  en  préfence,  avant  que  le  figAal  du  combat  fût  donné ,  il  parut  dans 
Tair  une  nuée  en  forme  de  dragon  ,  laquelle  jctta  tant  de  feu  fur  l'armée  de 
les  ennemis  ,  que  .les  foldats  effrayez  de  cet  horrible  Météore  furent  contraints 
de  jetter  les  armes  bas,  &  de  demander  quartier  à  Mohammed.  Cette  viéloire 
fi  foudaine  &  fi  complète  le  rendit  maître  de  la  perfonne  de  fon  neveu  &  de 
fes  deux  Généraux,  qu'il  envoya  prifonniers  dans  le  Châteaii  de  Lehed.       '  ,  * 

Ce  grand  événement  arriva  l'an  501  de  l'Hegire  ,  auquel  Mohammed  entra 
dans  Bagdet ,  où ,  après  avoir  rendu  fes  refpefts  au  Khalife  Moftedaher  ,  lequel 
étoit  plutôt  révéré  comme  le  Souverain  Pontife  de  la  Religion  que  comme  l'Em- 
pereur des  Mufulmans ,  il  obtint  de  lui  le  titre  ou  fiirnom  de  Gaïath  ou  Mo- 
gaieth  eddin ,  c'eft-à-dire,  de  Propagateur  de  la  Foy,  avec  les  Patentes  les  plus 
amples  &  les  plus  honorables,  dans  lefquellcs  il  étoit  qualifié  des  titres  de  Sul- 
tan  &  de  Chef  ou  Commandant  de  tous  les  Mufulmans,  en  vertu  defquels  tous 
les  fujets  du  Khalife  étoient  tenus  de  luy  obcïr. 

Pendant  le  féjour  que  Mohammed  fit  à  Bagdet ,  il  apprit  qu'un  certaîn  Ah- 
med, furnommé  Atthafch,  c'elt  -  à  -  dire ,  l'Altéré,  fameux  Impolteur,  avoit  ga- 
gné par  fes  preftigcs  plufieurs  gens  auprès  defquels  il  paffoit  pour  Prophète,  & 
s'étoit  faifi  de  la  FoiterelTe  de  Dizghoùeh,  que  Melik  fchah  avoit  fait  bâtir  au- 
près d'Ifpahan  ,  pour  tenii*  en  bride  cette  grande  Ville  qui  étoit  fort  fujette 
aux  révoltes. 

Atthafch  s'étant  gîiffé  dans  cette  place  &  y  enfeignant  les  nouveaux  dogmes 
de  fon  impiété  ,  corrompit  d'abord  les  cfprits  de  ceux  qui  y  étoient  en  garni- 
fon  ;  deforte  qu'il  lui  fut  enfuite  très  -  facile  de  s'en  rendre  le  maître.  Le  Sul- 
tan'n'eut  pas  plutôt  appris  cette  nouvelle;,  qu'il  partit  en  diligence  de  Bagdet 
&  fe  rendit  à  Ifpahan.  De-là  il  fît  former  le  fiége  de  ce  Château  ,  qu'il  ne 
prétendoit  prendre  que  par  la  fiim  ,  à  caufe  de  fa  fîtuation  avantageufe  &  de 
la  force  de  Ces  remparts  ,  qui  le  faifoient  juger  imprenable  par  toute  autre 
voye. 

Après  en  avoir  fait  fermer  toutes  les  avenues ,  la  place  qui  n'étoit  pas  bien 
munie,  fe  trouva  en  peu  de  tems  fort  incommodée,  jufques-là  qu'Attbafch  fut 
obligé  de  faire  palfer  un  homme,  pour  avertir  Sâad  Al  Mulk,  furnoraiùé  Aou- 
gi,  qu'il  ne  pouvoit  plus  tenir  que  deux  ou  trois  jours. 
■  ■■  Cet  Aougi  étoit  Vizir  du  Sultan  &  étoit  gagné  fecretement  par  Atthafch , 
.  ,  ^^ 


MOHAMMED.  05^ 

qui  l'avoit  empoifonné  de  fa  faufle  doftrine  ,  ce  qui  avoit  lié  rintellJgenœ  qui 
étoit  entre  eux.  Ce  Vizir  lui  fît  réponle,  qu'il  tint  bon  encore  pendant  huit 
ou  dix  jours,  parce  que  dans  ce  tems-là,  il  trouveroit  le  moyen  de  fe  défaire 
de  ce  chien-là;  car  c'ell  ainfi  qu'il  nommoit  le  Sultan, 

Ce  Prince  qui  étoit  d'une  complexion  fort  fanguine  ,  &  qui  tomboit  ordinai- 
rement dans  de  très-grandes  maladies,  caufées  par  une  trop  grande  abondance  da 
fang ,  avoit  accoutumé  de  s'en  faire  tirer  tous  les  mois.  Aougi  y  qui  fçavoit 
cette  coutume  du  Prince,  alla  trouver  fon  Chirurgien,  &  l'ayant  corrompu  par 
l'offre  qu'il  lui  fit  de  mille  faquins  d'or  & 'd'une  vefte  de  pourpre  ,  il  obtint 
qu'il  fe  ferviroit- d'une  lancette  empoifonnée  la  première  fois  qu'il  faigneroit  le 
Sultan.'' 

Ce  complot  ne  fut  pas  fi  fecret  qu'un  Valet  de  chambre  du  Sultan  n'en  eût 
connoilTance.  Celuy-ci  le  découvrit  à  fa  femme,  &  celle-cy  à  fon  Galant.  Ce 
dernier  profita  de  cet  avis,  &  communiqua  au  Sultan  même  ce  fecret  qu'il  luy 
étoit  fi  important  de  fçavoir.  Auffî-tôt  qu'il  l'eut  appris ,  il  feignit^  d'avoir  be- 
foin  d'une  faignée,  &  on  appella  fon  Chirurgien  ordinaire. 

Après  que  cet  homme  lui  eut  accommodé  le  bras ,  &  dans  le  tems  qu'il  fe 
préparoit  à  lui  ouvrir  la  veine  ,  le  Sultan  le  regarda  d'un  œil  û  terrible  ,  que 
ce  miférable  faifi  en  même  teras  d'un  tremblement  par  tout  le  corps  ,  qui  lui 
fit  tomber  la'  lancette  de  la  main  ,  fut  obligé  de  fe  jetter  à  fes  pieds ,  de  lui 
confeffer  fon-  mauvais  defTein,  &  de  déclarer  celuy  qui  l'avoit  fuborné.  Le  V^i- 
zir  fut  incontinent  arrêté  &  puni  ,  comme  il  le  méritoit ,  &  le  Chirurgien  fut 
feulement  condamné  à  être  faignée  de  la  même  lancette  qa'il  avoit  préparée 
pour  faigner  le  Sultan.  - 

Les  Rebelles  afîiégez  dans  le  Château  de  Dizghoueh  ayant  appris  que  la  con- 
fpiration  contre  le  Sultan  avoit  été  découverte,  &  que  le  Vizir  avoit  fouffert 
le  châtiment  dû  à  fa  trahifon,  ne  pouvant  plus  tenir  davantage,  réfolurent  de 
fe  rendre  entre  les  mains  du  Sultan  à  difcrétion.  •  Ahmed  Attbafch  ,  leur  Chef 
&  faux  Prophète  ,  fut  mis  pieds  &  mains  liées  fur  un  chameau  &  conduit  à 
Ifpahan,  où  ,  après  avoir  fervi  pendant  quelques  jours  de  fpeclacle  &  de  rifée 
au  peuple ,  on  le  fit  mourir  d'une  mort  cruelle ,  après  quoy ,  on  brûla  fon  corps 
avec  un  grand  nombre  de  ceux  qui  avoient  été  les  difcipïes  de  fa  fauITe  doctri- 
ne &  les  compagnons  de  fa  révolte. 

On  dit  que  cet  Impofteur  ,  qui  étoit  fort  verfé  dans  l'Aflrologie  Judiciaire 
&  dans  la  Géomance ,  fe  trouvant  prcfle  pendant  le  fiége  ,  écrivit  au  Sultan  , 
qu'il  venoit  de  trouver  dans  fon  horofcope  ,  que  dans  peu  de  jours  il  fe  ver- 
roit  entouré  d'un  très  -  grand  nombre  d'étoiles  au  milieu  d'Ifpahan  ,  à  la  vûë 
même  du  Sultan  ,  &  que  lorfqu'on  le  conduifoit  au  milieu  d'un  grand  peuple 
par  toute  la  Ville  jufques  au  lieu  du  fupplice,  étant  interrogé  fur  ce  qu'il  s'é- 
toit  promis  félon  fon  horofcope,  il  répondit,  que  ùi  prédiftion  ne  pouvoit  être 
plus  claire.  Mais  que  ce  grand  nombre  d'étoiles  qu'il  efpéroit  de  voir  ne  de- 
voit  pas  fcrvir,  comme  il  le  croyoit,  pour  l'honorer;  mais  pour  le  couvrir  & 
accabler  de  honte  &  de  confufion  ,  comme  il  l'éprouvoit. 

Le  Sultan  Mohammed ,  après  avoir  exterminé  cette  nouvelle  SeÛe  d'ImpiéJj 
&  remis  le  calme  dans  fes  Etats,  porta  fes  armes  aux  Indes  &  y  fit  des  con- 
quêtes fort  confidérables.  L'Auteur  du  Tarikh  Ghuzideh  rapporte,  que  ce  Prin- 
ce ,  qui  étoit  fort  religieux  &  très-zèlé  pour  le  Mahometifme  ,  ayant  démoli  plu- 
fieurs  temples  dans  ce  pays  -  là ,  il  trouva  une  Idole  de  pierre  péfant  plus  de 

quatre 


664-  M  0  H  A  M  M  E  D. 

quaM'C  cens  quintaux',  laquelle  étoit  l'objet  de  la  plus  grande  vénération  de  tous 
ces  peuples  infidèles.  Il  donna  ordre  auflî-tôt  qu'on  l'enlevât  pour  leur  ôter  ce 
£lijet  d'idolâtrie,  &  pendant  que  l'on  étoit  fur  le  point  de  la  tranfporter  ,  Les 
Indiens  vinrent  le  trouver,  &  lui  offrirent  pour  la  racheter  un  poids  égal,  tant 
en  pierreries  qu'en  autres  chofes  de  très-grand  prix. 

Cette  propofition  auroit  été  faas  doute  acceptée  par  un  Prince  plus  avare  & 
moins  religieux  que  Mohammed;  mais  Mohammed,  en  rejettant  cette  offre,  dit 
à  Ces  gens  :  Je  ne  veux  pas  que  l'on  puiffe  dire  à  l'avenir  ,  qu'Azar  étoit  un 
Faifeur  d'Idoles  &  que  Mohammed  en  fut  un  Marchand.  Il  commanda  auffi-tôt 
qu'on  tranfportât  cette  groffe  maffe  de  pierre  à  Ifpahan  pour  fervir  de  trophée 
à  fa  viftoire,  &  il  en  fit  faire  le  feuil  de  la  grande  porte  du  fuperbe  Collège 
qu'il  y  faifoit  bâtir  ,  où  il  avoit  choifi  fa  fepulture  ,  pour  lêtre  un  monument 
éternel  de  fa  piété  &  une  déteilation  perpétuelle  de  l'Idolâtrie. 
•  Il  faut  remarquer  ici  que  cet  Azar,  duquel  Mohammed  entendoit  parler,  eu. 
Tareh,  père  d'Abraham,  que  les  Mahometans  furnomment  en  Perfien  Pout-tir 
rafch,  c'e(l-à-dire,  Tailleur  ou  Sculpteur  d'Idoles,  duquel  ils  racontent  plufieurs 
fables,  tirées  pour  la  plupart  des  Rabbins,  &  que  Pout-Kouroufch,  dans  la  même 
langue,  efl  le  furnom  de  celui  qui  fait  métier  &  marchandifes  d'IdôIes ,  lequel 
fobriquet  auroit  pu  être  donné  à  ce  Sultan  ,  s'il  eiit  vendu  cette  Idole  aux 
Indiens  pour  le  prix  qu'on  luy  en  offroit. 

Ce  Sultan  eut  pour  Vizir,  pendant  quelque  tems,  Dhia  almulk,  fils  de  Ned- 
ham  almulk,  qui  avoit  été  Vizir  du  Sultan  Melik-fchah  ,  fon  père.  Le  Nighia- 
riflan  rapporte,  que  Dhia  almulk  s'étant  brouillé  avec  Alaeddoulat ,  Prince  de 
Hamadan ,  qui  fe  vantoit  d'être  de  la  race  de  Mahomet  ,  &  fe  faifoit  appeller 
du  titre  de  Seïd  Hamadani ,  parce  que  ce  mot  de  Seïd  ,  qui  fignifie  en  Arabe 
Seigneur,  fert  de  titre  particulier  à  ceux  qui  appartiennent  à  cette  famille. 

Dhia  almulk  ,  qui  fe  croyoit  offenfé  par  les  mauvais  offices  de  ce  Seigneur, 
entreprit  de  s'en  vanger  &  propofa  pour  cet  effet  au  Sultan  ,  que  s'il  vouloit 
lui  permettre  de  lui  faire  rendre  compte  ,  il  feroit  porter  cinq  cent  mille  écus 
d'or  dans  le  tréfor  Royal.  Sultan  Mohammed  lui  accorda  fa  demande;  mais 
comme  Alaeddoulat  avoit  beaucoup  d'amis  à  la  Cour,  il  fut  averti  fecretement 
de  ce  qui  fe  tramoit  contre  lui. 

Cette  nouvelle  le  fit  partir  en  diligence  de  Hamadan ,  &  prendre  la  route  de 
Tchablek  pour  arriver  par  un  chemin  détourné,  fans  que  le  Vizir  en  eût  avis. 
En  effet,  il  arriva  à  fon  infçû  à  la  Cour,  &  prit  fi  bien  fon  tems,  qu'il  eut 
le  moyen  de  fe  jetter  aux  pieds  du  Sultan,  &  de  lui  repréfcnter  Finjuftice  qu'il 
alloit  commettre ,  s'il  abandonnoit  un  Prince  de  la  maifon  de  fon  Prophète  en- 
tre les  mains  d'un  infidèle  &  d'un  hérétique,  tel  qu'étoit  le  Vizir,  qui  ne  paf- 
foit  pas  pour  bon  Mufulman.  Il  ajouta ,  que  fi  le  defir  d'avoir  de  l'argent  l'a- 
voit  fait  confentir  à  cette  violence  ,  il  fe  faifoit  fort  de  luy  en  faire  compter 
huit  cent  mille  écus  d'or  dans  £es  coffres,  c'eft- à-dire  ,  trois  cent  mille  de  plus 
que  le  Vizir  envieux  n'en  avoit  offert,  pourvu  qu'on  lui  remît  le  Vizir  entre 
les  mains  ,  &  qu'il  lui  fût  permis  de  lui  faire  rendre  un  compte  auffi  exaél  & 
auffi  rigoureux  qu'il  voudroit. 

Cette  propofition  ayant  été  acceptée  par  le  Sultan  ,  le  Seïd  s'en  retourna 
chez  lui  fort  content ,  menant  avec  lui  un  Officier  du  Prince  qui  avoit  corn- 
miffion  de  recevoir  cette  fomme  pour  l'apporter  au  tréfor  Royal.  Auffi-tôt  qu'ils 
furent  arrivez  en  la  Ville  de  Hamadan,  l'Oificier  qui  s'attendoit  que  le  Seïd  luy 

len- 


MOHAMMED.  66s 

tendroit  de  grands  honneurs  &  le  Jogeroit  dans  fon  Palais ,  fc  trouva  bien  fruftré 
^e  fon  attente;  car  il  lui  fît  fçavoir  qu'il  eût  à  fe  loger  dans  riiôrellerie  publi- 
que, &  y  attendre  tout  le  temps  qui  luy  étoit  neceiTaire  pour  amaller  la  fomme 
qui  devoit  être  portée  au  Sultan;  que  ce  terme  étant  expiré,  il  le  feroit  aver- 
tir, &  que  cependant,  il  eût  à  fe  pourvoir  de  tout  ce  qui  lui  étoit  neceffiiire 
pour  fa  fubfiftance. 

L'Officier  qui  ne  s'attendoit  pas  à  un  pareil  traitement  ,  commença  par  les 
plaintes  &  en  vint  enfuite  jufqu'aux  menaces;  mais  le  Seïd  prenant  un  ton  d'au- 
torité lui  dit:  Si  vous  n'êtes  fage ,  je  vous  feray  pendre  tout  à  l'heure  à  la 
f)orte  du  logis ,  &  je  n'auray  après  cela  qu'à  augmenter  de  cent  mille  écus  la 
bmme  que  j'ay  promife  au  Sultan;  car  avec  cette  fomme  il  pourra  achepter  mille 
efclaves  dont  le  moindre  vaudra  mieux  que  vous.  L'Officier  qui  étoit  effective- 
ment un  des  efclaves  du  Sultan,  entendant  le  Seid  parler  d'un  ton  fi  ferme,  s'ap- 
paifa  auffi-tôt  &  attendit  patiemment  dans  le  Caravanfera  public  quarante  jours 
entiers,  pendant  lefquels  le  Seïd  trouva  les  huit  cent  mille  écûs  d'or  dont  il 
ëtoit  queftion,  fans  qu'il  empruntât  à  gros  intérêt,  ni  qu'il  fût  obligé  de  vendre 
le  moindre  de  fes  effets. 

Après  que  le  Seïd  eut  conlîgné  cette  groiïe  fomme  entre  les  mains  du  Com- 
miffaire  du  Sultan  ,  &  qu'elle  eût  été  portée  au  tréfor  Royal,  on  lui  livra  le 
Vizir  qui  lui  avoit  dreffé  un  û  dangereux  piège,  pour  en  ufer  comme  bon  lui 
fembleroit.  Mais  le  Seïd  voulut  donner  en  cette  occafion  l'exemple  de  la  vertu 
la  plus  éminente  &  la  moins  ordinaire  parmi  les  hommes;  car  au  lieu  de  fe 
vanger  de  fon  ennemi ,  ou  au  moins  ,  de  lui  faire  payer  la  fomme  qu'il  avoit 
été  obligé  de  donner  au  Prince,  il  le  traita  avec  tant  d'honnêteté  &  tant  de 
generofité  qu'il  le  rendit  fon  meilleur  ami.  De  forte  que  l'Auteur  de  ce  récit 
dit  que  le  Seïd  fuivit  en  cette  occafion  le  confcil  que  donne  le  Dillique  Per- 
fien ,  tiré  d'un  verfet  de  l' Alcoran ,  dont  le  fens  eft  :  Vous  ne  pouvez  manquer 
de  recevoir  une  ample  recompenfe  dans  l'autre  vie,  fi  pendant  que  vous  «tes 
en  celle-ci,  vous  faites  du  bien  à  ceux  qui  vous  font  du  mal.  Le  verfet  de  TAl- 
coran  eft  :  Ahaffen  ela  man  affa ,  c'eft-à-dire ,  Faites  du  bien  à  celui  qui  vous  nuit. 
Le  Sultan  Mohammed  mourut  âgé  feulement  de  36  ans  ,  après  en  avoir  régné 
13  ,  l'an  de  l'Hegire  511.  Il  déclara  avant  fa  mort  pour  fucceffeur  fon  fils 
Mahmoud,  &  dans  le  temps  qu'il  étoit  à  l'extrémité  de  fa  vie,  il  lui  commanda 
de  prendre  le  Diadème  Royal.  Mahmoud  réfufa  de  le  faire,  &  lui  dit  que  ce 
jour-là  n'étoit  pas  heureux  pour  commencer  fon  règne;  mais^fon  père  lui  ré- 
pliqua: S'il  n'eft  pas  heureux  pour  moy,  il  l'eft  pour  vous. 

MOHAMMED  A'bdallah ,  ou  Ben  A^bdallah  ,  fils  deTomrut,  pretendoir 
dépendre  d'Ali  en  ligne  direfte  par  Houffaïn,  c'eft  pourquoy  'on  le  furnomme 
Al  U'ioui,  Al  Houffaïni.  Mais  il  étoit  effedivement  de  la  tribu  des  Mollkme- 
des  qui  habitoient  dans  la  montagne  de  Sous  Al  Akfa  ,  pays  le  plus  Occidental 
de  l'Afrique  que  nous  appelions  le  mont  Atlas ,  au  pied  duquel  cfl:  encore  au- 
jourd'huy  fituée  la  Ville  de  Sous. 

Ce  Mohammed,  qui  fonda  l'an  de  l'Hegire  514  ,  une  nouvelle  Dj'naitie  de 
Princes  fous  le  nom  de  Mohedites  ou  Al  Mohades,  étant  encore  homme  privé, 
alla  en  Levant,  d'où  après  avoir  appris  les  Sciences  particulières  aux  Mufulmans, 
il  retourna  en  fon  pays  &  y  prit  le  foin  d'inftruire  ceux  de  fa  Nation,  leur  dou- 
blant cependant  de  nouvelles  loix,    H  rencontra  dans  la  bourgade  de  Melala  ou 

Tome  IL  Pppp  Melila, 


666  M  O  H  A  M  M  E  rr. 

Melih,  un  Dofteur  nommé  Abdelmoumen  qui  fe  joignit  à  lui  &  ne  le  quitta 
plus.  Ce  Dofteur  lui  perfuada  qu'il  étoit  le  Mahadi,  ou  Prophète  attendu  dans 
la  fin  des  fiècles. 

Ces  deux  hommes  vinrent  enfcmble  à  Maroc,  où  regnoit  pour  lors  Ali,  fils 
de  Taffefin  ,  &  ils  y  prêchèrent  publiquement  qu'il  ne  falloit  fuivre  dans  la 
Religion  ,  que  ce  qui  eft  connu  &  approuvé  de  tous  pour  jufte ,  &  rejetter 
feulement  ce  qui  étoit  reconnu  de  tous  pour  injufle.  Les  Arabes  appellent 
cette  maxime,  El  Emr  fi  raâarouf  u  Ennehi  an  almonker. 

Ces  Doftcurs  fe  fuifant  fuivre  par  une  fort  grande  multitude  de  gens  abufez,, 
le  Sultaa  Ali  fit  aflembler  les  Doéleurs  de  la  loi  du  Mufulmanifme  pour  convain- 
cre leur  Doctrine  de  faufleté  dans  une  difpute  publique;  mais  Mohammed,  fils 
de  Tommt,  prévalut  dans  cette  conférence,  ce  qui  donna  lieu  àMalck,  fils  de 
Vaheb,  Vizir  de  ce  Prince,  de  lui  dire:  Voici  l'avanture  de  celui  qui  ayant  donné 
un  habit,  de  masque  à  un  homme  ,^  cet  homme  lui  joiia  enfuite  du  tabourin, 
Labafiiaho  fchaklan  ufamâak  thablan.  Il  vouloit  donner  à  entendre  par  cette; 
façon  de  parler,  proverbiale  ,  que  la  difpute  avoit  eu  un  fuccez  tout  contraire 
à  celui  qu'il  en  attendoit. 

Le. Sultan  Ali  cependant  ne  voulut  point  recevoir  la  doélrine  de  ces  non-- 
veaux  Do6leurs  ,  quoiqu'elle  lui  parût  fort  probable  ,  &  les  chafTa  hors  de  la. 
Ville  de  Maroc.  Mohammed  Abdallah  fut  donc  obligé  de  quitter  la  Ville  de 
Maroc  &  de  fe  réfugier  dans  une  des  Provinces  de  la  Mauritanie  appellée 
Agmàt,  où  il  attira  encore  un  plus  grand  nombre  de  gens  à  fa  fuite..  Ce  grand 
concours  donna  occafion  à  Abdelmoumen  fon  collègue,  de  lui  prêter  publique- - 
ment  le  ferment  de  fidélité ,  &  de  le  déclarer  Prince  &  Pontife  Souverain  de 
la  Religion  &  de  l'Eftat,  &  fon  exemple  fut  fuivi  généralement  par  tout  le  grand 
peuple  qui  fe  dévoua  entièrement  à  lui.  f^uyez  les  titres  de  ïomrut  ,  &  celui 
de  Moahedoun,  qui  font  les  Al  Mohadcs, 

L'Hilloire  de  Mohammed  Abdallah  ,  fils  de  Tomrut,  eft  décrite  fort  amplement 
dans  le  cinquième  tome  de  Nouaïri  qui  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale. 
.  Il  y  a  un  autre  Mohammed ,  qui  étoit  fils  d  Iakoub  &  qui  tient  le  quatrième 
rang  dans  cette  Dynaftic  d^s  Moahedites. 

M  O  H  A  M  M  E  D ,  fils  de  Mahmoud  &  petit  -  fils  de  Melik  Schah  I  du  nom. 
Ce  Sultan  de  la   Dynaftie  des  Sclgiacides  fucceda  à   fon  frcre   Mclik    Schah  II 
du  nom,  qui    avoit  été   dépofé  &  enfermé  dans  le  Château   de  Hamadan   par- 
la conjuration    des  plus    grands    Seigneurs   de  fa  Cour  qui  s'étoient    foulevez 
contre  lui. 

Khazbek  furnommé  Belinghcri,  qui  étoit  le  chef  de  cette  conjuration,  ayant 
mis  Mohammed,  duquel  nous  parlons,  fur  le  Throne  de  fon  frère,  vouloit  dif-^ 
pofer  entièrement  du  gouvernement  de  l'Etat ,.  &  fon  crédit  aufli-bien  que  fes 
richefies  le  rendirent  fi  puiilant,  que  Mohammed  connut  bien-tôt  qu'il  ne  pour- 
roit  jamais  régner  avec  autorité,  tant  que  ce  Perfonnage  fubfifteroit.  C'eft  ce 
qui  fit  prendre  h  ce  Sultan  là  réfolutioh  de  fe  défaire  de  lui,  en  fuivant  le  con- 
feil, d'un  de  fes  Miniftres  qui  lui  dit,  en  faifant  allufion  à  la  jeunelfe  du  Prince 
&  à  la  vieillcife  de  Khazbek  ,  qu'il  ne  fortoit  point  de  nouvelles  branches  du 
pied  du  Cyprès,  avant  que  l'on  en  eût  coupé  la  vieille. 

Le  Jeune  Sultan,  après  s'être  délivré  d'un  Sujet  fi  dangereux  &  qui  vouloit  de- 
venir fon  Maître,  fe  mit  en  pofil>ffion  de  toutes  les  richelTes  qu'il  avoit  amalfées 
pendant  le  temps  qu'il  difpofoit  cntièrcme^it  des  finances  de  l'Etat.    On  raconte 

coimiie 


AI  0  H  A  M  M  E  a  C67 

«omme  une  chôfe  fort  extraordinaire,  que  l'on  trouva  dans  la 'Gardcfobe  de 
■Khazbek  une  infinité  de  meubles  très-prctieux,  entre  Icfquels  l'on  compta  juf- 
•quà  treize  mille  veflcs  de  couleur  de  feu  &  de  pourpre,  &  le  Tarik  kliozideh 
fait  un  fi  ample  détail  de  tout  le  reftc,  qu'il  feroit  fort  cnnuj^eux  de  le  rap- 
porter ici. 

Il  s'en  fallut  peu  cependant,  que  la  mort  de  Khazbek  ne  eau  fat  la  ruïne  en. 
tière  de  Mohammed,  car  ce  grand  Miniltre  s'étoit  fait  à  la  Cour  de  puilUms 
amis  qui  voulurent  la  vangcr  aux-  dépens  même  de  la  fidélité  qu'ils  dévoient  au 
:Sultan.  Ildighiz  Atabek  ^  Akfankor,  Seigneur  de  Maragah,  s'êtant  révoltez  pour 
cet  effet,  dépofcrent  Mohammed^  &  proclamèrent  pour  Sultan,  Soliman  Schah, 
iils  de  Mohammed,  fils  de  Melik  Schah  qui  étoit  fon  Oncle.  Le  jeune  Sultan 
•qui  étoit  encore  fans  expérience ,  fut  fi  effraj'é  de  cette  nouvelle ,  que  ne  fçachanC 
quel  parti  prendre,  ou  de  combatti'e',  ou  de  s'accommoder  avec  fon  Oncle  ,  fe 
trouva  enfin  obligé  d'abandonner  fa  Ville  Capitale  de  Hamadan,  &  de  s'enfuïf 
vers  celle  d'Ifpahan. 

Cette  fuite  donna  une  pleine  &  paifiblc  pofll>ffion  du  Throne  des  Selgiucides 
à  Soliman  Schah,  lequel  s'y  feroit  maintenu,  s'il  n'eût  été  entièrerement  dépourvu 
de  confeil  &  très  malheureux  dans  toute  la  conduite  de  fa  vie.  Mais  ayant  ôté 
la  charge  de  Maître  .de  fa  chambre  que  polfedoit  Mohammed  Khouarezm  Schah  , 
de  qui  l'on  parlera  dans  le  titre  qui  fuit  immédiatement,  &  en  ayant  pourvu. 
Alp  Argoun,  il  fit  encore  une  autre  faute  qui  ne  lui  fut  pas  moins  préjudi- 
ciable, qui  fut  de.  chaflTer  Fakhreddin  kafchi  fon  Vizir  pour  mettre  en  fa  place 
Aboulnegib.  :  h   Ù  f 

Ces  deux  grands  Officiers  fe  trouvant  difgraciez  s'unirent  très- étroitement  en- 
tre  eux  &;  complotèrent  le  retour  de  Mohammed  ,  lequel  ne  fe  pouvoit  faire 
fans  la  dépofition  de  Soliman  Schah.  Cependant,  ils  n'oferent  l'entreprendre  de 
vive  force,  parce  que  la  Milice  paroiflx)it  trop  attachée  au  nouveau  Sultan.  Ils 
concertèrent  donc  enfemble  une  rufe  qui  leur  réiiflit  mervcilleufcment  bien, 

Mohammed  Khouarezm  Schah  dit  à  i^  fœur  qui  étoit  femme  du  Sultan,  com- 
me un  fort  grarid  fecrct ,  qu'il  s'étoit  formé  une  conjuration  contre  le  Sultan 
fon  mari  pour  le  rappel  de  Mohammed  fon  neveu ,  laquelle  devoit  éclorre  la  nuit 
même  dans  laquelle  il  lui  parloit ,  &  que  l'on  devoit  fe  faifir  de  fa  perfonne. 
Le  Sultan  trop  crédule  &  trop  timide,  fans  examiner  le  rapport  que  lui  faifoit 
fa  femme  du  fecret  qu'on  lui  avoit  confié,  monta  aufîi-tôt  à  cheval,  accompagné 
feulement  d'un  fort  petit  nombre  de  fes  confidens  &  prit  la  route  de  la  Provin- 
ce du  Mazanderan. 

Le  lendemain ,  tout  le  monde  fut  bien  furprts  d'apprendre  la  fuïte  du  Sultan. 
Les  mihces  fe  fouleverent  auifi-tôt  contre  leurs  Officiers ,  &  coururent  au  Palais 
du  Prince  qu'ils  pillèrent,  &  les  Conjurés  ne  manquèrent  pas  de  faire  avertir 
au  pluflôt  Mohammed  de  ce  qui  s'étoit  paffé. 

Mohammed  n'eut  pas  plufi:ot  appris  la  nouvelle  de  la  fuite  de  Soliman  Schah 
fon  Oncle,  qui  étoit  alfez  femblable  à  la  fienne,  qu'il  fe  rendit  en  toute  diligen- 
ce à  la  Ville  de  Hamadan,  &  y  reprit  la  place  de  laquelle  il  avoit  été  chaffé. , 

Soliman  Schah  étant  arrivé  au  Mazanderan,  reçut  auffi-tôt  des  avis  de  toutes 
parts  par  lefquels  il  connut  qu'il  avoit  crû  trop  légèrement  au  rapport  que  lui 
avoit  fait  la  Sultane  fa  femme.  Il  voulut  donc  rétablir  fes  aff^aires  par  les  fe- 
cours  que  fes  amis  &  fes  voifins  lui  fournirent  pour  remonter  fur  fon  throne. 
Le  Khalife  Moktafi  &  l' Atabek  Ildighiz  joignirent  leurs  troupes  à  celles  qu'il 

P  p  p  p  a  âvoit 


5(S5  M  O  H  A  M  M  E  D. 

avoit-pu  ramiiïbr  dans  le  Mazandéran  &  s'avancèrent  jurques  fur  les  bords  cb 
fleure  Aras  ou  Araxes.  Ce  fat-là' qu2  l'Oncle  livra  bataille  à  Ton  Neveu.  Maia 
comme  ion  malîicur  le  lui  voit  par  tout,  il  fat  entièrement  défait  (Se  contraint  dû 
faire  fa  retraite  vers  Moful. 

Le  Sultan  Mohammed  fe  trouvant  délivré  par  là  viftoire  qu'il  vcnoit  de  rem-, 
porter  contre  Soliman  Schah  ,  fon  principal  ennemi  ,  voulut  fc  vanger  du 
j^ialifè  qui  avoit  pris  la  protetlion  de  fon  Oncle.  Mais  comme  il  avoit  encore 
un  autre  ennemi  à  craindre  qui  étoit  Melik  fchah  1 1  du  nom  fon  propre  frère 
qui  s'étoit  fauve  du  Château  de  Hamadan,  où  il  avoit  été  enfermé  par  les  me-' 
nées  de  Khazbek,  comme  nous  avons  vu  au  commencement  de  ce  titre,  il  fut, 
obligé  de  s'accommoder  avec  le  Khalife,  lequel. luy,  donna  fa  propre  fille  ea 

mariage. 

Cette  PrincefTc,  qui  fe  nommoit  Kerman  Khatoun,  étoit  déjà  en  chemin  avec 
im  fuperbe  équipage ,  &  le  Sultan  Mohammed  alloit  au  devant  d'elle  pour  Té-, 
poufer  dans  la  Ville  de  Hamadan,  lorfqu'une  fièvre  eftique  qui  le  confumoit 
depuis  quelque  temps,  l'arrêta  tout  court  &  ne  lui  permit  pas  de  paiTer  plus 
avant.  Ce  fut  donc  fur  le  chemin  de  Hamadan  qu'il  mourut  l'an  de  l'Hegire  554  >, 
âgé  feulement- de  trente  deux  ans,  &  qu'il  lailîa  Melik  fchah  fon  frère,  qui  ne. 
lui  furvêquit  que  de  peu  de  jours,  en  jouiflTance  de  fes  Eftats. 

Ce  Sultan  a  toujours  palle  entre  les  Selgiucides  pour  un  Prince  très-accom-r 
pli,  qui  pofiedoic  toutes  les  vertus  Militaires  &  Politiques,  &,qui  fut  toujours 
grand  Protefteur  des  gens  de  lettres,  de  piété  &  de  mérite;  en  quoy  ,  difent 
les  Hiftoriens,  il  fut  totalement  oppofé  à  Melik  Schah  II  du  nom  fon  frère. 

L'on  dit  que  ce  Prince  quitta  la  vie  avec  un  extrême  regret,  &  qu'il  voulut, 
avant  que  d'expirer j  voir  palfer  devant  lui,  comme  en  revûë,  toutes  ûs  Trou-» 
pes,  toute  fa  Cour  &  tous  iks  Tréfors,  &  qu'après  avoir  confideré  toutes  ces 
chofes,  il  dit  ces  paroles:  Comment  efi;  il  pofîîble  qu'une  puiffance  aufîî' gran- 
de que  la  mienne ,  ne  foit  pas  capable  de  rendre  le  poids  de  mon  mal  plus  lé- 
ger d'un  feul  grain,  ni  de  prolonger  ma  vie  d'un  feul  moment  ?  D'où  il  con- 
clut en  difant  ces  autres  paroles  remarquables  :  Malheureux  ell  celui  qui  s'atta-* 
che  à  amafler  toutes  ces  chofes  qui  le  quittent ,  &  qui  ne  fait  pas  fon  capital^ 
de  celui,  en  qui  toutes  clîofesfe  trouvent.  Khondemir.  Tarikh  BmakitL  Tarik 
khozddeh. 

MOHAMMED  fils  d'Arflan  Schah.    Nom  d'un  Sultan  de  la  féconde  bran-, 
che  des  Selgiucides  qui  eft  furnommée  par  diflin6lion ,  des  Cadherdiens.    Il  fuc-,  • 
céda  h  fon  père  &  fit  mourir  ou  aveugler  tous  fes  frères  pour  s'aflTiîrer  mieux 
de  la  polfellion  de  fa  Couronne. 

Ce  Sultan  s'addonna  fort  à  l'Aftrologie  judiciaire  &  aima  beaucoup  les  bâti- 
mens.  C'efl  tout  ce  que  Khondemir  rapporte  de  lui»  Il  régna  quatorze  ans  & 
mourut  l'an  de  l'Hegire  551. 

MOHAMMED  Kothbeddin,  flirnommé  Khouarezm  Schah.  C'éft  le  fixièma 
Sultan  de  la  Dynaflie  des  Khouarezmiens  qui-  étoit  fils  de  Tagafchkhan  que  les 
Arabes  appellent  aulîi  quelquefois  Tagtafch ,  &  que  les  Perfiens  &  les  Turks 
nomment  particulièrement,  Tekefch,  &  Tokufchkhan. 

Il  commença  fon  règne  auffi-tôt  après  la  mort  de  fon  père,  l'an  $9^  de  l'He-: 
f  ire  qui  répond  à  Tannée  de  J.  C.  1199  j  ayant  abandonné  Je  fiége  de  la  Villet 


MOHAMMED-.  <j<59 

de  Tarfchiz,  fituée  dans  les  Montagnes  da  Khoraffiin,  où  (on  père  Tavoit  envoyé 
pour  réduire  quelque?  rebelles  qui  s'étoient  foulevez  en  ce  pays-là ,  &  fe  rendit 
promptement  en  la  Ville  Capitale  de  Khouarezm. 

Ce' fut  dans  cette  Ville  que  les  grands  Seigneurs  de  l'Etac  l'inftallerent  fur  le 
Throne  de  fes  Ancêtres ,  &  lui  prêtèrent  le  ferment  de  fidélité  avec  l'hommaf^e 
qui  lui  étoit  deu.  Cette  cérémonie  s'appelle  dans  la  langue  Perfienne,  de  la- 
quelle les  Khouarezmiens  fe  fervent,  boffi  zcmin  ,  &  roui  zemin ,  c'eft-à-dire , 
le  baifement  de  la  terre,  &,  la  face  contre  terre;  parce  que  félon  l'ancien  ufage 
de  Perfc  qui  dure  encore  aujourd'huy  ,  l'hommage  fe  rend  aux  Souverains  en 
baifant  h  terre,  ou  en  la  touchant  de  fon  front  en  leur  prefencc. 

Les  Couriers  *  furent  en  même  temps  dépêchez  pour  porter  dans  toutes  les 
Provinces  de  ce  grand  Etat,  la. nouvelle  du  Couronnement,  pour  ainfi  dire,  da' 
nouveau  Sultan,  alîn  que  tous  fes  Sujets  &  tous  les  Princes  fes  Vaffaux  le  recon- 
nulTent  pour  légitime  héritier  &  fuccelFeur  des  Etats  de  fon  père  ,  &  qu'ils  fa 
tinflent  prêts  pour  paroître  fous  les  armes  devant  lui  au  premier  ordre  qu'ils  en 
recevroient. 

La  première  expédition  militaire  que  le  Sultan  fit,  fut  dès  la  même  année  596  j 
contre  Gaiath  eddin  &  Schahab  eddin,  tous  deux  frères  &  Sultans  de  la  Dy- 
naftie  des  Gaurides ,  lefquels  avoient  fomenté  les  troubles  du  Khorafl'an  &  qui 
faifoient  fouvent  des  courfes  fur  les  terres  du  Sultan.  Mohammed  battit  ces 
deux  Princes  en  plufieurs  rencontres  jufqu'à  ce  qu'étant  tous  deux  morts  il 
eut  l'occafion  d'entrer  avec  une  puilî'ante  armée  dans  leurs  Etats  &  de  s'en  ren- 
dre entièrement  le  Maître, 

L'année  fuivante  qui  fik  la  597  de  l'Hègire  ,.  Mohammed  enflé  de  l'heureux 
fuccez  que  fes  armes  avoient  eu  dès  la  première  année  de  fon  règne ,  &  fe  trou-i 
vant  paifible  pofl'elleur  non  feulement  de  tout  le  Khoraflan  ,  mais  encore,  de 
riraque  entière ,  avec  l'Etat  des  Gaurides  ,  entreprit  de  poufler  fes  conquêtes 
encore  plus  loin.  Khondemir  dit  en  cef  endroit  qu'il  voulut  joindre  le  Touran 
avec  l'Iran,  c'eft-à-dire,  tout  ce  qui  eft  au-de-là  du  Gihon  ou  de  l'Oxus  avec 
les  Provinces  de  l'A  fie  qui  font  au-de-çà,  &;  que  ce  Sultan  poflTedoit  déjà.  Foyin 
fur  ceci  les  titre  d'Iran,  &  de  Touran. 

Pour  cet  effet  Mohammed  afl^embla  fes  troupes  de  tous  côtes  &  leva  une  ar- 
mée qui  le  rendit  formidable  à  tous  fes  Voifins.  Il  pafia  d'abord  le  Gihon,  & 
réfolut  d'aller  attaquer  le  plus  grand  Prince  qui  régnât  dans  les  Provinces  Trant- 
foxanes,  lequel  portoit  le  nom  ou  le  titre  de  Kara  Khathaï  Kurkan.  Et  pour 
venir  plus  aifément  à  bout  de  fon  entreprife,  il  commença  la  guerfe  par  le  fié^e 
de  plufieurs  Villes  qui  appartenoient  à  divers  petits  Princes  qui  y  commandoient 
fouverainement. 

Le  premier  de  ces  Sièges  fut  celui  de  la  Ville  de  Bokhara  que  Fouroufchi 
qui  y  commandoit,  ne  pouvant  foûtenir  l'effort  de  fes  armes,  fut  obligé  de  lui 
remettre  entre  les  mains.  Il  fe  prefenta  enfuite  devant  la  Ville  de  Samarkande 
laquelle  obéïffoit  alors  au  Sultan  Othman.  Ce  Prince  qui  avoit  une  obligation 
très  étroite  à  Mohammed,  au  lieu  de  fe  deffendre,  vint  au  devant  de  lui  &  lui 
livra  fa  place  &  l'accompagna  toujours  depuis  dans  tout  le  cours  de  fon  ex- 
pédition. 

Mohammed  s'étant  afTeuré  de  tout  ce  qu'il  laifibit  derrière  lui ,  s'avança  avec 
une  extrême  diligence  vers  les  Etats  de  Kara  Khathaï  Ku.-khan.  Ce  Tartare 
ayant  eu. avis  de  la  marche  de  Mohammed,  envoya  au  devant  d  ■  lui  une  puii^ 

P  p  p  p  3  lante 


e-jo  M  O  H  A  MM  E  D, 

fante  armée  fous  la  conduite  de  Tanikou  Tharaz,  qui  ctoit  le  premier  Seigneur 
&  le  plus  grand  Capitaine  de  tout  le  Turqueflan.  Les  deux  armées  s'étant  trou- 
vées bien-tôt  en  prcfence  Tune  de  l'autre,  il  le  donna  dans  la  même  année  597 
de  THegire  une  très-fanglante  bataille  dans  laquelle  les  Fidèles  ,  c'elt-à-dire,  les 
Khouarezmiens  qui  étoient  Mahometans ,  demeurèrent  vi6lorieux  ,  &  les  Infidè- 
les, c'eil-à-dire,  les  Tartares  &  les  Turcs  Orientaux,  furent  défaits  &  prirent 
la  fuite,  lailUmt  leur  General  prifonnier  du  Sultan  Mohammed. 

Le  Sultan  envoya  fon  prifonnier  en  Khouarezm  pour  y  porter  lui-même  la 
nouvelle  de  fa  défaite  ,  &  ajouta  dans  cette  même  année  à  fes  titres  celui  de 
Sangiar  qui  ell  le  nom  du  plus  grand  Héros  de  la  Dynallie  des  Selgiucides.  Mais 
les  peuples  qui  fçavoient  que  Sangiar  avoit  autrefois  combattu  contre  les  Turcs 
Orientaux  &  les  Tartares  avec  dedivantagc ,  trouvèrent  que  le  titre  de  Sangiar 
ne  relevoit  pas  affez  la  puiflance  &  le  bonheur  de  leur  Monarque,  &  lui  don- 
nèrent celui  d'Iskender    thani ,  c'eft-à-dirc ,  de  fécond^  Alexandre. 

Cette  grande  Viftoire  remportée  par  le  Sultan  fur  les  Turcs  ,  &  fur  les 
Tartares ,  laquelle  à  été  décrite  amplement  par  l'Imam  Dhiaeddin  dans  un  Poè- 
me Perfien,  fit  qu'il  pouffa  encore  plus  avant  fes  conqueiles.  Car  il  marcha 
vers  la  Ville  d'Otrar ,  nommée  autrement  Fariab  ,  Capitale  du  Turqueflan.  li 
eut  bon  marché  de  cette  grande  Ville.  Car  le  Gouverneur  n'attendit  pas  que 
le  fiege  de  fa  place  fut  formé ,  il  vint  en  perfonne  au  devant  du  Sultan  &  lui 
en  prefcnta  les  clefs. 

Le  Sultan  fort  content  de  fon  expédition  voulut  borner  fes  conqueiles  par  la 
prife  de  cette  Place.  Car  après  avoir  changé  le  Gouverneur,  il  retourna  triom- 
phant dans  fes  Etats  à  defîein  d'y  jouir  paifibiement  du  fruit  de  fes  Vi6k)ires. 
îl  envoya  cependant  le  Gouverneur  d'Otrar  qui  lui  avoit  rendu  fa  Place  ,  pri- 
fonnier à  Nifchabour  ,  &  ofta  la  vie  à  Tanikou  Tharaz,  General  de  l'armée  des 
ennemis,  qu'il  tenoit  prifonnier. 

Mohammed  ne  fut  pas  long-temps  en  repos  chez  lui  ;  car  il  apprit  bien  -  tôt 
après  fon  arrivée ,  que  les  Kara  Kathaïens  que  nous  appelions  les  grands  Taita- 
res,  marchoient  pour  faire  le  fiege  de  la  Ville  de  Samarkande,  &  il  s'étoit  déjà 
palfé  plufieurs  rencontres  &  plafieurs  combats  aux  environs  de  cette  Ville,  dans 
lefquels  les  Tartares  avoicnt  été  fouvent  battus  &  n'avoient  remporté  qu'un 
feul  avantage.  De  forte  qu'aulTi-tôc  qu'ils  eurent  appris  que  d'un  côté  le  Sultan 
Mohammed  venoit  en  perfonne  pour  fecourir  la  place,  &  que  d'ailleurs  ils  reçu- 
rent aufîî  nouvelle  de  la  révolte  de  Kufchlek  contre  fon  pcre  l'Empereur  des 
Tartares,  ils  abandonnèrent  entièrement  le  delfein  d'aflîeger  Samarcande  qu'ils 
■avoient  déjà  bloquée,  &  retournèrent  chez  eux. 

Le  Sultan  étant  arrivé  â  Samarkande  peu  après  la  retraite^  des  Tartares ,  y  fit 
ime  reveuë  générale  de  fes  troupes,  &  pendant  ce  temps-là,  les  Ambafilideurs 
de  Kufchlek'le  vinrent  trouver  &  conclurent  un  Traité  de  paix  avec  lui.  Un 
des  Articles  de  ce  'i  raité  portoit ,  que  fi  les  Troupes  du  Sultan  entroient  les 
premières  dans  le  pays  du  Kurkhan ,  ou  Empereur  des  Tartares,  &  pouvoient 
fe  faifir  des  Villes  de  Kafchgar  &  de  Khotan  ,  ces  mêmes  Villes  avec  toutes 
leurs  dépendances  lui  demeureroient  en  propre  ;  mais  que  fi  au  contraire  celles 
de  KufchLk,  qui  s'étoit,  comme  l'on  a  déjà  dit,  révolté  contre  l'Empereur  fon 
père,  le  prevenoient  &  fe  rendoient  Maiîlres  de  la  campagne,  tout  Je  pays  du 
Kurkhan  fon  père  qu'il  occuperoit  ,  reflieroit  fous  fon  obéïflance  depuis  les 
confins  de  Samarkanie  jufqn'au  fleuve  de  Benaket,  ou  Asbaniket,  qui  coule  bien 
avant  dans  lé  Turqueflar. ,  &  qui  fe  décharge  au  Nord-eil  de  la  mer  Cafpienne. 

iiufch' 


MOHAMMED.  671 

Kufchlek  attaqua  le  premier  les  Etats  de  fon  père,  &  vainquit  d'abord;  mais 
il  fut  battu  dans  la  fuite.  Le  Sultan  de  fon  côté  étant  entré  auflî  dans  les 
Etats  du  Kurkhan  ,  y  auroit  fait  fans  doute  de  grands  progrès  fans  la  trahifon 
d'un  des  Chefs  de  fes  Troupes  ,  nommé  Esfahid  Keboudkhaneh.  Cet  accident 
fâcheux  qui  lui  amva  au  milieu  du  combat,  le  mit  dans  un  fort  grand  danger, 
&  fit  que  fon  armée  étant  atfoiblie  par  la  defertion  de  ce  Capitaine  &  d'une 
bonne  partie  de  fes  Troupes,  il  ne  put  pas  fe  rendre  maiftre  du  champ  de  ba- 
taille qu'il  fallut  partager  avec  fes  ennemis. 

Après  un  combat  fi  douteux,  chaque  armée  fut  obligée  de  piller  &  de  rava- 
ger chacune  de  fon  côté  fans  quitter  leur  poile,  &  cependant  la  méfiée  fut  fi 
gi-ande,  que  le  Sultan  fut  obligé  de  prendre  l'habit  de  Tartare,  pour  percer  au 
milieu  de  fes  ennemis  &  pour  rejoindre  les  fiens.'  Auflî-tôt  qu'il  s'y  fufl  ren- 
du, il  fit  fonner  la  retraite  &  rcbroulfa  chemin  jufques  fur  les  bords  du  fleuve 
de  Benaket ,  d'où'  il  dépêcha  des  Couriers  dans  fes  Etats  pour  y  porter  les 
nouvelles  de  fa  fanté  &  de  fon  retour.  Il  marcha  enfuite  à  petites  journées 
vers  le  Khouarezm,  &  il  ne  fut  pas  plûtoft  arrivé  dans  fa  Capitale,  qu'il  fipara 
fon  armée  fort  fatiguée  d'un  fi  long  voyage  &  luy  affigna  des  quartiers  de 
rafraîchilferacnt. 

Le  Sultan  Mohammed  employa  les  années  fuivantes  jufqu'en  celles  de  611  à 
policcr  fes  Etats.  Mais  le  repos  fit  qu'il  s'abandonna  à  la  débauche,  de  forte 
qu'un  jour  étant  encore  plein  des  fumées  du  vin  ,  il  commanda  que  l'on  fift 
mourir  Mag'deddin  A!  Bagdadi ,  contre  lequel  il  avoit  conçu  quelque  chagrin. 
Cet  homme  étoit  fort  refpefté  par  les  Mufulmans  pour  fa  doétrinc  &  pour  fa 
pieté,  &  avoit  eu  aifez  de  fermeté  pour  lui  reprocher  quelques-uns  de  fes  ex- 
cès. Le  Sultan  étant  revenu  de  l'emportement  que  lui  avoit  caule  fon  yvrelfe, 
fe  repentit  de  fa  faute,  fit  bAtir  un  fuperbc  fepulcre  à  ce  Sche'ikh,  &  envoya 
à  Nag'm-eddin  fon  fils  une  fort  grolfe  fomrae  d'argent,  pour  le  conibler  delà 
mort  de  fon,  père.  Mais  Nag'meddin  refufa  courageufement  ce  prefent ,  &  fo 
contenta  du  refpecl  que  le  Sultan  &  tous  les  autres  Mufulmans  à  fon  imitation 
rendirent  au  fepulcre  de  fon  père,  qui  a  pafle  toujours  depuis  pour  un  des  Saints 
du  Mufulmanifme. 

Cette  même  année  611  ,  Tageddin  Ildiz,  qui  pofil'doit  la  plus  grande  partr'e 
des  Etats  que  Sehahabeddin ,  Sultan  de  la  Dynaftie  des  Gaurides ,  avoit  laiifez , 
étant  mort,  le  Sultan  Mohammed  apprit  qu'un  des  Efclaves  d'Ildiz  avoit  pris  fa 
place,  &  prétendoit  jouir  de  fa  fucceflion. 

Cette  nouvelle  fit  prendre  au  Sultan  la  refolution  d'envahir  ces  Etats  qu'il 
muguetoit  depuis  long -temps,  d'autant  plus  qu'il  fçavoit  que  Schahabeddi  ~  & 
Ildiz  avoient  amaffé  de  riches  trefors.  ,  Il  marcha  donc  avec  toutes  fes  Trou- 
pes du  côté  de  Gaznah,  Ville  Capitale  des  Gaznevides  &  des  Gaurides.  Il  ne 
lui  fallut  que  m.archer  pour  vaincre.  Car  l'Efclave  qui  s'étoit  porté  pour  héri- 
tier d'Ildiz  fut  auiîl-tôt  abandonné  des  fiens,  &  le  Sultan  entra  triomphant  dans 
la  Ville  de  Gaznah ,  où  il  prit  poiTeffion  des  Provinces  &  des  Ti'efors  de  la  fuc- 
ceflion de  Mahmoud,  fils  de  Sebekteghin,  duquel  les  riclieflès  étoient  immenfes, 
comme  on  peut  voir  dans  fon  titre  particulier.      -       ' 

Ce  fut  parmi  les  Treibrs  &  dans  les  Archives  de  Sehahabeddin  que  le  fultan 
Mohammed  trouva  les  Patentes  que^  le  Khalife  Nafier  avoit  envoyées  à  ce 
Prince,  &  la  lecture  qu'il  en  fit  l'irrita  tellement  ■  contre  le  Khalife  ,  qu'il  en 
Gonceut  le  defTein  de  le  faire  dépofer.    Ces  Patentes, qui  donnoient  à  Schrlia- 

beddin 


6^^  MOHAMMED. 

bedJin  des  Titres  &  des  Eloges  magnifiques ,  rexhortoient  auHî  à  faire  une  vive 
guerre  aux  Kiiouarezmiens  qui  étoient  déclarez  ennemis  du  Khalifat. 

Mohammed,  pour  fe  vanger  du  Khalife  Naffer,  convoqua  l'an  614  de  l'He- 
gire  tous  les  Imams  &  Do6leurs  principaux  du  Mufulmanifme ,  qui  étant  aflem- 
blez  en  plein  Concile,  ou  Conciliabule,  déclarèrent  unanimement  que  le  Kha- 
iifat,  c'eft-à-dire ,  le  Vicariat  ou  fouverain  Pontificat  de  la  Religion  Mufulman- 
ne  appartenoit  de  plein  droit  aux  defcendans  de  HoulTaïn  ,  fécond  fils  d'Ali , 
dernier  Khalife  de  la  famille  de  Mahomet ,  &  que  les  Abbaflîdes  avoient  ufurpé 
fur  eux  cette  dignité.  Cette  aflemblée  ajouta  ,  que  la  famille  des  Abbaffides 
s'étoit  rendue  indigne  de  cette  dignité ,  non-feulement  par  l'ufurpation  qu'ils  en 
avoient  faite;  mais  encore,  par  plufieurs  autres  tranfgreflîons  de  la  Loy  qu'ils 
avoient  commifes,  &  par  plufieurs  guerres  qu'elle  avoit  fufcitées  injultement  en- 
tre les  Fidèles. 

Après  que  l'Affemblée  eut  publié  cette  déclaration  &  fait  la  dépofition  folem- 
nelle  de  NalTer  ,  elle  délibéra  fur  le  choix  que  l'on  devoit  faire  d'un  nouveau 
fujet  pour  remplir  cette  place,  &  après  plufieurs  conteftations ,  tous  convin- 
rent enfin  d'élire  Alaeddin,  furnommé  M  Malek  Termedi.  Ce  perfonnage  fut 
donc  élu,  publié  &  reconnu  pour  Khalife  des  Mufulmaris  dans  toute  l'étendue 
des  Etats  foûmis  au  Sultan,  &  par  fon  crédit,  dans  tous  les  autres  qui  n'étoient 
pas  fujets  immédiatement  à  Nafîer. 

Le  Sultan  Mohammed  fort  fatisfait  du  fuccés  de  fon  entreprife ,  accompagné 
de  fon  nouveau  Khalife  &  fuivi  d'une  puillante  armée  ,  s'avança  vers  Bagdet 
d'où  il  prétendoit  chafler  Nailer  pour  inftaller  Ala  eddin  en  fa  place.  Mais 
les  neiges,  qu'il  trouva  dans  les  montagnes  fur  fa  route  ,  incommodèrent  telle- 
ment fon  armée  ,  &  lui  fermèrent  fi  bien  les  pafi^ages  en  plufieurs  endroits, 
qu'il  fut  obligé  de  retourner  fur  fes  pas  avec  une  perte  très-confidérable  de  fes 
Troupes.  Il  auroit  cependant  pourfuivi  fon  defl^ein  dans  une  faifon  plus  favora- 
ble, fi  l'irruption  que  les  Tartares  conduits  par  Ginghizkhan,  firent  au  même 
temps  dans  fes  Etats ,  ne  lui  en  euft  ofté  entièrement  la  penfée.  Car  l'on  vit 
alors  clairement,  fuivant  ce  que  difcnt  les  Hilloriens  Mufulmans,  que  Dieu  vou- 
lut punir  par  les  Tartares  ,  ce  Sultan  ,  du  Schifme  qu'il  avoit  fufcité  dans  le 
MufulmaniiÛTîc. 

En  effet ,  cette  irruption  foudaine  des  Mogôls  ou  Tartares  dans  la  Perfe ,  pré- 
cipita le  Sultan  Mohammed  du  plus  haut  point  de  la  puiffance  où  fa  valeur  & 
fa  bonne  fortune  l'avoient  élevée  dans  le  plus  profond  abyme  de  la  mifére,  & 
vérifia  le  Proverbe  Arabique:  Edha  tamm  icheï  vafa  nacfoho,  c'efl-à-dire ,  lorf^ 
qu'une  chofe  efl  arrivée  au  comble  de  fon  élévation,  elle  commence  aufR-tôt  à 
s'abaifi!er  ;  &  cette  fentence  Perfîenne  :  Que  la  Fortune  ravit  fouvent  avec 
promptitude  &  avec  violence  ce  qu'elle  femble  avoir  donné  avec  empreffement. 

L'origine  de  cette  décadence  du  Sultan  Mohammed  ,  fuivant  le  rapport  de 
Mirkhond  &  de  Khondemir  ,  fut  telle.  Ginghizkhan  ayant  fait  partir  de  fon 
Camp  un  Perfonnage  confidérable  ,  nommé  Ahmed  Al  Giondi  pour  efcorter 
une  Caravane  nombreufe  de  Marchands  qui  devoit  negotier  en  Perfe  ,  &  en 
rapporter  les  plus  prétieufes  marchandifes  de  ce  riche  pays,  cette  Caravane  prit 
fon  chemin  par  Otrar  ,  Ville  principale  de  la  Tranfoxane  qui  appartenoit  au 
Siiltan  Mohammed,  comme  nous  avons  déjà  vu. 

Il  fe  trouva  pour  lors  dans  Otrat  un  Gouverneur,  nommé  Anialhak,  Turco- 
rtan  de  nation ,  lequel  ayant  été  nourri  parmi  les  Efciaves  du  Serrail  de   la 

Reine, 


M  O  H  A  M  M  E  D.  5^^- 

Reine,  merc  da  Sultan,  s'étoit  avancé  pu-  la  faveur  de  fa  Mai (IrefTe  dans  los 
charges  de  la  Milice,  &  étoit  parvenu  jufqu'au  Commandement  de  cette  impor- 
tante Place.  Cet  homme,  pour  cacher  la  bailclfe  de  ion  Origine,  avoit  chm-é 
de  nom  &  fc  faifoit  appeller  Arekhani.  Mais  nonoblhnt  ce  changement,  {^s 
jnœui-s  &  fa  conduite  le  faiibicnt  toujours  aiT^z  connoiilre  pour  ce  qu'il  étoit. 

Ce  Gouverneur  aj^ant  fçu  qu'il  étoit  arrivé  dans  fa  Viile  une  riche  Caravane  de 
Marchands,  &  voulant  profiter  de  cette  occafion ,  les  fit  venir  tous  en  fa  pre- 
fencc  &  les  interrogea  fur  pluficurs  chefs  pou;-  les  faire  tomber  dans  quelque 
piège.  Un  de  ces  Marchands  qui  l'avoit  connu  dans  fa  baife  fortude  en  lui 
répondant,  le  nomma,  ou  à  deifein,  ou  par  mépriiè,  de  fon  ancien  nom.  Le 
Gouverneur  piqué  au  vif  des  paroles  de  cet  Etranger  qu'il  prenait  pour  u!:e 
efpece  d'infulte  &  de  reproche  ,  ordonna  aulîî-tôt  que  tous  ces  Marchands  faf- 
fent  arrêtez  &  mis  en  prifon  comme  Efpions ,  prétexte  qu'il  prit  pour  exercer 
plus  aifément  fa  vangcance  &  aifouvir  fon  avarice. 

11  dépêcha  en  même  temps  un  Courier  au  Sultan  fon  Maître  pour  lui  faire 
fçavoir,  qu'il  avoit  fait  emprifonner  des  Efpions  du  Camp  de  Ginghizkhan,  qui 
é'toient  venus  déguifez  en  Marchands  pour  reconnoîrre  fi  place  °  &  pour  lui 
demander  fcs  ordres  fur   la  manière  dont  i!  les  devoit  traiter. 

Le  Sultan  qui  fe  trouvoit  pour  lors  dans  l'iraque  Pcrlî^nne,  ayant  receu  leS 
dépêches  du  Gouverneur,  tomba  juftement  dans  le  malheur  duquel  les  Arabes 
parlent  dans  un  de  leurs  Proverbes  qui  dit:  Edha  gia  alcadha  âraa  albalfar,  c'eft- 
ii-dire,  lorfque  le  Deflin,  ou  plutôt,  le  Décret  de  la  Providence,  eil  arrivé,  les 
yeux  des  hommes  les  plus  fages  s'aveuglent  En  effet,  il  fe  troubla  fi  fort  & 
vit  fi  peu  clair  en  cette  occafion,  que  fans  conûderer  de  quelle  conféqucnce  il 
étoit  pour  lui  de  ne  pas  attirer  fur  fes  Eli  s  h  guerre  d.'s  Mogols  &  Tart'ares, 
il  envoya  ordre  à  ce  Gouverneur  de  faire  mourir  tous  ces  Prifonnicrs.  L'ordre 
fut  exécuté  à  la  referve  d'un  Ilul  de  la  troupe  de  ces  Marchands  qui  trouva  le 
moyen  d'échaper  par  la  fuite,  pour  porter  à  Ginghizkhan  la  nouvelle  de  tout 
ce  qui  s'étoit  pafTé. 

Cette  refolution  prife  fi  légèrement  par  le  Sultan ,  donne  occafion  à  fon  Hifto- 
fîen  de  dire  qu'il  n'avoit  pas  fuivi  le  Confcil  des  Sages  qui  difent,  que  lorfqu'ÎI 
y  a  deux  partis  à  prendre  dans  une  affaire  ,  i!  faut  toujours  choifir  le  moins 
^dang:reux,  &  qu'au  contraire  Ginghi^zkhan,  qui  étoit,  comme  dit  le  même  fort 
emphat-quemcnt,  une  montagne  de  gravité,  prit  une  conduite  toute  oppoféc. 
Car,  au  lieu  de  s'emporter,  &  de  prendre  fes  bottes,  &  chauffer  fcs  éperons, 
comme  dit  le  même  Auteur,  fur  cette  nouvelle,  il  fe  contenta  d'envoyer  un 
Exprès  vers  le  Sultan  pour  luy  demander  juftice  du  Gouverneur  d'Otrar. 

Le  Sultan  qui  avoit  fait  la  première  faute,  au  lieu  de  la  reparer,  tomba  dans 
une  féconde  qui  fut  caufe  de  fa  ruïne  entière.  Car  ne  voulant  donner  aucune 
fatisfadion  à  Ginghizkhan,  &  fçachant  le  fujet  pour  lequel  cet  Exprès  avoit  été 
dépêché,  il  différa  toujours  de  jour  en  jour  de  lui  donner  audience,  ce  qui 
irrita  telleme'nt  Ginghizkhan ,  qui  avoit  d'aiileui-s  beaucoup  d'autres  fujets  d'êtrs 
mécontent  de  lui,  qu'il  refolut  enfin  de  lui  déclarer  la  guerre. 

Ce  fut  l'an  615  de  l'Hegire  ,  qui  répond  h  l'an  1218  de  J.  C.  que  Ginghiz- 
khan fe  mit  à  la  tête  d'une  armée  compofée  d'un  nombre  prefque  infini  dj 
Mogols  &  de  Tartares ,  &  fortit  des  confins  du  Turquefian ,  femblable  à  un  tor-  ' 
rent  impétueux  qui  ayant  rompu  toutes  les  digues  qui  lui  furent  oppofées, 
inonda  en  peu  de  tercps  tou:es  les  Provinces  de  la  haute  Afie.  Le  Sultan  de 
;.l  ToMK  IL  Q  q  q  q  foiî' 


(574.  -  M  O  H  A  M  M  E  D. 

fon  côcc  ayant  reçu  les  premiers  avis  de  la  marche  des  Tartares  ,  quitta  aufîî- 
tôt  riraquc  Pcrfienne  où  il  ctoit,  &  s'étant  avancé  avec  la  plus  grande  armée 
quil  avoit  pu  ramafTjr,  jufques  fur  les  bords  du  fleuve  Gihon,  il  palîà  ce  grand 
lleuve  &  arriva  jufqaes  à  la  -Ville  de  Giond  dans  la  Province  Tranfoxane. 

Il  trouva  aux  environs  de  cette  Ville  un  détachement  de  l'armée  des  Tartares 
qui  ne  lâcha  point  le  pied  devant  lui.  Ces  gens  difoient  n'avoir  aucun  ordre 
de  combattre,  &  le  Sultan  leur  fit  dire  auffi  de  fa  part,  qu'il  ne  prétcndoit 
point  rompre  la  paix  avec  leur  Khan;  mais  qu'il  vouloit  avoir  le  palTage  libre 
fur  des  lerres  qui  lui  appartenoient,  &  marcha  cependant  droit  à  eux.  Ce  petit 
corpo  avancé,  de  Tartares  qui  n'étoient  qu'une  poignée  de  gens  auprès  de  l'ar- 
mée du  Sultan,  ne  lailia  pas  de  s'oppofer  à  fon  paflage  &  fit  de  fi  grands  efforts 
que  fans  la  valeur  incomparable  de  Gelaleddin  Mankbcrni,  fils  aîné  du  Sultan, 
le  fuccès  <ie  ce  combat  euft  été  douteux.  Mais  la  nuit  étant  furvenuë  ,  les 
Tartares  fe  retirèrent  en  bon  ordre  jufqu'au  gros  de  leur  armée,  où  ils  por- 
tèrent la  nouvelle  du  premier  choc  qu'ils  a<^oient  foûtenu  contre  les  Khoua- 
rezmiens. 

Le  Sultan  étonné  de  la  valeur  incroyable  de  cette  petite  troupe  de  Tartares» 
qui  avoit  mis  toute  fon  armée  en  confufion  &  en  fi  grand  danger ,  commença . 
h  fe  délier  de  fes  forces  ,  &  crut  ne  pouvoir  pas  refiilcr  à  Ginghizkhan  qui 
avoit  une  armée  fi  nombreufe  &  compofée  de  fi  vaillans  foldats.  C'eft  ce  qui 
l'obli'^ea  de  feparcr  fes  troupes  &  d'en  diftribuer  une  grande  partie  dans  les  pla- 
ces qui  défendoient  la  frontière  de  fes  Etats ,  &  tourna  bride  auffi-tôt  avec  le 
refte  de  fon  armée  du  côté  de  Samarkande. 

Le  Sultan  ayant  vu  les  Habitans  de  cette  Ville  fort  cmpreflez  au  travail  de 
leurs  folfez  qu'ils  creufoient  pour  fe  garantir  des  Tartares,  leur  dit  par  moque- 
rie en  parlant  des  Tartares  :  Si-  ces  gens  que  noua  avons  derrière  nous  &  qui 
nous  fuivcnt  de  près,  jettent  feulement  leurs  fouets  dans  ces  foffez,  ils  les  au- 
ront comblez  en  un  moment.  Ces  paroles  dites  alfez  inconfidérement  firent 
perdre  le  cœur  à  ces  pauvres  habitans  ,  aufquels  il  ne  refta  plus  aucune  efpe- 
rance  de  falut ,  lorfqu'ils  le  virent  repaifer  le  Gihon  ,  &  prendre  la  route  du  : 
Khorailan. 

Ce  Prince  étant  arrivé  dans  le  Khoralfan  fut  agité  de  diverfes  penfées  fur  la 
refolution  qu'il  devoit  prendre  pour  pourvoir  à  fa  fureté.  La  première  qui  lui 
vint  dans  l'efprit  fut  de  fe  retirer  aux  Indes  où  il  ctoit  puilîant ,  en  ayant 
conquis  une  grande  partie  avec  les  Etats  des  Gaurides ,  comme  nous  avons  vu 
ci-deifus.  11  s'avança  pour  cet  eifet  jufqu'à  la  Ville  de  Balkh  ,  &  dépêcha  un 
Exprès  à  Khouarezm  fa  Capitale ,  pour  faire  pafler  fa  mère  ,  fes  femmes  ,  fes 
enf tiis  &  ks  trefors  dans  la  Province  de  Mazanderan ,  pays  de  montagnes ,  où 
il  y  avoit  plulieurs  Châteaux  très-forts  qu'il  croyoit  devoir  être  innacceffibles 
aux  Tartares. 

Mais  ce  Prince  ayant  fait  peu  après  reflexion  que  s'il  pafl!bit  dans  les  Indes, 
il  abandonnoit  entièrement  la  Perfe  à  fes  ennemis,  il  rebrouflli  chemin  &  vint 
.caûip-r  auprès  de  la  Ville  de  Nifchabour,  une  des  principales  Villes  du  Kho- 
ralfan. &  des  plus  voiflnes  de  flraque  Perflenne.  Ce  fut-là  que  contre  fa  coû- 
.tume,  il  s'abandonna  pendant  plufleurs  jours  à  la  bonne  chère,  &  aux  autres 
divertiliemens  qui  l'accompagnent  &  qui  la  fuivent,  comme  s'il  eut  voulu  dire 
adieu  à  la  joye  &  aux  plaiûrs.    Car  en  effet,  il  n'en  goûta  plus  depuis  ce  temps- 


MO  H  A  M  M  E  D. 


^fs 


là,  &  tout  ie  refle  de  ùi  vie  né  fut  qu'un  ti/Tu  d'accidens  déplorables,  quffur-  ' 
venant  coup  fur  coup  &  fins  aucun  relâche ,  l'accablèrent  enîîn  entièrement. 

Ce  fut  au  milieu  des  pafîe-temps  de  Nifchabour,  que  Mohammed  apprit  que 
Sanbat ,  qui  commandoit  l'avantgarde  âes  Tartares ,  avoit  déjà  pair(î  le  Gihon  <k 
s'avançoit  à  grandes  journées  dans-  le  ithorailàn.  Cette  nouvelle  l'épouvanta  de 
telle  fort^,  qu'il  leva  incontinent  fon  camp  &  partit  avec  beaucoup  de  précipi- 
tation pour  gagner  la  I*rovind€^  d'Iraque.  Mais  comme  il  avoit  toujours  les 
Tartares  à  fes  troulTes,  il  fc  trouva  pourfuivi  fi  chaudement  qu'il  fat  obligé  de 
fuïr  de  Province  en  Province  ,  jiifqu'à  ce  qu'il  fut  fur  les  bords  de  la  mer 
Cafpienne,  &  il  ne  fe  trouva  point  en  fureté  que  lorfqu'il  eut  pafTé  dans  une 
des  Ifles  de  cette  Mer  ,  qui  porte  le  nom  d'Abgoun.  Car  ce  fut  alors  que 
les  Mogols  &  Tartares  perdirent  entièrement  fa  pille  (k  cefferent  de  le  pour^ 
fuivre. 

MoMmmed  ne  trouva  pas  véritablement  dans  cette  Iflc  aucune  confolation  à 
fes  maux 5  mais  au  moins,  il  y  joiiit  pendant  quelque  temps  du  repos  qui  lui 
étoit  neceiïaire  après  de  fi  loiigs  travaux.  Mais  enfin  ,  les  Tartares  ayant  eu 
connoilfance  du  lieu  de  fa  retraite ,  il  fut  encore  obligé  de  palfer  dans  une 
autre  Iflc  plus  Occidentale  où  il  étoit  moins  connu.  Mais  ce  fut-là  qu'il  rcceut 
une  nouvelle  qui  lui  caufa  la  plus  cruelle  afiliftion  qu'il  étoit  capable  de  relU^n- 
tir  en  toute  fa  vie.  Ce  fut  celle  de  la  prife  de  fa  merc  ,  de  fes  femmes  ,  de 
fes  enfans  &  de  fes  threfors  que  les  Tartares  avoient  faite ,  en  obligeant  le  Châ- 
teau imprenable  d'Ilâl  de  fc  rendre  entre  leurs  mains,  faute  d'eau. 

Cette  Place  étoit  fîtuée  dans  les  montagnes  du  Mazanderan  &  pafibit  pour  la 
plus  forte  de  tout  le  pays,  &  Mohammed  y  avoit  envoyé  tout  ce  qu'il  avoit 
de  plus  prétieux  au  monde.  Les  Tartares  qiii  fiifoient  enquête  du  Sultan,  paf- 
faut  par  ces  quartiers-là,  apprirent  que  ce  Prince  y  confervoit  '  fés  trefors,  & 
ne  manquèrent  pas  aufli-tôt  de  prendre  la  refolution  de  l'attaqUer  ;  &  à  peine 
en  avoient-ils  commencé  le  fiege  ,  qu'il  arriva  un  malheur  imprévu.  Car  les 
cifl:ernes  s'étant  taries  ,  l'eau  y  manqua  tout  d'un  coup  ,  ce  qui  de  mémoire 
d'homme,  ne  s'étoit  point  encore  vu. 

Les  AŒegez  réduits  à  une  fi  grande  neceffité,  furent  donc  obligez  de  fe  ren- 
dre pour  ne  pas  mourir  de  foif ,  &  ne  furent  pas  plutôt  fortis  de  la  Place  & 
rendus  dans  le  camp  des  Tartares ,  que  pour  furcroic  de  douleur  ,  il  tomba 
auffi-tôt  une  û  grofie  pluye,  qu'elle  remplit  non-feulement  toiites  les  cifternes; 
mais  fit  encore  regorger  fes  eaux  de  telle  forte,  qu'il  en  fortit  comme  un  tor- 
rent par  la  porte  du  même  Château. 

La  perte  irréparable  que  fit  le  Sultan  en  cette  occafion  ,  lui  caufa  une  dou- 
leur mortelle  qui  le  mit  au  tombeau  le  22  du  dernier  mois  de  l'année  Arabique 
nommé  Dhoulhigiah  ,  l'an  de  l'Hegire  617  ,  qui  étoit  celui  du  Cycle  duode- 
naire ,  auquel  les  Mogols  ou  Tartares  ,  donnent  le  nom  d'Ilan  ,  ou  Serpent. 
Aiiifi  finit  fes  jours  un  des  plus  puilîans  Monarques  de  tout  l'Orient,  lequel  ayant 
pofiedé  de  fi  grands  Tréfors  ,  manqua  à  fa  mort  d'un  linceul  pour  être  enfeveli , 
en  forte  qu'on  fut  obligé  de  l'enterrer  dans  fes  propres  habits. 

Les  Tartares  s'étant  rendus  Maîtres  de  tout  ce  qîi'ils  trouvèrent  dans  le  Châ- 
teau d'Ilal ,  envoyèrent  ce  riche  butin  à  Ginghizkhan  ,  qui  d'abord  fit  mourir 
tous  les  enfans  mâles  du  Sultan  &  fit  prefent  de  fes  femmes  &  de  fes  filles  aux 
Grands  de  fa  Cour  entre  lefquels  il  les  difiiribua.  Il  n'y  eut  que  fa  mère  que 
•ce  Tartare  épargna  &  à  laquelle  il  fit  quelque  honneur.     Car  il  la  fit  revêtir 

Qq  qq  2  d'un 


Cje  MOHAMMED.      • 

d'un  habit  de  deîiil  &  la  renvoya  chez  elle  en  coûte  liberté.  Mais  la  foule  cle 
ceux  qui  avoient  la  curiofité  de  lavoir,  avant,  qu'elle  partît,  fut  fi  grande,  que 
f^te  d'efcorte  elle  fût  étouffée  dans  la  preffe.. 

Le  Sultan  Mohammed  eut  pour  SuccelFeur  fon  fils  aîné  Gelai  eddin  Mank^ 
berni  félon  les  Hiftoriens  de  Perfe.  Mais  Ben  Schohnah,  qui  parle  de  lui  dans 
fon  Hiftoire  Arabique,  en  l'an  628  de  THcgire,  dit  qu'il  portoit  le  furnom  de 
Sekfi  î  &  i^ous  donne  la  Généalogie  de  Molmmmed  foa  père  en  la  manière 
qui  fuit. 

Mohammed  Kothbeddin  &  Alaeddin ,  dont  le  furnom  ou  titre  ordinaire  efl 
Khouarezm  Schah ,  étoit  fils  de  Takafch,  fils  d'Arflan  ,  fils  de  Kutulmifch,  fils 
de  Sebekteghin,  qui  étoit  auffi  pcre.  de  Mohammed  fondateur  de  la  Dynaflie 
dei  Gaznevides. 

Il  laiffa,  fuivant  le  même  Auteur,  quatre  enfans  entre  lefquels  il  partagea  les 
quatre  Gouverncmens  généraux  de  fes  Etats.  Il  donna  à  l'aîné,  nommé  Gelai 
eddin  Sekri,  le  Royaume  de  Gaznah,  &  les  Etats  qu'il  polTedoit  aux  Indes. 

Imlag  Schah,  le  fécond  de  fes  enfans,  eut  pour  fon  partage,  les  Provinces  de 
Khouarezm,  du  KhoralFan  &  de  Mazandcran. 

Le  troifième,  nommé  Tatar  Schah,  gouverna  la  Caramanie  Perfique  avec  les, 
Provinces  de  Kis  &  de.Makran,  qui  font  les  plus  méridionales  de  la  Perfe. 

Le  quatrième,  nommé  Gour  Schah,  commandoit  dans  les  deux  Iraques  Per- 
fienne  &  Babylonienne,  qui  comprcnoient,  la  Perfe •  haute  &.  baffe  ,  la  Sufianet 
«Se  la  Chaldée.; 

Ces  quatre  enfans  joints  au  Sultan  leur  perc ,  avoient  chacun  leur  Garde  que 
les  Mahometans  diftribuent  ordinairement  aux  cinq  heures  qui  font  defl:inées. 
chez  eux  à  la  prière,  en  forte  que  les  quatre  fi-eres  faifoient  chacun  leur  garde 
pendant  le  jour,  après  que  le  Sultan  avc)it  fait  la  fienne  au  lever  du  Soleil.  C'eft 
cette  première  garde  ou  Veille  ,  qui  porte  le  nom  d'Alexandre  le  grand  ,  & 
dans  laquelle  l'on  comptoit  vingt-fept  Rois  ou  Princes,  qui  étoient  tous  Tribu^ 
taires  de  ce  Sultan,,    f^'oyez  le  titre.de  Gêlal  eddin., 

MOHAMMED  Ben  Abdalrahman  ,  Ben  Hakçm.  Ceff  Mohammed,  fils 
d'Abdalrahman ,  fécond  du  nom  &  petit-fils  de  Hakem  ,  cinquième  Khalife  des 
Arabes  en  E{].-)agne  de  la  race  des  Ommiades... 

11  fucceda  à  fon  père  l'an  238  de  FHegire  ,  &  mourut  l'an  273  qui  répond 
à  l'an  de  jefus-Chrill  885,  âgé  de  foixante  ans.  Ce  fut  fous  fon  règne  que  la. 
Ville  de  Tolède  fe  révolta;  mais  elle  retourna  à  fon  obéïïfance ,  l'an  245,  année, 
remarquable  par  la  dcfcente  des  Normans  en  Efpagne  &  par  les  grands. raviiges 
qu'ils-  y  firent. 

Ce  Khalife  entra  dans  la  Navarre  qui  s'étoit  confervée  jufqu'aîors  contre  les 
Maures  ou  Arabes,  &  il  ruina,  entièrement  tout,  le  terroir  de  la  Ville  de  Pam- 
pelune.  Mais ,  il ,  ne  put  pas  s'établir  dans  ce  Royaume  qui  demeura  toujours 
entre  les  mains,  des  Chrétiens.     Il  eut  pour  Sueceffeur  Al  Mondir.  .. 

Un  autre  Mohammed ,  fils  de  Habeth ,  Prince  Arabe  en  Efpagne ,  qui  préten-. 
doit  être  de  la  même  race  desJDmmiades ,  s'étant  rendu  Maître  de  la  Ville  de 
Seville,  &  fe  voyant  attaqué  par  le  Roy  Alphonfe  l'an  477  del'Hegire,  appeîla 
les-  Marabouts,  ou  Al  Moravides  d'Afrique  en. Efpagne.  ^oysz  le  titre  de  Mo- 
rabeth,.  ou  Morabethoun». 

MOHAMMED 


MO  H  A  M  M  E  D.  577 

MOHAM'MED-  Ben  Biizmk  umid.  C'efl:  le  nom  du  troifième  Prince  delà 
Dynaftie  des  Ifmaeliens  de  l'Iran,  c'eft-à-dire,  de  ces  Princes  impics  &  fcelerats 
qui  regnoient  dans  la  haute  Perfe  &  qui  font  les  mêmes  que  nos  Hilloriens  ont 
appelles,  les  Aflaffins.     l^oyez  le  titre  d'Ifmaelioun. 

Mohammed,  fils  de  Haflan,  efl  le  cinquième  Prince  de. la  même  Dynaftie. 

MOHAMMED  Ben  Kelaoun.  C'eft  le  nom  d'un  des  Sultans  Mamelucs 
d'Egypte  de  la  race  Turquefque  ,  lequel  fucceda  à  fon  frère  Khalil.  Il  porta 
le  titre  d'Aï  Malek  Al  Nafler ,  mais  feulement  pendant  un  an.  Car  il  fut  dé- 
pofledé  à  caufe  de  fon  bas  âge ,  n'aj'ant  pas  encore  atteint,  fi  dixième  année ,  Tan 
de  l'Hegire  694,  &  de  J.  C.  1294. 

MOHAMMED  Khodabendeh.  C'eft  le  nom  propre  du  douzième  Sultan 
des  Mogols  fucccfteurs  de  GinghizI^Iian ,  qui  étoit  fils  d'Argounkhan  ;  mais  com- 
me il  eft  plus  connu  fous  fon  nom  Tartarc  d'Algiaptou ,  l'on  a  parlé  de  lui 
fous  ce  titre. 

MO  H  AMME  D  Khodabendeh,  Ben  Thahamasb ,  furnommé ,  Al  Zarir,  c'eft- 
à-dire,  l'aveugle.  C'eft  le  fils  de  Schah  Thamas,  Roy  de  Perfe.  Il  étôit  Gou- 
verneur de  la  Province  de  Khorallan  ,  lorfqu'Ifmael  fon  frère  aîné  qui  avoit 
fùccedé  à  Thahamasb,  mourut. 

Ifmael,  qui  étoit  le  fécond  du  nom,  Roy  de  Perfe  de  la  famille  des  Sofis, 
ayant  fait  mourir  tous  fes  frères,  épargna  celui-ci,  parce  qu'il  étoit  aveugle, 
de  forte  qu'il  l'eut  pour  fuccelfeur  l'an  985  de  l'Hegire. 

Mohammed  Khodabendeh  fit  la  guerre  quelque  temps  à  Amurat ,  Sultan  des  ■ 
Turcs  &  fut  battu  en  plufieurs  rencontres  &  perdit  la  Ville  de  Tauris  ,  où  les 
Turcs  bâtirent  un  Château  qu'il  affiegea  en  vain,  &  qui  ne  fut  repris  que  par 
Schah  Abbas  fon  fils.  Il  mourut  après  un  règne  de  fix  ou  fept  ans  l'an  993 
de  l'Hegire,  &  laifla  pour  fuccefleur  un  fils,  nommé  Schah  Abbas,  qui  com- 
mença fon  règne  l'an  de  J.  C.  1585.  C'eft  ce  Schah  Abbas,  qui  s'eft  rendu  fi 
célèbre  dans  nos  Hiftoires  dès  le  commencement  du  fiècle  courant  ,  &  duquel 
nos  Voyageurs,  &  entre  autres  Pietro  délia  Valle,  nous  ont  laiflTé  de  fort  am-- 
ples  Relations. 

MOHAMMED  Sultan  Ben  Gihanghir,  Ben  Timour.  Ce  Sultan  étoit  fils 
de  Gihanghir  &  petit- fils  de  Tamerlan.  Il  fut  envoyé  par  fon  père  Gihanghir, 
jufqu'aux  derniers  confins  de  fon  Gouvernement,  c'eft-à-dire,  par-delà  le  fleuve 
isihoun,  ou  laxartes,  en  tirant  vers  fOrient  pour  y  tenir  en  bride  les  peuples 
qui  s'y  mutinoient,  félon  le  rapport  d'Ahmed  Ben  Arabfchah  dans  fon  Hiftoire, 
intitulée  Akhbar  Timour,  ou  Hiftoire  de  Tamerlan. 

MOHAMMED  Mirza,  ou  Mohammed  Sultan.  C'eft  un  des  enfans  de  Baï- 
fankor  ,  fils  de  Schahrokh,  fils  de  Tamerlan.  Il  avoit  deux  frères,  dont  l'un 
portoit  le  nom  d'A'laeddoulat,  &  l'autre,  celui  de  Babor,  ou  Babur.  Ces  trois 
frères  eurent  plufieurs  démêlez  enfemble  pour  la  fucceffion  de  leur  père  &  de 
leur  ayeul,  dans  lefqueJs  enfin  Mirza  Mohammed  Sultan  fut  tué  dans  une  ba^ 
UiHe  qu'il  livra  à  Bahor ,  l'un  de  fes  frères. 

r   .'  "     '   ■■  Qqqqs  Mohammed, 


C-j^  MOHAMMED. 

MOHAMMED  Mobarezeddin ,  &,  Mohammed  Modhaffer.  Voyez  le  titre 
des  ModhafFeriens ,  Dynaftie  ou  race  de  Princes  qui  regnoient  en  Perfe ,  qui 
fut  enfin  abolie  &  exterminée  par  Tamerlan. 

MOHAMMED  Beg.  C'efi:  le  nom  d'an  Sultan  de  la  Dynaftie  des  Tur- 
comans,  nommez  Koïnlus,  c'eft-à-dire ,  du  mouton  blanc.  Il  étoit  fils  de  jofef 
&  petit-fils  de  Hafian  Al  Thauil,  c'efl:-à-dire ,  de  Haffan  le  long,  que  les  Turcs 
appellent  Uzun  Haflan  ,  &  nos  Hiftoriens  Uzum  CafTan,  Il  eut  aulîî  un  frère 
nommé  Alvend  Beg ,  &  ils  régnèrent  tous  deux  fucceflîveraent ,  mais  Moham- 
med ne  régna  qu'un  an  dans  la  Ville  d'Iezd  &  fes  dépendances  dans  le  Khoraf- 
fan ,  &  fut  tué  auprès  d'Ifpahan  par  Morad  Beg ,  autre  Prince  de  la  même 
famille  qui  lui  faifoit  la  guerre.  , 

MOHAMMED,  furnommé  Sarbedal  ,  ou  Sarbedar.  C'efl  le  nom  d'un 
Scherif ,  ou  Defcendant  d'Ali  qui  étoit  le  Chef  d'une  efpece  de  Vagabons  & 
gens  fans  aveu,  qui  s'étoient  rendus  Maiftres  de  la  Ville  de  Scbzvar  &  de  quel- 
ques autres  en  Khoraffan.  Ce  perfonnage  qui  fe  fiiifoit  encore  appeller  Seïd 
Mohammed  ,  s'éroit  acquis  cependant  une  très-haute  réputation  dans  tout  le 
pays ,  par  fa  probité  ,  quoyqu'il  fut  le  Chef  d'une  troupe  de  Bandouillcrs  qui 
ne  fubfifloient  qu'aux  dépens  de  leurs  voifins.  Car  le  nom  de  Sarbedal ,  ou  Sar- 
bedar ,  dont  on  peut  voir  le  titre  particulier  ,  fignifie  proprement  ceux  que 
les  Arabes  appellent,  Dagàr,  &  Thafchar,  qui  font  des  gens  qui  vivent  de  la 
manière  que  nous  les  avons  décrits. 

Lorfque  Tamerlan  entra  dans  la  Province  de  KhorafTan  ,  il  voulut  voir  cet 
homme  qui  avoit  acquis  une  fi  haute  réputation.  Il  lui  fit  un  fort  bon  accueil, 
fe  leva  devant  lui  &  l'embralïa,  &  lui  dit,  qu'il  n'étoit  venu  en  ces  quartiers- 
là  que  pour  le  voir;  de  forte  que,  bien  loin  d'être  maltraité  par  ce  Conqué- 
rant ,  comme  il  l'apprehendoit  ,  il  fut  renvoyé  chez  lui  comblé  d'honneur  & 
de  prefens. 

MOHAMMED  Schah,  Ben  Bchram  Schah ,  Ben  Togral  Schah.  C'efl:  un 
Sultan  de  la  Dynafiie  des  Selgiucides  de  la  féconde  branche  ,  que  l'on  nomme 
ordinairement,  des  Cadherdiens. 

Ce  Sultan  ne  fut  pas  plutôt  élevé  fur  le  thrône,  qu'il  fe  vit  attaqué  par  Scl- 
giukfchah  fon  parent.  Cette  attaque  imprevcuë  l'obligea  d'avoir  recours  à  Arflan, 
fils  de  Togrul,  Sultan  de  la  première  Dynaftie  de  la  même  Maifon  des  Selgiu- 
cides. Ce  Sultan  lui  accorda  là  protection  &  lui  donna  un  fecours  fi  confidéra- 
ble,  qu'il  défit  entièrement,  &  mit  en  fuite  Selgiukfchah  fon  ennemi.  Il  arriva 
cependant ,  que  Malek  Dinar  ,  qui  étoit  de  la  race  d'Ali  &  un  des  Chefs ,  com- 
me le  Tarikh  Khoziddeh  le  dit,  du  peuple  choifi,  entra  avec  une  armée  Tan 
de  l'Hegire  583,  dans  le  Kerman,  qui  efi;  la  Caramanie  Perfienne  où  les  Cad- 
herdiens regnoient,  &  s'en  rendit  le  Maifl;re.  Mohammed  fchah  ne  fe  trouvant 
pas  en  état  de  refiller  à  ce  nouvel  ennemi  qui  l'avoit  furpris ,  fut  obligé  d'aban- 
■donner  fes  Etats  ,  &  ce  fut  en  fa  perfoune  que  finit  la  féconde  branche  des 
Selgiucides. 

MOHAMMED  fchah  Ben  Hegiag'.  C'efl  le  nom  du  neuvième  &  dernier 
Sultan  de  la  Dynaftie  des  Cara  CilUiaïens,    Foyi^  Jeiîï  titre  particulier. 

MOHAMMED 


At  O  H  A  M  M  E  D.  i^rp 

MOHAMMED  Schah  Ben  Cara  Jofsf.  C'eft  le  nom  du  fécond  Prince  ou 
Sultan  des  Turcomans  de  la  race  ,  furnommée  Cara  Coïn  ,  c'cft-à-dire ,  du 
Mouton  noir.  Il  fucceda  k  fon  père  Cura  Jofcf,  Fondateur  de  cette  Dynallie, 
&  régna  dans  la  Perfe  l'elpace  de  vingt-trois  ans  ,  à  la  fin  defquels  il  "fut  tué 
par  Ahmed  Hamadani,  l'an  de  l'Hegire  833  félon  Khondemir. 

MOHAMMED  Schamfeddin,  C'eft  le  premier  Prince  de  la  Dj'naftie,  qui 
porte  le  nom  de  Molouk  Kurt.     frayez  le  titre  de  Schamfeddin. 

MO  FIA  M  MED  Khan  Ben  Baïazid  Khan.  C'eft  Mahomet  I  du  nom  ,  cin- 
quième Sultan  des  Turcs  Ottomans  qui  régnent  aujourd'huy  à  Conftantinople. 

Il  (jtoit  fils  de  Bajazet  premier  du  nom,  furnommé  Ddirim,  ou  le  Foudre, 
qui  fut  défait  &  pris  prifonnier  par  Tamerlan.  Bajazet  av'oit,  lorfqu'il  fut  pris, 
cinq  enfans  mâles,  lefqueis  fe  firent  la  guerre  les  uns  aux  autres  pendant  douze 
ans;  de  forte  qu'il  y  a  des  Hiftoriens  qui  comptent  Soliman  Chelebi,  &  Mouf- 
fa,  deux  de  ces  cinq  frères,  entre  les  Sultans  Othmanides  ou  Ottomans. 

Mouflli  ou  Moyfe,  défit  &  tua  Soliman  fon  frère,  &  Mahomet,  qui  eft  celui 
dont  nous  parlons  &  qui  étoit  l'aîné  de  tous  ,  fit  mourir  Moulîa  &  demeura 
feul  Monarque  des  Ottomans  depuis  l'an  816  de  l'Hegire,  jufqu'en  824  &  de  J.  C. 
142 1 ,  qu'il  mourut. 

Ce  Sultan,  que  quelques-uns  comptent  pour  le  feptième  de  la  famille  Ottoma- 
ne ,  après  avoir  fini  les  guerres  avec  fes  quatre  frères ,  eut  à  combattre  des 
feditieux  qui  fe  fouleverent  fous  prétexte  de  pieté  &  de  Rehgion.  Car  plufieurs 
S-ophis  &  Derviches  qui  étoient  de  la  Sefte  d'Ali ,  mirent  à  leur  tête  le  Scheïkh 
Bedreddin  qui  tint  bon  pendant  quelque  temps  contre  les  Troupes  de  Moham- 
med;.mais  ce  Sultan  extermina  enfin  heureufement  tous  ces  révoltez. 

Mahomet  I  lailîa  pour  fucceft'eur  fon  fils  Amurat,  que  nous  appelions  fécond 
du  nom ,  &  que  les  Turcs  nomment  Morad  Ben  Mohammed. 

MOHAMMED  Khan  Ben  Moradkhan.  C'eft  Mahomet  II  du  nom  que 
les  Turcs  furnomment  Al  Fateh,  c'eft-à-dire,  le  Conquérant  par  excellence.  Il 
étoit  fils  d'Amurat  II,  &  commença  à  régner  feul  après  la  mort  de  fon  père. 
Tan  855  de  l'Hegire,  &  fit  bâtir  d'abord  un  Château  fur  le  Bofphore  de  Thra- 
ce,  que  l'on  appelle  vulgairement  le  Canal  de  la  Mer  Noire  ,  pour  avoir  le 
pafTage  libre  en  Afie.     Car  il  tenoit  pour  lors  fon  fiege  à  Andrinople. 

Il  fe  prépara  enfuite  à  faire  le  fiege  de  Conftantinople,  &  la  prit  enfin  l'an  857 
de  la  même  Hégire,  le  29  May  de  l'année  1453  de  J.  C.  dans  la  troifième  fefte 
de  la  Pentecofte. 

L'an  860  de  l'Hegire,  qui  eft  l'an  1455  de  J.  C,  il  attaqua  la  Ville  de  Belgrade, 
Capitale  de  la  Rafcie  ou  Servie.  Cette  Ville  qui  étoit  confiderée  alors  comme 
le  Boulevart  de  toute  l'Europe,  fut  défendue  par  Jean  Hunniade ,  Voïvode  delà 
Tranffylvanie,  fécondé  du  zèle  de  faint  Jean  de  Capiftran.  Jean  Hunniade  eft 
celui  que  les  Turcs  appellent  Jankous ,  qui  fut  père  de  Matthias  Corvin,  élu 
depuis  Roy  de  Hongrie. 

Mahomet  fut  blefïe  dangereufement  dans  l'attaque  de  cette  place,  &  fut  enfin 
obligé  d'en  lever  le  fiege  le  6  d'Aouft  de  la  même  année,  jour  auquel  le  Hape 
Cal  lifte  III  inftitua  &  fit  célébrer  la  fefte  de  la  Transfiguration  de  N.  S.  en 
mémoire  &  en  action  de  grâce  d'une  fi  vigourcufe  défen'fe.    Après  ce  mauvais 

fuccès. 


68v  MO  H  A  M  M  E  D. 

fuccès,  Mahomet  laififa  pour  quelque  tems  les  Chrétiens  en  repos.  Mais  ,  dè3 
l'an  869  de  l'Hcgirc  ,  il  fe  rendit  maître  de  la  Bofline  ,  que  les  Turcs  appel- 
lent Herzegovinah  &  Bofchnah  Vilaïeti  ,  &  dans  les  années  871  &  872  de  Î'E- 
pire  ou  Albanie,  qu'ils  nomment  Arnaut  Vilaïeti. 

La  prife ,  que  Mahomet  fit  de  l'Ifle  de  Negrepont,  fuivnt  en  874.  C'eft  cette 
Ifle  que  les  Anciens  ont  appellée  Euboée  ,  &  que  les  Turcs  appellent  aujour- 
d'huy  Egribos,  k  caufe  de  l'Euripe  qui  la  fépaj-e  du  Continent  de  la  Grèce,  & 
c'eft  de  ce  mot  Turc  corrompu  que  le  nom  vulgaire,  que  nous  luy  donnons  de 
Ncgrepont,  a  été  formé. 

L'an  878  de  l'Hegire  ,  de  J.  C.  1473  ,  Mahommet  II,  accompagné  de  fes 
Crois  enfans  Muflafa,  Bajazet  &  Gem,  palla  dans  l'Afie  Mineure,  où  les  Trou- 
pes d'Uzun  Halfan  ou  Uzum  Cafian  faitbient  des  courtes  jufques  aux'  environs 
de  la  Ville  de  Tokat.  Cet  Uzun  HalFan  étoit  un  Prince  des  Turconftns  du 
Mouton  blanc,  qui  pollédoit  alors  non-feulement  tous  les  Etats  que  nous  com- 
prenons aujourd'huy  fous  le  nom  du  Royaume  de  Perfe;  mais  encore  l'Armé- 
nie, la  Méfopotamie  &  une  grande  partie  de  la  Syrie,  &  il  n'eut  pas  plutôt 
appris  que  Alahomet  marchoit  avec  un  puillant  corps  d'armée,  qu'il  refolut  d'al- 
ler au-devant  de  luy;  en  forte  qu'ils  fe  trouvèrent  en  préfence  dans  la  grande 
campagne  de  Gialderoun  ,  au  milieu  de  la  Province  de  Geneic  ou  Cappadoce, 
dont  Amahe  eft  la  Capitale  &  Tokat  dans  fon  voifinage.  Le  combat  fut  très- 
fanglant  de  part  &  d'autre ,  &  la  viâoire  long-tems  douteufe  ,  mais  enfin  ,  Ma- 
homet remporta  un  fi  grand  avantage,  qu'Uzun  liaiFan  y  perdit  la  meilleure 
partie  de  fes  troupes  avec  un  de  Ces  enfans. 

L'an  880,  la  Ville  de  Cafa,  que  les  Anciens  nommoient  Throdojta^  avec  tout 
le  pays  de  Crim  ou  de  Précop,  fut  prife  par  Mahomet,  &  l'année  fuivante  le 
pays  de  Cara  Bogdan,  qui  efi:  la  Moldavie,  où  ks  Troupes  avoient  été  b  ttucs 
l'an  879,  fut  entièrement  fubjugué,  Mais  au  milieu  de  tant  de  viéloires.  Ma- 
homet  ne  lailTa  pas  d'être  battu  en  plufieurs  endroits.  Car  les  Troupes  de 
Matthias  Corvin,  fils  de  Hunniade,  le  battirent  en  Hongrie  l'an  882  ,  &  Jean 
Caftriot ,  que  nous  appelions  ordinairement  Scanderbeg  ,  luy  fit  ik  caufa  plu- 
fieurs pertes  en  Albanie. 

Le  fiége  de  Rhodes,  qu'il  entreprit  l'an  885,  ne  luy  rcu/ïït  pas  mieux.  Mais 
cependant  il  ne  laiifa  pas  de  prendre  dans  la  même  année  la  Ville  d'Otrante 
dans  la  Pouille,  &  il  fe  préparoit  pour  aller  attaquer  le  Sultan  d'Egypte,  étant 
pafi'é  déjà  pour  cet  effet  en  Natolie,  lorfque  la  mort  l'arrêta  tout  court  ,  l'an 
886  de  l'Hegire,  qui  efi;  l'an  148 1  de  J.  C.  Bajazet  II  du  nom,  qui  étoit  fon 
fi!s,  luy  fucceda  ,  car  fon  aîné,  nommé  Mufiafa  ,  étoit  mort  avant  luy.  Le 
troifième  ,  nommé  Gem  ,  fit  beaucoup  d'afi^dres  à  fon  frère  Bajazet.  Mais  il 
fut  toujours  vaincu  &  malheureux,  l^oycz  les  titres  particuliers  de  Bajazet  & 
de  Gem. 

Le  Sultan  Mahomet  H  n'étoit  pas  feulement  Guerrier;  car  les  Turcs  le  met- 
tent au  nombre  des  plus  fçavans  Doéleurs  de  leur  Religion,  &  il  airaoit  fi  fo3t 
tous  les  Gens  de  lettres  ,  qu'il  aflîfl:oit  en  perfonne  à  leurs  conférences  &  à 
leurs  difputes  ,  diflribuant  des  prix  de  grande  valeur  à  tous  ceux  qui  exccî- 
"îloient,  ou  dans  l'Eloquence  ou  dans  la  Poëfîe.  Il  n'étoit  pas  même  ignorant 
dans  l'Hifloire  Grecque  &  Latine ,  &  il  fit  traduire  en  Turc  plufieurs  de  nos 
Livres ,  dont  nous  trouvons. encore  des  verfions  en  Langue  Turque,  qui  luy 
font  dédiées. 

MOHAMMED 


M  0  H  A  M  M  E  D.  5», 

MOHAMMED  Khan,  Ben  Morad  Khan.  C'cfl  encore  le  nom  de  Maho- 
met III  du  nom,  fils  d'Araurat  III,  Sultan  des  Ottomans,  qui  commença  fon 
règne  l'an  1003  de  l'Hegire  ,  en  faifant  étrangler  tous  les  frères  ,  qui  furent 
portez  en  terre  en  même  tems  que  leur  père.  Il  régna  neuf  ans ,  &  mourut 
l'an  de  l'Hegire  1012,  c'eft-à-dire  ,  en  l'an  1603  de  J.  C.  Comme  le  règne 
de  ce  Prince  a  fini  dans  ce  fiècle  ,  &  qu'il  efl  alfez  connu  par  nos  Hiftoriens 
modernes,  l'on  n'en  dira  pas  ici  davantage,  non  plus  que  du  fuivant. 

MOHAMMED  Khan,  Ben  Ibrahim  Khan.  C'eft  Mahomet  IV,  qui  com- 
mença à  régner  l'an  1648,  après  que  fon  père  eût  été  étranglé.  Il  efl  le  XIX 
Sultan  des  Ottomans.  Il  affiégea  Vienne  en  1683  ;  mais  non  pas  en  perfonne,, 
dans  le  mois  de  Juillet,  &  fut  obligé  de  le  lever  le  12  Septembre  ,  &  enfin, 
il  a  été  dépofc  &  Soliman  fon  frère  luy  a  fuccedé. 

MOHAMMED  Ben  Abifiarour,  furnommé  Al  Sadiki.  C'efi:  l'Auteur  d'un 
Livre  intitulé  Raoudhat  alzahiat ,  c'eil-à-dire ,  le  Parterre  agréable.  C'efl  une 
efpèce  de  Florilège.    Foy^z  Sadiki. 

MOHAMMED  Ben  A'bdalkerim.  C'efl  le  nom  d'un  Doéleur  de  la  Seflè 
d'AfcharL  II  étoit  natif  de  la  Ville  de  Schchcreftan ,  de  laquelle  il  prit  le  fur- 
nom  de  Schehereflani.     Foyez  ce  titre. 

.  MOHAMMED  Ben  A'bdallah,  Ben  Saracd  Al  Esfahani.     C'efl  le  même 
qu'O'mad  Al  Kateb.     Foyez  ce  titre. 

MOHAMMED  Ben  A'bdal  Khalek,  Ben  Milarouf.  C'efl  l'Auteur  du  Li- 
vre  intitulé  Keniz  allogat,  c'efl-à-dire,  Tréfor  de  la  Langue  Arabique.  Cet  Au- 
teur efl  nommé  Al  Ghili  &  Al  Ghilani ,  à  caufe  qu'il  étoit  natif  ou  originaire 
de  la  Province  de  Ghilan  fur  la  Mer  Cafpienne. 

MOHAMMED  Ben  Ahmed.  C'efl  l'Auteur  d'un  Ouvrage  intitulé  BoIgaC 
allogat,  qui  efl  un  Diftionnairc  Arabe,  Perfan,  Turc  &  iVJogolien. 

Mohammed  Ben  Ahmed,  furnommé  ou  qualifié  Al  Mokri ,   c'ell-à-dire  ,   le 

On  lui  attribue 


tieufes.  Le  fécond  porte  le  titi-e  de  Tohfat  alalbab,  c'efl-à-dire  ,  Préfent  fait 
aux  Gens  d'efprit  ;  &  le  troifième  celuy  de  Megeles  Mahaffen  alâthâr ,  c'efl-à- 
dire,  Converfations  agréables.  Ces  deux  derniers  Livres  traitent  aufli  à-peu-près 
le  même  fujet. 

MOHAMMED  Ben  A'bdalrahman.  C'efl  le  nom  d'un  Perfonnage  que  les 
Jurifconfultes  Mufulmans  citent  dans  leurs  décifions ,  fous  le  nom  de  Moham- 
med  Ben  Abi  Leïli,  &  les  Traditionnaires  fous  celuy  de  Mohammed  Ben  A'b- 
dalrahman. 

MOHAMMED  Ben  CafTem ,  Ben  Jakoub.  C'efl  le  nom  d'un  Dofteur 
qui  naquit  l'an  864  de  l'Hegire  dans  la  Ville  d'Amafie  en  Natolie ,  &  qui  finit 
fes  études  de  la  Loi  îklufulmanne  en  888  dans  TEcôle  d'Ahmed  Ben  A'thaalla, 

Tome  IL  R  r  r  r  fur- 


CH  MO  H  A  M.M  t  tr/ 

furnomme  Al  Crimi.  Nous  avons  de  luy  un  Livre  aiTez  connu,  qu'il  a  intîtu. 
lé  Raoïidh  alakiiiar,  c'eft-à-dire,  les  Jardins  des  Gens  de  bien,  qui  eft  propre» 
ment  un  Abrégé  du  Rabî  alabrar.     i^oyez  ces  deux  titres. 

Il  y  a  un  autre  Mohammed  Ben  CalFem,  Ben  O'kaïl,  que  le  Géographe  Par- 
fien  dit  être  le.  Fondateur  de  la  Ville  de  Schiraz  en  Perfe.  : 

MOHAMMED  Demefchki.  Cefl  le  nom  d'un  Poëte  illuftre  ,  qui  vivoit 
du  tems  de  Fadhel,  fils  d'Iahia  le  Barmecide.  .  Voyez  le  titre  de  Fadhel. 

MOHAMMED  EenEdris.  Cefl  le  nom  du  célèbre  Dofteur  &  Imam 
Schafèï.     Foyez  le.  titre  de  Schafêï. 

MOHAMMED  Ben  Giaber  Ben  Senan.  C'eft  le  nom  d'un  grand  Philo- 
fophe  &  Mathématicien,  qui  nous  efb  connu  fous,  le  nom  de  Geber.  Foyez  \qs 
tkres  de  Bothani  &  de  Harrani  ,  qui  font  les  furnoms  de  ce  Dofteur  ,  à  caufe 
qu'il  étoit  natif  de  la  Ville  de  Bothan ,  voifine  de  celle  de  Harran  en  Mcfopo- 
tamie  ,  pays  des  Sabiens ,  du  nombre  defquels  Geber  étoit.  ,  Foyez  aufli  le  ti- 
tre de  Sabi. 

MOHAMMED  Gazali.  C'eft  le  nom  d'un  fameux  Dofteur  Mufulman  y 
qui  fut  furnomme  Hoggiat  Aleflam.     Foyez  le  titre  de  Gazali. 

■-•MOHAMMED  Ben  Hafîlin.    C'ell  l'Auteur  d'un  Commentaire  fuT;  le  Gia- 

mê  alkebin     Foyez  le  titre  de  Giamê.  .  lA  hraiOu- 

MOHAMMED  Ben  Iakoub.  C'efl  l'Auteur  du  Livre  intitulé  Camous,du- 
âuel  on  peut  voir  le  titre  en  fon  lieu.  Ce  Dofleur  naquit  l'an  de  l'Hegire 
729  &  mourut  l'an  8r6.  II  eft  furnomme  Al  Schirazi  &  Al  Firouzabadi ,  à 
caufe  qu'il  étoit  natif  de  Firouzabad  ,  Ville  fituée  aux  environs  de  cejle  de 
Schiraz.  . 

MOHAMMED  Ben  Ifmael.  Nom  d'un  Dofteur,  qui  a  compofé  un  Ou- 
vra"-e  fort  eftimé  par  les  Mufulmans,  qui  porte  le  titre  de  Giamê  Sahhi.  Foyez 
le  Titre  de  Bokhari,  qui  eft  le  furnom  de  cet  Auteur. 

MOHAMMED  Ben  Keram.  C'eft  l'Auteur  d'une  Sefte  particulière,  qui 
■^orte  fon  nom.  Car  on  appelle  ceux  qui  en  font  profeffion  Keramioun^  c'eft- 
Lure,  Keramiens  ou  Keramites.  Ce  Docteur  eft  furnomme  Al  Zeringi,  à  cau- 
fe qu'il  étoit  natif  d'une  Ville  de  Perfe,  nommée  Zeringe.  , 

MOHAMMED  Ben  Khoaend  ,  ou  Khavend  ,  ou  Khond  fchah.  C'eft  le 
nom  du  fameux  Hiftorien  de  Perfe,  que  nous  connoilTons  fous  le  nom  de  M ir^ 
Ihond.    Voyez  le  titre  de  Khoaend. 

MOHAMMED  Ben  Mahboub.  C'eft  le  nom  d'un  homme  que  hs  Muful- 
mans révèrent  comme  un  de  leurs  Saints.  Jafêï  a  écrit  fa  Vie  dans  la  trente» 
feptième  feftion  de  fon  Hiftoire. 

MOHAMMED  Ben  Maktoul.  C'eft. le  même  que  Piri  Reïs.  Foyez  cq  iki-e, 

MOHAMMED 


MOHAMMED. 


) 


!  ^^i 


MOHAMMED  Ben  Mahmoud.  C'cft  le  nom  propre  de  Zoudnevis.  Foyez 
ce  titre.  Ce  perfonnage  étoit  natif  de  Bagdad;  c'cfl  pourquoi  il  ea  furnommé 
Al  Bagdadi. 

MOHAMMED  Ben  Mohammed,  Ben  Khouarezm  Schah,  C'efl  le  nom  de 
l'Auteur  dn  Livre  intitulé  Hakam  alâlamah  ,  c'eft-à-dire  ,  Décifions  des  Doc- 
teurs de  la  Loy  Mufulmanne.  Il  paroît,  par  le  nom  que  cet  Auteur  porte, 
qu'il  étoit  petit-fils  du  Sultan  Mohammed  Khouaz'czm  fchah ,  ou  au  moins  de 
fes  Defcendans. 

MOHAMMED  Ben  MoufTa  Al  Khouarezmi.  Nom  d'un  grand  Aftrono- 
me  ,  qui  vivoit  fous  le  Khalife  Al  Mamon  ,  &  qui  nous  a  lailfé  des  Tables 
Aftronomiques ,  qui  étoient  fort  en  vogue  avant  que  Naffer  eddin  eîit  compofé 
les  (iennes. 

Il  y  a  un  autre  Perfonnage,  qui  porte  ce  même  nom;  mais  qui  eft  furnom- 
mé Al  Gialis ,  comme  qui  diroit  rArfeireur.  Mais  ce  mot  fignifie  en  Arabe  prin^ 
cipaleraent  celuy  qui  efl  admis  dans  la  converfation  ou  dans  la  familiarité  d'un 
autre  ,  de  même  que  Nedim  fignifie  celuy  qui  eft  admis  à  la  table  &  dans  les 
plaifirs  de  quelqu'un ,  foit  Prince ,  foit  particulier. 

MOHAMMED  Ben  Ràfê.  C'eft  le  nom  d'un  Saint  Mufulman,  duquel  Ja- 
fêi  a  écrit  la  Vie.    f^oyez  l'Article  46  de  fon  Hiftoire. 

MOHAMMED  Ravendi.  Foyez  le  titre  de  Tabriz,  qui  eft  la  Ville  de  Tauris. 

MOHAMMED  Razi.  C'eft  le  nom  d'un  Ambafiadeur  que  Mohammed 
Khouarezm  fchah  envoya  autrefois  au  Khathaï  ou  à  la  Chine,  peut-être  à  Gin- 
ghizkhan,  même  avant  qu'il  fe  fût  brouillé  avec  lui. 

MOHAMMED  Ben  Sabâh.  C'eft  le  nom  d'un  Saint  Mufulman,  dont  Ja. 
fèi  a  écrit  auffi  la  Vie  dans  la  vingt  &  unième  fe(5lion  de  fon  Hiftoire. 

MOHAMMED  Ben  Salam  ,  Al  Giamhi.  C'eft  l'Auteur  du  Livre  intitulé 
Thabakat  Al  Schoâra,  c'eft-à-dire,  l'Hiftoire  ou  la  Vie  des  Poètes,  réduite  par 
clafl'es.  Il  y  a  un  Mohammed  Ben  Salam  ,  dont  Mondheri  a  écrit  la  Vie  en 
particulier. 

MOHAMMED  Ben  Sirin.  C'eft  l'Auteur  des  Oneirocritiques.  Cet  Auteut 
a  traduit  &  commenté  en  Arabe  l'Ouvrage  d'Artemidore  fur  les  Songes. 

MOHAMMED  fchah  Ben  Fanari  ,  appelle  auffi  Ben  Al  Hagi  &  Hafllinza. 
deh.  Il  mourut  l'an  839  de  l'Hegire  ,  ou,  félon  quelques  Exemplaires,  l'an 
939  ,  &  a  écrit  fur  un  Livre  de  Jurifprudence  Arabique  ,  compofé  par  Kemaî 
Pacha. 

MOHAMMED  Schamalgani.    Foyez  Schamalgani. 

MOHAMMED  Vefa  ou  Mohammed  Ben  Abilfeva  Kemalcddin.  C'eft  l'Au- 
teur de  Hasb  alfadat.  Livre  qui  traite  des  Salât,  c'eft-à-dire,  de  ceux  qui  def. 
cendent  de  la  race  d'Ali.    Il  eft  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n^,  689. 

Rrrr  2  MOHAMMEN 


^M  M  O  H  A  M  M  E  N.  —  M  0  H  A  V  E  R  A  H. 

MOHAMMEN  Ben  Abdalmôthi.  C'eft  l'Auteur  du  Livre  intitulé  Latbaïf 
alakhbar  ,  Hilloire  générale  d'Egypte,  qui  finit  en  l'an  1033  de  l'Hegire ,  qui 
eft  l'an  1623  de  J.  C. 

MO  H  AND  ES,  Ce  mot  Arabe  fignifie  un  Géomètre  &  un  Architefte.  Ebn 
Al  Mohandes  ,  le  fils  de  l'Architefte.  C'eft  le  fiirnom  d'Aboulfadhl ,  Auteur 
du  Livre  intitulé  Adouiat  almofredat,  qui  traite  des  Médiçamens  fimples. 

MO  H  AR  EBAT.  Guerre  ,  combat  &  bataille.  Il  y  a  un  Livre  Arabe  in^ 
titulé ,  Moharebat  alfolthan  Selim  mê  alfolthan  Canfouah  Gauri,  c'eft-à-dire ,  Hif- 
toire  de  la  guerre  que  Soliman  I ,  Sultan  des  Turcs ,  fit  à  Canfouah  Gauri ,  que 
nos  Hiiloriens  appellent  ordinairement  Campfon  Gauri  ,  Sultan  des  Mamelucs 
Circaffiens  d'Egypte.  L'Auteur  de'  cet  Ouvrage  efl  Ahmed  Ben  Zènbel ,  fur- 
nommé  Al  Rammal ,  c'efl-à-dire,  le  Géomautien.  Ce  Livxe  fe  trouve  dans  la 
Bibliothèque  Royale,  n'.  833. 

MOHAREBL    C'ell  le  furnom  d'Ebn  Athia.     Foyez  fon  titre 

MOHARRAM.  Ce  qui  eft  facré  &  défendu  par  la  Loi.  C'eft  auffiJe 
nom  du  premier  mois  de  lAnnée  Arabique  ,  avant  même  le  Mufulmanifme,  & 
il  eftainfi  nommé  à  caufe  qu'il  étoit  défendu  parmy  les  anciens  Arabes,  de 
fe  faire  la  guerre  les  uns  aux  autres  pendant  le  cours  de  ce  mois-:,  aufïi-bien  quœ 
pendant  les  trois  autres  mois  de  Regeb  ,  de  Dhoulcâadah  &  Dhoulhigiah. 

Les  dix  premiers  jours  du  mois  de  Moharram  •  font  appeliez  par  les  Mahome- 
tans  Aïam  almâdoudat,  c'eft-à-dire  ,  les  jours  comptez,  à  caufe  qu'ils  croyent 
que  c'eft  pendant  ces  dix  jours  que  l'Alcoran  fut  détaché  des  Cieux  pour  être 
tommuniqué  aux  hommes;  &  le  dixième  jour  du  même  mois  eft  nommé  A'fchour 
&  A'fchourah,  duquel  on  peut  voir  le   titre. 

■    MOHARRAR.     Ce  mot  Arabe  fignifie  Libre.    C'eft  audî  le  nom  d'un  Li- 
vre intitulé  MokhtaflTar  almoharrar.  Foyez  plus  bas  le  titre  de  Mokhtaflar. 

MO  H  A  S  C  H I.     Foyez  Bardai. 

MOHASSEL  afkar  almotecaddemin  v  almotakherin  men  alhokama  almote- 
kalleniin,  Sentimens  des  Métaphyficiens  ou  Dofteurs  Scholaftiques ,  tant  anciens 
que  modernes.  C'eft  un  Ouvrage  de  P^akhrcddin  Mohammed  Ben  O'mar  Al 
Razi  ,  ie  plus  fameux  Dofteur  Scholaftïque  des  Mufulmans.  Ce  Livre  a  été 
commenté  par  Katcbi,  qui.  a  intitulé  fon  Commentaire  Mofaflel.  Il  eft  dans  la 
Bibliothèque  Royale,  n''.  932. 

M  OH  AT  S.  C'eft  une  Ville  de  la  Baflxï  Hongrie,  que  les  Anciens  ont  ap. 
pellée  Afag(7/mw,  ,  Elle  .  fut  prife  .&,  fortifiée  par  Mahomet  fécond  du  nom, 
Sultan  des  'l'urcs.  Ce  fut  auprès  de  cette  Ville  que  Loiiis  II,  fils  de  Ladillas, 
Roi  de  Hongrie,  fut  défait  par  Soliman  l'an  932  de  l'Hegire,  qui  eft  de  J.  C 

1525. 

>   MO  H  AVER  A  H   algedaliah.     Dîfpute  &  Controverfe  fur  la  Religion  entre 

leRaheb  Gergis,  c'eft-à-dire,  le  Moine  George  &  trois  Mufulmans.    Cet  Ouvi». 

ge  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n^.  153.1.  -  , 

M.OHL 


-^    ]\r  O  H  I.  —^  M  0  H  I  T  H.  Ç85 

MOHI.  Vivifiant.  Qui  donne  la  Vie.  C'eft  un  des  attributs  de  Dieu,  le- 
quel les  Mufulmans  qualifient  de  Mohi  &  de  Momit ,  c'eft  -  à  -  dire ,  celui  qui 
donne  la  vie  &  qui  donne  la  mort.  Mais  en  particulier,  c'efl:  l'attribut  que  les 
plus  anciens  Grecs  &  Orientaux  ont  donné  au  faint-Efprit,  &  qui  a  été  inféré 
dans  le  Symbole  de  Nicée,  par  le  fécond  Concile  de  Lonftantinople. 

M  O  H I A  R.  C'eft  le  nom  d'un  Poëte  Arabe  ,  qui  vivôit  fous  le  règne  '  de 
Caïera  Beemrillah  ,  XXVI  Khalife  de  la  race  des  Abbaffides  ,  &  qui  mourut 
l'an  de  l'Hegire  428.  Ce  Poëte  avoit  été  Mage  ou  Zoroaftrien  de  Religion, 
&.s'étoit  fait  Mahometan. 

Mohiar  étant  fort  fatj-rique  dans  fes  Ouvrages,  le  Do6leur  Bothan  eddin  luy 
dit  un  jour  agréablement:  Sçais-tu,  Mohiar,  ce  que  tu  as  fait,  en  quittant  le 
Magifme  pour  embrafler  le  Mufulmanifme  ?  Tu  t'es  tourné  d'un  coin  de  l'enfer 
à  un  autre  ;  car  tu  étois  autrefois  un  Adorateur  du  feu  &  un  Difciple  des 
Mages,  &  maintenant  tu  es  devenu  le  Caiomniateuf  des  Mufulmans.  - 

MOHI  EDDIN.'  Cêluy  qui  fait  revivre  &  fleurir  la  Religion.  C'eft  le 
furnom  que  portent  plufieurs  Dofteurs  Mufulmans,  comme  Mohi  eddin  Al  Bolc 
hari,  Auteur  des  Fetaouu  ou  Décilions  Juridiques  de  la  Loy  Mufulmanne,  que 
l'on  appelle  vulgairement  les  Fetfas  des  Mouftis. 

Mohi  eddin  lahia  Al  Naouaoui,  qui  eft  Auteur  d'une  Rcfalat ,  c'eft- à -dire, 
Epître  ou  plutôt  Traité  de  Métaphyfique. 

Mohi  eddin  ou  Mohaï  eddin  Al  Magrcbi  ,  grand  Philofophe  &  Mathématii 
cien  de  Naffer,  Sultan  d'Halep.  Il  eft  furnommé  Al  Magrebi,  parce  qu'il  avoit 
été  nourri  &  élevé  en  Efpagne  &  en  Afrique.  Il  fut  fauve  du  fac  de  la  Viilè 
d'Halep  par  Holagou,  qui  luy  donna  la  Vie  à  caufe  de  fa  fcience  &  l'aflbcia  à 
Naifer  eddin  Al  Thoufli ,  pour  travailler  aux  Obfervations  qui  fe  firent  dans  la 
Ville  de  Maraga  ,  l'an  658  de  l'Hegire  ;  deforte  que  ce  Dofteur  a  eu  grande 
part  à  la  compofition  des  Tables  Aftronomiqucs  qui  portent  le  titre  de  Zig'i 
Ilekhani.  Il  y  a  dans  la  Bibhotheque  Roj^ale,  n^.  10:3,  un  Ouvrage  de  Mohi 
eddin  Al  Magrebi ,  qui  porte  le  titre  de  Schagerat  alnômaniat ,  qui  eft  l'arbre 
Généalogique  de  la  Famille  de  Nôman,  Roy  d'Arabie.  Cet -Auteur  avoit  beau- 
coup voyagé. 

MOHIB  EDDLN.  C'eft  le  nom  d'un  Dofleur  qui  étoit  Cadis  de  Damas  au 
teras  de  Saladin.  Il  étoit  fort  bon  Poëte  ,  &  il  fit  un  Poëmc  k  la  louange  de 
ce  Prince,  dans  lequel  il  luy  prédit  qu'il  feroit  la  conquefte  de  la  Ville  de' Hie- 
rufalem,  dans  le  mois  de  Rcgeb,  qui  eft  le  fécond  de  l'année  Arabique,  t^oyez 
le  titre  de  Saladin. 

MOHIB  EDDIN  Al  Thabari,  Al  Meldd.  C'eft  l'Auteur  d'un  Livre  j 
qui  traite  du  Droit  Civil  &  Canonique  des  Mufulmans,  intitulé  Gaïat  alahkam,  - 

MOHITH.  Eahr  Al  Mohith.  La  Mer  qui  embraffe  toute  la  terre,  c'ell- 
à-dire,  l'Océan.     C'eft  le  titre  de  plufieurs  Ouvrages. 

AlBahr  Al  Mohith,  eft  le  nom  du  grand  Diftionnaire  de  la  Langue  Arabi- 
que, co.npofé  par  Mohammed  Al  Firouzabadî,  &  qui  porte  ordinakement  le  tu 
tre  de.Camous,, jnot;  qui  fignifte  auffi  en  Arabe  l'Océan., 

R  r  r  r  3  .  ïl:î 


(585  M  QHS  EN.         MQHTADL 

Il  y  a  auflî  un  antre  Ouvrage  de  Sarakhfi,  qui  porte  le  nom  de  Mohith,  & 
dont  il  y  a  quatre  éditions  ;  la  première  en  quarante  volumes  ;  la  féconde ,  en 
douze;  la  troifième ,  >  en  quatre;  &  la  quatrième,  en  deux.  C'ell  cet.  Ouvrage 
qui  fait  que  Sarakhfi  porte  le  titre  de  Saheb  Al  Mohith,  c'eft-à-dire ,  l'Auteur 
du  MohitiL     i^oyez  le  titre  de  Sarakhfi.  ^i, 

nrMOHSEN.     Ebii  Mohfen.     /^oye;^  Ebn  A'fakelV 
"•^MOHTADI  Billah  Ben  Vathek  Billah.    C'eft  Mohtadi,  fils  de  Vathek ,  qua- 
torzième  Khalife  de  la  race  des  Abbaflîdes.  Il  fucceda  à  Môtaz  Billah,  qui  avoit 
été  obligé  par  la  Milice  Turque  ,  alors  fort  puiifante  dans   la  Ville  de  Samara, 
fiëge  du  Khaîifat,  de  fe  dépofer  luy-môme  fan  255  de  l'Hegire. 

Ce  Khalife  aîmoit  fort  la  juftice  ,  &  la  rcndoit  luy-mêjne  en  perfonne  tous 
Jes  jours  à  Tes  fujets,  fupprimant  même  une  partie  des  Tributs  dont  ils  étoient 
chargez  ,  &  fit  fleurir  en  même  tems  la  Religion  Mufulmanne  ,  en  aboliflânt 
l'ufage  du  vîn,  des  jeux  &  des  darifes  défendues  par  la  Loi. 
'  II'  arrjva  dans  les  premiers  jours  du  règne  de  Mohtadi  ,  que  Mouflli ,  fils  de 
Bouga,  Turc  de  nation,  Général  des  armées  du  Khaîifat,  &  qui  faifoit  la  guer- 
re pour  lors  à  Hafl'an,  fils  d'Iezid,  Chef  (\qs  Alides  ,  c'eft-à-dire ,  des  Faftieux 
&  Partifms  d'Ali  ,  ayant  appris  la  mort  du  Khalife  Môtaz  ,  qui  avoit  été  tué 
après  fon  abdication  ,  quitta  le  Camp  qu'il  avoit  près  de  la  Ville  de  Bagdet  , 
&  s'approcha  de  Samara,  pour  tirer  vengeance  de  ceux  qui  avoient  trempé  dans 
fa  mort. 

Cette  Déclaration  du  Général  Turc  fit  peur  h.  Saleh,  fils  de  Vaflif,  Vizir  du 
Khalife  Mohtadi  ,  qui  avoit  eu  plus  de  part  qu'aucun  autre  dans  le  meurtre  de 
Môtaz.  Cette  crainte  luy  fit  prendre  la  réfolution  de  quitter  la  Cour  &  de  fe 
tenir  caché  pour  quelque  tems.  Mais  Aloufia,  qui  le  cherchoit,  ayant  mis  des 
efpions  en  campagne  ,  J'çjit  l^ipi^tôt  eutre  fes  mains ,  &  le  fit  punir  de  fon 
crime.  ,,  -rtr,    :^^■-■■r<,'■    -[^ 

Sur  la  fin  de  la  même  année  255  de  l'FIe.gire,  les  Zinges  ou  Zinghiens,  peu- 
ple de  Nubiç,  d'Ethiopie  &  du  pais  des  Çafres,  que  nous  appelions  aujourd'hui 
Zanguebar,  s'étant  répandus  dans  l'Arabie,  &  de-ià  dans  l'Iraque  Arabique  & 
dans  les  environs  des  Villes  de  Coufa,  de  BaflcH-a  &  autres  lieux  cii'convoifîns, 
fe  révoltèrent  contre  leur  Gouverneur  ,  &  mirent  à  leur  tête  un  certain  Ali, 
fils  de  Mohammed  ,  qui  fe  difoit  fauffement  être  de  la  race  du  faux  Prophète. 
Ce  Chef  de  brigands  fe  fortifia  fi  bien  d'armes  &  de  troupes,  qu^il  fe  rendit 
■Maître,  non-feuleTnent  des  Villes  de  Bafibra  &  de  Ramlah;  mais  encore  de  Beau- 
coup d'autres  Places  de  la  Province  d'Iraque  ou  Chaldée  &  même  d'une  partie 
de  l'Arabie.  Il  régna  quatorze  ans  ,  malgré  tous  les  efi'orts  que  fit  le  Khalife 
pour  le  réduire  à  fon  obéiifance  ,  &  il  prit  le  titre  de  Saheb  Al  Zing',  c'eft- 
à-dire,  de  Maître  ou  Prince  des  Zinges,  qu'il  tranfmit  à  plufieurs  de  fes  Suc- 
ceiTeurs,  qui  ont  fait  .beaucoup  d'affaires  aux  Khalifes,  fucceffeurs  de  Mohcadi. 

Quelques-uns  ont  appelle  ces  Zinghiens  du  nom  de  Rihens  ;  mais  c'efi;  pour  ' 
■avoir  mal  lu  la  ponftuation  des  lettres  Arabiques  ,   car  la  figure  des  lettres  du 
mot  de  Zing'  eft  la  même  que  celle  du  mot  de  Rih. 

L'an  255,  le  Khalife  Mohtadi  voulant  reprimer  l'infolence  de  la  Milice  Tur- 
cucfque , -^-'attira  tellement  leur  haine,  que  Bankial  &  MoufiTa,  fils  de  Bouga  leurs 
■Chefs  s'étant  unis  enfemble  ,  la  firent  révolter   contre  luy.      Le  Khalife  ayact 

i^it 


M  a  I  A  s  s  A  R.  M  O  K  H  T  A  R^  ;,!  ^r 

fîtt'  faîfir  d'abord  Bankial  j  le  fit  punir  de  fon  attentat.  Mais  cette  '  à^fon  de 
févericé^  au  lieu  d'appaifer  la  fédition,  ne  fit  que  l'échauffer  davantage.  Car  les 
Turcs  vinrent  '  l'affiéger  dans  fon  propre  Palais-,  &  Je  tirèrent  d'un^lieu  où  il 
s'éroit  cache  pour  le  faire  mourir  en  luy  ferrant  les  bourfes. 
,  Mohtadi  ne  régna  qu'onze  mois ,  pendant  lefquels  il  exécuta  cependant  tant 
de"  grandes  chofes ,' -qu'il  paflîe  pour  être  entre  les  Khalifes  Abbaflides,  ce  qu'a- 
voit  été  Omar,  fils  d'Abdalàziz,  entre  les  Ommiades.  Car  il  ne  tiroit  du  Tré- 
for  Roj-al  que, fort  peu  de  chofts  pour  fon  entretien.  Il  reforma  le  luxe  de  la 
C(?ur  des  Khali'fes  ,  &*  abolit  uns  infinité  d'abus  qui  setoient  introduits  par  la 
corruption ,  ou  par  la  négligence  de  fes  Prédéceffeurs.  Khondemir.  Ben  6chohnah. 

MOIA^SAR.  Ebn  Moïaffar.  C'eft  l'Auteur  d'un  Livre  intitulé  Tarikh 
Mefr  ou  Hiftoire  d'Egypte,  duquel  Soioutbi  fait  mention  dans  .1^  feéfaç^  de  la 
fienne.  d  s^-vo^i    '.•,-.' 

'-MOKHALLES."  Sauveur.  Les  Chrétiens  Arabes  ^donnent  ce  titre  à  Je- 
ilis-Chrifl ,  comme  tous  les  autres  Chrétiens  font  chacun  en  leur  langue  priva- 
tivement  à  tous  autres.  Cependant  les  Hilloriens  Orientaux,  tant  Chrétiens  que 
Mahomc'tans,  écrivent  que  Hermès,  qui  eil  fOrus  ou  le  Mercure  Trifmegille 
des  Egyptiens ,  a  été  furnommé  Mokhalles  albafchar  ,  c'cll  -  à  -  dire ,  le  Sauveur 
des  hommes.  . 

MOKHAMMES  II  y  a  un  Mohammed,  qui  étoit  fils  ou  petit- fils  dç 
Mokhammes  Al  Zobadi  ,  qui  efl  Auteur  d'un  Livre  qui  porte  le  titre  d'Araâlij 
c'eft-à-dire ,  de  Diclées  fur  des  Matières  légales  du  Muiulmanifme.' 

-  MO  î^  H  A  RE  K.  C'eft- .le.  nom  d'un  célèbre  xMuficien  de  la  Cour  du  Khal;^ 
fe  Al  Mamon.  Mokharek  &  Zulzouî  paffent  pour  les  deux  plus  excellens  Mu- 
liciens  qui  ayent  vécu  fous,  le  Règne  des  Khalifes.  .  Foyez  le  titre  d'Ibrahim  ,- 
fils  de  MahadJj         .■-Tf-.fio  yiCt  :-;;;'-:  J     /'rj.-:  if!  >]/./ 

MOKHAREML  C'eft  le  furnora  d'Abou  Sâïd  AI  Mobarek  Ben  Aii  \qm 
a -été  un  des  principaux  Chefs  des  Sofis,  dont  l'on  peut  voir  .la  fucceffion  dans 
le  titre  de  Conoui. 

MOKHTALEF  alefma.     La  différence  des  nomg.     C'eft.  Je  titre  d'un  Ou- ■ 
vrage  de  Grammaire  Arabique,  compofé  par  Zaraakhfchari. 

MOKHTAR  Ben  Abou  O'beïdah.  C'eft  le  nom  d'un  Arabe  qui  étoit  fur- 
nommé  Al  Thekifi  ,  à  caufe  qu'il  étoit  originaire  de  la  Tribu  de  Thekif  On 
dit  qu'il  fut  trouvé  fous  les  pieds  d'un  Eléphant  ,  dans  la  bataille  de  Khaïbar 
qt^  fe  donna  fous  le  JChalifat  d'Omar. 

Ce'  vaillant  homme  fe  mit  en  tête  de  vanger  la  mort  de-  Houffaïn  &  de  ceux 
de  la  Maifon  de  Mahomet  qui  furent  tuez  à  la  bataille  de  Kerbela ,  &  pour  ve- 
nir plus  aifément  à  bout  de  fon.  entreprife,  il  fe  préva,lut  de  J'autorité  de  Mo- 
hammed, fils  d'Hanefiah,  féconde  femme  d'Ali,  qui  étoit  regardé  comme'  Je 
Chef  de  cette  Maifon,  &  qui  faifoit  fa  demeure  ordinaire  à  la  Mecque. 

Il  affembh  donc,    fous  le  nom  de  ce  Moham.med  qui  ne  voulut  pourtant  ja-  - 
îûais  prendre  le  titre  de  Khalife ,  beaucoup  de  Troupes ,  avec  lefquelles  il  corn-  - 

battit  : 


6«S  M  0  K  H  T  A  R.        M  O  K  H  T  A  S  S  A  R. 

battit  &  ■défît  tous  les  Généraux  d'Iezid,  de  Mervan  &  d'Abdalmalek,  tous  trok 
Khalifes  de  la  race  d'Ommie  ,  &  fe  rendit  IMaître  de  Coufah  &  de  toute  l'Ira- 
quc  Babylonienne  ,  doiît  cette  Ville  étoit  la  Capitale  ,  &  ne  pardonna  jamais  à 
aucun  de  ceux  qui  s'étoient  déclarez  ennemis  de  la  famille  du  Prophète  ,  ni  à 
ceux  que  l'on  pouvoit  croire  avoir  trempé  leurs  mains  dans  le  fang  de  Houf- 
faïn  ou  de  les  proches;  de  forte  que  l'on  dit,  qu'il  avoit  fait  mourir  près  de 
cinquante  mille  hommes  de  ces  gens-là,  fans  compter  ceux  qui  avoient  été  tuez 
dans  les  combats  qu'il  avoit  livrez. 

Mokhtar,  après  toutes  ces  Vi6loires,  fut  enfin  défait  &  tué,  fan  de  l'IIegi- 
re  6y,  par  Maffab,  frère  d'Abdallah,  fils  de  Zobeïr  ,  qui  avoit  pris  la  qualité 
de  Khalife  dans  l'Arabie,  &  lailfa  plufieurs  cnfans  qui  fe  font  fignalez  en  plu- 
ficurs  rencontres ,  de  telle  forte  qu'il  y  a  un  Livre  intitulé  Anouar  alathàr  fi 
fadhl  bani  Al  Mokhtar  ,  qui  traite  des  belles  aùlipns  de  Mokhtar  &  de  fes  en- 
fans.     Foyez  le  titre  d' Anouar. 

"MOKHTAR  alfetaoui.  Le  Recueil  ou  l'Eflitc  des  Décifions  juridiques  fe. 
Ion  les  principes  d'Abou  Hanifah.  Cet  Ouvrage  a  été  compofé  par  Gemaled- 
din  Abdallah  Ben  Mahmoud,  Ben  Maudoud  Al  Balathi.  L'on  dit  de  ce  Livre 
par  éloge,  falkutub  kelouarak  v  almokhtar  keldhahab,  c'eft-à-dire  ,  tous  les  Li- 
vres font  des  feuilles  ;  mais  le  Mokhtar  efb  tout  or.  Ce  Livre  ell  dans  la  Bi- 
bliothequc  du  Roy,  if.  638  &  639. 

Borhancddin ,  furnommé  Al  Marghinani ,  a  fiit  un  pareil  Recueil  qui  eft  com* 
me  un  Abrégé  du  précèdent  ,  duquel  on  trouve  auffi  un  Abrégé  fous  le  nom 
d'Ekhtiar  Al  Mokhtar. 

MOKHTAR  Al  Sehah.^  C'efl  l'Abrégé  du  Diftionnaire  Arabique  de  Giau- 
beri ,  fait  par  Ben  A'bdalcaher.  Ce  Livre  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  fie- 
yale,  n».  1088. 

MOKHTAR  fil  thebb.  Livre  de  Médecine  fort  eilimé.  Ebn  Hobal  en  eft 
l'Auteur. 

MOKHTAR.  Ketab  al  Mokhtar  fi  Kefchf  alafrar.  Livre  choifi  pour  la 
découverte   des  fecrcts.     Livre  fuperllitieux  de  Giauberi. 

Il  y  a  plufieurs  autres  Livres  qui  portent  aufïï  ce  titre  ,  comme  celuy  de 
Mokhtar  Aboul  Regia,  Mokhtar  Ben  Mohammed  Al  Zahcdi  ,  &c.  l^oyez  les 
titres  des  Auteurs  ,  comme  auflî  ceux  d'Aïdon  &  d'Adib  ,  tirés  de  Nezam  aL 
mulk. 

MOKHTASSAR.  Abrégé.  C'efl  le  titre  d'un  fort  grand  nombre  de  Li- 
Très  Arabes,  dont  les  principaux  font: 

MOKHTASSAR  aldaoual.  Abrégé  des  Dynafliôs.  C'efl  l'Hiiloire  d'À- 
boul  Farage,  affez  connue  par  l'Edition  que  Pocok  nous  en  a  donnée. 

MOKHTASSAR  fi  akhbar.  Hifloîrc  générale,  compofée  par  Aboul- 
feda  ,  qui  nous  a  donné  aulîi  une  Géographie ,  fous  le  nom  de  Takouim  aî- 
boldan. 

MOKHTASSAR' 


M  O  K  H  T  A  s  s  A  R.  M  O  K  T  A  F  I.  «ap  ^ 

MOKHTASSAR  Giamê  alkcbir.  Voyez  le  titre  de  Giamè.  Cet  Abbregé  a 
été  fait  par  plufieurs  Auteurs  dont  ks  noms  font ,  Al  Balefchi ,  Al  Karkhi  '^  Al 
Thahaoui,  &c. 

MOKHTASSAR  al  Moharrar.  Règles  de  Droit,  compofées  par  Rafèï  & 
abbrégées  parMohieddin  Al  Nauaoui,  ou  NDUoui.  Ce  Livre  eft  dans  la  Biblio- 
thèque Royale,  n^.  598. 

MOKHTASSAR  fi  êlm  feraïd,  Abbregé  du  Livre  .des  Succcfllons ,  félon 
les  Loix  du  Mahometifme.  Ce  Livre  des  fucceffions  .&  particulièrement  de  cel- 
les qui  viennent  du  côté  des  femmes,  porte  le  titre  de  Feraidh  alaichnehiah. 

MOKHTASSAR  Al  Heraoui.  Ouvrage  Grammatical,  compofé  par  Heraoui, 
Il  efl  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n°.  11 19. 

MOKHTASSAR  Al  Mozeni.    Voyez  le  titre  d'Ibrahim  Al  Merouzi, 

MOKTAFI,  XVII  Khalife  de  la  Maifon  des  Abbalîides,  étoit  à  Raccah 
quand  fon  Père  Motadhed  y  mourut.  Il  fut  reconnu  d'abord  pour  Khalife  dans 
la  même  Ville  &  enfuite  à  Bagdet,  où  il  vint  faire  fa  rcfidence.,  l'an  de  l'ile- 
gire  289. 

Dans  la  même  année  Zacaruiah  ,  fils  de  Maharuiah ,  Prince  des  Carmathes ,  fit 
une  irruption  en  Syrie,  Mais  il  y  fut  défait  &  tué  par  les  troupes  du  Khalife. 
Houllaïn-  fon  frère  ayant  pl'is  fa  place  eut  un  plus  heureux  fuccés  ;  car  il  fe 
rendit  MaiUre  en  fort  peu  de  temps  de  pluiicurs  V'illes  de  la  Syrie, 

Ces  Princes  Carmathes  pretendoient  defcendre  d'Ifmaël ,  fils  de  Giafe;  Sa-iik, 
•fixième  Imam.  Houlfaïn  en  fon  particulier,  qui  commandoit  pour  lors  toute  la 
Nation  des  Carmathes,  portoit  le  furnom  de  Saheb  Alfamah,  qui  lui  avoit  été 
donné  par  fobriquet  à  caufe  d'un  porreau  noir  qu'il  portoit  au  vifage  ,  &  le 
General  de  fon  armée  ctoit  auffi  furnommé ,  Sahclj  Elkhal ,  pour  la  même  rai- 
£on.     Ces  deux  mots  de  Sameh  &  de  Khal ,  fignifient  la  même  chofe  en  Arabe. 

Houlfaïn  avoit  déjà  pillé  ou  mis  à  contribution  toute  la  Syrie,  quand  Mob- 
tafi  vint  à  Moful  l'an  290,  avec  cent  mille  hommes  pour  le  combattre,  &  en- 
voya de  Raccah,  jufqu'où  il  s'avança,  Mohammmed,  fils  de  Soliman,  un  de  fes 
Généraux,  aux  troulles  des  Carmathes.  Ceux-ci  prcnoicnt  déjà  la  fuite  fur  la 
.nouvelle  des  approches  du  Khalife,  iorfqu'ils  furent  attaquez;  de  forte  que  leur 
déroute  fut  entière  &  complète  ,  &  que  liouiraïn  &;  fon  General  avec  36® 
des  fiens  tombèrent  entre  les  mains  d'un  des  Chefs  de  l'armée  du  Khalife,  & 
furent  faits,  prifonniers,  fur  le  point  qu'ils  vouloient  pafler  l'Euphrate. 

Moktafi  retourna  l'an  291 ,  viélorieux  à  Bagdet  où  il  fit  couper  la  tête  à  tous 
les  prifonniers  Carmathes  :  Mais  cette  défaite  n'empêcha  pas  cette  Nation  rebelle 
de  faire  une  autre  invafion  dans  la  Syrie  dans  l'année  293  de  l'Hegire.  Mok- 
tafi vint  auflî-tôt  à  eux,  mais  ils  ne  l'attendirent  pas,  &  quittèrent  auffi-tôt  ce 
pays-îà  pour  paffcr  dans  celui  de  l'Iraque  où  ils  défirent  en  un  Heu,  nommé  Sa- 
bran  auprès  de  Cadefiah,  l'armée  du  Khalife. 

L'an  294,  les  Carmathes  prirent  le  chemin  du  defert ,  &  tombèrent  fur  la 
Caravane  de  la  Mecque,  Ils  la  pillèrent  &  tuèrent  près  de  vingt-mille  Pèlerins. 
Moktafi  fur  cette  nouvelle  envoya  Vafl^ef,  un  de  fes  Généraux,  avec  des  troupes 
jconfiderables  pour  les  réprimer.     Vallef  les  rencontra  C  à  propos  chargez  d'un 

Tome  II,  S  s  s  s  grand 


6^Q  M  O  L  A  K  K  E  N.  M  O  L  H  E  D  O  U  N. 

grand  embarras  du  butin  &  des  dépouilles  qu'ils  avoient  faites,  qu'il  eut  boi>- 
marché  d'eux.    Le  combat  ne  lailTa  pas  d'être  rude  de  part  &  d'autre,  &  Zaca» 
ruiah  leur  Chef  y  fut  tué.     Les  troupes  du  Khalife  y  firent  un  très-grand  nom^ 
bre  de  prifonniers ,  &  l'Armée  des  Carmathes  fut  entièrement  diflîpée, . 
I    En  Tan  295  Moktafi  mourut  âgé  de  33  ans  ,  après  en  avoir  régné  fix  &  demi, 
fe  fervant    toujours  très-utilement  des    confeils  de  Calfem  ,   lils  de.  A'bdallah . 
fon  Vizir. 

MOLAKKEN.    Sarageddin  Omar  Ben  Ali  porte  le  furnom  d'Ebn  Molak- 
ken.     C'eft  1  Auteur   d'un  Livre,  intitulé    Efma   regial  al    Kotoub    alSirtah,, 
qui  mourut  l'an  814  de  l'Hegire  fous  la   domination  des  cnfans  de  Bajazet  I, 
qui  fe  faifoient  la  guerre  les  uns  aux  autres,  l'an  de  J.  C.   1411.     Cet  Auteur 
étoit  de  la  Sefte  Schafeïenne. 

MOLAKKES  fi  êlm  hiat.     Traité  de  la  Sphère  compofé  par  Mahmoud  AL 
Giagmini,  &,  commenté  par  Cadhi  Zadeh  Al  RoumL    11  efl.dans   la  Bibliothè- 
que Royale,  n^.  j^g. 

MOLATHEMIAH.  Nom  de  la  Seéle  de  ceux  qui  fe  firent  appeller 
en  Afrique  ,  MoUithemoun  ,  à  caufe  qu'ils  fe  tenoient  toujours  le  vifage  cou- 
vert. Car  le  voile  dont  ils  le  couvroient  fe  nomme  particulièrement  en 
Arabe ,  Letham. 

Ces  gens-là  font  les  mêmes  qui  portent  auffî  le  nom  de  Morabethoun  ,  qui 
fonJerent  depuis  un  grand  Empire  en  Afrique,  &.qui  conquirent  l'Efpagne,  où 
ils  furent  appeliez,  ^l  Moravides. 

L'ufage  du  Letham,  ou  la  coutume  de  fe  couvrir  le  vifage  eft  introduite 
parmi  eux  par  Abdallah  Ben  Baffin  ,  fur  une  avanture  qui  leur  arriva.  Car 
étant  prells  un  jour  de  donner  bataille  à  leurs  ennemis  qui  leur  étoient  beau- 
coup fLiperieurs  en  nombre  &  en  forces ,  les  femmes  de  cette  nation  prirent  \qs 
armes,  &  combattirent  avec  leurs  maris  le  vifage  couvert  jufqu'aux  yeux ,  félon 
leur  ancienne  coutume;  de  forte  que  les  maris  furent  obligez  de  fe  couvrir  le 
vifage  de  la  même  manière ,  de  crainte  que  leurs  ennemis  ne  diflinguaflent  les 
femmes  d'avec  les  hommes. 

Nouaïri  rapporte  d'un  de  ces  Molathemiens  que  s'étant  mis  tout-à-faît  à  nud 
&  lavant  fon  habit  de  la  main  droite,  &  fe  couvrant  le  vifage  de  la  gauche, 
un  Etranger  lui  cria:  Cache  ta  nudité  avec  la  main;  &  qu'il  lui  répondit:  Elle 
eit  occupée  à  couvrir  mon  vifage. 

MOLHEDOUN.  Les  Impies.  Ce  mot  fignifie  proprement  en  Arabe  ceux 
qui  ont  renoncé  au  Mufulmanifme  pour  embraflèr  une  autre  Se6le,  &  ceux  auffi 
qui  ne  font  profeflîon  d'aucune  autre  Religion. 

Ce  nom  à  été  donné  particulièrement  à  la  Sefte  des  Ifmaëliens  qui  ont  fondé 
une  Dynaftie  particulière  en  Afie  ,  auffi-bien  qu'en  Afrique.  Voyez  le  titre 
d'Ifmaelioun. 

Holagou  Sultan,  ou  Empereur  des  Mogols  &  Tartares,  marchant  l'an  ^54 
de  r  Je"  ire  pour  alîîeger  le  Khalife  Nloftâifem  dans  la  Ville  de  Ragdet,  commença 
fes  grands  exploits  de  guerre  par  la  deftruélion  qu'il  fit  de  tous  hs  Châteaux  & 
Places  fortes  que  ces  Molhcdites  ou  Ifmaëliens  polleJoient  dans  la  Perfe.  Ce 
grand  Conquérant,  qui  n'étoit  pas  Maliometan,  peifecutoit  cependant  les  Impies 

qui 


M  0  L  K.  .  M  0  M  S  K  K.  ^pj 

quî  renonçoient  à  leur  propre  Religion,  &  n'en  voUiiit  jamais  Couvrir  aucun 
4ans  fes  Etats.  Il  fit  même  mourir  jufqu'à  douze  mille  de  ces  gea^-là  en  une 
feule  fois,  quoyque  d'ailleurs  il  protégeai!:  les  Chrétiens,  &  qu'il  ne  lift  jamais 
aucune  violence  pour  faire  embraller  à  fes  fujcts  la  Rdigion  de  Ginghizktaan, 
qui  étoit  celle  des  Mogols  &  Tartares. 

Rokneddin  Khuzfchah  étoit  alors  le  Chef  de  ces  Ifmaeliens,  auquel  Holagou 
ne  voulut  jamais  donner  aucun  quartier. 

MOLK.  Poileffion,  Richeffes ,  Domaine  &  Royaume  ;  car  ce  mot  fignifie 
toutes  ces  chofes. 

Ketab  Al  Molk.  Le  Livre  des  Richeffes.  C'eft  un  Ouv'rage  de  Chymie  qui 
eft  le  huitième  de  cinq  cent,  qu'Abou  Mouffa  Giaber  Ben  Haïan,  qui  étoit  Soà 
de  profeffion,  a  compofé  fur  cette  matière. 

MOLOUK.  Les  Rois.  Aulad  Molouk  Fars.  Les  Enfans  des  Rois  de  Pcrfe. 
•Les  Hiftoriens  Perficns  font  fouvent  mention  de  ces  Enfans  ,  ou  Princes  de  la 
IVlaifon  Royale  de  Perfe.  Ce  font  ceux  qu'Hérodote  appelle,  Pafargadcs ,  mot 
qui  efl:  purement  Perfien.  Car  Pefer  gheda  fignifie  en  langue  Perfienne  ,  fils 
de  la  Famille,  ou  Maifon,  par  excellence,  c'eft-à-dire ,  de  k  Royale. 

Les  mêmes  Hiftoriens  difent,  qu'Alexandre  le  Grand  eut  grande  confideration 
pour  tous  ces  Princes  ,  lefquels  font  dillinguez  de  Molouk  Al  Thaouuïf  ,  ou 
Rois  des  Nations  ,  qui  étoient  proprement  les  Macédoniens ,  Gouverneurs  des 
Etats  &  Succeffeurs  de  la  Couronne  d'Alexandre. 

MOLOUK  Kart,  ou  Kurt.     Voyzz  Kart,  ou  Kurt. 

MOLTAKEM.  Scharfeddin  Nalîrallah  eft  auffî  -nomme,  Ben  Moltakem 
avec  les  furnoms  d'Al  Tanoukhi,  à  d'A!  Halabi,  parce  qu'il  étoit  de  la  Tribu 
des  Arabes  ,  nommée  Tanoukh ,  &  natif  de  la  Ville  d'Halep.  Il  eft  Auteur 
d'une  Hiftoire  de  Syrie,  intitulée  Ikadh  alouafnan  fi  fadhilat  Alfcham. 

MOLTAKETH.  Ceft  proprement  en  Arabe  ce  que  nous  appelions,  Spi- 
cilege.  C'eft  un  Extrait  du  Livre  de  Samarkandi ,  intitulé  Moftekhales  ;  cet 
Ouvrage  eft  dans  la  Bibliothèque  Royale ,  n°.  721. 

MOLTAKI  alabhâr.  Le  Concours  des  Mers,  c'eft-à-dire,  oi!i  plufieurs  Mers 
•qui  portent  differens  noms,  fe  joignent.  C'.-ft  ainfi  que  l'on  appelle  par  meta- 
phore  un  Livre  de  Jurifprudence  Mufulmanne ,  recueilli  des  Ouvrages  de  Co- 
douri,  &  des  Livres,  intitulez  Wolditar,  Kenz,  Vakaïah,  Hedaïah,  &c.  rangez 
avec  une  méthode  très-facile  pour  s'en  fervir  utilement. 

Ibrahim  Ben  Mohammed  ,  Ben  Ibrahim  Al  Haiabi  en  eft  l'Auteur,  &  il  fe 
trouve  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n^.  609. 

MOL  THE  MO  UN.  %es  Molathemiah.  Ce  font  les  Marabous ,  bu  AI 
•Moravides. 

MOMSEK  alarouah.  La  Plante,  nommée  Stœchas  par  les  Grecs  ,  &  par 
les  Latins,  Virga  aurea^  eft  ainfi  appellée  par  les  Arabes,  à  caufe  qu'elle  attire 
&  réveille  les  efprits ,  non-feulement  des  hommes  ;  mais  encore  des  Anges  & 
ëcs  Démons,  félon  la  Médecine  fuperftitieufe  des  Arabes. 

S  s  s  s  2  -H 


^94  MO  N  A  B  B  E  H,  • — ^  M  0  N  F. 

Il  ne  faut  pas  confondre  ce  mot  de  Momfek,  avec  celui  de  Moraaffek,  qui 
fignifîe    parfumé    de  Mufc. 

MON  ABBE  H.    Ben  Monabbeli.     Foyez  Vaheh,  ou  Vahb. 

MONAOUI  Al  Haddadi.     Fcysz  Abdalraouf. 

MONBASSAH.  C'eft  la  Ville  de  MonbafTa ,  ou  Monbafe  ,  fituée  fur  là 
Mer  de  Zanguebar  ,  ou  Païs  des  Zinges  ,  que  nous  appelions  aujourd'huy  ,  la 
cofte  de  Cafrerie.  Elle  efl  fort  petite  &  bâtie  •  fur  l'embouchure  d'une  Rivière 
que  l'on  peut  remonter  jufqu'à  deux  journées  de  chemin  dans  ks  Terres  des 
Cafres.  Ses  habitans  s'occupent  à  tirer  le  fer  des  Mines  qu'ils  y  ont  en  abon- 
dance, &  à  faire  la  chalfe.  aux -Tigres  ,  dont  ils  v^endent  les  peaux  avec  leur 
fer  à  ceux  qui  trafiquent  avec  eux.  . 

Monbafe  efl  plus  méridionale  de  deux  journée^  que  JVleJmde,  &,  regarde  à  fon 
Midy  i'Ifle  de  Socotora  où  croît  le  meilleur  Aloé  de  tout  l'Orient.  . 

MONDA R.  CeU  le  nom  d'un  Roy  des  Arabes  Hemiarites  qui  étoit  Chre'- 
tien  de  la  Sefte  des  Jacobites.  Il  fit  long-temps  la  guerre  à  l'Empereur  Juftin 
qui  perfécutoit  ceux  de  fa  Sefte,  &  l'obligea  enfin, de  lui  demander  la  paix  par 
une  Ambdifade  folemnelle  qu'il  lui  envoj^a. 

L'Auteur  du  Lebtarikh  écrit  ,  que  Mondar  Ben  OualTami  qui  étbit  Roy  de 
Baharcïn -e©.  Arabie  lur  le  Golfe  Perfique,  embraffa  le  Mufulmanifme  par  l'invi-. 
tation  &  par  la  follicitation  de  Mahomet. 

MONO  HE  RI.  Ccft  le  furnom  de  Zekieddin  Abou  Mohammed  Abdalâd- 
him.  Auteur  de  la  Vie  .de  Mohammed  Ben  Salam  qu'il  a  intitulée  ,  i^êlara 
beakhbar  Mohammed  Ben  Salam. 

Cet  Auteur,  qui  mourut  fan  636  del'Hegire,  a  compofé  aufîi  un  autre  Livre, 
intitulé   Targhib.  V    tarhib  ,  c'ell-à-dii*e,  de  ce  que  Fiiomme   doit  defirer,  &  de. 
ce  qu'il  doit  craindre  &  fuir,  qui  efl  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n°.  650. 

MONDTR  Ben  Mohammed  Ben  A'bdalrahman.  Cefl  le  fixième  Khalife- 
(TEfpagne  de  la  race  d'Ommie ,  qui  fucceda  à.  fon  père  Mohammed  fils  d'Abdal- - 
rahman,  l'an  273  de  l'Hegire. 

Ce  Prince,  fut  tué  après  vingt-deux  ans  ou  environ  de  règne,  dans  la  guerre 
qu'il  faifoit  aux  habitans  de  Cordouë  qui  s'étoient  révoltez  contre  lui  l'an  295, 
qui .  efl  l'an  907  de  J.  C.  Ebn  Ar.iià. 

MONF,  ou  Menf.    Ceil  ,ainfi  que  les    Arabes    appellent    l'ancienne  Ville; 
capitale  d'Egypte,  connue  fous  le  nom  de  Memphis  qu'Apollodore  dit  avoir  été 
bâtie  parE'paphus,  filsd'lo,  en  l'honneur  de  Memphis,  fille  du  Nil  qu'il  avoitr 
époufée.     Quelques-uns  veulent  qu'Apis  qui  étoit  de  race  Egyptienne,  Roi  d'Ar- 
gos  &.  de  tout  la  Peloponnefe  ,•  ait  été  fon  Fondateur. 

Les  Arabes  difent  que  cette  Ville  étoit  la  principale  Ville  d'Egypte,  la  Mère 
&  le  Siège  des  Sciences,  avant  qu'' Alexandre  eufi;  bâti  la  Ville  d'Alexandrie  j  & 
c'eîl  dans  Je  voifinage  de  cette  Ville  que  le  grand  Caire  a  été  bâti,  fur  la  rive: 
droite  du  Nil ,  prefqu'eQ  veuë  de  Memphis  qu;  étoit  bâtie  fur  la  rive  gauche  de. 
ce  même  fleuvs-, 

MONFAREGZATi 


M  0  N  F  A  R  E  G  I  A  T.  — -•  M  O  N  L  A.  693 

MONFAREGIAT.  Divertiffetnent.  C'efl  le  titre  de  deux  Poëihes,  dont 
l'un  a  toutes  fes  rimes  terminées  par  la  lettre  Arabique  nommée  Gim,  qui  ré- 
pond à  nôtre  G.  Il  a  été  corapofé  fur  la  Grammaire  Arabique  ,  par  Ali  Ben 
Jofef  Al  Bafraoui ,  &  commenté  par  Aboulfadhl  Jofef ,  furnomraé  Al  Nahoui , 
c'eft-à-dire,  le  Grammairien.    11  ell  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n^.  loyS. 

L'autre  eft  un  Ouvrage  de  Soïouthi  que  cet  Auteur  a  joint  k  la  fin  d'un  Livre 
qu'il  compofa  fur  le  fujet  des  divertilfemens  qu'un  fbon  Mufulman  doit  prendre 
ou  rcjetter.  Ce  Livre  eft  intitulé  Harag'  fil  farag',  &  fe .  trouve  dans  la  Biblio- 
thèque  Royale,   n^.  722. 

.MONIAi-î.  Ville  d'Egypte  fituée  à  l'Occident  du  Nil  que  le  Géographe 
Eerfien  dit  porter  le  nom  de  Moniat  Ebii  Haiîîb  ,  quoyque  les  autres  Géogra- 
phes lui  donnent  celui  de  Moniat  alhaïf.  Cette  Ville  eft  confidérabic  par  fes 
Marchez,  fes  Bains,  fes  Collèges  &  fes  Mofquées. 

Moniah  fignifie  auflî  en  Arabe,  l'intention  &  le  defiein  que  l'on  a  de  faire 
&  d'acquérir  quelque  chofe  ;  &  il  y  a  plufieurs  Livres  Arabes  qui  portent- 
ce  nom.  •  .. 

Moniat  almofllili  v  aniat  almomteli.     Ce  que   defire  celui  qui  prie.     C'eft  un 
Livre  qui  traite  de  la  Prière  des  Mufulmans ,  compofé  par  Schcdidcddin  Al  Kafch- 
gari.    Il  eft  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n\  6s<^,  fous  le  titre   de  Moniat  al-" 
mofiali  v  goniat  almobtadi. 

Moniat  al   Mofti.     Ce  que  le  Moufti  fe   doit   propofer   dans   fes  Décifions.' 
C'eft  un  Ouvrage  de  Segeftani ,   qui  fert  comme  de  Supplément  aux  Décifions- 
de  Nag'm  eddin  Khafîî,    intitulé   Fetaoui  fogra,  &  à  celle  de  Sarageddin  Vafchi. 
Ce  Livre  eft  dans  la  Bibliothèque  Royale,  n  .  6g^. 

MONIR.'  Ebn  Al  Monir.  C'eft  le  nom  fous  lequel  on  cite  fouvent  Mo- 
hammed Bjn  Jofef  Kafarthaii  qui  eft  Auteur  du  Livre,  intitulé  Bedî  finacd  al- 
fchîr,  qui  traite  de  la  Profodic  Arabique.  • 

MONKEDFÎ  men  addhalal.  C'eft  le  titre  d'un  Ouvrage  de  Gazali,'  par  le- 
quel il  prétend  tirer  les  Mufulmans  de  l'erreur  où  ils  font  fur  le  fujet  des  Scien- 
ces profanes.  C'eft  dans  ce  Livre  que  Gazali  combat  la  plupart  des  Philolbphes 
Anciens,  &  où  il  condamne  particulièrement,  les  Elahioim  ,  c'eft-à-dire j  les 
Deïftes ,  tels  qu'ctoient  Socrate  ,  Platon  &  Ariftote ,  &  n'épargne  point  ceux 
d'entre  les  Mahometans  qui  les  ont  fuivis  ,  comme  Ebn  :;ina ,  ou  Avicenne, 
Al  Fai-iabi ,  ou  ^n  Farabius ,  Ebn  Bagiah ,  ou  Avenpace ,  &  Ebn  Rofchd ,  qui 
eft  Averroes. 

MONKHEN.    C'eft  la  neuvième  partie  des   vingt-quatre    de   l'année    des- 
Khathaïens.     Car  ces  peuples  divifent  leur  année  en  vingt-quatre  quinzaines,  & 
n^n  en  douze  mois,  comme  font  les  autres  Nations.- 

MONLA.  C'eft  un  mot  Arabe  corrompu  de  celui  de  Meula  ,  que  nous 
prononçons  ordinairement,  Moula,  &  qui  fignifie  paiticulièrenient  en  Afrique, 
un  Pïince ,  ou  Dofteijr  de  h  Loy  Mufulmanne. 

Sssss  MONLA 


694.  M  0  N  L  A.  MONTASSE  R. 

MONLA  Khofrou.  C'eft  le  nom  fous  lequel  Mohammed  Ben  Faramôrz,  Pei"- 
fien  de  Nation,  ell  le  plus  connu.  Ce  Perfonnage  qui  mourut  l'an  885  de  THe- 
gire,  a  commenté  les  Anouar  de  Beidhaoui ,  &  les  Ollbul  de  Bazdadi.  Vo'^zz 
les  titres  de  ces  deux  Livres. 

MONLA  Tchelebi ,  furnommé  Al  Diarbelai,  à  caufe  qu'il  étoit  nstif  de  la 
Ville  de  Diarbecr,  ou  Kara  Amid.  Celt  un  Docteur  qui  vivoit  l'an  1044  de 
i'Hegire,  &  qui  a  écrit  plufieurs  Ouvrages  pour  le  Sultan  Amurat  III  &  entre 
ïcs  autres  ,  un  qui  porte  le  titre  d'Aflbulat  ,  &  qui  contient  la  refolution  de 
plufieurs   difficultez  fur  diverfes  Quellions  curieufcs  qu'il  propofe  lui-mcme. 

MONSCHL  C'efî:  le  nom  de  l'Auteur  d'un  Livre  qui  contient  la  Vie  du 
Sultan  Gelaled^in,  fils  de  Mohammed  Khouarezm  fchah.  Il  a  intitulé  fon  Ou- 
vrage, Sirat  alfulthan  Gclaleddin  Mankberni, 

MON TASCHL     C'eft  le  nom  d'un  Auteur  Perfien  qui  a  écrit  en  fa  lan- 
gue un  Livre  ,   intitulé  Akhlak  alatkia  ,  c'eft-à-dire  ,  les  Mœurs   &  la  Conduite 
.des  Gens  de  bien.    Ce  Livre  eft  dédié  au  Sultan  Soliman  Khan. 

MONTASSER  Billah.  C'eft  l'onzième  Khalife  de  la  race  des  Abbaflîdes 
qui  étoit  fils  de  Motavakkel. 

Montafler  avoit  fait  tuer  fon  pcre  par  Bouga  Kebir,  Bouga  Saghir,  Bagher  5 
&  autres  Officiers  de  la  Milice  Turquefque  qui  fervoicnt  les  Khalifes. 

Ces  Turcs,  après  avoir  commis  cet  attentat,  tinrent  confeil  entr'eux,  &  con- 
fiderant  que  fi  Montafler  venoit  à  mourir  fans  enfans,  Môtaz  fon  frère  qui  lui 
devoit  fucceder,  ne  manqueroit  pas  de  tirer  vengeance  de  la  mort  de  fon  Père, 
&  de  les  faire  tous  périr,  refolurent  d'aller  trouver  le  Khalife  &  de  l'obliger  à 
dépofer  fes  deux  frères  Môtaz  &  Mouiad;  mais  ces  deux  Princes  prévinrent  la 
violence  dont  ils  étoient  menacez ,  &  renoncèrent  de  leur  bon  gré  à  la  fuccef- 
fion,  à  laquelle  ils  étoient  appeliez  après  la  mort  de  leur  frère  aîné. 

Montafler  peu  de  temps  après  fon  élévation  au  Khalifat,  vit  en  fonge  fon 
père  qui  lui  reprocha  fon  parricide  ,  &  lui  prédit  qu'il  ne  jouiroit  pas  long, 
temps  du  fruit  de  fon  règne.  En  effet,  ce  Khalife  épouvanté  par  cette  viflon 
tomba  dans  une  profonde  melancholie ,  laquelle  le  fit  mourir  fix  mois  après  la 
-mort  de  fon  père,  à  l'âge  de  vingt  cinq  ans,  l'an  de  l'Hcglre  248. 

L'Hiftoire  Saraccnique  imprimée ,  nomme  ce  Khalife  Moftanfer  ;  mais  c'eft 
une  faute,  ou  du  manufcrit,  ou  de   l'impreflion.    Khonkmr. 

L'Auteur  du  Nighiariftan  raconte,  qu'Ahmed. Ben  Corat  voyant  fon  Père  aflîîgé 
d'une  commilnon  que  Ben  Halîîb,  Vizir  de  Montalfer,  lui  avoit  donnée  à  exer- 
cer, fit  ce  qu'il  put  pour  la  lui  faire  rcfufer;  mais,  que  fon  père  fut  confolé 
dès  la  même  nuit  "par  un  fonge  ,  dans  lequel  il  vit  le  même  Vizir  qui  lui  an- 
nonça que  le  Khalife  ne  feroit  pas  en  vie  dans  trois  jours. 

Ahmed  ayant  ouï  ce  récit ,  dit  auffi-tôt  à  fon  Père  :  Je  viens  prefentement  de 
quitter  le  Khalife  en  fort  bonne  fanté,  &  jouant  au  billard.  Cependant,  l'on 
apprit  bien-tôt  que  le  Khalife  au  fortir  du  jeu  avoit  pris  le  bain  duquel  il  étoit 
forti  avec  une  fort  grofle  fièvre  ,  &:  que  fon  Médecin  lui  ayant  voulu  donner 
l'efpérance  d'une  prompte"  guerifon  ,  il  lui  répondit  :  Je  crains  fort  que  cette 
maladie  ne  foit  la  dernière  de  ma  vie;  car  j'ay  vu  cette  nuit  en  fonge  un  per- 
sonnage qui  m'a  annoncé  que  je  mourrois  dans  la  vingt-cinquième  année  de  mon 

àgcp 


M  O  N  T  A  s  s  E  R.  C^s 

■k%z,  &  l'on  fceiit  depuis  que  ce  Perfonnage  étoit  fon  père  qui  lui  avoit  appa. 
■ru,  comme  nous  avons  vu. 

On  dit  que  MontafTer  avoit  fait  tuer  fon  père ,  à  caufe  de  la  haine  qu'il  por- 
toit  à  Ali,  &  parce  qu'il  perfécutoit  tous  ceux  de  fa  race.  Montalfer  luy-même 
avoit  reçu  plulieurs  outrages  de  la  main  de  fon  père  pour  lui  avoir  déclaré 
trop  librement  fes  fentimens,  &  pour  n'avoir  pu  diffimuler  dans  plufieurs  ren- 
contres l'eflime  qu'il  faifoit  d'Ali  &  de  fa  pofterité. 

iMotavakkcl  qui  reconnoilToit  l'averlion  que  fon  fils  avoit  conceue  contre  lui 
à,  ce  fujet,  avoit  accoutumé  de  l'appelfer  non  pas  Montalfer,  nom  qui  fignifîe 
viélorieux,  mais  iVlontazer,  nom  qui  fignifie  celui  qui  attend,  &  il  lui  faifoit 
entendre  par  cette  injure  ,  qu'il  le  regardoit  comme  un  fils  qui  attendoit  avec 
impatience  la  mort  de  fon  père. 

Les  Hiftoricns  rapportent ,  que  lorfque  ce  Prince  vifitoit  au  commencement 
de  fon  règne,  le  Garde-meubles  du  Khalife  fon  père,  on  lui  déploya  d'abord 
une  riche  tapifferie  des  anciens  Rois  de  Pcrfe ,  dont  la  première  pièce  fe  trouva 
être  celle  qui  reprefentoit  Siroés ,  autour  duquel  on  lifoit  ces  paj'oles  :  Je  fuis 
Siroés ,  qui  ay  fait  tuer  mon  Père  Khofroés  ,  &  qui  n'ay  régné  que  fis  mois  ; 
&  l'on  dit,  que  ce  fut  la  première  menace  que  Montalfer  receut  de  la  courte 
durée  de  fon  règne. 

Mirkhond  écrit ,  que  ce  Prince  étoit  très-liberal  envers  fes  amis ,  &  il  en 
donne  un  exemple  fort  fingulier  qui  eil,  qu'un  de  fes  Officiers  étant  de  retoiu:: 
d'Egypte ,•  oili  il  s'étoit  acquité  fort  bien  de  la  charge  qu'il  lui  avoit  donnée, 
&  fentretenant  familièrement  de  diverfes  avantures  qui  lui  étoient  arrivées,  lui 
dit ,  qu'il  étoit  retourné  de  ce  pays-là  avec  une  grande  playe  dans  le  cœur , 
pour  n'avoir  pas  piî,  faute  d'argent,  achepter  une  efclave  dont  la  beauté  étoit 
rare  &  la  voix  admirable.  Montalfer  Payant  écouté,  ne  lui  dit  rien  pour  lors; 
mais  voulant  le  gratifier,  il  commanda  que  l'on  acheptaft  fecretement  cette  fille, 
qu'il  fit  conduire  dans  fon  Palais  aufîî-tôt  qu'elle  fut  arrivée. 

Le  Khalife  voulant  un  jour  fe  rejoiiir  ,  vint  à  railler  cet  Officier  fur  fes 
amours,  &  lui  fit  entendre  en  même  temps  la  voix  de  cette  fille  qui  étoit  dans 
une  chambre  voifine.  Cette  voix  le  mit  auffi-tôt  hors  de  contenance  ,  &  le 
Khalife  lui  ayant  demandé  la  caufe  de  fon  trouble,  &  s'il  connoifibit  la  voix 
qu'il  entendoit ,  il  avoua  qu'il  la  prenoit  pour  celle  de  l'efclave  de  laquelle  il 
lui  avoit  parlé. 

Montalfer  lui  demanda  alors,  s'il  avoit  confervé  encore  de  l'amour  pour  elle, 
&  il  lui  répondit  que,  perdant  alors  toute . efperance  de   la  pofléder  ,   il  devoit 
par  refpeft  fe  dépouiller  de  toute  forte  d'inclination  qu'il  auroit  pu  avoir  pour- 
une  perfonne  qui  étoit  entre  les  mains  de  Çon  Maître, 

Montaficr  prenant  la  parole,  luy  dit  fort  génereufement  :  Je  vous  puis  aflu- ■ 
Ter  avec  ferment,  que  je  n'ay  fait  achepter  cette  Efclave  en  Egypte  que  pour 
vous  feul,  &  que  depuis  le  tems  qu'elle  a  été  amenée  dans  mon  Palais,  je  n'ai  ' 
jette  qu'un  fcul  regard  fur  elle.  L'efi'et  fuivit  auffi-tôt  les  paroles  du  Prince;  , 
car  il  commanda,  que  l'on  mifl:  entre  les  mains  de  l'Officier  cette  fille,  paréa  ■ 
de  tous  les  joyaux  dont  on  l'avoit  chargée  pour  luy  être  préfentée. 

Il  arriva  fous  le  Khalifat  de   Montalfer  qu'un  Arabe  ,    qui    habitoit   fur  une 

colline  alfez  proche  de  la  Mecque,  tenoit  chez  luy  des  alfemblées  de  débauche, 

dans  lefquelles  les  perfonnes  des  deux  fcxes  fe   méloicnt  indiff'éi-  mmcnt  contre 

toutes  les  Loix  du  Mufulmaniliiie.    Cet  homme  fut  déféré  au  Juge  de  la  Mec  • 

Qu^e.,  . 


ec)6  M  O  N  T  E  K  I.  MORABETHAH. 

<iue,  lequel,  après  luy  avoir  reproché  fon  impudence  d'avoir  ofé  commettre  & 
faire  des  impudicitez  auprès  d'un  lieu  fi  faint ,  commença  à  vouloir  inftruire 
Ion  procès.  On  ne  doutoit  point  de  la  vérité  du  fait  ;  car  il  étoit  notoire. 
Mais  l'on  ne  trouva  pas  un  de  fes  complices  qui  voulût  porter  témoignage  con- 
tre luy. 

Le  Juge  bien  embaralTé,  trouva  un  expédient  qui  luy  parut  infaillible  pour  con- 
vaincre l'accufé  ,  &  ce  fut  de  voir  û  les  montures  publiques  dont  fe  fervoient 
ceux  qui  partoient  toujours  d'un  certain' endroit ,  pour  aller  dans  la  montagne 
trouver  cet  Arabe,  fcroient  d'elles-mêmes  le  chemin  qu'il  falloit  tenir  pour  y 
arriver.  L'expérience  en  ayant  été  faite ,  &  les  ânes ,  dont  on  fe  fert  princi- 
palement dans  ce  pays -là,  ayant  été  droit  au  logis  de  cet  homme-,  qui  étoit 
alTez  détourné  &  fort  difficile  k  trouver,  le  juge  crut  ne  pas  avoir  befoin  d'u- 
ne  preuve  plus  évidente,  &  fit  venir  l'Exécuteur  avec  fes  fouets  pour  punir  le 
coupable.  L'Arabe  ,  qui  ne  manquoit  pas  d'efprit  ,  inventa  une  afîcz  plaifante 
rufc  pour  fe  fauver  de  ce  châtiment.  Il  dit  au  Juge  :  Quand  vous  m'auriez  fait 
écorcher  avec  vos  fouets,  ce  ne  feroit  qu'un  coupable  de  puni;  mais  vous  cou- 
vrirez par  cette  action  toute  la  nation  des  Arabes  d'un  opprobre  éternel  ,  car 
l'on  dira  d'eux,  que  lorfque  le  témoignage  des  hommes  leur  manque  ,  ils  ont 
recours  à  celuy  des  ânes.  La  plaifanterie  de  cet  homme  fut  fi  bien  reçue,  que 
itoute  l'alfemblee  opina  qu'il  fut  renvoyé  abfous. 

MONTEKL  C'ell  le  nom  d'un  Poëte  Turc  moderne,  lequel -a  corapofé 
plulieurs  Ouvrages  de  Morale  &  de  Dévotion  ,  dont  il  y  a  quelques  échantil- 
lons dans  cet  Ouvrage. 

MORA  &  Morah.  Morah  Vilaïeti.  C'efl  ainfi  que  les  Turcs  appellent  le 
Péloponnefe  ,  que  nous  nommons  communément  la  Âlorée.  Ce  nom  efl  tiré 
du  mot  Turc  &  le  Turc  du  Grec  vulgaire.  Mahomet  1 1  en  fit  la  Conquefte 
à  la  referve  des  Villes  de  Coron  &  de  Modon,  que  Bajazct  II  ,  fon  fils  ,  prit 
fur  les  Vénitiens,  pendant  qu'ils  étoient  uais  à  Louis  XII,  pour  chalfer  du 
MilanoiSî  Louis  Sforce  ,  dit  le  More,  qui  follicita  Bajazet  à  leur  déclarer  la 
.guerre. 

M  OR  A  B  ET  H  AH  &  Morabcthoun.  Daulat  Al  Morabethah  &  Al  Mora- 
bctheïn.  La  Dynaflie  des  Marabouths  ,  qui  furent  appeliez  depuis  par  les  Lf- 
pagnols  Al  Moravides. 

Marbouth  ou  Morabcth,  qui  efl  le  fingulier  de  Morabethah  ,  fignifie  en  Ara- 
be une  perfonne  liée  plus  étroitement  aux  exercices  de  fa  Religion,  &  que 
.nous  appelions  ordinairement  un  Religieux.  Ce  nom  fut  donné  à  une  race  d'A- 
rabes qui  étant  fortie  du  pays  de  Hemiar  ou  des  Homerites  ,  comme  nos  Géo- 
graphes anciens  les  appellent ,  vint  s'établir  en  Syrie  du  tems  d'Aboubecr ,  pre- 
mier Khalife  des  Mufulmans. 

,     Ces  gens  étant  palTez  de  la  Syrie  en  Egypte  ,   s'avancèrent  de-là  bien    avant 
dans  l'Afrique,  pénétrèrent  juiques  dans  la  partie  la  plus  Occidentale  de  ce  pays, 
'■&  fe  cantonnèrent  enfin  dans   le  défert  nommé  Sahra  ,  pour  y  vivre  feparez 
des  autres  peuples  de  l'Afrique  ,   &  y  exercer  plus   librement  &  plu?  parfaite- 
ment tous  les  devoirs  de  leur  Religion. 

Cette  nouvelle  Colonie  d'Arabes ,   qui  s'étendit  beaucpup  en  peu  de  temps 

''■'  '  par 


M  0  R  A  B  E  T  H  A  H.  r^p-r 

■par  le  côftcours  des  Nations  voifines*,  donna  le  nom  h  un  peuple  &  à  une 
•Se6le  qui  fat  nommée  d'abord  des  Molthemin  ou  iViolatheaiin  ,  à  caufe  qu'ils 
•portoient  tous  un  voile  fur  le  vifage ,  furquoy  il  faut  voir  ce  qui  a  été  dit  c  i- 
delTus  dans  le  titre  de  Molathemiah. 

La  Religion  de  ces  gens  là,  qui  ctoient  d'ailleurs  fort  groffiers ,  paroît  avoir- 
été  d'abord  la  Chrétienne  ,  laquelle  cependant  dégénéra  peu -à- peu  par  le  com- 
merce qu'ils  eurent  avec  les  Mahometans  ,  &  s'effaça  prefquo  entièrement  de 
leur  mémoire.  Ils  devinrent  enfin  des  bi-igands  &  ne  retinrent  nrjme  qu'une 
très-légère  teinture  du  Mululraanifme.  Car  l'on  dit ,  qu'ils  n'avoient  plus  rete- 
nu aucune  autre  marque  de  cette  Religion  que  la  feule  formule  de  la  ilah  il- 
■  lallah  Muhimmed  RcfPnil  allah,  c'eil-à-div e ,  il  n'y  a  point  d'autre  Dieu  que  Dieu, 
&  Mohammed  ell  fon  Envoyé. 

Il  fe  trouva  cependant  parmy  eux  un  homme  de  leur  Natioii ,  nommé  Giau- 
har ,  lequel  s'étant  mis  dans  la  Caravane  de  quelques  autres  Arabes ,  fit  avec 
eux  le  voyage  de  la  Mecque  &  s'accompagna  au  retour  de  fon  pèlerinage  d'un 
Docleur,  nommé  Abdallah  Ben  laffin  ou  Baffin. 

Giauhar  pleinement  inflruit  de  la  Loy  Mufulmanne  par  ce  Dofteur  ,  fe  fer- 
vit  de  luy  pour  l'enfeigner  à  ceux  de  fa  Nation ,  parmy  lefquels  il  avoit  acquis 
une  grande  autorité  ,  &  ce  peuple  groffier  commcnçoit  à  l'écouter  lorlqu'il  ne 
leur  parloit  que  du  jeûne  ,  de  la  prière  &  de  la  dixme  de  leurs  biens  pour  les 
piiuvres,  ce  qu'ils  approuvoient.  Miis  lorfqu'il  leur  dit,  qu'il  falloit  punir  de 
mort  cekiy  qui  en  tuë  un  autre  ,  couper  la  main  à  celuy  qui  vole  ,  &  lapider 
celuy  qui  couche  avec  la  femm?  d'autruy ,  ils  refufcrent  "ablblument  de  recevoir 
fes  loix,  parce  qu'elle:^  ne  s'accomiuodoient  pas  à  leurs  manières  de  vivre,  & 
il  n'y  eut  que  la  Tribu  de  Giauhar ,  qui  étoit  cependant  la  plus  puilTante ,  qui 
les  reçut. 

Le  Docleur  Abdallah  Ben  lafHn  loua  fort  le  zèle  de  ccux-cy,  &  il  leur  dit, 
que  s'étant  engagez  d'obéir  aux  Loix  de  l'Alcoran  ,  ils  étoient  obligez  de  faira 
la  guerre  à  tous  ceux  qui  ne  s'y  fouinettroient  pas  ,  parce  que  ce  Livre  com- 
mandoit  de  les  exterminer.  Cette  propofition  fut  reçue  agréablement  par  des 
g^ns  qui  ne  demandoient  qu'à  tuer  &  qu'à  piller,  &  ils  élurent  aufli-tôt  un  Chef 
pour  les  conduire  à  la  guerre  contre  les  Infidèles ,  auquel  ils  donnèrent  le  titre 
d'Emir  Al  Moilemin,  de  Prince  des  Mafulmans,  c'efl-à-dire  ,  des  Fidèles.  Car 
ils  étoient  fi  pleins  de  leur  nouvelle  Religion,  qu'ils  ne  parloient  que  de  faire 
main  baffe  fur  tous  ceux  qui  refuferoient  de  l'embraflèr. 

Ce  Chef  fut  reconnu  par  tous  ceux  de  fa  Tribu  &  devint  dans  la  fuite  du 
tems  leur  Souverain.  Ben  Schohnah  &  Noua'iri  l'appellent  Aboubccr  Ben  O'mar 
<!:  luy  donnent  le  furnom  de  Lamethouni ,  à  caufe  qu'il  étoit  de  la  Tribu  de 
Larnethounah ,  la  même  que  celle  de  Giauhar  ,  qui  efl  aufîi  furnommé  ,  par  les 
mêmes  Hiftoriens,  Al  Gelali. 

Aboubccr,  accompagné  du  Doéleur  Ben  lafîîn,  fe  mit  donc  à  la  tête  de  ces 
nouveaux  Mullilmans,  &  marchi  contre  ceux  qui  avoient  refufé  de  recevoir  les 
Loix  du  Mufulmanifrae ,  &  il  arriva  que  le  Dofteur,  qui  étoit  le  principal  Au- 
teur de  cette  guerre  de  Religion,  fut  tué  dans  le  premier  combat  qui  fe  don- 
na  entre  eux.  Telle  fut  la  récompenfc  qu'il  remporta  pour  leur  avoir  prêché 
cette  nouvelle  Doftrinc. 

Cependant  Giauhar  AI  Gelali,  piqué  contre  ceux  de  fa  Nation  fur  le  choix 
çu^s  avoient  .£i:i;  d'cai  aut^c  que  luy,  pour  les  conduire  à  la  guerre  ,  réfolut 
..Tome  il  T  t  t  t  de 


698  M    O    R    A    D. 

de  les  quitter  &  d'abandonner  même  letir  Religion.  Aboubecr  le.  fit  auffi-tôt 
'arrêter,  &  le  Confeil  de  la  Nation  s'étant  airemblc,  pour  luy  faire  fon  procès 
félon  les  Loix  du  Mufulmanifme  ,  il  fut  condamné  à  la  mort  &  il  la  foufFrit 
fort  patiemment,  jugeant  luy-même  ,  félon  la  Loy  à  laquelle  il  s'étoit  obligé, 
qu'il  l'avoit  méritée. 

Ce  fut  Tan  448  de  l'Hegire  ,  &  de  J.  C.  1056,  fous  le  Khalifat  de  Caïenv 
Beemrilkih,  le  XXVI  des  AbbafTides  qui  regnoient  à  Bagdet ,  &  fous  celuy  de 
Mollanfcr,  V  Khalife  des  Fathimites  en  Egypte,  qu' Aboubecr  Ben  O'mar  AI 
Lamethouni ,  devenu  Prince  fouverain  des  Marabouts  ou  Al  Moravides  ,  com- 
mença à  faire  des  progrès  en  Afrique  par  la  prife  de  la  Ville  de  begelmeife  en 
Mauritanie. 

Ce  Prince,  qui  fe  qualifioit  Emir  Al  Moflemin  ou  Prince  des  Mufulmans,. 
s'étant  rendu  Maître  de-  cette  importante  Ville  ,  y  mit  pour  Gouverneur  de  fa; 
part  Jofcf  Ben  TaiTcfin  ,  fon  Neveu  ,  &  pourfuivit  {qs  conqueftes  bien  avant 
dans  les  Provinces  les  plus  Occidentales  de  l'Afrique  ,  jufques  fur  les  bords  Je 
la  Mer  Atlantique  &  fur  le  détroit  de  Gibraltar.  Car,  ou  luy,  ou  Jofef,  fon 
neveu  ,  fe  rendirent  Maîtres  de  Saleh  &  de  Sati  fur  l'Océan  ,  &  de  Tangiah 
&  Sebtah,  que  nous  appelions  aujourd'huy  Tanger  &  Ceuta,  fur  le  détroit. 

Cette  Dynaftie  des  Morabethoun,  qui  eut  fon  commencement  l'ai:  448,  com- 
Èie  nous  avons  déjà  dit ,  &  qui  étoit  déjà  arrivée  au  plus  haut  point  de  fa 
«rrandeur  l'an  462,  après  avoir  chafTé  les  Zeïrides,  appeliez  vulgairement,  par 
nos  Hilloriens,  les  Zegris  ,  qui  regnoient  en  Afrique,  fut  elle-même  détruite 
par  les  Moahedoun  ou  Al  Mohades  ,  l'an  520  de  l'Hegire,  &  de  J.  C.  1126, 
le  dernier  de  cette  Dynaftie,  nommé  Lshak  ou  Ifaac,  frère  d'Ali  &  fils  de  Jo- 
fef, ayant  été  pris  dans  la  Ville  de  Maroc  par  Abdalmoumen ,  qui  luy  fit  cou- 
per  le  cou.  Les  Arabes  marquent  ainli  l'année  de  la  chute  de  cette  .Monar- 
chie. Mais  les  Hiftoriens  Efpagnols  &  autres  écrivent ,  que  les  Almoravides 
régnèrent  de  dc-çà  &  de-là  la  .VJer,  c'eft-à-dire,  en  Efpagne  &  en  Afrique,  juf- 
qu'en  l'an  539  &  540  de  l'Hegire,  pendant  foi.vante  &  dix  ans.  l^oyez  les  ti- 
tres de  Jofef  Ben  Talfefin,  d' Abdalmoumen  &  d'Ali,  &  d'Ifliac  ,  fils  de  Jofef 
Ben  TalTefm. 

L'on  remarquera  feulement  icy  en  pafîant  que  ce  Jofef,  duquel  nous  par- 
lons, eft  celuy  qui  bâtit  la  Ville  de  Maroc,  l'an  4.62  de  l'Hegire,  &  qui  con- 
quit  l'Efpagne,  en  gagnant  la  bataille  de  Zalafah  ou  Zalah  ,  près  de  la  Ville  de 
Badallos  ou  Ba.lajos ,  où  le  Roy  Alphonfe  fut  défiiit  &  tué  l'an  479  de  la  mê- 
me Hégire ,  qui  eft  l'an  1086  de  J.  C. 

M  OR  AD  Beg,  Prince  ou  Sultan  des  Turcomans  de  la  Dynaftie  du  Mouton 
Blanc.  Il  étoit  fils  d'Iacoub  Beg  &  petit -fils  d'L^zun  Haffan  ou  Uzum  CafTan. 
Il  fut  défait  par  Schah  Ifmael  l'an  909  de  l'Hegire  &  tué  l'an  920. 

MORAD  Khan  Ben  Orkhan.  C'eft  Amurat  I  du  nom,  fils  d'Orkhan,  troi- 
fième  Sultan  des  Turcs,  qui  porte  le  furnom  de  Gazi ,  c'eft-à-dire.  Conquérant,, 
à  caufe  des  grandes  Conquêtes  qu'il  fit,  principalement  en  Europe.  Car,  après 
avoir  élargi  &  pacifié  fes  Etats  en  Afie  ,  il  pafia  auffi-tôt  en  Europe  ,  oi!i  So- 
liman Balia,  fon  frère  aîné,  avoit  déjà  pris  Gallipoli  du  vivant  d'Orkhan,  leur 
père. 

Ce  Sultan  prit  la  Ville  d'AndrinopIe  l'an  762.  de. l'Hegire,  de  J.  C.  13^0, 

après 


M    O,    R    A    D.  ^59 

après  (}Ue  le  Goirvei-neur  qui  y  commanJoit,  l'eut  lâcheinciit  aBandonné?  ,,  & 
l'année  fuivante  il  inilitua  la  Milice  des  Janiiihircs  ,  fur  quoy  il  faut  voir  le 
titre  de  Jenitcheri. 

L'an  791  de  l'Hegire,  qui  eft  de  J.  C.  1380  ou  1389,  Amurat  donnant  ba, 
taille  à  Lazare,  Defpote  de  Servie,  dans  la  plaine  de  Cofova,  que  l'on  appel- 
le encore  le  champ  des  Merles,  un  Transfuge  Chrétien  qui  ctoit  paffé  dans  ion 
camp ,  le  tua  d'un  coup  de  couteau  en  faiiant  la  cérémonie  de  luy  bailer  la 
main.  Ce  Sultan  régna  trente-deux  ans  &  laiffa  pour  fucceffeur  foa  fils  Baja- 
zet  I  du  nom,  qui  fut  furnoramé  lidirim  ou  le  Foudre. 

MOR  AD  Khan  Ben  Mohammed  Khan.  C'eft  Amurat  II  du  nom  ,  fils  da 
Mahomet  premier.  11  fut  le  huitième  Sultan  des  Turcs  OthmaniJes  ou  Otto- 
mans, &  commença  à  régner  l'an  824  de  l'Hegire,  qui  eft  le  1421  de  J.  C, 
■quoyque  quelques  Hiftoriens  ne  mettent  le  commencement  de  Ton  rc^ne  qu'en 
l'an  8z7,  à  caufe  qu'il  difputa  l'Empire  pendant  trois  ans  à  Duzrach'^Moftafa  , 
c'eft-à-dire,  à  un  Impoftcur,  qui  fe  dilbit  faulFeraent  être  Moftafa  ,  fils  de  Ba- 
.jazet  I. 

Ce  Sultan  fut  furnommé  Al  Malek  Al  A'del  ,  le  Roy  julle  ;  parce  que 
depuis  qu  il  eut  défait  &  fait  prendre  ce  rebelle  ,  &  qu'il  fe  fut  rendu  pailible 
poireffeur  de  fes  Etats,  il  s'appliqua  particulièrement  à  y  faire  fleurir  la  juftice 
&  à  caufe  qu'il  fit  bâtir  des  Mofquécs,  des  Collèges  ,  des  Ponts  ,  des  Bains  &■ 
des  Caravanleras  ,  ou  Hoftelleries  publiques  dans  toutes  les  Villes  &  Provinces 
.qu'il  conquit,  pendant  le  cours  de  fon  règne  qui  fut  de  trente  &  un  an. 

L'an  833  de  l'Hegire,  Amurat  II  prit  la  Ville  de  Thcffalonique  fur  les  Ve'- 
nitiens.  En  838,  il  époufa  folemncllcment  la  fille  de  Georges,  Defpote  de  Ser- 
vie, nommée  Marie',  qui  étoit  Chrétienne  ;  &  en  847,  fon  armée  fut  défaite 
par  les  Hongrois  à  Ifiadin  Capi ,  que  les  Efclavons  appellent  S!aditza,  Ville  fituée 
dans  les  détroits  du  Mont  Hœmus,  en  forte  qu'il  fut  obligé  de  venir  en  perfon- 
ne  pour  rétablir  fes  aff'aires.  Ce  fut -là  qu'il  conclut  une  trêve  de  dix  ans 
avec  Ladiflas ,  Roy  de  Hongrie  ,  après  laquelle  il  remit  fa  Couronne  à  Maho- 
met II,  fon  fils  aîné. 

Ladiflas,  comme  tous  nos  Hiftoriens  le  rapportent,  ayant  rompu  cette  trêve 
à  la  follicitation  du  Pape  Eugène  IV,  &  par  les  préfixantes  inftances  du  Cardi- 
nal Julien  Cefarini  ,  Amurat  fut  obligé  par  fa  Milice  de  reprendre  l'Empire  i^ 
pour  marcher  au-devant  des  Chrétiens  ,  qui  étoient  entrez  dans  fes  Etats  avec 
iine  très-pulifantc  armée.  Jean  Hunniade  ,  Prince  de  Tranfij-lvanie  ,  qui  étoit 
tuteur  du  jeune  Roy  Ladiflas  &  qui  commandoit  fous  luy  l'armée  des  Chré- 
tiens, livra  bataille  à  Amurat  prefque  fur  les  bords  du  Pont  Euxin,  en  un  lieir 
nommé  Varna,  où  les   eaux  de  cette  mer  font  comme  un  Etang. 

Les  Hongrois  eurent  d'abord  un  grand  avantage  dans  le  combat;  car  les 
Turcs  plioient  déjà  de  tous  cotez ,  lorfque  le  Sultan ,  à  la  tête  de  fes  Janifllai- 
res ,  invoqua  Dieu  &  Jefus-Chrift  contre  les  Chrétiens  qui  luy  avoient  manqué 
de  parole  ,  en  tirant  même  de  fon  fein  ,  l'Hoftie  confacrée  qu'ils  luy  avoient 
donnée  pour  otage  ,  félon  Callimachus ,  Hiftorien  Grec.  La  fortune  abandonna 
auffi-tôt  les  Hongrois  &  fe  tourna  du  côté  des  Turcs ,  qui  reprirent  un  fi  grand 
Govirage  ,  après  la  chute  de  cheval  &  la  mort  du  Roy  Ladiflas  ,  qu'ils  obtin- 
rent une  pleine  &  entière  viftoire  fur  l'armée  des  Chrétiens ,  l'an  848  de  l'He- 
gire, qui  commença  un  Dimanche  19  d'Avril  de  l'année  1444  de  J.  C 
,  Ce  fut,  après  cette  Vidoire  û  complète,  qu' Amurat  remit  pour  la  féconde 

T  1 1 1  2  fois 


7o6  '  M    O    R    A    D. 

fois  fa  Couronne  à  fôn  fils  Mahomet.  Mais  llfiit  obligé  de  la  reprendre  pour 
la  troifième  fois.  Car  H  fut  rappelle  de  Magniiîa  ou  Magnefie  où  il  s'dtoit  re- 
tiré ,  par  les  BalFas  &  priacipaax  Oiiiciers  de  fes  Troupes  ,  l'an  850  (te  l'Hegi, 
re.  Mahomet  Ion  fils  le  reçut  fort  bien  à  Andrinopie,  où  il  demeura  toujours 
pendant  que  Ton  père  fit  une  expédition  dans  la  Morée  ,  d'où  ,  après  y  avoir 
pris  quelques  petites  Places ,  il  retourna  à  Andrinopie  pour  pafi^er  dc-là  en  Al- 
banie,  où  les  Exploits  que  George,  fils  de  Jean  Cafliriot  ,  furnommé  Scander 
Beg,  nom  qui  fignifie  le  Prince  Alexandre,  y  fiùibit ,  luy  donnoient  beaucoup 
de  jaloufie.     . 

Mais  les  afi'aii-es  de  Hongrie  luy  firent  bientôt  quitter  l'Albanie  ;  car  Jean 
Hunniade,  qui  gouvcrnoit  ce  Royaume  depuis  la  mort  du  Roy  Ladiflas  ,  avoit 
depuis  la  bataille  de  Varna  rétabli  Ion  armée  ,  par  les  fecours  qui  luy  étoient 
venus  dé  toutes  parts  ,  &  la  failbit  déjà  marcher  d'Albe  Royale  vers  les  fron- 
tières de  la  Servie.  Amurat  n'eut  pas  plutôt  appris  cette  nouvelle  ,  qu'il  re- 
tourna à  Andrinopie  5  où  ayant  ramalfé  toutes  fes  troupes  d'Alie  &  d'Europe, 
&  s'accompagnant  de  Mahomet  fon  fiis  ,  il  donna  une  féconde  bataille  à  Jean 
Hunniade,  dans  la  môme  Plaine  de  Coibva  ou  Champ  de  Merles,  dans  laquelle 
Amurat  I  avoit  défait  le  Defpote  de  Servie  &  demeura  ,  après  mi  très -rude 
combat,  vainqueur  des  Hongrois,  des  Polonois  ,  des  Allemands  &  des  Efcla^ 
vons,  qui  s'étoient  tous  unis  fous  les  cnfeigncs  du  Tranflyivain. 

Jean  Hunniade  fe  lauva  à  peine  des  mains  des  Tui'cs,  après  la  déroute  géné- 
rale de  fon  ai'mée,  &  le  Sultan  retourna  viftorieux  à  Andrinopie ,  après  avoir 
fait  tailler  en  pièces  les  Valaqucs ,  qui  avoient  quitté  l'armée  des  Chrétiens  avanû 
la  bataille. 

Amurat,  après  avoir  exécuté  de  fi  grandes  chofes,  mourut  glorieux  entre  les 
bras  do  Mahomet ,  fécond  du  nom  ,  qu'il  laifia  pour  fuccefl^eur  ,  l'an  855  de 
l'Hegire  ,  &  efi;  peut-être  le  feul  Prince  qui  ait  quitté  &  repris  trois  fois  l'Em- 
pire, à  quoi  il  fut  contraint  par  la  milice  des  JaniiTaires,  pendant  trente  &  une 
année  de  règne. 

MORAD  Khan  Ben  Selim  Khan.  C'efi:  Amurat  III ,  fils  de  Selim  H,  qui 
commença  fon  règne,  par  faire  étrangler  cinq  de  fes  frères,  l'an  982  de  l'He- 
gire ,  qui  efi;  l'an   1575  de  J.  C.     11  efl  le  douzième  Sultan  des  Ottomans. 

Il  fit  la  guerre  aux  Pcrfans  &  prit  la  Ville  de  Tabriz  ou  Taui-is  fur  Moham-  - 
med  Khodabcndch  leur  Roy,  l'an  992  &  mourut  l'an  1003  de  l'Hegire,    dans 
la  cinquantième  année  de  fon  âge,  après  vingt  ans  &  huit  mois  de  règne,  laif- 
fant  pour  fucceflTeur  Mahomet  III  du  nom. 

MORAD  Khan  Ben  Ahmed  Khan.  C'efi:  Amurat  IV,  fils  d'Ahmed  &  lé 
XVII  Sultan  des  Ottomans.  II  fucceda.à  Mofiafa,  qui  fut  dépofé  pour  la  fé- 
conde fois,  l'an  1032  de  l'Hegire,  &  régna  jufqu'en  i'an  1049,  qui  efl  l'an  de 
J.  C.  1639. 

On  rapporte  peu  de  chof:s  de  ces  deux  derniers  Sultans,  parce  qu'ils  font  trop' 
modernes  &  que  nos  Hifi;0iicns  en  donnent  une  allez  ample  connoifl^ance. 

MORAD    Mirza.     C'efi;  le  XIIÏ  &  le   dernier  Sultan  de  la  Dynaftie  des 
Turçjmans,  dite  du  Mouton  blanc.     Ce  Sultan  eut  plufieurs  guerres  à  foûtenir 
eontre  Al  Vend  Mirza  os  Ahmed  Ben  Ogourluj  fes  pareas.  M^iis  h  plus  cruel- 
le 


■  M  O'R  A  D  I. M  Ô  R  G  ï.      ,!  7^1 

lè  qn'if  foufFri't  fut  celle  que  Schah  Ifmaël,  qui  étoit  déjà  Maître' d'une  bonne 
partie  des  Etats  des  Turcomans,  luy  fit.  Car  ce  Prince  ciialFa  Alorad  AJirza  de 
M  Ville  de  Bagdet,  où  il  regnoit,  Tan  908  de  IHegire. 

Morad  prit  cependant  le  tems  que  Schah  Ifmaël  étoit  occupé  dans  les  guerres 
de  Perfe  &  rentra  dans  la  Ville  de  Bagdet.  Mais  Ifmaël  s'étant  cntin  débaralfé 
des  affaires  de  la  Perfe,  vint  affiéger  de  nouveau  Bagdet.  Morad  ne  l'y  atten- 
dit pas;  car  il  prit  de  bonne  heure  la  fuite,  &  s'en  alla  fi  loin,  que  l'on  n'eut 
jamais  plus  aucune  nouvelle  de  luy. 

MOR  ADI.  C'efl  le  nom  d'un  Poëte  Arabe  ,  lequel  étant  affis  fur  le  bord, 
du  Nil,  vis-à-vis  du  Nilometre,  qui  eft  la  colomne  où  font  marquez  les  degrez 
de  la  crue  du  Nil,  où  il  compofoit  quelques  vers  ,.  un  Païfan  qui  crut  que  cet 
homme  prononçoit  quelques  paroles  Magiques  pour  empêcher  le  débordement 
de  ce  fleuve,  '&  caufer  ainfi  la  ilérilité  du  pays  ,  le  précipita  tout -d'un -coup 
dans  l'eau  où  il  fut  noyé. 

MORAKKESCH.  C'eft' le  titre  de  deux  Poètes  Arabes,  dont  l'un  porta 
le  furnom  d'Akbar,  c'eft-à-dirc ,  le  grand;  &  l'autre  d'Afgar,  le  petit.  C'écoit 
l'Oncle  &  le  Neveu.  Le  nom  propre  du  premier  eft  Amrou  Bsn  Sâad ,  &  Ra^ 
biah  Ben  Harraaiah  eft  le  nom  du  dernier. 

MORD  AD.  Ce  mot  qui  eft  Perfien  fignifie  l'Ange  de  la  Mort ,  c'eft-à- 
dirc,  cet  Ange  à  qui  Dieu  a  donné  la  commiffion  de  féparer  les  âmes  des  corps* 
Les  Juifs  &  les  Arabes,  aufïï-bien  que  les  Perfans  &  les  Turcs,  ont  crû  qu'il 
y  avoit  effectivement  un  Ange  particulier  ,  deftiné  pour  donner  la  mort  à  tou- 
tes les  créatures  vivantes.     Foyez  les  titres  d'Aifuman^  d'AzraiT  &  d'Azazil. 

Mordad  fignifie  encore  chez  les  Perfans  le  Mois  d'Août,  &  ils  difent  par  une 
façon  de  parler  Proverbiale  Mordar  baafitab  Mordad,  c'eft -à- dire,  un  cadavre 
dans  le  mois  d'Août,  pour  fignifier  ime  grande  puanteur. 

MORDAKHAI.    Mardochée.     Nom  propre  des  Hébreux.  Quand  les  Ara- - 
bes  parlent  de  Mardochée ,    oncle   ou    père  nourriffier  de  la  Reine  Efther  ,    ils 
le  nomment  Mardakhaï  Al  Bâr,  c'eft- à -dire,  Mardochée  le  jufte.     Foyez  le  ti- 
tre d'Aftir. . 

MOR  G.  Ce  mot  fignifie  en  Perfién  un  oifeau  &  une  poule,  de  même  qu'en 
Grec  le  mot  d'ô'pir. 

Morg  Kébir.  Le  grand  Oifeau.  C'eft  ainfi  que  les  Arabes  appellent  cet. Oi- 
feau fabuleux,  dont  il  eft  fait  mention  dans  le  Talmud,  &  celuy  que  les  Per- 
fans. appellent  Simorganka.     Voyez  ce  titre. 

MOR  G  A  B.    C'eft  le  nom  d'une  Rivière  qui  coule  dans  la  Province  de  Kho- 
Taffan  ,   &  qui   traverfe  le   chemin  entre  la  Ville  de   Herat  &  le  Fleuve  de  Gi- 
hon  ou  Oxus.    Il  eft  parlé  fouvent  de  cette  rivière  dans  l'Hiftoire  de  Babur  & . 
des   autres  Princes  qui  ont  fait  la  guerre  en  Khoraffan, 

MORGL    Celuy  qui  efpère,  &  qui  tient  en  fufpend  ou  diffère  quelque  af-  • 
faire,  \ 

Tttt3  MORGIAH. 


702  M  0  R  G  I  A  H.  — *—  M  0  R  S  A  F  I. 

MORGIAH  eft  le  nom  d'une  Tribu  des  Arabes  &  celuy  d'une  Seàe  par- 
ticulière entre  les  Mahometans  de  gens  qui  font  appeliez  Morgioun ,  à  caufe 
qu'ils  croyent  que  la  Foy  feule  fuffit  fans  les  bonnes  œuvres.  Le  Doéleur  Schâ- 
bi  difoit  à  fes  Difciples  :  Othbot  vaîd  allah  v  làtekon  morgian ,  c'efl-à-dire ,  crai- 
gnez les  menaces  de  Dieu  ,  &  ne  foyez  pas  de  ceux  qui  en  différant  de  faire 
de  bonnes  œuvres ,  efpérent  néanmoins  d'être  fauvcz.  Ce  mot  de  Morgi  vient 
de  la  racine  Ragîa,  qui  fignifie  efperer  &  différer  quelque  chofe. 

Un  autre  Dodcur,  nommé  Gazali,  dit,  que  les  Morgiens  font  ceux  qui  at- 
tendent que  Dieu  faffe  en  eux  toutes  chofcs  :  largioun  alâmal  an  allah ,  &  qui 
difent,  que  le  péché  ne  nuit  point  à  celuy  qui  croit,  &  nient  que  les  œuvres  fer» 
vent  à  celuy  qui  ne  l'a  pas. 

MORID.  Ce  mot  fignifie  proprement  en  Arabe  celuy  qui  aime  &;  qui  dév 
fire  quelque  chofe  en  général.  Mais  en  particulier  Al  Morid  veut  dire  parmy 
les  Spirituels  du  Mahometifme ,  celuy  qui  afpirc  à  la  vie  dévote,  &  qui  fe  met 
pour  cet  effet  fous  la  direction  de  celuy  qu'ils  appellent  Al  Morfchid,  c'efl-à- 
dire,  d'un  autre  qui  prend  foin  de  fa  conduite,  c'eft- à-dire ,  d'un  Direéleur. 

Adab  Al  Moridin.  C'eft  le  titre  d'un  Livre  compofé  par  Schaharourdi,  qui 
traite  des  qualitez  que  doivent  avoir  ceux  qui  aipirent  à  la  vie  dévote  ,  &  qui 
fe  rangent  fous   la  conduite  d'un  A^iaître   ou  Dirc6leur  Spirituel. 

•  3M0RIDI.  Nag'meddin  A\  Moridi.  C'eft  le  nom  d'un  Auteur  qui  a  fait 
un  Scharh  ou  Commentaire  fur  le  Livre  de  Samarkandi ,  intitulé  Erfchad  fil 
gedâl,  c'eft-à-dire  ,  les  Règles  qu'il  fiiut  garder  dans  la  Difpute  des  Ecoles. 

MOROUG'  aldhahab  v  Mâden  algiauhcr.  Les  Prairies  d'or  &  les  Mines  de 
pierres  précieufes.  C'eft  ainfi  qu'Ai  Maffôudi  a  intitulé  fon  Ouvrage  Hiftori- 
que  &  Géographique,  que  l'on  trouve  très-fouvent  cité  dans  les  Auteurs  qui 
l'ont  fuivi,  &  particulièrement  par  Ebn  Al  Ouardi,  dans  le  Livre  qui  porte  le 
nom  de  Kheridat  ahlgiaïb. 

MOROVARID  &  Murvarid  ,  &  quelquefois  aufli  Marvarid.  Les  Arabes, 
les  Perfans  &  les  Turcs  fe  fervent  de  ce  mot  pour  fignifier  les  Perles.  L'on 
pourroit  croire  ,  que  le  mot  Grec  &  Latin  de  Margarite  en  a  été  tiré.  Le 
Géographe  Perfien  dit,  que  les  plus  belles  fe  pèchent  fur  le  rivage  de  Bahr 
filakhdhar,  c'eft-à-dire,  de  la  Mer  Verte,  en  un  lieu  qui  s'appelle  Sokhara  & 
dans  rille  de  Caïs. 

Cette  Mère  verte  eft  le  Golfe  Perfique  ,  que  l'on  appelle  aujourd'hiîy  Mer 
d'Al  Cathif,  à  caufe  de  la  Ville  de  Cathif  en  Arabie,  qui  eft  bâtie  fur  fes  bords. 

On  pêche  encore  aujourd'huy  les  Perles  dans  cette  Mer  dans  J'Ifle  de  Kis  & 
fur  la  côte  de  Bahreïn. 

Le  véritable  nom  des  Perles  en  Arabe  eft  Loulou  au  fîngulier  &  Laouali  au 
plurier.  Les  Perfans  les  appellent  auffi  proprement  en  leur  langue  lekdaneh  , 
c'eft-à-dire,  Grain  unique,  à  caufe  qu'il  ne  s'en  trouve  ordinairement  qu'une 
dans  chaque  écaille  ou  mère  perle,  ce  qui  a  donné  lieu  auffi  aux  Latins  de  les 
;appeller  Uniones.    ' 

MORSAFL    Tojes  le  titre  de  Zeïnedd'in  Al  O'mari. 

MORSCHED. 


MORSCHED,  M  Q-S  H  A  F,  ■  -^a^ 

MORSCHED.  Celuy  qui  iiiftruic  &  qui  enfeîgne  quelque  chofe.  C'eil  le 
titre  de  piufieurs  Livres  Arabes  ,  &  entre  les  autres  de  celuy  que  Temimi  a 
compofé,  fous  le  nom  de  Morfched  ela  giauaher  alagdiah  v  couat  almofredat 
meu  aladouïat.  Ceft  un  Livre  qui  traite  particulièrement  des  fucs  ,  gommes  , 
pierres  &  minéraux,  qui  peuvent  fervir  de  nourriture  &  de  remède. 

Il  femble,  que  ce  Livre  porte  auffi  le  titre  d'Agradh  ;  car  il  eft  divifé  en 
piufieurs  Garadh,  ou  Propolitions  &  Théorèmes,  ^oyez  qiiatre  Traitez  du  fé- 
cond Garadh,  qui  fe  trouvent  dans  la  Bibliothèque  Roj'ale,  n-^.  942. 

Abdalrahman  Ben  Ilfa  eft  aufîî  qualifié  Ben  Morfched  Al  O'mari.  Il  eft  Au- 
teur d'un  Livre  intitulé  Barâat  aleftihlal,  c'eft-à-dire,  Eclaircllfcmens  pour  trou- 
ver les  Néomenies,  ou  le  point  véritable  des  conjonélions  de  la  Lune  avec  le 
Soleil.     Cet  Auteur  mourut  l'an  1005  de  l'Hegire. 

MORTADHA  &  Mortadhi.  Mortadha  BiUah.  Celuy  qui  eft  agréable  à 
Dieu.  Ceft  le  titre  ou  furnom  d'Abctelrahman  ,  qui  fut  Khalife  en  Efpagne  , 
pendant  peu  de  tems,  fous  le  règne  de  Caflem.     Foyez  Caifem. 

Les  Perfms  donnent  p?.r  excellence  à  Ali  le  titre  de  Mortadha  ,  de  même 
que  celuy  de  Moftafa,  qui  fignifie  Choifi  de  Dieu,  à  Mahomet. 

M  O  S  C  H  A  B  B  E  H O  U  N.  Les  Mofchabbécns.  Ceft  une  Sede  de  Maho- 
metans  ,  qui  croyent  que  Dieu  eft  à  la  lettre  tel  que  l'Alcoran  le  dépeint  en 
piufieurs  endroits  ,  &  qui  paroiifent  avoir  tiré  des  Rabirs  tout  ce  qu'ils  difenC 
de  la  douleur  des  yeux  &.du  rugilfement  du  Lion,  qui  luy  font  attribiaez  dans 
le  Talmud.  Il  eft  certain,  qu'îl  y  a  piufieurs  Mahometans  aflez  grofli ers  pour 
croire,  que  Dieu  a  des  mains,  des  pieds,  des  yeux  &  des  oreilles  ,  &  il  y  en 
a  même  qui  tiennent ,  qu'il  a  une  barbe  noire  &  épaifle  avec  piufieurs  autres 
attitudes  qu'ils  s'imaginent. 

MOSCHTEREK  ou  Molbhtarek.  Ceft  le  titre  d'un  Livre  de  Généalo- 
^gic,  qui  eft  particulièrement  cité  par  Aboulfeda ,  dans  la  Préface  de  fa  Géo- 
*  graphie. 

MOSCHTERI.  Ceft  le  nom  que  les  Arabes  donnent  à  la  Planète  de 
Jupiter,  qu'ils  furnomment  aulïï  en  terme  d'horofcope  fàad  alfôud  ,  c'eft-à-dire, 
la  Fortune  des  Fortunes  ,  ce  que  nos  Artrologues  expliquent  par  Fortuna  ma. 
jor  ,  à  caufe  ,  difent-ils,  qu'il  pronoftique  toujours  du  bonheur.  Ben  Dolcin 
étant  un  jour  interrogé  pourquoy  la  Planète  de  Jupiter  étoit  heureufe  ?  Ceft. 
répondit-il,  parce  que  les  Aftrologues  l'ont  fait  telle.  HaOanho  almonagemoun. 

Les  Perfans  appellent  cette  Planète  ,  Ormozd,  d'où  vient  nôtre  mot  ,  Ora- 
mazdes.  ^oyes  ce  titre.  Ils  luy  donnent  auffi  le  nom  de  Bergis ,  dans  leurs 
Ephemerides. 

MOSHAF,  &  Meshaf.  Ce  mot  qui  fignifie  en  Arabe  un  Livre,  devient 
le  nom  particulier  de  l'Alcoran,  quand  on  y  ajoute  fon  article  &  que  l'on  dit, 
Al  Moshaf. 

Il  y  a  cependant  un  Livre  ancien  &  curieux  qui  eft  cité  par  Giauberi  fous- 
le  nom  de  Moshaf  alkhaii. 

MOSLAHEDDIN, 


704  M  O  S  L  A  H  E  D  D  I  N.>-—  M  0  S  N  A  F  E  K, 

MOSLAHEDDIN.  Celui  qui  reftifie  la  Loy.  C'efl  un  nom  ou  titre 
Que  Dlufieurs  Doreurs  &  autres  perfonnages  ont  porté  parmi  ies  Mahometans. 

Sâdi  Al  Schirazi,  Auteur  de  deux  fameux  Livres  en  Langue  Perfienne,  nom- 
mez Bollan  &  Guliftan  ,  a    porté  ce  nom.     Voyez  le  titre  de  Sâdi. 

MOSLEM,  &  Meflem.  Les  Mahometans  appellent  ainfi  celui  qui  fait  pro- 
feflion  de  leur  boftrine  &  de  leur  Religion,  qu'ils  appellent  d'un  mot  particu- 
lier, Eflam.  C'ell  d'où  vient  le  nom  ordinaire  de  Mutulraan,  que  l'on  donhe 
à  ceux  de  'leur  Sefte.     Voyez  le  titre  d'Eflam.  „    .    ,  ^   n        ^    ,    .  n 

C'cil  auffi  le  nom  propre  d'Aboul  Houflain  Ben  Hegiag'  DoitLur  de  la  Se6le 
Hanbalique,  qui  a  compofé  un  Livre  de  Théologie  Scholaftique ,  fuivant  les  Prin- 
cipes d'Ebn  Hanbal  fon  Maître,  qu'il  a  intitulé.  Ai  Sahi,  &  c'eft  cet  Ouvrage 
qui  fait  que  l'on  le  trouve  fouvent  cité  fous  le  nom  de  SahebAlSahi,  c'efl-à- 
dire,  l'Auteur  du  Sahi.    /^o.ycz  le  ^titre  de  Sahi.  ,     ^       , 

Le  même  Livre  eft  auffi  appelle ,  Moflem ,  du  nom  de  fon  Auteur ,  &  il  y 
a  un  Commentaire  du  même  Ouvrage  qui  eft  intitulé  Scharh  Al  Moflem. 

MOSLEM  AH.  C'efl  le  furnom  d'Aboul  CalTem  Ben  A 'li  Al  Corthobi.  Ce 
Do6leur ,  Arabe  d'origine  ,  étoit  né  à  Cordouë  en  Efpagne ,  &  a  compofé  le 
Livre,  intitulé  Rodbat  alhakim ,  qui  porte  auffi  le  nom  de  Medkhal  aitâalim, 
c'eft-à-dire  ,  l'Litroduclion  aux  Sciences  ,  qui  fc  trouve  dans  la  Bibliothèque 
Royale,  n°.  905. 

MOSLEMAN&  Mofolman,  la  même  chofe  que  Modem,  &  c'eft  d'où  s'eft 
formé  le  mot  de  Mufulman ,  pour  fignifier  un  Mahometan. 

Ce  mot  eft  proprement  le  plurier  de  Moflem  ,  qui  eft  forme  à  la  manière 
des  -Perfans  ,  lefquels  difent  par  exemple  dans  leurs  liiftoires ,  que  Fcridoun 
étoit,  Padiichah  Mofleman,  que  l'on  peut  expliquer,  -Roy  Fidèle,  ou  Roy  des 
Fidcles.  Le  Tarikh  Montekheb  dit,  que  du  temps  de  Noé,  il  n'y  avoit  fur  la 
terre  que   Sekfen  Mofleman,  c'cft-à-dire,  quatre-vingt  Fidèles,  ou  Mufulmans. 

Moflemanlik,  ou  Mufulmanlik  fe  prend  chez  les  Turcs  particulièrement  pour  • 
la  Sefte  qu'ils  appellent ,  Hanifiah  ,    à  caufe  qu'ils   fui  vent  dans  leurs  Décidons 
l-s  fentimens  de  l'Imam  Abou  Hanifah,  Auteur  de  cette  Sefte  ,    laquelle  njiTe 
pour  la  première  entre  les  quatre  qui  font  reçues  &  approuvées  dans  le  Muiuî- 
nianifme. 

MOSNAFEK.  Surnom  d'A'laeddin  A'ii  Ben  Mohammed  ,  qui  eft  encore 
furnommé  Al  Bafthami,  à  caufe  qu'il  étoit  natif  de  la  Ville  de  Bafthafn.  C'eft 
l'Auteur  de  plufieurs  Commentaires.  Car  il  en  a  fait  un  fur  le  Livre  de  Baz- 
dadi,  intitulé  Oiîuul,  ou  les  Fondemens,  ou  Principes  de  la  Loy  Mufalmanne. 

Un  autre  fur  le  Commentaire  que  Sàadeddin  Taktazani  avoit  déjà  fait  fur 
l'Ouvrage  de  Serageddin  Al  Sekaki,  intitulé  Meftah  alôloum,  la  Clef  des  Scien- 
ces, &' il  y  a  auffi  un  de  fcs  Ouvrages  qui  porte  le  titre  d'Anounr  alahddk, 
la  Lumièrc\ics  yeux,  qu'il  dédia  à  Mahmoud  Pacha,  Vizir  de  Mahomet  II  Sul- 
tan  des  Turcs ,  tous  le  règne  duquel  il  vivoit. 

Le  Commentaire  fur  le  Meftah  alôloum  fut  compofé  par  cet  Auteur  dans 
la  Vilie  d2  LaranJah  où  il  profeffoit  publiquement ,  l'an  de  l'Hegire  849  ,  dix. 
ans' ou  environ  avant  la  prifc  de  Conftantiiiople ,  (S;  il  fe  trouve  dans  la  Biblio-- 
theque  Ro-yale,  n^.  913. 

Où 


M  0  s  s  A  F  î.  ^—  M  O  S  T  A  C  F  r.  705 

On  trouve  encore  un  autre  Commentaire  de  cet  Auteur,  intitulé  Scharh  M 
Erfchad  alliadi,  c'cfl-à-dire,  Commentaire,  ou  Expofition  fur  le  Livre  intitulé 
rinflruélion  du  Direéèeur ,  ou  du  Condufteur.  ' 

MOSSAFI.  C'efl  le  nom  d'un  Ouvrage  de  NaiTafi  le  Jeune,  qui  n'eft  pro- 
prement qu'un  Commentaire  fur  le  Poëme  de  Naffaii  l'Ancien ,  qui  eft  intitulé 
Scharh  lemandhoumat  Al  Naffafi. 

MOSSALAH.  Les  Arabes  appellent  ainfiun  Oratoire,  ou  Lieu  de  prière, 
autre  que  la  Mofquée. 

Moflali,  eft  un  homme  qui  prie,  MofTalioun,  les  Priants,  nom  de  certains 
Hérétiques  parmi  les  premiers  Chrétiens  qui  avançoient  pluficurs  erreurs ,  & , 
qui  tenoient,  que  fi  un  homme  prioit  &  jeufnoit  pendant  douze  années  cou- 
fécutives ,  il  pourroit  tranfporter  une  JVIontagne  d'un  lieu  à  un  autre  ,  liaiv_;nt 
ce  qui  eft  dit  dans  l'Evangile ,  &  que  fi  après  ce  temps-là  ,  il  ne  pouvoit  pas 
le  faire,  il  lui  étoit  libre  &  permis  de  vivre  à  fa  fantaifie.  Nos  Hiftoricns 
ont  appelle  ces  Hérétiques,  Majfdiani,  qui  avoient  pris  apparemment  leur  ori- 
gine dans  la  Syrie. 

MOSSAMEDOUN.  C'eft  le  nom  d'un  peuple,  ou  d'une  Tribu  d'Arabes 
gui  vivoient  en  Afrique.    Veyesn  le  titre  de  iMoahedoun. 

MOSSAMERAH.     Converfation ,  ou  Entretien  de  nuit. 
Moifamerat  alfcheïkh.     C'eft  le   nom  d'un  Livre  dans  lequel  un  Vieillard  on 
\\n  Dofteur  donne  des  inftruclions  à  un  de  fes  Difciplcs. 

MOSSEILEMAH.  C'eft  le  nom  propre  d'un  Impofteur  qui  s'éleva  du 
temps  de  Mahomet  dans  une  des  Provinces  d'Arabie  , .  nommée  Hagiar  ,  Favs 
que  nous  appelions  aujourd'huy  l'Arabie  Petrée.  Ce  faux  Prophète  contrefaifoit 
parfaitement  celui  qu'i'  vouloit  imiter,  &  il  étoit  fuivi  d'une  grande  foule  de 
gens  qui  égaloient  à  peu  près  le  nombre  des  Seâ:atcu.-s  de  Mahomet. 

Mahomet  fut  obligé  de  faire  la  guerre  à  Molfeïlemah ,  &  il  défit  fes  Trou- 
pes ;  mais  cela  n'empêcha  pas  que  fa  Secle  ne  duraft  encore  iong-tems  dans 
l'Arabie  ,  &  ne  donnaft  encore  beaucoup  de  peine  aux  Khalifes  Aboubekr  & 
•Omar. 

Les  Mahoraetans  donnent  ordinairement  à  Mofi'eïlemah  ,  le  titre  de  Kedhâb. 
c'eft-à-dire,  de  Alenteui  &  d'Impofteur. 

:  MOSTABSCHERL  Surnom  de  Mohammed  Ben  Abibekr  ,  Auteur  du 
Livre ,  intitulé  Ektafa  fi  hufn  aluefa ,  c'eft-à-dire  ,  des  Avantages  que  la  mort 
nous  procure. 

Il  y  a  aufiî  un  Ibrahim  qui  porte  le  même  fumom  ,  duquel  nous  avons  un 
Poëme  ,  intitulé  Taïah ,  fur  la  Grammaire  Arabique  &  fur  l'Ifagoge  de  Por- 
phyre. 

MOSTACAR  Billah.  Voyez  le  titre  de  Hakem  II  du  nom,  neuvième  Kha- 
life de  la  race  des  Ommiades  en  Efpagne. 

'  ^^aJ/'^Jl  ?'"'''•    ^'"^  ^^  ^^  Khalife  de  la  race  des  Abbaffides,  qui 
-etoit  fils  de  Moclafi  fon  Prédecefleur. 

ToMJE  IL  V  V  V  7  H 


7o5  M  0  S  T  A  C  S  A. 

Il  fut  élevé  fur  le  Trône  par  Tozun  qui  écoit  devenu  avec  fa  Milice  Tùr- 
quefque  le  Makre  abfolu  du  Khalifat,  l'an  de  l'riegire  333,  après  que  fon  père 
eut  été  dépofé  &  av'cuglé  par  la  violence  de  ce  Turc. 

-Tozun  cependant  mourut  l'an  334  de  l'Hegire  ,  &  laifla  pour  fuccefleur  dans 
fa  charge  d'Emir  Al  Omara,  c'eft-à-dire,  de  Lieutenant  &  Adminiftrateur  de 
l'isrçipire,  Ben  Schirzad,  autre  Turc,  qui  ne  fut  pas  moins  violent  que  lui. 

Les  Habitans  de  Bagiet  ne  pouvant  plus  fouffrir  le  gouvernement  tyrannique 
de  Schirzad  ,  refolurcnt  d'appeller  un  des  Princes  de  la  Maifon  de  Bûiah  qui 
fut  depuis  fornommé  Moêz  aldoulat,  pour  fe  délivrer  des  mains  de  ce  .Turc. 

Moôz  aldoulat  qui  fc  trouvoit  pour  lors  dans  la  Province  d'Ahuaz,  qui  iepare 
riraquc  Babylonienne  de  la  Perfe,  ne  fc  fit  pas  beaucoup  prier.  11  marcha  auff- 
tôt  avec  une  grolTe  armée  vers  la  Ville  de  Bagdet,  où  Schirzad  ni  les  fiens  ne 
l'attendirent  pas.  Car  le  bruit  des  armes  du  fils  de  Bûiah  les  épouvanta  fi  fort, 
qu'ils  prirent  tous  la  fuite,  &  Mollacfî  avec  eux  Mais  ce  Khalife  ayant  appris 
que  le  Buide  s'étoit  rendu  Maître  de  la  Ville,  &  qu'il  n'avoit  plus  rien  à  appré- 
hender du  côté  des  Turcs,  retourna  auffi-tôt  fur  les  pas  pour  le  recevoir  dans 
fa  Capitale,  &  poUr  lui  faire  rendre  tous  les  honneurs  qu'il  meritoit. 

Ce  fut  alors  que  le  Khalife  Moilacfi  donna  au  Buïde  le  titre  magnifique  de 
Moôz  aldoulat,  qui  fignifie  celui  qui  fortifie  l'Etat  &  qui  le  rend  florifilmt, 
&  il  ne  fe  contenta  pas  d'orner  ce  Prince  d'un  titre  û.  éclatant,  il  voulut  en-  . 
core  faire  honneur  a  fes  frères  ,  &.  donna  à  Ion  frère  aîné  qui  s'étoit  rendu 
Maiflre  de  la  Perfe  &  de  la  Ville  de  Schiraz  qui  en  étoit  la  Capitale  ,  le  titre 
d'A'mad,  ou  O  mad  aldoulat,  qui  fignifie  le  Soutien  de  l'Etat,  &  à  fon  fécond 
frère  qui  comniandoit.  dans  11  raque  Perfienne  dont  la  Ville  d'Ifpahan  étoit  la 
Capitale,  celui  de  Rokn  aldoulat,  qui  fignifie,  la  Colonne  de  ^Etat.^  Et  c'eft 
fous  ces  trois  titres  ou  farnoms,  que  les  trois  fils  de  Bûiah  qui  devinrent  tous 
trois  de  fort  grands  Princes,  ont  été  connus.    Foyez.  le  titre  de  Bûiah. 

Le  Khalife  vioilacti  qui  ne  pouvoit  alFez  reconnoître  le  grand  fervice  que 
Moêz  aldoulat  lui  avoit  rendu,  crut  qu'il  devoit  pour  fa  propre  fureté  lui  con- 
fier la  garde  des  dehors  de  fon  Palais ,  &  parce  qu'il  lui  donnoit  par  ce  moyen 
une  entière  autorité,  non-feulement  dans  i^Qs  Etats,  mais  encore  fur  fa  perfonne. 
même,  il  ordonna  que  fon  nom  fufi;  publié  dans  les  Mofquées  après  celui  du 
Khalife,  &  qLi(â  l'on  battit  aulîi  de  la  monnoye  à  fon  coin.  . 

Tous  ce''  honneurs  que  le  Khalife  fit  rendre  au  Buide  ,  dévoient  l'attacher 
iavioîsblenieat  à  fes  interefl:s.  Il  arriva  néanmoins  que  la  bonne  intelligence 
ne  dura  pas  long-temps  entre  eux.  En  effet  ,  il  étoit  comme  im.poflîble  que 
deux  Princes  demcuralfint  dans  un  même  Etat  avec  un  pouvoir  égal  &  abfolu. 
Ils  IV  brouillèrent  enfernble  dès  la  même  année,  334  ,  &  Moêz  aldoulat.  ayant 
eu  quelque  foupçon  que  Mofi:acfî  vouloit  lui  ofler  une  partie  de  fon  autorité, 
il  ie  faifit  de  fa. perfonne,  lui  fit  perdre  la  veuë,  &  après  l'avoir  dépofé,  mit 
à  fa  place  Mothî,  fils  de  Moftqder ,  qui  fut  ainfl  fon  fuccefiTeur.     Khondemir. 

Ebn  ^\mid  rapporte,  que  ce  Khalife  ne  fe  contentant  pas  du  titre  de  Mof- 
tac'i  BilLih  ,  qui  figniiie  celui  qui  a  mis  toute  fa  fuiîifancè  en  Dieu  ,  c'efl:-à- 
dire,  à  qui  Dieu  fullit,  prit  encore  celui  d'Imam' alhakk,  qui  fignifie,  le  Sou- 
verain Pontife  de  la  Jultice,  de  la  Vérité,  &  de  Dieu. 

MOSTACSA  fi  amthal  alârab.  C'elt  le  titre  d'un  Livre  de  Proverbes  Ara- 
bes, coiîipofé  par  Zaraakhfchari.  . 

MOSTADHAHER; 


MOS  TA  DH  AH  ER. — -MOSTA'DHEM.         707 
MOSTADHAHER,  ou  Moftedhaher  Ben  Moftadhi.  C'eft  le  XXVIII  Kha- 


Le  Sultan  HarJdarok,  qui  ctoic  MaÎL-re  du, 'Khalife  &  du  Khalifat,  étant  mort 
l'an  498  de  l'Hegire,  fon  frère  Gaïath  cddin  Mohammed  s'empara  de  Bagdet  & 
de  tous  les  autres  Etats  qui  dévoient  appartenir  à  Malek  fchah,  fécond  du  nom, 
fils  de  Barkiarok  fon  neveu,  &  laiiTa  vivre  paifiblement,  mais  ilms  autorité,  le 
Khalife  Moftedhaher. 

L'an  511  de  l'Hegire  ,  le  Sultan  Mohammed  Gaïatheddin  étant  mort ,  Mah- 
moud fon  fils  qui  lui  fucceda,  trouva,  dit-on,  dans  le  tréfor  de  fon  frère,  on- 
ze millions  de  Dinai-s,  ou  Ecus  d'or,  &  une  pareille  foinme,  tant  eu  meubles 
qu'en  pierreries.  Ce  Prince  vèquit  fort  bien  avec  le  Khalife  lequel  moiiiUt 
l'année  fuivante ,  âgé  de  quarante  &  un  an  &  fix  mois  ,  après  vingt  -  cinq  ans 
'de  règne. 

Mofledhaher  aimoit  la  juftice  ,  étoit  bon  Poëte  ,  &  favorifoit  beaucoun  les 
gens  de  lettres.  On  ne  dit  rien  de  fes  aftions  militaires  ;  car  lei  Sultans  Sel- 
giucides  avoient  alors  entre  leurs  mains,  toutes  les  forces  &  le  gouvernement 
abfolu  du  Khalifat.     Khoiidemir,  &.c. 

On  peut  remarquer  feulement ,  que  ce  fut  fous  le  règne  de  ce  Khalife  ,  à 
fçavoir  l'an  ^p2  de  l'Hegire,  que  les  Hifloriens  Orientaux  marquent  la  defcente 
q'ue  les  Chrétiens  Francs  ou  Latins  firent  dans  la  Terre  fainte ,  &  qui  fut 
peut-être  prognofI;iquée  par  les  Aflrologues  qui  menacèrent  dans  cette  année-là 
les  Mafulmans,  d'un  déluge  qui  n'arri\'a  pas. 

Cette  année  de  l'Hegire  répond  à  celle  de  J.  C.  1098.  Cependant  nos 
Hiiloriens  ne  marquent  cette  expédition  qu'en  l'année  1099.  C'ell  auffi  fous 
le  régne  de  ce  même  Khalife  qu'Ebn  Amid,  furnomraé  vulgairement  -El  Ma- 
cin,  finit  fon  Tarikh  Al  Moflemin,  qu'Erpenius  nous  a  donné  fous  le  nom  de 
rHiftoire  Saracenique. 

Moftarfched  Billah  fucceda  à  Mofledliaher  fon  père  dans  la  même  année  qui 
ell  l'an  512  de  l'Hegire. 

MOSTA'DHEM  ou  Moflâzem  Billah  Ben  Moftanfer  Billah.  C'efl  le 
-XXXVII  &  le  derai'jr  Khalife  de  la  race  des  Abbalîîdes  qui  ait  régné  dans  Bag- 
det. Il  lucceda  à  Moflanfer  fon  pcre  l'an  de  l'Hegire  640  ,•  &  fut  reconnu 
pour  le  feiil  &  unique  Khalife  ou  Vicaire  de  Mahomet,  &  pour  le  fouverain 
Pontife  de  tous  les  Mufulmans.  Car  Adhed,  l'onzième  &  le  dernier  des  Khali- 
fes Fathiraites  en  Egypte,  étoit  mort  des  l'an  ^67-,  fous  le  règne  de  Saladin, 
quoyqu'il  foin  vray  qu'il  y  euft  encore  dans  l'Occident,  c'eft-à-dire,  dans  l'A- 
frique^ &_  dans  l'Efpagne  quelques  Prises  qui  prenoient  le  titre  de  Khalife.  Mais 
ce  n'étoit  qu'à  l'égard  de  leurs  fujets  immédiats  ,  &  non  de  tous  les  autres 
Mufulmans  qui  ne  regardoient  pour  lors  que  Moftàdhem  pour  leur  let^itimc 
Khalife.  ^ 

Ce  Khalife  que  l'on  compte  pour  le  trente-feptième  des  Abbaffides  ,   n'étoi£ 
cependant  que  le  vingt-quatre  ou  vingt-cinquième  en  ligne  direfte  de   la  pofte-  • 
rite  d'Abbas.     Car  plufieurs  Collatéraux  de  cette  Maifon  avoient  joiii  du  Khali- 
fat, &  il  fut  le  plus  riche,  le  plus  puiffant ,  le  plus  refpefté  ,  &  en  même 
temps  le  plus  malheureux  de  tous  les  Princes  de  fa  race, 

V  V  V  V  2  £,'aa 


7oS  M  0  S  T  A'D  HEM: 

L'an  de  l'Hegire  ^42,  Nafier  eddin  Ben  Nafedh,  qui  étoît  Vizir  de  Moftâd- 
hem  &  qui  l'avoit  été  de  Moftanler  fon  père  ,  étant  décédé  ,  le  Khalife  donna 
fa  charge  à  Mouiadeddin  A'icami ,  o:  clmngea  ainfi  le  plus  iidéle  de  fes  fervi- 
teurs  contre  le  plus  perfide  de  tous  les  Minières.  Car  ce  fut  cet  A'icami  qui 
fut  la  ruïne  entière  du  Khalife  &  du  Khalifat. 

Une  grande  difpute  s'étant  élevée  dans  Bagdet  l'an  650  de  l'Hegire  entre  les 
Sunnites  &  les  Schiites ,  un  grand  tinraiite  &  cnfiiite  la  fedition  la  fuivirent 
bientôt.  Ces  Sunnites  ou  Traditionnaires  font  reputez,  comme  Orthodoxe  par- 
mi les  Mahometans ,  &  les  Schiites  ou  Seftateurs  d'AH  font  regardez  ,  comme 
Hétérodoxes  ou  Hérétiques  par  ceux  du  parti  contraire.  Ces  deux  Se6les  par- 
tageoient  tonte  la  Ville.  Aboubekr,  fils  du  Khalife ,  protegeoit  les  premiers,  & 
le  Vizir  a  voit  de  grandes  liaifons  avec  les  autres. 

li  arriva  qu' Aboubekr  ne  pouvant  plus  foufFrir  les  féditions  fréquentes  que  les 
Schiites  ou  Parcifans  d'Ali  excituient  dans  la  Ville,  vint  un  jour  à  main  armée 
fe.  faifir  des  principaux  Chefs  de  la  Se6le  d'Ali  dont  il  remplit  les  prifonsi 
-  C  tte  aftion  déplut  fi  fort  à  Mouiadeddin  qu'il  refolut  de  vanger  ceux  qu'il 
croyoit'perfecutez  injufi:ement  ,  &  conçut  en  même  temps  le  cruel  defl^ein  de 
faire  périr  tous  ceux  de  la  Maifon  des  Abbaffides  qu'il  tenoit  pour  Auteurs  ^ 
ou  Complices  dé  cette  perfecution. 

L'année  fuivante  qui  fut  la  651  de  l'Hégire,  Hôlagou  Empereur  des  Mogols 
ou  Tartares,  ayant  deflinn  de  poufilT  fes  conqueftes  vers  l'Occident  &  vers  le 
Septentrion,  &  attaquer  h  Thrace,  la  Ruffie  &  la  Pologne,  Nalîîreddin;,  ce  fa- 
meux Mathématicien  de  l'Orient ,  qui  avoit  quitté  le  Khalife  pour  quelque  mécon- 
tentement qu'il  en  avoit  reçu,  vint  trouver  le  Tartare,  &  le  portant  a  changer 
de  refolution,  le  poufi'a  à  tourner  du  côté  du  Midi. 

Holagou  fuivit  le  Confcil  de  Naffireddin  &  fongea  deflôrs  à  attaquer  le  Kha- 
life même  dans  la  Ville  de  Bagdet,  que  l'on  lui  avoit  reprefenté  être  fans  dé- 
fenfe.  Ce  grand  Capitaine  difïimula  cependant  aflx:z  long-temps  fon  deflTein» 
Car  depuis  l'an  654  de  l'Hegire,  jufqu'en  l'an  6s6i  il  fit  faire  tant  de  marches 
&  de  contremarches  à  fon  armée,  que  l'on  ne  pouvoit  point  juger  de  quel  côté 
elle  dcvoit  fondre. 

Le  Vizir  Mouiadeddin  ayant  pénétré  par  le  moyen  de  fes  Emifiiiires  la  relb- 
lution  des  Tartares ,  fe  fcrvit  de  cette  occafion  pour  perdre  fans  refiTource  fon 
Maître  avec  toute  fa  famille,  &  vanger  par-là  la  SeSie  qu'il  favorifoit,  des  ou- 
trages qu'elle  avoit  foufl'erts.  Pour  faire  reuiîir  fon  mauvais  defl^ein,  il  confeilla 
par  une  perfidie  fans  exemple  au  Khalife  de  licencier  fes  troupes  ,  comme  lui 
étant  inutiles  dans  un  temps  auquel  il  étoit  craint  &  refpefté  par  tous  les  Rois 
&  par  tous  les  Princes  du  Mufulmanifme ,  qui  fe  qualifioient  tous  Serviteurs  &. 
Efclaves  de  fon  heureufe  &  fublime  Porte.  Il  ajoûtoit  qu'il  n'avoit  rien  à  ap- 
préhender non  plus  du  côté  des  Tartares,  lefquels  paroiffoient  vouloir  tourner 
leurs  armes  plutôt  vers  le  Septentrion  qui  étoit  plus  à  leur  bienfeance ,  que  du 
côté  du  Midi. 

Mofiiidhem  qui  aimoit  l'ai'gent,  écouta  avec  plaifîr  un  confeil  qui  flattoit  fa 
paflîon.&  qui  le  déchargeoit  d'une  dépenfe  exceflîve  qu'il  étoit  obligé  de  faire 
pour  l'entretien  de  foixante  &  dix  mille  hommes  qu'il  avoit  fur  pied.  Ce  mi- 
ierable  Prince  fe  trouva  ainfi  defarmé  dans  le  temps  qu'il,  devoit  plutôt  fonger 
à  augmenter  le  aoiïibi-e  de  Tei  Troupes  ^  qu'à  Jes  refQraçr.    Et  abandonnant 


M  O  s  T  A'  D  H  _E  m;  I  709 

fout-â-fait  les  affaires  ai  la  guerre  ,.  il    fe  livra  entièrement  k  la  joye  &  aux 
plaifîrs. 

Le  Vizir  fur  qui  le  Khalife  fe  repofoit  entièrement  de  toutes  chofes ,  &  au- 
quel il  avoit  confié  entièrement  le  Gouvernement  de  fes  Etats ,  pour  comble 
de  fa  trahifon,  difperfa  tous  les  Chefs  &  Officiers  de^  Troupes  en  divers  lieux 
éloignez  de  Bagdet,  &  donna  avis  en  même  temps  par  un  Exprès  à  Holagou, 
de  la  fticilité  qu'il  trouveroit  à  fe  rendre  Maiftre  de  la  Ville  Capitale.  &  de  la 
perfonne  du  Khalife,  s'il  faifoit  marcher  fon  armée  de  ce  côté-là. 

Le  Tartare  fur  cet  avis ,  partit  des  environs  de  la  Ville  de  Hamadan ,  fans  que 
l'on  fçut  de  quel  côté  il  devroit  tourner,  &  tomba  tout  d'un  coup  fur  l'Iraque 
Babylonienne  qui  ell  la  Province  où  la  Ville  de  Bagdet  ell  lituéc.  A  cette  nou- 
velle les  principaux  Seigneurs  de  la  Cour  reprefentefent  vivement  au  Khalife, 
qu'il  étoit  temps  qu'il  quittait  fes  débauches  &  penfaft  fcrieufement  à  fes  affai- 
res. Mais  le  Vizir  conduifant  toujours  fourdement  la  trame  de  fa  trahifon, 
faifoit  entendre  en  particulier  à  ce  Prince  qu'il  ne  couroit  aucun  rifque ,  &  que 
quand  bien  même  les  Mogols  &  les  Tartares,  unis  enfemble,  feroient  entrez 
dans  la  Ville,  les  femmes  &  les  enfans  feuls  feroient  capables  de  les  affommer 
tous  à  coups  de  pierres ,  de  deffus  les  terraffes  de  leurs  maifons. 

Le  Khalife  s'entretenoit  de  ces  folles  efpérances  que  lui  donnoit  fon  Vizir, 
lorfqu'il  apprit,  que  Holagou  avoit  détaché  de  fon  armée,  Sougougiak  &  Man- 
gou  avec  un  nombre  confidérable  de  Troupes  qui  avoient  pris  le  chemin  du 
defcrt  pour  s'approcher  de  plus  près  de  Bagdet.  Il  fallut  donc  enfin  que  le- 
Khalife  fongeaft  malgré  lui  à  la  guerre,  &  deux  d'entre  les  Officiers  Généraux 
du  Khalife ,  nommez  Fatheddin  &  Megiahededdin  fe .  mirent  à  la  tête  de  dix' 
mille  hommes  pour  aller  reconnoître  les  ennemis. 

L'Armée  du  Khalife  rencontra  les  Mogols  campez  le  long  du  Degiaïl ,  c'eff- 
â-dire  ,  le  petit  Tigre  ,  &  qui  n'eft  proprement  qu'un  bras  de  la  Rivière  que 
les  Arabes  appellent  Digelah ,  qui  eft  le  Tigre.  Il  fe  donna  un  très-rude  com- 
bat entre  les  deux  armées  auprès  de  ce  fleuve,  fans  que  l'avantage  demeurait  à 
aucun  des  deux  partis  pendant  tout  le  jour.  Mais  les  Mogols  ayant  travaillé' 
toute  la  nuit  fuivante  à  couper  une  des  digues  de  l'Euphrate  proche  duquel 
l'armée  du  Khalife  s'étoit  mal  pofl:ée  ,  cette  armée  fe  trouva  tellement  incom- 
modée par  les  eaux  de  ce  grand  fleuve  qui  l'inondoit  ,  qu'elle  demeurait  fans 
aucune  défenfe  ;  de  forte  que  la  plus  grande  partie  de  ces  Troupes  fut  fubmer- 
gée ,  &  que  tout  ce  qui  échapa  de  l'eau  pafl^a  par  le  fil  de  l'épée  des  Tartares. 

Megiahed  fe  fauva  à  grand  peine  lui  feul  &  retourna  à  Bagdet,  où  le  Kha- 
life  ne  fçut  pas  plutôt  fon  arrivée ,  que  n'ayant  encore  rien  appris  de,  la  défai- 
te de  fon  armée  ,  il  s'écria  par  trois  fois  :  Dieu  foit  loiié  ,  Megiahed  eft  en' 
bonne  fanté. 

Pendant  que  les  Troupes  du  Khalife  s'avancèrent  pour  aller  audevant  des  Tar- 
tares qui  avoient  pris  la  route  du  defert  pour  s'approcher  de  Bagdet ,  Hola^rou 
arriva  d'un  autre  côté  avec  le  gros  de  fon  armée  ,  &  parut  tout  à  coup  aux 
portes  de  Bagdet ,  de  forte  que  cette  grande  Ville  fe  trouva  affiegée  dans  le 
temps  qu'elle  y  penfoit  le  moins.  Ce  fiege  dura  deux  mois  entiers  fans  que  le 
Khalife  s'en  fuit  prefque  apperçu.  Car  il  continua  toujours  de  vivre  dans  lès 
defordres  fans  prendre  aucune  connoilfance  de  fes  affaires.  Les  Perfans  peur 
exprimer  l'éEsit  auquçl  (e  tfpuvoit  cette  grande  Ville  &  la  fecurité  ios  laquelle 

VyYY  3,  fcs 


^té  MO  s  TA'D  HEM. 

fes  habitans  vivoient,  difent  que  le  four;  s'y  chauffoit  foir  &  inatin  à  l'ordinal 
re:  Her  rouz  ez  Sabah  ta  fcham  tannour  rezm  ghermi  boud. 

Holagou  cependant  prefibit  extrêmement  la  Ville,  &  elle  étoit  fur  le  point 
d'eflre  forcée,  loi'^q"'^  le  Vizir  A'icami,  cet  ennemi  domellique  plus  dangereux 
que  les  Tartares  mêmc^ ,  fortit  à  cheval  de  la  Ville  ,  accompagiié  de  fes  deux 
enfans  &  de  plufieurs  de  fes  amis.  II.  vint  droit  au  Camp  des  ennemis ,  <Sc  alla 
trouver  l'Ilkiian;  c'eft  le  titre  que  portoit  Holagou,  dans  fa  tente.  Ce  Prince 
le  reçut  honnellement,  lui  accorda  à  lui  &  à  les  enfans  la  liberté;  .mais  il  re- 
tint prifonniers  tous  les  autres  qui  l'avoicnt  fuivi  ,  &  peu  de  temps  après ,  il  fit 
donner  un  affaut  gênerai  à  la  Ville  qui  n'avoit  plus  aucune  défenfe,  <Sc  y  entra 
viélorieux  avec  fon  armée. 


r 

pillage  d'une  infinité  de  richeliès  qui 
la  plus  puiiTante  &  la  plus  riche  qui  fuft  connue  dans  l'Univers. 
■  Le  Khalife  Moftâdhem  étant  tombé  entre  les  mains  des  Tartares  avec  un  de 
fes  enfans,  il  fut  délibéré  quelque  tems  fur  ce  que  l'on  feroit  de  fa  perfonne, 
&  il  fut  enfin  refolu,  qu'il  feroit  empaqueté  dans  un  feutre  lié  fort  étroite- j 
ment  &  traîné  en  cet.  état  par  toutes  les  rues  de  la  Ville,  où  il  expira  en 
fort  peu  de  tems.  Son  fils  ,  qui  luy  étoit  relié  de  deux  qu'il  avoit ,  fut  mis, 
à  mort.  Car  l'autre  avoit  été  tué  "à  une  des  portes  de  la  Ville  qu'il  defen- 
doit  courageuièmcnt. 

Telle  fut  la  fin  déplorable  du  dernier  Khalife  des  Mufulmans,  &  le  terme  de 
leur  Khalifat,  qui  avoit  commencé  après  la  mort  de  Mahomet  ,  dans  la  per- 
fonne d'Aboubekr ,  l'onzième  année  de  fllegire  ,  &  qui  étoit  demeuré  dans  la 
Maiîbn  des  Abbaflides  pondant  l'efpace  de  520  ans. 

Moftâdhem  mourut  à  V-àge  de,  quarante-fix  ans ,  après  en  avoir  régné  dix- 
huit  &  quelques  mois.  Il  n'eut  point  de  fucceflcur.  Car,  quoyque  quelques 
années  après  fa  mort,  Bibars,  Sultan  des  Mamelucs  en  Egypte,  ait  voulu  rele- 
ver cette  Maifon  en  faifant  déclarer  Moftanfer  ,  qui  fe  vantoit  d'en  être,  pour 
Khalife,  ce  Perfonnage  ne  fut  reconnu  pour  tel  que  par  fort  peu  de  gens,  com- 
me l'on  peut  voir  dans  fon  titre  particulier.    Khondemir. 

Quoyque  ce  dernier  Khalife  ait  été  un  Prince  de  fort  peu.  d'efprit  &  fans 
conduite;  cependant  il  a  régné  avec  plus  de  faite  &  de  magnificence  qu'aucun 
de  fes  Prédécelfturs.  Comme  il  étoit  fort  avare  ,  il  avoit  ajouté  des  richelTes 
infinies  aux  tréîbrs  que  fes  Ancêtres  luy  avoient  laifix;z  ,  &  fon  orgueil  fut  11 
grand,  que  les  plus  grands  Princes  d'entre  les  Mufulmans  n'avoient  pas  l'entrée 
facile  auprès  de  luy, 

L'Auteur  du  Livre  intitulé  Vafi^af  rapporte ,  que  ce  Khalife  avoit  fait  pofer, 
une  pierre,  qui  fervoit  de  feuil  à  la  Porte  de  fon  Palais,  laquelle  étoit  refpec- 
têe  par  las  Mufulmans  autant  que  la  famcufe  Pierre  noire  du  Temple  de  la 
Mecque.  Au  plus  haut  de  cette  Porte,  il-  y  avoit  une  pièce  de  velours  noir  at- 
tachée ,  qui  pendoit  en  bas  jufqu'à  la  portée  d'un  homme  ,  &  que  les  plus 
grands  Seigneurs  luy  faifoient  leur  Cour ,  en  s'arrêtant  au-dehors  du  Palais  au- 
quel ils  rendoient  des  honneurs  prefque  divins,  en  fe  frottant  les  yeux  &  le 
front  fur  la  pierre  &  fur  l'étoffe,  &  les  baifant  avec  grande  humilité  pour  lui 
rendre  homraage.     ,         -'/',.  -, 

Lorfque  ce  Khalife  foftoit  de  fon  Palais  i.  il  portoit  ordinairement  un  mafque 


;   ■■     MO  S  T  A-Ê)  H^  ,^ïj 

Ott  un  voile  fur  fon  vifagé ,  pour  s'attiVcr  un  pfc  ^nnd  Féfpea  cï<3s  'peuples 
qii'ir n'eftiraoit  pas  dignes  de  le  regarder,  &  dont  k  fou^e-né;iïimoin&  ëtoîC'fi 
grande,  que  les  rues.  &  les  places  étoient  trop  étroites,  &  que  l'on  loUoit  foW 
chèrement  les  fenêtres  &  les  balcons  des  maiîbns  qui  étoient  fur  le  chemin  par 

où  il  devoit  palTer.     Nigharîfian.  ■ 

Il  y  a  apparence  ,  que  les  Tartares  choifirent  le  genre  de  mort  qu'ils  luy  fi- 
rent fouffrir,  pour  le  punir  du  falle  trop  infolent  qui  Tavoit  poi-té.à  exjgei-  ce 
refpefh.trop  outré  ^que  luy  rendoiqqt  les  MufLilmans.  '  '     •'  ..  ■     '■  ' ■ 

MOSTADHI  Beemtllhh'BeSi'Moftaiigéd  Bîllah.-  Ceft  le  XXXTlt  Khalife 
de  la  Mailbn  des  Abbaffides  qui  fucceda  à  fon  père  Moftuaged  ,  l'an  de  l'Hegi- 
re  566,  de  J.  G,  1170.  On  remarque,  touchant  ce  Khalife,  qu'il  a  été  le  feu! 
qui  ait  porté  le  nom  de  Haiî'an  ,  après  le  fils  aîné  d'Ali ,  qui  portoit  le  même 
nom,  &  qup  ce  fécond  Haflan- imita  parfaitement  les  vertus  du  premier  &  par- 
ticulièrement fa  iib.efalité ,  diitribuant  en  fort  peu  de  tcms  les  grands,  tréfors  que 
fon  père  avoit  amaffez  ' 

Cothbeddin  Kimar,  Général  des  Troupes  du  Khalife,  iivoit  pris' une  fi  gran- 
de autorité  qu'il  difpofoit  de  beaucoup  de  chofes ,  fans  la  participation  de  Mo- 
ftadhh  .  Ce  Prince  qui  avait  pour  Vizir  un  très-habile  homme,  nommé  Zehir 
Ben  A'tthar  ,  duquel  il  fuivoit  pour  l'ordinaire  les  Confcils ,  s'oppofa  le  plus 
qu'il  put  aux  entreprifes  de  Kimar.  .   . 

Ce  Général  ne  pouvant  fouffrir  la  fermeté  du  Vizir,  qu'il  fçavok  être  l'Au- 
teur de  toutes  les  réfolutions  vijoureufes  qui  fç  prcnoient  contre  luy ,  voulut 
fe  faifir  de  fa  perfonne  ik  fit  invertir  fa  maifon  jtar  Ics  Troupes  qu'il  comman- 
doit.  Le  Vizir,  qui  eut  avis  de  l'entrepriie  du  Général,  fe  fauva  dans  le  Pa- 
lais du  Khalife  &  abandonna  fa  maiion  au  pillage  de  cette  ïbldatefque  mutinée. 

Le  Général  ayant  manqué  fon  coup ,  crut  qu'il  ne  devoit  pas  en  demeurer-là. 
Il  fit  avancer  fcs  gens  vers  le  Palais  du  Khalife  ,  qu'il  croyoit  pouvoir  intimi- 
der  &  tirer  par  Ce  moyen  le  Vizir  de  fes  mains..  iVIais  auffi-tô.£  que  Moftadhi 
eut  entendu  le  bruit  que  foifoient  las  gens  de  Kimar,.  il  parut  fur  un  balcon  dé 
fon  Palais ,  &  dit  au  peuple  qui  s'y  tenoit  tumultueufement  aifemblé  au  bruit 
que  les  gens  de  Kimar  avoient  excité:  Vous  voyez  alfez,  mes  Enfans  ,  l'info- 
lence  de  Kimar  &  de  quelle  manière ,  outrepalfant  les  bornes  du  pouvoir  qUe  je 
luy  ay  donné,  il  entreprend  tous  les  jours  fur  mon  autorité.  C'eil  pourquoy, 
pour  le  punir  de  ce  nouvel  attentat,  je  vous  abandonne  tous  fes  biens  &  je 
me  referve  feulement  le  châtiment  de  fa  perfonne. 

Le  peuple  n'eut  pas  plutôt  oui  les  paroles  du  Khalife,  qu'il  quitta  le  Palais 
&  courut  vers  la  maifon  du  Général.  ,  Celuy-cy  fit  retourner  aufli  les  Trou- 
pes  pour  garantir  fa  maifon  du  pillage.  Mais  le  nombre  de  la  canaille  s'augmen-  - 
tant  d'heure  en  heure  ,  rien  ne  leur  put  refifter.  La  maifon  du  Général  fut 
forcée  &  pillée,  &  il  fut  obligé  luy-même  de  faire  faire  une  brèche  dans  la  mu- 
raille de  fon  logis,  pour  fe  fauvcr  &  pour  gagner  la  Ville  de  Moful ,  où  il 
mourut  peu  de  tems  après.  . 

Moftadhi  mourut  aufli  l'an  de  l'Hegire  57$  ,  après  avoir  rendu  la  juftice  à 
tous  fes  fujets,  &  fait  fleurir  les  Arts  &  les  fciences  dans  fes  Etats,  pendant  un 
règne  de  neuf  ans  &  dix  mois 

Ce  fut  fous  le  Khalifat  de  Moftadhi  que  finit  celuy  des  Fathimites  en  Egyp- 
îej.  de  forte  que  l'autorité  légitime  fut  réunie  dans  fa  feule  perfonne,  ce  qui 

arriva 


fU  M  0  s  T  A  F  A.       M  O  S  T  A'  I  N, 

arriva  après  que  le  Sultan  Noureddin  &  Saladin,  fon  Général,  fe  furent  rendus 
maîtres  de  la  Syrie  entière  &  de  toute  l'Egypte.  Foyez  les  titres  de  Noured- 
din &  de  Saladin. 

Nafler  fucceda,  dans  la  même  année,  à  fon  père  Mofladhi,  par  le  crédit  de 
Zehireddin  Ben  A'tthar  ,  fon  Vizir  ,  qui  fut  cependant  mal  récompenfé  de  fes 
foins. 

MO  S  TA  FA.  Ce  mot  qui  fignifîc  Choifi  particulièrement  de  Dieu,  fe  don- 
ne par  excellence  à  Mahomet ,  &  ell  devenu  cependant  le  nom  propre  de  plu- 
ileurs  Perfonnages ,  aufli-bien  que  celuy  de  Mohammed, 

MOSTAFA  Khan  Ben  Mohammed  Khan.  Ceft  Moftafa,  Sultan  des  Turcs 
Ottomans,  fils  de  Mahomet  III  &  frère  d'Ahmed  ou  Achmet ,  fon  Prédecef- 
fcur. 

Il  fucceda  à  fon  frère  Ahmed,  l'an  1026  de  l'Hegire;  mais  il  fut  dépofledé 
trois  mois  après,  pour  faire  place  à  Ottiman  II  du  nom,  fon  neveu,  qui  étoit 
.fils  d'Ahmed. 

Il  eft  le  quinzième  Sultan  de  h  Maifon  des  Ottomans,  &  il  fut  remis  fur  le 
trône  après  la  mort  d'Othman,  fon  neveu  ,  qui  fut  étrangle  par  les  Janilfaires, 
après  quatre  ans  &  quatre  mois  de  règne,  l'an  103 1  de  1  Hégire.  Il  ne  régna 
cependant  qu'un  an  &  quatre  mois.  Car  il  fut  depofé  pour  la  féconde  fois, 
'an  1032  ,  &  eut  pour  fuccelTcur  un  autre  de  fes  neveux,  nommé  Morad  Ben 
Ahmed,  qui  ell  Amurat  IV  du  nom. 

•  MOSTAFA  Schâcr.  Moftafa  le  Poëte.  Cet  Auteur  qui  porte  le  titre  d'E^ 
mir,  a  compofé  un  Livre  intitulé  Tohfat  alfolaha,  c'eil-à-dire ,  Préfent  fait  aux 
Gens  de  bien.  C'efl  une  Traduftion  Perfienne  du  Livre  de  Gazali ,  intitulé 
Aiohà  alueled,  qui  eft  un  7>aité  Moral  &  Afcetique. 

MOSTAFA  Tchenkgi.  .C'cft  le  nom  d'un  célèbre  joueur  d'inftrumens  de 
Mufique  parmy  les  Turcs. 

MOSTA'IN  Billah  Ben  Mohammed,  Ben  MôtafTem  Billah.  Ceft  le  XII 
•Khalife  de  la  race  des  Abhaflidcs  qui  fut  élevé  au  Khahfat  ,  l'an  de  l'Hegire 
249,  au  préjudice  de  Môtaz,  frère  de  Montaffer  &  fils  de  Motavakkel ,  â  qui 
il  appartenoit  par  droit  de  fucceflîon. 

Moftâïn  n'étant  que  pctit-fi!s  du  Khalife  MôtafTem  Billah,  ayant  pour  luy  la 
faftion  des  Turcs,  qui  étoit  devenue  très-puilîànte  par  le  crédit  que  Bûga  Ke- 
-bir,  Bûga  Saghir,  Vaffif  &  Bagher,  leurs  Chefs,  avoient  acquis  dans  tout  l'Em- 
pire ,  le  parti  de  IVlôtaz  fut  bientôt  abbattu  &  détruit  entièrement;  de  forte 
qu'il  fe  trouva  en  fort  peu  de  tems  le  paifible  polTeireur  de  tous  les  Etats  de 
•fes  PrédecefTeurs ,  &  reconnu  luy  feul  pour  le  véritable  &  légitime  Khalife. 

L'an  250  de  l'Hegire  ,  lahia  Ben  O'mar  ,  Prince  de  la  race  d'Ali ,  s'étant 
foûlevé  contre  le  Khalife  Moftaïn ,  fit  révolter  la  Ville  de  Coufah  ,  &  groffit 
en  peu  de  tems  fon  party  de  beaucoup  de  gens  dans  l'Iraque  Arabique.  Mais 
Mohammed  ,5  fils  d'Abdallah  &  petit-fi!s  du  grand  Capitaine  Thaher,  &  par  con- 
féquent  Prince  des  Thaheriens,  qui  pour  lors  étoit  Général  des  armées  du  Ivha- 
Jife*,  appaifa  bientôt  les  troubles  de  cette  Province  par  la  mort  du  Chef  des 
.Rebelles,  qu'il  tua  luy-même  daas  un  combat. 


M  O  s  T  A'  I  N.  j,j2 

Dans  la  mémo  aniide ,  un  autre  Chef  de  la  Maifon  d'Ali,  nommé  Hadn 
Ben  lezid,  qui  prenoit  Je  titre  d'Al  Daï  elalliakk  ,  qui  fignifie  cciuv  qui  invite 
les  gens  à  fuivre  la  vérité  &  le  bon  droit ,  fe  révolta  avec  un  ])lus  heureux 
fuccès  dans  la  Province  de  Thabareflan.  Car  il  demeura  Maître  de  cette  Pro- 
vince, qu'il  avoit  enlevée  au  Khalife  pendant  le.  cours  de  dix-neuf  années  en- 
tières ,  &  la  lailTa  par  héritage  à  fon  frère  Mohammed  CafTcm  ,  qui  luy  fuc- 
ceda  &  qui  en  jouit  paifibleracnt  dix-huit  ans  entiers  ,  comme  l'on  peut  voir 
ailleurs. 

L'an  251  de  l'Hegire  ,  la  divifion  s'étant  mife  parmy  les  Turcs  ,  qui  s'é- 
toient  rendus  Maîtres  abfolus  de  toutes  les  forces  du  Khalifat ,  &  avoicijt  ac- 
quis par  ce  moyen  tout  pouvoir  auprès  du  Khalife  ,  &  Bagher  ,  J'un  de  leurs 
principaux  Chefs,  pourfuivant  auprès  du  Khalife  quelque  prétention  qu'il  avoit 
contre  Vaffif,  le  Khalife  favorifa  le  parti  de  celuy-cy.  Bagher,  fort  irrité  de 
cette  préférence,  afTembla  fcs  amis  &  les  exhorta  à  fe  défaire  de  Vaffif ,  &  à 
dépofTéder  Moftâïn  pour  élever  à  fa  place  un  autre  Khalife  ,  qui  leur  fût  plus 
favorable. 

Le  Khalife  ayant  découvert  cette  Conjuration,  fit  arrêter  Bagher  dans  le  Pa- 
lais Impérial ,  ce  que  les  Turcs  de  fon  party  ayant  appris  ,  ils  prirent  les  ar- 
mes, fous  prétexte  de  délivrer  leur  Chef  des  mains  ^de  fes  ennemis.  Ces  mu- 
tins le  preflerent  fi  fort  fur  ce  point ,  qu'il  fut  obligé  de  tenir  Confeil  avec 
'Vaflîf  &  Bûga,  autres  Chefs  de  cette  Milice  ,  fur  ce  qu'il  y  avoit  à  faire  ,  & 
ceux-cy,  qui  étoic^nt  intéreflez  à  la  perte  de  Bagher  leur  ennem}-,  lui  confeille- 
rent  de  s'en  défaire. 

Moftâïn  ayant  donc  fait  mourir  Bagher ,  crut  qu'il  appaiferoit  par  cette  exé- 
cution les  féditieux  qui  n'auroient  plus  rien  à  luy  demander.  Mais  il  arriva 
tout  le  contraire  de  ce  qu'il  s'étoit  imaginé.  Car  les  Turcs  devenus  encore  plus 
furieux  depuis  la  punition  de  leur  Chef,  fe  mirent  à  piller  la  Ville  ,  &  mena- 
çoient  déjà  de. mettre  le  feu  au  Palais  Impérial,  fi  on  ne  leur  livroit  entre  les 
mains  Vaffif  &  Bûga ,  qui  étoient  les  Auteurs  du  meurtre ,  commis  en  la  perfon- 
ne  de  leur  Général. 

Vaffif  &  Bûga  fe  voyant  réduits  à  cette  extrémité  ,  ne  trouvèrent  point  de 
meilleur  expédient  que  d'enlever  Moftâïn  &  de  le  mener  à  Bagdet ,  cette  fédi- 
tion  étant  arrivée  dans  la  Ville  de  Samarah  ,  qui  eft  la  même  que  Scrmenraï, 
où  les  Khalifes  faifoient  leur  réfidence  ordinaire  depuis  le  règne  du  Khalife 
Môtaffem.  Auffi-tôt  que  les  féditieux  apprirent  que  le  Khalife  avoit  été  enle- 
vé ,  ils  fe  repentirent  de  la  violence  qu'ils  avoient  commife,  &  luy  envoyèrent 
des  Députez  pour  le  prier  de  retourner  à  Samarah. 

Mohammed  ,  fils  d'Abdallah  ,  duquel  il  a  été  déjà  parlé  ,  qui  étoit  pour  lors 
Gouverneur  de  la  Ville  de  Bagdet,  fut  ravi  d'avoir  le  Khalife  entre  fes  mains, 
de  forte  qu'il  reçut  très-mal  ces  Députez  &  les  obligea  même  à  s'en  retourner 
chez  eux,  fans  avoir  vu  le  KhaHfe.  Les  Turcs  irritez  de  ce  mépris ,  reprirent 
les  armes,  dépoferent  de  leur  propre  autorité  Moftâïn  &  mirent  fur  le  trône 
Môtaz,  frère  de  Montaffer.  auquel,  comme  il  a  déjà  été  dit,  la  dignité  de  Kha- 
life appartenoit  par  droit  de  fucceffion. 

Môtaz  ne  fut  pas  plutôt  élevé  fur  le  trône  des  Khalifes ,  qu'illeva  des  Trou- 
pes &  envoya  fon  frère  Mouaffec  à  la  tête  d'une  grande  armée,  pour  affiéger 
Moftâïn  &  tous  ceux  de  fon  party  dans  la  Ville  de  Bagdet.  Ce  Prince  fe  trou- 
vant prefTé  par  les  afliégeans ,  délibéra   aflez  long-tems   quel  party   il   devoit 
^ToME  n.  X  X  X  X  pren- 


714  M  0  S  T  A  I  N.  -M  OSTANGED. 

prendre.  Mais  les  Turcs  qui  ctoient  auprès  de  luy,  fans  attendre  la  réfolution, 
commencèrent  à  traiter  leur  accommodement  particulier  avec  le  nouveau  Kha- 
life, &  Mohammed  Ben  A'bdallah  le  Thaherite,  Gouverneur  de  la  Place,  écri- 
vit même  à  Môtaz ,  que  s'il  vouloit  bien  luy  lailTer  fon  Gouvernement  &,  pro- 
mettre folemnellement  de  conferver  la  vie  à  Moftâïn,  il  feroit  enforte  de  con- 
cert avec  les  Turcs  ,  que  ce  Prince  fe  démettroit  volontairement  du  Khalifat 
&  s'abdiqueroit  lujMnême. 

Môtaz  accepta  ce  party,  &  le  Traité  ayant  été  conclu  &  figné  l'an  252  de 
l'Hegire  ,  Mohammed  Ben  A'bdallah ,  &  les  Turcs  Vaffif  &  Bûga  ,  obligèrent 
Moftâïn  à  fe  démettre  du  Khah'fat  en  fiveur  de  Môtaz  ,  &  à  fe  contenter  de 
mener  une  vie  privée  dans  le  Palais  magnifique,  que  Haffan  Ben  Sohal  avoit 
fait  bâtir  dans  Bagdet,  qui  luy  fut  aflîgné  pour  demeure. 

Môtaz  cependant  faifoit  garder  foigneufement  Moilâïn  dans  ce  Palais,  &  quel- 
que foupçon  luy  étant  venu  fur  fa  conduite  ,  il  le  fit  venir  auprès  de  luy  dans 
la  Ville  de  Samarah  ,  où  le  Vizir  Sàïd ,  auquel  il  le  recommanda  ,  s'en  défît 
bientoit.  Ainfi  ce  Prince  ne  régna  que  trois  ans  &  neuf  mois ,  félon  le  rap- 
port de  Khondemir. 

MOSTAIN  Billah.  C'eft  un  autre  Khalife,  qui  étoit  de  ces  prétendus  Ab- 
baflides  que  les  Mamelucs  avoient  établis  en  Egypte.  Celui-cy  fut  élevé  cepen- 
dant par  les  Circafficns  h  la  dignité  Royale  ,  &  prit  la  qualité  de  Sultan  ,  l'an 
815  de  l'Hegire.  Mais  il  ne  la  conferva  que  fix  ou  fept  mois ,.  après  lefquels 
les  Circafîîens  mêmes  le  dépoferent  &  remirent  dans  leur  Nation  la  Couronne 
que  ce  Khahfe  avoit  ufurpée.    ^l  Gianabi. 

MOSTAKHALES.  Livre  de  Doarine  légale  des  Mufulmans,  fur  lequel 
Samarkandi  a  fait  une  efpèce  de  Commentaire ,  qu'il  a  intitulé  Moltaketh.  Il 
eft  dans  la  Bibliothèque  Royale ,  n"^.  721. 

MOSTAKHREG^  C'cfl  le  titre  d'un  Livre  de  Iladiths  ou  Traditions  Mu- 
fulmanncs,  compofé  par  Abou  Nâïm  A'ii  Al  Moflem.  , 

MOSTAKI.  Ebn  Moftaki.  C'efl  le  nom  d'un  Auteur,  qui  a  écrit  contre 
le  Livre  de  Gazali,  intitulé  Ahia  Oloum  aldin.     Foyez  ce  titre.  , 

MOSTA'LI  Fillah.  C'ell  le  nom  d'un  Khalife  Fathimite  d'Egypte,  qui  fuc- 
ceda  à  fon  père  Moftanfer  Billah  l'an  488  de  l'Hegire  ,  &  régna  jufqu'en  l'an 
495.  Les  Aitrologues  de  fon  tcms  prédirent  un  déluge  univerfel  ;  mais  il 
n'y  eut  qu'un  torrent  débordé  auprès  de  la  Mecque. 

Après  la  mort  de  ce  Khalife  ,  qui  n'avoit  lailfé  qu'un  fils  en  fort  bas  âge , 
Bcrar,  fon  frère,  fe  faifit  de  la  Ville  d'Alexandrie,  où  il  fe  fit  proclamer  Kha- 
life fous  le  nom  de  Moftafa  Ledin  Whh.  Mais  le  Général  des  armées  d'Egyp- 
te, nommé  Afdhal,  le  défit  bientôt,  &  fit  proclamer  Khalife'. AU  Aboul  iVIan- 
ibr,  fils  de  Mofldli ,  qui  n'avoit  encore  atteint  que  l'âge  de  cinq  ans  ,  &  luy 
fit  prendre  le  titre  d'Amer  Beemrillah  ou  Beahkham  illah.  Ebyi  Amid.  Ben 
Schohnah. 

MO  S  TAN  G  Eu  Billah.    C'ell  le  XxXXII  Khalife  de  la  Maifon  des  Ab^ 

baffides . 


M  O  s  T  A  N  s  E  R.  71^ 

bafïïdes,  qui  fucceda  à  fon  père  Moktafî,  qu'il  avoit  déclaré  fon  unique  héri- 
tier  en  l'an  ss'i  de  l'Hegire. 

Abou  Ali,  fon  frère,  voulut  d'abord  le  dépofleder  &  entreprit  même  fur  fa  vie, 
ayant  fuborné  des  femmes  du  Palais  Impérial  qui  dévoient  'le  poignarder.  Mais 
Moflanged  ayant  eu  avis  de  ce  qui  ie  tramoit  contre  luy,  fit  cmprifonner  fon 
frère  avec  fa  mère,  qui  étoic  de  la  confpiration,  &  il  fit  jetter  dans  la  Riviè- 
re du  Tigre  les  femmes    qui  étoient  gagnées  pour  le  maffacrer. 

Ce  Khalife  fut  fi  grand  amateur  de  la  juflice  qu'ayant  fait  mettre  en  prifon 
■un  Calomniateur,  &  un  des  Grands  de  fa  Cour  luy  ayant  offert  la  fomme  de 
'deux  mille  écus  d'or  pour  la  délivrance  de  ce  prifonnier ,  il  luy  dit  :  Mettez- 
moy  entre  les  mains  un  autre  homme  qui  ait  toutes  les  mauvaifes  qualitez  de 
•ce  prifonnier  &  je  vous  en  feray  compter  dix  mille.  Car  je  fouhaite  extrême- 
m.nt  de  purger  mon  Etat  de  cette  pelle. 

Moflangcd  mourut  l'an  56()  de  l'Hegire ,  après  avoir  régné  dix  ans  &  un  mois 
'&  eut  pour  fuccefleur  Mofladhi,  fon  fils.     Khondemir. 

MOSTANSER  Billah.  C'eft  le  XXXVI  Khalife  de  la  Maifon  des  Ab- 
'bafïïdes,  qui  étoit  fils  de  Dhaher  fon  prédecefieur ,  &  qui  fut  proclamé  l'an  de 
l'Hegire  623. 

Tous  les  Hilloriens  conviennent ,  que  ce  Khalife  furpaffii  tous  fes  prédecef- 
feurs  en  Clémence  &  en  Libéralité.  11  fit  bâtir  plufieurs  édifices  publics  pour 
la  commodité  de  fes  fujets,  &  entre  les  autres  le  fameux  Collège,  qui  efi:  ap. 
péllé  de  fon  nom  Al  Madrafah  Al  Mofl:anferiah ,  dans  lequel  il  avoit  un  appar- 
tement &  une  galerie  qui  joignoit  les  Ecoles,  où  il  venoit  tous  les  jours  pour 
apprendre  tout  ce  qui  fe  paifoit  dans  fon  Collège,  &  d'où  il  entendoit  fouvent 
par  des  jaloufies  les  difputes  des  Doéleurs  &  de  leurs  Diiciples. 

Ce  mêine  Khalife  faiibit  fouvent  drcfler,  dans  la  Ville  de  Bagdet,  un  grand 
nombre  de  Tables  fort  bien  fervies,  principalement  au  mois  de  Ramadhan  pen- 
dant la  nuit,  qui  efl  le  feul  tems  auquel  les  Mufulmans  peuvent  manger  &  boi- 
re,  à  caufe  du  jeûne  qu'ils  pj-atiquent  tous  les  jours  de  ce  Mois-là.  Un  cha- 
cun étoit  bien  reçu  &  bien  traité. 

Mirkhond  &  Khondemir  rapportent,  que  ce  Khalife  étant  un  jour  monté  à 
la  plus  haute  galerie  de  fon  Palais ,  il  vit  que  la  plupart  des  terraffes  des  mai- 
fons  de  la  Ville  étoient  garnies  de  diver/i-'S  fortes  d'habits,  &  en  ayant  deman- 
dé la  raifon  à  fon  Vizir,  celuy-cy  répondit,  que  les  Habitans  de  Bagdet  expo- 
foient  ainfi  leurs  habits  qu'ils  avoient  fait  laver  pour  les  fécher  au  foliïil  ,  à 
caufe  du  Bairani  qui  ell  leur  fête  folemnellc  qui  approchoit.  Mollanfer  enten- 
dant ce  diicours,  dit  au  Vizir:  Je  ne  croyois  pas  que  les  Bourgeois  de  Bagdet 
fufient  fi  pauvres  ,  ni  qu'ils  fulTent  obligez  de  faire  laver  leurs  vieux  habits  , 
fiiute  de  neufs  pour  célébrer  la  fefl;e  ;  &  en  même  tems  il  commanda,  que  l'on 
employafl:  une  très-grande  fomme  d'or  pour  en  faire  des  balles  d'arbalefiies ,  que 
luy  &  les  fiens  tiroient  de  la  galerie  de  fon  Palais ,  fur  toutes  les  terrafl'es  de 
la  Ville  où  il  voyoit  des  habits  étendus  au  foleil. 

Cette  grande  libéralité  a  fait  dire  aux  Auteurs  de  la  vie  de  ce  Khalife,  qu'il 
avoit  diftribué  en  moins  de  vingt  ans  les  tréfors  que  Ces  prédecefi'eurs  avoient 
amaifez  pendant  l'efpace  de  cinq  cent  ans. 

Le  Tarikh  Al  Abbas ,  ou  la  Chronique  des  Abbaflîdes ,  rapporte ,  que  ce  Kha- 
life vifitant  un  jour  fon  Tréfor  avec  un  de  fes  plus  familiers ,  trouva  une  ci- 

X  X  X  X  2  llerne 


j,i^  M  O  s  T  A  N  s  E  R. 

flerne  pleine  d'or  &  d'argent  ,  &  dit  aiilïï-tôt  à  celuy  qui  étoit  préfent  :  Plût". 
à  Dieu,  que,  je  vécufTc  autant  qu'il  faut  pour  employer  tout  cet  or  &  tout  cet 
ar-T-ent.  Celuy  qui  l'accompagnoit  entendant  ces  paroles,  fe  prit  auffi-tôt  à  ri- 
re^ &  le  Khalife  luy  en  demandant  la  caufe,  il  luy  répondit:  Je  me  fouviens, 
Sei'o-neur,  qu'accompagnant  un  jour  le  Khalife  Nafler,  vôtre  Ayeul,  en  ce  mê- 
me^Iieu  il  manquoit  deux  bralles  que  cette  cifterne  ne  fût  pleine,  ce  que  Naf- 
fer  ayant  apperçu,  il  dit  :  Plût-à-Dieu  ,  que  je  puiiïe  aiTcz  vivre  pour  achever 
de  la  remplir.  C'ell:  cette  diverfité  de  fentimens  qui  a  excité  en  moy  le  ris  qui 
m'eft  échapé,  lorfque  j'ay  confideré  ,  que  Naifer  ne  fongeoit  qu'à  la  remplir, 
&  que  vous  ne  penfez  ,  Seigneur ,  qu'à  la  vuider. 

Ce  fut  fous  le  Khalifat  de  Moftanfer,  que  les  Mogols  entrèrent  dans  les  Pro- 
vinces des  Mufulmans.  Cette  irruption  fut  une  grande  menace  pour  les  Khali- 
fes &  pour  la  Ville  de  BagJet  ,  qu'ils  prirent  feize  ans  après  la  mort  de  ce 
Khalife,  qui  finit  fon  regue  l'c^n  640  de  l'Hegire  ,  dans  la  cinquante  &  uniè- 
me année  de  fon  âge,  laillant  fon  tils  infortuné  Mollâdhem  fon  fuccelleur. 

MOSTANSER  Billah.  C'cfl  le  furnom  que  prit  Ahmed  Ben  Dhaher,  lorf- 
qu'il  fut  déclaré  Khalife  en  Egypte  par  les  Mamelucs. 

Quelques  Arabes  ayant  amené  au  Caire  en  Egypte,  l'an  de  l'Hegire  6s9^  de 
T.-C.  1260,  un  Perfonnage  nommé  Ahmed,  qu'ils  difoient  être  fils  naturel  & 
légitime"  du  Khalife  Dhaher  Ben  NaflTer  l'Abbaffide,  &  s'être  fauve  heureufement 
de  la  Ville  de  Bagdet,  lorfqu'elle  fut  prife  &  faccagée  par  les  Tartares,  Bibars, 
furnommé  Al  Malek  Al  Dhaher,  IV  Sultan  de  la  première  Dynaftie  des  Ma- 
melucs  en  Egypte  ,  convoqua  une  alfembléc  générale  en  forme  de  Concile  de 
tous  les  Imams  &  Doéleurs  du  Mahometilme,  tant  de  la  Syrie  que  de  l'Egyp- 
te, pour  délibérer  fur  l'état  &  fur  la  perfonne  de^cct  Ahmed, 

Cet  homme  étoit  fort  brun  de  vifagc  &  ne  paroilfoit  point  dans  fon  exté- 
■rieur  être  du  fang  des  Abbaiîîdes.  Cette  grande  Alfcmblée  néanmoins ,  après 
îivoir  entendu  plufieurs  témoins  &  examiné  foigneuiement  les  mémoires  de  la 
famille  des  Abbaffides,  prononça  fous  l'autorité  de  Bibars,  qu'Ahmed  étoit,  par 
fa  naifl-mce  &  par  la  mort  de-  Mollàdhcm ,  le  légitime  &  véritable  Khalife  des 
Mufulmans,  &  luy  donna  le  furnom  de  Moftanfer  Billah,  qui  fignifîe  en  Arabe 
celuy  qui  attend  tout  fon  fecours  de  Dieu. 

Le  Sultan  Bibars  fut  le  premier  qui  luy  rendit  hommage  ,  &  qui  fe  chargea 
de  luy  fournir  un  équipage  convenable  à  fa  dignité,  qui  luy  coûta,  dit -on, 
iufqu'à  un  million  d'écus  d'or.  De  forte,  que  le  peuple  à  qui  il  en  avoit  coû- 
té cher,  pour  fe  mocquer  de  la  dépenfe  exceffive  que  le  Sultan  avoit  faite 
pour  Ahmed,  appelloit  ce  nouveau  Khalife  Al  Zcrabini,  c'eft-à-dire,  le  Khalife 

aux  écus  d'or. 

iMoftanfer  Billah  ayant  été  ainfi  inftallé ,  fut  reconnu  pour  le  premier  Khalife 
de  la  féconde  Dynaftie  des  Abbaiîîdes  ,  &  le  Sultan  Bibars  le  mena  avQC  luy 
dans  l'expédition  qu'il  fit  en  Syrie ,  le  faifant  reipefter  par-tout  comme  le  fou- 
verain  Pontife  des  Mufulmans ,  &  non  content  des  honneurs  qu'il  luy  faifoit 
rendre  par  tous  fes  fujets,  il  entreprit  de  le  remettre  dans  la  Ville  de  Bagdet 
€n  polTeflion  du  trône  de  ÎQ^  Ancêtres.  Pour  cet  effet ,  il  luy  donna  des  Trou- 
pes avec  un  de  fes  Généraux  ,  &  il  étoit  déjà  en  marche  lorfque  les  Tartares , 
<iui  eurent  la  nouvelle  de  cette  équipée,  luy  ayant  coupé  le  chemin  j  l'envelo- 

pereut  avec  tout  foja  équipage,  4  le  fif.eili  roou.vir. 

wepÊû^ 


MOSTANSEft.  M  0  S  T  A  R  S  C  H  E  D.         717 

Cependant  ce  Khalife  n'a  pas  laiffé  d'avoir  des  Siicceiïeiirs  en  Egypte.  Mais 
ils  n'y  faifoi'nt  que  les- fondions  qui  regardoient  la  Religion  Mufulmanne,  fans 
aucun  pouvoir  temporel  fur  les  Etats  des  Mamelucs  ,  qui  les  créoient  ôc  dépo- 
foient  à  leur  gré.  Le  dernier  de  fes  SuccelTeurs  fut  Motavakkel,  que  Selim  I, 
Sultan  des  Turcs,  trouva  en  Egypte,  après  qu'il  en  eût  fait  la  conquelte  ,  & 
il  le  mena  avec  luy  à  Conftantinople.  f^oyez  le  titre  particulier  de  ce  Motavak- 
kel.    Jien  Schonah. 

MOSTANSER  Billah  Abou  Temim  Al  Fathemi.  C'eft  le  nom  du  V  Kha- 
life d'Egypte  de  la  race  des  Fathimites.  Il  fucceda  à  fon  père  Dhaher ,  à  l'â- 
ge de  neuf  ans,  l'an  de  l'Hegire  427,  &  régna  foixante  années  avec  une  pru- 
dence &  modération  extraordinaire,  qui  luy  firent  difliper  plufieurs  conjurations, 
de  forte  qu'il  laifTa  pour  fuccelTeur  fon  fils  Ahmed  Aboul  Caffcm  ,  furnommé 
Moftâli,  qui  commença  fon  règne  l'an  487  de  la  même  Hégire. 

Ce  Khalife  étoit  fort  bon  Poète  ,  &  Ebn  Amid  rapporte  de  fes  vers  qu'il 
écrivit,  pour  répondre  à  fon  Vizir,  fur  le  fujet  de  la  punition  de  quelques  fé- 
ditieux  auxquels  il  jugea  devoir  pardonner,  contre  l'avis  de  ce  Miniltre. 

MOSTA'RAR  &  Motàrab.  Un  Arabe  mellif  ou  mêlé.  C'ell  ainfi  que  les 
Arabes  appellent  ceux  d'entre  eux  qui  ne  font  pas  defcendus  de  leurs  anciennes 
Tribus,  tels  que  font  les  Ifmaëliens,  qui  fe  joignirent  aux  véritables  defcendus 
d'Iârab,  fils  de  Cahtan  ou  loftan. 

On  appelle  auffi  de  ce  nom  les  Arabes  qui  fe  font  mêlez  avec  les  Nations 
étrangères  qu'ils  ont  fubjuguées;  &  c'efl:  d'où  vient  le  nom  Efpagnol  de  Moçâ- 
rab  &  non  pas  de  Mixtarab,  ni  de  Miiza,  Gouverneur  de  la  Mauritanie. 

MOSTARACAH  ou  plutôt  Moftarecah.  C'eft  ainfi  que  les  Arabes  appel- 
lent les  cinq  jours  que  l'on  ajoute  à  la  fin  des  douze  mois  de  l'année  folaire 
des  Egyptiens  &  des  Perfans ,  dont  tous  les  mois  font  également  de  trente 
jours.  Les  Grecs  ont  appelle  ces  jours  ès-^tyu'utc^j  ny-k^ai  ^  c'eft-à-dire  ,  Jours 
ajoutez,  au  contraire  des  Arabes  ,  dont  le  mot  fignifie  des  jours  dérobez,  aïam 
almoflaracah. 

Ces  cinq  jours  ,  qui  font  ajoutez  pour  faire  une  année,  ont  chacun  leur  nom 
dans  le  Calendrier  Perfien.  l/oyez  le  Livre  d'Ulug  Beg,  intitulé  mârefat  alteva- 
rikh  i  que  Gravius  nous  a  donné.  . 

MOSTARSCHED  Billah  Ben  Mofl:edhaher  Billah.  C'ell  le  XXIX  Khalife 
de  la  Maifon  des  Abbaflîdes,  qui  fucceda  à  fon  père  Moftedhahcr,  l'an  de  l'He- 
gire 512. 

Le  commencement  du  règne  de  ce  Khalife  ne  fut  pas  paifible  ;  car  fon  frè- 
re, nommé  Aboul  HaiTan,  quittant  la  Cour  &  fortant  de  Bagdet,  alla  fe  canton- 
ner à  Hellah,  Ville  de  l'Iraque  Arabique,  où  il  amafili  quelques  Troupes  ,  qui 
luy  donnèrent  le  mo5^en  de  fe  faifir  de  l'importante  place  de  Vafiethe  ,  bâtie  (ur 
le  Tigre.  Ce  fut-là  qu'il  fe  révolta  ouvertement  contre  Moftarched  fon  frère 
&  qu'il  prit  le  titre  de  Khalife. 

Le  Khalifat  de  ce  Prince  ne  fut  pas  de  longue  durée  ;  car  Dobaïs  Ben  Sude- 
kah,  qui  étoit  le  Gouverneur -Général  de  tout  ce  Pays- là  pour  le  Khalife  Mo- 
ftarched ,   ayant  afl^emblé  les  Troupes  de  fon  Goiiverneinent ,  combattit  celles 

Xxxx  3  d' Aboul 


7i8  MOSTASFÏ. 

d'Aboul  Haffan  &  les  défit  à  plate  couture.  Ce  jeune  Prince  ayant  été  fait  prV 
fonnier  par  Dobaïs,  fut  mis  entre  les  mains  du  Khalife  fon  frère  ,  lequel  luy 
donna  généreufcment  la  vie^&  la  liberté.  Ce  fut  ainli  que  les  troubles  de  l'Em- 
pire  furent  appaifez  de  ce  côlé-là. 

Mais  ce  même  Dobaïs,  qui  avoit  été  fi  fidèle  au  Khalife  dans  les  premières 
années,  prit  enfin  le  party  de  fes  ennemis;  de  forte  que  s'étant  joint  à  Thogrul 
le  Selgiucide,  il  entreprit  conjointement  avec  luy  de  furprendre  le  Khalife  dans 
Bagdet,  ce  qui  auroit  été  exécuté,  fans  une  fièvre  ardente  qui  faific  tout -d'un 
coup  le  Sultan  Thogrul  ,  &  fans  un  très -grand  orage  qui  empêcha  Dobaïs  de 
fe  trouver  au  rendez-vous  avec  fes  Troupes.  Cependant  l'armée  du  Khalife  fe 
prévalut  de  cet  avantage  &  obligea  celle  de  fes  ennemis  à  prendre  la  fuite. 

Cette  guerre  dura  jufqu'en  l'an  526,  que  Malfôud  fils  de  Mohammed  Gaïa- 
theddin  fucceda  à  fon  frère  Mahmoud.  Car  le  nom  de  Sultan  ayant  été  publié 
dans  toutes  les  Mofquées  avec  le  confentement  de  Moflarfched,  ce  Khalife  ce- 
pendant changea  de  fentfment  pour  Mafloud ,  &  fit ,  à  la  follicitation  de  quel- 
ques Grands  de  fa  Cour,  fupprimcr  fon  nom  dans  les  prières  publiques  ,  &  lui 
ôta  même  la  qualité  de  Sultan. 

L'an  529  de  l'Hegire  ,  le  Sultan  a3'ant  appris  dans  la  Ville  de  Reï  où  il  fai- 
foit  fa  refidencc ,  l'injure  que  MoHarched  lui  avoit  faite  ,  partit  auffi-tôt  à  la 
telle  d'une  puiifante  armée  &  fe  rendit  dans  l'Iraquc  Babylonienne,  où  il  n'eut 
pas  grand'  peine  à  vaincre  les  Troupes  qui  s'oppoferent  à  lui.  Il  s'approcha  en- 
fuite  de  Bagdet  qui  lui  ouvrit  fes  Portes,  &  il  fe  rendit  ainli  Maître  fans  au- 
cune oppofition  de  la  perfonne  du  Khalife. 

Maflôud  ayant  cependant  une  autre  guerre  dans  la  tête,  mena  le  Khalife  avec 
lui  jufques  en  la  Province  d'Adherbigian ,  &  c'étoit  de-là  qu'il  avoit  refolu  de  le 
renvoyer  à  Bagdet  après  l'avoir  obligé  par  un  Traité,  de  lui  payer  tous  les  ans 
quatre  cent  mille  écus  d'or  &  de  demeurer  dans  Bagdet  avec  fa  feule  Garde 5 
fans  lever  d'autres  Troupes. 

Moflarfched  &  MafTôud  arrivèrent  en  la  Ville  deMaragah,  tous  deux  en  affez 
bonne  intelligence,  comme  il  paroifïbit.  Ceux  qui  avoient  foin  de  la  garde  du 
Khalife,  devinrent  un  peu  négligens  à  caufe  de  la  manière  obligeante  avec  la- 
quelle le  Sultan  commençoit  à  le  traiter  en  veuë  de  l'accord  qu'il  vouloit  faire 
avec  lui.  Cette  négligence  donna  occafion  à  des  Batheniens,  c'efl-à-dire ,  h  une 
Troupe  de  ces  Infidèles  qui  ont  été  nommez  depuis  par  nos  Hifloriens,  AlTaf 
fins ,  d'entrer  dans  fa  Tente  ,  ou  après  lui  avoir  coupé  le  nez  &  les  oreilles , 
ils  lui  ôterent  la  vie. 

Plufieurs  crurent  avec  afTcz  de  fondement  que  cet  affafîînat  fut  commis  par 
l'ordre  de  MafTôud,  &  que  le  Traité  qu'il  difbit  vouloir  faire  avec  lui  n'étoit 
qu'une  feinte  de  laquelle  il  fe  fervoit,  pour  mieux  couvrir  la  mauvaife  intention 
qu'il  avoit  fur  fa  perfonne. 

Ce  Khalife  étoit  fort  éloquent  &  avoit  le  talent  de  s'exprimer  fi  bien  en  peu 
de  paroles  ,  qu'il  comprenoit  toujours  beaucoup  de  fens  dans  fon  difcours.  Il 
fut  tué  dans  la  même  année  559,  à  l'âge  de  quarante  trois  ans,  après  un  règne 
de  dix-fept  ans  &  demi.,  &  laifia  pour  iùccelîeur  Rafched  Billah  fon  fils.  K/ion- 
deniir.  Ben  Schohnah. 

MOSTASFI.  C'efl  le  titre  d'un  Livre  de  Gazali  qui  a  été  abbregé  par 
Al  Khouarezmi ,  dans  un  de  fes  Ouvrages  qui  porte  le  nom  de  Mahfoul  fi  êlm 
aloffoul    Voytz  dans  k  Bibliothèque  Royale,  n°.  jos. 


MOSTATHRAF.  M  0  T  A  D  H  E  D.  719 

II  y  a  un  autre  Ouvrage  du  jeune  Nafîafi  qui  porte  le  même  titre.  C'eft  un 
Commentaire  fur  les  Livres,  intitulez  Nafê  ,  Kafi ,  Vafi  ,  &  autres  Ouvra»-es 
faits  par  differens  Auteurs  ,  touchant  les  Principes  &  les  Fondemens  du  Mu- 
fulmanifrae. 

MOSTATHRAF,  ou  Moftathrcf.  Al  Moflathref  men  kuU  fen  Moftadhref. 
C'eft  un  Florilège  d'Elégances  Arabiques ,  compoië  par  Mohammed ,  Ben  Ahmed 
Al  Khatib  Al  Afchbehi,  qui  vivoit  l'an  800  de  l'Hegire. 

Cet  Ouvrage  eft  aiïcz  femblable  à  celui  qui  porte  le  titre  de  Rabî  alabrar, 
c'eft-à-dire,  le  Printemps  des  Juftes,  compote  par  Zamakhfchari ,  &  il  eft  divifé 
en  deux  Parties,  dont  chacune  contient  quarante  deux  Chapitres.  Ces  deux  Par- 
ties fe  trouvent  dans  la  Bibhotheque  du  Roy,  la  première  au  n".  717  ,  &  la 
féconde  au  n°.  863. 

L'Auteur  de  ce  Livre  eft  fouvent  cité  fous  le  nom  de  Schehab  eddin  Ahmed 
Al  Afchbehi. . 

MOSTAOUAGEB  almehamed  fi  fcharh  khatem  Abi  Hamed.  C'eft  le 
titre  d'un  Commentaire  fur  le  Khatem  de  Gazali.     t^oyez  le  titre  de  Khatem. 

MO 'TA  BAR.  C'eft  le  titre  que  Ben  Schobhah  a  donné  à  une  Hiftoire 
qu'il  a  compofée,  &  que  l'on  appelle  ordinairement,  Tarikh  Ben  Schobhah. 

MOTABATHAN.  L'Intérieur,  ou  le  Caché.  C'eft  un  des  Surnoms  ou 
Epithetes  du  Mahadi,     Voyez  fon  titre. 

IMOTADHED  Billah  Ben  MouafFec.  C'eft  le  XV^I  Khalife  de  la  Maifon 
des  Abbaffides  qui  étoit  fils  de  Mouaffec  ,  lequel  ne  joiiit  point  du  Khalifat; 
mais  qui  le  gouverna  &  adminiftra  avec  un  pouvoir  prefque  abfolu  fous  Môtta- 
med  Billah  fon  frère. 

Ce  fut  à  ce  Môttamcd  que  Motadhed  fucceda,  c'eft-à-dire,  le  Neveu  à  fon 
Oncle,  l'an  ^79  de  l'Hegire,  au  préjudice  d'un  fils  que  Môttamed  avoit  laifle, 
auquel  on  fit  perdre  ainfi  le  droit  qu'il  avoit  à  la  fucceffion  de  fon  père. 

Motadheb,  avant  qu'il  fut  élevé  au  Khalifat,  &  vivant  encore  en  homme 
particulier  fous  le  règne  de  fon  Oncle,  vit  en  fonge  pendant  la  nuit  un  hom- 
me, lequel  ayant  plongé  fa  main  dans  le  Tigre  &  après  l'avoir  retirée  auffî-tôt,  , 
fit  demeurer  à  fcc  ce  fieuve ,  comme  s'il  en  euft  tenu  toute  l'eau  dans  fa  main , 
&  quï  le  même  homme  l'ayant  ouverte  peu  après ,  le  Tigre  coula  à  fon  ordi- 
naire. Ce  Perfonnage  lui  demanda  enfuite ,  s'il  étoit  connu  de  lui  ?  Mais  Mo- 
tadhed lui  ayant  répondu  que  non ,  celui-ci  fe  manifefta  &  lui  dit  :  Je  fuis  Ali , 
&  je  t'avertis ,  que  lorfque  tu  feras  Khalife  ,  tu  te  fouvienne  de  bien  traiter 
les  enfans  de  ma  Maifon.  Motadhed  lui  ayant  promis  d'accomplir  ce  qu'il  lui 
ordonnoit,  il  lui  tint  parole.  Car  pendant  le  cours  de  fon  règne  il  combla  les 
Alides   de  fes  grâces  &  de  fes  faveurs. 

On  rapporte  encore  un  fait  fort  étrange  touchant  ce  Khalife  ,  lequel  étant 
joint  à  ce  que  l'on  vient  de  dire,  fait  allez  paroiftre  qu'il  étoit  un  peu  vifion- 
naire;  car  l'on  dit  qu'en  l'an  283  de  THegire  toutes  les  portes  de  fon  Palais 
&  de  fes  Appartemens  étant  fermées,  un  Phantôme  lui  apparut ,  lequel  conti- 
nua long-temps  depuis  ce  temps-là  à  fe  prefencer  devant  lui  fous  différentes 
figures  &  en  plufieurs  manières  &  poftures ,  dont  il  changeoit  chaque  jour  :  Car 

quel-  - 


720  M  0  T  A  D  H  E  D. 

quelquefois  il  paroifToit  fous  l'habit  d'un  Marchand  ,  &  d'autl'ês  fois  foUS  celui 
d'un  Soldat  ou  d'un  Derviche.  Son  vifage  changeoit  aulîî  fouvent  de  couleur; 
car  quelquefois  il  étoit  blanc  &  éclatant  de  lumière,  &  dans  un  autre  temps  il 
devenoit  brun,  ou  paliflbit. 

Le  bruit  de  cette  apparition  s'étant  répandu  dans  la  Ville  deBagdet,  plufieurs 
en  recherchèrent  curieufement  la  caufe  ,  &  les  fentimens  des  uns  &  des  autres 
fe  trouvèrent  fort  difFérens.  Car  les  uns  crurent  que  c'étoit  un  Diable  que  la 
Jullice  Divine  envoyoit  à  ce  Prince  pour  le  tourmenter,  les  autres,  que  c'ctoit 
un  de  ces  Efprits  follets  que  les  Arabes  appellent,  Ginnes ,  qui  participent  de 
la  nature  des  Efprits  &  de  celle  des  hommes.  Il  y  en  eut  auffi  qui  dirent  que 
ce  pouvoit  être  un  Ange  que  Dieu  lui  envoyoit  pour  lui  faire  quitter  fes  mau- 
vaifes  habitudes,  &  pour  le  convertir. 

Mais  enfin,  les  plus  fenfez  foupçonnerent  que  quelqu'un  de  Ces  Domefliques 
qui  auroit  pu  avoir  commerce  avec  ceux  qui  fçavent  les  fciences  fccretes ,  lui 
jouoit  de  ces  tours  de  foupplefles  pour  faire  réuffir  quelque  delfein  qu'il  avoit 
projette.  Quoyqu'il  en  foit,  on  ne  put  jamais  découvrir  la  vérité  du  fait,  ce 
qui  fit  que  le  Khalife  fit  maltraiter  plufieurs  de  fcs  Domefliques  à  ce  fujet. 

L'an  284,  Motadhed  emporté  par  l'affeélion  qu'il  avoit  pour  les  Alides,  vou- 
lut faire  maudire  publiquement  dans  toutes  les  Mofquées  du  Khalifat  le  nom  de 
Moavic,  premier  Khalife  de  la  race  des  Ommiades  ,  pour  vanger  la  pofterité 
d'Ali  de  la  malediftion  que  ce  Khalife  avoit  fait  publier  contre  le  Chef  de 
leur  Maifon.  Mais  O'beïdallah  Ben  Soliman,  fon  Vizir,  le  détourna  de  cette 
penfée ,  lui  faifant  connoître  que  cette  aftion  lui  attireroit  la  haine  d'une  grande 
partie  de  fes  fujets,  &  feroit  lever  la  tête  aux  Alides  qui  étoient  difperfez  par 
tout  l'Empire,  &  afi^ez  puitTans  pour  lui  faire  des  afl'aires.  Ce  fut  auffi  dans  la 
même  année  que  les  Carmathes  commencèrent  ù  faire  parler  d'eux.  Foyez  le 
titre  particulier  des  Carmathes. 

L'an  de  l'Hegire  286,  AbouSaïJ,  Chef  &  Prince  des  Carmathes,  fe  mit  à  la 
tête  d'une  armée  confidérable,  &  courut  une  partie  de  l'Arabie  &  de  la  Chaî- 
née, pillant,  ravageant  tout  le  pays  ,  &  ne  donnant  quartier  à  aucun  Muful- 
man,  &  Motadhed  ayant  envoyé  contre  lui  l'année  fuivante  Abbas  Ben  A'm- 
rou  avec  des  Troupes,  Abou  Saïd  le  défit  &  le  fit  prifonnier  avec  huit  cent 
des  fiens. 

Ce  prifonnier  défcfperoit  entièrement  de  fa  vie  ,  lorfqu'Abou  Sâïd  le  vint 
trouver,  &  lui  dit:  Si  tu  me  promets  de  rapporter  au  Khalife  fincerement  tout 
ce  que  je  te  diray,  tu  auras  la  vie  fauve,  &  Abbas  lui  ayant  juré  de  le  faire., 
Abou  Sàïd  lui  parla  en  ces  termes  :  Tu  diras  donc  au  Khalife  que  je  fuis  un 
Habitant  du  defert ,  accoutumé  à  me  pafl^er  de  peu  de  chofe  ,  &  que  je  ne  lui 
ay  enlevé  aucune  Ville  ni  Bourgade  de  {es  Etats;  que  toutes  les  Troupes  qu'il 
a  envoyées  jufques  ici  contre  moi  ont  été  défaites ,  parce  que  mes  foldats  font 
accoutumez  au  travail  &  à  mener  une  vie  dure,  &  que  les  fiens  au  contraire 
cherchent  trop  leurs  aifes  &  toutes  les  commoditez  de  la  vie  ;  de  forte  que  lorf- 
qu'ils  fe  trouvent  dans  ces  campagnes  defertes  où  ils  manquent  de  beaucoup  de 
chofes,  ils  fe  débandent,  &  que  je  ne  donne  point  de  quartier  à  aucun  de  ceux 
qui  tombent  entre  mes  mains.  Ainfi  le  Khahfe  doit  confiderer  Je  peu  de  pro- 
fit qu'il  remporte  de  la  guerre  qu'il  me  fait,  &  prendre  la  rcfolution  de  nous 
iailîer  vivre  en  repos. 

Le  Khalife  fuivit  pendant  quelque  temps  l'avis  du  Carmathe.  Mais  ayant  ap- 
pris 


M  0  T  A  D  H  E  D.  ^îï 

pris  en  l'an  289  ,  que  ces  Rebelles  étoient  aux  environs  de  Couf;ih  où  ils  vi- 
voient  en  toute  afieurance,  il  les  fît  furprendrc  par  les  Troupes  qui  enlevèrent 
un  de  leurs  quartiers  où  commandoit  un  de  leurs  principaux  Chefs  qui  fut  fait 
prifonnier.     Ce  Carmathe   fut  envoyé  aufli-tôt  au  Khalife   qui   l'interrogea  d'a- 
bord fur  la  Seéle  dont  il  faifoit  profeffion,  &  lui  demanda,  fur  quoy  elle  étoit 
principalement  fondée?  Cet  homme  lui  répondit,  que  c'étoit  fur  un  point  qui 
regardoit  particulièrement  la  perfonne  &  la  dignité  du  Khalife;  &  ce  Prince  lui 
demandant  encore  ,  pourquoy  cette  affaire  le  regardoit  en  fon   particulier  ?   le 
Carmathe  lui  répondit  hardiment  en  ces  termes  :  Abbas  vôtre  Ayeul  vivoit  en- 
core au  temps  que  Mahomet  mourut,  &  cependant,   ni  ce  Prophète,  ni  ceux 
qui  étoient  pour  lors  auprès   de  luy  ne  penferent  à  lui  donner  le  titre  de  Kha- 
life après  fa  mort;    car  aufîî-tôt.que  Mahomet  fut  decedé  ,  Aboubekr  fut  élu 
du  confentement  de  tous  pour   tenir  fa  place  ,   &  après   le   dccés  de   celui-ci , 
Omar  fut  appelle  pour  lui  fucceder.    Omar  en  mourant  nomma  fix  perfonncs, 
du  nombre  defquels   on  devoit  tirer  fon   fuccelTeur   fans  faire   aucune  mention 
d" Abbas  qui  n'eut  ainfi  aucune  part  en  tout  ce  qui  fe  palTa  jufques  alors.  Tou- 
tes ces  chofes  me  font  croire ,   que  ,   ni  vous  ,  ni  aucun  de  vos  PrédecefTeurs , 
n'avez  non  plus  que  lui  aucun  droit  au   Khalifat.     Motadhed   fe   fentit   fi  fort 
piqué  du  difcours  infolent  de  ce  Carmathe  qu'il  l'envoya  aufli-tôt  au  fupplice. 

Ce  fut  dans  cette  même  anné  289  de  l'Hegire  que  Motadhed  finit  fon  règne 
&  fa  vie ,  après  avoir  pris  le  ferment  des  peuples  en  faveur  de  Moiflafi  fon  fils , 
qu'il  avoit  déclaré  pour  fon  fuccelTeur.  Il  avoit  vécu  quarante-neuf  ans  &  ré- 
gné neuf,  &  neuf  mois  ,  félon  Khondemir,  Ben  Sehohnah,  &  les  autres  Hifto- 
riens  qui  exagèrent  fort  l'afFeftion  que  ce  Khalife  avoit  pour  les  Alides,  &  la 
feverité  qu'il  exerça  pendant  tout  le  temps  de  fon  Gouvernement. 

L'on  rapportera  ici  quelques  exemples  de  l'une  &  de  l'autre  de  ces  deux  qua- 
litez,  tirez  d'Abdalouahed  qui  a  le  plus  particularifé  les  aftions  de  ce  Khalife, 
dans  le  Tarikh  il  Abbas,  qui  efl  la  Chronique  des  Abbaffides. 

Un  Prevofi;  de  Bagdet  ayant  arrefté  un  jour  entre  les  mains  d'un  Marchand» 
la  fomme  de  trente  mille  dinars  ou  écus  d'or  que  Mohammed  Ben  Zcïd ,  Prince 
de  Mazanderan  de  la  race  d'Ali,  avoit  accoutumé  d'envoyer  tous  les  ans  pour 
être  diftribuez  aux  Saddt,  c'efl-à-dire ,  aux  Chefs  de  famille  des  Alides,  qui  fai- 
foient  leur  demeure  en  cette  Ville-là ,  ces  gens-cy  en  portèrent  leur  plainte  au 
Khalife  Motadhed.  Ce  Prince  leur  fit  genereufement  donner  main-levée  des  de- 
niers qui  avoient  été  laifis,  &  pour  juftifîer  que  cette' aétion ,  qui  dcvciparor- 
tre  étrange  aux  Sunnites  qui  étoient  comme  les  Catholiques  du  Mufulraanifme, 
&  qui  regardoient  les  Alides  comme  des  Hérétiques ,  il  leur  raconta  un  fonge 
qu'il  avoit  fait  autrefois. 

Je  croyois ,  leur  dit  -  il ,  dans  un  fonge  que  je  fis  ,  pafl'er  fur  un  pont ,  aa 
bout  duquel  il  y  avoit  un  homme  qui  paroilfoit  être  en  poflure  de  m'empêcher 
le  pafTage  ;  mais  tout  d'un  coup  ,  je  le  vis  venir  à  moi  &  me  prefenter  une 
bêche  qu'il  avoit  à  la  main  avec  ordre  de  bêcher  la  terre.  J'obéis  à  fon  com- 
mandement, &  après  que  j'eus  donné  quelques  coups  de  bêche  ,  il  me  dit  qu"it 
étoit  Ali ,  &  qu'il  m'avertiflï)it  que  j'aurois  autant  d'enfans  qui  joiiiroient  du 
Khalifat  après  moi,  que  j'avois  donné  de  coups  de  bêche  fur  la  terre,  &  il  me 
quitta,  après  m'avoir  chargé  d'avoir  foin  de  fa  pofterité ,  &  particulièrement  de 
ceux^qui  vivroicnt  fous  mon  Empire.  L'Auteur  du  Nighiariilan  raconte  auflî 
la  même  Hifloire. 

ÏQME  IL  "y  y  y  j'  J-3 


7%%  MO  T  A  D  H  E  D,. 

La  feverité  de  ce  Khalife  étoit  fi  grande ,  qu'un  Soldat  ayant  cueilli  par  for- 
ce une  moifline  de  raifîns  dans  la  vigne  d'un  particulier ,  cet  homme  lui  en 
ayant  porté  fes  plaintes,  le  KhaHfe  commanda  que  l'on  fift  venir  en  fa  prefen- 
ce  le  Soldat  &  fon  Capitaine  pour  ordonner  de  leur  punition,  &  quelqu'un  des 
fiens  lui  ayant  demandé,  quelle  faute  ce  Capitaine  avoit  faite?  il  luy  répondit, 
que  pendant  le  règne  de  fon  oncle,  il  l'avoit  vu  tuer  un  homme  injuftement , 
&  qu'il  avoit  fait  v^œu  alors,  que  fi  jamais  le  Khalif\it  tomboit  entre  fes  mains, 
il  n'oublieroit  pas  de  le  faire  punir,  s'il  tomboit  dans  quelque  autre   faute. 

Mohammed  Ben  Abdalouahed  raconte  une  chofe  beaucoup  plus  confidéra- 
ble  de  ce  même  Khalife.  Il  dit ,  qu'un  Marchand  qui  avoit  prefté  une  alTez 
groffe  fomme  d'argent  à  un  des  principaux  Seigneurs  de  la  Cour  du  KhaHfe, 
après  avoir  fait  inutilement  i^QS  pourfuites  pour  en  être,  payé  ,  &  défefperant 
enfin  d'en  être  fatisfait,  rcfolut  d'abandonner  l'affaire  &  de  quitter  la  Cour  pour 
faire  un  voyage,  lorfqu'un  de  fes  amis,  à  qui  il  avoit  communiqué  fon  deffein, , 
lui  dit:  Je  fçay  encore  un  moyen  de  vous  faire  payer;  vous  n'avez  qu'à  venir, 
trouver  avec  moy  le  Scheikh  Khaïath.  En  effet,  ce  Scheïkh ,  à  la  prière  de 
ces  deux  pcrfonnes  ,  n'eut  pas  plutôt  parlé  avec  un  ton  d'autorité  ,  comme  il 
fçavoic   faire,  à  ce  Seigneur,  que  le  Marchand  fut  payé.  , 

Le  Scheikh  Khaïath  avoit  acquis  cette  grande  autorité  par  une  aélion  fort 
fingulière  qu'il  fit  ,  &  qui  eft  rapportée  dans  le  Tarikh  al  Abbas.  .  Un  Turc 
voulant  forcer  une  fille  dans  la  Ville  de  Bagdet,  l'obligea  d'appeller  à  fon  fe- 
cours  tous  fes  voifins.  Le  Scheïkh  Khaïath  accourut  aux  cris  de  cette  fille  ,  & 
pria  fort  inftamment  le  Turc  de  ne  lui  faire  aucune  violence,..  Mais  ce  brutal 
ne  faifant  aucun  compte  de  fes  prières  &  le  chargeant  au  contraire  de  beaucoup 
d'injures  ,  le  Scheïkh  ne  fçachant  plus  quel  remède  apporter  à  ce  défordre , 
s'avifa  de  monter  au  haut  de  la  grande  Mofquée  &  de  convoquer  le  peuple 
à  la  prière  hors  du  temps  ordinaire ,  établi  par  la  Loi  ,  afin  que  le  peuple  ex- 
cité &  nffcmblé  pût  fccourir  cette  pauvre  fille  &  la  délivrer  d^s  mains  infolen- 
tes  du  Turc, 

Motadhed  ayant  appris  l'aftion  que  le  Scheïkh  avoit  faite  &  en  ignorant  le' 
motif,  le  fit  venir  devant  lui  &  le  réprimanda  fort  feverement  de  ce  qu'il 
avoit  annoncé  la  prière  à  contre-temps ,  &  mis  les  Fidèles  en  danger  de  pécher 
contre  la  Loi.  Mais  ayant  été  informé  dans  la  fuite  de  quelle  manière  la  chofe 
s' étoit  paffée,  il  ordonna  que  le  Turc  feroit  châtié  rudement,  &  commanda  en 
môme  temps  au  Scheïkh,  qu'autant  de  fois  qu'il  verroit  commettre  quelque  vio= 
lence  &  quelque  injuftice,  il  en  uiliff  de  la  même  manière  qu'il  avoit  fait,  afin 
que  par  ce  moyen  il  en  fuft  lui-même  averty  &  y  apportaft  le  remède  con- 
venable. Ce  fut  cette  aftion  qui  donna  un  fi  grand  crédit  au  Scheïk  Khaïath , 
qu'il  n'y  avoit  pcrfonne  dans  Bagdet ,  ni  petit ,  ni  grand ,  qui  ne  déferait  à  fes 
avertiffemcns ,  de  peur  que  convoquant  &  affemblant  ainfi  extraordinairement  le 
peuple,  il  ne  rendift  leurs  aimes  publics,  &  ne  les  fill  punir. 

Ebn  Amid  raconte  auffi  un  fait  touchant  ce  Khalife  qui  mérite  d'être  rap- 
porté. Il  dit  que  ce  Prince  voulant  emprunter  d'un  homme  fort  riche  quelque 
fomme  confidérable  d'argent,  cet  homme  lui  dit:  Prenez  telle  fomme  qu'il  vous 
plaira,  &  que  le  Khalife  lui  ayant  auffi  dit:  Quelle  fureté  avez-vous  que  je  vous 
rende  cet  argent?  il  lui  repartit  en  ces  termes:  Dieu  vous  ayant  confié  le  (.Gou- 
vernement de  fes  terres  &  de  fes  fervitcurs,  duquel  vous  vous  acquitez  fi  bien, 
pourquoy   ferois-je    difficulté  de  vous  confier  auiîi   mon  argent  ?  Ces  paroles 

attcn-  . 


M  O  T  A  D  H  E  D.  «»«^  M  O  T  A  K  T,  735 

attendrirent  fi  fort  le  Khalife,  qu'il  ne  pufl  s'empêcher  de  verfer  âes  larmes 
&  qu'il  fe  delifta  de  l'emprunt  qu'il   vouloit  faire.  ' 

Toutes  ces  grandes  actions  de  juftice  &  de  modération  ont  fait  dire  aux  Ecri- 
vains du  CècJe  de  Motadhed  ,  qu'il  avoit  furpafle  tous  fes  PrcdecefTeurs  dars 
ces  deux  vertus  ,  &  que  le  feul  de  tous  les  Khalifes  qu'on  pouvoic  lui  comaa- 
rer  dans  toute  la  race  des  Abbaflides ,  étoit  Abou  Giafar  Al  Manfor. 

Le  Livre,  intitulé  Addb  alnefes ,  compofé  par  Sarkhaffi  Al  Thabib  fut  dédié 
par  fon  Auteur  au  Khalife  Motadhed,  qui  favorifa  beaucoup  les  gens  de  lettres 
&  entre  les  autres,  Thabeth  Ben  Corrah ,  que  nous  appelions  communément, 
Thebeth. 

^MOTADHED  Ben  E'bad.    C'efl  le  nom  d'un  Roy  Arabe  de  Seville  en 
ii^fpagne.     Foyez  Ebn  Zeïdoun. 

MOTAKELLEM,  &  Motekellem,  Ce  mot  fignifie  en  Arabe,  un  Doc- 
teur Scholaftique  &  un  Metaphyficien.  E'im  alkelam,  la  Science  des  paroles, 
elt  le  nom  que  les  Arabes  donnent  à  la  Metaphyfique.  C'efl  d'où  apparem- 
ment la  Se6le  des  Philofophes ,  que  nous  appelions  ,  Nominaux ,  a  pris  fon 
origine. 

Al  Môtekellem.  Le  Scholailique.  C'eft  le  furnora  ou  titre  de  plufieurs  Doc- 
teurs Mufulmans,  &  entre  les  autres  de  Haffan  Al  Bafri,  &  de  Mohammed  Ben 
A'bdalkerira  Al  Schereflani. 

"    MOTAKI  Lillah  Ben  Moftadcr  Billah.    C'efl  le  XXI  Khalife  da  la  race  des 

Abbaffides  qui  fucc-eda  à  fon  frère  Radhi  Billah,   l'an  de  l'Hegire  329.    11  efl 

nommé    dans  l'HiUoire  Saracenique  ,   Moktafi  Billah  contre  l'autorité  de  tous 

■  les  autres  Hiiloriens,  tels  que  Khondemir,  Ben  Schohnah  ,  Leb  Tarikh,  Aboul 

Tarage,  &  autres  qui  lui  donnent  tous  le  nom  de  Motaki. 

lahkcra  le  Turc  gouvcrnoit  alors  fi  abfolument  le  Khalifat ,  que  fon  Kateb, 
ou  Secrétaire  faifoit  toutes  les  expéditions  des  affaires  ,  en  la  place  du  Vizir 
qui  n'avoit  aucune  autorité  dans  l'Etat.  Ce  Turc ,  qui  fe  ti-ouvoit  dans  la  Ville 
de  Coufah  lorfque  Motaki  fut  élevé  au  Khalifat  ,  envoya  fes  gens  à  Bagded 
pour  enlever  tous  les  meubles  du  Palais  &  tous  les  chevaux  des  écuries  du  feu 
Khalife  Radhi  ,  aélion  qui  piqua  fi  fort  Motaki ,  que  l'on  crut  aifément  qu'il 
avoit  fuborné  un  Curde  qui  tua  peu  de  temps  après  Lihkem, 

Dans  la  même  année  329,  Abdallah,   furnommé   Al  Baridi ,    ou   Al  Beridi 
Prince  de  la  Ville  de  BafTorah  &  de  fes  environs  ,   qui  prétendoit  fucceder  à 
lahkem  dans  la  charge  qu'il  pofTedoit  de  Generalilîîme  des   armées  du  Khalife 
vint  pour  cet  effet  à  Bagdet.    Mais  la  Milice   Turque  qui   étoit   la  plus  forte' 
contraignit  Abdallah  de  s'en  retourner  chez  lui ,  fans  avoir  pu  rien  obtenir  de 
ce  qu'il  demandoit.    royez  le  titre   de  Barid ,  ou  Berid. 

L'an  330,  la  Milice  Turque  devint  fi  infolente  après  la  retraite  d'Abdallah 
Al  Baridi  ,  qu'elle  ofa,  même  après  avoir  pillé  la  Ville  ,  venir  jufqu'au  Palais 
pour  faire  violence  au  Khalife  &  pour  l'obliger  de  choifir  un  de  leurs  Chefs 
pour  remplir  la  place  d'Iahkem.  Ce  tumulte  donna  lieu  à  Baridi  de  fe  préfen- 
ter  derechef  devant  Bagdet,  &  le  Khalife  incertain  du  parti  qu'il  de  voit  prendre, 
refolut  de  quitter  la  Ville  &  de  prendre  le  chemin  de  Moful ,  pour  implorer  le 
fecours  des  Princes  de  la  Maifon  de  Hamadan  qui  y  régnaient. 

Y  y  y  y  2  Ces 


714  M  O  TA  L  A.M  M  E  s:. 

Ces  Princes  étoient  Nafîer  aldoulat  &  Seïf  aldoulat  frerôs ,  dont  la  puifTance 
étoit  alors  très  -  confidérable.  Car  ayant  pris  la  proteftion  du  Khalife ,  ils  le  re- 
conduinrent  à  la  tête  d'une  armée  florifTante  à  Bagdet  ,  malgré  les  oppofitions 
de  tous  fes  ennemis.  Baridi  ne  les  attendit  pas  &  fe  retira  avec  fes  Troupes 
à  VaiTethe,  que  NalTer  aldoulat,  après  quelques  combats,  l'obligea  d'abandonner 
&  de  fuir  encore  plus  loin. 

Motaki  voulant  fe  confervcr  l'afFeftion  de  la  Milice  Turquefque  donna  Tan  331 
de  l'Hegire,  la  charge  d'Emir  Al  Omerâ,  ou  de  Generahfïïme  de  fes  Troupes, 
quiahkem.  avoit  pofledée,  à  Tozun  fon  proche  parent,  &  ôta  ainfi  toute  efpé- 
rance  à  Baridi  de  s'emparer    d'un  Commandement ,  auquel  il  afpiroit  avec  tant . 
d'ardeur. 

L'an  332,  Motaki  s'étant  brouillé  avec  Tozun,  qui  entreprenoit  tous  les  jours  ■ 
de  plus  en  plus  fur  fon  autorité,  &  voulant  lui  ofter  la  charge  qu'il  lui  avo4t 
donnée,  irrita  tellement  ce  Turc,  qu'il  fut  obligé  lui  même,  pour  fe  mettre  en 
fureté ,  de  quitter  pour  la  féconde  fois  la  Ville  de  Bagdet ,  &  de  fe  fauver  en 
Syrie  pour  implorer  le  fecours  d'Akhfchid  qui  s'étoit  rendu  le  Maître  de  cette 
Province,  auffi-bien  que  de  toute  l'Egypte.  Il  étoit  déjà  arrivé  à  la  Ville  de 
Rakah  en- Mefopotamie  ,  lorfque  fans  attendre  le  fecours  qu'Akhfchid  lui  avoit 
promis  ,  il  changea,  tout  à  coup  de  refolution  ,  &  dépêcha  un  Officier  de  iJes 
Gardes  vers  Tozun  pour  traiter  d'accommodement  avec  lui. 

Tozun  reçut  fort  agréablement  la  propofition  qui  lui  fut  faite  de  la  part  du 
Khalife ,  &  il  promit  en  prefence  des  principaux  Magiflrats  de  la  Ville  de  Bag- 
det, de  rendre  toutes  fortes  d'honneurs  &  de  refpefts  au  Khalife  fans  jamais  a' ^- 
tenter  contre  fa  perfonne,  &  il  fit  même  drelFer  un  écrit  qui  fut  figné  par  les 
principaux  Dofteurs  de  la  Loy,  dans  lequel  il  s'ôbligeoit  d'obferver,  religieufe- 
ment  tout  ce  qu'il  avoit  promis  de  bouche  au  Khalife. 

Motaki  ayant  cet  A6le  fi  folemnel  entre  les  mains  ne  fît  point  de  difficulté 
de  retourner  à  Bagdet,  quoyque  les  Princes  de  la  Maifon  de  Hamadan  &  Akh- 
fchid  le  dilTuadalfent  d'exécuter  cette  refolution  ,  ne  jugeant  pas  qu'il  duft  s'af- 
furer  fur  la  foy  de  Tozun.  Il  fe  mit  donc  en  chemin  où  il  trouva  à  une  jour-  - 
née  de  Bagdet  ,  Tozun  qui  mit  pied  à  terre  auffi-tôt  qu'il  fut  à  fa  veuë  ,  & 
marcha  quelque  temps  à  fon  ellrier ,  luy  faifann  toutes  les  foûmiffions  poffibles. 

Cependant  Tozun  ne  laiiîa  pas  de  dépêcher  dans  le  même  temps  un  Cou- 
rier à  Bagdet  pour  faire  venir  Abdallah  Aboul  Caffem,  fils  de  Moflafi  &  petit- 
fils  de  Motadhed  &  qui  étoit  par  confequent  Coufin  Germain  du  Khalife»  Ce 
Prince  ne  fût  pas  plutôt  arrivé,  que  Tozun,  fans  avoir  égard  à  tout  ce  qu'il 
-avoit  promis  à  Motaki  ,  le  fit  proclamer  Khalife  en  fa  prefence ,  &  lui  fit 
prendre  le  nom  de  Moftakfi  Biîlah. 

Motaki  fut  ainfi  dépofé  l'an  333  de  l'Hegire,  après  avoir  régné  trois  ans  & 
onze  mois  félon  Khondemir,  &  Moftakfi  le  laifla  vivre  encore  pendant  l'efpace 
de  vingt-cinq  ans ,  après  l'avoir  privé  de  la  veuë." 

MOTALAMMES.  Ceft  le  furnom  de  Gioraïr  Ben  A'bdalMaffih,  Poëte 
Arabe  des  plus- célèbres  entre  ceux  qui  ont  flÈuri  pendant  la  gentilité  ,  c'eft-à- 
dire,  avant  le  Mahometifme,  qui  fut  Oncle  d'un  autre  Poëte  non  moins  eftimé, 
nommé  Tharfah. 

Ces  deux  Poètes,  l'Oncle  &  le  Neveu,  ayant  compofé  des  Vers  fatyriquçs 
contre  im  des  Rois  de.Hirah  en  Arabie,  çq  Prince  diffimula  pour  quelque  temps 

fofi  i 


.  M  O'  T  A  M  E  D.  -^^ 

fôn  reffentiment.  Mais  enfin,  voulant  fe  vanger  d'eux,  il  leur  donna  des  Jet- 
très  cachetées  à  porter  au  Gouverneur  d'une  de  fes  places  ^  par  lefquelles  il  lui 
donnoit  ordre  de  punir  de  mort  ceux  qui  en  feroient  les  porteurs.  Motalam- 
mes  ayant  ouvert  celle  qui  lui  avoit  été  confiée,  &  ayant  lu  l'ordre  du  Roy,  fe 
garda  bien  de  la  rendre ,  &  évita  ainfi  la  mort.  Mais  Tharfah  qui  la  rendit  ca- 
chetée, fuft  puni  par  le  Gouverneur. 

Ces  lettres  ont  donné  lieu  à  la  façon  de  parler  des  Arabes,  qui  difent  d'un 
homme  qui  porte  avec  foi  fon  malheur,  qu'il  porte  Sahifat  Motalames  , 
c'efl-à-dire,  des  Lettres  de  Motalammes,  comme  les  Grecs  ont  dit  des  Lettres 
de  Bellerophon.  Al  Meïdani  rapporte  ce  Proverbe  Arabe  dans  fon  Livre,  in- 
titulé Ketab  alarathal. . 

MO' TA  MED  âlallah  Ben  Motavak-lcel  Billak  CeU  le  XV  Khalife  de  la 
race  des  Abbaffides.  Il  n'avoit  point  été  appelle  ni  défigné  au  Khalifat  par  fon 
père  Motavakkel,  comme  fes  trois  frères  Montaffer,  Môtaz  &  Mouiad  ,  dont 
les  deux  premiers  régnèrent  Néanmoins  ,  il  ne  laiiîk  pas  d'y  avoir  part  après 
la  dépofition  de  Motadhi  fon  Prédécelfeur  ,  qui  arriva  l'an  de  l'Hegire  256. 

Ce  Khalife  avoit  encore  un  autre  frère ,  nommé  Mouafi'ec  ,  lequel  ufa  û  ab- 
folument  de  l'autorité  que  fon  frère  luy  donna  ,  qu'il  devint  en  quelque  façon 
le  Maître  du  Khalifat ,  &  -fit  régner  fon  propre  fils  au  préjudice  du  fils  de  Mô- 
tamed,  comme  l'on  verra  dans  la  fuite. 

Les  aifaires  de  l'Empire  &  de  la  Religion  changèrent  entièrement  de  face 
fous  le  règne  de  Môtamed.  Car  ce  Khalife  foûtenu  de  Mouafi'ec  ,  fon  frère , 
anéantit  tout-à-fait  le  pouvoir  que  la  Milice  Turquefque  avoit  ufurpé,  en  donnant 
la  loy  aux  Khalifes  qu'elle  élevoit  &  dépofoit  à  fon  gré.  Mais  il  fallut  cependmt 
oppofer  un  grand  corps  de  Troupes  aux  Zinges  qui  avoient  commencé  leur  ■ 
irruption  fous  le  Khalifat  de  Motadhi ,  &  qui  faifoient  de  fort  grands  progrès 
dans  riraque  ou  Chaldée ,  dans  l'Arabie  &  même  dans  la  Perfe.>  Môtamed  fut 
donc  obligé  de  fe  fervir  encore  des  Turcs  &  de  les  joindre  aux  •  Troupes  que 
Mouafi'ec,  fon  frère,  avoit  ramafiTées"  pour  les  oppofer  à  fes  ennemis,  l'an  258 
de  l'Hegire.  Cette  jonftion.  n'empêcha  pas  cependant  que  iVIouafli'ec  ne  fût  bat-  • 
tu  deux  fois  confécutivement  par  les  Zinges,  qui  l'obligèrent  de  faire  avec  eux 
une  efpèce  d'accommodement  &  de  retourner  à-  Samarah  ,  qui  étoit  pour  lors 
la   Ville  Capitale  du  Khalifat. 

L'an  261  de  l'Hegire,  Môtamed  déclara  fon  fils  Giafar  pour  Succefl^eur ,  & 
après  lui  Mouafi'ec  fon  frère,  &  Motadhed  fils  de  Mouafi'ec,  fon  Neveu.  Ce 
Giafar  prit  alors  le  furnom  de  Mofi'aoued  ela  allah  ;  mais  il  ne  joiiit  jamais  du 
Khalifat.  ^ 

En  262,  Jacoub  Ben  Leïth  ,  premier  Prince  ou  Sultan  de  la  Race  ou  Dyna- 
ftie  des  Sofi'arides  ,  après  s'être  rendu  Maître  de  l'Iraque-  Perfienne  ,  qui  étoit 
des  dépendances  du  Khalife,  fans  poiutant  fe  déclarer  fon  ennemi  ,  luy  fit  en- 
fin ouvertement  la  guerre,  &  il  s'approchoit  déjà  de  la  Ville  de  Bagdet,  lorf- 
que  Mouafi'ec,  frère  du  Khalife,  vint  au-devant  de  luy  &  le  rencontra  auprès 
d'un  Village,  nommé  Caioul.  Il  fe  donni  en  ce  lieu-là  une  très-grande  batail- 
le, dans  laquelle  Jacoub,  qui  d'ailleurs  étoit  un  grand  Capitaine,  fur  défait  & 
eut  bien  de  la  peine  à  fe  fauver. 

L'an  de  l'Hegire  264,  Mou.Ta,  fils  de  Bouga,  le  plus  puifiTant  des  Turcs  qui 
éeôieut  au  fervicc  dés  Khalifes 3  étant  mort,  le  peu  d'autorité  qui  refioit  à  cèt- 

Y  y  y  y  3  :  te 


725  MO'TAMED, 

te  Nation  fe  perdit  entièrement;  en  forte  que  leur  Milice  fut  entièrement  foû- 
raife  aux  ordres  du  Khalife  indépendamment  de  ces  Chefs. 

En  l'an  267,  MouafTec ,  frère  du  Khalife  ,  ayant  réuni  toutes  les  forces  du 
Khalifat  &  accompagné  de  fon  propre  fils  Motadhed  ,  entreprit  de  reparer  les 
"alFi-onts -qu'il  avoit  reçus  des  Zi-nges  ,  dans  la  dernière  guerre  qu'il  leur  avoit 
faite  comme  nous  avons  vu  plus  haut ,  &  les  battit  en  plufieurs  rencontres  , 
'fims  pouvQJr  néanmoins  les  défaire  entièrement.  Car  ces  gens -là  trouvoient 
toujours  après  leur  défaite  de  nouvelles  refTources. 

Mais  enfin,  Tan  270  de  THcgire,  MouafFec  les  poufla  fi  rudement,  que  leur 
Prince  fut  contraint  luy- même  de  s'enfiiir  en  la  Province  d'Ahvnz ,  où  ayant 
donné  fon  dernier  combat  ,  il  y  laifiii  la  vie  ,  &  la  tête  de  ce  Rebelle  ayant 
été  envpyée  à  Bagdet ,  les  troubles  de  l'Irague  Arabique  fe  trouvèrent  telle- 
mentj  calmez  par   ia  moi^t  de  ce  feice  ,  que  l'on  n'entendit   plus  parler  des 

Cette  grande  viéloire  acquit  k  MouafTec  le  titre  &  le  furnom  de  Nafier  Le- 
dinillah,  qui  fignifîe  Protefteur  de  la  Religion  Mufulmanne,  que  le  Khalife  Mô- 
tamcd,  fon  frère,  lui  donna,  &  il  continua  de  gouverner  le  Khulifat  fous  ce 
titre  jufqu'en  l'an  278  qu'il  mourut. 

Motadhed,  après  la  mort  de  Mouafl'ec  fon  père  ,  prit  en  mam  ,  comme  par 
fucceflîon,  le  gouvernement  des  Etats  du  Khalife  fon  oncle,  &  le  dépoiiilla  de 
tout  ce  qui  lui  relloit  d'autorité,  ne  lui  lailFant  que  le  fimplc  nom  de  Khalife, 
&  il  fit  bientôt  paroître  le  pouv^oir  qu'il  avoit,  en  obligeant  Môtamed  de  con- 
voquer l'année  fuivante,  qui  étoit  l'an  279  de  l'Hegire,  une  Aifemblée  généra- 
le des  principaux  Seigneurs  &  Officiers  de  fa  Couronne ,  pour  ôter  à  fon  propre 
fils  Giafar  la  fucceflîon  immédiate  ,  qui  luy  appartcnoit  après  la  mort  de  fon 
père,  &  pour  la  luy  tranfcrer  à  luy-même. 

Ce  fut  dans  cette  même  année  que  Môtamed  mourut  d'une  efquinancie  qui 
luy  furvint  à  l'âge  de  50  ans  ,  &  dans  la  vingt  -  troifième  année  de  fon  lègne. 
Ce  Khalife  étant  fort  addonné  à  fes  plaifirs  ,  fe  repofoit  aifément  du  foin  de  fes 
affaires  fur  les  autres.  Il  aimoit  paflîonnément  la  Mufique  &  n'ignoroit  pas  les 
■lettres.  Ce  fut  luy  qui  quitta  le  féjour  de  la  Ville  de  Samarah  en  Syrie  ,  où 
les  Khalifes  Abbaflides  avoient  toujours  fait  leur  réfidence  depuis  Môtalfem  Bil- 
lah,  qui  l'avoit  bâtie.  Il  eft  vray  ,  que  Motavakkcl  voulut  transférer  le  Siège 
du  Khalifat  de  Samarah  à  Damas  ,  où  les  Khalifes  Ommiades  avoient  tenu  le 
■leur;  mais  il  s'en  dégoûta  bien-toft.  Car  à  peine  eût-il  demeuré  deux  mois  à 
Damas,  qu'il  retourna  à  Samarah. 

Sous  le  règne  de  Môtamed,  Ahmed  Ben  Tholoun,  après  avoir  long- temps 
gouverné  l'Egypte  au  nom  des  Khalifes  Abbalfides  ,  acquit  tant  d'autorité  dans 
cette  Province  ,  qu'il  fe  lafîa  de  dépendre  d'eux  ,  &  voulut  y  régner  avec  un 
pouvoir  abfolu.  Môtamed  le  déclara  rebelle  &  fit  maudire  fon  nom  dans  toutes 
}es  Mofquées  des  Villes  de  fon  obéïlfance.  Mais  cela  n'empêcha  pas  Ahmed  de 
conferver  fon  autorité,  &  il  devint  û  abfolu  dans  fes  Etats,  que  non-feulement 
il  y  régna;  mais  il  y  fonda  aufli  une  Dynafliie  qui  a  tiré  fon  nom  de  luy,  de 
laquelle  il  eft  parlé  dans  le  titre  de  Ahmed,  &  fur  laquelle  on  peut  voir  en- 
.core  celuy  de  Tholoun. 

Honaïn ,  fils  d'Ishac  ,  un  des  plus  célèbres  Traducteurs  des  Livres  Grecs  & 
Syriens  en  Langue  Arabique,  vivoit  fous  le  règne  du  Khalife  Môtamed. 

Le  Tarikli  al  Abbas ,  qui  eft  la  Chronique  des  Abbaflides,  rapporte,  qu'en 

l'an 


MO  T  A  N  A  B1B  I: 


trouva  fept  tombeaux  ,  dans  chacun  defquels  il  y  avoit  un  corps  entier  très-bien 
confervé  ,  donc  le  fuaire  paroiffoit  être  encore  neuf  &  qui  rendoit  une  odeur 
douce.  Entre  ces  fept  corps  ,  jl  s'en  trouva  un  qui  paroiiroit  être  celuy  d'un 
jeune  homme  ,  dont  le  vifage  &  pa'rticulièremene  les  lèvres  étoient  auffi  fraî- 
ches que  celles  d'un  homme  vivant  qui  vient  de  boire  de  l'eau.  L'on  trouva 
auprès  de  ces  tombeaux  une  pierre  fort  femblable  à  celles  qui  fervent  à,  aigui- 
fer,  fur  laquelle  il  y  avoit  des  lettres  gravées  ,  qui  ne  purent  jamais  être  dé- 
chifrces  par  aucun  de  ceux  que  le  Khalife  fit  affembler  pour  en  tirer  quelque 
connoiiTance,  quoyque  ce  Prince  les  eût  tirés  de  toutes  les  Religions,  Seéles  & 
Nations  qui  vivoient  fous  fon  Empire. 

MOTANABBI.     Ce  nom  fignifie  proprement  celuy  qui  fait  ou  qui  con- 
trefait le  Prophète.     C'efl  le   furnom  d'AbouI  Thaïeb  Ahmed  Ben  Hpuflàïn  ,- 
qui  étoit  de  la  Tribu  de  Giôfah  &  né  à  Coufah,  en  un  quartier  de  cette  Vil-'. 
le,  nommé  Kendah;  c'efl  pourquoy  on  luy  donne  le  furnom  d'Al  Giôfi,  Al  Ken-' 
di.  Al  Coufi.     On  lui  donne  encore  celuy  de  Motunabbi,  à  caufe   qu'il  s'attri- 
bua, par  un  excès  de  folie,  la  qualité  de  Prophète,  &  c'efl  cependant  le  nom 
fous  lequel  il  eft  le  plus  connu. 

Motanabbi  -naquit  l'an  303  de  l'Hegire  &  fut  mené  étant  encore  jeune  de 
Coufah  à  Damas ,  où  il  apprit  les  belles  lettres  &  devint  fi  excellent  dans  la 
Poefie  Arabique,  que  plufieurs  le  préfèrent  à  Abou  Temam,  lequel  cil  le  feul  qui 
lui  puilfe  difputer  le  premier  rang.  En  effet,  le  Divan  qu'il  compofa  luy  a  ac- 
quis tant  de  réputation  ,  qu'il  a  été  expliqué  &  commenté  par  quarante  diffé- 
rens  Auteurs,  Ce  Divan  ou  Recueil  de  fes  Poëfies  fe  trouve  avec  des  Notea 
marginales  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n°.  1165. 

Ce  Poëte ,  à  ce  que  luy  ont  reproché  quelques-uns  de  fes  envieux  ,  étoit  fils 
d'un  Porteur  d'eau  dans  la  'Ville  de  Coufah ,  quoyqu'il  fe  vantât  beaucoup  de 
fa  Nobleffe,  ce  qui  donna  lieu  à  un  Poëte  Arabe  de  faire  une  Epigramme  con- 
tre luy,  dont  le  fens  ell  :  Voicy  la  Noblelle  de  nôtre  Poëte,  il  demande  le 
matin  la  courtoifie  aux  gens  &  le  foir  il  fait  le  guet.  II  y  a  peu  de  tems  qu'il 
vendoit  l'eau  commune  &  ordinaire  à  Coufah,  &  maintenant,  il  vend  ici  feau 
de  la  Fontaine  de  l'Immortalité.  . 

Ce  Poëte  acquit  cependant,  en  dépit  de  fes  envieux,  de  très-grands  biens  par. 
fa  Poëfie ,  qui  étoit  payée  chèrement  par  les  Princes  auxquels  il  s'attachoit. 
Mais  enfin  ,  la  tête  luy  tourna  &  il  crut  pouvoir  pafièr  avec  un  aulïï  jufle  titre 
pour  Prophète  en  vers  que  Mahomet  l'avoit  été  en  profe.  Il  ne  manqua  pas 
de  gens  qui  adhérèrent  à  fa  folie.  Car  il  y  eut  des  peuples  entiers  de  l'Arabie 
déferte,  &  entre  autres  les  Kelabites  qui  le  fuivirent.  Mais  Loulon,  qui  gou- ^ 
vernoit  ce  pays-là  pour  Akhfchid,  Roy  d'Egypte  &  de  Syrie,  arrêta  tout  court 
le  progrès  de  fa  nouvelle  Se6le  ,  en  le  faifant  emprifonner  &  enfuite  renonceJî 
à  cette  chimère. 

Motanabbi,  après  avoir  condamné  luy-même  fa  folie  &  recouvré  fa  liberté j 
s'attacha  à  Scïf  alJoulat ,  Prince  de  la  Maifon  de  Hamadan  ,  qui  favorifoit  ex- 
trcmemenc  tous  les  gens  de  lettres  ,  comme  l'on  peut  voir  dans  l'on  titre  par- 
ticulier.. Il  demeura  quelque  tems  dans  cçîte.  Ç.Qur  &  alla  enfuite  à  celle  ds 

•    Kafour,  ■ 


7^8  M  0  T  A  S  S  E  M. 

Kafour,  lequel  d'Efclave  Noir  d'Akhfchid  qu'il  étoit,  regnoit  pour  lors  dans  la 
Syrie  &  dans  l'Egypte.  Kafour  luy  fit  de  fort  grands  préfens,  ce  qui  n'empê- 
cha pas  que  ce  Pocte  ne  le  quittât  alTez  mécontent  &  il  fit  même  des  vers  con- 
tre  luy,  après  quoy  il  fut  obligé  de  fortir  d'Egypte  &  de  fc  réfugier  auprès 
d'Adhad  aWoulat,  Sultan  des  Bouides  en  Perfe. 

Enfin,  l'inquiétude  de  ce  Poëte  fut  fi  grande,  qu'il  fe  dégoûta  encore  de 
la  Cour  de  ce  Prince  &  prit  la  réfolution  de  quitter  la  Perfe  ,  pour  retourner 
à  Coufah  fa  Patrie  ,  &  il  étoit  déjà  arrivé  à  Nômaniah  auprès  de  la  Ville  de 
Bagdet,  lorfqu'il  fut  attaqué  luy  &  fon  fils  par  les  Alfaditcs,  Arabes  de  la  Tri- 
bu d'Afllid,  qui  couroient  par  les  Campagnes  de  l'iraque  ,  pour  détroufi^er  les 
Voyageurs.  Ce  Poëte,  qui  faifoit  aufîi  le  brave,  fe  mit  en  défenfe  contre  eux. 
Mais  il  y  perdit  la  vie  lui  &  fon  fils,  l'an  354  de  l'Hegire.  ^ojez  aufli  dans  la 
Bibliothèque  du  Roy,  n".  1069,  1070  &  107 1. 

MO'TASSEM  BilIahBen  Haroim  Al  Rafchid.  C'eft  le  VIII  Khalife  de  la 
Maifon  defe  Abbaflîdes.  Il  étoit  frère  d'Amin  &  de  Mamoun  fes  PrédécefiTeurs, 
&  il  fucceda  à  ce  dernier  ,  par  la  nomination  qu'il  avoit  faite  expreffement  de 
lui  pour  fon  Succefileur,  au  préjudice  d'Abbas  fon  propre  fils,  à  1  exclufion  de 
Mottaman  fon  autre  frère  ,  qui  avoit  cependant  déjà  eu  la  déclaration  de  leur 
père  Haroun  en  ià  faveui-. 

Cependant  quelques  Faflieux,  qui  vouloicnt  fufciter  des  troubles  dans  l'Etat, 
allèrent  trouver  le  fils  de  Mamoun  &  lui  offrirent  le  Khalifat.  Môtafi^em  ,  qui 
en  eut  avis  ,  fit  venir  Abbas  en  fa  préfence  &  luy  repréfenta  fi  bien  fon  de- 
voir, que  ce  Prince  afiembla  luy-méme  tous  ceux  qui  luy  avoient  offert  la  Cou- 
ronne, &  prêta  en  leur  préfence  le  ferment  de  fidélité  entre  les  mains  de  fon 
Oncle.  Puis  fe  tournant  vers  eux,  il  leur  dit:  Vous  voyez  que  j'ai  remis  l'Em- 
pire entre  les  mains  de  MôtafTem  ,  imitez  mon  exemple  &  ne  me  parlez  plus 
que  de  lui  obéïr. 

Une  des  premières  aflions  que  fît  Môtaflem  ,  au  commencement  de  fon  rè- 
gne, fut  d'envoyer  des  Troupes  à  Ifpahan  &  à  Ramadan,  Villes  principales  de 
riraque  Perfienne ,  pour  châtier  les  peuples  de  ce  pays-là  qui  favorifoient  la 
révolte  d'un  fameux  Impofi:eur  ,  nommé  Bâbek  Al  Khorremi  j  furnommé  aufîi 
Khorremdin.     ^oyez  le  titre  de  Babek. 

Les  Troupes  du  Khalife  exécutèrent  fi  bien  fes  ordres  dans  l'iraque  Perfien- 
ne ,  qu'elles  y  firent  pafièr  ,  félon  le  rapport  des  Hiftoriens ,  plus  de  foixante 
mille  hommes  par  le  fil  de  l'épée.  Après  cette  exécution  ,  MôtafTem  dépêcha 
Affchin  ,  Général  de  fes  Troupes  ,  avec  une  puiflante  armée  en  la  Province 
d'Adherbigian  pour  forcer  Babek  qui  s'y  étoit  cantonné,  &  Affchin  s'acquita  fi 
bien  de  cet  emploi ,  qu'après  plufieurs  combats  particuliers  ,  il  mit  en  fuite  ce 
Rebelle,  &  le  pourfuivit  enfuite  fi  chaudement  qu'il  l'eut  vif  entre  fes  mains _& 
l'envoya  prifonnier  au  Khalife,  qui  le  fit  mourir  l'an  223  de  l'Hegire. 

Môtaffem  ne  fut  pas  plutôt  forti  de  cette  guerre ,  qu'il  fut  obligé  d'en  foû- 
tenir  une  autre  contre  les  Grecs.  Car  l'Empereur  Théophile-,  après  avoir  cou- 
ru victorieux  les  Provinces  Mufulmannes  ,  avoit  pris  &  faccagé  la  Ville  de  Za- 
batrah.  Cependant  Môtaffem  fut  alTez  heureux  pour  le  repouffer  jufqu'à  la  Vil- 
le de  Mâmouriah,  qui  efl;  la  Ville  de  Mopfuefle  en  Cilicie  ,  &  lui  donna  une 
bataille,  dans  laquelle  les  Grecs  perdirent  plus  de  trente  mille  hommes,  félon 
ie  calcul  des  Hiftoriens  Mahomet^ns. 

Le 


1M0TASSEM.  729 

Le- Khalife  rctoufna  après  cette  Viftoire  à  la  Viile  de  Saîn1l•ah•^  oii  il  ncfuÊ 
•  pas  plutôt  arrivé,  qu'il  découvrit  une  grande  conjuration  qui  s'étoit  tramée  con- 
tre luy.  Les  Conjurez  le  dévoient  tuer  avec  Aflchin  &  Àsbah ,  fcs  deux  meil- 
Jeurs  amis,  &  élever  enfuite  fon  Neveu  Abbas  fur  le  trône.  Mais  leur  deilein 
s'étant  peu-à-peu  dévelopé,  ils  furent  punis  de  mort  &  Abbas  enfermé  dans  un 
lieu,  où  l'on  luy  donnoic  -à  manger  fans  aucune  forte  de  boilTon  ,  de  forte  qu'il 
y  mourut -bientôt  de  foif 

L'an  226  de  l' Hégire  ,  Aflchin  ,' Capitaine- général  des  armées  du  Khalife  & 
fon  plus  grand  Confident  ,  fut  accufé  cependant  d'entretenir  des  intelligences 
avec  fes  ennemis.  Ce  crime,  vrai  ou  faux  ,  caufa  un  foupçon  fi  violent  dans 
l'eiprit  du  Khahfe  ,  qu'il  réfolut  enfin  de  fe  défaire  de  luy.  Cette  exécution 
étant  faite  dans  la  même  année,  IVlôtalFem  furvêquit  peu  de  tems  à  fon  Géné- 
ral. Car  il  mourut  l'année  fuivante  227,  après  avoir  régné  huit  ans,  huit  mois 
&  huit  jours.  Ce  nombre  de  huit  lui  fit  donner  le  titre  de  Motthamcn  ,  qui 
fignifie  l'Oétonaire  ou  le  Huitième ,  d'autant  plus  qu'il  etoit  auffi  le  huitième 
Khalife  de  fa  Maifon,  qu'il  laiifa  huit  enfans^mâlcs  &  autant  de  femelles  ,  huit 
mille  efelaves  &  huit  millions  d'or  ,  &  l'on  compte  auffi  jufqu'à  huit  batailles 
qu'il  avoit  données  ou  gagnées. 

Ce  Khalife  s'étant  ennuyé  du  féjour  de  Bagdet ,  où  les  fré^qucntes  fédition^ 
du  peuple  troubloient  fouvent  fon  repos,  prit  la  rélblution  d'abandonner  cette 
Ville  &  d'en  bâtir  une  autre  pour  y  faire  fa  réfidence.  Il  choifit  pour  cet  ef- 
fet un  lieu  nommé  Catoul,  fitué  proche  la  Ville  de  Sermenraï  en  Syrie  ,  pour 
y  faire  conflruire  une  nouvelle  Ville ,  laquelle  fut  nommée  Samarah ,  &  qui  paf- 
fa  depuis  auflî  fous  le  nom  de  Sermenraï. 

Mirkhond  rapporte  que  MôtalTem ,  après  avoir  bâti  fa  Ville  de  Samarah  ,  ob. 
"il  nourrififoit  dans  fes  Ecuries  jufqu'à  cent  trente  mille  chevaux  pies,  il  liii  prit 
fantaifie  de  faire  emplir  de  terre  le  fac  qu'ils  avoient  chacun  pendu  au  col,  & 
la  leur  iit  porter  jufqu'à  une  Place  de  la  Ville  qu'il  avoit  marquée.  Toute  cet- 
te terre  ainfi  amalFée  fît  une  Terraffe  aflea  élevée,  lur  laquelle  il  ordonna,  .yis 
l'on  lui  bâtit  un  grand  falon  ,  duquel  il  pût  découvrir  tout  ce  qui  fe  paflbit 
dans  la  Ville;  &  c'eft  cette  Terraffe  qui  donna  le  nom  au  magnifique  Palais  de 
Samarah,  lequel  fut  toujours  appelle  depuis  ce  tems-là  Tel  almekhali ,  c'efl-à- 
dire ,  la  Colline  des  Sacs.  Car  les  Arabes  appellent  en  leur  langue  almekhali, 
ces  fortes  de  facs  pendus  au  col  des  chevaux ,  dans  left]uels  ils  portent  leur  pail- 
le &  leur  avoine ,  félon  l'ufage  commun  de  tout  le  Levant. 

Le  Tarikh  Khozideh  raconte  que  les  Grecs ,  après  avoir  pris  &  faccagé  la 
Ville  de  Zabatrah,  comme  nous  avons  vu  cy-deffus ,  il  fe  trouva  une  femme 
de  la  famille  des  Abbaflides,  qui  fut  enlevée  prifonnière  par  un  Cavalier  &  que 
dans  ce  moment,  elle  s'écria  :  O  Môtaflèm  ,  fecourez-moi  !  Le  Cavalier  enten- 
dant ce  cri ,  lui  dit  par  mocquerie  :  Voilà  Motaifem  avec  fon  cheval  pie  qui 
vient  à  vôtre  fecours.  Cette  avanture  fut  fçûë  quelque  tems  après  pai'  Môtaf- 
fem,  qui  fe  trouvoit  pour  lors  fort  éloigné  de  la  Ville  de  Zabatrah,  &  il  ne 
l'eut  pas  plutôt  apprife,  qu'il  jura  de  ne  fonger  à  aucune  autre  entreprife  avant 
q.ue  d'être  arrivé  à  la  portée  du  cri  de  cette  femme.  En  effet ,  il  partit  au 
plus  fort  de  l'hyver,  &  il  attaqua  les  Grecs  avec  tant  de  vigueur,  qu'il  défit 
entièrement  leur  armée  ,  &  cette  victoire  lui  ayant  ouvert  le  chemin  jufqu'aiz 
Ii£u  où  cette  femme  étoit  prifonnière,  il  vint  efFeclivement  à  fon  fecours  &.  la 
tira  des  mains  de  fes  ennemis. 
Tome  II.  -Z  z  z  z  Les 


r^p  MOT  A  VA  KK  Et. 


les  Hiftoriens  louent"  tous  unanimement  la  grandeur  d'ame  de  ce  Khalife,"  &. 
font  mention  d'une  de  fes  aftions  qui  eu  fort  fmgulière.  Ils  difent ,  que  Mo- 
talfem  le  trouvant  feul  à ,  la  campagne  aûez  éloigné  de  fes  gens  ,  rencontra  un 
Vieillard  dont  l'afne  étoit  tombé  avec  fa  charge  dans  un  mauvais  pas ,  qu'il  de- 
fcendit  de  cheval  &  galla  même  tous  fes  habits  pour  aider  au  Vieillard  à  rele- 
ver fa  befte,  &  qu'enfin  auffi-tôt  qu'il  eut  rejoint  les  liens,  il  lui  fit  donner  la 
fomme  de  quatre  mille  dinars,  génerofité  digne  du- lang  des  Hafchemites  ou  Ab- 
baffides,  qui  ont  prefque  tous  pratiqué  héroïquement  cette  vertu.- 

'Ben  Schohnah  remarque,  que  ce  Khalife  fut  le  premier  qui  ajouta  le  nom  de 
Dieu  au  fien.  Car  il  fe  fit  appeller  iVlôtalfem  Billah ,  qui  fignifie  celui  qui  eft 
confervé  &  défendu  par  la  grâce  de  Dieu  ,  en  quoy  il  fut  imité  par  tous  fes 
SuccefT^urs ,  lefquels  ont  tous  ajouté  à  leur  nom  les  mots  ou  de  Billah  ,  qui  fi- 
rrnifie  en  Dieu  &  par  la  grâce  de  Dieu;  ou  de  Beemrillah  ,  qui  fignifie  par 
f'ordre  de  Dieu;  ou  d'Alallah,  c'eft-à-dire  ,  fur  Dieu  &  en  Dieu  ;  &  auflî  de 
Ledinillah,  qui  fignifie  pour  la  foi  en  Dieu  ou  pour  le  culte  de  Dieu,  &  tous 
ces  noms  de  Dieu  s'ajoutent,  félon  la  fignilication  refpedive  du  nom  qui  les 

précède.  ' 

Le  môme  Auteur  témoigne  aufîî  ,  que  Môtafl'em  étoit  attaché  aux  fentimens 
des  Môtazales,  qui  foûtiennent  que  l'Alcoran  a  été  créé,  en  quoy  ils  font  en- 
tièrement oppofez  aux  auti'es  Mufulmans,  qui.  croyent ,  que  l'Alcoran  étant  la 
parole  de  Dieu  eft  incréé  aufli-bien  que  Dieu  même.  Il  fit  fouetter  cruellement 
Ahmed-,  fils  de  Hanbal  ,  qui  elt  un  des  Auteurs  des  quatre  Sedes  Orthodoxes 
du  Mufulmanifme,  &  il  le  tint  fort  long-tems  prifonnier,  parce  qu'il  ne  voulut 
jamais  confentir,  ni  foufcrire  à  fon  opinion. 

Ce  Khalife. eut  pour  SucceiTeur  Vathec  Billah,  fon  fils, . 

MOTAVAKKEL  Billah  Ben  MôtafTem  Billah.     Ceii  le  X  Khalife   de  U^ 
race  des  Abbaffides.     Il  étoit  fils  de  Môtafi^em  &  il  fucceda  à  fon  frère  Vathec  ^ 
non  fans  quelque  conteftation.     Car  les  principaux  Seigneurs  de  l'Etat  étoient 
fur  le  point  de  •  reconnoître  Mohammed ,  fils  de  Vathec  ,   qui  étoit  encore  fort  : 
jeune,  pour  légitime  Khalife,  fi  Vaffif  ne  s'y  fût  oppofé.- 

Vaflîf  étoit  pour  lors  le  Chef  de  la  ;IV1ilice.Turquefque  que  MôtafTem  avoit: 
mife  fur  pied.  Ce  Turc  repréfenta  fi  vivement  à  l'Airembiée  des  Grands  de 
l'Etat,  qu'il  feroit  honteux  aux  Mufiilmans  d'avoir  un  Khalife  incapable  de  leur 
faire  le  Salaouat,  c'efl:-à-dire  ,  l'Office  ou  la  Prière,  ni  le  Khothbah  ^  qui  efl 
proprement  leur  Prône,  devoirs  indifpenfables  de  celui  qui  portoit  la  qualité  ou 
le  titre  d'Imam,  c'eft  -  à- dire  ^  -  de  Souverain  Pontife  des  Mufulmans,  que  l'on 
changea  auffi-tôt  d'avis  dans  le  Confeil. 

Motavakkel ,  frère  de  V^hec ,  &  par  conféquent  Oncle  de  cet  enfant  ,  fut  : 
celui  fur  lequel  on  jetta  principalement  les  yeux,  &  fut.  enfin  proclame  Kha- - 
iife  l'an  232  de  l'Hegire,  qui  efi:  le  846  de  J.  C. 

L'an  235  de  l'Hegire  ,  Motavakkel  ordonna  que  tous  ]es  Chrétiens  &  tous 
les  Juifs  de  fon  Em.pire  fes  fujets  portafiTent  une  large  ceinture  de  cuir  ,  que 
les  Arabes  appellent  'Zonnâr ,  afin  qu'ils  fufilsnt  difl:inguez  des  Mufulmans  par 
cette  marque.  Il  les  exclut  auflî  de  toutes  les  charges  du  Divan  ,  c'efl-à-dire , 
de  la  Juftice  &  de  la  Police,  &  leur  défendit  d'avoir  des  étriers  de  fer  à  leur  ■ 
monture,  &  en  239  il  paffa  encore  plus  avant,  car  il  leur  défendit  de  monter  • 
des  chevaux ,  &  ne  leur  lailTa  que  l'ufage  des  mulets  &  des  afncs  pour  leur- 


mon- 


MOTAVAKKEL.  .,3^ 

:monture.    Cette  Loi  efl  encore  ohfervée  ^aujourd'hui  ^aiis  la  plupart  des  lieux 
où  les  Turcs  commandent.  .■•    ■,  r  ,;  ,-  , 

Dès:  l'an  235,  Motavakkel  avoit  partagé  le  di<oit  de  h  fueceffîon  au  Khalifat 
entre  trois  de  fes  cnfans,  qui  ctoient  appeliez  l'un  après  le  décès  de  l'autre  de 
fcs  frères.  Ces  trois  enfans  fe  nommoient  Montafler  ,  Môtaz  &  Mouiad  ,  qui 
avoient  encore  deux  autres  frères  nommer  Môtamed  &  Mouaffec.  Il  arriva  ccr 
pendant,  par  l'ordre  de  la  Providence  ,   que  Montaffer  &  Môtaz  n'ayant  régné 


L.'an^236-,  Motavakkel,  .qui  s'étpit  déclaré  hautement  l'ennemi  d'Ali  &  de 
toute  fa  poflérité  ,  défendit  fous  de  rigoureufes  peines  les  pèlerinages  qui  fe  fai- 
foiehf  à  fon: tombeau,  &  ordonna  peu  après,  que  le  tombeau  de  HoulTaïn, 
fils  d'Ali ,  qui  étoit  dans  la  Plaine  de  Kerbela;  où  il  avoit  été  tué ,  fût  entière- 
ment rafé  j,  &  pour!  en  effacer  entièrement  tous  les  vertiges  ,  il  ne  fe  conten- 
ta  pas  d'en  faire  labourer  la  terre  ;  mais  il  y  fit  paflér  encore  un  canal  d'eau 
par  defîùs. 

Les  Schiites  ou  Sectateurs  d'Ali  ,  qui  donnent  à  ce  fépulcre  de  HoufTaïn  le 
nom  de  Mafchad  Mocaddes,  Moali,  Mozzeki,  c'eft-ii-dire,  le  Lieu  Saint,  Subli- 
me &  Pur ,  où  Houffaïn ,  qu'ils  regardent  comme  .un  Martyr ,  a  fouffert  la  mort , 
difent  que  Motavakkel  fut  frufl:ré  de  fon  attente  ,  &  qu'il  ne  fut  jamais  poffi- 
ble  de  conduire  l'eau  du  canal  jufqu'à  ce  tombeau  ,  &  qu'elle  s'arrêta  par  ref- 
peft  à  fa  vûë;:  ce  qui  fit  que  l'on  lui  donna  le  nom  de  Haïr,,  qui  fignifie  éton- 
né  &  refpeftueux,  nom  qui  a  paffé  jufqu'au  Sépulcre  même  de  Houflliïn,  à  eau- 
fe  d'une  telle  merveille. 

L'Auteur  du  Giame  alhekaïât  rapporte  conformément  aux  Traditions  des  Schii- 
tes,  que  Motavakkel  aj-ant  donné  cet  ordre  impie,  vit  en  fonge  la  nuit  fuivan- 
tc ,  Ali ,  qui  après  lui  avoir  reproché  les  outrages  qu'il  faifoit  à  ceux  de  fa  Mai- 
fon,  lui  donna  fept  coups  d'un  fouet  qu'il  tenoit  à  la  main.  Ce  Khalife  racon- 
tant  le  lendemain  à  fes  amis  ce  qui  lui  étoit  arrivé  en  fonge  ,  un  de  ceux  qui 
l'entendirent  dit ,  que  le  fouet  qu'Ali  tenoit  en  fa  main ,  n'étoit  autre  que  le 
Dhoulfekar  ou  Zoulfikar  ,  cette  épée  fameufe  que  Mahomet  lui  donna  autre- 
fois pour  exécuter  fes  grandes  proùelTes,  &  qu'il  pourroit  bien  arriver  au  Kha- 
life  quelque  grand  malheur  pour  punition  de  la  haine  qu'il  portoit  à  Ali  &  à 
fa  famille.  •  ,        ■ 

Ce  prognofiic  ne  fut  que  trop  certain;  car  deux  jours  après,  Motavakkel  paf, 
fa  par  le  tranchant  des  épées  des  Turcs ,  &  le  même  Auteur  qui  vient  d'être 
cité,  ajoute,  que  MontaflTer  fon  fils.  Auteur  de  ce  Parricide,  &  qui  avoit  oui 
raconter  ce  fonge  cà  fon  père,  demanda,  après  qu^il  eût  été  maiïacré ,  combien 
on  avoit  trouvé  de  pièces  de  fon  corps  ,  &  qu'après  qu'on  lui  eut  dit  qu'on 
n'en  avoit  trouvé  que  fix,  il  dit  à  fes  Valets-de-chambre  :  Cherchez  bien;  car 
il  y  en  doit  avoir  fept,  fuivant  le  nombre  des  coups  qu'Ali  lui  a  donnés,  & 
qu'en  effet  ,  on  chercha  fi  bien  qu'on  trouva  encore  un  de  fes  doigts  ,  qui 
faifoit  la  feptième  partie.  .  i 

Motavakkel  avoit  été  averti  peu  auparavant,  par  un  de  fes  efclaves,  qu'il  fe 
formoit  une  grande  Conjuration  des  Principaux  de  l'Etat  contre  fa  perfonne. 
Cet  avis  lui  fit  prendre  la  réfolution  de  les  prévenir  &  de  fe  défaire  de  tous 
Ceux  qui  lui  étoient  fufpeéts.    Il  les  fit  pour  cet  effet  convier  à  un  fellin  qu'il 

Z  z  z  z  2  leur 


.j  M  O  T  A  V  A  K  K  E  L. 


leur  avoit  préparé  &  qui  devoit  être  le  dernier  de  leur  vie.  Car  il  ne  fat 
pas  fi-tôt  lîni  5  que  le  Khalife  prit  fon  cimeterre,  tua  plufieurs  des  Conviez 
de  fa  propre  main,    &  fit  mettre  les  autres  entre  les  mains  de  fes  Exécu= 

tcurs. 

Après  cette  aftion ,  il  palTa  brufquement  dans  un  autre  de  fes  appartemens  j  - 
où  animé  comme  il  étoit  ,  &  ayant  encore  l'épée  fanglante  à  la  main  ,  il  ren. 
contra  un  de  les  Domeftiques  les  plus  confidens.  Cet  homme  fut  d'abord  fort 
aïlarm^j  voyant  le  Khalife  en  cet  état,  qui  lui  dit  :  J'ai  tué  un  tel  ,  un  tel  & 
un  tei,  &  plufieurs  autres  qu'il  lui  nomma.  Surquoi  ce  Domeftique  lui  ayant 
dit:  Cela  va  fort  bien;  mais  il  faut  que  vous  &  moi  nous  demeurions  en  vie, 
le  khalife  entendant  ces  paroles  fi  naïves  ,  ne  put  s'empêcher  de  rire ,  calma 
fa  colère  &  remit  fon  épée  dans  le  fourreau. 

On  lit  dans  le  Nighiariltan ,  que  Motavakkel  avoit  fongé  la  nuit  qui  précé- 
da le  jour  auquel  il  fut  tué  ,  qu'une  bôce  lui  parloit.  Il  ne  fut  pas  plûtofl 
éveillé  ,  qu'il  envoya  quérir  fon  Interprète-  de  fonges  pour  lui  donner  l'explica- 
tion du  fien. 

Cet  Interprète  entendant  parler  d'une  bete  que  1  on  appelle  en  Arabe  D24 
bah,  nom  que  les  Mahometans  donnent  en  particulier  à  la  bête  de  l'Apocalyp- 
fe  ,  qui  doit  paroître  à  la  fin  du  monde  ,  tourna  fa  penfée  fur  un  paffage  de 
l'Alcoran  qui  porte:  Edna  vacâ  alcaul  âleïhom  akher  hâlhom  Dabat  men  alardh 
bekullehoum  ,  c'eft-à-dire  ,  (^and  le  terme  préfcrit  par  .le  décret  divin  ejî  arrivé  , 
rétat  di  la  vie  des  hommts  s'écoule  ^ .finit  fur  la  terre..  Il  faut  remarquer,  que- 
le  mot  Dabat ,  dans  ce  paiTage  ne  fignifie  pas  une  bête  ;  mais  il  exprime  une 
chofe  qui  s'écoule  &  qui  paffe  en  glilfant. 

L'Interprète  joignant  donc  en  fa  penfée  les  deux  fignifications  de  ce  mot,  & 
jugeant  que  le  prognoftic  de  ce  fonge  étoit  fort  fmiftre  pour  Motavakkel  ,  ne 
luy  en  voulut  donner  aucun  éciaircllfement ,  &  fe  contenta  de  lui.  dire  :  Tout 
vous  puifle  tourner  en-  bien. 

L'on  peut  compter  entre  les  principales  caufes  de  la  mort  de  ce  Khahfe  ,  îe 
reflcntimcnt  de  Vafîîf  le  Turc,  auquel  il  avoit  confié  la  garde  de  fa  peribnnc, 
Gar,  11ms  avoir  égard  qu'il  étoit  entre  ïqs,  mains  &  que  par  conféquent  il.  n'é- 
toit  pas  fur  de  roffenfer  ,  il  lui  ôta  cependant  plufieurs  domaines  qu'il  pofle- 
doit  dans  l'iraque  Perfienae ,  pour  les .  donner  à  Fatah  Ben:  Khacan  ,  fon  Vizir 
&  Favori. 

Mais  pour  les  motifs  qui  portcrcnf:  MontalTer  à  délirer  la  mort  de  fon  pèrey. 
&  qui  le  firent  confentir  à  l'attentat  que  les  Turcs  entreprirent  fur  fa  vie,  on 
raconte  premièrement  les  injures  &  les  outrages  qu'il  recevoit  de  fa  paît.  Sou 
père  l'appelloit  fouvent^  par  mocquerie  &  par  reproche,  iVlontazber  ou  Monta- 
dher  au  lieu  de  Montalïev,  qui^  étoit  fon  véritable  nom,  &îil  voul®it^  faire  en- 
tendre, par  ce  fobriquet,  qu'il  etoit  toujours  dans  l'attente  de  fa  mort.-  Quelque- 
fois fon  père  le  faiibit  boire  avec  excès,  &  jufqu'à  ce  qu'il  eût  perdu  la  rai- 
fon;  &  alors,  il  le  fouffletoit  fans- difcrétioji-&;  luy  failbit.aufîi' fouffrir  fouvcnt 
des  peines  plus,  rigoureufes. 

La  haine  que  Motavakkel  portoit  à  Ali  &  à  tous  ïqs  defcendans,  fut  encore 
une  des.raifons  que  Montafier  allcguoit- pour  excufer  fon  parricide,  &  enfin, 
il  craignit  même  pour  fa  propre  vie  ;  parce  que  fon  père  tenant  un  jour  entre 
les  mains  une  épée,  qui  luy  coutoit  dix  mille  écus  d'or,  dit  à  Fatab  fon  Vizir: 
le  voudrois  biejû  trouver  parmi  mes  Efclaves  Turcs,  un  vaillant  .homme  à  qui  ja 
^'  *  puiTe 


!^  0  T  A  V  A  K  K  E  L.  733 

ptïfle  mettre  cette  épée  en  mam  pour  veiller  à  la  confervation  de  ma  perfon- 
ne.  Fatah  luy  répondit  auffi-tôt  :  Voicy  Bagher  le  plus  brave  de  tous  vos  Turcs 
qui  efl  di^ne  de  recevoir  ce  préfent  de  vôtre  main.  Ce  Bagher  entroit  pour 
k)rs  par  hazard  dans  la  chambre  du  Khalife ,  &  il  reçut  en  même  temps  de  fes 
mains  l'épée  avec  de  très-gros  appointemens  de  Motavakkel.  On  dit  cependant 
qu^  Bagher  ne  tira  point  cette  épée  du  fourreau  que  pour  tuer  celuy  qui  la  lui 
avojt  donnée.     Khondemr. 

Mirkhond  &  l'Auteur  du  Tarikh  al  Abbas  rapportent  tous  deux  dans  l'an  de 
r  Hégire  247,  de  quelle  manière  Motavakkel  fut  tué  par  les  Jures,  que  fon  fi's 
MontalTcr  avoit  fubornez.  vlotavakkel  avoit,  difent-ils ,  des  façons  de  f;ure  & 
joiioit  fouvent  des  jeux  qui  ne  plaifoient  qu'à  luy  feul.  Car  lorfqu'il  étoit  ei> 
débauche  avec  fes  amis,  il  faifoit  quelquefois  lâcher  un  lion,  lequel  paroi/Tant 
tout-à-coup  au  milieu  du  feflin  épouvantoit  tous  les  Conviez.  Il  faifoit  aufîî 
quelquefois  couler  des  ferpens  par  delfous  la  Table,  &  cafler  des  pots  pleins  da 
fcorpions  au  milieu  de  la  Salie  où  il  raangeoit,  fans  qu'il  fut  permis  à  aucun  de 
fe  lever  de  Table,  ni  de  changer  de  place;  Ôc  lorfque  quelqu'un  de  fes  ami? 
avoit  été  piqué  ou  mordu  par  ces  animaux,  il  le  faifoit  guérir  avec  une  excel- 
lente Theriaque  qu'il  failoit  préparer. 

Pendant  qu'il  étoit  un  jour  en  une  fembkble  débauche,  les  Efclavcs  Turcs 
Conjurez  entrèrent-  avecfBagher,  les  épées  nues  à  la  main,  dans  la  falle  du  fertin.' 
Un  de  ceux  qui  étoient  à  l'abL-  les  ayant  apperçus  le  premier,  &  qui  ne  fca- 
voit  pas  le  mauvais  deffein  des  Turcs,  dit  en  raillant:  Ce  n'eft  plus  la  journée 
ni  des  Lions,  ni  dés  Serpens  ,  ni  des  Scorpions,  c*eft  celle  des  épées.  Mota- 
vakkel l'entendant  parler  d'épées  ^  dit  auffi-tôt  à  ce  railleur  :  Quefl-ce  que  tU  ■ 
veux  dire?.&  à  peine  eull-il  achevé  ces  paroles,  que  les  Turcs  fe  jetterenC 
fur  lui  &  le  mirent  en  pièces.  Fàtah  fon  Vizir  le  voulant  défendre,  & 
criant  de  toute  fa  force:  ô  Motavakkel,  je  ne  veux  point  vivre  après  vous! 
fut  aufli  tué  avec  le  Khalife  ;  mais  fon  Boufon  qui  s'étoit  caché  fous  une  eflrade 
à  la  veuc  des  épées,  après  avoir  entendu  les  paroles  du  Vizir  ,  &  vu  ce  qui 
lui  étoit  arrivé,  fe  mit  à  aier,  O  Motavakkel ,  je  feray  fort  aife  dC'  vivra 
après  vouSi . 

Bakhteri  écrit  au  fujet  de  l'épée  que  Motavakkel  donna  a  Bagher  ,  qiie  ca 
Khalife  ayant  oui  loiier  la  bonté  d'une  épée  qui  étoit  dans  la  Ville  de  Bairc- 
rah,  il  envoya  fes  ordres  au  Gouverneur  de  cette  Ville  pour  l'acheter  à  quel 
prix  que  ce  fùft.  Mais  que  le  Gonvei-neur  lui  ayant  fait  réponfe ,  qu'elle  étoit 
vendue  &  envoyée  à  Bahreïn  dans  la  Province  d'Iemen  ou  Arabie  heurcufe,  il 
fit  dépêcher  un  Courier  pour  l'acheter  au  prix  que  l'oix  en  demanderoit.  Son 
ordre  fut  exécuté,  &  il  ne  l'eut  pas  plutôt  entre  les  mains,  qu'il  la  donna  à 
Bagher  le  Turc  fon  Efclave,  en  lui  difant  ces  paroles:  Prens  cette  épée  ,  elle 
ne  vaut  gueres  plus  que  toi. 

Quant  au  lieu  où  Motavakkel  fut  tué  par  l'ordre,  de  MontafTer  fon  fils,  Maf. 
fôuJi  remarque  que  ce  fut  au  même  endroit  ou  Khofrou  Parviz ,  Roy  de  Ferle 
de  la  race  des  SalTan ides,  avoit  été  ma(f:îcré. par  le.  commandement  de  Schirouieh^ 
ou  Siroés  fon  fils,  c'cfl  à  fçavoir,  dans  la  Ville  de  Makhouriah. 

Ce  Khalife  avoit  régné  quatorze  ans  &  deux  mois,  ou  dix  mois,  félon  quel- 
ques-uns,  &  il  fut  tué  l'an  de  l'Hegire  247,  dans  la  quarantième  année  do  fon 
âge.  Il  condamna  fort  la  perfécution  que  Môtaflem  &  Vathec  fes  Prédécelieui-s 
avoient  fajtes  à  ceux  qui  refufoicnt  de  dire,  quç  l'Alcoran  fijfl  créé,  &  façon- 

Zzzz  3  duite  - 


M  O  T  A  V  A  K  K  E  L, 

duite  fut  entièrement  oppofdc  à  la  leur ,  comme  l'on  peut  voir  dans  ce  qui  a 
été  dit  de  l'averfion  qu'il  avoit  pour  Ali.     l^oyezle  titre  de  Jacoub  Ben  Sakit. 

Il  a  été  blâmé  de  cruauté  ,  particulièrement  à  l'égard  de  les  Courtifans  qui 
avoient  fait  qifelque  faute.  Car  il  avoit  fait  faire  un  fourneau  de  fer  armé  au 
dedans  de  pointes  de  clouds-,  qu'il  faifoit  échauffer  plus  ou  moins  pour  punir 
ceux  qu'il  y  faifoit  enfermei-,  &  lorfque  celui  qui  fe  trouvoit  en  cet  état  dou- 
loureux, lui  ditoit  :  Arhamni,  ayez  pitié  de  moy,  il  lui  répondoit  ;  Alrahmat 
khouar,  c'eil-à-dire  ,  la  pitié  efl;  une  bafTeire  de  cœur.  Ben  Zâïat  fon  Vizir 
mourut  dans  ce  fourneau ,  après  y  avoir  demeuré  quarante  jours. 

Les  Ordonnances,   dont  il  a  été  pai-lé   ci-dpilus,  que  Motavakkel  fit  contre 

les  Chrétiens ,  furent  l'eflet    de   la  colère  &  du  refîentiment  qu'il  eut  contre 

.Bakhtifouâ  fon  Médecin,  Chrétien  de  Religion,  que  les  grands  biens  qu'il  avoit 

amaflez,  avoient  rendu  fuperbc  &  infolent. '  l-^oyez  le    titre  particulier  de   ce 

Médecin. 

Les  Hiftoriens  Orientaux  difent  ,  que  le  règne  de  ce  Khalife  fut  le  règne 
des  prodiges.  Car  jufques  alors  on  n'en  avoit  pas  encore  vu  ni  entendu  un 
fi  grand  nombre.  Ben  Giouzi  en  a  ramaifé  plufieurs.  Il  dit  que  dans  la  Pro- 
vince de  Comus ,  que  nos  Géographes  appellent  communément  Choemus , 
qui  fait  une  partie  du  Khoraflan  ,  le  tremblement  de  terre  fut  fi  grand  ,  que 
tous  les  habitans  d'un,  certain  lieu  ayant  été  obligez  de  le  quitter  &  de  ga- 
gner la  campagne  ,  ils  entendirent  tous  ces  paroles ,  comme  une  voix  du  ciel.: 
Allah  agel  vaôudh  beirahmat  ,  Dieu  a  prolongé  le  terme  &  a  prefervé  par 
fa  miféricorde  fes  ferviteurs  du  dernier  malheur.  Et  prefque  en  même  temps 
treize  Bourgs  du  Pays  de  Caïrouan,  qui  eft  la  Cyrenaïque  en  Afrique  ,  furent 
abyfmez  de  telle  forte,  que  de  tous  leurs  habitans,  il  ne  fe  fauva  que  quarante 
deux  perfonnes,  &  qu'au  Pays  d'iemen,  un  grand  Champ  labouré  fut  tranfporté 
de*  delfus  une  colline  à  un  autre  endroit ,  fans  qu'il  y  manquait  un  feul  pouce 
■de  terre. 

Ben  Aboul  Veza  écrit,  que  dans  ce  même  temps  &  dans  le  même  Pays  d'Ie- 
men,  un  Oiïcau  plus  gros  qu'un  corbeau  s'étant  perché  fur  un  arbre  à  la  veuë 
de  tout  un  peuple  ,  prononça  d'une  voix  forte  ces  paroles  Arabiques  :  Aioha 
alnaff  atracou  Allah,  Allah,  Allah.  Servez  &  craignez  Dieu,  Dieu,  Dieu,  ce 
qu'il  répéta  quarante  fois  de  fuite,  &  qu'après  s'être  envolé,  il  retourna  &  pro- 
nonça encore  quarante  fois  les  mêmes  paroles.  La  vérité  de  ce  fait  fut  attcllée 
par  la  bouche  de  cinq  cent  perfonnp.s  qui  l'avoient  oui,  &  qui  furent  menées 
devant  iMotavakkel  pour  l'en  affeurer.  Ben  Al  Gela  dit  auflî  que  dans  le  Khour 
ziftan  un  Oifeau  vint  fe  pofer  fur  la  bière  d'un  homme  que  l'on  portoit  en  ter- 
re ,  &  qu'il  prononça  intelligiblement  dans  la  langue  du  Pays  :  Dieu  tout  puifTant 
fait  miféricorde  à  ce  mort  &  à  tous  ceux  qui  affilient  à  fon  convoi.  Ces  deux 
derniers  faits  pourroient  bien  n'avoir  pas  été  des  prodiges;  mais  des  effets  de 
l'induflrie  de  ceux  qui  auroient  pu  drelier  &  inftruire  ces  Oifeaux. 

Mais  les  prodiges  que  le  Nighiariftan  rapporte  font  beaucoup  plus  confidera- 
blés.  Car  on  y  lit  que  l'eau  du  Tigre  parut  dans  Bagdet  pendant  trois  jours, 
auflî  jaune  que  fi  elle  euft  elle  d'un  or  fondu  ;  mais  que  les  habitans  de  la 
Ville  furent  fort  épouvantez  ,  lorfqu'ils  virent  tout  d'un  coup  la  couleur  de 
cette  eau  changée  en  rouge  comme  du  fang  &  demeurer  en  cet  état  plufieurs 
Jours.  En  Perfe,  le  tremblement  de  terre  fit  périr  quarante-cinq  mille  perfon- 
nes dans  la  Ville  de  Damegan,  &  au  même  jour  <Sc  à  la  même  heure,  ks  Pays 

de 


M  0  T  A  V  A  K  K  E  L.  ■         M  O'  T  A  Z;.  735 

de  Baflham,  de  Giorgian,  de  Thabareflan ,  de  Nifchaboùr,  d'Esfahan,  de  Cora, 
&  de  Kafchan,  furent  prefque  entièrement  ruinez,  &  cette  grande  fecouffe  de 
la  Terre  fit  parokre  plufieurs  nouvelles  fources  d'eau  qui  coulèrent  par  les  fen- 
tes des  montagnes  dont  les  lianes  avoient  été  ouverts. 

Dans  une  Bourgade  d'Egypte  nommée  Souida ,  il  tomba  une  grefle  de  pierres 
dont  chacune  pefoit  dix  livres  Arabiques ,  &  un  Arabe  en  ayant  pris  une  pour 
fiiire  du  feu,  il  en  fortit  une  flamme  fi  violente,  qu'elle  brûla  &  confuma  en 
un  inftant  fa  cabane  &  tout  ce  qu'il  y  avoit  de  combuflible  autour  de  lui.  On 
porta  de  ces  pierres  au  grand  Caire,  &  même  jufqu'à  Betlis  en  Géorgie,  oi!i 
elles  ont  été  long- temps  confervées.  Le  même  Auteur  rapporte  auflî  que  le 
foudre  ayant  frappé  en  Egypte  deux  perfonnes  en  même  temps,  elles  demeurè- 
rent noires  tout  le  refte  de  leur  vie  ,  fans  qu'elles  euflent  receu  aucune  autre 
incommodité. 

MontalTer  fucceda  à  fon  père  Motavakkel  ;  mais  il  ne  régna  que  fix  mois , 
comme  l'on  peut  voir  dans  fon  titre  particulier,  l^oyez  auffi  quelque  chofe  de 
particulier  de  Motavakkel  dans  la  converfation  qu'il  euil  avec  Dhoualnoun,  au 
titre  de  ce  Perfonnage. 

MOTAVAKKEL  Billah  II  du  nom.    C'eft  le  furnom  de  Mohammed  Ben 
Jacoub,  qui  eft  le  dernier  Khalife  Abbaffide  qui  ait  été  reconnu  en  Egypte  ou' 
ailleurs. 

Il  fe  trouva  à  la  bataille  qui  fe  donna  entre  Canfou  Gauri  Sultan  des  Mame- 
lucs,  &  Selim  I  du  nom.  Sultan  des  Turcs  Othmanides.  Selim  l'ayant  fiiit  pri- 
fonnier ,  le  mena  à  Conflantinople ,  où  il  le  retint  jufqu'en  l'an  926  de  l'He- 
gire,  de  J.  C.  1519,  auquel  temps  ce  Sultan  fentant  approcher  fa  mort,  le  fit 
me:tre  en  liberté  &  lui  affigna  foixante  drachmes  d'argent  Othmaniques  par  jour 
pour  fa  fubliftance. 

Motavakkel.  s'en  retourna  après  la  mort  de  Selim  en  Egj^pte ,  où  il  véquit 
juf-]u'en  l'an  945  de  l'Hegire,  c'ell-à-dire ,  jufqu'en  l'an  de  J.  C.  1538,  & 
lailTa  deux  enfans  qui  tiroient  penfion  du  Trefor  Royal.    Ben  Jofef. 

MO'TAZ  Billa  Ben  Motavakkel.  C'efl  le  XIII  Khalife  de  la  race  des  Ab- 
baffides  qui  étoic  fils  de  Motavakkel ,  &  frère  de  Montafixir  à  qui  il  devoit  fuc- 
ceder  par  la  déclaration  &  defignation  de  leur  père  ;  d'autant  plus  que  Montafier 
n'avoit  pas  laifi^é  d'enfant  qui  pull  troubler  l'ordre  de  la  fiicccffion.  Mais  les 
Turcs  qui  craignoient  que  Môtaz  ne  vangeail  fur  eux  la  mort  de  fon  perc 
qu'ils  avoient  tué  à  la  foUicitation  de  MontaflTer,  obligèrent  celui-ci  avant  qu'il 
mourût ,  à  décider  de  fa  pleine  autorité  que  le  droit  de  fon  frère  à  la  fuc- 
cefïïon  étoit  nul ,  &  ne  pouvoit  pas  empêcher  que  l'on  la  pull  transférer  à 
un  autre. 

Les  Turcs  ayant  en  main  cette  décifion  du  Khalife  Montaflln-,  firent  procé- 
der à  une  nouvelle  eleélion  ,  &  firent  en  forte  par  leur  crédit  que  Molldïn , 
duquel  l'on  a  parlé  en  fon  lieu ,  fufl  élu  pour  Souverain  Imam  &  Khalife  des 
Mufulmans. 

Cette  eleflion  cependant  ne  préjudicia  point  au  droit  de  Môtaz.  Car  les  mê- 
mes Turcs ,  h  fçavoir  ,  Vaffif ,  Bagher ,  &  les  deux  Bouga  contraignirent  peu 
de  temps  après  iVlofi:âïn  de  renoncer  à  fa  dignité,  &  ils  en  reveflirent  Môtaz 
auquel  elle  appartenoit  légitimement,  l'an  de  l'Hegire  252, 

Môta2  - 


:73^ 


M  Ô^T  A  Z. 


Motaz  ne  fut  pas  plus-tôt  reconnu  pour  Khalife  qu'il  dcclara  pour  Ton  Vizîr 
Ahmed  Ben  Ifmel  ,  &  confirma  Mohammed  Ben  A'bdallah  de  la  Maifon  des 
Tahericns  dans  la  pofleflion  de  fes  Etats  &  du  Gouvernement  de  la  Ville  de 
Bai^dct,  conformément  à  la  promciTe  > qu'il  lui  avoit  faite  avant  fon  élévation 
^au'^Khalifac.  Il  voulut  aufîî  fe  défiiire  des. principaux  Chefs  de  la  Milice  Tur- 
quefque  qui  étoient  de  dangereux  Sujets,  &  qui  avoicnt  fait  voir  fous  les  règnes 
précédens  ce  qu'ils  fçavoient  faire.  Mais  il  fut  diffuadé  d'exécuter  ce  deffein 
par  IMohammed  Ben  A'bdallah  qui  lui  en  fit  connoiftre  &  appréhender  les  con- 
fequences ,  de  telle  manière  ,  qu'au  lieu  de  punir  Vaffif ,  Bagher  ,  &  les  deux 
Bouga,  comme  il  avoit  refolu  de  faire,  il  leur  donna  de  nouvelles  charges  qui 
augmentèrent  encore  de  plus  en  plus  leur  pouvoir- 

En  la  même  année  252..,  Motaz  fit,  fur  im  fmiple  foupcon,  emprifonner  un 
de  fes  frères  cadets  nommé  Mouïad,  Il  efl:  vray  que  ce  Prince  avoit  un  fort 
grand  parti  dans  l'Etat  qui  l'auroit  fans  doute  ftivorifé  ,  s'il  avoit  voulu  entre- 
prendre quelque  chofe  contre  le  Khalife  fon  frère  ;  mais  au  relte  ,  il  n'ctoit 
coupable  d'.aucun  crime  ,  non  plus  qu'un  autre  de  fes  frères  nommé  Mouaf- 
fcc,  qui  encourut   peu  après  la  même  difgrace. 

Mouïad  étant  mort  dans  fa  prifon ,  le  bruit  courut  dans  la  Ville  de  Samarah , 
que  Môtaz  avoit  commandé  à  ceux  qui  le  gardoient  de  le  mettre  nud  &  lié  aa 
milieu  de  la  neige  pour  lui  ofter  la  vie.  Ce  bruit  qui  s'étoit  répandu  de  tout 
codé  fit  que  Môtaz  ordonna  qu'on  le  revêtit  après  fa  mort  d'une  fourrure 
d'hermine,  &  qu'il  fut  expofé  en  cet  état  aux  yeux  du  public,  &  particulière- 
ment  à  la  veuë  des  Do(^eurs  de  la  Loy,  pour  leur  perfuader  qu'il  étoit  decedé 
de  fa  mort  naturelle. 

L'an  25:3  de  l'Hegire,  les  Turcs  s'étant  mutinez  dans  Samarah  au  fujet  de 
leur  folde,  Vaffif  leur  General,  pour  appaifer  la  fedition  ,  leur  remontra  vive- 
ment leur  devoir.  Mais  ayant  maltraité  de  paroles  quelques-uns  de  leurs  Chefs, 
cette  Milice  infolente  fe  révolta  contre  lui  &  le  hacha  en  pièces. 

L'an  254  Bouga  le  Turc,  que  l'on  nommoit  l'Ancien,  pour  le  diftinguer  de 
l'autre  qui  étoit  plus  jeune ,  reconnoifi'ant  quelque  changement  à  fon  égard  dans 
i'efprit  du  Khalife ,  quitta  brufquement  la  Cour ,  &  tira  du  cofté  de  Moful.  Mais 
il  ne  fut  pas  plus  tôt  parti,  que  les  foldats  de  la  Garde  du  Khalife  pillèrent  fa 
Maifon.  Bouga  fur  cette  nouvelle,  retourna  fur  fes  pas  &  marcha  avec  les 
Troupes  qu'il  commandoit  vers  Samarah,  fous  prétexte  d'y  vouloir  châtier  les 
Séditieux;  mais  en  effet,  pour  fe  vanger  du  Khalife.  Ce  Prince  qui  n'ignoroit 
pas  les  mauvais  deffeins  du  Turc,  .commanda  à  Valid  Al  Magrebi  ,  d'aller  avec 
«ne  armée  au  devant  de  lui.  Ce  Magrebin  attaqua  Bouga  fi  à  propos ,  que  non 
Teulemcnt  il  défit  {qs  Troupes;  mais  encore,  qu'il  le  fit  lui-même  prifonnier, 
&  Môtaz  n'eut  pas  plûs-tôt  receu  la  nouvelle  de  cette  Viftoire ,  qu'il  envoia 
ordre  à  Valid  de  faire  coup.er  I9  tefte  à  fon  prifonnier. 

Les  Turcs  cependant  qui  s'appercevoient  tous  les  jours  que  Môtaz  vouloit 
fe  défaire  d'eux,  allèrent  prendre  Saleh  iîls  de  Vallîf  leur  General  qu'ils  avoicnt 
tué  ,  &  l'ayant  élevé  fur  leurs  épaules ,  ils  l'élurent  &  le  proclamèrent  pour 
leur  Chef  à  la  place  de  fon  père  dont  ils  regretoient  la  perte.  Après  cette 
éieîlion  ils  coururent  aufîi-tôt  à  la  Maifon  d'Ahmed  Ben  Ifmel,  Vizir  de  Môtaz., 
qu'ils  pillèrent,  &  vinrent  tout  d'un  pas,  ayant  pris  encore  avec  eux  Moham- 
;3ed,  fils  de  Bouga,  à  qui  Môtaz  venoit  de  faire  couper  la  telle,  invefiiir  le 

Palais 


M  0'  T  A  Z.         M  O'  T  A  Z  E  L  A  H.  ^^^ 

Palais  Impérial ,  &  demandèrent  infolemment  les  arrérages  de  la  paye  qui  leur 
'étok  deuë. 

Le  Khalife  ne  Te  trouvant  pas  alors  en  état  de  les  fatisfaire,  ni  de  refifter  auffi 
à  leur  violence,  fijt  tiré  hors  de  fon  Palais  &  contraint  de  s'abdiquer  lui-même 
en  faveur  de  IMohammed  ,  fils  du  Khalife  Vathec ,  qui  porta  enfuite  le  nom  de 
Mohtadi.  Après  ce  changement  qui  arriva  l'an  de  l'Hegire  255  ,  Môtaz  fut 
envoyé  à  Bagdet,  où  peu  de  temps  après  on  le  fie  mourir  de  foif  dans  la  vingt- 
quatrième  année  de  (on  âge,  après  trois  ans  &  fept  mois  de  règne.  Khofidemir. 

Ben  Schohnah  écrit  fur  cette,  même  année  de  255 ,  que  les  Atrak ,  les  Al  Mo- 
garebah,  &  les  Al  Feraênah ,  c'eft-à-dire ,  les  Turcs,  les  Magrebins  ou' Africains, 
•&  les  Faraons,  ou  Egyptiens,  fe  confedererent  enfemble  pour  attaquer  le  Kha- 
life Môtaz  dans  fon  Palais ,  &  qu'après  y  être  entrez  par  force  ,  ils  le  tirèrent 
par  les  pieds  de  defllis  fon  Throne  ,  le  battirent  avec  leurs  maffcs  d'armes  & 
l'expoferent  étendu  au  Soleil,  pour  l'obliger  par  un  traitement  fi  dur  &  fi  in- 
digne, à  figner  lui-même  fa  depofition. 

Selon  le  Leb  Tarilch ,  quelques  Auteurs  ont  écrit  que  Môtaz ,  après  avoir  été 
dépofé,  fut  mis  dans  une  étuve  où  on  lui  fit  boire  de  l'eau  à  la  glace  qui  étoit 
empoifonnée. 

Le  même  Ben  Schohnah  que  l'on  vient  de  citer,  dit^  que  la  Mère  de  ce  Kha- 
life  fe  nommoit  Cabihah,  &  non  pas,  Fatihat,  comme  Erpenius  a  lu,  du  nom 
que  le  Khalife  Motavak!:el  fon  mari  lui  avoit  donné  à  contre -fens  à  caufe  de 
fa  beauté  ;  car  ce  nom  fignifie  dans  fa  propre  fignification ,  Laide.  Cette  fem- 
me avoit  amaffé  fous  le  règne  de  fon  mari  un  fort  grand  Threfor  qu'elle  avoit 
caché  fous  terre.  Mais  le  Khalife 'Mohtadi  l'obligea  à  le  découvrir,  &  à  le 
lai  remettre  entre  les  mains.  L'on  y  trouva  un  million  de  dinars  d'or  ,  un 
Mecouk,  ou  Boifl!eau  d'Emeraudes,  &  un  autre  de  perles  avec  un  Kilegeh  de 
Rubis,  couleur  de  feu.  Le  Kilegeh  eft  une  mefure  qui  contient  le  poids  de 
trois  livres  &  trois  quarterons  Arabiques ,  le  Mecouk  contient  trois  Kilegeh ,  & 
par  confequent  onze  livres  &  un  quarteron  j  &  la  livre  Arabique  ne  pefe  que 
douze  de  nos  onces. 

Quand  Saleh,  fils  de  ValTif,  parîoit  de  cette  Princelîe,  il  difoit,  Cabbah  Allah 
Cabihat,  Dieu  enlaidifle,  c'eft-à-dire,  maudifie,  cettte  femme  qui  porte  le  nom 
*de  laide,  quoiqu'elle  foit  très-belle^  car  elle  eft  caufe  de  la  mort  du  Khalife 
Môtaz  fon  fils ,  pour  avoir  réfufé  de  donner  cinquante  mille  dinars  qui  pou- 
voient  contenter  la  Milice  Turquefque,  quoiqu'elle  polTedâft  de  fî  grands  biens. 

Cabihah  qui  avoit  quitté  la  Vilie  de  Samarah  &  s'étoit  retirée  à  la  Mecque 
après  la  mort  de  fon  fils,  maudiflbit  de  fon  cofté  Saleh  fils  de  Vaffif  &  difoit 
en  fe  plaignant  de  lui  :  Hatak  fetri ,  c'eft-à-dire ,  il  a  rompu  mon  voile ,  pour 
dire  honnefteracnt  :  Il  a  jolii  de  moi ,  il  a  tué  mon  fils  ,  il  m'a  chafl'é  de  mon 
Pays ,  &  m'a  quittée  enfin  pour  fuivre  une  femme  publique. 

MO'TAZELAH,  ou  Môtazalah.  Ce  mot  fignifie  proprement  en  Arabe, 
des  Gens  qui  fe  font  feparez  des  autres;  c'eft  pourquoi  plufieurs  Auteurs  Ara- 
bes ,  Chrétiens  &  Mahometans  ont  traduit  le  mot  Hébreu  ,  Peroufchim  ,  qui 
fignifie  les    Pharifiens,  par  le  mot  Arabe,  Môtazelah. 

Mais  les  Mahometans  donnèrent  ce  nom  particulièrement  aux  Difciples  de 
Vaflel  Ben  A'tha  Al  Gazai,  qui  ont  fait  une  Secle  particulière  qui  ne  paffe  pas 
pour  Orthodoxe  dans  le  Mahometifme. 

Tome  IL  A  a  a  a  a  VaiTel 


738  M  O  T  H  A  H  A  R.        M  p  T  H  A  L  L  A  T  H. 

VaflTel  Ben  A'tha,  duquel  il  faut  voir  le  titre  particulier  dans  cet  Ouvrage, 
ctoit  Difciple  du  fameux  Dodeur  Haiîan  Al  Bafri,  &  il  quitta  fon  Echoie  au' 
fujct  d'une  difpute  qui  s'éleva  parmi  Tes  Condilciples ,  fur  ce  que  l'on  devoit 
croire  touchant  ceux  qui  commettoient  des  péchez  griefs  dans  le  Mufulmanifme,  & 
Il  ces  gens-là  dévoient  être  reputez  Fidèles,  ou  non.  ValFel  foûtenant  unfentiment 
qui  n'étoit  conforme  ni  à  l'un  ni  à  l'autre  Parti  ,  &  qui  d'ailleurs  ne  pouvoit 
non  plus  accorder  à  fon  Maître,  qu'il  y  eut  en  -Dieu  des  attributs  feparez  de 
fon  elfence,  fortit  comme  l'on  a  déjà  dit,  de  fon  Echoie,  ce  que  voyant  Haf- 
fan,  il  dit:  Cad  êttazal  êmma  Vallel  ,  c'e(t-à-dir£  ,  Valîel  fe  fepare  ,  ou  s'ell 
feparé  de  nous.  C'ell  de  cette  parole  de  Haffan  ,  que  le  nom  de  Môtazelah 
fut  donné  à*  ceux  qui   ont  fuivi  l'opinion  de  ValFel. 

ies  principaux  fentiraens'des  Motazales  font,  qu'il  n'y  a  point  d'attributs  en 
Dieu  feparez  de  fon  cfTence,  ce  qui  leur  a  fait  donner  aufli  le  nom  de  Moât- 
tal  ,  comme  s'ils  dépoûilloient  Dieu  de  fes  attributs  comme  de  fes  ornemens, 
ce  que  porte  la  fignification  du  mot  Arabe  ,  Atal.  Car  ils  ne  veulent  point 
que  Dieu  connoiife  par  lii  fcience  ;  mais  feulement ,  par  fon  elTcnce  ,  &  ainû 
des  autres  attributs.  Ils  croyent  audî  que  la  parole  de  Dieu,  comme  l'Alcoran, 
n'ell  pas  incréée,  ni  par  confequent  éternelle;  mais  qu'elle  a  été  créée  dans  un 
fujet ,  en  quoi  ils  font  conformes  à  tous  les  Seélatcurs  d'Ali  ,  &  entièrement 
oppofez  aux  Alfchariens  que  tous  les  autres  Mufulmans  Orthodoxes  fuivent. . 
C'elt  pourquoy  les  Hifloriens  remarquent  que  le  Khalife  Vathck  &  quelques, 
autres  de  fes  fuccciTeui-s ,  amis  delà  poflerité  d'Ali,  étoient  de  la  Seéle  des  Mo- 
tazales, &  qu'Ai  Momoun  même  l'avoit  embralfée  fur  la  tin  de  fes  jours. 

Ils  difent  auflî  fur  le  fujet  de  la  Foy  ,  que  l'on  ne  peut  pas  dire  que  les 
Mufiilmans  qui  commettent  de  grands  péchez,  ayent  perdu  la  Foy,  comme  les 
Kharegiens  foûtiennent ,  ni  aulîi  que  l'on  les  puilfe  appellcr  Fidèles,  comme  font 
les  Alfchariens  ,  ne  croyant  pas  que  la  Foy  puiffe  fubfiiter  fans  les  bonnes 
œuvres. 

Il  y  a  plufieurs  fubdivifions  dans  cette  Secte.     Car  il  y  en  a  que  l'on  nomme  y 
Cadariens  .   d'autres  ,   Nadhamiens ,    &  jufqu'à  vingt  fortes  différentes,  dont  la 
plulpart  foûtiennent  que  tout  ce  que  Dieu  opère  dans  fes  créatures,  efl  toujours 
plus  expédient  pour  elles;  (Se  il  y  en  a  même  qui  l'approchent  û  fort  du  Chrifl^' 
tianifme,  qu'ils  croyent  qu'un  des  attributs  de  Dieu  peut  fe  revêtir  d'un  corps,, 
fans  que  pourtant  ils  attribuent  la  Divinité     ou  reffence  Divine  à  J.  C. 

Ces  Motazales   font  fort   fubtils    dans    la  Philofophie  &  dans   la  Théologie 
Scholaitique  ;    car  plufieurs  de  leurs  Dodeurs ,  comme  A'moud  ,  Ben  Catthan 
Al  Fafli ,  Nadham  ,  &  autres ,  avoient  lu  les  Philofophes  Grecs  ,  comme  il  .pa- , 
roît  par  leurs    Ouvrages   qui  font  tous  favorables  aux   Schiites  &  oppofez  aux 
Sunnites,     ^oyez  aulîi  le  titre  de  Giahedh. 

MOTHAHAR  Al  Sâdi.    C'efl  le  nom  d'un  Saint  des  Mufulmans  duquel 
lafêi  parle  dans  la  feftion  feptième  de  fon  Hilloire. 

MOTHx\LLATH,    ou    Mothalleth.     Ce  mot    qui  fignifie  en  Arabe  une 
chofe  divifée  en  trois ,   eft   le  titre  d'un  Poëme   compofé  par  Cothrob  Ben  Ah- 
med A  !  Bafri,    dont  chaque  vers  contient  un  mot  Arabe   qui  a  trois   fignifica- 
tions  félon  les  trois  diiFerentes  voyelles  Fathah ,  Kefra  &  Dhammah ,  dont  la 

première 


M  0  T  H  A  R  E  Z  T.  — -  M  O  T  H  T.  -73-9 

.pïamiere  de  ces  trois  lettres  radicales  efl  marquée.    .11  ell  dans  la  Bibliothèque 
rduRoy,  n^.  1147. 

MOTHAREZr.  NalTer'Bcn  A'bda'feïd,  que  l'on  nomme  encore  Borha- 
■Siedddin  Ben  Abilmoka.rem  ,  porte 'aulH  le  furnom  de  Motharezi,  à  caufe  qu'il 
étoit  Tailleur  d'habit  ,  de  race  ou  de  profeffion.  C'eft  un  des  plus  illufti-es 
.Grammairiens  des  Arabes  qui  mourut  l'an  606  oii  610  de  l'Hegire.  Il  efl:  Au- 
teur du  Mcsbah  fil  nahou,  c'eltà-dire  ,  Flambeau  de  h  Grammaire  Arabique, 
•qui  a  été  commenté  par  ElTaraïni ,  qui  a  donné  à  fon  Ouvrage  le  titre  de  Dhou , 
qui  fignifie ,  Lumière.     Il  ell  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n  .  1109.      , 

Ce  même  Auteur  nous  a  laiiré  auffi  un  Dictionnaire  Arabe ,  intitulé  Ecnrià 
lema  haui,  qui  eft  dans  la  Bibl.  R.  n^.  11 25,  &  un  autre  fous  le  nom  de  Ado. 
gareb,  ou  Mogreb. 

.    Motharezi  efl  auffi  le  furnom  de  Nadhami,  Poëte  Perfien.  Voyez  auffi  le  titre 
de  Kengi. 

MOTHAVAL.  Ce  mot,  qui  fignifie  en  Arabe  ce  qui  efl  étendu  au  lont^, 
eft  le  titre  d'un  Ouvrage  d'Ebn  Hageb  qui  efl  auffi  intitulé  Mothaual  alamani. 
,  Ce  font  des  Diélées  d'un  ProfefTcur  fur  la  Metaphyfique  &  Théologie  Scholalb"- 
que  des  Mufulmans.  Le  Scherif  Al  Giorgiani  a  fcu't  des  Haoualchi,  c'efl^-à-dire, 
des  Notes  marginales  fur  ce  Livre ,  qui  le  trouvent  dans  la  Bibliothèque  du 
Roy,  n^.  573. 

Mothaual  efl  donc  proprement  ce  qui  fait  le  corps  &  le  texte  d'un  Livre, 
&  Hafchîah,  dont  le  plurier  efl  liaouafchi,  fignifie  les  Schohcs,  ou  les  Notes 
que  l'on  écrit  à  la  marge  du  texte. 

MOTHAVAL  uMokhtaffin-.  L'Etendu  &  l'Abbregc.  Ce  font  deux  Corn- 
-mentaires  que  Tagrazani  a  écrits  fur  le  Livre  de  Gelaleddin  Al  Cazuini,  intitulé 
Talkhis  almeftah.    Il  efl  dans  la  Bibliothèque  du  Roy,  n".  1129. 

MOTHP  Billah  Ben  Moftader  Billah.  C'efi;  le  XXIII  Khalife  de  la  race 
desAbbaffides,  qui  fucceda  à  Moftakti  que  Moêzaldoulat,  Prince  de  la  Race  des 
Bouïdes,  avoit  depofiedé  l'an  334  de  l'Hegire.  Ce  Khalife  régna  fans  aucune 
autorité.  Car  Moêzaldoulat  qu'il  avoit  élevé,  ne  lui  permit  pas  d'avoir  un  Vi- 
zir; il  lui  donna  feulement  un  Kateb,  ou  Secrétaire,  qui  n'avoit  point  d'autres 
affaires  que  de  tenir  compte  de  fes  revenus  &  de  la  dépenfe  de  fa  Maifon. 

Le  peu  d'état  que  Moêzzaldoulat  faifoit  de  ce  Khalife  provenoit  de  l'inclina- 
tion qu'il  avoit  pour  les  Alides,  &  de  ce  qu'il  croyoit  que  le  Khalifat  leur  ap- 
partenoit  de  droit,  à  l'exclufion  des  Abbaffides.  L'on  dit  même  que  ce  Prince 
vouloit  élever  à  cette  dignité  Aboul  Haifan  Ben  lahia  Al  Zcîdi,  un  des  princi- 
paux Chefs  de  la  Maifon  d'Ali,  qui  s'étoit  rendu  fort  recommandable  parmi  les 
Mufulmans  par  fa  Doélrine  &  par  fa  pieté. 

Moêzzaldoulat  auroit  effeftivement  exécuté  ce  defl'ein  fi  Mohammed  Al  Za- 
meri  fon  Vizir  ne  fen  eufl  dilfuadé,  en  lui  faifant  connoître  que  ce  change- 
ment auroit  entièrement  bouleverfé  l'Etat  &  mis  fes  propres  affaires  en  grand 
defordre. 

L'an  de  l'Hegire  339  ,  les  Carmathes  rapportèrent  à  Coufah  la  Pierre  noire 
qu'ils  avoient  autrefois  enlevée  du  Temple  de  la  Mecque ,  &  ilg  publièrent  en 

Aaaaa  2  înême 


74P  M  0  T  H  I  R.  —  M  O  T  H  R  E  F. 

même  temps  que  l'ayant  oftée  du  lieu,  où  elle  étoit,  par  un  exprès  commande- 
ment du  Ciel ,  ils  l'avoient  reportée  dans  la  Ville  de  Coufah  pour  obéir  à  un 
nouvel  ordre  du  Ciel  qu'ils  avoient  reçu,  royest^  cette  Hilloire  décrite  plus  au 
long  dans  le  titre  de  Hagiar  alafTouad. 

L'an  355  de  l'Hegire,  Moczzaldoulat  mourut  dans  la  Ville  de  Bagdet,  lailTarft 
pour  fuccefleur  dans  tous  fes  Etats,  A'zzaldoulat,  ou  E'zzaldoulat  ion  fils,  fur- 
nommé   Bakhtiar ,    lequel   ne    traita    pas  mieux  le  Khalife  Mothî  qu'avoit  fait 

fon  père. 

L'an  363  ,  Mothî  fe  trouvant  accablé  d'infirmitez  renonça  au  Khalifat  en  fa- 
veur de  Thaï  fon  fils ,  entre  les  mains  duquel  il  le  remit  entièrement  après  un 
règne  de  vingt-neuf  ans  &  cinq  mois ,  &  il  ne  faut  pas  s'étonner  fi  l'on  dit  fi 
peu  de  chofes  de  ce  Khalife  ,  dont  l'Empire  avoit  duré  près  de  trente  ans , , 
puifque  nous  avons  veu  ci-deffus  qu'il  n'avoit  aucun  pouvoir,  &  que  tout  ce 
qui  s'cfi;  palfé  de  confiderable  fous  fon  règne  ,  fe  trouve  dans  les  titres  de 
Moczzaldoulat  &  des  autres  Princes  fes  contemporains. 

Ce   mot  de  Mothî  fignilâant  en  Arabe,   celui   qui  efl:  craint  &  redouté,   ou 
celui  qui  fe  fait  craindre,  fe  prend  auffi  pour  un  des  noms  &  attributs  de  Dieu, 
d'où  vient  qu'il  y  a  quelques   Auteurs    qui   ont  pris  le  furnom  d'A'bdalmothî, 
comme  Ihaia  Ben   A'bdalmothî  qui  a  compofé  un  Poëme,  intitulé  Al  FiabBen^ 
Giâadh.    Cet  Auteur  mourut  l'an  62.8  de  l'Hegire.. 

* 

MOTHIR  algaram.     Ce  qui  ôte  &  ce  qui  efl'ace  les  pecheZ; 

Mothir  algaram  ela  ziarat  al  cods  u  alfcham.     La   Remiffion  des   péchez  que- 
l'on  obtient  en  vifitant  les  deux  Temples  de  Jerufalem  &  de  Damas.     C'efl   le 
titre  d'un  Livre  compofé  par  Schehabeddin  Ahmed  ,    fils  de  Mohammed  dit  Al 
Mo:addeflî  ,  c'eft-à-dirc  ,   qui  ctoit  natif  de  Jerufalem  ou  de   la  Terre  Sainte.. 
Ce  Livre  traite   du  Pèlerinage  que  les  Mahometans  font  en  Jerufalem  pour  y 
vifiter  les  faints  Lieux  &  à  Damas,  pour  y  vifiter  le  fameux  Temple  de  faint 
Jean-Baptifi:e,  ik  du  mérite  ou,  pour  ainfî  dire,  des  Indulgences  que  l'on  gagne  ■ 
en  les  vifitant. 

Mothir  algaram  fi  ziarat  AI  Khalil.  C'efl:  le  titre  d'un  autre  Livre  compofé- 
par  Ifaac,  fils  d'Ibrahim  Al  Khalili,  qui  traite  des  Pèlerinages  que  les  Mufulmans 
font  à  Hebron  pour  y  vifiter  la  Caverne,  où  Abraham  &  les  autres  Patriarches 
fes  enfâns  font  enterrez  avec  leurs  femmes.  Le  nom  de  Khalil  fe  donne  par 
les  Mufulmans  à  Abraham  ,  à  caufe  de  fa  qualité  de  KhaHl  allàh  ,  qui  fignifie 
Ami  de  Dieu.  Et  ce  même  nom  fe  communique  auffi  à  la  Ville  de  Hebron,. 
à  caufe  du  fepulcre  de  ce  Patriarche  que  l'on  y  révère.  Ces  deux  Ouvrages  fe 
trouvent  dans  la  Bibliothèque  du  Roy. 

MOTHLEBL  Ceft  le  furnom  de  Mohammed  Ben  Edris  Al  Schaféï,  un 
des  quatre  Imams  ou-  Chefs  des  quatre  Sedes  Orthodoxes  du  Mufulmanifme. 
Cet  Imam  ou  Dofteur  porte  ce  furnom  à  caufe  qu'il  defcendoit  d'Abdal  Moth- 
leb,  Ayeul  de  Mahomet.  IL  y  a  plufieurs  Perfonnages  qui  portent  auffi  ce  mê- 
me furnom. 

M  O  T  H  R  E  F.  C'efl:  le  furnom  d'Abdalrahman  Ben  Mohammed  ,  que  l'on 
nomme  ordinairement  Mothref  Al  Andalouffi  ,  à  caufe  qu'il  étoit  né  en  Efpa- 
gnc;^. qui  a. compofé.  le  Livre  intitulé  Asbab  alnozoul  ?  c'efl-à-dircj  des  fujets  à 

r.oc- 


M  0  T  H  R  I  A.  — -  M  O  U  I  A  D.  741 

roccafion  defquels  les  difFérens  Verfets  de  l'Alcoran  font  defcendus  du  Ciel,  fé- 
lon la  croyance  des  Mufulmans.     Cet  Auteur  mourut  l'an  413  de  l'Hegire,. 

MOTHRIA.     Voyez  Akbbar  alraothria  de  Balathi. 

MOUAHEDOUN.    Voyez  Moahedoun.     ~ 

MOUAKKE'.  C'eft  le  furnom  de  Mohammed  Ben  Ahmed  Vafà ,  qui  eft 
Auteur  du  Livre  intitulé  Élham  alfîan.     Voyez  Elham. 

MOUAKKET.    Voyez  le  titre  dû  Tizini.. 

MOUANESSAH.  Ce  mot  qui  fignifie  en  Arabe  converfation  familière j 
eft  le  titre  d'un  Livre  compofé  par  Abou  Haïan.  Voyez  le  titre  de  cet  Auteur. 

MOUGIAH.  Gezaïr  Al  Mougiat.  C'eft  le  nom  de  quelqugs  Ifles  qui  fer- 
vent de  Port  &  d'entrepo3  aux  Vailfeaux  de  la  Chine  qui  n'en  eît  pas  fort  éloi- 
gnée. La  principale  de  ces  Ifles  s'appelle  Maied  ,  félon  Edrilïï ,  qui  n'eft  éloi- 
gnée qiie  de  quatre  journées,  ou  courfes  de  Vailfeau,  de  rifle  nommée  Schab, 

MOUHADDHAB.  Titre  d'un  Livre  compofé  par  Ibrahim  Al  Schirazi. 
Voyez  le  titre  de  cet  Auteur.- 

MOUHADETH  ou  Mohadcth.  Ce  mot  fignifie  proprement  un  Auteur 
de  Hadith,  c'eft-à-dire  ,  celui  qui  a  rapporté  quelques  Traditions  prétendues  de 
Mahomet ,  ou  celuy  qui  fçait  par  cœur  &  qui  a  fait  un  Recueil  de  ces  mêmes 
Traditions.  Al  Medini  eft  furnommé  par  excellence  Scheïkh  Al  Mouhadethin, 
à  caufe  qu'il  citoif,"  fiu*  tous  les  fujcts  qu'il  traitoit ,  quelqu'une  de  ces  Tradi- 
tions &  qu'il  \ms  avoit  ramaflees.     Voyez  le  titre  de  Hadith. 

MOUHADHERAH  ou  Mohadherah,  ou  Muhadherah.  Ce  mot  qui  figni^ 
fie  en  Arabe  un  entretien  ou  une  converfation  familière  ,  eft  le  titre  d'un  Li- 
vre, compofé  par  Abou  Manfor  Abdalmalek  Al  Thâlebi ,  fur  différentes  matiè-i 
res  de  Grammaire  &  de  Morale. 

Cet  Ouvrage  porte  auffi  le  titre  de  Ahfan  almahalfèn,  qui  fignifie  l'Elite  des 
meilleures  chofes; 

MOUHAKKAM  ou  Mtihakkem.  Livre  méthodique  fur  la  Grammaire  Ara- 
bique,  compofé  par  Ebn  Seïdat. 

MOUHALHAL  ou  Mohalhel.  C'eft  le  furnom  d'Amri  Al  Caïs,  le  pre- 
mier des  fept  Postes  Arabes  qui  font  Auteurs  des  Moâllacar,     Fnyez  ce  titre. 

Ce  Poëte  a  vécu  au  tems  de  la  Gentilité  ou  Paganifme  des  Arabes.    On  îuy 
donne  encore  les  noms  de  Ada  &  de  Rabiê,  &  l'on  tient  qu'il  eft  le  premier 
Auteur  de^  cette  forte.de  Poëme,  que  les  Arabes  appellent  Caffidah ,  alTez  fem- 
blable  à  nôtre  Elégie. 

M  OUI  AD  u  Ramin.  Noms  de  deux:  Princes  qui  regnoient  dans  le  Khoraft- 
fâri  au  tems  de  Narfi,  fils  de  Gudarz.    Voyez  le  titre  de.Narfi.. 

Aaaaa  3.,  MOUIADj 


74i  M  0  U  I  AD.       M  O  U  I  A  D  A  L  D  0  U  L  A  T. 

-  MOUIAD  AI  Molk.  Ceft  le  nom  d'un  des  fils  du  fameux  Nadham  AI 
Molk  ou  Nczam  Al  Mulk,  Vizir  de  Malekfchah.  Ce  Mouiad  ne  fut  pas  héth. 
tier  des  vertus  de  Ton  père;  car  il  avoit  rcfprit  fort  brouillon.  II  fçut  par  Tes 
intrigues  rentrer  dans  les  bonnes  grâces  du  Sultan  Barkiaroc  fon  Maître  ,  qu'il 
avoit  perdues  par  fa  faute.  Mais  enfin,  BarkiardI  luy  coupa  luy-même  la  tê- 
te, l^oyez  le  titre  de  ce  Sultan  &  celuy  de  Nadham  Al  Molk  fon  père,  où  l'on 
Voit  que  ce  Mouïad  fut  la  caufe  de  fa  difgrace. 

MOUIADALDOULAT  Ben  Roknaldoulat.  Uoknaldoulat ,  duquel  on 
parlera  dans  fon  titre  particulier ,  laifia  après  fa  mort  trois  enfans  .qui  partagè- 
rent fes  Etats,  à  fçavoir,  Adhadaldoulat,  Mouladaldoulat  duquel  il  elt  queftion, 
&  Fakhraldoulat,  qui  étoient  tous  trois  par  conféquent  petit-fils  de  Biiïah.  l^o- 
yez  le  titre  de  ce  Perfonnage.  , 

Mouiadaldoulat  avoit  en  partage  le  Gebal ,  c'efl  -  à  -  dire  ,  l'Iraque  Perfienne , 
dont  la  Ville  é?Ifpahan  étoit  la  Capitale  ,  &  cependant  il  eut  tant  de  déféren- 
ce pour  Adhadaldoulat  fon  aîné  ,  qu'il  n'en  voulut  pas  prendre  poffeflion  fans 
fon  aveu.  Adhadaldoulat  ,  qui  d'ailleurs  étoit  un  Prince  fort  ambitieux  ,  fut 
ga^né  par  ce  refpcft  que  fon  frère  luy  rendit  &  le  laifia  joiiir  paifiblement  de 
les  Etats  ,  pendant  que  d'un  autre  côté  ,  il  fe  fcntit  fort  piqué  de  ce  que  fon 
Cadet  Fakhraldoulat  n'en  avoit  pas  ufé  de  la  même  manière  en  fon  endroit. 

Ce  reflentiment  fit  qu'il  fufcita  Mouiadaldoulat  contre  fon  autre  frère  &  luy 
donna  même  des  Troupes,  pour  l'attaquer  dans  le  milieu  de  fes  Etats.  Mouiad 
marcha  aufii-tôt  du  côté  de  Reï,  Ville  qui  étoit  alors  la  Capitale  de  l'Etat,  qui 
appartenoit  à  Fakhraldoulat ,  &  s'empara  bientofl  par  cette  furprife  de  cette 
Ville  &  de  toutes  fes  dépendances. 

Cabous  Ben  Vafchmeghir ,  qui  fut  furnommé  Schems  almâala  ,  Prince  de  la 
Dvnaftie  des  Dilemites,  regnoit  pour  lors  dans  les  Provinces  de  Giorgian  &  de 
Thabareftan ,  qui  s'étendent  le  long  de  la  Mer  Cafpienne.  Ce  Prince ,  qui  avoit 
des  liaifons  fort  étroites  avec  Fakhraldoulat  fon  voifîn,  ne  put  pas  foutTrir  que 
Mouiadaldoulat  s'ouvrill  un  chemin  par  les  Etats  de  fon  frère  pour  venir  tom- 
ber fur  luy.  Il  mit  des  Troupes  en  Campagne  6c  réfolut  de  fccourir  avec  tou- 
tes fes  forces  Fakhraldoulat,  qui  avoit  été  déjà  contraint  d'abandonner  la  Ville 
de  Reï  &  de  la  céder  au  Vainqueur. 

Cette  jonàlion  des  l>oupes  de  Cabous  avec  celle  de  Fakhraldoulat  ,  obligea 
Adhadaldoulat  de  fortifier  des  ficnnes  l'armée  de  fon  frère  Mouiad  ,  &  le  parti 
de  celuy-ci  devenant,  par  le  iri'oyen  de  ce  grand  fecours,  le  plus  fort ,  Fakh- 
raldoulat fut  obligé  de  fe  jetter  entièremei;t  entre  les  bras  de  Cabous  ,  qui 
le  reçut  &  traita  avec  tant  de  générofité  &  de  fidélité  ,  qu'il  aima  mieux  cou- 
rir la  fortune  de  ce  Prince  fugitif ,  que  de  le  remettre  entre  les  mains  de  fon 
frère  Mouiad. 

Mouiad  ne  pouvant  rien  obtenir  de  Cabous  ,  quelque  forte  infl:ance  qu'il  lui 
filt  faire  de  lui  remettre  fon  frère  entre  les  mains,  réfolut  de  luy  déclarer  la 
guerre  &  d'entrer  avec  fon  armée  dans  le  Pays  de  Giorgian  ,  où  il  fit  de  û 
grands  progrès  ,  que  Fakhraldoulat  fut  obligé  à  une  féconde  fuite  &  de  fe  ré- 
fugier avec  Cabous  fon  Proteéleur  en  Khorafiàn. 

Le  Khorafian  dépendoit  alors  de  Nouh  ou  Noé  ,  Sultan  de  la  Dynaftie  des 
Samanides.  Tafchi ,  qui  y  commandoit  fous  les  ordres  du  Sultan  ,  reçut  fort 
bien  ces  deux  Princes  fugitifs ,   &,  le  Sultan  Nouh  entreprit  fi  hautement   leur 

pro- 


MOUIADEDDIN.  ^î  O  U  L  T  A  N. 


TâS. 


proteaion  ,  qu'en  l'an  371  de  l'Hegire  ,  il  marcha  en  perfonne  à  la  tête  d'une 
puilllmte  armée  contre  iVIouiad  ,  qui  s'étoit  déjà  emparé  de  toute  la  Province, 
de  Giorgian. 

Ce  Prince  fe  voyant  attaqué  par  trois  ennemis  tout  à  la  fois  ,  &  ne  pouvant 
pas  tenir  la  campagne  devant  eux,  mit  la  plupart  de  fes  Troupes  dans  les  Pla- 
ces de  fa  nouvelle  Lonquefte,  &  ne  s'en  referva  que  l'élite  pour  défendre  la 
principale  &  la  plus  forte ,  où  il  s'enferma  pour  ibûtenir  l'effort  de  fes  enne- 
mis. Il  y  fut  en  effet  affiegé  par  ces  trois  Princes  Confédérez  qui  l'auroient 
enfin  forcé,  s'il  n'eult  pris  la  réfolution  vigoureufe  de  les  attaquer  dans  leur 
Camp.  Ce  Prince  prit  fi  bien  fon  tems  pendant  une  nuit ,  qu'ayant  fait  une 
fortie  à  la  tête  de  les  plus  braves  Officiers,  il  fit  non-feulement  lever  le  fiége, 
mais  il  les  pouffa  encore  fi  vivement ,  qu'ils  furent  obligez  d'abandonner  en- 
tièrement le  Giorgian ,  &  de  fe  retirer  promptement  avec  leurs  Troupes  fort- 
délabrées  dans  la  Province  du  Khoraffan. 

Après  cette  retraite  honteufe,  que  la  bravoure  de  Mouiad  fit  faire  à  fes  en- 
nemis ,  ce  Priflce  demeura  paifiMe  Poffeffeur ,  non-feulement  de  l'Iraque  Perfien- 
nc,  mais  encore  du  Giorgian  &  de  tous  les  autres  Etacs  que  les  Dilemites  pof- 
fédoient  fur  la  Mer  Cafpienne,  &  mourut  glorieux  ,  après  fept  ans  de  règne, 
l'an  373  de  l'Hegire. 

Mouiadaldoulat  eut  le  bonheur  d'avoir  pour  Vizir  le  plus  excellent  homm© 
de  fon  tems,  nommé  Ebn  E'bad,  furnommé  Saheb.  Il  faut  voir  le  titre  de  ce 
Perfonnage  &  celuy  de  Fakliraldoulat  ,  qui  demeura  trois  ans  entiers  dépouillé 
de  fes  Etats  dans  le  Khoraffan.    Khondemir. 

MOUIADEDDIN  Ben  Al  A'icami.  C'ell  le  nom  du  Vizir  du  Khalife 
Mofiiâdhem ,  dernier  Khalife  de  la  race  des  Abbaffides.  l^oyez  la  perfidie  &  la 
trahifon  de  ce  Miniffre  dans  le  titre  de  iMoftâdhem. 

MOU'ID  al  Nàim  v  Moubid  alnakam.  Traité  du  Gouverncmei?C  politique 
des  Etats,  compofé  par  Sobeki. 

MOUIN^Ben  Scfî.     C'eft  le  nom  d'un  Auteur  qui  a  écrit  fur  les  Arbâïn. 

MOUIN  eddin.  C'eff  le  furnom  de  Pervaneh  Cafchi  ,  Tuteur  de  Caïkhof- 
rou  Ben  Soliman,  Sultan  de  la  ,Dynaffie  des  Selgiucides  de  Roum  ou  de  Nato- 
lie.     i^oyez  le  titre  de  ce  Sultan  &  de  cette  Dynaftie. 

MOULA.  C'eft  le  même  que. Meula.  Voyez  ce  titre.  Moula  Haffan  eftie 
même  que  Muleihaffem,  comme  nos  Hifforiens  l'appellent,  Roy  de  Tunis,  qui 
fut  chaffé  par  Khaïreddin  ,  que  nous  floramons  ordinairement  Barberouffe  ,  & 
rétabli  par  Charles-Quint  l'an  943  de  l'Hegire ,  qui  efl  de  J.  C.  1536. 

MOULTAN  ou  Multan.  C'efl  le  nom  d'une  Province  ou  pi ûtofl  d'un  Ro- 
yaume qui  fait  partie  du  grand  Pays  ,  que  les  Arabes  appellent  Sind  ,  qui-  cÛ 
proprement  l'Inde  ou  les  Indes  de  de-çà  le  Gange  ,  &  tout  ce  qui  eft  de-çà  & 
de-l'i  le  Fleuve  Indus. 

Le  Multan  confine  avec  le  Zableffan  du  côté  du  Septentrion ,  &  plufieurs  Géo- 
graphes comptent  ces  deux  Provinces- parmy  celles  qui  compofenc  ce  que  noua 
appelions  le  grand  Empire  de  Perfe. 

LIali- 


744.  MOU  M.  !-  MOUSSA. 

Mahmoud  Ben  Sebekteghin  ,  premier  Sultan  de  la  Dynailie  des  Gaznevides , 
conquit  fur  les  Indiens  Idolâtres  le  Royaume  de  Multan,  &  y  trouva  une  Idole 
qui  repréfentoit  un  Jiomme,  vêtu  de  maroquin  rouge,  aflis  fur  un  Trône  quarré, 
auquel  les  Indiens  qui  le  vifitoient  en  pèlerinage  faifoicnt  de  grands  préfens. 
Mais  depuis  que  cet  Etat  fut  tombé  entre  les  mains  des  Mahometans  ,  ces 
Princes  tournèrent ,  à  leur  profit ,    toutes  Iqs  offrandes  que  l'on  faifoit  à  cette 

Idole. 

Iletmifch,  qui  étoit  un  de  ces  Efclaves  que  Schehabeddm  ,  Sultan  des  Gauri- 
des ,  avoit  élevés  &  qui  partagèrent  les  Etats  de  ce  Prince  après  fa  mort ,  fit  la 
guerre  à  Naffireddin  Cobah,  &  le  dépouilla  du  Royaume  de  Multan. 

La  Ville  de  Kenaouge  pafie  pour  être  la  Capitale  de  ce  Royaume  ,  &  c'cft 
dans  cette  Ville  que  quelques  Géographes  Orientaux  ont  placé  le  premier  Me- 
ridien  ,  &  d'où  ils  comptent  les  degrez  de  Longitude  ,  en  tirant  du  côté  de 
'Orient. 

MOUM.  Ce  motj^  qui  fignifîe  proprement  de  la  Cire  &  mêrn^  du  Suif  chez 
les  Perfans  &  chez  les  Turcs ,  efl  auflî  le  nom  propre  d'un  vaillant  homme  par- 
my  les  Perfans ,  lequel  fit  prifonnier  Afrafiab  ,  Roy  des  Turcs  Orientaux ,  qui 
faifoit  la  guerre  à  Caïkhofrou  ,  Roy  de  Perfe  de  la  féconde  Dynailie,  nommée 
des  Caïaniens  ou  Caïanides. 

M  OU  MI  A.  Ce  mot  qui  efl  formé  de  celuy  de  Moum ,  fignifîe  la  chair 
d'un  corps  humain  confervée  dans  les  fables  ,  après  qu'elle  a  été  embaumée. 
On  en  trouve  aufïï  dans  des  fepulcres  voûtez,  comme  en  Egypte,  mais  la  plus 
grande  partie  des  Moumics  de  l'Orient  fe  tirent  d'une  Caverne  ,  qui  eft  affez 
proche  de  la  Bourgade ,  nommée  Abin ,  fituée  dans  la  Province  de  Fars ,  qui 
efl  la  Perfe  proprement  dite.  * 

MOUNGAKA.    Voyez  Mangu  &  Mangulîa. 

MOUNTEKHAL.  C'efl  le  nom  d'un  Florilège  recueilli  des  anciens  Poè- 
tes Arabes  ,  par  Aboulfadhl  Al  Menkhali  ou  Mikhali.  C'efl  de  ce  Livre  que 
Thâlebi  a  tiré  fon  Ouvrage,   qu'il  a  intitulé  Montckhab  al  MounCekhal. 

MOURON.  C'efl  ce  que  les  Grecs  appellent  juv^ov^  qui  efl  proprement  le 
baume  de  Matarée  ,  lieu  d'Egypte  ,  d'où  les  Chrétiens  Orientaux  tiroient  le 
Chrefme  de  la  Confirmation.  C'efl  pourquoy  tous  ces  Chrétiens  ,  de  quelque 
langue  qu'ils  foient,  ont  confervé  ce  mot  dans  leurs  Rituels. 

MOUS  CH  A  M.  Nom  d'une  des  Ifks  que  nous  appelions  aujourd'huy  les 
Maldives.    Voyez  le  titre  de  Dambac. 

MOUSSA  Ben  Amran,  Ben  Cahath,  Ben  Laoui,  Ben  Jacoub.  C'efl  Moyfe 
le  Prophète,  qui  étoit  fils  d' Amran,  fils  de  Caath,  fils  de  Levi  ,  fils  de  Jacob, 
qui  efl  furnommé  par  les  Mufulraans  Kelim  Allah  ,  à  caufe  qu'il  parloit  fami- 
lièrement avec  Dieu. 

Moyfe,  félon  le  Tarikh  Khozideh  ou  Montkheb,  naquit  cinq  cent  &  iîx  ans 
après  le  déluge  ,  &  perdit  fon  père  un  mois  après  qu'il  fufl  né.  Le  Pharaon 
qui  regnoit  pour  lors  en  Egypte  &  qui  portoit  le  nom  de  Valid ,   avoit  épou- 


MOUSSA.  '     74S 

fé  la  nîéce  d'Amran ,  nommée  Aflîah  ,  laquelle  étoit  par  conféquent  Coufine 
Germaine  de  Moyie ,  &  cette  alliance  rendoit  Amran  des  plus  conudérables  dans 
la  Cour  de  Pharaon. 

Ce  grand  crédit  d'Amran  n'empêcha  pas  que  Nagiah ,  mère  de  Moyfe  ,  n'eût 
de  la  crainte  pour  fon  ûls  que  Pharaon,  vu  l'averfion  qu'il  avoit  pour  fa  Na- 
tion, ne  le  fifl  mourir.  Cette  crainte  luy  fit  expofcr  fon  fils  enfermé  dans  un 
petit  coffre  fur  le  Nil,  &  il  arriva  que  le  courant  de  l'eau  le  porta  jufleraent 
proche  le  Palais  de  Pliaraon,  où  il  fut  recueilli  &  nourri  cnfuite  dans  la  Mai- 
îbn  du  Roy  avec  fes  autres  enfans. 

Moyfe  véquit  jufqu'à  l'âge  de  quarante  &  un  an  dans  le  Palais  de  Pharaon , 
Jufqu'à  ce  qu'ayant  tué  un  jour  un  Egyptien  qui  maltraitoit  quelque  Juif,  il 
fut  obligé  de  quitter  le  Pays  &  de  s'enfuir  en  Arabie ,  où  il  fut  reçu  par  Schoâïb 
jqu  Jethro,  grand  Prêtre  &  Prophète  du  peuple  de  Midian,  qui  font  les  Madia- 
nites. 

..  Schoâïb  voulut  arrêter  Moyfe  dans  fon  pays  en  luy  donnant  fa  fille  en  ma- 
rîage;  mais  il  ne  put  le  retenir  fi  long-tems  qu'il  auroit  fouhaité.  Car  Moyfe, 
prelTé  du  defir  de  revoir  Nagiah ,  fa  mère ,  Haroun  ou  Aaron ,  fon  frère  aîné , 
&  ceux  de  fa  Nation,  prit  congé  de  fon  beau-père  &  la  route  de  l'Egypte  par 
la  Montagne  de  Thour  ou  Tor  ,  qui  cil  le  mont  Sinaï.  Ce  fut  au  pied  de 
cette  montagne  qu'il  reçut  de  Dieu  le  don  de  Prophétie  &c  le  commandement 
d'aller  trouver  Pharaon  ,  de  fa  part ,  pour  obtenir  de  luy  la  délivrance  de  fon 
peuple. 

Ce  Prophète  ne  fut  pas  plûtoft  arrivé  en  Egypte ,  qu'il  communiqua  à  fon 
frère  Haroun  le  don  de  Prophétie  qu'il  avoit  reçu,  afin  qu'il  le  iervit  en  tou- 
tes choies  pour  l'exécution  des  ordres  de  Dieu.  Ils  fe  préfenterent  donc  tous 
deux  enfemble  devant  Pharaon  ,  auquel  Moyfe  ,  faifant  paroître  fa  main  qui 
étoit  d'une  blancheur  &  d'un  éclat  extraordinaire  ,  &  ayant  enfuite  changé  la 
verge  qu'il  tenoit,  en  ferpent,  ne  put  pas  cependant  obtenir  de  luy  la  délivran- 
ce de  fon  peuple.  Car  quoique  ce  Prince  fufl  fort  ébranlé  par  les  grands  mi- 
racles que  Moyfe  fît  enfuite  pour  autorifer  fa  Million ,  les  Magiciens  qui  firent 
plufieurs  préftiges  pour  contrefaire  les  miracles  de  Moyfe  ,  luy  endurcirent  tel- 
lement le  cœur,  qu'il  ne  pufi;  fe  réfoudre  d'accorder  là  hberté  à  ce  peuple  que 
Dieu  vouloit  retirer  de  fes  mains. 

Moyfe  ne  laifla  pas  de  fe  mettre  à  la  tête  de  fix  cent  mille  hommes  de  fa 
Nation  &  de  paffer  par  le  milieu  des  eaux  de  la  Mer  de  Caizum  ,  qui  eft  la 
mer  rouge,  où  Pharaon  qui  les  pourfuivoit,  fut  fubmergé  avec  tous  les  fiens. 

Le  même  Auteur  du  Tarikh  Montekheb  écrit  ,  que  les  Ifrachtes  ayant  pafl'ê 
la  Mer  Rouge  ^arrivèrent  en  un  lieu  de  l'Arabie  ,  nommé  Mag/mâ  albahreïn  , 
mots  qui  fignifient  l'Union  ou  la  Rencontre  de  deux  Mers,  &  que  Khedher, 
que  les  Mufulmans  les  plus  groffîers  croyent  être  le  même  que  le  Prophète  Elic, 
qui  ne  vint  cependant  au  monde  que  long-tems  après  ce  pafTage,  fe  préfenta  k 
eux ,  pour  leur  fervir  de  Guide  dans  le  grand  défert  nommé  Tiah  ,  qu'ils  dé- 
voient traverfer. 

Les  Mufulmans  réduifent  le  tems  des  quarante  années  que  les  Ifraëlites  em,- 
ployerent  à  traverfer  ce  défert,  à  quarante  jours,  comme  au  contraire,  ilsf^nt 
monter  le  nombre  des  huit  perfonnes ,  qui  s'enfermèrent  dans  l'Arche  du  tems 
du  Déluge,  jufques  à  quatre-vingt,  &  ils  difent  auffi,  que  les  difficultez  que  les 
mêmes  Ifraëlites  trouvèrent  dans  ce  voyage ,   auroient  été  infurmon tables  fans 

Tome  IL  B  b  b  b  b  le 


^4,5  MOU    S    S    A. 

le  fecours  de  Khedher,  que  Dieu  leur  envoya  exprefle^ment  pou?  h^  fovfifîer. 
Car  ce  fat-là  qu  ils  eurent  à  combattre  Aoug'  Anak  ,  que  l'Ecriture  fainte  ap^ 
pelle  Gog,  lequel  étoit  de  la  race  de  ceux  que  les  Livres  facrez. appellent  A  na- 

kim  ou  Geans.  ,,,/.,  •     , ,      , 

L'on  peut  remarquer  icy  en  panant ,  a  1  occafion  de  cette  mam  blanche  &. 
luidmte  de  Moyle  qui  opéra  en  Egypte  toutes  ces  grandes  merveilles,  dont  on 
parlera  cy-aprè's,  que  les  Mufalraans  parlant  d'un- homme  qui  fait  des  chofes  ex- 
traordinaires ,  comme  d'un  Médecin  dont  les  cures  font  admirables ,  difent , 
qu'il  a,  lad  Be'idhu,  c'ell-à  =  dire  ,  la  main  blanche  de  Moyfe,  &  le  foufflc  ou, 
l'haleine  du  MelTie. 

Quoyque  l'hiftoire  de  Moyfe  foit  couchée  aflcz  au  long  dans  un  Chapitre  de 
l'Alcoran,  intitulé  Aaraf,  les"  Commentateurs  de  ce  Livre  ne  lailTent  pas  de  l'é- 
tendre encore  davantage  &  de  la  charger  de  plufieurs  contes  fabuleux ,  tirez  des 
livres  des,  Juifs,  ou  de 'je  ne  Içai  quelles  Traditions  anciennes,  autorifées  parmy 
eux,  &  qu'ils  mêlent  fans  diftinclion  avec  les  Faits  véritables  qui  font  couchez 
dans  nos  Ecritures. 

Moyfô,  félon  eux,  s'étant  enfui  d'Egypte  fe  retira  au  Pays  de  Medine ,  ou 
pjûtofb  de  Midian  ou  des  Madianites  auprès  du  Prophète  Schoâïb,  c'efl  Jethro, 
que  Dieu  avoit  envoyé  à  ce  peuple  pour  le  tirer  de  l'Idolâtrie  dans  laquelle   il 


voir 
'une 

rivière  ,  nommée  Aïmen  ,  une  Robe  de  Prophète  avec  une  Verge  ou  Baflon. 
AuOî-toft  qu'il  fe  fut  revêtu  de  cette  Robe  &  qu'il  euft"  pris  cette  Verge  en 
main ,  fa  main  devint  tout-à-coup  couverte  d'une  blancheur  éclatante  ,  &  alors 
Dieu  luy  étant  apparu,  il  reçut  de  fa  part  l'ordre  d'aller  trouver  Pharaon  pour 
l'inftruire  en  la  foi  d'un  feul  Dieu ,  &  pour  lui  demander  la  liberté  des  Ifraëlites 
qu'il  avoift-éduits  en  fervitude  ,  avec  la  permifîîon  de  pouvoir  aller  en  la  Ter- 
re de  Chanaan,  pour  prendre  polîeffion  de  Tancien   patrimoine  de  leurs  pères. 

Pharaon ,  après  avoir  oiii  les  propofitions  de  Moyfe  ,  lui  demanda  quel  fîgne 
il  pouvoit  donner  pour  l'afllirer  de  la  vérité  de  fa  Commiflîon  ,  &  de  la  puis- 
fance  de  celuy  de  la  part  duquel  il  luy  parloit.  Car  les  lettres  de  créance  des 
Pro'phétcs,  luy  difoit-il ,  font  les  Miracles.  Moyfe  jetta  auffi-tofl  par  terre  la 
Ver'^e  qu'il  tenoit  en  main,  &  Pharaon  vit  en  même  tems  un  Dragon  épouvan- 
table, qui  avoit  la  gueule  ouverte  &  qui  le  regardoit  fixement.  Ce  prodige  in- 
opiné ietta  une  û  grande  frayeur  dans  le  cœur  de  Pharaon  &  de  tous  les  fiens, 
qu'ils  prirent  incontinent  la  fuite,  prièrent  Moyfe  de  faire  difparoiftre  ce  mon- 
ftre  &  luy  promirent  de  luy  accorder  fes  demandes.  Moyfe  prit  auflî-toft  ce 
Dragon  par  la  tête,  &  il  ne  fe  trouva  dans  fa  main  que  la  fimple  Verge  qu'il 
portoit  auparavant. 

Le  même  Pharaon  s'étant  un  peu  raffuré ,  demanda  à  Moyfe ,  s'il  n'avoit  point 
d'autres  fignes  ou  miracles  à  luy  faire  voir?  Et  Moyfe  lui  ayant  témoigné  que 
fon  pouvoir  netoit  pas  fi  borné,  lui  monflra  auffi-toft  fa  main  droite  qui  étoit 
suffi  brune  que  fon  vifage  ,  &  après  l'avoir  mife  fous  fon  ailTelle  ,  il  la  retira 
auffi  blanche  que  la  neige  &  aufli  claire  qu'un  aftre ,  dont  l'éclat  faifoit  impref- 
fion  dans  l'air  &  fur  la  terre. 

Ce  Prince  ,  après  avoir  vu  ces  deux  chofes  qui  étoient  fi  extraordinaires ,  af- 
fembla  un  Cqy^q'û  ,  compofé  des  plus  grands  Seigneurs  de  fon  Etat ,  pour  déli- 
bérer 


M    O    0    s    s    A. 


7M 


Wref  fur  ce  qu'il  y  avoit  à  faire  dans  une  pareille' conjonfture.  Le  réfultat  du 
Confeil  fut,  qu'il  falloit  entretenir  Moyfe  de  belles  efpérances ,  &  faire  venir 
cependant  à  la  Cour  les  plus  habiles  Magiciens  de  l'Egypte  ,  dont  le  nombre 
étoit  pour  lors  fort  grand  dans  le  Pays  appelle  Saïd,  qui  efl  la  ThebaïJe,  pour 
les  oppofer  à  cet  homme  qui  leur  paroilîbitêtre  le  plus  expert  de  tous  ceux, 
dont  on  avoit  entendu   parler  jufqu'aiors. 

-  On  dépêcha  donc  aufîî-tofl:  des  Exprès  aux  Magiciens  les  plus  célèbres  de  tou- 
te l'Egypte,  afin  qu'ils  comparuflent  devant  Pharaon.  Sabour  &  Gadour  ,  frè- 
res,, qui  étoient  des  Principaux,  fe  mettant  en  état  d'obéïr  aux  ordres  du  Prin- 
ce, allèrent  par  le  confeil  de  leur  mère,  vifiter  le  fépulcre  de  leur  père,  pour 
le  confulter  fur  le  bon  ou  le  mauvais  fuccès  de  leur  voyage.  Ils  l'appellerent 
par  fon  nom,  &  lui  leur  ayant  répondu  qu'il  étoit -là  pour  les  entendre,  ils 
lui  dirent  qu'il  étoit  arrivé  en  Egypte  deux  frères  ,  car  Aaron  accorapagnoit 
toujours  Moyfe,  lefquels  avoient  réduit,  fans  armes,  ni  foldats,  les  affiiires  de 
Pharaon  en  très-mauvais  état  ;  que  ce  Prince  les  avoit  mandez  pour  s'oppofer  à 
eux  ,  &  pour  combattre  leurs  prelliges  par  d'autres  encore  plus  grands  ;  qu'ils 
avoient  une  Verge  qui  fe  transformoit  en  Dragon,  qui  devoroit  tout  ce  qui  fe 
préfentoit  devant  lui. 

Le  Père  ayant  entendu  le  difcours  de  fes  deux  enfans,  leur  parla  en  ces  ter- 
mes :  Auffi  -  toit  que  vous  ferez  arrivez  à  la  Cour  de  Pharaon ,  informez  -  vous ,  li 
la  Verge  dont  vous  me  parlez ,  fe  change  en  dragon  pendant  leur  fommeil ,  ou 
non?  Car  les  enchantemens  qu'un  Magicien  peut  faire,  n'ont  nul  effet  pendant 
qu'ils  dorment,  &.  fçachez  que  s'il  arrive  autrement,  nulle  créature  ell  capable  de 
refifter  à  ces  deux  perfonnes. 

Ces  deux  Magiciens  étant  donc  arrivés  dans  la  Ville  de  Monf,  ou  Memphis, 
qui  étoit  pour  lors  la  Capitale  de  toute  l'Egypte,  s'informèrent  exaélement  de 
toutes  les  chofes  dont  leiu-  père  les  âvoit  inllruits  &  apprirent  avec  grand  éton- 
nement  que  toutes  «&  quantes  fois  que  Moyfe  &  Aaron  fon  frère  prettoicnt  leur 
repos  ,  leur  Verge  devenoit  auffitoft  un  Dragon  qui  veilloit  à  leur  garde ,  & 
qui  ne  laiflbit  approcher  d'eux  aucune  perfonne. 

Les  Magiciens  bien  furpris  d'une  fi  étrange  nouvelle ,  ne  laifTerent  pas  de  fe 
prefenter  devant  Pharaon  avec  tous  les  autres  qui  avoient  couru  à  ce  grand 
fpeflacle,  que  quelques  Auteurs  font  monter  jufqu'au  nombre  de  foixante  &  dix 
mille.  Car  outre  ces  deux  frères  qui  étoient  venus  avec  tous  leurs  Difciples, 
il  en  arriva  deux  autres,  nommez  Giaath  &  Mosfa ,  qui  font  peut-être,  Jam- 
Tiés,  &  Mambrés,  desquels  faint  Paul  fait  mention,  dont  la  fuite  n'étoit  pas 
moindre.  Et  enfin,  le  grand  bimeon.  Chef  &  Souverain  Pontife  de  tous  les 
Prêtres  d'Egypte ,  &  de  tous  ceux  qui  faifoient  profeffiôn  particulière  de  Magie, 
vint  auffi  en  grande  compagnie. 

Tous  ces  Prêtres  Idolâtres  &  Magiciens  avoient  préparé-  des  baguettes  &  des 
cordes  pour  contrefaire  le  miracle  de  Moyfe ,  &  auffi  -  toft  que  ce  ^Prophète  eut 
jette  fa  Verge  par  terre,  &  qu'elle  fut  devenue  un  Serpent,  ils  jecterent  auffi 
leurs  baguettes  &  leurs  cordes  qu'ils  avoient  remplies  de  vif  argent  au  dedans , 
lesquelles  fe  mirent  en  mouvement  &  firent  plufieurs  plis  &  replis  les  uns  fur 
les  autres,  auffi -tofl  qu'elles  fentirent  la  chaleur  du  terrain  échauffé  par  les  ra-  ' 
yons  du  Soleil.  La  plûpajt  des  Speétateurs  qui  n'ofoient  pas  approcher  de  fi 
près,  crurent  d'abord,  à  voir  le  mouvement  de  ces  Baguettes,  que  c'étoient  de 
verit-ables  Serpens;  mais  ils  en  furent  bientoll  desabuiez  lorfqu'ils  virent  que  le 

B  b  b  b  b  2  Ser- 


74^  ISI    O    U    S    S    A. 

Serpent  de  Moyfe  mit  en  pîl^ces  &  dévora  tous  ces  faux  Serpens ,    &  ils   furen 
fi  effîaj^ez  de  ce  fpeftacle  qu'ils  prirent  tous  la  fuite  ,   aufîî  bien  que  les  Magi- 
ciens mêmes  qui  commençoient  à  craindre  pour  leurs  propres  peribnnes. 

Sabour  &  Gadour  reconnurent  fur  le  champ  la  puifTance  du  vrai  Dieu  au  nom 
duquel  Moyfe  parloit  Ils  l'adorèrent  en  la  p-efence  même  de  Pharaon  qui  dé- 
fendoit  à  les  fujets  d'en  adorer  un  autref^que  lui,  &  ils  perfiflcrent  dans  leur 
profeffion  de  foi ,  non  -  obftant  toutes  fcs  menaces  ,  jufqu'à  ce  qu'ils  furent  con- 
damnez à  avoir  les  pie.is  &  les  mains  coupées,  &  à  être  enfuite  attachez  à  des 
gib-'ts,  fur  la  fauffe  fuppolition  que  ces  gens -ci  avoient  été  gagnez  par  Moyfe 
&  par  les  Ifraëlites,  pour  favorifer  leur  délivrance. 

Les  Principaux  Confeillers  de  Pharaon  remontrèrent  à  ce  Prince  ,'  qu'il  étoit 
étrange  de  voir  qu'il  punifl  les  propres  fujets,  &  pardonnait  à  Moyfe  &  aux 
Ifraëlices.  Mais  Pharaon  qui  fçavoit  bien  n'avoir  pas  le  pouvoir  de  rien  entre- 
prendre contre  Moyfe,  leur  répondit:  Le  châtiment  que  je  prépare  aux  Juifs 
efl  beaucoup  plus  grand  que  vous  ne  penfez.  Car  je  les  extcrmineray  tous  dans 
peu  de  temps  par  le  commandement  que  j'ai  fait  aux  Sage -femmes,  de  mettre 
à  mort  leurs  enfans  mâles,  &  de  ne  referver  que  les  femelles.  Btïdhaoïà.  Za^ 
tmkhfchari.     Hou[Taïn  l^aêz^  ^c. 

Dans  le  Chapitre  Aàraf,  qui  a  déjà  été  cité,  Mahomet  fait  dire  à  Dieu  ces 
paroles:  Nous  avons  écrit  pour  Moyfe  fur  des  Tables  toutes  ces  chofes  en  particu- 
lier, qu'ils  (^c'eft- à-dire  les  Ifraëlites)  doivent  olferver,  tant  à  regard  de  ce  qui 
efl  commandé,  que  de  ce  qui  eft  défendu  ,  ^  recevez-  les  avec  refpe^  ^  commandez  à 
vôtre  peuple  d<?  les  garder  Joignmfement.  v  katabna  laho  fi  alalouah  men  kolfcheï, 
mouœdhat  taffilan  lekol  fchei.  Les  Interprètes  qui  ont  été  déjà  citez,  glofenfe 
ainfi  ce  paflage:  Nous  avons  ordonné  à  la  plume,  ou  au  burin  celefle  d'écrire, 
ou  de  graver  ces  Tables ,  ou  bien  nous  avons  commandé  à  Gabriel  de  fe  fervir 
de  la  plume,  qui  eft  l'invocation  du  nom  cle  Dieu,  &  de  l'encre  qui  efl  puifée 
dans  le  Fleuve  des  lumières,  pour  écrire  la  Loy. 

Le  nombre  de  ces  Tables  va  jufqu'au  nombre  de  fept  félon  quelques-uns,  & 
félon  les  autres  jufqu'à  dix.  Mais  les  Hébreux  n'en  comptent  que  deux.  Ces 
Tables  qui  avoient  chacune  dix  ou  douze  coudées  de  longueur,  étoient,  félon 
quelques  Auteurs,  faites  d'une  efpéce  de  bois  que  les  Ai"abes  appellent,  Sedr, 
ou  Sedrat,  qui  eft  une  efpéce  de  Lot,  que  les  Mufulmans  plantent  dans  le  Pa- 
radis. Les  autres  veulent  qu'elles  fuffent  de  Rubis  rouge  ,  ou  Efcarboucle.  . 
Mais  la  plus  commune  opinion  eft,  qu'elles  étoient  faites  d'Emeraudes,  au  de- 
dans desquelles  les  Caraéleres  étoient  taillez,  enforte  que  l'on  les  pouvoit-lire  de 
tous  les  cotez. 

Moyfe  apportoit  ces  Tables  du  haut  de  la  Montagne  au  peuple ,  lorfqu'il  ap* 
prit  la  fabrique  du  Veau  d'Or.  Cette  nouvelle  échauffa  tellement  le  zèle  qu'il 
avoit  pour  l'honneur  de  Dieu  &  pour  le  falut  de  fon  peuple,  qu'il  \qs  jetta  par 
terre.  Quelques  Interprètes  difent,  qu'il  ne  les  jctta  pas;  mais  qu'il  les  laifiâ 
tomber  de  ks  mains  &  qu'il  fembla  qu'il  les  avoit  jettées.  Mais  de  quelque  ma- 
nière que  cecy  foit  arrivé,  les  Tables  furent  rompues  &  les  morceaux  furent 
reportez  au  Ciel  par  les  Anges,  à  la  referve  d'une  feule  pièce  de  la  grandeur 
d'une  coudée  qui  demeura  fur  terre ,  &  qui  depuis  fut  mife  &  confervée  dans 
l'Arche  d'Alliance.  C'cft  cette  Table  qui  porte  le  nom  de  Hoda  v  Rahmat, 
c'eft-à-dire,    La  Table  de  la  Mifericorde.  ' 

Houlfuïn  Vâez  rapporte  la  Tradition  fuivante  fondée  fur  quelques  paroles  de 

l'Alcoran 


MOUSSA.  rA9 

PAIcoran  qui  font  couchées  dans  le  Chapitre  A'araf ,  &  qui  feront  citées  à  la  fin  de 
cette  Hifloire,  à  fçavoir,  que  les  Ifraëlites  ayant  reçu  de  Moyfe  la  Loy  que 
Dieu  lui  avoit  donnée  fur  le  Mont  Sinaï,  quelques  incrédules  dirent  parmy  eux, 
que  Dieu  ne  lui  avoit  point  parlé-,  &  qu'il  avoit  écrit  lui  -  même  fur  les  Tables  ce 
qu'il  lui  avoit  plu.  Ce  murmure  fut  caufe  que  Dieu  commanda  à  Moyfe  de 
choifir  foixante  &  dix  d'entre  les  Anciens  du  peuple  pour  les  faire  monter  avec 
lui  fur  la  Montagne,  afin  qu'ils  fulfent  témoins  de  ce  qu'il  lui  diroit. 

Moyfe  en  exécution  des  Ordres  de  Dieu  ,  choifit  foixante  &  dix  perfonncs 
d'entre  les  douze  Tribus  du  peuple  &  les  conduifit  avec  lui  fur  le  fomraet  du  Mont- 
Sinaï.  Mais  auflî-toft  que  ces  foixante  &  dix  perfonnes  y  furent  arrivez,  une 
nuée  épaifl'e  les  fepara  de  Moyfe  qui  entra  dans  la  nuë  &  parla  feul  avec  Dieu. 
Pendant  cet  entretien  les  Vieillards  fe  proftcrnerent  en  terre  &  entendirent  les 
paroles  que  Dieu  dit  à  Moyfe,  qui  confifl:oient  en  ce  que  les  Arabes  appellent, 
Emr  u  Nehi  ;  Vàad  u  Vaîd ,  c'eft  -  à  -  dire ,  en  préceptes  affirmatifs  ou  négatifs ,. 
en  promelfes  &  en  menaces, 

Moyfe  après  avoir  reçu  les  Ordres  de  Dieu,  fortit  de  la  nuë,  &  dit  aux 
Vieillards  :  Vous  avez  oui  tout  ce  que  Dieu  m'a  dit ,  fur  quoi  ils  lui  répliquè- 
rent, nous  avons  véritablement  oui  des  paroles;  mais  nous  ne  pouvons  pas  fça- 
vok  qui  les  a  proférées,  puisque  la  nuée  nous  empèchoit  de  le  voir,  de  forte 
que  fi  vous  voulez  que  nous  ajoutions  foi  à  vos  paroles,  faites  nous  voir  à 
découvert  ce  Dieu  qui  vous  parle,  &  ce  fut  alors  que  la  colère  de  Dieu  éclata  fur 
ces  incrédules  par  un  tremblement  de  terre  ,  excité  par  un  bruit  épouvantable, & 
accompagné  d'un  feu  dévorant  qui  les  confuma  tous,fuivant  ce  qui  efl;  porté  dans 
le  même  Chapitl'e  A'araf,  qui  a  été  déjà  cité,  par  ces  paroles:  fa  lama  akhadha- 
thom  alragfat,  c'eft  -  à-dire,  â?  alors  un  tremblement  les  furprit  ,  ce  que  quelques' 
Interprètes  entendent,  non  point  d'un  tremblement  de  terre;  mais  d'un  tremble- 
ment de  tout  leur  corps,  dont  tous  les  membres  furent  tellement  disloquez ^ 
qu'ils  demeurèrent  dans  une  agitation  continuelle. 

L'Hiftoire  du  Veau  d'or  qui  n'efl:  touchée  que  légèrement  par  Mahomet  dans 
le  même  Chapitre,  fe  trouve  beaucoup  dus  étendue  chez  les  Interprètes  du 
Verfet  de  l'Alcoran  qui  en  parle.  Vo'ci  le  pallage' du  texte  Arabique:  Vatra- 
khadh  Caum  Moulfa  men  bâdehi  men  Holaïhem  âgelan  giafedan  laho  khaouar, 
c'efl  -  à  -  dire ,  Les  Jfraëlites ,  après  que  Moyfe  les  eut  quittés^  pour  monter  fur  la 
Montagne  de  Sinaï  ,  firent  de  leurs  bracelets  &'  autres  ornemens  de  métal  un  veau 
qui  n'étoit  qu'un,corps  fans  anK  ,  ê?  ([ui  nmgiffoit  néanmoins  comme  un  bœuf. 

Voici  de  quelle  manière  les  Interprètes  racontent  cette  Hifloire.  Quand  les 
Ifraëlites  furent  fur  le  point  de  partir  d'Egypte  pour  ôter  aux  Egyptiens  tout 
foupçon  de  leur  fuite,  ils  feignirent  de  faire  des  nopces  entr'cux,  &  emprun- 
tèrent pour  cet  efl'et  de  leitrs  voifins  des  colliers,  des  bracelets,  &  autres  fem- 
blables  ornemens  de  femmes  qui  fe  trouvèrent  être  de  difi'érens  métaux,  &  après 
qu'ils  eurent  pafie  la  Mer  rouge, &  que  les  Egyptiens  euilent  été  fubmergez,  ils 
tiafiquerent  entr'eux  de  ces  bijoux  qui  leur  étoient  demeurez   entre   les  mains: 

Sameri,un  des  principaux  Chefs  du  Peuple  Juif ,  vo3^ant  ce  trafic,  avertit  Aa- 
ron  qui  comman 'Oit  pendant  l'abfence  de  Moyfe  fon  frère,  de  ce  commerce  qui 
ne  lui  paroilToit  pas  jufi:e.  Aaron  fur  cet  avis  ordonna  à  Sameri  de  ramaflèr 
tous  ces_  ornemens,  &  de  les  garder  en  dépôt  jufqu'au  retour  de  fon  frère,  qui 
étoit  alors  fur  le  Mont  -Sinaï,  &  Simcri  ayant  exécuté  l'ordre  d'Aaron,  crut, 
comme    il  étoit    habile  dans  la   fonte  des    métaux,  qu'il    étoit  i  propos- da 

Bbbbb  5,  '  mettre- 


7S^ 


MOUSSA. 


mettre  toutes  ces  pièces  qui  étoient  d'or,  d'argent  &  d'autres  matières ,  dansTin 
fourneau  pour  n'en  faire  qu'une  mafle  qui  pourroit  fervir  aux  ufages  que  iVloyfe 
en  voudroit  faire.  Tous  ces  métaux  fondus  enfemWe  formèrent,  comme  s'ils 
avoient  été  jetcés  dans  un  moule ,  la  figure  d'une  cfpece  de  Veau. 

Les  Ifraëlitcs ,  accoutumez  encore  à  l'Idolâtrie  des  Egyptiens,  eurent  d'abord 
quelque  vénération  pour  cette  figure ,  ce  qui  fit  que  Sameri  prit  un  peu  de  pou?' 
fiere  qu'il  mit  dans  la  gueule  du  Veau,  lequel  auiïï-tôt  commença  à  mugir.  Les 
Ifraëlitcs  qui  portoient  déjà  du  refpeft  k  ce  Veau  qui  n'avoit  ni  voix,  ni  mou- 
vement ,  ne  l'eurent  pas  plutôt  entendu  m.ugir  qu'il  fe  proflernerent  devant  lui 
&  Fadorerent  comme  leur  Dieu.  Cette  terre  ou  poufliei-e  qui  fit  mugir  le  Veau, 
avoit  été  ramaflTée  par  Sameri  de  deflbus  les  pieds  du  cheval  de  Gabriel ,  ou  de 
Khedher ,  lorfqu'il  marchoit  à  la  tête  du  Camp  des  Ll-aclites  dans  le  defert. 
C'efl;  pourquoi  elle  eut  la  vertu  de  donner  la  vie  &  le  mouvement  à  une  fta- 
tuë  de  métal ,  fuivant  ces  mêmes  Interprètes. 

Mais  laiflant  à  part  les  rêveries  de  ces  Auteurs ,  ceux  qui  traitent  plus  ferieu» 
fement  de  la  manière  dont  Dieu  parla  à  Moyfe,  les  uns  prétendent  que  Moyfe  en- 
tendoit  la  Voix  de  Dieu  qui  lui  parloit  fans  que  le  peuple  l'entendît.  Abou  Manfor 
dit  dans  fes  Taouiiat,  que  le  peuple  entendoit  un  bruit  ,&  par  Je  moyen  de  ce  bruit, 
la  parole  de  Dieu.  Mais  Abou  Halfan  &  les  Afchdriens  les  Difciples,  foûtien- 
nent  que  Moyfe  entcndoit  les  paroles  de  Dieu,  men  gaïr  vafethat,  c'eft-à- 
dire,  fans  aucun  milieu,  &  fans  voix.  Ebn  Faurekh,  Dofteur  /\fchârien,  eft 
aulîî  du  même  fentiment  félon  le  témoignage  de  Mohamimed  Ben  Caflem,  le- 
fjuel  dit  auflî  que  Moyfe,  étant  charmé  de  la  parole  de  Dieu,  lui  demanda  la 
grâce  de  pouvoir  voir  fa  face;  mais  Dieu  lui  répondit:  Lann  teram:  Vous  ne 
la  verrez  point  aflin-ement  ;  car  cette  veuë  eft  impoffible  à  un  homme  mor- 
tel ,  fur  quoi  un  Poète  Perfien  a  fait  ces  Vers  :  La  beauté  Immortelle  déman- 
de un  œil  immortel  pour  la  contempler. 

Les  Hifloriens  Mahometans  font  vivre  Moyfe  &  Aaron  du  temps  de  Ma- 
nougeher,  feptième  Roy  de  Perfe,  de  ki  première  Dj-naflie,  &  comptent  depuis 
fa  mort  jufqu'à  la  première  année  d*  l'Hcgire,  deux  mille  trois  cent  quarantc- 
fept  ans,  ce  qui  ne  s'accorde  pas  exaftement  à  notre   Chronologie. 

Il  y  a  plufieurs  chofes  qui  regardent  ce  grand  Prophète  dans  les  titres  de  Fe- 
raoun ,  qui  ell  Pharaon,  de  Caroun,  qui  eft  Coreh,  deSaoum,  ou  du  jeufne,  <k 
d'Amal ,  qui  font  les  Oeuvres  de  Tor ,  de  Sina  &c 

MOUSSA  Ben  Giafar  Sadik.  C'efi:  le  VU  des  douze  Imams  que  les 
Schiites  révèrent.  Il  naquit  l'an  128  de  l' Hégire  entre  la  Mecque,  &  Meài- 
îie,  d'une  mère,  nommée  Hamidah  &  furnoramée  Berberiah,  à  caufe  qu'elle 
étoit  native  de  Barbarie. 

Giafar  Sadik,  père  de  cet  Imam,  avoit  eu  un  fils  nommé  Ifmaël,  qui  étoit 
l'aîné  de  Mouilà;  mais  il  mourut  avant  fon  père  qui  tranfera  la  fucceffion  d'If- 
maël  fur  la  tête  de  Mouflli  fon  Cadet.  Cependant,  les  Ifmaëliens  qui  ont 
fondé  deux  Dynaflies,  comme  l'on  peut  voir  dans  leur  titre,  prétendent  que 
cette  fucceflîon  n'a  pas  été  légitimement  transférée  ,  &  comptent  cet  Ifmaël 
fils  aîné  de  Giafar,  duquel  ils  ont  tiré  leur  nom,  pour  le  feptième,  vérita- 
ble &  légitime  Imam,  &  veulent  que  la  fucceffion  des  Imams  ait  été  continuée 
-dans  la  pofterité  de  cet  Ifmaël, 

Le 


^foussA.  ^51 

Le  Khalife  Haroun  Al  Rafchid  craignant  que  cet  Imam ,  qui  faifoit  fâ  demeure 
à  Medine ,  ne  donnait  occafion  ou  prétexte  à  ceux  qui  auroient  voulu  exciter 
quelques  troubles  en  Arabie,  le  fit  venir  à  Bagdet  &  le  mit  à  la  garde  d'un 
de  les  Officiers.  Mais  fes  Ibupçons  augmentant  toujours,  il  le  fit,  quelque  temps 
après ,  empoiibnner  par  lahia  Ben  Khaled  fon  Vizir ,  de  peur  qu'il  ne  lui  échapât 
des  mains. 

iNdouifii  mourut  à  l'âge  de  cinquante-cinq  ans  ou  environ,  l'an  153  de  l'He- 
gire,  &  laiiFa  pour  fon  fuccelfeur  en  la  dignité  d'Imam,  fon  fils  aîné  Ali,  fur- 
nommé  Ridha. 

Le  titre  le  plus  ordinaire  que  l'on  donne  à  Imam  Mouffà ,  efl  celui  d'Al  Kiad- 
hem,  c'eft-à-dire,  le  Débonnaire,  comme  aufli  celui  de  Saber,  qui  fignifie  pa- 
tient, parce  qu'il  retenoit  &.  moderoit  fa  colère,  &  qu'il  fouffroit  conftamment 
les  afflictions  qui  lui  arrivoient.  On  le  trouve  aufli  fouvent  qualifié  de  celui 
d'Amin ,  qui  fignifie  le  Gardien  fidèle  du  dépôt  de  la  Foy  &  de  la  Tradition. 

MOUSSA  Ben  Baiazidkhan.  C'elt  le  troifiéme  fils  de  Bajazet  I  du  nom. 
Sultan  des  l'urcs  Othmanides ,  lequel  après  avoir  défait  Ifia  fon  frère  puifné ,  & 
dépoiiillé  Soliman  fon.  aîné,  des  Etats  qu'il  devoit  légitimement  pofiîeder  aprè.s 
la  mort  de  Bajazet  fon  perc,  fut  reconnu  pour  légitime  Sultan  des  Ottomans, 
&  régna  aflez  paifiblement  pendant  trois  ans  &  fix  mois. 

Mais  Mahomet,  Cadet  de  Moulfa  ,  qui  étoit  à  Amafie,  Ville  de  Cappadoce, 
ayant  obtenu  de  l'Empereur  Grec  le  palTage  par  Conflantinople  ,  entreprit  de  le 
dépolîeder,  &  il  lui  fut  aifé  de  le  faire  par  la  révolte  des  Janifi^aires,  &  du  refi:e 
de  la  Milice,  lefqucls  mnnquant  de  fidélité  à  Moufl^a,  l'abandonnèrent  &  le  mi- 
rent, pour  ainfi  dire,  entre  les  mains  de  fon  frère  qui  le  fit  étrangler  l'an  816 
de  l'Hegire,  qui  eft  le  141 3    de  J.  C. 

Mouda  eut  pour  fuccellèur  ce  même  Mahomet,  qui  fut  le  premier  du  nom 
entre^  les  Sultans  Othmanides. 

MOUSSA  Ben  Naffir.  C'efl  le  nom  d'un  Perfonnage  qu'Abdalaziz,  Gouver- 
neur d'Egypte,  envoya,  par  Ordre  deV^alid,  Khalife  de  la  Race  des  Ommiades 
fon  neveu  ,  l'an  89  de  l'Hegire,  en  Afrique,  pour  la  gouverner. 

Ce  MoulIIi  fit  de  grands  progrès  ,  principalement  le  long  de  la  Cofte  Mariti- 
me ,  en  ce  Pays-là  ,  &  étendit  ion  Gouvernement  jufqu'au  détroit.  Il  conquit 
auOi  les  Ifl-;s  de  Sardaigne  &  de  Corfc,  &  en  l'an  92  de  la  même  Hégire,  il 
fit  paflTer  fur  une  grande  Flotte  &  avec  une  puifiTante  Armée,  un  de  iVs  AfFran» 
chis,  nommé  Tharek  Ben  Ziad,  en  Elpagne,  pour  la  conquérir,  &  cette  entre- 
prife  lui  réuflît  fi-bien ,  que  les  Arabes  fe  rendirent  les  Maîtres  de  la  plus  gran- 
de partie  de  ce  grand  Pays ,  qu'ils  ont  poITcdée  pendant  l'eipace  de  huit  cent 
ans.    Foyez  les  titres  d'Andalous,  &  de  l"harek. 

MOUSSA  Ben  Amran.  Ce  nom  qui  eft  celui  de  Moyfe ,  eft  auflî  celui  que 
portoit  un  fameux  Impofteur  qui  fe  difoit  être  le  véritable  Moyfe  le  Legifla- 
teur  ,  reflufcité  dans  fa  pcrfonne.  Foyez  le  titre  du  Khalife  Maraon  ,  fous  le- 
quel il  vivoit. 

MOUSSA  Al  Kermani.    ^c^^ez  Kermanj.     * 

MOUSSA  Ben  laffar.    Foyez  Abou  Maher- 

MOUSSA- 


752  M  0  tf  S  S  A.  -—  M  0  U  S  S  A  L  t. 

MOUSSA  Ben  Maïmon.     l^oyez  les  titres  d'Abou  Amran  &  de  Maîmon. 

MOUSSA  Ben  Schaker.  Voyez  Schaker.  Ce  Perfonnage  eut  trois  cnfans 
qui  furent  tous  trois  excellcns  dans  les  Sciences  ,  fous  le  règne  du  Khalife 
Mothâdhed. 

MOUSSAL,  ou  MoulToI.  Il  y  a  deux  Villes  qui  portent  ce  nom.  La 
première,  qui  porte  le  nom  de  Moulfal  Ai  A'tik  ,  c'cft-à-dire  ,  l'ancienne  Mouf- 
fal,  &  que  plufieurs  croyent  être  l'ancienne  Ninive,  la  Capitale  des  Alfyriens, 
ell  la  plus  proche  de  Mardin,  &  la  féconde  qu'on  appelle  ûmplement  aujour- 
d'hui, Mouffal  ,  efl  celle  que  nous  nommons  vulgairement,  Moful.  Ces  deux 
Villes  font  fituées  fur  le  l'igre,  &  la  première  doit,  félon  les  Auteurs  Peilicns, 
fa  fondation  à  Tahmurath ,  Roy  de  Perfe  de  la  première  Dynaltie.  Les  Tables 
Arabiques  lui  donnent  77  degrez  de  Longitude  ,  &  34  degrez ,  30  minutes  de 
Latitude  feptentrionale. 

Cette  Ville  fut  afliegée  par  Saladin  l'an  de  ITIcgire  578,  mais  ce  Prince  fut 
obligé  d'en  lever  le  ficge  que  les  Habitans  foûtinrent  avec  une  fermeté  incroya- 
ble. Les  Mogols  la  prirent  l'an  659  ,  trois  ans  après  la  prife  de  Bagdet ,  & 
Samdagou  qui  les  commandoit  ne  lit  alors  aucun  quartier  aux  iVlufulmans  ,  & 
n'épargna  que  les  Chrétiens. 

Moulfal  ne  laiilà  pas   de  fe  rétablir  après  la  mine  qu'elle   avoit   foufierte  de 
4a  part  des    Mogols    Ginghizkhaniens,  mais  Tamerlan    l'ayant   affiegée  avec  fes 
nouveaux  Tartares  l'an   'j')^',  il  la  défola  de   telle  forte,    qu'elle  n'eil  plus  en- 
core aujourd'huy  qu'une   Ville  fort  peu  confidcrable. 

'-  Abou  Racoub  a  compofé  l'Hiftoirc  de  cette  Ville,  dans  laquelle  il  décrit  fort 
amplement  tous  les  changemens  qu'elle  a  fouffcrts  fous  divers  Princes  qui  y  ont 
commandé,  &  il  a  intitulé  Ion  Ouvrage,  Akhbar  Mouffal. 

Plufieurs  grands  Perfonnagcs  font  fortis  de  cette  Ville  &  ont  pris  le  furnora 
d'Al  Mouflali,  tels  que  font  Ibrahim  Zehireddin  Naccafch,  A'zzeddin,  &  plu- 
fieurs autres  dont  il  eft  fait  mention  dans  cet  Ouvrage.  Un  des  plus  célèbres 
d'entr'eux  eft  Aboul  Abbas  Ahmed  Ben  MouiTa,  mort  l'an  622  de  l'Hegire, 
qui  a  compofé  le  FaïfTal,  le  Megil  alertiab,  &  qui  a  abbregé  le  Ahïah  de  Gazali. 
Voyez  tous  ces  titres  en  leur  particulier. 

MOUSSALI.  Ce  mot  qui  fignific,  natif,  ou  originaire  de  Mouffal,  eft 
devenu  le  furnom  du  plus  excellent  Muficien  des  Arabes  &  ùqs  Mufuîmans , 
lequel  on  appelle  ordinairement,  NaJim  Al  MoufTali  ,  quoiqu'il  ne  fût,  ni  na- 
tif, ni  originaire  de  Mouffal  ;  mais  feulement  à  caufe  qu'il  y  avoit  établi  fa  de- 
■  meure.  Aboulfarag'  Al  Esfahani  qui  eft  aufîî  le  plus  fameux  Chanibnnier  des 
Arabes,  fait  fouvent  mention   dans  fes  Ouvrages  de  cet  excellent  Muficien. 

Le  Khalife  Mahadi  ,  fils  d'Al  Manfor,  fut  le  premipr  Prince  devant  lequel 
chanta  Mouffali  accordant  fa  voix  avec  le  Lut,  ou  la  Mandore,  que  Manfor, 
furnommé  Zulzul ,  touchoit  excellemment. 

Haroun  Al  Ralchid,  fils  de  Mahadi,  cinquième  Khalife  des  Abbafîides,  s'étant 
.  un  jour  brouillé  avec  une  de  fes  MaîtreiPes  nommée  iVlaridah  ,  qu'il  aimoit  ce- 
pendant jufqu'à  l'excez,  &  cette  mefmtelligcnce  ayant  déjà  duré  quelque- temps, 
commença  à  s'ennuyer.  Giafar  Barmcki  fon  Favori  qui  s'en  aperçut,  comman- 
da à  Abbas  Ben  Ahnaf ,  excellent  Poëte  de  ce  temps-là  ,  de  compofer  quelques 
vers  fur  le  fujet  de  cette  brouillerie.  Ce  Poëte  exécuta  l'ordre  de  Giafar  qui  fit 
chanter  ç§S  vers  par  Mouiiali  en  prcfcnce  du  Khalife,  &  ce  Prince  fut  telle- 
ment 


MO  S  S  I  C  A  H.  M  O  U  Z  E  N  I. 


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nrenr  touché  de  la  tendrefle  des  Vers  du  Poète ,  &  de  la  douceur  de  la  voix 
du  Mulicien  qu'il  alfa  auiîî-tôt  trouver  Maridah  ,  &  fit  fa  paix  avec  elle.  La 
Dame  étonnée  de  ce  changement  fi  fubit  du  Khalife,  lui  en  aj'ant  demandé  la 
caufe,  ce  Prince  la  lui  raconta ,  &  elle  fentit  fi-bien  l'obligation  qu'elle  avoit 
à  ces  deux  perfonnes,  qu'elle  leur  fit  pr,efent  à  chacun  de ;dix  mille-  drachmes, 
&  Harourt  de  fon  côté  ,  pour  témoigner  la '  joye"  qu'il' avôit  de  cÈtte  reconci- 
liation, leur  en  fit  donner  à  chacun  vingt  mille.    J]en  Khalekatt. 

M  OS  SIC  A  H,  &  Moufliki.  Les  Arabes  ont  pris'  ce  nom:  des  Grecs,  &  ap- 
pellent  ainfi  la  Mufique,  quoique  dans  leur  langue,  ils  la  nomment  auffi  E'im 
alilhan,  &,  E'im  angan. 

Saïdaoui  a  compofé  un  Livre,  intitulé  Fiârefat  alangan,  qui  fe  trouve  dans  la 
Bibliothèque  du  Roy,  n°.  1146. 

Il  y  a  encore  parmi  les  Arabes  des  Livres  compofez  fur  les  Inflrumens  de 
Mufique,  qu'ils  appellent  Alat  alâgibat  al  Moufficaouiat. 

Les  Perfàns  ont  plufieurs  airs  &  tons  de  Mufique  qu'ils  appellent  Perdeh,  aux- 
quels ils  donnent  le  nom  de  leurs  anciens  Rois  ,  &  de  leurs  plus  célèbres 
Muficiens.  On  en  parle  dans  cet  Ouvrage  fous  fes  differens  titres.  Et  lorf- 
qu'ils  veulent  exprimer  la  voix  hannonieufe  des  gens  de  quelque  Pays,  ils  difent 
que  leurs  enfans  pleurent  &  crient  en  Mufique  dès  le  berceau. 

Mouflicah,  ou  Mouffical,  fignifie  auffi  en  Perfien  &  en  Turc,  une  efpece 
de  fiflet,  aflTez  femblable  à  ceux  de  nos  Chaudronniers,  &  c'efl;  proprement  l'an- 
cienne Flûte  de  Pan,  dont  Virgile  parle  dans  fes  Bucoliques. 

MOUZA.    Figue,  &  Figuier  des  Indes,     ^oyez  Maouz. 

MOUZDELIFA,  &,  Mozdehfah.  C'efl  le  nom  d'un  lieu  de  la  Mecque, 
où  les  Pèlerins  font  quelques  cérémonies  particulières  en  vifitant  la  Câbah,  ou 
Maifon  quarrée  du  Temple  de  la  Mecque. 

Ce  Heu  efi:  au  dehors  du  Temple  &  en  eft  comme  le  Veftibule.  C'efl  pour 
quoy  les  Mufulmans  l'appellent  encore  Mafchâr  alhafâm. 

MOUZENI,  ou  Mozeni.  Mokhtaflir  Al  Mozeni.  f^oyez  le  titre  d'Ibrahim 
Al  Merouzi. 

FIN  D  U    T  0  M  E    S  E  C  0  N  D. 


0;c  c  c  c      .  NOTE 


NOTE    DES    LIBRAIRES. 

Ce  fécond  Tome  efl:  devenu,  malgré  nous ,  encore  plus  fort 
que  le  Premier ,  parce  que  nous  avons  jugé  ne  devoir  pas 
divifer  la  Lettre  M. 


ERRATA, 

Du  Tome  Premier, 

Page  17,  à  la  tête  ADALMALEK  Ufez  ABDALMALEK. 
Page  24,  ligne  35,  l'an  de  l'Hegire ,  ajoutez  150. 
Page  6q6,  ligne  24,  Gas,  Ufez  Gao,, 


A    L  A    HA  r  E^ 

De  l'Imprimerie   de  JAQUES    VAN    KARNEBEEK, 
!)rmeur  de  la  Fille  (f  du  petit  Sceau  de  la  Province  d'' Hollande,'. 


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