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BIBLIOTHEQUE
DE L'ÉCOLE
DES CHARTES
XLVII.
IMPRIMERIE DAUPELEY-GOUVERNEUR, A NOGENT-LE-ROTROU.
BIBLIOTHÈQUE
DE L'ÉCOLE
DES CHARTES
REVUE D'ÉRUDITION
CONSACRÉE SPÉCIALEMENT A L'ÉTUDE DU MOYEN AGE
XLVII.
ANNÉE 1886.
3lM0^^
PARIS
LIBRAIRIE d'Alphonse PICARD
RUE BONAPARTE, 82
^886
D
3-Ô
UNE CHARTE FRANÇAISE
DE JEAN DE JOINVILLE
EN DOUBLE EXEMPLAIRE SCELLÉ
Le nombre des chartes de Jean de Joinville recueillies et publiées
dans ces dernières années est maintenant assez considérable et la
Bibliothèque de VÈcole des chartes peut revendiquer l'honneur
d'avoir inséré dans ses volumes, en même temps que les savants
mémoires que M. Natalis de Wailly leur a consacrés, la majeure
partie de ces documents si précieux pour l'histoire de la langue au
xiiF siècle.
La pièce que nous publions ci-dessous est un jugement arbitral
rendu en \ 258 par le sénéchal dans une contestation qui s'était éle-
vée entre Gaucher, comte de Rethel, et son frère Manassès, seigneur
de Bourcq.
Ce document n'est pas précisément inédit; il avait été transcrit au
commencement du xiv« siècle dans le cartulaire du comté de Rethel,
et M. Léopold Delisle, qui a publié ce cartulaire, en a donné le texte
in-extenso^ Mais ce texte ne reproduisait évidemment pas Tortho-
graphe de l'original -, c'étaient là un soin et une préoccupation incon-
nus pour les copistes du xive siècle. Intéressant pour l'histoire du
comté de Rethel, il était donc dépourvu de valeur pour l'ordre de
considérations qui a donné dans ces derniers temps une si grande
importance à la recherche des textes émanés de la chancellerie de
l'historien de saint Louis.
L'heureuse fortune qui nous a fait retrouver aux archives du palais
de Monaco les originaux du trésor des chartes du château de Rethel
1. Annuaire -Bulletin de la Société de l'histoire de France, année 1867,
deuxième partie, page 43.
nous a particulièrement favorisé en ce qui concerne cet acte de Join-
ville. Deux exemplaires originaux, qui en avaient été dressés, l'un
pour le comte Gaucher, l'autre pour Manassès, son frère, ont été tous
les deux conservés, Manassès IV, qui succéda par la suite à Gaucher,
ayant versé dans le chartrier du comté ses titres personnels'.
Ces deux exemplaires sont munis de sceaux presque intacts de Jean
de Joinville et des deux parties qui l'avaient choisi pour arbitre ;
ils sont donc encore, à ce point de vue, dignes d'attention; mais
l'examen des deux textes et de leurs variantes nous a révélé une
autre particularité fort intéressante. L'un des deux exemplaires, en
effet, reproduit rigoureusement l'orthographe et les règles gramma-
ticales que M. N. de Wailly a relevées dans les actes rédigés par la
chancellerie de Joinville, tandis que l'autre offre tous les caractères
philologiques des chartes de Picardie et des documents de la ville
d'Aire, pubhés ici même en 4870 par le savant académicien 2,
Ces deux pièces cependant, revêtues des mêmes sceaux, ont été
nécessairement dressées en même temps. Il faut en conclure que,
tandis que l'une d'elles était écrite par un des scribes du sénéchal,
l'autre était l'œuvre d'un des officiers du comte de Rethel.
Cette conjecture devient infiniment probable quand on examine les
autres chartes françaises de la même époque qui se trouvent dans le
trésor de Rethel. Nous avons pu relever quatre autres actes français
émanés des comtes, entre ^1245 et H 263, qui sont certainement de la
même main que la charte en dialecte picard, tandis qu'on ne rencontre
pas de similaire à récriture beaucoup plus soignée, beaucoup moins
abrégée et très caractéristique, par ses liaisons horizontales gladio-
lées, de la charte qui paraît, sans doute possible, écrite par un
scribe du sénéchal.
Il ne faudrait pourtant pas croire que les pièces émanées des comtes
de Rethel, de leurs vassaux ou de leurs plus proches voisins soient
exclusivement écrites avec l'orthographe des pays d'Artois ou de
Picardie \ en faisant le décompte des titres français existant dans le
chartrier pour le xiii* siècle, nous en avons relevé un nombre au
moins égal écrits suivant l'orthographe usitée en Champagne. Il y a
là une dualité qu'expliquent suffisamment la situation géographique
du comté et ses rapports intimes avec les deux régions.
1. Archives du palais de Monaco, fonds de Mazarin, série T, Titres chrono-
logiques, 2' carton, n°' 82 et 82 bis.
2. Bibliothèque de l'École des chartes, t. XXXI, p. 261.
Au surplus, le lecteur pourra constater facilement, par la disposi-
tion typographique que nous employons, en quoi consistent les
variantes des deux textes. Nous prenons pour base le texte champe-
nois et nous plaçons en interligne et au-dessus les variantes de l'autre
texte. On remarquera, en outre, que certains membres de phrase se
trouvent intervertis-, cette circonstance nous a permis, en nous
reportant au texte du cartulaire publié par M. L. Delisle, de constater
que c'est sur l'exemplaire champenois que la transcription a dû être
faite.
Nous devons maintenant dire quelques mots des circonstances
dans lesquelles Jean de Joinville fut choisi comme arbitre par les
deux frères de Rethel. Le document qui nous occupe date d'une
époque où il existe peu de renseignements sur la vie du sénéchal ;
il est de trois années postérieur à la négociation qu^il réussit pour
le mariage de son suzerain Thibaut V, comte de Champagne et
roi de Navarre, avec Isabelle, fille du roi saint Louis. Pendant cette
époque, le comté de Rethel avait été agité par les conflits survenus
entre les frères du comte Hugues III, à la suite de la mort de leur
nièce Marie. Une transaction de i 244 avait réglé le partage entre le
comte Jean et ses deux frères. Gaucher et Manassès ' ; mais, à la
mort sans postérité de Jean, en ^25'l, les survivants ne purent
s'entendre et le différend resta plusieurs années sans solution.
C'est alors que, d'un commun accord, les deux frères s'en remirent
à l'arbitrage de Jean de Joimille.
Ce n'était pas la première fois que le sénéchal de Champagne appa-
raissait dans des actes relatifs aux comtes de Rethel. Déjà, en ^246,
il figurait dans une sentence arbitrale rendue par Thibaut IV de Cham-
pagne à l'occasion d'un différend entre le comte Jean et Godefroy de
Louvain, pour les seigneuries de Perthes et de Tagnon ^. Jean de Join-
ville y est constitué ^/ee^'e du comte Jean, dont il était cousin.
Le sénéchal prend cette qualité de cousin dans notre document,
et, comme il n'est pas indifférent de bien connaître les relations
de parenté et d'alliance de Fillustre historien de saint Louis, on
nous permettra de nous arrêter sur les liens qui Punissaient à la
maison de Rethel. Cette parenté existait de deux côtés différents; du
1. Cet acte est analysé par M. L. Delisle dans le Cartulaire de Rethel, p. 24.
2. Archives du palais de Monaco, série T, Titres chronologiques, carton n" 1,
pièce n° 39 ; Léopold Delisle, Cartulaire de Rethel, p. 27.
côté paternel, Jean de Joinville avait pour bisaïeule Félicité de Brienne,
fille d'Érard I", mariée en secondes noces à Geoffroy III de Joinville.
Du premier mariage de Félicité de Brienne avec Simon de Broyés,
était descendue au second degré Félicité de Broyés, dame de Beaufort,
femme de Hugues II, comte de Rethel, et mère de quatre frères,
Hugues III, Jean, Gaucher et Manassès. Le sénéchal était donc cou-
sin issu de germain de ses commettants dans l'acte de 1238.
Du côté maternel, la parenté, moins proche d'un degré, était
beaucoup plus illustre. La mère du sénéchal, Béatrix, fille
d'Etienne III, comte d'Auxonne, descendait du duc Mathieu P' de
Lorraine par sa fille Judith de Lorraine, mariée au comte Etienne II
d'Auxonne j or, de Mathieu de Lorraine, comte de Toul, frère de
Judith, était née Mahaut de Lorraine, épouse de Manassès lïl, comte
de Rethel, grand-père des quatre frères nommés ci-dessus <. De ce
côté, le sénéchal était donc cousin au troisième degré de Gaucher et
de Manassès. Ces liens de parenté expliquent, tout autant que l'émi-
nente situation de Jean de Joinville dans la province, le choix fait
de sa personne pour terminer un différend déjà ancien ^.
Nous avons dit que la sentence arbitrale de Joinville méritait
encore de fixer l'attention, eu égard aux sceaux dont les deux exem-
plaires sont munis. Outre celui de Joinville, qui nous arrêtera tout
spécialement, ils portent ceux du comte Gaucher et de Manassès de
Rethel, qui sont inédits et que nous pensons à ce titre devoir décrire.
Celui du comte Gaucher est rond, en cire vierge, de quatre-vingts
millimètres de diamètre et d'un fort relief. 11 est du type équestre \
le comte porte l'écu de Rethel chargé de deux râteaux sans manche
l'un sur l'autre. La housse du cheval est également chargée de
râteaux. Il a pour légende -f- SIGILL CHERI COM IS.
Le contre-sceau porte un écu aux armes de la face, avec la légende
4- SECRETVM G COMITIS.
Le sceau de Manassès de Rethel est également rond et sur cire
vierge, de cinquante-cinq milUmètres. Il est aussi au type équestre.
Le cavalier porte l'écu aux deux râteaux, mais la housse du cheval
1. Père Anselme, VIII, p. 413; — Art de vérifier les dates, chronologie des
comtes de Rethel.
2. Du vivant du sénéchal, une nouvelle alliance resserra encore les relations
entre la maison de Rethel et celle de Joinville. Hugues IV, tiis de Manassès IV,
épousa Isabelle de Grand-Pré, fille du comte Henri VI et nièce de la première
femme de Joinville, Adélaïde de Grand-Pré.
est vairée. Légende : + S' MANASSERI REGITESTE'SIS DNI DE
BOVRGO.
Le contre-sceau porte Vécu aux deux râteaux avec la légende :
SEGRETVM MANASSERL
Mais le sceau de Joinville est à bien des titres infiniment plus inté-
ressant. Ce sceau, qui se retrouve en bon état de conservation dans
les deux exemplaires de notre charte, est rond, en cire vierge, de
soixante millimètres. Il est au type équestre. Le sénéchal porte l'écu
aux trois broies l'une sur l'autre, sous un chef chargé d'un lion
issant ; la housse du cheval reproduit les pièces de l'écu. Légende :
+ S lOHANNIS D lONIV SENESGALI GAMPANIE.
40
Le contre-sceau rond, de quarante millimèlreS; porte pour légende :
+ SECRETVM DOMINI lONIVILLE.
Ce contre-sceau est un curieux exemple de l'emploi des intailles
antiques dans les sceaux du moyen âge, dont M. Demay a donné une
intéressante nomenclature dans sa préface des Sceaux de Normandie.
Le sénéchal de Champagne avait réuni trois pierres gravées dans son
contre-sceau. La première représente un bœuf tourné à droite, la
seconde un buste lauré, également tourné à droite, enfin dans la
troisième, placée sous les deux autres, est figurée une femme assise,
drapée, de profil, s'appuyant sur la main droite, tandis qu'elle étend
le bras gauche.
A proprement parler, ce sceau n'est pas inédit. Du Gange en avait
placé une gravure, d'après un acte de 4256, dans le frontispice de la
seconde partie de son édition de V Histoire de saint Louis. Mais la
façon dont le graveur avait interprété non seulement le style, mais
les détails les plus importants, est tellement inexacte que cette gravure
ne peut réellement pas compter. Le lecteur pourra en juger en rap-
prochant de cette gravure la reproduction qui accompagne cette note.
11 y a même, dans la disposition des intailles, une si grande diffé-
rence, que nous serions presque tenté de supposer qu'entre Pacte de
4256, auquel était appendu le sceau publié par Du Gange, et notre
charte de 1258, Joinville avait fait modifier la position de la troi-
sième pierre. Pérard^ a reproduit le même sceau avec aussi peu
d'exactitude, si bien que M. de Wailly a dû donner dans son édition
de Joinville 2 l'héliogravure d'un fragment très incomplet, d'après une
charte qui se trouve aux manuscrits de la Bibliothèque nationale,
mais dans laquelle précisément l'empreinte de la troisième intaille
n'existe plus. L'exemplaire de notre charte est donc le seul complet
qui se soit retrouvé de celui des sceaux de Jean de Joinville, le plus
intéressant peut-être à cause de son contre- sceau ^.
1 . Recueil de plusieurs pièces pour servir à Thistoire de la Bourgogne, p. 485.
2. Histoire de saint Louis. Didot, 1874, p. 552.
3. L'usage des pierres antiques semble avoir été de tradition dans la maison
de Joinville. Dans un article dont nous allons parler, M. Le Mercier de Morière
a signalé celles qui se trouvent dans deux des sceaux d'Ansel, le fUs aîné de
l'historien de saint Louis, rapportés dans l'Inventaire des sceaux des archives
de Douët d'Arcq, n°' 308 et 2491. Le même recueil décrit le contre-sceau de
Geoffroy de Joinville, frère puîné de Jean de Joinville, qui porte une pierre
gravée représentant un masque à trois visages (n° 2494). Nous devons en outre
faire remarquer que la pierre qui se trouve au droit du sceau d'Ansel, n" 308,
Jean deJoinville, en effet, a usé successivement de plusieurs sceaux.
Le nôtre est, par ordre chronologique, le second dont il se soit servi.
M. de Wailly a également donné l'héliogravure du premier, qui est
attaché à une charte de •1239^ c'est un sceau équestre de soixante-
dix millimètres, dont le contre-sceau porte Pécu aux trois broies
sous le lion issant en chef. M. Le Mercier de Morière a depuis publié
un troisième sceau, dont Jean de Joinville aurait fait usage au plus
tard en ^263. Celui-là est toujours au type équestre, mais il n'a plus
que cinquante milUmètres de diamètre; le contre-sceau, qui est de
même dimension que le droit, représente une ville forte avec le mot
CAMPANIE, fin de la légende du droit, et dont chaque lettre est
séparée par une fleur de lis^ Le même savant a constaté aux
archives de Meurthe-et-Moselle que le sénéchal se servait encore de
ce sceau en ^282. Mais ni M. de Wailly ni M. de Morière n'ont
signalé un quatrième sceau, encore plus petit que les précédents, qui
fermait autrefois la lettre célèbre écrite par Jean de Joinville au roi
Louis X en 'I3^5. Ce sceau est maintenant détruit, mais Du Gange
l'a connu et en a donné la gravure dans la biographie de Joinville,
insérée dans la deuxième partie de son Histoire de saint Louis. Il
était de trente-cinq millimètres, au type équestre, avec l'écu et la
housse aux armes; la légende y était remplacée par une bordure de
fleurs de lis^.
Ce dernier sceau vient encore confirmer la curieuse observation
faite par M. de Morière sur ce fait singulier que les sceaux dont s'est
servi le sénéchal décroissent successivement de dimension depuis le
premier dont il se soit servi.
G. Saige.
ressemble extrêmement à la troisième intaille (femme assise) de notre contre-
sceau à trois intailles, quoique ce ne soit pas la même pierre.
1. Bulletin des travaux historiques et scientifiques, section d'archéologie,
1884, p. 477.
2. L'original de la lettre à Louis X laisse encore distinguer deux des fleurs
de lis de la bordure au milieu des débris du sceau. On peut s'en convaincre
sur le fac-similé héliographique que M. de Wailly en a donné {Histoire de saint
Louis, p. 452).
42
Juamvile
Je Jehans, sires de Joingvile et seneschaus
Ghampai?ignainne ki
de Champaingne, fas savoir a tous ceus qui
ses lettres verront et orront : comme
ces présentes lettres verront et orront, que comme
fust assavoir mon
descors fuit entre mes cousins, cest a savoir mon signor
conte signor
Gauchier, conte de Retest, dune part, et mon signor
Mannessier dautre ses ki
Manissier, son frère, de Retest, dautre part, de ces choses- qui
sont acordeiz
ci desous sunt escrites, je les en ai acordez par laide de
Dieu teie manniere ce sont
Deu en teile meniere : que dou fié de Doncheri il se sunt
sor mon signor Cevigni sor signor
mis seur mon signor Huon de Sevigni et seur mon signor
Milion Chalons ki ce fiet
Milon de Chaalon, chevaliers, qui doivent enquerre se cil fié
fies chasteierie
de Doncheri est des fiez et de la chatelerie de Maisieres ou
ce que il est fies de cliastelerie
non; et se il truevent qu'il soit des fiez et de la chatelerie
demora mon Mannesier
de Maisieres, il demorra a mon signor Manissier, et se il
nen demora le conte
truevent que il nen soit mie, il demorra au conte, et doit
ciz diz raporteiz dedans
estre cis dis raporteis dedens ceste prochainne feste saint Jehan
ce cil diz raporteiz
Baptiste. Et se cis dis n'estoit diz et raporteis dedens ce termine,
prolongier ce volanteit
je porroie pourlongier le termine a ma volentei. Et des
detes con signor Mannessier
dettes com demanderoit le conte ou mon signor Manissier
lor ce sont sor mon
pour la raison de leur devantiers, il se sunt mis seur mon
signor Couci sor signor Cevigni
signor Erart de Coucy et seur mon signor Huon de Sevigni,
13
ki voir pa?' lor fiancies
chevaliers, qui doivent veoir par leur faiz fyancies les demandes
que on lor ses detes chevalier
con leur feroit de ces dettes. Et de ce que cil dui chevalier
ki ceroit tenus
diroient qui seroit paiable, li cuens en seroit tenuz à paier les
mesires Mannessiers
trois pars et mes sires Menissiers le quart. Et de ce dont cil
dui que il deffandrc
dus chevalier diroient quil les convenroit plaidier ou deffendre
ceroit tenu.v
li cuens seroit tenus a paier les trois pars des coustainges et
Mannessiers ce ouns des diseus
mes siresMenissiers le quart. Et se li uns de leur deus diseurs moroit,
en dui ensamble poroient mettre
OU amdui ensemble, il i porroient mettre autres en liu de ceus,
chascons por por mesires Mannessiers
chacuns pour sa partie, pour ce faire. Et mes sires Menissiers
avéra sauvemant Sau comme
ara dou savement de Saut devant Retest, autretant com li
sauvemant Guingnicort por
cuens en prenoit ou savement de Guignicourt pour sa partie.
ce li sauvemant orandroit comme
Et se le savement de Saut ne valoit tant orendroit com
por sauvemant Guingnicort
li cuens en prenoit pour sa partie ou savement de Gugnicourt,
panroit la defaute de orandroit rantes ville
il penroit le défaut dorendroit as rentes le conte de la vile
cil Mannessiers
de Saut. Et de ce, doit cis Menissiers avoir les lettres le conte.
tanra
Et li cuens de Retest tenra tout leschange
entieremant mesires Mannessiers
entièrement que mes sires Menissiers ci devant diz li a assis
por chastellerie et ce tant co»ime
pour l'eschange de Maisieres et de la chatellerie tant com
Iranchemant signeriemant mesires
il vivera ausi franchement et ausi signoriement com mes sires
Mannessiers
Menissiers de Retest le tenoit et devoit tenir avant que cil
faiz
eschanges fustfais. Et la justice et le chevauchies et les autres
cil Mannessiers es en ses
choses qtie cis Menissiers clamoit ens lius et ens bans, de ces
ses villes que il a assise
choses et de ces viles cfuil a assis au conte pour la raison de cel
cil
eschange ci devant dit, je di et ai dit en mon dit que cis
Mawnessiers quitte et aquiteit tant comme
Menissiers les quit au conte a tenir et a avoir tant com
cil cuens vivera signeriemant comme
cis cuens vivera et aquittei ausi signoriement com il
ce i que mesires
les i avoit et devoit avoir en toutes choses, sauf ce que mes
Mannessiers servise comme
sires Menissiers en doit faire le service, ensi com il est contenu
qui sont cel dom?naiges
es lettres qui sunt faites de cest eschange. Et de tous damages
que li ouns pooit demandeir deus
que li^ oit demander à l'autre deux deus, queilque li
dammaige soient juske jor ses présentes
damage fussent jusques au jour que ^ lettres furent faites.
que il sont ouns envers
je di et ai dit en mon dit quil en sunt quitte li uns^
lautre nient i tous ajornenians ouns
autre et doient faire mettre a neent tous les ajournemens que li uns
a lautre queil que il fusent, fus
avoit fait faire ^ il quil fussent, fust en plait de laie
crestienteit juskes jor ses
justice ou de crestientey, jusques au jour que^ présentes lettres
ses
furent faites. Et de toutes ces choses ci deseur dites, li cuens en doit
deneir ses signor Mannessier mesires
donner ces lettres dou tenir a mon signor Menissier, et mes
1. Déchirure au parchemin.
2. Idem.
3. Idem.
4. Idem.
5. Idem.
45
Mannessiers lan deneir ses lettres ouns
sires Menissiers len doit donner les suennes li uns a la requeste de
mesires Mannessiers ses
lautre. Et li cuens de Retest et mes sires Menissiers de Retest
frères deneit chascons xl
ses frères, mi cousin, mont denei chacuns quarante libres de
Parisis volanteit dont chascons xx
Parisis i^our faire ma volentei chacuns deus en doit mettre
libres a ceste prochainne feste saint en la
a ceste feste saint Jehan Baptz'^^e prochainnement
[venant
main le Prieur de enqui
vint libres le Prioul de Landaives et denqui en un
chascons autres xx ses
an chacun dans les autres vint libres. Et des choses toutes ci deseur
chasconne ount cil cil Mannessters por
dites et chacune par li ont cis cuens et cis Menissiers pour
por oirs fermemant rien rapeleir
lui et pour ses hoirs promis a tenir fermement, sans rins rapeler,
par par par lor foiz fiancies deneit
ne paraus, ne par autrui, par foi fiancie. Et men a li cuens donnei
assavoir
pièges de ses choses a tenir de quatre cens libres ; c'est a savoir mon
Espence c
signor Jehan d'Espance de cens libres, mon signor Jehan
G signor c
Patoul de cent libres, mon Guion de Truni de cent livres
Lanbert c mesires
et mon signor Gilon de Saint Lambert de cent libres. Et mes
Ma?znessiers ma/i a deneit luic
sires Menissiers, ses frères, men a donnei pièges de quatre cens
ses comme elles sont ci escrites
libres, de tenir ce dit et ces choses ensi com eles sunt ci deseur dites
assavoir c
c'est a savoir mon signor Guion de Truni de centlibres, mon signor
Espence g signor Lanbert
Jehan d' Espance de cent libres , mon signor Gilon de Saint Lambert
G Gevigni c
de cent libres et mon signor Huon de Sevigny de cent libres,
46
niic leveir ki ioroit
lesqueles quatrecens Izbre* jeporroie lever de celui qui iroit encontre
ki voroit le dit deseur
ce dit et ce raport, dont cil qui vorroit tenir ledit ci deseur
averoit moitiet ce auconne
escrit auroit la moitié et je lautre. Et se il avenoit aucune
ce ses
chose de moi, si wel je et di en mon dit que cis choses ci
comme elles sont ciens
deseur escrites soient tenues fermement ensi com eles sunt ci ens
por ses fermemant
escrites. Et pour ce que ces choses soient fermement tenues et gar-
ses a
dées, je ai saelées ces présentes lettres de mon sael par la requeste
de ses
desdeus frères ci deseur dis. Et je Gauchiers, cuens de Retest, et je
Mannessiers asentit
Menissiers de Retest, frères a celui conte, nous sommes assenti et
asentons comme
assentons a ceste pais et a ce dit, tout ensi corn il est ci dedens
contenu por
contenu et escrit. Et powr ce que ce soit ferme chose et estable,
nos saiaus ses les queles
nous avons mis nos seaux à ces présentes lettres, lesqueles furent
GG et cinkante wit
faites en lan de grâce mil deus cens cinqM«nte et wit, le vendredi
closes Patkes
devant Pâques closes .
NOTICE
SUR LA VIE ET LES TRAVAUX
DÉTIENNE MARTELLANGE
ARCHITECTE DES JÉSUITES
(1569-1641)
d'après des documents ine'dits conserve's au cabinet des estampes
de la bibliotnèque ivatioivale.
I.
Le Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale conserve
deux gros volumes in-folio reMés en maroquin rouge, inscrits au
catalogue sous le nom de François Stella, peintre lyonnais du
xviF siècle, et renfermant 175 vues diverses, dessinées assez
habilement en camaïeu ou à l'encre de Chine. Un examen som-
maire montre à quelle préoccupation obéissait le dessinateur.
La plupart de ces vues tiennent en effet de près ou de loin aux
maisons d'éducation fondées en France dans le commencement du
XVII® siècle par la compagnie de Jésus ; on y retrouve des collèges
entiers, pendant ou après leur construction, comme ceux de
la Flèche, de Dijon ou de Roanne ; des prieurés dépendant de
ces collèges; des villes présentées sous deux ou trois aspects
différents ; toutes ces esquisses soigneusement datées d'ailleurs et
ne permettant pas d'admettre François Stella comme leur auteur
probable. Né en 1563, ce peintre était mort à la date précise
de quelques-uns de ces croquis. Aussi avons-nous voulu un autre
nom à inscrire en tète du précieux recueil, et nous sommes-nous
^8
apprêté à contredire le titre du xviif siècle pompeusement calli-
graphié en tête du volume ^
Alors que nous cherchions à débrouiller l'écheveau, nous fûmes
amené par notre service à communiquer le recueil dit de Stella
au P. de Rochemonteix, qui prépare une histoire du collège de la
Flèche. Nous lui fîmes part de nos doutes, et, lui-même ayant
douté, il nous nomma Etienne Martellange comme l'auteur pos-
sible de nos dessins. Martellange, c'est l'architecte autorisé de la
célèbre compagnie, pour toute la période qui va de la rentrée
des Jésuites en France à la mort de Louis XIII. M. Charvet, de
Lyon, avait d'ailleurs publié sur lui un long travail bourré de
renseignements et de faits, une de ces notices dont on peut dire
qu'il est difficile de faire mieux ^; voyages, documents consultés,
notes communiquées, renseignements pris un peu partout,
M. Charvet n'avait rien omis ni rien négligé ; il ne s'était arrêté
que devant le manque absolu de documents, et pourtant son
jugement très sûr lui faisait souvent soupçonner la vérité, comme
nous aurons occasion de le voir dans la suite de cette étude. Dès
les premières pages de son livre, nous n'aurions point hésité à
attribuer la paternité de notre recueil à l'architecte en titre des
Jésuites, à Martellange. La plupart des édifices pour lesquels
M. Charvet reconnaît son ingérence directe ou indirecte se
trouvent précisément mentionnés et dessinés d'année en année,
dans le prétendu album de Stella. Il y a telle œuvre incontestée
de Martellange, le Noviciat des Jésuites à Paris, par exemple, qui
occupe justement la première place dans le recueil. L'auteur en
montre les bâtisses à peine sorties de terre, les travaux divers, il
y met les dates mêmes auxquelles Martellange y avait travaillé,
suivant les meilleures sources, de 1630 à 1634. Quelle preuve
plus convaincante en eût-on voulue ?
Et pourtant, en continuant la lecture du livre de M. Charvet,
nous devions rencontrer mieux encore. Après avoir montré l'ar-
chitecte des Jésuites devenu vieux, se réfugiant dans un travail
moins pénible et consacrant à la peinture et au dessin ses der-
nières années, M. Charvet en vient à parler de deux gros volumes
1. Recueil contenant plusieurs veues de villes, bourgs, abbayes, châteaux et
autres endroits particuliers de France, dessinés d'après nature par F. Stella.
Ce titre est écrit dans un frontispice gravé, découpé pour la circonstance.
2. Biographies d'architectes. Etienne Martellange, 1569-1641, par E.-L.-G.
Charvet. Lyon, Glairon-Mondet, 1874, in-S", 240 pages.
J9
conservés dans la galerie du duc de Chaulnes au xvin° siècle, et
qui avaient été prêtés au comte de Caylus lors de ses travaux
d'archéologie. Cajlus les mentionne dans le tome III de ses
Antiquités, il écrit page 356 : « M. le duc de Chaulnes a bien
« voulu me confier deux grands volumes in-folio, qu'il conserve
« dans son cabinet, et qui sont remplis des desseins que le
« père Martel-Ange a faicts d'après nature, dans les diffé-
« rents endroits de la France où ses afiaires l'ont conduit. Ce
« frère Jésuite, célèbre par le bâtiment du noviciat de Paris, est
« fidèle dans ses desseins ; ils ne sont pas de mauvais goût ;
« mais ce qu'ils ont de plus intéressant, c'est qu'ils ont été faits
« dans le commencement du dernier siècle (le xv!!"") . L'accrois-
« sèment et la difiérence que l'on remarque, dans quelques-unes
« des grandes villes dont il a dessiné les vues, présente un objet
« d'étonnement et de curiosité, surtout à l'égard de Paris. » —
Caylus avait pris dans les croquis de Martellange quatre vues
antiques, la Pyramide de Vienne en Daupbiné, le monument
dit des Deux-Amants, à Lyon, la porte S aint- André , à Autun,
et la porte d' Arroux dans la même ville. Or, ces quatre monu-
ments se trouvent dans le recueil de la Bibliothèque nationale,
fol. 91, 92, 118, 133 et 134, et ce sont eux que le comte de
Caylus a copiés ' .
Aucun doute n'est possible maintenant. Les deux volumes du
duc de Chaulnes existent encore, comme le présumait M. Charvet
sans les avoir jamais vus. « Nos recherches pour les trouver,
« écrivait-il, n'ont pas abouti. Cette notice apprendra peut-être
« un jour à leur possesseur qu'il a entre les mains un recueil
« précieux, surtout pour la ville de Lyon » (page 211).
Les voilà retrouvés, mais à la suite de quelles vicissitudes ont-
ils quitté le cabinet du duc de Chaulnes pour arriver à la Biblio-
thèque nationale avec leur étiquette de Stella? Nous croyons
que la Révolution les conduisit en Angleterre, où ils durent
appartenir à un sir Edward Astle, qui y mit son ex-libris. Achetés
par M. Hennin, à qui le Cabinet des estampes est aujourd'hui
redevable d'une précieuse collection sur l'histoire de France ^,
ils furent cédés le 24 juin 1840 à la Bibliothèque royale, suivant
1. Dans les Antiquités de Caylus, ces planches portent les n"' 100, 101, 97,
95 et 96.
2. Le catalogue de cette collection a été dressé par M. Georges Duplessis,
conservateur du Département des Estampes. Paris, Picard, 1877-1884. 5 v. in-8°.
20
ce que nous apprennent les registres d'acquisition. Ils prirent
rang très modestement, affublés de leur nom d'emprunt, devenus
de véritables anonymes, jusqu'à ces temps derniers.
Par une singulière coïncidence, le même Cabinet des estampes
possède un recueil, autrement précieux encore et autrement
utile, et non moins inconnu, provenant également des Jésuites,
mais des Jésuites de Rome, de la grande maison, et vendus à la
suite de la suppression de l'Ordre en 1772*. Dans l'année 1773,
M. Le Bailli de Breteuil achetait au collège romain cinq volumes
in-folio reliés en papier à dos rouge, et portant en titre : « Fiante
« di diverse fabriche. » Ces Plans de diverses fabriques, pour
traduire mot à mot le titre, ne sont autres que tous les plans ou
projets relatifs aux constructions des collèges de Jésuites dans le
monde entier. A côté des maisons d'Autriche, de Pologne, d'Italie,
d'Espagne, sont reliés et classés les projets concernant tous les
collèges français des cinq provinces, de Paris, de Champagne, de
Lyon, de Toulouse et d'Aquitaine. Là se retrouvent à chaque pas
les dessins si personnels et si nets du frère Etienne Martellange,
annotés de sa fine écriture, soit en latin, soit en italien ou en fran-
çais. Car l'usage était — comme aujourd'hui encore — que le général
des Jésuites reçût à Rome tous les plans et en fît faire la critique ;
ils revenaient approuvés ou non, et suivant l'occurrence étaient
suivis ou rejetés. C'est en feuilletant ces curieuses archives que
l'on comprend bien le mot du P. Rybeyrète, l'historien de la
compagnie, sur Etienne Martellange : « Omnia prope collegia
« sedificavit, pleraque etiam templa, inter quse longe erainet
« templum domus probationis Parisiensis'. » De M. de Breteuil
les plans passèrent-ils dans le cabinet du comte d'Artois? Cela
est probable, car ce fut le premier architecte du prince, M. Bel-
langer, qui les remit aux Estampes le mardi 18 mars 1788. Cata-
logués dans l'inventaire sous ce titre : Recueil des maisons,
églises, etc., qui appartenaient à la société des Jésuites
avant leur abolition, les cinq volumes prirent rang sur les
rayons, et personne ne s'en occupa plus^.
Ils méritaient mieux, on le verra. Avec les renseignements
qu'ils fournissent, avec ceux du recueil provenant du duc de
1. Il ne paraît pas qu'aucun auteur se soit jamais servi de ce recueil et l'ait cité.
1. Ms. du P. Rybeyrète (Scriptores Provincix Francix S. J. collecti. 1670).
Note communiquée par le P. de Rochemonteix.
3. Ils portent aujourd'hui les cotes Hd 4 à Hd 4 d, soit cinq volumes.
2i
Chaulnes, M. Charvet eût fait un travail définitif sur Martellange ;
mais en leur absence, il ne pouvait qu'être très incomplet. Notre
but est précisément de donner dans cette notice tous les détails
qui lui ont échappé, et qui se trouvent en grand nombre et dans
les prétendus dessins de Stella, et dans les plans des Jésuites.
On verra quelle part grande le modeste coadjuteur temporel, —
pour donnera Martellange son véritable titre, — sut se faire dans
l'architecture française des règnes de Henri IV et de Louis XIII.
Sans doute, il y a beaucoup à dire des monuments créés par lui
sur un type un peu uniforme, massif et souvent sans grâce, mais
il lui faut tenir compte du moment où il était venu. Imbu des
théories de Vignole, nourri des principes d'architecture puisés à
Rome, il inonda la France d'églises lourdes et froides, mais non
sans puissance, dont le plus grand nombre se voient encore. A
ce compte il n'est pas mauvais de compléter le travail de M. Char-
vet dans la mesure du possible, espérant qu'une nouvelle édition
de son livre deviendra définitive à l'aide de nos remarques.
Mais, avant de donner la liste des collèges et des églises aux-
quels Martellange collabora, il n'est pas inutile de rappeler
brièvement quelles furent les origines du célèbre architecte. Né à
Lyon en 1568 du peintre Etienne Martellange, maître des métiers
de la corporation, Etienne Martellange fit, avec ses deux frères
Benoît et Olivier, profession aux Jésuites. Il entra dans l'ordre en
1590, à Avignon, en qualité àe coadjuteur temporel, titre qu'il
ne quitta jamais, bien que ses deux frères fussent prêtres de la
compagnie. Nous croyons qu'il alla à Rome vers cette époque, et
qu'il y habita probablement jusqu'en 1603 ou 1604, date de ses
premiers travaux. Pernetti le fait visiter Rome avec François
Stella en 1576, sans s'inquiéter autrement de la vraisemblance.
Né en 1 568, Martellange eût eu huit ans environ ; quant à François
Stella, né vers 1563, il fût entré dans ses quatorze ans. Ce sont
là des histoires dont on s'inquiète peu lorsqu'on se donne la peine
de vérifier les textes. Une preuve morale du séjour prolongé de
Martellange en Italie, c'est la facilité avec laquelle il s'exprime
en italien. Il y aurait bien à ce fait une autre cause si l'hypo-
thèse de M. Charvet était vraie, à savoir que les Martellange
étaient d'origine italienne, et que leur vrai nom était Martelenchi.
Mais les tendances artistiques du jeune architecte en disent plus
long encore : il a vu les églises romaines, il s'est élevé dans cet
art à la mode du jour, et il rentre en France rempli d'impressions
22
et chargé probablement d'esquisses et de plans, dont il comptait
bien faire son profit en faveur de l'œuvre. On était alors en 1603,
époque à laquelle les pères Jésuites, longtemps inquiétés, reve-
naient de toutes parts avec leurs idées si arrêtées et si définies
en matière d'enseignement, leurs projets gigantesques, leur préci-
sion mathématique au point de vue des établissements à cons-
truire, des églises à élever. Tout naturellement, Martellange fut
choisi comme Un auxiliaire précieux dans la province de Lyon ,
et, bientôt, eu égard à la pratique que lui donnèrent les construc-
tions répétées, il devint une manière d'inspecteur directeur des
travaux, dont la réputation s'étendit bientôt dans les provinces
voisines, jusqu'à Paris, à Rouen, à Rennes même.
C'est alors que le tour de France commença sérieusement pour
lui et qu'il consigna, au fur et à mesure de ses voyages, ses
impressions sur un album. Courant à cheval les villes éloignées,
aujourd'hui à Vienne en Dauphiné, demain à Dijon ou à Dole,
il note au passage l'état des établissements entrepris, souvent
même une vue de la ville, qui lui sera plus tard un souvenir
agréable. Dans les plans qu'il dresse et qu'il envoie à la censure
de Rome, il met tour à tour ses remarques en français, en latin,
en italien, sans être plus empêché dans un cas que dans l'autre;
il en agit de même avec ses pages d'album, où le latin et le fran-
çais se mêlent.
Il est certain d'ailleurs que Martellange terminait ses dessins
chez lui à tête reposée. Il prenait sur sa route un croquis rapide
au crayon, et rentré au logis il passait ce dessin à l'encre, l'enjo-
livait, mettant parfois des arbres feuillus dans un paysage de
janvier, sans plus de souci. Au commencement de ses travaux,
il employait la couleur bleue pour laver ses esquisses, plus tard
il prit la sépia ou l'encre de Chine, si bien que ces différences
peuvent, jusqu'à un certain point, servir à dater une vue ou un
plan. Vers 1620, l'encre de Chine devient chez lui d'un usage à
peu près constant.
Son art était modeste; les maisons y avaient la part belle, cela
va de soi; le paysage était souvent défectueux. Pourtant, il
dépassait de beaucoup en habileté les autres artistes topo-
graphes du temps, Claude Chastillon, entre autres, dont les vues
maladroites, aujourd'hui si recherchées, ne valent que par leur
nombre et leur côté naïf. Un autre coureur de routes, dessinateur
d'occasion, était un nommé de Weert, dont les dessins embryon-
23
naires sont aujourd'hui conservés dans la collection d'Uxelles, à
la Bibliothèque nationale^ Nil'unnirautren'approchentdeMar-
tellange; il voit précis, sinon élégant et habile. Chastillon et
de Weert ne voient pas du tout.
Dans ses travaux pratiques, Martellange ne manifeste aucun
orgueil; il fait et défait ses plans, remanie, taille et retaille sans
murmure. Parfois il risque au P. Général une supplique. Il voudrait
qu'on se hâtât , parce que les habitants sont mécontents des retards .
Pour lui, il ne discute pas. Hiérarchiquement, il dépend du
P. Provincial de Lyon, c'est à lui qu'il obéit, celui-ci le prête et
le dirige. Un jour que Henri IV réclame Martellange directe-
ment au P. Provincial pour le faire envoyer k la Flèche, l'archi-
tecte reçoit un petit avertissement de son supérieur, probablement
parce que le roi le traitait un peu trop en puissance, et le pro-
clamait « insignem architectum et pictorem » (peintre et archi-
tecte remarquable'). Ceci se passait en 1606, au début du coadju-
teur temporel, après ses premiers travaux du Puy, de Vienne et
de Sisteron ; sa réputation, on le voit, n'avait pas tardé à s'étendre
au loin.
Dans son livre, M. Charvet a pu déterminer la part exacte
prise par Martellange dans la construction de huit maisons ou
collèges de Jésuites, qui sont celles du Puy, de Vienne, de
Moulins, de Vesoul, de Dijon, de la Flèche, du Noviciat de
Paris et de Roanne. Pour quelques autres il doute; à l'aspect
général des plans ou à la disposition des bâtisses, il soupçonne la
vérité, mais il ne formule que des hypothèses. L'examen des deux
sources de renseignements dont nous disposons nous permettra
d'ajouter un grand nombre de ces maisons à celles indiquées
par M. Charvet, en même temps que nous aurons à compléter
ses renseignements sur les autres. Sans doute, nous aussi, nous
omettrons plusieurs travaux du célèbre architecte. Durant sa vie
1. Il se nommait Joachim de Weert ou Duwiert et eut quelques planches
gravées d'après ses dessins par un nommé Philippe Millot. Ces dessins assez
nombreux sont dans le volume Vx 23 de la collection dite d'Uxelles, aux
Estampes de la Bibliothèque nationale.
2. Lettre du P. Coton au Général des Jésuites Aquaviva. « De F. Martelangio
« audiverat Rex ipsum insignem esse architeclum et pictorem, quare operi
« Flexiensi illum adesse exoptaverat, et in eum finem ad P. Provincialem scrip-
«r serat. Cum vero id nonnullis videam displicuisse, quasi per me rex impesseret
« ad statuendum de nostris, dissuasi adventum juxla mcalcm, voiunlatcm et
« admonilionem dicli Reverendi Patris (Provincialis). » — (24 juillet ICOG.)
24
errante, il s'arrêtait dans les abbayes, dans les châteaux en
l'absence d'hôtelleries. Pour payer sa bienvenue, nous nous ima-
ginons volontiers Martellange donnant à ses hôtes le projet de
quelques réparations urgentes, de bâtiments à élever à la place
de monuments ruineux. C'est ainsi qu'il lève le plandeN.-D. des
Baumes', qu'il dessine une vue de l'abbaye de Bourgueil, sans
compter les autres. Avec sa facilité énorme et son incroyable
intuition des êtres d'une demeure, il lui coûtait bien peu de donner
des conseils et d'indiquer la marche des travaux futurs.
Après trente années de labeurs incessants, Martellange se
retira au Noviciat des Jésuites de Paris, dont nous parlerons ci-
après. Il s'y adonna à des ouvrages de dessin et de peinture,
dit M. Charvet. Nous placerions l'époque de sa retraite en 1637,
car, à ce moment, il termina plusieurs croquis de voyage dans son
album, entre autres une vue intérieure de l'église de Roanne faite
la quatrième année de la construction, soit en 1620, et qu'il date
du 8 juillet lôST^. D'autres vues portent : « achevé en 1637, » ce
qui est explicite 3.
Il mourut le 3 octobre 1641 , et fut inhumé dans l'église du Novi-
ciat, où durent rester ses études jusqu'au milieu du xviii° siècle.
Quand les acheta le duc de Chaulnes ? vraisemblablement à cette
époque, car, lorsqu'il les montra à Caylus, les Jésuites n'avaient
point été condamnés ni dispersés ; le troisième volume des Antiqui-
tés étant de 1759 et les Jésuites ayant été chassés en 1763, les
recueils de Martellange avaient donc quitté la compagnie avant les
arrêts du Parlement. Ils avaient d'ailleurs subi des mutilations. La
collection topographique du Cabinet des estampes conserve, dans le
volume de la ville d'Avignon, deux dessins de Martellange arra-
chés du recueil avant qu'il ne passât chez le duc de Chaulnes;
comme ils sont de la dimension exacte des autres, qu'ils sont
conçus dans le même mode de procéder, il n'y a pas l'ombre
d'hésitation possible^.
1. Il donne le plan et la vue de N.-D. des Baumes en 1605 (Ub 9 a, fol. 152).
C'est la seule vue du recueil accompagnée d'un plan donnant la disposition
des lieux.
2. Ub 9 a, fol. 105.
3. Le dernier dessin de Martellange est daté de 1639 (Ub 9, fol. 72).
4. Dép. des Est. Topographie de Vaucluse. Avignon. Une vue générale et
une vue du collège portant : « Partie du collège d'Avignon. »
23
II.
Travaux divers d'Etienne Martellange.
Additions au travail de M. Charvet.
Les notices qui vont suivre s'appuieront seulement sur le recueil
Ub9 et Ub9a des estampes composées par Martellange, et sur les
plans de sa main, trouvés par nous dans les cinq volumes achetés
à Rome par M. de Breteuil en 1773. Nous ne reviendrons pas sur
l'histoire de la fondation des collèges après M. Charvet; pour
ceux qu'il n'a point mentionnés et décrits, nous lui laisserons le
soin d'en faire l'histoire dans une seconde édition de son ouvrage.
'D'
Collège du Puy (1605) ^ {Charvet, page 23.)
On voit par les actes publiés dans le livre de M. Charvet
qu'Etienne Martellange avait donné en février 1605 le projet de
l'église des Jésuites de cette ville. Nous croyons que ce plan est
celui qui est intitulé Pianta e alsato de la chieza del collegio
del Puy, al R. P. Assistente il P. Ludovico Richeomo, sans
date, et conservé dans l'un des volumes de M. de Breteuil
{Estampes, Hd 4 b, fol. 226). Les travaux ne furent pas sans
causer de nombreux ennuis au jeune architecte ; après avoir fourni
les mesures de fondation, en 1605, il fut envoyé une seconde
fois au Puy par le P. Provincial, en 1607, pour y surveiller la
construction. Cette date, donnée par M. Charvet, concorde avec
les dessins de notre recueil. En effet, le 11 mai 1607, Mar-
tellange fait une vue de la ville du Puy {Estampes, Ub 9 a,
fol. 135 et 138). Puis il revient plus tard, à la suite de difficultés
avec l'entrepreneur Charpignac. Le 4 août 1616, il avait ordonné,
dans une lettre citée par M. Charvet, de pousser les murs à leur
hauteur avant de commencer les voiites ; or, ses prescriptions ont
été suivies, car, les 27 et 28 février 1617, il est de retour au Puy
et il dessine soigneusement l'église en œuvre, qui est en effet
arrêtée aux voûtes {Est., Ub9a, fol, 139). Ces derniers dessins
sont curieux en ce qu'ils donnent fort exactement l'état des tra-
vaux en 1617, et qu'ils sont d'une assez bonne facture.
1. Les dates placées à la droite du nom de la ville indiquent l'époque à
laquelle Martellange a commencé ses travaux.
, 26
Les Polignac étaient les bienfaiteurs du collège du Puy :
Etienne Martellange esquisse leur château bâti en nid d'aigle au
faîte d'une roche. Il date son croquis du 24 février 1617, et il
écrit : « Le château de Polignac, proche la ville du Puy. »
(Ub9a, fol. 142.)
Collège de Vienne (1605). {Charvet, page 44.)
Martellange collabora aux constructions du collège de Vienne
dès 1605. A cette époque, il envoyait à Rome au P. Général un
projet, qui était un quadrilatère à peu près régulier, dans lequel
l'église occupait l'angle inférieur de droite. Le titre portait :
Planta del collegio di Vienna nel Delfmato, provincia di
Lione, in Francia, fatta Vanno 1605 (Hd4b, fol. 251). L'an-
née suivante, ilen refait un autre, également destiné à Rome, Per
la pianta del collegio di Vienna in Francia, fatta Vanna
1606, et, dans ce nouveau plan, il discute la place du réfectoire
dont il a, dit-il^ parlé au P. Provincial. Ses remarques sont égale-
ment en italien, langue qu'il emploiera de moins en moins, au fur
et à mesure de son avancement en âge. Il faut présumer que ce
plan annoté était de 1606, car il prend sur son album, à ce
moment même, une vue détaillée de la ville de Vienne avec ses
monuments, sa porte du pont très fortifiée, et les collines avoi-
sinantes, et il la date : « Vienne », lljul. 1606 (Ub 9 a, fol. 130).
Treize ans plus tard, il est revenu dans la ville, et, le 20 janvier
1619, il dessine les environs de l'église, probablement du haut
d'un toit d'où il découvre l'ensemble (Ub 9 a , fol. 131, 132).
Il prend aussi le même jour un croquis de la célèbre pyramide,
que Caylus devait graver plus tard dans son livre des Antiquités
et qui nous a servi à retrouver l'auteur du recueil jusqu'ici
attribué à Stella (Ub 9 a, fol. 134).
Quoi qu'il en soit de ces travaux, l'église n'était pas commencée
encore en 1623, bien que Martellange eût exécuté d'abord une
vue complète du portail, sur laquelle une main contemporaine
avait écrit : « Desseing d'Estienne Martellange, » puis une élé-
vation de l'intérieur avec la même mention, ces deux dessins datés
d'avril 1623 (Hd 4 b, fol. 247 et 248). En 1625, on en était encore à
s'entendre sur la construction définitive. Une pièce de Martellange,
datée de 1625, et portant en titre Collegii Yiennensis ichnogy^a-
phia 1625, montre l'édifice inachevé ; or, une note manuscrite mise
27
au bas dit positivement : Hanc ideam approbavit admodutn
reverendus pater Gêner alis 2 februarii 1626. Ita est. Chris-
iophoriis Baltazar^ (Hd 4 b, fol. 253).
D'après M. Charvet, l'église ne fut terminée qu'en 1659, dix-
huit ans après la mort de Martellange. Les travaux avaient
duré un peu plus de cinquante-trois ans.
Collège de Sistéron (1605).
M. Charvet écrit, page 189 de son hvre : « Nous n'avons rien
« pu obtenir à l'égard de Sistéron ; il est presque impossible que
« Martellange n'ait pas apporté son concours. » D'un autre côté,
plusieurs auteurs ne mentionnent même pas le nom de Sistéron
parmi les collèges et les églises des Jésuites. Or, rien n'est plus
probant que nos renseignements à ce sujet. En 1605, Martellange
dressa le plan des futures constructions, et il l'annota pour le
P. Général : Planta del colle gio di Sistéron fatta Vanno 1605
in Gullio. Les remarques qu'il y a placées nous renseignent un
peu sur la manière de procéder. La façade de la chapelle aura
au moins dix cannes, etc. Tout l'ensemble sera revu et repris,
avant de procéder à la maçonnerie.
Martellange demande, toujours en italien, qu'on retourne le
dessin déjà envoyé par lui à Rome l'année d'avant (1604), pour
le comparer au nouveau, et faire les additions nécessaires. Il sup-
plie, en outre, le P. Général de ne pas différer son visa et ses cri-
tiques « perche sonno ja doi anni passati che gli habitanti anno
spettato la commodità nostra » ; sans doute, on le voit, les habi-
tants se plaignaient des lenteurs apportées à l'édification de leur
collège, et l'architecte en recevait des reproches (Hd 4b, fol. 202).
A cette demande pressante, le P. Général dut répondre assez
vite, car Martellange est à Sistéron en 1606; il prend plusieurs
vues de la ville dans son album de voyage, et les constructions du
collège adossé aux vieux murs se voient dans toutes. Les fonda-
tions sont alors sorties de terre ( Ub 9 a , fol. 156) . Dans un croquis
postérieur, probablement de 1607 ou 1608, qu'il intitule « Sisté-
ron et commencementz du collège » (fol. 157), les murailles sont
à la hauteur du premier étage, et les maçons sont occupés à faire
1. Christophe Baltazar était le provincial de Lyon.
28
le mortier dans les cours intérieures. Toutefois, il n'est pas question
encore de l'église; là comme dans beaucoup d'autres collèges, c'est
elle qui est bâtie la dernière.
Collège de Carpentras (1607). {Charvet, page 6b.)
M. Charvet montre Martellange travaillant à Carpentras en
1607, et critiquant les travaux précédemment faits.
L'album de voyage de notre architecte renferme deux vues de
la ville, d'ailleurs non datées (Ub 9 a, fol. 161), et une autre de
Caromb, petite ville du Comtat, qui, elle, porte la date de 1607,
le 9 juillet {Ib., fol. 162). Cela concorde bien avec l'époque de
ses premières études à Carpentras, car il fait deux plans cette
année même : Seconda pianta del collegio di Carpentras
1607 (Hd 4 c, fol. 129) et Terza pianta del collegio di
Carpentras 1607 [Ibide^n). Sur le dos de cette pièce, on lit
Prima idea collegii C arpenter acensis reprohata 16 julii
1612. On voit, par ces citations, quelle part l'architecte avait
prise à la construction du collège, sinon dans l'exécution, au moins
dans les devis.
L'église fut édifiée assez tard vers 1628. M. Charvet pense que
l'on se servit des plans de Martellange, à cause de l'identité de ce
monument avec celui du Noviciat de Paris. Nous croyons qu'il
n'en est rien; ce bâtiment, dans les projets de notre artiste, ne
ressemblait en rien à celui du Noviciat.
Collège de la Trinité de Lyon (1607). [Charvet, page 131.)
En dépit de sa naissance et du séjour de sa famille à Lyon,
Martellange ne paraît pas s'être beaucoup inquiété de l'établisse-
ment d'instruction ^ Toutefois, il se trouve dans sa viUe natale
à l'époque des agrandissements de la maison des Jésuites, en juin
1607, et il dresse ses plans : « Desseing du collège de Lion, faict en
juin 1607 » ; au dos on lit : Idea collegii Lugdunensis anni 1607
missa a Stephano Martellange in Mart. 1618 (sic)? (Hd 4 b,
1. Citons à titre de renseignement un plan du collège, avec notes très détail-
lées, daté de 1576 (Hd 4 a, fol. 225).
29
fol. 149). Que peut bien signifier cette seconde date, mise sur un
devis de dix ans plus ancien ? Il faut reconnaître qu'en 1618, Mar-
tellange était bien à Lyon, puisqu'il y dessine une vue de l'île
Barbe le 12 juin (Ub 9 a, fol. 121). Mais l'île Barbe était la seule
chose qui l'intéressât dans la ville, car il la prend en 1608 [Ib.,
fol.l25),enl609(i&.,fol.l22),enl616(/&.,fol.l21)etenl618.
Il relève le 2 février 1619, au moment des travaux du collège, le
tombeau dit des deux amants, que Caylus a gravé d'après lui
[Ib., fol. 118). Quant au coUège lui-même, il le passe sous silence.
Noviciat de Lyon (1617). {Charvet, page 201.)
« Ce n'est certainement pas trop s'aventurer, dit M. Charvet,
« que d'admettre que Martellange dirigea les constructions exé-
« cutées par les Jésuites, pour leur maison de probation au novi-
« ciat de Sainte-Hélène à Lyon. » Toutefois, M. Charvet n'avait
rien trouvé de convaincant, et Martellange non plus n'a rien
laissé dans son recueil de vues dessinées qui permît de reconnaître
son ingérence dans les travaux en question.
C'est dans les volumes achetés par M. de Breteuil que nous
avons rencontré les preuves d'une collaboration sérieuse de sa
part, en 1617, l'année même où il surveillait les travaux prépa-
ratoires de Roanne. En juin, il leva les plans des bâtiments
construits pour le noviciat, et il intitula ce dessin : Ichnographia
domus probaiionis Ludvnensis (sic) prout se habet anno
1617 mense Junn{}îà 4 c, fol. 26). Cette idée, pour employer
l'expression même de Martellange mise sur le revers du papier,
fut approuvée à Rome au mois de novembre, et aussitôt l'archi-
tecte renvoya un autre plan, probablement celui du foho sui-
vant {Ibidem, fol. 27), où se voient les élévations lavées de
bleu, d'après la méthode alors employée par lui. La construction
se présentait sous forme de deux corps de bâtiments reliés par un
portique, et donnant au midi sur de grands jardins. Dans ces
esquisses, l'église n'existait pas. MarteUange confectionna aus-
sitôt un autre projet, où elle reçoit sa place à gauche du por-
tique, en regardant les jardins : Ichnographia do^nus proba-
iionis Lugdunensis facta anno 1617 mense Junio (Hd 4 b,
fol. 150), et dans le même temps il fait à part une vue de ce
monument, avec les élévations diverses de la façade, de l'autel et
de l'un des côtés intérieurs {Ibidem, fol. 151).
30
On voit que M. Charvet n'avait point tort de supposer dans
l'ensemble une œuvre de Martellange; s'il ne construisit pas
absolument la maison, il en fut à tout le moins l'inspirateur et le
directeur.
L'église et le bâtiment furent détruits après 1831.
Nous ajouterons volontiers à ces renseignements, sur le pas-
sage de notre artiste à Lyon, une vue de l'église des Chartreux,
dessinée par lui à la sanguine dans le recueil Ub 9 a, fol. 120. Les
Chartreux s'étaient installés en 1585 sur l'emplacement de
la citadelle. On y construisit un couvent et une chapelle vers le
commencement du xvii*^ siècle. Plus tard, on y éleva l'édifice qui
se voit encore aujourd'hui, et qui est à l'intérieur dans les don-
nées de Saint-Paul-Saint-Louis. Nous signalerons aussi une vue
de la maison des Carmélites, dessinée en avril 1616 {Ibidem,^
fol. 119), et dont l'église avait, en 1682, un portail jésuitique élevé
par Dorbay . Martellange avait-il travaillé à ces deux monuments?
nous ne saurions le dire, d'autant que, n'étant pas des maisons
de Jésuites, les plans ne s'en retrouvent pas dans les volumes
acquis par M. de Breteuil.
Collège et Noviciat d'Avignon.
Le noviciat des Jésuites à Avignon dut précéder le collège.
Martellange était en 1608 dans le Comtat, et il esquisse dans ses
vues un ensemble du collège avec sa tour (Ub 9 a, fol. 173). Il
prend en même temps un aspect de l'église du noviciat « lorsqu'on
« la bastissoit » {Ibidem, fol. 170). Elle se composait d'une
nef assez courte, avec voûte et lanterne sur pendentifs. Dans les
vieux plans d'Avignon où elle se trouve indiquée, elle porte le
nom de Novitial.
En 1609, Martellange était encore employé dans la ville, car
il en dessine une vue (Ub 9 a, fol. 172), mais ce ne fut guère qu'en
1617 qu'il s'occupa sérieusement du collège. Le 3 janvier 1617,
il débute par une vue générale d'Avignon (Ub 9 a, fol. 171). Deux
autres croquis poussés à l'encre de Chine et datés, eux aussi, de
1617, ont été détournés de son album, et, venus à la Biblio-
thèque nationale, ils ont été classés dans la Topographie de la
France (Avignon), comme nous le disions ci-dessus. En février,
il commence les plans ou les projets. L'un d'eux porte en titre :
3^
« Desseing du collège d'Avignon, fait lell febvrier 1617 » (Hd 4 c,
fol. 15). Un autre, conservé au folio suivant, renferme cette note
de la main de Martellange : « second plan du collège d'Avignon,
faict le 11 [febvrier] 1617. »
Toutefois, les travaux devaient être commencés depuis long-
temps déjà, car, dès le 6 janvier 1G17, il avait délimité les terrains
et les bâtisses de l'établissement « comme il se retreuve en l'année
1617,le6janvier»(Hd4b,fol. 155). Mais l'ouvrage n'allait point
assez vite. En 1619, le 6 juin, un autre plan partait pour Rome ,
seulement il n'était pas de Martellange ; il portait modestement
de la main du provincial de Ljon : si tamen hanc ideam nec-
non sequendam putabit [R. P. Generalis] iierum moneat
(Hd 4 b, fol. 156 et s.). M. Charvet ne dit rien d'Avignon.
Collège de Dole (1610). {Charvet, pp. 28 et 188.)
Pour Dole, M. Charvet ne fournit guère qu'une lettre du
14 février 1610, dans laquelle Martellange explique ainsi son
passage à Dole : « Je receus les lettres la sepmame passée à Dole
« et depuis suis venu à Besançon où j'estime demeurer encore
« environ quinze jours, et me doibz rendre à Dijon au plus tost
« pour assister leurs fabriques. »
Nous aurons occasion de retrouver Martellange à Dijon,
comme il l'écrit, mais auparavant voyons un peu son passage à
Dole et cherchons à j surprendre sa collaboration aux travaux
du collège. Et d'abord, son album de voyage nous offre de
précieuses indications, et concorde absolument avec la lettre citée
plus haut. Martellange était bien à Dole en janvier 1610, car il
donne au folio 82 une esquisse sur laquelle il écrit : « Du col-
lège de Dole le 10 janvier 1610, à Dole. Partie du collège. »
Voilà, nous le croyons, une preuve péremptoire de son séjour, et
voilà aussi la constatation d'existence de l'établissement. L'église
y est construite, elle porte sur les tuiles, avec le monogramme du
Christ, le millésime 1599, qui devait être la date de la couverture
(fol. 81) (voir Ub9, fol. 79, 81, 82). Elle avait été commencée en
1591, comme on le voit dans le registre Hd 4 b, fol. 143 et 144, et
non en 1590, comme le dit M. Charvet; mais elle n'était point
terminée, et Martellange dut en faire modifier les plans, car, dans
Hd 4 b, fol. 142, il soumet au P. Général un projet où il donne
l'élévation de l'église construite, et le plan de ce qui doit se faire
32
ultérieurement*. Il intitule ce dessin : Ichnographia e alsato
del collegio di Dole fatto gennaro Vanno 1610 (Voir aussi
les plans en français, fol. 147 et 148).
Collège de Besançon (1610).
Martellange disait, dans une lettre précédemment citée, qu'il
était venu à Besançon après avoir quitté Dole. Cette lettre, por-
tant la date du 14 février 1610 et la mention de Besançon, est
des plus précises. Dans son recueil de vues de villes, notre
architecte n'a pas manqué de donner un croquis sommaire, lavé
au bleu, du collège, installé alors dans un grand bâtiment carré,
flanqué de quatre pavillons d'angles, qu'il intitule : « Veue d'une
« partie du collège de Bezançon. Pars ecclesiœ collegii Bizun-
« Uni societatis Jesu. Reliquii pars prospectus urUs
« anno 1610 mense februarii » (Ub 9, loi. 77). L'église dont il
est parlé, et dont on ne voit que la petite abside, est à proprement
dire une chapelle provisoire qui ne fut pas conservée. Quant à la
collaboration de MarteUange, nous n'avons pu la découvrir. Un
plan daté du 26 avril 1604, et signé du P. Antoine Dufour,
depuis mort à Rouen, et enterré en 1612 dans la chapelle du
collège^, nous montre ce Jésuite occupé aux bâtiments, et
correspondant même directement à ce sujet avec le P. Général
Aquaviva (Hd 4 a, fol. 134). Il ressort des réflexions du P. Dufour
que l'éghse était projetée, et qu'on avait reçu des dons pour la
construire, mais il y avait des empêchements venus des gouver-
neurs de la ville et de M. de Thoraise {Ibidem).
Le Collège de Vesoul (1610). {Charvet,p. 72.)
Nous avons à ajouter quelques renseignements à ceux que
M. Gharvet pubhe sur le collège de Vesoul, et nous avons aussi
une petite rectification à y faire. Il est dit dans les Historiée
societatis Jesu, citées par lui p. 72, que le collège fut décidé en
1. Partant de cette date, ne pourrait-on attribuer à Martellange leglise du
prieuré de Jonvelle, qui dépendait du collège de Dole (voir ci-après au dernier
article) ?
1. Antoine Dufour, jésuite, né vers 1556, mort en 1612 à cinquante-six ans,
après vingt-deux ans de profession. Enterré à Rouen dans la chapelle du collège.
(Note communiquée par le P. de Rocheraonteix.)
33
1591 sous l'influence « de l'un des principaux citoyens, gouver-
neur de la ville, » traduisant ainsi : « primarius civis, regius in
curia procurator. » C'est le procureur du roi au bailliage d'Amont,
et non le gouverneur, qu'il eût fallu dire.
Le passage de Martellange à Vesoul coïncide avec son voyage
à Besançon, Dole et Dijon; mais, entre son arrivée à Vesoul et
à Dijon et son départ de Besançon, il était retourné à Roanne,
où nous le voyons dessiner, le 11 mai, le prieuré de Riorges, qui
dépendait du collège (Ub 9 a, fol. 110). Les archives de la
Haute-Saône conservent dans la série D (art. 31) un plan daté
du 5 août 1610, double d'un autre annoté en italien, et conservé
aux Estampes dans les registres achetés par M. de Breteuil. Ce
dernier est intitulé : Ichiiographia overo planta dal collegio
di Vesoul, fatta Vanno 1610 al 5 di agosto (Hd 4 b, fol. 196).
M. Charvet assure que Martellange fit un autre plan en 1613;
nous ne l'avons point retrouvé; en revanche, nous avons un
aspect d'ensemble de Vesoul dessiné par lui durant un séjour
en 1615* (Ub 9 a, fol. 143). Il signa un papier de construction
cette année même, au mois de décembre ; il y a tout lieu de croire
que son passage à Vesoul et son esquisse sont de cette date. (Voir
la curieuse pièce citée par M. Charvet, p. 77. Elle est conservée
aux archives de la Haute-Saône, série D, art. 31.)
L'église du collège n'a jamais été bâtie, bien qu'elle fût portée
sur les devis : ce qui en tient lieu aujourd'hui dans le lycée est une
petite chapelle manquant d'apparence, sorte de chambre, sans
destination dans le principe.
Collège de Dijon (1610). {Charvet, p. 81.)
M. Charvet savait vaguement, parla correspondance citée plus
haut à propos du collège de Dole, que Martellange avait dû tra-
vailler à Dijon ; toutefois, il n'a pu rencontrer nulle part une men-
tion prouvant sa collaboration. Tout ce qui ressort de la lettre du
14 février 1610, c'est la visite probable de Martellange à Dijon en
1610, époque où l'église et le collège se trouvaient en chantier . Nous
avons été plus heureux. En 1585, un plan, vu depuis par Martel-
lange et annoté de sa main, avait été envoyé à Rome et en était
1. « Aspect de Vesoul du clos des cappucins, 1615. » Les capucins touchaient
au terrain offert par les habitants de Vesoul pour la construction du collège.
3
34
revenu, mais n'avait pas été suivi dans son ensemble (Hd 4,
fol. 192). Il était, si l'on en croit la note manuscrite «del'architetto
del duca di Maine » , de l'architecte du dac de Mayenne. Plus tard,
Martellange en critiqua les dispositions « devant qu'on ait rien
« basti » (fol. 193). Mais d'autres personnes avaient, elles aussi,
manifesté leur opinion sur ces projets. Au verso du plan conservé
au fol. 192, on lit d'une écriture du temps, qui ne paraît pas être
celle de Martellange : « Divers desseins du collège avec le por-
« tail et l'église. — Il falloit faire ce dessein icy envoyé, ce qu'on
« n'a pas fait. Parcat illis Dominus per quos stetit ! » Quelles
étaient ces influences frondeuses ? L'histoire nous apprend incom-
plètement d'où venaient les luttes intestines ; ce ne fut guère qu'en
1588 qu'elles furent apaisées (Charvet, p. 83).
Après leur exil momentané, les Jésuites rentrèrent en France,
et reprirent à Dijon les travaux commencés. Martellange vint
sur les lieux comme il nous le dit, dans le courant de l'an-
née 1610; mais, s'il promettait en février de s'y trouver bientôt,
il n'y sera qu'en septembre, à son retour du collège de Roanne.
Le 29 septembre, le voici à Saint- Appollinaire, dans la maison du
célèbre Tabouret, sieur des Accords, un des satiriques les plus
connus de la fin du xvi° siècle, et il prend sur son album deux
dessins différents de ce domaine. Toutefois, il ne néglige point
l'objet essentiel de son voyage. Le 23 septembre 1610, il dessine
l'éghse du collège couverte jusqu'au transept, mais dont le chœur
est encore à construire : Prospectus ecclesiœ collegii Divio-
nensis et progressus œdiflcii ejusdem anno 1610, 23 septem-
bris, écrit-il sur son dessin à la plume lavé de bleu (Ub 9,
fol. 67), et cette représentation est une des meilleures du recueil.
On y voit que l'on n'a pas encore démoli toutes les maisons gênant
l'œuvre; des toits contournés se trouvent au premier plan et
attendent l'avancement des travaux pour complètement dispa-
raître.
Les bâtiments des cours sont aussi avancés ; ils tiennent à la
partie de l'église déjà construite dont nous parlions tout à l'heure,
ils viennent mieux s'y engager. C'est la cour intérieure avec les
classes : Prospectus areœ collegii Divionensis anno 1610
22 septembris, où plusieurs ouvriers conduisent en grande hâte
les travaux pressants (Ub 9, fol. 61).
Martellange paraît avoir eu cette construction fort à cœur, et
son album est rempli de vues diverses de la ville, dont les dates
35
nous renseignent sur ses passages successifs. Ainsi, revenu
en août 1611, il prend des « aspects » de Dijon, et donne un
croquis assez poussé de la cour du collège. Cette fois , on a
déjà installé le cadran solaire sur le pignon de l'église ; Martel-
lange montre aussi le corps de bâtiment perpendiculaire à la cha-
pelle, et la cour à peu près dans son ensemble. Il date et explique
son dessin : A7'ea collegii Divionensis [anno] 1611, mense
augusti. C'est la précision même, comme on le voit, d'au-
tant que son croquis est un des meilleurs qu'il ait faits (Ub 9,
fol. 63).
Le 15 janvier 1614, Martellange est de nouveau à Dijon. Cette
fois, il reprend l'église, à peu près comme dans son premier des-
sin. Il ne paraît pas qu'elle ait beaucoup avancé : elle est encore
à demi bâtie ; seulement un campanile polygonal a été placé sur
la toiture {Ibidem, fol. 56). Il revient en 1615 et dessine Saint-
Michel, le 29 septembre [Ib., fol. 60).
Le premier travail technique que nous trouvions de Mar-
tellange sur le collège de Dijon est un plan explicatif en deux
couleurs, donnant l'état des travaux vers 1618. Il porte en
titre de la main de notre architecte : Ichnographia overo
pianta del collegio di Dijoyie corne si ritrova al présente
anno 1618 (Hd 4, fol. 191). Dans le plan conservé au même
recueil, fol. 193, nous avons vu que le projet primitif de l'église
était celui de l'architecte du duc de Mayenne. Les mesures seules
avaient été changées par Martellange, suivant ce qu'il indique
de sa main (Hd 4, fol. 193).
Il ne s'était pas contenté de dessiner dans son album la maison
des Jésuites. Nous l'avons déjà trouvé prenant des croquis de
la maison de Tabourot, de Saint-Michel; il faut y ajouter Notre-
Dame de Dijon, en 1610; les Chartreux, la maison de campagne
du collège, en juillet 1611 (Ub 9, fol. 69); Fontaine, patrie de
saint Bernard, en septembre 1611 {Ib., fol. 75) ; Cîteaux, en
1613 (/ô., fol. 76), etc., etc.
Collège de Roanne (1610). {Charvet,p. 103.)
Avec Dijon, c'est Roanne qui paraît avoir le plus occupé Mar-
tellange; il y revient, il en date de nombreuses esquisses, il est à
Roanne les 10 et 13 mai 1610, puisqu'il en dessine des vues
d'ensemble (Ub 9 a, fol. 99 et 100). Venu à Dijon pour le mois
36
de septembre, il est de retour à Roanne le 31 décembre 1610, et
il prend plusieurs croquis de la maison donnée aux Jésuites par
le frère du père Coton, M. de Chenevoux {lUd., fol. 111, 112).
Bien que fondé seulement en 1611, le collège avait déjà son
existence assurée, lorsque Martellange 3^ vint pour la première
fois. Aussitôt les lettres de fondation obtenues, il ne perd
pas de temps; il dessine une vue à vol d'oiseau de la mai-
son donnée par M. de Chenevoux; il en montre soigneusement
les limites : « Perspective de la maison de M. de Chenevoux à
« Roanne, pour une résidence de la Compagnie de Jésus, 1611. »
C'étaient d'ailleurs de bonnes relations que cellesdel'architectedes
Jésuites avec le frère du père Coton. Quand le généreux donateur
voulut bien faire continuer à ses frais les travaux d'aménage-
ment de l'hôtel dont il avait fait don, il réserva à Martellange
d'édifier une église « grande et capable et la sacristie » (Char-
vet, p. 105); suivant l'habitude, les constructions ne mar-
chèrent point très vite. Martellange fournit définitivement ses
plans en 1617, en les limitant sur le terrain nouvellement acquis
(Hd4b, fol. 211).
M. Gharvet dit : il paraît que l'église fut commencée en
1617. Voilà qui laisse un peu de doute, mais il n'en subsis-
tera plus quand nous aurons mentionné les croquis de l'album de
voyage.
Ici, Martellange n'omet rien, et il note de mois en mois les
progrès. Sur l'une des vues on lit : « Première année de la
« bâtisse de l'églize du collège de Roanne. Ecclesia collegii
« Roannensis 16 decemhris 1617 » (Ub 9 a, fol. 102). Les
travaux avaient suivi les plans de très près, comme on le voit ;
quant à la date, elle est établie d'une façon péremptoire, on ne
pouvait espérer mieux.
Chaque année, l'architecte revenait à sa besogne favorite ; soit
qu'il habitât d'ordinaire à Roanne , soit qu'il y retournât par
goût, il suivait la bâtisse pas à pas. En 1618, l'œuvre est plus
avancée, il note ce progrès dans un croquis du 29 août {Ibidem,
fol. 103), il le note encore le 5 août 1619, dansla«troisiesme année
de la bâtisse » [Ib., fol. 104), puis en 1620, dans la quatrième
année ; mais il ne terminera le dessin pris à la hâte que le 8 juil-
let 1637, à Paris, dans sa retraite (fol. 105), comme il terminera
celui de la cinquième année (fol. 101). En 1621, l'église était
élevée presque aux voûtes, mais il paraît que l'on douta de pou-
37
voir voûter le chœur. Le 25 janvier 1621, Martellange, étant à
Roanne, comme il l'inscrit lui-même sur un petit croquis de l'élé-
vation intérieure du monument, prouve la possibilité de ce tra-
vail, et une main amie écrit au revers du plan cette mention
péremptoire : « Martellange prouve que le chœur de l'église de
« Roanne peult estre voulté, 25 janvier 1621 » (Hd 4 b, fol. 208).
L'édifice en question existe encore. M. Charvet, qui l'a vu, en
donne une description, p. 108 de son ouvrage.
Martellange avait été en rapports constants avec Jacques
Coton, sieur de Chenevoux, pendant la durée de l'entreprise. Il
garde précieusement dans son album deux croquis du château
du fondateur (Ub 9, fol. 21 et 22). Il prend aussi au passage
une petite bourgade fortifiée, Nérondes, où était né le P. Coton
(Ub 9 a, fol. 129). Rien donc ne le touchait davantage que cette
maison, si rapprochée de Lyon, où étaient ses relations de
famille et ses intérêts, et il le prouve dans cette suite d'études
si particulièrement étudiées et « parfaites » .
Collège de Bourges (1611).
M. Charvet ne paraît même pas soupçonner le passage de
Martellange à Bourges, et pourtant le collège de cette ville le
retint longtemps. Dès 1611 , il avait dressé un devis, conservé dans
les mss. de M. de Breteuil (Hd 4 a, fol. 232). Un autre plan,
peut-être de lui, avait été envoyé à Rome, approuvé par le Géné-
ral en 1612, et retourné en France. Cependant, à en croire la note
manuscrite du verso, il n'aurait eu qu'un succès d'estime ; on y
lit en efiet : « Il n'a esté suivy en rien. »
En 1615, notre architecte vient en personne à Bourges et il
signe et date une nouvelle étude faite sur le terrain : « Ichnogra-
« phie et plan pour le collège de Bourges, faict par Estienne Mar-
« teUange sur le lieu le 7 mars 1615 » (Hd 4 b, fol. 137). Ce fut
vraisemblablement vers cette époque qu'il orna son album de
voyage de dessins nombreux d'après les sites parcourus. Il fait
même une esquisse du collège de Bourges, alors en construction,
qu'il désigne seulement par ces mots : « Du collège de Bourges, »
mais sans date (Ub 9, fol. 47). Un autre jour, c'est la mai-
son de campagne des Pères, à Lazenay {Ibidem, fol. 48), et une
vue de Bourges en revenant de ce village : « Aspet de la ville
« de Bourges retournant de Lassenet » (Ibidem, fol. 42). Ce fut
38
avec beaucoup de modifications le plan de 1615 qui prévalut. Les
cuisines, le réfectoire étaient en construction pendant l'année 1620.
Les changements de détails font qu'une note manuscrite, d'appa-
rence plausible, indique ce projet comme n'ayant pas été suivi.
Nous le retrouvons toutefois en 1621, en élévation, avec une note
de Martellange : Orthographia œdificii novi collegii Bituri-
censis societatis Jesu, delineata anno 1621. Prospectus
orientis versus hortmn (Hd 4 d, fol. 45).
Martellange dessina plusieurs monuments de Bourges, mais
sans fixer de date. Il prit ainsi la cathédrale (Ub 9, fol. 43 et 45),
la sainte chapelle {Ibidem, fol. 46), sans compter le collège, dont
nous avons parlé déjà, etc.
Collège de la Flèche (1612). {Charvet,p. 88.)
Le P. de Rochemonteix, qui prépare une histoire de la Flèche,
mettra à profit les documents récemment découverts par nous, et
saura mieux qu'un autre leur faire dire ce qu'ils contiennent.
Pour l'instant, nous nous contenterons d'analyser les nombreuses
pièces que nous avons retrouvées, soit dans le recueil Ub, soit
dans les plans des Jésuites.
Nous relevons en passant une inexactitude. Il est dit dans les
histoires du collège que le roi envoya en 1612 Martellange à la
Flèche. Nous avons eu occasion de mentionner ci-devant la lettre
du P. Coton au P. Aquaviva, où l'on peut voir que le roi de
France n'avait pas sur les Jésuites une autorité bien grande, car
un provincial lui-même pouvait refuser ou permettre le départ de
son architecte, sans recours. La vérité est que Marie de Médicis
revint à la charge en 1611 et obtint probablement l'autorisation
précédemment refusée. Toutefois, une partie des bâtiments était
déjà debout, et Martellange n'était guère appelé que pour l'église.
Il arrive dans les premiers jours du mois de février ; dès ce temps,
il enrichit son album de notes de voyage. C'est à Luché qu'il
s'arrête d'abord, « Luché, prioré du collège de La Flèche, le
« 2 février 1612 » (Ub 9, fol. 27). En juin, plus de quatre mois
après, il donne un plan général du collège avec coupe et éléva-
tion des plus curieuses (Hd 4 b, fol. 170). Entre temps, il par-
court la ville et y prend des points de vue; la ville entière
(Ub 9, fol. 24 et 25), une porte ancienne [Ib., fol. 26), un mou-
lin (fol. 31), sans compter bien entendu les diverses faces du col-
39
lège en construction (fol. 28, 29, 32, 33) ; le dernier croquis porte
la date d juin 1612. Martellange était donc encore à la Flèche
en juillet, et avait passé plus de six mois à surveiller l'œuvre.
Les plans donnent des détails très circonstanciés sur la cons-
truction de l'église ; nous éviterons de les déflorer trop, laissant au
P. de Roclieraonteix le soin de les analyser comme ils le méritent.
Citons seulement dans le recueil Hd 4 b les folios 171, 186, 194
et 195, ce dernier contenant un plan à vol d'oiseau daté de 1612.
Ces renseignements sont des plus explicites, et, comme on le
comprend bien, Martellange ne quittait pas, durant six ou sept
mois entiers, tous ses autres travaux, pour passer dans le Maine
une simple villégiature. Dans l'itinéraire que nous avons dressé
de ses voyages, nous ne le trouvons nulle part ailleurs pendant
l'année 1612 ; il dut l'employer tout entière à la Flèche.
Collège de Nevers (1612).
Le collège de Nevers, fondé en 1572 par Louis de Gonzague,
duc de Nevers, fut fermé en 1595 après l'attentat de Châtel sur
Henri IV. Il fut ouvert de nouveau en 1611, sous les auspices de
Charles de Gonzague, duc de Nevers, qui posa la première pierre
des nouveaux bâtiments en 1612, le 9 septembre. Nous ne sau-
rions dire si Martellange avait eu la première idée de l'édifice ;
tout ce que nous pouvons affirmer, c'est qu'il avait dressé le plan
de l'église avec cette note non datée : Idea ecclesiœ collegii
Nivernensis (Hd4 b, fol. 126), dont la traduction pourrait bien
être : idée d'une église pour le collège de Nevers.
Quant au séjour de Martellange à Nevers, il n'est pas dou-
teux. Dans son album, il a noté plusieurs vues, malheureu-
sement sans date, mais qui indiquent un passage d'une certaine
durée. C'est d'abord la ville entière (Ub 9, fol. 49), puis une vue
du palais ducal (fol. 54), une autre des Minimes, dont il aurait
bien pu construire la façade (fol. 55). Ensuite, il en vient tout
naturellement au collège, qui paraît assez avancé dans le gros
œuvre. « Partie du collège de Nevers^ » (fol. 52), « Saint
« Antoine du collège de Nevers » (fol. 53), « du collège de
Nevers » (fol. 51). Sa collaboration nous paraît donc à peu près
l^rouvée.
1 . Dans ce plan non daté, l'église est seulement esquissée sur le sol.
40
Collège de Béziers (1616).
Nous n'avons qu'un document précis émanant de Martellange
et concernant la ville de Béziers; c'est une vue de son album
datée du 22 novembre 1616, ainsi indiquée par lui : « Aspect de
« l'evesché de Béziers du 22 novembris 1616 » (Ub 9 a, fol. 174) .
Mais il n'est aucunement question de la maison des Jésuites.
Dans la série des plans, il n'y a rien de la main de notre archi-
tecte ; nous signalerons cependant à titre de renseignements trois
pièces relatives à la construction du collège (Hd 4 d, fol. 40, 41,
42) par un autre artiste.
Collège de Chambéry (1618).
D'après M. Charvet, c'est à Chambéry que Martellange aurait
pris le titre de coadjuteur temporel de la compagnie de Jésus, le
29 mars 1603. Il eût été à peine possible que durant sa carrière
d'architecte il eût oublié la ville de ses vœux. En janvier 1618,
il y vint, à la prière des PP. Jésuites, et ce fut de ce mois qu'il
data ses croquis d'album. « La ville de Chambéry, capitale
de la Savoie » (Ub9a, fol. 144). Une autre vue porte la mention
du 14 janvier 1618 (fol. 145). Mais il ne reste pas seulement dans
la ville, et malgré la saison d'hiver, si dure dans les Alpes, il
visite successivement les prieurés dépendant du collège ; le prieuré
de Saint-Philippe : Prioratus *S" Philippi collegii Camberien-
sis 3 februarii 1618 {Ibidem, fol. 146), celui du Bourget, le
20 janvier 1618, et il ajoute : « Ce prioré appartient au collège
« de Chambéry » (fol. 148 et 149).
S'il omet de donner un « aspect » du collège, c'est probable-
ment que les bâtisses n'en sont point assez élevées ; mais il en
dresse les plans avec des annotations curieuses, et il les date
précisément du temps auquel il dessinait la ville et les prieurés.
Le plus important de ces documents est celui qui porte le titre
suivant, écrit de sa main : Ichnographia collegii Camberien-
sis societàtis Jesu, prout se liabebat mense Januario 1618.
Qiiœ notata sunt flavo colore non sunt œdificata. In eccle-
siavero média pars fundata est, atque infra altarealiquid
œdi/îcatum (Rd 4 c, fol. 176). Ce plan est fort explicite et con-
corde absolument avec les croquis de l'album de voyage. On y
voit qu'en janvier 1618 l'édifice était sur ses fondations, et qu'en
deçà de l'autel une partie entière sortait de terre. Outre que ce
renseignement nous est précieux pour la date de construction de
l'église du collège, il nous montre aussi d'une façon à peu près
certaine la collaboration de Martellange.
D'après des renseignements de source sûre, la maison des
Jésuites avait été fondée par le duc Philibert-Emmanuel de Savoie,
en 1554. Elle avait été achevée en 1599, saufune partie des bâti-
ments et la chapelle. C'est à cette portion inachevée que Martel-
lange dut travailler au mois de janvier 1618. Dans la même année,
il revenait à Roanne et passait à la Bénissons-Dieu, le 25 juin
(Ub 9 a, fol. 108), au château de Chenevoux, le 26 juillet (Ub 9,
fol. 28), à Roanne, le 29 août (Ub 9 a, fol. 103), à Mâcon, le
6 octobre {Ibidem, fol. 116).
Collège d'Orléans (1620).
MarteUange dut s'occuper sérieusement du collège d'Orléans,
ouvert en 1617 et étabh primitivement dans un couvent de cha-
noines réguliers de Saint- Augustin du nom des SS. Symphorien
et Samson, détruit par les Huguenots en même temps que la cathé-
drale de Sainte-Croix. Ces ruines, on le comprend, n'étaient guère
appropriées à un étabhssement de Jésuites, et il était urgent d'y
pourvoir de prompt remède. Vraisemblablement chargé d'en étu-
dier la reconstruction, Tarchitecte des Pères en dressa un plan
très détaillé au mois de février 1620, où il donnait un aperçu des
bâtiments futurs sous ce titre : Ichnographia futuri œdificii
collegii Aurelianensis societatis Jesu, delineata anno 1620
mense februarii (Hd 4 b, fol. 120). Mais, tout aussitôt, et pour
parer à tous les inconvénients, Martellange envoie un autre des-
sin du même projet avec des modifications essentielles (fol. 119).
L'église des Bénédictins avait été en partie renversée par les
Huguenots, et les autres bâtiments ne convenaient point à la com-
modité des classes. Martellange indique ces petites difficultés le
7 juillet 1620 et propose des mesures radicales : Totmn ergo
collegii spatiiun alias ab Hugonottis dirutum, eo quod
esset ecclesia et claustrum religiosorum sancti Benedicti,
ita tayiien ut quod reedifîcatum fuit, cum non sit yiostris
usibus conveniens, sic etiam diruendum, secundum delinea-
tionem cœptam, ubi fundamenia veteris œdificii propter
42
immensam difflcultatem ipsorum nos ad id adigunt. Quod
reliquum est ex eo quod delineatum est satis patehat. (Hd
4 b, fol. 115, les notes de cette pièce concernent la pièce 118
reliée plus loin.) On voit qu'il y a à détruire une partie malade
des vieux murs de la ville pour y construire les cuisines. Dans
l'église, on a abandonné l'ancien clocher des Bénédictins, com-
plètement détruit, et on l'a reporté vers le chœur. La vieille
tour avait déjà servi à des voisins pour des constructions nou-
velles ; il faut racheter le terrain. A cette époque, le mur de
gauche, en regardant le chœur, était élevé jusqu'à la corniche,
l'autre côté était en fondations, mais on gardait les anciennes
substructions, quod reliquum est coloris flavi antiqua fun-
damenta bona sunt ; c'était donc encore le plan des chanoines
réguliers.
Ces renseignements sont précis et fournissent à l'archéologie
un document sur l'église des Bénédictins au xvf siècle. Martel-
lange, occupé de février à juillet 1620 par ces projets divers,
revint à Orléans pendant les années qui suivirent. En juin 1621,
il donne d'après nature un croquis du château de la Grillière,
appartenant alors au lieutenant-général de robe, François de
Beauharnois, lequel fiit en charge de 1595 à 1635 (Ub 9, fol. 37).
Mais, si M. Charvet attribue à Martellange la façade aujour-
d'hui détruite de Saint-Maclou d'Orléans (p. 108), il nous semble
tout aussi plausible de reconnaître quelques-uns de ses travaux
dans la reconstruction de Sainte-Croix, démolie elle aussi par
les Huguenots, et dont il prend trois vues dans ses croquis de
voyage. Une de ces pièces a une grande importance. Martellange
y montre l'église encore en ruines dans certaines parties , et
rebâtie dans d'autres. La porte du cloître du côté du midi
avait été une des plus détériorées, il la dessine et indique sur un
pan de mur ce qu'il en est advenu de ce monceau de décombres :
« Ruines démolies pour bastir la croisée de Sainte-Croix d'Or-
« léans. Du 20 apvril 1623 » (Ub9, fol. 36). Que faisait Martel-
lange à Orléans précisément au moment de la reconstruction de
Sainte-Croix, et pourquoi s'inquiète-t-il autant de la croisée?
Nous ne le saurions dire d'une façon plus précise ; mais n'est-ce
point là déjà un indice de collaboration, surtout si l'on se souvient
que Henri IV avait posé la première pierre de la nouvelle église
et que sa veuve avait hérité de son admiration, alors de mode, en
faveur du meilleur architecte des Jésuites?
^3
Ces remarques une fois faites, et pour laisser auxérudits locaux
le temps de discuter ces opinions et ces hypothèses, nous men-
tionnerons à titre de renseignement un plan du collège des
Jésuites, fait à Paris, le 5 juillet 1632, parle P. François Derand,
le rival de Martellange, d'où l'on pourrait tirer quelques indices
en faveur d'un travail commun (Hd 4 b, fol. 116). Ce plan est
signé et daté.
Collège d'Aurillac (1621).
Le collège d'Aurillac, de la province de Toulouse, fut ouvert
par la ville en 1619, et cette année même fut occupé par les
Jésuites. Martellange ne paraît pas y avoir collaboré, mais sim-
plement y avoir mis un visa comme inspecteur. Sur un projet
lavé d'encre de Chine, Martellange a écrit : Hanc ideam colle-
gii Aurillacensis confectam a P. Christophoro Grien-
herger approbavit admodum R. P. N. Generalis, 15 jan.
1621 . Il ressort de cette note que ce fut en 1621 que l'on s'occupa
sérieusement de l'édijSce, et que l'idée première en appartenait au
P. Christoplie Grienberger (Hd 4, fol. 149).
Collège de Rennes (1624).
Le collège de Rennes faisait partie de la province de Paris.
Martellange y vint en 1624, car le 24 août il esquisse la ville à
la hâte. « Aspect de la ville de Rennes en Bretagne, 24 augusti
1624 » (Ub 9, fol. 19). Il fait au même moment un plan :
Ichnographia colle gii Redonensis societatis Jesu 1624 (Hd
4 b, fol. 181). Occupé comme il l'était à cette époque, Mar-
tellange n'allait point à Rennes, comme il n'allait point à la
Flèche, pour une promenade. Nous ne croyons pas toutefois qu'il
ait bâti l'église du collège. Il y a dans le recueil Hd 4 b, fol. 180,
deux plans de cet édifice d'une autre main. Mais il dut y venir
pour régler certaines difficultés et jeter un coup d' œil sur les tra-
vaux en cours. 11 y retourne d'ailleurs, car, durant l'année 1626,
on le trouve à Ploermel, dont il dessine une vue dans son album
de voyage (Ub 9, fol. 20).
Collège de Blois (1624-1625).
Avant d'aller à Rennes, Martellange était à Blois, si l'on en
44
croyait les plans des Jésuites ; malheureusement, il ne consigne
dans ses notes aucune vue de la ville ; tout au plus s'arrête-t-Q à
Cheverny, château des Hurault, mais sans dater son dessin (Ub 9,
fol. 34). En juin 1624, il avait exécuté un plan du collège :
Ichnograjphia collegii Blesensis societatis Jesu ut se habet
anno 1624 mense junio (Hd 4 c, fol. 21). Approuvé à Rome le
7 février 1625, ce fut apparemment celui qui fut suivi dans
la construction. Le 29 juillet, il reprenait son idée et refaisait
une Ichnographia futuri œdificii collegii Blesensis socie-
tatis Jesu, facta anno 1624 mense julli 29. Il venait à cette
époque de travailler à Bourges, il allait partir pour Rennes, il
avait le souci de plusieurs travaux en train. Pour être juste,
il faut reconnaître combien ses supérieurs le laissaient peu chô-
mer et quelle énergie déployait celui que l'on pourrait appeler
le plus grand constructeur d'églises du xvif siècle.
Paris. Maison professe de la rue Saint- Antoine (1627).
M. Charvet en était réduit pour cet édifice « aux récits des
« écrivains des derniers siècles, qui sont loin d'offrir les détails
« indispensables. » Il cite Piganiol de la Force (t. IV, 371 et
suiv.), qui donne Martellange comme ayant collaboré à la cons-
truction de l'église, dont l'architecte en titre eût été le P. Fran-
çois Derand. Si l'on en croyait Piganiol, Martellange eût pro-
posé de copier purement et simplement le Gesù de Rome. Au
contraire, le P. Derand avait donné des projets personnels, qui
furent suivis.
Nous croirions volontiers que les deux architectes furent
employés conjointement à l'œuvre, puisque nous trouvons des
plans de l'un et de l'autre dans les recueils des Jésuites. Une par-
ticularité curieuse de la construction de l'église fut que la façade
inspira à Martellange de vives critiques, probablement envoyées
à Rome sur demande, et dont nous donnons ici une copie :
Alcuni errori notati da piu periti architetti di Parigi sopra al sopra-
detto disegno.
La faciata che avanza dove e la porta magiore deve contenere la lar-
gueza di tutta la nave délia chieza per legar insieme la cantonata et
dargli la forza necessaria, e non lo fa, e dove bisogua piu forteza
vien piu debole massime a iinsu rispetto a i volti da fare in crociera
45
e i risLremamento di mûri alsandosi rendonosopra piu debole contro
a la stabilita.
Questo nella elevatioiie fa l'ordine de colonne tropo stretto contro
la belleza.
Detto muro e troppo massitio, massime avendo bisogno di far piu
grande il cuoro de la musica e havere piu spatio por i gradi avanli
la chieza.
La porta del mezo de la faciala e di sproportionata largueza, mas-
sime facendo doi porte laterali avendo 2i palm. Rom.
Le colonne attacate contra à pilastri e confuse insieme, e cosa
monstruosa e tanto nelle bazi come negli capitelli e cossa che non
si puo patir ne vedere da gli intendenti e mai e stato fatto dagli
antichi.
Le altre colonne prossime a le porte laterali sonno di manco e dif-
férente sporto da gli altrl, et sarra doppia e différente.
La confusione che si fara negli capitelli e molto pegiore qu'ella de
mediglioni massime in Pordine Ghorlntio.
Non e a proposito che vi siano i gradi a l'intervalle délie porte, ma
deve sequitar il piano de la chieza, che sarebbe occasione di cadere al
populo nel issir di detta chieza.
Il numéro di gradi deve essere imparo.
Non e a proposito mettere pilastri nella meta de le cantonale de
la chieza avendo posto collonne al davanzi el mettere pilastri con
tanto poco sporto al lato di detta cantonata.
Le lumache sonno troppo strette e piccole a luzo de la tribuna
0 choro de la musica e choretti intorno à la chieza.
Si sara ancora dimenticalo a dar lume a dette lumache.
La major diformità e che la detta faciatta e che non seguita il dritto
délia strada ma fa un angolo in tutto diverso e per tanto difforme
quanto la faciata avanza e i lati si riculano, il che facilraente si poteva
■ far agiongendo a i fondamenti fatti, se sopra questo fosse stato adhi-
bito il consiglio da gli intelligenti.
Le porte laterali de fora de la nave e dentro a lo spatio de le
capelie e senza exempio e superflue , la porta del mezo essendo di
tanta smisurata grandeza.
Questo sià detlo degli errori de la pianta solamente, che per l'elle-
vazione ve ne sonno molto majori oltra a quelle que sonno stati notali
nella detta pianta (Hd 4 b, fol. 2-18 bis).
Ces remarques très sévères et peut-être dictées par la jalousie
46
n'eurent pas grand effet à Rome. Le plan du P. Derand fut suivi,
et la partie si critiquée reçut son plein et entier développement.
Dans un dessin ultérieur, Derand montre l'état des bâtisses de la
maison professe, et l'église, déjà construite, y a la façade en ques-
tion, qui est bien celle d'aujourd'hui. Seulement, l'aménagement
intérieur n'était point terminé encore, car on se sert provisoire-
ment d'une petite chapelle à gauche de la nouvelle éghse. Derand
n'a malheureusement pas mis de date sur son plan, il s'est con-
tenté de l'annoter et de teinter de couleurs diverses les parties
du bâtiment terminées, en construction, ou à faire. Ce devait
être environ vers 1640 (Hd 4 b, fol. 218. Voir aussi le plan de
Derand, fol. 221).
Mais une autre pièce prouverait la collaboration de Martel-
lange; c'est une coupe de la bâtisse en 1627, intitulée par lui :
Ichnographia do7nus professée sancti Ludovici soc. Jesu
Parisiis prout se habet anno 1627 augusti mensis. Martel-
lange donnait dans cette étude une façade différente de celle de
Derand. Elle avait un portail en demi-cercle, et seulement une
porte principale, suivant les idées émises dans sa critique. En
1627, il n'y avait de sorti de terre que l'abside et une partie
du côté droit sur fondations ; peut-être Martellange ne le donne-
t-il que pour montrer les divergences entre son plan et celui
de son collègue.
En tous cas, il suivait de près les dessins et les travaux de
Derand. Celui-ci ayant fait une élévation des côtés intérieurs
dans une manière assez lâchée, Martellange écrit sur cette pièce :
Disegno fatto del R. P. Francesco de Rand per la chieza di
Parigi, de manu propria (Hd 4 b, fol. 225).
Il ne faut donc plus guère chercher dans les bâtiments du
lycée Charlemagne le travail de notre architecte; l'œuvre est
bien du P. Derand, qui avait envoyé ses plans en 1625 à Rome-
{Ibidem, fol. 221), d'où ils étaient revenus autorisés. Une preuve
d'ailleurs que Martellange n'y avait point beaucoup collaboré,
c'est l'absence de dessins sur cette église et ce collège dans son
recueil de voyage. Lui qui mettait en tête de cet album le Novi-
ciat de Paris, dont il était l'auteur, n'eût certes pas manqué d'y
joindre des vues de la maison professe, s'il l'eût édifiée. Le
manque absolu de renseignements de ce genre nous paraît une
preuve considérable. Il était pourtant bien à Paris dès cette
époque, puisque c'est en 1628 que les travaux du Noviciat furent
47
conduits avec le plus d'ardeur, suivant que nous le verrons ci-
après, et qu'il les dirigeait en personne. Dans son itinéraire, 1629
est la date précise à laquelle il paraît so retirer du monde. Il ne
serait pas impossible que la construction du Noviciat lut devenue
pour lui un couronnement de carrière.
Paris. Noviciat (1628).
Plusieurs auteurs ont prétendu avec d'Argenville que Martel-
lange ne s'était occupé du Noviciat qu'à la fin de sa vie. Comme
nous le disions, il dut en faire le couronnement, mais il avait
conçu l'idée de cet établissement longtemps auparavant, puis-
qu'on 1617 il en avait donné un projet (lettre du 22 nov. 1622,
citée par Charvet, pp. 94-95^). Toutefois les documents pré-
cis conservés au Département des estampes de la Bibl. nat.
ne le montrent guère occupé de cette œuvre avant 1628. Le
14 février de cette année, il indique dans un plan très explicite et
très clair l'état des travaux à cette date précise : Ichyiographia
domus probationis soc. Jesu in suburbio Parisiaco sancti
Germani fada 14 februarii 4628. Color cœruleus indicat
quœ œdiflcata sunt, croceus vero quœ œdificanda (Hd 4 b,
fol. 172). Avec ces renseignements précis, on voit que selon les
suppositions de M. Charvet (p. 95) les bâtisses allaient bon train,
puisque^, sauf l'église et la salle de récréation, tout est en cours
d'exécution et même terminé pour une grande part. Deux ans
après ces premiers détails, Martellange nous initie aux travaux
faits ou à faire. C'est d'abord (Ub 9, fol. 2) une vue des bâti-
ments élevés du côté du jardin et portant comme légende : « Du
« novitial de Paris, 1630. » L'église n'est point commencée
encore ; elle est simplement figurée par un dessin de fondation
dans le jardin à droite, et le chœur y est marqué par une croix.
Cet excellent dessin d'architecture ne pouvait être plus complet
ni plus explicite. Dès ce temps même, Martellange a arrêté son
plan et donné sa façade (Hd 4 b, fol. 176). Tout était donc con-
venu et arrêté en 1630, mais rien n'était encore mis en œuvre.
L'année suivante, 1631, les fondations de l'église sortent de
1. Il nous est venu un scrupule. Le noviciat dont parle Martellange est celui
de Lyon très probablement (voir Hd 4 b, fol. 148). Le plan de ce noviciat était
eflectivement de juin 1617.
48
terre. Martellange nous les montre dans un dessin portant comme
légende : « Des fondations de l'églize du Novitial de Paris, 1631 »
(Ub 9, fol. 3).
Le 23 septembre 1634, trois ans après, notre architecte donne
une vue d'ensemble du Noviciat. L'église est à moitié de façade
jusqu'à la frise environ. Devant, une petite ruelle, et plus loin des
jardins clos de murs. Tous ces détails sont d'un grand intérêt
pour la topographie du vieux Paris. Martellange écrit sur son
croquis : « Aspect contre le novitial de Paris, 1634, 23 sep-
« tembre » {Ibidem, fol. 5). Revenant alors sur cette vue du
côté opposé, il dessine l'abside de l'église, laissant voir dans le
lointain le palais du Luxembourg, à la reine mère : « Du 20 no-
« vembre 1634. Du novitial de Paris » {Ibidem, fol. 4).
Avec le collège de Roanne, le Noviciat de Paris est une des
constructions qui ont le plus retenu Martellange. Longtemps
après, l'édifice ayant été terminé, le graveur Lepautre en traça
sur cuivre la façade et la coupe, Martellange annote lui-même
cette reproduction et la date de 1640, un an avant de mourir
(Hd 4 a, fol. 254, 255). Il avait mis dans cette œuvre toute sa
science pratique et tous ses soins.
Nous citerons, pour terminer, les plans conservés dans le recueil
Hd 4 b, fol. 191 et 192 ; ils sont de la main de notre artiste et
concordent avec les vues; ils sont tous de 1634.
Collège de Sens (1628).
M. Gharvet écrit, page 188 : « Les archives du collège de
« Sens ne fournissent rien qui rappelle le nom de Martellange.
« Cependant, l'église fondée en 1624 à une seule nef et d'une
« grande simplicité pourrait avoir été faite d'après les plans de
« notre artiste. »
Le jugement si sûr de M. Charvet ne l'a point trompé. Le
recueil des plans des Jésuites ne laisse aucun doute. On trouve
dans le vol. Hd 4 b, au fol. 183, « l'ichnographie » complète du
collège, datée du 7 mars 1628, « prout se habet, » comme le
monument était à l'époque. L'écriture et le faire de Martellange
s'y retrouvent complètement. Et ce n'était point là un projet en
l'air, car les termes mêmes employés par Martellange indiquent
la construction commencée. Une autre pièce conservée au fol. 184
porte : Ichnographia pro ^dificando gollegio Senonensi
49
societatis Jesu, facta anno 1628 mense martis. C'était ou ce
devait être le projet définitivement accepté et sur lequel on allait
travailler. Pour dire le vrai, si Martellange était à Sens durant
l'année 1628, il n'y dut guère demeurer, les affaires du Noviciat
de Paris lui ayant laissé peu de temps à lui. Aussi les quatre ou
cinq plans divers du recueil Hd 4 sont-ils tous datés du 7 mars 1628
(fol. 182, 183, 184, 185).
Il ne donne aucun croquis de Sens dans son album de voyage.
Collège de Moulins (16...).
M. Charvet publie des détails assez précis sur la construction
du collège de Moulins. Nous n'avons retrouvé aucun plan des
travaux de MarteUange, mais il fournit trois vues dans son album
de voyage (UbQ a, fol. 96, 97, 98). Une seule, la dernière, men-
tionne : « la maison de Pozeulz ^ du collège de Moulins, » qui
était une maison de campagne. Les deux autres dessins sont des
vues générales de la ville.
Collège d'Embrun. {Charvet, p. 189.)
Il faut renoncer à ce collège pour Martellange. C'est le P. Léo-
taud qui en donna le plan en 1640 (Hd 4 a, fol. 237). Mais l'éta-
blissement existait dès 1606 et était installé dans des bâtiments
provisoires. Le bâtiment fut construit « sur le dessein de feu
« M. Roman, qui batist tout le reste pour le collège d'Embrun »
(Hd 4 d, fol. 119).
Collège de Rouen. {Charvet, p. 186.)
L'église des Jésuites encore debout et qui est actuellement
celle du lycée Corneille a une façade dans les données de Mar-
tellange. Elle se compose de deux ordres superposés ; le bas a
deux pilastres et deux colonnes cannelées faisant avant-corps.
1. Pouseux, ancienne maison de campagne des Jésuites, qui avait été cédée
à la ville de Moulins par Diane de Chàteaumorand, dame d'Urfé. Les éclievins
de la ville la donnèrent aux Jésuites vers 1590, « ladicte terre devant tenir lieu
aux Pères de maison de recréation » (Arch. de l'Allier, D 2G). Vers le milieu
du xviii" s. Gresset composa à Pouseux sou poème de Vert- Vert. (Note due à
l'obligeance de MM. Queyroy et Garelle.)
4
50
Entre les pilastres et les colonnes, deux niches avec statues des
SS. Louis et Gharlemagne. En haut, quatre pilastres ioniques.
Le fronton était démesuré ; la figure allégorique qu'il contenait
est aujourd'hui très fruste.
Si Martellange ne consigne rien dans son album de voyage, il
donne toutefois deux plans de l'église du collège (Hd 4 b, fol. 205
et 207). Y aurait-il grand risque à le croire l'auteur de cet édifice,
dont l'architecte est inconnu? Lui qui avait travaillé à Rennes,
eût pu très bien venir à Rouen ou tout au moins fournir son
idée. Une pièce nous gênerait pourtant, c'est celle du même vol.,
folio 254, émanant du P. Derand. La question est intéressante,
elle mérite qu'on l'étudié à loisir. En tout cas, le plan en question
est ainsi signé : Reverentiœ vestrœ servus in Christo Franc.
Derand. Et dans ses remarques le célèbre architecte note soi-
gneusement l'état des œuvres à la fin de 1625 : Typus ecclesiœ
collegii Rothomagensis inchoatœ , uti erat suh fmem
anni 1625. Ce plan était envoyé au P. Baltazar, assistant de
France à Rome. Toutefois, les constatations d'état d'avancement
étaient-elles toujours faites par l'architecte primitif? Nous ne le
croyons pas, Derand pouvait n'être appelé que pour un travail
d'inspection et n'avoir pas donné le plan de construction.
Prieuré de Jonvelle.
Dans une des vues de son livre de voyage, Martellange a
dessiné une vue de la petite ville de Jonvelle, dans la Haute-
Saône, où le collège de Dole avait un prieuré. Il l'intitule :
9 augusti 1617. Prioratus Jonvelle coll. Dolani (Ub 9 a,
fol. 141). Ce fut vraisemblablement la même année qu'il en fit
une autre portant en titre : « Jonvelle au conté de Bourgogne ou
« la compagnie a un prioré » (Ub 9, fol. 80). Ce qui est certain,
c'est que la petite église de ce prieuré avait sur son toit, avec le
monogramme du Christ, la date 1601. Celle du collège de Dole
portant 1599, on voit que ces deux monuments avaient été cons-
truits à peu d'intervalle l'un de l'autre. Peut-être Martellange
avait-il contribué à les achever? (Voir ci-devant l'article sur le
collège de Dole.)
Henri Bouchot.
54
ITINÉRAIRE DE MARTELLANGE D'APRÈS SES DESSINS.
1605. — Vienne, en Dauphiné. — Prieuré de N.-D. des Baumes,
en Comtat. Juin. — Sisteron.
1606. — SisLeron. — Abbaye de Boscodon, dans les Alpes.
i8 octobre. — Vienne, en Dauphiné.
1607. — Le Puy. Du i"' au H mai. — Garomb. 9 juillet. — Gar-
pentras.
1608. — L'Ile-Barbe, près Lyon. — Avignon. Août. — Méthamis-
lez-Avignon. — Sisteron. 31 août. — Avignon. Septembre.
1609. — L'Ile-Barbe, près Lyon. — Avignon, 21) août. — Mont-
frin en Provence.
1610. — Dole, en Franche-Gomté. -10 janvier. — Besançon.
Février. — Roanne. iO mai. — Riorges-les-Roanne. H mai. —
Roanne. 13 et i 6 mai. — Vesoul. 5 août. — Dijon. 22 septembre.
— Saint- AppoUinaire-Iez-Dijon. 28 et 29 septembre. — Roanne.
34 décembre.
1611. — Montbrison. -10 janvier. — Le Puy. 49 janvier. —
Roanne. — Montjeu-lez-Autun. 6 mai. — Autun. 7 mai. — Antilly-
lez-Dijon. 18 juillet. — Argilly, en Bourgogne. 28 juillet. — Dijon.
47 août. — Seurre, en Bourgogne. 7 septembre. — Fontaine-lez-
Gîteaux. 24 septembre.
1612. — - La Flèche. Du 2 février jusqu'après le mois de juillet.
1613. — Seurre. 3 et 8 février. — Faverney, en Franche- Comté.
7 mai. — Cîteaux. 44 juin. — JonvelIe(?), en Franche-Gomté.
1614. — Dijon. 4 5 janvier.
1615. — Bourges. 7 mars. — Dijon. 29 septembre. — Vesoul.
Décembre.
1616. — Route de Dijon à Seurre. 24 mars. — Lyon. Avril. —
Lair-lez-Avignon. 4 7 octobre. — Béziers. 22 novembre.
1617. — Avignon. 3 janvier. — Polignac, en Velay. 24 février. —
Le Puy. 27 et 28 février. — Lyon. Avril et juin. — Gluny. 22 sep-
tembre. — Riorges-Iez-Roanne. 48 octobre. — Beaulieu-lez-Roanne.
4 7 novembre. — Roanne. 46 décembre.
1618. — Ghâteau de Ghenevoux. 7 janvier. — Ghambéry. 44,
20 janvier, 3 février. — L'Ile-Barbe. 30 mai, 42 juin. — Abbaye de
la Bénissons-Dieu. 26 juin. — Ghenevoux. 26 juillet. — Roanne.
29 août. — Mâcon. 6 octobre.
92
1619. — Vienne. 20 janvier. — Flécheras, près Lyon. 2 février.
— Roanne.
1620. — Orléans. De février à juillet? — Moulins? — Roanne.
3^ décembre.
1621. — Bourges? — La Grillière-lez-Orléans. 22 juin.
1622. — »
1623. — Orléans. 20, 21 avril.
1624. — Chartres. — Abbaye de Bourgueil. — Le Mans. 8 jan-
vier. — Blois. Juin et juillet. — Rennes. 24 août.
1625. — Abbaye de Montmartre, près Paris, ^9 mars.
1626. — Ploermel. Avril.
1627. —Paris?
1628. — Paris. -14 février. — Sens. 7 mars.
1629. — (Paris. Noviciat.)
1630. — Paris. Noviciat.
1631. — Paris. Noviciat. — Sainte-Chapelle après l'incendie de
^630.
1632. — (Paris. Noviciat.)
1633. — (Paris. Noviciat.)
1634. — Paris. Noviciat. 23 septembre et 20 novembre. —Palais
du Luxembourg, à Marie de Médicis.
1635. — »
1636. — »
1637. — Martellange, retiré à Paris, termine plusieurs vues de
son album.
1638. — «
1639. — Gentilly-lez-Paris. Dernier dessin de Martellange.
1640. — Signature de lui sur une gravure d'A. Lepautre.
1641. — Mort de Martellange,
PETITE CHRONIQUE DE GUYENNE
JUSQU'A L'AN 144^.
La courte chronique en dialecte gascon qui fait l'objet de cette
publication ne parait pas encore avoir été méthodiquement utilisée
comme source historique ^ En dépit de l'inégale répartition et de la
sécheresse des mentions qu'elle renferme, elle fournit néanmoins,
pour quelques années du xiv* et du xv" siècle, un certain nombre de
renseignements originaux dont on chercherait vainement ailleurs la
trace. Tels sont les détails relatifs aux événements survenus en Péri-
gord pendant les années -1345, -1348, -1377^, et à ceux dont la
Guyenne, la Sénéchaussée des Landes, l'Agenais et la Saintonge
furent le théâtre^, depuis la reprise de la guerre de Cent ans en
^ 404, jusqu'à la campagne de Charles VII en Gascogne, dans le cours
de Tannée -1442.
1. D. Vaissette a utilisé la Petite chronique, mais seulement aux dates
de 1345 et de 1377, pour rectifier l'époque de la bataille d'Auberoche, de
la bataille d'Eymet et des deux sièges de Bergerac. (Voir livre XXXII, ad
ann. 1345; livre XXXIII, ad ann. 1377, et surtout la note xxi du t. IV, intitulée :
Époque et circonstances de l'expédition de Henri de Lancastre, comte de
Derbi, en Guienne et en Gascogne.) Bien que les auteurs de l'histoire géné-
rale de la province de Languedoc aient vu le ms. original et qu'ils indiquent la
date extrême de la Chronique (1442), ils n'en ont pas fait usage pour la partie
qui traite du xv° siècle. M. Siméon Luce a signalé le parti tiré de cette source
par D. Vaissette, et proposé une interprétation nouvelle relative à la date
du combat d'Auberoche. (Froissart, éd. Luce, t. III, p. xiii, n. 3, et p. xvi,
n. 3.) Un signalement erroné de ce même texte est enfin donné parles éditeurs
des Archives historiques du département de la Gironde, dans une des notes de
la Coutume de Bazas, publiée par M, Octave Beylot d'après le ms. dont les
premiers feuillets contiennent la Petite chronique. Celle-ci est désignée comme
partant de Fannée 1253. {Arch. hist. du dép. de la Gironde, t. XV, 1874, p. 67,
n. 1.)
2. Voir par. 37, 38, 44, 72, 73.
3. Voir par. 78 à 107.
54
I.
Le manuscrit de la Petite chronique porte à la Bibliothèque natio-
nale le numéro 5361 du fonds français (numéro 9850 de l'ancien
fonds et \^S\ de la collection Golbert). C'est un recueil factice, figu-
rant déjà dans son état actuel parmi les manuscrits de Golbert^ et
aujourd'hui recouvert d'une reliure moderne de format petit in-quarto
portant au dos le titre suivant : Coutumes de Bordeaux, Bergerac et
Bazadois. Les divers cahiers dont il se compose, comprenant au
total 126 feuillets numérotés, le dernier en blanc, tous à peu de
chose près du même format, sont de nature et d'origine différentes.
Le premier cahier, le seul qu'il soit à propos de décrire ici, se com-
pose actuellement d'un assemblage de 44 feuillets de papier, ne por-
tant pas trace d'un numérotage ancien et couverts d'une écriture assez
régulière, qui offre les caractères de celle en usage vers le milieu du
XV* siècle.
Les folios 5 verso à 44 recto de ce cahier sont occupés par une
copie de la rédaction en gascon des Coutumes de Bordeaux, sur
laquelle il n'y aurait pas heu d'insister, sans l'addition finale qu'y a
jointe l'écrivain et dont voici le texte :
Finito libre sit laus et gloria Ghristo.
Qui escripsit escribat semper, cum domino vivat.
Dec gratias.
L'an M. GGCG. e .XXXVIIL furent festas aquestas costumas.
Gonsuetudo légitima aprobata de jure est tenenda^.
Suit, au verso du fol. 44^ une sorte de table des ordonnances
municipales de Bordeaux remplissant toute cette page, qui n'était
vraisemblablement pas la dernière du cahier.
1. En effet, le numéro 1481 en chiffres arabes, indice du numérotage des
manuscrits de Colbert, est inscrit sur le fol. i recto actuel, lequel est en réalité
le fol. 1 verso, le feuillet ayant été retourné par suite d'une méprise de l'as-
sembleur, comme on verra plus loin. En outre, sur le recto du premier feuillet
du cahier de parchemin contenant la Coutume de Bazas (fol. 92 actuel), on lit
le chiffre barré 148, comme si l'on eût voulu un instant placer ce cahier en
tête du recueil et inscrire le numéro de classement sur sa première page.
1. Cette mention ne se rencontre pas dans le texte imprimé des Anciennes
coutumes de Bordeaux, dressé au dernier siècle d'après deux manuscrits des
dépôts publics de Bordeaux. {Coutumes du ressort du Parlement de Guienne,
avec un commentaire, par deux avocats au même Parlement. Bordeaux,
1768, 2 vol. in-8°. T. I, pp. 1-167.)
55
II.
Le texte même de la Petite chronique est compris entre les folios
■1 à 5 recto. Le fol. \ s'étani trouvé retourné avant l'assemblage par
suite d'une méprise quelconque, le fol. \ recto réel se trouve au fol. \
verso actuel ^
En tête du fol. \ verso, le texte commence ainsi, sans titre aucun :
« Asso son las canonicas et las datas deu comensamen deu mon,
segon la memoria que se troba en escriut lo prumey jorn de setembre
l'an .M'. GGGG. e .XVIII. »
Une simple comparaison permet de remarquer l'analogie existante,
au moins pour le fonds, entre un certain nombre des 33 premiers
paragraphes de la Petite chronique venant à la suite et s'étendant
jusqu'à l'année -1333, et les passages de date correspondante que
présente la Chronique /'omrme faisant partie du recueil célèbre connu
sous le nom de Petit Thalamus de Moîilpellier' . Le paragraphe d'in-
troduction qui vient d'être cité et les paragraphes 2 et 3, qui donnent
à la Petite chronique de Guyenne un certain semblant de composi-
tion, ne se retrouvent cependant pas dans le texte de la Chronique
romane de Montpellier. Il en est de même de plusieurs autres, qui
traitent tous d'événements d^ordre général, et que l'auteur de la
Petite chronique de Guyemie n'avait pas, semble-t-il, un intérêt par-
ticulier à insérer dans son œuv'e^.
Ges considérations peuvent faire supposer que l'auteur de la Pe/^ï(2
chronique de Guyenne a eu entre les mains un texte de la Chronique
romane plus complet que celui renfermé dans le Petit Thalamus, et
dont ce dernier serait dérivé lui-même. Si l'on remarque en outre que
1. Cette particularité explique l'erreur des éditeurs des Archives historiques
du département de la Gironde, qui ont décrit la Petite chronique sans l'avoir
lue. {Arch. hist. du dép. delà Gironde, t. XV, 1874, p. 67, n. 1.) L'année 1253
assignée par eux comme point de départ au récit, semble en effet commencer
le premier alinéa, en tête du fol. 1 recto actuel, qui doit être comme on l'a vu
considéré comme le fol. 1 verso.
2. Le Petit Thalamus de Montpellier, publié pour la première fois d'après
les manuscrits originaux (Publication de la Société arcbéologique de Mont-
pellier, t. I, 1836-40, in-4°. Quatrième partie, la Chronique romane, p. 315-483).
3. Les paragraphes de la Petite chronique semblant plus spécialement
empruntés à la Chronique romane du Petit Thalamus sont les suivants : 4 à 10;
14; 15; 17: 18; 19(?): 20 ; 24 ; 25; 27 à 31 ; 33(?). Voir aussi par. 92 et 93.
56
cette similitude de fonds entre les deux chroniques cesse à partir de
l'année 4 333 % date que les éditeurs de la Chronique romane assignent
sinon à la composition, au moins à la transcription de toute la pre-
mière partie de ce dernier texte sur les registres de Montpellier 2, on
pourra également reconnaître que tout le fragment de la Chronique
romane, antérieur à ^333, a dû être composé d'un seul jet vers cette
même date. C'est alors qu'une version en aurait été transcrite sur
le registre du Petit Thalamus, tandis qu'une autre, après des trans-
formations ignorées, aurait été utilisée par l'auteur de la Petite chro-
nique de Guyenne.
A partir de l'an 1333 (par. 34), la Petite chronique de Guyenne,
jusqu'en -1404 (par. 77), prend et conserve un caractère local plus
prononcé. Elle traite surtout, depuis cette sorte de démarcation, des
circonstances et des faits intéressant plus particulièrement l'histoire
des provinces anglaises du sud-ouest de la France. Au milieu des
erreurs et des lacunes, le récit des deux années •1345 et 1377 se dis-
tingue par l'extrême précision de certains détails. Telles sont les dates
de la prise de Bergerac et de la bataille d'Auberoche en \ 345 (par. 37 et
38), et celles de la bataille d'Eymet et de la prise de Bergerac en -1377
(par. 72 et 73). Il y a une corrélation évidente entre les premières et
un certain texte qui se rencontre dans un des registres municipaux de
la ville de Libourne, connu sous le nom de Livre velu^ La date
incertaine qu'assignent à ce dernier manuscrit les érudits qui l'ont
eu sous les yeux'* permet toutefois de signaler seulement cette ana-
logie, sans en tirer de conséquence relativement à l'antériorité d'un
des deux textes. Quant aux secondes, le seul texte connu qui en fasse
mention, outre la Petite chronique de Guyenne, est un passage
des registres municipaux de Périgueux ^ Sans admettre que l'au-
teur soit allé puiser ses renseignements à une source aussi loin-
1. A partir du par. 34 de la Petite chronique. Le par. 33, relatif également
à des faits de l'année 1333, est encore inspiré par la Chronique romane du
Petit Thalamus.
2. Le Petit Thalamus de Montpellier, introd. pp. xlv-xlvi.
3. Publié par Guinodie dans YHistoire de Libourne et des autres villes et
bourgs de son arrondissement. (Bordeaux, 1845, 3 vol. in-S", t. I, p. 38, n. 3, et
p. 39, n. 4.)
4. 1392, selon Guinodie {l. c, t. il, p. 173, n. 2), ou 1479, selon les auteurs
du Rapport au préfet de la Gironde, publié dans la Commission des monuments
et documents historiques de la Gn'onrfe (Bordeaux, in-S"), t. II, 1841, pp. 89-90.
5. Publié dans le Bulletin polymathique du Muséum d'instruction publique
de Bordeaux, t. X. 1812, p. 259-260.
57
laine, celle concordance est néanmoins à noler comme preuve d'exac-
titude. Il faut enfin signaler les deux mentions ayant trait aux
années -1348 (par. 44) et ^370 (par. 61), comme relatant des événe-
ments dont les sources imprimées ne présentent pas tracée
Avec l'année 4 403 (par. 78), les proportions du récit changent sul3i-
lement : il semble qu'il ne soit plus l'œuvre d'un compilateur sans
initiative, mais d'un témoin qui raconte, sommairement il est vrai,
les événements dont il a gardé le souvenir. La chronique des seules
années 1405 et ViOii (par. 78-88) remplit ainsi tout le fol. 3 verso.
La narration saute ensuite, brusquement et sans transition, à l'an-
née ^4^7, en tête du fol. 4 recto. Mais il est possible qu'un ou plu-
sieurs feuillets intermédiaires soient tombés^, supposition que vien-
drait appuyer l'indication initiale du chroniqueur, annonçant que le
récit se poursuit régunèremcnt jusqu'à l'an 14^8^.
A la suite de la mention relative à 14 J 7, sur le même folio (fol. 4 r°)
et de la même main, viennent quelques notes (par. 89-96) sur la fonda-
tion de divers ordres religieux, notes placées hors de leur ordre chro-
nologique et semblant destinées à combler une lacune. En effet, le
récit, toujours sur la même page et de la même exécution, ne reprend
qu'avec l'année -1435'*. La même écriture le continue pour les
années 1435 et -1437, jusqu'à Tavant-dernier paragraphe du fol. 4 r°
exclusivement (par. 93-97). Depuis le dernier alinéa de ce fol. jus-
qu'à la fin de la Petite chronique^ au bas du fol. 5 recto, l'écriture
change à plusieurs reprises et perd le caractère d'une copie régulière
et suivie (par. 98-107).
Le fol. 4 verso, séparant les deux tronçons du récit de l'année 1438,
est occupé par une copie d'un privilège octroyé par Edouard, prince
de Galles, à la ville de Libourne^, à la suite de laquelle est transcrite
une note sur la population de l'Angleterre, sans indication de dale^.
1. La prise de Sainte-Foy, le 22 décembre 1348, et la prise de Bazas par le
sire d'Albret, en 1370. Ce dernier événement a été récemment mis en lumière
par M. Luce, d'après une lettre de rémission. (Froissart, éd. Luce, t. VII,
p. xcix, n. 1.)
2. Le fol. 3 verso se terminant sur un alinéa, et le fol. 4 recto commençant
sur un autre, la preuve matérielle de cette disparition, ancienne à coup sûr,
fait défaut.
3. Voir le par.. 1.
4. L'inspection du ms. montre cju'il n'a pas dû y avoir d'interruption dans la
copie de tout le fol. 4 recto.
5. La charte de fondation de la commune de Libourne (1270) publiée en entier
par Guinodie, Histoire de Libourne, t. II, p. 349, pièces justificatives, n" 1.
6. Voir ci-dessous.
58
III.
L'écriture des Coutumes de Bordeaux, celle de la Petite chro-
nique, jusqu'à l'avant-dernier paragraphe du fol. 4 recto, daté de
■1438, celle de la copie de la charte de Libourne sont incontestable-
ment de la même main. La copie qui remplit ces pages dénote en
outre la suite continue d'un même travail. Si Ton rapproche de ce
fait la date de 1438, indiquée par le copiste des Coutumes comme
celle de la fin de sa tâche, on pourra raisonnablement admettre qu'au
moment de transcrire cet important texte juridique, l'auteur de ce
travail jugea intéressant de tracer sur les premiers feuillets des indi-
cations historiques s'étendant jusqu'à cette époque. Il possédait, par
suite d'une circonstance quelconque, ou avait composé lui-même, en
U4 8, un récit sommaire des événements survenus jusqu'à cette der-
nière date\ récit qu'il reproduisit, en ^1438, sans rien y changer, et
en y ajoutant simplement la mention de faits survenus dans les
années immédiatement précédentes. Puis, la copie de cette sorte de
préface et la copie même des Coutumes une fois terminée, il inscrivit
à mesure, sur Tespace en blanc resté libre ^, les événements qui se
présentaient.
L'auteur, ou tout au moins le personnage qui a transcrit la Petite
chronique en tête de la copie des Coutumes de Bordeaux, peut être,
sans grande chance d'erreur, considéré comme un habitant de
Libourne 3, Le silence qu'il garde sur tous les événements survenus
à Bordeaux rend difficile à admettre la supposition qu'il fût citoyen
de cette ville. Le soin qu'il a pris de copier, en tête des Coutumes de
Bordeaux, la charte de fondation de la- commune de Libourne^, la
notation du prix de certaines denrées^, la mention d'un magistrat
local^, enfin l'analogie signalée entre un passage de la Petite chronique
et un texte du Livre velu conservé aux archives de Libourne même^,
1. Voir le par. 1.
2. La fin du fol. 4 recto et le fol. 5 recto.
3. Sa qualité de Gascon est nettement indiquée par les caractères philolo-
giques du dialecte dont il fait usage, ainsi que par les expressions qu'il emploie
(Cf. par. 75, 94).
4. Voir ci-dessus.
5. Voir par. 78.
6. Voir par. 77.
7. Voir ci-dessus, p. 56, n. 3.
5;>
tendraient plutôt à lui assigner cette dernière cité comme lieu d'ori-
gine et de résidence. Il appartenait évidemment à la bourgeoisie et
devait, d'après la nature de son travail, s'intéresser aux questions de
jurisprudence. La présence répétée des mots : « Jhesus Marie Filius »,
qui se rencontrent en tête des pages, tant dans la Petite chronique que
dans les Coutumes, et qui coïncide chaque fois avec une reprise de la
copie \ n'implique pas qu'il fit partie du clergé. Cette formule se ren-
contre sur un certain nombre de registres de délibérations commu-
nales, et notamment, à la même époque, sur ceux de la maison con-
sulaire de Béziers^.
En résumé, la Petite chronique de Guyenne, antérieurement à l'an-
née ^^04, n'est qu'un abrégé chronologique emprunté en grande par-
tie, jusqu'en ^333, au texte utilisé par la Chronique romane du Petit
Thalamus, puis fournissant à l'histoire, pour certains événements du
milieu du xn^ siècle, quelques renseignements précis qui ne sont pas
à dédaigner. Depuis 4 405, et malgré ses interruptions trop fréquentes,
elle porte les caractères d'une œuvre personnelle. On chercherait vai-
nement ailleurs les détails qu'elle présente sur les campagnes de -1405
et de i 406 en Périgord et en Agenais, sur la descente des Anglais en
"Saintonge en ^ 4-1 2 et en 1 439, sur les bruits dont la terreur populaire
faisait précéder l'approche de Rodrigue de Villandrando et de ses
bandes, ainsi que sur quelques points de la vie du célèbre chef de
routiers et de son passage dans le midi de la France.
1. En tête du fol. 1 verso actuel (1 recto en réalité); du fol. 2 verso; du
fol. 4 verso; des fol. 21, 22 verso, 27 verso, 33 verso.
2. Publiés dans le Bulletin de la Société arcfiéologique de Béziers, t. I,
1836, pp. 223-321.
60
PETITE CHRONIQUE DE GUYENNE
jusqu'à l'an 1442.
1 . Asso son las canonicas e las datas deu comensamen deu mon
segon la memoria que se troba en escriut lo premey jorn de
setembre l'an mil .cccc. e .xvm.
2. Deu comensamen deu mon entro a la nativitat de Diu Jhesu
Crist ha .v. milia .c. nii''''. e .xix. ans*.
3. Adam estet en infern .v. milia .ccc. xxii. ans e .vi. jornse
metz^
4. De^ la nativitat de Nostre Senhor entro a la mort de Carie
Magne a .viii. cens .ix. ans^ e ala donc sen Gili de Proensa
regnaba^.
5. L'an myu .c. e .i. prengoren premeyrament crestians
Jeru[salem] *'.
6. L'an .m^ c. e .i. morit sent Gili de Proensa'''.
7. L'an .m', c. e .xiiii. fo pressa Mahargas^
8. L'an .m' .c. xlvu. fo presa Almaria^.
9. L'an .m. c. e .xl. e .viii. fo presa Tartasa^^
10. L'an m' .c. e .xl. e .ix. fo presa Forzae Fragelia*'.
11. L'an .m'. G. Lxx. tornet lo jorn nuyt*^.
12. L'an .m'.c. iiii''''. vm. fo presa la siutat de Jehrusalem*^ e
la crotz fo portada a Damas e la sancta courona deu cap e los
claus foren portatz a Paris la major partida *^.
13. L'an .m^ c. iiii'^''. e .x. lo rey Phelipe de Fransa e lo rey
Richars d'Anglatera pasieren la grant mar*^
14. L'an .m', c. [iiii^''.] e .xvm. lo rey desus deit Richart
morit ^^
15. L'an .m', ce. e .im. morit Galhardun senhor de Mon-
[peley] ".
16. L'an m', ce. e .v. fo près Costantin Nobble*^
17. L'an .m', ce. xiir. fo lo rey Phehp dabant Tholosa et lo
conte de Durfort*^ m[orit] de una peyrat^^
18. L'an .m^ ce. [xxxviu.] fo presa Balensa^^
19. L'an .m^ ce. e .[xjxxix. tornet lo jorn nuyt^^.
20. L'an .m', ce. e .xLvin. morit lo conte de Tholosa^^.
6^
21. L'an .m' .ce. xlix. prengo lo rey de Fransa Tolosa-^.
22. L'an .m', ce. lui. fo lo rey de Fransa rey de Nabarra*^.
23. L'an .m', gcg. fo la perdon a Roma e es per .c. [ans]-*^.
CGC. e .VI. foren destruitz los judius en mantas
24. L'an
.m'
partz2^
25. L'an
.m'.
26. L'an
.m'
27. L'an
.m'.
[cec] e .VII. foren destruit[z] los temples ^''.
ccc. e .XV. tornerenlos judius crestians^^.
CGC. e .XVIII. fo escorgat l'abesque de Ghaors^.
28. L'an ,m'. [ccc.] e .xvii. fes papa Johan de l'abesquat
arcbivesquat de Tholosa, e de Peyregus Sarlat, e de Peytius
Luson e Majassens^^
29. En l'an .m', ggg. e .xxxiii. fo e bengo l'esqurtat apelat
esclipse e bingo a .ii. boras e meja aprop med jorn^'.
30. L'an .m', ggg. xxi. ausigoren lo pastoreu los judius et asso
en raanta part^^.
31. L'an .m', xxvm. foren ars los digetz e gafetz^.
32. L'an .m. ccc. e .xxvi. fo près Cbales per lo rey Audoart
d'Anglatera^^.
33. Item l'an .m. ccc. e .xxxiii. fo grant desconeysensa de
blat en Gasquonba e fo aperat la grant fame-^'^.
34. L'an .m', ggg. e xxxiii, foren esquofîtz los esquotz per los
angles e moriren .xl. m''*, escotz et plus d'autres ^^
35. L'an aprop tremblet la tera lo jorn de sent Thomas aprop
Nadau^s.
36. L'an .m', ccc. xl. m. fet lo Rey de Fransa mudar las
monedas^^ e descapita[r] lo senhor de Clison a Paris ^°.
37. Item l'an .m', ccc. xl. v. fo près Bragueyrac en Peyre-
gorc per lo conte Darvi^^ lo jorn^^ de Sent Bertomyu^^
38. L'an .m', ccc. xl. v. fo la batalha dabant Albarocha^^ en
Peyregorc lo jorn de Sent Seurin^^ per lo conte Darvi qui
gasanbet lo camp *^.
39. L'an .m', ggg. xl. vi. fo près sent Johan d'Angeli per lo
conte Darvi ^^ e l'an après fo la batalha de Cresi bon lo prince
descofit lo rey Philip de Baloys^^
40. Item l'an .m^ ccc. xl. vi. fo près Peytius e raubat per lo
conte Darvi ^9.
41. L'an .m^ .ccc. xl. vi. bingo lo rey Audoart angles mètre lo
ceti a Cbales et mynjaban los ratz=o.
42. L'an .m", ggg. xl. vu. fo gran carestia e grant famé en
62
Bordeu de blat e raoriren grant gent de fame=* e fo lo ceti Agu-
Ihon per lo duc de Lormandia^^ e fo la batalha de Cresi.
43. L'an .m' .ccc. xl. vui. fo la grant mort per tôt lo mon e
fo à Bordeu ^^ a tant grant que argo la Rosela, lo pont Sent Johan
et rua Peytavina^^
44. L'an .m', ccc. xl. viii. fo presa Sancta Fe per los angles
lo digmenge aban Nadau^^
45. L'an .m^ ccc. l. fo lo perdon aRoma^'*.
46. L'an .m^ ccc. l. [v.] fo lo conte Darvi dabant Tholosa e
daban Beses e a Nabona e a Par[is] ^''.
47. L'an .m. ccc. l. morit Phelip de Baloys rey de Fransa e
Johan son filh fo r[ey] ^^
48. L'an .m. ccc. l. vi. fo pris lo Roi de Fransa daban Peytis
au mys de setembre aparat Johan por mon senhor lo prince filh
deu roy Audoart e lo menât a Ly borna e a Bordeu ^o.
49. L'an .m. ccc. l. ix. salhit fora de preyson d'Anglatera
Johan Roy de Fransa e flnet^^
50. L'an .m. ccc. l. ix. prengo la possecion deu dugat per
mossenhor lo rey d'Anglatera mossen[hor] Johan Candos^'.
51. L'an .m. ccc .lx .nr.^^ foren los grans freitz que la mar
gelet en Gasquonha e aqui médis en l'an seguen fo la petitamor-
talha^^ e aquet an fo après lo conte d'Armanhac e lo senhor de
Labrit per lo conte de Foys^^.
52. L'an .m. ccc. lx. iiii. fo la batalha en Bretanha de Carie
de Bloys e deu conte de Monfort qui agut lo camp ^^.
53. L'an .m. ccc. lxv. fo lo parlament a Peiregus deu prince
e deus barons de Guiayna^'.
54. L'an .m. ccc. lx. v. foren las justas en Anglosie^^.
55. L'an .m. ccc. lx. vi. en hahost bengo lo rey Dempetro
d'Espanha^^ de Nabara™ e lo rey de Malhorguas'* e lo duc de
Bretanha'^ a parlamen a Bordeu'''^.
56. L'an .m. ccg.lxvii. fo confermat lo rey Anric en Castela ^^
57. Item l'an .m. ccc .lxvii. a .m. d'abryu fo desconfit en
Espanha lo rey Anric per lo prince de Gualas duc de Guyaina''^.
58. L'an .m. ccc. lxvu. partit papa Urban de Vinhon et anet
en Roma an los cardinaus ''^.
59. L'an .m. ccc. lxviii. morit lo rey Donpetro que lo rey
Hanric lo fit trenqua lo cap son fray bastart".
60. L'an .m. ccc. lxix. fo lo cety en Peyregorc dabant Bor-
63
dellia"^ e aquet an coraenset la guerra en Guasquonha e per tôt
Guiayna.
61. L'an .m. ccc. lxx. fo Basac près per la man deu senhorde
Labrit"^
62. L'an .m. ccc. lxx. en jun fo destruita la siutat de
Lemodges per mon senlior lo prince de Anglatera *".
63. Item l'an .m. ggg. lxxi. fo lo ceti de Monpahon'*' permos-
senhor lo duc de Lancastre e son fray de Gadabruya**. Et ala
donc s'en anet mossenhor lo prince ^^^
64. L'an .M, [ccc] lxxiii. trembletlatera. E ala liorademeja
nuyt e .i''. autra betz a liora nona^^ et en aquet an fo près La
Reula [e] Gastelhon per lo duc d'Ango^^
65. L'an .m. ccc. lxxiiii. fo grant carestia de blat en Guas-
quonha que baie lo bochet deu fromen^'' .x. e foren mes fora de
Bordeu lo senlior de Lagoyran e mossenhor Johan Colo *^
66. L'an .m. ccc. l[x]xv. fo lapetita mortalha e grant mortau-
dat de gens menuda e en aquet an anet mossenhor Thomas de
Felenton, senescauc, a la guera contra Armanhac an lo conte de
Fois^^.
67. L'an .m. ccc. lxxvi. lo jorn delà Trinitat moritlo prince
de Gualas^^ E lo Captau a Paris en preyson^".
68. E aquet an no baie tonet de bin a Bordeu mas .vi. e fo la
grant binada.
69. L'an .m. ccc. Lxxvii.^^moritlorey Audoart d' Anglatera ^^
70. L'an .m. ccc. lxxvii. ^^ au mes de jun fo coronat lo filh
deu prince, Richart d' Anglatera, aperat de Bordeu ^^
71. L'an m. ccc. lxxvii. foren las gualeyas d'Espanha au mes
d'ahost e lo navily de Lormandia e de Bretanha en Angla-
tera per lo rey de Fransa^'^ et firen guera los esquotz contra los
angles^''.
72. Item l'an .m. ccc. lxxvii. loprumeyjorn de setembre foren
desconfitz e près mossenhor Thomas de Felaton, senescaut de
Guyaina e mossenhor Gualhart de Duribrt senhor de Duras. E
lo senhor de Rausan e mossenhor de Musidan e aqui foren
menât au duc d'Anyo. E aqui foren de la obediensa deu rey de
Fransa °^
73. L'an .m. ccc. lxxvii. a .m. de setembre lo duc d'Ango e
mossenhor Bertran de Claquin, conestable de Fransa prengoren
Bragueyrac, Sancta Fe e Gastelhon de Peyregorc e aprop anet
a Basax^^
64
74. L'an M. ccc. lxxxviii. fo éclipse lo premey jorn de jeney
cap d'an et de senmana, sobre la hora de prima, cum si fos nuyt
que nulh no pode bede l'un l'autre ^^
75. L'an .m. ccc .lxx[xx]ix. fo destruit e yssibat lo rey
Richart Guascon que ane la fillia de Fransa de Anglatera^^^
76. Item l'an .m. cccc. prengo lo Captau la possecion deu con-
tât de Fois e de Bearn per sa molher*"*.
77. L'an .m. cccc. ii. foren tans gra[n]s tonedres e tempestas
e fogres e arguoren dus homes a Liborna sul portau de Guistres*''^
Johan Bidau maior ^^^.
78. L'an .m. cccc. e .im. fo grant carestia de sau que baie a
Bordeu et a Liborna lo carton .xxx. s. e romporen las trebas de
mossenhordeLancastre en Guiayna ^'^*. Item l'an .m. ccc. xxxvii.
comenset l'ordre de Calonges de sent Agustin regulars e secgu-
lars *o^
79. L'an .m. cccc. v. fo grant guera en Lemosin et en Guiayna,
que lo senhor de Labrit, conestablede Fransa conquistet per argen
e per gens^'^S so es assaber Gorbafin*'^^ Besesl''^ Sent Johan
d'Escola*''^ e sebiret la Forsa"*^ e Manduran"*.
80. Item l'an .m. cccc. v. fo près Mauretanha e fo fundut"', e
lo senhor de Castelhon de Medoc ne fo gitat"3.
81. Item en aquet an fo près Châles en Sentonge*^* e Peyroat
capitayne ne fo gitat, e fo fundut"^.
82. Item en l'an dessus lo conte de Clarmon "^ prengo lo castet
de Lorda en Biguorae autres lox"'.
83. Item en l'an dessusdeit en Agenes fo[ren] près Munsagel"^
e Badafol"*^ e foren fundutz.
84. Item en l'an médis fo près per lo conte d' Armanhac '^"^ Lan-
gon*2* e lo médis conte anet dabant Bordeu, e se rendut Lo Port
Sancta Maria^^s, Agulhon*'^ la tera de Caumon^^^.
85. Item l'an .m. .cccc. vi. fo lo ceti de Borc^^^ per lo duc de
Horlhens*^^ e lo grant mestre de Fransa ^^^ E i eran lo conte de
Fois*28, Armanhac*-^ lo senhor de Labrit ^^o, lo senhor de Pons^^S
mossenhor Johan Arpadayne ^^^ e plusors capitaynes de la part
de Fransa ^^^ justa .xv. milia combatens o plus*^^ E duret de la
bespro de Totz Sans entro a .xii. senmanas prop Sent Alary de
Jeney ^35 g g'gj^ leberen an grant dessonor, e foren combatutz en
la mar per mossenhor de la Barda *3'^, per la gen de Bordeu, per
lo navily d'Anglatera e de Bayona, e foren arsas duas naus
dabant Bore '2".
65
86. Item en l'an médis fo petit bin que baie .vi. est. e .viii., e
baie tonet de bin .xxx. ffr. e .xl. contât per xxv. s.
87. Item l'an .m. .cccc. xvii. passet la mar lo rey Anric d'An-
glatera*^* tilli qui fo deu fîlh*^'^ de mossenhor de Lancastre en
Normandia, e an lui son fray lo duc de Glarensa*^" e mossenhor
Dorset"^ filh de mossenhor de Lancastre, e conquisteren Hayra-
flor, [i^] ciutat aperat Camp en Normandia e autres pays*^'.
88. Item r au .m. .cccc. .xv."^ foren en Guiayna mossenhor
de Horc"'', mossenhor de Clarensa, mossenhor Dorset, e prengo-
ren Berbesio"^ e Sotbisa"'' e Lobiron*''^
89. L'an M. ce. lxxiiii. comenset l'ordre deus monges nègres ^■'^
90. L'an .M. ce. viii. comenset l'ordre de cisteus so es assaber
l'ordre deus monges blans.
91. L'an .m. ce. of .ii. comenset l'ordre deus chartrons.
92. L'an .m. ce. comenset l'ordre deus predicadors Sent
Domenge"'-^.
93. L'an .m. ce. comenseren los menors Sent Franses.
94. L'an .m. ccc. e .v. fo papaClemens qui se aperaba dabant
mossenhor Bertran deu Gotz arsibesque de Bordeu : fo papa *=" e
es sebelit a Usesta^^* en tera guasqua*^', e fo aprop lui arsibesque
mossenhor Arnaut de Gantalop*^^.
95. Item l'an .m. .cccc. xxxv. bingo Rodigo en Guiayna ^^^ e
fase guera a franses e ad Angles '=^ e que disen que tostaba enfans
e tôle popas a fempnas prenchs e fade grant cop d'autres maus.
96. Item l'an mil .cccc. e .xxxvii. bingo Rodigo en Guas-
conha^^'' e conquistet Femel*^', La Saubetat^^^ e grant cop d'au-
tras plasas.
97. Item en aquet an médis fo carestia de bin que se bende lo
tonet a Bordeu .xl. ffr. e plus e lo carton era aquet an a Bordeu
a .X. e .XII. arditz*^^ e lo blat deu fromen .ii. ffr. e .m.
98. Item l'an .m. cccc. e .xxxviii. fo près Cleyrac^^'^ per mos-
senhor de Labrit^^^ que l'abat de dedins*^* li livret la plassa e que
y era Rodigo ^''^.
99. L'an .m. cccc. xxxviii. bingo lo senhor de Labryt,
Rodygo, Poton de Sant Analha*''^ lo bastartdeLabrit*^^ dabant
Bordeu e per tôt Medoc entro Assolac*'^'^ e destruiren lo pays*^^
100. Item en l'an médis ballo bosset de frement à Bordeu .iiii.
ff. e tonet de bin .xl. ff . e .l. ff.
101. Item en l'an mil .cccc. e .xxxix., losegont jorn deu mes
d'ahost, lo jorn de Sent Estefe, aribet a Bordeu mossenhor de Hon-
66
tintona ^'^^ an grant poysansa, e sas gens prengoren terra en Sen-
tongee firen grant cop de mau, e eren and et gran cop de hono-
rables senhors^*^^.
102. L'an mil .CCCG. e .xxxix. fo près Basatz per mossenhor
de Hontintona que las gens s'arenduren a lui e la vila"".
103. Item l'an .m', cccc. .xl. baie lo boyset de forment .i. ffr.
e tonet de bin baie .xri. ffr. e lo quarton deu bin baie .xii. d.
104. L'an rail .cccc. e .xm. en lo temps d'estyu enbiron Sent
Jolian Baptista bingut lo rey de Fransa en lo pays de las Lanas
an grant poyssansa*'^ e era an luy lo daufin son fllh"^ lo conte
de Foys"3, lo conte de Pardiac *^^ lo senhor de Labrit^'% lo filh
deu conte d'Armanhac™, La Ira*", Poton de Sentalharo e grant
ment an grant multitut d'autres grans senhors e an grant poyssa,
e cororen lo pays e prengoren la vila de Sent Sebe*"* ont era
dedens lo senescaut de Bordeu^'^^ e grant cop d'autra gent, e la
prengoren d'assaut.
105. Item d'aqui en foro ban s'en anar dabaiit Ax e prengoren
lo d'assaut **^ e dedens era mossenhor d'Usa senescaut de las
Lanas *^S e fo près e son filh e grant cop d'autras gens.
106. Item en aquet an médis lorey de Fransa prengut la Reula
enpero lonc temps estenet dabant abant que l'agus *^^ ont i era de-
dens lo castetlo Baron ^«^ mossenhor d'Angladas *^, locapitayne
de La Reula **^ e grand cop d'autras gens e d'armas, e s'enssalhi-
ren per so que no aben punt de busqua que argussan, e argoren
la sala deu castel per fauta de busqua **S e aquet an fase grant
freyt.
107. Item en aquet an médis fit grantz freytz*^^ e asso abant
la festa de Nadiu de près de .xv. jorns que lo jorn de Sent Thomas
abant Nadau, dabant Liborna la mar galet e per tôt lo pays, que
guabarra no pode maregar****.
67
NOTES.
t. Ce calcul de l'ère du monde (5199 avant l'ère chrétienne) est celui d'Eusèbe
de Oésarée. {Art de vérifier les dates, dans la Dissertation sur les dates, etc.]
2. Celte incohérence entre la date présumée de la naissance du premier
homme et l'âge du monde est à signaler. Elle semble avoir pour cause un autre
mode de calcul de l'ère mondaine inconsciemment appliqué ici par le compilateur.
3. On a vu plus haut que depuis cet alinéa jusqu'au n" 33 inclusivement, plu-
sieurs paragraphes provenaient de la même origine que les parties correspon-
dantes de la Chronique romane du Petit Thalamus. Entre autres, celui-ci et les
suivants jusqu'au n" 10 inclusivement. (Voir ci-dessus, p. 55, n. 3.)
4. Il n'est pas besoin d'insister sur la grossièreté de l'erreur qui fixe ;\ 809
au lieu de 814 la mort de Charlemagne. Elle est d'ailleurs commune à la
Petite chronique et à la Chronique romane du Petit Thalamus. (Voir la note 1
des éditeurs.)
5. La Vita sancti Egidii (Acta Sanctorum, Sept., I, pp. 299 et ss.), écrite au
x° siècle et suivie par l'auteur de la Vie de saint Gile, composée vers 1170,
fait de saint Gilles un contemporain de Charlemagne. (Gaston Paris, la Vie de
saint Gilles, introd., pp. xxv, xxxviii.)
6. Le texte de la Chronique romane du Petit Thalamus établi d'après le ms.
de la Faculté de médecine, porte : « En l'an .m. e .c. mens .i. », etc. Ce qui
expliquerait par une lecture erronée l'erreur de date de la Petite chronique :
Jérusalem fut prise le vendredi 15 juillet 1099.
7. Ce passage pourrait faire croire à quelque tradition fabuleuse relative à
saint Gilles. Mais ce n'est évidemment pas de l'abbé du vu' siècle dont il est
ici question; il s'agit de Raymond IV de Saint-Gilles, comte de Provence, l'un
des chefs de la première croisade, mort en réalité en 1105 et non en 1101. Le
texte de la Chronique romane du Petit Thalamus porte : « En l'an .m. c i.
niori en R. lo compte de San Gili. »
8. Allusions à l'expédition dirigée contre les Sarrazins des îles Baléares, par
Raymond Bérenger III, comte de Barcelone, et Guillaume V, seigneur de Mont-
pellier. La ville de Palma, alors appelée Majorque, comme l'île même, fut prise
le 6 février 1116 (n. st., comme toutes les dates ci-dessous citées). C'est le com-
mencement du siège qui se place en 1114 (D. Vaissete, 1. XVI, ad ann. 1114).
9. Allusion à la prise d'Almeria (17 oct. 1147), par Alfonse VIII, roi de Cas-
tille. (D. Vaissete, 1. XVII, ad ann. 1147.)
10. Allusion à la prise de Tortose par Raymond-Bérenger IV, comte de Bar-
celone, à la fin de 1148. (D. Vaissete, id.)
11. Allusion à la prise de la Forsa et de Fraga (24 oct. 1149), par Raymond
Bérenger IV, comte de Barcelone. (D. Vaissete, id.)
12. Pour l'identification de ce phénomène et des suivants (par. 19, 29, 74),
on peut consulter la Chronologie des éclipses, placée en tête de l'Art de véri-
fier les dates.
13. La reddition de Jérusalem à Saladin eut lieu le 3 octobre 1187.
14. La partie de la vraie croix demeurée à Jérusalem et que l'armée chré-
68
tienne portait avec elle fut en réalité perdue dans la déroute de Tibériade,
avant la prise de la ville sainte. Ce n'est qu'en 1238 que saint Louis acquit la
sainte couronne, auparavant conservée à Constantinople et pour laquelle il fit
bâtir la Sainte-Chapelle. Les clous de la Passion retrouvés par sainte Hélène
étaient tous demeurés à Byzance jusqu'en 550. Le seul qui ait jamais été trans-
porté à Paris est celui qui fut donné par l'empereur Constantin V à Charle-
magne et que Charles le Chauve transporta d'Aix-la-Chapelle à Saint-Denis,
(Rohaut de Fleury, Mémoire sur les instruments de la Passion de N.-S. J.-C,
Paris, Lesort, 1870, in-4° de 414 pp. Voir pp. 161, 203-4, 170, 177-8.) La tradi-
tion assignée par la Petite chronique à la réunion des reliques françaises de la
Passion n'en est pas moins curieuse à signaler.
15. Date exacte.
16. En réalité le 6 avril 1199. Ce paragraphe est emprunté à la Chronique
romane du Petit Thalamus.
17. La Chronique romane du Petit Thalamus porte : « En l'an de .m. e .ce.
e .vu. el mes de setembre, mori en G. de Montpellier. » C'est de la mort de
Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, qu'il s'agit : le nom que lui attribue
la Petite chronique est fautif, comme la date qu'elle assigne à sa mort. L'an-
née 1204 est la date du mariage de Marie, sa fille, avec Pierre II, roi d'Aragon.
18. On sait que les deux prises successives de Constantinople par les croisés
eurent lieu le 18 juillet 1203 et le 12 avril 1204.
19. Sic.
20. Ce paragraphe est évidemment inspiré de l'alinéa correspondant de la
Chronique romane du Petit Thalamus. Le texte imprimé a été corrigé et la mort
de Simon de Montfort placée sous la rubrique de 1217 (voir la note 19 des édi-
teurs). On sait d'ailleurs que Philippe-Auguste ne parut jamais devant Tou-
louse, qui en 1213 était encore aux mains de Raymond VII, et que Simon de
Montfort fut tué lors du second siège, le 25 juillet 1218.
21. Cette date est restituée d'après la Chronique romane Aa Petit Thalamus.
Il s'agit de la prise de Valence par Jayme P', roi d'Aragon, le 28 septembre
1238.
22. Le ms. porte : « L'an .m. ce. e. xxix ». La place du paragraphe impose
la restitution de la date de 1239. La Chronique romane du Petit Thalamus
mentionne une éclipse à la date de 1238. (Voir ci-dessus, par. 11.)
23. Erreur inspirée de la Chronique romane du Petit Thalamus; la date
véritable est le 27 septembre 1249.
24. Date de l'avènement d'Alphonse de Poitiers, époux de Jeanne, fille de
Raymond VII, comme comte de Toulouse, époque réelle de la disparition de la
nationalité méridionale. Le comté de Toulouse ne fut réuni à la couronne qu'à
sa mort, en 1271.
25. Date de l'avènement de Thibaud II (Thibaud V, comte de Champagne),
second roi français de Navarre. Ce fut seulement sa nièce Jeanne qui apporta
en 1284 la couronne de Navarre à Philippe le Bel.
26. Boniface VIII institua le premier, en 1300, le Jubilé centenaire.
27. Allusion à l'expulsion des Juifs du royaume, opérée le 22 juillet 1306.
Ce paragraphe et le suivant sont empruntés à la Chronique romane du Petit
Thalamus.
28. Allusion à l'arrestation des Templiers, le 2 octobre 1307.
69
19. Allusion au rappel des Juifs pour douze années, prononcé par l'ordon-
nance du 28 juillet 1315.
30. La Chronique romane du Petit Thalamus mentionne ce fait sous la
rubrique de 1317. C'est etîectivoment en cette dernière année (|ue le pape
Jean XXII fit mettre à mort Hugues Géraud, évéque de Cahors (juillet 1317).
(Voir Baluze, Vitx paparum Avenionensium, t. I, col. 153-4, dans la Secunda
vita Joannis XXII.)
31. M(Mne observation pour la date et la provenance. En outre, lems. porte :
« fut papa Johan de l'abesquat, » etc., ce qui n'offre aucun sens. Jean XXII,
élu pape l'année précédente (8 septembre 131G), érigea l'évôché de Toulouse en
archevêché (26 mai 1317), créa les évéchés de Luçon et de Maillezais(13 août),
distraits de celui de Poitiers, et l'évéché de Sarlat (9 janvier 1318), distrait de
celui de Périgueux. (Baluze, ibid., col. 135-6.)
32. Ce phénomène est mentionné, sous cette date et à cette heure, par la
Chronique romane du Petit Thalamus. (Voir ci-dessus, par. 11.)
33. Allusion au second soulèvement des Pastoureaux, dont plusieurs bandes
envahirent en 1320 le midi de la France. La Chronique romane du Petit Tha-
lamus rapporte cet événement à sa date exacte.
34. C'est en 1321 qu'eut lieu la persécution dirigée contre les lépreux, rap-
portée à cette date par la Chronique romane du Petit Thalamus. Sur les
« gahets » de Bordeaux, voir Baurein, Variétés bordelaises (1784, 6 vol. in-12),
t. I, art. XVIIL
35. Chalais. (Charente, arr. de Barbezieux, ch.-l. de cant.) Allusion à la prise
de cette ville par Edouard II, pendant la guerre dite des Bâtards (1326). Cf.
par. 81.
36. Allusions à la famine de 1333, que la Chronique romane du Petit Tha-
lamus signale également à cette date. A ce passage cessent définitivement les
emprunts faits à cette source historique par la Petite chronique de Guyenne.
37. La célèbre bataille de Halidon Ilill, gagnée par Edouard Baliol, préten-
dant au frône d'Ecosse, allié d'Edouard III, contre David II Bruce (1333).
38. Le 21 décembre : La Chronique bordelaise de G. de Lurbe (Bordeaux,
1594, in-4°) ne mentionne pas ce phénomène (voir ci-dessous, par. 64).
39. Allusion à l'altération des monnaies opérée par Philip|)e de Valois en 1343.
40. Olivier III, sire de Clisson, décapité à Paris le 2 août 1343.
41. Henri de Lancastre, comte de Derby, arrière-petit-fils de Henri IH.
42. Le 24 août. M. Siméon Luce a adopté l'exactitude de cette information.
(Froissart, éd. Luce, t. III, p. xiii, n. 3.)
43. Voici le texte du passage du Livre velu, dont il a été parlé plus haut :
« En l'an mil .ccc. quaranta et sincq, lo jorn de seul Berthomiu, fo presa la
villa de Bragueyrac par mossen Henric de Lancastre, compte Derbi. » (Cité dans
Guinodie, Histoire de Libourne, t. I, p. 38, n. 3.)
44. Auberoche, au N.-E. de Périgueux, non loin de la route de Périgueux à
Limoges. (Dordogne, arr. de Périgueux, cant. de Savignac-les-Églises, comm.
du Change.)
45. Le 21 octobre 1346, selon l'interprétation proposée par M. Siméon Luce.
(Froissart, éd. Luce, t. III, p. xvi, n. 3.)
46. Le passage du Livre velu, auquel il a été fait allusion plus haut, porte :
« En l'an mil .ccc. quaranta et sincq, Henri de Lancastre, compte Derbi, se
70
combata en batalha restada am l'agent deu rey deffransa lo jorn de sent Seurin,
devant lo loc d'Aubarrocha que los ditz franses tinen assitiat. » (Cité dans
Gulnodie, Histoire de Libourne, t. I, p. 39, n. 4.) D. Vaissete a le premier
signalé, comme il a été dit ci-dessus, l'importance de la Petite chronique au
point de vue des événements de 1345. (Voir ci-dessus p. 53, n. 1.)
47. Le 21 septembre 1346. (Froissart, éd. Luce, t. IV, p. vi, n. 11.)
48. La bataille de Crécy fut livrée comme on sait le 26 août 1346. L'erreur
de la Petite chronique qui la place en 1347 semble bien intentionnelle. (Cf. ci-
dessous, par. 42.)
49. Le 4 octobre 1346. (Froissart, éd. Luce, t. IV, p. vu, n. 3.)
50. Allusion au célèbre siège de Calais. (3 septembre 1346-3 août 1347.)
51. La Chronique bordelaise de G. de Lurbe ne mentionne pas cette famine.
52. Aiguillon, à l'emboucbure du Lot (Lot-et-Garonne, arr. d'Agen, cant. de
Port-Sainte-Marie). C'est en 1346, et non en 1347, qu'eut lieu le siège de cette
place. Un autre passage du Livre velu, ne se rencontrant pas cette fois dans la
Petite chronique, permet de fixer la date de cet événement : « En l'an mil .ccc.
quaranta et seys, el mes d'abriu, en la sempmana saincta, assetiet Agulhon
moussen Johan d'Effransa am doze milia homes d'armes » (Cité dans Gul-
nodie, Histoire de Libourne, t. I, p. 40, n. 5.) Celle indication permet de placer
l'ouverture du siège entre le 10 et le 15 avril (Pâques tombant cette année le
16). La date du départ de Jean, duc de Normandie, fils aîné de Philippe de
Valois, avait déjà été fixée au 20 août par M. Siniéon Luce. (Froissart, éd. Luce,
t. II, p. XXII, n. 1 .) La fin du passage cité ci-dessus confirme cette ingénieuse
déduction.
53. Allusion à la célèbre peste dite de Florence, en 1348.
54. La porte de la Rousselle, à l'extrémité de la rue de ce nom, encore exis-
tante ; le pont Saint-Jean, autrefois situé près des deux tours du Peugue, non
loin du quai de la Garonne; la rue Poitevine, dont le tracé est à peu près suivi
aujourd'hui par le cours d'Alsace-Lorraine [Archives municipales de Bordeaux,
Bordeaux vers 1450, par Léo Drouyn, pp. 237, 392, 270). Ce désastre ne paraît
pas mentionné dans la Chronique bordelaise de G. de Lurbe.
55. Cette prise de Sainte-Foy-la-Grande (Gironde, arr. de Libourne, ch.-l.
de cant.) par les Anglais, le 21 décembre 1348, ne paraît mentionnée dans aucune
chronique (voir l'histoire de Sainte-Foy, dans Guinodie, Histoire de Libourne,
t. III, p. 8).
56. Clément VI réduisit à cinquante ans le jubilé séculaire institué par Boni-
face VIII en 1300.
57. C'est en 1355 qu'eut lieu la chevauchée du comte de Derby dans le midi
de la France (Froissart, éd. Luce, t. IV, pp. lix-lxiii). Il passa la Garonne près
de Toulouse et parut devant Béziers et Narbonnc avant le 1" novembre. La
Chronique romane du Petit Thalamus donne plusieurs détails sur celle expé-
dition, ainsi que la Chronique de Jacques Mascaro, écuyer des consuls de
Béziers. [Lo Libre de Memorias, publié dans le Bulletin de la Société archéo-
logique de Béziers, t. I, 1836, p. 81.) L'apparition des Anglais devant Paris (?)
à celte date est purement imaginaire.
58. Le 22 août 1350.
59. La bataille de Maupertuis, du 19 septembre 1356.
60. Ce séjour de Jean le Bon à Libourne pendant sa captivité ne paraît pas
avoir été connu.
71
61. Ce n'est en réalité qu'après le traité de Boulogne, du 26 octobre 1360,
que Jean le Bon rentra en France. On sait qu'il retourna mourir en Angleterre
(8 avril 1364).
62. C'est en 1361 (20 janvier) que Cliandos fut créé connétable d'Aquitaine.
{Jean Chandos, connétable d'Aquitaine et sénéchal du Poitou, par Benjamin
Fillon, Fontenay et Londres, 1856, in-8'' de 35 p., p. 8.)
63. Le ms. porte : « L'an .m. ccc. xl. jii. », mais il ne faut voir dans cette
erreur qu'une interversion matérielle.
64. Ces particularités ne sont pas relevées dans la Chronique bordelaise de
G. de Lurbe.
65. Il s'agit de la bataille de Launac, gagnée le 5 décembre 1362 par Gaston
Phebus, comte de Foix, sur Jean 1" comte d'Armagnac et Arnaud Amanieu sire
d'Albret. (Voir D. Vaissete, 1. XXXII, ad ann. 1362.)
66. La bataille d'Auray (29 septembre 1364).
67. La Chronique bordelaise de G. de Lurbe place à Bordeaux la tenue des
états en 1365.
68. Aucune allusion à ces joutes n'est faite dans Froissart.
69. Pierre le Cruel, roi de CasHUe.
70. Charles II le Mauvais, roi de Navarre.
71. Jayme III, roi détrôné de Majorque.
72. Jean IV de Montfort, duc de Bretagne.
73. La Chronique bordelaise de G. de Lurbe mentionne seulement à Bor-
deaux en cette année la présence du roi de Majorque, sans préciser l'époque.
74. Allusion à la i)roclamation d'Henri II de Transtamare comme roi de Cas-
tille, le 16 mars 1366.
75. La bataille de Najéra ou de Navarette, perdue le 3 avril 1367 par Du Gues-
clin et Henri de Transtamare contre le Prince Noir.
76. Urbain V retourna trois années à Rome, de 1367 à 1370, et dut revenir à
Avignon après celte inutile tentative d'aflranchissement.
77. Allusion à la scène fameuse dont la tente du breton Yvon de Lacouët fut
le théâtre, et où Pierre le Cruel trouva la mort, la nuit qui suivit la bataille de
Montiel (14 mars 1369).
78. Le célèbre château de Bourdeille, sur la Dronne (Dordogne, arr. de Péri-
gueux, cant. de Brantôme). Le siège fut mis devant la place vers la lin d'avril
1369, par le comte de Pembroke, Jean de Hastings. (Froissart, éd. Luce, t. VII,
p. LU, n. 2, et p. lui, n. 1.)
79. Cette mention de la prise de Bazas par Arnaud Amanieu, sire d'Albret,
en 1370, n'a encore été signalée que par une lettre de rémission citée par
M. Siméon Luce (Froissart, éd. Luce, t. VII, p. xcix, n. 1). La compilation et
les notes publiées sous le titre de Chronique de Bazas dans les Archives his-
toriques de la Gironde (t. XV, pp. 1-G7) ne signalent aucun événement sous
cette date, non plus qu'en 1377 et en 1439. Cf. par. 73 et 102.
80. Le sac de Limoges par le Prince Noir eut lieu le 19 septembre 1370 : la
Chronique romane du Petit Thalamus donne seule la date de cet événement.
81. Montpaon, en Rouergue, près de la Sorgues (Aveyron, arr. de Saint-
Ali'rique, cant. de Cornus). La Chronique romane du Petit Thalamus place le
siège de cette place en février 1371.
82. Jean, dit de Gand, duc de Lancastre, et Edmond, dit de Langley, comte
de Cambridge, puis duc d'York, tous deux fils d'Edouard 111.
72
83. La Chronique bordelaise de G. de Lurbe place en 1373 le départ du
Prince Noir pour l'Angleterre.
84. La Chronique bordelaise de G. de Lurbe ne mentionne pas ce phéno-
mène, que la Petite chronique de Guyenne note ici avec précision, mais en
oubliant d'en signaler le jour. (Voir ci-dessus, par. 35.)
85. La prise de la Réole et de Castillon de Périgord, par Louis, duc d'Anjou,
n'eut lieu qu'en 1374, après l'échec de la grande expédition conduite par Jean
de Gand, duc de Lancastre.
86. La Chronique bordelaise de G. de Lurbe mentionne en 1373 une famine
en Gascogne.
87. Le récit de Froissart mentionne, à la date de 1375, l'exécution de Jean
de Plassac, de Guillaume, seigneur de Pumiers, et de Jean Coulon, son clerc,
ainsi que l'emprisonnement de Pierre deLanduras et de Bertrand du Franc, accusés
d'avoir voulu livrer au roi de France le château de Fronsac [Froissart, ad ann.
1375, éd. Kervyn de Lettenhove, t. IX, pp. 2-4). La Petite chronique présente,
comme on voit, une version différente, selon laquelle Jean Coulon et le sei-
gneur de Langoyran auraient été bannis. Ce dernier était, au moins en 1345,
Amanieu d'Albret. (Cf. sur ce point Guinodie, Histoire de Libourne, t, I, p. 45,
n. 5.) •
88. D. Vaissete (1. XXXII, ad ann. 1375) signale, à la date du 5 sept. 1375, la
conclusion d'une trêve entre Jean P"^, comte d'Armagnac, et Gaston Phœbus,
comte de Foix. L'intervention de Thomas Felton, sénéchal anglais de Guyenne,
mentionnée par la Petite chronique, est intéressante à noter.
89. Date exacte. Le Prince Noir mourut en effet le jour de la Trinité, 8 juin
1376.
90. Jean III de Grailly, captai de Buch et connu sous ce dernier nom, fait
prisonnier devant Soubise en 1372, mort au Temple, à Paris, en 1377.
91. Le ms. porte : « L'an .m. ccc. lxxviii. »; mais, ainsi encadrée, cette date
doit évidemment être lue comme si le texte contenait celle de 1377.
92. Edouard III, mort le 21 juin 1377.
93. Même observation que ci-dessus pour l'erreur de date.
94. Les fils des rois d'Angleterre étaient à cette époque désignés par le nom
du lieu de leur naissance (comp. par. 75). Froissart désigne continuellement
Richard II sous le nom de Richard de Bourdeaulx.
95. Date exacte, l'apparition des flottes espagnole et fiançaise sous Fernand
Sanche de Tomar et Jean de Vienne devant Rye et sur la côte anglaise ayant
duré plus de deux mois, à partir de la fin de juin 1377.
96. Allusion à l'invasion dirigée contre l'Angleterre par Robert II Stuart, roi
d'Ecosse, en 1377. L'amiral de France, Jean de Vienne, avait amené aux
Écossais un secours de mille chevaliers français.
97. Aymet, sur le Dropt (Dordogne, arr. de Bergerac, ch.-l. de cant.). Cette
date du 1"^ septembre, assignée à la bataille livrée en ce lieu, concorde avec
celle des registres de Périgueux, dont il a été parlé plus haut. [Bulletin poly-
muthique du Muséum d'instruction publique de Bordeaux, t. X, 1812, pp. 159-
160.) Les quatre personnages signalés par la Petite chronique comme ayant été
faits prisonniers sont : Thomas Felton, sénéchal anglais de Guyenne; Galhard
de Durfort, sire de Duras ; Guillaume-Arramon de Madaillan, sire de Rausan ;
73
Raymond de Montaut, seigneur de Mucidan. Ces deux derniers violèrent en réa-
lité leur serment. Le récit de Cuvelier présente sur ce point une certaine con-
fusion. (Chronique de Du Guesclin, éd. Charrière, pp. 315-317, et var., p. 315,
n. 3.)
98. La Petite chronique est la seule source qui mentionne cette date de la
prise de Bergerac par Louis, duc d'Anjou, et Du Guesclin. Les registres de Péri-
gueux signalent le commencement du siège, le 22 août {Bulletin poli/ mat hique,
1. c), mais non sa levée. Sainte-Foy-la-Grande et Castillon-sur-Dordogne furent
enlevées peu après, mais non le même jour. Cazas semble cette année être
demeuré aux Anglais. Cf. par. 61.
99. Voir ci-dessus, par. 11.
100. Richard II, que le chroniqueur appelle « lo rey Richart Guascon » (cf.
par. 94), fut déposé le 30 septembre 1399 et mourut le 14 février 1400. (Cf. par. 70.)
Isabelle de Valois, sa veuve, revint ensuite en France à la cour de son père
Charles VI.
101. Les lettres de rémission de Charles VI, reconnaissant à Archambaud de
Grailly la possession du comté de Poix, sont datées du 10 mars 1401 (Flourac,
Jean I", comte de Foix. Paris, Picard, 1884, in-S" de vii-314 pp., pièce just. VI).
102. La porte de Guîtres, une des portes de Libourne, ainsi nommée à cause
du voisinage de la célèbre abbaye bénédictine de ce nom. (Guinodie, Ilist. de
Libourne, 1. I, p. 50.)
103. « Jehan de Vidau », maire de Libourne, de 1401 à 1403. (Guinodie, Hisi.
de Libourne, liste des maires, t. II, p. 257.)
104. Les trêves conclues par Pentremise de Jean de Gand, duc de Lancastre,
en 1.389, et renouvelées depuis à divers intervalles entre la France et l'Angle-
terre.
105. Il ne s'agit évidemment ici que d'une fondation particulière à Bordeaux.
Cf. par. 89 et ss.
106. Ces détails se réfèrent à la campagne du connétable (Charles I" sire
d'Albret) et du comte de Clermont (Jean plus tard Jean I" duc de Bourbon)
en Limousin et en Guyenne (1404-1405). Juvénal des Ursins (dans Godefroy,
Historiens de Charles VI, ad ann. 1404), et le Religieux de Saint-Denis (1. XXV,
ch. XVII, éd. Bellaguet, t. III, pp. 202-6), disent que le premier prit treize
places et le second trente-quatre : « les unes prit par force, les autres par
accord » (Juvénal des Ursins, 1. c.) ; mais l'un et l'autre n'en citent qu'une :
Courbefy. Le récit de Monstrelet sur ces événements est très confus (1. I,
ch. XX, éd. Douët d'Arcq, t. I, pp. 93-5).
107. Courbefy, sur un des hauts afiluenis de l'Isle, près de Chàlus (Haute-
Vienne, arr. de Saint- Yrieix, cant. de Chàlus, comm. de Saint-Nicolas). Juvé-
nal des Ursins et le Religieux de Saint-Denis {II. ce.) donnent de nombreux
détails sur ce fait de guerre.
108. L'identification de ce lieu présente quelques difficultés. Il ne peut être
question de Béziers, quoique plus haut (par. 46) la forme analogue « Beses »
s'applique à cette ville. Bessé, dans la région montagneuse entre la Dordogne
et le Lot, près de la route de Sarlat à Villeneuve-sur-Lot (Dordogne, arr. de
Sarlat, cant. de Villefranche-de-Belvès), semble situé trop au sud.
109. Saint-Jean-dc-CoUe , dans la haute vallée du cours d'eau de ce nom,
affluent de la Dronne (Dordogne, arr. de Nontron, cant. de Thiviers).
74
110. La Force, sur la rive droite de la Dordogne, un peu au-dessous de Ber-
gerac (Dordogne, arr. de Bergerac, ch.-l. de cant.).
111. Madurant, lieu fort situé un peu au-dessous de La Force (Dordogne, arr.
de Bergerac, cant. de La Force, comm. de Saint-Pierre-d'Eyraud).
112. Mortagne-sur-Mer, sur la rive droite de la Gironde (Charente-Inférieure,
arr, de Saintes, cant. de Cozes), d'où une compagnie de routiers anglais dévas-
tait toute la région. (Cf. Juvénal des Ursins, dans Godefroy, Historiens de
Charles VI, ad ann. 1405, et le Religieux de Saint-Denis, 1. XXV, ch. xviii, éd.
Bellaguet, t. III, pp. 274-8.)
113. Pons III, vicomte de Castillon (Castillon-sur-Gironde, à mi-chemin de
Pauillac à la pointe de Grave (Gironde, cant. de Lesparre, comm. de Saint-
Christoly).
114. Chalais, à mi-chemin d'Angoulême à Libourne, est plutôt en Périgord
qu'en Saintonge (Charente, arr. de Barbezieux, ch.-l. de cant.). La Petite chro-
nique mentionne seule cet événement. Cf. par. 32.
115. Peyroat de Puchs, plus tard capitaine de Bourg pendant le siège qu'y
tint le duc d'Orléans (Archives municipales de Bordeaux, Registres de la Jurade
à la date du 9 octobre 1406).
116. Jean, comte de Clermont, duc de Bourbon en 1410 sous le nom de
Jean I^'.
117. Le siège de Lourdes fut commencé tout au plus dans les premiers mois
de 1406 et ne se termina qu'en novembre 1407 (Flourac, Jean I", comte de
Foix, p. 38, n. 1). Le comte de Clermont ne semble pas y avoir jamais pris part.
118. Monsaguel, entre le Dropt et la Dordogne (Dordogne, arr. de Bergerac,
cant. d'Issigeac).
119. Badefols, sur la rive droite de la Dordogne, au-dessous du confluent de
la Vézère (Dordogne, arr. de Bergerac, cant. de Cadouin).
120. Bernard VII, comte d'Armagnac, connétable de France en 1415. Ces
détails, ainsi que ceux du paragraphe précédent, sont intéressants à noter. Juvé-
nal des Ursins [Historiens de Charles VI, ad ann. 1405) dit seulement que le comte
d'Armagnac prit soixante places en Guyenne et bloqua un instant Bordeaux.
Monstrelet a confondu ces événements avec ceux de 1404 (1. I, ch. xx, éd.
Douët d'Arcq, t. I, pp. 93-5).
121. Langon, sur la rive gauche de la Garonne, au-dessous de La Réole
(Gironde, arr. de Bazas, ch.-l. de cant.). Un curieux document, extrait des
archives municipales de Saint-Macaire, et publié par M. Vérac dans les Archives
historiques du département de la Gironde (t. X, pp. 71-73), fait allusion à cet
événement. C'est un procès-verbal de la déclaration par laquelle Guiraud de
Bergunhan, chevalier, capitaine du lieu pour le comte d'Armagnac, refuse de
prêter serment au roi de France (11 janvier 1407) : « que lo comte d'Armanhac
ave gasanhet et conquistet lodeit loc de Lengon, en nome deudeit nostre senhor
lo Rey. »
122. Port-Sainte-Marie, sur la rive droite de la Garonne, en amont du con-
fluent du Lot (Lot-et-Garonne, arr. d'Agen, ch.-l. de cant.).
123. Aiguillon, sur la rive gauche du Lot, à peu de distance de son embou-
chure (Lot-et-Garonne, arr. d'Agen, cant. de Port-Sainte-Marie).
124. Caumont, sur la rive gauche de la Garonne, entre Tonneins et Mar-
mande (Lot-et-Garonne, arr. de Marmande, cant. du Mas-d'Agenais).
75
125. Bourg, sur la rive droite de la Dordogne, un peu au-dessous du Bec-
d'Ambez (Gironde, arr. de Biaye, ch.-i. de cant.)- Une relation contemporaine
de ces événements, écrite sur les feuillets d'un terrier du xy" siècle, provenant
d'un fonds d'archives de l'ordre de Rhodes, a été publiée par MM. Gras et
Jules Delpit sous le titre : « Chronique ou Journal du siège de Blaye et de
Bourg. » [Arch. hist. du dép. de la Gironde, t. TII, pp. 179-81.) Il est étrange
que la Petite chronique de Guyenne ne contienne aucun détail sur le siège de
Blaye qui venait de précéder celui de Bourg.
126. Louis, duc d'Orléans, frère de Charles VI.
127. Jean de Montagu, vidame de Laon, grand maître de France, décapité le
17 octobre 1409. Bien qu'il ne soit désigné ici que par le nom de sa charge, et
qu'il disputât alors celte fonction au duc de Bavière, frère de la reine, il ne
peut exister de doute sur son identité. (Cf. Monstrelet, 1. I, ch. xxvni, éd. Douët
d'Arcq, t. I, p. 133.)
128. Archambaud de Grailly, comte de Foix depuis 1398.
129. Bernard VII, comte d'Armagnac.
130. Charles I", sire d'Albret, alors connétable de France.
131. Regnault IV, sire de Pons. (Voir Massiou, Histoire delà Saintonge et de
l'Aunis, Saintes, 1846, 4 vol. in-8% t. III, p. 518.)
132. Jean de Harpedanne, seigneur de Belleville, vicomte d'Auuay, sénéchal
de Saintonges. 11 vivait encore en 1430. (Voir son testament, daté du 22 juin,
dans Massiou, Histoire de la Saintonge et de l'Aunis, t. III, p. 2G8.)
133. Dans la liste contemporaine des seigneurs de France présents au siège
de Bourg ne figure pas Archambaud de Grailly, comte de Foix, ici mentionné
{Arch. mim. de Bordeaux, reg. de la Jurade, 12 février 1407).
134. Ce chift're correspond assez bien à celui de six mille hommes d'armes
donné par les chroniqueurs. (Voir Flourac, Jean P'', comte de Foix, p. 35.)
135. La Petite chronique de Guyenne est la seule qui donne aussi exactement
les dates extrêmes de cette opération. Le Religieux de Saint-Denis fixe l'ouver-
ture du siège au 31 octobre 1406 : « ... a vigilia omnium sanctorum... » (1. XXVII,
ch. XV, éd. Bellaguet, t. III, p. 450j. La Chronique ou Journal du siège de
Blaye et de Bourg en place la levée au 14 janvier 1407 : « ... entro que à divenres
après sent Ylari... » [Arch. hist. du dép. de la Gironde, t. III, p. 180.) La
fête de saint Hilaire, évêque de Poitiers, est portée au 13 janvier dans les
Acta Sanctorum.
136. Bernard de Lesparre, seigneur de la Barde, sénéchal anglais d'Agenais
(Rymer, 23 avril 1401), chargé de la défense de Blaye lors de l'approche du duc
d'Orléans. {Arch. mnn. de Bordeaux, registre de la Jurade, 10 août 1406.)
137. Ce combat naval, selon le Religieux de Saint-Denis {l. c), fut livré le
23 décembre, et, selon la Chronique ou Journal {l. c), à la hauteur de Saint-
Julien de Médoc (en amont de Pauillac). La Petite chronique, comme on voit,
ajoute au récit quelques détails.
138. Henri V, roi d'Angleterre depuis 1413, fils de Henri IV.
139. Henri IV, roi d'Angleterre, fils de Jean de Gand, duc de Lancastre.
140. Thomas, duc de Clarence, fils de Henri IV, tué à la bataille de Baugé
en 1421.
141. John, dit de Beaufort, comte de Dorset, fils de Jean de Gand, duc de
Lancastre.
76
142. La Petite chronique confond ici, comme il est facile de voir, les deux
descentes de Henri V en Normandie, celle de 1415, marquée par le siège et la
prise de Harfleur (22 septembre) et celle de 1417, signalée par la conquête de
Caen (4 septembre) et de toute la Normandie.
143. Cet événement ne peut se rapporter qu'à l'année 1412. C'est en effet à
cette époque que Walsingham place l'expédition du duc d'York, du duc de
Clarence et du comte de Dorset, en Guyenne, après leur infructueuse attente
en Normandie, où ils avaient débarqué à la suite du traité secret conclu avec
le parti d'Armagnac : « recesserunt duces nostri in Aquitanniam, illic hyema-
turi... » {Historia anglicana, éd. Riley, t. II, pp. 288-9, dans la collection des
Chronicles and Memorials of great Britain and Ireland during the middle
âges, 1863-4.) Capgrave s'est contenté de reproduire ce passage (Liber de Illus-
tribus Henricis, éd. Hingeston, p. 302, dans la même collection, 1858). Le cha-
pelain de Henri V, Jean de Bardin, ne mentionne que les ducs d'York et de
Clarence [Henrici Quinti Anglise régis gesta auctore capellano in exercitu
regio, éd. Benj. Williams, p. 281, dans les publications de V English historical
Society, 1859). L'auteur anonyme d'une chronique anglaise de 1377 à 1461
nomme le duc de Clarence et le comte de Dorset {English chronicle of the
reigvs of Richard II, Henry IV, Henry V, Henry VI, éd. Davies, p. 37, dans les
publications de la Catnden Society, 1856). L'inexactitude de la date assignée à
ce fait historique par la Petite chronique de Guyenne (1415 au lieu de 1412)
n'empêche pas de croire à la vérité des détails qu'elle fournit sur cette cam-
pagne et qui paraissent inédits. Une enquête sur les dommages causés par
cette expédition est contenue dans les Registres de la Jurade : « ...per los hostz
deus senhors qui bengulz eran d'Anglatera, so es assaver mossenhor de Clarensa
et mossenhor de Dorcet. » [Arch. mun. de Bordeaux, reg. de la Jurade, 15 mai
1414.)
144. Edouard, duc d'York, fils d'Edmond, dit de Langley, duc d'York et
fils d'Edouard III.
145. Barbezieux était ville française en octobre 1406 (Champollion, Lettres
de rois, de reines, t. Il, pp. 320-4 : c'est 1406, et non 1407, qu'il faut lire à la
date de la pièce).
146. Soubise, à l'embouchure et sur la rive gauche de la Charente (Charente-
Inférieure, arr. de Marennes, cant. de Saint-Agnant). Cette place avait été enle-
vée en 1371 aux Anglais. (Voir le récit de Froissart, ad ann. 1371, éd. Kervyn de
Lettenhove, t. VIII, p. 148.) En 1413, elle est encore reprise sur eux par Jean,
duc de Bourbon (Juvénal des Ursins, dans Godefroy, Historiens de Charles VI,
ad ann. 1413). Ces faits s'accordent donc bien avec l'hypothèse, de la prise de
~ — la ville par le duc de Clarence, en 1412, relatée ici par la Petite chronique.
147. Faut-il identifier celte localité avec Biron, entre la Charente et la Seudre?
(Charente-Inférieure, arr. de Saintes, cant. de Pons.)
148. Il ne peut s'agir ici, dans ce paragraphe et les deux suivants (cf. par. 78),
que de fondations particulières à Bordeaux.
149. On sait que l'institution des Dominicains remonte à 1216, et celle des
Franciscains à 1208. Il est curieux de remarquer que la Chronique romane du
Petit Thalamus place la fondation de ces deux ordres, de même que la Petite
chronique, sous la rubrique d'une même année, fautive d'ailleurs comme exac-
titude (1206). Cette même nature d'erreur est à noter et à joindre à ce qui a
77
été dit plus haut sur la similitude des deux ouvrages. (Voir ci-dessus p. 55, n. 3.)
150. Bertrand de Got, archevé(iue de Bordeaux (1300), pape sous le nom de
Clément V (5 juin 1305), mort le 20 avril 1314.
151. Uzeste, sur le Ciron (Gironde, arr. de Bazas, cant. de Villandraut). Le
tombeau de Clément V s'y voit encore.
152. Cette expression, qui indique nettement la nationalité du chroniqueur,
est à rapprocher de celle par laquelle il désigne Richard II : « lo rey Richart
Guascon » (par. 75).
153. Arnaud III de Canteloiip, remplacé dans le cours de la môme année 1305
par Arnaud IV, de la même maison.
154. Cette mention de la PelUe chronique, relative à la descente des routiers
en Guyenne en 1435, explique leur apparition en Limousin dans le cours de cette
môme année. L'historien de cette province, le P. de Saint-Amable, avait affirmé
leur venue devant Bordeaux, probablement d'après les registres perdus de l'hôtel
de ville de Limoges, mais avec un anachronisme, en plaçant ce fait en 143G (Hist.
de saint Martial, apôtre des Gaules, et notamment de l'Aquitaine et du Limou-
sin, citée par Quicherat, Rodrigue de Villandrando, p. UG, n. 1). M. Quiche-
rat (pp. 113-7) fait rester Rodrigue dans le Limousin et signale sa présence à
Meymac, Ussel, Saint-Exupéry, sur le plateau situé entre la Corrèze et la Dor-
dogne (Corrèze, arr. d'Ussel) ; mais il reconnaît que le projet de porter la guerre
en Guyenne « cadrerait très bien avec la situation de l'i35 » (p. 117). Le pas-
sage de la Petite chronique permet désormais de combler cette lacune et d'af-
firmer que le plan fut exécuté. Quant à la date de la descente des routiers en
Guyenne, elle doit se placer entre les mois de juin, où Rodrigue était déjà en
Limousin (p. 114), et le milieu de septembre, où il campait devant Tours (p. M9,
et pièce just. XXXIX).
155. Cette réflexion d'un contemporain, ainsi que les bruits populaires relatés
par lui, sont intéressants à noter.
156. M. Quicherat a placé au commeaceraent de 1438, après le séjour de
Rodrigue en Bourgogne (pp. 147-150), la prise de Fumel, d'Eymet, d'Issigeac et
de Tonneins, c'est-à-dire l'occupation du pays entre le Dropt, la Garonne et le
Lot (pp. 150-1). Il ne mentionne nulle part La Sauvetat. D'après la Petite
chronique, il faudrait plutôt faire remonter ces faits au commencement de
1437, à la fin de l'expédition conduite par Rodrigue devant Albi en 1436, pour
ramener l'archevêque Robert Dauphin dépossédé de son siège. Les routiers
étaient encore en Albigeois en déc. 1436 (Quicherat, p. 131, n. 3), devant Béziers à
Noël (Registres de la maison consulaire de Béziers, publiés dans le Bulletin delà
Société archéologique de Béziers, t. P", 1836, pp. 317-21), et devant Cordes, au
milieu du Rouergue (Tarn, arr. de Gaillac, ch.-l. de cant.), en janvier 1437
(Quicherat, pp. 133-5 et pièce just. XL VII).
157. Fumel, sur le Lot (Lot-et-Garonne, arr. de Villeneuve-sur-Lot, ch.-l. de
cant.).
158. Dans la région alors occupée par les bandes de Rodrigue, entre le Dropt,
la Garonne et le Lot, se trouvent deux localités de ce nom. La Sauvetat-sur-
Lède (Lot-et-Garonne, arr. de Villeneuve- sur-Lot, cant. de Monflanquin) est
plus rapprochée de Fumel. La Sauvetat-du-Dropt (Lot-et-Garonne, arr. de
Marmande, cant. de Duras), est située immédiatement au-dessous d'Eymet.
159. Liards.
78
160. Clairac, sur le Lot, à peu de distance de son confluent (Lot-et-Garonne,
arr. de Marmande, ch.-l. de cant.).
161. Charles II, sire d'Albret.
162. L'abbaye dont il s'agit est celle de Saint-Pierre de Clairac. Les auteurs
de la Gallia christiana ne citent malheureusement aucun nom d'abbé entre
Jean II, mentionné en 1373, et Pons de Salignac, signalé en 1462 {Gall. christ.,
t. II, col. 943).
163. Ce passage doit être évidemment entendu en ce sens que le sire d'Al-
bret et Rodrigue avaient mis le siège devant la place, qui leur fut livrée par
l'abbé. Ce fait de la vie du célèbre routier ne paraît mentionné par aucune
autre chronique.
164. Jean, seigneur de Saintrailles, le célèbre Poton de Saintrailles.
165. Gilles, bâtard d'Albret, fils naturel de Charles II, sire d'Albret.
166. Soulac, à l'extrémité de la presqu'île de Médoc (Gironde, arr. de Les-
parre, cant. de Saint- Vivien).
167. Celte grande opération militaire était combinée depuis longtemps entre
la Castille, Saintrailles et Rodrigue. Ces deux capitaines devaient se joindre
sous les murs de Bordeaux (voir Quicherat. Rodrigue de Villandrando, pp. 147,
151-60). La Petile chronique n'ajoute, comme détails, que la présence du bâtard
d'Albret et le pillage de Soulac.
168. John HoUand, comte de Huntingdon, plus tard duc d'Exeter.
169. La précision de la date assignée à ce débarquement est à noter. D. Vais-
sete (1. XXXIII, ad ann. 1439) dit que le dauphin, parti de Toulouse, apprit à
Lavaur, le 29 juillet, la descente du comte de Huntingdon à Bordeaux.
170. Cf. par. 61 et 73.
171. Cette expédition est connue de tous les historiens de l'époque sous le
nom de journée de Tartas. (Voir Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII,
t. II, pp. 438-40.)
172. Le dauphin Louis, Louis XI.
173. Jean II, comte de Foix.
174. Bernard, comte de Pardiac, second fils de Bernard VII, comte d'Arma-
gnac.
175. Charles II, sire d'Albret.
176. Jean, comte de Lomagne, plus tard Jean V, comte d'Armagnac, fils de
Jean IV. Sa présence à cette chevauchée est à signaler.
177. Etienne de Vignolles, le célèbre La Hire.
178. Après la journée tenue sous les murs de Tartas, le 24 juin, Saint-Sever
lut pris le 29 (D. Vaissete, 1. XXIII, ad ann. 1442).
179. Thomas Rampston, sénéchal anglais de Bordeaux.
180. La ville de Dax fut prise le 3 août. Voir sur cette date, qui tranche la
discussion soulevée par D. Vaissete (/. c), le journal de Thomas Bekjnton
[Officiai correspondeiice of Thomas Bekynton, secretary to king Henry VI
and bishop of Bath and Wells, éd. George Williams, t. II, p. 196 et 236-7,
dans la collection des Chronicles and Memorials.... 1872).
181. Thomas Bekynton (/. c.) cite parmi les défenseurs de Dax Augerot de Saint-
Pierre et le seigneur d'Uza, dont il est difficile de déterminer l'identité. (Uza,
Landes, arr. de Dax, cant. de Castels, comm. de Lévignac.)
182. La ville de la Réole était prise avant le 6 août 1442, ainsi qu'il résulte
79
d'une lettre de Jean, comte de Lomagne, datée de ce jour, et demandant des
secours contre un retour ollensif des Anglais. (Publiée par M. Tamizey de Lar-
roque dans les Archives historiques du département de la Gironde, t. VII,
pp. 347-8.) Le château de la Réole ne tomba au pouvoir des Français que le
8 décembre. (Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. II, p. 440.)
183. Le personnage que la Petite chronique cite sous ce nom était un routier
anglais célèbre. C'était lui qui occupait Fumel, avec la connivence de Jean IV,
comte d'Armagnac, quand cette place fut enlevée par Rodrigue de Villaiidrando,
à la fin de 1437 ou en 1438. (Quicheral, Rodrigue de ViUandrando, p. 150. Voir
la discussion ci-dessus.)
184. Jean, seigneur d'Anglade. (Cf. Arch. hist. du de'p. de la Gironde, t. VII,
p. 349.)
185. Ce personnage n'a pu être identifié.
186. Ces détails sur la prise du château de la Réole semblent particuliers à
la Petite chronique.
187. Ces détails climatériques ne figurent pas dans la Chronique bordelaise
de G. de Lurbe.
188. Il est curieux d'ajouter au texte de la Petite chronique la note sur la
population de l'Angleterre, dont il a été parlé plus haut. En voici le texte :
So es assaber que en Anglatera son e y a per conte gleisas paropyanaus .xlv.
milia e .xi.
Item y a per conte bilatges de caminas .ui. milia e .imxx.
Item y a de contatz .xxxvi. e med contât.
Item y a maysons de cabaleys e de barons fasens au rey omenatge que monta
• Lx'a. m''*.
Item y a mayssons de relegios coma de caparans, de monges, de calonges
blanx, de frayres, de tota autra condision de gent de gleysa y a de que monta
.xxxviii. milia e .xv.
Germain Lefèvre-Pontalis.
LA SÉRIE
DES
REGISTRES PONTIFICAUX
DU XIIF SIÈCLE
Le caractère original et officiel des registres pontificaux du
xiif siècle conservés aux archives du Vatican n'avait fait
jusqu'ici l'objet d'aucun doute. M. Kaltenbrunner vient de contre-
dire, timidement il est vrai, l'opinion commune, et a soulevé
ainsi un problème intéressant, non seulement pour la critique,
mais aussi pour l'histoire de ces importants manuscrits.
Dans l'étude qu'il leur a consacrées il a relevé un certain
nombre d'annotations curieuses qu'il y a rencontrées 2. Ici
ce sont des noms de scribes; ailleurs, la mention de la tâche
qui leur était assignée ; parfois m^ême, le calcul du salaire qui
leur était dû. Rapprochant ces indications de la belle exécution
et du luxe de ces volumes, il a été amené à soutenir que les
exemplaires possédés aujourd'hui par les archives du Vatican
n'étaient pas^ les registres officiels où la chancellerie pontificale
transcrivait les documents au fur et à mesure de leur expédition.
Selon lui, ce sont des manuscrits, exécutés d'après ces registres
officiels, aujourd'hui disparus, par les scribes dont il a relevé les
noms et dont on pouvait mesurer la tâche à l'avance. Nous ne
1. Rœmische Studien. I. Die pxpsUichen Register des XIII Jahrhunderts,
dans les Mittheilungen des Instituts fur œsterreichische Geschichisforschung.
V. Band, 2 Heft.
2. Certaines d'entre elles avaient déjà été signalées par Pertz. Arch. V.
3. Il fait toutefois exception pour certains registres de la Chambre Aposto-
lique confondus dans la série générale et qu'il en distingue avec raison.
8^
pourrions donc tirer des registres actuels aucun renseignement
sur l'enregistrement des bulles pontificales, et, ce qui serait plus
grave, nous ne devrions pas leur attacher la valeur d'un original ;
au lieu d'être l'œuvre de fonctionnaires de la chancellerie ponti-
ficale, la série actuelle serait le travail de scribes à gages.
La gravité de ces conclusions nous engage à suivre l'invitation
que M. Kaltenbrunner adresse à tous ceux qui s'occupent des
registres pontificaux. Nous résumerons les observations que nous
avons pu faire sur les manuscrits des archives du Vatican, et,
ainsi que M. Delisle a bien voulu l'annoncerS après avoir essayé de
vérifier la théorie nouvelle à propos des registres de Boniface VIII,
nous verrons si, pour la série tout entière, elle ne devrait pas
être remplacée par l'hypothèse inverse : celle de l'existence de
doubles aujourd'hui disparus.
I.
A ne considérer que les caractères généraux des registres de
Boniface VIII, on ne peut avoir aucun doute sur leur originalité.
Les additions et les corrections qu'on y rencontre portent
le plus souvent sur le fond même des documents. Par exemple,
dans le registre de la première année, au n° 418, l'écrivain a effacé
plus des deux tiers de la pièce primitive, et il a ajouté en surcharge
une rédaction nouvelle plus longue, en serrant le texte, de sorte
que le total des lignes du folio dépasse le nombre des réglures.
Dans le registre de la deuxième année, toute une partie du n° 301
a été annulée par le mot vacat coupé en deux, mis au commen-
cement et à la fin de la phrase, et on lit, en marge et en regard,
la forme définitive du document remanié.
L'écriture n'est uniforme ni dans l'ensemble des registres du
pontificat ni dans chacun d'eux en particulier 2. Les changements
de main y sont assez fréquents et ne présentent aucune succession
régulière. Nous en avons relevé au cours d'un même cahier, par-
fois d'une même pièce comme au n° 47 des curiales de la troisième
1. Bibliothèque de l'École des chartes, XLVI, p. 92.
2. Le premier registre semble cependant avoir été écrit par une seule main.
Nous étudierons, dans une introduction aux Registres de Boniface VIII que
publie l'École française de Rome, toutes les questions relatives à l'exécution de
ces manuscrits.
année. Dans le registre de la cinquième année, les numéros 468,
469, 470 et 474 sont d'une écriture différente de celle des numé-
ros 471 à 473, et 475, 476. Des copistes travaillant sur un même
manuscrit se seraient réparti plus logiquement la besogne.
On note même entre les manuscrits des années successives
certaines différences, d'ailleurs minimes, dans le système d'exé-
cution. Le rédacteur du registre de la première année, conformé-
ment à une habitude que nous avons pu constater dans le registre
de Nicolas IV, a enregistré en marge des bulles de provisions
épiscopales, tantôt les bulles de notification, tantôt les bulles de
consécration. Ceux des années suivantes ont changé de système.
Ils insèrent toujours les bulles de notification dans le corps du
texte; ils ne transcrivent plus les bulles de consécration dans une
forme abrégée, mais les insèrent sous un numéro distinct, parfois
à quelque distance des bulles de provision.
Un détail révèle aussi le caractère officiel de ces volumes. La
reliure d'un cahier des lettres de la Imitième année a mieux res-
pecté les marges que d'habitude, et nous avons pu relever en face
d'un certain nombre de documents* des mentions de paiement
de taxe, en tout semblables à celles qu'on trouve sous le pli des
expéditions originales. Si soigneux qu'on le suppose, le copiste
du registre original n'aurait pas pris la peine de reproduire ces
chiffres qui n'avaient plus aucune utilité. On comprend au con-
traire que le fonctionnaire chargé de l'enregistrement ait eu inté-
rêt, soit pour sa comptabilité, soit pour toute autre cause, à tracer
sur les marges, d'un trait léger, les chiffres qu'on peut y lire
encore 2.
D'ailleurs tout le monde sait que, par ordre de Clément V,
un certain nombre de bulles de Boniface VIII ont été rayées
des registres de la chancellerie pontificale. Or, ces ratures
existent dans les exemplaires actuels, parmi les lettres curiales
de la septième et de la neuvième année, et elles sont accompa-
gnées des procès-verbaux authentiques constatant l'exécution de
l'ordre de Clément V. Cette formalité n'aurait pas eu d'objet, si
1. N"' 291, 292, 294, etc., 315, 318, 319, etc.
2. Nous croyons, sans pouvoir l'affirmer, que ces chiffres ne se rapportent pas
seulement aux taxes d'enregistrement, mais à la somme totale des droits acquit-
lés pour chaque bulle. Si le chiffre relevé sur l'expédition originale d'une de
ces bulles coïncidait avec le chiffre inscrit au registre, ce serait une preuve
curieuse que l'enregistrement se faisait d'après les expéditions originales.
83
nos manuscrits n'avaient pas été les registres officiels de la chan-
cellerie pontificale ^ Leur mutilation est une preuve de leur
originalité.
II.
Il nous reste maintenant à étudier dans les registres de Boni-
face VIII cette classe d'annotations qui a attiré spécialement
l'attention de M. Kaltenbrunner dans la série des registres du
xiif siècle, et qui l'a amené à proposer son hypothèse.
Elles sont assez nombreuses dans les volumes qui nous
occupent.
Dans le premier registre, en haut du premier folio, « Tho-
mas Porch. »
Dans le deuxième, en haut du premier folio, « Guillelmus de
Burgo;» au folio 100, à la marge inférieure, c'est-à-dire à la fin
du dixième cahier : « Balduinus deEspen Leodieyisis diocesis
scribit IX quatetmos sequentes ; » au folio 254 v", c'est-à-dire à
la fin du vingt-cinquième cahier : « Hic dimisit dominus Joan-
nes monachus de Morts. Dominus Joannes de Gedun scribit
V quaternos sequentes. »
Dans le troisième registre, sur le premier cahier de l'année V :
« Frater Petrusde Urbe. »
Dans le quatrième, en haut du premier folio, « Jo. Godini. »
En laissant de côté les noms relevés sur le premier, le troi-
sième et le quatrième registre, qui ne nous donnent pas d'indi-
cations suffisamment précises, on serait porté à conclure, si on
appliquait ces annotations au registre sur lequel on les trouve,
que, dans le deuxième, l'écriture du folio 101 doit être difierente
de celle du folio 100, et que cette nouvelle écriture doit se pro-
longer identique pendant neuf cahiers, c'est-à-dire jusqu'au
folio 190. De même on devrait trouver au folio 254 un change-
ment de main nettement marqué. Il n'en est rien, et toutes ces
indications sont formellement contredites par l'examen du registre.
L'écriture du dixième cahier est absolument semblable à celle du
onzième, et au cours des neuf cahiers que la note attribuerait au
1. On pourrait émettre l'hypothèse que déjà sous Clément V les registres
officiels avaient disparu et qu'on ne possédait plus que les exemplaires actuels ;
ce que nous établissons plus loin ne permet pas de l'accepter.
84
même scribe, on distingue au folio 115 un changement de main évi-
dent. Les renseignements fournis par ces annotations ne peuvent
donc s'appliquer aux registres que conservent les archives du
Vatican.
La paléographie de ces notules est d'ailleurs évidemment pos-
térieure à celle des registres sur lesquels on les rencontre ^ ; la
forme des l, des /"et des s ne laisse aucun doute à cet égard.
Gomment donc interpréter ces mentions ?
Une note, qui semble écrite de la même main et que nous avons
relevée dans le deuxième registre, nous aidera à le faire. La
rubrique du n" 228 se lit : « Dilectis in Christo filiabus .-.
abbatissis et conventibus sororum inclusarum ^nonasterio-
rum, ordinis sancti Augustini, secundum instituta et sub
cura fratrum ordinis Predicatorum viveyitium. » Devant
le mot abbatissis, on remarque un renvoi, et on lit en marge
la mention suivante : « Attende verbum : abbatissis, loco
cujus secundum quod patet in rubrica in presenti mar-
gina cum nigro sc^Hpta débet esse : priorissis, » et au-
dessous une signature. Le modèle de la rubrique dans la marge
supérieure porte bien en effet : « Dilectis in Christo fîliabus ..
priorissis. » Cette note est caractéristique; elle ne peut s'expli-
quer que comme une remarque faite pour guider des copistes
chargés de la transcription minutieuse du registre que nous avons
encore entre les mains.
Nous croyons donc pouvoir affirmer que les noms relevés dans
les registres de Boniface VIII ne sont pas ceux des scribes qui les
ont exécutés : ce sont ceux des copistes qui ont été chargés d'en
faire une transcription à une époque postérieure 2.
1. M. Kaltenbrunner le remarque lui-même p. 217 et M. Léopold Delislc
reconnaît les caractères du xiv" ou du xv*^ siècle aux notules semblables qu'il
a relevées sur les registres d'Innocent III. Cf. les Registres d'Innocent III, p. 86.
2. Il en est de même pour les noms qu'on trouve dans le registre de
Benoît XI, qui nous fournit aussi une preuve péremptoire à l'appui de notre
hypothèse. Au fol. 123, on y lit : « Quaternos précédentes qui sunt in numéro
XIII scribit Rumundus Pinchenerii clericus domini Witalis magistri hospitii
domini ihesaurarii. » Les treize cahiers dont il s'agit comprennent la table des
lettres ordinaires et les douze premiers cahiers de ces lettres. Or, la table est
évidemment d'une main ditférente, et en tout cas elle ne pouvait être établie
avant l'achèvement complet du registre. Celte note ne se réfère donc pas à
l'exécution du registre actuel, mais à celle du double qui en a été fait.
85
m.
Cette interprétation, dont nous espérons avoir démontré l'exac-
titude pour les annotations des registres de Boniface VIII , ne
peut-elle pas s'appliquer à toutes les mentions semblables des
autres registres? Et n'est-on pas amené à croire que les registres
de la série du xiri« siècle sur lesquels on les rencontre ont tous
été l'objet d'une transcription?
Nous le pensons pour notre part, et M. Kaltenbrunner fournit
dans son intéressant travail les meilleurs arguments à l'appui de
cette hypothèse. Parmi les annotations qu'il a relevées, nous
notons les suivantes : En tête de la première année d'Hono-
rius III, « Floretius copiavit, » et sur le registre 111 de
Jean XXII {Sécréta, années VII- VIII*) : « Florentins de
Sahulo scrïbit primum et secundum lihrmn domini Honorii
pape III et incipit scribere die XVIII Februarii. » — Dans
le registre 32 (Clément IV), au folio 125 : « Frater Eichlus
ononachus ord. Cisterciensis de Moris incepit scribere
feria Illpost Pascham istum librum. x- — Dans le registre 46
(Nicolas IV, années IV-V), au folio 100 : « Franciscus de
Egra hahet très quaternos sequentes. » Fol. 130 : ^< Desimt
très quaterni sequentes quos habet socius Wenceslai. »
Fol. 157, commencement des curiales : « Istud totum scrip-
tum est eœceptis rubricis et scripsit Theodoricus. » —
Registre 4 (Innocent III, année II). Fol. 145 : « Jo. de Porta
coplevit. » — Registre 5 (Innocent III) . Fol. 1 : « Maquardus
scribit presentem librum. » — Registre 12 (d'Honorius III,
années VII et VIII). Folio 1 : « Liber septimus Domini
Honorii Tercii quem scripsit Dominus Radidphus Jaque-
telli et débet poni cum libro VIII quem sc?'ibit Johannes
Noleti Cathalaunensis diocesis. » — Registre 26 (Urbain IV,
années I et II), en face du n° 120 : « Hic incipit Mascardus. »
Ainsi, deux moines du même couvent travaillent aux registres
de Clément IV et de Boniface VIII. « Thomas Porch »
figure sur les volumes de Nicolas IV et de Boniface VIII.
« Mascardus » est mentionné sur le manuscrit de la troisième
année d'Innocent III et sur celui de la première année d'Ur-
bain IV, c'est-à-dire sur des registres séparés de plus de
1. D'après une noie que M. Granert a signalée à M. Kalfenbninner.
86
soixante ans. Quand on rompt l'unité d'un registre, on précise
avec soin le lieu où l'on pourra en retrouver les différentes parties.
Toutes ces notes éveillent l'idée d'un grand travail de trans-
cription réparti entre plusieurs scribes, exécuté dans un temps
assez court, et personne ne peut admettre que la série des
registres conservés au Vatican en soit le résultat. Il suffît de
comparer les registres d'Innocent III à ceux d'Urbain IV,
ceux de Grégoire IX à ceux de Boniface VIII pour écarter
immédiatement une pareille hypothèse. Comme le remarque fort
bien M. Kaltenbrunner, ils sont semblables, ils ne sont pas uni-
formes. Leur air de famille et leur correction s'expliquent par
l'esprit de tradition et l'admirable organisation de la chancellerie
pontificale ; mais ils ne peuvent faire oublier la différence de leur
format, la transformation de leur paléographie, les changements
de leur disposition et de leur ornementation.
A côté de la série originale des registres du xuf siècle, il a
donc dû exister une série parallèle de copies dont on peut,
croyons-nous, trouver encore au moins un exemplaire parmi les
volumes conservés aux archives du Vatican.
Ainsi que l'a démontré M. Léopold Delisle^ les volumes qu'on y
conserve des lettres d'Innocent III sont les registres originaux con-
temporains du pape lui-même : un seul fait exception, celui qui
contient les lettres des années XIII-XVI. Ce manuscrit, portant
aujourd'hui le n" 8, n'est pas le registre original, c'est une copie
exécutée au xiv* ou au commencement du xv" siècle, et il est
prouvé qu'il en a existé un exemplaire différent de celui qui,
aujourd'hui, figure dans la série du Vatican. Il ne paraît pas témé-
raire de voir dans ce manuscrit une épave de la série de doubles^
dont l'exécution a laissé ses traces dans les annotations relevées
plus haut^.
Quand ce travail de transcription a-t-il été décidé ? A quelle
occasion? Où a-t-il été exécuté? Que sont devenus tous ces
doubles? Ne nous auraient-ils pas conservé, comme c'est le cas
1. Lea Registres d'Innocent III, dans Bibliothèque de l'École des chartes,
t. XL VI.
2. Ce registre porte aussi un nom de scribe : « Sygerus Nolini scripsit hune
librum; » mais le temps du verbe est ici significatif et sert d'appui à notre
hypothèse.
3. Bien que le recueil des bulles de Clément IV publié par Martène ne rentre
pas dans la série officielle des registres, il serait curieux d'étudier au point de
vue de la question qui nous occupe les cinq exemplaires qui en sont conservés
aux archives du Vatican sous les n"' 30, 33, 34, 35 et 36.
87
pour ce registre d'Innocent III, des registres manquant à la col-
lection du Vatican? N'y aurait-il aucun espoir d'en retrouver
ailleurs d'autres volumes ?
Nous signalons ces problèmes sans pouvoir les résoudre *; mais
nous croyons utile d'appeler l'attention des érudits sur ce point
intéressant de l'histoire des archives du saint-siège.
Georges Digard.
p. S. — Cet article était en épreuves quand nous avons reçu
celui que le P. Denifle vient de publier, « Die pœpstlichen
Registerhœnde des XIII Jahrhunderts, » dans le premier
numéro de cette année du « Neues Archiv fuer Litteratur und
Kirchengeschichte . » Les comptes d'Urbain V lui ont permis
d'établir que la série parallèle de copies dont nous supposions
l'existence avait, en effet, été exécutée à Avignon sur les ordres de
ce pape, lors de son départ pour l'Italie. Quand il essaya de rame-
ner le saint-siège à Rome, il voulut emporter une transcription
de la série des registres pontificaux du xiif siècle, pour ne pas
exposer les originaux aux hasards d'un nouveau transport. Les
dépenses de ce grand travail, qui a demandé quatre-vingt-trois
journées de copistes, ont été soldées, lorsqu'il n'était pas encore
tout à fait achevé, le 22 septembre 1367. L'article du P. Denifle
contient d'autres recherches fort intéressantes, il en sera bientôt
rendu compte dans cette Revue.
1. Pour notre part, nous pensons que celte transcription a été faite à Avi-
gnon entre 1339 et 1369. M. Kaltenbrunner (p. 279) signale un inventaire
des archives pontificales de 1369 et y note qu'à la suite de l'indication du
nombre des registres d'Innocent III, d innocent IV et de Boniface VIII encore
séparés par année, on lit : « Tam parvi, tammagni. » Comme il l'indique lui-
même, si on réfère cette indication, non à l'épaisseur des registres, mais à leur
format, il faut admettre pour ces registres une double série en grand et petit
format. C'est là, croyons-nous, la véritable interprétation, et elle nous semble
confirmée par la différence de format que relève M. Delisle (p. 92) entre les
registres originaux et le registre n" 8, copie du registre des années XIII-XVI
d'Innocent III. D'autre part, cette transcription, dans les conditions où elle
semble avoir été exécutée, n'a pu être faite qu'après la réunion de tous les
registres à Avignon. Or celle-ci n'a été complète qu'en 1339. (Cf. Ehrle. Sckatz,
Bihliothek und Archiv der Pœpste im XIV Jahrhundert, dans VArchiv fuer
Litteratur und Kirchengeschichte des Mittelalters, n" l et 2.)
POESIES LATINES
DU MS. ADD. A.44 DE LA BODLÉIENNE
Dans notre précédent volume, p. 583-585, nous avons publié
le catalogue des pièces contenues dans le ms. add. A 44 de la
Bodléienne, catalogue que nous devions à l'obligeance de
M. Madan, et nous avons indiqué quelles sont celles de ces pièces
qui se trouvent encore à Florence, dans l'Antiphonaire de Pierre
de Médicis décrit par M. Delisle à la suite de son Discours à
rassemblée gén. de la Soc. de l'Hist. de France, 1855. Il
nous a paru qu'il pouvait être utile d'ajouter quelque chose à ces
indications. Des quatre-vingt-cinq pièces qui se lisent dans le ms.
de la Bodléienne, cinquante-huit nous sont connues comme étant
ailleurs, soit imprimées, soit manuscrites. Ce sontlàles explications
que nous allons fournir. Il n'est pas besoin de dire que nous avons
été beaucoup aidé dans notre travail par la table qu'a donnée
M. Wattenbach dans le Zeitschrift der deutsches Aller thum,
t. XV, p. 469, et par les notes qu'a jointes M. Delisle à sa des-
cription de l'Antiphonaire. Ces notes, nous les reproduisons ici,
pour qu'on n'ait pas à recourir d'un volume à un autre.
A tauro torrida. Le premier vers est :
A Tauro torrida lampade Cynthii,
et le titre de cette pièce bien connue est Apocalypsis GoUx. Elle a été
publiée par Wolf, Lection. memor., t. I, p. 430 5 par Malth. Flacius
1. L'auteur des notes qu'on va lire n'a pas voulu se nommer: mais tous nos
lecteurs y reconnaîtront aisément l'érudition bibliographique qu'ils ont remar-
quée dans les Mélanges poétiques d' flildcberl de Lavardin (Paris, 1882, in-8°)
et dans beaucoup de morceaux dont se sont enrichis les derniers volumes des
Notices et extraits des manuscrits et du Journal des savants.
Illyricus, Varia cloctor. poem.,p. -133 ; par Eccard, Corp. hist. mecl.
œvi, t. Tl, p. 1851; par M. Wrighl, Poems attributed to Waller
Mupes, p. i ; par M. Muldener, Die zehn Gedichte der Wulther von
Lille, p. 19, et enfin par M. Hauréau, Notices et extr. des Mss.,
L XXTX, 2° partie, p. 278. Il y a des impressions partielles. Les
manuscrits sont nombreux. M. Wright en indique quinze à Londres,
à Oxford, à Cambridge. D'autres copies existent dans les n"' 3245
(fol. 37) et 11864 (fol. 105) de la Bibliothèque nationale, 41 «> de
Munich, 344 de la reine Christine, au Vatican, et 707 des Cod. Mis-
cell. Laudiuni, à la Bodléienne.
Ad cor tuum. Vers complet :
Ad cor tuum revertere.
Cette pièce a été deux fois imprimée : par Matthias Flacius, Var.
doct. poemata, p. 77, et dans le recueil des Carmina burana, p. 6.
Ms. de Florence, fol. 420.
Aristippe quamvis. Vers complet :
Aristippe quamvis sero;
et la pièce a été publiée par Matthias Flacius, Varia doct. poern.,
p. 39, ainsi que parmi les Carmina burana, p. ()5. Ms. de Florence,
fol. 406.
Bonum est confîdere. C'est-à-dire :
Bonum est confidere
In dominorum Domino.
Imprimé dans les Carmina burana., p. 6. Ms. de Florence,
fol. 430.
Gum tenerent. Vers complet :
Gum tenerent omnia médium tumultum.
OU, dans quelques manuscrits, Dum tenerent. C'est la Dispute de l'eau
et du vin, attribuée à Primat. Elle a été souvent imprimée : par
M. Wright, Poems attrib. to W aller Mapes, p. 87; par M. J. Grimm,
Kleinere Schriften, t. III, p. 78; par M. Husemann, Anzeiger fiir
kunde der teutscli. Vorzeit, t. XV, p. 285-, par M. Novati, Carm.
med. œri, p. 58. Outre les manuscrits d'après lesquels ont été faites
ces éditions, il y a lieu de citer le n" 766 de Tours.
Deterrae gremio. Publié par M. Ed. \)uMér'û, Poésies popul.
90
du moyen âge, p. 232, d'après le n" 37-19 de la Bibliothèque natio-
nale, fol. 36.
Dum médium silentium. Publié par Matthias Flacius, Varia
doct.poem., p. 78. Ms. de Florence, fol. 422.
Ecce sonat in aperto. Publié dans les Carmina burana^
p. 43, et par M. Ed. Du Méril : Poésies pojml. du moyen âge, p. 177,
d'après le n° 4880 de la Bibliothèque nationale. Il en existe un autre
texte à la même bibliothèque, dans le no \ 544 des manuscrits latins
nouvellement acquis, fol. 87.
Ecce torpet probitas. Publié dans les Carmina burana,
p. 37, et par M. Mone dans V Anzeiger fUr kunde der teutsch. Vor-
zeit^ prem. série, t. VII, p. 294.
Exceptivam actionem. Cette pièce, publiée par Buzelin sous
le nom d'Alain de Lille, Gallo-Flandr., t. I, ch. vir, se lit, sous le
même nom, dans le t. GGX de la Patrologie, col. 379. Elle est ano-
nyme à la Bibliothèque nationale, n° -f 544 des manuscrits latins nou-
vellement acquis, fol. 74, et à Berne, n° H6. Ms. de Florence, fol. 444.
Excuset qu9e vim. Publié par Matthias Flacius, Varia doct.
poem., p. 76. Ms. de Florence, fol. 419.
Fontis in rivulum. Vers complet :
Fontis in rivulum saper ut defluit.
PubUé par Matthias Flacius : Varia doct. poem., p. 38. Ms. de
Florence, fol. 4-18.
Frigescente caritatis. M. Mone a publié quatre strophes de
cette pièce dans la première série de VAn:;eiger fiir kunde der teutsch.
Vorzeit, t. VII, col. i i 0. Mais elle en a treize, à la Bibliothèque natio-
nale, dans le n" -1544 (fol. 86) des manuscrits latins nouvellement
acquis. Un autre exemplaire est signalé par Bandini à la bibliothèque
Laurentienne, CataL, t. IV, col. 20-1.
Graecorum studia. Vers complet :
Graecorum studia nimiumque diuque secutiis.
C'est le Gefa de Vital de Blois, souvent publié. Sur les nombreuses
éditions de cette comédie voir la notice de VHist. littér. de la Fr..,
i. XXII, p. 4-1 et suiv. Aux divers manuscrits que mentionne, en
94
outre, cette notice, il y a lieu d'ajouter ceux-ci : Riblioth. nationale,
lat. nouv. acquis., n" ^53; Munich, 14809; Bruges, 547; Copen-
hague [Die Reste cler Bordesholmer Bibliothek, p. 476 du catal. de
M. Wetzel) et Florence (t. II, col. 127 du catal. de Bandini).
Heu! quo progreditur. Ms. de Florence, fol. 330, Publié,
d'après ce manuscrit, par M. L. Delisle; Discours, p. 39.
Homo natus ad. Vers complet :
Ilomo natus ad laborem.
Publié par Matth. Flacius, Var. dod. poem., p. 75. Indiqué par
M. Meyer dans un ms. Egerton : Arch. des înissions, -JS6G, p. 287.
Ms. de Florence, fol. \\V>.
Imperialis apex. Vers complet :
Imperialis apex, oui servit poplitc ilexo.
C'est l'épilogue de la Poetria de Geoffroy de Vinsauf -, p. 95 de
l'édition de Leyser.
In Gedeonis area. Publié dans Carm. Burana, p. -13. Ms.
de Florence, fol. 239.
In nova fert animus. C'est le début des Métamorphoses
d'Ovide. La mention trop succincte ne permet pas de savoir si nous
avons ici quelques vers d'Ovide ou autre chose.
In rosa vernat. Vers complet :
In rosa vernat lilium.
Ms. de Florence, fol. 271 .
Jérusalem, Jérusalem. Publié par M. Dclisle d'après le
ms. de Florence; Discours, p. 54.
Juxta threnos. Vers complet :
Juxta threnos Jeremise.
Publié par M. Ed. Du Méril, Poésies popul. antér. au XII^ siècle^
p. 408.
Licet aeger. Vers complet :
Licet a3gor cum a^grotis.
Publié par M. Wright, Polit. Songs, p. 44, par M. Mone, t. VII
92
de VAnzeiger fur kunde der teutsch. Vorzeit, prem. série, p. 293, et
p. 44 des Carmina Burana.
Neustria sub clypeo. Vers entier :
Neustria sub clypeo régis defensa Ricardi.
Ce vers et ceux qui suivent sont un fragment de la Poetria de
Geoffroi de Vinsauf, page 4 8 de Pédition de Leyser.
Non te lusisse. Vers complet :
Non te lusisse pudeat.
Publié dans les Carm. Bur., p. iO. Ms. de Florence, p. 433.
Nullî beneficium. Publié dans les Carm. Bur., p. 1i. Ms.
de Florence, fol. 334.
Nuper eram locuples. Vers complet :
Nuper eram locuples multisque beatis amicis.
L'auteur de cette pièce est Hildebert de Lavardin, et elle a été
imprimée dans ses Œuvres par Beaugendre, col. 4344, après avoir
été recueillie par Vincent de Beauvais , Spec. histor., lib. XXV,
ch. cix, par Antonin de Florence, Chron., part. II, tit. xvi, ch. x, et
déjà publiée par Du Boulay, Hist. Univ. , t. II, ainsi que par Jac. Hom-
mey, Suppl., p. 453. Nous en pouvons citer, en outre, deux éditions
récentes : Revue de philolog., t. I, p. 410, et Mélanges poét. d' Hil-
debert, par M. Hauréau, p. 82. M. Hauréau s'est servi, pour établir
son texte, des n"^ 7596 A, 14494 et IblSS de la Bibliothèque natio-
nale. Ajoutons qu'elle se trouve encore dans les n"' 3761 (fol. 70) et
14867 (fol. 172) de la même bibliothèque, ainsi que dans les papiers
de Baluze, t. GXX, fol. 321, 343, 374. D'autres copies de cette pièce
justement célèbre sont indiquées dans les n"' 690 de Douai, 300 de
Tours et 1 1 3 de Saint-Omer.
O curas hominum. Publié dans les Carmina Bur., p. 65.
Ms. de Florence, fol. 424.
O mores perditos. Vers complet :
0 mores perditos et morum fœdera.
Une autre copie de ces vers inédits, croyons-nous, est à la Biblioth.
nationale, n°3549, fol. 168. Les voici d'après notre manuscrit :
0 mores perditos et morum fœdera !
93
Non curant superi quid agant infera,
Sinistra; maniii mentitur dextera,
Nec carent fraudibus fraterna latera.
A primo generis liumani stipite,
A solis cardine, a terne limite,
A mundi finibus exempla sumite :
Nusquam tuta fides, experto crédite.
Die, sodés, amico, die, mater, fiiio,
Sicubi habitas in hoc exilio.
An imo vallium, an montis cilio,
An casis pauperum, an regum solio :
« Olim res fidei, nunc umbra colitur ;
Olim sola fides, nunc et fraus fallitur.
Et doli machina dolus repellitur ;
In dolo dolus est et dolus toUitur. »
O potores exquisiti. C'est probablement la même pièce qu'on
lit à la page 240 des Carm. Burana^ où elle commence par :
Potatores exquisiti,
Licet sitis sine siti...
Olim sudor Herculis. Publié par M. Schmeller, dans les
Carm. Burana. p. 125, et par M. Hauréau, Not. et exlr. des Mss.,
t. XXIX, 2= part., p. 3<0, d'après le n° 344 de la reine Christine, au
Vatican. Ms. de Florence, fol. A\7.
Omnis in lacrymas. Publié par M. Delisle, Discours, p. 48,
d'après lems. de Florence. Quelques strophes dans Bandini, CataL,
t. II, col. 3.
Pergama flere volo. Vers complet :
Pergama flere volo, fato Danais data solo.
Cette pièce célèbre a été déjà six fois publiée. M, Hauréau a fait
connaître les cinq premières éditions et donné la sixième, Mélang.
poét. d'Hildebert, p. 206 et suiv., d'après les n°' 4-126, 4286, 8430,
8491 et 1 1867 de la Bibliothèque nationale. A ces manuscrits ajouter
les suivants : Bibl. nat., 5129 (fol. 126) et 15155 (fol. 145); Vatican,
2719 et 344 de la Reine; Munich, 459 et 14544; Vienne, 861 et 883 ;
Londres, Bibl. Gotton., Cleopalra^ A, 8 ; Douai, 882 ; Charleville, 30.
Voir, en outre, Bandini, CataL Laurent., t. 111, col. 753, et Denis,
Cod. theol. Vind., t. I, col. 1351 et 2310.
94
Planctus ante nescia. Publié par M. Éd. Du Méril, Poés.
popul. antér. au XII^ siècle^ p. i 76. Cette pièce, dont l'auteur est
Godefroi de Saint- Victor, se rencontre sous son nom dans le n° 942
de la Mazarine, fol. 234. Il y en existe d'autres copies dans les
n"' 3639 (fol. 185) et 154 63 (fol. 229) de la Bibliothèque nationale.
Plurima cum soleant. Vers complet :
Plurima cum soleant sacres evertere mores.
Ce petit poème a été publié par Hommey, Suppl. Patr.^ p. 547,
sous le nom de Marbode. Nous en avons une autre édition de
M. Wright, sous le nom de Matthieu de Vendôme, Reliquix antiqux,
t. II, p. 270. Nicolas Ghamart en a même imprimé quelques vers
sous le nom de Philippe, abbé de Bonne-Espérance. Mais il est
d'Hildebert, à qui l'attribuent deux autres éditeurs : Beaugendre,
Hildeb. Opéra, col. 1353, et M. Hauréau, Mél. poét. d'Hildeb.,
p. 109. Les manuscrits sont nombreux : Biblioth. nat., n"' 3696 B
(fol. 46), 3761 (foi. 71), 7596 A (fol. 168), 14867 (fol. 176), 15155
(fol. 54), et papiers de Baluze, t. CXX (fol. 324); Saint-Omer,
n^HIS et 710; Troyes, n° 1612-, Berne, n" 704; Douai, n"*^ 372 et
749; Cheltenham, n" H 902; Bodl. Cod. Laud. lat., 64 et 68. Voir,
en outre, Denis, Cod. theol. Vindob., t. I, col. 990.
Quam sit lata. Vers complet :
Quam sit lata scelerum et quam longa tela.
Publié par M. Wright, Politic. Songs, p. 27.
Qui habet aures. Vers complet :
Qui habet aures audiat.
Cette pièce, qui paraît être de Pierre de Blois, a été publiée dans ses
OEuvres par M. Giles, t. IV, p. 339. Elle est aussi dans la Patrolo-
gie, t. GGVII, col. 1129.
Qui seminant in loculis. Ms. de Florence, fol. 424.
Qui servare puberem. Ms. de Florence, fol. 381.
Quid ultra tibi. Vers complet :
Quid ultra tibi facere.
Cette pièce est à la Bibliothèque nationale, n" 14970 (fol. 69) et
1544 des nouv. acquisitions, fol. 104. Elle est aussi dans les n°' 413
de l'Arsenal (fol. 176), 883 de Vienne (fol. 76), et dans le n" 3081
95
(fol. 2^) du fonds Oltoboni, au Vatican. Voir L. Delisle : Mss. du
Vatican^ p. 33. Ms. de Florence, fol, 423.
Quis aquam tuo. Vers complet :
Quis aquam tuo capiti.
De Pierre de Blois et se lit dans ses OEuvres, édit. Giles, t. IV,
p. 433.
Quid amicus suggerit. De Pierre de blois et publié dans ses
OEuvres, édil. Giles, t. IV, p. 343.
Relegentur ab area. Publié par Matth. Flacius, Var. doct.
poem., p. 73. Ms. de Florence, fol. 202 et 287.
Satis vobis notum. Vers complet :
Satis vobis noturn est et res manifesta.
Publié par Matth. Flacius, Var. doct.poem., p. \\3.
Sede Sion in. Vers complet :
Sade, Sion, in pulvere.
Publié par Matth. Flacius, Var. doct. poem., p. 38.
Semper ut ex aliqua. Vers complet :
Semper ut ex aliqua felices parte querantur.
Ce poème, intitulé tantôt De Purricida., tantôt Mathematicus., a
été publié par Beaugendre sous le nom d'Hildebert : Oper.., col. -1295.
Il en existe des copies à la Bibliothèque nationale, n°' 5-129 et 64^5
(fol. se) ; à Berne, n° 74 0 ; à Tours, n" 300, et dans le n° 344 de la
reine de Suède, au Vatican.
Sit Deo gloria. Vers complet :
Sit Deo gloria, laus, benedictio.
Voici quatre éditions de ce poème. Il a été publié par M. Wright :
Poems attrib. to Walter Mapes., p. 77 ; par M. J. Grimm, Klein.
Schriften, t. III, p. 80 ; par M. Ed. Du Méril, Poés. popul. du moij.
âge, p. {79; par M. Assier, la Champagne pittor.^ 1. 1, p. 29. Il y en
a des copies à la Bibliothèque nationale, n"" 2902 (fol. -173), 8033 A
(fol. 20), 10240 (fol. 274); à Tours, n° 948; à Troyes, n» 4023; à
Berne, n° 203-, à Munich, n" 031.
96
Sol oritur in. Vers complet :
Sol oritur in sidère.
Ms. de Florence^, fol, 422.
Sol sub nube. Vers complet :
Sol sub nube latuit.
Publié par M. Mone : Anzeiger fur kunde der teusch. Vorzeit,
prem. série, t. VII, p. 296. Ms. de Florence, fol. 354.
Taurum sol intraverat. Vers complet :
Taurum sol intraverat, et ver, parens florum.
C'est V Altercatio Ganymedis et Helense, pièce partiellement publiée
par M. Ozanam, Doc. inéd. pour servir à Vhist. litt. de P Italie, p. 20,
et intégralement par M. Wattenbach, Zeitschrift fiir deutschen
Alterthum, t. XVIII, p. ^127, d'après un manuscrit de Berlin elle
n" 344 de la Reine, au Vatican. M. Ozanam l'avait rencontrée au
Vatican, dans un autre manuscrit, n° 27'! 9.
Utar contra vitium. Il faut lire sans doute :
Utar contra vitia carminé rebelli.
Poème contre la cour de Rome, publié par Matth. Flacius, Var.
doct. poeiïi., p. •J59 et 406, par M. Th. Wright, Politic. Sangs, p. ^4,
el Poems attributed ta Walter Mapes, p. 36, enfin par M. Schmeller,
Carmina Burana, p. i9. Quelques extraits dans VHist. littér. de la
Fr., t. XXn, p. -147.
Vanitas Vanitatum. Publié par Matth. Flacius, Var. doct.
poem., p. 78. Ms. de Florence, fol. 423.
Vehemens indignatio. Ms. de Florence, fol. 433.
Velificatus Athos. Le vers complet est sans doute :
Velificatus Athos dubio mare ponte ligatur.
C'est V Archithrenius de Jean de Hantville, ou de Hauteville, publié
par Josse Bade en ^o^7, de nouveau par M. Wright, Anglo-latin
satir. poems, t. I, p. 240. Un manuscrit est à Troyes, n° 2263, un
autre à Berne, n° 683.
Ver pacis aperit. Vers complet :
Ver pacis aperit naturse gremium.
97
Publié par M. Mone dans la prem. série de VAnzeiger fur kunde
der (eufsch. Vorz., L VII, p. 293. Ms. de Florence, fol. 355.
Veritas veritatum. Publié par Matth. Flacius, Var. doct.
■poein., p. 7S, el dans les Carmina Burana^ p. 3. Ms. de Florence,
col. 423.
Vernat eques. Vers complet :
Vernat eques, vix prima genis lanugo susurrât.
G'esl le début du Miles gloriosus de Matthieu de Vendôme, publié
par M. Du Méril dans ses Origines latines du théâtre, mod., p. 283.
Voir Hist. lift, de la Fr., t. XXII, p. 39, et Notices et extr. des
mss., t. XXIX, 2« part., p. 351.
Virtus moritur. Publié par M. Delisle, D/.scowrs, p. 36, d'après
le ms. de Florence, fol. 322.
INVENTAIRE
DE LA
BIBLIOTHÈQUE DE SAINT-GILDÂS
EN BERRY.
La liste d'ouvrages que je publie plus loin est transcrite d'un feuil-
let de parchemin qui servait de couverture au manuscrit de la biblio-
thèque Sainte-Geneviève actuellement coté T. f. 7^, in-4''. Ce manus-
crit est un recueil de recettes médicales, rédigé au xvi* siècle; il ne
présente aucun intérêt. L'écriture du feuillet de parchemin qui le
recouvrait me parait dater du xi® siècle. Le texte est un fragment
d'un inventaire des volumes appartenant à l'abbaye du Sauveur et de
Saint-Gildas au diocèse de Bourges. Le feuillet était écrit au recto et
au verso ; malheureusement, l'un des côtés a été à tel point gratté et
lavé que, sauf deux ou trois mots isolés, tout vestige d'écriture en a
complètement disparu. L'autre côté, au contraire, sur lequel étaient
collés le premier et le dernier feuillet du volume, est en parfait état
de conservation.
Avant d'aborder l'examen du document, je crois utile de rappeler
brièvement dans quelles circonstances l'abbaye du Sauveur et de Saint-
Gildas fut fondée.
A la fin du rx* siècle ou au commencement du x«, le monastère de
Saint-Gildas de Ruis, au diocèse de Vannes, dont la tradition fait
remonter l'origine à saint Gildas le Sage (vi^ siècle) , fut détruit de
fond en comble par les Normands. Les moines s'enfuirent devant
l'invasion, emportant avec eux les reliques du patron de leur monas-
tère, celles des saints Patrice, apôtre de Flrlande, Albain, martyr en
Grande-Bretagne, Paterne, évêque de Vannes, Brigitte, abbesse en
Ecosse, et sans doute d'autres objets précieux. Ils se dirigèrent
vers l'ouest et arrivèrent à Déols, dont le seigneur, Ebbon, les
accueillit avec bienveillance. Sur leur demande, il consentit à les éta-
9!»
blir dans son domaine, il les logea en attendant mieux aux envi-
rons de son château, dans des ermitages abandonnés, il pourvut à
leur subsistance, puis il fit bâlir pour eux dans une île de l'Indre un
monastère qu'il plaça sous l'invocation du Sauveur et de saint Gildas.
Ebbon mourut à la suite d'un combat contre les Hongrois ou Magyares,
avant que Tédifice fût achevé; mais son fils Raoul, qui lui succéda,
ne monti-a pas un moindre zèle en faveur des exilés, et termina
l'œuvre commencée. Un siècle plus tard, vers l'an 1008, un moine
de Fleuri-sur-Loire, commis à cet effet par son abbé Gozlin, recons-
truisit, sur l'emplacement de l'ancienne abbaye de Saint-Gildas de
Ruis, un nouveau monastère dont quelques parties subsistent encore
aujourd'hui et dont, comme on sait, le fameux Abélard devint abbé
vers l'an H25 ^
J'estime que, parmi les volumes signalés dans notre inventaire, un
certain nombre proviennent de Saint-Gildas de Ruis. On y voit, en
effet, figurer un textum S. Gildasii, c'est-à-dire, j'imagine, un texte
des Évangiles ayant appartenu à saint Gildas le Sage, et deux anti-
phonaires bretons dont la présence dans l'abbaye bretonne s'explique
aisément et qu'on ne peut guère supposer avoir été acquis ou rédigés
par les moines berrichons dans le courant du x*^ siècle ^ la bibliothèque
aurait donc fait partie des objets sauvés par les moines lors de l'in-
vasion normande qui détruisit leur abbaye.
Le fragment d'inventaire compris dans notre feuillet de parche-
min est divisé en deux parties contenant chacune une catégorie spé-
ciale d'ouvrages. La première est consacrée aux livres traitant de
divinis rébus, la seconde aux livres traitant de arte. — On remar-
quera tout de suite une assez grande différence dans la rédaction de
ces deux parties. Tandis que, dans la première, les titres des livres
sont très sommairement indiqués, dans la seconde on a pris la peine
de noter le nombre des volumes et les premiers mots de chaque
ouvrage. Aussi, bien que le feuillet soit écrit entièrement de la même
main, ne serais-je pas étonné que ce fragment d'inventaire soit dû à
deux rédacteurs dont le travail aurait été réuni et recopié par un seul et
1. Vie de saint Gildas le Sage, écrite au xi'^ siècle par un moine de Saint-
Gildas de Ruis (i^. SS. BolL, 1" éd., janv., Il, pp. 964-965); Chronique de
Buis (D. Lobineau, Hist. de Bretagne, t. II, col. 3G9); Diplôme de Louis d'Ou-
tremer pour l'abbaye de Déols (Bec. des Hist. de Fr., t. IX, p. 593); Chron. de
Tours, à l'année 917 [Bec. des Hist. de Fr., t. IX, p. 50); Patriarchium Bitu-
ricense, ch. lu (Labbe, BipMoth. nova mss., t. II, p. 71) ; Gallin christ., t. II,
p. 153; Raynal, Hist. duBerrij, t. I, p. 321.
^00
même scribe. Cette hypothèse est encore corroborée par le fait que, dans
le titre de chaque partie, on rappelle le nom de l'abbaye à laquelle
appartiennent les livres inventoriés et qu'en outre, dans l'un de ces
titres, Tabbaye est désignée sous le nom de Saint-Sauveur et Saint-
Gildas, tandis que dans l'autre elle est qualifiée Saint-Giidas tout
court. Le premier rédacteur paraît avoir été un homme à la fois très
négligent et très peu lettré; d'une part, en effet, il signale comme
formant des livres séparés une Vita S. Antonii, une Vita S. Cug-
bertiy une Vita S. Patricia une Vita S. Gregorii^ qui, vraisembla-
blement, se trouvaient en tête de recueils de Vies de saints. Il se con-
tente pour certains ouvrages d'indications comme celles-ci : Librum
cuncorium rubeum^ — librum de diversis rébus, — librum de diver-
sis causis. D'autre part, son classement des livres par ordre de
matières est éminemment fantaisiste. C'est ainsi que, parmi les
ouvrages qu'il indique comme traitant des choses divines, nous
voyons apparaître un Térence, un de Oraiore de Gicéron, un Librum
de Bucolico (probablement le commentaire de Virgile par Servius),
des Gesta Julii César is.
Le second rédacteur fait preuve d'un peu plus de savoir et d'expé-
rience; il donne généralement le nom de l'auteur; il mentionne
en outre Vincipit de chaque ouvrage, sauf toutefois pour le 4^"' article
(n° -103), où il paraît Tavoir oublié. De cette façon, les restitutions
deviennent faciles, et, si je ne suis pas arrivé à identifier la totalité
des volumes cités, cela tient sans doute à l'insuffisance de mes
connaissances bibliographiques.
Sous les titres de quelques-uns des livres, on voit le signe /î, qui
signifie peut-être non. On pourrait supposer que ce signe a été ajouté
lors d'un récolement postérieur et qu'il vise les ouvrages manquant
h répoque de ce récolement. On pourrait imaginer aussi qu'à la suite
de la reconstruction du monastère de Saint-Gildas de Ruis, un cer-
tain nombre de volumes furent rendus, ce qui eut lieu, semble-t-il,
pour une partie des reliques. Dans cette dernière hypothèse, le
signe fi s'appliquerait aux volumes non rendus^ qui restèrent dans
l'abbaye du Sauveur et de Saint-Gildas.
J'eusse désiré faire de cet intéressant inventaire une étude plus
complète, et rechercher, par exemple, si nos bibliothèques renferment
quelques-uns des livres qu'il indique. Le temps me manque malheu-
reusement pour cela. Je me borne donc à publier le document en
identifiant, lorsque la chose sera possible, les ouvrages insuffisam-
ment désignés. Pour la plupart de ces ouvrages, les commentaires
des textes sacres surtout, il est difficile de savoir à qui les attribuer,
ou, du moins, doit-on le plus souvent hésiter entre divers écrivains
ayant traité le même sujet. Aussi m'absticndrai-jc de toute attribu-
tion lorsqu'il me faudrait recourir à des hypothèses trop hasardées.
Gh. Rouler.
Incipit brevis de divinis libris Sancti Salvatoris
ATQUE Sancti Gildasii.
1-4. — iiij. compotos.
5. — Summum bonum.
6. — Gesta Franchorum.
7. — Expositionem Isaie.
8-9. — Duos glosarios, unum maiorem et alium minorem.
10. — Gesta Julii Cesaris.
11. — Duos psalmorura simul in uno volumine conligatos.
12. — Codicem parvulum de cunctis evangeliis.
13. — Librum de bullario.
14. — Vita sancti Antonii.
15. — Expositionem de Job.
16. — Itemque aliam expositionem de Ezechiele proplieta.
17. — Librum Genesi. Desiderii mei.
18. — Expositio appocalipsi, cum epistolas Pauli.
19. — Isidorum magnum.
20. — Librum Geronimi et Damasi presbytère.
5. Isidore de Séville, Senteuike, ou saiat Augustin, De nafura boni, contra
Manichxos.
G. Les Gesta regum Francorum, ou peut-être Aimoin, Historia Francorum,
ou encore Grég. de Tours.
10. Sans doute les Commentarii.
13. Probablement un recueil de décrétâtes.
14. Version latine, par Evagrius, de la Vie de saint Antoine le Grand, par
saint Athanase.
17. La préface de saint Jérôme au Pentateiique , adressée à Desiderius et
commençant par les mots « Desiderii mei... »
18. Primasius, év. d'Adrumète, ou Bède.
19. Isidore de Séville.
20. Les Évanfjiles, version de saint Jérôme, dédiés au papcDamasc, ou peut-
être l'Interpretatio homiliarum duarum Origenis in Cnntica canticorum, dédiée
par saint Jérôme au même pape.
^02
21. — Epistolas leronimi et Damasi presbytero.
22. — Gesta Anglorum.
23. — Rabbanum.
24. — Librum de Trinitate.
25. — Textum primo tempore.
26. — Librum cuncorium rubeum.
27. — Enchiridiun.
28. — Régula ecclesiastica.
29. — Semi-martirologium.
30. — Librum de future seculo.
31. — Librum de pénis infernorum atque gaudium iustorum.
32. — Librum de ordine ecclesiastici.
33-34. — Passionalem novum atque alium vetulum.
35. — Caterniones ubi sunt expositiones de evangeliis.
36. — Item alium librum de evangeliis atque matutinis.
37. — Canones romanas.
38. — Glosas de prophetis.
39. — Librum de creatione prirai hominis.
40. — Epistole Ambrosii.
41. — Cuniuratio hominis a diabolo expellere.
42. — Musicam parvam.
43. — Lex salica, ij".
44. — Lex Theodosiani.
21. Un recueil de lettres de saint Jérôme, commençant par une lettre au pape
Damase, ou peut-être l'un des deux ouvrages cités au n° 20, lesquels commencent
tous deux par une lettre de saint Jérôme au pape Damase.
22. Probablement Bède.
23. OEuvres de Raban Maur.
24. Saint Augustin ou peut-être Boèce.
25. Un texte des Évangiles avec une préface commençant par les mots « primo
tempore. »
27. L' Enchiridion de fède, sjie et charitate de saint Augustin, ou peut-être
VEnchiridion in septeni psalmos pœmtentiales d'Aicuin.
28. Peut-être la collection des Règles de saint Basile, traduite en latin.
29. Un martyrologe pour la moitié de l'année.
32. De ordine de saint Augustin, ou peut-être Amalaire, archevêque de Trêves,
De cxrimoniis baptismi.
39. Peut-être \' Hexameron de saint Ambroise, le volume suivant étant de cet
auteur ; ou bien VHexameron de Bède.
41. Formule d'exorcisme.
42. Voy. n° 113.
44. Le bréviaire d'Alaric, ou peut-être le code Théodosien.
403
45. — Librum Johannis Cassiani.
46. — Textum sancti Gildasii.
47. — Kanones minores.
48. — Librum sancti Michahelis.
49. — Vita sancti Augustini.
50. — Collectarium cum baptisterio.
51. — Vita sancti Cugberti.
52. — Epistolas Ambrosii ad Orontionura.
53. — Epistolas Pauli.
54. — Expositionem de Job.
55. — Librum de diversis rébus.
56. — Librum de episcopis atque clericis.
57. — Psalterium abbati.
58. — Vita sancti Patricii.
59. — Librum de mensuris.
60. — Psalmorum quid gloriaris.
61. — Disputatio veteris ac novi testamenti.
62. — Expositionem [in] cantica canticorum.
63. — Librum de pluribus causis.
64. — Librum de voce et littera.
65. — Librum medicinalem.
66. — Librum Terrenti comici.
67. — Circulum zodiacum.
68. — Librum Tulli Cesaris {sic) de oratore.
45. OEuvres de Jean Cassien.
46. Texte des Évangiles ayant appartenu à saint Gildas.
48. Un livre contenant la Vie, les Miracles et peut-ôtre l'Apparitio in monte
Tumba de l'archange saint Michel.
49. Vie de saint Augustin, par Possidius; à moins que ce ne soient les Cou-
fessions de saint Augustin.
51. Vie de saint Cuthbert, par Bède, ou l'autre vie de ce saint par un ano-
nyme contemporain (v. A A. SS. BolL, 20 mars, III, p. 117).
57. Un psautier appartenant à l'abbé du monastère (?).
58. La Vie de saint Patrice, par Mellanius Probus.
59. Priscien, De ponderibus et mensuris, ou peut-être la traduction du IXsp't
fjLî-rpwv Y.a\ (jtâQfjLwv, de saint Épiphane.
60. Commentaire de Bède sur le psaume 51, ou recueil de Psaumes commen-
çant par le psaume 51.
62. Probablement le Commentaire de Bède sur le Cantique des cantiques.
64. Peut-être Priscien de Césarée, voy. n° 104.
67. Peut-être les Astronomiques d'IIygin.
68. Le De oratore de Cicéron.
^04
69-71. — Duas régulas et alla non intégra.
72. — Librum de mensuris.
73. — Caterniones de tonis.
74. — Catalogus auctor.
75. — Vita sancti Gregorii.
76. — Medicinalem magnum.
77. — Textum novum cum auro.
78. — Expositionem Bede in Lucam.
79. — Librum in Bucolico.
80. — Expositionem sancti Arabrosii super Lucam.
81. — Canones maiores.
82. — Et iterum canones episcopales.
83. — Glosarium expissum.
84. — Librum dialogorum.
85. — Librum duodecim prophetarum.
86. — Librum Gerarsiani.
87-88. — Duo troparii.
89. — j. manipularium.
90. — Expositio regum.
91. — Item aliam expositionem cantica canticorum.
92. — Librum ad dominum contribularer.
93. — Librum regum.
94. — Visio Isaie.
95. — Humiliarium magnum.
96. — Aimonem.
72. Voir le n° 59.
74. Peut-être le De Scriptoribus ecclesiasticis de saint Jérôme, auctor étant
une abréviation pour auctorum.
75. Probablement l'une des Vies du pape saint Grégoire (v. Potthast, Biblioih.
hist., p. 727).
77. Un texte du Nouveau Testament écrit en lettres d'or.
79. Le Commentaire de Servius sur les Bucoliques, ou peut-être le texte
même des Bucoliques.
83. Un glossaire très étendu.
84. Les Dialogues de saint Grégoire le Grand.
85. Probablement le Commentaire de saint Grégoire le Grand sur les Livres
des prophètes.
86. J'ignore ce que peut être ce livre.
91. Voy. le n° 62.
92. Alcuin, Expositio in Psalmos graduâtes.
96. Haymon d'Halberstadt.
105
97-99. — Duos antiphonarios bretonicos et unum novum.
100. — Expositio Genesis.
101. — Duos gradalos.
102. — Perifision ij"^
Incipit brevis de libris Sancti Gildasii de arte.
103. — Priscianus maior de voce et eius speciebus .j., et est in
capite : ....
1 04 . — Priscianus Cesariensis de voce et littera . j . , et est in capite :
Vox est aer ictus.
105. — Prologus Boetii philosophi .j., et est in capite : In dandis
accipiendisque.
106. — Editio prima Boetii super categorias Aristotelis .j., et
est in capite : Expeditis his.
107. — Alium retliorica, et est in capite : Sepemultum.
108. — De constructione sive ordinatione partium orationis inter
se .j., et est in capite : Quoniam in ante.
109. — Argumentum Anicii Manlii Severini Boetii in topica .j.,
et est in capite : Incipientes quamcum[que] rem.
110. — Carmen Macliabeorum .j. et est in capite : Ecclesiate-
sequum.
111. — Annei Lucani .j. , et dicitur in capite : Bella per ematios.
112. — Glose Marciani magistri Remigii .j., et est in capite :
Titulus iste.
113. — De musica.
97-99. Deux antiphonaires en langue bretonne et un en latin.
100. Probablement le Commentaire de saint Jérôme sur la Genèse.
101. Deux graduels.
102. Physiologus, ou livre d'histoire naturelle.
104. Cela paraît être im abrégé des Insiitutiones grammaiicse de Priscien
plutôt que le texte complet de ces Institutiones dont les premiers mots sont en
réalité : « Philosophi definiunt vocem esse aerem tenuissimum ictum... »
105. Le De ariikmeiica de Boèce.
108. Priscien de Césarée, De constructione, libri II.
109. Ce ne sont pas les Topica de Boèce, dont l'incipU est différent, mais
peut-être un commentaire sur ces Topica.
111. La Pharsale de Lucain.
112. Commentaire de Rémi d'Auxerre sur Martianus Capella.
113. Peut-être aussi le traité de Rémi d'Auxerre, De musica, oa quelque traité
de Cassiodore, Isidore de Séville, Alcuin ou Notker.
UNE
RÉCEPTION AU TEMPLE
ALEXANDRE DE VENDOME
1'"" FÉVRIER 1604.
Le dimanche premier février 1604, les préparatifs d'une céré-
monie qui devait se célébrer à onze heures dans l'église du
Temple, avec une pompe inusitée, avaient mis en émoi tout le
quartier, et une bonne partie de la ville de Paris. Le roi et la
cour y devaient assister ; aussi, dès le matin, la foule était telle
que l'on dut même interdire l'entrée de l'enclos. Des archers de la
garde furent placés à la grande porte, d'autres aux issues de
l'église : mesure nécessaire, car les carrosses seuls devaient suf-
fire à encombrer la grande cour, et l'église était trop petite
pour contenir tout le monde. Des invitations avaient été adressées
par ordre du roi aux principaux personnages de sa cour; le
nonce du pape, les ambassadeurs d'Espagne et de Venise, le
cardinal deGondy, neuf évêques, le connétable, l'amiral, les che-
valiers du Saint-Esprit, les princes et les princesses, le chancelier
et les sept présidents du Parlement, nombre de seigneurs de tous
rangs, avaient été convoqués directement par Rhodes, le maître
des cérémonies de France. L'ordre de Malte était représenté par
le grand prieur de Champagne, une douzaine de commandeurs
et une quinzaine de chevaliers, auxquels s'était joint le per-
sonnel du Temple.
Cette cérémonie, présidée par le grand prieur de France,
Georges de Regnier-Guercliy, n'était rien moins que la récep-
tion comme chevalier et grand-croix, avec profession et prise
107
d'habit, du second fils naturel de Henri IV, Alexandre Monsieur,
frère cadet de César, duc de Vendôme. Le récipiendaire avait
cinq ans : aussi ne prononça-t-il pas ses vœux (il fallait être âgé
de seize ans), et l'on se contenta de la promesse que le roi fit en
son nom.
Parmi les nombreuses cérémonies du même genre qui se célé-
braient au Temple de Paris, chef-lieu du grand prieuré de France,
nulle ne paraît avoir eu un tel éclat : l'histoire même en a conservé
le souvenir. Toutes les personnes qui ont lu les Mémoires-jour-
naux de Pierre de l'Estoile ont pu remarquer le passage où le
célèbre chroniqueur a noté le faits et c'est généralement d'après
cette source que mention en est faite dans les histoires de Paris.
Mais il y a mieux et plus dans l'ouvrage d'un grand histo-
rien, l'histoire universelle du président de ThouS qui fut proba-
blement l'un des invités. Il est même curieux d'y constater
l'impression qu'avait faite sur les assistants un des actes du roi
pendant la cérémonie, acte dont l'exactitude est prouvée par le
procès-verbal du chancelier de l'ordre. « Le roi, — dit la rela-
tion imprimée d'après les notes de De Thou, — emporté par sa
vivacité et par son affection paternelle, quitta brusquement son
siège pour venir répondre au nom de son fiis interrogé par le
grand prieur de France. Je descends de mon trône, dit-il, pour
faire ici la fonction de père, et je promets que, lorsque mon fils
aura seize ans, il tiendra le vœu que je fais aujourd'liui pour lui. »
Si le Mercure françois avait été fondé un an plus tôt, il nous
aurait sans doute donné là-dessus plus de détails encore.
Le dépouillement des registres de l'ordre de Malte, qui ren-
ferment les procès-verbaux des Assemblées provinciales du grand
prieuré de France, tenues au Temple, registres conservés à peu
près intégralement depuis 1355^ m'ayant fait découvrir le pro-
cès-verbal même de la cérémonie de 1604, avec la copie des
lettres du grand prieur, j'ai pensé que la publication en pourrait
être intéressante. Elle servira comme de commentaire explicatif
à la note un peu courte de l'Estoile, et redressera quelques erreurs
des historiens qui en ont parlé depuis.
1. Éd. Brunet, Lacroix, etc. 1880, t. VIII, p. 115.
2. C'est au livre 132, non rédigé par lui, mais d'après ses notes. — Je cite
la trad. française de Londres, 173-i, t. XIV, p. 314.
3. Archives nationales, MM. 28-51, 53. — Le procès-verbal en question est au
registre 41 (1574-1604), fol. 386.
408
Il n'y faut cependant pas chercher plus de détails sur le mode
de réception d'un chevalier de Malte que ce que le public pouvait
en voir. Les registres de l'ordre ne fournissent jamais aucune
indication rituelle, parce qu'il existait pour les cérémonies un livre
spécial, manuscrit ou imprimé. Je signalerai entres autre, à ceux
qui seraient tentés d'en savoir davantage, deux minces volumes
imprimés, l'un en 1689, l'autre en 1729, sous ce titre : « La
forme de donner l'habit aux chevaliers religieux de l'ordre de
Saint-Jean de Jérusalem S » qui contiennent sur le sujet tout ce
qu'on peut désirer.
Bien que la courte carrière d'Alexandre de Vendôme ait été
dénuée de tout éclat, il peut être intéressant d'ajouter ici quelques
renseignements sur sa personne, au moins comme grand prieur.
Né, en 1598, de Gabrielle d'Estrées, il avait été destiné dès le
premier jour, par son père, au grand prieuré de France. Il
occupa ce siège aussitôt qu'il fut vacant, à l'âge de dix-neuf ou
vingt ans; mais on peut affirmer sans hésitation que ce choix fut
imposé au grand maître, bien qu'on ait pris toutes sortes de pré-
cautions pour rester à peu près en règle avec les statuts de
l'ordre et les droits d'ancienneté. Le fait est toujours demeuré une
exception, n'en déplaise aux auteurs modernes, qui, généralisant
d'une manière trop absolue une phrase de l'Estoile, appellent
le titre de grand prieur de France « le plus brillant apanage
des bâtards royaux. » Ce titre envié se donnait à des comman-
deurs éprouvés par de longues années de travaux, ou que de
brillants succès en Orient avaient rendus illustres. L'histoire a
retenu les noms des Giresme, des Cluys, de Méry d'Amboise, de
Villiers-l'Isle-Adam, de François de Lorraine, de Meaux-Bois-
boudran, d'Amador de la Porte, de Souvré, de Bourbon-Conti, et
le grand maître de l'Ordre fut plusieurs fois pris sur le siège du
grand prieuré de France.
Revenons au fils de Henri IV. L'enfant de cinq ans, en qui
Georges de Regnier-Guerchy sacrait chevalier, en 1604, son
futur successeur, Alexandre de Vendôme, fut successivement
commandeur, général des galères à Malte, où il alla en 1612
pour faire ses preuves ^, et grand-prieur de Toulouse à partir
1. Le premier est à la Bibliothèque nationale, le second aux Archives
(MM. 22).
2. Barillet, Recherches historiques sur le Temple. Paris, 1809. In-8".
\ 09
de 1613. Quant à son prieuré de France, il dut l'attendre jusqu'en
1618. Guerchj, mort le 25 novembre\ était à peine enseveli,
selon la coutume, dans l'église du Temple, que le nouveau pré-
tendant se hâtait de faire valoir ses droits. Il se présenta au
grand prieuré le 2 décembre pour en prendre possession. Voici
des détails sur cette cérémonie - : Alexandre , qui venait du
Louvre, était accompagné de quelques seigneurs, messieurs de
Cœuvre, de Wignacourt, de Maniguay, d'Araucourt, etc., et de
plusieurs commandeurs et chevaliers de l'Ordre. Reçu par le bailli
de Sillery, Noël Bruslard, connnandeur de Troyes, il présenta
les brevets apostoliques expédiés à Malte le 18 décembre 1612, et
dont la date lui assurait le droit d'ancienneté sur les autres
grands prieurs ou commandeurs pouvant prétendre au siège de
France, et fut conduit à l'église. Là, l'investiture lui fut faite,
au son des cloches et au chant du Te Deum; il se dirigea ensuite
vers l'hôtel prieural, se fit ouvrir la porte, entra dans la grande
salle et donna ordre d'allumer du feu, comme faisant acte de
légitime possesseur. Après quoi il partit, et il est difficile de
savoir quand il revint, et s'il fit jamais un séjour de quelque durée
en son palais. J'ai pourtant relevé, par curiosité, le nombre des
chapitres auxquels il présida, et le nombre n'est que de huit en
tout : deux en 1620, en 1622 et en 1623 ; un en 1624 et en 1625.
Or, les assemblées ou chapitres provinciaux, présidés par le
grand prieur, se tenaient au moins cinq ou six fois par an. Outre
les deux chapitres solennels du 11 juin, jour de la Saint-Barnabe,
la grande fête du Temple, et du 12 novembre, auxquels prenait
part un grand nombre de commandeurs, il y avait des assem-
blées autant qu'il en était besoin. En l'absence du grand prieur,
et sur sa délégation expresse, un des principaux commandeurs
présidait le chapitre.
Alexandre de Vendôme était, la plupart du temps, retenu à la
cour du roi son frère, et vivait notamment au château de Vin-
cennes, où il mourut. Son absence prolongée finit même par donner
lieu à quelques murmures dans le grand prieuré. C'est là une des
rares observations que le froid registre des procès-verbaux per-
1. A. N. — MM. 42, fol. 193.
2. Le procès-verbal de cette prise en possession est comme d'habitude inséré
dans les registres de l'Ordre (MM. 42, fol. 191). Je ne le publie pas Ici, parce
que son intérêt ne compense pas assez sa longueur diffuse.
mette de faire : en 1627, on l'accusa d'avoir résigné sa charge, et
il écrivit tout exprès pour déclarer qu'il portait trop d'intérêt à la
cause de l'ordre et du grand prieuré pour l'abandonner ainsi'.
Il ne revint pourtant pas au Temple : il était d'une santé chétive,
et la mort l'enleva après une longue maladie, à l'âge de trente
ans, le 8 février 16292.
Son successeur fut un commandeur vieilli dans l'ordre, Guil-
laume de Meaux-Boisboudran^.
H. DE CURZON.
Lettres du grand prieur de France, datées du i"' février •1604.
Frère Georges de Regnier-Guerchy, chevalier de l'ordre Sainct- Jehan
de Jherusalem, grand prieur de France''. A tous ceulx qui ces pré-
sentes lettres verront, salut et dilection en Notre Seigneur. — Sçavoir
faisons que le jour d'huy, datle des présentes, en l'église du Temple
à Paris, en la présence du Roy, de la Royne, de Messieurs le cardi-
nal de Gondy^, des evesques de Beau vais '^, comte et pair de France;
de Noïon^ aussy comte et pair de France; deNevers^, deMaillesez^
d'Angers^", de Paris'\ de Rieulx*^, de Chartres'^, de Lodesyc'-*; du
Nonce du pape et des ambassadeurs d'Espaigne et de Venise; de
Messieurs le prince de Gondé, du duc de Montpensier, le connestable,
1. MM. 42, fol. 237.
2. Id., fol. 248.
3. Grand prieur de 1629 à 1639.
4. Grand prieur de 1600 à 1618; il avait succédé à Bertrand Pelloquin.
5. Pierre de Gondi, cardinal, qui avait été évêque de Paris jusqu'en 1596, époque
à laquelle il démissionna en faveur de son neveu Henri de Goudi de Retz. Il
mourut en 1616.
6. René Potier de Blancmesnil, 1595-1616.
7. Charles de Balzac, 1596-1625.
8. Arnaud Sorbin de Sainte-Foy, 1578-1606.
9. Henri d'Escoubleau de Sourdis, 1573 (?)-1615.
10. Charles Miron, 1588-1616.
11. Henri de Gondi de Retz, 1592-1622. Dernier évêque de Paris, le siège
ayant été élevé à la dignité de métropolitain après lui. Cardinal en 1618.
12. Jean de Bertier, 1603-1620.
13. Philippe Hurault de Cheverny, 1591-1620. La Gallia ne le dit consacré
qu'en 1608, après une vacance de neuf ans environ.
14. Charles de Lévis-Ventadour; nommé en 1604 par Henri IV, il abdiqua en
1607, avant son inauguration.
du duc de Vendosme% du duc de Montbason, du maréchal de Bris-
sac cl de l'admirai. Aussy en la présence de Messieurs le chancellier
et des sept presidentz de la grande chambre du Parlement; de Mes-
sieurs le grand escuyer sieur de Termes, de Rocquelaurc, de Vilry,
du marquis de Cœuvrc et de Heauvais Nangis; et de Mesdames de
Nemours, de Nevers, et de Madamoyselle de Guise. — Gomme aussy
en la présence de Messieurs le grand prieur de Ghampaigne, Ghames-
son; de Marconville^, commandeur de Saincte-Vaulbourg^ et de
Villedieu le Bailleul '', ambassadeur pour nostre ordre en bVance; de
Brion, commandeur de Maupas^; de Bellebrune®, commandeur
dlvry'^; de Marconville**, commandeur de Sommereulx^; de Louvet,
commandeur d'Auxerre; de Boisboudran^", commandeur de Bon-
court^"; de Gatheville^', commandeur de Villedieu en Drugesin '^^ de
Grolles, commandeur de Masdieu d'Auvergne^^; de Bellotte, comman-
deur de Puisieulx'"*; des chevalliers de Gueprey, de Sainct-Mesmin,
de Sevigny, de Pinabeaux, de Sainct-Leger, de Fulvio Sala d'Italye,
de Rozny, de Midorge, de Villegaignon, des Marestz, de Bouelles, de
Chasteauroux, d'Antragues, de Languetot, de Gaians. — Et aussy en
la présence des servans d'armes de nostre dit ordre, messieurs Febvre,
commandeur de Villejesus d'Auvergne'^-, de Perrot, commandeur
d'Estampes'"; de l'Espine, commandeur de Ghevreux^^; de frère
Glaude Prou, de frère. . . Lamy de Provence -, et du petit prieur^^ et reli-
1. César Monsieur, le frère aîné du récipiendaire.
2. Charles de Gaillarbois de Marcoiiville.
3. Au Val de la Haie, arr. de Rouen.
4. Orne, arr. d'Argentan.
5. Près de Soissons.
6. Gédéon de Joigny, dit de Bellebrune.
7. Oise, arr. de Beauvais.
8. Jacques de Gaillarbois.
9. Guillaume de Meaux Boisboudran , plus tard grand prieur de France,
en 1622, après la mort d'Alexandre de Vendôme.
10. Aisne, arr. de Laon.
11. Louis de Morel, dit de Cateville.
12. Eure-et-Loir, arr. de Dreux.
13. Charente, arr. de Confolens, dépendant du grand prieuré d'Auvergne.
14. Puisieux-sous-Laon, Aisne.
15. Arr. de Rufl'ec, dans le grand prieuré d'Auvergne.
16. Étampes, Seine-et-Oise.
17. Chevru, arr. de Coulommiers, Seine-et-Marne.
18. Au Temple, le chef des religieux, garde de l'église, curé de l'Enclos, c.-à-d.
de la parQisse de Sainte-Marie-du-Temple, était dit petit prieur, par opposi-
lion au grand prieur, dont la résidence ordinaire était aussi dans l'Enclos.
M 2
gieulx de l'église du Temple. — Et suivant la commission et pouvoir
à nous donné par Monseigneur Illustrissime nostre Grand Maistre '
et son GonseiP, par bulle soubz plomb et forme autenticque, en
datte du xxv" jour de Juing mil six cent trois, dernier passé, et
estans deuement adverty de la bonne et devotte intention que Mon-
sieur Alexandre de Vendosme a de faire profession et d'estre vestu
de l'habit de nostre ordre, ce requérant en la présence et du vouloir
de sa dicte Majesté, avons le dict Allexandre de Vendosme receu et
admis à faire la dicte profession, et l'avons vestu de l'habit de la
grande croix, telle que les prieurs et baillifz de nostre ordre ont
accoustumé porter, avec les solempnitez et cérémonies qui ont
accoustumé estres faictes en telles réceptions ; à condition et charge
qu'aiant attainct l'aage porté par noz statutz et ordonnances, et sui-
vant la dicte bulle, il fera les trois vœus substantiaulx et accoustu-
mez en nostre dit ordre. Ce que Sa Majesté, moiennant la grâce de
Dieu, a promis luy faire accomphr et mettre à exécution. — En tes-
moing de ce nous avons signé ces présentes de nostre main, et faict
sceller du scel de nos armes en nostre maison du Temple, à Paris, le
dimanche premier jour de febvrier, l'an mil six cent quatre.
Discours de ce qui s^est passé et des cérémonies faictes en la récep-
tion et profession de Monseigneur Alexandre de Vendosme^ et de
V investiture de la grande croix.
Le vingtiesme jour de janvier l'an mil six cent quatre, le roy
envoia ung varlet de pied vers le seigneur grand prieur de France,
estant à Launay, près Sens, une de ses chambres prioralles^, luy
1. Al. de Vignacourt, Maître français, 1601-IG22. Une copie de sa lettre pré-
cède la pièce ci-jointe. Elle est du 25 juin 1603 (fol. 381). Il y a aussi un bref
du pape, en date du 17 mai. (MM. 41.)
2. Le Conseil ou Chapitre souverain, à Malte, était composé des Grands-Croix,
chefs de langue ou Piliers, représentant les diverses nations de l'ordre, sous
les noms de Commandeur, Maréchal, Hospitalier, Amiral, Drapier ou Conserva-
teur, Turcoplier, Bailli, Chancelier. (Langues de Provence, Auvergne, France,
Italie, Aragon, Angleterre, Allemagne, Castille.) Le Prieur de l'église était le
'chapelain de ce chapitre, auquel se joignait encore l'évêque de Malte.
3. Les grands prieurs de France jouissaient en propre de quatre comman-
deries, avec leurs dépendances, et en étaient ainsi les seuls commandeurs; ce fut
ordinairement le Temple de Paris, Choisy-le-Teraple, Launay-les-Sens, et Saint-
Jean-de-Latran, autrement dit Y Hôpital ancien. Ces maisons portaient le nom de
U3
faisant sçavoir par une sienne lettre l'expedilion qui lui estoit envoyée
de Malte en faveur de Alexandre Monsieur, fils naturel de Sa Majesté,
et le priant, estant sa commodité, se transporter en ceste ville de
Paris, aiant intention que son dict fils rcceu[t] par luy, suivant la
commission et mandement du seigneur Grand Maistre et son conseil,
l'ordre de chevalerie et feit profession en l'Hospilal Saint Jehan de
Jherusalem. Et pour rendre cest acte plus célèbre et solempncl, et y
faire trouver le plus de commandeurs et chevaliers qu'il se pourroit,
aussy luy fut escript à mesme fin par le sieur de Villeroy.
Auquel mandement le dit seigneur grand prieur s'achemina en la
ville de Paris, y arrivant le 27*^ jour dudit mois de janvier, où il ne
peult veoir le Roy que le samedi matin, qui estoit le dernier jour
dudit mois de janvier, parce que Sa Majesté estoit à Saint-Germain
en Laye, dont il ne retorna que le vendredi au soir.
Le dit seigneur grand prieur fut gratieusement acueilly par le Roy,
qui lui confirma de sa bouche la mesme intention; et pour le lieu à
l'exécuter, le seigneur de Rodes, maistre des cérémonies de France,
avoit desja recongnu la commodité de l'enclos et église du Temple,
où sa Majesté avoit consenty, à la supplication de l'ambassadeur
dudit ordre', que ceste cérémonie fut faicte, comme l'une des princi-
palles maisons d^iceluy, auparavant designéeen l'église des Augustins^.
Les princes, princesses, Messieurs le connestable, admirai, cheval-
liers du Saint-Esprit, nonce du pape, ambassadeurs d'Espaigne et
de Venise, Monsieur le cardinal deGondy, plusieurs evesques. Mes-
sieurs le chancellier et les sept presidens de la grande chambre du
Parlement, furent invitez par commandement du Roy.
Les samedi et dimanche matin furent employez à parer la dicte
egUse du Temple, laquelle fut tendue de fort riche tapisserie. Le
grand autel, d'un parement de velours cramoisy parsemé de fleurs
de lis en broderie d'or, et ung daix au dessus, de mesme ; au milheu
du cueur, entre les chaises et formes, fut faict ung eschafault de
deux pieds de haut, couvert de riches tapis de Turquie avec ung
daiz au dessus, de velours violet semé de fleurs de lis en broderie
d'or, pour la place du Roy et de la Royne.
chambres prieurales, de même que la commanderie réservée au grand maître
dans ctiaque prieuré portail le nom de chambre magistrale.
1. Charles de Gaillarbois de Marconville.
2. Les Grands-Augustins. L'église, restée célèbre par le nombre des mausolées
et des tombes de personnages illustres qu'elle renfermait, servit ordinairement
de lieu de réunion au Clergé de France, et quelquefois au Parlement et à la
Chambre des comptes. C'est là que Henri lU institua l'ordre du Saint-Esprit.
8
^^4
Le dimenche, du grand matin, furent posez à la première porte du
Temple et à celle de l'église des archers de la garde, affm d'empescher
l'entrée au peuple, l'affluence duquel eut causé de la presse et
desordre.
Sur les neuf heures arriva le nonce du pape, comme tost après les
ambassadeurs d'Espaigne et de Venise, lesquelz furent menez chez
le seigneur grand prieur de France ' , attendant l'arrivée du Roy ; et
à raesmes fins fut aussy baillé aux sept presidentz autre logis audit
Temple. Messieurs le cardinal de Gondy et chancellier y arrivèrent
peu auparavant Sa Majesté, et s'en allèrent droit à l'église; comme
aussy mesdames de Nemours et de Nevers et mademoiselle de Guise.
Les princes, assavoir : messieurs le prince de Condé, de Montpensier,
ducs de Guise, d'Esguillon et de Nevers, messieurs le connestable,
admirai, duc de Monbason, le grand escuier seigneur de Termes,
Rocquelaure, de Vitry et plusieurs autres seigneurs, y arrivèrent
avec Sadite Majesté, sur les unze heures.
Le Roy et la Royne estoient en une mesme carosse, et entre eulx
deux estoit Alexandre Monsieur, lequel fut baillé par Sa Majesté
audit seigneur grand prieur de France, qui l'attendoit avec les
prieur de Ghampaigne , et les commandeurs et chevaliers , qui l'ac-
compagnirent à la première porte dudit Temple, luy disant qu'il
le menast chez luy. Puis, Sadicte Majesté suivit son chemin à Teglise,
d'où il commanda à monsieur de Montpensier qu'il allast quérir le
futur chevalier.
Monsieur de Montpensier, ensemble les autres princes et mon-
sieur de Vendosme, frère dudit Alexandre, allèrent au logis dudit sei-
gneur grand prieur, pour accompagner à l'église le futur chevalier.
Et parce que ladite église estoit pleine de personnes, il convint que
lesdits princes, ledit seigneur grand prieur, commandeurs et cheva-
liers entrassent par une petite porte du costé du refectoir des reli-
gieux dudit Temple 2.
Incontinent fut Fespée du futur chevalier beniste par monsieur de
1 . Ils entrèrent par la porte spéciale de l'Hôtel prieural, dont la grande cour,
comme on sait, était dans le genre de celle de l'hôtel de Soubise, en plus petit.
2. Au nord de l'église, à l'extrémité Est de ce qu'on appelait la Rotonde. On
sait que l'église du Temple de Paris, inspirée du plan du Saint-Sépulcre, était com-
posée d'une nef circulaire avec collatéral, à laquelle on adjoignit plus tard un
porche de deux travées, et un chœur de cinq travées, sans bas-côtés. Ce chœur
était assez long pour permettre à une bonne partie de l'assistance d'y trouver
place. Toutes les indications, données ici par le procès-verbal, se réfèrent à
la troisième et à la quatrième travée du chœur. L'autel était à la quatrième.
Sainte-Foy^ evesque de Nevers, qui célébra la messe haulle; pen-
dant laquelle estoient les susdits placés et assis en ceste manière.
C'est assçavoir :
Tout joignant et au coing de la fermeture du grand autel, à main
droicte en entrant, estoit assis en une cliaire monsieur le cardinal de
Gondy, et derrière luy, sur ung banc, les seigneurs evesques de
Maillesez, de Noyon, d'Angers, de BeauvaisetdeRieulx. Audessoubz
desquels estoient monsieur le chancellier et puis les sept presidens
de la court, et maître Anthoine Loisel, bailly du Temple et advocat
en ladite courte
De l'autre costé, joignant ladite fermeture du grand autel, estoient
le seigneur grand prieur de France, assis sur une chaise de velours
placée sur ung tapis de Turquie. A costé de luy, estoient assis le sei-
gneur grand prieur de Ghampaigne et l'ambassadeur dudit ordre;
et derrière iceulx, estoient debout tous les autres commandeurs et
chevaliers.
Plus bas et de mesme costé estoient assis sur un banc couvert de
toille d'argent parsemé de fleur de lis d'or en broderie, ainssy qu'es-
toient aussy les autres bancs, le seigneur nonee du pape, avec les
ambassadeurs d'Espaigne et de Venise.
Alentour du Roy furent toujours debout messieurs les princes, le
grand escuier, de Rocquelaure, et plusieurs autres seigneurs; et à
chacun costé de Sa Majesté, deux evesques : assçavoir, à main dextre,
les evesques de Paris et de Chartres, et à la main senestre les
evesques de Lodesve et de [Nevers] avec deux aulmosniers.
Dedans les chaires formes estoient les princesses et ducs, mes-
sieurs le connestable, admirai, chevaliers du Saint-Esprit, et plu-
sieurs autres seigneurs, chacun fort pressé par la grande quantité
de noblesse, et que le lieu pour une si grande cérémonie est fort
petit. La musique du Roy, placée sur un échafault derrière le grand
autel de ladicte église du Temple.
Au futur chevalier, qui estoit habillé de satin blanc fort passe-
raenté de clinquant, paré d'un carquama de pierreries fort riches
1. Cette dernière phrase a été ajoutée après coup dans le procès-verbal, mais
à la même époque. Le célèbre Loisel était directeur du bailliage du Temple,
depuis 1595. J'ai trouvé la copie des lettres de provision de cet office, à lui
délivrées le 30 janvier 1595, « pour récompense des services rendus à l'ordre, »
par le grand prieur Bertrand Pelloquin. (Arch. nat., S. 5544, chap. m. Inven-
taire en 1G32 des titres de la maison, gr. in-fol.)
2. Large collier d'orfèvrerie, fort en usage depuis le xvi'= siècle. Cf. V. Gay,
Gloss. archéol.
U6
en escharpe, comme aussy les manches de riches médalles ' , le bon-
net de velours noir avec un petit panache blancq, ung cordon cou-
vert de grosses et riches perles, fut vestu d'une robbe de tafîetas
noir. Puis, s'estant mis à genoulx près le grand autel, accompaigné
de monsieur et de madame de Vendosme et d'un commandeur député
pour la conduicte en cette cérémonie, monsieur de Sainte-Foy,
revestu pour célébrer la messe avec ses habitz et ornements pontifi-
caulx, luy ayant faict quelque petite remontrance touchant sur la
profession qu'il esperoit faire, commença la messe.
Après l'evangille dict, le futur chevalier se présenta, vestu et paré
comme dessus, devant ledit seigneur grand prieur de France, tenant
en sa main un cierge de cire blanche ardent, et, s'estant mis à genoulx
sur un coussin de velours, luy fut baillé l'ordre de chevallerie par
ledit seigneur grand prieur, sous la forme et manière acoustumée.
Pendant quoy le Roy, s'estant^parti de sa place et approché de ce
lieu où estoient ledit seigneur grand prieur et ledit chevalier, aidoit
souvent audict chevalier à repondre aux interrogations qu'on luy
faisoit; et disoit Sa Majesté qu'il laissoit la dignité de Roy, pour
faire office de père 2.
L'ordre de chevallerie donné et la messe parachevée, et les prières
et cérémonies acoustumées faictes, le nouveau chevalier se présenta
de rechef devant ledit seigneur grand prieur, pour recepvoir la croix,
et faire profession en la religion de l'Hospital Saint-Jehan de Jherusa-
lem. Le Roy s'estant de rechef aproché, promist pour ledit chevalier
nouveau que, parvenu à l'aage de seize ans completz, il feroit les
veufz qui ont accoustumez estre faictz en ladite religion.
Ce faict, et à l'occasion du grand nombre de peuple qui empes-
choit le passaige, et qu'il n'estoit possible d'aller sans grande peine
au logis prioral, où ledit seigneur grand prieur a acoustumé de
loger,, pour y faire par ledit nouveau chevalier Tobedience acoustumée
faire en ladite religion par les nouveaux profex, il la feit en ladite
église, au mesme lieu où il avoit faict sa profession. Puis, estant
devestu du manteau à bec^* duquel il avoit esté vestu, et de la robe
1. Très employées, antiques ou non, dans la bijouterie, depuis le xv" siècle.
Voy. div. exemples curieux dans le Gloss. des emmix du M'" deLaborde.
2. Cf. le récit de De Thou, Hist. Univ., liv. 132, traduction française de
Londres, 1734. T. XIV, p. 314.
3. Manteau à pointe particulier aux grands-croix de l'Ordre, porté sur une
robe noire ouverte par devant, à larges manches, avec la croix trois fois
répétée, comme pour le grand maître. —Ceci était le costume de cérémonie. Par
dessus se portait le grand cordon, en soie noire et blanche, avec de petits orne-
447
de taffetas, luy fut appliqué devant l'estomach par ledit seigneur
grand prieur^ ung plastron de satin noir avec la grande croix % et
incontinent les trompettes commencèrent à sonner en signe de
resjouissance.
Le Roy, la Royne, les princes et princesses, et tous les seigneurs
qui là estoient se partirent, hors mis messieurs de Vendosme, duc de
Montbason, le grand [escuyer] seigneur de Termes, de Rocquelaure, de
Vitry, marquis de Cueuvre, de Viilars, et quelques autres seigneurs,
lesquels demeurèrent par commandement de sa Majesté à disner au
Temple, au logis prioral où sadite Majesté l'avoit faict préparer tant
pour ledit seigneur grand prieur de France, commandeurs et cheva-
liers, que pour les seigneurs par luy advisez.
Les tables furent sumptueusement couvertes et servies, et en
icelles assis, assavoir : le nouveau chevalier, au bout de la première
table à main senestre, du coslé du feu ; messieurs de Vendosme, duc
de Monbason, le grand [escuyer] seigneur de Termes, Rocquelaure,
de Vitry, marquis de Gueuvre; et à main droicte, le seigneur grand
prieur de France, Fambassadeur de l'ordre, les commandeurs et
chevaliers, avec quelques autres gentilz hommes, tant à ung que à
Fautre costé.
Le disner achevé et les tables levées, se partirent les susdits sei-
gneurs, conduisans le nouveau chevalier pour aller trouver le Roy
chez le seigneur Zamet, où il avoit disné ^ ; ausquelz ledit seigneur
grand prieur vouloit faire compaignie, ce qu'ilz ne voulurent per-
mettre.
Et quant aux petit prieur et religieux du Temple, et quelques offi-
ciers de la justice dudit Temple, pour n'avoir trouvé place pour
disner avec la compaignie, ilz se retirèrent en leur couvent, où leur
disné leur fut envoie sumptueux, selon leur estât et qualité.
menls rappelant les mystères de la Passion. — Cf. Miilin, Antiquités nationales,
1790, t. III, p. 6, et les Mémoires mss. du bailli de Solar. Arch. nal., MM. 1-2.
1 . A huit pointes, en soie blanche.
2. A son fameux hôtel de la rue de la Cerisaie, près de la Bastille.
BIBLIOGRAPHIE.
Histoire de Charles VII, par G. du Fresne de Beaucodrt. Tome I : Le
Dauphin (lxxxvii-480 pages) ; tome II : Le roi de Bourges (66S p.) ;
tome III : Le réveil du Roi (544 pages). Paris, librairie de la Société
bibliographique, ^88^-'1885, 3 vol. in-8°.
M. de Beaucourt vient de faire paraître le troisième volume de son
Histoire de Charles VII. La Bibliothèque de l'École des chartes n'a pas
encore parlé de cette importante publication ; il convient donc d'en faire
connaître toute la valeur et de dire avec quelle habileté l'auteur a su
mettre en œuvre la masse énorme de documents qu'il a recueillis. Le
règne de Charles VII est en efifet l'une des époques les plus remarquables
de l'histoire de France : le pays, longtemps déchiré par l'invasion étran-
gère et les guerres civiles, reprit par l'expulsion des Anglais une vitalité
et une cohésion nouvelles; les grandes institutions, devenues si. floris-
santes dans la suite, prirent naissance sous une administration répara-
trice, et le gouvernement acquit alors un caractère jusque-là inconnu
d'unité, de régularité et de permanence.
Fruit de vingt-cinq ans de recherches et de travaux assidus, l'ouvrage
de M. de Beaucourt paraît être le dernier mot de l'histoire sur le règne
de Charles VII. On a accusé l'auteur d'avoir peint le roi sous des cou-
leurs trop avantageuses et d'avoir écrit son livre avec un parti pris de
réhabilitation. Il semble cependant qu'après tant d'années de prépara-
tion, après s'être si longtemps imprégné des documents contemporains,
l'enthousiasme des premiers jours et le désir bien naturel de glorifier
son héros, s'ils ont jamais existé, ont dû singulièrement se refroidir
pour faire place à une impartialité absolue" et à un amour exclusif de
la vérité historique. Il est vrai que M. de Beaucourt nous présente
Charles VII sous un jour assez différent de celui sous lequel on l'a géné-
ralement considéré. Ce n'est plus Charles VII le « bien servi, » devant
à ses ministres la gloire de son règne et les grandes institutions dont il
dote son royaume; c'est Charles VII le « -victorieux, » le « restaurateur
de la France, » le prince qui, à peine sur le trône, selon l'expression de
Miguet, « montre les vues d'un législateur et les vertus d'un roi. »
Faut -il faire de ce portrait un crime à l'historien, si la figure de
^49
Charles YII, longtemps obscurcie, brille à la lumière des documents
d'un éclat inconnu jusqu'à présent, et si ses grandes qualités et la part
capitale qu'il prit aux événements de son règne, rassortent avec évidence
de l'étude approfondie des hommes et des choses de son temps? Si
M. de Beaucourt nous montre le roi exerçant dans le gouvernement du
royaume une grande influence personnelle, c'est que tel est le résultat
auquel l'ont conduit ses longues et patientes recherches.
L'histoire de Charles VII, telle que la comprend l'auteur, doit être
« l'exposé du rôle du roi dans les événements accomplis sous son règne. »
Pour arriver à une peinture véridique de ce rôle, M. de Beaucourt a
pensé qu'il fallait « faire sortir Charles VII de l'obscurité où il n'a cessé
d'être plongé, » et mettre en pleine lumière cette royale figure. Il a
divisé son ouvrage en six livres, correspondant chacun à une période du
règne. Le premier livre, intitulé : Le Dauphin (1403-1422), conduit
Charles VII jusqu'à son avènement au trône; le second : Le roi de
Bourges (1422-1435), s'arrête au traité d'Arras et à la réconciliation avec
la Bourgogne; le troisième : Le réveil du Roi (1435-1444), s'étend jusqu'à
la conclusion de la trêve avec l'Angleterre; les trois derniers livres
doivent traiter de l'histoire de Charles Vil pendant la trêve (1444-1449),
de l'expulsion des Anglais (1449-1453), enfin des dernières années du
règne (1453-1461). Dans chaque période, l'auteur étudie : d'abord, les
événements militaires, sans insister sur les détails, qui ont été déjà
donnés par les historiens antérieurs, mais en rectifiant et en complétant
un grand nombre de données chronologiques ; ensuite, l'histoire poli-
tique intérieure, c'est-à-dire qu'il expose les influences qui s'agitent
autour du roi et la direction imprimée par celui-ci au gouvernement du
royaume; puis l'histoire diplomatique, côté presque entièrement neuf,
qui n'avait pas encore été étudié à fond et que M. de Beaucourt a su
traiter avec une rare sagacité et une grande clarté d'exposition ; enfin,
chaque livre est terminé par le tableau de l'état des institutions, de
l'administration du royaume, des réformes entreprises, des innovations.
Nous allons prendre successivement chacun des trois volumes déjà
parus et signaler les points nouveaux, les faits éclaircis et fixés défini-
tivement.
Dans le premier livre, le seul fait qui soit sujet à controverse, c'est
le meurtre de Montereau. Depuis plus de quatre siècles, le procès est
pendant : le Dauphin fut-il complice de l'assassinat de Jean Sans-Peur,
ou faut-il seulement en accuser ses gens? Y eut-il, ou non, prémédita-
tion? M. de Beaucourt croyait avoir résolu cette double question : il
avait établi, semblait-il, d'une façon péremptoire, non seulement que
Charles n'était pas complice du meurtre, mais encore que ses conseil-
lers ne l'avaient pas prémédité et que tout était fortuit dans ce tragique
événement, lorsqu'un document d'une extrême importance, que l'auteur
n'avait pas connu lors de son premier volume et qu'il a publié en
\20
appendice au second, est venu tout remettre en cause. C'est un vidimus
contenant plusieurs pièces de 1425 et 1426, ayant toutes pour but de
décharger Robert le Maçon, ancien chancelier du Dauphin, de toute
participation au meurtre de Montereau. Il résulterait de cette pièce non
seulement que le meurtre fut prémédité, mais encore que Charles con-
nut le complot et laissa faire. Au premier abord, ce document semble
concluant et absolument inattaquable ; il est impossible de contester son
authenticité extrinsèque. Cependant, il y a lieu de se demander si cette
pièce, qui ne porte que la signature d'un seul notaire et n'a jamais été
scellée, n'a pas été fabriquée, quant à son contenu, au milieu de la lutte
entre Giac et La TrémoïUe, dans un but impossible à déterminer à
l'heure actuelle. Quoi qu'il en soit, la question reste en suspens et semble
ne devoir jamais être résolue d'une manière inattaquable.
Le second livre, Le roi de Bourges, contient un plus grand nombre de
problèmes, que M. de Beaucourt est parvenu à résoudre avec beaucoup
d'habileté. Il y a d'abord les accusations d'immoralité, d'amour des
plaisirs et d'inertie qu'on a portées contre la jeunesse de Charles VII.
Parmi les maîtresses qu'on lui attribue, la seule qui présentât quelque
vraisemblance est Jeanne Louvet, la fille de ce fameux président de
Provence dont la puissance fut si grande dans le gouvernement, au
commencement du règne. On disait que ses relations avec le roi dataient
de 1422; or, M. de Beaucourt établit qu'elle ne vint à la cour qu'en
1425, alors qu'elle était déjà mariée depuis six ans; et aucun indice
n'autorise à penser qu'elle y ait joué le rôle qu'on lui attribue. L'accu-
sation de trop aimer le plaisir et la dépense n'a pas plus de fondement;
il n'y a qu'à voir les registres des comptes pour s'en convaincre; la
pénurie du trésor ne permettait pas de dépenses de ce genre, et le
fameux mot de La Hire, qu'on ne pouvait perdre plus gaiement son
royaume, est une invention d'un historien du xvi^ siècle. Quant au
reproche d'inertie, il n'est plus possible de le maintenir en présence des
faits matériels relevés jour par jour; la seule chose qu'on puisse repro-
cher à Charles, c'est sa déplorable faiblesse de caractère et sa facilité à
laisser le pouvoir aux mains des favoris indignes qu'il se donne ou
qu'on lui impose. M. de Beaucourt reconnaît d'ailleurs loyalement cette
« faulte de bonne conduite » du roi; surtout dans le chapitre intitulé
« Le gouvernement du connétable », il ne se fait pas faute de juger sévè-
rement le roi, de montrer sa facilité à se laisser dominer par ses favoris,
son peu d'énergie à se soustraire à l'influence de Richemont et ses
colères passagères, bientôt éteintes, lors des assassinats de Giac et de
Le Camus de Beaulieu. Mais, néanmoins, il faut rendre justice à cha-
cun, et ce n'est pas le roi, c'est Richemont, « ce rude Breton que rien
n'arrête quand il s'agit d'arriver à son but, » que M. de Beaucourt rend
responsable des malheurs du royaume pendant cette lamentable
période qui s'étend de 1425 à 1433; c'est lui qui força le roi, malgré sa
^2^
répugnance, à prendre La Trémoïlle comme ministre et qui ne craignit
pas de rallumer la guerre civile pour renvers^er ce nouveau favori.
La conduite de Charles VII envers Jeanne d'Arc n'est pas étudiée
avec moins de précision. On a accusé le roi de n'avoir rien fait pour
délivrer la Pucelle et, par conséquent, d'avoir montré à son égard la
plus noire ingratitude. Le roi, dit-on, avait deux moyens de la déli-
vrer : payer sa rançon ou l'arracher de vive force à ses ennemis. Pour
la première hypothèse, il est clair que Jeanne d'Arc ne pouvait être
rachetée que tant qu'elle était aux mains du pouvoir militaire ; du jour
où elle était remise comme hérétique entre celles du pouvoir ecclésias-
tique, il n'y avait plus à penser à une rançon. Or, rien ne prouve que
Charles n'en ait pas offert une à Jean de Luxembourg ; deux lettres,
émanées de l'Université de Paris, semblent même étabUr le contraire.
La seconde hypothèse était impossible à exécuter ; l'état des troupes
françaises ne le permettait pas, et les Anglais, en cas d'une attaque,
auraient bien su mettre leur prisonnière en sûreté. Et cependant le roi
a peut-être tenté d'enlever Jeanne de Rouen par surprise : en mars
1431, le bâtard d'Orléans et La Hire, qui tenaient garnison à Louviers,
firent deux entreprises sea^ètes contre les Anglais ; n'aurait-ce pas été
deux coups de main tentés dans le but de sauver la Pucelle? D'ailleurs,
les Anglais voulaient à tout prix le procès de Jeanne; il y allait de
l'honneur du roi de France et ils espéraient bien le déshonorer en fai-
sant condamner comme hérétique une fille qui l'avait fait sacrer et en
qui il avait mis sa confiance. Rien ne pouvait donc arracher Jeanne
à son sort et il serait injuste de rendre Charles YII responsable de son
trépas.
L'histoire diplomatique que contient ce second volume est extrême-
ment importante ; elle ne comprend pas moins de deux cent cinquante
pages, remplies de faits nouveaux du plus grand intérêt. La partie qui
traite des négociations de Charles VII avec le concile de Bàle et celle qui est
relative à la conclusion du traité d'Arras sont surtout très remarquables.
Les deux chapitres qui terminent le volume sont consacrés à l'admi-
nistration du roi de Bourges ; c'est un tableau navrant de l'état déplo-
rable dans lequel tomba le royaume pendant cette période ; on y voit
l'autorité affaiblie, le désordre introduit partout, les finances gaspillées,
les peuples opprimés par les gens de guerre. Heureusement, le roi va
bientôt sortir de la tutelle de ses favoris et prendre en main l'adminis-
tration de son royaume.
Nous assistons dans le livre troisième à cette transformation du
monarque, qui, « par degrés et d'une façon presque insensible, » sort
« de cette inaction où, par un fâcheux concours de circonstances, il
avait été si longtemps plongé. » Ce « réveil du roi, » dû à l'influence
de ses fidèles conseillers, la reine Yolande de Sicile, Charles d'Anjou
et le bâtard d'Orléans, ne tarde pas cependant à se manifester : au point
422
de vue militaire, il se signale par les prises de Paris, de Montereau et
de Pontoise, par le voyage de Tartas et la campagne de Guyenne; dans
l'ordre administratif, par l'ascendant que prend la personne du roi dans
la conduite des affaires, par les réformes dans l'administration de la jus-
tice, des finances et du domaine royal, et surtout par la grande ordon-
nance de 1439, qui commence la réforme de l'armée, met un frein aux
pilleries des gens de guerre et pose les bases de l'organisation définitive
que Charles VII va bientôt donner à ses troupes par la création des
francs-archers et des compagnies d'ordonnances; dans l'ordre de la
politique intérieure, par l'énergique impulsion donnée aux affaires, par
le choix de conseillers éclairés et honnêtes, par la vigoureuse répression
des intrigues des seigneurs mécontents de voir le roi sortir de tutelle et
agir par lui-même ; les deux chapitres oii M. de Beaucourt traite de la
Praguerie et de l'assemblée des princes à Nevers, en 1442, sont certai-
nement des meilleurs du livre. Enfin, au point de vue de la diplomatie,
l'action personnelle de Charles VII se fait vivement sentir dans les négo-
ciations longues et compliquées qui finirent par amener en 1444 la
conclusion d'une trêve avec l'Angleterre. Pour les rapports avec les
autres puissances, le rôle de la France, pendant cette période, est assez
effacé ; elle noue, il est vrai, quelques relations avec le duc d'Autriche,
mais ne tire aucun profit de ses alliances avec l'Ecosse et la Castille. Il
n'en est pas de même de son intervention dans les aflaires de l'Église :
les relations de Charles VII avec le pape et le concile de Bâle sont au
contraire très actives. Le but persistant de la politique royale fut la
réconciliation entre le pape et le concile en révolte ; elle ne put s'accom-
plir, mais, grâce à l'habile et puissante influence du roi, le pape va
bientôt triompher, et, comme prélude de ce triomphe, le conciliabule
de Bâle, abandonné de tous ses soutiens, se sépare au mois de mai 1443.
Dans les deux chapitres qu'il consacre aux rapports du roi avec l'Église,
M. de Beaucourt fait une large part à la Pragmatique sanction. Cette
charte de l'église gallicane n'était qu'un « choix des décrets du concile
de Bâle adaptés aux besoins et aux coutumes du royaume, choix ins-
piré par les passions du temps. » Elle réglait les rapports de l'Église et
de l'État sur des bases que la papauté ne pouvait admettre; le but des
légistes qui l'avaient rédigée était de constituer une église nationale,
soustraite à la suprématie du souverain pontife ; aussi celui-ci ne cessa-
t-il de réclamer l'abrogation de la Pragmatique. Charles VII n'y fut
pas complètement opposé; il y a même à ce sujet un point tout à fait
nouveau, que M. de Beaucourt est le premier à signaler : c'est un pro-
jet de concordat entre le pape et le roi, en 1443, établi sur des bases
beaucoup plus larges que celles du concordat de Léon X. Pourquoi
l'accord ne fut-il pas conclu ? On ne sait malheureusement rien à cet
égard.
Le troisième livre de VHistoire de Charles VII est moins sujet à con-
423
troverse que le second ; tous les points que nous venons d'exposer som-
mairement sont bien établis et nul n'a songé à les contester. Un seul a,
jusqu'à présent, divisé les historiens ; nous croyons que M. de Beaucourt
l'a résolu : c'est la question d'Agnès Sorol. Il y a à ce sujet une légende
qui court tous les livres et qu'il sera peut-être impossible de déraciner
jamais complètement. C'est, dit-on, à Agnès Sorel, c'est à son inlluence
sur le roi qu'il faut attribuer la merveilleuse transformation qui s'est
opérée en lui à partir de 1437. Voici comment M. de Beaucourt fait
justice de cette étrange fable. De l'aveu de tous, il n'y a pas un acte,
pas un article de compte qui fasse mention d'Agnès avant 1444,
tandis que, après cette date, les documents abondent. C'est déjà un
premier point. On a en outre les deux témoignages de Monstrelet, qui,
en 1445, parle des récents rapports du roi et d'Agnès, et de Jean Char-
tier, qui, au moment de sa mort (février 1450), dit qu'elle lit partie de la
maison de la reine pendant environ cinq ans. Or, un article de compte
du commencement de 1444 montre qu'à cette époque Agnès était encore
au service d'Isabelle de Lorraine, reine de Sicile, qui ne revint de Naples
qu'en 1440 et ne reparut à la cour de Charles VII qu'en février 1443.
C'est donc, au plus tôt, dans les premiers mois de 1443 que commen-
cèrent les relations du roi et de la « dame de Beauté. » Par conséquent,
il y a impossibilité absolue à ce que, en 1436, elle fût déjà la maîtresse
du roi et arrachât son royal amant à la léthargie dans laquelle il était
plongé. C'est là un point important acquis désormais à l'histoire. On a
vu que ce n'était pas le seul problème historique résolu par l'auteur, et
nous sommes persuadé que les derniers volumes consacreront déhni-
tivement toute la valeur de son œuvre.
Léon Legestre.
Jeanne d'Arc, par Marius Sepet. Tours, A. Marne et fils. -1885, grand
in-8'', xi-563 p.
A cette même place, il y a seize ans% nous avons fait connaître à
nos lecteurs la première édition de l'ouvrage dont le titre est transcrit
ci-dessus. Les vœux que nous formions alors pour le succès de cette
nouvelle histoire de Jeanne d'Arc se sont réalisés, l'ouvrage a été accueiUi
avec bienveillance par le public. Ce succès, attesté par de nombreuses
éditions, a mérité à la Jeanne d'Arc de notre confrère M. Sepet d'en-
trer dans la catégorie de ces livres d'élite, que la puissante maison
Mame sait orner d'une illustration demandée à nos meilleurs artistes.
Pour répondre dignement à cette forme plus belle, l'auteur a voulu, de
son côté, revoir son œuvre primitive et, tout en améliorant son ancien
1. "Voyez Bibliothèque de l'École des chartes, 6* sér., t. V, p. 704-705.
424
texte, il l'a fait précéder et suivre de développements nouveaux, sur
lesquels nous désirons attirer un moment l'attention de nos lecteurs.
De même que le chapitre préliminaire est devenu une introduction,
de même le dernier chapitre de l'ouvrage primitif a donné naissance
dans la nouvelle édition à un livre entier, comme nous l'allons montrer
rapidement. L'Introduction est divisée en deux chapitres : 1° les Ori-
gines françaises. — La France avant Jeanne d'Arc ; 2° La France au temps
de Jeanne d'Arc. C'est un résumé clair et précis, mais sans sécheresse,
de l'histoire de la France jusqu'au temps de Jeanne d'Arc, et l'exposé
de la situation matérielle et morale de notre pays au moment où Jeanne
arrive à la cour de Charles Vil; on voit passer dans un tableau, dont
les couleurs sont empruntées à ce que l'érudition française a fourni de
meilleur dans ces quinze dernières années, l'Église, la Royauté, la
Noblesse, la Bourgeoisie et le Peuple ; l'instruction publique, les lettres
et les beaux-arts ne sont pas oubliés, et le lecteur se trouve placé, autant
que faire se peut, dans le milieu historique où a vécu la Pucelle. Tous
les développements que donne l'auteur, tous les traits qu'il cite se rap-
portent à cette idée : faire mieux comprendre dans quelle position était
la France en 1429 et en face de quels hommes et de quels événements
allait se trouver Jeanne d'Arc.
Passant par-dessus le corps même de l'ouvrage, qui nous semble
suffisamment connu, nous arrivons au dernier livre, que l'auteur a inti-
tulé : la Gloire. C'est dans cette partie que M. Sepet a développé en
trois chapitres quelques pages de son premier travail. Tandis que, dans
le chapitre i^'', il nous retrace l'Expulsion des Anglais, comme un succès
posthume de son héroïne, et les audacieuses supercheries de la fausse
Jeanne d'Arc (Jeanne des Armoises) ; dans le second, intitulé : Réhabi-
litation, il donne, surtout d'après le mémoire du célèbre canoniste
Théodore de Leliis , une réfutation complète des accusations portées
contre la Pucelle, et montre comment s'est effectuée la révision de son
injuste procès. La réaction dans les esprits a été d'autant plus prompte
que la condamnation avait été plus inique. Dans un dernier chapitre,
la Postérité, l'auteur s'est proposé de passer en revue les vicissitudes
subies par la mémoire de Jeanne et les diverses manifestations aux-
quelles elle a donné lieu dans l'histoire, depuis Monstrelet et Jean de
Wavrin jusqu'à M. Wallon; dans la poésie, depuis Christine de Pisan
et Villon jusqu'à nos poètes contemporains tant français qu'étrangers ;
il a interrogé les annales du théâtre français, depuis le fameux Mistère
du siège d'Orléans jusqu'au drame en vers et à l'opéra de MM. P.-J.
Barbier et Ch. Gounod, qui ont si bien su faire vibrer en nous la fibre
patriotique; et soit ses jugements, soit les extraits qu'il donne de ces
œuvres si diverses font bien apprécier la valeur de chacune d'elles.
M. Sepet a passé aussi en revue les œuvres d'art, peintures ou sculp-
tures dans lesquelles on a essayé de représenter la Pucelle; il a recueilli
425
avec soin le souvenir des panégyriques prononcés chaque année à
Orléans, dans la belle fête du 8 mai, une des dernières qui nous soient
restées de l'ancienne France.
L'auteur, comme il le dit lui-même dans sa Préface, n'a pas visé à
composer une œuvre de haute érudition, mais il a mis tous ses soins à
faire passer dans l'esprit de ses lecteurs, avec l'admiration et le respect
qui sont dus à la mémoire de Jeanne d'Arc, une connaissance plus
exacte de ses actions, d'après les découvertes les plus récontes de l'éru-
dition française et principalement de l'École des chartes. Il a mis à
profit, pour l'histoire proprement dite, les premiers volumes de la
savante Histoire de Charles VU, par M. de Beaucourt, les remarquables
articles que M. Siméon Luce a publiés dans la Revue des Deux-Mondes
sur Jeanne d'Arc et le culte de saint Michel, sur Jeanne d'Arc et les ordres
mendiants, et sa belle Histoire de B. du Guesclin et de son époque ; les
Nouvelles recherches sur la famille de Jeanne d'Arc, par E. de Bouteiller
et Braux; pour l'archéologie et les institutions, V Histoire du Costume de
notre si regretté maître J. Quicherat, le Dictionnaire d'architecture de
VioUet-le-Duc, la Chevalerie, par M. Léon Gautier, l'inspirateur pre-
mier de la Jeanne d'Arc et le conseiller de la nouvelle édition ; enfin les
propres travaux de l'auteur sur les Prophètes du Christ et le Théâtre au
moyen âge, etc. C'est donc mieux qu'un livre illustré que nous avons le
plaisir de signaler à nos lecteurs, c'est un livre mis au courant de la
science historique et digne d'un érudit ami des lettres et du bon style.
A. Bruel.
La Renaissance en France^ par Léon Palustre, illustrations sous la
direction de Eugène Sadoux, \\^ et \2^ livraisons : Bretagne
(Ille-et-Vilaine, Gôtes-du-Nord, Finistère, Morbihan, Loire-Infé-
rieure). Paris, Quantin, 4885, in-fol., planches à l'eau-forte.
M. Léon Palustre vient de reprendre la publication dont nous avons
annoncé ici les premiers fascicules. Deux livraisons ont paru dans le
courant de l'année 1885; elles embrassent tous les monuments de la
Renaissance compris dans les départements formés de l'ancienne pro-
vince de Bretagne.
L'étude de ce pays, qui a toujours conservé une si frappante origina-
lité, inspire à M. Palustre des observations intéressantes. Ainsi, les
monuments de la Renaissance présentent ici un caractère singulier.
L'accessoire prend bien plus d'importance que le monument lui-même.
Tandis que l'église et le sanctuaire conservent des proportions modestes,
les constructions secondaires, le clocher, le porche, la sacristie, l'os-
suaire atteignent parfois des dimensions démesurées. La Bretagne n'a
guère connu le style gothique avant la fin du xv« siècle ; la nature des
126
matériaux qu'elle tire de son sol a toujours imposé à ses architectes
une grande sobriété dans la décoration des édifices. La cathédrale de
Quimper est le type de l'église de style flamboyant. Là, comme par-
tout ailleurs, la construction principale est négligée; aucune église
de Bretagne ne possède de déambulatoire autour du chœur. Tout le
soin de l'architecte se porte sur les détails et les accessoires. Tels sont
les caractères essentiels de l'architecture religieuse bretonne d'après
M. Palustre.
Le tombeau de Guillaume Guégen serait le premier monument
breton inspiré par les modèles de la Renaissance. M. Palustre a eu
la bonne fortune de le découvrir derrière une boiserie de la cathé-
drale de Nantes; dans la même église, se trouve une chapelle, dite de
Thomas le Roy, datant à peu près de la même époque. La chapelle du
Saint-Sacrement, dans la cathédrale de Vannes, érigée pour servir de
monument funéraire, fut élevée en 1537. Elle offre de frappantes ana-
logies avec la décoration du prieuré de Piaule, construit vers 1532 par
un artiste qui a signé son œuvre. C'est un Italien nommé Jean Danielo,
dont la biographie est esquissée par M. Palustre à grands traits.
Puis, l'auteur passe successivement en revue l'église Notre-Dame, de
Guingamp, construite de 1535 à 1581, le clocher de l'église Saint-
Matthieu, à Morlaix, érigé par Yves Groazec en 1548, l'église de Bulat,
bâtie en 1552 par Fouquet Jehanou, la table à offrandes de cette même
église, monument unique en son genre, l'absidiole de la chapelle du châ-
teau, à Yitré, la cathédrale de Rennes, dont le chœur fut commencé
par Thomas Pihourt en 1527, enfin, la chapelle de Kerfons, près Lan-
nion, datée de 1559.
La Bretagne est le pays par excellence des clochers à flèche aiguë.
L'architecte de Saint-Pol de Léon, nommé Greizker, a donné l'exemple.
Ce modèle a eu beaucoup d'imitateurs. M. Palustre cite et décrit les
clochers de Landivisiau (hn du xvi^ siècle), de Pontcroix, de la Roche-
Maurice, de Berven (1575), de Pleyben.
Il passe ensuite aux porches des églises (p. 39). Ils prennent, au
xvi« siècle, une importance excessive, dont le moyen âge offre peu de
spécimens. La Bretagne en possède un certain nombre. Les plus remar-
quables ayant date certaine se voient à Bulat (1520), à Daoulas (1566),
à Landerneau (1616), à Bodilis (1601), enfin à Pleyben, Saint-Thégon-
nec, Ploudiry, Guimiliau.
Certains bénitiers, ceux de Landerneau et de La Martyre (1601)
notamment, constituent de petits monuments complets, qui méritent
d'attirer un instant l'attention.
Nulle province n'a donné à la décoration des ossuaires et des cha-
pelles des cimetières une importance égale à celle que ces différents
monuments ont reçue en Bretagne. Le plus vaste de ces ossuaires, qui
rappellent la forme consacrée des châsses, se trouve à Saint-Thégonnec.
^27
Après celui-là, M. Palustre cite ceux de la Roche-Maurice et de Plou-
diry (1635), ornés l'un et l'autre d'une curieuse Danse macabre, puis
ceux de Sizun (1588), de Pencran (1594), de La Martyre (1619), enfin
celui de Roscoff, percé de nombreuses fenêtres, mais sans porte.
Les petites chapelles du cimetière de Saint-Jean-du-Doigtet do Plou-
gasnon, cette dernière d'une si bizarre originalité, appartiennent aussi
à la catégorie des monuments funéraires. L'entrée monumentale du
cimetière de Saint-Thégonnec est encore un exemple remarquable du
culte pieux des Bretons pour les morts.
Avec l'arc de triomphe de Sizun (1588), l'auteur arrive à une série de
monuments bien particuliers à la Bretagne. Nulle part un aussi grand
développement n'a été donné à ces calvaires, qu'il était d'usage d'édifier
jadis à l'entrée des villages. Les plus connus et les plus remarquables
sont les calvaires de Plougouven, près Morlaix (1554), de Guimiliau
(1581-1588), de Plougastel-Daoulas (1602-1604), de Saint-Thégonnec
(1610), de Pleyben (1650). Ce dernier, construit par Yves Ozanne, bien
que d'une date assez rapprochée, a conservé les traditions archaïques du
siècle précédent. Les fontaines sacrées, rendues nécessaires par la mul-
tiplicité et l'affluence des pèlerinages, affectent quelquefois un caractère
architectonique remarquable, comme à Guingamp et à Saint- Jean-du-
Doigt.
Les vitraux encore existants dans les églises de Bretagne offriraient
à eux seuls un vaste sujet d'études. M. Palustre les rattache à trois
centres différents de fabrication, qu'il place à Rennes, à Tréguier et à
Quimper. On connaît les noms de nombreux verriers bretons du xvi« s.,
mais il a été impossible jusqu'ici de déterminer l'œuvre de ces habiles
maîtres. Les plus beaux vitraux de Bretagne, ceux de l'église des Iffs,
portent la date de 1587.
A part celui de Folgoat, qui est en pierre de Kersanton, presque tous
les jubés de Bretagne, notamment ceux de Roche-Maurice, de Saint-
Fiacre, de Lambader, de Kerfons, de Saint-Herbot et de Sainte-Avoye,
sont en bois. Le jubé de Sainte-Croix de Quimperlé, dont il ne reste
que des fragments, mais dont on connaît la date (1540), fut construit
par exception en pierre.
L'auteur arrive ensuite (p. 76) à un des monuments les plus célèbres
de la province, le tombeau du dernier duc de Bretagne, François II,
érigé par les soins de la reine Anne dans l'église des Carmes, et rétabli,
en 1817, dans la cathédrale de Nantes. Grâce aux travaux de ceux qui
l'ont précédé, M. Palustre a pu reconstituer la biographie du grand
artiste tourangeau, qui a attaché son nom à l'exécution de ce chef-
d'œuvre. D'après lui, Michel Colomb serait l'auteur des principales
figures, des gisants et des statues allégoriques des angles.
M. Palustre arrive ensuite à la description de ce tombeau de Michel
Guégen, conservé dans la cathédrale de Nantes, dont on lui doit la
Hi^
^28
découverte. Il s'occupe ensuite du remarquable monument élevé, après
1504, à la mémoire de Thomas James dans la cathédrale de Dol. Ce
tombeau est l'œuvre des deux frères Antoine et Jean Juste. M. Palustre
conteste la participation du troisième frère André Juste, dont il ignore
l'âge et la véritable qualité. Or, d'une pièce contemporaine, publiée
naguère dans les Nouvelles Archives de l'Art français (1879, p. 8-10), il
résulte qu'André était sculpteur ou imagier comme ses frères, et qu'âgé
de vingt-six ans en 1513, lors de sa naturalisation, il était né en 1587.
Le tombeau de Guy d'Espinay, à Ghampeaux, exécuté de 1551 à 1553
par un auteur inconnu, offre de très curieux essais de polychromie.
Pour terminer la revue des édifices que le xvi^ siècle a laissés en
Bretagne, M. Palustre décrit sommairement les châteaux de Ghàteau-
briant, de Nantes, de la Motte-Glain, de Josselin, de Haute-Goulaine,
de Blain, de Kerjean ; le dernier, surnommé le Versailles de la Bre-
tagne, avec ses allures de forteresse, a été édifié par un architecte
inconnu, sur un plan gigantesque. Les curieuses maisons de Morlaix,
dites à lanterne, et celles de Saint-Brieuc, qui portent la date de 1572,
terminent cette étude.
L'infatigable et consciencieux collaborateur de M. Palustre, M. Eugène
Sadoux, a exécuté presque seul toutes les illustrations de ces deux
livraisons, dessins et eaux-fortes. Notons, à ce sujet, une innovation
imposée probablement par des mesures d'économie. Tandis qu'aupara-
vant toutes les vues d'ensemble ou de détail étaient gravées à l'eau-
forte, un certain nombre de dessins sont reproduits cette fois par les
procédés nouveaux, qui permettent de les tirer avec le texte. Le
lecteur n'y perd rien, car cette modification a permis d'augmenter le
nombre des gravures.
Yoici la liste des monuments reproduits dans ces deux livraisons ^ :
lie livr. François II, duc de Bretagne, par Michel Colomb, p. 3.
Sacristie de V église de Bulat (pi. hors texte).
Abside de Sizun, p. 11.
Tombeau de Guillaume Guegen, p. 13.
Chapelle de la collégiale Notre-Dame, à Nantes, p. 15.
Chapelle du Saint-Sacrement, à Vannes, p. 21.
Porte occidentale de l'église de Guingamj}, p. 23.
Clocher de l'église Saint-Matthieu, à Morlaix, p. 25.
Table à offrandes de Véglise de Bulat, p. 27.
Absidiole de la chapelle du château, à Vitré, p. 29.
Chapelle de Kerfons, p. 31.
Clocher de Pleyben (pi. hors texte).
1. Les titres en italique sont ceux des gravures à l'eau-forte; les autres
gravures sont exécutées par le procédé Gillot.
^29
Clocher de la Roche-Maurice, p. 35.
Clocher de Derve?i, p. 37.
Sacristie de l'église de Bulat (pi. hors texte).
Porche de l'église de Ploudiry, p. 41.
Intérieur du porche de Guimiliau, p. 43.
Bénitier de Landerneau, p. 44.
Bénitier de La Martyre, p. 45.
Ossuaii'e de Saint-Thégonnec (pi. hors texte).
Ossuaire de Roscoff, p. 48.
La chapelle de Saint-Jean-du-Doigt, p. 49.
Chapelle de Plougasnou, p. 51.
12« liv. Les neveux de Thomas James à la cathédrale de Dol, p. 55.
Entrée du cimetière de Saint-Thégonnec, p. 57.
Arc de Sizun, p. 59.
Fontaine de Saint-Jean-du-Doigt (pi. hors texte, gravée par L. Gautier<).
Jubé de la Roche-Maurice, p. 71.
Fragment du jubé de Quimperlé, p. 73.
Tombeau de François II (pi. hors texte, gravée par Gaujean).
Visage extérieur de la Prudence, par Michel Colombe, p. 81.
Statue de François Jïamon, évêque de Nantes, p. 85.
Tombeau de Dol (pi. hors texte).
Tombeau de Guy d'Espinay, à Champeaux, p. 93.
Mâchicoulis du château de Nantes, p. 95.
Château de Chdteaubriant (pi. hors texte).
Grand escalier de Châteaubriant, p. 97.
Porte à Dinant, p. 99.
Château de Kerjean (pi. hors texte).
Chapelle de Kerjean, *p. 102.
Entrée du château de Kerjean, p. 103.
Puits de Kerjean, p. 105.
Château de Carheil, p. 107.
Maison de 1572, à Saint-Brieuc, p. 109.
Détail du jubé de Quimperlé, p. 110. J.-J. Guiffrey.
Inventaire analytique des archives du ministère des affaires étran-
gères : Correspondance politique de MM. de Castillan et de Maril-
lac, ambassadeurs de France en Angleterre [\o^l-\'6^2].^ publiée,
sous les auspices de la Commission des archives diplomatiques,
par M. Jean Kaulek, avec la collaboration de MM. Louis Farges et
Germain Lefèvre-Pontalis. Paris, F. Alcan, 4885. In-S", xxii-
499 pages.
Le bureau historique des archives du ministère des affaires étran-
1. Toutes les gravures dont l'auteur n'est pas nommé sont de M. Eug. Sadoux.
9
^30
gères a, depuis sa fondation, donné plus d'une preuve de son activité.
L'inventaire-sommaire, publié depuis un an déjà, est un précieux
répertoire que tout le monde a entre les mains et que de nombreux
travailleurs ont déjà feuilleté. Aujourd'hui, le volume des dépèches
adressées par Gastillon et Marillac à François !«■■, et des lettres du roi
à ces deux ambassadeurs, ouvre une ère nouvelle dans l'histoire diplo-
matique du xvi^ siècle. Que de détails ignorés, dans ces 445 pièces iné-
dites, pour une période restreinte de cinq années 1 A côté de curiosités
locales, comme l'aifaire du pont de la Cauchoire, près Ardres, qui
donna lieu à bien des pourparlers, que de précieuses indications pour
le futur historien de la politique extérieure de François !«='' ! Bien que
consacré exclusivement aux relations diplomatiques de l'Angleterre,
ce volume n'en sera pas moins utile à consulter pour connaître les
intrigues des Impériaux, les nouvelles d'Orient et les négociations du
pape Paul III à la même époque. Il y aura encore à dire sur la poli-
tique de Guillaume Pélicier après le volume de Jean Zeller (1881), il y
aura bien des documents complémentaires à ajouter à ceux qui furent
publiés autrefois par Camusat. Enfin, l'histoire militaire et économique
peuvent y recueillir des éléments intéressants, ainsi que la littérature
et même l'histoire des arts.
Reproduction abrégée d'une admirable collection, Vlnventaire analy-
tique de la correspondance politique sera un guide très sur, et formera
une collection française comparable aux Calendars of State papers,
publiés à Londres sous la direction du maître des rôles. On ne pouvait
mieux débuter. D'abord, la collection de la correspondance anglaise est
une des plus anciennes que possède le ministère des affaires étrangères ;
de plus, l'intérêt qui s'attache aux rapports diplomatiques de François I^''
et de Henri VIII n'a pas même besoin d'être signalé. On ne pourra
reprocher à cet inventaire analytique que d'être trop détaillé, ce qui
n'est point un reproche sérieux, puisque tout le monde en bénéficie.
L'introduction renferme des renseignements biographiques inédits sur
les deux ambassadeurs, qu'on lira volontiers, surtout en ce qui concerne
Gastillon; les éditeurs établissent qu'il s'appelait Louis de Perreau,
sieur de Gastillon, et qu'il ne doit point être confondu, comme on l'a
fait en France et en Angleterre, avec un membre de la famille de Ghâ-
tillon ou de Goligny.
La tâche des éditeurs a été menée à bonne fin, et paraît bien remplie ;
le texte, établi avec soin, ne laissait pas que de les livrer à toutes sortes
de conjectures (par suite de l'écriture chiffrée de certaines dépêches),
mais ils en sont sortis à leur honneur et au plus grand profit de la
science. Il n'y a qu'une petite réserve à faire, au sujet des identifications
de noms de lieu, qui sont restées inachevées. Cuzery (page 345) n'est
pas Gazaril (Haute-Garonne), mais Guisery, chef-lieu de canton, arron-
dissement de Louhans (Saône-et-Loire). Le roi François I" se trouvait
i3i
le 14 mai 1542 à Moustier-Bamey (page 419), qui est l'abbaye de Montié-
ramey (Aube), et le 9 juin suivant à Epineux-Val (page 423), qui est le
prieuré d'Epineuseval, fondé dans la l'orèt du Val, près Villiers-au-Bois
(Haute-Marne). C'est de cette localité que, le même jour, François I"'
expédia des lettres patentes enregistrées au parlement de Bordeaux
(Arcli. de la Gironde, B. 33, fol. 190 v°). Il eût été bien facile de sup-
primer ces quelques points d'interrogation pour rendre le travail abso-
lument irréprocliable. Enlin, les éditeurs n'ont eu que trop de raison
d'exprimer des doutes au sujet de la date des pièces S et 4. Il faut évi-
demment lire 1533, car la cour se trouvait alors à Avignon ou aux
environs immédiats de cette ville, tandis que, le 10 octobre 1537, le roi
de France séjournait à Lyon.
H. Stein.
Victor MoRTET. Une Élection épiscopale au Xlb siècle, Maurice de
Sulhj, évêque de Paris. Paris, ^S85, brochure in-S" de ^3 pages.
Dans ce mémoire, M. Mortet étudie l'élection de Maurice de Sully.
Entre la version traditionnelle rapportée par Césaire d'Heisteirbacli et
le récit consigné dans les Anecdotes d'Etienne de Bourbon, l'auteur se
prononce pour le dernier, qui lui semble bien plus vraisemblable que
la légende de Césaire. Ainsi, Maurice de Sully aurait dû son siège
épiscopal à une recommandation adressée par Louis VII au cha-
pitre. Cette conclusion est d'autant plus admissible que Maurice,
M. Mortet le démontre, comptait au moins un ami dévoué parmi les
clercs de l'entourage du roi. La dissertation de M. Mortet tranche aussi
les constatations qu'avait soulevées la date de l'élection de Maurice; il
fut élu le 12 octobre 1160.
L'impression que nous gardons de ce court travail nous fait désirer
vivement la publication prompte du livre que M. Mortet doit consacrer
au célèbre évêque de Paris. P. F.
R. Delachexal. Histoire des avocats au Parlement de Paris. ^300-
-1600. Paris, Pion, 1883. In-8°, de xxviii-476 pages.
Les avocats ont fait assez de bruit dans le monde pour mériter de
trouver des historiens. Ils en ont eu de peu bienveillants, et parfois
aussi de trop sympathiques, qui plaidaient pro domo plus encore qu'ils
ne racontaient la formation et les développements de leur ordre. Depuis
l'introduction du régime parlementaire en France, le rôle des avocats
a grandi; mais cette participation aux affaires publiques n'a pas été
sans danger pour eux, et aujourd'hui ils voient leurs prérogatives
menacées, comme tant d'autres institutions utiles, par l'instabilité de
la législation. Une histoire des avocats, écrite dans les conditions d'oxac-
^32
titude exigées par la critique moderne, peut donc avoir présentement
un intérêt supérieur à celui qu'offrent d'ordinaire les travaux d'érudi-
tion : il n'est pas sans utilité de retracer les destinées d'un ordre qui
a constamment réclamé la liberté pour tous, et le respect des droits de
chacun. M. Delachenal avait déjà entrepris de raconter cette histoire
dans une thèse, qui avait obtenu tous les suffrages du Conseil de per-
fectionnement de l'École des chartes. C'est ce travail, remanié et com-
plété pendant plusieurs années, qu'il publie aujourd'hui sous le titre que
nous venons de reproduire.
A l'ordre strictement chronologique adopté par quelques-uns de ses
devanciers, M. Delachenal a préféré, avec raison, une classifica-
tion méthodique; la chronologie reprend sa place pour l'exposé des
matières dans chacun des seize chapitres, où il étudie successive-
ment : l'inscription au tableau, — la confrérie de Saint-Nicolas et la
communauté des avocats et procureurs, — le choix d'un avocat, — la
nomination des avocats d'office, — leur place à l'audience, — les règles
générales de la plaidoirie, — les écritures faites par les avocats, — la
police de la grande salle du Palais, — les rapports des avocats avec le
Parlement, — leurs prérogatives, — les avocats du roi, — la responsa-
bilité des avocats, — l'éloquence judiciaire, — le paiement des hono-
raires, — le costume des avocats, — et le caractère de l'avocat dans la
littérature du moyen âge. Une introduction esquisse les plus anciennes
origines des avocats; deux appendices contiennent des renseignements
biographiques sur les principaux avocats au Parlement de Paris du
xiv<= siècle, et sur les avocats du roi pendant le même temps. Une série
importante de pièces justificatives inédites termine ce volume, qui
s'arrête à l'an 1600. A partir du xvn" siècle, l'histoire des avocats est
mieux connue, les sources en sont plus accessibles à tous, et les
registres du Parlement, qui ont constamment guidé l'auteur dans la
période précédente, ne renferment rien de notable.
En se bornant à l'histoire des avocats au parlement de Paris ,
M. Delachenal n'avait à s'occuper ni des patroni et advocati de
l'empire romain, ui des avocats des juridictions ecclésiastiques, ni
même des prolocutores ou « amparliers » des cours féodales, qui ont
joué un rôle si considérable aux xii" et xni« siècles. L'histoire des
avocats auprès de notre grande cour judiciaire ne commence vraiment
qu'avec l'ordonnance du 23 octobre 1274, qui les reconnaît comme
corps constitué, en leur imposant le serment professionnel et en
statuant sur leurs honoraires. Un règlement inséré dans les registres
du Parlement à la date du 13 novembre 1340, et reproduit dans l'or-
donnance du 11 mars 1345, donne la formule de ce serment, et porte
que nul ne pourra plaider s'il ne l'a prêté et s'il n'est inscrit « au
rôle des noms des avocats. » L'ordonnance de 1345 est peu explicite
sur les conditions de cette inscription « au rôle, » appelé plus tard
^33
« matricule, » puis tableau : elle se borne à dire qu'on écartera qui-
conque n'aurait pas l'instruction requise, et qu'on choisira ceux qui
auront été reconnus « idoines et suffisants pour cet office. » Dans la
pratique, on s'onquérait uniquement de la religion et de la moralité du
candidat; quant à sa capacité, elle était considérée comme suffisamment
attestée par des « lettres de licence, » qu'on réclamait, suivant toute
vraisemblance, dès le xv^ siècle, mais qui ne sont expressément exigées
que dans le xvi« siècle. Dès le xiv^ siècle, un stage, dont la durée
n'était pas fixée uniformément, était imposé aux novi advocati. Au
xvi^ siècle, ce sont les gens du roi, qui, d'accord avec le Parlement, pro-
noncent l'admission des nouveaux avocats au noml)re des avocats plai-
dants. Le nombre des avocats inscrits était de cinquante environ, au
commencement du xiv« siècle; il s'était considérablement accru un
siècle plus tard, et, en 1552, il dépassait quatre cents.
Les avocats au Parlement n'ont jamais constitué une « communauté »
ou corporation dans le sens précis du mot ; mais, dès le xvi*' siècle, ils
formaient un ordre représenté par leur doyen d'inscription et par le
bâtonnier, élu par ses confrères pour porter dans les cérémonies
publiques le « bâton » ou bannière d'une confrérie commune aux avo-
cats et aux procureurs, la confrérie de Saint-Nicolas. Dans quelques
bailliages, cette confrérie était sous le patronage de saint Yves.
L'ordonnance de février 1328, relative au Ghàtelet, décidait que nul
ne pouvait plaider s'il n'était avocat, sauf dans sa propre cause; la
pratique avait rendu le recours aux avocats obligatoire. Les grands
feudataires, les évoques, les abbés, les villes importantes avaient habi-
tuellement un ou plusieurs avocats « pensionnaires, » chargés, moyen-
nant un salaire annuel, de plaider toutes leurs causes. Mais la grande
majorité des plaideurs devaient choisir un conseil au moment où leur
procès allait s'engager devant le Parlement. On pouvait encore deman-
der à la cour « distribution du conseil, » c'est-à-dire désignation d'un
avocat d'office. Cet usage tomba en désuétude au xvr siècle. Les grands
personnages avaient en outre un « solliciteur, » sorte d'agent d'affaires
à qui l'on confiait la direction des procès et le soin de payer les avocats
et procureurs.
La plupart des affaires se plaidaient dans la Grand'Chambre ou
« Chambre du plaidoyer. » Elle était divisée en trois parties. La pre-
mière formait le « parc » ou parquet séparé du reste de la salle par une
barre ou « barreau. » Dans un des angles du parc, était une estrade
réservée pour le fauteuil ou « lit » du roi ; c'était encore là que siégeait,
il y a peu d'années, le premier président de la Cour d'appel. A droite et
à gauche du siège royal se trouvaient de grands bancs recouverts d'une
tapisserie semée de fleurs de lis, les « hauts bancs, » destinés aux pré-
sidents et aux conseillers ; au-dessous de ces bancs, il y en avait d'autres
garnis des mêmes ornements, où prenaient place les gens du roi, les
434
baillis et sénéchaux, et quelques-uns des plus anciens avocats à qui le
Parlement avait accordé la prérogative de siéger sur les fleurs de lis.
Les bancs des avocats étaient dans la seconde partie de la salle : ces
bancs, appelés aussi « barreaux, » étaient placés deux par deux à droite
et à gauche d'un passage par lequel on entrait au parquet. Le premier
banc de chaque côté était réservé aux avocats plaidants, les seconds
bancs aux jeunes avocats, qui devaient « s'y contenir pour escouter les
« anciens. » La dernière partie de la salle était ouverte « aux solliciteurs,
« escoliers et autres manières de gens qui venoient céans escouter les
« plaidoyeries. »
Dès la fin du xiv« siècle, il y avait chaque semaine quatre jours « plai-
doiables. » L'audience commençait à sept heures du matin; elle se ter-
minait au moment précis où l'horloge du palais sonnait dix heures,
mais elle reprenait dans l'après-midi les mardis et vendredis. L'avocat
se présentait à la barre en costume, et muni d'un chaperon fourré, dont
l'ordre était très fier, parce qu'il était l'insigne des conseillers de la
Grand'Ghambre, et que les conseillers des Enquêtes n'avaient pas le
droit de le porter. Ce chaperon était si bien la partie essentielle du cos-
tume de l'avocat qu'il constituait un gage, dont l'huissier se saisissait
lorsqu'une infraction avait été commise ou une amende encourue ; on
suspendait ainsi le délinquant, en le privant de sa coiffure réglemen-
taire. Lorsque le chaperon fut remplacé par le bonnet ou la barrette,
les avocats continuèrent à le porter non plus sur leur tête, mais sur
leur épaule. L'épitoge ou la chausse placée aujourd'hui sur l'épaule
gauche des avocats, magistrats ou professeurs, est la dernière des trans-
formations du chaperon : le rond du milieu figure la coiffe ; la patte et
la cornette se retrouvent dans les appendices, dont l'un tombe sur la
poitrine et dont l'autre est rejeté sur le dos. Les avocats étaient leur
chaperon ou leur barrette pour poser leurs conclusions; mais le président
les invitait immédiatement à se couvrir.
Le rôle des avocats ne se bornait pas à plaider à l'audience ; ils rédi-
geaient en outre ou faisaient rédiger par leurs clercs une grande partie
des actes de procédure : exploits, requêtes, demandes, conclusions,
défenses, répliques, dupliques, « contredits, » « salvations. » Ils don-
naient en outre des consultations dans la grande salle du palais, où ils
avaient leur buffet, c'est-à-dire un petit banc à dossier, au-dessous
duquel se trouvait un casier où ils serraient leurs sacs de procédure.
Les procureurs avaient aussi leurs buffets. Lorsque ce personnel fut
devenu très nombreux, le même buffet servait parfois pour quatre ou
cinq avocats ou procureurs. Des arrêts et des édits du xvi" siècle res-
treignirent le nombre maximum des avocats à trois par banc.
Les rapports des avocats avec le Parlement sont étudiés avec soin :
les avocats faisaient partie de ce qu'on appelait le « corps du Parle-
ment, » et à ce titre ils étaient soumis au pouvoir réglementaire de la
135
cour, qui exerçait ce droit avec modération. Elle exigeait d'eux cepen-
dant une grande exactitude et ne voulait pas qu'ils s'absentassent sans
qu'elle leur eût « donné congé. » En revanche, il lui arrivait par-
fois, dans les questions délicates, de prendre l'avis des plus anciens
d'entre eux et, en l'absence des gens du roi, elle commettait un avocat
pour les remplacer. A propos des prérogatives de l'ordre, l'auteur fait
justice de la prétendue noblesse attachée à la chevalerie es lois; il
montre que les lettres d'anoblissement do Hugue Fabrefort et de Jean
Pastourel mentionnent expressément qu'ils étaient restés roturiers. Les
avocats pouvaient d'ailleurs espérer arriver à la noblesse en entrant au
service du roi; ce qui ne les empêchait pas de continuer à plaider pour
les particuliers.
Nous n'essaierons pas de suivre M. Delachenal dans les curieux cha-
pitres qu'il a consacrés au paiement des honoraires, au costume des
avocats, à la liberté de la parole, à l'éloquence judiciaire au moyen âge,
et aux appréciations des théologiens, prédicateurs, écrivains satyriques
et littérateurs, qui ont fort souvent malmené les gens de robe. Il serait
encore plus difficile d'analyser ses notices biographiques si substan-
tielles, et presque toujours si neuves, sur les principaux avocats au Par-
lement du xiv« siècle. Cet appendice, comme le reste des chapitres, a
été presque exclusivement rédigé à l'aide de textes inédits, qui sont
imprimés en tout ou en partie dans les notes et pièces justificatives, ou
soigneusement cités au bas des pages. On pourra signaler des lacunes
inévitables dans un pareil travail, et souhaiter quelques changements
dans la distribution des matières ^ , mais tous ceux qui liront cette his-
toire n'hésiteront pas à y reconnaître un livre aussi neuf qu'intéres-
sant, qui dissimule sous une forme agréable et facile les recherches les
plus ardues et les procédés de l'érudition la plus exacte.
J. Tardif.
Pontifical d'Amiens^ publié d'après un manuscrit original du
XP siècle, avec notes et commentaires^ par Victor de Beauvillé et
Hector Josse. Amiens, impr. T. Jeunet, -1885. \n-¥ de xiii et
-143 p., avec cinq planches.
Les prières et les cérémonies religieuses sont une partie essentielle
de l'histoire des nations. L'Angleterre nous en fournit aujourd'hui une
1. Il nous eût semblé préférable de rejeter à la fin le chapitre consacré à l'élo-
quence judiciaire; de même les développements donnés aux avocats du roi
(chapitre xi) ne paraissent pas bien à leur place. On regrette enfin de ne pas
voir rapprocher du chapitre vi, relatif aux plaidoiries, tout ce qui a trait à la
liberté de la parole et à la responsabilité de l'avocat en cette matière (cha-
pitre XIl).
136
preuve éclatante. Les savants de ce pays s'attachent à recueillir et
publier les anciens monuments de la liturgie anglaise, avec autant d'ar-
deur qu'on en mit à les anéantir au xvi^ siècle. La valeur des anciens
livres liturgiques n'est pas encore aussi généralement reconnue en
France. Ils ont cependant fourni dans ces dernières années la matière
de publications vraiment importantes. Tels sont, en fait de descriptions
bibliographiques, le catalogue de la partie ancienne de la bibliothèque
du comte de Villafranca^ et les recherches de M^'e Pellechet sur les
livres des diocèses d'Autun, de Chalon et de Mâcon^. Tels sont, en fait
de publications d'anciens textes, le Rituel de Nivelon, évêque de Sois-
sons 3, et le Sacramentaire de Hugues le Grand^, évêque de Nevers, que
nous devons, l'un à la Société archéologique de Soissons, l'autre à la
Société nivernaise.
Le beau volume que nous annonçons aujourd'hui appartient à la même
catégorie que le Rituel de Nivelon et le Sacramentaire de Hugues le
Grand. C'est la reproduction très fidèle d'un remarquable manuscrit du
xn« siècle, qui, entre autres morceaux, contient l'absolution de? pénitents,
diverses bénédictions, le canon de la messe, la confirmation, les ordina-
tions, l'office du jeudi saint, le sacre des évêques, le cérémonial des
synodes, la dédicace des églises, l'institution des abbés et des abbesses,
la bénédiction des vierges et des veuves. C'est donc un pontifical, que
les éditeurs ont eu parfaitement raison d'attribuer à l'église d'Amiens
et qui a été approprié plus tard, comme ils l'ont démontré, à l'usage de
l'ordre de Citeaux.
Au texte du pontifical succèdent des notes très développées, où l'on
trouve beaucoup d'explications judicieuses et de rapprochements instruc-
tifs. Les éléments de ces notes ont été demandés aux auteurs les plus
autorisés, et parfois à des manuscrits, notamment au pontifical n° 196
de la bibliothèque d'Amiens.
Quatre pages du pontifical qui vient d'être publié sont données en fac-
similé. Les paléographes peuvent ainsi se former eux-mêmes une idée
1. Description des livres liturgiques imprimés aux XV' et XVI^ siècles fai-
sant partie de la bibliothèque de S. A. B. Mgr Charles-Louis de Bourbon
{comte de Villa franca), par Anatole Aies. Paris, 1878. In-8° de vi et 558 p. —
Supplément. Paris, 1884. In-8° de viii et 46 pages.
2. Notes sur les livres liturgiques des diocèses d'Autun, Chalon et Mocon,
avec un choix de leçons, d'hymnes et de proses composées en l'honneur de
quelques saints spécialement honorés dans ces diocèses. Paris et Aulun, 1883,
in -8°.
3. Ritualc seu Mandatum insignis ecclesix Suessionensis tempore episcopi
Nivelonis exaratum. Soissons, 1856. ln-4° de xiii et 321 pages, avec 6 pages
de fac-similé.
4. Sacranientarium ad usum ecclesix Nivernensis. S. 1. n. d., in-4° de xlvi
et 405 p., avec planches.
137
sur la date de la transcription, qu'ils fixeront, je n'en doute pas, au
xn« siècle. Ce manuscrit avait été acquis, il y a deux ans, par M. Victor
de Beauvillé, qui s'est associé M. Hector Josse pour faire jouir le public
d'un texte intéressant et dont la conservation est parfaitement assurée.
Les deux éditeurs ont parfaitement accompli la tâche qu'ils s'étaient
imposée. L'un d'eux, M. de Beauvillé, est mort avant le complet achève-
ment du volume. L'occasion se présente donc tout naturellement de
rendre ici un dernier hommage à un homme de bien, dont les mérites
ont été signalés, il y a déjà longtemps, aux lecteurs de la Bibliothèque
de l'École des chartes. Ce fut en 1859 ^ que notre regretté confrère Douët
d'Arcq analysa les trois gros volumes de V Histoire de Montdidier, avec
tous les développements que comportaient la valeur et l'étendue de l'ou-
vrage.
M. Victor de Beauvillé avait formé à grands frais une collection de
documents originaux relatifs à la Picardie, dont il n'avait pas voulu se
réserver la jouissance exclusive; avec une libéralité qui lui fait le plus
grand honneur, il en avait mis à la disposition du public les pièces les
plus précieuses, qu'il a fait imprimer, de 1860 à 1882, dans les cinq
grands volumes intitulés Recueil de documents inédits concernant la
Picardie.
La collection de M. de Beauvillé sera religieusement conservée par sa
famille, qui est digne de posséder un tel trésor et qui saura en faire un
noble et excellent emploi.
L. Delisle.
Nécrologe de V église d'Amieiis, par M. l'abbé Roze, chanoine hono-
raire, curé de Tilloy. Amiens, imp. Douillel, -1885, in-8% 243 p.
(Extrait du t. VIII, 3^ série des Mémoires de la Société des anti-
quaires de Picardie^ p. 265 à 503.)
Le nécrologe ou obituaire de l'église d'Amiens, publié par M. l'abbé
Roze, se trouve inséré dans le sixième volume du cartulaire du cha-
pitre d'Amiens, aux archives de la Somme, dont il occupe les
folios H5 à 150. Il a été écrit en 1256, au mois d'octobre, et continué
jusque dans le courant du xiv^ siècle. A la suite de cet obituaire, dans
le même manuscrit, se trouve la liste des distributions qui se faisaient
au chapitre : De distributionibus que fiunt in Ambianensi ecclesia, non
pro anniversariis, sed pro fcsiis, et que M. l'abbé Roze a jointe à sa
publication. Dans la préface, l'auteur, après avoir dit quelques mots des
obituaires en général, décrit succinctement les principaux obituaires qui
existent encore du chapitre d'Amiens, et termine par quelques détails
sur l'organisation, les revenus, la liturgie, le costume, etc., de cette
1. Bibliothèque de l'École des chartes, i' série, t. V, p. 182-194.
^38
compagnie. A la fin du volume se trouve une double table des noms de
lieux et des noms de personnes. Le texte de l'obituaire est accompagné
de notes intéressantes sur les principaux personnages et qui témoignent
de longues et consciencieuses recherches. Il est regrettable toutefois que
l'auteur ait laissé échapper plusieurs fautes de lecture, plusieurs omis-
sions, plusieurs négligences, peu graves il est vrai, mais qu'un colla-
tionnement un peu scrupuleux aurait pu aisément faire éviter. Ainsi,
pour ne citer qu'un seul exemple, à la page 39, au lieu de : a Obitus
Magistri J. de P'iefis subdiaconi, n s. vi d., » il faut lire : « Obitus
magistri J. de Fiefis; cuilibet ii s. vi d. » Cette faute de lecture est
d'autant moins explicable que l'auteur lui-même dit en note, d'après un
autre obituaire du xiv« s., que ce J. de Fieffés était prêtre et chapelain
de la cathédrale. Malgré ces observations de détail, la publication de
M. l'abbé Roze n'en est pas moins un ouvrage très recommandable, et
qui sera très utilement consulté pour l'histoire de la Picardie.
G. Durand.
Essai historique sur Héricourt-en-Caux (anciennes paroisses de
Saint-Denis et Saint-Riquier-d' Héricourt). d'après des documents
inédits, par A. Hellot, notaire honoraire. Yvetot, ^885, in-8%
494 pages.
Les lecteurs de la Bibliothèque de l'École des chartes connaissent
depuis longtemps le nom de M. Hellot, auteur, entre autres, d'une
bonne édition des Chroniques de Normandie et d'une remarquable his-
toire de la famille des Martel de Basqueville. Le nouvel ouvrage de ce
laborieux érudit est digne de ses aînés ; le bourg d'Héricourt-en-Gaux
n'est pas des plus connus, mais l'auteur, qui sait ne point franchir les
limites de son sujet et qui ne refait pas l'histoire de France à propos
d'une localité inconnue, a su tirer des chartes quantité de renseigne-
ments curieux sur l'état économique du bourg d'Héricourt au moyen
âge et dans les derniers temps de l'ancien régime. Le nom d'Héricourt
ne paraît pas avant l'an 1030 dans les documents, mais des fouilles
récentes ont prouvé que le village même existait dès l'époque romaine
et au temps des deux premières races. Après quelques pages sur l'ori-
gine, les noms anciens et la topographie d'Héricourt, M. Hellot nous
donne des détails intéressants sur le chiffre de la population depuis
1236 et les variations qu'il a subies, sur les écoles (la plus ancienne
date de 1714), sur l'industrie, l'agriculture, le commerce, les foires, les
marchés, l'administration, les impôts (tailles et dîmes). Dans la troi-
sième partie, M. Hellot fait l'histoire de la seigneurie d'Héricourt, qui,
après avoir appartenu aux d'Estouteville, aux Orléans-Longueville, aux
Matignon, finit par échoir aux Grimaldi, princes de Monaco. Une qua-
trième partie renferme l'histoire des églises et des maladreries. On voit
139
que le cadre est modeste, approprié au sujet, M. Ilellot a su le remplir
et y faire entrer nombre de faits intéressants.
En traitant l'histoire d'Héricourt, l'auteur a été amené cà examiner la
tradition qui veut que saint Mellon, premier évoque de Rouen, soit
mort à Héricourt*. Cette opinion a été soutenue notamment par
M. Cochet et par M. l'abbé Sauvage. M. Hcllot examine leurs arguments
et prouve entre autres que le village n'est pas appelé Saint- Mellon
avant la hn du xvi*' siècle ou le commencement du xvti" siècle. Les
autres arguments employés par ses adversaires sont des plus faibles et
ne supportent pas l'examen. M. Hellot recherche ensuite à quelle époque
a pu naître la tradition même, et prouve qu'elle date probablement du
début du xv^ siècle; ce n'est même que beaucoup plus tard qu'on fit
d'Héricourt le lieu choisi par le saint évéque pour se retirer du monde.
AuKUSte MOLINIER.
Archives historiques du Poitou. XV. Poitiers, impr. Oudin, 1885,
\ vol. gr. in-8° de 473 p.
La Société des archives historiques du Poitou est certainement une
de celles qui ont le plus à cœur de prendre rang à côté de leurs aînées
ou de leurs émules de la capitale. Pas de procès-verbaux, mais des publi-
cations de textes historiques : c'est un exemple qu'un certain nombre
de sociétés de province ferait bien de suivre. Le système est aussi
simple que fécond. Les documents à publier ne manquent pas dans nos
archives et dans nos bibliothèques; si tout le monde s'y mettait, quel
secours pour l'histoire locale ! — Voilà quinze ans que la société dont
nous parlons ici publie ses Archivas historiques et consacre tous ses soins
à rendre ses volumes à la fois utiles et attrayants. Une impression claire
et élégante, et surtout une table analytique abondante, sont des quali-
tés assez rares pour qu'on les signale.
Aussi est-ce pour nous un véritable plaisir de présenter pour la pre-
mière fois les Archives historiques du Poitou aux lecteurs de la Biblio-
thèque de l'École des chartes. Des trois parties d'importance inégale
qui composent le nouveau volume, la première comprend des extraits
publiés par M. Ledain, de journaux de Jean de Brilhac, conseiller en la
sénéchaussée de Poitou, de 1545 à 1564, et de René de Brilhac, conseil-
ler au présidial de Poitiers, de 1573 à 1622. Ces documents sont peu
étendus, et de valeur assez secondaire. Bien autre est l'intérêt de la
publication suivante, œuvre de M. Bricauld de Verneuil, le journal
d'Antoine Denesde, marchand ferron à Poitiers, et de Marie Barré, sa
1. Le chapitre consacré par M, Ilellot à l'examen de cette question a été tiré à
part en une brochure in-8% sous ce litre : Saint Mellon est-il mort à Béricourt-
en-Caux ?
femme (1628-1687). Il contient peu de notes relatives à l'histoire géné-
rale, mais une foule de faits de toute sorte se rattachant à l'histoire
intime de Poitiers, à la tenue des grands jours, au séjour de la cour,
aux fêtes publiques, aux rivalités locales, aux impôts et au commerce,
« en un mot à tout ce qui sert d'aliment à la curiosité publique. » Ajou-
tez des détails intéressants sur la vie de famille et la vie sociale du
rédacteur. L'édition est très soignée : elle est complétée par des notes
substantielles et par une série de quarante-trois pièces inédites, emprun-
tées principalement aux archives communales de Poitiers. — La troi-
sième partie du volume comprend des extraits de divers documents
rangés par ordre chronologique depuis 1335 jusqu'à 1787 : les sources,
toujours soigneusement indiquées, sont l'obituairc de Sainte-Opportune
(1366-1631), les registres paroissiaux de Poitiers (1539-1790), et le jour-
nal de Pierre Gharmeteau, maître perruquier (1731-1767). Ce travail est
encore l'œuvre de M. Bricauld de Yerneuil.
H. DE CuRZON.
Histoire de la tapisserie depuis le moyen âge jusqu'à nos jours, par
Jules GniFFRET. Tours, Marne, 4886, in-4° de 533 p.
C'est une bonne nouvelle à annoncer aux érudits, aux lettrés, aux
curieux que l'apparition d'un volume de M. J. Guiffrey sur un sujet
qu'il connaît si bien. Comme on pouvait l'attendre de l'auteur de
l'Histoire générale de la tapisserie (section française), l'ouvrage a été
composé avec une mesure, une sûreté de main, une clarté qui en font
un guide aussi utile qu'attrayant pour tous ceux qu'intéressera l'étude
de cet art, une des gloires de l'industrie française.
Deux caractères, deux mérites principaux frappent le lecteur dès le
premier examen. D'abord, c'est un vif désir, appuyé sur des recherches
et des études aussi longues qu'approfondies, de mettre bien en lumière
la supériorité de la France et sa priorité, et en même temps de réagir
contre l'habitude trop répandue de faire à la Flandre une part spéciale
dans l'histoire de la tapisserie. On oublie facilement, en effet, que la
Flandre et l'Artois, provinces françaises jusqu'au traité de Madrid
de 1526, faisaient partie intégrante de la patrie. « On n'avait pas assez
remarqué, dit l'auteur, que nous avions le droit de réclamer comme
nôtres les triomphes et les gloires de ces deux provinces. Par contre,
certaines productions étrangères avaient été exaltées outre mesure, au
détriment de la vérité historique. Il s'agissait donc de mettre chaque
chose à sa place. » — Si l'on considère que, dès l'origine, la France a
été le berceau de cet art ; que la plupart des manufactures de l'étranger,
très prospères d'ailleurs, n'ont eu qu'une durée éphémère et n'ont pu
survivre à leur fondateur; que la France, au contraire, a possédé seule,
depuis six siècles, une suite ininterrompue de tapissiers, dont le tra-
vail persévérant et toujours habile a su traverser sans ruine toutes les
vicissitudes, on conclura volontiers, avec M. J. Guiffrey, que la tapis-
serie peut être regardée comme un art véritablement national.
Le second mérite de l'ouvrage, appréciable notamment dans la ques-
tion des origines de la tapisserie, c'est une préoccupation constante, un
soin particulier de ne rien avancer à la légère, de ne rien conclure sur
des preuves mal établies, de ne lancer aucune hypothèse risquée, de ne
rien affirmer qui puisse être qualifié de douteux par une critique sévère :
l'auteur a su inspirer confiance à ses lecteurs et de plus faire une œuvre
qui restera, parce qu'elle ne saurait donner prise à la controverse, au
moins au point de vue des faits et en dehors de toute considération
esthétique. Par suite de ce plan arrêté, il se débarrasse de tout ce qui,
ne rentrant pas rigoureusement dans son sujet, pourrait contribuer à
égarer le lecteur. Du moment que la vraie tapisserie, celle dont on fait
ici l'histoire, est le travail de haute et basse lice, il est inutile de s'ar-
rêter aux ouvrages d'un art voisin, mais bien différents, à la broderie,
à la tapisserie au point, au travail à l'aiguille sur canevas, aux bergames,
et à toutes les étotres à dessins réguliers obtenus par des moyens méca-
niques. Et cette distinction est d'autant plus indispensable à bien éta-
blir que, jusqu'à notre siècle, le même mot générique de tapisserie était
appliqué à tous ces types différents.
Nous touchons ici à une des grosses difficultés qui se dressent devant
l'historien lorsqu'il veut exposer les débuts de la tapisserie et discuter
les rares documents qui nous restent de cette époque reculée. M. J.
Guiflrey, lui, traite le problème d'insoluble, et nous croyons qu'il a rai-
son, étant donné l'obscurité et l'incertitude des textes ou des monuments.
A qui lui reprocherait d'éviter la discussion, il répond d'avance que
c'est une entreprise aussi téméraire qu'inutile, jusqu'à nouvel ordre, et
qu'il vaut mieux se contenter d'enregistrer les faits positifs. C'est pour-
quoi l'histoire que nous avons en main commence seulement au
XIV"' siècle. L'industrie de la tapisserie à cette époque apparaît déjà, il
est vrai, pleine de force et de vitalité; il est certain qu'en France
notamment, le système de la basse lice d'abord, puis, plus récemment,
celui de la haute lice, étaient inventés et bien établis avant les premiers
textes de la fin du xui^ siècle qui les concernent. Mais quel fonds peut-
on faire sur les spécimens qu'on a mis en avant comme antérieurs, les
fragments de la tapisserie de Saint-Géréon de Cologne, les tentures des
églises de Halberstadt et de Quediinbourg, dont la date aussi bien que
la mode et le lieu de fabrication sont impossibles à fixer? Et, pour les
textes, sait-on si les étoffes dont ils parlent sont tissées, brodées ou
fabriquées à la main? Si, comme le suppose ingénieusement l'auteur,
la fameuse tapisserie de Bayeux, qui n'en est pas une, avait complète-
ment disparu avec tant d'autres, n'aurait-elle pas passé jusqu'à nos
jours, à la faveur de descriptions aussi insuffisantes que celles qui
442
nous restent, en général, pour une splendide tenture de haute lice?
Nous ne songeons pas à suivre M. J. Guiffrey dans le cours de cette
histoire si pleine de faits. Il l'a divisée chronologiquement en dix
périodes, pendant lesquelles il visite successivement tous les ateliers
dont les ouvriers ont laissé des noms et des œuvres. C'est un inventaire
permanent des plus précieux, mêlé de détails techniques et historiques
du plus grand intérêt. Un tableau de l'état actuel de l'industrie dans
nos manufactures, et, pour ne rien oublier, un appendice curieux sur
le commerce et le prix des tapisseries, avec conseils pratiques à l'usage
des amateurs, terminent un volume qui, comme on voit, est destiné à
être consulté et lu par un nombre varié de personnes. N'oublions pas
enfin une table alphabétique abondante, ce qui est un mérite fort à
remarquer.
Nous ferons une dernière observation, qui nous semble à sa place,
surtout dans la Bibliothèque de l'École des chartes : l'auteur a pris le
parti de supprimer toute note et toute indication de sources. Malgré des
exemples éminents, c'est toujours certainement une lacune regrettable :
elle trompera souvent la curiosité de ceux qui, n'étant que peu au cou-
rant de la question, désireront, non pas vérifier, — on peut se fier à la
compétence de l'auteur, — mais étudier à leur tour, et pour ainsi dire
pièces en main. Une table bibliographique aurait pu au moins remé-
dier à ce que ce système présente de véritablement incommode.
Le volume est illustré de cent douze figures dans et hors texte et de
quatre chromolithographies, dont la plus réussie est la Dame à la licorne,
un fragment de cette tenture magnifique rapportée récemment de la
ville de Boussac au musée de l'hôtel de Gluny. C'est là pour le volume
un attrait de plus, auquel il faut joindre une impression sans rivale.
H. DE CURZON.
Pontificale ecclesise Sancti Andreœ. The pontifical offices used hy
David de Bernhatn, bishop of S. Andrews, with an introduction
by Ghr. Wordsworth, M. A. rector of Glaston. Edinburgh, at the
Pitsligo press; Oxford and London, James Parker and company.
4885. In-4° de xxvii-97 et xxvii p.
Les vieux livres liturgiques, dont l'importance historique n'est pas
suffisamment appréciée en France, sont en Angleterre, depuis quelques
années, l'objet de travaux approfondis, dont il convient de signaler le
mérite.
Le volume dont le texte vient d'être transcrit est consacré à un pon-
tifical écossais du xni^ siècle, qui a appartenu à David de Bernham,
évêque de Saint-André depuis 1239 jusqu'en 1253 ou environ. Il est
conservé à la Bibliothèque nationale, sous le n° 1218 du fonds latin.
M. Wordsworth ne s'est pas borné à en donner une édition rigou-
^43
reusement exacte. Il y a joint de copieux appendices dans lesquels sont
publiées les parties les plus intéressantes de plusieurs pontificaux ou
bénédictionnaires de la Grande-Bretagne au moyen âge : le ÎAhcr sancti
Cuthberti, pontifical du commencement du xu" siècle, conservé à Cam-
bridge dans la bibliothèque du Sidney Sussex Collège; — le pontifical
provenu de l'abbaye de Jumièges et possédé par la bibliothèque de
Rouen ; — le pontifical d'Anianus, évèque de Bangor.
Les tables par lesquelles se termine la belle publication de M. Words-
worth se rapportent à tous les textes similaires de la liturgie anglaise
et sont fort utiles pour comparer entre elles les prières contenues dans
beaucoup de recueils liturgiques du moyen âge. On devra fréquemment
y recourir quand on étudiera les pontificaux et les bénédictionnaires
des églises de France.
L. Delisle.
Bibliografia storica degli Stati délia monarchia di Savoia, compi-
lata da Antonio MaNxXG e Vincenzo Promis. Vol. 1°. Torino, fratelli
Bocca, -1884. In-4% xxviii-463 p.
La Société d'histoire nationale de Turin mérite les plus grands éloges.
La Bibliotheca storica, qu'elle vient d'entreprendre et qui promet une
nouvelle série de publications, a brillamment débuté. Les trois volumes
qu'elle a récemment offerts au public sont : 1° un excellent ouvrage
bibliographique, intitulé : VOpcra cinquantenaria délia R. Deputazione
di storia patria di Torino , par le secrétaire Antonio Manno , volume
qu'on ne cessera de consulter avec profit ; 2° le Catalogue des Codici
manoscritti délia Trivulziana, décrits avec le plus grand soin par Giulio
Porro; 3» le tome I^"" d'une Bibliographia storica degli Stati délia
monarchia di Savoia, due aux soins combinés de MM. A. Manno et
V. Promis. C'est sur ce travail que nous voulons de préférence attirer
l'attention.
L'origine en est déjà lointaine et les préparatifs en ont été longs,
comme il convenait d'ailleurs à un ouvrage de cette importance. Le
tome que nous avons entre les mains ne renferme pas moins de
6,475 numéros, et, comme la suite est évidemment prête pour l'impres-
sion, peut-être déjà même sous presse, on saisit d'un seul coup d'oeil le
temps qu'il a fallu pour rassembler les matériaux les plus variés et les
plus dispersés. Le véritable créateur de l'œuvre est M. Promis, car c'est
sa pensée qui est mise en œuvre aujourd'hui ; mais le véritable exécu-
teur de l'idée première est l'infatigable M. Manno : auquel des deux
érudits devons-nous la plus grande reconnaissance?
Assurément, l'ensemble présente des défauts, et le plan peut prêter à
la critique. Les auteurs ont fait rentrer dans leur cadre les manuscrits ;
mais sont-ils bien certains de les connaître tous et pourraient-ils nous
U4
assurer qu'ils ont consulté tous ceux qui, conservés à l'étranger, four-
niraient des documents à l'histoire de la maison de Savoie ?
Mais, au point de vue de l'indication précise des sources, de la diver-
sité des éditions, du dépouillement exact des périodiques italiens, fran-
çais et autres de tous genres, au point de vue de la combinaison simple
•des abréviations, des renseignements et des notes sur les pseudonymes,
les ouvrages anonymes, les incunables, il nous semble que ce livre
atteint la plus grande perfection que l'on puisse espérer. Je n'afiirme
rien au hasard et ne crains pas d'être démenti.
C'est avec plaisir qu'on apprendra en France l'apparition du tome
suivant de cette publication, très intéressante au point de vue français,
et dont voici le sommaire général :
Chroniques, éloges, lettres.
Généalogie, alliances.
1. Histoire de la maison de Savoie { Histoire religieuse.
Droits, prétentionset acquisitions.
Relations avec les autres États.
/ Monuments et documents.
2. Archéologie nationale ) Science héraldique.
( Numismatique.
3. Familles princières et leurs ramifications (Carignan, Nemours, etc.).
Relations des ambassadeurs.
. _ , Chapelle, mobilier, collections et librairie.
4. Cour i ^, . . ,
Cérémonial.
Éducation des princes.
5. Fêtes, solennités et théâtre.
6. Biographie nationale.
H. Stein,
Le Sceau de Hoja et la sigillographie pittoresque, principalement en
Espagne, par Emile Travers. Paris, ^1885, A. Picard. In-S- de
3i pages.
Le sceau de la ville de Hoja, en Andalousie, représente un château
posé sur un pont à trois arches, entre deux montagnes reliées par une
chaîne; d'anciennes gravures de cette ville établissent que l'on a voulu,
sur ce sceau, donner une idée de l'état des lieux. A cette occasion,
notre confrère M. Travers décrit un assez grand nombre de sceaux de
France, d'Espagne, d'Allemagne et d'Orient, qui rentrent, au point de
vue topographique, dans la même classe que celui de Hoja. Notre con-
frère pense qu'il y aurait un véritable intérêt archéologique à entre-
prendre une étude d'ensemble sur ce sujet et à montrer que les sceaux,
au point de vue topographique comme au point de vue de l'architecture
civile et religieuse, peuvent fournir des indications aussi précieuses que
^45
pour l'état de la civilisation et des arts ; dans ce dernier ordre d'idée,
nous n'avons qu'à rappeler les belles publications de M. Demay. Nous
partageons complètement l'opinion de M. Travers, et nous souhaitons,
puis([u'il en a eu l'idée, qu'il la mette à exécution et surtout qu'il ne
marchande pas les planches à ses lecteurs; une description ne sullit
pas, il faut aussi parler aux yeux.
Anatole de Barthélémy.
Une Énigme historique. Les Roumains au 7noyen âge, par M. Al.-D.
XÉNOPOL, professeur d'histoire roumaine à l'Université de Jassy.
Paris, Ern. Leroux, 4885. In-8°, 238 p.
Il y a aujourd'hui, tant dans le royaume de Roumanie que dans la
Transylvanie relevant de la couronne hongroise de Saint-Étienne, près
de dix millions d'hommes qui parlent une langue dérivée du latin.
D'ovi viennent-ils? Descendent-ils en droite ligne des Daces conquis par
Trajan, et devenus en un siècle et demi tout à fait romains? Ont-ils
au contraire émigré, à une époque quelconque du moyen âge, des
régions situées au sud du Danube ou des Balkans ? La première opi-
nion a d'abord paru la plus vraisemblable, et a été généralement admise ;
mais elle a été fortement battue en brèche par un érudit allemand, Robert
Rœsler : il a publié en 1871 le résumé de ses recherches dans un livre
qui a fait école <, et que l'on peut résumer de la façon suivante : lorsque,
sous la menace des invasions commençantes, l'empereur Aurélien eut
ordonné à ses troupes d'évacuer la Dacie trajane, et aux citoyens de la
frontière de s'établir au sud du Danube (270), la Dacie perdit toute sa
population romaine ou romanisée. Des émigrés se réfugièrent en Mésie ;
là, ils se fondirent avec la population romaine établie dans les villes ;
ce sont les descendants de ces Romains mésiens et daces qui repa-
raissent au xn« siècle sous le nom de Valaques. A la fin de ce même
siècle, pendant les luttes entreprises par les Valaques et les Bulgares
contre les empereurs byzantins, ils traversèrent le Danube et s'éta-
blirent au nord du cours inférieur de ce fleuve. Là, ils augmentèrent
rapidement, au point de former cet élément néo-latin, si important
aujourd'hui, soit comme peuple, soit comme nation. Cette théorie, com-
battue par M. Julius Jung 2 et par M. Ladislas Pic», tous deux profes-
seurs à l'Université de Prague, a été adoptée dans ses traits essentiels
par M. W. Tomaschek-', professeur à Graz, et par M. J. Hunfalvy,
1. Romanische Studien, Untersuchungen zur esUeren Geschidite Romaeniens.
Leipzig, 1871.
2. Die Anfaenge der Romaenen, dans la Zeitschrift fur œsterrekhiscke Gym-
nasien, 1876. — Die romaenischen Landschaften, 1881.
3. Ueber die Abstammung der Romaenen. Leipzig, 1880.
4. Zur Kunde der Haemus-Halbimel. Vienne, 1882. M. Tomaschek avait
40
^46
membre de l'Académie hongroise des sciences <. Hongrois, Slaves, Alle-
mands sont ainsi tombés d'accord pour nier la continuité de l'élément
latin dans ce qui avait été la Dacie^.
On a pu leur reprocher de n'avoir pas toujours été impartiaux dans
le débat. On sait en effet combien, dans ces confuses régions de l'Europe
orientale, les questions de race passionnent les érudits et les politiques.
L'auteur du livre que j'annonce ici, et dont la thèse est le contre-pied
de la théorie rœslérienne, M. Xénopol, ne se contente pas de réfuter ses
adversaires, il les accuse de mauvaise foi; une querelle d'érudition
devient ainsi une guerre de patriotisme. C'est au nom du droit des
peuples que M. Xénopol proteste contre la doctrine de Rœsler et de ses
partisans. Il tient pour certain que les Roumains sont les descendants
directs des Daces romanisés, qu'ils n'ont cessé d'occuper le sol de l'an-
cienne Dacie trajane, que, par conséquent, ils le possédaient bien avant
l'arrivée des Slaves, des Allemands et surtout des Hongrois; que les
persécutions tant de fois dirigées par ces derniers contre les Roumains
de la Transylvanie ne sont pas seulement odieuses, mais injustes, car les
Roumains ont sur leur pays un droit antérieur aux Hongrois, et par
conséquent supérieur. Nous n'avons pas, quant à nous, à prendre parti
dans le débat; nous savons trop ce qu'il en coûte de laisser la force
chercher des arguments dans l'histoire, et quels dangers recèle la théo-
rie des nationalités. Je dois cependant déclarer que la passion, sans
doute très légitime, mise par M. Xénopol au service de sa thèse, n'est
pas de nature à diminuer la valeur de son livre. C'est un travail de
sérieuse érudition, et c'est à ce titre seul que je puis en parler ici.
La démonstration de M. Xénopol peut se diviser en trois points prin-
cipaux : 1 ° la Dacie a été entièrement romanisée et est restée pays de langue
romaine même après 270 ; 2° il est impossible d'admettre l'hypothèse, soit
de Rœsler, qui fait venir les Roumains de la Mésie à la fin du xii« siècle,
soit de M. Tomaschek, qui les ramène de la Macédoine au ix^, soit du
célèbre slaviste Miklosich, qui nous les montre rentrant, dès le v^ siècle,
dans leur pays originaire; 3» enfin, la théorie rœslérienne est impuissante
à expliquer plusieurs faits caractéristiques de l'histoire et des institu-
tions roumaines. J'examinerai successivement ces divers points 3.
commencé par combattre la théorie rœslérienne, avant d'en devenir un des plus
ardents champions. D'ailleurs, sur toute cette bibliographie, voyez le chap. i
du livre de M. Xénopol.
1. Die Rumaenen und ihre Anspriiche. Vienne, 1883.
2. En France, M. Gaston Paris s'est prononcé en faveur de la théorie rœslé-
rienne dans le compte rendu qu'il a consacré au livre de M. Jung : Rœmer und
Romanen in den Donaulaendern {Inn&hruck, 1877). Voy. Rotnania, 1878, p. 608.
3. M. Xénopol avait déjà publié la substance de sa théorie dans la Revue his-
torique, t. XXIII, 1883.
^47
J'admets volontiers, avec M. Xénopol, que l'élément romain a péné-
tré en Dacie plus profondément que Rresler ne l'avait dit : le nombre
relativement grand des inscriptions latines recueillies dans le pays est
un témoignage qui a son poids. Encore ne faudrait-il pas l'exagérer.
Ce latin des inscriptions était la langue officielle; qui pourra nous dire
jusqu'à quel point il est devenu la langue du peuple? M. Xénopol
invoque l'exemple de l'Espagne, de la Gaule ^, qui ont si rapidement
perdu l'usage de la langue nationale ; mais il faut se rappeler que la
domination romaine a duré en Dacie au plus un siècle et demi :
quatre générations d'hommes auraient donc suffi pour qu'on cessât d'y
parler dace ! En outre, l'élément colonisateur n'a pas été exclusivement
latin : si de nombreux légionnaires venus d'Occident ont aidé à répandre
le latin dans les campagnes et les villes daces, tandis que les auxiliaires
daces, transplantés en Occident, allaient désapprendre au loin leur
langue maternelle, il en est venu aussi des pays grecs. C'est à M. Xéno-
pol même que j'emprunte ce fait (p. 178), et il montre les traces laissées
par le grec dans le roumain. Il est donc au moins excessif d'aller jus-
qu'à dire (p. 36) : « Les Daces n'ont jamais quitté leur pays ; tout au
contraire, ils y sont restés en grand nombre, et ils ont tous été roma-
nisés. »
Arrivons maintenant à l'ordre d'évacuation donné par Aurélien en 270.
D'après Vopiscus, l'ordre a été aussi formel que possible : « Voyant que
rillyrie était ravagée et la Mésie perdue, l'empereur abandonna la Dacie,
province constituée par Trajan ; il en ramena l'armée et les provinciaux,
qu'il établit en Mésie 2. » M. Xénopol s'efforce d'atténuer la force de
cette affirmation. Il reproche à Vopiscus de manquer de critique, de
raconter les faits, non pas tels qu'ils se sont passés en réalité, mais tels
que les présentait la version officielle ; c'est ainsi qu'il a puisé plusieurs
de ces renseignements dans les « carnets » mêmes de l'empereur Auré-
lien 3. Soit, mais quel intérêt Vopiscus aurait-il eu, dans ce cas actuel,
à farder la vérité ? Ne croira-t-on pas Aurélien affirmant qu'il a été
1. Au sujet de la Gaule, je relève une erreur de fait : « La province narbon-
naise de la Gaule soumise aux Romains par J. César (52 av. J.-G.), » dit l'au-
teur, p. 32, « était, du temps de Pline l'Ancien, plutôt une Italie qu'une pro-
vince. » En réalité, la Narbonnaise a été constituée en province en 121 av.
J.-C. Voyez E. Desjardins, la Gaule romaine, II, 282.
2. « Cum vastatum Illyricum ac Moesiam deperditam videret, provinciam
Daciam a Trajano constitutaui, sublato exercitu et provincialibus, reliquit,
desperans eam posse retineri, abductosquc ex ea populos in Moesia collocavit. »
Vopiscus, Aurelian., ch. xxxix. Cité par M. Xénopol, p. 15.
3. « Quœ omnia, dit Vopiscus [Aurel., ch. i), ex libris linteis, in quibusipse
quotidiana sua scribi praeceperat pro tua sedulitate (il s'adresse à Tibérianus, qui
l'avait exhorté à écrire la vie de l'empereur) condisces. » Cité p. 19.
^48
obligé d'abandonner à l'ennemi une province de son empire? Était-ce
un événement dont il dût prendre de l'orgueil, et dont ses panégyristes .
dussent s'empresser de transmettre le souvenir à la postérité ? La vérité
est, je crois, que sur le fait de l'évacuation, il n'y avait à tromper per-
sonne; on y était préparé depuis qu'Hadrien avait mis le pont jeté par
Trajan sur le Danube hors d'état de servir ^. Depuis le commencement
du ni« siècle au moins, c'est-à-dire depuis l'arrivée des Goths sur les
bords du Pont-Euxin, la possession de la Dacie était devenue des plus
précaires 2, et l'ordre de l'empereur, attendu sans doute depuis long-
temps, a dû s'exécuter promptement^. Quoi qu'en dise M. Xénopol, les
émigrants pouvaient trouver dans la Mésie, même dévastée, un asile
moins incertain que chez eux ; le Danube ne formait pas une limite
infranchissable, mais c'était encore une solide base de défense. Je crois
très volontiers que la Dacie n'a pas été entièrement évacuée par tous
ses habitants : ceux qui étaient le plus près du Danube ont franchi le
fleuve; ceux qui étaient voisins des montagnes se sont mis à l'abri
derrière leurs rochers. C'est là, en effet, que M. Xénopol montre les
Daces romanisés trouvant un asile inexpugnable; c'est là, d'après lui,
qu'ils restèrent confinés pendant le millier d'années que durèrent les
invasions dans la basse vallée du Danube, pour redescendre ensuite dans
la plaine qu'ils occupent aujourd'hui. Reste à prouver que ces fugitifs
étaient en effet tous romanisés. La condition désolée où se trouvèrent
les Daces, depuis le début du in^ siècle, ne permet guère de croire que
l'influence latine ait pu s'exercer d'une façon assez paisible ni assez
continue.
La première partie de la thèse soutenue par M. Xénopol ne me
paraît pas solidement établie. Voyons, maintenant, comment il réfute
les hypothèses présentées par ses adversaires pour expliquer l'immi-
1. Si tant est cependant qu'Hadrien ait fait rompre le pont de Trajan. Voyez
sur ce point Duruy, Histoire des Romains, t. IV (1874, in-8°), p. 331.
2. Xénopol, p, 20.
3. M. Xénopol discute encore, p. 19, un passage d'Eutrope. Cet liistorien nous
dit qu'Hadrien, jaloux de la gloire de Trajan, abandonna aussitôt les trois pro-
vinces d'Assyrie, de Mésopotamie et d'Arménie, et il ajoute : « Idem de Dacia
facere conatura amici deterruerunt, ne multi cives romani barbaris traderentur. »
Par conséquent, dit M. Xénopol, « dans l'idée des Romains, » la retraite des
troupes ne devait pas avoir pour conséquence nécessaire celle des citoyens, et,
si cette idée était vraie au temps d'Hadrien, elle devait l'être aussi bien encore
au temps d'Aurélien. C'est possible, mais Vopiscus dit formellement qu'Auré-
lien ramena l'armée « et les provinciaux, » et, comme je l'ai dit plus haut, je
ne vois pas de raison sérieuse pour inûrmer le témoignage de ce chroniqueur.
Sur la mesure prise par Aurélien, Eutrope ne fait que répéter Vopiscus :
« Abductosque Romanos ex urbibus et agris Daciae in mediara Moesiam collo-
cavit. » Cité p. 15.
1/(9
gration dans l'ancionne Dacic d'un peuple pariant une langue latine.
Rœsler, on l'a vu, prétend que les Roumains sont venus de la Mésie.
Mais, réplique M. Xénopol (p. 38 et suiv.), l'élément romain a toujours
été très faible dans cette province, et il en a certainement disparu de
bonne heure sous le flot des invasions. A aucune époque du moyen
âge, les auteurs byzantins ne signalent sur le territoire de l'ancienne
Mésie un groupe quelque peu important de population romane; « on ne
rencontre pas un seul Vaiaque entre les Balkans et le Danube; toutes
les mentions relatives à ce peuple se rapportent aux régions monta-
gneuses situées au sud des Balkans » (p. 39). Sur ce point, l'argumen-
tation paraît très solide, et il est difficile, en effet, que les Roumains
soient venus de la Mésie, s'ils n'y ont jamais été. Pour M. Tomaschek,
les ancêtres des Roumains sont les Besses romanisés, qui auraient quitté,
à la fin du xi^ siècle, leur pays, situé au sud des Balkans; mais cet
auteur ne donne aucune preuve à l'appui de son opinion, dans laquelle
il parait n'avoir d'ailleurs lui-même qu'une médiocre confiance (voyez
p. 55).
De la très intéressante discussion à laquelle s'est livré M, Xénopol
dans ce chapitre, je retiens au moins ce fait : les chroniqueurs byzan-
tins mentionnent fréquemment la présence de Yalaques (BXâxot) au sud
du Danube, ou mieux dans les Balkans, l'Hémus, le Rhodope; ces
Yalaques ont joué un grand rôle dans l'histoire du premier et du second
Etat bulgare ; mais on n'a pas prouvé que ces Valaques formaient un
élément bien déterminé parmi les populations balkaniques. Parlaient-
ils une langue dérivée du latin ? Il eut été bon d'éclairer ce point, car
le nom de Vaiaque a désigné au moyen âge les peuples les plus divers < ;
assurément, il n'avait pas la même valeur qu'aujourd'hui. M. Xénopol
attache cependant au mot Bli^oi le même sens que nous au mot Yalaques.
De là, une sorte de confusion perpétuelle, qui ne laisse pas de mettre
le lecteur mal à l'aise.
Cette tendance, qui pousse M. Xénopol à donner aux termes employés
par les chroniqueurs anciens, peu versés à coup sur dans les questions
d'ethnographie, une précision toute moderne, reparaît dans le cha-
pitre IV, intitulé : l'Église bulgare chez les Roumains. Gomment expli-
quer, a-t-on dit, que les Roumains aient adopté le rite slave ou bulgare,
que le bulgare ou vieux slovène ait été pendant des siècles la langue offi-
cielle et écrite des Roumains en Roumanie, si ces descendants des
anciens Daces n'ont jamais traversé le Danube ? M. Xénopol répond
« que la Bulgarie, au moins pendant la durée du premier État bulgare^,
1. Voyez les preuves qu'en donne M. G. Paris dans l'article qui sert d'intro-
duction au 1" vol. de la Romania.
2. Ce premier einj)ire bulgare péril en 1018, détruit par l'empereur d'Orient,
Basile II, dit le Buigaroctone. Voyez p. 63.
450
s'étendait aussi au nord du fleuve, sur la Moldavie, la Valachie et la
Transylvanie » (p. 56). Ici encore, son argumentation, tout ingénieuse
qu'elle est, n'emporte pas la conviction. Je citerai seulement un exemple
de la facilité avec laquelle M. Xénopol interprète parfois les textes dans
un sens favorable à sa causée II cite (p. 59) ce passage de Constantin
Porphyrogénète : « Les Hongrois confinent vers l'Orient aux Bulgares,
dont ils sont séparés par le fleuve Ister ; vers le nord aux Petchénègues,
vers l'Occident aux Francs, vers le sud aux Croates. » L'auteur souligne
les mots : confinent vers l'Orient, et en conclut que les Bulgares étaient
les voisins immédiats des Hongrois à l'est de ceux-ci, c'est-à-dire en
Valachie. On est tout aussi bien autorisé à souligner les mots : dont ils
sont séparés par le fleuve Ister, et à comprendre que le Danube séparait,
alors comme aujourd'hui, les Hongrois des Bulgares. Quoi qu'il en soit
d'ailleurs, et ne pouvant reprendre un à un tous les textes, discuter
tous les faits allégués par l'auteur, je demanderai la permission de repro-
duire la conclusion de cet intéressant chapitre : « Les Roumains n'ont
pu revenir de la Mésie, puisqu'ils n'y ont jamais existé. Pour expliquer
le rôle des Valaques de l'autre côté du Danube au temps de l'État
valacho-bulgare, on n'a pas besoin d'imaginer qu'ils aient été excessi-
vement nombreux dans la Mésie. Les premiers chefs de l'insurrection
(contre l'empire byzantin) étaient Valaques ; les premières luttes de Tin-
dépendance eurent pour théâtre le mont Hémus, patrie des Valaques ;
l'élément bulgare, qui était le seul cultivé, finit par avoir le dessus, et
l'état valacho-bulgare se changea insensiblement en un État purement
bulgare. Quant au rite bulgare que l'on rencontre chez les Roumains du
nord du Danube, il y a été introduit pendant le premier État bulgare,
qui étendait sa domination jusque dans la Pannonie. Les relations des
1. P. 235, M. Xénopol s'est certainement mépris sur un passage des Annales
de Fulda. Elles racontent qu'en 896 les Grecs firent la paix avec les Avares ou
Hongrois; les Bulgares, mécontents, prennent les armes et ravagent tout le
pays jusqu'aux portes de Constantinople. « Quod ad ulciscendum Greeci astu-
cia sua naves illorurn contra Avaros mittunt, ac eos in regnura Bulgarorum ultra
Danubium transponunt. Illi transpositi, manu cum valida gentem Bulgarorum
ingressi, maximam partem caedendo neci tradiderunt. » Après ac eos, M. Xéno-
pol sous-entend Graecos; c'est Avaros qu'il faut au contraire. Le sens est donc :
les Grecs, pour se venger des Bulgares, usent de ruse : ils feignent d'envoyer
leurs vaisseaux contre les Avares, mais ces vaisseaux vont prendre les Avares
au nord du Danube et leur font passer le fleuve. Arrivés ainsi au delà (au sud)
du Danube, ces Avares, qui viennent de faire la paix avec Byzance, attaquent les
Bulgares, en tuent un grand nombre et forcent ceux qui étaient alors en expé-
dition de revenir en toute hâte pour défendre leur patrie. On ne saurait donc
invoquer ce passage pour prouver que les Avares ou Hongrois étaient voisins
des Bulgares au nord du Danube; le texte dit formellement que ces Bulgares
étaient au sud du fleuve.
i51
églises moldaves et valaques avec le siège d'Ohrida' prouvent que les
Roumains n'ont pu recevoir le christianisme bulgare qu'au nord du
fleuve, car, s'ils avaient émigré de Mésie en Dacie à partir de la Bn du
xn« siècle, ils auraient dû obéir à l'autorité spirituelle du patriarche de
Tirnovo ; s'ils étaient venus de plus loin encore, du sud des Balkans,
ils devraient ollicier en langue grecque, ainsi que le font ceux de la
Macédoine » (p. 71).
Au chapitre v, M. Xénopol recueille et critique les témoignages des
chroniqueurs du moyen âge, qui attestent la présence des Roumains au
nord du Danube. A vrai dire, c'est à partir du xu« siècle seulement
qu'on trouve des Valaques mentionnés dans l'ancienne Dacie trajane ;
mais ces chroniqueurs en parlent comme d'un peuple établi déjà depuis
longtemps dans le pays, et même antérieurement à la conquête hon-
groise. Le plus ancien est ce notaire anonyme d'un roi de Hongrie,
Béla^, au témoignage de qui Rœsler refuse d'attribuer aucune autorité,
mais que notre auteur venge assez bien de ces injustes dédains. La
chronique attribuée à Nestor, et qui est du xi'= siècle, vient appuyer
l'affirmation de l'anonyme 3, et il est difficile, après l'argumentation de
M. Xénopol, de ne pas admettre l'existence, au nord du Danube, d'un
peuple appelé Valaque, depuis au moins le V* siècle. Mais, encore une
fois, ce nom seul de Valaque suffit-il pour désigner un peuple parlant
une langue dérivée du latin? Pour les Valaques situés au sud des Bal-
kans, l'auteur cite (p. 40) un seul exemple d'un mot vraiment roumain;
pour ceux de la Transylvanie, il n'en cite pas.
Après les témoignages tirés des chroniqueurs, viennent les témoi-
gnages tirés des chartes et autres actes publics (ch. vi) ; le premier docu-
1. L'ancienne Prima Jusliniana, dans la Macédoine. Le patriarcat d'Ohrida
n'exista sous sa forme bulgare que du temps du premier Étal bulgare, détruit
en 1018; ensuite, il fut grécisé. Les Bulgares du second royaume indépendant
eurent pour patriarche le métropolitain de Tirnovo; la Mésie, au xn" siècle,
dépendait de la Bulgarie, et par conséquent du patriarche de Tirnovo. Voyez
Xénopol, p. 65 et suiv.
2. Quel est ce Bêla? Bêla I", d'après Amédée Thierry (1061-1063); d'après
Rœsler, c'est Bêla IV (1235-1270); d'après M. Pic, c'est Béla III (1174-1196).
M. Xénopol ne se prononce pas clairement sur ce point, très important cepen-
dant. Il paraît pencher plutôt pour Bêla I'^
3. M. Xénopol cite Nestor, et avec raison, d'après la traduction récente qu'en
a donnée M. Louis Léger : Chronique dite de Nestor, traduite sur le texte sla-
von-russe, avec introduction et commentaire critique (Leroux, 1884). C'est la
première traduction française faite directement sur l'original, par un homme qui
connaît bien les anciens idiomes slaves. Dans son introduction, M. Léger expose
que le moine Nestor, hagiographe de la fin dn xi^ siècle, ne peut être l'autour
de la chronique qu'on lui attribue d'ordinaire. Cette chronique est l'œuvre ano-
nyme d'un moine du monastère Petchersky, de Kiev. Dans sa forme primitive,
elle s'arrête brusquement à l'année 1113.
452
ment hongrois sur la Transylvanie qui mentionne des Roumains dans
ce pays date de 1197, et contient un mot dont un des éléments paraît
bien roumain. L'étude de cette charte et d'autres appartenant au
XIV* siècle autorise M. Xénopol à conclure, contre Rœsler, que les
Valaques occupaient la Transylvanie depuis longtemps, et, contre
M. Hunfalvy, qu'ils étaient possesseurs du sol, et non point nomades,
comme le serait un peuple d'émigrants arrivés depuis peu. C'est assez
tard que ces Roumains de la Transylvanie, opprimés par les Hongrois,
perdirent peu à peu la propriété foncière ; dans des pages qui comptent
certainement parmi les plus intéressantes du livre, M. Xénopo! expose
cet asservissement graduel du peuple roumain. « Dans les anciens
temps, » dit-il (p. 130), mais l'expression est bien vague : en réalité,
l'état des choses décrit par M. Xénopol ne se rapporte pas d'une façon
certaine à des temps plus anciens que le xii^ siècle, « les Roumains
jouissaient de droits qu'ils perdirent dans la suite. Ainsi, nous les
voyons soumis à leurs chefs particuliers, les knèses, et gouvernés dans leurs
districts par des seigneurs territoriaux, les voévodes ; ils possèdent un
droit coutumier qui règle leurs relations, non seulement avec eux, mais
encore avec le fisc ou les propriétaires; ils ont une noblesse nombreuse
et puissante, qui se met souvent en hostilité avec l'autorité royale, et
que le roi tâche de gagner par des donations importantes. Tous enfin,
nobles et roturiers, prennent une part effective aux assemblées du pays
ou à celles des districts; ils sont chargés pour la plupart de défendre
les frontières du pays, ainsi que les Saxons et les Szèkles, et jouissent,
dans ce cas, d'immunités importantes qui les mettent au niveau
du peuple conquérant. Tous ces droits, dont l'importance n'a pas
besoin d'être démontrée, disparaissent avec le temps. » Faut-il cepen-
dant aller aussi loin que M. Xénopol, et admettre avec lui (p. 131) que
« cet exposé suffit à lui tout seul pour renverser de fond en comble la
théorie de Rœsler? Car, si on admettait que les Roumains se sont insen-
siblement introduits en Transylvanie comme peuple nomade, comment
serait-il possible de trouver ce même peuple jouissant, au commencement
de son existence dans ce pays, de droits si importants, et de le voir perdre
ces droits par la suite? » L'existence de ce peuple dans ce pays ne
commence, si l'on s'en tient au témoignage rigoureusement interprété
des chroniques et des chartes, qu'au xt« ou x= siècle au plus. Est-ce là
une preuve formelle de la continuité des Daces romanisés dans leur
pays? Et n'y a-t-il pas quelque illusion naïve dans ce raisonnement
t[ui clôt le chapitre (p. 132) : « Les Roumains ont de tout temps protesté
contre leur oppression; dès le commencement de leur révolte, ils
demandent et, jusque dans les derniers temps, ils continuent d'invo-
quer les prérogatives et les libertés qu'ils avaient auparavant; ainsi nous
les voyons, dans un acte de 1437, invoquer les libertés concédées à eux
par saint Etienne et ses successeurs. Un peuple ne saurait avoir l'au-
V63
dace d'invoquer comme siens des droits qu'il n'a jamais eus, et le seul fait
que nous voyons les Roumains prétendre à de pareils droits, prouve
certainement qu'il a dû les posséder dans un temps antérieur. »
« Un argument des plus concluants, pour prouver que la Dacie a été
abandonnée par sa population, consisterait à montrer l'absence, dans
le pays, de noms de lieu d'origine dace ou romaine. » C'est par ces
mots que débute le chapitre vu, intitulé Toponymie. M. Xénopol a fait
cette remarque très ingénieuse : la plupart des villes et des gros villages
daces ont été détruits et leur nom a péri avec eux ; mais les fleuves,
surtout dans leur cours supérieur, les montagnes et les hauts plateaux
ont gardé leur terminologie antique. C'est que l'invasion qui, dans la
plaine dace, a duré un millier d'années (238-1240), a fatalement détruit
ces villes; les habitants se sont réfugiés dans les montagnes, toujours
plus haut, dans des retraites toujours plus inaccessibles; aussi les mots
roumains ont-ils persisté dans la montagne, tandis que, dans la plaine,
les mots slaves, hongrois, allemands, apportés par les divers envahisseurs
du pays, sont en majorité. Mais, demanderai-je à mon tour : qu'est-ce au
juste que cette langue daco-romaine dont vous nous parlez? La plupart
des noms que vous citez ne sauraient s'expliquer par le latin. Vous
dites quelque part, avec grande apparence de raison, que ce sont là des
vestiges de l'ancienne langue dace; mais le dace n'est pas le latin. Ce
qu'il faudrait prouver, c'est que les Daces ont donné à leurs lieux de
refuge une nomenclature latine; si au contraire cette nomenclature est
dace, c'est donc qu'ils parlaient dace et non latin. Bref, nous retrouvons
ici, mais plus nettement accusée, cette pétition de principes que j'ai
déjà plusieurs fois signalée : tout peuple appelé valaque est aux yeux
de M. Xénopol un peuple roumain, au sens actuel du mot, et c'est jus-
tement ce qu'il faudrait démontrer. Prouvez qu'il n'a jamais cessé d'exis-
ter dans l'ancienne Dacie trajane, non un peuple valaque, mais un
peuple (quel qu'en soit le nom) parlant latin ou une langue dérivée du
latin. L'ancienne population dace est-elle restée dans son pays origi-
naire ? Avec vous je réponds : Oui. A-t-elle été entièrement romanisée,
et est-elle restée romanisée pendant tout le moyen âge? J'en doute
encore; du moins, la preuve, pour moi, n'est pas administrée.
La dernière discussion de fait contre la théorie rœslèrienne occupe
le chapitre vin, consacré à l'étude de la langue. En effet, a-t-on dit :
1" le langage des Daco-Roumains est identique à celui des Roumains
de la Macédoine ; donc les deux peuples ont coexisté sur le même terri-
toire ; 2° il existe dans le roumain actuel certains éléments empruntés
à l'albanais et au bulgare; les Roumains ont donc vécu à côté des Alba-
nais et des Bulgares, c'est-à-dire au sud du Danube. Je regrette de
n'avoir sur cette question de langue aucune compétence personnelle.
Je dirai seulement qu'à mon avis, M. Xénopol a prouvé que le langage
des Roumains de l'ancienne Dacie n'est pas identique à celui des
154
Roumains de la Macédoine ; quant à l'élément albanais, il y voit tout
simplement (p. 185) la persistance de l'élément dace primitif; le rou-
main ne l'aurait donc pas emprunté à l'albanais, mais à la source
même d'où l'albanais l'a prise''. Sur un point cependant, je hasar-
derai une réflexion. On a remarqué depuis longtemps qu'il n'y a pas en
roumain de dialecte ; la langue parlée est la même, à quelques diffé-
rences près d'accent, et à part quelques provincialismes (p. 174), sur
un vaste territoire de trois cent mille kilomètres carrés, aussi étendu
que l'Italie. Comment expliquer ce fait? Tout naturellement, répond
M. Xénopol (p. 175), « si l'on admet que les éléments dont se com-
pose la nationalité roumaine se sont fondus en un seul tout, au milieu
des Carpathes. » Mais est-ce là que les diverses parties du peuple rou-
main ont pu « se fondre en un seul tout? » Est-il vraisemblable que la
langue se soit maintenue identique dans ces hautes vallées isolées les
unes des autres ? Hypothèse pour hypothèse, ne serait-il pas plus simple
de croire que la plaine roumaine a été colonisée par un seul peuple
immigré ?
Nous arrivons enfin à la dernière partie du livre (chap. ix : Argu-
ments généraux). Le théorie rœslérienne est, d'après notre auteur, inca-
pable de rendre compte d'un certain nombre de traits caractéristiques
de l'histoire roumaine. Pourquoi les Roumains ont-ils toujours été un
peuple agriculteur? Pourquoi les traditions relatives à la fondation de
la Moldavie et de la Valachie placent-elles l'origine de ces principautés
dans les montagnes de la Transylvanie ? Combien enfin, avec la théorie
de Rœsler, ne faudrait-il pas admettre que les anciens Daces ont changé
de demeures? Je n'insisterai pas autrement sur ces divers points : là, l'au-
teur a présenté plus de raisonnements que de faits précis ; autrement,
il n'aurait pu que se répéter. Mais je ne le suivrai pas dans ces raisonne-
ments. Ils sont certainement très spécieux; c'est affaire d'apprécia-
tion personnelle. Si les précédents chapitres ont porté la conviction
dans l'esprit du lecteur, on admettra les considérations générales de
l'auteur, sans les contester; sinon, il vaudra mieux sans doute les
laisser à l'écart, comme n'étant pas des arguments directs en faveur
de la thèse soutenue. Pour moi, je l'avoue, je n'ai pas été convaincu par
M. Xénopol. La critique qu'il a faite de la théorie rœslérienne est
très habile, très savante; sur beaucoup des points particuliers, elle est
victorieuse ; cette partie de son travail restera certainement. A-t-il prouvé
la continuité des Roumains ? Je ne le pense pas, et je me suis efforcé de
dire pourquoi : les arguments de l'auteur m'ont paru plus spécieux que
décisifs ; il m'a semblé même qu'on pouvait en retourner aisément plu-
sieurs contre lui. Je ne dis pas qu'il n'a pas raison; je souhaite même
de tout mon cœur pour lui et pour ses compatriotes, si jaloux de leurs
1. Pour ce qui concerne l'élément slovène, voyez p. 188.
455
« droits historiques, » que sa théorie soit la seule vraie ; mais, si l'on
reste au point de vue strictement scientifique, la conclusion du livre
n'est pas évidente ; l'énigme n'est pas résolue.
Gh. Bémont.
Alishan (D"" Léonce), de l'ordre des Mékhitaristes. — Sùsouan, pan-
tographie de la Cilicie arménienne et histoire du roi Léon P^ le
Magnifique (en arménien). Venise, S. Lazzaro, 1885. In-4°, 24-
xij-592 pages (8 chromo)., 2 héliogr., 3 planches, 30 fac-similés,
3 cartes, nombreux bois et héliogr. dans le texte) .
Le royaume arménien de Cilicie, uni par tant de liens aux États
chrétiens d'outro-mer, a toujours été considéré comme faisant partie
intégrante de l'Orient latin, dont son histoire ne peut être séparée,
surtout pendant le xni'' et le xiv« siècle. L'influence latine a été,
en effet, si puissante sur cette petite nation, échappée comme par
miracle à des siècles d'invasions successives, et devenue, à la suite
des croisades, la fidèle alliée et la coreligionnaire des Francs du
Levant, que l'on peut dire qu'au temps le plus prospère de l'Arméno-
Gilicie, la civilisation féodale de l'Occident s'y était implantée tout
entière. Rien ne saurait donc être plus intéressant pour nous que
l'étude de ce coin de terre, qui a si longtemps vécu des mœurs de nos
ancêtres, partagé leurs idées et même parlé leur langue. Et pourtant,
malgré les travaux d'explorateurs intelligents comme "Victor Langlois
et de savants comme Dulaurier, l'Arméno-Gilicie est encore pour nous
comme une terra incognita, avec ses centaines de châteaux, perdus dans
les gorges de montagnes inaccessibles, et ses innombrables monastères,
qui ont été, au moyen âge, autant de foyers de culture littéraire et
artistique.
Si peu que l'on en connût encore, il était désirable qu'un ouvrage
d'ensemble vînt réunir les données éparses dans les relations des voya-
geurs modernes, aussi bien que dans les textes des chroniqueurs. G'est
cet ouvrage que le R. P. Léonce Alishan vient de mettre au jour, avec
un luxe d'illustrations qui le rend infiniment précieux, même pour ceux
qui n'entendent point la langue arménienne; car c'est dans cette langue,
et à dessein, qu'a voulu écrire l'auteur; c'est à ses compatriotes qu'il
dédie cette encyclopédie vraiment nationale du passé et du présent de
l'Arméno-Gilicie.
L'ouvrage, à la fois géographique et historique, ne néglige rien de ce
qui peut intéresser le lecteur oriental; je suis peu compétent pour juger
de la partie consacrée à la description physique, à la géologie, à la
botanique du pays, et que viennent éclairer de nombreuses gravures.
Mais je veux attirer l'attention des lecteurs d'Occident sur la partie
géographique, historique et archéologique de l'ouvrage, partie qu'une
^S6
introduction française, expliquant les illustrations, leur permettra par-
faitement d'apprécier.
Au point de vue géographique, il trouvera un grand nombre de bois,
très bien gravés, représentant les sites les plus remarquables et les prin-
cipales villes, et trois cartes, dont une générale, en trois couleurs et à
grande échelle, qui sera d'un grand secours pour l'intelligence d'une
foule de faits de l'histoire de l'Orient latin. Les villes historiques de
Gilicie, Sis, siège du patriarcat^ l'opulente Ayas, Anazarbe, Zéthoun,
Lambron, Borigos, et vingt autres sont l'objet de notices spéciales.
L'auteur n'a pu retrouver les noms des deux cents châteaux, dont
parle Machaeras; mais il en a identifié une centaine, dont il nous
donne la liste : les plus célèbres, Popéron, le fief du connétable
Semprad, Lambron, patrie de S. Nersès, Amouda, Sarvantikar,
Bodrôme, le célèbre Gorigos, Gaston, Loulou, dont parle Bertrandon de
la Broquière, Podandum, par où entrèrent les croisés de 1097, et plu-
sieurs autres sont décrits avec soin. Il a passé de même en revue un
grand nombre d'abbayes, dont l'une était une école de musique, floris-
sante au moyen âge, et nous a laissé ses recueils de mélodies. Plusieurs
eurent des religieux latins; un grand nombre existent encore inexplo-
rées, surtout dans la Montagne-Noire (Amaiis), et recèlent certainement
un grand nombre de documents historiques et archéologiques. Pour les
archéologues, le P. Alishan a relevé avec soin, en en donnant le dessin,
toutes les ruines antiques connues jusqu'ici et toutes les inscriptions
qu'il a pu trouver. L'une de celles-ci, dojit le texte, déchiffré par S. Ner-
sès, nous est seul parvenu, est plus curieuse, il est vrai, que bien
authentique; elle se trouvait près d'Issus et était ainsi conçue : « A
« Mopsueste, devant les Portes, près des tourbillons d'Aleus, en Gilicie :
« ossements des myriades de Perses, faits par Alexandre le Macédonien.
« C'est nous (Grecs) qui alors suivîmes les traces du roi Darius. »
L'auteur ne néglige ni les sceaux, ni les monnaies, ni les reliquaires,
ni les miniatures des manuscrits historiques : de nombreux fac-similés
font passer sous les yeux du lecteur une grande partie de ce qui nous
est parvenu, en ce genre, du moyen âge arménien.
Enfin, l'histoire occupe une place considérable dans l'ouvrage. Outre
les documents déjà publiés, soit en arménien, soit dans les langues occi-
dentales, outre deux lettres inédites de Clément III, 1189 (p. 467), outre
ces mémoriaux, si importants au point de vue chronologique, qui ter-
minent les manuscrits arméniens et dont l'auteur a réuni une collection
importante, il a eu entre les mains deux manuscrits inédits, l'un de la
fin du xm^ siècle, contenant une histoire des rois de la petite Arménie,
pleine de faits nouveaux, l'autre plus récent, mais qui paraît reproduire
une histoire, jusqu'ici inconnue, du célèbre roi d'Arménie, Léon I*' le
Magnifique, mort en 1219, et qui, le premier, entra dans ce que nous
appelons aujourd'hui le concert européen. Ce roi a joué un si grand rôle
457
dans l'histoire de son pays et a eu avec les Latins des rapports si inté-
ressants, que l'on ne peut que louer le P. Alishan de lui avoir consacré
un appendice spécial, où nous trouvons des détails inédits sur la vie de
ce prince, et, en particulier, sur ses rapports avec Saladin.
Après avoir parcouru ce livre magniûque, on ne peut se défendre d'un
regret presque amer : y a-t-il en Europe, en dehors des Arméniens,
beaucoup plus de vingt érudits en état de faire autre chose (et c'est à
quoi s'est vu réduit l'auteur du présent compte rendu) que feuilleter et
admirer les bois et les planches du volume?
Il y a là cependant une somme de recherches et surtout une dépense
d'illustrations qui ne sauraient rester stériles; elles paraissent exiger
impérieusement, sinon une édition française, du moins un abrégé, qui,
reproduisant toutes les gravures et toutes les planches, donnerait, avec
les explications nécessaires, la traduction des parties du livre qui ne
sont point empruntées aux sources connues en Occident.
L'auteur regrette à juste titre que, tandis qu'on parcourt à grands
frais des pays d'un intérêt historique ou archéologique discutable, les
gouvernements occidentaux n'aient jamais songé à une exploration
sérieuse, méthodique, complète, du massif montagneux qui ferme au
nord le golfe d'Alexandrette, et surtout qu'on laisse dormir, dans des
monastères inconnus, tant de renseignements précieux, et qui sait?
peut-être (soit en originaux, soit en versions arméniennes) de véritables
trésors historiques. Eh bien ! il me semble que le meilleur, peut-être le
seul moyen de provoquer et la curiosité des jeunes érudits, et aussi les
libéralités ministérielles, est de donner une large publicité à ce que l'on
connaît déjà, pour faire sauter aux yeux l'importance de ce qui reste à
connaître. Les justes éloges que j'adresse à la publication du P. Ali-
shan comportent donc cette réserve formelle que, sans l'édition fran-
çaise que je lui demande, son livre, si utile qu'il puisse être à ses com-
patriotes, n'aura pas rendu à la science historique et géographique des
services en rapport avec la peine et l'argent qu'il a dû coûter.
Comte Riant.
Codex Vindobonensis membranaceus purpureus literis argenteis
aureisque scriptus. Antiquissimx evangeliorum Lucx et Marci
translationis latinx fragmenta. Edidit J. Belsheim. Lipsiœ, T. 0.
Weigel, 4 885. ln-8", viii-7i p. Avec une planche.
Epistulae Paulinx ante Hieromjmum latine translata ex codice
Sangermancmi grœco latino, olim Parisiensi, nunc Petropolitano.
Emit et edidit J. Belsheim. Christianise, -1885. In-8% vir-87 p.
Le docteur Belsheim poursuit avec la plus louable ardeur et le soin
le plus scrupuleux la recherche et l'édition de ce qui nous est parvenu
des très anciennes versions latines du Nouveau Testament.
458
Dans le premier des opuscules que nous annonçons, il a reproduit les
fragments des Évangiles de saint Luc et de saint Marc que contient le
ms. 1235 de la Bibliothèque impériale de Vienne; ce manuscrit, exé-
cuté en onciales d'or et d'argent sur parchemin pourpré, paraît dater de
la fin du vii^ siècle; il a été porté en 1717 de Naples à Vienne. Un fac-
similé de quatorze lignes est placé en tête de l'édition.
Le second opuscule du D"" Belsheim nous offre la version latine des
Épitres de saint Paul, telle qu'on la trouve dans un ms. de Saint-Péters-
bourg, renfermant à la fois le texte grec et la version latine. Ce ms., jus-
tement célèbre, paraît avoir été copié sur le « Codex Claromontanus, »
aujourd'hui n" 107 du fonds grec à la Bibliothèque nationale de Paris.
Il a pour nous un intérêt particulier : c'est, en effet, l'un des volumes de
l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés qui furent volés en 1791 et qui ont
émigré en Russie. Il venait probablement de Gorbie, et, selon toute
apparence, il répond à l'article 247 de l'ancien catalogue des livres de
ce monastère : « Epistole Pauligrece; epistole Pauli latine. » Outre les
Épitres de saint Paul, il contient le compte des versets de chacun des
livres de la Bible. Le texte de ce document se trouve à la page vn des
EpistuliB PaulinsB.
De telles publications font grand honneur à M. Belsheim. Fort utiles
pour la critique du texte du Nouveau Testament, elles se recommandent
en même temps à l'attention des paléographes et des philologues.
L. Delisle.
La Librairie des papes d'Avignon, sa formation^ sa composition, ses
catalogues (13'I6-U20), d'après les registres de comptes et d'in-
ventaires des Archives vaticanes, par Maurice Faucox, ancien élève
(le l'École des chartes, ancien membre de rÉcole française de Rome,
tome I". (Fascicule 43« de la Bibliothèque des Écoles françaises
d'Athènes et de Rome.) Paris, Thorin, -1886. In-8°, xxii-263 pages.
L'histoire de la bibliothèque et des archives pontificales fait chaque
jour de nouveaux progrès. L'année passée, les Bénédictins éditeurs du
Registre de Clément V faisaient paraître plusieurs pièces relatives à la
bibliothèque de Clément V et de Jean XXII. Un peu plus tard, le
P. Ehrle publiait une étude sur l'histoire du trésor, de la bibliothèque
et des archives des papes durant le xiv^ siècle <. Tout récemment, le
P. Denifle, sous-archiviste du saint-siège, éditait un inventaire des
registres du xin^ siècle dressé en 1339, non sans l'accompagner d'une
notice des plus intéressantes 2. Et l'on nous promet sous peu l'appari-
1. Dans VArchiv fur Litteratur- und Kirchen-Geschichte des Mittelalters.
2. Die pxpstlichen Registerbeende des 13. Jahrhunderts und das Inventât
derselben vom J. 1339. Berlin, 1886, in-8°.
tion d'une histoire de la bibliothèque pontificale au xv» siècle, due à la
collaboration de MM. Mùntz et Fabre. C'est la librairie formée par les
papes d'Avif]çnon dont notre confrère M. Maurice Faucon nous retrace
aujourd'hui la formation, les enrichissements successifs, la dispersion,
à grand renfort de documents puisés aux meilleures sources.
En arrivant à l'École française de Rome, M. Maurice Faucon était
préparé par ses études antérieures au travail qu'il allait entreprendre.
La papauté, au xiv siècle, et plus particulièrement le pontilicat bril-
lant de Clément VI, avaient été, pendant plusieurs années, l'objet de ses
recherches et lui avaient fourni la matière d'une thèse fort remarquée.
Il retira d'autant plus de fruit du dépouillement des registres du Vati-
can : ses récentes publications nous en ont déjà donné la preuve. Ce
dernier ouvrage, plus important et par la nature du sujet et par l'éten-
due des développements, otfre les mêmes qualités de fond, la même
sûreté d'informations et la même variété de points de vue.
La librairie des papes d'Avignon prit surtout de l'extension sous le
pontificat de Jean XXII, qui, résolu à vivre sur les bords du Rhône,
disposait toutes choses en vue d'une installation définitive de la papauté
dans le Comtat. M. Faucon explique fort bien ce que les lettres et les
sciences durent à l'initiative de ce pontife et de ses cardinaux. A partir
de 1316, les renseignements fournis par notre confrère deviennent sin-
gulièrement précis ; les registres caméraux ont conservé la trace de tous
les achats de livres faits par les papes, et M. Faucon, qui a eu la patience
de relever toutes ces mentions, nous apprend, année par année, de quels
volumes s'enrichissait la bibliothèque du saint-siège. Il est vrai que les
livres donnés, échangés ou même transcrits par des scriptores à gages
demeurent en dehors de cette liste. Il est également vrai que, sous Clé-
ment VI et sous Innocent VI, le chapitre Pro scriptura et libris ne fut
plus tenu dans les comptes avec la même exactitude.
Urbain V, avant de mourir, passa trois années à Rome; Grégoire XI,
son successeur, quitta, en 1376, la France, avec l'intention bien arrêtée
de ramener le saint-siège en Italie : ni l'un ni l'autre n'eurent le temps
de transférer leur bibliothèque à Rome, et le grand schisme eut pour
conséquence de la fixer à Avignon. Elle y resta effectivement jusqu'au
commencement du xv^ siècle. Entre 1403 et 1411, Benoît XIII fit trans-
porter une notable partie de ses livres en Catalogne, dans son château
de Péniscola; ils devinrent, à sa mort, la proie de ses héritiers, ou furent
abandonnés au cardinal de Foix, et quelques-uns d'entre eux, passés du
collège de Foix dans le cabinet de Colbert, sont maintenant conservés
à la Bibliothèque nationale, où ils ont été depuis longtemps identifiés
par M. L. Delisle.
Telle est, en résumé, l'histoire de cette bibliothèque, qui atteignit
sous Urbain V son plus grand développement. C'est aussi à ce pontifi-
cat, et plus exactement au mois de mars de l'année 1369, que se rap-
^60
porte un document de première importance publié par M. Faucon :
l'inventaire détaillé de tous les volumes possédés par le pape. Cet inven-
taire ne comprend pas moins de deux mille cent cinq articles, livres de
théologie, de philosophie, d'histoire, de droit civil et canonique, véri-
table arsenal à l'usage des souverains pontifes. Il en résulte qu'aucun
prince en Europe, pas même le roi de France Charles V, ne possédait
alors une bibliothèque aussi considérable que le pape. On peut ajouter,
en empruntant les paroles de notre confrère : « La haute culture ecclé-
siastique de cette époque se dessine exactement dans le catalogue d'Ur-
bain Y, comme la science et les goûts littéraires laïques trouvent leur
plus fidèle expression dans l'inventaire de la librairie de Charles V. »
N. Valois.
LIVRES NOUVEAUX.
SOMMAIRE DES MATIÈRES.
Sciences auxiliaires. — Paléographie, 7. — Diplomatique, 95. —
Bibliographie, 94; bibliothèques : manuscrits, 12, 26-28, 48, 63, 72,
84 ; imprimés, 40.
Sources. — Archives, 3, 49, 62, 83; chartes, 29-31 ; cartulaires, 38, 45,
92, 107 ; obituaires, 103.
Histoire générale, 47.
Biographie, 20. — Beaumanoir, 16 ; saint Bertrand de Garrigue, 64 ;
Calabre, 53 ; saint Cyrille, 7 ; Dante, 2; Este, 25 ; Flandre, 111 ; Fresse,
35; Grimaldi, 102; La Barrière, 14; saint Malo, 44, 90; saint Méthode,
7; Miron, 36; saint Odilon, 101; Philippe- Auguste, 99; Pierre III,
archevêque de Bordeaux, 68; Rodolphe, roi de France, 76; Saxe, 23;
Tôlner, 114.
Institutions, 15, 34, 39, 43, 109.
Droit, 3, 29, 30, 56, 66, 82, 117, 118.
Église, 78, 108. — Ordres, 14, 64; monastères, 38, 43, 45, 61.
Sciences et arts, 33, 41, 60, 112.
Archéologie, 37, 70, 86, 88, 97, 98, HO. — Architecture : édifices
civils, 80; édifices religieux, 9, 58, 94. — Mobilier, verrières, etc., 10,
11, 51, 59, 77, 93, 116. — Numismatique, 102. — Musique, 25.
Langues et littératures, 106. — Latin, 2, 4, 74. — Langues romanes :
français, 16, 42; italien, 1, 2, 46, 87, 96, 100, 115. — Langues germa-
niques, 4, 13, 63. — Langues slaves, 7.
464
SOMMAIRE GÉOGRAPHIQUE.
Allemagne, 22, 50, 109, 112. — Alsace, 67. — Mecklembourg, 114.
— Saxe, 23.
Autriche, 65.
Belgique, 57, 66, 92, 95, 116, 117.
France, 27, 76, 82, 99. — Champagne, 91 ; Lorraine, 53; Poitou, 6;
Provence, 5. — Aisne, 17, 34; Hautes-Alpes, 30; Ardennes, 85;
Bouches-du-Rhône, 54, 70; Eure, 24, 104, 105; Eure-et-Loir, 43, 83,
113; Gironde, 3, 68; lUe-et- Vilaine, 44,90; Indre-et-Loire, 31 ; Loiret,
79; Lot-et-Garonne, 8 ; Maine-et-Loire, 11, IS ; Marne, 58, 98 ; Meurthe-
et-Moselle, 89; Meuse, 21; Nord, 38, 49, 111; Basses-Pyrénées, 35;
Rhône, 69; Saône-et-Loire, 29, 32, 101 ; Sarthe, 18; Haute-Savoie, 71 ;
Seine, 28, 36, 39, 40; Seine-et-Marne, 19, 73; Seine-et-Oise, 45, 52,
80, 81; Somme, 61, 72, 103; Vienne, 9; Yonne, 20, 94.
Grande-Bretagne, 62.
Italie, 33, 50, 78, 110. — Crémone, 37; Florence, 12, 26, 48, 118;
Modène, 25; Orvieto, 86, 88; Palerme, 84.
Monaco, 102.
Russie, 55.
Suisse, 75, 107.
Orient, 60.
1. Altissimo (Gristofano), Fiorentino. Strambotti e Sonetti, per cura
di Rodolfo Renier. Torino, Società bibUofila; Ancona, A. G. Morelli,
1886. In-8°, XLvn-75 p. (Rarità bibliografiche e Scritti inediti,'n° 2.)
4 1. 50 c.
2. Angeletti (Nazzareno). Cronologia délie opère minori di Dante.
Parte I : Convivio e De vulgari eloquentia. Gittà di Castello, S. Lapi,
1885. In-16, 99 p. 1 1.
3. Archives de la ville de Lectoure. Coutumes, statuts et records du
xine au xvi« siècle. Documents inédits, publiés pour la Société historique
de Gascogne par P. Druilhet. Paris, Champion. In-8°, 209 p. (Archives
historiques de la Gascogne, 9^ fascicule.) 6 fr.
4. Arnoldi Lubecensis Gregorius peccator de Teutonico Hartmanni
de Aue in Latinum translatus. Herausgegeben von D^ Gustav von Buch-
wald. Kiel, Homann, 1886. In-8% xxv-127 p. 3 m.
5. Arve (Stéphen d'). Miettes de l'histoire de Provence : les fêtes de
Noël, mœurs, coutumes, traditions et souvenirs. T. I. Aix, les princi-
paux libraires. In-16, viii-193 p. 1 fr. 50 c.
462
6. AuBER (le chanoine). Histoire générale, civile, religieuse et litté-
raire du Poitou. T. I. Poitiers, Bonamy. In-S", xxxii-528 p.
7. Avril (Adolphe d'). Saint Cyrille et saint Méthode. Première lutte
des Allemands contre les Slaves. Avec un essai sur les destinées du gla-
gol et un mémoire sur l'alphabet, la langue et le rite des apôtres slaves
au ix« siècle. Paris, Leroux. In-18, 272 p. (Bibliothèque slave elzévi-
rienne.) 5 fr.
8. Baradat de Lacaze (Ch.). Astafort en Agenais, notice historique et
coutumes. Agen, Michel et Médan ; Paris, Champion. In-S", 226 p.
9. Barbier de Montault (X.). Documents sur la question du marty-
rium de Poitiers. Poitiers et Paris, les principaux libraires. In-S", 53 p.,
planche. 2 fr. 50 c.
10. Barbier de Montault (X.). Les Moules à bibelots pieux du musée
lorrain. Nancy, impr. Crépin-Leblond. In-8°, 15 p., planche. Extrait du
Journal de la Société d'archéologie lorraine, juillet 1885.
11. Barbier de Montault (X.). Note sur le processionnal de l'abbaye
de Saint-Aubin, à Angers. Paris, imprimerie nationale. In-8°, 12 p.
Extrait du Bulletin historique et philologique du comité des travaux his-
toriques et scientifiques, 1885.
12. [Bartoli (A.).] I Godici palatini délia R. Biblioteca nazionale cen-
trale di Firenze. Vol. I, fasc. 1. Roma, 1885. In-S», 80 p. (Ministero
délia pubblica istruzione. Indici e cataloghi. N^ 4.) 1 1.
13. Bartsgh (Karl). Beitràge zur Quellenkunde der altdeutschen Lite-
ratur. Strassburg, Karl J. Trùbner, 1886. In-8°, viii-792 p.
14. Bazy (l'abbé Annoncia). Vie du vénérable Jean de la Barrière,
abbé et réformateur de l'abbaye des Feuillants, fondateur de la congré-
gation des Feuillants et des Feuillantines, etc., et ses rapports avec
Henri HI, roi de France. Avec pièces justificatives. Toulouse, Edouard
Privât; Paris, Alphonse Picard, 1885. In-S", xxix-486 p. 6 fr.
15. Beaughet (Ludovic). Histoire de l'organisation judiciaire en
France. Époque franque. Paris, Rousseau. In-8°, viii-503 p. 9 fr.
16. Beaumanoir (Philippe de Remi, sire de). CEuvres poétiques. Publiées
par Hermann Suchier. Tome I. Paris, Firmin-Didot. In-S", glx-374 p.
Publication de la Société des anciens textes français.
17. Beaumont (Edouard de). Notice sur les gens de guerre du comte
de Saint-Paul qui sont enfouis à Goucy depuis 1411. Paris, Baschet.
In-4o, 76 p., plan et vignette.
18. Beautemps-Beaupré. Notice sur les baillis d'Anjou et du Maine à
la fin du xiiie siècle et sur leurs conflits avec l'évêque d'Angers,
Orléans, impr. Girardot. In-8o, 24 p. Extrait du compte rendu de l'Aca-
démie des sciences morales et politiques.
'les
19. Benoist (L.). Notice historique et statistique sur le marquisat de
Manœuvre et sur Vincy-Manœuvre, canton de Lizy-sur-Ourcq. Meaux,
impr. Destouches. In-8°, 67 p.
20. Blondel (l'abbé). Vie des saints du diocèse de Sens et Auxerre.
Sens, Mosdier; Auxerre, Lanier. ln-8°, xvni-384 p. 3 fr. 50 c.
21. BoNNADELLE (Ch.). Le Département de la Meuse, géographie sta-
tistique, historique, nobiliaire. I. Bar-le-Duc, impr. Gontant-Laguerre.
In-8% 323 p.
22. BucHWALD (Gust.voN). Deutsches Gesellschaftsleben im endenden
Mittelalter. I. Zur deutschen Bildungsgeschichte im endenden Mittel-
alter. Kiel, Homann, 1885. In-8% xn-228 p. 4 m.
23. BuRKHARDT (G, A. H.). Stammtafeln der ernestinischen Linien
des Hauses Sachsen. Quellenmassig bearbeitet. Festgabe zur Eroffnung
des Archivgebàudes am Karl Alexanderplatze am 18. Mai 1885. Wei-
mar, Thelemann, 1885. In-fol. obi., 32 p. 1 m. 50 pf.
24. Canel (A.). Histoire de Pont-Audemer. Tome I. Pont-Audemer,
imprimerie administrative de l'hospice. In-8°, 471 p.
25. Cappelle, concerti e musiche di casa d'Esté dal secolo xv al xvni.
Modena, tip. Vincenzi, 1885. In-8% 17 p. Extrait des Atti e Memorie
délie deputazioni di storia patria per le provincie modenesi e parmensi,
3^ série, vol. III, 2' partie.
26. Catalogo dei manoscritti foscoliani, già proprietà Martelli, délia
R. Biblioteca nazionale di Firenze. Roma, 1885. In-8°, xi-66 p. (Mini-
stère délia pubblica istruzione. Indici e Gataloghi. N° 1.) 1 1.
27. Gatalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de
France. Départements. Tome III. (Ghâlons, Soissons, Moulins, Ajaccio,
Agen, Saint-Quentin, Provins, Beauvais, Meaux, Melun, Noyon, Gor-
beil, Gap, Bourbourg, Vendôme.) Paris, Pion. In-8°, vni-599 p. (Minis-
tère de l'instruction publique, des beaux-arts et des cultes.)
28. Gatalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de
France. Paris. Bibliothèque de l'Arsenal, par Henry Martin. T. I. Paris,
Pion. In-8°, vn-502 p. (Ministère de l'instruction publique, des beaux-
arts et des cultes.)
29. Charmasse (Anatole de). La Gharte de Montceaux-le-Gomte (1245-
1274). Autun, impr. Dejussieu. In-8°, 19 p.
30. Gharte (la) communale de Veynes (Hautes- Alpes), 17 novembre
1296, publiée par A. Prudhomme. Paris, Larose et Forcel. In-8o, 31 p.
Extrait de la Nouvelle Revue historique de droit français et étranger.
31. Ghartes françaises de Touraine, recueillies et publiées par
M. Gharles de Grandmaison. Tours, impr. Rouillé-Ladevèze. In-S",
20 p.
32. Ghaumont (Louis-J.-M.). Histoire populaire de Chalon-sur-Saône.
Chalon-sur-Saône, impr. Marceau, ln-16, 346 p., plan.
33. Chiappelli (Alberto). Studi suU' esercizio délia medicina initalia
negli ultimi tre secoli del medio evo. Milano, Giuseppe Civelli, 1885.
In-S", 70 p. Extrait du Giornale délia Reale Società italiana dHgiene,
7« année.
34. CoMBiER (A.). Les Justices subalternes du Vermandois, 1" partie.
Amiens, impr. Delattre-Lenoel. In-8% 159 p. Extrait de la Picardie,
1884.
35. CoMMUNAY (A.). Jean des Montiers de Presse, évêque deBayonne.
Documents inédits, recueillis et publiés. Auch, impr. Foix. Extrait de
la Revue de Gascogne.
36. CoTTiN (Paul). François Miron et l'administration municipale de
Paris sous Henri IV (de 1604 à 1606). Nancy et Paris, Berger-Levrault.
Extrait de la Revue générale d'administration.
37. CouRAJOD (Louis). Documents sur l'histoire des arts et des artistes
à Crémone aux xv^ et xvi« siècles. Paris. In-8% 74 p., planches. Extrait
des Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France, t. XLV.
38. CoussEMAKER (Iguacc de). Cartulaire de l'abbaye de Cysoing et de
ses dépendances. Lille, impr. Saint-Augustin. In-8°, xn-1024 p.
39. Delaghenal (R.). Histoire des avocats au parlement de Paris (1300-
1600). Paris, Pion. In-8", xxvm-481 p.
40. Delisle (Léopold). Rapport sur les collections du département des
imprimés de la Bibliothèque nationale. Paris, Champion, 1885. In-80,
39 p. Extrait du Rulletin des bibliothèques et des archives, 1885.
4 1 . Delpech (Henri) . La Tactique au xni* siècle . Paris, Alphonse Picard,
1886. In-8% 2 vol., xix-468, 387 p. 12 fr.
42. Deschamps (Eustache). Œuvres complètes. Publiées, d'après le
manuscrit de la Bibliothèque nationale, par le marquis de Queux de
Saint-Hilaire. Tome IV. Paris, Firmin-Didot. In-8°, 386 p. Publication
de la Société des anciens textes français.
43. Dion (A. de). Le Puiset au xi« et au xw siècle, chàtellenie et
prieuré. Chartres, impr. Garnier, 1886. In-S", 49 p. Extrait des Mémoires
de la Société archéologique d'Eure-et-Loir.
44. Dd Chêne (Arthur). Étude sur les anciennes Vies de saint Malo.
Nantes, impr. Vincent Forest et Emile Grimaud, 1885. In-8'', 59 p.
Extrait de la Revue historique de VOuest.
45. Dutilleux (A.) et Depoin (J.). L'Abbaye de Maubuisson (Notre-
Dame-la-Royale), histoire et cartulaire, publiés d'après des documents
entièrement inédits. 4<= partie : analyse du cartulaire (nu de l'ouvrage).
465
Pontoise, impr. Paris. In-4", p. 227-320. (Documents édités par la Société
historique du Vexin.)
46. Dyalogo (el) di Salomon e Marcolpho, a cura di Ernosto Larama.
Bologna, Gaetano Romagnoli. (Scelta di curiosità letlerarie inédite o rare
dal secolo xiii al xviii, disp. ccix.) 4 I.
47. English (the) historical Roview, edited by the rev. Mandell
Greighton. N° 1, January, 1886. London, Longmans. In-8°, 208 p. 5 s.
48. Favaro (A.). Documonti inediti per la storia doi manoscritti gali-
loiani nella Biblioteca nazionale di Firenze, pubblicati od illustrati.
Roma, tip. délie Scionze matematicbe e fisiche, 1886. In-4°, 192 p.
Extrait du BoUeltino di hibliografta e sloria délie scienzc matematiclie e
fisiche, t. XVIII, 1885.
49. [FiNOT (Jules).] Inventaire sommaire des archives communales de
la ville de la Gorgue (département du Nord) antérieures à 1790. Lille,
impr. Danel. In-4°, vii-103 p.
50. Galanti (Arturo). ITedeschi sul versante méridionale délie Alpi.
Ricerche storiche. Opéra premiata dal ministère délia pubblica istru-
zione. Roma, tip. V. Salviucci, 1885. In-4'', 253 p. 6 1.
51. Garnier (Edouard). Histoire de la verrerie et de l'émaillerie.
Tours, Mame. Gr. in-8% vii-573p., 119 grav., 8 planches. 15 fr.
52. Genty (l'abbé A.-E.). Histoire de la Norville et de sa seigneurie.
Paris, Société générale de librairie catholique, 1885. In-18, ix-364 p.
53. Germain (Léon). Anoblissement des enfants de Ferri de Calabre
par le duc de Lorraine, en 1529. Nancy, impr. Crépin-Leblond. In-8",
11 p. Extrait du Journal de la Société d'archéologie lorraine, juin 1885.
54. GiNOux (Charles). Notice historique et statistique sur la commune
de la Garde, près Toulon, et sur l'ex-commune de Sainte-Marguerite.
Suivi de promenades archéologiques et artistiques. Toulon, Isnard. In-8%
123 p. 2 fr.
55. GiRGENSOHN (Jos.). Bomerkungen iiber die Erforschung der livliin-
dischen Vorgeschichte. Riga, Kymmel, 1885. In-8', 19 p.
56. Glasson (E.). Le Droit de succession dans les lois barbares. Paris,
Larose et Forcel. In-8% 58 p. Extrait de la Nouvelle Revue historique de
droit français et étranger.
57. GoBERT (Théodore). Histoire et souvenirs. Les rues de Liège
anciennes et modernes. Liège, Louis Demarteau. In-4°. Le fascicule
de 30 p., 75 c.
58. Grignon (Louis). Description et Historique de l'église Notre-Dame-
en-Vaux, de Chàlons, collégiale et paroissiale. Châlons-sur-Marne,
Thouille. In-8°, n-506 p. Extrait des Annales de la Société d'agriculture,
etc., de la Marne.
466
59. GuiFFREY (Jules). Histoire de la tapisserie depuis le moyen âge
jusqu'à nos jours. Tours, Marne. Gr. in-8°, vin-535 p., 113 grav., 4 pi.
15 fr.
60. Heyd (W.). Histoire du commerce du Levant. Édition française,
refondue et considérablement augmentée par l'auteur, publiée sous le
patronage de la Société de l'Orient latin par Furcy Raynaud. I. Leip-
zig, Harrassowitz, 1885, In-8°, xxiv-554 p. 14 m.
61. Histoire d'Authie, de son prieuré conventuel et de son château
féodal, suivie d'une notice sur Saint-Léger-lès-Authie. Ham, impr.
Carpentier. In-8% 517 p. et 5 planches.
62. Inventaire analytique des archives du ministère des affaires étran-
gères. Correspondance politique de MM. de Castillon et de Marillac,
ambassadeurs de France en Angleterre (1537-1542), publiée par M. Jean
Kaulek, avec la collaboration de MM. Louis Farges et Germain Lefèvre-
Pontalis. Paris, Alcan. In-S", xxn-499 p. 15 fr.
63. Islàndska Handskriften n» 645 4. i den Arnamagnœanska Sam-
lingen pâ Universitetsbibliotheket i Kôbenhavn i diplomatariskt
Aftrik utgifven af Ludvig Larsson. I. Handskriftens àldre Del. Lund,
Gleerup, 1885. In-8°, lxxxviii-130 p.
64. IsNARi) (l'abbé J.-P.). Saint Bertrand de Garrigue, des Frères
prêcheurs, compagnon de saint Dominique, sa vie et son culte, suivis
de tous les actes de procédure ecclésiastique dans sa cause de nouvelle
canonisation devant les tribunaux de Valence et de Rome. Recherches
historiques et archéologiques. Valence, Lantheaume; Tulette (Drôme),
l'auteur. In-8°, xvn-476 p. 5 fr.
65. Kerschbaumer (Anton.). Geschichte der Stadt Krems. Krems
a. D., Oesterreicher, 1885. In-S", xvi-651 p., 16 pi.
66. Keurboek (het) der stad Diest, uitgegeven door K. Stallaert.
Gent, G. Annoot-Braeckman. In-8°, vni-62 p. (Maatschappij der vlaamsche
bibliophilen, ¥ reeks, uitgave n° 4.) 2 fr. 50 c.
67. Kinder von Knobloch (J.). Das goldene Buch von Strassburg. L
Strassburg i. E., Trùbner, 1885. In-8°, 192 p., 23 pi. 10 m.
68. Laborie (le chanoine J. -H. -Gaston de). Biographie de Pierre IH
ou Pey-Bertrand, le cinquante-deuxième archevêque de Bordeaux (1430-
1456), et publication de documents, tels que bulles, brefs, questionnaire,
enquête, supplique et testament, pour servir au rétablissement de son
culte et à la reprise de sa canonisation. Bordeaux, impr. Favraud. In-S",
xn-204 p., planche et fac-similé.
69. Lapra (l'abbé). Le Culte de la sainte Vierge et de saint Pothin dans
l'église de Saint-Nizier. Coup d'oeil historique d'après quelques docu-
ments nouveaux. Lyon, impr. Pitrat. In-16, vn-164 p. et planches.
^67
70. La Tour-Keyrié (A.-M. de). Promenade d'un étranger à, Aix. Des-
cription des principaux monuments, objets d'art, églises, etc., précé-
dée de l'histoire civile et de l'histoire religieuse de la ville d'Aix. Aix,
Makaire. In-12, vni-104 p. 1 fr. 25 c.
71. Lav.\nchy (l'abbé J.-M.). Sabbats ou Synagogues sur les bords du
lac d'Annecy. Procès inquisitorial à Saint-Jorioz, en 1477. Annecy,
impr. Niérat. In-S", 64 p. Extrait des Mémoires et Documents publiés par
l'Académie salésienne, t. VIII.
72. Ledieu (Alcius). Catalogue analytique des manuscrits de la biblio-
thèque d'Abbeville, précédé d'une notice historique. Abbeville, impr.
Caudron. In-S", lxxxiii-115 p. et planches.
73. Legoux (Jules). Histoire de la commune des Chapelles-Bourbon
(Seine-et-Marne). Paris, P. Dupont. In-S", viii-146 p. 3 fr.
74. Leo. Die Vita Alexandri Magni des Archipresbyters Léo (Histo-
ria de preliis). Nach der Baraberger und âltesten Mxinchener Hand-
schrift zum erstenmal herausgegeben von D»" Gustav Landgraf. Erlan-
gen, Deichert, 1885. In-8% 140 p. 3 m.
75. Liebenau (Th. v.). Die Schlacht bei Sempach. Gedenkbuch zur V.
Sacular-Feier. Im Auftrag des hohen Regierungs-Rathes des Kantons
Luzern verfasst. Pracht-Ausgabe. Luzern, C. F. Prell. In-8». La livrai-
son de 80 p., avec illustrations, 2 fr.
76. LippERT (Woldemar). Konig Rudolf von Frankreich. Leipzig,
Gustav Fock, 1885. In-8°, 126 p.
77. Magne (Lucien). L'Œuvre des peintres verriers français. Verrières
des monuments élevés par les Montmorency (Montmorency, Écouen,
Chantilly). Paris, Firmin-Didot. In-fol., xxxiv-173 p., grav., album gr.
in-fol. de 8 pi.
78. Marcellino da Civezza (P.), M. 0. Il Romano Pontificato nella
storia d'Italia. Libro l". Firenze, Mariano Ricci, 1886. In-S", xm-709 p.
79. Marchand (L.-A.). Histoire de la ville, des seigneurs et du comté
de Gien. Gien, Putois; Orléans, Herluison. In-S", 130 p., planches.
80. Marquis (Léon). Notice historique sur le château d'Étampes, suivi
d'une description des ruines de Guinette. 2^ édition, revue et augmen-
tée. Étampes, Coute-Migeon. In-16, 111-II8 p. avec dessins.
81. Mataigne (H.). Notes historiques et géographiques sur Auvers-
sur-Oise. Pontoise, impr. Paris. In-12, 64 p.
82. Mallde (de). Procédures politiques du règne de Louis XII. Paris,
Hachette, In-4'>, cxxxi-1310 p. (Collection de documents inédits sur
l'histoire de France.)
83. Merlet (L.). Inventaire sommaire des archives communales de la
468
ville de Ghâteaudun antérieures à 1790. Ghâteaudun, impr. Prud'homme.
In-4'' à 2 col., xvi-176 p.
84. MoscATELLO (RosoUno). Interpretazione di quattro mss. deisecoli
XV e xvr, coi loro facsimili. Palermo, tip. Giannitrapani, 1885. In-4%
16 p. [Documents tirés des archives notariales de Palerme.]
85. Noël (dom Albert). Notice historique sur le canton de Renwez.
Reims, impr. Matot-Braine. In-8°, 174 p. Extrait de ÏAlmanach-
Annuaire historique de la Marne, de l'Aisne et des Ardennes, 26"^ et
27e années.
86. OvERBEGK (Federico), Fracassini (Cesare). Lettere artistiche intorno
a lavori in parte progettati, in parte eseguiti in Orvieto, pubblicate ed
illustrate, con cenni biografici e note, per il conte Tommaso Piccolo-
mini Adami. Orvieto, tip. Marsili. In-8% 54 p.
87. Penco (Em.). Storia délia letteratura italiana. Vol. I : le origini.
Firenze, G. Barbera. In-16, vii-183 p. 2 1. 50 c.
88. PiccoLOMiNi Adami (conte Tommaso). Guida storico-artistica délia
città di Orvieto. Siena, tip. San-Bernardino. In-16, 376 p.
89. PiMODAN (le marquis de), La Réunion de Toul à la France et les
derniers évéques-comtes souverains. Paris, G. Lévy. In-8% xl-445 p.,
planche d'armoirie et 3 portraits.
90. Plaine (dom François). Vie de saint Malo, évéque d'Alet (Saint-
Malo). Rennes, Plihon et Hervé. In-18, viii-219 p.
91. PoiNSiGNON (Maurice). Histoire générale de la Champagne et de la
Brie depuis les temps les plus reculés jusqu'à la division de la province
en départements. Tome H. Ghàlons-sur-Marne, Martin, Denis; Paris,
Picard. In-8% 552 p.
92. Potter (Fr. de). Petit Gartulaire de Gand. Gand, impr. S. Leliaert.
In-8% 411 p. 5 fr.
93. Pratica (de la) di comporre finestre a vetri colorati. Trattatello del
secolo XV edito per la prima volta. Siena, L. Lazzeri, 1885. In-S», 32 p.
(Publié par Alessandro Lisini, pour le mariage Bandini Piccolomini-
Baldassarini Marinelli.)
94. Prou (Maurice). L'Église de Pont-sur- Yonne, bibliographie. Sens,
impr. Duchemin. In-8°, 22 p. et plan.
95. Prud'homme (Emile). Les Signatures dans les actes publics et pri-
vés de l'ancien Hainaut. Mons, Dequesne-Masquillier. In-8% 23 p.
96. Quattro Poemetti sacri dei secoli xiv e xv, pubblicati per la prima
volta ed illustrati dal dott. Erasmo Pèrcopo. I. Il Transite délia
Madonna. II. S. Gaterina di Buccio di Ranailo (1330). III. S. Giuliano
lo Spedaliere. IV. S. Margherita d'Antiochia. V. Frammento délia leg-
genda di S. Gregorio. Gon un appendice di x sonetti inediti di Buccio
{b9
di Ranallo. Bologna, Gaetano Romagnoli, 1885. In-16, lxiiii-224 p,
(Scella di curiosità letterarie inédite o rare, disp. ccxi.) 9 1.
97. QuiCHERAT (Jules). Mélanges d'archéologie et d'histoire. Archéo-
logie du moyen âge. Mémoires et fragments réunis par Robert de Las-
teyrie. Paris, Picard. In-8% xiv-ni'i p., 11 planches et figures.
98. Répertoire archéologique de l'arrondissement de Reims (départe-
ment de la Marne). 1" fascicule : communes rurales des trois cantons
de Reims, parCh. Givelet, H. Jadart et L. Demaison. Reims, Michaud.
In-S-, 118 p., planches.
99. RiGORD (CKuvres de) et de Guillaume le Breton, historiens de
Philippe-Auguste, publiées pour la Société de l'histoire do France par
H.-François Delaborde. Tome IL Philippide de Guillaume le Breton.
Paris, Loones, In-8°, xii-518 p.
100. Rimatori napoletani del quattrocento : codice (1031) délia
Biblioteca nazionale di Parigi, estratto per cura dei dott. G. Mazzatinti
e Antonio Ive, con note e prefazione di Mario Mandolari. Caserta,
Antonio Jaselli. 10 1.; pour les souscripteurs, 6 1.
101. RiNGHOLZ (P. Odilo), 0. S. B. Der heilige Abt Odilo von Cluny
in seiuem Leben und Wirken. Briinn, Verlag der « Studien und Mit-
theilungen aus dem Benedictiner- und Gistercienser- Orden » , 1885. In-8°,
VI-126-LXXXI p.
102. Rossi(prof. Girolamo). Monete dei Grimaldi, principi di Monaco,
raccolte ed illustrate. Parte seconda. Oneglia, tip. eredi Giovanni Ghi-
lini. In-8°, 87 p., planches. 4 1.
103. RozE (l'abbé). Nécrologe de l'église d'Amiens. Amiens, impr.
Douillet. In-8°, 243 p. Extrait des Mémoires de la Société des antiquaires
de Picardie, t. XXVIII.
104. Saint-Denis (H.) et Duchemin (P.). Notices historiques et artis-
tiques sur les communes de l'arrondissement de Bernay. I. Le Cham-
blac. IL Drucourt. III. Gisay-la-Goudre. Elbeuf, impr. Saint-Denis et
Duruflé. In-12, 30, 65, 87 p.
105. Saint- Denis (H.) et Duchemin (P.). Notices historiques et statis-
tiques sur les communes des environs d'Elbeuf. I. Moulineaux. IL La
Saussaye. III. Les Authieux-Port-Saint-Ouen. Elbeuf, impr. Saint-
Denis et Duruflé. In-12, 81, 103, 173 p.
106. ScHUGHARDT (Hugo). Ucber die Lautgesetze. Gegen die Junggram-
matiker. Berlin, Oppenheim, 1885. In-8'', vi-39 p. 80 pf.
107. ScHWEizER (P.). Redactionsplan fiir das Urkundenbuch der Stadt
und Landschaft Zurich. Ziirich, Ziircher und Furrer. In-4°, 36 p.
108. Seeberg (Rcinhold). Der Begriff der christlichen Kirche. I. Stu-
dien zur Geschichte des Begriffes der Kirche mit besonderer Beriick-
no
sichtigung auf die Lehre von der sichtbaren und unsichtbaren Kirche.
Erlangen, Deichert, 1885. In-S», x-236 p. 3 m.
109. Seeliger (Gerhard). Das deutsche Hofmeisteramt im spaeteren
Mittelalter. Eine verwaltungsgeschichtliche Untersuchung. Innsbruck,
Wagner, 1885. In-8% iv-139 p.
HO. Selvatigo (P.) et Chirtani (Luigi). Le Arti del disegno in Italia,
storia e critica. Parte 2» : il medio evo. Milano, F. Vallardi, 1885.
In-8% xx-538 p., 27 pi. (Fait partie de : l'Italia sotto l'aspetto fisico,
storico, artistico, etc.)
111. Smyttere (le D-- P.-J.-E. de). Seigneurs et Dames de Cassel et
des châtellenies voisines, de la maison comtale de Flandre (xin^ siècle).
Hazebrouck, impr. David. In-8°, 223 p., carte coloriée.
112. Specht (Franz Anton). Geschichte des Unterrichtswesens in
Deutschland von den àltesten Zeiten bis zur Mitte des dreizehnten
Jahrhunderts. Eine von der historischen Kommission bei der kôniglich
bayerischen Akademie der Wissenschaften gekrônte Preisschrift. Stutt-
gart, J. G. Cotta, 1885. In-S", xii-411 p.
113. Thibault (T.). Le Perche-Gouet. Histoire de la Bazoche-Gouet,
une des cinq baronnies. Nogent-le-Rotrou, Gouhier-Delouche. In-8°,
vni-280 p., plan.
114. Toelner (Johann) 's Handlungsbuch von 1345-1350. Herausge-
geben von Karl Koppmann. Rostock, 1885. In-8'', ni-xxxvi-72 p. (Ge-
schichtsquellen der Stadt Rostock. I.) 2 m. 40 pf.
115. Ulrich (J.). Altitalienisches Lesebuch. xiii. Jahrhundert. Halle,
Max Niemeyer. In-S", 120 p.
116. Yan Bastelaer (D.-A.). Les Grès wallons. Grès-cérames ornés
de l'ancienne Belgique, des Pays-Bas, improprement nommés grès fla-
mands. Étude formant une monographie au point de vue historique et
descriptif. Bruxelles, G.- A. Van Trigt. In-8°, 479 p., xix planches. 20 fr.
117. Voorgeboden (de) der stad Gent in de xiv« eeuw. Met inleiding,
tafels van personen, plaatsen en zaken en woordenlijst uitgegeven door
Nap. de Pauw. Gent, C. Annoot-Braeckman. In-S», xxni-228 p. (Maat-
schappij der vlaamsche bibliophilen, ¥ reeks, uitgave n° 5.) 6 fr. 50 c.
118. Zanelli (Agostino). Le Schiave oriental! in Firenze nei secoli xiv
e XV. Contributo alla storia délia vita privata di Firenze. Torino,
E. Loescher. In-8% 116 p. 2 1.
CHRONIQUE ET MÉLANGES.
Le rapport suivant a été adressé à M. le ministre de l'instruction
publique par M. Delisle, président du conseil de perfectionnement de
l'École des chartes :
La soutenance des thèses de l'École des chartes a eu lieu le 25, le 26
et le 27 janvier dernier. La plupart des candidats ont pleinement satis-
fait le jury d'examen, aussi bien pour le choix des sujets et l'étendue
des recherches que pour l'intelligence des textes, la discussion des dates
et le classement des matériaux. Presque tous ont éclairé des points
obscurs de nos annales et fixé des détails sur lesquels les historiens
n'avaient que des idées vagues ou des notions confuses et parfois
inexactes. Les résultats obtenus sont d'autant plus remarquables que
les élèves doivent préparer et rédiger leurs thèses tout en suivant assi-
dûment des cours multiples, portant sur des matières aussi variées et
aussi difficiles que la paléographie, la philologie, la bibliographie, la
diplomatique,' l'histoire des institutions, la critique des sources, l'ar-
chéologie, le droit civil et canonique du moyen âge. C'est ce qui explique
comment le temps leur fait trop souvent défaut pour donner à des dis-
sertations rédigées sur les bancs de l'École la forme élégante et châtiée
sous laquelle les travaux d'érudition devraient toujours se présenter au
public.
Sur les dix-huit thèses qui ont été soutenues cette année, seize ont
été jugées satisfaisantes. Les six premières ont été plus particulière-
ment signalées par les examinateurs comme des œuvres originales,
d'une réelle importance, et dont la publication est fort désirable, parce
qu'elles donnent ou du moins préparent la solution de questions fort
intéressantes, même pour l'histoire générale de notre pays.
Nous avons mis au premier rang l'essai de M. Cadier sur les États de
Béarn. La façon dont ce sujet compliqué a été traité dispensera d'y reve-
nir d'ici longtemps. Les textes ont été recueillis avec autant de patience
que de sagacité, et interrogés avec autant de finesse que de circonspec-
tion. Les observations sont toujours judicieusement déduites. Sans sor-
tir d'un cadre tracé d'une main très ferme, l'auteur, qui unit à un sens
historique exercé une instruction solide et étendue, fait parfaitement
comprendre l'origine et le développement des institutions qu'il étudie.
On n'avait peut-être pas encore si bien analysé les conditions générales
qui ont amené le régime des pays d'états.
n2
La thèse qui vient immédiatement après celle de M. Cadier porte sur
les Relations politiques des comtes de Foix avec la Catalogne jusqu'au com-
mencement du X/F« siècle. L'auteur, M. Baudon de Mony, en a tiré les
principaux éléments de différentes archives d'Espagne. L'École des
chartes doit se féliciter de cette incursion sur le terrain de l'histoire
étrangère. Nous y avons gagné la connaissance de beaucoup de docu-
ments de révêché d'Urgel, sans lesquels il eût été téméraire d'aborder
sous toutes les faces l'examen des problèmes que présentent les pre-
miers siècles de l'histoire de l'Andorre. L'importance des découvertes
n'est peut-être pas en rapport avec le travail qu'ont demandé la
recherche et l'arrangement des pièces justificatives ; mais on éprouve
un véritable plaisir à parcourir une aussi riche collection de textes, jus-
qu'à présent inconnus en France, et dont l'auteur a tiré un excellent
parti, quoiqu'il ait encouru le reproche d'être allé un peu loin dans
l'appréciation des droits des évêques d'Urgel.
M. Moranvillé nous ramène au cœur de l'histoire nationale. Il a pris
pour sujet d'études la biographie d'un personnage dont le nom, à peu
près resté dans l'oubli, occupera désormais une place honorable dans
l'histoire des règnes de Charles V et de Charles VL Jean le Mercier est
un des ministres qui, dans la seconde moitié du xiv» siècle, ont mis au
service de la royauté et du pays le dévouement le plus désintéressé,
l'activité la plus soutenue, l'esprit d'ordre le mieux entendu et peut-
être la clairvoyance la plus ingénieuse. Cela ressort d'une multitude de
détails, qui, pris isolément, n'ont pas grande valeur, mais dont l'en-
semble forme un faisceau de témoignages probants et irrécusables. Le
mérite de M. Moranvillé, c'est d'avoir poursuivi avec une sorte d'achar-
nement et avec une curiosité qui frise l'indiscrétion une enquête minu-
tieuse sur toutes les circonstances de la vie publique et privée de Jean
Le Mercier. L'ordre chronologique est très rigoureusement observé, et
il en résulte parfois une monotonie fatigante. C'est un défaut qu'il sera
facile de corriger, en donnant un peu d'animation à un mémoire qui
renferme d'excellents chapitres et qui montre quelles ressources nous
avons dans les débris des archives de la chambre des comptes pour
refaire de toutes pièces l'histoire administrative et militaire du
xiv« siècle.
Ces mêmes archives ont été d'un grand secours à M. Levavasseur,
qui a soumis à un examen critique la Chronique d'Arthur de Richemont,
connétable de France et duc de Bretagne. Grâce aux recherches de
M. Levavasseur, nous sommes parfaitement renseignés sur la famille,
la vie et le caractère de Guillaume Gruel, l'auteur de cette chronique.
Il n'y a plus de doutes ni sur la date de composition des différentes
parties du récit, ni sur l'origine des informations de l'auteur, ni sur la
valeur des copies dont nous disposons. C'est ainsi que M. Levavasseur.
a préparé l'édition définitive d'une chronique indispensable à consulter
pour l'histoire du règne de Charles VII. Il y joindra, pour servir de
commentaire, une biographie du connétable de Richemont, dont presque
tous les traits sont empruntés à des documents officiels.
Il reste fort peu à faire pour que les thèses précédentes soient eu état
de voir le jour. Le travail de M. Richard est moins avancé, mais il
dénote des qualités d'un ordre supérieur: il se fait surtout remarquer
par une facilité et une chaleur de style que nous avons rarement ren-
contrées à l'École des chartes. Il fallait en outre tenir compte des diffi-
cultés d'un sujet très vaste et encore bien imparfaitement connu,
quoique certaines parties en aient été traitées dans ces derniers temps
en France, en Allemagne et en Italie. Le titre, Jean XXII et les Francis-
cains, depuis l'origine de la question de la pauvreté du Christ jusqu'à
l'abjuration de l'antipape Pierre de Corvara (1321-1330), montre assez
que M. Richard ne recule pas devant des problèmes fort compli([ués
d'histoire politique, religieuse, philosophique et littéraire. Nous savons
maintenant que la tâche n'est pas au-dessus de ses forces.
M. Gouderc s'est renfermé dans la même période de temps que
M. Richard ; mais il n'est pas sorti de la France. Il a entrepris de faire
connaître un règne assez court et assez négligé des historiens, celui de
Charles le Bel. Il est loin d'avoir épuisé le sujet; mais les chapitres
qu'il en a traités prouvent qu'il s'est bien assimilé les documents les
plus utiles à consulter, et qu'il saura faire la part du dernier des fils de
Philippe le Bel dans le développement des institutions administratives
du royaume.
Presque toutes les promotions de l'École des chartes tiennent à hon-
neur de grossir la série, déjà considérable, des monographies consacrées
aux institutions municipales. Cette année, M. Lefranc a pris pour sujet
de thèse l'Histoire et l'organisation de la commune de Noyon. La compo-
sition laisse à désirer, mais les pièces justificatives ont été bien choi-
sies et les renseignements sont judicieusement coordonnés. L'auteur a
convenablement mis en relief les analogies des institutions de Noyon
avec celles des autres villes de Picardie.
M. Borel, élève étranger, dans son étude sur les Foires de Genève au
XV^ siècle, nous a donné beaucoup plus que le titre ne promettait. Il a
rattaché à son sujet une foule de questions accessoires, sur lesquelles
il a recueilli des informations très sûres et fort importantes pour l'his-
toire générale du commerce et de l'industrie.
Il pouvait sembler téméraire de s'occuper des Écorcheurs en Bour-
gogne, après les remarquables travaux dont ces bandes de routiers ont
été récemment l'objet. Une pareille considération n'a point découragé
M. de Fréminville, et, d'un champ qui paraissait moissonné, il a encore
tiré une très bonne récolte ; nous lui devons la connaissance d'une assez
grande quantité de détails nouveaux ; mais il s'est un peu trop borné à
dresser un journal des tristes exploits des Écorcheurs, et, s'il a mis
n4
beaucoup de petits faits en lumière, il n'en a pas suffisamment indiqué
la place dans l'ensemble des événements.
La thèse de M. Bellemain, relative à l'Église de Saint-Nizier de Lyon,
suppose des connaissances archéologiques. Les lacunes qu'elle présente
n'ont pas empêché les examinateurs de constater que l'auteur avait
consciencieusement étudié le monument, qu'il avait bien choisi les
pièces justificatives, et que les planches dont il a accompagné son tra-
vail avaient été dessinées avec exactitude.
M, Marlet a voulu écrire ÏHistoire de Gabriel, comte de Montgomery.
Le récit est généralement exact et la chronologie bien établie. L'auteur
a fait justice des exagérations de plusieurs de ses devanciers ; mais, si
une partie de ses rectifications s'impose, on ne peut souscrire à toutes
ses apologies. Le dépouillement des correspondances n'a d'ailleurs pas
été poussé assez loin pour qu'il ne reste plus rien d'essentiel à découvrir.
M. André n'a pas suffisamment rajeuni le sujet auquel il setait
arrêté. Le tableau qu'il a tracé de la Cour de Philippe le Bon, duc de
Bourgogne, ne manque pas de charme; mais l'auteur a fort peu ajouté
à ce qui avait déjà été dit sur les mœurs, le luxe, les arts et les lettres
à la cour des ducs de Bourgogne. Sans même explorer à fond les iné-
puisables dépôts de Dijon, de Lille et de la Belgique, il aurait pu tirer
meilleur parti de beaucoup de publications faites depuis une trentaine
d'années et dont plusieurs semblent lui avoir échappé.
L'essai de M. Edouard Gautier sur l'Histoire du chapitre de Vincennes
est écrit avec facilité, et les documents qui l'accompagnent sont vrai-
ment curieux. On a regretté que l'auteur n'ait pas mis en œuvre tous
ces documents, qu'il n'ait pas suffisamment tenu compte des travaux
antérieurs et qu'il ait négligé le côté archéologique.
Outre les élèves dont il vient d'être question, et qui avaient subi avec
succès les examens de tin de troisième année au mois de juillet dernier,
le conseil de perfectionnement avait admis à l'épreuve de la thèse trois
candidats appartenant à des promotions antérieures, MM. Grand,
Hugues et Tausserat.
Le premier, M. Grand, a voulu classer les copies de V Image du monde,
l'un des poèmes didactiques les plus célèbres du moyen âge. Malgré les
plus louables efforts et malgré la multiplicité des observations qu'il a
patiemment faites sur beaucoup de manuscrits en France et à l'étranger,
il n'est point encore arrivé à des conclusions définitives ; mais les cons-
tatations qu'il a faites sont déjà fort utiles.
M. Tausserat a pris pour sujet d'études la Vie du maréchal Poton de
Saintrailles ; il y a des renseignements nouveaux et utiles dans cette
dissertation, dont une partie malheureusement est restée à l'état
d'ébauche.
Le travail de M. Hugues sur le Collège d'Autun n'est pas non plus
aussi complet que nous l'avions espéré, et l'auteur pourra singulière-
475
ment l'améliorer en mettant à contribution les collections des Archives
nationales, et en développant la biographie du cardinal Bertrand, fon-
dateur du collège.
Telles sont, monsieur le ministre, les thèses, au nombre de seize,
que le jury d'examen a cru devoir admettre.
L'ensemble de ces thèses montre que les traditions de l'Ecole s'affer-
missent de plus en plus, et c'est avec une vive satisfaction que nous
avons constaté chez la plupart des candidats des habitudes laborieuses,
un goût passionné pour les matières enseignées aux différents cours,
une grande familiarité avec les collections des bibliothèiiues et des
archives, une réelle aptitude aux travaux d'érudition. Beaucoup des
thèses soutenues cette année deviendront, à bref délai, des dissertations,
ou même des livres, dont la publication fera grand honneur à l'École
et dont le succès sera pour le directeur et pour les professeurs la meil-
leure récompense d'un travail incessant et d'un dévouement sans bornes.
Conformément aux conclusions de ce rapport, ont été nommés archi-
vistes paléographes, par arrêté du 15 février 1886, dans l'ordre de mérite
suivant :
MM.
1. Gadier (Pierre-Léon), né à Pau (Basses-Pyrénées), le 17 avril 1862;
2. Baudon de Mony (Charles-Adolphe-Joseph- Vincent-de-Paul), né à
Paris, le 15 juin 1862;
3. MoRANViLLÉ (Louis-Henri), né à Paris, le 9 août 1863;
4. CouDERc (Jean-Camille), né à Livinhac-le-Haut (Aveyron), le
29 octobre 1860;
5. Levavasseur (Achille-Lucien-Edmond), né à Évrecy (Calvados), le
25 octobre 1862;
6. Lefranc (Abel-Jules-Maurice), né à Élincourt-Sainte-Marguerite
(Oise), le 27 juillet 1863;
7. Richard (Louis-François), né à Lyon, le 13 octobre 1864;
8. Delapoix de Fréminville Nugue (Marie-Joseph-Eugène-Frédéric),
né à Ghavrieu (Isère), le 3 avril 1863 ;
9. Marlet (Jules-Émile-Léon), né à Orléans (Loiret), le 31 mars 1862;
10. André ( Edouard-Joseph- Adrien ) , né à Nuits (Côte-d'Or), le
11 juin 1860;
H. Gautier (Marie-Pierre-Édouard), né à Paris, le 22 février 1860;
12. Bellemain (Auguste- André), né à Lyon, le 22 mai 1862.
Sont nommés en outre archivistes paléographes hors rang :
MM.
Grand (Ernest-Daniel), né à Paris, le 12 mars 1861;
Hugues (Adolphe- Jean-Baptiste), né à Aixe (Haute- Vienne), le 14 juil-
let 1860;
n6
Tausserat (Joseph -Xavier -Alexandre), né à Reims (Marne), le
22 mai 1858;
Et à titre étranger :
M. BoREL (Frédéric- Antoine) , né à Ghougni-Vandœuvres, canton de
Genève (Suisse).
— Le 2 mars 1886 s'est éteint, à la suite d'une longue maladie, notre
confrère M. Edmond Dupont, chef de la section du secrétariat aux
Archives nationales. M. Maury, directeur général des Archives, et
M. Rocquain, chef de section au même établissement, se sont faits les
interprètes des regrets que notre confrère laisse aux Archives et à la
Société de l'École des chartes. Nous allons reproduire les discours qu'ils
ont prononcés sur la tombe de notre confrère. Dans notre prochain
numéro, nous espérons pouvoir donner deux autres discours prononcés
aux mêmes funérailles, l'un par M. Picot, président de la Société de
l'histoire de France, l'autre au nom de M. l'abbé Haigneré, compa-
triote de M. Dupont.
DISCOURS DE M. MAURY.
Messieurs,
C'est avec une profonde émotion que je viens adresser un suprême
adieu à celui dont la terre reçoit, en ce moment, les restes périssables.
M. Edmond Dupont nous a été enlevé à un âge où l'on peut espérer
encore bien des années d'existence ; il n'avait pas même touché le seuil
de la vieillesse! 11 était né le 16 octobre 1827, et, cependant, il était le
plus ancien des fonctionnaires des Archives nationales. C'est qu'il y
était entré presque au sortir de l'adolescence. Il n'avait que dix-neuf
ans quand il fut admis dans^ce grand établissement, à titre temporaire.
Juste un an après, en octobre 1847, il était nommé surnuméraire. Mais
bien avant de figurer dans le personnel de notre administration, il avait
fréquenté le palais Soubise. Ses parents, liés d'amitié avec le savant
Daunou, avaient amené à Paris le jeune Edmond et l'avaient présenté
à l'illustre vieillard, qui s'était plu à lui donner des encouragements, à
le guider dans ces études classiques qu'il avait lui-même cultivées avec
tant d'éclat. Edmond Dupont prit peu à peu le goût des documents qui
l'entouraient dans la maison de Daunou, dont ses parents étaient deve-
nus les hôtes. Il aima les Archives comme on aime le lieu où l'on a été
nourri, la ville où s'est écoulée notre enfance. Il ne séparait pas d'ail-
leurs l'attachement à notre incomparable dépôt de celui qu'il portait
à son éminent et bienveillant compatriote; Edmond Dupont était,
comme Daunou, natif de Boulogne-sur-Mer.
Rien n'était donc plus naturel que, lorsqu'il fut question pour
Edmond Dupont de prendre une carrière, son choix se soit tourné vers
ces Archives nationales, qui étaient pour lui comme une demeure
n7
paternelle, Letronne, le digne successeur de Daunou, l'accueillit avec
bonté et lui ouvrit la voie.
Tout promettait dans le jeune archiviste un employé aussi zélé
qu'actif. Il se mit à la besogne avec un véritable enthousiasme, et sa
curiosité se porta sur les diverses parties du vaste trésor historique
au service duquel il s'était voué.
Afin de se mettre en état d'inventorier avec plus de sûreté et d'in-
telligence les documents qu'il avait sous les yeux, il entra, en 1852, à
l'École des chartes, dont il suivit les cours, tout en s'acquittant des
fonctions qui lui étaient confiées au palais Soubise. Une fois pourvu du
diplôme d'archiviste paléographe, il se donna tout entier à l'établisse-
ment qui l'avait adopté. Son zèle, sa patience n'étaient jamais rebutés.
Il gravit ainsi tous les échelons de la hiérarchie des archivistes, jus-
qu'au grade le plus rapproché de celui de directeur général. Le !«■■ juil-
let 1871, il était nommé chef du secrétariat et prenait la direction d'une
section dont il avait été, pendant plusieurs années, le sous-chef. C'est
dans ce poste que je trouvai Edmond Dupont, lorsque je fus appelé, en
mai 1868, à la direction générale. Les fonctions qu'il remplissait le
mettaient presque quotidiennement en rapport avec moi. Je ne tardai
pas à reconnaître en lui toutes les qualités qui font l'administrateur
émérite : la rectitude de jugement, l'esprit d'ordre et de méthode, la
suite dans les idées, la persévérance dans l'exécution, l'assiduité dans
le travail. Ces qualités maîtresses ont fait d'Edmond Dupont un colla-
borateur précieux de notre établissement. Il en avait, au plus haut
degré, ce qu'on pourrait appeler le génie ; il en fixa dans sa mémoire
les traditions ; il s'était fait l'homme indispensable, et il n'épargnait ni
son temps, ni sa peine, pour maintenir la régularité du service et le bon
fonctionnement de toutes les branches de notre administration. Aussi,
nul n'était mieux fait pour diriger le secrétariat, qui imprime à l'en-
semble des services dont notre grand dépôt se compose l'unité et leur
donne la vie extérieure. Aussi, nul n'a plus contribué qu'Edmond
Dupont à étendre et à activer les relations des Archives nationales avec
les divers établissements de l'État, à préparer la création et l'installa-
tion de notre beau Musée, à la description duquel il apporta un heu-
reux concours; nul n'a veillé avec un soin plus jaloux au bon aména-
gement de nos collections dans les salles du palais Soubise. Son œil
d'artiste était blessé de tout ce que pouvait condamner l'élégance et le
goût.
Sévère envers lui-même, quand il s'agissait de l'accomplissement du
devoir, il prêchait d'exemple et était en droit d'exiger le même zèle et
la même assiduité de ses inférieurs. Mais sa fermeté dans la direction
du service n'excluait pas la bienveillance. Il se préoccupait des intérêts
légitimes de tous ceux qui étaient placés sous ses ordres, quelque
12
as
modeste, quelque obscure que fût leur position, et il cherchait cons-
tamment à concilier le devoir avec le droit.
Tous ceux qui ont pu connaître Edmond Dupont, qui ont été à même
d'apprécier ses mérites, lui ont rendu pleine justice, aux Archives
comme au dehors, à la Société de l'histoire de France, dont il fut bien
des années le trésorier, comme à la Société de l'École des chartes. Le
ministère tint à lui donner des témoignages publics de sa haute estime
et du prix qu'il attachait à sa coopération. Il lui conféra successive-
ment la croix de chevalier de la Légion d'honneur et la décoration d'of-
ficier de l'instruction publique.
Placé à un poste conforme à ses goûts et à ses aptitudes, uni à une
épouse dont le dévouement était sans bornes et chez laquelle se ren-
contrent les dons les plus précieux du cœur et de la raison, entouré de
l'affection de deux filles, Edmond Dupont semblait avoir trouvé la féli-
cité; mais un mal terrible brisa de bonne heure de si belles espérances.
Atteint, depuis plus de vingt années, d'une affection nerveuse qui
troubla, puis abolit graduellement chez lui la faculté de locomotion,
envahi par de cruelles souffrances physiques, tandis que son intelligence
demeurait nette et lucide, il assistait à sa déchéance corporelle. Il
demandait vainement à tous les remèdes de l'art médical la guérison
de son mal, contre lequel il luttait avec énergie. Ses infirmités crois-
santes et précoces ne purent affaiblir son zèle, l'attachement qu'il avait
pour ses chères Archives. Accablé par la souffrance, il s'y traînait
encore. 11 y est venu jusqu'à la fin. Il s'y faisait transporter, quand la
paralysie l'atteignait de toutes parts, quand déjà le gagnait le froid de
la mort, et se faisait rendre compte, du fond de la voiture dont il ne
pouvait descendre, de tout ce qui s'accomplissait dans le service à la
tête duquel il demeurait placé.
Messieurs, les Archives nationales ont été terriblement frappées depuis
peu d'années. Nous avons perdu de ces hommes rares, qui sont tou-
jours prêts à sacrifier leurs intérêts personnels aux obligations que leurs
fonctions leur imposent, qui ont préféré, à la notoriété que donnent de
nombreuses œuvres historiques ou des productions littéraires, la cons-
cience d'avoir bien servi l'État et été utiles au public, qui ont mis leurs
devoirs professionnels fort au-dessus des satisfactions égoïstes que nous
trouvons dans des travaux personnels. Citons au premier chef Douët
d'Arcq, Jules Tardif. Le nom d'Edmond Dupont, qui fut leur émule et
leur ami, s'associera désormais au leur. Conservons pieusement le sou-
venir de ces regrettés serviteurs de notre administration, qui nous laissent
de si admirables modèles. Il arrive parfois, messieurs, que s'obscurcit en
nous la notion du devoir, que le découragement s'empare de nous, après
des travaux arides qui n'ont pas été, à nos yeux, équitablement appréciés ;
que nous nous sentons enclins à récriminer contre nos supérieurs. Mes-
sieurs, quand il en est ainsi, évoquons ces nobles mémoires I En se pré-
n9
sentant à notre esprit, elles fortifieront notre conscience vacillante et
raffermiront notre courage ébranlé.
Cher collègue, qui fus pour moi, pendant près de quinze ans, le con-
seiller le plus sûr et l'auxiliaire le plus fidèle, au nom de tous ceux qui
t'ont estimé, c'est-à-dire de tous ceux qui t'ont connu, je t'adresse un
éternel et douloureux adieu !
DISCOURS DE M. ROCQUAIN,
Messieurs,
Au nom de la Société de l'École des chartes, je demande la permis-
sion d'ajouter quelques mots aux discours que vous venez d'entendre.
Entré dans notre Société au mois de juillet 1853, un an après sa sortie
de l'École, Edmond Dupont fut nommé, au mois d'avril 1860, membre
de la commission des fonds. Il porta, dans ces modestes et parfois déli-
cates fonctions, les mêmes qualités qu'il montra dans des fonctions
plus importantes, je veux dire la droiture, l'exactitude et une exem-
plaire assiduité. Jamais il ne manqua aucune de nos séances. Depuis
bien des années, l'état de sa santé l'empêchait d'assister à nos ban-
quets; mais on le voyait fidèle à nos réunions mensuelles, fatigué
et déjà pâli par la maladie, souriant néanmoins à ses confrères qu'il
avait plaisir à trouver rassemblés. Il portait à notre Société un vif et
profond attachement. Il eût voulu la voir se développer, devenir à la fois
un centre d'utiles informations pour nos jeunes érudits, un moyen de
discrète assistance pour nos confrères malheureux et surtout un lien de
solide et mutuelle alïection. C'est à ce titre qu'il demandait que toujours
des notices biographiques fussent consacrées, dans notre recueil, à ceux
de nos confrères que nous avions la douleur de perdre. Il souhaitait
aussi que toujours un hommage leur fût rendu ou, tout au moins, qu'un
souvenir leur fût donné à leur suprême demeure. Conformément à ses
vœux et au nom de la Société de l'École des chartes, je lui apporte cet
hommage, je lui offre ce souvenir, dû à ses estimables qualités, et j'en-
voie à notre cher et regretté confrère un affectueux et dernier adieu.
— Le 5 février 1886, notre confrère M. Antoine Héron de Villefosse
a été élu membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
— Le 13 février 1886, notre confrère M. Cucheval-Clarigny a été
élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques (.section
d'économie politique).
— Notre confrère M. Héron de Villefosse a été nommé conservateur
des antiquités grecques et romaines au musée du Louvre.
— Par arrêté du 4 février 1886, notre confrère M. Kohler a été
nommé sous-bibliothécaire à la bibliothèque Sainte-Geneviève.
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— Par arrêté du 27 octobre 1885, notre confrère M. Roussel a été
nommé archiviste du département de Loir-et-Cher.
— Par décret du 29 décembre 1885, notre confrère M. Rocquain,
chef de section aux Archives nationales, a été nommé chevalier de la
Légion d'honneur.
— Par arrêté du 23 décembre 1885, notre confrère M. Servois a été
nommé officier de l'instruction publique.
— Par arrêté du 9 juillet 1885, notre confrère M. Vayssière, archi-
viste de la Gorrèze, a été nommé officier d'académie.
— Par arrêté du 23 décembre 1885, ont été nommés officiers d'aca-
démie nos confrères MM. Brutails, archiviste des Pyrénées-Orientales;
Farges, attaché aux archives du ministère des affaires étrangères; Ger-
baux, archiviste aux Archives nationales; Loriquet, archiviste du Pas-
de-Calais.
— Une session d'examen, pour l'obtention du certificat d'aptitude aux
fonctions de bibliothécaire dans les bibliothèques universitaires ou
bibliothèques des facultés des départements, s'ouvrira à Paris, le 31 mai
1886, à la bibliothèque de l'Arsenal.
— Le rapport de M. Léon Heuzey sur les travaux des écoles françaises
d'Athènes et de Rome pendant l'année 1885, lu à l'Académie des ins-
criptions et belles-lettres le 22 janvier 1886, apprécie dans les termes
suivants les travaux de deux de nos confrères, M. G. Digard et
M. Ernest Langlois :
« Dans les Nouvelles Observations que M. Digard nous k envoyées sur
la diplomatique pontificale, l'auteur a recherché avec beaucoup de sagacité
les règles que la chancellerie des papes suivait à la lin du xni« siècle.
Il s'est attaché à des particularités qu'au premier abord on peut croire
insignifiantes, puisque la plupart des éditeurs des textes n'en ont point
tenu compte; mais il en a su tirer des informations très précieuses sur
l'organisation des bureaux de la cour de Rome.
« Il a d'abord tiré un excellent parti des signatures, des notes et des
chiffres qu'il a relevés sur le repli et au revers des bulles ou lettres ori-
ginales, et dont il a établi la concordance avec certains articles des
anciens manuels dressés pour l'instruction des officiers de la chan-
cellerie.
« D'autre part, il a exposé avec clarté et vraisemblance les règles, ou
plutôt les usages, qui présidaient à l'enregistrement des actes des papes
vers la fin du xni° siècle. Les judicieuses remarques qu'il a faites à ce
sujet montrent que notre école, quand elle a entrepris la publication ou
l'analyse des registres, a eu raison de suivre rigoureusement l'ordre
d'enregistrement, sans essayer de rétablir l'ordre chronologique des
pièces.
« Ainsi comprise, la diplomatique jette un jour nouveau sur l'histoire
administrative et politique du pontificat de Boniface VUI et sur les
rapports de la cour de Rome avec Philippe le Bel.
« M. Langlois a entrepris de dresser le Catalogue raisonné de tous les
manuscrits en langue d'oïl ou on langue d'oc qui sont dans les biblio-
thèques do Rome. Gomme exemple de la méthode qu'il a suivie, il
envoie la notice de quatre-vingts manuscrits faisant partie du fonds de
la Reine de Suède. R n'y a que des éloges à donner à ce travail, qui est
parfaitement conçu et très soigneusement exécuté. L'auteur se propose
de le compléter par une annotation bibliographique très développée.
Cette addition, qui n'est pas indispensable, augmentera encore l'intérêt
du catalogue.
« On connaissait déjà la plupart des morceaux intéressants contenus dans
la série de manuscrits que M. Langlois passe en revue ; mais ces manus-
crits n'avaient jamais été l'objet d'un dépouillement aussi minutieux et
aussi complet. Les devanciers de M. Langlois avaient négligé beaucoup
de textes qui leur paraissaient et qui sont en effet peu importants. R
faut savoir gré à M. Langlois de ne s'être pas laissé décourager par l'in-
signifiance de plusieurs des manuscrits qui lui passaient par les mains.
Le compte rendu qu'il en donne épargnera le temps de beaucoup de
travailleurs, qui seront suffisamment édifiés sur le contenu des manus-
crits examinés par M. Langlois pour se dispenser de les compulser. »
— Nous avons à réparer un oubli. Dans notre dernière livraison, nous
aurions dû mentionner les succès de deux de nos confrères aux concours
ouverts en 1885 par l'Académie française. Des prix ont été décernés au
livre de M. Charles Bémont sur Simon de Montfort et à la Grammaire
élémentaire de M. Clédat. Le secrétaire perpétuel, M. Doucet, dans un
rapport lu en séance publique le 26 novembre, rend ainsi compte des
travaux de nos deux confrères :
« Fils du terrible chef qui conduisit la croisade des Albigeois, Simon
de Montfort, en Angleterre comme en France, fut l'un des personnages
les plus considérables du xm« siècle. Dans son excellent livre (Simon de
Montfort, comte de Leicester), M. Bémont nous le montre tour à tour
gouverneur et pacificateur de la Gascogne, chef des barons anglais
révoltés, vainqueur du roi, réformateur de la constitution, introducteur
des communes dans le parlement, puis défait et tué ; mais se survivant
à lui-même dans la mémoire du peuple, qui, désarmé par sa mort, ne
voit plus en lui qu'un martyr.
« Plaçant en première ligne cette remarquable monographie, qui, dans
son genre, a été considérée comme un modèle, l'Académie lui décerne
un prix de deux mille cinq cents francs, sur les quatre mille, montant
annuel de la fondation Thérouanne...
« En louant ce livre (la Chrestomathie de l'ancien français, par M. Cons-
182
tans), j'ai loué d'avance celui de M. Glédat, qui, dans sa Grammaire élé-
mentaire de la vieille langue française, embrassant presque le même
sujet, s'est proposé aussi de vulgariser la connaissance de notre vieille
langue en exposant les lois qui présidèrent à sa formation. M. Glédat
n'a voulu que faire une œuvre utile en mettant à la portée de toutes les
intelligences le résultat des grands travaux que la science a publiés
depuis un siècle. Il y a pleinement réussi. »
SOCIÉTÉ DES ANCIENS TEXTES FRANÇAIS.
L'assemblée générale de la Société a eu lieu le 29 décembre 1885.
Nous allons reproduire le discours du président, M. Marty-Laveaux, et
le rapport du secrétaire, M. Paul Meyer.
DISCOURS DU PRÉSIDENT.
Messieurs,
Permettez-moi d'abord de vous adresser tous mes remercîmentspour
m'avoir appelé à la présidence; ils doivent être d'autant plus vifs que
mes titres étaient moindres. Votre choix, je n'en saurais douter, a été
déterminé bien plutôt par vos sentiments de bonne confraternité que par
des services rendus aux études qui vous sont chères; en effet, le mot
anciens qui figure dans le titre de notre Société semble m'exclure, les
textes que j'ai publiés ne remontant pas au delà du xvi<= siècle.
Ce qui m'a peut-être valu votre bienveillant suffrage, c'est la persua-
sion où je suis que pour comprendre, et surtout pour expliquer à autrui
les textes relativement modernes, il faut connaître les textes anciens, et
que le xvi^ siècle et le xvije, si dédaigneux du moyen âge, s'y rattachent
étroitement par plus d'un côté, et particulièrement par la langue.
A l'égard des rares poètes qui suivent en plein xviie siècle la tradi-
tion populaire, c'est un fait de toute évidence, et, quand il s'agit de ceux
dont le langage passe pour exclusivement classique, comme Racine, par
exemple, cette vérité, quoique moins frappante, demeure toutefois
facile à établir.
... J'ai nom Éliacin,
répond Joas à Athalie. Voilà, pour un jeune professeur de rhétorique,
bon humaniste, mais seulement humaniste, une excellente occasion de
soutenir que cette tournure, actuellement un peu étrange, est un pur
latinisme, nomen habeo, et de s'étendre complaisamment sur les habiles
alliances de mots dont Racine a enrichi notre langue; le malheur est
que l'expression est dans la Chanson de Roland :
Li niés Marsilie (il ad nura Aelroth)
Tut premereins chevalchet devant l'ost.
Je n'ai pas besoin d'insister, messieurs, pour prouver que nous
sommes tout à fait d'accord sur l'utilité de l'étude des anciens textes.
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La seule nuance qui nous différencio sans nous diviser, c'est que vous
les aimez pour eux-mêmes, tandis que j'y cherche surtout un moyen
d'interpréter avec certitude les écrits des époques postérieures. J'hésite
du reste d'autant moins à faire ressortir ici ce genre d'utilité que, s'il
était une fois démontré qu'on ne peut bien connaître le français, même
le plus classique, sans une certaine familiarité avec les textes que vous
publiez, la prospérité morale et matérielle de notre Société serait assurée
à jamais.
La première est en bon chemin, mais la seconde laisse encore à dési-
rer. Nous sommes plus convaincus que persuasifs, et nous n'avons pas
su réunir autant d'adhérents qu'il paraissait possible d'en obtenir. Voilà
pourtant dix années que la Société dure, et l'éclat du début faisait
espérer un développement plus rapide. Elle nacjuit un jour, dans une
de ces villes d'eaux où les esprits laborieux et actifs se reposent des tra-
vaux accomplis en en projetant de nouveaux. Les bases en furent fixées
dans une causerie de M. Gaston Paris et de M. le baron James de Roth-
schild. D'autres, appelés par eux, ont mérité par l'importance de leur
concours matériel et l'ardeur de leur propagande le titre de fondateurs,
mais ils sont, eux, ne n'oubliez pas, les véritables créateurs de la Société,
et, dussent les discours annuels encourir le reproche de monotonie,
c'est un devoir de reconnaissance d'y faire toujours figurer leurs noms.
Ces deux excellents esprits désiraient satisfaire à la fois les érudits
qui se plaisent à publier de bons textes et ceux qui aiment à les lire et
à les étudier.
Leur dessein était de réagir contre les éditions hâtives, faites à l'étour-
die, à la légère, sans l'épreuve suffisante du temps et de la réflexion,
et, sur ce point, nul, même des plus malveillants, ne conteste qu'ils ont
réussi, bien au delà même de leur attente.
En effet, ce qu'on nous reproche, ce que nous nous reprochons aussi,
c'est une lenteur qui a son excuse dans de respectables scrupules de
conscience, mais à laquelle nous travaillons de notre mieux à remé-
dier.
L'important, du reste, c'est que, si l'on nous adresse de légitimes
observations au sujet des ouvrages que nous ne publions pas, ceux qui
paraissent sont au contraire très favorablement accueillis.
La liste des membres de la Société est, à elle seule, un témoignage,
et peut-être le plus décisif, en faveur de ses travaux. Je vous renvoie
aux noms qu'elle renferme, sans oser choisir parmi eux. Il en est cepen-
dant qui me sont douloureusement désignés et qu'un devoir pénible
m'oblige à vous rappeler : ce sont ceux des confrères que nous avons
perdus depuis Tannée dernière.
M. Baudry, qui a présidé notre Société, était un orientaliste distin-
gué et un grammairien dans la plus haute acception du mot. Il s'in-
téressait également à l'antiquité et à notre littérature nationale ; il pos-
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sédait en bibliographie des connaissances étendues, qu'il communiquait
avec une obligeance dont les érudits qui fréquentent la bibliothèque
Mazarine ont conservé le souvenir.
M. Edmond Comte, du chemin de fer du Nord, était un de ces ama-
teurs passionnés qui consacrent tous leurs loisirs aux études de leur
choix. Sa prédilection pour nos travaux est un goût de famille; il suc-
cédait dans notre Société à un de ses frères, et maintenant c'est encore
un de ses frères qui le remplace à son tour.
M. Fanjoux n'était pas seulement pour moi un confrère de la Société
des anciens textes, c'était un vieux camarade. Nous nous étions ren-
contrés pour la première fois sur les bancs de l'École des chartes. Il y
apportait une curiosité infatigable, une intelligence ouverte aux études
les plus diverses, une grande courtoisie, l'aisance d'un homme du monde
qui parle bien de tout et à qui rien n'est étranger. Les affaires nous
l'enlevèrent, et, comme dans la touchante pièce de vers de M. Eugène
Manuel, ce fut une lettre de mort qui vint me rappeler les souvenirs
d'autrefois.
De tous les collègues que nous venons de perdre, M. Paul Lacroix
est peut-être celui qui est connu du plus grand nombre de gens, sur-
tout sous son pseudonyme de bibliophile Jacob. A un savoir fort étendu
il joignait beaucoup d'esprit, plus assurément que l'érudition n'en exige,
plus même peut-être qu'elle n'en supporte. C'était, comme on dit dans
le langage d'aujourd'hui, un savant doublé d'un romancier; mais, après
tout, la science rigoureuse et austère de notre temps aurait-elle bien
bonne grâce à blâmer ces charmeurs qui ont su avec tant d'adresse, de
précautions, de mesure, attirer, apprivoiser le public aux questions
d'histoire littéraire, de philologie, de bibliographie ? Ils ont créé des lec-
teurs, dont la curiosité, habilement éveillée, est devenue peu à peu plus
grave, plus sérieuse, et avec lesquels on peut impunément aujourd'hui
se montrer consciencieux, exact, ennuyeux même, si le sujet l'exige.
Né à Florence de parents français, professeur de littérature à Genève,
M. Marc Monnier possédait admirablement les langues méridionales de
l'Europe et avait de leurs origines et de leurs influences réciproques
une connaissance approfondie, qui lui inspirait un vif intérêt pour les
publications de notre Société. Apprécié en France, il était populaire en
Suisse. A sa mort, les journaux illustrés s'empressèrent d'y publier son
portrait, en inscrivant au-dessous cette pensée tirée de ses œuvres, qui
donne une idée juste de son caractère et de son talent : « Voulons-nous
être heureux, ou moins malheureux ? Il faut songer aux autres. Les
trois quarts de nos chagrins viennent d'une pitié sans emploi, que nous
occupons de nous seuls. »
Ce n'est pas en quelques mots que nous pourrions esquisser le portrait
intellectuel et moral .d'un homme aussi éminent que M. Adolphe
Régnier. Nous aurions trop à dire pour ne pas sentir la nécessité d'être
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très bref. Comment ne pas rappeler, du moins, que ce maître en phi-
lologie orientale a transport('' sur la fin de sa vie dans les études de phi-
lologie française la rigueur des procédés critiques empruntés à ses pre-
miers travaux ? Gomment ne pas dire la curiosité, l'ardeur qu'excitaient,
dans cet esprit froidement passionné, ces recherches nouvelles pour lui?
Ce labeur, qui semblait l'absorber tout entier, ne l'enlevait pourtant pas
aux siens; il n'était point de ceux qui s'isolent dans leur savoir, qui
s'en font comme un rempart pour se défendre contre les affections de
famille. Il n'avait été que trop sensible à la porte d'un fils tendrement
chéri; lorsqu'il disparut à son tour, sa femme s'achemina doucement
vers sa tombe, et, certains qu'elle était parvenue au but souhaité, ceux
de ses amis qui la regrettaient le plus étaient, le jour de son convoi,
ceux qui la plaignaient le moins.
Croyant à une réunion plus prochaine de la Société, j'avais arrêté ici
la liste de ses pertes, qui déjà avaient été si souvent pour moi des
deuils personnels, quand, pendant le repos des vacances, la mort, qui,
elle, ne s'arrête jamais, est venue nous frapper d'un nouveau coup.
M. Emile Egger a été subitement enlevé aux siens, à l'époque où un
grand nombre de ceux qui lui étaient attachés, dispersés loin de Paris,
ne pouvaient pas même lui rendre un dernier hommage.
Helléniste éminent, écrivain distingué, c'était, avant tout, un maître
incomparable. II n'entassait pas les richesses scientifiques, il les dépen-
sait, il les prodiguait généreusement. Affable toujours, sévère quand il
le fallait, il encourageait les forts, soutenait les faibles, se mettait à la
portée des humbles. C'est lui qui a réellement fondé en France l'en-
seignement fécond des conférences, maintenant si florissant, mais qui,
au début, surprenait, eflrayait par sa nouveauté. Sa curiosité encyclo-
pédique avait été vivement éveillée par les travaux de notre Société,
dont il avait été l'un des premiers adhérents, et qu'il présida en 1876'.
Il l'a, du reste, bien prouvé dans l'intéressant article qu'il leur a consa-
cré dans le Journal des Débats du 3 janvier, au seuil de cette année qui
devait être celle de sa mort.
Conservons pieusement, messieurs, le souvenir de tant d'hommes si
divers de goûts, de talents, d'aptitudes, réunis dans un commun amour
pour la littérature et l'érudition nationale, et appelons à nous tous
ceux qui seront heureux de suivre leur exemple et fiers de leur
succéder.
1. Son discours, lors de l'Assemblée générale de la Société, en 1876, est
imprimé dans le Bulletin de la Société, année 1876, p. 38 [Bibliothèque de
l'École des chartes, t. X.X.XVII, 1876, p. 302). Il n'était que vice-président, ayant
refusé de se laisser porter à la présidence.
^86
RAPPORT DU SECRÉTAIKE.
Messieurs,
Le dernier rapport que j'ai eu l'honneur de présenter à la Société a
été lu dans notre assemblée générale de mai 1884. Nous espérions ce
jour -là revenir définitivement à l'usage ordinaire des Sociétés qui
tiennent leur principale séance dans la première partie de l'année, afin
d'entendre le compte rendu des travaux de l'année précédente. Si nos
espérances ont été déçues, s'il nous a fallu reculer jusqu'à ce jour notre
assemblée générale, la faute en est à ceux de nos éditeurs qui n'ont
pas encore terminé ou qui viennent seulement d'achever des publica-
tions qui devaient être prêtes beaucoup plus tôt.
Toutefois, malgré ce mécompte regrettable, la Société reconnaîtra
qu'un grand effort a été fait cette année et que des résultats importants
ont été obtenus. Quatre nouveaux volumes viennent d'être déposés chez
M. Didot, tandis qu'un cinquième, dont l'impression s'achève, pourra
être mis en distribution dans quelques semaines. Les quatre volumes
publiés d'hier sont :
Le tome II de la Chronique du Mont-Saint-Michel ;
Le tome IV des OEuvres d'Eustache Deschamps;
La Mort Aymeri de Narhonne, chanson et geste;
Le tome I des OEuvres poétiques de Beaumanoir.
Avec ces quatre volumes, nous avons pu compléter l'exercice de 1883,
auquel nous avons affecté le tome II de la Chronique du Mont-Saint-
Michel, et constituer l'exercice de 1884 tout entier.
Le volume qui s'achève actuellement est le deuxième des OEuvres
poétiques de Beaumanoir. Notre intention était de publier en une fois
l'ouvrage complet, et par conséquent de garder en magasin le tome I
jusqu'à l'achèvement du tome II, mais il nous eût fallu laisser incomplet,
pendant quelque temps encore, l'exercice de 1884, que nous avions
hâte de terminer.
Entre ces diverses publications, il n'en est qu'une qui n'ait pas été
annoncée dans mon dernier rapport. C'est le second tome de la Chro-
nique du Mont-Saint-Michel, qui n'a été mis sous presse qu'au mois de
juillet de l'année dernière. Grâce à l'activité que M. Luce a apportée à
la correction de ses épreuves, ce volume, qui contient vingt-deux
feuilles en petit texte, a été composé et tiré en quinze mois. La Chro-
nique du Mont-Saint-Michel, avec l'énorme appendice de trois cents pièces
que M. Luce y a joint, est une publication plus historique assurément que
philologique. Toutefois, rien dans le programme que nous nous sommes
tracé dès l'origine de la Société n'exclut les recueils de ce genre, dès
qu'ils sont composés de pièces françaises, et on ne peut pas nous repro-
cher d'avoir donné trop de place aux textes diplomatiques, le recueil
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formé par M. Luce des documents relatifs au siège mémorable du
Mont-Saint-Michel étant lo premier de ce genre que nous ayons publié.
D'ailleurs, la publication de M. Luce se recommande par un mérite
auquel les philologues non moins que les historiens seront sensibles :
c'est qu'elle est accompagnée d'une excellente table analytique, qui, indé-
pendamment de son utilité comme instrument de recherches, cons-
titue un document singulièrement précieux pour l'étude des noms
propres au xv® siècle.
Avec la Chronique du Monl-Saint-Michd se complète notre exercice
de 1883, dont les deux autres volumes sont le tome VII des Miracles de
Notre-Dame et le Dit de la Panthère d'Amours, distribués l'un et l'autre
dans les premiers jours de cette année, postérieurement, par consé-
quent, à notre dernière assemblée générale. Le tome VII des Miracles
termine l'édition d'un recueil dont l'importance est mieux comprise à
mesure que les études sur les légendes pieuses, d'une part,et sur notre
ancien théâtre, d'autre part, vont progressant. Deux œuvres, l'une et
l'autre de longue haleine, sont nécessaires pour que la publication des
Miracles de Notre-Dame puisse être dite véritablement complète : un
glossaire et une introduction générale, accompagnée de notices sur
chaque pièce. Ce dernier travail, dont s'est chargé M. Paris, ne pourra,
sans doute, pas être terminé très prochainement; mais, tant qu'au glos-
saire, dont j'annonçais l'an dernier la préparation, il est en bonne voie.
M. Bonnardot en achève la rédaction, et les premières pages sont
imprimées.
La Panthère d'Amours de Nicole de Margival est un poème vérita-
blement intéressant. Il est plus lisible que la plupart des poèmes allégo-
riques que nous a laissés le moyen âge; il est surtout plus court, avan-
tage non médiocre. Au mérite trop peu commun d'appartenir à un
auteur certain et à une date à peu près déterminée, il joint celui de
nous fournir sur quelques points de la littérature contemporaine des
notions curieuses que le jeune éditeur, M. Todd, aidé de son commis-
saire responsable, M. Paris, a généralement su mettre en lumière. C'est
ainsi, pour ne citer qu'un petit fait, non sans intérêt pour l'histoire de
notre ancienne poésie, que l'un des plus anciens exemples du mot balade
pour désigner une pièce en trois couplets à refrain se trouve dans la
Panthère d'Amours. Avant Nicole de Margival, ce genre de poésie s'appe-
lait haleté, et l'introduction du nom exotique balade n'est pas sans soule-
ver un problème assez délicat'.
1. A propos du Dit de la Panthère, je ferai remarquer que le Dit des trois
morts et des trois vifs, commençant par Compains, vois-tu ce que je vois, dont
M. Todd s'est occupé, p. xxx et xxx] de sa préface, se trouve encore dans deux
manuscrits du Musée britannique el dans un manuscrit qui naguère appartenait
à M. Didot ; voyez le Bulletin de la Société, 1882, p. 46, 71-72, et 1884, p. 66.
i88
L'exercice de 1884, que nous venons de livrer complet en une fois,
contient d'abord un ouvrage dont j'ai entretenu la Société assez souvent
pour n'avoir plus rien à en dire, sinon que nous en souhaitons tous la
progression régulière dans les conditions où elle a eu lieu jusqu'à pré-
sent. C'est le tome IV des OEuvres d'Eustache Deschamps, dont notre excel-
lent administrateur nous donne un volume tous les deux ans. Il n'est
guère possible de concilier une publication plus rapide avec les exi-
gences d'une correction sévère. Dans une dizaine d'années, le vaste
manuscrit de la Bibliothèque nationale qui nous a conservé l'œuvre de
Deschamps sera tout entier édité, et dix ans sont peu de chose dans la
vie d'une Société dont nous espérons bien ne pas voir la fin.
Des deux autres volumes qui constituent l'exercice de 1884, il en est
un, la Mort Aymeri de Narbonne, chanson de geste jusqu'ici inédite,
qui était sous presse depuis le commencement de l'année 1882 et dont
le prompt achèvement était particulièrement désirable. S'il n'a pas paru
plus tôt, ce n'est pas faute d'efforts de la part du commissaire respon-
sable désigné par le conseil. Les critiques diront si le mérite de l'édi-
tion est en proportion avec les peines qu'elle a coûtées. La Mort Aymeri
n'est pas une chanson de geste d'une grande antiquité : on ne peut
guère la faire remonter plus haut que la fin du xn^ siècle, mais elle est
composée en style ancien et est l'œuvre d'un conteur habile en son art.
Le dernier des ouvrages publiés avec la date de 1884 a pourtant une
valeur plus grande, bien qu'il ne contienne guère de textes inédits.
C'est le tome I" des œuvres poétiques de Philippe de Rémi, sire de Beau-
manoir, publiées par M. Suchier, professeur à l'université de Halle.
J'ai parlé, dans mon rapport de 1882 <, avec assez de détails de cette
publication, et de la part en quelque sorte anticipée que notre confrère
M. Bordier y a prise par ses travaux sur Beaumanoir, pour n'avoir
point, cette fois, à y revenir longuement. Qu'il me suffise de dire que le
tome !<"■, aujourd'hui publié, contient une introduction de cent soixante
pages où sont traitées avec critique toutes les questions que soulèvent
la vie et les œuvres purement littéraires (les coutumes de Beauvaisis
restant à part) de Philippe de Beaumanoir. Vient ensuite le texte de la
Manekine, curieux roman d'aventure déjà publié, il y a quarante-cinq
ans, par M. Michel, mais dont l'édition, faite pour un club littéraire
anglais, avait été de tout temps peu accessible, et enfin la mise en prose
de ce roman par Jean Wauquelin, texte jusqu'à ce jour inédit et même
à peu près inconnu. Le second volume, qui sera distribué, comme je le
disais au début de ce rapport, au commencement de l'année prochaine,
contient le reste des poésies de Beaumanoir et un copieux glossaire.
L'année 1885 s'achève, et cependant il n'y a, dans l'ordre de nos
1. Bulletin de la Société, 1882, p. 84-7 {Bibliothèque de l'École des chartes,
t. XLIV, 1883, p. 129).
^89
publications régulières, qu'un seul volume dont la distribution à bref
terme soit absolument assurée : le tome II de Beaumanoir. Pourtant, avec
un faible effort, deux ouvrages, dont l'un en doux volumes, pourraient
être termines en peu de semaines, car l'un et l'autre sont imprimes, ou
peu s'en faut, quant au texte ; à l'un il ne manque que l'introduction,
à l'autre l'introduction et le glossaire. Le plus avancé des deux est le
recueil des anciennes versions françaises en vers de l'Évangile de Nico-
dème, qui, mis sous presse en 1877 <, a été régulièrement, depuis lors,
annoncé dans chacun de mes rapports. Je le mentionne cette fois encore
pour mémoire, me bornant à constater que cet ouvrage, dont le texte
et le glossaire sont imprimés depuis plus d'un an 2, n'a fait depuis lors
aucun progrès. L'autre ouvrage est le roman de Merlin, dont le texte,
dès maintenant imprimé presque tout entier, formera deux volumes. Il
reste à joindre un glossaire au second volume, une préface au premier.
Si ces deux publications étaient achevées, elles nous serviraient à com-
pléter l'exercice de 1885 et laisseraient un volume libre pour 1886. Tou-
tefois, on va voir que, si Nicodème et Merlin venaient à nous manquer,
nous pourrions cependant y suppléer à l'aide de quelques-uns des
volumes dont voici la liste avec la date de la mise sous presse :
h'Amant rendu cordelier, 1879.
Le Boman de Guillaume de Dôle, 1883.
Les Contes moralises de Nicole Bozon, 1884.
Aymeri de Narbonne, chanson de geste, 1884.
Les Poésies de Christine de Pisan, 1884.
Fragments d'un poème sur la vie de saint Thomas de Gantorbéry, 1885.
Nous ne comptons plus, et depuis longtemps, sur V Amant rendu cor-
delier pour assurer la régularité de nos exercices. Nous avons affecté ce
volume à l'exercice de 1881, qui reste provisoirement incomplet. Lorsque
M. de Montaiglon aura trouvé le temps de le finir, nous nous empres-
serons de le mettre en distribution, mais nous n'avons aucun moyen
de hâter ce moment désiré. Constatons toutefois que, depuis notre der-
nière assemblée générale, le commentaire très développé que M. de
Montaiglon a joint au texte est imprimé, comme aussi la table. Il ne
reste plus à faire que la préface, qui ne semble pas devoir être bien
longue.
Le Roman de Guillaume de Dole, dont le texte est imprimé depuis plu-
sieurs mois, demeure pour le présent en suspens, M. Servois étant con-
traint par l'état de sa santé de séjourner loin de Paris, en des conditions
qui ne lui permettent point d'achever sa préface et son glossaire.
Les Contes de Bozon, dont j'ai entrepris l'édition avec le concours de
Miss L. Toulmin Smith, ont repris, après quelques mois d'interruption,
1. Voy. Bulletin, 1877, p. 65-6.
2. Voy. Bulletin, 1884, séance du 23 novembre.
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leur marche régulière. L'interruption a été motivée par la nécessité de
collationner un manuscrit de ces contes que je ne connaissais pas
lorsque le livre a été mis sous presse. Ce manuscrit fait partie de la célèbre
bibliothèque de sir Thomas Phillipps, à Cheltenham, et c'est seulement
pendant les vacances de cette année que j'ai pu achever la collation
commencée l'année précédente. Le retard qui résulte de cette circons-
tance ne sera d'ailleurs pas préjudiciable à l'édition, diverses rencontres
heureuses nous ayant mis en possession d'éléments grâce auxquels la
compilation de Bozon deviendra un des recueils les plus curieux que
les amateurs de littérature populaire aient jamais eus à leur disposition.
L'édition de la chanson d'Aijmeri de Nar bonne progresse avec lenteur
mais régularité. Le texte est dès maintenant entièrement imprimé, et
l'éditeur, M. Demaison, met la dernière main à son glossaire. L'intro-
duction est écrite depuis plusieurs années et ne demandera qu'une rapide
révision. Nous pourrons compter sur ce volume pour l'exercice de 1886.
Les OEuvres poétiques de Christine de Pisan, dont l'édition proposée
par notre confrère M. Maurice Roy a été récemment acceptée par votre
conseil, formeront une publication que nous n'estimons pas à moins de
trois ou quatre volumes. Il est inutile d'insister sur l'importance du
sujet. Nous aurons d'ailleurs occasion, dans nos prochains rapports,
d'entretenir la Société de cette édition, dont nous venons seulement de
commencer l'impression.
Les fragments d'une Vie en vers octosyllabiques de saint Thomas de
Cantorbéry, que nous venons de mettre sous presse, formeront une
publication très courte et cependant d'un intérêt très varié. Ces frag-
ments, contenant en tout 518 vers, se composent de quatre feuillets de
parchemin ornés, au recto et verso, de miniatures fort remarquables
qui se rapportent à diverses circonstances de la vie du célèbre arche-
vêque. C'est tout ce qui nous reste d'un poème, d'ailleurs inconnu, qui
doit avoir été composé dans les premières années du xni^ siècle, et qui,
dans son entier, devait se composer de plusieurs milliers de vers. Le
propriétaire de ces précieux feuillets, M. Goethals Vercruysse, de Gour-
trai, a bien voulu nous en donner une photographie qu'il a faite lui-
même et que nous avons fait reproduire en héliogravure par M. Dujar-
din. La publication, pour laquelle nous avons dû adopter le format in-S"
couronne, comprendra, outre l'édition du texte, la reproduction com-
plète des quatre feuillets, recto et verso. Elle sera achevée en peu de
semaines.
A ces divers ouvrages, nous pouvons ajouter le t. VIII des Miracles
de Notre-Dame, contenant le glossaire rédigé par M. Bonnardot. Les
premières pages en sont déjà composées à titre de spécimen, et l'acti-
vité éprouvée de notre confrère nous fait espérer que le volume entier
pourra être imprimé dans le courant de l'année prochaine.
Ce glossaire, Aymerî de Narbonnc, la Vie de saint Thomas, le tome II
'194
de Philippe de Beaumanoir et les trois volumes presque terminés qui
contiennent l'Évangile de Nicodème et Merlin suffiront et au delà à
assurer les exercices de 1885 et de 188G.
Je ne dois pas ometlro do dire (juo, pour Tannée 1885, nous aurons,
indépendamment de notre distribution régulière, une nouvelle partie
du Mislère du Vieil Testament, le tome V, gracieusement otl'ert à la Société
par M""» la baronne James de Rothschild, et dont l'impression, préparée
par M. E. Picot, est dès maintenant à peu près terminée.
En outre, plusieurs éditions, agréées en principe par votre conseil,
sont en préparation et ne tarderont pas à aboutir. Outre celles qui ont
déjà été annoncées dans mes précédents rapports, telles que l'édition de
Doon de la Roche et celle du roman d' Ydcr, nous pouvons mentionner
ici, comme devant être prochainement mis sous presse, le charmant
écrit du jurisconsulte Philippe de Navarre, intitulé le traité des Quatre
Temps d'âge d'homme, dont une édition préparée avec le plus grand soin,
d'après les quatre manuscrits connus, nous a été proposée par M. Mar-
cel de Fréville-Delorme. Votre conseil en avait même autorisé la mise
sous presse dès le commencement de cette année, lorsque la découverte
inattendue d'un cinquième manuscrit, conservé dans la bibliothèque
municipale de Metz, a obligé l'éditeur à remanier son texte, afin de
tenir compte des leçons qu'offre ce nouvel exemplaire.
La publication du traité des Quatre Temps d'âge d'homme aura lieu fort
à propos au moment où une découverte récente ramène l'attention vers
Philippe de Navarre, qui n'occupe pas encore dans notre ancienne litté-
rature la place à laquelle il a droit. On savait depuis longtemps que ce
personnage a composé des mémoires entremêlés de poésies sur la guerre
qui eut lieu entre Frédéric II et les Chypriotes. On en connaissait le
titre. Geste des Ciprois, et, dans une certaine mesure, le contenu, par
le chroniqueur italien Florio Bustron. Or, on a trouvé récemment, en
Italie, un manuscrit d'une compilation historique qui renferme à n'en
pas douter la totalité, ou peu s'en faut, de l'ouvrage perdu de Philippe
de Navarre. Cette compilation s'imprime à ce moment par les soins de
notre confrère M. G. Raynaud, sous la direction de M. le comte Riant,
et formera l'une des prochaines publications de la Société de l'Orient
latin. Cette société et la nôtre auront donc contribué simultanément à
faire mieux connaître un des hommes qui font le plus d'honneur à notre
ancienne littérature.
Une autre proposition a été faite à votre conseil, qui l'a acceptée avec
empressement. Vous savez, messieurs, que l'usage littéraire de la langue
française s'est étendu au nord de l'Italie, qu'au xni« siècle et au xiv*
les jongleurs qui chantaient nos chansons de geste ou lisaient nos
romans d'aventures étaient aussi assurés de rencontrer un public attentif
à Milan, à Venise ou à Bologne que dans leur propre patrie. Le goût
de notre littérature s'établissant de plus en plus, il arriva que des Ita-
^92
liens, en général Lombards ou Vénitiens, se mirent à composer en fran-
çais, non seulement en prose, mais en vers. Plusieurs de ces poèmes,
que l'on peut appeler franco-italiens, nous ont été conservés, et ont été
depuis une trentaine d'années l'objet des recherches des érudits, tant
en France qu'en Italie. L'un des plus étendus et, à certains égards, des
plus curieux est l'Entrée de Spagne, que notre confrère M. L. Gautier
fit le premier connaître, en 1858 ^ par une analyse, accompagnée de
recherches dont les résultats ont été modifiés par des travaux récents,
M. Mussafia, professeur à l'université de Vienne et membre de notre
Société, avait autrefois copié en entier ce long ouvrage. Il voulut bien
nous offrir sa copie, tout en nous informant que ses occupations et l'état
de sa santé ne lui permettaient pas de la préparer en vue d'une édition.
Or, l'un de nos jeunes confrères, M. Antoine Thomas, connu par d'ex-
cellents travaux historiques et littéraires, s'était occupé, de son côté, de
l'Entrée de Spagne, et avait prouvé, par d'ingénieuses et sûres observa-
tions, que l'auteur de ce poème n'avait pas droit au nom de Nicolas de
Padoue, qu'on lui avait assigné, en combinant mal à propos deux indi-
cations contradictoires; qu'il était de Padoue, mais ne s'était pas nommé,
et que le nom de Nicolas devait être rendu à un autre poète du même
temps, un certain Nicolas de Vérone, auteur d'un poème inédit sur la
Passion et d'un autre intitulé : la Prise de Pampelune, que M. Mussafia
a publié en 1864 2. M. Thomas a bien voulu se joindre à M. Mussafia
pour faire l'édition de VEntrée de Spagne. C'est dire que cette publica-
tion aura pour auteurs les deux savants les plus propres à la conduire
à bonne fin.
Avec l'exercice de 1884, la Société achève la dixième année de son
existence. Pendant cet espace de temps, elle a publié vingt-huit volumes,
sans compter les quatre volumes (bientôt cinq) du Mistère du Vieil Tes-
tament, imprimés aux frais de notre regretté trésorier, puis de M^^ la
baronne J. de Rothschild. A cet ensemble de publications, il faut ajou-
ter les dix volumes de notre Bulletin, — le onzième est en cours de
publication, — qui contiennent tous des notices de manuscrits jusqu'alors
non décrits, souvent même absolument inconnus, et de nombreux textes
inédits. Il a paru opportun de rédiger, pour le tome X de notre Bulletin,
une série de tables, afin de rendre faciles les recherches dans cette série
véritablement importante de documents de notre ancienne littérature.
Un coup d'œil jeté sur ces tables, exécutées par le secrétaire adjoint de
1. L'Entrée en Espagne, chanson de geste inédite renfermée dans un manus-
crit de la bibliothèque de Saint-Marc, à Venise [Bibliothèque de l'École des
chartes, 4' série, IV, 227-270).
2. Voy. Ant. Thomas, Nouvelles Recherches sur l'Entrée de Spagne, chanson
de geste franco-italienne {Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de
Borne, fasc. XXV). Paris, 1882.
^93
la Société, M. G. Raynaud, suffit à l'aire recoiinaitre la quantité de
matériaux nouveaux que nous avons préparés à nos successeurs.
A ceux-là pas plus qu'à nous la matière ne fera défaut. Ils auront do
plus que nous le secours de catalogues exacts, permettant l'exploration
rapide des bibliothèques, des bibliographies résumant un nombre infini
de travaux épars, et probablement aussi une science philologique plus
sûre. Bien des tâtonnements, bien des recherches longues et souvent
infructueuses leur seront épargnés, et ils feront mieux que nous avec
moins de peine. Nous espérons, toutefois, qu'en considérant l'œuvre des
premières années de notre Société, ils nous rendront témoignage que
nous avons fait tout ce que nous pouvions faire.
ORDONNANCE ROYALE
fixant les statuts de la bibliothèque royale de berlin.
(traduction.)
Guillaume, par la grâce de Dieu, roi de Prusse, etc.
Nous avons résolu de conférer à la Bibliothèque royale de Berlin les
statuts suivants {das nachfolgende Statut) :
I. Dispositions générales.
§ 1. La Bibliothèque a pour mission de réunir une collection aussi
complète que possible des écrits des auteurs allemands et un choix
des écrits des auteurs étrangers, de conserver ces collections en bon
ordre et d'en rendre l'usage accessible au public.
§ 2. La Bibliothèque se divise en deux départements {Ablheilungen) :
un département des imprimés et un département des manuscrits.
§ 3. La Bibliothèque est placée dans les attributions de notre ministre
des affaires ecclésiastiques, de l'enseignement et des affaires médicales.
Le ministre arrête les instructions du conseil d'administration, et,
celui-ci entendu, les instructions de service du directeur général et des
directeurs de département.
IL Conseil d^adrninistration.
§ 4. Le conseil d'administration (das Kiiratorium) se compose :
l" D'un président, dont nous nous réservons la nomination ;
20-5° De quatre membres nommés par le ministre, pour trois ans,
dont deux devront être choisis parmi les savants de Berlin ;
G» Du directeur général ;
Et en outre, pour les délibérations sur les affaires désignées au § 8,
1" et 2°, et pour la rédaction du règlement sur le service public (§ 6) :
7° et 8" De deux membres nommés par le ministre, pour une durée
13
de trois ans, et choisis, en principe, parmi les savants fixés iiors de
Berlin.
Le ministre désigne, parmi les membres du conseil, le vice-président.
§ 5. Le conseil doit prendre en main, en toute occasion, les intérêts
de la Bibliothèque, et s'appliquer dans la mesure de ses forces à la main-
tenir à la hauteur de sa mission.
§ 6. Le conseil arrête, sauf l'approbation du ministre, les règlements
sur le service intérieur (§ 21) et sur le service public (§ 22), ainsi que
les instructions de service des fonctionnaires, autres que le directeur
général et les directeurs de département (§ 3, 2" alinéa).
§ 7. Le conseil surveille l'administration de la Bibliothèque et fixe les
principes qui la régissent.
Il n'a pas le droit de s'immiscer directement dans le détail des affaires.
§ 8. Sont soumis à la ratification du conseil :
1» Le plan général d'acquisitions, préparé, pour chaque exercice, par
le directeur général ;
2° La répartition des fonds ordinaires entre les deux départements ;
3° Toutes les décisions du directeur général qui tendent à une trans-
formation essentielle du système de rédaction des catalogues ;
4° Les projets de modifications importantes dans l'état des bâtiments;
5° Toutes conventions importantes qui affectent les relations de la
Bibliothèque avec d'autres bibliothèques ou d'autres établissements;
6° Les entreprises de publications projetées par la Bibliothèque.
§ 9. Le conseil donne son avis sur les questions qui lui sont soumises
par le ministre relativement aux affaires de la Bibliothèque.
Les rapports du directeur général au ministre doivent, à moins d'ur-
gence exceptionnelle, être transmis par l'intermédiaire du conseil, qui
y joint les observations qu'il juge convenables.
§ 10. Les séances ordinaires du conseil ont lieu à des intervalles de
quatre à six semaines, ainsi qu'il sera déterminé plus précisément dans
ses instructions.
Des séances extraordinaires peuvent être tenues sur la convocation
du président.
§ 11. Pour la validité des délibérations, la présence de trois membres
est nécessaire.
Les décisions sont prises à la simple majorité. En cas de partage, le
président ou le vice-président a voix prépondérante.
III. Fonctionnaires.
§ 12. La direction scientifique, technique et administrative de la Biblio-
thèque appartient au directeur général. Tous les autres fonctionnaires
sont ses subordonnés, et il occupe à leur égard, au point de vue de la
discipline, la position d'un chef d'administration provinciale.
§ 13. Le directeur général exerce ses fonctions conformément aux
^95
présents statuts, aux instructions de service (§ 3, 2" alinéa) et aux déci-
sions du conseil d'administration (§§ 7 et 8).
§ 14. Le ministre pourvoit au remplacement du directeur général en
cas d'empêchement.
§ 15. Chacun des deux départements (§ 2) a un directeur.
Le directeur général peut être nommé en même temps directeur d'un
département.
i^ 16. Les directeurs sont responsables de l'expédition exacte et régu-
lière des allaires dans leur département. Ils doivent surveiller directement
les fonctionnaires et autres membres du personnel employé dans leur
département, et porter immédiatement à la connaissance du directeur
général les irrégularités qui viendraient à se produire.
§ 17. Les directeurs doivent apporter un soin particulier à l'accroisse-
ment des collections de leur département, ainsi qu'à la continuation et
au perfectionnement des catalogues et répertoires.
^ 18. Au reste, les directeurs exercent leurs fonctions conformément
aux instructions de service (§ 3, 2^ alinéa) et aux prescriptions du direc-
teur général.
§ 19. Le directeur général pourvoit au remplacement des directeurs
en cas d'empêchement.
§ 20. La nomination du directeur général et des directeurs nous
demeure réservée. Quant aux autres fonctionnaires [Beamten) de la
Bibliothèque, les bibliothécaires, conservateurs, conservateurs adjoints
et employés [Bibliothekare, Kustoden, HUlfskustoden wxd Sekrelâre) sont
nommés par le ministre ; l'admission des auxiliaires et attachés {Assi-
stentenund Volontdre) et la nomination des employés subalternes (^/lier-
beamten) sont prononcées par le directeur général.
IV. Service intérieur et imblic.
§ 21. Le service intérieur de la Bibliothèque fait l'objet d'un règle-
ment spécial (Bibliothck-Ordnu)ig.) (§ ô).
Ce règlement doit instituer des conférences tenues tous les quinze
jours pour l'examen des affaires principales. Le directeur général appelle
à chaque conférence les directeurs et les autres fonctionnaires dont la
présence lui paraît utile.
Si le directeur général est en même temps directeur d'un département,
le plus ancien bibliothécaire du même département doit toujours être
appelé aux conférences.
§ 22. Le service public de la Bibliothèque consiste d'une façon géné-
rale :
1" Dans l'usage de la salle de lecture;
2° Dans le prêt des imprimés et des manuscrits.
Les prescriptions de détail sur cette matière font l'objet d'un règle-
ment spécial [Benutzunqs-Ordnung] (§ 6).
196
Ce règlement doit tendre à faciliter autant que possible l'usage de la
Bibliothèque.
Nous avons signé les présentes de notre propre main et nous y avons
fait mettre notre sceau royal.
Donné à Berlin, le 16 novembre 1885.
Guillaume.
von gossler.
ARCHIVES MUNICIPALES DE FRANCFORT-SUR-LE-MEIN.
La Société d'histoire et d'archéologie de Francfort-sur-le-Mein (Verein
fur Geschichte imd Alterthumskunde) a décidé d'entreprendre la publica-
tion de l'inventaire des archives de cette ville. Sans parler des docu-
ments intéressant surtout l'histoire locale, comme privilèges munici-
paux, délibérations du corps de ville, procès-verbaux des bourgmestres,
registres du cadastre, les archives municipales de Francfort com-
prennent un très grand nombre de pièces relatives à l'histoire générale
de l'Allemagne, en particulier aux élections et couronnements des
empereurs, aux affaires militaires, aux traités de paix, aux choses judi-
ciaires et entre autres au tribunal de la Sainte-Vehme. Le magistrat de
Francfort accorde à la Société, pour cette publication, une subvention
annuelle de mille marks pendant cinq ans.
UNE RECTIFICATION A L'ANCIEN CATALOGUE
DES MANUSCRITS DE CORBIE.
L'ancien catalogue des manuscrits de Corbie qui se trouve au Vatican
dans le n» 520 de la reine de Suède n'indique pas toujours avec netteté
la composition des volumes dont il contient la description. On est sou-
vent embarrassé pour savoir à quel endroit il convient de placer les
coupures pour indiquer les morceaux compris dans les différents manus-
crits de la bibliothèque. En publiant ce document dans le tome II du
Cabinet des manuscrits, p. 432-440, j'ai adopté un système de coupures,
meilleur assurément que celui du cardinal Mai, mais qui est encore
loin d'atteindre la perfection. Une récente publication de l'Académie
des sciences de Vienne me fournit le moyen de corriger l'article 245 de
mon édition, ainsi conçu :
245. Johannes diaconus super Pentateuchum. Luciferi episcopi pro
Athanasio libri duo. De regibus apostaticis liber unus. De non conve-
niendo cum hereticis liber unus. De non parcendo in Deum delinquen-
tibus liber unus. Quod moriendum sit pro Dei filio, liber unus. Epistola
Florentii liber unus. Athanasii libri duo. Liber ad Gonstantium. Atha-
nasius ad monachos.
497
Je suis persuadé que cette notice doit être coupée en deux, de la
manière suivante :
Ub. Johannes diaconus super Pentateuchum.
245 bis. Luciferi episcopi pro Athanasio libri duo, etc. — Athanasius
ad monaclios.
L'article 245 répond au manuscrit latin 12300 de la Bibliothèque
nationale.
Quant à l'article 245 bis, il doit désigner le manuscrit d'après lequel
Jean du Tillet, évêque de Meaux, publia, en 1568, les opuscules de
Lucifer, manuscrit qui forme aujourd'hui le n» 133 du fonds de la reine
de Suède au Vatican.
Ces identifications me paraissent résulter de la préface que M. le pro-
fesseur W. von Hartel a mise en tète des Luciferi Calaritani OpusciUa
(Vienne, 1886, in-S^). Cette édition de Lucifer, exécutée avec beaucoup
de soin et de critique par M. von Hartel, forme le vol. XIV du Corpus
scriptorum ecclesiasticoriim latinorum edituin consilio et impensis Aca-
dcmiae litterarum cacsareae Vindobonensis. t i\
L. Delisle.
ITINÉRAIRE DE WISSANT A LYON.
Le texte suivant a été trouvé à la bibliothèque de l'université de Cam-
bridge, par M. Gh.-V. Langlois, qui a bien voulu nous le communiquer.
Ces quelques lignes, écrites au xin" siècle, en marge du f« 2 v» du manus-
crit coté H h. VI. 11, indiquent les localités françaises traversées par un
Anglais qui se rendait à Lyon :
Hec via tendit a mari usque Ltigdunum.
Whitsond (Wissant). Boloyne (Boulogne). Musterroyl (Montreuil-sur-
Mer). Mantenoy (Maintenay). Cressii (Grécy-en-Ponthieu). Sein lUcher
(Saint-Riquier). Areynes (Airaines). Poys (Poix). Odure (?). Beuvoys (Beau
vais). Beumond (Beaumont-sur-Oise). Sein Dionis (Saint-Denis). Paris
Corboil (Corbeil). Chastellandun (Château-Landon). Mundtargis (Montar-
gis). Chaslilun (Châtillon-sur-Loing). Boni sur Leyre (Bonny-sur-Loire)
Poylie sur Leyre (Pouilly-sur-Loire). La Charité. A Nevers. Disise (Decize)
Ganoy Sein Jorge (Gannay-sur-Loire). Perefite (Pierrefitte-sur-Loire)
Marteni le Noneins (Marcigny). Ckerlu (Gharlieu). Tysiie (Thizy). Sein
Clément (Saint-Glément-de-Vers). Arborelle (L'Arbresle). Lyuns (Lyon
Hec est via per Ponteni versus Parisius.
Martini le Noneins (Marcigny-sur-Loire). La Note SeinJo[?i] (La Mott&
Saint-Jean). Saveni Paifol (Savigny-Poil-Fol). Curbini (Corbigny). Ver
dcloys (Vczelay). Sein Priz (Saint-Bris). Ponteni (Pontigny). Brinun le
Erceveschc (Brienon-l'Archevêque). Cerisers (Cerisiers). Satins en Bor-
gogne (Sens). Pount sur Yone (Pont-sur-Yonne). Moret. Melun sur Seyne
(Melun), Paris.
198
Ce texte est trop récent pour fournir des renseignements sur l'étymo-
logie des noms de lieux dont il parle, mais il montre que les grandes
voies de la France suivaient alors en général la même direction qu'au-
jourd'hui. En effet, jusqu'à Paris, cet itinéraire correspond au tracé de
la route de Calais à Paris, sauf pour la portion comprise entre Montreuil
et Airaines. De Paris à Nevers, la route est également la même qu a
présent, si ce n'est à la hauteur de Châtillon. Mais, à partir de Nevers
jusqu'à l'Arbresle, notre Anglais tourne un peu vers l'est, et son chemin
n'est représenté de nos jours par une voie un peu importante qu'entre
Pierrefitte et Marcigny. L'itinéraire par Pontigny, qu'il suit au retour,
est aussi abandonné maintenant jusqu'à Cerisiers, endroit où il retombe
dans la route de Paris à Dijon.
Léon Le Grand.
LE PORTRAIT DE LOUIS P>- D'ORLÉANS.
A propos de la question posée par notre confrère M. Bouchot dans le
dernier fascicule de la Bibliothèque, on peut faire remarquer que l'atti-
tude de Louis I^r d'Orléans, dans son portrait reproduit par Thevet,
s'explique assez aisément si ce portrait n'est pas contemporain du
meurtre de Louis, comme on pourrait le croire tout d'abord.
M. le marquis de Laborde , qui avait déjà signalé cette toile, n'a
élevé contre la date de 1407 aucune objection et s'est borné à remar-
quer que, dans l'hypothèse où on la ferait remonter à cette date, on
pourrait l'attribuer à Colart de Laon.
Les reproductions de Thevet et de Gaignières (ms. de la bibliothèque
Bodléienne à Oxford) ne sont pas, en effet, assez parfaites pour nous
permettre de lui assigner une date d'après ses caractères intrinsèques.
Mais, à défaut de cette preuve, d'autres circonstances peuvent nous
reporter à l'année 1504.
On sait qu'en 1395, protecteur-né des Célestins, dont Philippe le Bel
avait créé en France la maison-mère à Ambert, dans la forêt d'Orléans,
Louis I*'' d'Orléans fit ériger une chapelle annexe à l'église abbatiale des
Célestins de Paris. Il y fut enterré. L'égUse et la chapelle, désaffectées
en 1792, ont été détruites de nos jours; les débris du tombeau des ducs
d'Orléans, relégués d'abord dans un magasin de l'église de Saint-Denis,
ont été ensuite transportés à Versailles.
Le tombeau (d'ailleurs maintes fois décrit et reproduit par Gaignières,
Millin, Lenoir, Rabel, Le Laboureur, etc.) était un vaste monument
collectif, plus somptueux qu'artistique, sur le plan du tombeau de Fran-
çois II, son contemporain, à Nantes. Il portait les quatre statues, cou-
chées dans la pose classique, de Louis I®"", de Valentine de Milan, du
comte Philippe de Vertus et de Charles d'Orléans. L'érection de ce
^99
monument fut une des premières pensées du règne de Louis XII; mais
le tombeau ne fut achevé qu'en 1504. On y transporta en grande pompe
les restes mortels de Charles d'Orléans, demeurés jusque-là à l'église
Saint-Sauveur de Blois. Le cortège funèl)re, d'après les registres du
Parlement, partit le 21 février {bO\ (anc. st.) de l'église Notre-Uame-
des-Champs pour traverser Paris.
L'acte de piété filiale de Louis Xlt, célébré par ses panégyristes, ne
faisait pas l'objet de moins de trois pompeuses inscriptions, placées,
l'une dans la nef de l'église des Gélestins, l'autre au deuxième pilier de
gauche de la chapelle d'Orléans, la troisième sur le troisième pilier de
gauche de la même chapelle. Voici cette dernière, plus simple et plus
brève que les autres, d'après la reproduction de Gaignières :
LUDOVICUS REX XII QUIETI
PERPETUE ET MEMORIE PERENNI
ILLUSTRISSIJIORUM PRINCIPUM
LUDOVIGI AVI VALENTINE AVIE
KAROLI PATRIS PIISSIMORUM
PIENTISSIMORUMQUE PARENTUM
AC PHILIPPI PATRUI
FELICITER
M. vc. un.
Ajoutons que, sur le tombeau lui-même, les inscriptions tumulaires
rapportaient toutes les mentions au roi régnant : Louis, duc d'Orléans,
aïeul du roy Louis douziesme. — Charles.. . père du roy Louis douziesme, etc.
Ainsi, toute cette ornementation est de 1504. Quant au tableau en
question , c'était tout simplement un tableau symbolique , appendu ,
dit Gaignières, contre le mur de droite de l'autel. Il porte précisément
la même inscription que le tombeau : Louis, duc d'Orléans, aïeul du roy
Louis douziesme, et par conséquent nous sommes fondés à croire qu'il
n'est pas non plus antérieur k 1504.
Dès lors, le sujet s'explique de lui-même. On sait le goût de Louis 1er
d'Orléans pour le luxe, son faste, et aussi son avidité. Gomme le faisait
remarquer M. Léopold Delisle, la collection de Bastard est venue à ce
sujet enrichir la Bibliothèque nationale d'une nouvelle mine de renseigne-
ments. Or, Louis est ici à genoux devant un arbre chargé des fruits les
plus riches; mais son attitude marque la surprise et l'épouvante, car,
derrière cet arbre, surgit un squelette hideux, la Mort, qui lance son
dard à qui rien n'échappe, ainsi que le dit la légende, enroulée, comme
le serpent du Paradis, autour de l'arbre à fruits d'or : Juvenes ac senes
rapio.
Gomme il est un peu à la mode d'attribuer à Jean Perréal, peintre
officiel de Louis XU, la plupart des peintures ou dessins de l'époque,
voilà un tableau dont sans doute on pourrait chercher à lui faire bon-
200
neur. Je n'irai pas jusque-là, d'autant plus que le costume dont l'artiste
a revêtu Louis I'"'^ trahit peut-être une main étrangère. De plus compé-
tents pourront trancher cette question; mais on voit que : 1° l'attri-
bution de la peinture au commencement du xv" siècle est plus que
douteuse; 2° le tableau n'a aucun caractère de tombeau et ne peut
apporter aucune contribution nouvelle à l'histoire de cette branche de
l'archéologie. Nous lui devons seulement une symbolique fort curieuse
et que M. Bouchot a très justement signalée.
R. M.
PALÉOGRAPHIE DES CLASSIQUES LATINS.
La quatrième livraison du recueil de M. Emile Châtelain va très pro-
chainement paraître. Ce nouveau fascicule contiendra des reproductions
des principaux manuscrits de César, Salluste et Lucrèce. Voici le détail
des planches :
46. César. Paris. 5763. (Floriacensis, ix« siècle.)
47. — Paris. 5056. (Moissiacensis, xi° siècle.)
48. — Paris. 5764. (xi^ siècle.)
49. — Laurentianus, Lxvin, 6. {xi'^ siècle.)
50. — Vossianus, q, 53. (xi<' siècle.)
— — Vindobonensis, 95. (Fin du xu^ siècle.)
51. Salluste. Fragm. hist. Regin. 1283. (Capitales.)
52. _ Paris. 16024. (ix" siècle.)
— — Paris. 16025. (Fin du ix" siècle.)
53. — Paris. 10195. (x"^ siècle.)
54. — Sangallensis, 864. (xi« siècle.)
— — Orat. Vaticanus, 3864. (xi^ siècle.)
55. — Paris. 5748. (x« siècle.)
— — Bruxellensis, 10057-10062. (xi« siècle.)
56-57. Lucrèce. Vossiaîius, f, 30. (Oblongus, ix<= siècle.)
58. — Vossianus, q, 94. (Quadratus, ix« siècle.)
— — Laurentianus, xxxv, 29. (xv siècle.)
59. — SchedsB Haunienses. (ix^ siècle.)
60. — Schedsi Vindobonenses . {ix^ siècle.)
1. Le camail et le costume de son ordre.
LE
PREMIER CATALOGUE
DES MANUSCRITS GRECS
DE
LA BIBLIOTHÈQUE DE FONTAINEBLEAU
SOUS HENRI II
NOTICE DU MS. NANI, 245, DE VENISE.
En parcourant le catalogue que Mingarelli a rédigé des manus-
crits grecs légués en 1797 à la Bibliothèque de Saint-Marc de
Venise par le chevalier Giacomo Nani^ [Grœci codices manu
so-ipti apud Nanios patricios Venetos asservait, Bononise,
1781 , in-4°), mon attention fut attirée par un article ainsi conçu :
GGXLV.
Codex recens, diptychus, sive in-folio.
Gontinet Indicem codicum grsecorum nescio cujus bibliothecae.
Incipit a libris Theologicis sic : 6Y)7capa u[ji,vot /.al sù^/al.
Ce volume, à n'en pas douter, devait être un exemplaire du
catalogue méthodique des manuscrits grecs de la bibliothèque de
Henri II ; Ymcipit était le même que celui du manuscrit grec 3066
de la Bibliothèque nationale, qui contient la description métho-
dique des manuscrits grecs de Fontainebleau. Il était possible que
le manuscrit de Venise ne fût qu'une copie, analogue à celles que
l'on connaît du catalogue alphabétique de la même bibliothèque ^,
1. Voyez, sur la bibliothèque des Nani, \A\ç,n\\n&\\\, Bibliothecamanuscripta
ad S. Marci VeneUarum (Venise, 18G8, in-8°), t. I, p. ll'i-123.
2. Paris, Bibl. nat. Coislin 356; Véroae, Bibl. capit., n° CXVII. Une partie de
ce dernier ras. a été publiée sous le titre de Catalogus librorum mss. grxcorum
incertcv bibliothecx, par Larai, au tome XIV de ses Belicix eruditonim (1743).
(4
202
et n'offrît par suite qu'un intérêt secondaire. M. le commandeur
G. Castellani, directeur de la Bibliothèque de Saint-Marc, voulut
bien me donner sur ce volume des détails précis qui achevèrent
de dissiper mes doutes et me persuadèrent que l'exemplaire de
Venise devait être la minute originale du catalogue méthodique
des manuscrits grecs de Fontainebleau, dont nous ne possédons
à Paris que la copie calligraphiée par Constantin Palseocappa.
Les bons offices de M. Castellani ne devaient point s'arrêter là,
et bientôt, grâce à la libéralité du gouvernement italien et à la
parfaite obligeance du savant directeur de la Marcienne, je pou-
vais examiner à Paris le précieux manuscrit.
C'est un volume in-folio (312 millim. sur 208), en papier, de
cinquante-huit feuillets, numérotés au xv!*" siècle ; au xviif siècle,
on l'a interfolié de papier blanc ^ réparé en plusieurs endroits
dans les marges et recouvert d'une reliure en parchemin blanc.
Sur les gardes se lisent différentes cotes anciennes : =: kkkk =,
Lxx. 2, XCII./7, et la dernière cote : Clas. XI, Cod. XXVII.;
le numéro 81 a été inscrit en tête du plat supérieur du volume,
et sur la tranche bleu foncé a été peint en blanc le n° 245
du catalogue des Nani. Ce dernier numéro, ainsi que la cote
Clas. XI. Cod. XXVII., est répété au dos du volume avec le
titre : Index Cod. Mss.
Le catalogue méthodique des manuscrits grecs de Fontaine-
bleau, que contient ce manuscrit de Venise, est divisé en onze
classes, distinguées par de simples titres courants, et disposées
dans l'ordre suivant :
L
Théologie.
0£oXo7iy.â,
fol. \.
IL
Mathématiques.
MaO-rjjj-axrÂOc,
fol. M
III.
Morale.
'H6ixa,
fol. 21
IV.
Rhétorique.
'Prii;opi/,a,
fol. 24.
V.
Physique.
Oucaa,
fol. 32
VI.
Philosophie.
OiT^OCToçtxa,
fol. 36
VIL
Logique.
AoYixa,
fol. 39
VIII
Mélanges.
'A[j.ç(6oXa,
fol. 42
IX.
Métaphysique.
Mexà Ta çuffwa,
fol. 43.
X.
Histoire.
'laxopaa,
fol. 49
XL
Médecine.
'laxptxûc,
fol. 33
1. C'était pour recevoir le texte d'une traduction latine du catalogue; un seul
article a été traduit (fol. 27 v").
203
L'écriture du manuscrit est rapide et négligée, et j'y recon-
naîtrais volontiers la main de Jacques Diassorinos *, qui dut être
quelque temps, vers 1550-, employé à la bibliothèque de Fontaine-
bleau sous les ordres de Constantin Pateocappa . C'est une minute
dont plusieurs articles ont été entièrement bififés, d'autres en
partie, et à laquelle ont été faites, de la main très reconnaissable
du même Palœocappa, d'assez nombreuses corrections et addi-
tions 3, qui toutes se trouvent reproduites dans le manuscrit
grec 3060 de la Bibliothèque nationale.
Les huit articles suivants, biffés dans la minute de Venise,
n'ont pas été transcrits dans la copie de Paris :
l. Fol. ^ y°. AJXiavou xav.i\.-/.à., xcà 'Ovotjavxpo'J axpxifi-^vm, y,at AiVôiou
■juoT^iop/.YjTi/.à, xauta oiakc(.\).6 dation h xfî» TOÎi irpwTOU \j/r,Y.O'jq ^i67d(>),
cépixa-rt Xeu/,a) 'ï:t%oi7.i'k[J.é^iù [jiXavt y,£y.aXy[jL[jivo) , où r, èrd-^pc^Yf],
AiXtavou TaxTixa. [A.
IL Ibid. AiAtavou ■Tzepi •::apaTaHctov. BYjCffapiwvoç èTiiiâçioç KÔ-^oç etç
TY)v xupiav KXziwq^ (^aaiXôiav Tr,v IlaXaioXoYivav. Fswpfiou Fs^j/aTou
STspoç elq auTYîv. 'AXs^àvopou 'AçpooiatécoçTispi y.paasoiçxai ai»^r;a£(.)<;,
àzcp 10 TOJ iptTOU [x-ri-ÂCUç, Mp\).xii Z^wpû o^s7.aAu[;4jivov, ^i6X(ov
7:£pis-/£i, ou Y) èirifpaç... (s«c). [R.
III. Fol, 2 v°. 'ApjJ.EVozouXo'j éçaJiêXûç. Ta^£tç xal à^uoi^-axa ^aaiXtxà,
èv zCù Tou C£Li'C£poy [rrjvtouç \).e''(àXou [âtôXio), oépfj-aTt xpo^tocsi x£*/.aXu[/,-
[jLévw, ou Y) £TCtYP<3'?'^5 'Ap[;-£v6'::ouXoç. [A.
IV. Ibid. 'Ap[;.£VS7:oûXou £^a6i5Xoç. 'Ep[X'/)V£ia tIç /p-/]ci[j.oç 'uotç voxa-
pi'ciç. "EvcOîciç TÛv 07co/,£'.iJ.£va)v Tï^ KwvffxavxivouTCoAct [rrjXpo::5X£a)v.
NéjjLOi Y^wpï^^û'^ 'lo'jcTivtavou ^actXéwç. 'Ap;j.£V07ro6Xou £t:ito[xy5 twv
Upwv /.avévwv. Neapai 'Pa)[jiavoj. Na'/j^opou, BaatXôbu xou Néou,
KwvcxavTivou xoD nopç'jpoYsvvrjxou , Aéovxoç y,al Mavou-rjXou xou
1. Sur ce personnage, voyez E. Legrand, Bibliographie hellénique, 1885,
in-8», t. I, p. 297-302.
2. Le nis. de Venise est en tout cas postérieur à 1549 et antérieur, comme
on le verra plus loin, à 1552; il contient en effet, au fol. 1 v°, un article biffé,
AiXtavoO TaxTty.à, (jui correspond au ms. grec 2443, copié par Ange Vergèce,
en 1549.
3. Voyez notamment aux fol. 1 (en marge : Stxat), 17 (art. 2, 'Aii.ixwvîoy sic
ta; z' 9iôva;), 18 (art. 6, kp\i-t]'izia. toù), 21 V (art. 7, 'Ap[xîvo7roû>,ou l^àêtêXoç.
— BiêXîov a' [j.v)-/.0'jc Tiaxw, SéptiaTi Tcopçypw X£xa),u[A(j(.£vov, ou tj èTriypa^yi,
'APMENOnOTAOS.), etc., ainsi que les articles ajoutés à la fin de la Morale,
de la Rhélorique, de la Physique et de l'Histoire. Les mots ou phrases biffés
sont 1res nombreux.
204
Kopyjvou Twv ^affiXéwv. npov6[Aiov NtxYjipipou PaaiTvéwç xou BoTavetâ-
Tou, iTilxupouv xàç cuvcBouç. S'/cXta sic -ràç veapàç. IIspKTUjjJoXaio-
Ypiî^çtov, xauTa èv xô xou âsuxépou [x-rjî^ouç [j/xpoiaiou ^lêXio) x£pié-/£xat,
§ép[ji,aTi uTcojxéXavt x£y,aXu[;.[ji,év(i), ou y; ÈTctYpaçY], 'ApjjLevéTiouXoç. [E.
V. Fol. 2-1. ''E^T;'{r,G{ç dq r/jv T£xpa6t6Xov xtvbç àvwvujj.ou. Kat Ilopçuptou
eiaaYWY"') ^tç xr^v aùx-})v, ^i6/a'ov 7:p(i)xou [xrjy.ouç -^avAsTrxcxaxov, cép-
[xaxi X^'*^?^ ^£î^a>.u[X[A£Vov, ou '?) è%i-(pci!.(fri, 'E^YjYvjaiç £cç xr^v x£xpa-
616X0V. [A.
VI. /ôî'c^. 'E^'^YY^uiç elç XY)V xou nxoX£[xaiou x£xpa6t6Xov. Kai Hopcpupiou
elaa'^tû'^ri elq x-r)v aùx'î^v. Bt6Xicv Trpwxou [A'/jxouç, o£p[j.axt [;i.iXxwo£t
x£xaXu[j.[jiva), ou yj è'irtYP'''?"']» 'E^-rjYYîctç £iç xr^v x£xpâêi6Xov. [E.
VII. Fol. 2i v". GcO^pacxou /apaxx^p£ç, èv xw xoîi 0£ux£pou [xapou
[AYjxouç ^i6Xiw, oépjxaxi èpuGpô x£)caXu[AiJi.£V{i), ou •/) èTuiYpaçvi, 'Aptaxo-
çavouç nXouxoç xal àXXa oiaçopa. [F.
VIII. Fol. 49 v°. Atovuciou 'AXaapvaaaéwç T:£pl cuv6éa£(DÇ ovo[ji-âx(i>v.
B16X10V X£xapxou [XYjxouç, S£p[xaxt zopipupS) 7.£>^aXu[/.[ji,év(i), ou '^ ètci-
YpaçY), Atov6(7toç 'AXixapvaacEuç. X£tpi 'A^Y^^cu. [F.
Par contre, les derniers articles de la Morale, de la Rhétorique,
de la Physique et de l'Histoire, qui ont été ajoutés par Palseo-
cappa sur le manuscrit de Venise, se retrouvent dans la copie de
Paris :
I. Fol. 22 \°. Tou oci'ou Tuaxpbç *?j[ji,a)V 2u[;.£à)V xou Néou xat 9£oX6you,
■^Youixévou [/.ov^ç xou aYiou Md[j.avxoç xyjç SY]pox£p/.ou, x£çàXata lupax-
xaà xal 0£oXoYi>t.à, £V xw 6i6Xi(o, ou -i] èutYP*?'')? 'A66â ©aXaacbu
ÉxaxovxâocÇ xai oçç (y,icv xi xvjç £/,/,Xrj(7iaç, Bsuxépou p-Yj^ouç, •/,£/,aXu[x-
|jiva) o£p[j<axi /.uavô. A.
II. Fol. 30. Article vu précédemment biffé au fol. 21 v°.
III. Fol. 34. ôsoçiXou èxtcuvaYWY^ '^^pi •/.O'jp.awv y-axap^wv, Iv xw àiri-
YEYpani-f'SVo) ^i6Xi(i), 'AYa6'^[jL£poç, xw §ép[JLaxt xopçupw /,£xaXu[jL[ji.£va),
[rrjxouç Tpa)xou. A.
IV. Fol. 31 . IlaXXaoïou yj xaxà Bpa^lJ^avouç bxopia, £V xw x£/,aXu[jL[X£V(i)
Pi6Xi(i) oépi;,axt xtppû, |i.-/jxouç ç', ou •?) èTHYpa?'/) , A66a Ma'pxou
Siâcpopa. B.
Deux articles enfin, écrits de première main dans le manuscrit
de Venise, bien que rien n'indiquât qu'on les dût supprimer, ont
été omis, sans doute par inadvertance, dans le manuscrit de
Paris. Le premier doit se placer entre les articles 18-19, le
second entre les articles 409-410 du ms. grec 3066 :
205
I. Fol. 3. 'Aa-/Y]xi7.rj iroXitsia Y^vvatwv iï v.cà èvSé^wv àvBpwv, -^ç y) àpxï)
XetTCt, 7,at TO Tou ituyyP'^'-]^'*'^'^^? ovojj-a • eaTt to Pt6Xtov §cUxépou iJ/rjxouç
Tuivu TcaXaibv xal èç xiXXoç Y-ïp^H't''-^o'' ^'^ X^P'^TÎ oai-''X'^"')'''î'i ûépi^aTt
y^Xwpw xey.aXu[xiAév(o, ou yj STCiYpaç'/), ''Acx-/)xiy,vi "Kokiieiot..
II. Fol. 32. NsoçuTOU [Aovr/oïj ctaipesiç xaXXiV-:"/] r^ç TzâcrYjç çiXodOçfaç,
£V TÔ) Toy TrpwxGU [jLapoj [j//jxou; (3t6A(o), SÉpiJ-aTt xopçupÇ) 7,£xaXu[ji,iAcVa),
ou Y] £ZtYp3CÇY], 'Aixp.wvt'o'J stç xàç s' (pwvaç.
Ce dernier article est une addition de première main entre les
articles 2 et 3 de la Physique.
(,)n peut encore signaler entre la copie de Paris et le manus-
crit de Venise les quelques petites différences de détail suivantes :
1° Au fol. 12 du ras. de Venise on trouve un troisième article
2oXo|j,(ï)VToç zapoiixîat, qui semble être une erreur du copiste et n'a
pas du reste été reproduit dans le manuscrit grec 3066, bien
qu'il n'ait point été biffé.
2" Au fol. 17, le manuscrit de Venise présente les deux pre-
miers articles des Mathématiques dans l'ordre inverse de la copie
de Paris.
3'' Au fol. 38 v° (37 V et 38 r" blancs), tout en haut de la page,
on lit : 0£a)voç ^[jLupvaiou twv "/.axà [xaOr;ijLaT'.y.o)v y_pY)(7i[j.wv dç t'})v xoîi
lïkdimoq àvâYvwciv, article qui ne se trouve pas dans le manus-
crit de Paris.
Une dernière particularité du manuscrit de Venise mérite d'être
notée. En marge de nombreux articles ont été ajoutées, les unes
au-dessous des autres, des capitales grecques; ces lettres étaient
destinées à noter les renvois qui devaient être faits, pour les diffé-
rents articles d'un même manuscrit, dans un catalogue alphabé-
tique. En voici un exemple pris au fol. 18 du manuscrit :
0. 0é(i)voç 2[ji.upva(ou [i.a6yj[;.aTr/.à ypYiff'.[xa dç Tr,v xou IlXaxwvoç
E. àvâ^vwijtv. Eùy.Xîtco'j xaxoTCxpaa. 'Hpwvoç ^(eiiioaidx. 'Icaà/, [j.ova-
H. you ■Kcpl opOoYwvîwv xpiywvwv. Eii/.X£(oou xivà YcWjxsxptxa. "Ext
1. "Hpwvoç ■7:ep\ [jiéxpcov. Kal KX£0[x-rjcouç y) xuxXixyj Gswpi'a, tstutuo)-
K. i^ivï], xà â'àXXx zavxa yeipéYp^cça. B'.êXtov Trpwxou [r/jxouç, oépjxaxt
xuavw y.sxaXuij.ixévcv, où •?; èKtYpaçï;, 0é(av E;j.upvaToç. [A.
Il me reste à ajouter quelques mots sur le manuscrit de Paris,
qui représente l'état définitif du premier catalogue méthodique
des manuscrits grecs de Fontainebleau sous Henri II.
Le manuscrit grec 3066 (anc. 10280) de la Bibliothèque natio-
206
nale est un volume in-folio (314 millim. sur 205), en papier, de
158 feuillets numérotés au xvi® siècle. A cette époque, il a été
recouvert d'une riche reliure aux armes et au chiffre de Henri II,
avec tranches dorées et ciselées, et sur le plat supérieur de la
reliure on lit le titre :
KATAAOrOS THS TH ENNAKPOYNQ
KAAAIPPOH BASIAIKHS BIBAIO0HKHS. t
En haut du premier feuillet, on lit un autre titre en minuscule,
qui pourrait bien être de la main de Pierre de Montdoré * :
Tûv £V T^ ^aaiXa^ PiêXioOYjXY] ^l'êXcov /.aTaXo^oç yi.ixià\LcSf^]xaiCf.. ^352.
Puis le titre courant de la première partie, en capitales, comme
dans le reste du volume, et, au-dessous d'un petit bandeau, ce
nouveau titre :
KATAAOrOS THS EN TH ENNEAKPOYNQ
KAAAIPPOH BASIAIKHS BIBAIO0HKHS.
L'ordre des matières dans ce catalogue, que Constantin Palseo-
cappa a copié de sa large et belle écriture, présente quelques
différences avec le manuscrit de Venise ; le tableau suivant per-
mettra d'en juger :
I. I. Théologie. GeoXoYaa, fol. \. N"" ^1-208.
m. II. Morale. 'HOixa, fol. 46. — 209-237.
IV. IIÏ. Rhétorique. 'P-^^opaa, fol. 33. — 238-383.
VII. IV. Logique. Ao-/ad, fol. 83. — 384-407.
V. V. Physique. <ï)uaaa, fol. 9J. — 408-452.
VI. VI. Philosophie. <I)i"Xoao<paâ, fol. 102. — 453-487.
IX. VU. Métaphysique. Msxàxàçuctxa, fol. -HO. — 488-494.
II. VIII. Mathématiques. Ma6-/)H.aTaûc, foi. U2. — 495-543.
XI. IX. Médecine. 'laxpaa, fol. 424. — 544-638.
X. X. Histoire. 'Icxopaà, fol. 443. — 639-703.
VIII. XI. Mélanges. 'A[j.9t6oXa, fol. 4 5]. — 704-74 6.
A la fin de chacune de ces divisions, on trouve, comme dans le
manuscrit de Venise, plusieurs feuillets blancs, destinés à rece-
voir des additions qui n'ont point été faites. C'est que, sous les
successeurs de Henri II, pendant les troubles qui désolèrent la
1. Mathématicien, bibliothécaire du roi de 1552 à 1567.
207
seconde moitié du xvi® siècle, l'état delà Bibliothèque du roi était
resté stationnaire. La Bibliothèque transférée à Paris, quand,
sous Henri IV, les manuscrits de Catherine de Médicis furent
venus l'enrichir, le catalogue de Fontainebleau était désormais
hors d'usage*.
Il ressort de la comparaison de ces deux manuscrits momenta-
nément réunis, après avoir été séparés peut-être depuis plusieurs
siècles, que l'on possède à la bibliothèque de Saint-Marc, à
Venise, dans le fonds Nani, la minute du premier catalogue des
manuscrits grecs de Fontainebleau, sous Henri II, tandis que la
rédaction définitive et authentique de ce même catalogue est
encore conservée à Paris à côté des anciens manuscrits dont il
donne la description.
H. Omont.
1. J'aurai l'occasion de revenir prochainement sur les différents catalogues
des manuscrits grecs de la Bibliolliùque du roi au xvi" siècle.
CATALOGUE
DES DESSINS
DÉTIENNE MARTELLANGE
ARCHITECTE DES JÉSUITES
(1605-1639)
PRÉCÉDEMMENT ATTRIBUÉS A FRANÇOIS STELLA
CONSERVÉS AD CABINET DES ESTAMPES DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE ^
RECUEIL CONTENANT PLUSIEURS VEUES DE VILLES, BOURGS,
ABAYES, CHATEAUX ET AUTRES ENDROITS PARTICULIERS DE
FRANCE, DESSINÉES d'APRÈS NATURE PAR F. STELLA {sic) .
Tome I (Titre du xviif siècle 2).
1 . Carte servant à trouver les lieux contenus dans les deux
volumes. La couleur jaune est pour le P' volume, le rouge est
pour le IP vol. (carte du xviii^ s.).
2. Veue du dedans du noviciat de Paris en 1630. — Du novi-
tial de Paris, 1030. — Dessin à la plume lavé. Larg. O^Sôô,
haut. 0M05.
3. Fondations du noviciat de Paris, en 1631. — Des fonda-
tions de Véglize du novitial de Paris, 1631. — Dessin à la pi.
lavé. L. 0,545, h. 0,405.
1. Voyez plus haut, p. 17.
2. La lettre du xviii" siècle est en romain dans notre catalogue. Celle du
xvii^ siècle, mise par Martellange, est en italiques. Les indications de catalogue
suivent et sont en romain.
209
4. Veue du bâtiment du noviciat de Paris, le 20 novembre
1634. — Du 20 novembre 1634. Bu novitial de Paris. —
Dessin au crayon lavé. L. 0,550, h. 0,405.
5. Veue des environs du noviciat de Paris, le 23 septembre
1634. — Aspect contre le novitial de PatHs, 1634, 23 sep-
tembre. — Dess. à la pi. lavé. L. 0,555, h. 0,400.
6. Veue d'une partie du palais du Luxembourg, en 1634. —
Pe Luzembour à Paris, palais de la raine mère, 1634. —
Dess. à la pi. lavé. L. 0,535, h. 0,395.
7. Veue de l'église des Carmes déchaussés de Paris, le 1®"^ juil-
let 1637. — Aspet de Veglize des Carmes déchaussés, à
Paris. (Au dos :) Achevé le i'^'' juillet 1637. — Dess. au crayon
lavé. L. 0,380, h. 0,250.
8. Veue de la Sainte-Chapelle de Paris après l'incendie. — La
Sainte-Chapelle de Paris après l'incendie. (Au dos :) A Henry
Noblet. — Dess. à la pi. lavé. L. 0,555, h. 0,410.
9. Veue du prieuré de Saint-Martin-des-Champs. — Aspet
du prioré Saint-Martin-des-Champs , prins du clocher de
Saint-Nicolas. — Dess. à la pi. lavé. L. 0,345, h. 0,395.
10. Veue de l'abbaye de Montmartre, le 19 mars 1625. —
Aspet de Vabaie de Montmartre les Paris. Faict le 19 mars
1625. — Dess. à la pi. lavé. L. 0,435, h. 0,290.
11. Veue du mausolée des Valois à Saint-Denis en France. —
Du mausolée des Valois à Saint-Denis en France (vue exté-
rieure avec des croquis sur le verso de la feuille représentant les
statues). — Dess. à la pi. lavé. L. 0,525, h. 0,400.
12. Veue de l'église de Saint-Denis en France. — De Veglize
Saint-Denis en France. — Croquis au cravon du portail et de
la nef. L. 0,560, h. 0,420.
13. Veue de l'église de Notre-Dame de Chartres. — Aspet
de Veglize de Nostre Dame de Chartres. — Dess. lavé.
L. 0,550, h. 0,400.
14. Veue des ruines de l'abaye de Bourgueil, en Anjou, en
1 624 . — Ruines dans V a bbaie de Bout -gueil à M' de Cha rtres * ,
1624. — Dess. à la pi. lavé. L. 0,535, h. 0,400.
15. Autre veue de l'abaye de Bourgueil. — Aspet de Bour-
gueil abbaie à M' de Chartres. — Dessin à la plume lavé.
L. 0,545, h. 0,390.
î. Léonor d'Estampes Valençay, évêque de Chartres.
2^0
16. Autre veue de l'abaye de Bourgueil, en 1624. — De
Vabbaie de Bourgueil à M' de Chartres. — Dess. à la pi.
lavé. L. 0,535, h. 0,380.
17. Veue de l'abbaye de Bourgueil, en 1624. — De Vabbaie
de Bourgueil à M'' de Chartres, 1624. — Dess. à la pi. lavé.
L. 0,340, h. 0,380.
18. Veue de l'église de Saint-Jullien, au Mans. — Aspet de
l'église de Saint-Jullien, du Mans, 8 januariii624, achevé
le 4 juillet 1637. — Dess. à la mine de plomb lavé, rehaussé
de plume. L. 0,552, h. 0,400.
19. Veue de la ville de Rennes, en Bretagne, le 24 d'août 1624.
— 24 augusti 1624. Aspet de la ville de Renés, en Bre-
taigne.-^ Dess. à la pi. lavé. L. 0,565, h. 0,400.
20. Veue de la ville de Ploermel, en Bretagne, en 1626. —
Aspet de laville de Ploermel, en Bretaigne, enapvril 1626.
— Dess. au crayon lavé. L. 0,400, h. 0,270.
21 . Autre {sic) veue du château de Chenevoux, en Forest ^ . —
Le château de Chenevoux. — Dess. lavé au bistre. L. 0,400,
h. 0,245.
22. Veue du château de Chenevoux, le 26 juillet 1618. — Le
château de Chenevoux, 26 jullii 1618. — Dess. à la pi. lavé.
L. 0,533, h. 0,375.
23. Veue du château de Chenevoux. — Du chasteau de Che-
nevoux, 7 janv. 1611. — Dessin lavé de bleu. L. 0,230,
h. 0,152.
24. Veue de la Flèche. — Aspet de la Flèche, en Anjou. —
Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,530, h. 0,393.
25. Veue de la ville de la Flèche, en Anjou. — Aspet de la
ville de la Flèche, en Anjou. — Dess. à la pi. lavé de bleu
(deux dessins). L. 0,542, h. 0,385.
26. Veue d'une porte de la Flèche. — Porte de la Flèche.
— Crayon lavé au bistre. L. 0,400, h. 0,260.
27. Veue de Luche {sic pour Luché), prieuré du collège de la
Flèche, le 2 février 1612. — Luche, prioré du collège de la
Flèche. Luché, 1612,2 febvrier. (En haut, contre une maison :)
Maison du fermier. — Dess. à la pi. lavé. L. 0,515, h. 0,380.
1. Ce château appartenait à Jacques Colon, frère du P. Coton, l'un des fon-
dateurs du collège de Roanne. Voyez ci-après n" 113. En 1611, Jacques Coton
avait donné une maison à Roanne pour y installer les Jésuites.
2ii
28. Veue du collège royal de la Flèche. — Bu collège roial
de la Flèche, 1612. — Dess. à la pi. lavé. L. 0,550, h. 0,400.
29. Veue des jardins et de la maison royale de la Flèche, en
1612. — Prospectus regiorum œdificiorum hortorumque
Flexientium septenlrionalcm plagam aspicientium, 1612.
— Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,345, h. 0,401.
30. Veue du prieuré de Saint-Jacques de la Flèche, en 1612,
— Aspet contre le prioré de Saint- Jacques de la Flèche,
1612. — Dess. à la pi. L. 0,550, h. 0,400.
31 . Veue d'un moulin proche de la Flèche. — Molins proche
de la Flèche. — Dess. au crayon lavé à l'encre de Chine.
L. 0,380, h. 0,230.
32. (Sans titre et sans lettre. Constructions du collège royal
de la Flèche.) — Dessin à la pi. lavé de bleu. L. 0,400, h. 0,250.
33. (Sans titre. Constructions du collège.) — 9 julii 1612. —
Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,400, h. 0,250.
34. Veue de la maison de Ghivergni, proche Blois. — Aspet
de la maison de M. le comte de C hiver gni^, proche de Blois.
— Dess. au crayon lavé d'encre de Chine. L, 0,410, h. 0,280.
35. Veue d'une partie de l'église de Sainte-Croix d'Orléans, le
21 avril 1623. — Du 21 apvril 1623. Aspet des pourtaus du
costé du, cloistre avant leur démolition. (Et plus haut :)
Ueglize Sainte-Croix d'Orléans. — Dess. lavé à l'encre de
Chine. L. 0,520, h. 0,370.
36. Veue d'une partie des ruines de l'intérieur de l'église de
Sainte-Croix d'Orléans en 1623. — (Dessin en deux parties, on lit à
droite, sur divers points :) Prospect de la porte du cloistre de
Veglize Sainte-Croix d'Orléans, du costé du midi, avec Vas-
pet des ruines, au desus et auliour ladicte porte prenant
V aspet du dedans de ladicte eglize. Faict le 20 apvril 1623.
(Plus bas, sur un pan de mur :) Ruines démolies pour bastir la
croisée de Sainte-Croix d'Orléans. Du 20 apvril 1623.
(Plus à gauche :) P illier s neufs de la croix de Veglize. (Dans
le dessin de gauche on lit :) Cest aspet regarde V occident.
Chambre des contes. Chapitre. Du 21 apvril 1623. — Dess.
à la pi. lavé d'encre de Chine. L. 0,560, h. 0,420.
37. Veue de la maison de la Brillière^ {sic) en 1621. — La
1. Le comte de Cheveiny était alors Henry Hurault, lieutenant général au
gouvernement d'Orléans, né en 1575, mort en 1648.
2. Le lieutenant général dont il est fait mention ici était François de Beauhar-
212
Grillière, 1621. (En haut, au crayon :) La Grillière, 20 juing
1621 , proche d'Orléans, à M. le lieutenant général. — Dess.
à la pi. lavé. L. 0,360, h. 235.
38. Veue de la maison de la Brillière, proche d'Orléans, en
1521. — La Grillière, maison champestre, proche d'Or-
léans, à M. le lieutenant gênerai, le 22 Juing 1621. — Dess.
à la pi. lavé. L. 0,360, h. 0,235.
39. Autre veue de la maison de FromenteS en 1619, à Fle-
cheres, près de Lyon (voyez ci-après n° 126). — A M"" La Fro-
mente, à Flecheres, 1619. — Crayon lavé à l'encre de Chine.
L. 0,540, h. 0,390.
40. Veue de la maison de Fromente, en 1619, près de Lyon.
— De la maison de M'' La Fromente, 1619. — Dess. au
crayon lavé à l'encre de Chine. L. 0,365, h. 0,240.
41. Veue du château de la Source, proche d'Orléans. — Le
château de M. de la Source (sic) de Loiret, proche d'Or-
léans. — Dess. au crayon lavé à l'encre de Chine. L. 0,370,
h. 0,260.
42. Veue de la ville de Bourges. — Aspet de la ville de
Bourges, retourna^it de Lassenet (Lazenay?). — Dess. au
crayon lavé. L. 0,485, h. 0,320.
43. Veue de l'église de Saint-Etienne de Bourges. — Eglize
Saint-Estienne de Bourges. — Dess. au crayon lavé. L. 0,445,
h. 0,335.
44. Veue de l'intérieur de l'eghse de Saint-Estienne de.
Bourges. — De V eglize Saint-Estienne de Bourges. — Cro-
quis informe au crayon. L. 0,295, h. 0,450.
45. Veue de la croupe de l'église de Saint-Estienne de Bourges.
— Crouppe de V eglize de Saint-Estienne de Bourges. —
Crayon lavé à l'encre de Chine. L. 0,435, h. 0,310.
46. Veue de la Sainte-Chapelle du palais de Bourges. — La
Sainte-Chapelle et palaix de Bourges. — Crayon lavé.
L. 0,420, h. 0,290.
47. Veue d'une partie du collège de Bourges. —Du collège de
Bourges. — Crayon lavé à l'encre de Chine. L. 0,420, h. 0,325.
nois, sieur de Villechauve et de la Grillière, lieutenant général au bailliage et
présidial d'Orléans, de 1595 à 1635.
1. La maison ici désignée était à Fléchères; elle appartenait à l'un des
membres de la célèbre famille lyonnaise des Sève, nommé Jean, et qui était
seigneur de Fromentes et de Villette.
2^3
48. Veue de la maison des Champs, du collège de Bourges. —
Maison des Chamiis, du collège de Bourges, appelé VAze-
net. — Crayon lavé. L. 0,492, h. 0,320.
49. Veue de la ville de Nevers. — De la ville de Nevers. —
Croquis lavé. L. 0,555, h. 0,390.
50. Veue de l'église, du palais et de la place ducale de Nevers.
— Esglize,palaix et place ducale de Nevers. — Croquis au
crayon lavé à l'encre de Chine. L. 0,490, h. 0,330.
51. Veue du collège de Nevers. — Du collège de Nevers. —
Croquis au crayon lavé. D. 0,410, h. 0,280.
52. Veue d'une partie du collège de Nevers. — Partie du
collège de Nevers. — Croquis lavé. L. 0,380, h. 0,260.
53. Veue de Saint- Antoine du coUege de Nevers. — Saint-
Antoine du collège de Nevers. — Croquis lavé. L. 0,415,
h. 0,290.
54. Veue du palais du duc de Nevers. — Palais du duc de
Nevers. — Croquis au crayon lavé à l'encre de Chine. L. 0,421,
h. 0,302.
55. Veue de l'église des Minimes de Nevers. — Eglize des
R^^P. 7ninimes de Nevers. — Crayon lavé. L. 0,400, h. 0,290.
56. Autre {sic) veue du biitiment de l'église du collège de
Dijon, le 15 janvier 1614. — 1614, ibjanu. — Dess. à la pi.
lavé de bleu. L. 0,535, h. 0,400.
• 57. Veue delà viUe de Dijon. — La ville de Dijon en Bour-
gongne. — Dess. à la pi. lavé de bleu (deux vues différentes).
L. 0,556, h. 0,400.
58. Veue de la ville de Dijon, le 17 août 1611. — TJrhs Divio-
nensis, 17 augusti 1611. Septentrio. — Dess. à la pi. lavé de
bleu. L. 0,525, h. 0,380.
59. Veue de la maison du roi à Dijon. — Maison du roi à
Dijon. — Dess. à la pi. lavé de bleu et de bistre. L. 0,545,
h. 0,390.
60. Veue de l'église de Saint-Michel de Dijon, le 29 septembre
1615. — Anno 1615, 29 septembris Diuioni. L' eglize Saint-
Michel. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,555, h. 0,394.
61. Autre veue du collège de Dijon, le 22 septembre 1610. —
Prospectus areœ collegii Divionensis anno 1610, 22 sep-
tembris. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,535, h. 0,390.
62. Veue de l'église de Notre-Dame de Dijon, en 1610. —
244
Eglize de Nostre-Dame de Dijon, 1610. — Dess. à la san-
guine. L. 0,550, h. 0,395.
63. Veue du collège de Dijon, en 1611. — Area collegii
Divionensis, 1611 mense Augusti. — Dess. à la pi. lavé de
bleu. L. 0,535, h. 0,390.
64. Veue du collège de Dijon. — Aspet du collège de Dijon.
— Dess. au crayon. L. 0,520, h. 0,390.
65. Veue de la maison des Chartreux, de Dijon. — Les char-
treux de Dijon. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,530,
h. 0,390.
66. Veue de Sainte-Applume^ (sic), 19 {sic) septembre 1610.
— 29 septembre 1610. Saint-Applume (sic), à M. Tabourot.
— Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,530, h. 380.
67. Veue du bâtiment de l'église du collège de Dijon, en 1610.
1610. Prospectus ecclesie coll. Divionensis et py^ogressus
edificii ejusdem anno 1610, 23 septemhris. — Dess. à la pi.
lavé au bleu. L. 0,520, h. 0,392.
68. Veue de Saint- Apollinaire, le 29 septembre 1610. — S.
Apolinaris, 29 septembris 1610. — Dess. à la pi. lavé de
bleu. L. 0,525, h. 0,380.
69. Veue du château d'Argigly {sic), le 18 juillet 1611. —
Argigli, 18 julii 1611. — Dess. àla pi. lavé de bleu. L. 0,385,
h. 0,250.
70. Veue delà baronnie de Gentilli^, en 1611. — La baron-
nie de Gentilli, appartenant au collège de Dijon, en Bour-
go7igne, 1611. 20 Julii 1611. — Dess. à la pi. lavé de bleu.
L. 0,395, h. 0,260.
71. Veue de la baronnie de Gentilli, le 18 juillet 1611. —
18;m/^zï1611. Gentilli. —Dess. àla pi. lavé de bleu. L. 0,390,
h. 0,260.
72. Veue de la maison champestre du collège de Glermont, en
1638, à GentilH, près Vd^vï^. — Aspet delà maison champêtre
du collège de Clairmond (sic), à Gentilli, 1638. (Et de l'autre
1. Saint- Applumé, Epleumay en patois bourguignon; c'est Saint- Appolli-
naire, arrondissement et canton de Dijon, où Etienne Tabourot, sieur des
Accords, possédait l'ancien château fort.
2. Ce doit être Ântiily et non Gentilly. Antilly est dans la commune d'Ar-
gilly. D'ailleurs, le dessinateur qui était à Argilly le 18 juillet eût eu peine à se
trouver le même jour à Gentilly. Antilly, au contraire, était à quelques pas.
245
côté, au crajon :) Domus recreationis collegii Parisiensis à
Gentilli, 28 augusti 1639. — Dess. au crayon lavé d'encre de
Chine. L. 0,5-10, h. 0,390.
73. Veue d'une grange ruinée par le vent le 21 mars 1616, (au
crayon :) sur le chemin de Seurre à Dijon. — (Au dos :) Grange
ruinée "par V orage du vent au chemin de Surre à Dijon.
(Au r° :) le 21 mars 1616. — Dess. à la pierre d'Italie. L. 0,400,
h. 0,336.
74. Veue du bourg de Fontaine et de son esglise, — Fontaine
ou est nay S. Bernard proche à Dijon. A. Château. B.
Eglize paroquiale. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,385,
h. 0,243.
75. Veue du bourg de Fontaine, le 21 septembre 1611. —
Fontaine, lieu de la naissance de saint Bernard, 21 sep-
tembre 1611. — Dessin à la pi. lavé de bleu. L. 0,540, h. 0,380.
76. Veue du cloitre de l'abaye de Cîteaux , en 1613. —
Cloistre de Vabbaie de Citeaux, 1613. — 14 janu. 1613. De
V esglise et cloistre de Vabbaie de Cyteaux. — Dess. à la san-
guine. L. 0,445, h. 0,355.
77. Veue d'une partie du collège de Bezançon. — Parseccle-
siœ collegii Bizuntini societatis Jesu. Reliquii pars pro-
spectus urbis anno 1610 mense februarii. — Dess. à la pi.
lavé de bleu. L. 0,552, h. 0,400.
78. Veue de la ville de Favernay, en 1617. — Fauvernay,
ou est arrivé le miracle du saint-sacrement, 1617 (mais au
crayon on lit :) 7 maii 1613 {sic). — Dess. au crayon lavé à
l'encre de Chine. L. 0,380, h. 0,242.
79. Veue de la ville de Dole. — Aspet de la ville de Dole au
conté de Bourgongne. — Dess. au crayon lavé à l'encre de
Chine. L. 0,530, h. 0,370.
80. Veue de Jounolle {sic), au comté de Bourgongne. — Jon-
velle au comité de Bourgongne ou la compagnie a un prioré.
— Dess. au crayon lavé d'encre de Chine. L. 0,550, h. 0,380.
81. Veue de l'egHse du collège de Dole, en 1610. — U eglize
du collège de Dole et logis jongnant icelle. Faict à Dole,
en janvier 1610. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,401,
h. 0,300.
82. Veue d'une partie du collège de Dole, le 10 janvier 1610.
— Du collège de Dole. Le 18 janvier 1610 à Dole. Partie
2^6
du collège de Dole. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,545,
h. 0,390.
83. Veues de la ville de Bellegarde, le 7 septembre 1611. —
Be la ville de Sur re-sur-S aulne, aultrement Bellegarde,
7 septe?nbre 1611. Surre-sur-S aulne, 1611. Surre, 4 sep-
tembris 1611. — Dess. à la pi. L. 0,540. h. 0,370.
84. Veue de Bellegarde, le 3 février 1613. — Surre ou Bel-
legarde, 3 feb. 1613. Sône rivière. — Dess. à la pi. lavé
d'encre de Chine. L. 0,415, h. 0,260.
85. Veue de Bellegarde, le 8 février 1613. — Surre ou
Bellegarde, 8 febvrier 1613. — Dess. à la pi. lavé d'encre.
L. 0,410, h. 0,270.
86. Sur le chemin de Bourgongne, sur la Sone. —Dess. à
la pi. lavé d'encre de Chine. L. 0,395, h. 0,250.
87. Veue de l'abaye de Tournas, sur la Saonne. — Vabaie
de Tournus sur la Saune. — Dess. à la pi. lavé d'encre de
Chine. L. 0,405, h. 0,259.
88. (Tournus ?) — Dess. à la pi. lavéd'encrede Chine. L. 0,401 ,
h. 0,250.
89. Carte du parcours de l'artiste identique aux numéros 1
et 91.
90. Autre {sic) veue de la ville de Roanne, le 16 may 1610.
— Roanne, le 16 may 1610. — Dess. à la pi. lavé de bleu et
d'encre. L. 0,540, h. 0,390.
IP Volume (Titre de 1717, gravé).
91. Carte identique aux numéros 1 et 89.
92. Veue d'un ancien arc de triomphe à Autun, en 1611. —
Arc triomphal à Aiithun, en Bourgongne, 1611. Septimo
maii 1611. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,529, h. 0,381.
93. Veue d'un arc de triomphe à Autun, le 31 de may 1611.
— Arc trionphal à Authun, en Bourgongne. Septimo maii
1611. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,515, h. 0,365.
94. Veue du château de Monjeu, près d' Autun, le 16 may
1611. —Maison de M. le président Janin, proche d' Autun,
dicte Monjeu. 1611. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,554,
h. 0,395.
95. Veue du château de Monjeu, près d' Autun. —6mayi6ii.
217
Domus domini presidentis Jannin à Mont jeu. — Dess. à la
pi. lavé de bleu. L. 0,545, h. 0,385.
96. Autre veue de Moulins, en Bourbonnois. — De la ville
de Molins, en Bourbonnois. — Dess. à la pi. lavé de sépia.
L. 0,385, h. 0,250.
97. Veue de Moulins, en Bourbonnois. — Molins, en Bour-
bonnois. — Dess. à la pi. lavé de sépia. L. 0,390, h. 0,255.
98. Veue de la maison de Posculi {sic), du collège de Mou-
lins. — La maison de Poseulz dit collège de Molins. — Dess.
au crayon lavé d'encre. L. 0,360, h. 0,240.
99. Veue de la ville de Roanne, le 10 may 1610. — Rouanne,
1610, le 10 may. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,535,
h. 0,394.
100. Autre veue de la ville de Roanne, le 13 may 1610. —
Roannœ 13 may 1610; occidens. — Dess. à pi. lavé de bleu.
L. 0,515, h. 0,375.
101. Ty" veue {sic) du bâtiment de l'église du collège de Roanne,
le 31 de décembre 1620. — Cinquiesme année de la bâtisse de
Veglize du collège de Roanne, ultimo decembyHs 1620. (Au
crayon :) Achevé le 1 juillet 1637. — Dess. au crayon lavé
d'encre de Chine. L. 0,574, h. 0,395.
102. l"^*^ veue du bâtiment de l'église du collège de Roanne, le
16 décembre 1617. — Première année de la bâtisse de
Veglize du collège de Roanne. Ecclesia collegii Roannensis
16 decembris 1617. — Dess. à la pi. lavé. L. 0,525, h. 0,385.
103. 2" veue du bâtiment de l'église du collège de Roanne. —
Ecclesia collegii Roannensis2d augusti 1618, seconde année
de la bâtisse. — Dess. à la pi. lavé d'encre de Chine. L. 0,512,
h. 0,377.
104. 3" veue du bâtiment de l'église du collège de Roanne. —
Ecclesia collegii Roannensis societatis Jesu 5 augusti 1619,
troisiesrae année de la bâtisse. — Dess. à la pi. lavé d'encre
de Chine. L. 0,530, h. 0,390.
105. 4^ veue du bâtiment de l'église du collège de Roanne. —
Quatriesyne année de la bâtisse. Eglize de Roanne. (Au
crayon :) 8 juillet 1637. — Dess. au crayon lavé d'encre de
Chine. L. 0,555, h. 0,400.
106. Autre {sic) veue de l'abaye de la Bénissons --Dieu, en
1618. — Uabbaie de la Benisson-Dieu, proche de Roanne,
218
1618. (Sur le puits :) 2hjunii 1618. — Dess. à la pi. lavé d'encre.
L. 0,490, h. 0,350.
107. Autre veue de l'abaye de la Bénissons-Dieu, le 25 juin
1618. — Vabbaie de la Bénissons-Dieu, 25 junii 1618. —
Dess. à la pi. lavé d'encre. L. 0,515, h. 0,360.
108. Veue de l'abaye de la Bénissons-Dieu, le 25 juin 1618.
— Vdbhaie de la Bénis sons- Dieu, 2b junii 1618. — Dess. à
la pi. lavé d'encre de Chine. L. 0,510, h. 0,370.
109. Veue du monastère de Beaulieu, près de Roanne, le
17 novembre 1617. — Monasterium monialiumS. Benedicti
prope Roannam vulgo Beaidieu, 1617, 17 novembris. —
Dess. à la pi. lavé d'encre. L. 0,542, h. 0,386. (Au verso de ce
dessin se trouvent trois têtes de femmes à la sanguine.)
110. Veue du prieuré de Riorges, du collège de Roanne, le
11 mai 1610. — Le 11 may 1610. Le prioré de Riorges, du
collège de Roanne. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,380,
h. 0,245.
111. Veues du collège de Roanne. — (l'^ vue :) Du collège de
Roanne. Ad occidentem versus. 1610. (2^ vue :) Du collège
de Roanne. Ad orientem versus. TJltimo decembris 1610.
— Deux dess. à la pi. lavés de bleu. L. 0,250, h. 0,170 (chacun).
112. Veue du collège de Roanne. — Du collège de Roanne.
— Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,250, h. 0,171.
113. Veue de la maison de Chenevoux*. — Perspective de
la maison de M"" de Chenevouœ, à Roanne, pour une rési-
dence de la compagnie de Jésus, 1611 (vue à vol d'oiseau avec
de nombreuses indications manuscrites). — Dess, à la pi. lavé de
bleu. L. 0,255, h. 0,360.
114. Veue du prieuré du coUege de Roanne, le 16 octobre
1617. — Prioratus collegii Ronnensis de Riorges, 16 octo-
hris 1617. — Dess. à la pi. lavé d'encre de Chine. L. 0,540,
h. 0,390.
115. Veue de l'église de Cluni, le 22 septembre 1617. —
Ueglize de Cluni, 1617, 22 septembre. — Dess. à la pi. lavé
d'encre de Chine. L. 0,545, h. 0,395.
116. Veue de la ville de Maçon, le 6 d'octobre 1618. — Mas-
1. Ce petit château était venu aux Coton par le mariage de Philiberte Champ-
rond avec Guichard Coton, châtelain de Néronde, en 1569. Jacques Coton le
donna aux Jésuites en 1611, mais ceux-ci y étaient installés dès 1610.
2i9
con, 6 octobre 1618. — Dess. au crayon lavé d'encre. L. 0,544,
haut. 0,395.
117. (Sans indications, mais probablement la colline de Four-
vières, à Lyon.) — Croquis au crayon. L. 0,405, h. 0,345.
118. Veue du sépulcre des deux amants, à Lyon, le 2 février
1619. — Sépulcre des deux amantz, à Lion, 2 febvrier
1619. — Dess. au crayon lavé d'encre. L. 0,270, h. 0,400.
119. Veue de la maison des Carmélites, à Lyon. — Maison
des Carmélites, à Lion, 1616. En apvril 1616. — Dess. à la
pi. lavé de bleu. L. 0,408, h. 0,265.
120. Veue de l'église des Chartreux de Lyon. — Eglize des
P. Chartreux, à Lion. — Dess. à la sanguine. L. 0,420,
h. 0,283.
121. Veue de l'abaye de Notre-Dame de l'Isle-Barbe, près de
Lyon. — Uahhaie de Nostre Dame de V Yle , proche à Lion,
1016. 30 maii 1618 {sic). Ecclesia sancti Lupi episcopi in
insula Barbara prope Lugdunum. — Dess. à la plume lavé
d'encre. L. 0,555, h. 0,400.
122. Veue de Notre Dame de Lyle, le 6 octobre 1609. —
Notre Dame de V Yle, le 6 octobre 1609. — Dess. à la pi. lavé
de bleu. L. 0,250, h. 0,165.
123. Veue de l'Isle-Barbe, près de Lyon, le 10 juillet 1637.
— Aspet de lysle Barbe, proche Lion, achevé le 10 jidlet
1637. — Dess. au crayon lavé d'encre. L. 0,540, h. 0,390.
124. Veue de l'Isle-Barbe, le 12 juin 1618. — Insula Bar-
bara prope Lugdunum, 12 juin 1618. — Dess. au crayon
lavé d'encre de Chine. L. 0,555, h. 0,400.
125. Veue de Notre Dame de l'Isle Barbe, proche Lyon, en
1608. — Notre Dame de Vyle, proche de Lion. Nostre Dame
de lysle Barbe, proche de Lion. 1608. — Dess. à la pi. lavé
de bleu. L. 0,355, h. 0,222.
126. Veue de la maison de Fromente, près de Lyon. — Aspet
de la maison de M. la Fromente, proche Lion (voy. ci-
devant n**' 39 et 40). — Dess. à la pi. lavé d'encre. L. 0,550,
h. 0,390.
127. Veue de Montbrison en Forés, le 10 janvier 1611. —
Montbrison en Forest. 10 januarii 1611. — Dess. à la pi.
lavé de bleu. L. 0,530, h. 0,380.
128. Veue de la Bastie d'Urfé en Forés. — La Bastied'Urfé
220
en Forest. — Dess. à la pi. lavé d'encre de Chine. L. 0,553,
h. 0,405.
129. Veue de Nerondes, lieu de la naissance du P. Coton. —
Ner ondes, lieu de la naissance du R. P. Coton. — Dess. au
crayon lavé d'encre. L. 0,400, h. 0,250.
130. Veue de la ville de Vienne, le 11 juillet 1606. — Vienne,
ii juin 1606. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,575, h. 0,420.
131. Veue de la ville de Vienne, en Dauphiné, le 20 janvier
1619. — De Vienne en Dauphiné, 1619, 20 janvier. 20 ja-
nuarii 1619. Viennœ. — Dess. à la pi. lavé d'encre de Chine.
L. 0,540, h. 0,390.
132. Veue d'une partie de la ville de Vienne, en Dauphiné, le
20 janvier 1619. — Viennœ, 20 januarii 1619. — Dess. à la
pi. lavé d'encre de Chine. L. 0,526, h. 0,385.
133. Veue de la pyramide de Vienne, en Dauphiné. — De la
pyramide de Vienne, en Daufinè. — Croquis à la sanguine.
L. 0,395, h. 0,264.
134. Veue de la pyramide de Vienne, en Dauphiné, le 20 jan-
vier 1619. — Viennœ, 1619, 20 Janiearù". — Dess. à la pi. lavé
d'encre. L. 0,250, h. 0,390.
135. Veue de la ville du Puy en Velay, en 1607. — Aspet
de la ville du Puy en Velay. 29 apvril. Le Puy en Velay,
1607. — Dess. à la pi. lavé de sépia. L. 0,550, h. 0,395.
136. Veue de l'aiguille de saint Michel, proche la ville du
Puy. — L'eguillie saint Michel, proche la ville du Puy en
Velay. — Croquis à la pi. lavé de bleu. L. 0,190, h. 0,275.
137. Veue de la ville du Puy, en 1611, le 19 janvier. — De
la ville du Puy. l'a janvier 1611. — Dess. à la pi. lavé de
bleu. L. 0,545, h. 0,395.
138. Veue de la ville du Puy, le l"^"" 1607. — Anicium,
1° maii 1607. — Dess. à la pi. lavé d'encre de Chine. L. 0,555,
h. 0,390.
139. Veue du bâtiment de l'église collégiale {sic) du Puy, le
28 février 1617. — Prospectus ecclesiœ collegii Aniciensis,
28 fehr. 1617, dum ecclesia œdificatur. — Dess. à la pi. lavé
d'encre de Chine. L. 0,545, h. 0,410.
140. Veue d'une partie du collège du Puy et de l'église de
Nostre Dame, le 27 février 1617. — Partie du collège du Puy
et de Veglize de Nostre Da?ne. Anicii 27 februarii 1617. —
Dess. à la pi. lavé d'encre de Chine. L. 0,555, h. 0,400.
221
141. Veue du prieuré de Jonnelle (sic), le 8 d'août 1617. —
9 augusti 1617. Prioratus Jonvelle collegii Dolani. — Dess.
à la pi. lavé d'encre. L. 0,545, h. 0,395.
142. Veue du château de Polignac, près la ville du Puy. —
Le chasteau de Polignac, proche la ville du Puy, 24 februa-
rii 1617. — Dess. à la pi. lavé d'encre. L. 0,545, h. 0,395.
143. Veue du {sic) Vesoul, du clos des Capucins. — Aspet de
Vesoul, du clos des Cappucins, 1615. — Croquis au crayon
lavé d'encre. L. 0,545, h. 0,370.
144. Veue de la ville de Chambéry, capitale de Savoie, en
1618. — La ville de Chambery, capitale de Savoie, 1618.
— Dess. à la pi. lavé d'encre de Chine. L. 0,535, h. 0,385.
145. Veue de la ville de Chambery, en Savoie, le 24 janvier
{sic) 1618. — La ville de Chambery, en Savoie, i^: janvier
1618. — Dess. à la pi. lavé d'encre de Chine. L. 0,545, h. 0,400.
146. Veue du prieuré de Saint-Philipe, du collège de Cham-
bery. — Prioratus sancti Philipi collegii Camberiensis,
3 februarii 1618. — Dess. à la pi. lavé d'encre. L. 0,530,
h. 0,390.
147. Veue du prieuré de Saint-Philipe, du collège de Cham-
bery. — Prieuré de S. Philippe, du collège de Chambery.
3 februarii 1618. Prioratus collegii Camberiensis sa^icti
Philipi. — Dess. à la pi. lavé d'encre. L. 0,530, h. 0,400.
148. Veue du prieuré de Bourgel en Chambery, le 20 janvier
{sic) 1618. — Le Bourgel, proche à Chambery, 1618, le
iO janvier. Ce prioré appartient au collège de Chambery.
— Dess. à la pi. lavé d'encre de Chine. L. 0,545, h. 0,390.
149. Veue du prieuré de Borgel, du collège de Chambery,
en 1618, le 20 janvier. — Prioratus Borgeli collegii Cambe-
riensis, 1618, 20 januarii. — Dess. à la pi. lavé d'encre de
Chine. L. 0,535, h. 0,395.
150. Veue du prieuré de Saint-Philipe, du collège de Cham-
bery, en 1618. — Prio7^é de S. Philippe, du collège de
Chambery, 1618. — Dess. à la pi. lavé d'encre. L. 0,540,
h. 0,390.
151. Veue de l'abaye de Boscodon, près d'Embrun, 1606. —
Labaie de Boscodon, près d'Embrun, 18 ociobris 1606. —
Dess. à la pi. lavé de bleu. — Dess. à la pi. lavé de bleu.
L. 0,390, h. 0,260.
222
152. Plan du prieuré de Notre-Dame des Baumes*, près d'Em-
brun, en 1605. — Ichnographie ouplan duprioré deNostre
Dame des Baidmes,prèsd'Emhrum, enjuing 1605, auquel
souhz le plainpied du présent plan sont les caves tout
autour. — Dess. à la pi. lavé. L. 0,420, h. 0,287.
153. Veue d'une partie deSisteron, en Provence. — Aspet de
Sîsteron, en Provence. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,545,
h. 0,390.
154. Veue de la ville de Sisteron, en Provence, le 31 d'août
1608. — Aspet de la ville de Sisteron, en Provence, idtimo
augusti, 1608. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,545, h. 0,400.
155. Veue de Sisteron, en Provence, en 1606. — Sisteron en
Prova7ice, 1606. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,345,
h. 0,395.
156. Veue de Sisteron, en Provence. — Sisteron en Pro-
vence. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,545, h. 0,390.
157. Veue de Sisteron et du collège commencé. — Sisteron et
C07nmencementz du collège. — Dess. à la pi. lavé de bleu.
L. 0,545, h. 0,390.
158 et 159. Autre veue de Sisteron. — Sisteron. — (Au v° :)
Veue de Sisteron en Provence. — Sisteron en Provence. —
Deux dess. à la pi. lavés de bleu. L. 0,412, h. 0,265.
160. Veue de Monfrin, en Provence, en 1609. — Monfynn en
Provence, 1609. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,360,
h. 0,250.
161. Veues de la ville de Carpentras. — (En haut :) Ville
de Carpentras. (En bas :) Carpentras au conté Venessin.
— Dess. à la pi. lavé d'encre de Chine. L. 0,555, h. 0,380.
162. Veue de la ville de Caron, près de Carpentras, le 9 juil-
let 1607. — ■ La ville de Caron, proche de Carpentras, le
9 Juillet 1607. — Dess. à la pi. lavé d'encre. L. 0,390, h. 0,255.
163. Veue de la Quantine de Carpentras. — La Quantine,
proche de Carpentras, appartenant au collège d'Avignon,
dépendent du prioré de Pernes. — Dess. à la pi. lavé de sépia.
L. 0,432, h. 0,317.
1. C'est la seule vue du recueil accompagnée d'un plan. L'écriture et le dessin
sont semblables à ceux des plans signés de Martellange conservés dans les
recueils des Jésuites, du département des Estampes.
223
164. Veue du théâtre d'Orange, — Le théâtre d'Orange. —
Dess. à la pi. lavé d'encre de Chine. L. 0,520, h. 0,385.
165. Veue de la ville d'Avignon^ et des environs. — De la
ville d'Avignon et par delà. — Dess. à la pi. lavé d'encre de
Chine. L. 0,560, h. 0,397.
166. Veue d'un château près d'Avignon, en 1608. — Maison
proche d'Avignon, appartenant à M. le cardinal de Joieuse.
1608, en septembre. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,527,
h. 0,380.
167. Veue de Metannes (sic), prieuré du collège d'Avignon,
en 1608. — Metamies , prioré du collège d'Avignon. 1608.
— Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,355, h. 0,240.
168. Veue de la vigne du noviciat d'Avignon. — La vigne du
novitial d'Avignon à Saint-Laurens. — Croquis à la pi. lavé.
L. 0,385, h. 0,250.
169. Veue du château de Lair, sur le Rone, près d'Avignon,
le 17 octobre 1616. — Le chasteau de Lair{?) sur le Rosne,
proche d'Avignon, le 17 octobre 1616. — Dess. à la pi. lavé.
L. 0,265, h. 0,165.
170. Veue des vestiges de l'église du Noviciat d'Avignon. —
Vestige de l'eglize du noviciat d'Avignoyi, lorsqu'on la
batissoit. — Dess. à la pi. lavé de bleu. L. 0,585, h. 0,400.
171 . Veue d'une partie du collège d'Avignon% en 1 617, le 3 de
janvier. — Partie du collège d'Avig7ion, 1617. 1617, "à jan-
vier. — Dess. à la pi. lavé d'encre. L. 0,550, h. 0,390.
172. Veue de la ville d'Avignon, le 29 d'août 1609. — Aspet
de la ville d' Avignon, 29 augusti 1609. — Dess. à la pi. lavé
d'encre. L. 0,550, h. 0,390.
173. Veue de la ville d'Avignon, en 1608. — 1608 enaoust.
De la ville d'Avignon. A. Tour du collège. — Dess. à la pi.
lavé de bleu. L. 0,550, h. 0,390.
174. Veue de l'eveché de Beziers, le 22 novembre 1616. —
Aspet de l'eveché de Beziers, 22 novembris 1616. — Dess. à
la pi. lavé de bleu. L. 0,535, h. 0,390.
1. Il y a deux vues arrachées à ce recueil Ub. 9 a, et actuellement classées à
la topographie de la France, Vaucluse, Avignon. Toutes deux sont de Martel-
lange, et représentent l'une une vue générale, l'autre une vue d'une ()arlic du
collège en 1617.
2. Voir la note ci-dessos.
224
Antilly? (et non Gentilly) (16H),
commune d'Argilly (Côte-d'Or).
Maison de la baronnie en 1611,
70, 71.
Argilly (1611), arrondissement de
Beaune, canton de Nuits. Vue
du château, 69.
AuTUN (1611). Arc romain, 92, 93.
Avignon (1608). Château du cardi-
nal de Joyeuse, 166. Collège des
Jésuites, 171 (et note). Noviciat,
170. Vigne du Noviciat, 168.
Vues générales, 165, 172 (et note),
173.
Baumes (N.-D. des) (1605). Prieuré,
152.
Beaulieu (1617). Arrondissement
deRoanne, commune de Riorges.
Abbaye de Bénédictines. Vue géné-
rale, 109.
Besançon (1610). Collège des Jé-
suites, 77.
Béziers (1616). Vue générale, 174.
BosGODON (1606). Abbaye, 151.
Bourges (1615). Sainte- Chapelle,
46. Collège, 47. Saint- Etienne ,
43, 44, 45. Palais, 46.
BouRGUEiL (1624). Abbaye, vue des
ruines, 14. Vues générales, 15,
16, 17.
Caromb (1607), arrondissement
deCarpentras. Vue générale, 162.
Carpentras (1607). Cantine, 163.
Vues générales, 161.
Ghambéry(1618). Prj'cîiî'd du Bour-
get, 148, 149. Prieuré de Saint-
Phili^ipe, 146, 147, 150. Vues
générales, 144, 145.
Chartres (1624). Notre-Dame. Vue
extérieure, 13.
Gheneyoux (1618), paroisse de
Bussières-en - Forez. Château -
fort, 21, 22, 23.
Cheverny ( commencement du
xvn"^ s. ) , canton de Gontres
(Loir-et-Cher). Château, 34.
CiTEAUX (1613). Abbaye, vue du
cloître, 76.
Cluny (1617). Église de l'abbaye,
115.
Dijon (1610-1614). Chartreux de
Dijon, 65. Collège des Jésuites
en 1610,. 56, 61, 63, 64, 67.
Michel {Eglise de Saint-)., 1615,
60. Notre- Da,mc de Dijon, e?i 1610,
62. Palais ducal, dit maison du
roi, 59. Vues générales, en 1611,
57, 58. Notre-Dame de Dijon, en
1610, 62.
Dole (en 1610 et après?). Collège
des Jésuites, 81,82. Vue générale,
79.
Fayerney (1613 ou 1617?), arron-
dissement de Vesoul. Vue géné-
rale de la ville, 78.
Flechères (1619), commune de
Fareins-en-Dombes. Château,
39, 40, 126.
Fontaine (1611), arrondissement
de Dijon. Vue générale, 74, 75.
Gentilly (1639), arrondissement
de Sceaux (Seine). Maison de
campagne du collège de Paris, 72.
JoNYELLE, arrondissement de Ve-
soul, canton de Jussey. Prieuré
dépendant du collège de Dole, 141.
Vue générale, 80.
La Bénissons- Dieu (1618), arron-
dissement de Roanne. Abbaye,
vue générale, 106, 107, 108.
La Flèche (1612). Vue de la ville,
24, 25. — Porte de la ville, 26.
Jésuites. Collège, 28, 29, 32, 33.
Moulins, près de la Flèche, 31.
Saint-Jacques. Prieuré, 30.
La Grillière (château de), canton
de la Ferté-Saint- Aubin (Loi-
ret). Château, en 1621, 37, 38.
Lair (1616). Château sur le Rhône,
près cV Avignon, 169.
La Source (1621 ?). Château de la
Source du Loiret, 41.
Lazenay-lès-Bourges (commence-
225
ment du xyii^ s.). Maison de
campagne des Jésuites de Bourges,
48.
Le Bourget en Savoie (1618).
Prieuré, 148, 149.
Le Mans (1624). Saint-Julien, 18.
Le Puy (1607). Aiguille Saint-Mi-
chel, 136. Collège des Jésuites
(1617), 139, 140. Vues générales
(en 1607-1611), 135, 137, 138.
LucHÉ (1615). .Prieuré dépendant
de la Flèche, 27.
Lyon (1609, 1616, 1618, 1619).
Carmélites, 119. Fourrières, 117.
VIle-Darbe, 121, 122, 123, 124,
125. Sépulcre des deux amants,
118.
Maçon (1618). Vue de la ville et de
la rivière, 116.
Métiiamis (1608), arrondissement
de Garpentras. Prieuré du col-
lège d'Avignon, 167.
MoNTBRisoN. Vue générale, 127.
MoNTFRiN (1609), arrondissement
de Nîmes. Vue générale, 160.
MoNTjEU (le Petit) (1611). Château
du président Jeannin, en 1611,
94, 95.
Moulins (1621?). Collège {maison
de Pouzeux), 98. Vues générales,
96, 97.
Neronde - Loire , arrondissement
de Roanne. Vue générale, 129.
Nevers (commencement du xvii^
s.) Collège des Jésuites, 52, 53.
Église cathédrale, 50. Minimes,
55. Palais ducal, 50, 54. Place
publique, 50. Pont de Loire, 49.
Vue générale, 49.
Orange. Théâtre, 164.
Orléans ( 1 623 ) . Sainte - Croix.
Reconstruction en 1623, 36.
Porches latéraux avant la démo-
lition de 1623, 35. Ruines de
Sainte-Croix, 36.
Paris (1625, 1628, 1629, 1630,
1631, 1634, 1637). Carmes dé-
chaussés. Eglise, 7. Jésuites. No-
viciat en 1631-31, 2, 3, 4, 5.
Luxembourg. Palais de la reine
mère, 1634, 6. Monlmartrc.
Abbaye vue en 1625, 10. Saint-
Martin-des-Champs, 9. Sainte-
Chapelle, après l'incendie, 8.
Ploermel (1626). Vue générale en
1626, 20.
PoLiGNAG (1017). Château, 142.
Pouzeux, arrondissement de Mou-
lins. Maison de campagne du
collège, 98.
Rennes (1624). Vue générale, 19.
Riorges(1610), arrondissement de
Roanne. Prieuré. Vue générale.
110, 114.
Roanne (1610, 1617, 1618, 1619,
1620). Collège des Jésuites. Vues
intérieures en décembre 1010,111,
Vue extérieure, 112, 113. Col-
lège des Jésuites. Conslrudion de
Véglise, 101, 102, 103, 104, 105.
Vues générales, 90, 99, 100.
Saint-Appolinaire (1610), arron-
dissement et canton de Dijon.
Vue de la Maison - Forte ', à
M. Tabourot (le sieur dos Ac-
cords), 66, 68.
Saint-Denis(162..). Basilique. Tom-
beau des Valois vu de l'extérieur,
11. Portail et nef, 12.
Saône (rivière de). Vue près de
Seurre? 86.
Seurre (1611 et 1613), arrondisse-
ment de Beaune, ancienne capi-
tale du duché de Bellegarde.
Eglise, 85. Vues générales, 83, 84.
Seurre (1616). Grange ruinée sur
la route de Seurre à Dijon, 73.
Sisteron (1605-1606). Collège, 157.
Vues générales, 153, 154, 155, 156,
157, 158, 159.
TouRNus (1613?). Vxie générale de
Vabbaye, 87, 88 ?
UnFÉ (La Bâtie d'). Vue du château.
128.
A'esoul (1615). Vue générale, 143.
Vienne, en Dauphiné (1605-1619),
Pyramide, 133, 134. Vues par-
tielles, 131, 132. Vue générale,
130.
FRAGMENTS DE CHARTES
DU r SIÈCLE
PROVENANT DE SAINT-JULIEN DE TOURS
RECUEILLIS SUR LES REGISTRES D'ÉTAT-GIVIL
D'INDRE-ET-LOIRE.
(Suite et fin.)
XXI.
DONATION A SAINT-JULIEN PAR GIRARD d'UN ALEU NOMME TAISEIS,
SITUÉ SUR LA DÈME, DANS LE PAGUS DU MANS. — MARS 967.
Haut. 0^^645'"'". — Larg. O'^SOO™"^.
Belle pièce, bien conservée; deux grands fragments carrés,
plus, deux demi-bandes verticales; il manque seulement quelques
mots.
Girard, l'auteur de la donation, était fils d'Archambauld et
d'Ingelrade, qui, en 898 et en 905, faisaient à Marmoutier et
au chapitre de Saint-Martin de grandes libéralités en terres
situées au nord et au sud de la Loire ^. Il était de plus frère de
Robert, fils d'Archambauld, dont la signature vient immédiate-
ment après celle du comte d'Anjou Foulques le Bon, au bas de
notre pièce n" IV, et qui, dans une charte de 966, émanée de la
chancellerie de Saint-Martin S est qualifié vassus dominicus
et vassalus probatus. On voit donc qu'il appartenait à l'une
des plus puissantes et des plus riches familles de Touraine.
1. Mabille, Pancarte noire de Saint-Martin, p. 183. Paris, Hénaux, 1866.
2. D. Martene, Thésaurus anecd., t. I, col. 87.
227
Dans le corps de la charte, Girard est simplement dit chanoine
de Saint-Martin, tandis que, dans les souscriptions, il joint à cette
qualité le titre d'évêque, Pf'esul. Il semble donc que nous avons
là un de ces évêqiies particuliers de la puissante collégiale qui
fonctionnèrent du commencement du vni° siècle à la fin du xi° ;
Monsnyer et ChalmeP en ont dressé chacun une liste, sur les-
quelles on ne trouve point, il est vrai, le nom de notre chanoine,
mais elles diffèrent beaucoup entre elles et offrent de nombreuses
lacunes.
Notre charte porte les signatures du duc des Francs, qui devien-
dra le roi Hugues Capet, des comtes de Tours, du Mans, de
Vendôme, de Châteaudun et de plusieurs autres grands person-
nages, tant laïques qu'ecclésiastiques, parmi lesquels nous signale-
rons l'archevêque Ardouin et son frère Corbon. Bernuinus, clerc
de St-Martin, qui avait vendu l'aleu de Taiseis à Girard, souscrit la
donation, ainsi que son frère Gauscelmus, sa sœur Ada et les fils
de celle-ci : c'était une garantie contre toute revendication ulté-
rieure de leur part. 11 est à remarquer que la signature d'Ada et
de ses fils est placée après la date, et a été très probablement
ajoutée après coup ; l'encre diffère un peu de celle des lignes qui
précèdent. Nous voyons même au dos de la charte les fils d'Ada
venir la confirmer, près de quarante ans après sa rédaction. On
y lit, en effet, en caractères des premières années du xi° siècle, la
mention suivante :
Anno incarnationis dominicae millesimo IIII, venerunt ad Sanc-
tum Julianum Gauzfredus et Ailbertus, fdii Adae, et firmaverunL hanc
cartam et fecerunt wirpum super altare cum ipsa carta, de sua parte
et matris eorum atque fralris ipsorum Aymerici, ut nunquam
exinde locus Sancti Juliani de omnibus ipsis, vel parentibus corum,
ampllus habeat calumniam, accepLis pro hoc solidis x, putreUis quo-
quc tribus.
Quant à l'aleu de Taiseis, aucune localité actuelle des bords de
la Dême ne rappelle son nom, mais une charte de D. Housseau,
de 1187^ mentionne le coteau de Tais dans la paroisse de Che-
millé, qui est sur la Dême et, aujourd'hui, dans Indre-et-Loire,
1. Bibl. de Tours, ms. 1294. Monsnyer, Celeberrimx Sancti Martini eccle-
six historia, t. I, p. 43. — Ibid., ms. 1296. Chalmel, Histoire et antiquités de
l'église Saint-Martin de Tours, p. 31 el suiv.
2. D. Housseau, ir 2004.
228
mais se trouvait autrefois dans le pagus du Mans. Tais pourrait,
ce nous semble, venir de Taiseis, surtout si, comme cela est pos-
sible et même probable, l'accent était sur la première syllabe.
La pièce est datée du mois de mars, la 13* année de Lothaire,
ce qui donne 967.
Cette charte est inédite.
Bibl. nat., Baluze, t. LXXVI, fol. 77; ms. lat. 5443, p. 33.
XP. Dum unusquisque^ mortaliumvivitatque libéra potestutipotes-
late, cogitare débet quemadmodum de terrenis atque caducis adqui-
rat celestia, quapropter, in Dei omnipotentis amore, ego Girardus,
Sancti Martini canonicus et sacerdos, cogitans de Dei timoré ac
œterna retributione, pro remedio animse meae et parentum meorum-,
videlicet Archembaldi, patris mei ac genetricis meae Ingeiradae, seu
etiam Rotberti fratrls mei, et ceterorum parentum meorum, dono
donatumque in perpetuum esse volo, ecclesiae Santi Juliani, ad
monachos scilicet ibidem domino deservientes, in victualibus, stipen-
diis et lurainai'ibus ecclesiœ, ceterisque utilitatibus, perpetualiter ad
habendum, partem rerum mearum, hoc est alodum meum, nuncu-
pantem Taiseis, quem datis pretiis, comparavi de Bernuino clerico,
situm inpago Cinomannico, super fluvium Dimediae, cum terris cultis
atque incultis, et silva ad saginandos porcos cccc; et prata, tam culta
quam inculta, et cum area ad molendinum faciendum in supradicto
fluviolo-, cum aquis aquarumve decursibus, mobilibus et inmobili-
bus, perviis et exitibus, et cura aliis adjacentiis et utihtatibus ad
ipsum pertinentibus; atque de jure meo et potestate in partes Sancti
Juliani et monachorum ibidem domino deservientium totum penitus
trado atque transfundo; ita ut ab hodierna die et deinceps, faciant
ex supradicto alodo quicquid voluerint jure proprietario. Quod si
aliquis de heredibus meis, vel aliquis intromissapersona, postdeces-
sum meum extiterit, qui calumpniam ex ista donatione Sancto
Juliano et monachis ibidem Deo deservientibus inferre voluerit, cum
diabolo et sotiis ejus in inferno deveniat dampnandus, neque quod
repetierat assequatur; sed insuper xv hbras auri, pro illata calump-
nia componat. Hanc autem donationem a nobis factam manu propria
firmavi, et ceterorum bonorum virorum manibus consignari jussi.
Signum sancte -î- crucis domni Hugonis Francorum ducis.
1. Celle pièce a été héliogravée dans la coUeclion des fac-similés de l'École des
chartes, n" 269.
229
Signum Girardi canonici Sancli Martini presuiis, qui hanc dona-
lioiiem Sancto Jiiliano dédit.
Signum Hugonis, Cinomanuoruni comitis. Signum Hugonis, filii
ejus. Signum Fulcuini, fdii e[jus similitjer.
Signum Tctbaldi comitis. Signum Odonis, fdii cjus. Signum Gual-
tcrii comitis.
Signum Burchardi comitis. Signum Walaramni comitis. Signum
Hilduini comitis.
Signum Gauzfredi comitis. Signum Adclelmi vasalli. Signum
Rodulfî vicecomitis.
Signum Arduini episcopi. Signum Gorbonis, fratris ejus. Signum
Plastulfî. Signum Gauzfredi vicecomitis.
Signum Gisloen Brittanorum episcopi. Bernuinus clericus Beati
Martini subscripsit, qui ipsum alodum Girardo vendidit.
Signum Gauzcelmi fratris ejus. Signum Hugonis, fdii ejus.
Data mense martio, apud Sanctum ûionisium, anno XIII Mio-
tliarii régis.
Signum Adae, sororisBernuini. Signum Gauzfredi. Signum Ailberti.
Signum Aymerici, Fdiorum ejus.
Ego frater Alfredus, monachus SanctiJuliani, scT'i]^si et subscripsi.
XXII.
DONATION PAR ARDOUIN A L'ABBÉ BERNARD DE TERRES SITUEES
AU LIEU DIT PONS HAXONUM. — 970.
Haut. 0'"298""". — Larg. 0'"220™'"?
Six bandes verticales, dont une incomplète; il paraît en man-
quer deux. Cette charte, dont on connaissait seulement une
courte analyse, dans le cartulaire de Saint-Julien (Bibl. nat.,
ms. 5443, p. 41, et dans Gaignières, lat. 17047, p. 49), est inté-
ressante. Elle nous fournit de précieux renseignements sur la
famille de l'archevêque Ardouin. On y voit, comme il résultait
déjà des signatures de la pièce précédente, que ce prélat était
bien le frère de Corbon, qualifié vassal, et qu'il appartenait à la
puissante famille de Rochecorbon. Ardouin, également vassal, qui
est l'auteur de la donation et signe immédiatement après Gorbon,
doit être le neveu de rarchevêque, celui qu'on appelait Iciique pour
230
le distinguer de son oncle, et qui devint la tige des seigneurs de
Saint-Mars-la-Pile. Wandalbert ou Guandalbert, que nous trou-
vons parmi les autres signataires, est encore un neveu d'Ardouin,
et nous avons une charte de lui de l'année 979. Enfin, la dernière
signature était celle d'un chancelier de la cathédrale, mais il ne
reste de son nom que la syllabe finale tus; peut-être Ingelbertus?
Le quartier de terre, objet de la donation, était situé, selon
notre charte, dans le faubourg de la ville de Tours, non loin de
l'abbaye de Saint-Julien, au lieu dit Pons Saxonum. Ce point
est grandement à noter, car il nous indique qu'il existait autre-
fois, au sud de Tours et de Ghâteauneuf, un cours d'eau plus rap-
proché de leurs murailles que n'est le ruisseau actuel de l'Arche-
vêque, et sur lequel existait un pont, donnant passage à la route
de Tours à Saint-Epain {Brigogalus), par Joué ' . Ce cours d'eau,
qui venait du nord-est, semble exister encore, mais à l'état sou-
terrain ; il est bien connu des architectes de Tours, dont il fait le
désespoir, et qui l'ont rencontré dans les fondations du théâtre,
rue de la Scellerie, dans celles d'une maison rue de l'Archevêché,
près la rue Royale, et d'une autre maison sur le mail Déranger,
à l'ouest de la place du Palais-de-Justice. Nous l'avons indiqué
sur le petit plan des environs de Tours au x'' siècle, qui accom-
pagne notre volume de Tours archéologique'^, mais ce tracé
nous paraîtrait aujourd'hui devoir être un peu modifié et reporté
vers le nord.
Au dos, en vieilles capitales : ... [gw]àm dédit Arduinus
laicu[s sancto JuH]ano, et la date de 970, qui se trouvait sans
doute sur une partie de la charte aujourd'hui perdue, et que nous
croyons pouvoir adopter.
Cette charte est inédite.
Bibl. nat., mss. lat. n" 5443, p. 41, et n" 17047, ancien 179^ de Gai-
gnières, p. 49.
XP. [Ecclesiae sanctee fideli d]evotione subvenire ejusque utilitati-
bus pic amore [concurrere justajrum est mentium, quia exinde celes-
tium portionem [possunt percipere] gaudiorum. Quapropter, ego
Arduinus, in Dei omn[ipotentis amore] ac pro aeterna remunera-
1. Ce pont est également mentionné dans la charte de 966 publi'ée par D. Mar-
tene, Thésaurus, t. I, col. 87, où il est parlé d'une porte de l'enceinte de Saint-
Martin, appelée porta pontis Saxonis.
2. Tours archéologique, histoire et monuments, Paris, Champion, 1879.
23^
lione, ut pius Dominus veniam [meorum peccami]niim mihi indul-
gere digneLur , dono donalumque esse [cupijo ecclesiœ beali J uliaiii
quœ esL sita in suburbio Turo[nicae urbis, cujus] rector domnus
Bernardus abba ibi adessc videlur, res jur[is niei qiia; mibi scni]or
meus domnus Arduinus ex proprio alodo suo dédit, in quo b[abeLur
quarterium i] et perticas vu, situm in suburbio civitatis Turonica3,
non lon[ge a mûris Sancli J]iiliani, ad illutn locum quœ [sic] dicitur
Pontem Saxonum; qui ter[minatur duobus pjartibus terra cum vineis
ex abbatia supradicti beati J[uliani martyris], de duobus aliis partibus
viis publicis. Ea siquidem ratione [ut quandiu] vixero Ipsum quarte-
rium et perticas vi [sic] jam vinea edifica am. Si autem fuerit
post me, de eredibus aut pro heredibus meis al[iquis persona quœ]
contra banc donationem aliquam repeticionem aut calum[niam inferre
lemptavjerit, quod repetit non vindicet, et insuper contra quem l[item
intulerit, argejnti sol. c multatus componaL, sua que repetilio nullum
efTectum [liabeat. Ut aulem ha]ec auctoritas inviolabiiem futuris
obtineat tempor[ibus elTecLum, eam manu propjria sub signo sanctœ
crucis firma[vi et per domnjum Arduinum, Tu[ronensem pont]iflcem,
firmari deprecavi, alioru[mque bonojrum virorum manibus r[oborari,
ut invijolabilis omni tempore permaneat.
f [Signum Arduini TJuronicse sedis archiepiscopi.
[Signum Corbonis vas]salli fratris ejus.
[Signum Arduini vassa]lli qui hanc auctoritatem fieri ju[ssit].
[vasjsalli. Signum Odonis vassali.
[vassaJUi. Signum Wandalberti. Signum
[Signum Aimerici filii] Arduini qui hanc auctoritatem fie[rijussit],
tus Sancti Mauricii cancellarius.
XXIII.
DONATION A SAINT-JULIEN PAR SIGEFROID , ÉVEQUE DU MANS,
d'une villa appelée VALLIS-BOANA, JN VICARIA VEDACENSE.
— février 971.
Haut. 0»^450'"'". — Larg. 0'"302'"'".
Belle pièce entière, bien écrite, bien conservée, portant les
signatures de Sigefroid, du comte du Mans, Hugues, de ses fils
Hugues et Foulques, et de plusieurs personnages, tant ecclésias-
tiques que laïques. Les noms des premiers, qui sont les plus nom-
232
breux, sont tous accompagnés de notes tironiennes, parmi les-
quelles nous signalerons celle que nous croyons pouvoir traduire
par le mot archiclams. Une note identique se trouve après le
nom d'Arduinus, dans la charte d'Uddo publiée par M. Delaville
Le RoulxS qui lui donne le sens à! archidiaconus . Nous croyons
cependant qu'il Î2ivX\\VQ archiclavis , d'autant mieux qu'Ardouin
est souvent qualifié edituus ou thesaurarius, titre qui corres-
pond à celui d'archiclavis. Nous traduisons par puer la note
tironienne qu'on voit après les noms d'Odelinus, de Suthardus et
de Guazmarus.
Vallis-Boana est Vauboan, hameau à l'est de Beaumont-la-
Chartre, sur la rive droite de la Dême. Cette localité reçoit aussi
dans les anciens textes le nom de vallis Bovonis. La ricaria
Vedacensis est la viguerie de Vaas, aujourd'hui commune du
canton de Mayet, arrondissement de la Flèche (Sarthe) .
La date est : in mense februario, anno Jam in XVII
Lotharii, ce qui donne 971 en faisant partir les années du
règne de Lothaire du 12 novembre 954, comme il arrive le
plus ordinairement. Une main du xvii" siècle a écrit au dos
970, ce qui ferait remonter les années de Lothaire au commence-
ment de 954, manière de compter dont on a du reste quelques
exemples.
Au dos, en vieilles capitales mêlées d'onciales : Carta de
Valle Boana.
Publié par Mabillon, Ami. Benedict., t. III, p. 718, mais
sans toutes les signatures.
Bibl. nat., ms. lat. 5443, p. 45-46.
XP. In nomine^ summi Salvatoris Dei, nos quidem Sigefredus,
Ginnomannicge urbls et ecclesiae sanctissimse Dei genitricis et virginis
Mariœ ac beatorum martirum Gervasii et Protasii gratia Dei episco-
pus, noLum fore cupimus, omnibus successoribus nostris, hujus sci-
licet nostrse sedis episcopis, atque omnibus fideUbus, quoniam
deprecatus est nos quidam nostri gregis laeviLa valde venerabilis et
archiclavis, Odo scilicet nomine, ut quibusdam fratribus noslris et
preliosissimi martiris Juliani monacbis, in monasterio ejusdem
degentibus, quod est constructum a domno Teotolone, [Turonicjse
1. Notice, etc., p. 25.
2. Cette pièce a été héliogravée pour l'École des chartes. (N° 270 de la collect.)
233
civitatis archiepiscopo , inter menia beatissimi Christi confcssoris
Martini et eandem civilatera, villam unam nuncupaîitcm Vallc Boa-
num, pertinentem ad lliesaurum nostre matris ecclcsiae cui, Deo
auctorc presidcmiis, cum omnibus rébus ad ipsam scilicet villam
pcrlinentibus, concedereraus. Cujus pcticionem, cum consensu nos-
Irorum canonicorum, et ortatu senioris nostri Hugonis, premissœ
scilicet civitatis nominatissimi comitis, ac filiorum ejusdem, vidcli-
cet Hugonis et Fulchonis, libentissime suscipientes, concessimus cis
prefixam villam in Cinnomannico page sitam, super rivulum nuncu-
pantem Dimidiam, in vicaria Vedacense, cum omnibus suis appendi-
tiis, silvis scilicet, pratis, aquis, aquarumve decursibus, terris cunctis,
cultis et incultis, in quibuscumque adjaceant vel terminentur locis,
sive ubi ubi [sic) exquiri potuerint, vel reclamari. Inter baec omnia
specialiter denominamus illud territorium quod vocatur ad Gultu-
ram Sancti Gervasii, ut nullum iateat ad predictam villam proprie
pertinere. Tali quidem ralione baec omnia ipsis prœclari martiris
Jubani servientibus tradimus, at habeant licentiam quicquid ibi
melius voluerint operandi, simiU scilicet modo ut habent in cetera
terra Sancti Juliani quam possident. Solvant tamen exinde annis
singulis, ad missam scilicet sanctorum martirum Gervasii et Prolasii,
que colitur idus decenbris, censum sol. m, et eis amplius nil requi-
ratur; sed, si ex ipso censu neglegentes extiterint, id ipsum eis
emendare liceat et que tenuerint non ideo perdant. Ut autem hœc
auctoritas omni tempore inconvulsa permaneat [manibus] propi'iis
eam firmavimus et confratribus nostris subscribererogavimus, atque
seniori nostro, domno scilicet Hugoni et fîliis ejus, necnon principi-
bus fidelium ipsorum, sub signo sanctœ crucis corroborare precati
sumus.
XP. Sigefredus episcoims firmavit. Signum f domni Hugonis
comitis. Signum Hugonis et Fulchonis filiorum ejus.
[Première colonne.]
Odo diaconus et archiclavis firmavit.
Ysaac levita subscripsit. Guillelmus diaconus subscripsit.
Simeon sacerdos subscripsit. Anseisus presbyter subscripsit.
Bernardus diaconus et cancellarius subscripsit.
TQtgr'imns, 2}resbyter subscripsit. Albericus diaconus subscripsit.
Odo levita subscripsit. Bernerus diaconus subscripsit.
Stephanus sacerdos subscripsit. Guarnerius levita subscripsit.
Hubaldus sacerdos sulscripsit. Guarnerius presbyter subscripsit.
^6
234
Hubertus subdiaconus subscripsit. Odelinus puer et subdiaconus
subscripsit. Suthardus /?Mer et subdiaconus subscripsit.
Mainardus subdiaconus subscripsit. Guazmarus puer et subdiaco-
nus subscripsit.
[Seconde colonne.]
Signum Rodulfi vicecoraitis. Signum Ivonis. Signum Gauzfredi
manselli. Signum Rolhrici. Signum Arduini. Signum Guiterni. Sig-
num Audradi. Signum Guarnerii. Signum Mainardi. Signum Hugo-
nis. Signum Adalgerii.
Ego frater Rotbertus, monachus ejusdem congregationis , jussu
Sigefredi episcopi et Odonis Ihesaurarii, necnon Bernard! cancel-
]a[rii], ac pêne omnium canonicorum, sive ortatu dorani Hugonis
comitis, scripsi et subscripsi atque firmavi.
[Data est] hœc manusfirma in Cinnomannica civitate, in mense
februario, anno jam in XVII Lotharii.
XXIV.
ARDOUIN, ARCHEVÊQUE DE TOURS, CONCEDE A EVRARD UN ARPENT
DE TERRE SITUÉ IN VILLA RENIACO, PRES DU CHER. — 976.
Haut. 0'"360'"'". — Larg. 0">230'«'".
Charte entière, sauf une petite échancrure dans l'angle supé-
rieur de gauche. L'écriture très effacée a pu être rendue suffisam-
ment lisible. La concession est faite à la prière d'Uddo, archi-
clave, c'est-à-dire trésorier de l'église métropolitaine. Cet Uddo
semble bien être le même personnage que nous voyons figurer,
quelques années plus tard, comme doyen de Marmoutier, dans
unecharte publiée par M. Delaville le Roulx ^ . Son nom, il est vrai ,
y commence par un H qu'on ne retrouve point ici, mais une sem-
blable variante n'a aucune importance.
La latinité de cette pièce est assez correcte ; on y rencontre
bien un pluriel pour un singulier au mot degerint, mais c'est là
évidemment une simple distraction du copiste qui, pour cette
partie de la charte, transcrivait une formule souvent employée à
cette époque.
1. Notice, etc., p. 25.
235
La villa Reniacus ou Reniacum doit être représentée aujour-
d'hui par le château de Rigny, ancien fief de la commune de Joué-
les-Tours, situé tout près du Cher. Les signatures sont accom-
pagnées de nombreuses notes tironiennes assez bien exécutées.
La 21 '^ année de Lothaire ne correspond point à 976, selon la
façon ordinaire de compter les années de ce prince, à partir du
12 novembre 954. Mais, comme non seulement cette charte, mais
encore une de celles qui vont suivre offre le même système, nous
croyons devoir nous y conformer, d'autant mieux que MM. de
Wailly et Bruel fournissent de nombreux exemples, dans les-
quels on paraît également faire commencer le règne de Lothaire
au 12 novembre 955.
Cette pièce est inédite. On n'en connaît ni copie ni analyse.
XP. [In nomjine summi SalvaLoris Dei, Arduinus, misericordia
Dei sanctse Turonicœ sedis archiepiscopus, notum immo et percog-
nitum esse volumus cunctis fidelibus sanctœ Dei ecclesise, presentibus
scilicet ac futuris, precipueque successoribusnostris, quoniam depre-
catus est nos quidam fidelis noster atque archiclavis nosli'œ malris
ecclesise, nomine Uddo, uti ex rébus prefati thesauri, quam ipse per
nostrœ largitionis donum tenere videtur, hoc est arpennem i de
terra arabili cuidam homini, nomine Ebrardo, sub institulione cen-
sus annuatim reddendum, per Imjus nostrae aucloritatis testamentum
concederemus. Cujus deprecationem bénigne recipientes, concessi-
raus jam diclo Ebrardo prefixura arpen. de terra arabili, situm In
pago Turonico, in villa Reniaco, non longe a lluvio Caris. Termina-
tur ex totis parfcibus terra ejusdem potestatis cum via publica. Eo
ctiam modo concedimus ei ut habeat licentiam desuper œdificandi,
planlandi, consLruendi et quicquid melius elegerint [sic] emelio-
randi, solvens exinde, annis singulis, ad festivitatem saneti Stephani,
quœ celebratur vu kal. januarii, Uddoni fideli nostro, sive successo-
ribus suis, censum denar. un; et ei amplius non rcquiralur auL
exigatur, scd sub tali censu libère ac quiète teneat et possideat,
nemine inquiétante alque contradicente. Et si de eodem censu tardus
aul neglegens repertus fueril, idipsum emendat et quod tenuerit non
ideo amitat. Si autem ei voluntas aut nécessitas extiterit, tam in
vita quam ad mortem, habeat licentiam aut vendere, aut ad duos
ex propinquioribus parentibus vel amicis, quam melius elcgerit, sepe
dictam terram cum omni emelioratione, sub prescripto censu, relin-
querc. Ut autem haec auctoritas firmior sit firmiorque permaneat,
236
manu propria eam subterfirmavimus, manibusque fidelium nostro-
rum adfirmare rogavimus.
XP. Arduinus miseratione Dei archiepiscopus huic manuifirme
subscripsit.
XP. Uddo archiclavis qui hanc manumfirmam firmam fîeri depre-
cavit et ipse subscripsit.
XP. Rotgerius decanus subscripsit. XP. Froterius archidiaconus
subscripsit. XP. Rotbertus subdiaconus subscripsit. XP. Boso archi-
diaconus subscripsit. (Paraphe initial.) Dodaldus diaconus atque pre-
centor subscripsit. Ermenfridus presbyter subscripsit presbrjter
subscripsit. Ghristianus presbyter subscripsit. Dodaldus presbxjter
subscripsit. Viviamus presbyter subscripsit. ?,QQ\Qnus presbyter subs-
cripsit. Ascelinus clericus subscripsit. Aimericus clericus subscripsit.
Gyrardus diaconus subscripsit. Rotbertus clericus subscripsit. Item
Rotbertus diaconus subscripsit. Aganus diaconus subscripsit. Mar-
tinus diaconus subscripsit. Gunbertus diaconus subscripsit. Gualte-
rius diaconus subscripsit. Guarnerius presbyter subscripsit. Ranche-
rius diaconus subscripsit. Odilo clericus subscripsit. Guanincus
clericus subscripsit. Guido clericus. Leotardus clericus subscripsit.
Fredricus clericus subscripsit.
Data mensejulio, incivitateTuronus, anno dominicae incarnationis
DGGCG LXXVI, sive anno XXI régnante Lothario rege.
XP. Durannus licet indignus sacerdos presens fui et rogitus ab
Ingelberto antigrapho scripsi et subscripsi.
XXV.
VENTE PAR SYON, ABBÉ DE SAINT-LAUMER, A EVRARD, ABBÉ DE
SAINT-JULIEN, d'UN ALLEU NOMMÉ MASSIACUM, SITUÉ DANS LE
PAGUS DE TOURS. — MAI 977.
Haut. 0'°328"^"». — Larg. 0™230'«'i^.
Dans cette charte qui est bien conservée, et a probablement
été écrite dans l'abbaye de Saint-Laumer, près Blois, les notes
tironiennes, si nombreuses et si variées dans la pièce précédente,
font presque complètement défaut. On n'y rencontre que la note
subscripsit, et cependant ces deux pièces ne sont séparées que
par une année d'intervalle. Il y a là une preuve que l'usage de
237
ce genre d'écriture s'est conservé en Touraine plus longtemps
que dans les autres provinces, même les plus voisines.
Massiacum ou Massiacus, qui se trouvait dans le voisinage
de Sauna}', aujourd'hui commune du canton de Ghâteaurenault,
semble bien être Meré ou Mairy, hameau de ladite commune, et
où Saint-Julien possédait un moulin. On trouve dans les chartes
postérieures au x" siècle Meriacum et Mairiacwn, mais le
changement de Yrens, et réciproquement, est très fréquent dans
les vieux textes tourangeaux et a persisté jusqu'à nos jours, car
j'entends encore les paysans du nord de la Loire dire, en parlant
par exemple des cerises : elles sont muses, au lieu de : elles sont
mûres.
Au dos on lit en anciennes capitales : Carta de alodo quem
vendiderunt monachi Sancti Launomari; puis une courte
analyse en français avec la date 975 qui est fausse. La pièce, en
effet, est datée de la XXIP année du règne de Lothaire, au mois
de mai, ce qui donnerait tout au plus 976, mais, comme la précé-
dente, qui est dite de la XXP année de ce prince, porte 976 pour
la date de l'Incarnation, nous placerons celle-ci en 977. On voit,
en tous les cas, que dom Martène s'était gravement trompé en ne
faisant nommer Evrard abbé de Marmoutier qu'en 984.
Cette pièce est inédite.
Bibl. nat., ms. lat. n» 5443, p. 41. Extrait.
XP. In nomine Dei Omnipotentis, ego quidem Syon, abbas, et
cuncta congregatio Sancti Launomari, notum immo et percognitum
esse volumus, cunctis sanctae Dei aecclesiae fidelibus, praesentibus
scilicet ac futuris, precipueque successoribus nostris quoniam adie-
runt noslram praesentiam quidam venerabiles monachi Sancti
Juhani, abbas videUcetEuvrardus et cuncta conLio cumeo degens, uti
alodum noslrum, nuncupante Massiaco, quod Gauzbertus vasallus
quondam, pro animae suae remedio, nostro monasterio contuhl, eis
venderemus. Quod et nos veraciler fecisse fatemur, accepta ab eis
pecunia quae inter nos convenit. Est autem ipse alodus situs in pago
Turonico, et terminatur ex una parte terra sanctae Mariae de Vonna,
ex alia parte terra sancti Gervasii de Solnaco, et tcrtia parte terra
Sancti Mauritii. Eo autem tenore vendidimus jamdicLis monachis Sancti
JuUani, per deprecationem eorum, praefixum aiodum, cum omnibus
ibi adjacentiis ad nos perlinentibus, silvis, pralis, pascuis, aquis,
aquarumve decursibus, mobilibus etinmobilibus, perviis et cxitibus,
238
ut ab hac die et deinceps liberam ac firmissimam de eo habeantpoles-
tatem. Si quis vero, quod minime credimus esse futurum, aut nos
metipsi, quod absit, aut ulla subintroducta persona contra hanc ven-
dltionem quam nos spontanea voluntate illis fecimus, calumpniam
inferre temptaverit, quod repetit nullo umquam tempore valeat vin-
dicare; sed psesens venditio omni tempore fîrma et inviolabilis per-
maneat. Et manu propria eam firmavimus, manibusque fratrum
nostrorum affirmavi rogavimus. Actum Bleso Castro publiée.
XP. Syon abbas subscripsit et (ruche) subscripsit.
Benedictus, sacerdos et monachus, subscripsit. Joliannes, sacerdos
et monachuS; subscripsit. Durandus, sacerdos e^ monachus, subscrip-
sit. Dodo, sacerdos et monaclius, subscripsit. Eugo, levita et monachus.
Albertus sacerdos et monachus. Fulcherius, sacerdos et monachus.
Arduinus, levita et monachus. Albericus, levita et monachus. Gual-
terius, levita et monachus. Guntherius, levita et monachus. Erveus,
sacerdos et monachus. Gualterius, sacerdos et monachus, subscripsit.
Guido, levita, subscripsit. Rainaldus, sacerdos et monachus, subs-
cripsit. Erveus, sacerdos et monachus, subscripsit. Letramnus,
sacerdos e^ monachus, subscripsit. Ramnuifus, sacerdos et monachus,
subscripsit. Arnoldus, levita et monachus, subscripsit. Herlannus,
sacerdos et monachus. Leustencus, subdiaconus, subscripsit. Gode-
fredus, subscripsit. Sasqualo, subscripsit. Syon, suljscripsit . Rotge-
rius^ subscripsit. Hugo, subscripsit. Lucianus, subscripsit. Petrus,
subscripsit.
Data mense maio, anno XXII, régnante Lothario rege.
Gualterius, levita, jussu domni abbatis, scripsit et subscripsit.
XXVI.
DONATION A SAINT-JULIEN, PAR GEOFFROY -GRISEGONELLE, COMTE
d'ANJOU, d'une AULNAIE ET d'uN MOULIN, SITUES PAROISSE DE
SAINT-PIERRE DE CERSOLIS, PROCHE LA CHOISILLE. — JANVIER
978.
Haut. O-^SeS"""? — Larg. 0'"250'""\
Il manque à cette charte, d'ailleurs bien conservée, les deux
premières lignes et quelques mots des suivantes. Nous l'avons
complétée à l'aide d'une copie de Baluze qui, comme d'ordinaire,
est fort exacte, sauf en ce qui concerne la diphtongue ae, repré-
230
sentée dans l'original par un c simple avec une cédille et dans la
copie par œ.
La pièce est signée du comte Geoffroy, de son fils Foulques, qui
sera le fameux Foulques Nerra, et d'autres laïques, sans notes
tironiennes.
Saint-Pierre de Ccrsolis est Saint-Pierre de Cerelles, com-
mune de l'arrondissement de Tours et du canton de Neuillé-Pont-
Pierre, située à treize kilomètres au nord de Tours, et arrosée
par la Choisille, Cansilla. C'est une localité fort ancienne, men-
tionnée dans la charte de Téotoion d'avril 9 13, où elle est appelée
Cersilla; on trouve aussi les formes parrochia de Cerseles
(1270), de Cerellis sive de Cereles (1290).
Quant à la ville Bethyacum ou Bethyacus, dans laquelle a
été donnée la charte, elle est très probablement représentée par
Bessé, aujourd'hui Saint-Pierre-du-Lac, village de la commune
de Beaufort, dans Maine-et-Loire. On trouve*, en 989, vivarium
Bussiacum et vivaria Bessei^; en 1131, ecclesiade Bessiaco.
J'avais d'abord pensé à un autre Bessé, village de la commune
de Saint-Georges-le-Toureil, dans le même département, impor-
tante villa gallo-romaine traversée par une voie ancienne; mais,
dans les textes du ix*" et du xf siècle, cette localité est appelée
Bidisciacus, forme plus éloignée de Bethyacus que la précédente.
Cependant, il est permis d'hésiter entre ces deux localités, toutes
deux placées en Anjou.
La charte est datée du mois de janvier 978, vingt- troisième
année du règne de Lothaire, façon de compter les années de ce
prince analogue à celle que nous offre la pièce n» XXIV.
Au dos, en vieilles capitales : Carta de terra et de molen-
dino inter duas aquas. Amen.
Pièce inédite.
BibU nat., Baluze, t. LXXVII, fol. 76.
[In nomine summi Salvatoris Dei, ego Gauzfredus misericordia
Dei Andegavensium comes njotum immo et percognitum [essevolu-
mus cunctis fideUbus sanclac Dei ecclesiœ prgesenlijbus sciUcet ac
futurls, precipueque successoribus nostris, quoniam deprecalus est
nos quidam [vassalkis et fijdelis noster, nomine Gaufrcdus, uL ex
1. G. Poii, Dictionnaire de Maine-et-Loire, t. 111, p. 441.
2. Sur le changement de \'u en e, voir la note 1 de la pièce XI.
240
beneficio quod de nobis tenet, scilicet in paroechia [Sancti-Petri Ger-
sojlis, pro Dei amore Sancto Juliano ac monachis ejus in elemosina
concederemus totum [alnetum quojd interjacet inter fluvium Gau-
silce et aquœductum ad molendinum ipsorum monachorum , quem
a nobis per deprecationem Starcherii vassali nostri, quondam per
manum firmam cum arpennis vni terrae et prati, quse inchoant a via
que vadit per Linarias, adquisierant. Gujus fidelis nostri Gauzfredi
deprecationem bénigne recipientes, concedimus Sancto Juliano et
monachis ejus, pro Dei amore, in elemosina prefatum alnetum, cum
omni integritate sua, ut et molendinum et viii arpennos terrae et
prati et ipsum ex integro alnetum habeant et possideant, et quicquid
melius elegerint faciantab hodierna die etdeinceps, nemine inquiétante
vel contradicente. Eo scilicet lenore concedimus Sancto Juliano ac
monachis ejus ipsum alnetum, ut habeant potestatem illum evel-
iendi et ad quamcumque culturam magis voluerint deducendi, et ut,
tam de molendino et aquœductibus qui vadunt ad molendinum,
quam de sclusis et cseteris omnibus quse supradiximus, propter recog-
nitionem, solvant annis singulis, festivitate Sancti Pétri, m kal.
julii, partibus Gaufredi censum sol. v. Et si de eodem censu tardi
aut négligentes extiterint, id ipsum liceat eis emendare, et quod
tenuerint non perdant. Si quis hanc eiemosinam calumpniatur et per-
turbât, in primis iram Dei incurrat, et qui litem intulerit solidos c
componat. Utautem hœc auctoritas firmior habeatur, [man]u propria
eam firmavimus, manibusque fidelium nostrorum affirmari rogavi-
mus.
Signum Gaufredi Andegaf vensium comitis. S. Fulconisfihi ejus.
S. Gaufredi, qui hanc manum firmam fieri deprecatus est.
S. Rainaldi vicecomitis. S. Sulpitii. S. Odelini. S. Asselini. S. Gis-
legerii. S. Tedelini. S. Hilgerii. S. Landradi. S. Fulcradi.
Data mense januario, in villa Bethyaco, anno dominicse incarna-
tionis DGGCGLXXVIll, régnante Lotliario rege, anno XXIII. XP.
XXVII.
DONATION A SAINT-JULIEN, PAR GIROUS ET SA FEMME GYRVIS, d'UNE
VILLA NOMMÉE VILERS, SITUEE IN PAGO ANGVLIACENSI. — 978
A 983.
Haut. 0'»403'^'". — Larg. 0'M80'^"\
Un très grand fragment carré, donnant plus des trois quarts de
24 ^
la charte, et de nombreuses signatures, plus six fragments ver-
ticaux dont un très petit et quatre horizontaux formant l'angle
supérieur de gauche.
Cette belle pièce, bien écrite, est signée de Hugues Capet,
n'étant encore que duc des Francs, du comte deTouraine Eudes,
du comte d'Anjou Geoffroy Grisegonelle, de l'archevêque Ardouin,
du donateur Girous, de sa femme Gyrvis, de leur fils Ardouin,
de leur seigneur Corbon et de nombreux personnages^ pour la
plupart laïques, sans une seule note tironienne, pas même celle
qui représente le mot subscripsit. Elle n'est pas datée, mais
comme le comte Eudes ne paraît qu'en 978 , et que nous ver-
rons dans une des pièces suivantes l'archevêque Ardouin, que le
Gallia christiana fait disparaître en 980, prolonger sa carrière
au moins jusqu'à 983, on peut placer cette charte entre ces cinq
années, pendant lesquelles furent en fonction les autres person-
nages cités. Nous venons de constater en effet que l'abbé Evrard,
que dom Martène ne fait abbé de Marmoutier qu'en 984, agissait
en cette qualité dès l'année 977.
Ce document jusqu'ici inédit, et qui n'était même connu que
par un extrait conservé dans le ms. latin de la Bibhothèque
nationale n° 5443, p. 43, peut être considéré comme un des plus
précieux de tous ceux que nous avons retrouvés. En effet, il jette
une vive lumière sur un point de la géographie ancienne de la
Touraine jusqu'ici demeuré fort obscur.
Le pagus Anguliacensis, dans lequel la villa de Vilers est dite
située, a été placé dans deux endroits différents de la Touraine, et
ni l'un ni l'autre ne répond aux indications très précises que
fournit notre charte.
Prévenons d'abord le lecteur que , dans cette circonstance,
comme dans beaucoup d'autres vers cette époque, le moi pagus
a été employé par le rédacteur de la pièce pour celui de vicaria,
et que c'est d'une viguerie qu'il s'agit ici, c'est-à-dire d'une
subdivision du pagus Turonicus, terme qui s'appliquait à la
Touraine entière. Nous lisons vicaria Aguliacensis dans une
charte de l'archevêque Ursmar de 845 S et encore vicaria Agu-
liacensis in pago Turonico dans une pièce de 906 rapportée
par Monsnyer^.
1. Gallia christiand, t. XIV, Instr. n" 26.
2. Celeberrimx Sancli Martini ecclesix historia, t. II, p. 127; Bibl. de
Tours, ms. 1295.
242
Notre regretté confrère Emile Mabille', après avoir, à l'aide
d'une copie de dom Le Sueur, fort judicieusement restitué à ce
canton de la Touraine le nom ai! Anguliacensis , au lieu à'Agu-
liacensis, y voit une viguerie dont le chef-lieu était la villa
Angularis, mentionnée dans un diplôme de Charlemagne pour
Saint-Martin de 775 S et suppose, mais non sans quelques hési-
tations, qu'elle était située au confluent de la Vienne et de la
Creuse, position d'où lui serait venu son nom.
M. de Busserolle, dont le travail est postérieur de plus de
quinze ans à celui de Mabille, place cette viguerie dans le pays de
Ligueil. Il ne donne point les raisons qui l'ont amené à cette opi-
nion, mais elle est formelle, à tel point que c'est à l'article
Ligueil de son dictionnaire^ qu'il cite les textes où se trouve l'ex-
pression vicaria Aguliacensis. Ces deux honorables érudits
étaient dans une complète erreur ; la viguerie en question était
située non pas au sud, mais bien au nord de la Loire.
L'extrait de notre pièce contenu dans le manuscrit précité de
la Bibliothèque nationale nous apprenait seulement que la villa
Vilers, objet de la donation de Girous, était située inpago Angu-
liacensi. Le principal fragment recueilli d'abord ne disait
guère plus, et j'étais disposé à suivre l'opinion de Mabille, d'ordi-
naire si avisé et si perspicace, lorsque cinq nouveaux fragments
successivement retrouvés, et un nettoyage heureusement exécuté
de l'ancien, vinrent lever tous les doutes et fixer définitivement,
je crois, ce point de géographie ancienne de la Touraine.
Nous lisons, en effet, vers la fin de la charte, à propos de l'aleu
de Vilers : Adjacet autem prefixus alodus inter villam
Limeriacum et villam Congiacum* nec non et villam Flo-
riacum atque potestatem Sancti Martini de Castris. Il faut
convenir tout d'abord que les documents du x^ siècle indiquent
bien rarement, avec une telle précision et une telle abondance de
joignants, la situation des localités dont ils parlent; mais, par un
bonheur plus rare encore, trois des villas mentionnées ici ont
persisté jusqu'à nous, transformées en paroisses. Il me semble
1. Divisions territoriales de la Touraine, p. 81. (Paris, Hénaiix, 18G6.)
2. Gallia christiana, t. XIV, Inslr. n" 5.
3. Dictionnaire géographique d' Indre-et-Loire, t. IV, p. 65.
4. Congiacum est la forme primitive de Cangiacum, par la transformation
très fréquente de \'o en a devant une nasale.
243
impossible, en effet, de ne pas reconnaître dans la première Lime-
ray, dans la seconde Cangy ou Cangev, et dans la troisième
Fleuray, qui étaient toutes trois, avant la Révolution, des
paroisses de l'élection d'Amboise et de l'archidiaconé d'Outre-
Loire, sauf Fleuray, qui faisait partie du diocèse deBlois. Aujour-
d'hui, par suite de la réunion de Fleuray à Cangy, exécutée en
1822, elles ne constituent plus que deux communes de l'arron-
dissement de Tours et du canton d'Amboise. Ces trois localités
forment une sorte de triangle dont Fleuray est le sommet, et dont
Limeray et Cangy occupent les deux extrémités de la base, elle-
même parallèle à la Loire.
Pour Limeray, l'identification ne saurait être douteuse, car
nous trouvons exactement la forme Limeriacum dans plusieurs
chartes du xii" siècle de l'abbaye de Fontaines-les-Blanches, qui
était voisine. Au xiii' siècle, on rencontre Limereium conjointe-
ment avec Linieriacum. Pour Cangy, d'autres chartes du
xif siècle de cette même abbaye de Fontaines-les-Blanches
donnent la forme Cangeium, mais cette abréviation du nom pri-
mitif n'a rien qui doive arrêter, et l'on vient de voir qu'à la même
époque L«nermci«» avait subi une modification analogue. Quant
à Fleuray, il me semble impossible de ne pas le reconnaître dans
Floriacum. C'est là une identification tout à fait conforme aux
lois de la philologie.
Resterait à déterminer la localité désignée par ces mots :
potestas Sancti Martiîii de CashHs, quinous apprennent qu'elle
était une propriété ou au moins une dépendance de la collégiale
de Saint-Martin, sans nous dire sous quel nom elle était connue.
J'avoue que, jusqu'ici, je n'ai pas pu arriver à résoudre d'une façon
un peu satisfaisante cette question d'une importance secondaire,
du reste, car les éléments que nous possédons suffisent amplement
pour fixer avec certitude l'emplacement occupé en Touraine par
la viguerie Anguliacensis. Je noterai seulement que Téghse de
Cangy est placée depuis fort longtemps sous l'invocation de
saint Martin, ce qui pourrait bien provenir de ce que la puis-
sante collégiale avait des possessions dans le voisinage. Cette
supposition me paraît d'autant plus fondée que, dans la charte
d'Ursmar, citée plus haut, ce prélat mentionne comme étant dans
la viguerie Anguliacensis une villa ai)pelée villa Martini.
Enfin, et ceci 'ne paraît capital, j'ai retrouve la localité de
Vilers. Elle a changé de nom, il est vrai, et s'appelle aujourd'hui
244
le Grand-Cottereau, mais seulement depuis le xvf , ou peut-être
le xv^ siècle. Cette propriété de Saint- Julien, qui avait le titre
de seigneurie, était considérable ; car un document du xvni« siècle*
lui donne encore à cette époque une étendue de près de quatre
cents arpents. Sa situation dans la partie nord de la commune de
Limeray, à peu près au centre du triangle formé par les trois
paroisses précitées, répond exactement à celle qu'indique notre
charte.
Reste à prouver la transformation de nom dont je viens de par-
ler. Or, dans l'inventaire des titres de la Chambrerie de Saint-
Julien, conservé aux Archives d'Indre-et-Loire (H 509), on lit,
à la page 465, la mention suivante : « Déclaration rendue par
« frère François Cartier, religieux chambrier de l'abbaye de Saint-
« Julien, au bailly d'Amboise, du fief, terre et seigneurie de Cotte-
« reau, anciennement appelé Villiers, situé paroisse de Limeray. . . .
« daté du 20 avril 1541. » Page 555 du même registre, on lit
encore : « Papier terrier du ôefet seigneurie du Grand-Cottereau,
« anciennement appelé Villiers, dépendant de l'office claustral de
« la Chambrerie de Saint-Julien et daté de 1529 à 1543. » Un
plan de 1752 (H 566) a pour titre : « Plan géométrique del'éten-
« due du fief et seigneurie du Grand-Cottereau-Villiers , »
associant ainsi les deux noms, l'ancien et le récent. Il serait facile
de multiplier ces citations, mais je pense que la démonstration
est complète, car on ne saurait être arrêté par la légère différence
que présentent Vilers et Villiers.
La vicaria Anguliacensis occupait donc l'angle formé par
la Loire et la Brenne, et l'on remarquera que, parmi toutes les
vigueries de Touraine connues jusqu'à ce jour, aucune ne se
trouvait dans cette région dont l'étendue était cependant plus con-
sidérable que celle de la plupart des autres subdivisions de la
province. Il y avait là une lacune que notre pièce vient
combler.
Au dos de la charte, en vieilles capitales : Carta Giroii de
Vilers. Une cote plus moderne traduit Anguliacensis par
Angoulesme !
Cette charte est inédite, on n'en connaissait que l'analyse que
nous avons citée.
XP. Ecclesiae sanctse fidelis devotione subvenire ejusque utilitati-
1. Archives d'Indre-et-Loire, H 475.
^45
bus pio amore concurrere, juslarum est mentium, quia exinde caeles-
tium gaudiorum credunl percipere portionem. Igitur dum vivimus,
movemur cL sumus, considerarc debcmus quia de lerra sumus cL in
terra ibimus. Proinde, ego Girous, considcrans inmensa peccalorum
meorum pondéra, simulque pertrcmiscens ultimi judicii dicni, in
qua unusquisquc pro id quodgcssit reddituruseslrationem, cogitare
coepi, quod piuni rectumque erat, ut plus Dominus veniam meorum
peccaminum mibi donare dignetur, de rébus [mea3 projprietatis ali-
quid ad coenobium Sancti Juliani quod domnus Teotolo, quondam
archiepiscopus, ad communem mullorum uli]ita[tem in] sul)urbio
ïuronicae urbis construxit, in speliales usus monacliorum ibidem
Domino famulantium, cum conscn[su uxoris mese nomJineGervis, nec-
non lliii nostri, vocabulo Arduini, reliquorumque parentum meo-
rum superslitum, dono donatumque in perpetuum esse voio : hoc
est alodum meum, viilam nuncupantem Vilers, sitam inpago Angu-
liacensim (,v«f), quod mihi ex parentum meorum possessione jure here-
ditario contigit, cum terris cultis et incultis, cum silvis, vineis, pratis,
pascuis et cum omnibus meis consuetudinibus, et perviis et exitibus,
Haec omnia predicta, sicuti mea videtur esse possessio, de meo jure
et dominatione, in jus et potestatem Sancti Juliani, in spetiales
usus monachorum, domno videlicet Euvrardo abbati, ceterisque
monachis in ecclesia ejusdem Sancti Juliani Domino dévote famulan-
tibus, caedo, trado, transfundo perpetualiter ad habendum. Adjacet
autem prefixus alodus inter viilam Limeriacum et viilam Congiacum
necnon et viilam Floriacum, atque potestatem Sancti Martini de Gas-
tris. Si vero fuerit post hune diem qui [conjtra banc donationem
quampro remedio animae meae, ac conjugis suprascriptae atque filii
nostri jam prelîxi, ceterorumque parentum meorum, viventium sive
mortuorum, Deo et Sancto Juliano fecimus, aliquam calurapniam
inferre temptaverit, nos ipsi aut uUus ex heredibus ac pro heredibus
nostris, primitus iram Domini nostri Jhesu Ghristi ac ipsius marty-
ris Juliani incurrat, etasocietate sanctorum aUenus existât, et insil-
per auri ad purum recocti libras xxx, multatus exsolvat, suaque
repcticio nuUum obtincat effectum. Et ut haec donatio, nostris noslro-
rumque parentum et aliorum nobilium virorum manibus roborata,
omni tempore firma et stabilis permaneat , cum stipulatione sub-
nixa, bis presentibus et videntibus acta fuit.
t Signum Domni Hugonis Francorum ducis. Signum Odonis
comitis. Signum G luzfredi comitis. Signum Gualterii comitis.
Signum Giroi qui hanc donationem fecil. Signum Gyrvis uxoris
246
ejus. Signum Arduini filii eorum. Signum Gorbonis, senioris eorum.
Signum Arduini fratris ejus. Signum Arduini archiepiscopi. Signum
Arvei tesaurarii beati Martini. Signum Arnulfi episcopi. Signum
Lisierni episcopi. Signum Arvei comitis. Signum Ugonis comilis.
Signum Fulconis. Signum Burchardi comitis. Signum Tethbaldi vassi
dominici. Signum Bernardi vicecomitis. Signum Gunfredi. Signum
Anselmi. Signum Gualteri. Signum Rotberti. Signum Ingelardi.
Signum Uddonis. Signum Letboldi. Signum Tbeoderici. Signum
Willelmi. Signum Begonis. Signum iVymonis. Signum Telboldi. Sig-
num Amalrici. Signum Gadalonis. Signum Hervici. Signum Gua-
lonis. Signum Hugonis. Signum Gerrici. Signum Drogonis. Signum
Odonis. Signum Odonis levitae. Signum Balduini levitae. Signum
Riculfipresbyteri. Signum Landrici levitse. Signum Rainaldi. Signum
Gozfredi. Signum Fulconis.
XXVIII.
DONATION A SAINT -JULIEN PAR GUANDALBERT DE VIGNES, PRES
l'abbaye. — 979.
Haut. 0M75'"'". — Larg. 0'»265">'".
Charte entière, à laquelle il manque seulement quelques signa-
tures; en quatre fragments, dont un très grand comprenant
tout le corps de la pièce et les trois premières signatures. Guan-
dalbert était neveu de l'archevêque Ardouin, d'après une pièce
analysée par Gaignières, p. 51 du manuscrit de la Bibliothèque
nationale, n" 17047, ancien Gaignières n** 179^, et ceci explique
que notre charte ait été donnée sur la table de ce prélat et porte
sa signature. Ensuite viennent les noms de Guandalbert vassal,
de Corbon vassal, d'Ardouin son frère et de divers seigneurs
l&ïques, sans autre note tironienne que celle de subscripsit. Il
est très probable que le Corbon vassal que nous trouvons ici est
le personnage que nous avons rencontré avec cette même qualité
dans la charte de 970, et qu'il était fils, ainsi que son frère
Ardouin, du Corbon qui figure avec sa femme Senehildis dans la
pièce de 941. Ce dernier se trouverait également être le père de
l'archevêque Ardouin, puisqu'en 970 ce prélat est dit frère de
Corbon qui signe avec lui. La date est ainsi : anno ah incarna-
tione Domini DCCCCLXXVIIII, in quo Hlotharius reoc
247
Ludovicum filium suum regem constituit. C'est bien en effet
en 979 que, selon les Bénédictins, Lothaire associa au trône son
fils Louis, alors âgé de dix ans.
Au dos, en petites capitales anciennes : Carta de III quarte-
riis de vinea qiiam 7'eddit Guandalbertus Sancto Juliano...
Jidiani.
Pièce inédite.
Bibl. nat., ms. lat. n^ 5443, fol. 40. Extrait.
XP. Dum vivimus, movemur et sumus et adhuc mortali carne
clrcumdamur, cogitare deb[emus] quia de terra sumus et in tcrram
ibimus et cum vennibus et serpenlibiis lerram bereditabim[us.] Nec-
quiquam boni exeuntes de hoc seculo nobiscum portabimus, nisi
quod pic, juste ac recte opcrali fuerimus. Quapropter, dum adhuc
a domhio inducias nobis permlLtentc in bac vita expectamur, dignum
est ut ex caducis œlerna, ex Lransitoriis manentia mercemur gaudia.
Quod ego Guandalbertus, mecum reputans, simulque facinorum
meorum sarcinam metuens, aLque clementiam Omnipotentis Dei
mihi placabilem fieri concupiscens, pro remedio animaî meaî et geni-
loris mei aliorumque parentum meorum, dono donatumque imper-
petuum esse volo, monasterio Sancti Juliani monachisque eundem
incolentibus locum, res quasdam juris mei, quas pater meus juste
vel injuste adquisivit, possedil ac tenuit, mihique eas heredilario
jure reliquit; id est, quarterios in«^ de vinea, ut habeant ipsi mona-
clii unde apud Deum pro me juste intercédant. Sunt autem ipsi
supradicti m quarterii non longe a muro ejusdem Sancti Juliani, vide-
licet intra clausum ipsius quod est ante portam monasterii, de cujus
potestatis alodo et ipsi sunt, sicut multorum testimonio compro-
bavimus. Tcrminatur vero ipsa vinea, a duobus frontibus viis publi-
as ; a tercia vero parte vinea Fulconis, Beati Martini canonici; a
quarto autem latere vinea scpe scripti Sancti Juliani. Infra istas
autem terminationes, eo modo cedo eis, dono vel reddo eandem
vineam^ ut ab hodierno die et infra, décimas ejus quas actenus minime
habuerant, ex inlegro rccipiant. Et ego, diebus quibus vixero, si
mihi placueril, in usus proprios eam retinebo. Post obitum vero
meum, cum omni emelioratione et integritate, absque uUius repe-
lione aut contradictione, eam recipiant, nemine inquiétante vel con-
tradicente. Ut autem ipsa cessio, donatio vel redditio firmior habea-
tur, ccrliusque a nobis facta crcdatur, manu propria, sub signe
sanctœ crucis eam subterfirmavi, raanibusque seniorum aliorumque
fideliura meorum corroborari rogavi.
248
XP. Arduinus gratia Dei Turonorum archiepiscopus huic manu-
firmse subscripsit.
f Signum sanctae crucis Gandalberti vassalli, qui hanc donationem
libenti animo fecit.
Signum Gorbonis vassalli.
Signum Arduini fratris ejus.
Signum Ratherii vassalli.
Signum Seiardi vassalli.
Mainerius clericus subscripsit.
Signum Ervei.
Data simulque corroborata mense julio, in civitate Turonus, super
mensam Domni Arduini archiepiscopi, anno ab incarnatione Domini
DCGGGLXXVIIII, in quo Hlotharius rex Ludovicum filium suum
regem constituit.
Evrardus, licet indignus diaconus, presens fui et jussu Domni
Arduini archiepiscopi scripsi et subscripsi.
XXIX.
CONCESSION PAR l' ARCHEVEQUE ARDOUIN A ARNAUD ET A SA
FEMME AMALBERGUE DE DEUX ARPENTS ET DEMI DE TERRE,
DANS LA VILLA VEROTIO, SITUEE VIGUERIE DE MONTLOUIS. —
OCTOBRE 983.
Haut. 0™415"'"'. — Larg. 0™249'"'".
Cette pièce est en trois fragments; l'un très grand, contenant
tout le corps de la charte et la plupart des signatures, et les autres
donnant le reste des signatures, la date et le nom du scribe. Elle
était très effacée, mais on a pu en faire revivre suffisamment
l'écriture.
La villa Verotio était jusqu'ici inconnue dans la viguerie de
Montlouis ; nous croyons la retrouver dans la localité actuelle de
Véretz, voisine de Montlouis, quoique l'église de Véretz soit
dédiée à Notre-Dame *, et que saint Saturnin soit indiqué dans
notre charte comme patron de l'église de la villa Verotio ; mais
un changement de patronage a pu se produire depuis le x' siècle.
Les notes tironiennes qui accompagnent presque toutes les
signatures sont encore très nettes et bien formées.
1. Habille, Divisions territoriales de la Tour aine, p. 189.
249
La charte est datée du mois d'octobre, l'an de l'Incarna-
tion 983, ou la 27" du règne de Lothaire, ce qui est une façon de
compter les années de ce prince différente de celles que nous
avons rencontrées précédemment. En effet, le mois d'octobre de la
21" année de Lothaire ne correspond h 983 qu'en faisant com-
mencer le règne au 12 novembre 956, point de départ dont
M. Bruel fournit du reste cinq exemples*.
Cette date de 983 prouve que la carrière de l'archevêque
Ardouin, qui est le donateur, s'est prolongée au delà de 980,
époque où le Gallia en fixe la fin. Il est à remarquer d'ailleurs que
jusqu'à présent, on ne connaît aucun acte d'Archambauld, suc-
cesseur d' Ardouin, qui soit antérieur à 985; rien ne s'oppose
donc à ce qu' Ardouin ait été en fonction jusqu'en 983, et peut-
être au delà, et nous croyons qu'il faut rectifier dans ce sens la
date donnée par le Gallia'^.
Au dos, on lit, en anciennes capitales : Carte due de Verotio,
ce qui indiquerait une autre pièce sur le même sujet, ou au moins
sur la même localité.
Cette charte était jusqu'ici inconnue.
XP. In nomine summi Salvatoris Dei, Arduinus, misericordia Dei
sanctœ Turonicac sedis archiepiscopus, nolum immo et pcrcognitum
esse volumus, cunctis fideUbus sanctœ Dei ecclesiae, presentibus sci-
Hcet ac futuris precipueque successoribus nostris, quoniara depre-
catus est nos quidam clericus et canonicus nosLrae malris ecclesiae,
nomine Ascclinus, uti ex rébus presbiterii sancti Saturnini ecclesiae
quae est sila in villa Verotio, quam ipse de fideli nostro Gauzfrido
vicecomiti tenere ac regere videtur, hoc est arpennes ri et médium
de terra arabih, cuidam homini nomine Arnaldo, et uxori suae nomine
Amalbergae, sub institutione censusannuatim reddendum, per hujus
noslraeauctorilatistestamentumconcederemus.Gujusdeprecalionem,
una cum assensu et voluntate prefato Gauzfrido vicecomiti atque
fldeh nostro, bénigne recipientes, concessimus Jam diclo Arnaldo et
1. Bibliothèque de l'École des chartes, t. XLI, p. 337.
2. Vers la fin de la notice placée en tête de cette collection de chartes, un
véritable lapsus calami, qu'il serait trop long d'expliquer, a fait substituer au
nom d'Ardouin celui de Joseph II, l'un de ses prédécesseurs, et non le plus
immédiat. Le lecteur est instamment prié de corriger cette erreur, que la pré-
sence dans le texte des laies de l'épiscopat d'Ardouin rendait, du reste, bien
facile à reconnaître.
230
uxori suœ Amalbergae prefixos arpennes ii et médium de terra
arabili, sitos in pago Turonico, in vicaria Montislaudiacensi, in villa
Verotio. Terminantur de tribus partibus terra ex nostro episcopatu
ex beneficio jam dicto Gauzfrido fideli nostro, quarta parte via
publica. Eo etiam modo concedimus eis, ut liabeant licentiam desuper
œdificandi, plantandi, construendi et quicquid melius elegerint eme-
liorandi, soiventes exinde annis singulis, ad festivitatem sancti
Saturnini, quœ colitur m kal. decembris, Ascelino clerico, sive suc-
cessoribus suis, censum dr. x et eis amplius non requiratur aut exi-
gatur, sed sub tali censu libère ac quiète teneant et possideant, nemine
inquiétante atque contradicente. Et si de eodem censu tardi aut
neglegentes reperti fuerint, id ipsum emendant et quod tenuerint non
ideo amitant. Habeantque licentiam, tam invitaquam et admortem,
aut vendere aut ad unum ex propinquioribus parentibus vel amicis
quem maelius maluerint, prefatam terram sub prescripto censu, cum
omni emelioratione relin[quere]. Ut autem haec auctoritas firmior sit
et firma permaneat, manu propria eam subterfirmavimus, manibus-
que fidelium nostrorum in synodali conventu adfirmari rogavimus.
XP. Arduinus, misericordia Dei Turonorum arckiepiscopus, scripsit
et subscripsit.
XP. Ascelinus decanus hanc manumfirmam fieri deprecatus est,
subscripsit.
XP. Froterius archipresbyter atque archidiaconus subscripsit.
XP. Boso archidiaconus subscripsit.
XP. Ingelbertus archidiaconus subscripsit.
Aimericus ? subscripsit.
(Paraphe initial.) Sicbardus ^res&î/^er atque precentor subscripsit.
(Paraphe initial.) Mainerius clericus atque abbas subscripsit.
(Paraphe initial.) Otbertus diaconus subscripsit.
Ermenfridus presbijter subscripsit.
Christianus presbyter subscripsit.
SQgienus presby ter subscripsit.
Guarnerius presbyter subscripsit.
Dodaldus presbyter subscripsit.
Gyrardus diaconus subscripsit.
Rotbertus diaconus subscripsit.
Aganus diaconus subscripsit.
Martinus diaconus subscripsit.
Berne diaconus subscripsit.
254
Gunbertus diaconus subscripsit.
Odilo clcricus subscripsit.
Uolbertus clcricus subs£ripsit.
Guido cfericîts subscripsit.
Raimbaldiis clcricus subscripsit.
Lcolardus clcricus subscripsit.
Ilem Guido clericus subscripsit.
Vulgrimnus clericus subscripsit.
Fredricus clericus subscripsit.
Hugo clericus subscripsit.
Signum Gauzfridi vicecomitis, ad cujus beneficium pertinerc vidctur.
Ebrardus arcbipresbiler subscripsit.
Odo arcbipresl)iler subscripsit.
Alcberius presbyter subscripsit.
Guaniiicus presbyter subscripsit.
Olberlus presbyter subscripsit.
Rainardus presbtjter subscripsit.
Rainaldus arcbipresbiler.
Bernardus presbyter subscripsit.
Signum Gelduini. Signum Plastulfi. Signum Adraldi. Signum
RoLberti. Signum Rainaldi. Signum 0 di. Signum item Rot-
berti. Signum Arduini. Signum item Rainaldi. Signum Siardi.
Signum Odonis.
Data mense octobrio, in civitate Turonus, in plena synodo, anno
dominicse incarnationis DCGGGLXXXIII, sive anno XXVII régnante
Lotbario rege.
XP. Durannus licet indignus sacerdos presens fui et rogitus ab
[Ingelberto antigrafo ?] scripsi et subscripsi.
XXX.
UN CHEVALIER, NOMME CORBON, REMET A SAINT-JULIEN DIVERS
DROITS qu'il PERCEVAIT DANS LES VILLAS DE MERE ET DE
SAUNAY. — 984.
Haut. 0'»274'^'". — Larg. 0«>212'"'°.
Cette charte est la seule de ce recueil qui ne provienne pas des
reliures de Tétat civil; mais comme elle concerne Saint-Julien,
qu'elle est inédite et qu'elle manque dans la Notice des chartes
2S2
antérieures à fan mil, publiée par M. Delà ville le Roulx, nous
croyons ne devoir pas la laisser de côté.
Le Corbon qui figure ici me paraît être le père de celui qui
donna, en 999, à l'abbaye de Bourgueil, des biens sis à Lerné* ;
la femme du premier est morte et s'appelait Milesinde, tandis que
celle du second est vivante, puisqu'elle signe la donation et a
nom Aldesinde. Je ne pense pas qu'on puisse voir ici une simple
variante. En comptant le Corbon de la pièce de mai 941 (n° iv),
dont la femme est nommée Senehildis, nous avons dans nos
chartes trois générations de Corbon, c'est-à-dire deux degrés de
plus que n'en connaissait Chalmel, qui ne remonte pas au delà du
personnage de 999 ^ Cette famille féodale nous apparaît dès l'ori-
gine comme l'une des plus considérables de la province. Ceux de
ses membres que nous rencontrons au x« siècle sont qualifiés che-
valiers, et nous avons vu, n° xxn, que l'archevêque Ardouin était
le propre frère du Corbon de 941. Or, à cette époque, l'épiscopat
tourangeau, comme les autres, du reste, ne se recrutait guère que
dans la classe qui allait devenir et était déjà, à beaucoup d'égards,
la haute noblesse.
Mairiacus est Meré, hameau de la commune deSaunay, can-
ton de Châteaurenauld, qui au moyen âge s'est appelé Mairy et
que nous avons déjà trouvé en 977 sous la forme Massiacus.
Sulnacus est Saunay, canton de Châteaurenauld, qu'on écrit
Sonnay du xv^ au xvn^ siècle. Gaudiacus pourrait être Joué,
commune du canton de Tours-Sud ; cependant, cette terre était
dès l'année 900 donnée au chapitre de Saint-Martin par Charles
le Simple et avait une autre importance que celle d'un simple
mansile ; il s'agit probablement ici d'une autre localité du même
nom, dont la situation nous est inconnue.
Au dos de la charte, on lit, en vieilles capitales mêlées d'on-
ciales : Hœ sunt consuetudines quas dimisit Corho, miles,
de Mairiaco villa.
Plus bas, en écriture du xv® siècle : « Remise de quelques cou-
tumes que debvoit le monastère de Saint- Julien, par le seigneur
de Mairy. »
Enfin, une main du xvii® siècle a écrit : chap. 2, liasse I,
1 . Notice sur les chartes originales relatives à la Touraine, antérieures à
l'an mil, par M. Delaville le Roulx,, p. 40.
2. Histoire de Touraine, tome III, p. 212.
253
chartre 5, et plus haut, Sonnay. Ces indications répondent à l'in-
ventaire de la Chambrerie de Saint- Julien, conservé dans les
archives d'Indre-et-Loire, sous la cote H 509, p. 275.
Cette pièce est inédite ; on n'en connaît aucune copie ancienne.
XP. Notitia rei gestœ qualiler anno Incarnationis dominiese
D cccc Lxxxirir venil quidam miles, nomine Corbo, in monaslerium
Sancli Juliani, et propria duclus voluntate, pro amore omnipotentis
Uci et pro redemplione animœ patris sui et malrissuœceteroi'umque
lidelium raorum, et precipui Milescndis dilectœ uxoris suœ, quosdam
redditus quos, vel juste vel injuste ex potestate Saneti Juliani exige-
bat, remisit et induisit eidem Sanclo Juliano et servientibus sibi
Monachis, ita ut ab hodierno die et deinceps, ex villa Mairiaco, vel
ex potestate de Sulnaco, nullum servitutis obsequim, aut ipse auL
aliquis sibi subjectus exigat vel requirat. Quod si vero in diebus cjus
aut posl eum cxtiterit aliquis qui eundem beneficium promerueriL et
banc remissionis obsequii vel donationis notitiam, quolibet modo
infringere lemptaverit, in primis iram omnipotentis Dei el Saneti
Juliani omniumque sanctorum ofTensam incurrat, suaque repetitio
nullum efTectum obtineaL, sed in perpetum hœc notitia manibus viro-
rum bonorum corroborata, fr-ma et stabilis omni tempore vigeat et
permaneal. Simili modo, pro amore Dei, promisit et concessit jam
dictus. Corbo, ut supra scripli monachi Saneti Juliani mansile suum
vocabulo Gaudiacum, quod est juxta silvam ipsius Gorbonis excole-
rent et cultores habundanter illuc introducerent, nemine eis contra-
dicente vel resistente. Si vero exinde aliquis eis contrarius extiterit,
contrarius sibi Deus omnesque saneti ejus existant, nisi cito resipue-
rit et ad emendationem pervenerit. Et ut hœc omnia firmitate et sta-
bilitate obtineant, manu propria ea firmavimus, manibus que fide-
lium nostrorum affirmari rogavimus.
f Signum Gorbonis qui hanc notitiam fîeri jussit et ipse manu
propria eam firmavit.
XXXI.
DONATION A SAINT-JULIEN d'uN ALEU APPELÉ TAXNEGIAS ET SITUÉ
DANS LE PAGUS DU MANS, SUR LA RIVIERE DE LA DEME. — 984.
Haut. 0™360'»"\ — Larg. inconnue.
Une bande horizontale qui ne donne que la moitié des deux
254
premières lignes, et quatre bandes verticales dont deux sont
très incomplètes; il en manque au moins deux autres.
Du nom de ]a Dême, il ne reste plus que quelques lettres, mais
il nous est donné en entier par une très ancienne cote écrite au
dos de la charte et où nous lisons : De alodo super Dimi-
diam flumen, et la date 984 que l'on trouve dans la première
ligne.
La localité appelée Taxnegias était jusqu'ici inconnue, je crois.
On pourrait l'identifier avec les Tasineres ou Tasnieres, ancien
fief de la paroisse de Chemillé-sur-DêmeS laquelle fait aujour-
d'hui partie du département d'Indre-et-Loire, mais appartenait
autrefois à la province du Maine. Il faudrait pouvoir lire Tax-
nerias, mais la terminaison gias est indubitable ; je ne puis donc
présenter qu'une simple conjecture.
Le nom de Geila, qui occupe le premier rang dans les signa-
tures, se retrouve dans le martyrologe-obituaire de Saint -Julien^.
On en faisait mémoire le 2^des ides de novembre, sans doute
comme de l'une des bienfaitrices de l'abbaye. Pas trace de notes
tironiennes dans cette charte, qui est inédite, et dont on ne connaît
ni copie ni analyse.
Incarnationis dominicae DGGGCLXXXIIII
ut locum societatis vel fraternitatis acci[piat?].
Cujus rei g[est3e sit eidera mona[sterio]
vel injuste te[n cum omnibus ut
ita ut ab hodier[na die et dejinceps nullus suc[cessor]
aliquod servitutis obsequium inde exigat...., unde etiam idem
notitiam fier) jussit. Sed quia urgente i antequam firma
tam uxor ejus quam omnes fllii ahique fidel[es am]ici pro amore [Dei]
et ut portionem et partem habeant in or[aliones] quse in eodem
mon[asterio]
a servis Dei eam libentissime firmaverunt.... roborare studu[eruRt].
Est autem ipsum alodum situm in pago [Ginnomanjico super fluvio-
[lum Dimid-]
iam, vocatur que Taxnegias. Hanc autem [donationem] amore orani-
poten[tis Dei factam]
1. Bibl. de Tours, ms. n" 1428, Roole des fiefs de Touraine, fol. 239.
2. Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. XXIII, 2*^ fascicule,
p. 296.
255
siquis infringcrc aut violare temptaver[it imprimis] iram Domini
Jhesu Ghristi
offensam incurral, suaque rcpetilio nullum e[frectum oblinjeat, sed
insuper h[œc aucloritas]
manibus lidelium corroborata, firma [eL inviolata] semper et ubique
perm[aneal]
[Sign]um Geila\ S[ignum] Guidonis clc[rici].
[Sigiium] Alcherii. [Signum] Gclduini.
[Signum] Ervei.
XXXII.
CONCESSION PAR l'ABBÉ EVRARD, A BERNARD ET A SON FRERE, d'uN
ARPENT DE TERRE DANS LA VIGUERIE DE CHANCEAUX. — 989
OU 990.
Hauteur et largeur inconnues.
Trois bandes verticales incomplètes ; il en manque au moins
deux. Cette charte, dont certaines parties étaient fort effacées,
et n'ont pu être ravivées au'imparfaitement, est une concession
d'un arpent de terre, par l'abbé Evrard, à deux frères dont l'un
s'appelait Bernard; du nom de l'autre, il ne reste que la dernière
syllabe, lo. La concession est faite à eux et à deux de leurs suc-
cesseurs, moyennant un cens annuel dont le cliifîre manque. C'est
donc un bail à trois vies, sans aucune particularité qui le dis-
tingue des actes de cette nature. Les signatures fort mutilées ne
nous offrent pas d'autres notes tironiennes que celles des mots
sacey^dos et suhscripsit. Le mot monachus, qui est assez fré-
quent, est simplement écrit en abrégé et en caractères ordinaires.
On sent que l'usage des notes tironiennes va bientôt disparaître.
Cette pièce est inédite ; on la trouve seulement mentionnée,
d'après le Monasticon Benedictinum, dans le Gallia chris-
tiana\ où elle est datée de 989; une cote au dos donne 990. La
portion de la charte qui contenait la date étant perdue, il est bien
difficile de décider.
XP. In nomine [summi Salvatoris noslri], nos quidem [l'h'rardus
abbas] coenobii [SancLi Juliani, notuni] immo cl percognilum osse
1. Gallia chrisiianu . t. XIV, col. 241.
256
volu[mus cimctis fidelibus] sanctae Dei ecclesiœ, presentibus scilicet
et [futuris precipueque succ]essoribus nostris, quoniam deprecati
sum[us] bo videlicet et Bernardo, uti ex re[bus dicto
coenobio per]tinentibus aliquid eis [et] duobus suce[essoribus suis,
per huJLis] nostrae auctoritatis [tesjtamenlum c[oncederemus, sub
institjutione census annuatim [redjdendum, id est
.... ad vineam plantandam precario inde
concessimus jam dictis fratribus.
Benardi et [et duobus successojribus post eos
predictum [arpen.] de terra [arabili] a situm in pago Turonico
[in vicaria] Gancellace[nse] Eo autem modo concedimus
[predictam] terram [ut habeant licentiam] œdificandi, plantandi,
[construenjdi et quicquid [melius voluerint emejliorandi, et si necesse
[ftierjit etiam ve[ndendi. Vejrum tamen ad ipsam potestatem [sol-
vant] exinde, ann[is singulis, ad festivitatem] Sancti Juliani quse
celebratur [v kal. septem]bris, census [et eis am]plius
non requiratur [aut exi]gatur. Et s[i de eodem censu tardi a]ut
négligentes exstiterint [id] ipsum eis em[endare liceat et quod ten]ue-
rint non ideo perdant. [Ut autem h]aec auctori[tas certior habeatur]
manu propria eam [firmavijmus raanibus[que fratrum nostrorum]
affirmari rogavimus. [Termin]atur vero ipsa [terra ex omnibus par-
tibus terra] ipsius potestatis.
[Dom]nus Evra[rdus humilis abbas huic manui]firmœ subscripsit.
V colonne : huit souscriptions dont il ne reste plus que les der-
nières lettres et les notes tironiennes répondant à sacerdos subscripsit.
2« colonne : Signum Manfredi monachi.
Signum Cristiani monachi,
[Signum] Arnulfî monachi.
Cinq autres souscriptions de moines, dont on ne lit plus que le mot
monachi, en abrégé mchi.
XXXIII.
CONCESSION PAR L'ABBÉ EVRARD, A CONSTANTIUS, d'dN QUARTIER DE
TERRE DANS LA VIGIjERIE DE CHANCEAUX. — 990.
Haut. 0^340'""^? — Larg. 0™200'°'"?
Six bandes verticales dont une est incomplète, il en manque
deux. Cette pièce est, comme la précédente, un bail à trois vies,
257
mais cette fois consenti à un seul individu, nommé Constantius.
Le quartier de terre coucédè était situé dans le pagus de Tours,
dans une viguerie du nom de laquelle il ne reste plus que la pre-
mière et les deux dernières lettres, mais que nous pensons être
Chanceaux, et dans une villa dont le nom manque totalement, ce
qui enlève à cette charte une partie de son intérêt. Elle offre
d'assez nombreuses signatures et a conservé les portions essen-
tielles de sa date. Pas d'autres notes tironiennes que celles de
suhscripsit et des deux mots humilis abhas.
A noter le nom du moine Caïman, qui a une physionomie
hébraïque bien marquée. Celui du maître-école, qui a écrit la
pièce, fait défaut.
Cette charte est inédite ; on n'en a ni copie ni analyse.
XP. [In nomine Summi Salvatoris noslri, nos quidem Evrjardus,
abbas coe[nobii Sancti Juliani, notum immo et] percog[uilum esse
volujmus cunctis fidelibus sanctœ Dei ecclesiaî, presen[tibus scilicel]
et futuris [precipueque] successoribus nostris, quoniam deprecatus
est nos qui[dam homo,] nomine GGn[slanlius, u]ti ex rébus Sancti
Juliani, quse nostro stipendiarlio] ta3 sunt, ar[pen. i et] quarle-
rium unum de terra arabili ad vi[tas sibi et du[obus
successojribus suis, per hujus nostrse auctoritatis testa[mentum con-
cede]remus, sub in[stitutione cejnsus annualim reddendum. Cujus
dcp[recationem benjigne recipie[ntes conce]ssimus jam dicto Cons-
tanlio cl duobus succ[essoribus suis pre]fixum arpen. [et quar]tarium
unum, sites in page Turonico, invicaria C[ancellacen]se, in villa
Terminatur vero ipsa terra ex omnibus par[tibus terra e]x ipsa
potes[tate. Eo aute]m modo concedimus eis predictam terram ut
habeant l[icentiain desuper] edificandi, p[lantandi, conjstruendi et
quicquid melius voluerint emeliorandi bi fuerit et v[en-
dendi] vel dimittendi; verumtamen ad ipsam potestatem solventes
[exinde anni]s singulis, ad [festivitatem] Sancti Juliani quae celebra-
lur V kal. septembris, ad usus nostros, c[ensum] et eis amplius
[non requirajtur aut exigatur; et si de eodem censu tardi aut neg[le-
gentes exsjlilerint idip[sum eis emendarje liceat et quod tenuerint
non ideo perdant. Ut aulem haec auctorita[s cerlior habjeatur, manu
[propria eam] firmavimus manibusque fratrum nostrorum affirmari
rogavira[us.]
Evrardus conob[ii Sancti Juliajni humilis abbas [huic manujifir-
mae subscripsit.
258
'1''^ colonne. Rotbertus monachus et d[ecanus] [subscripsit .] Ghris-
tianus monachus [subscripsit\ Rainaldus I monachus [subscripsit.]
Bertramnus monachus [subscripsit.] Andréas primus monachus [sub-
scripsit.] Gauzbertus 3editu[us subscripsit.] Ingeh^ardus s[acerdos
subscripsit.] Adalulfus sac[erdos subscripsit.] Adraldus sac[erdos
subscripsit.] Durandus laicus et [subscripsit.] Item Durandus
le[vita] [subscripsit.] Gumbertus lev[ita subscripsit.] Boso levit[a
subscripsit.] Rainaldus II le[vita subscripsit.]
2" colonne. [AJndreas subscripsit. [Is]ambert[us] subscrip-
sit. Hucbaldus subscripsit. [E]rlebald[us] subscripsit.
[T]ethbald[us] subscripsit. [H]ucbaldu[s] subscripsit. [Jo]-
hannes subscripsit. (Six autres souscriptions dont il ne reste
que la note tironienne de subscripsit.)
Z^ colonne. Godolbertus levila et monachus subscripsit. Girardus
sacerdos et monachus subscripsit. Amalbertus sacerdos et monachus
subscripsit. Ervicus subdiaconus subscripsit. Maingaudus subdiaco-
nus subscripsit. Fulbertus subdiaconus subscripsit. Pontius subdia-
conus subscripsit. Girbertus puer subscripsit. Hugo puer subscripsit.
— Constantinus sacerdos et monachus subscripsit. Caïman mona-
chus subscripsit.
Data m[en]se ap[rili anno incarnationis] Dominice DGGGGXG
Hujgone anno
mag[istro] scolae.
XXXIV.
CONCESSION A SAINT-JULIEN PAR EUDES, COMTE DE TOURS, DE DEUX
ARPENTS DE VIGNE, AUX ENVIRONS DE TOURS, PRÈS LE LIEU
APPELÉ VILLENEUVE. — 20 MAI 994.
Cette charte bien conservée est en trois fragments, dont
deux avaient été trouvés par M. Gauthier sur les registres de
l'état civil conservés au greffe de Loches et publiés par M. Dela-
ville Le Roulx, en complétant le texte à l'aide d'une bonne copie de
Gaignières*. Le troisième fragment, qui est le plus considérable
et donne environ les deux tiers de la pièce avec de nombreuses
signatures, a été recueilli par nous.
l. Bibl. nat., ms. lat. 5443, p. 39, et aussi dans le fonds Baluze, t. LXXVII,
fol. 73.
259
La localité nommée Villeneuve, qui était dans la Varenne
s'étendant sous les murs de l'ancien Tours, n'a laissé aucune
trace ; elle a probablement été absorbée dans les développements
successifs de la ville.
La chapelle de Saint-Sauveur était située dans l'intérieur de
la cité, infra étant ici pris dans le sens àHntra, mais rien n'in-
dique son emplacement précis; en tout cas, il ne faudrait pas la
confondre avec la chapelle Saint-Sauveur qui était près du Cher,
à peu près où se trouve aujourd'hui le pont qui porte ce nom.
Notre pièce a été écrite par Adalgerius, remplaçant le scribe
en titre de la cathédrale appelé Ingelbertus, dont le nom se trouve
au bas de la charte de l'archevêque Robert, donnée en 927
(n° 1). S'il n'a pas existé dans ce siècle deux scribes delà cathé-
drale portant le même nom et se succédant l'un à l'autre, cela fait
une bien longue carrière. Il est vrai que l'Ingelbertus mentionné
en 994 devait être fort âgé, car depuis plus de cinquante ans
nous le voyons suppléé dans ses fonctions, d'abord par Erbernus,
qui a écrit nos chartes de Téotolon de 940, de 941 et d'avril 943,
et celle de Frotier de 959, puis par Durannus, que nous trouvons
en 976 (n° 24), enfin par Adalgerius, qui paraît en 991 ^ La sup-
pléance d'Erbernus semble n'avoir été qu'accidentelle , car Ingel-
bertus écrit la charte de Téotolon de 942 et fonctionne encore en
968-; mais Durannus et surtout Adalgerius durent le remplacer
habituellement dans son extrême vieillesse. Cependant ni l'un
ni l'autre ne paraît avoir recueilli sa succession, car, en 999, le
scribe ou antigraphe de la cathédrale se nommait Fredericus^.
Il est à remarquer, du reste, qu'Ingelbertus ne prend pas cette
qualité au bas des chartes écrites par lui ; il se dit modestement
indignus sacerdos et le titre dUantigraplius ne lui est donné
que par les scribes qui sont chargés de le remplacer.
La concession a été faite le jour de la Pentecôte, au mois de mai
994. En cette année, la Pentecôte tombait le 20 mai, qui ne se
trouve dans la huitième du règne d'Hugues Capet qu'en faisant
remonter l'avènement de ce prince à une époque antérieure au
20 mai 987, supposition très permise, car, si le jour du sacre à
1. Delaville Le Rouix, Charles antérieures à l'an mil, p. 27.
1. Archives de Maine-et-Loire, R()le des chartes de Saint-Florent, intitulé :
Touraine, pièce n" 6.
3. Delaville, p. 'lO.
260
Reims peut être fixé au 3 juillet, on ignore l'époque précise de
l'élection du roi dans l'assemblée de Noyon.
XP. In nomine sum[mi Salvatoris] Dei, Odo gratia omnipotentis Dei
Turonorum cornes, notum immo et percognitum esse volumus cunc-
tis fidelibus Sanctae Dei ecclesiae, presenlibus scilicet ac futuris pre-
cipueque successoribus nostris, quoniam deprecatus est nos quidam
vassallus ac fidelis nosler, nomine Gualterius, uti ex rébus beneficii
sui quod de nobis tenere videtur, ex comitatu Turonicae urbis per-
tinentem, videlicet de illa catena, hoc est arpn. ii de vinea quos
Vivianus ad monachos Sancti Juliani, qui consistunt in suburbio
Turonice urbis, contulit perpetualiter ad habendum sub institu-
tione census annualim reddendum, per hujus nostrœ auctoritalis
testamentum, concederemus. Cujus deprecationem bénigne reci-
pientes concessiraus jam dictis monachis supralibati Sancti Juliani
prefixos arpn. ii de vinea, sitos in page Turonico, in illis varenis
quae conjacent in circuitu Turonicae urbis, non longe a loco quge
dicitur Villa Nova. Terminantur de una parte, terra ipsius potesta-
tis-, et de altéra parte, terra Sancti Hilarii, ex bénéficie Guandalberti ;
et de duabus aliis partibus terra Sancti Salvatoris, cujus capella est
sita infra muros Turonicae civitatis, quam tenet Ingelbertus prepo-
situs. Eo etiam modo concedimus eis praenominatos arpn. ii de
vinea ad jamdictos Sancti Juliani monachos, ut habeant licentiam
desuper aediflcandi, plantandi, construendietquicquid melius elege-
rint emeliorandi, solventes exinde annis singulis ad festivitatem
Sancti Briccii, quae celebratur idus novembris, Gualterio fideli nos-
tro, sive successoribus suis, qui eandem terram de illa prselibata
catena in manu sua tenuerit, censum dr, xii, et eis amplius non
requiratur aut exigatur -, sed sub tali censu libère ac quiète teneant
et possideant nemine inquiétante atque contradicente. Et si de eodem
censu tardi aut neglegentes reperti fuerint, id ipsum emendare stu-
deant, et quod tenuerint non ideo amittant; habeantque licentiam
dandi, vendendi, relinquendi, et quodcumque mehus voluerint,
faciendi. Ut autem haec auctoritas firmior sit, firmiorque permaneat,
manu propria eam subterfirmavimus, manibusque fidelium nostro-
rum adfirmare rogavimus.
Odo Turonorum comes hoc signum confirmationis fecit f . Signum
Guilelmi comitis, nepotis ejus.
Signum Gualterii, qui hanc auctoritatem fieri deprecatus est et
ipse firmavit.
26^
Signum Hucberli. Signum Alonis. Signum Gelduini. SignumGui-
cherii. Signum Rolberli. Signum item Rotberti. Signum Amalrici.
Signum Acfridi, fralris ejus. Signum ErbcrrU. Signum Solionis.
Signum Corbonis. Signum Guarnerii. Signum Aimerici. Signum
Gauzfridi. Signum Odulgerii. [Signum Erjvei. Signum Odonis.
Signum Hugonis. Signum Theoderici. Signum Ardradi. Signum
[Drogonis.] Sigimm Guarini. Signum Geilonis. Signum item Hugo-
nis. Signum Guarnaldi. Signum Frodonis. Signum Helgodi. Signum
item Hugonis.
Data mense maio , die Pentecostes, in civilate Turonus, anno
incarnationis Dominicae, DGGGGXCniI, sive anno VIII régnante
Hugo [sic] rege.
XP. Adalgcrius indignus sacerdos rogitus ab Ingelberto antigrafo
scripsi et subscripsi.
XXXV.
DIPLOME DU ROI ROBERT EN FAVEUR DE l' ABBAYE DE SAINT-
MAGLOIRE DE PARIS. — VERS 997.
La dernière de nos pièces antérieures à l'an mille ne concerne
pas Saint-Julien, ni même la Touraine. C'est un diplôme du roi
Robert en faveur de Saint-Magloire de Paris, dans lequel il renou-
velle et confirme les donations faites par son père et son aïeul.
On sait que cette abbaye, promptement tombée en décadence, fut
réunie à celle de Marmoutier par le roi Pliilippe r% en 1093 ^
époque à laquelle les archives de Saint-Magloire durent être trans-
férées à Marmoutier. Ce diplôme ayant été publié trois fois,
d'abord par D. Martène, Thésaurus, t. I, col. 107, et par
Mabillon, Ann. Bened., t. VI, p. 595, puis par D. Bouquet,
dânsles Histonens de Frmice, t. X, p. 575, et devant paraître
très prochainement dans le Cartulaire de Paris, par les soins de
notre honorable confrère M. le comte Robert de Lasteyrie, nous
nous abstiendrons de le reproduire. Mais, en considération de
l'importance de ce document, et des doutes pouvant s'élever sur
son authenticité, nous croyons devoir décrire avec quelques
détails les portions que nous avons pu en recueillir.
1. Histoire de Marnouiier, par D. Martène, publiée par Mgr Chevalier, t. I,
p. 500. {Mém. de la Soc. archéol. de Tour., t. XXIV.)
262
Nous avons retrouvé de ce diplôme deux exemplaires, l'un
entier et l'autre fort incomplet.
L'exemplaire entier est une copie qui paraît du xi" siècle, et est
en deux moitiés d'une largeur totale de 0^545'"'" et d'une hau-
teur de 0™375°"". Elle est d'une minuscule diplomatique assez
effacée par endroits et écrite sur parchemin rayé à la pointe
sèche. La première ligne, qui Ta jusqu'aux mots cum, ncibi-
lissima uœore Berta exclusivement, est en caractères allon-
gés imités de l'écriture des têtes de diplômes du x'' siècle.
Cinq autres fragments de dimension fort inégale proviennent
d'un exemplaire évidemment plus ancien que le précédent, et qui
pourrait être l'original.
Le premier, de 0'°350'"'" de largeur et de 0™180°>'" de hauteur,
donne tout l'angle supérieur de droite du diplôme, c'est-à-dire
environ la moitié des huit premières lignes. Il est sur beau par-
chemin rayé à la pointe sèche, les lignes étant espacées entre elles
de vingt millimètres ; l'écriture est bien celle des diplômes de la fin
des Carlovingiens et du commencement des Capétiens. La pre-
mière ligne, en caractères allongés de vingt-quatre millimètres de
hauteur, se termine par les mots intervenientibus reginis,
Adélaïde^. Un court fragment horizontal nous donne le commen-
cement de cette ligne et contient les mots consistentis in uni-
tate deitatis; mais suinmœ et incomprehensibilis font défaut,
et notre grand fragment ne reprend qu'à Trinitatis.
Trois autres morceaux, qui appartiennent à l'angle supérieur
de gauche, nous donnent environ le quart des quatrième, cin-
quième et huitième hgnes, et près de la moitié des sixième et
septième; ce qui nous permet, en ajoutant cette portion à celle
que nous avons déjà dans le grand fragment, de reconstituer ces
deux hgnes entières et de connaître ainsi la largeur totale du
diplôme qui est de 0'^551""".
La hauteur ne saurait être indiquée, même approximativement ;
les huit premières lignes contenaient bien environ le tiers du
diplôme, mais il se trouvait au bas un blanc plus ou moins
considérable, pour placer le sceau du roi dont la présence est
annoncée à la fin du texte publié par D. Martène, et qui devait
être plaqué, selon la coutume du temps.
1 . Voici cette ligne dans son entier : « Consistentis in unitate deitatis, summae
et incomprehensibilis Trinitatis in nomine, Rotbertus, Francorum rex Augustus,
disponente praelibatcB divinitatis clementia, intervenientibus reginis, Adelaide... »
263
Quant à la date, ou elle n'a jamais existé, ou elle manquait
déjà lorsque D. Martène a copié cette pièce dans les archives de
Marmoutier, car il ne la donne pas, bien qu'il dise avoir fait cette
copie sur un original {ex autographo). Le savant Bénédictin
place ce diplôme vers 999, mais il semble qu'on doive un peu recu-
ler cette date. Nous remonterons donc à 997, nous rapprochant
ainsi de l'opinion de M. Pfister qui, dans son catalogue des actes
du roi Robert', pense que cette pièce a été donnée entre les années
996 et 1000.
APPENDICE.
XXXVI.
CONCESSION d'une VIGNE A LEDTHARDUS, PAR AUSTRENUS, ABBÉ
DE SAINT-JDLIEN. — 847.
Haut, inconnue. — Larg. environ C^léO""™.
Cette charte, qui vient ici à la fin de notre recueil, aurait dû
être placée la première, car elle est antérieure de près d'un siècle
k la plus ancienne de celles que nous avons publiées. Mais nous
n'en possédions d'abord que de trop rares fragments, qui même ne
se suivaient pas les uns les autres et dont il nous était impossible
de tirer un sens acceptable.
Au cours de l'impression, une heureuse trouvaille a mis entre
nos mains quelques nouveaux fragments, ayant la même origine
que les premiers et qui, sans nous donner encore la pièce entière,
nous en font connaître cependant le sujet, ainsi que les noms des
personnages contractants, et contiennent même une portion de
la date. Dans l'état actuel, nous possédons cinq fragments verti-
caux formant trois bandes, qui nous donnent à peu de chose près
le corps de la charte, plus trois autres fragments, contenant
1. Ch. Pfister, Études sur le règne de Robert le Pieux. Paris, Wieveg, 1885;
64° fascicule de lu Bibi>otIièque de l'École des hautes études
264
quelques souscriptions et une partie de la date. Au dos d'un de
ces derniers, on lit en anciennes capitales mêlées d'onciales :
[pojstulavit Leota[rdus]
abbatiam.
Au-dessus, d'une écriture du xvif siècle, où nous croyons
bien reconnaître la main du savant bénédictin dom Anselme Le
Michel :
Austrenus ahh
Leotardo....
et plus bas, d'une autre main, mais également moderne :
Anno 7° Karo...
Quant au parchemin et à l'écriture elle-même, rien ne s'oppose
à ce qu'ils remontent au milieu du ix** siècle. C'est bien la minus-
cule diplomatique carlovingienne, et les notes tironiennes qui
accompagnent les souscriptions sont correctes et bien formées.
Le sujet lui-même est tout simplement la concession d'une vigne
faite par Austrenus, abbé de Saint-Julien, à un homme nommé
Leuthardus. Il semble donc tout naturel de classer cette pièce
en tête du chartrier de cette abbaye, car nous verrons tout à
l'heure que le Charles mentionné dans la date ne peut être que
Charles le Chauve, dont la septième année correspond à 847.
Mais plusieurs objections peuvent être présentées.
On sait d'abord que l'abbaye de Saint- Julien, fondée à l'époque
mérovingienne et dont parle Grégoire de Tours, fut entièrement
détruite par les Normands en 853 et ne se releva de ses ruines
qu'environ quatre-vingts ans plus tard, parles soins de Téotolon.
Toutes les chartes venues jusqu'à nous et toutes celles copiées ou
analysées parBaluze, Gaignières et les Bénédictins, ne remontent
pas au delà de l'époque de cet archevêque. Dans le Gallia chris-
tiana, les Bénédictins disent formellement ne connaître aucun des
abbés qui ont régi le monastère détruit par les Normands, et cepen-
dant notre charte nomme Austrenus, ahba ex cellula beati ynar-
tiris Juliani, qu'ils auraient dû au moins mentionner. Tous ces
savants chercheurs n'auraient donc pas connu notre charte, elle
aurait même échappé à dom Le Sueur, qui était moine et digni-
taire de Saint-Julien et qui n'en parle pas dans les analyses qu'il
nous a laissées des plus anciennes chartes de l'abbaye. Ou bien
l'auraient -ils mise de côté comme entachée de fausseté? De
265
nombreux exemples tendraient cependant à prouver qu'ils n'étaient
pas aussi difficiles qu'on l'est aujourd'hui sur ces questions d'au-
thenticité, et d'ailleurs ils l'auraient toujours mentionnée comme
très ancienne copie.
On s'explique difficilement que cette pièce ait pu échapper à des
chercheurs aussi laborieux et aussi intrépides, surtout à dom Le
Sueur, qui avait certainement toutes les archives de l'abbaye à
sa disposition. Il est vrai qu'au xvn" siècle, époque de ces
recherches, Saint-Julien sortait à peine de l'état de désordre et
d'abandon où l'avaient jeté les guerres de religion et la détestable
administration des abbés commendataires. Doit-on penser que la
conhision était arrivée dans le chartrier à un point tel qu'une pièce
de cette ancienneté eût pu s'égarer? Nous savons cependant que
le premier effet de l'introduction de la réforme de saint Maur, en
1637, fut de rétablir l'ordre dans le temporel comme dans le spi-
rituel de l'abbaye, et que de nombreux inventaires, dont plusieurs
sont venus jusqu'à nous, furent bientôt commencés et continués
pendant une partie du xviii'' siècle. Or, aucun de ces inventaires
ne fait mention de cette charte. Mais nous sommes loin de les
avoir tous, et d'ailleurs, ces travaux ont été exécutés, non
dans un intérêt historique, mais au point de vue purement doma-
nial. On a voulu surtout classer et analyser les documents concer-
nant les divers offices claustraux, ainsi que les domaines et les
droits qui y étaient afférents. Notre modeste charte ne rentrant
dans aucune de ces catégories aura sans doute été négligée.
Quoi qu'il en soit, son existence actuelle est incontestable,
puisque nous en possédons environ les quatre cinquièmes, et sa
provenance de l'ancien chartrier de Saint-Julien ne nous semble
pas pouvoir être mise en doute. En effet, les mots posiulavit
Leotardus, en vieilles capitales mêlées d'onciales, sont de la
même forme et très probablement de la même main que d'autres
cotes écrites au dos de nos plus anciennes chartes de Saint-Julien.
Il y a là comme l'estampille du vieux chartrier. Notons encore
les mots Austrenus abb. eiLeotm^do, qui faisaient partie d'une
cote plus récente et sont de la main de dom Anselme le Michel,
savant bénédictin qui séjourna longtemps en Touraine et y
recueillit un grand nombre de copies et d'analyses de pièces
aujourd'hui conservées à la Bibliothèque nationale et à celle de
Tours. Il est vrai que ses ivd »'aux ont particulièrement pour objet
l'abbaye de Marmoutier, mais celle de Saint-Julien, qui était
48
266
Yoisine, appartenait également à la famille bénédictine, et l'on
s'explique parfaitement que dom Le Michel ait eu accès dans ses
archives, d'autant mieux qu'en 1641 le père général donnait à
ce religieux la mission d'explorer les différentes abbayes de
France pour rassembler les matériaux nécessaires à l'histoire de
l'ordre de Saint-Benoît.
Enfin, et ceci est capital, notre charte a été connue et vue
dans le chartrier de Saint-Julien par dom Housseau qui, au
XVIII'' siècle, fut chargé par sa congrégation de continuer le
recueil de documents relatifs à l'histoire de Touraine, d'Anjou
et du Maine, commencé par dom Augustin Cossard et dom
Lefebvre Deschamps. On sait que les nombreuses copies ras-
semblées par dom Housseau sont aujourd'hui à la Bibliothèque
nationale, où elles forment vingt-neuf volumes. Or, dans le trei-
zième de ces volumes, on lit, sous le numéro 8540, une analyse
ainsi conçue : Charta quœ metnorat donationem factam
ciddam nomine Leuthardo, àb Austreno dbhate ex cellula
Sancti Juliani martiris, tempore Actardi Turonorum epis-
C02oi, anno 7" Caroli régis. Il s'agit bien ici assurément de notre
pièce, et l'on remarquera même que l'auteur de l'analyse devait
l'avoir sous les yeux, car certaines expressions sont identiques des
deux parts. Quant à la mention tempore Actardi, Turonorum
episco2n, ajoutée au texte, elle constitue une erreur, Actard
n'ayant occupé le siège de Tours que de 871 à 874. Mais ce pré-
lat était depuis 843 pourvu de celui de Nantes, dont il fut chassé
et obligé de se réfugier à Tours, où nous le rencontrons en 847 * et
où il se trouvait probablement à l'époque de la rédaction de cette
charte. Peut être même son nom figurait-il parmi les souscriptions
dont un très petit nombre seulement est parvenu jusqu'à nous.
Cette pièce avait déjà passé sous les yeux de dom Martène, qui,
dans son histoire de l'abbaye de Marmoutier, conservée à la
Bibliothèque nationale, s'exprime ainsi au sujet des premiers temps
de l'abbaye de Saint-Julien : ^< La perte que l'on a faite de ces
« anciens monuments dans sa ruine, causée premièrement par les
« Sarrazins du temps de Charles Martel, et ensuite par les Nor-
« mands l'an 853, nous ôte la connaissance des abbés qui succé-
« dèrent à saint Antoine ; nous trouvons seulement un Estrenus
« {sic) dans un vieux titre de l'an 7 du règne de Charles le
1. Hist. de MarmoMiier, par D.Martène, publiée par Mgr Chevalier, t. I,p. 171.
267
Chauve ^ » Evidemment, ce « vieux titre de l'an 7 du règne de
Charles le Chauve » ne peut être que notre charte, et il s'agit
bien ici d'Austrenus, malgré la légère différence des noms. Plu-
sieurs princes carlovingiens ont porté, il est vrai, le nom de
Charles, mais l'abbaye de Saint-Julien, détruite par les Normands
en 853, ne fut rétablie par Téotolon qu'à partir de 937, et, depuis
cette dernière époque, nous possédons la liste des abbés, sur
laquelle ne figure pas le nom d'Austrenus. Il a donc été eu fonc-
tion avant 853, et le Charles dont il s'agit doit être cherché à une
époque antérieure à cette date. Nous n'avons plus à choisir
qu'entre Charlemagne et Charles le Chauve. La septième année
du règne de Charlemagne nous reporterait au viii" siècle, époque
que ne permettent pas d'admettre les caractères paléographiques
de notre pièce ; reste seulement Charles le Chauve, dont les années
partent généralement du 20 juin 840. Cette opinion est du reste,
comme on l'a vu, celle de dom Martène et de dom Housseau.
Quant au fait de la conservation et pour ainsi dire de la survi-
vance de ce frêle morceau de parchemin à la ruine totale et pro-
longée de l'ancienne abbaye de Saint-Julien, il n'a rien qui doive
nous arrêter, tout invraisemblable qu'il puisse paraître au pre-
mier abord. Il nous serait facile, en effet, de citer plusieurs chartes
de Marmoutier et de Saint-Martin qui avaient échappé à la des-
truction de ces établissements religieux par les Normands et qui,
avant la Révolution, étaient conservées dans leurs chartriers. On
dira peut-être que ces pièces n'étaient que de faux documents,
fabriqués après la restauration des abbayes, comme cela est arrivé
parfois ; mais cette objection , que rien ne justifie du reste , né
saurait atteindre le diplôme de Louis le Débonnaire, de l'an-
née 837, que possèdent encore les archives d'Indre-et-Loire, et
qui provient de l'abbaye de Cormery, elle aussi détruite par les
Normands au milieu du ix"" siècle. La parfaite authenticité de cette
belle pièce, qui a conservé son sceau plaqué, n'a jamais été mise
en doute et ne saurait l'être. L'état fragmentaire dans lequel nous
est parvenue la charte de 847 ne permet peut-être pas de se
montrer aussi affîrmatif à son égard ; cependant, nous croyons,
tout bien considéré, qu'elle ne saurait être rejetée et qu'il y a lieu
de lui donner place dans nos arcliives départementales, immédia-
1. nisioire de Marmovtier, par dom Martène, partie I, tome I, p. 213. Bibl.
nationale, ras. lat. 12876, ancien résidu Saint-Germain, paquet 96, n" 4.
268
tement après le diplôme de Louis le Débonnaire, dont elle n'est
séparée que par un intervalle de dix années.
[XP. In nomijne Dei aeterni, Austrenus, abba ex cel-
[lula beati mjartiris Juliani notum fore cupimus omnibus
[fîdelibus] sancte Dei ecclesie quia postulavit nos quidam
[homo, nomijne Leuthardus, vineam que est sita super flu-
tei ad censum e deberemus quod
scilicet deprecante fran...
do habet in longum predicta vinea dextros
runs versus dextros xii, ab alia fronte...
. . . [Terjminantur de duobus lateribus
vie publiée, una cum per viam Ligeris, ab alia f[ronte]
Saneti Vincentii. Inter istas lerminationes jus desuper
mus edificandi piantandi, vel quicquid
[meliuselegeritemelijorandi. Eo scilicet modo ut annis singulis,
[ad missam] Saneti Juliani martiris_, censum persolvat denar. XII
ut si tardus aut neglegens de predicto
defaciat et ob hoc ipsud rem perdat
[concjedimus illi cuicumque voluerit parentum
Girbertus ?
Ansbertus humilis presbijter subscripsit.
.... 1, presb^jter subscripsit. Girbertus.
Bertradus, indignus levita subscripsit. G...
.... Subdiaconm subscripsit. Ala. . . .
mense kalen. . . .
VU Garolo reg.
XXXVII.
CONCESSION A SAINT-JULIEN PAR LE COMTE FOULQUES LE BON,
ABBÉ DE CORMERY, d'uN DROIT DANS LA RIVIERE DE LA
VEUDE. — MARS 944.
Haut, inconnue. — Larg. 0'°250°"".
Nous ne possédions d'abord de cette pièce que quatre bandes
verticales fort incomplètes, ne donnant que quelques mots, dont
plusieurs étaient à peine lisibles, et quelques signatures. Il nous
était impossible de déterminer le sujet de la charte, dont l'écriture
209
cependant indique bien le milieu du x" siècle. Heureusement, une
demi-bande horizontale est venue nous donner le cœur même de
la date, qui est ainsi formulée : Data in mense Marcio,
anno VIII régnante Lodovico rege; ce qui, d'après la façon
habituelle de compter les années de Louis IV, répond k 9 14. Elle
porte même au dos, en ces vieilles capitales mêlées d'onciales, qui
sont comme l'estampille de l'ancien cliartrier de Saint-Julien, une
cote où nous lisons : Concessio Fulconis comitis ad mo7iachos
Sancti Juliani, de Vosda.
Cette précieuse indication nous permet de reconnaître une
charte de Foulques le Bon, comte d'Anjou, qui fut abbé laïque de
Cormery, charte dont Baluze nous a conservé une copie. Les
pièces émanées de ce personnage sont extrêmement rares, surtout
en original, celle-ci mérite donc grandement d'être recueillie,
d'autant mieux qu'elle est la seule où Foulques soit mentionné
comme abbé de Cormery. Nous en donnons le texte, d'après
Baluze, en mettant en itahques, dans le corps de la charte, les
quelques mots ou portions de mots écrits sur nos fragments.
Baluze n'indique pas d'autres signatures que celle de Foulques ;
elles étaient cependant assez nombreuses, car elles remplissaient
au moins trois lignes. Pas d'autres notes tironiennes que celle qui
représente le mot subscripsit.
La Vende, Vosda, Veda, Fer(c?em, est une rivière qui prend
sa source près d'Avrigny (Vienne), entre un peu avant Jaulnay
dans le département d'Indre-et-Loire, où elle baigne Razines,
Chaveignes et Champigny, et se jette dans la Vienne entre Anché
et Rivière.
Bibl. nat., Baluze, t. 76, f° 77. Ms. lat. n» 5443, p. 44. Extrait.
Morem prgecedentium patrum videmur sequi, si res nobis a Deo
concessas jure ordinamus. Idcirco, ego Fulco, abba atque rector ex
cœnobio Gormaricensis ecclesiœ, notum sit omnibus (fidelibus, prse-
cipue(]ue) nostris successoribus, quoniam deprecatus est nobis Geor-
gius abba (atque omnis) congregatio monachorum Sancti Juliani, ut
eis aliquid ex nostra potestate concederemus, more censili, quod et
fecimus, cum assensum omnium monachorum in jara nuncupato
monasterio Deo et Sancto Paulo servientium, ; scilicet nostram por-
tionem quam habemus in flumine qui vocalur vosda, ea duntaxat
ratione ut annuatim in hsWvitate Sancti Pauli reddant in censu dena-
rlos très. Si vero fuerit aliquis, quod minime, credo, qui contra banc
270
hauctorilatem aliquam calumniam inferre conaverit, non vindicet,
sed hœc omni tempore firma et swahilis permaneat. Et ut certior et
fîrmior ab omnibus credatur, ego Fulco sub signo
sanctse crucis corroboravi.
decanus et monac[hus] Simon? Subscripsif. . . .
. . , .tus monachus subscripsit Ingelgerius monachus sub-
scripsif. Rotbertus subscripsit Teutfredus subscripsit.
Data in mense marcio, anno VIII régnante Lodovico rege.
XXXVIII.
DONATION A UN DIACRE, PAR LE CHAPITRE DE SAINT-MARTIN,
d'un MANSE, in BANIOLIS SITO. — 948 ou 949.
Haut. 0"'440'"'^?— Larg. 0™265""^i.
Nous avons été assez heureux pour retrouver, au cours de l'im-
pression de ces articles, la presque totalité de la charte n° XII, dont
nous ne possédions d'abord que de courts fragments, contenant la
date et le nom du scribe. Nous avons pu y joindre huit bandes et
demie, verticales, qui donnent le corps même de la pièce presque en
entier; il manque environ trois bandes. Il s'agit bien d'un manse
situé dans le voisinage de la villa Baniolis, et la donation émane
du chapitre de Saint-Martin, mais elle n'est point faite à l'abbaye de
Saint-Julien, comme nous l'avions conjecturé. Le donataire est un
diacre dont le nom fait défaut, mais qu'on peut supposer avoir été
moine de Saint- Julien, à moins que ce manse ne soit entré posté-
rieurement, par acquisition ou par échange, dans les possessions
de l'abbaye. Nous croyons, en eifet, que ces huit bandes verti-
cales doivent être jointes aux quatre bandes horizontales précé-
demment recueillies , elles sont du même temps et de la même écri-
ture et le parchemin est semblable.
La provenance de cette pièce nous paraît mise hors de doute
par la cote inscrite au dos de l'un des fragments horizontaux, qui
est en capitales mêlées d'onciales, et d'une écriture que nous retrou-
vons sur la plupart des plus anciennes chartes de Saint-Julien.
Cette cote, comme nous l'avons dit au n" XII, est ainsi conçue :
de mansello, in Baniolis sito. Le territoire désigné s'étendait
au sud de Tours et de la Martinopole et est devenu la châtellenie
des Bains.
274
La treizième année de Louis d'Outremer correspond à 948 ou
949, selon que la charte a été donnée avant ou après le 19 juin.
Au dos de l'un de nos fragments, on lit la date de 948, qui sem-
blerait, au premier abord, trancher la question; mais nous avons
eu souvent l'occasion de constater qu'il ne faut se fier que médio-
crement à ces anciennes cotes. Les biens de la Porterie de Saint-
Martin, d'où dépendait le manse concédé, furent, d'après la pièce
n'^ CXI de la Pancarte noirci restitués au chapitre par l'abbé
Hugues, le 7 janvier 941 . Notre document doit donc être posté-
rieur h cette date, mais d'assez peu d'années cependant, car nous
trouvons dans les chartes qui vont de 940 à 954 les noms de la
plupart des signataires, notamment de Nefingus, doyen, de Gun-
telraus, archiclavis, ou trésorier, d'Arbertus, préchantre, d'Er-
nulfus, d'Erilannus, d'Odilardus, etc.
Voici, aussi entière que possible, cette charte, qui est inédite et
dont on ne connaissait même ni copie ni analyse.
XP. [In nomine D]ci aetern[i et salvjatoris nostri Jehsu Ghristi,
nos quidem fratres gregis beali [Martini,]
[Nefingus laevita] et sacerd[os atque decjanus, Gunlelmus etiam lae-
vita alque archiclavis, ca[nonici ?]
[Notum fo]rc cupimus omnibus successoribus nostris, aliisque con-
fratribus, quoniam deprecat[us est]
[nos, quidam nos] tri gregi[s, lœvitja et prepositus Sancti Martini por-
tarise, Bernardus nomi[ne]
num infr[a] situm, ex ipsa portaria sui ministe
rii pertinentem, cum ar[pen.]
et médium. . . uUa mar sub census institutione, noslra con-
cederemus auctor[itate.]
[Cujus deprecationem] non sper[nentes, co]ncessimus ei jam dictum
raanselium terrge arabihs cum arp[en.]
et med[ium, in p]ago Turonico, inter alveum Ligeris et fluvium
Caris, non muUum longe a Sa[ncti Martini]
castel[lo tis scilic[et] arborera rotundam et vil-
lam Baniohs, prefati vero arpe[n.]
pralo siti; ter[minantur] ab una parte ipsa villa, ab altéra
vero Caris fluvio. . . .
etiam arta ins onis clerici prato; inter istas ter-
minaliones prescriptum ma[nsellum]
1. La Pancarte noire de Saint-Martin, restituée par Emile Mabille, p. 125.
272
et pra[tum con]cessimus. . . . diacono, ea quidem ratione ut habeat
licentiam ibi labor[andi
.... et quicquid [melius volu]erit operandi. Studeat insu-
per exinde reddere in usus fr[atrum,]
scilicet un [idus novembjris, annu[atira ad mijssam Sancti Martini
autumnalem, censura sol... et sicquandiu vixe-
rit ipsam ter[ram et pjratum eu eat emelioratione ^ sit
vero ei licitum ex ipsa te
rit vendere benifit[ium pos]t ipsius quoque obitum
duobus successoribus ex parentibus suis,
subpresignatoce[nsudi]mittend[i licentiajm habeat. Si veroexpres-
cripto censu, ipse vel aliquis illius [succès]
sor, tardus a[ut de] quo negli[gens f]uerit, ipsum emendet et quod
tenuerit nullatenus amittat.
Ut vero huju[s auctor]itatis ma[nusfirm]a per successura tempora
inviolabilis valeat perman[ere,]
manibus pro[priis ea]m subscri[psimus et] confratres nostros eam
subscribere precati sumus.
Nefm[gus] sacerdos [et de]kanus 5w6scr^ps^Y. Odilardus sacerdos subs-
cripsif.
Guntel[mus] levita [et] archiclavis subscripsit. Otbertus levita subs-
cripsit.
[Farmann[us] subscripsit presbyter subscripsit.
Gerardus diaconus subscripsit. Gimno levita
Erilannus subscripsit levita subscripsit. Salaco dia-
conus subscripsit. Ivo levita
Adalber[tus] subscripsit. A[rbe]rtus sacerdos atque precentor
firmavit.
Ernulfus subscripsit levita subscripsit. iohdi,nnQa
diaconus subscripsit.
Ernulfus
Data est autem hujus manusfirmae auctoritas Turonis, cas-
tello scilicet Sancti Martini in pleno fratrum capitulo, annoXIII
regni Hludovici régis.
Ego Âdalmarus Sancti Martini lœvita et ejudem sancti scolse rainis-
ter, rogitus scripsi et subscripsi.
Dans la note qui précède ce recueil, nous annoncions trente-
quatre chartes antérieures à l'an mille ; pendant l'impression ,
nous sommes parvenu à porter ce nombre à trente-sept, le
273
numéro XXXVI n'étant que le numéro XII complété. Des trois
pièces ajoutées, l'une est du milieu du ix" siècle, les deux autres
de celui du x^^ ; nous espérons que les curieux de documents car-
lovingiens ne se plaindront pas de cette addition, bien qu'elle
vienne déranger l'ordre chronologique que nous avions adopté
dans cette publication.
Ch. DE Grandmaison,
Archiviste d'Indrc-el-Loire.
INSCRIPTIONS CHRETIENNES
DU VIVARAIS
En 1853, nous avons publié, dans la Bibliothèque de V École
des chartes^, une série d'inscriptions chrétiennes, se succédant
en dates depuis le v® siècle jusqu'au xiv% et recueillies au Bourg-
Saint- Andéol (Ardèche) et aux environs. Quelques pièces du
même genre et de la même région nous sont tombées sous la main.
Elles vont faire l'objet d'une publication qui complétera la pre-
mière.
I. — XII'' SIÈCLE.
Et d'abord nous rééditons l'inscription n° vi, afin de la donner
plus exactement. Cette inscription est en vers hexamètres léonins,
et, quant au mot habils, il faut le hre habilis, avec l'insertion
d'un petit i dans l'L. Nous distançons les hémistiches rimes de
chaque vers :
Nona dies habilis mensis rutilabat aprilis,
Cum fuimus certi leto Stephani Gariberti.
Omia pro Christo loculo dimisit in isto.
Sic bonus ipse bonis dédit hic sua cuncta colonis.
Canone canonicis viventibus ista Chalonis
Donat et ut donis faniulent_ur ibi racionis.
Donet XPS ei donum sce reqiei. Amen.
Sans être une charte lapidaire proprement dite, cette inscrip-
tion est l'attestation lapidaire de la donation du domaine et de la
localité de Chalon (canton et forêt de Bourg-Saint-Andéol) aux
chanoines de Saint-Ruf (établis déjà en cette ville en 1108), par
Etienne Garibert, dont la mort fat connue le 9 avril, sans date
1. 3^ série, t. IV, p. 592-608.
275
d'année. Ce Garibert paraît être décédé en pays lointains, pro-
bablement dans la première croisade. Il avait, préalablement à
son départ, disposé, par testament, des biens indiqués ici, en
sorte que la nouvelle officielle, fuivaus certi, de sa mort déter-
minait l'effet de sa donation. Les chanoines de Saint-Ruf élevèrent
en cet endroit une chapelle et établirent un prieuré pour desservir
la banlieue de ce côté qui s'étendait sur tout le vaste plateau des
bois du Lôou'. Le domaine a passé en des mains laïques, le
prieuré est ruiné; la chapelle debout et agrandie attire un grand
concours de fidèles le 8 septembre et dans le mois de mai. Le nom
de Garibert se retrouve près de Bourg-Saint- Andéol, en sortant
de la ville même, au monticule dit Galibert.
Cette inscription, en lettres onciales, a toujours été placée sur
la façade de la chapelle. Elle y figure encore parfaitement con-
servée.
IL — Fin du xii" siècle.
Nous avons remarqué que l'inscription précédente, qui est celle
de la fondation du prieuré et de la chapelle de Chalon, n'avait pas
de date d'année. Il en est de même de la suivante, gravée en
mêmes lettres onciales, sur une pierre qui est à la base extérieure
de l'abside du chevet. C'est l'obit du fondateur lui-même :
-j- III •: ID^ i F
OBIIT i BARN
P'M^ : p'OR •: ET FV
DATOR : HvP i ECcL
Ainsi le 3 des ides de février (10 février) mourut Barn(uinus)
ou Berarn(us) (car il semble y avoir une traverse à la haute boucle
du B), premier prieur et fondateur de cette chapelle.
1. Le Lôou, telle est aujourd'hui la prononciation du nom de cette vaste
région boisée. L'orlliographe en a été défigurée dans les documents administratifs
modernes : on écrit le Lavoult, contrairement à la prononciation; Or nous
avons la dénomination primitive et véritable dans la donation même de ce bois
par Dona Vierna de Baladuno, datée de 1221, où se trouve ce passage : « In
bosco et toto tenemento A'Ouol à Rivo Morenco » (Rieuraorenc) ; Ouol, avec
l'article l'Ouol, avec la coiiraction VOuàou-, et, en redoublant l'article, le Louoou
ou le Lôou.
276
m. —1140.
Mais voici une troisième inscription du même genre, encastrée
sur la façade de la même chapelle, et parfaitement datée :
Anno ab incarnaci
one dni nri . . . xri mc
XL XVI k obiit
Willem et
L'année est bien 1140. Tout porte à croire que la chapelle
avait été construite quelques années auparavant.
IV. — Xlf SIÈCLE.
Nous terminons la liste des inscriptions de la chapelle de Cha-
lon par celle-ci, fort courte, et en lettres du même genre. Les
deux h sont minuscules barrés :
PETRUS b'NARDI C.
ET Pb'T S' R'
Pierre Bernardi, chanoine et prêtre de Saint-Ruf. Il y a au
Bourg-Saint- Andéol une famille de Bernardi, originaire du com-
tat Venaissin.
V. — 1283.
Les chanoines réguliers de Saint-Ruf ont été les grands archi-
tectes et les grands épigraphistes de la vallée du Rhône, dans la
région du Vivarais, du Valentinois, du comtat Venaissin, de
rUzège. Ils ont bâti un grand nombre de chapelles foraines. Ils
les ont desservies et ils y ont laissé des documents lapidaires. Le
type de l'écriture qu'ils employaient était la belle onciale dont
nous avons de nombreux exemples.
Voici une inscription bien datée (7 septembre 1283), qui orne
le mur intérieur de l'ancien cloître du Bourg-Saint-Andéol,
aujourd'hui sacristie, où nous avons relevé plusieurs pièces du
même genre :
277
Anno ; Dni : MCCLXXXIII
III I id» •; Septemb ] obiit \ Odilo i
de i Gorda i Garini i p'or ; de \ Me
Icorio i pb'r i c'^ • Sci i Rufi '.
rr cuf •; anv'sario j débet [ cPcurari \
9vët^ i cnicoR/ i hvj^ j ecc- i viii i sol !
Melcorio nous paraît être Mercuer (Ardèche), ou Mercœur
(Haute-Loire).
Cette pierre, fort bien gravée, garantit au couvent des cha-
noines de Saint-Ruf du Bourg huit sous pour l'anniversaire
d'Odilon de Gorda Garini, prieur de Mercœur ou Mercuer, prêtre
et chanoine de cette congrégation, décédé le 7 septembre 1283.
Nous citons ici une autre inscription, déjà publiée, qui se
trouve dans la maison des sœurs de Saiiit-Vincent-de-Paul, à
Valence (Drôme), ancienne maison de Saint-Félix, prieuré des
chanoines de Saint-Ruf en cette ville. On sait que la maison-chef
desdits chanoines, fondée en 1039, à Avignon, s'était retirée
devant les Albigeois et réfugiée à Valence, en 1140.
II id augus
ti obiit Guigo de
Monteli canoni
eus Sci Felicis qui
dédit huic Ecclie cP an
niv'sario suo ccc sol.
Ici donc il s'agit aussi d'un anniversaire, dont l'honoraire est
de trois cents sous, donné à l'église Saint-Félix par Gui de Mon-
teil ou de Montélimar, le 11 août, sans date d'année.
On voit combien ces honoraires d'anniversaire pouvaient varier.
C'est pourquoi il ne faudrait pas croire qu'il s'agît toujours d'une
fondation d'anniversaire à perpétuité, mais quelquefois seulement
de l'honoraire du premier anniversaire. Néanmoins, ces chanoines
défunts faisant partie de la communauté, on peut admettre qu'à
cause des services rendus, l'anniversaire était assuré pour tou-
jours, malgré la modicité de l'offrande première.
VI. — 1456.
Voici un des plus beaux et des plus considérables échantillons
278
de ces sortes d'actes lapidaires et de cette belle capitale gothique
usitée dans la région qui nous occupe. Chose vraiment remar-
quable, elle mentionne une donation de l'an 1456, elle est donc
au moins de la fin du xv^ siècle, de cette époque pleinement
gothique et même du stjlé gothique final. Et cependant lettres,
ponctuations, abréviations, encadrements, etc., tout est, à peu de
détails près, exécuté en la manière des inscriptions précédentes
des xif et xiif siècles. Voilà une preuve, entre plusieurs autres,
de ce principe qu'il faut appliquer à chaque instant en archéologie
dans cette région de la vallée du Rhône, à savoir que, sauf quelques
restaurations de détails qui greffèrent accidentellement le gothique
sur le roman, les guerres des Albigeois et les autres bouleverse-
ments qui désolèrent ce pays empêchèrent le style gothique d'y
fleurir et même d'y apparaître avec suite et ensemble, d'y faire
époque, comme ailleurs, en sorte que, entre les monuments romans
et ceux de la Renaissance, il y a là une lacune à peu près com-
plète dans l'art religieux ; les écoles d'architecture et d'accessoires
lapidaires continuèrent, sans grandes modifications, le faire des
écoles de l'époque romane.
Ici donc les caractères sont très bien formés, tous allongés en
hauteur. Les R ont leur boucle très petite et nouée très haut au
point d'où part le jambage oblique. Les D, quand ils sont en capi-
tale, gardent en bas leur large panse et s'effilent en pointe par le
haut. Les lettres sont souvent accolées ensemble ou insérées les
unes dans les autres. La ponctuation est invariablement marquée
par un losange très net à la hauteur de la moitié des lettres.
Signalons à la dixième ligne le signe abréviateur en forme de 8
avec un point dans chaque boucle et que nous avons interprété
sque, s avec la conjonction finale.
La pierre de cette inscription sert de marche dans la maison de
M. Coulon, bouclier, place de la Tour. Elle nous fut signalée par
M. Vaschalde, de Vals-les-Rains, et l'estampage nous fut envoyé
par M. Baussan, inspecteur des monuments diocésains. Mais,
suivant la remarque clairvoyante de M. de Lasteyrie, professeui'
à l'École des chartes, si eUe est complète sur le côté gauche, qui
porte du reste l'encadrement (deux barres rectilignes parallèles
à 0'"01 de distance), il faut admettre que la cassure de droite a
fait perdre la moitié ou une partie considérable de l'inscription.
Nous transcrivons en italiques les abréviations et nous plaçons
279
entre crochets les textes supposés, que nous ne garantissons nul-
lement.
fanno Domini mgcg .... obiit. .
prior ? quondam presen]
tis ecclesie et fuit sepultus ant[e altare? capelle in ho]
norem Omnium Sanctovum fundate. D[edit ]
pro una raissa celebranda [quotannis, in die..., per]
priorem et canonicos regula/'es de '&anc[to Rutb sicut c]
onstat instrwmewto et per notam su[scriptam per magistrum]
Petrum Riffardi notariu?n presentis [ville Burgi Sancti Andeoli]
anno Dommi mcccclvi [die mensis ]
ipse prior decoravit scilicei (?). ...]
quodam brachio argenii pa[nnis...]
almaticis pannisque (?) veluti [...]
chasublia et almaticis [ ]
coloris ac de alia c[hasubUa... cro]
ceis damacii nigri figur[ati....]
figurati albi ac de p[anno ]
damacii viridi figura[ti... flgu]
rati rubey necnon devo[vit ]
alia bona p^eseuii eccle^ie l[ibens dédit]
Orate Deum pro ip5o dicendo....
La rédaction de cette inscription nous reporte à un acte passé
chez maître Pierre Riffard ou Riffardi, notaire très connu de cette
époque. Nous nous consolions de la mutilation de la pierre, espé-
rant découvrir l'acte susdit dans les minutes de quelqu'une des
diverses étades du pays. Nos recherches n'ont pas abouti : les
vieux dossiers du successeur de Riffardi ne sont plus complets.
Nous avons dû nous rabattre sur le système des investigations
indirectes, et, grâce à l'obligeance de M. Arthur de Boislisle,
membre de l'Institut, nous possédons les noms et la succession de
trois prieurs des chanoines réguliers de Saint-Rut' du Bourg,
parmi lesquels l'un des deux premiers est peut-être le donateur
défunt, mais dont le troisième est certainement le prieur vivant
en 1456. Ces trois prieurs sont : Barthélémy d'Herville , signalé
en mars 1438; Jean Gauteyron, en 1442, et Raymond Balditi
(Baudit?), qui débute en 1454 et donne sa démission en 1475, en
280
faveur de Jean Balditi (son parent ?) . Une pièce mutilée du registre
H 203* (fol. 1 v°) des archives de Nicolay porte ceci :
.... neamente gloriosissimi
. . . . is martiris beati Andeoli
dicti loci Burgi, Yivariensis diocesis,
facta per honorabilem et religiosum
virum dominum Raymundum Balditi, priorenr.
predicte ecclesie Burgi.
VII. — ix*" SIÈCLE ^
L'analogie qui existe entre deux inscriptions placées autrefois,
à cause de l'énorraité de leurs blocs, comme pied-droit et en linteau
sur la porte méridionale de l'église Saint-Andéol, nous oblige de
les reproduire ici côte à côte, quoique l'une d'elles, la première,
ait été, de notre part, dans l'article précité de 1853 (n'' 3), l'objet
de commentaires à peu près complets et l'occasion de fixer une date
importante pour la chronologie des évêques de Viviers.
1. 2.
■\- IC inveni
tur tumulos
B'nuini epi
qui invenit
corpus beati An
deoli marti
ris et anc do
mu et fundam
tu erexit
rexit ecclesi
a Vivariens
em annos
XXIII et obi
it pacifiée i
D decimbris
V.
1. Voir M. l'abbé Rouchier, Histoire religieuse, civile et politique du Viva-
rais (1861), et M. l'abbé Mirabel, Vie de saint Andéol (1869).
XP.
Signum
XPI
et tumu
los Aure
liani
epi
hic qvoq requiescit
jam dictus Aurelianus
pie recordacionis qui vie
sit in omi scitate cas
to corpore * annos
Lxxxv ////// et obiit
VII klendaru febroa
riarum
28i
La première inscription est celle de Bernoin, si célèbre par la
découverte du corps de saint Andéol et par l'érection de l'église
de ce saint, en 858. Elle nous a appris que son épiscopat dura
vingt-trois ans (de 850 à 873).
La seconde inscription est celle du tombeau à'Aurélien, évêque
de pieuse mémoire, modèle de sainteté et de chasteté, décédé
à l'âge de 85 ans, le 7 des kalendes de février (24 janvier) *.
Le bloc sur lequel elle est gravée a 2™ de haut, O'^GS de large et
une épaisseur d'environ 0™30. Elle se divise en deux parties à
peu près égales. La partie liante figure un arceau porté sur deux
colonnes à chapiteau et à socle, le tout grossièrement sculpté, en
bas-relief, rappelant les arceaux et colonnettes de la face carlo-
vingienne du tombeau de saint Andéol. Sous cet arc une croix,
supportée elle-même par le cartouche carré qui renferme les
quatre premières lignes, entre les montants des colonnettes. Le
reste, qui est à proprement parler l'inscription tumulaire en huit
lignes, tient toute la largeur de la pierre : la croix ici était en
tête ; elle était en bas dans l'inscription de Bernoin : l'une et l'autre
ont été mutilées avec la précaution de ne pas toucher à tout autre
détail. Ces détériorations doivent remonter à une époque anté-
rieure à celle où la porte méridionale fut remaniée, puisque cette
pierre d'Aurélien y avait été placée en linteau à une hauteur et
sous une couche de chaux qui la dérobèrent depuis à tous les
regards. Nous estimons que ce remaniement de la porte et par
conséquent cette nouvelle destination de la pierre enlevée à sa
première place tumulaire eurent lieu après les ravages des calvi-
nistes.
Les caractères de cette inscription sont très semblables, sinon
identiques, à ceux de l'épitaphe de Bernoin, ils appartiennent
h la même belle et grosse capitale carlovingienne. Les lettres
ont 0"'07 de hauteur. On 3^ retrouve les G et les G carrés, les
mêmes insertions de lettres entre elles , les mêmes onciales et
minuscules encore rares, les Q soit 2 soit q, les h, le même terme
tuYiiidos pour tumulus. Il faut cependant noter, comme une
t. M. Mirabel en a publié le texte imparfait dans la Vie de saint Andéol
(Palmé, 1869). Cet ouvrage, ayant paru plusieurs années après le volume de
M. l'abbé Rouchicr, a bénéficié des découvertes qu'amenèrent les réparations de
l'église de Saint-Andéol, les premières fouilles de l'église et de la crypte de
Saint-Polycarpe, et les dépositions par lesquelles les derniers témoins des
anciennes traditions éclairaient nos investigations.
49
282
particularité, entre corpore et annos, le signe emprunté à l'épi-
graphie antique païenne qui ressemble à un double cœur sur-
monté de trois pistils, terminé en bas par deux jambages en angle
aigu séparés par un point : ce signe a été gravé en imitant celui
qui se trouve dans l'inscription païenne du tombeau de saint
Andéol.
Le mot le plus intéressant est celui que nous avons lu quoque.
La gravure de ce mot est défectueuse. L'artiste avait précipitam-
ment sculpté QVI, il se ravisa et voulut transformer i'I en 0, ce
qui amena une sorte de D, c'est-à-dire un I tangent à un 0, 10.
De prime abord, on serait porté à lire qudque. L'inspection atten-
tive de la pierre nous fit bientôt découvrir la faute et la correc-
tion du graveur, et notre leçon quoque a pour elle l'autorité que
lui valut sur place l'approbation de M. Jules Quicherat visitant
le Vivarais. Elle corrobore la ressemblance paléographique des
deux inscriptions, leur contemporanéité et la proximité des empla-
cements des deux tombes épiscopales, car ce mot signifie que là
où se trouvait le tombeau de Bernoin, là aussi se trouvait le tom-
beau d'Aurélien.
Il nous paraît impossible de quitter cette inscription, déjà si
remarquable au point de vue paléographique, sans signaler le
problème de chronologie ecclésiastique et de nomenclature épis-
copale qu'elle soulève.
Qui est cet évêque du nom d'Aurélien ? Ni Viviers, ni les sièges
épiscopaux des églises répandues sur les deux versants du Rhône
n'ont eu un évêque de ce nom. Il faut aller jusqu'à Lyon pour
rencontrer un Auréhen, qui siégea de 875 à 895.
Deux explications ont été fournies concurremment.
L'une, très contestable et que nous ne donnons que pour
mémoire, consiste à admettre que l'évêque de notre inscription
est l'Aurélien de Lyon, parce que : 1° la contemporanéité des
deux prélats est patente, ce qui justifie la similitude et la corré-
lation des deux épitaphes ; 2° les notes par lesquelles l'inscription
recommande l'évêque défunt et celle de la biographie d'Aurélien
de Lyon, telle que la donne la Gallia ehristiana, paraissent
textuellement coïncider ; 3° cette biographie affirmant l'incerti-
tude de l'époque et du lieu de la mort d'Aurélien, on peut présu-
mer qu'il finit ses jours en un pays lointain et obscur; 4° le prélat
ayant eu des difficultés politiques (élection de Bozon) et cano-
niques (ordination d'un évêque) put quitter ses fonctions à l'avè-
283
nement du pape Etienne VI (c'est l'avis de Baluze) ; 5° en de telles
conditions, Aurélien, ancien archidiacre d'Autun (dont les apôtres
saint Andoche et saint Thyrse avaient été les compagnons de
saint Andéol), successeur à Lvon de saint Irénée (chef de la mis-
sion desdits apôtres), parvenu à une extrême vieillesse et fatigué
du poids des affaires, aurait pris sa retraite auprès du tombeau
de saint Andéol, dont la découverte récente par Bernoin avait été
si glorieusement divulguée et attirait un grand concours de
peuples.
L'autre explication soutient que tout évêque dont on ne désigne
pas le siège est Tévêque du pays, et que, s'il s'agissait d' Aurélien
de Lyon, qui fut un des plus éminents prélats de son temps, on
n'aurait pas manqué de mentionner au moins la qualité d'arche-
vêque, ce qui était déjà la pratique générale. Dans cette hypo-
thèse, Aurélien est un évêque de Viviers omis dans les nombreuses
lacunes des neuf catalogues de cette église, avant l'année 815.
Sa première tombe aurait pu se trouver, soit dans les dépendances
de l'une des deux paroisses, Saint-Polycarpe et Saint-Michel,
existant alors, soit dans une chapelle qui aurait occupé l'empla-
cement primitif de l'église Saint-Andéol ; on aurait relevé le corps
après la mort de Bernoin et on l'aurait placé à côté du fondateur
de la nouvelle église, près du sépulcre du martyr. De là les deux
épitaphes, d'une part, le invenitur tumulus Bernuiiii epis-
copi, et de l'autre, Tumulus Aureliani episcopi et hic quoque
requiescitjam dictus Aurelianus.
Nous avons dit que la chronologie des évêques de Viviers est
favorable à cette seconde explication. Il y a, en effet, dans le cata-
logue même rectifié, entre les années 740 et 815, une lacune
énorme, que la présence un peu problématique d'Eribaldus ne
suffit pas à combler, et dans laquelle il y a place pour plusieurs
évêques : nous y compterons Aurélien ^
VIII. — Vers 870.
L'inscription que nous allons donner est bien courte. Elle est
en trois lignes :
Sce Andeole in
tercede pro
nobis
t. Rouchier, Histoire du Vivarais, p. 556, el tableau, p. 574.
284
En réalité, cette inscription est un graffite gravé à la pointe
sur une pierre de l'ancienne église Saint-Polycarpe à Bourg-
Saint-Andéol. Elle appartient à la capitale carlovingienne, et
paraît contemporaine des deux inscriptions précédentes : mêmes
majuscules romaines, mêmes insertions de lettres ; rien d'oncial.
Les premières syllabes des trois petites lignes sont assez frustes.
Elles ont été d'abord assez mal exécutées et puis comme éraflées
par un outil tranchant, qui a laissé sur elles des traces de lignes
parallèles obliques. C'est une invocation au saint martyr écrite
dans un moment de loisir et de transport pieux.
Ce gratSte vient confirmer ce que les récits nous disent, soit de
l'emplacement primitif du tombeau de saint Andéol, soit de l'an-
cienneté de l'église Saint-Polycarpe.
Tous les documents, joints à la tradition populaire, s'accordent
à dire que Bernoin trouva le tombeau dans ce qu'ils appellent la
crypte ou la crota de l'église Saint-Polycarpe. Mais cette crypte
n'est pas la crypte actuelle, celle-ci ayant été totalement bâtie à
neuf avec l'église actuelle de Saint-Polycarpe sous les Carlovin-
giens. Cette dernière affecte la forme de ces petites basiliques à
trois absidioles que M. de Bossi a découvertes dans la voie Ardéa-
trice, dans la voie Appienne, etc., et qui remontent à l'époque
constantinienne. La crypte où fut trouvé le tombeau, en 858,
devait avoir cette forme, mais elle fut sans doute dévastée et rui-
née par les invasions, ce qui explique qu'on en ait perdu les
traces ; les architectes de l'église romane de Saint-Polycarpe ne
firent que la reproduire en renouvelant les matériaux.
Cette église Saint-Polycarpe était fort étroite, à une seule nef.
Pour communiquer du sanctuaire et de l'autel, placés sur la
crypte, avec la nef et la crypte elle-même en contrebas, on pra-
tiqua à droite et à gauche dans l'épaisseur des murs de la première
travée de très petits escaliers, éclairés par une fenêtre en meur-
trière. C'est sur la pierre de taille qui constitue le côté intérieur
de cette fissure à jour que l'on a trouvé le graffite ; cette pierre
qui porte ainsi le cri des pèlerins est polie par le frottement de
leurs mains qui s'appuyaient à la descente, comme aussi leur pas-
sage fréquent a usé presque complètement les petites marches.
Cette inscription est gravée sur une pierre qui a sa place essen-
tielle et inamovible dans le monument; d'après ses caractères
paléographiques, elle est contemporaine de Bernoin : elle prouve
donc que l'église Saint-Polycarpe existait, c'est-à-dire fut bâtie,
285
à la même époque ; elle semble même indiquer ou qu'elle fut tracée
avant la translation du tombeau dans l'église nouvelle de Saint-
Andéol, ou que, après cette translation, les pèlerins ne cessèrent
d'affluer à cette crypte dans laquelle le corps avait séjourné six
cent cinquante ans. Une chose est certaine, c'est que, jusqu'à la
Révolution, les générations qui nous ont précédé, et celle que nous
avons pu questionner et entendre maintes fois, appelaient cette
crypte la sainte Roumèle ou sainte Romaine, conservant à ce
monument le souvenir de la bienheureuse Tullie qui avait secrè-
tement recueilli le corps du martyr, l'avait déposé dans ce tom-
beau de famille et caché dans sa maison ou dans le praedium
adjacent, devenus l'emplacement de la crypte et de l'église Saint-
Polycarpe^
Nous venons de mettre en évidence trois monuments lapidaires
qui sont contemporains et solidaires entre eux. Pour compléter le
rapprochement, il est opportun de mentionner ici les sculptures et
les inscriptions de la face chrétienne du sarcophage de saint Andéol,
qui ont avec eux plusieurs traits de ressemblance. Mais paléogra-
phiquement ces inscriptions, complètement onciales, sont nota-
blement postérieures aux trois documents précités. 11 est à pré-
sumer que toute cette face chrétienne du tombeau fut gravée à
peu près à l'époque où l'évêque de Viviers Leodegarius confia
aux chanoines de Saint-Ruf la possession et le service de l'église
Saint-Andéol et la garde du tombeau, par un acte du 28 no-
vembre 1108, que nous avons encore. Ces chanoines s'inspirèrent
à la fois des deux pierres tombales ; à celle de Bernoin ils emprun-
tèrent les ornements entrelacés; à celle d'Aurélien, les deux arcs
portant sur colonnettes et servant de niches aux statues en bas-
relief de saint Polycarpe et de saint Bénigne. On peut même
remarquer que ces colonnettes et leurs arceaux rappellent les
dispositions de l'arcature intérieure du chevet de l'église, qui fut
remanié précisément sous Leodegarius-.
IX. — XIV*' SIÈCLE.
Le fragment suivant a été trouvé, en 1874, à la fin de décembre,
1. Voir MM. Rouchier cl Mirabel sur les éclaircissements développés qu'ils
ont donnés au sujet du tombeau, de la crypte et de l'intervention de Tullie.
2. Tréambule de l'inventaire des reliques trouvées dans ce chevet par Leode-
garius (Archives communales de Bourg- Saint-Andéol, sac 2).
286
dans les matériaux de démolition de l'église de Saint-Laurent à
Viviers. Nous en devons la communication à M. l'abbé Bourg,
vicaire général :
is : de j terra | de | f
oudinie \ de • quo
dam • Castro | v
ocato ': Bonne \ et
C'est la capitale gothique très belle que nous avons déjà signa-
lée dans notre premier article de 1853, en publiant les inscrip-
tions du xiv^ siècle. Les lettres sont fermées et liées par des traits
surabondants qui partent de leurs extrémités. Du reste, nous
avons fait connaître autrefois l'inscription de fondation de cette
église Saint-Laurent, dont un archevêque d'Auch, originaire du
diocèse de Viviers, posa la première pierre en 1381.
Il s'agit d'une terre de carrière ou de mine, foudinie; quant
au nom de lieu, château de Bonne ou de Bonnere, il nous est
totalement inconnu.
Voici les noms recueillis dans la série des inscriptions chré-
tiennes du Vivarais {Bibliothèque de V École des chartes,
années 1853 et 1886) :
496. Domnolus, jac (pour diac. ?).
— Alaric II, rex.
vi^ s. Severus, lector.
— Pascasius, presb.
IX® s. Ingiranus, laicus (pas d'onciales).
873. Bernuinus, episc. ( /„„.!„„„„ onciales^
895. Aurelianus, episc. ) ^^ ^ ''
xii° s. Stephanus Garibertus (onciale). S. Ruf.
— Chalon, localité.
1140. Willem... S. R.
XII® s. Petrus Bernardi, presb. et c. S. R.
— Barn.. ou Berarn., prior S. R.
1207. Giraudus Audigerii, c. S. R.
xiii®s. Yldricus, c. S. R.
1245. Guillelmus de Gordav..., mUes S. R.
xni®s. Bertrandus de Chalancone, familiaris S. R.
— Guillelma, ucxor Andrée de Alesto, familiaris S. R.
287
xui* s. Andréas de Alesto.
— Bertrandiis de Malo Consilio, S. R.
— Alazaïs de Monte Claro, familiaris S. R.
1261. Bertrandus de Monteclaro, domicellus S. R.
— Campus de Sausea, localité.
1266. Raimundus de Borriano, levita, c. S. R.
1270. Eraclii... rda, presb. c. S. R.
1273. Alberto de Blanac, Saint-Montan. S. R. (?)
1278. Monclaressa, uxor Teobaldi de Petralapta, S. R.
— Teobaldus de Petralapta, Pierrelatte.
1283. Odilo de Gorda Garini, prior, c. S. R.
— Melcorio, prieuré S. R.
XIII' s. Guigode Monteli, S. R. (Valence).
— ,..tia,... atii,... abas. S. R.
1293. Humbertus de Monteclaro, miles S. R.
1310. Poncius Balbi (Vivariis).
— Confratria de Plâtra, Crota (Vivar.).
1362. Bertrandus Meineti, c' (Vivar.).
— ...Traderii, lathomus (Vivar.).
1381. Joh. Flandrini, arch. Auxitan.
— Ecclesia beati Laurentii (Vivar.).
— Terra de foudinie. Castrum Bonne ou Bonnere.
1456. Petrus Riffardi, notar. Burgi S' Andeoli.
En terminant la publication des inscriptions chrétiennes que
nous avons recueillies dans le bas Vivarais et aux bords du Rhône,
qu'il nous soit permis de souhaiter que ces monuments soient pré-
servés de la destruction et pour cela de formuler un vœu qui,
élargissant la question, tende à obtenir la création à Paris d'un
musée où s'échelonneraient chronologiquement les moulages des
inscriptions les plus remarquables qui contiennent les divers types
et caractères de nos écritures lapidaires, à partir de l'époque
romaine jusqu'à la Renaissance.
Auguste Paradis.
BIBLIOGRAPHIE.
Codices manuscripti Palatini grœci bibliothecœ Vaticanse, descripti
preeside J. B. cardinal! Pitra... Recensuit et digessit Henricus
Stevexsox senior, ejusdem biblioLliecse scriptor. Romee, ex typo-
grapheo VaLicano, -1885. ln-4°, xxxvii-336 pages.
La fondation de la bibliothèque Palatine de Heidelberg remonte à la
fin du xv= s., et probablement à l'année 1482. C'est l'électeur Philippe
(1476-1508) qui en décida l'établissement sur les conseils de son chan-
celier, l'évêque de Worms, Jean de Dalburg, et de Rodolphe Agricola,
que Jean de Dalburg venait de décider à se fixer à Heidelberg. Le pre-
mier noyau de la bibliothèque, formé de manuscrits, la plupart rap-
portés d'Italie par Agricola, s'accrut bientôt de la riche collection de
l'un de ses fondateurs, l'évêque de Worms. Un des successeurs de Phi-
lippe, l'électeur Othon-Henri (1556-1559), ne négligea rien pour enrichir
la bibliothèque Palatine, nous en avons un témoignage dans un passage
de la vie de Nicolas Kistner qui, par ordre de l'électeur, recherchait des
manuscrits jusque dans l'ouest de la France : « Rupellam, Santonum
portum, adiit; bibliothecas in illis regionibus prœcipuas inquisivit dili-
genter, ita jubente et petente electore Othone Henrico Palatino, qui
libris raris antiquitatisque venerandse Palatinam bibliothecam instruc-
turus, nuUi sumptui, nuUi labori pepercit'. » Enfin, à quelques années
de là, en 1584, le Mécène de Henri Estienne, Ulrich Fugger, léguait à
l'électeur Frédéric IV sa magnifique bibliothèque qui venait se joindre
aux trésors déjà réunis à Heidelberg, mais qui n'y devaient pas rester
longtemps.
On sait comment au commencement du xvn^ siècle, en 1623, la
bibliothèque Palatine fut offerte par le duc de Bavière, Maximilienl«r,
au pape Grégoire XV; presque tous les manuscrits palatins portent un
ex-lil^ris gravé qui l'indique : Sum de bibliotheca, quam Heklelherga
capta, spolium fecil, et P. M. Gregorio XV. Irophxum misit Maximilianus ,
utriusque Bavarix dux, etc. S. R. I. archidapifer et princeps elector ;
suivent les armes de Bavière et la date : Anno Chrisli cia. loc. xxm.
1. Vita Nicolai Cisneri, dans Melchior Adam, VUx Germanorum,e[c. {Uei-
delberg, 1620, in-8°, p. 256). Cf. Bibliothèque de l'École des chartes, 1876,
t. XXXVII, p. 472.
289
Le bibliothécaire du pape, Leone Allaci, fut chargé d'aller chercher les
manuscrits à Heidelbcrg et do les faire transporter à Rome ; c'est à ce
moment que bon nombre de volumes ont perdu leur état civil, dépouil-
lés, pour les alléger, des reliures que leur avaient fait mettre les élec-
teurs.
Jusqu'à la fin du xvni^ siècle, la bibliothèque Palatine fut conservée
intacte parmi les autres collections du Vatican ; mais, eu 1797, à la
suite du traité deTolentino, parmi les cinq cents manuscrits remis au
gouvernement français par le souverain pontife, se trouvèrent vingt-six
manuscrits grecs du fonds Palatin. Ces volumes restèrent à Paris, à la
Bibliothèque nationale, jusqu'en 1815, avec les autres manuscrits du
Vatican. A la suite du traité de Paris, le commissaire général autri-
chien, baron d'Ottenfels, réclama au nom du gouvernement pontifical
les manuscrits de la bibliothèque Vaticane transportés à Paris; ces
volumes lui furent remis le 28 octobre 1815. En même temps, le gou-
vernement prussien demandait que les vingt-six manuscrits Palatins
compris dans cette réclamation fissent retour à l'université de Heidel-
bcrg, ainsi que tous les autres volumes du fonds Palatin restés à Rome.
Après différentes négociations, Pie VII consentit à la cession des vingt-
six manuscrits, qui, en quittant Paris, prirent le chemin de Heidel-
bcrg, et, pour conserver la propriété des autres manuscrits Palatins,
offrit encore les volumes allemards du même fonds, au nombre de huit
cent quarante-huit.
Telle est, rapidement esquissée, l'histoire des vicissitudes de la biblio-
thèque Palatine. Dès ^817, Fr. Wilken l'avait narrée tout au long;
depuis, les polémiques ont été nombreuses à son sujet, et, après Wil-
ken, M. H. Stevenson, dans l'introduction mise en tête du Catalogue
des manuscrits grecs du fonds Palatin, a savamment traité à nouveau
dans ses moindres détails l'histoire de la bibliothèque de Heidelberg.
Le premier catalogue de la bibliothèque Palatine est l'œuvre de Fré-
déric Sylburg; il fut dressé en 1584, après l'entrée des manuscrits de
Fugger, et forme aujourd'hui le ms. Palat. lat. 429 Ms. Le dernier
bibliothécaire de la Palatine, Jean Gruter, y ajouta des numéros que
n'avait pas mis Sylburg ; c'est ce catalogue qui a été publié par Mieg,
dans les Monumenta pietatis et literaria (Francfort, 1702, in-4°). A la
fin du xvne siècle, sous l'administration d'Emmanuel de Scheelstrate,
fut rédigé à Rome un second catalogue tout en grec, qui n'est en réa-
lité qu'une nouvelle rédaction du catalogue de Sylburg, à laquelle sont
ajoutés l'indication des feuillets auxquels commencent les articles d'un
même manuscrit et les incipit de ces articles donnés tout au loug indif-
féremment.
On peut dire que le catalogue publié aujourd'hui par M. H. Stevenson
est définitif. Il met plei lement en lumière les riche«?es du fonds Pala-
tin et nous fait connaître dans leurs moindres détails les 432 manus-
290
crits grecs qu'il contient ; c'est un modèle également éloigné de
l'abondance, souvent inutile, de plusieurs anciens catalogues et de la
sécheresse, quelquefois obligée, d'un inventaire.
A la suite de la description des 432 volumes grecs du fonds Palatin,
sont placés différents index des manuscrits datés (depuis 897 jusqu'en
1599), des noms des copistes, des anciens possesseurs, en6n un très
complet Index nominum rerumque (terminé par uae table des vies de
saints) dans lequel l'emploi de chiffres gras de même corps que les
autres caractères, pour désigner les numéros des manuscrits, fait le plus
heureux effet.
M. H. Stevenson fils doit traiter complètement, dans un prochain
volume, l'histoire des anciennes bibliothèques monastiques ou privées
qui ont contribué à former la bibliothèque Palatine. C'est un travail
qui ne manquera pas de jeter une vive lumière sur l'histoire littéraire
du xv° et du xvp siècle et que salueront avec reconnaissance tous les
érudits qui s'intéressent à l'histoire de la Renaissance.
On me permettra, en attendant, de présenter quelques notes à propos
de la liste des anciens possesseurs des manuscrits grecs du fonds Palatin.
Plusieurs des bibUothèques particulières dont on rencontre des volumes
isolés dans cette collection sont aussi représentées dans le fonds grec
de la Bibliothèque nationale ou dans différentes autres grandes biblio-
thèques :
Aristobule (Arsène) Apostolios, archevêque de Monembasie (1465-1535),
sur lequel on peut consulter la Bibliographie hellénique de M. E. Legrand
(I, cLxv-GLxxiv), a possédé les quatre manuscrits Palat. gr. 139, 149,
356 et 358. On pourrait aussi citer au Vatican plusieurs manuscrits qui
lui ont appartenu et on en retrouve aujourd'hui bon nombre d'autres
dispersés dans différentes collections. A Paris, la Bibliothèque natio-
nale possède trente-deux manuscrits grecs provenant d'Aristobule
Apostolios; il y en a encore à Berne (B. 48), à Bruxelles (n°s 74, 83,
90, 95), à Leyde (Voss. gr. mise. 22), à Londres (Arundel, 530, et Addit.
ms. 5108), à Madrid (N. 13), à Moscou (n° 10), à Turin (n° 4), à Vienne
(Theol., 34, 93, 195; Hist. eccles., 22, 61), etc.
Estienne (Henri). L'index des possesseurs mentionne le ms. Palat.
gr. 421, qui contient la première partie de la Bibliothèque de Photius,
comme ayant appartenu peut-être à Henri Estienne. Un autre exem-
plaire de la Bibliothèque de Photius, possédé par Henri Estienne, est
maintenant à Londres (Harley, 5591-5593); et différents manuscrits
qui ont appartenu au célèbre typographe parisien se trouvent encore à
Paris (Suppl. gr., 328), à Leyde (Voss. gr. 4°, 18 et 20), à Londres (Old
Royal, 16. G. XI) et à Turin (n» 11).
Froben. Le ms. Palat. gr. 402 provient de la bibliothèque des Domi-
nicains de Bàle et a plus tard appartenu à l'imprimeur Froben. On sait
que la plupart des mss. grecs des Dominicains de Bâle (aujourd'hui à
29i
la bibliothèque de l'Université de cette ville) proviennent du legs du
cardinal Jean de Raguse (f 1443). Je citerai encore un ms. de Jérôme
Froben à Oxford (Mise. gr. 27).
Georges Corinthios (le comte), originaire de Monembasie et neveu
d'Arsène Apostolios (E. Legrand, op. cil., I, 252), possédait une riche
bibliothèque, dont plusieurs volumes avaient précédemment appartenu
au Cretois Marc Mamounas. Sa bibliothèque, comme celle de son oncle,
est aujourd'hui dispersée un peu partout. M. Stevenson mentionne
comme provenant de lui les deux manuscrits Palat. gr. 362 et 369 ; il
faut pout-étre y joindre les n»» 204 et 208 qui ont appartenu à Marc
Mamounas. On a à Paris cinq mss. grecs de la bibliothèque de Georges
Corinthios, un autre est à Londres (Add. ms. '18232), un à Naples (IL
A. M), trois à Oxford (Barocci, 4, 155, 231), dix-huit, et peut-être plus,
à Vienne.
Guarin de Vérone. La bibliothèque du célèbre humaniste n'est repré-
sentée que par un seul ms. grec dans le fonds Palatin (n" 106). Je signa-
lerai d'autres mss. grecs de Guarin de Vérone à Paris (ms. grec 2772),
à Vienne (Philos., 37), à Wolfenbûttel (n°^ 536, 936-938, 940 et 941).
Marc Musurus (E. Legrand, op. cit., I, cvm-cxxiv) a possédé les mss.
Palat. gr. 261 et 287. On retrouve encore les débris de la bibliothèque
du grand helléniste, qui a si puissamment contribué à la renaissance
des lettres grecques, dans plusieurs bibliothèques, sans parler de diffé-
rents manuscrits conservés dans d'autres fonds de la bibliothèque
V^aticane. Les mss. grecs 2799, 2810, 2858, 2915 et 2947 de Paris ont
appartenu à Marc Musurus, de même que le ms. gr. 127 de Modène.
Michel Sophianos, fils de Georges (f 1564), fut l'ami des principaux
humanistes du xvi^ siècle : J.-V. Pinelli, Pierre Nunez, Pierre Vettori,
Joachim Camerarius, Henri Estienne, Paul Manuce, etc. (E. Legrand,
op. cit., II, 168-176). On a un ms. grec de lui dans le fonds Palatin
(n" 403) ; j'en citerai d'autres à Paris (gr. 545 et 1750), à Munich (gr. 50,
81, 88), à Vienne (Philos., 53, Hist. eccles., 27).
Pacius (Jules), de Beriga. Sur ce célèbre jurisconsulte, on peut con-
sulter, outre la iVo<î!cc de M. Berriat-Saint-Prix, publiée en 1840 dans la
Revue étrangère et française de législation (tirée à part, avec additions),
un récent travail de M. Ch. Revillout, le Jurisconsulte Jules Pacius de
Beriga (Montpellier, 1882, in-4''), et le compte rendu de cet ouvrage par
M. Ph. Tamizey de Larroque dans la Revue des questions historiques
(octobre 1883). Douze mss. grecs ayant appartenu à Pacius entrèrent en
1592 dans la bibliothèque Palatine (Stevenson, Introduction, p. xxvm).
Un catalogue des mss. grecs de Pacius se trouve à Carpentras parmi
les papiers de Peiresc.
Philelphe (François). On conserve dans le fonds palatin (n" 282) un
ms. grec qui a appartenu au célèbre humaniste. La meilleure partie des
mss. grecs de la bibliothèque de Philelphe est aujourd'hui à Florence;
292
je citerai encore trois mss. grecs de Paris (11"^ 2110, 2623 et 2978), un
ms. de Leyde (Scaliger, 26), et un ms. de Wolfenbiittel (n" 393), qui ont
fait partie de sa collection.
Le catalogue des manuscrits latins, qui viennent à la suite des manus-
crits grecs dans le fonds Palatin, est en grande partie imprimé et la
mise en vente du premier volume est déjà annoncée ; viendront ensuite
les manuscrits grecs des fonds de la reine de Suède, de Pie II et d'Ur-
JDin, dont M. H. Stevenson a aussi rédigé les catalogues. Ces volumes,
on a tout lieu de l'espérer, ne se feront pas longtemps attendre. Ils ne
le céderont pas en intérêt à la description des manuscrits grecs du fonds
palatin qui ouvre la nouvelle série des catalogues du Vatican, dont la
publication, interrompue depuis plus d'un siècle, est ainsi très heureu-
sement reprise sous la haute direction de notre éminent compatriote,
le cardinal J.-B. Pitra, comme un gage nouveau de la protection
accordée aux lettres par le souverain pontife.
H. Omont.
Mittheilungen des Instituts fur oesterreichische Geschichtsforschung.
Unter Mitwirkung von Th. Sickel, etc., redigirt von E. Mûhl-
BiCHER. V. Band, -1884; VI. Band, -1885 5 I. Erganzungsband ,
•1885. Innsbruck, Wagner. In-8o, 3 vol.
Grâce à la création des fascicules supplémentaires, qui paraissent
depuis deux ans à époques variables et forment une série distincte, le
nombre des volumes de la revue de l'Institut historique viennois,
publiés en 1884 et 1885, s'élève à trois : les tomes V et VI de la série
ordinaire et le premier volume supplémentaire ou Erganzungsband.
La plupart des articles concernent l'histoire de l'Empire ou celle des
divers États allemands. Voici l'indication sommaire de ceux qui ont
une portée plus générale ou un intérêt plus direct pour les lecteurs
français.
Diplomatique pontificale. — M. E. Kaltenbrunner étudie successive-
ment les registres des bulles pontificales au xni^ siècle (vol. V, p. 213), un
cartulaire du saint-siège, le Liber rubeus, commencé par ordre de Pie II,
à Sienne, en 1460 (V, 618), et les plus anciens registres des brefs, qui
ne remontent qu'au xv« siècle (VI, 79). — M. E. v. Ottenthal donne
des notions sommaires sur les registres pontificaux des années 1304
à 1308 (V, 128), une description détaillée de ceux de Martin V et d'Eu-
gène IV, papes de 1416 à 1447 (Erg., I, 401), et des remarques sur les
registres de la chambre apostolique au xv siècle (VI, 614). — M. Em.
Werunsky présente des observations sur les registres de Clément VI et
d'Innocent VI, 1342-1362 (VI, 140). — M. J. v. Pflugk-Harttung étudie
un caractère des bulles originales de Léon IX (1049-1054) et de
quelques-uns de ses successeurs, le comma, signe de forme variable.
293
placé après le monogramme qui représente les mots Dene valete (V,
434). _ M. W. Dickamp décrit une bulle de Léon IX pour Andlau,
n» 3194 de Jaffé, retrouvée en original aux archives de la ville de Stras-
bourg (V, 141).
France : Mérovingiens. — On sait la grande place que tiennent les
Syriens dans les récits de Grégoire de Tours. 11 est évident que les
hommes do cette nationalité étaient très nombreux en Gaule à l'époque
mérovingienne. M. Scheffer-Boichorst montre qu'ils n'étaient pas
moins répandus dans tout le reste du monde romain, où ils faisaient un
commerce étendu (VI, 521). Peut-être n'étaieut-ils guère moins nom-
breux que les Juifs. Il en fut ainsi jusqu'à la conquête de la Syrie par
les Musulmans, qui mit fin aux relations commerciales entre ce pays et
l'Occident chrétien.
France : Carolingiens. — M. Scheffer-Boichorst soumet à un exa-
men critique le récit contenu dans la vie du pape Adrien I", sur la
promesse de donation de territoires étendus en Italie, faite au saint-
siège par Pépin et renouvelée par Charlemagne en 774 (V, 193). Il
conclut à l'authenticité de ces promesses et à l'exactitude des faits
racontés par le biographe du pape. Il croit seulement que l'indication des
limites des territoires promis a été falsifiée après coup. — M. Miihl-
bacher publie une série de diplômes inédits des souverains allemands du
ix«, du xe et du xf siècle, et, en tête, deux diplômes de Louis le Pieux
pour le monastère itaUen de Montamiata, 17 novembre 816 et 27 octobre
821 iV, 378).
Alsace-Lorraine. — M. Al. Schulte étudie les annales écrites dans
divers couvents d'Alsace à l'épociue des Ilohenstaufen (V, 513). Il n'ac-
corde pas aux Annales Argentinenses l'importance qu'a voulu leur donner
leur premier éditeur, Grandidier; loin d'y reconnaître, avec celui-ci,
la source de toutes les chroniques alsaciennes de cette époque, il y voit
une compilation de plusieurs ouvrages, dont quelques-uns sont aujour-
d'hui perdus. Quant à la chronique connue sous le nom à'Amiales
Marbacenses, il repousse l'opinion de ceux qui la croient écrite, soit à
Marbach, près de Golmar, soit au monastère de la Trinité de Stras-
bourg, et il l'attribue, avec Bohmer, au monastère cistercien de Neu-
bourg, près de llaguenau.
Histoire des découvertes. — M. Fr. Wieser publie, d'après l'original
conservé à la bibliothèque de Saint-Marc à Venise, une dépêche ita-
lienne de Gaspar Contarini, datée de Valladolid, le 24 septembre 1522;
c'est l'un des plus anciens documents oii se trouve relaté le voyage de
Magellan autour du monde (V, 446).
Histoire des arts. — M. Simon Laschitzer traite, d'une façon complète,
en plus de cinquante pages de texte serré, des meilleures méthodes à
suivre pour la rédact""on des catalogues d'estampes et de gravures
(V, 565). — M. K. WencU traite des inventaires du trésor des papes au
294
xiii^ et au xiv siècle et publie le catalogue des livres de Benoît XI,
dressé en 13H (VI, 270). — M. E. v. Ottenthal publie quelques notes
tirées des registres du saint-siège sous Martin V et Eugène IV, de
1421 à 1441; ces notes peuvent servir à compléter les renseignements
donnés par M. Mûntz dans ses études sur les Arts à la cour des impes
(V, 440). — M. Thausing confirme l'attribution à Michel Wolgemut
d'un grand nombre de pièces dessinées ou gravées, qui sont signées d'un
W, et dont on a fait honneur, à tort, à Wenceslas d'Olmiitz (V, 121).
Il publie en même temps une pièce qui montre Wolgemut intéressé
commercialement dans une entreprise de librairie, la publication d'un
ouvrage illustré, la Chronica mundi de Hartmann Schedel.
Eine Augustin fdlschlich beilegte Homilia de sacrilegiis, aus einer
Einsiedeler Handschrift des achlen Jahrhunderts herausgegeben
und mit kritischen und sachlichen Anmerkungen ^ sowie mit
einer Abhandlung begleitet von D'' G. P. Gaspari. Christiania,
Jacob Dybwad, ^886. In-8% 73 pages.
Le sermon que M. le D'" Gaspari vient de tirer d'un manuscrit de
l'abbaye d'Einsiedeln, copié en caractères mérovingiens, est rempli de
renseignements les plus curieux sur les superstitions populaires. Les
commentaires que l'éditeur y a joints en augmentent encore l'intérêt.
iEiVEAE SiLVii PiccoLOMiivi Seuensis qui postea fuit Pins II Pont. Max.
opéra inedita. Descripsit ex codicibus Chisianis vulgavit notisqiie
illustravit Josephus Gugnoxi, Ghisianae Bibliotheca3 prsefectus.
[Atti délia R. Accademia dei Lincei. Anno GCLXXX-1 882-83.
Série terza. Memorie délia classe di scienze morali storiche et filo-
logiche. Volume VIII. Roma, 1883.)
^Eneas Silvius Piccolomini, élevé au trône pontifical en 1458, et qui
prit le nom de Pie II', a laissé de nombreuses lettres, divers écrits en
prose et une certaine quantité de pièces de poésie^. Si tous ces mor-
ceaux n'ont pas une égale valeur, ils témoignent du moins d'une véri-
table érudition, d'une conviction ardente, mais trop fréquemment
aussi d'une violence excessive. Les curieux et nombreux fragments que
1. Né le 19 octobre 1405, il mourut le 14 août 1464.
2. L'édition des œuvres de Pie II dont s'est servi M. J. Cugnoni est celle
de Bàle{l vol. in-fol., 1551). Il a naturellement employé aussi les lettres décou-
vertes et éditées par G. Voigt {Archiv fur Kunde oesterreicMscher Geschichis-
quellcn, vol. XVI, 1856). M. J. Cugnoni signale enfln dans la bibliothèque
Chigi un précieux exemplaire des œuvres de Pie II (édition de Nuremberg, 1481)
et qui porte en marge des observations de la main de Pie III.
295
M. J. Cugnoni a mis au jour ne font que confirmer l'opinion que, sur
ce point, on avait déjà de Pic II.
Le nouvel éditeur a fourni un très important complément à ce qu'on
connaissait des œuvres de ce pape ; on s'en convaincra en remarquant
que ses additions occupent 307 pages du volume VIII des Mémoires de
l'Académie de Lincei. Un fac-similé de l'écriture d'iEneas Silvius
accompagne les textes inédits '.
Mais, comme l'a fait remarquer M. Cuguoni dans sa préface, il a
réuni les matériaux d'une nouvelle édition, plutôt qu'il ne l'a faite; en
effet, il s'est borné à publier les fragments inédits sans les relier les
uns aux autres par les parties déjà connues. Ce plan rend assez difficile
l'usage de ces documents, car il faut continuellement se reporter aux
éditions antérieures pour ce qui a été précédemment publié.
Une table onomastique eût été vraiment indispensable; on peut
également regretter la rareté des notes, qui ne tiennent pas toujours ce
que la préface semble promettre.
Enfin, pour en finir avec les critiques de détail, il est tout à fait
fâcheux de voir l'éditeur s'obstiner dans l'étrange méthode qui con-
siste à ne signaler par des majuscules que les noms propres qui en ont
dans les manuscrits ; or, chacun sait combien l'usage de cette nature de
lettres a été arbitraire au moyen âge : il s'en suit une véritable confu-
sion dans les textes imprimés 2.
Les manuscrits utilisés par M. Cugnoni appartiennent tous au dépôt
dont la garde lui est confiée; ils sont au nombre de283. A leur descrip-
tion, véritablement bien rapide, succède un catalogue des manuscrits
composant la bibliothèque d'iEneas Silvius, et qui passèrent en partie
dans la collection particulière d'Alexandre VII (Fabio Chigi).
Quant à la raison qui a fait-omettre dans les anciennes éditions un si
grand nombre de pièces, c'est l'intention même de Pie II, lequel dans
le manuscrit F a fait suivre les passages à supprimer des mots :
« dimittc, — dimitte banc, — dimittatur, — dimitte totum''*. »
La publication de M. Cugnoni ajoute à la fois aux lettres, aux dis-
cours, aux « narrationes », enfin aux autres œuvres de Pie II. Parmi
1. M. J. Cugnoni avertit très loyalement ses lecteurs qu'il s'est servi d'un cata-
logue des œuvres éditées et inédites de Pie II, catalogue qui avait été rédigé par
le comte Scipione Borghesi, de Sienne.
2. Ce qu'il y a de plus regrettable, c'est que, page 327, M. Cugnoni considère
la rareté des majuscules comme un des mérites de son édition.
3. Parmi ces manuscrits, nous en citerons deux remarquables. Le premier,
cité par l'éditeur sous la lettre F, et qui est coté K \'I. 208, contient les cor-
rections originales de l'auteur; le second, désigné par la lettre R, et coté I. VU.
251, est autographe dans plusieurs de ses parties.
i. Voir la note précédeiue.
296
ses lettres inédites, il en est quelques-unes qui intéressent tout par-
ticulièrement l'histoire de France.
Mais, si la plupart de ces documents n'ont pas été publiés, il en est
un au moins dont il paraît difficile de justifier l'insertion dans un recueil
consacré exclusivement aux œuvres de Pie II; il est, de plus, déjà
connu. C'est la lettre par laquelle Sigismond, duc d'Autriche, demande à
Charles VII, au nom de la solidarité qui doit lier les princes entre eux,
de l'aider dans la répression de la révolte des Suisses*. M. de Beau-
court a signalé l'original 2 et en même temps une impression de cette
pièce dans VAlsatia diplomatica de Schœpflin^.
Les autres lettres publiées par M. J. Cugnori traitent de graves
matières ecclésiastiques.
Le premier de ces documents qui ait rapport à la France'*, daté du
26 juin 1457, et adressé par Calixte III à Charles VII"', apour objet les
plaintes que le pape formule contre divers arrêts du Parlement de Paris,
qui s'était immiscé dans une affaire purement ecclésiastique. Il s'agis-
sait d'un chevalier Jean d'Albiest, du diocèse de Nantes, qui, après avoir
été excommunié par son évêque Guillaume de Malestroit*' pour avoir
porté la main sur un clerc, avait voulu porter l'affaire au Parlement;
celui-ci s'était empressé, malgré son incompétence, de la retenir et de
condamner sévèrement le prélat ''.
Le pape résume ainsi, avec une grande clarté, les griefs que prétend
avoir Charles VII :
1° Le roi soutient que le temporel du siège de Nantes relève de lui-
même, ce que conteste l'évêque. De son côté, le duc de Bretagne
réclame ce droit pour lui s.
1. P. 386.
2. Chronique de Mathieu d'Escouchy, t. I, p. 9, note 1.
3. Schœpilin a publié en même temps la lettre que le roi des Romains écrivit
aussi à Charles VII (t. II, p. 371 et 372). La date donnée par l'original (B. N.,
Franc. 6963, n° 1) est celle du 21 août 1443. M. J. Cugnoni donne la date du
22 août.
4. LIX, p. 442.
5. La lettre est suivie de la mention « diclata per Eneam cardinalem Senensem. »
6. Par suite d'une faute d'impression sans doute, M. Cugnoni imprime Guil-
laume de Malêboit (p. 442, noie 3). Sur cet évêque, voir Gallia christiana,
i. XIV, col. 829. Jean d'Albiest était probablement au service du duc de Bretagne.
7. Jîneas Silvius, alors cardinal du titre de Sainte- Sabine, avait été chargé par
le pape d'écouter les explications du commissaire royal et des procureurs de
l'évêque de Nantes.
8. La question du temporel des églises de Bretagne provoqua sous Louis XI
des réclamations assez vives; à ce sujet, Pie II envoya en France le légat Jean
Cesarini, qui fut arrêté par ordre du roi. Voir sur ces questions : le Cardinal
Jean Jouffroij et son temps, 1412-1473, par M. Fierville (Coutances, 1874, in-8°).
297
2» Il veut que le pape fasse lever la sentence d'excommunication
prononcée par l'évèque de Nantes.
A ces prétentions, le pape répond qu'il ne peut être question do laisser
décider au Parlement si lo temporel de l'évèché de Nantes relève ou
non du roi do France. Aussi, il propose de s'en remettre à la décision
d'une commission arbitrale. Dès que Charles YII aura adhéré à cette
offre, le saint-père désignera un prélat du royaume qui sera chargé
d'absoudre les excommuniés.
Une des lettres suivantes' nous reporte à quelques années plus tard
(1463). ^Enoas Silvius a été élu pape et Louis XI a succédé à son père.
Louis XI venait d'abroger la Pragmatique Sanction. A défaut de
témoignage plus effectif de reconnaissance, Pie II l'avait vivement féli-
cité et remercié; il avait même consenti à donner le chapeau à Jean
Jouflroy, d'abord -évêque d'Arras, et qui allait échanger ce siège pour
celui d'Albi. Mais Louis XI, qui, lorsqu'il n'était que dauphin,
avait eu des obligations particulières à Jouffroy, voulut lui faire avoir
en outre l'archevêché de Besançon et, dans ce but, vanta au pape la
part que l'évoque d'Arras avait eue dans l'abrogation de la Pragma-
tique. Mais le pape, déjà fort hostile au conseiller de Louis XI, refusa
énergiquement de donner deux églises cathédrales à un même prélat;
et c'est là l'objet de la lettre que nous venons d'analyser.
Dans une autre lettre-, datée du 6 octobre 1463, Pie II reproche au
roi les termes dont il s'est servi à son égard-'. En outre, les attaques
contre Jean Jouffroy prennent un caractère particulier d'âpre té : « Dicis
« quod placet, et quod perversi suggerunt homines... Impie agit qui
a talibus artibus venatur gratiam tuam. » Enfin, le saint-père réclame
contre larrestation de Jean Cesarini, son légat pour les allaires do la
régale en Bretagne'^, demande la punition de ceux qui l'ont saisi et
proteste qu'il n'a voulu en aucune façon attenter aux droits du roi. En
dernier lieu, il ajoute à l'adresse du cardinal d'Albi : « Studendum est
« ut viri boni sint, qui nos inter et te negotia tractent. »
Vers la fin de l'année 1463 ou les premiers mois de 1464, la dignité
de trésorier de l'église d'Angers et un canonicat de l'église de Paris
ayant été déclarés vacants, Louis XI pria Pie II d'en investir son con-
seiller Jean Balue; en même temps, il annonçait au pape que l'intéressé
avait été mis en possession par l'autorité ordinaire, et qu'il le soutien-
drait envers et contre tous.
1. LXII, p. 450.
2. LXIII, p. 451.
3. ff Ex Ambosia scripsisli nobis que voluisti. »
4. Voir plus haut. — Cependant il fut assez rapidement relilclié; car pen-
dant qu'il écrivait cette lellre, le pape savait que Jean Cesarini revenait à
Rome.
20
298
Pie II, dans une lettre < datée du 4 avril 1464, refusa pour trois
raisons : 1° parce qu'il a, par grâce expectative, disposé de la succession
à la dignité de trésorier de l'église d'Angers ; 2" parce que Jean Balue,
ayant mis la main sur des bénéfices réservés au saint-siège et s'y ins-
tallant comme un intrus, s'est rendu indigne; 3° parce que le roi
prétend défendre cette intrusion envers et contre tous. Si le roi veut
agir ainsi qu'il le dit, pourquoi demander au pape ce qui ne dépend
que du pouvoir royal : « Si quis tibi dixerit : da mihi hoc castellum,
« aut ego vi captum retinebo; scimus non ferres animo equo. » Tel est
pourtant le raisonnement tenu par le roi, ou plutôt par un conseiller
assez peu spirituel, « cujus non est sufficienti sale conditus animus. »
En conséquence, le pape refuse et engage le roi à se calmer.
On vient de voir quelle était en style officiel l'opinion de Pie II sur
Jean JouÊfroy; lorsqu'il écrivait en son particulier, le pape se croyait
tenu à moins de modération. Dans la partie de ses « narrationes, » qui
était restée inédite jusqu'à la publication de M. J. Cugnoni^, on ren-
contre fréquemment des phrases, dont la moins choquante est celle-ci :
« Fuit enim vorax et vini potor immoderatus, quo postquam incaluit,
« nuUum sui servavit imperium. » Il nous paraît inutile de continuer
des citations, dont quelques-unes seraient scandaleuses, d'autant que
l'opposition de Jean Jouffroy à divers projets de Pie II ne saurait jus-
tifier de pareils écarts de langage. On comprendra aisément d'ailleurs
que, sans accepter aveuglément l'opinion de M. Fierville, l'historien de
Jean Jouffroy, et qui nous semble peut-être un peu partial pour son
personnage, on ne puisse adopter comme démontrées les honteuses
accusations que Pie II a portées contre lui.
H. MORANVILLÉ.
F. DE MÉLY. Le Trésor de Chartres, ^3^ 0-1773. Paris, Picard, 1886.
ln-80, XLix-136 pages.
L. Palustre et X. Barbier de Montault. Le Trésor de Trêves.
30 planches en phototypie par P. Albert- Dujardin. {Mélanges d'art
et d'archéologie. Première année.) Paris, Picard, -1886. In-4'',
viii-60 pages.
Le premier de ces ouvrages a pour objet principal la publication d'un
inventaire dressé en 1682 par un des chanoines de la cathédrale de
Chartres, à l'époque où le trésor était dans tout son éclat. Mais ce n'est point
une simple nomenclature, brève et aride, que l'éditeur nous présente.
Les actes capilulaires du chapitre, qui faisait à époque fixe des relevés
de ses reliques et de ses richesses artistiques (ces registres sont à la
1. LXX, p. 460.
2. P. 546.
299
bibliothèque de la ville) ; le nécrologe consignant les noms des dona-
teurs; les inventaires, les pièces originales ou les travaux anciens rela-
tifs à l'histoire de la cathédrale, et conservés aux archives d'Eure-et-
Loir, tous ces documents ont été pour M. de Mély l'occasion d'un
commentaire descriptif et historique aussi utile qu'abondant.
Une quinzaine de gravures obtenues par le procédé héliographique
apportent un intérêt do plus à l'étude des principaux objets, parmi les-
quels il faut citer le calice de vermeil à fleur de lys, donné par Henri III
en 1582; la navette à encens, en nacre garnie d'orfèvrerie ciselée, don-
née par Mr Miles d'IUiers en 1540; la précieuse étoffe dite voile de la
Vierge; le grand camée de Charles V, aujourd'hui à la Bibliothèque natio-
nale; enfin la châsse de saint Aignan. Ce splendide morceau d'émail-
lerie du xni« siècle n'est entré au trésor que depuis la Révolution, mais
l'auteur n'a pas cru devoir l'omettre dans la copieuse introduction qui
précède l'inventaire, et où il présente au lecteur toute la chronique du
trésor, avec de curieux détails sur les présents apportés par les rois et
les princes. Chartres, en effet, a attiré do tout temps de nombreux pèle-
rinages, et c'est dans sa cathédrale que Henri IV se fit sacrer.
La Révolution accomplit là comme ailleurs son œuvre habituelle de
profanation et de ruine; mais plusieurs pièces d'un grand intérêt
artistique ont été sauvées et sont conservées aujourd'hui dans des
musées; l'auteur a eu le soin de les replacer au rang qu'elles occupaient
autrefois. Une table exacte, mais qu'on voudrait un peu plus complète,
termine le volume, que distingue une impression tout à fait élégante.
Il serait à souhaiter que des publications analogues nous donnassent,
pour les trésors importants de nos cathédrales, un guide et un répertoire
aussi commode et aussi soigneusement préparé.
Le plan du volume de MM. Palustre et Barbier de Montault est diffé-
rent du précédent. Ils ont pris dans le trésor de Trêves et dans quelques
autres églises de la même ville une série d'œuvres importantes, les ont
fait reproduire en un album de trente planches et se sont appliqués à
les éclaircir chaque fois d'un commentaire spécial. Ce trésor est peu
connu et d'une composition particulière; les pièces y sont peu nom-
breuses, mais originales et en quelque sorte exceptionnelles. Plusieurs
sont d'une haute importance. Des ivoires, des émaux, de l'orfèvrerie,
des miniatures de manuscrits révèlent à Trêves, au x^ siècle même, une
période de progrès et de rénovation; du reste, ni vêtements sacerdotaux,
ni grandes châsses, ni vases sacrés, comme la plupart des trésors d'église
en offrent tant.
Les auteurs ont pris soin, disent-ils, de rechercher les provenances,
le procédé d'exécution, l'atelier de l'artiste; « la description a été faite,
moins pour renseigner 'es archéologues, qui savent voir, que pour
apprendre aux personnes studieuses mais novices la méthode d'obscr-
300
vation et d'investigation, » et ils ont appelé à l'aide « la liturgie et le
symbolisme, pour la vivifier. »
Je m'empresse d'ajouter qu'il n'y a pas beaucoup de symbolisme dans
le volume, heureusement. Cette étude, très amusante pour certains
esprits ingénieux , est bien dangereuse à proposer à des « personnes
novices. » Il faut être tout à fait fort pour jouer avec impunément.
Le symbolisme ne demande pas seulement une science profonde et
exacte, mais un jugement sûr et un sens critique impitoyable. Encore
est-il toujours bon de se métier, parce qu'on ne sait jamais où cela
mènera. L'œil se fait au demi-jour des hypothèses et découvre des clar-
tés nouvelles dans ce qui n'est au fond qu'une fantaisie isolée ou un
fait parfaitement usuel. Aussi n'y a-t-il peut-être pas de branche de
l'archéologie qui provoque de la part des inhabiles des découvertes ou
des renseignements plus naïfs ou plus extravagants.
La grosse critique que l'on peut adresser au Trésor de Trêves, c'est
l'insuffisance des planches. Du moment qu'on voulait leur donner une
place d'honneur, mieux valait en réduire le nombre, se contenter de
vingt, de quinze au besoin, bien choisies, et reproduites par les vrais
procédés de photogravure dont on dispose aujourd'hui, et qu'emploie,
dans le même format, la Gazette archéologique par exemple. Il est juste
de dire que l'accès de ce trésor est difficile; il est probable que le jour
était mauvais et les photographies difficiles à prendre. Mais il est regret-
table que pour telle ou telle pièce, comme l'ivoire latin du v' s. (? pi. 1),
l'encensoir d'argent repoussé, tin xi-^ s. (pi. 8), dont, paraît-il, « l'idée
surtout est éminemment symbolique, » le reliquaire aux porteurs,
xiv^ s., un cuivre doré. (pi. 17), la couverture du Liber aureus, xv« s.
(pi. 21), le camée antique (pi. 27), le coffret oriental du xn^ s. (pi. 15),
couvert de filigranes délicats, les planches soient à peine capables de
donner une idée générale des objets que le texte voisin décrit en détail.
Celles du tableau de la vraie croix, du xni^ s. (pi. 21-25), œuvre bien
connue, chargée d'émaux, d'intailles, de fiUgranes, avec le revers de
cuivre gravé ou doré, ne sont que passables : c'est dommage, car le
monument est hors ligne et certainement un des spécimens les plus
achevés de l'art de son siècle.
Yoici quelques planches qui valent mieux : l'étui du saint Clou,
d'abord (pi. 2), ouvrage allemand du x*" siècle, en or émaillé et cloisonné,
une des plus belles pièces du trésor, sans contredit; une couverture
d'évangéliaire, xii^ s. (pi. 14), en argent doré, avec des pierres et les ani-
maux des évangélistes en relief de cuivre doré, d'un dessin très vigou-
reux; une crosse, xni« s. (pi. 16), élégant travail de Limoges. Enfin, je
citerai encore, malgré de graves défauts, une couverture d'évangéliaire
du xn^ s. (pi. 11), avec bordure de filigranes à pierres et plaques émail-
lées, et au centre une crucifixion, dont les trois personnages, qui peuvent
remonter au xi'' s., sont très intéressants; le triptyque de saint André
3o^
(pi. 9), en cuivre doré et émaillé, xir s., comprenant au centre une
petite statuette xvi« s., et sur les côtés six précieux petits panneaux
émaillés avec inscriptions; enfin, l'autel portatif du x« s. (pi. 3-5), pièce
capitale, ornée d'une riche décoration de découpure d'or, de perles,
de filigrane!., d'émaux, d'intailles et de pierres précieuses de toute sorte.
H. DE CURZON.
Les Frères Prêcheurs en Gascogne au XI II" et au XI V^ siècle, docu-
ments inédits publiés pour la Société historique de Gascogne, par
G. Douais, chanoine honoraire de MoiiLpellier, professeur à Tlns-
tilut calholique de Toulouse. (Fascicules vii"= et viii-^ des Archives
historiques de la Gascogne.) Paris, Champion, ^885. In-8%
509 pages.
Nous félicitions naguère M. l'abbé Douais de l'heureuse idée qu'il
avait eue en publiant son Essai sur l'organisation des études dans l'ordre
des Frères Prccheurs, exposé très net et très complet des procédés d'en-
seignement usités chez les Dominicains contemporains de saint Tho-
mas. Le même auteur n'a pas reculé devant la transcription intégrale
d'un grand nombre des documents dont il avait précédemment tiré si
bon parti. Il remplit aujourd'hui deux fascicules des Archives histo-
riques de la Gascogne d'une série de textes latins dont voici la nomencla-
ture : les actes des chapitres généraux des Frères Prêcheurs tenus à
Bordeaux en 1-277, en 1287 et en 1324; les actes de vingt chapitres
provinciaux de la première province de Provence et de la province de
Toulouse; des règlements relatifs à l'Infjuisition de Toulouse et de
Carcassonne; un état des visiteurs et lecteurs des deux couvents de Mar-
ciac et de Port-Sainte-Marie; un accord entre les religieuses de Prouilles
et la province de Toulouse; enfin, l'histoire de la fondation et la liste
des prieurs de treize couvents de Gascogne, tirées de l'ouvrage encore
inédit de Bernard Gui et de ses continuateurs.
Le travail personnel de l'éditeur ajoute beaucoup à la valeur de cette
volumineuse copie. Des sommaires précèdent les textes; les subdivi-
sions abondent; les notes se multiplient au bas des pages. Une série
de notices rangées par ordre alphabétique donne, sinon la biographie,
au moins la liste des fonctions et des résidences successives de cinq
cent douze frères prêcheurs. Ces notices sont môme rédigées à l'aide de
documents empruntés pour la plupart à des œuvres inédites de Gérard
de Frachet et de Bernard Gui : dépouillement considérable qui, s'il n'a
pas toujours conduit à d'importantes découvertes, témoigne du moins
de l'activité et de la patience de M. l'abbé Douais.
Et, cependant, il manque à cet ouvrage un complément indispen-
sable. L'auteur, sans doute, ne méconnaît pas l'utilité des tables : il en
302
a même imprimé quatre. Une seule nous suffirait, pourvu qu'elle fût
complète.
Mais conçoit-on que les frères prêcheurs , dont l'histoire seule fait
l'objet de cette vaste publication, et dont les noms reviennent vingt fois
à toutes les pages du volume, aient été exclus systématiquement de la
table des noms de personnes (Index nominum ad ordinem Fratrum
Prsedicatorum non pertinentium) ? Les cinq cent douze notices qui pré-
cèdent les tables sont loin de contenir les noms de tous les frères prê-
cheurs cités dans le corps de l'ouvrage. Elles ne renvoient même pas aux
pages du vol. Cependant, ce premier travail achevé, M. Douais a pensé
être quitte envers l'ordre de Saint-Dominique : il s'est dit que personne
après lui ne recommencerait l'enquête à laquelle il s'était livré, que le
lecteur n'avait que faire des Dominicains sur lesquels il n'avait pu
recueillir aucun renseignement précis, et que, par conséquent, une
table générale des frères prêcheurs nommés dans le corps de l'ouvrage
était de surérogation. Singulier raisonnement! Si les notices rédigées
par M. Douais contiennent tout ce qu'il y a dans le volume d'inté-
ressant sur les frères prêcheurs, M. Douais pouvait se contenter de
publier ses notices. Si au contraire les documents édités par le même
auteur sont destinés à être lus, s'ils sont appelés à rendre quelque ser-
vice en permettant soit de compléter, soit de contrôler le travail
personnel de M. l'abbé Douais, il fallait alors mettre le lecteur à môme
de les utiliser. Une bonne table pouvait seule répondre à ce besoin.
D'ailleurs, nous ne ferons pas à M. Douais l'injure de croire qu'il
a lui-même donné tous ses soins à la rédaction des tables de son
ouvrage. Elles sont aussi confuses qu'incomplètes. Le même personnage
y figure successivement aux noms de Guillclmus et de Willelmus; sous
une même rubrique, Eduardus, rex Anglie, se rencontrent pêle-mêle
Edouard I^f, Edouard II, et même Edouard, le prince Noir, qui n'a
jamais été roi d'Angleterre. Si, par la faute du scribe, ou de l'éditeur,
un nom se trouve estropié dans le corps du volume, on peut être sûr
que les tables reproduisent consciencieusement le barbarisme. Helionors,
comilissa Umdocinensis et Prohcryninias liber, tels sont les articles qu'on
y lit aux pages 491 et 503 : cependant M. l'abbé Douais connaît aussi
bien que nous Éléonore de Montfort, comtesse de Vendôme (Vindocinen-
sis) et le Hepi ip\Lt)vslac, d'Aristote.
Il est regrettable que tant de précipitation dépare un recueil destiné
à rendre de grands services à l'histoire littéraire et religieuse du xin^et
du xiv'' siècle.
N. Valois.
303
Les Écoliers de la nation de Picardie et de Champagne à r Univer-
sité d'Orléans, par Eug. Bimbenet, membre de la Société archéo-
logique et, historique de l'Orléanais. Orléans, Herluison, i886.
In-S", -182 pages.
r Université d'Orléans pendant sa période de décadence, d'après des
documents récemment découverts^ par J. Loiskleur, bibliothécaire
de la ville d'Orléans. Orléans, Herluison, 1886. In-8^ 80 pages.
Les deux brochures que nous réunissons sous le même compte rendu
sont toutes deux intéressantes et chacune apporte un certain nombre de
faits nouveaux sur l'histoire de l'université orléanaise.
M. Bimbenet, qui a publié naguère une très bonne Histoire de Vuni-
versité de lois d'OrUans, complète cet ouvrage par des études de détail
sur le même sujet. Aujourd'hui, il fait l'histoire des écoliers de la nation
de Picardie et de Champagne d'après l'unique registre, rédigé par les
procurateurs de la nation, qui soit parvenu jusqu'à nous. Il tire de ce
précieux document tous les renseignements possibles sur la vie inté-
rieure de la nation, ses statuts, ses droits, ses privilèges et les actes de
ses procurateurs. Le plus curieux des droits de la nation de Picardie
était la redevance de la « maille d'or de Florence » que le seigneur de
Beaugency devait remettre, chaque année, au procurateur, le jour de la
fête de saint Firmin, patron de la nation; M. Bimbenet consacre à ce
droit deux intéressants chapitres. Le volume se termine par un appen-
dice contenant les noms des procurateurs de la nation, de 1590 à 1631,
et l'indication de leurs armoiries.
La brochure de M. Loiseleur est faite d'après des papiers provenant
de la succession d'Aymon Proust de Ghambourg, professeur à l'univer-
sité d'Orléans au milieu du siècle dernier. Ces papiers se rapportent à la
fin du xvne siècle et à la première moitié du xvni^ ; ils font connaître
exactement l'état de décadence dans lequel était tombée l'université
orléanaise, par suite de la diminution progressive du nombre des élèves.
M. Loiseleur racoute d'abord les querelles amenées parmi les professeurs
par la création de la chaire de droit français ; puis, après avoir établi
très ingénieusement le montant des revenus et celui des dépenses de
l'université, il dévoile les abus innombrables qui s'étaient glissés dans
le corps universitaire, l'élévation arbitraire du prix des grades, les mar-
chandages, la collation de la licence ou du doctorat à des ignorants
moyennant finance, etc. La décadence alla en s'accentuant jusqu'à
la Révolution, et la suppression de l'université ne fit que prévenir de
quelques années la dissolution définitive qui attendait fatalement cette
institution si florissante au moyen âge,
Léon Lecestre.
304
Armoriai général de l'Anjou^ par M. Joseph Denais. Angers, Ger-
main et G. Grassin, ^885. 3 vol. in-S», avec planches.
Le travail que M. Denais livre au public érudit est le fruit de dix
années de constants efforts; on ne saurait trop louer l'auteur de la
persévérance qu'il a déployée dans une œuvre difficile et aride. On con-
sultera journellement V Armoriai d'Anjou, sans songer qu'il représente
une somme considérable de patientes recherches. Quelques-uns, peut-
être, regretteront que l'Armoriai ne soit pas un nobiliaire ; la vanité de
plusieurs en sera froissée; d'autres s'indigneront de n'y pas figurer; les
érudits seuls sauront gré à M. Denais de s'être limité aux familles dont
l'existence ancienne lui a été révélée sur pièces dignes de foi. Ils sau-
ront qu'ils peuvent se fier au nouveau répertoire, et se faire une opi-
nion personnelle sur les familles auxquelles ils s'intéressent en remon-
tant aux sources indiquées par l'auteur.
M. Denais a donc fait preuve de prudence et d'érudition; chaque
mot, dans son livre, est appuyé de la source à laquelle il l'a emprunté;
ce sera au lecteur d'apprécier le degré de créance que mérite tel ou tel
nobiliaire ou document employé par M. Denais; personne n'acquerra
de piano, en figurant dans l'armoriai nouveau, un certificat de noblesse
analogue à celui qu'on s'est trop souvent de nos jours habitué à chercher
dans d'Hozier.
L'ouvrage débute par un vocabulaire héraldique; il se termine par
une table des devises et un répertoire des armoiries et des meubles ; de
nombreuses planches facilitent l'explication de blasons en les faisant
voir au lecteur. Ce sont là d'excellents et utiles compléments, dont on
doit remercier l'auteur.
Il y a cent ans, nous dit M. Denais, dans sa préface, qu'un projet
d'armorial d'Anjou avait été conçu. Si nous avons pu regretter, avant
l'apparition du livre de M. Denais, que la réalisation de ce projet se
soit fait attendre pendant un siècle, nos regrets n'ont plus d'objet
aujourd'hui : tout vient à point à qui sait attendre.
J. Delà VILLE Le Roulx.
Ville de Romorantin. Inventaire sommaire des archives commu-
nales antérieures à J790, rédigé par M. Fcrnand BouRNo^f, archi-
viste du département. Biois_, imprimerie Moreau et G''', -IS84. In-^".
L'inventaire des archives de Romorantin, dressé par notre confrère
M. F. Bournon, fait partie de V Inventaire-sommaire des arcJiives commu-
nales, publié sous la direction du ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts. Il est divisé en neuf séries qui forment un ensemble de
305
3,351 pièces et de 122 registres, et dont chacune est cnn sacrée à une
catégorie spéciale de documents : actes constitutifs et politiques de la
commune, — administration communale, — impôts et comptabilité, —
propriétés communales, — affaires militaires, — procédure, justice,
police, — cultes, instruction, assistance publique, — agriculture, com-
merce, industrie, — documents divers, inventaires, objets d'art. A l'ex-
ception de la charte constitutive de la commune, avec ses confirmations
et ses développements (1196-1255), toutes les pièces sont postérieures à
l'année 1434, et celles qui sont comprises entre les années 1434 et 1500
sont très peu nombreuses. M. Bournon n'a donc pas entièrement raison
lorsqu'il dit, dans son Introduction, que cet inventaire réunit et prépare
tous les matériaux d'une bonne histoire locale. Il aurait pu nous faire
connaître brièvement les sources principales de cette histoire au moyen
âge, et nous dire, par exemple, si les archives départementales peuvent
suppléer en quelque mesure aux lacunes du dépôt communal.
Dans la première série (AA), outre les actes constitutifs, on trouvera
diverses pièces intéressant l'histoire générale : entrées de François I" et
de Claude sa femme en 1517, de Henri II en 1550, de Madame de Savoye
en 1559; avis officiels des principaux événements politiques (1710-
1755). — Dans la deuxième série (BB) sont comprises toutes les pièces
concernant l'élection des quatre échevins et l'assemblée des habitants,
admis à donner leur avis dans 1er affaires importantes. Cette série ren-
ferme également les arrêts du conseil d'État et les édits royaux rela-
tifs aux offices municipaux ; des documents divers sur ces offices ; les
correspondances du maire et des échevins. — La troisième série (CC)
est à la fois l'une des plus considérables et des plus intéressantes ; les
comptes de la ville ne se composent pas, en effet, d'une sèche énumé-
ration des recettes et des dépenses ; ils donnent des explications très
circonstanciées et fournissent ainsi de curieux renseignements sur
l'histoire des mœurs, du commerce et de l'industrie. — La quatrième
série (DD) contient, outre les titres de propriété de la commune, les
actes relatifs aux travaux publics, reconstruction du mur d'enceinte au
xvn^ siècle, ponts, voirie, château, pépinière royale, etc. On y trouve,
en particulier (p. 44) , le procès-verbal d'une délibération, rendue le
28 août 1572 (4 jours, par conséquent, après la Saint-Barthélémy), par
les habitants, en présence du châtelain, « pour adviser que la ville ne
« soit surprise et n'advoienne aulcunes séditions, saccagemens et
« pilleries, attendu les bruicts qui courent. » — Dans la cinquième série
(EE) prend place tout ce qui regarde le recrutement des soldats, les
étapes et le logement des troupes en marche, les contributions aux frais
de guerre. — La sixième série (FF), très peu importante, ne contient
que les pièces d'un procès perdu par la ville en 1786, touchant un four
banal, avec l'historique le la question depuis l'année 1503. — La sep-
tième série (GG) nous oflVe, dit M. Bournon, « la suite complète des
306
actes de l'état civil depuis 1621. » L'expression d'actes de l'état civil
n'est pas absolument exacte, puisqu'il ne s'agit pas d'actes enregistrés
par l'administration civile, mais seulement de registres des baptêmes,
mariages et décès, tenus par les curés. A côté des événements relatifs
aux familles, ces registres contiennent des mentions d'un autre genre :
« Les curés, surtout au xvn« siècle, comme le fait remarquer M. Bour-
« non, relataient volontiers sur leurs registres tous les événements
« locaux qu'ils jugeaient dignes d'intérêt, et l'on doit faire grand cas de
« ces récits qui forment la chronique de la ville et qu'on ne saurait
« trouver ailleurs : réparations à l'église, bénédictions de cloches, cou-
« ronnements de rosières, débordements de la rivière. » — Enfin, dans
les deux dernières séries (HH et II), on peut signaler une liasse de
pièces relatives à l'industrie des draps et une circulaire de l'intendant
pour l'établissement du service des incendies.
Le travail de M. Bournon est fait avec beaucoup de soin et de compé-
tence. L'auteur résume avec clarté les pièces qu'il analyse, et les extraits
qu'il donne des plus importantes d'entre elles sont judicieusement choisis.
Une bonne table des matières termine le volume et supplée à ce qu'il y a
parfois d'inévitablement arbitraire dans la classification des documents.
Que M. Bournon me permette toutefois de lui adresser un petit reproche ;
c'est de ne s'être pas toujours donné la peine d'identifier les noms de per-
sonnes et de lieux qu'il avait à transcrire, et cela même dans des cas où
l'identification était des plus simples. Je relève trois exemples de ce fait
dans les documents de la première série : p. 3, il n'eût pas été inutile
d'indiquer le nom exact de ce cardinal « Alexandre, » qui passe à Romo-
rantin, au mois de février 1572, et qui est généralement connu sous le
nom de cardinal Alexandrin. C'était un petit-neveu du pape Pie V ; il
s'appelait en réalité Michel Bonelli^. P. 4, les noms de Philisbourg
et Guartalle représentent sans doute les localités bien connues de Phi-
lipsbourg, sur le Rhin, près de Spire, et de Guastalla, sur le Pô. Des
imperfections de ce genre, si légères soient-elles, sont toujours regret-
tables dans une œuvre aussi minutieuse que doit l'être un inventaire
d'archives.
Charles Kohler.
Jean-Baptiste Tavernier, écuyer^ baron cfAubonne, chambellan du
Grand Électeur^ d'après des documents nouveaux et inédits, par
Charles Joret, professeur à la faculté des lettres d^Aix. Paris,
E. Pion, Nourrit et G'^ ^886. In-8°, 443 pages.
Tavernier, le premier en date des grands voyageurs français du
1. Petit-fils de Gardine Ghislieri, sœur du pape. Il fut promu au cardinalat en
1567. Ce titre de cardinal Alexandrin, porté tout d'abord par Pie V (en religion
307
xvn« siècle, est surtout connu par quelques vers que Boileau lui a con-
sacrés et qui sont dans toutes les mémoires. On ne lit plus guère le
récit de ses six voyages en Orient, en Perse, aux Indes, de 1630 à 1668,
et personne encore n'avait fait de ce récit l'objet d'une étude appro-
fondie et vraiment critique. C'est cette lacune que ^ient de combler
M. Joret. Grâce à des recherches étendues et persévérantes et à la
connaissance familière qu'il possède des principales langues de l'Eu-
rope, il a pu, non seulement profiter de ce que l'on avait écrit à l'étran-
ger sur Tavernier, mais encore mettre en lumière un grand nombre de
faits nouveaux et rectiQer des erreurs accréditées. Pour ne citer que
quelques exemples de ces rectifications, M. Joret a parfaitement
démontré que le premier départ pour le Levant du célèbre voyageur
français se rapporte à l'année 1630, et non, comme on le lit dans toutes
les biographies, à l'année 1636. De même, tandis que des érudits aussi
bien informés d'ordinaire que les frères Haag font mourir Tavernier à
Copenhague, l'auteur de l'ouvrage dont nous rendons compte, utihsant
un travail publié en 1885 dans la revue russe le Bibliographe, établit
que le baron d'Aubonne est décédé en 1689 à Moscou, où son tombeau
a été retrouvé en 1876, dans le cimetière protestant, par M. Tokmakof.
Le livre I" de M. Joret , consacré à l'exposé critique des six
voyages accomplis par Tavernier en Orient, et le livre IL intitulé
Tavernier et Louis XIV, offrent donc un vif intérêt et une sérieuse
valeur scientifique. Toutefois, la partie capitale de son travail est le
livre m, relatif au voyage de Tavernier à Berlin en 1684 et à ses rap-
ports avec le grand électeur Frédéric Guillaume. Pendant toute la durée
de ce voyage, le baron d'Aubonne avait consigné ses dépenses et aussi
ses réflexions sur un journal, dont le manuscrit, copie probablement
unique d'un original perdu, est conservé à la bibliothèque Méjanes à
Aix. C'est la découverte de ce curieux manuscrit qui a été le point de
départ de toutes les recherches de M. Joret et qui lui a permis de
restituer ce que l'on peut appeler le premier chapitre de l'histoire colo-
nieile de la Prusse, chapitre complètement inconnu, du moins en France.
On a là une nouvelle preuve de la persévérance et de l'esprit de suite
que cette nation, aussi patiente que tenace, apporte dans toutes ses
entreprises. A ce point de vue, le nouvel ouvrage du savant professeur
d'Aix n'est pas indigne d'attirer l'attention des hommes politiques, en
même temps qu'il éclaire d'un jour nouveau l'histoire des progrès de
nos connaissances géographiques au xvn^ siècle.
Dans un appendice placé à la fin du volume, M. Joret»nous donne le
texte de deux lettres adressées par Melchior Tavernier à Saumaise et à
sa femme en 1641 et 1644, les lettres d'anoblissement octroyées par
frère Alexandrin^ avant sor élection à la papauté, fut transmis à son pelit-nevea,
non pas oflBciellement, mais par le public.
308
Louis XIV, en février 1669, à Jean-Baptiste Tavernier, la nomination
du célèbre voyageur comme chambellan de Frédéric Guillaume, le
4 août 1684 (en allemand), enfin divers actes relatifs à la vente du
domaine d'Aubonne, ainsi qu'aux dernières années de la vie de Taver-
nier. Une bibliographie très complète des éditions et des traductions
des Voyages termine cette consciencieuse publication.
Siméon Luce.
Spicilegium Brivatense. Recueil de documents historiques relatifs au
Brivadois et à V Auvergne , par Augustin Chassaing, archiviste
paléographe, juge au tribunal civil du Puy, etc. Paris, imprimerie
nationale, Alph. Picard, éditeur, -1886. In-4°, 75-1 pages.
L'utilité des recueils de textes pour l'histoire en général et pour
l'histoire provinciale en particulier n'a pas besoin d'être démontrée.
Celui que nous proposons de faire connaître à nos lecteurs est le plus
considérable et le plus varié qui ait paru pour l'Auvergne depuis les
travaux de Baluze, en mettant à part les cartulaires de Brioude et de
Sauxillanges, qui ne concernent chacun qu'un seul établissement.
C'est en préparant d'autres travaux, et notamment le Dictionnaire topo-
graphique de. la Haute-Loire, que M. Chassaing, s'inspirant des meilleures
traditions des bénédictins, a eu l'idée de publier les actes les plus inté-
ressants qu'il avait réunis. Ces documents ne concernent pas seulement,
comme le titre latin semblerait l'indiquer, le Brivadois, c'est-à-dire la
ville et l'arrondissement actuel de Brioude, mais encore la totalité de
l'Auvergne et la partie du Gévaudan qui dépendait de la sirerie de
Mercœur et qui est aujourd'hui comprise dans le département de la
Haute-Loire, arr. du Puy, canton de Saugues. L'intérêt en est donc
assez étendu. Pour former ce recueil, l'auteur a puisé à des sources
diverses : il a mis à contribution les archives départementales de la
Haute-Loire, du Puy-de-Dôme et de la Lozère; les Archives nationales
et le dépôt des manuscrits de la Bibliothèque nationale à Paris; enfin,
quelques collections particulières, telles que celle de M. l'abbé Souligoux
à Brioude.
Le Spicilegium Brivatense ne comprend pas moins de 211 documents,
de l'année 874 à l'année 1709, la plupart inédits, les autres, en petit
nombre, revus sur les originaux ou sur d'anciennes copies, toutes les
fois que cela a été possible.
L'ouvrage est précédé d'une préface, dans laquelle l'éditeur a groupé
les documents d'après leur objet principal et a résumé d'une mam'ère
à la fois rapide et complète les notions nouvelles qu'ils apportent à la
science historique; nous ne saurions mieux faire que de lui emprunter
les traits principaux qui peuvent donner idée de l'importance et de
l'utilité de cette précieuse publication.
309
Ces documents sont relatifs à la géographie, à l'histoire, aux institu-
tions, au droit et à l'histoire du droit; quelques-uns pourront servir
aux études philologiques ; d'autres renferment des curiosités historiques ;
enfin quelques-uns concernent surtout certains établissements religieux
de l'Auvergne. Nous passerons rapidement en revue chacune de ces
divisions.
Au point de vue de la géographie, l'auteur a réuni un grand nombre
de chartes donnant des noms de lieux et servant pour la plupart à cons-
tater l'entrée dans l'histoire de certains centres de population; par la
comparaison avec l'état actuel, elles permettent de se rendre compte des
changements survenus sur quelques points du territoire, et notamment
de constater, dans la plaine de Brioude, sur les bords de l'Allier, la
disparition de plusieurs groupes do population, due à la mobilité du lit
de la rivière.
L'organisation administrative de la Basse-Auvergne, indiquée, mais
d'une manière incomplète, par Chabrol, au tome IV de ses Coutumes
d'Auvergne, nous est révélée par un compte de fouage de 1401, dressé
par Berthon Sannadre; ce compte nous montre la division du bas pays
en 11 prévôtés et en 634 paroisses. Cette organisation est celle qui a été
remplacée au xvi^ siècle par l'établissement des quatre élections de Cler-
mont, Riom, Issoire et Brioude. Le compte d'une aide imposée en 1402
sur les treize bonnes villes complète le précédent et fait connaître l'im-
portance relative de ces villes.
Les comptes des baillis d'Auvergne, Jean de Trie (1293-1294) et
Gérard de Paray (1299), sont une précieuse source d'informations pour
l'histoire administrative de l'Auvergne au xin"^ siècle; on y trouve,
entre autres faits intéressants, une statistique presque complète des
commanderies des Templiers et des Hospitaliers en Auvergne. Mais le
document le plus remarquable de cette série est relatif à la modification
des limites des bailliages d'Auvergne et du Velay; question restée inso-
luble jusqu'à présent. M. Chassaing a été assez heureux pour retrouver
le procès-verbal même de la délimitation nouvelle qui eut lieu en 1321
et qui explique comment six mandements de la frontière occidentale
du Velay en furent détachés et incorporés au bailliage d'Auvergne.
Le Spicileyium donne des renseignements nombreux sur une période
de notre histoire, dont les particularités locales sont encore bien peu
connues ; nous voulons parler de la guerre de cent ans qui a agité peu
de provinces plus que l'Auvergne. On y trouvera des montres et des
revues de 1351 et 1353; le traité conclu en 1364 entre les états d'Au-
vergne et Séguin do Badefol pour l'évacuation de Brioude ; le texte
d'un emprunt de 3,000 tlorins contracté par le chapitre de Saint-Julien
pour sa contribution dans la rançon de la même ville; et enfin diverses
lettres de rémission accordées soit à des particuliers, soit aux popula-
tions qui avaient eu des rapports de commerce avec les Anglais. La
guerre dite de la Marche, du nom d'un chevalier de la maison de Lusi-
gnan qui s'était fait Anglais et n'avait pas pris moins de dix-sept châ-
teaux aux environs de Brioude, est un épisode inédit de la guerre des
Anglais en Auvergne, sur lequel on lira ici pour la première fois de
curieux documents.
Les archéologues consulteront avec fruit des chartes qui font con-
naître, avec dates précises, les réparations des forteresses et des villes
pendant cette période néfaste, notamment à Brioude, à Blesle, à Mer-
cœur près Saint-Privat, etc.
A l'histoire des institutions se rattachent les documents suivants :
un rôle des vassaux du comte Alfonse en Auvergne, du milieu du
xni« siècle : les 422 vassaux qui figurent dans ce rôle avec leurs posses-
sions ont formé le personnel des cinquième et sixième croisades, ce
qui a donné à l'auteur l'occasion de publier trois de ces chartes dites
« de croisades » ; des hommages émanés de seigneurs laïques ou ecclé-
siastiques; des ordonnances relatives à l'établissement de foires et de
marchés au xv^ siècle dans les villes ou bourgs d'Auzon, de Saint-
Ilpize, etc., enfin des documents relatifs à l'industrie, tels que celui qui
prouve l'existence d'une verrerie près de Desges, en 1588.
Les jurisconsultes et les historiens du droit sauront gré à notre con-
frère d'avoir publié des chartes de coutumes seigneuriales du xni^ siècle,
celles d'Auzon (encore inédite), de Léotoing et de la Roche près Brioude ;
des chartes de paréage, notamment celui de Philippe le Long avec les
prieurés de Faulhaguet et de la Bajasse en 1316; des accords ou traités
entre seigneurs pour la justice, à propos desquels l'auteur signale les
efforts faits par le sire de Mercœur pour substituer le droit coutumier
au droit écrit, qui était seul en vigueur dans la sénéchaussée de Beau-
caire; enfin deux consultations de professeurs de droit d'Avignon, dont
l'une est relative à un procès intenté à un chanoine de Brioude, en 1256,
pour fabrication de fausse monnaie.
On sait combien les chartes en langue romane de l'Auvergne sont
rares et combien ces textes sont importants pour les études philolo-
giques; les philologues liront avec intérêt quatre chartes en langue vul-
gaire des années 1271, 1353, 1354 et 1375.
Parmi les documents que l'éditeur a insérés à titre de curiosités his-
toriques, nous en citerons deux seulement, l'excommunication lancée
au commencement du xm^ siècle par le chapitre de Saint-Julien contre
le voleur du G de Gharlemagne, c'est-à-dire du reliquaire ayant la forme
de cette lettre, donné par ce prince à l'abbaye de Brioude; et la note
d'un tabellion de Saint-Ilpize sur le point de départ de l'année en
Auvergne au moyen âge.
Enfin, pour terminer cette longue énumération, nous mentionnerons
les documents relatifs à des établissements religieux de l'Auvergne,
savoir : pour le chapitre Saint-Julien de Brioude, deux actes du xni"' siècle
su
relatifs aux démêlés du chapitre avec les bourgeois; pour la Voûte, le
prieuré de Gluny le plus important de la Haute-Loire, la charte de fon-
dation du monastère en 1025 ; pour la grande abbaye, chef d'ordre, de
la Chaise-Dieu, outre les chartes les plus anciennes relatives à ses
prieurés, M. Ghassaing a public et annoté un document d'ensemble de
grande valeur, nous voulons parler d'une pancarte des redevances dues
au sacristain mage (1381) qui relate plus de 250 prieurés disséminés
dans 25 diocèses de France ou de l'étranger; il nous donne encore pour
l'abbaye de Pébrac, autre chef d'ordre, un curieux accord de 1365 entre
l'abbé et les religieux; des bulles et autres documents concernant trois
monastères de femmes nobles, Blesle, les Chazes et la Vaudieu; enfin,
pour le prieuré conventuel de chanoines augustins de la Bajasse, un
contrat d'union de 1327 avec la léproserie du même nom fondée en 1161
par Odilon de Chambon, chanoine de Brioude.
Une planche spéciale est consacrée à la reproduction par la photo-
gravure de six sceaux, dont trois inédits. Parmi ces derniers, nous
devons signaler le sceau de la paix des chevaliers brivadois, le seul
monument qui nous révèle l'existence, à Brioude, vers la fin du xii« siècle,
d'une sorte de confédération de chevaliers dirigée soit contre les Gapu-
chonnés, confrérie fondée au Puy, vers 1182, pour la destruction des
Routiers, soit contre les Routiers eux-mêmes. Quoi qu'il en soit de ces
conjectures du savant éditeur, qui nous paraissent tout à fait vraisem-
blables, le type des quatre chevaliers armés et galopant est, suivant la
remarque de M. Ghassaing, très remarquable et môme unique en sigil-
lographie.
L'ouvrage se termine par un Index chronologique des documents,
donnant la date et la cote sommaire de chaque pièce, et par une table
alphabétique des noms de personnes et de lieux, qui ne comprend pas
moins de 147 pages à deux colonnes.
Par ce qui précède, nos lecteurs peuvent se rendre compte de la
variété et de l'intérêt des documents qui forment le Spicilegium Briva-
tense. Ce que nous ne saurions trop louer, c'est le soin scrupuleux avec
lequel les textes ont été établis par l'éditeur; travailleur infatigable,
érudit profond et sagace, M. Ghassaing a élucidé toutes les difficultés
de sa publication, et, s'il reste quelques points obscurs, on peut être
assuré qu'il a fait tous les efforts possibles pour les éclairer. Les identi-
fications de noms de lieux, soit au bas des pages, soit dans la table, ont
été l'objet de recherches nombreuses, approfondies et presque toujours
couronnées de succès, grâce à la connaissance parfaite que possède notre
confrère de la géographie et de l'histoire de l'Auvergne. Nul n'était plus
à même que le savant éditeur des chroniques de Médicis, de Jacmon et
de Burel de former et de publier un semblable recueil de documents.
Le Spicilegium Drivatense, ainsi que son sympathique éditeur, méritait
à tous égards la faveur de l'impression gratuite à l'imprimerie natio-
3^2
nale, et il justifiera amplement cette faveur par les services qu'il est
appelé à rendre, comme nous avons essayé de le montrer, à diverses
branches de l'érudition nationale.
A. Bruel,
L. SoDLicE. Catalogue de la bibliothèque de la ville de Pau : His-
toire locale. Pau, impr. Véronèse, -1886. In-8°, 394 p.
Le catalogue publié par le savant bibliothécaire-archiviste de la ville
de Pau est, à proprement parler, une bibliographie très complète des
ouvrages concernant la Navarre, le Béarn et le pays basque dans les
temps anciens et modernes. Rien ne peut mieux aider à combler, soit
par dons, soit par achats, les lacunes d'une collection spéciale comme
celle-ci que l'impression du catalogue. M. Soulice, en rendant service
aux travailleurs, a donc fait une œuvre éminemment utile au dépôt
qu'il dirige avec tant de compétence et de zèle. Nous ne saurions entrer
dans l'examen détaillé de ce volume. Signalons toutefois la notice pré-
liminaire contenant l'historique de la bibliothèque de Pau, la table
alphabétique, très détaillée et très commode, enfin la liste sommaire des
manuscrits conservés à Pau. L'inventaire détaillé de ces volumes est
réservé au catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques
des départements, que prépare en ce moment le ministère de l'instruc-
tion publique. L'impression du catalogue de la bibliothèque de Pau fait
honneur aux presses de M. Adolphe Véronèse, et les exemplaires tirés
en petit nombre sur papier de Hollande sont de nature à satisfaire les
bibliophiles les plus délicats.
J.-J, Gr.
LIVRES NOUVEAUX.
SOMMAIRE DES MATIÈRES.
Sciences auxiliaires. — Épigraphie, 235. — Paléographie, 179, 205,
220. — Diplomatique, 205. — Bibliographie, U4, 271, 273, 297, 321,
322; bibliothèques, 200, 309, 334; manuscrits, 143, 160, 202, 203, 216,
231, 250, 257, 278, 287, 294; imprimerie, librairie, 229, 244.
Sources, 279, 342. — Historiens, 223, 234. — Lettres, 270. — Archives,
183, 200, 225, 258, 343; cartulaires, 145, 157, 163, 297; obituaire, 296;
documents divers, 133, 137, 156, 164, 166, 311.
3^3
Biographie et généalogie, 133, 156, 190, 2H, 217, 225, 243, 298, 308.
— Alain de Lille, 230 ; Anglade, 320 ; Boylesve (Boileau), 151 ; Chabot,
317; Charles VII, 192; Chasteuil-Gallaup, 160 ; Coesmes, 123 ; Damions,
255; Douët d'Arcq, 147; Durer, 307; Grégoire VII, 330; Hierosme,
214; Korsauson, 241; Koberger, 229 ; Louis XI, 270; Malvoisin, 215;
Marcillat, 213; Orléans, 312; Paléologue, 137; saint Paterne, 275;
G. de Rais, 148, 149; San Gallo, 210, 252; Stralloria, 13S; Sully, 290;
saint Taurin, 339; Théodebert I", 180 ; saint Vaast, 128; Vanssay, 207 ;
Versoris, 337.
Géographie, topographie, 119, 167, 169, 202, 222, 277, 310.
Droit, 153, 172, 17G, 184, 209, 248, 293, 299, 301, 311, 325, 326.
Institutions, 136, 150, 151, 166, 187, 189, 197, 236, 269, 274, 335.
MœuRs ET coutumes, 155, 189, 201. — Instruction, 129, 134, 237, 319,
322, 329. — Sciences, 264.
Religions. — Judaïsme, 322. — Catholicisme, 177, 184, 273; reliques,
131; prédication, 125; Église, 144, 318; papauté, 129, 200, 330, 343;
diocèses, 120, 127, 201, 227, 282, 290; églises, 195, 254, 291, 316 ; ordres,
174, 324; monastères, 140, 157, 163, 174, 191, 203, 223, 232, 258, 296,
332.
Archéologie, 152, 182, 199. — Architecture, 216, 252, 261, 315; édi-
fices civils et militaires, 141, 155, 171, 238, 239, 257, 285, 306; édifices
religieux, 159, 168, 193, 195, 201, 204, 206, 212, 224, 226, 235, 260,
305, 338, 339, 341. — Sculpture, 253, 314. — Peinture et vitraux, 161,
213, 249, 303, 307, 308. — Mobilier, 130, 263, 283, 288. — Costume,
240. — Numismatique, 180. — Théâtre, 300.
Langues et littératures. — Langues orientales, 333. — Grec, 220. —
Latin, 177, 196, 273. — Langues romanes, 222 : français, 218, 247, 276,
286, 289, 295, 300, 313, 340; italien, 122, 165,225,251,278; portugais,
268; provençal, 160, 173. — Langues germaniques, 124-126, 135, 245,
246.
SOMMAIRE GÉOGRAPHIQUE.
Allemagne, 301, 342, 343. — Alsace-Lorraine, 158, 186, 208, 243,
250. — Bade, 285, 329. — Brunswick, 233. — Prusse, 232, 233. — Saxe,
344.
Autriche, 222, 236, 242, 301, 310, 323.
Belgique, 185.
Fr.^nce, 130, 219, 267, 335. — Auvergne, 164; Berry, 247; Cham-
pagne, 304 ; Languedoc, 181 ; Lorraine, 212, 288 ; Maine, 156, 255; Nor-
mandie, 286, 298, 315. — Ain, 303, 336; Aisne, 254, 266, 280; Ariège,
21
3^4
190, 195, 331; Bouches-du-Rhône, 133; Charente-Inférieure, 132; Gor-
rèze, 198; Gôte-d'Or, 141, 223, 269, 341; Drôme, 120; Eure, 338, 339;
Garonne (Haute-), 187, 189, 326 ; Gers, 320; Gironde, 139, 319 ; Hérault,
326; lUe-et- Vilaine, 227, 228; Indre, 296; Indre-et-Loire, 156, 179;
Jura, 303; Loire (Haute-), 164; Loiret, 162, 172,263; Lot, 265; Maine-
et-Loire, 156, 183, 191, 239; Manche, 194; Marne, 152, 159, 224, 281,
282; Mayenne, 140, 199, 238, 256, 316; Meurthe-et-Moselle, 131, 169,
214, 226; Meuse, 146, 277 ; Nièvre, 150; Nord, 171, 185, 203, 204; Oise,
178, 201 ; Orne, 193; Pas-de-Calais, 155, 163, 234, 260; Puy-de-Dôme,
197, 217; Pyrénées (Hautes-), 157; Rhône, 257, 284; Saône-et-Loire,
174, 333; Sarthe, 123, 206, 237, 258, 259, 291, 332; Seine, 143, 151,
153, 166, 170, 221, 278, 287, 290, 325, 327, 337; Seine-et-Marne, 263,
275, 328 ; Seine-et-Oise, 261'; Seine-Inférieure, 145, 305 ; Sèvres (Deux-),
262; Somme, 175, 302; Tarn-et-Garonne, 130, 292; Var, 168,283,314;
Vaucluse, 200, 257; Vendée, 188; Vienne, 156; Vienne (Haute-), 211;
Yonne, 240.
Grande-Bretagne. — Angleterre, 315. — Iles de la Manche, 194.
Italie, 144, 202, 216, 249, 271, 299. —Emilie, 182, 225, 321, 330;
Ligurie, 121, 137, 138, 210; Lombardie, 119, 196; Naples et provinces
napolitaines, 154, 272, 274; Rome, etc., 127, 200; Toscane, 142, 235;
Vénétie, 225, 306. — Sicile, 183.
Pays-Bas, 293.
Slaves, 176.
Turquie, 137.
Amérique, 167.
119. Agnelli (Giov. ). Dizoniario storico - geograiîco del Lodigiano.
Lodi, tip. éditrice délia Pace, 1886. In-4'', viii-328 p. 6 1.
120. Albanès (l'abbé J.-H.). Histoire des évêques de Saint-Paul-Trois-
Châteaux au xiv'^ siècle ; corrections et documents. Montbéliard, impr.
Hoffmann. In-8% 102 p.
121. Alfieri (Alb.). L'Ogdoas. Episodî di storia genovese nei primordî
del secolo xv pubblicati dal dott. Antonio Cerruti. Genova, tip. Sordo-
muti, 1886. In-4'', 68 p. (Extrait des Atti délia Società ligure di storia
pallia, 2" série, vol. XVII.)
122. ALiGmERi (Dante). La Vita nuova, con introduzione, commento
e glossario di Tommaso Casini. Firenze, G. C. Sansoni, 1885. In-16,
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Première partie : de 1370 à 1508. Mamers, Fleury et Dangin. In-B»,
340 p. (Extrait de la Revue historique et archéologique du Maine, 1884.)
124. Altdeutsche (die) Exodus mit Einleitung und Anmerkungen
3J5
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I. Band : Texte. Graz, Styria, 1886. In-S", xx-531 p.
126. Altnordische Texte herausgegeben von E. Mogk. Nr. I. Gunn-
laugssaga Ormstungu. Mit Einleitung und Glossar. Halle, Nicmeyer,
1886. In-8", xx-58 p.
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rici sulla città e chiesa di Anagni. Lettera aperta al canonico teologo
Biagio Verghetti. (Suivi de : Série dei vescovi di Anagni.) Roma, tip.
Forzani, 1886. In-8% 37 p.
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Yaast, suivie de l'ancienne Vie du saint. Paris, Haton. In-8", 75 p.
129. AzAÏs (l'abbé). Une École de village fondée par un pape au xiv® s.
Nîmes, Gervais-Bedot. In-8°, 6 p. (Extrait du Bulletin du Comité de l'art
chrétien.)
130. Barbier de Montault [Ms^ Xavier). Le Fer à hosties de Marsac
(Tarn-et-Garonne). Montauban, impr. Forestié. In-8°, 11 p. (Extrait du
Bulletin de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne .)
131. Barbier de Montault (M&r Xavier). Le Saint Clou à la cathédrale
de Toul. Nancy, impr. Crépin-Leblond. In-8°, 31 p. et planche. (Extrait
des Mémoires de la Société d'archéologie lorraine, 1885.)
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d'Aussy. Saintes, M^^ Mortreuil; Paris, Picard. Tome I. In-8°, 524 p.
(Extrait des Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, t. XIV.
Publication de la Société des Archives historiques de la Saintonge et
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nus de Marseille et d'Aix, du xiv^ au xvi« siècle. Paris, imprimerie
nationale. In-S", 92 p. (Extrait du Bulletin archéologique du Comité des
travaux historiques et scientifiques, 1885.)
134. Barthélémy (Gh.). Erreurs et Mensonges historiques. 13'= série.
De la prétendue ignorance de la noblesse française au moyen âge ; la
Vérité sur l'abbé Trublet; le Dossier de Nonote ; les Mœurs du cardi-
nal de Richelieu, etc. Paris, Blériot. In-18 jésus, 261 p. (Collection
Blériot.)
135. Bartsch (Karl). Beitrâge zur Quellenkunde der altdeutschen Lite-
ratur. Strassburg, Triibner, 1886. In-S", v-392 p. 6 m.
136. Beauchet (Ludovic). Histoire de l'organisation judiciaire en
France : époque franque. Paris, Rousseau. In-8°, viii-503 p.
316
137. Belgrano (L. t.). Ginque Documenti genovesi-orientali. Genova,
tip. del R. Istituto sordo-muti, 1885. In-8% 31 p. (Extrait des Atti délia
Società ligure di storia patria, 1" série, vol. XVII. Concernant les rela-
tions de Gênes avec les Paléologues et l'empire byzantin, 1262-1351.)
138. Belgrano (L. T.). La Lapide di Giovanni Stralleria e la famiglia
di questo cognome. Memoria letta alla sezione di archeologia délia
Società ligure di storia patria nella tornata del 17 lugUo 1885. Genova,
tip. de! R. Istituto sordo-muti, 1885. In-8°, 28 p. (Extrait desi^it délia
Società ligure di storia patria, 2" série, vol. XVII.)
139. Bellemer (l'abbé E.). Histoire de la ville de Blaye, depuis sa fon-
dation par les Romains jusqu'à la captivité de la duchesse de Berry.
Ouvrage enrichi d'un plan de la ville ancienne. Bordeaux, Feret ; Blaye,
Mme Loustau. In-8°, xxiv-749 p. 10 fr.
140. Bénédictines (les) du couvent de Sainte-Scholastique de Laval
(1621-1795). Mamers, Fieury et Dangin. In-8°, 78 pages avec plan.
(Extrait de la Revue historique et archéologique du Maine.)
141. Bergeret (Emile). Le Ghâteau-Renaud et les légendes nuitonnes.
Dijon, impr. Darantière. In-12, 28 p.
142. BiAGiONi (Bart.). Il Gomune di Gavorrano. Genni storico-geogra-
fico-statistici. Grosseto, tip. Enrico Gappelli, 1885. In-8°, 128 p.
143. BiNDi (Vinc). A S. E. il ministro délia pubblica istruzione.
S. Clémente a Casauria e il suo codice miniato eeistente nella Biblio-
teca nazionale di Parigi. Napoh, tip. de Angelis, 1885. In-8°, 63 p.
144. Blanc (Joseph). Bibliographie italico-française universelle, ou
Catalogue méthodique de tous les imprimés en langue française sur
l'Italie ancienne et moderne depuis l'origine de l'imprimerie : 1475-1885.
Vol. I : Rome, Église, Italie. Milan, l'auteur, 1886. In-8°, 1038 colonnes.
15 1.
145. BoDiN (dom). Histoire civile et militaire de Neufchâtel-en-Bray,
suivie de remarques, additions et cartulaire. Publiée pour la première
fois d'après le texte original, avec introduction, notes et appendices,
par F. Bouquet. Rouen, Métérie. In-8% xxvi-217 p. (Publication de la
Société de l'histoire de Normandie.)
146. BoNNABELLE (CL). Notes et Documents sur Condé-en-Barrois.
Bar-le-Duc, impr. Philipona. In-8°, 32 p.
147. BoRDiER (H.-L.). Douët d'Arcq, chef de la section historique aux
Archives nationales (1808-1883), notice biographique et bibliographique.
Paris, Picard. In-8°, 24 p. et portrait. (Extrait, revu et corrigé, de la
Bibliothèque de l'École des chartes, année 1885, t. XL VI.)
148. BossARD (l'abbé Eugène). Gilles de Rais, maréchal de France,
sa
dit Barbe-Bleue (1404-14'iO), d'après des documents inédits. Paris, Cham-
pion, 1885. In-S", viii-4ir) p. et tableau généalogique.
149. BossAun (l'alibé Eugène). Gilles de Rais, maréchal de France,
dit Barbe-Bleue (1401-1440), d'après les documents inédits réunis par
M. René de Maulde. 2e édition. Paris, Champion, 1886. In-S», CLxxxvn-
428 p. et planches.
150. BouTiLLiER (l'abbé). La Verrerie et les Gentilshommes verriers
de Nevers, avec un appendice sur les verreries du Nivernais. Nevers,
impr. Vallière. In-8°, x-167 p. et planches.
151. BoYLESVE (le P. Marin de). Tout pour Justice. Etienne Boylesve,
prévôt de Paris sous le règne de saint Louis. Coup d'œil sur les corpo-
rations. Paris, Haton. Petit in-18, 76 p.
152. Brunette (N.). Souvenirs archéologiques et Notes relatives à
l'état de la ville de Reims. Meaux, impr. Destouches. In-8'', 186 p.
153. BucHE (H.). Essai sur l'ancien coutumier de Paris aux xm'= et
xiv^ siècles. Paris, Larose et Forcel. In-8o, 137 p. (Extrait de la Nou-
velle Revue historique de droit français et étranger.)
154. Campori (Ces.). Notizie storiche del Frignano. Opéra postuma.
Modena, tip. légale, 1886. In-8°, 344 p. (Publié par G. Campori, frère
de l'auteur.)
155. Cardevagqde (A. de). Notice sur les vieilles enseignes d'Arras.
Arras, impr. De Sède. In-4°, 39 p.
156. Carré DE Busserolle (J.-X.). Catalogue analytique d'aveux de
fiefs rendus par des familles de la Touraine, de l'Anjou, du Maine et
du Loudunois (xvn" et xvni^ s.). Tours, Suppligeon. In-8°, ni-214 p.
157. Cartulaire des Hautes-Pyrénées. L Cartulaire de l'abbaye des
bénédictins de Saint-Savin en Lavedan (945-1175), publié par Charles
Durier. Tarbes, Vimard; Paris, Champion. In-8o, vni-50 p.
158. Castex (Maurice de). Histoire de la seigneurie lorraine de Tan-
viller en Alsace. Paris, Berger-Levrault. In-8'', vi-247 p., eaux-fortes.
159. Cerf (l'abbé). Notes sur la cathédrale de Reims. Paris, imprime-
rie nationale. In-8% 23 p. (Extrait du Bulletin archéologique du Comité
des travaux historiques et scie?itifiques, 1885.)
160. Chabaneau (Camille). Notes sur quelques manuscrits provençaux
perdus ou égarés, suivies de deux lettres inédites de Pierre de Chasteuil-
Gallaup, publiées et annotées. Paris, Maisonneuve et Leclerc. In-8°,
112 p. (Extrait de la Revue des langues romanes.)
161. Champigneulle (Charles). Le Vitrail, conférence faite au palais
de l'Industrie, le 26 octobre 1885. Paris, impr. de Borniol.
162. Champion. Viliemoutiers (Loiret). Orléans, Herluison. In-S», 77 p.
(Extrait des Annales de la Société historique et archéologique du Gdtinais.)
Sis
163. Chartes (les) de Saint-Bertin, d'après le grand cartulaire de dom
Charles-Joseph Dewitte, dernier archiviste de ce monastère, publiées
ou analysées, avec un grand nombre d'extraits textuels, par M. l'abbé
Daniel Haigneré. Tome I (648-1240). Saint-Omer, impr. D'Homont.
ln-4% Lvin-471 p. (Publication de la Société des antiquaires de la
Morinie.)
164. Chassaing (Augustin), Spicilegium Drivatense. Recueil de docu-
ments historiques relatifs au Brivadois et à l'Auvergne. Paris, Picard,
1886. In-4", xvii-756 p. 18 fr.
165. Clerici (Graziano Paolo). Alcune Osservazioni sul testo e sulla
interpretazione délia Divina Commedia di Dante Alighieri. Parma, tip.
Ferrari e Pellegrini, 1886. In-8'', 93 p. Ne se vend pas.
166. Collection de documents pour servir à l'histoire des hôpitaux de
Paris, commencée sous les auspices de M. Michel Môring, continuée
par M. Charles Quentin, directeur de l'administration générale de l'as-
sistance publique; publiée par M. Brièle, archiviste de l'administration.
Tome IV. Fin des comptes et dons et legs faits avant 1789 aux hôpi-
taux et hospices. 1" fascicule. Paris, Picard. In-4° à 2 col., p. 1 à 200.
167. CoRÂ (G.). I Precursori di Cristoforo Colombo verso l'America.
Conferenza tenuta alla Società geograiica italiana il 30 marzo 1885.
Roma, la Società, 1886. In-8°, 17 p. (Extrait du BoUettino délia Società
gcografica italiana, décembre 1885.)
168. CoRTEz (M. -F.). Date de l'achèvement de l'église de Saint-Maxi-
min (Var), d'après des documents inédits. Paris, imprimerie nationale.
In-8°, 12 p. (Extrait du Bulletin archéologique du Comité des travaux his-
toriques et scientifiques, 1885.)
169. Courbe (Ch.). Les Rues de Nancy du xvi« siècle à nos jours.
Tableau historique, moral, critique et satirique des places, portes, rues,
impasses et faubourgs de Nancy. Recherches sur les causes et les ori-
gines des vocables qui leur ont été appliqués depuis le xvi<' siècle. Tome I,
Nancy, imprimerie lorraine. In-8°, 359 p.
170. Cousin (Jules). La Conférence historique des conseillers de ville au
xvme siècle. Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur. In-8°, 7 p.
(Extrait du Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de V Ile-de-France,
novembre-décembre 1885.)
171. CoussEMAKER (Ignace de). Le Carillon de la ville de Bailleul. Lille,
impr, Lefebvre-Ducrocq. In-8'', 24 p. avec figure et musique, (Extrait
des Annales du Comité flamand de France.)
172. Coutumes de Lorris, publiées d'après le registre du parlement de
Paris, par Ad. Tardif. Paris, Picard. In-8o, xvi-78 p. (Recueil de textes
pour servir à l'enseignement de l'histoire du droit.)
319
173. Crampon (le chanoine A.). Girart de Roussillon, chanson de geste.
Amiens, impr. Douillet, In-S", 30 p. (Extrait des Mémoires de la Société
des antiquaires de Picardie, t. XXIX.)
174. CucHERAT (F.). Cluny au xiVsiècle, son influence religieuse, intel-
lectuelle et politique. '4'= édition, précédée d'une introduction inédite
sur les premières origines de Gluny. Autun, Dejussicu. In-16, 280 p.
175. Danicoort (Fabbé Ernest). Notice sur Saint-Léger-lez-Authie,
extraite de l'histoire d'Authie. Ham, impr. Garpentier, In-8°, 36 p.
et plan.
176. Dareste (R.). Svod zakonuv slovanskych : Codex legum Slavonica-
rum, publié par Hermenegild Jiretchek. Paris, imprimerie nationale.
In-4», 54 p. (Extrait du Journal des Savants, 1885 et 1886.)
177. De imitatione Christi libri quatuor. Novis curis edidit et ad fidem
codicis Aronensis recognovit Petrus Eduardus Puyol. Paris, Retaux-
Bray. In-1», Lvin-514 p.
178. Deladreue (l'abbé L.-E.). Berneuil, notice historique et archéo-
logique. Beauvais, impr. Père. In-8°, 89 p.
179. Delisle (Léopold). Mémoire sur l'école calligraphique de Tours
au ixe siècle. Paris, imprimerie nationale. In-4'', 32 p. et 5 pi. (Extrait
des Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, t. XXXII,
l^e partie.)
180. Deloche. Des monnaies d'or au nom du roi Théodobert I^""; des
causes de leur abondance, de leur titre élevé et de la substitution, sur
ces monnaies, de la légende royale à la légende impériale. Paris, impri-
merie nationale. In-4°, 19 p. (Extrait des Mémoires de l'Académie des
inscriptions et belles-lettres, t. XXXII, l''^ partie.)
181. Devig (dom Cl.) et Vaissette (dom J.). Histoire générale du Lan-
guedoc, avec des notes et les pièces justificatives. Édition accompagnée
de dissertations et notes nouvelles. Tome X. Toulouse, Privât. In-4°,
vi-2499 col.
182. DiEHL (Charles). Ravenne, études d'archéologie byzantine. Paris,
Rouam. In-4'', 84 p. avec gravure.
183. Diplomi (i) angioini dell' archivio di Stato di Palermo [1354-
1357], raccolti e pubblicati per cura del socio dottor Giuseppe Travail.
Palermo, tip. Michèle Amenta, 1885. In-8% 80 p. (Documcnti pubbli"-
cati dalla Società siciliana per la storia patria, vol. VIII, fasc. 1.)
184. Documenta generalia et specialia ad universam theologiam spec-
tantia, seu décréta aliquot de rébus fidei et morura quaî a Romanis
pontificibus, conciliis œcumcnicis et congregationibus Romanis pro-
mulgata sunt a saîcul. xiv ad sœcul. xix. Paris, Lethielleux. In-18
Jésus, 295 p.
320
185. Documents pour servir à l'histoire politique, administrative et
commerciale de la Flandre maritime, recueillis, annotés et publiés par
M. A. Bonvarlet. Lille, impr. Lefebvre-Ducrocq. In-8°, 64 p. (Extrait des
Annales du Comité flamand de France.)
186. Documents sur le siège de Metz en 4552, publiés, d'après les
registres du bureau de la ville de Paris, par François Bonnardot. Paris.
In-S", 36 p. (Extrait du Bulletin de la Société de Vhistoire de Paris et de
r Ile-de-France, 1885.)
187. DuBÉDAT. Histoire du parlement de Toulouse. Paris, Rousseau,
1885. 2 vol. in-8°, xvi-760, 736 p. 20 fr.
188. DuBois-GucHAN (Gaston). Une Visite à Luçon en 1885. Le Mans,
impr. de l'Union de la Sarthe, In-i2, 23 p.
189. Du Bourg (Antoine). Tableau de l'ancienne organisation du tra-
vail dans le midi de la France ; corporations ouvrières de la ville de
Toulouse de 1270 à 1791. Toulouse, impr. Saint-Cyprien. In-18, vi-237 p.
190. DucLOS (H.). Histoire des Ariégeois (comté de Foix, vicomte de
Couserans, etc.). De l'esprit et de la force intellectuelle et morale dans
l'Ariège et les Pyrénées centrales. Tome V. Archéologues de l'Ariège,
tome I : descripteurs, géologues, historiens. Paris, Perrin. In-8°,
Lxxn-915 p. et grav.
191. DucouDRAv (le R. P. fr. Marie-Bernard). L'Ancien Couvent des
Frères prêcheurs à Angers. Angers, Germain et Grassin. In-8°, 23 p.
(Extrait de la Revue de l'Anjou.)
192. Du Fresne de Beaugourt (G.). Histoire de Charles VH. Tome IH :
le réveil du roi (1435-1444). Paris, Société bibliographique. In-8°, 548 p.
193. DuMAiNE (l'abbé L.-V.). Notre-Dame d'AIençon, ses parties remar-
quables, ses curés depuis 1060, ses récentes restaurations, avec le dis-
cours prononcé à la cérémonie d'inauguration des nouvelles verrières.
Mamers, Fleury et Dangin. In-12, 47 p.; 2" édition, 48 p.
194. Dupont (Gustave). Histoire du Gotentin et de ses îles. Tome IV
(et dernier). Caen, Le Blanc-Hardel. In-8'', 692 p.
195. DupuY (le P. L.). Le Sanctuaire de Notre-Dame de Sabart près
Tarascon (Ariège). Histoire et monographie du vieux monument depuis
son origine jusqu'à nos jours. Sabart près Tarascon-sur-Ariège, les
missionnaires gardiens du sanctuaire. In-32, 182 p. avec vignette.
196. Ennodi (Magni Felicis) Opéra. Recensuit Frid. Vogel. Berolim,
Weidmann, 1885. In-4% lxii-418 p. (Monumenta Germaniae historica.
Auctorum antiquissimorum tomus VH.) 13 m.
197. Everat (Edouard). La Sénéchaussée d'Auvergne et siège présidial
de Riom au xviu^ siècle, étude historique d'après les papiers et docu-
321
ments inédits de MM. Jacques Chabrol, Guillaume-Michel de Chabrol
et Gaspard-Glaude-Frannois de Chabrol, avocats du roi et licutcuant
général criminel audit siège. Paris, Thorin. In-S", xi-420 p.
198. Fage (René). Le Vieux Tulle. N" 2 : les Fortifications. Avec un
plan exécuté par M. Ducros, d'après Tripon. Tulle, impr. Crauffon.
In-8», 30 p.
199. Faucon (A.). Notes archéologiques sur Saint-Denis-de-Gastines
(Mayenne). Le Mans, impr. Monnoyer. In-8% 16 p. et planche. (Extrait
du Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthc.)
200. Faucon (Maurice). La Librairie des papes d'Avignon, sa forma-
tion, sa composition, ses catalogues (1316-1420), d'après les registres de
comptes et d'inventaires des archives vaticanes. Paris, Thorin. Tome I.
In -8°, xxi-268 p. et planches. (Bibliothèque des Écoles françaises
d'Athènes et de Rome, fasc. 43.)
201. Fête (la) de l'Assaut à la cathédrale de Beauvais (1472). Beau-
vais, impr. Père. In-S", 23 p.
202. Fischer (Theobald). Sammlung mittelalterlicher Welt- und See-
karten italienischen Ursprungs und aus italionischen Bibliotheken und
Archiven. Yenedig, Ferdinand Ongania, 1886. ^1-8", v-254 p.
203. Flahault (l'abbé R.). Deux Manuscrits de l'abbaye Saint-Winoc
à Bergues. Lille, impr. Lefebvre-Ducrocq. In-8°, 8 p. (Extrait des
Annales du Comité flamand de France.)
204. Flahault (l'abbé R.). Notes relatives à la chapelle Saint-Bona-
venture au hameau de la Cloche (paroisse de Zegers-Cappel). Lille,
impr. Lefebvre-Ducrocq. In-8% 18 p. (Extrait des Annales du Comité
flamand de France.)
205. Flandina (Antonino). Programma per una scuola di paleografia
e diplomatica in Palermo. Palermo, tip. lo Statuto, 1885. In-16, 30 p.
206. Fleury (Gabriel). Notices historiques sur Mamers : l'église Saint-
Nicolas. Mamers, Fleury et Dangin. Gr. in-8% 59 p. avec figures et
planches, (Extrait de la Revue historique et archéologique du Maine.)
207. Froger (Loui.s). Philbert de Vanssay. Mamers, Fleury et Dan-
gin. In-8% 24 p. (Extrait de la Revue historique et archéologique du Maine.)
208. FuGHS (J.), Meyer (Emmanuel) et Kauffjiann (P.). Le Livre
d'or de l' Alsace-Lorraine. Tableau historique en 150 dessins hors texte
et 300 dans le texte. Reproduction des monuments gallo-romains,
armoiries, monnaies, vues des villes au moyen âge, documents relatifs
à son apport coopératif aux sciences, aux lettres, aux arts et aux pro-
grès de la civilisation à travers les siècles. Paris, impr. Chamerot. Petit
in-fol. (L'ouvrage formera 50 livraisons mensuelles, à 4 fr.)
322
209. FusTEL DE CouLANGES. Étude sur le titre : De migrantibus, de la
loi salique. Paris, Thorin. In-8°, 36 p. (Extrait de la Revue générale du
droit.)
210. Gandoglia (Bern.). La CittàdiNoli : monogratia storica. Savona,
tip. Bertolotto e Isotta, 1885. In-S", 382 p. 3 1,
211. Gens (les) de qualité en Basse -Marche. Études et documents
généalogiques. Limoges, Ducourtieux; Poitiers, Blanctiier; le Dorât,
Surenaud. (Paraît par livraisons de 52 p. à 2 fr. chacune.)
212. Germain (Léon). Anciennes Cloches lorraines. Nancy, impr.
Crépin-Leblond. In-8°, 74 p. (Extraits, avec additions, du Journal de la
Société d'archéologie lorraine, août 1885.)
213. Germain (Léon). Guillaume de Marcillat, peintre lorrain. Nancy,
impr. Crépin-Leblond. In-8% 11 p.
214. Germain (Léon). Pierre tombale de deux fils de Charles Hierosme
à Dieulouart. Nancy, impr. Crépin-Leblond. In-8°, 15 p.
215. Germain (Léon). Une Correction au Nobiliaire de dom Pelletier :
les familles de Malvoisin-Malvoisin et Conreux de Malvoisin. Nancy,
impr. Crépin-Leblond. In-8°, 10 p.
216. Geymûller (le baron de). Documents inédits sur les manuscrits
et les œuvres d'architecture de la famille de San Gallo, ainsi que sur
plusieurs monuments de l'Italie. Paris. In-8% 31 p. (Extrait des Mémoires
de la Société nationale des antiquaires de France, t. XLV.)
217. GoNDELON (Louis). Biographie des personnages historiques ou
dignes de mémoire de la ville de Riom. Riom, impr. Jouvet. In-8°, 54 p.
218. Grangier (Louis). Histoire abrégée et élémentaire de la littéra-
ture française depuis son origine jusqu'à nos jours. Ouvrage rédigé
d'après les meilleurs critiques. 7* édition, revue. Leipzig, Brockhaus,
1885. In-16, x-349 p. 3 m. 50 pf.
219. Graule (l'abbé Henri). Histoire de Lescure, ancien fief immédiat
du saint-siège, et de ses seigneurs. Paris, Palmé. In-8°, 764 p. et pi.
220. Gregory (Caspar-René). Les Cahiers des manuscrits grecs. Paris,
imprimerie nationale. In-8°, 12 p. (Extrait du Compte rendu des séances
de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, 1885.)
221. Gregory d'Ierni (Francesco). Paris en 1596 vu par un Italien.
Publié par Gaston Raynaud. Paris. In-8°, 7 p. (Extrait du Bulletin de
la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France.)
222. Grienberger (Theod. von). Ueber romanische Ortsnamen in Salz-
burg. Salzburg, Dicter, 1886. In-8'', 62 p.
223. Grignard (le D'' Fr.). L'Abbaye de Flavigny, ses historiens et ses
histoires. Autun, impr. Dejussieu. In-8'', vii-7I p.
323
224. Grignon (L.). Église cathédrale de Chàlons, renseignements
historiques inédits. Ghàlons-sur-Marne, impr. Martin. In-8% 39 p.
225. GuALANDi (Ang.). Accenni aile origini délia lingua c délia poesia
italiana, e di alcuni rimatori e prosatori in lingua volgare hologuesi c
veneziani dei secoli xni e xiv, con appendice di documenti e tavola.
Spigolature dagli archivi di Stato di Bologna e di Yenezia. Bologna,
Carlo Ramazzotti, 1885. In-4% 51 p. 2 1.
226. Guillaume (l'abbé). Église des Cordeliers, chapelle ducale et tom-
beaux des princes de la maison de Lorraine, description historique et
sommaire, Nancy, le gardien de l'église des Cordeliers. In-32, 31 p.
227. GuiLLOTiN nE Corson (l'abbé). Études historiques sur la Bretagne;
l'Église de Rennes à travers les âges. Nantes, Forest et Grimaud. In-8',
44 p. (Extrait de la Revue de Bretagne et de Vendée.)
228. Hamon (J.-M.). Saint-Malo, son passé, le tour de ses remparts.
Saint-Malo, impr. veuve liaize. In-8°, 75 p. 1 fr. 25 c.
229. Hase (Oscar). Die Koberger. Eine Darstellung des buchhiindle-
rischen Geschàftsbetriebes in der Zeit des Ueberganges vom Mittelalter
zur Neuzeit. 2« neu bearbeitete Auflage. Leipzig, Breitkopf uud Hàrtel,
1885. In-8°, vni-462-CLiv p., 4 annexes. 10 m.
230. Hauréau (B.). Mémoire sur la vie et quelques œuvres d'Alain de
Lille. Paris, imprimerie nationale. In-4°, 27 p. (Extrait des Mémoires
de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, t. XXXII, l""^ partie.)
231. Hauréau (B.). Notice sur le numéro 3203 des manuscrits latins
de la Bibliothèque nationale. Paris, imprimerie nationale. In-4°, 14 p.
(Extrait des Notices et Extraits des manuscrits de la Bibliothèque natio-
nale, etc., t. XXXI, 2° partie.)
232. Heidemann (Julius). Die Beguinenconventen Essens. Nach den
Urkunden bearbeitet. Essen, Bàdeker, 1886. In-12, 196 p. (Beitràge
zur Geschichte von Stadt und Stift Essen. 9^^ heft.) 1 m. 50 pf.
233. Heinemann (Otto von). Geschichte von Braunschweig und Han-
nover. IL Gotha, F. A. Perthes, 1886. In-8% iv-499 p. 9 m.
234. Histoire de la ville de Béthune, tirée des anciennes chroniques
de Flandre et d'Artois. Manuscrit inédit, publié, avec une table des
ma,tières, par L. Quarré-Reybourbon. Lille, Quarré. In-12, 72 p.
235. Iscrizioni (le) délia chiesa di S. Pietro Somaldi raccolte l'anno
MDCCLX da Bartolommeo Baroni. (Publié par Bernardino Baroni.)
Con l'appendice. Lucca, tip. Giusti, 1886. In-8°, 23 p.
236. J^GER (Alb.). Die Blùthezeit der Landstande Tirols von dem
Tode desHerzogs Friedrich mit der leeren Tasche 1439 bis zum Tode
des Kaisers Maximilian I 1519. Innsbruck, Wagner, 1885. In-8°,
vn-539 p. (Geschichte der landstandischen Verfassung Tirols. Il, 2.)
324
237. JouBERT (André). Le Collège de Requeil d'après des documents
inédits (1676-1793). Mamers, Fleury et Dangin. In-8°, 14 p. (Extrait de
la Revue historique et archéologique du Maine.)
238. JouBERT (André). La Démolition des châteaux de Craon et de
Château-Gontier, d'après les documents inédits (1592-1657). Mamers,
Fleury et Dangin. In-8°, 39 p. (Extrait de la Revue historique et archéo-
logique du Maine.)
239. JouBERT (André). La Restauration artistique de l'hôtel de Pincé.
Angers, Germain et G. Grassin, 1886. In-S", 16 p., 4 pi. (Hôtel sis à
Angers, bâti de 1523 à 1533, restauré de nos jours.)
240. JuLLiOT (G.). Notice sur des ornements pontificaux donnés à la
cathédrale de Sens par Mm« la comtesse douairière de Bastard d'Estang.
Paris, imprimerie nationale. In-S», 15 p. avec fig. et 3 planches
coloriées.
241. Kersauson (J. de). Histoire généalogique de la maison de Ker-
sauson. Nantes, impr. Forest et Grimaud. In-4'', xn-352 p. et planches
héraldiques.
242. Kerschbaumer (Anton). Geschichte der Stadt Krems. Krems
a. D., Oesterreicher, 1885. In-8», xvi-651 p., 16 planches.
243. KiNDLER VON Knobloch (J.). Das goldene Buch von Strassburg.
I. Strassburg, Trùbner, 1885. In-8°, 192 p., 23 planches. 10 m.
244. KiRCHHOFF (Albrecht). Die Entwickelung des Buchhandels in
Leipzig bis in das zweite Jahrzehnt nach Einfùhrung der Reformation
(1539). Eine geschichtliche Skizze. Leipzig, 1885. In-8'', 88 p.
245. Kluge (Friedrich). Nominale Stammbildungslehre der germa-
nischen Dialecte. Halle, Niemeyer, 1886. In-8°, xn-108 p. (Sammlung
kurzer Grammatiken germanischer Dialecte. Ergànzungsreihe L)
2 m. 60 pf.
246. KocK (Axel). Sprâkhistoriska Undersokningar om svensk
akcent. H. Lund, Gleerup, 1885. In-8o, iv-524 p.
247. Labonne (le D"" H.). Recueil de mots et expressions qui, employés
par Rabelais, sont encore en usage dans le Berry. Châteauroux, impr.
Majesté. In-S", 19 p. (Extrait de la Revue du Ceiitre.)
248. La Bouillerie (Sébastien de). Petite Chronique d'autrefois. Pre-
mière partie : la Répression du blasphème dans l'ancienne législation.
Mamers, Fleury et Dangin. In-8°, 20 p. (Extrait de la Revue historique
et archéologique du Maine.)
249. Lafenestre (Georges). La Peinture italienne. I. Depuis les ori-
gines jusqu'à la fin du xv^ siècle. Paris, Quantin. ln-8% 360 p. avec
gravures. (Bibliothèque de l'enseignement des beaux-arts.) 3 fr. 50 c.
325
250. Lallemand (Paul). Un Manuscrit retrouvé : guerre de Metz
en 1324. Nancy, impr. Grépin-Leblond. (Extrait du Journal de la Société
d'archéologie lorraine.)
251. LASiNio(Fausto). Délie voci italiane di origine orientale. Firenze,
Le Monnier, 1886. In-8°, 16 p. (Réimpression publiée par G. Levantini-
Pieroni.)
252. Laurière (Jules de) et Mùntz (Eugène). Giuliano da San Gallo
et les monuments antiques du midi de la France au xv siècle. Paris.
In-S", 36 p. et planches. (Extrait des Mémoires de la Société nationale
des antiquaires de France, t. XLV.)
253. Le Blant (Edmond). Les Sarcophages chrétiens de la Gaule.
Paris, imprimerie nationale. Li-4°, xxiv-171 p. et 59 planches. (Collec-
tion de documents inédits sur l'histoire de France, publiés par les soins
du ministère de l'instruction publique.)
254. Ledouble (l'abbé). Les Origines de Liesse et du pèlerinage de
Notre-Dame. Soissons, l'auteur. In-8% 39 p. et 2 planches. 1 fr. 25 c.
255. Ledru (l'abbé Ambroise). Damiens dans le Maine. Mamers,
Fleury et Dangin. In-8°, 14 p. (Extrait de la Revue historique et archéo-
logique du Maine.)
256. Ledru (l'abbé Ambroise). Un Paroissien de la Selle-Craonnaise
au xvie siècle. Mamers, Fleury et Dangin. In-8°, 14 p.
257. Lefort (F.). Sur un manuscrit du xni« siècle relatif à la cons-
truction des premiers ponts sur le Rhône à Avignon et à Lyon. Étude
historique et critique. Reims, impr. Monce. In-8", 24 p.
258. Legeay (F.). Les Archives de la Sarthe; le Couvent des Jacobins
du Mans. Le Mans, Leguicheux. In-S», 15 p.
259. Legeay (F.). Recherches historiques sur Ghemiré-le-Gaudin. Le
Mans, impr. Monnoyer. In-8'', 53 p. (Extrait du Bulletin de la Société
d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe.)
260. Le Gentil (G.). Églises Saint-Nicolas-sur-les-Fossés en Arras
(ville), xne siècle à 1885. Arras, impr. De Sède. In-8°, 217 p.
261. Legrand (Maxime). Les Ruines romaines et les Mosaïques de
Souzy-la-Briche, arrondissement d'Étampes (Seine-et-Oise). Orléans,
Herluison. In-8°, 39 p. et planche. (Extrait des Annales de la Société
historique et archéologique du Gâtinais.)
262. Lévrier (Antonin). Histoire des Deux-Sèvres. Niort, Glouzot.
In-18 Jésus, 473 p.
263. Lhuillier (Th.). La Tapisserie dans la Brie et le Gâtinais,
mémoire lu à la Sorboi.ne le 8 avril 1885. Paris, Pion. In-8°, 31 p.
264. Liber (der) trium fratrum de geometria. Nach der Lesart des
326
Codex Basileensis F. II. 33 mit Einleitung und Gommentar herausgege-
ben von Max Curtze. Mit in denTexL gedruckten Holzschnitten. Halle;
Leipzig, Engelmann, 1885. In-4», 63 p. (Nova Acta der kais. Leop.-
Carol. deutschen Akademie der Naturforscher, XLIX, 2.)
265. LiMAYRAC (Léopold). Étude sur le moyen âge : histoire d'une
commune et d'une baronnie du Quercy (GasteInau-de-Montratier).
Gahors, Girma. In-S", li-654 p. et planches. 7 fr.
266. Livre de comptes de Glaude Rohault, curé de l'église Saint-
Quentin de Misery-en-Garnois d'Holnon (années 1659 à 1664). Publié
par M. Gh. Poette. Saint-Quentin, impr, Poette. In-8% 61 p.
267. LizERAY (Henri). Origines franques. Paris, Fauteur, 20, place
Denfert-Rochereau. In-8°, 28 p.
268. LoisEAu (A.). Histoire delà littérature portugaise depuis ses ori-
gines jusqu'à nos jours. Paris, Thorin, 1886. In-18 jésus, vni-409 p.
269. LoRY (Ernest-Léon). Ordonnance concernant les droits qu'avait
anciennement l'exécuteur de la haute justice de la ville de Dijon
(année 1452). Dijon, impr. Jobard. In-4'', 24 p. (Extrait des Mémoires
de la Commission des antiquités de la Côte-d'Or.)
270. Louis XI, roi de France. Lettres, publiées d'après les originaux,
pour la Société de l'histoire de France, par Joseph Vaesen et Etienne
Gharavay. Tome II. Lettres de Louis XI (1461-1465), pubhées par
Joseph Vaesen. Paris, Loones. In-8% vn-402 p.
271. Lozzi (Garlo). Biblioteca storica dell' antica e nuova Italia. Sag-
gio di bibliografia analitico comparato e critico. Vol. I. Imola, Galeati,
1886. In-8% 493 p.
272. Lupo (Marco). Monografia storica di Mottola. Seconda edizione.
Taranto, tip. Ruggiero Parodi, 1885. In-8'', 154 p. 1 1. 75 c.
273. Madden (J.-P.-A.). Lettres d'un bibliographe, suivies d'un essai
sur l'origine de l'Imitation. 6« (et dernière) série. Paris, Leroux. In-S»,
xxm-310 p. et atlas in-4°.
274. Majetti (Raff.). Associazioni di arti e mestieri per diritto romano.
Gorporazioni di arti e mestieri napoletani dal xiv al xix secolo. Napoli,
Garlo La Gava, 1885. In-16, 57-89 p. (Extrait de la Gazzetta del procura-
tore, 20^ année.)
275. Mangod (l'abbé Eug.). Saint Paterne, martyr, patron de Saint-
Sauveur-lez-Bray. Bray-sur-Seine, impr. Golas. In-8°, iii-81 p. et pi.
276. Marie de France. Die Lais. Herausgegeben von Karl Warnke.
Mit vergleichenden Anmerkungen von Reinhold Kohler. Halle, Nie-
meyer, 1885. In-8°, lv-276 p. (Bibliotheca Normannica. Herausgegeben
von Hermann Suchier. III.) ÎO m.
327
277. Maxe-Werly (Léon). Étude du tracé de la chaussée romaine
entre Ariola et Fines, documents à consulter dans la recherche des voies
antiques du pagus Barrensis. Bar-le-Duc, impr. Philipona. In-8°, 39 p.
et carte.
278. Mazzatinti (Giuseppe). Inventario dei manoscritti italiani délie
biblioteche di Francia. Vol. I : manoscritti italiani délia Bihlioteca
nazionale di Parigi. Roma, 1886. In-8"', clxxxii-2o6 p. (Miuistero délia
pubblica istruzione : indici e cataloghi, n» 5.)
279. Mélanges historiques. Choix de documents. Tome V. Paris,
imprimerie nationale. In-4°, 644 p. (Collection de documents inédits
sur l'histoire de France, publiés par les soins du ministère de l'instruc-
tion publique.)
280. Michaux (Alexandre), Histoire de Villers-Cotterets, la ville, le
château, la forêt et ses environs. Illustrée par Charles Montpellier.
2« édition, augmentée et mise au courant des événements jusqu'en 1886.
Paris, Marchai et Billard. In-4° à 2 colonnes, 210 p. et planches.
281. MiLLARD (l'abbé A.). Histoire de Somsois. Arcis-sur-Aube, Fré-
mont. In-8°, 268 p.
282. MiLLARD (l'abbé A.). Histoire ecclésiastique et féodale de l'archi-
diaconé de Margerie. Histoire de Chapelaine-sous-Margerie. 2^ édition.
Ghâlons-sur-Marne, Denis. In-8'', 95 p.
283. MiREUR. Inventaire de la boutique d'un orfèvre de la ville de
Draguignan en 1498. Paris, imprimerie nationale. In-8'', 12 p. (Extrait
du Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scienti"
fiques, 1885.)
284. MissoL (le D' Léon). La Famine et l'Épidémie de 1709 dans le
Beaujolais, d'après les archives de la commune et de l'Hôtel-Dieu de
Villefranche. Lyon, impr. Mougin-Russand. (Extrait de la Revue lyon-
naise.)
285. Mittheilungen zur Geschichte des Heidelberger Schlosses. Heraus-
gegeben vom Heidelberger Schlossverein. Heft 1. Heidelberg, Groos,
1885. In-8», 34 p., 2 planches. 1 m.
286. MoisY (Henri). Dictionnaire du patois normand, indiquant par-
ticulièrement tous les termes de ce patois en usage dans la région cen-
trale de la Normandie, pour servir à l'histoire de la langue française,
avec de nombreuses citations, etc. Caen, Le Blanc- Hardel. In-8°,
GLXVI-711 p.
287. MoLiNiER (Auguste). Catalogue des manuscrits delà bibliothèque
Mazarine. Tome I. Paris, Pion. In-8°, xxvii-534 p. (Ministère de l'ins-
truction publique, des beaux-arts et des cultes. Catalogue général des
manuscrits des bibliothèques publiques de France.)
328
288. MoLiNiER (Emile). Notes sur les tapisseries des ducs de Lorraine.
Paris, imprimerie nationale. In-8°, H p. (Extrait du Bulletin archéolo-
gique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1885.)
289. Mort (la) Aymeri de Narbonne, chanson de geste, publiée, d'après
les manuscrits de Londres et de Paris, par J. Couraye du Parc. Paris,
Firmin-Didot. In-8% li-248 p. (Publication de la Société des anciens
textes français.)
290. MoRTET (Victor). Une Élection épiscopale au xn« siècle : Mau-
rice de Sully, évêque de Paris (1160). Paris, Leroux. In-8», 13 p.
(Extrait des Annales de la faculté des lettres de Bordeaux, année 1885.)
291. MouLARD (P.). Recherches historiques sur la châtellenie et la
paroisse d'Assé-le-Boisne (canton de Fresnay-sur-Sarthe). Le Mans,
Lebrault. In-8o, vii-519 p.
292. MouLENQ (François). Documents historiques sur le Tarn-et-
Garonne : diocèses, abbayes, chapitres, commanderies, églises, seigneu-
ries, etc. Tome lEL Montauban, impr. Forestié. In-8% 518 p.
293. MuLLER (S.). De Middeleeuwsche Rechtsbronnen der stad Utrecht.
Inleiding. Haag, Nijhoff, 1885. In-8°, xvi-426 p. (Werken der Yeree-
niging tôt uitgave der bronnen van het oude vaderlandsche recht,
gevestigd te Utrecht. 1^ reeks. N" 3.)
294. Notices et Extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale
et autres bibliothèques, publiés par l'Institut national de France, faisant
suite aux Notices et Extraits lus au comité établi dans l'Académie des
inscriptions et belles-lettres. Tome XXXI. Paris, imprimerie nationale.
In-4% 326 p.
295. Nyrop (Cristoforo) . Storia dell' epopea francese nel medio evo.
Prima traduzione dell' originale danese, di Egidio Gorra, con aggiunte
e correzioni fornite dall' autore, con note del traduttore e una copiosa
bibliografia. Firenze, tip. G. Garnesecchi, 1886. In-8°, xvn-495 p. 6 1.
296. Obituaire du couvent des cordeliers de Ghâteauroux (1213-1782),
publié, d'après l'original conservé aux archives du département de
l'Indre, avec introduction, notes et table alphabétique, par Eugène
Hubert. Paris, Picard. In-8°, 84 p.
297. Oesterley (Hermann). Wegweiser durch die Literatur der
Urkunden-Sammlungen. I^"" Theil. Berlin, G. Reimer, 1885. In-8'',
vi-574 p. 12 m.
298. OuRSEL (N.-N.). Nouvelle Biographie normande. Tome I (A-K).
Paris, Picard. In-8°, xv-515 p.
299. Papa-d'Amico (L. ). Titoli di credito di antichi mercanti ita-
liani (dalla Biblioteca nazionale di Parigi). Relazione a S. E. il mini-
329
stro di agricoltura, industria e commercio. Roma, tip. eredi Botta, 1885.
In-S", 28 p. (Ministero d'agricoltura, etc. Annali del crédite e délia pre-
videnza. 13.)
300. Petit de Julleville (L.). Histoire du théâtre en France : les
Comédiens en France au moyen âge. Paris, Cerf. In-18 jésus, 368 p.
301. Plischke (Max). Das Rechtsverfahren Rudolf's von Ilabsburg
gegen Ottokar von Bohmen. Bonn, Cohen, 1885. In-8°, 78 p. 1 m. 20 pf.
302. Prarond (E.). Abbeville : une occupation militaire au xv« siècle
(1470-1477), note lue à la Société d'émulation. Paris, Champion. In-8%
31 p.
303. Prost (Bernard). Notice sur les anciens vitraux de l'église de
Saint-Julien (Jura), et incidemment sur ceux de Notre-Dame de
Brou (Ain). Planches dessinées et lithographiées par Louis Clos. Lons-
le-Saunier, impr. Declume. In-4% 26 p., 6 pi.
304. Recueil des plaquettes historiques champenoises du xvi^ siècle,
publiées et annotées par le comte Edouard de Barthélémy. Paris,
Champion. Petit in-8°, 181 p.
305. Renaud (l'abbé Edmond). Rouen, église Saint- Vincent, mono-
graphie archéologique et descriptive. Illustrations et photogravures
d'E. et A. Marguery. Rouen, Métérie. In-4°, m-182 p.
306. Revelli (&. B. Alb.). Mura antiche di Verona e loro vicende.
Brève cenno storico-miUtare. Verona, G. Drezza, 1885. In-S", 87 p.,
carte. 1 1.
307. Ribbe (Charles de). Les Livres de raison en Allemagne et le
Tagebuch d'Albrecht Durer. Paris, Levé. In-8°, 32 p. (Extrait de la
Réforme sociale.)
308. Richard (Jules-Marie). Notes sur quelques peintres des pre-
mières années du xiv^ siècle. Paris, imprimerie nationale. In-8°, 48 p.
(Extrait du Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et
scientifiques, 1885.)
309. RiGHOu (Gabriel). Traité de l'administration des bibliothèques
publiques. Historique, organisation, législation. Paris, P. Dupont.
In-8% vm-422 p. (Répertoire du droit administratif.)
310. RiGHTER (Ed.). Untersuchungen zur historischen Géographie des
ehemaligen Hochstiftes Salzburg und seiner Nachbargebiete. Innsbruck,
Wagner, 1885. In-8% 152 p., 1 carte.
311. Roman (J.). Chartes de libertés ou de privilèges de la région des
Alpes. Paris, Larose et Forcel. In-8o, 43 p. (Extrait de la Nouvelle
Revue historique de droit français et étranger.)
312. Roman (J.). Compte des obsèques et du deuil de Charles, duc
22
330
d'Orléans- Valois. Paris. In-S», 23 p. (Extrait de V Annuaire-Bulletin de
la Société de l'histoire de France.)
313. Romans (li) de Carite et Miserere du Rendus de Moiliens,
poèmes de la fin du xn^ siècle. Édition critique, accompagnée d'une
introduction, de notes, d'un glossaire et d'une liste de rimes, par A. G-.
Van Hamel. Paris, Vieweg. 2 vol. in-8% ccni-145, 244 p. (Bibliothèque
de l'École des hautes études : sciences philologiques, historiques, etc.,
61° et 62« fascicules.)
314. RosTAN (L.). Le Chœur de l'église de Saint-Maximin (Var);
sculptures sur bois du xvn^ siècle. Dessins par feu M. Ph. Rostan.
Paris, Pion. Petit in-foUo, 35 p. et 25 pi.
315. RuPRiGH- Robert (V.). L'Architecture normande aux xi« et
xii^ siècles en Normandie et en Angleterre. Paris, Des Fossez. Grand
in-4° avec planches. (Paraît par livraisons.)
316. Saint-Pierre de Senonnes, diocèse de Laval. Monographie parois-
siale. Mamers, Fleury et Dangin. In-S», 55 p. (Extrait de la Revue his-
torique et archéologique du Maine.)
317. Sandret (L.). Histoire généalogique de la maison de Chabot.
Nantes, impr. Forest et Grimaud. In^", xn-386 p. et planches héral-
diques.
318. ScHMiDT (Charles). Précis de l'histoire de l'Église d'Occident
pendant le moyen âge. Paris, Fischbacher, 1885. In-8'', xi-452 p.
319. Schola Aquitanica. Programme d'études du collège de Guyenne
au xvi" siècle, réimprimé, avec une préface, une traduction française et
des notes, par Louis Massebiau. Paris, Hachette. In-S», xv-77 p.
(Mémoires et Documents scolaires, publiés par le Musée pédagogique.)
320. SoLON (Jules). Notice historique et généalogique de la famille
d'Anglade, d'Auch (1450-1855), dressée d'après les actes, contrats et
titres originaux conservés et communiqués par M. Augustin d'Anglade.
Auch, impr. Thibault. In-8°, 39 p. et tableau généalogique.
321. SoRAGNA (Raimondo di). Bibliografia storica e statu taria délie
provincie parmensi. Fasc. L Parma, tip. Luigi Battei, 1886. In-S-,
253 p. (Publication de la R. Deputazione di storia patria per le provincie
parmensi.) 5 1.
322. Strassburger (B.). Geschichte der Erziehung und des Unterrichts
bei den Israeliten. Von der talmudischen Zeit bis auf die Gegenwart.
Mit einem Anhang : Bibliographie der jûdischen Pàdagogie. Stuttgart,
Levy und Mùiler, sans date. In-8°, xv-310 p. 5 m.
323. Strnadt (JuL). Die Geburt des Landes ob der Enns. Eine rechts-
historische Untersuchung ûber die Dévolution des Landes ob der Enns
an Oesterreich. Linz, Ebenhôch, 1886. In-8% 125 p.
334
324. Tamizey de Larroque (Philippe). Ueliquix bénédictine, documents
inédits. Auch, impr. Foix. In-8% 42 p. (Extrait de la Revue de Gascogne.)
325. Tanon (L.). L'Ordre du procès civil au xiv* siècle, au Châtelet de
Paris. Paris, Larosc et Forcel. In-8°, 175 p.
326. Tardif (Ad.). Le Droit privé au xnr siècle, d'après les coutumes
de Toulouse et de Montpellier. Paris, Picard. In-8% 113 p.
327. Teyssier (Georges). Le Plessis- Piquet, ancien Plessis-Raoul
(1112-1885). Paris, Hachette. In-4o, 127 p. avec grav, et portraits.
328. Thoison (Eugène). La Roche au Diable et les Caves de Larchant.
Fontainebleau, impr. Bourges. In-8°, 19 p.
329. Toepke (Gust.). Die Matrikel der Universitiit Ilcidelbcrg von
1386-1662. Nebst Anhàngen. Heidelberg, Winter, 1884-1886. 2 vol.
in-8°, Lxxvi-697, 622 p. 50 m.
330. ToNONi (A. G.). Gregorio VII e i Piacentini. 1046-1085. Memo-
ria. Piacenza, Fr. Solari, 1885. ^1-8°, 105 p.
331. Toulouse-Lautrec (le comte de). Souvenirs du comté de Foix :
Montségur. Lyon, impr. Pitrat. Grand in-8°, 16 p.
332. Triger (Robert). Un Bénédictin do Saint-Vincent du Mans,
amateur d'art et collectionneur, en 1647. Mamers, Fleury et Dangin.
In-S», 22 p. (Extrait de la Revue historique et archéoloriique du Maine.)
333. Un ancien Glossaire latin-arménien, publié et annoté par
A. Carrière. Paris, imprimerie nationale, 1886. In-8'', 19 p. (D'après la
publication de M. Omont, tirée du manuscrit 17 a du grand séminaire
d'Autun, Bibliothèque de l'École des chartes, XLIII, 1882, p. 563. Publié
par l'École des langues orientales vivantes, pour le jubilé cinquante-
naire de M. J.-B. Émine, professeur à l'Institut LazarelT des langues
orientales.)
334. Valentini (Ern.). Manuale del bibliotecario, ove sono regolc
pratiche per ordinarc , dirigere e conservare le biblioteche. Roma,
E. Perino, 1886. In-8%.52 p.
335. Valois (Noël). Le Conseil de raison de 1597. Paris. In-8% 9 p.
(Extrait de V Annuaire-Bulletin de la Société de V histoire de France.)
336. Varax (Paul de). Simple Histoire d'un étang de la Dombcs :
l'étang du Mine en la paroisse de la Peyrouze. Bourg, impr. Ville-
franche. In-8o, 34 p.
337. Versorts (Livre de raison de maître Nicolas), avocat au parle-
ment de Paris (1519-1530). Publié par G. Fagniez. In-8°, 128 p. (Extrait
des Mémoires de Ir Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France,
t. Xn, 1885.)
338. Veuclin (E.). Les Antiquités de la ville de Bernay : l'église
332
Sainte-Croix, histoire et description. Bernay, impr. "Veuclin. In- 16,
36 p. (Extrait de l'Histoire de la ville de Bernay.)
339. Veuclin (E.). Saint Taurin et sa coudre à Saint- Aubin de Gisai.
Bernay, impr. Veuclin. In-8°, 40 p. et planche.
340. ViLLEMAN (J.). Étymologie du mot français Alouette. Clamart
(Seine), l'auteur. In-18, 22 p. 50 cent.
341. Visite au clocher de Saint-Bénigne, cathédrale de Dijon, par
A. D., maître sonneur. Dijon, impr. Jobard. In-16, 55 p. et gravures.
342. Wattenbach (W.). Deutschlands Geschichtsquellen im Mit-
telalter biszurMitte des 13. Jahrhunderts. II" Band. 5« umgearbeitete
Auflage. Berlin, Hertz, 1886. In-S", iv-SSO p. 9 m.
343. Werunsky (Emil). Auszùge atis den Registern der Pâpste
Glemens VI und Innocenz VI zur Geschichte des Kaiserreichs unter
Karl IV. Innsbruck, Wagner, 1885. In-8'', vi-170 p.
344. WusTMANN (Gustav). Aus Leipzig's Vergangenheit. Gesammelte
Aufsâtze. Leipzig, Grunow, 1885. In-8% ni-472 p. (Schriften des Vereins
fiir die Geschichte Leipzigs. Nr. 3.) 6 m.
CHRONIQUE ET MÉLANGES.
Le 29 avril 188G, la Société de l'École dos chartes a procédé à l'élection
du bureau et des commissions de la Société pour l'année 1886-1887. Ont
été élus :
Président : M. de Montaiglon.
Vice-président : M. d'Arbois de Jubainville.
Secrétaire : M. Guilhiermoz.
Secrétaire-adjoint : M. Delachenal.
Archiviste-trésorier : M. A. Tuetey-
Membres de la commission de publication : MM. Delisle, de Las-
teyrie, Omont.
Membres adjoints de cette commission : MM. Julien Havet et
Valois.
Membres de la commission de comptabilité : MM. Bruel, Roc-
quain et Morel-Fatio.
— Nous avons la douleur d'annoncer la mort d'un de nos confrères,
M. l'abbé Lebeurier, qui a fait beaucoup d'honneur à l'École des chartes
par de nombreuses publications historiques et surtout par ses travaux
aux archives du département de l'Eure.
Nous empruntons au Courrier de l'Eure un article dans lequel sont
exactement indiqués les principaux traits de la vie de notre regretté
confrère :
« Pierre-François Lebeurier était né à Villedieu (Manche), le 5 juil-
let 1819. Après avoir été élève à l'École dos chartes, il fut nommé, le
!«•• novembre 1844, professeur suppléant de dogme à la faculté de théo-
logie de Bordeaux, et, quatre ans après, professeur titulaire de cette
chaire, qu'il conserva jusqu'au 1" mai 1851.
« Appelé aux fonctions d'archiviste du département de l'Eure, il arri-
vait à Évreux le 12 du même mois. Il occupa ces fonctions avec le zèle,
l'assiduité et la compétence que l'on sait, jusqu'au 5 novembre 1875.
« En môme temps, il remplissait les charges pastorales de sa profes-
sion ecclésiastique. D'abord curé de Huest, du l*"" août 1852 au
20 décembre 1853, il reçut à cette date l'administration de la paroisse
de Gravigny, don; il resta chargé pendant dix-sept ans. Mgr Grolleau
le nomma ensuite chanoine titulaire de sa cathédrale. Orateur distin-
334
gué, il se fit souvent entendre dans la chaire de Notre-Dame d'Évreux,
et sa parole était goûtée.
« Le 3 mars 1882, M. l'abbé Lebeurier donna sa démission de ses
fonctions de chanoine et quitta le diocèse pour se retirer à Mantes, où,
en qualité de supérieur des Dames Bénédictines, il se consacra entière-
ment à la réformation et à l'administration de cette importante maison.
Il resta chanoine honoraire d'Évreux et de Versailles.
« M. Lebeurier était depuis de longues années correspondant du
ministère de l'instruction publique pour les travaux historiques, membre
de la Société libre de l'Eure dont il présida longtemps la section de lit-
térature, membre de la Société de l'École des chartes, de la Société des
antiquaires de Normandie, etc. Il était, en outre, officier de l'instruc-
tion publique.
« Parmi les nombreuses publications qu'il a laissées, et qui toutes
attestent beaucoup de sagacité et d'érudition, nous tenons à citer les
suivantes :
« Compte de la châtellenie de Breuîlpont (1852); — Coutumes de Vernon
au XI I" siècle (1855); — De la découverte d^ un prétendu cimetière mérovin-
gien à la chapelle Saint-Éloi, rapport fait à la Société libre de l'Eure
(1855); — Rôles des taxes de l'arrière-ban du bailliage d'Évreux en 1562,
avec une introduction sur l'histoire et l'organisation du ban et de l'ar-
rière-ban ;
« Notices historiques sur les communes d'Aclou, Acon, Acquigny,
Aigleville, Ailly, Aizier, Ajou, Alisay, Ambenay, Amécourt (Annuaire
du département de l'Eure, de 1862 à 1869); la notice sur Acquigny,
tirée à part, a obtenu une mention très honorable de lAcadémie des
inscriptions et belles-lettres;
« Recueil des arrêtés préfectoraux sur la police des rivières et cours d'eau,
avec appendice contenant les documents antérieurs à 1790 (Annuaire,
1863, 1864 et 1865); — le Mémorial historique des évêques, ville et comté
d'Évreux, écrit au xvn^ siècle par Le Batelier d'Aviron, publié pour la
première fois et annoté (Annuaire, 1866); — État des anoblis en Nor-
mandie de 1545 à 1661, avec un supplément de 1398 à 1687 (Annuaire,
1869); — Notice sur l'abbaye de la Croix-Saint- Leiifroy (1866); —
Recherche de la noblesse de l'élection d'Évreux en 1523 (Annuaire, 1868);
« Histoire d'Évreux (Almanach d'Évreux, 1867) ; — Description de la
cathédrale d'Évreux (Almanach d'Évreux, 1868) ; — Description de l'église
Saint-Taurin (Almanach d'Évreux, 1869);
« Vie de la révérende mère Saint-Joseph, fondatrice de la congrégation
des soeurs de Saint-Joseph de Bordeaux (1869);
« Enfin divers articles historiques dans V Almanach historique et litur-
gique du diocèse d'Évreux.
« Rappelons, en terminant, que M. l'abbé Lebeurier avait fondé, en
1872, avec le concours de quelques amis, le Conservateur de VEure,
335
revue hebdomadaire de la politique générale et des intérêts moraux et
matériels du département. Ce journal, imprimé chez Ernest Quettier,
a eu 52 numéros, de juillet 1872 à juillet 1873. »
— Par décret du 29 juin 1886, notre confrère M. Didier Neuville,
sous-chef de bureau au ministère de la marine, a été nommé chevalier
de la Légion d'honneur. La distinction accordée à M. Neuville est
motivée par cette mention : « Services exceptionnels rendus à l'occa-
sion de la réorganisation des archives de la marine. Auteur de l'inven-
taire des archives de la marine. »
— Par arrêté du 30 avril 1886, notre confrère M. Charles de Beaure-
paire a été nommé officier de l'instruction publique.
Par arrêté du même jour, nos confrères MM. Emile Molinicr et
Henri Stein ont été nommés officiers d'académie.
— Notre confrère M. Hanotaux a été élu député du département de
l'Aisne.
— Par décret du 30 juin 1886, notre confrère M. Hanotaux, député
de l'Aisne, a été nommé membre de la commission supérieure des
archives de la marine.
— Dans sa séance du 18 mai 1886, le conseil d'administration de la
Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France a appelé aux fonc-
tions de président de la Société, pour l'année 1886-1887, notre confrère
M. Charles Tranchant, vice-président.
A PROPOS DES DÉCOUVERTES DE JÉRÔME VIGNIER.
Dans un mémoire inséré au dernier volume de ce recueil, je me suis
efforcé d'établir qu'un certain nombre de documents relatifs à l'histoire
ecclésiastique du v« et du vi" siècle, publiés pour la première fois
dans le Spicilegium de L. d'Achery et souvent réimprimés, sont apo-
cryphes et ont été fabriqués par Jérôme Vignier, prêtre de l'Oratoire,
mort en 1661^.
De deux côtés, cette thèse vient d'être confirmée et complétée d'une
façon aussi heureuse qu'inattendue. M. l'abbé Pierre Batiffol, à Paris,
et M. W. Wattenbach, à Berlin, ont signalé deux autres documents
apocryphes, dont la composition peut être attribuée avec vraisemblance
à Jérôme Vignier. Les deux auteurs ont bien voulu autoriser la repro-
duction de leurs articles dans la Bibliothèque de l'École des cJiartes. Voici
le texte de l'un et la traduction de l'autre.
Julien Havet.
1. Questions meroiingiennes, II, les Découvertes de Jérôme Vignier, dans la
Bibliothèque de l'École des chartes, t. XLVI, 1885, p. 205-271.
336
« l'ÉPÎTRE de THÉONAS a LUCIEN. — NOTE SUR UN DOCUMENT CHRÉTIEN
ATTRIBUÉ AU III^ SIÈCLE''.
« On a dénoncé ces derniers temps certaines pièces toutes modernes
que Luc d'Achery, avec une parfaite bonne foi d'ailleurs, avait admises
dans son spicilège. Tel était le cas d'un testament de Perpétue, évêque
de Tours, d'un diplôme de Clovis, de lettres d'évêques et de papes du
v siècle, etc., tous documents fabriqués, assure-t-on, par le P. Jérôme
Vignier, de l'Oratoire 2. J'ai été amené à mon tour à concevoir des
doutes sur un autre document du même spicilège, venu, lui aussi, de
l'Oratoire, VÉpitre de Théonas à Lucien^ : ce document est donné comme
de la fin du me siècle, et il est rédigé en latin.
« L'évêque Théonas écrit à Lucien, préfet des « chambellans », une
lettre de direction sur les devoirs d'état des « chambellans » et sur la
manière dont s'en doit acquitter un chrétien. Qu'en toutes choses ils
soient désintéressés et craignant Dieu ; que le trésorier du prince tienne
ses comptes avec une irréprochable et éclatante probité ; que le conser-
vateur du vestiaire et du garde-meuble fasse de fréquentes inspections;
que le bibliothécaire ait un soin éclairé de ses livres; que les officiers
de la chambre impériale soient réguliers et empressés. Lucien enfin
devra faire de pieuses recollections, de pieuses lectures, car cet exer-
cice sert beaucoup et on doit le pratiquer souvent, etc.
« L'importance d'un pareil document est évidente. On admet, en
effet, qu'il est de Théonas, évêque d'Alexandrie de 288 à 300. Lucien
devient ainsi un officier de Dioclétien. Quel jour ouvert sur la vie de la
cour à Nicomédie ! Quelle bonne fortune pour les historiens de cette
époque mal connue !
« Jusqu'à ce jour, personne, à ma connaissance, n'a soupçonné l'au-
thenticité de cette épître. D'Achery, qui avait quelques scrupules sur
l'identité de Théonas, n'a aucun doute sur l'antiquité de sa lettre. Les
Bénédictins qui ont donné la seconde édition du spicilège n'en ont pas
davantage. Le sévère Tillemont ne croit même pas avoir à la discuter.
Les Bollandistes la réimpriment sous le nom de l'évêque d'Alexandrie
et réfutent les hésitations de d'Achery sur la personne de son auteur.
Routh l'introduit dans ses Beliquise sacrse anieniccBnw avec autant de
confiance que Galland dans sa Bibliotheca Patrum, ou Migne dans sa
patrologie grecque. A la voir citée par les historiens du haut empire
1. Bulletin critique, VII, 15 avril 1886, p. 155-160, et à part en une bro-
chure in-8°.
2. JuUen Havet, les Découvertes de Jérôme Vignier (Bibliothèque de l'École
des chartes, t. XLVI). Nous citerons ce travail d'après le tirage à part. Cf. Bul-
letin critique, t. VI, p. 408.
3. Spicilegium (éd. de 1675), t. XII, p. 545 et suiv.
337
comme par les archéologues, on peut dire qu'elle a acquis un droit de
cité indiscuté dans la littérature du ni« siècle <.
« Contrairement à, cette longue et grave unanimité, je crois pouvoir
tenir la lettre de Théonas à Lucien pour apocryphe et moderne.
« En premier lieu, l'origine en est suspecte. D'Achery l'a-t-il emprun-
tée à un manuscrit ? Point, c'est le P. Qucsnel qui la lui a communi-
quée : Comirwnicavit R. P. Pachasius Quesnel, oratorii D. I. Prcsbytcr,
et d'Achery n'en sait pas davantage 3. Eu possède- t-on actuellement
quelque manuscrit où Quesnel ait pu la copier ? Non. Avant Quesnel
connaissait-on cette épître de Théonas ? Non encore. Eusèbe, si bien
renseigné sur Alexandrie, sur l'histoire littéraire d'Alexandrie, Eusèbe
cite Théonas, mais il ne dit point qu'il ait écrit quoi que ce soit. Saint
Jérôme, qui, dans son Do viris, a écrit l'histoire littéraire de l'antiquité
ecclésiastique, d'après Eusèbe, il est vrai, mais aussi d'après des infor-
mations personnelles, saint Jérôme, qui a séjourné à Alexandrie et qui
a lui-même écrit tant d'épîtres dans le goût de l'épître à Lucien, saint
Jérôme ne la connaît pas. Personne ne l'a signalée avant d'Achery, et,
si elle a jamais existé en manuscrit, d'Achery, ou plutôt Quesnel, est,
par une rencontre inouïe, le premier et le dernier à l'avoir vue^.
« Les personnages qui figurent dans l'épitre ne sont pas historiques.
Théonas, en effet, n'est identifié avec l'évêque d'Alexandrie que par
conjecture, et Lucien, à qui la lettre est adressée, est entièrement
inconnu. Certainement il y a eu à la cour des empereurs, bien long-
temps avant Constantin, des officiers, des eunuques qui ont été chré-
tiens; on en connaît plusieurs et par leurs noms qui furent martyrisés
à Nicomédie en 303; c'étaient bien des pao-iXixo^ uaiSEç, comme dit Eusèbe,
des cubicularii, comme disent leurs actes, et leurs noms ont été des
plus célèbres dans l'antiquité chrétienne-'. Mais Lucien, qui aurait dû
1. D'Achery, Spicilegium (1675), t. XII, p. xx et suiv. — Id. (édit. de 1723),
t. III, p. 297. Cf. la note des nouveaux éditeurs (Baluze, Martèiie et de la
Barre). — Tilleniont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique (1698),
t. V, p. 7. — Acta Sanciorum, au 23 août. — Routli, t. III, p. 439-4'i5. — Gal-
land, Veterum Patrum Bibliotheca, t. IV. — Mignc, Patrolog. Grsec, t. X,
1>. 1567 et suiv. — Duruy, Histoire des Romains (in-4°), t. VI, p. 592. —
Kraus, Real-Encijclopddie der christUchen Alterthilmer , t. I, p. 337. —
Smilh and Wace, Dictionarij of Christian biography, f. III, p. 749, et t. I",
p. 834.
2. Spicilegium (1675), t. XII, p. xxix.
3. Eusèbe, Hist. eccl., vu, 32 (n" 30) (édit. Heinichen, p. 371). Cf. Baroaius,
Ann. eccl., ad ann. 285, vu, et 300, ii.
4. De Rossi, Biill. archéol., 1867, p. 14 (édit. fr.). Kraus, loc. cit., article
Cubicularius Aug. Cf. Eusèbe, H. E. viii, 7. Lactance, De morte Persecut., xv.
RuUd, h. E. vni, 6. ^Icéphore, H. E. vu, 5. Ruinart, Acta Sincera, p. 317.
Tillemont, op. cit., t. V, p. 180 et 655, not. 1. Acta Sanctorum, au 12 mars et
au 9 septembre. — Les noms des martyrs de Nicomédie, Dorothée, Gorgonios,
338
être, comme l'a fort bien conjecturé Tillemont, le supérieur et le maître
des martyrs de 303, Lucien, ce prwfectus cubiculariorum, en situation
de recevoir d'Alexandrie l'épître que l'on sait, Lucien n'a été connu de
personne.
« En ce qui regarde le détail, je n'insisterai pas sur le caractère qui
est prêté à Dioclétien, ni sur la politesse que l'on attribue à sa cour,
mais sur un petit nombre d'erreurs ou d'impropriétés plus significatives.
« Le prince n'est nulle part appelé Auguste, toujours princeps, et, ce
qui est une grave inexactitude, il est une fois appelé César. — Ce César
Dioclétien nous est donné pour « un prince qui n'est pas encore chré-
« tien. » A-t-on jamais pensé qu'il dût le devenir ? — L'impératrice a
une suite composée de comités et de pedisequse : le terme de comités est
inacceptable, étant donné le sens officiel et exact de ce mot, à l'époque
où Ton veut placer la rédaction de notre texte. — Lucien est prœpositus
cubiculariorum, titre dont on ne trouve aucune trace ni dans les auteurs,
ni dans les inscriptions. — Les fonctions sont confusément indiquées :
Lucien a pour toute mission de diriger et de former les autres cubicu-
larii (Potens es omnes regtilare et instrueré), et c'est tout^. A ce titre,
Lucien, semble-t-il, eût dû avoir quelque autorité sur le pcedagogium
où s'élevaient tous les paatXtxol TraîSsç. Mais il n'y est fait aucune allu-
sion 2. — Pour les autres cubicularii (1° qui privatas pecunias principis
detinet; 2° qui vestes et imperialia ornamenta detinet; 3° cui crédita sunt
vasa argentea, aurea, chrystallina vel murrhina, escaria velpotoria; 4° qui
corpus principis curare habet), rien, ni dans les inscriptions du haut
empire, ni dans la Notitia dignitatum, ne correspond exactement aux
charges mal définies qu'on leur attribue ici. Leur hiérarchie, en outre,
et leur nombre n'impliquent rien que de très simple et de très restreint 3,
conception factice et contraire à ce que nous savons de la pompe et de
la complication des services palatins, surtout à dater de Dioclétien. —
On nous parle enfin d'une bibliothèque et d'un bibliothécaire du prince :
or, il n'a jamais dû exister au palais autre chose que des archives sous
la direction d'un magister scriniorum; si des empereurs, en effet, comme
Tibère, Trajan ou Vespasien ont fondé des bibliothèques, c'a été pour
le public-''.
etc., figurent dans le martyrologe hiéronymien, dans le martyrologe syriaque,
dans celui d'Adon et dans celui d'Usuard.
1. Comparez dans Willmanns, Exempla inscript, latin., iv 2098, ce qui est
dit de Narsés, et, n" 1285, l'épitaphe de Prosénés, l'un prsepositus sacri palaiii,
l'autre a cubiculo Aug., etc.
2. M. de Rossi, Bull, arch., 1867, p. 75 (édit. fr.), a consacré une note
importante à l'école des pages, au pxdagogium, d'après des graffiti récemment
découverts au Palatin.
3. Comparez le train de maison d'un simple agent du fisc, Willmanns, n» 386.
4. Wattenbach, Bas Schriftwesen in Mittelalter (1875), p. 507. — Grë-
fenhain, Geschichte der Idassischen Philologie im Altertum (1850), t. IV, p. 40
et suiv. — Cf. Willmanns, n" 389, 407, 555, 457, 2646.
339
« J'ose dire que les observations qui précèdent n'ont été faites ni par
d'Achery, ni par Tillemont, car, pour déclarer authentique l'épîtrc de
Théonas, on s'est fié à la seule couleur de son style. On y a vu la tra-
duction latine d'un original grec : ce qui est gratuit, car on n'y relève-
rait pas un hellénisme. — On y a vu une version latine « très ancienne »,
alors que la facilité élégante et redondante du style est le contraire du
style gêné que l'on trouve dans toute version, et de la latinité qui est
celle des traducteurs anciens du grec en latin, de Ruûn à Denys le
Petit. — Par contre, on n'a pas remarqué que dans cette « version très
« ancienne » les citations scripturaires procèdent directement de la Vul-
gate hiéronymienne, — et enfin qu'un passage de Théonas pourrait bien
dépendre d'un passage célèbre de saint Jérôme. Tout le monde connaît,
en effet, cette courte phrase de la préface du Commentaire sur Job, où
saint Jérôme s'élève contre les éditions de luxe : sur ce point, il est le
premier des Pères à avoir parlé de manuscrits pourpres : Habeant qui
volunt veteres libros vel in membranis purpureis aura argentoque descrip-
tos vel uncialibus ut ruUjo aiunt litteris, onera magis exarata quam
codices. Théonas, dans un passage de son épître, qui est un hors-d'œuvre,
Théonas, lui aussi, s'élève contre les éditions de luxe, contre les manus-
crits pourpres, contre les lettres d'or, et cela dans les mômes termes
que saint Jérôme : Veteres codices ressarciri procuret ornetque non tan-
tum ad superstitiosos sumptus quantum ad utile ornam,entum : itaque
scribi in purpureis membranis et litteris aureis totos codices... non affectet*.
« Comme dernière considération, je signalerai la parenté qu'il me
semble reconnaître entre le latin de Théonas et celui du faussaire
dénoncé par M. Havet, Jérôme Vignier. Voici le début de la lettre pré-
tendue de saint Loup à Sidoine Apollinaire, et le début de la lettre de
Théonas :
THÉONAS. VIGNIER 2.
GRATIAS AGO OMNIPOTENTI DEO ET GRATIAS AGO DOMINO DEC NOSTRO
DOMINO JESU GHRISTO QUI fidem SUam JESU CHRISTO PER SPIRITUM SANCTUM
per universum orbem... manifes- Qui te in hac generali titubatione
tare ac etiaw. in tyrannorum per- et pressura dilectissimx sponsss
sccutionibus ampliare non destitit, ecclesix suse ad ejiis sustentation
immo... ejiis veritas magis ac magis nem et consolationem in saccrdotem
splenduit, ut jam pace per bonum vocavit, ut sis iucerna in Israël, et
principem ecclesiis concessa, Chris- sicut ambitiosos honores mundanw
lianorum opéra etiam coram infi- militis cum summa laude exequu-
delibus luceant, ETglorificetur...etc. tus es, ita militix cœlestis operosa
munia et humilia ministeria ala-
criter percurras, neg rétro... etc.
1. Hieron. Praef. in Job (Migne, P. L., t. XXVIII, p. 1083). Cf. Watten-
bach, op. cit., p. 108 et suiv., où l'on verra rapprochés les diflérenls textes
anciens sur le sujet.
2. Voy. Havet, p. 52.
340
« Dans les deux pièces, nous retrouvons avec le même début la même
contexture de période. — Ce style nombreux et cicéronien, « qui attache
« le lecteur et surprend agréablement l'érudit, peu habitué à rencontrer
« ce mérite littéraire dans les documents d'une pareille date, » comme
aussi « ces exhortations banales, introduites toujours de la même
« façon ^, » en un mot ces tours, cette manière que l'on a signalés dans
la rhétorique du P. Vignier, tout cela se retrouve dans Théonas. Vignier
fait l'éloge de saint A vit en le comparant à Cicéron : Avitus... ut erat
alter Tullius...^; et Théonas écrit : Laudandi sunt poetse in magnitudine
ingenii, in inventorum acumine, in expressionis (!) proprietate et eloquen-
tia summa (?) ; laudandi oratores, laudandi philosophi in génère suo ;
laudandi historici qui gestarum rerum seriem, majorum mores et instituta
nobis explicant, qui vivendi normam ex antiquorum gestis ostendunt.
Ailleurs c'est le retour d'expressions identiques :
VIGNIER 3. THÉONAS.
Absit, 0 rex, ut plures deos cola- Ahsit a vobis ut aditum ad prin-
mus ! cipem pretio vendatis !
« Et encore :
...Ut sic affectus qui inter tuam ... Ut per id plurimum Christi
sanctitatem et nos jamdiu coaluit, nomen glorificetur et illius fides
in Domino corroboretur et de cetero quotidie augeatur.
augeatur.
« Il n'y a pas jusqu'à certaines gaucheries de Vignier qui ne se
retrouvent dans Théonas : Vignier s'est trahi dans la formule de salu-
tation de la lettre du pape Gélase'', et Théonas en fait autant par la
façon dont il salue Lucien : Vale féliciter in Christo, mi domine Luciane.
Ces sortes à.''explicit, en effet, sont très rares chez les Pères grecs ; l'ex-
pression que lui donne Théonas est inusitée aussi bien chez les Grecs
que chez les Latins; plus encore, l'expression mi domine Luciane, abso-
lument singulière dans la littérature, inadmissible dans la bouche d'un
évêque s'adressant à un fidèle, a toutes les apparences d'un pur gal-
licisme.
« En résumé, l'épître de Théonas à Lucien ne se rattache à rien dans
l'antiquité chrétienne; elle présente des confusions et des emprunts qui
compromettent son autorité intrinsèque; on n'a donc aucune raison de
la tenir pour authentique, tout au contraire. Faut-il lui assigner la
même origine qu'aux pièces fabriquées par Vignier ? Peut-être. Elle ne
saurait être, en toute hypothèse, qu'un exercice élégant d'un humaniste
moderne.
« Pierre Batiffol. »
1. Expressions de M. Julien Havet.
2. J. Havet, p. 37,
3. Id., p. 35, 51.
4. Id., p. 56.
344
« LA OENEALOGIA KAROI.ORUM^.
« M. G. Waitz a publié dans les Monumenta Germaniae {Scriptores,
t. XIII, p. 245) une généalogie dont la dernière phrase indique qu'elle
a été écrite sous le régne de Pépin. Toutefois, dans sa préface (p. 240),
il fait valoir quol(jues motifs do douter de ce point : le texte men-
tionne les ancêtres de saint Arnoul, qui sont inconnus à Paul, et pré-
sente d'autres traits où l'on reconnaît généralement des interpolations
provenant de Saint- Wandrille, qui ne peuvent remonter plus haut que
la fin du ix" siècle. M. Waitz admet, en conséquence, que ce document
est plus récent que la date qu'il porte. Pourtant il le croit du moyen
âge, car, dit-il, le premier éditeur, Dominicy, ne saurait être soupçonné
de faux; plusieurs autres pièces publiées par lui ont été retrouvées
dans les manuscrits, ce qui en prouve l'authenticité. Mais celle-ci, pré-
cisément, ne se trouve dans aucun manuscrit ; elle avait été communi-
quée à Dominicy par le P. Vignier^. Après la découverte de M. Julien
Havet, que nous avons fait connaître, en son temps, à nos lecteurs, il
faut sans aucun doute ajouter la pièce en question à la liste des pro-
ductions de ce faussaire.
a W. Wattenbagh. »
ACTE DE BAPTÊME DE ROGER DE GAIGNIÈRES.
Notre confrère M. H. de Flamare, archiviste de la Nièvre, a trouvé
dans les registres paroissiaux d'Entrain (Nièvre) la date de la naissance
de François-Roger de Gaignières. Nous nous empressons de publier un
acte aussi important pour la biographie d'un homme qui a rendu tant
et de si grands services à l'histoire et aux antiquités de la France.
« Le trentiesmc jour de mars mil six cent quarante-trois, j'ay, Sul-
pice Bourgoing, curé de Nostre-Dame d'Entrain, soubsigné, certiffié
que Françoys-Koger de Gannière, fils légitime de noble homme Edme
de Gannière, escuier et secrétaire de Monseigneur le duc de Bellegarde,
et de damoiselle Jacqueline de Blanchefort, ses père et mère, est né et
venu au monde le trentiesme du moys de décembre dernier et par moy
undoyé le mesme jour sur le soir, et de plus, que le reste des cérémo-
nies de l'église touchant le baptesme dudit Françoys-Roger de Gannière
furent faictes en laditte église cedit jour trentiesme de mars. Et furent
ses parain et maraine hault et puissant seigneur Messire Roger duc de
1. Neues Archiv der Gesellsckaft fier àitere deutscke Geschichtskunde , XI
p. 631.
2. M.-A. Domiaicy, Ansberti Familia rediviva (Paris, 1648, 10-4""), appendice,
p. 5.
342
Bellegarde, paire (sic) de France, etc. (sic), et dame Estiennette Olivier,
femme de Messire Françoys de Blanchefort, sieur et baron d'Asnois,
lesquelz ont signé, de ce requis.
« Roger DE Bellegarde, — Et. Olivyer.
« S. BOURGOING. J
MANDEMENT DE CHARLES V CONSERVÉ A NUREMBERG.
Lors de mon passage à Nuremberg au mois d'août 1885, un journal
quotidien, le Fraenkischer Kurier, m'apprit l'acquisition faite quelques
jours auparavant, par le Germanisches Muséum, de la pièce suivante, dont
je dois la communication à l'obligeant empressement de M. Boesch,
secrétaire du Musée.
F. Gerbâux.
« Charles, par la grâce de Dieu, roys de France, au viconte du Pont-
de-l' Arche ou à son lieutenant, salut. Comme par noz autres lettres
nous eussions mandé au receveur de Meleun que à Guillaume Bourgois,
demeurant à Neuf-Marchié^, il paiast la somme de seze reaulx d'or
trois quars et demi, en quoy icelli Guillaume disoit nous lui estretenuz
du temps que nous estions duc de Normandie et dalphin de Viennois,
pour cause d'ostelaige, de fructaige et de certaines autres choses, si
comme il disoit apparoir par cedules ou escrits passés et vérifiés en et
par la chambre de noz comptes, et dont aucune satifaction n'a esté faite
audit Guillaume de la somme dessusdite, ja soit ce qu'il ait grandement
fraie et despendu et pourchacié son paiement, et fauroit qu'il y fraiast
encore et plus que ladite somme ne monte avant que satifaction lui en
fust faite, considérée la distance des lieux, si comme il dit, si nous a
humblement supplié lui estre sur ce par nous pourveu de competant
remède. Pour quoy nous, eue considération à ce que dit est, te man-
dons que de tout ce qui t'apperra par lesdites cedules ou escrits estre
deu audit suppliant à la cause dessusdite, tu li faces plaine et briefve
satifaction, si et par telle manière que ledit suppliant n'ait cause de
recommencer pour ce plus par devers nous, et tout ce qui ainsi paie li
aura esté nous voulons et mandons, par rapportant lesdites lettres adre-
cées sur ce audit receveur de Meleun, lesdites cedules ou escrits, ces
présentes et lettres de recognoissance sur ce dudit suppliant, estre
alloué en tes comptes et rabatu de ta recepte par noz amez et feaulx les
gens de noz comptes à Paris sanz aucun contredit, nonobstant quel-
conques ordonnances, mandemens ou défenses à ce contraires.
« Donné à Paris, en nostre hostel lez l'église Saint-Pol, le xix«"'<' jour
1. Seine-Inférieure, arrondissement de Neufchâtel-en-Bray, canton de Gournay.
343
de février l'an de grâce mil trois cenz soixante six, et de nostre règne
le tiers.
« Par le roy, en ses requestes.
« J. Clerici. »
SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DE LA RÉFORMATION.
La Société de l'histoire de la Réformation ( Vercin filr lieformations-
Geschichte), qui, fondée il y a trois ans, compte aujourd'hui pkis de
six mille membres, a tenu sa première assemblée générale ordinaire le
28 avril, à Francfort-sur-le-Mein. Parmi les publications qui doivent
paraître sous les auspices de la Société, nous signalerons, d'après le
rapport du comité de rédaction, un travail du professeur Lcchler, de
Leipzig, sur Jean Huss, un autre du professeur Karl MûUer, de Halle,
sur les Vaudois, une étude du professeur Nippold, d'Iéna, sur la situa-
tion de la papauté au xvi^^ siècle, et deux travaux sur les tentatives de
réformation en Italie et en Espagne, l'un, du professeur Benrath, de
Bonn, l'autre, du professeur Wilkens.
GAIGNIÈRES ET SON DESSINATEUR.
La lettre suivante nous a paru mériter d'être publiée. Elle nous fait
bien connaître le caractère de Gaignières et les rapports qu'il entrete-
nait avec l'artiste qui l'a si utilement aidé à former ses collections ^.
Cette lettre doit avoir été adressée au chanoine Hermant, l'historien
de l'église de Beauvais. Elle a fait partie de la collection de M. Briquet
aux Cousteaux, vendue en avril 1855 (article 137) et de la collection de
M. Mathon, vendue en décembre 1885 (article 46).
or A Paris, ce l*"" janvier 1693.
« Je vous souhaite la bonne année, Monsieur, et vous demande la con-
tinuation de vos bonnes grâces. J'ay receu votre lettre. J'attendois tou-
jours celuy qui l'a aportée, qui avoit dit qu'il reviendroit. Je vous suis
fort obligé de toutes vos honnestetez. Je suis bien fasché que l'on 'vous
refuse quelque chose pour votre ouvrage. Les soins que vous prenez
vous devroient aplanir toutes difûcultez. Vous estes bien louable de ne
vous pas rebuter ; c'est aussi comme il faut faire pour réussir. Je n'ay
rien sceu de votre accident. Je vous en aurois tesmoigné mon des-
plaisir.
« Je vous feray un petit mémoire pour votre voyage et vous l'enverray
avant le caresme. Je ne sçay rien de ce que vous me demandez, mais
je m'en informeray et vous y respondray avec soin.
1. 'Voyez Delisle, le Cabinet des manuscrits, t. I, p. 336.
344
« Pour ce qui est des Vaux de Gernay, je n'y ay point esté, et ne sçay
pas mesme si j'iray, parce que je ne fais de ces voyages que lorsque
l'envie de me pourmener à la campagne me prend et que je n'ay rien
à faire à Paris, où j'ay plusieurs choses qui m'empeschent de m'occu-
per à la curiosité, à quoy je ne m'amuse que pour m'empescher de
m'ennuyer. Je ne crois pas sortir si tost de Paris.
« Pour le sieur Boudan dont vous me parlez, il ne manque pas de bonne
volonté. Je crois que celuy qui l'avoit engagé de graver le plan de
Beauvais doit avoir receu une lettre qu'il donna en ma présence à
M. Vilain, chanoine de Beauvais. Vous sçaurez qu'après mes voyages
où il avoit fatigué, il a esté malade et a eu depuis une fluxion sur les
yeux, si grande que l'on croioit qu'il les perdroit. Il luy en est resté une
telle foiblesse qu'il ne peut graver, la veue fatiguant beaucoup plus que
pour dessiner. J'en suis bien fasché, car je luy avois procuré une
planche qu'il n'a peu achever et qu'il a rendue avec la mesme sincérité
qu'il est prest de rendre le plan qu'on luy a donné, et l'argent qu'il a
receu, en luy rendant son billet. Cela est fascheux quand on souhaite
quelque chose, mais on ne peut pas exiger davantage de lui que ce qu'il
offre. Il y perd assez, le pauvre garson, car mesme ce que je luy fais
dessiner n'est plus comme il estoit, J'estois bien aise qu'il gravast ce
plan là, car nous en aurions peu avoir à bon prix, quoyque je sois moins
curieux des plans que des cartes. Il n'y a point de finesse de sa part, le
pauvre garson; mais à l'impossible on ne peut estre tenu. Il perd assez
à cette afliction que Dieu luy envoyé. Encor est il bien heureux d'en
estre quite à ce prix là, s'il ne luy arrive pis. Ainsy, Monsieur, comme
j'ay conoissance de son procédé, je puis vous assurer qu'il est sincère.
Cela me fasche, car j'ay mille choses qu'il m'a mesme commencé à des-
siner, que je ne sçay quand il les achèvera.
« Voilà vous parler lontemps du sieur Boudan ; il est temps que je vous
parle de moy et que je vous asseure, Monsieur, que je suis avec beau-
coup d'estime vostre très humble et très obéissant serviteur.
« De Gaiqnières.
e II faut mettre simplement, s'il vous plaist, sur mes lettres : A M. de
Gaignières, à l'hôtel de Guise, à Paris. Rien que cela, s'il vous plaist. »
ÉTUDE SUR LE CHŒUR
DE L'ÉGLISE
DE SAINT-MARTIN-DES-CHAMPS
A PARIS
L'architecture religieuse du xii'' siècle n'est plus représen-
tée à Paris que par cinq monuments , l'église de Saint-Julien-
le-Pauvre, le chœur de Saint-Germain-des-Prés, l'abside de
Notre-Dame, le sanctuaire de Saint-Pierre de Montm.artre et le
chœur de l'ancienne église de Saint-Martin-des-Chanîps, qui est
englobé dans les bâtiments du conservatoire des arts et métiers.
Cette dernière construction, malgré l'intérêt qu'elle présente au
point de vue archéologique, n'a pas été jusqu'ici l'objet d'une
étude approfondie, et l'on n'est pas d'accord sur l'époque où elle
a dû être élevée. C'est ce point que nous nous proposons surtout
d'éclaircir, après avoir donné la description détaillée du chevet de
l'édifice.
L'église de Saint-Martin-des-Champs se compose d'une nef
dépourvue de bas-côtés et d'un chœur en hémicycle entouré d'un
double déambulatoire qui est flanqué de six petites chapelles
rayonnantes et d'une grande chapelle en forme de trèfle. Un clo-
cher latéral, dont le soubassement est resté intact, se trouve adossé
au côté méridional du chœur. Le plan de ce sanctuaire est très
original ; il ne peut pas être comparé à celui des chœurs de Saint-
Germain-des-Prés, de Notre-Dame de Senlis, de Saint-Germer,
de Saint-Leu d'Esserent et de Notre-Dame de Noyon, car il s'en
distingue par la largeur de la travée centrale, par la seconde
galerie du déambulatoire et par la disposition particulière de la
chapelle du chevet, qui fait une saillie très prononcée sur le mur
23
346
de l'abside, comme les chapelles rayonnantes situées dans l'axe
de la plupart des cathédrales du xiii° siècle.
La nef, qui n'est pas voûtée, est éclairée par vingt fenêtres dont
le remplage se compose d'un meneau central et d'une rosace à six
lobes. Elle remonte au milieu du xiif siècle et communique avec
le chœur par un doubleau en tiers-point orné de tores et de bâtons
brisés. Cet arc s'appuie de chaque côté sur trois colonnettes cou-
ronnées par deux groupes de chapiteaux d'un style bien différent.
Les chapiteaux inférieurs, couverts de feuilles d'acanthes, appar-
tiennent au xif siècle, mais ceux qui les surmontent n'ont été
sculptés qu'au xni'' siècle. Pour expliquer ce remaniement, il
faut supposer que le doubleau primitif était fortement surhaussé
et que l'architecte du xiif siècle jugea nécessaire d'allonger le fût
des colonnettes, afin de donner plus d'élégance à l'arc triomphal.
La voûte du sanctuaire est soutenue par huit branches d'ogives
et par des arcs formerets en cintre brisée Chacune des nervures,
décorée d'une arête entre deux tores, retombe sur une mince
colonnette. Les sept travées du chœur reposent sur des arcades
en tiers-point dont les claveaux sont garnis d'un gros boudin,
de deux baguettes et de deux tores qui viennent s'appuyer sur des
piliers flanqués de douze colonnettes. Cette décoration est com-
plétée sur le grand arc en plein cintre de la travée centrale par un
rang de bâtons brisés. Les piles isolées sont au nombre de six, et
les colonnettes qui les cantonnent supportent les retombées des
grands arcs, des petits doubleaux du déambulatoire, des branches
d'ogives du chœur et des arcs formerets. Les chapiteaux de toutes
les colonnes se distinguent par leur grande variété ; leur corbeille
est couverte de feuillages et de tiges entrelacées, et leur tailloir
se compose d'un filet, d'un tore et d'un biseau. Quant aux bases,
elles ont été refaites en grande partie, mais on peut être certain
qu'elles se composaient anciennement d'une gorge entre deux
tores et qu'elles étaient toutes pourvues de griffes. La partie supé-
rieure du sanctuaire est éclairée au moyen de sept fenêtres dont
l'archivolte est très légèrement brisée. Leurs claveaux, ornés
d'un gros tore, reposent sur deux colonnettes engagées dans des
retraits. La baie qui se trouve dans l'axe du chœur est beaucoup
plus large que les autres, et son arc en plein cintre est un peu
surbaissé.
1. L'arc formeret de la travée centrale est en plein cintre.
3n
Le déambulatoire est formé de deux galeries en hémicycle dont
la largeur n'est pas identique. En effet, tandis que la première
présente une largeur de 3'"50, la seconde est un simple couloir
large de 0'"90 environ. Les piles qui les séparent ne sont pas pla-
cées sur le prolongement des lignes dirigées vers le centre du
chœur. Il est facile d'en comprendre la raison. Comme l'archi-
tecte avait résolu d'employer des voûtes d'arête pour recouvrir cette
partie de l'église, il fut conduit à chercher le moyen d'obtenir des
espaces à peu près carrés pour les établir. S'il avait disposé ses
piliers intermédiaires d'une autre l^açon, il eût obtenu des surfaces
en formes de trapèzes qui ne se seraient pas prêtées à la construc-
tion des voûtes d'arête. Chacune des piles se compose d'un nombre
variable de colonnettes disposées assez irrégulièrement autour
d'un massif central. Leurs chapiteaux et leurs tailloirs offrent le
genre de décoration déjà signalé dans la description du chœur.
La première galerie du déambulatoire est recouverte de dix
voûtes d'arête et d'une voûte sur croisée d'ogives placée au-
dessus de la travée qui précède la grande chapelle centrale.
Toutes ces voûtes sont séparées les unes des autres par des dou-
bleaux en tiers-point ornés d'un tore et de deux baguettes, profil
également appliqué sur les nervures de la croisée d'ogives.
Leurs dispositions méritent d'être étudiées, car elles dénotent
les nombreux tâtonnements d'un architecte qui ne savait pas
résoudre encore avec assurance le problème de la construction
d'une voûte au-dessus d'un déambulatoire. En effet, comme la
direction prise par les doubleaux n'est pas très régulière, les
voûtes d'arête sont établies tantôt sur des parallélogrammes,
tantôt sur des espaces triangulaires. Il en résulte que les compar-
timents de remplissage sont très irréguhers, et que la taille de
leurs voussoirs manque complètement de précision. Quant à la
seconde galerie, elle forme en avant des chapelles rayonnantes
un étroit passage encadré par de grands arcs en cintre brisé*
du côté du déambulatoire, et traversé par un arc en tiers-point
au droit des piles isolées. Les six petites chapelles du chevet
sont surmontées de voûtes d'arête irrêgulières qui se relient à
celles du déambulatoire. Chacune d'elles est éclairée au moyen
de deux fenêtres en plein cintre dont l'archivolte est garnie d'un
gros tore et soutenue par des colonnettes.
1. Les claveaux de ces arcs sont ornés d'un gros boudin et de deux petits tores.
348
La grande chapelle qui se trouve dans l'axe de l'abside affecte
la forme d'un trèfle dont les deux lobes inférieurs sont séparés par
un large passage recouvert d'une voûte sur croisée d'ogives. C'est
une disposition tout à fait exceptionnelle, car elle ne se rencontre
en France que dans une seule autre église du xir siècle, celle de
la GascineS près de Laval, dont le chœur est bâti sur le même
plan^ Cette chapelle est voûtée au moyen de six branches d'ogives
réunies à une clef centrale. Chacune des nervures, ornée de trois
tores accouplés, s'appuie sur une mince colonnette. Les compar-
timents de remplissage se distinguent par l'absence d'arête centrale
et par leur forme bombée, qui rappelle celle d'une coupole. L'in-
térieur de la chapelle est éclairé par neuf fenêtres en plein cintre :
celles qui s'ouvrent dans le chevet des trois hémicycles sont
encadrées par un tore, un cordon de feuillages et deux colonnes.
Au-dessous de leur appui, on remarque des arcatures cintrées
garnies de moulures : elles reposent sur des colonnettes isolées.
Toutes les chapelles rayonnantes sont épaulées à l'extérieur
par des contreforts qui se composent alternativement de massifs
carrés et de grosses colonnes couronnées par une pierre en forme
de cône^. Leurs fenêtres en plein cintre sont entourées d'un gros
tore et d'un cordon de plantes aroïdes, mais, tandis que celles des
petites chapelles sont dépourvues de colonnes, celles de la grande
chapelle centrale sont décorées d'un tore qui se continue sur les
pieds droits et d'une archivolte soutenue par des colonnettes. Les
chapelles se trouvent reliées les unes aux autres dans leur partie
supérieure par des arcs destinés à supprimer les angles rentrants
qui auraient pu nuire à l'établissement du chéneau''. Au-dessus
des baies du déambulatoire s'ouvrent les sept fenêtres du chœur.
1. Cette église, qui n'a jamais été terminée, se trouve sur le territoire de la
commune de Forcé (Mayenne).
2. On pourrait également rapprocher du plan de cette chapelle celui de la cha-
pelle de Montraajour (Bouches-du-Rhùne), qui se trouve flguré dans le Diction-
naire d'architeclure de VioUet-le-Duc, t. II, p. 445, mais c'est un édicule isolé.
Il est intéressant de faire remarquer que la basilique de Tébessa, en Algérie,
et la basilique découverte récemment à Damous-Karita, près de Carthage, se
terminent par des salles en forme de trèfle.
3. On peut voir des contreforts de ce genre encore intacts à l'extérieur des
églises de Saint-Étienne de Beauvais, de Saint-Germer, de Morienval, de
Saint-Étienne-lez-Pierrefonds (Oise), de Breny et de Chavigny (Aisne).
4. Cette disposition fut également adoptée par la plupart des architectes
normands du xm" siècle dans les églises entourées d'un déambulatoire.
349
Leur archivolte est en cintre brisé et leurs claveaux, ornés d'un
tore, d'une gorge et d'un cordon d'étoiles, reposent sur des colon-
nettes engagées dans des retraits. Entre chacune des fenêtres,
on distingue une colonne surmontée d'un chapiteau qui joue le
rôle de contrefort. Les corniches de l'abside se composent d'un
simple entablement soutenu par des modillons à têtes grimaçantes.
Au point de rencontre de la nef et du sanctuaire, du côté méri-
dional, s'élève un clocher dont il ne reste plus que le soubasse-
ment. Il est percé sur chacune de ses faces de deux baies en plein
cintre encadrées par deux boudins et par quatre colonnettes.
C'est toute la partie du monument que nous venons de décrire
qui a été attribuée au xi" siècle par plusieurs archéologues. L'abbé
Lebeuf a soutenu cette opinion dès le xviif siècle. « L'église de Saint-
Martin, dit-il, conserve le sanctuaire et le fonds de l'ancien édifice
du xi« siècle. La tour des grosses cloches est pareillement du genre
de construction en usage du temps du roi Henri ou de Philippe*. »
Jules Quicherat s'est associé au sentiment de l'abbé Lebeuf, comme
en témoigne la phrase suivante empruntée à l'une de ses études
archéologiques : « Il est impossible de ne pas voir dans le sanc-
tuaire de notre église de Saint-Martin-des-Champs l'ouvrage
consacré avec tant de solennité en 1067 2. » Viollet-le-Duc est du
même avis, car il admet que le chœur de l'église bâtie au xf siècle
à Saint-Martin-des-Champs existe encore aujourd'hui^.
L'opinion émise par l'abbé Lebeuf, par Jules Quicherat et par
A^iollet-le-Duc s'appuie sur une charte qui fait mention de la dédi-
cace d'une église dans le prieuré de Saint-Martin-des-Champs en
1067'*. Aucun autre texte ne fait allusion à la reconstruction pos-
térieure de l'édifice ; néanmoins, il nous paraît impossible de faire
remonter l'abside de l'église actuelle à une époque aussi reculée.
Les raisons suivantes feront comprendre pourquoi nous ne croyons
pas devoir partager sur ce point les idées des trois archéologues
précédents.
Si le chœur de Saint-Martin-des-Champs avait été bâti au
xie siècle, il ne serait pas recouvert de huit branches d'ogives.
Sans doute, la voûte sur croisée d'ogives n'était pas absolument
1. Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, t. I, p. 306 et 307.
2. Revue archéologique, t. VII, 1850, p. 7'j.
3. Dictionnaire d'arcaitecture, t. V, p. 164.
4. Cette charte est imprimée dans le Gallia christiam, t. VII, Instrumenta
ecclesiœ Parisiensis, col. 35.
350
inconnue des architectes du xi"" siècle, puisque certains édifices en
présentent des exemples, mais les constructeurs de cette époque en
firent un usage très restreint, et ils n'employèrent les voûtes de
ce genre que pour recouvrir des surfaces peu étendues, comme à
Morienval (Oise), tandis qu'ils continuaient à se servir de la voûte
en cul-de-four au-dessus du chœur. En outre, ils donnèrent inva-
riablement à leurs nervures le profil d'un énorme boudin. Cette
moulure fut même uniquement appliquée sur les croisées d'ogives
pendant la première moitié du xif siècle, ainsi qu'on le constate en
examinant les voûtes qui recouvrent la nef de Cambronne et les
bas-côtés des églises de Saint-Etienne-de-Beauvais et de Béthisy-
Saint-Pierre (Oise). A Saint-Martin-des-Champs, au contraire,
les nervures sont garnies tantôt d'un triple boudin, tantôt d'une
arête entre deux tores, profils très répandus dans les voûtes du
XII® siècle et qui ne se montrent jamais antérieurement à cette
époque. Le second point sur lequel nous ferons porter la discus-
sion, c'est sur la forme des arcs doubleaux du déambulatoire et
des grands arcs du chœur. La courbe de tous ces arcs est brisée ;
or, si l'arc en tiers-point se rencontre dès le xi*" siècle dans un
grand nombre d'églises du centre et du midi de la France, telles
que celles de Vaison, de Cavaillon, de Saint-Front de Périgueux,
de Maguelonne, d'Ainay, à Lyon, de Saint-Amable de Riom et
de Notre-Dame de Cunault, en Anjou, il n'apparaît pas à la
même époque dans les édifices religieux du nord de la France.
Les églises de Morienval, de Montmille, de Rhuis, de Ginqueux,
de Saint-Remy-l' Abbaye (Oise), d'Oulchy-le-Château, de Res-
sons-le-Long et de Berny-Rivière (Aisne), qui sont antérieures
au mf siècle, n'en offrent aucun spécimen ^ En outre, si les arcs
brisés de Saint-Martin-des-Champs étaient contemporains du
xi° siècle, ils ne seraient pas ornés de moulures, et leur profil
serait formé d'un simple méplat accompagné de deux ressauts
comme celui des premiers arcs en tiers-point appareillés au début
du xii° siècle à Villers-Saint-Paul, à Cambronne (Oise), à Vaux-
rezis et à Laffaux (Aisne). Si l'on examine la décoration descha-
1. Dans son article sur l'ogive publié dans la Revue archéologique en 1850,
Jules Quicherat a émis l'opinion que les églises de Bury, de Villers-Saint-Paul,
de Saint-Étienne de Beauvais et de Saint-Germer, où l'on remarque des arcs
brisés, appartenaient au xi^ siècle, mais cette Ihéorie ne pourrait plus être sou-
tenue aujourd'hui, puisque l'on s'accorde à faire remonter ces quatre édifices
au xn" siècle.
354
piteaux, on n'y trouvera pas trace de ces figures grossières et de
ces ornements géométriques gravés en creux qui donnent^ un
caractère si particulier à la sculpture des chapiteaux du xi« siècle
qui ornent les églises de Saint-Germain-des-Prés S de Berneuil-
sur-Aisne, de Morienval (Oise), d'Oulchy-le-Château, de Chivy
et de Saint-Thibauld-de-lîazoches (Aisne). Le profil des tailloirs
ne se compose pas d'un chanfrein en biseau surmonté d'un méplat,
suivant la disposition invariablement adoptée au xi*^ siècle. Enfin
les moulures des bases sont beaucoup plus délicates que celles dont
l'usage était général à la même époque et les cordons placés autour
des baies du sanctuaire ne sont pas garnis de billettes, bien que
ce genre d'ornement soit répandu à profusion sur les claveaux
des fenêtres du xf siècle dans le nord de la France.
Si le chœur de Saint-Martin-des-Champs ne porte pas l'em-
preinte d'un stjle aussi primitif que celui du xf siècle, il faut
nécessairement en reporter la date à une période moins éloignée,
comme nous allons essayer de le démontrer. La construction qui
présente la plus grande analogie avec l'abside de Saint-Martin-
des-Champs, c'est le chevet de l'église de Saint-Germer, dont les
piliers sont bâtis sur le même modèle. On remarque dans les deux
édifices un système de voûtes identiques pour recouvrir le chœur
et l'emploi de l'arc en tiers-point dans tous les doubleaux. En
outre, les moulures appliquées sur les grandes arcades, les archi-
voltes des fenêtres hautes, les contreforts en forme de colonnes
qui épaulent la partie supérieure des murs offrent des dispositions
tout à fait semblables. Il est donc fort légitime d'admettre que ces
deux absides ont dû être élevées vers la même époque, puisqu'elles
sont conçues dans le même style. On se trouve donc amené ainsi
à fixer la construction du chœur de Saint-Martin-des-Champs à
l'année 1130 environ. D'autres observations viennent encore à
l'appui de notre opinion. Les nervures des croisées d'ogives sont
décorées d'une arête entre deux tores, et ce profil se rencontre
dans les voûtes des églises de Bury, de Noël-Saint-Martin, de
Clielles (Oise), de Poissy et d'Hardricourt (Seine-et-Oise), qui
appartiennent à la première moitié du xn" siècle.
Pour démontrer que les fenêtres basses remontent, comme les
1. On sait que les a-iciens chapiteaux de Saint-Gerinain-des-Prés sont dépo-
sés dans la salle des Thermes, au musée de Cliiny, et que tous les chapiteaux
actuels de la nef de l'église ont été refaits à l'époque moderne.
352
voûtes, au second quart du xiP siècle, il suffit de faire observer
que leur archivolte est entourée d'une gorge, d'un tore et d'un
cordon de fruits de plantes aroïdes. Or, toutes les baies des églises
de l'Ile-de-France antérieures à cette époque n'étaient jamais
ornées de moulures analogues, et les sculpteurs ne cherchèrent
pas à reproduire les fruits de l'arum avant le xif siècle, comme
le prouve l'examen des nombreux chapiteaux dont ils forment la
décoration ^ Quant aux baies supérieures du sanctuaire, elles
sont accompagnées d'un cordon d'étoiles comme celles du chœur
de Saint-Gerraer, et l'on sait que ce genre d'ornements fut exclu-
sivement employé pendant le xif siècle. Les chapiteaux portent
également l'empreinte des caractères particuliers au style de
la première moitié du xii^ siècle. En effet, à l'époque où ils furent
taillés, les sculpteurs ne faisaient pas encore un usage continuel
de la feuille d'acanthe pour couronner les fûts des colonnes ,
mais ils avaient déjà renoncé à se servir de ces larges feuilles
d'eau qui garnissent les chapiteaux de la plupart des églises
bâties dans le nord de la France au commencement du xif siècle,
telles que celles de Cambronne, de Saint-Étienne-de-Beauvais,
de Catenoy, de Caufry et de Fitz-James (Oise). Tous les chapi-
teaux du chœur de Saint-Martin-des-Champs sont couverts de
tiges entrelacées qui se terminent par des fleurs d'iris épanouies.
Cette ornementation, beaucoup plus élégante que celle du xi*^ siècle,
se retrouve sur les cliapiteaux des églises de Bury, de Foulangues
et de Villers-Saint-Paul (Oise), qui appartiennent à une époque
quelque peu antérieure au milieu du xii'' siècle. L'examen des
tailloirs peut également permettre de prouver que le xif siècle
n'était pas encore bien avancé quand le sanctuaire de l'église de
Saint-Martin-des-Champs fut reconstruit. En effet, ils se com-
posent d'une baguette encadrée par un filet et par une doucine.
Ce type de profil servit de transition entre la lourde abaque du
xr siècle, dont l'arête était simplement abattue, et le tailloir élé-
gant garni d'un méplat, d'une gorge et d'un tore qui fut adopté
par les sculpteurs à partir de l'année 1140 environ. On rencontre
des tailloirs analogues à ceux de Saint-Martin-des-Champs dans
les églises de Bonneuil-en-Valois, de Cambronne, de Catenoy, de
1. Iconographie des plantes aroïdes figurées au moyen âge en Picardie, ^^av
le D' Eugène Woiliez, article inséré clans les Mémoires de la Société des anti-
quaires de Picardie, t. VIII, p. 245.
353
Crouy-en-Tlielle, de Cauvigny, de Canly, de Bury (Oise) et de
Poissy (Seiue-et-Oise), qui doivent être attribuées à la première
moitié du xii^ siècle. Ainsi la méthode de comparaison que nous
avons appliquée aux voûtes, aux grands arcs, aux fenêtres, aux
chapiteaux et aux tailloirs fournit des indications dont il faut
savoir tenir compte.
Il est intéressant d'établir, d'autre part, que le chœur de Saint-
Martin-des-Champs n'a pu être élevé après 1150, en montrant la
différence qui existe entre cotte partie de l'édifice et les monuments
religieux de la seconde moitié du xif siècle. Si l'on essaye de rap-
procher ces dispositions de celles du sanctuaire de Saint-Germain-
des-Prés, consacré en 1103*, on reconnaîtra facilement que cette
construction porte l'empreinte d'un style beaucoup plus avancé que
la précédente. En effet, on observe à Saint-Martin-des-Champs
l'emploi simultané de la voûte à nervures et de la voûte d'arête,
tandis qu'à Saint-Germain-des-Prés, la voûte sur croisée d'ogives
est adoptée d'une manière exclusive. Le sanctuaire de cette der-
nière église est entouré d'une série d'arcs-boutants ; celui de
Saint-Martin-des-Champs fin est dépourvu. Enfin, dans le chœur
de Saint-Germain-des-Prés, la forme des fenêtres, dont l'archi-
volte est en tiers-point, la sculpture des chapiteaux, les profils des
bases et des tailloirs dénotent un art bien plus perfectionné que
celui dont le sanctuaire de Saint-Martin-des-Champs porte l'em-
preinte. On arriverait à des conclusions analogues en comparant
l'édifice qui fait l'objet de cette étude avec l'abside de la cathé-
drale de Senlis, commencée vers 1156.
Avant de résumer la théorie que nous venons de soutenir, nous
tenons à prévenir les objections qui peuvent nous être faites.
En effet, on pourrait être tenté de croire que l'abside de Saint-
Martin-des-Champs, simplement remaniée vers 1130, ren-
ferme encore quelques débris de l'église consacrée en 1067. Les
archéologues qui croiraient devoir adopter une semblable opi-
nion ne manqueraient pas de prétendre que les voûtes d'arête
du déambulatoire sont d'un siècle antérieures aux voûtes sur
croisée d'ogives de la chapelle centrale, et que les piliers, les
fenêtres basses et les grands arcs du rond-point appartiennent à
l'église du xi« siècle. En outre, ils seraient portés à faire obser-
1. Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, par l'abbé Lebeuf, 1. 1,
p. 424.
354
ver que, comme le chœur de Saint-Martin-des-Champs présente à
l'intérieur le système de construction d'une église gothique et au
dehors l'aspect d'une église romane , cette dijQférence de style
implique nécessairement l'idée d'un remaniement.
A la première de ces objections, nous répondrons que l'exis-
tence de voûtes d'arête et de voûtes sur croisée d'ogives dans le
même édifice religieux n'implique pas que les unes soient plus
anciennes que les autres. En effet, l'église de Poissy, bâtie vers
l'année 11.30, suivant l'opinion admise par un grand nombre
d'archéologues, offre précisément l'emploi simultané de la voûte
d'arête dans le déambulatoire et de la voûte d'ogives au-dessus
du chœur ^ Il ne serait pas exact de prétendre que cet exemple est
une exception et que les architectes du Nord de la France n'ap-
pareillaient plus aucune voûte d'arête au xif siècle, car les églises
de Saint-Germer, d'Allonne, de Tracy-le-Val et de Catenoy
(Oise), construites pendant la première moitié de cette période,
en renferment des spécimens bien conservés. Les fenêtres basses,
les grands arcs et les piHers, qui présentent une très grande ana-
logie avec les baies, les arcades et les piles du chœur de Saint-
Germer, ne peuvent pas non plus être regardés comme des frag-
ments de réghse dédiée en 1067, pour les raisons déjà exposées
plus haut. La dernière objection ne doit pas nous arrêter long-
temps. En effet, l'aspect si différent que présente le sanctuaire de
Saint-Martin-des-Champs à l'intérieur et à l'extérieur s'explique
facilement, quand on sait que l'arc brisé apparut dans les dou-
bleaux et dans les grandes arcades des églises de l'Ile-de-France
près d'un demi-siècle avant d'être appliqué à l'archivolte des
fenêtres, comme on peut le remarquer à Bury, à Cuise, à la Vil-
letertre (Oise), à Chars (Seine-et-Oise), à Laffaux, à Courmelles,
à Glennes et à Berzy-le-Sec (Aisne). Quant au clocher latéral
dont le premier étage est encore intact, on ne saurait prétendre
que c'est la tour de l'église primitive. Les claveaux de ses baies
sont ornés de deux tores accouplés, tandis que ceux des clochers
du xf siècle n'étaient jamais garnis de moulures dans la région
du Nord de la France ^ Ce genre de décoration ne fut pas adopté
par les constructeurs avant le second quart du xif siècle.
1. On remarque la même particularité dans le sanctuaire de l'église de Saint-
Lauraer, à Blois, qui fut bâti vers le milieu du xii'^ siècle.
2. On peut reconnaître la vérité de cette assertion en examinant les clochers
355
Si nous nous refusons k faire remonter aucune partie du chœur
de Saint-Martin-des-Champs au xi'' siècle, nous ne croyons pas
cependant que la reconstruction du sanctuaire au xif siècle ait
été faite d'un seul jet. A notre avis, les travaux ont dû être inter-
rompus quelque temps au niveau de l'appui des fenêtres supé-
rieures, et, quand ils furent repris, l'architecte apporta quelques
modifications au projet primitif. Il n'est pas difficile de constater,
par exemple, que Ton n'avait pas eu tout d'abord l'intention
d'établir des arcs formerets dans la voûte du chœur, car les
colonnettes qui les soutiennent sont formées d'assises indépen-
dantes du reste de la construction, et quelques-unes d'entre elles
reposent gauchement sur les tailloirs des chapiteaux qui cou-
ronnent les piles isolées du déambulatoire. En outre, l'archivolte
des fenêtres hautes est légèrement brisée, tandis que celle des
baies inférieures décrit une courbe en plein cintre. Enfin les com-
partiments de remplissage de la grande voûte sont pourvus d'une
arête centrale ; ceux des croisées d'ogives de la grande chapelle
affectent au contraire une forme très irrégulière. Comme tous ces
détails indiquent une différence de style assez marquée entre les
parties basses et les parties hautes du monument, il est probable
que l'arrêt des travaux dut se prolonger pendant plusieurs années.
Cette absence d'unité avait frappé Viollet-le-Duc, qui considérait
la grande voûte du chœur de Saint-Martin-des-Champs comme
une œuvre de la fin du xii^ siècle*, mais nous pensons qu'il a
beaucoup trop reculé la date de sa construction. En examinant
le profil de ses nervures et de ses formerets, nous sommes porté
à croire qu'elle n'est pas postérieure au milieu du xif siècle.
L'opinion que nous avons cherché à faire prévaloir dans cette
étude est d'accord avec celle de M. deGuilhermy, qui n'avait pas
cru pouvoir partager le sentiment de l'abbé Lebeuf sur la date de
l'église ^ Elle s'appuie sur les caractères archéologiques de l'édi-
fice et ne se trouve pas en contradiction avec le texte auquel nous
avons fait allusion plus haut. En eâ"et, nous admettons parfaite-
ment qu'une église fut consacrée en 1067 à Saint-Martin-des-
Champs, mais nous sommes persuadé que son abside fut rebâtie
des églises de Rhuis, de Saint-Gervais-de-Pontpoint, de Morienval (Oise), de
Retheuil et d'Oulchy-le-ChAteau (Aisne), (pii appartiennent au xr siècle.
1. Dictionnaire d'architecture, t. V, p. 164, note 1. •
2. Description archéologique des monuments de Paris, p. 241.
356
dans le second quart du xii^ siècle. Cet édifice subit une trans-
formation analogue à celle de l'église de Saint-Germain-des-Prés,
dont le chœur primitif fut démoli au milieu du xif siècle. Au
moment où le sanctuaire de Saint-Martin-des-Champs fut agrandi,
la nef du xi" siècle existait encore; elle ne disparut qu'au milieu
du xuf siècle pour faire place au large vaisseau que nous voyons
encore aujourd'hui. Comme aucun texte ne mentionne cette der-
nière reconstruction, qui est cependant un fait indéniable, il n'est
pas surprenant que l'histoire ne nous ait transmis aucun rensei-
gnement sur l'époque où le chœur fat rebâti. C'est ce que Jules
Quicherat a fait très justement observer, en disant que nous pos-
sédons souvent les détails les plus circonstanciés sur la fondation
de certains édifices à une époque, tandis qu'on ignore la date des
reconstructions qui leur ont donné beaucoup plus d'importance ^
Le chœur de Saint-Martin-des-Champs est donc, à notre avis,
contemporain de l'abside des églises de Poissj et de Saint-Ger-
mer. Les caractères particuliers de son architecture ne per-
mettent pas d'en reculer la date jusqu'au xf siècle, et c'est
entre les années 1130 et 1150 qu'il dut être élevé, comme nous
croyons l'avoir prouvé en le comparant avec d'autres édifices
religieux de l'Ile-de-France bâtis pendant la même période 2.
Eugène Lefèvre-Pontalis.
1. L'Age de la cathédrale de Laon : Bibliothèque de l'École des chartes,
t. XXXV (1874), p. 254.
2. On trouvera le plan, la coupe et l'élévation du chœur de Saint-Martin-
des-Champs à la fln du t. I de la Statistique monumentale de Paris, dressée
sous la direction de Lenoir.
VOYAGE
DES
DÉPUTÉS DE BOURGOGNE A BLOIS
(1483)
ÉLECTION DES DÉPUTÉS DE LA BOURGOGNE
AUX ÉTATS GÉNÉRAUX DE 1484.
LA BOURGOGNE AUX ÉTATS GÉNÉRAUX DE U84.
^-=.f=.^=
La Bibliothèque nationale possède, sous le n° i6248 du Fonds
français (Saint-Germain, Harlai, n° 3), un volume in-folio, intitulé :
Estais. Ce manuscrit, de 459 feuillets, renferme les textes suivants :
^° Estais généraux tenus à Paris du règne du roy Jean, ^335,
fol. 1 à 42.
2° Le procez-verbal des Estats généraux assemblez à Tours, l'an
^483, compilé par M^ Jean Masselin, fol. 42 à 4^^.
3° Le procès-verbal de l'abbé de Giteaux de deux voyages par
lui faits comme député de la province de Bourgogne, l'un vers le
roi Charles VIII, lors de son avènement à la couronne, l'autre aux
États de Tours, fol. 4^3 et suivants.
Au milieu de ce dernier procès-verbal est intercalée, au folio 440,
la pièce suivante écrite dune autre main : « C'est l'ordre d'assister
gardé es trois estats généraux de France. »
Bernier a publié en grande partie cette dernière pièce [Journal de
Masselin, p. 737). Il s'est contenté de mentionner en note le procès-
verbal de l'abbé de Gieaux : il aurait pu le joindre à celui de Masse-
lin. Pour combler cette lacune, nous nous proposons de publier ici
358
la narration des voyages de l'ambassade bourguignonne à Blois et à
Tours-
Au commencement du mois de septembre ^483, Jean d'Amboise
et le maréchal de Bourgogne, lieutenants du roi dans la province,
avaient convoqué les notables à Beaune pour les instruire de la mort
de Louis XI et les inviter à envoyer une députation au nouveau roi.
Sur la réponse de Jean de Cirey, abbé de Giteaux, que les notables
n'avaient pas pouvoir de députer au nom de la province, les états de
Bourgogne furent appelés à se réunir à Beaune le 25 du même mois.
Ce fut là que l'on arrêta d'envoyer auprès de Charles VIII une ambas-
sade conduite par Jean de Cirey, l'orateur de la province, ayant avec
lui l'abbé de Saint-Benigne de Dijon ^ Philippe Pot, seigneur de la
Roche, le sire d'Épery, M^ Jean Rolin, abbé commendataire de Saint-
Martin d'Autun, Pierre Bouffeau de Dijon et plusieurs autres. Les
députés emportaient les instructions suivantes : féliciter le roi de
son avènement à la couronne ; obtenir la confirmation des privilèges
du pays et la suppression de certaines charges nouvellement impo-
sées, soit pour la construction des châteaux de Dijon, de Beaune et
de Ghalon, soit pour payer les gages du Parlement de Bourgogne.
Partie le 8 octobre, l'ambassade se rendit d'abord à Paris, puis à
Blois, résidence de la cour, où elle arriva vers le 25. Le lendemain
eut lieu la séance royale dont on trouvera le récit dans le procès-
verbal de l'abbé. Nous n'avons pas cru devoir donner le texte du dis-
cours de Jean de Cirey : c'est une amplification fastidieuse, bourrée
de citations tirées des écrivains sacrés et profanes, dont les personnes
familières avec la littérature du xv« siècle se feront parfaitement
l'idée. Si nous en croyons le procès-verbal, le roi et les assistants
furent enchantés de l'éloquence du Bourguignon. On eut la patience
de l'écouter jusqu'au bout, grand témoignage d'admiration, paraît-il,
car d'ordinaire, en pareil cas, après les premiers mots de l'exorde,
les auditeurs avaient coutume de causer entre eux ou de se prome-
ner, voire même d'inviter bruyamment l'orateur à se montrer bref.
Si, au dire de Jean de Cirey, la députation n'obtint pas tout ce qu'elle
eût souhaité; du moins le roi, par ordonnances datées du 5 novembre,
confirma les privilèges de la province et abolit les taxes de six et
quatre blancs par feu que ses officiers levaient en Bourgogne au pré-
judice des franchises^.
1. L'abbé de Saint-Bénigne ne figure pas sur la liste que donne le procès-
verbal, mais il est nommé dans la harangue de son collègue au roi.
2. Par une autre ordonnance en date du 4 novembre, Charles VIII restitue à
359
De retour à Beaune, l'abbé rendit compte de l'ambassade aux trois
états de la province convoqués à cet effet pour le 8 décembre. Son
discours ne dura pas moins de trois heures. On passa ensuite à la
question du jour, réleclion des députés aux états généraux. Ici une
double question se posait : devait-on envoyer ou non aux états? Si
oui, l'élection se ferait-elle par bailliages, ainsi que le prescrivaient
les lettres royales, ou bien par les suffrages réunis des trois ordres ?
Après quatre jours passés en discussion, ce dernier avis, qui était
celui de l'abbé de Citeaux, l'emporta : preuve, dit M. G. Picot, que
le besoin d'assurer aux députés une plus grande autorité avait con-
duit les provinces pourvues d'états à ne pas renvoyer aux bailliages
le soin de choisir leurs mandataires, comme l'aurait souhaité le pou-
voir royaP. Cette fois encore, Jean de Gircy fut chargé de prendre
la parole au nom de la province, bien que l'évêque de Ghalon figurât
au nombre des élus.
Le mandat imposé aux députés de la Bourgogne peut se résumer
ainsi : -1° demander que les frais du parlement de Dijon retombent à
la charge du roi et non plus à celle de la province ; tout au moins
qu'ils soient acquittés sur le produit des amendes et d'une gabelle
levée par les commis des états durant la session parlementaire;
2° faire cesser les pillages des gens de guerre-, 3° réformer la justice
et mettre bon ordre à la monnaie.
Les textes que nous publions ici d'après le manuscrit ^6248 sont :
^° la narration du voyage des députés de Bourgogne à Blois en
octobre -1483; 2° \e procès- verbal de l'élection des députés aux états
généraux, élection qui eut lieu à Beaune le -12 décembre; 3** le texte
du mandat qui leur fut donné par l'assemblée de Beaune. Le manus-
crit 16248 est une copie des premières années du xyii*^ siècle : l'écri-
ture en est assez fautive et souvent peu lisible.
Philippe Pol la seigneurie de Rouvres que Louis XI avait donnée à Jacques
Coictier (Arch. de la Cùte-dOr, B 1302). Quelques jours après, le 13 novembre,
il écrit aux trois états de Bourgogne pour les prier de mettre l'abbé de Citeaux
et le sire de la Roche au nomijrc des députés qui seront envoyés à Orléans.
La lettre est donnée par Bernier, p. 740.
1. Mémoires de l'Académie des sciences morales, 187-i, t. II, p. 214.
360
Procès-verbal de Vabbé de Cîteaux de deux voyages par
lui faits, comme député de la province de Bourgogne,
Vun vers le roi Charles VIII, lors de son avènement à
la couronne, Vautre aux états de Tours.
Legationes fratris Johannis abbatis Cistercii ad dominum Caro-
lum regem Francie octavum pro rébus ducatus Burgundie, ad
instantissimam supplicationem omnium statuum patrie, anno
Domini M° CCCC° LXXX° tercio, in capite mensis septem-
bris. Dominus Johannes de Ambrosia et patria Lingonensis, et
dominus marescallus Burgundie, quasi locumtenentes régis in
Burgundia, certifficati de morte domini Ludovici XI, régis Fran-
cie, manda verunt apud Belnam nonnullos de notabilioribus patrie,
quibus exposuerunt obitum ejusdem régis, hortantes ut filio suo
vellent esse fidèles sicut fuerant patri, et persuadentes ut pro
bono patrie mitterent diligenter suos oratores ad novum regem.
Qui in unum congregati, per organum ejusdem domini Cistercii,
responderunt eos non esse sufficienter congregatos ad mittendum
quoscumque nomine totius patrie ad regem ; et idcirco dicti locum-
tenentes mandaverunt status ad xxv^™ ejusdem mensis, quibus
ibidem eadem die congregatis, post multas rationum altercationes
concluserunt mittere ad regem notabilem ambasiatara, magnis
precibus compellentes eumdem dominum Cistercii ut onus princi-
pale bujus legationis assumere vellet, sibi adjungendo dominum
Philippum Pott, dominum de Rupe, dominum de Pery, magistrum
Johannera Rolini , commandatarium Sancti Martini Eduensis ,
magistrum Petrum Bouffeau de Divione, advocatum regium et
nonnullos alios de bonis villis, dando ipsis memorialia : 1° ad
faciendum debitum honorera régi et congratulandum sue exalta-
tioni ; 2° ad laborandum super conflrmatione privilegiorum
patrie ; 3° ad extinguendum seu totaliter demittendum onus seu
exactionem per officiarios regios noviter impositum super pro-
vinciam de sex albis super quolibet foco bone ville et opidorum
(ubi et forum erat), et quatuor alborum super quolibet foco villa-
giorum ; quam quidem (exactionem) seu servitutem homines regii
dicebant factam ad constructionem castrorum que rex manda ve-
rat fieri Divione, Belne et Cabilone, pro securitate patrie ; que
quidem exactio, sicut multi (asserebant), pro minori ascendebat
per annumad summam quadraginta quinque millium francorum,
364
licet plures affirmarent eam ascendere ad multo majorem sum-
mam et ad tantam quantam volebat dominus generalis qui pro
sua voluntate quolibet anno eam taxabat et imponebat ac levare
faciebat, eratque communis rumor quod décima prima hujus
summe non applicabatur constructioni dictorum castrorum, sed
solucioni pensionum régis, super qua exactione erat mirabilis
murmur et confusio in tota patria. Item homines régis imposue-
rant quatuor solidos super quolibet onere salis pro solutione par-
lamenti, ut dicebant, que ascendebat ad summam quinque vel sex
millium francorum quolibet anno, ut dicebatur. Item ad relevan-
dum 4ampna mercatorum salis que, ut dicebant, erant excessiva
propter raalas vias ex nimiis pluviis, imposuerant super quolibet
onere salis quatuor albos ; de quibus rex solvebat duo et provin-
cia alios duos. Item commiserunt eis laborare quod Rex exdena-
riis propriis solveret parlamentum sicut prius eis proraiserat illud
instituendum. Item multa alia similia eis injunxerunt.
Qui quidem oratores patrie octava mensis octobris de provincia
exiverunt et dilligenter se Parisius xv^ ejusdem mensis reddide-
runt, ubi apud domum Cistercii in coîlegio suo sancti Bernardi
se congregaverunt, simul concludentes de modo agendi et proce-
dendi, tuncque rogaverunt eumdem dominum Cistercii ut coram
rege pro patria vellet proponere.
Inde précédentes circa xxv^n^ ejusdem mensis, cum magna dif-
ficultate bospicii propter multitudinem dominorum concurrentium,
se apud Blaisi receperunt sabbato de nocte.
In crastino autem, hora septima, nunciatum est eis quod rex
volebat eos audire hora nona, et sic cum festinatione ascenderunt
ad castrum ubi honoriâce fuerunt recepti tanquam oratores
patrie, maxime medio quorundam amicorum. Inter octavam et
nonam advenit dominus rex cum comitatu regio qui eos hilariter
recepit in aula sui concilii. Inde, pergens admissam, reversusest
et sedit in sede regia eos auditurus, stipatus et circumdatus uni-
versis principibus sui sanguinis, excepto domino Borbonii qui
propter podagram erat in caméra inferiori. Astabant innumera-
biles episcopi, comités, milites, baroues, nobiles, conciliarii et alii
in tanto numéro ut non solum aula plena esset, sed etiam omnes
nimia pressura quasi gravarentur. Omnibus igitur ita existenti-
bus et jubente rege in suis ordinibus residentibus, ad insinuatio-
nem nobilis et magniâci viri domini Guillelmi de Rocheforte,
utriusque juris doctoris solenpnissimi, cancellarii Francie, dictas
24
362
dominus de Rupe, seu de Rocha, prout inter eos fuerat conclu-
sum, praesentavit régi literas patrie credentiales. Quibus lectis,
mandavit Rex ut dicerent quid velient. Tune dominus Cistercii
stans coram rege, in suppremo loco aliorum oratorum patrie ita
orsus est in effectu. {Suit le discours de l'abbé de Cîteauœ,
fol. 414 v°.)
Quam quidem orationem Rex cum universo cetu placentissime,
hillariter et multum attente audiverunt, licet duraverit ultra spa-
cium unius hore, et hora erat tarda pro prandio régis, qui postea
interrogatus a multis si fuisset attediatus, respondit quod non,
quamvis satis fameret, niliilominus nunquam audiverat tantura
sibi gratam, et libenter diutius audivisset, eratque sibi novum
audire monachum proponentem, quia necdum aliquis monachus
coram eo proposuerat, dixitque se habiturum perpétue memo-
riam istius monachi; sic enim pre quadam admiratione universi
qui erant in curia eum vocabant, et non abbatem Cistercii,
nisi raro.
In hac audiencia Rex multum honora vit Burgundiam multipli-
citer : 1° in hoc quod absque mora sedit ; 2° quod sedens audivit :
quotquot enim audiverat, illos stans et non sedens audiverat;
3° in hoc quod constantissime extensis vultibus ad proponentem
quasi immobiles audiverunt, nisi in certis punctis ubi pre admira-
tione applaudere videbantur. Solebant autem ad illos qui ante pre
regibus, principibus, patriis et civitatibus proposuerant, statim
post exordium vel ad invicem conferre, vel per aulam bini aut
terni ambulare, vel recedere, vel pre abbreviatione proponentem
intestare. Sed hic omnino aliter actum est, ita ut per multos dies
hujus orationis laudes ubique proponerent, ex quo factum est ut
Burgundie nomen quod apud multos viluerat propter guerras
gloriosum redderetur.
Posthac deputati sunt nonnuUi ex principibus et concihariis
qui nos super premissis articulis communibus prius audiverunt et
nonnullos qui magna bénéficia a Burgundis receperant et in actu
recipiebant, qui nihilominus hbertatibus nostris pertinaciter con-
tradicebant, impedientes quantum poterant ne introducte servi-
tutes predicte revocarentur, contra quos sepius ad principes recur-
rimus, et tandem post multos labores privillegia que sequuntur
obtinuimus.
Super alliis articulis non potuimus habere plenariam expeditio-
nem, tum propter moltitudinem innumerabilem ex omni parte regni
363
recurrentem ad novitatem régis, tum propter hoc quod, ut nobis
dictum est, dominus rex, consilio principum sui sanguinis et
aliorum, mandabat et congregabat de proximo générales status
regni sui ubi dicte materie seu articuli melius et congruencius
expediri possent ; obtinuimus tamen mandatum ad congregandum
statum patrie pro relatione nostra facienda et aliud pro stipendiis
nostris recuperandis, si necesse foret.
Antequam vero exiremus de lUois fuit prefinitum tempus in
quo omnes se in provincia reciperent ad vitandum expensas
superfluas aliquorum qui non multum festinabant in regressu.
Igitur octava die decembris, ad mandatum omnium nostrorum,
status fuerunt velut congregati quibus nos, dictus abbas Gister-
cii, fecimus amplam relationem omnium que facta et inventa fue-
rant in hac legatione, quam prefati omnes et singuli gratissimam
habere visi sunt , multipliées gratiarum actiones multiplicare
nobis ofFerentes et laborem nostrum eximie commendantes.
Iterum quoniam eodem tempore litere régis super congregatione
statuum ad mittendum oratores ad congregationem universorum
statuum Francie in eodem tempore et in eisdem statibus, rursum
fuimus coacti accipere onus legationis hujus, prout inferius ple-
nius dicetur.
Postmodum eodem tractu, per suplicationem totius provincia
portavimus dicta privilégia Divione ad dominos parlamenti et
camere compotorum ut ea reciperent et interinarent, sicutetreve-
renter multum fecerunt et ad instantiara nostram promulgaverunt
et divulgaverunt, universis tam minoribus quam majoribus nobis
aplaudentibus. Deogratias^
Procès-verbal de l'électi07i des députés de la Bourgogne
aux états généraux de 1484; instructions qui leur sont
données (fol. 434 sq.).
Octava mensis decembris immédiate sequentis, per eosdera
oratores rursum fuerunt mandati très status ducatus lUirgundie
apud Belnam virtute litterarum regiarum ad faciendum relatio-
nem sue dicte legationis, ubi in aula publica omnibus congregatis
1. Le procès-verbal de l'entérinement des lettres royaux est du 23 décembre.
Voir le texte des lettres dans le Recueil des Ord., t. XIX, p. 168.
364
prefatus abbas Cistercii fere per spacium trium horarumetamplius
recitavit more solito ea que facta fuerunt. Et quia prefatus Rex,
consilio principum sui generis et aliorum consiliariorum, miserat
litteras clausas et patentes per universum regnum suum ad con-
gregandum omnes status regni apud se Aurelianis, volens eorura
consilio agenda regni tractare, super que misse fuerant litere ad
singulos ballivos ducatus, ut congregantes status sui ballivatus
miterentur très scabini de quolibet statu. Et quia dicti oratores
in curia régis satis intellexerant intentiouem multorum de regno
(cupientium) omnibus modis reducere Burgundiam ad servitutem
talliarum, sicut residuum regni, ad resistendum et ad conser-
vandum patriam in antiquis libertatibus, dictus abbas Cistercii
eadem oratione introducens materiam istam ad longura disputan-
dam (in) très partes, prudenter ad eas comonefaciens Burgundoset
eos inducens ut non solum antiqua previllegia patrie, sed pocius
naturalem et inviolatam libertatem servare contenderent, quam
eorum predecessores laudabiliter conservarunt usque in presens ;
posuitque in médium ad deliberandum si vellent mittere ad dictos
status, vel non, et si sic, ut vidèrent quid magis congrueret
patrie sue, mittere sparsim per baillivatus, prout litere régis sonare
videbantur, vel mittere ex parte tocius ducatus , quum virtus
unita forcior seipsa dispersa videbatur ad resistendum, etc. Mul-
taque allia tune agenda proposuit in médium que vix quatuor die-
rum spacio propter diificultates et opinionum varietates terminari
potuerunt. Tandem omnes in hanc venerunt sententiam quod de
quolibet statu, non per baillivatus sed per congregationem sta-
tuum, de quolibet statu mitterentur très; et quia dominus episco-
pus Gabilonensis mitti non solum cupiebat sed etiam laborabat,
inter missos fuit nominatus occasionaliter tantum ; nam genera-
liter omnium non solum ecclesiasticorum sed etiam aliorum quo-
rumlibet, dictus abbas Cistercii primus et primo loco fuit nomina-
tus ; deinde ab ecclesiasticis prefatus magister Johannes Rolun,
abbas commendatarius Sancti Martini Eduensis, et ubi ipse vacare
non posset, dominus Cabilonensis ab ecclesiasticis fuit nomina-
tus. Dictus autem abbas Cistercii nullis precibus electioni de se
facte consentire volebat, et in hac opinione perseveravit usque
ad finem dictorum statuum, ubi omnes universaliter instantissime,
allii precibus, allii minis et indignatione ipsum compulerunt
acceptare onus hujus legationis ubi haberet omnia proponere et
conducere, non obstanti primo loco predictum dominum Cabilo-
3G5
nensem propter reverentiam dignitatis occupando. Et sic dictus
abbas Cistercii, amicorum condescendens consiliis, tantum onus
acceptavit, ubi postmodum, variis factionibus intervenientibus,
pro ecclesia {illisible) fuit nominatus magister Joliannes Cha-
ruet, prepositus ecclesie Sancte Marie Eduensis, consiliarius par-
lamenti; pro nobUibus, dominusde Rupe, sive de Rocha, dominus
de Pery, dominus Simon de Longet, miles; pro bonis vilis,
magister Guido INIargueron, Reginaldus Cambret et alii très vel
quatuor quibus fuerunt data memorialia quorum ténor sequitur :
C'est ce qui semble à nosseigneurs des trois estats du duché de
Bourgogne que l'on peult ou doibt alléguer et mettre par escript
es instructions et mémoires de messieurs les ambassadeurs esleus
par les trois estats du duché de Bourgogne pour aller devers le
Roy, touchant les deux poincts que monsieur de Citeaulx a pro-
posé au retour de son ambassade devant lesdits des trois estats
assemblés en la ville de Beaulne l'an mil CCGG'''' et trois, c'est
assavoir tant de faict du parlement souverain, comme de ceulx
que l'on vouldroit envoyer au premier jour de janvier en la ville
d'Orléans, où les trois estats de ce royaulme sont mandés.
Et premièrement, en tant que touche ledit parlement, doibt
estre requis par lesdits ambassadeurs que, en assurant l'octroi et
accord faict par le Roy derrenier trespassé, confirmé par le Roy
qui est aujourd'hui et octroyé de nouvel, que nulles charges ne
seroient mises sur le pays de Bourgogne, mais seroit ledit pays
entretenu en tel estât, prééminence et prérogative qu'il estoit au
temps de monsieur le bon duc Philippe ; que le bon plaisir du Roy
soit descharger ledit pays de ce qui a esté mis dessus pour le faict
et entretenement dudit parlement souverain, considéré aussi que
tous princes ont accoustumé de fere et administrer justice à leurs
subjects et stipendier leurs officiers, et sur ce insister le plus
avant que bonnement fere se pourra.
Et se ainsy estoit que par le Roy et nosseigneurs de son sang
et de son conseil fut dict et déclaré ausdits ambassadeurs que le
Roy n'entend point que ce soit à sa cliarge, mais à celle dudit
pays de Bourgogne, en ce cas et que le reffusen seroit totallement
faict, les dessusdits requerront et suplieront que le bon plaisir du
Roy soit d'estre coc tant que ledit parlement se paye le plus avant
que fere se pourra sur les exploicts et amandes de la justice venant
dudit parlement, et si lesdits exploicts ne peuvent fournir, qu'il
366
plaise au Roy de octroyer par ses lettres patentes ausdits du pays
que le surplus qui restera du payement de ceulx dudit parlement
se prenne sur le sel par la forme et manière qu'il s'est prins des-
puis que ledit parlement est en office, pourveu qu'il n'y sera levé
sinon au temps et en tant que ledit parlement durera, et sy avant
que ledit reste montera, et que ledit reste, outre lesdits exploicts,
soit levé, par le bon plaisir du Roy, par les commis et depputez
des trois estatz dudit pays, et de ce avoir lettres patentes du Roy.
Item, sy le bon plaisir du Roy est, il semble à ceulx dudit pays
qu'il souffiroit assez de le tenir quatre ans en sa duché, et encores
s'il n'y avoit assez de causes pour empescher ceulx dudit parle-
ment, qu'il surcit une autre année, auquel temps de ladite sur-
céance lesdits du parlement ne prendront aulcuns gaiges, et
semble bien que durant ledit temps lesdits exploictz monteront à
grand somme de deniers pour mieulx et plus avant fournir que
qui le tiendra continuellement.
Et en tant que touche les lettres envoyées par le Roy à ceulx
de Bourgogne d'eulx assembler par bailliage, il a semblé à ceulx
dudit pays que se seroit contre la coustmne et usance qui a esté tou-
jours entretenue en icelluy et aussi contre les privillèges octroyés
par le roy que Dieu pardoint et par le roy qui est aujourd'hui tout
nouvellement, en ensuyvant lesquelz on a toujours accoustumé
assembler tous lesdits trois estats dudit duché en ung mesme lieu,
et aussi que ce ne seroit pas pour le bien des matières qu'ils
veullent traicter, selon le contenu des lettres dudit seigneur,
d'estre assemblés par bailliaiges.
Et à ceste cause lesdits des estats ont esleu et choisi de chacun
estât : assçavoir de Testât de l'église monsieur de Clialon, mon-
sieur de Citeaulx et maître Jean Charuet ; de Testât des nobles,
monsieur de la Rouche, monsieur d'Espery et messire Simon des
Lorges, chevaliers ; maistre Guy Margueron pour le bailliage de
Dijon, maistre Regnault Lambert pour le bailliage d'Ostun, Pierre
Martin ou Joly de Chaulmont pour le bailliage de Ghalon,
maistre Gaultier Brocart ou Jean de Moreaut pour le bailliage
d'Auxonne, et maistre Jean Régnier ou maistre Jean Remont
pour le bailliage de la Montagne, ausquels ils ont baillé charge et
puissance de besongner à ladite journée, selon le contenu des
mémoires et instructions qui pour ce fere leur ont esté baillés,
désirant de tout leur pouvoir complaire, obéir et servir le Roy
autant que possible leur est, et aussy, en ensuyvant lesdites
367
lettres, lui donner avis et conseil, tant pour le bien de sa personne
que pour le proffict de son royaulme en toutes les lassons que
leur sera possible.
Item, aussy diront et reraonstreront par très humbles remons-
trances audit seigneur, à monsieur le duc de Bourbon, conestable,
et aux aultres princes, à monsieur le gouverneur de Bourgogne
et autres où besoing sera, le très grant regret que ont ceulx des-
dits pays aulx garnisons y estans et non sans cause, au moyen
des grandes duretés, foules et domaiges qu'ils en ont et souffrent
ceulx des bonnes villes et plat pays, en suppliant d'en estre
déchargez, s'il est possible. Et pour ce que, tant par les ordon-
nances que par lettres patentes du feu roy, a esté et estoit mandé
aulx baillis desdits duché et comté de Charrolois eulx informer
desdits excès, foulles et domaiges, et desdits fere punition selon
l'exigence des cas, ce que, obstant l'absence de plusieurs cappi-
taines et desdits bailHs, leurs lieutenans n'osent entreprendre, il
plaise audit seigneur et à mesdits seigneurs les conestable, gou-
verneur et autres qu'il semblera nécessaire à mesdits sieurs les
ambassadeurs de requérir, commettre et depputer aulcun notable
personnaige audit pays vers lequel lesdits subgectz desdits pays
puissent avoir recours et réparacion desdits domaiges.
Item, feront lesdits ambassadeurs les remonstrances et
doléances qu'ils sçauront et verront estre nécessaires pour
l'adresse et conduicte des justices des bailliages, cours de chan-
cellerie et autres jugemens inférieurs desdits pays.
Item, pour ce que, par essay et expérience, l'on trouve plu-
sieurs grandes décheutes et faucetez de monnoye blanche et noire,
l'on supplie au Roy y fere pourveoir et mettre bon ordre.
Item, soient advertis lesdits ambassadeurs de requérir de par
les estats dudit pays que réformacion soit faicte sur le parlement
au temps que la réformacion généralle se fera sur les autres par-
lemens du royaulme de France.
Ces présentes mémoire et instructions ont esté ainsy faictes,
consenties , accordées et conclues par nos seigneurs des trois
estats de ce duché de Bourgogne assemblés en la ville de Beaulne
le douziesme jour de décembre l'an mil CGCG IV'''' trois.
Les gens d'église, nobles et gens de bonne ville et estât com-
mun, faisans et rej résentans les trois estats du duché de Bour-
gogne et terres royaulx y enclavées es eslections de Langre,
Ghalon, Maçon et Ostun, présentement assemblés en ceste ville
368
de Beaulne par vertu et autorité des lettres patentes du Roy
notre souverain seigneur, à tous ceulx qui ces présentes lettres
verront salut. Sçavoir faisons que, comme icelluy seigneur dési-
rant entretenir en union, paix et tranquilité les pays, peuples et
subjects de son royaulme et y mettre et entretenir bon ordre et
police au bien de lui et de sesdits subjects, eust ordonné assembler
en la ville d'Orléans les gens des estats de sondit royaulme au
premier jour de janvier prochainement venant et ayt faict
escripre aulx gens d'église, nobles et du commun estât des bonnes
villes de cedit duché, eulx assembler et eslire notables person-
naiges de tous et chacun desdits estats pour estre et comparoir à
ladite assemblée, avecq pouvoir de consentir et accorder ce que
par tous les estats dudit royaulme sera conclud et délibéré au bien
d'icelluy seigneur et de sesdits pays et subjects. Par quoy, en
obtempérant au bon voulloir et plaisir dudit seigneur, nous, d'un
commun accord, vouloir et consentement, avons nommé et esleu
nos députez pour aller et comparoir pour nous esdits estats à
icelle assemblée d'Orléans, ledit premier jour de janvier prochai-
nement venant , ou ailleurs où ladite assemblée sera , et pour y
assister avecq les autres depputez dudit royaulme les nommés
cy après, asçavoir : pour les estats de l'église et des nobles, révé-
rends pères en Dieu, messire Andrieu de Poupet, évesque deCha-
lon, messire Jean de Cirey, docteur en théologie, abbé de Gis-
teaulx, noble et puissant seigneur messire Phihppe Pot, chevalier,
sieur de la Roche et de Castelneuf, grand sénéchal de Bourgogne ;
nobles seigneurs Hugues Rabutin, seigneur de Puer (?) et Nully,
messire Simon de Loges, chevalier, seigneur dudit lieu et de la
Bouloye, conseiller et chambellan dudit seigneur, et vénérable et
syantifîque personne maistre Jean Charuet, licencié en loix et
décrets, prévost de l'église collégiale de Notre-Dame d'Ostun; et
pour Testât des bonnes villes et commun estât, honnorable homme
et saige maistre Guy Margueron, Regnault Lambert, Gaultier
Brocart, Jean Raymond, tous licenciés en loix et décrets, con-
seillers d'icelluy seigneur, et Pierre Martin, bourgeois de Chalon,
ausquels nous avons donné et donnons par ces présentes plein
pouvoir, faculté, puissance et auctorité de comparoir pour et en
nom de nous à icelle assemblée desdits estats d'icellui royaulme
ledit premier jour de janvier prochainement venant et à toutes
autres journées ensuy vantes, selon qu'il sera expédient et qu'il
plaira à icellui seigneur les assigner et continuer, soit audit
369
Orléans ou ailleurs, et de consentir, passer et accorder avecq les
autres de sesdits pays et subjects ce que conclud y sera, en ensuy-
vant, entretenant et gardant les previlleiges, franchises et liber-
tés d'icellui duché de Bourgogne. En tesmoin de ce, nous avons
requis et obtenu le seel aulx contracta de ladite cliancellerie
dudit duché et le seing manuel de Jean le Féaut, clerc des
esleus en icelluy duché, notaire juré de la cour de ladite chancel-
lerie, estre mis à cesdites présentes lettres faictes et passées et
accordées en ladite ville de Beaulne le unziesme jour dudit mois
de décembre, l'an mil quatre cent quatre vingt trois. Ainsi signé
J. Lefi'anc, et au repliz desdites lettres par le tabellion Porteur, et
plus bas est escript : Copie collacionnée aulx lettres de procura-
tion par nous, Martin.
P. PÉLICIER.
=4«=
LES HUISSIERS
DU
PARLEMENT DE PARIS
1300-1420.
Au xiii" siècle, il n'y eut au Parlement que deux huissiers
appelés portiers*. Le 7 février 1337, Philippe VI en fixe le
nombre à huit, qui seuls pouvaient porter la verge en exerçant
leurs fonctions ^ L'année suivante, avec l'assentiment de ces
huit officiers, il permit à Pierre Hérivier, que lui recommandait
son clerc et conseiller Fremin de Coquerel, de garder l'office
d'huissier qu'il exerçait depuis plusieurs mois. Il y avait donc
neuf huissiers, mais le roi déclara que pareil fait ne se repré-
senterait plus^ et il rendit le 2 janvier 1339 une ordonnance
confirmant sa décision du 7 février 1337. Les candidats aux
places vacantes qui avaient reçu des lettres de don les conserve-
raient, sans toucher d'appointements, afin que le peuple ne fût
pas davantage grevé d'impôts *.
Plusieurs années après, le nombre des huissiers fut porté à
douze, y compris le portier du palais, l'huissier de la Chambre
des enquêtes et celui de la Chambre des requêtes^. Quand la
1. Lenain, grande Table, tome XV, fol. 8. Bibl.nat.Mss. fonds français, n° 21309.
2. Archives nationales, registres du greffe du Parlement, XIa 8846, fol. 166.
Parmi les candidats à la première place vacante, on remarque Pierre le Diable,
Pierre Hérivier, Pierre le Blont, Girard de Troyes et Tbibaud Clément.
3. XIa 8847, fol. 1 V».
4. Ibid. et XIa 9, fol. 82, 25 février 1340 : « Dictum fuit per arrestum quod
« nullus dictorum Pétri et Karoli babebit officium, sed solum erunt septem
« hostiarii cum Petro Heriverii juxta ordinationem nos tram predictam. »
5. Ordonnance du 27 janvier 1360, article 14, Ordonn., t. III, p. 386. Guil-
374
faction bourguignonne , maîtresse de Paris , retrancha du Par-
lement les membres qui lui étaient iiostiles et les remplaça par
ses partisans, elle établit un huissier de plus^ Ces huissiers
avaient à leur tète l'un d'entre eux, qui prenait le titre de pre-
mier huissier 2. Il était chargé d'appeler les causes à l'audience
d'après le rôle, portait une robe rouge et un chapeau de drap d'or
fourré avec la plume garnie de perles. Quand il entrait au Parle-
ment et quand il parlait aux présidents, il restait couvert. Ce
privilège lui fut retiré le 18 janvier 1452 ^.
Un arrêt de règlement du 21 novembre 1405 décida que désor-
mais ceux-là seuls prendraient le titre d'huissiers qui étaient
attachés comme tels au Parlement^. Lorsque le Parlement délé-
guait aux Grands Jours de Troves une partie de ses membres,
un des huissiers les accompagnait ^
La charge d'huissier n'était pas incompatible avec de hautes
fonctions, car nous trouvons Michel du Bois gardien de l'abbaye
de Saint-Denis en 1347 «. Dès 1339, le committhnus et les
autres privilèges et exemptions du Parlement sont accordés aux
huissiers. Ils sont sous la sauvegarde royale ^ Le Parlement avait
toute autorité sur eux ; il pouvait les suspendre pour un certain
temps et même au besoin demander au roi leur destitution ^ S'ils
laiinie le Marié était huissier de la Chambre des enquêtes le 11 mars 1340
(XIa 9, fol. 85 v°), en 1373 (samedi '21 mai), Jean le Moine est huissier de la
Chambre des requêtes (XIa 1470, fol. 19 v), J. du Castel Celait le 4 juillet 1397
elle 13 août 1404 (XIa 4784, fol. 370 r" ; X 4786, fol. 377 v°).
1. 4 août 1418. Ordonn., t. X, p. 464.
2. Le 18 juillet 1355, le premier huissier est Héiie Anlelme ou Anteaume
(XIa 16, fol. 62) ; le 6 février 1373, cette charge est remplie par Jean Fauvel
(XIa 23, fol. 37).
3. Papon, Recueil des arrêts notables, livre IV, litre 6, n° 14.
4. XIa 1478, fol. 239 v».
5. Ibid., fol. 75 v". Mercredi 2 août 1402, Raoul Lenoir est désigné pour aller
à Trojes; s'il est empêché, Thomas Raat le remplacera.
6. XIa 12, fol. 56 v" et 57, 3 février.
7. XIa 4785, fol. 355 v°, 356, lundi 22 mai 1402.
8. XIa 13, fol. 61. 21 juin 1351. Pierre le Blont, suspendu de sa charge, est,
à la demande du Parlement, destitué par le roi, qui nomme à sa i)lacc Raoul
de Nesles, familier de son cliambellan Robert de Lorris. — XIa 17, fol. 27 v°,
20 septembre 1361. Toussaiii de Maunbeville est destitué pour infamie et rem-
placé par Renaud de tavclincourl, valet de chambre du roi. — XIa 18,
fol. 120 r°. L'huissier Jean Boileau, accusé de mauvaises mœurs et d'usure par
le procureur général, est absous par arrêt du Parlement, auquel le procès, porté
372
ne sont pas à leur poste, sans excuse légitime, à l'heure régle-
mentaire, une amende leur est infligée*. Quand ils devaient
s'absenter, même à raison de leurs fonctions, ils en demandaient
l'autorisation au Parlementa En retour, celui-ci veillait à ce
qu'on les respectât et le procureur général poursuivait ceux qui
les maltraitaient^.
Gages des huissiers. — En 1349, l'huissier de la Chambre
des enquêtes recevait 12 deniers par jour K Un texte du 9 mai 1354
prouve que les huissiers du Parlement recevaient des robes^ Puis
leurs gages furent fixés à 2 sous par jour, plus 100 sous pour
l'achat de leurs robes. Ces gages étaient payés par le receveur
d^abord devant les Réformateurs généraux, était revenu. Boileau avait été trente-
quatre ans sergent au Châtelet (30 avril 1364). — XIa 1470, fol. 19 v. Samedi
21 mai 1373. Jean Le Moine, huissier des requêtes du palais, est condamné à
faire amende honorable à un conseiller qu'il avait insulté et est suspendu jus-
qu'à la Saint-Martin d'hiver.
1. XIa 4789, fol. 221 v, vendredi 12 février 1412.
2. XIa 4785, fol. 379 v», vendredi 16 juin 1402. — XIa 1477, fol. 79, samedi
28 février 1402.
3. XIa 12, fol. 175 v% 16 février 1348. Michel du Bois avait été insulté et
maltraité en exécutant un arrêt du Parlement. Le procureur du roi le soutint
dans son instance et le coupable fut condamné à payer au roi une amende de
250 livres tournois et à l'huissier une autre de 50 livres tournois ; en outre, il
fut déclaré inhabile à toutes fonctions. — XIa 4787, fol. 49 v°. Raoulet Grisou,
clerc du roi et du maréchal de Rieux, s'était « défendu de fait et rebellé » à
« rencontre des huissiers » du Parlement, qui, sur l'ordre des commissaires,
l'emmenaient à la Conciergerie « pour tenir prison. » Il ne fut relâché qu'après
« qu'il se fust repenti plusieurs foiz en pleurant et disant qu'il estoit abuvréz
« de vin, » il vint à l'audience, « et à deulx genoulx a en pleurant crié mercy
« à la court à mains joinctes en suppliant qu'elle lui voulust pardonner son
« meffait, et aussy en suppliant audit huissier pardon ; pourquoy la court a
« remiz au conseil la taxe de l'amende » (mardi 20 janvier 1405). — Mardi
15 mai 1405, le Parlement envoie prisonnier au Châtelet le receveur de l'ordi-
naire de Paris qui, en refusant de payer les gages des huissiers du Parlement,
les avait menacés. De plus, deux sergents mangeurs sont installés à son hôtel.
Le vendredi 18 mai, il vint demander pardon au Parlement « humblement à
« genoulx, » disant qu'il avait méfait par ignorance et que désormais il paiera
le plus tôt possible les huissiers (XIa 1478, fol. 110 v et 111 v°). — Cf. Tue-
tey, Journal de Nicolas de Baye, t. I, p. 60, 61, et XIa 4788, fol. 454 v% cité
par H. -François Delaborde, le Procès du chef de saint Denis en 1410, dans
les Mémoires de la Société de l'Histoire de Paris et de l'Île-de-France, 1884,
page 329.
4. XIa 12, fol. 303, 10 mai.
5. XIa 15, fol. 222.
373
de Paris, aux termes habituels*. Quelquefois le roi permettait à
un huissier de prendre sur l'argent qui provenait de l'exécution
des arrêts pour payer les gages arriérés d'un de ses collègues ".
L'huissier en mission pour le service du Parlement recevait
8 sous par jour, d'après l'ordonnance du 3 mars 1357^; en 1341,
il avait droit k deux chevaux et à 20 sous tournois par jour^
D'ailleurs, ces honoraires spéciaux étaient débattus lors de la
taxation des dépens. Ainsi, Etienne de Trois-Moulins , après
avoir fait deux voyages pour exécuter un arrêt relatif à la suc-
cession de Guillaume de Cherchemont, demanda pour le premier
voyage 177 livres et 130 pour le second, plus 16 livres pour les
écritures; les enfants du défunt : Jean, Marie et Isabelle, vou-
lurent une diminution. L'huissier avoua aux commissaires nom-
més par le Parlement pour vérifier ses comptes qu'il avait touché
1,085 livres, plus 500 1. remises par lui à Jean Ghauvet, au pro-
fit de qui se faisait l'exécution, et qu'il avait reçu comme hono-
raires 175 1. et 30 pièces de vin; naturellement, les commissaires
les déduisirent du total de ce qui lui était dû pour ses voyages et
ses écritures ^.
En 1373, les huissiers du Parlement ne pouvaient recevoir
plus de 2 sous parisis par jour, et le portier du palais avait
12 deniers parisis ^. Quant aux « courtoisies » qui leur étaient
accordées, ils devaient se les partager. Il leur était défendu de
« vendre l'entrée du Parlement » ou de la refuser « pour cause
« de ce que on ne leur fourre la paume '. »
Nomination des huissiers. — A l'origine, cette nomination
appartenait au chancelier, mais le roi se réserva bientôt ce droit.
Par ses lettres, il promettait aux nombreux candidats la pre-
mière place vacante, ce qui amenait bien des contestations quand
arrivait une vacance. Chacun présentait des lettres et niait les
titres de ses concurrents. Le 25 février 1340, Pierre le Diable et
Charles de Navarre briguaient la charge de Simon du iJoucher,
1. XIa 13, fol. 39, 17 mai 1351.
2. XIa 12, fol. 284, 19 novembre 1348.
3. Ordonnances, t. III, p. 124. Isambert, t. IV. p. 282.
4. XIa 9, fol. 212 v% 22 septembre 1341.
5. XIa 14, fol. 109 à 111 v", 22 février 1354.
G. XIa 23, 23 juin 1373.
7. Ordonn. du 11 mars 1344. — Ordonn., t. II, p. 225. — Isambert, t. IV,
p. 505.
374
décédé; tous deux faisaient valoir les lettres qu'ils avaient eues
du roi*. Le Parlement n'en reçut aucun, parce que la mort de
Simon ramenait à huit le nombre des charges d'huissiers ^. Peu
après, Pierre Baron fut reçu huissier ; Pierre le Diable de se
plaindre : le Parlement a lésé ses droits, le roi lui avait promis
cette place. Baron avait été reçu au mépris de l'ordonnance du
2 janvier 1339. A cela Baron répliquait : le roi pouvait revenir
sur une ordonnance, cette place lui avait été aussi promise par
lettres royaux, celles de Pierre le Diable étaient subreptices.
Alors survint un nouveau prétendant : Jean d'Orgeret. Outre les
lettres du roi, il alléguait que Baron, natif du Hainaut, était
étranger et ne pouvait être reçu. Enfin, le 6 mai 1340, le Parle-
ment déclara par arrêt que les lettres de Pierre le Diable et celles
de Jean d'Orgeret étaient subreptices ; Baron fut renvojé et
l'ordonnance de 1339 fut respectée^. Pierre Baron ne se tint pas
pour battu; Jean d'Orgeret ayant obtenu une charge l'année
suivante, il la lui disputa. Le roi intervint, et, sur son ordre,
d'Orgeret fut maintenu ■*. Un candidat pouvait être désigné par
le roi comme le successeur d'un huissier encore vivant, et les pré-
sidents du Parlement lui promettaient de le recevoir en vertu
d'un simple arrêt de la Grand'Chambre. C'est ce qui arriva pour
Pierre le Blont, auquel le roi avait donné, « more solito et ad
« vadia consueta, »la charge de Simon de Vaudouaire, qui vivait
encore. Un arrêt du Parlement le nomma, malgré l'opposition de
Nicolas le Gal^, peu de jours après la mort de Simon.
La lettre du roi nommant un huissier au Parlement contenait
l'ordre de le recevoir et de l'instituer, et de plus enjoignait au
receveur de Paris de lui payer les gages accoutumés ^.
Pour être reçu, il fallait ne pas être étranger', avoir été
reconnu capable après examen et jouir d'une bonne réputation ;
ce dernier point était constaté par enquête ^ ; il fallait encore être
1. XIa 9, fol. 82. Simon du Boucher était de Cambrai. Cf. ibid., fol. 96 v°.
2. Voir plus haut.
3. XIa 9, fol. 96 V à 97 v°.
4. D'Orgeret était en charge dès le 19 mars 1341, ibid., fol. 139 v. Il fut main-
tenu le 18 janvier 1343, ibid., fol. 414 v".
5. XIa 12, fol. 167 v°, 19 janv. 1348.
6. XIa 13, fol. 39, 17 mai 1351.
7. XIa 9, fol. 96 v«.
8. XIa 12, fol. 303, 10 mai 1349, pour la nomination de Ligier Warou, cou-
sin du conseiller Jean le Bescot. — XIa 15, fol. 164 v, 176. — XIa 18, fol, 120.
373
exempt de certaines maladies graves, la lèpre par exemple ^
L'ordonnance de décembre 1355 (art. 22) rappelle en partie ces
conditions et impose en outre aux huissiers entrant en charge
l'obligation de fournir un cautionnement, sur le montant duquel
la partie qui aurait à se plaindre de leur négligence pourrait pré-
lever des dommages-intérêts-. Les recommandations ne nuisaient
pas pour obtenir la charge d'huissier au Parlement : Ravesson
Duchesne, protégé du chancelier, fut tout de suite reçu; Jean de
Leauvais dutsa nomination à la recommandation du ducd' Athènes,
et Thibaud Yves fut redevable à Robert de Lorris, seigneur d'Er-
menonville, chambellan du roi Jean, d'être le successeur de Jean
des Fontaines^.
Les résignations de charges étaient fréquentes. Si le roi agréait
celui en faveur de qui était faite la résignation, il en avertissait
le Parlement, qui recevait le résignataire si l'examen et l'enquête
lui avaient été favorables. Aces formalités furent soumis Alplionse,
clerc du roi, neveu de l'huissier Raoul de Nesles, qui avait rési-
gné en sa faveur ^ Jean des Vignes, auquel Jean Sarrazin,
devenu vieux et malade, avait cédé sa charge % et Pierre Augus-
tin, neveu de Pierre Baron ''.
Quelquefois le roi permettait à un liuissier de résigner et se
chargeait, lui ou les maîtres de ses requêtes, de désigner le rési-
gnataire; ainsi, lorsque Jean du Pré se retira, après de longues
années de service, le roi lui permit de résigner aux mains des
maîtres des requêtes de l'hôtel, qui fixèrent leur choix sur Geof-
froi Gofin, dont la réception eut lieu en présence de Jean du Pré''.
Trois ans auparavant, le roi avait permis à Ravesson Duchesne
« de transporter en quelcunque personne qu'il lui plaira, en pre-
« nant tel prouffit comme il en puisse avoir, » pourvu que la
personne fût capable et honnête (9 mai 1354). Dix jours après,
Duchesne déclara devant les notaires jurés, Nicolas de Dammart
et Raoul Levevant, qu'il avait vendu sa charge à Oudart Fer-
1. XIa 13, fol. 105 et r, 25 juin 1351.
2. Picot, Histoire des états généraux, t. I, pp. 119, 120.
3. XIa 13, fol. 105. — XIa 15, fol. 176, 28 janvier 1354.
4. XIa 13, fol. 61, 28 juillet 1351.
5. XIa 16, fol. 346 V, 2 septembre 1357.
6. XIa 15, fol. 164 V, 21 novembre 1353.
7. XIa 16, fol. 304. La jierraission de résigner est clu22 janvier 1357, la nomi-
nation du résignataire du 8 février et sa réception du 13.
376
mique Barbier, familier de l'évêque de Laon, et qu'il en avait
reçu le paiement, c'est-à-dire 220 deniers d'or à l'écu*. Cette
vente de charge me semble un fait exceptionnel à cette époque.
Souvent la résignation était faite par un père pour son fils.
Hugues de Besançon, dont le fils Hiiguenin n'était pas en âge
d'exercer la charge qu'il venait de lui céder, demanda au roi que
la charge fût confiée en attendant à un autre, mais le roi permit
au jeune Huguenin d'entrer en fonction, bien qu'il n'eût pas encore
quinze ans et nonobstant l'opposition des autres huissiers. Il lui
donna en outre la charge de portier du palais, que le père avait
exercée conjointement avec celle d'huissier. Huguenin fut investi
des deux charges du consentement des huissiers, qui deman-
dèrent seulement que ce fait ne leur portât pas préjudice 2. Douze
ans plus tard, Jean de la Porte, qui cumulait aussi ces deux
offices, les résigna tous les deux aux mains du chancelier en
faveur d'Etienne Lefèvre, clerc de l'avocat général du roi Jean
PastoureP.
Contre ces présentations de parents ou d'amis, les oppositions
ne manquaient pas de surgir. Raoul de Nesles s'était opposé à ce
que Louis de Bruges succédât comme huissier à son père, Etienne
de Bruges, qui venait de mourir^. D'autres fois, l'opposant
demandait à être entendu par le Parlement avant que la personne
présentée ne fût reçue^. Quand l'opposition venait des huissiers,
le candidat devait soutenir contre eux un procès; c'est ce qui
arriva en 1401 à R. de Guerges. L'arrêt rendu le 7 septembre
lui donna gain de cause ^.
Une fois reçu, le nouvel huissier prêtait serment''' et recevait
alors l'investiture « per traditionem virge hostiarii*^. » H pouvait
être investi en la personne de son procureur avec la même céré-
monie®.
1. XIa 15, fol. 222. Daumartou Darapmart, Seine-et-Marne, canton de Lagny.
2. XIa 17, fol. 27 v«, 11 août 13G1.
3. XIa 23, fol. 93 V, 23 juin 1373.
4. XIa 12, fol. 422 v°, 30 janvier 1350.
5. XIa 8302, fol. 77 v°, jeudi 6 novembre 1416. L'opposant, Pierre Buffière,
conseiller à la Grand'Chambre, retira son opposition.
6. XIa 1478, fol. 35.
7. XIa 15, fol. 164 v°. — XIa 23, fol. 93 v°.
8. XIa 13, fol. 61,27 juin 1351. — XIa 15, fol. 164 V.
9. XIa 10, foi. 363 v, 4 mai 1346.
377
Fonctions des huissiers. — Lenain résume ainsi les fonctions
des liuissiers du Parlement : ce sont des personnes établies pour
garder la porte de la chambre du Parlement, appeler les parties
ou leurs procureurs à la porte des chambres de l'audience, faire
les exploits et ajournements en vertu des arrêts de la cour' ;
entrons dans les détails.
Depuis l'ordonnance du 27 janvier 1360, les huissiers servent
à tour de rôle tous les deux mois et six à la fois : deux gardaient
les portes delà Grand'Chambre, deux les guichets du parc et deux
faisaient la police. Ces derniers avaient ordre de conduire en pri-
son quiconque troublait l'audience, d'empêcher les clercs des
avocats et des procureurs de faire leurs écritures à la Grand'-
Chambre. Aucun huissier ne devait entrer dans la chambre où le
Parlement siégeait au conseil ^ Le premier huissier était chargé
de faire payer aux avocats retardataires les amendes auxquelles
les condamnait le Parlement^. Les huissiers qui négligeaient leur
service payaient une amende de vingt sous parisis. En 1411, le
produit de cette amende était affecté à l'entretien de la chapelle
de la salle du Palais ^
Quand ils s'acquittaient mal de leurs fonctions et outrepassaient
les ordres reçus, la peine infligée était plus grave. Gautier le
Sénéchal fut emprisonné au Châtelet, privé de ses émoluments
du 27 mars 1392, à la Saint-Jean-Baptiste suivante, et condamné
au remboursement des dépenses faites par le prévôt de Péronne,
qu'il avait ajourné devant le Parlement, pour avoir enlevé à ce
prévôt des prisonniers réclamés par l'abbaye de Saint-Martin-
1.0/). cit., fol. 17.
2. L'ordonnance du 11 mars 1344 parle aussi de ce service alternatif, mais je
ne crois pas qu'il y eût déjà douze huissiers. Ordonn., t. II, p. 225, XIa 1473,
fol. 5. — Les huissiers de service en juin et juillet 1380 sont : Pierre Burnout,
Pierre Belle, Richard Picot, Jean Fauvel, Etienne le Fèvre et Guillaume Nar-
jot (XIa 1471, fol. 333). On les retrouve encore en novembre 1385 (XIa 1473,
fol. 5). En août 1411, sont de service : Adam des Vignes, Aleaume Cache-
marée, Simon Fouquaud, Raoul de Guerges et Thomas Raat (XIa 1479,
fol. 169 v). En février 1412, ce sont : Guillaume de Buymont, Guillaume
de Lépine, J. DainvJUer, Nicolle Romain, Pierre Belle et Jean Mainsnier.
Les huissiers de service devaient donner leurs noms au Parlement (XIa 1473,
fol. 5).
3. XIa 4790, fol. 213 v°, jeudi 28 février 1415.
4. XIa 1479, fol. 1G9 v , 19 août. Cette amende fut levée par le premier
huissier Robert Chaure.
25
378
des-Champs et les avoir placés dans la prison du prieur de cette
abbaye, sans en avoir reçu l'ordre i.
Le soin du chauffage, de l'éclairage, des tapis et des salles du
Parlement était confié aux huissiers 2. Lorsque le roi devait venir
à une audience, un huissier avait la garde des tentures et des
meubles qui servaient à la réception et devait les faire placer^.
L'huissier du Parlement avait le droit d'instrumenter dans
toute la France, mais il devait respecter les terres des seigneurs
haut justiciers et s'y faire accompagner d'un sergent de la sei-
gneurie^. Pendant le procès relatif au chef de saint Denis, en 1410,
Adam des Vignes, chargé d'exécuter un arrêt rendu contre l'abbé
de Saint-Denis, fut accusé de négligence pour avoir oublié de
montrer ses lettres et n'avoir pas pris justice du heu, c'est-à-dire
de n'avoir pas signifié ses léHres au prévôt de Saint-Denis et de
ne pas s'être fait accompagner par lui quand il voulut les mettre
à exécution ^. C'est en vertu de lettres-royaux qu'ils ajournaient
les parties '^ ; ces lettres étaient délivrées sur un ordre écrit ou
verbal du Parlement ^. Les parties qu'ils citaient aussi à compa-
raître pouvaient leur demander copie de l'acte d'ajournement^.
Quand leur affaire arrivait à l'audience, un huissier venait appe-
ler les plaideurs et, s'ils ne se présentaient pas, il avertissait le
Parlement, qui prononçait le défauts
1. Quœstio CCLXXVII Joaanis Galli.
2. « Aujourd'ui a la court commis Pierre Belle, huissier de ceaos, au gouver-
« nement et administration des 11 chambres de céans sur la provision aviser et
« faire ou faire faire de huches, chandoilles, torches, nestoier les tapis et
« chambres et autres choses aparlenans ou lieu que avoit Pierre Noé, jadis
« huissier. » (XIa 1478, fol. 37, jeudi 19 janvier 1408, cité parTuetey : Journal
de N. de Baye, t. I, pp. 211, 212.)
3. XIa 1469, fol. 146 v% 152, 22 juillet et 2 septembre 1366.
4. H. Lot, Frais de justice au XIV s., dans la Bibliothèque de l'École des
chartes, an. 1872, p. 561.
5. XIa 4788, fol. 454 V, et H. François Delaborde, op. cit., p. 329.
6. 1" registre du greffe, fol. 234 v% 22 avril 1325. — XIa 9, fol. 492, 8 avril
1343 ; cf. XIa 8847, fol. 34.
7. « De mandate curie uostre Helye Antiaume orethenus facto ad instantiam
« Johannis de Corraellis, » 2 mai 1345, XIa 8848, fol, 197 v°, et ibid., fol. 194,
à Thomas de Choques, et XI a 16, fol. 283, 6 mai 1356.
8. « Nicolas Romain, huissier du Parlement, a intimé messeigneurs doyen et
« chapitre (de Notre-Dame) à la requeste de l'abbé et couvent de Saint-Denis
« appellans aux jours de Paris en Parlement, et ont demandé messeigneurs
« copie et relacion. » H. François Delaborde, op. cit., p. 377.
9. XIa 4786, fol. 148, mardi 26 juin 1403. - XIa 4789, fol. 260 v», lundi
25 avril 1412.
379
Les huissiers signifiaient encore les arrêts rendus* ou les évo-
cations au conseil du roi 2.
L'exécution des arrêts leur était souvent confiée de préférence
aux sergents. Il arrivait fréquemment que ceux qui étaient con-
damnés à des amendes ou aux dépens ne voulaient pas les payer à
l'huissier envoyé par le Parlement. Celui-ci avait alors le droit
de les contraindre par la saisie de leurs biens ^. S'il y avait oppo-
sition, l'huissier assignait l'opposant au Parlement et lui fixait
un jour^ C'est encore lui qui apposait la main du roi sur les
immeubles en litige et les administrait pendant la durée du
procès ^.
Au mandement autorisant l'huissier à agir, le roi joignait un
ordre à tous les officiers royaux de lui prêter main -forte au
besoin : « Dantes in mandatis omnibus justiciariis et subditisnos-
« tris, quatinus, in premissis et ea tangentibus, vobis et vestrum
« cuilibet prestent auxilium et favorem^. »
Comme je l'ai déjà dit, les huissiers, à l'exemple des sergents,
devaient, en accomplissant ces divers actes, montrer leurs lettres-
royaux et les arrêts du Parlement aux juges des lieux et obtenir
d'eux une lettre ordonnant qu'on leur obéisse'''. En certains cas,
le bailli était chargé de faire l'exécution avec l'huissier^.
La surveillance des ventes et des criées ordonnées par le Par-
lement regardait les huissiers °. De même l'accomplissement de
certaines obligations. Le jeudi 5 janvier 1405, le Parlement
décida que les 1,500 francs reçus par Alexandre Desmares du
chevalier Charles de Savoisy, et qui devaient être affectés à la
fondation d'une chapelle pour l'université de Paris, seraient déli-
vrés à ce chevalier afin qu'avec cette somme il pût acheter des
rentes. Aleaume Cachemarée fut choisi pour assister à l'achat et
1. XIa 4786, fol. 377 v°, mercredi 13 août 1404.
2. H. François Delaborde, op. cit., p. 311.
3. XIa 7, fol. 39 v, 27 mai 1335, et XIa 9, fol. 158, 1" aoiit 1341.
4. XIa 10, fol. 429 v» et 430, 24 mars 1346. Exécution à l'hôtel des Trois-
Rois de Cologne (les rois mages), dans la grande rue Saint-Jacques. — XIa 10,
fol. 24, 23 mars 1344.
5. XIa 9, fol. 360, 10 déc. 1342; fol. 367 v% 14 février 1343. — XIa 13,
fol. 71, 15 décembre 1347.
6. XIa 10, fol. 48 V et 49, 17 juillet 1344.
7. Ordonnance du 14 août 1374. Ordonn., t. VI, p. 22, et Isambert, t. V,
p. 411.
8. XIa 10, fol. 374 v», 20 mai 1346.
9. Id., ibid.
380
empêcher les notaires du Châtelet J. Hures et Miles du Breuil de
remettre au chevalier le montant des rentes sans autorisation
préalable du Parlement K
On trouve des enquêtes et des expertises confiées à des huis-
siers, et pour lesquelles ils faisaient un rapport 2. Dans les exper-
tises, ils pouvaient s'adjoindre un homme honnête et capable, et
ils rendaient une sentence si le Parlement leur en avait donné le
droit 3. On les rencontre encore comme exécuteurs testamentaires
nommés par le Parlement quand ceux qu'avait désignés le testa-
teur renonçaient à l'exécution^.
Les estimations des immeubles litigieux, avec experts, et sui-
vies d'un rapport au Parlement ^ les inventaires des biens d'une
succession^ et la garde de ces biens''', la remise chez les chan-
geurs, ou aux personnes auxquelles elles étaient destinées, des
sommes déposées au grefie du Parlement^, rentraient dans leurs
attributions. Le mardi 18 avril 1402, le Parlement envoie un
huissier déposer chez un changeur de Paris l'argent qu'un débi-
teur avait apporté pour être rerais à son créancier. L'huissier fit
un rapport^. Ces dépôts entraînaient des opérations compliquées,
à une époque où les variations monétaires étaient si fréquentes,
quand il fallait ramener les sommes à un taux déterminé. Le
13 novembre 1348, Hélie Anteaume fut chargé par la cour de
constater si l'argent qu'elle avait fait déposer par des plaideurs
au change de Jean de Senlis, bourgeois de Paris, était en mon-
1. XI A 4787, fol. 46.
2. XIa 9, fol. 234, 12 février 1342, à propos de vignes situées à Nanlerre, et
XIa 4785, fol. 323 v, jeudi 9 mars 1402.
3. XIa 9, fol. 234, 12 février 1342 : a Quare tibi committimus et mandamus
« quatinus de prediclis dampnis, adjuncto tecum, ut preinittitur, aliquo probo
« viro, vocatis evocandis, inquiras summarie et de piano cum diligenlia veri-
« tateni, et super hiis et aliis juxta ordinationem predictam causam seu deba-
« tum dictarum parcium détermines et décidas. Ab omnibus autem justiciariis
« et subditis nostris libi et adjuncto tuo in bac parte pareri volumus et man-
(( damus. »
4. XIa 1469, fol. 115, vendredi 13 février 1366. Il s'agissait de l'exécution
testamentaire de Jacques la Vache, ancien président ; l'huissier désigné fut Jean
Warou.
5. XIa 9, fol. 234 v°, 26 mars 1342.
6. XIa 1471, fol. 5, mardi 29 déc. 1377.
7. XIa 4789, fol. 201, 28 janvier 1413.
8. XIa 12, fol. 284 v, 285, 18 novembre 1348.
9. XIa 4785, fol. 345 V.
38^
naie courante à l'époque où les déposants avaient contracté leur
obligation, c'est-à-dire le 15 juin 1340. Il devait le ramener à ce
taux s'il n'y était pas. La somme était de 153 livres 8 sous et
6 deniers parisis ; Anteaume la ramena à 148 livres 10 sous tour-
nois pour se conformer aux instructions du Parlement; en outre,
il fit un rapport après la lecture duquel le Parlement donna quit-
tance aux déposants'. C'était en la présence d'un huissier que le
dépositaire remettait la somme d'argent à celui auquel un arrêt
l'avait adjugée 2.
Quelquefois, c'est un huissier qui verse à un conseiller les gages
que lui ont délivrés les trésoriers du roi^.
Les huissiers devaient empêcher les parties de mettre à exécu-
tion leurs lettres de renvoi avant que le Parlement l'eût ordonné'*.
Ils transmettaient aux chambres les lettres de la chancellerie
royale ^ C'est à eux que le prévôt de Paris confiait les prisonniers
du Châtelet renvoyés par le Parlement à une autre juridiction*^.
Comme les sergents, ils menaient les prisonniers à la conciergerie
du palais ''^ ou les mettaient en liberté*.
Les huissiers du Parlement portaient sur eux un sceau pour
sceller les actes. Quand ils en changeaient, ils avertissaient le
Parlement et faisaient enregistrer leur déclaration^.
Félix AUBERT.
1. XIa 12, foi. 284 v% 285 r.
2. XIa 4785, fol. 317, jeudi 2 mars 1402. En présence de Thomas Raat, Colin
Alexandre, bourgeois de Paris, remet les 1,500 francs déposés chez lui à M. Ray-
mond Géraudon, procureur de Raymond de Turenne, auquel le comte de Beau-
fort les réclamait.
3. XIa 1470, fol. 28, jeudi 4 août 1373. Léger Warou remet à W Foucaud
de Dol les gages qui lui sont dus.
4. XIa 8301, fol. 513 v% samedi 19 août 1413.
5. V. H. Lot, op. cit., loc. cit., p. 561.
6. Boutaric, Actes du Parlement, 22 mai 1322, n" 6837 à 6840.
7. XIa 4787, fol. 49 v% mardi 20 janvier 1405.
8. XIa 15, fol. 22 V, 5 juin 1355.
9. XIa 8301, fol. 20 v°, jeudi 30 juillet 1405. Les sceaux des huissiers du
Parlement : Guillaume Narjot (5 juin 1388), Enguerrand de la Porte (2 avril
1410) et Geofl'roi de Moulins (4 déc. 1423), sont dans le recueil de Douët d'Arcq,
Inventaire des sceaux, t. II, n"' 4415 à 4417.
382
PIÈGES JUSTIFICATIVES.
25 février •1340 (n. st.). Arrêt du Parlement maintenant à huit le
nombre des charges d'huissiers au Parlement.
Cum Petrus dictus Le Dyable ac eciam Karolus de Navarra quili-
bet eorumdem peleret se admitti et recipi virtute litterarum nostra-
rum eisdem super hoc concessarum ad offîcium hostiarii parlamenti
nostri cum vadiis que ibidem defunctus Symon du Boucher obtinere
solebat, et ad hoc se opposuissent alii hostiarii parlamenti jam
recepti, certas ordinaciones pretendendo per nos factas et éditas
super certo numéro observando hostiariorum predictorum : ipsis
partibus super hoc auditis, visisque litteris super dicto officio dictis
Petro et Karolo concessis, necnon ordinatione nostra predicta, dictum
fuit per arrestum quod nullus dictorum Pétri et Karoli predictum
habebit officium, sed solum erunt septem hostiarii cum Petro Heri-
verii juxta ordinacionem nostram predictam.
(Jugés, X^» 9, fol. 82 r».)
Samedi 2-1 mai 1373. Huissier du Parlement suspendu de sa charge
et condamné à V amende pour avoir, dans un écrit, accusé un con-
seiller de déni de justice et de corruption.
Ce jour, Jehan le Moine, huissier ou sergent des requestes du
palais, ploia en la main de la court et aussi à messire Jehan de Ravi-
gny, l'un des seigneurs de Parlement, l'amende honorable a quoy il
avoit tantost esté condampné par arrest dudit Parlement pour ce
qu'il avoit baillé une supplicacion devers la court contenant paroles
injurieuses au dit messire Jehan de Ravigny, qu'il avoit refusé à
faire droit, qu'il avoit volu avoir devers lui une cinlure d'argent qui
estoit du dit sergent, etc., et avec ce, par le dit arrest, le dit sergent
fut suspendu de son dit office jusques à la festede saint Martin d'iver
prochain venant.
(Conseil, Xi--" 1470, fol. 19 v°.)
4 mai -1346. La charge de Jean Rose, destitué et banni pour ses
méfaits, ayant été donnée par le roi à Jean de Bucy, écuyer^ le
383
Parlement lo reçoit et rinsiitue huissier du Parlement en la
personne de Jean Boursier, son procureur.
Notum facimus quod curia nostra Johannem Burserii procurato-
rem, el procuralorio noniine, Johannis de Bucyaco, armigcri etfami-
liaris dilecli et fidclis Symoiiis de Bucyaco militis et consiliarii nos-
tri, ad officium hosUarii parlamenti noslri quod Johanhes Rose, suis
exigenlibus dcnierilis a rcgno nosLro baniillus, quoudam Lcnere et
exercere solebal, per nos diclos Johanni de Bucyaco coUatum, prout
in lilteris noslris super collatione hujusmodi confectis plenius appa-
rebal, recepit et admisil ; visis per eam litteris antediclis, procurato-
remque predictum, nornine quo supra, per traditioneni virge hostia-
rii dicti parlamenti in officio instituit supradicto.
(Jugés, X^» 10, fol. 363 v».)
Samedi 28 février ^ 405. Aleaume Cachemarée, obligé de s'absenter
pour aller exécuter un arrêta demande qu'il soit enregistré que
c''est avec la permission du Parlement.
Aleaume Cachemarée a requis qu'il soit enregistré que du congié
et auctorité de la court il va au paiz de Pons de Gardilhac pour exé-
cuter l'arrest de la court, ce qui lui a esté octroyé.
(Matinées, X^^ 4787, fol. 79.)
49 novembre 4348. Mandement du roi à Thomas de Choques, huis-
sier du Parlement ; il devra payer à son collègue Guillaume Bote-
veau ce qui lui est dû.
Thome de Ghoquis hostiario etc., ad supplicationem Guillelmi
Boterelli, hostiarii dicti parlamenti, mandamus tibi quatinus per dic-
tam manum noslram solvas eidem Guillelmo quicquid sibi dcberi
constiterit a tempore quo premissa fuerunt ad dictam manum nos-
tram posita propter debatum motum inter procuratorem ducis et
ducisse Brilanniae nepotis et nepte nostrorum nomine ipsorum ex
una parte, el Aliéner Dervalle ex altéra, de vadiis per diem que ipse
ex assignatione per ducem quondam Britannie sibi facta super reddi-
tibus et pertinentiis dicli caslri percipit, scu percipere habet, et quic-
quid eidem debebitur de vadiis predictis quandiu lu tcnebis prcdicla
ad manum nostram predictam, solvas eidem terminis consuetis, et
referendo quitanciam de hiis que solverisde predictis de tua recepla
faciemus tibi deduci et in tuis compotis allocari.
(Jugés, Xf3 12, fol. 284 v°.)
384
Ghanteloup, 27 avril ^35^. Lettres patentes du roi Jean nommant
Jean de Beauvais huissier du Parlement à la place de Louis de
Bruges^ décédé. — Réception du nouveau titulaire le \'J mai
suivant.
Johannes Dei gratia Francorum rex, universis présentes litteras
inspecturis salutem.
Notum facimus quod nos, contemplacione carissimi et fidelis con-
sanguine! nostri ducis Athenarum, oficium [sic] hostiarii parlamenti
nostri Parisius vacans ad presens per mortem Ludovici de Brugis
Johanni de Belvaco exhibitori presencium damus et concedimus per
présentes ad vadia et emolumenta consueta quandiu nostre placuerit
voluntati-, mandantes dilectis eL fidelibus gentibus nostris presens
parlamentum nostrum tenentibus ut dictum Johannem adiilud offi-
cium recipiant, et more soiito instituant in eodem, sibique in hiis que
ad dictum spectant offîcium tanquam hostiario dicti nostri parlamenti
pareri faciant etintendi, et de emolumentis solitis responderi. Damus
autem presentibus in mandatis receptori nostro Parisius, qui nunc
est et pro tempore fuerit, ut sibi dicta solvat vadia terminis consue-
tis sine difflcultate qualibet et alterius expectatione mandat! que,
cum soluta fuerint per ostencionem transcript! presencium, cum lit-
teris quitancie in ipsius receptoris compotis allocari volumus et man-
damus sine contradictione quacumque. In cujus rei testimonium
sigillum nostrum presentibus litteris duximus apponendum.
Datum apud Gantumlupi , die xxvif aprilis anno Domini mille-
simo CGC" quinquagesimo primo.
Quibus litteris visis, dicte gentes nostre prefatum Johannem ad
dictum offîcium receperunt et instituerunt more soiito in eodem.
Prestito ab ipso Johanne de exercendo fideliter dictum offîcium jura-
mento; sibique, in hiis que ad dictum spectant offîcium, tanquam
hostiario dicti parlamenti pareri mandaverunt et intendi et de emo-
lumentis solitis responderi. Datum, etc., xviFdie maii.
(Jugés, Xia 13, fol. 39.)
3 mars ^344. Mandement du roi à un huissier du Parlement, lui
ordonnant de saisir la terre de Dongon (?) , d'en mettre la basse
et moyenne justice sous séquestre, et de la faire administrer durant
le procès.
Mandamus et committimus tibi quatinus de predictis dictam ter-
385
ram Dongonni ressaisias, oX poslea ipsius mediam et bassam jiisLi-
ciam ad maiium noslram Lanquam suporiorem ponas, et eam,
durante lite, régi facias et gubernari secuiiduni oïdinacioiiem pre-
dictam; tibi autem in hiis pareri volumus ab omnibus et man-
damus.
(Jugés, Xia 10, fol. 23 v°^)
Mercredi 28 février -f38(). Négligence des huissiers. A l'ave?iir ils se
partageront les bénéfices que leur valent les commissions dont ils
se chargent et les actes qu'ils accomplissent.
Au jour d'ui pour les faulles et négligences que les huissiers ont
festes et font chascun jour en leurs offices, et pour les inconve-
niens qui en sont advenu parce que souvantefoix est advenu que on
ne trouvoit aucun huissier qui fust ou parc pour appeler, ne aucun
qui fust à l'entrée du parc pour garder le guichet, ne aucun aussy
qui fust à l'entrée, c'est assavoir au premier huys de Parlement,
dont est avenu que la court souvantefoix a eu grant noise ou parc, la
court a mandé les diz huissiers et leur a commandé et enjoint par
leurs sermens que d'ores en avant il exercent leurs offices bien et
dihgemment et plus que n'ont fait ou temps passé, ou autrement la
court les en pugnira griefment, tellement que l'onneur de la court y
sera gardé et sera exemple à tousjours. Et pour ce que aucuns d'eulx
se douloient en disant que il se tenroient volentiers au premier huis
de la dicte chambre et la garderoient bien diligemment, tellement que
aucune noise ou tumulte n'y seroit, ne aultre inconvénient ne s'en-
suirait de leur povoir, mais que la court leur pourveust, c'est assa-
voir que tous les prouffis qui leur pevent competer de commande-
mens a eulx fais ou commissions a eulx ordenées ou parc en la dite
chambre feussent communs entre eulx. La court, tout considéré, a
fait jurer les diz huissiers et chacuns d'eulx que d'ores en avant ils
diviseront entre eulx raisonnablement et égaulment tous les prouffis
et courtoisies dessusdictes, et ainsi l'ont juré les diz huissiers à gar-
der d'ores en avant sans enfraindre.
(X<M473, fol. 202 v»2.)
1. Quelquefois le mandement s'adresse au premier huissier venu : « Primo
« ostiario parlamenti rostri ad quem présentes littere nostre pervenerint. »
6 mai 1348. — XIa 12, fol. 104 y.
2. L'article 7 de l'ordonnance du 11 mars 1344 avait déjà ordonné ce partage.
386
-18 janvier UiS. Inventaire de la vaisselle d'argent appartenant à
Pierre de Quesnes, seigneur de Gaunes, et confiée à la garde de
l'huissier Robert Chaure.
C'est Tinventoire de la vaisselle d'argent trouvée ou chastel de
Rogy< par le bailli d'Amiens, appartenant à messire Pierre de Quesnes,
seigneur de Gaunes, et apportée à Paris par Giles de la Croix et
Colart Blondel, sergent du Roy ou dit bailliage d'Amiens, devers mes-
seigneurs les commissaires.
\. Primo, un estuy de cuir ou quel avoit un dragoir d'argent
armoyé, aux armes des Quesnes, avec une cuiller d'argent pesant
deux mars et demi, deux onces et xv esterlins d'argent.
2. Item un autre petit dragoir d'argent armoyé comme dessus sanz
estuy et sans cuUier, pesant deux mars et une once d'argent.
3. Item un calice d'argent avec la platene et le cuiller sans estuy,
pesant i marc, une once demie et cinq esterlins.
4. Item I hanap a pie, a couvescle doré, ouvré de poinchonerie et
a I esmail de fleur de bourrache, sans estuy et sans armoirie, pesant
III mars xv esterlins.
5. Item XII gobeles verez sans estuy et sans armoirie, pesans
VIII mars et une once d'argent.
6. Item xviii tasses d'argent, sans estuy, pesans xiiii mars, lonce
et demie et v esterlins d'argent.
7. Item I gobelet doré a couvescle couronné, ouvré de entailleure,
et esmaillé au fons de la gesme Notre-Dame, sans estuy, pesant deux
mars une once et xv esterlins.
8. Item deux salières d'argent, sans estuy et sans armoieure,
pesant vi onces vu esterlins.
9. Item une esguière dorée de plain ouvrage, non armoyée, en
I estuy de cuir, non armoyé, pesant un marc et demi et xv esterlins.
^0. Item XXIII cuilliers et une fourquette d'argent sans estuy,
pesant ii marcs ii onces et demie.
\ \ . Item I gobelet doré, esmaillée et entaillé d'encolies au fons et
1 couvescle là où il a esmaillé une biche qui sault d'un bois, estant
en I estuy de cuir comme de calice, non armoyé, pesant m mars et
demi once.
-12. Item 1 autre gobelet à couvescle doré, entaillé à couronnes et
1. Rogy (Somme), commune du canton d'Ailly-sur-Noye, arrondissement de
Monldidier.
387
esmaillié au fons de diverses fleurs et de diverses couleurs, en un
estuy de cuir non armoyé, pesant ii mars m onces et xiii esterlins.
43. iLem i hanap, a pic et à couvescle doré et poinchonné, esmaillé
a fleurs d'encolies, en i estuy de cuir armoyé des armes des Quesnes,
pesant m mars demi et v esterlins.
i/f. Item I autre hanap à couvescle couronné, doré, ouvré de
poinchonnerie, esmaillié au fons de un capellet de fleurs de ne m'ou-
bliez nue, en i estuy de cuir armoyé aux armes des Quesnes, pesant
III mars et demi et xiii esterlins d'argent.
io. Item I gobelet, à couvescle doré, de simple ouvrage, ou cou-
vescle duquel avoit i glant doré, en i estuy de cuir non armoyé,
pesant i marc m onces et xv esterlins d'argent.
16. Item I autre hanap à pié doré, d'ouvrage de poinchonnerie,
sans esmail, en i estuy de cuir non armoyé, pesant m mars ii onces
et V esterlins d'argent.
Autres biens receus du bailli d'Amiens :
4 7, Une saincture de perles menues, de façon ancienne, et de petite
value.
\S. Une patrenostres de gest blanc ou jaune eni laz à houppes
rouges.
-19. Une bourse rouge brodée, vieille, à boutons d'argent.
20. Un fermeillet d'argent, garni de perles et de verrières.
21 . Un detier où il a i annel à i dyamant.
22. Un autre annel d'or où il a i ballaisseau carré.
23. Un autre annel ou il a une truquaise et y fault une pierre.
24. Une verge d'or garnie de menues perles.
25. Une autre verge d'or eschiquetée.
26. Un autre annel d'or à i petit balaisseau sur le rond.
27. Une autre petite verge d'or foible et vieille.
Despense faicte par Andri d'Esparnon, receveur général, etc., par
l'ordonance et command de messeigneurs les commissaires :
Premièrement à trois sergens d'Amiens qui ont prins et fait ame-
ner les biens vni 1. viii s. parisis
Item au bailli d'Amiens xi 1. vni —
Somme. xix 1. xvi —
La vaisselle et joyaulx dessus dicts, déposez devers la court, par
ordonnance d'icelle, par x\ndry d'Esparnon, ont esté baillez en garde
quousque à Robert Chaurre, huissier de la dicte court, du consente-
ment des parties. Le xviii^ jour de janvier M GCGG XII.
(Matinées, X<> 4789, fol. 201.)
388
24 mai ^354. 31andement du Parlement ordonnant à l'huissier Jean
de Beauvais de louer les ?naisons appartenant à Henri Guillaume
ou à sa fetnme, et de les réparer avec les revenus du loyer.
De par les genz tenant le Parlement du Roy, nostre sire, à Jehan
de Biauvez, huissier dudit Parlement, salut.
Nous vous mandons et commettons que toutes les maisons appar-
tenans à Henri Guillaume et a sa famé, ou a l'un d'eulx, vous louez
par la main de la court aus personnes qui vous les requerront et que
vous verrez que bon sera; et les deniers des louiers que d'ycelles
vous recevrez, mettez es reparacions nécessaires d'icelles maisons ce
qu'il sera de nécessaire ; et se aucun demeurant y a avec tous les arré-
rages, se aucuns en sont deuz, tenez les en la main de la dicte court
pour tourner et convertir où il appartendra en lessant et tenant
quittes ceuls qui les loueront par vous, paiant les diz louiers que
louez les aurez.
Escript soubz le seignet dudit Parlement le xxiiii^ jour de mai.
(Jugés, X<^ 15, fol. 214.)
5 juin -1355. Mandement du roi à Jean de Chezy, huissier du Par-
lement, pour quHl aille à Laon mettre en liberté, sous caution^
Ermengarde de Ordelières, retenue dans les prisons de Vévêque
de Laon.
Johanni de Ghesiaco, hostiario parlamenti nostri, salutem.
Ex ordinacione curie nostre tibi committimus et mandamus quati-
nus apud Laudunum personaliter te transferas, et Ermengardim de
Ordeleriis, alias de Roseriis, in carceribus dilecti et fîdeUs consiliarii
nostri episcopi Laudunensis detentam, capias, ipsamque cum cau-
cione abire permittas ; damus autem presentibus in mandatis omni-
bus subditis et justiciariis nostris ut tibi in premissis pareant et inten-
dant, prestentque tibi consihum et juvamen si sit opus. v» die Junii.
Haies.
(Jugés, X<=i 15, fol. 22 vo.)
389
Pbincipacx Huissiers du Parlement de ^292 a 4420.
Simon de Mantes, huissier de la chambre des plaids en déc. A 292 ^
Pierre de Bucy, 22 mai i 822
Collynet de Bellaymont, — —
Jean d'Orléans, — — ^
Pariset, 40 juin 4322
Guillaume l'Arbalétrier, — — ^
Nicolas de Cayeu exerçait sa charge dès le 23 déc. 4329 ^
Jean de Paris n'clail plus en exercice 20 déc. 4334
Thomas de Choques lui succède 20 déc. 4 334 ^
Etienne de Trois-Moulins, 25 juin 4337 «
Etienne de Bruges, — — ^
Jean de Fontaines, — — ^
Thomas de Choques, — — ^
Pierre Hérivier, 4338^*^
Thibaud Clément et Etienne de Bruges, 47 et 4 8juill. 4 039 <^
Guillaume le Marié, huissier d^laChambredesenquètes, 4 4 mars 4 340 '^
Simon du Boucher, décédé avant le 25 fév. 4 340^^
Pierre Baron, reçu en 4 340 ^^
Jean d'Orgeret, reçu en 4344 avant le 49 mars^^.
1. L. Delisle, Restitution d'un volume des Olim, n" 823. Dans l'ouvrage de
Géraud, Paris sous Philippe le Bel, on trouve, pp. 12, 21 et 30, les noms de
quatre huissiers; étaient-ils huissiers du Parlement?
2. Boutaric, Actes du Parlement, n" 6837 à 6840.
3. Boutaric, op. cit., n" 6855.
4. Jugés XIa 6, fol. 73. Il exerçait encore le 27 mars 1340 (XIa 8, fol. 89 v«).
5. XIa 7, fol. 10 v".
6. XIa 7, fol. 182. Etienne était mort avant le 31 mars 1351 (XIa 13, fol. 24 v),
il devait à l'Hotcl-Dieu de Paris 12 1. 10 s. de rente annuelle pour une maison
de la rue des « Provoires. »
7. XIa 7, fol. 182. Etienne de Bruges était décédé en janvier 1350, son fils
Louis de Bruges lui succéda (XIa 12, fol. 422 v).
8. XIa 7, fol. 182 r". Il exerçait encore le 14 février 1346 (XIa 10, fol. 340).
9. XIa 7, fol. 182. Il exerçait encore le 19 novembre 1348 (XIa 12, fol. 188 v").
10. Registres du greffe, XIa 8847, fol. 1 y".
11. XIa, fol. 14 \\ 15.
12. XIa 9, fol. 85 V.
13. XIa 9, fol. 82.
14. XIa 10, fol. 181.
15. XIa 9, fol. 96 v.
390
Simon de Vendouaire, 22 juin -1342 ^
Jean Rose, 22 mars 1 344 ^
Hélie Antéaume ou Autelme 3-1 mars -13453
Michel Dubois, 30 déc. J345^
Jean de Bucy remplace Jean Rose, destitué le 4 mai -1346 ^
Pierre le Blont, nommé le -19 janv. -1348 "
JeandeGhézy, -18 févr. -1348^
Guillaume Boterel, 'l9nov. 1348^
Léger Warou, ^0 maH349 "
Louis de Bruges remplace son père Etienne, décédé en janvier 4350^»
Jean des Prés, 4 ^ mars ^ 330 ^ <
Denis Herivier, -18avriH340^2
Pierre Burnout exerçait le ^ 0 juill. 1 330 '•'^
Jean de Beauvais remplace Louis de Bruges, -J7 mai -133^'-'
Raoul de Nesles remplace Pierre le Blont, destitué le 27 juin ^33^ ^•'
Alphonse Clerc succède à son oncle Raoul de Nesles 28 juill. ^ 33i ^^
1. XIa 9, fol. 247. On trouve un hameau de la Vandoire (Seine-el-Oise), com-
mune de Sartrouville, et un autre, Vaudouer, dans la Manche, commune de
Marcilly.
2. XIa 10, fol. 24. Destitué le 4 mai 1346 et remplacé par Jean de Bucy
(XIa 10, fol. 363 v°).
3. XIa 10, fol. 184 r». 11 fut premier huissier (voir plus haut); il était mort
avant le 26 juin 1365 (XIa 20, fol. 32); sa femme Jeanne était sœur de Gilles
Troussevache. — Cet huissier avait une maison à Paris, rue Saint-Jacques,
après le Petit-Pont, contiguë à celle de M" Jean Roger et à celle de Richard Con-
vers (XIa 17, fol. 246, 6 mai 1362).
4. XIa 8848, fol. 324.
5. XIa 10, fol. 363 v°.
6. XIa 12, fol. 182 V. Il fut destitué et remplacé par Raoul de Nesles,
27 juin 1351 (XIa 13, fol. 61).
7. XIa 12, fol. 92 \\
8. XIa 12, fol. 284.
9. XIa 12, fol. 303.
10. XIa 12, fol. 422 v».
11. XIa 12, fol. 374 V et 392 v\ Il se retira le 22 janvier 1357 (XIa 16,
fol. 304).
12. XIa 12, fol. 390 v°.
13. XIa 12, fol. 392 v°. Il exerçait encore le 2 septembre 1379 (XIa 1471,
fol. 245 v°).
14. Louis de Bruges était mort (XIa 13, fol. 39).
15. XIa 13, fol. 61. Aux requêtes du palais, Jean de Lépine avait succédé
comme huissier à son père, appelé aussi Jean {ibid., fol. 12 v°).
10. XIa 13, fol. 105. Raoul de Nesles avait résigné sa charge en sa faveur.
394
Ravesson Duchesne, 31 janv. i 352 ^
Pierre Augustin succède à son oncle Pierre Baron, 21 nov. 1353^
Thibaud Yves succède à Jean des Fontaines le 28 janv. 4354^
Ravesson Ducliesne vend sa clmrge le 9 mai 4354
à Oudart Fernique Barbier.
Jean de Ghambli, — — ■•
GeolTroi Gofin, successeur de Jean Dupré, 8 février 1357^
Pierre Dubois, 27juill. -1357^
Jean Sarrazin résigne au profit de Jean des Vignes, 2 sept. -1 357 '
François dVVunay, 3f mai '1358 ^
Hugues de Besançon résigne au profit de son fils Hugue-
nin, le i\ août \3(i\^
Toussain de Maunbeville, destitué le 20sept. -136-1 ^"
Renaud de Bavelincourt le remplace, — —
Jean Garpenlier, 7 mars -1 362 ' ^
Pierre Auguier, 8 août i 362 ^^
Jean dit Bethléem, 24 fév. 4 364 < '
Jean Boileau, 30 avril 1 364 ^ ^
JeanWaure, -13 fév. -1366^5
Jean Fauvel, 27 août -1 367 < «
Jean Chevalet, 22 avril -1368^^
Jean le Moine, huissier de la Chambre des requêtes, 21 mai -1373^^
1. XI A 13, fol. 207 y°.
2. Son oncle Baron avait résigné sa charge en sa faveur (XIa 15, fol. 164 v°).
3. XIa 1G, fol. 155 v°.
4. XIa 15, fol. 176.
5. XIa 16, fol. 304. Il fut reçu le 13 février.
6. XIa 16, fol. 324 v°.
7. XIa 16, fol. 346 v\
8. XIa 10, fol. 471 v".
9. XIa 17, fol. 27 v°.
10. Id., ibid. Il était en fonction avant le 7 octobre 1360 (XIa 14, fol. 287 v).
11. XIa 17, fol. 241 v».
12. XIa 17, fol. 144.
13. XIa 18, fol. 225 v°.
14. XIa 18, fol. 120.
15. XIa 1469, fol. 115.
16. XIa 21, fol. 51. Fut premier huissier en 1373. Son testament fut enregistré
au Parlement le 26 mars 1408. V. Tueley, Index chronologique des testaments
enregistrés au Parlement de Paris sous le règne de Charles VI.
17. XIa 21, fol. 357 \ .
18. XIa 1470, fol. 19 v°.
392
Jean de la Porte résigne au profit d'Etienne le Fèvre, 23 juin -1373 '
Robert Ghaure, 8 juin 1374 ^
Guillaume Narjot, ^8 mai 1375 ^
Michel Gobin, huissier des requêtes du palais, S cet. ^377 •*
Richard Picot, je' juin -1380^
Pierre Belle, -l^^juin ^380
Gaucher le Sénéchal, 14 nov. ^382^
Jean Lasne, 25 nov. ^382^
Guillaume de Lépine, 4 déc. ^382 ^
Aleaume Cachemarée, nommé en ^393 ^
Jacques Hémon, huissier des requêtes du palais, 9 fév. 1396 i»
Raoul Lenoir, 24 avril 1 397"
Jean Duchatel, huissier des requêtes du palais, 4juillet^392l-
Gobin des Ponts, 2^ juin -139813
Raoul de Guerges, reçu le 7 sept. -140i ^^
Thomas Raat, 2 mars 1401 «^
Guillaume de Buymont, 22 avril i 402 ^^
1. XI A 23, fol. 93 V. Le Fèvre mourut avant le 24 avril 1397 (XIa 4784,
fol. 335).
2. XIa 23, fol. 309. Fut premier huissier en 1401 (XIa 48, fol. 59).
3. XIa 24, fol. 57 v».
4. XIa 27, fol. 138.
5. XIa 1473, fol. 5. Belle exerçait encore le 12 février 1412 (XIa 4789,
fol. 2-21 v).
6. XIa 32, fol. 1 v°.
7. XIa 32, fol. 8.
8. XIa 37, fol. 184.
9. Cachemarée avait été procureur du roi au bailliage de Caen, en 1385, et
clerc-criminel au Châtelet de Paris (24 juillet 1389) ; il mourut en mai 1426
(Ant. Thomas, les Étais provinciaux de la France centrale sous Charles VII.
3" partie, notices biographiques. Paris, Champion, 1879, in-8''). (Duplès Agier,
Introduction au registre criminel du Châtelet de Paris du 6 septembre 1389
au 18 mai 1393).
10. XIa 4784, fol. 55 v°.
11. XIa 4784, fol. 335.
12. XIa 4784, fol. 370.
13. XIa 45, fol. 161.
14. XIa 1478, fol. 35. Après la résignation de Colin Fournier, Raoul eut aussi
la charge de portier de la première porte du Palais. Ses prédécesseurs avaient
été : Hugues de Besançon, son fils Huguenin, Jean de la Porte, Etienne le Fèvre,
Jean Baillet, Jean Moreau et Colin Fournier (XIa 48, fol. 234).
15. XIa 4785, fol. 317.
16. XIa 4786, fol. 106.
393
Jean Mainsnier, 22 mai U.02 ^
Pierre Ëigart, . 2^ juill. ^14022
Pierre Noe, 23 mai 4406 3
Enguerrand de la Porte, 2 avril \AiO ^
Adam des Vignes, 44iO ^
Simon Foucaud, \ 9 août UH'^
Nicolas Romain, vendredi \2 fév. 4442'
J. Danviller, — —
Guillaume Yaloe, samedi 40 déc. 4412^
Jacques de Buymont, samedi 20 janv. J 4 < 4 '^
Golart du Ru, ordonnance du 4 août U\H ^^
Geoffroi de Moulins, ordonnance du 4 août \AiS
Jacques de Gremery, — —
Denis des Guez, — —
Guillaume le Vuk, — —
Jacques Raat, — —
1. XIa 4785, fol. 355. On trouve aussi les formes Maisnier (XIa 8302,
fol. 232 v) et Maignier.
2. XIa 49, fol. 168.
3. XIa 1478, fol. 314. Il était mort avant le 19 janvier 1408 (XIa 1478, fol. 37).
4. Douët d'Arcq, Inventaire des sceaux, n" 4416.
5. H. -François Delaborde, op. cit.
6. XIa 1479, fol. 169 v°.
7. XIa 4789, fol. 221 v°. Jean Danviller fut premier huissier le 4 août 1418,
quand la faction bourguignonne reconstitua le Parlement (Ordonn., t. X, p. 464).
8. XIa 4789, fol. 359 V.
9. XIa 4790, fol. 33. 11 avait un frère, Robert de Buymont, sergent à cheval
du ChAtelet [Ibid.). Le 4 août 1418, il fut établi huissier de la Chambre des
enquêtes.
10. Ordonn., t. X, p. 464.
26
UN ADVERSAIRE INCONNU
DE SAINT BERNARD
ET
DE PIERRE LOMBARD
NOTICE
SUR UN MANUSCRIT PROVENANT DE LA GRANDE -CHARTREUSE.
I.
Les historiens de la philosophie scolastique ont fait à plus d'une
reprise le récit de la lutte qu'engagea, vers le milieu du xif siècle,
saint Bernard contre le célèbre évéque de Poitiers Gilbert de la
Porrée^ Cette controverse fameuse ne doit être considérée que
comme un incident assez ordinaire dans la vie de l'Église catho-
lique : on sait, en effet, qu'à diverses époques des esprits distin-
gués , pour expliquer le mystère de la Trinité , ont franchi les
limites de l'enseignement chrétien et que l'autorité doctrinale a
dû les y ramener. Les uns, frappés davantage de l'idée d'unité,
avaient, comme jadis Sabellius, nié la distinction des personnes ;
d'autres, avec Arius, plutôt que d'admettre l'égalité des personnes,
avaient fait du Père le Dieu suprême et ne considéraient le Fils
que comme le premier-né de toutes les créatures : Gilbert, qui
passait pour l'un des hommes les plus cultivés de son siècle^,
1. Voir en particulier B. Hauréau, Histoire de la philosophie scolastique,
première partie, p. 447.
2. Voir le térnoigaage d'un contemporain, auteur de l'Historia pontificalis,
Pertz, XX, 522.
395
n'avait évité ces erreurs que pour tomber sur un autre écueil :
exagérant l'idée de trinité aux dépens de l'idée d'unité, il fut
amené à enseigner un système que l'on accusa à bon droit d'être
tritliéiste, sinon en un certain sens polythéiste.
Une Divinité qui ne se confondrait pas avec Dieu ; des personnes
divines si complètement distinctes les unes des autres qu'elles ne
s'uniraient que par une forme commune, tirée de la Divinité ; ces
personnes elles-mêmes distinctes de leurs perfections, tels étaient
les points principaux de l'enseignement de Gilbert ; il n'était point
difficile d'y reconnaître l'application de la théorie réaliste qui dis-
tinguait Dieu de la Divinité, comme elle avait distingué l'homme
de l'immanité. Pas n'est besoin de longs discours pour montrer
le péril que de telles propositions faisaient courir au dogme du
Dieu unique et personnel qui est la base du christianisme. Certes
il n'eût pas fallu s'avancer loin dans cette voie pour que la doc-
trine chrétienne se trouvât transformée en une théorie philoso-
phique assez semblable à ces systèmes compliqués et obscurs que
l'Orient n'a jamais cessé d'engendrer : tout au moins eût-on dis-
tingué en Dieu quatre clioses, la substance et les trois personnes ;
peut-être, grâce à la distinction réelle que l'on établissait entre
Dieu et ses perfections, serait-on arrivé à enseigner l'existence,
non seulement d'une quaternité, mais, suivant l'expression de
saint Bernard, d'une centénité^
L'abbé de Clairvaux, qui jadis n'avait point ménagé Abélard,
ne se laissa arrêter ni par la science ni par l'autorité de Gilbert ;
il le poursuivit jusqu'à ce qu'il eût réussi à obtenir la condamnation
de ses doctrines lors de la tenue du concile réuni à Reims en 1148,
sous la présidence du pape Eugène III. Les divers récits qui nous
ont été conservés ne sont pas d'accord sur la portée des décisions
de cette assemblée^ ; le document que je signale plus loin contient,
comme on le verra, la version des partisans extrêmes de l'évêque
de Poitiers. Gilbert discuta savamment ; théologien d'une érudi-
tion consommée, il tira parti de toutes ses ressources ; politique
habile, il profita des sentiments de jalousie qu'inspirait à une frac-
1. 0 Verbi causa ilicimus magaum, bonuni, jusUira et iiinuraera talia, sed nisi
oninia unum in Deo cl cuin Deo considères, liabebis muitiplicem Deuni. » S.
Bernard, De consideratione, V, 7. Et encore, dans ce chapitre : « Multa dicun-
tur esse in Deo... scd m^ilta unum. Alioquin, si diversa putamus, non quaterni-
latem habemus sed centenilatem. »
2. Cf. Hauréau, op. cit., pp. 474 et ss.
396
tion du clergé, notamment à la majorité des cardinaux, l'ascen-
dant de saint Bernard sur le pape et sur l'Eglise de France. Il sut
ainsi se disculper d'imputations fausses et atténuer la gravité du
coup dont il était menacé ; il finit d'ailleurs par se rallier à une
profession de foi rédigée sous l'influence de saint Bernard et
observa jusqu'à sa mort, survenue en 1154, le silence qui lui avait
été imposé sur ces questions.
Toutefois, les partisans de Gilbert (ils étaient plus ardents que
nombreux) ne prirent pas facilement leur parti de la condamna-
tion de leur maître. Saint Bernard, dans un de ses sermons sur
le Cantique des Cantiques, leur rappelle les décisions qui
réprouvent l'enseignement de Gilbert : « A Dieu ne plaise que
l'Eglise catholique consente jamais à admettre une chose par
laquelle Dieu soit et qui ne soit pas Dieu. » Le saint abbé conti-
nue en ces termes : « Je ne parle pas contre l'évêque de Poitiers,
car dans ce concile il s'est humblement soumis à la sentence des
évêques et a lui-même formellement condamné ces propositions
et d'autres dignes de censure. Je parle pour ceux qui, contraire-
ment à l'interdit apostolique promulgué dans cette assemblée,
copient et lisent ce livret s'obstinent à suivre cet évêque en des
idées qu'il a abandonnées et préfèrent en lui le maître qui enseigne
l'erreur au maître qui leur apprend à se corriger*. »
La petite église des disciples de Gilbert de la Porrée devait
survivre à son chef comme à saint Bernard ; elle existait encore
à la fin du xii"" siècle et n'avait point cessé de lutter pour esquiver
les condamnations doctrinales dont elle avait été frappée et pour
renvoyer à ses adversaires l'accusation d'hérésie. Les preuves de
ce fait étaient maigres et rares ; le hasard des recherches que j'ai
été appelé à faire dans les manuscrits de la Grande-Chartreuse,
déposés à la bibliothèque de Grenoble, m'a révélé un témoignage,
que je crois encore inconnu, de l'activité et de l'obstination des
partisans de l'évêque de Poitiers. Si l'on veut bien se rappeler de
quelle importance ont été les controverses trinitaires pour déter-
miner la notion de Dieu, on trouvera peut-être qu'il n'était point
inutile de signaler l'existence de ce document : les maîtres de
l'histoire de la philosophie diront si cette publication ajoute
1. Sans doute le commentaire de Gilbert sur le traité De Trinitate du pseudo-
Boèce. Cf. Pairol. Latina, LXIV,
2. In cantic, sermo LXXX.
397
quelques lumières à celles que nous possédons sur le mouvement
intellectuel et les préoccupations théologiques du xii° siècle.
IL
On conservait au xvii" siècle à la Grande-Chartreuse un manus-
crit contenant, entre autres choses, plusieurs œuvres de Florus,
le diacre lyonnais contemporain de Charles le Chauve, notam-
ment son traité de la messe et son commentaire sur les épîtres de
saint Paul, qui n'est qu'une compilation d'extraits empruntés
aux Pères de î'Eghse. Sirmond, qui dès 1612 entretenait des rela-
tions scientifiques avec les religieux de la Chartreuse, avait tiré de
ce manuscrit des fragments de saint Avit de Vienne qu'il avait le
premier hvrés au puhlic^ Plus tard, en une circonstance qu'il ne
m'a pas été possihle de préciser, Sirmond vint en Chartreuse, étudia
le manuscrit de plus près et exprima le désir de le posséder. C'est
alors que les chartreux se décidèrent à lui faire hommage du
précieux texte; dom Juste Perrot, prieur de la Grande-Char-
treuse, fit détacher du manuscrit les œuvres de Florus qu'il adressa
au savant jésuite par l'intermédiaire du prieur de la Chartreuse
de Vauvert. Sirmond y trouva des fragments inédits de saint
Fulgence qu'il publia en 1643 sous ce titre : Eoccerpta Fui-
gentil contra Fahianum^.
Qu'est devenu le manuscrit de Florus ? Je laisse aux érudits le
soin d'en rechercher le sort ; il ne me paraît pas figurer dans le
catalogue des manuscrits qui formaient une part si importante de
1. Cf. Bellarmin-Labbe, De scripioribus ecclesiasiicis , I, 170 (édition de
Paris, 1660).
1. Une note écrite par un chartreux sur la première garde de la partie dii
manuscrit demeurée à la Chartreuse nous apprend f[ue le P. Sirmond « avoit
demandé ce manuscrit lorsqu'il vint en Chartreuse au temps que le Roy vint à
Grenoble. Cela est, ajoute l'annotateur, dans une des lestres du R. P. D. Juste
Perrot. » Ce renseif^nement ne s'accorde pas facilement avec les faits : Louis XIII
vint à Grenoble en 1629 et 1630, mais alors Sirmond, n'étant pas sou confes-
seur, ne suivait sans doute pas la cour. Il était vraisemblablement confes-
seur du roi en 16i'2, quand Louis XIII revint par la vallée du Rhône de l'ex-
pédition de Catalogne. Est-ce alors que Sirmond quitta le cortège royal à Valence
ou à Lyon pour venir en Chartreuse? Cela coïnciderait bien avec la date de
l'édition des Excerpta Fulgeniit, publiée en 1643, mais il ne parait pas que le
roi soit venu à Grenoble a cette époque. On voit la difficulté, peut-être causée
par une méprise de l'annotateur chartreux.
398
la bibliothèque des jésuites du collège de Clermont ; on sait que
cette collection fut vendue lors de la suppression de l'ordre. L'autre
partie du manuscrit, qui n'avait pas été envoyée à Sirmond, figura
jusqu'à la Révolution dans la bibliothèque de la Grande-Char-
treuse sous le n" 173; elle constitue maintenant le n° 1085 des
manuscrits de la bibliothèque de Grenoble ^ . Le premier des traités
1. Écriture du xiii" siècle. Parchemin, 135 feuillets, plus à la fin dix feuillets
en papier blanc remplaçant évidemment des feuillets coupés : on voit aussi que
des feuillets ont été enlevés au début du manuscrit; 212 sur 150 millimètres;
initiales à l'encre rouge, rubriques pour l'indication des chapitres et les noms
des auteurs cités. Reliure en basane, du xvii' siècle. Sur la première garde, on
trouve des notes des bibliothécaires de la Chartreuse au xvii" siècle, et en écri-
ture du xiii-^ siècle, très analogue à celle du manuscrit, la lettre suivante, d'où
l'on peut inférer que le ms. appartenait déjà aux Chartreux au xiii^ siècle.
« Dilectissimo suo dulcissimo G. pauperculo Cartusie novicio frater A., jugum
Christi suaviter sentire et onus ejus usque ia finera portare cum araore. Sit
nomen Domini benediclum, qui vos vocavit ia admirabile lumen suum. Quid
retribuetis Domino pro omnibus que retribuit vobis ? Cum enim seculum vobis
rideret, quis posuit in visceribus vestris ut risum deputaretis errorem et gau-
dio diceretis; quid frustra decipis? Quis fuit ductor itineris vestri ut vos
adduceret in montera, nisi spiritus Domini? Ille namque veraciler ascendit in
montera, qui vitara proponit arduam tenere et propter verba Dei vias duras
custodire. Sit igitur apud vos gloriosum pariter et jocundum abjeclum esse in
domo Dei vestri et recumbile in novissirao loco, ut cum veneril qui vos voca-
verit dicat vobis : Amice, ascende superius. Sapienter fugit naufragia qui tendit
ad hurailitatis portum. Et quid opus est plura dicere? Benedictio Domini super
caput vestrum, qui enim, credimus, ante vos Deum et post tergura posuistis secu-
lum; et vestris oralionibus nos pariter coramendamus. » Un chartreux du xvii° s.
suppose que cette lettre a pu être écrite par Armand , profès de Portes ou de quelque
maison de Bourgogne, qui fut ensuite prieur de la Chartreuse de Silignac, où il
mourut en 1220, après avoir été l'ami de saint Hugues de Lincoln. Je n'ai ni à
défendre ni à combattre cette hypothèse ; au surplus celle lettre me semble ne
fournir aucun renseignement sur l'auteur du Liber de vera philosophia.
Le Liber de vera philosophia commence au fol. 3 de la pagination actuelle :
« Incipit liber de vera philosophia. Vila cujus libet est summum bonum, sicut
mors cujuslibet est sumraura malum ; » tel est le début du prologue. L'ouvrage
comprend douze parties, qui seront énumérées ci-dessous; la douzièrae est le
résuraé de la Colleciio auctoritatum, dont j'aurai occasion de parler. Suit, au
fol. 100 v°, une autre collection d'extraits des Pères sur la Trinité, qui semble
ajoutée au Liber ; elle commence brusquement par ces mots : « Itéra Flores
prime partis collecte. Boetius libro de Trinitate; in universalibus pars dici non
potest... » La seconde partie de cette collection s'ouvre, au fol. 102 r", par ces
mots : « Flores ultime partis collecte ; Rabanus super Genesim. In principio
Genesis primitus misterium Trinitatis agnoscilur... » Les feuillets 110 et 111
sont remplis de citations sans ordre apparent, d'une autre écriture. A partir du
feuillet 112, le manuscrit ne comprend plus que des sermons anonymes, sans
399
que l'on y trouve est une œuvre anonyme, intitulée Liber de
vera philosojjhia, transcrite par un scribe qui écrivait vers
l'an 1200. C'est sur ce traité que je voudrais attirer l'attention du
lecteur : c'est pourquoi j'essaierai de donner quelques renseigne-
ments tant sur l'auteur anonyme que sur les caractères de son
œuvre.
m.
L'auteur de cet ouvrage est évidemment un supérieur ecclé-
siastique, probablement un abbé qui écrit pour l'instruction de
ses moines ; en effet, il nous l'indique par ces mots :
« Omnis homo semper débet tota mente exquirere quis eum
fecerit, et ad quid et de quo ; unde prelatis omnibus ecclesia-
rum precipue a Deo injunctum estquod rudes semper hec doceant
et prudentes ad hec exerceant. Inde est quod sic facere modo et
nos licet minus periti, intendimus^ »
L'œuvre a été écrite après 1179, date du concile de Latran, qui
y est mentionné en un passage que j'aurai l'occasion de citer plus
bas 2. L'auteur nomme comme des contemporains les écrivains du
XII'' siècle, Abélard, saint Bernard, Guillaume de Couches, Pierre
Lombard ; il connaît l'histoire des doctrines de cette époque ; on
peut donc conjecturer qu'il appartient à la génération arrivée à
la maturité au plus tard vers 1160 et qu'il a dû écrire entre 1180
et 1190, plutôt au commencement qu'à la fin de cette période.
A quelle région appartenait notre auteur? Là-dessus nous avons
quelques indices : dans l'énumération des faits surnaturels qu'il
invoque à l'appui du dogme de la présence réelle, il semble pré-
férer ceux qui se sont produits dans le Midi, par exemple à Saint-
Gilles et à Narbonne ; de plus, il nous apprend qu'il était en rela-
tions d'amitié avec un chanoine de Saint-Ruf ; enfin il voyagea
en Espagne et fut aux environs de Valence témoin d'un miracle
ordre méthodique. Voici Yincipit du premier : « Diligite jusliciara qui judica-
tis terram. Quid est diligere justiciam nisi diligere Christum...? » Voici l'incipit
du dernier : « Sioii in judicio redimetur et reducent eam in justiciam. Syon
ea est que apeculari debemus, alla, profunda et dulcia Dei... »
Au Liber de vera pliilosophia ont été ajoutés dans les marges et dans les
blancs de très nombreux renvois et de nombreuses notes en une écriture du
xiii° siècle.
1. Fol. 31 r.
2. Voir ci-dessous page 415.
400
eucharistique*. Il paraît donc légitime de conclure que l'écrivain
inconnu était un abbé de la Provence, ou, plus vraisemblable-
ment encore, du Languedoc.
A coup sûr, il était très savant ; on en peutjugerpar la variété
de ses citations. S'il connaissait bien les lettres profanes, il n'était
pas moins versé dans l'étude de la littérature sacrée. Ses péré-
grinations dans les pays d'Orient l'avaient mis en contact avec
les Grecs, de l'opinion desquels il se préoccupe toujours; aussi
cite-t-il saint Athanase, saint Ghrysostome, Didyme, saint Gré-
goire de Nazianze, Théodoret, Sophronius, saint Jean Damas-
cène, à côté des Pères de l'Eglise latine, saint Augustin, saint
Grégoire, saint Jérôme, saint Hilaire, saint Ambroise, saint
Léon , saint Fulgence , Boèce , Cassiodore , Bède le Vénérable ,
etc.; il n'ignore d'ailleurs ni les lettres des papes, ni les décisions
des conciles ; il connaît la polémique que soutint au commence-
ment du xn'' siècle, contre les docteurs de Byzance, l'archevêque
de Milan, Pierre GrosulanS au sujet de la procession du Saint-
Esprit. Toutefois, malgré cette immense érudition, il tient en
défiance la science humaine, surtout la science contemporaine.
S'il dit en un passage : « Religionis et fidei sectande caput est
historia et philosophia^, » il ne manque pas, en d'autres endroits,
de rabattre les tendances rationalistes de la science mondaine :
« Sapientia hujus mundi stulticia est apud Dominum ; item pru-
dentia carnis mors est, quia naturas rerum sequitur, et nichil
putat Deum posse prêter quod in naturis rerum videt"*. » Au sur-
plus, c'est un esprit vigoureux, mais étroit^ ; il s'est enfermé dans
1. Fol. 52 r°.
2. Fol. 79 r.
3. Fol. 29 T".
4. Fol. 8 y.
5. Il donne parfois de singuliers arguments, qui décèlent une pensée originale.
En voici un exemple : quand il distinguait de Dieu les attributs divins, on lui
objectait : Dieu n'a donc pas été seul de toute éternité, puisque ses attributs
existaient avec lui. Voici ce qu'il répond : « Ego autem miror viros sapientes
hanc impericiam pro ratione posuisse, quia si hoc est verum quod dicunt, nichil
est solum in mundo tolo, nec fuit, nec erit unquam. Unde secundum eos men-
tiraur quoties dicimus religiosos solitarios solos habitare in cellulis quia soli-
tarii dicuntur, quia forte catus, vel mus, vel aragnes, vel pulex, vel pediculus,
vel verrais in ventre, vel vestis in dorso, vel capilli, vel cicalrix, vel corona,
vel calviciura, vel pes, vel albedo in oculo, vel aliquis lapis, vel ligna, vel
tegule, vel ostium, vel proprietas aliqua sive sua sive cellule sue sive cujuslibet
alterius est in dorao cura eis. » Fol. 77 r°.
404
une petite école qui n'a point d'avenir et accepte sans hésiter l'ex-
trémité où il se trouve réduit de frapper d'anathème l'immense
majorité des hommes de sa génération.
IV.
Le but qu'il se propose avant tout, c'est de faire connaître la
vraie foi tombée dans un oubli presque universel. Là-dessus il
s'expUque nettement dans son prologue.
Après avoir étabh l'importance delà philosophie, qui, en faisant
connaître Dieu, assure aux hommes la vie éternelle, il continue en
ces termes : « In hac ergo vita a nobis cognoscendus est Deus,
saltem perfidemcum non possimus per speciem. Quare et in hac
philosophia semper omnes debemus intendere si mortem eternam
volumus evadere et vitam eternam acquirere, quam nullo modo
aliter possumus obtinere. Hoc autem cum aliqnibus familiaribus
meis diligentissime persuaderem, responderunt hoc verum esse,
sed vix aut numquam fieri posse ut fidem rectam aliquis de Deo
possit habere, et non recta facit hereticum et sacrilegum esse.
Nam de fide recta nulli sanc'.orum adhuc leguntur seriatim scrip-
sisse quicquid fuerat nobis necesse*. »
Sans doute, on a bien écrit des traités sur des sujets particu-
liers, mais ils sont trop nombreux pour que les fidèles puissent
trouver le temps de les lire ou triompher de l'ennui qu'ils inspirent.
Ce qu'il faut, c'est un abrégé solide de la doctrine. On a tenté de
l'écrire, mais en vain : « Hoc tamen nonnulli modernorum conati
sunt facere, quorum quidam non satis exercitati, in multis con-
vincuntur errasse, tum ex eo quod ex suo multa suspitiosa visi
sunt addidisse, tum ex eo quod dicta sanctorum ahter quam se
haberet intellectus auctorum creduntur interprétasse ; unde tan-
tum scisma inter ipsos modernos, etiam Latinos, exortum est, ut
alii ahos ad invicem scribendo improbent hereticos. His igitur
obstaculis a fide recta prepedimur, et cui parti favere debeamus
penitus ignoramus^. »
L'auteur a donc formé le projet d'écrire un livre court et pré-
cis qui soit une réponse à tant d'âmes qui se demandent : où est
la vraie foi? que faut-il croire? Déjà le prologue manifeste une
défiance profonde à l'égard des opinions généralement reçues et
1. Fol. 3 r».
2. Ibid.
402
des doctrines émises par les contemporains dans leurs écrits.
Cette tendance, comme on le verra, ne fera que s'accentuer
dans la suite du traité.
V.
L'œuvre est divisée en douze parties. Voici en quels termes le
plan est indiqué dans le prologue :
Petimus ergo (ce sont les disciples qui parlent) ut... nos instruas
quo modo Deus est trinus et unus (i) ; indè de Incarnatione Verbi (ii) ;
indè de corpore de sanguine Domini (m) ; deindè ne sophiste garruli
nos in alique conturbent, si que aucloritates predicte doctrine videan-
tur obviare, eas addas et per alias auctoritates ad concordiam com-
pendiose reducas (iv : de concordia contrarietatum predictarum).
Postea modernis ex senlentia sua, non ex auctoritatibus sanctorum
recte fidei resistentibus auctoritates eos redarguentes opponas ; pre-
terea ipsas auctoritates quibus ad fovendum errorem suum abutun-
tur ipsi moderni ponendo per alias auctoritates exponas et errorem
eorum aperiendo destruas (v : ulrum natura divina sit persona) ;
manifestatio Sabelliane lieresis, que hodie ferè ubique régnât, et explo-
ratio auctoritatum que imperitis videntur eis favere (yi). Inde Grecis
mentienlibus quod Spiritus Sanctus non procedit a Filio, qualiter
obviemus non pretermitlas (vu : de processione Spiritus Sancti
contra Grecos). His quoque qualiter Judeis opponamus vel respon-
deamus inseras ; ad cautelam quoque nostram docere ne différas quid
sit hereticum esse (vin : quomodo sit disputandum cum paganis,
.Tudeis, Manicheis, Arrianis, Sabellianis) ; (ix :) que et quot sunt here-
ses. Moderni quoque si qua docuerint que possint slmplicitatem
fidei in aliquo lurbare, rogamus ut ea quoque ne différas notare (x :
que videntur suspitiosa in scriptis modernorum). Post modum vero
de membris Domine subjungas (xr : de membris Domini, contra
antropomorphitas). Ad ultimum, quia copia librorum ex quibus pre-
dicte auctoritates sumpte sunt non facile potest legi vel etiam haberi,
ne vim alicui aucloritati videaris fecisse, compendiosamcollectionem
aliquarum auctoritatum predictam doctrinam corroborantium con-
cordando, more librorum jurisperitorum, rogamus, adnectas (xii :
de coUectione auctoritatum) • et sic per xii partitiones omnia isla
discernas, ut, cumin qualibet earum querere necesse videatur, facile
inveniatur ^ ,
1. Fol. 3 r°el v.
403
VI.
On a pu le voir par quelques expressions, l'auteur est hanté
par cette idée que partout l'hérésie sabellienne triomphe et que
bientôt elle fera disparaître la véritable foi. Ecoutez-le plutôt :
Sabellius enim jam resuscitatus modo ubique fere régnât, qui ab
orbe universo quasi Icprosus olim ejcctus fucral, quod heresim sce-
leslissimam predicabal ; modernis vero temporibus... suscilavit
SabelhuQi diabolus et dcdit ei rogna omnia mundi ut sua confusione
ubique predicando et incessanler omnes secum trahal ad Tarlara...
Inde est quod Judei facti sunt Sabelliani, sic et gentiles ctiam uni-
versi necnon omnis fere Ghristianus, et ut videtur, speciaUter omnes
Latini-, quod ut iterum complealur quod scriptum est : Confundam
sapientes in sapientia sua, omnes fere qui huic mundo videnlur esse
sapientes diabolus venenala sue potionis confusione inebriavit; quod
nisi confusionem Sabellii, cum de fide Dei agatur, nullus fere eorum
docere vel loqui novit. Inde etiam est ad cumulum confusionis tocius
generis humani quod facti sunt hoc tempore universi SabelUani, cura
olim non nisi unus fuerit qui banc zizaniam superseminaveril^ que
et semen et messem Dei pêne totam hoc tempore sufFocat ne fruclus
débites reddat; hn enim etsi non sint Sabellius in persona, sunt
in spiritu et in hercsi Sabelliana. Inde quoque et illud est malorum
omnium pessimum quod si quis forte perrarus est catholicus, pre
muUitudine, pré polencia, pre mundana scientia non audet eiseciam
in verbo uno obviare, timens ne, si eis dispUceat, graciam eorum et
etiam forte se ipsum amiltat, plus metuens homines aut verens quam
Deum^.
Aussi, s'il combat juifs, manichéens et ariens, c'est aux sabel-
liens que notre écrivain inconnu réserve tout le poids de sa polé-
mique; il accable d'invectives les philosoplies et les savants qui,
d'après lui, sont conjurés pour propager cette hérésie. Il leur
reproche de falsifier les écrits des saints Pères pour appuyer leurs
erreurs ; voyez avec quelle vivacité il s'en prend aux auteurs, si
nombreux au xii^ siècle, de livres de Sentences :
In hac secta discipulos erroris gignunt qui et ipsi magislri hujus
1. Allusion qui parait r.e rapporter à Abélard.
2. Fol. 62 f el v°.
404
erroris fere omnes hodie sunt; errorem enim suum nomine Sententie
palliant, qui olim a sanctis doctoribus heresis et secta et scisma et
supersticio dicebatur; sicque périt orbis universus propler negli-
gentiam inquirende veritatis dominice fidei que ex culpa nascitur
magistrorum populi : qui cum lux debentesse episcopi, fuerint ténèbre.
Nam omnes pêne tam ceci facti, omnes cecos factos post se trahunt;
unde omnes précipites in foveam cadunt ^ .
C'est pour porter remède à cette lèpre répandue partout que
l'auteur tente de montrer l'identité des erreurs modernes avec
l'hérésie sabellienne ; il espère ainsi rappeler à la raison et à la
foi ceux qui, par ignorance ou par calcul, ne cessent de s'en éloi-
gner. A vrai dire, tel est le but réel de son œuvre.
Après avoir exposé les croyances des sabelliens de l'antiquité,
il résume à sa manière la doctrine des modernes :
Moderni multi jam scripserunt permulla et prolixa valde volumina
quod tota Trinitas, scilicet Pater et Filius et Spiritus Sanctus, est una
numéro substantia simplex, et quod natura divina, scilicet Divinitas,
que una tantum numéro est, Deus est; et quod hec eadem est Pater
et Filius et Spiritus Sanctus. Item scripserunt quod Pater et Filius
et Spiritus Sanctus est unum numéro, et quod unus Deus est et Pater
et Filius et Spiritus Sanctus, et quod una substantia est et Pater et
Filius et Spiritus Sanctus Item scripserunt quod très persone
non sunt tria, et quod proprietates quibus ipse persone distinguun-
tur a se invicem sunt ipse persone. Item scripserunt quod divina
natura que una est numéro est Pater et Filius et Spiritus Sanctus,
et quod hec est incarnata; item sicut Deus est ita et unus est^ item
quod quidquid est in Deo Deus est ^.
VII.
L'auteur du Liber de veraphilosophia s'acharne à combattre
toutes ces propositions comme liérétiques ; cependant il ne peut
écarter de son souvenir les décisions de Reims, ouvertement con-
traires à sa propre opinion, et la profession de foi de saint Ber-
1. Ibid.
2. Fol. 63 r. Cette dernière proposition : Quicquid est in Deo Deus est, est
celle que l'auteur combat avec le plus d'énergie et qui lui semble résumer l'en-
semble de doctrines qu'il appelle sabelliennes.
405
nard et des évêques français, si manifestement favorable aux doc-
trines qu'il réprouve. Aussi, pour paralyser l'argument qu'en
peuvent déduire ses adversaires, il raconte à sa manière le concile
de 1148 et la condamnation de Gilbert de la Porrée. Après avoir
fait allusion au fameux principe sur lequel se fondent ses adver-
saires : Quicquid est in Deo Deus est, il ajoute :
Super verbo quippe islo, contra quemdam episcopum qui hoc
verbum non concedebat (cet évêque est évidemment Gilbert de la
Porrée), mota fuit aliquando questio inRemensi concilie coram papa
Eugenio; cui judicio ejusdem domini pape in codem concilie Domi-
nus tantam sapientiam conlulerat quanlam nulli contulerat tempo-
ribus illis; de qua post multos dies inler solos episcopos sufficlenter
disputatum est; sed prorsus nicbil inde diffinitum est; quia omnino
sine judicio, prudenti tamen consilio, dimissa est in dubio. Hoc
enim verbum lune manutenebat, bonis clericis, ut dicebalur, semper
invidiosus, quidam sub quo fuerat monachus papa tercius Eugenius
(évidemment saint Bernard) et aiii quamplures tum favore istorum,
tum invidia episcopi et suorum, tum quia non erant in bac doctrina
diu exercitati, sicut sepe contigit, ut in confessione Berengarii patet
coram Nicolao papa in Romano concilie, et in Boetie de Trinitate,
un questione. Qui cum vidèrent episcopum non solum rationibus
jrrefragabilibus, sed etiam expressis auctorilatibus per omnia viriliter
resistentem, auctoritates tam multas non ausi dampnare, ne sic ipsi
se ipsos manifeste probarent herelicos ; si autera et quod dixerant
ipsi hue usque contra eum, dampnarent, qued vix aliquis facil, simi-
li ter se ipses evidentissime estenderent hereticos fuisse-, quaprepter
médium iter ulrumque tenentes, nicbil prorsus inde diffmiendo
utramque partem prorsus reliquerunt intaclam, rogantes episcopum
ut infirmis mentibus prefunda Dei profunde non predicaret, sed cen-
descendens humilibus prout oportere videret sapientiam suam ut
preficeret sapienter temperaret. Si enim dominus papa et concilium
super hoc abquid decrevissent, sicut alla eorum décréta scribuntur
sic scriberetur et islud et sub pena observanda preciperetur ^
Tel est le récit que donne notre anonyme du concile de Reims ;
à l'entendre, il n'y a pas eu à proprement parler de condamna-
tion régulière en la forme contre l'évêque de Poitiers ; très embar-
rassés de sa résistance énergique, les prélats prièrent poliment
1. Fol. 90 \\
406
Gilbert de garder le silence sur ces matières, afin de ne s'exposer
point à scandaliser les faibles et les ignorants.
Ce récit doit être rapproché de divers témoignages contempo-
rains, celui de Geoffroi d'Auxerre, celui d'Otton de Freisingen
et celui de l'auteur anonj^me de Y Historia pontificalis , qui lui-
même assistait au concile de Reims ^ Si quelque érudit se livre à
ce travail, je serais fort étonné qu'il n'en tirât point les conclu-
sions suivantes :
1° Une profession de foi en quatre articles, contraire à la doc-
trine de Gilbert, fut rédigée par Geoffroi d'Auxerre, le secrétaire
de saint Bernard ; au premier abord, elle fut assez mal accueillie
par les cardinaux, qui y virent une tentative de l'abbé de Clair-
vaux et de l'Eglise gallicane en vue d'imposer à l'Église romaine
une déclaration doctrinale ;
2" Cependant cette profession de foi fut solennellement publiée
à Reims, dans la salle de l'archevêché dite salle du Tau-;
3° La régularité en la forme de cette déclaration, qui valait
condamnation des principales propositions de Gilbert de la Por-
rée, fut contestée par les partisans de l'évêque de Poitiers. Ils la
considérèrent comme suspecte, parce qu'elle ne se retrouvait ni
dans les actes du concile ni dans le registre d'Eugène III ; là-des-
sus Y Historia pontificalis s'accorde avec le théologien inconnu
dont je viens de citer le témoignage. VHistoria pontificalis
ajoute que la déclaration ne fut publiée que quinze jours après la
fin du concile, en présence seulement d'un certain nombre de
1. Geoffroi d'Auxerre fut secrétaire de saint Bernard et est naturellement son
partisan dévoué. Consulter son Libellus contra Gilbertum Porret et sa lettre à
Albinus, cardinal d'Albano. Patrol. Latina, CLXXXV, col. 595 et 587. On trou-
vera ces deux autres récits dans Perlz, XX, 379 et ss., 522 et ss. Ces récits
sont plutôt favorables à l'évêque de Poitiers. Cf. Ilauréau, oj). cit.
2. Historia pontificalis, p. 525. Cf. GeofiFroi d'Auxerre, Libellus, col. 617.
Otton de Freisingen dit qu'une seule proposition fut condamnée par le pape
(p. 384) : « Ne aliqua ratio inter naturam et personnam divideret, neve Deus
divina essenlia diceretur ex sensu ablativi tantum, sed etiam nominativi. » Sur
les autres points, Gilbert n'aurait pas été condamné. Avec deux témoins oculaires,
Geoffroi d'Auxerre et l'auteur de Y Historia pontificnUs, je crois que la déclara-
tion en quatre articles qui condamnait Gilbert fut solennellement publiée par le
pape. L'auteur du Liber de vera philosophia, il faut le remarquer, conteste la
validité et non l'existence de la condamnation, tandis qu'Otton semble considé-
rer la condamnation comme anodine ; à mon avis, c'est le récit d'Otton qui doit
être écarté.
407
prélats de diverses provinces retenus à Reims pour terminer cette
affaire : cette circonstance explique que la profession de foi ne
figure point dans les actes conciliaires. Mais elle n'en fut pas
moins pleinement sanctionnée par le pape, assisté d'un certain
nombre d'évêques; notre auteur est donc inexact quand il tient
cette condamnation pour non avenue ; si l'autorité ecclésiastique
ne se prononça point pendant le concile, elle se prononça ouver-
tement quelques jours après la dissolution de cette assemblée ;
4° Gilbert adhéra à la déclaration de saint Bernard, accepta de
corriger ses ouvrages pour les mettre en harmonie avec cette
déclaration, et désormais garda le silence sur ces questions. Tel
est le témoignage de VHistoria pontificalis * , de Geoffroi
d'Auxerre^ et de saint Bernard lui-même^.
En résumé, saint Bernard rencontra une résistance plus vive
que peut-être il ne s'y attendait ; s'il finit par obtenir la victoire,
son adversaire ne fut point écrasé ; sa défaite ne fut point une
déroute ^ Mais les disciples et les partisans de Gilbert trans-
forment les événements au gré de leurs sympathies quand ils
représentent l'issue de la lutte comme indécise.
VIII.
Au surplus, les survivants des disciples de Gilbert ne sont à la
fin du xrf siècle qu'un petit groupe isolé au milieu des évêques et
des docteurs contemporains. Notre auteur s'en rend fort bien
compte ; mais, cédant à la tendance ordinaire des esprits obstinés
et orgueilleux, il se cantonne dans ce petit groupe auquel il attri-
bue le monopole de l'orthodoxie. Il reste à montrer comment il
jeta l'anathème sur les noms les plus connus de la théologie du
xif siècle. C'est le travail auquel il se livre dans le chapitre inti-
tulé : Que videntur suspUiosa esse 171 scriptis moderyiorum'" .
Ce chapitre s'ouvre ainsi :
1. p. 525.
2. Epistola ad Albinum. Migne, CLXXV, 592.
3. In Cantica Canticonim, sermo LXXX, in fine.
4. Voir dans VHistoria pontificalis, p. 526, la très curieuse appréciation des
deux adversaires, saint Bernard et Gilbert de la Porrée ; celui-là représenté comme
un de ces hommes d'aclio'i et de gouvernement dont l'Église u'a jamais man-
qué, celui-ci comme un érudit, un savant et un lettré.
5. Fol. 88 r°.
408
Moderni similiter, quia multa docuerunt et in scriptis et etiam sine
scripto que fldei simplicitatem possent a veritate deviare, necesse
foret ea qualicumque modo signare. Sed tôt et tanta sunt quod indi-
gent per se volumine ; nec etiam libros omnium possumus habere
nec ad notitiam nostram omnes pervenere. Sed ne videamur ista
prorsus omittere, multis pretermissis, signemus aliqua aliquorum
opéra Ex hoc autem quod quedam verba quorum-
dam volumus notare multos credimus nobis fore
iratos. Sed si hominibus ex toto placerem, Ghristi servus non essem.
Deus autem Trinitas cujus causam manuteneo ; in que
solo confîdens nullum hostem timebo, eripiet me de ore leonis et de
manu bestie, ne me possint unquam in aliquo ledere ; nec ego vim
facio alicui istam legem vel errorem suum relinquere, sed tantum
precor unumquemque errores aliorum vel etiam suos saltem pro Deo
vitare, et moneo etiam ut meos caritative corrigat, ita quod dilectio-
nem Dei et proximi non offendant. Superflua igitur vel etiam carenda
credimus que sequuntur.
Après ce début, assez menaçant pour les théologiens du
xif siècle, l'auteur distribue ses critiques et ses anathèmes aux
plus importants de ses contemporains. Il cite d'abord, par son
nom, Guillaume de Couches :
Quidem dictus magister W. de Conchis librum composuit quem
Philosophiam nominavit, in quo se ipso teste multum erravit contra
fidem catholicam; sed quia ipse in alio libro quem simihter fecit
illum plene correxit ^ , superfluum esset amodo ipsum notare.
Après le tour de Guillaume de Gonches vient celui d'Abélard :
Quidam quoque alius magister, homo satis subtilis ingenii, viam
incognitam sine ductore ingressus est; unde currens, lassatus,
moramque faciendo solus obdormiens in solitudine inter alia corri-
genda scribendo sopniavit quod Deus Pater est in Fiiio sicut genus
in specie; unde quia propter hec et hujusmodi perpetuo silencio
dapnatus est, non est opus araplius eum notare^.
1. Sur la rétractation de Guillaume de Couches, mort en 1154, cf. Hauréau,
op. cit., p. 441. Il avait été poursuivi par Guillaume de Saint-Thierry et Gau-
tier de Conches, qui furent aussi deux adversaires de Gilbert de la Porrée.
2. Sur cette doctrine, voir rintroduction de M. Cousin à son édition des
ouvrages d'Abélard (Paris, 1836, in-4''), p. cxcviii. Les assertions d'Abélard se
trouvent dans son Introduction à la théologie et dans sa Théologie chrétienne.
409
Saint Bernard * n'est naturellement pas plus ménagé que son
adversaire. Il ne faut pas s'en étonner ; nul plus que l'abbé de
Clairvaux ne devait être antipathique aux partisans de Gilbert de
la Porrée. Notre anonyme conserve, vis-à-vis de saint Bernard,
l'attitude de méprisant dédain qu'aflfectait déjà l'évêque de Poi-
tiers'. Voici le passage qui le concerne ; le ton en est suffisam-
ment impertinent , aussi bien pour le saint abbé que pour ses
partisans au concile de Reims ; à entendre notre sectaire, la décla-
ration en quatre articles aurait été préparée dans une réunion
d'un caractère assez peu ecclésiastique :
Fuit alius vir vite venerabilis; cura esset bene potus in nocte cura
paucissimis fainiliaribus suis in ospicio suo, decrevit credi quod ali-
quid unum numéro est Pater et Filius et Spiritus Sanctus, et quod
très persone non sunt tria, et alia quedam inferioribus similia. Quod
quia non scripsit in volumine, non est necesse amplius notare.
PoLuit autem in bis sicul in aliis quibusdam que scripsit soUempniler
errare. Hic namque spatiose scripsit quod milites Templarii Jeroso-
limitani, pro antiquis turibulis et urceolis et aliis inslrumentis veteris
legis, dépendent tempore isto in Templo Domini, de quo Dominus
ejecit vendentes et émeutes, sellas et frena sua et lanceas et alia
milicie sue instrumenta necessaria, quod falsissimum est, quia nec
Templum in poteslate illorum est^.
Le lecteur n'aura pas de peine à faire la part des exagérations de
la rancune théologique à laquelle s'abandonne l'écrivain ; la répu-
tation de saint Bernard est au-dessus de ces atteintes. Elles ne font
1. Entre AbélarJ et saint Bernard, notre auteur mentionne encore parmi les
hérétiques un évèque qui d'ailleurs n'a pas laissé d'écrits : « Quidam simili-
ter alius magne dignitatis homo, veniens ab universali quondam concllio, non
bene inlelligens que ibi dicta fucrant, inter alia predicavit in sinodo sua quod
in personis sancte Trinitatis nulla esset dififerentia nisi in nominibus tantum.
Sed quia nec hec nec alia scripsit, nec hune duximus dignum amplius signare. »
2. Bistoria pontificalis, p. 52G.
3. Allusion à un passage de l'œuvre de saint Bernard intitulée : De laude
militiae TempU, chap. v. Patrol. Latina, CLXXXII, c. 927. Ce passage s'ap-
plique à l'ordre du Temple et non à l'ancien temple des Juifs, dont saint Ber-
nard le rapproche par un simple procédé de rhétorique : « Ornalur lamen hujus
faciès Templi sed armis, non gemmis; ... pro candelabris, thuribulis atque
urceolis donius undique frenis, sellis ac lanceis comraunitur... » Il suffit de
jeter les yeux sur cet écrit pour voir que notre auteur impute à saint Bernard
une grossière confusion qull n^a pas commise. Cela montre le peu de valeur de
ses accusations contre l'abbé de Clairvaux.
27
4^o
d'ailleurs que nous donner une preuve nouvelle de la haine que
les disciples de Gilbert de la Porrée vouèrent à la mémoire de
l'abbé de Clairvaux^
L'auteur entend n'épargner aucun des grands noms de la phi-
losophie contemporaine ; maintenant il expose les propositions
dangereuses enseignées par Hugues de Saint-Victor^, qu'il ne
nomme pas plus que saint Bernard , mais que les citations ne
permettent pas de méconnaître :
Fuit vero alius multa bona scribendo faciens qui scripsit inter cetera
hec sequeutia verba : capitule primo, de fide :
Quod sapientibus hujus temporis oporteat credere in obscuris
scripturis.
Quod tota Trinitas est una substantia simplex (capitule iii°) ^.
Quod sicut Deus est ita et unus est secundum rationem, ut unum
sit principium.
Exordium fidei ab unitate incipit, non a Trinitate.
Dicitidem Augustinum dixisse; quod quicquid est in Deo Deus est;
quod nec unus nec aliquis sanctorum legitur unquam dixisse, quia
omnia sunt in Deo, nec sunt Deus ^.
Idem capitulo nir° quod humana mens vestigium est Trinitatis.
Quod Deus Trinitas est Pater et Sapientia quam habet sine qua
nunquam fuit, et Amor quo semper eam dilexit, que sunt très per-
sone -, sicut mens humana et ejus sapientia et ejus amor sunt tria,
que tamen non sunt persone, quia sunt alTectiones circa animam, et
quod sapientia Dei est Deus et una substantia vel una natura est ille
très persone, Pater et Filius et Spiritus Sanctus^.
Idem capitulo vr ; quod omnia que secundum substantiam dicun-
1. Cbemin faisant, l'auteur signale encore un hérétique qui n'a pas laissé
d'écrits dangereux : « Alius quoque homo valde iitteratus in magna sinodo,
presentibus multis bonis clericis, inter alla predicavil se mirari stulliciam
simplicium Christianorum eo quod non intellit^ebant quomodo Pater et Filius
et Spiritus Sanctus essent tria et unum, asserens très istas personas sancle Tri-
nitatis esse unum subjecto sed tria ratione, sicut Socrates cum sit unus, tamen
est albus, cripus, musicus, Sopbronisce tilius ; quare unum subjecto est, ratione
vero diversa. Sed nec ipsum, quia hec non scripsit, visum est nobis amplius
notare necesse. »
2. Hugues de Saint- Victor, Summa senlentiarum, I, c. 8 (cf. Migne, Patrol.
Latina, CLXXVI).
3. Ibid., c. 9.
4. Ibid., c. 6.
5. Ibid., c. 6.
444
tur de tribus personis predicantur singulariter, non pluraliter, nisi
persona.
Idem, cum persona secunduni substantiam dicatur\ secundum
Auguslinum, quod non esl verum Auguslinum dixisse, et cum hec
sit diffinilio persone : persona est rationabilis substantie individua
natura, quod non est verum, non audemus dicere de Filio quod sit
alia rationabilis substantia a Pâtre, cum sit alia persona: nec de tri-
bus personis (juod sint très ralionabiles substantie, cum non dicitur
Filius est alia persona, id est, discretus per aliam proprietatem ; Pater
et FiHus et Spiritus Sanctus sunt très persone, id est, discreti per
très proprielales. Sicut enim cum dicitur : Filius est Deus, non
distinguitur a Pâtre, sed cum additur Filius est Deus de Deo, jam
fit distinctio ; ita cum dicitur : Pater est persona, Filius est persona,
nondum fit distinctio; sed cum additur alia persona, vel plurale très
persone, jam distinctio notatur.
Hoc nomen Trinitas non est substantiale, sed pluralitatem désignât
personarum ^.
Hec nomina Pater, Filius, Spiritus Sanctus, translata sunt a crea-
turis ad Greatorem. Sed ne videantur in Deo signifîcare quod in nobis
significant, attribuitur Patri potentia, Filio sapientia, Spiritui Sancto
benignitas ^.
Idem capitulo viii. Idem dicit Augustinum dixisse quod quidquid
est in Deo Deus est, quod est dicere; sicut Pater Deus est, ita pro-
prietas Patris est ipse Pater. Quid enim est proprietas Patris et Filii
et Spiritus Sancti nisi persone ipse inter se distincte et discrète ' ?
Notre auteur poursuivant son travail énumère jusqu'à seize
propositions inutiles ou suspectes de Hugues de Saint- Victor ; la
dernière est ainsi conçue :
Furtum et bomicidium et cetera non inputantur posteris prêter
concupiscentiam, quia non fit generatio ipsa secundum effectus illo-
rum, scilicet motum de illis venientem.
Toutefois Hugues de Saint-Victor a rétracté toutes ses erreurs :
« Iste vero postquam ista et raulta alia in hune modum scripsit,
aliud quoque magnum volumen scribendo composuit quod senten-
1. Ibid., c. 8 et 9.
2. Ibid., c. 10.
3. Ibid., c. 10.
4. Ibid., c. 11.
412
fie ejus dicitur et liber ejus de sacramentis intitulatur, in cujus
prologo se confîtetur multa scripsisse que postulat lectorem secun-
dum sententiam hujus voluminis corrigere, in que nichil horum
scripsit. » Cette rétractation semblera assez peu formelle à qui
lira avec attention le prologue du De sacrameiitis de Hugues de
Saint-Victor ^
Notre inconnu n'abandonne Hugues de Saint-Victor que pour
attaquer Pierre Lombard. Il relève dans ses sentences trente-
huit propositions, dont voici quelques-unes :
Fuit quoque alius magne dignitatis homo in multis eum (Hugues
de Saint- Victor) imitatus, primo similiter docens unitatem Trinitatis
quam Trinitatem unitatis.
Quod hoc nomen Heioy plurale est nominis Helyi ^.
Quod idem volens probare quod non quecque sunt in Dei scientia
sunt in Dei essentia, ait Augustinus, inquit : Omnia antequam fièrent
erant et non erant ; erant in Dei scientia et non erant in sui naturà.
Quod prescientia Dei non est causa rerum, quia sic esset causa
malorum ^.
Quod unum solum est Deus Trinitas ^.
Quod nomine consorcii vel pluralitatis parcium non ponitur ali-
quid sed removetur ^.
Idem capitulo xxxi, quod illa tria, scilicet très persone, non sunt
unius Dei sed summus Deus ^.
Idem capitulo XLnii, quod necessaria questio est utrum Pater
genuit se Deum vel ahum Deum.
1. Voici le texte du prologue du traité De sacramentis fidei christianse de
Hugues de Saint- Victor, auquel l'auteur fait allusion : « Librum de sacramentis
Christianae fidei studio quorumdam scribere compulsus sura : in quo noniiulla
quœ antea sparsim dicta veram inserui. Hoc autera magis me movet quod cum
haec eadem prius negligentius dictassem passim trauscribenda exposui... Sed
quiapostmodum cum eademhujus operi textui insererem, quœdam inipsis mutare,
quœdam vero adjicere vel detrahere ratio postulabat. Lectorem admonitum esse
volo, ut sicubi ea extra hujus operis seriem aliud aut aliter aliquid habentia
invenerit, liane diversitatis causam esse sciât, et si quid forte in eis emendan-
dum fuerit, ad hujus operis formam componat. »
2. Pierre Lombard, Distinctio ii, n" 6. Migne, Patrol. Latina, CXCIL
3. I, Dist. XXXVIII, c. 2.
4. I, Dist. II, c. 2 et passim.
5. I, Dist. II, c. 5.
6. I, Dist. III, c. 17.
4^3
Idem capitulo XLiiir, quod nec Pater genuit divinam essentiam nec
diviiia essenlia genuit essentiam nec Filium'. Quia si hoc esset
divina essentia relative diceretur, et Pater esset Pater sibi et Filius
Pater et eadem res se generaret ^.
Idem Lxxir, quod non est in Deo aliquid quod non sit Deus, et
quod liabetur hic est nisi persona que ad alteram relative dicitur, et
quod in Deo non est numerus, cum tamen in divina natura sit per-
sonarum Trinitas^.
Idem capitulo lxxxvii, quod caritas aliquando refertur ad substan-
tiam que communis est trium personarum et tota in singulis^ ali-
quando specialiter ad personam Spiritus Sancti; sicut sapientia Dei
aliquando pro substanlia divina ponitur, aliquando proFilio proprie;
et quod Spiritus Sanctus est caritas, vel amor, vel dilectio Patris et
Filii qua se invicem et nos diligunt et nos Deum ''.
Idem ex capitulo, quod Spiritus Sancti gemina est processio-,
eterna a Pâtre et Fiiio, et temporalis qua ad sanctiflcandam creatu-
ram procedit, que donatio dicitur ^.
Idem capitulo clxxiii, quoû in Deo non est numerus; quod cum
dicimus plures esse personas singularitatem et solitudinem excludi-
mus, nec multiplicitatem ibi ponimus. Quod cum dicimus très per-
sonas, non quanlitatem in Deo ponimus-, et quod idem significalur
cum dicitur : Deus est Deus, et cum dicitur : Deus est persona ; et ita
idem significat persona quod Deus, et quod nomine persone essentia
inlelligitur ^.
Idem capitulo ccxxxiii, quod proprietates personarum sunt ipse
persone et Deus et divina essentia ^.
Idem capitulo ccxxxiiri, quod natura est persone, et quod eadem
essentia est Patris et Filii et Spiritus Sancti, et quod Deus habitavit
in Ghristo non per graliam adoptionis sed per gratiam unionis ^.
On sait combien vivement les doctrines de Pierre Lombard
1. I, Dist. IV, c. 1.
2. I, Dist. V, c. 1 et 12.
3. I, Dist. Yiii, c. 9.
4. I, Dist. X, c. 3.
5. I, Dist. XIV, c. 1.
6. I, Dist. XXIV et xxv.
7. 1, Dist. xxxui.
8. I, Dist. XXXIV.
4U
au sujet de l'Incarnation furent attaquées , sous le pontificat
d'Alexandre III, pai^ Gautier de Saint-Yictor et Jean de Gor-
nouaiUes. Notamment Gautier, dans son livre Contra quatuor
lahijrinthos Franciœ\ avait poursuivi des critiques les plus
véhémentes, non seulement Abélard et Gilbert de la Porrée, mais
encore Pierre de Poitiers et Pierre Lombard ; ces dénonciations
répétées avaient éveillé l'attention d'Alexandre III, qui dut s'en
occuper au concile de Tours et au concile de Latran -. Or, ce qu'on
reprochait à Pierre Lombard, c'était la négation de l'humanité
du Christ ; pour lui, la nature humaine n'existe pas réellement
en Jésus-Christ, elle n'est que le vêtement de la Divinité. Tel est
le sens de la fameuse proposition imputée à l'évêque de Paris :
Christus secundum quod est homo non est aliquid. Sur ce
point, notre inconnu s'empresse de faire écho aux ennemis de
Pierre Lombard :
Idem, capitule cxxx (libri m), quod humanitas non est in Christo
natura, sed habitus, sicut vestis vestito. Quod Christus carnem et
animam habuit, sicut homo quilibet vestem. Quare secundum quod
homo non potest dici Christus esse aliquis occasione illius Apostoli :
habitu inventus ut homo ^.
IX.
On le voit, c'est principalement à saint Bernard et à Pierre
Lombard que s'en prend l'auteur inconnu du Liber de vera phi-
losophia; il apporte dans sa polémique contre eux la violence
trop fréquente dans les controverses théologiques de son temps.
Au surplus, il ne se borne pas à combattre les doctrines d'autrui ;
comme beaucoup de ses contemporains, il allègue en faveur de
ses opinions de nombreuses citations des Pères. La tâche lui avait
été singulièrement facilitée par le travail d'un de ses amis, cha-
noine de Saint-Ruf, dont il nous révèle l'activité littéraire :
Fuit temporibus nostris quidam magister A. dictus Sancti Ruplii
canonicus, homo magnus etate sed multo major scientia et religione
1. Patrol. Latina, CXCIX.
2. Voir aussi la lettre adressée par lui à Guillaume, archevêque de Sens, puis
de Reims. Cf. Hefelé, Eistoire des conciles (traduction française), VII, 512 et ss.
3. Cf. III, dislinctio vi, vu, et la discussion à laquelle se livre Piene Lom-
bard sur l'Incarnation.
445
el dignitale, qui a consilio Remensi apapaEugcnio celebrato, exquo
ceperunl hujusmodi noviLates crebrescere, usque ad concilium 1ère
Romanum ab Alcxandro papa celcbralum non cessavit sLudiosissime
ciim omni diligentia inquirere pcr infinilas ccclesias et monasteria
Galliarum et Hispaniarum et Italie et cliam Grecie, universos sapien-
tes interrogando, et legendo et relegendo innumerabilia volumina
quecumque de sancta Trinitate et ejus unitate dicebantur aliqui inli-
mare ulrum scilicet verbum istud : Quicquid est in Deo Deus est,
esset alicubi ab aliquo sancto scriptum vel aliud aliquod verbum
unde istud posset perpendi. Videbatur enim sibi istud verbum esse
causa et origo fere omnium novitatum ex quibus videbatur horesis
Sabelliana procul dubio ressuscitari Cum igitur hoc predictum
verbum predictus A. per xxx annos et eo amplius querendo fatigatus
nec per se nec per alios unquam posset invenire, nec ei equi pollens,
nec auctoritatem nec rationem quibus hoc posset probari vel tueri,
visum est sibi perutile ex tôt voluminibus que lociens perlegerat
auctoritales aiïquas eligendo colligere quas vidit ad doclrinam Sancte
Trinitatis et ejusdem unitatis et Verbis Incarnationis et corporis et
sanguinis Domini necessarias fore. Quarum in volumine composi-
tionem vocavit Collectionem quam distinxit per xxiiii distinctiones.
Qua per multas transcripta, unam dédit Rome Eugenio [sic : lire
Alexandro) predicto Pape qui eam suscepit cum multa gratiarum
actione, et eam didicit ab ipso predicto A. tanquam discipulus sine
omni pudore : alium quoque librum ejusdem collectionis dédit Maga-
lone; alium Psalmodiensi abbatie'; alium misit Alemannie; alium
dédit Valentie, ecclesie Sancti Ruphi, cum alio tractatu de Trini-
tate; alium et michi quem Jerosolimis reliqui. Ex hac itaque collec-
tione visum est et mihi aliquas auctoritates in fine hujus opuscuH
ponere quibus possint predicta muniri et minus dicta suppleri ita ut
nichil videatur ibi ni si ejus auctoritate tractari ^.
L'ouvrage se termine par un résumé de chacune des distinctions
qui forment la Collectio du chanoine de Saint-Ruf^ Voici l'in-
dication des sujets de chacune :
Prima distinctione commendant Ilarium Hieronymus et Augusti-
nus contra eos qui eum abhorrent.
1. Abbaye de Psalmodie, au diocèse de Nîmes.
2. D'après des renseignemenls que je dois à l'obligeance de M. l'abbé Ulysse
Chevalier, ce manuscrit n'existe plus à Valence.
3. Fol. 90 y.
4^6
IF distiiictione continetur quod non homini, sed soli Deo creden-
dura sit de Deo.
III* distinctio dicit quod raultis modis dicitur natura et essentia et
substantia, et quid sit natura et quid persona et quod inter se dif-
ferunt.
iV^ distinctio signât distincte personas a natura.
v"" distinctio docet quod hoc nomen substantia positum est in desig-
natione persone, non nature.
vi^" distinctio ostendit quod hoc nomen substantia positum est in
designatione nature, non persone.
VII" distinctio docet quod hoc nomen natura positum est in desig-
natione persone, non nature.
mi^ distinctio ostendit quod hoc nomen natura positum est in
designatione nature, non persone.
ix'' distinctio ostendit quod hoc nomen essentia positum est in
designatione persone, non nature.
X* distinctio docet quod hoc nomen essentia positum est in desig-
natione nature, non persone.
Distinctio xi-^ docet quod persone natura et substantia et essentia
dicitur, et genus, et quahtas et species et proprietas.
xii" distinctio ostendit et aperit Sabellianam et Arrianam heresim.
xiiF distinctio docet exordium fidei constituendum a Trinitate et
non ab unitate.
xiva distinctio ostendit quod hec tria nomina, Pater et Fihus et
Spirilus Sanctus, unam rem solitariam non nominant, sed unum-
quodque nominat suam rem singulariter subsistentem.
XV" distinctio docet quare Pater nominetur Pater, et Filius Fihus,
et Spiritus Sanctus Spiritus Sanctus et quarc Filius nominetur Ver-
bum et Sapienlia et Virtus.
Distinctio xvi" docet quod Pater et Fihus et Spirilus Sanctus a sua
communi natura hoc nomen suscipiunt : Deus.
Distinctio xvir' docet quod hoc nomen Deus sic est Patris et Fihi
et Spiritus Sancti ut quandoque Patrem tantum nominet, quandoque
Filium tantum nominet , quandoque Spiritum Sanctum tantum ,
quandoque simul sine distinctione hos 1res nominet.
Distinctio xviii" docet cum unus, una, unum, rem solitarie singu-
larem significet, quando et quare plures nominet personas.
Distinctio ixx» docet quibus rationibus Pater et Fihus et Spiritus
Sanctus, hcet très sint in numéro discreti, dicantur esse unum et
unus Deus.
447
Distinctio xx™ ostendit quod si quis pcr unus Deus rem soli tarie
singularem supponit el eidem hec tria nomina Pater, Filius et Spi-
ritus Sanctus attribuit, Sabellianam heresim incurrit.
Distinctio xxi^ docet ex quo sensu Pater et Filius et Spirilus Sanc-
tus unum et unus Deus intelligi debeanl.
Distinctio xxif docet quod cum dicitur : Pater genuit quod ipse
est, per istud quod non refertur subsistons sed subsistentis natura
quam genus, proprielatem et qualitatem nominant.
Distinctio xxiii^ docet Deum idco simplicem esse quod ci non inest
multitudo naturarum, nisi una sola tantum, quam sancti nominant
ejus esse et habere et velle et audire, et videre, et posse et vivere et
facere.
Distinctio xxiiii-^ docet quid de singulis singulorum Patrls el Filii
et Spiritus Sancti proprietatibus intellexerunt sancti.
X.
En résumé, le ms. 1085 de Grenoble fait connaître :
1" L'œuvre, composée à la fin du xif siècle, d'un partisan de
Gilbert de la Porrée, qui est en même temps un ennemi acharné
de saint Bernard et de Pierre Lombard ; cette œuvre contient un
récit nouveau de la condamnation de Gilbert de la Porrée au
concile de Reims.
2" Le résumé d'un recueil de citations extraites des Pères par
un chanoine de Saint-Ruf, qui écrivait k la même époque.
On est en droit d'en conclure qu'un petit groupe de théologiens
conservait encore en ce temps la tradition des doctrines hétéro-
doxes que Gilbert avait enseignées sur la Trinité : ces doctrines,
rejetées par l'immense majorité de l'Eglise, n'allaient à rien moins
qu'à ébranler la notion de l'unité divine. C'est au nom de telles
doctrines que, poussés par la plus intolérante rancune, des théo-
logiens obscurs lançaient l'anathème sur les hommes les plus
savants et les plus respectés de l'Église de France.
Quelle influence exerça ce petit groupe sur le développement
des hérésies populaires répandues à cette époque dans le midi de
la France, c'est une question qu'il serait intéressant de résoudre
et qui mériterait d'attirer l'attention des savants.
Paul FOURNIER.
DE L'ENCEINTE
DU
FAUBOURG MERIDIONAL DE PARIS
ANTÉRIEURE A CELLE DE PHILIPPE- AUGUSTE.
J'ai tenu à ce que le titre de cette dissertation rappelât celui
du mémoire que Berty publiait, il y a plus de trente ans, et dans
lequel il étudiait les témoignages d'une enceinte construite au nord
de Paris avant celle qui fut élevée au commencement du
xiif siècle*. Mes recherches ont, en effet, outre l'analogie du
sujet, plus d'un point commun avec celles de mon savant devan-
cier. Dans les deux cas, des preuves matérielles, fournies par les
remaniements du sous-sol, font défaut, aussi bien que des docu-
ments écrits qui seraient directement relatifs à ces anciennes cons-
tructions ; dans les deux cas, les arguments sont empruntés à des
textes sans lien entre eux, comme ils sont, par nature, étrangers
à notre objet. Enfin, pour compléter la comparaison, j'ajouterai
que la thèse de Berty a été fort controversée et que la mienne a
déjà contre elle l'autorité du seul archéologue qui ait étudié à fond
ces questions.
M. Bonnardot, dans son remarquable livre sur les enceintes de
Paris ^, s'est efforcé, en effet, de démontrer que les faubourgs du
midi, — que plus tard on appela l'Université, pour les distinguer
de la ville et de la cité, — n'avaient jamais été protégés par une
enceinte avant celle dont les dota Philippe-Auguste, vers l'an-
1. De l'enceinte du faubourg septentrional de Paris antérieure à celle de
Philippe-Auguste, dans la Revue archéologique, t. XI (1854-55), j». 513-19.
2. Dissertations archéologiques sur les anciennes enceintes de Paris, par
A. Bonnardot, Parisien. Paris, 1852, in-4°.
I
/H 9
née 1210. Pour faire cette démonstration, il présente en premier
lieu des considérations générales, puis expose et combat les argu-
ments déjà produits en faveur de l'opinion que je vais de nouveau
défendre.
J'examinerai d'abord les considérations générales, qui se
réduisent à ceci : jusqu'au commencement du xnf siècle, la région
du midi était peu commerçante, peu habitée même ; d'immenses
clos en culture la couvraient ; çà et là, à peine quelques églises
ou chapelles; les collèges et les couvents ne s'y multiplièrent
qu'au xiif et au xrv^ siècle.
Pour être très accréditée, cette opinion n'en est pas moins le
contre-pied même de la réalité. On a la preuve que, dès l'époque
romaine, un vaste faubourg couvrait la rive gauche du fleuve et
s'étageait sur les flancs du mont Lucotitius. Est-il besoin de rap-
peler l'existence de ce circus restauré par Chilpéric — et qui, ces
temps derniers, a si fort retenu l'attention sous le nom d'Arènes
de la rue Monge, — ou du palais des Thermes, dont les ruines
sont encore debout, — ou du vaste cimetière romain que révéla
le percement delà rue Nicole? Ce n'est pas tout : les fouilles qu'a
nécessitées l'ouverture des rues Soufflot, Gay-Lussac, des Ecoles,
pour n'en citer que quelques-unes, ont partout décelé d'irrécu-
sables vestiges de constructions romaines ; il suffit, pour s'en per-
suader, de lire le mémoire auquel le maître regretté, Jules Qui-
cherat, travaillait quand la mort est venue l'interrompre ^ .
D'autres faits viennent prouver que ce faubourg ne disparut
pas à l'époque franque : c'est sur la rive gauche qu'étaient, au
Vf siècle, les maisons des négociants et la synagogue des juifs-;
là s'élevèrent, au même temps, les deux grandes abbayes de
Saint-Germain-des-Prés et de Saint-Pierre (Sainte-Geneviève),
autour desquelles, cela n'est pas douteux, vint se grouper toute
une clientèle de colons et de serfs.
M. Bonnardot n'a eu raison que pour les collèges et les cou-
vents, car, dès le vii*^ siècle, les églises étaient nombreuses dans
cette région : Saint-Julien, Saint-Séverin , Notre -Dame- des-
1. Les Vestiges romains de la rive gauche de la Seine à Paris, dans les
Mélanges d'archéologie et d'histoire : antiquités celtiques, romaines et gallo-
romaines, p. 460-7.
2. Grégoire de Tours, iiist. Franc, VI, 17, 22: VIII, 33. Voy. aussi dans les
Me'ni. de l'Académie des inscriptions, XV, 056, une dissertation de Bonamy :
Recherches sur la célébrité de la ville de Paris avant les ravages des Normands.
420
Champs, Saint-Bache, devenu Saint-Benoît, Saint-Etienne-des-
Grès, et l'on imagine malaisément tant d'églises pour si peu de
fidèles.
Yeut-on une dernière preuve, qui ne sera pas la moins con-
vaincante? Le premier hôtel de ville des Parisiens était, lui aussi,
de ce côté de la rivière; si ses origines sont insaisissables, du
moins est-il certain qu'il existait bien avant Philippe- Auguste,
et c'est encore à M. Quicherat que je renvoie pour les renseigne-
ments si nouveaux qu'il donne à cet égard dans son mémoire sur
la. Rue et le château Haute feuille à Paris^. J'y reviendrai,
d'ailleurs.
J'espère avoir établi que, de tout temps, le quartier de la rive
gauche ne fut rien moins qu'un désert; j'arrive maintenant aux
arguments qu'on avait produits en faveur d'une antique enceinte
et que M. Bonnardot a pensé ruiner. Il en cite trois que je
vais tout d'abord énumérer : le premier est emprunté à un pas-
sage de la prétendue charte de Childebert pour Saint-Germain-
des-Prés en 558 ; la nouvelle église y est dite : « Prope muros
civitatis ; » à quoi M. Bonnardot répond qu'il s'agit d'une
muraille de la cité ; le second argument est tiré de la vie de saint
Martin par Sulpice Sévère, où il est rapporté que le saint, venant
de Tours à Paris, rencontra, à Ventrée de cette ville, un lépreux
qu'il guérit en lui donnant un baiser. M. Bonnardot déclare qu'il
n'en résulte pas qu'une porte constituât cette entrée. La troi-
sième preuve est la plus sérieuse ; elle est empruntée à une ancienne
Vie de sainte Geneviève et c'est Tabbé Lebeuf qui l'a mise en
avant^; sainte Geneviève, dit l'hagiographe , est inhumée « in
basilica in monte sitajuœta nove mœnia Parisii nomine Luco-
ticio. » Ici, je dois citer textuellement la réplique de M. Bonnar-
dot : « Toute la valeur de ce document repose sur l'époque pré-
cise du manuscrit; or, cette époque est sujette à controverse.
Lebeuf lui-même avoue qu'à en juger par les caractères, il était
du xf siècle. Je n'ai jamais vu ni cherché à voir le texte ori-
ginal, supposé qu'il existât encore, mais je l'ai vu imprimé
dans Y Office et la Vie de sainte Geneviève, in -8°, 1697.
Autant que je puis en juger par l'analogie avec d'autres textes,
1. Mémoires de la Soc. des antiquaires de France, 1882, et loc. cit., p. 440-59.
2. Dissertation sur le viens Catolocensis des actes de sainte Geneviève, au
tome I, p. 1-39, des Dissertations sur l'histoire ecclésiastique et civile de Paris,
1739, 3 in- 12.
421
le latin m'a paru trop correct pour remonter au xi'' siècle... »
Qu'on me permette maintenant de discuter à mon tour cette
argumentation en partie double. La charte de 558 ne prouve rien
pour le Vf siècle, pas plus pour les murs de la cité que pour ceux
du faubourg, car la démonstration de sa fausseté a fait le sujet de
la plus remarquable peut-être des études critiques de Quicherat ^ .
Je fais peu de cas aussi du passage de la Vila S. Martini : il
peut en effet s'agir de l'entrée de la cité ou de l'entrée de la ville ;
toutefois je ferai observer que saint Martin y est donné comme
venant de Trêves, non de Tours, mais que le texte parle très
positivement d'une porte : « Apud Parisius vero, dum portam
civitatis illius, magnis secum turbis euntibus, introiret, lepro-
sum miserabili facie , horrentibus cunctis , osculatus est atque
benedixit, qui statim ab omni malo emundatus esl^. » Etant donné
que les lépreux n'avaient pas alors le droit de pénétrer dans les
villes, ce passage prouve que la porte était, au plus près, située à
l'extrémité du pont, vers le faubourg.
J'ai hâte d'en venir au troisième témoignage, celui que nous
fournit la Vie de sainte Geneviève. Ce n'est pas la seule fois
que M. Bonnardot ait donné à entendre sa répugnance pour l'exa-
men des textes manuscrits; chez lui, c'était un parti pris et il a
déclaré, en tête de ses dissertations sur les enceintes, que le déchif-
frement des vieilles écritures lui causait une fatigue de nature à
paralyser toute sa bonne A'olonté. Un pareil sentiment est sur-
prenant de la part d'un archéologue ; il est surtout regrettable,
car il nous a valu un bon livre seulement, au lieu d'un livre
excellent. Si, dans l'espèce, M. Bonnardot eût fait violence à ses
répulsions, voici ce qui se serait produit : il aurait consulté, à la
bibliothèque Sainte-Geneviève, le manuscrit H, 2, L, qui contient
la Vie en question, et, ne s'en fiant plus au latin rajeuni du texte
imprimé en 1697, il se serait trouvé en présence d'un document
du x" siècle ; au surplus, il aurait constaté que le passage dont il
s'agit n'a été l'objet d'aucune interpolation, d'aucune correction
ultérieure. Ainsi aurait-il encore donné tort à Lebeuf, mais tout
autrement, car il aurait reculé au delà du xf siècle la date d'un
texte qu'il a cru plus récent.
1. Critique des deux plu-, anciennes chartes de l'abbaye de Saint- Germain-
des-Prés, dans la Bibliothèque de l'École des chartes, 1865, pp. 513-55.
2. Sulpice Sévère, dans Migne, Patrologia Latina, XX, 170.
422
La Vie de sainte Geneviève a d'ailleurs été étudiée par notre
confrère M. Ch. Kohler, dans un mémoire qui est un modèle de
critique des textes hagiographiques ^ M. Bonnardot n'a malheu-
reusement pu profiter pour son livre des conclusions de cette
savante étude : elles auraient suffi à le persuader et il y aurait,
en outre, trouvé les preuves que ce document, — ou plutôt le
remaniement où a été introduite la mention des nove menia, —
ne saurait être postérieur à la fin du ix** siècle ^
Yoilà donc trois nouveaux faits constatés et acquis du même
coup, grâce à ces trois mots : juxta nove menia; l°un rempart
existait à l'extrémité du faubourg méridional ; 2" il était proche de
l'église où fut inhumée sainte Geneviève ; 3° enfin sa construction
était récente vers l'époque des invasions normandes. Les deux
derniers points surtout sont importants et je ne m'explique pas
que Lebeuf n'en ait su mieux tirer parti. Le savant abbé conclut
en effet que « ces murs... ne passoient pas au delà de l'endroit où
sont les Carmes, Saint-Yves et la rue du Foin, et rabbatoient
ensuite jusqu'aux environs du pont Saint-Michel, » — ce qui
revient à faire passer la muraille au bas du coteau, là où est main-
tenant la place Maubert. Outre qu'on ne voit guère l'utilité d'une
pareille clôture, qui aurait circonscrit un si petit espace en se
laissant dominer par la colhne, il est certain que, s'il en eût été
ainsi, le rédacteur de la Vie de sainte Geneviève n'aurait pas
employé le moi juoota. Comme l'abbaye de Sainte-Geneviève fut
reconstruite sur les fondations mêmes de la basilique que les Nor-
mands avaient brûlée, il demeure avéré que le rempart élevé dans
le voisinage passait par le sommet du mont Lucotitius.
Il me reste à rendre raison du nove menia, et c'est mainte-
nant que je suis forcé d'entrer dans le domaine de l'hypothèse.
Si les invasions normandes prirent, dans la plupart des cas, les
populations au dépourvu, il ne faut pas croire que les villes
n'aient pas fait du moins quelques tentatives pour se mettre à
l'abri et sur la défensive. Entre autres preuves, je citerai, pour
Paris, ce paragraphe du capitulaire de 877 : « De civitate Pari-
sius et de castellis super Sequanam et Ligerim ex utraque parte
qualiter et a quibus instaurentur, specialiter etiam de castello
1. Étude critique sur la Vie latine de sainte Geneviève de Paris. Paris, 1881,
in-8% 48*= fasc. de la Bibliothèque de l'École des hautes études.
2. Ibid., p. XXVI et suiv.
423
Sancti Dyonisii^ » M. Quicherat a tiré de ce texte l'un de ses
arguments contre l'authenticité de la charte de Saint-Gerraain-
des-Prés ; il en cite un, plus concluant encore, emprunté à la chro-
nique d'Adon, où Charles le Chauve est dit positivement avoir
construit les deux Cliâtelets de Paris : « Positis in utrisque capi-
tibus castellis artiflciosissime fundatis, in quibus ad custodiam
regni praesidia disposuit^. » Il n'est pas là question, je le vois, d'une
autre fortification que de celle des ponts de Paris, mais, puisque
nous savons d'autre part que les remparts du faubourg méridio-
nal étaient nouveaux à la fin du ix*^ siècle, il paraît vraisemblable
d'imaginer pour la même époque la construction de tout un sys-
tème de défense contre les incursions des Normands.
Je dis construction, sans vouloir parler d'achèvement, car aucun
document ne nous permet d'affirmer que la clôture embrassa, dès
'^^tte époque, tout le périmètre des faubourgs du sud, et il serait
peut-être téméraire de déduire cette conséquence des deux faits
qu'il me reste à rapporter.
En 1061, Philippe ?'" céda à l'abbaye de Saint-Germain-des-
Prés, en échange du village de Combs (Combs-la-Ville, près de
Melun), qu'elle avait autrefois possédé, la terre de Bagneux. La
charte consacrant cet échange est bien connue ; elle a été plu-
sieurs fois publiée 3 et oâ"re tous les caractères de l'authenticité;
mais on n'y a pas encore relevé ce trait curieux que Bagneux y
est qualifiée sitam prope mœnia Parisiace urîis.
A la vérité, une semblable désignation a de quoi surprendre,
car Bagneux était à une distance de six kilomètres au moins
de l'enceinte que j'essaye de reconstituer ; mais l'abbé Lebeuf a
remarqué^ que « tout ce canton-là avoit été nommé Bcmniola ou
Banniolœ, parce que c'étoient les limites de l'étendue aujourd'hui
appelée Banlieue. » Sans qu'il soit besoin d'accepter cette étymo-
logie, on admettra qu'un territoire de la banlieue ait pu être dit
près des murailles de la ville. Or, une ligne droite tracée de ce
point vers Paris viendrait aboutir à peu près dans le jardin du
Luxembourg, et la preuve me paraît faite que l'enceinte anté-
1. Baluze, Capitul., II, 267.
2. Critique des deux plus anciennes chartes, etc., loc. cit., p. 523.
3. Galiia christiaaa, t. VII, col. 3-i, des Instrumenta, et J. Tardif, Monu-
ments historiques (cartons des rois), n" 284.
4. Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, t. III, p. 573 de la
récente édition en 5 volumes in-8°.
424
rieure à Philippe- Auguste s'étendait vers l'ouest et ne se bornait
pas à défendre le sommet de la colline.
Enfin, si l'on médite attentivement les observations présentées
par M. Quicherat, dans son mémoire sur la Rue et le château
Haute feuille^ à propos des fouilles de la rue Soufïiot, on se per-
suadera qu'à l'endroit où cette rue rejoint le boulevard Saint-
Micliel, se dressait un édifice très fortifié, flanqué d'un donjon
carré, bien avant que Philippe-Auguste eût construit la muraille
qui passa par ce point. C'était précisément le Parloir aux Bour-
geois , ou , pour mieux dire , c'est dans cette forteresse que la
hanse des marchands de Paris avait le siège de sa juridiction. A
cette époque surtout, les délibérations municipales n'avaient pas
besoin, pour se produire, de l'abri d'un tel château fort; il faut
donc reconnaître que le bâtiment avait été construit pour un
autre objet, et cet objet ne peut être que la fortification même de
Paris.
Telles sont les preuves que j'ai pu réunir : je ne me dissimule
pas ce qu'elles ont d'incomplet ; mais, si je n'ai pu suivre dans
tout son tracé l'enceinte méridionale antérieure à Philippe-
Auguste, j'espère, du moins, en avoir établi la réelle existence,
l'avoir constatée sur plusieurs points et peut-être même avoir
donné la date et le motif de sa construction.
Fernand Bodrnon.
1. Loc. cit. Voy. notamment pp. 450-5.
BIBLIOGRAPHIE.
Sommario brevissimo délie lezîoni di paleografia, tenute nella nuova
scuola Vaticana, Vanno ^885, dal can. Isidore CiRiNi, soUoarclii-
visla délia S. Sede. Fasc. \. Scritture varie. Scrittura lalina.
Roma, tipografia Vaticana, iSSti. In-S", 86 pages.
Ce fascicule contient un résumé du cours professé par l'auteur.
M. Carini dit, au début, quelques mots des écritures idéographiques et
des anciens alphabets italiotes. Il distingue ensuite trois âges de l'écri-
ture au moyen âge : romano-barbarico, du y^ au xn« siècle; golico o
monacale, du xni« au xv" s.; moderno, depuis le xyi« s. Il serait difficile
d'analyser ce programme; l'auteur paraît être au courant des plus
récents travaux français et allemands ; peut-être toutefois prend-il trop
au pied de la lettre l'expression d'écritures nationales, employée souvent
pour désigner les écritures lombardique, visigothique, anglo-saxonne,
etc. Ne serait-il pas plus prudent de faire de ces écritures particulières
le produit d'écoles particulières d'écrivains, plutôt que d'y chercher les
traces du génie national des différents peuples ? M. Carini fait d'ailleurs
dériver ces différents systèmes d'écritures de la cursive romaine. Pour-
quoi alors maintenir ces appellations bizarres, qui ont le tort grave de
laisser supposer que jamais, hors de l'Espagne, on n'a employé l'écri-
ture visigothique et que l'écriture mérovingienne n'a jamais franchi les
Alpes?
Auguste MOLINIER.
Unedirte Diployne III. (Signé : E. Muhlbacber.) S. 1, n. d. In-8°,
25 pages. (Extrait des Mittheilungen des Instituts fur oesterrei-
chische Geschichtsforschung, vol. VII, fasc. 3.)
La rédaction des Mittheilungen publie de temps en temps des diplômes
inédits des anciens souverains allemands, recueillis par ses collaborateurs
dans divers dépôts de l'Allemagne et des autres pays. Les deux premiers
articles de cette série ont paru en 1881 et en 1884 (voy. Bibliothèque de
l'École des chartes, XLJ, 1881, p. 584, et XLVII, 1886, p. 293). Le
n* III, qui vient de paraître et qui a été, comme les précédents, tiré à
part, contient quatre diplômes de Louis le Pieux, dont trois intéressent
28
426
directement la France. Nous nous empressons de les signaler à nos lec-
teurs :
1° Aix-la-Chapelle, 9 septembre 814, pour la cathédrale de Langres
(d'après une copie du x« siècle, conservée aux archives de la Haute-
Marne) ;
2° Aix-la-Chapelle, 30 août 815, franchise de tonlieu pour douze
barques de l'abbaye de Saint-Martin de Tours, sur les diverses rivières
de l'empire (d'après plusieurs copies de la Bibliothèque nationale) ;
3° Sans date, concession d'immunité pour la même abbaye (même
provenance) ;
4" Aix-la-Chapelle, 27 avril 819, pour la cathédrale de Plaisance
(vidimus du xm^ siècle, à Plaisance).
Viennent ensuite trois diplômes italiens de Charles le Gros, avant son
avènement en France (881 et 882). Enfin, la pièce 17 et dernière est un
diplôme de Henri IV, roi de Germanie, qui donne à la cathédrale de
Verdun curtim nomine Diuram in pago Rurgouue; les éditeurs ne pro-
posent aucune identification pour ce nom. L'acte est daté de Kaisers-
"werth, le 26 avril 1057. L'original est conservé au Musée germanique,
à Nuremberg.
Recherches historiques et diplomatiques sur les premières années de
la vie de Louis le Gros (^08^-^^00), par Achille Ldchaire, chargé
de l'enseignement des sciences auxiliaires de l'histoire à la Faculté
des lettres de Paris. Paris, A. Picard, ^886. In-S", 3^ pages.
Les chroniqueurs contemporains ne rapportent que peu de chose sur
l'enfance de Louis VI ; l'époque précise de la naissance de ce prince
nous est même inconnue. Suger parle en termes assez vagues des
premières années de son héros, et, pour mieux dater les événements
qu'il rapporte, M. Luchaire n'a pas jugé inutile de contrôler et d'éclai-
rer le récit de l'abbé de Saint-Denis à l'aide des autres chroniqueurs
contemporains et des chartes du temps. Le rapprochement de tous ces
textes lui a permis de mettre en pleine lumière la figure très sympa-
thique de Louis le Gros, le premier grand homme qu'ait compté la
dynastie capétienne. On le voit, dès l'âge de seize ans, déployer une
activité extraordinaire, se montrer ce qu'il fut toute sa vie, entreprenant
et audacieux. Le mémoire de M. Luchaire, écrit avec précision et clarté,
est une utile contribution à l'histoire de la dynastie capétienne et n'est
pas indigne de l'auteur des Institutions monarchiques et des Actes de
Louis VIL
Auguste MOLINIER.
427
Observations on the parentage of Gundreda, countess of Warenne,
by sir George F. Duckeït, Bart. [^886.] In-8% \7 p. (Extrait du
Yorkshire Arclixological Journal^ IX, 42i-437.)
Gondrée, femme de Guillaume !«■■, comte de Warenne et de Surrcy,
passe généralement pour avoir été la fille de Guillaume le Conquérant
et de la reine Mathilde. M. Staplcton lui a donné une autre origine : il
a conjecturé qu'elle était lille d'un avoué flamand, lequel aurait été le
premier mari de la princesse Mathilde. Ainsi s'expliquerait lo passage
oii Orderic Vital (éd. Le Prévost, II, 221) dit que Gondrée avait pour
frère un Flamand nommé Gherhodus.
Sir George F. Duckett combat le système de Stapleton ; il pré-
tond que Gherbodus était simplement le frère de lait de Gondrée. La
dissertation qu'il a écrite à ce sujet mérite d'être prise en considération
par tous ceux qui s'intéressent à l'histoire généalogique de la famille
des ducs de Normandie et des rois d'Angleterre.
L. DELtSLE.
Simon de M ont fort, comte de Leicester, sa vie (-1 20 ?-^ 265) , soti rôle
politique en France et en Angleterre. Thèse présentée à la faculté
des lettres de Paris, par Charles BémOx\t. Paris, Alphonse Picard,
^S84. In-8°, xxvii-387 pages.
Avant de former une thèse de doctorat es lettres, le travail de notre
confrère M. Bémont sur Simon de Montfort, comte de Leicester, avait
été présenté comme thèse de sortie à l'École des chartes ^. L'auteur, à
la soutenance, avait obtenu de ses juges les éloges les plus flatteurs.
Malgré cet encouragement, il n'a pas voulu livrer à l'impression un
ouvrage composé sur les bancs de l'École. Il s'est appliqué sans relâche
à le compléter par de nouvelles recherches, à en perfectionner la rédac-
tion, et ce n'est qu'au bout de huit ans qu'il s'est décidé à soumettre à
la faculté des lettres, puis au public, le beau volume que nous avons
aujourd'hui entre les mains.
Le sujet était vaste, compliqué, difficile à saisir dans toutes ses par-
lies. Il touche à la fois à l'histoire de deux pays. Le héros, Simon de
Montfort, était, par sa naissance, un Français ; c'était le troisième fils
de l'heureux aventurier à qui la défaite des Albigeois valut, pour un
moment, une fortune si surprenante. Mais, avant sa trentième année,
une réclamation, fondée sur les droits de sa grand'mère et favorablement
accueillie, le mit en possession d'une des premières seigneuries anglaises,
et, peu après (1238), Henri III lui donna en mariage sa propre sœur,
1. Positions des thèses présentées par les élèves de la promotion 1870, p. 3.
428
Aliéner, veuve du comte Guillaume de Pembroke. Depuis ce moment
jusqu'à sa mort (4 août 1265), le comte de Leicester passa presque toute
sa vie soit en Angleterre, soit dans les domaines français de Henri III,
tantôt au service de son royal beau-frère, tantôt en opposition, puis en
révolte ouverte contre lui. Sa vie appartient donc à l'histoire d'Angle-
terre plus qu'à l'histoire de France. En s'aventurant sur ce terrain étran-
ger, notre confrère a fait preuve d'une audace que le succès a justifiée.
Son ouvrage a été apprécié par les critiques de la Grande-Bretagne, et,
de leur aveu, l'historien français a su mieux comprendre et mieux
éclairer que ses devanciers un des épisodes les plus importants de l'his-
toire de la constitution anglaise.
On a beaucoup exagéré la portée des réformes constitutionnelles
attribuées au comte de Leicester. On est allé jusqu'à faire de lui le créa-
teur de la chambre des communes''. M. Bémont repousse cette opinion
et s'attache à remettre les choses sous leur vrai jour. Simon de Montfort
fut le chef d'une révolte, non le fondateur d'un régime. En appelant les
représentants des communes au parlement de 1265, il ne songeait pas à
créer une institution régulière et durable; il ne vit dans cette mesure
qu'un expédient temporaire, motivé par des circonstances exception-
nelles. L'innovation dont on a voulu lui faire l'honneur ne s'accomplit
réellement, selon notre confrère, que trente ans après sa mort : « La
représentation des communes, dit-il, qui, en 1213 et en 1265, n'avait été
qu'un expédient, devint la règle depuis 1295... Le véritable créateur de
la chambre des communes, c'est le politique Edouard le"", ce n'est pas
le révolutionnaire Simon de Montfort. »
L'étude de la vie du comte de Leicester a été pour l'auteur l'occasion
d'entrer dans bien des détails divers et de faire connaître nombre de
particularités nouvelles et curieuses. Pendant six ans (1248-1254), Simon
gouverna la Gascogne au nom de Henri IH. Son administration fut
despotique, et sa conduite rigoureuse à l'égard des malheureuses popu-
lations de la province s'accorde mal avec les tendances ou les préten-
tions libérales dont il dut faire montre plus tard, quand il fut le chef
de l'opposition des barons contre l'autorité du roi. A propos du comté
de Leicester, dont il obtint la restitution en 1231, M. Bémont décrit la
constitution d'une grande seigneurie, l'organisation de la féodalité, le
régime des biens et des personnes dans les villes et les campagnes en
Angleterre au xuV siècle. Ce sont là des questions mal connues, du
moins chez nous; notre confrère en a fait une étude approfondie, et les
lecteurs curieux de s'en instruire consulteront avec proiït les pages dans
lesquelles il a exposé, avec beaucoup de clarté, le résultat de ses recherches.
1. Un des derniers biographes de Simon, M. R. Pauli, a intitulé son livre :
Simon von Montfort, Grafvon Leicester, der Schôpfer des Bauses des Gemei-
nen (Tiibingen, 1867).
42!)
M. Bémont n'a épargné aucun soin pour recueillir des (locuments
nouveaux sur la vie privée et publique de son héros. Il est allé à plu-
sieurs reprises explorer les bibliotliéques et les archives de la Grande-
Bretagne. Les cinquante-quatre pièces justificatives qui terminent le
volume, et qui étaient pour la plupart inédites, sont tirées des Archives
nationales et de la Bibliothèque nationale de Paris, du Musée britan-
nique de Londres, de la Bodléiennc d'Oxford et même des archives de
la ville de Leicester. Parmi ces pièces, on remarque le testament ori-
ginal du comte, écrit de la main de son fils Henri, que notre confrère
a eu la bonne fortune de découvrir à la Bibliothèque nationale, et dont
il a donné la primeur, il y a quelques années, à notre recueil^.
Julien Ha VET.
Les Œuvres de Hugues de Saint-Victor. Essai critique^ par B. Hau-
RÉAu. Nouvelle édition. Paris, librairie Hachette, \ 886. In-8'', ix et
238 pages.
Ce livre est la refonte et le développement du travail que l'auteur
avait publié en 18592 et qui, au jugement des meilleurs critiques, avait
jeté une lumière inattendue sur l'authenticité des œuvres composées
par le fondateur de l'école de Saint- Victor, ou à lui attribuées soit par les
copistes du moyen âge, soit par les bibliographes anciens et modernes.
La nouvelle édition aboutit à peu près aux mêmes résultats que la pre-
mière; mais les renseignements y sont encore plus abondants, et les
conclusions en sont justifiées par des observations toujours plus nom-
breuses et parfois encore plus décisives. M. Hauréau a merveilleuse-
ment rempli son programme, qu'il a résumé en quelques lignes.
« L'authenticité des ouvrages attribués à l'illustre écolàtre, dit-il, était
depuis longtemps une question pleine d'embarras pour les historiens.
On avait recueilli des présomptions et même des preuves contre plu-
sieurs de ces attributions, et de là s'étaient élevés des doutes légitimes
sur l'ensemble et les diverses parties de la collection formée par les
chanoines de Saint-Victor. Si nous avons proposé d'enlever à cette col-
lection un certain nombre d'écrits jusqu'alors réputés authentiques,
nous croyons avoir démontré que plusieurs autres, contestés à notre doc-
1. Bibliothèque de l'École des chartes, XXXVIII, 1877, p. 333. — Dans la
pièce XXIX, p. 326 du livre, au Heu de : dampnum pupli, cum ut predictum
est, il faut lire : dampnum pupliciim, ut, etc., et supprimer la note. —
Pièce XXXI, p. 329, ligne 6 du bas, supprimer le mot sic et la noie. — P. 58,
ligne 19, au lieu de : « ui poulet de cent sous » (quel poulet Lors de prix!),
lire : « un poulain de cent sous » [pullum precil c solidorum).
2. Hugues de Saint-Victor. ISouvel examen de l'édition de ses œuvres, par
B. Hauréau. Avec deux opuscules inédits. Paris, 1859, in-S".
430
teur, lui doivent être rendus. On avait aussi beaucoup grossi la liste de
ses ouvrages inédits. Nous l'avons considérablement réduite, et néan-
moins nous avons fait connaître plusieurs opuscules qui sont demeurés
dans les manuscrits, ignorés ou négligés par tous les éditeurs. Quand
on n'admettrait pas toutes nos conclusions, on serait, pensons-nous,
convaincu que l'histoire littéraire du xn^ siècle n'est pas achevée, qu'elle
offre encore des points bien obscurs, et qu'il est, en conséquence, très
imprudent de juger un auteur de ce temps-là sur tout ce qui a été copié
ou même imprimé sous son nom. »
Le volume que nous annonçons épuise les questions d'attribution
que soulèvent les œuvres de Hugues de Saint- Victor ; on y trouve,
jusque dans les moindres détails, le plan d'une nouvelle édition de ces
œuvres. Gela suffirait amplement pour lui assurer une place dans les
bibliothèques consacrées à la littérature philosophique et religieuse du
moyen âge. Une autre raision le recommande spécialement à l'attention
des lecteurs de notre recueil. Il faut lire les dissertations de M. Hau-
réau pour se familiariser avec les procédés d'après lesquels il convient
de conduire aujourd'hui une enquête sur les points contestés de l'his-
toire littéraire du xn^ siècle.
L. Delisle.
Bibliographia liturgica. Catalogus missalium ritus latini ah anno
M CCCC LXXV impressorum,. Gollegit W. H. Jacobus Weale.
Londini, apud Bernardum Quaritch, ^886. In-8°, xii-296 pages.
La meilleure recommandation qui puisse être faite d'un tel livre ,
c'est d'en indiquer l'objet et d'ajouter que l'auteur, après en avoir judi-
cieusement arrêté le plan, n'a rien épargné pour en rendre l'exécution
parfaite.
M. Weale, qui s'intéresse passionnément aux livres liturgiques, a
visité la plupart des bibliothèques de l'Europe et a dépouillé tous les
répertoires bibliographiques pour dresser la liste des missels du rite
latin qui ont été imprimés depuis l'année 1475. Il en a trouvé près de
2,000, dont il a donné méthodiquement l'indication dans le volume que
nous annonçons et dont l'usage est fort commode.
L'ouvrage est divisé en deux parties : la première consacrée aux mis-
sels diocésains, y compris ceux de l'Église romaine ; la seconde aux
missels des ordres religieux. Chaque église et chaque ordre sont l'objet
d'un chapitre, où sont rangés chronologiquement les missels imprimés
pour l'égUse ou pour l'ordre. Les notices sont courtes ; mais l'expérience
de l'auteur lui a permis de présenter sous une forme brève tout ce qui
est nécessaire pour caractériser une édition et pour en coUationner les
exemplaires. La plupart des notices se terminent par l'indication de
plusieurs dépôts dans lesquels le livre est conservé et par un renvoi aux
43^
ouvrages dans lesquels il est cité. L'auteur a pris soin d'imprimer en
caractères italiques la notice des missels qu'il n'a pas eu l'occasion
d'examiner lui-même.
On aura une idée de la richesse du sujet en voyant que, pour l'église
de Paris, M. Weale n'énumère pas moins de 60 missels, dont 10 impri-
més au xv« siècle, 25 au xvi», 10 au xvii% 40 au xvni® et 5 au xix«.
La matière n'est pas encore épuisée, et M. Weale est le premier à
provoquer les investigations qui amèneront à la lumière les missels qui
ont échappé à ses recherches : « Ut demum, dit-il, hocopus alios quam
plurimos excitet ad inquirendum, immo, ad colligendum et describcn-
dum libros liturgicos, ne tandem penitus périrent, hic finis mihi pro-
positus, hoc unum desiderium et laborum vera et optatissima corona. »
Les suppléments que recevra la Bibliotheca lilurgica pourront avoir
une certaine étendue ; mais, tel qu'il est aujourd'hui, le répertoire dressé
par M. Weale rend très facile l'étude d'une catégorie de volumes infi-
niment précieux pour l'étude de l'histoire ecclésiastique et des anti-
quités typographiques. Il répond parfaitement au vœu exprimé en 1862
par Brunet à la fin de l'article Missale dans le Manuel du libraire :
« Gomme tous les vieux livres de liturgie sont aujourd'hui fort recher-
chés et se paient même assez cher, il serait utile que quelqu'un en don-
nât un catalogue raisonné, aussi complet que possible ; mais, pour qu'un
pareil travail eût une véritable valeur bibliographique, il faudrait que
celui qui aurait le courage de l'entreprendre put, autant que possible,
avoir sous les yeux la plus grande partie des livres qu'il décrirait. »
L. Delisle.
Histoire de la verrerie et de l'emaillerie, par Edouard Gauxier,
auteur de l'Histoire de la céramique, ancien attaché au musée de
Sèvres. Tours, Mame, 4886. Gr. in-8°, vii-573 p., nombreuses fig.
et planches.
Voici un livre de vulgarisation qui rendra évidemment au grand
public, auquel il s'adresse, de véritables services. Il a été édité avec un
soin et un luxe au-dessus de tout éloge. De nombreuses planches et
figures, plusieurs en chromolithographie, éclairent le texte. L'auteur
a su très heureusement choisir ses exemples parmi des monuments
pour la plupart inédits, et son talent de dessinateur les a rendus avec
une perfection tout à fait remarquable. Les musées du Louvre et de
Gluny, à Paris, le musée de Munich, le Musée britannique à Londres,
les riches collections Spitzer, Bing, Stein, Mannheim et bien d'autres,
publiques ou particulières, lui ont fourni un grand nombre de spéci-
mens des plus curieux de l'un et de l'autre art. On peut pourtant
regretter que M. Garnier ait réuni en un seul volume deux sujets dont
chacun l'eût pu aisément remplir à lui tout seul.
Î32
L'histoire de la verrerie est divisée en trois parties principales : l'an-
tiquité, le moyen âge, les temps modernes, du xv' au xix^ s. Les deux
premières parties ne sont peut-être pas assez développées en comparai-
son de la dernière. Il faut dire que, pour celle-ci, les documents abondent,
tandis que la seconde principalement, abstraction faite de la peinture
sur verre que l'auteur a, à dessein, écartée de son sujet, en est remarqua-
blement pauvre, La verrerie dans l'antiquité est assez bien connue,
grâce à la coutume qu'avaient les anciens de renfermer dans les tom-
beaux une grande quantité de vases que la terre nous a conservés et
que l'on retrouve encore fréquemment. Cet art, à en juger par les
modèles qu'on en a retrouvés, était très avancé, au point même que
plusieurs de ses procédés sont aujourd'hui perdus. Il est regrettable que
M. Garnier ne se soit pas étendu davantage sur la verrerie gallo-romaine,
dont on découvre à chaque instant sous notre sol de si intéressants et si
beaux échantillons. Dans sa dernière partie, il étudie séparément chacun
des grands centres de fabrication du verre, et en tête Venise et Murano,
le plus ancien et le plus renommé de tous; puis la France avec les
gentilshommes verriers, sur lesquels l'auteur donne des documents fort
curieux, mais peut-être un peu sujets à caution, et successivement
l'Allemagne et les célèbres verreries de Bohême, les Pays-Bas, l'Angle-
terre, l'Espagne, les pays orientaux; enfin, il termine par quelques
notions sur la fabrication des glaces et sur différentes manières de traiter
le verre : verre filé, strass, verre églomisé, etc. Dans chacune de ces
subdivisions, on rencontre de nombreux renseignements techniques très
utiles, mais que M. Garnier aurait peut-être rendus plus clairs en éla-
guant de son texte une quantité de citations souvent un peu trop longues.
S'il s'est fait d'excellents travaux de détail sur l'émaillerie et les
émailleurs, nous manquons d'un bon traité d'ensemble sur la matière.
Faut-il le dire? la lacune est loin d'être comblée par M. Garnier.
Suivant de près Labarte, à qui il fait de trop fréquents emprunts, il
reproduit ses théories les plus contestables et n'apporte pas, en revanche,
grand'chose de nouveau. Après avoir donné une idée des principales
sortes d'émaux, l'auteur étudie d'abord l'émaillerie dans l'antiquité, en
essayant de démontrer que les Égyptiens ont connu et pratiqué l'émail-
lerie proprement dite, ainsi que les Étrusques, taudis que les Romains
l'auraient ignorée. C'est surtout lorsqu'il aborde le moyen âge qu'on
pourrait adresser de nombreuses critiques à l'ouvrage de M. Garnier.
Il fait une part exagérée à l'émaillerie byzantine et à son influence,
et, entre les deux grandes écoles occidentales de cette époque, il donne
une trop grande importance à l'école rhénane aux dépens de celle
de Limoges. Ainsi, pour ne citer qu'un seul exemple, il attribue
sans hésiter à l'école germanique tous les émaux champlevés et princi-
palement les Christs dans lesquels les figures des personnages creusées
dans le métal sont émaillées de couleurs nuancées. S'il s'était rappelé le
/.33
Christ appartenant à M. V. Gay, qui l'a reproduit dans son Glossaire
archéologique, et qui porte la signature do « Johannis Garnerius Lemo-
vicensis, » il eût peut-être été moins al'firmatif. Il est regrettable que
M. Garnier ait préféré le néologisme d'émaux champlevés, qui a l'incon-
vénient d'être en partie inexact, puisque, dans un grand nombre
d'émaux, c'est au contraire le champ qui est émaillé, au terme plus
exact d'émaux en taille d'épargne, nom qu'on leur a donné jusqu'à la
Renaissance. Le xvi" siècle et les émaux peints fournissent une troisième
partie un peu courte, ce semble, pour une époque qui nous a laissé tant
de merveilles. Les xvn" et xvni« siècles nous donnent les émaux dits des
peintres, c'est-à-dire la peinture sur émail. Enfin deux courts chapitres
sur l'émaillerie en Orient et l'émaillerie en France au xix*' siècle ter-
minent le volume.
G. Durand.
Inventaire des meubles existant dans les châteaux de La Rochefou-
cauld, de Verteuil et de la Terne, à la mort de François VIII de
la Rochefoucauld (^728), publié d'après l'original des Archives de
la Charente, par P. de Fleury. x\ngoulême, <886. Pet. in-4° de
139 pages (tiré à lOO ex.).
L'inventaire publié dans ce volume fut dressé, après la mort du duc
François VIII, par ordre de ses fils Alexandre, duc de la Rochefoucauld
et de la Rocbeguyon, et Guy, comte de la Rochefoucauld, de concert
avec Madeleine-Charlotte Le Tellier de Louvois, leur mère. Il contient
au grand complet la liste de tous les objets, meubles, tentures, effets et
ustensiles divers renfermés dans les trois châteaux de la succession,
châteaux probablement inhabités depuis longtemps. L'éditeur, qui a
jugé nécessaire de moderniser le texte en en corrigeant l'orthographe
défectueuse, n'a rien voulu retrancher à la minute originale. Une seule
partie toutefois a été laissée de côté : le catalogue des 1,069 ouvrages de
la bibliothèque du château de Verteuil, dont le noyau a été l'ancienne
bibliothèque d'Anne de Polignac à laquelle M. L. Delisle a consacré
jadis une notice savante. Les indications se trouvent être, paraît-il, tel-
lement sommaires et tellement fautives qu'elles sont souvent méconnais-
sables; seuls les manuscrits, dont plusieurs sont connus aujourd'hui,
ont été conservés.
Pourtant la publication n'eût pas perdu, ce nous semble, à être aussi
intégrale ici que pour le reste et il n'y a pas lieu de penser qu'elle eût
offert moins d'intérêt, si l'éditeur avait pris le parti d'y joindre quelques
notes indispensables, ce qu'il a généralement négligé de faire.
Rien n'est intéressant et précieux, pour connaitre les usages du temps
ou la distribution intérieure des châteaux, comme ces inventaires de
mobilier que l'on exhume de nos jours. Il est malheureusement trop
434
rare que, dressés comme ils sont par un notaire ou un clerc peu lettré,
ils s'attachent à décrire les objets qu'ils enregistrent, de manière qu'il
soit possible de s'en faire une idée aujourd'hui. Ici, par exemple, nous
n'avons qu'une simple estimation des plus banales. Il faut s'en prendre
à l'état de vétusté où se trouvait le mobilier en question. Sans doute,
un ou deux siècles plus tôt, on eût trouvé plus à dire, mais à cette date
de 1728 la formule qui accompagne presque invariablement chaque article
est puisée dans la nomenclature suivante : « Fort usé, troué en plu-
sieurs endroits et fort passé, fort vieux, fort mauvais, bosselé, rompu,
percé, taché, cassé, pourri, déchiré, gâté, hors d'usage. » Aussi les prix
sont-ils d'ordinaire assez misérables.
Il y a pourtant, comme toujours, des choses curieuses. Ainsi on trou-
verait à noter parmi les rares œuvres d'art un certain nombre de por-
traits : des La Rochefoucauld d'abord, François, premier duc, seul et
aux pieds de la Vierge; Henry- Achille enfant; Marie-Catherine, fille
de François VI; le baron d'Estissac ; le cardinal et le prince de la
Rochefoucauld ; Silvia Pica de la Mirandole, qui avait épousé Fran-
çois III; puisM-^es de Puisieux, de Sillery, de Guiercheville ; l'abbesse
de Poissy ; le comte de la Mirandole ; M. et M.>^^ de Liancourt. Un por-
trait de Louis XIII, un autre de Louis XV ; un portrait de la Pucelle
d'Orléans. Puis des tableaux de piété, des Christs, des Vierges, des
Madeleines, saint Jérôme, saint Grégoire, saint Jean ; des paysages, un
Prométhée, une Joconde, etc. Il faut dire qu'il y avait une cliambre des
tableaux au château de la Rochefoucauld, et l'inventaire note en bloc,
à quinze sous la pièce, cent petits tableaux sur bois « représentant des
têtes d'hommes et do femmes illustres. »
Plusieurs tapisseries sont désignées comme d'après leur étiquette :
les plus fréquentes sont celles dites « de Monplaisir » ; puis les tapisse-
ries « d'Actéou, des Vendangeurs, des Grands Personnages, des Bûche-
rons, des Comtes de Flandre, de Jérusalem, de Restions, des Satins
verts, de la Licorne, des Travaux d'Hercule, des Moralistes, des Cros-
tets, des Pots à fleurs, des Quatre Saisons, des Sibylles, l'histoire de
Latone, Holopherne et Judith, » enfin « l'histoire de Jacob ou l'histoire
de saint Consistant. »
N'oublions pas de signaler deux charmantes vues, reproduites par
l'héliogravure Dujardin, des châteaux de la Rochefoucauld et de Ver-
teuil : c'est le principal attrait du volume, d'ailleurs imprimé avec
un soin et un luxe typographique qui en font vraiment un livre de
bibliophile.
H. DE CURZON.
435
LIVRES NOUVEAUX.
SOMMAIRE DES MATIERES.
Mélanges, 372, 401, 413.
Sciences auxiliaires. — Épigraphie, 365. — Diplomatique, 451, 452.
— Bibliographie, 385; manuscrits, 356, 390, 399, 411, 435, 438.
Sources, 300, 443. —Historiens, 386, 429, 431, 456. — Mémoires, 463.
— Correspondances, 400. — Archives, 369, 381, 388, 403, 421. — Car-
tulaires et documents divers, 379, 380, 416, 437, 442, 461, 462.
Biographie et généalogie, 359, 437. — Sainte Alberte, 426 ; Baque-
lier, 385; Beldomandi, 389; Christine de Pisan, 407; Ennodius, 419;
Este, 351; Grégoire VU, 424 ; Guillaume III de Juliers, 382; Henri IV,
400; Ibn Tibbon, 418; saint Jean de Réomé, 456; Louis IX, 410; Man-
fred, 428; Marcos, 354; Otton II, 451, 452; Pétrarque, 435; Priscillien,
448; Ruinart, 404; Saint-Chamans, 362; Sichaire, 431; Van Pradelles,
463; Waitz, 431.
Géographie, topographie, 386, 398.
Droit, 371, 384, 391, 393, 394, 405, 417, 425, 431, 436, 453, 454, 458,
459.
Institutions, 357, 402, 414, 429.
Religions. — Paganisme, 346, 433. — Judaïsme, 418. — Catholi-
cisme, 422; hagiographie, 410, 426, 456; liturgie, 356, 41 1 ; papauté, 424 ;
diocèses, 368, 398, 439 ; églises locales, 363, 366 ; confréries, monastères,
355, 363, 378. — Protestantisme, 345.
Sciences, 389.
Arts, 359, 373, 375, 377, 422, 437. — Architecture, 350, 455 ; édifices
civils et militaires, 349, 412, 430; édifices religieux, 383, 440. — Sculp-
ture, 370. — Mobilier, 374, 397, 445, 449. — Sceaux, 355. — Monnaies
et médailles, 361, 414, 432, 457. — Escrime, 427.
Langues et littératures. — Grec, 386, 438, 460. — Latin, 352, 395,
396, 399, 448. — Langues romanes : français, 353, 407; italien, 347,
435, 444. — Langues celtiques, 348. — Langues germaniques, 318, 364,
365, 392, 408, 417, 434, 446, 450.
SOMMAIRE GÉOGRAPHIQUE.
Allemagne, 372, 382, 405, 406, 412, 415, 433, 441, 451-453,455, 461,
462. — Alsace-Lorraine, 440.
436
AuTRicHE-HoNGBiE. — Hongrie, 442.
Belgique, 377, 420, 439.
Espagne, 391,
Frange, 357, 386, 403. — Dauphiné, 385; Picardie, 373; Provence,
345. — Ain, 360; Ariège, 400; Aude, 388, 416; Bouches-du-Rhône,
418; Calvados, 402, 423; Gorrèze, 387; Gôte-d'Or, 456; Dordogne, 376;
Drôme, 349, 368; Eure-et-Loir, 378; Garonne (Haute-), 426; Gironde,
429; Hérault, 371; lUe-et- Vilaine, 398; Indre-et-Loire, 366; Landes,
457; Loire, 360; Maine-et-Loire, 381; Marne, 355; Meurthe-et-Moselle,
390; Nord, 363; Pas-de-Galais, 374, 375; Rhône, 360; Saône-et-Loire,
380; Seine, 403, 438; Seine-et-Marne, 358, 370, 430; Seine-Inférieure,
350, 383; Var, 409; Vaucluse, 368; Vosges, 367.
Grande-Bretagne, 380.
Italie, 369, 421, 428. — Lombardie, 419; Marche, 393; Naples, etc.,
381, 447; Rome, 359, 379; Vénétie, 454.
Pays-Bas, 382, 443.
Scandinaves (pays), 346, 365, 436, 446.
Suisse, 432.
Orient, 449.
Amérique, 354.
345. Albanès (J.-H.). Nouvelles Pièces concernant le protestantisme
en Provence (1533-1538). Paris, imprimerie nationale. In-8°, 16 pages.
(Extrait du Bulletin historique et philologique du Comité des travaux his-
toriques et scientifiques, 1885.)
346. Anderson (R.-B.). Mythologie Scandinave : légendes des Eddas.
Traduction de M. Jules Leclerc. Paris, Leroux. In-18 jésus, 293 p.
347. Antiche (le) Rime volgari secondo la lezione del codice vaticano
3793, pubblicate per cura di A. d'Ancona e D. Gomparetti. Vol. IV.
Bologna, Romagnoli, 1886. In-8% 422 p. (GoUezione di opère inédite o
rare dei primi tre secoli délia lingua, etc.) 9 I.
348. Arbois de Jubainville (H. d'). Geltes et Germains, étude gram-
maticale. Paris, imprimerie nationale. In-8'', 12 p. (Extrait des Comptes
rendus des séances de V Académie des inscriptions et belles-lettres.)
349. Arnaud (E.). Histoire et Description de la tour de Grest en Dau-
phiné. Paris, Grassart. In-8°, 64 p. avec vignette-frontispice.
350. Arras (P. d'). Réflexions sur la conservation des monuments à
Rouen. Rouen, impr. Lapierre. In-16, 15 p.
351. Atto di matrimonio di Ercole I d'Esté con Eleonora d'Aragona.
Treviso, Mander, 1886. In-8°, 14 p. (Tiré des archives de Modène et
publié par Luigi Olivi, pour le mariage Ricca Saierno-Gosta.)
437
352. Baebler (J. J.). Beitràge zu einer Geschichte der lateinischen
Grammatik im Mittelalter. Halle, Waisenhaus, 1885. In-8°, vir-'206 p.
3 m. 60 pf.
353. Baïf (lan Antoine de). Euvres en rime. Avec une notice biogra-
phique et des notes par Gh. Marty-Laveaux. Tome III. Paris, Lemerre.
Petit in-8% 399 p.
354. Bandeliek (A. -F.). La Découverte du Nouveau-Mexique par le
moine franciscain frère Marcos, de Nice, en 1539. Paris, Leroux. In-4o,
48 p. (Extrait de la Revue d'ethnographie.)
355. Barbier de Montault (X.). Le Grand Sceau de Raoul du Fou,
trente-cinquième abbé de Saint-Thierry. Reims, impr. Monce. In-8",
11 p.
356. Barbier de Montault (X.). Livres d'heures retrouvés de l'an-
cienne collection Mordret. Angers, Germain et Grassin. In-8°, 30 p.
(Extrait de la Revue de l'Anjou.)
357. Bellog (Alexis). Les Postes françaises, recherches historiques
sur leur origine, leur développement, leur législation. Paris, Firmin-
Didot. Gr. in-8°, xix-783 p.
358. Benoist (L.). Notice historique et statistique sur Grouy-sur-Ourcq
et le duché-pairie de Gesvres, avec gravures et carte. Meaux, impr. Des-
touches. In-8°, 209 p.
359. Bertolotti (A.). Artisti francesi in Roma nei secoli xv, xvi e
XVII. Ricerche e studi negli archivi romani. Mantova, G. Mondovi, 1886.
In-8% 255 p.
360. Bibliothèque historique du Lyonnais. Mémoires, notes et docu-
ments pour servir à l'histoire de cette ancienne province et des provinces
circonvoisines de Forez, Beaujolais, Bresse, Dombes et Bugey, publiés
par MM. G. et Georges Guigue. Tome I. Lyon, Vitte et Perrussel, Georg.
In-8°, vii-72 p.
361. Blancard (Louis). Théorie de la monnaie romaine au ui<^ siècle
après Jésus-Christ. Paris, imprimerie nationale. In-8'', 12 p. (Extrait des
Comptes rendus de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.)
362. BoMBAL (Eusèbe). Notes et Documents pour servir à l'histoire de
la maison de Saint-Chamans. Paris^ Lechevalier, 1885. In-8°, 143 p.
363. Bonvarlet (A.). Notes et Documents pour servir à l'histoire des
maisons religieuses et hospitalières et des églises de la Flandre mari-
time. Lille, impr. Lefebvre-Ducrocq. In-8°, 23 p. (Extrait des Annales
du Comité flamand de France, t. XV.)
364. Bragi Boddascn. Kvœdha-Brot Braga cns gamla Boddasonar.
Bruchstiicke von Brages des Alten Gedichten herausgegeben von Hugo
Gering. Halle, Niemeyer, 1886. In-8% 31 p.
438
365. BuRG (Fritz) . Die àlteren nordischen Runenschriften, Eine sprach-
wissenschaftliche Untersuchung. Berlin, Weidmann, 1885. In-S", 176 p.
4 m.
366. Carré de Busserolle (J.-X.). Notice sur la ville et la collégiale
de Cande (Indre-et-Loire). Tours, Suppligeon. In-S", 16 p.
367. Chapelier (l'abbé Ch.). Les Origines d'Épinal. Saint-Dié, impr.
Humbert. In-8o, 29 p. (Extrait du Bulletin de la Société ijhilomatique
vosgienne, année 1885-1886.)
368. Chevalier (Jules). Notes et Documents pour servir à l'histoire
des évéques d'Avignon et de Valence dans la seconde moitié du
iii« siècle. Valence, impr. Jules Céas, 1886. In-8°, 31 p.
369. CoLACi Di Alfio (G.). L'Archivio ed il ProtocoUo dei comuni
rurali. Lecce, tip. Garibaldi, 1886. Li-8°, 25-11 p. 80 c.
370. CouRAjoD (Louis). La Diane de bronze du château de Fontaine-
bleau. Paris, Leroux. In-8°, 10 p. avec dessins et planche. (Extrait de
la Revue archéologique.)
371. Coutumes (les) de Lunel, texte de 1367, pubUé par Edouard Bon-
durand. Paris, Alphonse Picard, 1886. In-S", 46 p.
372. Dahlmann (F. C. )'s kleine Schriften und Reden. Stuttgart,
Gotta, 1886. In-8°, xiv-484 p. 6 m.
373. Danigourt (Alfred). Étude sur quelques antiquités trouvées en
Picardie. Paris, Leroux. In-8°, 45 p. avec 25 figures.
374. Desghamps de Pas. Inventaire des ornements, reliquaires, etc.,
de l'église de Saint-Omer en 1557. Paris, imprimerie nationale. In-8o,
23 p. (Extrait du Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques
et scientifiques, année 1886.)
375. Deseille (Ernest). Les Antiquités du pays boulonnais. Paris,
Alphonse Picard, 1886. In-8'', 36 p.
376. Dessalles (Léon). Histoire du Périgord. Péri gueux, impr. Delage
et Joucla, 1883-1885. In-8% 3 vol., xxi-398, 467, 163 p. Tomes I et II,
chacun 3 fr. 50 c; t. III, 1 fr. 50 c.
377. Devillers (Léopold). Le Passé artistique de la ville de Mons.
Édition illustrée, publiée sous le patronage du Cercle archéologique de
Mons. Mons, Hector Manceaux. In-8°, 160 p. 2 fr.
378. Dion (A. de). Le Puiset au x\^ et au xii^ siècle, châtellenie et
prieuré. Chartres, impr. Garnier. In-S", 53 p. (Extrait des Mémoires de
la Société archéologique d'Eure-et-Loir.)
379. Documenti per la storia ecclesiastica e civile di Roma. (Publiés
par Th. v. Sickel.) Roma, tipografia Vaticana, 1886. In-4°, 24 p. (Extrait
des Studi e Documenti di storia e diritto, anno VII.)
439
380. DuGKETT (sir G. F.). Record - Evidences , among archives of
ancient abbey of Gluni, from 1077 to 1534 ; illustrative of tlic history of
some of Dur early kings ; and many of its English afflliated founda-
tions. Références to records and descriptions from Delisle's catalogue
of the National Library of France. Sans lieu, l'auteur, 1886. In-8% 64 p.
381. DuRRiEU (Paul). Les Archives angevines de Naples, étude sur les
registres du roi Charles I" (1265-1285). Tome I. Paris, Thorin. In-8'>,
328 p. (Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome,
46« fascicule.)
382. Ernsino (Rud.). Wilhelm III von Jùlich als Herzog von Geldern
(1372-1393). Paderborn, Schuningh, 1885. In-8'', 104 p. (Mùnsterische
Beitràge zur Geschichtsforsclmng. Herausgegeben vonTheod. Lindner.
8.) 2 m.
383. EsTAiNTOT (comte d'). Fouilles et Sépultures mérovingiennes de
l'église Saint-Oucn de Rouen (décembre 1884-féYrier 1885). Paris, Picard.
In-8o, 51 p. avec dessins.
384. Etabhssements (les) de saint Louis, accompagnés des textes pri-
mitifs et de textes dérivés, avec une introduction et des notes, publiés
pour la Société de l'histoire de France par Paul VioUet. Tome IV :
notes (suite et fin) ; table-glo^>saire. Paris, Laurens. In-8% xn-401 p.
9 francs.
385. Études de bibliographie dauphinoise. V. Notice historique et
bibliographique sur Antoine et Pierre Baquelier, citoyens de Grenoble,
et les ouvrages qu'ils ont publiés au xv« et au xvi^ siècle, par un vieux
bibliophile dauphinois. Grenoble, impr. Allier. In-8°, 57 pages.
386. Extraits des auteurs grecs concernant la géographie et l'histoire
des Gaules. Texte et traduction nouvelle, publiés pour la Société de
l'histoire de France par Edm. Gougny. Tome V. Paris, Laurens. In-8°,
x.xvii-506 p. 9 fr.
387. Fage (René). Le Vieux Tulle. N° 1. Les origines de Tulle. Tulle,
impr. Crauffon. In-8% 22 p.
388. Faure (Hippolyte). Notes et Documents sur les archives des hos-
pices et sur les résultats comparés de l'assistance hospitalière à Nar-
bonne et dans une partie de l'Europe. Tome I. Narbonne, impr. Gaillard.
In-8o, ix-383 p.
389. Favaro (Ant.). Appendice agli studî intorno alla vita ed aile
opère di Prosdocimo de' Beldomandi, matematico padovano del secolo xv.
Roma, tip. délie Scienze matematiche e fisiche, 1886. ln-4°, 21 p. (Extrait
du Bulleilino di hibliogvafia e di storia délie scienze matematiche e fisiche,
t. XVIII, 1885.)
390. Favier (J.). Catalogue des manuscrits de la bibliothèque publique
de Nancy. Paris, Pion. In-S», 196 p.
440
391. FiCKER (Julius). Ueber die Usatici Barchinonae und deren
Zusammenhang mit den Exceptiones legum Romanorum. lansbruck,
Wagner, 1886. In-8», 40 p. (Extrait des Mittheilungen des Instituts fur
ôsterreichische Geschichtsforschung, Ergànzuagsb. II.)
392. Floris and Blancheflur. Mittelenglisches Gedicht aus dem 13.
Jahrhundert nebst literarischer Untersuchung und einem Abriss ûber
die Verbreitung der Sage in der europàischen Literatur. Herausgegeben
von Emil Hausknecht. Berlin, Weidmann, 1885. In-S", 251 p. (Samm-
lung englischer Denkmàler in kritischen Ausgaben. V.) 6 m.
393. FoGLiETTi (Raff.). Opuscoli di storia del diritto. 1. Le Constitu-
tiones marchiae Anconitanae. 2. Genni storici suU' università di Mace-
rata da prima del 1290 al 1620. 3. Genni storici sul tribunale superiore
di Macerata. 4. Il catasto di Macerata del 1268. Macerata, Bianchini,
1886. In-4°, xv-270 p.
394. Formulae Merowingici et Karolini aevi. Accedunt ordines judi-
ciorum Dei. Edidit Karolus Zeumer. Hannoverae, Hahn, 1886. In-4°,
xx-782 p., 3 pi. (Monumenta Germaniae historica. Legum sectio V.)
395. FoRTUNATi (Venanti Honori Glementiani) presbyteri Italie! Opéra
pedestria. Recensuit et emendavit Bruno Krusch. Berolini, Weidmann,
1885. In-4% xxxiv-144 p. (Monumenta Germaniae historica. Auctorum
antiquissîmorum tomi IV pars posterior.)
396. Goelzer (Henri). Étude lexicographique et grammaticale de la
latinité de saint Jérôme. Paris, Hachette. In-8% xn-472 p. 7 fr. 50 c.
397. GuiFFREY (Jules). Inventaire général du mobilier de la couronne
sous Louis XIV (1663-1715), publié pour la première fois, sous les aus-
pices de la Société d'encouragement pour la propagation des livres d'art.
Deuxième partie. Paris, Rouam. Gr. in-S", xv-480 p. avec 61 gravures.
25 fr.
398. GuiLLOTiN DE GoRSON (l'abbé). Pouillé historique de l'archevêché
de Rennes. Tome VI (et dernier). Paris, Haton. In-8°, ix-841 p. 15 fr.;
pour les souscripteurs, 7 fr. 50 c.
399. Hauréau (B.). Notice sur le numéro 14886 des manuscrits latins
de la Bibliothèque nationale. Paris, imprimerie nationale. In-4°, 21 p.
(Extrait des Notices et Extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale,
etc., t. XXXI, 2« partie.)
400. Henry IV. Lettres inédites à M. de Pailhès, gouverneur du
comté de Foix, et aux consuls de la ville de Foix (1576-1602). Publiées
pour la Société historique de Gascogne par le vicomte Gh. de la Hitte.
Paris, Ghampion. In-8o, 98 p. (Publication des Archives historiques de
la Gascogne. 10<= fascicule.)
401. HovYN de Tranchère (J.). Les Dessous de l'histoire : curiosités
judiciaires, administratives, politiques et littéraires. Tome I. Paris,
Leroux. In-8% vm-iSS p. L'ouvrage complet en 2 volumes, 18 fr.
402. IIuET (l'abbé L.). Histoire de l'Hôtel-Dieu de Vire. Gaen, impr.
veuve Domin. ln-8°, 72 p.
403. Inventaire des archives de la marine. Série B. Service général.
Tome I«'-, fascicule 2. Paris, Baudoin. In-S», p. 193 à 423.
404. Jadart (Henri). Dom Thierry Ruinart (1657-1709), notice suivie
de documents inédits sur sa famille, sa vie, ses œuvres, ses relations
avec D. Mabillon. Paris, Champion. In-S", vni-190 p. et gravures.
405. Kaluzniacki (Emil). Die polnische Recension der Magdeburger
Urtheile und die einschlagigen deutschen, lateinischen und czechischen
Sammlungen. Wien, Gerold's Sohn, 1886. In-8°, 220 p.
406. Keussen (Hermann). Die politische Stellung der Reichsstâdte
mit besonderer Beriicksichtigung ihrcr Reichsstandschaft unter Konig
Friedrich III, 1440-1457. Inaugural-Dissertation (Berlin). Bonn, Garl
Georgi, 1885. In-8% 75 p.
407. KocH (Friedrich). Leben und Werke der Christine de Pizan.
Goslar, Koch, 1885. In-S", 82 p. 2 m.
408. Kriiger (Aug.). Sprache und Dialektder mittelenglischen Homi-
lien in der Handschrift B. 14. 52. Trinity Collège, Cambridge. Erlan-
gen, Deichert, 1885. In-S», 74 p. 1 m. 50 pf.
409. Lambert (le D'' Gustave). Histoire de Toulon. Première partie :
depuis les origines de la ville jusqu'à la réunion définitive de la Pro-
vence à la France (1487). Tomel'"'. Toulon, impr. du Var. In-8», xxni-
379 p. et planche. (Publié par l'Académie du Var.)
410. Langlois (Ch.-V.). Saint Louis. Paris, Hachette. In-18 jésus,
192 p. et gravure. 1 fr.
411. Langlois (Ernest). Le Rouleau d'£a;u/iei de la bibliothèque Casa-
natense. Rome, impr. de la Paix, 1886. In-8o, 17 p., 2 pi. (Extrait des
Mélanges d'archéologie et d'histoire, publiés par l'École française de Rome,
t. VI.)
. 412. Lasius (Otto). Das friesische Bauernhaus in seiner Entwickelung
wahrend der letzten vier Jahrhunderte, vorzugsweise in der Kiistenge-
gend zwischen der AVeser und dem Dollart. Mit 38 Holzschnittcn.
Strassburg, Trùbner, 1885. In-8'', viii-34 p. (Quellen und Forschungen
zur Sprach- und Culturgeschichte der germanischen Vôlker. 55.) 3 m.
413. Laugel (Auguste). Fragments d'histoire : Philippe II; Catherine
de Médicis ; Coligny ; d- a Juan d'Autriche ; Alexandre Farnèse ; Gus-
tave-Adolphe et Richelieu. Paris, Lévy. In-S», 441 p.
414. Laverrenz (G. ). Die Medaillen und Gedàchtnisszeichen der
29
442
deutschen Hochschulen. Ein Beitrag zur Geschichte aller seit dem xiv.
Jahrhundert in Deutschland errichteten Universitàten. I. Theil. Mit
8 Ansichten und 16 Tafeln Medaillenabbildungen. Berlin, Mittler, 1885.
In-8°, xn-493 p., 24 planches. 20 m.
415. Leroux (Alfred). Essai sur les antécédents historiques de la ques-
tion allemande. Paris, Alphonse Picard, 1886. In-S", 59 p.
416. Livre vert de l'archevêché de Narbonne, publié par Paul Lau-
rent. Paris, Alphonse Picard, 1886. In-8°, xlv-160 p.
417. LizERAY (Henri). Explication des gloses malbergiques contenues
dans la loi salique. Fascicule L Paris, Thorin. In-S», 24 p.
418. LoEB (Isidore). Un Procès dans la famille des Ibn Tibbon (Mar-
seille, 1255-1256). Paris, Lévy. In-S», 18 p. (Extrait de VAn7mai7^e des
Archives Israélites, 3^ année.)
419. Magani (Fr.). Ennodio. Pavia, tip. frat. Fusi, 1886. In-8% 3 vol.,
xxxii-386, 323, 444 p.
420. Manet (A. -G. de). Recherches historiques sur la ville et la sei-
gneurie de Fontaine -l'Évèque. Mons, Dequesne-Masquillier. In -8°,
391 p., viii planches. 15 fr.
421. Marini (Annibale). L'Archivio nei comuni rurali. Foligno, Feli-
ciano Campitelli, 1886. In-8°, 93 p. 2 1.
422. Martin (l'abbé G.). La Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ,
au point de vue historique et archéologique. Paris et Lyon, Delhomme
et Briguet. In-18, xii-400 p.
423. Martin (l'abbé J.). Le Rosaire et ses confréries dans le diocèse
de Bayeux et Lisieux (xiii«-xixe siècle), monographie historique. Gaen,
impr. Valin. In-16, viii-280 p.
424. Mattheis (Luigi de). San Gregorio VII e il pontificato romano.
Siena, tip. S. Bernardino, 1886. In-16, 693 p. 4 1.
425. Mayer (Ernst). Zur Entstehung der Lex Ribuariorum. Eine
rechtsgeschichtliche Untersuchung. Mijnchen, Gustav Himmer, 1886.
In-8°, vii-182 p.
426. Melet (l'abbé). Le Trésor de l'église de Venerque, ou Rapport sur
l'invention du corps de sainte Alberte, suivi d'une notice sur les saints
dont on y possède des reliques. Toulouse, Sislac et Boubée; Venerque,
M, Pons-Jaubart ; Lardenne, l'auteur. In-18 jésus, 238 p. et grav.
427. Mérignag (Emile). Histoire de l'escrime dans tous les temps et
dans tous les pays. Tome II (moyen âge, temps modernes). Paris,
Rouquette. In-8% 603 p., avec eaux-fortes de Malval et dessins de
M. Récipon, Dupuy, etc. 20 fr.
428. Merkel (Carlo). Manfredi I e Manfredi II Lancia. Gontributo
443
alla storia politica e letteraria italiana dell' epoca sveva. Torino, Ermanno
Loeschor, 1886. la-S», xii-lS8 p. (Pubblicazioni délia scuola di magistero
doUa r. università di Torino, facoltà di Ictlero. o lilosofia.) 5 1.
429. Métivier (Jean de). Chronitjuc du parlement de Bordeaux, publiée
par Arthur de Brezetz et Jules Delpit. Tome I. Bordeaux, Société des
bibliophiles de la Guyenne. In -8», xxxiv-527 p. (Publication de la
Société dos bibliophiles de la Guyenne.)
430. MoLiNiER (Emile). Les Architectes du château de Fontainebleau.
Paris, A. Lévy, 1886. In-4'', 13 p. (Extrait de la Gazette archéologique,
1886.)
431. MoNOD (Gabriel) et TmcvENiN (Marcel). A la mémoire de M. le
professeur Georges Waitz, 1813-1886. Hommage respectueux de ses
anciens élèves. Paris, 1886. In-8% 3 part, en 1 vol. : Georges Waitz,
par G. Monod. H p. — Marcel Thévenin : Études sur la propriété au
moyen âge. La « propriété « et la « justice » des moulins et fours. 20 p.
— Les Aventures de Sichaire. Commentaire des chapitres xlvii du
livre VII et xrx du livre IX de l'Histoire des Francs de Grégoire de
Tours, par G. Monod. 34 p.
432. MoTTA (Ém.). Le Origini délia zecca di Bellinzona (1503). Gomo,
tip. Carlo Franchi, 1886. lu -8°, 24 p. (Extrait de la Gazzetta numi-
smatica.}
433. MiJLLER (Wilhelm). Mythologie der deutschen Heldensage. Heil-
bronn, Henninger, 1886. In-8°, vni-260 p. 4 m. 50 pf.
434. Niederdeutsches Reimbiichlein. Eine Spruchsammlung des 16.
Jahrhunderts, herausgegeben von W. Seelmann. Norden, Soltau, 1885.
In-16, xxvm-122 p. (Drucke des Vereins fiir niederdeutsche Sprachfor-
schung. II.) 2 m.
435. NoLHAC (P. de). Le Canzionere autographe de Pétrarque, com-
munication faite à l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Paris,
Klincksieck. In-18 jésus, 30 p.
436. Norges gamle Love intil 1387. 4. Bind, indeholdende Supplemen-
ter til de tre foregaaende Bind samt Haandskriftbeskrivelse med Fac-
similer, udgivet ved Gustav Storm. Christiania, Grœndahl, 1885. 10-4",
x.\vi-797 p., 19 pi. de fac-similés.
437. Nouvelles Archives de l'art français, recueil de documents iné-
dits publiés par la Société de l'histoire de l'art français. 2= série, t. VI,
année 1885 (I2<-' volume de la collection). Scellés et inventaires d'artistes,
publiés par Jules Guitïrey (troisième et dernière partie), 1771-1790.
Paris, Charavay. In-8°, xin-384 p.
438. Omont (Henrii. Inventaire sommaire des manuscrits grecs de la
Bibliothèque nationale. Première partie : ancien fonds grec. Théologie.
Paris, Alphonse Picard. In-8°, vi-301 p.
444
439. Onufrius. Mémoire du légat Onufrius sur les affaires de Liège
(1468), publié par M. Stanislas Bormans. Bruxelles, Hayez, 1886. In-8°,
xxxiv-202 p.
440. Prost (Aug.). La Cathédrale de Metz. Étude sur ses édifices
et sur ceux qui les ont précédés ou accompagnés depuis le \" siècle.
Metz, impr. Even, 1885. In-8°, 483 p., pi. (Extrait des Mémoires do la
Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle^ t. XVL)
441. Ranke (Leopold von). Weltgeschichte. YI. Zersetzung des karo-
lingischen, Begriindung des deutschen Reiches. 1^ und 2" Abtheilung.
1^ bis 3<^ Auflage. Leipzig, Duncker und Humblot, 1885. In-8o, vi-337p.
17 m.
442. Rechnungen aus dem Archiv der Stadt Kronstadt, L Rechnun-
gen aus 1503-1526. Kronstadt, Zeidner, 1886. In-8", xi-769 p., 2 pi.
(Quellen zur Geschichte der Stadt Kronstadt in Siebenbiirgen. I.)
443. RicHTHOFEN (Karl Freiherr von). Die àlteren Egmonder Ge-
schichtsquellen. Berlin, Hertz, 1886. In-S", ni-219 p. 7 m.
444. Rimatori napoletani del quattrocento, con prefazione e note di
Mario Mandalari, dal cod. 1035 délia Biblioteca nazionale di Parigi,
per cura dei dottori Giuseppe Mazzatinti ed Antonio Ive. Caserta,
A. laselli, 1885. In-8% xl-198 p. 10 1.
445. Rivières (le baron de). Cloches et Clochettes, à propos d'une
nouvelle clochette de Johannes à Fine. Montauban, impr. Forestié.
In-8", 11 p. et planche. (Extrait du Bulletin de la Société archéologique de
Tarn-et-Garonne.)
446. Saga (de) van Thorwald Kodransson den Bereisde. Eene bladzijde
uit de geschiedenis der christelijke zending in de tiende eeuw uit het
oud-islandsch vertaald en toegelicht door E. H. Lasonder. Utrecht,
C. E. H. Breijer. In-8», xvi-207 p. 3 11. 50 c.
447. Salvo (Ant. de). Notizie storiche e topografiche intorno Metau-
ria e Tauriana. Napoli, G. de Angehs, 1886. ln-8°, 135 p., 1 pi. 5 1.
448. ScHEPSs (Georg). Priscillian, ein neuaufgefundener lat. Schrift-
steller des 4. Jahrhunderts. Yortrag gehalten am 18. Mai 1886 in der
philologisch-historischenGesellschaftzu Wtirzburg. Wùrzburg, A. Stu-
ber, 1886. In-8°, 26 p., 1 fac-similé.
449. ScHLUMBERGER (G.). Trols Joyaux byzantins sur lesquels sont ins-
crits les noms de personnages historiques du ix^ siècle. Paris, impri-
merie nationale. In-8°, 8 p. avec fig. (Extrait des Comptes rendus de
l'Académie des inscriptions et belles-lettres.)
450. Sghweitzër (Ph.). Geschichte der altskandinavischen Literatur
von den iiltesten Zeiten bis zur Reformation. Leipzig, Friedrich. In-S",
xxni-226 p. (Geschichte der Weltliteratur in Einzeldarstellungen. VIIL)
4 m.
■451. SicKEL (Th. V.). Erlautcrungon zu don Diplomen Otto II.
Innsbruck, Wagnor, 1S86. In-8% 121 p. (Extrait dos MiUhcilimtjen des
Insliluts fur oslerreickischc Geschichtsfonchunf/, p]rgiinzungsh. II.)
452. SrcKEL (T. v.). L'Itinorario di Ottono II nell' anno 982 stahilito
colla scorta do' diplomi. Gonrorenza inauguralo dol corso di mctodolo-
gia doila sturia (anno II) tcnuta il di 18 febbraio 1886. (R. Società
romana di storia patria. Corso pratico di metodologia délia storia.
Fasc. II.)
453. SiEGEL (Hoinrich). Deutsche Rechtsgeschichtc. Ein Lehrbuch.
Berlin, Vahlen, 1886. In-S", xii-474 p. 9 m.
454. Statuti del comune di Vicenza, mcglxiv, pubblicati da Fedele
Lampertico. Venezia, 1886. In-4'*, Lxn-321 p. (Monumenti storici pu-
blicati dalla r. deputazione veneta di storia patria, série 2-'', vol. I.)
455. Steinbrecht (C). Thorn im Mittelalter. Ein Beitrag zur Bau-
kunst des deutschen Ritterordens. Mit 14 Tafeînund 39 i. d. Textgedr.
Abbildungen. Berlin, Springer, 1885. In-fol., yi-45 p. 24 m.
456. Stôber (Fritz). Zur Kritik der Vita S. Johannis Reoraaensis.
Eine kirchengeschichtliche Studie. Wien, Gerold, 1885, In-8°, 82 p.
457. Taillebois (Emile). La Fontaine d'or : découverte à Pontenx-les-
Forges (Landes) de quarante-cinq pièces en or et de quatre mille cent
seize pièces en argent de la période anglo-française, description. Dax,
impr. Justère. In-8», 23 p. (Extrait du Bulletin de la Société de Borda.)
458. Tamassia (Giov.). De ordine iudiciorum, opéra inedita di Gio-
vanni Bassiano. Notizia. Padova, tip. Francesco Sacchetto, 1886.
In-8% 8 p.
459. Thévenin (Marcel). Études sur la propriété au moyen âge. Les
« communia. » Paris, F. Vieweg, 1886. In-S", 24 p. (Extra.it des Mélanges
Renier.) — Voy. aussi ci-dessus, n° 431.
460. TouGARD (l'abbé A.). L'Hellénisme dans les écrivains du moyen
âge, du vn« au xn^ siècle. Paris, Lecoffre. Gr. in-8°, 70 p.
461. Urkunden zur Geschichte der Stadt Speyer. Gesammelt und
herausgegeben von Alfred Hilgard. Strassburg, Trùbner, 1885. In-4'',
xn-565 p., 1 pi. 25 m.
462. Urkundenbuch der Stadt Ilildesheim. Herausgegeben von
D-- Rich. Doebner. IL 1347-1400. Hildesheim, Gerstenberg, 1886. In-8°,
vn-762 p. 16 m.
463. Van Pradelles (Nicolas). Livre de raison (1564-1637). Edité par
M. Ignace de Gousseuiaker. Lille, impr. Lefebvre-Ducrocq, 1886. In-16,
2-xLvni-48-23 p.
CHRONIQUE ET MÉLANGES.
Les examens de fin d'année, à l'École des chartes, ont eu lieu du 15
au 20 juillet 1886.
Première année.
Épreuve orale.
1» Texte latin à lire d'après un ms. de la bibliothèque de l'Arsenal,
dont les candidats devaient approximativement déterminer la date :
Contra divites.
Fuit quidam pauper faciens festum cotidie cantando juxta ignem. Quod
audiens vicinus ejus, qui valde erat dives, mirabatur, quia ipse non
poterat ita letari. Quodam mane, apposuit bursam ad ostium pauperis
magnam, plenam nummis. Ille vero exiens de domo invenit nummos,
et ivit ad laborandum sicut consueverat. Sed cogitans cum uxore per
•très dies quid faceret de illis nummis, amittebat gaudium suum. Quod
videns dives recognovit quod hoc erat propter nummorum soUicitudi-
nem, et repetiit illos, et tune iterum cepit gaudere pauper sicut con-
sueverat.
2° Question de chronologie :
Indiquer la date de l'avènement au trône des différentes branches de
la dynastie capétienne.
Le texte latin à traduire était les « Littene capituli Rothomagensis
ad Ludovicum Franciae regem, » etc. (27 août 1256), empruntées aux
Layettes du trésor des chartes, t. III, n° 4281.
3° Charte française à lire d'après l'original :
Accordé est par devant nosseigneurs de parlement entre maistre
Raoul Pinçon, d'une part, et Pierre Scatisse, d'autre part, que, comme
ledit Pierre eust receu de maistre Guillaume Pinçon sept cens escuz
d'or et se fust obligiez par lettres de chastelet a les rendre a Avignon
a la Chandeleur derrainement passée audit maistre Guillaume ou audit
maistre Raoul et non a autre, se il n'avoit quictance d'eulz et les dictes
lectres obligatoires, et ledit maistre Raoul ait requis a avoir ladicte
somme en ceste ville pour envoler audit maistre Guillaume a paier sa
447
raençon a certains chevaliers qui le tiennent pris et arresté on Alemaigne
pou/ le fait du roy, etc., ledit maistre Raoul a confessé et confesse avoir
ou lesdiz .vii.<= escuz dudit Pierre par la main de Barthelemi Espiephane,
marchant de Lucques, et a voulu que les dictes ohligacions et la lettre
que ledit Berthélemi avoit fait de paier led. argent a Avignon [soient
rendues] audit Pierre et a ses gens ou Jehan Espiephane, frère dud.
Berthélemi, dedans Pasques prochain venans. Ce fu fait a Paris, le
.XXII. jour de février Fan XL VU.
Concord. per partes predictas présentes xxini^» die febr. M- CGC»
XLVII» (1348).
Garriaut.
Goncordiaintermagistrum Rodulphum Pinçon clericum et consilium
régis et Petrum Seat.
4° Question sur la matière du cours de langues romanes :
Spécifier les caractères linguistiques du texte suivant et indiquer à
quel pays il appartient :
Li visitares devra contar et paier chacuna semana a toz les ovriers
qui en la dita ovra aront travailla, et mètre en escript la quantita et lo
pris de les choses et de cuy sunt prises, tant cum distinguir et esclarzir
se porra bonament sens confusion de paroUes.
Epreuve écrite.
1° Texte latin à transcrire d'après le fac-similé en héliogravure
n» 277 du fonds de l'École :
Ego Ludovicus Del gratia Francorum rex. Notum facimus omnibus
futuris sicut et presentibus quod fidelis noster Gilo de Soiliaco alodia
quedam que in terra sua homines sui habere dicebantur recepit a nobis
cum alio feodo suo et nos concessimus. Hase autem sunt que subscri-
buntur : Humbertus Caprarius recipit a Gilone et Gilo a nobis nemus
de Monte Perrer et xv familias hominum cum possessionibus suis et
terram quam habet ad Gierneium extra burgum. Item recipit a nobis
Gilo domum de Podio Narjoti de S. Gundone. Item domum Bernardi de
insula de Spineto et totam terram quam habet Bernardus in castellania
Soliacensi praiter terram de Vannis et totam terram quam habet in
castellania de Argento. Item vn feoda militum casatorum ad Curconcel-
lium que tenet Burdinus Monacus. Item quicquid ipse Gilo habet in
alodio apud Anorde. Item totum nemus de Signi quod est Girardi de
Blancafort. Item nemus de Morenz et terram in qua manent lx homi-
nes vel eo amplius, que tenet Malguinus de Aiis de G. Monaco et Girar-
dus tenebat pro alodiij. Alla etiam omnia feoda Gilo recipit a nobis que
homines sui tenent pro alodiis.
Quod ut notum sit scribi fecimus et sigillé nostro signari. Actum
448
Parisius anno incarnati verbi M GLXVIII. Data per manum Hugonis
cancellarii < .
2° Texte provençal à transcrire d'après le fac-similé en héliogravure
n» 254 du fonds de l'École :
Per Dieu amor, ben sabes veramen
Con plus deissen, plus pueja humelitatz,
Et ergueilhs chai, on plus aut es pojatz ;
Don dei aver gaug e vos espaven
C'ancsem mostras ergueilh contra mezura,
E brau respos a mas humils chansos;
Per qu'es semblans que l'ergueilhs caja jos,
Qu'après bel jorn ai vista nueg escura.
Mai vos non par puscatz far failhimen ;
Pero, quan failh sel qu'es pros ni prezatz,
Tan com val mais, tan n'es plus encolpatz ;
Qu'en la valor puejal colp' e deissen;
E cant hom tôt perdonal forfaitura,
Ja del blasme noilh sera faitz perdos,
Quel (sic) sel rema, eilh mala sospeissos,
Qu'a mains met sel qui vas un desmezura.
Blasme n'a hom e cascus sela s'en
Per que n'es plus en l'engan enganatz
Aisel quel fai, que sel qu'es enganatz ;
Donc vos, amor, per c'o faitz tan soven
Con plus vos ser cascus plus s'en rancura.
E de servir tanh calsque guiszardos,
Pretz ho amicx, meilhuramens ho dos,
Meins d'un d'aquetz es fols qui s'i atura.
3° Texte latin imprimé à traduire :
Alexander cpiscopus servus servorum Dei venerabilibus fratribus P.
Narbonensi archiepiscopo et Nemausensi Uticensi Mimatensi et Maga-
lonensi episcopis salutem et apostolicam benedictionem. Susceptis lit-
teris quorumdam ex vobis et débita benignitate perlectis gratum admo-
dum acceptumque tenuimus quod vos sicut earum nobis ténor expressit
super pedagiorum enormitate toUenda studiosi et invigilantes existitis
et laudabiliter circa id ofûcii vestri sollicitudinem exercetis. Inde utique
fuit quod nobili viro B. comiti Merguliensi qui se super his juxta monita
1. Cette pièce est pubUée dans les Lay elles du trésor des chartes, sous le
n° 215, mais avec des fautes assez graves, qui ont passé dans la notice que
M. Luchaire a donnée de la même pièce.
449
vestra, corrigere contradicit scripta nostra sine uUa tamen salutacione
direximus monentos oum attentius atque mandantes quatinus tam super
novis pedapiis amovondis quam super voterum incremento tollondo
vestris mandatis ac monitis acquiesçât ot in liujusmodi deinceps mali-
tia nullius unquam tam nelarii questus cupidilate persistât alioquin
sententiam quam tu in eum frater arcliiepiscope protulisti ratam liabe-
mus eamque usque ad dignam satistactionem firmitcr observari manda-
mus adjicientes equidem et vestro fraternitati mandantes quatinus in
\'illa Alest et in omni terra ejus intordicta suis sepultura continue et in
omnibus aiiis locis quandiu in eis ipse presens fuerit divina prohibea-
tis officia celebrari. Dat. Senonis .xvj. kal. februarii.
4° Texte provençal imprimé à traduire :
In nomine Domini nostri Jhesu Christi. Anno Domini M° GC' XL° VI",
iiij° kal. junii. Sia conoguda causa que eu na Finas maire d'en Sycart
Alaman per mi e per totz los meus et per Sicart mo filb meteis e per
totz mes successors ab cosselh et ab voluntat et ab autrejamen d'en W.
de S. Alari e d'en Joban Ragambert ei establidas e messas costumas a
totz aquels homes et a totas aquelas femmas que aras so el castel de
Pueg Beguo ni per adenant i serau ni els apertenemcns del castel sobre-
dich dins ni déferas. E las costumas so aitals :
Que totz hom e tota femna que laore el castel de Pueg Beguo ni els
apertenemens ab araire complit que aia el araire de .ij. buous tro en
.iiij. donc cadans a la festa de Nadal .iij. sols a la dona na Finas sobre-
dicha 0 ad aquels que per liei i serau. E totz hom que laore ab parelh
de bestias cavalinas el castel sobredich o e la honor que done cadans
.iij. sols a Nadal. E totz hom e tota femna heretatz del castel de Pueg
Beguo qualque mestier fassa, done .ij. s. e .iij. d, cadans. E totz hom
que non aura maio ni heretat es logara e gasanhara ab son cors done
cadans .viiij. d. a la dona na Finas o ad aquels que per liei i serio. E
totz homs 0 tota femna que venga estar el castel sobredich o e la honor
que sio franc dels .ij. ans e passatz los .ij. ans que dono segon que li
autre dovo donar desus. E se nulhs hom ni nulha femna s'en volia anar
vas autra part deu o far saber a la dona na Finas o ad aquels que per
liei i serio .viij. dias enant et elh devo los guidar ab tôt lor aver et ab
totas lor bestias et ab totas lor causas una jornada. E totz hom del cas-
tel que aucira home es encorregutz de cors e d'aver. E totz hom que
fassa sancfoio coste .Ix. s. e l'emenda al sancfoizonat. E de las viltenen-
sas dels homes se s'apelo trachors ni falses ni desliais ni bocapudens
ni mezels paguo .iiij. s. E de tôt clam de .G. s. o de .G. s. a essus aia
la cort .viij. s. d'aquel que sera vencutz.
5° Questions tirées d.. cours de bibliographie :
I. Faire sommairement l'histoire des Gallia christiana et indiquer le
plan des deux dernières rédactions.
450
II. Rédiger les articles par lesquels devrait être représenté, dans un
catalogue de bibliothèque, le volume dont la description suit :
In-S» étroit de 47 feuillets en six cahiers de 8 feuillets, sans titre, signa-
tures, réclames, ni pagination, de 26 lignes à la page, sans interlignes ni
ponctuation, caractère gothique arrondi avec caractères abréviatifs, petites
capitales dans le texte. La place des grandes lettres initiales laissée en
blanc. Composé de trois traités, deux de saint Bonaventure et un de
saint Méthode. Le premier commence : « Incipit libellus qui appellatur
regimen conscientie, vel parvum bonum editus a Fratre Bonaventure
cardinalis. » Le second, cahier 3, feuillet 4 : « Incipit Epistola Sancti
Methodii episcopi Parasensis (pour Patarensis) de regnis gentium et
novissimis temporibus certa demonstratio cristiana. » Le troisième,
cahier 5, feuillet 5 : « Incipit tractatus de preparacione ad missam domini
Seraphici Johannis Bonaventure. » Le volume est indiqué dans Grœsse,
IV, p. 507, et est attribué à Ulrich Zell de Cologne, entre les années 1467
et 1470.
Deuxième année.
Épreuve orale.
1° Texte à lire sur l'original :
Hujus diei gloria
Det, Christe, mundo gaudia
Qua junctus est celestibus
Frater Johannis Jacobus.
Qui, vocantem de litore
Prompte secutus pectore.
In navi patrem liquerat
Et cuncta quœ possederat.
Vivons adhuc in corpore
Formam conspexit gloriœ,
Qua te post finem seculi,
Videbunt lucis filii.
Fundendo pro te sanguinem
Idem bibebat calicem ;
Quam tu gustaras, hostia,
Nostrœ salutis gratia^.
1. Bibl. nat., ms. latin 13090, fol. 71 bis.
45 f
Les candidats ont eu à déterminer l'àpe de l'écriture de ce texte.
20 Questions de diplomatique :
I. Quel est le genre d'acte désigné en diplomatique sous le nom de
bref? — Quels en sont les caractères particuliers ? — A quelle époque
remontent les plus anciens brefs ?
II. Quelles modilications la Convention a-t-elle apportées au calen-
drier? — Pendant quelle période le calendrier républicain a-t-il été en
usage?
30 Questions d'histoire des institutions :
Quelles ont été les principales divisions administratives de la France :
De 1190 au xiv<^ siècle ;
Du XI v° siècle à 1790 ;
De 1790 à 1800 inclus?
40 Questions tirées du cours des sources de l'histoire de France :
I. Rappeler très brièvement les circonstances de la vie de Nithard
qui sont de nature à accroître l'autorité de son témoignage.
II. Quelles sont les dates extrêmes, les divisions de son œuvre et à
quelle date a-t-elle été rédigée ?
III. Quelle est la valeur absolue de l'Histoire de Nithard et quelle est
sa valeur relative si on la compare, par exemple, à la Vita Ludovici de
l'Astronome?
5° Question tirée du cours de classement d'archives :
Des comptes de l'argenterie et des comptes de l'hôtel.
Épreuve écrite.
1" Texte latin à transcrire d'après le fac-similé no 287 du fonds de
l'École :
Excellentissimo et reverendissimo semper domino suo Alfonso, filio
rogis Francie, comiti Pictavensi et Tholosano et marchioni Provincie
illustri, devotus et minimus ejus Theobaldus de Stampis capellanus, se
semper ad beneplacita et servicia promptum et paratum. Super negociis
mihi a vestra dominacione impositis vobis facio manifestum :
<^uod, ego, magistro P. de Vicenobrio transcriptum litterarum papa-
lium sigillo domini.. Garpentoracensis episcopi sigillatum traddidi manu
propria in domo eiusdem magistri; item, quod, apud ÏMalaucene in
Venesino, prima obdomada Quadragesime, fuit lata sentcntia contra
xxn vel plus Valdenses hereticos, de quibus duo fuerunt condempnati
ad murum et alii portabunt crucem vel cruces;
Item, pênes dominum J. Govion, castellanum Belli Quadri, habetis
ducentas et quinquaginta libras turonensium de deposito domini J. de
Grazano delfuncti, et illas non reddet sine vcstris litteris;
432
Item, sciatis quod adhuc multum parum inveni de cibis vestris in
Venesino nec alibi, prêter id quod dictus J. congregaverat de vinteno ;
Item, sicut mihi dixit dominus R. senescallus vester.. electus Valan-
cie, contra probibicionem ipsius senescalli, vult et intendit se ponere in
dominio de Montolio Aymardi et jam intravit et posuit se in dominio
de Lavote contra inhibicionem eiusdem senescalli.
2° Texte latin imprimé à traduire :
Robertus primogenitus illustris Jérusalem et Sicilie régis dux Gala-
brie ejusque in regno Sicilie ac in comitatibus Provincie et Forcalquerii
vicarius generalis olïîcialibus curie régie Dignensis presentibus et futu-
ris devotis suis salutem et dilectionem sinceram. Per sindicos univer-
sitatis hominum Digne devotorum nostrorum et nomine universitatis
ejusdem fuit nuper expositum coram nobis quod cum plures Judei moran-
tes in civitate ipsa possideant certas possessiones in dicta civitate et ejus
territorio ac etiam in locis circumstantibus et emant cotidie pro quibus
illi a quibus dicti Judei dictas possessiones acquisiverunt solvere et
contribuere usi erant cum ceteris civibus Digne in talliis et quistis que
inibi tempore imponuntur pretextu tallie quam annuatim ipsi Judei
curie régie facere tenentur solvere et contribuere indebite contradicunt.
Nostre igitur provisionis remedio suppliciter implorato volumus vobis-
que expresse jubemus quatenus ipsos Judeos ad solvendum et contri-
buendum in ipsis talliis et quistis cum ceteris civibus Digne pro modo
possessionum predictarum cohercitione débita compellatis excusatione
dicte tallie quam curie dicti Judei annuatim exsolvunt in aliquo non
obstante. Présentes autem litteras post earum inspectionem congruam
restitui volumus presentanti et pendenti sigillo nostro jussimus com-
muniri. Dat. Aquis anno Domini M. CGC. VI. die xix martii iv ind.
3" Texte imprimé à analyser :
Philippus Dei gratia Francorum rex senescallo Pictavensi ac custo-
dibus regalium regni nostri et eorum cuilibet salutem. Scire vos volu-
mus quod nos manum nostram in bonis temporalibus episcopatus Pic-
tavensis ex quacumque causa appositam ex nunc amovemus omnino
hoc nobis salvo quod si pro tempore constare poterit quod episcopus
Pictavensis nobis fidem facere teneatur quodque regalia habeamus in
episcopatu predicto quod dictus episcopus fidem nobis faciat et fructus
regalie nobis restituât si ut premittitur inveniatur eumdem episcopum
ad premissa teneri. Eapropter vobis tenore presentium mandamus qua-
tinus dilectum nostrum episcopum Pictavensem dictis bonis suis tem-
poralibus et aliis gaudere libère permittatis; ac queciimque occasione
regalium bac vice percepta sunt de episcopatu predicto prout ad vos et
vestrum quemlibet pertinet restituatis et restitui faciatis eidem sine
difficultate quacumque. Datum Parisius, die vicesima octava decem-
bris anno Domini M» GGG" septimo.
453
4° Questions de diplomatique :
I. Expliquer ce que l'on entendait aux derniers siècles de la monar-
chie par lettres du grand sceau et lettres du petit sceau. — Quels étaient
à la même époque les caractères particuliers des Lettres patentes en forme
de chartes ? — Quels étaient les principaux genres de documents que
l'on expédiait sous cette forme ?
IL Dire à quel genre de documents doit appartenir la date suivante :
Data XVI kalendas augustas, anno VIII Ghristo propitio impcrii nostri
et XL anno regni nostri in Francia et XXXV in Italia, indictione prima.
Actum Aquisgrani, palacio nostro. In Dei nomine l'eliciter. Amen.
Ramener cette date à notre manière de compter en expliquant cha-
cun des éléments qui la composent.
5° Questions d'histoire des institutions :
I. Quelle différence y avait-il entre les requêtes de l'Hôtel et les requêtes
du Palais?
IL Qu'entendait-on par subdélégations et quelles étaient les attribu-
tions des subdélégués?
III. Quels sont les divers modes de recrutement de l'armée de 1790 à
1800?
Troisième année.
Épreuve orale.
1° Texte à lire sur l'original :
Woertus Ambianensis officialis domini Remensis presbitero de Peille
salutem. Auctoritate domini Remensis vobis mandamus quatinus
peremptorie citetis presbiterum de Marval et uxorem Stephani ut feria
tercia post Cantate Remis veniant Thome de Parvi responsuri cum super
hoc alias in curia Remensi fuerit litigatum.
(Bibl. nal., lat. 13090, fol. 73 v.)
Les candidats ont eu à déterminer l'âge de l'écriture de ce morceau
et d'un autre texte transcrit sur le même feuillet.
2° Question d'histoire du droit :
Indiquer la date approximative, l'objet, la valeur scientifique, l'édition :
I. Des sentences du Parloir aux Bourgeois ;
II. Des coutumes notoires du Chàtelet;
III. Des décisions dites de Jean des Mares.
3° Questions d'archéologie :
Donner des explications sur les pièces caractéristiques du costume
des principaux personnages qui figurent dans deux miniatures d'un ms.
français du xni'= siècle contenant la Vie de saint Thomas de Cantorbéry,
et dater ces miniatures.
434
Épreuve écrite.
!• Texte à transcrire d'après le fac-similé en héliogravure n° 293 du
fonds de l'École :
Pro altercatione scribit Romanis, confutans modo Gentiles, modo
Judeos, docens eos humiliari ut omnia attribuant gratie Dei.
Paulus hebraice, quietus grece, modicus latine, prius Saulus a Saule
persecutore. Gommendat personam et negocium et auctorem negocii in
quibus congrue captât.
Servus : nomen humilitatis ut ad eam provocet.
Apostolus : « Ecce de humili altus, non a se, sed a Deo vocatus, vel
vocatus ab hominibus » dictus privilegio nominis.
Segregatus a doctrina Phariseorum (hoc contra Judeos dictum) vel ab
aliis apostolis, unde « Segrsegate mihi B. et P. »
Evangelium : bona adnuntiatio est que ad salutem ; ea vero est de bis
que ad fidem et mores.
Dei, non ab homine inventum.
Quod ante completionem, non subitum ; unde in hoc verbum verum
est « quia alius est qui seminat et alius qui metit. »
Per Prophetas : unde Jheremias : « Ecce dies veniunt etconsummabo
testamentum novum. »
Idem et alii : « Factus etsi infectus, » tanta est unio utriusque nature
ut totum dicatur Deus, totum homo, et vicissim Deus homo et homo
Deus, quod non in substantiis hominum.
Ex semine David : quia Maria de David. Facta est promissio Abrahe
et David ; sed maluit hic dicere David qui et criminosus non Abrahe
justi, ut non pro merito, sed gratia natus de eo putetur, et ut ex rege
secundum carnem, sicut rex ex Deo.
2° Questions d'histoire du droit :
Le testament au xvi^ s., dans les pays dits de droit coutumier.
I. Formes. — JI. Quotité disponible. — III. Exécution. — IV. Juri-
diction compétente pour connaître des difficultés que pouvaient soule-
ver les testaments.
3° Question d'archéologie :
Décrire sommairement les dispositions principales que présentent en
plan et en élévation le chœur et le transept de la cathédrale de Chartres
(crypte comprise).
4° Question tirée du cours des sources de l'histoire de France :
Quels sont les titres, quelle est la date de rédaction et la valeur cri-
tique des ouvrages et opuscules historiques de Suger?
455
A la suite des examens et par arrêté ministériel en date du 27 juillet
1886, ont été admis à passer en deuxième année (ordre de mérite) :
MM. 1. Travers.
2. Léonardon.
3. RiCUEBÉ.
4. Mautouchet.
5. SOUCHON.
6. PORTAL.
7. Hérold.
8. Michel.
9. Enlart.
10. ECKEL.
11. Trudon des Ormes.
12. Nerlinger.
13. Batiffol.
Et hors rang, à titre étranger, M. Aubert, qui, s'il eût été classé,
l'aurait été au 4^ rang.
Ont été admis à passer en troisième année (ordre de mérite) :
MM. 1. Bourgeois.
2. Jacqueton.
3. Ebel.
4. FiNOT.
5. VlARD.
6. Desplanque.
7. Dupont-Ferrier.
8. BONIN.
9. De Berthou.
10. Spont.
11. Picard.
12. Ledos.
13. Renvoisé.
Ont été admis à subir l'épreuve de la thèse (ordre alphabétique) :
MM. Bonnier.
goyegque.
Dallemagne.
DuCOM.
Froment.
Grandjiaison (de).
Jarry.
Lajjrouche.
Laloy.
Lhermitte.
456
MM. Manneville (de).
SOUILLIÉ.
TOURNOUER.
ViREY.
— Un érudit, un homme de cœur et de bien, M. Jourdain, que des
liens étroits rattachaient à l'École des chartes et qui lui avait rendu de
grands services comme directeur au ministère de l'instruction publique
et comme membre du conseil de perfectionnement, a succombé le
20 juillet 1886 à la maladie qui minait ses forces depuis plusieurs années.
Nous reproduisons les discours qui ont été prononcés sur sa tombe par
nos confrères M. G. Paris, au nom de l'Académie des inscriptions et
belles-lettres, M. L. Delisle, au nom de l'École des chartes et du Comité
des travaux historiques, et M. le comte de Mas Latrie, au nom de la
Société de l'histoire de France :
DISCOURS DE M. G. PARIS.
« Messieurs,
« La nouvelle de la mort de M. Jourdain, qui nous est parvenue il y
a cinq jours, et que j'ai communiquée hier à l'Académie, nous a causé
moins de surprise que d'affliction. Depuis plusieurs mois, la santé de
notre cher et savant confrère était profondément atteinte, et plus d'une
fois nous avions cru le terme fatal près d'arriver. Il y avait eu dans son
mal quelques rémittences, qui auraient pu nous rendre un peu d'espoir,
comme à ceux qui le soignaient avec tant d'anxiété; nous l'avions même
vu à l'Académie, où son retour passager nous avait causé, ainsi qu'à
lui, une vive émotion ; mais nous savions combien était frêle le fil qui
le rattachait encore à la vie, et lui-même il pressentait, avec la tristesse
bien naturelle d'un père et la résignation d'un chrétien, l'imminence du
coup qui allait le séparer de tout ce qu'il aimait. Il s'est éteint douce-
ment, entouré des aflections qu'il avait si bien méritées et soutenu par
les consolations d'une religion à laquelle son cœur avait toujours été
aussi attaché que son esprit lui était soumis.
« C'est une vie bien remplie que celle qui vient de se terminer. Fils
d'un savant de mérite, dont les travaux ont conservé une valeur durable,
Charles Jourdain le perdit avant de l'avoir connu. Il fut élevé par une
mère d'un esprit distingué et d'un caractère sérieux, sous les yeux d'un
oncle ecclésiastique , dans un milieu assez austère , où se mêlaient,
comme dans certains groupes, respectables entre tous, de la vieille bour-
geoisie parisienne, les traditions d'une piété de tournure un peu jansé-
niste et celles d'un libéralisme tenace. Dès son enfance, il manifestait
sa vocation pour les travaux de l'intelligence, et l'aspiration, qu'il pro-
clamait déjà, à l'honneur d'être un jour membre de l'Institut le stimu-
457
lait dans ses études, qu'il fit solides et brillantes. A vingt et un ans,
déjà licencié en droit, il était docteur es lettres, agrégé à vingt-trois, et
bientôt il entrait dans l'enseignement de la i)hilosophie, à Reims d'abord,
puis à Paris. Il en sortit par hasard. En 1849, M. de Falloux, devenu
ministre, entendit parler du jeune maître du collège Stanislas, qui avait
dirigé pendant un an la Revue de l'instruction publique et s'était fait
remarquer par des articles où il s'efforçait d'accorder un réel attache-
ment pour l'Université avec les idées de réaction, à la fois libérale et
catholique, qui prévalaient alors contre le monopole de l'État enseignant.
Il prit M. Jourdain pour son chef de cabinet, et celui-ci eut une grande
part à l'élaboration de la fameuse loi de 1850. M. de Falloux quitta le
ministère; son chef de cabinet y resta, mais à un autre titre. Il entra
dans la division de la comptabilité générale, dont il devint chef en 1852.
Nommé, en 1869, inspecteur général de l'enseignement supérieur, il fut
chargé, en 1871, par M. Jules Simon, qui appréciait ses qualités d'ad-
ministrateur, de contrôler l'état des établissements d'instruction publique
dans les départements envahis; il prit plus tard aux innovations qu'in-
troduisit ce ministre une part qui démontra qu'il n'était pas obstiné-
ment attaché aux traditions de l'époque antérieure. Sous le ministère
de M. Wallon, son ami, il fut secrétaire général; il reprit ensuite ses
fonctions d'inspecteur. Mais on sait quels changements brusques, quels
revirements complets a présentés depuis quinze ans le gouvernement
de l'instruction publique en France. Quoique très conciliant et disposé
toujours à faire fidèlement son service sur le navire qui changeait si
souvent de pilote, M. Jourdain avait manifesté des opinions et des pré-
férences qui rendaient sa situation administrative assez difficile sous la
direction qui semblait décidément prévaloir. Il fut mis à la retraite en
1879 ; il en fut froissé, bien qu'il s'y attendît, et son opposition aux idées
régnantes ne fit naturellement que s'accroître. Pendant trente ans, il
avait rendu les plus grands services à l'administration et il avait profité
de sa situation pour en rendre d'autres à la science. L'Institut, à son
grand profit, a toujours compté parmi ses membres de ces hommes qui
sont à la fois des administrateurs et des savants, qui font pénétrer dans
les conseils des gouvernements la notion des besoins de la science, et
qui apportent dans les corps savants une expérience des affaires et une
sagesse pratique dont ceux-ci ont souvent besoin. Aussi M. Jourdain
avait-il parmi nous une autorité considérable dans les questions, sou-
vent délicates, qui touchent à nos rapports avec l'État, et le nommions-
nous tous les ans, à l'unanimité, membre de notre commission admi-
nistrative. Son séjour au ministère a laissé, d'ailleurs, une durable trace
dans les deux volumes qu'il a publiés sur le budget de l'instruction
publique et le budget ùos cultes, documents importants pour une des
parties les plus intéressantes de notre histoire contemporaine.
« Mais il réservait pour l'étude tous les loisirs que lui laissaient ses
30
458
fonctions. Attiré dès sa première jeunesse, tant par son éducation reli-
gieuse et l'exemple même des travaux de son père que par l'influence
de l'éclectisme, dans ce qu'il a eu de meilleur, vers l'histoire de la phi-
losophie chrétienne, il concourut avec empressement, en 1857, pour le
prix que l'Académie des sciences morales et politiques avait proposé à
l'auteur du meilleur mémoire sur la philosophie de saint Thomas
d'Aquin, et il obtint ce prix par deux volumes consciencieusement éta-
blis, bien compris et clairement écrits. Il était bon que la Somme théo-
logique, cette imposante et vaste cathédrale de la pensée catholique, fût
expliquée par quelqu'un qui joignît un pieux respect à une solide pré-
paration philosophique : on ne comprend bien, au moins dans un cer-
tain sens, que ce qu'on aime. En se plaçant à un point de vue différent,
on peut faire quelques réserves sur le beau livre de M. Jourdain ; on
peut y relever une certaine tendance à présenter les choses sous le jour
qui plaît le plus, à atténuer les différences, à voiler les difficultés, à con-
cilier ce que d'autres trouveraient inconciliable ; mais on ne saurait y
méconnaître une discussion sincère et éclairée, une connaissance réelle
du sujet et de ses alentours, et une constante élévation de pensée. La
Philosophie de saint Thomas d'Aquin fut un des principaux titres qui,
en 1863, firent admettre Charles Jourdain dans notre compagnie.
« Un autre fut sa continuation de V Histoire de l'université de Paris. Il
n'entreprit pas, et on peut le regretter, de reprendre par les bases
l'énorme et indigeste ouvrage de Du Boulay, de le refaire avec plus de
critique, d'indépendance et de lumière, comme il l'aurait pu mieux que
personne ; il le compléta de deux manières. D'une part, reprenant l'his-
toire de l'université au point où l'avait laissée son prédécesseur, il en
raconta les annales aux xvn^ et xvni^ siècles, et il sut rendre intéres-
santes ces annales d'un temps de décadence, triste et trouble, malgré
quelques beaux jours et le doux éclat du nom de RoUin. D'autre part,
il rendit à l'histoire de l'ancienne université le plus grand service par
son Index chronologique des chartes qui la concernent, dans lequel (pro-
fitant d'ailleurs des matériaux rassemblés par M. Taranne, mort sans
les avoir mis en œuvre) il dépassa de beaucoup les promesses du titre,
signala bien des actes inconnus à Du Boulay et en publia un grand
nombre in extenso pour la première fois. Serviteur dévoué de l'univer-
sité de France, qui se rattache au moins par le nom à l'université de
Paris, plein de sympathie pour la philosophie et la théologie scolas-
tiques, M. Jourdain était naturellement porté à étudier l'histoire de la
grande institution où ces sciences du moyen âge trouvèrent durant des
siècles leur foyer le plus brillant et d'où elles rayonnèrent sur l'Eu-
rope entière.
« Pendant vingt-deux ans, M. Jourdain a été un des membres les plus
laborieux de notre Académie. Il a pris part à la publication du dernier
volume des Historiens de la France; il a enrichi nos recueils de plu-
459
sieurs mémoires importants, parmi lesquels on remarque surtout celui
qui concerne l'instruction des femmes au moyen âge, et qui seront par
des mains pieuses réunis et publiés ensemble. Il prenait un intérêt tou-
jours actif aux élections; nos concours n'avaient pas déjuge plus atten-
tif. Il intervenait souvent dans les délibérations; il y apportait dans les
questions scientifiques uue large instruction et une mémoire précise,
dans les questions d'un autre ordre une remarquable habileté, sachant
faire à propos des concessions, gagnant souvent à ses vues ceux qui les
combattaient d'abord par la souplesse de sa dialectique et son visible
désir d'entente. Ses convictions ne l'avaient nullement amené à l'into-
lérance; bien au contraire, persuadé que la polémique libre et ouverte
devait aboutir à mettre en lumière ce qu'il regardait comme la vérité,
il ne redoutait pas la discussion; il l'encourageait plutôt et s'y livrait
volontiers, mais toujours avec une courtoisie exempte d'amertume qui
lui permettait de compter d'excellents amis parmi ceux dont il ne par-
tageait pas les principes.
« La vie de M. Jourdain fut celle d'un sage et d'un homme de bien : il
la consacra tout entière au travail et à la famille. Elle eût été parfaite-
ment heureuse s'il n'eût perdu prématurément, après une longue mala-
die, une compagne aimée. Elle lui laissait des filles qui ont rempli sa
tâche, et dont la respectueuse tendresse a charmé son âge mùr et adouci
les tristesses de ses derniers jours. Il laisse de profonds regrets dans le
cercle intime qui appréciait en lui les vertus privées et dans le cercle
plus étendu où s'exerçait son active et intelligente charité; il en laisse
d'unanimes dans cette famille plus large qui est l'Académie, oîi il était
aimé comme confrère, estimé comme savant et oiî sa mémoire restera
toujours honorée. »
DISCOURS DE M. LÉOPOLD DELISLE.
« Messieurs,
« Le Comité des travaux historiques et l'École des chartes s'associent,
l'un et l'autre, au deuil de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
M. Jourdain appartint longtemps à ces deux corps, et les services qu'il
leur rendit ne sauraient être ici entièrement passés sous silence. Le
Comité et l'École des chartes ont largement profité de sa science, à la
fois sûre et étendue, de son dévouement à toute épreuve, de sa perspi-
cacité à débrouiller les affaires les plus compliquées.
« Au Comité, vous l'avez toujours trouvé prêt à lire et analyser les
mémoires et les communications qui se rattachaient à ses études de pré-
dilection, toujours exact k donner des avis mûrement motivés sur les
affaires soumises à son examen, toujours empressé à faire valoir les tra-
vaux dignes d'encouragement.
« A l'École des chartes, il n'était pas moins zélé pour l'accomplisse-
460
ment des devoirs que lui imposait son titre de membre du Conseil de
perfectionnement. Il se plaisait à nos réunions, où il comptait autant
d'amis que de collègues. Il applaudissait aux succès de l'École, soute-
nait les professeurs par de chaudes sympathies et encourageait par d'af-
fectueux conseils tous les élèves studieux. Son concours ne nous faisait
jamais défaut, ni pour suivre tous les détails des examens, ni pour dis-
cuter ou juger les thèses de fin d'année.
« Dans ces derniers temps, alors qu'il était déjà sous le coup de la ter-
rible maladie qui l'a emporté, nous l'avons vu s'obstiner à remplir ses
fonctions d'examinateur, moins par le désir de se faire illusion sur le
déclin de ses forces que pajr la crainte de porter préjudice aux candidats
dont il avait lu les travaux.
« Vous reconnaissez là, messieurs, l'amour de la justice, la passion du
devoir et le désir de faire le bien, tout le fond du caractère de M. Jour-
dain.
« Nous ne jouirons plus, messieurs, de ces éminentes qualités de notre
ami ; mais elles nous serviront d'exemples, et le souvenir en restera
gravé dans nos âmes. Ce souvenir pourra seul adoucir les amertumes
d'une séparation si cruelle pour tous ceux qui l'ont connu et qui ont
aujourd'hui à lui adresser l'adieu suprême. »
DISCOURS DE M. LE COMTE DE MAS LATRIE.
« Messieurs,
« La Société de l'histoire de France ne peut laisser fermer cette tombe
sans adresser à l'homme supérieur dont elle va renfermer les restes
périssables l'hommage ému de son affectueuse estime et de ses ineffa-
çables regrets. La perte qu'elle vient d'éprouver est de celles qui ne
s'oublient jamais.
« En vous parlant de M. Jourdain, je n'ai pas à vous rappeler les qua-
lités éminentes du savant et de l'administrateur.
« Des travaux littéraires et philosophiques du plus haut mérite lui
ont ouvert les portes de l'Institut, après des succès les plus enviés dans
l'enseignement et dans les concours. Les facultés d'organisation et de
direction dont il était doué lui firent confier les plus importantes fonc-
tions de l'instruction publique par trois ministres successifs.
« Ces merveilleuses qualités de l'érudit consommé et du parfait admi-
nistrateur, M. Jourdain les mit tout entières au service des intérêts de
notre Société, dont il a été, pendant plus de vingt ans, un des membres
les plus zélés et les plus dévoués.
« Il n'a attaché son nom à aucune des publications spéciales que la
Société consacre à la propagation des monuments de notre histoire natio-
nale. S'il l'eût voulu, il lui eût été facile d'éclairer de sa fine critique et
de porter à la perfection l'édition de telle ou telle chronique du x« ou
46^
du xiii" siècle. Il était aussi bien préparé pour l'une que pour l'autre
entreprise. Il a donné dans notre Bulletin nne page intéressante sur
l'université de Paris au temps de l'occupation anglaise et des observa-
tions sur la royauté française et le droit populaire au moyen ;ige, qui
méritent d'être conservées. Il n'a, comme commissaire responsable, sur-
veillé et amélioré l'impression que d'un ou deux des volumes de notre
collection.
« Et néanmoins on peut dire que sa collaboration aux travaux généraux
de notre Société, soit dans la commission de comptabilité, soit dans la
conduite mensuelle des affaires de l'association, soit dans les discussions
qu'amenait le choix des œuvres proposées pour la publication, sa colla-
boration a été des plus actives, des plus suivies, des plus fécondes.
« Aussi, quand la Société perdit l'homme éminent entre tous, qui
l'avait fondée, l'homme dont le nom sera l'éternelle gloire d'une famille,
M. Jourdain eut-il l'honneur insigne de succéder à M. Guizot, comme
président de notre Société.
« Il eût trouvé, s'il en eût eu besoin, dans cette haute marque d'estime un
nouveau motif de rechercher avec une incessante sollicitude tout ce qui
pouvait accroître la prospérité, le renom et le développement de la Société.
Une pensée élevée inspirait son attachement à notre œuvre. Il espérait
que la scrupuleuse sincérité apportée à nos publications permettrait de
juger avec impartialité les temps passés et que les défauts inhérents aux
hommes et aux institutions humaines n'empêcheraient pas de recon-
naître à travers des époques de prospérité ou de défaillance les progrès
continus de la grande œuvre de l'unité et de la constitution définitive
de la France, telle que nous l'avons connue.
« Assidu à toutes nos séances, prenant intérêt à toutes nos questions,
il exposait son avis sur toutes choses avec élégance et clarté. Il y avait
toujours avantage à écouter les conseils de son expérience et de son
savoir.
« Jamais la Société ne fit en vain appel à son concours. Il le témoigna
de nouveau, voilà deux ans à peine, dans une circonstance assez mémo-
rable pour nous.
« Quand la Société de l'histoire de France voulut marquer par la publi-
cation d'un volume exceptionnel la cinquantième année de sa création,
on pria M. Jourdain de réunir les épis épars de ce spicilège historique
par un exposé général des travaux et des publications de l'association.
Il répondit sur-le-champ à nos désirs et nous donna cette préface diserte
et savante, nourrie de fines appréciations littéraires et de résumés de
comptabilité. Notre regretté confrère a eu la délicate pensée de couron-
ner cette introduction par l'éloge du savant vénéré que nous aimons à
considérer toujours, et cela depuis 1833, comme le secrétaire, aujour-
d'hui honoraire, de notre association.
« Après la fête du cinquantenaire, M. Jourdain fut, comme autrefois,
462
présent à toutes nos réunions, utile à toutes nos discussions financières
ou scientifiques. Il eût voulu l'être toujours, même quand les forces
venaient, par intermittence, lui faire défaut,
« Depuis quelques mois cependant, sa santé s'était plus gravement alté-
rée. Les soins les plus tendres et les plus assidus d'une famille admirable
de dévouement ne pouvaient conjurer les progrès du mal. Lui-même,
sans se plaindre, sentait empirer la situation. Il s'est résigné et n'a pas
été abattu. Il n'a pas faibli un moment, et il a vu arriver la fin des
choses d'ici-bas avec une sereine et calme confiance. Il avait souvent
répété ces paroles d'espérance que l'Église a si sagement placées dans
ses prières pour les morts : Dominus illuminatio mea et salus mea, quem
timebo ? »
— Au concours des antiquités nationales de l'année 1886, quatre de
nos confrères ont obtenu des récompenses pour les ouvrages qu'ils avaient
soumis au jugement de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
M, Schlumberger, dans un rapport lu à l'Académie le 2 juillet, a rendu
compte dans les termes suivants des travaux qui ont valu à MM. Dur-
rieu et Delaborde la deuxième et la quatrième médaille, à MM. Moran-
villé et Prou la première et la troisième mention honorable. Nous
reproduisons aussi le paragraphe du rapport relatif aux ouvrages qui
ont été l'objet de la deuxième mention honorable et auxquels ont colla-
boré deux de nos confrères, MM. Guigue, père et fils :
« Seconde médaille. — M. Paul Durrieu, qui obtient la seconde
médaille, est bien connu de vous. Il s'est déjà fait remarquer par
un excellent travail sur le connétable d'Armagnac, qui a été hono-
rablement mentionné devant l'Académie. Celui qu'il a soumis au
concours de cette année est intitulé : les Gascons en Italie, éludes
historiques. Ce n'est point un gros livre, mais ici qualité rachète
bien quantité. M. Durrieu a raconté dans ce petit volume, extrê-
mement bien fait et qui complète à certains égards le précédent,
les récits des hauts faits en Italie de quatre capitaines gascons aux
XHie et xiv^ siècles : Jourdain IV, seigneur de l'Isle-Jourdain, qui
prit part à la conquête du royaume de Naples ; Jean III d'Armagnac,
qui mourut à la bataille d'Alexandrie ; Bernardon de la Salle, chef de
compagnie qui se mit au service de Jean-Galéas Visconti, que le comte
d'Armagnac tint pour un traître et qui périt tragiquement au passage des
Alpes; enfin Bernardon de Serres, un autre routier qui servit en Italie
et qui, quoique placé au premier rang après Bernardon de la Salle, était
jusqu'ici demeuré dans l'ombre. Ce récit est d'un intérêt très grand et
attirera des lecteurs bien au delà du champ ordinaire des publications
de cet ordre. L'histoire de la brillante campagne du comte d'Armagnac,
si brusquement terminée sous les murs d'Alexandrie, et celle de l'extra-
ordinaire carrière du routier Bernardon de la Salle constituent les deux
463
chapitres les plus étendus. Ces très complètes monographies font bien
voir un côté de cette étrange vie militaire du xiv^ siècle. Le récit tout
entier est puisé aux sources, non seulement aux meilleures sources
imprimées, mais aux sources manuscrites des archives de France et
d'Italie, dont les principales sont publiées à la lin du volume, au cha-
pitre des pièces justificatives. La narration est pleine de vie, très cap-
tivante. Le style est sobre, correct, élégant. L'auteur ne se laisse jamais
entraîner au delà de ce qui est rigoureusement établi. Toutes ses affir-
mations sont basées sur les documents les plus sérieux. La publication
de ce livre et celle du précédent sur le connétable d'Armagnac justifient
donc pleinement la récompense que votre commission a décernée à
M. Durrieu, en nous donnant la preuve de l'extrême souplesse de son
esprit et de la parfaite connaissance qu'il possède des textes italiens.
« Quatrième médaille. — M. François Delaborde a obtenu la qua-
trième médaille. Dans les deux volumes, imprimés pour la Société de
l'histoire de France, qu'il a envoyés au concours des antiquités natio-
nales, il a, tout comme M. Durrieu, fait preuve d'excellente critique,
bien qu'il ne soit peut-être pas arrivé à des résultats aussi saisissants
et d'un intérêt aussi général.
« M. François Delaborde a soumis à un examen nouveau et approfondi
les compositions en prose et en vers qui nous ont conservé sous sa forme
primitive l'histoire officielle du règne de Philippe-Auguste. Ces compo-
sitions sont au nombre de trois : le récit en prose de Rigord, celui de
Guillaume le Breton et le grand poème de la Philippide du môme chro-
niqueur.
« L'examen minutieux et intelligent des manuscrits a eu pour premier
résultat l'établissement d'un texte plus correct que celui des précédents
éditeurs. Il a de plus suggéré à M. Delaborde des observations très
justes sur les conditions dans lesquelles ont travaillé Rigord et Guil-
laume le Breton, sur les formes successives par lesquelles ont passé
leurs ouvrages, sur le degré de confiance qu'il convient de leur accorder.
La longue notice de cent pages d'un texte serré qui est en tête de la
publication forme deux excellents chapitres d'histoire littéraire, qui
n'avaient pas encore été traités avec l'ampleur et l'exactitude que méri-
tait le sujet. Les détails biographiques fournis sur les deux auteurs sont
fort curieux. Des recherches tout à fait neuves sont présentées sur les
variantes des textes de Guillaume le Breton, et cette question très obs-
cure a été résolue par M. Delaborde autant qu'elle peut l'être actuelle-
ment. Jusqu'ici les différents manuscrits des Annales n'avaient pas été
examinés avec autant de soin. Les éditions modernes étaient toutes plus
ou moins la reproduction de celle de Pithou. M. Delaborde a, le pre-
mier, recherché les manuscrits de Guillaume dispersés en Italie, en
France, en Angleterre et ailleurs. Cette comparaison lui a fourni des
464
observations fort précieuses et lui a permis de classer chronologique-
ment tous ces manuscrits d'une façon qui donne la raison de toutes les
différences, qui résout presque toutes les difficultés et explique l'emploi
du récit de Guillaume le Breton par les auteurs subséquents. Tout ce
travail de critique est aussi ingénieux qu'utile. Le texte, nous le répé-
tons, a été établi avec le plus grand soin; il est fort lisible; de nom-
breuses erreurs de noms des éditions précédentes ont disparu.
« Il n'y a également que des éloges à donner aux notes très nombreuses
et très substantielles qui accompagnent ce texte, et dont la matière a
été empruntée aux documents les plus variés d'origine française ou
étrangère. L'éditeur n'a laissé passer aucune obscurité sans essayer de
l'éclaircir, et presque toujours il y a réussi. Il s'est attaché à identifier,
à peu près sans exception, tous les noms d'hommes et de lieux. Il en
est bien peu qui n'aient pas été étudiés par lui avec toute l'exactitude
indispensable aux textes diplomatiques, exactitude qui nous avait fait
défaut jusqu'ici pour ces historiens. La chronologie, qui, dans les récits
de Rigord et de Guillaume le Breton, est souvent fautive ou incertaine,
a été presque toujours fixée à l'aide de textes habilement interprétés.
« La table des noms et des matières est prolixe, mais elle a été rédigée
avec beaucoup de méthode et est d'un usage commode. En un mot,
M. Delaborde nous a semblé avoir parfaitement rempli la tâche que lui
avait confiée la Société de l'histoire de France. Il nous a donné une
édition définitive des historiens officiels de Philippe-Auguste. C'est une
œuvre considérable qui peut servir de modèle, et votre commission,
cette fois encore, a estimé qu'une bonne édition d'un auteur du moyen
âge constituait un titre suffisant à une des premières récompenses dont
elle disposait.
« Première mention honorable. — M. H. Moranvillé a envoyé au
concours la Biographie de Jean le Mercier, mémoire manuscrit de
200 pages in^», pour lequel il a obtenu la première mention hono-
rable. Cette biographie fort étendue est composée entièrement à l'aide
de documents authentiques, la plupart inédits. Elle nous révèle toutes
les circonstances de la vie d'un homme encore à peu près inconnu,
mais dont le nom est appelé à prendre une grande place dans les
histoires des règnes de Charles V et de Charles VI. Jean le Mercier
fut, en effet, l'un des ministres qui prit la part la plus active aux
réformes administratives et financières de cette époque. Il s'est mêlé
avec un zèle et une activité vraiment admirables à beaucoup d'opéra-
tions fiscales du règne de Charles V en particulier. Le travail de
M. Moranvillé est exécuté avec une diligence accomplie ; il est rempli
de faits ; à peine pourrait-on lui reprocher d'en trop contenir. L'auteur
commence par bien faire connaître l'organisation financière et comptable
de la Normandie; puis, il suit pas à pas Jean le Mercier dans toutes les
opérations auxquelles il a pris part ; il note toutes les quittances, tous
465
les mandats où son nom intervient. Ce travail peut paraître minutieux
et manquer de vues d'ensemble, mais des rccherclies de ce genre sont
cependant tout à fait nécessaires pour éclaircir les parties les moins
connues de l'histoire financière du pays, et celles de M. Moranvillé
forment un chapitre important des événements de la première période
de la guerre de cent ans. Toutes les citations que nous avons pu véri-
fier sont d'une exactitude scrupuleuse, et à ce point de vue la Biographie
de Jean le Mercier mérite toute confiance. Ce mémoire est certainement
comparable, comme rigueur de méthode et comme nouveauté de résul-
tats, aux meilleurs travaux de ce genre.
« Deuxième mention honorable. — La deuxième mention honorable a
été décernée à M. le comte de Charpin-FeugeroUes, ancien député de la
Loire, et à M. C. Guigue, archiviste du département du Rhône, pour les
quatre magnifiques volumes in-'i" qu'ils ont publiés en collaboration : le
Grand Cartulaire de l'abbaye d'Ainay, en 2 volumes, 1885, le Cartulaire
des francs fiefs du Forez, 1882, le Cartulaire du prieuré de Saint- Sauveur-
en-Rue [Forez], 1881. Le Grand Carkilaire de V abbaye d'Ainay, qui, par sa
date, rentrait absolument dans les conditions du concours, a tout spécia-
lement attiré l'attention de votre commission. On connaissait depuis long-
temps un petit et très ancien car'ulaire de cette célèbre abbaye lyonnaise,
conservé à la Bibliothèque nationale et dont le texte a été publié par
M. Auguste Bernard à la suite du cartulaire de Savigny dans la Collec-
tion de documents inédits. Mais on n'avait guère employé deux autres
cartulaires qui en sont la suite et le complément indispensables : l'un,
rédigé en 128G, a été récemment découvert aux archives du Rhône;
l'autre, rédigé en 1341, fait partie du fonds Goste à la bibliothèque de
Lyon. A ces deux cartulaires s'ajoutaient cinquante chartes dont les
originaux sont aux archives du Rhône.
« Telle est la source des 420 chartes environ du xii«, du xiii« et du com-
mencement du xiv" siècle que renferment les deux volumes envoyés au
concours par M. le comte de Charpin-Feugerolles et M. Guigue. C'est
un recueil très intéressant, rempli de renseignements fort curieux, même
en dehors des études de topographie et d'histoire locales. Pour ne citer
qu'un exemple, nous signalerons beaucoup d'actes qui ajoutent quelques
faits nouveaux à la biographie d'un jurisconsulte français du xiir siècle.
Jean de Blanot figure souvent dans les actes de l'abbaye d'Ainay, en
qualité d'official de Lyon.
« On ne saurait donc trop remercier et féliciter M. le comte de Charpin-
Feugerolles, qui a eu l'idée de cette belle publication, qui l'a dirigée et
qui en a supporté tous les frais. Il mérite d'autant mieux nos éloges que
nous lui devons déjà j iusieurs autres volumes d'anciens textes diplo-
matiques, en outre de ceux mentionnés plus haut, et qu'il se prépare à
nous donner un grand cartulaire de l'abbaye de l'Ile-Barbe. Avec une
générosité qui rappelle les habitudes du duc de Luynes, il assure, par
466
de magnifiques publications, la conservation indéfinie des monuments
essentiels de l'histoire de son pays.
« L'exécution même du travail n'a peut-être pas toujours répondu aux
intentions et aux efforts de celui qui le dirigeait. La maladie de son
principal collaborateur, M. Guigue père, nous a privés de l'introduction
et des éclaircissements qu'on était en droit d'attendre d'un archiviste si
actif et si familier avec l'histoire de Lyon, du Lyonnais et des provinces
voisines. D'autre part, la notice que M. Vachez a écrite sur l'abbaye
d'Ainay se réduit à peu près à un catalogue des abbés et à une liste
des possessions du monastère. Mais, malgré ces imperfections, les textes
qui remplissent les deux volumes suffisent amplement pour recom-
mander l'ouvrage ; ils ont été copiés généralement avec beaucoup d'exac-
titude par M. Guigue fils, et les dates sont d'ordinaire convenablement
établies.
« Les tables sont moins satisfaisantes. La table chronologique n'est
guère que la reproduction matérielle des rubriques mises en tête des
actes par les rédacteurs primitifs des cartulaires. Un double reproche
peut aussi être adressé à la table des noms de lieux et de personnes.
D'abord, il n'y a aucune identification des noms de lieux, ce qui est
d'autant plus regrettable que les textes ne sont accompagnés d'aucune
note. Ensuite, on n'a même pas tenté de distinguer les différents indi-
vidus qui ont porté le même nom. Par exemple, les mentions relatives
à Philippe le Bel et Philippe de Valois sont confondues pêle-mêle dans
la table à l'article Philippus Francorum rex.
« Malgré ces défauts, votre commission n'a pas hésité à attribuer à ce
grand travail sa seconde mention honorable. Il lui a semblé impossible
que l'Académie ne donnât pas un témoignage de sympathie à la patrio-
tique entreprise de M. le comte de Gharpin-Feugerolles.
« Troisième mention honorable. — M. Maurice Prou, auquel votre
commission a accordé la troisième mention, est un ancien élève de
l'École des chartes et ancien membre de l'École de Rome, aussi intel-
ligent que laborieux. Il est aujourd'hui attaché au cabinet des médailles
de la Bibliothèque nationale. M. Prou a envoyé au présent concours
une édition du De ordine palatii d'Hincmar avec traduction et anno-
tations. Cette édition de ce texte célèbre a été élaborée en commun
dans la conférence de M. Gabriel Monod à l'École des hautes études,
mais la partie vraiment importante de l'œuvre est bien personnelle
à M. Prou. Trois choses sont à considérer dans ce petit volume :
le texte, les notes, la préface. Pour le texte, on n'a jamais connu
qu'un manuscrit, celui de Spire, dont s'est servi en 1602 le pre-
mier éditeur, le jésuite Jean Buys. Ce manuscrit a depuis disparu et
toutes les éditions postérieures ont en conséquence été la simple repro-
duction de la première. Il n'a pu en être autrement de l'édition actuelle;
467
tout ce que M. Prou a pu modifier, ce sont quelques mots évidemment
défectueux qu'il a corrigés. La traduction avait été faite en partie par
M. Guizot et M. Le Huërou ; elle offrait du reste peu de difficultés. Les
notes, par contre, sont très nombreuses dans cette édition et constituent
la part évidente de la conférence et surtout de M. Prou. Il en est
quelques-unes qui auraient pu disparaître, mais la plupart sont excel-
lentes, essentielles, très précises, très complètes. Il faut signaler parti-
culièrement celles qui concernent toute l'organisation ecclésiastique de
la cour et de l'empire des Carlovingiens , l'organisation judiciaire et
administrative, la tenue des assemblées de printemps et d'automne, la
confection et la promulgation des lois et des capitulaires, les titres et
les fonctions des principaux officiers du palais. On se prend seulement
à regretter que tant de renseignements précieux se trouvent relégués
sous forme de notes à propos des mots apocrisiaire, comle du palais,
capitulaires, par exemple, au lieu d'être présentés dans l'introduction
sous forme doctrinale et méthodique. Nous avons laissé pour la fin de
parler de cette introduction, parce que c'est assurément la portion entiè-
rement personnelle du travail de M. Prou. L'unité de pensée et de style
y est évidente ; c'est un morceau remarquable dans lequel sont sobre-
ment, mais très complètement exposés le caractère et la nature de la
royauté carolingienne, les principes sur lesquels reposait son organisa-
tion, ainsi que les idées d'Hincmar qui n'étaient d'ailleurs que le résumé
des idées de son époque. M. Prou a bien établi le caractère essentielle-
ment religieux, théocratique de la monarchie sous la seconde race et la
forme tout aristocratique du gouvernement. Nui n'a posé avec plus de
netteté qu'Hincmar le principe du droit divin. Le pouvoir du roi émane
de Dieu. Avant tout il faut obtenir la protection divine et pour l'obtenir
il faut se concilier celle de l'Église. Mais cette protection divine ne
s'exerce pas directement et Dieu se contente d'inspirer le choix du
peuple et du clergé, choix que le sacre vient déhnitivement consacrer.
Toutes ces considérations de la préface sont, nous le répétons, rédigées
en termes excellents. »
— Par arrêté du 12 juillet 1886, notre confrère M. Claude-Marie
Guigne a été nommé officier de l'instruction publique.
— Par arrêté en date du même jour, nos confrères MM. Bouchot et
Charles Mortet ont été nommés officiers d'académie.
— Notre confrère M. Paul Meyer a publié, dans le journal le Temps
du 9 mai, la lettre suivante, qu'il nous prie de reproduire :
« 7 mai 1886.
« Monsieur le rédacteur en chef,
« Dans son livre récent la Finance juive, M. Drumont, à qui il plaît de
m'appeler Maijer, affirme que, si en 1883 l'Académie des inscriptions et
belles-lettres m'a proposé pour le prix biennal, c'est parce que j'étais le
468
fils d'un juif allemand; et, après un récit dramatique de ce qui se serait
passé à cette occasion dans le sein de la compagnie, il représente les
académiciens se précipitant hors de la salle « pour avoir l'honneur d'an-
« noncer les premiers au fils de l'Allemand qu'il avait la grande récom-
« pense qui aurait fait la joie de tant de travailleurs français, honnêtes,
a modestes et pauvres. »
« Je vous demande la permission de déclarer ici que tout dans ce récit,
sauf le fait que le prix biennal m'a été décerné, est controuvé. La scène
si brillamment décrite par M. Drumont aurait pu difficilement avoir
lieu, car le jour du vote (13 juillet 1883) j'étais dans le département de
l'Isère, et la cause de mon succès ne doit pas, j'imagine, être cherchée
dans le motif allégué, puisque je suis né à Paris, de parents français et
catholiques.
« Veuillez agréer, monsieur le rédacteur, l'assurance de ma parfaite
considération.
« Paul Meyer. b
CHARTE FRANÇAISE DE JOINVILLE.
M. Sandret veut bien nous communiquer une charte française du sire
de Joinville qu'il a copiée d'après l'original conservé aux archives du
château d'Arlay, dans le Jura. Cette charte, datée du 20 juillet 1268 et
dont le sceau a disparu, paraît se rapporter au règlement de la succes-
sion de Jean de Chalon, beau-père d'Alix de Méranie, comtesse de Bour-
gogne, lequel était mort en 1267. Le sire de Joinville dut être désigné
comme arbitre : il était neveu de Jean de Chalon, et il l'appelle le conte
de Chalon, mon oncle, dans le passage de son livre où il raconte qu'il
alla lui rendre visite aussitôt après son retour de la croisade.
« Nos Jaham, seignor de Joinvile, seneschaut de Champaigne, à
madame la contesse^, por ses emfanz, bailluns nos davantage, outre lor
partage, Montmaioz ^ et les appendises et trois cenz livrées de terre ou
puiz de Salins, en tel manière que nos retenuns que nos puissiuns
eschaingier a nostre volunté Montmaioz contre l'Estoile au partage faire.
Et avec ce lor bailluns nos Chastial Guion ^ et les termes de Chastel
Guion ensi cum li cuens-^ les i mist, et la maisum don puis de Salins,
et retenuns tôt le pooir que nos bavons par la [lettre] de la mise sor les
diz partages, sauf l'avantage que nos havuns fait, lequel nos voluns que
lor soient délivré a remanant. En tesmoing de laquel chose, nos bavons
feit mètre le seel le seneschaut de Champaigne a cest présent escript,
1. Alix de Méranie, comtesse de Bourgogne.
2. Monlmahoux, Jura.
3. Chàtel-Guyon, Jura.
4. Hugues de Chalon, fils de Jean de Chalon, mari d'Ahx de Méranie.
469
c'est a savoir nos Estienes sires d'Oiselet, Richars de Montbeliart et
Symons de Jainvile. Ce fu fait en l'an de grâce M. GG. et LX oit anz,
le vainredi devant la Mazelaine. »
LA NOUVELLE ÉDITION DES REGESTA PONTIFIGUM
ROMANORUM.
Au moment même où le regretté Philippe Jaffé faisait paraître les
Regeslapontificuin Romanorum, la Bibliothèque de l'École des chartes (i" série,
t. III, p. 479) se fit un devoir et un honneur de signaler l'importance
exceptionnelle de cet ouvrage pour toutes les études qui portent sur les
douze premiers siècles de l'ère chrétienne. Elle ne doit pas laisser ache-
ver la seconde édition du même recueil sans féliciter les courageux tra-
vailleurs qui ont marché sur les traces de Jaffé et sans applaudir au
succès de leur entreprise.
La nouvelle édition des Regesta j)ontificurn Romanorum ah condita eccle-
sia ad aimum 1198, dirigée par le docteur Guillaume Wattenbach, a été
confiée à trois érudits dont les travaux jouissent d'une légitime célé-
brité : Ferdinand Kaltenbrunner, Paul Ewald et S. Loewenfeld. Sans
s'écarter du plan primitif, ils ont en réalité rédigé un travail entière-
ment nouveau et qui répond à toutes les exigences de la critique con-
temporaine.
Un chiffre fera toucher du doigt le progrès qu'a fait, dans les trente-
cinq dernières années , la connaissance des lettres des papes. Pour la
période antérieure à 1180, Jaffé avait réuni environ 8,800 pièces ; il y en
a environ 13,700 analysées dans le nouveau recueil. L'augmentation est
donc d'au moins 55 o/o. Une notable partie des accroissements a été
procurée par l'exploration des bibliothèques et des archives de la France,
et c'est par centaines qu'il faut compter les documents importants pour
notre histoire dont la notice est donnée pour la première fois dans le
recueil que nous annonçons.
Les onze livraisons qui ont paru conduisent la série des lettres pon-
tificales jusqu'à l'année 1180. Dans quelques mois nous jouirons de l'ou-
vrage complet, formant deux gros volumes in-4°. Dès maintenant nous
pouvons le recommander comme un recueil dont ne saurait se passer
aucune des bibliothèques consacrées aux études historiques.
Terminons cette simple annonce par une remarque sur la façon
dont doit être citée la nouvelle édition des Regesta pontificum Roma-
norum. Il est de toute équité d'associer intimement au souvenir de Jaffé
le nom des trois collaborateurs qui, tout en respectant l'œuvre de leur
devancier, l'ont si comolètement et si heureusement transformée. Kal-
tenbrunner a refondu la première partie, antérieure à l'année 590;
Ewald, la partie intermédiaire, jusqu'en 882 ; Loewenfeld, la dernière
partie, qui est de beaucoup la plus considérable, puisqu'elle répond à
470
plus des trois quarts de l'ensemble. Quand on renvoie à la nouvelle édi-
tion des Regesta pontiftcum Romanorum, il convient donc de citer Jaffé-
Kaltenbrunner, pour les articles 1-1065, Jaffé-Ewald, pour les
articles 1066-3386, et Jaffé-Loewenfeld, pour les articles 3387 et sui-
vants i. Ce mode de citation est généralement adopté en Allemagne. Il
y aurait avantage à s'y conformer en France. — Je hasarderai encore
une observation sur la manière de citer les Regesta pontificum Romano-
rum. Pour les articles qui jfigurent déjà dans la première édition, il
serait bon de renvoyer à la fois et aux numéros qu'ils portent dans la
nouvelle édition et à ceux sous lesquels ils sont enregistrés dans la pre-
mière, et que MM. Kaltenbrunner, Ewald et Loewenfeld ont toujours
reproduits entre parenthèses à côté des nouveaux numéros.
L. Delisle.
LE NOUVEAU RECUEIL DU CARDINAL PITRA.
Aux recueils d'anecdotes si connus sous les titres de Spicilegium
Solesmense et à'Analecta sacra, Son Éminence le cardinal Pitra vient
d'ajouter un volume d'un caractère très original qu'il a intitulé ina/ecte
novissima, Spicilegii Solesmcnsis altéra continuatio, tomus 1, de epistolis
et registris Romanorum pontificum (Paris, Roger et Chernowitz, 1885;
grand in-S»). Un long article suffirait à peine pour indiquer les princi-
pales matières qui y sont traitées avec autant de verve que d'érudition.
Le temps nous a jusqu'à présent manqué pour le soumettre à la minu-
tieuse analyse dont il est digne à tous égards. Nous nous reprocherions
cependant de différer davantage à l'annoncer dans la Bibliothèque de
l'École des chartes. C'est un gros volume où le très savant et très aimable
bibliothécaire de l'Église romaine a entassé une masse énorme de textes
nouveaux et d'observations judicieuses. Il n'y faut pas chercher une
exposition complète et méthodique de la diplomatique pontificale ; ce
sont plutôt les souvenirs d'une longue carrière, au cours de laquelle les
circonstances les plus favorables ont permis à l'auteur de faire de nom-
breuses trouvailles et de songer à d'ingénieux rapprochements dont per-
sonne avant lui n'avait eu l'idée. Les textes et les commentaires sont
également intéressants et jettent du jour sur une foule de points de
l'histoire civile et ecclésiastique.
Tout en portant un titre latin, le livre est écrit en français; il trahit
à chaque page la plus sympathique sollicitude pour les intérêts histo-
riques de la France. Il sera donc accueilli dans notre pays avec une vive
reconnaissance, et nous profitons d'une aussi bonne occasion pour remer-
1. Si ces formes, qui s'écartent un peu de nos habitudes, ne paraissaient pas
suffisamment claires, on pourrait adopter la locution Jaffé, partie refondue
par Kaltenbrunner, — par Ewald, — par Loewenfeld.
Â7\
cier publiquement Son Éminence le cardinal Pitra de la protection dont
il a toujours entouré nos confrères de l'École de Rome et de la bien-
veillance dont il ne cesse d'honorer leurs personnes et leurs travaux.
L. Delisle.
GOLLEZIONE FIORENTINA DI FAG-SIMILI.
La Bibliothèque de VÉcole des chartes, dans la deuxième livraison de
l'année 1884 (t. XLV, p. 225), a annoncé l'apparition du premier fascicule
de la Collezione fiore?itina di fac-simili paleografici greci e latini. Nous
venons de recevoir à la fois le fascicule II et la première partie du fas-
cicule III de cette publication, qui continue à faire le plus grand hon-
neur aux professeurs Girolamo Vitelli et Gesare Paoli. La collection con-
tient maintenant 30 fac-similés de textes grecs et 30 fac-similés de textes
latins, français ou italiens. Elle intéresse plus particulièrement les études
qui ont pour objet l'antiquité classique et la littérature ou l'histoire de
l'Italie; mais elle rendra de grands services à toutes les personnes qui
cultivent la paléographie et la diplomatique. Il n'y a, en effet, que des
éloges à donner aux éditeurs pour le choix des morceaux, pour la fidé-
lité des reproductions et pour l'exactitude des notices explicatives.
Les planches XIX et XXIV de la série latine nous ont paru devoir
être spécialement signalées à nos lecteurs. La première nous offre une
page d'une très belle Bible latine (n° 1 du fonds de Fiesole à la Lauren-
tienne), qui est française d'origine. L'écriture et les ornements en sont
absolument semblables à l'écriture et aux ornements de la Bible n° 11935
du fonds latin de la Bibliothèque nationale, laquelle est datée de l'an-
née 1327. Notre Bible w 11935 et la Bible de Fiesole sont de magnifiques
exemples de la calligraphie parisienne de la première moitié du xiv^ siècle.
— Sur la planche XXIV, nous avons la copie notariée de deux articles
d'un livre de comptes de l'année 1301 relatifs à des paiements qui
devaient se faire aux foires de Saint- Jean de Troyes et de Lagni-sur-
Marne pour le compte de la compagnie florentine de Ghino, Bâte et
Lapo Davanzi.
Formons des vœux pour le succès de la Collezione ftorentina, dont
chaque fascicule de 24 planches sera désormais divisé en deux parties,
paraissant l'une au mois de décembre, l'autre au mois de juin.
L. Delisle.
ENGORE LES DÉGOUVERTES DE JÉRÔME VIGNIER.
Le R. P. Ingold, de .'Oratoire, a fait paraître dans le Bulletin cri-
tique du 15 septembre 1886, p. 358, l'entrefilet suivant, que nous nous
empressons de reproduire :
472
« M. Julien Havet, s'il a le premier prouvé sans réplique que les
découvertes du P. Vignier sont apocryphes (cf. Bulletin, VI, p. 408), n'a
pas été le premier à les tenir suspectes, comme il le croit, au moins
pour la Vie de sainte Odile. Me trouvant récemment en Alsace et occu-
pant mes loisirs de vacances à faire quelques recherches sur les sources
de l'histoire de sainte Odile, j'ai parcouru un travail fort curieux du
professeur Roth, de l'Université de Bâle, puhlié dans VAlsatia de 1856,
p. 65 et seq. M. Roth soutient nettement que la biographie de sainte
Odile, extraite du prétendu manuscrit du xni^ siècle communiqué à
Vignier par Pistor le Bègue, lui paraît devoir être renvoyée mit Haut
und Haaren au xvn" siècle. La thèse du professeur Roth, qui cherche à
établir que toute la légende de la patronne de l'Alsace repose sur des
documents de la valeur de celui du P. Vignier, a été plusieurs fois soli-
dement réfutée, notamment par M. Levrault (Bulletin de la Société des
monuments historiques de l'Alsace, 1858, p. 147). N'empêche que l'on ne
devra plus s'appuyer désormais sur le fragment de Vignier, et qu'au
moins sur ce point, le critique moderne a raison contre Schœpflin,
Grandidier et tous nos anciens historiens d'Alsace.
« A. I. »
Le travail du professeur K.-L. Roth se trouve dans VAlsatia d'Aug.
Stœber, année 1856-1857, p. 65-118; il avait, paraît-il, été commu-
niqué à la Société archéologique de Bâle dès 1850.
On y lit, à propos de Jérôme Vignier, ces mots (p. 95) : « L'éditeur du
fragment (de la Vie de sainte Odile), Vignier, déjà mal famé pour ses
découvertes, telles que celle du mariage de la Pucelle d'Orléans sept
ans après son procès » {phnehin anrûchig durch seine Funde, z. B. betref-
fend die Verheirathung der Jungfrau von Orléans sieben Jahre nach ihrem
Jnquisitionsprocess) .
Ces mots contiennent contre Vignier une accusation injuste. Sa
mémoire est déjà assez chargée ; prenons garde de lui imputer plus de
méfaits qu'il n'en a commis. Il est vrai qu'il a recueilli et contribué à
répandre un récit fabuleux sur Jeanne d'Arc. Mais il n'a pas inventé
ce récit; il l'a trouvé dans une ancienne chronique de Metz. Il s'agit,
en réalité, d'une fausse Jeanne d'Arc, qui se montra à Metz en 1436 et
y fit des dupes. Voyez le Mercure de France, février-mars 1725, p. 241 et
492, et J. Quicherat, Procès de Jeanne d'Arc, t. V, p. 321.
Julien Havet.
GERMAIN DEMAY
Demay (Jean-Germain) naquit, le 15 janvier 1819, à Aiguillon
(Lot-et-Garonne), où son père, doué d'une adresse de main
extraordinaire et d'une rare aptitude pour les arts mécaniques,
exerçait le métier d'entrepreneur de charpente. Située au con-
fluent du Lot et de la Garonne, pourvue d'un château dont les
seigneurs avaient porté aux âvii" et xviif siècles un titre ducal,
la petite ville d'Aiguillon possédait alors un collège communal, où
le jeune Demay commença ses études classiques, qu'il termina
dans un établissement du même genre, à Miramont d'Ajmet.
Reçu bachelier à seize ans, au mois d'août 1834, il vint à Paris
suivre les cours de la Faculté de médecine. Dès son arrivée dans
la capitale, il fréquenta un petit cercle d'étudiants qu'un instinct
irrésistible poussait vers la culture des arts et des lettres. Intro-
duit dans ce cénacle par son compatriote Chaudesaigues, il y fit
la connaissance de Gustave Planche, qui venait alors de débuter
avec éclat à la Revue des Deux-Mondes et auprès duquel il
remplit pendant quelque temps les fonctions de secrétaire. Le
milieu à la fois artistique et littéraire où il vivait dès lors lui four-
nit l'occasion d'entrer en relations avec Barye, que les expositions
de 1834, de 1835 et de 1836 avaient mis hors de pair entre tous
les maîtres de la sculpture à cette époque. Tel fut l'ascendant
exercé par le grand animalier sur le jeune étudiant d'Aiguillon
que celui-ci, vers 1839, après quatre années d'études un peu
interrompues et entremêlées de quelques excursions dans le
domaine encore nouveau de l'homéopathie, prit le parti de renon-
cer définitivement à la médecine pour s'adonner à la sculpture.
31
474
Il ne tarda pas à devenir l^n des élèves préférés et bientôt l'un
des auxiliaires de Barye, qui l'employa notamment dans la con-
fection de ces précieux dessins anatomiques cotés que l'on conserve
aujourd'hui à l'Ecole des beaux- arts. Des œuvres de Demay
figurèrent aux expositions publiques ou particulières pendant
les années 1844, 1845 et 1846. L'une de ces œuvres, un jaguar,
attira l'attention des connaisseurs et mérita les éloges de la cri-
tique. Ces années furent heureuses de tout point pour le jeune
sculpteur. Un frère cadet, dont il avait dirigé et stimulé les
efforts, se fit alors admettre à l'Ecole polytechnique. Ce frère
cadet, aujourd'hui général d'artillerie, pleure dans la personne
de son aîné Germain un second père.
La Révolution de 1848 vint clore brusquement la carrière
artistique de Demay au moment où elle ne faisait que s'ouvrir. Ne
pouvant vivre de son art ni obtenir aucune sorte de commandes,
le jeune sculpteur dut regagner son lieu natal et rentrer sous
le toit paternel. La réserve un peu fîère de Demay souffrit beau-
coup de cette épreuve, qui contribua sans nul doute à lui faire
prendre en dégoût la noble et ingrate profession qu'il avait
embrassée. Aussi, lorsque, revenu à Paris en 1853, l'élève de
Barye se vit offrir par M. de Chabrier, son compatriote et son
ami, les fonctions de mouleur aux Archives, il s'empressa d'ac-
cepter cette proposition.
La collection des moulages ou empreintes de sceaux, entre-
prise en 1842 par M. Auguste Lallemand sous la haute direc-
tion de MM. Letronne et Natalis de Wailly, s'était enrichie,
dans l'espace de dix ans, de 8,392 empreintes, quelques-unes en
soufre, la plupart en plâtre. Naturellement, on avait reproduit
d'abord les sceaux les mieux conservés, ceux dont le moulage
présentait le moins de difficultés, sans procéder avec une méthode
absolument rigoureuse et sans trop tenir compte, soit du plus ou
moins de rareté des types, soit de l'importance des personnages
représentés. Pour combler une aussi grave lacune, Demay s'atta-
cha avec une sorte de prédilection , dès qu'il fut entré aux Archives,
à reproduire les sceaux altérés, brisés, dont on avait jusqu'alors
ajourné le moulage. La double éducation, scientifique à la Faculté
de médecine, artistique dans l'atelier de Barye, qu'il avait reçue
le mit en mesure de triompher de toutes les difficultés. Un
savant archiviste belge, Alexandre Pinchart, avait eu l'heureuse
475
idée d'imbiber les moules ou matrices de sceaux d'une certaine
préparation d'huile grasse, afin d'en assurer la conservation.
Demay, secondé par son zélé auxiliaire M. Carteaux, introduisit
de tels perlectionnements dans ce procédé que l'opération du mou-
lage, loin d'altérer plus ou moins les originaux comme autrefois,
devint entre ses mains ingénieuses un moyen de les conserver,
tout en tirant de ces originaux un nombre indéfini d'empreintes
en plâtre aussi bien qu'en soufre. La collaboration d'un si
habile artiste ne fut pas d'un médiocre secours au regretté Douët
d'Arcq, qui nous a donné en trois volumes in-4°, de 1863 à 1868,
l'inventaire descriptif des sceaux conservés aux Archives. Le
jeune sculpteur et le vieux savant se lièrent dès lors d'une étroite
amitié qui ne devait pas se démentir un seul jour. Ce fut Demay
qui créa, avec le concours des dessinateurs et des graveurs de
l'Imprimerie Nationale, les sept séries de caractères au moyen
desquelles on reproduisit pour la première fois, avec une fidélité
au moins très approximative, les légendes des sceaux des diverses
époques, depuis le Yf siècle jusqu'à nos jours. Il dressa en outre
une table par pièces héraldiques des monuments sigillographiques
dont se compose la collection des Archives, et ce travail difficile
fut à vrai dire son début dans le domaine de l'érudition propre-
ment dite, où il était entré sous les auspices de l'ami qui fut en
ce nouvel apprentissage son véritable maître, l'excellent Douët
d'Arcq.
Sur ces entrefaites, M. de Laborde, qui avait succédé en 1857
à M. de Chabrier comme directeur général des Archives, entre-
prit de faire mouler tous les sceaux conservés dans les dépôts
des départements. 11 chargea Demay, qui lui « avait donné des
preuves de son talent comme artiste , de sa sagacité comme
archéologue et d'une érudition très solide acquise par dix années
d'études persévérantes S » de l'exécution de cette grande entre-
prise. Il lui prescrivit pour chaque dépôt d'archives : 1° de
rechercher dans tous les fonds les actes scellés ; 2° de faire choix
des sceaux manquant à la collection des Archives ou dont il
rencontrerait des exemplaires mieux conservés que ceux de cette
collection ; 3° de faire l'analyse du document auquel chaque
1. Collection de sceaux des Archives de l'Empire. Paris, 1863, in-4% I, pré-
face, p. 46.
476
sceau serait attaché; 4° de constater sur une fiche l'état de
ce sceau et ensuite d'en prendre le moule en ayant soin d'attri-
buer un numéro courant au moule et de répéter ce numéro sur
la fiche jointe au document, de teUe sorte qu'on pût connaître
dans quel état se trouvait le sceau lorsqu'on l'avait moulé et le
numéro sous lequel son moule figurerait dans la grande collec-
tion des Archives générales où l'on en délivrerait, moyennant
une très modique rétribution, des épreuves à tous ceux qui les
demanderaient. Demay se mit aussitôt en campagne et, de 1861
à 1868, explora à fond, au point de vue sigiUographique, tous les
départements correspondant aux anciennes provinces de Picar-
die, d'Artois, de Flandre et de Normandie. Au cours de cette
exploration, le zélé sigillographe recueillit plus de quinze mille
moules, qui ont singulièrement accru l'importance numérique en
même temps que l'intérêt historique et la valeur artistique de la
collection des Archives. Le départ de M. de Laborde, remplacé le
2 mai 1868 dans les fonctions de directeur général par M. Alfred
Maury, et surtout les cruels événements de 1870-1871 vinrent
interrompre une entreprise si heureusement commencée. Demay
se mit alors en devoir de publier des inventaires descriptifs de
tous les sceaux qu'il avait moulés. En 1873, il fit paraître en deux
volumes in-é" l'inventaire des sceaux de la Flandre où l'on trouve
la description de 1,689 monuments sigillographiques extraits soit
des archives du département du Nord, soit des archives commu-
nales et hospitalières de Lille, de Douai et de Valenciennes, soit
enfin d'une dizaine de collections particulières. Dans la courte et
substantielle préface qu'il mit en tête de cette publication, l'au-
teur s'attacha et réussit à en montrer l'importance, non seulement
pour la généalogie des familles nobles ou roturières, mais encore
pour l'histoire générale de la Flandre et la connaissance appro-
fondie des institutions et des mœurs de cette province. « L'im-
portance qu'ont les gens du commun dans les villes marchandes
des Flandres, faisait remarquer judicieusement Demaj-, devient
palpable quand vous comptez les soixante-huit sceaux appendus
à l'acte de soumission des habitants de Grammont qui avaient en
1380 suivi le parti des Gantois. Le sceau collectif de la commune
n'avait pas été jugé une garantie suffisante, et la marque de ces
communiers inspirait plus de confiance. Une autre fois, en 1407,
ce sont les cinquante-quatre métiers de Bruges qui scellent une
477
offre au comte de Flandre du septième des revenus de la ville*. »
A côté de ces sceaux, où les institutions, les mœurs flamandes
ont en quelque sorte marqué leur empreinte, il en est d'autres qui
offrent un intérêt plus étroitement technique, mais non moins réel.
Par exemple, le moulin à vent figuré sur le sceau des meuniers
de Bruges, le compas et la doloire des tonneliers ou cuveliers, la
table à tréteaux, le couteau à découper des poissonniers, l'arçon
ou archet à battre la laine des foulons de la même ville, le har-
pon des baleiniers de Biarritz, toutes ces représentations sigillo-
graphiques et une foule d'autres qu'il serait trop long d'indiquer
se recommandent d'elles-mêmes à l'attention des historiens de
l'industrie, du mobilier, du costume et même du commerce et de
la navigation au moyen âge. Quelques-uns de ces sceaux sont en
outre, au point de vue purement artistique, de véritables chefs-
d'œuvre. On peut citer notamment le magnifique sceau équestre
de Charles le Téméraire, au sujet duquel Demay a écrit, avec un
accent et un coloris dont il n'est pas coutumier, « qu'en contem-
plant sur ce sceau la sombre figure du Téméraire, on retrouve
bien là le guerrier farouche dont les loups disputeront le cadavre
aux marais glacés de Nancy-. » Une publication de cette impor-
tance ne pouvait manquer d'être favorablement accueillie. Douet
d'Arcq en fit un compte-rendu aussi développé que flatteur ^ et
l'Académie des inscriptions et belles-lettres décerna à l'Inven-
taire des sceaux de la Flandre, l'année même où cet ouvrage
avait paru, la première médaille du concours des antiquités
nationales.
U Inventaire des sceaux de V Artois et de la Picardie, qui
parut en 1877 et qui forme un fort volume in-4" de plus de six
cents pages, contient la description de 4,475 sceaux, 2,942 pour
l'Artois, 1,533 pour la Picardie, dont les originaux sont conser-
vés, d'abord dans les archives départementales du Pas-de-Calais,
de la Somme, de l'Aisne et de l'Oise, ensuite dans les archives
communales et hospitalières d'Arras, de Saint-Omer, d'Amiens,
de Laon, de Chauny et de Beauvais, enfin dans une vingtaine de
collections particulières de ces quatre départements. On remarque
1. Inventaire des sceaux de la Flandre, 1. préface, p. 11.
2. Ibid.
3. Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, XXXIV, 98-110.
478
surtout dans ce volume une suite très riche de sceaux des comtes
d'Artois et des officiers de l'hôtel de ces grands feudataires, ainsi
qu'une série fort curieuse de monuments sigiUographiques éma-
nant de gens des métiers où les attributs de chaque métier ont
été gravés avec une délicatesse remarquable. Comme beau-
coup de sceaux de l'Artois et de la Picardie reproduisent des
intailles antiques, Demay a fait précéder l'inventaire de ces sceaux
d'une étude sur les pierres gravées employées dans les sceaux du
moyen âge, où il donne, avec cette sobriété précise qui était
comme la marque distinctive de son talent, un résumé lumineux
de l'état de la science sur une question tout à fait neuve et non
moins intéressante pour la glyptique que pour la sigillographie.
L'Académie des inscriptions et belles-lettres estima que ce nou-
veau travail méritait la même récompense dont elle avait déjà
honoré Y Inventaire des sceaux de la Flandre; et, au con-
cours de 1877 comme à celui de 1873, l'heureux Demay fut jugé
digne de remporter la première médaille des Antiquités natio-
nales. « Les deux ouvrages, disait avec raison le rapporteur du
concoui's, notre éminent confrère M. E. de Rozière, ont été conçus
sur le même plan et exécutés avec le même soin. Dans l'un comme
dans l'autre, on trouve, à côté des monuments sigiUographiques
qui appartiennent en propre à la Flandre, à l'Artois et à la Picar-
die, la description des sceaux de toute origine que les relations
extérieures ont fait entrer dans les archives de ces provinces.
Dans l'un comme dans l'autre, la nature, la date et la provenance
de la pièce à laquelle le sceau est attaché sont indiquées avec une
précision qui permet de contrôler la lecture des légendes et sou-
vent même en facilite le déchiffrement. Dans l'un comme dans
l'autre, enfin, il existe à la fois des tableaux systématiques qui
reproduisent l'ensemble des subdivisions adoptées par l'auteur, et
des tables alphabétiques au moyen desquelles on retrouve aisé-
ment chacun des monuments qu'il a décrits ^ »
Les missions sigiUographiques accomplies par Demay en
Flandre, en Artois et en Picardie, c'est-à-dire dans la seule
région de l'Europe occidentale qui réussit, au moyen âge, à dis-
puter aux villes de l'Italie du Nord le sceptre de la grande fabri-
cation industrielle, l'avaient mis en mesure d'étudier le premier
1. Bibliothèque de l'École des Chartes, XXXIX, 130 et 131.
479
sur une large échelle toute une série de sceaux dont on s'était peu
occupé jusqu'alors, les sceaux des métiers et des artisans des cor-
porations urbaines. Une mission du même genre dont il fut chargé
en Normandie lui permit d'enrichir sa science de prédilection
d'une suite de sceaux encore plus neuve que la précédente, les
sceaux de ces hommes francs, de ces paysans libres que l'on dési-
gnait d'ordinaire, dans le plantureux pays qui s'étend des rives
de la Seine à celles du Couesnon, sous la dénomination de vavas-
seurs. Dans le cours de ces études si spéciales, Demay fut amené
à faire une remarque qui mérite d'attirer l'attention de l'obser-
vateur, c'est que les Normands du moyen âge, cette race la plus
fièrement aristocratique peut-être que le monde ait vue, « ne
paraissent avoir attaché aux titres de noblesse qu'une importance
tout à fait secondaire. On rencontre fréquemment des actes où
des chevaliers reconnus ne prennent aucune qualification, et l'on
trouve des types offrant le mot tniles à la légende et dont l'ima-
gerie convient plutôt au sceau d'un simple paysan. D'ordinaire, le
chef de la famille porte seul des armoiries*. » \J Inventaire des
sceaux de la Normandie, dont les éléments avaient été ras-
semblés dès 1868, ne parut qu'au commencement de 1881 en un
volume in-4° de quatre cents pages. Outre les archives départe-
mentales, communales et hospitalières des cinq départements de
la Seine-Inférieure, du Calvados, de l'Eure, de la Manche et de
l'Orne, l'auteur avait compris dans son dépouillement la biblio-
thèque et le musée d'antiquités de Rouen, le musée des anti-
quaires de Normandie , la collection de l'évêché d'Evreux ,
l'hospice de Vernon, le musée de Saint-Lô et une dizaine de
collections particulières. Ce qui donne un prix particulier à cette
belle publication, où l'on trouve la description de 3,187 types,
dont 1 ,026 ou un tiers environ sont des sceaux de vavasseurs ou
de paysans libres, c'est une introduction de quarante pages, con-
sacrée à ce qu'on peut appeler la paléographie sigillographique,
en d'autres termes au déchiffrement des légendes inscrites sur les
sceaux. Demay y trace avec autant de clarté que d'autorité les
règles qui doivent présider à ce déchiffrement et donne une liste
alphabétique, en caractères archaïques, delà plupart des abrévia-
tions qui figurent dans les légendes des sceaux suivie de la lec-
1. Inventaire des sceaux de la Normandie, introduction, p. 11.
480
ture de ces abréviations. On indiquera d'un mot la haute valeur de
cette introduction, si l'on ajoute que le travail du patient sigillo-
graphe doit être considéré désormais comme le complément à peu
près indispensable des chapitres si nouveaux, lorsqu'ils furent
rédigés, où le savant et vénéré M. Natalis de Wailly a traité le
même sujet dans ses Éléments de paléographie.
D'ailleurs, il ne faudrait pas croire que les missions sigillogra-
phiques, entreprises de 1861 à 1868 dans quelques-unes de nos
anciennes provinces à l'instigation de M. de Laborde, n'ont eu
d'autre résultat utile que les précieux inventaires dont nous
venons de parler. Aie bien prendre, l'auteur de ces inventaires,
en initiant les archivistes, les collectionneurs du nord et de l'ouest
de la France à l'étude méthodique des sceaux ainsi qu'aux pro-
cédés les plus perfectionnés du moulage de ces petits monuments,
n'a guère moins servi la science que par ses publications per-
sonnelles.
Des œuvres d'aussi longue haleine n'empêchaient pas Demay de
publier, dans les recueils des sociétés savantes dont il faisait partie
ou dans des revues spéciales, des mémoires plus ou moins étendus
sur divers points de la sigillographie. C'est ainsi qu'il fit paraître
en 1877 dans la i?evMe archéologique une étude singulièrement
neuve et originale sur le type naval* d'après les sceaux. Elu
le 2 avril 1873 membre résidant de la Société des antiquaires de
France, il publia en 1876 dans le tome XXXVI des Mémoires
de cette compagnie savante le seul peut-être de ses travaux qui
ne se rapporte pas à la sigillographie, sous le titre suivant :
De la peinture à V huile en France au commencement du
XI V° siècle '. Il y donna le texte d'un marché passé en 1320
entre Mahaut d'Artois et un peintre parisien nommé Pierre de
Bruxelles; c'est aux archives du Pas-de-Calais qu'il avait
découvert ce document, où on lit ces mots : « Et seront toutes
ces choses faites à huille et des plus fines couleurs que l'en
pourra. » Il signala en outre plusieurs articles de compte extraits
de divers registres conservés aux Archives Nationales, où l'on
trouve des mentions de peintures à l'huile exécutées dans le nord
de la France entre 1299 et 1344. L'année suivante, il enrichit le
t. Tirage à part de 7 pages in-S". Paris, librairie Didier.
2. Dissertation tirée à part et formant 11 pages.
484
tome XXXVII de la même collection d'un mémoire beaucoup
plus étendu que le précédent, intitulé : Le Blason d'après les
sceaux du moyen àge^. Les principales conclusions de cette
étude sont que les premiers blasons ont fait leur apparition dans
le dernier tiers du xii° siècle, se produisant sur l'écu, tantôt
brusquement, tantôt après s'être déjà montrés en germe dans le
champ du sceau, que la fleur de lys en particulier n'a pris un
caractère héraldique que sous Philippe- Auguste, que les cimiers
apparaissent seulement à la fin du xiif siècle, les supports vers
le milieu du xiv«, enfin que les armoiries se sont posées sur l'écu
avant d'envahir le harnais du cavalier et le harnachement du
cheval.
Au commencement de 1875, Demay était devenu l'un des plus
actifs collaborateurs de la Gazette des beaux-arts. Il fit paraître
alors dans cette revue six articles ^ consacrés à l'examen appro-
fondi de la collection sigillographique des Archives Nationales. La
réunion de ces six articles ne constitue rien de moins qu'une his-
toire du costume des diverses classes de la société au moyen âge,
d'après les sceaux. Pour que cette histoire fût complète, il n'y
manquait qu'un chapitre concernant le costume sacerdotal. Ce
chapitre parut dans la livraison de décembre 1877 de la Gazette
des beaux-arts^. Le beau volume illustré que Demay publia
en 1880 à la librairie Dumouhn, sous ce titre : Le Costume
au moyen âge d'après les sceaux*, n'est guère, en réalité,
sauf quelques additions et certaines modifications de détail néces-
sitées par ce mode nouveau de publication, qu'une simple réim-
pression des articles mentionnés ci-dessus. Cette réimpression,
dont un imprimeur habile avait su faire un chef-d'œuvre typo-
graphique, fournit à l'Académie des inscriptions et belles-lettres
une occasion de décerner à l'auteur la plus haute récompense
de ses concours, le premier prix Gobert. Le jugement porté sur
l'ouvrage de Demay par cette compagnie savante fut résumé en
ces termes par son président annuel, M. Edmond Le Blant :
1. Tirage à part. Paris, 1877, in-S», 52 pages.
2. Gazette des beaux-arts, 2' période, VIII, 337 el 541 ; IX, 242; XII, 231 ;
XIII, 730; XIV, 307.
3. Ce dernier article seii a été tiré à part dans le format in-8°. Paris, iinpr.
Claye, 1877, 23 images.
4. Paris, libr. de D. Dumoulin et C'% 1880, gr. in-8" de 496 pages.
482
« M. Demay a su montrer comment, en comparant entre eux les
monuments sigillographiques, en détachant par des dessins fermes
et bien compris les détails qu'on veut faire connaître, on pouvait
jeter une vive lumière sur de nombreuses questions d'archéologie.
Assurément, Y Histoire du costume de M. Quicherat est moins
circonscrite et par là même plus intéressante ; il en est de même
des articles que M. Viollet-le-Duc a écrits sur les armes; mais
les jalons posés par M. Demay rectifient beaucoup de détails et
précisent avec une rigueur inconnue jusqu'à présent l'époque et le
pays où commencèrent à se produire les changements dans le cos-
tume et dans l'armure. L'ouvrage que nous couronnons est le
fruit de toute une vie de travail et montre quelles ressources un
esprit sagace, secondé par un crayon intelligent, peut tirer d'une
classe de monuments qui couraient risque de disparaître si
M. Demay n'avait entrepris de les mouler, de les décrire et,
dans un livre devenu presque populaire, d'en faire ressortir l'in-
térêt*. »
Toutefois, l'auteur de ce beau livre, entraîné parle titre même
de sa publication , avait peut-être un peu oublié que les types des
sceaux, s'immobilisant jusqu'à un certain point et se transmettant
parfois sans grand changement de génération en génération
comme ceux des monnaies, n'ont pu toujours suivre, du moins
en matière aussi changeante que certains détails de la toilette,
par exemple, les brusques variations de la mode. D'où il faut
conclure que les données de la sigillographie, si précieuses qu'elles
soient, ont besoin d'être contrôlées, complétées, précisées ou même
rectifiées par l'étude des textes pour fournir une base suffisam-
ment solide aux historiens du costume. C'est ce contrôle qui fait
parfois défaut dans l'ouvrage de Demay et qui ne permet d'ad-
mettre qu'avec réserve quelques-unes de ses assertions.
La Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, fondée
en 1874, s'était empressée de faire entrer l'auteur de tant de
publications considérables, d'abord dans son conseil d'administra-
tion, puis, en 1881, dans son comité de publication, en rempla-
cement de l'illustre archéologue Adrien de Longpérier. Les col-
lègues du laborieux archiviste ne pouvaient mieux témoigner que
1. Comptes -rendus des séances de V Académie des inscriptions et belles-
lettres, année 1880, 4-^ série, tome VIII. Paris, 1881, p. 372.
483
par ce dernier choix en quelle estime ils tenaient ses travaux. De
1874 à 1883, Demay fit quatre communications, — en 1881, une
première communication relative à un épisode de la vie d'un étu-
diant au XVII® siècle*, — en 1882, une seconde communication
concernant des matrices de sceaux du xiii® siècle trouvés dans la
Seine par M. Vacquer-. Dans le cours de l'année suivante, il mit
au jour et commenta le texte d'un marché passé en 1408 pour
l'exécution d'un lutrin en forme d'aigle destiné à l'église Saint-
Martin-des-Champs^, ainsi qu'une série de pièces relatives aux
cloches de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés en 1771 ■* et enfin
un texte du 26 février 1396 (n. st.) décrivant l'écrin où l'on
renfermait le grand sceau de Louis, duc d'Orléans, frère de
Charles VP.
Les dix dernières années de la vie de Demay ont été absorbées
par un grand travail que seul peut-être en Europe il était capable
d'entreprendre et de mener à bonne fin, l'inventaire descriptif des
sceaux de la collection formée à la fin du xvif siècle, ainsi que
pendant la première moitié du siècle suivant, par Pierre Clairam-
bault et conservée aujourd'hui à la Bibliotlièque Nationale. Cette
collection se compose d'environ dix mille types et par conséquent
de dix mille pièces originales, car il importe de faire remarquer à
l'honneur de Clairambault que ce généalogiste avait eu l'heureuse
inspiration de ne point séparer les sceaux des documents auxquels
ils étaient attachés. Le travail entrepris par notre regretté col-
lègue, à l'instigation de MM. Delisle et Maury, consista, non seu-
lement à faire mouler ces dix mille sceaux, afin d'en assurer la
conservation, mais encore à relever sur fiches et à ranger par
ordre alphabétique les noms des personnages de qui émanent les
sceaux, à faire suivre chaque nom des titres et qualités mention-
nés dans l'acte ainsi que de la description précise et rigoureuse-
ment technique du sceau, à indiquer aussi brièvement que pos-
sible la nature et le contenu de la pièce scellée et aussi l'année, le
mois, le jour, le lieu, du moins toutes les fois que cela est possible,
où cette pièce a été délivrée, enfin à joindre à chaque article un
1. Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l Ile-de-France, VIII, 55.
2. Ibid., IX, 109.
3. Jbid., X, 39.
4. Ibid., X, 145.
5. Ibid., X, 154.
484
renvoi au volume et à la page de la collection Clairambault où se
trouve le document dont le sceau est décrit. Au commencement
de 1882, l'inventaire des sceaux de la collection Clairambault était
assez avancé pour que Demay fût en mesure d'en solliciter l'im-
pression dans la collection des documents inédits. La section
d'histoire, d'archéologie et de philologie du Comité des travaux
historiques renvoya la demande de l'infatigable sigillographe
à l'examen d'une commission composée de MM. Chabouillet,
Robert de Lasteyrie et de celui qui écrit ces lignes, et les membres
de cette commission furent unanimes à donner un avis favorable*.
L'auteur était si complètement prêt que le premier volume de
sa pubhcation, contenant la description de 6,619 sceaux, put
paraître dès les premiers mois de 1885. Quant au second volume,
qui renferme, outre des notices sur plus de trois mille sceaux (6620
à 9709), trois cent trente-sept pages de tables, Demay, comme s'il
avait pressenti sa fin prochaine, en poussa l'impression avec une
telle ardeur qu'il a pu être informé que l'Imprimerie Nationale, dont
le personnel lui avait toujours prêté un si dévoué concours, avait
tiré la couverture et les errata de son livre quelques heures seule-
ment avant de rendre le dernier soupir. Travailleur consciencieux
et acharné, il ne s'est pas vu du moins refuser cette suprême joie
qu'il avait si bien méritée. Il faut être un érudit de profession pour
apprécier à leur juste valeur l'exposé chronologique sommaire,
le tableau sj'stématique et la table héraldique qui terminent le
second volume de Y Inventaire des sceaux de la collection
Clairambault. Cette dernière table surtout, qui remplit plus de
cent cinquante pages à trois colonnes, vient s'ajouter heureusement
à celle que l'auteur avait déjà faite vingt ans auparavant pour
la collection sigillographique des Archives Nationales, et la réu-
nion de deux catalogues d'une richesse aussi variée forme sans
contredit l'appoint le plus considérable que l'on ait apporté de
notre temps à cette science du blason, aujourd'hui trop délaissée,
dont les progrès n'intéressent pas seulement les généalogistes
proprement dits, mais aussi dans une certaine mesure les archéo-
logues voués à l'étude du moyen âge. L'exposé chronologique, si
sommaire, si incomplet, si peu méthodique qu'il soit à cause de
1. Bulletin du Comité des travaux historiques, section d'bistoire, d'archéo-
logie et de philologie, année 1882, n" 1, pp. 50 à 55.
485
la distribution des matières par provinces adoptée pour tout ce
qui touche aux opérations militaires, n'en permettra pas moins
aux érudits de se faire quelque idée des ressources nouvelles que
peut offrir, surtout pour l'histoire des xiv% xv et xvi'' siècles, la
précieuse collection de titres scellés rassemblée par les soins de
Pierre Clairambault.
Au mois de mars 1883, lorsqu'un remaniement nouveau du
Comité des travaux historiques et scientifiques établi près le
ministère de l'instruction publique amena le rétablissement d'une
section distincte d'archéologie, Demay fut appelé à faire partie de
cette section, et à partir de ce moment toutes les communications
des correspondants du ministère relatives à la sigillographie furent
renvoyées à son examen. Dans la séance du 15 mai qui suivit sa
nomination, il donna lecture d'une notice* sur quarante-sept ma-
trices de sceaux appartenant à M. Rousset, à Uzès. Le 11 juin sui-
vant, il fit un rapport" sur une communication de M . Jules Gauthier,
archiviste du Doubs, relative à un inventaire des armures de Jean
de Ghalon, comte d'Auxerre et de Tonnerre, dressé en 1333. Le
19 novembre, il rendit compte d'un intéressant travail de M. Phi-
lippe de Bosredon sur la Sigillographie du Bas-Limousin-^.
Le 10 décembre, il signala à l'attention des arcliéologues trois
inventaires des reliquaires, joyaux et ornements de l'église Saint-
Jacques de Montauban en 1542, copiés dans un des registres des
archives de cette ville par M. le chanoine Pottier''. Dans le cours
de l'année 1884, la contribution de 1 eminent sigillographe aux
travaux de la section d'archéologie consista en cinq rapports, le
premier sur trois sceaux ecclésiastiques communiqués par M. Bar-
bier de Montault^ le second sur des empreintes de sceaux du
xviif siècle adressées au Comité par le même savant*^, le troisième
sur un compte de 1550 découvert par M. Jules Finot, archiviste
du département du Nord, concernant les sommes dépensées pour
le transport de Nanc}' à Luxembourg des restes mortels de Charles
1. Bulletin de la section d'archéologie du Comité des travaux historiques et
scientifiques, annôe 1883, n" 1, pp. 68, 69 à 73.
2. Ibid., pp. 84 et 85.
3. Ibid., p. 141.
4. Ibid., p. 194. .
5. Ibid., année 1884, pp. 15, 57 à 59.
6. Ibid., p. 119.
486
le Téméraire*, le quatrième sur une dissertation de M. Boucletde
Préville ^ consacrée aux ordres de chevalerie, le cinquième enfin
sur un compte de l'équipement d'un chevalier de Saint-Jean-de-
Jérusalem en 1457, trouvé par M. le docteur Barthélémy dans les
archives d'un notaire de Marseille^.
Les membres de la section d'archéologie donnèrent à Demay des
témoignages de haute estime en le nommant, dans la séance du
20 avril 1885, membre de la commission chargée de préparer le
programme du Congrès delà Sorbonne pour 1886^ et, dans la
séance du 14 décembre suivant, l'un des trois membres de la
commission de publication du Bulletin^. La compétence de notre
laborieux collègue était appréciée de plus en plus par ses con-
frères auxquels il lut, dans le courant de cette même année 1885,
trois rapports importants à des titres divers, l'un sur l'entier
achèvement en 1532 de la célèbre église de Saint-Maximin en
Provence'', l'autre sur l'inventaire après décès des biens d'un
orfèvre de Draguignan en 1498', le troisième sur des sceaux de
Humbert I", dauphin de Viennois, et de Jean, son fils et son suc-
cesseur, communiqués par M. Roman ^. C'est sur un rapport^ de
Demay, lu dans la séance du 18 janvier 1886, que l'on a inséré
dans le dernier numéro paru du Bulletin archéologique^^ le
curieux inventaire des reliques, joyaux et ornements appartenant
en 1557 à l'éghse collégiale de Saint-Omer, communiqué par
M. Deschamps de Pas.
Demay était si bien reconnu comme le grand maître et l'arbitre
souverain de la sigillographie que les éditeurs et les auteurs
s'empressaient à l'envi de solliciter son concours pour toutes les
entreprises de librairie où l'étude et la reproduction des sceaux
occupaient une certaine place. Aussi, l'avons-nous vu pendant
1. Bulletin de la section d'archéologie du C omité des travaux historiques et
scientifiques, année 1884, pp. 273, 274.
2. Ibid., p. 453.
3. Ibid., pp. 453, 465 et 466.
4. Ibid., année 1885, p. 218.
5. Ibid., p. 528.
6. Ibid., p. 256.
7. Ibid., p. 479.
8. Ibid., pp. 526, 527.
9. Ibid., année 1886, pp. 2 et 3.
10. Ibid., pp. 78 à 98.
487
les quinze dernières années de sa vie prêter généreusement sa
collaboration à quelques-unes des plus importantes publications
illustrées de ce temps, au Joinville de M. de Wailly en 1874,
au Charlemagne de M. Vétault en 1877, au Saint Louis de
M. Wallon en 1879.
Comme la plupart des grands travailleurs, Demay aurait dédai-
gné de recourir à l'intrigue pour obtenir les récompenses, hono-
rifiques ou autres, que méritait son immense et obstiné labeur. Dès
1867, à la suite de ces missions en Picardie, en Flandre, en Artois
et en Normandie, d'où il avait rapporté une si abondante moisson
sigillographique, il se vit décerner, sans avoir eu besoin de la
solliciter, sur la proposition de M. le marquis de Laborde, direc-
teur général des Archives, la croix de la Légion d'honneur.
Promu sous-chef de la section liistorique le l*^"" janvier 1878, il
remplaça, quatre ans plus tard, comme chef de cette section, le
savant si laborieux et si serviable qui, non content de lui avoir
enseigné la paléographie et de l'avoir initié aux mystères du bla-
son, lui avait tendu sa main loyale pour l'élever graduellement
de la situation de simple moulear au rang d'archiviste, le cheva-
leresque Douët d'Arcq. Du l'"" février 1882 au 4 octobre 1886,
date de sa mort, Germain Demay a dignement occupé ce fauteuil
de la section historique où se sont assis des hommes tels que Jules
Michelet, Natahs de Wailly, A. de Beauchesne et L. Douët d'Arcq.
Inférieur par le talent ou la science à quelques-uns de ses prédé-
cesseurs, il l'emporte certainement sur plusieurs d'entre eux et
peut soutenir la comparaison avec tous au point de vue du travail
et de la conscience professionnelle. Pour ne citer que l'un des
résultats, le plus important, il est vrai, de son passage dans le
grand établissement auquel il vient d'être enlevé, le musée sigil-
lographique qu'il avait trouvé au moment de son entrée aux
Archives pourvu de moins de dix mille empreintes, il le laisse
riche d'environ cinquante mille moulages. Plus éloqueraraent que
toutes les paroles, ces chiffres disent l'étendue, l'importance des
services rendus par notre si regretté collègue au dépôt dont il a
travaillé pendant trente-trois ans, et avec tant de succès, à
accroître les richesses. Mais ce que des chiffres ne sauraient dire,
c'est la sincérité des regrets que la perte d'un tel collaborateur
inspire, non seulement à une éhte d'amis intimes, mais encore à
tout le personnel des Archives qui savait apprécier dans l'éminent
sigillographe une droiture de caractère, une distinction de
manières, une finesse d'esprit, une pureté de goût égales à
l'amour du travail et à la conscience professionnelle. Marié deux
fois et devenu veuf de nouveau au commencement de cette année,
Demay n'a pas eu la force de résister à ce dernier coup. Il s'est
éteint à Paris le 4 octobre dernier après de longues souffrances
et repose avec les siens dans le cimetière de la petite ville d'Ai-
guillon, qui l'avait vu naître et où il aurait voulu mourir.
Siméon Luge.
=>*-=
RELATIONS
DE
CHARLES VI AVEC L'ALLEMAGNE
EN 1^00.
La questioTi des rapports de la France avec l'Empire à la fin
du xW s. est assez difficile à étudier en raison de la rareté des
documents. Cette pauvreté est particulièrement regrettable : car
le rôle considérable joué en Allemagne parles Valois, à plusieurs
reprises, mérite de frapper d'autant plus l'attention que les pré-
tentions des empereurs paraissaient peu compatibles avec leur
propre faiblesse et la puissance des rois de France.
Lorsque Charles V reçut à Paris, en 1378, l'empereur
Charles IV avec Wenceslas son fils, il sut, tout en lui prodiguant
les témoignages de l'iiospitalité la plus généreuse, lui faire com-
prendre qu'il entendait le traiter sur un pied d'égalité absolue.
Cette fois la prétendue suprématie de l'empereur sur les autres
souverains reçut une grave atteinte. Sous le règne de Charles VI,
des circonstances imprévues ajoutèrent encore à cet échec : le roi
des Romains Wenceslas fut réduit à implorer l'appui du roi de
France; il ne dut, il est vrai, qu'à son impéritie d'en être arrivé
à ce degré d'affaiblissement.
Quant aux petits potentats allemands, ils avaient pu voir le
déploiement de la puissance de Charles VI lors de l'expédition de
1388 contre le duc de Clèves et Juliers; on sait, en effet, que ce
prince avait vu ravager ses Etats jusqu'au delà de Kœrrenzich
par le roi, à la tête de près de 100,000 hommes, et avait été con-
traint d'implorer le rc:!tablissement d'une paix témérairement
rompue. Il est certain que, grâce au soin que prit le duc de Bour-
gogne de ménager les terres dont il devait un jour hériter et de
faire passer l'armée par les forêts des Ardennes au prix de fatigues
32
490
excessives, le résultat fut médiocre, surtout si on jette les yeux
sur le traité conclu avec le duc de Gueldre et qui termina la cam-
pagne. Malgré tout , il semble que le respect et la crainte que
devait inspirer aux Allemands le voisinage d'un prince en état
de jeter chez eux une armée pareille ne furent pas étrangers à la
déférence que l'on témoigna depuis à Charles VI.
Après la mort de l'empereur Charles IV qui s'éteignit à son
retour de France, les électeurs choisirent, suivant les prévisions
de tous, son fils Wenceslas. Celui-ci, qui ne ceignit pas à Rome
la couronne impériale, témoignant par là de bien peu de pré-
voyance, continua à entretenir pendant peu de temps avec
Charles V et surtout avec Charles VI d'étroites relations, comp-
tant bien s'appuyer sur la France, en cas de mécontentement de
la part des princes allemands. Il est juste d'ajouter qu'il fit tout
pour provoquer contre sa personne une vive hostilité.
M. Th. Lindner* a montré de quelle inconcevable apathie Wen-
ceslas faisait preuve en face des symptômes les plus menaçants
pour sa couronne. Il résidait continuellement dans son royaume
de Bohême et ne pouvait se décider à venir en Allemagne où les
électeurs et les villes réclamaient impérieusement sa présence.
Telle était la situation, quand divers princes et parmi eux les
archevêques de Trêves, de Mayence et de Cologne, et Robert de
Bavière, comte palatin du Rhin 2, prirent l'initiative de plusieurs
assemblées où serait convoqué le roi des Romains ; ils savaient
d'avance que celui-ci ne pourrait se décider à quitter la Bohême.
Leur calcul se trouva juste et ils purent faire constater par tous
à quel point Wenceslas poussait l'insouciance à l'égard des inté-
rêts de l'Empire. Cette démonstration faite, ils attaquèrent avec
d'autant plus de sécurité la question principale objet de leur
accord, c'est-à-dire la déposition du roi des Romains, que celui-
ci paraissait de plus en plus incapable de secouer son incroyable
torpeur.
En même temps qu'ils sondaient les villes sur le point de savoir
1. Geschichte des Deutschen Reiches unter Kœnig Wenzel. — Braunschweig,
1880, t. II.
2. Le duc Robert était parent du duc de Bourgogne par la maison de Hai-
nault. Le duc de Bourgogne, que sa haine pour son neveu d'Orléans rapprochait
d'Isabeau de Bavière, se trouva naturellement porté à soutenir les prétentions du
duc Robert à l'Empire. Mais, malgré ses efforts, il ne put acquérir à son can-
didat les sympathies de Charles VI, qui, comme le duc d'Orléans, se montra
toujours favorable à son cousin Wenceslas.
494
si elles les suivraient dans une voie qui, après tout, était celle de
la révolte, ils jugèrent avec raison qu'il était habile d'isoler Wen-
ceslas en essayant de détacher de lui Charles VI. Ce désir de
mêler le roi à une question purement allemande montrerait à lui
seul quelle était alors l'influence morale de la France, et il est
permis d'y voir un des effets et non pas l'un des moins prévus de
l'expédition de 1388.
On notera qu'au moment môme où l'avenir de l'Empire était en
jeu, la situation de l'Eglise devenait de plus en plus critique, tout
faisant craindre une prolongation indéfinie du schisme. On s'ex-
plique donc aisément que la discussion des affaires religieuses ait
toujours occupé une place prépondérante dans les assemblées
importantes de la fin du xiv*" s., et en particulier dans les diètes
impériales. Dès lors la présence dans ces réunions de députés de
corps tels que l'Université de Paris, qui à deux reprises différentes
envoya quelques-uns de ses membres à des assemblées réunies en
réalité pour les affaires de l'Empire, n'a rien que de très naturel ^
C'est donc l'intérêt religieux qui explique l'arrivée de trois repré-
sentants de l'Université de Paris à l'assemblée de Francfort (mai
1400), 011 devaient se traiter des questions temporelles, plus
encore que des matières ecclésiastiques-.
Mais ces envoyés ne pouvaient parler qu'au nom de leurs
commettants et non pas de Charles VI ; celui-ci choisit comme
ambassadeurs le patriarche d'Alexandrie, Simon de Cramaud^,
l'abbé du Mont Saint-]\Iichel, Pierre Le Roy^ et Guillaume de
Tignonville, chambellan ^. A ces personnages furent adjoints Gille
Deschamps ^ et Jean Courtecuisse', enfin les ambassadeurs du roi
1. Ces diètes furent tenues en mai et juillet 1397, dates que propose très jus-
tement M. Weizsaecker {Deutsche Reichstogsakien, t. III, p. 181, note 1).
2. Deutsche Reichstagsakten, t. III, p. 181, n" 134.
3. Sur Simon de Cramaud, alors évéque de Poitiers, voir Gallia Christ., t. II,
col. 1194, et t. IX, col. 133.
4. Il fut emi)loyé plusieurs fois par Charles VI dans des négociations relatives
au schisme [Gallia Christ., t. XI, col. 52G).
5. Deutsche Reichstagsakten, t. III, p. 201, n» 153.
6. Gille Deschamps était maître en théologie et conseiller du roi. Le 20 mars
1396, il avait été envoyé par Charles VI auprès des rois de Castille, d'Aragon et
de Navarre pour des négociations relatives au schisme. Il en revint le 24 sep-
tembre (Bibl. nat., Cab. des Titres, Pièces orig., vol. 607, dossier 15581, pièce
n" 3 signée). Confesseur de Charles VI et cardinal, il mourut évéque de Coutances.
7. Pièces justif., n° I. — Jean Courtecuisse est beaucoup plus connu que Gille
Deschamps. Néanmoins on paraît avoir ignoré son rôle à la date qui nous occupe.
492
de Castille à la tête desquels se trouvait l'èvêque de Zamora. Il
faut dire qu'en France on ne se doutait nullement du but véritable
de la réunion. On croyait toujours à des assemblées où l'union de
l'Eglise serait seule en jeu. D'autre part, Wenceslas, qui avait
promis d'assister à la diète de Francfort (26 mai), avait trompé
également les villes impériales ; il était explicable que Charles VI
tombât dans la même erreur : aussi les lettres de créance don-
nées aux ambassadeurs français sont-elles adressées à Wences-
las*. D'ailleurs elles ne pouvaient être adressées à nul autre qu'au
roi des Romains. Quoique Charles VI y marquât le désir de voir
résoudre les difficultés religieuses, il insistait davantage sur ce
souhait dans la lettre de créance de ses ambassadeurs au frère de
Wenceslas, à Sigismond, roi de Hongrie^. Enfin il profitait de
l'occasion qui s'était offerte à lui d'envoyer une mission dans des
régions relativement éloignées, pour l'accréditer auprès de divers
princes qui régnaient sur les pays d'outre-Rhin ; ainsi il lui donna
des lettres de créance pour le roi de Pologne^, mais nous ignorons
si elle en fit usage. Du moins nous savons qu'elle passa par la
Flandre, traversa Liège et conféra peut-être avec les magistrats
de la cité pour lesquels elle avait des lettres de créance"; aussi
bien que les précédentes, elles montrent que le seul but auquel
tendait Charles VI était la paix de l'Eglise.
De Liège l'ambassade partit pour Cologne, où elle arriva peu
avant le 18 mai. Après avoir remis ses lettres de créance à l'ar-
chevêque de Cologne S le patriarche d'Alexandrie expédia, le
18 mai, un message à la ville de Francfort, priant ses magistrats
de faire préparer des logements pour lui et ses collègues en même
temps que pour les ambassadeurs de Castille et la suites Cepen-
dant l'assemblée se réunit le 26 mai^; une liste des assistants
nous a été conservée et l'on y relève la mention des ambassadeurs
de France et d'Espagne :
1. Elles sont datées du 12 avril (Pièces justif., n° II).
2. Pièces justif., n" III.
3. Pièces justif., n" IV.
4. Pièces justif., n° V.
5. Pièces justif., n" VI.
6. Le patriarche d'Alexandrie demanda le logement nécessaire pour 200 che-
vaux {Deutsche Reichstagsakten, t. III, p. 182, n" 135).
7. Voir, Pièces justif., n° VU, la lettre de créance des ambassadeurs, adres-
sée à la diète.
493
« llem dez Kuniges von Frankerich patriarche.
llem mil imme zweine gelerl Pfalï'en.
Item der bischof von Hyspanien.
Und mit imme ocli zweine gelerl Pfaffen ^ . »
C'est ici le lieu de rappeler que les deux clercs mentionnés
comme étant à la suite du patriarche d'Alexandrie étaient Gille
Deschamps et Jean Courtecuisse. A cette liste il convient d'ajou-
ter la mention des ambassadeurs de Wenceslas, du roi d'Angle-
terre et enfin de l'Université de Paris. Charles VI, en se faisant
représenter à la diète, avait pris soin d'accréditer ses ambassa-
deurs auprès de chacun des princes d'Empire, et, avant tous,
auprès de son beau-père, le duc Etienne de Bavière ; les autres
princes reçurent des lettres identiques ^
L'assemblée n'eut aucun résultat; on le comprend aisément,
puisque la plupart de ses membres n'avaient aucune instruction
de leurs commettants pour les matières qui y furent traitées et
qui concernaient la déposition du roi des Romains. Aussi n'est-il
pas étonnant, comme l'a fait ressortir M. Weizssecker, le savant
éditeur du tome III des Reichstagsakte, que la réunion n'aboutît
pas : « Tractarunt ibi pro persona eligenda ; in nullura concor-
« dare potuerunt'^; » et les assistants se donnèrent rendez- vous
pour le II août à Oberlahnstein , petite ville située près de
Coblenz, au confluent de la Lahn et du Rhin et sur la rive droite
de ce fleuve ; l'empereur devait encore y être convoqué, mais, en
cas d'absence de sa part, on était décidé à passer outre. Au reste,
les électeurs ne tinrent pas à mettre les représentants des villes
impériales au courant de leurs intentions. Après les avoir sondés,
ils refusèrent malgré leurs réclamations de communiquer par
écrit le texte des propositions; les représentants des villes furent
réduits à en faire un résumé de mémoire! Bien plus , ceux de
Strasbourg, par exemple, paraissent avoir été tenus en dehors de
tout ce qui se passait : c'est ainsi qu'en rendant compte de la
réunion du 26 mai à leurs commettants , ils racontent que les
ambassadeurs de France et d'Espagne ont dû traiter la question
du schisme ; mais ils ajoutent qu'ils ignorent ce que les princes
l. Deutsche Reichstagi>akten, t. III, p, 184, n" 138.
1. Leurs noms nous ont été conservés (Pièces justif., n" IX).
3. Deutsche Reichstagsakten, t. III, p. 171, n" 139 à 142.
i. Deutsche Reichstagsakten, t. III, p. 205, n" 160.
494
ont répondu : « Wie su yn aber daruber géant wortet habent,
« daz kunnen wir noch nit dervaren*. »
Cependant, le 4 juin, quelques jours après l'assemblée de Franc-
fort, les électeurs, comprenant le parti qu'ils pouvaient tirer de
l'appui de Charles VI, résolurent de lui envoyer une ambassade,
à laquelle ils donnèrent comme instructions de paraître entrer
dans ses vues sur la question du schisme, sans cependant prendre
le moindre engagement ; puis ils annonçaient leur intention de
procéder à la déposition de Wenceslas et faisaient entrevoir au
roi de France, dans une entente avec le futur empereur, la solu-
tion des difficultés religieuses. Enfin ils fixèrent au 4 juillet l'ar-
rivée de cette mission à Paris ^ Le même jour (4 juin), l'arche-
vêque de Cologne donnait des lettres de créance à ses trois envoyés
auprès de Charles VI : c'étaient Emichon, comte de Lyningen,
maître Nicolas Burgman, docteur en décrets, Jean Kammerer^ dit
Dalburg, ses conseillers^. Ces personnages une fois arrivés à
Paris, Charles VI tint à informer Wenceslas de la démarche des
princes d'Empire et lui annonça en même temps qu'il avait appris
la prochaine venue à Paris des envoj^és impériaux, le marquis de
Brandenburg, le patriarche d'Antioche et l'un des plus fidèles et
des plus actifs agents du roi de Bohême, Hubart d'Eltern, séné-
chal de Luxembourg ; il assurait en même temps son cousin qu'ils
recevraient un accueil des plus favorables, et affirmait une fois
de plus son bon vouloir envers lui^. En effet, Wenceslas, assez
au courant malgré son inertie des menées des électeurs, avait
adressé, le 19 juin, une lettre à Charles VI où il lui expliquait
qu'Hubart d'Eltern à son retour de Francfort (26 mai) lui avait
rapporté que les électeurs s'étaient résolus à envoyer une ambas-
sade en France, laquelle avait assurément pour but de lui nuire.
Enfin, en mémoire de feu l'empereur et de Charles V leurs pères,
il le priait de le soutenir dans sa situation critique : en dernier
lieu, il lui annonçait l'arrivée des ambassadeurs dont nous avons
donné les noms plus haut*'. Le duc de Berry ne voulut pas rester
étranger aux témoignages d'intérêt que son neveu accordait au
1. Deutsche Ueichstagsakten, t. III, p. 202.
2. Deutsche Reichstagsakten, t. III, p. 199, n" 152.
3. Le texte porte : Johannem Camerarii.
4. Deutsche Reichstagsakten, t. III, p. 200, n" 153.
5. Pièces justif., n" X.
6. Deutsche Reichstagsakten, t. III, p. 224, n" 184.
495
roi des Romains : il lui envoya une lettre conçue à peu près dans
les mêmes termes, mais pourtant plus gracieuse encore; il annon-
çait en outre à Wenceslas que le roi se disposait à faire partir de
son côté une mission chargée de lui remettre une missive royale*.
Cependant l'ambassade impériale n'était pas arrivée que déjà
celle des princes avait été admise devant Charles VI . Celui-ci,
avant de savoir à quel parti s'arrêter et avant de donner une
réponse aux envoyés des électeurs, fut obligé d'écrire à Wences-
las, dont rien ne pouvait secouer l'apathie, afin de l'inviter à hâter
l'arrivée du marquis de Brandenburg et de l'ambassade dont celui-
ci était le chef^.
On ignore si ces personnages arrivèrent à temps; mais, ce qu'il
y a de sûr, c'est que les représentants des princes d'Empire
annoncèrent au roi que, le lendemain de la Saint-Laurent, c'est-
à-dire le 11 août, une assemblée se réunirait pour discuter les
affaires de l'Empire aussi bien que celles de l'Eglise. Le heu de
convocation était Oberlahnstein dont nous avons déjà parlé ; sou-
vent aussi on trouve que c'était Rayn sur le Rhyn, qui est
Rense sur la rive gauche du fleuve et presque en face d'Ober-
lahnstein.
Jean Jouvenel a noté dans son Histoire de Charles VI l'in-
tervention des ambassadeurs allemands : il montre que leur mis-
sion eut peu de résultats, que tout se borna à un échange de
politesses; mais là où il se trompe, c'est quand, en racontant la
déposition de Wenceslas, il dit : « Et disoient aucuns que c'es-
« toient de son consentement^. » Il convient d'ajouter que cette
erreur pouvait aisément s'accréditer, en raison du peu de soin que
le roi des Romains mettait à se défendre.
Evidemment les seigneurs allemands tenaient à connaître l'avis
du roi de France et, pour se le rendre favorable, n'avaient pas
manqué de lui faire entrevoir le moyen de s'entendre pour la paix
de l'Eglise ; aussi s'étaient-ils gardés d'omettre la mention des
affaires religieuses à l'ordre du jour de la réunion d'Oberlahnstein,
tout en étant parfaitement décidés à ne s'occuper que de l'élection
d'un nouvel empereur. Ce qui le prouverait au besoin, c'est que
longtemps ils amusèrent le patriarche d'Alexandrie avec un feint
1. Pièces justif., n" XI.
1. Pièces justif, n» XII.
3. P. 144 de I edit. in-4'' de l'imprinierie du Louvre, 1653.
496
acquiescement à la voie de cession^ préconisée par Charles VI ;
et, quand plus tard on les pria de se prononcer d'une façon défi-
nitive ^ ils prétendirent être prêts à tout faire pour l'union, mais
non pas par la voie de cession, ce qui étonna fort, car ils assu-
rèrent n'avoir pas tenu d'autre langage à Simon de Cramaud.
Celui-ci avait été joué, le roi et ses oncles le disgracièrent^.
Cependant on continuait en France à s'occuper de l'assemblée
d'Oberlahnstein et Charles VI en trouvait la date bien rappro-
chée. Aussi il envoya à son beau-père, le duc Etienne de Bavière,
une lettre, le priant d'intervenir pour obtenir que l'époque en fût
reculée ; en même temps il lui annonçait que l'un de ses oncles ou
son frère le duc d'Orléans désirait s'y rendre^. Peut-être le duc
de Bourgogne tenait-il à aller soutenir de son autorité person-
nelle les prétentions du duc Bobert, pendant que, de son côté, le
duc d'Orléans paraît avoir eu le vif désir d'appuyer auprès des
électeurs la cause du roi des Romains ; ce qu'il y a de certain,
c'est qu'on voit là un épisode de la rivalité entre Bourgogne et
Orléans .
En fin de compte, et malgré l'annonce qui en avait été faite,
aucun des princes français ne fut chargé de représenter le gou-
vernement royal à Oberlahnstein. Les personnages désignés furent
Renier Pot^, chambellan du roi, et le doyen de Rouen, Hugue Le
Renvoisier''. Le 30 juillet, les deux ambassadeurs n'étaient pas
1. Ce qui voulait dire alors que chacun des papes se déineltrait en même temps.
2. Cette réponse fut obtenue à la fin de l'année 1400 par une ambassade com-
posée de l'archevêque d'Aix, de Taupin de Chantemerle, maître d'hôtel, et Jean
de Monlreuil, secrétaire du roi (Dupuy, TraUtéz concernant l'histoire de France,
sçavoir la condamnation des Templiers avec quelques actes , l'histoire du
schisme, etc. Paris, 1654, p. 2G8).
3. Jean Jouvenel, Hist. de Charles VI, édit., 1653, p. 144.
4. Pièces justif., n" XIII.
5. Renier Pot, qui avait été quelque temps chambellan du duc d'Orléans, fut
un des rares survivants de Nicopolis. Dans les premières années du xv" s. (1410),
on constate qu'il était seigneur de la Praugne, de la Roche-de-Nolay et enfin
gouverneur du Dauphiné (Bibl. nat., Pièces orig., vol. 2349, dossier 52873,
pièces n°" 3 à 8). L'inventaire de ses biens après sa mort est conservé à la Bibl.
nat., Nouv. Acquisit. fr., n° 1365. — Quoiqu'il ait été au service du duc d'Or-
léans, il devint son ennenii et dut tremper dans son assassinat. Il est certain qu'à
l'époque qui nous occupe, il s'était attaché déjà au duc de Bourgogne, à la cour
duquel il s'attardait. L'envoi de ce personnage en Allemagne semble donc être
une victoire du duc de Bourgogne sur le duc d'Orléans.
6. C'est ainsi (|ue son nom s'écrit dans une quittance signée par lui; de son
497
partis, Renier Pot se faisant encore attendre; aussi Charles VI
écrivait-il à son oncle de Bourgogne la lettre suivante :
De par le Roy.
Très chier et très amé oncle, pour ce que le jour de la feste Saint-
Laurens approche fort, à l'endemain duquel le conseil de l'I^lmpire
doit estre assemblé comme l'en dit a Rayn sur le Ryn, auquel con-
seil, comme vous savez, nous avons ordené envoier de noz gens, il
est nécessité que Renier Pot qui est ordené y aler se appareille pour
pai'tir Dinicnche prochain; car le doyen de Rouen qui doit aler
avecques lui est prest pour partir lors. Pour quoy dictez audit Renier
Pot qu'il viengne tost par deçà pour faire ledit voyage. Et ou cas
qu'il ne y pourroit aler, signifiez le à nostre chancellier, affm qu'il et
noslre conseil avisent ung autre chevalier pour faire ledit volage des-
susdii. Donné à Paris, le xxx'' jour de Juillet.
A noslre très chier et très amé oncle le duc de Bourgongne ' .
En même temps qu'il envoyait ces personnages, Charles VI
leur donnait des lettres de créance pour plusieurs princes qui
devaient assister à la réunion d'Oberlahnstein. Il insistait dans
ces lettres sur l'influence que devait avoir l'assemblée sur les
affaires de l'Eglise. Outre sa lettre collective aux princes d'Em-
pire-, Charles VI en fit expédier une, conçue à peu près dans les
mêmes termes, au duc Etienne de Bavière, son beau-père^, et une
côté, M. de Beaurepaire dit qu'il signait Lenvoysie (Chron. de P. Cochon. Soc.
de l'Histoire de Normandie, p. 336, note 4). Il succéda à Nicolas Oresme dans
la dignité de doyen de Rouen. Le ÎO mars 138i (n. st.), il arriva en mission à
Avignon avec le comte de Saint-Pol, au moment où le duc d'Anjou allait entre-
prendre la fatale expédition où il devait périr (Bibl. nat., Journal de Jean Le
Fèvre, évêque de Chartres, Fr. 5015, fol. 12 r"). — En 1381, il était « l'un des
« generaulx gouverneurs et conseillers sur le fait de l'aide nouvellement octroyée
« au Roy nostre sire en pais de Normendie pour la provision et deffense de son
« royaume. » (Bibl. nat., Pièces orig., vol. 2465, dossier 55405, pièce n" 2.) —
En carême 1389, il prêcha devant le roi à Rouen contre deux Jacobins hérétiques
(Chron. de P. Cochon, p. 183). — Le 2 septembre 1398, à la suite de la sous-
traction d'obédience opérée par Clîarles VI le 17 juillet précédent, il fit à Rouen
un grand sermon en présence de l'archevêque et de plusieurs seigneurs et prêcha
pour l'union {Chron. de P. Cochon, p. 135). — Le 6 décembre 1411, il lut à
Rouen le texte de l'excommunication prononcée par Urbain V et confirmée par
Jean XXH, contre ceux qui s'armeraient pour combattre le roi [Chron. de P.
Cochon, p. 336).
1. Bibl. nat., Fr. 14371, fol. 129 r. Protocole de la fin du xv= s.
2. Pièces justif., n" XIV.
3. Pièces justif., n° XV.
498
autre à l'archevêque de Mayence*. Enfin il adressa probablement
au duc de Bar, le 10 août, la lettre suivante ^ :
De par le Roy.
Très chiers et amé cousin, nous envoyons de présent es parties
d'Alemaingne pour certaines besongnes lesqueles nous avons bien à
cuer, nos améz et feaulx Renier Pot, nostre chevalier et chambellan,
et maistre Hugue Renvoisier, maistre en théologie et doyen de Rouen,
noz conseillers ; si vous prions que vous le faictes conduire seurement
par vostre terre et par voz amis leur faictez donner seur conduit par
leurs terres, si que ilz puissent accomphr leur voiage. Et en ce vous
nous fairez bien grant plesir. Donné à Paris, le x^ jour, etc.^...
Quant aux gages de Hugue le Renvoisier, ils furent fixés à six
francs d'or par jour et on décida qu'il lui serait fait prêt pour six
semaines. Ces gages devaient être payés sur le produit du dixième
« octroyé par le clergié de nostre royaume pour la prosecution
« de l'union de nostre mère saincte Eglise'*. »
On ignore si cette ambassade partit en Allemagne, ou si le duc
de Bourgogne, dont elle semble avoir représenté les idées, jugea
que son départ était rendu inutile par les dispositions nettement
favorables des électeurs pour le duc Robert ; c'est cette seconde
alternative qui paraît se rapprocher le plus de la vérité, d'autant
que ni le nom de Renier Pot ni celui d'Hugue le Renvoisier n'ap-
paraissent dans les actes des diètes. Quoi qu'il en soit, si Charles VI
avait jugé bon de se faire représenter à Oberlahnstein , ses
envoyés auraient eu assurément le temps d'arriver. En effet, la
date de réunion de l'assemblée fut reculée jusqu'au 20 août.
On a cherché l'explication de ce retard et on a pensé qu'il avait
eu pour cause un dernier délai accordé à Wenceslas pour compa-
raître^. Mais il est permis d'hésiter à admettre que les électeurs
aient voulu attendre plus longtemps le roi des Romains, alors que
tout le monde savait parfaitement qu'il ne viendrait pas. Aussi il
semble plus simple d'adopter comme la véritable raison celle qui
a été révélée par une des pièces déjà citées, c'est-à-dire le désir
1. Pièces justif., n" XVI.
2. C'est à M. le comte A. de Circourt que je dois d'avoir pu ideatifier avec le
duc de Bar le personnage que Charles VI appelle son cousin.
3. Bibl. nat., Fr. 14371, fol. 129 v°. Protocole de la fin du xV s.
4. Pièces justif., n" XVII.
5. Deutsche Reichstagsakien, t. III, p. 229.
499
exprimé par le roi de France au duc de Bavière de voir reculer
l'époque de la diète.
On n'insistera pas sur les résultats de la diète d'Oberlahnstein
ou de Rense ; elle aboutit, comme c'était chose prévue, à la dépo-
sition de Wenceslas et à l'élection du duc Robert de Bavière,
comte palatin du Rhin. On ne suivra pas davantage les historiens
allemands qui, d'un côté, ont cherché à expliquer et à excuser,
d'autre part, à incriminer la conduite des électeurs; c'est une
question bien complexe et qui présente pour la France peu d'in-
térêt. De ces faits on retiendra deux points : d'abord que l'élec-
tion de Robert fut un succès pour le duc de Bourgogne et un échec
pour le duc d'Orléans*; en second lieu, que la question religieuse,
objet constant des préoccupations de Charles VI, avait été com-
plètement passée sous silence dans les assemblées où il s'était fait
représenter ; bien mieux, on a vu qu'à la suite de l'ambassade du
patriarche d'Alexandrie la question s'était encore compliquée :
seuls, Renier Pot et Hugue le Renvoisier avaient été chargés,
outre les matières religieuses; de s'occuper de l'élection impériale,
et encore est-il bien probable qu'ils ne se mirent pas en route.
Telle a donc été la nature des rapports entre la France et l'Alle-
magne en l'année 1400 : elle met en lumière, de la façon la plus
nette, d'abord une manifestation nouvelle de l'hostilité du duc
de Bourgogne contre son neveu d'Orléans ; ensuite l'intérêt que
les électeurs attachaient à ce qui aurait pu paraître une approba-
tion de la part de Charles VI ; enfin la ténacité si légitime que
mettait ce prince à ne vouloir s'occuper que de l'union de l'Eglise.
H. MOR AN VILLE.
1. S'il était nécessaire d'avoir une nouvelle preuve de l'appui que Louis d'Or-
léans prêtait à Wenceslas, on la trouverait dans les Documents luxembour-
geois à Paris concernant le gouvernement du duc Louis d'Orléans, copiés et
rassemblés par M. le comte Albert de Circourt, mis en ordre et publiés par le
JD' IV. Van Werveke (Extrait des publications de la Section historique de l'Ins-
titut de Luxembourg, 1886). Dans ce recueil, sous le n" 110, M. de Circourt a
publié une pièce curieuse d'où il ressort qu'au mois de septembre 1400 le bruit
courait d'un prochain voyage en Allemagne. Les gens d'armes devaient se
réunir à Grandpré et là ceux qui étaient déjà arrivés apprirent que ledit voyage
ne se tenait pas. Louis d'Orléans avait donc eu un instant l'idée d'une inter-
vention armée en faveur de Wenceslas.
500
PIÈGES JUSTIFICATIVES.
I.
[Avril UOO.]
Serenissimo principi Wenceslao régi Romanorum semper Auguslo
et Boemie régi consanguineo nostro carissimo, Karolus eadem gratia
Francorum rex salutem et prosperorum successuum incrementa.
Serenissime princeps consanguineo carissime, ad excellentie vestre
presentiam dilectos et fidèles Symonem patriarcham Alexandrinum,
Petrum abbatem monasterii Montis Sancli Michaelis decretorum doc-
torem, Guillelmum de Tignonvilla militera et cambellanum, necnon
magistros Egidium de Campis et Johannem Brevis Coxe in sacra
pagina professores, nonnullosque alios consiiiarios nostros exhibito-
res presentium pro negociis unionem sancte matris ecclesie tangen-
tibus, super quibus, jam pluries, serenitati vestre mens nostra clare
satis innotuit, mittimus de présent!. Gum quibus eliam, ambaxiato-
res serenissimi principis régis Castelle fratris nostri carissimi, unio-
nispredicte ferundi zelatoris, accedunt ad eandem. Quam rogamus,
affectuquopossumusampliori, quatinus utrosque ambaxiatores pre-
dictos cum benignitate suscipiens dans eorum fidem velit credulam
adhibere et eos cum expeditione felici voliva reraittere celeriter expe-
ditos, nobis etiam fîducialiter intimantes que grata votis libentibus
impleturis. Datum, etc.
(Bibl. nat., Fr. 14371, fol. cxxxvi V. — Protocole de la fin du xv^ s.)
IL
'f 2 avril [1400].
Serenissimo principi Wenceslao Dei gratia régi Romanorum sem-
per Augusto et Boemie régi consanguineo nostro carissimo, Karolus,
eadem gratia, Francorum rex, salutem et omnium felicium succes-
suum incrementa. Serenissime princeps et consanguinee carissime, ad
excellentie vestre presentiam dilectos et fidèles Symonem patriarcham
Alexandrinum et Guillelmum de Tigno[n]villa militem et cambella-
num, nonnullosque alios consiiiarios nostros exliibitores presentium,
ut gratum Deo et ecclesie sancte Dei fructuosum vestrum responsum
super hiis que pluries pro facto unionis ipsius ecclesie per scriptas
et alios nuncios nostros vobis inlimare curavimus, referre nobis valent
5o^
sicuti confidimus, ista vice de présent! duximus destinandos. Quibus
etiam aliqua super hujusmodi ncgocio celsiludini vestre mandamus
reseranda, quam quesumus afïectuquo possumus ampliori, qualinus
dictorum amhaxialorum nostrorum scrmonibus fidem adhibcns cre-
ditivam, nobis lam in votiva super hoc responsionc, quam eliam in
eorum expeditione, céleri velit vestra serenilas complacere. Et insu-
per fiduciab"ter intimare quecunque voluerit pro ipsa nos facturos
[etj vobis libentibus impleturos. Datum Parisius xri" die mensis
Aprilis.
(Bibl. nat., Fr. l'iSTI, fol. cxxxiv v». — Protocole de la tin du xv^ s.)
III.
[Milieu d'avril 4400.]
Serenissimo principi Sigismundo Dei gratia régi Ungarie, consan-
guineo noslro carissimo, Karolus eadem gratia Francorum rex, salu-
tem et prosperorum successuum incrementa. Serenissime princeps
consanguinee carissime, satis credimus celsitudinem vestram crebrius
ordinasse que gesta sunt apud nos in facto sancte matris ecclesie, ut
gratia Sancli Spiritus imperfectum nostrum supplente, horribile scisma
quod in ea tamdiu viguit, cito valeat extirpari. Super hoc auteni hac-
tenus serenissimum principem regem Romanorum et Boemie con-
sanguineum nostrum carissimum, per ambaxiatores nostros sollicitare
curavimus; a quo votivum in brevi speramus habere responsum. Et
quoniam a certo novimus excellenciam vestram in hoc, nedum apud
dictum consanguineum nostrum, ymo etiam ex se ipsa posse operari
multum, quamobrem ad ipsius excellencie presentiam dilectos et fidè-
les Symonem patriarcham Alexandrinum et Guillclmum de Tignon-
villa militera et cambellanum, nonnuUosque alios consiliarios nos-
tros exhibitores presentium , duximus de presenti destinandos ;
eandem affectuose precantes, quatinus dictis ambaxiatoribus nostris
fidem super hiis que circa hec sibi réfèrent parte nostra lidem dans
creditivam, ipsos ad nos veUt quam cito remittere féliciter expeditos,
nobis etiam fiducialiter intimantes queque grata votis libentibus
impleturis. Datum, etc.
(Bibl. nat., Fr. 14371, fol. cxxxv r». — Protocole de la tin du xv" s.)
IV.
[Milieu d'avril ^400.]
Serenissimo principi régi Polonie et Sarakonie consanguineo nostro
502
carissimo, Karolus eadem gratia Prancorum rex salutem et prospè-
res ad vota successus. Serenissime prineeps consanguinee carissime,
ecce quod ad informandurn celsitudinem vestram de hiis que in facto
sancte matris ecclesie hucusque gesta fuerunt apud nos, ut scisma
pestiferum quod in ea diu vlguit, cito, favente Domino, valeat extir-
pari, et ad ipsam celsitudinem rogandum et hortandum, ut vias
super hoc per nos tentas insequendo circa unionem in dicta Dei eccle-
sia procurandam, quam quilibet orthodoxe fidei zelator et potissime
prineeps, rejectis ceteris terrenis negociis, possethenus avellare tene-
retur velit effectuaUter interponere partes suas, dilectos et fidèles
Symonem patriarcham Alexandrinum et Guîllelmum de Tignonvilla
militem et cambellanura, nonnullosque alios consiharios nostros
exhibi tores presentium ad excellencie vestre presentiam duximus des-
tinandos, eandera afTectuose precantes quatinus ipsorum ambaxiato-
rum sermonibus circa hec, parte nostra proferendis, fîdem dans cre-
ditivam, ipsos ad nos velit remittere quamcito féliciter expeditos,
nobis etiam flducialiler intimantes quecumque sibi grata votis liben-
tibus impleturis. Datum, etc.
(Bibl. nat., Fr. 14371, fol. cxxxv r». — Protocole de la fin du xv^ s.)
V.
[Avril UOO.]
Charles, etc., à noz chiers et bien améz les maistres jurez et con-
seil de la cité de Liège, salut et dilection. Chiers et bien améz, nous
envolons de présent en plusieurs parties d'Alemaigne et ailleurs noz
améz et feaulx Symon, patriarche d'Alexandrie, Pierre, abbé du Mont
Saint-Michiel, et Jehan Courtecuisse, maistres en théologie et aucuns
autres noz conseillers pour poursuir le fait de l'union de nostre mère
saincte église. Auxquelz nous avons enchargié vous dire certaine
chose touchant ceste matière 5 auxquelz nous vous prions que vous
adjouxtez pleine foy, et nous signifiez feablement se aucune chose
avez à faire par deçà, et nous le acomplirons de bon vouloir. Donné,
etc
(Bibl. nat., Fr. 14371, fol. cxxxvn v°. — Protocole de la fin du xv^ s.)
VI.
[Avril aoo.]
Karolus, etc. , venerabili patri archiepiscopo Coloniensi amico nos-
tro carissimo salutem et dilectionis aflectum. Amice carissime sicuti
303
aliis vicibus iteratis ambaxiatores nostros pênes serenissimum prin-
cipem Romanorum et Boemie consanguineum nostrum carissimum,
ceterosque quamplurimos reges, principes et magnalestransmisimus,
ad ipsos in favorem iîdei Galholice requircndum et hortandum, ut
circa ea que factum unionis ecclesie sancte Dei jam per tôt annorum
curricula prothdolor divise concernunt, partes sue solicitudinis inter-
ponere satagercnt, ad vias quas in sancta hujusmodi matura delibe-
ratione predicta obligamus acceptandum. Super quo quidem nundum
responsum habuimus. Ecce quod denuo dilectos et fidèles Symonem
patriarcham Alexandrinura , Petrum abbatcm monasterii Montis
Sancli Micliaelis decretorum doctorem, necnon magistros Egidium de
Gampis et Johannem Brevis Goxe in sacra pagina professores, non-
nuUosque alios consiliarios nostros exhibitores presentium ad partes
imperii et alibi, ut hujusmodi negocii complementum, summe ab
omnibus Ghristicolis peroptandum, apud dictum consanguineum nos-
trum, vosque et alios ubi expedire viderint possetenus studeant pro-
curare, de presenti duximus destinandos. Gum quibus etiam non-
nuUi ambaxiatores serenissimi principis régis Gastelle fratris nostri
carissimi, qui vias predictas per vos electas insecutus est, et factum
predictum cum omni fervore caritatis amplectione accedunt. Hac de
causa, amiciciam vestram affectuose precantes, quatinus utrosque
ambaxiatores ipsos in omnibus materiam istam tangentibus, velit
dirigere, consulere et juvare, ipsisque in dicendis circa hec credulam
dare fîdem, et ut cito redeant féliciter expediti sedulas interponere
partes suas, nobis etiam quecumque sibi grata fiducialiter intimando.
Datum Parisius
(Bibl. nat., Fr. 14371, fol. cxsxvii r°. — Protocole de la fin du xv« s.)
VIL
^2avril[^400].
Karolus, etc., venerabilibus patribus magnificisque principibus et
viris in concilio apud Frankefordiam proxime celebrando congregan-
dis araicis nostris carissimis, salutem et dilectionis affectum. Amici
carissimi, sperantes de fado ecclesie sancte Dei pro quibus alios
ambaxiatores nostros apud serenissimum principem regem Romano-
rum et Bohemie consanguineum nostrum carissimum, vosque cete-
ros principes jam pluries transmisimus , in diclo concilio divina
favente clementia responsum habere iînalem et votivum , nunc ad
ipsum concilium dilectos et fidèles Symonem patriarcham Alexan-
304
drinum, Petrum abbatem monasterii Sancti Michaelis decretorum
doctorem, Guillelmum de Tigno[n]villa mililem eL cambellanum,
necnon magistros Egidium de Campis et Johannem Brevis Goxe in
sacra pagina professores, nonnuUosque alios consiliarios nostros exhi-
bitores presentium, duximus destinandos. Gum quibus etiam non-
nulli ambaxialores serenissimi principis régis Gastelle fratris nostri
carissimi faclorum predictorum fervidi zelatoris accedunt; hac de
causa vos affectuose rogantes quatinus utrorumque ambaxiatorum
predictorum sermonibus vobis per eos super hiis et aliis materiam
istam tangentibus reserandis, fidem dantes creditivam circa hec sicuti
confidimus, et prout toti Gtiristianitati expedit affectualiter laborare,
ita quod ambaxiatores ipsi cito redire valeant, vestro mediante juva-
raine, féliciter expediti; queque vobis grata nobis fiducialiter inti-
mantes. Datum Parisius xii* mensis Augusti'. Amen.
(Bibl. nat., Fr. 14371, fol. cxxxvi v° et cxxxvnro. — Protocole
de la fin du xv« s.)
VIII.
13 [avril 1400].
Karolus, etc., magniflco principi Stephano duci Bavarie carissimo
socero nostro salutem et tocius prosperitatis augmentum. Magnifiée
princeps socer carissime, dilectis et fîdelibus Syraoni patriarche
Alexandrino, Petro abbati monasterii Montis Sancti Michaelis doctori
decretorum, Guillelmo de Tignonvilla militi et cambellano, necnon
magistris Egidio de Campis et Johanni Brevis Goxe in sacra pagina
professoribus , nonnuUisque aliis consiliariis nostris exhibitoribus
presentium, quas sicuti per nostras alias litteras vestram magnifî-
cenciam jam latuit aul latebit apud serenissimum principem regem
Romanorum et Boemic consanguineum nostrum carissimum, vosque
et ceteros principes imperii pro prosecutione ecclesie sancte Dei des-
tinamus aliqua injunximus eidem magniflcencie nostra parte rese-
randa que utrique domorum nostre videlicet et vestre, favente Domino,
cedere poterit, ut speramus, commodo et honori. Super quibus
ambaxiatoribus nostris prefatis fidem velitis adhibere creditivam et
nobis fiducialiter intimantes quecumque vobis grata fuerint votis liben-
tibus impleturis. Datum Parisius xiif die, etc.
(Bibl. nat., Fr. 14371, fol. cxxxvii v°. — Protocole de la fin du xv^ s.)
t. Cette date est nécessairement inexacte, la diète s'étant réunie le 26 mai;
c'est avril et non aotit qu'il faut lire.
505
IX.
Lettres pour le voyage d' Alemaigne sur le fait de V Eglise.
Lettres closes comme elles sont faictes dessus :
Au Roy des Romains,
Au Roy de Honguerie,
Aux Roys de Poulaine et de Danemerche.
Aux Electeurs, c'est assavoir :
L'archevesque de Mayance,
L'archevesque de Colongne,
L'arche vesque de Trêves,
Au duc Ruppert de Raviere,
Au duc de Saxone,
Au duc Estienne de Raviere, père de la Roynne de France,
Au duc Loys de Raviere, frère d'elle,
Au duc Arneste de Raviere,
Au duc Clément de Raviere, son frère,
Au duc Guillaume dWutheriche,
Au duc Leopol dWutheriche,
Au duc^
Au burgrave de Neuremberche,
Au joinne burgrave de Neuremberche,
Au conte de 3Iasso,
Au marquis de Mice,
Au marquis Josse de Morave,
Au marquis Procop, son frère,
Au patriarche d'Aquilée,
Aux villes de Couloingne,
De Mayence, de Francquefort,
De Rrucelle, de Lovain,
De Malignes, d'Utrait, d'Aes,
De Liège, de Huy, de Dynant,
De Saint Tron.
(Bibl. nat., Fr. 14371, fol. cxl r». — Protocole do la fin du xv^ s.)
1. Lacune dans le manuscrit.
33
506
Lettre close de par le Roy au Roy des Romains.
^0 [juillet 4 400].
Serenissimo principi domino Wenceslao Dei gratia régi Romano-
rum semper Auguste et Boemie régi consanguineo nostro carissimo,
Karolus eadem gratia Francorum rex salutem et quorumeumque
prosperorum successuum incrementa. Serenissime princeps consan-
guinee carissime, ad nos nuper accesserunt arabaxiatores solennes
nonnullorum principum imperii vestri, nobis plura tam pacem eccle-
sie sancte Dei quam statum dicti imperii concernentia nunciantes;
de quibus serenitatem vestram optamus ad plénum informari. Et
idcirco ad ipsius presentiam certos nostros solennes nuncios intendi-
mus in brevi destinare, jam ad iter se préparantes per quos intentio
nostra liquidis scriptis eidem serenitati poteritappareri. DatumPari-
sius x'' die, etc.
Serenissime princeps consanguinee carissime serenitatis vestre lit-
teras per manus latoris presentium recepimus, adventum apud nos
carissimi consanguinei nostri marchionis Brandeburgensis, necnon
patriarche Antiocheni et Huwardi de Altari ambaxiatorum vestrorum
continentes, quos tam ob mittentis honorem quam propter magnitu-
dinem mittendorum, dum venerint, intendimus recipere grato vultu,
et ad exauditionem illorum que nobis pro parte celsitudinis vestre
réfèrent favorabiliter intendere, ut tenemur. Eliam serenissime prin-
ceps, etc. (ut in littera precedenti de domino Biturie', etc.).
(Blbl. nat., Fr. 14371, fol. cxxviii r» et v°. — Protocole
de la fin du xv^ s.)
XI.
Lettre close de par le duc de Berry adreçant à V empereur.
10 [juillet 1400].
Serenissime princeps domine et consanguinee carissime, per vestre
celsitudinis apices nuper per manus presentium portatoris michi
porrectas, intellexi serenitatem vestram, magnificum dominum mar-
chionem Brandeburgensem et cura ipso patriarcham Anthiochenum
1. Voir ci-après Pièce justif. n- XI.
507
et dominum Hawardum de Al tari militem, apud dominum meum
regem pro certis vestris arduis negociis deslinare, quos scio par
ipsum dominum meum regem fore dum venerint grato vulLu reci-
piendos. (iirca quorum expedicionem feliccm lotis nisibus, uL leneor,
elTeclualiter laborabo. Etiam serenissime princeps et domine solennes
ambaxiatores pro parte nonnullorum principum imperii vesLri, nunc
ad ipsius domini mei régis presentiam fueruntdestinati, piurapacem
ecclesie et sanclum Dei imperium tangencia eorum sermonibus expo-
nentes, quod ut plane ad vestram noticiam deducantur ipse dominus
meus rex nuncios suos apud eamdem serenitalem vestram disposuit
eeleriter destinare, tenentes indubie quod ad ea que honorem et sta-
tum vestre majestatis aspiciunt, idem dominus meus rex afîectatur
et merito, et nos omnes de génère suo in hoc cum insequimur toto
nisu sicuti per ipsos nuncios prefata vestra serenitas liquidius scriplis
cite poterit informari. Serenissime princeps domine et consanguinee
carissirae, prefalam serenitatem vestram conservet Altissimus cum
omnium successuum felicium incrementis. Scriptum Parisius x-^, etc.
Serenissimo principi tali, Dei gratia Roraanorum et Boemie régi
domino et consanguineo meo carissimo.
Dux Biturie et Avernie, comes Pictavie, Stamparum Alvernie et
Bolonie.
(Bibl. nat., Fr. 14371, fol. cxxviii r". — Protocole de la fin du xv^ s.)
XII.
Lettre close adreçant au Roy des Romains.
U [juillets 400].
Serenissimo principi domino Wenceslao Dei gratia régi Romano-
rum semper Augusto et Bohemie régi consanguineo nostro caris-
simo, Karolus eadem gratia Francorum rex salutem et sincère dilec-
tionis mutuum incrementum. Serenissime princeps consanguinee
carissime, per vestras scriptiones nobis nuper innotuit quod magni-
ficum principem Judocum Brandeburgensem et Moravie marchionem
consanguineum nostrum carissimum, necnon palriarcham Anthio-
chenum ad nos vestra serenitas jam ad iter expeditos disposuit
destinare; quorum quamquam hucusque quotidie prestolamus
adventum, tamen quia posl dictarum receptionem scripturarum-
eidem serenitati scripsimus, quod ad intimandum sibi nonnulla
statum majestatis sue tangencia, nobis nuper pro parte aliquorum
508
magnatum imperii per eorum ambaxiatores declarata, cerlos nostros
nuncios ad ipsam raajestatem ordinaveramus transmittere, nobis
facerent dubium ne accessus dictorum ambaxiatorum vestrorum
hujusmodi occasione deferatur; et quoniam serenissime princeps,
certis de causis vestre celsitudinis ymo et totius Ghristianitatis com-
modum et honorem multimode tangentibus, celeritatem adventus
jamdictorum ambaxiatorum vestrorum affectamus, quorum retarda-
tionem in negociis hujusmodi quam plura possent subsequi nocu-
menta, prefatam serenitatem vestram affectuose rogamus quatinus
dictorum nunciorum nostrorum missione non obstante, iter mar-
chionis et patriarche predictorum quantum fieri poterit accelerare
mandelis, de hiis que circa predicta négocia concepimus cum eis
valeamus habere colloquia, et ea quantum expediens et possibile
fuerit, posslnt quam tocius effeclui demandari, nobis semper fidu-
ciahter intimantes queque grata votis Ubentibus impleturis. Datum
Parisius xi** die mensis Julii.
(Bibl. nat., Fr. 14371, fol. cxxix et cxxx v». — Protocole
de la fin du xv° s.)
XIII.
Lettre close de par le Roy adreçant à ung duc de Bavière.
JO [juilleH400].
Karolus, etc., magnifico principi Stephano duci Ba varie carissimo
socero nosfcro salutem et dilectionem. Magnifiée princeps socer caris-
sime, pro parte venerabilium patrum Magontinantis, Trevensis, et
Coloniencis archiepiscoporum, necnon magnifîci et potentis Ruperti
duels Bavarie comitis Palateni Reni consanguine! nostri carissimi,
cum credencialibus litteris, utrorumque nuncii solennesadvenerunt.
Ex quorum verbis sensimus conciUum in crastinum festi beati Lau-
rencii proxime futuri, per principes Imperli teneri fuisse ordinatum,
ut tune de negociis tam ecclesiam sanctam Del quam etiam reforma-
tionem status dicti tangentibus pertractetur, sane cum eo quod Ipsius
ecclesie pacem et ejus unlonis celeritatem cordl precipue habeamus,
etiam et que ad bonum regimen ipsius imperli tendere videremus
amplecti vellmus, affectu quo possumus ampllori. Ad Ipsum conci-
lium unum de inclltis princlplbus patruls aut germanis nostris ut per
nostrum médium in negociis hujusmodi allquld boni operls subsequi
valeat, intendlmus quam totius destlnare, verumtamen socer caris-
509
simc quia tempus usque ad diem qua concilium hujusmodi leneri
ordinalum est, ut prefertur, tam certum est et tam brève, quod ille
dictorum paternorum ac germani nostrorum per nos ibidem desti-
nandos commode non valeat intéresse, et speramus quod propter
ejus presentiam negotium ecclesie et cetera que tune habebunt inibi
Iractari poterunt in melius^ auxiliante Domino, prospcrari magnifi-
cenciam veslrani sinceris afîectibus deprecamur quatinus ut conci-
lium predictum dictorum patrui aut germani nostrorum poUeat
dictum terminum usque ad alium seculurum competentem prorogari
procuretis, in his quascumque poteritis nostro favore interponentes
partes vestras, ut ita quod vestris mediantibus auxib"is, nullam in
hiis que pro tanto bono querimus sicuti de vestra precipue, et dicto-
rum aliorum principum imperii gratuitate confidimus, habcamus
pati repuisam. De quaquidem et de ejus termino intérim certificari
quesumus parte vestra in accessu alterius patruorum aut germani
nostrorum predictorum ad ipsum concilium nuUus possit aut debeat
inlervenire defectus, in hoc profecto nobis non modicum placituri.
Datum Parisius x-' die mensis Octobris ^ .
Magnifico principi Stephano duci Bavarie, carissimo socero nos-
tro, etc.
(Bibi. nat., Fr. 14371, fol. cxxvui v°. — Protocole de la fin du xv^ s.)
XIV.
[Juillet 1400.]
Karolus, etc. , venerabilibus et magnificis principibus sacri Imperii
Romani electoribus, et aliis in concilio apud Rayn supra Renum in
proximo, sicut fertur, celebrando congregandis amicis nostris caris-
simis, salulem et dilectionis efectum. Venerabiles patres et principes
magnifici, ad vestram nunc presentiam dilectos et fidèles Renerum
Pot mililem et cambellanum, necnon magistrum Hugonem Renvoi-
sier in sacra pagina professorcm decanum ecclesie Rothomagensis
consiliarios nostros, pro certis negociis que multum cordi gerimus,
universitati vestre per eos exponendis duximus destinandos, amici-
1. La date est nécessairement fausse et, en dehors des raisons que l'on peut
tirer de faits extrinsèques à la pièce, il y en a une qui nous est fournie par le
contexte même. Charles V! y dit que la Saint-Laurent (10 août) est prochaine,
or il n'aurait pu tenir ce langage au mois d'octobre. Cet argunieut est assez
péreniploire pour qu'il soit inutile d'insister. On a vu déjà plus haut qu'une
erreur dans le nom du mois s'était produite pour un autre de nos documents.
510
cias vestras affectuose rogantes, quatinus hec que nostra parte réfè-
rent et que nobis videntur toti Christianitati non modicum accom-
moda effîcaciter attendentes, dictis eorum fîdem velint adhibere
creditivam. Datum, etc.
(Bibl. nat., Fr. 14371, fol. cxxix v. — Protocole de la fin du xv« s.)
XV.
[Juillet UOO.]
Karolus, etc., magnifico principi Stephano duci Bavarie et comiti
palatino Reni socero nostro carissimo salutem et sincère dilectionis
affectum. Magnifiée princeps socer carissime, pro certis negociis,
quorum aliqua vobis precipue, et alla vobis et ceteris principibus impe-
rii in concilio de proximo apud Raym supra Renum, ut dicitur, cele-
brando congregandis proponi velimus, dilectos et fidèles Renerum
[Pot] militem et cambellanum, necnon magistrum Hugonem Renvoi-
sier in sacra pagina professorem decanum ecclesie Rolhomagensis,
consiliarios nostros ad vestram et dictorum principum duximus
principaliter destinandos ; magnificentiam vestram attente rogantes,
quatinus exponendis per eosdem nuncios nostros, fldem dantes credi-
tivam, circa eorum exauditionem velit eadem magnificentia sicuti
confldimus solertitas interponere partes suas , ita quod vestris
mediantibus auxiliis, que per prefatos nostros nuncios exponenturet
petentur, votivum consequamur efectum. Datum, etc.
(Bibl. nat., Fr. 14371, fol. cxxix r\ — Protocole de la fin du xv« s.)
XVI.
Lettre de créance adreçant à un evesque.
[Juillet 1400.]
Karolus, etc., venerabili patri archiepiscopo Magontinensi amico
nostro carissimo, salutem et dilectionis affectum. Amice carissime,
ad vestram et aliorum principum imperii in concilio de proximo
apud Rayn supra Renum, sicut fertur, celebrando congregandorum
presencium, dilectos et fidèles Renerum Pot militem et cambellanum,
necnon magistrum Hugonem Renvoisier in sacra pagina professorem
et ecclesie Rothomagensis decanum consiliarios nostros, pro certis
negociis vobis et prefatis aliis per eos explicandis presencialiter des-
tinamus ; quorum verbis quesumus fîdem dantes circa illorum exau-
5^^
dicionem que per ipsos noslra parte inibi relata fuerint, velit amicicia
vestra solercitas interponere partes suas, ita quod, vcstro mediaiite
juvamine, nuncii nostri predicti ad nos cito remeare valcanl féliciter
expedili. Datum Parisius, etc.
(Bibl. nat., Fr. 14371, foi. cxw r». — Protocole de la fin du xv<= s.)
XVII.
Mandement pour tauxation de gaiges pour ambaxateurs.
[Juillet l/^OO.]
Charles, etc., à noz améz et feaulx consellliers les prelas ordenéz
à la conservation et distribution des deniers du disieme octroyé par
le clergié de nostre royaume pour la proseculion de l'union de nostre
mère Saincte Eglise, salut et dilection. Il a esté ordené que pour
certaines besoingnes touchans le bien de la dite union nostre amé et
féal maistre Hugue Renvoisier, doyen de Rouen, aille de présent es
parties d'Alcmaigne devers les esliseurs et aucuns autres seigneurs
de l'Empire et qu'il ait pour chascun jour qu'il vaquera oudit volage
en alant demeurant et retournant seix frans, et que prest luy soit
fait audit pris de six sepmaines. Si luy faictez bailler et délivrer
promptement ledit prest par le receveur ordené à recevoir les arre-
raiges deues à cause dudit disieme, et en son retour paiement, etc.
(Bibl. nat., Fr. 14371, foi. cxxx r^. — Protocole de la lin du xv* s.)
UN EPISODE
DES RAPPORTS
D'ALEXANDRE VI AVEC CHARLES VIII
LA BULLE PONTIFICALE
TROUVÉE SUR LE CHAMP DE BATAILLE DE FORNOUE
« Nous avons appris, écrivait un chroniqueur ferrarais quelques
« jours après la bataille de Fornoue, que les Vénitiens ont fait
« des feux de joie à l'occasion de la défaite qu'ils viennent de subir,
« afin de donner à croire à leurs sujets qu'ils ont été victorieux et
« pour ne pas manquer à leur coutume qui a été, qui est et qui
« sera toujours d'allumer des feux de joie, de sonner les cloches
« et d'ordonner des réjouissances lorsqu'ils ont fait quelque perte
« ou reçu de mauvaises nouvelles ^ »
Cette fois d'ailleurs les sujets de la Seigneurie pouvaient sans
trop de crédulité accepter la prétendue victoire des confédérés ita-
liens. Les Estradiots au service de Venise ne considéraient la
guerre que comme une opération lucrative ; avant la bataille, ils
avaient mis leurs loisirs à profit en coupant des têtes de Français
isolés que les provéditeurs leur payaient un ducat la pièce ^. Au
moment du choc, plutôt que de perdre leur temps à empêcher l'ar-
mée française de passer sur le corps de la chevalerie italienne, ils
1. Diario ferrarese, dans Muratori, Scriptores, XXIV, 311 c.
2. Sanuto, La spedizione di Carlo VIII, p. 450.
343
se ruèrent sur les bagages, taillèrent en pièces les piétons italiens
qui avaient eu la mauvaise idée de les suivre et quittèrent le
champ de bataille sans s'occuper autrement des ennemis*. Tou-
tefois, s'ils contribuèrent ainsi à l'échec des confédérés, le butin
qu'ils avaient fait, les ornements de la chapelle de Charles VIII,
ses armes de parade, ses joyaux, jusqu'au portrait du petit dau-
phin, raclietés par la Seigneurie-, furent présentés au peuple
vénitien comme les dépouilles du roi vaincu et donnèrent quelque
vraisemblance aux bruits de victoire.
Il y avait de tout dans ce butin, des livres, « des paintures de
« diverses façons et devises » exécutées par l'un des peintres qui
avaient suivi Charles VIII, « des quartes marines et autres nou-
« velles choses de par dellà ^ ; » il y avait aussi une partie des
archives du roi . L'estradiot qui s'en était emparé goûtait sans doute
peu la prise qu'il avait faite, mais la Seigneurie de Venise, toujours
curieuse des affaires d'autrui, ne négligea pas une semblable
aubaine. « Il est arrivé à Crema, raconte Malipiero, un estradiot
« avec un chariot français, et dans l'un de ses coffres on a trouvé
« beaucoup d'écritures ayant appartenu au roi Charles. Dans le
« nombre, Dominique Benedetti, podestat et capitaine de ce pays,
« a pris une bulle apostolique du pape Alexandre adressée au roi
« de France, bulle dans laquelle le pontife donne son assentiment
« au projet d'expédition contre les Turcs, approuve que le roi
« vienne en Italie et lui offre le passage et les vivres dans les
« Etats de l'Eglise. II a pris aussi une lettre ducale que Domi-
ne nique Trevisan et Antoine Loredan ont jadis présentée audit
« roi ^ et il les a envoyées toutes deux au Conseil des Dix. Car c'est
« en se fondant sur ces lettres, surtout sur celle du pape, que le
« roi de France justifie son passage en Italie et qu'il se prétend
« offensé par le pape et par la Seigneurie qu'il accuse de lui avoir
« manqué de parole =. . . » L'annaliste vénitien a pris soin de trans-
crire la bulle en question à la suite du passage que l'on vient de
lire. Elle est ainsi datée : « Datum Romae apud Sanctum Petrum,
1. Ibidem, p. 478, 490, etc.
2. Malipiero, Annali veneti, Archivio storico italiano, VII, partie 1, p. 371.
3. Giroiamo d'Adda, Indagini... sulla libreria Visconteo-Sforzesca, II, p. 99-100.
4. Cette lettre est évidemment celle par laquelle la Seigneurie engagea, dès
1484, Charles VIII à faire valoir ses droits sur Naples, lettre qui a été publiée
par M. Buser, Die Beziehungen der Mediceer zu Frankreich, p. 509.
5. Malipiero, p. 402-404.
5U
« anno Dominicae Incarnationis M CCCG XCIIII, cal. feb »
Or, deux jours avant le l'^'" février 1494, le pape avait encou-
ragé Ludovic le More à prendre le parti du nouveau roi de Naples,
Alfonse ^ ; à la fin du même mois, il donnait à l'ambassadeur napo-
litain des marques publiques de bienveillance au moment même
où il venait de renvoyer les ambassadeurs français qui étaient
venus solliciter l'investiture de Naples 2. Il y avait donc une con-
tradiction évidente entre la bulle saisie par le podestat de Crema
et la conduite tenue par Alexandre VI pendant le mois de février
1494. Presque tous les historiens, depuis M. de Cherrier ^ jusqu'à
M. Gregorovius*, ont pris texte de cette contradiction pour faire
ressortir la duplicité du pape. Tout en s'associant au jugement porté
par ses prédécesseurs, M. Agenore Gelli fait remarquer que nous ne
possédons aucune preuve de l'authenticité de la bulle pontificale^
Seul M. de l'Epinois a cru résoudre la question en supposant que
la pièce du l^»" février nous était parvenue tronquée ; il l'iden-
tifie avec un bref que le pape lut au consistoire du 22 mars 1494,
bref dans lequel on distinguait deux parties. Dans la première,
celle que Malipiero aurait transcrite, Alexandre VI exhortait
Charles VIII à persévérer dans son dessein de marcher contre le
Turc; dans la seconde, il cherchait à le dissuader de son entre-
prise contre Naples et se déclarait hors d'état de dépouiller Alfonse,
légitimement investi du trône ^ Mais, outre que le texte de la
bulle ne présente aucune apparence de mutilation, il eût été bien
étrange que le pape ne communiquât aux cardinaux que le
22 mars un document expédié cinquante jours plus tôt.
D'ailleurs, toutes les difficultés seraient tombées d'elles-mêmes
si l'on avait lu en entier la date de la pièce qui nous occupe. On
y trouve en efi'et, non seulement la mention de l'année de l'Incar-
nation, l'indication du jour, mais aussi celle de l'année du ponti-
ficat inscrite en toutes lettres, pontificatus nostri anno tertio.
Alexandre VI ayant été élu le 11 août 1492 et couronné le 26
du même mois, la troisième année de son règne se trouve com-
prise entre le 26 août 1494 et le 25 août 1495. Une bulle, portant
1. Archivio itorico italiano, 3^ série, t. XVI, p. 398.
2. Gregorovius, édition italienne, torae VII, p. 398.
3. Histoire de Charles VIII, I, p. 346 et 384.
4. Loco citato.
5. Archivio storico italiano, 3' série, t. XVI, p. 398.
6. Revue des questions historiques, t. XXIX, p. 408.
515
la date du 1®"^ février de la troisième année du pontificat et de Tan
1494 de l'Incarnation, a donc été datée suivant le style florentin
de l'Annonciation, c'est-à-dire qu'elle a été expédiée le 1" février
1495, suivant le style moderne ^ On s'explique d'autant moins que
l'on ait pu accepter sans discussion la date du l*'"' février 1494
que, dans le corps même de l'acte, il est fait une allusion fort peu
équivoque au séjour de Charles VIII à Rome^ séjour qui dura,
comme on le sait, du 31 décembre 1494 au 28 janvier 1495.
Nous avons la preuve qu'une bulle analogue fut concédée par
Alexandre VI au moment où le roi de France vint prendre congé
de lui. « Le pape, dit Sanuto, s'avança dans le lieu où étaient les
« cardinaux en tenant une buUe à la main. Sacrée Majesté, dit-
« il, voici la bulle souscrite par tous les cardinaux, et ils déclarent
« l'approuver. Cette buUe portait que le pape et les cardinaux
« assuraient au roi le libre passage dans toutes les terres et
« châteaux de l'Église et commandait qu'on lui rendît, etc.-''. »
Il est vrai que la scène rapportée par Sanuto se passait le 28 jan-
vier et que notre bulle est datée du l*"" février. Mais l'annaliste
vénitien ne dit pas que le document que le pape tenait à la main
ait été immédiatement remis à Charles VIII. On peut, du reste,
admettre qu'Alexandre VI en ait envoyé le 1" février une seconde
expédition peut-être plus solennelle, car il avait ce jour-là même
le plus grand intérêt à donner au roi des gages de sa fidélité.
Le 29 janvier, en effet. César Borgia, cardinal de Valence, qui
devait accompagner l'armée française en quahté de légat, s'était
subrepticement échappé de Velletri où logeait alors Charles VIII.
Celui-ci crut à quelque trahison concertée avec le Saint-Père. Il
envoya, le 31 janvier, à Rome deux hérauts chargés de porter
une demande d'explications conçue dans les termes les plus mena-
çants. « Le pape s'excusa en disant qu'il ne savait rien, qu'il
« ignorait où se trouvait le cardinal, en faisant montre d'une
« grande douleur et, pour se justifier, il envoya deux légats à
J. Les auteurs de VArt de vérifier les dates (édition de 1783, t. I, p. 329)
avaient déjà fait remarquer que « ce pape commençait l'année dans ses grandes
a bulles au 25 mars. »
2. « Sane cum carissimus in Christo filius noster, Carolus Francorum rex chris-
« tianissimus, zelo catholice fidei accensus, dimisso proprio regno..., ad almam
« urbem nostram personaliter se cum dicto cxercilu contulerit... »
3, Marino Sanuto, La spedizione di Carlo VIJI in Italia, p. 195-196.
nu»
« Velletri^ » Il est donc vraisemblable que ce furent ces deux
légats qui remirent à Charles VIII la bulle trouvée cinq mois plus
tard sur le champ de bataille de Fornoue.
Il serait superflu de reproduire ici le texte de ce document qui
ne nous est parvenu que par la transcription de Malipiero^, mais
ceux qui seront curieux de s'y reporter remarqueront assurément
l'habileté avec laquelle il a été rédigé. Sans doute on y trouve la
concession à Charles VIII du libre passage sur les terres de
l'Eglise et l'engagement de ne porter aucun secours à ses ennemis,
faveurs qui pouvaient à la rigueur passer pour des encourage-
ments et donner au roi de France un semblant de satisfaction ;
mais on n'y découvrirait pas un mot qui soit relatif à Naples et,
quoi qu'en dise Malipiero, le pape s'y garde « d'approuver que le
« roi vienne en Italie. » En cela, d'ailleurs, Alexandre VI s'était
conformé à la politique qu'il avait toujours suivie. Dans les cir-
constances même où le soin de sa sûreté l'avait obligé à recourir
aux Français, il s'était personnellement abstenu de tout ce qui
aurait pu être considéré comme une excitation directe à tenter
l'entreprise de Naples, et il avait pris ses mesures de manière à
pouvoir toujours désavouer ses intermédiaires. En 1493, par
exemple, menacé à la fois par les Napolitains, par les Orsini et
par le cardinal La Rovere, maître d'Ostie, il se vit contraint de
rechercher la protection de Charles VIII. Mais il n'eut garde de
s'adresser directement à lui. Ce fut le cardinal Savelli qui, au
nom et avec l'approbation d'Alexandre VI, écrivit au roi de
France pour l'exhorter à tenter l'entreprise de Naples.
Alexandre VI ne souhaitait assurément pas voir une armée
étrangère envahir l'Italie ; mais, ainsi que le dit un contempo-
rain, « s'il avait fait écrire en ce sens, ce n'était pas qu'il espérât
« la venue du roi Charles ; mais il pensait mettre à profit la ter-
« reur du nom français comme l'avaient fait beaucoup d'autres
« papes, entre autres le très prudent Paul II ^. » En France, on
prit naïvement la chose au pied de la lettre et le roi résolut d'en-
1. Ibidem, 197-198.
2. Malgré quelques inexacUtudes dans les transcriptions des noms des cardi-
naux, on en peut facilement identifier dix-huit sur dix-neuf. Cependant nous
n'avons pas pu reconnaître le prince de l'Église que désigne cette signature :
Ego A. TU. Sancii Georgii Crim. (?).
3. Sigismondo dei Conti, Storia dei suoi tempi, II, 60. Roma, 1883, in-4°.—
Voyez aussi Trinchera, Codice Aragonese, II, n° 325.
5n
voyer un agent très versé dans les affaires italiennes, Perron de
Baschi, réclamer l'investiture au pape.
Lorsque le représentant de Charles VIII vint quelques mois
plus tard demander au pontife s'il était réellement disposé à la
concéder et à favoriser une expédition française, Alexandre VI
lui répondit par des défaites et par des assurances générales
d'amitié. « Néanmoins, disait Perron en racontant cette entrevue
« au cardinal Ascagne Sforza, des yeux, de la bouche, de toute
« la physionomie, le pape, bien qu'il ne me le dît pas, me faisait
« signe que le roi devait tenter l'entreprise, envoyer des troupes
'< et compter sur son concours. » Et, comme le négociateur insis-
tait, le pape ajouta en le congédiant : « Allez donc parler aucar-
« dinal Savelli ; nous avons longuement discuté ces matières avec
« lui. />
L'entretien de Perron avec ce cardinal fut des plus encoura-
geants. « Le nouveau pontife a déclaré, lui fut-il dit en propres
« termes, que, si le roi très chrétien tentait l'entreprise, Sa Sain-
« teté se montrerait favorable à ses desseins. » L'envoyé fran-
çais croyait la partie gagnée ; mais Ascagne, plus habitué à ces
finesses, lui fit remarquer que, malgré tout, il n'avait pas arra-
ché la moindre promesse au pape et que, quelle que fût la bonne
foi du cardinal Savelli, Alexandre pourrait toujours désavouer les
propos que celui-ci avait répétés ^ .
Il paraît assez naturel toutefois que Charles VIII ait cru jusqu'à
la mort du roi Ferrand que le pape était dans une certaine mesure
favorable à ses desseins. Nous allons d'ailleurs exposer combien
la conduite d'Alexandre VI sur ce point avait été habile, en
racontant dans quelles circonstances a été rendu le bref que M. de
l'Épinois avait cru pouvoir identifier avec celui du l^"" février 1495.
IL
La situation d'Alexandre VI pendant ses querelles avec le roi
Ferrand de Naples n'avait rien d'enviable. Il lui répugnait d'ac-
cepter les conditions des Napolitains qui , grâce à leur alliance
avec les Orsini, le tiendraient pour ainsi dire entre leurs mains
1. Ascagne à Ludovic le More. Rome, 13 août 1493. Archives de Milan, Potenze
estere, Roma.
5^8
et pourraient l'écraser en un moment s'il adressait aux Français
le moindre encouragement ^ . D'un autre côté, le pape se disait que
le mécontentement de Charles VIII n'était pas moins à redouter
et que le fils de Louis XI, réconcilié avecMaximilien, était assez
puissant pour en appeler à un concile. Afin de n'avoir pas à se
prononcer, il fallait rendre l'expédition de Naples impossible. On
croyait qu'elle dépendait de l'alliance alors existante entre Ludo-
vic le More et Charles VIII, et, comme Alexandre n'avait pas
réussi à rompre cette alliance en rapprochant le duc de Bari de
Ferrand, il voulut brouiller le roi de France avec Ludovic. Pour
y parvenir sans se compromettre, le plus sûr était de bercer le
jeune souverain par de belles promesses ; puis, celui-ci une fois
mis en confiance, on lui ferait entendre que Ludovic le trompe-
rait dès que les Français seraient en Italie.
Un carme espagnol, Gratien de Villanova, à qui Alexandre VI
s'en remit pour l'accomplissement de cette mission, paraissait avoir
toutes les qualités requises. Il passait pour « un homme savant,
« très avisé, double et expert en fraudes ^ » Mais il tenta si
maladroitement d'effrayer Ludovic en faisant à Belgiojoso, son
ambassadeur en France, des confidences menaçantes que celui-ci
l'eut bientôt percé à jour. Pour regagner quelque crédit auprès
des puissants favoris de Charles VIII, Briçonnet, évêque de Saint-
Malo, et Etienne de Vesc, sénéchal de Beaucaire, Villanova dut
exagérer les dispositions de son maître à favoriser Charles VIII et
à concéder le chapeau de cardinal ambitionné par Briçonnet^. II
partit au bout de quelques jours chargé d'offrir au pape les plus
riches établissements pour ses fils, s'il se déclarait en faveur du
roi de France ^ En outre, l'évêque de Saint-Malo pensait à le
suivre à Rome où il ferait plus en un jour, disait-il, qu'un autre
en un mois. Charles, pour rassurer Alexandre VI du côté du roi
de Naples, demandait à Ludovic de lever sans plus tarder des
troupes italiennes auxquelles MM. d'Esquerdes et de Baudri-
1. Triachera, Codice Aragonese, II, 2'' partie, p. 424.
2. Villanova entra le 13 janvier 1494 à Tours. Desjardins, Négociations diplo-
matiques de la France avec la Toscane, l, 269.
3. Voyez trois dépêches de Belgiojoso à Ludovic datées de Tours ; deux sont du
18 janvier, la troisième est du 20 janvier 1494. Archives de Milan, Potenze estere,
Francia.
4. Post-scriptum non daté d'une lettre de Belgiojoso qui doit appartenir à la
fin de janvier 1494. Ibidem.
5^9
court iraient porter l'argent nécessaire dès que le roi serait à
Lyon*. Il avait aussi chargé Villanova d'annoncer au pape que
le roi des Romains et les souverains espagnols étaient favorables
à l'entreprise de Naples^.
Ferrand ne pouvait pas ignorer ces pratiques. Il désespérait de
conserver l'alliance du pape qui saisissait tous les prétextes d'élu-
der l'exécution du traité par lequel leurs querelles avaient pris
fin. Le roi de Naples le croyait gagné à la cause française par
Ludovic le More. Cependant il suppliait les souverains espagnols
d'intervenir auprès d'Alexandre VI, de même qu'il comptait sur
Maximilien pour agir auprès du duc de Bari ; il réclamait aussi
les bons offices de Venise^. Enfin il s'adressait directement à
Ludovic et mêiwe à Charles VIII à qui il dépêchait Camille Pan-
done^. Celui-ci était porteur d'une grosse somme d'argent qu'il
devait employer à gagner les conseillers du roi^. Mais, à son arri-
vée à Moulins, il trouva un secrétaire du roi chargé de le recon-
duire à la frontière^; afin de rendre la rupture complète, on avait
également congédié les ambassadeurs napolitains qui étaient venus
plusieurs mois auparavant sous prétexte de négocier un mariage
entre la fille de Don Frédéric et le roi d'Ecosse, et qui se trou-
vaient encore en France'^.
Cependant le vieux roi Ferrand s'occupait sans relâche de
mettre son royaume en état de défense, lorsqu'il expira tout à
coup le 25 janvier 1494. Une courte maladie l'avait emporté en
trois jours au moment même où il méditait un hardi coup de main
qui eût rendu beaucoup plus difficile l'exécution des projets de
Charles VIII. Avant que l'armée française eût passé les monts, il
voulait se transporter en Romagne de manière à cerner les Etats
pontificaux et à contraindre le pape à s'unir à lui. Delà, il comp-
tait passer en Lombardie et, fort du concours moral et matériel
1. Belgiojoso à Ludovic. Tours, 20 janvier 1494. Ibidem.
2. Du même au même. Tours, 20 janvier 1494. Ibidem.
3. Codice Aragonese, n" DCCXVIII et DCCXXII.
4. Ludovic à Belgiojoso. Vigevano, 3 janvier 1494. Arcliives de MiVdn, Potenze
estere, Francia. — Codice Aragonese, p. 379.
5. Le cardinal Ascagne Sforza à Ludovic. Rome, 29 janvier 1494. Archives de
Milan, Poten:,e estere, Rona.
6. Belgiojoso à Ludovic. Tours, 4 février 1494. Archives de Milan. Potenze
estere, Francia.
7. Du même au même. Tours, 14 janvier 1494. Ibidem.
520
de Florence, chasser Ludovic de la place qu'il avait usurpée
auprès de son neveu ^
Alfonse de Calabre n'avait que les vices de son père sans en
avoir les talents et ne paraissait pas un adversaire bien redoutable.
Cependant la mort de Ferrand allait mettre dans l'organisation
de la défense un trouble dont il importait de profiter et qui devait
être pour le roi de France un motif de presser encore plus les
préparatifs de l'entreprise : « Mon cousin, écrivait Charles VIII
« au duc de Bari, le 8 février, j'ay esté adverty du trespas du
« roy Ferrand et avecquesla voulenté quej'avoye de poursuivre
« l'emprise de mon royaume de Naples moyennant votre bonne
« aide, conseil et conduite, elle m'est à cueur de augmenter en
« telle manière que j'espère en deux ou trois jours de avoir donné
« ordre en mes affaires de par deçà et, le plus diligentement que
« pourray, m'en aller à Lyon Et afin que n'y aie faulte à
« ladite emprise et que plus brief elle puisse estre exécutée à votre
« désir et intencion et au mien, suis délibéré y aller en personne,
« vous priant que semblablement de votre part le vueilliez faire
« pour estre ensemble particijDans audit affaire, en délibéracion
« que ce sera pour aller plus avant et faire quelque grant service
« à Dieu, à l'Église et à l'exaltacion de la foy catholicque qui est
« la chose en ce monde que plus j'ay à cueur et me semble que,
« quant nous serons assemblés, que le tout ne pourra que bien
« aller 2. »
En même temps Charles VIII communiquait à son allié les
instructions qu'il adressait à ses ambassadeurs à Rome, pour
signifier au pape « son vouloir et intencion de ladite emprise. »
Outre ses agents permanents à Rome, il faisait partir l'évêque de
Fréjus et maître Benoît de Saint-Moris. Une fois arrivés, ceux-ci
devaient demander à être entendus en consistoire et proclamer
l'intention où était leur maître de rendre les terres occupées par
les Turcs à la foi chrétienne, moyennant le concours de tous ses
amis et aUiés, notamment du saint-siège. « Pour sa part, por-
« taient les instructions, ledit seigneur est décidé à risquer sa
« personne, son royaume et tous ses biens. » Loin d'obéir à un
motif d'ambition qui eût été, après tout, légitime, jugeant que la
1. Post-scriptuni d'une lettre de Belgiojoso à Ludovic. Amboise, 8 février
ii9L Ibidem.
2. Charles VIII à Ludovic. Montils-Iez-Tours, 8 février [1494]. Ibidem.
521
possession du royaume de Naples constituait le plus sûr moyen de
mener à bien son entreprise, Charles VIII s'était arrêté à la réso-
lution de reconquérir ce royaume qui lui appartenait de droit. En
conséquence, comme le fils du roi Ferrand réclamerait peut-être
l'investiture pontificale, le pape et les cardinaux étaient priés de
la lui refuser en attendant que Charles vînt lui-même à Rome
visiter Alexandre VI et lui faire connaître ses droits. « Enfin, si
« ce fils du roi Ferrand tentait, comme c'est son habitude, de faire
« violence à la sainte Eglise et si celle-ci se trouvait contrainte
« d'opposer la force à la force, les ambassadeurs devaient faire
« entendre au Saint-Siège que le roi viendrait en personne et avec
« si bonne et si grosse compagnie que ledit fils ne pourrait user
« ni de force ni de violence ^ » Mais, comme Cliarles VIII pré-
voyait qu'Alexandre VI pourrait bien se montrer favorable à
Alfonse, il avait muni ses ambassadeurs d'une seconde instruction
très menaçante qu'il avait tenu à signer de sa propre main : « En
« ce cas, disait-il, appelez-en pour nous et en notre nom à ceux
« à qui nous devons avoir recours, c'est-à-dire au concile général
« de l'Eglise universelle 2. »
Alexandre VI avait déjà pris son parti. En vertu de l'hommage
reçu par Innocent VIII, Alfonse se trouvait ipso facto investi
du royaume de Naples et le pape ne ressentait point à s'accom-
moder avec le fils les répugnances qui lui faisaient éviter jadis un
accord avec le père. S'aUier à Ferrand, c'eût été se donner un
maître; se réconcilier avec Alfonse, c'était, — du moins le pape
l'espérait, — trouver un instrument docile. Uni à Naples et à
Florence, le Saint-Siège formerait le noyau d'une ligue à laquelle
Milan et Venise seraient sans doute forcés de se rallier. En tout
cas, il n'y avait plus lieu de leurrer Charles VIII en lui laissant
croire que le Saint-Siège soutiendrait un jour ses prétentions ni
d'encourager chez lui des espérances dont le pape était le premier
à redouter la réalisation. îl fallait se hâter d'y mettre un terme.
Dès les premiers jours de février, Pierre Alamanni écrivait de
Rome à Pierre de Médicis que le souverain pontife inclinait à
1. Instructions de l'évéque de Fréjus et de Lodève et de maître Benoît de
Saint-Mauris. Amboise, 10 février t49i (n. st.). — Copie contemporaine,
Archives nationales, K. 1710. —Traduction italienne, Archives de Milan, Potenze
estere, Borna.
2. Seconde instruction aux mêmes. Même date. Tradnction italienne, Archives
de Milan, Potenze estere, Rovia.
34
522
s'accorder avec Alfonse'. Quelques jours plus tard, Alexandre VI
adressait à Charles VIII une longue bulle dans laquelle il expri-
mait l'étonnement qu'il ressentait à voir le roi de France sur le
point d'attaquer une puissance chrétienne, tandis que l'union de
tous les princes n'était pas de trop pour faire face aux Turcs mena-
çants. Ne pouvait-on pas craindre que le roi de Napies en fût
réduit à demander secours aux infidèles? Si Charles se croyait
des droits sur Napies, il n'avait qu'à les soumettre au pape qui
offrait son arbitrage. En terminant, Alexandre VI le mettait en
garde contre ceux qui lui conseillaient l'entreprise en vue de l'af-
faiblir et qui pourraient bien le trahir, « ainsi que cela arrive
« souvent parmi les Italiens, lorsqu'ils changent leurs batteries 2. »
Tout Espagnol qu'il fût, le pape donnait en ce moment même
l'exemple d'un de ces revirements subits qu'il reprocliait aux Ita-
liens. Pour justifier la contradiction qui existait entre les termes
de la bulle et le langage récemment tenu aux ministres de
Charles VIII par Gratien de Villanova, langage qui ne pouvait
passer que pour un encouragement à l'entreprise, on s'avisa d'un
subterfuge plus ingénieux que légitime : ce fut d'antidater la bulle.
Bien qu'elle n'ait été expédiée que le 10 février, époque à laquelle
l'envoyé pontifical avait déjà quitté la cour, on l'adressa à Vil-
lanova comme s'il se fût encore trouvé en France, et on affecta
d'y parler du roi Ferrand comme s'il eût encore été vivant. On
donnait à croire ainsi que Gratien avait agi sans instructions
et que les véritables intentions du pape avaient toujours été con-
formes à la buUe. Le messager avait ordre de faire toute dili-
gence, de feindre l'étonnement en apprenant le départ de l'envoyé
pontifical et de remettre le document dont il était porteur à
l'évêque de Saint-Malo. On croyait en effet qu'il serait facile
d'amener Briçonnet à faire différer l'entreprise en lui donnant
l'espoir d'obtenir enfin le chapeau, « Sa Sainteté jugeant que cet
« évêque a un tel désir de devenir cardinal qu'il ne manquera pas
« de la satisfaire sur ce point ^. » Tout cela avait été fait dans le
plus grand secret pour que Ludovic le More n'en eût pas connais-
1. Cité par A. Gelli, Archivio storico italiano, 3'= série, XVI, p. 398, n° 4.
2. « Ut sxpenumero apud Halos accidit niutata velificatione » Cette
bulle est évidemment la pièce sans date publiée par Baluze, Miscellanea, éd.
Mansi, III, 122.
3. Ascagne à Ludovic. Rome, 14 février, 15 et 18 mars 1494. Archives de
Milan, Potenze estere, Roma. — Desjardins, I, 280.
523
sance. Mais le cardinal Ascagne avait des moyens d'informations
particuliers; quatre jours après le départ du courrier, il con-
naissait déjà toute l'intrigue, et il pouvait même expédier à son
frère une copie de la bulle antidatée. Ludovic se hâta de tout
révéler à Cliarles VIII.
Celui-ci était déjà fort mécontent de la lettre du pape qui,
disait-il, n'aurait pu être plus favorable au roi de Naples si c'eût
été ce prince lui-même qui l'eût composée. Le passage où le
pape le mettait en garde contre ceux qui lui conseillaient l'entre-
prise l'avait particulièrement blessée Ce fut bien pis lorsque
l'on connut le détail de l'antidate. Gratien, que le pape avait
renvoyé en France, paya d'audace et prétendit que Ludovic
et Ascagne étaient au fond de l'affaire. Les amis des Milanais
lui dirent sans détours qu'il en avait menti, et la manœuvre du
pape produisit un effet tout contraire à son dessein 2. Une « aigre
« réponse » fut expédiée par le retour du courrier à Rome où elle
parvint le 9 mars^.
Alexandre VI était déjà un peu moins résolu; bien qu'il eût
d'abord refusé d'entendre les ambassadeurs français *, il leur avait
permis quelques jours après d'exposer l'objet de leur mission en
consistoire. Toutefois, il déclara ne vouloir leur répondre qu'une
fois qu'il saurait comment Charles VIII aurait accueilli son bref.
Le lendemain du jour où il reçut la lettre du roi de France, il
lui adressa un simple accusé de réception par lequel il ajournait
une réponse définitive, lui conseillant de méditer encore les avis
contenus dans son bref, ainsi que les communications que lui ferait
Villanova^. Cette réponse définitive est contenue dans la bulle
lue au consistoire du 22 mars, bulle dont M. de l'Epinois a cru
voir un extrait dans le document trouvé à Fornoue. EUe n'était,
pour la plus grande partie, qu'une répétition du premier bref
du Saint-Père ; on y avait seulement ajouté sur la question
de l'investiture que, celle-ci ayant été déjà donnée par Inno-
cent VIII à Alfouse lorsqu'il était duc de Calabre, le pontife
1. Belgiojoso à Ludovic. Moulins, 22 février 1494. Archives de Milan, Potenze
ester e, Francia.
2. Du même au même. Moulins, 28 février 1494. Ibidem.
3. Desjardins, I, 280.
4. Gregorovius, édition italienne, Vil, 398.
5. Alexandre VI à Charles VIII. Rome, 10 mars 1494. Archives nationales,
K. 1710, n° 10.
324
actuel n'avait pas le droit de la lui retirer. Alexandre VI se
déclarait donc à peu près formellement en faveur des Aragonais,
puisqu'il ne proposait plus à Charles VIII d'examiner ses droits
au trône de Naples '. Néanmoins, le cardinal de Naples, ne trou-
vant pas encore ce langage assez ferme, proposait de menacer le
roi de France des censures ecclésiastiques. C'est que l'accord avec
Alfonse n'était pas encore conclu. Le pape exigeait pour ses fils,
le duc de Gandia et Don Geoffroi, des établissements si exorbi-
tants que les pourparlers, engagés par l'intermédiaire de Virginio
Orsini et du cardinal de Valence, n'avaient pas encore aboutie
Cependant tout s'arrangea selon ses vœux; le 18 avril, dans un
consistoire qui dura plus de huit heures, le souverain pontife pro-
clama le fils de Ferrand roi de Naples, et, malgré les protestations
des envoyés français qui en appelaient au futur concile, il chargea
le cardinal de Monreale, Jean Borgia, d'aller couronner Alfonse
en son nom^.
A cette nouvelle, Charles VIII dut perdre les dernières illu-
sions qu'il avait pu conserver sur les dispositions du Saint-Siège
à son égard. On n'est guère en droit de s'étonner après cela qu'il
soit entré dans Rome la lance sur la cuisse et dans l'appareil
menaçant d'un envahisseur. Mais la bulle du l*"" février 1495
montre que ni cette attitude, ni la grande peur qu'il causa au pape
ne lui servirent de rien. Alexandre VI parvint à le jouer, alors
même que les lances françaises étaient encore en vue du Vatican.
H. -François Delaborde.
1. Ascagne à Ludovic. Rome, 22 mars 1494. Archives de Milan, Potenze estere,
Roma. — Un extrait de cette lettre a été donné par Rosraini, Dell' isioria
di Gian-Jacopo Trivulzio, II, 201.
2. Du même au même. Rome, 17 mars 1494. Ibidem.
3. Infessura dans Muratori, III, part. 2, col, 1251-1252.
*» O-^a
VALEUR HISTORIQUE
DE LA
CHRONIQUE D'ARTHUR DE RICHEMONT
CONNÉTABLE DE FRANCE, DUC DE BRETAGNE
(1393-1458)
Par GUILLAUME GRUEL
La chronique d'Arthur de Richemont étant l'unique source de
toutes les notices biographiques consacrées au connétable, il est
facile de comprendre l'utiUté d'une étude approfondie sur la
valeur historique de l'œuvre de Guillaume Gruel. Dès le commen-
cement de ce siècle, pour ne pas remonter plus haut, M. A, de
FranchevilleS plus tard, MM. Mazas^, Cayot-Délandre^, Guyot-
Jomard^ VaUetde Viriville^, Bougeault*^, L. Bigot'', dans leurs
brochures ou leurs articles, ne font guère que nous en présenter
des abrégés dépourvus de toute critique sérieuse, sans tenir compte
de l'avertissement donné par quelques éditeurs. Les historiens du
règne de Charles VII l'utilisent également dans une large mesure,
mais avec moins de confiance. En effet, la nationalité du chroni-
1. Annuaire du Morbiiian, 1838, in-S", p. 108.
2. Vies des grands capitaines français, 1845, 3° édit., in-8'', t. V.
3. Notice dans la Biographie bretonne de P. Levot, 185-2, gr. in-S", I, 44-50.
4. Arthur de Bretagne, comte de Richemont..., 1877, in-8° de 88 pp. Nous
comprenons que l'auteur qui a consacré à Richemont une notice d'une cinquan-
taine de pages, éditée chez Lefort (Lille et Paris, 1879, in-8°), n'ait pas jugé
utile de la signer.
5. Dans la Nouvelle biographie générale de Didot, 1861, in-8», t. III, 391.
6. Article publié dans V Investigateur, t. LU, 1881, in-S", p. 213-225.
7. Le Connétable de Richemont, 1883, 2' édit. in-12.
326
queur, les liens qui l'attachent au connétable et le ton général
de son récit font supposer tout d'abord qu'il avait intérêt « à
présenter les faits sous les couleurs qu'il leur prêtée » Nous
avons voulu voir si cette hypothèse était exacte en examinant
soigneusement l'œuvre de Gruel, après avoir établi, par un long
travail préliminaire, un texte sûr qui pût servir de base à notre
études
I.
JUGEMENTS DIVERS SUR LA CHRONIQUE DE GRUEL.
La chronique de Gruel nous est parvenue accompagnée de
jugements qui sont loin de justifier les fréquents emprunts que lui
font les historiens. La sévère appréciation de Fontanieu, qui la
qualifie dédaigneusement de panégyrique 3, a été reproduite par
la plupart des érudits qui se sont occupés jusqu'à ces dernières
années du connétable de Richemont et de l'histoire militaire du
règne de Charles VII, et, chose singulière, tous, y compris Fon-
tanieu lui-même, utilisent l'œuvre de Gruel dans des proportions
considérables et le citent au même titre que Berry, Jean Ghar-
tier, Monstrelet, Mathieu d'Escouchy et les autres principaux
chroniqueurs de cette époque. Le P. Lelong, reproduisant dans
sa Bibliothèque historique'^ mie note empruntée au Catalogus
Bibliothecœ Harleianœ^, prétend que Gruel rapporte des choses
singulières^. Quelques années plus tard, le P. Griffet, dans ses
1. Cf. Principes de la critique historique, par le P. Ch. de Smedt, 1883, ia-12,
p. 123.
2. Les citations de la chronique de Gruel, contenues dans le présent travail,
sont faites d'après le texte que nous avons préparé et dont nous avons proposé
la publication à la Société de l'histoire de France. Pour rendre le contrôle pos-
sible, nous renvoyons dans les notes à l'édition de Buchon dans le Panthéon
littéraire, et aussi au chapitre de notre texte manuscrit (indiqué par Ms.),
auquel, grâce à ce système, on pourra se reporter lorsqu'il aura été imprimé.
Les erreurs chit)nologiques et autres, qui, dans les éditions, proviennent de
manuscrits défectueux, ont été corrigées dans notre texte et n'ont par suite
donné lieu ici à aucune discussion.
3. Histoire de Charles VU, à la Bibl. nat., ms. fr. 10449, Avertissement, p. 6.
4. Édit. 1771, t. III, n° 31426.
5. Tome II, 512.
6. Celte vague appréciation se retrouve dans la Biographie bretonne de
P. Levot (I, 849) à l'article Gruel, réédité dans la Nouv. biographie générale.
527
observations sur le connétable de Richemont, placées à la suite
de V Histoire de France du P. Daniel', signale en tout deux de
ces singularités : la première a trait à la manière peu loyale dont
Richemont, prisonnier des Anglais, reprit sa liberté; la seconde
concerne sa première entrevue avec Jeanne d'xVrc, et, dans ce
dernier cas, le P. Griffet semble même donner pleine créance à
la biographie du connétable^, qui a cependant excité sur ce point
la légitime défiance de M. J. Quicherat^. L'éditeur de la Collec-
tion des Mémoires particuliers relatifs à V Histoire de
France cherche à relever la chronique de Richemont du dis-
crédit auquel l'avait condamnée Fontanieu. Selon lui, il faut se
défier des éloges prodigués par G. Gruel à son maître, « qui,
dit-il, fut comme un autre dominé par l'ambition, » et laisser de
côté certains contes populaires auxquels le chroniqueur paraît
ajouter foi ; mais le fond même du récit est d'accord avec celui
des historiens du temps ^. Petitot, qui s'inspire évidemment de
la notice que nous venons de résumer en quelques lignes, fait
à peu près les mêmes remarques, et nous met en garde contre les
assertions de Gruel « toutes les fois que la gloire du connétable
ou des Bretons peut être éclipsée par celle des guerriers fran-
çais. » L'éditeur se croit dispensé par cette observation, d'ailleurs
fort sage, de l'obligation d'ajouter à son texte des notes « qui
auroient exigé de longues dissertations^. »
Après ces appréciations générales, plus ou moins défavorables,
qui émanent de personnes dont le jugement ne pouvait se laisser
égarer par un sentiment de patriotisme étroit et inconsidéré,
viennent celles de deux biographes modernes du connétable, qui
sont loin de porter la même empreinte d'impartialité. MM. Guyot-
Jomard et L. Bigot ont dans la chronique de G. Gruel la plus
grande confiance, puisqu'ils en font la base fondamentale de
leurs deux publications. Le premier déclare en outre n'avoir pu
découvrir les singularités et les exagérations signalées par ses
devanciers^. Le second n'a pas été plus clairvoyant : il n'aime
1. Édit. 1755, t. vil, p. 339 et s.
2. Ibid., p. 341 et 347.
3. Procès de Jeanne d'Arc, IV, 315.
4. Collection citée, 1785, l. VII, p. 225 et ss.
5. Collection Petitot, VIII, p. 405 et ss.
6. Arthur de Bretagne, comte de Richemont, connétable de France sous
528
pas, il est vrai, les recherches approfondies* et ne fait guère
que paraphraser quelques-uns des récits de Gruel, renchérissant
ici sur ses éloges, intercalant ailleurs quelque violente diatribe
contre Charles VIP et montrant le plus grand étonnement
quand il constate que des écrivains de talent ne pensent pas
comme lui ^. La chronique de Gruel est un panégyrique bien pâle
à côté de ces deux brochures ; aussi ne faut-il pas s'étonner du
jugement si favorable que leurs auteurs portent sur elle.
Le dernier historien de Charles VII, M. le marquis de Beau-
court, tout en reconnaissant et l'importance de la biographie du
connétable et aussi son caractère de panég_}Tique, a soin de véri-
fier toutes les assertions du chroniqueur, et bien lui en a pris,
car il a déjà signalé un certain nombre d'erreurs que nous indi-
querons en leur lieu^.
En somme, tous les critiques, vraiment dignes de ce nom,
s'accordent à reconnaître d'une manière générale un caractère
apologétique à l'œuvre de Gruel ; mais, après un avertissement
préalable, chacun d'eux recule devant la difficile tâche de mon-
trer exactement jusqu'à quel point cette assertion est vraie, en
faisant la part que l'on doit attribuer à l'imagination d'un servi-
teur trop dévoué et celle qui appartient à l'histoire. A l'aide des
notes et des longues dissertations qui avaient efirayé Petitot,
nous allons essayer de servir de guide aux historiens obligés de
recourir au travail de G. Gruel.
Si l'on considère la biographie du connétable de Ricliemont au
point de vue des renseignements nouveaux qu'elle fournit, soit à
l'histoire générale, soit à l'histoire locale, on y distingue six
parties, dont nous examinerons successivement la valeur histo-
rique, afin de déterminer ensuite le caractère général de l'œuvre
de Gruel et le rang qu'elle doit occuper dans la série des sources
de notre histoire nationale au xv'' siècle.
Charles VII, de 1424 à 1457. Étude biographique, par Al. Guyot-Jomard
(Vannes, 1877, in-S", 88 pp.), pp. 78-79.
1. Le Connétable de Richemont, par M. L. Bigot (2^ édit., Paris, 1883, in-12,
141 pp.), p. 89, note 1, et p. 100, note 1.
2. Ibid., pp. 78-79.
3. Ibid., p. 67.
4. HisL de Charles VII, t. I, p. lviii.
529
IL
JEUNESSE d'ARTHUR DE RICHEMONT.
(1393-1425.)
Gruel ne nous eût pas indiqué lui-même la source où il a puisé
le récit des événements de cette période qu'il eût été facile d'y
reconnaître l'œuvre d'un auteur écrivant sous la dictée d'autrui.
La sobriété des détails, les erreurs flagrantes, les appréciations
fausses, les lacunes considérables, enfin, le manque de propor-
tions entre cette partie de la chronique et les parties suivantes
nous eussent montré jusqu'à l'évidence que G. Gruel consigna
par écrit à une époque assez tardive des événements dont il
n'avait pas été le témoin oculaire, et sur lesquels il ne possédait
que des renseignements assez vagues, sans lien entre eux. 11 est
vrai que celjte période correspondant à la première jeunesse de
Ricliemont, il n'y a, par suite, à noter dans sa vie qu'un petit
nombre d'événements présentant quelque importance, surtout
jusqu'à la bataille d'Azincourt.
Les indications chronologiques, d'ailleurs assez rares, sont
loin d'être toujours exactes. On s'étonne de ne pas trouver les
dates de la mort de Jean le Vaillant, duc de Bretagne, de l'expé-
dition entreprise par Richemont contre les rebelles de Saint-
Brieuc et de la guerre qui suivit l'assassinat du duc d'Orléans.
La parenté des maisons de Bourgogne et de Bretagne n'attribuait
pas de droit, comme paraît le croire notre chroniqueur, la tutelle
des enfants de Jean le Conquérant à Philippe le Hardi; mais
celui-ci avait été nommé régent par une disposition testamentaire
du feu duc, disposition qui fut en outre approuvée par le roi de
France^. Il est regrettable de constater que G. Gruel est moins
bien informé sur ce point que Monstrelet^. 11 ignore également
que, le 24 mars 1401, le jeune duc Jean VI, après avoir fait la
veille son entrée solennelle à Rennes, conféra à son frère Arthur
1. Cf. note de M. A. de la Borderie dans son édition de la Chronique de Jean
de Saint-Paul, éd. 1881, p. 127; D. Plancher, Hist. de Bourgogne, III, p. 186.
2. Édit. Douët-d'Arcq, I, p. 34.
530
l'ordre de la chevalerie qu'il venait de recevoir lui-même des
mains d'Olivier de Clisson*. La rivalité entre les Blois et les
Montfort n'était pas encore complètement terminée; Marguerite
de Clisson, veuve de Jean, comte de Pentllièvre^ ayant essayé
de soulever la Bretagne en faveur de son fils, le jeune comte de
Richement, prit une part active à la guerre qui éclata^. Si Gruel
garde le silence sur ce fait, ce n'est pas, croyons-nous, par igno-
rance ; mais il lui répugne sans doute de rappeler les fréquentes
et sanglantes divisions qui éclataient dans le sein de la famille
ducale; il craint de diminuer par là le prestige des princes
bretons et agit en sujet fidèle et dévoué, mais non pas en his-
torien.
Le rôle d'Arthur de Bretagne dans la guerre que les ducs
d'Orléans et de Berry firent au roi et au duc de Bourgogne sous
les murs de Paris, en 1410-1411, et sous ceux de Bourges, l'an-
née suivante, n'est pas présenté sous son véritable jour. En
prenant part à ces deux campagnes, Richement, refusant d'obéir
aux ordres du roi^ allait contre le désir du duc son frère, qui
avait reçu des sommes considérables de Charles VP. Le princi-
pal événement de cette guerre, le siège de Bourges par le roi de
France et le duc de Bourgogne, placé par Gruel en 1413, est
de 1412. Commencé dans les premiers jours de juin'', il fut levé
et la paix conclue le 15 juiUet suivant^. Si Richemont « obtint
ce qu'il demanda* » au duc de Bretagne, son frère Gilles trouva
également des ressources, et, sans les circonstances qui retinrent
Arthur dans le Maine, U eût pu avoir à se reprocher un fratri-
1. D. Lobineau, Preuves de l'hist. de Bretagne, II, 872; P. Anselme, Hist.
généalogique, 1726, I, 459.
2. Mort le 16 janvier 1404 à Lamballe (auj. canton, Côtes-du-Nord, arrondis-
sement de Sainl-Brieuc). Cf. Alain Bouchard : Les Grandes Chroniques de Bre-
taigne. Paris, 1514, fol. 228 v.
3. Mazas, Vies des grands capitaines français, V, p. 6.
4. Cf. lettre de Charles VI au sire de Montfort, chevalier, dans les Preuves
de D. Morice, II, c. 867.
5. Cf. Monstrelet, II, pp. 94-95; Bibl. nat., ms. fr. 20405, pièces 17, 18, 21.
6. Le samedi 11 juin, d'après le Journal d'un bourgeois de Paris, éd. Tue-
tey, p. 24, Monstrelet, II, p. 271, et la Geste des nobles, éd. Vallet de Viri-
ville, p. 142. — Cf. les Mémoires de P. de Fénin, édit. Buchon, p. 552.
7. Monstrelet, II, 287; Geste des nobles, p. 143; Chronique de Pierre
Cochon, p. 417.
8. Ms., ch. VII, Buchon, p. 356.
534
cide, car Gilles mourut d'une maladie contractée pendant le
siégea La guerre que Richemont faisait dans le Maine n'était
pas d'ailleurs beaucoup plus loyale. Le chroniqueur essaie de
cacher tout ce qu'il y avait de répréhensible dans sa conduite en
disant qu'il voulait réduire à l'obéissance les vassaux rebelles du
duc d'Alençon ; mais c'est là un faux prétexte : Sillé-le-Guil-
laume et Beaumont appartenaient, non pas au duc d'Alençon,
mais à Louis II, duc d'Anjou, roi de Sicile, qui s'empressa de
venir au secours de ses places S tandis que le comte de Saint-
Paul, connétable de France, marchait contre le duc d'Alençon^.
Après la conclusion de la paix, Richemont ne fut pas attaché
immédiatement à la maison du duc de Guyenne, il se rapprocha
d'abord du roi, qui, le 22 janvier 1414, le retint à son service
et le mit, le 31 mars suivant, sous les ordres directs du dauphin
Louis *.
Le voyage de la duchesse Jeanne à la cour de France eut lieu,
non en 1413 ^ mais beaucoup plus tard après la campagne d'Ar-
ras. Jean VI, sortant de ses longues hésitations, se décida, vers
la fin d'octobre 1414, à répondre aux invitations réitérées d'Isa-
beau de Bavière ; le départ fut fixé après la fête de la Toussaint».
Il faut rapporter à la même époque le voyage du duc de Guyenne
et de Richemont à Bourges'. Gruel a confondu ensemble deux
voyages que le duc Jean (et non la duchesse) fit à Paris en 1413
et en 1414; dans le premier, qui eut lieu en septembre, il reçut
de la reine Isabeau deux diamants dont un pour la duchesse» ;
mais c'est seulement à la fin de 1414 que celle-ci alla pour la
première fois^ vers la reine Isabeau, voyage annoncé dans l'acte
édité par D. Morice : le 5 janvier 1415, les deux princesses
1. Gilles mourut le 25 juillet 1412 (D. Lobineau, HisL de Bretagne, II, p. 366;
Monstrelet, II, p. 290).
2. Monstrelet, II, p. 248.
3. Mémoires de P. de Fénin, éd. Buchon, p. 552.
4. Preuves de D. Morice, II, c. 902 et 904.
5. Ms., ch. X, Buchon, p. 356.
6. Preuves de D. Morice, II, c. 894-895.
7. Monstrelet, III, p. 53.
8. Cf. Arch. nat., KK 48, fol. 122 V; le 18 septembre, le duc Jean donnait, à
Paris, quittance à Jean Le Vavasseur, receveur dos aides à Évreux, pour une
somme de 100 fr. à prendre sur un don de 50,000 fr. à lui fait par le roi (Bibl.
nat., ms. fr. 20495, pièce 22) ; cf. Monstrelet, II, 403, et Geste des nobles, p. 150.
9. Arch. nat., Mémoriaux de la Chambre des comptes, P 2298, p. 73.
532
étaient à Melun, où le dauphin vint les visiter. C'est ce second
voyage qui coïncida avec celui du duc de Guyenne et de Riche-
mont à Bourges ^
Gruel semble placer la restitution de Saint-Malo au duc de
Bretagne en 1413 ou 1414^; cependant, le roi de France ne res-
titua cette place que beaucoup plus tard, par acte donné à Rouen
au mois d'octobre (probablement le 19) 14153, c'est-à-dire
presque à la veille de la bataille d'Azincourt. Cette générosité,
bien que restée inutile, était d'un habile pohtique, et, si Riche-
mont fut pour quelque chose dans cette restitution, ce qui est au
moins douteux, il faut avouer qu'il avait choisi un moment favo-
rable pour présenter sa requête. Mais le chanoine Lebaud et
Alain Bouchard disent que le roi consentit à rendre Saint-Malo
en faveur de la duchesse sa fille ; Gruel prétend au contraire que
ce fut grâce à l'influence de Ricbemont. La première assertion est
beaucoup plus vraisemblable ; car nous possédons la requête
adressée par Jeanne au roi en janvier 1415, et relative à la res-
titution de cette ville et de plusieurs autres terres^. Tous ces évé-
nements ne sont donc pas rangés à leur place chronologique dans
l'œuvre de Gruel.
Richement était à peine rentré dans les bonnes grâces du roi
que la guerre éclatait de nouveau entre les princes du sang. Il
prit alors part aux conseils royaux et fut l'un de ceux qui conseil-
lèrent de marcher contre le duc de Bourgogne, dans une assem-
blée de princes et de prélats tenue le 2 mars 1414 à Paris ^.
Le 31 de ce mois, il était retenu au service du roi pour la cam-
pagne suivante^. Les troupes royales n'ouvrirent pas les hostilités
par le siège de Soissons, comme l'avance GrueP : elles prirent
1. Cf. Monstrelet, III, p. 53 et 55.
2. Ms., ch. XI, Buchon, p. 356.
3. Orig. aux archives de la Loire-Inférieure, E 160, cass. 63, publié dans les
Preuves deD. Morice, II, c. 924; on trouve dans ces jP/euws une lettre du roi,
en date de Rouen, 19 octobre, ordonnant au chapitre de Saint-Malo d'obéir
désormais au duc de Bretagne.
4. Compilation des cronicques... des Bretons, par P. Lebaud, à la Bibl. nat.,
ms. fr. 8266, fol. 340 recto, col. 2; Alain Bouchard, les Grandes Annales de
Bretagne, éd. 1541, fol. 151 r" et v ; Arch. nat., Mémorial P 2298, p. 73.
5. D. Plancher, Uist. de Bourgogne, III, p. 396; Monstrelet, II, p. 463.
6. Preuves de D. Morice, II, c. 304.
7. Ms., cb. XII, Buchon, p. 357.
533
d'abord Compiègne au commencement de mai* ; le 10 de ce mois,
elles étaient devant Soissons et prenaient ensuite Bapaumes;
poursuivant leurs succès, elles arrivent vers le 20 juillet devant
Arras, où elles restent jusqu'au 4 septembre 1414 2. Mais ce n'est
pas dans notre chronique qu'il faut chercher des détails précis et
circonstanciés sur cette campagne, à laquelle Richement prit
pourtant une part active. On ne peut comparer le récit écourté
de Gruel avec la narration si riche de Monstrelet, ni même avec
celle de Cousinot le chancelier ou du Bourgeois de Paris.
C'est peu de temps après son retour à Paris, où il se trouvait
à la fin d'octobre, que Richemont accompagna le duc de Guyenne
à Bourges, tandis que la duchesse Jeanne de Bretagne s'achemi-
nait vers la capitale^.
Outre le désordre et les erreurs que nous venons de signaler
dans l'exposé des faits, on remarque quelques omissions que l'on
doit attribuer, soit à l'ignorance du chroniqueur, soit au désir de
montrer l'ingratitude des rois de France vis-à-vis de son maître^.
Cependant, la belle conduite de Richemont dans la campagne
de 1414 lui valut la faveur royale : on commença par lui donner
de l'argent pour payer ses hommes d'armes bretons, dont
quelques-uns reçurent des récompenses spéciales le 24 octobre ^ ;
puis, le 19 décembre suivant, il fut nommé gouverneur du duché
de Nemours, retiré au roi de Navarre, et reçut ses lettres de pro-
vision le 23 du même mois^. Vers la même époque, il se vit
donner le comté de Tonnerre'.
Gruel n'est pas plus explicite sur le rôle que joua Richemont
auprès du duc de Guyenne ; depuis qu'il fut attaché à la maison
1. Monstrelet, III, p. 5; Geste des nobles, éd. Vallel de Viriville, p. 151;
Journal d'un bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p. 151 et note 1.
2. Monstrelet, lil, p. 23 et 24,31 et 32; Bourgeois de Paris, p. 51-53; Geste
des nobles, p. 152-153. La paix fut alors signée, Richemont et son frère le duc
de Bretagne sont au nombre des seigneurs qui s'engagèrent en février 1415 à
faire exécuter ces conventions. Cf. Monstrelet, VI, p. 173, et une copie du traité
aux Archives nat., P 2298, p. 145-148.
3. Preuves de D. Morice, II, c. 909 ; cf. ci-dessus p. 531-532.
4. Cf. Ms., ch. Lxxxix, Buchon, p. 404.
5. Preuves de D. Morice, II, c. 909.
6. Arch. nat., Mémorial P 2298, p. 117 et ss. Bibl. nat., ms. fr. 21408,
fol. 49 v. On trouve une copie de ces lettres dans le ms. lat. 90i8, Bibl. nat.,
fol. 8 V», avec la date du 29 décembre.
7. Boutiot, Hist. de Troyes, 1872, II, p. 344.
534
de ce dernier, il l'accompagna constamment et le servit même
dans des affaires d'un caractère tout privée Le roi ayant confié
à son fils la garde spéciale de la bastille Saint-Antoine à Paris,
le dauphin s'en déchargea sur Richemont le 10 avril 1415'''. Un
mois plus tard, le 14 mai, le duc de Guyenne, après avoir reçu
en don les terres confisquées sur Jean Larchevêque, seigneur de
Parthenay, qui avait embrassé la cause bourguignonne, confia
l'exécution delà sentence de confiscation au comte de Richemont,
et, pour l'intéresser au bon résultat de cette entreprise, lui trans-
mit tous ses droits ^. Dès le commencement de juin, celui-ci réunit
ses hommes d'armes et se fit donner de l'argent pour leur soldée
Gruel, qui signale les succès militaires remportés dans la cam-
pagne qui suivit, ne dit rien des intérêts directs que Richemont
avait dans cette affaire, et cependant il devait lui être facile de
se procurer des renseignements sur la seigneurie qui devint la
résidence habituelle du connétable. Il ne faut pas lui demander
non plus des détails bien circonstanciés sur les préliminaires si
intéressants et en même temps si tristes de la bataille d'Azin-
court. Monstrelet est beaucoup mieux informé que lui sur la par-
ticipation de Richemont à cette campagne qui devait aboutir à
une déroute complète^. Gruel ignore même la date exacte de ce
fait qui avait pourtant si vivement impressionné ses contempo-
rains. Il dit, en effet, que les deux armées se trouvèrent en pré-
sence le 25 octobre, logèrent le soir même l'une près de l'autre
et engagèrent le combat le lendemain au point du jour, c'est-à-
dire le 26, un vendredi d'après notre chroniqueur^. Or, il y a là
une double confusion : le combat eut lieu le 25 octobre, et cette
1. Cf. dans Monstrelet, III, p. 70, le récit du départ de la cour d'Isabeau et
de la dauphine Marguerite, la future comtesse de Richemont.
2. Preuves de D. Morice, II, c. 902.
3. B. Ledain, Hisl. de Parthenay, 1858, p. 207 ; Arch. de la Loire-Inférieure,
E 105, 3'' pièce, renfermant un vidimus, du 16 octobre 1428, de la cession faite
par<Charles VII à Richemont des droits qu'il avait acquis sur les domaines de
Jean Larchevêque. Cet acte prouve que la première donation à Richemont fut
faite par le duc de Guyenne, et non directement par le roi, comme le disent
l'auteur du Chronicon Briocense {Preuves de D. Lobineau, II, c 886), MM. Le-
dain {loc. cit.) et Vallet de Viriville {Hist. de Charles Vil, t. I, p. 46).
4. Arch. du Calvados; occupation anglaise, fonds Danquin, carton « Caen, »
à la date.
5. Monstrelet, III, pp. 96-120.
6. Ms., eh. XIV, Buchon, p. 357.
535
date tomba un vendredi et non un jeudi, comme le laisse entendre
le texte de Gruel^ Le récit de la bataille présente néanmoins
quelques points nouveaux, notamment pour ce qui concerne le
roi d'Angleterre et les Bretons tués ou faits prisonniers dans le
combat^. Mais, bien mal renseigné sur l'importance des troupes
en présence, il va jusqu'à prétendre que le roi d'Angleterre avait
deux mille hommes de plus que ses adversaires, quand les chro-
niqueurs contemporains sont unanimes pour affirmer que les
forces françaises étaient de beaucoup supérieures ^ Peut-être
veut-il, par un subterfuge puéril, amoindrir la honte de la
défaite; car nous trouverons d'autres occasions de lui faire un
semblable reproche''. Richemont, fait prisonnier, suivit son vain-
queur en Angleterre, où il retrouva sa mère, Jeanne de Navarre,
veuve depuis 1413 de Henri IV, qu'elle avait épousé après la
mort de Jean le Vaillant^. Gruel nous a laissé de la première
entrevue de la mère et du fils un récit intéressant. Celui-ci
demeura en Angleterre jusqu'au mois de juillet 1420. Que son
biographe ait manqué de renseignements sur le séjour de son
maître à l'étranger, qu'il ignore les démarches que Richemont fit
en mai 1419 pour fixer le chiffre de sa rançon et recouvrer sa
liberté ^ on l'admet aisément ; mais peut-être eût-il pu signaler
au moins la guerre qui se continua dans le Poitou jusque vers
juillet 1417 entre les hommes d'armes de Richemont et ceux de
Jean Larchevêque qu'on voulait déposséder de ses seigneuries :
1. On ne peut traduire « vespre » par « veille; » outre que le contexte s'y
oppose, il n'a jamais cette signification qu'au pluriel, « vespres d'un tournois; »
d'ailleurs, Gruel emploie habituellement ce mot dans le sens de « soir. » Diction-
naire hist. de l'ancien langage français, par La Curne de Sainte-Palaye, éd.
Favre, 1882, t. X, p. 157; cf. Ms., ch. lxxxiii, Buchon, p. 393, où vespre a
incontestablement cette dernière signification.
2. Gruel dit que le roi d'Angleterre eut sa couronne brisée en défendant son
frère le duc de Clarence; Monslrelet prétend qu'alors il voulait relever son
oncle, le duc d'York, blessé à mort (Monstrelet, III, 119). Edouard, duc d'York,
était cousin de Henri V et non son oncle (note de M. Hellot dans les Cronicques
de ISormendie, p. 16 et note 51).
3. Monstrelet, III, p. 103 et ss.; Journal d'un bourgeois de Paris, p. 64;
Mémoires de Pierre de Fénin, édit. Buchon, p. 559, col. 1.
4. Cf. notamment Ms., ch. lxii, Buchon, p. 379, et Monstrelet, V, 119 et ss.,
pour le nombre des Anglais qui assiégèrent Gerberoy fortifié par Polon et La
Hire.
5. Ms., ch. IV. Buchon, p. 355.
6. J. Delpit, Documents français en Angleterre, 1847, p. 226, n" 351.
536
le dauphin Charles dut intervenir et signera Angers, avec le duc
de Bretagne, un traité qui attribuait au frère de ce dernier,
Arthur, la châtellenie de Ghâtelaillon, traité qui ne mit pas fin à
la guerre ^
Le 13 février 1420, le duc Jean VI tombait par trahison au
pouvoir de ses ennemis mortels, les Penthièvre. Il faut remar-
quer que Gruel, dont la version diffère de celle de Monstrelet, ne
fait aucune allusion à la participation directe du dauphin à cet
événement, sur lequel il passe d'ailleurs assez rapidement; plus
tard, il en attribuera toute la responsabilité aux conseillers de
Charles^. Bien qu'il ne fasse pas ressortir suffisamment l'activité
que déployèrent en cette circonstance la duchesse et la noblesse
de Bretagne, il présente néanmoins les faits sous leur véritable
jour en montrant d'un côté les Bretons prêts à tous les sacrifices
pour obtenir la délivrance de Richemont, et de l'autre le désap-
pointement du roi d'Angleterre apprenant la mise en liberté de
Jean YI. Henri V, qui avait espéré profiter des embarras surve-
nus en Bretagne pour s'assurer définitivement le secours du duc
et de Richemont, n'abandonna pas ce projet si favorable à sa
politique et consentit à rendre au comte Arthur une liberté rela-
tive, à condition qu'il embrasserait la cause anglaise et la servi-
rait de tout son pouvoir. Gruel, qui lui donne tant d'éloges pour
avoir tenu les premiers engagements qu'il avait pris vis-à-vis
d'Henri V^, se garde bien de nous faire connaître le traité du
22 juillet 1420, qui rendait au comte breton une liberté achetée
au prix de l'honneur et assurait au roi anglais un allié de plus.
Par ce traité, sur lequel nous aurons à revenir bientôt, Riche-
mont promettait de ne prêter aucun appui au dauphin ou à ses
partisans et devenait l'homme de Henri V et le défenseur de sa
politique. Il le comprit si bien que, plus tard, il jugea nécessaire
de se faire dispenser de tout service militaire contre le duc de
Bretagne en cas de guerre entre les deux princes^. En réalité, ce
n'est plus un prisonnier qui prend part avec l'armée anglaise aux
1. B. Ledain, Gâtine historique et monumentale, 1876, p. 196; Table des
mss. de D. Fontenau, dans les Mémoires de la Société des antiquaires de
l'Ouest, 1839, IV, p. 323.
2. Monstrelet, IV, p. 29; cf. Hist. de Charles VII, par M. de Beaucourt, I,
pp. 202-208; Ms., ch. xxvi, Buchon, p. 362.
3. iiifs., ch. XVII, Buchon, pp. 358-359.
4. Preuves de D. Morice, II, 1101.
537
sièges de Melun et de Meaux, c'est Arthur de Bretagne, allié
de Henri V et son vassal pour le comté d'Ivry*. MaisGruel n'a,
comme son maître, de dévouement que pour la Bretagne, et son
patriotisme étroit n'a pas été choqué de cette indigne conduite. Il
ne faut donc lui demander ni trop de détails sur ces événements
déplorables, ni la sévère appréciation que l'on doit porter sur eux.
Les premières négociations entreprises pour le mariage de
Richement et de M'"'' de Guyenne sont racontées avec des déve-
loppements qu'on chercherait vainement ailleurs, et qui viennent
de bonne source '. Mais, à en croire notre chroniqueur, l'affection
mutuelle que se portaient le duc de Bourgogne et le comte de
Richement était le seul motif qui leur fît désirer cette alliance,
alors que des raisons politiques de premier ordre tendaient à les
unir étroitement. Richemont, dans la fausse position qu'il s'était
faite, avait tout intérêt à se rapprocher du duc de Bourgogne, si
puissant auprès du gouvernement anglais, et Philippe le Bon
pouvait espérer, en lui donnant sa sœur en mariage, faire sortir
le duc de Bretagne de la neutralité derrière laquelle il se retran-
chait constamment et le détacher à jamais du parti du dauphin .
M'"'' de Guyenne ayant déclaré qu'elle n'épouserait pas un pri-
sonnier, on dut ajourner les pourparlers engagés, et Richemont,
alors en Bretagne, fut obligé de se contenter de cette réponse,
peu propre à le rendre « bien content ^ . »
La confusion que nous avons signalée dans cette partie de la
chronique n'a pas encore disparu. Ainsi, bien que les sièges de
Melun et de Meaux et, par suite, les premières entrevues du duc
de Bourgogne et de Richemont, aient eu lieu avant le voyage de
celui-ci en Bretagne, et la reconstruction des tours et murailles
de Rennes, on trouve ces derniers faits mentionnés aVant la
demande en mariage de M""^ de Guyenne adressée par Richemont
au duc de Bourgogne. Ici, le chroniqueur prend soin de nous
avertir de l'interversion apportée par lui dans son récit * ; néan-
moins, il y a là une transposition regrettable. De plus, le voyage
1. Ms., ch. XIX, Buchon, p. 359; Cronicques de Norme ndie, éd. Hellot, p. 64;
Monstrelet, IV, p. 81. — Ivry, auj. Ivry-la-Bataille, corara., Eure, arr. d'Évreux,
cant. de Saint-André.
2. Notre chroniqueur a connu ces détails par son frère Raoul Gruel, qui fut
chargé d'une mission relative à ce mariage.
3. Ms., ch. XIX, fin, Buchon, p. 360.
4. Ms., ch. XIX, Buchon, p. 359 : « Et paravant ce... »
33
538
que Richemont fit en Bretagne pour empêcher ses compatriotes
de se mettre au service du dauphin, qui venait de faire assiéger
Cosne, eut heu, non en 1421, mais au mois de juin 1422, date de
ce siégea C'est vraisemblablement un mois ou deux plus tard
qu'on entreprit d'entourer d'une enceinte fortifiée la viUe neuve
de Rennes. Que Richemont, alors dans cette ville, ait conseillé
cette mesure, cela est fort possible, quoique aucun document ne
le dise d'une manière formelle ; mais il ne faut pas lui en attri-
buer tout le mérite. Bertrand d'Argentré affirme que ce fut Henri
de Villeblanche, seigneur de Broon, capitaine de Rennes, qui
dirigea ces travaux^ ; commencés en 1422, ils ne marchèrent pas
aussi promptement que le prétend notre chroniqueur, puisqu'ils
n'étaient pas encore complètement terminés en 1448, ni même
beaucoup plus tard en 1486^. Il commet une erreur grossière
lorsqu'il place la mort du roi d'Angleterre en octobre 1421 ; cet
événement eut lieu, comme on sait, le 31 août 1422; le mois
indiqué fait penser qu'il a confondu la date de la mort de Henri V
avec celle du décès de Charles VI, qui arriva le 21 octobre
suivante
Richemont put alors recouvrer l'espoir d'une prochaine union
avec M™^ de Guyenne. Sans s'arrêter aux solennelles promesses
qu'il avait faites dans le traité du 22 juillet 1420, il se déclara
libre et reprit, avec la cour du duc de Bourgogne, des négocia-
tions un instant interrompues. Gruel ne se permet pas de criti-
quer une telle conduite, et dit aussi « que homme n'avoit plus
que lui demander^. » Cette assertion, déjà rejetée au siècle der-
1. Ms., ch. xvm, Buchon, p. 359; Vallet de Viriville, Hist. de Charles VII,
I, p. 328-329.
2. D'Argentré, Hiat. de Bretagne, éd. 1618, p. 797.
3. P. de la Bigne- Villeneuve, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Georges de
Rennes, Prolégomènes, p. 53; ibid., Appendice, pp. 338, 264-208; Inventaire
des archives d'I Ile-et-Vilaine, série C, tome I, 257; Preuves de D. Morice, III,
c. 538.
4. Arch. nat., XIa 1480, fol. 257 v et 259 v, textes imprimés par D. Félibien,
Hist. de Paris, t. IV, 587. D'autres chroniqueurs contemporains fixent à des
dates inexactes la mort du roi d'Angleterre, par exemple Cousinot le chance-
lier, qui indique le dimanche 29 aoiit (éd. Vallet de Viriville, p. 186), et l'auteur
de la Chronique du Mont Saint-Michel, qui place cet événement en septembre
(éd. donnée par M. S. Luce, p. 23).
5. Ms., ch. XX, Buchon, p. 300. M. Vallet de Viriville adopte sans discussion
l'opinion de Gruel [Hist. de Charles VII, t. I, p. 428).
o39
nier par le P. Griffet, est complètement fausse, et il n'est pas
besoin, pour la réduire à néant, d'invoquer les lois de la guerre
alors pratiquées ou l'exemple du duc d'Orléans, qui ne se crut
pas délié de ses promesses par la mort de Henri V* ; il suffit de se
reporter au texte du traité du 22 juillet, dans lequel Richeraont
jurait de comparaître en personne à Londres le jour Saint-Michel
(29 septembre) de l'année 1422 et de se rendre prisonnier [pri-
sonarium prout extat de prœsenti. . .) au roi d'Angleterre ou à
son héritier, et, en cas d'absence, à leur lieutenant en Angle-
terre, au chancelier, ou au maire de Londres 2. Le prince anglais
avait bien pris ses précautions, et, si le duc de Bedford ne fit
aucune protestation officielle, c'est que Ricliemont, devenu libre,
pouvait désormais prétendre à la main de Marguerite de Bour-
gogne, et que ce mariage semblait assurer à l'Angleterre l'appui
de la Bretagne. Gruel n'a pas jugé à propos d'approfondir cette
question; cependant, il ne devait pas ignorer les raisons pour
lesquelles « on se fust bien passé » de la présence du régent
anglais aux conférences d'Amiens. Nul doute que Bedford n'ait
rappelé au comte de Richemont ses engagements antérieurs et
n'ait profité de l'influence que celui-ci exerçait alors sur son frère
pour l'amener à l'entrevue, contre l'avis des Etats de son duché,
et lui faire signer la triple alliance conclue le 17 avril 1423^. Il
est évident que le chroniqueur qui se trompe pour la date de ce
traité ne dit pas tout ce qu'il sait, et, ce qui est plus grave, il
dénature les événements lorsqu'il représente Richemont subis-
1. observations du P. GriCfet, à la suite de l'Hist. de France du P. Daniel,
t. VII, p. 341.
2. Preuves de D. Morice, II, 1034-1035.
3. Preuves de D. Morice, II, 1125-1128, 1136-1138; D. Plancher, Hist. de
Bourgogne, IV, p. 27, n° XXIII. Les États détournèrent vivement le duc d'en-
treprendre le voyage d'Amiens, et nous ne voyons pas ce qui a porté M. de
Beaucourt à révoquer en doute l'assertion de Gruel. Si l'on n'y trouve pas une
désapprobation formelle, connncnl faut-il interpréter ce passage de la déclara-
lion des états du 31 décembre 1422 : « Et... pour double que aucun inconvé-
nient peust advenir par ses ennemis en sa personne..., qu'ils n'entrassent en
son dit pays^ lui absent..., ont les dits Estais supplié à nostre dit seigneur qu'il
lui plust pour le présent demeurer en son pays, et faire procéder es cas dessus
dits par mon dit seigneur de Richemont ou par autres ambaxeurs. » (Cf. Hist.
de Charles VU, par M. de Beaucourt, t. II, p. 332, note 4; D. Morice, Preuves,
II, 1126 pass.; M. de Beaucourt cite la déclaration des États d'après ïllist. de
Bourgogne de D. Plancher, t. III, Preuves, page 319, n° CCCXIV.)
540
sant, malgré lui, l'intervention du duc de Bedford dans cette
affaire et redoutant même de tomber au pouvoir des Anglais.
Sur le point de devenir le beau-frère du régent, qui allait épouser
Anne de Bourgogne, sœur deM""" de Guyenne, engagé de plus en
plus dans l'alliance étrangère, il avait plus à redouter du dau-
phin, qui était en droit de le traiter en ennemi déclaré, que des
hommes d'armes anglais.
Le voyage que fit alors Richemont en Bretagne n'eut pas lieu
en 1423, mais bien l'année suivante ^ 11 se passa certainement,
à cette époque, quelque événement grave qui lui donna d'autres
pensées et d'autres espérances. Gruel ne s'est pas demandé, ou
du moins il ne nous dit pas ce que signifie cette retraite de Riche-
mont, bientôt suivie d'un cliangement complet dans sa politique.
Est-ce ignorance ou parti pris? On serait assez porté à admettre
la seconde liypothèse, en présence des exphcations fournies par
les autres chroniqueurs. Gruel devait nous faire connaître les
motifs de ces revirements soudains, dans l'intérêt même de celui
dont il écrivait l'histoire. Que penser d'un personnage politique
que l'on voit aller d'un parti à l'autre, si l'on n'est pas mis à
même d'apprécier à leur juste valeur les raisons d'une conduite
aussi singulière? L'abandon par Richemont de la cause anglaise,
qu'il avait juré à plusieurs reprises de défendre envers et contre
tous, « esmerveilla » ses contemporains eux-mêmes, et, en vérité,
l'événement était de nature à exciter la surprise 2. Aussi, quand,
en pareil cas, un serviteur aussi dévoué que Gruel ne donne
aucune explication plausible, on pense tout naturellement que, ses
raisons n'étant pas avouables, il a préféré les laisser dans
l'ombre. C'est le système qu'il a suivi, aussi bien pour le traité
de l'élargissement de Richemont, du 22 juillet 1420, dont il n'in-
dique aucune clause, que pour le traité d'Amiens, du 17 avril 1423.
Richemont n'avait pas alors pour déserter le drapeau anglais des
motifs d'un ordre bien relevé, et, selon nous, il ne faut pas voir
1. Preuves de D. Morice, t. II. 1147 et ss. Divers mandements et d'autres
actes nous indiquent les principales étapes de ce voyage; Richemont, parti de
Montbard au commencement de février, se rend à Gyé-sur-Seine, puis à Troyes,
où il est le 7 ; il va ensuite à Paris, et, le 23 du même mois, à Amiens, mais
c'est seulement le 6 octobre que nous le trouvons à Nantes (Arcb. de la Côte-
d'Or, B 6403, fol. 35 x"; B 4943, fol. 22 v», 25 r% 26 r» ; B 6403, fol. 9 r°. Arch.
nat., XI A 1480, fol. 290 r", 291 V).
2. Monstrelet, IV, 195.
541
dans cet acte l'apparition d'un sentiment qu'il n'avait guère
éprouvé jusqu'alors : le patriotisme. Humilié et méprisé peut-être
par le régent Bedford, qui refusa de lui confier le commandement
des troupes destinées à la défense des environs de la capitale,
dépossédé du comté d'Ivry, qui venait de lui être enlevé par
Giraud de la Pallière, Richemont. voyant le vide se faire autour
de lui et ses ambitieuses espérances déçues, tourna pour la
première fois ses regards vers celui qu'on appelait encore le roi
de Bourges \ Grueln'a pas voulu nous montrer son maître obéis-
sant à un vulgaire sentiment de vanité froissée, lorsqu'il vint
chercher fortune à la cour de Charles VII ; cependant, sa cons-
cience d'historien impartial eût dû l'emporter sur toute affection
personnelle. Mais n'est-ce pas beaucoup exiger d'un chroniqueur
que l'attachement et la reconnaissance aveuglent parfois? malgré
tout, peut-être faut-il lui savoir gré de n'avoir pas remplacé les
renseignements que nous lui demandons par une sorte de plai-
doyer, forcément aussi mauvais que la cause elle-même, tel, par
exemple, que celui de Cousinot de Montreuil, prétendant que
Richemont servait de corps le roi d'Angleterre, mais que « ses
volontés et courage estoient toujours à la couronne de France^. »
Voici donc Richemont entré en rapports avec Charles VII ; ils
ont à Angers une entrevue dans laquelle le comte breton fait sa
soumission. Gruel rapporte avec une sorte de fierté toutes les
concessions qui furent faites à son maître, auquel on livra en
otages quatre places fortes et deux des principaux capitaines
français, pour le décider à venir à cette conférence; cependant,
ces précautions ne servent guère qu'à faire ressortir la l'ausse
position de Richemont, qui, après avoir changé tant de fois de
camp et de parti, ne se trouvait plus en sûreté dans aucun d'eux.
Mais les circonstances favorisaient l'exécution de ses projets :
Charles VII avait besoin d'hommes d'armes, et il espérait con-
quérir l'appui des Bretons en faisant un connétable de France du
frère de leur duc; Richemont, que cette offre comblait de joie,
subordonna néanmoins son assentiment à l'approbation de Philippe
le Bon et d'Amédée de Savoie. En lisant la chronique, on croirait
1. Hist. de Charles VII, par Vallet de Viriville, I, 428; Geste des nobles, éd.
Vallet de Viriville, p. ^OG; la ville et le château d'Ivry, assiégés ensuite par le
duc de Bedford, lui furent rendus le lundi 12 août 1424 (Arch. nat., XIa 1480,
fol. 305 T").
2. Chronique de la Pucelle, éd. Vallet de Viriville, p. 231.
542
que, après avoir fait si bon marché de ses engagements avec les
Anglais, il veut à tout prix rester fidèle à ceux qu'il a pris vis-
à-vis de son beau-frère. Mais, eu agissant ainsi, il ne s'arrêtait
pas à des considérations de ce genre ; il avait des raisons spé-
ciales pour ne pas rompre trop ouvertement avec le duc de Bour-
gogne. Tous les domaines dont les revenus composaient la dot de
M'"^ de Guyenne se trouvaient dans les états de Philippe le Bon,
qui, d'un moment à l'autre, pouvait les replacer sous sa domina-
tion directe, et, malgré les ménagements gardés envers lui, c'est
ce qui arriva le 15 février 1425 ^ Richemont, ne voulant pas,
pour ces motifs, séparer sa cause de celle du duc de Bourgogne,
entreprit alors de le détacher de l'alliance anglaise. A-t-il
employé dans la suite les moyens peu avouables qu'on lui a prê-
tés? La question est difficile à résoudre, Gruel ne faisant aucune
allusion au fameux projet d'assassinat de Philippe le Bon par
Bedford, ni au rôle joué par Richemont dans cette ténébreuse
affaire que l'on n'est pas encore parvenu à éclaircir d'une
manière satisfaisante ^ Quoi qu'il en soit, le duc de Bourgogne
1. Arch. de la Côte-d'Or, B 4849, fol. 45 r; B 297, liasse 5, cote 11 ; B 6403,
fol. 1 r°. En reprenant ces domaines, le duc de Bourgogne s'engageait à payer
régulièrement les 6,000 livres de rentes qu'il avait promises à sa sœur, mais
c'était là une assurance bien aléatoire. Cf. Lettres de Philippe le Bon, du
1" mars 1425, portant mandement de payer à sa sœur Marguerite 1,000 livres en
déduction des 6,000 livres de rente à elles promises dans son contrat de mariage
(Arch. de la Côte-d'Or, B 297, liasse 5, cote 16).
2. M. Desplanque, qui a étudié à fond la question, incline visiblement à
admettre la culpabilité des princes anglais {Projet d'assassinat de Philippe le
Bon par les Anglais, 1867, in-4'', cf. notamment p. 55). MM. Kervyn de Let-
tenhove et de Beaucourt tendent à faire retomber sur Bicheraont toute la res-
ponsabilité de cette intrigue. II nous semble que pour formuler une accusation
aussi grave, il faut l'appuyer « sur une démonstration rigoureuse, » et non pas
sur la déposition d'un personnage tel que Guillaume Benoit, qui se reconnaît
lui-même pour faussaire. M. de Beaucourt dit, dans une noie supplémentaire
qui termine le second volume de son Histoire de Charles VII (p. 600) : « Si
l'on admet la véracité des déclarations faites par G. Benoit..., il est difficile de
décharger Richemont de la responsabilité qui pèse sur sa mémoire. » (Cf.
le Caractère de Charles VII, par M. de Beaucourt, extrait de la Revue des
questions historiques, 1873-1875, p. 53, note 5.) Mais prouver « la véracité
des déclarations faites par G. Benoît, » c'est là toute la question, et tant qu'elle
ne sera pas résolue, la mémoire de Richemont n'aura rien à souffrir de celte
affaire. Ou a bien, il est vrai, des preuves évidentes que Richemont ne reculait
devant rien pour arriver à son but, et nous ne prétendons pas donner à son
caractère une haute valeur morale, mais de ce qu'il a parfois pratiqué la ma.\ime
o43
parut d'abord céder aux instances de son beau-frère, qui put
accepter, le 7 mars 1425, l'épée de connétable.
Nous venons de faire de la première partie de notre chronique
une critique que l'on trouvera peut-être empreinte d'une trop
grande sévérité. A vrai dire, la tâche du clironiqueur était des
plus difficiles à remplir : pendant toute cette période, Richemont
change constamment de parti, et depuis son retour d'Angleterre,
quand il n'est pas ouvertement l'allié des Anglais, il mène une
conduite plus qu'équivoque ; l'on comprend que son biographe
n'ait pu saisir tous les secrets d'une politique aussi peu stable.
Néanmoins, dans certains cas, où il est difficile d'invoquer en sa
faveur une ignorance involontaire, il se montre beaucoup trop
réservé; on chercherait vainement, dans ces premiers chapitres
de l'œuvre de Gruel, une appréciation personnelle, reliant entre
eux les événements les plus divers, et atténuant par une expli-
cation quelconque les variations politiques de Richemont. Gruel
ne semble aucunement surpris de le voir porter ainsi le secours
de son bras au plus ofirant, sans souci de ses engagements anté-
rieurs. Son principal défaut consiste dans un silence obstiné sur
certains faits qui auraient pu entaclier la mémoire du connétable.
Si l'on se rappelle la confusion que nous avons signalée dans
l'ordre chronologique du récit, les rapprochements que nous
que la fin justifie les moyens, ce n'est pas une raison suffisante pour lui attri-
buer toutes les infamies qui se commettent autour de lui et en son nom, sur-
tout quand celui qui l'accuse est loin d'avoir droit à notre estime et à notre
confiance. En résumé, il y a un point généralement admis, c'est que Bedford, Glo-
cesler, SufFolk et Salisbury avaient de nombreux griefs contre le duc de Bour-
gogne, et qu'ils ont effectivement songé à se défaire de lui. En second lieu, ce
qui n'est pas plus douteux, le complot étant venu à la connaissance du duc de
Bretagne et de Richemont, ceux-ci voulurent profiter de cette circonstance pour
engager le duc de Bourgogne à rompre définitivement avec les Anglais. Jusqu'ici
l'intervention des princes bretons n'a rien que de très légitime. Pourquoi accu-
ser Richemont, sur la déposition d'un faussaire, d'avoir forgé des documents
pour induire eu erreur son frère le duc de Bretagne? Celui-ci était par ses ren-
seignements personnels bien au courant du complot, puisqu'on lit dans ses ins-
tructions au chancelier de Bretagne « que le comte de Suffolk dit à nions, de
Bretagne en sa ville de Rennes... que la manière est toute pourveue, pour avoir
briesveraent fait de mon dit seigneur de Bourgogne. » Le plus sur est de s'en
tenir à cette simple conclusion, à savoir que le projet d'assassinat a réellement
été formé par les prin es anglais, mais il ne faut pas prêter graluilcment k
Richemont des manœuvres véritablement machiavéliques. (Cf Desplanque, op.
cit.; Hist. de Charles VII, par M. de Beaucourt, 11, p. 658; D. Plancher, Hist.
de Boui'gofjne, t. IV, Preuves, n° LIX.)
avons faits avec les autres chroniques contemporaines, on recon-
naîtra que la comparaison n'a pas été favorable à Gruel, et que,
pour l'histoire générale, aussi bien que pour l'histoire spéciale de
Richemont, cette première partie est une pauvre ressource : à
peine y trouve-t-on quelques renseignements nouveaux sur la
part prise par les Bretons aux événements mihtaires des pre-
mières années du xv** siècle.
m.
PRÉPONDÉRANCE DU CONNÉTABLE DE RICHEMONT.
(1425-1429.)
Pendant la période que nous allons étudier, Richemont, devenu
connétable de France, se trouve mêlé activement aux événements
militaires et dirige en maître souverain la politique royale. Son
histoire ne consiste plus seulement dans le récit de quelques faits
isolés ou d'intérêt local, elle se confond avec l'histoire de la
guerre contre les Anglais et devient par suite une source dont
on ne peut méconnaître l'importance. D'un autre côté, Gruel,
entré au service du connétable, est plus à même de consigner des
faits dont il a presque toujours été le témoin oculaire. Aussi le
caractère de la chronique change-t-il complètement : la séche-
resse et la confusion qui régnent dans les premiers chapitres dis-
paraissent peu à peu : les détails deviennent plus abondants, le
chroniqueur précise davantage les dates, non sans se tromper
quelquefois.
Richemont, tout-puissant à la cour, a la haute main dans la
direction des affaires royales ; il s'est posé en réformateur des
abus si nombreux dans l'entourage de Charles VII ; il a promis
de réconcilier le roi de France avec le duc de Bourgogne et de
chasser les Anglais ; on attend beaucoup de lui. Gruel ne manque
pas de mettre en relief cette prépondérance et la valeur de l'ap-
pui que Richemont apportait au roi, qui nous apparaît, sous la
plume de Gruel, comme un élève indocile et récalcitrant que son
maître a grand'peine à faire sortir de son inertie et à débarrasser
de ses perfides conseillers^.
1. Ms., ch. xxvii, Buchon, p. 362.
545
Cependant, au début de cette période, la situation politique de
Richemont n'est encore ni bien nette, ni bien tranchée, et par
suite la tâche du chroniqueur continue d'être assez délicate. Il
nous montre son maître arrivé au pouvoir avec le consentement
des ducs de Bourgogne et de Savoie, exigeant formellement le
renvoi de la cour des conseillers « qui avoient esté cause de la
mort de monseigneur de Ijourgoingne et consentans de la prinse
du duc Jehan de Bretaigne. » Que Charles VII se soit engagé à
faire droit à cette réclamation, le fait ne semble pas douteux;
c'est sans doute à cette promesse que Richemont fait allusion
dans la lettre qu'il écrit de Bourges aux Lyonnais, le 2 juin 1425,
quand il parle de « certains articles » accordés par le roi, lors-
qu'il accepta l'épée de connétable'. Gruel n'est pas au courant
des négociations ouvertes à ce sujet ; Richemont, en effet, par
une duplicité singulière, promettait, d'un côté, à son frère, aux
ducs de Savoie et de Bourgogne d'obtenir le renvoi des anciens
conseillers de Charles VII, tandis que, de l'autre, il s'engageait
vis-à-vis de ces derniers h user de tout son crédit pour les main-
tenir au pouvoir envers et contre tous^ Mais les ducs de Bour-
gogne et de Bretagne ne l'entendaient pas ainsi, et, dès le
25 mars 1425, n'obtenant pas satisfaction, ils formaient une
alhance plus étroite qui mettait le nouveau connétable en demeure
de remplir ses premiers engagements^. Il comprit la portée de ce
traité et rompit ouvertement avec la cour. Gruel donne alors des
renseignements d'une haute importance, puisés aux meilleures
sources et complètement inconnus des chroniqueurs contempo-
rains, même du héraut Berry, un des mieux renseignés sur les
événements qui amenèrent l'éloignement définitif du président
Louvet, de Guillaume d'Avaugour, de Pierre Frotier et de Tan-
guy Du Chastel. Ce dernier fit peu de difficultés pour abandonner
le pouvoir, et Gruel cite de lui une parole qui lui fait honneur et
que l'on retrouve également dans la chronique de Berry^.
1. Lettre publiée par M. de Beaucourt dans la Bévue d'histoire nobiliaire,
directeur M. Sandre!, 188'2, p. 453. Cependant, M. de Beaucourt n'admet pas
l'assertion de Gruel (cf. Hist. de Charles VII, t. II, p. 82, note 3).
2. Cf. l'acte du 8 mars 1425, publié par M. de Beaucourt, Hist. de Charles VII,
t. II, p. 86-87, notamment le paragraphe 4.
3. Preuves de D. Morice, II, c. 1168, ou Hist. de Bourgogne, par D. Plan-
cher, t. IV, Preuves, p. 49.
4. Cf. Ms., ch. XXVIII, Buchon, p. 362, et Chronique de Berry, éd. D. Gode-
froy, Hist de Charles VII, pp. 373-374.
546
Nous ne savons si M""^ de Guyenne fit un voyage à Bourges en
juin 1425, mais il est bien certain que ce ne fut pas à cette
époque que le roi fixa le douaire qui lui revenait en qualité de
veuve du dauphin Louis de Guyenne : les lettres qui lui attri-
buaient Montargis, Gien, Dun-le-Roy et Fontenay-le-Comte
remontaient au mois de mars précédent*. Gruel fait bientôt
oublier cette inadvertance en donnant des détails très circons-
tanciés sur l'entrevue du roi de France et de Jean VI à Saumur,
au commencement d'octobre 1425; ces précieux renseignements
sont confirmés par deux lettres d'un envoyé de Lyon, Roulin de
Mascon, datées, l'une du 30 septembre, et l'autre du 12 octobre^.
Il est regrettable pourtant qu'il n'ait pas mis une date précise à
chacune des étapes de l'itinéraire qu'il dresse dans ce passage ;
il eût été plus aisé d'en vérifier la complète exactitude. En outre,
il s'étend avec une complaisance, que l'on peut cependant lui
pardonner sans trop de peine, sur la belle « compaignie » du duc
et sur les honneurs qui furent alors rendus par le roi et la reine à
M'"'' de Guyenne. Mais pourquoi n'a-t-il pas su découvrir ce que
Charles VII et Jean VI « apoiutèrent ensemble » dans cette
entrevue, qui, selon toute apparence, devait assurer à la cou-
ronne de France l'appui du duc de Bretagne^? Que de fois n'au-
rons-nous pas à faire un semblable reproche à Gruel, qui résume
presque toujours ainsi les conférences et les traités les plus impor-
tants : « Et apoiutèrent ce que bon leur sembla ; » ces termes
révèlent, il faut bien l'avouer, un esprit sans vues larges, choi-
sissant trop souvent le côté le plus futile dans les actes diploma-
tiques d'une importance considérable! Mais, s'il est resté complè-
1. Bibl. nat., ms. fr. 18585, fol. 16 v°.
2. Hist. de Charles VU, par M. de Beaucourt, t. III. Pièce just,, p. 502-507,
cf. Ibid., t. II, p. 111 et 112. Comparer la relation étendue de Gruel avec le
récit du héraut Berry (dans Godefroy, p. 374) et avec les sèches mentions de
Cousinot le chancelier et de Cousinot de Montreuil (édit. Vallet de Viriville,
pp. 199 et 236), Notre chroniqueu/ est évidemment le plus exact et le plus
complet.
3. Cf. le traité de Saumur, conclu le 7 oct. 1425, dans les Preuves de D.
Morice, II, 1180-1182, et aussi les instructions données par le duc de Bretagne
aux ambassadeurs envoyés par lui au duc de Bourgogne, ibid., pp. 995-996. Cet
acte, sans date, placé par D. Morice entre une pièce du 6 mai 1419 et une autre
du mois de février 1420 (n. s.), est bien postérieur, puisqu'il y est fait mention
de l'entrevue de Saumur et de ses résultats politiques; le contenu de cette pièce
montre qu'elle n'est pas antérieure à la fin de 1425.
547
tement étranger aux conférences et aux traités qui eurent lieu à
Saumur, il se retrouve bientôt sur un terrain qui lui est plus
familier, lorsqu'il nous fait assister au siège de Saint-James de
Beuvron, et reprend l'avantage sur les autres chroniqueurs
contemporains. Outre qu'il entre dans plus de détails, il nous fait
seul connaître la véritable cause de la panique qui s'empara des
Bretons, prenant pour une troupe d'Anglais un détachement
chargé par le connétable de surveiller les abords de la place. Il
rectifie ainsi une erreur de Monstrelet et de Gousinot de Mon-
treuil, qui paraissent avoir commis la même méprise que les
Bretons eux-mêmes*. Ceux-ci, malgré les injonctions réitérées
de leur chef, abandonnèrent le siège pendant la nuit qui suivit
l'assaut. Gruel s'est fait l'écho du bruit qui courait sur le motif de
cette brusque retraite, en rapportant que le chancelier de Bre-
tagne, Jean de Malestroit, évêque de Nantes, avait reçu de l'ar-
gent des Anglais pour faire lever le siège. Cette accusation ne
semble pas dénuée de tout fondement, car Richemont rappelle
évidemment la conduite équivoque du chancelier dans ses ins-
tructions à Jean de Chénery et au prieur de la Celle, députés vers
le duc de Bourgogne^ Vraie ou fausse, elle a trouvé crédit
auprès de quelques autres annalistes de cette période^.
1. Ms., ch. XXXIV, Buchon, p. 364. D'après le récit de Gruel, les Anglais ne
« saillirent » par la poterne voisine de l'étang, qui se trouvait sous les murs
de Saint-James, qu'en voyant les Bretons se débander sous l'empire d'une folle
terreur. La narration beaucoup plus étendue de Monstrelet dilYère notablement
de celle de Gruel. Monstrelet prétend que l'armée bretonne tenta un premier
assaut dès son arrivée sous les murs de la place ; il dit que Richemont, informé
de la déroute des siens, « fist sonner la relraicte, » et ne fait d'ailleurs aucune
allusion à la trahison du chancelier de Bretagne. Mais le récit plus orné de
ce chroniqueur nous parait d'autant moins digne de confiance qu'il rapjiorte ces
événements à 1427, c'est-à-dire un an après leur date véritable (éd. Douët d'Arcq,
t. IV, 284-286). Gousinot de Montreuil (éd. Vallet de Viriville, p. 240) est, après
Gruel, le mieux renseigné.
2. Cf. Hisi. de Bourgogne, par D. Plancher, t. IV, Preuves, n» LX, notam-
ment cet alinéa : « Item que naguerres mon dit seigneur le connestable le fit
prendre [le chancelier] pour ol)vier aux mauvaises entreprises qu'il faisoit et
tendoit faire au proufllt des dits Anglois et ou préjudice du roy et de monsei-
gneur de Bretaigae. »
3. Geste des nobles, p 199; Journal d'un bourgeois de Paris, p. 207; ce der-
nier ne nomme pas l'évéque accusé de trahison ; en outre, il se trompe en
disant que les Bretons restèrent devant Saint-James de Beuvron jusqu'après
Pâques [31 mars] 1426.
548
Le chancelier, décidé à reconquérir la confiance du duc son
maître, accepta la difficile mission de négocier la paix auprès de
Philippe le Bon. Mais Gruel reste complètement étranger à cet
événement diplomatique d'une si grande importance, et ne fait
que l'indiquer en passant. Néanmoins, cette courte mention nous
permet d'attribuer, avec toute probabilité, la date de 1426 à
l'acte renfermant les instructions données alors au chancelier par
le duc Jean YP, et, par suite, de déterminer d'une manière plus
précise l'époque de la conspiration dans laquelle on a impliqué le
connétable de Richemont^. Celui-ci faisait alors de pressantes
démarches auprès de Philippe le Bon pour le détacher de l'al-
liance anglaise, et Gruel, en gardant le silence sur ces négocia-
tions, perd une occasion de rendre un hommage, bien mérité
cette fois, sinon à l'habileté diplomatique de son maître, au
moins à l'activité qu'il déploya en cette occasion ; il faut recon-
naître, en effet, que Richement fit bien alors tout ce qui dépen-
dait de lui pour hâter la réconciliation si désirée de Charles VII et
de Philippe le Bon 3. Mais Gruel est privé par sa modeste situa-
tion de toute intelligence dans les conseils des princes, et, par
conséquent, il n'a pu suivre le connétable dans ces négociations,
qui, d'ailleurs, échouèrent complètement devant la résistance du
duc de Bourgogne.
Il nous a laissé, de la prise et de l'exécution du sire de Giac,
un récit qui est de beaucoup le plus intéressant et le plus complet
de ceux que nous possédons^. Nous reprocherons à Gruel de
mettre uniquement en scène le connétable, alors qu'il est fort
probable que La Trémoille et le sire d'Albret l'aidèrent de tout
leur pouvoir et de leur personne, comme le rapporte le héraut
Berry. Dans notre chronique, La Trémoille n'apparaît qu'au
second plan, et il n'est cité qu'après l'enlèvement, alors qu'il sui-
vit à Bourges le connétable; cependant, nous possédons des
1. D. Plancher, Hist. de Bourgogne, IV, Preuves, n" LIX.
2. Cf. ci-dessus, p. 542.
3. Cf. InstrucUons de Richemont à Geoffroy et à Philibert de Vaudré, envoyés
vers le duc de Bourgogne, dans D. Plancher, IV, Preuves, n° LVIII ; instructions
du même à d'autres ambassadeurs, ibid.. Preuves, n» LX; Mémoire adressé le
19 janvier 1427 (n. s.) aux conseillers du duc de Bourgogne par les comtes de
Clermont et de Richemont, ibid., n" LIV.
4. Cf. Chronique de Berry, dans D. Godefroy, Hisi. de Charles VII, p. 374;
Cousinot de Montreuil, p. 238-239; Cousinot le chancelier, p. 200.
549
lettres du 5 mars 1438, émanant de Charles VII et relatives k
cette affaire, d'après lesquelles l'initiateur et le directeur de l'en-
treprise aurait été La Trémoille et non Richemont'. Le premier
avait, en effet, de fortes raisons pour s'intéresser au succès de
cette affaire, puisque, quelques mois à peine après la mort du sire
de Giac, la veuve de ce dernier, Catherine de l'Isle-Bouchard,
consentait à épouser celui qui avait été « cause et principal de
faire mourir son dit mary^ » c'est-à-dire La Trémoille lui-
même. 11 n'est fait aucune mention de Richemont dans l'acte du
3 mars 1438, mais il n'y a pas lieu de s'en étonner, et le récit de
Gruel, quoique trop exclusif, n'en conserve pas moins un réel
intérêt, cette omission s'expliquant facilement, si l'on se reporte
à l'époque où furent écrites les lettres que nous venons de citer :
en 1438, le roi ne pouvait rappeler des entreprises que le conné-
table cherchait à faire oublier par ses services. Du reste, Gruel
eût pu se dispenser de revendiquer pour son maître la responsa-
bilité de ce meurtre, commis bien plutôt par suite des mesquines
intrigues qui troublaient l'entourage de Charles VU que pour les
raisons poHtiques alléguées par le chroniqueur. A quoi aboutirent
l'exécution du sire de Giac et celle du Camus de Beaulieu, qui
suivit bientôt? A augmenter la division dans le sein du parti
français et à faire naître dans le cœur de Charles Vil un profond
ressentiment pour celui dont le bras frappait si près de la demeure
royale ; carRichemont a beau écrire aux Lyonnais, le 7 mars 1427,
que le roi « touchant le fait de feu Giac est bien appaisié et est
bien content^, » il est assez difficile d'admettre que de pareils abus
de pouvoir ne laissent pas un long souvenir dans le cœur d'un sou-
veraine Cependant, à cette époque, Richemont, malgré l'activité
que nous lui avons vu déployer, n'était pas plus heureux dans ses
1. Cf. extrait des lettres du 3 mars 1438, publiées par M. de Beaucourt dans
son étude sur le Caractère de Charles VII, p. 50, note 4.
2. Lettres citées, Ibid.
3. Lettres de Richemont aux Lyonnais, des 11 février et 7 mars 1427, dans
la Revue d'histoire nobiliaire, direct. M. Sandret, 1882, p. 465 et 467.
4. « Le salut de la France, dit M. Bigot dans son étude sur le Connétable
de Richemont (p. 67), peut exiger certaines exécutions rapides, et la mort d'un
favori n'est pas celle d'un bon Français. » Le sire de Giac et Le Camus de
Beaulieu ne sont assurtinent pas des personnages dignes d'intérêt, et l'histoire
a confirmé le jugement sévère que Gruel porte sur eux, mais il n'appartenait
pas à Richemont de les juger, et nous ne voyons pas comment ce double assas-
sinat a pu procurer même indirectement le salut de la France.
550
expéditions militaires que dans ses négociations diplomatiques.
Depuis son arrivée à la cour, il n'avait encore rien fait qui pût
lui mériter la faveur royale et le triste résultat de la campagne
qu'il entreprit pour défendre Pontorson contre les Anglais n'était
pas de nature à lui gagner la confiance de Charles VIL
« L'emparement de Pontorson, » que Gruel place à la fin de
septembre 1426, est par suite antérieur de plus de quatre mois à
la prise du sire de Giac* dont nous venons de parler. Il y a sur
cet événement deux versions tout à fait différentes. Suivant
l'une, le connétable, au lieu de fortifier Pontorson, aurait détruit
cette place de fond en comble, après s'en être emparé de vive
forcée La seconde version, la seule exacte, est celle de notre
chronique : Richemont, voulant mettre fin aux incursions des
Anglais en Bretagne, entreprit, dans les derniers mois de 1426,
de leur opposer une barrière infranchissable en établissant ses
hommes d'armes à Pontorson 3, Cousinot de MontreuiP, l'auteur
de la chronique du Mont Saint-Michel ^ Monstrelet'', qui ont
consigné cet événem.ent à des dates diverses, sont loin d'être
aussi bien renseignés que Gruel, qui a su grouper dans sa narra-
tion des mentions qui sont ou complètement inconnues aux
premiers, ou éparses dans leurs chroniques. Seul avec Mons-
trelet, il parle de la victoire remportée alors par les Bretons
dans un premier engagement près du Mont Saint-Michel. Bien
qu'il n'ait pas l'habitude de ménager les éloges aux Bretons, il ne
paraît cependant pas attacher à cette bataille une aussi grande
importance que Monstrelet, qui en fait « ung terrible et grand
rencontre'. » C'est encore à Gruel qu'il faut demander des détails
1. Pierre de Giac fut arrêté le 8 février 1427. Ms., ch. xxxvi, Buchon, p. 364.
2. Cf. Chronique de Berr/j, p. 374; Cousinot de Montreuil, p. 237; ce même
chroniqueur parle tout autrement de cette affaire dans un autre passage, dont
nous allons nous occuper.
3. Cf., dans les pièces diverses publiées par M. Luce à la suite de la Chro-
nique du Mont Saint-Michel (I, p. 253), un mandement de Henri VI, du 11 jan-
vier 1427, où il est dit que la ville de Pontorson a été « de nouvel emparée »
par les ennemis du roi d'Angleterre.
4. Édition Vallet de Viriville, p. 253.
5. Éditée par M. Luce, p. 28.
6. Il parle de ce même siège de Pontorson à deux reprises différentes; cf.
édit. Douët d'Arcq, IV, 278 et 286-288.
7. Édit. Douët d'Arcq, IV, p. 275. La Chronique du Mont Saint-Michel ne
mentionne pas ce fait.
55^
précis sur l'expédition entreprise par les Bretons à la fin de 1426,
aux environs d'Avranches, expédition dans laquelle le sire de
Rostrenen fut fait prisonnier par les Anglaise Mais pourquoi
suspendre le récit des événements militaires de cette campagne
pour signaler l'exécution du Camus de Beaulieu, qui n'eut lieu
qu'au milieu de l'année suivante, après la prise de Pontorson par
les Anglais - ? Le chroniqueur a évidemment commis une méprise ;
sachant que, après l'emparement de Pontorson, et avant la red-
dition de la place, Richemont revint à la cour de France, où sa
présence fut signalée, au mois de février 1427, par le renverse-
ment d'un favori, il a confondu avec l'exécution du sire de Giac,
qui eut lieu à celte époque, celle du Camus de Beaulieu, posté-
rieure de plusieurs mois. Mais, revenons à la ville de Pontorson,
qui avait été, nous dit le chroniqueur, fortifiée « le mieux que
faire se povoit, » sans « qu'elle valist guères^'. » Cette remarque
sur la faiblesse de la place est sans doute uniquement destinée à
atténuer l'abandon dans lequel elle fut laissée par le connétable
et surtout par le duc de Bretagne^ ; car, à voir les levées de fonds
et de troupes, les préparatifs considérables faits par le roi d'An-
gleterre avant d'y envoyer mettre le siège, on n'eiit pas cru la
défense de Pontorson aussi difficile^ D'après notre chronique,
les troupes d'Henri VI étaient sous les murs de la place dès le
27 février 1427. Les termes employés par Gruel ne permettent
pas d'affirmer que le siège ne commença qu'à cette date, d'ail-
leurs fort controversée. Comme M. deBeaucourt, nous ne savons
pourquoi M. Vallet de Viriville fixe au 10 février le début du
siège ^ ; mais il est clair que la date du 11 janvier proposée par le
dernier historien de Charles VII n'est pas exacte ; il suffit, pour
s'en convaincre, d'examiner attentivement la pièce même qu'il
cite à l'appui de son opinion^ Gruel a évidemment de vives sym-
1. Cf. Chronique de Cousinot de Montreuil, p. 253.
2. Cf. Histoire de Charles VII, par M. de Beaucourt, II, p. 141.
3. Ms., ch. xxxviii, Buchon, p. 366.
4. On doit constater cependant que, si Richeraoat ne fut pas en personne au
secours de Pontorson, il envoya des subsides aux défenseurs de la place
{Preuves de D. Morice, II, 1166).
5. Cf. les Pièces publiées par M. Luce à la suite de la Chronique du Mont
Saint-Michel, l, a" 85, 86, 87.
6. Hist. de Charles VU, par M. Vallet de Viriville, I, p. 480; cf, Hist. de
Charles Vil, par M. de Beaucourt, II, p. 25, note 6.
7. La date du 1 1 janvier est celle d'un mandement de Henri VI à ses Iréso-
352
pathies pour les vaillants défenseurs de Pontorson qui avaient
promis de tenir pour le connétable, alors que le duc de Bretagne
complotait de livrer la place aux Anglais ou aux Bourguignons^
Il a beaucoup de peine à ne pas reprocher à Jean VI sa coupable
inaction, et trouve singulier qu'il ait levé le ban et l'aiTière-ban
pour s'arrêter ensuite à des scrupules aussi peu avouables que la
crainte d'exposer à des dangers inutiles la noblesse de Bretagne.
La levée du siège de Montargis, cette brillante action militaire,
qui commença la réputation du bâtard d'Orléans et rendit célèbre
le nom de La Hire, revêt sous la plume de Gruel un tout autre
caractère. Le récit de ce dernier tend visiblement à un double
but : il veut rapporter au connétable l'initiative et toute la gloire
de cette entreprise, puisque, sans sa générosité, les gens d'armes,
non soldés, eussent refusé de marcher en avant; en second lieu,
l'affaire elle-même perd beaucoup de son importance, car,
semble-t-il, les Anglais surpris dans leur repos ne tentèrent
aucune résistance. Mais la précaution même qu'il prend de nous
faire connaître les motife peu plausibles qui empêchèrent le con-
nétable de prendre part à cette glorieuse expédition nous révèle
le dépit que celui-ci éprouva d'avoir laissé perdre une occasion
d'effacer le souvenir de ses récentes défaites'. Cependant, il
s'empressa de communiquer cett« heureuse nouvelle aux Lyon-
nais dans une lettre datée de Jargeau, 6 septembre, document
fort intéressant qui prouve que Richemont attachait à cet événe-
ment une tout autre importance que son biographe 3. En effet,
riers généraux, publié par M. Luce {op. cit., p. 253-254); mais il faut remar-
fjuer que dans cette pièce le roi parle continuellement au futur (cf. p. 254,
lignes 11, 16, 25, 27) ; en outre, il est dit que, « pour ycelluy siège [de Pontor-
son] mettre et tenir » (ibid., lig. 5), le comte de Warwich devait avoir, suivant
les ordres du roi, 600 iiommes d'armes et 1,800 hommes de trait; or, les troupes
dont il disposait le 11 janvier n'atteignant pas ce chiffre, le comte recevra
3,000 livres tournois pour engager à son service des capitaines qui seront soldés
pour un mois d'avance « au jour de leurs monstres qu'ilz feront pour aler
assiège?' la dicte place. »
1. Ms., ch. xLi, Buchon, p. 366. Cf. D. Plancher, Hist. de Bourgogne, t. IV,
Preuves, n° LUI.
2. Cf. Chronique de Berry, éd. Godefroy, p. 374.
3. Le connétable annonce en outre aux Lyonnais la prise des places de Mar-
chesnoir et de Monldoubleau, « auquel lieu de Montdoubleau a esté gaigné
l>elle artillerie, laquelle les Angloys y avoient lessée, esperans mectre le siège
à Vendosme » (Lettre publiée par M. de Beaucourt, dans la Bévue d'hist. nobi-
liaire, direct. M. Sandret, 1882, p. 472).
553
la délivrance de la ville ne s'opéra pas aussi facilement qu'on le
croirait enlisant notre chronique : cette victoire, qui eut un très
grand retentissement et ranima le courage des troupes royales,
ne fut pas remportée au mois de juillet 1426, mais le vendredi
5 septembre 1427, quelque temps après une première tentative
de ravitaillement qui échoua, et dont Gruel fait seul mention
avec Monstrelet*. Les Anglais reprirent bientôt l'avantage, et
notre chronique résume fidèlement l'histoire de leurs succès dans
le Maine. La garnison de la Gravelle, assiégée par le comte de
Fastolf, ayant promis de se rendre si elle n'était pas secourue
dans un certain délai-, Richemont envoya une troupe d'archers
pour la défense de la place, de sorte que, au jour dit, les assiégés
refusèrent de se rendre. A cette occasion, on a porté contre le
connétable une accusation de déloyauté qui ne nous semble pas
fondée^.
Cependant, Richemont, qui voyait le pouvoir lui échapper et
passer dans les mains de La Trémoille, ourdissait contre ce der-
nier une conspiration dont Gruel n'a pu ignorer l'existence et le
but; néanmoins, il se garde bien de nous montrer tout ce qu'il y
avait d'odieux dans la conduite du connétable se révoltant contre
l'autorité royale, alors que les Anglais envoyaient en France de
nouvelles troupes, et fait retomber la responsabilité de cette
affaire sur La Trémoille. Il la raconte d'ailleurs avec beaucoup
d'habileté, passant sous silence, et les prétentions exagérées de
son maître, et les alliances qu'il ne cessait de contracter et de
renouveler avec les comtes de Clerraont et de Pardiac*. Le con-
nétable n'est pas en guerre ouverte avec Charles VII, mais avec
son perfide conseiller qui « avoit paour de perdre son gouverne-
1. Ms., ch. xLii, Buchon, p. 367; Journal d'un bourgeois de Paris, p. 221,
et ibid., note 2; Chronique de Monstrelet, p. 271-275, passim; Chronique de
Cousinot de Montreuil, p. 245; l'hypothèse émise dans la note 1, par laquelle
M. Vallet de Viriviile place la levée du siège à la fin de juillet, est erronée. —
Cf. Hist. de Charles VII, par M. de Beaucourt, II, p. 28.
2. Ms., ch. xLin, Buchon, p. 367; cf. Cousinot de Montreuil, p. 249.
3. Hist. de Charles VII, par M. de Beaucourt, II, p. 29.
4. Le connétable et le comte de Clermont (celui que Gruel appelle monsei-
gneur de Bourbon) conclurent un premier traité d'alliance le 4 août 1427 (orig.
aux Arch. nat., P 1372^, cote 2113, imprimé dans D. Morice, Preuves, II,
c. 1199). Le 30 janvier 1428, ces deux princes et le comte dePardiac signèrent
de nouveaux engagements (Archives de la Loire-Inférieure, E ISl'', cassette 76).
36
354
ment, » crainte très justifiée d'ailleurs ^ ; c'est La Trémoille qui
fait interdire par le roi au connétable l'entrée des places fran-
çaises; c'est La Trémoille qui, par sa défiance, met obstacle à
tout appointement ; enfin, c'est avec La Trémoille et avec ses
partisans que Richemont a bientôt « de grandes brouilleries et
guerres particulières. » Gruel emploie là un bien misérable sub-
terfuge, et Richemont, dont l'unique but était de reconquérir le
pouvoir qui lui avait été si habilement enlevé par son rival, n'est
pas moins coupable d'avoir suscité une guerre civile pour satis-
faire ses mesquines revendications que de s'être révolté contre
l'autorité du roi, alors que la défense nationale exigeait le secours
de tous les bras dévoués au salut de la France. D'ailleurs, ce
conflit, en rendant de plus en plus difficile la résistance aux
Anglais, ne pouvait qu'amoindrir le prestige des deux adversaires.
La Trémoille le comprit bien et s'emploj^a de tout son pouvoir à
la conclusion de la paix avec les seigneurs coalisés^. Gruel pré-
tend à tort que le connétable ne fut pas compris dans le traité ;
nous possédons en effet la lettre de rémission accordée par le roi,
le 17 juillet 1428, aux comtes de Glermont, de Richemont et de
Pardiac, qui avaient, malgré ses ordres, occupé de vive force la
ville de Bourges^.
Malgré les fausses couleurs que Gruel donne à sa narration,
et qui d'ailleurs sont aisées à faire disparaître, elle n'en reste pas
moins la source la plus précieuse et presque unique à consulter
sur les tristes démêlés qui ensanglantèrent pendant plusieurs mois
le Poitou et le Berry^. Cependant, il est présumable que Gruel
possédait sur « les grandes brouilleries » du connétable et de La
Trémoille beaucoup d'autres renseignements qu'il n'a pas jugé
utile de transmettre à la postérité, la vénération sans limites
qu'il professe pour son maître n'ayant pu lui empêcher de cons-
tater la conduite équivoque de ce dernier. Si Charles VII avait
1. Ms., ch. xLiv, Buchon, p. 368; cf. Hist. de Charles VII, par M. de Beau-
court, II, p. 158, note 1, où est rapporté un extrait d'une lettre royale, conte-
nant la mention d'une tentative d'enlèvement faite en 1427 sur la personne de
La Trémoille, alors dans son château de Gençay, en Poitou.
2. Ms., ch. XLvi, Buchon, p. 3G9 ; Chronique de Cousinot de Montreuil, p. 251.
3. Orig. aux Archives nationales, P 1358^, cote 574 ; analysé par M. Lecoy de
la Marche dans l'Inventaire des titres de la maison de Bourbon, II, n" 5327.
4. Cf. Berry, p. 375; Cousinot de Montreuil, p. 250.
555
pardonné la révolte de Richemont, il ne lui avait pas rendu sa
confiance, et le connétable ne put reparaître à la cour. Sa dis-
grâce éloigna sans doute du théâtre des événements militaires
notre chroniqueur qui devient d'une sobriété extrême. Il résume
en quelques lignes la campagne des Anglais dans l'Orléanais*,
suivie bientôt de l'arrivée de Jeanne d'Arc à la cour, et ne
reprend véritablement son récit qu'au moment où le connétable
reparaît de nouveau sur la scène. Ce passage oiî est racontée la
première entrevue du connétable et de Jeanne d'Arc a suscité de
vives critiques révoquant en doute, et non sans motif, la véracité
de ce témoignage. Gruel et Cousinot de Montreuil font de cette
entrevue deux récits tout différents et qui paraissent empreints
l'un et l'autre d'une singulière exagération : le premier nous
montre la Pucelle aux genoux du connétable ^ tandis que,
d'après le second, celui-ci « se mist en toute humilité devant la
dicte Pucelle^. » D. Godefroy et D. Lobineau refusèrent d'ad-
mettre cette dernière assertion qu'ils regardèrent comme invrai-
semblable « et préjudiciable à la mémoire d'un si grand person-
nage. » Le P. Griffet se mit de son côté à étudier la question et
arriva à peu près aux mêmes conclusions ^ Nous avons quelque
peine à nous représenter l'impérieux connétable de Richemont aux
pieds de Jeanne d'Arc ou de La Tréraoille, son plus mortel ennemi,
dont il devait assez connaître l'égoïsme jaloux pour comprendre
l'inutilité d'une aussi humiliante démarche, faite précisément à une
époque où le concours surnaturel de Jeanne rendait ses services
moins nécessaires. D'un autre côté, nous ne croyons guère à la
prétendue hostilité que la Pucelle aurait d'abord montrée vis-à-
vis du connétable. Elle avait été certainement mise en défiance
par La Trémoille et son entourage, et le passé de Richemont l'au-
torisait à user de circonspection avec un allié dont le secours,
déjà refusé par le roi, pouvait paraître suspect ; mais il n'entrait
pas dans les vues de la Pucelle, si pressée de conduire le roi à
Reims, d'engager une guerre particulière avec le connétable, s'il
était véritablement animé de bonnes dispositions. D'ailleurs, le
1. Ms., ch. xLvii, Buchon, p. 369.
2. Ms., ch. L, Buchon, ]>. 369.
3. Chronique de la Pucelle, p. 304.
4. Observations sur le connétable de Richemont, par le P. Griffet, dans
VHist. de France, du P. Daniel, 1755, in-4°, t. VII, p. 347.
536
récit de Gruel présente plusieurs contradictions et inexactitudes
qui doivent nous mettre en garde. N'est-il pas singulier de voir
Jeanne d'Arc, qui engageait d'abord ses hommes d'armes à com-
battre le connétable, se jeter ensuite à ses pieds dès qu'ils sont en
présence? En outre, Richemont était-il bien alors dans une situa-
tion qui lui permît de prononcer les fières paroles que Gruel met
dans sa bouche? Est-ce bien le ton avec lequel devait parler le
connétable, formellement banni de la cour et désireux de ren-
trer en grâce auprès du roi, sur lequel Jeanne exerçait une
influence, qu'il pouvait utiliser à son profit et opposer à celle de
La Trémoille? Gruel semble avoir laissé libre carrière à son ima-
gination pour donner quelque relief au rôle joué par son maître
dans cette entrevue. Si Richemont prononça les paroles que son
écuyer lui prête, il est à présumer qu'elles n'intimidèrent pas la
Pucelle ; car il ressort clairement des récits de Gruel et de Cou-
sinot de Montreuil qu'elle se montra très réservée et prit toutes
sortes de précautions pour s'assurer de ses bonnes dispositions ^
Le premier nous apprend, avec beaucoup de ménagements, que
son maître fut réduit à faire le guet sous les murs de Beaugency,
et il ne manque pas d'ajouter, pour atténuer ce qu'il pourrait y
avoir d'humiliant dans cet aveu, que « les nouveaux venuz
doyvent le guet. » Il oublie qu'en règle cette obligation ne con-
cernait ni le connétable de France, ni les gens de sa maison^.
Que l'arrivée de Richemont au camp français ait achevé de
démoraliser les troupes anglaises ; qu'il se soit mis avec ardeur
à leur poursuite pour les rejoindre et les battre complètement à
Patay, personne ne le contestera ; mais il est impossible, dans les
circonstances où s'opéra sa jonction avec l'armée royale, de lui
attribuer exclusivement, et l'initiative de la marche sur les
Anglais, et l'honneur de la victoire qui revient à Jeanne d'Arc,
dont le duc d'Alençon suivait les conseils. Selon nous, la vérité
est que Richemont fut accueilli avec une défiance bien légitime
par les troupes royales, et que Jeanne attendit pour se prononcer
qu'il eût prouvé ses bonnes intentions : l'occasion se présenta à
Patay, où le connétable et ses Bretons se comportèrent vaillam-
ment; alors la Pucelle, se rendant à son désir, présenta en sa
faveur une requête qui fut repoussée par le roi, grâce à l'influence
1. Chronique de la Pucelle, p. 305.
2. Anselme, Hist, généalogique, 1730, I, 233.
557
pernicieuse que La Trémoille exerçait alors à la cour. Gruel, tou-
jours trop porté à placer son maître au premier rang, a cru
ajouter à sa gloire en diminuant celle de Jeanne d'Arc , et il
nous donne du caractère des deux personnages et des circons-
tances dans lesquelles ils se trouvèrent en présence une peinture
peu fidèle et dépourvue de toute apparence d'authenticité. L'éloi-
gnement du connétable fut un acte contraire à la bonne politique
qui eût dû inspirer le conseil royal, mais il n'eut pas les fâcheuses
conséquences dont parle Gruel*; car, si, peu après, le duc de
Bedfort offrit la bataille au roi, il refusa ensuite de sortir de ses
retranchements lorsque Charles VII, répondant en toute hâte à
son appel, vint l'attendre en rase campagne près de Montépilloy,
le 15 août 14292.
L'examen attentif que nous venons de faire des chapitres xxvi
à Li de notre chronique montre l'importance considérable de cette
partie qui contient en réalité l'histoire militaire de l'ouest de la
France depuis l'arrivée de Richemont au pouvoir jusqu'à sa dis-
grâce. Les Anglais, voulant punir le duc de Bretagne des bonnes
dispositions qu'il montrait pour la cause de Charles VII, surtout
depuis l'entrevue de Saumur, trouvèrent un excellent moyen de
le détacher de l'alliance française en menaçant d'envahir ses
états, et ils portèrent de ce côté tous leurs efforts. Richemont
commença par couvrir les frontières de la Bretagne, qu'il enten-
dait avant tout préserver des liorreurs de la guerre. Le théâtre
des principaux événements se trouvant ainsi déplacé, Gruel, en
sa qualité de Breton et d'écuyer du connétable, est plus à même
que tout autre chroniqueur de nous en faire un récit exact, et,
malgré les défauts que nous avons signalés, on peut dire qu'il n'a
pas failli à sa tâche. Sans avoir la prolixité et la confusion qui
caractérisent parfois la chronique de Monstrelet, ni l'exposition
plus méthodique de l'œuvre de Berry, les chapitres de la biogra-
phie du connétable que nous venons d'étudier offrent sous une
forme plus concise des renseignements qui complètent ou recti-
1. Ms., ch. L, (in, Buchon, p. 370.
2. InvesUgaieur (1881), p. 300. Rapport de M. E. Marbcau sur l'histoire de
Montépilloy, publiée par M. Carra de Vaux dans la Bévue de Go6le;d. Cousi-
not de Montreuil, p. 329 ci s.; Monstrelet, IV, 344-347. Ce dernier prétend que
Charles VII avait alors « très grant multitude de gens, trop plus sans compa-
raison qu'il n'y avoit en la compaignie des Anglois. »
558
fient les données des autres chroniqueurs. Par son contenu, cette
partie appartient entièrement à l'histoire générale : Gruel est
obligé de suivre son maître partout où les nécessités de la guerre
l'appellent^ et, le connétable dirigeant alors effectivement toute
l'action militaire et même les relations diplomatiques, c'est vers
lui que doit se porter l'attention de l'historien. Pendant cette
période, Gruel devait nous montrer dans son maître le guerrier,
le premier ministre et le diplomate. Il nous a fait suivre avec un
soin minutieux la carrière militaire du connétable. L'échec de
Richemont sous les murs de Saint-James de Beuvron, l'empare-
ment et le siège de Pontorson , la délivrance de Montargis et
même la victoire de Patay sont racontés dans des pages qui,
malgré des inexactitudes, soutiennent avantageusement la com-
paraison avec les chroniques les plus importantes du xv*^ siècle,
et, si Gruel passe rapidement sur la guerre que se firent dans le
Poitou les partisans du connétable et ceux de La Trémoille, il n'en
est pas moins vrai qu'on trouverait difficilement ailleurs de plus
amples détails. Il nous a laissé entrevoir assez clairement les
intrigues qui s'agitaient autour de Charles VII, ne perdant pas
une occasion de faire ressortir le « bon vouloir » et l'énergie du
connétable, les obstacles que lui suscitaient l'indolence du roi
et l'insatiable cupidité de ses favoris, qu'il n'hésitait pas à faire
disparaître, jusqu'au jour où il rencontra sur sa route un rival
plus heureux. Le difierend du connétable avec le président Lou-
vet et les anciens conseillers de Charles dauphin, l'enlèvement et
la prise deGiac, l'exécution du Camus de Beaulieu, enfin la riva-
lité entre La Trémoille et le connétable tiennent une large place
dans la narration, et cette partie n'est pas moins féconde en ren-
seignements complètement nouveaux. Par contre, Gruel n'est
pas au courant des relations diplomatiques qu'entretenait sans
cesse le connétable avec la cour de Bourgogne, et, à ce point de
vue, il y a une lacune considérable dans son œuvre. Lors même
qu'il signale les conférences si nombreuses à cette époque, il s'at-
tache surtout à nous décrire l'appareil extérieur de l'entrevue, ce
que nous appellerions volontiers le décorum : c'est ce qu'il fait,
par exemple, pour la conférence tenue à Saumur par le roi et le
duc de Bretagne, mais jamais il n'aborde le côté politique de la
question et nous lui demanderions vainement la teneur plus ou
moins complète des traités.
559
IV.
LE CONNÉTABLE PENDANT SA DISGRACE.
(1429-1434.)
Gruel, après la vaine tentative faite par le connétable de Riche-
mont pour rentrer en faveur auprès du roi, le suit maintenant
dans sa retraite. Tandis que la marche victorieuse de Jeanne
d'Arc sur Reims déplace brusquement le théâtre des grands faits
militaires, le connétable disgracié reprend la route du Poitou, où
son écuyer nous conduit dans cette partie de son récit. C'est assez
indiquer le changement opéré dans le caractère de la chronique :
l'auteur perd forcément le titre d'historiographe de France, qu'il
pouvait revendiquer dans les chapitres précédents, pour se ren-
fermer dans son rôle plus modeste de simple biographe du comte
de Richemont , le seul qu'il ait d'ailleurs ambitionné. Est-ce à
dire que son œuvre perde tout l'intérêt que nous aimions à signa-
ler dans notre dernier paragraphe? Certes non; cependant, il
n'est plus que secondaire, puisque les événements qui se passèrent
dans l'Ouest sont peu importants et complètement efîiicés par la
brillante campagne entreprise dans l'Orléanais, l'Ile-de-France
et la Champagne. Gruel n'a plus à enregistrer, dans les hmites
étroites où il se confine, des sièges, des combats ou des confé-
rences qui décident du sort de la royauté ; il assiste maintenant
non aux péripéties de la lutte contre l'Angleterre, mais à une misé-
rable querelle de partisans, résultat de la rivalité du connétable
et de La Trémoille, deux ennemis acharnés qui consacrent à une
guerre stérile et criminelle des forces qu'ils auraient pu employer
à l'expulsion de l'étranger. Tous les chroniqueurs du xv'^ siècle
ont suivi l'armée royale dans le voyage du sacre, et il est pro-
bable que Gruel n'eût pas ajouté, le cas échéant, beaucoup de
détails nouveaux à ceux qui nous ont été transmis à ce sujet,
tandis que, contraint par les circonstances, il a dû rapporter les
événements qui se passaient sous ses yeux, et qui ont pour la
plupart échappé aux investigations des autres annahstes. C'est
surtout l'insuffisance et l'inexactitude des détails fournis par les
chroniques sur l'état des provinces de l'Ouest, pendant la période
560
que nous allons étudier, qui donnent à cette partie de l'œuvre de
Gruel une valeur incontestable.
Cependant, s'il fallait en croire Monstrelet, la biographie du
connétable offrirait en cet endroit une lacune portant sur un fait
d'un grand intérêt; il s'agit d'une prétendue campagne faite par
le connétable dans la haute Normandie, aux environs d'Evreux^
Mais le silence gardé sur cette campagne, non seulement par
Gruel, mais aussi par les Cronicques de Nonnendie^ et la
Chronique du Mont-Saint-MicheP , nous fait révoquer en
doute cette assertion. A la fin d'août 1429, le duc de Bedford
quitta effectivement Paris pour aller mettre la Normandie en état
de défense, non contre les troupes du connétable, mais contre une
expédition de l'armée royale^. Il n'est pas présumable que Gruel,
qui paraît n'avoir pas quitté son maître, ait omis un fait de cette
importance, et, s'il eût réellement existé, tout à l'honneur de
Richemont. Il en est autrement des intrigues ténébreuses aux-
quelles celui-ci se trouvait alors mêlé, et dont Gruel ne se préoc-
cupe pas. Chassé de l'armée royale, abandonné par son propre
frère le duc de Bretagne, dont la conduite politique subissait
l'heureuse influence des succès remportés par Jeanne d'Arc depuis
la levée du siège d'Orléans ^ Richemont paraît avoir renoué des
relations avec le duc de Bourgogne, qui comptait sur son appui
et se proposait d'en faire un connétable de Henri VP. Cependant,
ce projet n'eut pas de suite, sans doute à cause des négociations
entamées d'un autre côté avec le roi et La Trémoille. Ces dernières
seules ont attiré l'attention de Gruel qui, après avoir signalé la
généreuse conduite du connétable envers un émissaire envoyé par
La Trémoille pour l'assassiner, parle d'ouvertures qui furent
faites au roi, alors à Poitiers''. La découverte d'un complot,
auquel Richemont n'était sans doute pas resté étranger, vint don-
ner un autre cours aux négociations *, mais elles ne furent pas
1. Monstrelet, IV, p. 353.
2. Cf. édit. Hellot, p. 77.
3. Cf. édit. donnée par M. Luce, p. 31.
4. Chronique de Cousinot de Montreuil, p. 332.
5. Le 4 septembre 1429, Charles VII promettait au duc de Bretagne de traiter
honorablement son lils aîné, qui se disposait à se rendre auprès du roi (Arch.
de la Loire-Inférieure, E 105).
6. Hist. de Charles VU, par M. de Beaucourt, II, 415.
7. Ms., ch. Li, Buchon, p. 371.
8. Il n'est peut-être pas téméraire d'avancer que le connétable est rofiicier de
564
rompues, comme le dit Gruel, seulement le connétable fut tenu à
l'écart ; La Trémoille en effet se montrait aussi peu disposé à se
rapproclier de son rival qu'il mettait d'empressement à gagner à
sa cause le duc de Bretagne, avec lequel il signa un traité d'al-
liance le 22 février 1431*. Les fauteurs du complot auquel nous
venons de faire allusion étaient les seigneurs de Thouars, de
Lezay et de Vivonne qui, obéissant à des griefs personnels et à
une impulsion étrangère, venant sans doute de Richement lui-
même, avaient formé le projet de s'emparer de La Trémoille, et
même de la personne royale. Mais le favori menacé sut les pré-
venir à temps et les fit arrêter. Le procès qui suivit dut avoir
assez de retentissement pour qu'on s'explique difficilement l'as-
sertion de Gruel prétendant qu'ils furent enlevés par trahison et
condamnés sans jugement ; nous possédons plusieurs originaux et
copies de l'arrêt en date du 8 mai 1431, portant la peine de mort
contre les trois conjurés ; les seigneurs de Lezay et de Vivonne
furent exécutés, le vicomte de Thouars dut la vie à la recomman-
dation de La Trémoille lui-même'.
Gruel, en prenant parti pour les conjurés, a oublié son rôle
d'historien pour embrasser la querelle de son maître, dont ils
avaient servi la politique ténébreuse. Madame de Thouars, chas-
sée des villes de son mari, vint implorer le secours du connétable
contre leur ennemi commun, et la lutte recommença avec une
nouvelle ardeur. Gruel est peut-être le seul à signaler les événe-
ments de cette guerre, qui désola pendant une année entière le
Poitou, l'Aunis et la Saintonge et ne se termina qu'au commen-
cement de 1432 par un traité en date du 5 mars, dont notre chro-
nique reproduit, par exception, trois clauses portant restitution
de Chàteaulaillon au connétable, de Gençay à La Trémoille et
remise de Mauléon à la garde de Prégent de Coetivy^. Mais le
chroniqueur ne fait qu'indiquer les principales phases de la lutte
grande autorité visé dans l'arrêt du 8 mai 1431, qui fut prononcé contre les
conjurés et dont M. de Beaucourt cite quelques passages {Hist. de Charles VII,
t. II, p. 270).
1. Arch. de la Loire-Inférieure, E 181, p. 4 Muni d'un sauf-conduit que le
duc de Bretagne lui accorda le 5 décembre 1430 (Archives de la Loire-Infé-
rieure, E 93, pièce 6), La Trémoille n'hésita pas à se rendi'e à une conférence
où fut signé le traité du 12 février suivant.
2. Hist. de Charles VII, par M. de Beaucourt, II, 273.
3. Arch. nat., J 245, n"> 102.
562
sans s'étendre avec complaisance, comme il le fait habituellement,
sur les belles escarmouches et les prouesses des hommes d'armes.
Faut-il conclure de l'extrême concision de cette partie du récit
que Gruel ne prit aucune part à la lutte, ou bien qu'il resta con-
finé à la garde de l'une des places de Richemont? Nous ne le pen-
sons pas; si l'on admettait la seconde hypothèse, Userait surpre-
nant qu'il n'ait pas donné sur cette place des détails plus
circonstanciés qui nous eussent révélé sa présence, et nous ne
remarquons aucune disproportion entre les différentes parties de
la narration, qui revêt partout l'apparence d'un sommaire assez
bref, il est vrai, mais très exact. Gruel, comprenant bien que ces
mesquines querelles portent atteinte à la gloire de son maître et
déshonorent également les deux adversaires, reste insensible aux
joies de la victoire comme à la honte de la défaite. Il ne s'émeut
guère de la reddition aux gens du roi de Marans, de Benon et de
Ghâteaulaillon et signale à peine la prise de Gençay par les par-
tisans du connétable. On fît l'appointement « tel quel, » dit-il.
Richemont, avant la conclusion de ce traité, profita d'une suspen-
sion momentanée des hostilités pour se rendre à l'appel du duc
son frère, qui le conviait au mariage du comte de Montfort et de
Yolande, fille de la reine de Sicile*. Il semble que ce grand événe-
ment et les fêtes qui l'accompagnèrent auraient dû faire sortir
notre chroniqueur de sa réserve, et cependant il n'y consacre
guère qu'une simple mention. Il eût pu facilement, même en sup-
posant qu'il n'ait pas accompagné son maître dans ce voyage, se
procurer des notions plus étendues sur cette solennité. Mais Gruel
n'est pas un peintre aimant, comme tant d'autres parmi ses con-
temporains, à reproduire les fêtes et les tournois ; les mouve-
ments de deux armées en présence, les péripéties d'un siège lui
offrent seuls de l'attrait, et, quand il sort du cadre qu'il s'est
imposé, il fait preuve d'une inexpérience facile à constater.
Des préparatifs de guerre remplacèrent bientôt à la cour de
Bretagne les fêtes célébrées à l'occasion du mariage de François
de Montfort. En effet, le duc d'Alençon, mécontent de n'avoir pu
obtenir de son oncle Jean VI les sommes d'argent qu'il lui récla-
mait, c'est au moins ce qu'avance Monstrelet^ ne trouva rien de
mieux à faire que de se dédommager aux dépens du chancelier de
1. Ms., ch. LU, Buchon, p. 371.
2. Monstrelet, V, p. 11.
b63
Bretagne, qu'Q fit enlever près de Nantes et emmena prisonnier
à Pouancé. Le duc, vivement courroucé de l'emprisonnement de
son chancelier, mit, dès le mois de janvier 1432, le siège devant
la place où Jean de Malestroit était détenu, après avoir enrôlé
dans son armée des hommes d'armes anglais qui se trouvaient
alors à Vannes : le connétable vint lui-même se joindre aux assié-
geants à la tête de quinze hommes d'armes et de quinze archers ^
On ne saurait reprocher à Gruel de n'avoir pas fait mention de
la mise au pillage du Plessis-Guerrif , fait qui ne tient qu'une place
minime dans un épisode où le connétable lui-même n'apparaît
qu'au second plan 2. Mais est-il bien certain que celui-ci s'em-
ploya aussi activement que l'aifirme son biographe à la conclu-
sion de la paix? Cette intervention, bien naturelle, n'aurait pas
lieu d'être mise en doute, si l'on ne connaissait les tendances de
Gruel à nous montrer toujours son maître sous le jour le plus
favorable ; il est singulier en effet qu'il n'y soit fait aucune allu-
sion dans la teneur du traité de paix, signé le 19 février 1432, et
ratifié par Marie de Bretagne, duchesse douairière d'Alençon, le
3 avril 1433 3. N'est-il pas aussi vraisemblable de penser, avec
Monstrelet, que le duc d'Alençon, voyant la mauvaise tournure
que prenait l'aS'aire, et craignant pour sa femme alors en couches
dans la ville assiégée le danger d'une pareille situation, jugea pru-
dent de s'humilier et de satisfaire les exigences de son puissant
rival? Gruel omet une des principales clauses du traité qui fut alors
conclu, car le duc d'Alençon consentit, non seulement à rendre la
liberté au chanceher de Bretagne, mais aussi à livrer au duc la
place de la Guierche"*. Le traité de Bennes du 5 mars 1432, dont
Gruel a précédemment parlée ne mit pas complètement les places
du connétable à l'abri des attaques de ses ennemis qui cherchaient
toujours à s'en emparer, soit par trahison^ soit de vive force.
1. Arch. de la Loire-Inférieure, E 178; Preuves de D. Morice, II, 1234-1235,
Extrait du compta d'Aufroij Guijnot.
2. Voir sur la dévastation de cette place une lettre par laquelle Jean VI
dédommage Jacques Bonenfaiit des pertes qu'il a essuyées dans cette affaire
{Preuves de D. Morice, II, 1252).
3. Preuves de D. Morice, II, 1248; Archives de la Loire-Inférieure, E 178.
4. Sarthe, arrondissement du Mans, canton de Ballon.
5. Cf. ci-dessus, p. 561.
6. Voir la condamnation d'un traître qui avait promis de livrer la place de
Mervent (Bibl. nat., ms. fr. 8819, fol. 51 r").
564
Mervent, enlevé par La Hire le 8 juin 1432, fut rendu aux troupes
de Richemont quelques jours plus tard. Gruel prit sans doute une
part personnelle à cet événement, soit parmi « les gens de l'os-
tel, » soit parmi « les nobles des terres du dit seigneur*. » Cepen-
dant, les deux partis commençant à se fatiguer d'une lutte sans
terme, la guerre cessa peu à peu, et notre chronique ne signale
aucun acte d'hostilité pendant la fin de l'année 1432. Richemont,
revenant à ses premiers projets, essaya d'en finir avec son ennemi
en recourant à la ruse. Gruel, qui avait jugé bon de passer
sous silence, sans doute à cause de leur mauvais résultat, les pre-
mières tentatives d'enlèvement dont La Trémoille avait été vic-
time, revendique maintenant pour son maître l'honneur d'avoir
dirigé le complot qui amena la chute du favori 2,
Le connétable, n'ayant plus à lutter contre un ennemi person-
nel, va désormais retourner ses armes contre les Anglais, en face
desquels nous ne l'avons pas vu depuis la journée dePatay. Nous
avons signalé ailleurs les causes que nous attribuons à la conci-
sion qui règne dans les chapitres li à lv^; ces causes dispa-
raissent par la cessation des hostilités contre La Trémoille; le
connétable de Richemont va reprendre la place que son titre lui
assigne à la tête des armées françaises ; dès lors, le caractère et la
forme du récit subissent une heureuse modification ; à la conci-
sion et à la réserve succèdent l'ampleur et cette abondance de
détails que nous avons pu remarquer dans les chapitres xxvi à l.
Le chroniqueur, débarrassé des scrupules qui l'ont empêché de
s'étendre plus longuement sur les fâcheux démêlés auxquels son
maître avait pris une trop large part depuis son éloignement de
la cour, semble plus à l'aise et tout heureux de pouvoir montrer
ce que « monseigneur le connestable... sçavoit faire. » Il saisit
avec empressement l'occasion que lui fournit la tentative faite par
ce dernier pour s'opposer à la reddition de Sillé-le-Guillaume aux
Anglais, et lui consacre un long chapitre dont le héraut Berry ne
nous donne qu'un résumé bien succinct^. Si Gruel n'avait consi-
déré que le résultat de cette campagne, résultat bien peu appré-
ciable, puisque Sillé-le-Guillaume tomba néanmoins au pouvoir
1. Ms., ch. LUI, fin, Buchon, p. 372.
2. Cf. ci-dessus, p. 561 et s,; Ms., ch. liv, Buchon, p. 372.
3. Cf. ci-dessus, p. 562.
4. Hist. de Charles VII, dans D. Godefroy, p. 387.
565
de l'ennemi, il ne lui aurait pas accordé une si grande attention ;
mais c'est Richeraont qui commande, c'est lui qui dirige l'entre-
prise ; elle prend alors aux yeux de son écuyer une tout autre
importance, et il nous la fait connaître jusque dans ses moindres
détails. Cette expédition, conduite avec une lenteur et une indé-
cision qui permirent aux Anglais d'occuper presque tout le Maine,
n'est pas de nature à donner une haute idée des talents militaires
du connétable, et il n'a pas encore conquis la réputation qu'on
lui a faite, mais le voici rallié une fois de plus à la cause royale et
en mesure par conséquent de montrer son habileté.
Pour résumer le caractère et la valeur de notre chronique dans
les chapitres que nous venons de passer en revue, nous dirons
que Gruel n'avait plus à y écrire l'histoire d'un connétable de
France combattant pour la délivrance de son pays, mais celle du
comte de Richemont soutenant une guerre civile contre un des
principaux conseillers de la couronne et contre le roi lui-même.
L'intérêt de la chronique est pour ainsi dire amoindri et localisé,
et ne se trouve plus concentré que sur quelques rencontres de par-
tisans. Cependant, considérée à ce point de vue, elle conserve une
importance incontestable, et nous en sommes réduits, par l'ab-
sence de toute autre source historique plus complète, à regretter
la réserve que Gruel s'est imposée volontairement. La campagne
de Sillé-le-Guillaume forme une transition heureuse entre la par-
tie antérieure du récit et les passages qui suivent.
Achille Le Vavassedr.
{A suivre.)
BIBLIOGRAPHIE.
Fouilles et Sépultures mérovingiennes de V église Saint -Ouen de
Rouen, décembre iH8A- février -1883, par le comte d'Estaintot.
Paris, Alphonse Picard, ■1886. In-S", 50 p. avec figures.
Les fouilles relatées dans ce volume ont été exécutées sous la direc-
tion de M. Sauvageot, architecte diocésain, en présence de plusieurs
membres de la commission départementale des antiquités de la Seine-
Inférieure. Ceux-ci en ont dressé, pour la commission, un procès-ver-
bal détaillé. M. le comte d'Estaintot s'est proposé de résumer et de
mettre en lumière les principaux résultats acquis.
Un grand nombre de sarcophages mérovingiens ont été découverts.
Ils ont fourni des armes et des bijoux. Ces objets ont été donnés par la
fabrique de Saint-Ouen au musée départemental. M. d'Estaintot décrit
les plus curieux et en donne des dessins. On remarquera surtout un
grand fauchard ou fer tranchant courbé en forme de faucille, de 0™65 de
longueur, destiné à être monté à l'extrémité d'une hampe de bois, et un
style à écrire, d'argent, revêtu d'une feuille d'or. On n'a trouvé aucune
inscription. Selon la tradition, plusieurs princes et princesses de la pre-
mière race auraient été ensevelis à Saint-Ouen. Ces dernières fouilles
ne nous apprennent là-dessus rien de nouveau.
Au point de vue historique, la découverte la plus intéressante a été
faite dans une autre partie du terrain fouillé et ne concerne pas l'époque
mérovingienne. C'est celle de la sépulture d'un abbé de Saint-Ouen du
xne siècle, Rainfroid, mort en 1150. Son épitaphe était gravée sur une
lame de plomb. Elle avait neuf lignes ; les trois dernières sont entière-
ment effacées, les six autres se lisent encore en partie :
t HIC REQVIESCIT PIE MEMORIE DO
NNVS RINFREDVS MO///CHVS ET ABB'S HVIVS
LOCI QVI ECCLESIAM ISTAM POST
COMBUSTIONE /////////////////////////////// AVIT MV
RO CINSIT ///////////////////////////////////// ET ALIIS
BONIS /////////////////////////////////////////////////////////////
Julien Ha VET.
567
Les Coutumes de Lorris et leur propagation aux XII^ et XIIP siècles,
par Maurice Prou, archiviste paléographe, élève de l'École des
hautes études. Paris, Larose, •ISS/*. In-8°, -176 pages. (Extrait de
la Nouvelle Revue historique de droit français et étranger.)
« Dès la première moitié du xii^ siècle, les habitants de la paroisse
« de Lorris avaient obtenu du roi Louis VI une cliarte de coutumes,
« devenue rapidement célèbre. Les registres de la chancellerie royale
« nous ont conservé la confirmation de Louis VII, datée d'Orléans en
« 1155. Un incendie, survenu à Lorris pondant un séjour de Philippe-
« Auguste, détruisit la ville presque entièrement et consuma l'original
« de la charte, déposé aux archives de la communauté. » Le roi accorda
aux bourgeois un nouveau diplôme, de même teneur que celui de 1155
(Bourges, 1187, entre le 29 mars et le 31 octobre). Ces privilèges, aux-
quels M. Prou a consacré l'ouvrage que nous analysons, ont été encore
confirmés par Charles VII en 1448 et par Louis XIII en 1625.
La charte de Lorris obtint un immense succès : elle devint au xii« et
au xiii^ siècle la loi d'un grand nombre de villages du centre de la
France. M. Prou, après avoir étudié en elle-même la charte de Lorris,
la suit de proche en proche dans le domaine royal, dans les domaines
des maisons de Gourtenay et de Sancerre, en Champagne. Il a dressé
avec soin une liste chronologique des chartes copiées en totalité ou en
partie sur les coutumes de Lorris et, pour faciliter les recherches, il a
donné ensuite une liste alphabétique des villes et des villages dont les
chartes dérivent des coutumes de Lorris.
Le texte même de la coutume de Lorris, édité avec grand soin, et des
pièces justificatives fort bien choisies terminent le volume.
On ne pouvait souhaiter sur la charte de Lorris un meilleur travail :
cette monographie est excellente.
Paul ViOLLET.
Chevalier (l'abbé Ulysse). Compte de Raoul de Louppy., gouverneur
du Dauphiné de i 30 1 à \ 3ij\) ., publié d'après l'original des archives
de la préfecture de V Isère. Romans, octobre 'iSSO. In-8o.
Le compte de Raoul de Louppy, publié par M. l'abbé U. Chevalier,
se divise en deux parties : la première comprenant les recettes et les
dépenses faites par Raoul pendant qu'il fut gouverneur du Dauphiné,
c'est-à-dire depuis le 7 octobre 1361 jusqu'au 10 décembre 1369; la
seconde partie comprenant les recettes et les dépenses faites du 8 octobre
1373 au 31 mars 1376 par le même personnage, comme administrateur
des chàtellenies de Clermont-en-Argonne, Vienne-le-Chàteau et Gué-
menières, possessions de la comtesse de Bar. Le premier compte fut
568
entendu à Paris, en la chambre des comptes, le 12 avril 1375 et le
19 janvier 1376; le second, le 28 avril 1376.
Ce document nous est parvenu, pour partie du moins, en double
exemplaire. L'un de ces exemplaires est aujourd'hui à la bibliothèque
du Vatican, dans le fonds de la reine Christine, où il porte le n° 1247 <.
C'est un rouleau composé de treize peaux de parchemin et mesurant
environ 8"14 de longueur, sur une largeur qui varie entre 0'^25 et 0™26.
La fin du rouleau a disparu. Le texte du compte s'arrête avec les mots
dont il chiet, qui se trouvent à l'article 120 2, ligne 25 de la page 56 dans
l'édition de M. l'abbé Chevalier.
L'autre exemplaire est complet, sauf quelques lacunes au commence-
ment. Il est conservé à Grenoble, dans les archives départementales de
l'Isère, sous la cote B3173. C'est un rouleau formé de vingt-cinq peaux
de parchemin, long d'environ 14 mètres, sur une largeur moyenne de
0°^27 1/2.
M. l'abbé Chevalier a reproduit le rouleau de Grenoble; quant à
celui du Vatican, il ne paraît pas l'avoir examiné. Il estime, en effet,
que ces deux exemplaires d'un même compte sont les deux copies sur
parchemin auxquelles il est fait allusion à l'art. 123 (p. 59), et qui,
d'après lui, ont été coUationnées avec le compte original le 10 janvier
1382 (1383, n. st., art. 138). Cette hypothèse admise, on comprend que
l'éditeur ait préféré au texte incomplet du Vatican le texte complet de
Grenoble. Mais je ne saurais souscrire à son opinion. Je crois que le
rouleau de Grenoble a été copié sur celui du Vatican, et que ce dernier,
par conséquent, n'est autre qu'un fragment considérable de l'original
dont il est parlé à la fin du texte des archives de Grenoble.
Le texte du compte de Raoul de Louppy est accompagné de notes
marginales, qui constituent les observations des auditeurs de la
chambre de Paris commis à examiner ce compte. Or, toutes les notes
marginales qui figurent sur le rouleau du Vatican ont été reproduites
sur le rouleau de Grenoble. Mais, tandis que, sur le premier, elles ont
le caractère d'additions dues à des mains diverses, sur le second, au
contraire, elles sont toujours de la même écriture que le texte de l'ar-
ticle auquel elles correspondent. Quelques observations mises en marge
du rouleau de Grenoble ne se trouvent pas sur le rouleau du Vatican ;
1. Ce manuscrit m'a été signalé en décembre 1884 par mon confrère et ami
M. Ernest Langlois, membre de l'École française de Rome.
2. J'adopte la numérotation des articles telle qu'elle a été établie par
M. l'abbé Chevalier, bien qu^elIe ne me semble pas exacte. Ainsi, l'art. 36 doit
être divisé en deux articles, et Fart. 37 devrait porter le n° 38. L'art. 61 devi-ait
être numéroté 60, parce que le paragraphe qui précède (art. 60) ne constitue
pas un article, mais un titre, comme le prouvent les mots Primus articulus
écrits sur le rouleau du Vatican, en face de l'article qui ouvre le chapitre de
la dépense, c'est-à-dire l'art. 61 de l'édition de M. l'abbé Chevalier.
569
il est probable qu'elles ont été ajoutées par les gens des comptes du
Dauphiné sur cette copie que leur avait envoyée la chambre des comptes
de Paris. De plus, certaines additions faites en pleine ligne à la iin des
articles sur l'exemplaire du Vatican ont passé sur celui de Grenoble,
sans qu'on puisse les distinguer du texte primitif. Par exemple, à la
suite de l'article 3'i, on a ajouté sur le rouleau du Vatican : « Capiun-
tur ut immédiate, valent ni^ iiiixx y flor. v groz petiz. » Ces mots, sur le
rouleau de Grenoble, sont de la même main que le reste do l'article. Le
même fait se reproduit à l'art. 53. Et encore, dans le chapitre de la
dépense, toutes les conversions de florins de bon poids en florins del-
phinaux ou de petit poids, qui terminent la plupart des articles, ont été
ajoutées sur le rouleau du Vatican ; le scribe de l'exemplaire de Gre-
noble les a reproduites sans les distinguer de la rédaction première.
Quant aux passages complètement barrés sur le rouleau du Vatican, le
copiste a toujours négligé de les reproduire sur le rouleau de Grenoble.
Ainsi, à la fin de l'art. 62, on avait d'abord écrit : « vic lxiii flor. ix groz
petit poiz » ; les mots Lxnt flor. ix groz petit poiz » ont été rayés et rem-
placés par ceux-ci : « xxxi flor. demi » ; le copiste du rouleau de Grenoble,
tenant compte de cette correction, a écrit : « vie xxxi flor. et demi. » A
l'article 63, le texte du Vatican portait d'abord : « cvni florins et demi
de petit poiz » ; à la suite, les auditeurs des comptes ont fait ajouter :
« Dont il chiet pour ses gaiges ordinaires par les m jours dessus diz
xxnn florins ix groz i tiers, demeure ini^x m florins viii groz n tiers » ;
en même temps qu'ils expliquaient cette réduction par la note margi-
nale : « Deducantur ut supra pro vadiis suis xxini flor. ix groz i tiers, quia
infra Dalphinatum deducuntur ut supra'. » Toutes ces corrections ont
perdu, je le répète, sur le rouleau de Grenoble le caractère d'additions.
Le dernier exemple que j'ai cité, — et j'en pourrais donner beaucoup
d'autres analogues, — suffirait à montrer que le texte du Vatican est
l'original du compte qui fut conservé dans les archives de la chambre
des comptes de Paris, et sur lequel les auditeurs avaient consigné leurs
observations. Une dernière remarque achèvera de démontrer que le
rouleau de Grenoble a été copié sur celui du Vatican. A la fin de la
première feuille de parchemin du rouleau du Vatican, le scribe a mis
en marge le total des recettes portées sur cette feuille ^ : « Summa n""
vue iiiixx vn flor. x gross. i tiers. » Cette somme a été reproduite au
même endroit du compte, sur le rouleau de Grenoble 3, bien qu'elle n'y
1. Le gouverneur du Dauphiné était tenu de pourvoir avec ses gages ordi-
naires aux frais des voyages qu'il faisait dans les limites de son gouvernement.
2. Les comi)tables actujls ne font pas autrement quand ils inscrivent au bas
d'une page la somme totale des recettes ou dépenses contenues dans cette page.
3. On la trouvera imprimée à la suite de l'article 18 dans l'édition de
M. l'abbé Chevalier.
37
o70
eût plus aucune raison d'être, puisque les feuilles de parchemin des
deux rouleaux ne sont pas de même longueur.
Je crois donc que, pour la partie qui est commune aux deux exem-
plaires encore existants du compte de Raoul de Louppy, l'éditeur eût
mieux fait de suivre le texte du rouleau du Vatican ; l'emploi de carac-
tères spéciaux pour les additions eût rendu le document qu'il publie
plus intelligible, et surtout eût mieux mis en lumière la façon dont les
auditeurs procédaient à l'examen des comptes.
La comparaison que j'ai faite du rouleau du Vatican avec celui de
Grenoble me permet de proposer quelques corrections au texte publié
par M. l'abbé Chevalier ^.
Le début lacéré dans Gren. peut être restitué par Vat. : « Compte de
Raoul, sire de Louppy, chevalier, jadiz gouverneur du Dalphiné de
Viennois, des receptes et mises par lui faites tant pour cause de plu-
sieurs et divers veages et chevauchées par lui faiz à armes et autrement,
tant par le paiz du dit Dalphiné, pour la nécessité, reconfort, visitacion,
detfense et seurté d'icellui, comme en Avignon, en Savoye, Arle, Lan-
guedoc, en France et en plusieurs autres lieux, tant de commandement
de bouche... » — Page 1, hgne 17 : « en est à plain. » Vat. : « en est
plus à plain. » — Art. 2, en marge de Vat., on lit : « Compotus dicti
Philippi, » ce qui explique la note marginale de Gren. reproduite dans
Edit., p. 2, note 2 : o Capiuntur per iiiium computum; ibi corrigitur. »
Il s'agit du quatrième compte de Philippe Gillier. — Art. 3, Edit. :
« Guillaume de la Parrete, » Vat. : « Guillemin de la Perretere. » —
Art. 4, Edit. : « 33 gelines 23 gros 1 tiers 2, » Vat. : « xxxiii gelines pri-
siées xxni groz i tiers. » — Art. 4, Gren. : « xi florins, v groz, i tiers
petiz, » Vat. : « x florins, v groz, i tiers petiz. » — Art. 6, Gren. porte
une addition marginale qui ne se trouve pas sur Vat., mais elle est
d'une autre main que le texte et les autres notes ; elle est reproduite
dans Edit., p. 3, n. 2, mais, au lieu de : « in computo Bellivisus Fro
Machori, » il faut lire : « in computo Bellivisus finito MCCGLXII » ; de
plus, je crois que la virgule placée avant citra doit être reportée après
ce mot, et que arra doit être lu corri{gere) ou corri(gitur). — A l'art. H,
je pense que l'abréviation mons. doit être lue monseigneur plutôt que
monsire. —Art. 20, Edit. : « et en argent comptant 4 (= 80) flor. 9 gros
et demi. » Je ne comprends pas la correction de 4 en 80. — Art. 22, 1. 6,
Edit. : « et 23 sommes et demie de vin, » Vat. : « en xxni sommes et
demie de vin. » — Art. 24, à la fin, Edit. : a en may 1363, » Vat. : « en
may GGGLXIIIL » — Art. 30, Edit. : « Michel Ailloust, » Vat. : « De
1. Je désignerai par Vat. le rouleau du Vatican, par Gren. celui de Grenoble,
et par Edit. la publication de M. l'abbé Chevalier.
2. M. l'abbé Chevalier a partout substitué aux chiffres romains de Gren. des
chiffres arabes.
574
Michel Ailloust. » — La note marginale de l'art. 35, Edit., p. 10, n. 1,
s'applique également aux articles 36, 37 et 38, comme l'indique une
accolade sur Val. — Art. 30, Edit. : « que il recout de Pierre Arnoul dit
Gaiet, » Vat. : « que il reçut par la main de Pierre Ernoul dit Gayet. »
— Art. 43, Vat. porte cette note marginale : « Declaret cujus ponderis,
et ad quam summam ascendit dicta composicio, et habeatur residuum. »
Cette note ne figure pas dans Edit., et je crois cependant qu'elle a été
transcrite sur Gren. — P. 12, après l'article 45, Edit. : « Summa relicte, »
corrigez : « Summa recepte. » — P. 12, n. 2, Edit. : « pars cadit, » Vat. :
« pars cadat » ; Edit. : « et ideo ordinatum quod, » Vat. : « et idco
ordinatum fuit quod » ; Edit. : « quod mittat copias, » Vat. : « quod
mittant copias » ; la seconde partie de la note 2 de la page 12 ne se rap-
porte pas à l'art. 46, mais à l'art. 47 ; à la fin de la note, Edit. : « dic-
tam accusationem, » Vat. : « dictam excusationem. » — Art. 47, p. 13,
1. 1, Edit. : i fais deux fois, » Vat. : « fais par n foys » ; même article,
Edit. : « 317 florins, » Vat. : « iiic xn flor. » — Art. 48, 1. 2, Edit. :
« rendi, » Vat. : « rendu. » — P. 14, n. 1, 1. 2, au lieu de : « Lune
xxnntanovembris, » j'ai lu sur Gren. et sur Vat. : « Hinc xxmitanovem-
bris » ; mais cette lecture n'est pas certaine. — Art. 59, à la fin, Edit. :
« 14956 flor. ponderis Dalphinatus, » Vat. : xmi™ ixc lvi flor. petiz pon-
deris Dalph[inatus]. » — Art. 61, 1. 10, Edit. : « enjointes, audit lieu
d'Avignon, » Vat. : « enjointes faire audit lieu d'Avignon. » — Art. 62,
outre la note marginale reproduite p. 19, n. 1, dans Edit., il y a dans
Vat. une autre note, placée en face les premières lignes de l'article et
ainsi conçue : « Totum infra Dalpbinatum et sic debent deduci vadia sua
qui ascendunt par XXXV] dies, adestimacionemutsupra, Ile IIII^x XVII flor.
m gros II tiers et ideo radere ipso domino présente. » Le passage
imprimé ici en italiques a été rayé sur Vat. et n'a pas été reproduit
dans Gren. — Art. 64, p. 21, 1. 9, Edit. : « et tout le conseil, » Vat. :
« atout le conseil. » — P. 22, note 3, cette note devrait être placée à
la p. 21, avec renvoi au mot chevaux, à la ligne 19. — P. 22, 1. 1, Edit. :
« et trois chevaliers, » Vat. : « et nu chevaliers. » — P. 31, note 1, au
lieu de loquitur, je crois qu'il faut lire loquatur. — Art. 73, avant-der-
nière ligue, Edit. : « 18 florins 4 quins, » Vat. : « xvni florins ini quars. »
— La note de la p. 33, ainsi indiquée : En m. du n» 73, se rapporte aux
art. 73 et 74, comme l'indique une accolade sur Vat. — La note 1 de la
p. 34 se rapporte à l'article 75 a. — Art. 76, Edit. : « demeure 68 flor.
11 gros, » Vat. : « demeure lxviii florins ix groz, » qui est la bonne
leçon. — P. 37, n. 2, Edit. : « ibi dora, procuratorem, » Vat. : « ibidem
dictum procuratorem. » — Art. 85, 1. 4, Edit. : « les choses couchées, »
Vat. « les choses touchées. » — Art. 87, p. 41, 1. 4, Edit. : « 24 che-
vaux, » Vat. : « xxxim chevaux. » — P. 42, après l'art. 89, on lit sur
Vat. cette note, qui a été rayée : « Summa diorum vic xlui, a vni flor.
II groz demi et i/xn^ per diem, valent v"» me ix flor. » — Art. 90, 1. 4,
572
Edit. : « comme concernans, » Vat. : « comme autrement. » — P. 43,
1. 9, Edit. : « et 7 s. pour 15 escuier, » Vat. : « et vu s. pour escuier. »
— P. 44, 1. 2, Edit. : a 1362, » Vat. : « GCCLXIII. » — La note 2 de
la p. 47 se rapporte aux art. 99 et 100. — La note 2 de la p. 48, sine
lictera, qu'il vaut mieux lire sine licteris, s'applique aux art. 103, 104 et
105. — Art. 112, 3e ligne avant la fin du texte de la p. 52, Edit. : « 95 flo-
rins 5 gros, » Vat. : « viii^s xv florins v groz. » — P. 53, 1. 2, Edit. :
« 83 flor. 3 gros, » Vat. : « vi^* m flor. m groz. » — Art. 113, 4^ ligne
avant la fin de l'article, Edit. : « 129 florins 6 groz, » Vat. : « vi^^^ xix flo-
rins V] groz. » — La note 1 de la p. 54 se rapporte aux articles 115, 116
et 117. — P. 55, 1. 16, Edit. : « que son retour fut à Grenoble, pour
chascun jour 2 florins, » Vat. : « que son retour fut à Grenoble par
devers ledit gouverneur, par xim jours, pour chascun jour deux florins. »
— P. 55, n. 2, 1. 3, Edit. : « de contentis in série, » Vat. : « de conten-
tis hic in série. »
M. l'abbé Chevalier a pris soin de dresser l'itinéraire de Raoul de
Louppy, depuis le 7 octobre 1361 jusqu'au 10 décembre 1369, à l'aide
des renseignements que lui ont fournis le compte même de Raoul, les
archives de l'Isère et celles de la Drôme, les archives communales
d'Embrun et celles de Romans, et les documents publiés en divers
ouvrages. Deux pièces originales du cabinet des titres à la Bibliothèque
nationale permettent d'ajouter deux dates à cet itinéraire. Le 23 juillet
1364, Raoul de Louppy était à Romans ^, et, le 3 novembre de la même
année, il se trouvait à Grenoble 2.
1 . Quittance par laquelle Raoul de Louppy reconnaît avoir reçu de Jean du
Pont, trésorier du Dauptiiué, 75U florins de poids deiphinal à lui dus sur ses
gages de gouverneur (cabinet des litres, vol. 1760),
2. Mandement de Kaoul de Louppy, donnant ordre à Jean du Pont de payer
à Raynaud Raymond, juge mage des appels, procureur général el avocat liscal
du Uaupldné, la somme de lOU llorins de poids deiphinal à lui due sur ses
gages de l'année commencée le 1" juillet précédent (cabinet des titres, même
volume). — Je saisis l'occasion qui se présente à moi de signaler quelques
autres actes originaux de Raoul de Louppy conservés au déparlement des
manuscrils de la Bibliothèque nationale. — Paris, 13 avril 1355. Raoul, sire de
Louppy, chevaUer el conseiller du roi, mande à Roland Pogery, receveur de
Pans, de payer 24 hvres parisis à Garnier de Saint-Denis, sergent d'armes, qui
avail reçu Tordre d'arréler la comlesse de Longueville (collection Glairambault,
titres scellés, vol. (37, fol. 5199, n» 4505). — 2 juin 1355. Raoul de Louppy
reconnaît avoir reçu 33 livres 6 sous 8 deniers tournois de Garin de Moret,
receveur de Champagne, à valoir sur le don à vie de lUO livres de terre qu'il
prend annuellement en la recette de Champagne (ibid., fol. 5199, n" 45U6). —
Grenoble, 4 juin 1364. Raoul de Louppy, gouverneur du Dauphiné, reconnaît
avoir reçu de Jean du Pont, trésorier du Dauphiné, 42 llorins de poids deiphi-
nal à lui dus sur ses gages de gouverneur (cabinet des litres, vol. 1760), — La
Cote-Saint-Aiidré, 31 juillet 1364. Raoul de Louppy mande au trésorier du Dau-
573
Tous les historiens qui font de l'administration royale au xiv« siècle
l'objet de leurs études sauront gré à M. l'abbé Chevalier d'avoir imprimé
un document aussi précieux. Ils pourront regretter toutefois que l'édi-
teur n'ait tenu aucun compte du manuscrit conservé au Vatican.
Maurice Prou.
Histoire des états cjénérnux et des libertés publiques en Franche-
Comté, par M. le président Clerc. Besançon, Marion, ^882. In-8°,
2 vol., 404 et 420 pages.
Suivant M. Clerc, les états remontent, en Franche-Comté, à Philippe
le Hardi, fils du roi Jean, lequel fut duc de Bourgogne en 1364 et comte
de Bourgogne vingt ans plus tard. Ils seraient, au dire de l'auteur, plus
anciens dans le duché que dans la comté de Bourgogne; M. Clerc croit
pouvoir fixer à l'année 1384 la première réunion des états de Franche-
Comté.
L'auteur a écrit l'histoire des états de cette province depuis 1384 jus-
qu'à leur abolition en iG74 : il étudie leur rôle politique, session par
session, plutôt qu'il ne décrit leur organisation ; j'eusse souhaité des
renseignements plus abondants sur le régime électoral et, en général,
sur les diverses questions qui touchent à l'ordre administratif.
Les états de Franche-Comté, qui jouèrent, dans diverses circons-
tances, un rôle considérable, ont eu, jusqu'en 1662, le droit de voter et
d'asseoir sur la province des impositions pour faire face aux besoins
locaux.
Parmi les actes qui accusent le plus nettement l'importance politique
des états, je relève : en 1451, les réclamations des deux Bourgognes, qui
arrachèrent au duc Phihppe le Bon la suppression d'un droit dit de
tréhu sur les vins, imposé sans le consentement des états; en 1517, la
décision quasi-souveraine des états de la Franche-Comté, qui, mécon-
tents des ordonnances de la duchesse Marguerite, nommèrent d'autorité
des commissaires chargés de reviser cette législation; en 1662, les récla-
mations contre la vénalité des charges; en 1666, les conditions rigou-
reuses mises à la délivrance à l'Espagne du don gratuit ' .
Paul ViOLLET.
phlné de délivrer à Jean de Sommericourt, procureur de Nicolas de Toiiis-sur-
Marne, prévôt de l'église de Reiras et conseiller delphinal, la somme de 50 llorins
pour un quart des gages annuels dus audit Nicolas (ras. français 20,006, pièce
n" 42). — 20 mai 1374. Raoul de Louppy, conseiller du roi, reconnaît avoir reçu
de Gille Billet, grenetier du grenier du sel à Paris, 200 fjorins Vl'or francs en
diminution d'une soiiime plus grande à laquelle le roi était tenu envers lui
pour un voyage fait en Boliênie et en Hongrie (coll. Clairambault, titres scellés,
vol. 67, fol. 5199, n" 4507).
1. Voyez t. I", pp. 25, 40, 54; t. II, p. 163.
574
La Vie agricole dans le Haut-Maine au XIV^ siècle^ d'après le rou-
leau inédit de if""^ d'Olivet (^33D-^342), par M. André Joubebt.
Mamers, Fleury et Dangin, éditeurs, -J886. In-8°, 55 p.
La Bibliothèque de l'École des chartes a déjà rendu compte plusieurs fois
des ouvrages de M. André Joubert. La nouvelle étude qu'il vient de
publier ne fait pas moins d'honneur que les précédentes au zèle du fécond
auteur. Le rouleau inédit qui en a fourni la matière mesure 9™50 de long
sur 0™25 de large; il a été communiqué à M. Joubert par notre con-
frère M. A. de la Borderie. On y trouve une série de baux et de comptes
se rapportant à diverses métairies du comté de Laval. M. Joubert a su
tirer de ces documents, compris entre les dates de 1335 et de 1342, des
détails nombreux et instructifs sur la vie agricole dans le Haut-Maine
au xive siècle. Après quelques observations générales sur l'état de
l'agriculture en France un peu avant la guerre de cent ans, l'auteur
reproduit les passages les plus intéressants des baux^, dont il élucide
les termes obscurs. L'ensemble de ces renseignements concorde avec ce
que disent de la situation favorable du royaume à ce moment les savants
les plus autorisés; et M. Joubert cite fort justement à ce propos les
savants travaux de MM. Lecoy de la Marche et Siméon Luce. La pré-
sente publication constitue, en somme, une nouvelle contribution à
l'histoire économique du Maine et on doit féliciter M. Joubert d'utiliser
aussi bien les loisirs dont il dispose. p Bonnassieux.
Lettres et Mémoires inédits de M. d'Étigny, Intendant de la généra-
lité d'Auch et de Pau, de \Ti\ à noT, publiés par Paul Parfouru,
archiviste du Gers, correspondant du ministère de l'instruction
publique, officier d'Académie. Auch, Cocharaux, ^885. In-8°,
3^ p.
Dans cette petite brochure, dont le contenu ne répond guère au titre
vraiment trop large et qui est extraite de V Annuaire du Gers pour 1885,
notre confrère M. Parfouru publie quelques lettres et notes de M. d'Éti-
gny relatives : 1" à la suppression des écoles de village ; 2» à la révo-
cation du premier secrétaire de l'intendance; 3° à l'affaire du parlement
de Pau (mai 1765) et à la disgrâce de l'intendant.
Ces trente pages offrent un réel intérêt, les premières surtout, qui
1. Ces détails sont présentés au lecteur dune manière qui ne nous satisfait
pas coniplètemeiit. L'ordre méthodique nous eût semblé préférable, à défaut
d'une publication intéj^rale du texte ; l'auteur aurait ainsi relevé tour à tour
les divers prix des bœufs, vaches, brebis, etc., du Haut-Maine de 1335 à
1342, la composition moyenne des troupeaux des diverses métairies au même
moment, etc.
575
se rapportent à la suppres?ion des écoles de village. M. Parfouru
nous entretient là d'une question aussi curieuse qu'importante. Est-il
vrai que, vers le milieu du xvni« siècle, le gouvernement ait cherché à
détruire l'enseignement primaire dans les campagnes? Nous avons vai-
nement cherché k nous renseigner sur ce point. Les papiers d'archives,
mémoires ou correspondances que nous avons pu consulter ne nous
ont rien appris à ce sujet. Nous sommes tort tenté de croire que la con-
duite de M. d'Étigny a été dictée par des convenances ou des exigences
locales et que peu d'intendants ont écrit comme lui, dans une corres-
pondance officielle : « Dans les campagnes, rien n'est moins nécessaire
au paysan que de sçavoir lire » (v. p. H). La tendance constante du pou-
voir royal au xvm'' siècle parait, en efïet, avoir été favorable à la diffu-
sion de l'instruction dans le pays^.
La brochure de notre confrère ne comporte pas d'analyse étendue.
Elle est bien courte et nous regrettons que l'auteur n'ait pas fait de
plus larges emprunts aux douze registres in-folio que remplit, aux
archives du Gers, la correspondance de M. d'Étigny. Il y aurait trouvé
sans doute plus d'un utile éclaircissement.
Pourquoi aussi n'identifie-t-il pas le nom d'un des principaux person-
nages qu'il cite, M. de Courteille? Il s'agit évidemment de M. de Bar-
berie de Courteille, conseiller d'État semestre et intendant des finances.
Pourquoi ne donne-t-il nulle part à M. d'Étigny son nom patronymique
de Mégret? Le « seul des intendants dont le nom soit encore connu
dans tout le Midi 2 » méritait assurément qu'on le désignât sous son
vrai nom, Mégret d'Étigny.
Quoi qu'il en soit, les pièces publiées par M. Parfouru font connaître
plusieurs détails curieux de la vie administrative en province sous l'an-
cien régime. On doit se féliciter, en somme, de leur mise au jour.
P. BONNASSIEUX.
Relations et Commerce de V Afrique septentrionale ou Magreb avec
les nations chrétiennes au moyen ûye, par le comte L. de Mas
Latrie. Paris, Didot, 1886. In-^2, 550 pages.
Le comte de Mas Latrie joint à une science indiscutable le don, de
1. Si on a pu, au milieu du xvni" siècle, provoquer, dans l'ordre de l'ensei-
gnement secondaire, la suppression de certains collèges inutiles, on a du moins
conservé assez de ces établissements pour répondre aux besoins du pays. De
1763-1765 ont été maintenus et conservés, par exemple, les collèges de Roanne,
Fontenay-le-Comte, Angouléme, Orléans. Auxerre, Tours, Blois, Clermont-Fer-
rand, la Flèche, Sens, Reims, Billom, Mauriac, Charleville, Châlons, etc. (V. aux
Arch. nat., coll. Rondonneau, série chronolog., années 1763-1765.)
2. Voy. P. Raymond, Inv. des arch. dép. des Basses- Pyrénées, séries C.-D.,
p. 37-38.
376
plus en plus rare chez les érudits, de savoir composer et écrire un livre.
Le troisième volume de son Histoire de Chypre, dont la suite est atten-
due avec impatience par tous les amis des études médiévales, est, par
la réunion de ces trois qualités, l'une d'analyse, l'érudition, l'autre de
synthèse, la méthode, et la troisième tout artistique, le style, un véri-
table modèle de composition historique.
A cette œuvre capitale il ajoute, presque chaque année, quelque étude
destinée au grand public, mais dont le sujet est puisé dans ses travaux
antérieurs de publication de textes.
Aujourd'hui, c'est à son grand recueil de Traités conchis au moyen
âge entre les chrétiens et les Arabes de l'Afrique (Paris, 1866 et 1872, in-4o)
qu'il emprunte la matière du petit volume qu'il consacre à l'histoire du
commerce méditerranéen. Ce sera un complément indispensable à la
belle Histoire du commerce du Levant de Heyd que M. Raynaud vient de
traduire dans notre langue ; mais c'est avant tout une œuvre patriotique
et française. Au moment où peu à peu notre drapeau national s'étend
sur les côtes de l'ancienne Mauritanie, il fallait connaître les origines
de ces longues relations commerciales qui, en Afrique comme dans
d'autres régions, ont insensiblement préparé la conquête.
Un fait général ressort d'une façon lumineuse des récits attachants de
M. de Mas Latrie, c'est le caractère absolument néfaste de l'invasion
turque dans ces parages. On a tort d'identifier les Turcs et l'Islam. En
Afrique et dans vingt autres contrées, l'Islam a laissé fleurir les lettres,
les arts, l'agriculture, a donné, soit aux chrétiens indigènes, soit aux
commerçants occidentaux, de longues périodes de paix et de richesse.
L'Arabe vivait ainsi côte à côte avec le chrétien, dont le sort était cer-
tainement préférable, en certains pays musulmans, à celui des Irlan-
dais ou des Polonais d'aujourd'hui.
Mais le Turc arrive comme la sauterelle et, avec lui, la dévastation et
la persécution ; les pays les plus fertiles deviennent des déserts ; la pira-
terie tue le commerce; les monuments s'effondrent et le chrétien indi-
gène n'a plus que le choix entre l'apostasie ou le martyre.
Dans le Magreb, ce n'est que de l'invasion turque que date l'état
d'hostilités qui fit de la Méditerranée tout entière, dans les trois der-
niers siècles, un véritable repaire de brigands, et qui ne se termina que
par la glorieuse conquête d'Alger, présent d'adieu de notre ancienne
monarchie.
Avant l'arrivée des Turcs, il en était tout autrement; on est tout sur-
pris de voir, au moyen âge, se succéder en paix la série des évoques
latins du Maroc ; des gardes chrétiennes, recrutées en Espagne, entou-
rer les califes, les marchands d'Italie vaquer en paix dans tous les ports
aux affaires de leur négoce et trouver souvent auprès des tribunaux
musulmans plus de justice que de l'autre côté de la Méditerranée.
Je viens de prononcer le mot d'évêques latins ; ceux du Maroc étaient
377
des évoques missionnaires institués au xiii^ siècle par le saint-siège;
mais en Afrique il y eut aussi, longtemps encore après la conquête
arabe, un clergé et des fidèles indigènes ; la question de la disparition
lente de cette malheureuse église est aussi intéressante que peu étudiée;
c'est un de ces sujets qui devraient tenter les jeunes érudits. M. de Mas
Latrie, qui n'avait qu'à reftleurer, a, il est vrai, solidement résumé le
peu que nous en apprennent Léon l'Africain, les recueils de Morcelli et
de Sanchey et quelques brochures comme la Tunisie chrétienne (^qM.. de
Sainte-Marie, qui dérivent uniquement de ces trois sources. Mais, en
prenant pour point de départ ces premières indications, il ne serait pas
impossible de trouver des matériaux nouveaux, soit dans l'épigraphie
locale, soit dans les textes occidentaux et surtout dans la correspondance
des papes. Ce serait, à la fois, rendre hommage à l'antique église que
le cardinal Lavigerie vient do faire renaître à Carthage et donner une
base à l'apostolat qu'il a su si vigoureusement organiser.
Je reviens au livre de M. de Mas Latrie, que je ne veux point quit-
ter sans en signaler le côté le plus pratique et le plus actuel. L'auteur
s'étend longuement sur la partie technique de son sujet; les pages qu'il
consacre à ces renseignements commerciaux revêtent une importance
particulière, si l'on se reporta <à ce que je viens de dire plus haut; en
effet, avant les Turcs, la Mauritanie était ce que nous cherchons à la
faire redevenir : un pays de production agricole par excellence.
Les données, très précises, très exactes, qui sont réunies ici sur les
ressources qu'offraient ces contrées au commerce européen, à une époque
où elles n'étaient, ni desséchées ni déboisées, ni réduites on vaine pâture,
sont de nature à fournir au commerce français les éléments les plus
propres à apprécier l'avenir de notre France d'outre-mer, de nature aussi
à indiquer à nos administrateurs la direction à donner, dans chaque
partie de ces vastes territoires, aux essais de cultures nouvelles.
Je ne formulerai, sur le livre de M. de Mas Latrie, qu'une critique,
qui sera un regret : les nombreux renseignements qu'il contient eussent
demandé, à mon sens, à la suite de la table chronologique très com-
plète qui termine le volume, un index alphabétique, dont l'absence dimi-
nue l'utilité de l'ouvrage.
Comte Riant.
La Chaire française au moyen âge, spécialement au XIII^ siècle,
d'après les manuscrils contemporains^ y)ar A. Lecoy de la Marche,
archiviste aux Archives nationales, membre de la Sociélé des Anti-
quaires de France. Deuxième édition, corrigée et augmentée. Paris,
Renouard, ^886. In-8°, xviii-o49 pages.
L'ouvrage de notre confrère a remporté dès le premier jour un suc-
cès trop complet, il est encore aujourd'hui trop consulté et trop goûté
578
pour que nous ayons besoin de rappeler les services qu'il a rendus à la
littérature et à l'histoire. Utile, non seulement par les conclusions qu'il
tire, mais par les recherches qu'il facilite, il a donné la clef des nom-
breux recueils de sermons que nos bibliothèques possèdent : œuvres par-
fois piquantes, plus souvent indigestes, rebutantes en tout cas par leur
multiplicité et qui réclamaient depuis longtemps un triage définitif. Après
avoir donné la mesure de son érudition dans le classement de tous ces
essais de rhétorique sacrée et dans l'identification du nom de tous ces
orateurs, M. Lecoy de la Marche a groupé, dans un ordre excellent et avec
un talent remarquable, les détails relatifs au débit, à la composition et à
la reproduction des sermons, de même que les renseignements fournis
par les prédicateurs sur les diverses classes de la société au xm^ siècle.
11 en est résulté un mémoire savant qui a le mérite d'être en même
temps un livre. Le public apparemment lui a tenu compte de cet avan-
tage : c'est ce qui a rendu nécessaire une seconde édition. Elle se
distingue de la première par un certain nombre de remaniements,
d'additions et de discussions sur des questions controversées. Les rema-
niements, peu importants du reste, prouvent que la science, sur ce point,
n'est pas demeurée stationnaire et que les travaux récents de MM. Paul
Meyer, Hauréau et Bourgain méritaient d'être pris en considération.
Les additions sont dues, pour la plupart, au dépouillement de quelques
manuscrits nouvellement acquis par la Bibliothèque nationale ou signa-
lés par les savants. Quant aux polémiques, elles ont surtout pour objet
de maintenir un des principes fondamentaux de l'ouvrage de M. Lecoy,
à savoir que le style dit macaronique n'était point de mise au xni^ siècle,
et que les sermons adressés au peuple étaient prêches en langue vul-
gaire, alors même qu'ils nous ont été transmis sous la forme latine. Le
public érudit admettra, sans doute, cette manière de voir et il saura
certainement gré à notre savant confrère d'avoir remis en circulation et
amélioré sur plusieurs points un ouvrage que le développement des
études littéraires sur le moyen âge rend plus que jamais indispensable.
N. Valois.
Notices et Extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale et
autres bibliothèques, publiés imr V Institut national de France.
Tome XXXIL Première partie. Paris, imprimerie nationale, -J886.
In-40, 3U pages.
Ce demi-volume contient trois morceaux, savoir :
1° (P. 1-120.) Notice sur des manuscrits du fonds Libri conservés à
la Laurentienne, par M. Léopold DeHsle.
2" (P. 121-252.) Notice sur les deux lettres arithmétiques de Nicolas
Rhabdas (texte grec et traduction), par M. Paul Tannery.
579
3° (P. 253-314.) Notice sur le n" 1544 des nouvelles acquisitions (fonds
latin), à la Bibliothèque nationale, par M. llauroau.
La première et la dernière de ces notices se recommandent particu-
lièrement à l'attention de nos lecteurs.
M. Hauréau, dans l'analyse qu'il a donnée du ms. latin 1544 des
nouv. acq., a fait connaître avec une grande érudition bibliographique
beaucoup de poésies métriques ou rythmiques, dont plusieurs étaient
inédites et dont les autres n'étaient connues que par des éditions plus
ou moins fautives.
La notice de notre confrère M. Delisle a été annoncée dans les termes
suivants par un des rédacteurs de la Revue crUique d'histoire et de litté-
rature {W du 4 octobre 1886, p. 247) :
« Nous avons exposé (Revue critique, 1884, 1, 497) dans quelles condi-
tions le gouvernement italien a fait l'acquisition d'une partie considé-
rable de la collection Libri, appartenant à M. le comte d'Ashburnham. Les
manuscrits revendiqués par la France, comme ayant été volés dans nos
bibliothèques, sont restés entre les mains du propriétaire, et le reste a
été transporté à Florence et déposé à la Laurentienne. M. Delisle, à qui
revient le mérite d'avoir suscité et justifié d'une façon irréfutable les
réclamations du gouvernement français, n'avait eu que trois jours
(7-9 mars), en 1883, pour examiner les mss. Libri, alors déposés, pour
la plupart, mais non pas tous, au Musée britannique. Depuis lors, le
savant administrateur de la Bibliothèque nationale a pu, à Florence,
reprendre à loisir son enquête, et il nous donne les résultats de ses nou-
velles recherches dans un mémoire compris dans le tome XXXII,
l^e partie, des Notices et Extraits des manuscrits. Dans ce travail,
M. Delisle rend un compte détaillé de la formation de la collection
Libri. Il a réussi à trouver l'origine de la plupart des mss. dont elle se
compose, soit à l'aide de notes saisies chez Libri en 1848, et qui sont
actuellement déposées à la Bibliothèque nationale, soit, surtout, en
dépouillant exactement les catalogues de toutes les ventes où Libri a
fait des acquisitions, depuis 1834 jusqu'en 1847, époque où la collection
entière fut vendue au comte d'Ashburnham. Comme le dit justement
M. Delisle, ce travail ne servira pas seulement à l'histoire de la collec-
tion Libri : il donnera l'idée de la masse de manuscrits qui se trou-
vaient sur le marche il y a quarante ou cinquante ans et du commerce
dont ils étaient alors l'objet. On remarquera notamment les recherches
consacrées à l'importante bibliothèque GianClippi, qui avait recueilli
une partie considérable de la collection Saibante, illustrée par les tra-
vaux de Scipion Maffei.
« Les nouvelles investigations de M. Delisle confirment en général et
aggravent même sur certains points les conclusions présentées à la suite
du rapide examen fait en 1883. A la vérité, M. Delisle reconnaît que
six manuscrits dont il avait jadis suspecté l'origine (n»^ 1200, 1229, 1438,
5S0
1SÎ9. 1M3. lS4t4' ont été ou ont pu être acquis légitimement par Libri;
mais, en revanche, il établit péremptoirement l'origine frauduleuse de
seize manns.::rits qu'il n'ayaii pu examiner en 1883 et qui sont mainte-
nant la légitime propriété du giouvemement italien. Le mémoire con-
tient, comme on devait s"y anendre. nombre d'observations dont la
science paleosraphique et l'histoire littéraire tireront profit. »
C. Batft. Prieis (f histoire de farf. Bibliothe<îue de renseignement
des beain-arîs. Paris, Qaantin. In-8=, 330 pages.
Qu'U me soit permis de signaler aux lectetirs de la Bibliothèque de
rz ' ' irtes ce petit volume, qui est dans son genre un des plus
Si!-- - - latéressante eoUe»Ttion dont ii fait partie. L'auteur y a su,
avec ime rare dextérité et dans un style plein d'agrément, résumer tout
ce qu'il est nécessaire de savoir pour se bien fixer dans l'esprit les
grandes lignes de l'histoire de l'art. Un pareil Livre est utile, quand il
est bien fait, pour coordonner les nombreuses monographies que com-
p3rte un aussi vaste sujet. Sans doute, il y a peu sur chaque chose,
beaucoup de points sont à peine effleurés, des personnalités éminentes
ne sont caraciérisées que par tm mot qui n'est pas toujours rigoureuse-
ment Juste. Mais combien n'est-il pas souvent plus difficile en ces
matières de dire deux Lignes que de dire deux pages? La bibUographie
spécialement n'est pas assez nourrie. H est vrai qu'il faudrait y consa-
crer un volume tout entier si l'on voulait la traiter sérieusement. Au
moins l'auteur parait au courant de tout, et, quand il choisit, ne pou-
vant tout dire, il choisit bien.
Ainsi, pour l'archéologie du moyen âge, il ne cite que deux noms,
mais ce sout ceui de Viollet-le-Dac et de J. Quicherat. C'est la première
fois, à ma Ojnnaissance. que Quicherat est placé à son rang dans un
ouvrage de vulgarisation. On en pourrait presque dire autant de l'art
même dTi moyen âge.) Et plusieurs passages caractéristiques des deux cha-
pitres réservés a l'art roman et à Fart gothique montrent que ses princi-
pales théories ont été comprises et franchement adoptées. Je reprocherai
sefulement à >£. Bayet de n'avoir pas insisté un peu davantage sur les
caractères des écoles romanes. Il serait impossible à quelqu'un qui
n'aurait pas étudié et comparé par lui-même les principales églises
qui nous restent de cette période de s'en former une idée nette d'après
l^s quelques mots qui leur sont ici consacrés. C'est pourtant un point
assez important et qui méritait d'être établi avec plus de solidité. Une
note substantielle aurait pu au moins suppléer à ce que le texte a de
vague et d'incomplet.
Du reste, il faut louer la clarté avec laquelle les principes élémentaires
de l'architecture gothique ont été exposés. Cela est net et précis, mérite
S8^
rare. Les premiers développements de cet art et ses transformations sont
décrits aussi avec justesse et modération.
Enfin l'illustration est presque partout très réussie; et ce n'est pas un
éloge banal, car il s'en faut bien que tous les volumes de cette élégante
Bibliothèque des Beaux-Arts soient complètement satisfaisants sous ce
rapport : quelques-uns môme sont tout à fait manques.
H. DE GURZON.
Étude sur Didys de Crète et Darès de Plirygie, par E. Gollilieux,
agrégé des lettres, professeur au lycée de Grenoble. Grenoble, Dre-
vel, iScSe. In-8°, \\\ pages.
Dictys de Crète était un compagnon d'Idoménée au siège de Troie ;
Darès le Phrygien était un prêtre de Vulcain dans cette ville. A une
époque ancienne, mais mal déterminée encore, deux faussaires imagi-
nèrent de publier, sous les noms supposés de ces témoins oculaires,
deux relations en prose, que nous possédons, des événements de la
guerre de Troie. La supercherie réussit ; les récits apocryphes de Dictys
et de Darès furent acceptés comme authentiques ; le moyen âge s'en
empara avec un empressemeit aveugle et délaissa pour eux Homère,
persuadé que ce poète n'avait fait que les mettre en œuvre en les déna-
turant. Jusqu'au xvi^ siècle, et sans que le moindre soupçon vînt ébran-
ler leur autorité, le faux Dictys et le faux Darès jouirent d'une vogue
immense. C'est à cette source que, soit directement, soit par l'intermé-
diaire du fameux auteur du Roman de Troie, le trouvère Benoit de Sainte-
More, tous les conteurs de Destructions de Troie du moyen âge ont puisé
leurs inspirations. Là est, avec leur principal intérêt pour nous, le plus
clair du mérite de Dictys et de Darès.
On s'accorde en effet à reconnaître que la valeur du premier est
mince, celle du second tout à fait nulle. Malheureusement, sur les autres
questions relatives à ces imposteurs, on cesse de s'entendre. A quel
siècle faut-il les rapporter? Quelle était leur patrie? Possédons-nous,
dans les deux textes latins qui nous sont parvenus sous leurs noms,
leurs œuvres originales, ou bien ces textes ne sont-ils point plutôt des
traductions d'originaux grecs disparus, ou peut-être môme de simples
résumés d'ouvrages plus étendus? Autant de diflicultés que la critique
a soulevées et que, depuis une vingtaine dannées surtout, elle a fréquem-
ment agitées, mais qu'elle n'a pas résolues.
M. E. CoUilieux les aborde de nouveau, dans une brochure par laquelle
« le sujet se trouve renouvelé » et qui va, pense-t-il, faire avancer d'un
grand pas la questic.i, sinon la résoudre. Voyons jusqu'à quel point nous
devons l'espérer.
Le livre se compose de deux parties. Dans la première, l'auteur passe
en revue les diverses opinions qui ont été émises avant lui, analysant
582
les ouvrages où elles sont exposées, en quelque sorte page par page,
suivant une méthode qui met en avant des apparences d'exactitude,
mais qui manque de netteté et plus encore d'intérêt. Chemin faisant,
il réfute, non toujours victorieusement, selon nous, les systèmes qui
seront en contradiction avec le sien ou le rendront inutile en donnant
raison plus simplement de certaines difficultés.
M. Collilieux le prend de haut avec ses devanciers. Voici, par exemple,
M. G. Kœrting, qui a soutenu ^ avec de très bons arguments que le Dic-
tys que nous avons n'est qu'un résumé latin fait vers l'an 400, par Sep-
timius, d'un livre grec plus étendu composé au n« siècle, que notre
Darès n'est également qu'une condensation latine d'une compilation
grecque plus ancienne. Cette conjecture très raisonnable et qui permet
d'éclaircir plus d'un point obscur a formé un courant d'opinion. M. Col-
lilieux affecte de la considérer comme plusieurs fois ruinée et à jamais
discréditée (ce sont à peu près ses termes). En conséquence, parlant du
critique allemand, « je me contenterai, écrit-il, de résumer son livre
sans le réfuter. » On aimerait moins de dédain et plus de discussion.
Oui, il aurait fallu réfuter, car la chose n'est pas faite encore. Elle l'est
si peu que Teuifel (4« édition, p. 994 et 1117), après avoir exposé le pour
et le contre, c'est-à-dire le système de Kœrting et le système adverse
qui tient pour le Dictys (ou le Darès) latin original, déclare qu'il est
impossible, en l'état actuel, de rien conclure. D'autres, tels que Lùbker
(Reallexicon, 5^ éd., p. 301), se rangent purement à l'avis de Kœrting.
Pour de nouvelles et plus fortes raisons, voici encore M. Gaston Paris,
qui, avec une grande vraisemblance, regarde notre Darès « comme un
très mauvais abrégé, écrit sans doute au v^ siècle, d'un ouvrage plus
étendu qui pouvait être du m^s. » Nous croyons que M. Collilieux n'a
pas affaibli les arguments sérieux sur lesquels se fonde cette opinion.
Mais peu lui importe sans doute; l'autorité de M, G. Paris, en dehors
« de notre littérature romane, qui est comme sa province, » en impose
peu à l'auteur. Il est convaincu que, dans le cas qui nous occupe, le
savant membre de l'Institut « ne connaissait l'historique de son sujet que
par un ouvrage de vulgarisation, soit un dictionnaire biographique, soit
une histoire de la littérature latine. » Ignore-t-il que M. G. Paris a
publié une chronique inédite, de la famille de celle de Darès ? Non, il
ne l'ignore pas, mais il le laisse ignorer (nous ne savons dans quel but)
à son lecteur qui croira, d'après lui, que ce résumé n'est pas encore
sorti de la bibliothèque de Montpellier.
Passons maintenant, avec la seconde partie du livre, aux opinions
personnelles de l'auteur sur Dictys et Darès.
1. Bïktijs und Dures, éin Beitrag zur Geschichte der Troja-Sage. Halle, 1874.
2. Ro7nania, 1874, p. 131. Cf. le même, Revue critique d'histoire et de litté-
rature du 9 mai 1874.
583
Et d'abord, Dictys. Cet imposteur a placé en tête de son livre un pro-
logue où il expose les circonslancos qui auraient fait découvrir le manus-
crit du compagnon d'Idoménée, dont il ne se donne que pour l'éditeur.
A l'aide de rapprochements assurément très ingénieux, mais quelque
peu forcés, M. CoUilieux s'efforce d'établir que ces circonstances sont
calquées sur celles de la découverte du corps de saint Barnabe. L'inven-
tion des reliques de ce saint ayant eu lieu en -478, après avoir affirmé
que le faux Dictys en a « certainement » eu connaissance, on conclut
qu'il est postérieur à cette date. Ce nest pas tout. Dictys était chrétien :
le seul choix qu'il fait, dans sa fiction, de l'an 13 de Néron comme date
du tremblement de terre qui aurait mis au jour le manuscrit du vrai
Dictys est une allusion involontaire à la superstition toute chrétienne
qui attache au nombre 13 des idées funestes; elle fait déjà pressentir le
chrétien. Mais nous avons des preuves que Fauteur de VEpJiemeris l'était
« certainement. » Ne remarque-t-on pas, dans son récit, qu'il éprouve
une sorte de gène à nommer les divinités du paganisme? En deux ou
trois passages d'ailleurs, sa science de la liturgie païenne semble n'être
pas aussi complète qu'on pourrait le désirer; on croit du moins le remar-
quer. Mais quoi! Bientôt on découvre qu'il a imité un verset de la Genèse
et un autre de Jérémie. Cet historiographe de la guerre de Troie con-
naissait donc la Bible ? Oui, et il la lisait dans le texte original, car il
savait l'hébreu : on n'en peut douter, puisqu'il a inventé (?) trois noms
propres dans lesquels se retrouvent des radicaux sémitiques. Cette con-
naissance de la langue hébraïque chez Dictys, qui possédait en outre le
grec et le latin, doit d'autant moins nous surprendre que ce chrétien
était prêtre : il y a dans son livre des tendances qui trahissent cette pro-
fession. Quel autre qu'un prêtre peut exalter comme il le fait (?) la caste
sacerdotale ? Quel autre pour attacher tant d'importance aux cérémonies
du culte, pour mentionner si volontiers les temples (il en cite jusqu'à
douze !), quand il reste muet sur les palais ? On est tenté, il est vrai, de se
demander comment un chrétien qui montre tant de répugnance à nom-
mer les dieux des gentils peut en même temps professer une si grande
considération pour leurs prêtres, parler si fréquemment de leurs temples,
s'arrêter si complaisamment à l'idée des sacrifices que leur offrent des
idolâtres. Mais M. CoUilieux, moins indiscret que nous, ne se pose pas la
question. Une dernière preuve, pour lui, que l'auteur de ÏEphemeris était
un prêtre chrétien, c'est que ses ambassades se composent presque inva-
riablement de trois personnes, juste le nombre des légats du pape dans les
conciles généraux : « Je l'ai vérifié, nous affirme M. CoUilieux, depuis le
premier concile général de Nicée jusqu'au vni" siècle. » Ailleurs encore,
Dictys laisse percer son goût pour le nombre trois. Cette prédilection
singuUère n'a pu naître chez lui qu'au service de l'Église, qui « procède
volontiers par triades, b Enfin on nous montre que Dictys savait le grec
et qu'il était d'origine grecque, vraisemblablement cypriote. Donc, s'écrie
584
le lecteur impatienté, il est bien probable qu'il a écrit son ouvrage en
grec et qu'un Latin l'aura traduit plus tard, comme le veut Kœrting.
Encore une fois, non, lui riposte-t-on, car alors le Latin qui a mis en
tète une lettre-préface où il reproduit la fiction du prologue aurait
repris pour son compte la supercherie; sur deux hommes doux faus-
saires, c'est trop. Évidemment, c'est beaucoup ; mais, outre qu'on peut
invoquer la bonne foi du traducteur, M. Collilieux ne comprend-il pas
que, si ce dernier avait dit, comme il prétend qu'un traducteur l'eût
fait : « J'avertis mon lecteur que la relation soi-disant contemporaine
de la guerre de Troie, que je traduis, est apocryphe, » il lui eût du
coup enlevé tout son prix aux yeux des naïfs?
Nous nous étendrons moins sur ce qui concerne Darès. A propos de
ce second abréviateur, l'argumentation de M. Collilieux tombe dans des
puérilités. La dissertation qu'il nous donne sur les longs cous, les longs
doigts et les longues mains, dans laquelle les anciens sont cités à côté
des modernes et même des contemporains (Flaubert, Rollinat, Baude-
laire, etc.), serait un bavardage aimable s'il n'était pédantesque. Si
Darès reproduit l'idéal byzantin de la beauté féminine, ce qu'il est bien
téméraire de conclure d'un portrait qui tient en moins d'une ligne^,
n'est-ce pas encore une raison de croire qu'il était Grec et que nous
n'avons de lui qu'une traduction? Mais M. Collilieux n'en veut rien
entendre. Pour lui, l'auteur de l'Excidium Trojae est un Latin et un
chrétien de Rome, qui a vécu du vi«= au ix« siècle, toutefois, croit-il, plus
près du ixe que du vi", et qui a imité Dictys. Nous ne relèverons dans
toute cette discussion qu'une erreur, parce que c'est un exemple, parmi
plusieurs, de la défiance que doit inspirer l'érudition encombrante, mais,
nous le craignons, hâtive, de l'auteur de cette brochure. Pages 91 et
92, il tire un argument, en faveur de Darès chrétien, d'une prétendue
allusion à une institution juridique romaine qu'il connaît mal évidem-
ment, nous voulons parler du concubinat. Il est certain qu'un païen
pouvait et devait tenir le langage de Darès, car, si Priam, qui se trouve
ici en cause, eût vécu sous l'empire des lois romaines, ses enfants nés
de concubines fussent restés des bâtards et de condition inférieure, par
la raison qu'il avait des épouses légitimes et que le concuhUiat romain,
en tant qu'institution, a toujours été incompatible avec le mariage'^; c'est
du reste ce qui en faisait la moralité. C'est aussi pour cela qu'il n'y avait
pas lieu de le faire intervenir ici.
1. Du moins dans M. Collilieux (p. 95), car dans le texte (éd. Meister, p. 16)
il y a cinq lignes. Mais M. Collilieux néglige généralement les détails de texte
qui rentreraient mal dans son système.
2. A l'appui d'un fait connu, il est presque inutile de citer des textes ou des
autorités. On peut voir cependant le code de Justinien, V, 26, et Accarias,
Précis de droit romain, 3° éd., t. I, p. 223.
585
En résumé, M. CoUilieux a cherché à établir une double thèse neuve
et originale, mais difficile à soutenir, faute d'arguments solides. Il n'y
en a pas un seul, dans tous ceux qu'il produit, qui emporte la convic-
tion ; tout leur effet vient de l'habileté avec laquelle ils sont présentés.
Car, si l'érudition dont l'auteur fait grand étalage paraît plus étendue
que profonde, nous nous plaisons cependant à reconnaître que son livre
est la preuve d'un réel et incontestable talent.
Edouard André.
Pix Cantiones. Sancta Trinitas, Jésus Christus, sanctus Spirilus,
sancia Maria. Collectiomim. îiostri œvi supplemenium e fontibus
Sueticis depromtum. Holmige, excudebant P. A. Norsledt et filii,
typographi regii, -1886. In-^6, ■192 pages.
L'an dernier ^, nous annoncions une petite collection d'hymnes et de
séquences en l'honneur des saints de la Suède. Encouragé par l'accueil
fait à son premier essai, l'éditeur, M. Klemming, a formé un nouveau
recueil dont le roi Oscar II a accepté l'hommage. C'est un charmant
petit volume, non moins bien composé que le précédent. Les anciens
livres liturgiques de la Suède, imprimés ou manuscrits, ont fourni
à l'éditeur environ cent vingi pièces, se rapportant aux fêtes de la Tri-
nité, de Notre-Seigneur, du Saint-Esprit et de Notre-Dame. Les ama-
teurs d'ancienne poésie liturgique sauront gré à M. Klemming d'avoir
mis à leur portée une série de textes dont l'étude amènera de curieux
rapprochements.
L. Delisle.
LIVRES NOUVEAUX.
SOMMAIRE DES MATIÈRES.
Sciences auxiliaires. — Paléographie, 591. — Diplomatique, 578. —
Bibliographie, bibliothèques, 564, 585, 631, 658; manuscrits, 482, 522,
540, 557, 589, 602, 615, 635; imprimés, 466, 519, 521, 539, 552, 606.
Sources. — Chroniques, 499, 549, 553. — Mémoires, 514. — Lettres,
584. — Archives, 468, 524, 535, 538, 541, 634, 654, 659. — Cartulaires,
etc., 503, 504, 620, 053.
1. Bibliothèque de l'École des chartes, t. XLVI, p. 698.
38
386
Biographie et généalogie, 510, 511. — S^e Alpais, 651; L. d'Anjou
489 ; Aubry, 537 ; Aubusson, 587 ; Auxais, 568 ; Batarnay, 582 ; s* Ber-
nard, 559; Boyer, 492; Charlemagne, 507; Chaudot, 537; FesseJer, 547;
Foucault, 638; s^ Geminiano, 467; st Germain, 657; Gozlin, 697; R. de
Habsbourg, 529; J. Hachette, 513; Henri IV, empereur, 565; Jeanne
d'Arc, 512, 577, 638; s' Jouvin, 516; s* Julien, 607; La Noue, 610 ; Le
Camus, 476; Lenoir, 515; Louis VI, 578; Louise de Savoie, 609;
Et. Marcel, 644 ; Marguerite de Valois, 584 ; Mathilde, 648 ; Maurocor-
dato, 571; Merle, 611; Montferrat, 526; Oihenart, 560; Orgemont, 613;
Pagan, 493; Pennafort, 518; Plantin, 519; Reilhac, 623; Richier, 544,
548; Vassé, 640; Winkelried, 480, 497, 551, 636 (cf. 555, 624).
Droit, 496, 588, 601, 631, 647.
Institutions, 471, 475, 487, 508, 533, 558, 574, 579, 613, 627, 654.
Religions. —Judaïsme, 473. — Catholicisme, 542; liturgie, 490, 491,
649; prédication, 570; clergé, 601; papauté, 524, 569, 591, 648; dio-
cèses, 464, 470, 500, 528, 575, 586, 628; égUses locales, 527, 573, 629;
ordres, 518, 559, 621 ; monastères, 502, 549, 550, 561, 585, 596. —
Croisades, 619. — Protestantisme, 618, 639.
Archéologie, 465, 506, 515, 525, 556, 576, 622, 642. — Architecture,
505, 580, 593, 599; édifices civils et militaires, .534, 597, 598; édifices
religieux, 527, 532, 623. — Sculpture, etc., 478, 510, 544, 548, 590,640.
— Peinture, etc., 489, 659. — Gravure, 531. — Mobilier, etc., 472, 546.
— Blason, 513, 530, 543. — Sphragistique, 469, 613. — Numismatique,
474, 507. — Sciences, 566.
Langues et littératures. — Hébreu, 473. — Grec, 490, 491, 614. —
Latin, 539, 657. — Français, 635; provençal, 588. — Langues germa-
niques, 482, 567.
SOMMAIRE GÉOGRAPHIQUE.
Allemagne, 529, 565, 627. — Alsace-Lorraine,' 528, 624. — Bade,
620. — Lippe, 658. — Prusse, 564.
Autriche, 650.
Belgique, 519, 592, 604.
France, 507, 508, 554, 593, 601, 654. — Bretagne, 530, 579; Dau-
phiné, 618; Limousin, 470; Lorraine, 600; Maine, 475, 595; Picardie,
506. — Ain, 484, 653; Aisne, 465, 642; Allier, 615; Ardèche, 643
Ardennes, 645, 656; Aude, 535; Calvados, 501; Corrèze, 534, 637
Côte-d'Or, 541, 606, 646; Creuse, 514; Doubs, 505, 659; Drôme, 488
Gard, 471, 495 ; Loire, 484 ; Loiret, 479 ; Lot-et-Garonne, 466, 498, 647,
Maine-et-Loire, 475, 509; Manche, 568, 632; Marne, 494, 502; Marne
(Haute-), 628; Mayenne, 550, 562; Meurthe-et-Moselle, 516, 545, 546,
587
600; Meuse, 486, 548, 572, 576, 617; Nord, 573; Oise, 477, 513, 581,
608; Pas-de-Calais, 525; Puy-de-Dôme, 580; Pyrénées (Basses-), 639;
Pyrénées-Orientales, 496, 533, 649; Rhône, 484, 517, 629; Saône-et-
Loire, 469 ; Sarthc, 503, 586, 607 ; Savoie (Haute-), 596; Seine, 557, 558,
574, 589, 605, 623, 630; Seine-Inférieure, 549; Seine-et-Marne, 483,
597; Seine-et-Oise, 481, 504, 585, 022; Tarn-et-Garonne, 588, 594;
Vaucluse, 464; Vendée, 612; Vienne, 472; Vosges, 532, 575, 577,638;
Yonne, 651.
Grande-Bretagne, 626, 641.
Grèce, 536.
iTALre, 474. — Emilie, 467; Marches, 659; Naples, etc., 633; Pié-
mont, 520, 563; Rome, 538; Toscane, 520, 522; Vénétie, 468, 485, 499,
500, 527, 561. — Sicile, 523.
Russie, 634.
Suisse, 487, 552, 583, 598, 599, 603, 625. — Bataille de Sempach,
480, 497, 551, 555, 624, 636.
Orient, 619.
464. Albanès (l'abbé J.-H.). Problèmes d'histoire ecclésiastique con-
cernant Avignon et le Comtat -Venaissin, avec leur solution et les
preuves. Avignon, Seguin. In-8°, 83 p.
465. Album-Caranda (suite) : les Fouilles de Nampteuil-sous-Muret
(Aisne) et fin de celles d'Aiguisy, 1885. Sépultures gauloises, gallo-
romaines et mérovingiennes ; explication des planches. Extraits du jour-
nal des fouilles. Saint-Quentin, impr. Poette. In-4o, 33 p. avec fig. et
11 planches en couleur.
466. Andrieu (Jules). Histoire de l'imprimerie en Agenais depuis
l'origine jusqu'à nos jours. Agen, Michel et Médan; Paris, Picard.
In-S», 172 p. 5 fr.
467. Antiche Vite di S. Geminiano, vescovo e protettore di Modena,
con appendici e illustrazioni di P. Bertolotti. Modena, G. T. Vincenzi,
1886. In-4o, 132 p., 2 planches.
468. Antichi Archivi e Biblioteca comunale di Verona. Inventario
délie carte appartenenti alla arciconfraternità délie sacre stimmate di
S. Francesco in Verona. Verona, 1886. In-8% 21 p.
469. Arbaumont (Jules d'). Note sur un sceau de justice de l'ancienne
châtellenie de la Motte-Saint-Jean. Dijon, impr. Jobard. In-4% 10 p. et
planche. (Extrait des Mémoires de la Commission des antiquités de la
Côte-d'Or, t. X.)
470. Arbellot (l'abbé). Les Ermites du Limousin. Limoges, Ducour-
tieux. In-8% 34 p.
588
471. Balincourt (E. de). Le Budget de la viguerie d'Aiguesmortes en
1460, d'après le manuscrit original inédit du viguier Châtelain. Nimes,
impr. Clavel et Ghastanier. In-S», 34 p. (Extrait des Mémoires de V Aca-
démie de Nimes, année 1885.)
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découvert dans les fondations du château de Poitiers. Poitiers, impr.
Biais. In-S", 63 p. (Extrait des Mémoires de la Société des antiquaires de
VOuest, t. VIII, 1885.)
473. Baumgartner (Ant.-J.). Notes historiques et littéraires sur la
poésie gnomique juive, depuis la clôture du canon hébreu jusqu'au
vi<= siècle. Genève, H. Georg, 1886. In-8% 45 p. 2 fr. 50 c.
474. Bazzi (G.), Santoni (M.). Vade-mecum del raccoglitore di monete
italiane, ossia Repertorio numismatico che ne coutiene i motti e gli
emblemi, i signori, i feudatarî e loro zecche, la bibliografia ed altre
moite indicazioni. Gamerino, Mercuri, 1886. In-8°, vii-215 p. 4 1.
475. Beautemps-Beaupré (C.-J.). Les Juges ordinaires d'Anjou et du
Maine (1371-1508). Angers, impr. Lachèse et Dolbeau. In-8°, 52 p.
476. Bellet (l'abbé Gharles). Histoire du cardinal Le Gamus, évêque
et prince de Grenoble. Paris, Picard. In-8°, xx-500 p.
477. Bellou (A.). Notice historique et archéologique sur le bourg de
Formerie (Oise). Beauvais, impr. Père. In-S», 72 p. et 6 planches.
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et à l'époque de la Renaissance. Première partie. De la formation des
écoles de sculpture. Toulouse, impr. Ghauvin. In-4'', 41 p. (Extrait des
Mémoires de la Société archéologique du midi de la France.)
479. Bernois (l'abbé). La Seigneurie de Gourcelles-le-Roi. Orléans,
Herluison. In-8o, 31 p. (Extrait des Annales de la Société historique et
archéologique du Gâtinais.)
480. Bernoulli (Aug.). Winkelrieds That. Eine kritische Untersu-
chung. Basel, G. Detloff. Gr. in-8% 39 p. 1 fr.
481. Bertrand y-Lac AB ANE. Essais et Notices pour servir à l'histoire
du département de Seine-et-Oise. Brétigny-sur-Orge ; Marolles-en-Hure-
poix; Saint-Michel-sur-Orge. Première partie : Brétigny-sur-Orge.
Versailles, impr. Gerf. In-4°, 376 p.
482. BeriihmteHandschriften des Mittelalters in phototypischer Nach-
biidung. I. Das Nibelungenlied nach der Hohenems-Miinchener Hand-
schrift ( A ) in phototypischer Nachbildung nebst Proben der Hand-
schriften B und C. Mit einer Einleitung von Ludwig Laistner. Mûnchen,
Verlagsanstalt fur Kunst und Wissenschaft vormals Friedrich Bruck-
mann, 1886. In^», 48 p., 126 pi.
483. Besoul (A.). Recherches historiques sur la commune de Favières-
589
on-Brie (Seine-et-Marne), ses antiquités, ses seigneuries, ses fiefs,
l'abbaye d'Hermières et le prieuré de Saint-Ouen, etc., et quelques
aperçus sur Tournan. Melun, Drosne; Favières, l'auteur. In-S", 161 p.
AS\. Bibliothèque histori([ue du Lyonnais. Mémoires, notes et docu-
ments pour servir à l'histoire de cette ancienne province et des pro-
vinces circonvoisines de Forez, Beaujolais, Bresse, Bombes et Bugey,
publiés par MM. C. et Georges Guigue. N° 2. Lyon, Vitte et Perrussel;
Georg. In-8», p. 73 à 152 et carte. (Paraît tous les deux mois par livrai-
sons à 3 fr.)
485. BoNciNELLi (Eug.). Storia di Vico Auserissola (Vicopisano) n suo
distretto. Disp. I. Venezia, M. Fontana, 1886. In-8'', 32 p.
i86. BoNNADELLE (CI.). Le Département de la Meuse, géographique,
statistique, historique, nobiliaire. IL (Beurey, Fromeréville, Géry,
Guerpont, Mussey, Nançois-le-Petit, Noyers, Nonsard, Verdun-sur-
Meuse.) Bar-le-Duc, impr. Contant-Laguerre. In-S", 191 p.
487. BoNNASsiEu.x (Pierre). Études sur l'histoire administrative de la
France. I. L'administration d'un département sous le Directoire. Lettre
de François de Neufchâteau, ministre de l'intérieur, aux administra-
teurs du département du Léman. Nancy et Paris, Berger-Levrault.
In-8% 27 p.
488. Bordas (Joseph). Notice sur la chapelle de Saint-Joseph de Vais,
canton de Saint- Vallier (Drôme). Valence, impr. valentinoise. In-8'',
8 p. (Extrait du journal le Messager de Valence.)
489. Bouchot (Henri). Le Portrait de Louis II d'Anjou, roi de Sicile,
à la Bibliothèque nationale. Paris, A. Lévy, 1886. In-4% 10 p., 2 pi.
(Extrait de la Gazette archéologique.)
490. BouvY (le R. P. Edmond). Poètes et Mélodes, étude sur les origines
du rythme tonique dans l'hymnographie de l'Église grecque. Nîmes,
maison de l'Assomption. In-8'>, xiv-386 p.
491. BouvY (le R. P. Edmond). La Prose syn tonique chez les Grecs
et les Origines du rythme des mélodes. Nîmes, impr. Lafare. In-S»,
48 pages.
492. BoYER (Journal de voyage de dom Jacques), religieux bénédictin
de la congrégation de Saint-Maur, dans les diocèses de Clermont, le
Puy, Bourges, Autun, Lyon, Viviers, Mende, Tulle, Limoges, Cahors,
Montauban, Toulouse, Sarlat, Périgueux, Angoulême, Bordeaux,
Saintes, la Rochelle, Luçon, Angers et Poitiers (1710-1714). Publié et
annoté par Antoine ^.'ernière. Clermont-Ferrand, Thibaud. In-S", 543 p.
et planche.
493. Breghot du Lut (F.). Les Pagani et les Pagan, étude généalo-
gique. Lyon, impr. Mougin-Rusand. In-8°, 68 p.
590
494. Brouillon (Louis). Les Comtes de Dampierre-en-Astenois (Dam-
pierre-le-Gliâteau, Marne). Ghâlons-sur-Marne, impr. Martin. In-8%
62 pages.
495. Brugnier-Roure (Louis). Notions générales sur la viguerie du
Pont-Saint-Esprit, suivies d'une étude sur la viabilité et les premiers
monuments chrétiens du pays. Avignon, Seguin, 1885. In-S», 64 p. et
2 planches.
496. Brutails (Auguste). Étude sur l'esclavage en Roussillon du xin^
au xvne siècle. Paris, Larose et Forcel. In-8% 44 p. (Extrait de la Nou-
velle Revue historique de droit français et étranger.)
497. BiiRKLi (Karl). Der wahre Winkelried. Die Taktik der alten
Urschweizer. Ein Beitrag zur SOOjàhrigen Feier der Schlacht oh Sem-
pach. Zurich, J. Schabelitz. In-8o, 196 p. 1 fr. 50 c.
498. Gabannes (l'abbé L.-E.). Notice historique sur la ville de Gastel-
moron-sur-Lot. Agen, impr. Lamy. In-80, 44 p.
499. Gandido (Em.). Gronaca udinese dal 1554 al 1564, trascritta ed
annotata da V. Joppi. Udine, tip. del Patronato, 1886. In-80, 30 p.
(Pubblicata da Francesco Florio, per le nozze di Maria Beretta con
Pietro Someda.)
500. Ganonici délia cattedrale di Vicenza dal secoloxai giorni nostri.
Vicenza, tip. di G. Rumor, 1886. In-8°, 18 p.
501. Garel (Pierre). Une Émeute à Gaen sous Louis XIII et Riche-
lieu (1639). Épisode de la révolte des Nu-Pieds en Basse-Normandie.
Documents inédits. Gaen, impr. Valin. In-S", 127 p.
502. Garré (l'abbé J.-B.-E.). Notice historique sur le prieuré de Géri-
gny, de l'ordre de Prémontré, au diocèse de Reims (1130-1789), avec
plan et pièces justificatives inédites. Reims, Michaud. In-8'', ni-169 p.
503. Gartulaire de l'abbaye de Saint-Vincent du Mans (ordre de
Saint-Benoit), publié et annoté par l'abbé R. Gharles et S. Menjot
d'Elbenne. Tome I (572-1184). 1" fascicule. Le Mans, Pellechat. In-4o
à 2 col., 239 p.
504. Gartulaire de l'Hôtel-Dieu de Pontoise, publié avec des notes,
d'après les originaux, par J. Depoin. Pontoise. In-4o, vn-i36 p. (Docu-
ments publiés par la Société historique du Vexin.)
505. Castan (Auguste). Les Arènes de Vesontio et le Square archéo-
logique du canton nord de Besançon. Besançon, impr. Dodivers. In-8°,
38 p. et planche. (Extrait des Mémoires de la Société d'émulation du
Doubs.)
506. Catalogue de l'exposition archéologique de la Société des anti-
quaires de Picardie (cinquantenaire de sa fondation). Notice des
tableaux, objets d'art, d'antiquité et de curiosité exposés dans les gale-
594
ries du musée de Picardie du l^r juin au 4 juillet 1886. Amiens, impr.
Douillet. Petit in-S°, xyi-191 p. 1 Ir. 50 c.
507. Gerexhe (Michel). Les Monnaies de Gharlemagne. l''^ partie.
Description des pièces. Gand, impr. de S. Leliaert. In-8", 132 pages.
7 fr. 50 c.
508. Challamel aîné (Augustin). Histoire de la liberté en France
depuis les origines jusqu'en 1789. Tome I. Paris, Jouvet. ^1-8°, 500 p.
7 ir. 50 c.
509. Chamard (le R. P. dom François). Les Premiers Seigneurs de
Cliolet. Nantes, impr. Forest et Grimaud. In-8°, 36 p. (Extrait de la
Revue historique de l'Ouest.)
510. Champeaux (A. de). Dictionnaire des fondeurs, ciseleurs, mode-
leurs en bronze et doreurs, depuis le moyen âge jusqu'à l'époque
actuelle. Paris, Rouam. In-16, 361 p.
511. Ghantelauze (R.). Portraits historiques : Philippe de Com-
mynes, le Grand Condé, Mazarin, Frédéric II, Louis XV et Marie-
Thérèse, 2" édition. Paris, Perrin, 1887. In-16, vni-421 p.
512. Ghapellier (J.-Gh.). Étude sur la véritable nationalité de Jeanne
d'Arc. Nancy, impr. Grépin-Leblond. (Extrait du Journal de la Société
d'archéologie lorraine, 1885.)
513. Gharvet (Ernest). Le Drapeau de Jeanne Hachette et les Armes
de Beauvais. Beauvais, impr. Père, 1885. In-S", 44 p. et 2 planches.
514. Ghorllon (J.-B.-A.), Histoire de la Marche. Mémoires du prési-
dent Ghorllon (1634-1685). Ouvrage inédit, publié d'après le manuscrit
original, avec notes et introduction, par F, Autorde. Guéret, impr,
Amiault. In-8', Yn-238 p.
515. GouRAJOD (Louis). Alexandre Lenoir, son journal et le musée
des monuments français. Tome IL Paris, Ghampion, In-8°, xlvi-275 p.
avec grav,
516. GouRBE (Gh.). Les Rues de Nancy du xvi" siècle à nos jours.
Tableau historique, moral, critique et satirique des places, portes, rues,
impasses et faubourgs de Nancy. Recherches sur les causes et les ori-
gines des vocables qui leur ont été appliqués depuis le xvi' siècle.
Tome H. Nancy, Thiébaut. In-8% 335 p.
517. GucHERAT (F.). Les Origines du Beaujolais et l'Autel d'Avenas,
étude historique, géographique et archéologique, puisée pour la pre-
mière fois dans le cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon, Lyon, impr.
Mougin-Rusand. In-8o^ 60 p. et carte.
518. Danzas (Antonin). Études sur les temps primitifs de l'ordre de
Saint-Dominique. 2« série. Saint Raymond de Pcnnafort et son époque.
Tome I". Paris, H. Oudin, 1885. In-8% xiv-597 p.
592
519. Degeorge (Léon). La Maison Plantin à Anvers : monographie
complète de cette imprimerie célèbre, documents historiques sur l'im-
primerie, liste chronologique des ouvrages imprimés par Plantin de
1555 à 1589. 3« édition, donnant la généalogie de la famille Plantin-
Moretus, le portrait et la marque du grand imprimeur, d'après Wie-
riex. Paris, Firmin-Didot. In-8°, ix-230 p. avec 8 dessins de M. Mau-
rice Degeorge.
520. Del Carlo (Torello). Studî storici iucchesi. Lucca-Livorno,
Grocolo, 1886. ln-16, 310 p. 3 1.
521. Delisle (Léopold). Instructions pour la rédaction d'un inven-
taire des incunables conservés dans les bibliothèques publiques de
France. Lille, impr. Danel. In-8% 39 p.
522. Delisle (Léopold). Notice sur des manuscrits du fonds Libri
conservés à la Laurentienne à Florence. Paris, imprimerie nationale.
In-4% 124 p. (Extrait des Notices et Extraits des manuscrits de la Biblio-
thèque nationale, etc., t. XXXII, l^''' partie.)
523. Dell' Agli (A.). Ricerche storiche su Giarratana. Vittoria,
G. B. Velardi, 1886. In-8% 270 p.
524. Denifle (Heinrich). Die pàpstlichen Registerbânde des 13. Jhs.
und das Inventar derselben vom J. 1339. Berlin, Weidmann, 1886.
In-S", 105 p. (Extrait de VArchiv fiir Litteratur- und Kirchenge-
schichte, II.)
525. Deseille (Ernest). Les Antiquités du pays boulonnais. Paris,
Picard. In-8°, 36 p.
526. Desimoni (Gornelio). Il Marchese di Monferrato Guglielmo il
Vecchio e la sua famiglia secondo gli studî recenti, con una appendice
sui trovatori genovesi. Genova, tip. dell' istituto sordomuti, 1886. In-8'',
38 pages.
527. Document! per la storia dell' augusta ducale basilica di San
Marco in Venezia dal nono secolo alla fine del decimottavo. Venezia,
Ferdinando Ongania, 1886. In-fol., xxx-300 p., planche. (Préface de
B. Gecchetti.)
528. DoERiNG (Oscar). Beitraege zur aeltesten Geschichte des Bisthums
Metz. Mit einer Karte. Innsbruck, Wagner, 1886. In-S", v-150 p.
529. Dorer (E.). Rudolf von Habsburg in Ghronik und Dichtung.
Dresden, v. Zahn und Jânsch. Gr. in-8°, 36 p.
530. Du Breil de Pontbriand (le vicomte P.). Un Armoriai breton
du xvne siècle. Nantes, Forest et Grimaud. In-S", 17 p. (Ektrait de la
Revue historique de V Ouest.)
531. Duplessis (Georges) et Bouchot (Henri). Guide du collectionneur.
393
Dictionnaire des marques et monogrammes de graveurs. A-F. Paris,
Rouam. In-16, vii-127 p.
532. Durand (Georges). Église de Relanges (Vosges). Nancy, impr.
Grépin-Leblond. In-8% 15 p. et 4 planches, (Extrait des Mémoires de la
Société d'archéologie lorraine, 1885.)
533. Durant des Aulnois (Albert). Les Clefs d'Orthez, épisode de la
vie municipale aux xvu' et xviii" siècles. Reims, Michaud. In-8% 41 p.
534. Fage (René). Le Vieux Tulle. N" 2 : les fortifications. Avec un
plan exécuté par M. Ducros, d'après Tripon. 2" édition, revue et aug-
mentée. Tulle, impr. GrauUbn. In-8°, 43 p.
535. Faure (Hippolyte). Notes et Documents sur les archives des hos-
pices et sur les résultats comparés de l'assistance hospitalière à Nar-
bonne et dans une partie de l'Europe. Tome II. Narbonne, impr. Gail-
lard. In-8», xi-394 p.
536. FiNCATi (vice-ammiraglio L.). La Perdita di Negroponte, luglio
1470. Roma, tip. Forzani, 1886. In-8°, 49 p. (Extrait de la Rivista
marittima.)
537. FouROT (l'abbé A.). Notice sur les familles Aubry d'Osches et
Glaudot de Robert -Espagne. Bar-le-Duc, impr. Gontant-Laguerre.
In-8°, 30 p.
538. François (Achille). Elenco di notari che rogarono atti in Roma
dal secolo xiv ail' anno 1886. Roma, tip. dcUa Pace di Filippo Gug-
giani, 1886. In-S", vn-154 p.
539. Fromm (E.). Die Ausgaben der Imitatio Ghristi in der Kôlner
Stadtbibliothek. Bibliographisch bearbeitet. Kôln, M. Du Mont-Schau-
berg, 1886. In-8°, xvi-129 p. (Verôffentlichungen der Stadtbibliothek
in Kôln. 2.) 5 m.
540. Gabrielli (A.). Il Godice « Mss. Varia 4 » délia Biblioteca nazio-
nale di Roma descritto. Roma, alla biblioteca Vallicelliana , 1886.
In-8°, 47 p. (R. Società romana di storia patria. Gorso pratico di meto-
dologia délia storia. Fasc. III. — Extr. de VArchivio de la Société, IX.)
541. Garnies (J.). Inventaire-sommaire des archives départementales
de la Gôte-d'Or antérieures à 1790. Archives civiles. Série G. États du
duché de Bourgogne, comtés et pays adjacents. Tome III. Dijon, impr.
Ghabot-Gharny. In-4o à 2 col., 418 p.
542. Gebhart (Emile). Recherches nouvelles sur l'histoire du joachi-
misme. Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur. In-80, 18 p.
(Extrait de la Revue historique.)
543. Gelre. Wapenboeck ou Armoriai de 1334 à 1372, contenant les
noms et armes des princes chrétiens, ecclésiastiques et séculiers, suivis
de leurs feudataires, selon la constitution de l'Europe et particulière-
394
ment de l'empire d'Allemagne, conformément à l'éditde 1356 appelé la
Bulle d'or; précédé de poésies héraldiques. Publié pour la première
fois par Victor Bouton, peintre héraldique et paléographe. Tome IV et
dernier. Armoriai. Paris, Victor Bouton. Grand in-4°, 166 p.
544. Germain (Léon). La Chapelle de Dom Loupvent et les Richier.
Nancy, impr. Crépin-Leblond. In-8% 12 p.
545. Germain (Léon). La Croix de Laxou (1586). Nancy, impr. Cré-
pin-Leblond. In-8'', 15 p. et planche.
546. Germain (Léon). Legs de pièces de céramique par M. Cl. Migette
au Musée historique lorrain. Nancy, impr. Crépin-Leblond. In-8°, 7 p.
(Extrait du Journal de la Société d'archéologie lorraine, 1886.)
'547. Germain (Léon). Recherches sur la famille Fesseler, alias Fas-
celet, Fasselet, etc., Wisse et de Visse (Barrois, xv^-xyi^ siècles).
Nancy, impr. Crépin-Leblond. In-8% 16 p.
548. Germain (Léon). Le Retable d'Hattonchatel et Ligier Richier.
Nancy, impr. Crépin-Leblond. In-8'', 12 p.
549. Gesta abbatum Fontanellensium. Recensuit S. Loewenfeld.
Hannoverae, Hahn, 1886. In-8°, 60 p. (Scriptores rerum Germanicarum
in usum scholarum ex Monumentis Germaniae historicis recusi.)
550. GiLLARD (l'abbé J.). Recherches historiques sur les bénédictines
de Lassay. Mamers, impr. Fieury et Dangin. In-8'>, 116 p.
551. Girard (Adrian). Die rettende That Arnolds v. W^inkelried.
Studie mit Schlachtplan und einer Abbildung. Solothurn, Zepfel.
In-8», 99 p.
552. Gisi (M.). Verzeichniss der Incunabeln der Kantonsbibliothek
Solothurn. I^ Hâlfte (A-G). Beilage zum Jahresbericht der Kantons-
schule. Solothurn, Jent, 1886. In-8°, vi-72 p. 4 fr.
553. Glaber (Raoul). Les cinq livres de ses Histoires (900-1044),
publiés par Maurice Prou. Paris, Picard, In-8% xv-143 p. (Collection
de textes pour servir à l'étude et à l'enseignement de l'histoire.)
554. Hanotaux (Gabriel). Études historiques sur le xvi« et le xvii^ siècle
en France. Paris, Hachette, 1886. In-8°, vii-351 p.
555. Hartmann (Otto). Die Schlacht bel Sempach. Historisch-kritische
Studie. Frauenfeld, J. Huber. In-8'', 60 p.
.556. Hasenclever (Adolf). Der altchristliche Grâberschmuck. Ein
Beitrag zur christlichen Archàologie. Braunschweig, C. A. Schwetschke,
1886. In-8% 264 p.
557. Hauréau. Notice sur le numéro 1544 des nouvelles acquisitions
(fonds latin) à la Bibliothèque nationale. Paris, imprimerie natio-
nale. In-40, 66 p. (Extrait des Notices et Extraits des manuscrits de la
Bibliothèque nationale, t. XXXH, l''^ partie.)
595
558. Histoire générale de Paris. Registres des délibérations du bureau
de la ville de Paris, publiés par les soins du service des travaux histo-
riques. Tome II (1527-1539). Texte édité et annoté par Alexandre Tue-
tey. Paris, Champion. In-4° à 2 col., xxvn-467 p. 30 fr.
559. HiJFFER (Georg). Der heilige Bernard von Glairvaux. Eine Dar-
stellung seines Lebens und Wirkens. I : Vorstudien zu einer Darstel-
lung des Lebens und Wirkens des heiligen Bernard von Glairvaux.
Munster, AschendorÊf, 1886. In-S», xv-247 p.
560. Jauroain (J.-B.-E. de). Arnaud d'Oihenart et sa famille. Paris,
H. Champion, 1885. ln-8°, 86 p. (Extrait de la Revue de Béarn, Navarre
et Latines, III.)
561. Joppi (Vincenzo). Dell' Abbazia di Moggio nel secolo xv. Nuovo
documento. Udine, tip. del Patronale, 4886. In-8% 18 p. (Pour le
mariage de Guido Tessitori et Rosina Vernier-Romano.)
562. JouBERT (André). La Vie agricole dans le Haut- Maine, au
xiv^ siècle, d'après le rouleau inédit de M™e d'Olivet (1335-1342).
Mamers, G. Fleury et A. Dangin, 1886. In-8% 55 p.
.563. JuNius. La Vallée d'Aoste au moyen âge et à la Renaissance.
Essai. Turin, J. Tarizzo, 1886. In-16, 128 p. 1 1. 50 c.
564. Keyser (Ad.). Die Stadtbibliothek in Coin, ihre Organisation
und Verwaltung. Beitrâge zu ihrer Geschichte. Mit 2 Tafeln. Coin, Du
Mont-Schauberg, 1886. In-8°, vni-109 p. (Veroffentlichungen der Stadt-
bibliothek in Coin. 1.) 4 m.
565. KiLiAN (Eugen). Itinerar Kaiser Heinrichs IV. Nach den Quel-
len bearbeitet. Heidelberg, Koester, 1886. In-8", xi-152 p. 2 m.
566. Kopp (Hermann). Die Alchemie in altérer und neuerer Zeit. Ein
Beitrag zur Culturgeschichte. Heidelberg, Winter, 1886. In-S", 2 vol.,
xvii-260, vi-425 p. 16 m.
567. Kormaks-Saga herausgegeben von Th. Môbius. Halle, Waisen-
haus, 1886. In-8°, 208 p. 4 m.
568. Labbey de La Roque (P.-E.-M.). Recherches historiques sur le
siège du Mont Saint-Michel par les Anglais en 1423-1424. 2« édition,
augmentée de notes et de documents concernant la maison d'Auxais,
réunis par le vicomte Maurice d'Auxais, arrière-petit-fils de l'auteur.
Valognes, Luce. In-16, 64 p.
569. Langlois (Ernest). Les Registres de Nicolas IV, recueil des
bulles de ce pape, publiées ou analysées d'après les manuscrits origi-
naux des archives du Vatican. Fascicule I. Paris, Thorin. Grand in-4''
à 2 col., p. 1 à 136. (Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de
Rome.) 10 fr. 20 c.
570. Lecoy de La Marche (A.). La Chaire française au moyen âge,
596
spécialement au xiii= siècle, d'après les manuscrits contemporains.
2" édition, corrigée et augmentée. Paris, Laurens. In-S", xvi-549 p. 8 fr.
571. Legrand (Emile). Généalogie des Maurocordato de Constanti-
nople et autres documents concernant cette famille. Paris, impr.
Lahure. In-S", xn-76 p. avec 6 grav. hors texte, dont 5 portraits et
tableau.
572. Lemaire (P.-Aug.). La Commune de Triaucourt dans le bailliage
deBeaulieu-en-Argonne. Bar-le-Duc, impr.Philipona. In-S^xxni-lSO p.
573. Leroy (l'abbé André). Notice sur Notre-Dame de Waziers, con-
nue vulgairement sous le nom de Notre-Dame Marchette et honorée à
Waziers depuis l'an 1400 environ. Douai, impr. Dechristé. In-32, 30 p.
574. Lespinasse (René de). Les Métiers et Corporations de la ville de
Paris. I. (xiv^-xvni^ siècles.) Ordonnances générales, métiers de l'alimen-
tation. Paris, imprimerie nationale. In-4'', vin-717 p. avec 84 fig. (His-
toire générale de Paris. Collection de documents publiés sous les aus-
pices de l'édilité parisienne.)
575. L'HoTE (l'abbé E.). Études historiques sur le diocèse de Saint-
Dié : Notre-Dame de Saint-Dié. Saint-Dié, impr. Humbert. In-S»,
99 pages.
576. LiÉNARD (Félix). Archéologie de la Meuse. Description des voies
anciennes et des monuments aux époques celtique et gallo-romaine.
Tome III (partie nord du département). Verdun, impr. Laurent, 1885.
In-4°, 146 p. et atlas de 40 planches. (Publication de la Société philo-
matique de Verdun.)
577. LucE (Siméon). Jeanne d'Arc à Domremy, recherches critiques
sur les origines de la mission de la Pucelle, accompagnées de pièces
justificatives. Paris, Champion. In-8% cccxv-420 p.
578. LucHAiRE (Achille). Recherches historiques et diplomatiques sur
les premières années de la vie de Louis le Gros (1081 à 1100). Paris,
Picard. In-8°, 51 p.
579. Magé (Albert). La Dernière tenue des États de Bretagne. Nantes,
impr. Forest et Grimaud. In-S", 57 p. (Extrait de la Revue de Bretagne
et de Vendée.)
580. Magttot (le D'E.). Contribution à l'histoire archéologique de l'Au-
vergne. La Cité souterraine de Combperet (Puy-de-Dôme). Paris, impr.
Chaix. In-S", 10 p. (Association française pour l'avancement des sciences,
congrès de Grenoble, 1885.)
581. Malinguehen (R. de). Blicourt, notice historique et archéologique.
Beauvais, impr. Père, ln-8% 90 p.
582. Mandrot (Bernard de). Ymbert de Batarnay, seigneur du Bou-
chage, conseiller des rois Louis XI, Charles VIII, Louis XII et Fran-
597
çois !«■" (1438-1523). Paris, Picard. In-8", ix-iU4 p. et tableau généa-
logique.
583. Marghioli (Dan.). Storia délia valle di Poschiavo. Sondrio, tip.
Emilio Quadrio, 1886. In-S", 2 vol., 353, 273 p. 5 1.
584. Marguerite de Valois. Lettres inédites, tirées de la Bibliothèque
impériale de Saint-Pétersbourg (1579-1606), publiées pour la Société
historique de Gascogne par Philippe Lauzun. Paris, Champion, 1886.
In-S", vi-57 p. (Extrait des Archives historiques de la Gascogne, 11^ fas-
cicule.)
585. Martin (Henry). Inventaires des biens et des livres de l'abbaye
des Vaux-de-Gernay au xii" siècle. Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-
Gouverneur. In-S", 11p. (Extrait du Bulletin de la Société de l'histoire
de Paris et de l'Ile-de-France, mars-avril 1886.)
586. Martonne (A. de). Deux nouveaux Évoques du Mans. Nantes,
impr. Forest et Grimaud. In-8'', 14 p. (Extrait de la Revue historique de
l'Ouest.)
587. MiGNATON (Paul). Histoire de la maison d'Aubusson. Paris,
Picard. In-18 jésus, vi-374 p.
588. MiLA de Gabarieu. Règlement du corps de ville de Saint-Anto-
nin, au diocèse de Rodez, sur la fabrication des draps, du 7 août 1351,
en langage du pays. Montauban, impr. Forestié. In-8'', 20 p. (Extrait
du Bulletin de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne .)
589. MoLiNiER (Auguste). Catalogue des manuscrits de la bibliothèque
Mazarine. Tome H. Paris, Pion. In-8°, 540 p. (Catalogue général des
bibliothèques publiques de France.)
590. MoLiNiER (Emile). Les Bronzes de la Renaissance : les Pla-
quettes, catalogue raisonné, précédé d'une introduction. Tome L Paris,
Rouam. In-8°, xl-216 p. avec 82 grav. (Bibliothèque internationale de
l'art, sous la direction de M. Eugène Muntz.)
591. MoNACi (A.). SuUa influenza bizantina nella scrittura délie antiche
bolle pontificie. Roma, R. Società romana di storia patria, 1886. In-8'',
6 p. (Extrait de VArchivio de la Société, IX.)
592. MoNOYER (Jules). Histoire populaire des environs du Rœulx.
in : Mignault. Mons, Hector Manceaux. In-8°, 31 p. (Extrait des
Annales du cercle archéologique de Mons, t. XX.)
593. Monuments historiques de France. Collection de phototypies par
G. Peigné (de Tours), avec un texte explicatif et des notices par Henri
du Cleuziou. (l''^ livraison.) Paris, Monnier. In-folio, 18 p. et 6 planches.
(Paraît par livraisons mensuelles. Il paraîtra 12 livraisons à 10 fr. par
année.)
594. MoNziÈs (François). Quelques Pages, inédites peut-être, del'his-
598
toire de Montauban. Une sédition en 1559. Montauban, impr. Forestié.
In-S", 23 p. (Extrait du Recueil de l'Académie des sciences, belles-lettres
et arts de Tarn-et-Garonne.)
595. MouLARD (P.). Enquête sur les principes religieux et la rési-
dence des gentilshommes dans le diocèse du Mans en 1577. Le Mans,
impr. Monnoyer. In-S", 55 p.
596. MuGNiER (F.). Histoire documentaire de l'abbaye de Sainte-
Catherine (près d'Annecy), abbaye de Bonlieu (appendice). Ghambéry,
impr. Ménard. In-S", 326 p. (Extrait du t. XXIV des Mémoires et Docu-
ments de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie.) 3 fr.
597. MiïNTz (Eugène) et Molinier (Ém.). Le Château de Fontainebleau
au xvii^ siècle d'après des documents inédits. Paris. In-S», 108 p.
(Extrait des Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de Vlle-de-
France, t. XII, 1885.)
598. Naeher (F.). Le Château de la Sarraz. Histoire de son architec-
ture dès [sic] sa fondation. Avec un supplément : les châteaux de Gou-
moëns-la- Ville, de Saint-Barthélémy, d'Ouchy, etc. Avec 46 dessins
d'après nature. Lausanne, B. Benda. In-4% 32 p. 5 fr.
599. Naeher (F.). Schlôsser, Burgen und Klôster der romanischen
Schweiz. Ein Beitrag zur Landeskunde. Lausanne, Benda. In-4'', avec
9 pi. 5 fr.
600. Nancy et la Lorraine, notice historique et scientifique. Nancy,
impr. Berger-Levrault. In-12, 505 p. avec tableaux et vignette. (Quin-
zième congrès de l'Association française pour l'avancement des
sciences.)
601. NissL (Anton). Der Gerichtstanddes Clerus im frânkischen Reich.
Innsbruck, Wagner, 1886. In-8% xv-247 p.
602. Notices et Extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale
et autres bibliothèques, publiés par l'Institut national de France, fai-
sant suite aux Notices et Extraits lus au comité établi dans l'Académie
des inscriptions et belles-lettres. Tome XXXII, l^e partie. Paris, impri-
merie nationale. In-4°, 314 p.
603. Oechsli (Wilh.). Quellenbuch zur Schweizergeschichte. Ziirich,
Fr. Schulthess. In-8°, 576 p.
604. Ouverleaux (Emile). Notice historique et topographique sur
Leuze. Bruxelles, impr. V^ Gh. Vanderauwera. In-8'', 55 p., 1 plan.2fr.
605. Paris (le) du xvip siècle, plan monumental de la ville de Paris,
dédié et présenté au roi Louis XIV (1653). Paris, Chamerot. In-8°,
75 p. et plan.
606. Pellechet (M.). Catalogue des incunables de la bibliothèque
publique de Dijon. Dijon, Lamarche. In-8% viii-179 p.
599
607. Persigan (l'abbé). Recherches sur l'apostolat de saint Julien,
premier évêque du Mans. Le Mans, impr. Leguichoux. In-S", xi-288 p.
5 francs.
608. PiHAN (le chanoine L.). Histoire de Saint-Just-cn-Ghaussée (Oise),
étude historique et archéologique. Beauvais, impr. Père. In-8°, 490 p.
et lithographies. (Extrait des Mémoires de la Société académique de VOise,
années 1882, 1883, 1884 et 1885.)
609. PiOLiN (le R. P. Paul). Louise de Savoie, comtesse du Maine
(1515-1534). Mamers, Fleury et Dangin. In-8% 23 p. (Extrait de la
Revue historique et archéologique du Maine.)
610. Poli (le vicomte Oscar de). Précis généalogique de la maison de
La Noiio. Paris, conseil héraldique de France. In-18 jésus, 256 p.
611. PoNTBRiANT (le comto A., de). Guerres de religion : le capitaine
Merle, baron de Lagorce, gentilhomme du roi de Navarre, et ses des-
cendants, avec lettres et documents inédits d'Henry, roi de Navarre,
d'Henry, prince de Gondé, de François, duc d'Aleuçon et d'Anjou, etc.
(1574-1582), d'Henry, duc de Rohan (1622-1628), lettres patentes
d'Henry IH, d'Henry IV, de Louis XHL Paris, Picard, 1886. In-8%
308 p. et carte.
612. PoNTDEviE (l'abbé). Saint-Gilles-sur- Vie, la châtellenie et ses
seigneurs. La Roche-sur- Yon. In-8°, 48 p. (Extrait de VAnnuaire de la
Société d'émulation de la Vendée, 32^ année, 1885.)
613. Préau (Gharles). Étude sur la Trésorerie en France, à propos
d'un jeton de Gharles d'Orgemont, trésorier de France en 1465. Paris,
Blanpain. In-S", 15 p.
614. PsiCHARi (Jean). Essais de grammaire historique néo-grecque :
l'article féminin pluriel au moyen âge et de nos jours, et la première
déclinaison moderne. Première partie. Paris, Leroux. In-8°, xxni-305 p.
615. Quarré-Reybourbon (L.). La Ville de Gannat et son évangé-
liaire du x« siècle. Lille, Quarré. In-8o, 11 p. et planche.
616. Recherches historiques sur saint Jouvin, étude historique sur
sa naissance et sa vie ; chapelles et prieuré sous son vocable à Bricque-
ville-la-Blouette et à Brix ; ses fêtes et ses prérogatives ; souvenirs his-
toriques des environs : Brix et Sottevast, par L. M., de plusieurs
sociétés savantes. Bricquebec, impr. Mahaut. In-12, 34 p. 75 c.
617. Recueil de documents inédits et de pièces rares sur Verdun
et le pays verdunois, publié, avec introduction et notes, par l'abbé
N. Frizon.Tome II: I. Histoire verdunoise au temps de Nicolas Psaulme,
par Mathieu Husson l'Escossais (première partie, 1548-1561); II. Gharte
touchant l'ordre, règlement et ordonnance de la cité de Verdun, 1574.
Verdun, Laurent. In-12, 208 p. et planche. (Petite Bibliothèque verdu-
noise.)
600
618. Recueil de documents relatifs à l'histoire politique, littéraire,
scientifique, à la bibliographie, à la statistique, etc., du Dauphiné.
2« fascicule. Émigrés protestants dauphinois secourus par la Bourse
française de Genève de 1680 à 1710. Liste publiée pour la première fois
par E. Arnaud. Grenoble, Allier. In-8° à 2 col., 67 p.
619. Recueil des historiens des croisades publié par les soins de
l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Historiens occidentaux.
Tome V, première partie. Paris, imprimerie nationale. In-fol., 343 p.
620. Regesta episcoporum Constantiensium. Regesten zur Geschichte
der Bischôfe von Constanz von Bubulcus bis Thomas Berlower 517-
1496. Herausgegeben von der badischen historischen Commission.
I. Band. I. Lieferung. Unter Leitung von D' Friedrich von Weech
bearbeitet von D"- Paul Ladewig. Innsbruck, Wagner, 1886. In-4°,
80 p. 4 marks.
621. Règle (la) du Temple, publiée pour la Société de l'histoire de
France par Henri de Gurzon. Paris, Laurens. In-S», xxxvii-368 p.
622. Régnier (Louis). La Renaissance dans le Vexin et dans une
partie du Parisis, à propos de l'ouvrage de Léon Pallustre : la Renais-
sance en France. Pontoise, impr. Paris. In-4'', 105 p. et planche.
623. Reilhag (le comte de). La Chapelle Notre-Dame de Reilhac, fon-
dée au xiv« siècle, en l'église Saint-Médard-lès-Paris, par Clément de
Reilhac, et quelques autres sépultures de la même famille. Nogent-le-
Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur. In-8°, 36 p. (Extrait des Mémoires
de la Société de l'histoire de Paris et de V Ile-de-France, t. XII, 1885.)
624. RrsTELHUBER (P.). L'Alsace à Sempach, étude historique publiée
à Toccasion du cinquième centenaire de la bataille de ce nom. Paris,
Leroux, 1886. In-8% 48 p. et 2 pi. d'armoiries.
625. RiTTER (K.). Die Politik Zûrichs in der zweiten Hàlfte des
14. Jahrhunderts. Ein Beitrag zur Entstehungsgeschichte der schwei-
zerischen Eidgenossenschaft. Ziirich, S. Hôhr. In-8% 104 p. 1 fr. 00 c.
626. RoDGERs (James E. Thorold). Six Centuries of work and wages.
The history of English labour. New édition, revised, in one volume.
London, Swan Sonnenschein, 1886. In-8°, 591 p.
627. RoTH VON ScHRECKENSTEiN (Karl Heinrich, Freiherr). Die Ritter-
wiirde und der Ritterstand. Historisch-politische Studienùber deutsch-
mittelalterliche Standesverhàltnisse auf dem Lande und in der Stadt.
Freiburg i. B., Paul Siebeck, 1886. In-8% 735 p. 18 m.
628. Roussel (l'abbé). Étude historique sur les premiers évêques de
Langres. Langres, Rallet-Bideaud. In-8", 150 p. 1 fr. 50 c.
629. Sachet (l'abbé A.). Le Grand Jubilé séculaire de Saint-Jean de
Lyon (1451-1546-1666-1734). Lyon, Waltener. Petit in-4% lv-510 p.
604
avec 8 héliogravures, 5 plans et vues de Lyon et 100 grav., têtes de
page, culs-de-lampe et lettres ornées.
630. Saint-Julien (A. de) et Bienaymé (G.). Les Droits d'entrée et
d'octroi de Paris, depuis le xii" siècle. Paris, imprimerie nationale.
ln-8°, xiii-148 p. (Extrait du Bulletin de statistique et de législation
comparée, année 1885.)
631. Salvioli (Gius.). I Libri giuridici nelle biblioteche medioevali.
Notizia. Città di Gastello, tip. S. Lapi, 1886. In-8", 4 p. (Extrait de la
Rivista italiana per le scienze giuridiche, vol. II.)
632. Sauvage (Hippolyte). La Ligue dans le Mortainais et ses consé-
quences (1588-1626). Mortain, Mathieu, 1885. In-12, 56 p. et planche.
(Mortainais historique et monumental, XXI.)
633. Sgaduto (F.). Stato e Ghiesa nelle Due Sicilie, dai Normanni ai
giorni nostri (sec, xi-xix). Palermo, Andréa Amenta, 1887. In-8°, vni-
802 p. 12 \.
634. ScHiEMANN (Theod.). Historische Darstellungen und archivalische
Studien. Beitrâge zur baltischen Geschichte. Hamburg, Behre, 1886.
In-8% vii-264 p. 2 m.
635. ScHWAN (Eduard). Die altfranzôsischen Liederhandschriften, ihr
Verhâltniss, ihre Entstehung und ihre Bestimmung, eine litterarhisto-
rische Untersuchung. Berlin, Weidmann, 1886. In-8°, vm-275 p. 8 m.
636. Secretan (Euj ). Sempach et Winkelried. Publié par les soins
de la Société d'histoire de la Suisse romande. Avec une carte du champ
de bataille de Sempach. Lausanne, Georges Bridel. In-8% 32 p. 50 c.
637. Serre (Jean et Jean-Baptiste-Henri). Histoire de Brive ancienne.
Brive, impr. Verlhac, 1885. In-8°, 163 p.
638. SoREL (Alexandre). La Maison de Jeanne d'Arc à Domremy.
Orléans, Herluison; Paris, Champion. In-8% 102 p. avec vues et plan.
2 fr. 50 c.
639. Soulice (L.). L'Intendant Foucault et la Révocation en Béarn.
Pau, impr. Veronese, 1885. In-80, 155 p. (Extrait du Bulletin de la
Société des sciences, lettres et arts de Pau, 1^ série, t. XIV.)
640. Stein (Henri). Le Sculpteur Louis-Claude Vassé, documents
inédits. Paris, impr. Pion. In-8°, 15 p.
641. Stubbs (William). Seventeen Lectures on the study of médiéval
and modem history and kindred subjects, delivored at Oxford, under
statutory obligation, in the years 1867-1884. Oxford, Clarendon press,
1886. In-8% vii-399 p.
642. Table des principaux objets reproduits dans l'Album-Caranda,
aux époques préhistorique, gauloise, romaine et franque, provenant
39
602
des nécropoles explorées dans le département de l'Aisne de 1873 à 1(S85
inclusivement. Paris, Quantin. In-4o, 23 p. avec fig.
643. Tallon (Marins). Histoire civile, politique et religieuse d'une
ville du Languedoc. Les Vans. Tome I, des origines à 1721 ; tome II, de
1721 à 1789. Privas, impr. du Patriolc, 1884-1885. In-12, xxv-207, 344 p.
644. Tessier (Jules). La Mort d'Etienne Marcel, étude historique.
Paris, Dupont. In-8°, 40 p. (Extrait de la Revue de l'enseignement secon-
daire et de l'enseignement supérieur.)
645. Thellier (Emile). Histoire populaire de Mézières-Gharleville et
de leurs environs. Gharleville, Colin. In-18, 84 p.
646. Theuriet (Charles). Histoire de Nuits-sous-Beaune. Dijon, impr.
Damongeot. In-S», xv-479 p.
647. Tholin (G.). Ville libre et Barons. Essais sur les limites de la
juridiction d'Agen et sur la condition des forains de cette juridiction
comparée à celle des tenanciers des seigneuries qui en furent détachées.
Paris, Picard. In-8o, xvi-264 p. et planche.
648. TosTi (don Luigi), benedettino cassinese. La Contessa Matilde e
i romani Ponteûci. Roma, tip. délia caméra dei deputati, 1886. In-8°,
xvn-403 p. (Opère complète di Luigi Tosti, édite da Loreto Pasqualucci,
vol. I.) 4 1. 50 c.
649. Tourret (G-.-M.). Les Anciens Missels du diocèse d'Elne. Nogent-
le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur. In-8o, 66 p. (Extrait des Mémoires
de la Société nationale des antiquaires de France, t. XLVI.)
650. Traditionsbiicher (Die) des Hochstiftes Brixen vom 10. bis
14. Jahrhundert. Herausgegeben von D'' Oswald Redlich. Innsbruck,
Wagner, 1886. In-8°, Lni-356 p. (Acta Tirolensia. Urkundliche Quellen
zur Geschichte Tirols. I.)
651. Tridon (l'abbé L.-H.). La Vie merveilleuse de sainte Alpais de
Cudot, vierge et bergère, au xn« siècle, écrite pour la première fois,
d'après les monuments authentiques et les traditions locales. Avignon,
Seguin ; Paris, Téqui. In-8o, 677 p.
652. Vaissier (A.). Les Mosaïques du clos Saint-Paul, à Besançon,
Dessins par A. Ducat. Besançon, impr. Dodivers. In-8", 11 p. et
2 planches. (Extrait des Mémoires de la Société d'émulation du Doubs,
1884.)
653. Valentin-Smith et Guigue (M. -G.). Bibliotheca Dumbensis, ou
Recueil de chartes, titres et documents pour servir à l'histoire des
Dombes. Trévoux, impr. Jeannin, 1854-1885. In-4o, 2 vol., xi-764, 813 p.
654. Valois (Noël). Archives nationales. Inventaires et documents
publiés par la direction générale des Archives nationales. Inventaire des
603
arrêts du conseil d'État (règne de Henri IV). Tome I. Paris, impri-
merie nationale. In-4°, clii-487 p. (Ministère de l'instruction publique,
des cultes et des beaux-arts.)
655. Valois (Noël). Etude historique sur le conseil du roi. Introduc-
tion à l'inventaire du conseil d'État. Paris, imprimerie nationale.
^1-4", CL p.
656. ViLLET (J.-Gh.). Notice sur Sedan. (Description de la principauté ;
le Siège présidial ; les Grands Jours ; la Salle des antiques, etc.) Char-
leville, impr. Pouillard. ln-16, 54 p.
657. Vita (la) e i Miracoli di S. Germano, vescovo di Parigi, descritti
in versi da un anonimo del secolo ix e pubblicati per la prima volta
coir epitaffio del vescovo Gozlino da Augusto Gaudenzi, Bologna, tip.
Azzoguidi, 1886. In-S», 24 p.
658. Weerth (0.) et AnemIiller (E.). Bibliotheca Lappiaca. Ueber-
sicht iiber die landeskundliche und geschichtliche Literatur des PiJr-
stenthums Lippe. Detmold, Hinrichs, 1886. In-S», vi-88 p. 1 m. 50 pf.
659. ZoNGHi (can. Aurelio). Repertorio dell' antico archivio comunale
di Fano. Dispensa I. Fano, 1886. In-4», 80 p. 2 1. 50 c.
CHRONIQUE ET MÉLANGES.
— Le samedi 4 décembre 4886 s'est éteint, à l'âge de quatre-vingt-un
ans, M. Natalis de Wailly, l'un des hommes qui ont le mieux servi l'École
des chartes et qui ont exercé la plus salutaire influence sur le dévelop-
pement de l'érudition historique en France. Nous rendrons prochaine-
ment dans la Bibliothèque de l'École des chartes l'hommage du. à une
mémoire aussi chère et aussi vénérée. Aujourd'hui nous insérons les
paroles émues que notre confrère M. Gaston Paris, président de l'Aca-
démie des inscriptions et belles-lettres, a prononcées, le 10 décembre,
en ouvrant la séance, qui a été immédiatement levée en signe de deuil :
« Messieurs,
« Les inquiétudes que je vous exprimais vendredi étaient trop fon-
dées. Le lendemain, 4 décembre, à huit heures du matin, M. de Wailly,
doyen de cette compagnie, était enlevé à la science, à sa famille, à notre
affection et à nos respects. Malgré ses quatre-vingt-un ans, la maladie qui
l'a emporté en quelques jours l'avait atteint en pleine vigueur physique et
morale, en pleine vie d'esprit et de cœur. Nous le possédions encore
tout entier, nous le perdons tout d'un coup, et le vide qu'il laisse ne
sera pas aisément comblé. Par la droiture de son caractère, la rectitude
de son jugement, la netteté de ses vues, la ferme simplicité de son lan-
gage, autant que par son droit d'ancienneté, il jouissait d'une autorité
incontestée parmi nous. Le poids que jetait dans une discussion sa sobre
parole était le plus souvent décisif. La crainte de mériter le blâme de
M. de Wailly faisait hésiter et réfléchir plus d'un d'entre nous, surtout
de ceux qui étaient assis au bureau. Rien n'avait plus de prix, en
revanche, que l'expression, peu prodiguée, mais toujours sincère, de
son approbation. Il était vraiment ici ce que, d'après un voyageur italien
du xiv^ siècle, était le sire de Joinville dans ses derniers jours à la cour
de France, le dépositaire des traditions, consulté sur tout, écouté et
respecté de tous. Que de fois il nous arrivera encore, au moment d'une
décision à prendre, de tourner instinctivement nos regards vers la place
où ils étaient accoutumés à chercher les siens, espérant une adhésion,
même tacite, qui seule nous rassurait pleinement!
« M. de Wailly, il y a huit ans déjà, avait déposé au secrétariat un
pli où il déclarait sa volonté expresse qu'aucun discours ne fût prononcé
605
sur sa tombe. Mardi dernier, les larmes des parents qui l'entouraient
d'une tendre vénération, la tristesse de ses confrères et de ses amis,
l'affliction des pauvres, la présence des auxiliaires et des objets de son
active charité le louaient assez haut. En vous parlant de lui aujourd'hui,
je ne veux qu'esquisser rapidement la figure de l'homme de bien et du
savant éminent que nous venons de perdre ; je n'ai nullement la pré-
tention de présenter de sa vie et de son œuvre un tableau complet, pour
lequel le temps et la compétence me manqueraient, et que notre secré-
taire perpétuel se fera certainement un devoir et un honneur de tracer
devant vous d'une main autorisée.
« Nous avons connu M. de Wailly comme un savant exact et cons-
ciencieux, comme un chrétien sincère^ comme un esprit grave et pru-
dent, comme un caractère élevé, droit et sûr, d'une tenue correcte et
digne, d'un abord un peu froid. Les traits principaux de cette physio-
nomie ont dû toujours être à peu près les mêmes ; mais pour le retrou-
ver tel qu'il fut plus jeune, tel qu'il était souvent encore, il faut ajouter
que la gaieté ne lui était nullement étrangère, que sa gravité n'avait
rien de morose, que sa réserve n'excluait ni la familiarité ni l'expansion,
et que sa froideur apparente cachait un cœur très bon, très tendre et
très chaud. La sévérité habituelle de son attitude et de sa vie en est
elle-même une preuve. Tout jeune, il fut atteint par une douleur qui
marqua son cœur d'une empreinte ineffaçable, montrant par là com-
bien ce cœur avait été profondément pénétré de l'affection qui lui était
ravie. Il perdit en même temps sa jeune femme et l'enfant qu'elle venait
de lui donner. Depuis lors, pendant cinquante ans et plus, il a vécu
dans ce souvenir, auquel il joignit celui de sa mère, quand elle fut
enlevée, il y a seize ans seulement, au culte dévoué qu'il lui rendait.
La blessure qu'il avait reçue en 1834 était restée si sensible qu'il était
interdit, même à ses parents les plus proches et les plus chers, de lui
parler jamais de ce passé. La douleur raviva dans son âme les senti-
ments religieux, qui, pendant un temps, y avaient sans doute été moins
dominants ; car nous le voyons, collaborateur du Globe et du National,
entrer aux Archives, derrière Daunou et avec Michelet, à la suite de
la révolution de 1830. Frappé dans sa vie la plus intime, il se tourna
vers la seule source où il crût pouvoir puiser, sinon la consolation, au
moins la résignation et la force ; mais de son passage dans un milieu
différent il conserva des amitiés et des admirations qui prouvent que
sa religion n'était pas intolérante. Je n'en veux d'autre témoignage que
sa belle notice sur Benjamin Guérard, monument durable d'une inti-
mité où il se donnait modestement la seconde place et qui les honore
également l'un et l'aatre.
« Attiré de bonne heure vers l'histoire, il alla droit, dès qu'il travailla
pour lui-même, aux documents de première main, aux sources directes,
et les étudia de près. En 1838, il exécuta de la façon la plus satisfai-
606
santé la tâche qu'il avait acceptée de rédiger, surtout pour servir à la
publication, nouvellement inaugurée, des Documents sur l'histoire de
France, des Éléments de paléographie qui contiennent un véritable cours
de diplomatique, habile et clair résumé des travaux des bénédictins ; il
y joignit sur la sigillographie des vues toutes nouvelles, fruit de recherches
propres, et qui ont été singulièrement fécondes. Appelé en 1841 dans
le sein de l'Académie, il se consacra presque entièrement à la publica-
tion des Historiens de France, dont il a, de concert avec MM. Guigniaut,
Jourdain et Delisle, préparé les tomes XXI, XXII et XXIII. Les
nombreux travaux qu'il inséra pendant vingt ans dans nos Mémoires ou
dans d'autres recueils se rattachent en général aux études nécessitées
par cette publication. Ils se distinguent tous par une excellente méthode,
une grande clarté, une remarquable précision ; l'objet en est nettement
déterminé, prudemment poursuivi, sûrement atteint; l'imagination ne
joue aucun rôle dans la recherche ; aussi les résultats acquis sont pour
la plupart définitifs. Cet ensemble de travaux suUirait pour assurer à
M. de Wailly un rang très honorable parmi nos historiens.
« Il devait toutefois produire des œuvres plus distinguées encore et
d'un caractère scientifique plus personnel. Il lui était réservé, tant son
esprit, son jugement et sa méthode s'étaient sagement et constamment
développés, de donner dans sa vieillesse les meilleurs fruits de son tra-
vail. Il avait plus de soixante ans quand il publia sa première édition
de Joinville, qu'il devait à trois reprises renouveler et perfectionner.
Poussé vers l'aimable biographe de saint Louis par une sympathie natu-
relle et par ses études sur le xiii^ siècle, il voulut se rendre un compte
exact de la tradition manuscrite d'une œuvre dont l'authenticité plénière
avait été révoquée en doute de différents côtés. Il réussit à classer en
famille les trois seuls manuscrits connus, appliquant ainsi pour la pre-
mière fois à un texte français du moyen âge ces procédés sûrs et déli-
cats qui devaient après lui être si souvent mis en œuvre. En restaurant
par ce moyen les leçons de l'original perdu, il reconnut qu'aucun des
manuscrits parvenus jusqu'à nous, tous diversement rajeunis, ne pré-
sentait les formes de langage qu'avait dû employer Joinville, et qu'in-
diquait souvent la divergence même des altérations. Pour les retrouver,
il se livra à un genre de travail qui n'était pas seulement tout nouveau
pour lui, dont il était en réalité le premier à donner l'exemple en pra-
tique, bien qu'on l'eût souvent recommandé en théorie. Il dépouilla
avec la plus scrupuleuse exactitude les chartes émanées de la chancel-
lerie de Joinville, pour en tirer une orthographe et une grammaire ; il
employa pour cela une méthode qu'il s'était faite à lui seul, qui offrait
sans doute des lacunes et des imperfections, mais qui avait l'avantage
d'être claire et intelligible à tous et de présenter des garanties de nature
à convaincre les plus sceptiques. Cette orthographe et cette grammaire
ainsi conquises, il n'hésita pas à les introduire, en leurs traits essentiels,
607
contre tous les manuscrits, dans le texte de sa troisième édition. C'était
là une hardiesse qu'alors bien des savants plus jeunes n'auraient pas
eue : ce défenseur des traditions ne reculait devant aucune innovation,
quand une recherche menée en dehors de tout parti pris lui en avait
démontré la légitimité. On le trouva pourtant encore un peu timide,
dans l'école philologique qui se formait; on lui demanda de régulariser
l'orthographe phonétique aussi bien que l'orthographe grammaticale .:
il s'y refusa, mais seulement après avoir justifié à ses propres yeux, par
une nouvelle et minutieuse étude, la circonspection qu'il croyait devoir
cette fois observer. Attentif d'ailleurs à toute critique, reconnaissant de
toute suggestion utile, il déférait, après en avoir soigneusement vériûé
le bien fondé, aux observations que lui soumettaient des confrères en
érudition qui étaient loin d'avoir son âge et son autorité. Il prit de plus
en plus goût à ces exercices de critique philologique, auxquels il appor-
tait, avec la prudence d'un maître, l'ardeur d'un débutant, et il traita le
livre héroïque de Villehardouin et les charmants récits du Ménestrel de
Reims comme il avait fait des mémoires de Joinville. Récemment
encore, s'attachant à la vérification d'idées qui le préoccupaient, il nous
communiquait des recherches sur le système graphique employé par
les notaires ou « amans » messins. Mais Joinville resta son travail de
prédilection, auquel il revenait toujours pour en améliorer, soit le texte,
soit le commentaire ; c'est aussi celle de ses publications qui, sous ses
diverses formes, accompagnée de la traduction fidèle qu'il a trois fois
revue, a justement valu à son nom le plus de réputation dans le monde
savant et le plus de notoriété dans le grand public.
« M. de Wailly avait quitté en 1871 la haute situation occupée par lui
pendant seize années à la Bibliothèque nationale ; quand il eut soixante-
dix ans, après que l'Académie venait de lui conférer le rare honneur
d'une seconde présidence, il manifesta, avec sa fermeté ordinaire, son
désir de ne plus faire partie d'aucune commission. Il n'en remplit pas
moins ses devoirs d'académicien avec la plus constante assiduité, et il
fut jusqu'à son dernier jour une des lumières de la compagnie. Dans sa
retraite paisible, il travaillait d'ailleurs toujours, poursuivant sans
relâche, par des investigations dont il ne livrait au public qu'une bien
petite partie, la vérité dans ses nuances les plus fines ; il consacrait le
reste de son temps aux bonnes œuvres et à quelques fidèles amitiés.
Dans ces dernières années, il s'occupait avec prédilection d'un travail
qui satisfaisait merveilleusement toutes ses aspirations : il voulait don-
ner une nouvelle édition de l'Imitation de Jésus-Christ, et il avait entre-
pris, pour s'y préparer, une de ces séries de recherches ingénieusement
méthodiques où il excellait. C'est dans la méditation de ce beau livre
que la mort est venue le prendre, non le surprendre : il l'attendait, il ne
lui a point résisté et il s'est endormi doucement dans la sérénité de sa
conscience et dans la certitude de sa foi. »
608
— Dans la journée du 22 octobre 1886, notre confrère M. René Bis-
son de Sainte-Marie a été victime d'un malheureux accident à la Mon-
naie, où il était attaché, et le soir même il succombait sans avoir repris
connaissance.
Aux funérailles, qui ont eu lieu le 24, M. Louis Farges, archiviste
paléographe, a prononcé sur la tombe les paroles suivantes :
« Je crois être l'interprète de tous ceux qui ont connu René Bisson
de Sainte-Marie à l'École des chartes en venant ici lui dire un suprême
adieu.
« Il n'était pas de ceux qui recherchent le bruit et la foule et, comme
s'il avait eu le pressentiment de sa fin prématurée, sa timidité naturelle
était encore voilée d'une habituelle mélancolie. On aurait dit qu'il savait
combien pour lui la vie devait être courte et que, par avance, il en
dédaignait et les luttes et les misères.
« Mais quand il fallait rendre service à ses camarades, avec quelle
bonne grâce il consentait alors à se départir de sa réserve et à faire effort
sur sa modestie! Ceux qu'il obligeait ainsi devenaient bientôt ses amis,
car ils appréciaient bientôt toutes ses qualités. Esprit fin, délicat, ori-
ginal, il s'était senti entraîné vers l'histoire si curieuse de l'Orient'latin,
et, dans sa thèse sur le duché d'Athènes et la baronnie d'Argos, il avait
suivi avec une curiosité passionnée cette épopée des barons chrétiens au
pays classique des héros et des demi-dieux.
« Nous espérons que ce livre sera publié et qu'il sauvera son nom de
l'oubli, mais alors même qu'il n'en serait pas ainsi, le souvenir de
René Bisson de Sainte-Marie ne s'effacera pas du cœur de ceux qui l'ont
connu. Nous n'oublierons jamais qu'il nous a été donné de connaître en
lui un des esprits les plus sincèrement épris du vrai et du beau, un des
cœurs les plus affectueux qui se puissent rencontrer, une de ces âmes
enfin foncièrement honnêtes et pures, pour lesquelles faire le bien est
quelque chose de naturel et d'inné.
« En envoyant à sa mère et à sa famille la respectueuse expression de
nos douloureux regrets, nous pourrons du moins lui offrir cette triste,
mais bien sincère consolation, c'est que la vie de celui que nous pleu-
rons avec elle sera pour nous plus qu'un souvenir, elle restera un
exemple. »
— Par arrêté du 17 novembre 1886, ont été nommés élèves de l'École
des chartes, dans l'ordre de mérite suivant, les candidats ci-après
dénommés, savoir :
MM.
1. Guillaume (Joseph-Jean-Rémy), né à Paris, le 17 septembre 1866.
2. SoEHNÉE (Henri-Alexis-Frédéric), né à Paris, le 31 mars 1866.
3. Lot (Victor-Henri-Ferdinand), né au Plessis-Piquet (Seine), le
20 septembre 1866.
609
4. Réville (André), né h Rotterdam (Pays-Bas), le 28 janvier 1867.
5. PoËTE (César-Marcel), né à Rougemont (Uoubs), le 10 octobre 186G.
6. Petit (Charles-Edmond), né à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure), le
26 janvier 1866.
7. Walcivenaer (André-Marie), né à Lisieux (Calvados), le 24 juil-
let 1867.
8. Delzons ( Marie-François- Amédée- Alphonse), né à Aurillac (Can-
tal), le 18 janvier 1863.
9. De Roux (Auguste-.Toseph-Henri), né à Hyères (Var),le28 août 1867.
10. Plista (Louis- Joseph- Achille), né à Bourgogne (Marne), le
31 décembre 1863.
11. Labande (Honoré -Lambert), né à Orrouy (Oise), le 17 sep-
tembre 1867.
12. Clément (Maurice-Auguste), né à Enghien-les-Bains (Seine-et-
Oise), le 26 juin 1865.
13. Vernier (Jules-Josoph), né àNogent (Haute-Marne), le 3 avril 1866.
14. Lacaille (Henri-Marie), né à Paris, le 7 septembre 1862.
15. Mazerolle (Fernand-Joseph), né à Paris, le 24 mars 1868.
16. Lequatre (Georges-Joseph), né à Cepoy (Loiret), le 10 octobre 1865.
17. Planchenault (Adrien-Charles- Félix ) , né à Angers (Maine-et-
Loire), le m mai 1862.
18. Meunier (Georges-Élie), né à Guingamp (Côtes-du-Nord), le
9 octobre 1865.
19. Lemoine (François-Henri-Marie), né à Limoges (Haute- Vienne), le
30 avril 1864.
20. Bloch (Camille), né à Thillot (Vosges), le 17 juillet 1865.
— Par arrêté du 23 octobre 1886, notre confrère M. Cadier a été nommé
membre de l'École française de Rome pour l'année scolaire 1886-1887.
— Par arrêté du 19 décembre 1886, notre confrère M. Salone, profes-
seur en congé d'inactivité, a été délégué dans les fonctions de secrétaire
particulier du ministre de l'instruction publique et des beaux-arts.
— Par décret du 29 décembre 1886, notre confrère M. Gaston Paris
a été promu officier dans l'ordre de la Légion d'honneur.
— Par décret du même jour, notre confrère M. Paul Lacombe a été
nommé chevalier de la Légion d'honneur.
— Par décret du 31 décembre 1886, notre confrère M. le baron Cerise
a été nommé chevalier de la Légion d'honneur.
— Par arrêté du 30 décembre 1886, nos confrères MM. Brièle et
Henry Martin ont été nommés officiers de l'instruction publique.
— Par arrêté du même jour, notre confrère M. Hiélard a été nommé
officier d'académie.
6^0
— L'Académie des inscriptions et belles-lettres a tenu sa séance
annuelle le vendredi 19 novembre 1S86. Nous reproduisons le discours
d'ouverture qu'a prononcé notre confrère M. Gaston Paris.
« Messieurs,
« En ce jour où nous nous réunissons pour jeter un coup d'œil sur
l'année qui vient de s'écouler et rendre compte au public d'une partie
de notre œuvre commune, notre pensée se tourne naturellement d'abord
vers ceux qui, l'année dernière, étaient parmi nous et que nous avons
la douleur de n'y plus voir. Ce sentiment s'impose surtout aujourd'hui
à votre président : je reviens à peine d'accompagner à sa dernière
demeure celui qui occupait cette place avant moi, avec un zèle et une
bonne grâce qui ne semblaient pas lui coûter les efforts qu'il s'imposait.
Il me semble l'entendre saluer en votre nom les morts qui venaient de
nous quitter, ou qui plutôt, disait-il, étaient encore présents parmi
nous. Il avait raison : le souvenir est une vie posthume qui se prolonge
d'autant plus qu'on laisse après soi plus d'amis, et dans des compagnies
comme la nôtre, qui sont des fraternités d'élection, cette survivance est
longue et fidèle. Nous n'oublierons pas Ernest Desjardins, ni les deux
confrères qui l'ont précédé dans la tombe : le savoir solide, la curiosité
variée, l'esprit fin d'Emmanuel Miller, le sens droit et élevé, les con-
naissances étendues, les rares facultés pratiques de Charles Jourdain
ont marqué ici une trace profonde qui conservera longtemps leur
mémoire.
« Mais la palme, qui est notre emblème, remplace aussitôt par de nou-
veaux rameaux ceux dont le temps la dépouille. Qu'il me soit permis,
après avoir dit adieu à ceux qui sont partis, de souhaiter la bienvenue
à ceux qui arrivent, aux trois nouveaux confrères que nous avons
accueillis cette année, MM. Gaston Boissier, Héron de Villefosse et
Longnon. Nous avons besoin de ces auxiliaires nouveaux et zélés pour
continuer à remplir dignement la tâche qui nous est confiée, et par
l'Etat et par les particuliers. Sans parler des lectures qui occupent nos
séances, des travaux qui forment les volumes de nos mémoires, des
grandes publications que nous sommes chargés de poursuivre, nous
avons à juger chaque année des concours de plus en plus nombreux,
et dont la variété, croissante aussi, exige une égale variété de compé-
tences. Cette année même une importante fondation, d'un caractère
tout nouveau, vient de mettre à notre disposition des ressources qui
demanderont, pour trouver leur meilleur emploi, nos réflexions les plus
attentives. M. Benoît Garnier, d'abord drogman, puis chargé d'une
importante mission à Madagascar, enfin consul de France à Bangkok,
à Batavia et à Shanghaï, aimait la science et la patrie. En mourant, il
y a trois ans, il a laissé à l'École des langues orientales la riche biblio-
thèque qu'il avait formée, et il a fait à notre compagnie un legs qui
644
nous met aujourd'hui en possession d'une somme de près de quatre
cent mille francs. Les intérêts de ce capital doivent être employés, non
à fonder un prix, mais à subventionner des voyages d'exploration scien-
tifique dans l'Afrique centrale ou dans les régions de la haute Asie. En
chargeant notre Académie de tracer le programme de ces expéditions,
M. Garnier a indiqué quel en doit être le caractère : l'archéologie, la
géographie historique, la linguistique, l'ethnographie, eu formeront
l'objet essentiel. Je suis heureux de signaler à la reconnaissance
publique le nom désormais impérissable de l'homme à qui la science
devra bientôt de nouveaux progrès et la France de nouvelles gloires.
« Le sujet du prix ordinaire pour 1886 était le suivant : Faire d'après
les textes et les monumenls figurés le tableau de l'éducation et de l'instruc-
tion que recevaient les jeunes Athéniens aux F* et F/" siècles avant J.-C.
jusqu'à l'âge de dix-huit a7is. Si, dans un coin de terre vraiment élu, à
une époque privilégiée, a pu s'épanouir une des plus belles fleurs de
l'humanité, c'est grâce à une sage et libre culture autant qu'à de rares
faveurs du ciel ; rien ne peut intéresser plus que de retrouver, à l'aide
des nombreux documents qui témoignent de l'attention passionnée
qu'y apportaient les Athéniens eux-mêmes, cette culture et cette florai-
son. Aussi avons-nous reçu quatre mémoires, dont trois au moins sont
le fruit d'un sérieux travail. Le prix a été obtenu par le mémoire de
M. Paul Girard, ancien membre de l'École d'Athènes, maître de confé-
rences à la faculté des lettres de Paris. C'est une étude excellente, où
la solidité et l'étendue des recherches sont mises en pleine valeur par
une heureuse composition, une exposition claire, un style d'une élé-
gante simplicité. On pourrait souhaiter que l'auteur eût donné plus de
développement à la partie générale, à la conclusion ; mais c'est ce qu'il
ne manquera pas de faire quand il reverra son travail à loisir, sans
être enfermé dans les étroites limites du temps fixé pour un concours.
« Pour la quatrième fois depuis quelques années, nous nous sommes
vus dans l'heureuse nécessité de demander au ministère de l'instruction
publique, qui a bien voulu nous l'accorder, une médaille supplémen-
taire en dehors des trois médailles que comporte régulièrement le
concours des antiquités de la France.
« La première médaille est attribuée à M. Fichot, pour sa Statistique
monumentale du département de l'Aube (en cours de publication).
M. Fichot est un artiste, devenu, par l'expérience et l'étude, un excel-
lent archéologue. Depuis longtemps, il s'était appliqué à mettre dans
ses reproductions graphiques d'objets archéologiques cette minutieuse
exactitude qu'on obtient si rarement des dessinateurs, et qui peut seule
contenter les savants. Maintenant, il s'est donné pour mission de con-
naître et de faire connaître tout ce que le département de l'Aube con-
tient de monuments anciens, en prenant le mot monument dans son
sens le plus large. Après de longues années d'exploration méthodique,
6^2
il a commencé en 1881 la belle publication qui compte aujourd'hui près
de cinquante livraisons. Ses descriptions, pour lesquelles il a judicieu-
sement utilisé ce qui avait été fait avant lui, sont rédigées avec simpli-
cité, mais dans une bonne langue archéologique, agréables à lire et
faciles à comprendre ; elles sont accompagnées d'une énorme quantité
de figures, toutes exécutées par lui d'après ses principes de rigoureuse
fîdéhté. Il ne parle de rien qu'il n'ait vu, et rien n'échappe à sa perspi-
cacité. Il ne néglige ni les pierres à moitié frustes auxquelles il arrache
quelque blason ou quelque reste de bas-reliefs, ni les débris de ver-
rières dont il reconnaît le style et les sujets sous des amas séculaires
de poussière, ni les objets mobiliers, souvent d'une réelle valeur,
enfouis dans des sacristies de village et sauvés par lui de risques de tout
genre. En proclamant le mérite et l'utilité de l'œuvre de M. Fichot,
nous souhaitons vivement qu'il trouve des imitateurs dans chacun de
nos départements : la richesse artistique de la France sera ainsi tout
entière mise en lumière et en valeur.
« La seconde médaille est donnée à M. Paul Durrieu, pour son
volume aussi agréable que neuf sur les Gascons en Italie. « Semez des
« Gascons, disait Henri IV à ses jardiniers découragés d'essais infruc-
« tueux : ils prennent partout. » Il faut interpréter cette saillie par le
mot d'un autre grand Gascon, mis par M. Durrieu en tête de son livre :
« La Gascogne, dit Montluc, est un magasin de soldats, la pépinière dos
« armées, la fleur et le choix de la plus belliqueuse noblesse delà terre,
« et l'essain de tant de braves guerriers qui peuvent contester l'honneur
« de la vaillance avec les plus fameus capitènes grecs et romains. »
Dès le xui» et le xiv« siècle, ces hardis « cadets » firent parler d'eux au
delà des Alpes. Le récit de leurs exploits, tiré des chroniques et des
archives de France et d'Italie, attirera des lecteurs en dehors même de
la sphère oii se renferment habituellement les publications de cet ordre.
M. Durrieu, tout Gascon qu'il est lui-même, ne se laisse jamais entraî-
ner au delà de ce qui est rigoureusement établi ; si sa narration est
vivante, son style est sobre et correct. Les deux morceaux les plus
étendus et les plus intéressants du livre sont l'histoire de la brillante
campagne de Jean II[ d'Armagnac, si brusquement terminée en 1391
sous les murs d'Alexandrie, et celle de l'extraordinaire carrière du rou-
tier Bernardon de la Salle, qui finit par se mettre au service de Jean
Galéas Visconti, et, devenu un traître aux yeux du comte d'Armagnac,
fut tué par ses ordres dans cet étonnant passage des Alpes, où deux
armées presque entièrement gasconnes, marchant parallèlement pour
rejoindre deux partis contraires, se massacrèrent l'une l'autre. La
récompense accordée à M. Durrieu pour ce volume atteint aussi son
livre sur le connétable d'Armagnac, mentionné à l'un de nos précé-
dents concours.
« Depuis longtemps, à ces concours, nous distinguons les travaux de
643
M. l'abbé Albanès, qui s'est donné pour tâche principale de reconsti-
tuer l'histoire ecclésiastique de la Provence. Ses publications déjà nom-
breuses montrent en lui un savant original, laborieux, à la fois ingé-
nieux et prudent : nous rappellerons surtout son importante édition de
la Vie de sainte Douceline (1879) et sa notice sur le Couvent de Saint-
Maximin (1881). Cette année, il nous a envoyé plusieurs dissertations
dans lesquelles il s'est proposé de réformer les catalogues épiscopaux
contenus dans le tome I«'" de la Gallia christiana. L'insuflisance de
cette partie du grand ouvrage des Bénédictins était connue; mais on
n'avait pas exactement déterminé les points faibles du travail et mesuré
l'importance des erreurs historiques qui en ont été la conséquence. Il
est aujourd'hui démontré que les listes des évêques et des abbés des
provinces d'Aix, d'Arles et d'Avignon ne doivent être consultées
qu'avec la plus grande précaution, tant elles présentent de fautes,
d'anachronismes et de lacunes. Non content d'avoir signalé le mal,
M. l'abbé Albanès a montré comment on peut le réparer. Autant il a
employé de sagacité et de critique à reconnaître la nature et l'origine
des erreurs qu'il avait à relever, autant il a mis de patience à recueil-
lir, dans les archives locales et surtout dans les registres du Vatican,
les documents à l'aide desquels les listes vraies pourront être rétablies :
ce double mérite le recommandait à nos suflYages.
« C'est pour M. François Delaborde que nous avons demandé notre
quatrième médaille. En publiant de nouveau les ouvrages en prose et
en vers qui nous ont conservé l'histoire officielle de Philippe-Auguste,
— le récit de Rigord, celui de Guillaume le Breton, et, du même, le
poème de la Phihppide, — M. Delaborde a rendu un important service à
l'étude de notre histoire. L'examen minutieux des anciennes copies n'a
pas eu seulement pour résultat l'établissement d'un meilleur texte : un
travail de critique ingénieux a permis de classer les manuscrits des
Annales de Guillaume le Breton, d'en expliquer les différences et de
faire comprendre l'emploi divers de cet ouvrage par les auteurs subsé-
quents. Le texte rectifié est accompagné de notes nombreuses et subs-
tantielles, dans lesquelles l'éditeur s'est spécialement attaché, avec un
succès presque constant, à l'identification souvent malaisée des noms
d'hommes et de Ueux, et à la détermination rigoureuse de la chrono-
logie. La longue notice préliminaire forme deux excellents chapitres
d'histoire littéraire; tout l'ensemble de cet intelligent et utile travail
méritait assurément une distinction de premier ordre.
« Nous aurions voulu pouvoir en attribuer une aussi à M. Moranvillé,
qui a obtenu la première mention honorable avec sa biographie manus-
crite de Jean Le ^'^ercier. Quand M. Moranvillé aura publié ses
recherches, ce nom, presque inconnu jusqu'ici, prendra une place
importante dans l'histoire des règnes de Charles V et de Charles VL
Jean Le Mercier fut, en effet, l'un des ministres qui eurent le plus de
6U
part aux réformes administratives et financières de cette époque; il
déploya dans l'accomplissement de sa tâche un zèle et une exactitude
vraiment admirables, et on peut dire que son biographe a montré les
mêmes qualités en le suivant dans tous les détails, souvent difficiles à
comprendre et à exposer, de son activité. Pour la rigueur de la méthode
et pour la nouveauté des résultats, ce mémoire est certainement com-
parable aux meilleurs travaux du même genre.
« L'édition du Grand Cartulaire de l'abbaye d'Ainay a mérité la seconde
mention honorable. Ce recueil très intéressant, formé à l'aide de deux
anciens manuscrits et de cinquante chartes originales, ne comprend
pas moins de quatre cent vingt pièces, la plupart du xn" et du
xni^ siècle; il est rempli de documents fort curieux, même en dehors
des études de topographie et d'histoire locale. M. le comte de Charpin-
Feugerolles, auquel on doit l'initiative de cette magnifique publication,
dont il a supporté tous les frais, comme il l'a déjà fait et comme il
s'apprête encore à le faire pour d'autres du même genre, a droit pour
son intelligente et savante libéralité à toute notre reconnaissance. Les
quelques imperfections ou lacunes qu'on peut relever dans l'exécution
sont excusées par des circonstances particulières, et, pour ce qui est
essentiel, M. de Gharpin-Feugerolles a trouvé dans ses collaborateurs,
MM. Guigues père et fils et Vachez, de précieux auxiliaires.
« Après de somptueux in-folio, c'est un bien mince volume que
nous avons à mentionner. Le traité de Hincmar De Ordine sacri palatii
est un document de premier ordre pour notre histoire sous les succes-
seurs de Gharlemagne. M. Prou en a donné une édition nouvelle, une
bonne traduction et un commentaire où abondent des renseignements
exacts, précis et complets. Ce commentaire a été préparé dans les con-
férences de l'École des hautes études, sous l'habile direction de M. Gabriel
Monod; mais M. Prou y a pris une part prépondérante, et l'introduc-
tion est bien son œuvre personnelle. C'est un morceau remarquable, où
sont fort bien exposés les principes sur lesquels reposait la royauté
carolingienne, ainsi que les idées de Hincmar, qui ne faisait d'ailleurs
que résumer énergiquement les idées de l'époque. Jamais on n'a posé
avec plus de netteté le principe du droit divin : le pouvoir du roi émane
de Dieu; pour l'exercer, il doit avant tout mériter la protection divine,
c'est-à-dire se concilier celle de l'Église. A cette conception théocra-
tique de la légitimité se joint une forme tout aristocratique de gouver-
nement, fortement manifestée par les institutions. Ces considérations,
présentées en termes excellents, donnent un haut intérêt à la publica-
tion de M. Prou.
« Celle de M. Hellot, Chronique parisienne inédite du XIV^ siècle, pré-
sente l'attrait d'une découverte, et d'une découverte bien mise en
œuvre. Dans un manuscrit de Rouen, contenant en apparence un
exemplaire d'une chronique souvent publiée, M. Hellot a reconnu pour
6^5
les années 1316-1339 une œuvre tout à fait nouvelle et fort intéressante.
C'est un véritable journal, écrit par un anonyme, sans doute homme
de loi, qui habitait Saint-Denis jusqu'en 1329 et ensuite Paris. Nous
lui devrons la connaissance de bon nombre do faits nouveaux, en
mémo temps que des renseignements précieux sur l'état social et les
mœurs de la bourgeoisie parisienne au xiv^ siècle. L'auteur de ce jour-
nal ouvrira désormais la série des chroniqueurs parisiens ayant écrit
en français ; aussi est-ce la Société de l'histoire de Paris qui a tenu à
publier ce document, que l'éditeur a enrichi de notes nombreuses et
fort bien faites.
« Dans les conditions les plus pénibles, alité depuis de longues
années, M. Grignon a eu le courage et trouvé le moyen d'achever les
deux volumes qu'il nous a envoyés sur l'église de Notre-Dame-en-
Vaux de Ghàlons. Cette église, un des plus beaux monuments de l'ar-
chitecture romane dans l'est de la France, n'avait pas encore été l'objet
d'un travail d'ensemble. M. Grignon en donne la description très
détaillée et très consciencieuse, puis il en écrit l'histoire. C'est le
résumé fidèle d'une grande quantité de documents, bien compris et
bien utilisés, et dont les principaux sont publiés en appendice; ils ont
fourni des renseignements précieux sur la topographie et l'organisation
du vieux Châlons ; çà et là même, dans cette étude toute spéciale, on
peut relever des traits qui offrent un intérêt supérieur. En attribuant
la cinquième mention à l'œuvre de M. Grignon, fruit de tant de zèle et
de persévérance, la commission a voulu encourager ces laborieux éru-
dits qui, à force de recherches patientes, parviennent à réaliser des
progrès vraiment considérables dans la connaissance de l'histoire et de
l'archéologie locales.
« C'est à un travail sur l'antiquité classique de notre pays que nous
avons attribué notre sixième mention. Sous le titre de Fastes de la
Narbonnaise, M. Lebègue nous présente un tableau chronologique de
l'histoire, surtout administrative, de la province de ce nom. S'il n'a pas
eu à sa disposition de documents nouveaux, il a rectifié sur divers
points les travaux où il a puisé les éléments du sien. Une des parties
les plus neuves et les plus intéressantes de l'ouvrage est formée par le
catalogue, accompagné d'une savante dissertation, des principaux
monuments qui renferment des inscriptions de la Gaule narbonnaise.
M. Lebègue a fait une œuvre utile, qui a demandé une étude sérieuse;
votre commission l'a distinguée avec plaisir.
« Le prix de numismatique fondé par M™e Duchalais devait être attri-
bué cette année à la numismatique du moyen âge. L'Académie le par-
tage également entre feu M. Gariel, pour son livre sur les Monnaies
royales de France sous les Carolingiens, et M. A. Heiss, pour la continua-
tion de sa publication sur les Médailleurs de la Renaissance. C'est au milieu
de longues et cruelles souffrances que M. Gariel poursuivit et put ter-
6^6
miner son grand et magnifique ouvrage, qui nous donne un catalogue
et une description exacte des monnaies royales de la seconde race,
fournissant ainsi une base solide aux recherches subséquentes; quelques
imperfections de détail ne sauraient ôter sa haute valeur à un travail
si considérable et si méritoire. L'œuvre magistrale de M. Heiss est
appréciée depuis longtemps : il fait revivre les grands artistes, naguère
encore si mal connus, auxquels on doit ces beaux portraits à revers
emblématiques qui sont l'orgueil des collections; à des reproductions
fidèles des médaillons, il joint un très riche commentaire historique et
archéologique. Le fascicule qu'il nous soumettait cette année avait pour
nous un intérêt particulier : il est consacré aux médaillons attribués à
Spinello, qui représentent tous des personnages illustres de France, à
commencer par le roi Charles VIIL
« Les prix fondés par le baron Gobert ont dans nos concours une
place de première importance. Cinq ouvrages, outre ceux qui étaient
en possession, se les disputaient cette année. Nous avons sans hésita-
tion attribué le premier prix à M. du Fresne de Beaucourt pour les
trois premiers volumes de sa belle Histoire de Charles VIL M. de Beau-
court a consacré sa vie entière à cette œuvre, et, pour l'exécuter comme
il l'avait conçue, il n'a épargné ni temps ni peine. Il a fouillé toutes les
archives et toutes les bibliothèques, interrogé tous les historiens fran-
çais et étrangers, pesé tous les témoignages, étudié de près toutes les
questions. Le résultat auquel il est arrivé est digne de tant d'efforts, et
le sujet auquel il les a appliqués en valait la peine. La période qu'il a
fait revivre, dans une forme simple, claire, attachante par la plénitude
et la précision des renseignements, est à la fois une des plus saisis-
santes et des plus importantes de nos annales. Elle a vu la reconstitu-
tion de la France sur de nouvelles bases : diplomatie, administration,
finances, institutions politiques, société, tout a subi une transformation
dont l'historien a pu saisir et exposer le caractère à la suite d'études
aussi serrées que pénétrantes, malgré leur complexité. Au centre de ce
vaste tableau, la figure du personnage principal, malgré les efforts et le
talent du peintre, présente encore des côtés obscurs et des traits énigma-
tiques. Né d'un père déjà dément, haï par sa mère, qui lui préfère
l'étranger, poursuivi par la crainte d'une sinistre hérédité ou par un
doute affreux sur sa naissance, Charles voit à dix-sept ans massacrer
devant lui son oncle de Bourgogne et se rallumer ainsi avec fureur les
haines intestines qui déchiraient sa famille et son pays. Renié par son
père, le dauphin prend le titre de régent, et se montre d'abord, M. de
Beaucourt le prouve, à la hauteur de sa tâche ; mais à peine la mort
de Charles VI l'a-t-elle fait roi que les difficultés grandissantes, les
dégoûts et les déceptions de toutes sortes, les revers honteux et presque
simultanés de Cravant et de Verneuil le jettent pour de longues années
dans le découragement et la torpeur. Rien n'est plus triste, sous la gaieté
417
ceaSie de .
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BeBBQOHn
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6^8
nérer la France. Voilà la vérité, telle que M. de Beaucourt nous permet
de la voir : elle est plus belle et plus haute que la fable, et la France
aime mieux, n'est-il pas vrai ? devoir sa renaissance à Jeanne d'Arc
qu'à Agnès Sorel.
« C'est la biographie d'un ancêtre de Charles VII, du bon roi Robert,
par M. Pfister, qui a obtenu le second prix. Nous voyons avec une vraie
joie rendre justice de toutes parts à ces premiers Capétiens, si mal-
traités jusqu'à présent par l'histoire, parce qu'ils étaient mal connus, et
qui ont joué un rôle si essentiel dans notre évolution nationale. La
royauté parisienne a été le pimctum saliens autour duquel s'est orga-
nisée la France, et cette royauté avait, bien plus qu'on ne l'a cru, cons-
cience de sa mission et de ses destinées. I^e livre de M. Pfister est le
fruit d'une étude très consciencieuse, dirigée par une sévère méthode.
Certains points restent obscurs, et le personnage principal ne se dégage
pas lui-même avec une netteté complète ; la faute en est aux documents,
si rares, souvent si énigmatiques, parfois contradictoires. Tout ce qu'on
peut faire pour les éclairer, les comprendre, les interpréter avec une
ingénieuse et prudente pénétration, M. Pfister l'a fait. Il ne s'est pas
borné d'ailleurs à raconter les faits ; il a essayé de faire revivre devant
nous le milieu social, moral, intellectuel, dans lequel ils se sont dérou-
lés : c'est ce qui donne à son livre une valeur supérieure à celle qu'au-
raient les simples annales d'un règne. Il a fait une œuvre originale,
personnelle, trop personnelle peut-être en certains points. L'auteur a
des idées à lui, ce qui est excellent; on lui a reproché d'en vouloir à
ceux qui ne les avaient pas dès le xi^ siècle, ou parfois de les leur
prêter. N'insistons pas. Les défauts de M. Pfister sont, en bonne partie,
des défauts de jeunesse : il s'en corrigera; mais il montre des qualités
et des aptitudes qu'il ne perdra pas. Nous sommes certains de retrouver
le débutant que nous récompensons aujourd'hui.
« Par suite de différentes remises, nous avions cette année à décerner
trois fois le prix Bordin, pour les études concernant l'antiquité, l'Orient
et le moyen âge. La première question, sur la numismatique de l'île de
Crète, n'a provoqué qu'un seul mémoire, qui ne l'a pas entièrement
résolue : la partie descriptive est exacte et complète ; la partie compa-
rative fait défaut. L'Académie ne décerne pas de prix, mais elle accorde
à M. Svoronos, à titre d'encouragement, une récompense de deux mille
cinq cents francs.
« C'est à peu près au même résultat qu'elle est arrivée pour le prix
destiné aux études orientales, dont le sujet était l'histoire des sectes
dualistes de l'Orient musulman. Le seul mémoire qui nous ait été
envoyé a de sérieux mérites, et on y apprécie notamment l'emploi d'un
texte important et inédit; mais l'auteur a fait usage de documents trop
peu nombreux et n'a pas essayé de pénétrer assez à fond dans le sujet.
619
Le prix n'est pas décerné, mais une somme de deux mille francs est
accordée à M. Clément Huart à titre d'encouragement.
« La question proposée pour le moyen âge, une étude critique des
sources de la chronique de Normandie, étant pour la seconde fois restée
sans réponse, l'Académie la proroge à l'année 1888.
« Le prix qu'a fondé notre savant confrère Stanislas Julien en faveur
du meilleur ouvrage relatif à la Chine est accordé cette année au
P. Séraphin Couvreur, pour son Dictionnaire français-chinois, œuvre
tout à fait nouvelle et originale, qui s'applique à la langue parlée, si
différente de la langue écrite, et dont tous les matériaux ont été
recueillis directement par l'auteur ou lui ont été fournis par des colla-
borateurs chinois.
« L'Académie avait à décerner deux fois le prix fondé par M™" Dela-
lande-Guérineau ; elle avait décidé d'attribuer un de ces prix aux études
orientales, l'autre aux études du moyen âge. Les trois ouvrages qui lui
ont été soumis pour ce dernier concours ne remplissaient pas les con-
ditions du programme. Pour le premier, elle accorde le prix au livre de
M. Paul Regnaud, professeur à la faculté des lettres de Lyon, la Rhé-
torique sanscrite exposée dans son développement historique et son rapport
avec la rhétorique classique, œuvre ingénieuse et savante, que l'auteur
rendra parfaite en y ajoutant les vues d'ensemble qui ont paru y occu-
per trop peu de place.
« Comme Stanislas Julien, notre confrère le marquis de la Grange a
voulu fomenter après sa mort les études qu'il avait aimées pendant sa
vie. Il a fondé un prix en faveur de la publication d'une œuvre inédite
des anciens poètes de la France ; à défaut d'une telle publication, le prix
peut être donné au meilleur travail sur d'anciens poèmes déjà publiés.
Le lauréat de cette année, M. Camille Chabaneau, réunissait ces deux
titres. L'année dernière, il publiait, d'après un manuscrit de Montpellier,
le roman en vers de Fanucl, étrange légende, d'origine certainement
orientale, sur les ancêtres de la Vierge Marie, et en môme temps il don-
nait une édition des biographies des troubadours, accompagnée d'un
commentaire bien conçu et d'une très utile bibliographie de tous les
monuments de l'ancienne littérature méridionale. M. Chabaneau s'est
d'ailleurs acquis une juste réputation par des travaux déjà nombreux,
dans le domaine de la philologie française et provençale, où se montrent
partout une érudition de première main, une grande sagacité critique,
un goût fin et un esprit judicieux. Nous sommes heureux d'avoir une
occasion de lui témoigner publiquement notre estime.
« En même temps qu3 nous couronnons les efforts de savants dont la
plupart ne sont pas nouveaux dans la carrière, nous avons l'agréable
mission de signaler au public les premiers fruits que nous recueillons
de nos deux pépinières scientifiques, l'école d'Athènes et l'école de
620
Rome. Sous l'habile et zélée direction des deux maîtres que notre Aca-
démie a mis à leur tête, elles nous donnent chaque année des résultats
qui sont déjà mieux que des promesses. D'Athènes nous avons reçu
quatre mémoires. Celui de M. HoUeaux (4« année), sur les fouilles qu'il
a exécutées en Béotie dans le temple d'Apollon Ptôos, nous a vivement
intéressés par la nouveauté des découvertes, l'importance de quelques-
unes, comme celle de la statue du dieu, et la bonne méthode à laquelle
on les doit. — Nous avons retrouvé la même méthode dans le mémoire
de M. Durrbach (3« année) sur Oropos et le sanctuaire d'Amphiaraos :
l'étude attentive et intelligente des documents httéraires et épigraphiques
a permis à l'auteur d'éclairer d'une manière nouvelle la topographie,
l'histoire et le culte d'une ville dont Athènes et Thèbes se disputèrent
constamment la possession. — M. Cousin (S^ année) a rassemblé tous
les renseignements que fournissent les inscriptions sur les magistra-
tures grecques dans les villes de second et de troisième ordre ; il a fait
avec beaucoup de soin cet utile travail pour la Grèce propre; il se
propose d'étendre ses recherches au monde grec tout entier, et nous
savons qu'il est capable de mettre un jour en œuvre les matériaux
si patiemment amassés. — M. Radet (2« année), dans un voyage en
Caramanie, a recueilli des monuments épigraphiques nombreux et inté-
ressants inconnus jusqu'à lui, relatifs, en majeure partie, à l'époque
romaine.
« Cinq mémoires nous sont venus de Rome. M. Fabre (4^ année) a fait
sur le Liber censuum ecclesiss romans;, ce document d'une si haute impor-
tance, une élude très forte, très approfondie et riche en précieux résul-
tats. — M. Langlois (3« année) poursuit, avec une patience méritoire et
une scrupuleuse exactitude, son utile catalogue des manuscrits en langue
d'oïl et en langue d'oc qui existent dans les bibliothèques de Rome. —
M. Lécrivain (2« année) a traité, avec beaucoup de méthode, un sujet
difficile et obscur, l'histoire du domaine impérial depuis Auguste jusqu'à
Dioclétien. — M. Prou (2^ année), que nous avons récompensé ailleurs,
a étudié les relations du pape Urbain V (1362-1370) avec les rois de
France. Il a su fondre habilement avec les récits des chroniqueurs les
données importantes et nouvelles que lui ont fournies les pièces diplo-
matiques. — L'étude de M. Pératé (2« année) sur les célèbres miniatures
du Terence du Vatican aborde un sujet fort curieux; la comparaison
attentive de ces scènes, peintes d'après des modèles plus anciens, avec
le texte du poète, jette du jour sur la mise en scène si mal connue du
théâtre romain. — Mentionnons enfin M. André Berthelot, quoiqu'il soit
resté hors du cadre officiel de l'École. Il a exploré avec le plus grand
soin treize manuscrits grecs relatifs à l'alchimie que contient la biblio-
thèque du Vatican. Il les a comparés avec leurs congénères de Paris, de
Florence, de Gotha, de Weimar, de Leipzig, de Vienne, qu'il a tous
examinés sur place; le jeune auteur s'est ainsi associé aux beaux tra-
624
vaux sur les origines de l'alcliimie que poursuit depuis quelque temps
son illustre père.
a Toutes ces recherches, si diverses en apparence, que nous poursui-
vons nous-mêmes, que nous dirigeons, que nous encourageons, con-
vergent, messieurs, vers un hut unique : la reconstruction, à l'aide des
documents de tout genre, de l'histoire intellectuelle, esthétique et morale
de l'humanité. L'étude du passé ne serait qu'une curiosité vaine, indigne
d'occuper des esprits sérieux, si cette grande pensée ne la soutenait tou-
jours. Mais, dès qu'ils en sont pénétrés, les travaux de ce qu'on appelle
vulgairement, et parfois un peu dédaigneusement, l'érudition, prennent
une haute et large portée. L'homme sera toujours pour l'homme à la
fois le plus grand des mystères et le plus attachant des spectacles.
Pendant que d'autres cherchent à saisir les lois du monde physique oiî
il se meut et à découvrir les lois du monde moral qui vit en lui, nous
travaillons à retrouver, à tous les âges et sous tous les cieux, l'ondoyante
évolution de son génie et de sa conscience. L'histoire proprement dite
nous fournit les faits extérieurs et les points de repère fixes auxquels se
rattachent les autres recherches; l'histoire comparative des institutions
et du droit nous fait voir comment les rapports nécessaires des sociétés
s'expriment dans les lois et comment du conflit des intérêts se dégage
progressivement la justice ; l'histoire des mœurs et des coutumes nous
initie à la vie intime des siècles passés; la géographie historique nous
permet de situer avec précision les phénomènes qu'il s'agit d'observer;
la linguistique historique fait revivre les pensées éteintes par l'empreinte
où elles se sont moulées, et applique aux civilisations disparues sa
puissante analyse qui, d'après les plus faibles indices, discerne dans un
ensemble complexe la provenance et la proportion des éléments qui le
composent; l'archéologie nous montre, dans les monuments laissés par
les peuples, dans leurs arts les plus nobles ou les plus familiers, cet
étonnant besoin de beauté en dehors de toute utilité, cette faculté de
créer un beau humain à l'aide mais au delà du beau naturel, qui font
de l'homme, dès qu'il a pris possession de lui-même, un être à part
entre tous les habitants de sa planète ; l'histoire des lettres suit la même
tendance dans un autre domaine, et nous rapproche plus directement
que toute autre étude du génie même et du cœur des sociétés abolies ;
l'histoire des sciences nous rappelle les longs tâtonnements, les échecs
touchants, les succès de plus en plus répétés et féconds de l'être débile
et désarmé qui arrive, à force de volonté, à connaître, à comprendre, à
dominer enfin la nature ; l'histoire de la philosophie nous raconte le per-
sévérant effort de la raison pour conformer à ses postulats harmoniques
les apparences confus'îs et incohérentes des choses ; l'histoire des reli-
gions nous fait assister à la douloureuse et sublime aspiration de
l'homme vers une cause première et une source de justice absolue.
Toutes s'appuyant l'une sur l'autre, toutes s'empruntant ce que cha-
622
cune a trouvé, ces muses de l'histoire gravissent ensemble les sommets
qui s'abaissent insensiblement devant elles, et d'oii elles voient toujours
mieux, toujours plus loin, mais d'où elles ne verront jamais tout, —
car le spectacle s'élargit à mesure qu'elles montent, — et dont elles
n'atteindront jamais la cime suprême, — car l'homme n'arrive à tou-
cher ni l'origine première ni la fin dernière des choses. Mais l'ascension
en elle-même est une conquête et une joie suffisante, et ceux-là seuls
la trouvent rebutante qui n'en ont pas éprouvé les vives et toujours
nouvelles voluptés. L'amour du vrai a cela d'admirable et d'unique que
tout effort qu'il dicte est déjà une jouissance en même temps qu'un
ennoblissement ; mais il réserve à ceux qui en sont possédés d'incom-
parables récompenses. Se trouver tout à coup, par une découverte
imprévue ou par de patients rapprochements, par une intuition soudaine
ou par une concentration obstinée sur un seul point, en présence d'une
vérité historique inconnue ou méconnue ; restituer par une conjecture
certaine le sens d'un passage incompris ; rendre sa vraie forme à une
pensée défigurée ; rassembler avec sûreté les débris épars d'un monu-
ment ou en retrouver le caractère et le sens ; pénétrer le mécanisme
d'une institution, le génie d'une langue, l'enchaînement logique d'une
série de faits ; voir, à la suite d'un travail longtemps et passionnément
poursuivi, surgir devant l'œil intérieur la vision de choses que le soleil
n'éclaire plus depuis des siècles ; sentir à certains moments, comme par
une soudaine effusion de sympathie, son âme passer dans l'âme des
hommes d'autrefois tout en gardant sa pleine conscience : quels ravis-
sements profonds ! quels purs triomphes I Dans ces méditations déli-
cieuses, les heures des jours et des nuits passent sans même effleurer
de leur aile ; on en garde souvent comme une ivresse, et on puise dans
la douceur du souvenir qu'elles laissent après elles le mépris facile de
tout ce qui fait l'objet des communes ambitions. Notre ambition à nous
est d'autant plus noble qu'elle est absolument désintéressée : l'érudit
ressemble à l'artiste en ce que ses travaux ne sont susceptibles d'aucune
application immédiate. Mais l'importance qu'ils ont pour l'accroisse-
ment de la valeur morale d'un peuple est considérable. C'est le souvenir
historique qui distingue le sauvage du civilisé : plus ce souvenir est
étendu et précis, plus il marque la supériorité de ceux qui le cultivent.
Ignorer ce qui s'est passé dans le monde avant nous, dit Cicéron, c'est
rester toujours enfant. L'étude sérieuse, impartiale et profonde du passé
est peut-être la plus sûre marque de la virilité d'un peuple.
« Le centre de cette étude sera longtemps encore, toujours peut-être,
l'étude de l'antiquité classique. Non pas que les vieilles civilisations de
l'Afrique et de l'Orient, le merveilleux monde indien, cette Egypte
vivante qui s'appelle la Chine, le moyen âge byzantin et occidental, les
rudiments même de culture que nous trouvons chez tant de peuples
dont la science moderne ne dédaigne aucun, ne nous offrent pour notre
623
grande tâche de précieux éléments de recherche et de comparaison.
Mais là même où la Grèce n'a pas été le modèle direct des autres civi-
lisations, elle fournit à notre esprit, formé par elle, le canon d'après
lequel nous les mesurons et nous les jugeons. Si l'étude de l'antiquité
grecque et romaine venait à dépérir, toutes les autres études historiques
tomberaient du même coup, sachons-le bien, dans la langueur ou dans
la futilité. C'est d'ailleurs pour arriver à la reconstruction du monde
antique dans son ensemble qu'a été mise en œuvre pour la première
fois, au xvi« siècle et en France, cette grande méthode d'investigation
simultanée que j'ai essayé de caractériser. Fondée par Guillaume
Budé, développée par les Estienne, les Cujas, les Muret, les Casaubon,
elle a trouvé dans le grand Joseph Scaliger son maître incontesté, qui
du premier coup l'a embrassée tout entière avec une profondeur et une
puissance incomparables. « Plus qu'aucun autre avant ou après lui, dit
« son biographe allemand, il s'est approché de l'idéal d'une compréhen-
« sion complète de la vie antique, idéal vers lequel la philologie
« moderne ne cesse de tendre. » A la fois historien, géographe, épigra-
phiste, grammairien, linguiste, archéologue, versé dans l'antiquité chré-
tienne et dans les langues orientales, n'ignorant pas le moyen âge, Sca-
liger aurait presque pu, à lui seul, représenter toute une Académie :
nous nous partageons aujourd'hui la besogne, devenue d'ailleurs bien
plus vaste et plus complexe, à laquelle il ne se serait pas senti infé-
rieur. Mais sa vraie grandeur est d'avoir compris la solidarité de toutes
ces connaissances, et de s'être placé d'emblée au point de vue élevé qui
seul leur donne leur pleine valeur. Nous ne pouvons mieux faire, dans
la mesure de nos forces, que de nous inspirer de son esprit : c'est celui
qui a dirigé les maîtres de la science moderne ; c'est celui qui doit tou-
jours animer nos travaux. J'éprouve un singulier plaisir, en ce jour où
j'ai l'honneur de parler au nom de l'Académie des sciences historiques
•et philologiques française, à rendre un hommage public à ce grand
Français, trop peu connu des siens, et je mets sous son patronage les
quelques réflexions que cette solennité m'a suggérées, et qui s'appuient
en grande partie sur ses préceptes et sur son exemple. »
— Sur le programme des concours ouverts par l'Académie pour l'an-
née 1888, nous devons signaler, au chapitre de la fondation Bordin,
trois sujets qui se rattachent à l'étude du moyen âge :
« I. Exposer méthodiquement la législation politique, civile et religieuse
des capitulaires.
« Les concurrents devront compléter cet exposé au moyen des diplômes
et des chartes de la période carlovingienne.
« Ils devront en outre indiquer, d'une part, ce que la législation des
capitulaires a retenu du droit romain et du droit mérovingien, et d'autre
part ce qui s'est conservé du droit carlovingien dans les plus anciennes
coutumes. »
624
« II. Étudier l'histoire politique, religieuse et littéraire d'Édesse jusqu'à
la première croisade.
« m. Étude critique sur les ouvrages en vers et en prose connus sous
le titre de Chronique de Normandie.
« Les mémoires devront être déposés au secrétariat de l'Institut le
31 décembre 1887. — Chacun des prix est de la valeur de 3,000 francs. »
— M. Henri "Weil a lu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres,
dans les séances du 17 et du 24 décembre 1886, le rapport de la com-
mission des Écoles d'Athènes et de Rome, sur les travaux de ces deux
écoles pendant l'année 1886. Ce rapport mentionne en ces termes les
travaux de deux de nos confrères, M. Maurice Prou et M. E. Langlois :
« Les recherches de M. Prou sur les Relations du pape Urbain V avec
les rois de France, depuis 13^2 jusqu'en 1370, ont abouti à des résultats
importants. L'auteur a consulté avec grand profit un compte du gou-
verneur du Dauphiné, dont un double exemplaire se trouve dans le
fonds de la reine de Suède et aux archives du département de l'Isère,
les registres pontificaux du Vatican et diverses collections de la Biblio-
thèque nationale. Le résumé qu'il a fait de tous ces documents forme
un chapitre intéressant de l'histoire du règne de Jean le Bon et de
Charles V. Les données que fournissent les pièces diplomatiques y sont
habilement fondues avec les récits des chroniqueurs, que M. Prou
interprète avec beaucoup d'aisance et de critique. Le travail qui nous
a été soumis prouve que l'étude des registres pontificaux du xiv« siècle
ne sera pas moins fructueuse pour notre histoire que l'étude des registres
du xnie siècle.
« M. Langlois est resté fidèle aux recherches qui l'avaient occupé en
1885. Il remit l'an dernier une notice sur quatre-vingts manuscrits en
langue d'oïl ou en langue d'oc faisant partie du fonds de la reine de
Suède. Il a continué en 1886 ce travail de patience méritoire et de scru-
puleuse exactitude. Il faut louer le soin avec lequel ce jeune savant a
relevé tout ce qui peut servir à l'identification des ouvrages ou à l'histoire
des manuscrits ; toutefois nous croyons qu'en général les notices sont trop
longues et que beaucoup de citations devraient être réduites considérable-
ment. Il était inutile de transcrire des pages du roman de Sydrac ou du
Trésor de Brunet Latin, puisqu'on possède de ces ouvrages un grand
nombre de copies qui valent mieux que celles du Vatican. Il n'était peut-
être pas indispensable, pour les manuscrits postérieurs au commence-
ment du xv« siècle , de donner les premiers mots du deuxième feuillet,
à moins qu'on ne supposât que ces manuscrits ont pu appartenir à des
bibliothèques princières, où ce moyen d'identification était employé. Il
y avait peu d'intérêt à reproduire des listes de manuscrits qui avaient
déjà été données par les éditeurs; mais il faut dire que M. Langlois
n'avait pas à sa disposition des renseignements bibliographiques suffi-
sants, et que dans le doute il lui pouvait sembler plus sage d'en donner
625
trop que d'en donner trop pou. Ainsi s'explique aussi l'erreur, en
quelque sorte inévitable, où il est tombé en croyant avoir découvert
quelques ouvrages jusqu'ici non signalés. Nous devrons cependant aux
dépouillements de M. Langlois la connaissance d'un assez grand
nombre de particularités intéressantes, parmi lesquelles il convient de
signaler l'analyse d'une traduction, jusqu'ici inconnue, do la Consola-
tion de Boëce, C'est grâce à M. Langlois que le nom du traducteur,
maître Pierre de Paris, prendra place dans nos annales littéraires de
la fin du xni« siècle ou du commencement du xiv«. »
— Notre confrère M. Gustave Desjardins a obtenu de l'Académie
française l'un des prix de la fondation Marcelin Guérin. Le secrétaire
perpétuel, M. Camille Doucct, apprécie dans ces termes le livre de
M. Desjardins intitulé le Petit Trianon :
« Comme pour le prix Thérouanne et pour le prixThiers, l'Académie
s'est vue dans la nécessité de distribuer, entre un grand nombre de con-
currents, les sommes affectées au prix Bordin et au prix Marcelin Guérin.
« S'élevant ensemble à huit mille francs, ces deux prix sont décernés
à huit ouvrages, par fractions égales de mille francs chacune.
« Par une singuhère coïncidence, tandis que M. le comte de Reiset,
ancien diplomate, présentait au concours Bordin un superbe ouvrage,
en deux grands volumes, sur les Modes et Usages au temps de Marie-
Antoinette, de son côté, M. Gustave Desjardins, ancien élève de l'Ecole
des chartes, soumettait à l'Académie, pour le concours Marcelin Guérin,
un très beau volume intitulé le Petit Trianon, traitant à peu près le
même sujet et rappelant les mêmes souvenirs.
« Ce n'était pas une raison pour que l'un de ces livres fût sacrifié à
l'autre, quand tous deux méritaient que l'Académie les récompensât.
« Ayant retrouvé les notes et les mémoires de M™e Éloffe, marchande
de modes de la cour, M. le comte de Reiset s'en est habilement servi
pour recomposer par le menu, pour vivifier, en animant sa physiono-
mie, la société brillante qui entourait la jeune reine. « Ceux qui n'ont
« pas connu ce temps, disait M. deTalleyrand, n'ont pas connu ladou-
« ceur de vivre. » Parmi les grandes dames, naïvement frivoles, dont
M. de Reiset esquisse si agréablement le portrait, combien devaient
connaître, à leur tour, la douleur de mourir dans toute la force de la
jeunesse, dans tout l'éclat de la beauté ! Le jour des épreuves ne les prit
pas au dépourvu. Au-dessus de toutes s'élève la noble figure de la reine,
qui, donnant toujours l'exemple, après avoir été la première par la
grâce, se trouve encore, dans le malheur, la première par le courage.
« Si M. le comte de Reiset pouvait être soupçonné de quelque préven-
tion favorable, il est constant, au contraire, que M. Gustave Desjardins
avait commencé son travail sous la pression de sentiments pour le moins
très peu sympathiques. Mieux éclairé à son tour par une étude appro-
fondie des faits et des caractères, devenant dès lors d'autant plus juste
626
qu'il avait voulu être plus sévère, il n'hésite pas à reconnaître que, d'un
certain ensemble d'habitudes légères et de préoccupations mondaines,
il sort néanmoins un mouvement d'esprit favorable aux arts et qu'une
pensée sérieuse se dégage d'un milieu qu'on juge superficiellement quand
on prétend qu'il n'était que frivole. Nul témoignage ne fait plus d'hon-
neur à l'infortunée souveraine et ne plaide mieux en sa faveur que celui
d'un historien équitable qui, se reprenant sur lui-même, finit bientôt
par admirer à son tour des vertus dont, avant de subir leur charme, il
avait un moment douté.
« De ces deux ouvrages, que tout rapprochait d'avance et que je ne
pouvais pas séparer, le premier, dû à la plume élégante de M. le comte
de Reiset, a été placé en tête de ceux que récompense le prix Bordin.
« Au second, dont M. Gustave Desjardins est l'auteur, une égale faveur
assigne le premier rang parmi les cinq élus du concours Marcelin Guérin. »
LES TROPES DE M. LÉON GAUTIER.
La présente livraison était déjà à peu près entièrement imprimée
quand a paru, aux librairies de Victor Palmé et d'Alphonse Picard, un
volume qui sera accueilli avec le plus sympathique empressement et la
plus vive satisfaction par tous les lecteurs de la Bibliothèque de l'École
des chartes. Notre confrère M. Léon Gautier nous y donne une notable
partie de cette histoire de la poésie liturgique du moyen âge latin, sur
laquelle il s'essayait déjà avec succès, il y a plus de trente ans, dans une
thèse dont l'École a gardé le souvenir.
L'élégant volume dont nous tenons à saluer des premiers la publica-
tion * porte uniquement sur les tropes ; l'auteur y fait connaître dans les
plus menus détails la nature, l'origine et les vicissitudes de ces morceaux
d'office auxquels est intimement liée l'histoire de la poésie latine, de la
musique et du théâtre au moyen âge. Sans jamais sortir du sujet, notre
confrère a abordé plusieurs questions de genres très variés et les a
amplement traitées, d'après des recherches tout à fait originales, avec
une chaleur d'exposition dont il a le secret et qu'il sait allier à une scru-
puleuse exactitude. Le livre qu'il a composé forme une œuvre d'érudi-
tion aussi instructive qu'intéressante.
Ce qu'il faut surtout louer dans le livre que nous annonçons, c'est le
talent dont M. Léon Gautier a fait preuve en montrant quelles ressources
les monuments liturgiques ^ous offrent pour apprécier l'esprit et les
habitudes de la société religieuse du moyen âge, surtout à partir du
IX' siècle. Nous lui savons un gré particulier des longues notes dans les-
1. Histoire de la poésie liturgique au moyen âge. Les Tropes. I. Paris, V.
Palmé et k. Picard, 1886. la-S" de viii et 280 pages, avec de nombreux fac-
similés dans le texte.
627
quelles il a analysé avec une remarquable compétence quarante tro-
paires conservés à Paris, à Saint-Gall, à Vienne, à Munich, à Berlin,
à Rome, à Londres et à Oxford. A elles seules, ces descriptions suffi-
raient pour recommander le livre de M. Gautier et pour lui assurer une
place distinguée dans toutes les bibliothèques consacrées à la paléogra-
phie et à la littérature du moyen âge.
Léopold Delisle.
LE CODEX AUREUS DE TRÊVES.
La Société de l'histoire du Rhin {Gesellschaft fur rhcinische Geschichts-
kuncle) a décidé de publier, en recourant aux procédés de l'impression
en couleur, l'évangéliaire carolingien conservé à la bibliothèque de la
ville de Trêves, connu sous le nom de Codex aureus. L'introduction de
cette publication est confiée aux professeurs Menzel et Kekulé, de l'uni-
versité de Bonn, qui mettront en lumière l'importance paléograpbique
du manuscrit et la valeur artistique de ses miniatures,
ÉVANGÉLL\IRE GÉORGIEN.
On a donné récemment à la Bibliothèque impériale de Saint-Péters-
bourg deux feuillets de parchemin qui paraissent appartenir à un évan-
géliaire géorgien du xn^ ou du xni* siècle : l'un des feuillets représente
saint Luc, peint en rouge et or, assis et écrivant la parole divine, l'autre
représente le Sauveur; les physionomies ont le type géorgien très carac-
térisé, les ornements sont traités dans le style byzantin. Ces deux feuillets
peuvent prendre place dans la bibliothèque de Saint-Pétersbourg à côté
des miniatures de l'évangéliaire de Pizunda du xn^ siècle et de celles d'un
autre évangéliaire géorgien de la même époque.
L'ABBÉ ADERALDUS.
Dans les comptes rendus de l'Académie impériale des sciences de
Vienne (CXIl, 281), M. le D"- W. von Hartel vient de publier un
petit poème latin du xi« siècle, que feu Gustav Loewe avait copié dans
un manuscrit de l'église de Tolède, aujourd'hui conservé à la Biblio-
thèque nationale de Madrid (Exposition de saint Augustin sur les
cinquante premiers psaumes). Nous croyo* devoir reproduire ce mor-
ceau, qui a sans doute une origine française. Il a été composé par un
moine appelé Osbernus, qui a tracé son nom en caractères grecs et qui
a fait un pompeux éloge de son abbé Aderaldus.
On s'est demandé s'il s'agissait là d' Aderaldus, archidiacre de Troyes,
mort au commencement du xi^ siècle , dont les actes sont dans le
628
recueil des Bollandistes (octobre, VIII, 980). Mais ce personnage ne
paraît pas avoir eu le titre d'abbé. Ne faudrait-il pas plutôt y voir un
abbé de Saint-Nicolas d'Angers, nommé Aderaldus, qui vivait au milieu
du xi^ siècle et sur lequel M. Hauréau a donné d'amples renseignements
dans la Gallia christiana (XIV, 670)?
Voici les vers dont nous devons la connaissance à MM, Loewe et von
Hartel :
Metrum Saphicum, constans ex trocheo spondeo dactilo, ultimus
indifferenter ponitur, quod quidam cecinit in hylaritate mentis suse
infra portas filise Syon coram fratribus.
Dum cibis corpus modicis fovetur,
Pinguis arvina stomacus macrescit,
Dumve non pinsat puteal palati
Grapula putris,
Gordis ignescat generosus ardor,
Mentis excrescat pia fortitudo,
Longius prisca tetrici fugata
Griminis obba.
Mittis (sic) ut frondes zepbirus virentes
Veris accessu revehit tepentis,
Seu velut tellus liquefacta sulcis
Gignit orexim :
Mollibus sic nos moderans habenis,
Suggérât vires vitio carentes,
Dedat et fletus nimios ocellis
Spiritus almus.
Hoc Agustini studui volumen,
Dum rudis normse modulis docerer,
Tum pia fratres Aderaldus abbas
Lege regebat.
Ac regat glisco dinturnus sevo.
Bis mori pro quo paterer libenter,
Si vel undenps sibi lucis auctor
Adderet annos.
Gui Deus fidum socians alumnum,
Quem piae sorti. conivet priorem,
Gorrigens segnes, pietate mittes
Tempérât omnes.
629
Qualis aurorœ rutilans ab ortu
Phebus albescit radio micanti,
Noctis incusas spetiosus alas
Rumpere curât :
Talis est hujus pénétrai libelli,
Inter augustum recreans ocellum,
Luminis pulpa) scabiem fugantis
Dote salubri.
Flaetibus largis avet immolari
Intimum cujus liber hic vibravit,
Sepia nexus habiles notavi
Sirmatis ampli.
Hune tenens Iota ab manibus podagra
Fratris coCbHPNy meinor hortor adsis
In tui saltim precibus cubihs
Fletibus apti.
Ut Dei cernas sabaoth tribunal,
Gœtibus sacris mereare jungi,
Gum quibus possis pie dytirambis
[Pneumjatis uti. Amen.
Les 3«, 5« et 11' strophes sont accompagnées de neumes.
MANUSCRIT DE L'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE DE BEDE
COPIÉ PAR ORDERIC VITAL.
Dans un article de la Bibliothèque de l'École des chartes, en 1873 ^,
M. L. Delisle a signalé un certain nombre de manuscrits, copiés dans
l'abbaye de Saint- Évroult, de la main d'Orderic Vital, et qui sont
aujourd'hui dispersés à Paris, à Rouen ou à Alençon. « L'écriture
(d'Orderic Vital, disait M. Delisle) est ferme et nette ; elle a toujours
un caractère particulier et, pour ainsi dire, individuel, qui permet de la
distinguer dans la foule des écritures de la même époque; nombre de
traits y dénotent une main calme et très exercée, qui s'était habituée à
un système rigoureux et constant de lettres et de signes abréviatifs, et
qui cependant n'arrivait pas à donner à l'ensemble de l'ouvrage cette
merveilleuse uniformité qui rend tant de manuscrits du xii^ siècle com-
parables à des livres 'mprimés. Entre autres particularités, vous y pour-
1. P. 267 et suivantes. Lettre à M. Jules Lair sur un exemplaire de Guil-
laume de Jumièges copié par Orderic Vital.
630
rez remarquer la lettre g, la conjonction et, la façon dont la syllabe rum
est abrégée à la fin des mots et le signe qui tient lieu des lettres us ou
ue dans lés mots terminés en bus ou en que^. »
Le manuscrit U. 43 de la bibliothèque de Rouen présente tous ces
caractères, et, si l'on rapproche l'écriture de ce manuscrit de celle des
fac-similés que M. Delisle a pris soin de joindre à sa notice, il n'y a
plus aucun doute qu'on se trouve en présence d'un nouveau volume
copié par Orderic Vital. Le manuscrit contient VHistoire ecclésiastique
de Bède, avec différents autres textes hagiographiques ; c'est sans doute
le même qu'on trouve cité dans l'ancien catalogue de Saint-Bvroult,
rédigé vers le milieu du xn^ siècle 2, et auquel Orderic Vital a fait allu-
sion dans le chapitre xlvu du livre XII de son Histoire^.
Orderic n'a pas copié en entier le ms. U. 43 de Rouen ; depuis le
fol. 1 jusqu'à la sixième ligne du fol. 33 v», où se terminent les Gesta
Salvatoris, on trouve l'écriture impersonnelle et plus grosse d'un copiste
contemporain. Orderic a revisé cette première partie du manuscrit et
noté dans les marges ou entre les lignes différentes corrections''*. A par-
tir de ce feuillet, il a continué et terminé la copie du manuscrit, et l'on
ne voit reparaître la main du premier écrivain qu'aux six premières
lignes et demie du fol. 75, au commencement d'un cahier, dans le cha-
pitre XX du livre III de l'Histoire ecclésiastique de Bède.
Le ms. U. 43 de Rouen est un volume in-folio, sur parchemin, de
186 feuillets, mesurant 0™310 sur 0™210; après avoir été conservé à
Saint-Évroult, il est entré au xvii® siècle dans la bibliothèque de l'ab-
baye de Saint-Ouen de Rouen. Voici la description détaillée de son
contenu :
Fol. 1. « Sermo de dedicatione aecclesise. Quid significent duodecim
candele. Morem quem sanctaœcclesia tenet in solennidomus Dominicae
consecratione... ( — Quare super liminare ter percutitur et Fax huic
domui dicitur. — Quid significet quod sacerdos alphabetum in pavi-
mento scribit. — Gur aqua sali cinerique miscetur et super aquam ex
sale et cinere ter crux figitur. — Quid sit quod sacerdos per nn'"' altaris
cornua digito crucem facit. — Quid significet aquae effusio ad basim
altaris. — Quid signetur in varia unctione altaris. — Quid innuat trans-
latio reliquiarum etconditio earum inaltari.) — ... Etsicut per prophe-
tam dicitur : Lseticia sempiterna erit eis. »
Fol. 10. « Incipit expositio in celebratione misse a Remigio Autisio-
dorensi édita, et sanctorum patrum sententiis et auctoritate confirmata.
1. P. 270.
2. Publié par M. L. Defisle dans sa Notice sur Orderic Vital (1855). Édition
de la Société de l'histoire de France, p. x.
3. Même édition, t. IV, p. 487.
4. Voyez aux fol. 5, 10, 12, 13 v, 18 v, 23 v% 24, 25 V, 27, 29 et V, 32 v.
631
Gaelebratio missse in commeraorationem passionis Ghristi... — ... a
Domino esse recepta. »
Fol. 23. « In nomine Dei summi, incipiunt Gesta Salvatoris domini
nostri Jesu Ghristi, quse invcnit Tiieodosius mugnus imperator in Jéru-
salem, in pra3torio Pontii Piiati, in codicibus publicis. Factum est in
anno nono decimo imperii Tyberii... quœ gesta sunt de Jesu in pra3to-
rio meo. Expliciunt Gesta Salvatoris. »
Fol. 33 v°. Distinctiones theologicte. « Domine, ante te est omne desi-
derium meum. Quattuor vero desideria sunt animaî pœnitentis... »
Fol. 34. JBedae presbyteri Historiae Anglorum libri V. (Migne, Patr.
lat, t. 95, col. 21-290.)
Fol. 121 y". « Gonquestus de abjectione et desolatione sanctae Dei
aeclesiœ,
« Sponsa Dei miseranda jacens possessa dolore... »
« Die caro mortalis, die de putredine vermis... b
« Sicut ad omne quod est mensuram ponere prodest... »
Fol. 122.
« Gives cœlestis patrise régi regum concinite... »
Fol. 122. Distinctiones theologicœ. « Decem speties bonœ intentionis
sunt... — (De superbia et ramis ejus. — De itinere Ghristi et provectu
animse. — De quadruplici alphabeto Jeremiae. — Quid signilicent xv
anni Ezechyœ additi.) »
Fol. 130. Vita sancti Martini Turonensis, auctore Sulpicio Severo.
(Migne, Patr. lat., t. 20, col. 159-176.)
Fol. 139 Y». Sulpicii Severi epistolae très. (Ibid., col. 175-184.)
Fol. 142 v°. « Item de transitu sancti Martini. Archadio vero et Hono-
rio imperantibus sanctus Martinus... — (Fol. 143.) Item unde supra.
Beatus autem Severinus, Colonensis episcopus... — (Fol. 143 v^.) Item
de transitu sancti Martini. Eo nanque tempore beatus Ambrosius cujus
hodie flores eloquii — (Ibid.) Quando corpus ejus translatum est. Operse
precium est enim etiam illud inserere lectioni... »
Fol. 144. Sulpicii Severi dialogi très. (Migne, ibid., col. 183-222.)
Fol. 162. « Adbreviatio Alcuini phylosophi de vita et virtutibus
sancti Martini. » (Migne, Patr. lat., t. 101, col. 657-664.)
Fol. 163 v». « Liber miraculorum sancti Martini, editus a sancto
Gregorio episcopo scilicet suo. » — Le manuscrit ne contient que le
livre I^"" et les 24 premiers chapitres du livre II des Miracles. (Migne,
Patr. lat., t. 71, col. 91-952.)
Fol. 177. a Passio sanctorum martyrunr Romani monachi, Ysicii
palatini et Baralae infantis. Tempore illo, sub Dioclitiano et Maximiano
imperatoribus, cum esset persecutio in partibus Orientis... »
Fol. 178 v». « Passio sanctorum geminorum Speusippi, Eleusippi et
Meleusippi, quae est xvi kl. i'ebr. Sub Aureliano imperatore, Lingonis,
très pueri fratres... »
632
Fol. 181 v». « Passio sanctorum Gosmœ et Damiani. Tempore illo
erat quœdam mulier timens Deum, nomine Theodora... »
Fol. 184 v°. « Passio sancti Benigni presbiteri etmartyris. Aurelianus
imperator quondam ad castrum cui nomen est Divione... »
Fol. 186. Lettre du prêtre Jean à l'empereur Manuel, a Johannes
presbiter potentia et virtute Christi et Dei rex regum et dominus
dominantium precelso amico suo Manuel! Romano gubernatori salu-
tem... Nunciabatur aput me quia diligebas me... — ... gerit in manu
ingentem et amplum rubitium. »
CÉDULE RELATIVE A LA CONSÉCRATION D'UN AUTEL
EN 1200.
On a récemment découvert dans l'église de Valcabrère (Haute-
Garonne), sous la table de l'autel, une cédule de parcbemin écrite en
1200, au moment de la consécration de cet autel par Raimond, évèque
de Comminges. Nous allons en reproduire le texte, d'après un fac-similé
inséré dans le Bulletin monumental, à l'appui d'une relation de la décou-
verte par M. Bernard, de Luchon :
« Audi, Israël. Dominus Deus tuus unus est. Non accipies nomen Dei
tui in vanum. Observa diem sabbati. Honora patrem tuum et matrem
tuam. Non occides. Non mecaberis. Non furtum faciès. Non fausum
testimonium dices. Non concupices (sic) rem proximi tui. Non desidera-
bis uxorem ejus.
« Initium sancti euangelii secundum Matheum : Liber generationis
Jhesu Gbristi, filii David, filii Abraham.
« Initium sancti euangelii secundum Marcum : Ecce ego mitto ange-
lum meum.
« Initium sancti euangelii secundum Lucam : Fuit in diebus Hero-
dis régis sacerdos nomine Zacariam (sic).
« Initium sancti euangelii secundum Johannem : In principio erat
verbum, et verbum erat apud Deum.
« Anno ab incarnatione Domini Mo GG", régnante Philippo rex {sic)
Francorum, mensis octobris, hoc majus altare est consecratum in
honore sancti Stephani protomartyris et sanctorum martyrum Justi et
Pastoris, a domno R. Gonvenarum episcopo. »
LE
SUFFIXE « -lACUS, -lACA »
A l'époque mérovingienne et à l'époque carlovingienne, il y
avait un suffixe -iacus, -iaca qui servait à former des noms
de lieu. Ces noms de lieu étaient dérivés de noms d'homme; tel
est par exemple, dans un diplôme de l'année 864, le nom de
Corbmiacus, aujourd'hui Corbigny, qui tirait son nom de
Corho, Corbonis : « Qui a Corbone viro inclito Corbiniacus
dicitur^ »
Nous trouvons vers la même époque la même doctrine dans la
vie apocryphe de saint Domitien, fabriquée, pour servir de cadre à
un acte faux, probablement par un moine de l'abbaye de Saint-
Rambert-de-Joux. On imagina que les droits de propriété des
moines de Saint- Rambert sur l'emplacement de leur abbaye
avaient pour fondement une donation faite par un certain
Latinus, l'an premier d'un empereur Valentinien. Et pourquoi
choisit-on ce nom de donateur ? Parce que près de Saint-Rambert
il y avait un village appelé Latmiacus, aujourd'hui Lagnieux.
Saint-Rambert et Lagnieux sont deux chefs-lieux de canton de
l'arrondissement de Belley (Ain). Voici donc la fable inventée par
l'auteur de la vie apocryphe de saint Domitien : « Il y avait un
homme du nom de Latinus. Il habitait une propriété qui lui
appartenait et qui s'était appelée d'abord Calonia, tirant ce nom
d'une fontaine appelée elle-même Calomia. Mais cet homme, qui
était puissant et illustre, voulut que la fontaine et sa propriété
prissent son nom; l'une devint donc le fons Latinus, l'autre la
villa Latiniacus, et ces noms subsistent encore aujourd'hui-. »
1. Gallia christiana nova, t. IV, instrumenta, col. 58 C.
2. Erat praeterea quidam vir Latinus nomiae, secundum saecularem polen-
tiam nobilissimus, in praedio suo quod dicebatur pridem Calonia a fonte, qui
44
634
Il est vraisemblable que ces lignes ont été écrites au ix^ siècle :
le plus ancien martyrologe qui parle de saint Domitien est celui
d'Adon, archevêque de Vienne, mort en 874, et Adon s'est sans
doute inspiré de la vie apocryphe fabriquée dans l'intérêt des
moines de Saint-Rambert ^ De la charte de 864, citée plus haut,
et dont nous rapprochons la vie de saint Domitien, il résulte que
dans le monde lettré du ix*" siècle on croyait à l'existence d'un
suffixe iacus, à l'aide duquel les noms d'homme se transfor-
maient en termes géographiques.
Cette doctrine remonte plus haut. On la trouve déjà à l'époque
mérovingienne. Elle est supposée par un passage du traité écrit
par Grégoire de Tours en l'honneur des confesseurs : In gloria
confessorum. La piété des clercs de Tours expliquait par le
nom de leur grand évêque Martin celui du petit village voisin
qu'on appelait alors Martiniacus, aujourd'hui Martigny (Indre-
et-Loire). On croyait que, si on appelait ainsi ce village, c'était
parce que l'illustre évêque y allait souvent prier 2. Nous connais-
sons quelques-uns des faits sur lesquels cette doctrine s'appuyait.
Les documents de l'époque mérovingienne, comme ceux de la
période carlovingienne, nous font connaître des noms de lieu for-
més par la combinaison du suffixe -iacus avec des noms d'homme
francs. Nous connaissons par les monnaies mérovingiennes le
nom des villages appelés Teodeberciacus et Teodoriciacus^,
qui dérivent des noms d'homme Theudobercthuset Theudericus.
Calonna vocabatur, trahens vocabulum. Sed hic vir, cum esset potens et incli-
tus, voluit a nomine suo fonti et villae trahi vocabulum, id est a Latino fons
Latinus, iude et villa Latiniacus, quœ nomiaa usque in hodiernum diem et fons
et villa retinent. Voyez les BoUandistes, tome I de juillet, p. 51, col. 2; p. 52,
col. 1. Cf. J. Quicherat, De la formation française des anciens noms de lieu,
p. 34.
t. On trouvera le passage du martyrologe d^Adon (écrit vers 858), qui concerne
saint Domitien, chez Migne, Patrologia latina, t. CXXIII, col. 295 B. Du mar-
tyrologe d'Adon, saint Domitien a pénétré dans celui d'Usuard, écrit vers 859
ou 860 (voy. Migne , Patrologia latina, t. CXXIV, col. 213-214 B), et dans le
martyrologe de Notker, écrit vers 875 (Migne, t. CXXXI, col. 1114). Il n'est pas
question de saint Domitien dans le martyrologe de Raban Maur, vers 845 (Migne,
t. ex, col. 1154 AB).
2. In villa Martiniacensim in quo célèbre ferebatur saepius orasse Martinum.
Grégoire de Tours, Liber in gloria confessorum, c. 8 ; édition donnée par
W. Arndt et Br. Krusch, p. 753, 1. 16-17.
3. A. de Barthélémy, dans la Bibliothèque de l'École des chartes, 6^ série,
t. I, p. 462, n- 634, 635.
635
Un diplôme de 709 mentionne une localité appelée une fois Chil-
driciagas avec un p, qui montre comment se prononçait alors en
Gaule le c médial latin, et deux fois Childriciaegas avec un ae,
où l'on voit que déjà Va tonique latin fléchissait en e^ Ce nom
de lieu dérive du nom d'homme bien connu Childericus. Un
diplôme du même siècle, mais de la période carlovingienne, puis-
qu'il appartient à l'année 768, nous offre Popiniagas-, dérivé
de Popo, nom d'homme hypocoristique qui se rencontre sou-
vent dans la race germanique et dont le plus ancien exemple
paraît nous être donné par un duc des Frisons en 734, comme
nous l'apprend un continuateur de Frédégaire ^ Dans le siècle
suivant, un diplôme sans date de Louis le Débonnaire, 814-840,
nous apprend le nom de la finis Dodiniaca* dérivé de Dodo,
autre nom hypocoristique très fréquent qu'on trouve déjà chez
Grégoire de Tours ^ De ces exemples, il faut rapprocher le Cor-
bmiacus, aujourd'hui Corbigny, dérivé du nom d'homme Corbo,
-onis, suivant une charte de l'année 864 déjà citée.
On ne peut donc contester qu'aux époques mérovingienne et
carlovingienne on ait en France formé des noms de lieu en
développant au moyen du suffixe -iacus un certain nombre de
noms d'homme. Non seulement ce fait se produisait, mais l'exis-
tence de ce fait grammatical avait été constatée dans le monde
lettré contemporain. On ne procédait pas ainsi à l'époque romaine.
A cette époque, la désinence -i-acus dans les noms de lieu se
décomposait en deux éléments : le dernier était le suffixe -âcus
d'origine celtique; le premier, i, était une notation du suffixe
-io-s caractéristique du gentilice romain. Le Latiniacus de la
Vie apocryphe de saint Domitien est dérivé, non pas du surnom
romain Latinus, mais àxx^euiWxceLatinius, dont les inscriptions
nous offrent de nombreux exemples. Le Martiniacus de Gré-
goire de Tours a été ainsi dénommé, non pas à cause des pieuses
oraisons de l'illustre saint Martin, mais parce qu'il a eu à une
date reculée un obscur propriétaire appelé Martinius; et ce
1. Tardif, Monuments historiques, n" 43, lignes 4, 8, 11, 16, p. 36; cf. Perlz,
Diplomatum imperii (omus pritnus, n° 76, p. G7, 1. 37, 43; p. 68, 1. 1, 8.
2. Tardif, Monuments historiques, n° 62, p. 52.
3. Dom Bouquet, l. II, p. 455 c.
4. Tardif, Monuments historiques, n" 132, p. 92.
5. Gondesigilura Sanctonicum comitem, cognomine Dodonem. Grégoire de
Tours, livre VIII, c. 22; éd. Arndt, p. 339, 1. 32.
636
gentilice n'est pas imaginaire : plusieurs inscriptions l'attestent ^
Le suffixe iacus doit sa création à l'analogie. En Gaule, à
l'époque de la conquête barbare, la très grande majorité des noms
de lieu, étant des noms de fundi dérivés de gentilices romains
en -lus, se terminaient en iacus. Mais, à cette date, il n'existait
plus de gentilices, par conséquent on ne comprenait plus bien le
mode de formation usité dans la période classique, et, quand les
Francs, qui donnèrent leurs noms à leurs propriétés, voulurent
imiter le procédé romain, ce fut le groupe iacus qu'ils ajoutèrent
à leurs noms, tandis qu'ils auraient dû emprunter une lettre de
moins, la lettre z, aux noms qui leur servirent de types, et suivre
les vieux exemples tels que Turnacus de Turnus^, Eburacus
d'Eburus^, Avitacus d'Avitus^.
H. d'Arbois de Jdbainville.
1. Brambach, Corpus inscriptiomim rhenanarum, n"' 904, 1130, 1330; Cor-
pus inscripiionum latinarum, t. VII, n" 353.
2. Turnus n'est pas seulement le roi légendaire des Rutules, que tout le
monde connaît par Virgile et Tite-Live. Parmi les correspondants de Sidoine
Apollinaire se trouvait un certain Turnus, auquel est adressée la lettre xxiv du
livre IV des Epistolae. Cela prouve que le cognomen Turnus existait en Gaule
au v" siècle. Ce cognomen remonte, dans le monde romain, au i" siècle au
moins, puisqu'il était porté par un aftVanchi influent à la cour de Titus et de
Vespasien, et qui dut à ses satires une certaine célébrité. Voir les textes réunis
par Teuffel, Geschichte der rœmischen Literatur, 323, 2, 3" édition, p. 733.
3. Des exemples de ce cognomen ont été réunis par Vincent de Vit, Totius
latinitatis onomasticon, t. II, p. 687. Du gentilice dérivé Eburius, ibidem,
p. 686, est venu Eburiacus [fundus].
4. Sur le cognomen Avitus et sur le gentilice dérivé Avitius, d'où Avitiacus
[fundus], voir De Vit, ibid., p. 591.
BIBLE DE CHARLES V
ET
AUTRES MANUSCRITS DU CHAPITRE DE GIRONE
La magnifique Bible gardée aux archives du chapitre de
Girone a été signalée à plusieurs reprises ; elle a même fait l'objet
de notices intéressantes. Récemment encore, M. le chanoine
Carini a , dans son rapport sur les dépôts d'archives de l'Es-
pagne, appelé de nouveau l'attention des érudits sur ce manuscrit,
et, dans le fascicule de la Revista de Gerona du mois de décembre
dernier, M. Girbal a consacré un article à ce même sujet. Il y a
place néanmoins, si je ne me trompe, pour une étude descriptive
de ce volume précieux qui appartient à la France par son histoire,
sinon par son origine.
Une note autographe de Charles V, dont le texte est donné
plus loin, indique, en effet, que la Bible de Girone a fait partie de
la bibliothèque de ce souverain ; il l'avait achetée au couvent de
Saint-Lucien de Beauvais et la prêta à l'évêque de cette ville,
Jean de Dormans ; après la mort de cet évêque, survenue en 1373,
la Bible fit retour à la fameuse librairie du Louvre*. Plus tard elle
passa au duc de Berry : elle était entre ses mains en 1383 et
1384. Elle fut donnée au xv^ siècle à l'archevêque de Saragosse,
Dalmace de Mur, qui avait été envoyé en ambassade à la cour
de France par le roi d'Aragon. Ce prélat avait occupé le siège
épiscopal de Girone; il légua la Bible à son ancienne cathé-
drale et le chapitre entra en possession de ce trésor artistique le
10 octobre 1456 2.
J. Ces détails nous sont connus par un article de la bibliothèque de Charles V,
communiqué par M. Deiislc à II. Meyer et publié par ce dernier dans la Revue
critique, d'histoire et de littérature, n" du 15 juin 1868. Voy. aussi le Cabinet
des manuscrits de la Bibliothèque nationale de M, Delisle, 1, pp. 35 et 43.
2. Voy. Girbal, loc. cit., et dans VEspaha sagrada, t. XLIII, le procès- ver-
bal de la remise de la Bible au chapitre.
638
La Bible de Girone est écrite sur vélin ; elle a 535 feuillets,
plus deux feuillets de garde en parchemin au commencement et
autant à la fin. Les feuillets mesurent 0°'424 de hauteur sur
0°'243 de largeur. Elle est reliée en velours rouge et maintenue
fermée au moyen de quatre pattes de la même étoffe terminées
par des fermaux d'or ciselé, ornés eux-mêmes d'une plaque
d'émail bleu semé de France ; cette plaque est percée d'un trou
rond dans lequel on engage un ardillon planté sur le premier plat
du volume. La reliure primitive était, paraît-il, de damas bleu ;
c'est avec une couverture pareille que le manuscrit est signalé
dans un inventaire de 1470. En 1629, on le revêtit de velours
vert. La date de la reliure actuelle est inconnue*. Jusqu'au
folio 493 verso inclusivement, les pages sont occupées par deux
colonnes de 0"080 sur 0"275. Du folio 494 au folio 535, les pages
sont divisées en trois colonnes. Au folio 493 verso, première
colonne, on relève les mentions suivantes : « Explicit Biblia. »
Et plus bas, en majuscule onciale : « Magister Bernardinus de
Mutina fecit. » Au bas de la colonne, en lettres dont les hastes
sont fort allongées : « Laus tibi sit, Christe, quoniam liber expli-
cit iste. » Au-dessous de ce vers se lit la signature du roi
Charles V (Charles), qui a tracé de sa main, au haut de la
seconde colonne, les sept lignes suivantes :
Geste Bible est a nous
Charles le V« de notre
nom, roy de France, et
l'achetâmes de Saint
Lusien de Biauvez, l'an
mil CGC LXX VIII. Escrit
de notre main.
Je ne m'étendrai pas sur le contenu du volume. Les premiers
livres de l'Ancien Testament occupent jusqu'au folio 212 recto ;
viennent ensuite les psaumes (212-238 recto). Le texte s'arrête
à la première colonne de cette dernière page pour ne recommencer
qu'au folio 240. Le livre des Proverbes, l'Ecclésiaste, etc., sont
suivis des Prophètes (275 verso) et des Machabées (368 verso),
des Evangiles (390) et des Epîtres (438), des Actes des apôtres
(467) et des Epîtres canoniques (480 verso), enfin de l'Apoca-
lypse (487). Le volume est terminé par des « Interpréta tiones
hebraicorum nominum super totam bibliothecam. »
1. Voy, Girbal, loc. cit.
«39
Le folio 238 et le folio 493, ce dernier surtout, paraissent
avoir formé, à une certaine époque, la fin du volume. La première
colonne du folio 238 s'arrête au milieu ; l'encre est altérée par
le frottement; le texte ne reprend qu'au folio 240. Au verso du
folio 493, l'altération de l'encre, la niaculation de la page sont
plus sensibles encore; les notes que j'ai données plus haut ne
laissent pas de doute : le manuscrit a dû se terminer à ce point.
Les hiterpretationes qui suivent m'ont paru d'ailleurs devoir
être attribuées au même scribe.
En général, l'encre de la lîible a pâli sensiblement, à ren-
contre du vermillon des rubriques, qui a gardé tout son éclat.
Jusqu'au folio 494 exclusivement, chaque colonne de texte est
accompagnée, dans la marge de gauche, d'une ligne de fioritures
rouges et bleues très ténues qui se prolongent dans la marge
inférieure.
Les initiales des chapitres sont alternativement rouges, agré-
mentées de traits bleus très légèrement filés au pinceau, et bleus
avec traits rouges. Le numéro du chapitre est marqué en carac-
tères rouges et bleus, alternant dans une même série. Les indi-
cations des chapitres, en tète des pages, sont de même en deux
couleurs : une lettre vermillon, une d'azur.
L'ornementation de la Bible consiste surtout en des miniatures
qui accompagnent les initiales de chaque livre. Presque toujours,
ces miniatures sont disposées suivant un plan identique : une scène
est peinte dans la panse de la lettre initiale ; deux autres remplissent
des médaillons au fond de la page ; le tout est relié par des ara-
besques, des feuilles roulées en volutes, etc. Sur quelques pages,
les scènes sont placées de façon à former un ensemble géomé-
trique et peintes sur un fond presque uni, or ou azur. Ce genre
de décoration, qui rappelle davantage certains manuscrits du
XIII® siècle, est d'un aspect plus riche et satisfait mieux le regard ;
en effet, les arabesques sur fond blanc ont beau être dessinées
avec art, elles ne remplissent pas suffisamment la marge et leurs
lignes paraissent grêles. Dans le second genre de décoration, que
je viens de signaler, la page la plus remarquable est celle qui
commence la Genèse. Elle renferme dix-sept médaillons de 0'"037
posés sur un fond bleu foncé tirant sur l'indigo, plus une repré-
sentation du ciel avec les bons et les mauvais anges, dont le ton
général est également bleu foncé, et enfin quelques tiges garnies de
feuilles. Cette page, avec ses lignes nettement dessinées et sa
640
coloration intense, est d'un efifet décoratif puissant. Elle est mal-
heureusement dans un assez mauvais état.
Le sujet des peintures se rapporte ordinairement au texte
qu'elles accompagnent. Les sept premiers médaillons en tête du
livre de la Genèse représentent les sept jours de la Création. Le
motif de quelques miniatures est une combinaison géométrique
de lignes droites et d'arcs de cercles généralement renfermés dans
une circonférence ; ces médaillons sont frappants par leur origi-
nalité et l'harmonie de leurs couleurs. Au fond du folio 249 recto,
le peintre a mis une roue de fortune montée sur un axe coudé
qui porte sur deux fourches verticales et que la Fortune, assise et
les yeux bandés, tourne à la façon d'une broche.
On constate souvent que le peintre a intentionnellement donné
à ses persomiages et à ses tableaux un caractère archaïque. Les
autels sont parfois surmontés d'un èdicule, d'un ciborium, par
exemple en tête du livre des Nombres (folio 49) et de l'Evangile
de saint Luc (folio 412). Dans l'A qui commence le livre de
Judith, nous voyons l'héroïne juive et sa suivante rentrant à
Béthulie ; les soldats qui viennent au-devant des deux femmes et
ceux qui gardent la ville sont coiâes d'un heaume conique à nasel
et portent une ventaille de mailles, une cotte d'étoffe, un gantelet
de mailles ; l'un d'eux, dont on aperçoit les jambes, a les genoux
garantis par des lanières tombantes, comme les soldats romains.
On retrouve ces ajustements en cuir découpé en façon de lanières
au bas-ventre et aux genoux d'un autre guerrier peint au livre
des Machabées, qui est presque entièrement vêtu à l'antique, avec
une cuirasse et des épaulières formées de plaques de métal. Le
folio 390 nous présente un évêque avec une mitre très basse, que
l'on dirait du commencement du xiii® siècle. Enfin les édicules,
qui sont assez nombreux, n'ont aucun des caractères de l'archi-
tecture gothique; leurs baies sont en plein cintre et leurs toits
écrasés. C'est le cas de rappeler la souscription de Bernardinus
de Mutina, Bernardin de Modène, « souscription qui s'accorde
avec le caractère purement italien de l'écriture et de l'ornemen-
tation du manuscrite »
Le dessin des miniatures est bon, quelquefois même excellent.
Il y a, au folio 213, un buste d'ange, vu de face, qui est réelle-
ment admirable. Quelques petits personnages debout sont égale-
1. p. Meyer, loc. cit.
ment d'une simplicité de facture et d'une majesté frappantes.
C'est surtout par les plis des vêtements que pèche le dessin ; ils
sont trop souvent maniérés et invraisemblables.
Les nus, et les personnages nus sont nombreux dans la Bible de
Girone, sont traités suivant des données anatomiques uniformes :
les lignes des clavicules et du sternum sont très accentuées, de
façon à faire ressortir les seins qui s'enlèvent en relief sur des
contours fortement ombrés ; le sternum est strié de lignes hori-
zontales ; l'estomac et le ventre portent régulièrement deux traits
se coupant en croix. Le coloris est d'une finesse exquise, d'un
éclat et d'une conservation parfaits. Les fonds sont généralement
bleu foncé, relevés de dessins blancs filés h peine perceptibles;
ils sont quelquefois d'or brillant. Certaines lettres, dont la panse
bleue forme le fond d'une scène, sont elles-mêmes placées sur
fond or. La couche d'or a une épaisseur sensible et elle est sou-
vent gravée, notamment pour la représentation des auréoles.
Sur ces ors brillants, le miniaturiste a quelquefois posé des vola-
tiles, par exemple en bas de la préface du livre de Job, et le plu-
mage jaune ou vert de ces oiseaux éclairé de blanc se fond avec
l'or en un ensemble d'une délicatesse merveilleuse. Les clairs sont
très souvent obtenus au moyen de blanc opaque appliqué sous
forme de fines hachures ou de teintes dégradées ; c'est ainsi que
les armures d'acier sont rendues sur les fonds d'azur ; ainsi encore
les pieds de froment sont peints en blanc sur bleu dans la scène
de Ruth. On ne trouve pas de clairs produits par un procédé
semblable au mo}en de l'or, qui n'était probablement pas assez
fluide pour ce travail délicat.
Au point de vue du coloris, les chairs sont traitées avec moins
de bonheur que les accessoires ; le côté éclairé est indiqué par un
reflet verdàtre; les parties saillantes sont en blanc; les ombres,
en terre de Sienne quelquefois trop foncée. En somme, l'aspect
des nus est terreux et peu agréable à l'œil.
Certaines figures sont , comme on le pense, microscopiques ;
l'artiste les a peintes avec un soin et une sûreté de touche inima-
ginables; j'ai surtout admiré à ce point de vue un moine lisant,
qui est enfermé dans un T, sur le verso du folio 77.
Je dois ajouter enfin que quelques couleurs, des gris pâteux
notamment, ont traversé le vélin ; cet accident s'est produit dans
certains médaillons retraçant la vie du Clirist au bas d'un arbre
de Jessè délicieux, en tête de l'Évangile selon saint Mathieu.
642
Le chapitre de Girone possède, en outre de sa Bible, plusieurs
documents et manuscrits de grand prix.
Ce sont d'abord deux bulles pontificales en papyrus, du ixe siècle.
La première, émanée de Formose, est celle qui a été rapportée à
la date de 892 dans les Regesta pontificum Romanorum
(n° 2677 de l'édition de Jafifé ; n° 3484 de l'édition de Loewenfeld).
La fin du document, y compris la date, a disparu à partir des for-
mules d'imprécations. La seconde bulle est du pape Romain, en
date du mois d'octobre 897 ; elle est insérée dans les Regesta
pontificum Romanorum, au n° 2702 de l'édition de Jaffé et au
n" 3516 de l'édition de Loewenfeld.
Les deux bulles sont, on le voit, remarquables par leur anti-
quité. Toutes deux ont été étudiées et publiées par M. Girbal dans
l'un des derniers fascicules de la Revista de Gerona^.
Les archives du chapitre renferment encore le commentaire de
Beatus sur l'Apocalypse. Dans le travail qu'il a consacré à divers
exemplaires de cet ouvrage, M. Delisle cite celui de Girone et
donne d'après ViUanueva des indications relatives à la date
de ce manuscrit : « Inveni portum volumine vi feria, n nonas
Julias. In is diebus erat Fredenando Flagini et Avillas Toleto
civitas ad devellando Mauritanie discurrente era millesimaXIIP. »
M. Delisle a fait remarquer qu'en l'an 975 de notre ère, qui cor-
respond à l'an 1013 de l'ère d'Espagne, le 6 juillet {11° nonas
Julias) tomba un mardi et non un vendredi ( VI feria) . Dans la
transcription que j'ai faite de ces quelques lignes, je ne trouve
rien de relatif à la feria VI^. Voici d'ailleurs la date telle que
je l'ai relevée, un peu rapidement, je l'avoue : « Inveni portum
volumine vu nonnas Juhas. In is diebus erat Fredenando Flagi-
nius (?) a villas Toleta civitas ad devellando Mauritanie, discur-
rente era millesima XIIP. » Le manuscrit mesure 0"'26 sur0'"40
et contient, outre une mappemonde que l'on trouve généralement
dans les exemplaires de ce livre, nombre de peintures. Si ces
peintures n'ont pas autant de mérite que celles de l'Apocalypse de
Saint -Sever, qui est conservée à la Bibliothèque nationale ^
elles n'en sont pas moins curieuses par l'étrangeté de leur com-
1. Mars 1886.
2. Mélanges de paléographie et de bibliographie, p. 124.
3. Les continuateurs de VEspana sagrada (XLV, 12) ont lu : « Inveni portum
volumine, VII nonas Julias, » etc.
4. L. Delisle, op. cit., pp. 127-130.
643
position, que la simplicité et la grossièreté de l'exécution rendent
plus frappante encore.
Après l'Apocalypse de Beatus, je citerai un ancien recueil de
conciles qui a été utilisé par 1). Francisco Antonio Gonzalez dans
sa Collectio canonum ecclesiœ Hispance^ . Le dos de la reliure,
qui est moderne, porte un titre inexact : « Antiquissimus eccle-
sise Hispaniaî liber canonum. » Au commencement et à la fin se
trouve une note ainsi conçue : « Nota. Este codice es de la santa
Iglesia deGerona, de cuyo archivo se ha sacado para cotejarlo
con otros. Es el mismo de que habla el P" Codorniu' en sus car-
tas a S. C. »
Les feuillets, en parchemin, qui sont numérotés 1-365, mesurent
0'"276 sur 0™350, Le folio 1 est un peu plus petit et porte une
« confirmatio treuge Domini sive pacis. » Le folio 2 donne le
nombre des provinces ecclésiastiques de l'Espagne (six), ainsi que
des évêchés sufFragants de Tarragone (quatorze) et de Narbonne
(sept). Même folio, verso : « Incipit in nomine Domini dialagon
epigramatum in hbro canonum. » Du folio 3 verso jusqu'au
folio 11, cinquième ligne, est une table. Viennent ensuite une pré-
face, une liste des conciles de Grèce, d'Afrique, de Gaule, d'Es-
pagne, et enfin, à partir du fond du verso du folio 11, les canons
de ces mêmes conciles, à commencer par celui de Nicée. Le
folio 364, deuxième colonne, renferme les actes d'un synode tenu
à Girone en 1068, suivis à partir du recto du folio 365 d'un
autre synode célébré dans la même ville dix ans plus tard. Ces
deux documents sont d'une autre écriture que le corps du livre.
Le verso du folio 365 est occupé en partie par le commencement
d'une bulle adressée aux évêques de la province de Tarragone par
le pape V[ictor?].
Ce recueil de conciles n'offre pas, au point de vue paléogra-
phique, l'intérêt des manuscrits précédents. Il est néanmoins écrit
avec soin. Les rubriques sont en vermillon ; les pages sont divi-
sées en deux colonnes et raj^ées au moyen d'une pointe. Il m'a
paru que ce volume était non du x*^ siècle, comme le prétend
1. Espaha sagrada, t. XLV, p. 13.
2. Le P. Aiitoiae Cordoniu, jésuite, né à Barcelone en 1699, mort à Ferrare
ett 1770, professa la thf ilogie à Girone et fut chargé de rechercher dans les
archives de cette ville les documents se rapportant à l'histoire ecclésiastique
et civile de l'Espagne. (Torres Amat, Diccionario critko de los escritores cata-
lanes, pp. 181-182.)
644
M . Carini, mais du xf siècle ; il est sensiblement postérieur à l'Apo-
calypse, qui date, comme on l'a vu, de 975.
Il me reste à parler d'un Evangéliaire qui est surtout curieux
par sa reliure. Les deux plats, de 0^205 sur 0™29 et de 0™018
environ d'épaisseur, sont en cèdre et sculptés ; le premier porte
une crucifixion. Le Sauveur, droit et raide , juponné jusqu'aux
genoux, est posé sur la croix ; les deux pieds sont attachés sépa-
rément au subpedane.um. Deux anges issants apparaissent au-
dessus des bras de la croix; au-dessous, la sainte Vierge et saint
Jean se tiennent debout. La scène est entourée d'un encadrement
formé de rinceaux un peu lourds, mais d'un dessin heureux, enfer-
més entre deux baguettes. Sur l'autre plat, qui est brisé, est un
Dieu de Majesté dans une gloire elliptique enlevée par quatre
anges; l'encadrement est le même que pour le premier plat. La
pose compassée des personnages, les plis serrés des vêtements, le
style des rinceaux annoncent, si je ne me trompe, le xn'' siècle.
Les feuillets, en parchemin, ont O'^IOQ de largeur et 0'°280 de
hauteur.
Le texte débute par une formule de serment : « Promitto ego
obedientiam Deo et sancte Marie et huic sancte sedi et B. Gerun-
densi episcopo et successoribus ejus quamdiu vixero per hoc
quatuor Evangelia. » Folio 3 : serment de Bernard Guillelm,
sacristain de Castellon. Cet évangéhaire était un de ces livres
juratoires sur lesquels on prêtait serment, quatuor evangeliis
corporaliter tactis. Folio 4 et suivants : indication de l'évangile
de chaque jour et concordance des Evangiles. Ces tables de con-
cordances ou canons sont divisées par des colonnettes réunies par
en haut au moyen d'arcs, de façon à former une décoration archi-
tecturale, comme on en trouve souvent dans les anciens manus-
crits espagnols et dans la plupart des anciennes copies des Evan-
giles. Les quatre Évangiles sont ensuite transcrits dans l'ordre
habituel : saint Mathieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean. Les
huit dernières pages contiennent le serment du viguier royal de
Girone, d'abord en latin, ensuite traduit en langue vulgaire, « ad
laycam seu vulgarem. » Cette dernière partie est du xv" siècle.
L'exécution de l'Evangéliaire n'est pas des plus riches ; les
enluminures des rubriques et des initiales sont grossières ; elles
se réduisent à ces combinaisons mesquines de traits jaunes, bleus
et rouges que les scribes espagnols de l'époque employaient si
fréquemment.
645
Je dois avouer que j'ai inutilement demandé et cherché à Girone
le Trésor àe Brunetto Latini, que M. Carini a signalé dans cette
ville. Ce manuscrit ne serait-il pas ailleurs et n'y aurait-il pas
eu quelque interversion dans les notes du savant professeur du
Vatican ?
Je me fais un devoir, en terminant cette note, d'exprimer ma
gratitude à M. Alfonso Gelabert, agent consulaire de France, qui
est aussi un lettré et un archéologue distingué, et à M. le doyen
du chapitre de Girone, pour la rare bienveillance avec laquelle ils
m'ont accueilli et aidé de leurs indications et de leurs conseils
éclairés.
Auguste Brut AILS.
INVENTAIRE
DU
TRÉSOR DU SAINT SIÈGE
sous BONIFAGE VIII
(1295).
(Suite K)
LXIII.
PAN\I MAGNI PRO CORONATIONE ET CE.\A DOMINI.
^173. — Item, unum pannum magnum in cujus fundo est histo-
ria cène Domini et circura circa habet vites ad aurum^.
U7A. — Item, duos pannos magnos, junctos simul, cura rôtis in
quibus sunt equi cum alis viridibus.
U7^. — Item, unum pannum in cujus medio est figura Majestatis
média cum angelis, et figura apostolorum Pétri et Pauli, et in cir-
cuitu est operatus ad figuras liominum et bestiarum ad aurum.
-H76. — Item, alium pannum rubeum ad arbores et vites ad
aurum brodatas de cultra viridi.
M 77. — Item, alium pannum magnum album cum imaginibus
episcoporum.
1. Voyez années 1882, p. 276 et 626; 1884, p. 31 ; 1885, p. 16.
2. Les articles 1173-1180 ont été publiés par M. E. Muntz, Histoire générale
de la Tapisserie, par J. Guiffrey, E. Miintz et Pinchart; Tapisserie en Italie,
p. 6, note 5. L'auteur incline à penser que ces tentures n'étaient pas de véri-
tables tapisseries, mais des broderies.
647
^ns. — Item, alium pannum tartaricum cum figuris arcium ad
aurum.
•H79. — Item, alium pannum hispanicum rubeum ad rosas de
serico ialdo ; et sunt omnes predicti panni ad usum coronationis et
cène Domini.
USO. — Item, alium pannum tartaricum ad prediclum usum
coronationis et cène, cum arcubus magnis in rôtis.
LXIV.
PANNI DE ROMANIA
^^8^. — item, unum pannum rubeum de Romania cum rôtis in
quibus est unus leo,
'Il 82. — Item, alium pannum rubeum de Romania cum rôtis in
quarum qualibet sunt duo leones.
^^83. — Item, unum pannum rubeum de Romania ad aves et
bestias et arbores ad aurum.
4484. — Item, unum pannum rubeum de Romania cum rôtis in
quarum qualibet sunt duo leones.
•H 85. — Item, unum pannum rubeum de Romania cum rôtis in
quarum qualibet sunt duo grifones.
^'ise. — Item, alium pannum violaceum de Romania cum rôtis in
quarum qualibet est unus leo sive grifo.
4 ^ 87. — Item, alium pannum violaceum de Romania cum rôtis in
quarum qualibet sunt duo grifones.
-H88. — Item, alium pannum violaceum de Romania cum rôtis in
quarum qualibet est unus grifo.
4189. — Item, alium pannum violaceum de Romania cum rôtis
in quarum qualibet est j. leo parvus.
>H 90. — Item, unum pannum rubeum de Romania cum rôtis albis
in quarum qualibet sunt duo leones.
•H9I. — Item, alium pannum violaceum de Romania sine auro
cum rôtis ad cathenas in quarum qualibet est grifo albus ad caput
equi.
'I'l92. — Item^ unum pannum violaceum de Romania cum rôtis
in quarum qualibet sunt duo leones ad aurum.
1. Tentures de Romanie, c'est-à-dire provenant de l'Empire d'Orient.
648
LXV.
XAMITA
^^93. — Item, unum xamitum rubeum ad rotas cathenatas in
quamm qualibet est grifo ad capud equinum, de auro filato de opère
Romanie.
U9Â. — Item, aliud xamitum iallum ad rotas in quibus suntleo-
nes et grifones ad aurum fîlatum de opère Romanie.
4^95. — Item, aliud xamitum violaceum ad lilia aurea de opère
Romanie.
•H96. — Item, unam petiam de xamito rubeo recenti.
^'^97. — Item, duo alia xamita rubea sine aliquo opère, foderala
de tela.
-H98. — Item, aliud xamitum ex una parte violaceum et ex altéra
nigrum.
^^99. — Item, unam petiam de xamito albo.
^200. — Item, aliud xamitum bene antiquum iallum,
^20'l . — Item, unam petiam de xamito nigro.
4202. — Item, unam petiam de xamito fusco.
LXVI.
PANNl HISPANICI^.
-1203. — Item, duos pannos hispanicos pulcros ad rosas et alia
laboreria ad aurum.
1204. — Item, duos alios pannos hispanicos ad bestias per longum
rubeas et albas in quibus sunt leones et castella ad aurum.
-1205. — Item, iiij. pannos hispanicos cum leonibus in campo albo,
et castellis in campo rubeo et aquilis nigris in campo ad aurum.
1. Le texte ne dit pas s'il s'agit ici de tentures, mais il est permis de supposer
que ces pièces de soie servaient à cet usage. Sur l'usage des tentures de soie,
voyez F, Michel, Recherches sur les étoffes de soie, I, p. 108 et suiv.
2. On a déjà mentionné à l'article 925 le pannum hispanicum ; ici, il s'agit
évidemment d'étoffes de soie ; on remarquera que plusieurs de ces étoflfes portent
comme décoration des pièces d'armoiries, des lions et des châteaux, Léon et
Castille; il est permis de supposer que ces élotfes avaient été envoyées en pré-
sent au pape.
649
1206. — Item, duos pannos hispanicos cum rolis ad quarleria in
quibus sunt duo leones violacci eL duo castella et, in campo, aquile
nigre.
1207. — Item, duos alios pamios hispanicos ad spinam piscis de
serico rubeo et albo.
1208. — Item, unum pannum hispanicum ad spinam piscis de
serico viridi et auro.
•1209. — Item, iij. pannos hispanicos ad scacheria alba et rubea in
quibus sunt leones et castra ad aurum,
1 21 0. — Item, unam purpuram ^ de Hispaniarubeam cum operibus
minutis de serico diversorum colorum.
1211. — Item, unum pannum de Hispania ad quarteria alba. et
rubea in quibus sunt leones nigri et castra ialla.
1212. — Item, unum pannum de Hispania coloris celestis ad rose-
tas ad aurum.
1213. — Item, duaspurpurellas subtiles de Hispania coloris celestis.
1214. — Item, très alias purpurellas viles et nullius coloris.
1215. — Item , unum pannum de Hispania rubeum ad pinielas
aureas^.
LXVII.
PANNI LUCANI^.
1 21 6. — Item, xvj . pannos virides lucanos magnos, ad arma domini
comilis Carlan''.
1217. — Item, xiij. alios pannos rubeos ad predicta arma.
1218. — Item, duos pannos lucanos rubeos cum rôtis in quarum
qualibet sunt duo grifones, et in circuiti sunt scuta ad arma Sabel-
lorum ^.
1. La pourpre d'Aumarie (Almeria) est citée dans la Chanson d'Ayen la bêle
d'Avignon :
« ... Et remest ou bliaul de pourpre d'Aumarie. »
(Fr. Michel, Recherches sur les étoffes de soie, II, p. 8.)
2. De petites pommes de pin d'or.
3. Sur les étoffes de Lucques, centre de fabrication et d'exportation des
étoffes de soie au moyen âge, voyez Fr, Michel, Recherches, II, p. 259 et suiv.
4. Peut-être faut-il lire : Caetanensis, Gaetani, c'est-à-dire la famille même
de Boniface VIII. Les armoiries des Gaetani sont d'or aux deux ondes jumelles
d'azur en bande.
5. Pour les armes des Savelli, voyez la note de l'article 823.
42
650
-1249. — Item, quinque pannos rubeos ad leopardos de auro.
4220. — Item, sex pannos virides lucanos ad rosas rubeas.
4224. — Item, viij. pannos violaceos ad arma Sabelencia.
^ 222. — Item, centum xij. pannos lucanos et veneticos cum auro et
sine auro ad diversa opéra, computatis novis et veteribus.
4 223. — Item, unum alium pannum sine auro cum rôtis in qua-
rum qualibet sunt duo grifones ialli.
4 224. — Item, unum pannum de serico diversorum colorum cum
rôtis in quarum qualibet sunt due aves ad aurum.
4 223. — Item, unum alium pannum sine auro cum rôtis in qua-
rum qualibet sunt duo grifones albi.
4226. — Item, duos pannos santasmos\ unusrubeus, alter celes-
tis, cum laboreriis ad aurum.
4 227. — Item, unum pannum sine auro cum rôtis in quarum qua-
libet sunt duo grifones ialli.
4228. — Item, v. pannos lucanos ad undas albas et endicas.
4229. — Item, unum diasprum lucanum endicum ad aves rubeas
in rôtis, cum capitibus et pedibus ad aurum.
Lxvm.
FRUSTRA PANNORUM HISPAIVICORUM. Rubvica.
4230. — Item, j. frustrum de panno hispanico rubeo ad piniolas
auri, longum deiiij. brachiis.
4234 . — Item, unum aliud frustrum de eodem panno de ij. palmis
et dimidia.
4232. — Itéra, unum frustrum de panno hispanico rubeo ad vir-
gas auri dissipatas, longum de quinque brachiis.
4233. — Item, v. petiolas intégras de panno hispanico albo, sci-
licet zendatum^ cum virgis ad aurum.
4234. — Item, j. listam de panno hispanico albo virgatam ad
aurum.
1. Du Cange (v° Santasmum) identifie ce mot avec Sarantasmum dans \eq\ie\
il reconnaît une corruption pour Saracenismum ou Saracenicum ; cependant,
les exemples qu'il donne à l'appui de sa conjecture ne sont pas absolument
concluants, et il a fort bien pu exister une étoffe de soie particulière appelée
Santasmmn ou Sarantasmuin et n'ayant rien de commun avec une étoffe
sarrazinoise .
2. Ceadal.
654
4 235. — lleni, unum frustrum de xamito albo de v. brachiis.
4236. — Ilem, unum fruslrum de xamito albo antiquo, longum
de iiij. brachiis.
4237. — Item, unum frustrum de xamito rubeo antiquo, longum
de tribus brachiis.
4238. — Item, j. frustrum de xamito endico longum de iiij. bra-
chiis.
4239. — Item, unum frustrum de xamito violaceo longum de uno
brachio.
4240. — Item, j. aliud frustrum de xamito violaceo longum de
iiij. palmis.
■1241. — Item, unum frustrum de xamito albo de iiij. palmis, et
est média tela.
4 242. — Item, j. frustrum de xamito albo pro copertura unius
coxini.
J243. — Item,j. frustrum de xamito nigro, longum de iiij. palmis.
4244. — Item, j. frustrum de diaspro de Anth[iocia] ' longum de
V. palmis.
4245. — Item, j. frustrum de diaspro lucano albo longum de
vij. palmis; et ambo ista sunt pro mitris.
4246. — Item, unum frustrum de panno de Romania longum de
iiij. palmis, et amplum de duobus.
4247. — Item, tria frustra de santalino de uno palmo.
4248. — Item, xviiij. brachia de panno tartarico rubeo antiquo
vilissimo in iiij. frustris.
4249. — Item, j. frustrum de venetico panno de iiij. palmis.
4 250. — Item, aliud frustrum de panno venetico de v. palmis.
4254. — Item, aliud frustrum de v. palmis.
4 252. — Item, aliud frustrum longum de iiij. palmis, et amplum
de tribus.
4253. — Item, aliud frustrum longum de iiij. palmis et amplum
de duobus.
4254. — Item, aliud frustrum longum de vj. et amplum de tribus.
4255. — Item, j. frustrum de panno lucano, longum de quinque
palmis et amplum de uno.
1. L'article 1262 mentionne également le déaspre d'Antioche. Dans l'inventaire
du trésor de Saint-Pol de Londres (1295), on trouve également celte élofl'c avec
la même provenance. Voy. F. Michel, Recherches sur tes étoffes de soie, I,
p. 230, note 2.
652
^236. — Item, j. frustrum longum de tribus palmis, et amplum
de duobus.
4257. — Item, duo frustra de panno viridi lucano; et fuerunt de
quadam manica.
•J258. — Item, unum frustrum de panno venetico longum dequin-
que palmis et amplum de uno.
4239. — Item, duos pannos januenses albos.
4 260. — Item, unum frustrum de xamito violaceo cum figura
Majestatis et tabernaculo, et vj. aliis circa eam de auro filato.
^126-1. — Item, duos pannos rubeos de lana, quorum unus est
foderatus.
4262. — Item, V. frustra de diaspro albo de Antiocia, que fuerunt
de quadam dalmatica que fuit restricta et due gramite de panno de
Romania, et fuerunt de predicta dalmatica.
LXIX.
FRUSTRA PANNORUM TARTARICUM ET ALIORCM PANNORUM.
4 263, — Item, frustra de panno tartarico albo ad folia aurea, de
duobus brachiis.
4264. — Item, unum frustrum de panno tartarico quasi cinericio,
de uno brachio.
4 263, — Item, unum frustrum de panno tartarico rubeo ad folia
deaurata, de tribus brachiis.
4266. — Item, unum frustrum de panno tartarico canceo coloris
celestis, de tribus brachiis et dimidio ; nec est integer ex una parte.
4267. — Item, unum frustrum de canceo viridi longum de duobus
brachiis.
4268. — Item, unum frustrum de panno tartarico rubeo ad folia
aurea 'de ij. brachiis et dimidio, amplum uno pede.
4 269. — Item, unum frustrum de panno tartarico rubeo ad aurum,
longum uno brachio, et amplum uno palmo.
4270. — Item, duas listas de panno tartarico ad aurum, longas
de iiij. palmis et amplas de uno.
4274. — Item, unum frustrum de panno tartarico albo ad folia
parva, de sex brachiis et dimid.
4272. — Item, unum frustrum de panno nigro tartarico ad folia
aurea tartarica, longum de iiij. palmis, et amplum de uno.
653
^273. — Item, listam de panno tartarico ad aurum cum duobus
leonibus de argenlo.
•1274. — Item, unum frustrum de panno tarlarico viridi atabi cum
lilteris el leonibus albis.
-127». — Item, vj. listas de canceo tartarico virides; una quarum
est coloris cclestis ad diversa laborcria ad aurum.
-1276. — Item, j. frustrum de panno tarlarico velluto iallo, longum
de tribus bracbiis, et amplum de uno pede.
-1277. — Item, unum frustrum deeodem panno longum de ij. pal-
mis, et amplum de uno palmo.
-1278. — Item, unum frustrum de panno tartarico rubeo ad folia
aurea, longum et latum de uno pede.
-1279. — Item, unam listam de panno tartarico cum duobus leo-
nibus de argento.
-1280. — Item, j. frustrum de panno tartarico rubeo longum et
latum de uno palmo.
^ 281 . — Item, unum frustrum de panno Cyprensi rubeo ad aurum,
longum et latum de uno palmo.
LXX.
AURIFfilXIA IIVTEGRA ET FRUSTRA. RubriCtt.
-1282. — Item, unum frixium quod fuit de planeta, cum campo ad
aurum et canullatum^ et laqueos de perlis in quo sunt xxxv. balasci,
unus granatus et unus amatista et iiij. praxine et unus periodus et
V. zaffiri.
-1283. — Item, alia pars ejusdem frixii, de quo sunt amoti omnes
lapides.
-1284. — Item, xij. castones de isto frixio inquibus sunt xij. balassi.
-1285. — Item, xij. balassi sine castonibus et j. castonus cum uno
zaffîrello, et j. zaffirellum sine castone, et ij. praxinas in castonibus,
et duas sine castonibus, et j. amatista.
-1286. — Item, titulum ejusdem frixii, in quo sunt viij. balasci et
vij. zaffiri, et v. praxine.
-1287. — Item, duo frixia de Venetiis cum xxxiiij. rosetis de argento
l. Le mot canuUutum, dérivé de canulum, lige, est ici absolument incom-
préhensible, à moins qu'il ne s'agisse non d'un ornement d'or brodé ou tissé,
mais d'une véritable décoration d'orfèvrerie sur laquelle sont disposées des
perles encadrant des pierres précieuses.
654
in quibus sunt xxxiij. granatelli et urxus vitrus, ornate (sic) perlis et
praxinellis.
-1288. — Item, unum frixium antiquum ad rosas de perlis, et
médias imagines de auro tractitio,
-f 289. — Item, unum frixium ad aurum cyprense cum mediis ima-
ginibus in rotulis de perlis.
4290. — Item, unum frixium de serico rubeo cum nodis ad aurum
et perlas.
4 29-1 . — Item, j. frixium ad rmagines ad aurum in campo de serico
rubeo et celesti.
1292. — Item, duo frixia anglicana ad aurum et sericum diver-
sorum colorum.
1293. —Item, unum frustrum de frixio anglicano amplum de uno
palmo et longum de decem.
1294. — Item, duo frustra de frixio anglicano longum quodlibet
de iiij. palmis et amplum de uno.
1295. — Item, unum aliud frustrum longum de duobus palmis
et amplum de uno.
1296. — Item, j. frustrum de frixio anglicano amplo de uno
semissa, et longum de vj. palmis.
1297. — Item, aliud frustrum, non ita amplum, longum de
xij. palmis.
1 298. — Item , aliud frustrum , non ita amplum , longum de
xj. palmis.
1299. — Item, aliud frustrum simile predicto, de vj. palmis.
1300. — Item, aliud frustrum longum de iiij. palmis.
1 301 . — Item, aliud frustrum de frixio amplo de uno palmo et
longum de v.
1 302. — Item, aliud frustrum de uno semisso amplum et longum
de iiij. palmis.
1303. — Item, duo frustra de frixio anglicano quodlibet longum
de iiij . palmis.
1304. — Item, iiij. frustra de frixio anglicano ampla de duobus
digitis et longum quodlibet de iiij. palmis.
1303. — Item, aliud frustrum de duobus palmis.
1306. — Item, unum frustrum de frixio Alamanie, amplum de
iiij. digitis et longum de xiiij. palmis.
1307. — Item, unum frustrum ad argentum tractitium deaura-
tum, longum de vij. palmis et amplum de iij. digitis.
1308. — Item, aliud frustrum de eodem frixio, de vj. palmis.
655
i309. — iLem, aliud fruslrum de frixio de Romaniade xij. palmis
ad aquilas de serico rubeo.
-^3^0. — Item, aliud fruslrum de eodem, ejusdem longitudinis.
'I3^^. — Ilem, aliud fruslrum de eodem el ejusdem longitudinis.
4342. — Item, iiij. frustra, quorum sunt duo de appendiciis mitre,
aliud est capucinus pluvialis et aliud pro pugnali, ad aurum et perlas.
4 34 3. — Item, aliud fruslrum de eodem de ix. palmis.
-1314. — Item, unum fruslrum de frixio de Romania de duobus
digitis amplum et longum de xij. palmis.
4 34 5. — Item, aliud fruslrum de decem palmis.
4 31 6. — Item, aliud fruslrum de eodem, longum de decem palmis.
4317. — Item, unum fruslrum de frixio de Venetis, longum de
vij. palmis.
434 8. — Item, aliud fruslrum de vij. palmis.
4349. — Item, unum frustrum de medio frixio de Alamania ad
bestias, [longum] de vj. palmis et amplum de iiij. digitis.
1320. — Item, aliud frustrum simile predicto.
4324. — Item, unum frustmm de frixio Alamanie de uno pede.
4 322. — Item, duo frustra de frixio laboralo ad accum cumimagi-
nibus ad aurum, unum longum de vij, palmis, et aliud de viij.
4323. — Item, unum frixium ad aurum et sericum diversorum
colorum longum de Iiij. palmis.
4324. — Item, aliud frixium ad argentum tractitium de xvj. pal-
mis, et de duobus digitis amplum.
4 325. — Item, aliud frixium quasi simile predicto de xxj. brachiis.
4326. — Item, j. frixium anglicanum de uno digito amplum.
4 327. — Item, unum frixium laboratum ad accum super xamito
rubeo cum xiij. imaginibus integris.
4 328. — Item, duo frustra laborata super zendato endico cum rose-
tis de argento deaurato, in quibus sunt granatilli et turchisii.
4329. — Item, unum frustrum laboratum super zendato rubeo
cum xvj. imaginibus in tabernaculis, et una imagine Majeslatis ab
uno capite.
4 330. — Item, aliud frustrum de eodem cum viij. imaginibus.
4 334 . — Item , unum frustrum laboratum super xamito coloris
celestis cum v. imaginibus ad argentum filatum.
4 332. — Ilem, dro frustra laborata super zendato rubeo cum
x. angelis et duobus cherubinis.
4 333. — Item, unum [frustrum] de frixio antiquo cum liistoria
Passionis, de vj. palmis.
656
i 334 . — Hem, unum frixium de lista panni venetici , de iiij . palmis.
i 335. — Item, duo frustra de frixio laborato ad vites de auro super
zendato rubeo, longum quodlibet de iiij. palmis, et aliud frustrum
pro pectorali, de uno palmo.
-1336. — Item, duo alia frustra de eodem, longum quodlibet de
tribus palmis.
^337. — Item, unum frustrum de frixio laborato ad aurum super
zendato rubeo cum x. imaginibus.
4 338. — Item, aliud frustrum de eodem cumviij. médis imagini-
bus et aliud frustrum cum duobus imaginibus.
4339. — Item, unum frustrum laboratum super zendato nigro ad
rosas et vites auri, de vj. palmis.
-1340. — Item, unum frustrum pro cruce unius planète cum ima-
gine Majestatis et litteris de perlis.
4 344 . — Item, aliud frustrum pro simili opère cum média Majestate.
4342. — Item, j. frustrum de frixio cum floribus de auro tractitio
farsitum de serico rubeo, longum de tribus palmis.
4343. — Item, unum frustrum laboralum de opère cyprensi lon-
gum de xiiij. palmis, et amplum de uno digito.
4 344. — Item, duo frustra de eodem frixio, longa de viij. palmis
inter ambo.
4345. — Item, unum frixium strictum de medio digito ad aurum
et sericum, longum de xij. palmis, in duobus frustris.
4 346. — Item, j. frustrum ad aurum tractitium super xamito
endico.
4347. — Item, aliud frustrum de eodem frixio, farsitum de serico
diversorum colorum longum de v. palmis, pro una mitra.
4348. — Item, duo frustra laborala super zendato quasi rubeo de
argento tractitio, quodlibet amplum et longum de uno pede, et in uno
est Ghristus descendens ad inferos, et [in] alio Virgo in partu.
4349. — Item, unum frustrum laboratum ad lilia super pannoalbo.
4 350. — Item, unum frustrum cum iij. imaginibus ad aurum trac-
titium.
4 354 . — Item, unum frustrum ad aurum cum Grucifixo in medio.
4352. — Item, duo frustra pro pugnali.
LXXI.
FiMBRiE. Rubrica.
4353. — Item,unamfîmbriam de serico rubeo longam de xij. palmis.
657
•1354. — lLem,aliam fimbriam de serico diversorum colorum cum
auro, de xv. palmis.
-1355. — Item, duo frustra de serico iallo et endico, de viij. pal-
mis ambo.
^356, _ Item, aliam fimbriam de quinque palmis.
-1357. — Item, unum laqueum pro capello^ cum appcndiciis et
boltonibus ad aurum.
^358. — iLem, unum laqueum de rubeo sine auro.
4359. — Item, unum laqueum de serico violaceo cum appcndiciis
et bottonibus ad aurum.
1360. — Item, decem panni ornaculorum ^ pro libris ad aurum et
sericum.
iSOl. — Item, xiij. bursas de serico diversorum colorum.
-1362. —Item, aliam fimbriam cum frixio de serico violaceo ad
aurum, de xij. palmis.
4363. — Item, aliam fimbriam de serico albo.
\3U. — Item, vij. imagines ad aurum filatum laboratum super
tela alba.
4365. — Item, viij . rotulas laboratas ad aurum tractilium et perlas.
LXXIl.
PERLE, ARGENTUM TRACTITIUM ET AUROM FILATDM.
-1366. — Item, xx. marchas de perlis, inter grossas, médiocres et
minutas, et antiquas, et récentes. [En marge :] De illo ante posuimus
in fîmbriis pro camice^, iij. une.
4367. — Item, iiij. marchas et très uncias argent! tractitii
deaurati.
4368. — Item, très uncias et très quartones argenti tractitii albi.
4369. — Item, xv. marchas auri cyprensis filati.
4370. _ Item, viij. une. argenti filati. [En marge :] Item, de isto
argento posuimus in supradictis fimbriis v. uncias.
1. Un cordon pour allacber le chapeau sous le menton.
2. Sic. Peut-être s'ag>t-il ici d'enveloppes de soie et d'or destinées à recouvrir
des livres.
3. Pour camiso. Voyez n" 1002 et suiv.
658
LXXIII.
AMPULLE CUM BALSAMO ET TYRIACLA.
\37i. — Item, vj. ampullas que videntur plene balsamo^
4372. — Item, iiij. alias ampullas parvas plenas balsamo.
4373. — Item, unum cornicellum ^ plénum balsamo.
4374. — Item, x. ampullas plenas balsamo usque ad médium
quasi, et alique sunt minus quam medie.
4373. — Item, iiij. ampullas in quarum quolibet est parum de
balsamo.
4376. — Item, duo vasa de stagno plena thiriaca^.
4377. — Item, unum vasculum de opère lemovicensi cum thiriaca.
LXXIV.
CORTINE ET TOBALEE^' DE ALAMA^1A ET LOMBARDIA, ET ALIE TOBALEE
SERICE AD DIVERSA LABORERIA, ET TELE REMENSES ET PISANE.
4378. — Item, sex cortinas de Alamania cum anulis et laboreriis
in rôtis, et sunt fracte et antique.
4379. — Item, xliij. tobaleas de Alamania, inter magnas et parvas,
et intégras, et fractas.
4380. — Item, unum frustrum de cortina de Alamania.
1. 11 s'agit ici du baume de Judée, très renommé dans l'antiquité et au
moyen âge. On peut lire dans le voyage de Willibald en Terre Sainte le subterfuge
employé par ce voyageur pour rapporter du baume de Judée, dont l'exportation
était, paraît-il, sévèrement défendue. Voyez SancUmonialis He>jdenheimensis
hodœporicon S. Willibaldi, c. xxviii, dans les limera Hierosolymitana,
éd. T. Tobler et A. Molinier, t. 1, 2'^ partie, p. 271.
2. Une petite corne.
3. La thériaque, dont on attribuait l'invention à un médecin de Néron, Andro-
maque, était une drogue composée qui passait pour préserver et guérir de l'ac-
tion de tous les poisons.
4. Dans ce chapitre, semblent être confondus les rideaux de lit (cortine) (par
exemple le n° 1383) et les rideaux destinés à cacher, pendant le canon de la
messe, le célébrant à la vue des fidèles (voyez V. Gay, Glossaire archéologique,
V Courtine) ; il en est de même des touailles {tobalee) dont quelques-unes
peuvent être des nappes d'autel, tandis que d'autres sont certainement des
nappes ou des serviettes à l'usage domestique.
659
^1381. — Item, iiij. camisias de Alomania.
>I382. — Item, unam cortinam de Alamania cum frixio ex una parle
de serico rubeo et iallo.
1383. — Item, unam cameram scu cortinam ex tribus partibus
lineam, et ex quarta sericam, ad tenendum super et circa Icctum.
•1384. — Item, unam cameram de cortina de Alamania cum una
lista a pede et uno capucio a capite de zendato rubeo.
-1385. — Item, duos falsetos de boccaramine'.
1386. — Item, xxvj. tobaleas de lino laboratas in capitibus ad
imagines et figuras bestiarum et aurum et alia laboreria, compu-
tatis magnis, et parvis, bonis et malis.
1387. — Item, unam tobaleam magnam cumvirgisdc... brachiis.
■1388. — Item, unam tobaleam conlextam super serico nigro cum
rosulisad aurum.
-1389. — Item, unam tobaleam contextam super serico rubeo cum
similibus rosulis ad aurum.
-1390. — Item, unam pulcram tobaleam de opère racamato labora-
tam per totum ad aurum et aericum rubeum et endicum cum una
fimbria in quolibet capite.
1391. — Item, unam tobaleam ad serviendum de mitra laboratam
in capitibus de opère racamato ad aurum et sericum diversorum
colorum.
1392. — Item, unam tobaleam cum novem listis et unam circum
circa de opère racamato ad aurum et sericum rubeum et endicum.
1393. — Item, unam tobaleam laboratam per totum ad folia et flo-
res ad aves et bestias cum una vite circum circa de auro et serico
diversorum colorum de opère racamato.
1394. — Item, j. tobaleam cum tribus listis a quolibet capite de
opère racamato ad aurum et sericum diversorum colorum.
1395. — Item, unam tobaleam de serico lislatam per totum listis
de serico albo storto cum nodis per totum de auro et serico nigro et
rubeo de opère racamato.
1 396. — Item, unam tobaleam longam et strictam cum capitibus ad
aurum et sericum diversorum colorum de opère racamato anliquo.
1 397. — Item, unam tobaleam curtam et amplam cum capitibus ad
aurum et sericum diversorum colorum de opère racamato.
1. Deux fauteuils ou mieux deux couvertures de fauteuil de bougran. Sur le
bougran, étoffe de toile 1res fine, voy. V. Gay, Glossaire archéologique,
v» Bougran.
660
J398. — Item, vj. tobaleas parvas cum capitibus ad aurumet seri-
cum diversorum colorum de opère racamato.
-1399. — Item, duas tobaleas de lino cum virgis de auro et serico
diversorum colorum per longum.
UOO. — Item, unam tobaleam de lino antiquam cum virgis nigris
et rubeis per totum.
^40^. — Item, iiij. tobaleas de Lombardia ad usum mense cum
capitibus endicatis.
-(402. — Item, unam tobaleam reraensem pro mensa.
i403. — Item, v. tobaleas de Lombardia ad manus tergendas cum
capitibus endicatis.
^(404. — Item, unam tobaleam de Lombardia cum virgis de serico
diversorum colorum.
4405. — Item, j. tobaleam de lino crudo cum tribus costis sericis a
quolibet capite.
4406. — Item, xij. tobaleas de tela pisana cum capitibus de filo
endico.
] 407. — Item, iiij. tobaleas ad radendum cum foraminibus in medio
ad mittendum ad collum, cum auro et serico diversorum colorum.
4408. — Item, quinque petias de boccaramine et unam petiamde
lana et bombace ^ alba cum una virga nigra ab uno capite.
4409. — Item, ix. brachiatas de tela remensi in pluribus frustris
non equalibus nec in mensura nec in subtilitate. [En marge :]
Die XV. septembris, expendimus viij. brachiatas pro tobalea pro altari,
etj. amictu.
44-10. — Item, xx. brachiatas de tela pisana.
-144-i. — Item, xliij. brachiatas de cortina tincta in endico,
H\2. — Item, xlvj. brachiatas de panno canapacio rubeo.
LXXV.
SCARLATA RUBEA ET ALBA^.
-14-13. — Item, xl. brachiatas de scarleto rubeo. [En marge :] Die
xij septembris, recepimus de Caméra domini per manus Gilroni
xxxj. brachiatas scarlati rubei. — Item, xlij. brachiatas de scarlato
albo per manus Tucij.
1. De coton.
2. Comme on l'a remarqué maintes fois, le mot écarlate désignait autrefois
une étoffe et non une couleur; il y avait de Vécarlate de toutes les nuances.
66^
-1414. — Hem, iiij. manlellos de scarleto rubeo qui fuerunt pape
Nicolai iiij''. [En note ;] Die xiiij. septembris, cxpendimus xxxj. brach.
de scarleto rubeo pro duobus mantellis et una capa pro Domino,
pcr manus Tucij. — Die xv. ejusdcm mensis, cxpendimus pro robis
Domini, per manus Tucii, de scarlato aibo xxviij. uncias,
LXXVI.
PELLES.
A^\^. — Item, unum copertorium de flancis variorum purgatorum '
foderatum de scarleto.
-^4^(>. — Item, duo copertoria de grissiis foderata de scarleto.
\AM. — Item, duo copertoria de grisiis sine fodera.
^4^8, — Item, duas pelles de flancis variorum purgatorum pro
mantellis. [En marge ;] Die xij. posuimus unam de istis pellibus in
uno pluviali ad perlas.
^4'I9. — Item, v. pelles de grisiis pro mantellis cum dimid.
1420. — Item, unam pellem pro mantellis non completam de ermi-
lina^.
\hl{. — Item, unam pellem de ermilina antiquam pro mantello,
4422. — Item, unam pellem albam antiquam pro mantello de
Anglia.
4423. — Item, duas pelles de agnis nonatis^ antiquas.
-1424. — Item, unam foderaturam de grisiis pro guarnichiis.
4425. — Item, duas pelles pro guarnichiis de variis rubeis.
•1426. — Item, v. foderaturas de foxettis variorum.
4427. — Item, v. foderaturas pro guarnichiis de afflllaturiis.
\ 428. — Item^ duas foderas pro foderaturis cappuciorum de flancis
variorum purgatorum.
4429. — Item, iij. foderas de grisiis pro capuciis.
1430. — Item, viij. foderas de capuciis de foxetis variorum.
1431. — Item, quatuor foderas pro capuciis de affilaturiis \
1. Nous ne savons au juste ce qu'il faut entendre par le qualificatif « purga-
torum » appliqué à ces fourrures; peut-êire a-t-on voulu dire par là que celle
couverture était composée seulement de la fourrure du dos de l'animal, c'est-à-
dire de couleur grise, sans le mélange de poil blanc ([ue l'on remarque sur la
fourrure du ventre.
2. Hermine.
3. Pour non nalis. mort-nés.
4. C'est-à-dire de bandes de fourrure.
662
LXXVII.
SUPRALECTI.
^432. — Item, unum supralectum de panno de Romania ad bestias
ad aurum bordatum de xamito viridi cum scutis ad arma comilis
Gasertarum ^ .
^433. — Item, unum supralectum cum fundo de panno tartarico
viridi ad cathenas aureas, brodatum de xamito rubeo et foderatum de
tela endica.
-1 434. — Item, unum supralectum de panno tartarico viridi ad folia
aurea, brodatum xamito iallo, foderatum de tela endica.
•1435. — Item, unum supralectum de panno tartarico rubeo ad
rosas, et folia aurea, brodatum de canzeto viridi, foderatum de tela
endica.
-1 436. — Item, unum supralectum de panno tartarico viridi ad folia
aurea brodatum de xamito rubeo, foderatum de tela endica.
^437. — Item, unum supralectum de panno venetico rubeo ad figu-
ras Sansonis in rôtis de auro, brodatum de zendato tripolatino iallo.
>1438. — Item, unum supralectum de panno venetico sive lucano
rubeo ad leoncellos ad aurum, brodatum de canceo viridi.
^439. — Item, unum supralectum de panno tartarico viridi ad folia
aurea, brodatum de xamito rubeo.
i440. — Item, unum supralectum de panno de Venetiis ad rotas
albas in quibus sunt aves duplices, brodatum de xamito rubeo.
LXXVIII.
CULTRE ET COPERTORIA.
-1 44^ . — Item, unam cultrams magnam de xamito rubeo antiquam
et fractam, foderatam de tela endica.
-1442. — Item, quinque cultras magnas de zendato rubeo ex utra-
que parte.
-1443. — Item, unam cultramsubtilem de zendato rubeo ex utraque
parte, sutam de opère minuto.
1. Peut-être le comte de Caserte, beau-frère de Manfred.
2. Couverture doublée et fourrée de plumes, et par extension, rnatelas; ici
il ne paraît s'agir que de couvertures.
663
ViU. — Item, unam cultram parvam antiquam de zendato rubeo
ex utraque parle.
■1445. — Item, unam cultram parvam de zendato rubeo ex una
parte, et ex alia de panne viridi, sutam de opère minuto.
1446. — Item, unam cultram parvam de zendato rubeo ex una
parte et alia de tela endica.
■1447. — Item, unam cultram antiquam et vilem de pannovenetico
ad aurum, brodalam de zendato rubeo cum avibus nigris.
■1448. — Item, duodecim cultras albas de bucaramine et tela.
4449. — Item, unam cultram de panno nigro, ex utraque parte.
-1450. — Item, unum copertorium de tela alba operatumadacum.
4451. — Item, unum copertorium parvum etantiquum de scarleto
albo.
LXXIX.
MATARATIA.
-1452. — Item, duo mataratia^ de xamitello rubeo.
■J453. — Item, j. mataratium parvum de xamilo pro carreta^,
4454. — Item, j. mataratium parvum cataxamito.
4455. — Item, vj. mataratia de scarleto, computatis magnis et par-
vis, antiquis et novis.
4456. — Item, xxvij. mataratia de guarnello, computatis magnis et
parvis, antiquis et novis.
LXXX.
CARPITE, TAPPETIA ET QUEDAM ALIA.
4457. — Item, quinque carpitas^ longas virgatas.
4458. — Item, iiij. carpitas ad scacheria antiquas.
4459. — Item, vij. carpitas minoris forme virgatas.
4460. — Item, ij. carpitas ad bestias.
4464. — Item, ij. carpitas albas parvas.
4462. — Item, j. carpitam viridem ad rosas rubeas.
4463. — Item, j. carpitam nigram ad virgas albas in capite.
4464. — Item, unam parvam antiquam pilosam et fractam.
1. Matelas ou coussins.
2. Coussin pour placer dans un char ou une litière.
3. Tapis.
664
-1465. — Item, viij. bancalia^
-1466. — Item, c. viiij tappetia, computatis magnis et parvis.
-1467. — Item, duo coria magna antiqua cum diversis laboreriis
ad auripellum.
-1468. — Item, iiij. copertas de corio pro coxinis.
-1469. — Item, xiiij. bulcias^ de corio pro libris.
-1470. — Item, v. bonectas magnas de lino.
•i471. — Item, j. par copertarum de zendato iallo pro equo.
-1472, — Item, j. [parjplactinarum^ copertarum de xamito rubeo.
-1473. — Item,iij.loricas,j.parcaiigarum, j.gorgerium etij. cyro-
thecas de t....
4474. — Item, j. concam magnam de ère.
4475. — Item, ij. alias concas minores.
-1476. — Item, ij. alias adhuc minores.
4477. — Item, j. cocomum-* ad aquam calefaciendam.
4478. — Item, j. orilogium.
4479. — Item, j. par bilanciarum magnarum cum marchis ,
xxxij. mar.
4480. — Item, ij. par bilanciarum parvarum.
4484. — Item, ij. stateras^.
LXXXI.
cuLTELLi. Rubrica.
-(482. ~ Item, duos magnos cultellos pro mensa cura manubriis de
ebore in uno quorum est imago régis, et in alio...
4483. — Item, ij. alios cultellos cum manubriis de ebore in quo-
rum quolibet est Abraam et fîlius cum angelo tenente ense.
4484. — Item, ij. cultellos cum manubriis de ebore in quorum uno
est imago mulieris cum filio, et in alio imago mulieris et bominis ex
una parte et alla imago hominis tenentis ensem in ore leonis, cum
uno leone et uno cane in summitate.
1. Tapis pour mettre sur des bancs.
2. Pour bursas, bourses de cuir à mettre des livres.
3. Du Cange traduit j}latina par gant composé de lames de fer, de plates; ce
sens Hous paraît admissible, puisque ces gants de fer sont rapprochés des armures
de corps ou hauberts décrits à l'article suivant.
4. Coquemard.
5. Poids.
665
^485. — Item, J. cuUellura cum manubrio de ebore inquo est rex
tenens virgam in manu.
^486. — Item, j. cuUellum acutum cum manubrio aibo et verola
de auro nigellato.
■1487. — Item, j. cultellum cum manubrio de cristallo cum verola
de argento nigellata.
HHS. — Item, ij. cultellos cum manubriis de corallo cum verolis
de argento nigellalis.
-1489. — Item, j. cultellum cum manico de corallo et verola de
argento nigellata.
i490. — Item, j. cultellum cum manubrio de corallo et verola
de argento nigellata deaurata.
^1491. — Item, ij. cultellos cum litteris aureis et manubriis de san-
dalis, et verolis de argento nigellatis.
^492. — Item, j. cultellum cum manubrio de jaspide et verolis de
argento ad nigellum deauratis.
\A93. — Item, j. cultellum acutum cum manubrio de jaspide et
verolis de argento nigellatis.
^494. — Item, ij. magnos cultellos cum manicis de lapide lazuli.
LXXXII.
PECTINES, CORNDA ET POTENTIE.
^495. — Item, quinque pectines de ebore albosamplos et subtiles.
1490. — Item, ij. pectines longiores et grossiores.
^497. — Item, j. pectinem minorem predictis.
4498. — Item, j. pectinem de ebano.
4499. — Item, iiij. cornua unicorniorum longa et retorta.
4500. — Item, ij. cornua de benianim(?), quorum unum est guarni-
tum de argento cum catenella sua.
4 501. — Item, duo calamaria de ebore in modum cassedularum.
4502. — Item, j. calamare de ebano.
4503. — Item, j. spatulam de ebore.
4504. — Item, j. ramusculum de cristacorallo guarnitum de
argento nigellato cum uno laqueo serico.
4505. — Item, viij. frustuncula de corallo.
4506. — Item, unamootentiam^ de ebore cum animalibus depictis
ad aurum et basculo de sandalis.
1. Canne.
43
666
•1507. — Item, unam potentiam de ebore, et ebano cum baculo,
laboratam de opère minuto, cum baculo ad spinam piscis guarnitam
de argento in juncturis.
-1508. — Item, j. potentiam, que est sicut una manica cultelli,
cum baculo curto de sandalis.
•1509. — Item, j. potentiam de ligno aloes guarnitam de argento
cum baculo de sandalis.
^5^0. — Item, crociam j. de ebore cum Agnus Dei, et baculo de
ebore de pluribus frustris.
-^5^^. — item, j. una manica pro potentia cum duobus capitibus
retortis.
•15-12. — Item, iiij. frustra de ebore de uno suntarno^ velut depicta
ad aurum et unum ipsorum habet j. caudam pilosam.
-1513. — Item, unum facistorium parvum de ebano quod jungitur
simul sicut una tabula.
LXXXIII.
FLABELLA DE CARTA^. RubriCtt.
^Mâ. — Item, j. flabellum de carta aurata cum repositorio et
baculo de ebore.
■15-15. — Item, iij. flabella de carta rotunda depicta, cumreposito-
riis et manicis de ligno.
-15-16. — Item, duo flabella de pennispavonum, rotunda et magna.
15-17. — Item, j. rostalorum parvum, quadrum, de pennis pavo-
num.
-1518. — Item, j. rostaroUum de carta depicta ad aurum et diver-
sorum colorum.
-1519. — Item, j. rostaroUum operatum de serico diversorum colo-
rum cum modico [manico] argenteo et botoncellis de perlis.
1. Sic, peut-être pour scintorio, siège, ou plutôt cinctorio, ceinture.
2. Les n°' 1514-1521 ont été publiés par M. de Linas dans son travail sur les
Disques crucifères, le flabellum et l'umbella, p. 84. Dans les n" 1514-1515,
M. de Linas reconnaît des flabella tels que ceux dont les éventails de Monza et
de Tournus nous ont conservé le type : un disque pliant en papier, en étoffe ou
en parchemin se renfermant dans une petite boîte d'ivoire munie d'un long
manche. Le n" 1516 décrit ces grands éventails en plumes de paon qui se portent
devant le pape à certaines cérémonies. Enlin les rostarola ne paraissent pas
être des meubles liturgiques, mais des ustensiles de la vie civile, des éventails
au sens moderne du mot.
667
^520. — Item, j. roslarolum laboralum ad imagines de opère
cyprensi super xamilo rubco.
ih2i. — Item, unum rostalorum laboratum ad imagines de opère
cyprensi super xamilo violaceo.
^1522. — Item, ij. magna frustra de ligno alocs multum antiqua.
•1523. — Item, aliqua quantitas de frustunculis parvis de ligno
aloes.
Emile Molinier.
fA suivre.)
BIBLIOGRAPHIE.
Codices palatini latini bibliothecx Vaticanœ descripti prseside J. B.
cardinali Pifra, episcopo Portueni, sanctx Romanx ecclesix biblio-
themrio. Recensuit et digessit Henricus Stevenson ^Mwzor, recog-
novit J.-B. DE Rossi, ejusdem bibliothecx acriptores. Prxit com-
mentatio J.-B. de Rossi de origine^ historia, indicibus scrinii et
bibliothecx sedis apostolicx. Tomus I. Romae, ex typographeo
Vaticano. In-4" de cxxxii et 330 pages.
Le fonds latin des manuscrits palatins conservés au Vatican jouit
depuis longtemps d'une légitime réputation. L'apparition du présent
volume, qui inaugure dignement la publication des catalogues des
manuscrits latins du Vatican \ marquera parmi les événements litté-
raires de l'année 1886. Ce catalogue est appelé à rendre d'immenses ser-
vices à tous ceux qui travaillent sur les textes latins de l'antiquité et
du moyen âge. Il fera le plus grand honneur à tous les savants qui ont
concouru à la préparation et à la publication d'un tel ouvrage : au car-
dinal Pitra, qui en a pris l'initiative, au commandeur J.-B. de Rossi,
qui a surveillé le travail, et à M. Henri Stevenson, junior, qui a rédigé
toutes les notices descriptives.
Le plan du catalogue est très simple : mentionner tous les articles
contenus dans chaque volume ; distinguer par des guillemets les indica-
tions littéralement empruntées aux titres des manuscrits ; suppléer à
l'absence ou à l'insuffisance des titres par tous les moyens dont peut
disposer un bibliographe exercé ; s'arranger pour mettre en tête les noms
des auteurs ; reproduire les premiers mots des ouvrages anonymes ou
dont l'attribution est douteuse; commencer chaque article par une note
très brève, mais très claire, qui fait connaître la matière, le format, la
date et le nombre des feuillets du manuscrit, telles étaient les condi-
tions imposées à M. Henri Stevenson. Il les a acceptées avec la plus
entière soumission et les a observées avec une intelligence et une saga-
cité dont lui sauront gré tous les savants qui consultent son catalogue.
1. Voyez plus haut, p. 288, un compte rendu du Catalogue des mss. grecs du
fonds palatin par M. Henri Stevenson senior.
669
Il s'est abstenu de toute digression et ne s'est pas même donné le plai-
sir de divulguer ses remarques sur l'origine et l'histoire des manuscrits.
Il sera dédommagé de cette scrupuleuse réserve le jour où il lui sera
donné de tracer un tableau de la formation du fonds latin de la biblio-
thèque Palatine.
Un catalogue dressé sur le plan, d'ailleurs très sage, qui a prévalu
dans les conseils du Vatican est nécessairement aride. La lecture des
notices de M. Stevenson offre cependant un très vif intérêt. Il est impos-
sible de les parcourir sans y relever beaucoup d'informations neuves et
curieuses sur les sujets les plus variés. Le fonds palatin, dont l'origine
est essentiellement allemande, attirera surtout l'attention de nos voisins
d'outre-Rhin ; mais nos compatriotes y trouveront aussi beaucoup de
textes dont ils auront à tirer parti. C'est ainsi qu'en feuilletant le volume
récemment publié, j'y ai relevé, entre autres détails utiles pour notre
histoire, les indications suivantes :
Au fol. 207 du ms. 192 : Magistri Nicolaide "VYachenheim « tractatus
seu opusculum contra errores quorumdam juvenum masculorum, » qui
catervatim ad Beati Michaelis archangeli limina, in finibus Franciaî
constituta, peregrinabantur, compositus anno 145S. — Traité important
sur les pèlerinages d'enfants au Mont-Saint-Michel.
Au fol. 94 du ms. 199 : Carmen de episcopis Rothomagensibus, eadem
manu usque ad Willelmum (anno HIO); incipiens Dator apostoUcus
eterni régis amicus; postea continuatum, manu sœc. xn, usque ad
Rotroldum (anno 1183) et, manu saec. xiir, usque ad Robertum cogno-
mine Pullum (anno 1222) ; item, varia manu saec. xiv, post verbum
abrasum usque ad Guillermum (anno 1306). — Cet exemplaire du cata-
logue en vers des archevêques de Rouen n'a point été connu de l'auteur
d'un article sur les anciens catalogues des évêques des églises de France,
inséré dans le dernier volume de V Histoire littéraire de la France (XXIX,
416).
Au fol. 169 du ms. 288 : Summa Parisiensis, id est Gratiani Decre-
tum in epitomam redactum Parisiis anno 1195.
Au fol. 110 du ms. 391 : « Magistri Thome de Anglia, ordinis Pre-
dicatorum, totum corpus manipuli florum, » cum indice rerum ordine
alphabetico, scriptum anno 1458.
Au fol. 18 v du ms. 769 : « Magistri Arnulphi canonici Par(isiensis)
summa que appellatur Ut nos minores super processu ordinis judicia-
rii, » imperfecta.
Dans le ms. 790 : « Dictata in nonnullos librorum Pandectarum titu-
los a domino Eguinario Barone, jureconsulto clarissimo apud Bituriges
ordinario, excepta anno salutis 1546. »
Le volume que nous annonçons comprend la notice des 920 premiers
numéros du fonds latin palatin, presque tous relatifs à la théologie, au
droit et à l'histoire. Il s'ouvre par un long mémoire dans lequel M. le
670
commandeur de Rossi a éclairci avec son érudition habituelle les points
les plus obscurs des annales de la bibliothèque et des archives du saint-
siège. Il s'est principalement attaché à la période ancienne ^, pour
laquelle les renseignements avaient jusqu'ici fait à peu près complète-
ment défaut. Toutes les parties de cette élégante dissertation mérite-
raient d'être citées comme des modèles de recherches, d'exposition et
de discussion. Signalons seulement le chapitre ix, qui porte sur une
découverte paléographique de premier ordre.
L'un des manuscrits les plus célèbres de nos bibliothèques est la Bible
amiatine de la Laurentienne, en tête de laquelle se lit une inscription
tracée en onciales :
GENOBIVM AD EXIMII MERITO
VENERABILE SALVATORIS
QVEM CAPVT ECGLESIAE
DEDIGAT ALTA FIDES
PETRVS LANGOBARDORVM
EXTREMIS DE FINIE. ABBAS
DEVOTI AFFEGTVS
PIGNORA MITTO MEI
MEQVE MEOSQ. OPTANS
TANTI INTER GAVDIA PATRIS
IN GAELIS MEMOREM
SEMPER HABERE LOGVM.
Les lignes 1, 2 et 5 de cette inscription ont été anciennement l'objet
de retouches et de surcharges, qui ont brisé la mesure du premier et du
troisième vers. Au siècle dernier, Bandini avait proposé de rétablir ces
deux vers ainsi :
Culmen ad eximii merito venerabile Pétri.
Servandus Latii extremis de fiiiibus abbas.
La première restitution de Bandini paraît incontestable; mais la
seconde soulevait de graves objections, et le savant abbé Anziani avait
reconnu que les mots effacés à la ligne 5 se composaient de plus de
quatorze lettres. Partant de cette donnée, M. de Rossi s'est demandé si
l'expression extremis de finibus ne devait pas éveiller l'idée de la Grande-
Bretagne ; il a en même temps constaté que les cinq premières lettres
grattées devaient être GEOLF. Il a été ainsi amené à proposer de lire au
troisième vers de l'inscription :
Ceolfridus Britonum extremis de finibus abbas.
De cette lecture il résulte que la Bible amiatine est un manuscrit dont
1. Pour les temps postérieurs au pontificat de Boniface VIII, M. de Rossi
renvoie aux travaux de nos compatriotes MM. Maurice Faucon et E. Muntz,
auxquels il rend pleine justice, ainsi qu'à ceux des RR. PP. Denifle et Ehrle.
67^
l'histoire nous a été conscrvéo par le vénérable Bèdc. L'ablié Ccolfridus,
qui avait rapporté do Rome une ancienne version de la Bible, ût faire
trois exemplaires de la nouvelle version, et dans sa vieillesse il se mit
en route pour offrir à Saint-Pierre de Rome l'un de ces exemplaires;
mais la mort le surprit en chemin, dans la ville de Langres, au cours
de l'année 716, et ce furent ses disciples qui olVrirent ecdesix SancH
Pétri pandedem a bcato Hicronymo in latinum ex hebrxo vel grxco fonte
translation.
Combien d'autres révélations curieuses nous apportent et nous pro-
mettent les patientes et ingénieuses recherches de MM. J.-B. de Rossi
et Henri Stevenson!
Remercions donc de tout cœur les savants dont les efforts, — si heu-
reusement combinés, — mettent en pleine lumière les trésors amassés
au Vatican par les Souverains Pontifes depuis plus de quatre cents ans,
et faisons des vœux pour que rien n'arrête une aussi utile tentative, qui
donnera un nouvel éclat à une bibhothèque dont la formation et l'ad-
ministration sont une des gloires de la papauté.
L. Delisle.
Cartulaire de Vahhatje de Cysolng et de ses dépendances, par M. Ignace
DE GoussEMAKER, membre de la Commission historique du Nord.
Lille, Société de Saint-Augustin, sans date. In-8°, xii-1024 pages.
Parmi les abbayes de second ordre de la Flandre française se trouvait
celle de Gysoing, située dans l'Ostrevant et à proximité de Lille. « Occu-
pée par des chanoines réguliers de l'ordre de Saint- Augustin, cette
abbaye avait été fondée au ix^ siècle par saint Evrard, duc de Frioul,
et Gisèle, sa femme, sœur de Charles le Chauve et petite-fille de Char-
lemagne. » Elle était érigée en l'honneur de saint Calixte. Rodolphe,
fils du fondateur, en fut le premier abbé par droit héréditaire. Quand
l'abbaye sort de l'obscurité qui enveloppe ses premiers siècles, c'est
pour recevoir en 1125 des chanoines réguliers envoyés par l'archevêque
de Reims. A la fin du xni« siècle, l'abbaye était écrasée de dettes et
soumise à la curatelle du comte de Flandre. Au commencement du xv^,
en 1429, le duc Philippe le Bon fut obHgé de mettre le temporel de
l'abbaye sous la surveillance de ses officiers et le contrôle de la
chambre des comptes de Lille. De l'abbaye de Cysoing dépendaient :
1° le prieuré de Beaurepaire, situé en Ostrevant, et 2° celui de Sainte-
Gertrude de Heertsberghe, près d'Oostcamp, à proximité de Bruges. Elle
avait des maisons de refuge à Bruges, à Tournai et à Lille. Si nous
avons rappelé brièvenr.ent ces souvenirs historiques, c'est pour montrer
en quels lieux l'éditeur avait à chercher ses documents, et il n'y a pas
manqué.
Les chartes de l'abbaye avaient été transportées à la chambre des
672
comptes de Lille au commencement du xv« siècle. Denis Godefroy en
fit dresser un inventaire en 1678. Mais il en restait encore à Cysoingen
1790; elles sont maintenant aux archives du Nord, à Lille, et com-
prennent 6 cartons renfermant 178 diplômes, chartes et bulles du xn^
au xv^ siècle, 13 registres et un cartulaire de 171 pièces, qui apparte-
nait au prieuré de Beaurepaire. Le fonds de la chambre des comptes
de Lille possède 14 chartes de 1177 à 1289 ayant trait à l'abbaye de
Cysoing. Les archives municipales de Lille conservent quelques pièces
des xvie et xvii^ siècles dans les titres recueillis par Denis Godefroy. La
bibliothèque de la ville de Lille possède 24 manuscrits provenant de
l'abbaye, y compris le Registrum canonicorum ecclesise Cisoniensis, ms.
du xv" siècle, à la fin duquel se trouvent insérés des actes du xvi'^.
La bibliothèque de la ville de Douai a recueilli un ms. de 1675 inti-
tulé : Régula necnon constitutiones cœnobii Cisoniensis , et renfermant
entre autres pièces : Epistola Joannis Salembien. abb. Cison. de cœnobii
régula, necnon constitutionibus ; Nomina religiosorum Cyson., 1674-
1675, pièces reproduites dans l'appendice de notre cartulaire.
A la Bibliothèque nationale de Paris, le fonds Colbert, vol. 73, a
fourni quelques-unes des 189 copies faites en 1673 et certifiées conformes
par Denis Godefroy.
L'ancien dépôt de Rupelmonde, fusionné avec celui des archives de
l'État à Gand, a donné 12 pièces de 1279-1290.
L'éditeur nous présente comme une source inépuisable de documents
le cartulaire de cette abbaye, qui se trouve aux archives de l'État à
Tournai. Dressé au xvi^ siècle par les religieux de Cysoing, sur l'auto-
risation de Charles-Quint, alors roi de Gastille et comte de Flandre, et
collationné sur les originaux déposés à cette époque à la chambre des
comptes de Lille, le cartulaire a été donné à Tournai en 1872 par M. le
comte Barthélémy du Mortier, qui le tenait du dernier survivant des
moines de Cysoing (ms. 106 bis de Tournai). L'éditeur le décrit ainsi :
c'est un volume grand in-folio de 272 feuillets, d'une écriture assez uni-
forme du xv siècle (?) ; il renferme 329 copies de pièces tant latines que
françaises et flamandes. Chaque pièce est collationnée par deux notaires
apostoliques. Il renferme 27 actes qui ne se trouvent pas aux archives
du Nord.
La majeure partie des archives du prieuré de Hertsberghe se trouve
au dépôt des archives de l'État à Bruges. Elles comprennent 30 numé-
ros, parmi lesquels un cartulaire d'une écriture du xvi^ siècle.
Enfin la collection de M. Goethals Vercruysse de Courtrai comprend
sous le no 23 un volume in-fol. en papier, que M. de Coussemaker a
publié en entier à cause de son intérêt pour l'histoire de Cysoing. Il est
intitulé : Dissertation historique et critique sur les titres et les qualités de
saint Evrard, fondateur du monastère de Cysoing, etc., par M. Martin,
religieux bénédictin et prévôt de Saint- Arnaud, à Goartray, 1752.
673
C'est en puisant à ces sources variées et d'inégale valeur que l'éditeur
a formé son ouvrage. Le cartulaire proprement dit (pages 1 à 650) com-
prend 434 actes de 867 à 1783. Chaque pièce est accompagnée de la date
et du titre en français et suivie de l'indication des sources manuscrites
et imprimées et même des simples mentions d'actes, comme celles qui
se trouvent dans les Tables des diplômes de Bréquigny pour la France
et de Wauters pour la Belgique. La première charte^en français est du
mois d'avril 1219 (n° LXXVIl). Elle avait déjà été publiée par Tailliar,
Actes en langue romane, p. 61. La plus ancienne charte en flamand
publiée par M. de Coussemaker est de 1440 (n" CCLXIV). Quelques
notes biographiques ou historiques accompagnent les actes.
Un appendice (pages 651-922) comprend 53 documents du xn® au
xvni« siècle, mais qui ne sont pas rangés dans l'ordre chronologique.
On y remarque : un obituaire de l'abbaye de Cysoing, des années 1468-
1679 (n» XXXVIII); des extraits de l'histoire manuscrite de Cysoing,
du xvin'' siècle {n° XLIII) ; la dissertation relative à saint Evrard indi-
quée ci-dessus (n" XLIV) ; une curieuse lettre d'un rehgieux de Cysoing
en 1792 (n° XLVI); l'adjudication de l'abbaye comme domaine natio-
nal en 1795 (n° XL VII) ; une histoire de l'abbaye, en latin, écrite au
xvi"^ siècle (n° L), et enfin un inventaire analytique et descriptif dressé
par l'éditeur de 27 mss. du xiii" au xvm^ siècle, ayant appartenu à l'ab-
baye (p. 877 à 910). A la fin du volume, après la table dont nous allons
parler, l'éditeur a ajouté une sentence arbitrale de 1532, entre le séné-
chal de Hainaut et les abbé et couvent de Cysoing, d'après un imprimé
(pages 992-1024).
On voit par ce qui précède que ce cartulaire ne se distingue pas par
un classement rigoureux des actes, car on ne s'explique pas bien pour-
quoi certaines pièces figurent dans l'appendice plutôt que dans le corps
même de l'ouvrage. D'autre part, le titre véritable de ce volume serait :
« Recueil de chartes et autres actes pour servir à l'histoire de l'abbaye
de Cysoing. » L'auteur y a inséré, en effet, beaucoup de documents qui
ne font pas partie ordinairement des cartulaires, tels que des lettres
(n°s LV, LVI, LVIII, LIX); des extraits de comptes du prieuré de Beau-
repaire (n° CCLXXXIJ ; la généalogie de la famille de saint Evrard
(n»CCCXVIII); l'inventaire des meubles d'un abbé, 1606 (n° CCGLXXXI);
des pièces de procédure (n°s CGCCXIII et CCCCXV), etc.
Les textes nous paraissent bien publiés, le latin des chartes, suivant
la remarque de l'éditeur, se distingue par sa pureté presque classique;
les actes eux-mêmes sont d'un grand intérêt pour les idées, les cou-
tumes et les institutions du moyen âge dans la Flandre. L'éditeur fait
l'éloge des religieux de l'abbaye et notamment du P. Wartel, poète, du
P. de la Roque, architecte, et du P. Wastelain; mais il a laissé à un
autre la tâche d'écrire l'histoire de l'abbaye, se contentant d'en avoir
recueilli les matériaux.
674
La table unique des matières du cartulaire nous semble suffisamment
complète; elle est rédigée en français, les noms de lieu sont distingués
par leur impression en lettres capitales, la traduction des noms latins
est donnée; mais on désirerait plus d'ordre dans le classement des divers
mots d'un même article (voyez par exemple le mot Hornaing). Nous
avons aussi vainement cherché une liste des abbés de Cysoing complé-
tant celle de la Gallia christiana. Quelques fautes d'impression, notam-
ment dans les dates, ont échappé à l'éditeur. Page 269 : 1298, lisez :
1296; page 271 : 1199, lisez : 1299, etc.
Nous terminerons par quelques observations sur la diplomatique de
ce cartulaire et sur certains faits historiques tirés des chartes.
A Valenciennes, l'année commençait à Pâques au xv" siècle. Nous
trouvons, en effet, sous le n° LXJX, une charte d'Agnès de Bailleul,
dame de Fenaing, qui est rapportée dans un vidimus ainsi daté : « Datum
et actum Valencenis in ecclesia nostra predicta, sub anno Domini mil-
lésime quadringentesimo tricesimo primo, 7nore Gallicano, indictione
décima, die vero mensis aprilis sexta, pontificatus sanct. domini nostri
dom. Eugenii pape quarti anni secundi, » ce qui revient non à 1431,
comme le dit l'éditeur, mais au 6 avril 1432. Du reste, les années sont
tantôt ramenées au nouveau style, tantôt datées de l'ancien, sans aucun
avertissement. (Cf. 16 mars 1219, lisez : 1220, en corrigeant férié ii ;
26 février 1220 (1221), n» LXXXIII; mars 1228 (1229), n" XGI, etc.
Les actes royaux ne sont pas nombreux ; nous avons noté cependant
des lettres de Philippe le Bel de 1302 (CGXVIII) et de Charles VI, de
1409 et 1418 (n°' CGXLV et CCXLIX).
Parmi les pièces intéressantes, nous citerons encore une lettre d'Etienne
de Tournai à Guillaume, archevêque de Reims, dont il implore la
protection en faveur d'Ingeburge de Danemark, épouse de Philippe-
Auguste, réfugiée au monastère de Cysoing, après sa répudiation (1193)
(noLV) ; un dénombrement des biens de l'abbaye en 1286 (n^GLXX VIII);
une reconnaissance du seigneur de Cysoing relative au privilège de jus-
tice de l'abbaye en 1290 (CXGVI) et la loi de la commune de Hornain,
c'est-à-dire les coutumes qui lui furent accordées par l'abbé de Cysoing
(11 mai 1455).
Ce volume, imprimé sur beau papier, en caractères d'une grande net-
teté, fait honneur aux presses de la Société de Saint- Augustin à Lille.
A. Bruel.
La Mort (T Etienne Marcel^ étude historique, par Jules Tessier, ancien
élève de l'École normale supérieure, professeur d'histoire à la
Faculté des lettres de Gaen. (Extrait de la Revue de renseignement
supérieur.) Paris, Paul Dupont, ^1886. In-8°, 40 pages.
Le 29 avril 1886, M. Tessier, professeur d'histoire à la Faculté des
675
lettres de Caen, communiquait au congrès des Sociétés savantes une
découverte très curieuse. Tous les historiens avaient fait fausse route,
paraît-il, en racontant la mort d'Etienne Marcel. Le fameux prévôt des
marchands ne se disposait pas, le jour où il fut tué, à livrer les portes
de Paris à Charles le Mauvais, roi de Navarre; ce crime, le plus grave
de ceux qui lui ont été reprochés, n'est qu'une calomnie odieuse, trop
longtemps reproduite par les écrivains même les plus favorables à Mar-
cel. Cédons la parole à M. Tessier : « Le prétendu traître n'a été en
réalité qu'une victime, et ceux qui l'avaient tué l'ont odieusement
calomnié. Voilà plus de cinq cents ans que l'accusation pesait sur sa
mémoire. Il est temps que justice lui soit enfin rendue et que la légende
fasse place à l'histoire » (p. 38).
On peut conclure d'une phrase de M. Tessier (p. 5| que le congrès
accueillit cette communication avec une certaine froideur. L'auteur en
appelle maintenant au jugement du public et il dédie son mémoire aux
professeurs d'histoire, qui ont contribué, comme lui, jusqu'à présent à
propager la vieille erreur, mais sur lesquels il compte tout particulière-
ment pour le seconder dans son œuvre de réhabilitation. Nous ajoute-
rons que la thèse de M. Tessier a d'autant plus de chances de séduire
les esprits éclairés qu'elle semble rédigée en dehors de toute préoccupa-
tion politique et uniquement fondée sur un examen sérieux des sources
du XIV' siècle. C'est assez dire que les arguments employés par l'au-
teur méritent, à leur tour, d'être de notre part et vont être, en effet,
l'objet d'un examen sérieux. Nous suivrons pas à pas M. Tessier dans
son explication des textes de Froissart, de Jean de Venette et des
Gravides Chroniques; il voudra bien seulement nous pardonner si nous
tirons aussi quelque parti de trois chroniques contemporaines dont il
ne paraît même point avoir soupçonné l'existence : la Chronique de Jean
le Bel, publiée, en 1863, par M. Polain, la Chronique des quatre pre-
miers Valois, publiée, en 1862, par M. Siméon Luce, la Chronique nor-
mande du XIV' siècle, publiée, en 1882, par MM. Auguste et Emile
Molinier.
Nous avions toujours cru jusqu'ici qu'Etienne Marcel, à bout de res-
sources et sentant la popularité lui échapper, s'était jeté, de guerre lasse,
dans les bras du roi de Navarre ; les Parisiens, dont les soupçons étaient
éveillés depuis quelque temps, ne doutèrent plus de son intention de
livrer Paris aux Navarrais, quand ils le virent, dans la journée du
31 juillet, s'emparer des clefs, congédier les postes, confier à ses affidés
la garde des murailles. De là le soulèvement dans lequel Jean Maillart
et Pépin des Essarts jouèrent le principal rôle; de là le coup de hache
qui étendit Marcel aux pieds de son ancien « compère, » devant la porte
Saint-Antoine.
M. Tessier a changé tout cela : suivant lui, cet incident des clefs enle-
vées, des gardiens congédiés et les altercations qui s'ensuivirent sont
676
des contes à dormir debout, imaginés par le régent, puis débités, sous
une autre forme, par le chroniqueur officiel, pour « désiionorer » Mar-
cel. Sur quoi s'appuie cette conjecture? Sur une contradiction que M.Tes-
sier prétend relever entre une lettre du régent et le récit des Grandes
Chroniques. Pour en avoir le cœur net, mettons les deux textes en regard.
Voici ce que le régent écrit au comte de Savoie, à la date du 31 août :
« Et desjà avoit esté ordené par le dit prevost et autres traîtres que nulles
« portes ne seroient fermé celle nuit, ne nulles chaînes tendues; et
« desjà avoit le dit prevost osté les clefs des portes de la ville à celx qui
« les avoient en garde, et les avoit baillées et livrées aux genz du dit
« roy, et mis gardes aux portes autres qu'il n'y avoit, lequelx gardes
« qu'il mist estoient consentant de la dicte traïson... Mais le bon peuple
« et commun de Paris, qui, ce jour dont ceste traïson devoit estre faicte
« par nuit, se apparent de ce par la grâce de Dieu, qui ne voult souffrir
« que celle horreur fust perpétrée, se assembla et, avec aucuns de noz
« bons amis de la dicte ville, ala par devers le dit prevost; et se mut
« sur ce certaine rumeur entre eulx... »
Passons au récit des Grandes Chroniques : « Le mardi darrenier jour
« du moys de juillet, le prevost des marchans et pluseurs autres avec
« luy, tous armés, alerent [avant] < disner à la bastide Saint Denis. Et
« commanda ledit prevost à ceux qui gardoient ladite bastide que il
« baillaissent les clefs à Joseran de Mascon, qui estoit trésorier du roy
« de Navarre. Lesquels gardes desdites clefs disrent que il n'en baille-
« roient nulles. Dont le prevost fu moult courroucié, et se mut riote à
« ladite bastide entre ledit prevost et ceux qui gardoient lesdites clefs,
« tant que un bourgois appelle Jehan Maillart, garde de l'un des quar-
« tiers de la ville, de la partie de vers la bastide, oï nouvelles dudit débat,
« et pour ce se traist vers ledit prevost et luy dist que l'en ne bailleroit
« point les clefs audit Joseran. Et, pour ce, eust pluseurs grosses parolles
« entre ledit prevost et ledit Joseran, d'une part, et ledit Jehan Mail-
« lart, d'autre part... Et, durant ces choses, ledit prevost vint à la bas-
« tide Saint Anthoine... »
M. Tessier insiste beaucoup sur ce qu'il n'est question dans les Grandes
Chroniques que d'une tentative de Marcel pour se rendre maître de la
porte Saint-Denis, tandis que la lettre du régent suppose une ronde
générale faite par le prévôt des marchands autour de l'enceinte de Paris :
« La lettre, dit-il, affirme que Marcel a visité toutes les portes de la ville,
que partout il a changé les gardiens, fait remettre les clefs aux gens du
roi de Navarre » (p. 27). Entendons-nous! Le texte que nous avons
reproduit d'abord dit que Marcel avait « osté les clefs des portes de la
ville , » mis des gardes « aux portes » de Paris ; il ne dit pas : « à toutes
1. C'est M. Tessier qui propose cette correction, en s'appuyant sur la leçon
du manuscrit français n" 2813 de la Bibliothèque nationale (p. 8, n. 1).
677
les portes ; » ce détail a bien son importance. D'ailleurs l'emploi du
pluriel est suffisamment justifié par la double démarche d'Etienne Mar-
cel aux portes Saint-Denis et Saint-Antoine. Puis un plaidoyer poli-
tique (la lettre au comte de Savoie n'est guère autre chose) ne saurait
présenter les qualités d'exactitude et de précision qu'on est en droit d'exi-
ger de la relation d'un chroniqueur. Il faut toujours rabattre un peu des
assertions d'un récit fait ah irato. M. Tessier lui-même a reconnu le
caractère emphatique de plusieurs parties de cette lettre. Quand le régent,
au lieu d'indiquer exactement le nombre et la portée des tentatives de
Marcel, aurait à dessein employé une expression un peu vague pour
donner à son correspondant une idée plus saisissante de la trahison du
prévôt, il n'y aurait rien là de bien perfide, il n'y aurait rien là surtout
que de parfaitement conforme aux lois du genre oratoire. Nous admet-
tons donc que, comparé au texte des Grandes Chroniques, le récit du
régent paraisse empreint d'une certaine exagération ; mais qui dit exa-
gération ne dit pas contradiction. Ce sont les mêmes faits que contiennent
les deux récits qu'on vient de lire ; seulement le premier est l'œuvre d'un
prince de vingt et un ans, encore ému du péril auquel il vient d'échap-
per et désireux de faire partager à un allié sa manière de voir; la seconde
est l'œuvre d'un chroniqueur envisageant les événements à la distance
et avec le sang-froid nécessaires pour les apprécier exactement. Rien
n'autorise donc M. Tessier à affirmer que la lettre contient « la première
version de la calomnie, gauche encore et maladroite dans son improvi-
sation hâtive, » tandis que, dans les Grandes Chroniques, la calomnie
apparaît « sous une forme nouvelle, étudiée et remaniée » (p. 28).
Après avoir lu M. Tessier, ne dirait-on pas vraiment que cette tenta-
tive de Marcel pour s'emparer des portes est rapportée seulement par le
régent et par son aller ego, Pierre d'Orgemont? Mais que lisons-nous
dans la Chronique normande? « Le prevost des marchans et ses alliez
« avoient fait leur attrait, et ne voulurent que on veillast en celle nuit aux
« portes ne aux murs. Mais à Paris avoit un bourgois nommé Jehan
« Maillart, qui estoit garde par le gré du commun d'un quartier de la
« ville, qui estoit ordonnée par ini cappitaines. Cil Jehan Maillart ne
« voult mie que cil qui estoient ordonnez en son quartier pour veil-
« 1er laissassent leur garde; dont Phelippe Giffars et autres qui estoient
« allez à la trahison le blasmerent, et voulurent avoir les clefz de la
« porte de sa garde et retraire ses gens et leur garde laissier. Lors ce
« Jehan Maillart s'apparceut bien de trahison... » M. Tessier nous répon-
dra qu'il ne connaît pas cette chronique; mais il a lu Jean de Venette,
il sait quelle est la sympathie de ce continuateur de Nangis pour le pré-
vôt des marchands, romment n'est-il pas frappé de ce que le récit de ce
chroniqueur concorde sur tous les points avec celui du régent et avec
celui des Grandes Chroniques ? « Praepositus mercatorum et pauci bur-
« genses qui in castris et negotiis civitatis Parisiensis secum adstabant
678
« accesserunt simul ad portas civitatis clara die, et voluerunt de custo-
« dibus aliquos amovere et ad sua hospitia remittere, dicentes quod suf-
« ficiebant pro custodia pauciores : amoventes de facto, tanquam guber-
« natores rei publicae, claves portarum, et eas aliis quos ordinaverant
« committentes. Et, accedentes ad portam novam seu bastillam quse ten-
« dit ad S. Antonium, voluerunt facere similiter. Quod videntes aliqui
« solemnes burgenses, qui jamdiu dictam portam et claves in custodiam
« habuerant, mirabantur quare sic de novo praepositus mercatorum et
« illi qui cum eo erant volebant sic ab eis aufferre noviter claves illas
« et custodiam portarum et tradere aliquibus non ita sufficientibus,
« prout eis liquide videbatur. Ex hac igitur causa statim suspicio in
« animo dictorum custodum portarum et clavium de malo et proditione
« non modica exstitit generata super praepositum prœdictum et super
« illos qui illuc modo vénérant cum eodem... » Comment, après avoir
lu ces mots, M. Tessier ose-t-il bien imprimer que « la prétendue scène
entre Maillart et Marcel à propos des clefs de la porte Saint-Denis est
une pure invention du chroniqueur officiel » (p. 17)?
Après avoir écarté de la sorte un incident gênant, M. Tessier se met
en devoir de reconstituer à sa manière le drame du 31 juillet et de prou-
ver qu'il y a eu, non pas tentative de Marcel pour livrer la ville au roi
de Navarre, mais simplement complot des partisans du régent pour
assassiner Marcel (p. 10). Il trouve une preuve de ce complot « évidente,
indéniable » dans la phrase suivante des Grandes Chroniques : « Si monta
« ledit Jehan Maillart à cheval et prist une bannière du roy de Erance,
« et commença à hault crier : Montjoie Saint Denis au roy et au duc !
« tant que chascun qui le veoit aloit après et crioit à haulte voix ledit
« cri... Et ledit Jehan Maillart demeura vers les halles. Et un cheva-
« lier appelé Pépin des Essars, qui rien ne savoit de ce que ledit Jehan
« Maillart avoit fait, prist assez tost après une autre bannière de France
« et crioit semblablement comme Jehan Maillart: Montjoie Saint Denis! »
M. Tessier s'égaie beaucoup sur cette « prétendue coïncidence fortuite »
qui fait que, le même jour, à la même heure, deux hommes se sentent
pris du même désir de promener par les rues une bannière de France,
au même cri de : Montjoie saint Denis (p. 17)! Il pense, et nous pen-
sons aussi, qu'il dut y avoir entente préalable entre Maillart et Pépin
des Essarts. Nous ajouterons même que personne, parmi les historiens
modernes, ne paraît avoir attaché grande importance à ces mots : « Qui
« rien ne savoit de ce que ledit Jehan Maillart avoit fait. » Mais, une fois
l'entente admise, il resterait à fixer le moment auquel elle s'établit ; il
resterait à prouver que le projet de lever bannière et de tuer Marcel
fut concerté entre Maillart et des Essarts avant l'incident de la porte
Saint-Denis, par conséquent avant la découverte de la trahison du
prévôt : c'est ce que ne fait pas M. Tessier. La tentative de Marcel pour
s'assurer des portes reste donc, jusqu'à nouvel ordre, et en dépit
679
de M. Tessier, la cause déterminante du soulèvement des Parisiens.
Il est vrai que M. Tessier tient en réserve une seconde preuve « abso-
lument décisive » (p. 18) : c'est une lettre de rémission de 1368, impri-
mée en partie par Secousse, citée par M. Perrens, mais dont personne,
paraît-il, n'avait su voir l'importance. Voici, en deux mots, les faits qui
ressortent de cette pièce. Le 31 juillet. Pépin des Essarts, avant de
gagner l'hôtel de ville et d'y déployer la bannière royale, avait com-
mencé par se diriger sur l'hôtel de Josseran de Màcon, situé près de
l'église Saint-Eustache ; il était accompagné de Martin des Essarts,
de Jacques de Pontoise et de plusieurs autres, résolus, comme lui, à en
finir avec le gouvernement du prévôt. La maison était vide : Josseran
de Màcon échappa, pour cette fois, à la mort. Les moins scrupuleux de
la troupe se dédommagèrent en emportant sept ou huit pièces d'argen-
terie. Là-dessus, M. Tessier triomphe : voilà ie complot prouvé ! a Ce
que la bande de Pépin des Essarts allait faire à Saint-Eustache, d'autres,
celle de Maillart, par exemple, avaient dû se charger de le faire ailleurs...
Poursuivie ou non en commun, la tâche était nettement indiquée et fut
scrupuleusement accomplie. Il s'agissait de tuer le prévôt et ses com-
plices, et Pépin des Essarts s'était à dessein, pour ladite besogne, entouré
de bons compagnons sur lesquels il savait pouvoir compter » (p. 20).
Fort bien ! mais nous ne comprenons plus quand M. Tessier ajoute,
avec la même conviction : « Que nous voilà loin de la légende des clefs
exigées et refusées, loin du flagrant délit prétendu de trahison » (p. 21) !
Comment ? l'expédition tentée contre la maison de Josseran de Màcon
prouve qu'Etienne Marcel, le matin même, n'avait pas cherché à s'em-
parer des portes de Paris ? Mais Josseran de Màcon, Ion s'en souvient,
est précisément ce complice de Marcel à qui le prévôt voulait faire
remettre les clefs de la porte Saint-Denis. Or, cette partie du récit des
Grandes Chroniques, loin d'être démentie par les lettres de 1368, trouve
dans cette pièce une confirmation nouvelle et tout à fait inattendue. Si
la colère des royalistes s'est portée tout d'abord sur Josseran de Màcon,
c'est qu'il venait, le matin même, de se montrer comme un des instru-
ments de la trahison du prévôt. Quelle contradiction y a-t-il donc entre
le récit des Grandes Chroniques et la charte de Charles V? M. Tessier
voudrait-il que les lettres de rémission fissent mention de la scène de la
bastille Saint-Denis? qu'elles dissent positivement : Pépin des Essarts
a pris les armes sur la nouvelle qui lui fut apportée de la trahison
d'Etienne Marcel ? Mais, dans ces lettres, il n'est question que de la
peccadille reprochée à Jacques de Pontoise, l'enlèvement de ces quelques
hanaps et de cette cuiller d'argent pour lequel il sollicita, en 1368, le
pardon de Charles V ; si quelques circonstances d'mtérêt général sont
relatées dans la pièce, c'est tout à fait par hasard et en tant qu'elles
peuvent servir de. circonstances atténuantes au même Jacques de Pon-
toise. Tout ce qu'il est permis de conclure du silence de la charte au
680
sujet de la bastille Saint-Denis, c'est que l'huissier d'armes Jacques de
Pontoise n'a pris aucune part au débat soulevé, le matin, entre Marcel
et Jean Maillart. Cette conclusion ressemble peu à celle de M. Tessier.
Toutefois, en cherchant bien, nous croyons pénétrer la pensée de
l'ingénieux auteur. Il s'est dit que l'expédition contre la maison de Jos-
seran de Mâcon, la marche sur l'hôtel de ville, puis sur la bastille Saint-
Antoine ont dû demander plusieurs heures, et, comme elles ont précédé
la mort d'Etienne Marcel, qu'il est assez disposé à placer vers le matin,
il en conclut que Pépin des Essarts a pris les armes avant d'avoir pu
recevoir la nouvelle de la trahison du prévôt. Tout dépend, comme l'on
voit, de l'heure à laquelle on fixe le meurtre de Marcel : c'est sans doute
là le secret de l'insistance que met M. Tessier à démontrer, contraire-
ment à l'opinion commune, que le prévôt des marchands fut tué avant
la chute du jour. Malheureusement ses arguments n'ont pas plus de force
ici qu'ailleurs, et, sur ce point comme sur d'autres^ M. Tessier n'a que
faire de déplorer l'aberration « étrange, presque inexplicable, » des his-
toriens ses devanciers (p. 8). Les Grandes Chroniques , suivant lui,
affirment que Marcel a été tué vers l'heure du dîner, ou de « l'avant
dîner, » c'est-à-dire dans la matinée du 31 juillet. Non! elles disent
simplement que, vers l'heure du dîner, Marcel est venu à la bastille
Saint-Denis ; sa mort eut lieu beaucoup plus tard. Poursuivons : Jean de
Venette, au dire de M. Tessier, rapporte que Marcel fut tué « clara die »
ou a lucescente die, » au point du jour. Encore une fois non ! Jean de
Venette se borne à dire que le prévôt commença la visite des portes au
point du jour. Enfin M. Tessier affirme qu'aux termes de la lettre du
régent, le peuple tua Marcel avant la nuit, pendant le jour. Mais non I
pour la troisième fois. La lettre dit seulement que la trahison du prévôt
fut découverte pendant le jeur. C'est-à-dire que, si nous voulions faire
ici œuvre de plagiaire, nous pourrions retourner contre M. Tessier cette
phrase qu'il applique à tous ses devanciers : « Nous ne connaissons pas
d'exemple plus frappant, plus curieux de l'inconvénient des idées pré-
conçues en matière de recherches historiques » (p. 8).
Poursuivi par son idée fixe, M. Tessier voit partout, dans le récit de
Pierre d'Orgemont, des « invraisemblances ridicules et choquantes. »
Si la chronique porte que Jean Maillart demeura dans la région des
Halles, M. Tessier s'étonne qu'il ne soit pas plutôt retourné à la porte
Saint-Denis. Quand le chroniqueur raconte qu'Etienne Marcel refusa de
montrer des lettres du roi de Navarre ou du régent qu'il portait sur lui
au moment de sa mort, M. Tessier trouve l'invention très drôle (p. 30).
Notez que cet incident est rapporté en termes à peu près semblables
dans la Chronique normande du XI V^ siècle. Etienne Marcel a essayé de
congédier les gardiens des portes dans la matinée du 31 juillet : M. Tes-
sier aurait préféré qu'il attendît jusqu'à la nuit (p. 32). A la page 15,
M. Tessier justifie Etienne Marcel d'avoir délivré, le 27 juillet, des pri-
68i
sonniers anglais ; il fait observer que la foule voulait les écharper, qu'il
n'y avait pas d'autre moyen de leur sauver la vie, et il félicite, à ce pro-
pos, le prévôt des marchands d'avoir courageusement rempli « son devoir
d'honnête homme ; » mais, à la page 33, M. Tessier ne comprend plus
comment Marcel n'a pas retardé de quatre jours la délivrance de ces
Anglais. Il rejette un renseignement fourni par Jean de NoyaH, sous
prétexte que sa chronique n'a été compilée qu'en l'année 1388 (p. 33) ;
mais il ignore que Jean de Noyai avait emprunté ce passage à la Chro-
nique normande, rédigée près de vingt ans plus tôt. Il montre le peu de
garanties qu'offrait au prévôt des marchands l'alliance du roi de Navarre;
mais il n'ajoute pas que Marcel n'avait plus le choix des alliances. Ses
arguments ne portent pas mieux contre l'excellente dissertation que
M. Luce a jointe au texte du traité conclu entre Edouard III et le roi
de Navarre.
De ce que le régent a prononcé, quatre jours après le meurtre, un dis-
cours violent contre Marcel, il ne s'ensuit pas que cette harangue soit
l'unique source des récits défavorables au prévôt qu'ont reproduits les
chroniqueurs (p. 24).
De même, pour démontrer que les complices de Marcel n'ont pas fait
les aveux rapportés dans la lettre du régent, il ne suffit pas de faire
remarquer le silence que garde à ce sujet le rédacteur des Grandes Chro-
niqties (p. 26).
Il faudrait ainsi reprendre une à une toutes les phrases de M. Tessier.
Bornons-nous à une seule remarque. La trahison d'Etienne Marcel est
affirmée par le régent et par l'auteur des Grandes Chroniques; mais ces
témoignages peuvent passer pour suspects. Elle est affirmée de plus par
Jean le Bel, contemporain dont les informations sont d'ordinaire pui-
sées aux sources anglaises. Elle est affirmée par Froissart. Elle est
racontée tout au long dans la Chronique normande. Ce qu'il y a de plus
remarquable, elle n'est niée par aucun des chroniqueurs ouvertement
favorables à la cause populaire. Ainsi Jean de Venette paraît trouver
l'accusation bien fondée (M. Tessier en convient presque, p. 33), la
reproduit tout au long, se garde de la réfuter et nous apprend qu'Etienne
Marcel et ses principaux complices en étaient venus à ne plus songer
qu'aux moyens de sauver leurs têtes : « Timentes ne deteriuseis forsitan,
« utputamors, ûnaliter contingeret, cogitaverunt ut secrète de sua sainte
« diligentius pertractarent. » Quant à WniQwv àaldi Chronique des quatre
premiers Valois, malgré ses sympathies navarraises, il nous montre la
terreur des Parisiens à la seule pensée que leur ville pourrait être livrée
à Charles le Mauvais et à son frère ; il parle de « l'emprinse » des
1. Qu'il cite d'après un article de Lacabane. Il ignore la publication faite, en
1883, par M. Aug. Molinier dans V Annuaire-Bulletin de la Société de l'his-
toire de France.
U
682
Navarrais, de leurs espérances déçues, du mécontentement et de la
retraite des Anglais « pour ce qu'ilz avoient failli à leur proye de Paris, »
et il remercie Dieu d'avoir sauvé cette ville d'une destruction et d'un
pillage qui paraissaient inévitables. Qui donc conteste la trahison du
prévôt des marchands? M. Tessier, lui seul; malgré le talent qu'il met
au service de cette cause, son opinion ne nous semble pas devoir con-
trebalancer le témoignage unanime des chroniqueurs du xiv" siècle.
Que l'on joigne à ces quelques remarques les nombreux éclaircisse-
ments que M. Siméon Luce a donnés dans ses divers ouvrages, avec
autant de science que d'impartialité, et l'on demeurera convaincu qu'il
ne reste rien ou bien peu de chose de la thèse de M. Tessier.
Cet ouvrage témoigne de l'adresse et de la sincérité de l'auteur. II
prouve également la puissance de son imagination et sa connaissance
par trop sommaire des sources de notre histoire. Nous avons dit en
commençant que M. Tessier avait voulu faire œuvre d'historien impar-
tial; nous n'avions peut-être pas alors présents à la mémoire certains
traits qui tendraient à faire croire le contraire. Le dauphin, dans sa
lettre au comte de Savoie, affirme à deux reprises que le meurtre
d'Etienne Marcel s'est accompli à son insu. Que M. Tessier refuse de le
croire sur parole, rien de plus légitime ! Mais il ne s'en tient pas là.
« Cette insistance à nier toute participation au meurtre » lui semble
« quelque peu louche. » « De pareilles précautions, dit-il, vont souvent
droit contre le but que se proposent leurs auteurs. Ici elles ont presque
le caractère d'une véritable révélation, d'un véritable aveu » (p. 22). Cette
phrase et quelques autres pourraient faire confondre, bien à tort, M. Tes-
sier avec ces écrivains passionnés pour lesquels les préférences tiennent
lieu de preuves et le parti pris de conviction.
N. Valois.
Inventaires et Documents publiés par la direction générale des
Archives nationales. Inventaire des arrêts du conseil d''Etat
(règne de Henri IV), par M. Noël Valois, archiviste aux Archives
nationales. Tome I. Paris, imprimerie nationale, 4886. In-4'',
cxLviii-482 pages.
L'administration des Archives nationales vient d'ajouter un nouveau
volume à la collection de ses inventaires et documents : ce volume est
le premier de l'inventaire des arrêts du conseil d'État au temps de
Henri IV; l'auteur en est M. Noël Valois ^.
On y trouve l'analyse de 5,712 arrêts empruntés, soit aux collections
des Archives, soit à seize manuscrits de la Bibliothèque nationale. Ces
arrêts correspondent à la période de 1592 à 1599 ; ils sont disposés par
1. Le travail avaK été commencé par MM. Gorré et Robert de Lasteyrie.
683
ordre chronologique. Chaque article comprend, après l'indication de la
date de temps et de lieu, un sommaire indiquant l'objet de la pièce,
et, « quand il y a Jieu, les circonstances les plus notables mentionnées,
soit dans l'exposé, soit dans le dispositif. » Une table très développée
facilite les recherches dans ce recueil. C'est à la fois une table alpha-
bétique des noms de personnes, que l'éditeur a pris soin de ramener,
autant que possible, à leur véritable forme, souvent altérée dans les
documents ; une table alphabétique des noms de lieux, que l'éditeur ne
manque jamais d'identifier, quand cela lui est possible; enfin une table
des matières, « groupant tous les renseignements fournis par les ana-
lyses d'arrêts sur l'histoire, les mœurs et les institutions de l'époque. »
Comme on peut bien le penser, ces renseignements sont aussi variés
que nombreux. Ils portent d'abord, et avant tout, sur la compétence et
les attributions du conseil; mais, en même temps, on peut dire qu'ils
portent sur tous les points de l'organisation administrative et financière
du pays et sur tous les événements de l'histoire dont ils sont contem-
porains. On y voit fonctionner les innombrables rouages qui forment
la machine compliquée de l'administration royale; on y prend sur le
vif les rapports du gouvernement central avec les provinces, les villes
et les communautés. A toutes les pages, il est question de créations,
de provisions ou de suppressions d'offices, des gages des officiers, de
leur compétence et des conflits qui les divisent; on rencontre parfois
des décisions intéressantes pour l'histoire de l'instruction publique :
par exemple l'arrêt du 16 mai 1595, ordonnant le paiement de la pen-
sion de trente écoliers entretenus par le roi au collège de Navarre ^. Je
ne puis songer à indiquer, même de loin, tous les renseignements que
fournira ce recueil sur les institutions du temps d'Henri IV; mais je
tiens à signaler le grand nombre d'informations qui permettront de
préciser tous les incidents des guerres de cette époque : arrêts concer-
nant les levées et les mouvements des troupes, l'approvisionnement des
armées, les travaux de fortification ou de démantèlement, les remises
d'impôts motivées par les excès des gens de guerre, l'exécution des
capitulations consenties par le roi en faveur de ceux de ses adversaires
qui posaient les armes, et mille autres détails importants pour l'histoire
de la guerre contre la Ligue ou l'Espagne.
Quelle que soit la richesse de ces renseignements, le service qu'a
rendu M. Valois aux études historiques vaut peut-être moins encore
par cette masse énorme d'informations que par la belle introduction dont
elle est précédée. M. Valois y débrouille l'histoire enchevêtrée du
conseil avant Henri IV ; d'une main ferme et sûre, il en trace définiti-
vement les grandes lignes, jusqu'ici fort inconnues; quand, sur sa
route, il rencontre une erreur ou une légende, il en fait impitoyable-
1. N» 2232.
684
ment justice. On ne saurait essayer de résumer ici chacun de ses
chapitres ; qu'il me soit permis au moins d'en signaler, avec quelques-
uns des résultats les plus nouveaux, quelques-unes des conclusions les
plus importantes.
A vrai dire, la grande institution de l'ancienne monarchie, c'était le
roi, ou plutôt la tradition de l'autorité royale transmise dans la famille
capétienne. La théorie constitutionnelle de l'ancienne France était en
somme très simple : « Si veut le roi, si veut la loi. » Toutefois, ce
principe n'avait souvent qu'une valeur théorique : car, en fait, il était
tempéré par mille contrepoids, par mille obstacles qu'il serait difficile
de déterminer avec précision, mais qui, dans leur ensemble, faisaient
la différence (et elle était profonde) entre la royauté française et le des-
potisme oriental. En tout cas, c'est de l'idée de son pouvoir absolu que
la royauté tira tous les organes du gouvernement qu'elle substitua aux
organes du gouvernement féodal; or, le réservoir où elle puisa les
forces nécessaires pour créer ces organes, ce fut le conseil du roi. C'est
dire que l'histoire du conseil est dans une large mesure l'histoire de la
constitution de la France.
A toutes les époques, le conseil fut composé des auxiliaires que se
choisissait le roi pour l'aider dans le gouvernement du royaume. De
temps en temps, un groupe de ces auxiliaires s'est, qu'on me passe l'ex-
pression, d'abord spécialisé, puis détaché : l'histoire du conseil se con-
fond avec celle de ces démembrements.
C'est de lui, nul ne l'ignore, que sont issues de bonne heure les deux
cours souveraines les plus anciennes, le parlement et la chambre des
comptes. Cette origine commune explique les relations intimes qu'en-
tretinrent jusqu'au xvn« siècle ces deux assemblées avec le conseil
royal : à ces relations, M. Valois consacre un très intéressant chapitre.
Il y rappelle les réunions plénières où se retrouvaient parfois le conseil
et l'une ou l'autre des deux cours. Ces réunions auraient été très nom-
breuses, s'il fallait entendre à la lettre ces mentions si fréquentes :
« Par le conseil estant dans la chambre du parlement. Par le conseil
estant en la chambre des comptes; » mais M. Valois, contrairement à
l'opinion de ses devanciers, prouve que ces formules désignent simple-
ment le parlement ou la chambre des comptes. Pour croire à une
réunion plénière de deux ou trois de ces assemblées, on exigera donc
une mention plus complète, indiquant par exemple la composition de la
réunion. M. Valois signale ensuite les cas nombreux où le conseil fut
complété au moyen de députations envoyées au conseil par le parle-
ment ou la chambre des comptes ^ ; il fait connaître les circonstances
1. Aux exemples, donnés par M. Valois, d'arrêts dus à la collaboration de
conseillers au parlement et de membres du conseil, je puis ajouter un arrêt
rendu dans un procès célèbre qui fut jugé en 1400 entre le gouverneur du Dau-
685
où des magistrats, choisis individuellement, furent appelés au conseil
et où réciproquement des conseillers d'État siégèrent dans les cours
souveraines; il passe en revue les conflits auxquels donnèrent lieu les
prétentions des uns et des autres.
Après un chapitre où l'auteur traite do l'histoire du conseil sous les
derniers Capétiens et les premiers Valois, il en vient à la formation de
la cour souveraine connue sous le nom de grand conseil.
Sur ce point, l'introduction de M. Valois jette une vive et abondante
lumière. Avant lui, tous les auteurs (sauf peut-être Pardessus) étaient
d'accord pour considérer l'ordonnance du 2 août 1497 comme la charte
fondamentale du grand conseil : « Charles VIII agissant, dit-on, sous
l'inspiration des États, aurait, en une ordonnance unique, posé les
assises de cette institution. » L'examen attentif des documents a con-
duit M. Valois à une tout autre conclusion. Il fait remarquer que, dès
le xiv^ siècle, à côté et au-dessus du parlement, le conseil royal, qu'on
appelait souvent le grand conseil , exerce un véritable pouvoir judi-
ciaire. Or, sous Louis XI, le parlement se fit l'adversaire irréconci-
liable de l'ordonnance qui révoquait la pragmatique sanction; alors, en
matière bénéficiale, une divergence profonde se produisit entre sa juris-
prudence et celle du conseil. « Le roi n'eut d'autre moyen de faire
triompher sa politique que d'attribuer la connaissance des matières
religieuses à des conseillers au grand conseil, non suspects de galli-
canisme. » A compter de la première année du règne de Charles VIII
(1483), des registres conservés jusqu'à nos jours nous montrent le grand
conseil fonctionnant comme un tribunal distinct, indépendant du
conseil et pourvu d'un ministère public ; il s'en faut donc de beaucoup
phiné et l'archevêque de Vienne ; il s'agissait des suites de l'une des conti-
nuelles entreprises de l'administration delphinale contre la souveraineté de l'ar-
chevêque. L'arrêt fut préparé au parlement sous la direction du premier
président Jean de Popincourt. Mais ce magistrat ne voulut pas le rendre sans
lassentiment du conseil : « Et nolebat idem presidens, ut dicebat, dictum
arrestum pronunciare, nisi dictis dubiis primitus in nostra (c'est le roi qui
parle) presencia discussis. » La discussion eut lieu en effet au conseil et la con-
clusion en fut que Jean de Popincourt reçut du roi l'ordre de prononcer l'arrêt
tel qu'il avait été préparé au parlement (13 octobre 1400. Archives de l'Isère,
archevêché de Vienne, G. 9). Quelques années après, nouveau procès entre les
mêmes parties : l'instruction est confiée à deux présidents au parlement, Jacques
de Rully et Imbert de Boissy (1404) ; ils y appellent plusieurs des maîtres des
requêtes de l'hôtel « et des messieurs du parlement et des enquêtes, » afin de
« visiter » le procès pour préparer la décision. La cause fut tranchée, en
octobre 1404, par un arrêt rendu au conseil par le chancelier et les membres
du parlement et du conseil appelés à siéger dans l'affaire. (Archives de l'Isère,
chambre des comptes, Liber tercius copiarum Vienne et terre Turris, p. 16
et suiv.)
686
qu'il ait été créé par l'ordonnance de 1497. Dès 1483, le grand conseil
est en possession de sa juridiction, assez mal délimitée, mais qui
comprend surtout les procès en matière de bénéfices et d'offices; dès
cette époque, il sait la défendre contre les attaques du parlement et des
états généraux. C'est donc au règne de Louis XI qu'il faut reporter la
création du grand conseil, ou plutôt, ainsi que le dit M. Valois,
l'épanouissement de ce rameau, qui se sépare du tronc commun,
comme jadis s'en sont séparés la chambre des comptes et le parlement.
Là ne s'arrêtera pas la fécondité de cette vieille souche qui s'appelle
la curia régis; cependant, les sections qui désormais s'en détacheront,
au lieu de se transformer en cours souveraines, constitueront des con-
seils spéciaux qui ne seront jamais considérés comme définitivement
séparés du conseil. Nous allons assister à la formation des conseils des
affaires, des finances et des parties.
Le conseil, tel qu'il était organisé à la fin du xv« siècle, était trop
nombreux pour discuter les grandes affaires de l'État. Depuis le
xiv'^ siècle (on le constaterait au xni'' siècle si les documents le permet-
taient), les rois ont manifesté une tendance marquée à restreindre à un
petit nombre de conseillers la préparation des affaires politiques : de
là est issue une assemblée peu nombreuse, composée, suivant les
besoins du moment, des conseillers intimes; c'est le conseil des affaires
qui, sous François le»", se sépare du conseil proprement dit. M. Valois
en suit les vicissitudes jusqu'à Henri IV et nous fait prévoir les hautes
destinées de cette assemblée qui, un jour, sous le nom expressif de
conseil d'en haut, aidera Louis XIV à diriger les destinées politiques
de la France.
Le conseil, représentant du roi, l'assistait dans la direction et l'ad-
ministration de ses finances. C'était là un domaine qui devait bientôt
lui être contesté. M. Valois montre clairement que, pendant le
xvi« siècle, l'administration supérieure des finances oscille entre un
surintendant et un conseil des finances distinct du conseil d'État.
L'auteur nous fait assister à toutes les péripéties de cette lutte entre la
direction unique et la direction multiple, lutte qui paraît un instant
se décider à l'avantage de Sully, surintendant des finances. Mais bien-
tôt le conseil spécial des finances est réorganisé (en 1611); il devait
jouer encore, plus d'une fois, « un rôle prépondérant dans l'adminis-
tration centrale. »
Ainsi le conseil royal a perdu la direction de la politique, et en
partie du moins celle des finances. Il semble réduit aux affaires de pure
administration; mais voici qu'en ce même xvi^ siècle, il recouvre une
partie du terrain perdu. Dès le milieu du siècle, cinquante ans à peine
après l'organisation définitive du grand conseil, il avait retrouvé des
attributions judiciaires : non seulement il remplit un rôle analogue à
687
notre cour de cassation (règlements de juges, cassation, etc.), mais il
connaît de procès ordinaires, entre parties privées, « pour matières qui
se doivent décider dans un chàtclet de Paris ou une cohue de Rouen. »
Tant il est vrai que, d'après la constitution intime de la monarchie, le
roi ne peut irrévocablement détacher de lui le pouvoir judiciaire, tant
il est vrai aussi que l'autorité suprême a besoin d'avoir à sa disposition
des juges moins indépendants que les membres des cours souveraines!
La compétence indéfinie et la juridiction élastique du conseil sont
comme des soupapes de sûreté destinées à parer aux dangers qui pour-
raient naître de la trop complète autonomie des cours de justice :
ajoutez à cela que ces institutions découlent naturellement de la théorie
constitutionnelle, d'après laquelle toute justice émane du l'oi. Pour
s'acquitter de ces fonctions, le conseil possède, dès Henri U, une sec-
tion judiciaire qui, peu à peu, sous le nom de conseil des parties,
devient un nouveau tribunal dont la compétence est illimitée et dont
la procédure est réglée avec soin. Toutefois, si à cette époque le conseil
des parties se sépare du conseil d'État, la royauté ne renouvelle pas
pour cela la faute commise par elle lors de l'établissement du grand
conseil. Elle se garde bien de rompre les derniers liens qui rattachent
ce conseil au conseil d'État et n'en fait pas une cour souveraine. Le
conseil des parties « continua de suivre la cour, et ses membres ne
furent jamais pourvus en titres d'office. »
Le conseil d'État survivait cependant à tous ses démembrements ; il
gardait des attributions toujours variables, qui, pour avoir été singu-
lièrement limitées, n'en conservaient pas moins une certaine impor-
tance. Le conseil connaissait de certaines affaires de gouvernement
intérieur et de contentieux administratif, et surtout d'affaires finan-
cières : telle était sa principale occupation à la fin du xvi^ siècle. Aussi
l'appelle-t-on souvent le conseil d'État et des finances. Cependant, il ne
fait pas double emploi avec le conseil spécial des finances : « Il nous
semble, dit M. Valois, que ce dernier se plaçait de préférence au point
de vue du gouvernement, le premier au double point de vue du gouver-
nement et des particuliers : l'un n'avait guère d'autre mission que de
remplir la caisse publique, l'autre se préoccupait plutôt de concilier
l'intérêt du prince avec celui des sujets et d'exercer dans le domaine
fiscal une justice administrative. »
La place me manque pour suivre M. Valois dans l'étude, toujours
claire, précise et intéressante, qu'il fait de toutes les questions intéres-
sant le conseil d'État : nombre, qualité et réception des conseillers,
leurs privilèges, les officiers et les séances du conseil, ses écritures et
ses archives. Je veux seulement attirer l'attention du lecteur sur un des
points les plus nouveaux de cette partie de l'introduction.
En temps normal, les conseillers étaient purement et simplement
688
les instruments du roi ; ils n'avaient aucun pouvoir propre. Le prince
qui les nomme peut les briser; en tout temps, « il a l'œil sur eux, et
au premier écart il intervient. »
En fut-il toujours ainsi? Ne peut-on pas citer certaines périodes où
l'influence du souverain sur le conseil fut atténuée, sinon anéantie.
Les états n'essayèrent-ils pas d'exercer une influence sur le choix des
chefs du gouvernement? En d'autres termes, l'histoire de France ne
nous présente-t-elle pas, à diverses reprises, des tentatives de gouver-
nement parlementaire? M. Valois, après avoir examiné la question,
arrive à cette conclusion « qu'on a sensiblement exagéré l'influence
exercée par les états sur la composition des conseils. Non seulement,
ajoute-t-il, ils ne sont intervenus que lorsque le roi, prisonnier ou
mineur, réduit à l'impuissance par sa jeunesse ou accablé par les diffi-
cultés, abandonnait forcément une part de ses prérogatives ; mais ils
ont remporté, en somme, d'assez médiocres avantages. »
Il faudrait tout citer de cette dissertation où sont refaits plusieurs
chapitres de l'histoire de France. Qu'il me soit au moins permis d'en-
registrer les conclusions de M. Valois sur le plus ancien et le plus
récent de ces chapitres.
L'opinion unanime des historiens enseigne qu'après la bataille de
Poitiers, en 1356-1357, les états généraux ont imposé à la royauté un
conseil souverain, élu par les représentants des trois ordres, « sorte de
régime populaire substitué en plein xiv^ siècle à la monarchie tradi-
tionnelle, » et, pour quelques-uns, sorte de proclamation anticipée de la
république. Déjà, dans un article fort remarqué, M. Valois avait
rabattu l'exagération de cette légende ; de nouveau, il justifie sa con-
clusion qu'il formule en ces termes : « Des hommes furent écartés, un
élément électif furtivement introduit dans le conseil; mais ce fut tout :
rien de changé pour l'avenir, ni dans le mode de recrutement, ni dans
le titre essentiellement révocable des conseillers du roi. »
S'il est un épisode célèbre dans l'histoire populaire de Henri IV,
c'est cette assemblée des notables de Rouen entre les mains desquels
le Béarnais avait promis de se mettre en tutelle. D'après l'opinion
générale, cette assemblée avait été invitée par le roi à nommer un
conseil, dit conseil de raison, qui, au bout de trois mois, dut décliner
une mission trop lourde pour ses forces. M. Valois montre très bien
que cette opinion, quelque appui qu'elle trouve dans les Économies
royales de Sully, n'est nullement conforme aux témoignages contem-
porains. Les notables réunis à Rouen ne sollicitèrent même pas le droit
d'élire un nouveau conseil, et c'est Henri IV qui composa lui-même la
commission financière dite conseil de raison.
Je crois en avoir assez dit pour être en mesure de déterminer en
quelques mots la portée de l'œuvre de M. Valois; il a renouvelé l'his-
689
toire du conseil royal avant Henri IV, et, chemin faisant, il a mis à
néant plusieurs des légendes les plus accréditées de l'histoire de ce
conseil. El me semhle que la constatation de ces résultats est le plus
bel éloge que je puisse faire de l'étude perspicace, sobre et élégante
placée par M. Valois en tête de sa nouvelle publication.
Paul FOURNIER.
Souvenirs d'Eure-et-Loir, eaux -fortes par P. Gillard, avec lexle
explicatif par A. Gillard. Première et deuxième séries. Chartres,
impr. Ed. Garnier, 'I876-'I885. In-4°, 44 p. et 42 planches.
L'intérêt qui s'attache à toute reproduction archéologique et, d'autre
part, le peu de réclame fait jusqu'ici à cette intéressante publication
m'engagent à signaler ici les monuments et objets d'art qui en font
l'objet. Les voici dans l'ordre de leur apparition :
Première série.
^ 1. Frontispice.
2. Pierre tumulaire provenant de l'abbaye de Coulombs ("aujourd'hui
dans l'église, elle représente l'abbé Philippe, mort en mai 1272).
3. Gavée de Coulombs (où se trouvait l'ancien pressoir des religieux).
4. Poutres en bois sculpté à Aunay-sous-Auneau (du xv° siècle, pro-
viennent de l'église Saint-Rémi d'Auneau).
5. Pierre tumulaire dans l'église d'Aunay (représente un nommé
Clément, prêtre, du xni^ siècle).
6. Tour de l'ancienne église de Lormaye (tout ce qui reste de ce
monument démoli vers 1830).
7. Ivoire provenant de la crosse d'un évêque de Chartres (du xni° s.,
recueilli à Fontaine-la-Guyon).
8. Poterne du château d'Auneau (tout ce qui reste de ce curieux
manoir).
9. Pierre tumulaire dans l'église de Gallardon (représente Antoine
Jaret, huissier au chàtelet, et sa famille).
10. Armoiries des verrières de l'église de Nogent-le-Roi.
11. Plaque de serrure de la Renaissance, provenant de Nogent-le-Roi.
12. Pilori du moine, à Roinville-sous-Auneau (ancien prieuré dépen-
dant de Saint-Martin-des-Champs).
13. Pierre tumulaire dans l'église d'Auneau (représente Guy Miche-
net, procureur fiscal de la chàtellenie dudit lieu, et sa famille).
14. Un coin du vieux Nogcnt[-le-Roi].
15. Verrous prov> nant du château d'Anet (appartiennent à l'auteur).
16. Pierre tumulaire provenant de l'abbaye de Coulombs (représente
un chevalier de la famille de Thony?).
17. Restes de l'ancien château de Levainville.
690
18. Soufflet du xviie siècle, trouvé aux environs de Dreux.
19. Clefs de voûte dans l'église de Nogent-le-Roi.
20. Pierre tumulaire dans l'église de Gallardon (représente Mathurin
Levacher, lieutenant général au bailliage de Gallardon, et sa femme).
'il. Croix de carrefour du xvi^ siècle, à Croisilles.
Deuxième série.
22. Frontispice (d'après une reliure du xvni^ siècle).
23. Manoir de Ruflin (disparu depuis quelques années).
24. Pierre tumulaire dans l'église de Mesnil- Simon (xvi® siècle,
représente Jean du Bec, seigneur de ce lieu, et sa femme).
25. Paix en cuivre du xv^ siècle, provenant de Saint-Piat. — Pions
de table à jouer du xn^ siècle, en ivoire (analogues à ceux que possède
le musée du Louvre; ils appartiennent à l'auteur).
26. Portail de l'église d'Anet.
27. Pierre tumulaire dans l'abbaye de Bonneval, aujourd'hui asile
départemental des aliénés (représente Nicolas de Frécot, archidiacre du
Dunois au xin' siècle).
28. Bénitier en cuivre doré du xvii^ siècle, provenant du Boulay-
Thierry.
29. Clocher neuf de la cathédrale de Chartres, d'après une aquarelle
inédite de Deroy (1829).
30. Plat en faïence rouennaise du xvn^ siècle, trouvé à Faverolles.
31. Pierre tumulaire dans l'église de Saint-Léger-des-Aubées, aujour-
d'hui brisée (représente la veuve et la fille de Jean Dumaitz, seigneur
dudit lieu au xvi^ siècle).
32. Abside de l'église de Santeuil (romane).
33. Épernon, d'après la gravure de Claude Chastillon.
34. Pierre tumulaire dans l'église d'Oinville-sous-Auneau (représente
Mgr Jehan de Chartres et sa femme, xiv' siècle).
35. Vitrail du xvi^ siècle trouvé à Chartres (représentant Charlemagne
empereur).
36. Restes de l'entrepôt de la navigation à Nogent-le-Roi.
37. Aumônière en velours noir brodée et armoriée du xviiie siècle.
38. Pierre tumulaire dans l'église de Prunay-le-Gillon.
39. Porte Morard à Chartres (disparue depuis plusieurs années).
40. Sceau de 1653 (gravé par Collier) et sa cassette, objets recueillis
au Boullay-Thierry.
41. Pierre tumulaire dans l'église de Conie (représente Jean Vaillant
de Guélis, décédé en 1574, et sa mère).
42. Ancienne place des halles à Nogent-le-Roi.
Cette aride nomenclature suffira néanmoins à montrer l'idée qui a
présidé à la constitution de ce recueil. Cette suite d'eaux-fortes, faites
694
avec soin et dessinées avec une scrupuleuse fidélité, doit, dans la pen-
sée de l'artiste, sauver de l'oubli les nombreuses richesses archéolo-
giques que le sol beauceron peut ou pouvait encore, il y a peu d'années,
nous livrer. M. Gillard ne peut qu'en être loué. Le texte explicatif qui
accompagne chaque planche a le mérite de la sobriété; il est toujours
clair et instructif. On regrettera seulement de n'y pas trouver l'expli-
cation des armoiries qui ornent, par exemple, les voûtes de l'église de
Nogent-le-Roi (n» 19) et le plat en faïence de Houen (n» 30).
Si, comme sa préface semble l'indiquer, M. Gillard travaille à une
troisième série de Souvenirs, les archéologues de l'avenir lui sauront gré
de reproduire, à l'aide de son habile burin, les curieux vestiges du
Perche et du Dunois qui existent encore (Brou, Frazé, Frétigny, la
Bazoche-Gouët, etc.), et l'ancienne église Saint-André, à Chartres,
aujourd'hui convertie en magasin à fourrages.
H. Stein.
="§«
CHRONIQUE ET MÉLANGES.
— Le 28 janvier 1887, notre confrère M. VioUet a été élu membre de
l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
— Nous avons la douleur d'annoncer la mort d'un de nos jeunes
confrères, M. Charles-Marie-Clément Durier, archiviste des Hautes-
Pyrénées, décédé le 25 janvier 1887, dans sa trente-troisième année.
— La soutenance des thèses des élèves de l'Ecole des chartes a eu
lieu le 24, le 25 et le 26 janvier. Voici le sujet des travaux des can-
didats :
Étude de linguistique à propos des chartes en langue romane de
Douai au xiii« siècle, par Gh. Bonnier.
L'Hôtel-Dieu de Paris au moyen âge, par Ern. Goyecque.
Essai sur l'histoire de la corporation des serruriers et description de
quelques-uns de leurs ouvrages, par H. d'Allemagne.
Étude sur l'histoire et l'organisation de la commune d'Agen jusqu'au
traité de Brétigny, par A. Ducom.
Les appels de Guyenne devant le parlement de Paris sous Edouard I^r
et Edouard H, par A. Dupond.
Contributions à la vie de Philippe de Maizières (1327-1405), par
A. Froment.
Geoffroy H, dit Martel, comte d'Anjou , par L. Loizeau de Grandmaison.
Antoine de Chabannes, comte de Dammartin, grand maître de France,
par A. Isnard.
Louis, duc d'Orléans (1372-1407), par E. Jarry.
États souverains de Basse-Navarre (xvi« siècle), par P. Labrouche.
Essai sur le cardinal Georges d'Amboise, par E. Laloy.
Essai sur la condition des juifs dans le domaine royal au xm^ siècle,
par L. Lazard.
Roscelin et Guillaume de Champeaux, par H. de Manneville.
Géographie et topographie féodales du Perche, par 0. de Romanet.
Gaston VUI, vicomte de Béarn (122*-1290), par J.-J. Tissier.
Monographie de la cathédrale de Séez, par H. Tournoiier.
Les églises romanes de l'ancien diocèse de Màcon, par J. Virey.
— Par arrêté ministériel du 1«'' février, sur la proposition du conseil
de perfectionnement, ont été nommés archivistes paléographes :
693
1° Dans l'ordre de mérite suivant :
MM. DE Manneville,
COYECQUE,
LoiZEAu DE Grandmaison,
Jarry,
ViREY,
D'Allemagne,
Froment,
Laloy,
tournouer,
Labrouche ;
2° Hors rang, comme appartenant à des promotions antérieures :
MM. DupOND,
ISNARD,
Lazard,
De Romanet.
EXPOSITION DE LIVRES LITURGIQUES A LONDRES.
A l'exposition musicale qui eut lieu à Londres en 1885, une place
avait été réservée pour les livres liturgiques, manuscrits ou imprimés.
M. W.-H.-James Weale, l'un des principaux organisateurs de cette
exposition, en a fixé le souvenir dans un volume qui sera fort recherché
des bibliographes et qui est intitulé : Historical Music Loan Exhibition,
Albert Hall, London. June-October 1885. A Descriptive Catalogue of rare
manuscripts and printed books, chifley liturgical, exhibited by lier Majesty
Qucen Victoria; the universities of Cambridge, Cracow and Oxford; the
national Hungarian Muséum, Buda-Pest; the archbishop of Mechlin; the
earl of Ashburnham, earl Spencer, W. H. Cummings, A. H. Littleton,
J. E. Matthew, etc. (London, Bernard Quaritch, November 1886. In-S"
de XV et 191 pages.)
Ce catalogue renferme la description détaillée d'environ deux cents
volumes d'une insigne rareté, dont plusieurs étaient jusqu'à présent
inconnus. De bons fac-similés accompagnent les principales notices.
L'ouvrage est composé avec la science et le soin auxquels nous ont
habitués les précédents travaux de l'auteur. On y trouve des obser-
vations neuves et importantes sur beaucoup de questions relatives à
l'histoire de la liturgie, de la musique, de la miniature et de l'imprimerie.
Nous citerons en particulier la description du psautier imprimé, en
1457, par Jean Fust et Pierre Schoffer (p. 27-45). La minutieuse compa-
raison des exemplaires conservés au Musée britannique, au château de
"Windsor et au château d'Althorp a suggéré à M. Weale des remarques
très curieuses sur la façon dont a été exécuté un livre qui tient l'un des
premiers rangs parmi les plus anciens monuments de la typographie.
L. Delisle.
694
PRÊT D'UN ROMAN DE CÉSAR EN 1457.
Nous devons à notre confrère M. Gélestin Port la communication d'un
texte relatif à un exemplaire du roman de César ^ que l'abbé de Saint-
Florent de Saumur, Jean du Bellay, prêta le 13 mars 1457 à Bertran
de la Haye, seigneur de Mallelièvre. Il l'a trouvé en rangeant le fonds de
Saint-Florent aux archives de Maine-et-Loire, dans la liasse Abbés, sous
la cote provisoire H. 4163.
Par l'acte dont il s'agit, Bertran de la Haye, seigneur de Mallelièvre,
reconnaît « avoir, à cause de prest, de révérant père en Dieu Mons'"
« l'evesque de Frejus et abbé de Saint-Florent ung romand de Julius
« Gesar, commansant ou premier chapitre : Chascun homme a qui Dieu
« a donné sens et entendement; et ou segond chapitre Grant estrive-
« ment; et ou penultime chapitre Lors se mist César, etc.; et ou dar-
« rain : Puys puijs fut H fans ordonnes ou chauxs, etc. »
VERS LATINS DE CLAUDE DE BÈZE.
Un Diurnal cistercien, formant un petit volume in-octavo de 192 feuil-
lets, en caractères gothiques, nous a conservé douze vers latins compo-
sés par le dernier abbé régulier de l'abbaye de Froimont, au diocèse de
Beauvais. Ces vers sont imprimés sur le second feuillet du volume, avant
le calendrier. En voici la rubrique et les premiers mots :
« Duodecim gradus humilitatis ex régula sancti Bene || dicti duode-
cim versibus conscripta a domino II Claudio de Besze abbate Frigi ||
dimontano. || Judicium Domini semper time cuncta videntis... »
La mort de Claude de Bèze est fixée au 13 juillet 1553 par les auteurs
de la Gallia christiana (IX, 833), qui n'indiquent aucune composition lit-
téraire de cet abbé. L'exemplaire du Diurnal cistercien que nous avons
eu sous les yeux était dépourvu de son titre; il nous avait été commu-
niqué par M. Rosenthal, libraire à Munich.
UN NOUVEAU CATALOGUE DES MANUSCRITS GRECS
DU VATICAN AU XVI^ SIÈCLE.
Dans les travaux récemment publiés sur l'histoire de la bibliothèque
du saint-siège-, il n'est pas fait mention d'un catalogue des manuscrits
1. Notre confrère M. Paul Meyer, dans le tome IV de la Remania, a fait
l'histoire de la compilation historique connue sous le titre de : les Faits des
Romains ou le Livre de César.
2. G.-B. de Rossi, la Bibiioteca délia Sede apostolica ed i catalogi dei suai
manoscritti. Rome, 1884, in-4°. — Eug. Mûntz, la Bibliothèque du Vatican au
XVP siècle, notes et documents. Paris, 1886^ in- 12. — J.-B. de Rossi, De ori-
gine, historia, indicibus scrinii et bibliothecse sedis apostolicae commentatio.
Rome, 1886, in-4°.
695
grecs du Vatican qui se trouve à la bibliothèque Vallicellane de Rome '.
L'index des manuscrits grecs de cette bibliothèque, publié en 1606 à la
suite de l'Appai^atus sacer de Possevin, le cite cependant, mais sous un
titre qui ne permettait guère de le reconnaître : « Index librorura grae-
corum bibliotheccc régis Francorum^. »
Ce manuscrit, aujourd'hui encore coté F. 7, forme un volume petit
in-4'', relié à nouveau en parchemin et composé de i09 feuillets de
papier, mesurant 0'"240 sur 0'°172. Il porte le titre suivant, calligra-
phié au xvne siècle : « Index librorum graecorum bibliothecœ régis
Gallorum, qui usui fuit card. Baronio in contexendis Annalibus eccle-
siasticis. » En tête du premier feuillet, on lit cette autre note, d'une écri-
ture un peu plus ancienne : « Indice de libri greci nella libraria del re di
Francia. » Le texte du catalogue débute : 'ATtTCtavoO xviç ka)>ixîii; laToptaç
PiêXt'a itévTe... et se termine par : 'Qpiyhovç ex tûv et; to xa-raxOaîov {sic)
sOafyeXsov...
Les premiers et derniers mots qu'on vient de lire du manuscrit de la
Vallicellane suffisent pour montrer que ce n'est pas un catalogue de la
bibliothèque de Fontainebleau sous François I^r ou Henri II. C'est un
nouvel exemplaire du catalogue alphabétique des manuscrits grecs delà
bibliothèque Vaticane, rédigé sous la direction d'Agostino Steuco,
bibliothécaire du saint-siège de 1538 à 1548 3, et qui semble avoir été
transcrit par l'un des principaux copistes de la Vaticane à cette époque,
Giovanni Onorio d'Otrante-^. H. 0.
MANUSCRIT DE SAINT-ÉLOI DE NOYON.
M. Morgan, libraire à Paris, a bien voulu nous communiquer un
manuscrit venu, selon toute apparence, de l'abbaye de Saint-Éloi de
Noyon et dont nous sommes heureux de pouvoir donner ici la notice :
Volume de 73 feuillets de parchemin, hauts de 0°^360 et larges de
0™253. Écriture du xiv^ siècle, à deux colonnes sur les fol. 1-47, à
longues lignes sur les feuillets suivants.
Il contient : 1° la vie de saint Éloi, attribuée à saint Ouen, telle que
dom Luc d'Achery l'a publiée (Spicilegium, éd. in-folio, t. U, p. 76-123);
dans le manuscrit, cette vie est divisée en trois livres, tandis qu'elle est
coupée en deux dans l'édition;
2° La relation d'une découverte de reliques faite en 1183 dans l'ab-
baye de Saint-Éloi de Noyon, relation dont les passages les plus inté-
ressants sont publiés dans la Gallia christiana, t. IX, col. 1058 et 1059;
1. Les manuscrits de 'a Vallicellane sont aujourd'hui confiés à la Reale Società
romana di storia patria.
2. Page 28, ligne 19 du bas de l'édition de 1606; p. 22, 1. 14 du bas de l'édi-
tion de 1608.
3. Voy. Eug. Mùntz, la Bibliothèque du Vatican au XVI' siècle, p. 88, 89.
4. Voy. sur ce personnage, ibid., p. 101 et suivantes.
696
3" Les vers inscrits sur une croix dont on rapportait l'exécution à
saint Éloi et que l'auteur de la relation précédente désigne par ces
mots : « Crux vetustissima, auro gemmisque operata, que de opère
manuum ipsius esse ferebatur » ;
4° Un long office noté de saint Éloi.
Voici l'indication exacte de ces différents morceaux :
Fol. 1. Incipit prologus in vitam sancti Eligii, episcopi Noviomi, édita
a beato Audoeno, Rotomagensi archiepiscopo. Gum gentiles poète stu-
deant...
Fol. 2. Incipiunt capitula primi libri.
Fol. 2 -v". Incipit liber primus. De prosapia sancti Eligii et loco nati-
vitatis ejus. Igitur Eligius prope Lemovecas...
Fol. 45. Incipit prologus in libro secundo. Domino propiciante vitam
beati confessoris Eligii...
Fol, 15 v°. Incipiunt capitula libri secundi.
Fol. 15 v°. Incipit liber secundus. De beresi symoniaca Gallias per-
vagante. (Fol. 16.) Eligius itaque olim jam in pallacio militaverat...
Fol. 26 v». Incipit prologus in librum tercium. Quia igitur per alter-
nas temporum vices discurrens...
Fol. 26 v». Incipiunt capitula libri tertii.
Fol. 27. Incipit liber tercius. Ubi obitum suum dudum predixit. Fac-
tura est autem in diebus illis postquam Eligius cuncta mundi hujus
ad versa...
Fol. 42. Epistola Dadonis ad Rodobertum papam.
Fol. 42. Rescriptum ad Dadonem a Rodoberto. — Fol. 42 v. ...ora-
tionum vestrarum supplex queso suffragium, domine, semper. Dado.
Explicit vita sancti Eligii episcopi Noviomi.
Fol. 42 v». Incipit relatio quomodo sancti Eligii pera cum quibusdam
aliis reliquiis manifestata est, et que miracula in ipsa manifestacione
facta sunt. Gum omnipotens Deus profusiorem graciam sanitatum et
curacionum... — Fol. 47 v". Explicit relacio de pera sancti Eligii.
Fol. 47 \° [versus] :
Bis furtim sublata fui, bis ecce relata,
Et sum Remigio pâtre restaurata studente.
Horum dentés sunt Quintini martiris almi
Eligiique simul venerandi jure reguntur (teguntur?).
Sancte sub ruseo Godoberte dens amet (sic) isto.
Hec imputribilis crux stipite nexa cypressi
Splendide reliquiis dicta (ditata ?) nitet pretiosis.
Portio vivifiée crucis in medio bujus habetur,
Hii versus scripti sunt in cruce presulis almi.
Fol. 48-72. Office noté de saint Éloi, précédé (fol. 47 v°) de cette
rubrique : « In deposicione beati Eligii episcopi et confessoris, ad ves-
peras, super psalmos anthifona. »
Le volume est orné de buit petites miniatures, sur les fol. 1, 2 v", 15,
16, 26 vo, 27, 42 v° et 48.
LISTE DES SOUSCRIPTEURS
BIBLIOTHEQUE DE L'ECOLE DES CHARTES
POUR l'année 1886.
-O.Û-'ÇXft*'»-
Le ministre de l'instruction pu-
blique et des beaux-arts.
Le garde des sceaux, ministre de
la justice.
Académie (l') des inscriptions et
BELLES-LETTRES, à Paris.
— IMPÉRIALE DES SCIENCES
(classe philosophico- histo-
rique), à Vienne.
— ROYALE DES LiNCEi, à Rcme.
American (the) journal ofarch,eo-
LOGY, à Baltimore.
Archives (les) de Genève.
— DE Toscane, à Florence.
— DÉPARTEMENTALES DE l'A-
veyron, à Rodez.
— — DES Bouches-du-Rhône, à
Marseille.
DE LA Creuse, à Guéret
DU Doues, à Besançon.
DE l'Indre, à Ghâteauroux.
DU Loiret, à Orléans.
DU Nord, à Lille.
DU Puy-de-Dôme, à Cler-
mont-Ferrand.
DE LA Haute-Saône, à Ve-
soul.
DES Deux-Sèvres, à Niort.
DU Tarn, à Albi.
DU Var, à Draguignan.
DE LA Vendée, à la Roche-
su r-Yon.
Archives départementales desVos-
ges, à Epinal.
— DU Vatican, à Rome.
— MUNICIPALES, à Marseille.
— NATIONALES, à Paris.
Athénée (l') barcelonais, à Bar-
celone.
BÉNÉDICTINS (les RR. PP.), à So-
lesmes (Sarthe).
Bibliographie (la) de la France,
journal général de l'imprimerie
et de la librairie, à Paris.
Bibliothèque (la) cantonale, à
Lausanne.
— centrale, à Bukarest.
— DE l'Archevêché, à Lyon.
— DE l'Arsenal, à Paris.
— DE l'École Sainte-Gene-
viève, à Paris.
— de l'Lmstitut catholique, à
Lille.
à Lyon.
à Paris.
— de l'Ordre des Avocats,
à Paris.
— DE l'Université, à la Sor-
bonne, à Paris.
— DE l'Université de Berne.
de Gênes.
d'Innsbruck.
DE PiSE.
— DE la Chambre des députés,
à Paris.
l. Ceux de messieurs les souscripteurs dont les noms seraient mal orthogra-
phiés, les titres omis ou inexactement imprimés, sont instamment priés de vou-
loir bien adresser leur^ réclamations à M. Alphonse PICARD, libraire de la
Société de l'École des chartes, rue Bonaparte, 82, à Paris, afin que les mêmes
fautes ne puissent se reproduire dans la quarante-huitième liste de nos sous-
cripteurs, qui sera publiée, suivant l'usage, à la fin du prochain volume de la
Bibliothèque.
45
698
Bibliothèque de l\ Cour d'appel,
à Paris.
— DE LA Faculté de droit, à
Lyon.
à Paris.
à Toulouse.
— DE LA ville d'ArRAS.
DE BaYEUX.
DE BaYONNE.
DE BlOIS.
DE Boulogne-sur-Mer.
DE Brème.
DE Cognac.
DE Genève.
DU Mans.
DE Marseille.
DE Metz.
DE MonTAUBAN.
DE Nancy.
DE Nantes.
de Nice.
d'Orléans.
DE Pau.
DE Poitiers.
DE Reims.
DE Rennes.
DU Rio de Janeiro.
DE LA Rochelle.
DE Rouen.
DE Saintes.
DE SaINT-ÉtIENNE.
DE SoiSSONS.
DE Tours.
DE VaLENCIENNES.
— DES Sociétés savantes, au
ministère de l'instruction
publique, à Paris.
— du Sénat, à Paris.
— Mazarine, à Paris.
— Méjanes, à Aix.
— nationale, à Paris (dépar-
tement des imprimés).
(départ, des manuscrits).
— Peabody, à Baltimore.
— universitaire, à Aix-en-
Provence.
à Alger.
à Besançon.
à Bordeaux.
à Glermont-Ferrand.
à Douai.
Bibliothèque universitaire, à Lyon.
à Montpellier.
à Rennes.
— Victor-Emmanuel, à Rome.
Cercle agricole (le), à Paris.
Directeur (le) de l'enseignement
supérieur, au ministère de l'ins-
truction publique, à Paris.
— DU secrétariat et de la comp-
tabilité, au ministère de l'ins-
truction publique, à Paris.
Ecole (l') française de Rome.
— Massillon, à Paris.
— nationale des chartes, à
Paris (2 ex.).
— SUPÉRIEURE DE DIPLOMATIQUE,
à Madrid.
English (the) Historical Review,
à Londres.
Institut (l') de France, à Paris.
Jésuites (les RR. PP.), à Paris.
à Toulouse.
Bollandistes, à Louvain.
Ministère (le) de l'instruction
PUBLIQUE, à Paris (60 ex.).
Mittheilungen des Instituts fïjr
OESTERREICHISCHE GeSCHICHTSFOR-
scHUNG, à Vienne (Autriche).
Revue (la) archéologique, à Paris.
— HISTORIQUE, à Paris.
SOCIETA (la) ROMANA DI STORIA PA-
TRiA, à Rome.
Société (la) ARCHÉOLOGiQxra; de Bé-
ZIERS.
— BIBLIOGRAPHIQUE, à Paris,
— d'agriculture d'Angers.
de Douai.
— d'archéologie d'Avranches.
— DE LA Diana, à Montbrison.
— DE NUMISMATIQUE DE BEL-
GIQUE, à Bruxelles.
DES ANTIQUAIRES DE l'OuEST,
à Poitiers.
DE la Morinie, à St-Omer.
DE Picardie, à Amiens.
Université (l') de Vienne (Autriche) .
MM.
*Alaus, à Montpellier ^.
*André (Edouard), à Paris.
l. Les noms précédés d'un astérisque sont ceux des membres delà Société de
l'École des chartes.
699
* André (Francisque), archiviste de
l'Aube, à Troyes.
Antonin (le R, P.), à Lyon.
Appert, à Fiers.
*ARBOtS DE JuBAINVILLE (H. d'),
membre de l'Institut, profes-
seur au Collège de France, à
Paris.
Arc (Pierre d') , à Aix-en-Pro-
vence.
AsHER ET C'», à Berlin (7 ex.).
* Aubert , surnuméraire à la Bi-
bliothèque Sainte - Geneviève ,
à Saint-Mandé (Seine).
*AuBiNEAu (L.), à Paris.
*Aubry-Vitet (Eug.), à Paris.
"Audren de Kerdrel, sénateur, à
Paris.
*AuGER (Ernest), conseiller à la
cour de cassation, à Paris.
* AuvRAY, membre de l'École fran-
çaise de Rome.
AzAÏs, secrétaire de la Société
archéologique, à Béziers.
*Babelon, sous-bibliothécaii'e à la
Bibliothèque nationale, à Paris.
Baer et C'<^, à Paris (5 ex.).
*Baillet (Aug.), à Orléans.
Barante (le baron de), à Paris.
*Barbier de la Serre (Rog.), con-
seiller-référendaire à la Cour
des comptes, à Paris.
*Barroux, à Paris.
'*^ Barthélémy (A. de), membre du
Comité des travaux historiques,
à Paris.
Barthès et Lowell, libraires, à
Londres (2 ex.).
*Bataillard (Paul), à Paris.
*Baudon de Mony, à Paris.
Bazin, à Paris.
*Beaugorps (Maxime de) , à Or-
léans.
Bèaugourt (le marquis de), à
Paris.
*Beaurepaire (Charles de), corres-
pondant de l'Institut, archiviste
de la Seine-Inférieure, à Rouen.
Beghin, à Lille.
Belhatte et Thomas, libraires, à
Paris.
*Bellemain, à Paris.
BELLET(rabbé),àlaTeppe(Drôme).
*Bémont, à Paris.
Bénard, professeur au lycée, à
Orléans.
Benon (G.), à Saintes.
*Berger (Klie), archiviste aux Ar-
chives nationales, à Paris,
*Berthelé, archiviste des Deux-
Sèvres, à Niort.
* Bertrand de Brossillon (Arthur),
au Mans.
* Bertrandy-Lagab ANE , archiviste
de Seine-et-Oise, à Versailles.
Bilot de Chateaurenault, à Paris.
*BissoN de Sainte-Marie, à Paris.
Blâcas (de), à Paris.
*Blangard, archiviste des Bouches-
du-Rhône , correspondant de
l'Institut, à Marseille.
Blanchard, à Nantes.
Blanche, libraire, à Bruxelles.
BocGA, libraire, à Turin (4 ex.).
BoissiEu (de), à Saint-Galmier.
Bon, libraire, à Vesoul.
*Bonnardot (François), sous-ins-
pecteur des travaux historiques
de la ville de Paris.
*Bonnassieux, archiviste aux Ar-
chives nationales, à Paris.
*BoNNAULT d'Houet (Xavier de),
au château d'Hailles, par Mo-
reuil (Somme).
*BoRDiER(Henri-L.), bibliothécaire
honoraire à la Bibliothèque na-
tionale, à Paris.
*BoREL, à Paris.
BoRRANi, libraire, à Paris.
Bottée de Toulmon, à Paris.
Bougher-Lamey (M™«), à Cher-
bourg.
*BoucHOT, sous-bibliothécaire à la
Bibliothèque nationale, à Paris.
*BouGENOT, à Paris.
* Bourbon (G.), archiviste del'Eure,
à Évreux.
*BouRMONT (le comte A. de), attaché
à la Bibliothèque nationale, à
Paris.
*BouRNON (F.), à Paris.
Bouygues, libraire, à Aurillac.
Braçhet , ancien professeur à
l'École polytechnique, à Paris.
Bréard (Ch.), à Paris.
*Briéle, archiviste de l'Assistance
publique, à Paris.
700
Brockhaus, libraire, à Leipzig.
Brôlemann, à Paris.
*Bruel (L.-A.), sous-chef de sec-
tion aux Archives nationales, à
Paris.
Brunetière, à Paris.
* Brutails , archiviste des Pyré-
nées-Orientales, à Perpignan.
*BucHE, à Paris.
BucK, libraire, à Luxembourg.
Bull, libraire, à Strasbourg.
Cabié, à Roquesserrière (Haute-
Garonne).
*Cadier, à Pau.
Caillier de Villepréaux (Geor-
ges), à Villepréaux (Creuse).
*Galmettes (Fern.), à Paris.
*Campardon (Emile), chef de sec-
tion aux Archives nationales,
à Paris.
*Gasati, conseiller à la Cour d'ap-
pel, à Paris.
*Castan, correspondant de l'Insti-
tut, bibliothécaire, à Besançon.
Castro (F. de), libraire, à Ma-
drid.
Cauvet, président de chambre
honoraire, à Montpellier.
*Cauwès, professeur agrégé à la
Faculté de droit, à Paris.
*Gerise (le baron G.), à Paris.
*CESSAa (de), au Mouchetard
(Creuse).
Chabaneau, professeur à la Fa-
culté des lettres, à Montpellier.
Chaix de Lavarène (l'abbé), curé
de la cathédrale, à Clermont-
Ferrand.
*Chambure (de), au château de
Montmartin (Nièvre).
Champion, libraire, à Paris.
*Charavay (Et.), à Paris.
Chardon (H.), vice-président de
la Société historique du Maine,
au Mans.
Charles, professeur, à Pontlevoy
(Loir-et-Cher).
*Chassaing (A.), juge, au Puy-en-
Velay (Haute-Loire).
*Chatel (È.), à Paris.
*Chauffier (l'abbé), à Vannes.
Chauffour (J.), avocat, à Colmar.
Chaverondier (Aug.), archiviste,
à Saint-Étienne.
Gherbuliez, libraire, à Genève.
Chevalier (l'abbé J.), à Romans
(Drôme).
Chevalier (l'abbé U.), à Romans
(Drôme).
*CiGiLE, à Mont-de-Marsan.
*Glédat, professeur à la Faculté
des lettres, à Lyon.
Cloquet, à Lille.
Golojibier, à Paris.
Conchon, à Lyon.
CoNDAMiN (le'D''), à Lyon.
* Goppinger, à Paris.
* Corda, stagiaire à la Bibliothèque
nationale, à Paris.
Corroyer, architecte, à Paris.
*CouARD-LuYs, archiviste de l'Oise,
à Beauvais.
*GouDERc, à Paris.
*GouRAjoD (L.), conservateur-ad-
joint au musée du Louvre, à
Paris.
* Goura YE du Parc, sous-bibliothé-
caire à la Bibliothèque natio-
nale, à Paris.
Courbet, à Paris.
CouRCEL (Valentin de), à Paris.
GoussEMAKER (Ignacc de), à Bail-
leul (Nord).
* CoviLLE, maître de conférences à
la Faculté des lettres, à Caen.
Gressag, à Cahors.
Cruz et C'«, à Lisbonne.
*Gugheval-Glarigny, membre de
l'Institut, conservateur à la
bibliothèque Sainte-Geneviève,
à Paris.
CuMONT (le marquis de) , à la Rous-
sière, près Coulanges (Deux-
Sèvres).
*CuRZ0N (de), archiviste aux Ar-
chives nationales, à Paris.
Daguin, avocat, à Paris.
*Daiguson (Maurice), ancien ma-
gistrat, à Châteauroux.
Dalloz (P.), à Paris.
Danzas (le R. P.), dominicain, à
Lyon.
Darcel (Alfred), directeur du Mu-
sée de Cluny, à Paris.
"Dareste (Rodolphe), membre de
l'Institut, conseiller à la Cour
de cassation, à Paris.
Dartige, à Poitiers.
* David (Louis), conseiller maître
701
honoraire à la Cour des comp-
tes, à Paris.
Decq et DuHENT , libraires , à
Bruxelles (2 ex.).
Dehaisnes (l'abbé), ancien archi-
viste du Nord, à Lille.
Deighton, Bell et G'^^ à Cam-
bridge (Grande-Bretagne).
*Delaborde (H. -François), archi-
viste aux Archives nationales,
à Paris.
*Delachenal, à Paris.
*Delahaye, à Tours.
Delaune , avocat , à Romorantin
(Loir-et-Cher).
*Delaville Le Roulx, à Paris.
* Delisle (L.) , membre de l'Institut,
administrateur général de la
Bibliothèque nationale, à Paris.
Deloghe, membre de l'Institut, à
Saint-Maurice (Seine).
*Deloye (A.), conservateur du
musée Calvet, à Avignon.
Delpech (Henri), à Montpellier.
*Demaison (Louis), à Reims.
*Demante (Gabriel) , professeur à
la Faculté de droit, à Paris.
Denifle (le R. P.), dominicain,
archiviste au Vatican, à Rome.
Denis (l'abbé), à Meaux.
Depoin, à Pontoise.
*Deprez, bibliothécaire à la Bi-
bliothèque nationale , à Paris.
* Desjardins, chef du bureau des
archives au ministère de l'ins-
truction publique, à Paris.
Desnoyers (Jules) , membre de
l'Institut, bibliothécaire du Mu-
séum d'histoire naturelle, à
Paris.
*Digard, à Paris.
Dion (Adolphe de), à Montfort-
l'Amaury.
* Dolbet, archiviste de la Manche,
à Saint-Lô.
Douais (l'abbé), professeur d'his-
toire à l'École supérieure de
théologie, à Toulouse.
Douvre, ancien juge de paix, à
Rouen.
Drême, premier président de la
Cour d'appel, à Agen.
* Dubois-Guchan (Gaston), à. Sées
(Orne).
Du Boys (Emile), avocat, à Paris.
* Dughemin, archiviste de la Sarthe,
au Mans.
"Du Chêne, à Baugô (Maine-et-
Loire).
*DuF0UR (Th.), directeur des Ar-
chives du canton, à Genève.
*DUF0URMANTELLE, à Ajaccio.
*Dufresne de Saint-Léon, attaché
à la Bibliothèque Mazarine, à
Paris.
Du Mesnil, conseiller d'État, à
Paris.
DuMOLARD, à Milan.
Dumoulin, professeur, à Gler-
mont-Ferrand.
*Dunoyer de Segonzag, archiviste,
à Vesoul.
*Duplès-Agier (Henri), à Ver-
sailles.
"Dupont (Edmond), chef de sec-
tion aux Archives nationales,
à Paris.
* Durand, archiviste de la Somme,
à Amiens.
DuRiER, archiviste des Hautes-
Pyrénées, à Tarbes.
* DuRRiEu , attaché au musée du
Louvre, à Paris.
Duruy, membre de l'Institut, à
Paris.
*DuvAL (Louis) , archiviste de
l'Orne, à Alençon.
Dybwad, à Christiania.
Engelgke, libraire, à Gand.
EsNAULT (l'abbé), au Mans.
*EsTiENNE, archiviste, à Vannes.
Faesy, libraire, à Vienne (Au-
triche).
*Fagniez (Gust.), à Meudon.
Fanna (le R. P. Fidèle de), à
Turin.
*Faugon (Maurice), à Escolore, par
Billom (Puy-de-Dôme).
*Favre (Camille), à Genève.
*FiNOT, archiviste, à Lille.
Flach, professeur au Collège de
France, à Paris.
*Flamare (de), archiviste de la
Nièvre, à Nevers.
*Flammermont, maître de confé-
rences à la Faculté des lettres,
à Douai.
* Fleury (de), archiviste de la Cha-
rente, à Angoulême.
702
*Flourac (Léon), archiviste des
Basses-Pyrénées, à Pau.
*FoNTENAY (H. de), à Autun.
*FouRNiER (Marcel), à Paris.
*FouRNiER (Paul), professeur à la
Faculté de droit, à Grenoble.
Fournier-Latouraille, avoué, à
Brioude.
Franck (Félix), à Paris.
* François Saint-Maur, ancien pré-
sident de chambre à la Cour
d'appel, à Pau.
*Fréminville (de), archiviste, à
Ajaccio.
Frick, libraire, à Vienne (Au-
triche).
Fromann, libraire, à léna.
* Funck-Brentano (Franz), àParis.
*Furgeot, archiviste aux Archives
nationales, à Paris.
"Gaillard, professeur au collège
Stanislas, à Paris.
Gama-Barros (de), à Lisbonne.
Gap (Lucien), instituteur,àRoaix
(Vau cluse).
*Gardet, à Paris.
Garnier, libraire, au Rio de Ja-
neiro.
Gatteyrias, à Paris.
Gauban (Oct.), avocat, à la Réole
(Gironde).
Gauthier , libraire , à Moscou
(3 ex.).
"Gauthier (Jules), archiviste du
Doubs, à Besançon.
* Gautier (Ed.), archiviste, à Li-
moges.
Gautier (J.), professeur au lycée,
à Vannes.
* Gautier (Léon), sous-chef de sec-
tion aux Archives nationales ,
professeur à l'École des chartes,
à Paris.
Gay, à Paris.
*Gerbaux, archiviste aux Archives
nationales, à Paris.
Germain, membre de l'Institut, à
Montpellier.
Gerold et Ci«, à Vienne.
*Giraudin (l'abbé), à Bordeaux.
*GiRY (A.), professeur à l'École
des chartes, à Paris.
Gloria, juge suppléant, à Mâcon.
*GossiN (L.), sous-chef de bureau
au chemin de fer d'Orléans, à
Paris.
* GouGET, archiviste de la Gironde,
à Bordeaux.
Gourjault (le comte de), à Mé-
zières.
* Grand (Daniel), à Paris.
*Grandjean, à Paris.
■* Grandmaison (Charles de), archi-
viste d'Indre-et-Loire, à Tours.
Grandval (le marquis de), corres-
pondant du ministère de l'ins-
truction publique, à Saint-De-
nis-Maisoncelles (Calvados).
*Grassoreille, à Paris.
*Gréa (l'abbé A.), à Saint-Claude
(Jura).
*GuÉRm (Paul), archiviste aux Ar-
chives nationales, à Paris.
"GuiFFREY (Jules), archiviste aux
Archives nationales, à Paris.
*Guignard (P.), bibliothécaire, à
Dijon.
Guigné (de), à Madras (Indes).
*GuiGUE (M.-C), archiviste du dé-
partement du Rhône et de la
ville de Lyon.
* GuiLHiERMoz , sous-bibliothécaire
à la Bibliothèque nationale, à
Paris.
Guillaume (l'abbé), archiviste, à
Gap.
GuzzY (le R. P.), bibliothécaire
des Pères Jésuites, à Toulouse.
Hachette, libraire, à Paris.
Haessel, libraire, à Leipzig.
Hahn (Alex.),àLuzarches (Seine-
et-Oise).
*Hanotaux, député, à Paris.
Harrassowitz (Otto), libraire, à
Leipzig.
Haseler, libraire, à Kiel.
Hauréau, membre de l'Institut,
à Paris.
* Ha VET (Julien), bibliothécaire à la
Bibliothèque nationale, à Paris.
Heinrichs, libraire, à Leipzig.
*Helleu (Joseph), à Paris.
Henneguy, à Paris.
*Herbomez (A. d'), à Paris,
Héricourt (le comte d'), consul
de France, à Stuttgart.
Herluison, libraire, à Orléans.
*Hervieu, à Avallon.
703
Heude-Lepine , à Montfort-rA-
maury.
*HiMLY (A.), membre de l'Institut,
doyen de la Faculté des lettres,
à Paris.
HiNOJOSA (don Ed.), à Madrid.
Hoche, à Paris.
Hubert, archiviste, à Château-
roux.
Jacob, archiviste, conservateur du
musée, à Bar-le-Duc.
JouBERT (André) , aux Lutz-de-
Daon , par Ghâteau-Gonthier
(Mayenne).
* JouoN (Frédéric), à Rennes.
Jourdain, membre de l'Institut,
à Paris.
JuiGNÉ (de), à Madras (Inde).
*Kaulek (J.), attaché aux archives
du ministère des Affaires étran-
gères, à Paris.
Kemminck, libraire, à Utrecht.
Kerjiaingant (de), à Paris.
Koehler, libraire, à Leipzig.
*KoHLER (Ch.), à Paris.
Kramers, libraire, à Rotterdam.
Kruger, chez Hartgé et Lesoudié.
Kymmel (N.) , libraire, à Kiev
(2 ex.).
*Laborde (le marquis Joseph de),
ancien archiviste aux Archives
nationales, à Paris.
*Laborde (Th.), chef-adjoint du
service sténographique du Sé-
nat, à Paris.
*La Borderie (Arthur de), corres-
pondant de l'Institut, à Vitré
(lUe-et-Vilaine).
Lachenal, receveur des finances,
à Brioude.
La Cour de la PijardièrejL. de),
archiviste de l'Hérault, à Mont-
pellier.
* Lair, directeur de la Compagnie
des entrepôts et magasins géné-
raux, à Paris.
*Lalanne (Lud.), sous-bibliothé-
caire de l'Institut, à Paris.
Lameere, procureur général, à
Gand.
*Lamotte (A. Bessot de), à Avi-
gnon.
*Langlois (Gh.-V.), maître de con-
férences à la Faculté des lettres,
à Montpellier.
*Langlois (Ernest), membre de
l'École française de Rome.
La Rochebrochard (de), au châ-
teau de Boissoudan, parChamp-
deniers (Deux-Sèvres).
Lasghenais (de), au château de la
Salle (Saône-et-Loire).
Lasgombe (A.), au Puy-en-Velay.
*Lasteyrie (Robert de), professeur
à l'École des chartes, à Paris.
Lastig (le C*" de), à Paris.
*Laudy, archiviste aux Archives
nationales, à Paris.
Laurens, libraire, à Paris.
* Laurent, archiviste de l'Aude, à
Carcassonne.
*Lebeurier (l'abbé), ancien archi-
viste, à Mantes.
*Lecaron, sous-bibliothécaire à la
Bibhothèque nationale, à Paris.
* Lecestre, archiviste aux Archives
nationales, à Paris.
Lechevallier, libraire, à Paris.
*Lecoy de la Marche, archiviste
aux Archives nationales , à
Paris.
Lefebvre, avoué, à Neuichâtel-en-
Bray.
Lefeuvre, à Nantes.
Le Feuvre, libraire, à Jersey.
Lefèvre, rédacteur du Constitu-
tionnel, à Paris.
* Lefèvre (André), à Paris.
* Lefèvre -Pontalis (Eugène), à
Paris.
* Lefèvre- Pontalis (Germain), à
Paris.
*Lefoullon, avoué, à Paris.
*Lefranc, à Noyon (Oise).
Legoyt, ancien chef de division
au ministère des travaux pu-
blics, à Paris.
*Legrand (Léon), à Paris.
Legros fils, à Fécamp.
*Lelong, archiviste aux Archives
nationales, à Paris.
Lemaire (Emile), à S. -Quentin.
Lemaître, libraire, àValenciennes.
Le Mire (Noël), avocat, à Mire-
vent.
Lemoigne, libraire, à Paris (6 ex.).
*Lemonnier (H.), professeur d'his-
704
toire à l'École des beaux-arts,
à Paris.
*Lempereur, archiviste de l'Avey-
ron, à Rodez.
Léotard, sous-bibliothécaire de
la ville de Montpellier.
*L'Éplnois (H. de) , à Limeray
(Indre-et-Loire),
Le Queu d'Entremeuse, à Nantes.
*LERoax (Alfred), archiviste de la
Haute-Vienne, à Limoges.
Leroux (Ernest), libraire, à Paris.
Le Soucier, à Paris (6 ex.).
*Lespinasse (René de), à Paris.
*Le Vavasseur, à Paris.
Levêque, abbaye Sainte-Made-
leine, à Marseille.
Lévis-Mirepoix (le duc de), au châ-
teau de Léran.
*Lex, archiviste de la Haute-
Saône, à Vesoul.
LiÉNARD, secrétaire de la Société
philomatique, à Yerdun-sur-
Meuse.
LiMMiNGHE (le comte de), au châ-
teau de Gesves (Belgique).
LoEB (Isidore), à Paris.
LoRENz (Alf.), libraire, à Leipzig.
LoRiFERME (l'abbé), curé, à Saint-
Aubin-Châteauneuf (Yonne).
*LoRiQUET, archiviste du Pas-de-
Calais, à Arras.
*LoTH, à Paris.
*LuGE (Siméon), membre de l'Ins-
titut, chef de section aux Ar-
chives nationales, à Paris.
LuDLOw (Ïh.-W.j, à New-York.
* Maître (L.), archiviste de la Loire-
Inférieure, à Nantes.
*Mandrot (B. de), à Paris.
* Marais, à Paris.
Margus, libraire, à Bonn.
*Marsy (Arthur de), conservateur
du musée, à Compiègne.
*Martin (Henry), à la bibliothèque
de l'Arsenal, à Paris.
* Martineau, à Paris.
*Marty-Laveaux (Ch.), à Paris.
Mascré, ancien notaire, au Havre.
*Mas Latrie (L. de), membre de
l'Institut, à Paris.
*Mas Latrie (René de), chef de
bureau au ministère de l'ins-
truction publique, à Paris.
Massip, archiviste, à Privas.
Masson, à Amiens.
*Maulde (de), à Paris.
Maumus, avocat, à Mirande.
Maury (Alfred), membre de l'Ins-
titut, directeur général des Ar-
chives nationales, à Paris.
Mayolez, libraire, à Bruxelles.
Meilheurat (V.), à Montcom-
broux (Allier).
Métérie, libraire, à Rouen.
* Meunier du Houssoy (Ern.), à
Paris.
Mévil (M°ie Sainte-Marie), à Yié-
ville (Haute-Marne).
*MEYER(Paul), membre de l'Insti-
tut , directeur de l'École des
chartes, à Paris.
Michel, directeur de l'enregis-
trement, à Périgueux.
Millard, curé, à Reuves, par
Sézanne (Marne).
Millescamps (G.), à Paris.
Miotat, à Paris.
Mireur, archiviste du Var, à
Draguignan.
MoiNDROT, libraire, à Romoran-
tin.
*MoLARD (Fr.) , archiviste de
l'Yonne, à Auxerre.
*MoLiNiER (Auguste), conserva-
teur à la bibliothèque Sainte-
Genevièye, à Paris.
*MoLiNiER (Emile), attaché au Mu-
sée du Louvre, à Paris.
MoNERY (L.), à Roanne.
MoNLÉoN (de), à Menton.
MoNOD (Gabriel), à Paris.
*MoNTAiGLON (A. DE), profcsseur à
l'École des chartes, à Paris.
*MoRANViLLÉ, stagiaire à la Biblio-
thèque nationale, à Paris.
MoRÉ (M™«), libraire, à Paris.
*Morel-Fatio, secrétaire de l'École
des chartes, à Paris.
*Moris, archiviste des Alpes-Mari-
times, à Nice.
*Mortet (Ch.), bibliothécaire à la
Bibliothèque Sainte-Geneviève,
à Paris.
705
*MoRTET (Victor), bibliothécaire à
la Bibliothèque universitaire, à
Bordeaux.
MuLÇAY, libraire, à Chalon-sur-
Saône.
MuQUARDT, libraire, à Bruxelles.
* Neuville (Didier), à Paris.
NiJHOFF, libraire, à la Haye.
NiLssoN, libraire, à Pans (6 ex.).
NoLEVAL (Alfred), à Paris.
* Normand (Jacques), à Paris,
Olivier (Ém.), à la Société géné-
rale, à Lyon.
* Omont ( Henri ) , sous-bibliothé-
caire à la Bibliothèque natio-
nale, à Paris.
Ongania et Ci% à Venise.
Ortmans, à Paris.
* Paillard, ancien préfet, à Charly,
près Cluny.
*Pajot (Léon), à Paris.
Paoli (Cesare), archiviste, à Flo-
rence.
* Paradis (l'abbé Aug.), à Paris.
Parent de Rozan, à Paris.
*Parfouru, archiviste du Gers, à
Auch.
*Paris (Gaston), membre de l'Ins-
titut, professeur au Collège de
France, à Paris.
*Pasquier, archiviste de l'Ariège,
à Foix.
*Passy (Louis), député, à Paris.
*Pécoul (A.-L.), à Draveil.
*Pélicier (J.) , archiviste de la
Marne, à Châlons-sur-Marne.
*Pelletan (Camille), député, à
Paris.
*Périn (Jules), avocat, docteur en
droit, à Paris.
* Perret, à Paris.
*Philippon (Georges), à Paris.
Picot, à Paris.
*PoNTAL, rédacteur au ministère
de l'intérieur, à Paris.
Porée (l'abbé), curé de Bournain-
viile.
PoRQUET, libraire, à Paris.
*PoRT (Célestin), correspondant de
l'Institut, archiviste de Maine-
et-Loire, à Angers.
Pottier (l'abbé), au Mans.
*PouoiN (P.), à Paris.
Prévost, à Evreux.
*Prost (Bernard) , rédacteur au
ministère de l'instruction pu-
blique, à Paris.
*Prou, stagiaire à la Bibliothèque
nationale, à Paris.
*Prudhomme, archiviste de l'Isère,
à Grenoble.
Qu.\.ntin, imprimeur, à Paris.
QuARRÉ, libraire, à Lille.
* Raguenet (Octave) , au château
de Soulaire, par Orléans.
Rancogne (P. de), à Angoulême.
Râtyk (G.), au château d'Escanin
(Bouches-du-Rhône) .
Rault (l'abbé), au Mans.
*Raunié, à Paris.
*Raynaud (Gaston), sous-biblio-
thécaire à la Bibliothèque natio-
nale, à Paris.
*Rébouis, à Paris.
Reinwald, libraire, à Paris (6 ex.) .
* Rendu (Armand), à Paris.
*Reynaud (F.), archiviste adjoint
des Bouches-du-Rhône, à Mar-
seille.
Riant (le comte), membre de l'Ins-
titut, à Paris.
* Richard (Alfred), archiviste de
la Vienne, à Poitiers.
*RicHARD (J.-M.), à Laval.
Richard (L.), à Paris.
RicHEMOND (de), archiviste de la
Charente-Inférieure, à la Ro-
chelle.
*RiGHOu, conservateur de la biblio-
thèque de la Cour de cassation,
à Paris.
Ripé, libraire, à Vendôme.
'Ripert-Monclar (François, mar-
quis de), consul général, à
Amsterdam.
Ristelhuber (P.), ancien biblio-
thécaire, à Strasbourg.
*RivAiN, archiviste aux Archives
nationales, à Paris.
* Robert (Ulysse), inspecteur gé-
néral dos' bibliothèques et ar-
chives, à Saint-Mandé (Seine).
Rociiambeau (le marquis de), à
Rochambeau, près Vendôme.
706
*RocQUAiN (F.), chef de section
aux Archives nationales , à
Paris.
RosEROT, à Troyes.
RosNY (de), à Boulogne-sur-Mer.
Rothschild (la bibliothèque du
baron de), à Paris.
*RoucHON, archiviste du Puy-de-
Dôme, à Clermont-Ferrand.
*RoY (Jules), professeur à l'École
des chartes, à Paris.
*RoziÈRE (Eugène de), membre de
- l'Institut, sénateur, à Paris.
Ruble (le baron de), àBeaumont-
de-Lomagne.
Ruef, libraire, à Anvers.
*Saige (G.), conservateur des ar-
chives et de la bibliothèque, du
palais, à Monaco.
* Sainte- Agathe (de), à Besançon.
Salesses, capitaine du génie, à
Briançon.
Salin (Patrice), _ chef de section
au Conseil d'État, à Paris.
Sassenay (le marquis de), à Paris.
*ScuLFORT, industriel, à Maubeuee
(Nord).
Séguenot, à Paris.
Seigneur (l'abbé), à Paris.
Senemaud, archiviste, à Mézières.
*Senneville (de), conseiller réfé-
rendaire à la Cour des comptes,
à Paris.
*Sepet (Marins), bibliothécaire à
la Bibliothèque nationale, à
Paris.
Servaux, chef de division adjoint
honoraire au ministère de l'ins-
truction publique, à Paris. '
*Servois (G.), inspecteur général
des bibliothèques et archives , à
Paris.
Sigkel (Th. von), professeur à
l'Université de Vienne (Au-
triche).
SiDOT, libraire, à Metz.
*SoEHNÉE, à Paris.
SouLLiER, à Paris.
*Soury (Jules), sous-bibliothécaire
à la Bibliothèque nationale, à
Paris.
Spithover, libraire, à Rome.
*Stein, archiviste aux Archives
nationales, à Paris.
Stevens, à Paris.
*Tardieu (Amédée), bibliothécaire
de l'Institut, à Paris.
* Tardif (Adolphe), professeur à
l'École des chartes, à Paris.
'Tardif (E.-J.), avocat, à Paris.
Techener (Léon), libraire, à Paris.
*Teilhard, à Sarcenat, par Cler-
mont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
Tempier, archiviste des Côtes-du-
Nord, à Saint-Brieuc.
* Terrât, professeur à l'Institut
catholique, à Paris.
"*Teulet, archiviste aux Archives
nationales, à Paris.
*Tholin (Georges) , archiviste de
Lot-et-Garonne, à Agen.
Thomas, libraire, à Paris.
* Thomas (Antoine) , maître de
conférences à la Faculté des
lettres, à Toulouse.
Thorin, libraire, à Paris (2 ex.).
Tieurny, à Hernicourt (Pas-de-
Calais).
Tournouer (Henri), à Paris.
* Tranchant (Charles), ancien con-
seiller d'État, administrateur
des messageries maritimes et
des mines de la Loire, à Paris.
"Travers, ancien conseiller de
préfecture, à Caen.
Trépagne, à Paris.
Treuttel et AVurtz , libraires , à
Strasbourg (2 ex.).
Triger, au Mans.
Trubner, libraire, à Strasbourg
(2 ex.).
"Tuetey (A.), sous-chef de section
aux Archives nationales, à
Paris.
'*Vaesen, à Lyon.
Vallet de Viriville (M™«) , à
Paris.
* Valois (Noël), archiviste aux Ar-
chives nationales, à Paris.
Vaney, à Paris.
Vauvilliers, avoué, à Dijon.
Vauzelles (de), à Orléans.
"Vayssière, archiviste de la Cor-
rèze, à Tulle.
707
* Yétault , bibliothécaire - archi-
viste, à Rennes.
*Veyrier du Muraud (l'abbé), vi-
caire à Saint-Georges de Belle-
ville, à Paris.
Viewect, libraire, à Paris.
ViGNAT, à Orléans.
* ViLLEFOssE ( Ant. Héron de), mem-
bre de l'Institut, conservateur
au musée du Louvre, à Paris.
"ViLLEFOssE (Etienne Héron de),
ancien archiviste de la Nièvre,
à Nevers.
*^^iOLLET (Paul), bibliothécaire et
archiviste delà Faculté de droit,
à Paris.
ViREY, à Paris.
Wagner, libraire, à Innsbruck.
Wailly (Natalis de), membre de
l'Institut, à Paris.
Wallon (H.), secrétaire perpétuel
de l'Académie des inscriptions
et bcUos-lettres, à Paris.
Watteville (le baron de), direc-
teur honoraire au ministère de
l'instruction publique.
Welter, libraire, à Paris.
' Welvert, rédacteur au ministère
de l'instruction publique, à
Paris.
Wescher, conservateur adjoint
à la Bibliothèque nationale, à
Paris.
TABLE DES MATIÈRES'.
Pages
Une charte française de Jean, sire de Joinville , en double
exemplaire scellé, par G. Saige 5
Notice sur la vie et les travaux d'Etienne Martellange, archi-
tecte des jésuites (1569-1641), d'après des documents inédits
conservés au cabinet des estampes de la Bibliothèque natio-
nale, par Henri Bouchot 17
Petite chronique de Guyenne jusqu'à l'an 1442, publiée par
Germain Lefèvre-Pontalis 53
La série des registres pontificaux du xiii^ siècle, par Georges
Digard 80
Poésies latines du ms. add. A. 44 de la Bodléienne .... 88
\ Inventaire de la bibliothèque de Saint-Gildas en Berry, par
Ch. Kohîer 98
Une réception au Temple. Alexandre de Vendôme, 1^' février
1604, par H. de Curzon 106
^ Le premier catalogue des manuscrits grecs de la bibliothèque
de Fontainebleau sous Henri H. Notice du ms. Nani, 245, de
Venise, par H. Omont 201
Catalogue des dessins d'Etienne Martellange, architecte des
jésuites (1605-1634), précédemment attribués à François
1. Résolution adoptée par la Sociélé de l'École des chartes, dans la séance du
24 juin 1886 : « A partir du volume actuellement en cours, tome XLVII,
année 1886, chaque volume de la Bibliothèque aura deux tables : la première
comprendra les titres des articles de fonds, dans l'ordre de leur publication, et
les titres des autres parties du recueil {Bibliographie, Livres nouveaux, Chro-
nique et Mélanges, Liste des souscripteurs); dans la seconde table trouveront
place, dans un seul ordre alphabétique, les titres des articles de fonds, insérés
à leurs mois caractéristiques, les ouvrages analysés dans la Bibliographie et le
dépouillement de la Chronique et des Mélanges.
« La liste des souscripteurs sera placée avant les tables. »
709
Stella, conservés au cabinet des estampes de la Bibliothèque
nationale, par Henri Bouchot 208
Fragments de chartes du x" siècle, provenant de Saint-Julien
de Tours, recueillies sur les registres d'état civil d'Indre-et-
Loire, par Gh. de Grandmaison (suite et fin) 226
Inscriptions chrétiennes du Vi varais, par l'abbé Auguste Paradis 274
Étude sur le chœur de l'église de Saint-Martin-des-Champs à
Paris, par Eugène Lefcvre-Pontalis 345
Voyage des députés de Bourgogne à Blois (1483); élection des
députés de la Bourgogne aux états généraux de 1484; la
Bourgogne aux états généraux de 1484 ; par P. Pélicier , . 357
Les huissiers du parlement de Paris, 1300-1420, par Félix
Aubert 370
Un adversaire inconnu de saint Bernard et de Pierre Lombard.
Notice sur un manuscrit provenant de la Grande-Chartreuse,
par Paul Fournier 394
De l'enceinte du faubourg méridional de Paris antérieure à celle
de Philippe-Auguste, par Fernand Bournon 418
Germain Demay, par Siméon Luce 473
Relations de Charles VI avec l'Allemagne en 1 400, par H. Moran-
villé 489
Un épisode des rapports d'Alexandre VI avec Charles VIII.
La bulle pontificale «trouvée sur le champ de bataille de For-
noue, par H. -François Delaborde 512
Valeur historique de la Chronique d'Arthur de Richemont, con-
nétable de France, duc de Bretagne (1393-1458), par Guil-
laume Gruel. Étude critique, par Achille Le Vavasseur . . 525
Le suffixe -iacus, -iaca, par H. d'Arbois de Jubainville . . . 633
Bible de Charles V et autres manuscrits du chapitre de Girone,
par Auguste Brutails 637
Inventaire du trésor du saint-siège sous Boniface VIII (1295),
publié par Emile Molinier (suite et fin) 646
Bibliographie 118, 288, 425, 566, 668
Livres nouveaux 160, 312, 435, 585
Chronique et mélanges 171, 332, 446, 604, 692
Liste des souscripteurs 697
TABLE ALPHABÉTIQUE \
Abbaye d'Ainay, 465, 614; de Corbie, 196; de Cysoing, 671 ; de Saint-
Éloi de Noyon, 695 ; de Saint-Gildas, 98 ; de Saint-Julien de Tours,
226; de Saint-Ouen de Rouen, 566.
Académie (officiers d'), 180, 335, 467, 609.
Académie des inscriptions : antiquités de la France, 462, 611; écoles
d'Athènes et de Rome, 180, 619, 624 ; élection de M. Héron de Vil-
lefosse, 179; de M. VioUet, 692; programme des concours, 623; séance
annuelle, 610; M. Jourdain, 456; M. de Wailly, 604.
Académie des se. morales : élection de M. Gucheval-Glarigny, 179.
Académie française : prix décernés à MM. Bémont, 181; Glédat, 181;
Desjardins, 625.
Adéraldus, abbé, 627.
Adversaire de saint Bernard, 394.
Affaires étrangères : archives, 129,
Afrique septentrionale, 575.
Agen : commune, 692.
Agnès Sorel, 617.
Agricole (vie) dans le Haut-Maine, 574.
Ainay : cartulaire, 465, 614.
Albanès : évêques de Provence, 613.
Alexandre VI et Charles VIH, 512.
Alishan : Sissouan, etc., 155.
Allemagne : Réformation, 443; relations avecGharles VI, 489. — Ber-
lin, 193; Francfort, 196; Nuremberg, 342; Trêves, 298, 627.
Allemagne (H. d'), archiviste paléographe, 693; thèse, 692.
Ambassadeurs en Angleterre, 129.
Amboise (Georges d'), 692.
Amiens : nécrologe, 137; pontifical, 135.
Analecta novissima, 470.
1. Voy. ci-dessus, p. 708, note 1,
7^^
André (Ed.), archiviste paléographe, 175 ; thèse, 174. — Compte-rendu :
Dictys et Darès, 581 .
Angleterre : ambassadeurs, 129 ; Edouard 1^' et II, 692. — Leicester,
181, 427; Londres, 693; Oxford, 88.
Anjou : armoriai, 304; Geoffroy Martel, 692.
Antipape : P. de Gorvara, 173.
Antiquités (concours des) de la France, 462, 611.
Appels de Guyenne, 692.
Arbois de Jubainville (H. d'), vice-président de la Société de l'École des
chartes, 333. — Le suffixe -iacus, -iaca, 633.
Arc (Jeanne d'i, 122, 472, 617.
Archives des affaires étrangères, 129; de Francfort, 196; de Loir-et-
Cher, 180; de la marine, 335; nationales, 170, 182; du Poitou, 139;
de Romorantin, 304; du Vatican, 80, 180.
Archivistes paléographes, 175, 692.
Arménie : Sissouan, etc., 155.
Armoriai d'Anjou, 304.
Arrêts du conseil d'État, 682.
Art (histoire de 1'), 580.
Athènes (écoles d') et de Rome, 180, 609, 619, 624.
Athéniens : éducation, 611.
Aube : statistique monumentale, 611.
Aubert (F.). — Huissiers du parlement, 370.
Auch : lettres de M. d'Étigny, 574.
Augustin (homélie attribuée à saint), 294.
Autel (consécration d'un), 632.
Autriche : Mittheil. des Inst., 292. — Vienne, 157.
Autun : collège, 174.
Auvergne : Spicilegium Brivatense, 308.
Avignon : librairie des papes, 158.
Avocats au parlement, 131.
Barbier de Montault : trésor de Trêves, 298.
Barthélémy (Anatole de). — Compte-rendu : sceau de Hoja, 144.
Batiffol (l'abbé). — Épitre de Théonas, 336.
Baudon de Mony (Gh.), archiviste paléographe, 175; thèse, 172.
Bayet : histoire de l'art, 580.
Béarn : états, 171; Gaston VIII, 692.
Beaucourt (G. de) : Charles VII, 118, 616.
Beaurepaire (Gh. de), officier de l'instruction publique, 335.
Beauvillé (V. de) : pontifical d'Amiens, 135.
Bède : ms. copié par Orderic Vital, 629.
Bellemain (A.), archiviste paléographe, 175 ; thèse, 174.
Belsheim (J.) : codex Vindobonensis, epistulz Paulinx, 157.
Bémont (Gh.) : S. de Montfort, 181 , 427. —Compte-rendu : Roumains, 145.
7^2
Berlin : bibliothèque royale, 193.
Bernard (saint) : un adversaire, 394.
Bernham (David de) : pontifical, 142.
Berry : Saint-Gildas, 98.
Bèze (Claude de), 694.
Bible de Charles V à Girone, 637.
Bibliografla délia mon. di Savoia, 143. — Bibliographia liturgica, 430.
Bibliothèque de Berlin, 193 ; Bodléienne, 88 ; de Gorbie, 196; nationale,
17, 208; de Pau, 312; de Rome, 181, 288, 668; de Saint-Gildas, 98;
Sainte-Geneviève, 179. — Bibliothèques universitaires, 180.
Bimbenet : écoliers à Orléans, 303.
Bisson de Sainte-Marie (R.), 608.
Blois : voyage des députés de Bourgogne, 357.
Bodléienne (bibliothèque) : poésies latines, 88.
Boniface VIII : trésor, 646.
Bonnassieux (P.). — Comptes-rendus : lettres de M. d'Étigny, 574 ; vie
agricole dans le Haut-Maine, 574.
Bonnier (Ch.) : thèse, 692.
Bordin (prix), 618.
Borel (F.-A.), archiviste paléographe, 176; thèse, 173.
Bouchot (H.), officier d'académie, 467. — Martellange, 17, 208.
Bourgogne : cour, 174; députés aux états, 357; écorcheurs, 173.
Bournon(F.) : arch.de Romorantin, 304. — Enceinte mérid. deParis, 418.
Bretagne : Arthur de Richemont, 172, 525.
Breton (Guillaume le), 463, 613.
Brièle, officier de l'instruction publique, 609.
Brioude : spicilegium Brivatense, 308.
Bruel (A.), membre de la commission de comptabilité, 333. — Comptes-
rendus : cartulaire de Cysoing, 671 ; Jeanne d'Arc, 122; spicilegium
Brivatense, 308.
Brutails (A.), officier d'académie, 180. — Bible de Charles V et autres
mss. de Girone, 637.
Bulle trouvée sur le champ de bataille de Fornoue, 512.
Bureau de la Société de l'École des chartes, 333.
Cadier (L.), archiviste paléographe, 175; membre de l'École de Rome,
609; thèse, 171.
Cantiones (piae), 585.
Capitulaires, 623.
Cardinal : Georges d'Amboise, 692.
Carini : paleografia, 425.
Carolingiens : Genealogia, 341 ; monnaies, 615.
Cartulaires d'Ainay, etc., 465, 614; de Cysoing, 671.
Gaspari : Augustin beilegte Homilia, 294.
CastiUon (de) : correspondance, 129.
743
Catalogne, 172.
Catalogue de la bibliothèque de Pau, 312. — Voy. Manuscrits.
Cathédrale de Sées, 692.
Cédule relative à la consécration d'un autel, 632.
Cerise (le baron), chevalier de la Légion d'honneur, 609.
César (roman de), 694.
Chabaneau : prix de la Grange, 619.
Chabannes (Antoine de), 692.
Chaire française au moyen âge, 577.
Châlons-sur-Marne : Notre-Dame-en-Vaux, 615.
Champagne (nation de) à Orléans, 303.
Champeaux (Guillaume de), 692.
Chapitre de Girone, 637 ; de Vincennes, 174.
Charente : la Rochefoucauld, etc., 433.
Charles IV, 173 ; V, 342, 637 ; VI, 489 ; VII, 118, 616 ; VIII, 512.
Charpin-Feugerolles (de) : cartulaires, 465, 614.
Chartes de Douai, 692 ; de Joinville, 5, 468 ; de Saint-Julien de Tours, 226.
Chartres : trésor, 298.
Chartreuse (Grande-) : un ms., 394.
Chassaing (A.) : spicilegium Brivatense, 308.
Châteaux : la Rochefoucauld, etc., 433.
Châtelain : paléographie des classiques latins, 200.
Chevalier (U.) : compte de R. de Louppy, 567.
Chinois (dictionnaire), 619.
Chœur de Saint-Martin-des-Champs, 345.
Chronique d'Arthur de Richemont, 172, 525; de Guyenne, 53; de Nor-
mandie, 619, 624; parisienne, 614.
Cilicie arménienne, 155.
Clédat (L.) : prix à l'Académie française, 181.
Clerc : états de Franche-Comté, 573.
Codex aureus, 627; Vindobonensis, 157. — Codices mss. Palatini grxci,
288; latini, 668.
Collège d'Autun, 174.
Collezione fiorentina di facsimili, 471 .
Collilieux : Dictys et Darès, 581.
Commissions de la Société de l'École des chartes, 333.
Commune d'Agen, 692; de Noyon, 173.
Compte de R. de Louppy, 567.
Connétable : Richemont, 172, 525.
Consécration d'un autel, 632.
Conseil d'État : inventaire des arrêts, 682.
Corbie : manuscrits, 196.
Corporation des serruriers, 692.
Correspondance de Castillon et Marillac, 129.
46
TU
Corvara (Pierre de), 173.
Gouderc (G.), archiviste paléographe, 175; thèse, 173.
Goussemaker (I. de) : cartulaire de Gysoing, 671.
Coutumes de Lorris, 567.
Gouvreur : dictionnaire chinois, 619.
Goyecque (E.), archiviste paléographe, 693; thèse, 692.
Grète : Dictys, 581; numismatique, 618.
Gucheval-Glarigny, membre de l'Académie des sciences morales, 179.
Gugnoni : Aeneas Sylvius, 294.
Gurzon (H. de). — Une réception au Temple, Alexandre de Vendôme,
106. — Gomptes-rendus : arch, hist. du Poitou, 139; hist. de l'art,
580; meubles de la Rochefoucauld, 433; tapisserie, 140; trésors de
Ghartres, de Trêves, 298.
Gysoing : cartulaire, 671.
Dammartin (A. de Ghabannes, comte de), 692.
Darès de Phrygie, 581.
Dauphiné, 567.
Découvertes de J. Vignier, 335, 471.
Delaborde (Fr.) : Rigord et G. le Breton, 453, 613. — Alexandre VI et
Gharles VIII, 512.
Delachenal (R.) : avocats au parlement, 131; secrétaire adjoint de la
Société de l'École des chartes, 333.
Delalande-Guérineau (prix), 619.
Delaville le Roulx (J.). — Gompte-rendu : armoriai d'Anjou, 304.
Delisle (L.), membre de la commission de publication, 333. — Mss.
de Gorbie, 196; M. Jourdain, 459; thèses, 171. — Gomptes-rendus :
analecta, 470 ; bibliogr. liturgica, 430 ; codex Vindob., epist. Paulinae,
157; codices Palatini, 668; exposition liturgique, 693 ; fac-simili, 471;
Gundreda, 427; Hugues de Saint- Victor, 429; piae cantiones, 585;
pontifical d'Amiens, 135; de S.-André, 142; regesta, 469; tropes, 626.
Demay (Germain), 473.
Denais : armoriai d'Anjou, 304.
Députés de Bourgogne à Blois, 357.
Desjardins (G.) : Petit-Trianon, 625.
Dictys de Grète, 581.
Digard (G.) : travaux à Rome, 180. — Registres pontif. du xm^ s., 80.
Diplomatique pontificale, 80, 180.
Diplôme (unedirte), 425.
Domaine royal : condition des juifs, 692.
Dominicains, 301.
Douai : chartes, 692.
Douais : Frères prêcheurs en Gascogne, 301.
Drumont : France juive, 467. JÊ
Dualistes musulmans, 618. ^
715
Duchalais (prix), 615.
Duckett : Gundreda of Warenne, 427.
Ducom (A.) : thèse, 692.
Du Fresne de Beaucourt : Charles VII, H 8, 616.
Dupond (A.), archiviste paléographe, 693 ; thèse, 692.
Dupont (Edm.), 176.
Durand (G.) . — Comptes-rendus : nécrologe d'Amiens, 1 37 ; verrerie, ^31 .
Durier (C), 692.
Durrieu (P.) : Gascons en Italie, 462, 612.
Écoliers à Orléans, 303.
École des chartes : archivistes paléographes, 175, 692 ; élèves nouveaux,
608; examens, 446; Société, 333; thèses, 171, 692.
Écoles d'Athènes et de Rome, 180, 609, 619, 624.
Écorcheurs en Bourgogne, 173.
Ecosse : Saint-Andrews, 142.
Édesse, 624.
Edouard l" et II, 692.
Église Notre-Dame-en-Vaux de Ghâlons, 615 ; Saint- Martin-des-Champs
de Paris, 345; Saint-Nizier de Lyon, 174; Saint-Ouen de Rouen, 566.
— Églises romanes du diocèse de Mâcon, 692.
Élection épiscopale au xii« siècle, 131.
Émaillerie, 431.
Enceinte méridionale de Paris, 418.
Énigme historique : les Roumains, 145.
Epistulae Paulinae, 157.
Espagne : Catalogne, 172; Girone, 637; Hoja, 144.
Estaintot (d') : fouilles de Saint-Ouen, 566.
État civil (registres d') d'Indre-et-Loire, 226.
États de Basse-Navarre, 692; de Béarn, 171 ; de Franche-Comté, 573;
généraux, 357.
Étigny (d') : lettres et mémoires, 574.
Eure-et-Loir, 689. — Chartres, 298.
Évangéliaire géorgien, 627.
Évangiles : codex Vindobonensù, 157.
Évêques : de Paris, 131 ; de Provence, 612.
Ewald : regesla, 469.
Examens de l'École des chartes, 446.
Exposition de livres liturgiques, 692.
Fac-similés : collezione fiorentina, 471.
Farges (L.) : corresp. de Castillon, 129; officier d'académie, 180.
Fastes de la Narbonnaise, 615.
Faubourg méridional de Paris, 418.
Faucon (M.) : libraire des papes, 158.
Féodale (géographie) du Perche, 692.
7^6
Fichot : statistique monumentale de l'Aube, 6H.
Flamare (H. de). — Acte de baptême de Gaignières, 341.
Fleury (P. de) : meubles de la Rocbefoucauld, 433.
Florence : collez, di fac-simili, 471.
Foires de Genève, 173.
Foix : comtes, 172.
Fontainebleau : mss. grecs, 201.
Forez : cartulaire des francs-fiefs, 465, cf. 614.
Fornoue (bataille de), 512.
Fouilles de Saint-Ouen de Rouen, 566.
Fournier (P.). — Un adversaire de saint Bernard et de P. Lombard,
394. — Comptes-rendus ; élection de Maurice de Sully, 131; inven-
taire des arrêts du conseil, 682.
Français : chaire, 577 ; chartes, 5, 468, 692 ; grammaire, 181 ; mss. à
Rome, 181, 624 ; Société des anciens textes, 182.
France juive, 467.
Francfort-su r-le-Mein : archives, 196.
Franciscains, 173.
Franche-Comté : états, 573.
Fréminville (J. de), archiviste paléographe, 175; thèse, 173.
Frères mineurs, 173; prêcheurs, 301.
Froment (A.), archiviste paléographe, 693 ; thèse, 692.
Gaignières (R. de) : acte de baptême, 341 ; son dessinateur, 343.
Gariel : monnaies carolingiennes, 615.
Garnier (B.) : fondation, 610,
Garnier (Ed.) : verrerie, 431.
Gascogne : Frères prêcheurs, 301. — Gascons en Italie, 462, 612.
Gaston VITE de Béarn, 692.
Gautier (Ed.), archiviste paléographe, 175; sa thèse, 174.
Gautier (L.) : tropes, 626.
Genealogia Karolorum, 3H.
Genève : foires, 173.
Geoffroy Martel, 692.
Géographie du Perche, 692.
Géorgien (évangéliaire), 627.
Gerbaux (F.), officier d'académie, 180. — Mandement de Charles V, 342.
Gers : Auch, 574.
Gillard : souvenirs d'Eure-et-Loir, 689.
Girard (P.) : prix à l'Institut, 611.
Girone : mss., 637.
Gobert (prix), 616.
Gondrée de Warenne, 427.
Grammaire de la vieille langue française, 182.
Grand (E.-D.), archiviste paléographe, 175; thèse, 174.
717
Grand maître : A. de Ghabannes, 692.
Grandmaison (Gh. de). — Ghartes du x^ siècle, provenant de Saint-
Julien de Tours, 226.
Grandmaison (L. Loizeau de), archiviste paléographe, 693 ; thèse, 692.
Grecs (mss.) de Fontainebleau, 201 ; du Vatican, 288, 694.
Grignon : Notre-Dame-en-Vaux de Ghâlons, 615.
Gruel (Guillaume) : chronique d'Arthur de Richement, 172, 525.
Guiffrey (J.) : tapisserie, 140. — Gomptes-rendus : catalogue de la
bibliothèque de Pau, 312; Renaissance en France, 125.
Guigue, père et fils : cartulaires, 465, 614.
Guigue (Cl.-M.), officier de l'instruction publique, 467.
Guilhiermoz (P.), secrétaire de la Société de l'École des chartes, 333.
Guillaume le Breton, 463, 613.
Gundreda of Warenne, 427.
Guyenne : appels, 692; chronique, 53.
Hanotaux (G.), député, 335; membre de la commission des archives de
la marine, 335.
Hauréau : Hugues de Saint- Victor, 429.
Havet (J.), membre adjoint de la commission de publication, 333. —
Découvertes de J. Vignier, 3?5, 471. — Gomptes-rendus : fouilles de
Saint-Ouen de Rouen, 566; Simon de Montfort, 427 (cf. 181).
Heiss : médailleurs, 615.
Hellot : chronique parisienne, 614; Héricourt-en-Caux, 138.
Henri H, 201 ; IV, 682.
Héricourt-en-Caux, 138.
Héron de Villefosse, membre de l'Académie des inscriptions, 179; con-
servateur au Louvre, 179.
Heuzey (L.) : écoles d'Athènes et de Rome, 180.
Hiélard, officier d'académie, 609.
Hincmar : de ordine palatii, 466, 614.
Histoire d'Agen, 692 ; de l'art, 580; des avocats, 131; de Charles VH,
118, 616; ecclésiastique de Bède, 629; des états de Franche-Comté,
573; des serruriers, 692; de la tapisserie, 140; de la verrerie, 431.
Hoja : sceau, 144.
Hôtel-Dieu de Paris, 692.
Huart (Cl.) : sectes musulmanes, 618.
Hugues de Saint- Victor, 429.
Hugues (A.-J.-B.), archiviste paléographe, 175; thèse, 174.
Huissiers du parlement, 370.
-lacus, -iaca, 633.
Image du monde, 174.
Indre : Saint-Gildas, 98.
Indre-et-Loire : registres d'état civil, chartes de S. -Julien de Tours, 226.
Ingold : J. Vignier, 471.
7^8
Inscriptions du Vivarais, 274.
Institut, voyez Académie.
Instruction publique : officiers, 180, 335, 467, 609; secr. du ministre, 609.
Inventaire des arch. des aff. étrangères, 129; des Arch. nat., arrêts du
conseil d'État, 682; des arch. de Romorantin, 304; de la bibl. de
Saint-Gildas, 98; des meubles de la Rochefoucauld, 422; du trésor
du saint-siège, 646.
Isère : Grande-Chartreuse, 394.
Isnard (A.), archiviste paléographe, 694 ; thèse, 692.
Italie : bibliographie, 143 ; Gascons, 462, 612. — Florence, 471 ; Fornoue,
512. — Voy. Rome.
Itinéraire de Wissant à Lyon, 197.
Jaffé : regesta, 469.
Jarry (E.), archiviste paléographe, 693 ; thèse, 692.
Jean XXII, 173.
Jeanne d'Arc, 122, 472, 617.
Jésuites : architecte, 17, 208.
Joinville : chartes françaises, 5, 468.
Joret : Tavernier, 306.
Josse : pontifical d'Amiens, 135.
Joubert : vie agricole dans le Haut-Maine, 574.
Jourdain (Charles), 456.
Jubainville (d'Arbois de), voyez Arbois.
Juifs du domaine royal, 692. — La France juive, 467.
Julien (prix Stanislas), 619.
Kaltenbrunner : regesta, 469.
Kaulek : correspondance de Castillon et Marillac, 129.
Klemming : piae catitiones, 585.
Kohler, sous-bibliothécaire à Sainte-Geneviève, 179. — Inventaire de
la bibl. de S.-Gildas, 98. — Compte-rendu : arch. de Romorantin, 304.
Labrouche (P.), archiviste paléographe, 693 ; thèse, 692.
Lacombe (P.), chevaUer de la Légion d'honneur, 609.
La Grange (prix de), 619.
Laloy (E.), archiviste paléographe, 693 ; thèse, 692.
Langlois (Ch.-V.). — Itinéraire de Wissant à Lyon, 197.
Langlois (Ernest) : travaux à Rome, 181, 620, 624.
La Rochefoucauld (François VIII de), 433.
Lasteyrie (R. de), membre de la commission de publication, 333.
Latines (poésies), 88, 694.
Latins (mss.) du Vatican, 668.
Lazard (L.), archiviste paléographe, 693; thèse, 692.
Lebègue : Narbonnaise, 615.
Lebeurier (l'abbé), 333.
Lecestre (L.). — Comptes-rendus : Charles Vil, 118; université d'Or-
léans, 303.
719
Lecoy de la Marche : chaire française, 577.
Lefèvre-Pontalis (Eugène). — Chœur de Saint-Martin-des-Champs, 345.
Lefèvre-Pontalis (Germain) : corresp. de Gastillon et Marillac, 129. —
Petite chronique de Guyenne, 53.
Lefranc (Abel), archiviste paléographe, 175; thèse, 173.
Légion d'honneur, 180, 335, 609.
Législation des capitulaires, 623.
Le Grand (Léon). — Itinéraire de Wissant à Lyon, 197.
Leicester (Simon de Montfort, comte de), 181, 427.
Le Mercier (Jean), 172, 464, 613.
Léon I^"" d'Arménie, 155.
Lettres de M. d'Étigny, 574.
Le Vavasseur (A.), archiviste paléographe, 177; thèse, 172. — Valeur
de la chronique d'Arthur de Richement, 525.
Librairie des papes, 158.
Linguistique : chartes de Douai, 692.
Liturgie : bibliographie, 430 ; exposition, 692.
Livres nouveaux, 160, 312, 435, 585.
Loewenfeld : regesta, 469.
Loir-et-Cher : archiviste, 180, — Blois, 357; Romorantin, 804.
Loir : Saint-Sauveur, 465, cf. 613.
Loire (Haute-) : Brioude, 308.
Loiret : Lorris, 567; Orléans, 303.
Loiseleur : université d'Orléans, 303.
Loizeau de Grandmaison, voy. Grandmaison.
Lombard (P.) : un adversaire, 394.
Londres : exposition liturgique, 693.
Loriquet, officier d'académie, 180.
Lorris : coutumes, 567.
Lot-et-Garonne : Agen, 692.
Louis le Gros, 426.
Louis d'Orléans, 198, 692.
Louppy (R. de), gouverneur du Dauphiné, 567.
Louvre : M. Héron de Villefosse, conservateur, 179.
Luc (saint) : codex Vindobonensis, 157.
Luce (Siméon). — G. Demay, 473. — Compte-rendu : Tavcrnier, 306.
Luchaire : Louis le Gros, 426.
Lyon : itinéraire, 197; Saint-Nizier, 174.
Mâcon : églises romanes du diocèse, 692.
Magreb, 575.
Maine (Haut-) : vie pgricole, 574.
Maizières (Philippe de), 692.
Manneville (H. de), archiviste paléographe, 693; thèse, 602.
Manno : bibliog)\ délia mon. di Savoia, 144.
720
Manuscrits de Corbie, 196; de Fontainebleau, 201 ; de Girone, 637; de
la Grande-Chartreuse, 394; de Noyon, 695; de Rome, 181, 288, 624,
669, 694; de Rouen, copié par 0. Vital, 629; de Venise, 201. —
Notices et extraits, 578.
Marc (saint) : codex Vindobonensis, 157.
Marcel (Etienne), 674.
Maréchal : Saintrailles, 174.
Marillac (de) : correspondance, 129.
Marine : archives, 335.
Marlet (L.), archiviste paléographe, 175; thèse, 174.
Marne : Ghâlons, 615.
Martel (Geoffroy), 692.
Martellange (Etienne), 17, 208.
Martin (H.), officier de l'instruction publique, 609.
Marty-Laveaux. — Discours à la Société des anciens textes, 182.
Mas Latrie (L. de) : relations de l'Afrique avec les nations chrétiennes,
575. — M. Jourdain, 460.
Maulde (R. de). — Portrait de Louis d'Orléans, 198.
Maury (A.). — M. Dupont, 176.
Médailleurs, 615.
Mellon (saint), 139.
Mély (F. de) : trésor de Chartres, 298.
Mercier (Jean le), 172, 464, 613.
Méridional (faubourg) de Paris, 418.
Mérovingiennes (sépultures), 566.
Meubles de la Rochefoucauld, 433.
Meyer (P.). — Lettre au Temps, 467 ; rapport à la Société des anciens
textes, 186.
Mineurs (Frères), 173.
Ministère des aff. étr., 129; de l'instr. publ., 609 ; de la marine, 335.
Missels : bibliographie, 430.
Mittheilungen d. Inst. f. ôsterr. Gesch., 298.
Molinier (Auguste). — Comptes -rendus : Héricourt-en-Gaux , 138;
Louis le Gros, 426 ; paleografta, 425.
MoUnier (Emile), officier d'académie, 335. — Inventaire du trésor du
saint-siège sous Boniface VIII, 646.
Monnaies carolingiennes, 615.
Montaiglon (A. de), président de la Société de l'École des chartes, 333.
Montfort (Simon de), 181, 427.
Montgomery (Gabriel de), 174.
Moranvillé (H.), archiviste paléographe, 175; J. Le Mercier, 172, 464,
613. —Relations de Charles VI avec l'Allemagne, 489. — Compte-
rendu : Aeneas Sijlvius, 214.
Morel-Fatio (A.), membre de la commission de comptabilité, 333.
724
Mort, voy. Nécrologie. — Mort d'Etienne Marcel, 674.
Mortet (Ch.), officier d'académie, 467.
Mortet (V.) : élection épiscopale au xn« s., 131.
Mûhlbacher : Mitth. d. Instituts, 292; unedirtc Diplôme, 425.
Musée du Louvre, 179.
Musulmanes (sectes), 618.
Narbonnaise : fastes, 615.
Navarre (Basse-) : états, 692.
Nécrologe d'Amiens, 137.
Nécrologie : MM. Bisson de Sainte-Marie, 608; Demay, 473; Dupont,
176; Durier, 692; Jourdain, 456; Lebeurier, 333; de Wailly, 604.
Neuville (D.), chevalier do la Légion d'honneur, 335.
Nord ; Gysoing, 671 ; Douai, 692.
Normandie : chronique, 619, 624.
Notices et extraits des mss., 578.
Notre-Dame-en-Vaux (église) de Châlons, 615.
Noyon : commune, 173 ; manuscrit, 695.
Numismatique (prix de), 615; de Crète, 618.
Nuremberg : mandement de Charles V, 342.
Oc (langue d') : mss. à Rome, 181, 624.
Odile (sainte), 472.
Officiers d'académie et de l'instruction publique, 180, 335, 467, 609.
Oïl (langue d') : mss. à Rome, 181, 624.
Oise : Noyon, 173, 695.
Olivet (M-^e d') : rouleau, 574.
Omont (H.), membre de la commission de publication, 333. -- Mss.
grecs de Fontainebleau, 201 ; du Vatican, 694. — Compte-rendu :
mss. grecs du Vatican, 288.
Orderic Vital (ms. copié par), 629.
Ordine (de) paLatii, 466, 614.
Orléans : université, 303.
Orléans (Louis d'), 198, 692.
Orne : Sées, 692.
Oxford : Bodléienne, 88.
Palatii (de ordine)^ 466, 614.
Palatins (mss.), 288, 668.
Paleografia (sommario di), 425.
Paléographie des classiques latins, 200.
Palustre (L.) : Renaissance en France, 124; trésor de Trêves, 298.
Papes : diplomatique, 180; librairie, 158; regesta, 469; registres, 80;
trésor, 646. — Alexandre VI, 412; Boniface VIII, 648; Jean XXII,
173; P. de Corvara, antipape, 173; Urbain V, 624.
Paradis (l'abbé A.). — Inscriptions du Vivarais, 274.
Parfouru : lettres de M. d'Étigny, 574.
722
Paris : Arch. nat., 176, 682; Bibl. nat., 17, 208; chronique, 614;
enceinte, 418; évêque, 131 ; Hôtel-Dieu, 692 ; Louvre, 179; Et. Marcel,
674; parlement, 131, 370, 692; Saint-Germain-des-Prés, 157; Saint-
Martin-des-Ghamps, 345; Sainte-Geneviève(bibliothèque), 179; Société
de l'histoire de Paris, 335.
Paris (G.), officier de la Légion d'honneur, 609. — M. Jourdain, 456;
M. de Wailly, 604; séance annuelle de l'Acad. des inscriptions, 610.
Parlement : appels de Guyenne, 692; avocats, 131 ; huissiers, 370.
Pas-de-Calais : Wissant, 197.
Pau : bibliothèque, 312; généralité, 574.
Paul (saint) : epistulae, 157.
Pauvreté du Christ, 173.
Pélicier (P.). — Voyage des députés de Bourgogne à Blois, 357.
Perche : géographie, 692.
Pfister : le roi Robert, 618.
Philippe- Auguste : enceinte de Paris, 418 ; historiens, 463, 613.
Philippe le Bon, duc de Bourgogne, 174.
Phrygie (Darès de), 581.
Piae cantiones, 585.
Picardie (nation de) à Orléans, 303.
Piccolomini (Énéas Sylvius), Opéra, 294.
Pie II, Opéra, 294.
Pitra : analecta novissima, 470.
Poésies latines de la Bodléienne, 88 ; de Claude de Bèze, 694.
Poitou : archives historiques, 139.
Pontifical dAmiens, 135; de Saint-André en Ecosse, 142.
Port (C). — Prêt d'un roman de César, 694.
Portrait de Louis d'Orléans, 198.
Prêcheurs (Frères), 301.
Prêt d'un roman de César, 694.
Promis : bibliogr. délia mon. di Savoia, 143.
Prou (M.) : coutumes de Lorris, 567; Hincmar, 466, 614; travaux à
Rome, 620, 624. — Compte-rendu : compte de R. de Louppy, 567.
Provençaux (mss.) à Rome, 181, 624.
Provence : évêques, 612.
Pyrénées (Basses-) : Pau, 312, 574. —Cf. Béarn, 171, 692; Navarre, 692.
Réception au Temple : Alexandre de Vendôme, 106.
Réformation (Société de l'histoire de la), 343.
Registres d'état civil, 226; pontificaux, 80.
Regnauld : rhétorique sanscrite, 619.
Renaissance en France, 125; médailleurs, 615.
Rhône : Ainay, 465, 614; Lyon, 174, 197.
Riant (comte). — Comptes-rendus : Afrique, 575; Sissouan, 155.
Richard (L.), archiviste paléographe, 175; thèse, 173.
723
Richement (Arthur de), 172, 525.
Rigord, 463, 613.
Robert, roi de France, 618.
Rochefoucauld (la) : château, 433.
Rocquain (F.), chevalier de la Légion d'honneur, 180; membre de la
commission de comptabilité, 333. — M. Dupont, 179.
Rois d'Angleterre : Edouard I.«'- et II, 672. — Roi d'Arménie : Léon I",
155. — Rois de France : Carolingiens, 341, 615; Charles IV, 173;
Charles V, 342 ; Charles VI, 489 ; Charles VII, 118, 616 ; Charles VIII,
512; Henri II, 201 ; Henri IV, 674; Louis VI, 426; Philippe II, 418,
463, 613; Robert, 618.
Roman de César, 694.
Romane (chartes en langue) de Douai, 692.
Romanes (églises) du diocèse de Mâcon, 692.
Romanet (0. de), archiviste paléographe, 693; thèse, 692.
Rome : archives, 80, 180; bibliothèques, 181, 288, 624, 669, 694; école
française, 180, 609, 620, 624. — Voy. Papes.
Romorantin : archives, 304.
Roscehn et G. de Champeaux, 692.
Rossi (de) : mss. du Vatican, 668.
Roth : sainte Odile, 472.
Rouen : Saint-Ouen, 566.
Roumains au moyen âge, 145.
Roussel, archiviste de Loir-et-Cher, 180.
Roze : nécrologe d'Amiens, 137.
Russie : Saint-Pétersbourg, 157.
Sacrilegiis (de), attribué à saint Augustin, 294.
Saige (G.), — Charte de Joinville, 5.
Saint- .\ndrews : pontificale, 142.
Saint-Éloi de Noyon : ms., 695.
Saint-Germain-des-Prés : codex Sangermanensis, 157.
Saint-Gildas en Berry : bibliothèque, 98.
Saint- Julien de Tours : chartes, 226.
Saint-Martin-des-Champs : chœur, 345.
Saint-Nizier (égUse) de Lyon, 174.
Saint-Ouen (église) de Rouen, 566.
Saint-Pétersbourg : codex Pelropolitanus, 157.
Saint-Sauveur-en-Rue : cartulaire, 465, cf. 613.
Saint-siège, voy. Papes.
Saint- Victor (Hugues de), 429.
Sainte-Geneviève (bibliothèque) : M. Kohler, 179.
Saintrailles (Poton de), 174.
Salone, secrétaire du ministre de l'instruction publique, 609.
Sandret. — Charte de Joinville, 468.
724
Sanscrite (rhétorique), 619.
Saône-et-Loire : Autun, 174; Mâcon, 692.
Savoie : biUiogr. délia monarchia, 143.
Scaliger (Joseph), 623.
Sceau de Hoja, 144.
Schlumberger : concours des antiquités de la France, 462.
Sectes musulmanes, 618.
Sées : cathédrale, 692.
Seine : Vincennes, 174. — Voy. Paris.
Seine-et-Marne : Fontainebleau, 201.
Seine-et-Oise : Petit-Trianon, 625.
Seine-Inférieure : Héricourt-en-Gaux, 138; Rouen, 566.
Sepet (Marins) : Jeanne d'Arc, 123.
Sépultures de Saint-Ouen de Rouen, 566.
Serruriers, 692.
Servois (G.), officier de l'instruction publique, 180.
Sigillographie, voy. Sphragistique.
Simon de Montfort, 181, 427.
Sissouan, 155.
Société de l'École des chartes, 333 ; de l'histoire de la Réformation, 343;
de l'histoire de Paris, 335; des anciens textes français, 182.
Somme : Amiens, 135, 137; Gorbie, 196.
Sorel (Agnès), 617.
Soulice : catalogue de la bibliothèque de Pau, 312.
Soutenance des thèses, 171, 692.
Souvenirs d'Eure-et-Loir, 689.
Sphragistique : le sceau de Hoja et la sigillographie pittoresque, 144.
Spicilegium Brivatense, 308.
Stein (H.), officier d'académie, 335. — Gomptes-rendus : bibliogr. délia
mon. di Savoia, 143; correspondance de Gastillon, 129; souvenirs
d'Eure-et-Loir, 689.
Stella (François), 208.
Stevenson : codices Palat. grsBci Vatic, 288 ; latini, 668.
Suffixe -iacus, -iaca, 633.
Suisse : Genève, 173.
Sully (Maurice de), évêque de Paris, 131.
Svoronos : numismatique de Grète, 618.
Tapisserie, 140.
Tardif (J.). — Compte-rendu : avocats au parlement, 131.
Tausserat, archiviste paléographe, 175; thèse, 174.
Tavernier (J.-B.), 306.
Temple : réception d'Alexandre de Vendôme, 106.
Terne (la) : château, 433.
Tessier : mort d'Etienne Marcel, 674.
I
725
Textes français (Société des anciens), 182.
Ttiéonas : épître à Lucien, 336.
Thèses de l'École des chartes, 171, 692.
Tissier (J.-J.) : thèse, 692.
Topographie du Perclie, 692.
Tournoùer (H.), archiviste paléographe, 693 ; thèse, 692.
Tours : Saint- Julien, 226.
Tranchant (Ch.), président de la Soc. de l'hist. de Paris, 335.
Travers (Ém.) : sceau de Hoja, 144.
Trésor de Chartres, 298 ; du saint-siège, 646 ; de Trêves, 298.
Trêves : codex aureus, 627; trésor, 298.
Trianon (Petit-), 625.
Tropes, 626.
Tuetey (A.), archiviste-trésorier de la Soc. de l'École des chartes, 333.
Université d'Orléans, 303.
Urbain V, 624.
Vachez : cartulaire d'Ainay, 466, 614.
Valeur de la chronique de Gruel, 525.
Valois (N.), membre adjoint de la commission de publication, 333 ;
inventaire du conseil d'État, 682. — Comptes-rendus : chaire fran-
çaise, 577 ; Frères prêcheurs en Gascogne, 301 ; librairie des papes
d'Avignon, 158; mort d'Etienne Marcel, 674.
Vatican : archives, 80, 180; bibliothèque, 288, 668, 694.
Vaucluse : Avignon, 158.
Vayssière, ofiicier d'académie, 180.
Vendôme (Alexandre de), 106.
Verem flir Reformationsgeschichte, 343.
Verrerie, 431.
Vers de Claude de Bêze, 694.
Versailles : Petit-Trianon, 625.
Verteuil-sur-Gharente : château, 433.
Vie agricole dans le Haut-Maine, 574.
Vienne (Autriche) : codex purpur eus, 157.
Vignier (Jérôme), 335, 471.
Villefosse (Héron de), voy. Héron.
Vincennes : chapitre, 174.
VioUet (P.), membre de l'Académie des inscriptions, 692. — Comptes-
rendus : coutumes de Lorris, 567 ; états de Franche-Comté, 573.
Virey (J.), archiviste paléographe, 693; thèse, 692.
Vital (ms. copié par Orderic), 629.
Vivarais : inscriptions, 274.
Voyage des députés de Bourgogne à Blois, 357,
Wailly (Natalis de), 604.
Warenne (Gondrée de), 427.
726
Wattenbach : regesta, 469. — Genealogia Karolorum, 341.
Weale : bibliogr. liturgica, 430; exposition liturgique, 693.
Weil : écoles d'Athènes et de Rome, 624.
Wissant (de) à Lyon, 197.
Wordsworth : pontificale S. Andreae, 142.
Xénopol : les Roumains, 145.
Nogent-Ie-Rotrou, imprimerie Daupeley-Gouverneur.
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