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Full text of "Bibliothèque de l'École des chartes"

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BIBLIOTHEQUE 

DE    L'ÉCOLE 

DES  CHARTES 

XLVII. 


IMPRIMERIE   DAUPELEY-GOUVERNEUR,    A   NOGENT-LE-ROTROU. 


BIBLIOTHÈQUE 

DE  L'ÉCOLE 

DES  CHARTES 

REVUE    D'ÉRUDITION 

CONSACRÉE   SPÉCIALEMENT  A   L'ÉTUDE   DU   MOYEN  AGE 


XLVII. 

ANNÉE  1886. 


3lM0^^ 


PARIS 

LIBRAIRIE     d'Alphonse     PICARD 

RUE     BONAPARTE,     82 
^886 


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3-Ô 


UNE  CHARTE  FRANÇAISE 

DE   JEAN   DE  JOINVILLE 

EN  DOUBLE  EXEMPLAIRE  SCELLÉ 


Le  nombre  des  chartes  de  Jean  de  Joinville  recueillies  et  publiées 
dans  ces  dernières  années  est  maintenant  assez  considérable  et  la 
Bibliothèque  de  VÈcole  des  chartes  peut  revendiquer  l'honneur 
d'avoir  inséré  dans  ses  volumes,  en  même  temps  que  les  savants 
mémoires  que  M.  Natalis  de  Wailly  leur  a  consacrés,  la  majeure 
partie  de  ces  documents  si  précieux  pour  l'histoire  de  la  langue  au 
xiiF  siècle. 

La  pièce  que  nous  publions  ci-dessous  est  un  jugement  arbitral 
rendu  en  \  258  par  le  sénéchal  dans  une  contestation  qui  s'était  éle- 
vée entre  Gaucher,  comte  de  Rethel,  et  son  frère  Manassès,  seigneur 
de  Bourcq. 

Ce  document  n'est  pas  précisément  inédit;  il  avait  été  transcrit  au 
commencement  du  xiv«  siècle  dans  le  cartulaire  du  comté  de  Rethel, 
et  M.  Léopold  Delisle,  qui  a  publié  ce  cartulaire,  en  a  donné  le  texte 
in-extenso^  Mais  ce  texte  ne  reproduisait  évidemment  pas  Tortho- 
graphe  de  l'original  -,  c'étaient  là  un  soin  et  une  préoccupation  incon- 
nus pour  les  copistes  du  xive  siècle.  Intéressant  pour  l'histoire  du 
comté  de  Rethel,  il  était  donc  dépourvu  de  valeur  pour  l'ordre  de 
considérations  qui  a  donné  dans  ces  derniers  temps  une  si  grande 
importance  à  la  recherche  des  textes  émanés  de  la  chancellerie  de 
l'historien  de  saint  Louis. 

L'heureuse  fortune  qui  nous  a  fait  retrouver  aux  archives  du  palais 
de  Monaco  les  originaux  du  trésor  des  chartes  du  château  de  Rethel 


1.  Annuaire -Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  de  France,  année  1867, 
deuxième  partie,  page  43. 


nous  a  particulièrement  favorisé  en  ce  qui  concerne  cet  acte  de  Join- 
ville.  Deux  exemplaires  originaux,  qui  en  avaient  été  dressés,  l'un 
pour  le  comte  Gaucher,  l'autre  pour  Manassès,  son  frère,  ont  été  tous 
les  deux  conservés,  Manassès  IV,  qui  succéda  par  la  suite  à  Gaucher, 
ayant  versé  dans  le  chartrier  du  comté  ses  titres  personnels'. 

Ces  deux  exemplaires  sont  munis  de  sceaux  presque  intacts  de  Jean 
de  Joinville  et  des  deux  parties  qui  l'avaient  choisi  pour  arbitre  ; 
ils  sont  donc  encore,  à  ce  point  de  vue,  dignes  d'attention;  mais 
l'examen  des  deux  textes  et  de  leurs  variantes  nous  a  révélé  une 
autre  particularité  fort  intéressante.  L'un  des  deux  exemplaires,  en 
effet,  reproduit  rigoureusement  l'orthographe  et  les  règles  gramma- 
ticales que  M.  N.  de  Wailly  a  relevées  dans  les  actes  rédigés  par  la 
chancellerie  de  Joinville,  tandis  que  l'autre  offre  tous  les  caractères 
philologiques  des  chartes  de  Picardie  et  des  documents  de  la  ville 
d'Aire,  pubhés  ici  même  en  4870  par  le  savant  académicien  2, 

Ces  deux  pièces  cependant,  revêtues  des  mêmes  sceaux,  ont  été 
nécessairement  dressées  en  même  temps.  Il  faut  en  conclure  que, 
tandis  que  l'une  d'elles  était  écrite  par  un  des  scribes  du  sénéchal, 
l'autre  était  l'œuvre  d'un  des  officiers  du  comte  de  Rethel. 

Cette  conjecture  devient  infiniment  probable  quand  on  examine  les 
autres  chartes  françaises  de  la  même  époque  qui  se  trouvent  dans  le 
trésor  de  Rethel.  Nous  avons  pu  relever  quatre  autres  actes  français 
émanés  des  comtes,  entre  ^1245  et  H  263,  qui  sont  certainement  de  la 
même  main  que  la  charte  en  dialecte  picard,  tandis  qu'on  ne  rencontre 
pas  de  similaire  à  récriture  beaucoup  plus  soignée,  beaucoup  moins 
abrégée  et  très  caractéristique,  par  ses  liaisons  horizontales  gladio- 
lées,  de  la  charte  qui  paraît,  sans  doute  possible,  écrite  par  un 
scribe  du  sénéchal. 

Il  ne  faudrait  pourtant  pas  croire  que  les  pièces  émanées  des  comtes 
de  Rethel,  de  leurs  vassaux  ou  de  leurs  plus  proches  voisins  soient 
exclusivement  écrites  avec  l'orthographe  des  pays  d'Artois  ou  de 
Picardie  \  en  faisant  le  décompte  des  titres  français  existant  dans  le 
chartrier  pour  le  xiii*  siècle,  nous  en  avons  relevé  un  nombre  au 
moins  égal  écrits  suivant  l'orthographe  usitée  en  Champagne.  Il  y  a 
là  une  dualité  qu'expliquent  suffisamment  la  situation  géographique 
du  comté  et  ses  rapports  intimes  avec  les  deux  régions. 


1.  Archives  du  palais  de  Monaco,  fonds  de  Mazarin,  série  T,  Titres  chrono- 
logiques, 2'  carton,  n°'  82  et  82  bis. 

2.  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  t.  XXXI,  p.  261. 


Au  surplus,  le  lecteur  pourra  constater  facilement,  par  la  disposi- 
tion typographique  que  nous  employons,  en  quoi  consistent  les 
variantes  des  deux  textes.  Nous  prenons  pour  base  le  texte  champe- 
nois et  nous  plaçons  en  interligne  et  au-dessus  les  variantes  de  l'autre 
texte.  On  remarquera,  en  outre,  que  certains  membres  de  phrase  se 
trouvent  intervertis-,  cette  circonstance  nous  a  permis,  en  nous 
reportant  au  texte  du  cartulaire  publié  par  M.  L.  Delisle,  de  constater 
que  c'est  sur  l'exemplaire  champenois  que  la  transcription  a  dû  être 
faite. 

Nous  devons  maintenant  dire  quelques  mots  des  circonstances 
dans  lesquelles  Jean  de  Joinville  fut  choisi  comme  arbitre  par  les 
deux  frères  de  Rethel.  Le  document  qui  nous  occupe  date  d'une 
époque  où  il  existe  peu  de  renseignements  sur  la  vie  du  sénéchal  ; 
il  est  de  trois  années  postérieur  à  la  négociation  qu^il  réussit  pour 
le  mariage  de  son  suzerain  Thibaut  V,  comte  de  Champagne  et 
roi  de  Navarre,  avec  Isabelle,  fille  du  roi  saint  Louis.  Pendant  cette 
époque,  le  comté  de  Rethel  avait  été  agité  par  les  conflits  survenus 
entre  les  frères  du  comte  Hugues  III,  à  la  suite  de  la  mort  de  leur 
nièce  Marie.  Une  transaction  de  i  244  avait  réglé  le  partage  entre  le 
comte  Jean  et  ses  deux  frères.  Gaucher  et  Manassès  '  ;  mais,  à  la 
mort  sans  postérité  de  Jean,  en  ^25'l,  les  survivants  ne  purent 
s'entendre  et  le  différend  resta  plusieurs  années  sans  solution. 

C'est  alors  que,  d'un  commun  accord,  les  deux  frères  s'en  remirent 
à  l'arbitrage  de  Jean  de  Joimille. 

Ce  n'était  pas  la  première  fois  que  le  sénéchal  de  Champagne  appa- 
raissait dans  des  actes  relatifs  aux  comtes  de  Rethel.  Déjà,  en  ^246, 
il  figurait  dans  une  sentence  arbitrale  rendue  par  Thibaut  IV  de  Cham- 
pagne à  l'occasion  d'un  différend  entre  le  comte  Jean  et  Godefroy  de 
Louvain,  pour  les  seigneuries  de  Perthes  et  de  Tagnon  ^.  Jean  de  Join- 
ville y  est  constitué  ^/ee^'e  du  comte  Jean,  dont  il  était  cousin. 

Le  sénéchal  prend  cette  qualité  de  cousin  dans  notre  document, 
et,  comme  il  n'est  pas  indifférent  de  bien  connaître  les  relations 
de  parenté  et  d'alliance  de  Fillustre  historien  de  saint  Louis,  on 
nous  permettra  de  nous  arrêter  sur  les  liens  qui  Punissaient  à  la 
maison  de  Rethel.  Cette  parenté  existait  de  deux  côtés  différents;  du 

1.  Cet  acte  est  analysé  par  M.  L.  Delisle  dans  le  Cartulaire  de  Rethel,  p.  24. 

2.  Archives  du  palais  de  Monaco,  série  T,  Titres  chronologiques,  carton  n"  1, 
pièce  n°  39  ;  Léopold  Delisle,  Cartulaire  de  Rethel,  p.  27. 


côté  paternel,  Jean  de  Joinville  avait  pour  bisaïeule  Félicité  de  Brienne, 
fille  d'Érard  I",  mariée  en  secondes  noces  à  Geoffroy  III  de  Joinville. 
Du  premier  mariage  de  Félicité  de  Brienne  avec  Simon  de  Broyés, 
était  descendue  au  second  degré  Félicité  de  Broyés,  dame  de  Beaufort, 
femme  de  Hugues  II,  comte  de  Rethel,  et  mère  de  quatre  frères, 
Hugues  III,  Jean,  Gaucher  et  Manassès.  Le  sénéchal  était  donc  cou- 
sin issu  de  germain  de  ses  commettants  dans  l'acte  de  1238. 

Du  côté  maternel,  la  parenté,  moins  proche  d'un  degré,  était 
beaucoup  plus  illustre.  La  mère  du  sénéchal,  Béatrix,  fille 
d'Etienne  III,  comte  d'Auxonne,  descendait  du  duc  Mathieu  P'  de 
Lorraine  par  sa  fille  Judith  de  Lorraine,  mariée  au  comte  Etienne  II 
d'Auxonne  j  or,  de  Mathieu  de  Lorraine,  comte  de  Toul,  frère  de 
Judith,  était  née  Mahaut  de  Lorraine,  épouse  de  Manassès  lïl,  comte 
de  Rethel,  grand-père  des  quatre  frères  nommés  ci-dessus  <.  De  ce 
côté,  le  sénéchal  était  donc  cousin  au  troisième  degré  de  Gaucher  et 
de  Manassès.  Ces  liens  de  parenté  expliquent,  tout  autant  que  l'émi- 
nente  situation  de  Jean  de  Joinville  dans  la  province,  le  choix  fait 
de  sa  personne  pour  terminer  un  différend  déjà  ancien  ^. 

Nous  avons  dit  que  la  sentence  arbitrale  de  Joinville  méritait 
encore  de  fixer  l'attention,  eu  égard  aux  sceaux  dont  les  deux  exem- 
plaires sont  munis.  Outre  celui  de  Joinville,  qui  nous  arrêtera  tout 
spécialement,  ils  portent  ceux  du  comte  Gaucher  et  de  Manassès  de 
Rethel,  qui  sont  inédits  et  que  nous  pensons  à  ce  titre  devoir  décrire. 

Celui  du  comte  Gaucher  est  rond,  en  cire  vierge,  de  quatre-vingts 
millimètres  de  diamètre  et  d'un  fort  relief.  11  est  du  type  équestre  \ 
le  comte  porte  l'écu  de  Rethel  chargé  de  deux  râteaux  sans  manche 
l'un  sur  l'autre.  La  housse  du  cheval  est  également  chargée  de 
râteaux.  Il  a  pour  légende  -f-  SIGILL CHERI  COM IS. 

Le  contre-sceau  porte  un  écu  aux  armes  de  la  face,  avec  la  légende 
4-  SECRETVM  G  COMITIS. 

Le  sceau  de  Manassès  de  Rethel  est  également  rond  et  sur  cire 
vierge,  de  cinquante-cinq  milUmètres.  Il  est  aussi  au  type  équestre. 
Le  cavalier  porte  l'écu  aux  deux  râteaux,  mais  la  housse  du  cheval 

1.  Père  Anselme,  VIII,  p.  413;  —  Art  de  vérifier  les  dates,  chronologie  des 
comtes  de  Rethel. 

2.  Du  vivant  du  sénéchal,  une  nouvelle  alliance  resserra  encore  les  relations 
entre  la  maison  de  Rethel  et  celle  de  Joinville.  Hugues  IV,  tiis  de  Manassès  IV, 
épousa  Isabelle  de  Grand-Pré,  fille  du  comte  Henri  VI  et  nièce  de  la  première 
femme  de  Joinville,  Adélaïde  de  Grand-Pré. 


est  vairée.  Légende  :  +  S'  MANASSERI  REGITESTE'SIS  DNI  DE 
BOVRGO. 

Le  contre-sceau  porte  Vécu  aux  deux  râteaux  avec  la  légende  : 
SEGRETVM  MANASSERL 

Mais  le  sceau  de  Joinville  est  à  bien  des  titres  infiniment  plus  inté- 
ressant. Ce  sceau,  qui  se  retrouve  en  bon  état  de  conservation  dans 
les  deux  exemplaires  de  notre  charte,  est  rond,  en  cire  vierge,  de 
soixante  millimètres.  Il  est  au  type  équestre.  Le  sénéchal  porte  l'écu 
aux  trois  broies  l'une  sur  l'autre,  sous  un  chef  chargé  d'un  lion 
issant  ;  la  housse  du  cheval  reproduit  les  pièces  de  l'écu.  Légende  : 
+  S  lOHANNIS  D lONIV SENESGALI  GAMPANIE. 


40 

Le  contre-sceau  rond,  de  quarante  millimèlreS;  porte  pour  légende  : 
+  SECRETVM  DOMINI  lONIVILLE. 

Ce  contre-sceau  est  un  curieux  exemple  de  l'emploi  des  intailles 
antiques  dans  les  sceaux  du  moyen  âge,  dont  M.  Demay  a  donné  une 
intéressante  nomenclature  dans  sa  préface  des  Sceaux  de  Normandie. 
Le  sénéchal  de  Champagne  avait  réuni  trois  pierres  gravées  dans  son 
contre-sceau.  La  première  représente  un  bœuf  tourné  à  droite,  la 
seconde  un  buste  lauré,  également  tourné  à  droite,  enfin  dans  la 
troisième,  placée  sous  les  deux  autres,  est  figurée  une  femme  assise, 
drapée,  de  profil,  s'appuyant  sur  la  main  droite,  tandis  qu'elle  étend 

le  bras  gauche. 

A  proprement  parler,  ce  sceau  n'est  pas  inédit.  Du  Gange  en  avait 
placé  une  gravure,  d'après  un  acte  de  4256,  dans  le  frontispice  de  la 
seconde  partie  de  son  édition  de  V Histoire  de  saint  Louis.  Mais  la 
façon  dont  le  graveur  avait  interprété  non  seulement  le  style,  mais 
les  détails  les  plus  importants,  est  tellement  inexacte  que  cette  gravure 
ne  peut  réellement  pas  compter.  Le  lecteur  pourra  en  juger  en  rap- 
prochant de  cette  gravure  la  reproduction  qui  accompagne  cette  note. 
11  y  a  même,  dans  la  disposition  des  intailles,  une  si  grande  diffé- 
rence, que  nous  serions  presque  tenté  de  supposer  qu'entre  Pacte  de 
4256,  auquel  était  appendu  le  sceau  publié  par  Du  Gange,  et  notre 
charte  de  1258,  Joinville  avait  fait  modifier  la  position  de  la  troi- 
sième pierre.  Pérard^  a  reproduit  le  même  sceau  avec  aussi  peu 
d'exactitude,  si  bien  que  M.  de  Wailly  a  dû  donner  dans  son  édition 
de  Joinville  2  l'héliogravure  d'un  fragment  très  incomplet,  d'après  une 
charte  qui  se  trouve  aux  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale, 
mais  dans  laquelle  précisément  l'empreinte  de  la  troisième  intaille 
n'existe  plus.  L'exemplaire  de  notre  charte  est  donc  le  seul  complet 
qui  se  soit  retrouvé  de  celui  des  sceaux  de  Jean  de  Joinville,  le  plus 
intéressant  peut-être  à  cause  de  son  contre- sceau  ^. 


1 .  Recueil  de  plusieurs  pièces  pour  servir  à  Thistoire  de  la  Bourgogne,  p.  485. 

2.  Histoire  de  saint  Louis.  Didot,  1874,  p.  552. 

3.  L'usage  des  pierres  antiques  semble  avoir  été  de  tradition  dans  la  maison 
de  Joinville.  Dans  un  article  dont  nous  allons  parler,  M.  Le  Mercier  de  Morière 
a  signalé  celles  qui  se  trouvent  dans  deux  des  sceaux  d'Ansel,  le  fUs  aîné  de 
l'historien  de  saint  Louis,  rapportés  dans  l'Inventaire  des  sceaux  des  archives 
de  Douët  d'Arcq,  n°'  308  et  2491.  Le  même  recueil  décrit  le  contre-sceau  de 
Geoffroy  de  Joinville,  frère  puîné  de  Jean  de  Joinville,  qui  porte  une  pierre 
gravée  représentant  un  masque  à  trois  visages  (n°  2494).  Nous  devons  en  outre 
faire  remarquer  que  la  pierre  qui  se  trouve  au  droit  du  sceau  d'Ansel,   n"  308, 


Jean  deJoinville,  en  effet,  a  usé  successivement  de  plusieurs  sceaux. 
Le  nôtre  est,  par  ordre  chronologique,  le  second  dont  il  se  soit  servi. 
M.  de  Wailly  a  également  donné  l'héliogravure  du  premier,  qui  est 
attaché  à  une  charte  de  •1239^  c'est  un  sceau  équestre  de  soixante- 
dix  millimètres,  dont  le  contre-sceau  porte  Pécu  aux  trois  broies 
sous  le  lion  issant  en  chef.  M.  Le  Mercier  de  Morière  a  depuis  publié 
un  troisième  sceau,  dont  Jean  de  Joinville  aurait  fait  usage  au  plus 
tard  en  ^263.  Celui-là  est  toujours  au  type  équestre,  mais  il  n'a  plus 
que  cinquante  milUmètres  de  diamètre;  le  contre-sceau,  qui  est  de 
même  dimension  que  le  droit,  représente  une  ville  forte  avec  le  mot 
CAMPANIE,  fin  de  la  légende  du  droit,  et  dont  chaque  lettre  est 
séparée  par  une  fleur  de  lis^  Le  même  savant  a  constaté  aux 
archives  de  Meurthe-et-Moselle  que  le  sénéchal  se  servait  encore  de 
ce  sceau  en  ^282.  Mais  ni  M.  de  Wailly  ni  M.  de  Morière  n'ont 
signalé  un  quatrième  sceau,  encore  plus  petit  que  les  précédents,  qui 
fermait  autrefois  la  lettre  célèbre  écrite  par  Jean  de  Joinville  au  roi 
Louis  X  en  'I3^5.  Ce  sceau  est  maintenant  détruit,  mais  Du  Gange 
l'a  connu  et  en  a  donné  la  gravure  dans  la  biographie  de  Joinville, 
insérée  dans  la  deuxième  partie  de  son  Histoire  de  saint  Louis.  Il 
était  de  trente-cinq  millimètres,  au  type  équestre,  avec  l'écu  et  la 
housse  aux  armes;  la  légende  y  était  remplacée  par  une  bordure  de 
fleurs  de  lis^. 

Ce  dernier  sceau  vient  encore  confirmer  la  curieuse  observation 

faite  par  M.  de  Morière  sur  ce  fait  singulier  que  les  sceaux  dont  s'est 

servi  le  sénéchal  décroissent  successivement  de  dimension  depuis  le 

premier  dont  il  se  soit  servi. 

G.  Saige. 


ressemble  extrêmement  à  la  troisième  intaille  (femme  assise)  de  notre  contre- 
sceau  à  trois  intailles,  quoique  ce  ne  soit  pas  la  même  pierre. 

1.  Bulletin  des  travaux  historiques  et  scientifiques,  section  d'archéologie, 
1884,  p.  477. 

2.  L'original  de  la  lettre  à  Louis  X  laisse  encore  distinguer  deux  des  fleurs 
de  lis  de  la  bordure  au  milieu  des  débris  du  sceau.  On  peut  s'en  convaincre 
sur  le  fac-similé  héliographique  que  M.  de  Wailly  en  a  donné  {Histoire  de  saint 
Louis,  p.  452). 


42 

Juamvile 
Je      Jehans,       sires      de       Joingvile       et      seneschaus 
Ghampai?ignainne  ki 

de       Champaingne,       fas      savoir      a      tous      ceus      qui 
ses  lettres      verront         et       orront  :  comme 

ces    présentes    lettres    verront      et      orront,    que    comme 

fust  assavoir      mon 

descors   fuit   entre  mes  cousins,   cest   a   savoir   mon    signor 
conte  signor 

Gauchier,     conte     de    Retest,    dune    part,    et    mon    signor 
Mannessier  dautre  ses  ki 

Manissier,  son  frère,  de  Retest,  dautre  part,  de  ces  choses- qui 

sont  acordeiz 

ci  desous   sunt  escrites,  je  les   en   ai   acordez  par  laide  de 
Dieu  teie     manniere  ce    sont 

Deu  en  teile  meniere  :  que  dou  fié  de   Doncheri   il  se  sunt 
sor      mon    signor  Cevigni  sor  signor 

mis  seur  mon   signor  Huon  de   Sevigni  et  seur  mon    signor 
Milion  Chalons  ki  ce       fiet 

Milon  de  Chaalon,  chevaliers,  qui  doivent  enquerre  se  cil  fié 

fies  chasteierie 

de  Doncheri  est  des  fiez  et   de  la  chatelerie  de  Maisieres  ou 
ce  que    il  est  fies  de  cliastelerie 

non;  et  se  il  truevent  qu'il   soit  des  fiez  et  de  la  chatelerie 

demora  mon  Mannesier 

de   Maisieres,   il  demorra  a  mon  signor  Manissier,  et   se  il 

nen  demora      le  conte 

truevent  que  il  nen  soit  mie,   il  demorra  au  conte,  et  doit 

ciz  diz   raporteiz  dedans 
estre  cis  dis  raporteis  dedens  ceste  prochainne  feste  saint  Jehan 

ce  cil  diz  raporteiz 

Baptiste.  Et  se  cis  dis  n'estoit  diz  et  raporteis  dedens  ce  termine, 

prolongier      ce  volanteit 

je   porroie   pourlongier  le  termine    a    ma    volentei.    Et   des 
detes      con  signor    Mannessier 

dettes   com   demanderoit  le  conte  ou  mon   signor  Manissier 
lor  ce    sont  sor     mon 

pour  la  raison  de  leur  devantiers,   il  se   sunt  mis  seur  mon 
signor  Couci  sor  signor  Cevigni 

signor  Erart  de  Coucy  et  seur  mon  signor  Huon  de  Sevigni, 


13 

ki  voir    pa?'  lor  fiancies 

chevaliers,  qui  doivent  veoir  par  leur  faiz  fyancies  les  demandes 
que  on  lor  ses     detes  chevalier 

con    leur  feroit  de  ces  dettes.  Et  de  ce  que  cil  dui  chevalier 

ki     ceroit  tenus 

diroient  qui  seroit  paiable,  li  cuens  en  seroit  tenuz  à  paier  les 

mesires    Mannessiers 
trois  pars  et  mes  sires  Menissiers  le  quart.  Et  de  ce  dont  cil 
dui  que  il  deffandrc 

dus  chevalier  diroient  quil  les  convenroit  plaidier  ou  deffendre 

ceroit  tenu.v 
li  cuens  seroit  tenus  a  paier  les  trois  pars  des  coustainges  et 

Mannessiers  ce    ouns   des   diseus 

mes  siresMenissiers  le  quart.  Et  se  li  uns  de  leur  deus  diseurs  moroit, 

en  dui    ensamble  poroient  mettre 

OU  amdui  ensemble,  il  i  porroient  mettre  autres  en  liu  de  ceus, 
chascons    por  por  mesires    Mannessiers 

chacuns  pour  sa  partie,  pour  ce  faire.  Et  mes  sires  Menissiers 
avéra  sauvemant  Sau  comme 

ara    dou  savement  de  Saut  devant  Retest,  autretant  com  li 

sauvemant        Guingnicort      por 
cuens  en  prenoit  ou  savement  de  Guignicourt  pour  sa  partie. 
ce    li    sauvemant  orandroit    comme 

Et    se    le    savement  de  Saut  ne  valoit  tant  orendroit  com 
por  sauvemant        Guingnicort 

li  cuens  en  prenoit  pour  sa  partie  ou  savement  de  Gugnicourt, 
panroit    la  defaute  de  orandroit         rantes  ville 

il  penroit  le  défaut  dorendroit  as  rentes  le  conte  de  la  vile 

cil  Mannessiers 
de  Saut.  Et  de  ce,  doit  cis  Menissiers  avoir  les  lettres  le  conte. 

tanra 
Et       li       cuens      de      Retest       tenra       tout      leschange 
entieremant  mesires     Mannessiers 

entièrement  que  mes  sires  Menissiers  ci  devant  diz  li  a  assis 
por  chastellerie  et  ce  tant  co»ime 

pour  l'eschange  de  Maisieres  et  de  la  chatellerie      tant      com 
Iranchemant  signeriemant  mesires 

il  vivera  ausi  franchement  et  ausi  signoriement  com  mes  sires 
Mannessiers 
Menissiers  de  Retest  le  tenoit  et  devoit  tenir  avant  que  cil 


faiz 
eschanges  fustfais.  Et  la  justice  et  le  chevauchies  et  les  autres 
cil    Mannessiers  es  en  ses 

choses  qtie  cis  Menissiers  clamoit  ens  lius  et  ens  bans,  de  ces 

ses  villes  que  il  a  assise 
choses  et  de  ces  viles  cfuil  a  assis  au  conte  pour  la  raison  de  cel 

cil 
eschange  ci  devant  dit,  je  di  et  ai  dit  en  mon  dit  que  cis 
Mawnessiers      quitte  et  aquiteit  tant  comme 

Menissiers  les  quit  au  conte  a  tenir  et  a  avoir        tant        com 
cil  cuens  vivera  signeriemant    comme 

cis    cuens    vivera   et   aquittei    ausi    signoriement     com     il 

ce  i  que  mesires 
les  i  avoit  et  devoit  avoir  en  toutes  choses,  sauf  ce   que   mes 

Mannessiers  servise  comme 

sires  Menissiers  en  doit  faire  le  service,  ensi    com    il  est  contenu 
qui  sont  cel  dom?naiges 

es  lettres  qui  sunt  faites  de  cest  eschange.  Et  de  tous  damages 
que    li  ouns  pooit    demandeir  deus 

que  li^ oit  demander  à  l'autre    deux  deus,  queilque   li 

dammaige  soient     juske  jor         ses  présentes 

damage   fussent  jusques  au  jour  que  ^ lettres  furent  faites. 

que  il       sont  ouns  envers 

je  di  et  ai  dit  en  mon  dit  quil  en  sunt  quitte  li  uns^ 

lautre  nient  i  tous         ajornenians  ouns 

autre  et  doient  faire  mettre  a  neent  tous  les  ajournemens  que  li  uns 
a  lautre  queil  que  il  fusent,     fus 

avoit  fait  faire  ^  il  quil  fussent,  fust  en  plait  de  laie 

crestienteit     juskes         jor  ses 

justice  ou  de  crestientey,  jusques  au  jour  que^ présentes  lettres 

ses 
furent  faites.  Et  de  toutes  ces  choses  ci  deseur  dites,  li  cuens  en  doit 
deneir    ses  signor  Mannessier       mesires 

donner  ces  lettres  dou  tenir  a  mon  signor  Menissier,  et    mes 


1.  Déchirure  au  parchemin. 

2.  Idem. 

3.  Idem. 

4.  Idem. 

5.  Idem. 


45 

Mannessiers  lan  deneir   ses   lettres       ouns 

sires  Menissiers  len  doit  donner  les  suennes  li  uns  a  la  requeste  de 

mesires   Mannessiers  ses 

lautre.  Et  li  cuens  de  Retest  et  mes  sires  Menissiers  de  Retest 

frères                                        deneit  chascons         xl 
ses  frères,  mi  cousin,  mont  denei  chacuns  quarante  libres  de 
Parisis                               volanteit  dont  chascons  xx 

Parisis  i^our  faire  ma  volentei chacuns  deus  en  doit  mettre 

libres  a  ceste  prochainne  feste  saint  en          la 

a  ceste  feste  saint  Jehan  Baptz'^^e  prochainnement 

[venant 
main  le         Prieur  de  enqui 

vint  libres le  Prioul    de    Landaives    et    denqui    en    un 

chascons  autres    xx  ses 

an  chacun  dans  les  autres  vint  libres.  Et  des  choses  toutes  ci  deseur 

chasconne  ount  cil  cil  Mannessters     por 

dites  et  chacune  par  li  ont  cis  cuens  et  cis  Menissiers  pour 

por  oirs  fermemant  rien    rapeleir 

lui  et  pour  ses  hoirs  promis  a  tenir  fermement,  sans  rins  rapeler, 
par  par  par  lor  foiz  fiancies  deneit 

ne  paraus,  ne  par  autrui,  par  foi  fiancie.  Et  men  a  li  cuens  donnei 

assavoir 
pièges  de  ses  choses  a  tenir  de  quatre  cens  libres  ;  c'est  a  savoir  mon 

Espence  c 

signor  Jehan  d'Espance  de  cens  libres,  mon  signor  Jehan 
G  signor  c 

Patoul  de  cent  libres,  mon Guion  de  Truni  de  cent  livres 

Lanbert  c  mesires 

et  mon  signor  Gilon  de  Saint  Lambert  de  cent  libres.  Et  mes 

Ma?znessiers  ma/i  a    deneit  luic 

sires  Menissiers,  ses  frères,  men  a  donnei  pièges  de  quatre  cens 

ses  comme  elles  sont  ci      escrites 

libres,  de  tenir  ce  dit  et  ces  choses  ensi  com  eles  sunt  ci  deseur  dites 

assavoir  c 

c'est  a  savoir  mon  signor  Guion  de  Truni  de  centlibres,  mon  signor 

Espence         g  signor  Lanbert 

Jehan  d' Espance  de  cent  libres ,  mon  signor  Gilon  de  Saint  Lambert 

G  Gevigni  c 

de  cent  libres  et  mon  signor  Huon  de  Sevigny  de  cent  libres, 


46 

niic  leveir  ki  ioroit 

lesqueles  quatrecens  Izbre*  jeporroie  lever  de  celui  qui  iroit  encontre 

ki      voroit  le  dit         deseur 

ce  dit  et  ce  raport,  dont  cil  qui  vorroit  tenir  ledit  ci  deseur 

averoit       moitiet  ce  auconne 

escrit  auroit  la  moitié  et  je  lautre.   Et  se  il  avenoit  aucune 

ce  ses 

chose  de  moi,  si  wel  je  et  di  en  mon  dit  que  cis  choses  ci 

comme  elles  sont   ciens 
deseur  escrites  soient  tenues  fermement  ensi  com  eles  sunt  ci  ens 

por  ses  fermemant 

escrites.  Et  pour  ce  que  ces  choses  soient  fermement  tenues  et  gar- 

ses  a 

dées,  je  ai  saelées  ces  présentes  lettres  de  mon  sael  par  la  requeste 

de  ses 

desdeus  frères  ci  deseur  dis.  Et  je  Gauchiers,  cuens  de  Retest,  et  je 
Mannessiers  asentit 

Menissiers  de  Retest,  frères  a  celui  conte,  nous  sommes  assenti  et 

asentons  comme 

assentons  a  ceste  pais  et  a  ce  dit,  tout  ensi  corn  il  est  ci  dedens 

contenu  por 

contenu  et  escrit.  Et  powr  ce  que  ce  soit  ferme  chose  et  estable, 

nos  saiaus     ses  les  queles 

nous  avons  mis  nos  seaux  à  ces  présentes  lettres,  lesqueles  furent 

GG      et  cinkante  wit 
faites  en  lan  de  grâce  mil  deus  cens  cinqM«nte  et  wit,  le  vendredi 

closes    Patkes 
devant  Pâques  closes . 


NOTICE 

SUR  LA  VIE  ET  LES  TRAVAUX 

DÉTIENNE  MARTELLANGE 

ARCHITECTE  DES  JÉSUITES 
(1569-1641) 

d'après  des  documents  ine'dits  conserve's  au  cabinet  des  estampes 
de  la  bibliotnèque  ivatioivale. 


I. 

Le  Cabinet  des  estampes  de  la  Bibliothèque  nationale  conserve 
deux  gros  volumes  in-folio  reMés  en  maroquin  rouge,  inscrits  au 
catalogue  sous  le  nom  de  François  Stella,  peintre  lyonnais  du 
xviF  siècle,  et  renfermant  175  vues  diverses,  dessinées  assez 
habilement  en  camaïeu  ou  à  l'encre  de  Chine.  Un  examen  som- 
maire montre  à  quelle  préoccupation  obéissait  le  dessinateur. 
La  plupart  de  ces  vues  tiennent  en  effet  de  près  ou  de  loin  aux 
maisons  d'éducation  fondées  en  France  dans  le  commencement  du 
XVII®  siècle  par  la  compagnie  de  Jésus  ;  on  y  retrouve  des  collèges 
entiers,  pendant  ou  après  leur  construction,  comme  ceux  de 
la  Flèche,  de  Dijon  ou  de  Roanne  ;  des  prieurés  dépendant  de 
ces  collèges;  des  villes  présentées  sous  deux  ou  trois  aspects 
différents  ;  toutes  ces  esquisses  soigneusement  datées  d'ailleurs  et 
ne  permettant  pas  d'admettre  François  Stella  comme  leur  auteur 
probable.  Né  en  1563,  ce  peintre  était  mort  à  la  date  précise 
de  quelques-uns  de  ces  croquis.  Aussi  avons-nous  voulu  un  autre 
nom  à  inscrire  en  tète  du  précieux  recueil,  et  nous  sommes-nous 


^8 

apprêté  à  contredire  le  titre  du  xviif  siècle  pompeusement  calli- 
graphié en  tête  du  volume ^ 

Alors  que  nous  cherchions  à  débrouiller  l'écheveau,  nous  fûmes 
amené  par  notre  service  à  communiquer  le  recueil  dit  de  Stella 
au  P.  de  Rochemonteix,  qui  prépare  une  histoire  du  collège  de  la 
Flèche.  Nous  lui  fîmes  part  de  nos  doutes,  et,  lui-même  ayant 
douté,  il  nous  nomma  Etienne  Martellange  comme  l'auteur  pos- 
sible de  nos  dessins.  Martellange,  c'est  l'architecte  autorisé  de  la 
célèbre  compagnie,  pour  toute  la  période  qui  va  de  la  rentrée 
des  Jésuites  en  France  à  la  mort  de  Louis  XIII.  M.  Charvet,  de 
Lyon,  avait  d'ailleurs  publié  sur  lui  un  long  travail  bourré  de 
renseignements  et  de  faits,  une  de  ces  notices  dont  on  peut  dire 
qu'il  est  difficile  de  faire  mieux ^;  voyages,  documents  consultés, 
notes  communiquées,  renseignements  pris  un  peu  partout, 
M.  Charvet  n'avait  rien  omis  ni  rien  négligé  ;  il  ne  s'était  arrêté 
que  devant  le  manque  absolu  de  documents,  et  pourtant  son 
jugement  très  sûr  lui  faisait  souvent  soupçonner  la  vérité,  comme 
nous  aurons  occasion  de  le  voir  dans  la  suite  de  cette  étude.  Dès 
les  premières  pages  de  son  livre,  nous  n'aurions  point  hésité  à 
attribuer  la  paternité  de  notre  recueil  à  l'architecte  en  titre  des 
Jésuites,  à  Martellange.  La  plupart  des  édifices  pour  lesquels 
M.  Charvet  reconnaît  son  ingérence  directe  ou  indirecte  se 
trouvent  précisément  mentionnés  et  dessinés  d'année  en  année, 
dans  le  prétendu  album  de  Stella.  Il  y  a  telle  œuvre  incontestée 
de  Martellange,  le  Noviciat  des  Jésuites  à  Paris,  par  exemple,  qui 
occupe  justement  la  première  place  dans  le  recueil.  L'auteur  en 
montre  les  bâtisses  à  peine  sorties  de  terre,  les  travaux  divers,  il 
y  met  les  dates  mêmes  auxquelles  Martellange  y  avait  travaillé, 
suivant  les  meilleures  sources,  de  1630  à  1634.  Quelle  preuve 
plus  convaincante  en  eût-on  voulue  ? 

Et  pourtant,  en  continuant  la  lecture  du  livre  de  M.  Charvet, 
nous  devions  rencontrer  mieux  encore.  Après  avoir  montré  l'ar- 
chitecte des  Jésuites  devenu  vieux,  se  réfugiant  dans  un  travail 
moins  pénible  et  consacrant  à  la  peinture  et  au  dessin  ses  der- 
nières années,  M.  Charvet  en  vient  à  parler  de  deux  gros  volumes 

1.  Recueil  contenant  plusieurs  veues  de  villes,  bourgs,  abbayes,  châteaux  et 
autres  endroits  particuliers  de  France,  dessinés  d'après  nature  par  F.  Stella. 
Ce  titre  est  écrit  dans  un  frontispice  gravé,  découpé  pour  la  circonstance. 

2.  Biographies  d'architectes.  Etienne  Martellange,  1569-1641,  par  E.-L.-G. 
Charvet.  Lyon,  Glairon-Mondet,  1874,  in-S",  240  pages. 


J9 

conservés  dans  la  galerie  du  duc  de  Chaulnes  au  xvin°  siècle,  et 
qui  avaient  été  prêtés  au  comte  de  Caylus  lors  de  ses  travaux 
d'archéologie.  Cajlus  les  mentionne  dans  le  tome  III  de  ses 
Antiquités,  il  écrit  page  356  :  «  M.  le  duc  de  Chaulnes  a  bien 
«  voulu  me  confier  deux  grands  volumes  in-folio,  qu'il  conserve 
«  dans  son  cabinet,  et  qui  sont  remplis  des  desseins  que  le 
«  père  Martel-Ange  a  faicts  d'après  nature,  dans  les  diffé- 
«  rents  endroits  de  la  France  où  ses  afiaires  l'ont  conduit.  Ce 
«  frère  Jésuite,  célèbre  par  le  bâtiment  du  noviciat  de  Paris,  est 
«  fidèle  dans  ses  desseins  ;  ils  ne  sont  pas  de  mauvais  goût  ; 
«  mais  ce  qu'ils  ont  de  plus  intéressant,  c'est  qu'ils  ont  été  faits 
«  dans  le  commencement  du  dernier  siècle  (le  xv!!"") .  L'accrois- 
«  sèment  et  la  difiérence  que  l'on  remarque,  dans  quelques-unes 
«  des  grandes  villes  dont  il  a  dessiné  les  vues,  présente  un  objet 
«  d'étonnement  et  de  curiosité,  surtout  à  l'égard  de  Paris.  »  — 
Caylus  avait  pris  dans  les  croquis  de  Martellange  quatre  vues 
antiques,  la  Pyramide  de  Vienne  en  Daupbiné,  le  monument 
dit  des  Deux-Amants,  à  Lyon,  la  porte  S aint- André ,  à  Autun, 
et  la  porte  d' Arroux  dans  la  même  ville.  Or,  ces  quatre  monu- 
ments se  trouvent  dans  le  recueil  de  la  Bibliothèque  nationale, 
fol.  91,  92,  118,  133  et  134,  et  ce  sont  eux  que  le  comte  de 
Caylus  a  copiés  ' . 

Aucun  doute  n'est  possible  maintenant.  Les  deux  volumes  du 
duc  de  Chaulnes  existent  encore,  comme  le  présumait  M.  Charvet 
sans  les  avoir  jamais  vus.  «  Nos  recherches  pour  les  trouver, 
«  écrivait-il,  n'ont  pas  abouti.  Cette  notice  apprendra  peut-être 
«  un  jour  à  leur  possesseur  qu'il  a  entre  les  mains  un  recueil 
«  précieux,  surtout  pour  la  ville  de  Lyon  »  (page  211). 

Les  voilà  retrouvés,  mais  à  la  suite  de  quelles  vicissitudes  ont- 
ils  quitté  le  cabinet  du  duc  de  Chaulnes  pour  arriver  à  la  Biblio- 
thèque nationale  avec  leur  étiquette  de  Stella?  Nous  croyons 
que  la  Révolution  les  conduisit  en  Angleterre,  où  ils  durent 
appartenir  à  un  sir  Edward  Astle,  qui  y  mit  son  ex-libris.  Achetés 
par  M.  Hennin,  à  qui  le  Cabinet  des  estampes  est  aujourd'hui 
redevable  d'une  précieuse  collection  sur  l'histoire  de  France  ^, 
ils  furent  cédés  le  24  juin  1840  à  la  Bibliothèque  royale,  suivant 

1.  Dans  les  Antiquités  de  Caylus,  ces  planches  portent  les  n"'  100,  101,  97, 
95  et  96. 

2.  Le  catalogue  de  cette  collection  a  été  dressé  par  M.  Georges  Duplessis, 
conservateur  du  Département  des  Estampes.  Paris,  Picard,  1877-1884.  5  v.  in-8°. 


20 

ce  que  nous  apprennent  les  registres  d'acquisition.  Ils  prirent 
rang  très  modestement,  affublés  de  leur  nom  d'emprunt,  devenus 
de  véritables  anonymes,  jusqu'à  ces  temps  derniers. 

Par  une  singulière  coïncidence,  le  même  Cabinet  des  estampes 
possède  un  recueil,  autrement  précieux  encore  et  autrement 
utile,  et  non  moins  inconnu,  provenant  également  des  Jésuites, 
mais  des  Jésuites  de  Rome,  de  la  grande  maison,  et  vendus  à  la 
suite  de  la  suppression  de  l'Ordre  en  1772*.  Dans  l'année  1773, 
M.  Le  Bailli  de  Breteuil  achetait  au  collège  romain  cinq  volumes 
in-folio  reliés  en  papier  à  dos  rouge,  et  portant  en  titre  :  «  Fiante 
«  di  diverse  fabriche.  »  Ces  Plans  de  diverses  fabriques,  pour 
traduire  mot  à  mot  le  titre,  ne  sont  autres  que  tous  les  plans  ou 
projets  relatifs  aux  constructions  des  collèges  de  Jésuites  dans  le 
monde  entier.  A  côté  des  maisons  d'Autriche,  de  Pologne,  d'Italie, 
d'Espagne,  sont  reliés  et  classés  les  projets  concernant  tous  les 
collèges  français  des  cinq  provinces,  de  Paris,  de  Champagne,  de 
Lyon,  de  Toulouse  et  d'Aquitaine.  Là  se  retrouvent  à  chaque  pas 
les  dessins  si  personnels  et  si  nets  du  frère  Etienne  Martellange, 
annotés  de  sa  fine  écriture,  soit  en  latin,  soit  en  italien  ou  en  fran- 
çais. Car  l'usage  était  —  comme  aujourd'hui  encore  —  que  le  général 
des  Jésuites  reçût  à  Rome  tous  les  plans  et  en  fît  faire  la  critique  ; 
ils  revenaient  approuvés  ou  non,  et  suivant  l'occurrence  étaient 
suivis  ou  rejetés.  C'est  en  feuilletant  ces  curieuses  archives  que 
l'on  comprend  bien  le  mot  du  P.  Rybeyrète,  l'historien  de  la 
compagnie,  sur  Etienne  Martellange  :  «  Omnia  prope  collegia 
«  sedificavit,  pleraque  etiam  templa,  inter  quse  longe  erainet 
«  templum  domus  probationis  Parisiensis'.  »  De  M.  de  Breteuil 
les  plans  passèrent-ils  dans  le  cabinet  du  comte  d'Artois?  Cela 
est  probable,  car  ce  fut  le  premier  architecte  du  prince,  M.  Bel- 
langer,  qui  les  remit  aux  Estampes  le  mardi  18  mars  1788.  Cata- 
logués dans  l'inventaire  sous  ce  titre  :  Recueil  des  maisons, 
églises,  etc.,  qui  appartenaient  à  la  société  des  Jésuites 
avant  leur  abolition,  les  cinq  volumes  prirent  rang  sur  les 
rayons,  et  personne  ne  s'en  occupa  plus^. 

Ils  méritaient  mieux,  on  le  verra.  Avec  les  renseignements 
qu'ils  fournissent,  avec  ceux  du  recueil  provenant  du  duc  de 

1.  Il  ne  paraît  pas  qu'aucun  auteur  se  soit  jamais  servi  de  ce  recueil  et  l'ait  cité. 
1.  Ms.  du  P.  Rybeyrète  (Scriptores  Provincix  Francix  S.  J.  collecti.  1670). 
Note  communiquée  par  le  P.  de  Rochemonteix. 
3.  Ils  portent  aujourd'hui  les  cotes  Hd  4  à  Hd  4  d,  soit  cinq  volumes. 


2i 

Chaulnes,  M.  Charvet  eût  fait  un  travail  définitif  sur  Martellange  ; 
mais  en  leur  absence,  il  ne  pouvait  qu'être  très  incomplet.  Notre 
but  est  précisément  de  donner  dans  cette  notice  tous  les  détails 
qui  lui  ont  échappé,  et  qui  se  trouvent  en  grand  nombre  et  dans 
les  prétendus  dessins  de  Stella,  et  dans  les  plans  des  Jésuites. 
On  verra  quelle  part  grande  le  modeste  coadjuteur  temporel,  — 
pour  donnera  Martellange  son  véritable  titre,  — sut  se  faire  dans 
l'architecture  française  des  règnes  de  Henri  IV  et  de  Louis  XIII. 
Sans  doute,  il  y  a  beaucoup  à  dire  des  monuments  créés  par  lui 
sur  un  type  un  peu  uniforme,  massif  et  souvent  sans  grâce,  mais 
il  lui  faut  tenir  compte  du  moment  où  il  était  venu.  Imbu  des 
théories  de  Vignole,  nourri  des  principes  d'architecture  puisés  à 
Rome,  il  inonda  la  France  d'églises  lourdes  et  froides,  mais  non 
sans  puissance,  dont  le  plus  grand  nombre  se  voient  encore.  A 
ce  compte  il  n'est  pas  mauvais  de  compléter  le  travail  de  M.  Char- 
vet dans  la  mesure  du  possible,  espérant  qu'une  nouvelle  édition 
de  son  livre  deviendra  définitive  à  l'aide  de  nos  remarques. 

Mais,  avant  de  donner  la  liste  des  collèges  et  des  églises  aux- 
quels Martellange  collabora,  il  n'est  pas  inutile  de  rappeler 
brièvement  quelles  furent  les  origines  du  célèbre  architecte.  Né  à 
Lyon  en  1568  du  peintre  Etienne  Martellange,  maître  des  métiers 
de  la  corporation,  Etienne  Martellange  fit,  avec  ses  deux  frères 
Benoît  et  Olivier,  profession  aux  Jésuites.  Il  entra  dans  l'ordre  en 
1590,  à  Avignon,  en  qualité  àe  coadjuteur  temporel,  titre  qu'il 
ne  quitta  jamais,  bien  que  ses  deux  frères  fussent  prêtres  de  la 
compagnie.  Nous  croyons  qu'il  alla  à  Rome  vers  cette  époque,  et 
qu'il  y  habita  probablement  jusqu'en  1603  ou  1604,  date  de  ses 
premiers  travaux.  Pernetti  le  fait  visiter  Rome  avec  François 
Stella  en  1576,  sans  s'inquiéter  autrement  de  la  vraisemblance. 
Né  en  1 568,  Martellange  eût  eu  huit  ans  environ  ;  quant  à  François 
Stella,  né  vers  1563,  il  fût  entré  dans  ses  quatorze  ans.  Ce  sont 
là  des  histoires  dont  on  s'inquiète  peu  lorsqu'on  se  donne  la  peine 
de  vérifier  les  textes.  Une  preuve  morale  du  séjour  prolongé  de 
Martellange  en  Italie,  c'est  la  facilité  avec  laquelle  il  s'exprime 
en  italien.  Il  y  aurait  bien  à  ce  fait  une  autre  cause  si  l'hypo- 
thèse de  M.  Charvet  était  vraie,  à  savoir  que  les  Martellange 
étaient  d'origine  italienne,  et  que  leur  vrai  nom  était  Martelenchi. 
Mais  les  tendances  artistiques  du  jeune  architecte  en  disent  plus 
long  encore  :  il  a  vu  les  églises  romaines,  il  s'est  élevé  dans  cet 
art  à  la  mode  du  jour,  et  il  rentre  en  France  rempli  d'impressions 


22 

et  chargé  probablement  d'esquisses  et  de  plans,  dont  il  comptait 
bien  faire  son  profit  en  faveur  de  l'œuvre.  On  était  alors  en  1603, 
époque  à  laquelle  les  pères  Jésuites,  longtemps  inquiétés,  reve- 
naient de  toutes  parts  avec  leurs  idées  si  arrêtées  et  si  définies 
en  matière  d'enseignement,  leurs  projets  gigantesques,  leur  préci- 
sion mathématique  au  point  de  vue  des  établissements  à  cons- 
truire, des  églises  à  élever.  Tout  naturellement,  Martellange  fut 
choisi  comme  Un  auxiliaire  précieux  dans  la  province  de  Lyon , 
et,  bientôt,  eu  égard  à  la  pratique  que  lui  donnèrent  les  construc- 
tions répétées,  il  devint  une  manière  d'inspecteur  directeur  des 
travaux,  dont  la  réputation  s'étendit  bientôt  dans  les  provinces 
voisines,  jusqu'à  Paris,  à  Rouen,  à  Rennes  même. 

C'est  alors  que  le  tour  de  France  commença  sérieusement  pour 
lui  et  qu'il  consigna,  au  fur  et  à  mesure  de  ses  voyages,  ses 
impressions  sur  un  album.  Courant  à  cheval  les  villes  éloignées, 
aujourd'hui  à  Vienne  en  Dauphiné,  demain  à  Dijon  ou  à  Dole, 
il  note  au  passage  l'état  des  établissements  entrepris,  souvent 
même  une  vue  de  la  ville,  qui  lui  sera  plus  tard  un  souvenir 
agréable.  Dans  les  plans  qu'il  dresse  et  qu'il  envoie  à  la  censure 
de  Rome,  il  met  tour  à  tour  ses  remarques  en  français,  en  latin, 
en  italien,  sans  être  plus  empêché  dans  un  cas  que  dans  l'autre; 
il  en  agit  de  même  avec  ses  pages  d'album,  où  le  latin  et  le  fran- 
çais se  mêlent. 

Il  est  certain  d'ailleurs  que  Martellange  terminait  ses  dessins 
chez  lui  à  tête  reposée.  Il  prenait  sur  sa  route  un  croquis  rapide 
au  crayon,  et  rentré  au  logis  il  passait  ce  dessin  à  l'encre,  l'enjo- 
livait, mettant  parfois  des  arbres  feuillus  dans  un  paysage  de 
janvier,  sans  plus  de  souci.  Au  commencement  de  ses  travaux, 
il  employait  la  couleur  bleue  pour  laver  ses  esquisses,  plus  tard 
il  prit  la  sépia  ou  l'encre  de  Chine,  si  bien  que  ces  différences 
peuvent,  jusqu'à  un  certain  point,  servir  à  dater  une  vue  ou  un 
plan.  Vers  1620,  l'encre  de  Chine  devient  chez  lui  d'un  usage  à 
peu  près  constant. 

Son  art  était  modeste;  les  maisons  y  avaient  la  part  belle,  cela 
va  de  soi;  le  paysage  était  souvent  défectueux.  Pourtant,  il 
dépassait  de  beaucoup  en  habileté  les  autres  artistes  topo- 
graphes du  temps,  Claude  Chastillon,  entre  autres,  dont  les  vues 
maladroites,  aujourd'hui  si  recherchées,  ne  valent  que  par  leur 
nombre  et  leur  côté  naïf.  Un  autre  coureur  de  routes,  dessinateur 
d'occasion,  était  un  nommé  de  Weert,  dont  les  dessins  embryon- 


23 

naires  sont  aujourd'hui  conservés  dans  la  collection  d'Uxelles,  à 
la  Bibliothèque  nationale^  Nil'unnirautren'approchentdeMar- 
tellange;  il  voit  précis,  sinon  élégant  et  habile.  Chastillon  et 
de  Weert  ne  voient  pas  du  tout. 

Dans  ses  travaux  pratiques,  Martellange  ne  manifeste  aucun 
orgueil;  il  fait  et  défait  ses  plans,  remanie,  taille  et  retaille  sans 
murmure.  Parfois  il  risque  au  P.  Général  une  supplique.  Il  voudrait 
qu'on  se  hâtât ,  parce  que  les  habitants  sont  mécontents  des  retards . 
Pour  lui,  il  ne  discute  pas.  Hiérarchiquement,  il  dépend  du 
P.  Provincial  de  Lyon,  c'est  à  lui  qu'il  obéit,  celui-ci  le  prête  et 
le  dirige.  Un  jour  que  Henri  IV  réclame  Martellange  directe- 
ment au  P.  Provincial  pour  le  faire  envoyer  k  la  Flèche,  l'archi- 
tecte reçoit  un  petit  avertissement  de  son  supérieur,  probablement 
parce  que  le  roi  le  traitait  un  peu  trop  en  puissance,  et  le  pro- 
clamait «  insignem  architectum  et  pictorem  »  (peintre  et  archi- 
tecte remarquable').  Ceci  se  passait  en  1606,  au  début  du  coadju- 
teur  temporel,  après  ses  premiers  travaux  du  Puy,  de  Vienne  et 
de  Sisteron  ;  sa  réputation,  on  le  voit,  n'avait  pas  tardé  à  s'étendre 
au  loin. 

Dans  son  livre,  M.  Charvet  a  pu  déterminer  la  part  exacte 
prise  par  Martellange  dans  la  construction  de  huit  maisons  ou 
collèges  de  Jésuites,  qui  sont  celles  du  Puy,  de  Vienne,  de 
Moulins,  de  Vesoul,  de  Dijon,  de  la  Flèche,  du  Noviciat  de 
Paris  et  de  Roanne.  Pour  quelques  autres  il  doute;  à  l'aspect 
général  des  plans  ou  à  la  disposition  des  bâtisses,  il  soupçonne  la 
vérité,  mais  il  ne  formule  que  des  hypothèses.  L'examen  des  deux 
sources  de  renseignements  dont  nous  disposons  nous  permettra 
d'ajouter  un  grand  nombre  de  ces  maisons  à  celles  indiquées 
par  M.  Charvet,  en  même  temps  que  nous  aurons  à  compléter 
ses  renseignements  sur  les  autres.  Sans  doute,  nous  aussi,  nous 
omettrons  plusieurs  travaux  du  célèbre  architecte.  Durant  sa  vie 

1.  Il  se  nommait  Joachim  de  Weert  ou  Duwiert  et  eut  quelques  planches 
gravées  d'après  ses  dessins  par  un  nommé  Philippe  Millot.  Ces  dessins  assez 
nombreux  sont  dans  le  volume  Vx  23  de  la  collection  dite  d'Uxelles,  aux 
Estampes  de  la  Bibliothèque  nationale. 

2.  Lettre  du  P.  Coton  au  Général  des  Jésuites  Aquaviva.  «  De  F.  Martelangio 
«  audiverat  Rex  ipsum  insignem  esse  architeclum  et  pictorem,  quare  operi 
«  Flexiensi  illum  adesse  exoptaverat,  et  in  eum  finem  ad  P.  Provincialem  scrip- 
«r  serat.  Cum  vero  id  nonnullis  videam  displicuisse,  quasi  per  me  rex  impesseret 
«  ad  statuendum  de  nostris,  dissuasi  adventum  juxla  mcalcm,  voiunlatcm  et 
«  admonilionem  dicli  Reverendi  Patris  (Provincialis).  »  —  (24  juillet  ICOG.) 


24 

errante,  il  s'arrêtait  dans  les  abbayes,  dans  les  châteaux  en 
l'absence  d'hôtelleries.  Pour  payer  sa  bienvenue,  nous  nous  ima- 
ginons volontiers  Martellange  donnant  à  ses  hôtes  le  projet  de 
quelques  réparations  urgentes,  de  bâtiments  à  élever  à  la  place 
de  monuments  ruineux.  C'est  ainsi  qu'il  lève  le  plandeN.-D.  des 
Baumes',  qu'il  dessine  une  vue  de  l'abbaye  de  Bourgueil,  sans 
compter  les  autres.  Avec  sa  facilité  énorme  et  son  incroyable 
intuition  des  êtres  d'une  demeure,  il  lui  coûtait  bien  peu  de  donner 
des  conseils  et  d'indiquer  la  marche  des  travaux  futurs. 

Après  trente  années  de  labeurs  incessants,  Martellange  se 
retira  au  Noviciat  des  Jésuites  de  Paris,  dont  nous  parlerons  ci- 
après.  Il  s'y  adonna  à  des  ouvrages  de  dessin  et  de  peinture, 
dit  M.  Charvet.  Nous  placerions  l'époque  de  sa  retraite  en  1637, 
car,  à  ce  moment,  il  termina  plusieurs  croquis  de  voyage  dans  son 
album,  entre  autres  une  vue  intérieure  de  l'église  de  Roanne  faite 
la  quatrième  année  de  la  construction,  soit  en  1620,  et  qu'il  date 
du  8  juillet  lôST^.  D'autres  vues  portent  :  «  achevé  en  1637,  »  ce 
qui  est  explicite  3. 

Il  mourut  le  3  octobre  1641 ,  et  fut  inhumé  dans  l'église  du  Novi- 
ciat, où  durent  rester  ses  études  jusqu'au  milieu  du  xviii°  siècle. 
Quand  les  acheta  le  duc  de  Chaulnes  ?  vraisemblablement  à  cette 
époque,  car,  lorsqu'il  les  montra  à  Caylus,  les  Jésuites  n'avaient 
point  été  condamnés  ni  dispersés  ;  le  troisième  volume  des  Antiqui- 
tés étant  de  1759  et  les  Jésuites  ayant  été  chassés  en  1763,  les 
recueils  de  Martellange  avaient  donc  quitté  la  compagnie  avant  les 
arrêts  du  Parlement.  Ils  avaient  d'ailleurs  subi  des  mutilations.  La 
collection  topographique  du  Cabinet  des  estampes  conserve,  dans  le 
volume  de  la  ville  d'Avignon,  deux  dessins  de  Martellange  arra- 
chés du  recueil  avant  qu'il  ne  passât  chez  le  duc  de  Chaulnes; 
comme  ils  sont  de  la  dimension  exacte  des  autres,  qu'ils  sont 
conçus  dans  le  même  mode  de  procéder,  il  n'y  a  pas  l'ombre 
d'hésitation  possible^. 


1.  Il  donne  le  plan  et  la  vue  de  N.-D.  des  Baumes  en  1605  (Ub  9  a,  fol.  152). 
C'est  la  seule  vue  du  recueil  accompagnée  d'un  plan  donnant  la  disposition 
des  lieux. 

2.  Ub  9  a,  fol.  105. 

3.  Le  dernier  dessin  de  Martellange  est  daté  de  1639  (Ub  9,  fol.  72). 

4.  Dép.  des  Est.  Topographie  de  Vaucluse.  Avignon.  Une  vue  générale  et 
une  vue  du  collège  portant  :  «  Partie  du  collège  d'Avignon.  » 


23 

II. 

Travaux  divers  d'Etienne  Martellange. 

Additions  au  travail  de  M.  Charvet. 

Les  notices  qui  vont  suivre  s'appuieront  seulement  sur  le  recueil 
Ub9  et  Ub9a  des  estampes  composées  par  Martellange,  et  sur  les 
plans  de  sa  main,  trouvés  par  nous  dans  les  cinq  volumes  achetés 
à  Rome  par  M.  de  Breteuil  en  1773.  Nous  ne  reviendrons  pas  sur 
l'histoire  de  la  fondation  des  collèges  après  M.  Charvet;  pour 
ceux  qu'il  n'a  point  mentionnés  et  décrits,  nous  lui  laisserons  le 
soin  d'en  faire  l'histoire  dans  une  seconde  édition  de  son  ouvrage. 


'D' 


Collège  du  Puy  (1605) ^  {Charvet,  page  23.) 

On  voit  par  les  actes  publiés  dans  le  livre  de  M.  Charvet 
qu'Etienne  Martellange  avait  donné  en  février  1605  le  projet  de 
l'église  des  Jésuites  de  cette  ville.  Nous  croyons  que  ce  plan  est 
celui  qui  est  intitulé  Pianta  e  alsato  de  la  chieza  del  collegio 
del  Puy,  al  R.  P.  Assistente  il  P.  Ludovico  Richeomo,  sans 
date,  et  conservé  dans  l'un  des  volumes  de  M.  de  Breteuil 
{Estampes,  Hd  4  b,  fol.  226).  Les  travaux  ne  furent  pas  sans 
causer  de  nombreux  ennuis  au  jeune  architecte  ;  après  avoir  fourni 
les  mesures  de  fondation,  en  1605,  il  fut  envoyé  une  seconde 
fois  au  Puy  par  le  P.  Provincial,  en  1607,  pour  y  surveiller  la 
construction.  Cette  date,  donnée  par  M.  Charvet,  concorde  avec 
les  dessins  de  notre  recueil.  En  effet,  le  11  mai  1607,  Mar- 
tellange fait  une  vue  de  la  ville  du  Puy  {Estampes,  Ub  9  a, 
fol.  135  et  138).  Puis  il  revient  plus  tard,  à  la  suite  de  difficultés 
avec  l'entrepreneur  Charpignac.  Le  4  août  1616,  il  avait  ordonné, 
dans  une  lettre  citée  par  M.  Charvet,  de  pousser  les  murs  à  leur 
hauteur  avant  de  commencer  les  voiites  ;  or,  ses  prescriptions  ont 
été  suivies,  car,  les  27  et  28  février  1617,  il  est  de  retour  au  Puy 
et  il  dessine  soigneusement  l'église  en  œuvre,  qui  est  en  effet 
arrêtée  aux  voûtes  {Est.,  Ub9a,  fol,  139).  Ces  derniers  dessins 
sont  curieux  en  ce  qu'ils  donnent  fort  exactement  l'état  des  tra- 
vaux en  1617,  et  qu'ils  sont  d'une  assez  bonne  facture. 

1.  Les  dates  placées  à  la  droite  du  nom  de   la    ville  indiquent  l'époque  à 
laquelle  Martellange  a  commencé  ses  travaux. 


,  26 

Les  Polignac  étaient  les  bienfaiteurs  du  collège  du  Puy  : 
Etienne  Martellange  esquisse  leur  château  bâti  en  nid  d'aigle  au 
faîte  d'une  roche.  Il  date  son  croquis  du  24  février  1617,  et  il 
écrit  :  «  Le  château  de  Polignac,  proche  la  ville  du  Puy.  » 
(Ub9a,  fol.  142.) 

Collège  de  Vienne  (1605).  {Charvet,  page  44.) 

Martellange  collabora  aux  constructions  du  collège  de  Vienne 
dès  1605.  A  cette  époque,  il  envoyait  à  Rome  au  P.  Général  un 
projet,  qui  était  un  quadrilatère  à  peu  près  régulier,  dans  lequel 
l'église  occupait  l'angle  inférieur  de  droite.  Le  titre  portait  : 
Planta  del  collegio  di  Vienna  nel  Delfmato,  provincia  di 
Lione,  in  Francia,  fatta  Vanno  1605  (Hd4b,  fol.  251).  L'an- 
née suivante,  ilen  refait  un  autre,  également  destiné  à  Rome,  Per 
la  pianta  del  collegio  di  Vienna  in  Francia,  fatta  Vanna 
1606,  et,  dans  ce  nouveau  plan,  il  discute  la  place  du  réfectoire 
dont  il  a,  dit-il^  parlé  au  P.  Provincial.  Ses  remarques  sont  égale- 
ment en  italien,  langue  qu'il  emploiera  de  moins  en  moins,  au  fur 
et  à  mesure  de  son  avancement  en  âge.  Il  faut  présumer  que  ce 
plan  annoté  était  de  1606,  car  il  prend  sur  son  album,  à  ce 
moment  même,  une  vue  détaillée  de  la  ville  de  Vienne  avec  ses 
monuments,  sa  porte  du  pont  très  fortifiée,  et  les  collines  avoi- 
sinantes,  et  il  la  date  :  «  Vienne  »,  lljul.  1606  (Ub  9  a,  fol.  130). 
Treize  ans  plus  tard,  il  est  revenu  dans  la  ville,  et,  le  20  janvier 
1619,  il  dessine  les  environs  de  l'église,  probablement  du  haut 
d'un  toit  d'où  il  découvre  l'ensemble  (Ub  9  a ,  fol.  131,  132). 
Il  prend  aussi  le  même  jour  un  croquis  de  la  célèbre  pyramide, 
que  Caylus  devait  graver  plus  tard  dans  son  livre  des  Antiquités 
et  qui  nous  a  servi  à  retrouver  l'auteur  du  recueil  jusqu'ici 
attribué  à  Stella  (Ub  9  a,  fol.  134). 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  travaux,  l'église  n'était  pas  commencée 
encore  en  1623,  bien  que  Martellange  eût  exécuté  d'abord  une 
vue  complète  du  portail,  sur  laquelle  une  main  contemporaine 
avait  écrit  :  «  Desseing  d'Estienne  Martellange,  »  puis  une  élé- 
vation de  l'intérieur  avec  la  même  mention,  ces  deux  dessins  datés 
d'avril  1623  (Hd  4  b,  fol.  247  et  248).  En  1625,  on  en  était  encore  à 
s'entendre  sur  la  construction  définitive.  Une  pièce  de  Martellange, 
datée  de  1625,  et  portant  en  titre  Collegii  Yiennensis  ichnogy^a- 
phia  1625,  montre  l'édifice  inachevé  ;  or,  une  note  manuscrite  mise 


27 

au  bas  dit  positivement  :  Hanc  ideam  approbavit  admodutn 
reverendus  pater  Gêner alis  2  februarii  1626.  Ita  est.  Chris- 
iophoriis  Baltazar^  (Hd  4  b,  fol.  253). 

D'après  M.  Charvet,  l'église  ne  fut  terminée  qu'en  1659,  dix- 
huit  ans  après  la  mort  de  Martellange.  Les  travaux  avaient 
duré  un  peu  plus  de  cinquante-trois  ans. 

Collège  de  Sistéron  (1605). 

M.  Charvet  écrit,  page  189  de  son  hvre  :  «  Nous  n'avons  rien 
«  pu  obtenir  à  l'égard  de  Sistéron  ;  il  est  presque  impossible  que 
«  Martellange  n'ait  pas  apporté  son  concours.  »  D'un  autre  côté, 
plusieurs  auteurs  ne  mentionnent  même  pas  le  nom  de  Sistéron 
parmi  les  collèges  et  les  églises  des  Jésuites.  Or,  rien  n'est  plus 
probant  que  nos  renseignements  à  ce  sujet.  En  1605,  Martellange 
dressa  le  plan  des  futures  constructions,  et  il  l'annota  pour  le 
P.  Général  :  Planta  del  colle gio  di  Sistéron  fatta  Vanno  1605 
in  Gullio.  Les  remarques  qu'il  y  a  placées  nous  renseignent  un 
peu  sur  la  manière  de  procéder.  La  façade  de  la  chapelle  aura 
au  moins  dix  cannes,  etc.  Tout  l'ensemble  sera  revu  et  repris, 
avant  de  procéder  à  la  maçonnerie. 

Martellange  demande,  toujours  en  italien,  qu'on  retourne  le 
dessin  déjà  envoyé  par  lui  à  Rome  l'année  d'avant  (1604),  pour 
le  comparer  au  nouveau,  et  faire  les  additions  nécessaires.  Il  sup- 
plie, en  outre,  le  P.  Général  de  ne  pas  différer  son  visa  et  ses  cri- 
tiques «  perche  sonno  ja  doi  anni  passati  che  gli  habitanti  anno 
spettato  la  commodità  nostra  »  ;  sans  doute,  on  le  voit,  les  habi- 
tants se  plaignaient  des  lenteurs  apportées  à  l'édification  de  leur 
collège,  et  l'architecte  en  recevait  des  reproches  (Hd  4b,  fol.  202). 

A  cette  demande  pressante,  le  P.  Général  dut  répondre  assez 
vite,  car  Martellange  est  à  Sistéron  en  1606;  il  prend  plusieurs 
vues  de  la  ville  dans  son  album  de  voyage,  et  les  constructions  du 
collège  adossé  aux  vieux  murs  se  voient  dans  toutes.  Les  fonda- 
tions sont  alors  sorties  de  terre  (  Ub  9  a ,  fol.  156) .  Dans  un  croquis 
postérieur,  probablement  de  1607  ou  1608,  qu'il  intitule  «  Sisté- 
ron et  commencementz  du  collège  »  (fol.  157),  les  murailles  sont 
à  la  hauteur  du  premier  étage,  et  les  maçons  sont  occupés  à  faire 

1.  Christophe  Baltazar  était  le  provincial  de  Lyon. 


28 

le  mortier  dans  les  cours  intérieures.  Toutefois,  il  n'est  pas  question 
encore  de  l'église;  là  comme  dans  beaucoup  d'autres  collèges,  c'est 
elle  qui  est  bâtie  la  dernière. 

Collège  de  Carpentras  (1607).  {Charvet,  page  6b.) 

M.  Charvet  montre  Martellange  travaillant  à  Carpentras  en 
1607,  et  critiquant  les  travaux  précédemment  faits. 

L'album  de  voyage  de  notre  architecte  renferme  deux  vues  de 
la  ville,  d'ailleurs  non  datées  (Ub  9  a,  fol.  161),  et  une  autre  de 
Caromb,  petite  ville  du  Comtat,  qui,  elle,  porte  la  date  de  1607, 
le  9  juillet  {Ib.,  fol.  162).  Cela  concorde  bien  avec  l'époque  de 
ses  premières  études  à  Carpentras,  car  il  fait  deux  plans  cette 
année  même  :  Seconda  pianta  del  collegio  di  Carpentras 
1607  (Hd  4  c,  fol.  129)  et  Terza  pianta  del  collegio  di 
Carpentras  1607  [Ibide^n).  Sur  le  dos  de  cette  pièce,  on  lit 
Prima  idea  collegii  C  arpenter  acensis  reprohata  16  julii 
1612.  On  voit,  par  ces  citations,  quelle  part  l'architecte  avait 
prise  à  la  construction  du  collège,  sinon  dans  l'exécution,  au  moins 
dans  les  devis. 

L'église  fut  édifiée  assez  tard  vers  1628.  M.  Charvet  pense  que 
l'on  se  servit  des  plans  de  Martellange,  à  cause  de  l'identité  de  ce 
monument  avec  celui  du  Noviciat  de  Paris.  Nous  croyons  qu'il 
n'en  est  rien;  ce  bâtiment,  dans  les  projets  de  notre  artiste,  ne 
ressemblait  en  rien  à  celui  du  Noviciat. 

Collège  de  la  Trinité  de  Lyon  (1607).  [Charvet, page  131.) 

En  dépit  de  sa  naissance  et  du  séjour  de  sa  famille  à  Lyon, 
Martellange  ne  paraît  pas  s'être  beaucoup  inquiété  de  l'établisse- 
ment d'instruction  ^  Toutefois,  il  se  trouve  dans  sa  viUe  natale 
à  l'époque  des  agrandissements  de  la  maison  des  Jésuites,  en  juin 
1607,  et  il  dresse  ses  plans  :  «  Desseing  du  collège  de  Lion,  faict  en 
juin  1607  »  ;  au  dos  on  lit  :  Idea  collegii  Lugdunensis  anni  1607 
missa  a  Stephano  Martellange  in Mart.  1618  (sic)?  (Hd  4  b, 

1.  Citons  à  titre  de  renseignement  un  plan  du  collège,  avec  notes  très  détail- 
lées, daté  de  1576  (Hd  4  a,  fol.  225). 


29 

fol.  149).  Que  peut  bien  signifier  cette  seconde  date,  mise  sur  un 
devis  de  dix  ans  plus  ancien  ?  Il  faut  reconnaître  qu'en  1618,  Mar- 
tellange  était  bien  à  Lyon,  puisqu'il  y  dessine  une  vue  de  l'île 
Barbe  le  12  juin  (Ub  9  a,  fol.  121).  Mais  l'île  Barbe  était  la  seule 
chose  qui  l'intéressât  dans  la  ville,  car  il  la  prend  en  1608  [Ib., 
fol.l25),enl609(i&.,fol.l22),enl616(/&.,fol.l21)etenl618. 
Il  relève  le  2  février  1619,  au  moment  des  travaux  du  collège,  le 
tombeau  dit  des  deux  amants,  que  Caylus  a  gravé  d'après  lui 
[Ib.,  fol.  118).  Quant  au  coUège  lui-même,  il  le  passe  sous  silence. 

Noviciat  de  Lyon  (1617).  {Charvet,  page  201.) 

«  Ce  n'est  certainement  pas  trop  s'aventurer,  dit  M.  Charvet, 
«  que  d'admettre  que  Martellange  dirigea  les  constructions  exé- 
«  cutées  par  les  Jésuites,  pour  leur  maison  de  probation  au  novi- 
«  ciat  de  Sainte-Hélène  à  Lyon.  »  Toutefois,  M.  Charvet  n'avait 
rien  trouvé  de  convaincant,  et  Martellange  non  plus  n'a  rien 
laissé  dans  son  recueil  de  vues  dessinées  qui  permît  de  reconnaître 
son  ingérence  dans  les  travaux  en  question. 

C'est  dans  les  volumes  achetés  par  M.  de  Breteuil  que  nous 
avons  rencontré  les  preuves  d'une  collaboration  sérieuse  de  sa 
part,  en  1617,  l'année  même  où  il  surveillait  les  travaux  prépa- 
ratoires de  Roanne.  En  juin,  il  leva  les  plans  des  bâtiments 
construits  pour  le  noviciat,  et  il  intitula  ce  dessin  :  Ichnographia 
domus  probaiionis  Ludvnensis  (sic)  prout  se  habet  anno 
1617  mense  Junn{}îà  4  c,  fol.  26).  Cette  idée,  pour  employer 
l'expression  même  de  Martellange  mise  sur  le  revers  du  papier, 
fut  approuvée  à  Rome  au  mois  de  novembre,  et  aussitôt  l'archi- 
tecte renvoya  un  autre  plan,  probablement  celui  du  foho  sui- 
vant {Ibidem,  fol.  27),  où  se  voient  les  élévations  lavées  de 
bleu,  d'après  la  méthode  alors  employée  par  lui.  La  construction 
se  présentait  sous  forme  de  deux  corps  de  bâtiments  reliés  par  un 
portique,  et  donnant  au  midi  sur  de  grands  jardins.  Dans  ces 
esquisses,  l'église  n'existait  pas.  MarteUange  confectionna  aus- 
sitôt un  autre  projet,  où  elle  reçoit  sa  place  à  gauche  du  por- 
tique, en  regardant  les  jardins  :  Ichnographia  do^nus  proba- 
iionis Lugdunensis  facta  anno  1617  mense  Junio  (Hd  4  b, 
fol.  150),  et  dans  le  même  temps  il  fait  à  part  une  vue  de  ce 
monument,  avec  les  élévations  diverses  de  la  façade,  de  l'autel  et 
de  l'un  des  côtés  intérieurs  {Ibidem,  fol.  151). 


30 

On  voit  que  M.  Charvet  n'avait  point  tort  de  supposer  dans 
l'ensemble  une  œuvre  de  Martellange;  s'il  ne  construisit  pas 
absolument  la  maison,  il  en  fut  à  tout  le  moins  l'inspirateur  et  le 
directeur. 

L'église  et  le  bâtiment  furent  détruits  après  1831. 

Nous  ajouterons  volontiers  à  ces  renseignements,  sur  le  pas- 
sage de  notre  artiste  à  Lyon,  une  vue  de  l'église  des  Chartreux, 
dessinée  par  lui  à  la  sanguine  dans  le  recueil  Ub  9  a,  fol.  120.  Les 
Chartreux  s'étaient  installés  en  1585  sur  l'emplacement  de 
la  citadelle.  On  y  construisit  un  couvent  et  une  chapelle  vers  le 
commencement  du  xvii*^  siècle.  Plus  tard,  on  y  éleva  l'édifice  qui 
se  voit  encore  aujourd'hui,  et  qui  est  à  l'intérieur  dans  les  don- 
nées de  Saint-Paul-Saint-Louis.  Nous  signalerons  aussi  une  vue 
de  la  maison  des  Carmélites,  dessinée  en  avril  1616  {Ibidem,^ 
fol.  119),  et  dont  l'église  avait,  en  1682,  un  portail  jésuitique  élevé 
par  Dorbay .  Martellange  avait-il  travaillé  à  ces  deux  monuments? 
nous  ne  saurions  le  dire,  d'autant  que,  n'étant  pas  des  maisons 
de  Jésuites,  les  plans  ne  s'en  retrouvent  pas  dans  les  volumes 
acquis  par  M.  de  Breteuil. 

Collège  et  Noviciat  d'Avignon. 

Le  noviciat  des  Jésuites  à  Avignon  dut  précéder  le  collège. 
Martellange  était  en  1608  dans  le  Comtat,  et  il  esquisse  dans  ses 
vues  un  ensemble  du  collège  avec  sa  tour  (Ub  9  a,  fol.  173).  Il 
prend  en  même  temps  un  aspect  de  l'église  du  noviciat  «  lorsqu'on 
«  la  bastissoit  »  {Ibidem,  fol.  170).  Elle  se  composait  d'une 
nef  assez  courte,  avec  voûte  et  lanterne  sur  pendentifs.  Dans  les 
vieux  plans  d'Avignon  où  elle  se  trouve  indiquée,  elle  porte  le 
nom  de  Novitial. 

En  1609,  Martellange  était  encore  employé  dans  la  ville,  car 
il  en  dessine  une  vue  (Ub  9  a,  fol.  172),  mais  ce  ne  fut  guère  qu'en 
1617  qu'il  s'occupa  sérieusement  du  collège.  Le  3  janvier  1617, 
il  débute  par  une  vue  générale  d'Avignon  (Ub  9  a,  fol.  171).  Deux 
autres  croquis  poussés  à  l'encre  de  Chine  et  datés,  eux  aussi,  de 
1617,  ont  été  détournés  de  son  album,  et,  venus  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  ils  ont  été  classés  dans  la  Topographie  de  la 
France  (Avignon),  comme  nous  le  disions  ci-dessus.  En  février, 
il  commence  les  plans  ou  les  projets.  L'un  d'eux  porte  en  titre  : 


3^ 

«  Desseing  du  collège  d'Avignon,  fait  lell  febvrier  1617  »  (Hd  4  c, 
fol.  15).  Un  autre,  conservé  au  folio  suivant,  renferme  cette  note 
de  la  main  de  Martellange  :  «  second  plan  du  collège  d'Avignon, 
faict  le  11  [febvrier]  1617.  » 

Toutefois,  les  travaux  devaient  être  commencés  depuis  long- 
temps déjà,  car,  dès  le  6  janvier  1G17,  il  avait  délimité  les  terrains 
et  les  bâtisses  de  l'établissement  «  comme  il  se  retreuve  en  l'année 
1617,le6janvier»(Hd4b,fol.  155).  Mais  l'ouvrage  n'allait  point 
assez  vite.  En  1619,  le  6  juin,  un  autre  plan  partait  pour  Rome , 
seulement  il  n'était  pas  de  Martellange  ;  il  portait  modestement 
de  la  main  du  provincial  de  Ljon  :  si  tamen  hanc  ideam  nec- 
non  sequendam  putabit  [R.  P.  Generalis]  iierum  moneat 
(Hd  4  b,  fol.  156  et  s.).  M.  Charvet  ne  dit  rien  d'Avignon. 

Collège  de  Dole  (1610).  {Charvet,  pp.  28  et  188.) 

Pour  Dole,  M.  Charvet  ne  fournit  guère  qu'une  lettre  du 
14  février  1610,  dans  laquelle  Martellange  explique  ainsi  son 
passage  à  Dole  :  «  Je  receus  les  lettres  la  sepmame  passée  à  Dole 
«  et  depuis  suis  venu  à  Besançon  où  j'estime  demeurer  encore 
«  environ  quinze  jours,  et  me  doibz  rendre  à  Dijon  au  plus  tost 
«  pour  assister  leurs  fabriques.  » 

Nous  aurons  occasion  de  retrouver  Martellange  à  Dijon, 
comme  il  l'écrit,  mais  auparavant  voyons  un  peu  son  passage  à 
Dole  et  cherchons  à  j  surprendre  sa  collaboration  aux  travaux 
du  collège.  Et  d'abord,  son  album  de  voyage  nous  offre  de 
précieuses  indications,  et  concorde  absolument  avec  la  lettre  citée 
plus  haut.  Martellange  était  bien  à  Dole  en  janvier  1610,  car  il 
donne  au  folio  82  une  esquisse  sur  laquelle  il  écrit  :  «  Du  col- 
lège de  Dole  le  10  janvier  1610,  à  Dole.  Partie  du  collège.  » 
Voilà,  nous  le  croyons,  une  preuve  péremptoire  de  son  séjour,  et 
voilà  aussi  la  constatation  d'existence  de  l'établissement.  L'église 
y  est  construite,  elle  porte  sur  les  tuiles,  avec  le  monogramme  du 
Christ,  le  millésime  1599,  qui  devait  être  la  date  de  la  couverture 
(fol.  81)  (voir  Ub9,  fol.  79,  81,  82).  Elle  avait  été  commencée  en 
1591,  comme  on  le  voit  dans  le  registre  Hd  4  b,  fol.  143  et  144,  et 
non  en  1590,  comme  le  dit  M.  Charvet;  mais  elle  n'était  point 
terminée,  et  Martellange  dut  en  faire  modifier  les  plans,  car,  dans 
Hd  4  b,  fol.  142,  il  soumet  au  P.  Général  un  projet  où  il  donne 
l'élévation  de  l'église  construite,  et  le  plan  de  ce  qui  doit  se  faire 


32 

ultérieurement*.  Il  intitule  ce  dessin  :  Ichnographia  e  alsato 
del  collegio  di  Dole  fatto  gennaro  Vanno  1610  (Voir  aussi 
les  plans  en  français,  fol.  147  et  148). 

Collège  de  Besançon  (1610). 

Martellange  disait,  dans  une  lettre  précédemment  citée,  qu'il 
était  venu  à  Besançon  après  avoir  quitté  Dole.  Cette  lettre,  por- 
tant la  date  du  14  février  1610  et  la  mention  de  Besançon,  est 
des  plus  précises.  Dans  son  recueil  de  vues  de  villes,  notre 
architecte  n'a  pas  manqué  de  donner  un  croquis  sommaire,  lavé 
au  bleu,  du  collège,  installé  alors  dans  un  grand  bâtiment  carré, 
flanqué  de  quatre  pavillons  d'angles,  qu'il  intitule  :  «  Veue  d'une 
«  partie  du  collège  de  Bezançon.  Pars  ecclesiœ  collegii  Bizun- 
«  Uni  societatis  Jesu.  Reliquii  pars  prospectus  urUs 
«  anno  1610  mense  februarii  »  (Ub  9,  loi.  77).  L'église  dont  il 
est  parlé,  et  dont  on  ne  voit  que  la  petite  abside,  est  à  proprement 
dire  une  chapelle  provisoire  qui  ne  fut  pas  conservée.  Quant  à  la 
collaboration  de  MarteUange,  nous  n'avons  pu  la  découvrir.  Un 
plan  daté  du  26  avril  1604,  et  signé  du  P.  Antoine  Dufour, 
depuis  mort  à  Rouen,  et  enterré  en  1612  dans  la  chapelle  du 
collège^,  nous  montre  ce  Jésuite  occupé  aux  bâtiments,  et 
correspondant  même  directement  à  ce  sujet  avec  le  P.  Général 
Aquaviva  (Hd  4  a,  fol.  134).  Il  ressort  des  réflexions  du  P.  Dufour 
que  l'éghse  était  projetée,  et  qu'on  avait  reçu  des  dons  pour  la 
construire,  mais  il  y  avait  des  empêchements  venus  des  gouver- 
neurs de  la  ville  et  de  M.  de  Thoraise  {Ibidem). 

Le  Collège  de  Vesoul  (1610).  {Charvet,p.  72.) 

Nous  avons  à  ajouter  quelques  renseignements  à  ceux  que 
M.  Gharvet  pubhe  sur  le  collège  de  Vesoul,  et  nous  avons  aussi 
une  petite  rectification  à  y  faire.  Il  est  dit  dans  les  Historiée 
societatis  Jesu,  citées  par  lui  p.  72,  que  le  collège  fut  décidé  en 

1.  Partant  de  cette  date,  ne  pourrait-on  attribuer  à  Martellange  leglise  du 
prieuré  de  Jonvelle,  qui  dépendait  du  collège  de  Dole  (voir  ci-après  au  dernier 

article)  ? 

1.  Antoine  Dufour,  jésuite,  né  vers  1556,  mort  en  1612  à  cinquante-six  ans, 
après  vingt-deux  ans  de  profession.  Enterré  à  Rouen  dans  la  chapelle  du  collège. 
(Note  communiquée  par  le  P.  de  Rocheraonteix.) 


33 

1591  sous  l'influence  «  de  l'un  des  principaux  citoyens,  gouver- 
neur de  la  ville,  »  traduisant  ainsi  :  «  primarius  civis,  regius  in 
curia  procurator.  »  C'est  le  procureur  du  roi  au  bailliage  d'Amont, 
et  non  le  gouverneur,  qu'il  eût  fallu  dire. 

Le  passage  de  Martellange  à  Vesoul  coïncide  avec  son  voyage 
à  Besançon,  Dole  et  Dijon;  mais,  entre  son  arrivée  à  Vesoul  et 
à  Dijon  et  son  départ  de  Besançon,  il  était  retourné  à  Roanne, 
où  nous  le  voyons  dessiner,  le  11  mai,  le  prieuré  de  Riorges,  qui 
dépendait  du  collège  (Ub  9  a,  fol.  110).  Les  archives  de  la 
Haute-Saône  conservent  dans  la  série  D  (art.  31)  un  plan  daté 
du  5  août  1610,  double  d'un  autre  annoté  en  italien,  et  conservé 
aux  Estampes  dans  les  registres  achetés  par  M.  de  Breteuil.  Ce 
dernier  est  intitulé  :  Ichiiographia  overo  planta  dal  collegio 
di  Vesoul,  fatta  Vanno  1610  al  5  di  agosto  (Hd  4  b,  fol.  196). 
M.  Charvet  assure  que  Martellange  fit  un  autre  plan  en  1613; 
nous  ne  l'avons  point  retrouvé;  en  revanche,  nous  avons  un 
aspect  d'ensemble  de  Vesoul  dessiné  par  lui  durant  un  séjour 
en  1615*  (Ub  9  a,  fol.  143).  Il  signa  un  papier  de  construction 
cette  année  même,  au  mois  de  décembre  ;  il  y  a  tout  lieu  de  croire 
que  son  passage  à  Vesoul  et  son  esquisse  sont  de  cette  date.  (Voir 
la  curieuse  pièce  citée  par  M.  Charvet,  p.  77.  Elle  est  conservée 
aux  archives  de  la  Haute-Saône,  série  D,  art.  31.) 

L'église  du  collège  n'a  jamais  été  bâtie,  bien  qu'elle  fût  portée 
sur  les  devis  :  ce  qui  en  tient  lieu  aujourd'hui  dans  le  lycée  est  une 
petite  chapelle  manquant  d'apparence,  sorte  de  chambre,  sans 
destination  dans  le  principe. 

Collège  de  Dijon  (1610).  {Charvet,  p.  81.) 

M.  Charvet  savait  vaguement,  parla  correspondance  citée  plus 
haut  à  propos  du  collège  de  Dole,  que  Martellange  avait  dû  tra- 
vailler à  Dijon  ;  toutefois,  il  n'a  pu  rencontrer  nulle  part  une  men- 
tion prouvant  sa  collaboration.  Tout  ce  qui  ressort  de  la  lettre  du 
14  février  1610,  c'est  la  visite  probable  de  Martellange  à  Dijon  en 
1610,  époque  où  l'église  et  le  collège  se  trouvaient  en  chantier .  Nous 
avons  été  plus  heureux.  En  1585,  un  plan,  vu  depuis  par  Martel- 
lange et  annoté  de  sa  main,  avait  été  envoyé  à  Rome  et  en  était 

1.  «  Aspect  de  Vesoul  du  clos  des  cappucins,  1615.  »  Les  capucins  touchaient 
au  terrain  offert  par  les  habitants  de  Vesoul  pour  la  construction  du  collège. 

3 


34 


revenu,  mais  n'avait  pas  été  suivi  dans  son  ensemble  (Hd  4, 
fol.  192).  Il  était,  si  l'on  en  croit  la  note  manuscrite  «del'architetto 
del  duca  di  Maine  » ,  de  l'architecte  du  dac  de  Mayenne.  Plus  tard, 
Martellange  en  critiqua  les  dispositions  «  devant  qu'on  ait  rien 
«  basti  »  (fol.  193).  Mais  d'autres  personnes  avaient,  elles  aussi, 
manifesté  leur  opinion  sur  ces  projets.  Au  verso  du  plan  conservé 
au  fol.  192,  on  lit  d'une  écriture  du  temps,  qui  ne  paraît  pas  être 
celle  de  Martellange  :  «  Divers  desseins  du  collège  avec  le  por- 
«  tail  et  l'église.  —  Il  falloit  faire  ce  dessein  icy  envoyé,  ce  qu'on 
«  n'a  pas  fait.  Parcat  illis  Dominus  per  quos  stetit  !  »  Quelles 
étaient  ces  influences  frondeuses  ?  L'histoire  nous  apprend  incom- 
plètement d'où  venaient  les  luttes  intestines  ;  ce  ne  fut  guère  qu'en 
1588  qu'elles  furent  apaisées  (Charvet,  p.  83). 

Après  leur  exil  momentané,  les  Jésuites  rentrèrent  en  France, 
et  reprirent  à  Dijon  les  travaux  commencés.  Martellange  vint 
sur  les  lieux  comme  il  nous  le  dit,  dans  le  courant  de  l'an- 
née 1610;  mais,  s'il  promettait  en  février  de  s'y  trouver  bientôt, 
il  n'y  sera  qu'en  septembre,  à  son  retour  du  collège  de  Roanne. 
Le  29  septembre,  le  voici  à  Saint- Appollinaire,  dans  la  maison  du 
célèbre  Tabouret,  sieur  des  Accords,  un  des  satiriques  les  plus 
connus  de  la  fin  du  xvi°  siècle,  et  il  prend  sur  son  album  deux 
dessins  différents  de  ce  domaine.  Toutefois,  il  ne  néglige  point 
l'objet  essentiel  de  son  voyage.  Le  23  septembre  1610,  il  dessine 
l'éghse  du  collège  couverte  jusqu'au  transept,  mais  dont  le  chœur 
est  encore  à  construire  :  Prospectus  ecclesiœ  collegii  Divio- 
nensis  et  progressus  œdiflcii  ejusdem  anno  1610,  23  septem- 
bris,  écrit-il  sur  son  dessin  à  la  plume  lavé  de  bleu  (Ub  9, 
fol.  67),  et  cette  représentation  est  une  des  meilleures  du  recueil. 
On  y  voit  que  l'on  n'a  pas  encore  démoli  toutes  les  maisons  gênant 
l'œuvre;  des  toits  contournés  se  trouvent  au  premier  plan  et 
attendent  l'avancement  des  travaux  pour  complètement  dispa- 
raître. 

Les  bâtiments  des  cours  sont  aussi  avancés  ;  ils  tiennent  à  la 
partie  de  l'église  déjà  construite  dont  nous  parlions  tout  à  l'heure, 
ils  viennent  mieux  s'y  engager.  C'est  la  cour  intérieure  avec  les 
classes  :  Prospectus  areœ  collegii  Divionensis  anno  1610 
22  septembris,  où  plusieurs  ouvriers  conduisent  en  grande  hâte 
les  travaux  pressants  (Ub  9,  fol.  61). 

Martellange  paraît  avoir  eu  cette  construction  fort  à  cœur,  et 
son  album  est  rempli  de  vues  diverses  de  la  ville,  dont  les  dates 


35 

nous  renseignent  sur  ses  passages  successifs.  Ainsi,  revenu 
en  août  1611,  il  prend  des  «  aspects  »  de  Dijon,  et  donne  un 
croquis  assez  poussé  de  la  cour  du  collège.  Cette  fois ,  on  a 
déjà  installé  le  cadran  solaire  sur  le  pignon  de  l'église  ;  Martel- 
lange  montre  aussi  le  corps  de  bâtiment  perpendiculaire  à  la  cha- 
pelle, et  la  cour  à  peu  près  dans  son  ensemble.  Il  date  et  explique 
son  dessin  :  A7'ea  collegii  Divionensis  [anno]  1611,  mense 
augusti.  C'est  la  précision  même,  comme  on  le  voit,  d'au- 
tant que  son  croquis  est  un  des  meilleurs  qu'il  ait  faits  (Ub  9, 
fol.  63). 

Le  15  janvier  1614,  Martellange  est  de  nouveau  à  Dijon.  Cette 
fois,  il  reprend  l'église,  à  peu  près  comme  dans  son  premier  des- 
sin. Il  ne  paraît  pas  qu'elle  ait  beaucoup  avancé  :  elle  est  encore 
à  demi  bâtie  ;  seulement  un  campanile  polygonal  a  été  placé  sur 
la  toiture  {Ibidem,  fol.  56).  Il  revient  en  1615  et  dessine  Saint- 
Michel,  le  29  septembre  [Ib.,  fol.  60). 

Le  premier  travail  technique  que  nous  trouvions  de  Mar- 
tellange sur  le  collège  de  Dijon  est  un  plan  explicatif  en  deux 
couleurs,  donnant  l'état  des  travaux  vers  1618.  Il  porte  en 
titre  de  la  main  de  notre  architecte  :  Ichnographia  overo 
pianta  del  collegio  di  Dijoyie  corne  si  ritrova  al  présente 
anno  1618  (Hd  4,  fol.  191).  Dans  le  plan  conservé  au  même 
recueil,  fol.  193,  nous  avons  vu  que  le  projet  primitif  de  l'église 
était  celui  de  l'architecte  du  duc  de  Mayenne.  Les  mesures  seules 
avaient  été  changées  par  Martellange,  suivant  ce  qu'il  indique 
de  sa  main  (Hd  4,  fol.  193). 

Il  ne  s'était  pas  contenté  de  dessiner  dans  son  album  la  maison 
des  Jésuites.  Nous  l'avons  déjà  trouvé  prenant  des  croquis  de 
la  maison  de  Tabourot,  de  Saint-Michel;  il  faut  y  ajouter  Notre- 
Dame  de  Dijon,  en  1610;  les  Chartreux,  la  maison  de  campagne 
du  collège,  en  juillet  1611  (Ub  9,  fol.  69);  Fontaine,  patrie  de 
saint  Bernard,  en  septembre  1611  {Ib.,  fol.  75)  ;  Cîteaux,  en 
1613  (/ô.,  fol.  76),  etc.,  etc. 

Collège  de  Roanne  (1610).  {Charvet,p.  103.) 

Avec  Dijon,  c'est  Roanne  qui  paraît  avoir  le  plus  occupé  Mar- 
tellange; il  y  revient,  il  en  date  de  nombreuses  esquisses,  il  est  à 
Roanne  les  10  et  13  mai  1610,  puisqu'il  en  dessine  des  vues 
d'ensemble  (Ub  9  a,  fol.  99  et  100).  Venu  à  Dijon  pour  le  mois 


36 

de  septembre,  il  est  de  retour  à  Roanne  le  31  décembre  1610,  et 
il  prend  plusieurs  croquis  de  la  maison  donnée  aux  Jésuites  par 
le  frère  du  père  Coton,  M.  de  Chenevoux  {lUd.,  fol.  111,  112). 

Bien  que  fondé  seulement  en  1611,  le  collège  avait  déjà  son 
existence  assurée,  lorsque  Martellange  3^  vint  pour  la  première 
fois.  Aussitôt  les  lettres  de  fondation  obtenues,  il  ne  perd 
pas  de  temps;  il  dessine  une  vue  à  vol  d'oiseau  de  la  mai- 
son donnée  par  M.  de  Chenevoux;  il  en  montre  soigneusement 
les  limites  :  «  Perspective  de  la  maison  de  M.  de  Chenevoux  à 
«  Roanne,  pour  une  résidence  de  la  Compagnie  de  Jésus,  1611.  » 
C'étaient  d'ailleurs  de  bonnes  relations  que  cellesdel'architectedes 
Jésuites  avec  le  frère  du  père  Coton.  Quand  le  généreux  donateur 
voulut  bien  faire  continuer  à  ses  frais  les  travaux  d'aménage- 
ment de  l'hôtel  dont  il  avait  fait  don,  il  réserva  à  Martellange 
d'édifier  une  église  «  grande  et  capable  et  la  sacristie  »  (Char- 
vet,  p.  105);  suivant  l'habitude,  les  constructions  ne  mar- 
chèrent point  très  vite.  Martellange  fournit  définitivement  ses 
plans  en  1617,  en  les  limitant  sur  le  terrain  nouvellement  acquis 
(Hd4b,  fol.  211). 

M.  Gharvet  dit  :  il  paraît  que  l'église  fut  commencée  en 
1617.  Voilà  qui  laisse  un  peu  de  doute,  mais  il  n'en  subsis- 
tera plus  quand  nous  aurons  mentionné  les  croquis  de  l'album  de 
voyage. 

Ici,  Martellange  n'omet  rien,  et  il  note  de  mois  en  mois  les 
progrès.  Sur  l'une  des  vues  on  lit  :  «  Première  année  de  la 
«  bâtisse  de  l'églize  du  collège  de  Roanne.  Ecclesia  collegii 
«  Roannensis  16  decemhris  1617  »  (Ub  9  a,  fol.  102).  Les 
travaux  avaient  suivi  les  plans  de  très  près,  comme  on  le  voit  ; 
quant  à  la  date,  elle  est  établie  d'une  façon  péremptoire,  on  ne 
pouvait  espérer  mieux. 

Chaque  année,  l'architecte  revenait  à  sa  besogne  favorite  ;  soit 
qu'il  habitât  d'ordinaire  à  Roanne ,  soit  qu'il  y  retournât  par 
goût,  il  suivait  la  bâtisse  pas  à  pas.  En  1618,  l'œuvre  est  plus 
avancée,  il  note  ce  progrès  dans  un  croquis  du  29  août  {Ibidem, 
fol.  103),  il  le  note  encore  le  5  août  1619,  dansla«troisiesme  année 
de  la  bâtisse  »  [Ib.,  fol.  104),  puis  en  1620,  dans  la  quatrième 
année  ;  mais  il  ne  terminera  le  dessin  pris  à  la  hâte  que  le  8  juil- 
let 1637,  à  Paris,  dans  sa  retraite  (fol.  105),  comme  il  terminera 
celui  de  la  cinquième  année  (fol.  101).  En  1621,  l'église  était 
élevée  presque  aux  voûtes,  mais  il  paraît  que  l'on  douta  de  pou- 


37 

voir  voûter  le  chœur.  Le  25  janvier  1621,  Martellange,  étant  à 
Roanne,  comme  il  l'inscrit  lui-même  sur  un  petit  croquis  de  l'élé- 
vation intérieure  du  monument,  prouve  la  possibilité  de  ce  tra- 
vail, et  une  main  amie  écrit  au  revers  du  plan  cette  mention 
péremptoire  :  «  Martellange  prouve  que  le  chœur  de  l'église  de 
«  Roanne  peult  estre  voulté,  25  janvier  1621  »  (Hd  4  b,  fol.  208). 

L'édifice  en  question  existe  encore.  M.  Charvet,  qui  l'a  vu,  en 
donne  une  description,  p.  108  de  son  ouvrage. 

Martellange  avait  été  en  rapports  constants  avec  Jacques 
Coton,  sieur  de  Chenevoux,  pendant  la  durée  de  l'entreprise.  Il 
garde  précieusement  dans  son  album  deux  croquis  du  château 
du  fondateur  (Ub  9,  fol.  21  et  22).  Il  prend  aussi  au  passage 
une  petite  bourgade  fortifiée,  Nérondes,  où  était  né  le  P.  Coton 
(Ub  9  a,  fol.  129).  Rien  donc  ne  le  touchait  davantage  que  cette 
maison,  si  rapprochée  de  Lyon,  où  étaient  ses  relations  de 
famille  et  ses  intérêts,  et  il  le  prouve  dans  cette  suite  d'études 
si  particulièrement  étudiées  et  «  parfaites  » . 

Collège  de  Bourges  (1611). 

M.  Charvet  ne  paraît  même  pas  soupçonner  le  passage  de 
Martellange  à  Bourges,  et  pourtant  le  collège  de  cette  ville  le 
retint  longtemps.  Dès  1611 ,  il  avait  dressé  un  devis,  conservé  dans 
les  mss.  de  M.  de  Breteuil  (Hd  4  a,  fol.  232).  Un  autre  plan, 
peut-être  de  lui,  avait  été  envoyé  à  Rome,  approuvé  par  le  Géné- 
ral en  1612,  et  retourné  en  France.  Cependant,  à  en  croire  la  note 
manuscrite  du  verso,  il  n'aurait  eu  qu'un  succès  d'estime  ;  on  y 
lit  en  efiet  :  «  Il  n'a  esté  suivy  en  rien.  » 

En  1615,  notre  architecte  vient  en  personne  à  Bourges  et  il 
signe  et  date  une  nouvelle  étude  faite  sur  le  terrain  :  «  Ichnogra- 
«  phie  et  plan  pour  le  collège  de  Bourges,  faict  par  Estienne  Mar- 
«  teUange  sur  le  lieu  le  7  mars  1615  »  (Hd  4  b,  fol.  137).  Ce  fut 
vraisemblablement  vers  cette  époque  qu'il  orna  son  album  de 
voyage  de  dessins  nombreux  d'après  les  sites  parcourus.  Il  fait 
même  une  esquisse  du  collège  de  Bourges,  alors  en  construction, 
qu'il  désigne  seulement  par  ces  mots  :  «  Du  collège  de  Bourges,  » 
mais  sans  date  (Ub  9,  fol.  47).  Un  autre  jour,  c'est  la  mai- 
son de  campagne  des  Pères,  à  Lazenay  {Ibidem,  fol.  48),  et  une 
vue  de  Bourges  en  revenant  de  ce  village  :  «  Aspet  de  la  ville 
«  de  Bourges  retournant  de  Lassenet  »  (Ibidem,  fol.  42).  Ce  fut 


38 


avec  beaucoup  de  modifications  le  plan  de  1615  qui  prévalut.  Les 
cuisines,  le  réfectoire  étaient  en  construction  pendant  l'année  1620. 
Les  changements  de  détails  font  qu'une  note  manuscrite,  d'appa- 
rence plausible,  indique  ce  projet  comme  n'ayant  pas  été  suivi. 
Nous  le  retrouvons  toutefois  en  1621,  en  élévation,  avec  une  note 
de  Martellange  :  Orthographia  œdificii  novi  collegii  Bituri- 
censis  societatis  Jesu,  delineata  anno  1621.  Prospectus 
orientis  versus  hortmn  (Hd  4  d,  fol.  45). 

Martellange  dessina  plusieurs  monuments  de  Bourges,  mais 
sans  fixer  de  date.  Il  prit  ainsi  la  cathédrale  (Ub  9,  fol.  43  et  45), 
la  sainte  chapelle  {Ibidem,  fol.  46),  sans  compter  le  collège,  dont 
nous  avons  parlé  déjà,  etc. 

Collège  de  la  Flèche  (1612).  {Charvet,p.  88.) 

Le  P.  de  Rochemonteix,  qui  prépare  une  histoire  de  la  Flèche, 
mettra  à  profit  les  documents  récemment  découverts  par  nous,  et 
saura  mieux  qu'un  autre  leur  faire  dire  ce  qu'ils  contiennent. 
Pour  l'instant,  nous  nous  contenterons  d'analyser  les  nombreuses 
pièces  que  nous  avons  retrouvées,  soit  dans  le  recueil  Ub,  soit 
dans  les  plans  des  Jésuites. 

Nous  relevons  en  passant  une  inexactitude.  Il  est  dit  dans  les 
histoires  du  collège  que  le  roi  envoya  en  1612  Martellange  à  la 
Flèche.  Nous  avons  eu  occasion  de  mentionner  ci-devant  la  lettre 
du  P.  Coton  au  P.  Aquaviva,  où  l'on  peut  voir  que  le  roi  de 
France  n'avait  pas  sur  les  Jésuites  une  autorité  bien  grande,  car 
un  provincial  lui-même  pouvait  refuser  ou  permettre  le  départ  de 
son  architecte,  sans  recours.  La  vérité  est  que  Marie  de  Médicis 
revint  à  la  charge  en  1611  et  obtint  probablement  l'autorisation 
précédemment  refusée.  Toutefois,  une  partie  des  bâtiments  était 
déjà  debout,  et  Martellange  n'était  guère  appelé  que  pour  l'église. 
Il  arrive  dans  les  premiers  jours  du  mois  de  février  ;  dès  ce  temps, 
il  enrichit  son  album  de  notes  de  voyage.  C'est  à  Luché  qu'il 
s'arrête  d'abord,  «  Luché,  prioré  du  collège  de  La  Flèche,  le 
«  2  février  1612  »  (Ub  9,  fol.  27).  En  juin,  plus  de  quatre  mois 
après,  il  donne  un  plan  général  du  collège  avec  coupe  et  éléva- 
tion des  plus  curieuses  (Hd  4  b,  fol.  170).  Entre  temps,  il  par- 
court la  ville  et  y  prend  des  points  de  vue;  la  ville  entière 
(Ub  9,  fol.  24  et  25),  une  porte  ancienne  [Ib.,  fol.  26),  un  mou- 
lin (fol.  31),  sans  compter  bien  entendu  les  diverses  faces  du  col- 


39 

lège  en  construction  (fol.  28, 29, 32, 33)  ;  le  dernier  croquis  porte 
la  date  d  juin  1612.  Martellange  était  donc  encore  à  la  Flèche 
en  juillet,  et  avait  passé  plus  de  six  mois  à  surveiller  l'œuvre. 

Les  plans  donnent  des  détails  très  circonstanciés  sur  la  cons- 
truction de  l'église  ;  nous  éviterons  de  les  déflorer  trop,  laissant  au 
P.  de  Roclieraonteix  le  soin  de  les  analyser  comme  ils  le  méritent. 
Citons  seulement  dans  le  recueil  Hd  4  b  les  folios  171,  186,  194 
et  195,  ce  dernier  contenant  un  plan  à  vol  d'oiseau  daté  de  1612. 

Ces  renseignements  sont  des  plus  explicites,  et,  comme  on  le 
comprend  bien,  Martellange  ne  quittait  pas,  durant  six  ou  sept 
mois  entiers,  tous  ses  autres  travaux,  pour  passer  dans  le  Maine 
une  simple  villégiature.  Dans  l'itinéraire  que  nous  avons  dressé 
de  ses  voyages,  nous  ne  le  trouvons  nulle  part  ailleurs  pendant 
l'année  1612  ;  il  dut  l'employer  tout  entière  à  la  Flèche. 

Collège  de  Nevers  (1612). 

Le  collège  de  Nevers,  fondé  en  1572  par  Louis  de  Gonzague, 
duc  de  Nevers,  fut  fermé  en  1595  après  l'attentat  de  Châtel  sur 
Henri  IV.  Il  fut  ouvert  de  nouveau  en  1611,  sous  les  auspices  de 
Charles  de  Gonzague,  duc  de  Nevers,  qui  posa  la  première  pierre 
des  nouveaux  bâtiments  en  1612,  le  9  septembre.  Nous  ne  sau- 
rions dire  si  Martellange  avait  eu  la  première  idée  de  l'édifice  ; 
tout  ce  que  nous  pouvons  affirmer,  c'est  qu'il  avait  dressé  le  plan 
de  l'église  avec  cette  note  non  datée  :  Idea  ecclesiœ  collegii 
Nivernensis  (Hd4  b,  fol.  126),  dont  la  traduction  pourrait  bien 
être  :  idée  d'une  église  pour  le  collège  de  Nevers. 

Quant  au  séjour  de  Martellange  à  Nevers,  il  n'est  pas  dou- 
teux. Dans  son  album,  il  a  noté  plusieurs  vues,  malheureu- 
sement sans  date,  mais  qui  indiquent  un  passage  d'une  certaine 
durée.  C'est  d'abord  la  ville  entière  (Ub  9,  fol.  49),  puis  une  vue 
du  palais  ducal  (fol.  54),  une  autre  des  Minimes,  dont  il  aurait 
bien  pu  construire  la  façade  (fol.  55).  Ensuite,  il  en  vient  tout 
naturellement  au  collège,  qui  paraît  assez  avancé  dans  le  gros 
œuvre.  «  Partie  du  collège  de  Nevers^  »  (fol.  52),  «  Saint 
«  Antoine  du  collège  de  Nevers  »  (fol.  53),  «  du  collège  de 
Nevers  »  (fol.  51).  Sa  collaboration  nous  paraît  donc  à  peu  près 
l^rouvée. 

1 .  Dans  ce  plan  non  daté,  l'église  est  seulement  esquissée  sur  le  sol. 


40 


Collège  de  Béziers  (1616). 

Nous  n'avons  qu'un  document  précis  émanant  de  Martellange 
et  concernant  la  ville  de  Béziers;  c'est  une  vue  de  son  album 
datée  du  22  novembre  1616,  ainsi  indiquée  par  lui  :  «  Aspect  de 
«  l'evesché  de  Béziers  du  22  novembris  1616  »  (Ub  9  a,  fol.  174) . 
Mais  il  n'est  aucunement  question  de  la  maison  des  Jésuites. 

Dans  la  série  des  plans,  il  n'y  a  rien  de  la  main  de  notre  archi- 
tecte ;  nous  signalerons  cependant  à  titre  de  renseignements  trois 
pièces  relatives  à  la  construction  du  collège  (Hd  4  d,  fol.  40,  41, 
42)  par  un  autre  artiste. 

Collège  de  Chambéry  (1618). 

D'après  M.  Charvet,  c'est  à  Chambéry  que  Martellange  aurait 
pris  le  titre  de  coadjuteur  temporel  de  la  compagnie  de  Jésus,  le 
29  mars  1603.  Il  eût  été  à  peine  possible  que  durant  sa  carrière 
d'architecte  il  eût  oublié  la  ville  de  ses  vœux.  En  janvier  1618, 
il  y  vint,  à  la  prière  des  PP.  Jésuites,  et  ce  fut  de  ce  mois  qu'il 
data  ses  croquis  d'album.  «  La  ville  de  Chambéry,  capitale 
de  la  Savoie  »  (Ub9a,  fol.  144).  Une  autre  vue  porte  la  mention 
du  14  janvier  1618  (fol.  145).  Mais  il  ne  reste  pas  seulement  dans 
la  ville,  et  malgré  la  saison  d'hiver,  si  dure  dans  les  Alpes,  il 
visite  successivement  les  prieurés  dépendant  du  collège  ;  le  prieuré 
de  Saint-Philippe  :  Prioratus  *S"  Philippi  collegii  Camberien- 
sis  3  februarii  1618  {Ibidem,  fol.  146),  celui  du  Bourget,  le 
20  janvier  1618,  et  il  ajoute  :  «  Ce  prioré  appartient  au  collège 
«  de  Chambéry  »  (fol.  148  et  149). 

S'il  omet  de  donner  un  «  aspect  »  du  collège,  c'est  probable- 
ment que  les  bâtisses  n'en  sont  point  assez  élevées  ;  mais  il  en 
dresse  les  plans  avec  des  annotations  curieuses,  et  il  les  date 
précisément  du  temps  auquel  il  dessinait  la  ville  et  les  prieurés. 
Le  plus  important  de  ces  documents  est  celui  qui  porte  le  titre 
suivant,  écrit  de  sa  main  :  Ichnographia  collegii  Camberien- 
sis  societàtis  Jesu,  prout  se  liabebat  mense  Januario  1618. 
Qiiœ  notata  sunt  flavo  colore  non  sunt  œdificata.  In  eccle- 
siavero  média  pars  fundata  est,  atque  infra  altarealiquid 
œdi/îcatum  (Rd  4  c,  fol.  176).  Ce  plan  est  fort  explicite  et  con- 
corde absolument  avec  les  croquis  de  l'album  de  voyage.  On  y 


voit  qu'en  janvier  1618  l'édifice  était  sur  ses  fondations,  et  qu'en 
deçà  de  l'autel  une  partie  entière  sortait  de  terre.  Outre  que  ce 
renseignement  nous  est  précieux  pour  la  date  de  construction  de 
l'église  du  collège,  il  nous  montre  aussi  d'une  façon  à  peu  près 
certaine  la  collaboration  de  Martellange. 

D'après  des  renseignements  de  source  sûre,  la  maison  des 
Jésuites  avait  été  fondée  par  le  duc  Philibert-Emmanuel  de  Savoie, 
en  1554.  Elle  avait  été  achevée  en  1599,  saufune  partie  des  bâti- 
ments et  la  chapelle.  C'est  à  cette  portion  inachevée  que  Martel- 
lange  dut  travailler  au  mois  de  janvier  1618.  Dans  la  même  année, 
il  revenait  à  Roanne  et  passait  à  la  Bénissons-Dieu,  le  25  juin 
(Ub  9  a,  fol.  108),  au  château  de  Chenevoux,  le  26  juillet  (Ub  9, 
fol.  28),  à  Roanne,  le  29  août  (Ub  9  a,  fol.  103),  à  Mâcon,  le 

6  octobre  {Ibidem,  fol.  116). 

Collège  d'Orléans  (1620). 

MarteUange  dut  s'occuper  sérieusement  du  collège  d'Orléans, 
ouvert  en  1617  et  étabh  primitivement  dans  un  couvent  de  cha- 
noines réguliers  de  Saint- Augustin  du  nom  des  SS.  Symphorien 
et  Samson,  détruit  par  les  Huguenots  en  même  temps  que  la  cathé- 
drale de  Sainte-Croix.  Ces  ruines,  on  le  comprend,  n'étaient  guère 
appropriées  à  un  étabhssement  de  Jésuites,  et  il  était  urgent  d'y 
pourvoir  de  prompt  remède.  Vraisemblablement  chargé  d'en  étu- 
dier la  reconstruction,  Tarchitecte  des  Pères  en  dressa  un  plan 
très  détaillé  au  mois  de  février  1620,  où  il  donnait  un  aperçu  des 
bâtiments  futurs  sous  ce  titre  :  Ichnographia  futuri  œdificii 
collegii  Aurelianensis  societatis  Jesu,  delineata  anno  1620 
mense  februarii  (Hd  4  b,  fol.  120).  Mais,  tout  aussitôt,  et  pour 
parer  à  tous  les  inconvénients,  Martellange  envoie  un  autre  des- 
sin du  même  projet  avec  des  modifications  essentielles  (fol.  119). 

L'église  des  Bénédictins  avait  été  en  partie  renversée  par  les 
Huguenots,  et  les  autres  bâtiments  ne  convenaient  point  à  la  com- 
modité des  classes.  Martellange  indique  ces  petites  difficultés  le 

7  juillet  1620  et  propose  des  mesures  radicales  :  Totmn  ergo 
collegii  spatiiun  alias  ab  Hugonottis  dirutum,  eo  quod 
esset  ecclesia  et  claustrum  religiosorum  sancti  Benedicti, 
ita  tayiien  ut  quod  reedifîcatum  fuit,  cum  non  sit  yiostris 
usibus  conveniens,  sic  etiam  diruendum,  secundum  delinea- 
tionem  cœptam,  ubi  fundamenia  veteris  œdificii  propter 


42 


immensam  difflcultatem  ipsorum  nos  ad  id  adigunt.  Quod 
reliquum  est  ex  eo  quod  delineatum  est  satis  patehat.  (Hd 
4  b,  fol.  115,  les  notes  de  cette  pièce  concernent  la  pièce  118 
reliée  plus  loin.)  On  voit  qu'il  y  a  à  détruire  une  partie  malade 
des  vieux  murs  de  la  ville  pour  y  construire  les  cuisines.  Dans 
l'église,  on  a  abandonné  l'ancien  clocher  des  Bénédictins,  com- 
plètement détruit,  et  on  l'a  reporté  vers  le  chœur.  La  vieille 
tour  avait  déjà  servi  à  des  voisins  pour  des  constructions  nou- 
velles ;  il  faut  racheter  le  terrain.  A  cette  époque,  le  mur  de 
gauche,  en  regardant  le  chœur,  était  élevé  jusqu'à  la  corniche, 
l'autre  côté  était  en  fondations,  mais  on  gardait  les  anciennes 
substructions,  quod  reliquum  est  coloris  flavi  antiqua  fun- 
damenta  bona  sunt  ;  c'était  donc  encore  le  plan  des  chanoines 
réguliers. 

Ces  renseignements  sont  précis  et  fournissent  à  l'archéologie 
un  document  sur  l'église  des  Bénédictins  au  xvf  siècle.  Martel- 
lange,  occupé  de  février  à  juillet  1620  par  ces  projets  divers, 
revint  à  Orléans  pendant  les  années  qui  suivirent.  En  juin  1621, 
il  donne  d'après  nature  un  croquis  du  château  de  la  Grillière, 
appartenant  alors  au  lieutenant-général  de  robe,  François  de 
Beauharnois,  lequel  fiit  en  charge  de  1595  à  1635  (Ub  9,  fol.  37). 

Mais,  si  M.  Charvet  attribue  à  Martellange  la  façade  aujour- 
d'hui détruite  de  Saint-Maclou  d'Orléans  (p.  108),  il  nous  semble 
tout  aussi  plausible  de  reconnaître  quelques-uns  de  ses  travaux 
dans  la  reconstruction  de  Sainte-Croix,  démolie  elle  aussi  par 
les  Huguenots,  et  dont  il  prend  trois  vues  dans  ses  croquis  de 
voyage.  Une  de  ces  pièces  a  une  grande  importance.  Martellange 
y  montre  l'église  encore  en  ruines  dans  certaines  parties ,  et 
rebâtie  dans  d'autres.  La  porte  du  cloître  du  côté  du  midi 
avait  été  une  des  plus  détériorées,  il  la  dessine  et  indique  sur  un 
pan  de  mur  ce  qu'il  en  est  advenu  de  ce  monceau  de  décombres  : 
«  Ruines  démolies  pour  bastir  la  croisée  de  Sainte-Croix  d'Or- 
«  léans.  Du  20  apvril  1623  »  (Ub9,  fol.  36).  Que  faisait  Martel- 
lange à  Orléans  précisément  au  moment  de  la  reconstruction  de 
Sainte-Croix,  et  pourquoi  s'inquiète-t-il  autant  de  la  croisée? 
Nous  ne  le  saurions  dire  d'une  façon  plus  précise  ;  mais  n'est-ce 
point  là  déjà  un  indice  de  collaboration,  surtout  si  l'on  se  souvient 
que  Henri  IV  avait  posé  la  première  pierre  de  la  nouvelle  église 
et  que  sa  veuve  avait  hérité  de  son  admiration,  alors  de  mode,  en 
faveur  du  meilleur  architecte  des  Jésuites? 


^3 

Ces  remarques  une  fois  faites,  et  pour  laisser  auxérudits  locaux 
le  temps  de  discuter  ces  opinions  et  ces  hypothèses,  nous  men- 
tionnerons à  titre  de  renseignement  un  plan  du  collège  des 
Jésuites,  fait  à  Paris,  le  5  juillet  1632,  parle  P.  François  Derand, 
le  rival  de  Martellange,  d'où  l'on  pourrait  tirer  quelques  indices 
en  faveur  d'un  travail  commun  (Hd  4  b,  fol.  116).  Ce  plan  est 
signé  et  daté. 

Collège  d'Aurillac  (1621). 

Le  collège  d'Aurillac,  de  la  province  de  Toulouse,  fut  ouvert 
par  la  ville  en  1619,  et  cette  année  même  fut  occupé  par  les 
Jésuites.  Martellange  ne  paraît  pas  y  avoir  collaboré,  mais  sim- 
plement y  avoir  mis  un  visa  comme  inspecteur.  Sur  un  projet 
lavé  d'encre  de  Chine,  Martellange  a  écrit  :  Hanc  ideam  colle- 
gii  Aurillacensis  confectam  a  P.  Christophoro  Grien- 
herger  approbavit  admodum  R.  P.  N.  Generalis,  15  jan. 
1621 .  Il  ressort  de  cette  note  que  ce  fut  en  1621  que  l'on  s'occupa 
sérieusement  de  l'édijSce,  et  que  l'idée  première  en  appartenait  au 
P.  Christoplie  Grienberger  (Hd  4,  fol.  149). 

Collège  de  Rennes  (1624). 

Le  collège  de  Rennes  faisait  partie  de  la  province  de  Paris. 
Martellange  y  vint  en  1624,  car  le  24  août  il  esquisse  la  ville  à 
la  hâte.  «  Aspect  de  la  ville  de  Rennes  en  Bretagne,  24  augusti 
1624  »  (Ub  9,  fol.  19).  Il  fait  au  même  moment  un  plan  : 
Ichnographia  colle gii  Redonensis  societatis  Jesu  1624  (Hd 
4  b,  fol.  181).  Occupé  comme  il  l'était  à  cette  époque,  Mar- 
tellange n'allait  point  à  Rennes,  comme  il  n'allait  point  à  la 
Flèche,  pour  une  promenade.  Nous  ne  croyons  pas  toutefois  qu'il 
ait  bâti  l'église  du  collège.  Il  y  a  dans  le  recueil  Hd  4  b,  fol.  180, 
deux  plans  de  cet  édifice  d'une  autre  main.  Mais  il  dut  y  venir 
pour  régler  certaines  difficultés  et  jeter  un  coup  d' œil  sur  les  tra- 
vaux en  cours.  11  y  retourne  d'ailleurs,  car,  durant  l'année  1626, 
on  le  trouve  à  Ploermel,  dont  il  dessine  une  vue  dans  son  album 
de  voyage  (Ub  9,  fol.  20). 

Collège  de  Blois  (1624-1625). 
Avant  d'aller  à  Rennes,  Martellange  était  à  Blois,  si  l'on  en 


44 

croyait  les  plans  des  Jésuites  ;  malheureusement,  il  ne  consigne 
dans  ses  notes  aucune  vue  de  la  ville  ;  tout  au  plus  s'arrête-t-Q  à 
Cheverny,  château  des  Hurault,  mais  sans  dater  son  dessin  (Ub  9, 
fol.  34).  En  juin  1624,  il  avait  exécuté  un  plan  du  collège  : 
Ichnograjphia  collegii  Blesensis  societatis  Jesu  ut  se  habet 
anno  1624  mense  junio  (Hd  4  c,  fol.  21).  Approuvé  à  Rome  le 
7  février  1625,  ce  fut  apparemment  celui  qui  fut  suivi  dans 
la  construction.  Le  29  juillet,  il  reprenait  son  idée  et  refaisait 
une  Ichnographia  futuri  œdificii  collegii  Blesensis  socie- 
tatis Jesu,  facta  anno  1624  mense  julli  29.  Il  venait  à  cette 
époque  de  travailler  à  Bourges,  il  allait  partir  pour  Rennes,  il 
avait  le  souci  de  plusieurs  travaux  en  train.  Pour  être  juste, 
il  faut  reconnaître  combien  ses  supérieurs  le  laissaient  peu  chô- 
mer et  quelle  énergie  déployait  celui  que  l'on  pourrait  appeler 
le  plus  grand  constructeur  d'églises  du  xvif  siècle. 

Paris.  Maison  professe  de  la  rue  Saint- Antoine  (1627). 

M.  Charvet  en  était  réduit  pour  cet  édifice  «  aux  récits  des 
«  écrivains  des  derniers  siècles,  qui  sont  loin  d'offrir  les  détails 
«  indispensables.  »  Il  cite  Piganiol  de  la  Force  (t.  IV,  371  et 
suiv.),  qui  donne  Martellange  comme  ayant  collaboré  à  la  cons- 
truction de  l'église,  dont  l'architecte  en  titre  eût  été  le  P.  Fran- 
çois Derand.  Si  l'on  en  croyait  Piganiol,  Martellange  eût  pro- 
posé de  copier  purement  et  simplement  le  Gesù  de  Rome.  Au 
contraire,  le  P.  Derand  avait  donné  des  projets  personnels,  qui 
furent  suivis. 

Nous  croirions  volontiers  que  les  deux  architectes  furent 
employés  conjointement  à  l'œuvre,  puisque  nous  trouvons  des 
plans  de  l'un  et  de  l'autre  dans  les  recueils  des  Jésuites.  Une  par- 
ticularité curieuse  de  la  construction  de  l'église  fut  que  la  façade 
inspira  à  Martellange  de  vives  critiques,  probablement  envoyées 
à  Rome  sur  demande,  et  dont  nous  donnons  ici  une  copie  : 

Alcuni  errori  notati  da  piu  periti  architetti  di  Parigi  sopra  al  sopra- 
detto  disegno. 

La  faciata  che  avanza  dove  e  la  porta  magiore  deve  contenere  la  lar- 
gueza  di  tutta  la  nave  délia  chieza  per  legar  insieme  la  cantonata  et 
dargli  la  forza  necessaria,  e  non  lo  fa,  e  dove  bisogua  piu  forteza 
vien  piu  debole  massime  a  iinsu  rispetto  a  i  volti  da  fare  in  crociera 


45 

e  i  risLremamento  di  mûri  alsandosi  rendonosopra  piu  debole  contro 
a  la  stabilita. 

Questo  nella  elevatioiie  fa  l'ordine  de  colonne  tropo  stretto  contro 
la  belleza. 

Detto  muro  e  troppo  massitio,  massime  avendo  bisogno  di  far  piu 
grande  il  cuoro  de  la  musica  e  havere  piu  spatio  por  i  gradi  avanli 
la  chieza. 

La  porta  del  mezo  de  la  faciala  e  di  sproportionata  largueza,  mas- 
sime facendo  doi  porte  laterali  avendo  2i  palm.  Rom. 

Le  colonne  attacate  contra  à  pilastri  e  confuse  insieme,  e  cosa 
monstruosa  e  tanto  nelle  bazi  come  negli  capitelli  e  cossa  che  non 
si  puo  patir  ne  vedere  da  gli  intendenti  e  mai  e  stato  fatto  dagli 
antichi. 

Le  altre  colonne  prossime  a  le  porte  laterali  sonno  di  manco  e  dif- 
férente sporto  da  gli  altrl,  et  sarra  doppia  e  différente. 

La  confusione  che  si  fara  negli  capitelli  e  molto  pegiore  qu'ella  de 
mediglioni  massime  in  Pordine  Ghorlntio. 

Non  e  a  proposito  che  vi  siano  i  gradi  a  l'intervalle  délie  porte,  ma 
deve  sequitar  il  piano  de  la  chieza,  che  sarebbe  occasione  di  cadere  al 
populo  nel  issir  di  detta  chieza. 

Il  numéro  di  gradi  deve  essere  imparo. 

Non  e  a  proposito  mettere  pilastri  nella  meta  de  le  cantonale  de 
la  chieza  avendo  posto  collonne  al  davanzi  el  mettere  pilastri  con 
tanto  poco  sporto  al  lato  di  detta  cantonata. 

Le  lumache  sonno  troppo  strette  e  piccole  a  luzo  de  la  tribuna 
0  choro  de  la  musica  e  choretti  intorno  à  la  chieza. 

Si  sara  ancora  dimenticalo  a  dar  lume  a  dette  lumache. 

La  major  diformità  e  che  la  detta  faciatta  e  che  non  seguita  il  dritto 

délia  strada  ma  fa  un  angolo  in  tutto  diverso  e  per  tanto  difforme 

quanto  la  faciata  avanza  e  i  lati  si  riculano,  il  che  facilraente  si  poteva 

■  far  agiongendo  a  i  fondamenti  fatti,  se  sopra  questo  fosse  stato  adhi- 

bito  il  consiglio  da  gli  intelligenti. 

Le  porte  laterali  de  fora  de  la  nave  e  dentro  a  lo  spatio  de  le 
capelie  e  senza  exempio  e  superflue ,  la  porta  del  mezo  essendo  di 
tanta  smisurata  grandeza. 

Questo  sià  detlo  degli  errori  de  la  pianta  solamente,  che  per  l'elle- 
vazione  ve  ne  sonno  molto  majori  oltra  a  quelle  que  sonno  stati  notali 
nella  detta  pianta  (Hd  4  b,  fol.  2-18  bis). 

Ces  remarques  très  sévères  et  peut-être  dictées  par  la  jalousie 


46 

n'eurent  pas  grand  effet  à  Rome.  Le  plan  du  P.  Derand  fut  suivi, 
et  la  partie  si  critiquée  reçut  son  plein  et  entier  développement. 
Dans  un  dessin  ultérieur,  Derand  montre  l'état  des  bâtisses  de  la 
maison  professe,  et  l'église,  déjà  construite,  y  a  la  façade  en  ques- 
tion, qui  est  bien  celle  d'aujourd'hui.  Seulement,  l'aménagement 
intérieur  n'était  point  terminé  encore,  car  on  se  sert  provisoire- 
ment d'une  petite  chapelle  à  gauche  de  la  nouvelle  éghse.  Derand 
n'a  malheureusement  pas  mis  de  date  sur  son  plan,  il  s'est  con- 
tenté de  l'annoter  et  de  teinter  de  couleurs  diverses  les  parties 
du  bâtiment  terminées,  en  construction,  ou  à  faire.  Ce  devait 
être  environ  vers  1640  (Hd  4  b,  fol.  218.  Voir  aussi  le  plan  de 
Derand,  fol.  221). 

Mais  une  autre  pièce  prouverait  la  collaboration  de  Martel- 
lange;  c'est  une  coupe  de  la  bâtisse  en  1627,  intitulée  par  lui  : 
Ichnographia  do7nus  professée  sancti  Ludovici  soc.  Jesu 
Parisiis  prout  se  habet  anno  1627  augusti  mensis.  Martel- 
lange  donnait  dans  cette  étude  une  façade  différente  de  celle  de 
Derand.  Elle  avait  un  portail  en  demi-cercle,  et  seulement  une 
porte  principale,  suivant  les  idées  émises  dans  sa  critique.  En 
1627,  il  n'y  avait  de  sorti  de  terre  que  l'abside  et  une  partie 
du  côté  droit  sur  fondations  ;  peut-être  Martellange  ne  le  donne- 
t-il  que  pour  montrer  les  divergences  entre  son  plan  et  celui 
de  son  collègue. 

En  tous  cas,  il  suivait  de  près  les  dessins  et  les  travaux  de 
Derand.  Celui-ci  ayant  fait  une  élévation  des  côtés  intérieurs 
dans  une  manière  assez  lâchée,  Martellange  écrit  sur  cette  pièce  : 
Disegno  fatto  del  R.  P.  Francesco  de  Rand  per  la  chieza  di 
Parigi,  de  manu  propria  (Hd  4  b,  fol.  225). 

Il  ne  faut  donc  plus  guère  chercher  dans  les  bâtiments  du 
lycée  Charlemagne  le  travail  de  notre  architecte;  l'œuvre  est 
bien  du  P.  Derand,  qui  avait  envoyé  ses  plans  en  1625  à  Rome- 
{Ibidem,  fol.  221),  d'où  ils  étaient  revenus  autorisés.  Une  preuve 
d'ailleurs  que  Martellange  n'y  avait  point  beaucoup  collaboré, 
c'est  l'absence  de  dessins  sur  cette  église  et  ce  collège  dans  son 
recueil  de  voyage.  Lui  qui  mettait  en  tête  de  cet  album  le  Novi- 
ciat de  Paris,  dont  il  était  l'auteur,  n'eût  certes  pas  manqué  d'y 
joindre  des  vues  de  la  maison  professe,  s'il  l'eût  édifiée.  Le 
manque  absolu  de  renseignements  de  ce  genre  nous  paraît  une 
preuve  considérable.  Il  était  pourtant  bien  à  Paris  dès  cette 
époque,  puisque  c'est  en  1628  que  les  travaux  du  Noviciat  furent 


47 

conduits  avec  le  plus  d'ardeur,  suivant  que  nous  le  verrons  ci- 
après,  et  qu'il  les  dirigeait  en  personne.  Dans  son  itinéraire,  1629 
est  la  date  précise  à  laquelle  il  paraît  so  retirer  du  monde.  Il  ne 
serait  pas  impossible  que  la  construction  du  Noviciat  lut  devenue 
pour  lui  un  couronnement  de  carrière. 

Paris.  Noviciat  (1628). 

Plusieurs  auteurs  ont  prétendu  avec  d'Argenville  que  Martel- 
lange  ne  s'était  occupé  du  Noviciat  qu'à  la  fin  de  sa  vie.  Comme 
nous  le  disions,  il  dut  en  faire  le  couronnement,  mais  il  avait 
conçu  l'idée  de  cet  établissement  longtemps  auparavant,  puis- 
qu'on 1617  il  en  avait  donné  un  projet  (lettre  du  22  nov.  1622, 
citée  par  Charvet,  pp.  94-95^).  Toutefois  les  documents  pré- 
cis conservés  au  Département  des  estampes  de  la  Bibl.  nat. 
ne  le  montrent  guère  occupé  de  cette  œuvre  avant  1628.  Le 
14  février  de  cette  année,  il  indique  dans  un  plan  très  explicite  et 
très  clair  l'état  des  travaux  à  cette  date  précise  :  Ichyiographia 
domus  probationis  soc.  Jesu  in  suburbio  Parisiaco  sancti 
Germani  fada  14  februarii  4628.  Color  cœruleus  indicat 
quœ  œdiflcata  sunt,  croceus  vero  quœ  œdificanda  (Hd  4  b, 
fol.  172).  Avec  ces  renseignements  précis,  on  voit  que  selon  les 
suppositions  de  M.  Charvet  (p.  95)  les  bâtisses  allaient  bon  train, 
puisque^,  sauf  l'église  et  la  salle  de  récréation,  tout  est  en  cours 
d'exécution  et  même  terminé  pour  une  grande  part.  Deux  ans 
après  ces  premiers  détails,  Martellange  nous  initie  aux  travaux 
faits  ou  à  faire.  C'est  d'abord  (Ub  9,  fol.  2)  une  vue  des  bâti- 
ments élevés  du  côté  du  jardin  et  portant  comme  légende  :  «  Du 
«  novitial  de  Paris,  1630.  »  L'église  n'est  point  commencée 
encore  ;  elle  est  simplement  figurée  par  un  dessin  de  fondation 
dans  le  jardin  à  droite,  et  le  chœur  y  est  marqué  par  une  croix. 
Cet  excellent  dessin  d'architecture  ne  pouvait  être  plus  complet 
ni  plus  explicite.  Dès  ce  temps  même,  Martellange  a  arrêté  son 
plan  et  donné  sa  façade  (Hd  4  b,  fol.  176).  Tout  était  donc  con- 
venu et  arrêté  en  1630,  mais  rien  n'était  encore  mis  en  œuvre. 

L'année  suivante,  1631,  les  fondations  de  l'église  sortent  de 

1.  Il  nous  est  venu  un  scrupule.  Le  noviciat  dont  parle  Martellange  est  celui 
de  Lyon  très  probablement  (voir  Hd  4  b,  fol.  148).  Le  plan  de  ce  noviciat  était 
eflectivement  de  juin  1617. 


48 

terre.  Martellange  nous  les  montre  dans  un  dessin  portant  comme 
légende  :  «  Des  fondations  de  l'églize  du  Novitial  de  Paris,  1631  » 
(Ub  9,  fol.  3). 

Le  23  septembre  1634,  trois  ans  après,  notre  architecte  donne 
une  vue  d'ensemble  du  Noviciat.  L'église  est  à  moitié  de  façade 
jusqu'à  la  frise  environ.  Devant,  une  petite  ruelle,  et  plus  loin  des 
jardins  clos  de  murs.  Tous  ces  détails  sont  d'un  grand  intérêt 
pour  la  topographie  du  vieux  Paris.  Martellange  écrit  sur  son 
croquis  :  «  Aspect  contre  le  novitial  de  Paris,  1634,  23  sep- 
«  tembre  »  {Ibidem,  fol.  5).  Revenant  alors  sur  cette  vue  du 
côté  opposé,  il  dessine  l'abside  de  l'église,  laissant  voir  dans  le 
lointain  le  palais  du  Luxembourg,  à  la  reine  mère  :  «  Du  20  no- 
«  vembre  1634.  Du  novitial  de  Paris  »  {Ibidem,  fol.  4). 

Avec  le  collège  de  Roanne,  le  Noviciat  de  Paris  est  une  des 
constructions  qui  ont  le  plus  retenu  Martellange.  Longtemps 
après,  l'édifice  ayant  été  terminé,  le  graveur  Lepautre  en  traça 
sur  cuivre  la  façade  et  la  coupe,  Martellange  annote  lui-même 
cette  reproduction  et  la  date  de  1640,  un  an  avant  de  mourir 
(Hd  4  a,  fol.  254,  255).  Il  avait  mis  dans  cette  œuvre  toute  sa 
science  pratique  et  tous  ses  soins. 

Nous  citerons,  pour  terminer,  les  plans  conservés  dans  le  recueil 
Hd  4  b,  fol.  191  et  192  ;  ils  sont  de  la  main  de  notre  artiste  et 
concordent  avec  les  vues;  ils  sont  tous  de  1634. 

Collège  de  Sens  (1628). 

M.  Gharvet  écrit,  page  188  :  «  Les  archives  du  collège  de 
«  Sens  ne  fournissent  rien  qui  rappelle  le  nom  de  Martellange. 
«  Cependant,  l'église  fondée  en  1624  à  une  seule  nef  et  d'une 
«  grande  simplicité  pourrait  avoir  été  faite  d'après  les  plans  de 
«  notre  artiste.  » 

Le  jugement  si  sûr  de  M.  Charvet  ne  l'a  point  trompé.  Le 
recueil  des  plans  des  Jésuites  ne  laisse  aucun  doute.  On  trouve 
dans  le  vol.  Hd  4  b,  au  fol.  183,  «  l'ichnographie  »  complète  du 
collège,  datée  du  7  mars  1628,  «  prout  se  habet,  »  comme  le 
monument  était  à  l'époque.  L'écriture  et  le  faire  de  Martellange 
s'y  retrouvent  complètement.  Et  ce  n'était  point  là  un  projet  en 
l'air,  car  les  termes  mêmes  employés  par  Martellange  indiquent 
la  construction  commencée.  Une  autre  pièce  conservée  au  fol.  184 
porte  :  Ichnographia  pro  ^dificando  gollegio  Senonensi 


49 

societatis  Jesu,  facta  anno  1628  mense  martis.  C'était  ou  ce 
devait  être  le  projet  définitivement  accepté  et  sur  lequel  on  allait 
travailler.  Pour  dire  le  vrai,  si  Martellange  était  à  Sens  durant 
l'année  1628,  il  n'y  dut  guère  demeurer,  les  affaires  du  Noviciat 
de  Paris  lui  ayant  laissé  peu  de  temps  à  lui.  Aussi  les  quatre  ou 
cinq  plans  divers  du  recueil  Hd  4  sont-ils  tous  datés  du  7  mars  1628 
(fol.  182,  183,  184,  185). 
Il  ne  donne  aucun  croquis  de  Sens  dans  son  album  de  voyage. 

Collège  de  Moulins  (16...). 

M.  Charvet  publie  des  détails  assez  précis  sur  la  construction 
du  collège  de  Moulins.  Nous  n'avons  retrouvé  aucun  plan  des 
travaux  de  MarteUange,  mais  il  fournit  trois  vues  dans  son  album 
de  voyage  (UbQ  a,  fol.  96,  97,  98).  Une  seule,  la  dernière,  men- 
tionne :  «  la  maison  de  Pozeulz  ^  du  collège  de  Moulins,  »  qui 
était  une  maison  de  campagne.  Les  deux  autres  dessins  sont  des 
vues  générales  de  la  ville. 

Collège  d'Embrun.  {Charvet,  p.  189.) 

Il  faut  renoncer  à  ce  collège  pour  Martellange.  C'est  le  P.  Léo- 
taud  qui  en  donna  le  plan  en  1640  (Hd  4  a,  fol.  237).  Mais  l'éta- 
blissement existait  dès  1606  et  était  installé  dans  des  bâtiments 
provisoires.  Le  bâtiment  fut  construit  «  sur  le  dessein  de  feu 
«  M.  Roman,  qui  batist  tout  le  reste  pour  le  collège  d'Embrun  » 
(Hd  4  d,  fol.  119). 

Collège  de  Rouen.  {Charvet,  p.  186.) 

L'église  des  Jésuites  encore  debout  et  qui  est  actuellement 
celle  du  lycée  Corneille  a  une  façade  dans  les  données  de  Mar- 
tellange. Elle  se  compose  de  deux  ordres  superposés  ;  le  bas  a 
deux  pilastres  et  deux  colonnes  cannelées  faisant  avant-corps. 

1.  Pouseux,  ancienne  maison  de  campagne  des  Jésuites,  qui  avait  été  cédée 
à  la  ville  de  Moulins  par  Diane  de  Chàteaumorand,  dame  d'Urfé.  Les  éclievins 
de  la  ville  la  donnèrent  aux  Jésuites  vers  1590,  «  ladicte  terre  devant  tenir  lieu 
aux  Pères  de  maison  de  recréation  »  (Arch.  de  l'Allier,  D  2G).  Vers  le  milieu 
du  xviii"  s.  Gresset  composa  à  Pouseux  sou  poème  de  Vert-  Vert.  (Note  due  à 
l'obligeance  de  MM.  Queyroy  et  Garelle.) 

4 


50 

Entre  les  pilastres  et  les  colonnes,  deux  niches  avec  statues  des 
SS.  Louis  et  Gharlemagne.  En  haut,  quatre  pilastres  ioniques. 
Le  fronton  était  démesuré  ;  la  figure  allégorique  qu'il  contenait 
est  aujourd'hui  très  fruste. 

Si  Martellange  ne  consigne  rien  dans  son  album  de  voyage,  il 
donne  toutefois  deux  plans  de  l'église  du  collège  (Hd  4  b,  fol.  205 
et  207).  Y  aurait-il  grand  risque  à  le  croire  l'auteur  de  cet  édifice, 
dont  l'architecte  est  inconnu?  Lui  qui  avait  travaillé  à  Rennes, 
eût  pu  très  bien  venir  à  Rouen  ou  tout  au  moins  fournir  son 
idée.  Une  pièce  nous  gênerait  pourtant,  c'est  celle  du  même  vol., 
folio  254,  émanant  du  P.  Derand.  La  question  est  intéressante, 
elle  mérite  qu'on  l'étudié  à  loisir.  En  tout  cas,  le  plan  en  question 
est  ainsi  signé  :  Reverentiœ  vestrœ  servus  in  Christo  Franc. 
Derand.  Et  dans  ses  remarques  le  célèbre  architecte  note  soi- 
gneusement l'état  des  œuvres  à  la  fin  de  1625  :  Typus  ecclesiœ 
collegii  Rothomagensis  inchoatœ ,  uti  erat  suh  fmem 
anni  1625.  Ce  plan  était  envoyé  au  P.  Baltazar,  assistant  de 
France  à  Rome.  Toutefois,  les  constatations  d'état  d'avancement 
étaient-elles  toujours  faites  par  l'architecte  primitif?  Nous  ne  le 
croyons  pas,  Derand  pouvait  n'être  appelé  que  pour  un  travail 
d'inspection  et  n'avoir  pas  donné  le  plan  de  construction. 

Prieuré  de  Jonvelle. 

Dans  une  des  vues  de  son  livre  de  voyage,  Martellange  a 
dessiné  une  vue  de  la  petite  ville  de  Jonvelle,  dans  la  Haute- 
Saône,  où  le  collège  de  Dole  avait  un  prieuré.  Il  l'intitule  : 
9  augusti  1617.  Prioratus  Jonvelle  coll.  Dolani  (Ub  9  a, 
fol.  141).  Ce  fut  vraisemblablement  la  même  année  qu'il  en  fit 
une  autre  portant  en  titre  :  «  Jonvelle  au  conté  de  Bourgogne  ou 
«  la  compagnie  a  un  prioré  »  (Ub  9,  fol.  80).  Ce  qui  est  certain, 
c'est  que  la  petite  église  de  ce  prieuré  avait  sur  son  toit,  avec  le 
monogramme  du  Christ,  la  date  1601.  Celle  du  collège  de  Dole 
portant  1599,  on  voit  que  ces  deux  monuments  avaient  été  cons- 
truits à  peu  d'intervalle  l'un  de  l'autre.  Peut-être  Martellange 
avait-il  contribué  à  les  achever?  (Voir  ci-devant  l'article  sur  le 
collège  de  Dole.) 

Henri  Bouchot. 


54 


ITINÉRAIRE  DE  MARTELLANGE  D'APRÈS  SES  DESSINS. 

1605.  —  Vienne,  en  Dauphiné.  —  Prieuré  de  N.-D.  des  Baumes, 
en  Comtat.  Juin.  —  Sisteron. 

1606.  —  SisLeron.  —  Abbaye  de  Boscodon,  dans  les  Alpes. 
i8  octobre.  —  Vienne,  en  Dauphiné. 

1607.  —  Le  Puy.  Du  i"'  au  H  mai.  —  Garomb.  9  juillet.  —  Gar- 
pentras. 

1608.  —  L'Ile-Barbe,  près  Lyon.  —  Avignon.  Août.  — Méthamis- 
lez-Avignon.  —  Sisteron.  31  août.  —  Avignon.  Septembre. 

1609.  —  L'Ile-Barbe,  près  Lyon.  —  Avignon,  21)  août.  —  Mont- 
frin  en  Provence. 

1610.  —  Dole,  en  Franche-Gomté.  -10  janvier.  —  Besançon. 
Février.  —  Roanne.  iO  mai.  —  Riorges-les-Roanne.  H  mai.  — 
Roanne.  13  et  i  6  mai.  —  Vesoul.  5  août.  —  Dijon.  22  septembre. 
—  Saint- AppoUinaire-Iez-Dijon.  28  et  29  septembre.  —  Roanne. 
34  décembre. 

1611.  —  Montbrison.  -10  janvier.  —  Le  Puy.  49  janvier.  — 
Roanne.  —  Montjeu-lez-Autun.  6  mai.  —  Autun.  7  mai.  —  Antilly- 
lez-Dijon.  18  juillet.  —  Argilly,  en  Bourgogne.  28  juillet.  —  Dijon. 
47  août.  —  Seurre,  en  Bourgogne.  7  septembre.  —  Fontaine-lez- 
Gîteaux.  24  septembre. 

1612.  — -  La  Flèche.  Du  2  février  jusqu'après  le  mois  de  juillet. 

1613.  —  Seurre.  3  et  8  février.  —  Faverney,  en  Franche- Comté. 
7  mai.  —  Cîteaux.  44  juin.  —  JonvelIe(?),  en  Franche-Gomté. 

1614.  —  Dijon.  4  5  janvier. 

1615.  —  Bourges.  7  mars.  —  Dijon.  29  septembre.  —  Vesoul. 
Décembre. 

1616.  —  Route  de  Dijon  à  Seurre.  24  mars.  —  Lyon.  Avril.  — 
Lair-lez-Avignon.  4  7  octobre.  —  Béziers.  22  novembre. 

1617.  —  Avignon.  3  janvier.  —  Polignac,  en  Velay.  24  février.  — 
Le  Puy.  27  et  28  février.  —  Lyon.  Avril  et  juin.  —  Gluny.  22  sep- 
tembre. —  Riorges-Iez-Roanne.  48  octobre.  —  Beaulieu-lez-Roanne. 
4  7  novembre.  —  Roanne.  46  décembre. 

1618.  —  Ghâteau  de  Ghenevoux.  7  janvier.  —  Ghambéry.  44, 
20  janvier,  3  février.  —  L'Ile-Barbe.  30  mai,  42  juin.  —  Abbaye  de 
la  Bénissons-Dieu.  26  juin.  —  Ghenevoux.  26  juillet.  —  Roanne. 
29  août.  —  Mâcon.  6  octobre. 


92 

1619.  —  Vienne.  20  janvier.  —  Flécheras,  près  Lyon.  2  février. 
—  Roanne. 

1620.  —  Orléans.  De  février  à  juillet?  —  Moulins?  —  Roanne. 
3^  décembre. 

1621.  —  Bourges?  —  La  Grillière-lez-Orléans.  22  juin. 

1622.  —  » 

1623.  —  Orléans.  20,  21  avril. 

1624.  —  Chartres.  —  Abbaye  de  Bourgueil.  —  Le  Mans.  8  jan- 
vier. —  Blois.  Juin  et  juillet.  —  Rennes.  24  août. 

1625.  —  Abbaye  de  Montmartre,  près  Paris,  ^9  mars. 

1626.  —  Ploermel.  Avril. 

1627.  —Paris? 

1628.  —  Paris.  -14  février.  —  Sens.  7  mars. 

1629.  —  (Paris.  Noviciat.) 

1630.  —  Paris.  Noviciat. 

1631.  —  Paris.  Noviciat.  —  Sainte-Chapelle  après  l'incendie  de 
^630. 

1632.  —  (Paris.  Noviciat.) 

1633.  —  (Paris.  Noviciat.) 

1634.  —  Paris.  Noviciat.  23  septembre  et  20  novembre.  —Palais 
du  Luxembourg,  à  Marie  de  Médicis. 

1635.  —  » 

1636.  —  » 

1637.  —  Martellange,  retiré  à  Paris,  termine  plusieurs  vues  de 
son  album. 

1638.  —  « 

1639.  —  Gentilly-lez-Paris.  Dernier  dessin  de  Martellange. 

1640.  —  Signature  de  lui  sur  une  gravure  d'A.  Lepautre. 

1641.  —  Mort  de  Martellange, 


PETITE  CHRONIQUE  DE  GUYENNE 

JUSQU'A  L'AN   144^. 


La  courte  chronique  en  dialecte  gascon  qui  fait  l'objet  de  cette 
publication  ne  parait  pas  encore  avoir  été  méthodiquement  utilisée 
comme  source  historique  ^  En  dépit  de  l'inégale  répartition  et  de  la 
sécheresse  des  mentions  qu'elle  renferme,  elle  fournit  néanmoins, 
pour  quelques  années  du  xiv*  et  du  xv"  siècle,  un  certain  nombre  de 
renseignements  originaux  dont  on  chercherait  vainement  ailleurs  la 
trace.  Tels  sont  les  détails  relatifs  aux  événements  survenus  en  Péri- 
gord  pendant  les  années  -1345,  -1348,  -1377^,  et  à  ceux  dont  la 
Guyenne,  la  Sénéchaussée  des  Landes,  l'Agenais  et  la  Saintonge 
furent  le  théâtre^,  depuis  la  reprise  de  la  guerre  de  Cent  ans  en 
^  404,  jusqu'à  la  campagne  de  Charles  VII  en  Gascogne,  dans  le  cours 
de  Tannée  -1442. 

1.  D.  Vaissette  a  utilisé  la  Petite  chronique,  mais  seulement  aux  dates 
de  1345  et  de  1377,  pour  rectifier  l'époque  de  la  bataille  d'Auberoche,  de 
la  bataille  d'Eymet  et  des  deux  sièges  de  Bergerac.  (Voir  livre  XXXII,  ad 
ann.  1345;  livre  XXXIII,  ad  ann.  1377,  et  surtout  la  note  xxi  du  t.  IV,  intitulée  : 
Époque  et  circonstances  de  l'expédition  de  Henri  de  Lancastre,  comte  de 
Derbi,  en  Guienne  et  en  Gascogne.)  Bien  que  les  auteurs  de  l'histoire  géné- 
rale de  la  province  de  Languedoc  aient  vu  le  ms.  original  et  qu'ils  indiquent  la 
date  extrême  de  la  Chronique  (1442),  ils  n'en  ont  pas  fait  usage  pour  la  partie 
qui  traite  du  xv°  siècle.  M.  Siméon  Luce  a  signalé  le  parti  tiré  de  cette  source 
par  D.  Vaissette,  et  proposé  une  interprétation  nouvelle  relative  à  la  date 
du  combat  d'Auberoche.  (Froissart,  éd.  Luce,  t.  III,  p.  xiii,  n.  3,  et  p.  xvi, 
n.  3.)  Un  signalement  erroné  de  ce  même  texte  est  enfin  donné  parles  éditeurs 
des  Archives  historiques  du  département  de  la  Gironde,  dans  une  des  notes  de 
la  Coutume  de  Bazas,  publiée  par  M,  Octave  Beylot  d'après  le  ms.  dont  les 
premiers  feuillets  contiennent  la  Petite  chronique.  Celle-ci  est  désignée  comme 
partant  de  Fannée  1253.  {Arch.  hist.  du  dép.  de  la  Gironde,  t.  XV,  1874,  p.  67, 
n.  1.) 

2.  Voir  par.  37,  38,  44,  72,  73. 

3.  Voir  par.  78  à  107. 


54 
I. 

Le  manuscrit  de  la  Petite  chronique  porte  à  la  Bibliothèque  natio- 
nale le  numéro  5361  du  fonds  français  (numéro  9850  de  l'ancien 
fonds  et  \^S\  de  la  collection  Golbert).  C'est  un  recueil  factice,  figu- 
rant déjà  dans  son  état  actuel  parmi  les  manuscrits  de  Golbert^  et 
aujourd'hui  recouvert  d'une  reliure  moderne  de  format  petit  in-quarto 
portant  au  dos  le  titre  suivant  :  Coutumes  de  Bordeaux,  Bergerac  et 
Bazadois.  Les  divers  cahiers  dont  il  se  compose,  comprenant  au 
total  126  feuillets  numérotés,  le  dernier  en  blanc,  tous  à  peu  de 
chose  près  du  même  format,  sont  de  nature  et  d'origine  différentes. 

Le  premier  cahier,  le  seul  qu'il  soit  à  propos  de  décrire  ici,  se  com- 
pose actuellement  d'un  assemblage  de  44  feuillets  de  papier,  ne  por- 
tant pas  trace  d'un  numérotage  ancien  et  couverts  d'une  écriture  assez 
régulière,  qui  offre  les  caractères  de  celle  en  usage  vers  le  milieu  du 
XV*  siècle. 

Les  folios  5  verso  à  44  recto  de  ce  cahier  sont  occupés  par  une 
copie  de  la  rédaction  en  gascon  des  Coutumes  de  Bordeaux,  sur 
laquelle  il  n'y  aurait  pas  heu  d'insister,  sans  l'addition  finale  qu'y  a 
jointe  l'écrivain  et  dont  voici  le  texte  : 

Finito  libre  sit  laus  et  gloria  Ghristo. 

Qui  escripsit  escribat  semper,  cum  domino  vivat. 
Dec  gratias. 
L'an  M.  GGCG.  e  .XXXVIIL  furent  festas  aquestas  costumas. 

Gonsuetudo  légitima  aprobata  de  jure  est  tenenda^. 

Suit,  au  verso  du  fol.  44^  une  sorte  de  table  des  ordonnances 
municipales  de  Bordeaux  remplissant  toute  cette  page,  qui  n'était 
vraisemblablement  pas  la  dernière  du  cahier. 

1.  En  effet,  le  numéro  1481  en  chiffres  arabes,  indice  du  numérotage  des 
manuscrits  de  Colbert,  est  inscrit  sur  le  fol.  i  recto  actuel,  lequel  est  en  réalité 
le  fol.  1  verso,  le  feuillet  ayant  été  retourné  par  suite  d'une  méprise  de  l'as- 
sembleur, comme  on  verra  plus  loin.  En  outre,  sur  le  recto  du  premier  feuillet 
du  cahier  de  parchemin  contenant  la  Coutume  de  Bazas  (fol.  92  actuel),  on  lit 
le  chiffre  barré  148,  comme  si  l'on  eût  voulu  un  instant  placer  ce  cahier  en 
tête  du  recueil  et  inscrire  le  numéro  de  classement  sur  sa  première  page. 

1.  Cette  mention  ne  se  rencontre  pas  dans  le  texte  imprimé  des  Anciennes 
coutumes  de  Bordeaux,  dressé  au  dernier  siècle  d'après  deux  manuscrits  des 
dépôts  publics  de  Bordeaux.  {Coutumes  du  ressort  du  Parlement  de  Guienne, 
avec  un  commentaire,  par  deux  avocats  au  même  Parlement.  Bordeaux, 
1768,  2  vol.  in-8°.  T.  I,  pp.  1-167.) 


55 


II. 


Le  texte  même  de  la  Petite  chronique  est  compris  entre  les  folios 
■1  à  5  recto.  Le  fol.  \  s'étani  trouvé  retourné  avant  l'assemblage  par 
suite  d'une  méprise  quelconque,  le  fol.  \  recto  réel  se  trouve  au  fol.  \ 
verso  actuel ^ 

En  tête  du  fol.  \  verso,  le  texte  commence  ainsi,  sans  titre  aucun  : 

«  Asso  son  las  canonicas  et  las  datas  deu  comensamen  deu  mon, 
segon  la  memoria  que  se  troba  en  escriut  lo  prumey  jorn  de  setembre 
l'an  .M'.  GGGG.  e  .XVIII.  » 

Une  simple  comparaison  permet  de  remarquer  l'analogie  existante, 
au  moins  pour  le  fonds,  entre  un  certain  nombre  des  33  premiers 
paragraphes  de  la  Petite  chronique  venant  à  la  suite  et  s'étendant 
jusqu'à  l'année  -1333,  et  les  passages  de  date  correspondante  que 
présente  la  Chronique  /'omrme  faisant  partie  du  recueil  célèbre  connu 
sous  le  nom  de  Petit  Thalamus  de  Moîilpellier' .  Le  paragraphe  d'in- 
troduction qui  vient  d'être  cité  et  les  paragraphes  2  et  3,  qui  donnent 
à  la  Petite  chronique  de  Guyenne  un  certain  semblant  de  composi- 
tion, ne  se  retrouvent  cependant  pas  dans  le  texte  de  la  Chronique 
romane  de  Montpellier.  Il  en  est  de  même  de  plusieurs  autres,  qui 
traitent  tous  d'événements  d^ordre  général,  et  que  l'auteur  de  la 
Petite  chronique  de  Guyemie  n'avait  pas,  semble-t-il,  un  intérêt  par- 
ticulier à  insérer  dans  son  œuv'e^. 

Ges  considérations  peuvent  faire  supposer  que  l'auteur  de  la  Pe/^ï(2 
chronique  de  Guyenne  a  eu  entre  les  mains  un  texte  de  la  Chronique 
romane  plus  complet  que  celui  renfermé  dans  le  Petit  Thalamus,  et 
dont  ce  dernier  serait  dérivé  lui-même.  Si  l'on  remarque  en  outre  que 

1.  Cette  particularité  explique  l'erreur  des  éditeurs  des  Archives  historiques 
du  département  de  la  Gironde,  qui  ont  décrit  la  Petite  chronique  sans  l'avoir 
lue.  {Arch.  hist.  du  dép.  delà  Gironde,  t.  XV,  1874,  p.  67,  n.  1.)  L'année  1253 
assignée  par  eux  comme  point  de  départ  au  récit,  semble  en  effet  commencer 
le  premier  alinéa,  en  tête  du  fol.  1  recto  actuel,  qui  doit  être  comme  on  l'a  vu 
considéré  comme  le  fol.  1  verso. 

2.  Le  Petit  Thalamus  de  Montpellier,  publié  pour  la  première  fois  d'après 
les  manuscrits  originaux  (Publication  de  la  Société  arcbéologique  de  Mont- 
pellier, t.  I,  1836-40,  in-4°.  Quatrième  partie,  la  Chronique  romane,  p.  315-483). 

3.  Les  paragraphes  de  la  Petite  chronique  semblant  plus  spécialement 
empruntés  à  la  Chronique  romane  du  Petit  Thalamus  sont  les  suivants  :  4  à  10; 
14;  15;  17:  18;  19(?):  20  ;  24  ;  25;  27  à  31  ;  33(?).  Voir  aussi  par.  92  et  93. 


56 

cette  similitude  de  fonds  entre  les  deux  chroniques  cesse  à  partir  de 
l'année  4  333  %  date  que  les  éditeurs  de  la  Chronique  romane  assignent 
sinon  à  la  composition,  au  moins  à  la  transcription  de  toute  la  pre- 
mière partie  de  ce  dernier  texte  sur  les  registres  de  Montpellier 2,  on 
pourra  également  reconnaître  que  tout  le  fragment  de  la  Chronique 
romane,  antérieur  à  ^333,  a  dû  être  composé  d'un  seul  jet  vers  cette 
même  date.  C'est  alors  qu'une  version  en  aurait  été  transcrite  sur 
le  registre  du  Petit  Thalamus,  tandis  qu'une  autre,  après  des  trans- 
formations ignorées,  aurait  été  utilisée  par  l'auteur  de  la  Petite  chro- 
nique de  Guyenne. 

A  partir  de  l'an  1333  (par.  34),  la  Petite  chronique  de  Guyenne, 
jusqu'en  -1404  (par.  77),  prend  et  conserve  un  caractère  local  plus 
prononcé.  Elle  traite  surtout,  depuis  cette  sorte  de  démarcation,  des 
circonstances  et  des  faits  intéressant  plus  particulièrement  l'histoire 
des  provinces  anglaises  du  sud-ouest  de  la  France.  Au  milieu  des 
erreurs  et  des  lacunes,  le  récit  des  deux  années  •1345  et  1377  se  dis- 
tingue par  l'extrême  précision  de  certains  détails.  Telles  sont  les  dates 
de  la  prise  de  Bergerac  et  de  la  bataille  d'Auberoche  en  \  345  (par.  37  et 
38),  et  celles  de  la  bataille  d'Eymet  et  de  la  prise  de  Bergerac  en  -1377 
(par.  72  et  73).  Il  y  a  une  corrélation  évidente  entre  les  premières  et 
un  certain  texte  qui  se  rencontre  dans  un  des  registres  municipaux  de 
la  ville  de  Libourne,  connu  sous  le  nom  de  Livre  velu^  La  date 
incertaine  qu'assignent  à  ce  dernier  manuscrit  les  érudits  qui  l'ont 
eu  sous  les  yeux'*  permet  toutefois  de  signaler  seulement  cette  ana- 
logie, sans  en  tirer  de  conséquence  relativement  à  l'antériorité  d'un 
des  deux  textes.  Quant  aux  secondes,  le  seul  texte  connu  qui  en  fasse 
mention,  outre  la  Petite  chronique  de  Guyenne,  est  un  passage 
des  registres  municipaux  de  Périgueux  ^  Sans  admettre  que  l'au- 
teur soit  allé  puiser  ses  renseignements  à  une  source  aussi  loin- 

1.  A  partir  du  par.  34  de  la  Petite  chronique.  Le  par.  33,  relatif  également 
à  des  faits  de  l'année  1333,  est  encore  inspiré  par  la  Chronique  romane  du 
Petit  Thalamus. 

2.  Le  Petit  Thalamus  de  Montpellier,  introd.  pp.  xlv-xlvi. 

3.  Publié  par  Guinodie  dans  YHistoire  de  Libourne  et  des  autres  villes  et 
bourgs  de  son  arrondissement.  (Bordeaux,  1845,  3  vol.  in-S",  t.  I,  p.  38,  n.  3,  et 
p.  39,  n.  4.) 

4.  1392,  selon  Guinodie  {l.  c,  t.  il,  p.  173,  n.  2),  ou  1479,  selon  les  auteurs 
du  Rapport  au  préfet  de  la  Gironde,  publié  dans  la  Commission  des  monuments 
et  documents  historiques  de  la  Gn'onrfe  (Bordeaux,  in-S"),  t.  II,  1841,  pp.  89-90. 

5.  Publié  dans  le  Bulletin  polymathique  du  Muséum  d'instruction  publique 
de  Bordeaux,  t.  X.  1812,  p.  259-260. 


57 

laine,  celle  concordance  est  néanmoins  à  noler  comme  preuve  d'exac- 
titude. Il  faut  enfin  signaler  les  deux  mentions  ayant  trait  aux 
années  -1348  (par.  44)  et  ^370  (par.  61),  comme  relatant  des  événe- 
ments dont  les  sources  imprimées  ne  présentent  pas  tracée 

Avec  l'année  4  403  (par.  78),  les  proportions  du  récit  changent  sul3i- 
lement  :  il  semble  qu'il  ne  soit  plus  l'œuvre  d'un  compilateur  sans 
initiative,  mais  d'un  témoin  qui  raconte,  sommairement  il  est  vrai, 
les  événements  dont  il  a  gardé  le  souvenir.  La  chronique  des  seules 
années  1405  et  ViOii  (par.  78-88)  remplit  ainsi  tout  le  fol.  3  verso. 
La  narration  saute  ensuite,  brusquement  et  sans  transition,  à  l'an- 
née ^4^7,  en  tête  du  fol.  4  recto.  Mais  il  est  possible  qu'un  ou  plu- 
sieurs feuillets  intermédiaires  soient  tombés^,  supposition  que  vien- 
drait appuyer  l'indication  initiale  du  chroniqueur,  annonçant  que  le 
récit  se  poursuit  régunèremcnt  jusqu'à  l'an  14^8^. 

A  la  suite  de  la  mention  relative  à  14  J  7,  sur  le  même  folio  (fol.  4  r°) 
et  de  la  même  main,  viennent  quelques  notes  (par.  89-96)  sur  la  fonda- 
tion de  divers  ordres  religieux,  notes  placées  hors  de  leur  ordre  chro- 
nologique et  semblant  destinées  à  combler  une  lacune.  En  effet,  le 
récit,  toujours  sur  la  même  page  et  de  la  même  exécution,  ne  reprend 
qu'avec  l'année  -1435'*.  La  même  écriture  le  continue  pour  les 
années  1435  et  -1437,  jusqu'à  Tavant-dernier  paragraphe  du  fol.  4  r° 
exclusivement  (par.  93-97).  Depuis  le  dernier  alinéa  de  ce  fol.  jus- 
qu'à la  fin  de  la  Petite  chronique^  au  bas  du  fol.  5  recto,  l'écriture 
change  à  plusieurs  reprises  et  perd  le  caractère  d'une  copie  régulière 
et  suivie  (par.  98-107). 

Le  fol.  4  verso,  séparant  les  deux  tronçons  du  récit  de  l'année  1438, 
est  occupé  par  une  copie  d'un  privilège  octroyé  par  Edouard,  prince 
de  Galles,  à  la  ville  de  Libourne^,  à  la  suite  de  laquelle  est  transcrite 
une  note  sur  la  population  de  l'Angleterre,  sans  indication  de  dale^. 

1.  La  prise  de  Sainte-Foy,  le  22  décembre  1348,  et  la  prise  de  Bazas  par  le 
sire  d'Albret,  en  1370.  Ce  dernier  événement  a  été  récemment  mis  en  lumière 
par  M.  Luce,  d'après  une  lettre  de  rémission.  (Froissart,  éd.  Luce,  t.  VII, 
p.  xcix,  n.  1.) 

2.  Le  fol.  3  verso  se  terminant  sur  un  alinéa,  et  le  fol.  4  recto  commençant 
sur  un  autre,  la  preuve  matérielle  de  cette  disparition,  ancienne  à  coup  sûr, 
fait  défaut. 

3.  Voir  le  par..  1. 

4.  L'inspection  du  ms.  montre  cju'il  n'a  pas  dû  y  avoir  d'interruption  dans  la 
copie  de  tout  le  fol.  4  recto. 

5.  La  charte  de  fondation  de  la  commune  de  Libourne  (1270)  publiée  en  entier 
par  Guinodie,  Histoire  de  Libourne,  t.  II,  p.  349,  pièces  justificatives,  n"  1. 

6.  Voir  ci-dessous. 


58 
III. 


L'écriture  des  Coutumes  de  Bordeaux,  celle  de  la  Petite  chro- 
nique, jusqu'à  l'avant-dernier  paragraphe  du  fol.  4  recto,  daté  de 
■1438,  celle  de  la  copie  de  la  charte  de  Libourne  sont  incontestable- 
ment de  la  même  main.  La  copie  qui  remplit  ces  pages  dénote  en 
outre  la  suite  continue  d'un  même  travail.  Si  Ton  rapproche  de  ce 
fait  la  date  de  1438,  indiquée  par  le  copiste  des  Coutumes  comme 
celle  de  la  fin  de  sa  tâche,  on  pourra  raisonnablement  admettre  qu'au 
moment  de  transcrire  cet  important  texte  juridique,  l'auteur  de  ce 
travail  jugea  intéressant  de  tracer  sur  les  premiers  feuillets  des  indi- 
cations historiques  s'étendant  jusqu'à  cette  époque.  Il  possédait,  par 
suite  d'une  circonstance  quelconque,  ou  avait  composé  lui-même,  en 
U4  8,  un  récit  sommaire  des  événements  survenus  jusqu'à  cette  der- 
nière date\  récit  qu'il  reproduisit,  en  ^1438,  sans  rien  y  changer,  et 
en  y  ajoutant  simplement  la  mention  de  faits  survenus  dans  les 
années  immédiatement  précédentes.  Puis,  la  copie  de  cette  sorte  de 
préface  et  la  copie  même  des  Coutumes  une  fois  terminée,  il  inscrivit 
à  mesure,  sur  Tespace  en  blanc  resté  libre  ^,  les  événements  qui  se 
présentaient. 

L'auteur,  ou  tout  au  moins  le  personnage  qui  a  transcrit  la  Petite 
chronique  en  tête  de  la  copie  des  Coutumes  de  Bordeaux,  peut  être, 
sans  grande  chance  d'erreur,  considéré  comme  un  habitant  de 
Libourne  3,  Le  silence  qu'il  garde  sur  tous  les  événements  survenus 
à  Bordeaux  rend  difficile  à  admettre  la  supposition  qu'il  fût  citoyen 
de  cette  ville.  Le  soin  qu'il  a  pris  de  copier,  en  tête  des  Coutumes  de 
Bordeaux,  la  charte  de  fondation  de  la- commune  de  Libourne^,  la 
notation  du  prix  de  certaines  denrées^,  la  mention  d'un  magistrat 
local^,  enfin  l'analogie  signalée  entre  un  passage  de  la  Petite  chronique 
et  un  texte  du  Livre  velu  conservé  aux  archives  de  Libourne  même^, 

1.  Voir  le  par.  1. 

2.  La  fin  du  fol.  4  recto  et  le  fol.  5  recto. 

3.  Sa  qualité  de  Gascon  est  nettement  indiquée  par  les  caractères  philolo- 
giques du  dialecte  dont  il  fait  usage,  ainsi  que  par  les  expressions  qu'il  emploie 
(Cf.  par.  75,  94). 

4.  Voir  ci-dessus. 

5.  Voir  par.  78. 

6.  Voir  par.  77. 

7.  Voir  ci-dessus,  p.  56,  n.  3. 


5;> 

tendraient  plutôt  à  lui  assigner  cette  dernière  cité  comme  lieu  d'ori- 
gine et  de  résidence.  Il  appartenait  évidemment  à  la  bourgeoisie  et 
devait,  d'après  la  nature  de  son  travail,  s'intéresser  aux  questions  de 
jurisprudence.  La  présence  répétée  des  mots  :  «  Jhesus  Marie  Filius  », 
qui  se  rencontrent  en  tête  des  pages,  tant  dans  la  Petite  chronique  que 
dans  les  Coutumes,  et  qui  coïncide  chaque  fois  avec  une  reprise  de  la 
copie  \  n'implique  pas  qu'il  fit  partie  du  clergé.  Cette  formule  se  ren- 
contre sur  un  certain  nombre  de  registres  de  délibérations  commu- 
nales, et  notamment,  à  la  même  époque,  sur  ceux  de  la  maison  con- 
sulaire de  Béziers^. 

En  résumé,  la  Petite  chronique  de  Guyenne,  antérieurement  à  l'an- 
née ^^04,  n'est  qu'un  abrégé  chronologique  emprunté  en  grande  par- 
tie, jusqu'en  ^333,  au  texte  utilisé  par  la  Chronique  romane  du  Petit 
Thalamus,  puis  fournissant  à  l'histoire,  pour  certains  événements  du 
milieu  du  xn^  siècle,  quelques  renseignements  précis  qui  ne  sont  pas 
à  dédaigner.  Depuis  4  405,  et  malgré  ses  interruptions  trop  fréquentes, 
elle  porte  les  caractères  d'une  œuvre  personnelle.  On  chercherait  vai- 
nement ailleurs  les  détails  qu'elle  présente  sur  les  campagnes  de  -1405 
et  de  i  406  en  Périgord  et  en  Agenais,  sur  la  descente  des  Anglais  en 
"Saintonge  en  ^  4-1 2  et  en  1 439,  sur  les  bruits  dont  la  terreur  populaire 
faisait  précéder  l'approche  de  Rodrigue  de  Villandrando  et  de  ses 
bandes,  ainsi  que  sur  quelques  points  de  la  vie  du  célèbre  chef  de 
routiers  et  de  son  passage  dans  le  midi  de  la  France. 


1.  En  tête  du  fol.  1  verso  actuel  (1  recto  en  réalité);  du  fol.  2  verso;  du 
fol.  4  verso;  des  fol.  21,  22  verso,  27  verso,  33  verso. 

2.  Publiés  dans  le  Bulletin  de  la  Société  arcfiéologique  de  Béziers,  t.  I, 
1836,  pp.  223-321. 


60 


PETITE  CHRONIQUE  DE  GUYENNE 

jusqu'à  l'an  1442. 

1 .  Asso  son  las  canonicas  e  las  datas  deu  comensamen  deu  mon 
segon  la  memoria  que  se  troba  en  escriut  lo  premey  jorn  de 
setembre  l'an  mil  .cccc.  e  .xvm. 

2.  Deu  comensamen  deu  mon  entro  a  la  nativitat  de  Diu  Jhesu 
Crist  ha  .v.  milia  .c.  nii''''.  e  .xix.  ans*. 

3.  Adam  estet  en  infern  .v.  milia  .ccc.  xxii.  ans  e  .vi.  jornse 
metz^ 

4.  De^  la  nativitat  de  Nostre  Senhor  entro  a  la  mort  de  Carie 
Magne  a  .viii.  cens  .ix.  ans^  e  ala  donc  sen  Gili  de  Proensa 
regnaba^. 

5.  L'an  myu  .c.  e  .i.  prengoren  premeyrament  crestians 
Jeru[salem]  *'. 

6.  L'an  .m^  c.  e  .i.  morit  sent  Gili  de  Proensa'''. 

7.  L'an  .m',  c.  e  .xiiii.  fo  pressa  Mahargas^ 

8.  L'an  .m'  .c.  xlvu.  fo  presa  Almaria^. 

9.  L'an  .m.  c.  e  .xl.  e  .viii.  fo  presa  Tartasa^^ 

10.  L'an  m'  .c.  e  .xl.  e  .ix.  fo  presa  Forzae  Fragelia*'. 

11.  L'an  .m'. G.  Lxx.  tornet  lo  jorn  nuyt*^. 

12.  L'an  .m'.c.  iiii''''.  vm.  fo  presa  la  siutat  de  Jehrusalem*^  e 
la  crotz  fo  portada  a  Damas  e  la  sancta  courona  deu  cap  e  los 
claus  foren  portatz  a  Paris  la  major  partida  *^. 

13.  L'an  .m^  c.  iiii'^''.  e  .x.  lo  rey  Phelipe  de  Fransa  e  lo  rey 
Richars  d'Anglatera  pasieren  la  grant  mar*^ 

14.  L'an  .m',  c.  [iiii^''.]  e  .xvm.  lo  rey  desus  deit  Richart 
morit  ^^ 

15.  L'an  .m',  ce.  e  .im.  morit  Galhardun  senhor  de  Mon- 
[peley]  ". 

16.  L'an  m',  ce.  e  .v.  fo  près  Costantin  Nobble*^ 

17.  L'an  .m',  ce.  xiir.  fo  lo  rey  Phehp  dabant  Tholosa  et  lo 
conte  de  Durfort*^  m[orit]  de  una  peyrat^^ 

18.  L'an  .m^  ce.  [xxxviu.]  fo  presa  Balensa^^ 

19.  L'an  .m^  ce.  e  .[xjxxix.  tornet  lo  jorn  nuyt^^. 

20.  L'an  .m',  ce.  e  .xLvin.  morit  lo  conte  de  Tholosa^^. 


6^ 

21.  L'an  .m'  .ce.  xlix.  prengo  lo  rey  de  Fransa  Tolosa-^. 

22.  L'an  .m',  ce.  lui.  fo  lo  rey  de  Fransa  rey  de  Nabarra*^. 

23.  L'an  .m',  gcg.  fo  la  perdon  a  Roma  e  es  per  .c.  [ans]-*^. 
CGC.  e  .VI.  foren  destruitz  los  judius  en  mantas 


24.  L'an 

.m' 

partz2^ 
25.  L'an 

.m'. 

26.  L'an 

.m' 

27.  L'an 

.m'. 

[cec]  e  .VII.  foren  destruit[z]  los  temples  ^''. 
ccc.  e  .XV.  tornerenlos  judius  crestians^^. 
CGC.  e  .XVIII.  fo  escorgat  l'abesque  de  Ghaors^. 

28.  L'an  ,m'.  [ccc.]  e  .xvii.  fes  papa  Johan  de  l'abesquat 
arcbivesquat  de  Tholosa,  e  de  Peyregus  Sarlat,  e  de  Peytius 
Luson  e  Majassens^^ 

29.  En  l'an  .m',  ggg.  e  .xxxiii.  fo  e  bengo  l'esqurtat  apelat 
esclipse  e  bingo  a  .ii.  boras  e  meja  aprop  med  jorn^'. 

30.  L'an  .m',  ggg.  xxi.  ausigoren  lo  pastoreu  los  judius  et  asso 
en  raanta  part^^. 

31.  L'an  .m',  xxvm.  foren  ars  los  digetz  e  gafetz^. 

32.  L'an  .m.  ccc.  e  .xxvi.  fo  près  Cbales  per  lo  rey  Audoart 
d'Anglatera^^. 

33.  Item  l'an  .m.  ccc.  e  .xxxiii.  fo  grant  desconeysensa  de 
blat  en  Gasquonba  e  fo  aperat  la  grant  fame-^'^. 

34.  L'an  .m',  ggg.  e  xxxiii,  foren  esquofîtz  los  esquotz  per  los 
angles  e  moriren  .xl.  m''*,  escotz  et  plus  d'autres ^^ 

35.  L'an  aprop  tremblet  la  tera  lo  jorn  de  sent  Thomas  aprop 
Nadau^s. 

36.  L'an  .m',  ccc.  xl.  m.  fet  lo  Rey  de  Fransa  mudar  las 
monedas^^  e  descapita[r]  lo  senhor  de  Clison  a  Paris  ^°. 

37.  Item  l'an  .m',  ccc.  xl.  v.  fo  près  Bragueyrac  en  Peyre- 
gorc  per  lo  conte  Darvi^^  lo  jorn^^  de  Sent  Bertomyu^^ 

38.  L'an  .m',  ccc.  xl.  v.  fo  la  batalha  dabant  Albarocha^^  en 
Peyregorc  lo  jorn  de  Sent  Seurin^^  per  lo  conte  Darvi  qui 
gasanbet  lo  camp  *^. 

39.  L'an  .m',  ggg.  xl.  vi.  fo  près  sent  Johan  d'Angeli  per  lo 
conte  Darvi ^^  e  l'an  après  fo  la  batalha  de  Cresi  bon  lo  prince 
descofit  lo  rey  Philip  de  Baloys^^ 

40.  Item  l'an  .m^  ccc.  xl.  vi.  fo  près  Peytius  e  raubat  per  lo 
conte  Darvi  ^9. 

41.  L'an  .m^  .ccc.  xl.  vi.  bingo  lo  rey  Audoart  angles  mètre  lo 
ceti  a  Cbales  et  mynjaban  los  ratz=o. 

42.  L'an  .m",  ggg.  xl.  vu.  fo  gran  carestia  e  grant  famé  en 


62 

Bordeu  de  blat  e  raoriren  grant  gent  de  fame=*  e  fo  lo  ceti  Agu- 
Ihon  per  lo  duc  de  Lormandia^^  e  fo  la  batalha  de  Cresi. 

43.  L'an  .m'  .ccc.  xl.  vui.  fo  la  grant  mort  per  tôt  lo  mon  e 
fo  à  Bordeu  ^^  a  tant  grant  que  argo  la  Rosela,  lo  pont  Sent  Johan 
et  rua  Peytavina^^ 

44.  L'an  .m',  ccc.  xl.  viii.  fo  presa  Sancta  Fe  per  los  angles 
lo  digmenge  aban  Nadau^^ 

45.  L'an  .m^  ccc.  l.  fo  lo  perdon  aRoma^'*. 

46.  L'an  .m^  ccc.  l.  [v.]  fo  lo  conte  Darvi  dabant  Tholosa  e 
daban  Beses  e  a  Nabona  e  a  Par[is]  ^''. 

47.  L'an  .m.  ccc.  l.  morit  Phelip  de  Baloys  rey  de  Fransa  e 
Johan  son  filh  fo  r[ey]  ^^ 

48.  L'an  .m.  ccc.  l.  vi.  fo  pris  lo  Roi  de  Fransa  daban  Peytis 
au  mys  de  setembre  aparat  Johan  por  mon  senhor  lo  prince  filh 
deu  roy  Audoart  e  lo  menât  a  Ly borna  e  a  Bordeu  ^o. 

49.  L'an  .m.  ccc.  l.  ix.  salhit  fora  de  preyson  d'Anglatera 
Johan  Roy  de  Fransa  e  flnet^^ 

50.  L'an  .m.  ccc.  l.  ix.  prengo  la  possecion  deu  dugat  per 
mossenhor  lo  rey  d'Anglatera  mossen[hor]  Johan  Candos^'. 

51.  L'an  .m.  ccc  .lx  .nr.^^  foren  los  grans  freitz  que  la  mar 
gelet  en  Gasquonha  e  aqui  médis  en  l'an  seguen  fo  la  petitamor- 
talha^^  e  aquet  an  fo  après  lo  conte  d'Armanhac  e  lo  senhor  de 
Labrit  per  lo  conte  de  Foys^^. 

52.  L'an  .m.  ccc.  lx.  iiii.  fo  la  batalha  en  Bretanha  de  Carie 
de  Bloys  e  deu  conte  de  Monfort  qui  agut  lo  camp  ^^. 

53.  L'an  .m.  ccc.  lxv.  fo  lo  parlament  a  Peiregus  deu  prince 
e  deus  barons  de  Guiayna^'. 

54.  L'an  .m.  ccc.  lx.  v.  foren  las  justas  en  Anglosie^^. 

55.  L'an  .m.  ccc.  lx.  vi.  en  hahost  bengo  lo  rey  Dempetro 
d'Espanha^^  de  Nabara™  e  lo  rey  de  Malhorguas'*  e  lo  duc  de 
Bretanha'^  a  parlamen  a  Bordeu'''^. 

56.  L'an  .m.  ccg.lxvii.  fo  confermat  lo  rey  Anric  en  Castela  ^^ 

57.  Item  l'an  .m.  ccc  .lxvii.  a  .m.  d'abryu  fo  desconfit  en 
Espanha  lo  rey  Anric  per  lo  prince  de  Gualas  duc  de  Guyaina''^. 

58.  L'an  .m.  ccc.  lxvu.  partit  papa  Urban  de  Vinhon  et  anet 
en  Roma  an  los  cardinaus  ''^. 

59.  L'an  .m.  ccc.  lxviii.  morit  lo  rey  Donpetro  que  lo  rey 
Hanric  lo  fit  trenqua  lo  cap  son  fray  bastart". 

60.  L'an  .m.  ccc.  lxix.  fo  lo  cety  en  Peyregorc  dabant  Bor- 


63 

dellia"^  e  aquet  an  coraenset  la  guerra  en  Guasquonha  e  per  tôt 
Guiayna. 

61.  L'an  .m.  ccc.  lxx.  fo  Basac  près  per  la  man  deu  senhorde 
Labrit"^ 

62.  L'an  .m.  ccc.  lxx.  en  jun  fo  destruita  la  siutat  de 
Lemodges  per  mon  senlior  lo  prince  de  Anglatera  *". 

63.  Item  l'an  .m.  ggg.  lxxi.  fo  lo  ceti  de  Monpahon'*'  permos- 
senhor  lo  duc  de  Lancastre  e  son  fray  de  Gadabruya**.  Et  ala 
donc  s'en  anet  mossenhor  lo  prince ^^^ 

64.  L'an  .M,  [ccc]  lxxiii.  trembletlatera.  E  ala  liorademeja 
nuyt  e  .i''.  autra  betz  a  liora  nona^^  et  en  aquet  an  fo  près  La 
Reula  [e]  Gastelhon  per  lo  duc  d'Ango^^ 

65.  L'an  .m.  ccc.  lxxiiii.  fo  grant  carestia  de  blat  en  Guas- 
quonha que  baie  lo  bochet  deu  fromen^''  .x.  e  foren  mes  fora  de 
Bordeu  lo  senlior  de  Lagoyran  e  mossenhor  Johan  Colo  *^ 

66.  L'an  .m.  ccc.  l[x]xv.  fo  lapetita  mortalha  e  grant  mortau- 
dat  de  gens  menuda  e  en  aquet  an  anet  mossenhor  Thomas  de 
Felenton,  senescauc,  a  la  guera  contra  Armanhac  an  lo  conte  de 
Fois^^. 

67.  L'an  .m.  ccc.  lxxvi.  lo  jorn  delà  Trinitat  moritlo  prince 
de  Gualas^^  E  lo  Captau  a  Paris  en  preyson^". 

68.  E  aquet  an  no  baie  tonet  de  bin  a  Bordeu  mas  .vi.  e  fo  la 
grant  binada. 

69.  L'an  .m.  ccc.  Lxxvii.^^moritlorey  Audoart  d' Anglatera ^^ 

70.  L'an  .m.  ccc.  lxxvii.  ^^  au  mes  de  jun  fo  coronat  lo  filh 
deu  prince,  Richart  d' Anglatera,  aperat  de  Bordeu ^^ 

71.  L'an  m.  ccc.  lxxvii.  foren  las  gualeyas  d'Espanha  au  mes 
d'ahost  e  lo  navily  de  Lormandia  e  de  Bretanha  en  Angla- 
tera per  lo  rey  de  Fransa^'^  et  firen  guera  los  esquotz  contra  los 
angles^''. 

72.  Item  l'an  .m.  ccc.  lxxvii.  loprumeyjorn  de  setembre  foren 
desconfitz  e  près  mossenhor  Thomas  de  Felaton,  senescaut  de 
Guyaina  e  mossenhor  Gualhart  de  Duribrt  senhor  de  Duras.  E 
lo  senhor  de  Rausan  e  mossenhor  de  Musidan  e  aqui  foren 
menât  au  duc  d'Anyo.  E  aqui  foren  de  la  obediensa  deu  rey  de 
Fransa  °^ 

73.  L'an  .m.  ccc.  lxxvii.  a  .m.  de  setembre  lo  duc  d'Ango  e 
mossenhor  Bertran  de  Claquin,  conestable  de  Fransa  prengoren 
Bragueyrac,  Sancta  Fe  e  Gastelhon  de  Peyregorc  e  aprop  anet 
a  Basax^^ 


64 

74.  L'an  M.  ccc.  lxxxviii.  fo  éclipse  lo  premey  jorn  de  jeney 
cap  d'an  et  de  senmana,  sobre  la  hora  de  prima,  cum  si  fos  nuyt 
que  nulh  no  pode  bede  l'un  l'autre ^^ 

75.  L'an  .m.  ccc  .lxx[xx]ix.  fo  destruit  e  yssibat  lo  rey 
Richart  Guascon  que  ane  la  fillia  de  Fransa  de  Anglatera^^^ 

76.  Item  l'an  .m.  cccc.  prengo  lo  Captau  la  possecion  deu  con- 
tât de  Fois  e  de  Bearn  per  sa  molher*"*. 

77.  L'an  .m.  cccc.  ii.  foren  tans  gra[n]s  tonedres  e  tempestas 
e  fogres  e  arguoren  dus  homes  a  Liborna  sul  portau  de  Guistres*''^ 
Johan  Bidau  maior  ^^^. 

78.  L'an  .m.  cccc.  e  .im.  fo  grant  carestia  de  sau  que  baie  a 
Bordeu  et  a  Liborna  lo  carton  .xxx.  s.  e  romporen  las  trebas  de 
mossenhordeLancastre  en  Guiayna  ^'^*.  Item  l'an  .m.  ccc.  xxxvii. 
comenset  l'ordre  de  Calonges  de  sent  Agustin  regulars  e  secgu- 
lars  *o^ 

79.  L'an  .m.  cccc.  v.  fo  grant  guera  en  Lemosin  et  en  Guiayna, 
que  lo  senhor  de  Labrit,  conestablede  Fransa  conquistet  per  argen 
e  per  gens^'^S  so  es  assaber  Gorbafin*'^^  Besesl''^  Sent  Johan 
d'Escola*''^  e  sebiret  la  Forsa"*^  e  Manduran"*. 

80.  Item  l'an  .m.  cccc.  v.  fo  près  Mauretanha  e  fo  fundut"',  e 
lo  senhor  de  Castelhon  de  Medoc  ne  fo  gitat"3. 

81.  Item  en  aquet  an  fo  près  Châles  en  Sentonge*^*  e  Peyroat 
capitayne  ne  fo  gitat,  e  fo  fundut"^. 

82.  Item  en  l'an  dessus  lo  conte  de  Clarmon  "^  prengo  lo  castet 
de  Lorda  en  Biguorae  autres  lox"'. 

83.  Item  en  l'an  dessusdeit  en  Agenes  fo[ren]  près  Munsagel"^ 
e  Badafol"*^  e  foren  fundutz. 

84.  Item  en  l'an  médis  fo  près  per  lo  conte  d' Armanhac '^"^  Lan- 
gon*2*  e  lo  médis  conte  anet  dabant  Bordeu,  e  se  rendut  Lo  Port 
Sancta  Maria^^s,  Agulhon*'^  la  tera  de  Caumon^^^. 

85.  Item  l'an  .m.  .cccc.  vi.  fo  lo  ceti  de  Borc^^^  per  lo  duc  de 
Horlhens*^^  e  lo  grant  mestre  de  Fransa  ^^^  E  i  eran  lo  conte  de 
Fois*28,  Armanhac*-^  lo  senhor  de  Labrit  ^^o,  lo  senhor  de  Pons^^S 
mossenhor  Johan  Arpadayne  ^^^  e  plusors  capitaynes  de  la  part 
de  Fransa  ^^^  justa  .xv.  milia  combatens  o  plus*^^  E  duret  de  la 
bespro  de  Totz  Sans  entro  a  .xii.  senmanas  prop  Sent  Alary  de 
Jeney  ^35  g  g'gj^  leberen  an  grant  dessonor,  e  foren  combatutz  en 
la  mar  per  mossenhor  de  la  Barda  *3'^,  per  la  gen  de  Bordeu,  per 
lo  navily  d'Anglatera  e  de  Bayona,  e  foren  arsas  duas  naus 
dabant  Bore '2". 


65 

86.  Item  en  l'an  médis  fo  petit  bin  que  baie  .vi.  est.  e  .viii.,  e 
baie  tonet  de  bin  .xxx.  ffr.  e  .xl.  contât  per  xxv.  s. 

87.  Item  l'an  .m.  .cccc.  xvii.  passet  la  mar  lo  rey  Anric  d'An- 
glatera*^*  tilli  qui  fo  deu  fîlh*^'^  de  mossenhor  de  Lancastre  en 
Normandia,  e  an  lui  son  fray  lo  duc  de  Glarensa*^"  e  mossenhor 
Dorset"^  filh  de  mossenhor  de  Lancastre,  e  conquisteren  Hayra- 
flor,  [i^]  ciutat  aperat  Camp  en  Normandia  e  autres  pays*^'. 

88.  Item  r au  .m.  .cccc.  .xv."^  foren  en  Guiayna  mossenhor 
de  Horc"'',  mossenhor  de  Clarensa,  mossenhor  Dorset,  e  prengo- 
ren  Berbesio"^  e  Sotbisa"''  e  Lobiron*''^ 

89.  L'an  M.  ce.  lxxiiii.  comenset  l'ordre  deus  monges  nègres  ^■'^ 

90.  L'an  .M.  ce.  viii.  comenset  l'ordre  de  cisteus  so  es  assaber 
l'ordre  deus  monges  blans. 

91.  L'an  .m.  ce.  of  .ii.  comenset  l'ordre  deus  chartrons. 

92.  L'an  .m.  ce.  comenset  l'ordre  deus  predicadors  Sent 
Domenge"'-^. 

93.  L'an  .m.  ce.  comenseren  los  menors  Sent  Franses. 

94.  L'an  .m.  ccc.  e  .v.  fo  papaClemens  qui  se  aperaba  dabant 
mossenhor  Bertran  deu  Gotz  arsibesque  de  Bordeu  :  fo  papa  *="  e 
es  sebelit  a  Usesta^^*  en  tera  guasqua*^',  e  fo  aprop  lui  arsibesque 
mossenhor  Arnaut  de  Gantalop*^^. 

95.  Item  l'an  .m.  .cccc.  xxxv.  bingo  Rodigo  en  Guiayna  ^^^  e 
fase  guera  a  franses  e  ad  Angles  '=^  e  que  disen  que  tostaba  enfans 
e  tôle  popas  a  fempnas  prenchs  e  fade  grant  cop  d'autres  maus. 

96.  Item  l'an  mil  .cccc.  e  .xxxvii.  bingo  Rodigo  en  Guas- 
conha^^''  e  conquistet  Femel*^',  La  Saubetat^^^  e  grant  cop  d'au- 
tras  plasas. 

97.  Item  en  aquet  an  médis  fo  carestia  de  bin  que  se  bende  lo 
tonet  a  Bordeu  .xl.  ffr.  e  plus  e  lo  carton  era  aquet  an  a  Bordeu 
a  .X.  e  .XII.  arditz*^^  e  lo  blat  deu  fromen  .ii.  ffr.  e  .m. 

98.  Item  l'an  .m.  cccc.  e  .xxxviii.  fo  près  Cleyrac^^'^  per  mos- 
senhor de  Labrit^^^  que  l'abat  de  dedins*^*  li  livret  la  plassa  e  que 
y  era  Rodigo  ^''^. 

99.  L'an  .m.  cccc.  xxxviii.  bingo  lo  senhor  de  Labryt, 
Rodygo,  Poton  de  Sant  Analha*''^  lo  bastartdeLabrit*^^  dabant 
Bordeu  e  per  tôt  Medoc  entro  Assolac*'^'^  e  destruiren  lo  pays*^^ 

100.  Item  en  l'an  médis  ballo  bosset  de  frement  à  Bordeu  .iiii. 
ff.  e  tonet  de  bin  .xl.  ff .  e  .l.  ff. 

101.  Item  en  l'an  mil  .cccc.  e  .xxxix.,  losegont  jorn  deu  mes 
d'ahost,  lo  jorn  de  Sent  Estefe,  aribet  a  Bordeu  mossenhor  de  Hon- 


66 

tintona  ^'^^  an  grant  poysansa,  e  sas  gens  prengoren  terra  en  Sen- 
tongee  firen  grant  cop  de  mau,  e  eren  and  et  gran  cop  de  hono- 
rables senhors^*^^. 

102.  L'an  mil  .CCCG.  e  .xxxix.  fo  près  Basatz  per  mossenhor 
de  Hontintona  que  las  gens  s'arenduren  a  lui  e  la  vila"". 

103.  Item  l'an  .m',  cccc.  .xl.  baie  lo  boyset  de  forment  .i.  ffr. 
e  tonet  de  bin  baie  .xri.  ffr.  e  lo  quarton  deu  bin  baie  .xii.  d. 

104.  L'an  rail  .cccc.  e  .xm.  en  lo  temps  d'estyu  enbiron  Sent 
Jolian  Baptista  bingut  lo  rey  de  Fransa  en  lo  pays  de  las  Lanas 
an  grant  poyssansa*'^  e  era  an  luy  lo  daufin  son  fllh"^  lo  conte 
de  Foys"3,  lo  conte  de  Pardiac *^^  lo  senhor  de  Labrit^'%  lo  filh 
deu  conte  d'Armanhac™,  La  Ira*",  Poton  de  Sentalharo  e  grant 
ment  an  grant  multitut  d'autres  grans  senhors  e  an  grant  poyssa, 
e  cororen  lo  pays  e  prengoren  la  vila  de  Sent  Sebe*"*  ont  era 
dedens  lo  senescaut  de  Bordeu^'^^  e  grant  cop  d'autra  gent,  e  la 
prengoren  d'assaut. 

105.  Item  d'aqui  en  foro  ban  s'en  anar  dabaiit  Ax  e  prengoren 
lo  d'assaut **^  e  dedens  era  mossenhor  d'Usa  senescaut  de  las 
Lanas *^S  e  fo  près  e  son  filh  e  grant  cop  d'autras  gens. 

106.  Item  en  aquet  an  médis  lorey  de  Fransa  prengut  la  Reula 
enpero  lonc  temps  estenet  dabant  abant  que  l'agus  *^^  ont  i  era  de- 
dens lo  castetlo  Baron ^«^  mossenhor  d'Angladas  *^,  locapitayne 
de  La  Reula **^  e  grand  cop  d'autras  gens  e  d'armas,  e  s'enssalhi- 
ren  per  so  que  no  aben  punt  de  busqua  que  argussan,  e  argoren 
la  sala  deu  castel  per  fauta  de  busqua  **S  e  aquet  an  fase  grant 
freyt. 

107.  Item  en  aquet  an  médis  fit  grantz  freytz*^^  e  asso  abant 
la  festa  de  Nadiu  de  près  de  .xv.  jorns  que  lo  jorn  de  Sent  Thomas 
abant  Nadau,  dabant  Liborna  la  mar  galet  e  per  tôt  lo  pays,  que 
guabarra  no  pode  maregar****. 


67 


NOTES. 


t.  Ce  calcul  de  l'ère  du  monde  (5199  avant  l'ère  chrétienne)  est  celui  d'Eusèbe 
de  Oésarée.  {Art  de  vérifier  les  dates,  dans  la  Dissertation  sur  les  dates,  etc.] 

2.  Celte  incohérence  entre  la  date  présumée  de  la  naissance  du  premier 
homme  et  l'âge  du  monde  est  à  signaler.  Elle  semble  avoir  pour  cause  un  autre 
mode  de  calcul  de  l'ère  mondaine  inconsciemment  appliqué  ici  par  le  compilateur. 

3.  On  a  vu  plus  haut  que  depuis  cet  alinéa  jusqu'au  n"  33  inclusivement,  plu- 
sieurs paragraphes  provenaient  de  la  même  origine  que  les  parties  correspon- 
dantes de  la  Chronique  romane  du  Petit  Thalamus.  Entre  autres,  celui-ci  et  les 
suivants  jusqu'au  n"  10  inclusivement.  (Voir  ci-dessus,  p.  55,  n.  3.) 

4.  Il  n'est  pas  besoin  d'insister  sur  la  grossièreté  de  l'erreur  qui  fixe  ;\  809 
au  lieu  de  814  la  mort  de  Charlemagne.  Elle  est  d'ailleurs  commune  à  la 
Petite  chronique  et  à  la  Chronique  romane  du  Petit  Thalamus.  (Voir  la  note  1 
des  éditeurs.) 

5.  La  Vita  sancti  Egidii  (Acta  Sanctorum,  Sept.,  I,  pp.  299  et  ss.),  écrite  au 
x°  siècle  et  suivie  par  l'auteur  de  la  Vie  de  saint  Gile,  composée  vers  1170, 
fait  de  saint  Gilles  un  contemporain  de  Charlemagne.  (Gaston  Paris,  la  Vie  de 
saint  Gilles,  introd.,  pp.  xxv,  xxxviii.) 

6.  Le  texte  de  la  Chronique  romane  du  Petit  Thalamus  établi  d'après  le  ms. 
de  la  Faculté  de  médecine,  porte  :  «  En  l'an  .m.  e  .c.  mens  .i.  »,  etc.  Ce  qui 
expliquerait  par  une  lecture  erronée  l'erreur  de  date  de  la  Petite  chronique  : 
Jérusalem  fut  prise  le  vendredi  15  juillet  1099. 

7.  Ce  passage  pourrait  faire  croire  à  quelque  tradition  fabuleuse  relative  à 
saint  Gilles.  Mais  ce  n'est  évidemment  pas  de  l'abbé  du  vu'  siècle  dont  il  est 
ici  question;  il  s'agit  de  Raymond  IV  de  Saint-Gilles,  comte  de  Provence,  l'un 
des  chefs  de  la  première  croisade,  mort  en  réalité  en  1105  et  non  en  1101.  Le 
texte  de  la  Chronique  romane  du  Petit  Thalamus  porte  :  «  En  l'an  .m.  c  i. 
niori  en  R.  lo  compte  de  San  Gili.  » 

8.  Allusions  à  l'expédition  dirigée  contre  les  Sarrazins  des  îles  Baléares,  par 
Raymond  Bérenger  III,  comte  de  Barcelone,  et  Guillaume  V,  seigneur  de  Mont- 
pellier. La  ville  de  Palma,  alors  appelée  Majorque,  comme  l'île  même,  fut  prise 
le  6  février  1116  (n.  st.,  comme  toutes  les  dates  ci-dessous  citées).  C'est  le  com- 
mencement du  siège  qui  se  place  en  1114  (D.  Vaissete,   1.  XVI,  ad  ann.  1114). 

9.  Allusion  à  la  prise  d'Almeria  (17  oct.  1147),  par  Alfonse  VIII,  roi  de  Cas- 
tille.  (D.  Vaissete,  1.  XVII,  ad  ann.  1147.) 

10.  Allusion  à  la  prise  de  Tortose  par  Raymond-Bérenger  IV,  comte  de  Bar- 
celone, à  la  fin  de  1148.  (D.  Vaissete,  id.) 

11.  Allusion  à  la  prise  de  la  Forsa  et  de  Fraga  (24  oct.  1149),  par  Raymond 
Bérenger  IV,  comte  de  Barcelone.  (D.  Vaissete,  id.) 

12.  Pour  l'identification  de  ce  phénomène  et  des  suivants  (par.  19,  29,  74), 
on  peut  consulter  la  Chronologie  des  éclipses,  placée  en  tête  de  l'Art  de  véri- 
fier les  dates. 

13.  La  reddition  de  Jérusalem  à  Saladin  eut  lieu  le  3  octobre  1187. 

14.  La  partie  de  la  vraie  croix  demeurée  à  Jérusalem  et  que  l'armée  chré- 


68 

tienne  portait  avec  elle  fut  en  réalité  perdue  dans  la  déroute  de  Tibériade, 
avant  la  prise  de  la  ville  sainte.  Ce  n'est  qu'en  1238  que  saint  Louis  acquit  la 
sainte  couronne,  auparavant  conservée  à  Constantinople  et  pour  laquelle  il  fit 
bâtir  la  Sainte-Chapelle.  Les  clous  de  la  Passion  retrouvés  par  sainte  Hélène 
étaient  tous  demeurés  à  Byzance  jusqu'en  550.  Le  seul  qui  ait  jamais  été  trans- 
porté à  Paris  est  celui  qui  fut  donné  par  l'empereur  Constantin  V  à  Charle- 
magne  et  que  Charles  le  Chauve  transporta  d'Aix-la-Chapelle  à  Saint-Denis, 
(Rohaut  de  Fleury,  Mémoire  sur  les  instruments  de  la  Passion  de  N.-S.  J.-C, 
Paris,  Lesort,  1870,  in-4°  de  414  pp.  Voir  pp.  161,  203-4,  170,  177-8.)  La  tradi- 
tion assignée  par  la  Petite  chronique  à  la  réunion  des  reliques  françaises  de  la 
Passion  n'en  est  pas  moins  curieuse  à  signaler. 

15.  Date  exacte. 

16.  En  réalité  le  6  avril  1199.  Ce  paragraphe  est  emprunté  à  la  Chronique 
romane  du  Petit  Thalamus. 

17.  La  Chronique  romane  du  Petit  Thalamus  porte  :  «  En  l'an  de  .m.  e  .ce. 
e  .vu.  el  mes  de  setembre,  mori  en  G.  de  Montpellier.  »  C'est  de  la  mort  de 
Guillaume  VIII,  seigneur  de  Montpellier,  qu'il  s'agit  :  le  nom  que  lui  attribue 
la  Petite  chronique  est  fautif,  comme  la  date  qu'elle  assigne  à  sa  mort.  L'an- 
née 1204  est  la  date  du  mariage  de  Marie,  sa  fille,  avec  Pierre  II,  roi  d'Aragon. 

18.  On  sait  que  les  deux  prises  successives  de  Constantinople  par  les  croisés 
eurent  lieu  le  18  juillet  1203  et  le  12  avril  1204. 

19.  Sic. 

20.  Ce  paragraphe  est  évidemment  inspiré  de  l'alinéa  correspondant  de  la 
Chronique  romane  du  Petit  Thalamus.  Le  texte  imprimé  a  été  corrigé  et  la  mort 
de  Simon  de  Montfort  placée  sous  la  rubrique  de  1217  (voir  la  note  19  des  édi- 
teurs). On  sait  d'ailleurs  que  Philippe-Auguste  ne  parut  jamais  devant  Tou- 
louse, qui  en  1213  était  encore  aux  mains  de  Raymond  VII,  et  que  Simon  de 
Montfort  fut  tué  lors  du  second  siège,  le  25  juillet  1218. 

21.  Cette  date  est  restituée  d'après  la  Chronique  romane  Aa  Petit  Thalamus. 
Il  s'agit  de  la  prise  de  Valence  par  Jayme  P',  roi  d'Aragon,  le  28  septembre 
1238. 

22.  Le  ms.  porte  :  «  L'an  .m.  ce.  e.  xxix  ».  La  place  du  paragraphe  impose 
la  restitution  de  la  date  de  1239.  La  Chronique  romane  du  Petit  Thalamus 
mentionne  une  éclipse  à  la  date  de  1238.  (Voir  ci-dessus,  par.  11.) 

23.  Erreur  inspirée  de  la  Chronique  romane  du  Petit  Thalamus;  la  date 
véritable  est  le  27  septembre  1249. 

24.  Date  de  l'avènement  d'Alphonse  de  Poitiers,  époux  de  Jeanne,  fille  de 
Raymond  VII,  comme  comte  de  Toulouse,  époque  réelle  de  la  disparition  de  la 
nationalité  méridionale.  Le  comté  de  Toulouse  ne  fut  réuni  à  la  couronne  qu'à 
sa  mort,  en  1271. 

25.  Date  de  l'avènement  de  Thibaud  II  (Thibaud  V,  comte  de  Champagne), 
second  roi  français  de  Navarre.  Ce  fut  seulement  sa  nièce  Jeanne  qui  apporta 
en  1284  la  couronne  de  Navarre  à  Philippe  le  Bel. 

26.  Boniface  VIII  institua  le  premier,  en  1300,  le  Jubilé  centenaire. 

27.  Allusion  à  l'expulsion  des  Juifs  du  royaume,  opérée  le  22  juillet  1306. 
Ce  paragraphe  et  le  suivant  sont  empruntés  à  la  Chronique  romane  du  Petit 
Thalamus. 

28.  Allusion  à  l'arrestation  des  Templiers,  le  2  octobre  1307. 


69 

19.  Allusion  au  rappel  des  Juifs  pour  douze  années,  prononcé  par  l'ordon- 
nance du  28  juillet  1315. 

30.  La  Chronique  romane  du  Petit  Thalamus  mentionne  ce  fait  sous  la 
rubrique  de  1317.  C'est  etîectivoment  en  cette  dernière  année  (|ue  le  pape 
Jean  XXII  fit  mettre  à  mort  Hugues  Géraud,  évéque  de  Cahors  (juillet  1317). 
(Voir  Baluze,  Vitx  paparum  Avenionensium,  t.  I,  col.  153-4,  dans  la  Secunda 
vita  Joannis  XXII.) 

31.  M(Mne  observation  pour  la  date  et  la  provenance.  En  outre,  lems.  porte  : 
«  fut  papa  Johan  de  l'abesquat,  »  etc.,  ce  qui  n'offre  aucun  sens.  Jean  XXII, 
élu  pape  l'année  précédente  (8  septembre  131G),  érigea  l'évôché  de  Toulouse  en 
archevêché  (26  mai  1317),  créa  les  évéchés  de  Luçon  et  de  Maillezais(13  août), 
distraits  de  celui  de  Poitiers,  et  l'évéché  de  Sarlat  (9  janvier  1318),  distrait  de 
celui  de  Périgueux.  (Baluze,  ibid.,  col.  135-6.) 

32.  Ce  phénomène  est  mentionné,  sous  cette  date  et  à  cette  heure,  par  la 
Chronique  romane  du  Petit  Thalamus.  (Voir  ci-dessus,  par.  11.) 

33.  Allusion  au  second  soulèvement  des  Pastoureaux,  dont  plusieurs  bandes 
envahirent  en  1320  le  midi  de  la  France.  La  Chronique  romane  du  Petit  Tha- 
lamus rapporte  cet  événement  à  sa  date  exacte. 

34.  C'est  en  1321  qu'eut  lieu  la  persécution  dirigée  contre  les  lépreux,  rap- 
portée à  cette  date  par  la  Chronique  romane  du  Petit  Thalamus.  Sur  les 
«  gahets  »  de  Bordeaux,  voir  Baurein,  Variétés  bordelaises  (1784,  6  vol.  in-12), 
t.  I,  art.  XVIIL 

35.  Chalais.  (Charente,  arr.  de  Barbezieux,  ch.-l.  de  cant.)  Allusion  à  la  prise 
de  cette  ville  par  Edouard  II,  pendant  la  guerre  dite  des  Bâtards  (1326).  Cf. 
par.  81. 

36.  Allusions  à  la  famine  de  1333,  que  la  Chronique  romane  du  Petit  Tha- 
lamus signale  également  à  cette  date.  A  ce  passage  cessent  définitivement  les 
emprunts  faits  à  cette  source  historique  par  la  Petite  chronique  de  Guyenne. 

37.  La  célèbre  bataille  de  Halidon  Ilill,  gagnée  par  Edouard  Baliol,  préten- 
dant au  frône  d'Ecosse,  allié  d'Edouard  III,  contre  David  II  Bruce  (1333). 

38.  Le  21  décembre  :  La  Chronique  bordelaise  de  G.  de  Lurbe  (Bordeaux, 
1594,  in-4°)  ne  mentionne  pas  ce  phénomène  (voir  ci-dessous,  par.  64). 

39.  Allusion  à  l'altération  des  monnaies  opérée  par  Philip|)e  de  Valois  en  1343. 

40.  Olivier  III,  sire  de  Clisson,  décapité  à  Paris  le  2  août  1343. 

41.  Henri  de  Lancastre,  comte  de  Derby,  arrière-petit-fils  de  Henri  IH. 

42.  Le  24  août.  M.  Siméon  Luce  a  adopté  l'exactitude  de  cette  information. 
(Froissart,  éd.  Luce,  t.  III,  p.  xiii,  n.  3.) 

43.  Voici  le  texte  du  passage  du  Livre  velu,  dont  il  a  été  parlé  plus  haut  : 
«  En  l'an  mil  .ccc.  quaranta  et  sincq,  lo  jorn  de  seul  Berthomiu,  fo  presa  la 
villa  de  Bragueyrac  par  mossen  Henric  de  Lancastre,  compte  Derbi.  »  (Cité  dans 
Guinodie,  Histoire  de  Libourne,  t.  I,  p.  38,  n.  3.) 

44.  Auberoche,  au  N.-E.  de  Périgueux,  non  loin  de  la  route  de  Périgueux  à 
Limoges.  (Dordogne,  arr.  de  Périgueux,  cant.  de  Savignac-les-Églises,  comm. 
du  Change.) 

45.  Le  21  octobre  1346,  selon  l'interprétation  proposée  par  M.  Siméon  Luce. 
(Froissart,  éd.  Luce,  t.  III,  p.  xvi,  n.  3.) 

46.  Le  passage  du  Livre  velu,  auquel  il  a  été  fait  allusion  plus  haut,  porte  : 
«  En  l'an  mil  .ccc.  quaranta  et  sincq,  Henri  de  Lancastre,  compte  Derbi,   se 


70 

combata  en  batalha  restada  am  l'agent  deu  rey  deffransa  lo  jorn  de  sent  Seurin, 
devant  lo  loc  d'Aubarrocha  que  los  ditz  franses  tinen  assitiat.  »  (Cité  dans 
Gulnodie,  Histoire  de  Libourne,  t.  I,  p.  39,  n.  4.)  D.  Vaissete  a  le  premier 
signalé,  comme  il  a  été  dit  ci-dessus,  l'importance  de  la  Petite  chronique  au 
point  de  vue  des  événements  de  1345.  (Voir  ci-dessus  p.  53,  n.  1.) 

47.  Le  21  septembre  1346.  (Froissart,  éd.  Luce,  t.  IV,  p.  vi,  n.  11.) 

48.  La  bataille  de  Crécy  fut  livrée  comme  on  sait  le  26  août  1346.  L'erreur 
de  la  Petite  chronique  qui  la  place  en  1347  semble  bien  intentionnelle.  (Cf.  ci- 
dessous,  par.  42.) 

49.  Le  4  octobre  1346.  (Froissart,  éd.  Luce,  t.  IV,  p.  vu,  n.  3.) 

50.  Allusion  au  célèbre  siège  de  Calais.  (3  septembre  1346-3  août  1347.) 

51.  La  Chronique  bordelaise  de  G.  de  Lurbe  ne  mentionne  pas  cette  famine. 

52.  Aiguillon,  à  l'emboucbure  du  Lot  (Lot-et-Garonne,  arr.  d'Agen,  cant.  de 
Port-Sainte-Marie).  C'est  en  1346,  et  non  en  1347,  qu'eut  lieu  le  siège  de  cette 
place.  Un  autre  passage  du  Livre  velu,  ne  se  rencontrant  pas  cette  fois  dans  la 
Petite  chronique,  permet  de  fixer  la  date  de  cet  événement  :  «  En  l'an  mil  .ccc. 
quaranta  et  seys,  el  mes  d'abriu,  en  la  sempmana  saincta,  assetiet  Agulhon 
moussen  Johan  d'Effransa  am  doze  milia  homes  d'armes »  (Cité  dans  Gul- 
nodie, Histoire  de  Libourne,  t.  I,  p.  40,  n.  5.)  Celle  indication  permet  de  placer 
l'ouverture  du  siège  entre  le  10  et  le  15  avril  (Pâques  tombant  cette  année  le 
16).  La  date  du  départ  de  Jean,  duc  de  Normandie,  fils  aîné  de  Philippe  de 
Valois,  avait  déjà  été  fixée  au  20  août  par  M.  Siniéon  Luce.  (Froissart,  éd.  Luce, 
t.  II,  p.  XXII,  n.  1 .)  La  fin  du  passage  cité  ci-dessus  confirme  cette  ingénieuse 
déduction. 

53.  Allusion  à  la  célèbre  peste  dite  de  Florence,  en  1348. 

54.  La  porte  de  la  Rousselle,  à  l'extrémité  de  la  rue  de  ce  nom,  encore  exis- 
tante ;  le  pont  Saint-Jean,  autrefois  situé  près  des  deux  tours  du  Peugue,  non 
loin  du  quai  de  la  Garonne;  la  rue  Poitevine,  dont  le  tracé  est  à  peu  près  suivi 
aujourd'hui  par  le  cours  d'Alsace-Lorraine  [Archives  municipales  de  Bordeaux, 
Bordeaux  vers  1450,  par  Léo  Drouyn,  pp.  237,  392,  270).  Ce  désastre  ne  paraît 
pas  mentionné  dans  la  Chronique  bordelaise  de  G.  de  Lurbe. 

55.  Cette  prise  de  Sainte-Foy-la-Grande  (Gironde,  arr.  de  Libourne,  ch.-l. 
de  cant.)  par  les  Anglais,  le  21  décembre  1348,  ne  paraît  mentionnée  dans  aucune 
chronique  (voir  l'histoire  de  Sainte-Foy,  dans  Guinodie,  Histoire  de  Libourne, 
t.  III,  p.  8). 

56.  Clément  VI  réduisit  à  cinquante  ans  le  jubilé  séculaire  institué  par  Boni- 
face  VIII  en  1300. 

57.  C'est  en  1355  qu'eut  lieu  la  chevauchée  du  comte  de  Derby  dans  le  midi 
de  la  France  (Froissart,  éd.  Luce,  t.  IV,  pp.  lix-lxiii).  Il  passa  la  Garonne  près 
de  Toulouse  et  parut  devant  Béziers  et  Narbonnc  avant  le  1"  novembre.  La 
Chronique  romane  du  Petit  Thalamus  donne  plusieurs  détails  sur  celle  expé- 
dition, ainsi  que  la  Chronique  de  Jacques  Mascaro,  écuyer  des  consuls  de 
Béziers.  [Lo  Libre  de  Memorias,  publié  dans  le  Bulletin  de  la  Société  archéo- 
logique de  Béziers,  t.  I,  1836,  p.  81.)  L'apparition  des  Anglais  devant  Paris  (?) 
à  celte  date  est  purement  imaginaire. 

58.  Le  22  août  1350. 

59.  La  bataille  de  Maupertuis,  du  19  septembre  1356. 

60.  Ce  séjour  de  Jean  le  Bon  à  Libourne  pendant  sa  captivité  ne  paraît  pas 
avoir  été  connu. 


71 

61.  Ce  n'est  en  réalité  qu'après  le  traité  de  Boulogne,  du  26  octobre  1360, 
que  Jean  le  Bon  rentra  en  France.  On  sait  qu'il  retourna  mourir  en  Angleterre 
(8  avril  1364). 

62.  C'est  en  1361  (20  janvier)  que  Cliandos  fut  créé  connétable  d'Aquitaine. 
{Jean  Chandos,  connétable  d'Aquitaine  et  sénéchal  du  Poitou,  par  Benjamin 
Fillon,  Fontenay  et  Londres,  1856,  in-8''  de  35  p.,  p.  8.) 

63.  Le  ms.  porte  :  «  L'an  .m.  ccc.  xl.  jii.  »,  mais  il  ne  faut  voir  dans  cette 
erreur  qu'une  interversion  matérielle. 

64.  Ces  particularités  ne  sont  pas  relevées  dans  la  Chronique  bordelaise  de 
G.  de  Lurbe. 

65.  Il  s'agit  de  la  bataille  de  Launac,  gagnée  le  5  décembre  1362  par  Gaston 
Phebus,  comte  de  Foix,  sur  Jean  1"  comte  d'Armagnac  et  Arnaud  Amanieu  sire 
d'Albret.  (Voir  D.  Vaissete,  1.  XXXII,  ad  ann.  1362.) 

66.  La  bataille  d'Auray  (29  septembre  1364). 

67.  La  Chronique  bordelaise  de  G.  de  Lurbe  place  à  Bordeaux  la  tenue  des 
états  en  1365. 

68.  Aucune  allusion  à  ces  joutes  n'est  faite  dans  Froissart. 

69.  Pierre  le  Cruel,  roi  de  CasHUe. 

70.  Charles  II  le  Mauvais,  roi  de  Navarre. 

71.  Jayme  III,  roi  détrôné  de  Majorque. 

72.  Jean  IV  de  Montfort,  duc  de  Bretagne. 

73.  La  Chronique  bordelaise  de  G.  de  Lurbe  mentionne  seulement  à  Bor- 
deaux en  cette  année  la  présence  du  roi  de  Majorque,  sans  préciser  l'époque. 

74.  Allusion  à  la  i)roclamation  d'Henri  II  de  Transtamare  comme  roi  de  Cas- 
tille,  le  16  mars  1366. 

75.  La  bataille  de  Najéra  ou  de  Navarette,  perdue  le  3  avril  1367  par  Du  Gues- 
clin  et  Henri  de  Transtamare  contre  le  Prince  Noir. 

76.  Urbain  V  retourna  trois  années  à  Rome,  de  1367  à  1370,  et  dut  revenir  à 
Avignon  après  celte  inutile  tentative  d'aflranchissement. 

77.  Allusion  à  la  scène  fameuse  dont  la  tente  du  breton  Yvon  de  Lacouët  fut 
le  théâtre,  et  où  Pierre  le  Cruel  trouva  la  mort,  la  nuit  qui  suivit  la  bataille  de 
Montiel  (14  mars  1369). 

78.  Le  célèbre  château  de  Bourdeille,  sur  la  Dronne  (Dordogne,  arr.  de  Péri- 
gueux,  cant.  de  Brantôme).  Le  siège  fut  mis  devant  la  place  vers  la  lin  d'avril 
1369,  par  le  comte  de  Pembroke,  Jean  de  Hastings.  (Froissart,  éd.  Luce,  t.  VII, 
p.  LU,  n.  2,  et  p.  lui,  n.  1.) 

79.  Cette  mention  de  la  prise  de  Bazas  par  Arnaud  Amanieu,  sire  d'Albret, 
en  1370,  n'a  encore  été  signalée  que  par  une  lettre  de  rémission  citée  par 
M.  Siméon  Luce  (Froissart,  éd.  Luce,  t.  VII,  p.  xcix,  n.  1).  La  compilation  et 
les  notes  publiées  sous  le  titre  de  Chronique  de  Bazas  dans  les  Archives  his- 
toriques de  la  Gironde  (t.  XV,  pp.  1-G7)  ne  signalent  aucun  événement  sous 
cette  date,  non  plus  qu'en  1377  et  en  1439.  Cf.  par.  73  et  102. 

80.  Le  sac  de  Limoges  par  le  Prince  Noir  eut  lieu  le  19  septembre  1370  :  la 
Chronique  romane  du  Petit  Thalamus  donne  seule  la  date  de  cet  événement. 

81.  Montpaon,  en  Rouergue,  près  de  la  Sorgues  (Aveyron,  arr.  de  Saint- 
Ali'rique,  cant.  de  Cornus).  La  Chronique  romane  du  Petit  Thalamus  place  le 
siège  de  cette  place  en  février  1371. 

82.  Jean,  dit  de  Gand,  duc  de  Lancastre,  et  Edmond,  dit  de  Langley,  comte 
de  Cambridge,  puis  duc  d'York,  tous  deux  fils  d'Edouard  111. 


72 

83.  La  Chronique  bordelaise  de  G.  de  Lurbe  place  en  1373  le  départ  du 
Prince  Noir  pour  l'Angleterre. 

84.  La  Chronique  bordelaise  de  G.  de  Lurbe  ne  mentionne  pas  ce  phéno- 
mène, que  la  Petite  chronique  de  Guyenne  note  ici  avec  précision,  mais  en 
oubliant  d'en  signaler  le  jour.  (Voir  ci-dessus,  par.  35.) 

85.  La  prise  de  la  Réole  et  de  Castillon  de  Périgord,  par  Louis,  duc  d'Anjou, 
n'eut  lieu  qu'en  1374,  après  l'échec  de  la  grande  expédition  conduite  par  Jean 
de  Gand,  duc  de  Lancastre. 

86.  La  Chronique  bordelaise  de  G.  de  Lurbe  mentionne  en  1373  une  famine 
en  Gascogne. 

87.  Le  récit  de  Froissart  mentionne,  à  la  date  de  1375,  l'exécution  de  Jean 
de  Plassac,  de  Guillaume,  seigneur  de  Pumiers,  et  de  Jean  Coulon,  son  clerc, 
ainsi  que  l'emprisonnement  de  Pierre  deLanduras  et  de  Bertrand  du  Franc,  accusés 
d'avoir  voulu  livrer  au  roi  de  France  le  château  de  Fronsac  [Froissart,  ad  ann. 
1375,  éd.  Kervyn  de  Lettenhove,  t.  IX,  pp.  2-4).  La  Petite  chronique  présente, 
comme  on  voit,  une  version  différente,  selon  laquelle  Jean  Coulon  et  le  sei- 
gneur de  Langoyran  auraient  été  bannis.  Ce  dernier  était,  au  moins  en  1345, 
Amanieu  d'Albret.  (Cf.  sur  ce  point  Guinodie,  Histoire  de  Libourne,  t,  I,  p.  45, 
n.  5.)  • 

88.  D.  Vaissete  (1.  XXXII,  ad  ann.  1375)  signale,  à  la  date  du  5  sept.  1375,  la 
conclusion  d'une  trêve  entre  Jean  P"^,  comte  d'Armagnac,  et  Gaston  Phœbus, 
comte  de  Foix.  L'intervention  de  Thomas  Felton,  sénéchal  anglais  de  Guyenne, 
mentionnée  par  la  Petite  chronique,  est  intéressante  à  noter. 

89.  Date  exacte.  Le  Prince  Noir  mourut  en  effet  le  jour  de  la  Trinité,  8  juin 
1376. 

90.  Jean  III  de  Grailly,  captai  de  Buch  et  connu  sous  ce  dernier  nom,  fait 
prisonnier  devant  Soubise  en  1372,  mort  au  Temple,  à  Paris,  en  1377. 

91.  Le  ms.  porte  :  «  L'an  .m.  ccc.  lxxviii.  »;  mais,  ainsi  encadrée,  cette  date 
doit  évidemment  être  lue  comme  si  le  texte  contenait  celle  de  1377. 

92.  Edouard  III,  mort  le  21  juin  1377. 

93.  Même  observation  que  ci-dessus  pour  l'erreur  de  date. 

94.  Les  fils  des  rois  d'Angleterre  étaient  à  cette  époque  désignés  par  le  nom 
du  lieu  de  leur  naissance  (comp.  par.  75).  Froissart  désigne  continuellement 
Richard  II  sous  le  nom  de  Richard  de  Bourdeaulx. 

95.  Date  exacte,  l'apparition  des  flottes  espagnole  et  fiançaise  sous  Fernand 
Sanche  de  Tomar  et  Jean  de  Vienne  devant  Rye  et  sur  la  côte  anglaise  ayant 
duré  plus  de  deux  mois,  à  partir  de  la  fin  de  juin  1377. 

96.  Allusion  à  l'invasion  dirigée  contre  l'Angleterre  par  Robert  II  Stuart,  roi 
d'Ecosse,  en  1377.  L'amiral  de  France,  Jean  de  Vienne,  avait  amené  aux 
Écossais  un  secours  de  mille  chevaliers  français. 

97.  Aymet,  sur  le  Dropt  (Dordogne,  arr.  de  Bergerac,  ch.-l.  de  cant.).  Cette 
date  du  1"^  septembre,  assignée  à  la  bataille  livrée  en  ce  lieu,  concorde  avec 
celle  des  registres  de  Périgueux,  dont  il  a  été  parlé  plus  haut.  [Bulletin  poly- 
muthique  du  Muséum  d'instruction  publique  de  Bordeaux,  t.  X,  1812,  pp.  159- 
160.)  Les  quatre  personnages  signalés  par  la  Petite  chronique  comme  ayant  été 
faits  prisonniers  sont  :  Thomas  Felton,  sénéchal  anglais  de  Guyenne;  Galhard 
de  Durfort,  sire  de  Duras  ;  Guillaume-Arramon  de  Madaillan,   sire  de  Rausan  ; 


73 

Raymond  de  Montaut,  seigneur  de  Mucidan.  Ces  deux  derniers  violèrent  en  réa- 
lité leur  serment.  Le  récit  de  Cuvelier  présente  sur  ce  point  une  certaine  con- 
fusion. (Chronique  de  Du  Guesclin,  éd.  Charrière,  pp.  315-317,  et  var.,  p.  315, 
n.  3.) 

98.  La  Petite  chronique  est  la  seule  source  qui  mentionne  cette  date  de  la 
prise  de  Bergerac  par  Louis,  duc  d'Anjou,  et  Du  Guesclin.  Les  registres  de  Péri- 
gueux  signalent  le  commencement  du  siège,  le  22  août  {Bulletin  poli/ mat hique, 
1.  c),  mais  non  sa  levée.  Sainte-Foy-la-Grande  et  Castillon-sur-Dordogne  furent 
enlevées  peu  après,  mais  non  le  même  jour.  Cazas  semble  cette  année  être 
demeuré  aux  Anglais.  Cf.  par.  61. 

99.  Voir  ci-dessus,  par.  11. 

100.  Richard  II,  que  le  chroniqueur  appelle  «  lo  rey  Richart  Guascon  »  (cf. 
par.  94),  fut  déposé  le  30  septembre  1399  et  mourut  le  14  février  1400.  (Cf.  par.  70.) 
Isabelle  de  Valois,  sa  veuve,  revint  ensuite  en  France  à  la  cour  de  son  père 
Charles  VI. 

101.  Les  lettres  de  rémission  de  Charles  VI,  reconnaissant  à  Archambaud  de 
Grailly  la  possession  du  comté  de  Poix,  sont  datées  du  10  mars  1401  (Flourac, 
Jean  I",  comte  de  Foix.  Paris,  Picard,  1884,  in-S"  de  vii-314  pp.,  pièce  just.  VI). 

102.  La  porte  de  Guîtres,  une  des  portes  de  Libourne,  ainsi  nommée  à  cause 
du  voisinage  de  la  célèbre  abbaye  bénédictine  de  ce  nom.  (Guinodie,  Ilist.  de 
Libourne,  1.  I,  p.  50.) 

103.  «  Jehan  de  Vidau  »,  maire  de  Libourne,  de  1401  à  1403.  (Guinodie,  Hisi. 
de  Libourne,  liste  des  maires,  t.  II,  p.  257.) 

104.  Les  trêves  conclues  par  Pentremise  de  Jean  de  Gand,  duc  de  Lancastre, 
en  1.389,  et  renouvelées  depuis  à  divers  intervalles  entre  la  France  et  l'Angle- 
terre. 

105.  Il  ne  s'agit  évidemment  ici  que  d'une  fondation  particulière  à  Bordeaux. 
Cf.  par.  89  et  ss. 

106.  Ces  détails  se  réfèrent  à  la  campagne  du  connétable  (Charles  I"  sire 
d'Albret)  et  du  comte  de  Clermont  (Jean  plus  tard  Jean  I"  duc  de  Bourbon) 
en  Limousin  et  en  Guyenne  (1404-1405).  Juvénal  des  Ursins  (dans  Godefroy, 
Historiens  de  Charles  VI,  ad  ann.  1404),  et  le  Religieux  de  Saint-Denis  (1.  XXV, 
ch.  XVII,  éd.  Bellaguet,  t.  III,  pp.  202-6),  disent  que  le  premier  prit  treize 
places  et  le  second  trente-quatre  :  «  les  unes  prit  par  force,  les  autres  par 
accord  »  (Juvénal  des  Ursins,  1.  c.)  ;  mais  l'un  et  l'autre  n'en  citent  qu'une  : 
Courbefy.  Le  récit  de  Monstrelet  sur  ces  événements  est  très  confus  (1.  I, 
ch.  XX,  éd.  Douët  d'Arcq,  t.  I,  pp.  93-5). 

107.  Courbefy,  sur  un  des  hauts  afiluenis  de  l'Isle,  près  de  Chàlus  (Haute- 
Vienne,  arr.  de  Saint- Yrieix,  cant.  de  Chàlus,  comm.  de  Saint-Nicolas).  Juvé- 
nal des  Ursins  et  le  Religieux  de  Saint-Denis  {II.  ce.)  donnent  de  nombreux 
détails  sur  ce  fait  de  guerre. 

108.  L'identification  de  ce  lieu  présente  quelques  difficultés.  Il  ne  peut  être 
question  de  Béziers,  quoique  plus  haut  (par.  46)  la  forme  analogue  «  Beses  » 
s'applique  à  cette  ville.  Bessé,  dans  la  région  montagneuse  entre  la  Dordogne 
et  le  Lot,  près  de  la  route  de  Sarlat  à  Villeneuve-sur-Lot  (Dordogne,  arr.  de 
Sarlat,  cant.  de  Villefranche-de-Belvès),  semble  situé  trop  au  sud. 

109.  Saint-Jean-dc-CoUe ,  dans  la  haute  vallée  du  cours  d'eau  de  ce  nom, 
affluent  de  la  Dronne  (Dordogne,  arr.  de  Nontron,  cant.  de  Thiviers). 


74 

110.  La  Force,  sur  la  rive  droite  de  la  Dordogne,  un  peu  au-dessous  de  Ber- 
gerac (Dordogne,  arr.  de  Bergerac,  ch.-l.  de  cant.). 

111.  Madurant,  lieu  fort  situé  un  peu  au-dessous  de  La  Force  (Dordogne,  arr. 
de  Bergerac,  cant.  de  La  Force,  comm.  de  Saint-Pierre-d'Eyraud). 

112.  Mortagne-sur-Mer,  sur  la  rive  droite  de  la  Gironde  (Charente-Inférieure, 
arr,  de  Saintes,  cant.  de  Cozes),  d'où  une  compagnie  de  routiers  anglais  dévas- 
tait toute  la  région.  (Cf.  Juvénal  des  Ursins,  dans  Godefroy,  Historiens  de 
Charles  VI,  ad  ann.  1405,  et  le  Religieux  de  Saint-Denis,  1.  XXV,  ch.  xviii,  éd. 
Bellaguet,  t.  III,  pp.  274-8.) 

113.  Pons  III,  vicomte  de  Castillon  (Castillon-sur-Gironde,  à  mi-chemin  de 
Pauillac  à  la  pointe  de  Grave  (Gironde,  cant.  de  Lesparre,  comm.  de  Saint- 
Christoly). 

114.  Chalais,  à  mi-chemin  d'Angoulême  à  Libourne,  est  plutôt  en  Périgord 
qu'en  Saintonge  (Charente,  arr.  de  Barbezieux,  ch.-l.  de  cant.).  La  Petite  chro- 
nique mentionne  seule  cet  événement.  Cf.  par.  32. 

115.  Peyroat  de  Puchs,  plus  tard  capitaine  de  Bourg  pendant  le  siège  qu'y 
tint  le  duc  d'Orléans  (Archives  municipales  de  Bordeaux,  Registres  de  la  Jurade 
à  la  date  du  9  octobre  1406). 

116.  Jean,  comte  de  Clermont,  duc  de  Bourbon  en  1410  sous  le  nom  de 
Jean  I^'. 

117.  Le  siège  de  Lourdes  fut  commencé  tout  au  plus  dans  les  premiers  mois 
de  1406  et  ne  se  termina  qu'en  novembre  1407  (Flourac,  Jean  I",  comte  de 
Foix,  p.  38,  n.  1).  Le  comte  de  Clermont  ne  semble  pas  y  avoir  jamais  pris  part. 

118.  Monsaguel,  entre  le  Dropt  et  la  Dordogne  (Dordogne,  arr.  de  Bergerac, 
cant.  d'Issigeac). 

119.  Badefols,  sur  la  rive  droite  de  la  Dordogne,  au-dessous  du  confluent  de 
la  Vézère  (Dordogne,  arr.  de  Bergerac,  cant.  de  Cadouin). 

120.  Bernard  VII,  comte  d'Armagnac,  connétable  de  France  en  1415.  Ces 
détails,  ainsi  que  ceux  du  paragraphe  précédent,  sont  intéressants  à  noter.  Juvé- 
nal des  Ursins  [Historiens  de  Charles  VI,  ad  ann.  1405)  dit  seulement  que  le  comte 
d'Armagnac  prit  soixante  places  en  Guyenne  et  bloqua  un  instant  Bordeaux. 
Monstrelet  a  confondu  ces  événements  avec  ceux  de  1404  (1.  I,  ch.  xx,  éd. 
Douët  d'Arcq,  t.  I,  pp.  93-5). 

121.  Langon,  sur  la  rive  gauche  de  la  Garonne,  au-dessous  de  La  Réole 
(Gironde,  arr.  de  Bazas,  ch.-l.  de  cant.).  Un  curieux  document,  extrait  des 
archives  municipales  de  Saint-Macaire,  et  publié  par  M.  Vérac  dans  les  Archives 
historiques  du  département  de  la  Gironde  (t.  X,  pp.  71-73),  fait  allusion  à  cet 
événement.  C'est  un  procès-verbal  de  la  déclaration  par  laquelle  Guiraud  de 
Bergunhan,  chevalier,  capitaine  du  lieu  pour  le  comte  d'Armagnac,  refuse  de 
prêter  serment  au  roi  de  France  (11  janvier  1407)  :  «  que  lo  comte  d'Armanhac 
ave  gasanhet  et  conquistet  lodeit  loc  de  Lengon,  en  nome  deudeit  nostre  senhor 
lo  Rey.  » 

122.  Port-Sainte-Marie,  sur  la  rive  droite  de  la  Garonne,  en  amont  du  con- 
fluent du  Lot  (Lot-et-Garonne,  arr.  d'Agen,  ch.-l.  de  cant.). 

123.  Aiguillon,  sur  la  rive  gauche  du  Lot,  à  peu  de  distance  de  son  embou- 
chure (Lot-et-Garonne,  arr.  d'Agen,  cant.  de  Port-Sainte-Marie). 

124.  Caumont,  sur  la  rive  gauche  de  la  Garonne,  entre  Tonneins  et  Mar- 
mande  (Lot-et-Garonne,  arr.  de  Marmande,  cant.  du  Mas-d'Agenais). 


75 

125.  Bourg,  sur  la  rive  droite  de  la  Dordogne,  un  peu  au-dessous  du  Bec- 
d'Ambez  (Gironde,  arr.  de  Biaye,  ch.-i.  de  cant.)-  Une  relation  contemporaine 
de  ces  événements,  écrite  sur  les  feuillets  d'un  terrier  du  xy"  siècle,  provenant 
d'un  fonds  d'archives  de  l'ordre  de  Rhodes,  a  été  publiée  par  MM.  Gras  et 
Jules  Delpit  sous  le  titre  :  «  Chronique  ou  Journal  du  siège  de  Blaye  et  de 
Bourg.  »  [Arch.  hist.  du  dép.  de  la  Gironde,  t.  TII,  pp.  179-81.)  Il  est  étrange 
que  la  Petite  chronique  de  Guyenne  ne  contienne  aucun  détail  sur  le  siège  de 
Blaye  qui  venait  de  précéder  celui  de  Bourg. 

126.  Louis,  duc  d'Orléans,  frère  de  Charles  VI. 

127.  Jean  de  Montagu,  vidame  de  Laon,  grand  maître  de  France,  décapité  le 
17  octobre  1409.  Bien  qu'il  ne  soit  désigné  ici  que  par  le  nom  de  sa  charge,  et 
qu'il  disputât  alors  celte  fonction  au  duc  de  Bavière,  frère  de  la  reine,  il  ne 
peut  exister  de  doute  sur  son  identité.  (Cf.  Monstrelet,  1.  I,  ch.  xxvni,  éd.  Douët 
d'Arcq,  t.  I,  p.  133.) 

128.  Archambaud  de  Grailly,  comte  de  Foix  depuis  1398. 

129.  Bernard  VII,  comte  d'Armagnac. 

130.  Charles  I",  sire  d'Albret,  alors  connétable  de  France. 

131.  Regnault  IV,  sire  de  Pons.  (Voir  Massiou,  Histoire  delà  Saintonge  et  de 
l'Aunis,  Saintes,  1846,  4  vol.  in-8%  t.  III,  p.  518.) 

132.  Jean  de  Harpedanne,  seigneur  de  Belleville,  vicomte  d'Auuay,  sénéchal 
de  Saintonges.  11  vivait  encore  en  1430.  (Voir  son  testament,  daté  du  22  juin, 
dans  Massiou,  Histoire  de  la  Saintonge  et  de  l'Aunis,  t.  III,  p.  2G8.) 

133.  Dans  la  liste  contemporaine  des  seigneurs  de  France  présents  au  siège 
de  Bourg  ne  figure  pas  Archambaud  de  Grailly,  comte  de  Foix,  ici  mentionné 
{Arch.  mim.  de  Bordeaux,  reg.  de  la  Jurade,  12  février  1407). 

134.  Ce  chift're  correspond  assez  bien  à  celui  de  six  mille  hommes  d'armes 
donné  par  les  chroniqueurs.  (Voir  Flourac,  Jean  P'',  comte  de  Foix,  p.  35.) 

135.  La  Petite  chronique  de  Guyenne  est  la  seule  qui  donne  aussi  exactement 
les  dates  extrêmes  de  cette  opération.  Le  Religieux  de  Saint-Denis  fixe  l'ouver- 
ture du  siège  au  31  octobre  1406  :  «  ...  a  vigilia  omnium  sanctorum...  »  (1.  XXVII, 
ch.  XV,  éd.  Bellaguet,  t.  III,  p.  450j.  La  Chronique  ou  Journal  du  siège  de 
Blaye  et  de  Bourg  en  place  la  levée  au  14  janvier  1407  :  «  ...  entro  que  à  divenres 
après  sent  Ylari...  »  [Arch.  hist.  du  dép.  de  la  Gironde,  t.  III,  p.  180.)  La 
fête  de  saint  Hilaire,  évêque  de  Poitiers,  est  portée  au  13  janvier  dans  les 
Acta  Sanctorum. 

136.  Bernard  de  Lesparre,  seigneur  de  la  Barde,  sénéchal  anglais  d'Agenais 
(Rymer,  23  avril  1401),  chargé  de  la  défense  de  Blaye  lors  de  l'approche  du  duc 
d'Orléans.  {Arch.  mnn.  de  Bordeaux,  registre  de  la  Jurade,  10  août  1406.) 

137.  Ce  combat  naval,  selon  le  Religieux  de  Saint-Denis  {l.  c),  fut  livré  le 
23  décembre,  et,  selon  la  Chronique  ou  Journal  {l.  c),  à  la  hauteur  de  Saint- 
Julien  de  Médoc  (en  amont  de  Pauillac).  La  Petite  chronique,  comme  on  voit, 
ajoute  au  récit  quelques  détails. 

138.  Henri  V,  roi  d'Angleterre  depuis  1413,  fils  de  Henri  IV. 

139.  Henri  IV,  roi  d'Angleterre,  fils  de  Jean  de  Gand,  duc  de  Lancastre. 

140.  Thomas,  duc  de  Clarence,  fils  de  Henri  IV,  tué  à  la  bataille  de  Baugé 
en  1421. 

141.  John,  dit  de  Beaufort,  comte  de  Dorset,  fils  de  Jean  de  Gand,  duc  de 
Lancastre. 


76 

142.  La  Petite  chronique  confond  ici,  comme  il  est  facile  de  voir,  les  deux 
descentes  de  Henri  V  en  Normandie,  celle  de  1415,  marquée  par  le  siège  et  la 
prise  de  Harfleur  (22  septembre)  et  celle  de  1417,  signalée  par  la  conquête  de 
Caen  (4  septembre)  et  de  toute  la  Normandie. 

143.  Cet  événement  ne  peut  se  rapporter  qu'à  l'année  1412.  C'est  en  effet  à 
cette  époque  que  Walsingham  place  l'expédition  du  duc  d'York,  du  duc  de 
Clarence  et  du  comte  de  Dorset,  en  Guyenne,  après  leur  infructueuse  attente 
en  Normandie,  où  ils  avaient  débarqué  à  la  suite  du  traité  secret  conclu  avec 
le  parti  d'Armagnac  :  «  recesserunt  duces  nostri  in  Aquitanniam,  illic  hyema- 
turi...  »  {Historia  anglicana,  éd.  Riley,  t.  II,  pp.  288-9,  dans  la  collection  des 
Chronicles  and  Memorials  of  great  Britain  and  Ireland  during  the  middle 
âges,  1863-4.)  Capgrave  s'est  contenté  de  reproduire  ce  passage  (Liber  de  Illus- 
tribus  Henricis,  éd.  Hingeston,  p.  302,  dans  la  même  collection,  1858).  Le  cha- 
pelain de  Henri  V,  Jean  de  Bardin,  ne  mentionne  que  les  ducs  d'York  et  de 
Clarence  [Henrici  Quinti  Anglise  régis  gesta  auctore  capellano  in  exercitu 
regio,  éd.  Benj.  Williams,  p.  281,  dans  les  publications  de  V English  historical 
Society,  1859).  L'auteur  anonyme  d'une  chronique  anglaise  de  1377  à  1461 
nomme  le  duc  de  Clarence  et  le  comte  de  Dorset  {English  chronicle  of  the 
reigvs  of  Richard  II,  Henry  IV,  Henry  V,  Henry  VI,  éd.  Davies,  p.  37,  dans  les 
publications  de  la  Catnden  Society,  1856).  L'inexactitude  de  la  date  assignée  à 
ce  fait  historique  par  la  Petite  chronique  de  Guyenne  (1415  au  lieu  de  1412) 
n'empêche  pas  de  croire  à  la  vérité  des  détails  qu'elle  fournit  sur  cette  cam- 
pagne et  qui  paraissent  inédits.  Une  enquête  sur  les  dommages  causés  par 
cette  expédition  est  contenue  dans  les  Registres  de  la  Jurade  :  «  ...per  los  hostz 
deus  senhors  qui  bengulz  eran  d'Anglatera,  so  es  assaver  mossenhor  de  Clarensa 
et  mossenhor  de  Dorcet.  »  [Arch.  mun.  de  Bordeaux,  reg.  de  la  Jurade,  15  mai 
1414.) 

144.  Edouard,  duc  d'York,  fils  d'Edmond,  dit  de  Langley,  duc  d'York  et 
fils  d'Edouard  III. 

145.  Barbezieux  était  ville  française  en  octobre  1406  (Champollion,  Lettres 
de  rois,  de  reines,  t.  Il,  pp.  320-4  :  c'est  1406,  et  non  1407,  qu'il  faut  lire  à  la 
date  de  la  pièce). 

146.  Soubise,  à  l'embouchure  et  sur  la  rive  gauche  de  la  Charente  (Charente- 
Inférieure,  arr.  de  Marennes,  cant.  de  Saint-Agnant).  Cette  place  avait  été  enle- 
vée en  1371  aux  Anglais.  (Voir  le  récit  de  Froissart,  ad  ann.  1371,  éd.  Kervyn  de 
Lettenhove,  t.  VIII,  p.  148.)  En  1413,  elle  est  encore  reprise  sur  eux  par  Jean, 
duc  de  Bourbon  (Juvénal  des  Ursins,  dans  Godefroy,  Historiens  de  Charles  VI, 
ad  ann.  1413).  Ces  faits  s'accordent  donc  bien  avec  l'hypothèse,  de  la  prise  de 

~ — la  ville  par  le  duc  de  Clarence,  en  1412,  relatée  ici  par  la  Petite  chronique. 

147.  Faut-il  identifier  celte  localité  avec  Biron,  entre  la  Charente  et  la  Seudre? 
(Charente-Inférieure,  arr.  de  Saintes,  cant.  de  Pons.) 

148.  Il  ne  peut  s'agir  ici,  dans  ce  paragraphe  et  les  deux  suivants  (cf.  par.  78), 
que  de  fondations  particulières  à  Bordeaux. 

149.  On  sait  que  l'institution  des  Dominicains  remonte  à  1216,  et  celle  des 
Franciscains  à  1208.  Il  est  curieux  de  remarquer  que  la  Chronique  romane  du 
Petit  Thalamus  place  la  fondation  de  ces  deux  ordres,  de  même  que  la  Petite 
chronique,  sous  la  rubrique  d'une  même  année,  fautive  d'ailleurs  comme  exac- 
titude (1206).  Cette  même  nature  d'erreur  est  à  noter  et  à  joindre  à  ce  qui  a 


77 

été  dit  plus  haut  sur  la  similitude  des  deux  ouvrages.  (Voir  ci-dessus  p.  55,  n.  3.) 

150.  Bertrand  de  Got,  archevé(iue  de  Bordeaux  (1300),  pape  sous  le  nom  de 
Clément  V  (5  juin  1305),  mort  le  20  avril  1314. 

151.  Uzeste,  sur  le  Ciron  (Gironde,  arr.  de  Bazas,  cant.  de  Villandraut).  Le 
tombeau  de  Clément  V  s'y  voit  encore. 

152.  Cette  expression,  qui  indique  nettement  la  nationalité  du  chroniqueur, 
est  à  rapprocher  de  celle  par  laquelle  il  désigne  Richard  II  :  «  lo  rey  Richart 
Guascon  »  (par.  75). 

153.  Arnaud  III  de  Canteloiip,  remplacé  dans  le  cours  de  la  môme  année  1305 
par  Arnaud  IV,  de  la  même  maison. 

154.  Cette  mention  de  la  PelUe  chronique,  relative  à  la  descente  des  routiers 
en  Guyenne  en  1435,  explique  leur  apparition  en  Limousin  dans  le  cours  de  cette 
môme  année.  L'historien  de  cette  province,  le  P.  de  Saint-Amable,  avait  affirmé 
leur  venue  devant  Bordeaux,  probablement  d'après  les  registres  perdus  de  l'hôtel 
de  ville  de  Limoges,  mais  avec  un  anachronisme,  en  plaçant  ce  fait  en  143G  (Hist. 
de  saint  Martial,  apôtre  des  Gaules,  et  notamment  de  l'Aquitaine  et  du  Limou- 
sin, citée  par  Quicherat,  Rodrigue  de  Villandrando,  p.  UG,  n.  1).  M.  Quiche- 
rat  (pp.  113-7)  fait  rester  Rodrigue  dans  le  Limousin  et  signale  sa  présence  à 
Meymac,  Ussel,  Saint-Exupéry,  sur  le  plateau  situé  entre  la  Corrèze  et  la  Dor- 
dogne  (Corrèze,  arr.  d'Ussel)  ;  mais  il  reconnaît  que  le  projet  de  porter  la  guerre 
en  Guyenne  «  cadrerait  très  bien  avec  la  situation  de  l'i35  »  (p.  117).  Le  pas- 
sage de  la  Petite  chronique  permet  désormais  de  combler  cette  lacune  et  d'af- 
firmer que  le  plan  fut  exécuté.  Quant  à  la  date  de  la  descente  des  routiers  en 
Guyenne,  elle  doit  se  placer  entre  les  mois  de  juin,  où  Rodrigue  était  déjà  en 
Limousin  (p.  114),  et  le  milieu  de  septembre,  où  il  campait  devant  Tours  (p.  M9, 
et  pièce  just.  XXXIX). 

155.  Cette  réflexion  d'un  contemporain,  ainsi  que  les  bruits  populaires  relatés 
par  lui,  sont  intéressants  à  noter. 

156.  M.  Quicherat  a  placé  au  commeaceraent  de  1438,  après  le  séjour  de 
Rodrigue  en  Bourgogne  (pp.  147-150),  la  prise  de  Fumel,  d'Eymet,  d'Issigeac  et 
de  Tonneins,  c'est-à-dire  l'occupation  du  pays  entre  le  Dropt,  la  Garonne  et  le 
Lot  (pp.  150-1).  Il  ne  mentionne  nulle  part  La  Sauvetat.  D'après  la  Petite 
chronique,  il  faudrait  plutôt  faire  remonter  ces  faits  au  commencement  de 
1437,  à  la  fin  de  l'expédition  conduite  par  Rodrigue  devant  Albi  en  1436,  pour 
ramener  l'archevêque  Robert  Dauphin  dépossédé  de  son  siège.  Les  routiers 
étaient  encore  en  Albigeois  en  déc.  1436  (Quicherat,  p.  131,  n.  3),  devant  Béziers  à 
Noël  (Registres  de  la  maison  consulaire  de  Béziers,  publiés  dans  le  Bulletin  delà 
Société  archéologique  de  Béziers,  t.  P",  1836,  pp.  317-21),  et  devant  Cordes,  au 
milieu  du  Rouergue  (Tarn,  arr.  de  Gaillac,  ch.-l.  de  cant.),  en  janvier  1437 
(Quicherat,  pp.  133-5  et  pièce  just.  XL VII). 

157.  Fumel,  sur  le  Lot  (Lot-et-Garonne,  arr.  de  Villeneuve-sur-Lot,  ch.-l.  de 
cant.). 

158.  Dans  la  région  alors  occupée  par  les  bandes  de  Rodrigue,  entre  le  Dropt, 
la  Garonne  et  le  Lot,  se  trouvent  deux  localités  de  ce  nom.  La  Sauvetat-sur- 
Lède  (Lot-et-Garonne,  arr.  de  Villeneuve- sur-Lot,  cant.  de  Monflanquin)  est 
plus  rapprochée  de  Fumel.  La  Sauvetat-du-Dropt  (Lot-et-Garonne,  arr.  de 
Marmande,  cant.  de  Duras),  est  située  immédiatement  au-dessous  d'Eymet. 

159.  Liards. 


78 

160.  Clairac,  sur  le  Lot,  à  peu  de  distance  de  son  confluent  (Lot-et-Garonne, 
arr.  de  Marmande,  ch.-l.  de  cant.). 

161.  Charles  II,  sire  d'Albret. 

162.  L'abbaye  dont  il  s'agit  est  celle  de  Saint-Pierre  de  Clairac.  Les  auteurs 
de  la  Gallia  christiana  ne  citent  malheureusement  aucun  nom  d'abbé  entre 
Jean  II,  mentionné  en  1373,  et  Pons  de  Salignac,  signalé  en  1462  {Gall.  christ., 
t.  II,  col.  943). 

163.  Ce  passage  doit  être  évidemment  entendu  en  ce  sens  que  le  sire  d'Al- 
bret et  Rodrigue  avaient  mis  le  siège  devant  la  place,  qui  leur  fut  livrée  par 
l'abbé.  Ce  fait  de  la  vie  du  célèbre  routier  ne  paraît  mentionné  par  aucune 
autre  chronique. 

164.  Jean,  seigneur  de  Saintrailles,  le  célèbre  Poton  de  Saintrailles. 

165.  Gilles,  bâtard  d'Albret,  fils  naturel  de  Charles  II,  sire  d'Albret. 

166.  Soulac,  à  l'extrémité  de  la  presqu'île  de  Médoc  (Gironde,  arr.  de  Les- 
parre,  cant.  de  Saint- Vivien). 

167.  Celte  grande  opération  militaire  était  combinée  depuis  longtemps  entre 
la  Castille,  Saintrailles  et  Rodrigue.  Ces  deux  capitaines  devaient  se  joindre 
sous  les  murs  de  Bordeaux  (voir  Quicherat.  Rodrigue  de  Villandrando,  pp.  147, 
151-60).  La  Petile  chronique  n'ajoute,  comme  détails,  que  la  présence  du  bâtard 
d'Albret  et  le  pillage  de  Soulac. 

168.  John  HoUand,  comte  de  Huntingdon,  plus  tard  duc  d'Exeter. 

169.  La  précision  de  la  date  assignée  à  ce  débarquement  est  à  noter.  D.  Vais- 
sete  (1.  XXXIII,  ad  ann.  1439)  dit  que  le  dauphin,  parti  de  Toulouse,  apprit  à 
Lavaur,  le  29  juillet,  la  descente  du  comte  de  Huntingdon  à  Bordeaux. 

170.  Cf.  par.  61  et  73. 

171.  Cette  expédition  est  connue  de  tous  les  historiens  de  l'époque  sous  le 
nom  de  journée  de  Tartas.  (Voir  Vallet  de  Viriville,  Histoire  de  Charles  VII, 
t.  II,  pp.  438-40.) 

172.  Le  dauphin  Louis,  Louis  XI. 

173.  Jean  II,  comte  de  Foix. 

174.  Bernard,  comte  de  Pardiac,  second  fils  de  Bernard  VII,  comte  d'Arma- 
gnac. 

175.  Charles  II,  sire  d'Albret. 

176.  Jean,  comte  de  Lomagne,  plus  tard  Jean  V,  comte  d'Armagnac,  fils  de 
Jean  IV.  Sa  présence  à  cette  chevauchée  est  à  signaler. 

177.  Etienne  de  Vignolles,  le  célèbre  La  Hire. 

178.  Après  la  journée  tenue  sous  les  murs  de  Tartas,  le  24  juin,  Saint-Sever 
lut  pris  le  29  (D.  Vaissete,  1.  XXIII,  ad  ann.  1442). 

179.  Thomas  Rampston,  sénéchal  anglais  de  Bordeaux. 

180.  La  ville  de  Dax  fut  prise  le  3  août.  Voir  sur  cette  date,  qui  tranche  la 
discussion  soulevée  par  D.  Vaissete  (/.  c),  le  journal  de  Thomas  Bekjnton 
[Officiai  correspondeiice  of  Thomas  Bekynton,  secretary  to  king  Henry  VI 
and  bishop  of  Bath  and  Wells,  éd.  George  Williams,  t.  II,  p.  196  et  236-7, 
dans  la  collection  des  Chronicles  and  Memorials....  1872). 

181.  Thomas  Bekynton  (/.  c.)  cite  parmi  les  défenseurs  de  Dax  Augerot  de  Saint- 
Pierre  et  le  seigneur  d'Uza,  dont  il  est  difficile  de  déterminer  l'identité.  (Uza, 
Landes,  arr.  de  Dax,  cant.  de  Castels,  comm.  de  Lévignac.) 

182.  La  ville  de  la  Réole  était  prise  avant  le  6  août  1442,  ainsi  qu'il  résulte 


79 

d'une  lettre  de  Jean,  comte  de  Lomagne,  datée  de  ce  jour,  et  demandant  des 
secours  contre  un  retour  ollensif  des  Anglais.  (Publiée  par  M.  Tamizey  de  Lar- 
roque  dans  les  Archives  historiques  du  département  de  la  Gironde,  t.  VII, 
pp.  347-8.)  Le  château  de  la  Réole  ne  tomba  au  pouvoir  des  Français  que  le 
8  décembre.  (Vallet  de  Viriville,  Histoire  de  Charles  VII,  t.  II,  p.  440.) 

183.  Le  personnage  que  la  Petite  chronique  cite  sous  ce  nom  était  un  routier 
anglais  célèbre.  C'était  lui  qui  occupait  Fumel,  avec  la  connivence  de  Jean  IV, 
comte  d'Armagnac,  quand  cette  place  fut  enlevée  par  Rodrigue  de  Villaiidrando, 
à  la  fin  de  1437  ou  en  1438.  (Quicheral,  Rodrigue  de  ViUandrando,  p.  150.  Voir 
la  discussion  ci-dessus.) 

184.  Jean,  seigneur  d'Anglade.  (Cf.  Arch.  hist.  du  de'p.  de  la  Gironde,  t.  VII, 
p.  349.) 

185.  Ce  personnage  n'a  pu  être  identifié. 

186.  Ces  détails  sur  la  prise  du  château  de  la  Réole  semblent  particuliers  à 
la  Petite  chronique. 

187.  Ces  détails  climatériques  ne  figurent  pas  dans  la  Chronique  bordelaise 
de  G.  de  Lurbe. 

188.  Il  est  curieux  d'ajouter  au  texte  de  la  Petite  chronique  la  note  sur  la 
population  de  l'Angleterre,  dont  il  a  été  parlé  plus  haut.  En  voici  le  texte  : 

So  es  assaber  que  en  Anglatera  son  e  y  a  per  conte  gleisas  paropyanaus  .xlv. 
milia  e  .xi. 

Item  y  a  per  conte  bilatges  de  caminas  .ui.  milia  e  .imxx. 

Item  y  a  de  contatz  .xxxvi.  e  med  contât. 

Item  y  a  maysons  de  cabaleys  e  de  barons  fasens  au  rey  omenatge  que  monta 
•  Lx'a.  m''*. 

Item  y  a  mayssons  de  relegios  coma  de  caparans,  de  monges,  de  calonges 
blanx,  de  frayres,  de  tota  autra  condision  de  gent  de  gleysa  y  a  de  que  monta 
.xxxviii.  milia  e  .xv. 

Germain  Lefèvre-Pontalis. 


LA  SÉRIE 


DES 


REGISTRES  PONTIFICAUX 

DU  XIIF  SIÈCLE 


Le  caractère  original  et  officiel  des  registres  pontificaux  du 
xiif  siècle  conservés  aux  archives  du  Vatican  n'avait  fait 
jusqu'ici  l'objet  d'aucun  doute.  M.  Kaltenbrunner  vient  de  contre- 
dire, timidement  il  est  vrai,  l'opinion  commune,  et  a  soulevé 
ainsi  un  problème  intéressant,  non  seulement  pour  la  critique, 
mais  aussi  pour  l'histoire  de  ces  importants  manuscrits. 

Dans  l'étude  qu'il  leur  a  consacrées  il  a  relevé  un  certain 
nombre  d'annotations  curieuses  qu'il  y  a  rencontrées  2.  Ici 
ce  sont  des  noms  de  scribes;  ailleurs,  la  mention  de  la  tâche 
qui  leur  était  assignée  ;  parfois  m^ême,  le  calcul  du  salaire  qui 
leur  était  dû.  Rapprochant  ces  indications  de  la  belle  exécution 
et  du  luxe  de  ces  volumes,  il  a  été  amené  à  soutenir  que  les 
exemplaires  possédés  aujourd'hui  par  les  archives  du  Vatican 
n'étaient  pas^  les  registres  officiels  où  la  chancellerie  pontificale 
transcrivait  les  documents  au  fur  et  à  mesure  de  leur  expédition. 
Selon  lui,  ce  sont  des  manuscrits,  exécutés  d'après  ces  registres 
officiels,  aujourd'hui  disparus,  par  les  scribes  dont  il  a  relevé  les 
noms  et  dont  on  pouvait  mesurer  la  tâche  à  l'avance.  Nous  ne 

1.  Rœmische  Studien.  I.  Die  pxpsUichen  Register  des  XIII  Jahrhunderts, 
dans  les  Mittheilungen  des  Instituts  fur  œsterreichische  Geschichisforschung. 
V.  Band,  2  Heft. 

2.  Certaines  d'entre  elles  avaient  déjà  été  signalées  par  Pertz.  Arch.  V. 

3.  Il  fait  toutefois  exception  pour  certains  registres  de  la  Chambre  Aposto- 
lique confondus  dans  la  série  générale  et  qu'il  en  distingue  avec  raison. 


8^ 

pourrions  donc  tirer  des  registres  actuels  aucun  renseignement 
sur  l'enregistrement  des  bulles  pontificales,  et,  ce  qui  serait  plus 
grave,  nous  ne  devrions  pas  leur  attacher  la  valeur  d'un  original  ; 
au  lieu  d'être  l'œuvre  de  fonctionnaires  de  la  chancellerie  ponti- 
ficale, la  série  actuelle  serait  le  travail  de  scribes  à  gages. 

La  gravité  de  ces  conclusions  nous  engage  à  suivre  l'invitation 
que  M.  Kaltenbrunner  adresse  à  tous  ceux  qui  s'occupent  des 
registres  pontificaux.  Nous  résumerons  les  observations  que  nous 
avons  pu  faire  sur  les  manuscrits  des  archives  du  Vatican,  et, 
ainsi  que  M.  Delisle  a  bien  voulu  l'annoncerS  après  avoir  essayé  de 
vérifier  la  théorie  nouvelle  à  propos  des  registres  de  Boniface  VIII, 
nous  verrons  si,  pour  la  série  tout  entière,  elle  ne  devrait  pas 
être  remplacée  par  l'hypothèse  inverse  :  celle  de  l'existence  de 
doubles  aujourd'hui  disparus. 

I. 

A  ne  considérer  que  les  caractères  généraux  des  registres  de 
Boniface  VIII,  on  ne  peut  avoir  aucun  doute  sur  leur  originalité. 

Les  additions  et  les  corrections  qu'on  y  rencontre  portent 
le  plus  souvent  sur  le  fond  même  des  documents.  Par  exemple, 
dans  le  registre  de  la  première  année,  au  n°  418,  l'écrivain  a  effacé 
plus  des  deux  tiers  de  la  pièce  primitive,  et  il  a  ajouté  en  surcharge 
une  rédaction  nouvelle  plus  longue,  en  serrant  le  texte,  de  sorte 
que  le  total  des  lignes  du  folio  dépasse  le  nombre  des  réglures. 
Dans  le  registre  de  la  deuxième  année,  toute  une  partie  du  n°  301 
a  été  annulée  par  le  mot  vacat  coupé  en  deux,  mis  au  commen- 
cement et  à  la  fin  de  la  phrase,  et  on  lit,  en  marge  et  en  regard, 
la  forme  définitive  du  document  remanié. 

L'écriture  n'est  uniforme  ni  dans  l'ensemble  des  registres  du 
pontificat  ni  dans  chacun  d'eux  en  particulier  2.  Les  changements 
de  main  y  sont  assez  fréquents  et  ne  présentent  aucune  succession 
régulière.  Nous  en  avons  relevé  au  cours  d'un  même  cahier,  par- 
fois d'une  même  pièce  comme  au  n°  47  des  curiales  de  la  troisième 

1.  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  XLVI,  p.  92. 

2.  Le  premier  registre  semble  cependant  avoir  été  écrit  par  une  seule  main. 
Nous  étudierons,  dans  une  introduction  aux  Registres  de  Boniface  VIII  que 
publie  l'École  française  de  Rome,  toutes  les  questions  relatives  à  l'exécution  de 
ces  manuscrits. 


année.  Dans  le  registre  de  la  cinquième  année,  les  numéros  468, 
469,  470  et  474  sont  d'une  écriture  différente  de  celle  des  numé- 
ros 471  à  473,  et  475,  476.  Des  copistes  travaillant  sur  un  même 
manuscrit  se  seraient  réparti  plus  logiquement  la  besogne. 

On  note  même  entre  les  manuscrits  des  années  successives 
certaines  différences,  d'ailleurs  minimes,  dans  le  système  d'exé- 
cution. Le  rédacteur  du  registre  de  la  première  année,  conformé- 
ment à  une  habitude  que  nous  avons  pu  constater  dans  le  registre 
de  Nicolas  IV,  a  enregistré  en  marge  des  bulles  de  provisions 
épiscopales,  tantôt  les  bulles  de  notification,  tantôt  les  bulles  de 
consécration.  Ceux  des  années  suivantes  ont  changé  de  système. 
Ils  insèrent  toujours  les  bulles  de  notification  dans  le  corps  du 
texte;  ils  ne  transcrivent  plus  les  bulles  de  consécration  dans  une 
forme  abrégée,  mais  les  insèrent  sous  un  numéro  distinct,  parfois 
à  quelque  distance  des  bulles  de  provision. 

Un  détail  révèle  aussi  le  caractère  officiel  de  ces  volumes.  La 
reliure  d'un  cahier  des  lettres  de  la  Imitième  année  a  mieux  res- 
pecté les  marges  que  d'habitude,  et  nous  avons  pu  relever  en  face 
d'un  certain  nombre  de  documents*  des  mentions  de  paiement 
de  taxe,  en  tout  semblables  à  celles  qu'on  trouve  sous  le  pli  des 
expéditions  originales.  Si  soigneux  qu'on  le  suppose,  le  copiste 
du  registre  original  n'aurait  pas  pris  la  peine  de  reproduire  ces 
chiffres  qui  n'avaient  plus  aucune  utilité.  On  comprend  au  con- 
traire que  le  fonctionnaire  chargé  de  l'enregistrement  ait  eu  inté- 
rêt, soit  pour  sa  comptabilité,  soit  pour  toute  autre  cause,  à  tracer 
sur  les  marges,  d'un  trait  léger,  les  chiffres  qu'on  peut  y  lire 
encore  2. 

D'ailleurs  tout  le  monde  sait  que,  par  ordre  de  Clément  V, 
un  certain  nombre  de  bulles  de  Boniface  VIII  ont  été  rayées 
des  registres  de  la  chancellerie  pontificale.  Or,  ces  ratures 
existent  dans  les  exemplaires  actuels,  parmi  les  lettres  curiales 
de  la  septième  et  de  la  neuvième  année,  et  elles  sont  accompa- 
gnées des  procès-verbaux  authentiques  constatant  l'exécution  de 
l'ordre  de  Clément  V.  Cette  formalité  n'aurait  pas  eu  d'objet,  si 

1.  N"'  291,  292,  294,  etc.,  315,  318,  319,  etc. 

2.  Nous  croyons,  sans  pouvoir  l'affirmer,  que  ces  chiffres  ne  se  rapportent  pas 
seulement  aux  taxes  d'enregistrement,  mais  à  la  somme  totale  des  droits  acquit- 
lés  pour  chaque  bulle.  Si  le  chiffre  relevé  sur  l'expédition  originale  d'une  de 
ces  bulles  coïncidait  avec  le  chiffre  inscrit  au  registre,  ce  serait  une  preuve 
curieuse  que  l'enregistrement  se  faisait  d'après  les  expéditions  originales. 


83 


nos  manuscrits  n'avaient  pas  été  les  registres  officiels  de  la  chan- 
cellerie pontificale  ^  Leur  mutilation  est  une  preuve  de  leur 
originalité. 


II. 


Il  nous  reste  maintenant  à  étudier  dans  les  registres  de  Boni- 
face  VIII  cette  classe  d'annotations  qui  a  attiré  spécialement 
l'attention  de  M.  Kaltenbrunner  dans  la  série  des  registres  du 
xiif  siècle,  et  qui  l'a  amené  à  proposer  son  hypothèse. 

Elles  sont  assez  nombreuses  dans  les  volumes  qui  nous 
occupent. 

Dans  le  premier  registre,  en  haut  du  premier  folio,  «  Tho- 
mas Porch.  » 

Dans  le  deuxième,  en  haut  du  premier  folio,  «  Guillelmus  de 
Burgo;»  au  folio  100,  à  la  marge  inférieure,  c'est-à-dire  à  la  fin 
du  dixième  cahier  :  «  Balduinus  deEspen  Leodieyisis  diocesis 
scribit  IX  quatetmos  sequentes  ;  »  au  folio  254  v",  c'est-à-dire  à 
la  fin  du  vingt-cinquième  cahier  :  «  Hic  dimisit  dominus  Joan- 
nes  monachus  de  Morts.  Dominus  Joannes  de  Gedun  scribit 
V  quaternos  sequentes.  » 

Dans  le  troisième  registre,  sur  le  premier  cahier  de  l'année  V  : 
«  Frater  Petrusde  Urbe.  » 

Dans  le  quatrième,  en  haut  du  premier  folio,  «  Jo.  Godini.  » 

En  laissant  de  côté  les  noms  relevés  sur  le  premier,  le  troi- 
sième et  le  quatrième  registre,  qui  ne  nous  donnent  pas  d'indi- 
cations suffisamment  précises,  on  serait  porté  à  conclure,  si  on 
appliquait  ces  annotations  au  registre  sur  lequel  on  les  trouve, 
que,  dans  le  deuxième,  l'écriture  du  folio  101  doit  être  difierente 
de  celle  du  folio  100,  et  que  cette  nouvelle  écriture  doit  se  pro- 
longer identique  pendant  neuf  cahiers,  c'est-à-dire  jusqu'au 
folio  190.  De  même  on  devrait  trouver  au  folio  254  un  change- 
ment de  main  nettement  marqué.  Il  n'en  est  rien,  et  toutes  ces 
indications  sont  formellement  contredites  par  l'examen  du  registre. 
L'écriture  du  dixième  cahier  est  absolument  semblable  à  celle  du 
onzième,  et  au  cours  des  neuf  cahiers  que  la  note  attribuerait  au 

1.  On  pourrait  émettre  l'hypothèse  que  déjà  sous  Clément  V  les  registres 
officiels  avaient  disparu  et  qu'on  ne  possédait  plus  que  les  exemplaires  actuels  ; 
ce  que  nous  établissons  plus  loin  ne  permet  pas  de  l'accepter. 


84 

même  scribe,  on  distingue  au  folio  115  un  changement  de  main  évi- 
dent. Les  renseignements  fournis  par  ces  annotations  ne  peuvent 
donc  s'appliquer  aux  registres  que  conservent  les  archives  du 
Vatican. 

La  paléographie  de  ces  notules  est  d'ailleurs  évidemment  pos- 
térieure à  celle  des  registres  sur  lesquels  on  les  rencontre  ^  ;  la 
forme  des  l,  des  /"et  des  s  ne  laisse  aucun  doute  à  cet  égard. 

Gomment  donc  interpréter  ces  mentions  ? 

Une  note,  qui  semble  écrite  de  la  même  main  et  que  nous  avons 
relevée  dans  le  deuxième  registre,  nous  aidera  à  le  faire.  La 
rubrique  du  n"  228  se  lit  :  «  Dilectis  in  Christo  filiabus  .-. 
abbatissis  et  conventibus  sororum  inclusarum  ^nonasterio- 
rum,  ordinis  sancti  Augustini,  secundum  instituta  et  sub 
cura  fratrum  ordinis  Predicatorum  viveyitium.  »  Devant 
le  mot  abbatissis,  on  remarque  un  renvoi,  et  on  lit  en  marge 
la  mention  suivante  :  «  Attende  verbum  :  abbatissis,  loco 
cujus  secundum  quod  patet  in  rubrica  in  presenti  mar- 
gina  cum  nigro  sc^Hpta  débet  esse  :  priorissis,  »  et  au- 
dessous  une  signature.  Le  modèle  de  la  rubrique  dans  la  marge 
supérieure  porte  bien  en  effet  :  «  Dilectis  in  Christo  fîliabus  .. 
priorissis.  »  Cette  note  est  caractéristique;  elle  ne  peut  s'expli- 
quer que  comme  une  remarque  faite  pour  guider  des  copistes 
chargés  de  la  transcription  minutieuse  du  registre  que  nous  avons 
encore  entre  les  mains. 

Nous  croyons  donc  pouvoir  affirmer  que  les  noms  relevés  dans 
les  registres  de  Boniface  VIII  ne  sont  pas  ceux  des  scribes  qui  les 
ont  exécutés  :  ce  sont  ceux  des  copistes  qui  ont  été  chargés  d'en 
faire  une  transcription  à  une  époque  postérieure 2. 


1.  M.  Kaltenbrunner  le  remarque  lui-même  p.  217  et  M.  Léopold  Delislc 
reconnaît  les  caractères  du  xiv"  ou  du  xv*^  siècle  aux  notules  semblables  qu'il 
a  relevées  sur  les  registres  d'Innocent  III.  Cf.  les  Registres  d'Innocent  III,  p.  86. 

2.  Il  en  est  de  même  pour  les  noms  qu'on  trouve  dans  le  registre  de 
Benoît  XI,  qui  nous  fournit  aussi  une  preuve  péremptoire  à  l'appui  de  notre 
hypothèse.  Au  fol.  123,  on  y  lit  :  «  Quaternos  précédentes  qui  sunt  in  numéro 
XIII  scribit  Rumundus  Pinchenerii  clericus  domini  Witalis  magistri  hospitii 
domini  ihesaurarii.  »  Les  treize  cahiers  dont  il  s'agit  comprennent  la  table  des 
lettres  ordinaires  et  les  douze  premiers  cahiers  de  ces  lettres.  Or,  la  table  est 
évidemment  d'une  main  ditférente,  et  en  tout  cas  elle  ne  pouvait  être  établie 
avant  l'achèvement  complet  du  registre.  Celte  note  ne  se  réfère  donc  pas  à 
l'exécution  du  registre  actuel,  mais  à  celle  du  double  qui  en  a  été  fait. 


85 

m. 

Cette  interprétation,  dont  nous  espérons  avoir  démontré  l'exac- 
titude pour  les  annotations  des  registres  de  Boniface  VIII ,  ne 
peut-elle  pas  s'appliquer  à  toutes  les  mentions  semblables  des 
autres  registres?  Et  n'est-on  pas  amené  à  croire  que  les  registres 
de  la  série  du  xiri«  siècle  sur  lesquels  on  les  rencontre  ont  tous 
été  l'objet  d'une  transcription? 

Nous  le  pensons  pour  notre  part,  et  M.  Kaltenbrunner  fournit 
dans  son  intéressant  travail  les  meilleurs  arguments  à  l'appui  de 
cette  hypothèse.  Parmi  les  annotations  qu'il  a  relevées,  nous 
notons  les  suivantes  :  En  tête  de  la  première  année  d'Hono- 
rius  III,  «  Floretius  copiavit,  »  et  sur  le  registre  111  de 
Jean  XXII  {Sécréta,  années  VII- VIII*)  :  «  Florentins  de 
Sahulo  scrïbit  primum  et  secundum  lihrmn  domini  Honorii 
pape  III  et  incipit  scribere  die  XVIII  Februarii.  »  —  Dans 
le  registre  32  (Clément  IV),  au  folio  125  :  «  Frater  Eichlus 
ononachus  ord.  Cisterciensis  de  Moris  incepit  scribere 
feria  Illpost  Pascham  istum  librum.  x-  —  Dans  le  registre  46 
(Nicolas  IV,  années  IV-V),  au  folio  100  :  «  Franciscus  de 
Egra  hahet  très  quaternos  sequentes.  »  Fol.  130  :  ^<  Desimt 
très  quaterni  sequentes  quos  habet  socius  Wenceslai.  » 
Fol.  157,  commencement  des  curiales  :  «  Istud  totum  scrip- 
tum  est  eœceptis  rubricis  et  scripsit  Theodoricus.  »  — 
Registre  4  (Innocent  III,  année  II).  Fol.  145  :  «  Jo.  de  Porta 
coplevit.  »  — Registre  5  (Innocent  III) .  Fol.  1  :  «  Maquardus 
scribit  presentem  librum.  »  —  Registre  12  (d'Honorius  III, 
années  VII  et  VIII).  Folio  1  :  «  Liber  septimus  Domini 
Honorii  Tercii  quem  scripsit  Dominus  Radidphus  Jaque- 
telli  et  débet  poni  cum  libro  VIII  quem  sc?'ibit  Johannes 
Noleti  Cathalaunensis  diocesis.  »  —  Registre  26  (Urbain  IV, 
années  I  et  II),  en  face  du  n°  120  :  «  Hic  incipit  Mascardus.  » 

Ainsi,  deux  moines  du  même  couvent  travaillent  aux  registres 
de  Clément  IV  et  de  Boniface  VIII.  «  Thomas  Porch  » 
figure  sur  les  volumes  de  Nicolas  IV  et  de  Boniface  VIII. 
«  Mascardus  »  est  mentionné  sur  le  manuscrit  de  la  troisième 
année  d'Innocent  III  et  sur  celui  de  la  première  année  d'Ur- 
bain IV,    c'est-à-dire  sur    des  registres    séparés  de  plus  de 

1.  D'après  une  noie  que  M.  Granert  a  signalée  à  M.  Kalfenbninner. 


86 

soixante  ans.  Quand  on  rompt  l'unité  d'un  registre,  on  précise 
avec  soin  le  lieu  où  l'on  pourra  en  retrouver  les  différentes  parties. 

Toutes  ces  notes  éveillent  l'idée  d'un  grand  travail  de  trans- 
cription réparti  entre  plusieurs  scribes,  exécuté  dans  un  temps 
assez  court,  et  personne  ne  peut  admettre  que  la  série  des 
registres  conservés  au  Vatican  en  soit  le  résultat.  Il  suffît  de 
comparer  les  registres  d'Innocent  III  à  ceux  d'Urbain  IV, 
ceux  de  Grégoire  IX  à  ceux  de  Boniface  VIII  pour  écarter 
immédiatement  une  pareille  hypothèse.  Comme  le  remarque  fort 
bien  M.  Kaltenbrunner,  ils  sont  semblables,  ils  ne  sont  pas  uni- 
formes. Leur  air  de  famille  et  leur  correction  s'expliquent  par 
l'esprit  de  tradition  et  l'admirable  organisation  de  la  chancellerie 
pontificale  ;  mais  ils  ne  peuvent  faire  oublier  la  différence  de  leur 
format,  la  transformation  de  leur  paléographie,  les  changements 
de  leur  disposition  et  de  leur  ornementation. 

A  côté  de  la  série  originale  des  registres  du  xuf  siècle,  il  a 
donc  dû  exister  une  série  parallèle  de  copies  dont  on  peut, 
croyons-nous,  trouver  encore  au  moins  un  exemplaire  parmi  les 
volumes  conservés  aux  archives  du  Vatican. 

Ainsi  que  l'a  démontré  M.  Léopold  Delisle^  les  volumes  qu'on  y 
conserve  des  lettres  d'Innocent  III  sont  les  registres  originaux  con- 
temporains du  pape  lui-même  :  un  seul  fait  exception,  celui  qui 
contient  les  lettres  des  années  XIII-XVI.  Ce  manuscrit,  portant 
aujourd'hui  le  n"  8,  n'est  pas  le  registre  original,  c'est  une  copie 
exécutée  au  xiv*  ou  au  commencement  du  xv"  siècle,  et  il  est 
prouvé  qu'il  en  a  existé  un  exemplaire  différent  de  celui  qui, 
aujourd'hui,  figure  dans  la  série  du  Vatican.  Il  ne  paraît  pas  témé- 
raire de  voir  dans  ce  manuscrit  une  épave  de  la  série  de  doubles^ 
dont  l'exécution  a  laissé  ses  traces  dans  les  annotations  relevées 
plus  haut^. 

Quand  ce  travail  de  transcription  a-t-il  été  décidé  ?  A  quelle 
occasion?  Où  a-t-il  été  exécuté?  Que  sont  devenus  tous  ces 
doubles?  Ne  nous  auraient-ils  pas  conservé,  comme  c'est  le  cas 

1.  Lea  Registres  d'Innocent  III,  dans  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes, 
t.  XL VI. 

2.  Ce  registre  porte  aussi  un  nom  de  scribe  :  «  Sygerus  Nolini  scripsit  hune 
librum;  »  mais  le  temps  du  verbe  est  ici  significatif  et  sert  d'appui  à  notre 
hypothèse. 

3.  Bien  que  le  recueil  des  bulles  de  Clément  IV  publié  par  Martène  ne  rentre 
pas  dans  la  série  officielle  des  registres,  il  serait  curieux  d'étudier  au  point  de 
vue  de  la  question  qui  nous  occupe  les  cinq  exemplaires  qui  en  sont  conservés 
aux  archives  du  Vatican  sous  les  n"'  30,  33,  34,  35  et  36. 


87 

pour  ce  registre  d'Innocent  III,  des  registres  manquant  à  la  col- 
lection du  Vatican?  N'y  aurait-il  aucun  espoir  d'en  retrouver 
ailleurs  d'autres  volumes  ? 

Nous  signalons  ces  problèmes  sans  pouvoir  les  résoudre  *;  mais 
nous  croyons  utile  d'appeler  l'attention  des  érudits  sur  ce  point 
intéressant  de  l'histoire  des  archives  du  saint-siège. 

Georges  Digard. 

p.  S.  —  Cet  article  était  en  épreuves  quand  nous  avons  reçu 
celui  que  le  P.  Denifle  vient  de  publier,  «  Die  pœpstlichen 
Registerhœnde  des  XIII  Jahrhunderts,  »  dans  le  premier 
numéro  de  cette  année  du  «  Neues  Archiv  fuer  Litteratur  und 
Kirchengeschichte .  »  Les  comptes  d'Urbain  V  lui  ont  permis 
d'établir  que  la  série  parallèle  de  copies  dont  nous  supposions 
l'existence  avait,  en  effet,  été  exécutée  à  Avignon  sur  les  ordres  de 
ce  pape,  lors  de  son  départ  pour  l'Italie.  Quand  il  essaya  de  rame- 
ner le  saint-siège  à  Rome,  il  voulut  emporter  une  transcription 
de  la  série  des  registres  pontificaux  du  xiif  siècle,  pour  ne  pas 
exposer  les  originaux  aux  hasards  d'un  nouveau  transport.  Les 
dépenses  de  ce  grand  travail,  qui  a  demandé  quatre-vingt-trois 
journées  de  copistes,  ont  été  soldées,  lorsqu'il  n'était  pas  encore 
tout  à  fait  achevé,  le  22  septembre  1367.  L'article  du  P.  Denifle 
contient  d'autres  recherches  fort  intéressantes,  il  en  sera  bientôt 
rendu  compte  dans  cette  Revue. 

1.  Pour  notre  part,  nous  pensons  que  celte  transcription  a  été  faite  à  Avi- 
gnon entre  1339  et  1369.  M.  Kaltenbrunner  (p.  279)  signale  un  inventaire 
des  archives  pontificales  de  1369  et  y  note  qu'à  la  suite  de  l'indication  du 
nombre  des  registres  d'Innocent  III,  d  innocent  IV  et  de  Boniface  VIII  encore 
séparés  par  année,  on  lit  :  «  Tam  parvi,  tammagni.  »  Comme  il  l'indique  lui- 
même,  si  on  réfère  cette  indication,  non  à  l'épaisseur  des  registres,  mais  à  leur 
format,  il  faut  admettre  pour  ces  registres  une  double  série  en  grand  et  petit 
format.  C'est  là,  croyons-nous,  la  véritable  interprétation,  et  elle  nous  semble 
confirmée  par  la  différence  de  format  que  relève  M.  Delisle  (p.  92)  entre  les 
registres  originaux  et  le  registre  n"  8,  copie  du  registre  des  années  XIII-XVI 
d'Innocent  III.  D'autre  part,  cette  transcription,  dans  les  conditions  où  elle 
semble  avoir  été  exécutée,  n'a  pu  être  faite  qu'après  la  réunion  de  tous  les 
registres  à  Avignon.  Or  celle-ci  n'a  été  complète  qu'en  1339.  (Cf.  Ehrle.  Sckatz, 
Bihliothek  und  Archiv  der  Pœpste  im  XIV  Jahrhundert,  dans  VArchiv  fuer 
Litteratur  und  Kirchengeschichte  des  Mittelalters,  n"  l  et  2.) 


POESIES  LATINES 

DU  MS.  ADD.  A.44  DE  LA  BODLÉIENNE 


Dans  notre  précédent  volume,  p.  583-585,  nous  avons  publié 
le  catalogue  des  pièces  contenues  dans  le  ms.  add.  A  44  de  la 
Bodléienne,  catalogue  que  nous  devions  à  l'obligeance  de 
M.  Madan,  et  nous  avons  indiqué  quelles  sont  celles  de  ces  pièces 
qui  se  trouvent  encore  à  Florence,  dans  l'Antiphonaire  de  Pierre 
de  Médicis  décrit  par  M.  Delisle  à  la  suite  de  son  Discours  à 
rassemblée  gén.  de  la  Soc.  de  l'Hist.  de  France,  1855.  Il 
nous  a  paru  qu'il  pouvait  être  utile  d'ajouter  quelque  chose  à  ces 
indications.  Des  quatre-vingt-cinq  pièces  qui  se  lisent  dans  le  ms. 
de  la  Bodléienne,  cinquante-huit  nous  sont  connues  comme  étant 
ailleurs,  soit  imprimées,  soit  manuscrites.  Ce  sontlàles  explications 
que  nous  allons  fournir.  Il  n'est  pas  besoin  de  dire  que  nous  avons 
été  beaucoup  aidé  dans  notre  travail  par  la  table  qu'a  donnée 
M.  Wattenbach  dans  le  Zeitschrift  der  deutsches  Aller thum, 
t.  XV,  p.  469,  et  par  les  notes  qu'a  jointes  M.  Delisle  à  sa  des- 
cription de  l'Antiphonaire.  Ces  notes,  nous  les  reproduisons  ici, 
pour  qu'on  n'ait  pas  à  recourir  d'un  volume  à  un  autre. 

A  tauro  torrida.  Le  premier  vers  est  : 

A  Tauro  torrida  lampade  Cynthii, 

et  le  titre  de  cette  pièce  bien  connue  est  Apocalypsis  GoUx.  Elle  a  été 
publiée  par  Wolf,  Lection.  memor.,  t.  I,  p.  430  5  par  Malth.  Flacius 

1.  L'auteur  des  notes  qu'on  va  lire  n'a  pas  voulu  se  nommer:  mais  tous  nos 
lecteurs  y  reconnaîtront  aisément  l'érudition  bibliographique  qu'ils  ont  remar- 
quée dans  les  Mélanges  poétiques  d' flildcberl  de  Lavardin  (Paris,  1882,  in-8°) 
et  dans  beaucoup  de  morceaux  dont  se  sont  enrichis  les  derniers  volumes  des 
Notices  et  extraits  des  manuscrits  et  du  Journal  des  savants. 


Illyricus,  Varia  cloctor.  poem.,p.  -133 ;  par  Eccard,  Corp.  hist.  mecl. 
œvi,  t.  Tl,  p.  1851;  par  M.  Wrighl,  Poems  attributed  to  Waller 
Mupes,  p.  i  ;  par  M.  Muldener,  Die  zehn  Gedichte  der  Wulther  von 
Lille,  p.  19,  et  enfin  par  M.  Hauréau,  Notices  et  extr.  des  Mss., 
L  XXTX,  2°  partie,  p.  278.  Il  y  a  des  impressions  partielles.  Les 
manuscrits  sont  nombreux.  M.  Wright  en  indique  quinze  à  Londres, 
à  Oxford,  à  Cambridge.  D'autres  copies  existent  dans  les  n"'  3245 
(fol.  37)  et  11864  (fol.  105)  de  la  Bibliothèque  nationale,  41  «>  de 
Munich,  344  de  la  reine  Christine,  au  Vatican,  et  707  des  Cod.  Mis- 
cell.  Laudiuni,  à  la  Bodléienne. 

Ad  cor  tuum.  Vers  complet  : 

Ad  cor  tuum  revertere. 

Cette  pièce  a  été  deux  fois  imprimée  :  par  Matthias  Flacius,  Var. 
doct.  poemata,  p.  77,  et  dans  le  recueil  des  Carmina  burana,  p.  6. 
Ms.  de  Florence,  fol.  420. 

Aristippe  quamvis.  Vers  complet  : 

Aristippe  quamvis  sero; 

et  la  pièce  a  été  publiée  par  Matthias  Flacius,  Varia  doct.  poern., 
p.  39,  ainsi  que  parmi  les  Carmina  burana,  p.  ()5.  Ms.  de  Florence, 
fol.  406. 

Bonum  est  confîdere.  C'est-à-dire  : 
Bonum  est  confidere 
In  dominorum  Domino. 

Imprimé  dans  les  Carmina  burana.,  p.  6.  Ms.  de  Florence, 
fol.  430. 

Gum  tenerent.  Vers  complet  : 

Gum  tenerent  omnia  médium  tumultum. 

OU,  dans  quelques  manuscrits,  Dum  tenerent.  C'est  la  Dispute  de  l'eau 
et  du  vin,  attribuée  à  Primat.  Elle  a  été  souvent  imprimée  :  par 
M.  Wright,  Poems  attrib.  to  W aller  Mapes,  p.  87;  par  M.  J.  Grimm, 
Kleinere  Schriften,  t.  III,  p.  78;  par  M.  Husemann,  Anzeiger  fiir 
kunde  der  teutscli.  Vorzeit,  t.  XV,  p.  285-,  par  M.  Novati,  Carm. 
med.  œri,  p.  58.  Outre  les  manuscrits  d'après  lesquels  ont  été  faites 
ces  éditions,  il  y  a  lieu  de  citer  le  n"  766  de  Tours. 

Deterrae  gremio.  Publié  par  M.  Ed.  \)uMér'û,  Poésies  popul. 


90 

du  moyen  âge,  p.  232,  d'après  le  n"  37-19  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale, fol.  36. 

Dum  médium  silentium.  Publié  par  Matthias  Flacius,  Varia 
doct.poem.,  p.  78.  Ms.  de  Florence,  fol.  422. 

Ecce  sonat  in  aperto.  Publié  dans  les  Carmina  burana^ 
p.  43,  et  par  M.  Ed.  Du  Méril  :  Poésies  pojml.  du  moyen  âge,  p.  177, 
d'après  le  n°  4880  de  la  Bibliothèque  nationale.  Il  en  existe  un  autre 
texte  à  la  même  bibliothèque,  dans  le  no  \  544  des  manuscrits  latins 
nouvellement  acquis,  fol.  87. 

Ecce  torpet  probitas.  Publié  dans  les  Carmina  burana, 
p.  37,  et  par  M.  Mone  dans  V Anzeiger  fUr  kunde  der  teutsch.  Vor- 
zeit^  prem.  série,  t.  VII,  p.  294. 

Exceptivam  actionem.  Cette  pièce,  publiée  par  Buzelin  sous 
le  nom  d'Alain  de  Lille,  Gallo-Flandr.,  t.  I,  ch.  vir,  se  lit,  sous  le 
même  nom,  dans  le  t.  GGX  de  la  Patrologie,  col.  379.  Elle  est  ano- 
nyme à  la  Bibliothèque  nationale,  n°  -f  544  des  manuscrits  latins  nou- 
vellement acquis,  fol.  74,  et  à  Berne,  n°  H6.  Ms.  de  Florence,  fol.  444. 

Excuset  qu9e  vim.  Publié  par  Matthias  Flacius,  Varia  doct. 
poem.,  p.  76.  Ms.  de  Florence,  fol.  419. 

Fontis  in  rivulum.  Vers  complet  : 

Fontis  in  rivulum  saper  ut  defluit. 

PubUé  par  Matthias  Flacius  :  Varia  doct.  poem.,  p.  38.  Ms.  de 
Florence,  fol.  4-18. 

Frigescente  caritatis.  M.  Mone  a  publié  quatre  strophes  de 
cette  pièce  dans  la  première  série  de  VAn:;eiger  fiir  kunde  der  teutsch. 
Vorzeit,  t.  VII,  col.  i  i  0.  Mais  elle  en  a  treize,  à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, dans  le  n"  -1544  (fol.  86)  des  manuscrits  latins  nouvellement 
acquis.  Un  autre  exemplaire  est  signalé  par  Bandini  à  la  bibliothèque 
Laurentienne,  CataL,  t.  IV,  col.  20-1. 

Graecorum  studia.  Vers  complet  : 

Graecorum  studia  nimiumque  diuque  secutiis. 

C'est  le  Gefa  de  Vital  de  Blois,  souvent  publié.  Sur  les  nombreuses 
éditions  de  cette  comédie  voir  la  notice  de  VHist.  littér.  de  la  Fr.., 
i.  XXII,  p.  4-1  et  suiv.  Aux  divers  manuscrits  que  mentionne,  en 


94 

outre,  cette  notice,  il  y  a  lieu  d'ajouter  ceux-ci  :  Riblioth.  nationale, 
lat.  nouv.  acquis.,  n"  ^53;  Munich,  14809;  Bruges,  547;  Copen- 
hague [Die  Reste  cler  Bordesholmer  Bibliothek,  p.  476  du  catal.  de 
M.  Wetzel)  et  Florence  (t.  II,  col.  127  du  catal.  de  Bandini). 

Heu!  quo  progreditur.  Ms.  de  Florence,  fol.  330,  Publié, 
d'après  ce  manuscrit,  par  M.  L.  Delisle;  Discours,  p.  39. 

Homo  natus  ad.  Vers  complet  : 

Ilomo  natus  ad  laborem. 

Publié  par  Matth.  Flacius,  Var.  dod.  poem.,  p.  75.  Indiqué  par 
M.  Meyer  dans  un  ms.  Egerton  :  Arch.  des  înissions,  -JS6G,  p.  287. 
Ms.  de  Florence,  fol.  \\V>. 

Imperialis  apex.  Vers  complet  : 

Imperialis  apex,  oui  servit  poplitc  ilexo. 

C'est  l'épilogue  de  la  Poetria  de  Geoffroy  de  Vinsauf -,  p.  95  de 
l'édition  de  Leyser. 

In  Gedeonis  area.  Publié  dans  Carm.  Burana,  p.  -13.  Ms. 
de  Florence,  fol.  239. 

In  nova  fert  animus.  C'est  le  début  des  Métamorphoses 
d'Ovide.  La  mention  trop  succincte  ne  permet  pas  de  savoir  si  nous 
avons  ici  quelques  vers  d'Ovide  ou  autre  chose. 

In  rosa  vernat.  Vers  complet  : 

In  rosa  vernat  lilium. 
Ms.  de  Florence,  fol.  271 . 

Jérusalem,  Jérusalem.  Publié  par  M.  Dclisle  d'après  le 
ms.  de  Florence;  Discours,  p.  54. 

Juxta  threnos.  Vers  complet  : 

Juxta  threnos  Jeremise. 

Publié  par  M.  Ed.  Du  Méril,  Poésies  popul.  antér.  au  XII^  siècle^ 
p.  408. 

Licet  aeger.  Vers  complet  : 

Licet  a3gor  cum  a^grotis. 
Publié  par  M.  Wright,  Polit.  Songs,  p.  44,  par  M.  Mone,  t.  VII 


92 

de  VAnzeiger  fur  kunde  der  teutsch.  Vorzeit,  prem.  série,  p.  293,  et 
p.  44  des  Carmina  Burana. 

Neustria  sub  clypeo.  Vers  entier  : 

Neustria  sub  clypeo  régis  defensa  Ricardi. 

Ce  vers  et  ceux  qui  suivent  sont  un  fragment  de  la  Poetria  de 
Geoffroi  de  Vinsauf,  page  4  8  de  Pédition  de  Leyser. 

Non  te  lusisse.  Vers  complet  : 

Non  te  lusisse  pudeat. 
Publié  dans  les  Carm.  Bur.,  p.  iO.  Ms.  de  Florence,  p.  433. 

Nullî  beneficium.  Publié  dans  les  Carm.  Bur.,  p.  1i.  Ms. 
de  Florence,  fol.  334. 

Nuper  eram  locuples.  Vers  complet  : 

Nuper  eram  locuples  multisque  beatis  amicis. 

L'auteur  de  cette  pièce  est  Hildebert  de  Lavardin,  et  elle  a  été 
imprimée  dans  ses  Œuvres  par  Beaugendre,  col.  4344,  après  avoir 
été  recueillie  par  Vincent  de  Beauvais ,  Spec.  histor.,  lib.  XXV, 
ch.  cix,  par  Antonin  de  Florence,  Chron.,  part.  II,  tit.  xvi,  ch.  x,  et 
déjà  publiée  par  Du  Boulay,  Hist.  Univ. ,  t.  II,  ainsi  que  par  Jac.  Hom- 
mey,  Suppl.,  p.  453.  Nous  en  pouvons  citer,  en  outre,  deux  éditions 
récentes  :  Revue  de  philolog.,  t.  I,  p.  410,  et  Mélanges  poét.  d' Hil- 
debert, par  M.  Hauréau,  p.  82.  M.  Hauréau  s'est  servi,  pour  établir 
son  texte,  des  n"^  7596  A,  14494  et  IblSS  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale. Ajoutons  qu'elle  se  trouve  encore  dans  les  n"'  3761  (fol.  70)  et 
14867  (fol.  172)  de  la  même  bibliothèque,  ainsi  que  dans  les  papiers 
de  Baluze,  t.  GXX,  fol.  321,  343,  374.  D'autres  copies  de  cette  pièce 
justement  célèbre  sont  indiquées  dans  les  n"'  690  de  Douai,  300  de 
Tours  et  1 1 3  de  Saint-Omer. 

O  curas  hominum.  Publié  dans  les  Carmina  Bur.,  p.  65. 
Ms.  de  Florence,  fol.  424. 

O  mores  perditos.  Vers  complet  : 

0  mores  perditos  et  morum  fœdera. 

Une  autre  copie  de  ces  vers  inédits,  croyons-nous,  est  à  la  Biblioth. 
nationale,  n°3549,  fol.  168.  Les  voici  d'après  notre  manuscrit  : 

0  mores  perditos  et  morum  fœdera  ! 


93 

Non  curant  superi  quid  agant  infera, 
Sinistra;  maniii  mentitur  dextera, 
Nec  carent  fraudibus  fraterna  latera. 

A  primo  generis  liumani  stipite, 
A  solis  cardine,  a  terne  limite, 
A  mundi  finibus  exempla  sumite  : 
Nusquam  tuta  fides,  experto  crédite. 

Die,  sodés,  amico,  die,  mater,  fiiio, 
Sicubi  habitas  in  hoc  exilio. 
An  imo  vallium,  an  montis  cilio, 
An  casis  pauperum,  an  regum  solio  : 

«  Olim  res  fidei,  nunc  umbra  colitur  ; 
Olim  sola  fides,  nunc  et  fraus  fallitur. 
Et  doli  machina  dolus  repellitur  ; 
In  dolo  dolus  est  et  dolus  toUitur.  » 

O  potores  exquisiti.  C'est  probablement  la  même  pièce  qu'on 
lit  à  la  page  240  des  Carm.  Burana^  où  elle  commence  par  : 
Potatores  exquisiti, 
Licet  sitis  sine  siti... 

Olim  sudor  Herculis.  Publié  par  M.  Schmeller,  dans  les 
Carm.  Burana.  p.  125,  et  par  M.  Hauréau,  Not.  et  exlr.  des  Mss., 
t.  XXIX,  2=  part.,  p.  3<0,  d'après  le  n°  344  de  la  reine  Christine,  au 
Vatican.  Ms.  de  Florence,  fol.  A\7. 

Omnis  in  lacrymas.  Publié  par  M.  Delisle,  Discours,  p.  48, 
d'après  lems.  de  Florence.  Quelques  strophes  dans  Bandini,  CataL, 
t.  II,  col.  3. 

Pergama  flere  volo.  Vers  complet  : 

Pergama  flere  volo,  fato  Danais  data  solo. 

Cette  pièce  célèbre  a  été  déjà  six  fois  publiée.  M,  Hauréau  a  fait 
connaître  les  cinq  premières  éditions  et  donné  la  sixième,  Mélang. 
poét.  d'Hildebert,  p.  206  et  suiv.,  d'après  les  n°'  4-126,  4286,  8430, 
8491  et  1 1867  de  la  Bibliothèque  nationale.  A  ces  manuscrits  ajouter 
les  suivants  :  Bibl.  nat.,  5129  (fol.  126)  et  15155  (fol.  145);  Vatican, 
2719  et  344  de  la  Reine;  Munich,  459  et  14544;  Vienne,  861  et  883  ; 
Londres,  Bibl.  Gotton.,  Cleopalra^  A,  8  ;  Douai,  882  ;  Charleville,  30. 
Voir,  en  outre,  Bandini,  CataL  Laurent.,  t.  111,  col.  753,  et  Denis, 
Cod.  theol.  Vind.,  t.  I,  col.  1351  et  2310. 


94 

Planctus  ante  nescia.  Publié  par  M.  Éd.  Du  Méril,  Poés. 
popul.  antér.  au  XII^  siècle^  p.  i  76.  Cette  pièce,  dont  l'auteur  est 
Godefroi  de  Saint- Victor,  se  rencontre  sous  son  nom  dans  le  n°  942 
de  la  Mazarine,  fol.  234.  Il  y  en  existe  d'autres  copies  dans  les 
n"'  3639  (fol.  185)  et  154  63  (fol.  229)  de  la  Bibliothèque  nationale. 

Plurima  cum  soleant.  Vers  complet  : 

Plurima  cum  soleant  sacres  evertere  mores. 

Ce  petit  poème  a  été  publié  par  Hommey,  Suppl.  Patr.^  p.  547, 
sous  le  nom  de  Marbode.  Nous  en  avons  une  autre  édition  de 
M.  Wright,  sous  le  nom  de  Matthieu  de  Vendôme,  Reliquix  antiqux, 
t.  II,  p.  270.  Nicolas  Ghamart  en  a  même  imprimé  quelques  vers 
sous  le  nom  de  Philippe,  abbé  de  Bonne-Espérance.  Mais  il  est 
d'Hildebert,  à  qui  l'attribuent  deux  autres  éditeurs  :  Beaugendre, 
Hildeb.  Opéra,  col.  1353,  et  M.  Hauréau,  Mél.  poét.  d'Hildeb., 
p.  109.  Les  manuscrits  sont  nombreux  :  Biblioth.  nat.,  n"'  3696  B 
(fol.  46),  3761  (foi.  71),  7596  A  (fol.  168),  14867  (fol.  176),  15155 
(fol.  54),  et  papiers  de  Baluze,  t.  CXX  (fol.  324);  Saint-Omer, 
n^HIS  et  710;  Troyes,  n°  1612-,  Berne,  n"  704;  Douai,  n"*^  372  et 
749;  Cheltenham,  n"  H  902;  Bodl.  Cod.  Laud.  lat.,  64  et  68.  Voir, 
en  outre,  Denis,  Cod.  theol.  Vindob.,  t.  I,  col.  990. 

Quam  sit  lata.  Vers  complet  : 

Quam  sit  lata  scelerum  et  quam  longa  tela. 

Publié  par  M.  Wright,  Politic.  Songs,  p.  27. 

Qui  habet  aures.  Vers  complet  : 

Qui  habet  aures  audiat. 

Cette  pièce,  qui  paraît  être  de  Pierre  de  Blois,  a  été  publiée  dans  ses 
OEuvres  par  M.  Giles,  t.  IV,  p.  339.  Elle  est  aussi  dans  la  Patrolo- 
gie,  t.  GGVII,  col.  1129. 

Qui  seminant  in  loculis.  Ms.  de  Florence,  fol.  424. 

Qui  servare  puberem.  Ms.  de  Florence,  fol.  381. 

Quid  ultra  tibi.  Vers  complet  : 

Quid  ultra  tibi  facere. 

Cette  pièce  est  à  la  Bibliothèque  nationale,  n"  14970  (fol.  69)  et 
1544  des  nouv.  acquisitions,  fol.  104.  Elle  est  aussi  dans  les  n°'  413 
de  l'Arsenal  (fol.  176),  883  de  Vienne  (fol.  76),  et  dans  le  n"  3081 


95 

(fol.  2^)  du  fonds  Oltoboni,  au  Vatican.  Voir  L.  Delisle  :  Mss.  du 
Vatican^  p.  33.  Ms.  de  Florence,  fol,  423. 

Quis  aquam  tuo.  Vers  complet  : 

Quis  aquam  tuo  capiti. 

De  Pierre  de  Blois  et  se  lit  dans  ses  OEuvres,  édit.  Giles,  t.  IV, 
p.  433. 

Quid  amicus  suggerit.  De  Pierre  de  blois  et  publié  dans  ses 
OEuvres,  édil.  Giles,  t.  IV,  p.  343. 

Relegentur  ab  area.  Publié  par  Matth.  Flacius,  Var.  doct. 
poem.,  p.  73.  Ms.  de  Florence,  fol.  202  et  287. 

Satis  vobis  notum.  Vers  complet  : 

Satis  vobis  noturn  est  et  res  manifesta. 
Publié  par  Matth.  Flacius,  Var.  doct.poem.,  p.  \\3. 

Sede  Sion  in.  Vers  complet  : 

Sade,  Sion,  in  pulvere. 
Publié  par  Matth.  Flacius,  Var.  doct.  poem.,  p.  38. 

Semper  ut  ex  aliqua.  Vers  complet  : 

Semper  ut  ex  aliqua  felices  parte  querantur. 

Ce  poème,  intitulé  tantôt  De  Purricida.,  tantôt  Mathematicus.,  a 
été  publié  par  Beaugendre  sous  le  nom  d'Hildebert  :  Oper..,  col.  -1295. 
Il  en  existe  des  copies  à  la  Bibliothèque  nationale,  n°'  5-129  et  64^5 
(fol.  se)  ;  à  Berne,  n°  74  0  ;  à  Tours,  n"  300,  et  dans  le  n°  344  de  la 
reine  de  Suède,  au  Vatican. 

Sit  Deo  gloria.  Vers  complet  : 

Sit  Deo  gloria,  laus,  benedictio. 

Voici  quatre  éditions  de  ce  poème.  Il  a  été  publié  par  M.  Wright  : 
Poems  attrib.  to  Walter  Mapes.,  p.  77  ;  par  M.  J.  Grimm,  Klein. 
Schriften,  t.  III,  p.  80  ;  par  M.  Ed.  Du  Méril,  Poés.  popul.  du  moij. 
âge,  p.  {79;  par  M.  Assier,  la  Champagne  pittor.^  1. 1,  p.  29.  Il  y  en 
a  des  copies  à  la  Bibliothèque  nationale,  n""  2902  (fol.  -173),  8033  A 
(fol.  20),  10240  (fol.  274);  à  Tours,  n°  948;  à  Troyes,  n»  4023;  à 
Berne,  n°  203-,  à  Munich,  n"  031. 


96 

Sol  oritur  in.  Vers  complet  : 

Sol  oritur  in  sidère. 
Ms.  de  Florence^,  fol,  422. 

Sol  sub  nube.  Vers  complet  : 

Sol  sub  nube  latuit. 

Publié  par  M.  Mone  :  Anzeiger  fur  kunde  der  teusch.  Vorzeit, 
prem.  série,  t.  VII,  p.  296.  Ms.  de  Florence,  fol.  354. 

Taurum  sol  intraverat.  Vers  complet  : 

Taurum  sol  intraverat,  et  ver,  parens  florum. 

C'est  V Altercatio  Ganymedis  et  Helense,  pièce  partiellement  publiée 
par  M.  Ozanam,  Doc.  inéd.  pour  servir  à  Vhist.  litt.  de  P Italie,  p.  20, 
et  intégralement  par  M.  Wattenbach,  Zeitschrift  fiir  deutschen 
Alterthum,  t.  XVIII,  p.  ^127,  d'après  un  manuscrit  de  Berlin  elle 
n"  344  de  la  Reine,  au  Vatican.  M.  Ozanam  l'avait  rencontrée  au 
Vatican,  dans  un  autre  manuscrit,  n°  27'!  9. 

Utar  contra  vitium.  Il  faut  lire  sans  doute  : 
Utar  contra  vitia  carminé  rebelli. 

Poème  contre  la  cour  de  Rome,  publié  par  Matth.  Flacius,  Var. 
doct.  poeiïi.,  p.  •J59  et  406,  par  M.  Th.  Wright,  Politic.  Sangs,  p.  ^4, 
el  Poems  attributed  ta  Walter  Mapes,  p.  36,  enfin  par  M.  Schmeller, 
Carmina  Burana,  p.  i9.  Quelques  extraits  dans  VHist.  littér.  de  la 
Fr.,  t.  XXn,  p.  -147. 

Vanitas  Vanitatum.  Publié  par  Matth.  Flacius,  Var.  doct. 
poem.,  p.  78.  Ms.  de  Florence,  fol.  423. 

Vehemens  indignatio.  Ms.  de  Florence,  fol.  433. 

Velificatus  Athos.  Le  vers  complet  est  sans  doute  : 
Velificatus  Athos  dubio  mare  ponte  ligatur. 

C'est  V Archithrenius  de  Jean  de  Hantville,  ou  de  Hauteville,  publié 
par  Josse  Bade  en  ^o^7,  de  nouveau  par  M.  Wright,  Anglo-latin 
satir.  poems,  t.  I,  p.  240.  Un  manuscrit  est  à  Troyes,  n°  2263,  un 
autre  à  Berne,  n°  683. 

Ver  pacis  aperit.  Vers  complet  : 

Ver  pacis  aperit  naturse  gremium. 


97 

Publié  par  M.  Mone  dans  la  prem.  série  de  VAnzeiger  fur  kunde 
der  (eufsch.  Vorz.,  L  VII,  p.  293.  Ms.  de  Florence,  fol.  355. 

Veritas  veritatum.  Publié  par  Matth.  Flacius,  Var.  doct. 
■poein.,  p.  7S,  el  dans  les  Carmina  Burana^  p.  3.  Ms.  de  Florence, 
col.  423. 

Vernat  eques.  Vers  complet  : 

Vernat  eques,  vix  prima  genis  lanugo  susurrât. 

G'esl  le  début  du  Miles  gloriosus  de  Matthieu  de  Vendôme,  publié 
par  M.  Du  Méril  dans  ses  Origines  latines  du  théâtre,  mod.,  p.  283. 
Voir  Hist.  lift,  de  la  Fr.,  t.  XXII,  p.  39,  et  Notices  et  extr.  des 
mss.,  t.  XXIX,  2«  part.,  p.  351. 

Virtus  moritur.  Publié  par  M.  Delisle,  D/.scowrs,  p.  36,  d'après 
le  ms.  de  Florence,  fol.  322. 


INVENTAIRE 

DE    LA 

BIBLIOTHÈQUE  DE   SAINT-GILDÂS 

EN  BERRY. 


La  liste  d'ouvrages  que  je  publie  plus  loin  est  transcrite  d'un  feuil- 
let de  parchemin  qui  servait  de  couverture  au  manuscrit  de  la  biblio- 
thèque Sainte-Geneviève  actuellement  coté  T.  f.  7^,  in-4''.  Ce  manus- 
crit est  un  recueil  de  recettes  médicales,  rédigé  au  xvi*  siècle;  il  ne 
présente  aucun  intérêt.  L'écriture  du  feuillet  de  parchemin  qui  le 
recouvrait  me  parait  dater  du  xi®  siècle.  Le  texte  est  un  fragment 
d'un  inventaire  des  volumes  appartenant  à  l'abbaye  du  Sauveur  et  de 
Saint-Gildas  au  diocèse  de  Bourges.  Le  feuillet  était  écrit  au  recto  et 
au  verso  ;  malheureusement,  l'un  des  côtés  a  été  à  tel  point  gratté  et 
lavé  que,  sauf  deux  ou  trois  mots  isolés,  tout  vestige  d'écriture  en  a 
complètement  disparu.  L'autre  côté,  au  contraire,  sur  lequel  étaient 
collés  le  premier  et  le  dernier  feuillet  du  volume,  est  en  parfait  état 
de  conservation. 

Avant  d'aborder  l'examen  du  document,  je  crois  utile  de  rappeler 
brièvement  dans  quelles  circonstances  l'abbaye  du  Sauveur  et  de  Saint- 
Gildas  fut  fondée. 

A  la  fin  du  rx*  siècle  ou  au  commencement  du  x«,  le  monastère  de 
Saint-Gildas  de  Ruis,  au  diocèse  de  Vannes,  dont  la  tradition  fait 
remonter  l'origine  à  saint  Gildas  le  Sage  (vi^  siècle) ,  fut  détruit  de 
fond  en  comble  par  les  Normands.  Les  moines  s'enfuirent  devant 
l'invasion,  emportant  avec  eux  les  reliques  du  patron  de  leur  monas- 
tère, celles  des  saints  Patrice,  apôtre  de  Flrlande,  Albain,  martyr  en 
Grande-Bretagne,  Paterne,  évêque  de  Vannes,  Brigitte,  abbesse  en 
Ecosse,  et  sans  doute  d'autres  objets  précieux.  Ils  se  dirigèrent 
vers  l'ouest  et  arrivèrent  à  Déols,  dont  le  seigneur,  Ebbon,  les 
accueillit  avec  bienveillance.  Sur  leur  demande,  il  consentit  à  les  éta- 


9!» 

blir  dans  son  domaine,  il  les  logea  en  attendant  mieux  aux  envi- 
rons de  son  château,  dans  des  ermitages  abandonnés,  il  pourvut  à 
leur  subsistance,  puis  il  fit  bâlir  pour  eux  dans  une  île  de  l'Indre  un 
monastère  qu'il  plaça  sous  l'invocation  du  Sauveur  et  de  saint  Gildas. 
Ebbon  mourut  à  la  suite  d'un  combat  contre  les  Hongrois  ou  Magyares, 
avant  que  Tédifice  fût  achevé;  mais  son  fils  Raoul,  qui  lui  succéda, 
ne  monti-a  pas  un  moindre  zèle  en  faveur  des  exilés,  et  termina 
l'œuvre  commencée.  Un  siècle  plus  tard,  vers  l'an  1008,  un  moine 
de  Fleuri-sur-Loire,  commis  à  cet  effet  par  son  abbé  Gozlin,  recons- 
truisit, sur  l'emplacement  de  l'ancienne  abbaye  de  Saint-Gildas  de 
Ruis,  un  nouveau  monastère  dont  quelques  parties  subsistent  encore 
aujourd'hui  et  dont,  comme  on  sait,  le  fameux  Abélard  devint  abbé 
vers  l'an  H25  ^ 

J'estime  que,  parmi  les  volumes  signalés  dans  notre  inventaire,  un 
certain  nombre  proviennent  de  Saint-Gildas  de  Ruis.  On  y  voit,  en 
effet,  figurer  un  textum  S.  Gildasii,  c'est-à-dire,  j'imagine,  un  texte 
des  Évangiles  ayant  appartenu  à  saint  Gildas  le  Sage,  et  deux  anti- 
phonaires  bretons  dont  la  présence  dans  l'abbaye  bretonne  s'explique 
aisément  et  qu'on  ne  peut  guère  supposer  avoir  été  acquis  ou  rédigés 
par  les  moines  berrichons  dans  le  courant  du  x*^  siècle  ^  la  bibliothèque 
aurait  donc  fait  partie  des  objets  sauvés  par  les  moines  lors  de  l'in- 
vasion normande  qui  détruisit  leur  abbaye. 

Le  fragment  d'inventaire  compris  dans  notre  feuillet  de  parche- 
min est  divisé  en  deux  parties  contenant  chacune  une  catégorie  spé- 
ciale d'ouvrages.  La  première  est  consacrée  aux  livres  traitant  de 
divinis  rébus,  la  seconde  aux  livres  traitant  de  arte.  —  On  remar- 
quera tout  de  suite  une  assez  grande  différence  dans  la  rédaction  de 
ces  deux  parties.  Tandis  que,  dans  la  première,  les  titres  des  livres 
sont  très  sommairement  indiqués,  dans  la  seconde  on  a  pris  la  peine 
de  noter  le  nombre  des  volumes  et  les  premiers  mots  de  chaque 
ouvrage.  Aussi,  bien  que  le  feuillet  soit  écrit  entièrement  de  la  même 
main,  ne  serais-je  pas  étonné  que  ce  fragment  d'inventaire  soit  dû  à 
deux  rédacteurs  dont  le  travail  aurait  été  réuni  et  recopié  par  un  seul  et 


1.  Vie  de  saint  Gildas  le  Sage,  écrite  au  xi'^  siècle  par  un  moine  de  Saint- 
Gildas  de  Ruis  (i^.  SS.  BolL,  1"  éd.,  janv.,  Il,  pp.  964-965);  Chronique  de 
Buis  (D.  Lobineau,  Hist.  de  Bretagne,  t.  II,  col.  3G9);  Diplôme  de  Louis  d'Ou- 
tremer pour  l'abbaye  de  Déols  (Bec.  des  Hist.  de  Fr.,  t.  IX,  p.  593);  Chron.  de 
Tours,  à  l'année  917  [Bec.  des  Hist.  de  Fr.,  t.  IX,  p.  50);  Patriarchium  Bitu- 
ricense,  ch.  lu  (Labbe,  BipMoth.  nova  mss.,  t.  II,  p.  71)  ;  Gallin  christ.,  t.  II, 
p.  153;  Raynal,  Hist.  duBerrij,  t.  I,  p.  321. 


^00 

même  scribe.  Cette  hypothèse  est  encore  corroborée  par  le  fait  que,  dans 
le  titre  de  chaque  partie,  on  rappelle  le  nom  de  l'abbaye  à  laquelle 
appartiennent  les  livres  inventoriés  et  qu'en  outre,  dans  l'un  de  ces 
titres,  Tabbaye  est  désignée  sous  le  nom  de  Saint-Sauveur  et  Saint- 
Gildas,  tandis  que  dans  l'autre  elle  est  qualifiée  Saint-Giidas  tout 
court.  Le  premier  rédacteur  paraît  avoir  été  un  homme  à  la  fois  très 
négligent  et  très  peu  lettré;  d'une  part,  en  effet,  il  signale  comme 
formant  des  livres  séparés  une  Vita  S.  Antonii,  une  Vita  S.  Cug- 
bertiy  une  Vita  S.  Patricia  une  Vita  S.  Gregorii^  qui,  vraisembla- 
blement, se  trouvaient  en  tête  de  recueils  de  Vies  de  saints.  Il  se  con- 
tente pour  certains  ouvrages  d'indications  comme  celles-ci  :  Librum 
cuncorium  rubeum^  —  librum  de  diversis  rébus,  —  librum  de  diver- 
sis  causis.  D'autre  part,  son  classement  des  livres  par  ordre  de 
matières  est  éminemment  fantaisiste.  C'est  ainsi  que,  parmi  les 
ouvrages  qu'il  indique  comme  traitant  des  choses  divines,  nous 
voyons  apparaître  un  Térence,  un  de  Oraiore  de  Gicéron,  un  Librum 
de  Bucolico  (probablement  le  commentaire  de  Virgile  par  Servius), 
des  Gesta  Julii  César is. 

Le  second  rédacteur  fait  preuve  d'un  peu  plus  de  savoir  et  d'expé- 
rience; il  donne  généralement  le  nom  de  l'auteur;  il  mentionne 
en  outre  Vincipit  de  chaque  ouvrage,  sauf  toutefois  pour  le  4^"'  article 
(n°  -103),  où  il  paraît  Tavoir  oublié.  De  cette  façon,  les  restitutions 
deviennent  faciles,  et,  si  je  ne  suis  pas  arrivé  à  identifier  la  totalité 
des  volumes  cités,  cela  tient  sans  doute  à  l'insuffisance  de  mes 
connaissances  bibliographiques. 

Sous  les  titres  de  quelques-uns  des  livres,  on  voit  le  signe  /î,  qui 
signifie  peut-être  non.  On  pourrait  supposer  que  ce  signe  a  été  ajouté 
lors  d'un  récolement  postérieur  et  qu'il  vise  les  ouvrages  manquant 
h  répoque  de  ce  récolement.  On  pourrait  imaginer  aussi  qu'à  la  suite 
de  la  reconstruction  du  monastère  de  Saint-Gildas  de  Ruis,  un  cer- 
tain nombre  de  volumes  furent  rendus,  ce  qui  eut  lieu,  semble-t-il, 
pour  une  partie  des  reliques.  Dans  cette  dernière  hypothèse,  le 
signe  fi  s'appliquerait  aux  volumes  non  rendus^  qui  restèrent  dans 
l'abbaye  du  Sauveur  et  de  Saint-Gildas. 

J'eusse  désiré  faire  de  cet  intéressant  inventaire  une  étude  plus 
complète,  et  rechercher,  par  exemple,  si  nos  bibliothèques  renferment 
quelques-uns  des  livres  qu'il  indique.  Le  temps  me  manque  malheu- 
reusement pour  cela.  Je  me  borne  donc  à  publier  le  document  en 
identifiant,  lorsque  la  chose  sera  possible,  les  ouvrages  insuffisam- 
ment désignés.  Pour  la  plupart  de  ces  ouvrages,  les  commentaires 


des  textes  sacres  surtout,  il  est  difficile  de  savoir  à  qui  les  attribuer, 
ou,  du  moins,  doit-on  le  plus  souvent  hésiter  entre  divers  écrivains 
ayant  traité  le  même  sujet.  Aussi  m'absticndrai-jc  de  toute  attribu- 
tion lorsqu'il  me  faudrait  recourir  à  des  hypothèses  trop  hasardées. 

Gh.  Rouler. 


Incipit  brevis  de  divinis  libris  Sancti  Salvatoris 
ATQUE  Sancti  Gildasii. 

1-4.  —  iiij.  compotos. 

5.  —  Summum  bonum. 

6.  —  Gesta  Franchorum. 

7.  —  Expositionem  Isaie. 

8-9.  —  Duos  glosarios,  unum  maiorem  et  alium  minorem. 

10.  —  Gesta  Julii  Cesaris. 

11.  —  Duos  psalmorura  simul  in  uno  volumine  conligatos. 

12.  —  Codicem  parvulum  de  cunctis  evangeliis. 

13.  —  Librum  de  bullario. 

14.  —  Vita  sancti  Antonii. 

15.  —  Expositionem  de  Job. 

16.  —  Itemque  aliam  expositionem  de  Ezechiele  proplieta. 

17.  —  Librum  Genesi.  Desiderii  mei. 

18.  —  Expositio  appocalipsi,  cum  epistolas  Pauli. 

19.  —  Isidorum  magnum. 

20.  —  Librum  Geronimi  et  Damasi  presbytère. 

5.  Isidore  de  Séville,  Senteuike,  ou  saiat  Augustin,  De  nafura  boni,  contra 
Manichxos. 

G.  Les  Gesta  regum  Francorum,  ou  peut-être  Aimoin,  Historia  Francorum, 
ou  encore  Grég.  de  Tours. 

10.  Sans  doute  les  Commentarii. 

13.  Probablement  un  recueil  de  décrétâtes. 

14.  Version  latine,  par  Evagrius,  de  la  Vie  de  saint  Antoine  le  Grand,  par 
saint  Athanase. 

17.  La  préface  de  saint  Jérôme  au  Pentateiique ,  adressée  à  Desiderius  et 
commençant  par  les  mots  «  Desiderii  mei...  » 

18.  Primasius,  év.  d'Adrumète,  ou  Bède. 

19.  Isidore  de  Séville. 

20.  Les  Évanfjiles,  version  de  saint  Jérôme,  dédiés  au  papcDamasc,  ou  peut- 
être  l'Interpretatio  homiliarum  duarum  Origenis  in  Cnntica  canticorum,  dédiée 
par  saint  Jérôme  au  même  pape. 


^02 

21.  —  Epistolas  leronimi  et  Damasi  presbytero. 

22.  —  Gesta  Anglorum. 

23.  —  Rabbanum. 

24.  —  Librum  de  Trinitate. 

25.  —  Textum  primo  tempore. 

26.  —  Librum  cuncorium  rubeum. 

27.  —  Enchiridiun. 

28.  —  Régula  ecclesiastica. 

29.  —  Semi-martirologium. 

30.  —  Librum  de  future  seculo. 

31.  —  Librum  de  pénis  infernorum  atque  gaudium  iustorum. 

32.  —  Librum  de  ordine  ecclesiastici. 

33-34.  —  Passionalem  novum  atque  alium  vetulum. 

35.  —  Caterniones  ubi  sunt  expositiones  de  evangeliis. 

36.  —  Item  alium  librum  de  evangeliis  atque  matutinis. 

37.  —  Canones  romanas. 

38.  —  Glosas  de  prophetis. 

39.  —  Librum  de  creatione  prirai  hominis. 

40.  —  Epistole  Ambrosii. 

41.  —  Cuniuratio  hominis  a  diabolo  expellere. 

42.  —  Musicam  parvam. 

43.  —  Lex  salica,  ij". 

44.  —  Lex  Theodosiani. 

21.  Un  recueil  de  lettres  de  saint  Jérôme,  commençant  par  une  lettre  au  pape 
Damase,  ou  peut-être  l'un  des  deux  ouvrages  cités  au  n°  20,  lesquels  commencent 
tous  deux  par  une  lettre  de  saint  Jérôme  au  pape  Damase. 

22.  Probablement  Bède. 

23.  OEuvres  de  Raban  Maur. 

24.  Saint  Augustin  ou  peut-être  Boèce. 

25.  Un  texte  des  Évangiles  avec  une  préface  commençant  par  les  mots  «  primo 
tempore.  » 

27.  L' Enchiridion  de  fède,  sjie  et  charitate  de  saint  Augustin,  ou  peut-être 
VEnchiridion  in  septeni  psalmos  pœmtentiales  d'Aicuin. 

28.  Peut-être  la  collection  des  Règles  de  saint  Basile,  traduite  en  latin. 

29.  Un  martyrologe  pour  la  moitié  de  l'année. 

32.  De  ordine  de  saint  Augustin,  ou  peut-être  Amalaire,  archevêque  de  Trêves, 
De  cxrimoniis  baptismi. 

39.  Peut-être  \' Hexameron  de  saint  Ambroise,  le  volume  suivant  étant  de  cet 
auteur  ;  ou  bien  VHexameron  de  Bède. 

41.  Formule  d'exorcisme. 

42.  Voy.  n°  113. 

44.  Le  bréviaire  d'Alaric,  ou  peut-être  le  code  Théodosien. 


403 

45.  —  Librum  Johannis  Cassiani. 

46.  —  Textum  sancti  Gildasii. 

47.  —  Kanones  minores. 

48.  —  Librum  sancti  Michahelis. 

49.  —  Vita  sancti  Augustini. 

50.  —  Collectarium  cum  baptisterio. 

51.  —  Vita  sancti  Cugberti. 

52.  —  Epistolas  Ambrosii  ad  Orontionura. 

53.  —  Epistolas  Pauli. 

54.  —  Expositionem  de  Job. 

55.  —  Librum  de  diversis  rébus. 

56.  —  Librum  de  episcopis  atque  clericis. 

57.  —  Psalterium  abbati. 

58.  —  Vita  sancti  Patricii. 

59.  —  Librum  de  mensuris. 

60.  —  Psalmorum  quid  gloriaris. 

61.  —  Disputatio  veteris  ac  novi  testamenti. 

62.  —  Expositionem  [in]  cantica  canticorum. 

63.  —  Librum  de  pluribus  causis. 

64.  —  Librum  de  voce  et  littera. 

65.  —  Librum  medicinalem. 

66.  —  Librum  Terrenti  comici. 

67.  —  Circulum  zodiacum. 

68.  —  Librum  Tulli  Cesaris  {sic)  de  oratore. 

45.  OEuvres  de  Jean  Cassien. 

46.  Texte  des  Évangiles  ayant  appartenu  à  saint  Gildas. 

48.  Un  livre  contenant  la  Vie,  les  Miracles  et  peut-ôtre  l'Apparitio  in  monte 
Tumba  de  l'archange  saint  Michel. 

49.  Vie  de  saint  Augustin,  par  Possidius;  à  moins  que  ce  ne  soient  les  Cou- 
fessions  de  saint  Augustin. 

51.  Vie  de  saint  Cuthbert,  par  Bède,  ou  l'autre  vie  de  ce  saint  par  un  ano- 
nyme contemporain  (v.  A  A.  SS.  BolL,  20  mars,  III,  p.  117). 

57.  Un  psautier  appartenant  à  l'abbé  du  monastère  (?). 

58.  La  Vie  de  saint  Patrice,  par  Mellanius  Probus. 

59.  Priscien,  De  ponderibus  et  mensuris,  ou  peut-être  la  traduction  du  IXsp't 
fjLî-rpwv  Y.a\  (jtâQfjLwv,  de  saint  Épiphane. 

60.  Commentaire  de  Bède  sur  le  psaume  51,  ou  recueil  de  Psaumes  commen- 
çant par  le  psaume  51. 

62.  Probablement  le  Commentaire  de  Bède  sur  le  Cantique  des  cantiques. 
64.  Peut-être  Priscien  de  Césarée,  voy.  n°  104. 

67.  Peut-être  les  Astronomiques  d'IIygin. 

68.  Le  De  oratore  de  Cicéron. 


^04 

69-71.  —  Duas  régulas  et  alla  non  intégra. 

72.  —  Librum  de  mensuris. 

73.  —  Caterniones  de  tonis. 

74.  —  Catalogus  auctor. 

75.  —  Vita  sancti  Gregorii. 

76.  —  Medicinalem  magnum. 

77.  —  Textum  novum  cum  auro. 

78.  —  Expositionem  Bede  in  Lucam. 

79.  —  Librum  in  Bucolico. 

80.  —  Expositionem  sancti  Arabrosii  super  Lucam. 

81.  —  Canones  maiores. 

82.  —  Et  iterum  canones  episcopales. 

83.  —  Glosarium  expissum. 

84.  —  Librum  dialogorum. 

85.  —  Librum  duodecim  prophetarum. 

86.  —  Librum  Gerarsiani. 
87-88.  —  Duo  troparii. 

89.  —  j.  manipularium. 

90.  —  Expositio  regum. 

91.  —  Item  aliam  expositionem  cantica  canticorum. 

92.  —  Librum  ad  dominum  contribularer. 

93.  —  Librum  regum. 

94.  —  Visio  Isaie. 

95.  —  Humiliarium  magnum. 

96.  —  Aimonem. 


72.  Voir  le  n°  59. 

74.  Peut-être  le  De  Scriptoribus  ecclesiasticis  de  saint  Jérôme,  auctor  étant 
une  abréviation  pour  auctorum. 

75.  Probablement  l'une  des  Vies  du  pape  saint  Grégoire  (v.  Potthast,  Biblioih. 
hist.,  p.  727). 

77.  Un  texte  du  Nouveau  Testament  écrit  en  lettres  d'or. 
79.  Le  Commentaire  de  Servius  sur  les  Bucoliques,  ou  peut-être  le  texte 
même  des  Bucoliques. 

83.  Un  glossaire  très  étendu. 

84.  Les  Dialogues  de  saint  Grégoire  le  Grand. 

85.  Probablement  le  Commentaire  de  saint  Grégoire  le  Grand  sur  les  Livres 
des  prophètes. 

86.  J'ignore  ce  que  peut  être  ce  livre. 

91.  Voy.  le  n°  62. 

92.  Alcuin,  Expositio  in  Psalmos  graduâtes. 
96.  Haymon  d'Halberstadt. 


105 

97-99.  —  Duos  antiphonarios  bretonicos  et  unum  novum. 

100.  —  Expositio  Genesis. 

101.  —  Duos  gradalos. 

102.  —  Perifision  ij"^ 

Incipit  brevis  de  libris  Sancti  Gildasii  de  arte. 

103.  —  Priscianus  maior  de  voce  et  eius  speciebus  .j.,  et  est  in 

capite  :  .... 

1 04 .  —  Priscianus  Cesariensis  de  voce  et  littera  .  j . ,  et  est  in  capite  : 

Vox  est  aer  ictus. 

105.  —  Prologus  Boetii  philosophi  .j.,  et  est  in  capite  :  In  dandis 

accipiendisque. 

106.  —  Editio  prima  Boetii  super  categorias  Aristotelis  .j.,  et 

est  in  capite  :  Expeditis  his. 

107.  —  Alium  retliorica,  et  est  in  capite  :  Sepemultum. 

108.  —  De  constructione  sive  ordinatione  partium  orationis  inter 

se  .j.,  et  est  in  capite  :  Quoniam  in  ante. 

109.  —  Argumentum  Anicii  Manlii  Severini  Boetii  in  topica  .j., 

et  est  in  capite  :  Incipientes  quamcum[que]  rem. 

110.  —  Carmen  Macliabeorum  .j.  et  est  in  capite  :  Ecclesiate- 

sequum. 

111.  —  Annei  Lucani  .j. ,  et  dicitur  in  capite  :  Bella  per  ematios. 

112.  —  Glose  Marciani  magistri  Remigii  .j.,  et  est  in  capite  : 

Titulus  iste. 

113.  —  De  musica. 

97-99.  Deux  antiphonaires  en  langue  bretonne  et  un  en  latin. 

100.  Probablement  le  Commentaire  de  saint  Jérôme  sur  la  Genèse. 

101.  Deux  graduels. 

102.  Physiologus,  ou  livre  d'histoire  naturelle. 

104.  Cela  paraît  être  im  abrégé  des  Insiitutiones  grammaiicse  de  Priscien 
plutôt  que  le  texte  complet  de  ces  Institutiones  dont  les  premiers  mots  sont  en 
réalité  :  «  Philosophi  definiunt  vocem  esse  aerem  tenuissimum  ictum...  » 

105.  Le  De  ariikmeiica  de  Boèce. 

108.  Priscien  de  Césarée,  De  constructione,  libri  II. 

109.  Ce  ne  sont  pas  les  Topica  de  Boèce,  dont  l'incipU  est  différent,  mais 
peut-être  un  commentaire  sur  ces  Topica. 

111.  La  Pharsale  de  Lucain. 

112.  Commentaire  de  Rémi  d'Auxerre  sur  Martianus  Capella. 

113.  Peut-être  aussi  le  traité  de  Rémi  d'Auxerre,  De  musica,  oa  quelque  traité 
de  Cassiodore,  Isidore  de  Séville,  Alcuin  ou  Notker. 


UNE 


RÉCEPTION  AU  TEMPLE 


ALEXANDRE  DE  VENDOME 

1'""   FÉVRIER    1604. 


Le  dimanche  premier  février  1604,  les  préparatifs  d'une  céré- 
monie qui  devait  se  célébrer  à  onze  heures  dans  l'église  du 
Temple,  avec  une  pompe  inusitée,  avaient  mis  en  émoi  tout  le 
quartier,  et  une  bonne  partie  de  la  ville  de  Paris.  Le  roi  et  la 
cour  y  devaient  assister  ;  aussi,  dès  le  matin,  la  foule  était  telle 
que  l'on  dut  même  interdire  l'entrée  de  l'enclos.  Des  archers  de  la 
garde  furent  placés  à  la  grande  porte,  d'autres  aux  issues  de 
l'église  :  mesure  nécessaire,  car  les  carrosses  seuls  devaient  suf- 
fire à  encombrer  la  grande  cour,  et  l'église  était  trop  petite 
pour  contenir  tout  le  monde.  Des  invitations  avaient  été  adressées 
par  ordre  du  roi  aux  principaux  personnages  de  sa  cour;  le 
nonce  du  pape,  les  ambassadeurs  d'Espagne  et  de  Venise,  le 
cardinal  deGondy,  neuf  évêques,  le  connétable,  l'amiral,  les  che- 
valiers du  Saint-Esprit,  les  princes  et  les  princesses,  le  chancelier 
et  les  sept  présidents  du  Parlement,  nombre  de  seigneurs  de  tous 
rangs,  avaient  été  convoqués  directement  par  Rhodes,  le  maître 
des  cérémonies  de  France.  L'ordre  de  Malte  était  représenté  par 
le  grand  prieur  de  Champagne,  une  douzaine  de  commandeurs 
et  une  quinzaine  de  chevaliers,  auxquels  s'était  joint  le  per- 
sonnel du  Temple. 

Cette  cérémonie,  présidée  par  le  grand  prieur  de  France, 
Georges  de  Regnier-Guercliy,  n'était  rien  moins  que  la  récep- 
tion comme  chevalier  et  grand-croix,  avec  profession  et  prise 


107 

d'habit,  du  second  fils  naturel  de  Henri  IV,  Alexandre  Monsieur, 
frère  cadet  de  César,  duc  de  Vendôme.  Le  récipiendaire  avait 
cinq  ans  :  aussi  ne  prononça-t-il  pas  ses  vœux  (il  fallait  être  âgé 
de  seize  ans),  et  l'on  se  contenta  de  la  promesse  que  le  roi  fit  en 
son  nom. 

Parmi  les  nombreuses  cérémonies  du  même  genre  qui  se  célé- 
braient au  Temple  de  Paris,  chef-lieu  du  grand  prieuré  de  France, 
nulle  ne  paraît  avoir  eu  un  tel  éclat  :  l'histoire  même  en  a  conservé 
le  souvenir.  Toutes  les  personnes  qui  ont  lu  les  Mémoires-jour- 
naux de  Pierre  de  l'Estoile  ont  pu  remarquer  le  passage  où  le 
célèbre  chroniqueur  a  noté  le  faits  et  c'est  généralement  d'après 
cette  source  que  mention  en  est  faite  dans  les  histoires  de  Paris. 
Mais  il  y  a  mieux  et  plus  dans  l'ouvrage  d'un  grand  histo- 
rien, l'histoire  universelle  du  président  de  ThouS  qui  fut  proba- 
blement l'un  des  invités.  Il  est  même  curieux  d'y  constater 
l'impression  qu'avait  faite  sur  les  assistants  un  des  actes  du  roi 
pendant  la  cérémonie,  acte  dont  l'exactitude  est  prouvée  par  le 
procès-verbal  du  chancelier  de  l'ordre.  «  Le  roi,  —  dit  la  rela- 
tion imprimée  d'après  les  notes  de  De  Thou,  —  emporté  par  sa 
vivacité  et  par  son  affection  paternelle,  quitta  brusquement  son 
siège  pour  venir  répondre  au  nom  de  son  fiis  interrogé  par  le 
grand  prieur  de  France.  Je  descends  de  mon  trône,  dit-il,  pour 
faire  ici  la  fonction  de  père,  et  je  promets  que,  lorsque  mon  fils 
aura  seize  ans,  il  tiendra  le  vœu  que  je  fais  aujourd'liui  pour  lui.  » 

Si  le  Mercure  françois  avait  été  fondé  un  an  plus  tôt,  il  nous 
aurait  sans  doute  donné  là-dessus  plus  de  détails  encore. 

Le  dépouillement  des  registres  de  l'ordre  de  Malte,  qui  ren- 
ferment les  procès-verbaux  des  Assemblées  provinciales  du  grand 
prieuré  de  France,  tenues  au  Temple,  registres  conservés  à  peu 
près  intégralement  depuis  1355^  m'ayant  fait  découvrir  le  pro- 
cès-verbal même  de  la  cérémonie  de  1604,  avec  la  copie  des 
lettres  du  grand  prieur,  j'ai  pensé  que  la  publication  en  pourrait 
être  intéressante.  Elle  servira  comme  de  commentaire  explicatif 
à  la  note  un  peu  courte  de  l'Estoile,  et  redressera  quelques  erreurs 
des  historiens  qui  en  ont  parlé  depuis. 

1.  Éd.  Brunet,  Lacroix,  etc.  1880,  t.  VIII,  p.  115. 

2.  C'est  au  livre  132,  non  rédigé  par  lui,  mais  d'après  ses  notes.  —  Je  cite 
la  trad.  française  de  Londres,  173-i,  t.  XIV,  p.  314. 

3.  Archives  nationales,  MM.  28-51,  53.  —  Le  procès-verbal  en  question  est  au 
registre  41  (1574-1604),  fol.  386. 


408 

Il  n'y  faut  cependant  pas  chercher  plus  de  détails  sur  le  mode 
de  réception  d'un  chevalier  de  Malte  que  ce  que  le  public  pouvait 
en  voir.  Les  registres  de  l'ordre  ne  fournissent  jamais  aucune 
indication  rituelle,  parce  qu'il  existait  pour  les  cérémonies  un  livre 
spécial,  manuscrit  ou  imprimé.  Je  signalerai  entres  autre,  à  ceux 
qui  seraient  tentés  d'en  savoir  davantage,  deux  minces  volumes 
imprimés,  l'un  en  1689,  l'autre  en  1729,  sous  ce  titre  :  «  La 
forme  de  donner  l'habit  aux  chevaliers  religieux  de  l'ordre  de 
Saint-Jean  de  Jérusalem  S  »  qui  contiennent  sur  le  sujet  tout  ce 
qu'on  peut  désirer. 

Bien  que  la  courte  carrière  d'Alexandre  de  Vendôme  ait  été 
dénuée  de  tout  éclat,  il  peut  être  intéressant  d'ajouter  ici  quelques 
renseignements  sur  sa  personne,  au  moins  comme  grand  prieur. 
Né,  en  1598,  de  Gabrielle  d'Estrées,  il  avait  été  destiné  dès  le 
premier  jour,  par  son  père,  au  grand  prieuré  de  France.  Il 
occupa  ce  siège  aussitôt  qu'il  fut  vacant,  à  l'âge  de  dix-neuf  ou 
vingt  ans;  mais  on  peut  affirmer  sans  hésitation  que  ce  choix  fut 
imposé  au  grand  maître,  bien  qu'on  ait  pris  toutes  sortes  de  pré- 
cautions pour  rester  à  peu  près  en  règle  avec  les  statuts  de 
l'ordre  et  les  droits  d'ancienneté.  Le  fait  est  toujours  demeuré  une 
exception,  n'en  déplaise  aux  auteurs  modernes,  qui,  généralisant 
d'une  manière  trop  absolue  une  phrase  de  l'Estoile,  appellent 
le  titre  de  grand  prieur  de  France  «  le  plus  brillant  apanage 
des  bâtards  royaux.  »  Ce  titre  envié  se  donnait  à  des  comman- 
deurs éprouvés  par  de  longues  années  de  travaux,  ou  que  de 
brillants  succès  en  Orient  avaient  rendus  illustres.  L'histoire  a 
retenu  les  noms  des  Giresme,  des  Cluys,  de  Méry  d'Amboise,  de 
Villiers-l'Isle-Adam,  de  François  de  Lorraine,  de  Meaux-Bois- 
boudran,  d'Amador  de  la  Porte,  de  Souvré,  de  Bourbon-Conti,  et 
le  grand  maître  de  l'Ordre  fut  plusieurs  fois  pris  sur  le  siège  du 
grand  prieuré  de  France. 

Revenons  au  fils  de  Henri  IV.  L'enfant  de  cinq  ans,  en  qui 
Georges  de  Regnier-Guerchy  sacrait  chevalier,  en  1604,  son 
futur  successeur,  Alexandre  de  Vendôme,  fut  successivement 
commandeur,  général  des  galères  à  Malte,  où  il  alla  en  1612 
pour  faire  ses  preuves  ^,  et  grand-prieur  de  Toulouse  à  partir 

1.  Le  premier  est  à  la  Bibliothèque  nationale,  le  second  aux  Archives 
(MM.  22). 

2.  Barillet,  Recherches  historiques  sur  le  Temple.  Paris,  1809.  In-8". 


\  09 

de  1613.  Quant  à  son  prieuré  de  France,  il  dut  l'attendre  jusqu'en 
1618.  Guerchj,  mort  le  25  novembre\  était  à  peine  enseveli, 
selon  la  coutume,  dans  l'église  du  Temple,  que  le  nouveau  pré- 
tendant se  hâtait  de  faire  valoir  ses  droits.  Il  se  présenta  au 
grand  prieuré  le  2  décembre  pour  en  prendre  possession.  Voici 
des  détails  sur  cette  cérémonie  -  :  Alexandre ,  qui  venait  du 
Louvre,  était  accompagné  de  quelques  seigneurs,  messieurs  de 
Cœuvre,  de  Wignacourt,  de  Maniguay,  d'Araucourt,  etc.,  et  de 
plusieurs  commandeurs  et  chevaliers  de  l'Ordre.  Reçu  par  le  bailli 
de  Sillery,  Noël  Bruslard,  connnandeur  de  Troyes,  il  présenta 
les  brevets  apostoliques  expédiés  à  Malte  le  18  décembre  1612,  et 
dont  la  date  lui  assurait  le  droit  d'ancienneté  sur  les  autres 
grands  prieurs  ou  commandeurs  pouvant  prétendre  au  siège  de 
France,  et  fut  conduit  à  l'église.  Là,  l'investiture  lui  fut  faite, 
au  son  des  cloches  et  au  chant  du  Te  Deum;  il  se  dirigea  ensuite 
vers  l'hôtel  prieural,  se  fit  ouvrir  la  porte,  entra  dans  la  grande 
salle  et  donna  ordre  d'allumer  du  feu,  comme  faisant  acte  de 
légitime  possesseur.  Après  quoi  il  partit,  et  il  est  difficile  de 
savoir  quand  il  revint,  et  s'il  fit  jamais  un  séjour  de  quelque  durée 
en  son  palais.  J'ai  pourtant  relevé,  par  curiosité,  le  nombre  des 
chapitres  auxquels  il  présida,  et  le  nombre  n'est  que  de  huit  en 
tout  :  deux  en  1620,  en  1622  et  en  1623  ;  un  en  1624  et  en  1625. 

Or,  les  assemblées  ou  chapitres  provinciaux,  présidés  par  le 
grand  prieur,  se  tenaient  au  moins  cinq  ou  six  fois  par  an.  Outre 
les  deux  chapitres  solennels  du  11  juin,  jour  de  la  Saint-Barnabe, 
la  grande  fête  du  Temple,  et  du  12  novembre,  auxquels  prenait 
part  un  grand  nombre  de  commandeurs,  il  y  avait  des  assem- 
blées autant  qu'il  en  était  besoin.  En  l'absence  du  grand  prieur, 
et  sur  sa  délégation  expresse,  un  des  principaux  commandeurs 
présidait  le  chapitre. 

Alexandre  de  Vendôme  était,  la  plupart  du  temps,  retenu  à  la 
cour  du  roi  son  frère,  et  vivait  notamment  au  château  de  Vin- 
cennes,  où  il  mourut.  Son  absence  prolongée  finit  même  par  donner 
lieu  à  quelques  murmures  dans  le  grand  prieuré.  C'est  là  une  des 
rares  observations  que  le  froid  registre  des  procès-verbaux  per- 


1.  A.  N.  —  MM.  42,  fol.  193. 

2.  Le  procès-verbal  de  cette  prise  en  possession  est  comme  d'habitude  inséré 
dans  les  registres  de  l'Ordre  (MM.  42,  fol.  191).  Je  ne  le  publie  pas  Ici,  parce 
que  son  intérêt  ne  compense  pas  assez  sa  longueur  diffuse. 


mette  de  faire  :  en  1627,  on  l'accusa  d'avoir  résigné  sa  charge,  et 
il  écrivit  tout  exprès  pour  déclarer  qu'il  portait  trop  d'intérêt  à  la 
cause  de  l'ordre  et  du  grand  prieuré  pour  l'abandonner  ainsi'. 
Il  ne  revint  pourtant  pas  au  Temple  :  il  était  d'une  santé  chétive, 
et  la  mort  l'enleva  après  une  longue  maladie,  à  l'âge  de  trente 
ans,  le  8  février  16292. 

Son  successeur  fut  un  commandeur  vieilli  dans  l'ordre,  Guil- 
laume de  Meaux-Boisboudran^. 

H.    DE    CURZON. 


Lettres  du  grand  prieur  de  France,  datées  du  i"'  février  •1604. 

Frère  Georges  de  Regnier-Guerchy,  chevalier  de  l'ordre  Sainct- Jehan 
de  Jherusalem,  grand  prieur  de  France''.  A  tous  ceulx  qui  ces  pré- 
sentes lettres  verront,  salut  et  dilection  en  Notre  Seigneur.  —  Sçavoir 
faisons  que  le  jour  d'huy,  datle  des  présentes,  en  l'église  du  Temple 
à  Paris,  en  la  présence  du  Roy,  de  la  Royne,  de  Messieurs  le  cardi- 
nal de  Gondy^,  des  evesques  de  Beau  vais '^,  comte  et  pair  de  France; 
de  Noïon^  aussy  comte  et  pair  de  France;  deNevers^,  deMaillesez^ 
d'Angers^",  de  Paris'\  de  Rieulx*^,  de  Chartres'^,  de  Lodesyc'-*;  du 
Nonce  du  pape  et  des  ambassadeurs  d'Espaigne  et  de  Venise;  de 
Messieurs  le  prince  de  Gondé,  du  duc  de  Montpensier,  le  connestable, 

1.  MM.  42,  fol.  237. 

2.  Id.,  fol.  248. 

3.  Grand  prieur  de  1629  à  1639. 

4.  Grand  prieur  de  1600  à  1618;  il  avait  succédé  à  Bertrand  Pelloquin. 

5.  Pierre  de  Gondi,  cardinal,  qui  avait  été  évêque  de  Paris  jusqu'en  1596,  époque 
à  laquelle  il  démissionna  en  faveur  de  son  neveu  Henri  de  Goudi  de  Retz.  Il 
mourut  en  1616. 

6.  René  Potier  de  Blancmesnil,  1595-1616. 

7.  Charles  de  Balzac,  1596-1625. 

8.  Arnaud  Sorbin  de  Sainte-Foy,  1578-1606. 

9.  Henri  d'Escoubleau  de  Sourdis,  1573  (?)-1615. 

10.  Charles  Miron,  1588-1616. 

11.  Henri  de  Gondi  de  Retz,  1592-1622.  Dernier  évêque  de  Paris,  le  siège 
ayant  été  élevé  à  la  dignité  de  métropolitain  après  lui.  Cardinal  en  1618. 

12.  Jean  de  Bertier,  1603-1620. 

13.  Philippe  Hurault  de  Cheverny,  1591-1620.  La  Gallia  ne  le  dit  consacré 
qu'en  1608,  après  une  vacance  de  neuf  ans  environ. 

14.  Charles  de  Lévis-Ventadour;  nommé  en  1604  par  Henri  IV,  il  abdiqua  en 
1607,  avant  son  inauguration. 


du  duc  de  Vendosme%  du  duc  de  Montbason,  du  maréchal  de  Bris- 
sac  cl  de  l'admirai.  Aussy  en  la  présence  de  Messieurs  le  chancellier 
et  des  sept  presidentz  de  la  grande  chambre  du  Parlement;  de  Mes- 
sieurs le  grand  escuyer  sieur  de  Termes,  de  Rocquelaurc,  de  Vilry, 
du  marquis  de  Cœuvrc  et  de  Heauvais  Nangis;  et  de  Mesdames  de 
Nemours,  de  Nevers,  et  de  Madamoyselle  de  Guise.  —  Gomme  aussy 
en  la  présence  de  Messieurs  le  grand  prieur  de  Ghampaigne,  Ghames- 
son;  de  Marconville^,  commandeur  de  Saincte-Vaulbourg^  et  de 
Villedieu  le  Bailleul  '',  ambassadeur  pour  nostre  ordre  en  bVance;  de 
Brion,  commandeur  de  Maupas^;  de  Bellebrune®,  commandeur 
dlvry'^;  de  Marconville**,  commandeur  de  Sommereulx^;  de  Louvet, 
commandeur  d'Auxerre;  de  Boisboudran^",  commandeur  de  Bon- 
court^";  de  Gatheville^',  commandeur  de  Villedieu  en  Drugesin  '^^  de 
Grolles,  commandeur  de  Masdieu  d'Auvergne^^;  de  Bellotte,  comman- 
deur de  Puisieulx'"*;  des  chevalliers  de  Gueprey,  de  Sainct-Mesmin, 
de  Sevigny,  de  Pinabeaux,  de  Sainct-Leger,  de  Fulvio  Sala  d'Italye, 
de  Rozny,  de  Midorge,  de  Villegaignon,  des  Marestz,  de  Bouelles,  de 
Chasteauroux,  d'Antragues,  de  Languetot,  de  Gaians.  — Et  aussy  en 
la  présence  des  servans  d'armes  de  nostre  dit  ordre,  messieurs  Febvre, 
commandeur  de  Villejesus  d'Auvergne'^-,  de  Perrot,  commandeur 
d'Estampes'";  de  l'Espine,  commandeur  de  Ghevreux^^;  de  frère 
Glaude  Prou,  de  frère. . .  Lamy  de  Provence  -,  et  du  petit  prieur^^  et  reli- 

1.  César  Monsieur,  le  frère  aîné  du  récipiendaire. 

2.  Charles  de  Gaillarbois  de  Marcoiiville. 

3.  Au  Val  de  la  Haie,  arr.  de  Rouen. 

4.  Orne,  arr.  d'Argentan. 

5.  Près  de  Soissons. 

6.  Gédéon  de  Joigny,  dit  de  Bellebrune. 

7.  Oise,  arr.  de  Beauvais. 

8.  Jacques  de  Gaillarbois. 

9.  Guillaume  de  Meaux  Boisboudran ,  plus  tard  grand  prieur  de  France, 
en  1622,  après  la  mort  d'Alexandre  de  Vendôme. 

10.  Aisne,  arr.  de  Laon. 

11.  Louis  de  Morel,  dit  de  Cateville. 

12.  Eure-et-Loir,  arr.  de  Dreux. 

13.  Charente,  arr.  de  Confolens,  dépendant  du  grand  prieuré  d'Auvergne. 

14.  Puisieux-sous-Laon,  Aisne. 

15.  Arr.  de  Rufl'ec,  dans  le  grand  prieuré  d'Auvergne. 

16.  Étampes,  Seine-et-Oise. 

17.  Chevru,  arr.  de  Coulommiers,  Seine-et-Marne. 

18.  Au  Temple,  le  chef  des  religieux,  garde  de  l'église,  curé  de  l'Enclos,  c.-à-d. 
de  la  parQisse  de  Sainte-Marie-du-Temple,  était  dit  petit  prieur,  par  opposi- 
lion  au  grand  prieur,  dont  la  résidence  ordinaire  était  aussi  dans  l'Enclos. 


M  2 

gieulx  de  l'église  du  Temple.  —  Et  suivant  la  commission  et  pouvoir 
à  nous  donné  par  Monseigneur  Illustrissime  nostre  Grand  Maistre  ' 
et  son  GonseiP,  par  bulle  soubz  plomb  et  forme  autenticque,  en 
datte  du  xxv"  jour  de  Juing  mil  six  cent  trois,  dernier  passé,  et 
estans  deuement  adverty  de  la  bonne  et  devotte  intention  que  Mon- 
sieur Alexandre  de  Vendosme  a  de  faire  profession  et  d'estre  vestu 
de  l'habit  de  nostre  ordre,  ce  requérant  en  la  présence  et  du  vouloir 
de  sa  dicte  Majesté,  avons  le  dict  Allexandre  de  Vendosme  receu  et 
admis  à  faire  la  dicte  profession,  et  l'avons  vestu  de  l'habit  de  la 
grande  croix,  telle  que  les  prieurs  et  baillifz  de  nostre  ordre  ont 
accoustumé  porter,  avec  les  solempnitez  et  cérémonies  qui  ont 
accoustumé  estres  faictes  en  telles  réceptions  ;  à  condition  et  charge 
qu'aiant  attainct  l'aage  porté  par  noz  statutz  et  ordonnances,  et  sui- 
vant la  dicte  bulle,  il  fera  les  trois  vœus  substantiaulx  et  accoustu- 
mez  en  nostre  dit  ordre.  Ce  que  Sa  Majesté,  moiennant  la  grâce  de 
Dieu,  a  promis  luy  faire  accomphr  et  mettre  à  exécution.  —  En  tes- 
moing  de  ce  nous  avons  signé  ces  présentes  de  nostre  main,  et  faict 
sceller  du  scel  de  nos  armes  en  nostre  maison  du  Temple,  à  Paris,  le 
dimanche  premier  jour  de  febvrier,  l'an  mil  six  cent  quatre. 


Discours  de  ce  qui  s^est  passé  et  des  cérémonies  faictes  en  la  récep- 
tion et  profession  de  Monseigneur  Alexandre  de  Vendosme^  et  de 
V investiture  de  la  grande  croix. 

Le  vingtiesme  jour  de  janvier  l'an  mil  six  cent  quatre,  le  roy 
envoia  ung  varlet  de  pied  vers  le  seigneur  grand  prieur  de  France, 
estant  à  Launay,  près  Sens,  une  de  ses  chambres  prioralles^,  luy 

1.  Al.  de  Vignacourt,  Maître  français,  1601-IG22.  Une  copie  de  sa  lettre  pré- 
cède la  pièce  ci-jointe.  Elle  est  du  25  juin  1603  (fol.  381).  Il  y  a  aussi  un  bref 
du  pape,  en  date  du  17  mai.  (MM.  41.) 

2.  Le  Conseil  ou  Chapitre  souverain,  à  Malte,  était  composé  des  Grands-Croix, 
chefs  de  langue  ou  Piliers,  représentant  les  diverses  nations  de  l'ordre,  sous 
les  noms  de  Commandeur,  Maréchal,  Hospitalier,  Amiral,  Drapier  ou  Conserva- 
teur, Turcoplier,  Bailli,  Chancelier.  (Langues  de  Provence,  Auvergne,  France, 
Italie,  Aragon,  Angleterre,  Allemagne,  Castille.)  Le  Prieur  de  l'église  était  le 

'chapelain  de  ce  chapitre,  auquel  se  joignait  encore  l'évêque  de  Malte. 

3.  Les  grands  prieurs  de  France  jouissaient  en  propre  de  quatre  comman- 
deries,  avec  leurs  dépendances,  et  en  étaient  ainsi  les  seuls  commandeurs;  ce  fut 
ordinairement  le  Temple  de  Paris,  Choisy-le-Teraple,  Launay-les-Sens,  et  Saint- 
Jean-de-Latran,  autrement  dit  Y  Hôpital  ancien.  Ces  maisons  portaient  le  nom  de 


U3 

faisant  sçavoir  par  une  sienne  lettre  l'expedilion  qui  lui  estoit  envoyée 
de  Malte  en  faveur  de  Alexandre  Monsieur,  fils  naturel  de  Sa  Majesté, 
et  le  priant,  estant  sa  commodité,  se  transporter  en  ceste  ville  de 
Paris,  aiant  intention  que  son  dict  fils  rcceu[t]  par  luy,  suivant  la 
commission  et  mandement  du  seigneur  Grand  Maistre  et  son  conseil, 
l'ordre  de  chevalerie  et  feit  profession  en  l'Hospilal  Saint  Jehan  de 
Jherusalem.  Et  pour  rendre  cest  acte  plus  célèbre  et  solempncl,  et  y 
faire  trouver  le  plus  de  commandeurs  et  chevaliers  qu'il  se  pourroit, 
aussy  luy  fut  escript  à  mesme  fin  par  le  sieur  de  Villeroy. 

Auquel  mandement  le  dit  seigneur  grand  prieur  s'achemina  en  la 
ville  de  Paris,  y  arrivant  le  27*^  jour  dudit  mois  de  janvier,  où  il  ne 
peult  veoir  le  Roy  que  le  samedi  matin,  qui  estoit  le  dernier  jour 
dudit  mois  de  janvier,  parce  que  Sa  Majesté  estoit  à  Saint-Germain 
en  Laye,  dont  il  ne  retorna  que  le  vendredi  au  soir. 

Le  dit  seigneur  grand  prieur  fut  gratieusement  acueilly  par  le  Roy, 
qui  lui  confirma  de  sa  bouche  la  mesme  intention;  et  pour  le  lieu  à 
l'exécuter,  le  seigneur  de  Rodes,  maistre  des  cérémonies  de  France, 
avoit  desja  recongnu  la  commodité  de  l'enclos  et  église  du  Temple, 
où  sa  Majesté  avoit  consenty,  à  la  supplication  de  l'ambassadeur 
dudit  ordre',  que  ceste  cérémonie  fut  faicte,  comme  l'une  des  princi- 
palles  maisons  d^iceluy,  auparavant  designéeen  l'église  des  Augustins^. 

Les  princes,  princesses,  Messieurs  le  connestable,  admirai,  cheval- 
liers du  Saint-Esprit,  nonce  du  pape,  ambassadeurs  d'Espaigne  et 
de  Venise,  Monsieur  le  cardinal  deGondy,  plusieurs  evesques.  Mes- 
sieurs le  chancellier  et  les  sept  presidens  de  la  grande  chambre  du 
Parlement,  furent  invitez  par  commandement  du  Roy. 

Les  samedi  et  dimanche  matin  furent  employez  à  parer  la  dicte 
egUse  du  Temple,  laquelle  fut  tendue  de  fort  riche  tapisserie.  Le 
grand  autel,  d'un  parement  de  velours  cramoisy  parsemé  de  fleurs 
de  lis  en  broderie  d'or,  et  ung  daix  au  dessus,  de  mesme  ;  au  milheu 
du  cueur,  entre  les  chaises  et  formes,  fut  faict  ung  eschafault  de 
deux  pieds  de  haut,  couvert  de  riches  tapis  de  Turquie  avec  ung 
daiz  au  dessus,  de  velours  violet  semé  de  fleurs  de  lis  en  broderie 
d'or,  pour  la  place  du  Roy  et  de  la  Royne. 

chambres  prieurales,  de  même  que  la  commanderie  réservée  au  grand  maître 
dans  ctiaque  prieuré  portail  le  nom  de  chambre  magistrale. 

1.  Charles  de  Gaillarbois  de  Marconville. 

2.  Les  Grands-Augustins.  L'église,  restée  célèbre  par  le  nombre  des  mausolées 
et  des  tombes  de  personnages  illustres  qu'elle  renfermait,  servit  ordinairement 
de  lieu  de  réunion  au  Clergé  de  France,  et  quelquefois  au  Parlement  et  à  la 
Chambre  des  comptes.  C'est  là  que  Henri  lU  institua  l'ordre  du  Saint-Esprit. 

8 


^^4 

Le  dimenche,  du  grand  matin,  furent  posez  à  la  première  porte  du 
Temple  et  à  celle  de  l'église  des  archers  de  la  garde,  affm  d'empescher 
l'entrée  au  peuple,  l'affluence  duquel  eut  causé  de  la  presse  et 
desordre. 

Sur  les  neuf  heures  arriva  le  nonce  du  pape,  comme  tost  après  les 
ambassadeurs  d'Espaigne  et  de  Venise,  lesquelz  furent  menez  chez 
le  seigneur  grand  prieur  de  France  ' ,  attendant  l'arrivée  du  Roy  ;  et 
à  raesmes  fins  fut  aussy  baillé  aux  sept  presidentz  autre  logis  audit 
Temple.  Messieurs  le  cardinal  de  Gondy  et  chancellier  y  arrivèrent 
peu  auparavant  Sa  Majesté,  et  s'en  allèrent  droit  à  l'église;  comme 
aussy  mesdames  de  Nemours  et  de  Nevers  et  mademoiselle  de  Guise. 
Les  princes,  assavoir  :  messieurs  le  prince  de  Condé,  de  Montpensier, 
ducs  de  Guise,  d'Esguillon  et  de  Nevers,  messieurs  le  connestable, 
admirai,  duc  de  Monbason,  le  grand  escuier  seigneur  de  Termes, 
Rocquelaure,  de  Vitry  et  plusieurs  autres  seigneurs,  y  arrivèrent 
avec  Sadite  Majesté,  sur  les  unze  heures. 

Le  Roy  et  la  Royne  estoient  en  une  mesme  carosse,  et  entre  eulx 
deux  estoit  Alexandre  Monsieur,  lequel  fut  baillé  par  Sa  Majesté 
audit  seigneur  grand  prieur  de  France,  qui  l'attendoit  avec  les 
prieur  de  Ghampaigne ,  et  les  commandeurs  et  chevaliers ,  qui  l'ac- 
compagnirent  à  la  première  porte  dudit  Temple,  luy  disant  qu'il 
le  menast  chez  luy.  Puis,  Sadicte  Majesté  suivit  son  chemin  à  Teglise, 
d'où  il  commanda  à  monsieur  de  Montpensier  qu'il  allast  quérir  le 
futur  chevalier. 

Monsieur  de  Montpensier,  ensemble  les  autres  princes  et  mon- 
sieur de  Vendosme,  frère  dudit  Alexandre,  allèrent  au  logis  dudit  sei- 
gneur grand  prieur,  pour  accompagner  à  l'église  le  futur  chevalier. 
Et  parce  que  ladite  église  estoit  pleine  de  personnes,  il  convint  que 
lesdits  princes,  ledit  seigneur  grand  prieur,  commandeurs  et  cheva- 
liers entrassent  par  une  petite  porte  du  costé  du  refectoir  des  reli- 
gieux dudit  Temple  2. 

Incontinent  fut  Fespée  du  futur  chevalier  beniste  par  monsieur  de 

1 .  Ils  entrèrent  par  la  porte  spéciale  de  l'Hôtel  prieural,  dont  la  grande  cour, 
comme  on  sait,  était  dans  le  genre  de  celle  de  l'hôtel  de  Soubise,  en  plus  petit. 

2.  Au  nord  de  l'église,  à  l'extrémité  Est  de  ce  qu'on  appelait  la  Rotonde.  On 
sait  que  l'église  du  Temple  de  Paris,  inspirée  du  plan  du  Saint-Sépulcre,  était  com- 
posée d'une  nef  circulaire  avec  collatéral,  à  laquelle  on  adjoignit  plus  tard  un 
porche  de  deux  travées,  et  un  chœur  de  cinq  travées,  sans  bas-côtés.  Ce  chœur 
était  assez  long  pour  permettre  à  une  bonne  partie  de  l'assistance  d'y  trouver 
place.  Toutes  les  indications,  données  ici  par  le  procès-verbal,  se  réfèrent  à 
la  troisième  et  à  la  quatrième  travée  du  chœur.  L'autel  était  à  la  quatrième. 


Sainte-Foy^  evesque  de  Nevers,  qui  célébra  la  messe  haulle;  pen- 
dant laquelle  estoient  les  susdits  placés  et  assis  en  ceste  manière. 
C'est  assçavoir  : 

Tout  joignant  et  au  coing  de  la  fermeture  du  grand  autel,  à  main 
droicte  en  entrant,  estoit  assis  en  une  cliaire  monsieur  le  cardinal  de 
Gondy,  et  derrière  luy,  sur  ung  banc,  les  seigneurs  evesques  de 
Maillesez,  de  Noyon,  d'Angers,  de  BeauvaisetdeRieulx.  Audessoubz 
desquels  estoient  monsieur  le  chancellier  et  puis  les  sept  presidens 
de  la  court,  et  maître  Anthoine  Loisel,  bailly  du  Temple  et  advocat 
en  ladite  courte 

De  l'autre  costé,  joignant  ladite  fermeture  du  grand  autel,  estoient 
le  seigneur  grand  prieur  de  France,  assis  sur  une  chaise  de  velours 
placée  sur  ung  tapis  de  Turquie.  A  costé  de  luy,  estoient  assis  le  sei- 
gneur grand  prieur  de  Ghampaigne  et  l'ambassadeur  dudit  ordre; 
et  derrière  iceulx,  estoient  debout  tous  les  autres  commandeurs  et 
chevaliers. 

Plus  bas  et  de  mesme  costé  estoient  assis  sur  un  banc  couvert  de 
toille  d'argent  parsemé  de  fleur  de  lis  d'or  en  broderie,  ainssy  qu'es- 
toient  aussy  les  autres  bancs,  le  seigneur  nonee  du  pape,  avec  les 
ambassadeurs  d'Espaigne  et  de  Venise. 

Alentour  du  Roy  furent  toujours  debout  messieurs  les  princes,  le 
grand  escuier,  de  Rocquelaure,  et  plusieurs  autres  seigneurs;  et  à 
chacun  costé  de  Sa  Majesté,  deux  evesques  :  assçavoir,  à  main  dextre, 
les  evesques  de  Paris  et  de  Chartres,  et  à  la  main  senestre  les 
evesques  de  Lodesve  et  de  [Nevers]  avec  deux  aulmosniers. 

Dedans  les  chaires  formes  estoient  les  princesses  et  ducs,  mes- 
sieurs le  connestable,  admirai,  chevaliers  du  Saint-Esprit,  et  plu- 
sieurs autres  seigneurs,  chacun  fort  pressé  par  la  grande  quantité 
de  noblesse,  et  que  le  lieu  pour  une  si  grande  cérémonie  est  fort 
petit.  La  musique  du  Roy,  placée  sur  un  échafault  derrière  le  grand 
autel  de  ladicte  église  du  Temple. 

Au  futur  chevalier,  qui  estoit  habillé  de  satin  blanc  fort  passe- 
raenté  de  clinquant,  paré  d'un  carquama  de  pierreries  fort  riches 

1.  Cette  dernière  phrase  a  été  ajoutée  après  coup  dans  le  procès-verbal,  mais 
à  la  même  époque.  Le  célèbre  Loisel  était  directeur  du  bailliage  du  Temple, 
depuis  1595.  J'ai  trouvé  la  copie  des  lettres  de  provision  de  cet  office,  à  lui 
délivrées  le  30  janvier  1595,  «  pour  récompense  des  services  rendus  à  l'ordre,  » 
par  le  grand  prieur  Bertrand  Pelloquin.  (Arch.  nat.,  S.  5544,  chap.  m.  Inven- 
taire en  1G32  des  titres  de  la  maison,  gr.  in-fol.) 

2.  Large  collier  d'orfèvrerie,  fort  en  usage  depuis  le  xvi'=  siècle.  Cf.  V.  Gay, 
Gloss.  archéol. 


U6 

en  escharpe,  comme  aussy  les  manches  de  riches  médalles  ' ,  le  bon- 
net de  velours  noir  avec  un  petit  panache  blancq,  ung  cordon  cou- 
vert de  grosses  et  riches  perles,  fut  vestu  d'une  robbe  de  tafîetas 
noir.  Puis,  s'estant  mis  à  genoulx  près  le  grand  autel,  accompaigné 
de  monsieur  et  de  madame  de  Vendosme  et  d'un  commandeur  député 
pour  la  conduicte  en  cette  cérémonie,  monsieur  de  Sainte-Foy, 
revestu  pour  célébrer  la  messe  avec  ses  habitz  et  ornements  pontifi- 
caulx,  luy  ayant  faict  quelque  petite  remontrance  touchant  sur  la 
profession  qu'il  esperoit  faire,  commença  la  messe. 

Après  l'evangille  dict,  le  futur  chevalier  se  présenta,  vestu  et  paré 
comme  dessus,  devant  ledit  seigneur  grand  prieur  de  France,  tenant 
en  sa  main  un  cierge  de  cire  blanche  ardent,  et,  s'estant  mis  à  genoulx 
sur  un  coussin  de  velours,  luy  fut  baillé  l'ordre  de  chevallerie  par 
ledit  seigneur  grand  prieur,  sous  la  forme  et  manière  acoustumée. 
Pendant  quoy  le  Roy,  s'estant^parti  de  sa  place  et  approché  de  ce 
lieu  où  estoient  ledit  seigneur  grand  prieur  et  ledit  chevalier,  aidoit 
souvent  audict  chevalier  à  repondre  aux  interrogations  qu'on  luy 
faisoit;  et  disoit  Sa  Majesté  qu'il  laissoit  la  dignité  de  Roy,  pour 
faire  office  de  père  2. 

L'ordre  de  chevallerie  donné  et  la  messe  parachevée,  et  les  prières 
et  cérémonies  acoustumées  faictes,  le  nouveau  chevalier  se  présenta 
de  rechef  devant  ledit  seigneur  grand  prieur,  pour  recepvoir  la  croix, 
et  faire  profession  en  la  religion  de  l'Hospital  Saint-Jehan  de  Jherusa- 
lem.  Le  Roy  s'estant  de  rechef  aproché,  promist  pour  ledit  chevalier 
nouveau  que,  parvenu  à  l'aage  de  seize  ans  completz,  il  feroit  les 
veufz  qui  ont  accoustumez  estre  faictz  en  ladite  religion. 

Ce  faict,  et  à  l'occasion  du  grand  nombre  de  peuple  qui  empes- 
choit  le  passaige,  et  qu'il  n'estoit  possible  d'aller  sans  grande  peine 
au  logis  prioral,  où  ledit  seigneur  grand  prieur  a  acoustumé  de 
loger,,  pour  y  faire  par  ledit  nouveau  chevalier  Tobedience  acoustumée 
faire  en  ladite  religion  par  les  nouveaux  profex,  il  la  feit  en  ladite 
église,  au  mesme  lieu  où  il  avoit  faict  sa  profession.  Puis,  estant 
devestu  du  manteau  à  bec^*  duquel  il  avoit  esté  vestu,  et  de  la  robe 

1.  Très  employées,  antiques  ou  non,  dans  la  bijouterie,  depuis  le  xv"  siècle. 
Voy.  div.  exemples  curieux  dans  le  Gloss.  des  emmix  du  M'"  deLaborde. 

2.  Cf.  le  récit  de  De  Thou,  Hist.  Univ.,  liv.  132,  traduction  française  de 
Londres,  1734.  T.  XIV,  p.  314. 

3.  Manteau  à  pointe  particulier  aux  grands-croix  de  l'Ordre,  porté  sur  une 
robe  noire  ouverte  par  devant,  à  larges  manches,  avec  la  croix  trois  fois 
répétée,  comme  pour  le  grand  maître.  —Ceci  était  le  costume  de  cérémonie.  Par 
dessus  se  portait  le  grand  cordon,  en  soie  noire  et  blanche,  avec  de  petits  orne- 


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de  taffetas,  luy  fut  appliqué  devant  l'estomach  par  ledit  seigneur 
grand  prieur^  ung  plastron  de  satin  noir  avec  la  grande  croix  %  et 
incontinent  les  trompettes  commencèrent  à  sonner  en  signe  de 
resjouissance. 

Le  Roy,  la  Royne,  les  princes  et  princesses,  et  tous  les  seigneurs 
qui  là  estoient  se  partirent,  hors  mis  messieurs  de  Vendosme,  duc  de 
Montbason,  le  grand  [escuyer]  seigneur  de  Termes,  de  Rocquelaure,  de 
Vitry,  marquis  de  Cueuvre,  de  Viilars,  et  quelques  autres  seigneurs, 
lesquels  demeurèrent  par  commandement  de  sa  Majesté  à  disner  au 
Temple,  au  logis  prioral  où  sadite  Majesté  l'avoit  faict  préparer  tant 
pour  ledit  seigneur  grand  prieur  de  France,  commandeurs  et  cheva- 
liers, que  pour  les  seigneurs  par  luy  advisez. 

Les  tables  furent  sumptueusement  couvertes  et  servies,  et  en 
icelles  assis,  assavoir  :  le  nouveau  chevalier,  au  bout  de  la  première 
table  à  main  senestre,  du  coslé  du  feu  ;  messieurs  de  Vendosme,  duc 
de  Monbason,  le  grand  [escuyer]  seigneur  de  Termes,  Rocquelaure, 
de  Vitry,  marquis  de  Gueuvre;  et  à  main  droicte,  le  seigneur  grand 
prieur  de  France,  Fambassadeur  de  l'ordre,  les  commandeurs  et 
chevaliers,  avec  quelques  autres  gentilz  hommes,  tant  à  ung  que  à 
Fautre  costé. 

Le  disner  achevé  et  les  tables  levées,  se  partirent  les  susdits  sei- 
gneurs, conduisans  le  nouveau  chevalier  pour  aller  trouver  le  Roy 
chez  le  seigneur  Zamet,  où  il  avoit  disné  ^  ;  ausquelz  ledit  seigneur 
grand  prieur  vouloit  faire  compaignie,  ce  qu'ilz  ne  voulurent  per- 
mettre. 

Et  quant  aux  petit  prieur  et  religieux  du  Temple,  et  quelques  offi- 
ciers de  la  justice  dudit  Temple,  pour  n'avoir  trouvé  place  pour 
disner  avec  la  compaignie,  ilz  se  retirèrent  en  leur  couvent,  où  leur 
disné  leur  fut  envoie  sumptueux,  selon  leur  estât  et  qualité. 

menls  rappelant  les  mystères  de  la  Passion.  —  Cf.  Miilin,  Antiquités  nationales, 
1790,  t.  III,  p.  6,  et  les  Mémoires  mss.  du  bailli  de  Solar.  Arch.  nal.,  MM.  1-2. 

1 .  A  huit  pointes,  en  soie  blanche. 

2.  A  son  fameux  hôtel  de  la  rue  de  la  Cerisaie,  près  de  la  Bastille. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Histoire  de  Charles  VII,  par  G.  du  Fresne  de  Beaucodrt.  Tome  I  :  Le 
Dauphin  (lxxxvii-480  pages)  ;  tome  II  :  Le  roi  de  Bourges  (66S  p.)  ; 
tome  III  :  Le  réveil  du  Roi  (544  pages).  Paris,  librairie  de  la  Société 
bibliographique,  ^88^-'1885,  3  vol.  in-8°. 

M.  de  Beaucourt  vient  de  faire  paraître  le  troisième  volume  de  son 
Histoire  de  Charles  VII.  La  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes  n'a  pas 
encore  parlé  de  cette  importante  publication  ;  il  convient  donc  d'en  faire 
connaître  toute  la  valeur  et  de  dire  avec  quelle  habileté  l'auteur  a  su 
mettre  en  œuvre  la  masse  énorme  de  documents  qu'il  a  recueillis.  Le 
règne  de  Charles  VII  est  en  efifet  l'une  des  époques  les  plus  remarquables 
de  l'histoire  de  France  :  le  pays,  longtemps  déchiré  par  l'invasion  étran- 
gère et  les  guerres  civiles,  reprit  par  l'expulsion  des  Anglais  une  vitalité 
et  une  cohésion  nouvelles;  les  grandes  institutions,  devenues  si.  floris- 
santes dans  la  suite,  prirent  naissance  sous  une  administration  répara- 
trice, et  le  gouvernement  acquit  alors  un  caractère  jusque-là  inconnu 
d'unité,  de  régularité  et  de  permanence. 

Fruit  de  vingt-cinq  ans  de  recherches  et  de  travaux  assidus,  l'ouvrage 
de  M.  de  Beaucourt  paraît  être  le  dernier  mot  de  l'histoire  sur  le  règne 
de  Charles  VII.  On  a  accusé  l'auteur  d'avoir  peint  le  roi  sous  des  cou- 
leurs trop  avantageuses  et  d'avoir  écrit  son  livre  avec  un  parti  pris  de 
réhabilitation.  Il  semble  cependant  qu'après  tant  d'années  de  prépara- 
tion, après  s'être  si  longtemps  imprégné  des  documents  contemporains, 
l'enthousiasme  des  premiers  jours  et  le  désir  bien  naturel  de  glorifier 
son  héros,  s'ils  ont  jamais  existé,  ont  dû  singulièrement  se  refroidir 
pour  faire  place  à  une  impartialité  absolue"  et  à  un  amour  exclusif  de 
la  vérité  historique.  Il  est  vrai  que  M.  de  Beaucourt  nous  présente 
Charles  VII  sous  un  jour  assez  différent  de  celui  sous  lequel  on  l'a  géné- 
ralement considéré.  Ce  n'est  plus  Charles  VII  le  «  bien  servi,  »  devant 
à  ses  ministres  la  gloire  de  son  règne  et  les  grandes  institutions  dont  il 
dote  son  royaume;  c'est  Charles  VII  le  «  -victorieux,  »  le  «  restaurateur 
de  la  France,  »  le  prince  qui,  à  peine  sur  le  trône,  selon  l'expression  de 
Miguet,  «  montre  les  vues  d'un  législateur  et  les  vertus  d'un  roi.  » 
Faut -il  faire  de  ce  portrait  un  crime  à  l'historien,  si  la  figure  de 


^49 

Charles  YII,  longtemps  obscurcie,  brille  à  la  lumière  des  documents 
d'un  éclat  inconnu  jusqu'à  présent,  et  si  ses  grandes  qualités  et  la  part 
capitale  qu'il  prit  aux  événements  de  son  règne,  rassortent  avec  évidence 
de  l'étude  approfondie  des  hommes  et  des  choses  de  son  temps?  Si 
M.  de  Beaucourt  nous  montre  le  roi  exerçant  dans  le  gouvernement  du 
royaume  une  grande  influence  personnelle,  c'est  que  tel  est  le  résultat 
auquel  l'ont  conduit  ses  longues  et  patientes  recherches. 

L'histoire  de  Charles  VII,  telle  que  la  comprend  l'auteur,  doit  être 
«  l'exposé  du  rôle  du  roi  dans  les  événements  accomplis  sous  son  règne.  » 
Pour  arriver  à  une  peinture  véridique  de  ce  rôle,  M.  de  Beaucourt  a 
pensé  qu'il  fallait  «  faire  sortir  Charles  VII  de  l'obscurité  où  il  n'a  cessé 
d'être  plongé,  »  et  mettre  en  pleine  lumière  cette  royale  figure.  Il  a 
divisé  son  ouvrage  en  six  livres,  correspondant  chacun  à  une  période  du 
règne.  Le  premier  livre,  intitulé  :  Le  Dauphin  (1403-1422),  conduit 
Charles  VII  jusqu'à  son  avènement  au  trône;  le  second  :  Le  roi  de 
Bourges  (1422-1435),  s'arrête  au  traité  d'Arras  et  à  la  réconciliation  avec 
la  Bourgogne;  le  troisième  :  Le  réveil  du  Roi  (1435-1444),  s'étend  jusqu'à 
la  conclusion  de  la  trêve  avec  l'Angleterre;  les  trois  derniers  livres 
doivent  traiter  de  l'histoire  de  Charles  Vil  pendant  la  trêve  (1444-1449), 
de  l'expulsion  des  Anglais  (1449-1453),  enfin  des  dernières  années  du 
règne  (1453-1461).  Dans  chaque  période,  l'auteur  étudie  :  d'abord,  les 
événements  militaires,  sans  insister  sur  les  détails,  qui  ont  été  déjà 
donnés  par  les  historiens  antérieurs,  mais  en  rectifiant  et  en  complétant 
un  grand  nombre  de  données  chronologiques  ;  ensuite,  l'histoire  poli- 
tique intérieure,  c'est-à-dire  qu'il  expose  les  influences  qui  s'agitent 
autour  du  roi  et  la  direction  imprimée  par  celui-ci  au  gouvernement  du 
royaume;  puis  l'histoire  diplomatique,  côté  presque  entièrement  neuf, 
qui  n'avait  pas  encore  été  étudié  à  fond  et  que  M.  de  Beaucourt  a  su 
traiter  avec  une  rare  sagacité  et  une  grande  clarté  d'exposition  ;  enfin, 
chaque  livre  est  terminé  par  le  tableau  de  l'état  des  institutions,  de 
l'administration  du  royaume,  des  réformes  entreprises,  des  innovations. 
Nous  allons  prendre  successivement  chacun  des  trois  volumes  déjà 
parus  et  signaler  les  points  nouveaux,  les  faits  éclaircis  et  fixés  défini- 
tivement. 

Dans  le  premier  livre,  le  seul  fait  qui  soit  sujet  à  controverse,  c'est 
le  meurtre  de  Montereau.  Depuis  plus  de  quatre  siècles,  le  procès  est 
pendant  :  le  Dauphin  fut-il  complice  de  l'assassinat  de  Jean  Sans-Peur, 
ou  faut-il  seulement  en  accuser  ses  gens?  Y  eut-il,  ou  non,  prémédita- 
tion? M.  de  Beaucourt  croyait  avoir  résolu  cette  double  question  :  il 
avait  établi,  semblait-il,  d'une  façon  péremptoire,  non  seulement  que 
Charles  n'était  pas  complice  du  meurtre,  mais  encore  que  ses  conseil- 
lers ne  l'avaient  pas  prémédité  et  que  tout  était  fortuit  dans  ce  tragique 
événement,  lorsqu'un  document  d'une  extrême  importance,  que  l'auteur 
n'avait  pas  connu  lors  de  son  premier  volume  et  qu'il  a  publié  en 


\20 

appendice  au  second,  est  venu  tout  remettre  en  cause.  C'est  un  vidimus 
contenant  plusieurs  pièces  de  1425  et  1426,  ayant  toutes  pour  but  de 
décharger  Robert  le  Maçon,  ancien  chancelier  du  Dauphin,  de  toute 
participation  au  meurtre  de  Montereau.  Il  résulterait  de  cette  pièce  non 
seulement  que  le  meurtre  fut  prémédité,  mais  encore  que  Charles  con- 
nut le  complot  et  laissa  faire.  Au  premier  abord,  ce  document  semble 
concluant  et  absolument  inattaquable  ;  il  est  impossible  de  contester  son 
authenticité  extrinsèque.  Cependant,  il  y  a  lieu  de  se  demander  si  cette 
pièce,  qui  ne  porte  que  la  signature  d'un  seul  notaire  et  n'a  jamais  été 
scellée,  n'a  pas  été  fabriquée,  quant  à  son  contenu,  au  milieu  de  la  lutte 
entre  Giac  et  La  TrémoïUe,  dans  un  but  impossible  à  déterminer  à 
l'heure  actuelle.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  question  reste  en  suspens  et  semble 
ne  devoir  jamais  être  résolue  d'une  manière  inattaquable. 

Le  second  livre,  Le  roi  de  Bourges,  contient  un  plus  grand  nombre  de 
problèmes,  que  M.  de  Beaucourt  est  parvenu  à  résoudre  avec  beaucoup 
d'habileté.  Il  y  a  d'abord  les  accusations  d'immoralité,  d'amour  des 
plaisirs  et  d'inertie  qu'on  a  portées  contre  la  jeunesse  de  Charles  VII. 
Parmi  les  maîtresses  qu'on  lui  attribue,  la  seule  qui  présentât  quelque 
vraisemblance  est  Jeanne  Louvet,  la  fille  de  ce  fameux  président  de 
Provence  dont  la  puissance  fut  si  grande  dans  le  gouvernement,  au 
commencement  du  règne.  On  disait  que  ses  relations  avec  le  roi  dataient 
de  1422;  or,  M.  de  Beaucourt  établit  qu'elle  ne  vint  à  la  cour  qu'en 
1425,  alors  qu'elle  était  déjà  mariée  depuis  six  ans;  et  aucun  indice 
n'autorise  à  penser  qu'elle  y  ait  joué  le  rôle  qu'on  lui  attribue.  L'accu- 
sation de  trop  aimer  le  plaisir  et  la  dépense  n'a  pas  plus  de  fondement; 
il  n'y  a  qu'à  voir  les  registres  des  comptes  pour  s'en  convaincre;  la 
pénurie  du  trésor  ne  permettait  pas  de  dépenses  de  ce  genre,  et  le 
fameux  mot  de  La  Hire,  qu'on  ne  pouvait  perdre  plus  gaiement  son 
royaume,  est  une  invention  d'un  historien  du  xvi^  siècle.  Quant  au 
reproche  d'inertie,  il  n'est  plus  possible  de  le  maintenir  en  présence  des 
faits  matériels  relevés  jour  par  jour;  la  seule  chose  qu'on  puisse  repro- 
cher à  Charles,  c'est  sa  déplorable  faiblesse  de  caractère  et  sa  facilité  à 
laisser  le  pouvoir  aux  mains  des  favoris  indignes  qu'il  se  donne  ou 
qu'on  lui  impose.  M.  de  Beaucourt  reconnaît  d'ailleurs  loyalement  cette 
«  faulte  de  bonne  conduite  »  du  roi;  surtout  dans  le  chapitre  intitulé 
«  Le  gouvernement  du  connétable  »,  il  ne  se  fait  pas  faute  de  juger  sévè- 
rement le  roi,  de  montrer  sa  facilité  à  se  laisser  dominer  par  ses  favoris, 
son  peu  d'énergie  à  se  soustraire  à  l'influence  de  Richemont  et  ses 
colères  passagères,  bientôt  éteintes,  lors  des  assassinats  de  Giac  et  de 
Le  Camus  de  Beaulieu.  Mais,  néanmoins,  il  faut  rendre  justice  à  cha- 
cun, et  ce  n'est  pas  le  roi,  c'est  Richemont,  «  ce  rude  Breton  que  rien 
n'arrête  quand  il  s'agit  d'arriver  à  son  but,  »  que  M.  de  Beaucourt  rend 
responsable  des  malheurs  du  royaume  pendant  cette  lamentable 
période  qui  s'étend  de  1425  à  1433;  c'est  lui  qui  força  le  roi,  malgré  sa 


^2^ 

répugnance,  à  prendre  La  Trémoïlle  comme  ministre  et  qui  ne  craignit 
pas  de  rallumer  la  guerre  civile  pour  renvers^er  ce  nouveau  favori. 

La  conduite  de  Charles  VII  envers  Jeanne  d'Arc  n'est  pas  étudiée 
avec  moins  de  précision.  On  a  accusé  le  roi  de  n'avoir  rien  fait  pour 
délivrer  la  Pucelle  et,  par  conséquent,  d'avoir  montré  à  son  égard  la 
plus  noire  ingratitude.  Le  roi,  dit-on,  avait  deux  moyens  de  la  déli- 
vrer :  payer  sa  rançon  ou  l'arracher  de  vive  force  à  ses  ennemis.  Pour 
la  première  hypothèse,  il  est  clair  que  Jeanne  d'Arc  ne  pouvait  être 
rachetée  que  tant  qu'elle  était  aux  mains  du  pouvoir  militaire  ;  du  jour 
où  elle  était  remise  comme  hérétique  entre  celles  du  pouvoir  ecclésias- 
tique, il  n'y  avait  plus  à  penser  à  une  rançon.  Or,  rien  ne  prouve  que 
Charles  n'en  ait  pas  offert  une  à  Jean  de  Luxembourg  ;  deux  lettres, 
émanées  de  l'Université  de  Paris,  semblent  même  étabUr  le  contraire. 
La  seconde  hypothèse  était  impossible  à  exécuter  ;  l'état  des  troupes 
françaises  ne  le  permettait  pas,  et  les  Anglais,  en  cas  d'une  attaque, 
auraient  bien  su  mettre  leur  prisonnière  en  sûreté.  Et  cependant  le  roi 
a  peut-être  tenté  d'enlever  Jeanne  de  Rouen  par  surprise  :  en  mars 
1431,  le  bâtard  d'Orléans  et  La  Hire,  qui  tenaient  garnison  à  Louviers, 
firent  deux  entreprises  sea^ètes  contre  les  Anglais  ;  n'aurait-ce  pas  été 
deux  coups  de  main  tentés  dans  le  but  de  sauver  la  Pucelle?  D'ailleurs, 
les  Anglais  voulaient  à  tout  prix  le  procès  de  Jeanne;  il  y  allait  de 
l'honneur  du  roi  de  France  et  ils  espéraient  bien  le  déshonorer  en  fai- 
sant condamner  comme  hérétique  une  fille  qui  l'avait  fait  sacrer  et  en 
qui  il  avait  mis  sa  confiance.  Rien  ne  pouvait  donc  arracher  Jeanne 
à  son  sort  et  il  serait  injuste  de  rendre  Charles  YII  responsable  de  son 
trépas. 

L'histoire  diplomatique  que  contient  ce  second  volume  est  extrême- 
ment importante  ;  elle  ne  comprend  pas  moins  de  deux  cent  cinquante 
pages,  remplies  de  faits  nouveaux  du  plus  grand  intérêt.  La  partie  qui 
traite  des  négociations  de  Charles  VII  avec  le  concile  de  Bàle  et  celle  qui  est 
relative  à  la  conclusion  du  traité  d'Arras  sont  surtout  très  remarquables. 
Les  deux  chapitres  qui  terminent  le  volume  sont  consacrés  à  l'admi- 
nistration du  roi  de  Bourges  ;  c'est  un  tableau  navrant  de  l'état  déplo- 
rable dans  lequel  tomba  le  royaume  pendant  cette  période  ;  on  y  voit 
l'autorité  affaiblie,  le  désordre  introduit  partout,  les  finances  gaspillées, 
les  peuples  opprimés  par  les  gens  de  guerre.  Heureusement,  le  roi  va 
bientôt  sortir  de  la  tutelle  de  ses  favoris  et  prendre  en  main  l'adminis- 
tration de  son  royaume. 

Nous  assistons  dans  le  livre  troisième  à  cette  transformation  du 
monarque,  qui,  «  par  degrés  et  d'une  façon  presque  insensible,  »  sort 
«  de  cette  inaction  où,  par  un  fâcheux  concours  de  circonstances,  il 
avait  été  si  longtemps  plongé.  »  Ce  «  réveil  du  roi,  »  dû  à  l'influence 
de  ses  fidèles  conseillers,  la  reine  Yolande  de  Sicile,  Charles  d'Anjou 
et  le  bâtard  d'Orléans,  ne  tarde  pas  cependant  à  se  manifester  :  au  point 


422 

de  vue  militaire,  il  se  signale  par  les  prises  de  Paris,  de  Montereau  et 
de  Pontoise,  par  le  voyage  de  Tartas  et  la  campagne  de  Guyenne;  dans 
l'ordre  administratif,  par  l'ascendant  que  prend  la  personne  du  roi  dans 
la  conduite  des  affaires,  par  les  réformes  dans  l'administration  de  la  jus- 
tice, des  finances  et  du  domaine  royal,  et  surtout  par  la  grande  ordon- 
nance de  1439,  qui  commence  la  réforme  de  l'armée,  met  un  frein  aux 
pilleries  des  gens  de  guerre  et  pose  les  bases  de  l'organisation  définitive 
que  Charles  VII  va  bientôt  donner  à  ses  troupes  par  la  création  des 
francs-archers  et  des  compagnies  d'ordonnances;  dans  l'ordre  de  la 
politique  intérieure,  par  l'énergique  impulsion  donnée  aux  affaires,  par 
le  choix  de  conseillers  éclairés  et  honnêtes,  par  la  vigoureuse  répression 
des  intrigues  des  seigneurs  mécontents  de  voir  le  roi  sortir  de  tutelle  et 
agir  par  lui-même  ;  les  deux  chapitres  oii  M.  de  Beaucourt  traite  de  la 
Praguerie  et  de  l'assemblée  des  princes  à  Nevers,  en  1442,  sont  certai- 
nement des  meilleurs  du  livre.  Enfin,  au  point  de  vue  de  la  diplomatie, 
l'action  personnelle  de  Charles  VII  se  fait  vivement  sentir  dans  les  négo- 
ciations longues  et  compliquées  qui  finirent  par  amener  en  1444  la 
conclusion  d'une  trêve  avec  l'Angleterre.  Pour  les  rapports  avec  les 
autres  puissances,  le  rôle  de  la  France,  pendant  cette  période,  est  assez 
effacé  ;  elle  noue,  il  est  vrai,  quelques  relations  avec  le  duc  d'Autriche, 
mais  ne  tire  aucun  profit  de  ses  alliances  avec  l'Ecosse  et  la  Castille.  Il 
n'en  est  pas  de  même  de  son  intervention  dans  les  aflaires  de  l'Église  : 
les  relations  de  Charles  VII  avec  le  pape  et  le  concile  de  Bâle  sont  au 
contraire  très  actives.  Le  but  persistant  de  la  politique  royale  fut  la 
réconciliation  entre  le  pape  et  le  concile  en  révolte  ;  elle  ne  put  s'accom- 
plir, mais,  grâce  à  l'habile  et  puissante  influence  du  roi,  le  pape  va 
bientôt  triompher,  et,  comme  prélude  de  ce  triomphe,  le  conciliabule 
de  Bâle,  abandonné  de  tous  ses  soutiens,  se  sépare  au  mois  de  mai  1443. 
Dans  les  deux  chapitres  qu'il  consacre  aux  rapports  du  roi  avec  l'Église, 
M.  de  Beaucourt  fait  une  large  part  à  la  Pragmatique  sanction.  Cette 
charte  de  l'église  gallicane  n'était  qu'un  «  choix  des  décrets  du  concile 
de  Bâle  adaptés  aux  besoins  et  aux  coutumes  du  royaume,  choix  ins- 
piré par  les  passions  du  temps.  »  Elle  réglait  les  rapports  de  l'Église  et 
de  l'État  sur  des  bases  que  la  papauté  ne  pouvait  admettre;  le  but  des 
légistes  qui  l'avaient  rédigée  était  de  constituer  une  église  nationale, 
soustraite  à  la  suprématie  du  souverain  pontife  ;  aussi  celui-ci  ne  cessa- 
t-il  de  réclamer  l'abrogation  de  la  Pragmatique.  Charles  VII  n'y  fut 
pas  complètement  opposé;  il  y  a  même  à  ce  sujet  un  point  tout  à  fait 
nouveau,  que  M.  de  Beaucourt  est  le  premier  à  signaler  :  c'est  un  pro- 
jet de  concordat  entre  le  pape  et  le  roi,  en  1443,  établi  sur  des  bases 
beaucoup  plus  larges  que  celles  du  concordat  de  Léon  X.  Pourquoi 
l'accord  ne  fut-il  pas  conclu  ?  On  ne  sait  malheureusement  rien  à  cet 
égard. 
Le  troisième  livre  de  VHistoire  de  Charles  VII  est  moins  sujet  à  con- 


423 

troverse  que  le  second  ;  tous  les  points  que  nous  venons  d'exposer  som- 
mairement sont  bien  établis  et  nul  n'a  songé  à  les  contester.  Un  seul  a, 
jusqu'à  présent,  divisé  les  historiens  ;  nous  croyons  que  M.  de  Beaucourt 
l'a  résolu  :  c'est  la  question  d'Agnès  Sorol.  Il  y  a  à  ce  sujet  une  légende 
qui  court  tous  les  livres  et  qu'il  sera  peut-être  impossible  de  déraciner 
jamais  complètement.  C'est,  dit-on,  à  Agnès  Sorel,  c'est  à  son  inlluence 
sur  le  roi  qu'il  faut  attribuer  la  merveilleuse  transformation  qui  s'est 
opérée  en  lui  à  partir  de  1437.  Voici  comment  M.  de  Beaucourt  fait 
justice  de  cette  étrange  fable.  De  l'aveu  de  tous,  il  n'y  a  pas  un  acte, 
pas  un  article  de  compte  qui  fasse  mention  d'Agnès  avant  1444, 
tandis  que,  après  cette  date,  les  documents  abondent.  C'est  déjà  un 
premier  point.  On  a  en  outre  les  deux  témoignages  de  Monstrelet,  qui, 
en  1445,  parle  des  récents  rapports  du  roi  et  d'Agnès,  et  de  Jean  Char- 
tier,  qui,  au  moment  de  sa  mort  (février  1450),  dit  qu'elle  lit  partie  de  la 
maison  de  la  reine  pendant  environ  cinq  ans.  Or,  un  article  de  compte 
du  commencement  de  1444  montre  qu'à  cette  époque  Agnès  était  encore 
au  service  d'Isabelle  de  Lorraine,  reine  de  Sicile,  qui  ne  revint  de  Naples 
qu'en  1440  et  ne  reparut  à  la  cour  de  Charles  VII  qu'en  février  1443. 
C'est  donc,  au  plus  tôt,  dans  les  premiers  mois  de  1443  que  commen- 
cèrent les  relations  du  roi  et  de  la  «  dame  de  Beauté.  »  Par  conséquent, 
il  y  a  impossibilité  absolue  à  ce  que,  en  1436,  elle  fût  déjà  la  maîtresse 
du  roi  et  arrachât  son  royal  amant  à  la  léthargie  dans  laquelle  il  était 
plongé.  C'est  là  un  point  important  acquis  désormais  à  l'histoire.  On  a 
vu  que  ce  n'était  pas  le  seul  problème  historique  résolu  par  l'auteur,  et 
nous  sommes  persuadé  que  les  derniers  volumes  consacreront  déhni- 
tivement  toute  la  valeur  de  son  œuvre. 

Léon  Legestre. 


Jeanne  d'Arc,  par  Marius  Sepet.  Tours,  A.  Marne  et  fils.  -1885,  grand 
in-8'',  xi-563  p. 

A  cette  même  place,  il  y  a  seize  ans%  nous  avons  fait  connaître  à 
nos  lecteurs  la  première  édition  de  l'ouvrage  dont  le  titre  est  transcrit 
ci-dessus.  Les  vœux  que  nous  formions  alors  pour  le  succès  de  cette 
nouvelle  histoire  de  Jeanne  d'Arc  se  sont  réalisés,  l'ouvrage  a  été  accueiUi 
avec  bienveillance  par  le  public.  Ce  succès,  attesté  par  de  nombreuses 
éditions,  a  mérité  à  la  Jeanne  d'Arc  de  notre  confrère  M.  Sepet  d'en- 
trer dans  la  catégorie  de  ces  livres  d'élite,  que  la  puissante  maison 
Mame  sait  orner  d'une  illustration  demandée  à  nos  meilleurs  artistes. 
Pour  répondre  dignement  à  cette  forme  plus  belle,  l'auteur  a  voulu,  de 
son  côté,  revoir  son  œuvre  primitive  et,  tout  en  améliorant  son  ancien 

1.  "Voyez  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  6*  sér.,  t.  V,  p.  704-705. 


424 

texte,  il  l'a  fait  précéder  et  suivre  de  développements  nouveaux,  sur 
lesquels  nous  désirons  attirer  un  moment  l'attention  de  nos  lecteurs. 

De  même  que  le  chapitre  préliminaire  est  devenu  une  introduction, 
de  même  le  dernier  chapitre  de  l'ouvrage  primitif  a  donné  naissance 
dans  la  nouvelle  édition  à  un  livre  entier,  comme  nous  l'allons  montrer 
rapidement.  L'Introduction  est  divisée  en  deux  chapitres  :  1°  les  Ori- 
gines françaises.  —  La  France  avant  Jeanne  d'Arc  ;  2°  La  France  au  temps 
de  Jeanne  d'Arc.  C'est  un  résumé  clair  et  précis,  mais  sans  sécheresse, 
de  l'histoire  de  la  France  jusqu'au  temps  de  Jeanne  d'Arc,  et  l'exposé 
de  la  situation  matérielle  et  morale  de  notre  pays  au  moment  où  Jeanne 
arrive  à  la  cour  de  Charles  Vil;  on  voit  passer  dans  un  tableau,  dont 
les  couleurs  sont  empruntées  à  ce  que  l'érudition  française  a  fourni  de 
meilleur  dans  ces  quinze  dernières  années,  l'Église,  la  Royauté,  la 
Noblesse,  la  Bourgeoisie  et  le  Peuple  ;  l'instruction  publique,  les  lettres 
et  les  beaux-arts  ne  sont  pas  oubliés,  et  le  lecteur  se  trouve  placé,  autant 
que  faire  se  peut,  dans  le  milieu  historique  où  a  vécu  la  Pucelle.  Tous 
les  développements  que  donne  l'auteur,  tous  les  traits  qu'il  cite  se  rap- 
portent à  cette  idée  :  faire  mieux  comprendre  dans  quelle  position  était 
la  France  en  1429  et  en  face  de  quels  hommes  et  de  quels  événements 
allait  se  trouver  Jeanne  d'Arc. 

Passant  par-dessus  le  corps  même  de  l'ouvrage,  qui  nous  semble 
suffisamment  connu,  nous  arrivons  au  dernier  livre,  que  l'auteur  a  inti- 
tulé :  la  Gloire.  C'est  dans  cette  partie  que  M.  Sepet  a  développé  en 
trois  chapitres  quelques  pages  de  son  premier  travail.  Tandis  que,  dans 
le  chapitre  i^'',  il  nous  retrace  l'Expulsion  des  Anglais,  comme  un  succès 
posthume  de  son  héroïne,  et  les  audacieuses  supercheries  de  la  fausse 
Jeanne  d'Arc  (Jeanne  des  Armoises)  ;  dans  le  second,  intitulé  :  Réhabi- 
litation, il  donne,  surtout  d'après  le  mémoire  du  célèbre  canoniste 
Théodore  de  Leliis ,  une  réfutation  complète  des  accusations  portées 
contre  la  Pucelle,  et  montre  comment  s'est  effectuée  la  révision  de  son 
injuste  procès.  La  réaction  dans  les  esprits  a  été  d'autant  plus  prompte 
que  la  condamnation  avait  été  plus  inique.  Dans  un  dernier  chapitre, 
la  Postérité,  l'auteur  s'est  proposé  de  passer  en  revue  les  vicissitudes 
subies  par  la  mémoire  de  Jeanne  et  les  diverses  manifestations  aux- 
quelles elle  a  donné  lieu  dans  l'histoire,  depuis  Monstrelet  et  Jean  de 
Wavrin  jusqu'à  M.  Wallon;  dans  la  poésie,  depuis  Christine  de  Pisan 
et  Villon  jusqu'à  nos  poètes  contemporains  tant  français  qu'étrangers  ; 
il  a  interrogé  les  annales  du  théâtre  français,  depuis  le  fameux  Mistère 
du  siège  d'Orléans  jusqu'au  drame  en  vers  et  à  l'opéra  de  MM.  P.-J. 
Barbier  et  Ch.  Gounod,  qui  ont  si  bien  su  faire  vibrer  en  nous  la  fibre 
patriotique;  et  soit  ses  jugements,  soit  les  extraits  qu'il  donne  de  ces 
œuvres  si  diverses  font  bien  apprécier  la  valeur  de  chacune  d'elles. 
M.  Sepet  a  passé  aussi  en  revue  les  œuvres  d'art,  peintures  ou  sculp- 
tures dans  lesquelles  on  a  essayé  de  représenter  la  Pucelle;  il  a  recueilli 


425 

avec  soin  le  souvenir  des  panégyriques  prononcés  chaque  année  à 
Orléans,  dans  la  belle  fête  du  8  mai,  une  des  dernières  qui  nous  soient 
restées  de  l'ancienne  France. 

L'auteur,  comme  il  le  dit  lui-même  dans  sa  Préface,  n'a  pas  visé  à 
composer  une  œuvre  de  haute  érudition,  mais  il  a  mis  tous  ses  soins  à 
faire  passer  dans  l'esprit  de  ses  lecteurs,  avec  l'admiration  et  le  respect 
qui  sont  dus  à  la  mémoire  de  Jeanne  d'Arc,  une  connaissance  plus 
exacte  de  ses  actions,  d'après  les  découvertes  les  plus  récontes  de  l'éru- 
dition française  et  principalement  de  l'École  des  chartes.  Il  a  mis  à 
profit,  pour  l'histoire  proprement  dite,  les  premiers  volumes  de  la 
savante  Histoire  de  Charles  VU,  par  M.  de  Beaucourt,  les  remarquables 
articles  que  M.  Siméon  Luce  a  publiés  dans  la  Revue  des  Deux-Mondes 
sur  Jeanne  d'Arc  et  le  culte  de  saint  Michel,  sur  Jeanne  d'Arc  et  les  ordres 
mendiants,  et  sa  belle  Histoire  de  B.  du  Guesclin  et  de  son  époque  ;  les 
Nouvelles  recherches  sur  la  famille  de  Jeanne  d'Arc,  par  E.  de  Bouteiller 
et  Braux;  pour  l'archéologie  et  les  institutions,  V Histoire  du  Costume  de 
notre  si  regretté  maître  J.  Quicherat,  le  Dictionnaire  d'architecture  de 
VioUet-le-Duc,  la  Chevalerie,  par  M.  Léon  Gautier,  l'inspirateur  pre- 
mier de  la  Jeanne  d'Arc  et  le  conseiller  de  la  nouvelle  édition  ;  enfin  les 
propres  travaux  de  l'auteur  sur  les  Prophètes  du  Christ  et  le  Théâtre  au 
moyen  âge,  etc.  C'est  donc  mieux  qu'un  livre  illustré  que  nous  avons  le 
plaisir  de  signaler  à  nos  lecteurs,  c'est  un  livre  mis  au  courant  de  la 
science  historique  et  digne  d'un  érudit  ami  des  lettres  et  du  bon  style. 

A.  Bruel. 


La  Renaissance  en  France^  par  Léon  Palustre,  illustrations  sous  la 
direction  de  Eugène  Sadoux,  \\^  et  \2^  livraisons  :  Bretagne 
(Ille-et-Vilaine,  Gôtes-du-Nord,  Finistère,  Morbihan,  Loire-Infé- 
rieure). Paris,  Quantin,  4885,  in-fol.,  planches  à  l'eau-forte. 

M.  Léon  Palustre  vient  de  reprendre  la  publication  dont  nous  avons 
annoncé  ici  les  premiers  fascicules.  Deux  livraisons  ont  paru  dans  le 
courant  de  l'année  1885;  elles  embrassent  tous  les  monuments  de  la 
Renaissance  compris  dans  les  départements  formés  de  l'ancienne  pro- 
vince de  Bretagne. 

L'étude  de  ce  pays,  qui  a  toujours  conservé  une  si  frappante  origina- 
lité, inspire  à  M.  Palustre  des  observations  intéressantes.  Ainsi,  les 
monuments  de  la  Renaissance  présentent  ici  un  caractère  singulier. 
L'accessoire  prend  bien  plus  d'importance  que  le  monument  lui-même. 
Tandis  que  l'église  et  le  sanctuaire  conservent  des  proportions  modestes, 
les  constructions  secondaires,  le  clocher,  le  porche,  la  sacristie,  l'os- 
suaire atteignent  parfois  des  dimensions  démesurées.  La  Bretagne  n'a 
guère  connu  le  style  gothique  avant  la  fin  du  xv«  siècle  ;  la  nature  des 


126 

matériaux  qu'elle  tire  de  son  sol  a  toujours  imposé  à  ses  architectes 
une  grande  sobriété  dans  la  décoration  des  édifices.  La  cathédrale  de 
Quimper  est  le  type  de  l'église  de  style  flamboyant.  Là,  comme  par- 
tout ailleurs,  la  construction  principale  est  négligée;  aucune  église 
de  Bretagne  ne  possède  de  déambulatoire  autour  du  chœur.  Tout  le 
soin  de  l'architecte  se  porte  sur  les  détails  et  les  accessoires.  Tels  sont 
les  caractères  essentiels  de  l'architecture  religieuse  bretonne  d'après 
M.  Palustre. 

Le  tombeau  de  Guillaume  Guégen  serait  le  premier  monument 
breton  inspiré  par  les  modèles  de  la  Renaissance.  M.  Palustre  a  eu 
la  bonne  fortune  de  le  découvrir  derrière  une  boiserie  de  la  cathé- 
drale de  Nantes;  dans  la  même  église,  se  trouve  une  chapelle,  dite  de 
Thomas  le  Roy,  datant  à  peu  près  de  la  même  époque.  La  chapelle  du 
Saint-Sacrement,  dans  la  cathédrale  de  Vannes,  érigée  pour  servir  de 
monument  funéraire,  fut  élevée  en  1537.  Elle  offre  de  frappantes  ana- 
logies avec  la  décoration  du  prieuré  de  Piaule,  construit  vers  1532  par 
un  artiste  qui  a  signé  son  œuvre.  C'est  un  Italien  nommé  Jean  Danielo, 
dont  la  biographie  est  esquissée  par  M.  Palustre  à  grands  traits. 

Puis,  l'auteur  passe  successivement  en  revue  l'église  Notre-Dame,  de 
Guingamp,  construite  de  1535  à  1581,  le  clocher  de  l'église  Saint- 
Matthieu,  à  Morlaix,  érigé  par  Yves  Groazec  en  1548,  l'église  de  Bulat, 
bâtie  en  1552  par  Fouquet  Jehanou,  la  table  à  offrandes  de  cette  même 
église,  monument  unique  en  son  genre,  l'absidiole  de  la  chapelle  du  châ- 
teau, à  Yitré,  la  cathédrale  de  Rennes,  dont  le  chœur  fut  commencé 
par  Thomas  Pihourt  en  1527,  enfin,  la  chapelle  de  Kerfons,  près  Lan- 
nion,  datée  de  1559. 

La  Bretagne  est  le  pays  par  excellence  des  clochers  à  flèche  aiguë. 
L'architecte  de  Saint-Pol  de  Léon,  nommé  Greizker,  a  donné  l'exemple. 
Ce  modèle  a  eu  beaucoup  d'imitateurs.  M.  Palustre  cite  et  décrit  les 
clochers  de  Landivisiau  (hn  du  xvi^  siècle),  de  Pontcroix,  de  la  Roche- 
Maurice,  de  Berven  (1575),  de  Pleyben. 

Il  passe  ensuite  aux  porches  des  églises  (p.  39).  Ils  prennent,  au 
xvi«  siècle,  une  importance  excessive,  dont  le  moyen  âge  offre  peu  de 
spécimens.  La  Bretagne  en  possède  un  certain  nombre.  Les  plus  remar- 
quables ayant  date  certaine  se  voient  à  Bulat  (1520),  à  Daoulas  (1566), 
à  Landerneau  (1616),  à  Bodilis  (1601),  enfin  à  Pleyben,  Saint-Thégon- 
nec,  Ploudiry,  Guimiliau. 

Certains  bénitiers,  ceux  de  Landerneau  et  de  La  Martyre  (1601) 
notamment,  constituent  de  petits  monuments  complets,  qui  méritent 
d'attirer  un  instant  l'attention. 

Nulle  province  n'a  donné  à  la  décoration  des  ossuaires  et  des  cha- 
pelles des  cimetières  une  importance  égale  à  celle  que  ces  différents 
monuments  ont  reçue  en  Bretagne.  Le  plus  vaste  de  ces  ossuaires,  qui 
rappellent  la  forme  consacrée  des  châsses,  se  trouve  à  Saint-Thégonnec. 


^27 

Après  celui-là,  M.  Palustre  cite  ceux  de  la  Roche-Maurice  et  de  Plou- 
diry  (1635),  ornés  l'un  et  l'autre  d'une  curieuse  Danse  macabre,  puis 
ceux  de  Sizun  (1588),  de  Pencran  (1594),  de  La  Martyre  (1619),  enfin 
celui  de  Roscoff,  percé  de  nombreuses  fenêtres,  mais  sans  porte. 

Les  petites  chapelles  du  cimetière  de  Saint-Jean-du-Doigtet  do  Plou- 
gasnon,  cette  dernière  d'une  si  bizarre  originalité,  appartiennent  aussi 
à  la  catégorie  des  monuments  funéraires.  L'entrée  monumentale  du 
cimetière  de  Saint-Thégonnec  est  encore  un  exemple  remarquable  du 
culte  pieux  des  Bretons  pour  les  morts. 

Avec  l'arc  de  triomphe  de  Sizun  (1588),  l'auteur  arrive  à  une  série  de 
monuments  bien  particuliers  à  la  Bretagne.  Nulle  part  un  aussi  grand 
développement  n'a  été  donné  à  ces  calvaires,  qu'il  était  d'usage  d'édifier 
jadis  à  l'entrée  des  villages.  Les  plus  connus  et  les  plus  remarquables 
sont  les  calvaires  de  Plougouven,  près  Morlaix  (1554),  de  Guimiliau 
(1581-1588),  de  Plougastel-Daoulas  (1602-1604),  de  Saint-Thégonnec 
(1610),  de  Pleyben  (1650).  Ce  dernier,  construit  par  Yves  Ozanne,  bien 
que  d'une  date  assez  rapprochée,  a  conservé  les  traditions  archaïques  du 
siècle  précédent.  Les  fontaines  sacrées,  rendues  nécessaires  par  la  mul- 
tiplicité et  l'affluence  des  pèlerinages,  affectent  quelquefois  un  caractère 
architectonique  remarquable,  comme  à  Guingamp  et  à  Saint- Jean-du- 
Doigt. 

Les  vitraux  encore  existants  dans  les  églises  de  Bretagne  offriraient 
à  eux  seuls  un  vaste  sujet  d'études.  M.  Palustre  les  rattache  à  trois 
centres  différents  de  fabrication,  qu'il  place  à  Rennes,  à  Tréguier  et  à 
Quimper.  On  connaît  les  noms  de  nombreux  verriers  bretons  du  xvi«  s., 
mais  il  a  été  impossible  jusqu'ici  de  déterminer  l'œuvre  de  ces  habiles 
maîtres.  Les  plus  beaux  vitraux  de  Bretagne,  ceux  de  l'église  des  Iffs, 
portent  la  date  de  1587. 

A  part  celui  de  Folgoat,  qui  est  en  pierre  de  Kersanton,  presque  tous 
les  jubés  de  Bretagne,  notamment  ceux  de  Roche-Maurice,  de  Saint- 
Fiacre,  de  Lambader,  de  Kerfons,  de  Saint-Herbot  et  de  Sainte-Avoye, 
sont  en  bois.  Le  jubé  de  Sainte-Croix  de  Quimperlé,  dont  il  ne  reste 
que  des  fragments,  mais  dont  on  connaît  la  date  (1540),  fut  construit 
par  exception  en  pierre. 

L'auteur  arrive  ensuite  (p.  76)  à  un  des  monuments  les  plus  célèbres 
de  la  province,  le  tombeau  du  dernier  duc  de  Bretagne,  François  II, 
érigé  par  les  soins  de  la  reine  Anne  dans  l'église  des  Carmes,  et  rétabli, 
en  1817,  dans  la  cathédrale  de  Nantes.  Grâce  aux  travaux  de  ceux  qui 
l'ont  précédé,  M.  Palustre  a  pu  reconstituer  la  biographie  du  grand 
artiste  tourangeau,  qui  a  attaché  son  nom  à  l'exécution  de  ce  chef- 
d'œuvre.  D'après  lui,  Michel  Colomb  serait  l'auteur  des  principales 
figures,  des  gisants  et  des  statues  allégoriques  des  angles. 

M.  Palustre  arrive  ensuite  à  la  description  de  ce  tombeau  de  Michel 
Guégen,  conservé  dans  la  cathédrale  de  Nantes,  dont  on  lui  doit  la 


Hi^ 


^28 

découverte.  Il  s'occupe  ensuite  du  remarquable  monument  élevé,  après 
1504,  à  la  mémoire  de  Thomas  James  dans  la  cathédrale  de  Dol.  Ce 
tombeau  est  l'œuvre  des  deux  frères  Antoine  et  Jean  Juste.  M.  Palustre 
conteste  la  participation  du  troisième  frère  André  Juste,  dont  il  ignore 
l'âge  et  la  véritable  qualité.  Or,  d'une  pièce  contemporaine,  publiée 
naguère  dans  les  Nouvelles  Archives  de  l'Art  français  (1879,  p.  8-10),  il 
résulte  qu'André  était  sculpteur  ou  imagier  comme  ses  frères,  et  qu'âgé 
de  vingt-six  ans  en  1513,  lors  de  sa  naturalisation,  il  était  né  en  1587. 

Le  tombeau  de  Guy  d'Espinay,  à  Ghampeaux,  exécuté  de  1551  à  1553 
par  un  auteur  inconnu,  offre  de  très  curieux  essais  de  polychromie. 

Pour  terminer  la  revue  des  édifices  que  le  xvi^  siècle  a  laissés  en 
Bretagne,  M.  Palustre  décrit  sommairement  les  châteaux  de  Ghàteau- 
briant,  de  Nantes,  de  la  Motte-Glain,  de  Josselin,  de  Haute-Goulaine, 
de  Blain,  de  Kerjean  ;  le  dernier,  surnommé  le  Versailles  de  la  Bre- 
tagne, avec  ses  allures  de  forteresse,  a  été  édifié  par  un  architecte 
inconnu,  sur  un  plan  gigantesque.  Les  curieuses  maisons  de  Morlaix, 
dites  à  lanterne,  et  celles  de  Saint-Brieuc,  qui  portent  la  date  de  1572, 
terminent  cette  étude. 

L'infatigable  et  consciencieux  collaborateur  de  M.  Palustre,  M.  Eugène 
Sadoux,  a  exécuté  presque  seul  toutes  les  illustrations  de  ces  deux 
livraisons,  dessins  et  eaux-fortes.  Notons,  à  ce  sujet,  une  innovation 
imposée  probablement  par  des  mesures  d'économie.  Tandis  qu'aupara- 
vant toutes  les  vues  d'ensemble  ou  de  détail  étaient  gravées  à  l'eau- 
forte,  un  certain  nombre  de  dessins  sont  reproduits  cette  fois  par  les 
procédés  nouveaux,  qui  permettent  de  les  tirer  avec  le  texte.  Le 
lecteur  n'y  perd  rien,  car  cette  modification  a  permis  d'augmenter  le 
nombre  des  gravures. 

Yoici  la  liste  des  monuments  reproduits  dans  ces  deux  livraisons  ^  : 

lie  livr.  François  II,  duc  de  Bretagne,  par  Michel  Colomb,  p.  3. 

Sacristie  de  V église  de  Bulat  (pi.  hors  texte). 

Abside  de  Sizun,  p.  11. 

Tombeau  de  Guillaume  Guegen,  p.  13. 

Chapelle  de  la  collégiale  Notre-Dame,  à  Nantes,  p.  15. 

Chapelle  du  Saint-Sacrement,  à  Vannes,  p.  21. 

Porte  occidentale  de  l'église  de  Guingamj},  p.  23. 

Clocher  de  l'église  Saint-Matthieu,  à  Morlaix,  p.  25. 

Table  à  offrandes  de  Véglise  de  Bulat,  p.  27. 

Absidiole  de  la  chapelle  du  château,  à  Vitré,  p.  29. 

Chapelle  de  Kerfons,  p.  31. 

Clocher  de  Pleyben  (pi.  hors  texte). 

1.  Les  titres  en  italique  sont  ceux  des  gravures  à  l'eau-forte;  les  autres 
gravures  sont  exécutées  par  le  procédé  Gillot. 


^29 

Clocher  de  la  Roche-Maurice,  p.  35. 

Clocher  de  Derve?i,  p.  37. 

Sacristie  de  l'église  de  Bulat  (pi.  hors  texte). 

Porche  de  l'église  de  Ploudiry,  p.  41. 

Intérieur  du  porche  de  Guimiliau,  p.  43. 

Bénitier  de  Landerneau,  p.  44. 

Bénitier  de  La  Martyre,  p.  45. 

Ossuaii'e  de  Saint-Thégonnec  (pi.  hors  texte). 

Ossuaire  de  Roscoff,  p.  48. 

La  chapelle  de  Saint-Jean-du-Doigt,  p.  49. 

Chapelle  de  Plougasnou,  p.  51. 

12«  liv.  Les  neveux  de  Thomas  James  à  la  cathédrale  de  Dol,  p.  55. 

Entrée  du  cimetière  de  Saint-Thégonnec,  p.  57. 

Arc  de  Sizun,  p.  59. 

Fontaine  de  Saint-Jean-du-Doigt  (pi.  hors  texte,  gravée  par  L.  Gautier<). 

Jubé  de  la  Roche-Maurice,  p.  71. 

Fragment  du  jubé  de  Quimperlé,  p.  73. 

Tombeau  de  François  II  (pi.  hors  texte,  gravée  par  Gaujean). 

Visage  extérieur  de  la  Prudence,  par  Michel  Colombe,  p.  81. 

Statue  de  François  Jïamon,  évêque  de  Nantes,  p.  85. 

Tombeau  de  Dol  (pi.  hors  texte). 

Tombeau  de  Guy  d'Espinay,  à  Champeaux,  p.  93. 

Mâchicoulis  du  château  de  Nantes,  p.  95. 

Château  de  Chdteaubriant  (pi.  hors  texte). 

Grand  escalier  de  Châteaubriant,  p.  97. 

Porte  à  Dinant,  p.  99. 

Château  de  Kerjean  (pi.  hors  texte). 

Chapelle  de  Kerjean,  *p.  102. 

Entrée  du  château  de  Kerjean,  p.  103. 

Puits  de  Kerjean,  p.  105. 

Château  de  Carheil,  p.  107. 

Maison  de  1572,  à  Saint-Brieuc,  p.  109. 

Détail  du  jubé  de  Quimperlé,  p.  110.  J.-J.  Guiffrey. 

Inventaire  analytique  des  archives  du  ministère  des  affaires  étran- 
gères :  Correspondance  politique  de  MM.  de  Castillan  et  de  Maril- 
lac,  ambassadeurs  de  France  en  Angleterre  [\o^l-\'6^2].^  publiée, 
sous  les  auspices  de  la  Commission  des  archives  diplomatiques, 
par  M.  Jean  Kaulek,  avec  la  collaboration  de  MM.  Louis  Farges  et 
Germain  Lefèvre-Pontalis.  Paris,  F.  Alcan,  4885.  In-S",  xxii- 
499  pages. 
Le  bureau   historique  des  archives  du  ministère  des  affaires  étran- 

1.  Toutes  les  gravures  dont  l'auteur  n'est  pas  nommé  sont  de  M.  Eug.  Sadoux. 

9 


^30 

gères  a,  depuis  sa  fondation,  donné  plus  d'une  preuve  de  son  activité. 
L'inventaire-sommaire,  publié  depuis  un  an  déjà,  est  un  précieux 
répertoire  que  tout  le  monde  a  entre  les  mains  et  que  de  nombreux 
travailleurs  ont  déjà  feuilleté.  Aujourd'hui,  le  volume  des  dépèches 
adressées  par  Gastillon  et  Marillac  à  François  !«■■,  et  des  lettres  du  roi 
à  ces  deux  ambassadeurs,  ouvre  une  ère  nouvelle  dans  l'histoire  diplo- 
matique du  xvi^  siècle.  Que  de  détails  ignorés,  dans  ces  445  pièces  iné- 
dites, pour  une  période  restreinte  de  cinq  années  1  A  côté  de  curiosités 
locales,  comme  l'aifaire  du  pont  de  la  Cauchoire,  près  Ardres,  qui 
donna  lieu  à  bien  des  pourparlers,  que  de  précieuses  indications  pour 
le  futur  historien  de  la  politique  extérieure  de  François  !«=''  !  Bien  que 
consacré  exclusivement  aux  relations  diplomatiques  de  l'Angleterre, 
ce  volume  n'en  sera  pas  moins  utile  à  consulter  pour  connaître  les 
intrigues  des  Impériaux,  les  nouvelles  d'Orient  et  les  négociations  du 
pape  Paul  III  à  la  même  époque.  Il  y  aura  encore  à  dire  sur  la  poli- 
tique de  Guillaume  Pélicier  après  le  volume  de  Jean  Zeller  (1881),  il  y 
aura  bien  des  documents  complémentaires  à  ajouter  à  ceux  qui  furent 
publiés  autrefois  par  Camusat.  Enfin,  l'histoire  militaire  et  économique 
peuvent  y  recueillir  des  éléments  intéressants,  ainsi  que  la  littérature 
et  même  l'histoire  des  arts. 

Reproduction  abrégée  d'une  admirable  collection,  Vlnventaire  analy- 
tique de  la  correspondance  politique  sera  un  guide  très  sur,  et  formera 
une  collection  française  comparable  aux  Calendars  of  State  papers, 
publiés  à  Londres  sous  la  direction  du  maître  des  rôles.  On  ne  pouvait 
mieux  débuter.  D'abord,  la  collection  de  la  correspondance  anglaise  est 
une  des  plus  anciennes  que  possède  le  ministère  des  affaires  étrangères  ; 
de  plus,  l'intérêt  qui  s'attache  aux  rapports  diplomatiques  de  François  I^'' 
et  de  Henri  VIII  n'a  pas  même  besoin  d'être  signalé.  On  ne  pourra 
reprocher  à  cet  inventaire  analytique  que  d'être  trop  détaillé,  ce  qui 
n'est  point  un  reproche  sérieux,  puisque  tout  le  monde  en  bénéficie. 
L'introduction  renferme  des  renseignements  biographiques  inédits  sur 
les  deux  ambassadeurs,  qu'on  lira  volontiers,  surtout  en  ce  qui  concerne 
Gastillon;  les  éditeurs  établissent  qu'il  s'appelait  Louis  de  Perreau, 
sieur  de  Gastillon,  et  qu'il  ne  doit  point  être  confondu,  comme  on  l'a 
fait  en  France  et  en  Angleterre,  avec  un  membre  de  la  famille  de  Ghâ- 
tillon  ou  de  Goligny. 

La  tâche  des  éditeurs  a  été  menée  à  bonne  fin,  et  paraît  bien  remplie  ; 
le  texte,  établi  avec  soin,  ne  laissait  pas  que  de  les  livrer  à  toutes  sortes 
de  conjectures  (par  suite  de  l'écriture  chiffrée  de  certaines  dépêches), 
mais  ils  en  sont  sortis  à  leur  honneur  et  au  plus  grand  profit  de  la 
science.  Il  n'y  a  qu'une  petite  réserve  à  faire,  au  sujet  des  identifications 
de  noms  de  lieu,  qui  sont  restées  inachevées.  Cuzery  (page  345)  n'est 
pas  Gazaril  (Haute-Garonne),  mais  Guisery,  chef-lieu  de  canton,  arron- 
dissement de  Louhans  (Saône-et-Loire).  Le  roi  François  I"  se  trouvait 


i3i 

le  14  mai  1542  à  Moustier-Bamey  (page  419),  qui  est  l'abbaye  de  Montié- 
ramey  (Aube),  et  le  9  juin  suivant  à  Epineux-Val  (page  423),  qui  est  le 
prieuré  d'Epineuseval,  fondé  dans  la  l'orèt  du  Val,  près  Villiers-au-Bois 
(Haute-Marne).  C'est  de  cette  localité  que,  le  même  jour,  François  I"' 
expédia  des  lettres  patentes  enregistrées  au  parlement  de  Bordeaux 
(Arcli.  de  la  Gironde,  B.  33,  fol.  190  v°).  Il  eût  été  bien  facile  de  sup- 
primer ces  quelques  points  d'interrogation  pour  rendre  le  travail  abso- 
lument irréprocliable.  Enlin,  les  éditeurs  n'ont  eu  que  trop  de  raison 
d'exprimer  des  doutes  au  sujet  de  la  date  des  pièces  S  et  4.  Il  faut  évi- 
demment lire  1533,  car  la  cour  se  trouvait  alors  à  Avignon  ou  aux 
environs  immédiats  de  cette  ville,  tandis  que,  le  10  octobre  1537,  le  roi 
de  France  séjournait  à  Lyon. 

H.  Stein. 


Victor  MoRTET.  Une  Élection  épiscopale  au  Xlb  siècle,  Maurice  de 
Sulhj,  évêque  de  Paris.  Paris,  ^S85,  brochure  in-S"  de  ^3  pages. 

Dans  ce  mémoire,  M.  Mortet  étudie  l'élection  de  Maurice  de  Sully. 
Entre  la  version  traditionnelle  rapportée  par  Césaire  d'Heisteirbacli  et 
le  récit  consigné  dans  les  Anecdotes  d'Etienne  de  Bourbon,  l'auteur  se 
prononce  pour  le  dernier,  qui  lui  semble  bien  plus  vraisemblable  que 
la  légende  de  Césaire.  Ainsi,  Maurice  de  Sully  aurait  dû  son  siège 
épiscopal  à  une  recommandation  adressée  par  Louis  VII  au  cha- 
pitre. Cette  conclusion  est  d'autant  plus  admissible  que  Maurice, 
M.  Mortet  le  démontre,  comptait  au  moins  un  ami  dévoué  parmi  les 
clercs  de  l'entourage  du  roi.  La  dissertation  de  M.  Mortet  tranche  aussi 
les  constatations  qu'avait  soulevées  la  date  de  l'élection  de  Maurice;  il 
fut  élu  le  12  octobre  1160. 

L'impression  que  nous  gardons  de  ce  court  travail  nous  fait  désirer 
vivement  la  publication  prompte  du  livre  que  M.  Mortet  doit  consacrer 
au  célèbre  évêque  de  Paris.  P.  F. 

R.  Delachexal.  Histoire  des  avocats  au  Parlement  de  Paris.  ^300- 
-1600.  Paris,  Pion,  1883.  In-8°,  de  xxviii-476  pages. 

Les  avocats  ont  fait  assez  de  bruit  dans  le  monde  pour  mériter  de 
trouver  des  historiens.  Ils  en  ont  eu  de  peu  bienveillants,  et  parfois 
aussi  de  trop  sympathiques,  qui  plaidaient  pro  domo  plus  encore  qu'ils 
ne  racontaient  la  formation  et  les  développements  de  leur  ordre.  Depuis 
l'introduction  du  régime  parlementaire  en  France,  le  rôle  des  avocats 
a  grandi;  mais  cette  participation  aux  affaires  publiques  n'a  pas  été 
sans  danger  pour  eux,  et  aujourd'hui  ils  voient  leurs  prérogatives 
menacées,  comme  tant  d'autres  institutions  utiles,  par  l'instabilité  de 
la  législation.  Une  histoire  des  avocats,  écrite  dans  les  conditions  d'oxac- 


^32 

titude  exigées  par  la  critique  moderne,  peut  donc  avoir  présentement 
un  intérêt  supérieur  à  celui  qu'offrent  d'ordinaire  les  travaux  d'érudi- 
tion :  il  n'est  pas  sans  utilité  de  retracer  les  destinées  d'un  ordre  qui 
a  constamment  réclamé  la  liberté  pour  tous,  et  le  respect  des  droits  de 
chacun.  M.  Delachenal  avait  déjà  entrepris  de  raconter  cette  histoire 
dans  une  thèse,  qui  avait  obtenu  tous  les  suffrages  du  Conseil  de  per- 
fectionnement de  l'École  des  chartes.  C'est  ce  travail,  remanié  et  com- 
plété pendant  plusieurs  années,  qu'il  publie  aujourd'hui  sous  le  titre  que 
nous  venons  de  reproduire. 

A  l'ordre  strictement  chronologique  adopté  par  quelques-uns  de  ses 
devanciers,  M.  Delachenal  a  préféré,  avec  raison,  une  classifica- 
tion méthodique;  la  chronologie  reprend  sa  place  pour  l'exposé  des 
matières  dans  chacun  des  seize  chapitres,  où  il  étudie  successive- 
ment :  l'inscription  au  tableau,  —  la  confrérie  de  Saint-Nicolas  et  la 
communauté  des  avocats  et  procureurs,  —  le  choix  d'un  avocat,  —  la 
nomination  des  avocats  d'office,  —  leur  place  à  l'audience,  —  les  règles 
générales  de  la  plaidoirie,  —  les  écritures  faites  par  les  avocats,  —  la 
police  de  la  grande  salle  du  Palais,  —  les  rapports  des  avocats  avec  le 
Parlement,  —  leurs  prérogatives,  —  les  avocats  du  roi,  —  la  responsa- 
bilité des  avocats,  —  l'éloquence  judiciaire,  —  le  paiement  des  hono- 
raires, —  le  costume  des  avocats,  —  et  le  caractère  de  l'avocat  dans  la 
littérature  du  moyen  âge.  Une  introduction  esquisse  les  plus  anciennes 
origines  des  avocats;  deux  appendices  contiennent  des  renseignements 
biographiques  sur  les  principaux  avocats  au  Parlement  de  Paris  du 
xiv<=  siècle,  et  sur  les  avocats  du  roi  pendant  le  même  temps.  Une  série 
importante  de  pièces  justificatives  inédites  termine  ce  volume,  qui 
s'arrête  à  l'an  1600.  A  partir  du  xvn"  siècle,  l'histoire  des  avocats  est 
mieux  connue,  les  sources  en  sont  plus  accessibles  à  tous,  et  les 
registres  du  Parlement,  qui  ont  constamment  guidé  l'auteur  dans  la 
période  précédente,  ne  renferment  rien  de  notable. 

En  se  bornant  à  l'histoire  des  avocats  au  parlement  de  Paris , 
M.  Delachenal  n'avait  à  s'occuper  ni  des  patroni  et  advocati  de 
l'empire  romain,  ui  des  avocats  des  juridictions  ecclésiastiques,  ni 
même  des  prolocutores  ou  «  amparliers  »  des  cours  féodales,  qui  ont 
joué  un  rôle  si  considérable  aux  xii"  et  xni«  siècles.  L'histoire  des 
avocats  auprès  de  notre  grande  cour  judiciaire  ne  commence  vraiment 
qu'avec  l'ordonnance  du  23  octobre  1274,  qui  les  reconnaît  comme 
corps  constitué,  en  leur  imposant  le  serment  professionnel  et  en 
statuant  sur  leurs  honoraires.  Un  règlement  inséré  dans  les  registres 
du  Parlement  à  la  date  du  13  novembre  1340,  et  reproduit  dans  l'or- 
donnance du  11  mars  1345,  donne  la  formule  de  ce  serment,  et  porte 
que  nul  ne  pourra  plaider  s'il  ne  l'a  prêté  et  s'il  n'est  inscrit  «  au 
rôle  des  noms  des  avocats.  »  L'ordonnance  de  1345  est  peu  explicite 
sur  les  conditions  de  cette  inscription  «  au  rôle,   »   appelé  plus  tard 


^33 

«  matricule,  »  puis  tableau  :  elle  se  borne  à  dire  qu'on  écartera  qui- 
conque n'aurait  pas  l'instruction  requise,  et  qu'on  choisira  ceux  qui 
auront  été  reconnus  «  idoines  et  suffisants  pour  cet  office.  »  Dans  la 
pratique,  on  s'onquérait  uniquement  de  la  religion  et  de  la  moralité  du 
candidat;  quant  à  sa  capacité,  elle  était  considérée  comme  suffisamment 
attestée  par  des  «  lettres  de  licence,  »  qu'on  réclamait,  suivant  toute 
vraisemblance,  dès  le  xv^  siècle,  mais  qui  ne  sont  expressément  exigées 
que  dans  le  xvi«  siècle.  Dès  le  xiv^  siècle,  un  stage,  dont  la  durée 
n'était  pas  fixée  uniformément,  était  imposé  aux  novi  advocati.  Au 
xvi^  siècle,  ce  sont  les  gens  du  roi,  qui,  d'accord  avec  le  Parlement,  pro- 
noncent l'admission  des  nouveaux  avocats  au  noml)re  des  avocats  plai- 
dants. Le  nombre  des  avocats  inscrits  était  de  cinquante  environ,  au 
commencement  du  xiv«  siècle;  il  s'était  considérablement  accru  un 
siècle  plus  tard,  et,  en  1552,  il  dépassait  quatre  cents. 

Les  avocats  au  Parlement  n'ont  jamais  constitué  une  «  communauté  » 
ou  corporation  dans  le  sens  précis  du  mot  ;  mais,  dès  le  xvi*'  siècle,  ils 
formaient  un  ordre  représenté  par  leur  doyen  d'inscription  et  par  le 
bâtonnier,  élu  par  ses  confrères  pour  porter  dans  les  cérémonies 
publiques  le  «  bâton  »  ou  bannière  d'une  confrérie  commune  aux  avo- 
cats et  aux  procureurs,  la  confrérie  de  Saint-Nicolas.  Dans  quelques 
bailliages,  cette  confrérie  était  sous  le  patronage  de  saint  Yves. 

L'ordonnance  de  février  1328,  relative  au  Ghàtelet,  décidait  que  nul 
ne  pouvait  plaider  s'il  n'était  avocat,  sauf  dans  sa  propre  cause;  la 
pratique  avait  rendu  le  recours  aux  avocats  obligatoire.  Les  grands 
feudataires,  les  évoques,  les  abbés,  les  villes  importantes  avaient  habi- 
tuellement un  ou  plusieurs  avocats  «  pensionnaires,  »  chargés,  moyen- 
nant un  salaire  annuel,  de  plaider  toutes  leurs  causes.  Mais  la  grande 
majorité  des  plaideurs  devaient  choisir  un  conseil  au  moment  où  leur 
procès  allait  s'engager  devant  le  Parlement.  On  pouvait  encore  deman- 
der à  la  cour  «  distribution  du  conseil,  »  c'est-à-dire  désignation  d'un 
avocat  d'office.  Cet  usage  tomba  en  désuétude  au  xvr  siècle.  Les  grands 
personnages  avaient  en  outre  un  «  solliciteur,  »  sorte  d'agent  d'affaires 
à  qui  l'on  confiait  la  direction  des  procès  et  le  soin  de  payer  les  avocats 
et  procureurs. 

La  plupart  des  affaires  se  plaidaient  dans  la  Grand'Chambre  ou 
«  Chambre  du  plaidoyer.  »  Elle  était  divisée  en  trois  parties.  La  pre- 
mière formait  le  «  parc  »  ou  parquet  séparé  du  reste  de  la  salle  par  une 
barre  ou  «  barreau.  »  Dans  un  des  angles  du  parc,  était  une  estrade 
réservée  pour  le  fauteuil  ou  «  lit  »  du  roi  ;  c'était  encore  là  que  siégeait, 
il  y  a  peu  d'années,  le  premier  président  de  la  Cour  d'appel.  A  droite  et 
à  gauche  du  siège  royal  se  trouvaient  de  grands  bancs  recouverts  d'une 
tapisserie  semée  de  fleurs  de  lis,  les  «  hauts  bancs,  »  destinés  aux  pré- 
sidents et  aux  conseillers  ;  au-dessous  de  ces  bancs,  il  y  en  avait  d'autres 
garnis  des  mêmes  ornements,  où  prenaient  place  les  gens  du  roi,  les 


434 

baillis  et  sénéchaux,  et  quelques-uns  des  plus  anciens  avocats  à  qui  le 
Parlement  avait  accordé  la  prérogative  de  siéger  sur  les  fleurs  de  lis. 
Les  bancs  des  avocats  étaient  dans  la  seconde  partie  de  la  salle  :  ces 
bancs,  appelés  aussi  «  barreaux,  »  étaient  placés  deux  par  deux  à  droite 
et  à  gauche  d'un  passage  par  lequel  on  entrait  au  parquet.  Le  premier 
banc  de  chaque  côté  était  réservé  aux  avocats  plaidants,  les  seconds 
bancs  aux  jeunes  avocats,  qui  devaient  «  s'y  contenir  pour  escouter  les 
«  anciens.  »  La  dernière  partie  de  la  salle  était  ouverte  «  aux  solliciteurs, 
«  escoliers  et  autres  manières  de  gens  qui  venoient  céans  escouter  les 
«  plaidoyeries.  » 

Dès  la  fin  du  xiv«  siècle,  il  y  avait  chaque  semaine  quatre  jours  «  plai- 
doiables.  »  L'audience  commençait  à  sept  heures  du  matin;  elle  se  ter- 
minait au  moment  précis  où  l'horloge  du  palais  sonnait  dix  heures, 
mais  elle  reprenait  dans  l'après-midi  les  mardis  et  vendredis.  L'avocat 
se  présentait  à  la  barre  en  costume,  et  muni  d'un  chaperon  fourré,  dont 
l'ordre  était  très  fier,  parce  qu'il  était  l'insigne  des  conseillers  de  la 
Grand'Ghambre,  et  que  les  conseillers  des  Enquêtes  n'avaient  pas  le 
droit  de  le  porter.  Ce  chaperon  était  si  bien  la  partie  essentielle  du  cos- 
tume de  l'avocat  qu'il  constituait  un  gage,  dont  l'huissier  se  saisissait 
lorsqu'une  infraction  avait  été  commise  ou  une  amende  encourue  ;  on 
suspendait  ainsi  le  délinquant,  en  le  privant  de  sa  coiffure  réglemen- 
taire. Lorsque  le  chaperon  fut  remplacé  par  le  bonnet  ou  la  barrette, 
les  avocats  continuèrent  à  le  porter  non  plus  sur  leur  tête,  mais  sur 
leur  épaule.  L'épitoge  ou  la  chausse  placée  aujourd'hui  sur  l'épaule 
gauche  des  avocats,  magistrats  ou  professeurs,  est  la  dernière  des  trans- 
formations du  chaperon  :  le  rond  du  milieu  figure  la  coiffe  ;  la  patte  et 
la  cornette  se  retrouvent  dans  les  appendices,  dont  l'un  tombe  sur  la 
poitrine  et  dont  l'autre  est  rejeté  sur  le  dos.  Les  avocats  étaient  leur 
chaperon  ou  leur  barrette  pour  poser  leurs  conclusions;  mais  le  président 
les  invitait  immédiatement  à  se  couvrir. 

Le  rôle  des  avocats  ne  se  bornait  pas  à  plaider  à  l'audience  ;  ils  rédi- 
geaient en  outre  ou  faisaient  rédiger  par  leurs  clercs  une  grande  partie 
des  actes  de  procédure  :  exploits,  requêtes,  demandes,  conclusions, 
défenses,  répliques,  dupliques,  «  contredits,  »  «  salvations.  »  Ils  don- 
naient en  outre  des  consultations  dans  la  grande  salle  du  palais,  où  ils 
avaient  leur  buffet,  c'est-à-dire  un  petit  banc  à  dossier,  au-dessous 
duquel  se  trouvait  un  casier  où  ils  serraient  leurs  sacs  de  procédure. 
Les  procureurs  avaient  aussi  leurs  buffets.  Lorsque  ce  personnel  fut 
devenu  très  nombreux,  le  même  buffet  servait  parfois  pour  quatre  ou 
cinq  avocats  ou  procureurs.  Des  arrêts  et  des  édits  du  xvi"  siècle  res- 
treignirent le  nombre  maximum  des  avocats  à  trois  par  banc. 

Les  rapports  des  avocats  avec  le  Parlement  sont  étudiés  avec  soin  : 
les  avocats  faisaient  partie  de  ce  qu'on  appelait  le  «  corps  du  Parle- 
ment, »  et  à  ce  titre  ils  étaient  soumis  au  pouvoir  réglementaire  de  la 


135 

cour,  qui  exerçait  ce  droit  avec  modération.  Elle  exigeait  d'eux  cepen- 
dant une  grande  exactitude  et  ne  voulait  pas  qu'ils  s'absentassent  sans 
qu'elle  leur  eût  «  donné  congé.  »  En  revanche,  il  lui  arrivait  par- 
fois, dans  les  questions  délicates,  de  prendre  l'avis  des  plus  anciens 
d'entre  eux  et,  en  l'absence  des  gens  du  roi,  elle  commettait  un  avocat 
pour  les  remplacer.  A  propos  des  prérogatives  de  l'ordre,  l'auteur  fait 
justice  de  la  prétendue  noblesse  attachée  à  la  chevalerie  es  lois;  il 
montre  que  les  lettres  d'anoblissement  do  Hugue  Fabrefort  et  de  Jean 
Pastourel  mentionnent  expressément  qu'ils  étaient  restés  roturiers.  Les 
avocats  pouvaient  d'ailleurs  espérer  arriver  à  la  noblesse  en  entrant  au 
service  du  roi;  ce  qui  ne  les  empêchait  pas  de  continuer  à  plaider  pour 
les  particuliers. 

Nous  n'essaierons  pas  de  suivre  M.  Delachenal  dans  les  curieux  cha- 
pitres qu'il  a  consacrés  au  paiement  des  honoraires,  au  costume  des 
avocats,  à  la  liberté  de  la  parole,  à  l'éloquence  judiciaire  au  moyen  âge, 
et  aux  appréciations  des  théologiens,  prédicateurs,  écrivains  satyriques 
et  littérateurs,  qui  ont  fort  souvent  malmené  les  gens  de  robe.  Il  serait 
encore  plus  difficile  d'analyser  ses  notices  biographiques  si  substan- 
tielles, et  presque  toujours  si  neuves,  sur  les  principaux  avocats  au  Par- 
lement du  xiv«  siècle.  Cet  appendice,  comme  le  reste  des  chapitres,  a 
été  presque  exclusivement  rédigé  à  l'aide  de  textes  inédits,  qui  sont 
imprimés  en  tout  ou  en  partie  dans  les  notes  et  pièces  justificatives,  ou 
soigneusement  cités  au  bas  des  pages.  On  pourra  signaler  des  lacunes 
inévitables  dans  un  pareil  travail,  et  souhaiter  quelques  changements 
dans  la  distribution  des  matières  ^ ,  mais  tous  ceux  qui  liront  cette  his- 
toire n'hésiteront  pas  à  y  reconnaître  un  livre  aussi  neuf  qu'intéres- 
sant, qui  dissimule  sous  une  forme  agréable  et  facile  les  recherches  les 
plus  ardues  et  les  procédés  de  l'érudition  la  plus  exacte. 

J.  Tardif. 


Pontifical  d'Amiens^  publié  d'après  un  manuscrit  original  du 
XP  siècle,  avec  notes  et  commentaires^  par  Victor  de  Beauvillé  et 
Hector  Josse.  Amiens,  impr.  T.  Jeunet,  -1885.  \n-¥  de  xiii  et 
-143  p.,  avec  cinq  planches. 

Les  prières  et  les  cérémonies  religieuses  sont  une  partie  essentielle 
de  l'histoire  des  nations.  L'Angleterre  nous  en  fournit  aujourd'hui  une 

1.  Il  nous  eût  semblé  préférable  de  rejeter  à  la  fin  le  chapitre  consacré  à  l'élo- 
quence judiciaire;  de  même  les  développements  donnés  aux  avocats  du  roi 
(chapitre  xi)  ne  paraissent  pas  bien  à  leur  place.  On  regrette  enfin  de  ne  pas 
voir  rapprocher  du  chapitre  vi,  relatif  aux  plaidoiries,  tout  ce  qui  a  trait  à  la 
liberté  de  la  parole  et  à  la  responsabilité  de  l'avocat  en  cette  matière  (cha- 
pitre XIl). 


136 

preuve  éclatante.  Les  savants  de  ce  pays  s'attachent  à  recueillir  et 
publier  les  anciens  monuments  de  la  liturgie  anglaise,  avec  autant  d'ar- 
deur qu'on  en  mit  à  les  anéantir  au  xvi^  siècle.  La  valeur  des  anciens 
livres  liturgiques  n'est  pas  encore  aussi  généralement  reconnue  en 
France.  Ils  ont  cependant  fourni  dans  ces  dernières  années  la  matière 
de  publications  vraiment  importantes.  Tels  sont,  en  fait  de  descriptions 
bibliographiques,  le  catalogue  de  la  partie  ancienne  de  la  bibliothèque 
du  comte  de  Villafranca^  et  les  recherches  de  M^'e  Pellechet  sur  les 
livres  des  diocèses  d'Autun,  de  Chalon  et  de  Mâcon^.  Tels  sont,  en  fait 
de  publications  d'anciens  textes,  le  Rituel  de  Nivelon,  évêque  de  Sois- 
sons  3,  et  le  Sacramentaire  de  Hugues  le  Grand^,  évêque  de  Nevers,  que 
nous  devons,  l'un  à  la  Société  archéologique  de  Soissons,  l'autre  à  la 
Société  nivernaise. 

Le  beau  volume  que  nous  annonçons  aujourd'hui  appartient  à  la  même 
catégorie  que  le  Rituel  de  Nivelon  et  le  Sacramentaire  de  Hugues  le 
Grand.  C'est  la  reproduction  très  fidèle  d'un  remarquable  manuscrit  du 
xn«  siècle,  qui,  entre  autres  morceaux,  contient  l'absolution  de?  pénitents, 
diverses  bénédictions,  le  canon  de  la  messe,  la  confirmation,  les  ordina- 
tions, l'office  du  jeudi  saint,  le  sacre  des  évêques,  le  cérémonial  des 
synodes,  la  dédicace  des  églises,  l'institution  des  abbés  et  des  abbesses, 
la  bénédiction  des  vierges  et  des  veuves.  C'est  donc  un  pontifical,  que 
les  éditeurs  ont  eu  parfaitement  raison  d'attribuer  à  l'église  d'Amiens 
et  qui  a  été  approprié  plus  tard,  comme  ils  l'ont  démontré,  à  l'usage  de 
l'ordre  de  Citeaux. 

Au  texte  du  pontifical  succèdent  des  notes  très  développées,  où  l'on 
trouve  beaucoup  d'explications  judicieuses  et  de  rapprochements  instruc- 
tifs. Les  éléments  de  ces  notes  ont  été  demandés  aux  auteurs  les  plus 
autorisés,  et  parfois  à  des  manuscrits,  notamment  au  pontifical  n°  196 
de  la  bibliothèque  d'Amiens. 

Quatre  pages  du  pontifical  qui  vient  d'être  publié  sont  données  en  fac- 
similé.  Les  paléographes  peuvent  ainsi  se  former  eux-mêmes  une  idée 

1.  Description  des  livres  liturgiques  imprimés  aux  XV'  et  XVI^  siècles  fai- 
sant partie  de  la  bibliothèque  de  S.  A.  B.  Mgr  Charles-Louis  de  Bourbon 
{comte  de  Villa franca),  par  Anatole  Aies.  Paris,  1878.  In-8°  de  vi  et  558  p.  — 
Supplément.  Paris,  1884.  In-8°  de  viii  et  46  pages. 

2.  Notes  sur  les  livres  liturgiques  des  diocèses  d'Autun,  Chalon  et  Mocon, 
avec  un  choix  de  leçons,  d'hymnes  et  de  proses  composées  en  l'honneur  de 
quelques  saints  spécialement  honorés  dans  ces  diocèses.  Paris  et  Aulun,  1883, 
in -8°. 

3.  Ritualc  seu  Mandatum  insignis  ecclesix  Suessionensis  tempore  episcopi 
Nivelonis  exaratum.  Soissons,  1856.  ln-4°  de  xiii  et  321  pages,  avec  6  pages 
de  fac-similé. 

4.  Sacranientarium  ad  usum  ecclesix  Nivernensis.  S.  1.  n.  d.,  in-4°  de  xlvi 
et  405  p.,  avec  planches. 


137 

sur  la  date  de  la  transcription,  qu'ils  fixeront,  je  n'en  doute  pas,  au 
xn«  siècle.  Ce  manuscrit  avait  été  acquis,  il  y  a  deux  ans,  par  M.  Victor 
de  Beauvillé,  qui  s'est  associé  M.  Hector  Josse  pour  faire  jouir  le  public 
d'un  texte  intéressant  et  dont  la  conservation  est  parfaitement  assurée. 
Les  deux  éditeurs  ont  parfaitement  accompli  la  tâche  qu'ils  s'étaient 
imposée.  L'un  d'eux,  M.  de  Beauvillé,  est  mort  avant  le  complet  achève- 
ment du  volume.  L'occasion  se  présente  donc  tout  naturellement  de 
rendre  ici  un  dernier  hommage  à  un  homme  de  bien,  dont  les  mérites 
ont  été  signalés,  il  y  a  déjà  longtemps,  aux  lecteurs  de  la  Bibliothèque 
de  l'École  des  chartes.  Ce  fut  en  1859  ^  que  notre  regretté  confrère  Douët 
d'Arcq  analysa  les  trois  gros  volumes  de  V Histoire  de  Montdidier,  avec 
tous  les  développements  que  comportaient  la  valeur  et  l'étendue  de  l'ou- 
vrage. 

M.  Victor  de  Beauvillé  avait  formé  à  grands  frais  une  collection  de 
documents  originaux  relatifs  à  la  Picardie,  dont  il  n'avait  pas  voulu  se 
réserver  la  jouissance  exclusive;  avec  une  libéralité  qui  lui  fait  le  plus 
grand  honneur,  il  en  avait  mis  à  la  disposition  du  public  les  pièces  les 
plus  précieuses,  qu'il  a  fait  imprimer,  de  1860  à  1882,  dans  les  cinq 
grands  volumes  intitulés  Recueil  de  documents  inédits  concernant  la 
Picardie. 

La  collection  de  M.  de  Beauvillé  sera  religieusement  conservée  par  sa 

famille,  qui  est  digne  de  posséder  un  tel  trésor  et  qui  saura  en  faire  un 

noble  et  excellent  emploi. 

L.  Delisle. 


Nécrologe  de  V église  d'Amieiis,  par  M.  l'abbé  Roze,  chanoine  hono- 
raire, curé  de  Tilloy.  Amiens,  imp.  Douillel,  -1885,  in-8%  243  p. 
(Extrait  du  t.  VIII,  3^  série  des  Mémoires  de  la  Société  des  anti- 
quaires de  Picardie^  p.  265  à  503.) 

Le  nécrologe  ou  obituaire  de  l'église  d'Amiens,  publié  par  M.  l'abbé 
Roze,  se  trouve  inséré  dans  le  sixième  volume  du  cartulaire  du  cha- 
pitre d'Amiens,  aux  archives  de  la  Somme,  dont  il  occupe  les 
folios  H5  à  150.  Il  a  été  écrit  en  1256,  au  mois  d'octobre,  et  continué 
jusque  dans  le  courant  du  xiv^  siècle.  A  la  suite  de  cet  obituaire,  dans 
le  même  manuscrit,  se  trouve  la  liste  des  distributions  qui  se  faisaient 
au  chapitre  :  De  distributionibus  que  fiunt  in  Ambianensi  ecclesia,  non 
pro  anniversariis,  sed  pro  fcsiis,  et  que  M.  l'abbé  Roze  a  jointe  à  sa 
publication.  Dans  la  préface,  l'auteur,  après  avoir  dit  quelques  mots  des 
obituaires  en  général,  décrit  succinctement  les  principaux  obituaires  qui 
existent  encore  du  chapitre  d'Amiens,  et  termine  par  quelques  détails 
sur  l'organisation,  les  revenus,  la  liturgie,  le  costume,  etc.,  de  cette 

1.  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  i'  série,  t.  V,  p.  182-194. 


^38 

compagnie.  A  la  fin  du  volume  se  trouve  une  double  table  des  noms  de 
lieux  et  des  noms  de  personnes.  Le  texte  de  l'obituaire  est  accompagné 
de  notes  intéressantes  sur  les  principaux  personnages  et  qui  témoignent 
de  longues  et  consciencieuses  recherches.  Il  est  regrettable  toutefois  que 
l'auteur  ait  laissé  échapper  plusieurs  fautes  de  lecture,  plusieurs  omis- 
sions, plusieurs  négligences,  peu  graves  il  est  vrai,  mais  qu'un  colla- 
tionnement  un  peu  scrupuleux  aurait  pu  aisément  faire  éviter.  Ainsi, 
pour  ne  citer  qu'un  seul  exemple,  à  la  page  39,  au  lieu  de  :  a  Obitus 
Magistri  J.  de  P'iefis  subdiaconi,  n  s.  vi  d.,  »  il  faut  lire  :  «  Obitus 
magistri  J.  de  Fiefis;  cuilibet  ii  s.  vi  d.  »  Cette  faute  de  lecture  est 
d'autant  moins  explicable  que  l'auteur  lui-même  dit  en  note,  d'après  un 
autre  obituaire  du  xiv«  s.,  que  ce  J.  de  Fieffés  était  prêtre  et  chapelain 
de  la  cathédrale.  Malgré  ces  observations  de  détail,  la  publication  de 
M.  l'abbé  Roze  n'en  est  pas  moins  un  ouvrage  très  recommandable,  et 
qui  sera  très  utilement  consulté  pour  l'histoire  de  la  Picardie. 

G.  Durand. 


Essai  historique  sur  Héricourt-en-Caux  (anciennes  paroisses  de 
Saint-Denis  et  Saint-Riquier-d' Héricourt).  d'après  des  documents 
inédits,  par  A.  Hellot,  notaire  honoraire.  Yvetot,  ^885,  in-8% 
494  pages. 

Les  lecteurs  de  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes  connaissent 
depuis  longtemps  le  nom  de  M.  Hellot,  auteur,  entre  autres,  d'une 
bonne  édition  des  Chroniques  de  Normandie  et  d'une  remarquable  his- 
toire de  la  famille  des  Martel  de  Basqueville.  Le  nouvel  ouvrage  de  ce 
laborieux  érudit  est  digne  de  ses  aînés  ;  le  bourg  d'Héricourt-en-Gaux 
n'est  pas  des  plus  connus,  mais  l'auteur,  qui  sait  ne  point  franchir  les 
limites  de  son  sujet  et  qui  ne  refait  pas  l'histoire  de  France  à  propos 
d'une  localité  inconnue,  a  su  tirer  des  chartes  quantité  de  renseigne- 
ments curieux  sur  l'état  économique  du  bourg  d'Héricourt  au  moyen 
âge  et  dans  les  derniers  temps  de  l'ancien  régime.  Le  nom  d'Héricourt 
ne  paraît  pas  avant  l'an  1030  dans  les  documents,  mais  des  fouilles 
récentes  ont  prouvé  que  le  village  même  existait  dès  l'époque  romaine 
et  au  temps  des  deux  premières  races.  Après  quelques  pages  sur  l'ori- 
gine, les  noms  anciens  et  la  topographie  d'Héricourt,  M.  Hellot  nous 
donne  des  détails  intéressants  sur  le  chiffre  de  la  population  depuis 
1236  et  les  variations  qu'il  a  subies,  sur  les  écoles  (la  plus  ancienne 
date  de  1714),  sur  l'industrie,  l'agriculture,  le  commerce,  les  foires,  les 
marchés,  l'administration,  les  impôts  (tailles  et  dîmes).  Dans  la  troi- 
sième partie,  M.  Hellot  fait  l'histoire  de  la  seigneurie  d'Héricourt,  qui, 
après  avoir  appartenu  aux  d'Estouteville,  aux  Orléans-Longueville,  aux 
Matignon,  finit  par  échoir  aux  Grimaldi,  princes  de  Monaco.  Une  qua- 
trième partie  renferme  l'histoire  des  églises  et  des  maladreries.  On  voit 


139 

que  le  cadre  est  modeste,  approprié  au  sujet,  M.  Ilellot  a  su  le  remplir 
et  y  faire  entrer  nombre  de  faits  intéressants. 

En  traitant  l'histoire  d'Héricourt,  l'auteur  a  été  amené  cà  examiner  la 
tradition  qui  veut  que  saint  Mellon,  premier  évoque  de  Rouen,  soit 
mort  à  Héricourt*.  Cette  opinion  a  été  soutenue  notamment  par 
M.  Cochet  et  par  M.  l'abbé  Sauvage.  M.  Hcllot  examine  leurs  arguments 
et  prouve  entre  autres  que  le  village  n'est  pas  appelé  Saint- Mellon 
avant  la  hn  du  xvi*'  siècle  ou  le  commencement  du  xvti"  siècle.  Les 
autres  arguments  employés  par  ses  adversaires  sont  des  plus  faibles  et 
ne  supportent  pas  l'examen.  M.  Hellot  recherche  ensuite  à  quelle  époque 
a  pu  naître  la  tradition  même,  et  prouve  qu'elle  date  probablement  du 
début  du  xv^  siècle;  ce  n'est  même  que  beaucoup  plus  tard  qu'on  fit 
d'Héricourt  le  lieu  choisi  par  le  saint  évéque  pour  se  retirer  du  monde. 

AuKUSte  MOLINIER. 


Archives  historiques  du  Poitou.  XV.  Poitiers,  impr.  Oudin,  1885, 

\  vol.  gr.  in-8°  de  473  p. 

La  Société  des  archives  historiques  du  Poitou  est  certainement  une 
de  celles  qui  ont  le  plus  à  cœur  de  prendre  rang  à  côté  de  leurs  aînées 
ou  de  leurs  émules  de  la  capitale.  Pas  de  procès-verbaux,  mais  des  publi- 
cations de  textes  historiques  :  c'est  un  exemple  qu'un  certain  nombre 
de  sociétés  de  province  ferait  bien  de  suivre.  Le  système  est  aussi 
simple  que  fécond.  Les  documents  à  publier  ne  manquent  pas  dans  nos 
archives  et  dans  nos  bibliothèques;  si  tout  le  monde  s'y  mettait,  quel 
secours  pour  l'histoire  locale  !  —  Voilà  quinze  ans  que  la  société  dont 
nous  parlons  ici  publie  ses  Archivas  historiques  et  consacre  tous  ses  soins 
à  rendre  ses  volumes  à  la  fois  utiles  et  attrayants.  Une  impression  claire 
et  élégante,  et  surtout  une  table  analytique  abondante,  sont  des  quali- 
tés assez  rares  pour  qu'on  les  signale. 

Aussi  est-ce  pour  nous  un  véritable  plaisir  de  présenter  pour  la  pre- 
mière fois  les  Archives  historiques  du  Poitou  aux  lecteurs  de  la  Biblio- 
thèque de  l'École  des  chartes.  Des  trois  parties  d'importance  inégale 
qui  composent  le  nouveau  volume,  la  première  comprend  des  extraits 
publiés  par  M.  Ledain,  de  journaux  de  Jean  de  Brilhac,  conseiller  en  la 
sénéchaussée  de  Poitou,  de  1545  à  1564,  et  de  René  de  Brilhac,  conseil- 
ler au  présidial  de  Poitiers,  de  1573  à  1622.  Ces  documents  sont  peu 
étendus,  et  de  valeur  assez  secondaire.  Bien  autre  est  l'intérêt  de  la 
publication  suivante,  œuvre  de  M.  Bricauld  de  Verneuil,  le  journal 
d'Antoine  Denesde,  marchand  ferron  à  Poitiers,  et  de  Marie  Barré,  sa 

1.  Le  chapitre  consacré  par  M,  Ilellot  à  l'examen  de  cette  question  a  été  tiré  à 
part  en  une  brochure  in-8%  sous  ce  litre  :  Saint  Mellon  est-il  mort  à  Béricourt- 
en-Caux ? 


femme  (1628-1687).  Il  contient  peu  de  notes  relatives  à  l'histoire  géné- 
rale, mais  une  foule  de  faits  de  toute  sorte  se  rattachant  à  l'histoire 
intime  de  Poitiers,  à  la  tenue  des  grands  jours,  au  séjour  de  la  cour, 
aux  fêtes  publiques,  aux  rivalités  locales,  aux  impôts  et  au  commerce, 
«  en  un  mot  à  tout  ce  qui  sert  d'aliment  à  la  curiosité  publique.  »  Ajou- 
tez des  détails  intéressants  sur  la  vie  de  famille  et  la  vie  sociale  du 
rédacteur.  L'édition  est  très  soignée  :  elle  est  complétée  par  des  notes 
substantielles  et  par  une  série  de  quarante-trois  pièces  inédites,  emprun- 
tées principalement  aux  archives  communales  de  Poitiers.  —  La  troi- 
sième partie  du  volume  comprend  des  extraits  de  divers  documents 
rangés  par  ordre  chronologique  depuis  1335  jusqu'à  1787  :  les  sources, 
toujours  soigneusement  indiquées,  sont  l'obituairc  de  Sainte-Opportune 
(1366-1631),  les  registres  paroissiaux  de  Poitiers  (1539-1790),  et  le  jour- 
nal de  Pierre  Gharmeteau,  maître  perruquier  (1731-1767).  Ce  travail  est 
encore  l'œuvre  de  M.  Bricauld  de  Yerneuil. 

H.  DE  CuRZON. 


Histoire  de  la  tapisserie  depuis  le  moyen  âge  jusqu'à  nos  jours,  par 
Jules  GniFFRET.  Tours,  Marne,  4886,  in-4°  de  533  p. 

C'est  une  bonne  nouvelle  à  annoncer  aux  érudits,  aux  lettrés,  aux 
curieux  que  l'apparition  d'un  volume  de  M.  J.  Guiffrey  sur  un  sujet 
qu'il  connaît  si  bien.  Comme  on  pouvait  l'attendre  de  l'auteur  de 
l'Histoire  générale  de  la  tapisserie  (section  française),  l'ouvrage  a  été 
composé  avec  une  mesure,  une  sûreté  de  main,  une  clarté  qui  en  font 
un  guide  aussi  utile  qu'attrayant  pour  tous  ceux  qu'intéressera  l'étude 
de  cet  art,  une  des  gloires  de  l'industrie  française. 

Deux  caractères,  deux  mérites  principaux  frappent  le  lecteur  dès  le 
premier  examen.  D'abord,  c'est  un  vif  désir,  appuyé  sur  des  recherches 
et  des  études  aussi  longues  qu'approfondies,  de  mettre  bien  en  lumière 
la  supériorité  de  la  France  et  sa  priorité,  et  en  même  temps  de  réagir 
contre  l'habitude  trop  répandue  de  faire  à  la  Flandre  une  part  spéciale 
dans  l'histoire  de  la  tapisserie.  On  oublie  facilement,  en  effet,  que  la 
Flandre  et  l'Artois,  provinces  françaises  jusqu'au  traité  de  Madrid 
de  1526,  faisaient  partie  intégrante  de  la  patrie.  «  On  n'avait  pas  assez 
remarqué,  dit  l'auteur,  que  nous  avions  le  droit  de  réclamer  comme 
nôtres  les  triomphes  et  les  gloires  de  ces  deux  provinces.  Par  contre, 
certaines  productions  étrangères  avaient  été  exaltées  outre  mesure,  au 
détriment  de  la  vérité  historique.  Il  s'agissait  donc  de  mettre  chaque 
chose  à  sa  place.  »  —  Si  l'on  considère  que,  dès  l'origine,  la  France  a 
été  le  berceau  de  cet  art  ;  que  la  plupart  des  manufactures  de  l'étranger, 
très  prospères  d'ailleurs,  n'ont  eu  qu'une  durée  éphémère  et  n'ont  pu 
survivre  à  leur  fondateur;  que  la  France,  au  contraire,  a  possédé  seule, 
depuis  six  siècles,  une  suite  ininterrompue  de  tapissiers,  dont  le  tra- 


vail  persévérant  et  toujours  habile  a  su  traverser  sans  ruine  toutes  les 
vicissitudes,  on  conclura  volontiers,  avec  M.  J.  Guiffrey,  que  la  tapis- 
serie peut  être  regardée  comme  un  art  véritablement  national. 

Le  second  mérite  de  l'ouvrage,  appréciable  notamment  dans  la  ques- 
tion des  origines  de  la  tapisserie,  c'est  une  préoccupation  constante,  un 
soin  particulier  de  ne  rien  avancer  à  la  légère,  de  ne  rien  conclure  sur 
des  preuves  mal  établies,  de  ne  lancer  aucune  hypothèse  risquée,  de  ne 
rien  affirmer  qui  puisse  être  qualifié  de  douteux  par  une  critique  sévère  : 
l'auteur  a  su  inspirer  confiance  à  ses  lecteurs  et  de  plus  faire  une  œuvre 
qui  restera,  parce  qu'elle  ne  saurait  donner  prise  à  la  controverse,  au 
moins  au  point  de  vue  des  faits  et  en  dehors  de  toute  considération 
esthétique.  Par  suite  de  ce  plan  arrêté,  il  se  débarrasse  de  tout  ce  qui, 
ne  rentrant  pas  rigoureusement  dans  son  sujet,  pourrait  contribuer  à 
égarer  le  lecteur.  Du  moment  que  la  vraie  tapisserie,  celle  dont  on  fait 
ici  l'histoire,  est  le  travail  de  haute  et  basse  lice,  il  est  inutile  de  s'ar- 
rêter aux  ouvrages  d'un  art  voisin,  mais  bien  différents,  à  la  broderie, 
à  la  tapisserie  au  point,  au  travail  à  l'aiguille  sur  canevas,  aux  bergames, 
et  à  toutes  les  étotres  à  dessins  réguliers  obtenus  par  des  moyens  méca- 
niques. Et  cette  distinction  est  d'autant  plus  indispensable  à  bien  éta- 
blir que,  jusqu'à  notre  siècle,  le  même  mot  générique  de  tapisserie  était 
appliqué  à  tous  ces  types  différents. 

Nous  touchons  ici  à  une  des  grosses  difficultés  qui  se  dressent  devant 
l'historien  lorsqu'il  veut  exposer  les  débuts  de  la  tapisserie  et  discuter 
les  rares  documents  qui  nous  restent  de  cette  époque  reculée.  M.  J. 
Guiflrey,  lui,  traite  le  problème  d'insoluble,  et  nous  croyons  qu'il  a  rai- 
son, étant  donné  l'obscurité  et  l'incertitude  des  textes  ou  des  monuments. 
A  qui  lui  reprocherait  d'éviter  la  discussion,  il  répond  d'avance  que 
c'est  une  entreprise  aussi  téméraire  qu'inutile,  jusqu'à  nouvel  ordre,  et 
qu'il  vaut  mieux  se  contenter  d'enregistrer  les  faits  positifs.  C'est  pour- 
quoi l'histoire  que  nous  avons  en  main  commence  seulement  au 
XIV"'  siècle.  L'industrie  de  la  tapisserie  à  cette  époque  apparaît  déjà,  il 
est  vrai,  pleine  de  force  et  de  vitalité;  il  est  certain  qu'en  France 
notamment,  le  système  de  la  basse  lice  d'abord,  puis,  plus  récemment, 
celui  de  la  haute  lice,  étaient  inventés  et  bien  établis  avant  les  premiers 
textes  de  la  fin  du  xui^  siècle  qui  les  concernent.  Mais  quel  fonds  peut- 
on  faire  sur  les  spécimens  qu'on  a  mis  en  avant  comme  antérieurs,  les 
fragments  de  la  tapisserie  de  Saint-Géréon  de  Cologne,  les  tentures  des 
églises  de  Halberstadt  et  de  Quediinbourg,  dont  la  date  aussi  bien  que 
la  mode  et  le  lieu  de  fabrication  sont  impossibles  à  fixer?  Et,  pour  les 
textes,  sait-on  si  les  étoffes  dont  ils  parlent  sont  tissées,  brodées  ou 
fabriquées  à  la  main?  Si,  comme  le  suppose  ingénieusement  l'auteur, 
la  fameuse  tapisserie  de  Bayeux,  qui  n'en  est  pas  une,  avait  complète- 
ment disparu  avec  tant  d'autres,  n'aurait-elle  pas  passé  jusqu'à  nos 
jours,  à  la  faveur  de  descriptions  aussi  insuffisantes  que  celles  qui 


442 

nous  restent,  en  général,  pour  une  splendide  tenture  de  haute  lice? 

Nous  ne  songeons  pas  à  suivre  M.  J.  Guiffrey  dans  le  cours  de  cette 
histoire  si  pleine  de  faits.  Il  l'a  divisée  chronologiquement  en  dix 
périodes,  pendant  lesquelles  il  visite  successivement  tous  les  ateliers 
dont  les  ouvriers  ont  laissé  des  noms  et  des  œuvres.  C'est  un  inventaire 
permanent  des  plus  précieux,  mêlé  de  détails  techniques  et  historiques 
du  plus  grand  intérêt.  Un  tableau  de  l'état  actuel  de  l'industrie  dans 
nos  manufactures,  et,  pour  ne  rien  oublier,  un  appendice  curieux  sur 
le  commerce  et  le  prix  des  tapisseries,  avec  conseils  pratiques  à  l'usage 
des  amateurs,  terminent  un  volume  qui,  comme  on  voit,  est  destiné  à 
être  consulté  et  lu  par  un  nombre  varié  de  personnes.  N'oublions  pas 
enfin  une  table  alphabétique  abondante,  ce  qui  est  un  mérite  fort  à 
remarquer. 

Nous  ferons  une  dernière  observation,  qui  nous  semble  à  sa  place, 
surtout  dans  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes  :  l'auteur  a  pris  le 
parti  de  supprimer  toute  note  et  toute  indication  de  sources.  Malgré  des 
exemples  éminents,  c'est  toujours  certainement  une  lacune  regrettable  : 
elle  trompera  souvent  la  curiosité  de  ceux  qui,  n'étant  que  peu  au  cou- 
rant de  la  question,  désireront,  non  pas  vérifier,  —  on  peut  se  fier  à  la 
compétence  de  l'auteur,  —  mais  étudier  à  leur  tour,  et  pour  ainsi  dire 
pièces  en  main.  Une  table  bibliographique  aurait  pu  au  moins  remé- 
dier à  ce  que  ce  système  présente  de  véritablement  incommode. 

Le  volume  est  illustré  de  cent  douze  figures  dans  et  hors  texte  et  de 
quatre  chromolithographies,  dont  la  plus  réussie  est  la  Dame  à  la  licorne, 
un  fragment  de  cette  tenture  magnifique  rapportée  récemment  de  la 
ville  de  Boussac  au  musée  de  l'hôtel  de  Gluny.  C'est  là  pour  le  volume 
un  attrait  de  plus,  auquel  il  faut  joindre  une  impression  sans  rivale. 

H.  DE  CURZON. 


Pontificale  ecclesise  Sancti  Andreœ.  The  pontifical  offices  used  hy 
David  de  Bernhatn,  bishop  of  S.  Andrews,  with  an  introduction 
by  Ghr.  Wordsworth,  M.  A.  rector  of  Glaston.  Edinburgh,  at  the 
Pitsligo  press;  Oxford  and  London,  James  Parker  and  company. 
4885.  In-4°  de  xxvii-97  et  xxvii  p. 

Les  vieux  livres  liturgiques,  dont  l'importance  historique  n'est  pas 
suffisamment  appréciée  en  France,  sont  en  Angleterre,  depuis  quelques 
années,  l'objet  de  travaux  approfondis,  dont  il  convient  de  signaler  le 
mérite. 

Le  volume  dont  le  texte  vient  d'être  transcrit  est  consacré  à  un  pon- 
tifical écossais  du  xni^  siècle,  qui  a  appartenu  à  David  de  Bernham, 
évêque  de  Saint-André  depuis  1239  jusqu'en  1253  ou  environ.  Il  est 
conservé  à  la  Bibliothèque  nationale,  sous  le  n°  1218  du  fonds  latin. 

M.  Wordsworth  ne  s'est  pas  borné  à  en  donner  une  édition  rigou- 


^43 

reusement  exacte.  Il  y  a  joint  de  copieux  appendices  dans  lesquels  sont 
publiées  les  parties  les  plus  intéressantes  de  plusieurs  pontificaux  ou 
bénédictionnaires  de  la  Grande-Bretagne  au  moyen  âge  :  le  ÎAhcr  sancti 
Cuthberti,  pontifical  du  commencement  du  xu"  siècle,  conservé  à  Cam- 
bridge dans  la  bibliothèque  du  Sidney  Sussex  Collège;  —  le  pontifical 
provenu  de  l'abbaye  de  Jumièges  et  possédé  par  la  bibliothèque  de 
Rouen  ;  —  le  pontifical  d'Anianus,  évèque  de  Bangor. 

Les  tables  par  lesquelles  se  termine  la  belle  publication  de  M.  Words- 
worth  se  rapportent  à  tous  les  textes  similaires  de  la  liturgie  anglaise 
et  sont  fort  utiles  pour  comparer  entre  elles  les  prières  contenues  dans 
beaucoup  de  recueils  liturgiques  du  moyen  âge.  On  devra  fréquemment 
y  recourir  quand  on  étudiera  les  pontificaux  et  les  bénédictionnaires 

des  églises  de  France. 

L.  Delisle. 


Bibliografia  storica  degli  Stati  délia  monarchia  di  Savoia,  compi- 
lata  da  Antonio  MaNxXG  e  Vincenzo  Promis.  Vol.  1°.  Torino,  fratelli 
Bocca,  -1884.  In-4%  xxviii-463  p. 

La  Société  d'histoire  nationale  de  Turin  mérite  les  plus  grands  éloges. 
La  Bibliotheca  storica,  qu'elle  vient  d'entreprendre  et  qui  promet  une 
nouvelle  série  de  publications,  a  brillamment  débuté.  Les  trois  volumes 
qu'elle  a  récemment  offerts  au  public  sont  :  1°  un  excellent  ouvrage 
bibliographique,  intitulé  :  VOpcra  cinquantenaria  délia  R.  Deputazione 
di  storia  patria  di  Torino ,  par  le  secrétaire  Antonio  Manno ,  volume 
qu'on  ne  cessera  de  consulter  avec  profit  ;  2°  le  Catalogue  des  Codici 
manoscritti  délia  Trivulziana,  décrits  avec  le  plus  grand  soin  par  Giulio 
Porro;  3»  le  tome  I^""  d'une  Bibliographia  storica  degli  Stati  délia 
monarchia  di  Savoia,  due  aux  soins  combinés  de  MM.  A.  Manno  et 
V.  Promis.  C'est  sur  ce  travail  que  nous  voulons  de  préférence  attirer 
l'attention. 

L'origine  en  est  déjà  lointaine  et  les  préparatifs  en  ont  été  longs, 
comme  il  convenait  d'ailleurs  à  un  ouvrage  de  cette  importance.  Le 
tome  que  nous  avons  entre  les  mains  ne  renferme  pas  moins  de 
6,475  numéros,  et,  comme  la  suite  est  évidemment  prête  pour  l'impres- 
sion, peut-être  déjà  même  sous  presse,  on  saisit  d'un  seul  coup  d'oeil  le 
temps  qu'il  a  fallu  pour  rassembler  les  matériaux  les  plus  variés  et  les 
plus  dispersés.  Le  véritable  créateur  de  l'œuvre  est  M.  Promis,  car  c'est 
sa  pensée  qui  est  mise  en  œuvre  aujourd'hui  ;  mais  le  véritable  exécu- 
teur de  l'idée  première  est  l'infatigable  M.  Manno  :  auquel  des  deux 
érudits  devons-nous  la  plus  grande  reconnaissance? 

Assurément,  l'ensemble  présente  des  défauts,  et  le  plan  peut  prêter  à 
la  critique.  Les  auteurs  ont  fait  rentrer  dans  leur  cadre  les  manuscrits  ; 
mais  sont-ils  bien  certains  de  les  connaître  tous  et  pourraient-ils  nous 


U4 

assurer  qu'ils  ont  consulté  tous  ceux  qui,  conservés  à  l'étranger,  four- 
niraient des  documents  à  l'histoire  de  la  maison  de  Savoie  ? 

Mais,  au  point  de  vue  de  l'indication  précise  des  sources,  de  la  diver- 
sité des  éditions,  du  dépouillement  exact  des  périodiques  italiens,  fran- 
çais et  autres  de  tous  genres,  au  point  de  vue  de  la  combinaison  simple 
•des  abréviations,  des  renseignements  et  des  notes  sur  les  pseudonymes, 
les  ouvrages  anonymes,  les  incunables,  il  nous  semble  que  ce  livre 
atteint  la  plus  grande  perfection  que  l'on  puisse  espérer.  Je  n'afiirme 
rien  au  hasard  et  ne  crains  pas  d'être  démenti. 

C'est  avec  plaisir  qu'on  apprendra  en  France  l'apparition  du  tome 
suivant  de  cette  publication,  très  intéressante  au  point  de  vue  français, 
et  dont  voici  le  sommaire  général  : 

Chroniques,  éloges,  lettres. 
Généalogie,  alliances. 

1.  Histoire  de  la  maison  de  Savoie  {  Histoire  religieuse. 

Droits,  prétentionset  acquisitions. 
Relations  avec  les  autres  États. 

/  Monuments  et  documents. 

2.  Archéologie  nationale  )  Science  héraldique. 

(  Numismatique. 

3.  Familles  princières  et  leurs  ramifications  (Carignan,  Nemours,  etc.). 
Relations  des  ambassadeurs. 

.    _        ,  Chapelle,  mobilier,  collections  et  librairie. 

4.  Cour  i  ^,   .        .  , 
Cérémonial. 

Éducation  des  princes. 

5.  Fêtes,  solennités  et  théâtre. 

6.  Biographie  nationale. 

H.  Stein, 


Le  Sceau  de  Hoja  et  la  sigillographie  pittoresque,  principalement  en 
Espagne,  par  Emile  Travers.  Paris,  ^1885,  A.  Picard.  In-S-  de 
3i  pages. 

Le  sceau  de  la  ville  de  Hoja,  en  Andalousie,  représente  un  château 
posé  sur  un  pont  à  trois  arches,  entre  deux  montagnes  reliées  par  une 
chaîne;  d'anciennes  gravures  de  cette  ville  établissent  que  l'on  a  voulu, 
sur  ce  sceau,  donner  une  idée  de  l'état  des  lieux.  A  cette  occasion, 
notre  confrère  M.  Travers  décrit  un  assez  grand  nombre  de  sceaux  de 
France,  d'Espagne,  d'Allemagne  et  d'Orient,  qui  rentrent,  au  point  de 
vue  topographique,  dans  la  même  classe  que  celui  de  Hoja.  Notre  con- 
frère pense  qu'il  y  aurait  un  véritable  intérêt  archéologique  à  entre- 
prendre une  étude  d'ensemble  sur  ce  sujet  et  à  montrer  que  les  sceaux, 
au  point  de  vue  topographique  comme  au  point  de  vue  de  l'architecture 
civile  et  religieuse,  peuvent  fournir  des  indications  aussi  précieuses  que 


^45 

pour  l'état  de  la  civilisation  et  des  arts  ;  dans  ce  dernier  ordre  d'idée, 
nous  n'avons  qu'à  rappeler  les  belles  publications  de  M.  Demay.  Nous 
partageons  complètement  l'opinion  de  M.  Travers,  et  nous  souhaitons, 
puis([u'il  en  a  eu  l'idée,  qu'il  la  mette  à  exécution  et  surtout  qu'il  ne 
marchande  pas  les  planches  à  ses  lecteurs;  une  description  ne  sullit 
pas,  il  faut  aussi  parler  aux  yeux. 

Anatole  de  Barthélémy. 

Une  Énigme  historique.  Les  Roumains  au  7noyen  âge,  par  M.  Al.-D. 
XÉNOPOL,  professeur  d'histoire  roumaine  à  l'Université  de  Jassy. 
Paris,  Ern.  Leroux,  4885.  In-8°,  238  p. 

Il  y  a  aujourd'hui,  tant  dans  le  royaume  de  Roumanie  que  dans  la 
Transylvanie  relevant  de  la  couronne  hongroise  de  Saint-Étienne,  près 
de  dix  millions  d'hommes  qui  parlent  une  langue  dérivée  du  latin. 
D'ovi  viennent-ils?  Descendent-ils  en  droite  ligne  des  Daces  conquis  par 
Trajan,  et  devenus  en  un  siècle  et  demi  tout  à  fait  romains?  Ont-ils 
au  contraire  émigré,  à  une  époque  quelconque  du  moyen  âge,  des 
régions  situées  au  sud  du  Danube  ou  des  Balkans  ?  La  première  opi- 
nion a  d'abord  paru  la  plus  vraisemblable,  et  a  été  généralement  admise  ; 
mais  elle  a  été  fortement  battue  en  brèche  par  un  érudit  allemand,  Robert 
Rœsler  :  il  a  publié  en  1871  le  résumé  de  ses  recherches  dans  un  livre 
qui  a  fait  école  <,  et  que  l'on  peut  résumer  de  la  façon  suivante  :  lorsque, 
sous  la  menace  des  invasions  commençantes,  l'empereur  Aurélien  eut 
ordonné  à  ses  troupes  d'évacuer  la  Dacie  trajane,  et  aux  citoyens  de  la 
frontière  de  s'établir  au  sud  du  Danube  (270),  la  Dacie  perdit  toute  sa 
population  romaine  ou  romanisée.  Des  émigrés  se  réfugièrent  en  Mésie  ; 
là,  ils  se  fondirent  avec  la  population  romaine  établie  dans  les  villes  ; 
ce  sont  les  descendants  de  ces  Romains  mésiens  et  daces  qui  repa- 
raissent au  xn«  siècle  sous  le  nom  de  Valaques.  A  la  fin  de  ce  même 
siècle,  pendant  les  luttes  entreprises  par  les  Valaques  et  les  Bulgares 
contre  les  empereurs  byzantins,  ils  traversèrent  le  Danube  et  s'éta- 
blirent au  nord  du  cours  inférieur  de  ce  fleuve.  Là,  ils  augmentèrent 
rapidement,  au  point  de  former  cet  élément  néo-latin,  si  important 
aujourd'hui,  soit  comme  peuple,  soit  comme  nation.  Cette  théorie,  com- 
battue par  M.  Julius  Jung 2  et  par  M.  Ladislas  Pic»,  tous  deux  profes- 
seurs à  l'Université  de  Prague,  a  été  adoptée  dans  ses  traits  essentiels 
par  M.  W.  Tomaschek-',  professeur  à  Graz,  et  par  M.  J.  Hunfalvy, 

1.  Romanische Studien,  Untersuchungen  zur  esUeren  Geschidite Romaeniens. 
Leipzig,  1871. 

2.  Die  Anfaenge  der  Romaenen,  dans  la  Zeitschrift  fur  œsterrekhiscke  Gym- 
nasien,  1876.  —  Die  romaenischen  Landschaften,  1881. 

3.  Ueber  die  Abstammung  der  Romaenen.  Leipzig,  1880. 

4.  Zur  Kunde  der  Haemus-Halbimel.  Vienne,  1882.  M.  Tomaschek  avait 

40 


^46 

membre  de  l'Académie  hongroise  des  sciences  <.  Hongrois,  Slaves,  Alle- 
mands sont  ainsi  tombés  d'accord  pour  nier  la  continuité  de  l'élément 
latin  dans  ce  qui  avait  été  la  Dacie^. 

On  a  pu  leur  reprocher  de  n'avoir  pas  toujours  été  impartiaux  dans 
le  débat.  On  sait  en  effet  combien,  dans  ces  confuses  régions  de  l'Europe 
orientale,  les  questions  de  race  passionnent  les  érudits  et  les  politiques. 
L'auteur  du  livre  que  j'annonce  ici,  et  dont  la  thèse  est  le  contre-pied 
de  la  théorie  rœslérienne,  M.  Xénopol,  ne  se  contente  pas  de  réfuter  ses 
adversaires,  il  les  accuse  de  mauvaise  foi;  une  querelle  d'érudition 
devient  ainsi  une  guerre  de  patriotisme.  C'est  au  nom  du  droit  des 
peuples  que  M.  Xénopol  proteste  contre  la  doctrine  de  Rœsler  et  de  ses 
partisans.  Il  tient  pour  certain  que  les  Roumains  sont  les  descendants 
directs  des  Daces  romanisés,  qu'ils  n'ont  cessé  d'occuper  le  sol  de  l'an- 
cienne Dacie  trajane,  que,  par  conséquent,  ils  le  possédaient  bien  avant 
l'arrivée  des  Slaves,  des  Allemands  et  surtout  des  Hongrois;  que  les 
persécutions  tant  de  fois  dirigées  par  ces  derniers  contre  les  Roumains 
de  la  Transylvanie  ne  sont  pas  seulement  odieuses,  mais  injustes,  car  les 
Roumains  ont  sur  leur  pays  un  droit  antérieur  aux  Hongrois,  et  par 
conséquent  supérieur.  Nous  n'avons  pas,  quant  à  nous,  à  prendre  parti 
dans  le  débat;  nous  savons  trop  ce  qu'il  en  coûte  de  laisser  la  force 
chercher  des  arguments  dans  l'histoire,  et  quels  dangers  recèle  la  théo- 
rie des  nationalités.  Je  dois  cependant  déclarer  que  la  passion,  sans 
doute  très  légitime,  mise  par  M.  Xénopol  au  service  de  sa  thèse,  n'est 
pas  de  nature  à  diminuer  la  valeur  de  son  livre.  C'est  un  travail  de 
sérieuse  érudition,  et  c'est  à  ce  titre  seul  que  je  puis  en  parler  ici. 

La  démonstration  de  M.  Xénopol  peut  se  diviser  en  trois  points  prin- 
cipaux :  1  °  la  Dacie  a  été  entièrement  romanisée  et  est  restée  pays  de  langue 
romaine  même  après  270  ;  2°  il  est  impossible  d'admettre  l'hypothèse,  soit 
de  Rœsler,  qui  fait  venir  les  Roumains  de  la  Mésie  à  la  fin  du  xii«  siècle, 
soit  de  M.  Tomaschek,  qui  les  ramène  de  la  Macédoine  au  ix^,  soit  du 
célèbre  slaviste  Miklosich,  qui  nous  les  montre  rentrant,  dès  le  v^  siècle, 
dans  leur  pays  originaire;  3»  enfin,  la  théorie  rœslérienne  est  impuissante 
à  expliquer  plusieurs  faits  caractéristiques  de  l'histoire  et  des  institu- 
tions roumaines.  J'examinerai  successivement  ces  divers  points 3. 


commencé  par  combattre  la  théorie  rœslérienne,  avant  d'en  devenir  un  des  plus 
ardents  champions.  D'ailleurs,  sur  toute  cette  bibliographie,  voyez  le  chap.  i 
du  livre  de  M.  Xénopol. 

1.  Die  Rumaenen  und  ihre  Anspriiche.  Vienne,  1883. 

2.  En  France,  M.  Gaston  Paris  s'est  prononcé  en  faveur  de  la  théorie  rœslé- 
rienne dans  le  compte  rendu  qu'il  a  consacré  au  livre  de  M.  Jung  :  Rœmer  und 
Romanen  in  den  Donaulaendern  {Inn&hruck,  1877).  Voy.  Rotnania,  1878,  p.  608. 

3.  M.  Xénopol  avait  déjà  publié  la  substance  de  sa  théorie  dans  la  Revue  his- 
torique, t.  XXIII,  1883. 


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J'admets  volontiers,  avec  M.  Xénopol,  que  l'élément  romain  a  péné- 
tré en  Dacie  plus  profondément  que  Rresler  ne  l'avait  dit  :  le  nombre 
relativement  grand  des  inscriptions  latines  recueillies  dans  le  pays  est 
un  témoignage  qui  a  son  poids.  Encore  ne  faudrait-il  pas  l'exagérer. 
Ce  latin  des  inscriptions  était  la  langue  officielle;  qui  pourra  nous  dire 
jusqu'à  quel  point  il  est  devenu  la  langue  du  peuple?  M.  Xénopol 
invoque  l'exemple  de  l'Espagne,  de  la  Gaule  ^,  qui  ont  si  rapidement 
perdu  l'usage  de  la  langue  nationale  ;  mais  il  faut  se  rappeler  que  la 
domination  romaine  a  duré  en  Dacie  au  plus  un  siècle  et  demi  : 
quatre  générations  d'hommes  auraient  donc  suffi  pour  qu'on  cessât  d'y 
parler  dace  !  En  outre,  l'élément  colonisateur  n'a  pas  été  exclusivement 
latin  :  si  de  nombreux  légionnaires  venus  d'Occident  ont  aidé  à  répandre 
le  latin  dans  les  campagnes  et  les  villes  daces,  tandis  que  les  auxiliaires 
daces,  transplantés  en  Occident,  allaient  désapprendre  au  loin  leur 
langue  maternelle,  il  en  est  venu  aussi  des  pays  grecs.  C'est  à  M.  Xéno- 
pol même  que  j'emprunte  ce  fait  (p.  178),  et  il  montre  les  traces  laissées 
par  le  grec  dans  le  roumain.  Il  est  donc  au  moins  excessif  d'aller  jus- 
qu'à dire  (p.  36)  :  «  Les  Daces  n'ont  jamais  quitté  leur  pays  ;  tout  au 
contraire,  ils  y  sont  restés  en  grand  nombre,  et  ils  ont  tous  été  roma- 
nisés.  » 

Arrivons  maintenant  à  l'ordre  d'évacuation  donné  par  Aurélien  en  270. 
D'après  Vopiscus,  l'ordre  a  été  aussi  formel  que  possible  :  «  Voyant  que 
rillyrie  était  ravagée  et  la  Mésie  perdue,  l'empereur  abandonna  la  Dacie, 
province  constituée  par  Trajan  ;  il  en  ramena  l'armée  et  les  provinciaux, 
qu'il  établit  en  Mésie  2.  »  M.  Xénopol  s'efforce  d'atténuer  la  force  de 
cette  affirmation.  Il  reproche  à  Vopiscus  de  manquer  de  critique,  de 
raconter  les  faits,  non  pas  tels  qu'ils  se  sont  passés  en  réalité,  mais  tels 
que  les  présentait  la  version  officielle  ;  c'est  ainsi  qu'il  a  puisé  plusieurs 
de  ces  renseignements  dans  les  «  carnets  »  mêmes  de  l'empereur  Auré- 
lien 3.  Soit,  mais  quel  intérêt  Vopiscus  aurait-il  eu,  dans  ce  cas  actuel, 
à  farder  la  vérité  ?  Ne  croira-t-on  pas  Aurélien  affirmant  qu'il  a  été 


1.  Au  sujet  de  la  Gaule,  je  relève  une  erreur  de  fait  :  «  La  province  narbon- 
naise  de  la  Gaule  soumise  aux  Romains  par  J.  César  (52  av.  J.-G.),  »  dit  l'au- 
teur, p.  32,  «  était,  du  temps  de  Pline  l'Ancien,  plutôt  une  Italie  qu'une  pro- 
vince. »  En  réalité,  la  Narbonnaise  a  été  constituée  en  province  en  121  av. 
J.-C.  Voyez  E.  Desjardins,  la  Gaule  romaine,  II,  282. 

2.  «  Cum  vastatum  Illyricum  ac  Moesiam  deperditam  videret,  provinciam 
Daciam  a  Trajano  constitutaui,  sublato  exercitu  et  provincialibus,  reliquit, 
desperans  eam  posse  retineri,  abductosquc  ex  ea  populos  in  Moesia  collocavit.  » 
Vopiscus,  Aurelian.,  ch.  xxxix.  Cité  par  M.  Xénopol,  p.  15. 

3.  «  Quœ  omnia,  dit  Vopiscus  [Aurel.,  ch.  i),  ex  libris  linteis,  in  quibusipse 
quotidiana  sua  scribi  praeceperat  pro  tua  sedulitate  (il  s'adresse  à  Tibérianus,  qui 
l'avait  exhorté  à  écrire  la  vie  de  l'empereur)  condisces.  »  Cité  p.  19. 


^48 

obligé  d'abandonner  à  l'ennemi  une  province  de  son  empire?  Était-ce 
un  événement  dont  il  dût  prendre  de  l'orgueil,  et  dont  ses  panégyristes    . 
dussent  s'empresser  de  transmettre  le  souvenir  à  la  postérité  ?  La  vérité 
est,  je  crois,  que  sur  le  fait  de  l'évacuation,  il  n'y  avait  à  tromper  per- 
sonne; on  y  était  préparé  depuis  qu'Hadrien  avait  mis  le  pont  jeté  par 
Trajan  sur  le  Danube  hors  d'état  de  servir  ^.  Depuis  le  commencement 
du  ni«  siècle  au  moins,  c'est-à-dire  depuis  l'arrivée  des  Goths  sur  les 
bords  du  Pont-Euxin,  la  possession  de  la  Dacie  était  devenue  des  plus 
précaires  2,  et  l'ordre  de  l'empereur,  attendu  sans  doute  depuis  long- 
temps, a  dû  s'exécuter  promptement^.  Quoi  qu'en  dise  M.  Xénopol,  les 
émigrants  pouvaient  trouver  dans  la  Mésie,  même  dévastée,  un  asile 
moins  incertain  que  chez  eux  ;  le  Danube  ne  formait  pas  une  limite 
infranchissable,  mais  c'était  encore  une  solide  base  de  défense.  Je  crois 
très  volontiers  que  la  Dacie  n'a  pas  été  entièrement  évacuée  par  tous 
ses  habitants  :  ceux  qui  étaient  le  plus  près  du  Danube  ont  franchi  le 
fleuve;  ceux  qui  étaient  voisins  des  montagnes  se  sont  mis  à  l'abri 
derrière  leurs  rochers.  C'est  là,  en  effet,  que  M.  Xénopol  montre  les 
Daces  romanisés  trouvant  un  asile  inexpugnable;  c'est  là,  d'après  lui, 
qu'ils  restèrent  confinés  pendant  le  millier  d'années  que  durèrent  les 
invasions  dans  la  basse  vallée  du  Danube,  pour  redescendre  ensuite  dans 
la  plaine  qu'ils  occupent  aujourd'hui.  Reste  à  prouver  que  ces  fugitifs 
étaient  en  effet  tous  romanisés.  La  condition  désolée  où  se  trouvèrent 
les  Daces,  depuis  le  début  du  in^  siècle,  ne  permet  guère  de  croire  que 
l'influence  latine  ait  pu  s'exercer  d'une  façon  assez  paisible  ni  assez 
continue. 

La  première  partie  de  la  thèse  soutenue  par  M.  Xénopol  ne  me 
paraît  pas  solidement  établie.  Voyons,  maintenant,  comment  il  réfute 
les  hypothèses  présentées  par  ses  adversaires  pour  expliquer  l'immi- 

1.  Si  tant  est  cependant  qu'Hadrien  ait  fait  rompre  le  pont  de  Trajan.  Voyez 
sur  ce  point  Duruy,  Histoire  des  Romains,  t.  IV  (1874,  in-8°),  p.  331. 

2.  Xénopol,  p,  20. 

3.  M.  Xénopol  discute  encore,  p.  19,  un  passage  d'Eutrope.  Cet  liistorien  nous 
dit  qu'Hadrien,  jaloux  de  la  gloire  de  Trajan,  abandonna  aussitôt  les  trois  pro- 
vinces d'Assyrie,  de  Mésopotamie  et  d'Arménie,  et  il  ajoute  :  «  Idem  de  Dacia 
facere  conatura  amici  deterruerunt,  ne  multi  cives  romani  barbaris  traderentur.  » 
Par  conséquent,  dit  M.  Xénopol,  «  dans  l'idée  des  Romains,  »  la  retraite  des 
troupes  ne  devait  pas  avoir  pour  conséquence  nécessaire  celle  des  citoyens,  et, 
si  cette  idée  était  vraie  au  temps  d'Hadrien,  elle  devait  l'être  aussi  bien  encore 
au  temps  d'Aurélien.  C'est  possible,  mais  Vopiscus  dit  formellement  qu'Auré- 
lien  ramena  l'armée  «  et  les  provinciaux,  »  et,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  je 
ne  vois  pas  de  raison  sérieuse  pour  inûrmer  le  témoignage  de  ce  chroniqueur. 
Sur  la  mesure  prise  par  Aurélien,  Eutrope  ne  fait  que  répéter  Vopiscus  : 
«  Abductosque  Romanos  ex  urbibus  et  agris  Daciae  in  mediara  Moesiam  collo- 
cavit.  »  Cité  p.  15. 


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gration  dans  l'ancionne  Dacic  d'un  peuple  pariant  une  langue  latine. 
Rœsler,  on  l'a  vu,  prétend  que  les  Roumains  sont  venus  de  la  Mésie. 
Mais,  réplique  M.  Xénopol  (p.  38  et  suiv.),  l'élément  romain  a  toujours 
été  très  faible  dans  cette  province,  et  il  en  a  certainement  disparu  de 
bonne  heure  sous  le  flot  des  invasions.  A  aucune  époque  du  moyen 
âge,  les  auteurs  byzantins  ne  signalent  sur  le  territoire  de  l'ancienne 
Mésie  un  groupe  quelque  peu  important  de  population  romane;  «  on  ne 
rencontre  pas  un  seul  Vaiaque  entre  les  Balkans  et  le  Danube;  toutes 
les  mentions  relatives  à  ce  peuple  se  rapportent  aux  régions  monta- 
gneuses situées  au  sud  des  Balkans  »  (p.  39).  Sur  ce  point,  l'argumen- 
tation paraît  très  solide,  et  il  est  difficile,  en  effet,  que  les  Roumains 
soient  venus  de  la  Mésie,  s'ils  n'y  ont  jamais  été.  Pour  M.  Tomaschek, 
les  ancêtres  des  Roumains  sont  les  Besses  romanisés,  qui  auraient  quitté, 
à  la  fin  du  xi^  siècle,  leur  pays,  situé  au  sud  des  Balkans;  mais  cet 
auteur  ne  donne  aucune  preuve  à  l'appui  de  son  opinion,  dans  laquelle 
il  parait  n'avoir  d'ailleurs  lui-même  qu'une  médiocre  confiance  (voyez 
p.  55). 

De  la  très  intéressante  discussion  à  laquelle  s'est  livré  M,  Xénopol 
dans  ce  chapitre,  je  retiens  au  moins  ce  fait  :  les  chroniqueurs  byzan- 
tins mentionnent  fréquemment  la  présence  de  Yalaques  (BXâxot)  au  sud 
du  Danube,  ou  mieux  dans  les  Balkans,  l'Hémus,  le  Rhodope;  ces 
Yalaques  ont  joué  un  grand  rôle  dans  l'histoire  du  premier  et  du  second 
Etat  bulgare  ;  mais  on  n'a  pas  prouvé  que  ces  Valaques  formaient  un 
élément  bien  déterminé  parmi  les  populations  balkaniques.  Parlaient- 
ils  une  langue  dérivée  du  latin  ?  Il  eut  été  bon  d'éclairer  ce  point,  car 
le  nom  de  Vaiaque  a  désigné  au  moyen  âge  les  peuples  les  plus  divers  <  ; 
assurément,  il  n'avait  pas  la  même  valeur  qu'aujourd'hui.  M.  Xénopol 
attache  cependant  au  mot  Bli^oi  le  même  sens  que  nous  au  mot  Yalaques. 
De  là,  une  sorte  de  confusion  perpétuelle,  qui  ne  laisse  pas  de  mettre 
le  lecteur  mal  à  l'aise. 

Cette  tendance,  qui  pousse  M.  Xénopol  à  donner  aux  termes  employés 
par  les  chroniqueurs  anciens,  peu  versés  à  coup  sur  dans  les  questions 
d'ethnographie,  une  précision  toute  moderne,  reparaît  dans  le  cha- 
pitre IV,  intitulé  :  l'Église  bulgare  chez  les  Roumains.  Gomment  expli- 
quer, a-t-on  dit,  que  les  Roumains  aient  adopté  le  rite  slave  ou  bulgare, 
que  le  bulgare  ou  vieux  slovène  ait  été  pendant  des  siècles  la  langue  offi- 
cielle et  écrite  des  Roumains  en  Roumanie,  si  ces  descendants  des 
anciens  Daces  n'ont  jamais  traversé  le  Danube  ?  M.  Xénopol  répond 
«  que  la  Bulgarie,  au  moins  pendant  la  durée  du  premier  État  bulgare^, 

1.  Voyez  les  preuves  qu'en  donne  M.  G.  Paris  dans  l'article  qui  sert  d'intro- 
duction au  1"  vol.  de  la  Romania. 

2.  Ce  premier  einj)ire  bulgare  péril  en  1018,  détruit  par  l'empereur  d'Orient, 
Basile  II,  dit  le  Buigaroctone.  Voyez  p.  63. 


450 

s'étendait  aussi  au  nord  du  fleuve,  sur  la  Moldavie,  la  Valachie  et  la 
Transylvanie  »  (p.  56).  Ici  encore,  son  argumentation,  tout  ingénieuse 
qu'elle  est,  n'emporte  pas  la  conviction.  Je  citerai  seulement  un  exemple 
de  la  facilité  avec  laquelle  M.  Xénopol  interprète  parfois  les  textes  dans 
un  sens  favorable  à  sa  causée  II  cite  (p.  59)  ce  passage  de  Constantin 
Porphyrogénète  :  «  Les  Hongrois  confinent  vers  l'Orient  aux  Bulgares, 
dont  ils  sont  séparés  par  le  fleuve  Ister  ;  vers  le  nord  aux  Petchénègues, 
vers  l'Occident  aux  Francs,  vers  le  sud  aux  Croates.  »  L'auteur  souligne 
les  mots  :  confinent  vers  l'Orient,  et  en  conclut  que  les  Bulgares  étaient 
les  voisins  immédiats  des  Hongrois  à  l'est  de  ceux-ci,  c'est-à-dire  en 
Valachie.  On  est  tout  aussi  bien  autorisé  à  souligner  les  mots  :  dont  ils 
sont  séparés  par  le  fleuve  Ister,  et  à  comprendre  que  le  Danube  séparait, 
alors  comme  aujourd'hui,  les  Hongrois  des  Bulgares.  Quoi  qu'il  en  soit 
d'ailleurs,  et  ne  pouvant  reprendre  un  à  un  tous  les  textes,  discuter 
tous  les  faits  allégués  par  l'auteur,  je  demanderai  la  permission  de  repro- 
duire la  conclusion  de  cet  intéressant  chapitre  :  «  Les  Roumains  n'ont 
pu  revenir  de  la  Mésie,  puisqu'ils  n'y  ont  jamais  existé.  Pour  expliquer 
le  rôle  des  Valaques  de  l'autre  côté  du  Danube  au  temps  de  l'État 
valacho-bulgare,  on  n'a  pas  besoin  d'imaginer  qu'ils  aient  été  excessi- 
vement nombreux  dans  la  Mésie.  Les  premiers  chefs  de  l'insurrection 
(contre  l'empire  byzantin)  étaient  Valaques  ;  les  premières  luttes  de  Tin- 
dépendance  eurent  pour  théâtre  le  mont  Hémus,  patrie  des  Valaques  ; 
l'élément  bulgare,  qui  était  le  seul  cultivé,  finit  par  avoir  le  dessus,  et 
l'état  valacho-bulgare  se  changea  insensiblement  en  un  État  purement 
bulgare.  Quant  au  rite  bulgare  que  l'on  rencontre  chez  les  Roumains  du 
nord  du  Danube,  il  y  a  été  introduit  pendant  le  premier  État  bulgare, 
qui  étendait  sa  domination  jusque  dans  la  Pannonie.  Les  relations  des 

1.  P.  235,  M.  Xénopol  s'est  certainement  mépris  sur  un  passage  des  Annales 
de  Fulda.  Elles  racontent  qu'en  896  les  Grecs  firent  la  paix  avec  les  Avares  ou 
Hongrois;  les  Bulgares,  mécontents,  prennent  les  armes  et  ravagent  tout  le 
pays  jusqu'aux  portes  de  Constantinople.  «  Quod  ad  ulciscendum  Greeci  astu- 
cia  sua  naves  illorurn  contra  Avaros  mittunt,  ac  eos  in  regnura  Bulgarorum  ultra 
Danubium  transponunt.  Illi  transpositi,  manu  cum  valida  gentem  Bulgarorum 
ingressi,  maximam  partem  caedendo  neci  tradiderunt.  »  Après  ac  eos,  M.  Xéno- 
pol sous-entend  Graecos;  c'est  Avaros  qu'il  faut  au  contraire.  Le  sens  est  donc  : 
les  Grecs,  pour  se  venger  des  Bulgares,  usent  de  ruse  :  ils  feignent  d'envoyer 
leurs  vaisseaux  contre  les  Avares,  mais  ces  vaisseaux  vont  prendre  les  Avares 
au  nord  du  Danube  et  leur  font  passer  le  fleuve.  Arrivés  ainsi  au  delà  (au  sud) 
du  Danube,  ces  Avares,  qui  viennent  de  faire  la  paix  avec  Byzance,  attaquent  les 
Bulgares,  en  tuent  un  grand  nombre  et  forcent  ceux  qui  étaient  alors  en  expé- 
dition de  revenir  en  toute  hâte  pour  défendre  leur  patrie.  On  ne  saurait  donc 
invoquer  ce  passage  pour  prouver  que  les  Avares  ou  Hongrois  étaient  voisins 
des  Bulgares  au  nord  du  Danube;  le  texte  dit  formellement  que  ces  Bulgares 
étaient  au  sud  du  fleuve. 


i51 

églises  moldaves  et  valaques  avec  le  siège  d'Ohrida'  prouvent  que  les 
Roumains  n'ont  pu  recevoir  le  christianisme  bulgare  qu'au  nord  du 
fleuve,  car,  s'ils  avaient  émigré  de  Mésie  en  Dacie  à  partir  de  la  Bn  du 
xn«  siècle,  ils  auraient  dû  obéir  à  l'autorité  spirituelle  du  patriarche  de 
Tirnovo  ;  s'ils  étaient  venus  de  plus  loin  encore,  du  sud  des  Balkans, 
ils  devraient  ollicier  en  langue  grecque,  ainsi  que  le  font  ceux  de  la 
Macédoine  »  (p.  71). 

Au  chapitre  v,  M.  Xénopol  recueille  et  critique  les  témoignages  des 
chroniqueurs  du  moyen  âge,  qui  attestent  la  présence  des  Roumains  au 
nord  du  Danube.  A  vrai  dire,  c'est  à  partir  du  xu«  siècle  seulement 
qu'on  trouve  des  Valaques  mentionnés  dans  l'ancienne  Dacie  trajane  ; 
mais  ces  chroniqueurs  en  parlent  comme  d'un  peuple  établi  déjà  depuis 
longtemps  dans  le  pays,  et  même  antérieurement  à  la  conquête  hon- 
groise. Le  plus  ancien  est  ce  notaire  anonyme  d'un  roi  de  Hongrie, 
Béla^,  au  témoignage  de  qui  Rœsler  refuse  d'attribuer  aucune  autorité, 
mais  que  notre  auteur  venge  assez  bien  de  ces  injustes  dédains.  La 
chronique  attribuée  à  Nestor,  et  qui  est  du  xi'=  siècle,  vient  appuyer 
l'affirmation  de  l'anonyme 3,  et  il  est  difficile,  après  l'argumentation  de 
M.  Xénopol,  de  ne  pas  admettre  l'existence,  au  nord  du  Danube,  d'un 
peuple  appelé  Valaque,  depuis  au  moins  le  V*  siècle.  Mais,  encore  une 
fois,  ce  nom  seul  de  Valaque  suffit-il  pour  désigner  un  peuple  parlant 
une  langue  dérivée  du  latin?  Pour  les  Valaques  situés  au  sud  des  Bal- 
kans, l'auteur  cite  (p.  40)  un  seul  exemple  d'un  mot  vraiment  roumain; 
pour  ceux  de  la  Transylvanie,  il  n'en  cite  pas. 

Après  les  témoignages  tirés  des  chroniqueurs,  viennent  les  témoi- 
gnages tirés  des  chartes  et  autres  actes  publics  (ch.  vi)  ;  le  premier  docu- 

1.  L'ancienne  Prima  Jusliniana,  dans  la  Macédoine.  Le  patriarcat  d'Ohrida 
n'exista  sous  sa  forme  bulgare  que  du  temps  du  premier  Étal  bulgare,  détruit 
en  1018;  ensuite,  il  fut  grécisé.  Les  Bulgares  du  second  royaume  indépendant 
eurent  pour  patriarche  le  métropolitain  de  Tirnovo;  la  Mésie,  au  xn"  siècle, 
dépendait  de  la  Bulgarie,  et  par  conséquent  du  patriarche  de  Tirnovo.  Voyez 
Xénopol,  p.  65  et  suiv. 

2.  Quel  est  ce  Bêla?  Bêla  I",  d'après  Amédée  Thierry  (1061-1063);  d'après 
Rœsler,  c'est  Bêla  IV  (1235-1270);  d'après  M.  Pic,  c'est  Béla  III  (1174-1196). 
M.  Xénopol  ne  se  prononce  pas  clairement  sur  ce  point,  très  important  cepen- 
dant. Il  paraît  pencher  plutôt  pour  Bêla  I'^ 

3.  M.  Xénopol  cite  Nestor,  et  avec  raison,  d'après  la  traduction  récente  qu'en 
a  donnée  M.  Louis  Léger  :  Chronique  dite  de  Nestor,  traduite  sur  le  texte  sla- 
von-russe,  avec  introduction  et  commentaire  critique  (Leroux,  1884).  C'est  la 
première  traduction  française  faite  directement  sur  l'original,  par  un  homme  qui 
connaît  bien  les  anciens  idiomes  slaves.  Dans  son  introduction,  M.  Léger  expose 
que  le  moine  Nestor,  hagiographe  de  la  fin  dn  xi^  siècle,  ne  peut  être  l'autour 
de  la  chronique  qu'on  lui  attribue  d'ordinaire.  Cette  chronique  est  l'œuvre  ano- 
nyme d'un  moine  du  monastère  Petchersky,  de  Kiev.  Dans  sa  forme  primitive, 
elle  s'arrête  brusquement  à  l'année  1113. 


452 

ment  hongrois  sur  la  Transylvanie  qui  mentionne  des  Roumains  dans 
ce  pays  date  de  1197,  et  contient  un  mot  dont  un  des  éléments  paraît 
bien  roumain.  L'étude  de  cette   charte   et  d'autres   appartenant  au 
XIV*  siècle  autorise  M.   Xénopol  à  conclure,  contre  Rœsler,  que  les 
Valaques   occupaient   la   Transylvanie  depuis  longtemps,  et,  contre 
M.  Hunfalvy,  qu'ils  étaient  possesseurs  du  sol,  et  non  point  nomades, 
comme  le  serait  un  peuple  d'émigrants  arrivés  depuis  peu.  C'est  assez 
tard  que  ces  Roumains  de  la  Transylvanie,  opprimés  par  les  Hongrois, 
perdirent  peu  à  peu  la  propriété  foncière  ;  dans  des  pages  qui  comptent 
certainement  parmi  les  plus  intéressantes  du  livre,  M.  Xénopo!  expose 
cet  asservissement  graduel  du  peuple  roumain.  «  Dans  les  anciens 
temps,  »  dit-il  (p.  130),  mais  l'expression  est  bien  vague  :  en  réalité, 
l'état  des  choses  décrit  par  M.  Xénopol  ne  se  rapporte  pas  d'une  façon 
certaine  à  des  temps  plus  anciens  que  le  xii^  siècle,  «  les  Roumains 
jouissaient   de  droits  qu'ils  perdirent  dans  la  suite.  Ainsi,  nous  les 
voyons  soumis  à  leurs  chefs  particuliers,  les  knèses,  et  gouvernés  dans  leurs 
districts  par  des  seigneurs  territoriaux,  les  voévodes  ;  ils  possèdent  un 
droit  coutumier  qui  règle  leurs  relations,  non  seulement  avec  eux,  mais 
encore  avec  le  fisc  ou  les  propriétaires;  ils  ont  une  noblesse  nombreuse 
et  puissante,  qui  se  met  souvent  en  hostilité  avec  l'autorité  royale,  et 
que  le  roi  tâche  de  gagner  par  des  donations  importantes.  Tous  enfin, 
nobles  et  roturiers,  prennent  une  part  effective  aux  assemblées  du  pays 
ou  à  celles  des  districts;  ils  sont  chargés  pour  la  plupart  de  défendre 
les  frontières  du  pays,  ainsi  que  les  Saxons  et  les  Szèkles,  et  jouissent, 
dans  ce  cas,   d'immunités  importantes   qui  les   mettent   au    niveau 
du  peuple  conquérant.  Tous  ces  droits,  dont   l'importance   n'a   pas 
besoin  d'être  démontrée,  disparaissent  avec  le  temps.  »  Faut-il  cepen- 
dant aller  aussi  loin  que  M.  Xénopol,  et  admettre  avec  lui  (p.  131)  que 
«  cet  exposé  suffit  à  lui  tout  seul  pour  renverser  de  fond  en  comble  la 
théorie  de  Rœsler?  Car,  si  on  admettait  que  les  Roumains  se  sont  insen- 
siblement introduits  en  Transylvanie  comme  peuple  nomade,  comment 
serait-il  possible  de  trouver  ce  même  peuple  jouissant,  au  commencement 
de  son  existence  dans  ce  pays,  de  droits  si  importants,  et  de  le  voir  perdre 
ces  droits  par  la  suite?  »  L'existence  de  ce  peuple  dans  ce  pays  ne 
commence,  si  l'on  s'en  tient  au  témoignage  rigoureusement  interprété 
des  chroniques  et  des  chartes,  qu'au  xt«  ou  x=  siècle  au  plus.  Est-ce  là 
une  preuve  formelle  de  la  continuité  des  Daces  romanisés  dans  leur 
pays?  Et  n'y  a-t-il  pas  quelque  illusion  naïve  dans  ce  raisonnement 
t[ui  clôt  le  chapitre  (p.  132)  :  «  Les  Roumains  ont  de  tout  temps  protesté 
contre   leur   oppression;   dès   le  commencement  de  leur  révolte,  ils 
demandent  et,  jusque  dans  les  derniers  temps,  ils  continuent  d'invo- 
quer les  prérogatives  et  les  libertés  qu'ils  avaient  auparavant;  ainsi  nous 
les  voyons,  dans  un  acte  de  1437,  invoquer  les  libertés  concédées  à  eux 
par  saint  Etienne  et  ses  successeurs.  Un  peuple  ne  saurait  avoir  l'au- 


V63 

dace  d'invoquer  comme  siens  des  droits  qu'il  n'a  jamais  eus,  et  le  seul  fait 
que  nous  voyons  les  Roumains  prétendre  à  de  pareils  droits,  prouve 
certainement  qu'il  a  dû  les  posséder  dans  un  temps  antérieur.  » 

«  Un  argument  des  plus  concluants,  pour  prouver  que  la  Dacie  a  été 
abandonnée  par  sa  population,  consisterait  à  montrer  l'absence,  dans 
le  pays,  de  noms  de  lieu  d'origine  dace  ou  romaine.  »  C'est  par  ces 
mots  que  débute  le  chapitre  vu,  intitulé  Toponymie.  M.  Xénopol  a  fait 
cette  remarque  très  ingénieuse  :  la  plupart  des  villes  et  des  gros  villages 
daces  ont  été  détruits  et  leur  nom  a  péri  avec  eux  ;  mais  les  fleuves, 
surtout  dans  leur  cours  supérieur,  les  montagnes  et  les  hauts  plateaux 
ont  gardé  leur  terminologie  antique.  C'est  que  l'invasion  qui,  dans  la 
plaine  dace,  a  duré  un  millier  d'années  (238-1240),  a  fatalement  détruit 
ces  villes;  les  habitants  se  sont  réfugiés  dans  les  montagnes,  toujours 
plus  haut,  dans  des  retraites  toujours  plus  inaccessibles;  aussi  les  mots 
roumains  ont-ils  persisté  dans  la  montagne,  tandis  que,  dans  la  plaine, 
les  mots  slaves,  hongrois,  allemands,  apportés  par  les  divers  envahisseurs 
du  pays,  sont  en  majorité.  Mais,  demanderai-je  à  mon  tour  :  qu'est-ce  au 
juste  que  cette  langue  daco-romaine  dont  vous  nous  parlez?  La  plupart 
des  noms  que  vous  citez  ne  sauraient  s'expliquer  par  le  latin.  Vous 
dites  quelque  part,  avec  grande  apparence  de  raison,  que  ce  sont  là  des 
vestiges  de  l'ancienne  langue  dace;  mais  le  dace  n'est  pas  le  latin.  Ce 
qu'il  faudrait  prouver,  c'est  que  les  Daces  ont  donné  à  leurs  lieux  de 
refuge  une  nomenclature  latine;  si  au  contraire  cette  nomenclature  est 
dace,  c'est  donc  qu'ils  parlaient  dace  et  non  latin.  Bref,  nous  retrouvons 
ici,  mais  plus  nettement  accusée,  cette  pétition  de  principes  que  j'ai 
déjà  plusieurs  fois  signalée  :  tout  peuple  appelé  valaque  est  aux  yeux 
de  M.  Xénopol  un  peuple  roumain,  au  sens  actuel  du  mot,  et  c'est  jus- 
tement ce  qu'il  faudrait  démontrer.  Prouvez  qu'il  n'a  jamais  cessé  d'exis- 
ter dans  l'ancienne  Dacie  trajane,  non  un  peuple  valaque,  mais  un 
peuple  (quel  qu'en  soit  le  nom)  parlant  latin  ou  une  langue  dérivée  du 
latin.  L'ancienne  population  dace  est-elle  restée  dans  son  pays  origi- 
naire ?  Avec  vous  je  réponds  :  Oui.  A-t-elle  été  entièrement  romanisée, 
et  est-elle  restée  romanisée  pendant  tout  le  moyen  âge?  J'en  doute 
encore;  du  moins,  la  preuve,  pour  moi,  n'est  pas  administrée. 

La  dernière  discussion  de  fait  contre  la  théorie  rœslèrienne  occupe 
le  chapitre  vin,  consacré  à  l'étude  de  la  langue.  En  effet,  a-t-on  dit  : 
1"  le  langage  des  Daco-Roumains  est  identique  à  celui  des  Roumains 
de  la  Macédoine  ;  donc  les  deux  peuples  ont  coexisté  sur  le  même  terri- 
toire ;  2°  il  existe  dans  le  roumain  actuel  certains  éléments  empruntés 
à  l'albanais  et  au  bulgare;  les  Roumains  ont  donc  vécu  à  côté  des  Alba- 
nais et  des  Bulgares,  c'est-à-dire  au  sud  du  Danube.  Je  regrette  de 
n'avoir  sur  cette  question  de  langue  aucune  compétence  personnelle. 
Je  dirai  seulement  qu'à  mon  avis,  M.  Xénopol  a  prouvé  que  le  langage 
des   Roumains    de  l'ancienne  Dacie  n'est  pas  identique  à  celui  des 


154 

Roumains  de  la  Macédoine  ;  quant  à  l'élément  albanais,  il  y  voit  tout 
simplement  (p.  185)  la  persistance  de  l'élément  dace  primitif;  le  rou- 
main ne  l'aurait  donc  pas  emprunté  à  l'albanais,  mais  à  la  source 
même  d'où  l'albanais  l'a  prise''.  Sur  un  point  cependant,  je  hasar- 
derai une  réflexion.  On  a  remarqué  depuis  longtemps  qu'il  n'y  a  pas  en 
roumain  de  dialecte  ;  la  langue  parlée  est  la  même,  à  quelques  diffé- 
rences près  d'accent,  et  à  part  quelques  provincialismes  (p.  174),  sur 
un  vaste  territoire  de  trois  cent  mille  kilomètres  carrés,  aussi  étendu 
que  l'Italie.  Comment  expliquer  ce  fait?  Tout  naturellement,  répond 
M.  Xénopol  (p.  175),  «  si  l'on  admet  que  les  éléments  dont  se  com- 
pose la  nationalité  roumaine  se  sont  fondus  en  un  seul  tout,  au  milieu 
des  Carpathes.  »  Mais  est-ce  là  que  les  diverses  parties  du  peuple  rou- 
main ont  pu  «  se  fondre  en  un  seul  tout?  »  Est-il  vraisemblable  que  la 
langue  se  soit  maintenue  identique  dans  ces  hautes  vallées  isolées  les 
unes  des  autres  ?  Hypothèse  pour  hypothèse,  ne  serait-il  pas  plus  simple 
de  croire  que  la  plaine  roumaine  a  été  colonisée  par  un  seul  peuple 
immigré  ? 

Nous  arrivons  enfin  à  la  dernière  partie  du  livre  (chap.  ix  :  Argu- 
ments généraux).  Le  théorie  rœslérienne  est,  d'après  notre  auteur,  inca- 
pable de  rendre  compte  d'un  certain  nombre  de  traits  caractéristiques 
de  l'histoire  roumaine.  Pourquoi  les  Roumains  ont-ils  toujours  été  un 
peuple  agriculteur?  Pourquoi  les  traditions  relatives  à  la  fondation  de 
la  Moldavie  et  de  la  Valachie  placent-elles  l'origine  de  ces  principautés 
dans  les  montagnes  de  la  Transylvanie  ?  Combien  enfin,  avec  la  théorie 
de  Rœsler,  ne  faudrait-il  pas  admettre  que  les  anciens  Daces  ont  changé 
de  demeures?  Je  n'insisterai  pas  autrement  sur  ces  divers  points  :  là,  l'au- 
teur a  présenté  plus  de  raisonnements  que  de  faits  précis  ;  autrement, 
il  n'aurait  pu  que  se  répéter.  Mais  je  ne  le  suivrai  pas  dans  ces  raisonne- 
ments. Ils  sont  certainement  très  spécieux;  c'est  affaire  d'apprécia- 
tion personnelle.  Si  les  précédents  chapitres  ont  porté  la  conviction 
dans  l'esprit  du  lecteur,  on  admettra  les  considérations  générales  de 
l'auteur,  sans  les  contester;  sinon,  il  vaudra  mieux  sans  doute  les 
laisser  à  l'écart,  comme  n'étant  pas  des  arguments  directs  en  faveur 
de  la  thèse  soutenue.  Pour  moi,  je  l'avoue,  je  n'ai  pas  été  convaincu  par 
M.  Xénopol.  La  critique  qu'il  a  faite  de  la  théorie  rœslérienne  est 
très  habile,  très  savante;  sur  beaucoup  des  points  particuliers,  elle  est 
victorieuse  ;  cette  partie  de  son  travail  restera  certainement.  A-t-il  prouvé 
la  continuité  des  Roumains  ?  Je  ne  le  pense  pas,  et  je  me  suis  efforcé  de 
dire  pourquoi  :  les  arguments  de  l'auteur  m'ont  paru  plus  spécieux  que 
décisifs  ;  il  m'a  semblé  même  qu'on  pouvait  en  retourner  aisément  plu- 
sieurs contre  lui.  Je  ne  dis  pas  qu'il  n'a  pas  raison;  je  souhaite  même 
de  tout  mon  cœur  pour  lui  et  pour  ses  compatriotes,  si  jaloux  de  leurs 

1.  Pour  ce  qui  concerne  l'élément  slovène,  voyez  p.  188. 


455 


«  droits  historiques,  »  que  sa  théorie  soit  la  seule  vraie  ;  mais,  si  l'on 
reste  au  point  de  vue  strictement  scientifique,  la  conclusion  du  livre 
n'est  pas  évidente  ;  l'énigme  n'est  pas  résolue. 


Gh.  Bémont. 


Alishan  (D""  Léonce),  de  l'ordre  des  Mékhitaristes.  —  Sùsouan,  pan- 
tographie de  la  Cilicie  arménienne  et  histoire  du  roi  Léon  P^  le 
Magnifique  (en  arménien).  Venise,  S.  Lazzaro,  1885.  In-4°,  24- 
xij-592  pages  (8  chromo).,  2  héliogr.,  3  planches,  30  fac-similés, 
3  cartes,  nombreux  bois  et  héliogr.  dans  le  texte) . 

Le  royaume  arménien  de  Cilicie,  uni  par  tant  de  liens  aux  États 
chrétiens  d'outro-mer,  a  toujours  été  considéré  comme  faisant  partie 
intégrante  de  l'Orient  latin,  dont  son  histoire  ne  peut  être  séparée, 
surtout  pendant  le  xni''  et  le  xiv«  siècle.  L'influence  latine  a  été, 
en  effet,  si  puissante  sur  cette  petite  nation,  échappée  comme  par 
miracle  à  des  siècles  d'invasions  successives,  et  devenue,  à  la  suite 
des  croisades,  la  fidèle  alliée  et  la  coreligionnaire  des  Francs  du 
Levant,  que  l'on  peut  dire  qu'au  temps  le  plus  prospère  de  l'Arméno- 
Gilicie,  la  civilisation  féodale  de  l'Occident  s'y  était  implantée  tout 
entière.  Rien  ne  saurait  donc  être  plus  intéressant  pour  nous  que 
l'étude  de  ce  coin  de  terre,  qui  a  si  longtemps  vécu  des  mœurs  de  nos 
ancêtres,  partagé  leurs  idées  et  même  parlé  leur  langue.  Et  pourtant, 
malgré  les  travaux  d'explorateurs  intelligents  comme  "Victor  Langlois 
et  de  savants  comme  Dulaurier,  l'Arméno-Gilicie  est  encore  pour  nous 
comme  une  terra  incognita,  avec  ses  centaines  de  châteaux,  perdus  dans 
les  gorges  de  montagnes  inaccessibles,  et  ses  innombrables  monastères, 
qui  ont  été,  au  moyen  âge,  autant  de  foyers  de  culture  littéraire  et 
artistique. 

Si  peu  que  l'on  en  connût  encore,  il  était  désirable  qu'un  ouvrage 
d'ensemble  vînt  réunir  les  données  éparses  dans  les  relations  des  voya- 
geurs modernes,  aussi  bien  que  dans  les  textes  des  chroniqueurs.  G'est 
cet  ouvrage  que  le  R.  P.  Léonce  Alishan  vient  de  mettre  au  jour,  avec 
un  luxe  d'illustrations  qui  le  rend  infiniment  précieux,  même  pour  ceux 
qui  n'entendent  point  la  langue  arménienne;  car  c'est  dans  cette  langue, 
et  à  dessein,  qu'a  voulu  écrire  l'auteur;  c'est  à  ses  compatriotes  qu'il 
dédie  cette  encyclopédie  vraiment  nationale  du  passé  et  du  présent  de 
l'Arméno-Gilicie. 

L'ouvrage,  à  la  fois  géographique  et  historique,  ne  néglige  rien  de  ce 
qui  peut  intéresser  le  lecteur  oriental;  je  suis  peu  compétent  pour  juger 
de  la  partie  consacrée  à  la  description  physique,  à  la  géologie,  à  la 
botanique  du  pays,  et  que  viennent  éclairer  de  nombreuses  gravures. 
Mais  je  veux  attirer  l'attention  des  lecteurs  d'Occident  sur  la  partie 
géographique,  historique  et  archéologique  de  l'ouvrage,  partie  qu'une 


^S6 

introduction  française,  expliquant  les  illustrations,  leur  permettra  par- 
faitement d'apprécier. 

Au  point  de  vue  géographique,  il  trouvera  un  grand  nombre  de  bois, 
très  bien  gravés,  représentant  les  sites  les  plus  remarquables  et  les  prin- 
cipales villes,  et  trois  cartes,  dont  une  générale,  en  trois  couleurs  et  à 
grande  échelle,  qui  sera  d'un  grand  secours  pour  l'intelligence  d'une 
foule  de  faits  de  l'histoire  de  l'Orient  latin.  Les  villes  historiques  de 
Gilicie,  Sis,  siège  du  patriarcat^  l'opulente  Ayas,  Anazarbe,  Zéthoun, 
Lambron,  Borigos,  et  vingt  autres  sont  l'objet  de  notices  spéciales. 
L'auteur  n'a  pu  retrouver  les  noms  des  deux  cents  châteaux,  dont 
parle  Machaeras;  mais  il  en  a  identifié  une  centaine,  dont  il  nous 
donne  la  liste  :  les  plus  célèbres,  Popéron,  le  fief  du  connétable 
Semprad,  Lambron,  patrie  de  S.  Nersès,  Amouda,  Sarvantikar, 
Bodrôme,  le  célèbre  Gorigos,  Gaston,  Loulou,  dont  parle  Bertrandon  de 
la  Broquière,  Podandum,  par  où  entrèrent  les  croisés  de  1097,  et  plu- 
sieurs autres  sont  décrits  avec  soin.  Il  a  passé  de  même  en  revue  un 
grand  nombre  d'abbayes,  dont  l'une  était  une  école  de  musique,  floris- 
sante au  moyen  âge,  et  nous  a  laissé  ses  recueils  de  mélodies.  Plusieurs 
eurent  des  religieux  latins;  un  grand  nombre  existent  encore  inexplo- 
rées, surtout  dans  la  Montagne-Noire  (Amaiis),  et  recèlent  certainement 
un  grand  nombre  de  documents  historiques  et  archéologiques.  Pour  les 
archéologues,  le  P.  Alishan  a  relevé  avec  soin,  en  en  donnant  le  dessin, 
toutes  les  ruines  antiques  connues  jusqu'ici  et  toutes  les  inscriptions 
qu'il  a  pu  trouver.  L'une  de  celles-ci,  dojit  le  texte,  déchiffré  par  S.  Ner- 
sès, nous  est  seul  parvenu,  est  plus  curieuse,  il  est  vrai,  que  bien 
authentique;  elle  se  trouvait  près  d'Issus  et  était  ainsi  conçue  :  «  A 
«  Mopsueste,  devant  les  Portes,  près  des  tourbillons  d'Aleus,  en  Gilicie  : 
«  ossements  des  myriades  de  Perses,  faits  par  Alexandre  le  Macédonien. 
«  C'est  nous  (Grecs)  qui  alors  suivîmes  les  traces  du  roi  Darius.  » 

L'auteur  ne  néglige  ni  les  sceaux,  ni  les  monnaies,  ni  les  reliquaires, 
ni  les  miniatures  des  manuscrits  historiques  :  de  nombreux  fac-similés 
font  passer  sous  les  yeux  du  lecteur  une  grande  partie  de  ce  qui  nous 
est  parvenu,  en  ce  genre,  du  moyen  âge  arménien. 

Enfin,  l'histoire  occupe  une  place  considérable  dans  l'ouvrage.  Outre 
les  documents  déjà  publiés,  soit  en  arménien,  soit  dans  les  langues  occi- 
dentales, outre  deux  lettres  inédites  de  Clément  III,  1189  (p.  467),  outre 
ces  mémoriaux,  si  importants  au  point  de  vue  chronologique,  qui  ter- 
minent les  manuscrits  arméniens  et  dont  l'auteur  a  réuni  une  collection 
importante,  il  a  eu  entre  les  mains  deux  manuscrits  inédits,  l'un  de  la 
fin  du  xm^  siècle,  contenant  une  histoire  des  rois  de  la  petite  Arménie, 
pleine  de  faits  nouveaux,  l'autre  plus  récent,  mais  qui  paraît  reproduire 
une  histoire,  jusqu'ici  inconnue,  du  célèbre  roi  d'Arménie,  Léon  I*'  le 
Magnifique,  mort  en  1219,  et  qui,  le  premier,  entra  dans  ce  que  nous 
appelons  aujourd'hui  le  concert  européen.  Ce  roi  a  joué  un  si  grand  rôle 


457 

dans  l'histoire  de  son  pays  et  a  eu  avec  les  Latins  des  rapports  si  inté- 
ressants, que  l'on  ne  peut  que  louer  le  P.  Alishan  de  lui  avoir  consacré 
un  appendice  spécial,  où  nous  trouvons  des  détails  inédits  sur  la  vie  de 
ce  prince,  et,  en  particulier,  sur  ses  rapports  avec  Saladin. 

Après  avoir  parcouru  ce  livre  magniûque,  on  ne  peut  se  défendre  d'un 
regret  presque  amer  :  y  a-t-il  en  Europe,  en  dehors  des  Arméniens, 
beaucoup  plus  de  vingt  érudits  en  état  de  faire  autre  chose  (et  c'est  à 
quoi  s'est  vu  réduit  l'auteur  du  présent  compte  rendu)  que  feuilleter  et 
admirer  les  bois  et  les  planches  du  volume? 

Il  y  a  là  cependant  une  somme  de  recherches  et  surtout  une  dépense 
d'illustrations  qui  ne  sauraient  rester  stériles;  elles  paraissent  exiger 
impérieusement,  sinon  une  édition  française,  du  moins  un  abrégé,  qui, 
reproduisant  toutes  les  gravures  et  toutes  les  planches,  donnerait,  avec 
les  explications  nécessaires,  la  traduction  des  parties  du  livre  qui  ne 
sont  point  empruntées  aux  sources  connues  en  Occident. 

L'auteur  regrette  à  juste  titre  que,  tandis  qu'on  parcourt  à  grands 
frais  des  pays  d'un  intérêt  historique  ou  archéologique  discutable,  les 
gouvernements  occidentaux  n'aient  jamais  songé  à  une  exploration 
sérieuse,  méthodique,  complète,  du  massif  montagneux  qui  ferme  au 
nord  le  golfe  d'Alexandrette,  et  surtout  qu'on  laisse  dormir,  dans  des 
monastères  inconnus,  tant  de  renseignements  précieux,  et  qui  sait? 
peut-être  (soit  en  originaux,  soit  en  versions  arméniennes)  de  véritables 
trésors  historiques.  Eh  bien  !  il  me  semble  que  le  meilleur,  peut-être  le 
seul  moyen  de  provoquer  et  la  curiosité  des  jeunes  érudits,  et  aussi  les 
libéralités  ministérielles,  est  de  donner  une  large  publicité  à  ce  que  l'on 
connaît  déjà,  pour  faire  sauter  aux  yeux  l'importance  de  ce  qui  reste  à 
connaître.  Les  justes  éloges  que  j'adresse  à  la  publication  du  P.  Ali- 
shan comportent  donc  cette  réserve  formelle  que,  sans  l'édition  fran- 
çaise que  je  lui  demande,  son  livre,  si  utile  qu'il  puisse  être  à  ses  com- 
patriotes, n'aura  pas  rendu  à  la  science  historique  et  géographique  des 
services  en  rapport  avec  la  peine  et  l'argent  qu'il  a  dû  coûter. 

Comte  Riant. 

Codex  Vindobonensis  membranaceus  purpureus  literis  argenteis 
aureisque  scriptus.  Antiquissimx  evangeliorum  Lucx  et  Marci 
translationis  latinx  fragmenta.  Edidit  J.  Belsheim.  Lipsiœ,  T.  0. 
Weigel,  4  885.  ln-8",  viii-7i  p.  Avec  une  planche. 

Epistulae  Paulinx  ante  Hieromjmum  latine  translata  ex  codice 

Sangermancmi  grœco  latino,  olim  Parisiensi,  nunc  Petropolitano. 

Emit  et  edidit  J.  Belsheim.  Christianise,  -1885.  In-8%  vir-87  p. 

Le  docteur  Belsheim  poursuit  avec  la  plus  louable  ardeur  et  le  soin 

le  plus  scrupuleux  la  recherche  et  l'édition  de  ce  qui  nous  est  parvenu 

des  très  anciennes  versions  latines  du  Nouveau  Testament. 


458 

Dans  le  premier  des  opuscules  que  nous  annonçons,  il  a  reproduit  les 
fragments  des  Évangiles  de  saint  Luc  et  de  saint  Marc  que  contient  le 
ms.  1235  de  la  Bibliothèque  impériale  de  Vienne;  ce  manuscrit,  exé- 
cuté en  onciales  d'or  et  d'argent  sur  parchemin  pourpré,  paraît  dater  de 
la  fin  du  vii^  siècle;  il  a  été  porté  en  1717  de  Naples  à  Vienne.  Un  fac- 
similé  de  quatorze  lignes  est  placé  en  tête  de  l'édition. 

Le  second  opuscule  du  D""  Belsheim  nous  offre  la  version  latine  des 
Épitres  de  saint  Paul,  telle  qu'on  la  trouve  dans  un  ms.  de  Saint-Péters- 
bourg, renfermant  à  la  fois  le  texte  grec  et  la  version  latine.  Ce  ms.,  jus- 
tement célèbre,  paraît  avoir  été  copié  sur  le  «  Codex  Claromontanus,  » 
aujourd'hui  n"  107  du  fonds  grec  à  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris. 
Il  a  pour  nous  un  intérêt  particulier  :  c'est,  en  effet,  l'un  des  volumes  de 
l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés  qui  furent  volés  en  1791  et  qui  ont 
émigré  en  Russie.  Il  venait  probablement  de  Gorbie,  et,  selon  toute 
apparence,  il  répond  à  l'article  247  de  l'ancien  catalogue  des  livres  de 
ce  monastère  :  «  Epistole  Pauligrece;  epistole  Pauli  latine.  »  Outre  les 
Épitres  de  saint  Paul,  il  contient  le  compte  des  versets  de  chacun  des 
livres  de  la  Bible.  Le  texte  de  ce  document  se  trouve  à  la  page  vn  des 
EpistuliB  PaulinsB. 

De  telles  publications  font  grand  honneur  à  M.  Belsheim.  Fort  utiles 
pour  la  critique  du  texte  du  Nouveau  Testament,  elles  se  recommandent 
en  même  temps  à  l'attention  des  paléographes  et  des  philologues. 

L.  Delisle. 


La  Librairie  des  papes  d'Avignon,  sa  formation^  sa  composition,  ses 
catalogues  (13'I6-U20),  d'après  les  registres  de  comptes  et  d'in- 
ventaires des  Archives  vaticanes,  par  Maurice  Faucox,  ancien  élève 
(le  l'École  des  chartes,  ancien  membre  de  rÉcole  française  de  Rome, 
tome  I".  (Fascicule  43«  de  la  Bibliothèque  des  Écoles  françaises 
d'Athènes  et  de  Rome.)  Paris,  Thorin,  -1886.  In-8°,  xxii-263  pages. 

L'histoire  de  la  bibliothèque  et  des  archives  pontificales  fait  chaque 
jour  de  nouveaux  progrès.  L'année  passée,  les  Bénédictins  éditeurs  du 
Registre  de  Clément  V  faisaient  paraître  plusieurs  pièces  relatives  à  la 
bibliothèque  de  Clément  V  et  de  Jean  XXII.  Un  peu  plus  tard,  le 
P.  Ehrle  publiait  une  étude  sur  l'histoire  du  trésor,  de  la  bibliothèque 
et  des  archives  des  papes  durant  le  xiv^  siècle  <.  Tout  récemment,  le 
P.  Denifle,  sous-archiviste  du  saint-siège,  éditait  un  inventaire  des 
registres  du  xin^  siècle  dressé  en  1339,  non  sans  l'accompagner  d'une 
notice  des  plus  intéressantes 2.  Et  l'on  nous  promet  sous  peu  l'appari- 

1.  Dans  VArchiv  fur  Litteratur-  und  Kirchen-Geschichte  des  Mittelalters. 

2.  Die  pxpstlichen  Registerbeende  des  13.  Jahrhunderts  und  das  Inventât 
derselben  vom  J.  1339.  Berlin,  1886,  in-8°. 


tion  d'une  histoire  de  la  bibliothèque  pontificale  au  xv»  siècle,  due  à  la 
collaboration  de  MM.  Mùntz  et  Fabre.  C'est  la  librairie  formée  par  les 
papes  d'Avif]çnon  dont  notre  confrère  M.  Maurice  Faucon  nous  retrace 
aujourd'hui  la  formation,  les  enrichissements  successifs,  la  dispersion, 
à  grand  renfort  de  documents  puisés  aux  meilleures  sources. 

En  arrivant  à  l'École  française  de  Rome,  M.  Maurice  Faucon  était 
préparé  par  ses  études  antérieures  au  travail  qu'il  allait  entreprendre. 
La  papauté,  au  xiv  siècle,  et  plus  particulièrement  le  pontilicat  bril- 
lant de  Clément  VI,  avaient  été,  pendant  plusieurs  années,  l'objet  de  ses 
recherches  et  lui  avaient  fourni  la  matière  d'une  thèse  fort  remarquée. 
Il  retira  d'autant  plus  de  fruit  du  dépouillement  des  registres  du  Vati- 
can :  ses  récentes  publications  nous  en  ont  déjà  donné  la  preuve.  Ce 
dernier  ouvrage,  plus  important  et  par  la  nature  du  sujet  et  par  l'éten- 
due des  développements,  otfre  les  mêmes  qualités  de  fond,  la  même 
sûreté  d'informations  et  la  même  variété  de  points  de  vue. 

La  librairie  des  papes  d'Avignon  prit  surtout  de  l'extension  sous  le 
pontificat  de  Jean  XXII,  qui,  résolu  à  vivre  sur  les  bords  du  Rhône, 
disposait  toutes  choses  en  vue  d'une  installation  définitive  de  la  papauté 
dans  le  Comtat.  M.  Faucon  explique  fort  bien  ce  que  les  lettres  et  les 
sciences  durent  à  l'initiative  de  ce  pontife  et  de  ses  cardinaux.  A  partir 
de  1316,  les  renseignements  fournis  par  notre  confrère  deviennent  sin- 
gulièrement précis  ;  les  registres  caméraux  ont  conservé  la  trace  de  tous 
les  achats  de  livres  faits  par  les  papes,  et  M.  Faucon,  qui  a  eu  la  patience 
de  relever  toutes  ces  mentions,  nous  apprend,  année  par  année,  de  quels 
volumes  s'enrichissait  la  bibliothèque  du  saint-siège.  Il  est  vrai  que  les 
livres  donnés,  échangés  ou  même  transcrits  par  des  scriptores  à  gages 
demeurent  en  dehors  de  cette  liste.  Il  est  également  vrai  que,  sous  Clé- 
ment VI  et  sous  Innocent  VI,  le  chapitre  Pro  scriptura  et  libris  ne  fut 
plus  tenu  dans  les  comptes  avec  la  même  exactitude. 

Urbain  V,  avant  de  mourir,  passa  trois  années  à  Rome;  Grégoire  XI, 
son  successeur,  quitta,  en  1376,  la  France,  avec  l'intention  bien  arrêtée 
de  ramener  le  saint-siège  en  Italie  :  ni  l'un  ni  l'autre  n'eurent  le  temps 
de  transférer  leur  bibliothèque  à  Rome,  et  le  grand  schisme  eut  pour 
conséquence  de  la  fixer  à  Avignon.  Elle  y  resta  effectivement  jusqu'au 
commencement  du  xv^  siècle.  Entre  1403  et  1411,  Benoît  XIII  fit  trans- 
porter une  notable  partie  de  ses  livres  en  Catalogne,  dans  son  château 
de  Péniscola;  ils  devinrent,  à  sa  mort,  la  proie  de  ses  héritiers,  ou  furent 
abandonnés  au  cardinal  de  Foix,  et  quelques-uns  d'entre  eux,  passés  du 
collège  de  Foix  dans  le  cabinet  de  Colbert,  sont  maintenant  conservés 
à  la  Bibliothèque  nationale,  où  ils  ont  été  depuis  longtemps  identifiés 
par  M.  L.  Delisle. 

Telle  est,  en  résumé,  l'histoire  de  cette  bibliothèque,  qui  atteignit 
sous  Urbain  V  son  plus  grand  développement.  C'est  aussi  à  ce  pontifi- 
cat, et  plus  exactement  au  mois  de  mars  de  l'année  1369,  que  se  rap- 


^60 

porte  un  document  de  première  importance  publié  par  M.  Faucon  : 
l'inventaire  détaillé  de  tous  les  volumes  possédés  par  le  pape.  Cet  inven- 
taire ne  comprend  pas  moins  de  deux  mille  cent  cinq  articles,  livres  de 
théologie,  de  philosophie,  d'histoire,  de  droit  civil  et  canonique,  véri- 
table arsenal  à  l'usage  des  souverains  pontifes.  Il  en  résulte  qu'aucun 
prince  en  Europe,  pas  même  le  roi  de  France  Charles  V,  ne  possédait 
alors  une  bibliothèque  aussi  considérable  que  le  pape.  On  peut  ajouter, 
en  empruntant  les  paroles  de  notre  confrère  :  «  La  haute  culture  ecclé- 
siastique de  cette  époque  se  dessine  exactement  dans  le  catalogue  d'Ur- 
bain Y,  comme  la  science  et  les  goûts  littéraires  laïques  trouvent  leur 
plus  fidèle  expression  dans  l'inventaire  de  la  librairie  de  Charles  V.  » 

N.  Valois. 


LIVRES    NOUVEAUX. 

SOMMAIRE  DES  MATIÈRES. 

Sciences  auxiliaires.  —  Paléographie,  7.  —  Diplomatique,  95.  — 
Bibliographie,  94;  bibliothèques  :  manuscrits,  12,  26-28,  48,  63,  72, 
84  ;  imprimés,  40. 

Sources.  —  Archives,  3, 49,  62,  83;  chartes,  29-31  ;  cartulaires,  38, 45, 
92,  107  ;  obituaires,  103. 

Histoire  générale,  47. 

Biographie,  20.  —  Beaumanoir,  16  ;  saint  Bertrand  de  Garrigue,  64  ; 
Calabre,  53  ;  saint  Cyrille,  7  ;  Dante,  2;  Este,  25  ;  Flandre,  111  ;  Fresse, 
35;  Grimaldi,  102;  La  Barrière,  14;  saint  Malo,  44,  90;  saint  Méthode, 
7;  Miron,  36;  saint  Odilon,  101;  Philippe- Auguste,  99;  Pierre  III, 
archevêque  de  Bordeaux,  68;  Rodolphe,  roi  de  France,  76;  Saxe,  23; 
Tôlner,  114. 

Institutions,  15,  34,  39,  43,  109. 

Droit,  3,  29,  30,  56,  66,  82,  117,  118. 

Église,  78,  108.  —  Ordres,  14,  64;  monastères,  38,  43,  45,  61. 

Sciences  et  arts,  33,  41,  60,  112. 

Archéologie,  37,  70,  86,  88,  97,  98,  HO.  —  Architecture  :  édifices 
civils,  80;  édifices  religieux,  9,  58,  94.  —  Mobilier,  verrières,  etc.,  10, 
11,  51,  59,  77,  93,  116.  —  Numismatique,  102.  —  Musique,  25. 

Langues  et  littératures,  106.  —  Latin,  2,  4,  74.  —  Langues  romanes  : 
français,  16,  42;  italien,  1,  2,  46,  87,  96,  100,  115.  —  Langues  germa- 
niques, 4,  13,  63.  —  Langues  slaves,  7. 


464 


SOMMAIRE  GÉOGRAPHIQUE. 

Allemagne,  22,  50,  109,  112.  —  Alsace,  67.  —  Mecklembourg,  114. 
—  Saxe,  23. 

Autriche,  65. 

Belgique,  57,  66,  92,  95,  116,  117. 

France,  27,  76,  82,  99.  —  Champagne,  91  ;  Lorraine,  53;  Poitou,  6; 
Provence,  5.  —  Aisne,  17,  34;  Hautes-Alpes,  30;  Ardennes,  85; 
Bouches-du-Rhône,  54,  70;  Eure,  24,  104,  105;  Eure-et-Loir,  43,  83, 
113;  Gironde,  3,  68;  lUe-et- Vilaine,  44,90;  Indre-et-Loire,  31  ;  Loiret, 
79;  Lot-et-Garonne,  8  ;  Maine-et-Loire,  11,  IS  ;  Marne,  58,  98  ;  Meurthe- 
et-Moselle,  89;  Meuse,  21;  Nord,  38,  49,  111;  Basses-Pyrénées,  35; 
Rhône,  69;  Saône-et-Loire,  29,  32,  101  ;  Sarthe,  18;  Haute-Savoie,  71  ; 
Seine,  28,  36,  39,  40;  Seine-et-Marne,  19,  73;  Seine-et-Oise,  45,  52, 
80,  81;  Somme,  61,  72,  103;  Vienne,  9;  Yonne,  20,  94. 

Grande-Bretagne,  62. 

Italie,  33,  50,  78,  110.  —  Crémone,  37;  Florence,  12,  26,  48,  118; 
Modène,  25;  Orvieto,  86,  88;  Palerme,  84. 

Monaco,  102. 

Russie,  55. 

Suisse,  75,  107. 

Orient,  60. 

1.  Altissimo  (Gristofano),  Fiorentino.  Strambotti  e  Sonetti,  per  cura 
di  Rodolfo  Renier.  Torino,  Società  bibUofila;  Ancona,  A.  G.  Morelli, 
1886.  In-8°,  XLvn-75  p.  (Rarità  bibliografiche  e  Scritti  inediti,'n°  2.) 
4  1.  50  c. 

2.  Angeletti  (Nazzareno).  Cronologia  délie  opère  minori  di  Dante. 
Parte  I  :  Convivio  e  De  vulgari  eloquentia.  Gittà  di  Castello,  S.  Lapi, 
1885.  In-16,  99  p.  1  1. 

3.  Archives  de  la  ville  de  Lectoure.  Coutumes,  statuts  et  records  du 
xine  au  xvi«  siècle.  Documents  inédits,  publiés  pour  la  Société  historique 
de  Gascogne  par  P.  Druilhet.  Paris,  Champion.  In-8°,  209  p.  (Archives 
historiques  de  la  Gascogne,  9^  fascicule.)  6  fr. 

4.  Arnoldi  Lubecensis  Gregorius  peccator  de  Teutonico  Hartmanni 
de  Aue  in  Latinum  translatus.  Herausgegeben  von  D^  Gustav  von  Buch- 
wald.  Kiel,  Homann,  1886.  In-8%  xxv-127  p.  3  m. 

5.  Arve  (Stéphen  d').  Miettes  de  l'histoire  de  Provence  :  les  fêtes  de 
Noël,  mœurs,  coutumes,  traditions  et  souvenirs.  T.  I.  Aix,  les  princi- 
paux libraires.  In-16,  viii-193  p.  1  fr.  50  c. 


462 

6.  AuBER  (le  chanoine).  Histoire  générale,  civile,  religieuse  et  litté- 
raire du  Poitou.  T.  I.  Poitiers,  Bonamy.  In-S",  xxxii-528  p. 

7.  Avril  (Adolphe  d').  Saint  Cyrille  et  saint  Méthode.  Première  lutte 
des  Allemands  contre  les  Slaves.  Avec  un  essai  sur  les  destinées  du  gla- 
gol  et  un  mémoire  sur  l'alphabet,  la  langue  et  le  rite  des  apôtres  slaves 
au  ix«  siècle.  Paris,  Leroux.  In-18,  272  p.  (Bibliothèque  slave  elzévi- 
rienne.)  5  fr. 

8.  Baradat  de  Lacaze  (Ch.).  Astafort  en  Agenais,  notice  historique  et 
coutumes.  Agen,  Michel  et  Médan  ;  Paris,  Champion.  In-S",  226  p. 

9.  Barbier  de  Montault  (X.).  Documents  sur  la  question  du  marty- 
rium  de  Poitiers.  Poitiers  et  Paris,  les  principaux  libraires.  In-S",  53  p., 
planche.  2  fr.  50  c. 

10.  Barbier  de  Montault  (X.).  Les  Moules  à  bibelots  pieux  du  musée 
lorrain.  Nancy,  impr.  Crépin-Leblond.  In-8°,  15  p.,  planche.  Extrait  du 
Journal  de  la  Société  d'archéologie  lorraine,  juillet  1885. 

11.  Barbier  de  Montault  (X.).  Note  sur  le  processionnal  de  l'abbaye 
de  Saint-Aubin,  à  Angers.  Paris,  imprimerie  nationale.  In-8°,  12  p. 
Extrait  du  Bulletin  historique  et  philologique  du  comité  des  travaux  his- 
toriques et  scientifiques,  1885. 

12.  [Bartoli  (A.).]  I  Godici  palatini  délia  R.  Biblioteca  nazionale  cen- 
trale di  Firenze.  Vol.  I,  fasc.  1.  Roma,  1885.  In-S»,  80  p.  (Ministero 
délia  pubblica  istruzione.  Indici  e  cataloghi.  N^  4.)  1  1. 

13.  Bartsgh  (Karl).  Beitràge  zur  Quellenkunde  der  altdeutschen  Lite- 
ratur.  Strassburg,  Karl  J.  Trùbner,  1886.  In-8°,  viii-792  p. 

14.  Bazy  (l'abbé  Annoncia).  Vie  du  vénérable  Jean  de  la  Barrière, 
abbé  et  réformateur  de  l'abbaye  des  Feuillants,  fondateur  de  la  congré- 
gation des  Feuillants  et  des  Feuillantines,  etc.,  et  ses  rapports  avec 
Henri  HI,  roi  de  France.  Avec  pièces  justificatives.  Toulouse,  Edouard 
Privât;  Paris,  Alphonse  Picard,  1885.  In-S",  xxix-486  p.  6  fr. 

15.  Beaughet  (Ludovic).  Histoire  de  l'organisation  judiciaire  en 
France.  Époque  franque.  Paris,  Rousseau.  In-8°,  viii-503  p.  9  fr. 

16.  Beaumanoir  (Philippe  de  Remi,  sire  de).  CEuvres  poétiques.  Publiées 
par  Hermann  Suchier.  Tome  I.  Paris,  Firmin-Didot.  In-S",  glx-374  p. 
Publication  de  la  Société  des  anciens  textes  français. 

17.  Beaumont  (Edouard  de).  Notice  sur  les  gens  de  guerre  du  comte 
de  Saint-Paul  qui  sont  enfouis  à  Goucy  depuis  1411.  Paris,  Baschet. 
In-4o,  76  p.,  plan  et  vignette. 

18.  Beautemps-Beaupré.  Notice  sur  les  baillis  d'Anjou  et  du  Maine  à 
la  fin  du  xiiie  siècle  et  sur  leurs  conflits  avec  l'évêque  d'Angers, 
Orléans,  impr.  Girardot.  In-8o,  24  p.  Extrait  du  compte  rendu  de  l'Aca- 
démie des  sciences  morales  et  politiques. 


'les 

19.  Benoist  (L.).  Notice  historique  et  statistique  sur  le  marquisat  de 
Manœuvre  et  sur  Vincy-Manœuvre,  canton  de  Lizy-sur-Ourcq.  Meaux, 
impr.  Destouches.  In-8°,  67  p. 

20.  Blondel  (l'abbé).  Vie  des  saints  du  diocèse  de  Sens  et  Auxerre. 
Sens,  Mosdier;  Auxerre,  Lanier.  ln-8°,  xvni-384  p.  3  fr.  50  c. 

21.  BoNNADELLE  (Ch.).  Le  Département  de  la  Meuse,  géographie  sta- 
tistique, historique,  nobiliaire.  I.  Bar-le-Duc,  impr.  Gontant-Laguerre. 
In-8%  323  p. 

22.  BucHWALD  (Gust.voN).  Deutsches  Gesellschaftsleben  im  endenden 
Mittelalter.  I.  Zur  deutschen  Bildungsgeschichte  im  endenden  Mittel- 
alter.  Kiel,  Homann,  1885.  In-8%  xn-228  p.  4  m. 

23.  BuRKHARDT  (G,  A.  H.).  Stammtafeln  der  ernestinischen  Linien 
des  Hauses  Sachsen.  Quellenmassig  bearbeitet.  Festgabe  zur  Eroffnung 
des  Archivgebàudes  am  Karl  Alexanderplatze  am  18.  Mai  1885.  Wei- 
mar,  Thelemann,  1885.  In-fol.  obi.,  32  p.  1  m.  50  pf. 

24.  Canel  (A.).  Histoire  de  Pont-Audemer.  Tome  I.  Pont-Audemer, 
imprimerie  administrative  de  l'hospice.  In-8°,  471  p. 

25.  Cappelle,  concerti  e  musiche  di  casa  d'Esté  dal  secolo  xv  al  xvni. 
Modena,  tip.  Vincenzi,  1885.  In-8%  17  p.  Extrait  des  Atti  e  Memorie 
délie  deputazioni  di  storia  patria  per  le  provincie  modenesi  e  parmensi, 
3^  série,  vol.  III,  2'  partie. 

26.  Catalogo  dei  manoscritti  foscoliani,  già  proprietà  Martelli,  délia 
R.  Biblioteca  nazionale  di  Firenze.  Roma,  1885.  In-8°,  xi-66  p.  (Mini- 
stère délia  pubblica  istruzione.  Indici  e  Gataloghi.  N°  1.)  1  1. 

27.  Gatalogue  général  des  manuscrits  des  bibliothèques  publiques  de 
France.  Départements.  Tome  III.  (Ghâlons,  Soissons,  Moulins,  Ajaccio, 
Agen,  Saint-Quentin,  Provins,  Beauvais,  Meaux,  Melun,  Noyon,  Gor- 
beil,  Gap,  Bourbourg,  Vendôme.)  Paris,  Pion.  In-8°,  vni-599  p.  (Minis- 
tère de  l'instruction  publique,  des  beaux-arts  et  des  cultes.) 

28.  Gatalogue  général  des  manuscrits  des  bibliothèques  publiques  de 
France.  Paris.  Bibliothèque  de  l'Arsenal,  par  Henry  Martin.  T.  I.  Paris, 
Pion.  In-8°,  vn-502  p.  (Ministère  de  l'instruction  publique,  des  beaux- 
arts  et  des  cultes.) 

29.  Charmasse  (Anatole  de).  La  Gharte  de  Montceaux-le-Gomte  (1245- 
1274).  Autun,  impr.  Dejussieu.  In-8°,  19  p. 

30.  Gharte  (la)  communale  de  Veynes  (Hautes- Alpes),  17  novembre 
1296,  publiée  par  A.  Prudhomme.  Paris,  Larose  et  Forcel.  In-8o,  31  p. 
Extrait  de  la  Nouvelle  Revue  historique  de  droit  français  et  étranger. 

31.  Ghartes  françaises  de  Touraine,  recueillies  et  publiées  par 
M.  Gharles  de  Grandmaison.  Tours,  impr.  Rouillé-Ladevèze.  In-S", 
20  p. 


32.  Ghaumont  (Louis-J.-M.).  Histoire  populaire  de  Chalon-sur-Saône. 
Chalon-sur-Saône,  impr.  Marceau,  ln-16,  346  p.,  plan. 

33.  Chiappelli  (Alberto).  Studi  suU'  esercizio  délia  medicina  initalia 
negli  ultimi  tre  secoli  del  medio  evo.  Milano,  Giuseppe  Civelli,  1885. 
In-S",  70  p.  Extrait  du  Giornale  délia  Reale  Società  italiana  dHgiene, 
7«  année. 

34.  CoMBiER  (A.).  Les  Justices  subalternes  du  Vermandois,  1"  partie. 
Amiens,  impr.  Delattre-Lenoel.  In-8%  159  p.  Extrait  de  la  Picardie, 
1884. 

35.  CoMMUNAY  (A.).  Jean  des  Montiers  de  Presse,  évêque  deBayonne. 
Documents  inédits,  recueillis  et  publiés.  Auch,  impr.  Foix.  Extrait  de 
la  Revue  de  Gascogne. 

36.  CoTTiN  (Paul).  François  Miron  et  l'administration  municipale  de 
Paris  sous  Henri  IV  (de  1604  à  1606).  Nancy  et  Paris,  Berger-Levrault. 
Extrait  de  la  Revue  générale  d'administration. 

37.  CouRAJOD  (Louis).  Documents  sur  l'histoire  des  arts  et  des  artistes 
à  Crémone  aux  xv^  et  xvi«  siècles.  Paris.  In-8%  74  p.,  planches.  Extrait 
des  Mémoires  de  la  Société  nationale  des  antiquaires  de  France,  t.  XLV. 

38.  CoussEMAKER  (Iguacc  de).  Cartulaire  de  l'abbaye  de  Cysoing  et  de 
ses  dépendances.  Lille,  impr.  Saint-Augustin.  In-8°,  xn-1024  p. 

39.  Delaghenal  (R.).  Histoire  des  avocats  au  parlement  de  Paris  (1300- 
1600).  Paris,  Pion.  In-8",  xxvm-481  p. 

40.  Delisle  (Léopold).  Rapport  sur  les  collections  du  département  des 
imprimés  de  la  Bibliothèque  nationale.  Paris,  Champion,  1885.  In-80, 
39  p.  Extrait  du  Rulletin  des  bibliothèques  et  des  archives,  1885. 

4 1 .  Delpech  (Henri) .  La  Tactique  au  xni*  siècle .  Paris,  Alphonse  Picard, 
1886.  In-8%  2  vol.,  xix-468,  387  p.  12  fr. 

42.  Deschamps  (Eustache).  Œuvres  complètes.  Publiées,  d'après  le 
manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale,  par  le  marquis  de  Queux  de 
Saint-Hilaire.  Tome  IV.  Paris,  Firmin-Didot.  In-8°,  386  p.  Publication 
de  la  Société  des  anciens  textes  français. 

43.  Dion  (A.  de).  Le  Puiset  au  xi«  et  au  xw  siècle,  chàtellenie  et 
prieuré.  Chartres,  impr.  Garnier,  1886.  In-S",  49  p.  Extrait  des  Mémoires 
de  la  Société  archéologique  d'Eure-et-Loir. 

44.  Dd  Chêne  (Arthur).  Étude  sur  les  anciennes  Vies  de  saint  Malo. 
Nantes,  impr.  Vincent  Forest  et  Emile  Grimaud,  1885.  In-8'',  59  p. 
Extrait  de  la  Revue  historique  de  VOuest. 

45.  Dutilleux  (A.)  et  Depoin  (J.).  L'Abbaye  de  Maubuisson  (Notre- 
Dame-la-Royale),  histoire  et  cartulaire,  publiés  d'après  des  documents 
entièrement  inédits.  4<=  partie  :  analyse  du  cartulaire  (nu  de  l'ouvrage). 


465 

Pontoise,  impr.  Paris.  In-4",  p.  227-320.  (Documents  édités  par  la  Société 
historique  du  Vexin.) 

46.  Dyalogo  (el)  di  Salomon  e  Marcolpho,  a  cura  di  Ernosto  Larama. 
Bologna,  Gaetano  Romagnoli.  (Scelta  di  curiosità  letlerarie  inédite  o  rare 
dal  secolo  xiii  al  xviii,  disp.  ccix.)  4  I. 

47.  English  (the)  historical  Roview,  edited  by  the  rev.  Mandell 
Greighton.  N°  1,  January,  1886.  London,  Longmans.  In-8°,  208  p.  5  s. 

48.  Favaro  (A.).  Documonti  inediti  per  la  storia  doi  manoscritti  gali- 
loiani  nella  Biblioteca  nazionale  di  Firenze,  pubblicati  od  illustrati. 
Roma,  tip.  délie  Scionze  matematicbe  e  fisiche,  1886.  In-4°,  192  p. 
Extrait  du  BoUeltino  di  hibliografta  e  sloria  délie  scienzc  matematiclie  e 
fisiche,  t.  XVIII,  1885. 

49.  [FiNOT  (Jules).]  Inventaire  sommaire  des  archives  communales  de 
la  ville  de  la  Gorgue  (département  du  Nord)  antérieures  à  1790.  Lille, 
impr.  Danel.  In-4°,  vii-103  p. 

50.  Galanti  (Arturo).  ITedeschi  sul  versante  méridionale  délie  Alpi. 
Ricerche  storiche.  Opéra  premiata  dal  ministère  délia  pubblica  istru- 
zione.  Roma,  tip.  V.  Salviucci,  1885.  In-4'',  253  p.  6  1. 

51.  Garnier  (Edouard).  Histoire  de  la  verrerie  et  de  l'émaillerie. 
Tours,  Mame.  Gr.  in-8%  vii-573p.,  119  grav.,  8  planches.  15  fr. 

52.  Genty  (l'abbé  A.-E.).  Histoire  de  la  Norville  et  de  sa  seigneurie. 
Paris,  Société  générale  de  librairie  catholique,  1885.  In-18,  ix-364  p. 

53.  Germain  (Léon).  Anoblissement  des  enfants  de  Ferri  de  Calabre 
par  le  duc  de  Lorraine,  en  1529.  Nancy,  impr.  Crépin-Leblond.  In-8", 
11  p.  Extrait  du  Journal  de  la  Société  d'archéologie  lorraine,  juin  1885. 

54.  GiNOux  (Charles).  Notice  historique  et  statistique  sur  la  commune 
de  la  Garde,  près  Toulon,  et  sur  l'ex-commune  de  Sainte-Marguerite. 
Suivi  de  promenades  archéologiques  et  artistiques.  Toulon,  Isnard.  In-8% 
123  p.  2  fr. 

55.  GiRGENSOHN  (Jos.).  Bomerkungen  iiber  die  Erforschung  der  livliin- 
dischen  Vorgeschichte.  Riga,  Kymmel,  1885.  In-8',  19  p. 

56.  Glasson  (E.).  Le  Droit  de  succession  dans  les  lois  barbares.  Paris, 
Larose  et  Forcel.  In-8%  58  p.  Extrait  de  la  Nouvelle  Revue  historique  de 
droit  français  et  étranger. 

57.  GoBERT  (Théodore).  Histoire  et  souvenirs.  Les  rues  de  Liège 
anciennes  et  modernes.  Liège,  Louis  Demarteau.  In-4°.  Le  fascicule 
de  30  p.,  75  c. 

58.  Grignon  (Louis).  Description  et  Historique  de  l'église  Notre-Dame- 
en-Vaux,  de  Chàlons,  collégiale  et  paroissiale.  Châlons-sur-Marne, 
Thouille.  In-8°,  n-506  p.  Extrait  des  Annales  de  la  Société  d'agriculture, 
etc.,  de  la  Marne. 


466 

59.  GuiFFREY  (Jules).  Histoire  de  la  tapisserie  depuis  le  moyen  âge 
jusqu'à  nos  jours.  Tours,  Marne.  Gr.  in-8°,  vin-535  p.,  113  grav.,  4  pi. 
15  fr. 

60.  Heyd  (W.).  Histoire  du  commerce  du  Levant.  Édition  française, 
refondue  et  considérablement  augmentée  par  l'auteur,  publiée  sous  le 
patronage  de  la  Société  de  l'Orient  latin  par  Furcy  Raynaud.  I.  Leip- 
zig, Harrassowitz,  1885,  In-8°,  xxiv-554  p.  14  m. 

61.  Histoire  d'Authie,  de  son  prieuré  conventuel  et  de  son  château 
féodal,  suivie  d'une  notice  sur  Saint-Léger-lès-Authie.  Ham,  impr. 
Carpentier.  In-8%  517  p.  et  5  planches. 

62.  Inventaire  analytique  des  archives  du  ministère  des  affaires  étran- 
gères. Correspondance  politique  de  MM.  de  Castillon  et  de  Marillac, 
ambassadeurs  de  France  en  Angleterre  (1537-1542),  publiée  par  M.  Jean 
Kaulek,  avec  la  collaboration  de  MM.  Louis  Farges  et  Germain  Lefèvre- 
Pontalis.  Paris,  Alcan.  In-S",  xxn-499  p.  15  fr. 

63.  Islàndska  Handskriften  n»  645  4.  i  den  Arnamagnœanska  Sam- 
lingen  pâ  Universitetsbibliotheket  i  Kôbenhavn  i  diplomatariskt 
Aftrik  utgifven  af  Ludvig  Larsson.  I.  Handskriftens  àldre  Del.  Lund, 
Gleerup,  1885.  In-8°,  lxxxviii-130  p. 

64.  IsNARi)  (l'abbé  J.-P.).  Saint  Bertrand  de  Garrigue,  des  Frères 
prêcheurs,  compagnon  de  saint  Dominique,  sa  vie  et  son  culte,  suivis 
de  tous  les  actes  de  procédure  ecclésiastique  dans  sa  cause  de  nouvelle 
canonisation  devant  les  tribunaux  de  Valence  et  de  Rome.  Recherches 
historiques  et  archéologiques.  Valence,  Lantheaume;  Tulette  (Drôme), 
l'auteur.  In-8°,  xvn-476  p.  5  fr. 

65.  Kerschbaumer  (Anton.).  Geschichte  der  Stadt  Krems.  Krems 
a.  D.,  Oesterreicher,  1885.  In-S",  xvi-651  p.,  16  pi. 

66.  Keurboek  (het)  der  stad  Diest,  uitgegeven  door  K.  Stallaert. 
Gent,  G.  Annoot-Braeckman.  In-8°,  vni-62  p.  (Maatschappij  der  vlaamsche 
bibliophilen,  ¥  reeks,  uitgave  n°  4.)  2  fr.  50  c. 

67.  Kinder  von  Knobloch  (J.).  Das  goldene  Buch  von  Strassburg.  L 
Strassburg  i.  E.,  Trùbner,  1885.  In-8°,  192  p.,  23  pi.  10  m. 

68.  Laborie  (le  chanoine  J. -H. -Gaston  de).  Biographie  de  Pierre  IH 
ou  Pey-Bertrand,  le  cinquante-deuxième  archevêque  de  Bordeaux  (1430- 
1456),  et  publication  de  documents,  tels  que  bulles,  brefs,  questionnaire, 
enquête,  supplique  et  testament,  pour  servir  au  rétablissement  de  son 
culte  et  à  la  reprise  de  sa  canonisation.  Bordeaux,  impr.  Favraud.  In-S", 
xn-204  p.,  planche  et  fac-similé. 

69.  Lapra  (l'abbé).  Le  Culte  de  la  sainte  Vierge  et  de  saint  Pothin  dans 
l'église  de  Saint-Nizier.  Coup  d'oeil  historique  d'après  quelques  docu- 
ments nouveaux.  Lyon,  impr.  Pitrat.  In-16,  vn-164  p.  et  planches. 


^67 

70.  La  Tour-Keyrié  (A.-M.  de).  Promenade  d'un  étranger  à,  Aix.  Des- 
cription des  principaux  monuments,  objets  d'art,  églises,  etc.,  précé- 
dée de  l'histoire  civile  et  de  l'histoire  religieuse  de  la  ville  d'Aix.  Aix, 
Makaire.  In-12,  vni-104  p.  1  fr.  25  c. 

71.  Lav.\nchy  (l'abbé  J.-M.).  Sabbats  ou  Synagogues  sur  les  bords  du 
lac  d'Annecy.  Procès  inquisitorial  à  Saint-Jorioz,  en  1477.  Annecy, 
impr.  Niérat.  In-S",  64  p.  Extrait  des  Mémoires  et  Documents  publiés  par 
l'Académie  salésienne,  t.  VIII. 

72.  Ledieu  (Alcius).  Catalogue  analytique  des  manuscrits  de  la  biblio- 
thèque d'Abbeville,  précédé  d'une  notice  historique.  Abbeville,  impr. 
Caudron.  In-S",  lxxxiii-115  p.  et  planches. 

73.  Legoux  (Jules).  Histoire  de  la  commune  des  Chapelles-Bourbon 
(Seine-et-Marne).  Paris,  P.  Dupont.  In-S",  viii-146  p.  3  fr. 

74.  Leo.  Die  Vita  Alexandri  Magni  des  Archipresbyters  Léo  (Histo- 
ria  de  preliis).  Nach  der  Baraberger  und  âltesten  Mxinchener  Hand- 
schrift  zum  erstenmal  herausgegeben  von  D»"  Gustav  Landgraf.  Erlan- 
gen,  Deichert,  1885.  In-8%  140  p.  3  m. 

75.  Liebenau  (Th.  v.).  Die  Schlacht  bei  Sempach.  Gedenkbuch  zur  V. 
Sacular-Feier.  Im  Auftrag  des  hohen  Regierungs-Rathes  des  Kantons 
Luzern  verfasst.  Pracht-Ausgabe.  Luzern,  C.  F.  Prell.  In-8».  La  livrai- 
son de  80  p.,  avec  illustrations,  2  fr. 

76.  LippERT  (Woldemar).  Konig  Rudolf  von  Frankreich.  Leipzig, 
Gustav  Fock,  1885.  In-8°,  126  p. 

77.  Magne  (Lucien).  L'Œuvre  des  peintres  verriers  français.  Verrières 
des  monuments  élevés  par  les  Montmorency  (Montmorency,  Écouen, 
Chantilly).  Paris,  Firmin-Didot.  In-fol.,  xxxiv-173  p.,  grav.,  album  gr. 
in-fol.  de  8  pi. 

78.  Marcellino  da  Civezza  (P.),  M.  0.  Il  Romano  Pontificato  nella 
storia  d'Italia.  Libro  l".  Firenze,  Mariano  Ricci,  1886.  In-S",  xm-709  p. 

79.  Marchand  (L.-A.).  Histoire  de  la  ville,  des  seigneurs  et  du  comté 
de  Gien.  Gien,  Putois;  Orléans,  Herluison.  In-S",  130  p.,  planches. 

80.  Marquis  (Léon).  Notice  historique  sur  le  château  d'Étampes,  suivi 
d'une  description  des  ruines  de  Guinette.  2^  édition,  revue  et  augmen- 
tée. Étampes,  Coute-Migeon.  In-16,  111-II8  p.  avec  dessins. 

81.  Mataigne  (H.).  Notes  historiques  et  géographiques  sur  Auvers- 
sur-Oise.  Pontoise,  impr.  Paris.  In-12,  64  p. 

82.  Mallde  (de).  Procédures  politiques  du  règne  de  Louis  XII.  Paris, 
Hachette,  In-4'>,  cxxxi-1310  p.  (Collection  de  documents  inédits  sur 
l'histoire  de  France.) 

83.  Merlet  (L.).  Inventaire  sommaire  des  archives  communales  de  la 


468 

ville  de  Ghâteaudun  antérieures  à  1790.  Ghâteaudun,  impr.  Prud'homme. 
In-4''  à  2  col.,  xvi-176  p. 

84.  MoscATELLO  (RosoUno).  Interpretazione  di  quattro  mss.  deisecoli 
XV  e  xvr,  coi  loro  facsimili.  Palermo,  tip.  Giannitrapani,  1885.  In-4% 
16  p.  [Documents  tirés  des  archives  notariales  de  Palerme.] 

85.  Noël  (dom  Albert).  Notice  historique  sur  le  canton  de  Renwez. 
Reims,  impr.  Matot-Braine.  In-8°,  174  p.  Extrait  de  ÏAlmanach- 
Annuaire  historique  de  la  Marne,  de  l'Aisne  et  des  Ardennes,  26"^  et 
27e  années. 

86.  OvERBEGK  (Federico),  Fracassini  (Cesare).  Lettere  artistiche  intorno 
a  lavori  in  parte  progettati,  in  parte  eseguiti  in  Orvieto,  pubblicate  ed 
illustrate,  con  cenni  biografici  e  note,  per  il  conte  Tommaso  Piccolo- 
mini  Adami.  Orvieto,  tip.  Marsili.  In-8%  54  p. 

87.  Penco  (Em.).  Storia  délia  letteratura  italiana.  Vol.  I  :  le  origini. 
Firenze,  G.  Barbera.  In-16,  vii-183  p.  2  1.  50  c. 

88.  PiccoLOMiNi  Adami  (conte  Tommaso).  Guida  storico-artistica  délia 
città  di  Orvieto.  Siena,  tip.  San-Bernardino.  In-16,  376  p. 

89.  PiMODAN  (le  marquis  de),  La  Réunion  de  Toul  à  la  France  et  les 
derniers  évéques-comtes  souverains.  Paris,  G.  Lévy.  In-8%  xl-445  p., 
planche  d'armoirie  et  3  portraits. 

90.  Plaine  (dom  François).  Vie  de  saint  Malo,  évéque  d'Alet  (Saint- 
Malo).  Rennes,  Plihon  et  Hervé.  In-18,  viii-219  p. 

91.  PoiNSiGNON  (Maurice).  Histoire  générale  de  la  Champagne  et  de  la 
Brie  depuis  les  temps  les  plus  reculés  jusqu'à  la  division  de  la  province 
en  départements.  Tome  H.  Ghàlons-sur-Marne,  Martin,  Denis;  Paris, 
Picard.  In-8%  552  p. 

92.  Potter  (Fr.  de).  Petit  Gartulaire  de  Gand.  Gand,  impr.  S.  Leliaert. 
In-8%  411  p.  5  fr. 

93.  Pratica  (de  la)  di  comporre  finestre  a  vetri  colorati.  Trattatello  del 
secolo  XV  edito  per  la  prima  volta.  Siena,  L.  Lazzeri,  1885.  In-S»,  32  p. 
(Publié  par  Alessandro  Lisini,  pour  le  mariage  Bandini  Piccolomini- 
Baldassarini  Marinelli.) 

94.  Prou  (Maurice).  L'Église  de  Pont-sur- Yonne,  bibliographie.  Sens, 
impr.  Duchemin.  In-8°,  22  p.  et  plan. 

95.  Prud'homme  (Emile).  Les  Signatures  dans  les  actes  publics  et  pri- 
vés de  l'ancien  Hainaut.  Mons,  Dequesne-Masquillier.  In-8%  23  p. 

96.  Quattro  Poemetti  sacri  dei  secoli  xiv  e  xv,  pubblicati  per  la  prima 
volta  ed  illustrati  dal  dott.  Erasmo  Pèrcopo.  I.  Il  Transite  délia 
Madonna.  II.  S.  Gaterina  di  Buccio  di  Ranailo  (1330).  III.  S.  Giuliano 
lo  Spedaliere.  IV.  S.  Margherita  d'Antiochia.  V.  Frammento  délia  leg- 
genda  di  S.  Gregorio.  Gon  un  appendice  di  x  sonetti  inediti  di  Buccio 


{b9 

di  Ranallo.  Bologna,  Gaetano  Romagnoli,  1885.  In-16,  lxiiii-224  p, 
(Scella  di  curiosità  letterarie  inédite  o  rare,  disp.  ccxi.)  9  1. 

97.  QuiCHERAT  (Jules).  Mélanges  d'archéologie  et  d'histoire.  Archéo- 
logie du  moyen  âge.  Mémoires  et  fragments  réunis  par  Robert  de  Las- 
teyrie.  Paris,  Picard.  In-8%  xiv-ni'i  p.,  11  planches  et  figures. 

98.  Répertoire  archéologique  de  l'arrondissement  de  Reims  (départe- 
ment de  la  Marne).  1"  fascicule  :  communes  rurales  des  trois  cantons 
de  Reims,  parCh.  Givelet,  H.  Jadart  et  L.  Demaison.  Reims,  Michaud. 
In-S-,  118  p.,  planches. 

99.  RiGORD  (CKuvres  de)  et  de  Guillaume  le  Breton,  historiens  de 
Philippe-Auguste,  publiées  pour  la  Société  de  l'histoire  do  France  par 
H.-François  Delaborde.  Tome  IL  Philippide  de  Guillaume  le  Breton. 
Paris,  Loones,  In-8°,  xii-518  p. 

100.  Rimatori  napoletani  del  quattrocento  :  codice  (1031)  délia 
Biblioteca  nazionale  di  Parigi,  estratto  per  cura  dei  dott.  G.  Mazzatinti 
e  Antonio  Ive,  con  note  e  prefazione  di  Mario  Mandolari.  Caserta, 
Antonio  Jaselli.  10  1.;  pour  les  souscripteurs,  6  1. 

101.  RiNGHOLZ  (P.  Odilo),  0.  S.  B.  Der  heilige  Abt  Odilo  von  Cluny 
in  seiuem  Leben  und  Wirken.  Briinn,  Verlag  der  «  Studien  und  Mit- 
theilungen  aus  dem  Benedictiner-  und  Gistercienser-  Orden  » ,  1885.  In-8°, 
VI-126-LXXXI  p. 

102.  Rossi(prof.  Girolamo).  Monete  dei  Grimaldi,  principi  di  Monaco, 
raccolte  ed  illustrate.  Parte  seconda.  Oneglia,  tip.  eredi  Giovanni  Ghi- 
lini.  In-8°,  87  p.,  planches.  4  1. 

103.  RozE  (l'abbé).  Nécrologe  de  l'église  d'Amiens.  Amiens,  impr. 
Douillet.  In-8°,  243  p.  Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires 
de  Picardie,  t.  XXVIII. 

104.  Saint-Denis  (H.)  et  Duchemin  (P.).  Notices  historiques  et  artis- 
tiques sur  les  communes  de  l'arrondissement  de  Bernay.  I.  Le  Cham- 
blac.  IL  Drucourt.  III.  Gisay-la-Goudre.  Elbeuf,  impr.  Saint-Denis  et 
Duruflé.  In-12,  30,  65,  87  p. 

105.  Saint- Denis  (H.)  et  Duchemin  (P.).  Notices  historiques  et  statis- 
tiques sur  les  communes  des  environs  d'Elbeuf.  I.  Moulineaux.  IL  La 
Saussaye.  III.  Les  Authieux-Port-Saint-Ouen.  Elbeuf,  impr.  Saint- 
Denis  et  Duruflé.  In-12,  81,  103,  173  p. 

106.  ScHUGHARDT  (Hugo).  Ucber  die  Lautgesetze.  Gegen  die  Junggram- 
matiker.  Berlin,  Oppenheim,  1885.  In-8'',  vi-39  p.  80  pf. 

107.  ScHWEizER  (P.).  Redactionsplan  fiir  das  Urkundenbuch  der  Stadt 
und  Landschaft  Zurich.  Ziirich,  Ziircher  und  Furrer.  In-4°,  36  p. 

108.  Seeberg  (Rcinhold).  Der  Begriff  der  christlichen  Kirche.  I.  Stu- 
dien zur  Geschichte  des  Begriffes  der  Kirche  mit  besonderer  Beriick- 


no 

sichtigung  auf  die  Lehre  von  der  sichtbaren  und  unsichtbaren  Kirche. 
Erlangen,  Deichert,  1885.  In-S»,  x-236  p.  3  m. 

109.  Seeliger  (Gerhard).  Das  deutsche  Hofmeisteramt  im  spaeteren 
Mittelalter.  Eine  verwaltungsgeschichtliche  Untersuchung.  Innsbruck, 
Wagner,  1885.  In-8%  iv-139  p. 

HO.  Selvatigo  (P.)  et  Chirtani  (Luigi).  Le  Arti  del  disegno  in  Italia, 
storia  e  critica.  Parte  2»  :  il  medio  evo.  Milano,  F.  Vallardi,  1885. 
In-8%  xx-538  p.,  27  pi.  (Fait  partie  de  :  l'Italia  sotto  l'aspetto  fisico, 
storico,  artistico,  etc.) 

111.  Smyttere  (le  D--  P.-J.-E.  de).  Seigneurs  et  Dames  de  Cassel  et 
des  châtellenies  voisines,  de  la  maison  comtale  de  Flandre  (xin^  siècle). 
Hazebrouck,  impr.  David.  In-8°,  223  p.,  carte  coloriée. 

112.  Specht  (Franz  Anton).  Geschichte  des  Unterrichtswesens  in 
Deutschland  von  den  àltesten  Zeiten  bis  zur  Mitte  des  dreizehnten 
Jahrhunderts.  Eine  von  der  historischen  Kommission  bei  der  kôniglich 
bayerischen  Akademie  der  Wissenschaften  gekrônte  Preisschrift.  Stutt- 
gart, J.  G.  Cotta,  1885.  In-S",  xii-411  p. 

113.  Thibault  (T.).  Le  Perche-Gouet.  Histoire  de  la  Bazoche-Gouet, 
une  des  cinq  baronnies.  Nogent-le-Rotrou,  Gouhier-Delouche.  In-8°, 
vni-280  p.,  plan. 

114.  Toelner  (Johann)  's  Handlungsbuch  von  1345-1350.  Herausge- 
geben  von  Karl  Koppmann.  Rostock,  1885.  In-8'',  ni-xxxvi-72  p.  (Ge- 
schichtsquellen  der  Stadt  Rostock.  I.)  2  m.  40  pf. 

115.  Ulrich  (J.).  Altitalienisches  Lesebuch.  xiii.  Jahrhundert.  Halle, 
Max  Niemeyer.  In-S",  120  p. 

116.  Yan  Bastelaer  (D.-A.).  Les  Grès  wallons.  Grès-cérames  ornés 
de  l'ancienne  Belgique,  des  Pays-Bas,  improprement  nommés  grès  fla- 
mands. Étude  formant  une  monographie  au  point  de  vue  historique  et 
descriptif.  Bruxelles,  G.- A.  Van  Trigt.  In-8°,  479  p.,  xix  planches.  20  fr. 

117.  Voorgeboden  (de)  der  stad  Gent  in  de  xiv«  eeuw.  Met  inleiding, 
tafels  van  personen,  plaatsen  en  zaken  en  woordenlijst  uitgegeven  door 
Nap.  de  Pauw.  Gent,  C.  Annoot-Braeckman.  In-S»,  xxni-228  p.  (Maat- 
schappij  der  vlaamsche  bibliophilen,  ¥  reeks,  uitgave  n°  5.)  6  fr.  50  c. 

118.  Zanelli  (Agostino).  Le  Schiave  oriental!  in  Firenze  nei  secoli  xiv 
e  XV.  Contributo  alla  storia  délia  vita  privata  di  Firenze.  Torino, 
E.  Loescher.  In-8%  116  p.  2  1. 


CHRONIQUE  ET  MÉLANGES. 


Le  rapport  suivant  a  été  adressé  à  M.  le  ministre  de  l'instruction 
publique  par  M.  Delisle,  président  du  conseil  de  perfectionnement  de 
l'École  des  chartes  : 

La  soutenance  des  thèses  de  l'École  des  chartes  a  eu  lieu  le  25,  le  26 
et  le  27  janvier  dernier.  La  plupart  des  candidats  ont  pleinement  satis- 
fait le  jury  d'examen,  aussi  bien  pour  le  choix  des  sujets  et  l'étendue 
des  recherches  que  pour  l'intelligence  des  textes,  la  discussion  des  dates 
et  le  classement  des  matériaux.  Presque  tous  ont  éclairé  des  points 
obscurs  de  nos  annales  et  fixé  des  détails  sur  lesquels  les  historiens 
n'avaient  que  des  idées  vagues  ou  des  notions  confuses  et  parfois 
inexactes.  Les  résultats  obtenus  sont  d'autant  plus  remarquables  que 
les  élèves  doivent  préparer  et  rédiger  leurs  thèses  tout  en  suivant  assi- 
dûment des  cours  multiples,  portant  sur  des  matières  aussi  variées  et 
aussi  difficiles  que  la  paléographie,  la  philologie,  la  bibliographie,  la 
diplomatique,'  l'histoire  des  institutions,  la  critique  des  sources,  l'ar- 
chéologie, le  droit  civil  et  canonique  du  moyen  âge.  C'est  ce  qui  explique 
comment  le  temps  leur  fait  trop  souvent  défaut  pour  donner  à  des  dis- 
sertations rédigées  sur  les  bancs  de  l'École  la  forme  élégante  et  châtiée 
sous  laquelle  les  travaux  d'érudition  devraient  toujours  se  présenter  au 
public. 

Sur  les  dix-huit  thèses  qui  ont  été  soutenues  cette  année,  seize  ont 
été  jugées  satisfaisantes.  Les  six  premières  ont  été  plus  particulière- 
ment signalées  par  les  examinateurs  comme  des  œuvres  originales, 
d'une  réelle  importance,  et  dont  la  publication  est  fort  désirable,  parce 
qu'elles  donnent  ou  du  moins  préparent  la  solution  de  questions  fort 
intéressantes,  même  pour  l'histoire  générale  de  notre  pays. 

Nous  avons  mis  au  premier  rang  l'essai  de  M.  Cadier  sur  les  États  de 
Béarn.  La  façon  dont  ce  sujet  compliqué  a  été  traité  dispensera  d'y  reve- 
nir d'ici  longtemps.  Les  textes  ont  été  recueillis  avec  autant  de  patience 
que  de  sagacité,  et  interrogés  avec  autant  de  finesse  que  de  circonspec- 
tion. Les  observations  sont  toujours  judicieusement  déduites.  Sans  sor- 
tir d'un  cadre  tracé  d'une  main  très  ferme,  l'auteur,  qui  unit  à  un  sens 
historique  exercé  une  instruction  solide  et  étendue,  fait  parfaitement 
comprendre  l'origine  et  le  développement  des  institutions  qu'il  étudie. 
On  n'avait  peut-être  pas  encore  si  bien  analysé  les  conditions  générales 
qui  ont  amené  le  régime  des  pays  d'états. 


n2 

La  thèse  qui  vient  immédiatement  après  celle  de  M.  Cadier  porte  sur 
les  Relations  politiques  des  comtes  de  Foix  avec  la  Catalogne  jusqu'au  com- 
mencement du  X/F«  siècle.  L'auteur,  M.  Baudon  de  Mony,  en  a  tiré  les 
principaux  éléments  de  différentes  archives  d'Espagne.  L'École  des 
chartes  doit  se  féliciter  de  cette  incursion  sur  le  terrain  de  l'histoire 
étrangère.  Nous  y  avons  gagné  la  connaissance  de  beaucoup  de  docu- 
ments de  révêché  d'Urgel,  sans  lesquels  il  eût  été  téméraire  d'aborder 
sous  toutes  les  faces  l'examen  des  problèmes  que  présentent  les  pre- 
miers siècles  de  l'histoire  de  l'Andorre.  L'importance  des  découvertes 
n'est  peut-être  pas  en  rapport  avec  le  travail  qu'ont  demandé  la 
recherche  et  l'arrangement  des  pièces  justificatives  ;  mais  on  éprouve 
un  véritable  plaisir  à  parcourir  une  aussi  riche  collection  de  textes,  jus- 
qu'à présent  inconnus  en  France,  et  dont  l'auteur  a  tiré  un  excellent 
parti,  quoiqu'il  ait  encouru  le  reproche  d'être  allé  un  peu  loin  dans 
l'appréciation  des  droits  des  évêques  d'Urgel. 

M.  Moranvillé  nous  ramène  au  cœur  de  l'histoire  nationale.  Il  a  pris 
pour  sujet  d'études  la  biographie  d'un  personnage  dont  le  nom,  à  peu 
près  resté  dans  l'oubli,  occupera  désormais  une  place  honorable  dans 
l'histoire  des  règnes  de  Charles  V  et  de  Charles  VL  Jean  le  Mercier  est 
un  des  ministres  qui,  dans  la  seconde  moitié  du  xiv»  siècle,  ont  mis  au 
service  de  la  royauté  et  du  pays  le  dévouement  le  plus  désintéressé, 
l'activité  la  plus  soutenue,  l'esprit  d'ordre  le  mieux  entendu  et  peut- 
être  la  clairvoyance  la  plus  ingénieuse.  Cela  ressort  d'une  multitude  de 
détails,  qui,  pris  isolément,  n'ont  pas  grande  valeur,  mais  dont  l'en- 
semble forme  un  faisceau  de  témoignages  probants  et  irrécusables.  Le 
mérite  de  M.  Moranvillé,  c'est  d'avoir  poursuivi  avec  une  sorte  d'achar- 
nement et  avec  une  curiosité  qui  frise  l'indiscrétion  une  enquête  minu- 
tieuse sur  toutes  les  circonstances  de  la  vie  publique  et  privée  de  Jean 
Le  Mercier.  L'ordre  chronologique  est  très  rigoureusement  observé,  et 
il  en  résulte  parfois  une  monotonie  fatigante.  C'est  un  défaut  qu'il  sera 
facile  de  corriger,  en  donnant  un  peu  d'animation  à  un  mémoire  qui 
renferme  d'excellents  chapitres  et  qui  montre  quelles  ressources  nous 
avons  dans  les  débris  des  archives  de  la  chambre  des  comptes  pour 
refaire  de  toutes  pièces  l'histoire  administrative  et  militaire  du 
xiv«  siècle. 

Ces  mêmes  archives  ont  été  d'un  grand  secours  à  M.  Levavasseur, 
qui  a  soumis  à  un  examen  critique  la  Chronique  d'Arthur  de  Richemont, 
connétable  de  France  et  duc  de  Bretagne.  Grâce  aux  recherches  de 
M.  Levavasseur,  nous  sommes  parfaitement  renseignés  sur  la  famille, 
la  vie  et  le  caractère  de  Guillaume  Gruel,  l'auteur  de  cette  chronique. 
Il  n'y  a  plus  de  doutes  ni  sur  la  date  de  composition  des  différentes 
parties  du  récit,  ni  sur  l'origine  des  informations  de  l'auteur,  ni  sur  la 
valeur  des  copies  dont  nous  disposons.  C'est  ainsi  que  M.  Levavasseur. 
a  préparé  l'édition  définitive  d'une  chronique  indispensable  à  consulter 


pour  l'histoire  du  règne  de  Charles  VII.  Il  y  joindra,  pour  servir  de 
commentaire,  une  biographie  du  connétable  de  Richemont,  dont  presque 
tous  les  traits  sont  empruntés  à  des  documents  officiels. 

Il  reste  fort  peu  à  faire  pour  que  les  thèses  précédentes  soient  eu  état 
de  voir  le  jour.  Le  travail  de  M.  Richard  est  moins  avancé,  mais  il 
dénote  des  qualités  d'un  ordre  supérieur:  il  se  fait  surtout  remarquer 
par  une  facilité  et  une  chaleur  de  style  que  nous  avons  rarement  ren- 
contrées à  l'École  des  chartes.  Il  fallait  en  outre  tenir  compte  des  diffi- 
cultés d'un  sujet  très  vaste  et  encore  bien  imparfaitement  connu, 
quoique  certaines  parties  en  aient  été  traitées  dans  ces  derniers  temps 
en  France,  en  Allemagne  et  en  Italie.  Le  titre,  Jean  XXII  et  les  Francis- 
cains, depuis  l'origine  de  la  question  de  la  pauvreté  du  Christ  jusqu'à 
l'abjuration  de  l'antipape  Pierre  de  Corvara  (1321-1330),  montre  assez 
que  M.  Richard  ne  recule  pas  devant  des  problèmes  fort  compli([ués 
d'histoire  politique,  religieuse,  philosophique  et  littéraire.  Nous  savons 
maintenant  que  la  tâche  n'est  pas  au-dessus  de  ses  forces. 

M.  Gouderc  s'est  renfermé  dans  la  même  période  de  temps  que 
M.  Richard  ;  mais  il  n'est  pas  sorti  de  la  France.  Il  a  entrepris  de  faire 
connaître  un  règne  assez  court  et  assez  négligé  des  historiens,  celui  de 
Charles  le  Bel.  Il  est  loin  d'avoir  épuisé  le  sujet;  mais  les  chapitres 
qu'il  en  a  traités  prouvent  qu'il  s'est  bien  assimilé  les  documents  les 
plus  utiles  à  consulter,  et  qu'il  saura  faire  la  part  du  dernier  des  fils  de 
Philippe  le  Bel  dans  le  développement  des  institutions  administratives 
du  royaume. 

Presque  toutes  les  promotions  de  l'École  des  chartes  tiennent  à  hon- 
neur de  grossir  la  série,  déjà  considérable,  des  monographies  consacrées 
aux  institutions  municipales.  Cette  année,  M.  Lefranc  a  pris  pour  sujet 
de  thèse  l'Histoire  et  l'organisation  de  la  commune  de  Noyon.  La  compo- 
sition laisse  à  désirer,  mais  les  pièces  justificatives  ont  été  bien  choi- 
sies et  les  renseignements  sont  judicieusement  coordonnés.  L'auteur  a 
convenablement  mis  en  relief  les  analogies  des  institutions  de  Noyon 
avec  celles  des  autres  villes  de  Picardie. 

M.  Borel,  élève  étranger,  dans  son  étude  sur  les  Foires  de  Genève  au 
XV^  siècle,  nous  a  donné  beaucoup  plus  que  le  titre  ne  promettait.  Il  a 
rattaché  à  son  sujet  une  foule  de  questions  accessoires,  sur  lesquelles 
il  a  recueilli  des  informations  très  sûres  et  fort  importantes  pour  l'his- 
toire générale  du  commerce  et  de  l'industrie. 

Il  pouvait  sembler  téméraire  de  s'occuper  des  Écorcheurs  en  Bour- 
gogne, après  les  remarquables  travaux  dont  ces  bandes  de  routiers  ont 
été  récemment  l'objet.  Une  pareille  considération  n'a  point  découragé 
M.  de  Fréminville,  et,  d'un  champ  qui  paraissait  moissonné,  il  a  encore 
tiré  une  très  bonne  récolte  ;  nous  lui  devons  la  connaissance  d'une  assez 
grande  quantité  de  détails  nouveaux  ;  mais  il  s'est  un  peu  trop  borné  à 
dresser  un  journal  des  tristes  exploits  des  Écorcheurs,  et,  s'il  a  mis 


n4 

beaucoup  de  petits  faits  en  lumière,  il  n'en  a  pas  suffisamment  indiqué 
la  place  dans  l'ensemble  des  événements. 

La  thèse  de  M.  Bellemain,  relative  à  l'Église  de  Saint-Nizier  de  Lyon, 
suppose  des  connaissances  archéologiques.  Les  lacunes  qu'elle  présente 
n'ont  pas  empêché  les  examinateurs  de  constater  que  l'auteur  avait 
consciencieusement  étudié  le  monument,  qu'il  avait  bien  choisi  les 
pièces  justificatives,  et  que  les  planches  dont  il  a  accompagné  son  tra- 
vail avaient  été  dessinées  avec  exactitude. 

M,  Marlet  a  voulu  écrire  ÏHistoire  de  Gabriel,  comte  de  Montgomery. 
Le  récit  est  généralement  exact  et  la  chronologie  bien  établie.  L'auteur 
a  fait  justice  des  exagérations  de  plusieurs  de  ses  devanciers  ;  mais,  si 
une  partie  de  ses  rectifications  s'impose,  on  ne  peut  souscrire  à  toutes 
ses  apologies.  Le  dépouillement  des  correspondances  n'a  d'ailleurs  pas 
été  poussé  assez  loin  pour  qu'il  ne  reste  plus  rien  d'essentiel  à  découvrir. 

M.  André  n'a  pas  suffisamment  rajeuni  le  sujet  auquel  il  setait 
arrêté.  Le  tableau  qu'il  a  tracé  de  la  Cour  de  Philippe  le  Bon,  duc  de 
Bourgogne,  ne  manque  pas  de  charme;  mais  l'auteur  a  fort  peu  ajouté 
à  ce  qui  avait  déjà  été  dit  sur  les  mœurs,  le  luxe,  les  arts  et  les  lettres 
à  la  cour  des  ducs  de  Bourgogne.  Sans  même  explorer  à  fond  les  iné- 
puisables dépôts  de  Dijon,  de  Lille  et  de  la  Belgique,  il  aurait  pu  tirer 
meilleur  parti  de  beaucoup  de  publications  faites  depuis  une  trentaine 
d'années  et  dont  plusieurs  semblent  lui  avoir  échappé. 

L'essai  de  M.  Edouard  Gautier  sur  l'Histoire  du  chapitre  de  Vincennes 
est  écrit  avec  facilité,  et  les  documents  qui  l'accompagnent  sont  vrai- 
ment curieux.  On  a  regretté  que  l'auteur  n'ait  pas  mis  en  œuvre  tous 
ces  documents,  qu'il  n'ait  pas  suffisamment  tenu  compte  des  travaux 
antérieurs  et  qu'il  ait  négligé  le  côté  archéologique. 

Outre  les  élèves  dont  il  vient  d'être  question,  et  qui  avaient  subi  avec 
succès  les  examens  de  tin  de  troisième  année  au  mois  de  juillet  dernier, 
le  conseil  de  perfectionnement  avait  admis  à  l'épreuve  de  la  thèse  trois 
candidats  appartenant  à  des  promotions  antérieures,  MM.  Grand, 
Hugues  et  Tausserat. 

Le  premier,  M.  Grand,  a  voulu  classer  les  copies  de  V Image  du  monde, 
l'un  des  poèmes  didactiques  les  plus  célèbres  du  moyen  âge.  Malgré  les 
plus  louables  efforts  et  malgré  la  multiplicité  des  observations  qu'il  a 
patiemment  faites  sur  beaucoup  de  manuscrits  en  France  et  à  l'étranger, 
il  n'est  point  encore  arrivé  à  des  conclusions  définitives  ;  mais  les  cons- 
tatations qu'il  a  faites  sont  déjà  fort  utiles. 

M.  Tausserat  a  pris  pour  sujet  d'études  la  Vie  du  maréchal  Poton  de 
Saintrailles  ;  il  y  a  des  renseignements  nouveaux  et  utiles  dans  cette 
dissertation,  dont  une  partie  malheureusement  est  restée  à  l'état 
d'ébauche. 

Le  travail  de  M.  Hugues  sur  le  Collège  d'Autun  n'est  pas  non  plus 
aussi  complet  que  nous  l'avions  espéré,  et  l'auteur  pourra  singulière- 


475 

ment  l'améliorer  en  mettant  à  contribution  les  collections  des  Archives 
nationales,  et  en  développant  la  biographie  du  cardinal  Bertrand,  fon- 
dateur du  collège. 

Telles  sont,  monsieur  le  ministre,  les  thèses,  au  nombre  de  seize, 
que  le  jury  d'examen  a  cru  devoir  admettre. 

L'ensemble  de  ces  thèses  montre  que  les  traditions  de  l'Ecole  s'affer- 
missent de  plus  en  plus,  et  c'est  avec  une  vive  satisfaction  que  nous 
avons  constaté  chez  la  plupart  des  candidats  des  habitudes  laborieuses, 
un  goût  passionné  pour  les  matières  enseignées  aux  différents  cours, 
une  grande  familiarité  avec  les  collections  des  bibliothèiiues  et  des 
archives,  une  réelle  aptitude  aux  travaux  d'érudition.  Beaucoup  des 
thèses  soutenues  cette  année  deviendront,  à  bref  délai,  des  dissertations, 
ou  même  des  livres,  dont  la  publication  fera  grand  honneur  à  l'École 
et  dont  le  succès  sera  pour  le  directeur  et  pour  les  professeurs  la  meil- 
leure récompense  d'un  travail  incessant  et  d'un  dévouement  sans  bornes. 

Conformément  aux  conclusions  de  ce  rapport,  ont  été  nommés  archi- 
vistes paléographes,  par  arrêté  du  15  février  1886,  dans  l'ordre  de  mérite 
suivant  : 

MM. 

1.  Gadier  (Pierre-Léon),  né  à  Pau  (Basses-Pyrénées),  le  17  avril  1862; 

2.  Baudon  de  Mony  (Charles-Adolphe-Joseph- Vincent-de-Paul),  né  à 
Paris,  le  15  juin  1862; 

3.  MoRANViLLÉ  (Louis-Henri),  né  à  Paris,  le  9  août  1863; 

4.  CouDERc  (Jean-Camille),  né  à  Livinhac-le-Haut  (Aveyron),  le 
29  octobre  1860; 

5.  Levavasseur  (Achille-Lucien-Edmond),  né  à  Évrecy  (Calvados),  le 
25  octobre  1862; 

6.  Lefranc  (Abel-Jules-Maurice),  né  à  Élincourt-Sainte-Marguerite 
(Oise),  le  27  juillet  1863; 

7.  Richard  (Louis-François),  né  à  Lyon,  le  13  octobre  1864; 

8.  Delapoix  de  Fréminville  Nugue  (Marie-Joseph-Eugène-Frédéric), 
né  à  Ghavrieu  (Isère),  le  3  avril  1863  ; 

9.  Marlet  (Jules-Émile-Léon),  né  à  Orléans  (Loiret),  le  31  mars  1862; 

10.  André  (  Edouard-Joseph- Adrien ) ,  né  à  Nuits  (Côte-d'Or),  le 
11  juin  1860; 

H.  Gautier  (Marie-Pierre-Édouard),  né  à  Paris,  le  22  février  1860; 
12.  Bellemain  (Auguste- André),  né  à  Lyon,  le  22  mai  1862. 

Sont  nommés  en  outre  archivistes  paléographes  hors  rang  : 

MM. 
Grand  (Ernest-Daniel),  né  à  Paris,  le  12  mars  1861; 
Hugues  (Adolphe- Jean-Baptiste),  né  à  Aixe  (Haute- Vienne),  le  14  juil- 
let 1860; 


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Tausserat  (Joseph -Xavier -Alexandre),  né  à  Reims  (Marne),  le 
22  mai  1858; 

Et  à  titre  étranger  : 

M.  BoREL  (Frédéric- Antoine) ,  né  à  Ghougni-Vandœuvres,  canton  de 
Genève  (Suisse). 

—  Le  2  mars  1886  s'est  éteint,  à  la  suite  d'une  longue  maladie,  notre 
confrère  M.  Edmond  Dupont,  chef  de  la  section  du  secrétariat  aux 
Archives  nationales.  M.  Maury,  directeur  général  des  Archives,  et 
M.  Rocquain,  chef  de  section  au  même  établissement,  se  sont  faits  les 
interprètes  des  regrets  que  notre  confrère  laisse  aux  Archives  et  à  la 
Société  de  l'École  des  chartes.  Nous  allons  reproduire  les  discours  qu'ils 
ont  prononcés  sur  la  tombe  de  notre  confrère.  Dans  notre  prochain 
numéro,  nous  espérons  pouvoir  donner  deux  autres  discours  prononcés 
aux  mêmes  funérailles,  l'un  par  M.  Picot,  président  de  la  Société  de 
l'histoire  de  France,  l'autre  au  nom  de  M.  l'abbé  Haigneré,  compa- 
triote de  M.  Dupont. 

DISCOURS   DE   M.    MAURY. 

Messieurs, 

C'est  avec  une  profonde  émotion  que  je  viens  adresser  un  suprême 
adieu  à  celui  dont  la  terre  reçoit,  en  ce  moment,  les  restes  périssables. 

M.  Edmond  Dupont  nous  a  été  enlevé  à  un  âge  où  l'on  peut  espérer 
encore  bien  des  années  d'existence  ;  il  n'avait  pas  même  touché  le  seuil 
de  la  vieillesse!  11  était  né  le  16  octobre  1827,  et,  cependant,  il  était  le 
plus  ancien  des  fonctionnaires  des  Archives  nationales.  C'est  qu'il  y 
était  entré  presque  au  sortir  de  l'adolescence.  Il  n'avait  que  dix-neuf 
ans  quand  il  fut  admis  dans^ce  grand  établissement,  à  titre  temporaire. 
Juste  un  an  après,  en  octobre  1847,  il  était  nommé  surnuméraire.  Mais 
bien  avant  de  figurer  dans  le  personnel  de  notre  administration,  il  avait 
fréquenté  le  palais  Soubise.  Ses  parents,  liés  d'amitié  avec  le  savant 
Daunou,  avaient  amené  à  Paris  le  jeune  Edmond  et  l'avaient  présenté 
à  l'illustre  vieillard,  qui  s'était  plu  à  lui  donner  des  encouragements,  à 
le  guider  dans  ces  études  classiques  qu'il  avait  lui-même  cultivées  avec 
tant  d'éclat.  Edmond  Dupont  prit  peu  à  peu  le  goût  des  documents  qui 
l'entouraient  dans  la  maison  de  Daunou,  dont  ses  parents  étaient  deve- 
nus les  hôtes.  Il  aima  les  Archives  comme  on  aime  le  lieu  où  l'on  a  été 
nourri,  la  ville  où  s'est  écoulée  notre  enfance.  Il  ne  séparait  pas  d'ail- 
leurs l'attachement  à  notre  incomparable  dépôt  de  celui  qu'il  portait 
à  son  éminent  et  bienveillant  compatriote;  Edmond  Dupont  était, 
comme  Daunou,  natif  de  Boulogne-sur-Mer. 

Rien  n'était  donc  plus  naturel  que,  lorsqu'il  fut  question  pour 
Edmond  Dupont  de  prendre  une  carrière,  son  choix  se  soit  tourné  vers 
ces  Archives  nationales,  qui  étaient  pour  lui  comme  une  demeure 


n7 

paternelle,  Letronne,  le  digne  successeur  de  Daunou,  l'accueillit  avec 
bonté  et  lui  ouvrit  la  voie. 

Tout  promettait  dans  le  jeune  archiviste  un  employé  aussi  zélé 
qu'actif.  Il  se  mit  à  la  besogne  avec  un  véritable  enthousiasme,  et  sa 
curiosité  se  porta  sur  les  diverses  parties  du  vaste  trésor  historique 
au  service  duquel  il  s'était  voué. 

Afin  de  se  mettre  en  état  d'inventorier  avec  plus  de  sûreté  et  d'in- 
telligence les  documents  qu'il  avait  sous  les  yeux,  il  entra,  en  1852,  à 
l'École  des  chartes,  dont  il  suivit  les  cours,  tout  en  s'acquittant  des 
fonctions  qui  lui  étaient  confiées  au  palais  Soubise.  Une  fois  pourvu  du 
diplôme  d'archiviste  paléographe,  il  se  donna  tout  entier  à  l'établisse- 
ment qui  l'avait  adopté.  Son  zèle,  sa  patience  n'étaient  jamais  rebutés. 
Il  gravit  ainsi  tous  les  échelons  de  la  hiérarchie  des  archivistes,  jus- 
qu'au grade  le  plus  rapproché  de  celui  de  directeur  général.  Le  !«■■  juil- 
let 1871,  il  était  nommé  chef  du  secrétariat  et  prenait  la  direction  d'une 
section  dont  il  avait  été,  pendant  plusieurs  années,  le  sous-chef.  C'est 
dans  ce  poste  que  je  trouvai  Edmond  Dupont,  lorsque  je  fus  appelé,  en 
mai  1868,  à  la  direction  générale.  Les  fonctions  qu'il  remplissait  le 
mettaient  presque  quotidiennement  en  rapport  avec  moi.  Je  ne  tardai 
pas  à  reconnaître  en  lui  toutes  les  qualités  qui  font  l'administrateur 
émérite  :  la  rectitude  de  jugement,  l'esprit  d'ordre  et  de  méthode,  la 
suite  dans  les  idées,  la  persévérance  dans  l'exécution,  l'assiduité  dans 
le  travail.  Ces  qualités  maîtresses  ont  fait  d'Edmond  Dupont  un  colla- 
borateur précieux  de  notre  établissement.  Il  en  avait,  au  plus  haut 
degré,  ce  qu'on  pourrait  appeler  le  génie  ;  il  en  fixa  dans  sa  mémoire 
les  traditions  ;  il  s'était  fait  l'homme  indispensable,  et  il  n'épargnait  ni 
son  temps,  ni  sa  peine,  pour  maintenir  la  régularité  du  service  et  le  bon 
fonctionnement  de  toutes  les  branches  de  notre  administration.  Aussi, 
nul  n'était  mieux  fait  pour  diriger  le  secrétariat,  qui  imprime  à  l'en- 
semble des  services  dont  notre  grand  dépôt  se  compose  l'unité  et  leur 
donne  la  vie  extérieure.  Aussi,  nul  n'a  plus  contribué  qu'Edmond 
Dupont  à  étendre  et  à  activer  les  relations  des  Archives  nationales  avec 
les  divers  établissements  de  l'État,  à  préparer  la  création  et  l'installa- 
tion de  notre  beau  Musée,  à  la  description  duquel  il  apporta  un  heu- 
reux concours;  nul  n'a  veillé  avec  un  soin  plus  jaloux  au  bon  aména- 
gement de  nos  collections  dans  les  salles  du  palais  Soubise.  Son  œil 
d'artiste  était  blessé  de  tout  ce  que  pouvait  condamner  l'élégance  et  le 
goût. 

Sévère  envers  lui-même,  quand  il  s'agissait  de  l'accomplissement  du 
devoir,  il  prêchait  d'exemple  et  était  en  droit  d'exiger  le  même  zèle  et 
la  même  assiduité  de  ses  inférieurs.  Mais  sa  fermeté  dans  la  direction 
du  service  n'excluait  pas  la  bienveillance.  Il  se  préoccupait  des  intérêts 
légitimes  de  tous  ceux  qui  étaient  placés  sous  ses  ordres,  quelque 

12 


as 

modeste,  quelque  obscure  que  fût  leur  position,  et  il  cherchait  cons- 
tamment à  concilier  le  devoir  avec  le  droit. 

Tous  ceux  qui  ont  pu  connaître  Edmond  Dupont,  qui  ont  été  à  même 
d'apprécier  ses  mérites,  lui  ont  rendu  pleine  justice,  aux  Archives 
comme  au  dehors,  à  la  Société  de  l'histoire  de  France,  dont  il  fut  bien 
des  années  le  trésorier,  comme  à  la  Société  de  l'École  des  chartes.  Le 
ministère  tint  à  lui  donner  des  témoignages  publics  de  sa  haute  estime 
et  du  prix  qu'il  attachait  à  sa  coopération.  Il  lui  conféra  successive- 
ment la  croix  de  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  et  la  décoration  d'of- 
ficier de  l'instruction  publique. 

Placé  à  un  poste  conforme  à  ses  goûts  et  à  ses  aptitudes,  uni  à  une 
épouse  dont  le  dévouement  était  sans  bornes  et  chez  laquelle  se  ren- 
contrent les  dons  les  plus  précieux  du  cœur  et  de  la  raison,  entouré  de 
l'affection  de  deux  filles,  Edmond  Dupont  semblait  avoir  trouvé  la  féli- 
cité; mais  un  mal  terrible  brisa  de  bonne  heure  de  si  belles  espérances. 
Atteint,  depuis  plus  de  vingt  années,  d'une  affection  nerveuse  qui 
troubla,  puis  abolit  graduellement  chez  lui  la  faculté  de  locomotion, 
envahi  par  de  cruelles  souffrances  physiques,  tandis  que  son  intelligence 
demeurait  nette  et  lucide,  il  assistait  à  sa  déchéance  corporelle.  Il 
demandait  vainement  à  tous  les  remèdes  de  l'art  médical  la  guérison 
de  son  mal,  contre  lequel  il  luttait  avec  énergie.  Ses  infirmités  crois- 
santes et  précoces  ne  purent  affaiblir  son  zèle,  l'attachement  qu'il  avait 
pour  ses  chères  Archives.  Accablé  par  la  souffrance,  il  s'y  traînait 
encore.  11  y  est  venu  jusqu'à  la  fin.  Il  s'y  faisait  transporter,  quand  la 
paralysie  l'atteignait  de  toutes  parts,  quand  déjà  le  gagnait  le  froid  de 
la  mort,  et  se  faisait  rendre  compte,  du  fond  de  la  voiture  dont  il  ne 
pouvait  descendre,  de  tout  ce  qui  s'accomplissait  dans  le  service  à  la 
tête  duquel  il  demeurait  placé. 

Messieurs,  les  Archives  nationales  ont  été  terriblement  frappées  depuis 
peu  d'années.  Nous  avons  perdu  de  ces  hommes  rares,  qui  sont  tou- 
jours prêts  à  sacrifier  leurs  intérêts  personnels  aux  obligations  que  leurs 
fonctions  leur  imposent,  qui  ont  préféré,  à  la  notoriété  que  donnent  de 
nombreuses  œuvres  historiques  ou  des  productions  littéraires,  la  cons- 
cience d'avoir  bien  servi  l'État  et  été  utiles  au  public,  qui  ont  mis  leurs 
devoirs  professionnels  fort  au-dessus  des  satisfactions  égoïstes  que  nous 
trouvons  dans  des  travaux  personnels.  Citons  au  premier  chef  Douët 
d'Arcq,  Jules  Tardif.  Le  nom  d'Edmond  Dupont,  qui  fut  leur  émule  et 
leur  ami,  s'associera  désormais  au  leur.  Conservons  pieusement  le  sou- 
venir de  ces  regrettés  serviteurs  de  notre  administration,  qui  nous  laissent 
de  si  admirables  modèles.  Il  arrive  parfois,  messieurs,  que  s'obscurcit  en 
nous  la  notion  du  devoir,  que  le  découragement  s'empare  de  nous,  après 
des  travaux  arides  qui  n'ont  pas  été,  à  nos  yeux,  équitablement  appréciés  ; 
que  nous  nous  sentons  enclins  à  récriminer  contre  nos  supérieurs.  Mes- 
sieurs, quand  il  en  est  ainsi,  évoquons  ces  nobles  mémoires  I  En  se  pré- 


n9 

sentant  à  notre  esprit,  elles  fortifieront  notre  conscience  vacillante  et 
raffermiront  notre  courage  ébranlé. 

Cher  collègue,  qui  fus  pour  moi,  pendant  près  de  quinze  ans,  le  con- 
seiller le  plus  sûr  et  l'auxiliaire  le  plus  fidèle,  au  nom  de  tous  ceux  qui 
t'ont  estimé,  c'est-à-dire  de  tous  ceux  qui  t'ont  connu,  je  t'adresse  un 
éternel  et  douloureux  adieu  ! 


DISCOURS   DE    M.    ROCQUAIN, 

Messieurs, 
Au  nom  de  la  Société  de  l'École  des  chartes,  je  demande  la  permis- 
sion d'ajouter  quelques  mots  aux  discours  que  vous  venez  d'entendre. 
Entré  dans  notre  Société  au  mois  de  juillet  1853,  un  an  après  sa  sortie 
de  l'École,  Edmond  Dupont  fut  nommé,  au  mois  d'avril  1860,  membre 
de  la  commission  des  fonds.  Il  porta,  dans  ces  modestes  et  parfois  déli- 
cates fonctions,  les  mêmes  qualités  qu'il  montra  dans  des  fonctions 
plus  importantes,  je  veux  dire  la  droiture,  l'exactitude  et  une  exem- 
plaire assiduité.  Jamais  il  ne  manqua  aucune  de  nos  séances.  Depuis 
bien  des  années,  l'état  de  sa  santé  l'empêchait  d'assister  à  nos  ban- 
quets; mais  on  le  voyait  fidèle  à  nos  réunions  mensuelles,  fatigué 
et  déjà  pâli  par  la  maladie,  souriant  néanmoins  à  ses  confrères  qu'il 
avait  plaisir  à  trouver  rassemblés.  Il  portait  à  notre  Société  un  vif  et 
profond  attachement.  Il  eût  voulu  la  voir  se  développer,  devenir  à  la  fois 
un  centre  d'utiles  informations  pour  nos  jeunes  érudits,  un  moyen  de 
discrète  assistance  pour  nos  confrères  malheureux  et  surtout  un  lien  de 
solide  et  mutuelle  alïection.  C'est  à  ce  titre  qu'il  demandait  que  toujours 
des  notices  biographiques  fussent  consacrées,  dans  notre  recueil,  à  ceux 
de  nos  confrères  que  nous  avions  la  douleur  de  perdre.  Il  souhaitait 
aussi  que  toujours  un  hommage  leur  fût  rendu  ou,  tout  au  moins,  qu'un 
souvenir  leur  fût  donné  à  leur  suprême  demeure.  Conformément  à  ses 
vœux  et  au  nom  de  la  Société  de  l'École  des  chartes,  je  lui  apporte  cet 
hommage,  je  lui  offre  ce  souvenir,  dû  à  ses  estimables  qualités,  et  j'en- 
voie à  notre  cher  et  regretté  confrère  un  affectueux  et  dernier  adieu. 

—  Le  5  février  1886,  notre  confrère  M.  Antoine  Héron  de  Villefosse 
a  été  élu  membre  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 

—  Le  13  février  1886,  notre  confrère  M.  Cucheval-Clarigny  a  été 
élu  membre  de  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques  (.section 
d'économie  politique). 

—  Notre  confrère  M.  Héron  de  Villefosse  a  été  nommé  conservateur 
des  antiquités  grecques  et  romaines  au  musée  du  Louvre. 

—  Par  arrêté  du  4  février  1886,  notre  confrère  M.  Kohler  a  été 
nommé  sous-bibliothécaire  à  la  bibliothèque  Sainte-Geneviève. 


^80 

—  Par  arrêté  du  27  octobre  1885,  notre  confrère  M.  Roussel  a  été 
nommé  archiviste  du  département  de  Loir-et-Cher. 

—  Par  décret  du  29  décembre  1885,  notre  confrère  M.  Rocquain, 
chef  de  section  aux  Archives  nationales,  a  été  nommé  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur. 

—  Par  arrêté  du  23  décembre  1885,  notre  confrère  M.  Servois  a  été 
nommé  officier  de  l'instruction  publique. 

—  Par  arrêté  du  9  juillet  1885,  notre  confrère  M.  Vayssière,  archi- 
viste de  la  Gorrèze,  a  été  nommé  officier  d'académie. 

—  Par  arrêté  du  23  décembre  1885,  ont  été  nommés  officiers  d'aca- 
démie nos  confrères  MM.  Brutails,  archiviste  des  Pyrénées-Orientales; 
Farges,  attaché  aux  archives  du  ministère  des  affaires  étrangères;  Ger- 
baux,  archiviste  aux  Archives  nationales;  Loriquet,  archiviste  du  Pas- 
de-Calais. 

—  Une  session  d'examen,  pour  l'obtention  du  certificat  d'aptitude  aux 
fonctions  de  bibliothécaire  dans  les  bibliothèques  universitaires  ou 
bibliothèques  des  facultés  des  départements,  s'ouvrira  à  Paris,  le  31  mai 
1886,  à  la  bibliothèque  de  l'Arsenal. 

—  Le  rapport  de  M.  Léon  Heuzey  sur  les  travaux  des  écoles  françaises 
d'Athènes  et  de  Rome  pendant  l'année  1885,  lu  à  l'Académie  des  ins- 
criptions et  belles-lettres  le  22  janvier  1886,  apprécie  dans  les  termes 
suivants  les  travaux  de  deux  de  nos  confrères,  M.  G.  Digard  et 
M.  Ernest  Langlois  : 

«  Dans  les  Nouvelles  Observations  que  M.  Digard  nous  k  envoyées  sur 
la  diplomatique  pontificale,  l'auteur  a  recherché  avec  beaucoup  de  sagacité 
les  règles  que  la  chancellerie  des  papes  suivait  à  la  lin  du  xni«  siècle. 
Il  s'est  attaché  à  des  particularités  qu'au  premier  abord  on  peut  croire 
insignifiantes,  puisque  la  plupart  des  éditeurs  des  textes  n'en  ont  point 
tenu  compte;  mais  il  en  a  su  tirer  des  informations  très  précieuses  sur 
l'organisation  des  bureaux  de  la  cour  de  Rome. 

«  Il  a  d'abord  tiré  un  excellent  parti  des  signatures,  des  notes  et  des 
chiffres  qu'il  a  relevés  sur  le  repli  et  au  revers  des  bulles  ou  lettres  ori- 
ginales, et  dont  il  a  établi  la  concordance  avec  certains  articles  des 
anciens  manuels  dressés  pour  l'instruction  des  officiers  de  la  chan- 
cellerie. 

«  D'autre  part,  il  a  exposé  avec  clarté  et  vraisemblance  les  règles,  ou 
plutôt  les  usages,  qui  présidaient  à  l'enregistrement  des  actes  des  papes 
vers  la  fin  du  xni°  siècle.  Les  judicieuses  remarques  qu'il  a  faites  à  ce 
sujet  montrent  que  notre  école,  quand  elle  a  entrepris  la  publication  ou 
l'analyse  des  registres,  a  eu  raison  de  suivre  rigoureusement  l'ordre 
d'enregistrement,  sans  essayer  de  rétablir  l'ordre  chronologique  des 
pièces. 


«  Ainsi  comprise,  la  diplomatique  jette  un  jour  nouveau  sur  l'histoire 
administrative  et  politique  du  pontificat  de  Boniface  VUI  et  sur  les 
rapports  de  la  cour  de  Rome  avec  Philippe  le  Bel. 

«  M.  Langlois  a  entrepris  de  dresser  le  Catalogue  raisonné  de  tous  les 
manuscrits  en  langue  d'oïl  ou  on  langue  d'oc  qui  sont  dans  les  biblio- 
thèques do  Rome.  Gomme  exemple  de  la  méthode  qu'il  a  suivie,  il 
envoie  la  notice  de  quatre-vingts  manuscrits  faisant  partie  du  fonds  de 
la  Reine  de  Suède.  R  n'y  a  que  des  éloges  à  donner  à  ce  travail,  qui  est 
parfaitement  conçu  et  très  soigneusement  exécuté.  L'auteur  se  propose 
de  le  compléter  par  une  annotation  bibliographique  très  développée. 
Cette  addition,  qui  n'est  pas  indispensable,  augmentera  encore  l'intérêt 
du  catalogue. 

«  On  connaissait  déjà  la  plupart  des  morceaux  intéressants  contenus  dans 
la  série  de  manuscrits  que  M.  Langlois  passe  en  revue  ;  mais  ces  manus- 
crits n'avaient  jamais  été  l'objet  d'un  dépouillement  aussi  minutieux  et 
aussi  complet.  Les  devanciers  de  M.  Langlois  avaient  négligé  beaucoup 
de  textes  qui  leur  paraissaient  et  qui  sont  en  effet  peu  importants.  R 
faut  savoir  gré  à  M.  Langlois  de  ne  s'être  pas  laissé  décourager  par  l'in- 
signifiance de  plusieurs  des  manuscrits  qui  lui  passaient  par  les  mains. 
Le  compte  rendu  qu'il  en  donne  épargnera  le  temps  de  beaucoup  de 
travailleurs,  qui  seront  suffisamment  édifiés  sur  le  contenu  des  manus- 
crits examinés  par  M.  Langlois  pour  se  dispenser  de  les  compulser.  » 

—  Nous  avons  à  réparer  un  oubli.  Dans  notre  dernière  livraison,  nous 
aurions  dû  mentionner  les  succès  de  deux  de  nos  confrères  aux  concours 
ouverts  en  1885  par  l'Académie  française.  Des  prix  ont  été  décernés  au 
livre  de  M.  Charles  Bémont  sur  Simon  de  Montfort  et  à  la  Grammaire 
élémentaire  de  M.  Clédat.  Le  secrétaire  perpétuel,  M.  Doucet,  dans  un 
rapport  lu  en  séance  publique  le  26  novembre,  rend  ainsi  compte  des 
travaux  de  nos  deux  confrères  : 

«  Fils  du  terrible  chef  qui  conduisit  la  croisade  des  Albigeois,  Simon 
de  Montfort,  en  Angleterre  comme  en  France,  fut  l'un  des  personnages 
les  plus  considérables  du  xm«  siècle.  Dans  son  excellent  livre  (Simon  de 
Montfort,  comte  de  Leicester),  M.  Bémont  nous  le  montre  tour  à  tour 
gouverneur  et  pacificateur  de  la  Gascogne,  chef  des  barons  anglais 
révoltés,  vainqueur  du  roi,  réformateur  de  la  constitution,  introducteur 
des  communes  dans  le  parlement,  puis  défait  et  tué  ;  mais  se  survivant 
à  lui-même  dans  la  mémoire  du  peuple,  qui,  désarmé  par  sa  mort,  ne 
voit  plus  en  lui  qu'un  martyr. 

«  Plaçant  en  première  ligne  cette  remarquable  monographie,  qui,  dans 
son  genre,  a  été  considérée  comme  un  modèle,  l'Académie  lui  décerne 
un  prix  de  deux  mille  cinq  cents  francs,  sur  les  quatre  mille,  montant 
annuel  de  la  fondation  Thérouanne... 

«  En  louant  ce  livre  (la  Chrestomathie  de  l'ancien  français,  par  M.  Cons- 


182 

tans),  j'ai  loué  d'avance  celui  de  M.  Glédat,  qui,  dans  sa  Grammaire  élé- 
mentaire de  la  vieille  langue  française,  embrassant  presque  le  même 
sujet,  s'est  proposé  aussi  de  vulgariser  la  connaissance  de  notre  vieille 
langue  en  exposant  les  lois  qui  présidèrent  à  sa  formation.  M.  Glédat 
n'a  voulu  que  faire  une  œuvre  utile  en  mettant  à  la  portée  de  toutes  les 
intelligences  le  résultat  des  grands  travaux  que  la  science  a  publiés 
depuis  un  siècle.  Il  y  a  pleinement  réussi.  » 

SOCIÉTÉ  DES  ANCIENS  TEXTES  FRANÇAIS. 

L'assemblée  générale  de  la  Société  a  eu  lieu  le  29  décembre  1885. 
Nous  allons  reproduire  le  discours  du  président,  M.  Marty-Laveaux,  et 
le  rapport  du  secrétaire,  M.  Paul  Meyer. 

DISCOURS  DU  PRÉSIDENT. 

Messieurs, 

Permettez-moi  d'abord  de  vous  adresser  tous  mes  remercîmentspour 
m'avoir  appelé  à  la  présidence;  ils  doivent  être  d'autant  plus  vifs  que 
mes  titres  étaient  moindres.  Votre  choix,  je  n'en  saurais  douter,  a  été 
déterminé  bien  plutôt  par  vos  sentiments  de  bonne  confraternité  que  par 
des  services  rendus  aux  études  qui  vous  sont  chères;  en  effet,  le  mot 
anciens  qui  figure  dans  le  titre  de  notre  Société  semble  m'exclure,  les 
textes  que  j'ai  publiés  ne  remontant  pas  au  delà  du  xvi<=  siècle. 

Ce  qui  m'a  peut-être  valu  votre  bienveillant  suffrage,  c'est  la  persua- 
sion où  je  suis  que  pour  comprendre,  et  surtout  pour  expliquer  à  autrui 
les  textes  relativement  modernes,  il  faut  connaître  les  textes  anciens,  et 
que  le  xvi^  siècle  et  le  xvije,  si  dédaigneux  du  moyen  âge,  s'y  rattachent 
étroitement  par  plus  d'un  côté,  et  particulièrement  par  la  langue. 

A  l'égard  des  rares  poètes  qui  suivent  en  plein  xviie  siècle  la  tradi- 
tion populaire,  c'est  un  fait  de  toute  évidence,  et,  quand  il  s'agit  de  ceux 
dont  le  langage  passe  pour  exclusivement  classique,  comme  Racine,  par 
exemple,  cette  vérité,   quoique  moins  frappante,  demeure  toutefois 

facile  à  établir. 

...  J'ai  nom  Éliacin, 

répond  Joas  à  Athalie.  Voilà,  pour  un  jeune  professeur  de  rhétorique, 
bon  humaniste,  mais  seulement  humaniste,  une  excellente  occasion  de 
soutenir  que  cette  tournure,  actuellement  un  peu  étrange,  est  un  pur 
latinisme,  nomen  habeo,  et  de  s'étendre  complaisamment  sur  les  habiles 
alliances  de  mots  dont  Racine  a  enrichi  notre  langue;  le  malheur  est 
que  l'expression  est  dans  la  Chanson  de  Roland  : 

Li  niés  Marsilie  (il  ad  nura  Aelroth) 
Tut  premereins  chevalchet  devant  l'ost. 

Je  n'ai  pas  besoin  d'insister,  messieurs,  pour  prouver  que  nous 
sommes  tout  à  fait  d'accord  sur  l'utilité  de  l'étude  des  anciens  textes. 


483 

La  seule  nuance  qui  nous  différencio  sans  nous  diviser,  c'est  que  vous 
les  aimez  pour  eux-mêmes,  tandis  que  j'y  cherche  surtout  un  moyen 
d'interpréter  avec  certitude  les  écrits  des  époques  postérieures.  J'hésite 
du  reste  d'autant  moins  à  faire  ressortir  ici  ce  genre  d'utilité  que,  s'il 
était  une  fois  démontré  qu'on  ne  peut  bien  connaître  le  français,  même 
le  plus  classique,  sans  une  certaine  familiarité  avec  les  textes  que  vous 
publiez,  la  prospérité  morale  et  matérielle  de  notre  Société  serait  assurée 
à  jamais. 

La  première  est  en  bon  chemin,  mais  la  seconde  laisse  encore  à  dési- 
rer. Nous  sommes  plus  convaincus  que  persuasifs,  et  nous  n'avons  pas 
su  réunir  autant  d'adhérents  qu'il  paraissait  possible  d'en  obtenir.  Voilà 
pourtant  dix  années  que  la  Société  dure,  et  l'éclat  du  début  faisait 
espérer  un  développement  plus  rapide.  Elle  nacjuit  un  jour,  dans  une 
de  ces  villes  d'eaux  où  les  esprits  laborieux  et  actifs  se  reposent  des  tra- 
vaux accomplis  en  en  projetant  de  nouveaux.  Les  bases  en  furent  fixées 
dans  une  causerie  de  M.  Gaston  Paris  et  de  M.  le  baron  James  de  Roth- 
schild. D'autres,  appelés  par  eux,  ont  mérité  par  l'importance  de  leur 
concours  matériel  et  l'ardeur  de  leur  propagande  le  titre  de  fondateurs, 
mais  ils  sont,  eux,  ne  n'oubliez  pas,  les  véritables  créateurs  de  la  Société, 
et,  dussent  les  discours  annuels  encourir  le  reproche  de  monotonie, 
c'est  un  devoir  de  reconnaissance  d'y  faire  toujours  figurer  leurs  noms. 

Ces  deux  excellents  esprits  désiraient  satisfaire  à  la  fois  les  érudits 
qui  se  plaisent  à  publier  de  bons  textes  et  ceux  qui  aiment  à  les  lire  et 
à  les  étudier. 

Leur  dessein  était  de  réagir  contre  les  éditions  hâtives,  faites  à  l'étour- 
die, à  la  légère,  sans  l'épreuve  suffisante  du  temps  et  de  la  réflexion, 
et,  sur  ce  point,  nul,  même  des  plus  malveillants,  ne  conteste  qu'ils  ont 
réussi,  bien  au  delà  même  de  leur  attente. 

En  effet,  ce  qu'on  nous  reproche,  ce  que  nous  nous  reprochons  aussi, 
c'est  une  lenteur  qui  a  son  excuse  dans  de  respectables  scrupules  de 
conscience,  mais  à  laquelle  nous  travaillons  de  notre  mieux  à  remé- 
dier. 

L'important,  du  reste,  c'est  que,  si  l'on  nous  adresse  de  légitimes 
observations  au  sujet  des  ouvrages  que  nous  ne  publions  pas,  ceux  qui 
paraissent  sont  au  contraire  très  favorablement  accueillis. 

La  liste  des  membres  de  la  Société  est,  à  elle  seule,  un  témoignage, 
et  peut-être  le  plus  décisif,  en  faveur  de  ses  travaux.  Je  vous  renvoie 
aux  noms  qu'elle  renferme,  sans  oser  choisir  parmi  eux.  Il  en  est  cepen- 
dant qui  me  sont  douloureusement  désignés  et  qu'un  devoir  pénible 
m'oblige  à  vous  rappeler  :  ce  sont  ceux  des  confrères  que  nous  avons 
perdus  depuis  Tannée  dernière. 

M.  Baudry,  qui  a  présidé  notre  Société,  était  un  orientaliste  distin- 
gué et  un  grammairien  dans  la  plus  haute  acception  du  mot.  Il  s'in- 
téressait également  à  l'antiquité  et  à  notre  littérature  nationale  ;  il  pos- 


^84 

sédait  en  bibliographie  des  connaissances  étendues,  qu'il  communiquait 
avec  une  obligeance  dont  les  érudits  qui  fréquentent  la  bibliothèque 
Mazarine  ont  conservé  le  souvenir. 

M.  Edmond  Comte,  du  chemin  de  fer  du  Nord,  était  un  de  ces  ama- 
teurs passionnés  qui  consacrent  tous  leurs  loisirs  aux  études  de  leur 
choix.  Sa  prédilection  pour  nos  travaux  est  un  goût  de  famille;  il  suc- 
cédait dans  notre  Société  à  un  de  ses  frères,  et  maintenant  c'est  encore 
un  de  ses  frères  qui  le  remplace  à  son  tour. 

M.  Fanjoux  n'était  pas  seulement  pour  moi  un  confrère  de  la  Société 
des  anciens  textes,  c'était  un  vieux  camarade.  Nous  nous  étions  ren- 
contrés pour  la  première  fois  sur  les  bancs  de  l'École  des  chartes.  Il  y 
apportait  une  curiosité  infatigable,  une  intelligence  ouverte  aux  études 
les  plus  diverses,  une  grande  courtoisie,  l'aisance  d'un  homme  du  monde 
qui  parle  bien  de  tout  et  à  qui  rien  n'est  étranger.  Les  affaires  nous 
l'enlevèrent,  et,  comme  dans  la  touchante  pièce  de  vers  de  M.  Eugène 
Manuel,  ce  fut  une  lettre  de  mort  qui  vint  me  rappeler  les  souvenirs 
d'autrefois. 

De  tous  les  collègues  que  nous  venons  de  perdre,  M.  Paul  Lacroix 
est  peut-être  celui  qui  est  connu  du  plus  grand  nombre  de  gens,  sur- 
tout sous  son  pseudonyme  de  bibliophile  Jacob.  A  un  savoir  fort  étendu 
il  joignait  beaucoup  d'esprit,  plus  assurément  que  l'érudition  n'en  exige, 
plus  même  peut-être  qu'elle  n'en  supporte.  C'était,  comme  on  dit  dans 
le  langage  d'aujourd'hui,  un  savant  doublé  d'un  romancier;  mais,  après 
tout,  la  science  rigoureuse  et  austère  de  notre  temps  aurait-elle  bien 
bonne  grâce  à  blâmer  ces  charmeurs  qui  ont  su  avec  tant  d'adresse,  de 
précautions,  de  mesure,  attirer,  apprivoiser  le  public  aux  questions 
d'histoire  littéraire,  de  philologie,  de  bibliographie  ?  Ils  ont  créé  des  lec- 
teurs, dont  la  curiosité,  habilement  éveillée,  est  devenue  peu  à  peu  plus 
grave,  plus  sérieuse,  et  avec  lesquels  on  peut  impunément  aujourd'hui 
se  montrer  consciencieux,  exact,  ennuyeux  même,  si  le  sujet  l'exige. 

Né  à  Florence  de  parents  français,  professeur  de  littérature  à  Genève, 
M.  Marc  Monnier  possédait  admirablement  les  langues  méridionales  de 
l'Europe  et  avait  de  leurs  origines  et  de  leurs  influences  réciproques 
une  connaissance  approfondie,  qui  lui  inspirait  un  vif  intérêt  pour  les 
publications  de  notre  Société.  Apprécié  en  France,  il  était  populaire  en 
Suisse.  A  sa  mort,  les  journaux  illustrés  s'empressèrent  d'y  publier  son 
portrait,  en  inscrivant  au-dessous  cette  pensée  tirée  de  ses  œuvres,  qui 
donne  une  idée  juste  de  son  caractère  et  de  son  talent  :  «  Voulons-nous 
être  heureux,  ou  moins  malheureux  ?  Il  faut  songer  aux  autres.  Les 
trois  quarts  de  nos  chagrins  viennent  d'une  pitié  sans  emploi,  que  nous 
occupons  de  nous  seuls.  » 

Ce  n'est  pas  en  quelques  mots  que  nous  pourrions  esquisser  le  portrait 
intellectuel  et  moral  .d'un  homme  aussi  éminent  que  M.  Adolphe 
Régnier.  Nous  aurions  trop  à  dire  pour  ne  pas  sentir  la  nécessité  d'être 


485 

très  bref.  Comment  ne  pas  rappeler,  du  moins,  que  ce  maître  en  phi- 
lologie orientale  a  transport(''  sur  la  fin  de  sa  vie  dans  les  études  de  phi- 
lologie  française  la  rigueur  des  procédés  critiques  empruntés  à  ses  pre- 
miers travaux  ?  Gomment  ne  pas  dire  la  curiosité,  l'ardeur  qu'excitaient, 
dans  cet  esprit  froidement  passionné,  ces  recherches  nouvelles  pour  lui? 
Ce  labeur,  qui  semblait  l'absorber  tout  entier,  ne  l'enlevait  pourtant  pas 
aux  siens;  il  n'était  point  de  ceux  qui  s'isolent  dans  leur  savoir,  qui 
s'en  font  comme  un  rempart  pour  se  défendre  contre  les  affections  de 
famille.  Il  n'avait  été  que  trop  sensible  à  la  porte  d'un  fils  tendrement 
chéri;  lorsqu'il  disparut  à  son  tour,  sa  femme  s'achemina  doucement 
vers  sa  tombe,  et,  certains  qu'elle  était  parvenue  au  but  souhaité,  ceux 
de  ses  amis  qui  la  regrettaient  le  plus  étaient,  le  jour  de  son  convoi, 
ceux  qui  la  plaignaient  le  moins. 

Croyant  à  une  réunion  plus  prochaine  de  la  Société,  j'avais  arrêté  ici 
la  liste  de  ses  pertes,  qui  déjà  avaient  été  si  souvent  pour  moi  des 
deuils  personnels,  quand,  pendant  le  repos  des  vacances,  la  mort,  qui, 
elle,  ne  s'arrête  jamais,  est  venue  nous  frapper  d'un  nouveau  coup. 
M.  Emile  Egger  a  été  subitement  enlevé  aux  siens,  à  l'époque  où  un 
grand  nombre  de  ceux  qui  lui  étaient  attachés,  dispersés  loin  de  Paris, 
ne  pouvaient  pas  même  lui  rendre  un  dernier  hommage. 

Helléniste  éminent,  écrivain  distingué,  c'était,  avant  tout,  un  maître 
incomparable.  II  n'entassait  pas  les  richesses  scientifiques,  il  les  dépen- 
sait, il  les  prodiguait  généreusement.  Affable  toujours,  sévère  quand  il 
le  fallait,  il  encourageait  les  forts,  soutenait  les  faibles,  se  mettait  à  la 
portée  des  humbles.  C'est  lui  qui  a  réellement  fondé  en  France  l'en- 
seignement fécond  des  conférences,  maintenant  si  florissant,  mais  qui, 
au  début,  surprenait,  eflrayait  par  sa  nouveauté.  Sa  curiosité  encyclo- 
pédique avait  été  vivement  éveillée  par  les  travaux  de  notre  Société, 
dont  il  avait  été  l'un  des  premiers  adhérents,  et  qu'il  présida  en  1876'. 
Il  l'a,  du  reste,  bien  prouvé  dans  l'intéressant  article  qu'il  leur  a  consa- 
cré dans  le  Journal  des  Débats  du  3  janvier,  au  seuil  de  cette  année  qui 
devait  être  celle  de  sa  mort. 

Conservons  pieusement,  messieurs,  le  souvenir  de  tant  d'hommes  si 
divers  de  goûts,  de  talents,  d'aptitudes,  réunis  dans  un  commun  amour 
pour  la  littérature  et  l'érudition  nationale,  et  appelons  à  nous  tous 
ceux  qui  seront  heureux  de  suivre  leur  exemple  et  fiers  de  leur 
succéder. 


1.  Son  discours,  lors  de  l'Assemblée  générale  de  la  Société,  en  1876,  est 
imprimé  dans  le  Bulletin  de  la  Société,  année  1876,  p.  38  [Bibliothèque  de 
l'École  des  chartes,  t.  X.X.XVII,  1876,  p.  302).  Il  n'était  que  vice-président,  ayant 
refusé  de  se  laisser  porter  à  la  présidence. 


^86 

RAPPORT  DU  SECRÉTAIKE. 

Messieurs, 
Le  dernier  rapport  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  a 
été  lu  dans  notre  assemblée  générale  de  mai  1884.  Nous  espérions  ce 
jour -là  revenir  définitivement  à  l'usage  ordinaire  des  Sociétés  qui 
tiennent  leur  principale  séance  dans  la  première  partie  de  l'année,  afin 
d'entendre  le  compte  rendu  des  travaux  de  l'année  précédente.  Si  nos 
espérances  ont  été  déçues,  s'il  nous  a  fallu  reculer  jusqu'à  ce  jour  notre 
assemblée  générale,  la  faute  en  est  à  ceux  de  nos  éditeurs  qui  n'ont 
pas  encore  terminé  ou  qui  viennent  seulement  d'achever  des  publica- 
tions qui  devaient  être  prêtes  beaucoup  plus  tôt. 

Toutefois,  malgré  ce  mécompte  regrettable,  la  Société  reconnaîtra 
qu'un  grand  effort  a  été  fait  cette  année  et  que  des  résultats  importants 
ont  été  obtenus.  Quatre  nouveaux  volumes  viennent  d'être  déposés  chez 
M.  Didot,  tandis  qu'un  cinquième,  dont  l'impression  s'achève,  pourra 
être  mis  en  distribution  dans  quelques  semaines.  Les  quatre  volumes 
publiés  d'hier  sont  : 
Le  tome  II  de  la  Chronique  du  Mont-Saint-Michel  ; 
Le  tome  IV  des  OEuvres  d'Eustache  Deschamps; 
La  Mort  Aymeri  de  Narhonne,  chanson  et  geste; 
Le  tome  I  des  OEuvres  poétiques  de  Beaumanoir. 
Avec  ces  quatre  volumes,  nous  avons  pu  compléter  l'exercice  de  1883, 
auquel  nous  avons  affecté  le  tome  II  de  la  Chronique  du  Mont-Saint- 
Michel,  et  constituer  l'exercice  de  1884  tout  entier. 

Le  volume  qui  s'achève  actuellement  est  le  deuxième  des  OEuvres 
poétiques  de  Beaumanoir.  Notre  intention  était  de  publier  en  une  fois 
l'ouvrage  complet,  et  par  conséquent  de  garder  en  magasin  le  tome  I 
jusqu'à  l'achèvement  du  tome  II,  mais  il  nous  eût  fallu  laisser  incomplet, 
pendant  quelque  temps  encore,  l'exercice  de  1884,  que  nous  avions 
hâte  de  terminer. 

Entre  ces  diverses  publications,  il  n'en  est  qu'une  qui  n'ait  pas  été 
annoncée  dans  mon  dernier  rapport.  C'est  le  second  tome  de  la  Chro- 
nique  du  Mont-Saint-Michel,  qui  n'a  été  mis  sous  presse  qu'au  mois  de 
juillet  de  l'année  dernière.  Grâce  à  l'activité  que  M.  Luce  a  apportée  à 
la  correction  de  ses  épreuves,  ce  volume,  qui  contient  vingt-deux 
feuilles  en  petit  texte,  a  été  composé  et  tiré  en  quinze  mois.  La  Chro- 
nique du  Mont-Saint-Michel,  avec  l'énorme  appendice  de  trois  cents  pièces 
que  M.  Luce  y  a  joint,  est  une  publication  plus  historique  assurément  que 
philologique.  Toutefois,  rien  dans  le  programme  que  nous  nous  sommes 
tracé  dès  l'origine  de  la  Société  n'exclut  les  recueils  de  ce  genre,  dès 
qu'ils  sont  composés  de  pièces  françaises,  et  on  ne  peut  pas  nous  repro- 
cher d'avoir  donné  trop  de  place  aux  textes  diplomatiques,  le  recueil 


487 

formé  par  M.  Luce  des  documents  relatifs  au  siège  mémorable  du 
Mont-Saint-Michel  étant  lo  premier  de  ce  genre  que  nous  ayons  publié. 
D'ailleurs,  la  publication  de  M.  Luce  se  recommande  par  un  mérite 
auquel  les  philologues  non  moins  que  les  historiens  seront  sensibles  : 
c'est  qu'elle  est  accompagnée  d'une  excellente  table  analytique,  qui,  indé- 
pendamment de  son  utilité  comme  instrument  de  recherches,  cons- 
titue un  document  singulièrement  précieux  pour  l'étude  des  noms 
propres  au  xv®  siècle. 

Avec  la  Chronique  du  Monl-Saint-Michd  se  complète  notre  exercice 
de  1883,  dont  les  deux  autres  volumes  sont  le  tome  VII  des  Miracles  de 
Notre-Dame  et  le  Dit  de  la  Panthère  d'Amours,  distribués  l'un  et  l'autre 
dans  les  premiers  jours  de  cette  année,  postérieurement,  par  consé- 
quent, à  notre  dernière  assemblée  générale.  Le  tome  VII  des  Miracles 
termine  l'édition  d'un  recueil  dont  l'importance  est  mieux  comprise  à 
mesure  que  les  études  sur  les  légendes  pieuses,  d'une  part,et  sur  notre 
ancien  théâtre,  d'autre  part,  vont  progressant.  Deux  œuvres,  l'une  et 
l'autre  de  longue  haleine,  sont  nécessaires  pour  que  la  publication  des 
Miracles  de  Notre-Dame  puisse  être  dite  véritablement  complète  :  un 
glossaire  et  une  introduction  générale,  accompagnée  de  notices  sur 
chaque  pièce.  Ce  dernier  travail,  dont  s'est  chargé  M.  Paris,  ne  pourra, 
sans  doute,  pas  être  terminé  très  prochainement;  mais,  tant  qu'au  glos- 
saire, dont  j'annonçais  l'an  dernier  la  préparation,  il  est  en  bonne  voie. 
M.  Bonnardot  en  achève  la  rédaction,  et  les  premières  pages  sont 
imprimées. 

La  Panthère  d'Amours  de  Nicole  de  Margival  est  un  poème  vérita- 
blement intéressant.  Il  est  plus  lisible  que  la  plupart  des  poèmes  allégo- 
riques que  nous  a  laissés  le  moyen  âge;  il  est  surtout  plus  court,  avan- 
tage non  médiocre.  Au  mérite  trop  peu  commun  d'appartenir  à  un 
auteur  certain  et  à  une  date  à  peu  près  déterminée,  il  joint  celui  de 
nous  fournir  sur  quelques  points  de  la  littérature  contemporaine  des 
notions  curieuses  que  le  jeune  éditeur,  M.  Todd,  aidé  de  son  commis- 
saire responsable,  M.  Paris,  a  généralement  su  mettre  en  lumière.  C'est 
ainsi,  pour  ne  citer  qu'un  petit  fait,  non  sans  intérêt  pour  l'histoire  de 
notre  ancienne  poésie,  que  l'un  des  plus  anciens  exemples  du  mot  balade 
pour  désigner  une  pièce  en  trois  couplets  à  refrain  se  trouve  dans  la 
Panthère  d'Amours.  Avant  Nicole  de  Margival,  ce  genre  de  poésie  s'appe- 
lait haleté,  et  l'introduction  du  nom  exotique  balade  n'est  pas  sans  soule- 
ver un  problème  assez  délicat'. 

1.  A  propos  du  Dit  de  la  Panthère,  je  ferai  remarquer  que  le  Dit  des  trois 
morts  et  des  trois  vifs,  commençant  par  Compains,  vois-tu  ce  que  je  vois,  dont 
M.  Todd  s'est  occupé,  p.  xxx  et  xxx]  de  sa  préface,  se  trouve  encore  dans  deux 
manuscrits  du  Musée  britannique  el  dans  un  manuscrit  qui  naguère  appartenait 
à  M.  Didot  ;  voyez  le  Bulletin  de  la  Société,  1882,  p.  46,  71-72,  et  1884,  p.  66. 


i88 

L'exercice  de  1884,  que  nous  venons  de  livrer  complet  en  une  fois, 
contient  d'abord  un  ouvrage  dont  j'ai  entretenu  la  Société  assez  souvent 
pour  n'avoir  plus  rien  à  en  dire,  sinon  que  nous  en  souhaitons  tous  la 
progression  régulière  dans  les  conditions  où  elle  a  eu  lieu  jusqu'à  pré- 
sent. C'est  le  tome  IV  des  OEuvres  d'Eustache  Deschamps,  dont  notre  excel- 
lent administrateur  nous  donne  un  volume  tous  les  deux  ans.  Il  n'est 
guère  possible  de  concilier  une  publication  plus  rapide  avec  les  exi- 
gences d'une  correction  sévère.  Dans  une  dizaine  d'années,  le  vaste 
manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale  qui  nous  a  conservé  l'œuvre  de 
Deschamps  sera  tout  entier  édité,  et  dix  ans  sont  peu  de  chose  dans  la 
vie  d'une  Société  dont  nous  espérons  bien  ne  pas  voir  la  fin. 

Des  deux  autres  volumes  qui  constituent  l'exercice  de  1884,  il  en  est 
un,  la  Mort  Aymeri  de  Narbonne,  chanson  de  geste  jusqu'ici  inédite, 
qui  était  sous  presse  depuis  le  commencement  de  l'année  1882  et  dont 
le  prompt  achèvement  était  particulièrement  désirable.  S'il  n'a  pas  paru 
plus  tôt,  ce  n'est  pas  faute  d'efforts  de  la  part  du  commissaire  respon- 
sable désigné  par  le  conseil.  Les  critiques  diront  si  le  mérite  de  l'édi- 
tion est  en  proportion  avec  les  peines  qu'elle  a  coûtées.  La  Mort  Aymeri 
n'est  pas  une  chanson  de  geste  d'une  grande  antiquité  :  on  ne  peut 
guère  la  faire  remonter  plus  haut  que  la  fin  du  xn^  siècle,  mais  elle  est 
composée  en  style  ancien  et  est  l'œuvre  d'un  conteur  habile  en  son  art. 

Le  dernier  des  ouvrages  publiés  avec  la  date  de  1884  a  pourtant  une 
valeur  plus  grande,  bien  qu'il  ne  contienne  guère  de  textes  inédits. 
C'est  le  tome  I"  des  œuvres  poétiques  de  Philippe  de  Rémi,  sire  de  Beau- 
manoir,  publiées  par  M.  Suchier,  professeur  à  l'université  de  Halle. 
J'ai  parlé,  dans  mon  rapport  de  1882 <,  avec  assez  de  détails  de  cette 
publication,  et  de  la  part  en  quelque  sorte  anticipée  que  notre  confrère 
M.  Bordier  y  a  prise  par  ses  travaux  sur  Beaumanoir,  pour  n'avoir 
point,  cette  fois,  à  y  revenir  longuement.  Qu'il  me  suffise  de  dire  que  le 
tome  !<"■,  aujourd'hui  publié,  contient  une  introduction  de  cent  soixante 
pages  où  sont  traitées  avec  critique  toutes  les  questions  que  soulèvent 
la  vie  et  les  œuvres  purement  littéraires  (les  coutumes  de  Beauvaisis 
restant  à  part)  de  Philippe  de  Beaumanoir.  Vient  ensuite  le  texte  de  la 
Manekine,  curieux  roman  d'aventure  déjà  publié,  il  y  a  quarante-cinq 
ans,  par  M.  Michel,  mais  dont  l'édition,  faite  pour  un  club  littéraire 
anglais,  avait  été  de  tout  temps  peu  accessible,  et  enfin  la  mise  en  prose 
de  ce  roman  par  Jean  Wauquelin,  texte  jusqu'à  ce  jour  inédit  et  même 
à  peu  près  inconnu.  Le  second  volume,  qui  sera  distribué,  comme  je  le 
disais  au  début  de  ce  rapport,  au  commencement  de  l'année  prochaine, 
contient  le  reste  des  poésies  de  Beaumanoir  et  un  copieux  glossaire. 

L'année  1885  s'achève,  et  cependant  il  n'y  a,  dans  l'ordre  de  nos 

1.  Bulletin  de  la  Société,  1882,  p.  84-7  {Bibliothèque  de  l'École  des  chartes, 
t.  XLIV,  1883,  p.  129). 


^89 

publications  régulières,  qu'un  seul  volume  dont  la  distribution  à  bref 
terme  soit  absolument  assurée  :  le  tome  II  de  Beaumanoir.  Pourtant,  avec 
un  faible  effort,  deux  ouvrages,  dont  l'un  en  doux  volumes,  pourraient 
être  termines  en  peu  de  semaines,  car  l'un  et  l'autre  sont  imprimes,  ou 
peu  s'en  faut,  quant  au  texte  ;  à  l'un  il  ne  manque  que  l'introduction, 
à  l'autre  l'introduction  et  le  glossaire.  Le  plus  avancé  des  deux  est  le 
recueil  des  anciennes  versions  françaises  en  vers  de  l'Évangile  de  Nico- 
dème,  qui,  mis  sous  presse  en  1877  <,  a  été  régulièrement,  depuis  lors, 
annoncé  dans  chacun  de  mes  rapports.  Je  le  mentionne  cette  fois  encore 
pour  mémoire,  me  bornant  à  constater  que  cet  ouvrage,  dont  le  texte 
et  le  glossaire  sont  imprimés  depuis  plus  d'un  an  2,  n'a  fait  depuis  lors 
aucun  progrès.  L'autre  ouvrage  est  le  roman  de  Merlin,  dont  le  texte, 
dès  maintenant  imprimé  presque  tout  entier,  formera  deux  volumes.  Il 
reste  à  joindre  un  glossaire  au  second  volume,  une  préface  au  premier. 
Si  ces  deux  publications  étaient  achevées,  elles  nous  serviraient  à  com- 
pléter l'exercice  de  1885  et  laisseraient  un  volume  libre  pour  1886.  Tou- 
tefois, on  va  voir  que,  si  Nicodème  et  Merlin  venaient  à  nous  manquer, 
nous  pourrions  cependant  y  suppléer  à  l'aide  de  quelques-uns  des 
volumes  dont  voici  la  liste  avec  la  date  de  la  mise  sous  presse  : 

h'Amant  rendu  cordelier,  1879. 

Le  Boman  de  Guillaume  de  Dôle,  1883. 

Les  Contes  moralises  de  Nicole  Bozon,  1884. 

Aymeri  de  Narbonne,  chanson  de  geste,  1884. 

Les  Poésies  de  Christine  de  Pisan,  1884. 

Fragments  d'un  poème  sur  la  vie  de  saint  Thomas  de  Gantorbéry,  1885. 

Nous  ne  comptons  plus,  et  depuis  longtemps,  sur  V Amant  rendu  cor- 
delier pour  assurer  la  régularité  de  nos  exercices.  Nous  avons  affecté  ce 
volume  à  l'exercice  de  1881,  qui  reste  provisoirement  incomplet.  Lorsque 
M.  de  Montaiglon  aura  trouvé  le  temps  de  le  finir,  nous  nous  empres- 
serons de  le  mettre  en  distribution,  mais  nous  n'avons  aucun  moyen 
de  hâter  ce  moment  désiré.  Constatons  toutefois  que,  depuis  notre  der- 
nière assemblée  générale,  le  commentaire  très  développé  que  M.  de 
Montaiglon  a  joint  au  texte  est  imprimé,  comme  aussi  la  table.  Il  ne 
reste  plus  à  faire  que  la  préface,  qui  ne  semble  pas  devoir  être  bien 
longue. 

Le  Roman  de  Guillaume  de  Dole,  dont  le  texte  est  imprimé  depuis  plu- 
sieurs mois,  demeure  pour  le  présent  en  suspens,  M.  Servois  étant  con- 
traint par  l'état  de  sa  santé  de  séjourner  loin  de  Paris,  en  des  conditions 
qui  ne  lui  permettent  point  d'achever  sa  préface  et  son  glossaire. 

Les  Contes  de  Bozon,  dont  j'ai  entrepris  l'édition  avec  le  concours  de 
Miss  L.  Toulmin  Smith,  ont  repris,  après  quelques  mois  d'interruption, 

1.  Voy.  Bulletin,  1877,  p.  65-6. 

2.  Voy.  Bulletin,  1884,  séance  du  23  novembre. 


490 

leur  marche  régulière.  L'interruption  a  été  motivée  par  la  nécessité  de 
collationner  un  manuscrit  de  ces  contes  que  je  ne  connaissais  pas 
lorsque  le  livre  a  été  mis  sous  presse.  Ce  manuscrit  fait  partie  de  la  célèbre 
bibliothèque  de  sir  Thomas  Phillipps,  à  Cheltenham,  et  c'est  seulement 
pendant  les  vacances  de  cette  année  que  j'ai  pu  achever  la  collation 
commencée  l'année  précédente.  Le  retard  qui  résulte  de  cette  circons- 
tance ne  sera  d'ailleurs  pas  préjudiciable  à  l'édition,  diverses  rencontres 
heureuses  nous  ayant  mis  en  possession  d'éléments  grâce  auxquels  la 
compilation  de  Bozon  deviendra  un  des  recueils  les  plus  curieux  que 
les  amateurs  de  littérature  populaire  aient  jamais  eus  à  leur  disposition. 

L'édition  de  la  chanson  d'Aijmeri  de  Nar bonne  progresse  avec  lenteur 
mais  régularité.  Le  texte  est  dès  maintenant  entièrement  imprimé,  et 
l'éditeur,  M.  Demaison,  met  la  dernière  main  à  son  glossaire.  L'intro- 
duction est  écrite  depuis  plusieurs  années  et  ne  demandera  qu'une  rapide 
révision.  Nous  pourrons  compter  sur  ce  volume  pour  l'exercice  de  1886. 

Les  OEuvres  poétiques  de  Christine  de  Pisan,  dont  l'édition  proposée 
par  notre  confrère  M.  Maurice  Roy  a  été  récemment  acceptée  par  votre 
conseil,  formeront  une  publication  que  nous  n'estimons  pas  à  moins  de 
trois  ou  quatre  volumes.  Il  est  inutile  d'insister  sur  l'importance  du 
sujet.  Nous  aurons  d'ailleurs  occasion,  dans  nos  prochains  rapports, 
d'entretenir  la  Société  de  cette  édition,  dont  nous  venons  seulement  de 
commencer  l'impression. 

Les  fragments  d'une  Vie  en  vers  octosyllabiques  de  saint  Thomas  de 
Cantorbéry,  que  nous  venons  de  mettre  sous  presse,  formeront  une 
publication  très  courte  et  cependant  d'un  intérêt  très  varié.  Ces  frag- 
ments, contenant  en  tout  518  vers,  se  composent  de  quatre  feuillets  de 
parchemin  ornés,  au  recto  et  verso,  de  miniatures  fort  remarquables 
qui  se  rapportent  à  diverses  circonstances  de  la  vie  du  célèbre  arche- 
vêque. C'est  tout  ce  qui  nous  reste  d'un  poème,  d'ailleurs  inconnu,  qui 
doit  avoir  été  composé  dans  les  premières  années  du  xni^  siècle,  et  qui, 
dans  son  entier,  devait  se  composer  de  plusieurs  milliers  de  vers.  Le 
propriétaire  de  ces  précieux  feuillets,  M.  Goethals  Vercruysse,  de  Gour- 
trai,  a  bien  voulu  nous  en  donner  une  photographie  qu'il  a  faite  lui- 
même  et  que  nous  avons  fait  reproduire  en  héliogravure  par  M.  Dujar- 
din.  La  publication,  pour  laquelle  nous  avons  dû  adopter  le  format  in-S" 
couronne,  comprendra,  outre  l'édition  du  texte,  la  reproduction  com- 
plète des  quatre  feuillets,  recto  et  verso.  Elle  sera  achevée  en  peu  de 
semaines. 

A  ces  divers  ouvrages,  nous  pouvons  ajouter  le  t.  VIII  des  Miracles 
de  Notre-Dame,  contenant  le  glossaire  rédigé  par  M.  Bonnardot.  Les 
premières  pages  en  sont  déjà  composées  à  titre  de  spécimen,  et  l'acti- 
vité éprouvée  de  notre  confrère  nous  fait  espérer  que  le  volume  entier 
pourra  être  imprimé  dans  le  courant  de  l'année  prochaine. 

Ce  glossaire,  Aymerî  de  Narbonnc,  la  Vie  de  saint  Thomas,  le  tome  II 


'194 

de  Philippe  de  Beaumanoir  et  les  trois  volumes  presque  terminés  qui 
contiennent  l'Évangile  de  Nicodème  et  Merlin  suffiront  et  au  delà  à 
assurer  les  exercices  de  1885  et  de  188G. 

Je  ne  dois  pas  ometlro  do  dire  (juo,  pour  Tannée  1885,  nous  aurons, 
indépendamment  de  notre  distribution  régulière,  une  nouvelle  partie 
du  Mislère  du  Vieil  Testament,  le  tome  V,  gracieusement  otl'ert  à  la  Société 
par  M""»  la  baronne  James  de  Rothschild,  et  dont  l'impression,  préparée 
par  M.  E.  Picot,  est  dès  maintenant  à  peu  près  terminée. 

En  outre,  plusieurs  éditions,  agréées  en  principe  par  votre  conseil, 
sont  en  préparation  et  ne  tarderont  pas  à  aboutir.  Outre  celles  qui  ont 
déjà  été  annoncées  dans  mes  précédents  rapports,  telles  que  l'édition  de 
Doon  de  la  Roche  et  celle  du  roman  d' Ydcr,  nous  pouvons  mentionner 
ici,  comme  devant  être  prochainement  mis  sous  presse,  le  charmant 
écrit  du  jurisconsulte  Philippe  de  Navarre,  intitulé  le  traité  des  Quatre 
Temps  d'âge  d'homme,  dont  une  édition  préparée  avec  le  plus  grand  soin, 
d'après  les  quatre  manuscrits  connus,  nous  a  été  proposée  par  M.  Mar- 
cel de  Fréville-Delorme.  Votre  conseil  en  avait  même  autorisé  la  mise 
sous  presse  dès  le  commencement  de  cette  année,  lorsque  la  découverte 
inattendue  d'un  cinquième  manuscrit,  conservé  dans  la  bibliothèque 
municipale  de  Metz,  a  obligé  l'éditeur  à  remanier  son  texte,  afin  de 
tenir  compte  des  leçons  qu'offre  ce  nouvel  exemplaire. 

La  publication  du  traité  des  Quatre  Temps  d'âge  d'homme  aura  lieu  fort 
à  propos  au  moment  où  une  découverte  récente  ramène  l'attention  vers 
Philippe  de  Navarre,  qui  n'occupe  pas  encore  dans  notre  ancienne  litté- 
rature la  place  à  laquelle  il  a  droit.  On  savait  depuis  longtemps  que  ce 
personnage  a  composé  des  mémoires  entremêlés  de  poésies  sur  la  guerre 
qui  eut  lieu  entre  Frédéric  II  et  les  Chypriotes.  On  en  connaissait  le 
titre.  Geste  des  Ciprois,  et,  dans  une  certaine  mesure,  le  contenu,  par 
le  chroniqueur  italien  Florio  Bustron.  Or,  on  a  trouvé  récemment,  en 
Italie,  un  manuscrit  d'une  compilation  historique  qui  renferme  à  n'en 
pas  douter  la  totalité,  ou  peu  s'en  faut,  de  l'ouvrage  perdu  de  Philippe 
de  Navarre.  Cette  compilation  s'imprime  à  ce  moment  par  les  soins  de 
notre  confrère  M.  G.  Raynaud,  sous  la  direction  de  M.  le  comte  Riant, 
et  formera  l'une  des  prochaines  publications  de  la  Société  de  l'Orient 
latin.  Cette  société  et  la  nôtre  auront  donc  contribué  simultanément  à 
faire  mieux  connaître  un  des  hommes  qui  font  le  plus  d'honneur  à  notre 
ancienne  littérature. 

Une  autre  proposition  a  été  faite  à  votre  conseil,  qui  l'a  acceptée  avec 
empressement.  Vous  savez,  messieurs,  que  l'usage  littéraire  de  la  langue 
française  s'est  étendu  au  nord  de  l'Italie,  qu'au  xni«  siècle  et  au  xiv* 
les  jongleurs  qui  chantaient  nos  chansons  de  geste  ou  lisaient  nos 
romans  d'aventures  étaient  aussi  assurés  de  rencontrer  un  public  attentif 
à  Milan,  à  Venise  ou  à  Bologne  que  dans  leur  propre  patrie.  Le  goût 
de  notre  littérature  s'établissant  de  plus  en  plus,  il  arriva  que  des  Ita- 


^92 

liens,  en  général  Lombards  ou  Vénitiens,  se  mirent  à  composer  en  fran- 
çais, non  seulement  en  prose,  mais  en  vers.  Plusieurs  de  ces  poèmes, 
que  l'on  peut  appeler  franco-italiens,  nous  ont  été  conservés,  et  ont  été 
depuis  une  trentaine  d'années  l'objet  des  recherches  des  érudits,  tant 
en  France  qu'en  Italie.  L'un  des  plus  étendus  et,  à  certains  égards,  des 
plus  curieux  est  l'Entrée  de  Spagne,  que  notre  confrère  M.  L.  Gautier 
fit  le  premier  connaître,  en  1858  ^  par  une  analyse,  accompagnée  de 
recherches  dont  les  résultats  ont  été  modifiés  par  des  travaux  récents, 
M.  Mussafia,  professeur  à  l'université  de  Vienne  et  membre  de  notre 
Société,  avait  autrefois  copié  en  entier  ce  long  ouvrage.  Il  voulut  bien 
nous  offrir  sa  copie,  tout  en  nous  informant  que  ses  occupations  et  l'état 
de  sa  santé  ne  lui  permettaient  pas  de  la  préparer  en  vue  d'une  édition. 
Or,  l'un  de  nos  jeunes  confrères,  M.  Antoine  Thomas,  connu  par  d'ex- 
cellents travaux  historiques  et  littéraires,  s'était  occupé,  de  son  côté,  de 
l'Entrée  de  Spagne,  et  avait  prouvé,  par  d'ingénieuses  et  sûres  observa- 
tions, que  l'auteur  de  ce  poème  n'avait  pas  droit  au  nom  de  Nicolas  de 
Padoue,  qu'on  lui  avait  assigné,  en  combinant  mal  à  propos  deux  indi- 
cations contradictoires;  qu'il  était  de  Padoue,  mais  ne  s'était  pas  nommé, 
et  que  le  nom  de  Nicolas  devait  être  rendu  à  un  autre  poète  du  même 
temps,  un  certain  Nicolas  de  Vérone,  auteur  d'un  poème  inédit  sur  la 
Passion  et  d'un  autre  intitulé  :  la  Prise  de  Pampelune,  que  M.  Mussafia 
a  publié  en  1864  2.  M.  Thomas  a  bien  voulu  se  joindre  à  M.  Mussafia 
pour  faire  l'édition  de  VEntrée  de  Spagne.  C'est  dire  que  cette  publica- 
tion aura  pour  auteurs  les  deux  savants  les  plus  propres  à  la  conduire 
à  bonne  fin. 

Avec  l'exercice  de  1884,  la  Société  achève  la  dixième  année  de  son 
existence.  Pendant  cet  espace  de  temps,  elle  a  publié  vingt-huit  volumes, 
sans  compter  les  quatre  volumes  (bientôt  cinq)  du  Mistère  du  Vieil  Tes- 
tament, imprimés  aux  frais  de  notre  regretté  trésorier,  puis  de  M^^  la 
baronne  J.  de  Rothschild.  A  cet  ensemble  de  publications,  il  faut  ajou- 
ter les  dix  volumes  de  notre  Bulletin,  —  le  onzième  est  en  cours  de 
publication,  —  qui  contiennent  tous  des  notices  de  manuscrits  jusqu'alors 
non  décrits,  souvent  même  absolument  inconnus,  et  de  nombreux  textes 
inédits.  Il  a  paru  opportun  de  rédiger,  pour  le  tome  X  de  notre  Bulletin, 
une  série  de  tables,  afin  de  rendre  faciles  les  recherches  dans  cette  série 
véritablement  importante  de  documents  de  notre  ancienne  littérature. 
Un  coup  d'œil  jeté  sur  ces  tables,  exécutées  par  le  secrétaire  adjoint  de 

1.  L'Entrée  en  Espagne,  chanson  de  geste  inédite  renfermée  dans  un  manus- 
crit de  la  bibliothèque  de  Saint-Marc,  à  Venise  [Bibliothèque  de  l'École  des 
chartes,  4'  série,  IV,  227-270). 

2.  Voy.  Ant.  Thomas,  Nouvelles  Recherches  sur  l'Entrée  de  Spagne,  chanson 
de  geste  franco-italienne  {Bibliothèque  des  Écoles  françaises  d'Athènes  et  de 
Borne,  fasc.  XXV).  Paris,  1882. 


^93 

la  Société,  M.  G.  Raynaud,  suffit  à  l'aire  recoiinaitre  la  quantité  de 
matériaux  nouveaux  que  nous  avons  préparés  à  nos  successeurs. 

A  ceux-là  pas  plus  qu'à  nous  la  matière  ne  fera  défaut.  Ils  auront  do 
plus  que  nous  le  secours  de  catalogues  exacts,  permettant  l'exploration 
rapide  des  bibliothèques,  des  bibliographies  résumant  un  nombre  infini 
de  travaux  épars,  et  probablement  aussi  une  science  philologique  plus 
sûre.  Bien  des  tâtonnements,  bien  des  recherches  longues  et  souvent 
infructueuses  leur  seront  épargnés,  et  ils  feront  mieux  que  nous  avec 
moins  de  peine.  Nous  espérons,  toutefois,  qu'en  considérant  l'œuvre  des 
premières  années  de  notre  Société,  ils  nous  rendront  témoignage  que 
nous  avons  fait  tout  ce  que  nous  pouvions  faire. 


ORDONNANCE  ROYALE 

fixant  les  statuts  de  la  bibliothèque  royale  de  berlin. 

(traduction.) 

Guillaume,  par  la  grâce  de  Dieu,  roi  de  Prusse,  etc. 
Nous  avons  résolu  de  conférer  à  la  Bibliothèque  royale  de  Berlin  les 
statuts  suivants  {das  nachfolgende  Statut)  : 

I.  Dispositions  générales. 

§  1.  La  Bibliothèque  a  pour  mission  de  réunir  une  collection  aussi 
complète  que  possible  des  écrits  des  auteurs  allemands  et  un  choix 
des  écrits  des  auteurs  étrangers,  de  conserver  ces  collections  en  bon 
ordre  et  d'en  rendre  l'usage  accessible  au  public. 

§  2.  La  Bibliothèque  se  divise  en  deux  départements  {Ablheilungen)  : 
un  département  des  imprimés  et  un  département  des  manuscrits. 

§  3.  La  Bibliothèque  est  placée  dans  les  attributions  de  notre  ministre 
des  affaires  ecclésiastiques,  de  l'enseignement  et  des  affaires  médicales. 

Le  ministre  arrête  les  instructions  du  conseil  d'administration,  et, 
celui-ci  entendu,  les  instructions  de  service  du  directeur  général  et  des 
directeurs  de  département. 

IL  Conseil  d^adrninistration. 

§  4.  Le  conseil  d'administration  (das  Kiiratorium)  se  compose  : 

l"  D'un  président,  dont  nous  nous  réservons  la  nomination  ; 

20-5°  De  quatre  membres  nommés  par  le  ministre,  pour  trois  ans, 
dont  deux  devront  être  choisis  parmi  les  savants  de  Berlin  ; 

G»  Du  directeur  général  ; 

Et  en  outre,  pour  les  délibérations  sur  les  affaires  désignées  au  §  8, 
1"  et  2°,  et  pour  la  rédaction  du  règlement  sur  le  service  public  (§  6)  : 

7°  et  8"  De  deux  membres  nommés  par  le  ministre,  pour  une  durée 

13 


de  trois  ans,  et  choisis,  en  principe,  parmi  les  savants  fixés  iiors  de 
Berlin. 

Le  ministre  désigne,  parmi  les  membres  du  conseil,  le  vice-président. 

§  5.  Le  conseil  doit  prendre  en  main,  en  toute  occasion,  les  intérêts 
de  la  Bibliothèque,  et  s'appliquer  dans  la  mesure  de  ses  forces  à  la  main- 
tenir à  la  hauteur  de  sa  mission. 

§  6.  Le  conseil  arrête,  sauf  l'approbation  du  ministre,  les  règlements 
sur  le  service  intérieur  (§  21)  et  sur  le  service  public  (§  22),  ainsi  que 
les  instructions  de  service  des  fonctionnaires,  autres  que  le  directeur 
général  et  les  directeurs  de  département  (§  3,  2"  alinéa). 

§  7.  Le  conseil  surveille  l'administration  de  la  Bibliothèque  et  fixe  les 
principes  qui  la  régissent. 

Il  n'a  pas  le  droit  de  s'immiscer  directement  dans  le  détail  des  affaires. 

§  8.  Sont  soumis  à  la  ratification  du  conseil  : 

1»  Le  plan  général  d'acquisitions,  préparé,  pour  chaque  exercice,  par 
le  directeur  général  ; 

2°  La  répartition  des  fonds  ordinaires  entre  les  deux  départements  ; 

3°  Toutes  les  décisions  du  directeur  général  qui  tendent  à  une  trans- 
formation essentielle  du  système  de  rédaction  des  catalogues  ; 

4°  Les  projets  de  modifications  importantes  dans  l'état  des  bâtiments; 

5°  Toutes  conventions  importantes  qui  affectent  les  relations  de  la 
Bibliothèque  avec  d'autres  bibliothèques  ou  d'autres  établissements; 

6°  Les  entreprises  de  publications  projetées  par  la  Bibliothèque. 

§  9.  Le  conseil  donne  son  avis  sur  les  questions  qui  lui  sont  soumises 
par  le  ministre  relativement  aux  affaires  de  la  Bibliothèque. 

Les  rapports  du  directeur  général  au  ministre  doivent,  à  moins  d'ur- 
gence exceptionnelle,  être  transmis  par  l'intermédiaire  du  conseil,  qui 
y  joint  les  observations  qu'il  juge  convenables. 

§  10.  Les  séances  ordinaires  du  conseil  ont  lieu  à  des  intervalles  de 
quatre  à  six  semaines,  ainsi  qu'il  sera  déterminé  plus  précisément  dans 
ses  instructions. 

Des  séances  extraordinaires  peuvent  être  tenues  sur  la  convocation 
du  président. 

§  11.  Pour  la  validité  des  délibérations,  la  présence  de  trois  membres 
est  nécessaire. 

Les  décisions  sont  prises  à  la  simple  majorité.  En  cas  de  partage,  le 
président  ou  le  vice-président  a  voix  prépondérante. 

III.  Fonctionnaires. 

§  12.  La  direction  scientifique,  technique  et  administrative  de  la  Biblio- 
thèque appartient  au  directeur  général.  Tous  les  autres  fonctionnaires 
sont  ses  subordonnés,  et  il  occupe  à  leur  égard,  au  point  de  vue  de  la 
discipline,  la  position  d'un  chef  d'administration  provinciale. 

§  13.  Le  directeur  général  exerce  ses  fonctions  conformément  aux 


^95 

présents  statuts,  aux  instructions  de  service  (§  3,  2"  alinéa)  et  aux  déci- 
sions du  conseil  d'administration  (§§  7  et  8). 

§  14.  Le  ministre  pourvoit  au  remplacement  du  directeur  général  en 
cas  d'empêchement. 

§  15.  Chacun  des  deux  départements  (§  2)  a  un  directeur. 

Le  directeur  général  peut  être  nommé  en  même  temps  directeur  d'un 
département. 

i^  16.  Les  directeurs  sont  responsables  de  l'expédition  exacte  et  régu- 
lière des  allaires  dans  leur  département.  Ils  doivent  surveiller  directement 
les  fonctionnaires  et  autres  membres  du  personnel  employé  dans  leur 
département,  et  porter  immédiatement  à  la  connaissance  du  directeur 
général  les  irrégularités  qui  viendraient  à  se  produire. 

§  17.  Les  directeurs  doivent  apporter  un  soin  particulier  à  l'accroisse- 
ment des  collections  de  leur  département,  ainsi  qu'à  la  continuation  et 
au  perfectionnement  des  catalogues  et  répertoires. 

^  18.  Au  reste,  les  directeurs  exercent  leurs  fonctions  conformément 
aux  instructions  de  service  (§  3,  2^  alinéa)  et  aux  prescriptions  du  direc- 
teur général. 

§  19.  Le  directeur  général  pourvoit  au  remplacement  des  directeurs 
en  cas  d'empêchement. 

§  20.  La  nomination  du  directeur  général  et  des  directeurs  nous 
demeure  réservée.  Quant  aux  autres  fonctionnaires  [Beamten)  de  la 
Bibliothèque,  les  bibliothécaires,  conservateurs,  conservateurs  adjoints 
et  employés  [Bibliothekare,  Kustoden,  HUlfskustoden  wxd  Sekrelâre)  sont 
nommés  par  le  ministre  ;  l'admission  des  auxiliaires  et  attachés  {Assi- 
stentenund  Volontdre)  et  la  nomination  des  employés  subalternes (^/lier- 
beamten)  sont  prononcées  par  le  directeur  général. 

IV.  Service  intérieur  et  imblic. 

§  21.  Le  service  intérieur  de  la  Bibliothèque  fait  l'objet  d'un  règle- 
ment spécial  (Bibliothck-Ordnu)ig.)  (§  ô). 

Ce  règlement  doit  instituer  des  conférences  tenues  tous  les  quinze 
jours  pour  l'examen  des  affaires  principales.  Le  directeur  général  appelle 
à  chaque  conférence  les  directeurs  et  les  autres  fonctionnaires  dont  la 
présence  lui  paraît  utile. 

Si  le  directeur  général  est  en  même  temps  directeur  d'un  département, 
le  plus  ancien  bibliothécaire  du  même  département  doit  toujours  être 
appelé  aux  conférences. 

§  22.  Le  service  public  de  la  Bibliothèque  consiste  d'une  façon  géné- 
rale : 

1"  Dans  l'usage  de  la  salle  de  lecture; 

2°  Dans  le  prêt  des  imprimés  et  des  manuscrits. 

Les  prescriptions  de  détail  sur  cette  matière  font  l'objet  d'un  règle- 
ment spécial  [Benutzunqs-Ordnung]  (§  6). 


196 

Ce  règlement  doit  tendre  à  faciliter  autant  que  possible  l'usage  de  la 
Bibliothèque. 

Nous  avons  signé  les  présentes  de  notre  propre  main  et  nous  y  avons 

fait  mettre  notre  sceau  royal. 

Donné  à  Berlin,  le  16  novembre  1885. 

Guillaume. 

von  gossler. 

ARCHIVES  MUNICIPALES  DE  FRANCFORT-SUR-LE-MEIN. 

La  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Francfort-sur-le-Mein  (Verein 
fur  Geschichte  imd  Alterthumskunde)  a  décidé  d'entreprendre  la  publica- 
tion de  l'inventaire  des  archives  de  cette  ville.  Sans  parler  des  docu- 
ments intéressant  surtout  l'histoire  locale,  comme  privilèges  munici- 
paux, délibérations  du  corps  de  ville,  procès-verbaux  des  bourgmestres, 
registres  du  cadastre,  les  archives  municipales  de  Francfort  com- 
prennent un  très  grand  nombre  de  pièces  relatives  à  l'histoire  générale 
de  l'Allemagne,  en  particulier  aux  élections  et  couronnements  des 
empereurs,  aux  affaires  militaires,  aux  traités  de  paix,  aux  choses  judi- 
ciaires et  entre  autres  au  tribunal  de  la  Sainte-Vehme.  Le  magistrat  de 
Francfort  accorde  à  la  Société,  pour  cette  publication,  une  subvention 
annuelle  de  mille  marks  pendant  cinq  ans. 

UNE  RECTIFICATION  A  L'ANCIEN  CATALOGUE 
DES  MANUSCRITS  DE  CORBIE. 

L'ancien  catalogue  des  manuscrits  de  Corbie  qui  se  trouve  au  Vatican 
dans  le  n»  520  de  la  reine  de  Suède  n'indique  pas  toujours  avec  netteté 
la  composition  des  volumes  dont  il  contient  la  description.  On  est  sou- 
vent embarrassé  pour  savoir  à  quel  endroit  il  convient  de  placer  les 
coupures  pour  indiquer  les  morceaux  compris  dans  les  différents  manus- 
crits de  la  bibliothèque.  En  publiant  ce  document  dans  le  tome  II  du 
Cabinet  des  manuscrits,  p.  432-440,  j'ai  adopté  un  système  de  coupures, 
meilleur  assurément  que  celui  du  cardinal  Mai,  mais  qui  est  encore 
loin  d'atteindre  la  perfection.  Une  récente  publication  de  l'Académie 
des  sciences  de  Vienne  me  fournit  le  moyen  de  corriger  l'article  245  de 
mon  édition,  ainsi  conçu  : 

245.  Johannes  diaconus  super  Pentateuchum.  Luciferi  episcopi  pro 
Athanasio  libri  duo.  De  regibus  apostaticis  liber  unus.  De  non  conve- 
niendo  cum  hereticis  liber  unus.  De  non  parcendo  in  Deum  delinquen- 
tibus  liber  unus.  Quod  moriendum  sit  pro  Dei  filio,  liber  unus.  Epistola 
Florentii  liber  unus.  Athanasii  libri  duo.  Liber  ad  Gonstantium.  Atha- 
nasius  ad  monachos. 


497 

Je  suis  persuadé  que  cette  notice  doit  être  coupée  en  deux,  de  la 
manière  suivante  : 

Ub.  Johannes  diaconus  super  Pentateuchum. 

245  bis.  Luciferi  episcopi  pro  Athanasio  libri  duo,  etc.  —  Athanasius 
ad  monaclios. 

L'article  245  répond  au  manuscrit  latin  12300  de  la  Bibliothèque 
nationale. 

Quant  à  l'article  245  bis,  il  doit  désigner  le  manuscrit  d'après  lequel 
Jean  du  Tillet,  évêque  de  Meaux,  publia,  en  1568,  les  opuscules  de 
Lucifer,  manuscrit  qui  forme  aujourd'hui  le  n»  133  du  fonds  de  la  reine 
de  Suède  au  Vatican. 

Ces  identifications  me  paraissent  résulter  de  la  préface  que  M.  le  pro- 
fesseur W.  von  Hartel  a  mise  en  tète  des  Luciferi  Calaritani  OpusciUa 
(Vienne,  1886,  in-S^).  Cette  édition  de  Lucifer,  exécutée  avec  beaucoup 
de  soin  et  de  critique  par  M.  von  Hartel,  forme  le  vol.  XIV  du  Corpus 
scriptorum  ecclesiasticoriim  latinorum  edituin  consilio  et  impensis  Aca- 

dcmiae  litterarum  cacsareae  Vindobonensis.  t     i\ 

L.  Delisle. 


ITINÉRAIRE  DE  WISSANT  A  LYON. 

Le  texte  suivant  a  été  trouvé  à  la  bibliothèque  de  l'université  de  Cam- 
bridge, par  M.  Gh.-V.  Langlois,  qui  a  bien  voulu  nous  le  communiquer. 
Ces  quelques  lignes,  écrites  au  xin"  siècle,  en  marge  du  f«  2  v»  du  manus- 
crit coté  H  h.  VI.  11,  indiquent  les  localités  françaises  traversées  par  un 
Anglais  qui  se  rendait  à  Lyon  : 

Hec  via  tendit  a  mari  usque  Ltigdunum. 

Whitsond  (Wissant).  Boloyne  (Boulogne).  Musterroyl  (Montreuil-sur- 
Mer).  Mantenoy  (Maintenay).  Cressii  (Grécy-en-Ponthieu).  Sein  lUcher 
(Saint-Riquier).  Areynes  (Airaines).  Poys  (Poix).  Odure  (?).  Beuvoys  (Beau 
vais).  Beumond  (Beaumont-sur-Oise).  Sein  Dionis  (Saint-Denis).  Paris 
Corboil  (Corbeil).  Chastellandun  (Château-Landon).  Mundtargis  (Montar- 
gis).  Chaslilun  (Châtillon-sur-Loing).  Boni  sur  Leyre  (Bonny-sur-Loire) 
Poylie  sur  Leyre  (Pouilly-sur-Loire).  La  Charité.  A  Nevers.  Disise  (Decize) 
Ganoy  Sein   Jorge  (Gannay-sur-Loire).   Perefite   (Pierrefitte-sur-Loire) 
Marteni  le  Noneins  (Marcigny).  Ckerlu  (Gharlieu).  Tysiie  (Thizy).  Sein 
Clément  (Saint-Glément-de-Vers).  Arborelle  (L'Arbresle).  Lyuns  (Lyon 

Hec  est  via  per  Ponteni  versus  Parisius. 

Martini  le  Noneins  (Marcigny-sur-Loire).  La  Note  SeinJo[?i]  (La  Mott& 
Saint-Jean).  Saveni  Paifol  (Savigny-Poil-Fol).  Curbini  (Corbigny).  Ver 
dcloys  (Vczelay).  Sein  Priz  (Saint-Bris).  Ponteni  (Pontigny).  Brinun  le 
Erceveschc  (Brienon-l'Archevêque).  Cerisers  (Cerisiers).  Satins  en  Bor- 
gogne  (Sens).  Pount  sur  Yone  (Pont-sur-Yonne).  Moret.  Melun  sur  Seyne 
(Melun),  Paris. 


198 

Ce  texte  est  trop  récent  pour  fournir  des  renseignements  sur  l'étymo- 
logie  des  noms  de  lieux  dont  il  parle,  mais  il  montre  que  les  grandes 
voies  de  la  France  suivaient  alors  en  général  la  même  direction  qu'au- 
jourd'hui. En  effet,  jusqu'à  Paris,  cet  itinéraire  correspond  au  tracé  de 
la  route  de  Calais  à  Paris,  sauf  pour  la  portion  comprise  entre  Montreuil 
et  Airaines.  De  Paris  à  Nevers,  la  route  est  également  la  même  qu  a 
présent,  si  ce  n'est  à  la  hauteur  de  Châtillon.  Mais,  à  partir  de  Nevers 
jusqu'à  l'Arbresle,  notre  Anglais  tourne  un  peu  vers  l'est,  et  son  chemin 
n'est  représenté  de  nos  jours  par  une  voie  un  peu  importante  qu'entre 
Pierrefitte  et  Marcigny.  L'itinéraire  par  Pontigny,  qu'il  suit  au  retour, 
est  aussi  abandonné  maintenant  jusqu'à  Cerisiers,  endroit  où  il  retombe 

dans  la  route  de  Paris  à  Dijon. 

Léon  Le  Grand. 


LE  PORTRAIT  DE  LOUIS  P>-  D'ORLÉANS. 

A  propos  de  la  question  posée  par  notre  confrère  M.  Bouchot  dans  le 
dernier  fascicule  de  la  Bibliothèque,  on  peut  faire  remarquer  que  l'atti- 
tude de  Louis  I^r  d'Orléans,  dans  son  portrait  reproduit  par  Thevet, 
s'explique  assez  aisément  si  ce  portrait  n'est  pas  contemporain  du 
meurtre  de  Louis,  comme  on  pourrait  le  croire  tout  d'abord. 

M.  le  marquis  de  Laborde ,  qui  avait  déjà  signalé  cette  toile,  n'a 
élevé  contre  la  date  de  1407  aucune  objection  et  s'est  borné  à  remar- 
quer que,  dans  l'hypothèse  où  on  la  ferait  remonter  à  cette  date,  on 
pourrait  l'attribuer  à  Colart  de  Laon. 

Les  reproductions  de  Thevet  et  de  Gaignières  (ms.  de  la  bibliothèque 
Bodléienne  à  Oxford)  ne  sont  pas,  en  effet,  assez  parfaites  pour  nous 
permettre  de  lui  assigner  une  date  d'après  ses  caractères  intrinsèques. 

Mais,  à  défaut  de  cette  preuve,  d'autres  circonstances  peuvent  nous 
reporter  à  l'année  1504. 

On  sait  qu'en  1395,  protecteur-né  des  Célestins,  dont  Philippe  le  Bel 
avait  créé  en  France  la  maison-mère  à  Ambert,  dans  la  forêt  d'Orléans, 
Louis  I*''  d'Orléans  fit  ériger  une  chapelle  annexe  à  l'église  abbatiale  des 
Célestins  de  Paris.  Il  y  fut  enterré.  L'égUse  et  la  chapelle,  désaffectées 
en  1792,  ont  été  détruites  de  nos  jours;  les  débris  du  tombeau  des  ducs 
d'Orléans,  relégués  d'abord  dans  un  magasin  de  l'église  de  Saint-Denis, 
ont  été  ensuite  transportés  à  Versailles. 

Le  tombeau  (d'ailleurs  maintes  fois  décrit  et  reproduit  par  Gaignières, 
Millin,  Lenoir,  Rabel,  Le  Laboureur,  etc.)  était  un  vaste  monument 
collectif,  plus  somptueux  qu'artistique,  sur  le  plan  du  tombeau  de  Fran- 
çois II,  son  contemporain,  à  Nantes.  Il  portait  les  quatre  statues,  cou- 
chées dans  la  pose  classique,  de  Louis  I®"",  de  Valentine  de  Milan,  du 
comte  Philippe  de  Vertus  et  de  Charles  d'Orléans.  L'érection  de  ce 


^99 

monument  fut  une  des  premières  pensées  du  règne  de  Louis  XII;  mais 
le  tombeau  ne  fut  achevé  qu'en  1504.  On  y  transporta  en  grande  pompe 
les  restes  mortels  de  Charles  d'Orléans,  demeurés  jusque-là  à  l'église 
Saint-Sauveur  de  Blois.  Le  cortège  funèl)re,  d'après  les  registres  du 
Parlement,  partit  le  21  février  {bO\  (anc.  st.)  de  l'église  Notre-Uame- 
des-Champs  pour  traverser  Paris. 

L'acte  de  piété  filiale  de  Louis  Xlt,  célébré  par  ses  panégyristes,  ne 
faisait  pas  l'objet  de  moins  de  trois  pompeuses  inscriptions,  placées, 
l'une  dans  la  nef  de  l'église  des  Gélestins,  l'autre  au  deuxième  pilier  de 
gauche  de  la  chapelle  d'Orléans,  la  troisième  sur  le  troisième  pilier  de 
gauche  de  la  même  chapelle.  Voici  cette  dernière,  plus  simple  et  plus 
brève  que  les  autres,  d'après  la  reproduction  de  Gaignières  : 

LUDOVICUS    REX   XII    QUIETI 

PERPETUE    ET   MEMORIE    PERENNI 

ILLUSTRISSIJIORUM   PRINCIPUM 

LUDOVIGI   AVI   VALENTINE   AVIE 

KAROLI   PATRIS    PIISSIMORUM 

PIENTISSIMORUMQUE   PARENTUM 

AC   PHILIPPI   PATRUI 

FELICITER 

M.  vc.  un. 

Ajoutons  que,  sur  le  tombeau  lui-même,  les  inscriptions  tumulaires 
rapportaient  toutes  les  mentions  au  roi  régnant  :  Louis,  duc  d'Orléans, 
aïeul  du  roy  Louis  douziesme.  —  Charles.. . père  du  roy  Louis  douziesme,  etc. 

Ainsi,  toute  cette  ornementation  est  de  1504.  Quant  au  tableau  en 
question ,  c'était  tout  simplement  un  tableau  symbolique ,  appendu , 
dit  Gaignières,  contre  le  mur  de  droite  de  l'autel.  Il  porte  précisément 
la  même  inscription  que  le  tombeau  :  Louis,  duc  d'Orléans,  aïeul  du  roy 
Louis  douziesme,  et  par  conséquent  nous  sommes  fondés  à  croire  qu'il 
n'est  pas  non  plus  antérieur  k  1504. 

Dès  lors,  le  sujet  s'explique  de  lui-même.  On  sait  le  goût  de  Louis  1er 
d'Orléans  pour  le  luxe,  son  faste,  et  aussi  son  avidité.  Gomme  le  faisait 
remarquer  M.  Léopold  Delisle,  la  collection  de  Bastard  est  venue  à  ce 
sujet  enrichir  la  Bibliothèque  nationale  d'une  nouvelle  mine  de  renseigne- 
ments. Or,  Louis  est  ici  à  genoux  devant  un  arbre  chargé  des  fruits  les 
plus  riches;  mais  son  attitude  marque  la  surprise  et  l'épouvante,  car, 
derrière  cet  arbre,  surgit  un  squelette  hideux,  la  Mort,  qui  lance  son 
dard  à  qui  rien  n'échappe,  ainsi  que  le  dit  la  légende,  enroulée,  comme 
le  serpent  du  Paradis,  autour  de  l'arbre  à  fruits  d'or  :  Juvenes  ac  senes 
rapio. 

Gomme  il  est  un  peu  à  la  mode  d'attribuer  à  Jean  Perréal,  peintre 
officiel  de  Louis  XU,  la  plupart  des  peintures  ou  dessins  de  l'époque, 
voilà  un  tableau  dont  sans  doute  on  pourrait  chercher  à  lui  faire  bon- 


200 

neur.  Je  n'irai  pas  jusque-là,  d'autant  plus  que  le  costume  dont  l'artiste 
a  revêtu  Louis  I'"'^  trahit  peut-être  une  main  étrangère.  De  plus  compé- 
tents pourront  trancher  cette  question;  mais  on  voit  que  :  1°  l'attri- 
bution de  la  peinture  au  commencement  du  xv"  siècle  est  plus  que 
douteuse;  2°  le  tableau  n'a  aucun  caractère  de  tombeau  et  ne  peut 
apporter  aucune  contribution  nouvelle  à  l'histoire  de  cette  branche  de 
l'archéologie.  Nous  lui  devons  seulement  une  symbolique  fort  curieuse 
et  que  M.  Bouchot  a  très  justement  signalée. 

R.  M. 


PALÉOGRAPHIE  DES  CLASSIQUES  LATINS. 

La  quatrième  livraison  du  recueil  de  M.  Emile  Châtelain  va  très  pro- 
chainement paraître.  Ce  nouveau  fascicule  contiendra  des  reproductions 
des  principaux  manuscrits  de  César,  Salluste  et  Lucrèce.  Voici  le  détail 
des  planches  : 

46.  César.      Paris.  5763.  (Floriacensis,  ix«  siècle.) 

47.  —  Paris.  5056.  (Moissiacensis,  xi°  siècle.) 

48.  —  Paris.  5764.  (xi^  siècle.) 

49.  —  Laurentianus,  Lxvin,  6.  {xi'^  siècle.) 

50.  —  Vossianus,  q,  53.  (xi<'  siècle.) 

—  —  Vindobonensis,  95.  (Fin  du  xu^  siècle.) 

51.  Salluste.    Fragm.  hist.  Regin.  1283.  (Capitales.) 

52.  _  Paris.  16024.  (ix"  siècle.) 

—  —  Paris.  16025.  (Fin  du  ix"  siècle.) 

53.  —  Paris.  10195.  (x"^  siècle.) 

54.  —  Sangallensis,  864.  (xi«  siècle.) 

—  —  Orat.  Vaticanus,  3864.  (xi^  siècle.) 

55.  —  Paris.  5748.  (x«  siècle.) 

—  —  Bruxellensis,  10057-10062.  (xi«  siècle.) 
56-57.   Lucrèce.    Vossiaîius,  f,  30.  (Oblongus,  ix<=  siècle.) 

58.  —  Vossianus,  q,  94.  (Quadratus,  ix«  siècle.) 

—  —  Laurentianus,  xxxv,  29.  (xv  siècle.) 

59.  —  SchedsB  Haunienses.  (ix^  siècle.) 

60.  —  Schedsi  Vindobonenses .  {ix^  siècle.) 

1.  Le  camail  et  le  costume  de  son  ordre. 


LE 

PREMIER  CATALOGUE 

DES  MANUSCRITS  GRECS 

DE 

LA  BIBLIOTHÈQUE  DE  FONTAINEBLEAU 

SOUS  HENRI  II 
NOTICE  DU  MS.  NANI,  245,  DE  VENISE. 


En  parcourant  le  catalogue  que  Mingarelli  a  rédigé  des  manus- 
crits grecs  légués  en  1797  à  la  Bibliothèque  de  Saint-Marc  de 
Venise  par  le  chevalier  Giacomo  Nani^  [Grœci  codices  manu 
so-ipti  apud  Nanios  patricios  Venetos  asservait,  Bononise, 
1781 ,  in-4°),  mon  attention  fut  attirée  par  un  article  ainsi  conçu  : 

GGXLV. 

Codex  recens,  diptychus,  sive  in-folio. 
Gontinet  Indicem  codicum  grsecorum  nescio  cujus  bibliothecae. 
Incipit  a  libris  Theologicis  sic  :  6Y)7capa  u[ji,vot  /.al  sù^/al. 

Ce  volume,  à  n'en  pas  douter,  devait  être  un  exemplaire  du 
catalogue  méthodique  des  manuscrits  grecs  de  la  bibliothèque  de 
Henri  II  ;  Ymcipit  était  le  même  que  celui  du  manuscrit  grec  3066 
de  la  Bibliothèque  nationale,  qui  contient  la  description  métho- 
dique des  manuscrits  grecs  de  Fontainebleau.  Il  était  possible  que 
le  manuscrit  de  Venise  ne  fût  qu'une  copie,  analogue  à  celles  que 
l'on  connaît  du  catalogue  alphabétique  de  la  même  bibliothèque  ^, 

1.  Voyez,  sur  la  bibliothèque  des  Nani,  \A\ç,n\\n&\\\,  Bibliothecamanuscripta 
ad  S.  Marci  VeneUarum  (Venise,  18G8,  in-8°),  t.  I,  p.  ll'i-123. 

2.  Paris,  Bibl.  nat.  Coislin  356;  Véroae,  Bibl.  capit.,  n°  CXVII.  Une  partie  de 
ce  dernier  ras.  a  été  publiée  sous  le  titre  de  Catalogus  librorum  mss.  grxcorum 
incertcv  bibliothecx,  par  Larai,  au  tome  XIV  de  ses  Belicix  eruditonim  (1743). 

(4 


202 

et  n'offrît  par  suite  qu'un  intérêt  secondaire.  M.  le  commandeur 
G.  Castellani,  directeur  de  la  Bibliothèque  de  Saint-Marc,  voulut 
bien  me  donner  sur  ce  volume  des  détails  précis  qui  achevèrent 
de  dissiper  mes  doutes  et  me  persuadèrent  que  l'exemplaire  de 
Venise  devait  être  la  minute  originale  du  catalogue  méthodique 
des  manuscrits  grecs  de  Fontainebleau,  dont  nous  ne  possédons 
à  Paris  que  la  copie  calligraphiée  par  Constantin  Palseocappa. 
Les  bons  offices  de  M.  Castellani  ne  devaient  point  s'arrêter  là, 
et  bientôt,  grâce  à  la  libéralité  du  gouvernement  italien  et  à  la 
parfaite  obligeance  du  savant  directeur  de  la  Marcienne,  je  pou- 
vais examiner  à  Paris  le  précieux  manuscrit. 

C'est  un  volume  in-folio  (312  millim.  sur  208),  en  papier,  de 
cinquante-huit  feuillets,  numérotés  au  xv!*"  siècle  ;  au  xviif  siècle, 
on  l'a  interfolié  de  papier  blanc  ^  réparé  en  plusieurs  endroits 
dans  les  marges  et  recouvert  d'une  reliure  en  parchemin  blanc. 
Sur  les  gardes  se  lisent  différentes  cotes  anciennes  :  =:  kkkk  =, 
Lxx.  2,  XCII./7,  et  la  dernière  cote  :  Clas.  XI,  Cod.  XXVII.; 
le  numéro  81  a  été  inscrit  en  tête  du  plat  supérieur  du  volume, 
et  sur  la  tranche  bleu  foncé  a  été  peint  en  blanc  le  n°  245 
du  catalogue  des  Nani.  Ce  dernier  numéro,  ainsi  que  la  cote 
Clas.  XI.  Cod.  XXVII.,  est  répété  au  dos  du  volume  avec  le 
titre  :  Index  Cod.  Mss. 

Le  catalogue  méthodique  des  manuscrits  grecs  de  Fontaine- 
bleau, que  contient  ce  manuscrit  de  Venise,  est  divisé  en  onze 
classes,  distinguées  par  de  simples  titres  courants,  et  disposées 
dans  l'ordre  suivant  : 


L 

Théologie. 

0£oXo7iy.â, 

fol.    \. 

IL 

Mathématiques. 

MaO-rjjj-axrÂOc, 

fol.  M 

III. 

Morale. 

'H6ixa, 

fol.  21 

IV. 

Rhétorique. 

'Prii;opi/,a, 

fol.  24. 

V. 

Physique. 

Oucaa, 

fol.  32 

VI. 

Philosophie. 

OiT^OCToçtxa, 

fol.  36 

VIL 

Logique. 

AoYixa, 

fol.  39 

VIII 

Mélanges. 

'A[j.ç(6oXa, 

fol.  42 

IX. 

Métaphysique. 

Mexà  Ta  çuffwa, 

fol.  43. 

X. 

Histoire. 

'laxopaa, 

fol.  49 

XL 

Médecine. 

'laxptxûc, 

fol.  33 

1.  C'était  pour  recevoir  le  texte  d'une  traduction  latine  du  catalogue;  un  seul 
article  a  été  traduit  (fol.  27  v"). 


203 

L'écriture  du  manuscrit  est  rapide  et  négligée,  et  j'y  recon- 
naîtrais volontiers  la  main  de  Jacques  Diassorinos  *,  qui  dut  être 
quelque  temps,  vers  1550-,  employé  à  la  bibliothèque  de  Fontaine- 
bleau sous  les  ordres  de  Constantin  Pateocappa .  C'est  une  minute 
dont  plusieurs  articles  ont  été  entièrement  bififés,  d'autres  en 
partie,  et  à  laquelle  ont  été  faites,  de  la  main  très  reconnaissable 
du  même  Palœocappa,  d'assez  nombreuses  corrections  et  addi- 
tions 3,  qui  toutes  se  trouvent  reproduites  dans  le  manuscrit 
grec  3060  de  la  Bibliothèque  nationale. 

Les  huit  articles  suivants,  biffés  dans  la  minute  de  Venise, 
n'ont  pas  été  transcrits  dans  la  copie  de  Paris  : 

l.  Fol.  ^  y°.  AJXiavou  xav.i\.-/.à.,  xcà  'Ovotjavxpo'J  axpxifi-^vm,  y,at  AiVôiou 
■juoT^iop/.YjTi/.à,  xauta  oiakc(.\).6 dation  h  xfî»  TOÎi  irpwTOU  \j/r,Y.O'jq  ^i67d(>), 
cépixa-rt  Xeu/,a)  'ï:t%oi7.i'k[J.é^iù  [jiXavt  y,£y.aXy[jL[jivo) ,  où  r,  èrd-^pc^Yf], 
AiXtavou  TaxTixa.  [A. 

IL  Ibid.  AiAtavou  ■Tzepi  •::apaTaHctov.  BYjCffapiwvoç  èTiiiâçioç  KÔ-^oç  etç 
TY)v  xupiav  KXziwq^  (^aaiXôiav  Tr,v  IlaXaioXoYivav.  Fswpfiou  Fs^j/aTou 
STspoç  elq  auTYîv.  'AXs^àvopou  'AçpooiatécoçTispi  y.paasoiçxai  ai»^r;a£(.)<;, 
àzcp  10  TOJ  iptTOU  [x-ri-ÂCUç,  Mp\).xii  Z^wpû  o^s7.aAu[;4jivov,  ^i6X(ov 
7:£pis-/£i,  ou  Y)  èirifpaç...  (s«c).  [R. 

III.  Fol,  2  v°.  'ApjJ.EVozouXo'j  éçaJiêXûç.  Ta^£tç  xal  à^uoi^-axa  ^aaiXtxà, 
èv  zCù  Tou  C£Li'C£poy  [rrjvtouç  \).e''(àXou  [âtôXio),  oépfj-aTt  xpo^tocsi  x£*/.aXu[/,- 
[jLévw,  ou  Y)  £TCtYP<3'?'^5  'Ap[;-£v6'::ouXoç.  [A. 

IV.  Ibid.  'Ap[;.£VS7:oûXou  £^a6i5Xoç.  'Ep[X'/)V£ia  tIç  /p-/]ci[j.oç  'uotç  voxa- 
pi'ciç.  "EvcOîciç  TÛv  07co/,£'.iJ.£va)v  Tï^  KwvffxavxivouTCoAct  [rrjXpo::5X£a)v. 
NéjjLOi  Y^wpï^^û'^  'lo'jcTivtavou  ^actXéwç.  'Ap;j.£V07ro6Xou  £t:ito[xy5  twv 
Upwv  /.avévwv.  Neapai  'Pa)[jiavoj.  Na'/j^opou,  BaatXôbu  xou  Néou, 
KwvcxavTivou    xoD   nopç'jpoYsvvrjxou ,    Aéovxoç   y,al    Mavou-rjXou    xou 


1.  Sur  ce  personnage,  voyez  E.  Legrand,  Bibliographie  hellénique,  1885, 
in-8»,  t.  I,  p.  297-302. 

2.  Le  nis.  de  Venise  est  en  tout  cas  postérieur  à  1549  et  antérieur,  comme 
on  le  verra  plus  loin,  à  1552;  il  contient  en  effet,  au  fol.  1  v°,  un  article  biffé, 
AiXtavoO  TaxTty.à,  (jui  correspond  au  ms.  grec  2443,  copié  par  Ange  Vergèce, 
en  1549. 

3.  Voyez  notamment  aux  fol.  1  (en  marge  :  Stxat),  17  (art.  2,  'Aii.ixwvîoy  sic 
ta;  z'  9iôva;),  18  (art.  6,  kp\i-t]'izia.  toù),  21  V  (art.  7,  'Ap[xîvo7roû>,ou  l^àêtêXoç. 
—  BiêXîov  a'  [j.v)-/.0'jc  Tiaxw,  SéptiaTi  Tcopçypw  X£xa),u[A(j(.£vov,  ou  tj  èTriypa^yi, 
'APMENOnOTAOS.),  etc.,  ainsi  que  les  articles  ajoutés  à  la  fin  de  la  Morale, 
de  la  Rhélorique,  de  la  Physique  et  de  l'Histoire.  Les  mots  ou  phrases  biffés 
sont  1res  nombreux. 


204 

Kopyjvou  Twv  ^affiXéwv.  npov6[Aiov  NtxYjipipou  PaaiTvéwç  xou  BoTavetâ- 

Tou,  iTilxupouv  xàç  cuvcBouç.  S'/cXta  sic  -ràç  veapàç.  IIspKTUjjJoXaio- 
Ypiî^çtov,  xauTa  èv  xô  xou  âsuxépou  [x-rjî^ouç  [j/xpoiaiou  ^lêXio)  x£pié-/£xat, 
§ép[ji,aTi  uTcojxéXavt  x£y,aXu[;.[ji,év(i),  ou  y;  ÈTctYpaçY],  'ApjjLevéTiouXoç.    [E. 

V.  Fol.  2-1.  ''E^T;'{r,G{ç  dq  r/jv  T£xpa6t6Xov  xtvbç  àvwvujj.ou.  Kat  Ilopçuptou 
eiaaYWY"')  ^tç  xr^v  aùx-})v,  ^i6/a'ov  7:p(i)xou  [xrjy.ouç  -^avAsTrxcxaxov,  cép- 
[xaxi  X^'*^?^  ^£î^a>.u[X[A£Vov,  ou  '?)  è%i-(pci!.(fri,  'E^YjYvjaiç  £cç  xr^v  x£xpa- 
616X0V.  [A. 

VI.  /ôî'c^.  'E^'^YY^uiç  elç  XY)V  xou  nxoX£[xaiou  x£xpa6t6Xov.  Kai  Hopcpupiou 
elaa'^tû'^ri  elq  x-r)v  aùx'î^v.  Bt6Xicv  Trpwxou  [A'/jxouç,  o£p[j.axt  [;i.iXxwo£t 
x£xaXu[j.[jiva),  ou  yj  è'irtYP'''?"']»  'E^-rjYYîctç  £iç  xr^v  x£xpâêi6Xov.  [E. 

VII.  Fol.  2i  v".  GcO^pacxou  /apaxx^p£ç,  èv  xw  xoîi  0£ux£pou  [xapou 
[AYjxouç  ^i6Xiw,  oépjxaxi  èpuGpô  x£)caXu[AiJi.£V{i),  ou  •/)  èTuiYpaçvi,  'Aptaxo- 
çavouç  nXouxoç  xal  àXXa  oiaçopa.  [F. 

VIII.  Fol.  49  v°.  Atovuciou  'AXaapvaaaéwç  T:£pl  cuv6éa£(DÇ  ovo[ji-âx(i>v. 
B16X10V  X£xapxou  [XYjxouç,  S£p[xaxt  zopipupS)  7.£>^aXu[/.[ji,év(i),  ou  '^  ètci- 
YpaçY),  Atov6(7toç  'AXixapvaacEuç.  X£tpi  'A^Y^^cu.  [F. 

Par  contre,  les  derniers  articles  de  la  Morale,  de  la  Rhétorique, 
de  la  Physique  et  de  l'Histoire,  qui  ont  été  ajoutés  par  Palseo- 
cappa  sur  le  manuscrit  de  Venise,  se  retrouvent  dans  la  copie  de 
Paris  : 

I.  Fol.  22  \°.  Tou  oci'ou  Tuaxpbç  *?j[ji,a)V  2u[;.£à)V  xou  Néou  xat  9£oX6you, 
■^Youixévou  [/.ov^ç  xou  aYiou  Md[j.avxoç  xyjç  SY]pox£p/.ou,  x£çàXata  lupax- 
xaà  xal  0£oXoYi>t.à,  £V  xw  6i6Xi(o,  ou  -i]  èutYP*?'')?  'A66â  ©aXaacbu 
ÉxaxovxâocÇ  xai  oçç (y,icv  xi  xvjç  £/,/,Xrj(7iaç,  Bsuxépou  p-Yj^ouç,  •/,£/,aXu[x- 
|jiva)  o£p[j<axi  /.uavô.  A. 

II.  Fol.  30.  Article  vu  précédemment  biffé  au  fol.  21  v°. 

III.  Fol.  34.  ôsoçiXou  èxtcuvaYWY^  '^^pi  •/.O'jp.awv  y-axap^wv,  Iv  xw  àiri- 
YEYpani-f'SVo)  ^i6Xi(i),  'AYa6'^[jL£poç,  xw  §ép[JLaxt  xopçupw  /,£xaXu[jL[ji.£va), 
[rrjxouç  Tpa)xou.  A. 

IV.  Fol.  31 .  IlaXXaoïou  yj  xaxà  Bpa^lJ^avouç  bxopia,  £V  xw  x£/,aXu[jL[X£V(i) 
Pi6Xi(i)  oépi;,axt  xtppû,  |i.-/jxouç  ç',  ou  •?)  èTHYpa?'/) ,  A66a  Ma'pxou 
Siâcpopa.  B. 

Deux  articles  enfin,  écrits  de  première  main  dans  le  manuscrit 
de  Venise,  bien  que  rien  n'indiquât  qu'on  les  dût  supprimer,  ont 
été  omis,  sans  doute  par  inadvertance,  dans  le  manuscrit  de 
Paris.  Le  premier  doit  se  placer  entre  les  articles  18-19,  le 
second  entre  les  articles  409-410  du  ms.  grec  3066  : 


205 

I.  Fol.  3.  'Aa-/Y]xi7.rj  iroXitsia  Y^vvatwv  iï  v.cà  èvSé^wv  àvBpwv, -^ç  y)  àpxï) 
XetTCt,  7,at  TO  Tou  ituyyP'^'-]^'*'^'^^?  ovojj-a  •  eaTt  to  Pt6Xtov  §cUxépou  iJ/rjxouç 
Tuivu  TcaXaibv  xal  èç  xiXXoç  Y-ïp^H't''-^o''  ^'^  X^P'^TÎ  oai-''X'^"')'''î'i  ûépi^aTt 
y^Xwpw  xey.aXu[xiAév(o,  ou  yj  STCiYpaç'/),  ''Acx-/)xiy,vi  "Kokiieiot.. 

II.  Fol.  32.  NsoçuTOU  [Aovr/oïj  ctaipesiç  xaXXiV-:"/]  r^ç  TzâcrYjç  çiXodOçfaç, 
£V  TÔ)  Toy  TrpwxGU  [jLapoj  [j//jxou;  (3t6A(o),  SÉpiJ-aTt  xopçupÇ)  7,£xaXu[ji,iAcVa), 
ou  Y]  £ZtYp3CÇY],  'Aixp.wvt'o'J  stç  xàç  s'  (pwvaç. 

Ce  dernier  article  est  une  addition  de  première  main  entre  les 
articles  2  et  3  de  la  Physique. 

(,)n  peut  encore  signaler  entre  la  copie  de  Paris  et  le  manus- 
crit de  Venise  les  quelques  petites  différences  de  détail  suivantes  : 

1°  Au  fol.  12  du  ras.  de  Venise  on  trouve  un  troisième  article 
2oXo|j,(ï)VToç  zapoiixîat,  qui  semble  être  une  erreur  du  copiste  et  n'a 
pas  du  reste  été  reproduit  dans  le  manuscrit  grec  3066,  bien 
qu'il  n'ait  point  été  biffé. 

2"  Au  fol.  17,  le  manuscrit  de  Venise  présente  les  deux  pre- 
miers articles  des  Mathématiques  dans  l'ordre  inverse  de  la  copie 
de  Paris. 

3''  Au  fol.  38  v°  (37  V  et  38  r"  blancs),  tout  en  haut  de  la  page, 
on  lit  :  0£a)voç  ^[jLupvaiou  twv  "/.axà  [xaOr;ijLaT'.y.o)v  y_pY)(7i[j.wv  dç  t'})v  xoîi 
lïkdimoq  àvâYvwciv,  article  qui  ne  se  trouve  pas  dans  le  manus- 
crit de  Paris. 

Une  dernière  particularité  du  manuscrit  de  Venise  mérite  d'être 
notée.  En  marge  de  nombreux  articles  ont  été  ajoutées,  les  unes 
au-dessous  des  autres,  des  capitales  grecques;  ces  lettres  étaient 
destinées  à  noter  les  renvois  qui  devaient  être  faits,  pour  les  diffé- 
rents articles  d'un  même  manuscrit,  dans  un  catalogue  alphabé- 
tique. En  voici  un  exemple  pris  au  fol.  18  du  manuscrit  : 

0.  0é(i)voç  2[ji.upva(ou  [i.a6yj[;.aTr/.à  ypYiff'.[xa  dç  Tr,v  xou  IlXaxwvoç 
E.  àvâ^vwijtv.  Eùy.Xîtco'j  xaxoTCxpaa.  'Hpwvoç  ^(eiiioaidx.  'Icaà/,  [j.ova- 
H.     you  ■Kcpl  opOoYwvîwv  xpiywvwv.   Eii/.X£(oou  xivà  YcWjxsxptxa.  "Ext 

1.  "Hpwvoç  ■7:ep\  [jiéxpcov.  Kal  KX£0[x-rjcouç  y)  xuxXixyj  Gswpi'a,  tstutuo)- 
K.     i^ivï],  xà  â'àXXx  zavxa  yeipéYp^cça.  B'.êXtov  Trpwxou  [r/jxouç,  oépjxaxt 

xuavw  y.sxaXuij.ixévcv,  où  •?;  èKtYpaçï;,  0é(av  E;j.upvaToç.  [A. 

Il  me  reste  à  ajouter  quelques  mots  sur  le  manuscrit  de  Paris, 
qui  représente  l'état  définitif  du  premier  catalogue  méthodique 
des  manuscrits  grecs  de  Fontainebleau  sous  Henri  II. 

Le  manuscrit  grec  3066  (anc.  10280)  de  la  Bibliothèque  natio- 


206 

nale  est  un  volume  in-folio  (314  millim.  sur  205),  en  papier,  de 
158  feuillets  numérotés  au  xvi®  siècle.  A  cette  époque,  il  a  été 
recouvert  d'une  riche  reliure  aux  armes  et  au  chiffre  de  Henri  II, 
avec  tranches  dorées  et  ciselées,  et  sur  le  plat  supérieur  de  la 
reliure  on  lit  le  titre  : 

KATAAOrOS     THS     TH     ENNAKPOYNQ 
KAAAIPPOH  BASIAIKHS  BIBAIO0HKHS.  t 

En  haut  du  premier  feuillet,  on  lit  un  autre  titre  en  minuscule, 
qui  pourrait  bien  être  de  la  main  de  Pierre  de  Montdoré  *  : 

Tûv  £V  T^  ^aaiXa^  PiêXioOYjXY]  ^l'êXcov /.aTaXo^oç  yi.ixià\LcSf^]xaiCf..  ^352. 

Puis  le  titre  courant  de  la  première  partie,  en  capitales,  comme 
dans  le  reste  du  volume,  et,  au-dessous  d'un  petit  bandeau,  ce 
nouveau  titre  : 

KATAAOrOS  THS  EN  TH  ENNEAKPOYNQ 
KAAAIPPOH    BASIAIKHS    BIBAIO0HKHS. 

L'ordre  des  matières  dans  ce  catalogue,  que  Constantin  Palseo- 
cappa  a  copié  de  sa  large  et  belle  écriture,  présente  quelques 
différences  avec  le  manuscrit  de  Venise  ;  le  tableau  suivant  per- 
mettra d'en  juger  : 

I.  I.        Théologie.  GeoXoYaa,         fol.      \.  N""     ^1-208. 
m.     II.       Morale.  'HOixa,  fol.    46.  —  209-237. 

IV.  IIÏ.      Rhétorique.         'P-^^opaa,         fol.    33.  —  238-383. 

VII.  IV.      Logique.  Ao-/ad,  fol.    83.  —  384-407. 

V.  V.       Physique.  <ï)uaaa,  fol.    9J.  —  408-452. 

VI.  VI.      Philosophie.       <I)i"Xoao<paâ,       fol.  102.  —  453-487. 

IX.  VU.    Métaphysique.    Msxàxàçuctxa,  fol. -HO.  —  488-494. 

II.  VIII.  Mathématiques.  Ma6-/)H.aTaûc,     foi.  U2.  —  495-543. 
XI.     IX.     Médecine.  'laxpaa,  fol.  424.  —  544-638. 

X.  X.       Histoire.  'Icxopaà,  fol.  443.  —  639-703. 

VIII.  XI.     Mélanges.  'A[j.9t6oXa,        fol.  4  5].  —  704-74  6. 

A  la  fin  de  chacune  de  ces  divisions,  on  trouve,  comme  dans  le 
manuscrit  de  Venise,  plusieurs  feuillets  blancs,  destinés  à  rece- 
voir des  additions  qui  n'ont  point  été  faites.  C'est  que,  sous  les 
successeurs  de  Henri  II,  pendant  les  troubles  qui  désolèrent  la 

1.  Mathématicien,  bibliothécaire  du  roi  de  1552  à  1567. 


207 

seconde  moitié  du  xvi®  siècle,  l'état  delà  Bibliothèque  du  roi  était 
resté  stationnaire.  La  Bibliothèque  transférée  à  Paris,  quand, 
sous  Henri  IV,  les  manuscrits  de  Catherine  de  Médicis  furent 
venus  l'enrichir,  le  catalogue  de  Fontainebleau  était  désormais 
hors  d'usage*. 

Il  ressort  de  la  comparaison  de  ces  deux  manuscrits  momenta- 
nément réunis,  après  avoir  été  séparés  peut-être  depuis  plusieurs 
siècles,  que  l'on  possède  à  la  bibliothèque  de  Saint-Marc,  à 
Venise,  dans  le  fonds  Nani,  la  minute  du  premier  catalogue  des 
manuscrits  grecs  de  Fontainebleau,  sous  Henri  II,  tandis  que  la 
rédaction  définitive  et  authentique  de  ce  même  catalogue  est 
encore  conservée  à  Paris  à  côté  des  anciens  manuscrits  dont  il 
donne  la  description. 

H.  Omont. 

1.  J'aurai  l'occasion  de  revenir  prochainement  sur  les  différents  catalogues 
des  manuscrits  grecs  de  la  Bibliolliùque  du  roi  au  xvi"  siècle. 


CATALOGUE 

DES  DESSINS 

DÉTIENNE  MARTELLANGE 

ARCHITECTE  DES  JÉSUITES 

(1605-1639) 

PRÉCÉDEMMENT  ATTRIBUÉS  A  FRANÇOIS  STELLA 

CONSERVÉS   AD    CABINET    DES    ESTAMPES    DE    LA    BIBLIOTHEQUE    NATIONALE  ^ 


RECUEIL  CONTENANT  PLUSIEURS  VEUES  DE  VILLES,  BOURGS, 
ABAYES,  CHATEAUX  ET  AUTRES  ENDROITS  PARTICULIERS  DE 
FRANCE,  DESSINÉES  d'APRÈS  NATURE  PAR  F.  STELLA  {sic) . 

Tome  I  (Titre  du  xviif  siècle  2). 

1 .  Carte  servant  à  trouver  les  lieux  contenus  dans  les  deux 
volumes.  La  couleur  jaune  est  pour  le  P'  volume,  le  rouge  est 
pour  le  IP  vol.  (carte  du  xviii^  s.). 

2.  Veue  du  dedans  du  noviciat  de  Paris  en  1630.  —  Du  novi- 
tial  de  Paris,  1030.  —  Dessin  à  la  plume  lavé.  Larg.  O^Sôô, 
haut.  0M05. 

3.  Fondations  du  noviciat  de  Paris,  en  1631.  —  Des  fonda- 
tions de  Véglize  du  novitial  de  Paris,  1631.  —  Dessin  à  la  pi. 
lavé.  L.  0,545,  h.  0,405. 


1.  Voyez  plus  haut,  p.  17. 

2.  La  lettre  du  xviii"  siècle  est  en  romain  dans  notre  catalogue.  Celle  du 
xvii^  siècle,  mise  par  Martellange,  est  en  italiques.  Les  indications  de  catalogue 
suivent  et  sont  en  romain. 


209 

4.  Veue  du  bâtiment  du  noviciat  de  Paris,  le  20  novembre 
1634.  —  Du  20  novembre  1634.  Bu  novitial  de  Paris.  — 
Dessin  au  crayon  lavé.  L.  0,550,  h.  0,405. 

5.  Veue  des  environs  du  noviciat  de  Paris,  le  23  septembre 
1634.  —  Aspect  contre  le  novitial  de  PatHs,  1634,  23  sep- 
tembre. —  Dess.  à  la  pi.  lavé.  L.  0,555,  h.  0,400. 

6.  Veue  d'une  partie  du  palais  du  Luxembourg,  en  1634.  — 
Pe  Luzembour  à  Paris,  palais  de  la  raine  mère,  1634.  — 
Dess.  à  la  pi.  lavé.  L.  0,535,  h.  0,395. 

7.  Veue  de  l'église  des  Carmes  déchaussés  de  Paris,  le  1®"^  juil- 
let 1637.  —  Aspet  de  Veglize  des  Carmes  déchaussés,  à 
Paris.  (Au  dos  :)  Achevé  le  i'^''  juillet  1637.  —  Dess.  au  crayon 
lavé.  L.  0,380,  h.  0,250. 

8.  Veue  de  la  Sainte-Chapelle  de  Paris  après  l'incendie.  —  La 
Sainte-Chapelle  de  Paris  après  l'incendie.  (Au  dos  :)  A  Henry 
Noblet.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé.  L.  0,555,  h.  0,410. 

9.  Veue  du  prieuré  de  Saint-Martin-des-Champs.  —  Aspet 
du  prioré  Saint-Martin-des-Champs ,  prins  du  clocher  de 
Saint-Nicolas.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé.  L.  0,345,  h.  0,395. 

10.  Veue  de  l'abbaye  de  Montmartre,  le  19  mars  1625.  — 
Aspet  de  Vabaie  de  Montmartre  les  Paris.  Faict  le  19  mars 
1625.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé.  L.  0,435,  h.  0,290. 

11.  Veue  du  mausolée  des  Valois  à  Saint-Denis  en  France.  — 
Du  mausolée  des  Valois  à  Saint-Denis  en  France  (vue  exté- 
rieure avec  des  croquis  sur  le  verso  de  la  feuille  représentant  les 
statues).  —  Dess.  à  la  pi.  lavé.  L.  0,525,  h.  0,400. 

12.  Veue  de  l'église  de  Saint-Denis  en  France.  —  De  Veglize 
Saint-Denis  en  France.  —  Croquis  au  cravon  du  portail  et  de 
la  nef.  L.  0,560,  h.  0,420. 

13.  Veue  de  l'église  de  Notre-Dame  de  Chartres.  —  Aspet 
de  Veglize  de  Nostre  Dame  de  Chartres.  —  Dess.  lavé. 
L.  0,550,  h.  0,400. 

14.  Veue  des  ruines  de  l'abaye  de  Bourgueil,  en  Anjou,  en 
1 624 .  —  Ruines  dans  V  a  bbaie  de  Bout  -gueil  à  M' de  Cha  rtres  * , 
1624.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé.  L.  0,535,  h.  0,400. 

15.  Autre  veue  de  l'abaye  de  Bourgueil.  —  Aspet  de  Bour- 
gueil abbaie  à  M'  de  Chartres.  —  Dessin  à  la  plume  lavé. 
L.  0,545,  h.  0,390. 

î.  Léonor  d'Estampes  Valençay,  évêque  de  Chartres. 


2^0 

16.  Autre  veue  de  l'abaye  de  Bourgueil,  en  1624.  —  De 
Vabbaie  de  Bourgueil  à  M'  de  Chartres.  —  Dess.  à  la  pi. 
lavé.  L.  0,535,  h.  0,380. 

17.  Veue  de  l'abbaye  de  Bourgueil,  en  1624.  —  De  Vabbaie 
de  Bourgueil  à  M''  de  Chartres,  1624.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé. 
L.  0,340,  h.  0,380. 

18.  Veue  de  l'église  de  Saint-Jullien,  au  Mans.  —  Aspet  de 
l'église  de  Saint-Jullien,  du  Mans,  8  januariii624,  achevé 
le  4  juillet  1637.  —  Dess.  à  la  mine  de  plomb  lavé,  rehaussé 
de  plume.  L.  0,552,  h.  0,400. 

19.  Veue  de  la  ville  de  Rennes,  en  Bretagne,  le  24  d'août  1624. 

—  24  augusti  1624.  Aspet  de  la  ville  de  Renés,  en  Bre- 
taigne.-^  Dess.  à  la  pi.  lavé.  L.  0,565,  h.  0,400. 

20.  Veue  de  la  ville  de  Ploermel,  en  Bretagne,  en  1626.  — 
Aspet  de  laville  de  Ploermel,  en  Bretaigne,  enapvril  1626. 

—  Dess.  au  crayon  lavé.  L.  0,400,  h.  0,270. 

21 .  Autre  {sic)  veue  du  château  de  Chenevoux,  en  Forest  ^ .  — 
Le  château  de  Chenevoux.  —  Dess.  lavé  au  bistre.  L.  0,400, 
h.  0,245. 

22.  Veue  du  château  de  Chenevoux,  le  26  juillet  1618.  —  Le 
château  de  Chenevoux,  26  jullii  1618.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé. 
L.  0,533,  h.  0,375. 

23.  Veue  du  château  de  Chenevoux.  — Du  chasteau  de  Che- 
nevoux, 7  janv.  1611.  —  Dessin  lavé  de  bleu.  L.  0,230, 
h.  0,152. 

24.  Veue  de  la  Flèche.  —  Aspet  de  la  Flèche,  en  Anjou.  — 
Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,530,  h.  0,393. 

25.  Veue  de  la  ville  de  la  Flèche,  en  Anjou.  —  Aspet  de  la 
ville  de  la  Flèche,  en  Anjou.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu 
(deux  dessins).  L.  0,542,  h.  0,385. 

26.  Veue  d'une  porte  de  la  Flèche.  —  Porte  de  la  Flèche. 

—  Crayon  lavé  au  bistre.  L.  0,400,  h.  0,260. 

27.  Veue  de  Luche  {sic  pour  Luché),  prieuré  du  collège  de  la 
Flèche,  le  2  février  1612.  —  Luche,  prioré  du  collège  de  la 
Flèche.  Luché,  1612,2  febvrier.  (En  haut,  contre  une  maison  :) 
Maison  du  fermier.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé.  L.  0,515,  h.  0,380. 

1.  Ce  château  appartenait  à  Jacques  Colon,  frère  du  P.  Coton,  l'un  des  fon- 
dateurs du  collège  de  Roanne.  Voyez  ci-après  n"  113.  En  1611,  Jacques  Coton 
avait  donné  une  maison  à  Roanne  pour  y  installer  les  Jésuites. 


2ii 

28.  Veue  du  collège  royal  de  la  Flèche.  —  Bu  collège  roial 
de  la  Flèche,  1612.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé.  L.  0,550,  h.  0,400. 

29.  Veue  des  jardins  et  de  la  maison  royale  de  la  Flèche,  en 
1612.  —  Prospectus  regiorum  œdificiorum  hortorumque 
Flexientium  septenlrionalcm  plagam  aspicientium,  1612. 

—  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,345,  h.  0,401. 

30.  Veue  du  prieuré  de  Saint-Jacques  de  la  Flèche,  en  1612, 

—  Aspet  contre  le  prioré  de  Saint- Jacques  de  la  Flèche, 
1612.  —  Dess.  à  la  pi.  L.  0,550,  h.  0,400. 

31 .  Veue  d'un  moulin  proche  de  la  Flèche.  —  Molins  proche 
de  la  Flèche.  —  Dess.  au  crayon  lavé  à  l'encre  de  Chine. 
L.  0,380,  h.  0,230. 

32.  (Sans  titre  et  sans  lettre.  Constructions  du  collège  royal 
de  la  Flèche.)  —  Dessin  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,400,  h.  0,250. 

33.  (Sans  titre.  Constructions  du  collège.)  —  9  julii  1612.  — 
Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,400,  h.  0,250. 

34.  Veue  de  la  maison  de  Ghivergni,  proche  Blois.  —  Aspet 
de  la  maison  de  M.  le  comte  de  C hiver gni^, proche  de  Blois. 

—  Dess.  au  crayon  lavé  d'encre  de  Chine.  L,  0,410,  h.  0,280. 

35.  Veue  d'une  partie  de  l'église  de  Sainte-Croix  d'Orléans,  le 
21  avril  1623.  —  Du  21  apvril  1623.  Aspet  des  pourtaus  du 
costé  du,  cloistre  avant  leur  démolition.  (Et  plus  haut  :) 
Ueglize  Sainte-Croix  d'Orléans.  —  Dess.  lavé  à  l'encre  de 
Chine.  L.  0,520,  h.  0,370. 

36.  Veue  d'une  partie  des  ruines  de  l'intérieur  de  l'église  de 
Sainte-Croix  d'Orléans  en  1623.  —  (Dessin  en  deux  parties,  on  lit  à 
droite,  sur  divers  points  :)  Prospect  de  la  porte  du  cloistre  de 
Veglize  Sainte-Croix  d'Orléans,  du  costé  du  midi,  avec  Vas- 
pet  des  ruines,  au  desus  et  auliour  ladicte  porte  prenant 
V aspet  du  dedans  de  ladicte  eglize.  Faict  le  20  apvril  1623. 
(Plus  bas,  sur  un  pan  de  mur  :)  Ruines  démolies  pour  bastir  la 
croisée  de  Sainte-Croix  d'Orléans.  Du  20  apvril  1623. 
(Plus  à  gauche  :)  P  illier  s  neufs  de  la  croix  de  Veglize.  (Dans 
le  dessin  de  gauche  on  lit  :)  Cest  aspet  regarde  V occident. 
Chambre  des  contes.  Chapitre.  Du  21  apvril  1623.  — Dess. 
à  la  pi.  lavé  d'encre  de  Chine.  L.  0,560,  h.  0,420. 

37.  Veue  de  la  maison  de  la  Brillière^  {sic)  en  1621.  —  La 

1.  Le  comte  de  Cheveiny  était  alors  Henry  Hurault,  lieutenant  général  au 
gouvernement  d'Orléans,  né  en  1575,  mort  en  1648. 

2.  Le  lieutenant  général  dont  il  est  fait  mention  ici  était  François  de  Beauhar- 


212 

Grillière,  1621.  (En  haut,  au  crayon  :)  La  Grillière,  20  juing 
1621 ,  proche  d'Orléans,  à  M.  le  lieutenant  général.  —  Dess. 
à  la  pi.  lavé.  L.  0,360,  h.  235. 

38.  Veue  de  la  maison  de  la  Brillière,  proche  d'Orléans,  en 
1521.  —  La  Grillière,  maison  champestre,  proche  d'Or- 
léans, à  M.  le  lieutenant  gênerai,  le  22  Juing  1621.  — Dess. 
à  la  pi.  lavé.  L.  0,360,  h.  0,235. 

39.  Autre  veue  de  la  maison  de  FromenteS  en  1619,  à  Fle- 
cheres,  près  de  Lyon  (voyez  ci-après  n°  126).  —  A  M""  La  Fro- 
mente,  à  Flecheres,  1619.  —  Crayon  lavé  à  l'encre  de  Chine. 
L.  0,540,  h.  0,390. 

40.  Veue  de  la  maison  de  Fromente,  en  1619,  près  de  Lyon. 

—  De  la  maison  de  M''  La  Fromente,  1619.  —  Dess.  au 
crayon  lavé  à  l'encre  de  Chine.  L.  0,365,  h.  0,240. 

41.  Veue  du  château  de  la  Source,  proche  d'Orléans.  —  Le 
château  de  M.  de  la  Source  (sic)  de  Loiret,  proche  d'Or- 
léans. —  Dess.  au  crayon  lavé  à  l'encre  de  Chine.  L.  0,370, 
h.  0,260. 

42.  Veue  de  la  ville  de  Bourges.  —  Aspet  de  la  ville  de 
Bourges,  retourna^it  de  Lassenet  (Lazenay?).  — Dess.  au 
crayon  lavé.  L.  0,485,  h.  0,320. 

43.  Veue  de  l'église  de  Saint-Etienne  de  Bourges.  —  Eglize 
Saint-Estienne  de  Bourges.  —  Dess.  au  crayon  lavé.  L.  0,445, 
h.  0,335. 

44.  Veue  de  l'intérieur  de  l'eghse  de  Saint-Estienne  de. 
Bourges.  —  De  V eglize  Saint-Estienne  de  Bourges.  —  Cro- 
quis informe  au  crayon.  L.  0,295,  h.  0,450. 

45.  Veue  de  la  croupe  de  l'église  de  Saint-Estienne  de  Bourges. 

—  Crouppe  de  V eglize  de  Saint-Estienne  de  Bourges.  — 
Crayon  lavé  à  l'encre  de  Chine.  L.  0,435,  h.  0,310. 

46.  Veue  de  la  Sainte-Chapelle  du  palais  de  Bourges.  —  La 
Sainte-Chapelle  et  palaix  de  Bourges.  —  Crayon  lavé. 
L.  0,420,  h.  0,290. 

47.  Veue  d'une  partie  du  collège  de  Bourges.  —Du  collège  de 
Bourges.  —  Crayon  lavé  à  l'encre  de  Chine.  L.  0,420,  h.  0,325. 

nois,  sieur  de  Villechauve  et  de  la  Grillière,  lieutenant  général  au  bailliage  et 
présidial  d'Orléans,  de  1595  à  1635. 

1.  La  maison  ici  désignée  était  à  Fléchères;  elle  appartenait  à  l'un  des 
membres  de  la  célèbre  famille  lyonnaise  des  Sève,  nommé  Jean,  et  qui  était 
seigneur  de  Fromentes  et  de  Villette. 


2^3 

48.  Veue  de  la  maison  des  Champs,  du  collège  de  Bourges.  — 
Maison  des  Chamiis,  du  collège  de  Bourges,  appelé  VAze- 
net.  —  Crayon  lavé.  L.  0,492,  h.  0,320. 

49.  Veue  de  la  ville  de  Nevers.  —  De  la  ville  de  Nevers.  — 
Croquis  lavé.  L.  0,555,  h.  0,390. 

50.  Veue  de  l'église,  du  palais  et  de  la  place  ducale  de  Nevers. 
—  Esglize,palaix  et  place  ducale  de  Nevers.  —  Croquis  au 
crayon  lavé  à  l'encre  de  Chine.  L.  0,490,  h.  0,330. 

51.  Veue  du  collège  de  Nevers.  —  Du  collège  de  Nevers.  — 
Croquis  au  crayon  lavé.  D.  0,410,  h.  0,280. 

52.  Veue  d'une  partie  du  collège  de  Nevers.  —  Partie  du 
collège  de  Nevers.  — Croquis  lavé.  L.  0,380,  h.  0,260. 

53.  Veue  de  Saint- Antoine  du  coUege  de  Nevers.  —  Saint- 
Antoine  du  collège  de  Nevers.  —  Croquis  lavé.  L.  0,415, 
h.  0,290. 

54.  Veue  du  palais  du  duc  de  Nevers.  —  Palais  du  duc  de 
Nevers.  —  Croquis  au  crayon  lavé  à  l'encre  de  Chine.  L.  0,421, 
h.  0,302. 

55.  Veue  de  l'église  des  Minimes  de  Nevers.  —  Eglize  des 
R^^P.  7ninimes  de  Nevers.  —  Crayon  lavé.  L.  0,400,  h.  0,290. 

56.  Autre  {sic)  veue  du  biitiment  de  l'église  du  collège  de 
Dijon,  le  15  janvier  1614.  —  1614,  ibjanu.  —  Dess.  à  la  pi. 
lavé  de  bleu.  L.  0,535,  h.  0,400. 

•  57.  Veue  delà  viUe  de  Dijon.  —  La  ville  de  Dijon  en  Bour- 
gongne.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu  (deux  vues  différentes). 
L.  0,556,  h.  0,400. 

58.  Veue  de  la  ville  de  Dijon,  le  17  août  1611.  —  TJrhs  Divio- 
nensis,  17  augusti  1611.  Septentrio.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de 
bleu.  L.  0,525,  h.  0,380. 

59.  Veue  de  la  maison  du  roi  à  Dijon.  —  Maison  du  roi  à 
Dijon.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu  et  de  bistre.  L.  0,545, 
h.  0,390. 

60.  Veue  de  l'église  de  Saint-Michel  de  Dijon,  le 29 septembre 
1615.  — Anno  1615,  29  septembris  Diuioni.  L' eglize  Saint- 
Michel.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,555,  h.  0,394. 

61.  Autre  veue  du  collège  de  Dijon,  le  22  septembre  1610.  — 
Prospectus  areœ  collegii  Divionensis  anno  1610,  22  sep- 
tembris. —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,535,  h.  0,390. 

62.  Veue  de  l'église  de  Notre-Dame  de  Dijon,  en  1610.  — 


244 

Eglize  de  Nostre-Dame  de  Dijon,  1610.  —  Dess.  à  la  san- 
guine. L.  0,550,  h.  0,395. 

63.  Veue  du  collège  de  Dijon,  en  1611.  —  Area  collegii 
Divionensis,  1611  mense  Augusti.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de 
bleu.  L.  0,535,  h.  0,390. 

64.  Veue  du  collège  de  Dijon.  —  Aspet  du  collège  de  Dijon. 

—  Dess.  au  crayon.  L.  0,520,  h.  0,390. 

65.  Veue  de  la  maison  des  Chartreux,  de  Dijon.  —  Les  char- 
treux de  Dijon.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,530, 
h.  0,390. 

66.  Veue  de  Sainte-Applume^  (sic),  19  {sic)  septembre  1610. 

—  29  septembre  1610.  Saint-Applume  (sic),  à  M.  Tabourot. 

—  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,530,  h.  380. 

67.  Veue  du  bâtiment  de  l'église  du  collège  de  Dijon,  en  1610. 

1610.  Prospectus  ecclesie  coll.  Divionensis  et  py^ogressus 

edificii  ejusdem  anno  1610,  23  septemhris.  —  Dess.  à  la  pi. 
lavé  au  bleu.  L.  0,520,  h.  0,392. 

68.  Veue  de  Saint- Apollinaire,  le  29  septembre  1610.  —  S. 
Apolinaris,  29  septembris  1610.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de 
bleu.  L.  0,525,  h.  0,380. 

69.  Veue  du  château  d'Argigly  {sic),  le  18  juillet  1611.  — 
Argigli,  18  julii  1611.  —  Dess.  àla  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,385, 
h.  0,250. 

70.  Veue  delà  baronnie  de  Gentilli^,  en  1611.  —  La  baron- 
nie  de  Gentilli,  appartenant  au  collège  de  Dijon,  en  Bour- 
go7igne,  1611.  20  Julii  1611.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu. 
L.  0,395,  h.  0,260. 

71.  Veue  de  la  baronnie  de  Gentilli,  le  18  juillet  1611.  — 
18;m/^zï1611.  Gentilli.  —Dess.  àla  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,390, 
h.  0,260. 

72.  Veue  de  la  maison  champestre  du  collège  de  Glermont,  en 
1638,  à  GentilH,  près  Vd^vï^.  — Aspet  delà  maison  champêtre 
du  collège  de  Clairmond  (sic),  à  Gentilli,  1638.  (Et  de  l'autre 

1.  Saint- Applumé,  Epleumay  en  patois  bourguignon;  c'est  Saint- Appolli- 
naire,  arrondissement  et  canton  de  Dijon,  où  Etienne  Tabourot,  sieur  des 
Accords,  possédait  l'ancien  château  fort. 

2.  Ce  doit  être  Ântiily  et  non  Gentilly.  Antilly  est  dans  la  commune  d'Ar- 
gilly.  D'ailleurs,  le  dessinateur  qui  était  à  Argilly  le  18  juillet  eût  eu  peine  à  se 
trouver  le  même  jour  à  Gentilly.  Antilly,  au  contraire,  était  à  quelques  pas. 


245 

côté,  au  crajon  :)  Domus  recreationis  collegii  Parisiensis  à 
Gentilli,  28  augusti  1639.  —  Dess.  au  crayon  lavé  d'encre  de 
Chine.  L.  0,5-10,  h.  0,390. 

73.  Veue  d'une  grange  ruinée  par  le  vent  le  21  mars  1616,  (au 
crayon  :)  sur  le  chemin  de  Seurre  à  Dijon.  —  (Au  dos  :)  Grange 
ruinée  "par  V orage  du  vent  au  chemin  de  Surre  à  Dijon. 
(Au  r°  :)  le  21  mars  1616.  —  Dess.  à  la  pierre  d'Italie.  L.  0,400, 
h.  0,336. 

74.  Veue  du  bourg  de  Fontaine  et  de  son  esglise,  —  Fontaine 
ou  est  nay  S.  Bernard  proche  à  Dijon.  A.  Château.  B. 
Eglize  paroquiale.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,385, 
h.  0,243. 

75.  Veue  du  bourg  de  Fontaine,  le  21  septembre  1611.  — 
Fontaine,  lieu  de  la  naissance  de  saint  Bernard,  21  sep- 
tembre 1611.  —  Dessin  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,540,  h.  0,380. 

76.  Veue  du  cloitre  de  l'abaye  de  Cîteaux ,  en  1613.  — 
Cloistre  de  Vabbaie  de  Citeaux,  1613.  —  14  janu.  1613.  De 
V esglise  et  cloistre  de  Vabbaie  de  Cyteaux.  —  Dess.  à  la  san- 
guine. L.  0,445,  h.  0,355. 

77.  Veue  d'une  partie  du  collège  de  Bezançon.  —  Parseccle- 
siœ  collegii  Bizuntini  societatis  Jesu.  Reliquii  pars  pro- 
spectus urbis  anno  1610  mense  februarii.  —  Dess.  à  la  pi. 
lavé  de  bleu.  L.  0,552,  h.  0,400. 

78.  Veue  de  la  ville  de  Favernay,  en  1617.  —  Fauvernay, 
ou  est  arrivé  le  miracle  du  saint-sacrement,  1617  (mais  au 
crayon  on  lit  :)  7  maii  1613  {sic).  —  Dess.  au  crayon  lavé  à 
l'encre  de  Chine.  L.  0,380,  h.  0,242. 

79.  Veue  de  la  ville  de  Dole.  —  Aspet  de  la  ville  de  Dole  au 
conté  de  Bourgongne.  —  Dess.  au  crayon  lavé  à  l'encre  de 
Chine.  L.  0,530,  h.  0,370. 

80.  Veue  de  Jounolle  {sic),  au  comté  de  Bourgongne.  —  Jon- 
velle  au  comité  de  Bourgongne  ou  la  compagnie  a  un  prioré. 

—  Dess.  au  crayon  lavé  d'encre  de  Chine.  L.  0,550,  h.  0,380. 

81.  Veue  de  l'egHse  du  collège  de  Dole,  en  1610.  —  U eglize 
du  collège  de  Dole  et  logis  jongnant  icelle.  Faict  à  Dole, 
en  janvier  1610.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,401, 
h.  0,300. 

82.  Veue  d'une  partie  du  collège  de  Dole,  le  10  janvier  1610. 

—  Du  collège  de  Dole.  Le  18  janvier  1610  à  Dole.  Partie 


2^6 

du  collège  de  Dole.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,545, 
h.  0,390. 

83.  Veues  de  la  ville  de  Bellegarde,  le  7  septembre  1611.  — 
Be  la  ville  de  Sur re-sur-S aulne,  aultrement  Bellegarde, 
7  septe?nbre  1611.  Surre-sur-S aulne,  1611.  Surre,  4  sep- 
tembris  1611.  —  Dess.  à  la  pi.  L.  0,540.  h.  0,370. 

84.  Veue  de  Bellegarde,  le  3  février  1613.  —  Surre  ou  Bel- 
legarde, 3  feb.  1613.  Sône  rivière.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé 
d'encre  de  Chine.  L.  0,415,  h.  0,260. 

85.  Veue  de  Bellegarde,  le  8  février  1613.  —  Surre  ou 
Bellegarde,  8  febvrier  1613.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre. 
L.  0,410,  h.  0,270. 

86.  Sur  le  chemin  de  Bourgongne,  sur  la  Sone.  —Dess.  à 
la  pi.  lavé  d'encre  de  Chine.  L.  0,395,  h.  0,250. 

87.  Veue  de  l'abaye  de  Tournas,  sur  la  Saonne.  —  Vabaie 
de  Tournus  sur  la  Saune.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre  de 
Chine.  L.  0,405,  h.  0,259. 

88.  (Tournus  ?)  —  Dess.  à  la  pi.  lavéd'encrede  Chine.  L.  0,401 , 
h.  0,250. 

89.  Carte  du  parcours  de  l'artiste  identique  aux  numéros  1 
et  91. 

90.  Autre  {sic)  veue  de  la  ville  de  Roanne,  le  16  may  1610. 
—  Roanne,  le  16  may  1610.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu  et 
d'encre.  L.  0,540,  h.  0,390. 


IP  Volume  (Titre  de  1717,  gravé). 

91.  Carte  identique  aux  numéros  1  et  89. 

92.  Veue  d'un  ancien  arc  de  triomphe  à  Autun,  en  1611.  — 
Arc  triomphal  à  Aiithun,  en  Bourgongne,  1611.  Septimo 
maii  1611.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,529,  h.  0,381. 

93.  Veue  d'un  arc  de  triomphe  à  Autun,  le  31  de  may  1611. 
—  Arc  trionphal  à  Authun,  en  Bourgongne.  Septimo  maii 
1611.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,515,  h.  0,365. 

94.  Veue  du  château  de  Monjeu,  près  d' Autun,  le  16  may 
1611.  —Maison  de  M.  le  président  Janin,  proche  d' Autun, 
dicte  Monjeu.  1611.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,554, 
h.  0,395. 

95.  Veue  du  château  de  Monjeu,  près  d' Autun.  —6mayi6ii. 


217 

Domus  domini  presidentis  Jannin  à  Mont  jeu.  —  Dess.  à  la 
pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,545,  h.  0,385. 

96.  Autre  veue  de  Moulins,  en  Bourbonnois.  —  De  la  ville 
de  Molins,  en  Bourbonnois.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  sépia. 
L.  0,385,  h.  0,250. 

97.  Veue  de  Moulins,  en  Bourbonnois.  —  Molins,  en  Bour- 
bonnois. —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  sépia.  L.  0,390,  h.  0,255. 

98.  Veue  de  la  maison  de  Posculi  {sic),  du  collège  de  Mou- 
lins. —  La  maison  de  Poseulz  dit  collège  de  Molins.  —  Dess. 
au  crayon  lavé  d'encre.  L.  0,360,  h.  0,240. 

99.  Veue  de  la  ville  de  Roanne,  le  10  may  1610.  —  Rouanne, 
1610,  le  10  may.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,535, 
h.  0,394. 

100.  Autre  veue  de  la  ville  de  Roanne,  le  13  may  1610.  — 
Roannœ  13  may  1610;  occidens.  —  Dess.  à  pi.  lavé  de  bleu. 
L.  0,515,  h.  0,375. 

101.  Ty"  veue  {sic)  du  bâtiment  de  l'église  du  collège  de  Roanne, 
le  31  de  décembre  1620.  —  Cinquiesme  année  de  la  bâtisse  de 
Veglize  du  collège  de  Roanne,  ultimo  decembyHs  1620.  (Au 
crayon  :)  Achevé  le  1  juillet  1637.  —  Dess.  au  crayon  lavé 
d'encre  de  Chine.  L.  0,574,  h.  0,395. 

102.  l"^*^  veue  du  bâtiment  de  l'église  du  collège  de  Roanne,  le 
16  décembre  1617.  —  Première  année  de  la  bâtisse  de 
Veglize  du  collège  de  Roanne.  Ecclesia  collegii  Roannensis 
16  decembris  1617.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé.  L.  0,525,  h.  0,385. 

103.  2"  veue  du  bâtiment  de  l'église  du  collège  de  Roanne.  — 
Ecclesia  collegii  Roannensis2d  augusti  1618,  seconde  année 
de  la  bâtisse.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre  de  Chine.  L.  0,512, 
h.  0,377. 

104.  3"  veue  du  bâtiment  de  l'église  du  collège  de  Roanne.  — 
Ecclesia  collegii  Roannensis  societatis  Jesu  5  augusti  1619, 
troisiesrae  année  de  la  bâtisse.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre 
de  Chine.  L.  0,530,  h.  0,390. 

105.  4^  veue  du  bâtiment  de  l'église  du  collège  de  Roanne.  — 
Quatriesyne  année  de  la  bâtisse.  Eglize  de  Roanne.  (Au 
crayon  :)  8  juillet  1637.  —  Dess.  au  crayon  lavé  d'encre  de 
Chine.  L.  0,555,  h.  0,400. 

106.  Autre  {sic)  veue  de  l'abaye  de  la  Bénissons --Dieu,  en 
1618.  —  Uabbaie  de  la  Benisson-Dieu,  proche  de  Roanne, 


218 

1618.  (Sur  le  puits  :)  2hjunii  1618.  — Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre. 
L.  0,490,  h.  0,350. 

107.  Autre  veue  de  l'abaye  de  la  Bénissons-Dieu,  le  25  juin 
1618.  —  Vabbaie  de  la  Bénissons-Dieu,  25  junii  1618.  — 
Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre.  L.  0,515,  h.  0,360. 

108.  Veue  de  l'abaye  de  la  Bénissons-Dieu,  le  25  juin  1618. 

—  Vdbhaie  de  la  Bénis  sons- Dieu,  2b  junii  1618.  —  Dess.  à 
la  pi.  lavé  d'encre  de  Chine.  L.  0,510,  h.  0,370. 

109.  Veue  du  monastère  de  Beaulieu,  près  de  Roanne,  le 
17  novembre  1617.  —  Monasterium  monialiumS.  Benedicti 
prope  Roannam  vulgo  Beaidieu,  1617,  17  novembris.  — 
Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre.  L.  0,542,  h.  0,386.  (Au  verso  de  ce 
dessin  se  trouvent  trois  têtes  de  femmes  à  la  sanguine.) 

110.  Veue  du  prieuré  de  Riorges,  du  collège  de  Roanne,  le 
11  mai  1610.  —  Le  11  may  1610.  Le  prioré  de  Riorges,  du 
collège  de  Roanne.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,380, 
h.  0,245. 

111.  Veues  du  collège  de  Roanne.  —  (l'^  vue  :)  Du  collège  de 
Roanne.  Ad  occidentem  versus.  1610.  (2^  vue  :)  Du  collège 
de  Roanne.  Ad  orientem  versus.  TJltimo  decembris  1610. 

—  Deux  dess.  à  la  pi.  lavés  de  bleu.  L.  0,250,  h.  0,170  (chacun). 

112.  Veue  du  collège  de  Roanne.  —  Du  collège  de  Roanne. 

—  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,250,  h.  0,171. 

113.  Veue  de  la  maison  de  Chenevoux*.  —  Perspective  de 
la  maison  de  M""  de  Chenevouœ,  à  Roanne,  pour  une  rési- 
dence de  la  compagnie  de  Jésus,  1611  (vue  à  vol  d'oiseau  avec 
de  nombreuses  indications  manuscrites).  —  Dess,  à  la  pi.  lavé  de 
bleu.  L.  0,255,  h.  0,360. 

114.  Veue  du  prieuré  du  coUege  de  Roanne,  le  16  octobre 
1617.  —  Prioratus  collegii  Ronnensis  de  Riorges,  16  octo- 
hris  1617.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre  de  Chine.  L.  0,540, 
h.  0,390. 

115.  Veue  de  l'église  de  Cluni,  le  22  septembre  1617.  — 
Ueglize  de  Cluni,  1617,  22  septembre.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé 
d'encre  de  Chine.  L.  0,545,  h.  0,395. 

116.  Veue  de  la  ville  de  Maçon,  le  6  d'octobre  1618.  —  Mas- 


1.  Ce  petit  château  était  venu  aux  Coton  par  le  mariage  de  Philiberte  Champ- 
rond  avec  Guichard  Coton,  châtelain  de  Néronde,  en  1569.  Jacques  Coton  le 
donna  aux  Jésuites  en  1611,  mais  ceux-ci  y  étaient  installés  dès  1610. 


2i9 

con,  6  octobre  1618.  —  Dess.  au  crayon  lavé  d'encre.  L.  0,544, 
haut.  0,395. 

117.  (Sans  indications,  mais  probablement  la  colline  de  Four- 
vières,  à  Lyon.)  —  Croquis  au  crayon.  L.  0,405,  h.  0,345. 

118.  Veue  du  sépulcre  des  deux  amants,  à  Lyon,  le  2  février 
1619.  —  Sépulcre  des  deux  amantz,  à  Lion,  2  febvrier 
1619.  —  Dess.  au  crayon  lavé  d'encre.  L.  0,270,  h.  0,400. 

119.  Veue  de  la  maison  des  Carmélites,  à  Lyon.  —  Maison 
des  Carmélites,  à  Lion,  1616.  En  apvril  1616.  —  Dess.  à  la 
pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,408,  h.  0,265. 

120.  Veue  de  l'église  des  Chartreux  de  Lyon.  —  Eglize  des 
P.  Chartreux,  à  Lion.  —  Dess.  à  la  sanguine.  L.  0,420, 
h.  0,283. 

121.  Veue  de  l'abaye  de  Notre-Dame  de  l'Isle-Barbe,  près  de 
Lyon.  —  Uahhaie  de  Nostre  Dame  de  V  Yle ,  proche  à  Lion, 
1016.  30  maii  1618  {sic).  Ecclesia  sancti  Lupi  episcopi  in 
insula  Barbara  prope  Lugdunum.  —  Dess.  à  la  plume  lavé 
d'encre.  L.  0,555,  h.  0,400. 

122.  Veue  de  Notre  Dame  de  Lyle,  le  6  octobre  1609.  — 
Notre  Dame  de  V  Yle,  le  6  octobre  1609.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé 
de  bleu.  L.  0,250,  h.  0,165. 

123.  Veue  de  l'Isle-Barbe,  près  de  Lyon,  le  10  juillet  1637. 
—  Aspet  de  lysle  Barbe,  proche  Lion,  achevé  le  10  jidlet 
1637.  —  Dess.  au  crayon  lavé  d'encre.  L.  0,540,  h.  0,390. 

124.  Veue  de  l'Isle-Barbe,  le  12  juin  1618.  —  Insula  Bar- 
bara prope  Lugdunum,  12  juin  1618.  —  Dess.  au  crayon 
lavé  d'encre  de  Chine.  L.  0,555,  h.  0,400. 

125.  Veue  de  Notre  Dame  de  l'Isle  Barbe,  proche  Lyon,  en 
1608.  —  Notre  Dame  de  Vyle,  proche  de  Lion.  Nostre  Dame 
de  lysle  Barbe,  proche  de  Lion.  1608.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé 
de  bleu.  L.  0,355,  h.  0,222. 

126.  Veue  de  la  maison  de  Fromente,  près  de  Lyon.  —  Aspet 
de  la  maison  de  M.  la  Fromente,  proche  Lion  (voy.  ci- 
devant  n**'  39  et  40).  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre.  L.  0,550, 
h.  0,390. 

127.  Veue  de  Montbrison  en  Forés,  le  10  janvier  1611.  — 
Montbrison  en  Forest.  10  januarii  1611.  —  Dess.  à  la  pi. 
lavé  de  bleu.  L.  0,530,  h.  0,380. 

128.  Veue  de  la  Bastie  d'Urfé  en  Forés.  —  La  Bastied'Urfé 


220 

en  Forest.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre  de  Chine.  L.  0,553, 
h.  0,405. 

129.  Veue  de  Nerondes,  lieu  de  la  naissance  du  P.  Coton.  — 
Ner ondes,  lieu  de  la  naissance  du  R.  P.  Coton.  —  Dess.  au 
crayon  lavé  d'encre.  L.  0,400,  h.  0,250. 

130.  Veue  de  la  ville  de  Vienne,  le  11  juillet  1606.  —  Vienne, 
ii  juin  1606.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,575,  h.  0,420. 

131.  Veue  de  la  ville  de  Vienne,  en  Dauphiné,  le  20  janvier 
1619.  —  De  Vienne  en  Dauphiné,  1619,  20  janvier.  20  ja- 
nuarii  1619.  Viennœ.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre  de  Chine. 
L.  0,540,  h.  0,390. 

132.  Veue  d'une  partie  de  la  ville  de  Vienne,  en  Dauphiné,  le 
20  janvier  1619.  —  Viennœ,  20  januarii  1619.  —  Dess.  à  la 
pi.  lavé  d'encre  de  Chine.  L.  0,526,  h.  0,385. 

133.  Veue  de  la  pyramide  de  Vienne,  en  Dauphiné.  —  De  la 
pyramide  de  Vienne,  en  Daufinè.  —  Croquis  à  la  sanguine. 
L.  0,395,  h.  0,264. 

134.  Veue  de  la  pyramide  de  Vienne,  en  Dauphiné,  le  20  jan- 
vier 1619.  —  Viennœ,  1619,  20  Janiearù".  —  Dess.  à  la  pi.  lavé 
d'encre.  L.  0,250,  h.  0,390. 

135.  Veue  de  la  ville  du  Puy  en  Velay,  en  1607.  —  Aspet 
de  la  ville  du  Puy  en  Velay.  29  apvril.  Le  Puy  en  Velay, 
1607.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  sépia.  L.  0,550,  h.  0,395. 

136.  Veue  de  l'aiguille  de  saint  Michel,  proche  la  ville  du 
Puy.  —  L'eguillie  saint  Michel,  proche  la  ville  du  Puy  en 
Velay.  —  Croquis  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,190,  h.  0,275. 

137.  Veue  de  la  ville  du  Puy,  en  1611,  le  19  janvier.  —  De 
la  ville  du  Puy.  l'a  janvier  1611.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de 
bleu.  L.  0,545,  h.  0,395. 

138.  Veue  de  la  ville  du  Puy,  le  l"^""  1607.  —  Anicium, 
1°  maii  1607.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre  de  Chine.  L.  0,555, 
h.  0,390. 

139.  Veue  du  bâtiment  de  l'église  collégiale  {sic)  du  Puy,  le 
28  février  1617.  —  Prospectus  ecclesiœ  collegii  Aniciensis, 
28  fehr.  1617,  dum  ecclesia  œdificatur.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé 
d'encre  de  Chine.  L.  0,545,  h.  0,410. 

140.  Veue  d'une  partie  du  collège  du  Puy  et  de  l'église  de 
Nostre  Dame,  le  27  février  1617.  —  Partie  du  collège  du  Puy 
et  de  Veglize  de  Nostre  Da?ne.  Anicii  27  februarii  1617.  — 
Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre  de  Chine.  L.  0,555,  h.  0,400. 


221 

141.  Veue  du  prieuré  de  Jonnelle  (sic),  le  8  d'août  1617.  — 
9  augusti  1617.  Prioratus  Jonvelle  collegii  Dolani.  —  Dess. 
à  la  pi.  lavé  d'encre.  L.  0,545,  h.  0,395. 

142.  Veue  du  château  de  Polignac,  près  la  ville  du  Puy.  — 
Le  chasteau  de  Polignac,  proche  la  ville  du  Puy,  24  februa- 
rii  1617.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre.  L.  0,545,  h.  0,395. 

143.  Veue  du  {sic)  Vesoul,  du  clos  des  Capucins.  —  Aspet  de 
Vesoul,  du  clos  des  Cappucins,  1615.  —  Croquis  au  crayon 
lavé  d'encre.  L.  0,545,  h.  0,370. 

144.  Veue  de  la  ville  de  Chambéry,  capitale  de  Savoie,  en 
1618.  —  La  ville  de  Chambery,  capitale  de  Savoie,  1618. 

—  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre  de  Chine.  L.  0,535,  h.  0,385. 

145.  Veue  de  la  ville  de  Chambery,  en  Savoie,  le  24  janvier 
{sic)  1618.  —  La  ville  de  Chambery,  en  Savoie,  i^:  janvier 
1618.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre  de  Chine.  L.  0,545,  h.  0,400. 

146.  Veue  du  prieuré  de  Saint-Philipe,  du  collège  de  Cham- 
bery. —  Prioratus  sancti  Philipi  collegii  Camberiensis, 
3  februarii  1618.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre.  L.  0,530, 
h.  0,390. 

147.  Veue  du  prieuré  de  Saint-Philipe,  du  collège  de  Cham- 
bery. —  Prieuré  de  S.  Philippe,  du  collège  de  Chambery. 
3  februarii  1618.  Prioratus  collegii  Camberiensis  sa^icti 
Philipi.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre.  L.  0,530,  h.  0,400. 

148.  Veue  du  prieuré  de  Bourgel  en  Chambery,  le  20  janvier 
{sic)  1618.  —  Le  Bourgel,  proche  à  Chambery,  1618,  le 
iO  janvier.  Ce  prioré  appartient  au  collège  de  Chambery. 

—  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre  de  Chine.  L.  0,545,  h.  0,390. 

149.  Veue  du  prieuré  de  Borgel,  du  collège  de  Chambery, 
en  1618,  le  20  janvier.  —  Prioratus  Borgeli  collegii  Cambe- 
riensis, 1618,  20  januarii.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre  de 
Chine.  L.  0,535,  h.  0,395. 

150.  Veue  du  prieuré  de  Saint-Philipe,  du  collège  de  Cham- 
bery, en  1618.  —  Prio7^é  de  S.  Philippe,  du  collège  de 
Chambery,  1618.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre.  L.  0,540, 
h.  0,390. 

151.  Veue  de  l'abaye  de  Boscodon,  près  d'Embrun,  1606.  — 
Labaie  de  Boscodon,  près  d'Embrun,  18  ociobris  1606.  — 
Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu. 
L.  0,390,  h.  0,260. 


222 

152.  Plan  du  prieuré  de  Notre-Dame  des  Baumes*,  près  d'Em- 
brun, en  1605.  —  Ichnographie  ouplan  duprioré  deNostre 
Dame  des  Baidmes,prèsd'Emhrum,  enjuing  1605,  auquel 
souhz  le  plainpied  du  présent  plan  sont  les  caves  tout 
autour.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé.  L.  0,420,  h.  0,287. 

153.  Veue  d'une  partie  deSisteron,  en  Provence.  —  Aspet  de 
Sîsteron,  en  Provence.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,545, 
h.  0,390. 

154.  Veue  de  la  ville  de  Sisteron,  en  Provence,  le  31  d'août 
1608.  —  Aspet  de  la  ville  de  Sisteron,  en  Provence,  idtimo 
augusti,  1608.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,545,  h.  0,400. 

155.  Veue  de  Sisteron,  en  Provence,  en  1606.  —  Sisteron  en 
Prova7ice,  1606.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,345, 
h.  0,395. 

156.  Veue  de  Sisteron,  en  Provence.  —  Sisteron  en  Pro- 
vence. —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,545,  h.  0,390. 

157.  Veue  de  Sisteron  et  du  collège  commencé.  —  Sisteron  et 
C07nmencementz  du  collège.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu. 
L.  0,545,  h.  0,390. 

158  et  159.  Autre  veue  de  Sisteron.  —  Sisteron.  —  (Au  v°  :) 
Veue  de  Sisteron  en  Provence.  —  Sisteron  en  Provence.  — 
Deux  dess.  à  la  pi.  lavés  de  bleu.  L.  0,412,  h.  0,265. 

160.  Veue  de  Monfrin,  en  Provence,  en  1609.  —  Monfynn  en 
Provence,  1609.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,360, 
h.  0,250. 

161.  Veues  de  la  ville  de  Carpentras.  —  (En  haut  :)  Ville 
de  Carpentras.  (En  bas  :)  Carpentras  au  conté  Venessin. 
—  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre  de  Chine.  L.  0,555,  h.  0,380. 

162.  Veue  de  la  ville  de  Caron,  près  de  Carpentras,  le  9  juil- 
let 1607.  — ■  La  ville  de  Caron,  proche  de  Carpentras,  le 
9  Juillet  1607.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre.  L.  0,390,  h.  0,255. 

163.  Veue  de  la  Quantine  de  Carpentras.  —  La  Quantine, 
proche  de  Carpentras,  appartenant  au  collège  d'Avignon, 
dépendent  du  prioré  de  Pernes.  — Dess.  à  la  pi.  lavé  de  sépia. 
L.  0,432,  h.  0,317. 


1.  C'est  la  seule  vue  du  recueil  accompagnée  d'un  plan.  L'écriture  et  le  dessin 
sont  semblables  à  ceux  des  plans  signés  de  Martellange  conservés  dans  les 
recueils  des  Jésuites,  du  département  des  Estampes. 


223 

164.  Veue  du  théâtre  d'Orange,  —  Le  théâtre  d'Orange.  — 
Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre  de  Chine.  L.  0,520,  h.  0,385. 

165.  Veue  de  la  ville  d'Avignon^  et  des  environs.  —  De  la 
ville  d'Avignon  et  par  delà.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre  de 
Chine.  L.  0,560,  h.  0,397. 

166.  Veue  d'un  château  près  d'Avignon,  en  1608.  — Maison 
proche  d'Avignon,  appartenant  à  M.  le  cardinal  de  Joieuse. 
1608,  en  septembre.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,527, 
h.  0,380. 

167.  Veue  de  Metannes  (sic),  prieuré  du  collège  d'Avignon, 
en  1608.  — Metamies ,  prioré  du  collège  d'Avignon.  1608. 
—  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,355,  h.  0,240. 

168.  Veue  de  la  vigne  du  noviciat  d'Avignon.  —  La  vigne  du 
novitial  d'Avignon  à  Saint-Laurens.  —  Croquis  à  la  pi.  lavé. 
L.  0,385,  h.  0,250. 

169.  Veue  du  château  de  Lair,  sur  le  Rone,  près  d'Avignon, 
le  17  octobre  1616.  —  Le  chasteau  de  Lair{?)  sur  le  Rosne, 
proche  d'Avignon,  le  17  octobre  1616.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé. 
L.  0,265,  h.  0,165. 

170.  Veue  des  vestiges  de  l'église  du  Noviciat  d'Avignon.  — 
Vestige  de  l'eglize  du  noviciat  d'Avignoyi,  lorsqu'on  la 
batissoit.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,585,  h.  0,400. 

171 .  Veue  d'une  partie  du  collège  d'Avignon%  en  1 617,  le  3  de 
janvier.  —  Partie  du  collège  d'Avig7ion,  1617. 1617,  "à  jan- 
vier. —  Dess.  à  la  pi.  lavé  d'encre.  L.  0,550,  h.  0,390. 

172.  Veue  de  la  ville  d'Avignon,  le  29  d'août  1609.  —  Aspet 
de  la  ville  d' Avignon,  29  augusti  1609.  —  Dess.  à  la  pi.  lavé 
d'encre.  L.  0,550,  h.  0,390. 

173.  Veue  de  la  ville  d'Avignon,  en  1608.  —  1608  enaoust. 
De  la  ville  d'Avignon.  A.  Tour  du  collège.  —  Dess.  à  la  pi. 
lavé  de  bleu.  L.  0,550,  h.  0,390. 

174.  Veue  de  l'eveché  de  Beziers,  le  22  novembre  1616.  — 
Aspet  de  l'eveché  de  Beziers,  22  novembris  1616.  —  Dess.  à 
la  pi.  lavé  de  bleu.  L.  0,535,  h.  0,390. 

1.  Il  y  a  deux  vues  arrachées  à  ce  recueil  Ub.  9  a,  et  actuellement  classées  à 
la  topographie  de  la  France,  Vaucluse,  Avignon.  Toutes  deux  sont  de  Martel- 
lange,  et  représentent  l'une  une  vue  générale,  l'autre  une  vue  d'une  ()arlic  du 
collège  en  1617. 

2.  Voir  la  note  ci-dessos. 


224 


Antilly?  (et  non  Gentilly)  (16H), 
commune  d'Argilly  (Côte-d'Or). 
Maison  de  la  baronnie  en  1611, 
70,  71. 

Argilly  (1611),  arrondissement  de 
Beaune,  canton  de  Nuits.  Vue 
du  château,  69. 

AuTUN  (1611).  Arc  romain,  92,  93. 

Avignon  (1608).  Château  du  cardi- 
nal de  Joyeuse,  166.  Collège  des 
Jésuites,  171  (et  note).  Noviciat, 
170.  Vigne  du  Noviciat,  168. 
Vues  générales,  165, 172  (et  note), 
173. 

Baumes  (N.-D.  des)  (1605).  Prieuré, 
152. 

Beaulieu  (1617).  Arrondissement 
deRoanne,  commune  de  Riorges. 
Abbaye  de  Bénédictines.  Vue  géné- 
rale, 109. 

Besançon  (1610).  Collège  des  Jé- 
suites, 77. 

Béziers  (1616).  Vue  générale,  174. 

BosGODON  (1606).  Abbaye,  151. 

Bourges  (1615).  Sainte- Chapelle, 
46.  Collège,  47.  Saint- Etienne , 
43,  44,  45.  Palais,  46. 

BouRGUEiL  (1624).  Abbaye,  vue  des 
ruines,  14.  Vues  générales,  15, 
16,  17. 

Caromb  (1607),  arrondissement 
deCarpentras.  Vue  générale,  162. 

Carpentras  (1607).  Cantine,  163. 
Vues  générales,  161. 

Ghambéry(1618).  Prj'cîiî'd  du  Bour- 
get,  148,  149.  Prieuré  de  Saint- 
Phili^ipe,  146,  147,  150.  Vues 
générales,  144,  145. 

Chartres  (1624).  Notre-Dame.  Vue 
extérieure,  13. 

Gheneyoux  (1618),  paroisse  de 
Bussières-en  -  Forez.  Château  - 
fort,  21,  22,  23. 

Cheverny  (  commencement  du 
xvn"^  s.  ) ,  canton  de  Gontres 
(Loir-et-Cher).  Château,  34. 


CiTEAUX  (1613).  Abbaye,  vue  du 
cloître,  76. 

Cluny  (1617).  Église  de  l'abbaye, 
115. 

Dijon  (1610-1614).  Chartreux  de 
Dijon,  65.  Collège  des  Jésuites 
en  1610,.  56,  61,  63,  64,  67. 
Michel  {Eglise  de  Saint-).,  1615, 
60.  Notre- Da,mc  de  Dijon,  e?i  1610, 
62.  Palais  ducal,  dit  maison  du 
roi,  59.  Vues  générales,  en  1611, 
57,  58.  Notre-Dame  de  Dijon,  en 
1610,  62. 

Dole  (en  1610  et  après?).  Collège 
des  Jésuites,  81,82.  Vue  générale, 
79. 

Fayerney  (1613  ou  1617?),  arron- 
dissement de  Vesoul.  Vue  géné- 
rale de  la  ville,  78. 

Flechères  (1619),  commune  de 
Fareins-en-Dombes.  Château, 
39,  40,  126. 

Fontaine  (1611),  arrondissement 
de  Dijon.  Vue  générale,  74,  75. 

Gentilly  (1639),  arrondissement 
de  Sceaux  (Seine).  Maison  de 
campagne  du  collège  de  Paris,  72. 

JoNYELLE,  arrondissement  de  Ve- 
soul, canton  de  Jussey.  Prieuré 
dépendant  du  collège  de  Dole,  141. 
Vue  générale,  80. 

La  Bénissons- Dieu  (1618),  arron- 
dissement de  Roanne.  Abbaye, 
vue  générale,  106,  107,  108. 

La  Flèche  (1612).  Vue  de  la  ville, 
24,  25.  —  Porte  de  la  ville,  26. 
Jésuites.  Collège,  28,  29,  32,  33. 
Moulins,  près  de  la  Flèche,  31. 
Saint-Jacques.  Prieuré,  30. 

La  Grillière (château  de),  canton 
de  la  Ferté-Saint- Aubin  (Loi- 
ret). Château,  en  1621,  37,  38. 

Lair  (1616).  Château  sur  le  Rhône, 
près  cV Avignon,  169. 

La  Source  (1621  ?).  Château  de  la 
Source  du  Loiret,  41. 

Lazenay-lès-Bourges  (commence- 


225 


ment  du  xyii^  s.).  Maison  de 
campagne  des  Jésuites  de  Bourges, 
48. 

Le  Bourget  en  Savoie  (1618). 
Prieuré,  148,  149. 

Le  Mans  (1624).  Saint-Julien,  18. 

Le  Puy  (1607).  Aiguille  Saint-Mi- 
chel, 136.  Collège  des  Jésuites 
(1617),  139,  140.  Vues  générales 
(en  1607-1611),  135,  137,  138. 

LucHÉ  (1615).  .Prieuré  dépendant 
de  la  Flèche,  27. 

Lyon  (1609,  1616,  1618,  1619). 
Carmélites,  119.  Fourrières,  117. 
VIle-Darbe,  121,  122,  123,  124, 
125.  Sépulcre  des  deux  amants, 
118. 

Maçon  (1618).  Vue  de  la  ville  et  de 
la  rivière,  116. 

Métiiamis  (1608),  arrondissement 
de  Garpentras.  Prieuré  du  col- 
lège d'Avignon,  167. 

MoNTBRisoN.  Vue  générale,  127. 

MoNTFRiN  (1609),  arrondissement 
de  Nîmes.  Vue  générale,  160. 

MoNTjEU  (le  Petit)  (1611).  Château 
du  président  Jeannin,  en  1611, 
94,  95. 

Moulins  (1621?).  Collège  {maison 
de  Pouzeux),  98.  Vues  générales, 
96,  97. 

Neronde  -  Loire  ,  arrondissement 
de  Roanne.  Vue  générale,  129. 

Nevers  (commencement  du  xvii^ 
s.)  Collège  des  Jésuites,  52,  53. 
Église  cathédrale,  50.  Minimes, 
55.  Palais  ducal,  50,  54.  Place 
publique,  50.  Pont  de  Loire,  49. 
Vue  générale,  49. 

Orange.  Théâtre,  164. 

Orléans  (  1 623  ) .  Sainte  -  Croix. 
Reconstruction  en  1623,  36. 
Porches  latéraux  avant  la  démo- 
lition de  1623,  35.  Ruines  de 
Sainte-Croix,  36. 

Paris  (1625,  1628,  1629,  1630, 
1631,  1634,  1637).  Carmes  dé- 
chaussés. Eglise,  7.  Jésuites.  No- 
viciat en  1631-31,  2,  3,  4,  5. 
Luxembourg.  Palais  de  la  reine 


mère,     1634,    6.     Monlmartrc. 
Abbaye  vue  en  1625,  10.  Saint- 
Martin-des-Champs,    9.    Sainte- 
Chapelle,  après  l'incendie,  8. 
Ploermel  (1626).   Vue  générale  en 

1626,  20. 
PoLiGNAG  (1017).  Château,  142. 
Pouzeux,  arrondissement  de  Mou- 
lins.   Maison   de   campagne    du 
collège,  98. 
Rennes  (1624).  Vue  générale,  19. 
Riorges(1610),  arrondissement  de 
Roanne.  Prieuré.   Vue  générale. 
110,  114. 
Roanne  (1610,   1617,   1618,  1619, 
1620).  Collège  des  Jésuites.    Vues 
intérieures  en  décembre  1010,111, 
Vue  extérieure,    112,    113.    Col- 
lège des  Jésuites.  Conslrudion  de 
Véglise,  101,  102,  103,  104, 105. 
Vues  générales,  90,  99,  100. 
Saint-Appolinaire   (1610),  arron- 
dissement et  canton  de  Dijon. 
Vue    de    la    Maison  -  Forte  ',     à 
M.   Tabourot  (le  sieur  dos  Ac- 
cords), 66,  68. 
Saint-Denis(162..).  Basilique.  Tom- 
beau des  Valois  vu  de  l'extérieur, 
11.  Portail  et  nef,  12. 
Saône   (rivière   de).    Vue  près  de 

Seurre?  86. 
Seurre  (1611  et  1613),  arrondisse- 
ment de  Beaune,  ancienne  capi- 
tale du  duché  de  Bellegarde. 
Eglise,  85.  Vues  générales,  83,  84. 
Seurre  (1616).  Grange  ruinée  sur 

la  route  de  Seurre  à  Dijon,  73. 
Sisteron  (1605-1606).  Collège,  157. 
Vues  générales,  153, 154, 155, 156, 
157,  158,  159. 
TouRNus  (1613?).  Vxie  générale  de 

Vabbaye,  87,  88  ? 
UnFÉ  (La  Bâtie  d').  Vue  du  château. 

128. 
A'esoul  (1615).  Vue  générale,  143. 
Vienne,  en  Dauphiné  (1605-1619), 
Pyramide,   133,  134.    Vues  par- 
tielles,  131,   132.    Vue  générale, 
130. 


FRAGMENTS  DE  CHARTES 

DU  r  SIÈCLE 

PROVENANT  DE  SAINT-JULIEN  DE  TOURS 

RECUEILLIS   SUR   LES   REGISTRES   D'ÉTAT-GIVIL 
D'INDRE-ET-LOIRE. 

(Suite  et  fin.) 
XXI. 

DONATION  A  SAINT-JULIEN  PAR  GIRARD  d'UN  ALEU  NOMME  TAISEIS, 
SITUÉ  SUR  LA  DÈME,  DANS  LE  PAGUS  DU  MANS.  —  MARS  967. 

Haut.  0^^645'"'".  —  Larg.  O'^SOO™"^. 

Belle  pièce,  bien  conservée;  deux  grands  fragments  carrés, 
plus,  deux  demi-bandes  verticales;  il  manque  seulement  quelques 
mots. 

Girard,  l'auteur  de  la  donation,  était  fils  d'Archambauld  et 
d'Ingelrade,  qui,  en  898  et  en  905,  faisaient  à  Marmoutier  et 
au  chapitre  de  Saint-Martin  de  grandes  libéralités  en  terres 
situées  au  nord  et  au  sud  de  la  Loire  ^.  Il  était  de  plus  frère  de 
Robert,  fils  d'Archambauld,  dont  la  signature  vient  immédiate- 
ment après  celle  du  comte  d'Anjou  Foulques  le  Bon,  au  bas  de 
notre  pièce  n"  IV,  et  qui,  dans  une  charte  de  966,  émanée  de  la 
chancellerie  de  Saint-Martin  S  est  qualifié  vassus  dominicus 
et  vassalus  probatus.  On  voit  donc  qu'il  appartenait  à  l'une 
des  plus  puissantes  et  des  plus  riches  familles  de  Touraine. 

1.  Mabille,  Pancarte  noire  de  Saint-Martin,  p.  183.  Paris,  Hénaux,  1866. 

2.  D.  Martene,  Thésaurus  anecd.,  t.  I,  col.  87. 


227 

Dans  le  corps  de  la  charte,  Girard  est  simplement  dit  chanoine 
de  Saint-Martin,  tandis  que,  dans  les  souscriptions,  il  joint  à  cette 
qualité  le  titre  d'évêque,  Pf'esul.  Il  semble  donc  que  nous  avons 
là  un  de  ces  évêqiies  particuliers  de  la  puissante  collégiale  qui 
fonctionnèrent  du  commencement  du  vni°  siècle  à  la  fin  du  xi°  ; 
Monsnyer  et  ChalmeP  en  ont  dressé  chacun  une  liste,  sur  les- 
quelles on  ne  trouve  point,  il  est  vrai,  le  nom  de  notre  chanoine, 
mais  elles  diffèrent  beaucoup  entre  elles  et  offrent  de  nombreuses 
lacunes. 

Notre  charte  porte  les  signatures  du  duc  des  Francs,  qui  devien- 
dra le  roi  Hugues  Capet,  des  comtes  de  Tours,  du  Mans,  de 
Vendôme,  de  Châteaudun  et  de  plusieurs  autres  grands  person- 
nages, tant  laïques  qu'ecclésiastiques,  parmi  lesquels  nous  signale- 
rons l'archevêque  Ardouin  et  son  frère  Corbon.  Bernuinus,  clerc 
de  St-Martin,  qui  avait  vendu  l'aleu  de  Taiseis  à  Girard,  souscrit  la 
donation,  ainsi  que  son  frère  Gauscelmus,  sa  sœur  Ada  et  les  fils 
de  celle-ci  :  c'était  une  garantie  contre  toute  revendication  ulté- 
rieure de  leur  part.  11  est  à  remarquer  que  la  signature  d'Ada  et 
de  ses  fils  est  placée  après  la  date,  et  a  été  très  probablement 
ajoutée  après  coup  ;  l'encre  diffère  un  peu  de  celle  des  lignes  qui 
précèdent.  Nous  voyons  même  au  dos  de  la  charte  les  fils  d'Ada 
venir  la  confirmer,  près  de  quarante  ans  après  sa  rédaction.  On 
y  lit,  en  effet,  en  caractères  des  premières  années  du  xi°  siècle,  la 
mention  suivante  : 

Anno  incarnationis  dominicae  millesimo  IIII,  venerunt  ad  Sanc- 
tum  Julianum  Gauzfredus  et  Ailbertus,  fdii  Adae,  et  firmaverunL  hanc 
cartam  et  fecerunt  wirpum  super  altare  cum  ipsa  carta,  de  sua  parte 
et  matris  eorum  atque  fralris  ipsorum  Aymerici,  ut  nunquam 
exinde  locus  Sancti  Juliani  de  omnibus  ipsis,  vel  parentibus  corum, 
ampllus  habeat  calumniam,  accepLis  pro  hoc  solidis  x,  putreUis  quo- 
quc  tribus. 

Quant  à  l'aleu  de  Taiseis,  aucune  localité  actuelle  des  bords  de 
la  Dême  ne  rappelle  son  nom,  mais  une  charte  de  D.  Housseau, 
de  1187^  mentionne  le  coteau  de  Tais  dans  la  paroisse  de  Che- 
millé,  qui  est  sur  la  Dême  et,  aujourd'hui,  dans  Indre-et-Loire, 

1.  Bibl.  de  Tours,  ms.  1294.  Monsnyer,  Celeberrimx  Sancti  Martini  eccle- 
six  historia,  t.  I,  p.  43.  —  Ibid.,  ms.  1296.  Chalmel,  Histoire  et  antiquités  de 
l'église  Saint-Martin  de  Tours,  p.  31  el  suiv. 

2.  D.  Housseau,  ir  2004. 


228 

mais  se  trouvait  autrefois  dans  le  pagus  du  Mans.  Tais  pourrait, 
ce  nous  semble,  venir  de  Taiseis,  surtout  si,  comme  cela  est  pos- 
sible et  même  probable,  l'accent  était  sur  la  première  syllabe. 

La  pièce  est  datée  du  mois  de  mars,  la  13*  année  de  Lothaire, 
ce  qui  donne  967. 

Cette  charte  est  inédite. 

Bibl.  nat.,  Baluze,  t.  LXXVI,  fol.  77;  ms.  lat.  5443,  p.  33. 

XP.  Dum  unusquisque^  mortaliumvivitatque  libéra  potestutipotes- 
late,  cogitare  débet  quemadmodum  de  terrenis  atque  caducis  adqui- 
rat  celestia,  quapropter,  in  Dei  omnipotentis  amore,  ego  Girardus, 
Sancti  Martini  canonicus  et  sacerdos,  cogitans  de  Dei  timoré  ac 
œterna  retributione,  pro  remedio  animse  meae  et  parentum  meorum-, 
videlicet  Archembaldi,  patris  mei  ac  genetricis  meae  Ingeiradae,  seu 
etiam  Rotberti  fratrls  mei,  et  ceterorum  parentum  meorum,  dono 
donatumque  in  perpetuum  esse  volo,  ecclesiae  Santi  Juliani,  ad 
monachos  scilicet  ibidem  domino  deservientes,  in  victualibus,  stipen- 
diis  et  lurainai'ibus  ecclesiœ,  ceterisque  utilitatibus,  perpetualiter  ad 
habendum,  partem  rerum  mearum,  hoc  est  alodum  meum,  nuncu- 
pantem  Taiseis,  quem  datis  pretiis,  comparavi  de  Bernuino  clerico, 
situm  inpago  Cinomannico,  super  fluvium  Dimediae,  cum  terris  cultis 
atque  incultis,  et  silva  ad  saginandos  porcos  cccc;  et  prata,  tam  culta 
quam  inculta,  et  cum  area  ad  molendinum  faciendum  in  supradicto 
fluviolo-,  cum  aquis  aquarumve  decursibus,  mobilibus  et  inmobili- 
bus,  perviis  et  exitibus,  et  cura  aliis  adjacentiis  et  utihtatibus  ad 
ipsum  pertinentibus;  atque  de  jure  meo  et  potestate  in  partes  Sancti 
Juliani  et  monachorum  ibidem  domino  deservientium  totum  penitus 
trado  atque  transfundo;  ita  ut  ab  hodierna  die  et  deinceps,  faciant 
ex  supradicto  alodo  quicquid  voluerint  jure  proprietario.  Quod  si 
aliquis  de  heredibus  meis,  vel  aliquis  intromissapersona,  postdeces- 
sum  meum  extiterit,  qui  calumpniam  ex  ista  donatione  Sancto 
Juliano  et  monachis  ibidem  Deo  deservientibus  inferre  voluerit,  cum 
diabolo  et  sotiis  ejus  in  inferno  deveniat  dampnandus,  neque  quod 
repetierat  assequatur;  sed  insuper  xv  hbras  auri,  pro  illata  calump- 
nia  componat.  Hanc  autem  donationem  a  nobis  factam  manu  propria 
firmavi,  et  ceterorum  bonorum  virorum  manibus  consignari  jussi. 

Signum  sancte  -î-  crucis  domni  Hugonis  Francorum  ducis. 


1.  Celle  pièce  a  été  héliogravée  dans  la  coUeclion  des  fac-similés  de  l'École  des 
chartes,  n"  269. 


229 

Signum  Girardi  canonici  Sancli  Martini  presuiis,  qui  hanc  dona- 
lioiiem  Sancto  Jiiliano  dédit. 

Signum  Hugonis,  Cinomanuoruni  comitis.  Signum  Hugonis,  filii 
ejus.  Signum  Fulcuini,  fdii  e[jus  similitjer. 

Signum  Tctbaldi  comitis.  Signum  Odonis,  fdii  cjus.  Signum  Gual- 
tcrii  comitis. 

Signum  Burchardi  comitis.  Signum  Walaramni  comitis.  Signum 
Hilduini  comitis. 

Signum  Gauzfredi  comitis.  Signum  Adclelmi  vasalli.  Signum 
Rodulfî  vicecomitis. 

Signum  Arduini  episcopi.  Signum  Gorbonis,  fratris  ejus.  Signum 
Plastulfî.  Signum  Gauzfredi  vicecomitis. 

Signum  Gisloen  Brittanorum  episcopi.  Bernuinus  clericus  Beati 
Martini  subscripsit,  qui  ipsum  alodum  Girardo  vendidit. 

Signum  Gauzcelmi  fratris  ejus.  Signum  Hugonis,  fdii  ejus. 

Data  mense  martio,  apud  Sanctum  ûionisium,  anno  XIII  Mio- 
tliarii  régis. 

Signum  Adae,  sororisBernuini.  Signum  Gauzfredi.  Signum  Ailberti. 
Signum  Aymerici,  Fdiorum  ejus. 

Ego  frater  Alfredus,  monachus  SanctiJuliani,  scT'i]^si  et  subscripsi. 


XXII. 

DONATION  PAR  ARDOUIN  A  L'ABBÉ  BERNARD  DE  TERRES  SITUEES 
AU  LIEU  DIT  PONS  HAXONUM.  —  970. 

Haut.  0'"298""".  —  Larg.  0'"220™'"? 

Six  bandes  verticales,  dont  une  incomplète;  il  paraît  en  man- 
quer deux.  Cette  charte,  dont  on  connaissait  seulement  une 
courte  analyse,  dans  le  cartulaire  de  Saint-Julien  (Bibl.  nat., 
ms.  5443,  p.  41,  et  dans  Gaignières,  lat.  17047,  p.  49),  est  inté- 
ressante. Elle  nous  fournit  de  précieux  renseignements  sur  la 
famille  de  l'archevêque  Ardouin.  On  y  voit,  comme  il  résultait 
déjà  des  signatures  de  la  pièce  précédente,  que  ce  prélat  était 
bien  le  frère  de  Corbon,  qualifié  vassal,  et  qu'il  appartenait  à  la 
puissante  famille  de  Rochecorbon.  Ardouin,  également  vassal,  qui 
est  l'auteur  de  la  donation  et  signe  immédiatement  après  Gorbon, 
doit  être  le  neveu  de  rarchevêque,  celui  qu'on  appelait  Iciique  pour 


230 

le  distinguer  de  son  oncle,  et  qui  devint  la  tige  des  seigneurs  de 
Saint-Mars-la-Pile.  Wandalbert  ou  Guandalbert,  que  nous  trou- 
vons parmi  les  autres  signataires,  est  encore  un  neveu  d'Ardouin, 
et  nous  avons  une  charte  de  lui  de  l'année  979.  Enfin,  la  dernière 
signature  était  celle  d'un  chancelier  de  la  cathédrale,  mais  il  ne 
reste  de  son  nom  que  la  syllabe  finale  tus;  peut-être  Ingelbertus? 

Le  quartier  de  terre,  objet  de  la  donation,  était  situé,  selon 
notre  charte,  dans  le  faubourg  de  la  ville  de  Tours,  non  loin  de 
l'abbaye  de  Saint-Julien,  au  lieu  dit  Pons  Saxonum.  Ce  point 
est  grandement  à  noter,  car  il  nous  indique  qu'il  existait  autre- 
fois, au  sud  de  Tours  et  de  Ghâteauneuf,  un  cours  d'eau  plus  rap- 
proché de  leurs  murailles  que  n'est  le  ruisseau  actuel  de  l'Arche- 
vêque, et  sur  lequel  existait  un  pont,  donnant  passage  à  la  route 
de  Tours  à  Saint-Epain  {Brigogalus),  par  Joué  ' .  Ce  cours  d'eau, 
qui  venait  du  nord-est,  semble  exister  encore,  mais  à  l'état  sou- 
terrain ;  il  est  bien  connu  des  architectes  de  Tours,  dont  il  fait  le 
désespoir,  et  qui  l'ont  rencontré  dans  les  fondations  du  théâtre, 
rue  de  la  Scellerie,  dans  celles  d'une  maison  rue  de  l'Archevêché, 
près  la  rue  Royale,  et  d'une  autre  maison  sur  le  mail  Déranger, 
à  l'ouest  de  la  place  du  Palais-de-Justice.  Nous  l'avons  indiqué 
sur  le  petit  plan  des  environs  de  Tours  au  x''  siècle,  qui  accom- 
pagne notre  volume  de  Tours  archéologique'^,  mais  ce  tracé 
nous  paraîtrait  aujourd'hui  devoir  être  un  peu  modifié  et  reporté 
vers  le  nord. 

Au  dos,  en  vieilles  capitales  :  ...  [gw]àm  dédit  Arduinus 
laicu[s  sancto  JuH]ano,  et  la  date  de  970,  qui  se  trouvait  sans 
doute  sur  une  partie  de  la  charte  aujourd'hui  perdue,  et  que  nous 
croyons  pouvoir  adopter. 

Cette  charte  est  inédite. 
Bibl.  nat.,  mss.  lat.  n"  5443,  p.  41,  et  n"  17047,  ancien  179^  de  Gai- 

gnières,  p.  49. 

XP.  [Ecclesiae  sanctee  fideli  d]evotione  subvenire  ejusque  utilitati- 
bus  pic  amore  [concurrere  justajrum  est  mentium,  quia  exinde  celes- 
tium  portionem  [possunt  percipere]  gaudiorum.  Quapropter,  ego 
Arduinus,  in  Dei  omn[ipotentis  amore]  ac  pro  aeterna  remunera- 

1.  Ce  pont  est  également  mentionné  dans  la  charte  de  966  publi'ée  par  D.  Mar- 
tene,  Thésaurus,  t.  I,  col.  87,  où  il  est  parlé  d'une  porte  de  l'enceinte  de  Saint- 
Martin,  appelée  porta  pontis  Saxonis. 

2.  Tours  archéologique,  histoire  et  monuments,  Paris,  Champion,  1879. 


23^ 

lione,  ut  pius  Dominus  veniam  [meorum  peccami]niim  mihi  indul- 

gere  digneLur ,  dono  donalumque  esse [cupijo  ecclesiœ  beali  J  uliaiii 

quœ  esL  sita  in  suburbio  Turo[nicae  urbis,  cujus]  rector  domnus 
Bernardus  abba  ibi  adessc  videlur,  res  jur[is  niei  qiia;  mibi  scni]or 
meus  domnus  Arduinus  ex  proprio  alodo  suo  dédit,  in  quo  b[abeLur 
quarterium  i]  et  perticas  vu,  situm  in  suburbio  civitatis  Turonica3, 
non  lon[ge  a  mûris  Sancli  J]iiliani,  ad  illutn  locum  quœ  [sic]  dicitur 
Pontem  Saxonum;  qui  ter[minatur  duobus  pjartibus  terra  cum  vineis 
ex  abbatia  supradicti  beati  J[uliani  martyris],  de  duobus  aliis  partibus 
viis  publicis.  Ea  siquidem  ratione  [ut  quandiu]  vixero  Ipsum  quarte- 
rium et  perticas  vi  [sic]  jam  vinea  edifica am.  Si  autem  fuerit 

post  me,  de  eredibus  aut  pro  heredibus  meis  al[iquis  persona  quœ] 
contra  banc  donationem  aliquam  repeticionem  aut  calum[niam  inferre 
lemptavjerit,  quod  repetit  non  vindicet,  et  insuper  contra  quem  l[item 
intulerit,  argejnti  sol.  c  multatus  componaL,  sua  que  repetilio  nullum 
efTectum  [liabeat.  Ut  aulem  ha]ec  auctoritas  inviolabiiem  futuris 
obtineat  tempor[ibus  elTecLum,  eam  manu  propjria  sub  signo  sanctœ 
crucis  firma[vi  et  per  domnjum  Arduinum,  Tu[ronensem  pont]iflcem, 
firmari  deprecavi,  alioru[mque  bonojrum  virorum  manibus  r[oborari, 
ut  invijolabilis  omni  tempore  permaneat. 

f  [Signum  Arduini  TJuronicse  sedis  archiepiscopi. 

[Signum  Corbonis  vas]salli  fratris  ejus. 

[Signum  Arduini  vassa]lli  qui  hanc  auctoritatem  fieri  ju[ssit]. 

[vasjsalli.  Signum  Odonis  vassali. 

[vassaJUi.  Signum  Wandalberti.  Signum 

[Signum  Aimerici  filii]  Arduini  qui  hanc  auctoritatem  fie[rijussit], 

tus  Sancti  Mauricii  cancellarius. 


XXIII. 

DONATION  A  SAINT-JULIEN  PAR  SIGEFROID ,  ÉVEQUE  DU  MANS, 
d'une  villa  appelée  VALLIS-BOANA,  JN  VICARIA  VEDACENSE. 
—  février  971. 

Haut.  0»^450'"'".  —  Larg.  0'"302'"'". 

Belle  pièce  entière,  bien  écrite,  bien  conservée,  portant  les 
signatures  de  Sigefroid,  du  comte  du  Mans,  Hugues,  de  ses  fils 
Hugues  et  Foulques,  et  de  plusieurs  personnages,  tant  ecclésias- 
tiques que  laïques.  Les  noms  des  premiers,  qui  sont  les  plus  nom- 


232 

breux,  sont  tous  accompagnés  de  notes  tironiennes,  parmi  les- 
quelles nous  signalerons  celle  que  nous  croyons  pouvoir  traduire 
par  le  mot  archiclams.  Une  note  identique  se  trouve  après  le 
nom  d'Arduinus,  dans  la  charte  d'Uddo  publiée  par  M.  Delaville 
Le  RoulxS  qui  lui  donne  le  sens  à! archidiaconus .  Nous  croyons 
cependant  qu'il  Î2ivX\\VQ archiclavis ,  d'autant  mieux qu'Ardouin 
est  souvent  qualifié  edituus  ou  thesaurarius,  titre  qui  corres- 
pond à  celui  d'archiclavis.  Nous  traduisons  par  puer  la  note 
tironienne  qu'on  voit  après  les  noms  d'Odelinus,  de  Suthardus  et 
de  Guazmarus. 

Vallis-Boana  est  Vauboan,  hameau  à  l'est  de  Beaumont-la- 
Chartre,  sur  la  rive  droite  de  la  Dême.  Cette  localité  reçoit  aussi 
dans  les  anciens  textes  le  nom  de  vallis  Bovonis.  La  ricaria 
Vedacensis  est  la  viguerie  de  Vaas,  aujourd'hui  commune  du 
canton  de  Mayet,  arrondissement  de  la  Flèche  (Sarthe) . 

La  date  est  :  in  mense  februario,  anno  Jam  in  XVII 
Lotharii,  ce  qui  donne  971  en  faisant  partir  les  années  du 
règne  de  Lothaire  du  12  novembre  954,  comme  il  arrive  le 
plus  ordinairement.  Une  main  du  xvii"  siècle  a  écrit  au  dos 
970,  ce  qui  ferait  remonter  les  années  de  Lothaire  au  commence- 
ment de  954,  manière  de  compter  dont  on  a  du  reste  quelques 
exemples. 

Au  dos,  en  vieilles  capitales  mêlées  d'onciales  :  Carta  de 
Valle  Boana. 

Publié  par  Mabillon,  Ami.  Benedict.,  t.  III,  p.  718,  mais 
sans  toutes  les  signatures. 

Bibl.  nat.,  ms.  lat.  5443,  p.  45-46. 

XP.  In  nomine^  summi  Salvatoris  Dei,  nos  quidem  Sigefredus, 
Ginnomannicge  urbls  et  ecclesiae  sanctissimse  Dei  genitricis  et  virginis 
Mariœ  ac  beatorum  martirum  Gervasii  et  Protasii  gratia  Dei  episco- 
pus,  noLum  fore  cupimus,  omnibus  successoribus  nostris,  hujus  sci- 
licet  nostrse  sedis  episcopis,  atque  omnibus  fideUbus,  quoniam 
deprecatus  est  nos  quidam  nostri  gregis  laeviLa  valde  venerabilis  et 
archiclavis,  Odo  scilicet  nomine,  ut  quibusdam  fratribus  noslris  et 
preliosissimi  martiris  Juliani  monacbis,  in  monasterio  ejusdem 
degentibus,  quod  est  constructum  a  domno  Teotolone,  [Turonicjse 

1.  Notice,  etc.,  p.  25. 

2.  Cette  pièce  a  été  héliogravée  pour  l'École  des  chartes.  (N°  270  de  la  collect.) 


233 

civitatis  archiepiscopo ,  inter  menia  beatissimi  Christi  confcssoris 
Martini  et  eandem  civilatera,  villam  unam  nuncupaîitcm  Vallc  Boa- 
num,  pertinentem  ad  lliesaurum  nostre  matris  ecclcsiae  cui,  Deo 
auctorc  presidcmiis,  cum  omnibus  rébus  ad  ipsam  scilicet  villam 
pcrlinentibus,  concedereraus.  Cujus  pcticionem,  cum  consensu  nos- 
Irorum  canonicorum,  et  ortatu  senioris  nostri  Hugonis,  premissœ 
scilicet  civitatis  nominatissimi  comitis,  ac  filiorum  ejusdem,  vidcli- 
cet  Hugonis  et  Fulchonis,  libentissime  suscipientes,  concessimus  cis 
prefixam  villam  in  Cinnomannico  page  sitam,  super  rivulum  nuncu- 
pantem  Dimidiam,  in  vicaria  Vedacense,  cum  omnibus  suis  appendi- 
tiis,  silvis  scilicet,  pratis,  aquis,  aquarumve  decursibus,  terris  cunctis, 
cultis  et  incultis,  in  quibuscumque  adjaceant  vel  terminentur  locis, 
sive  ubi  ubi  [sic)  exquiri  potuerint,  vel  reclamari.  Inter  baec  omnia 
specialiter  denominamus  illud  territorium  quod  vocatur  ad  Gultu- 
ram  Sancti  Gervasii,  ut  nullum  iateat  ad  predictam  villam  proprie 
pertinere.  Tali  quidem  ralione  baec  omnia  ipsis  prœclari  martiris 
Jubani  servientibus  tradimus,  at  habeant  licentiam  quicquid  ibi 
melius  voluerint  operandi,  simiU  scilicet  modo  ut  habent  in  cetera 
terra  Sancti  Juliani  quam  possident.  Solvant  tamen  exinde  annis 
singulis,  ad  missam  scilicet  sanctorum  martirum  Gervasii  et  Prolasii, 
que  colitur  idus  decenbris,  censum  sol.  m,  et  eis  amplius  nil  requi- 
ratur;  sed,  si  ex  ipso  censu  neglegentes  extiterint,  id  ipsum  eis 
emendare  liceat  et  que  tenuerint  non  ideo  perdant.  Ut  autem  hœc 
auctoritas  omni  tempore  inconvulsa  permaneat  [manibus]  propi'iis 
eam  firmavimus  et  confratribus  nostris  subscribererogavimus,  atque 
seniori  nostro,  domno  scilicet  Hugoni  et  fîliis  ejus,  necnon  principi- 
bus  fidelium  ipsorum,  sub  signo  sanctœ  crucis  corroborare  precati 
sumus. 

XP.  Sigefredus  episcoims  firmavit.   Signum  f  domni  Hugonis 
comitis.  Signum  Hugonis  et  Fulchonis  filiorum  ejus. 

[Première  colonne.] 
Odo  diaconus  et  archiclavis  firmavit. 
Ysaac  levita  subscripsit.  Guillelmus  diaconus  subscripsit. 
Simeon  sacerdos  subscripsit.  Anseisus  presbyter  subscripsit. 
Bernardus  diaconus  et  cancellarius  subscripsit. 
TQtgr'imns,  2}resbyter  subscripsit.  Albericus  diaconus  subscripsit. 
Odo  levita  subscripsit.  Bernerus  diaconus  subscripsit. 
Stephanus  sacerdos  subscripsit.  Guarnerius  levita  subscripsit. 
Hubaldus  sacerdos  sulscripsit.  Guarnerius  presbyter  subscripsit. 

^6 


234 

Hubertus  subdiaconus  subscripsit.  Odelinus  puer  et  subdiaconus 

subscripsit.  Suthardus /?Mer  et  subdiaconus  subscripsit. 
Mainardus  subdiaconus  subscripsit.  Guazmarus  puer  et  subdiaco- 
nus subscripsit. 

[Seconde  colonne.] 

Signum  Rodulfi  vicecoraitis.  Signum  Ivonis.  Signum  Gauzfredi 
manselli.  Signum  Rolhrici.  Signum  Arduini.  Signum  Guiterni.  Sig- 
num Audradi.  Signum  Guarnerii.  Signum  Mainardi.  Signum  Hugo- 
nis.  Signum  Adalgerii. 

Ego  frater  Rotbertus,  monachus  ejusdem  congregationis ,  jussu 
Sigefredi  episcopi  et  Odonis  Ihesaurarii,  necnon  Bernard!  cancel- 
]a[rii],  ac  pêne  omnium  canonicorum,  sive  ortatu  dorani  Hugonis 
comitis,  scripsi  et  subscripsi  atque  firmavi. 

[Data  est]  hœc  manusfirma  in  Cinnomannica  civitate,  in  mense 
februario,  anno  jam  in  XVII  Lotharii. 

XXIV. 

ARDOUIN,  ARCHEVÊQUE  DE  TOURS,  CONCEDE  A  EVRARD  UN  ARPENT 
DE  TERRE  SITUÉ  IN  VILLA  RENIACO,  PRES  DU  CHER.  —  976. 

Haut.  0'"360'"'".  —  Larg.  0">230'«'". 

Charte  entière,  sauf  une  petite  échancrure  dans  l'angle  supé- 
rieur de  gauche.  L'écriture  très  effacée  a  pu  être  rendue  suffisam- 
ment lisible.  La  concession  est  faite  à  la  prière  d'Uddo,  archi- 
clave,  c'est-à-dire  trésorier  de  l'église  métropolitaine.  Cet  Uddo 
semble  bien  être  le  même  personnage  que  nous  voyons  figurer, 
quelques  années  plus  tard,  comme  doyen  de  Marmoutier,  dans 
unecharte  publiée  par  M.  Delaville  le  Roulx  ^ .  Son  nom,  il  est  vrai , 
y  commence  par  un  H  qu'on  ne  retrouve  point  ici,  mais  une  sem- 
blable variante  n'a  aucune  importance. 

La  latinité  de  cette  pièce  est  assez  correcte  ;  on  y  rencontre 
bien  un  pluriel  pour  un  singulier  au  mot  degerint,  mais  c'est  là 
évidemment  une  simple  distraction  du  copiste  qui,  pour  cette 
partie  de  la  charte,  transcrivait  une  formule  souvent  employée  à 
cette  époque. 

1.  Notice,  etc.,  p.  25. 


235 

La  villa  Reniacus  ou  Reniacum  doit  être  représentée  aujour- 
d'hui par  le  château  de  Rigny,  ancien  fief  de  la  commune  de  Joué- 
les-Tours,  situé  tout  près  du  Cher.  Les  signatures  sont  accom- 
pagnées de  nombreuses  notes  tironiennes  assez  bien  exécutées. 

La  21 '^  année  de  Lothaire  ne  correspond  point  à  976,  selon  la 
façon  ordinaire  de  compter  les  années  de  ce  prince,  à  partir  du 
12  novembre  954.  Mais,  comme  non  seulement  cette  charte,  mais 
encore  une  de  celles  qui  vont  suivre  offre  le  même  système,  nous 
croyons  devoir  nous  y  conformer,  d'autant  mieux  que  MM.  de 
Wailly  et  Bruel  fournissent  de  nombreux  exemples,  dans  les- 
quels on  paraît  également  faire  commencer  le  règne  de  Lothaire 
au  12  novembre  955. 

Cette  pièce  est  inédite.  On  n'en  connaît  ni  copie  ni  analyse. 

XP.  [In  nomjine  summi  SalvaLoris  Dei,  Arduinus,  misericordia 
Dei  sanctse  Turonicœ  sedis  archiepiscopus,  notum  immo  et  percog- 
nitum  esse  volumus  cunctis  fidelibus  sanctœ  Dei  ecclesise,  presentibus 
scilicet  ac  futuris,  precipueque  successoribusnostris,  quoniam  depre- 
catus  est  nos  quidam  fidelis  noster  atque  archiclavis  nosli'œ  malris 
ecclesise,  nomine  Uddo,  uti  ex  rébus  prefati  thesauri,  quam  ipse  per 
nostrœ  largitionis  donum  tenere  videtur,  hoc  est  arpennem  i  de 
terra  arabili  cuidam  homini,  nomine  Ebrardo,  sub  institulione  cen- 
sus  annuatim  reddendum,  per  Imjus  nostrae  aucloritatis  testamentum 
concederemus.  Cujus  deprecationem  bénigne  recipientes,  concessi- 
raus  jam  diclo  Ebrardo  prefixura  arpen.  de  terra  arabili,  situm  In 
pago  Turonico,  in  villa  Reniaco,  non  longe  a  lluvio  Caris.  Termina- 
tur  ex  totis  parfcibus  terra  ejusdem  potestatis  cum  via  publica.  Eo 
ctiam  modo  concedimus  ei  ut  habeat  licentiam  desuper  œdificandi, 
planlandi,  consLruendi  et  quicquid  melius  elegerint  [sic]  emelio- 
randi,  solvens  exinde,  annis  singulis,  ad  festivitatem  saneti  Stephani, 
quœ  celebratur  vu  kal.  januarii,  Uddoni  fideli  nostro,  sive  successo- 
ribus  suis,  censum  denar.  un;  et  ei  amplius  non  rcquiralur  auL 
exigatur,  scd  sub  tali  censu  libère  ac  quiète  teneat  et  possideat, 
nemine  inquiétante  alque  contradicente.  Et  si  de  eodem  censu  tardus 
aul  neglegens  repertus  fueril,  idipsum  emendat  et  quod  tenuerit  non 
ideo  amitat.  Si  autem  ei  voluntas  aut  nécessitas  extiterit,  tam  in 
vita  quam  ad  mortem,  habeat  licentiam  aut  vendere,  aut  ad  duos 
ex  propinquioribus  parentibus  vel  amicis,  quam  melius  elcgerit,  sepe 
dictam  terram  cum  omni  emelioratione,  sub  prescripto  censu,  relin- 
querc.  Ut  autem  haec  auctoritas  firmior  sit  firmiorque  permaneat, 


236 

manu  propria  eam  subterfirmavimus,  manibusque  fidelium  nostro- 
rum  adfirmare  rogavimus. 

XP.  Arduinus  miseratione  Dei  archiepiscopus  huic  manuifirme 
subscripsit. 

XP.  Uddo  archiclavis  qui  hanc  manumfirmam  firmam  fîeri  depre- 
cavit  et  ipse  subscripsit. 

XP.  Rotgerius  decanus  subscripsit.  XP.  Froterius  archidiaconus 
subscripsit.  XP.  Rotbertus  subdiaconus  subscripsit.  XP.  Boso  archi- 
diaconus subscripsit.  (Paraphe  initial.)  Dodaldus  diaconus  atque  pre- 

centor  subscripsit.  Ermenfridus  presbyter  subscripsit presbrjter 

subscripsit.  Ghristianus  presbyter  subscripsit.  Dodaldus  presbxjter 
subscripsit.  Viviamus  presbyter  subscripsit.  ?,QQ\Qnus  presbyter  subs- 
cripsit. Ascelinus  clericus  subscripsit.  Aimericus  clericus  subscripsit. 
Gyrardus  diaconus  subscripsit.  Rotbertus  clericus  subscripsit.  Item 
Rotbertus  diaconus  subscripsit.  Aganus  diaconus  subscripsit.  Mar- 
tinus  diaconus  subscripsit.  Gunbertus  diaconus  subscripsit.  Gualte- 
rius  diaconus  subscripsit.  Guarnerius  presbyter  subscripsit.  Ranche- 
rius  diaconus  subscripsit.  Odilo  clericus  subscripsit.  Guanincus 
clericus  subscripsit.  Guido  clericus.  Leotardus  clericus  subscripsit. 
Fredricus  clericus  subscripsit. 

Data  mensejulio,  incivitateTuronus,  anno  dominicae  incarnationis 
DGGCG  LXXVI,  sive  anno  XXI  régnante  Lothario  rege. 

XP.  Durannus  licet  indignus  sacerdos  presens  fui  et  rogitus  ab 
Ingelberto  antigrapho  scripsi  et  subscripsi. 

XXV. 

VENTE  PAR  SYON,  ABBÉ  DE  SAINT-LAUMER,  A  EVRARD,  ABBÉ  DE 
SAINT-JULIEN,  d'UN  ALLEU  NOMMÉ  MASSIACUM,  SITUÉ  DANS  LE 
PAGUS  DE  TOURS.  —  MAI  977. 

Haut.  0'°328"^"».  —  Larg.  0™230'«'i^. 

Dans  cette  charte  qui  est  bien  conservée,  et  a  probablement 
été  écrite  dans  l'abbaye  de  Saint-Laumer,  près  Blois,  les  notes 
tironiennes,  si  nombreuses  et  si  variées  dans  la  pièce  précédente, 
font  presque  complètement  défaut.  On  n'y  rencontre  que  la  note 
subscripsit,  et  cependant  ces  deux  pièces  ne  sont  séparées  que 
par  une  année  d'intervalle.  Il  y  a  là  une  preuve  que  l'usage  de 


237 

ce  genre  d'écriture  s'est  conservé  en  Touraine  plus  longtemps 
que  dans  les  autres  provinces,  même  les  plus  voisines. 

Massiacum  ou  Massiacus,  qui  se  trouvait  dans  le  voisinage 
de  Sauna}',  aujourd'hui  commune  du  canton  de  Ghâteaurenault, 
semble  bien  être  Meré  ou  Mairy,  hameau  de  ladite  commune,  et 
où  Saint-Julien  possédait  un  moulin.  On  trouve  dans  les  chartes 
postérieures  au  x"  siècle  Meriacum  et  Mairiacwn,  mais  le 
changement  de  Yrens,  et  réciproquement,  est  très  fréquent  dans 
les  vieux  textes  tourangeaux  et  a  persisté  jusqu'à  nos  jours,  car 
j'entends  encore  les  paysans  du  nord  de  la  Loire  dire,  en  parlant 
par  exemple  des  cerises  :  elles  sont  muses,  au  lieu  de  :  elles  sont 
mûres. 

Au  dos  on  lit  en  anciennes  capitales  :  Carta  de  alodo  quem 
vendiderunt  monachi  Sancti  Launomari;  puis  une  courte 
analyse  en  français  avec  la  date  975  qui  est  fausse.  La  pièce,  en 
effet,  est  datée  de  la  XXIP  année  du  règne  de  Lothaire,  au  mois 
de  mai,  ce  qui  donnerait  tout  au  plus  976,  mais,  comme  la  précé- 
dente, qui  est  dite  de  la  XXP  année  de  ce  prince,  porte  976  pour 
la  date  de  l'Incarnation,  nous  placerons  celle-ci  en  977.  On  voit, 
en  tous  les  cas,  que  dom  Martène  s'était  gravement  trompé  en  ne 
faisant  nommer  Evrard  abbé  de  Marmoutier  qu'en  984. 

Cette  pièce  est  inédite. 

Bibl.  nat.,  ms.  lat.  n»  5443,  p.  41.  Extrait. 

XP.  In  nomine  Dei  Omnipotentis,  ego  quidem  Syon,  abbas,  et 
cuncta  congregatio  Sancti  Launomari,  notum  immo  et  percognitum 
esse  volumus,  cunctis  sanctae  Dei  aecclesiae  fidelibus,  praesentibus 
scilicet  ac  futuris,  precipueque  successoribus  nostris  quoniam  adie- 
runt  noslram  praesentiam  quidam  venerabiles  monachi  Sancti 
Juhani,  abbas  videUcetEuvrardus  et  cuncta  conLio  cumeo  degens,  uti 
alodum  noslrum,  nuncupante  Massiaco,  quod  Gauzbertus  vasallus 
quondam,  pro  animae  suae  remedio,  nostro  monasterio  contuhl,  eis 
venderemus.  Quod  et  nos  veraciler  fecisse  fatemur,  accepta  ab  eis 
pecunia  quae  inter  nos  convenit.  Est  autem  ipse  alodus  situs  in  pago 
Turonico,  et  terminatur  ex  una  parte  terra  sanctae  Mariae  de  Vonna, 
ex  alia  parte  terra  sancti  Gervasii  de  Solnaco,  et  tcrtia  parte  terra 
Sancti  Mauritii.  Eo  autem tenore vendidimus jamdicLis  monachis  Sancti 
JuUani,  per  deprecationem  eorum,  praefixum  aiodum,  cum  omnibus 
ibi  adjacentiis  ad  nos  perlinentibus,  silvis,  pralis,  pascuis,  aquis, 
aquarumve  decursibus,  mobilibus  etinmobilibus,  perviis  et  cxitibus, 


238 

ut  ab  hac  die  et  deinceps  liberam  ac  firmissimam  de  eo  habeantpoles- 
tatem.  Si  quis  vero,  quod  minime  credimus  esse  futurum,  aut  nos 
metipsi,  quod  absit,  aut  ulla  subintroducta  persona  contra  hanc  ven- 
dltionem  quam  nos  spontanea  voluntate  illis  fecimus,  calumpniam 
inferre  temptaverit,  quod  repetit  nullo  umquam  tempore  valeat  vin- 
dicare;  sed  psesens  venditio  omni  tempore  fîrma  et  inviolabilis  per- 
maneat.  Et  manu  propria  eam  firmavimus,  manibusque  fratrum 
nostrorum  affirmavi  rogavimus.  Actum  Bleso  Castro  publiée. 

XP.  Syon  abbas  subscripsit  et  (ruche)  subscripsit. 

Benedictus,  sacerdos  et  monachus,  subscripsit.  Joliannes,  sacerdos 
et  monachuS;  subscripsit.  Durandus,  sacerdos  e^  monachus,  subscrip- 
sit. Dodo,  sacerdos  et  monaclius,  subscripsit.  Eugo,  levita  et  monachus. 
Albertus  sacerdos  et  monachus.  Fulcherius,  sacerdos  et  monachus. 
Arduinus,  levita  et  monachus.  Albericus,  levita  et  monachus.  Gual- 
terius,  levita  et  monachus.  Guntherius,  levita  et  monachus.  Erveus, 
sacerdos  et  monachus.  Gualterius,  sacerdos  et  monachus,  subscripsit. 
Guido,  levita,  subscripsit.  Rainaldus,  sacerdos  et  monachus,  subs- 
cripsit. Erveus,  sacerdos  et  monachus,  subscripsit.  Letramnus, 
sacerdos  e^  monachus,  subscripsit.  Ramnuifus,  sacerdos  et  monachus, 
subscripsit.  Arnoldus,  levita  et  monachus,  subscripsit.  Herlannus, 
sacerdos  et  monachus.  Leustencus,  subdiaconus,  subscripsit.  Gode- 
fredus,  subscripsit.  Sasqualo,  subscripsit.  Syon,  suljscripsit .  Rotge- 
rius^  subscripsit.  Hugo,  subscripsit.  Lucianus,  subscripsit.  Petrus, 
subscripsit. 

Data  mense  maio,  anno  XXII,  régnante  Lothario  rege. 
Gualterius,  levita,  jussu  domni  abbatis,  scripsit  et  subscripsit. 

XXVI. 

DONATION  A  SAINT-JULIEN,  PAR  GEOFFROY -GRISEGONELLE,  COMTE 
d'ANJOU,  d'une  AULNAIE  ET  d'uN  MOULIN,  SITUES  PAROISSE  DE 
SAINT-PIERRE  DE  CERSOLIS,  PROCHE  LA  CHOISILLE.  —  JANVIER 
978. 

Haut.  O-^SeS"""?  —  Larg.  0'"250'""\ 

Il  manque  à  cette  charte,  d'ailleurs  bien  conservée,  les  deux 
premières  lignes  et  quelques  mots  des  suivantes.  Nous  l'avons 
complétée  à  l'aide  d'une  copie  de  Baluze  qui,  comme  d'ordinaire, 
est  fort  exacte,  sauf  en  ce  qui  concerne  la  diphtongue  ae,  repré- 


230 

sentée  dans  l'original  par  un  c  simple  avec  une  cédille  et  dans  la 
copie  par  œ. 

La  pièce  est  signée  du  comte  Geoffroy,  de  son  fils  Foulques,  qui 
sera  le  fameux  Foulques  Nerra,  et  d'autres  laïques,  sans  notes 
tironiennes. 

Saint-Pierre  de  Ccrsolis  est  Saint-Pierre  de  Cerelles,  com- 
mune de  l'arrondissement  de  Tours  et  du  canton  de  Neuillé-Pont- 
Pierre,  située  à  treize  kilomètres  au  nord  de  Tours,  et  arrosée 
par  la  Choisille,  Cansilla.  C'est  une  localité  fort  ancienne,  men- 
tionnée dans  la  charte  de  Téotoion  d'avril  9 13,  où  elle  est  appelée 
Cersilla;  on  trouve  aussi  les  formes  parrochia  de  Cerseles 
(1270),  de  Cerellis  sive  de  Cereles  (1290). 

Quant  à  la  ville  Bethyacum  ou  Bethyacus,  dans  laquelle  a 
été  donnée  la  charte,  elle  est  très  probablement  représentée  par 
Bessé,  aujourd'hui  Saint-Pierre-du-Lac,  village  de  la  commune 
de  Beaufort,  dans  Maine-et-Loire.  On  trouve*,  en 989,  vivarium 
Bussiacum  et  vivaria  Bessei^;  en  1131,  ecclesiade  Bessiaco. 
J'avais  d'abord  pensé  à  un  autre  Bessé,  village  de  la  commune 
de  Saint-Georges-le-Toureil,  dans  le  même  département,  impor- 
tante villa  gallo-romaine  traversée  par  une  voie  ancienne;  mais, 
dans  les  textes  du  ix*"  et  du  xf  siècle,  cette  localité  est  appelée 
Bidisciacus,  forme  plus  éloignée  de  Bethyacus  que  la  précédente. 
Cependant,  il  est  permis  d'hésiter  entre  ces  deux  localités,  toutes 
deux  placées  en  Anjou. 

La  charte  est  datée  du  mois  de  janvier  978,  vingt- troisième 
année  du  règne  de  Lothaire,  façon  de  compter  les  années  de  ce 
prince  analogue  à  celle  que  nous  offre  la  pièce  n»  XXIV. 

Au  dos,  en  vieilles  capitales  :  Carta  de  terra  et  de  molen- 
dino  inter  duas  aquas.  Amen. 

Pièce  inédite. 

BibU  nat.,  Baluze,  t.  LXXVII,  fol.  76. 

[In  nomine  summi  Salvatoris  Dei,  ego  Gauzfredus  misericordia 
Dei  Andegavensium  comes  njotum  immo  et  percognitum  [essevolu- 
mus  cunctis  fideUbus  sanclac  Dei  ecclesiœ  prgesenlijbus  sciUcet  ac 
futurls,  precipueque  successoribus  nostris,  quoniam  deprecalus  est 
nos  quidam  [vassalkis  et  fijdelis  noster,  nomine  Gaufrcdus,  uL  ex 


1.  G.  Poii,  Dictionnaire  de  Maine-et-Loire,  t.  111,  p.  441. 

2.  Sur  le  changement  de  \'u  en  e,  voir  la  note  1  de  la  pièce  XI. 


240 

beneficio  quod  de  nobis  tenet,  scilicet  in  paroechia  [Sancti-Petri  Ger- 
sojlis,  pro  Dei  amore  Sancto  Juliano  ac  monachis  ejus  in  elemosina 
concederemus  totum  [alnetum  quojd  interjacet  inter  fluvium  Gau- 
silce  et  aquœductum  ad  molendinum  ipsorum  monachorum ,  quem 
a  nobis  per  deprecationem  Starcherii  vassali  nostri,  quondam  per 
manum  firmam  cum  arpennis  vni  terrae  et  prati,  quse  inchoant  a  via 
que  vadit  per  Linarias,  adquisierant.  Gujus  fidelis  nostri  Gauzfredi 
deprecationem  bénigne  recipientes,  concedimus  Sancto  Juliano  et 
monachis  ejus,  pro  Dei  amore,  in  elemosina  prefatum  alnetum,  cum 
omni  integritate  sua,  ut  et  molendinum  et  viii  arpennos  terrae  et 
prati  et  ipsum  ex  integro  alnetum  habeant  et  possideant,  et  quicquid 
melius  elegerint  faciantab  hodierna  die  etdeinceps,  nemine  inquiétante 
vel  contradicente.  Eo  scilicet  lenore  concedimus  Sancto  Juliano  ac 
monachis  ejus  ipsum  alnetum,  ut  habeant  potestatem  illum  evel- 
iendi  et  ad  quamcumque  culturam  magis  voluerint  deducendi,  et  ut, 
tam  de  molendino  et  aquœductibus  qui  vadunt  ad  molendinum, 
quam  de  sclusis  et  cseteris  omnibus  quse  supradiximus,  propter  recog- 
nitionem,  solvant  annis  singulis,  festivitate  Sancti  Pétri,  m  kal. 
julii,  partibus  Gaufredi  censum  sol.  v.  Et  si  de  eodem  censu  tardi 
aut  négligentes  extiterint,  id  ipsum  liceat  eis  emendare,  et  quod 
tenuerint  non  perdant.  Si  quis  hanc  eiemosinam  calumpniatur  et  per- 
turbât, in  primis  iram  Dei  incurrat,  et  qui  litem  intulerit  solidos  c 
componat.  Utautem  hœc  auctoritas  firmior  habeatur,  [man]u  propria 
eam  firmavimus,  manibusque  fidelium  nostrorum  affirmari  rogavi- 
mus. 

Signum  Gaufredi  Andegaf  vensium  comitis.  S.  Fulconisfihi  ejus. 

S.  Gaufredi,  qui  hanc  manum  firmam  fieri  deprecatus  est. 

S.  Rainaldi  vicecomitis.  S.  Sulpitii.  S.  Odelini.  S.  Asselini.  S.  Gis- 
legerii.  S.  Tedelini.  S.  Hilgerii.  S.  Landradi.  S.  Fulcradi. 

Data  mense  januario,  in  villa  Bethyaco,  anno  dominicse  incarna- 
tionis  DGGCGLXXVIll,  régnante  Lotliario  rege,  anno  XXIII.  XP. 

XXVII. 

DONATION  A  SAINT-JULIEN,  PAR  GIROUS  ET  SA  FEMME  GYRVIS,  d'UNE 
VILLA  NOMMÉE  VILERS,  SITUEE  IN  PAGO  ANGVLIACENSI.  —  978 
A  983. 

Haut.  0'»403'^'".  —  Larg.  0'M80'^"\ 
Un  très  grand  fragment  carré,  donnant  plus  des  trois  quarts  de 


24  ^ 

la  charte,  et  de  nombreuses  signatures,  plus  six  fragments  ver- 
ticaux dont  un  très  petit  et  quatre  horizontaux  formant  l'angle 
supérieur  de  gauche. 

Cette  belle  pièce,  bien  écrite,  est  signée  de  Hugues  Capet, 
n'étant  encore  que  duc  des  Francs,  du  comte  deTouraine  Eudes, 
du  comte  d'Anjou  Geoffroy  Grisegonelle,  de  l'archevêque  Ardouin, 
du  donateur  Girous,  de  sa  femme  Gyrvis,  de  leur  fils  Ardouin, 
de  leur  seigneur  Corbon  et  de  nombreux  personnages^  pour  la 
plupart  laïques,  sans  une  seule  note  tironienne,  pas  même  celle 
qui  représente  le  mot  subscripsit.  Elle  n'est  pas  datée,  mais 
comme  le  comte  Eudes  ne  paraît  qu'en  978 ,  et  que  nous  ver- 
rons dans  une  des  pièces  suivantes  l'archevêque  Ardouin,  que  le 
Gallia  christiana  fait  disparaître  en  980,  prolonger  sa  carrière 
au  moins  jusqu'à  983,  on  peut  placer  cette  charte  entre  ces  cinq 
années,  pendant  lesquelles  furent  en  fonction  les  autres  person- 
nages cités.  Nous  venons  de  constater  en  effet  que  l'abbé  Evrard, 
que  dom  Martène  ne  fait  abbé  de  Marmoutier  qu'en  984,  agissait 
en  cette  qualité  dès  l'année  977. 

Ce  document  jusqu'ici  inédit,  et  qui  n'était  même  connu  que 
par  un  extrait  conservé  dans  le  ms.  latin  de  la  Bibhothèque 
nationale  n°  5443,  p.  43,  peut  être  considéré  comme  un  des  plus 
précieux  de  tous  ceux  que  nous  avons  retrouvés.  En  effet,  il  jette 
une  vive  lumière  sur  un  point  de  la  géographie  ancienne  de  la 
Touraine  jusqu'ici  demeuré  fort  obscur. 

Le  pagus  Anguliacensis,  dans  lequel  la  villa  de  Vilers  est  dite 
située,  a  été  placé  dans  deux  endroits  différents  de  la  Touraine,  et 
ni  l'un  ni  l'autre  ne  répond  aux  indications  très  précises  que 
fournit  notre  charte. 

Prévenons  d'abord  le  lecteur  que ,  dans  cette  circonstance, 
comme  dans  beaucoup  d'autres  vers  cette  époque,  le  moi  pagus 
a  été  employé  par  le  rédacteur  de  la  pièce  pour  celui  de  vicaria, 
et  que  c'est  d'une  viguerie  qu'il  s'agit  ici,  c'est-à-dire  d'une 
subdivision  du  pagus  Turonicus,  terme  qui  s'appliquait  à  la 
Touraine  entière.  Nous  lisons  vicaria  Aguliacensis  dans  une 
charte  de  l'archevêque  Ursmar  de  845  S  et  encore  vicaria  Agu- 
liacensis in  pago  Turonico  dans  une  pièce  de  906  rapportée 
par  Monsnyer^. 

1.  Gallia  christiand,  t.  XIV,  Instr.  n"  26. 

2.  Celeberrimx  Sancli  Martini  ecclesix  historia,  t.  II,  p.  127;  Bibl.  de 
Tours,  ms.  1295. 


242 

Notre  regretté  confrère  Emile  Mabille',  après  avoir,  à  l'aide 
d'une  copie  de  dom  Le  Sueur,  fort  judicieusement  restitué  à  ce 
canton  de  la  Touraine  le  nom  ai!  Anguliacensis ,  au  lieu  à'Agu- 
liacensis,  y  voit  une  viguerie  dont  le  chef-lieu  était  la  villa 
Angularis,  mentionnée  dans  un  diplôme  de  Charlemagne  pour 
Saint-Martin  de  775 S  et  suppose,  mais  non  sans  quelques  hési- 
tations, qu'elle  était  située  au  confluent  de  la  Vienne  et  de  la 
Creuse,  position  d'où  lui  serait  venu  son  nom. 

M.  de  Busserolle,  dont  le  travail  est  postérieur  de  plus  de 
quinze  ans  à  celui  de  Mabille,  place  cette  viguerie  dans  le  pays  de 
Ligueil.  Il  ne  donne  point  les  raisons  qui  l'ont  amené  à  cette  opi- 
nion, mais  elle  est  formelle,  à  tel  point  que  c'est  à  l'article 
Ligueil  de  son  dictionnaire^  qu'il  cite  les  textes  où  se  trouve  l'ex- 
pression vicaria  Aguliacensis.  Ces  deux  honorables  érudits 
étaient  dans  une  complète  erreur  ;  la  viguerie  en  question  était 
située  non  pas  au  sud,  mais  bien  au  nord  de  la  Loire. 

L'extrait  de  notre  pièce  contenu  dans  le  manuscrit  précité  de 
la  Bibliothèque  nationale  nous  apprenait  seulement  que  la  villa 
Vilers,  objet  de  la  donation  de  Girous,  était  située  inpago  Angu- 
liacensi.  Le  principal  fragment  recueilli  d'abord  ne  disait 
guère  plus,  et  j'étais  disposé  à  suivre  l'opinion  de  Mabille,  d'ordi- 
naire si  avisé  et  si  perspicace,  lorsque  cinq  nouveaux  fragments 
successivement  retrouvés,  et  un  nettoyage  heureusement  exécuté 
de  l'ancien,  vinrent  lever  tous  les  doutes  et  fixer  définitivement, 
je  crois,  ce  point  de  géographie  ancienne  de  la  Touraine. 

Nous  lisons,  en  effet,  vers  la  fin  de  la  charte,  à  propos  de  l'aleu 
de  Vilers  :  Adjacet  autem  prefixus  alodus  inter  villam 
Limeriacum  et  villam  Congiacum*  nec  non  et  villam  Flo- 
riacum  atque  potestatem  Sancti  Martini  de  Castris.  Il  faut 
convenir  tout  d'abord  que  les  documents  du  x^  siècle  indiquent 
bien  rarement,  avec  une  telle  précision  et  une  telle  abondance  de 
joignants,  la  situation  des  localités  dont  ils  parlent;  mais,  par  un 
bonheur  plus  rare  encore,  trois  des  villas  mentionnées  ici  ont 
persisté  jusqu'à  nous,  transformées  en  paroisses.  Il  me  semble 


1.  Divisions  territoriales  de  la  Touraine,  p.  81.  (Paris,  Hénaiix,  18G6.) 

2.  Gallia  christiana,  t.  XIV,  Inslr.  n"  5. 

3.  Dictionnaire  géographique  d' Indre-et-Loire,  t.  IV,  p.  65. 

4.  Congiacum  est  la  forme  primitive  de  Cangiacum,  par  la  transformation 
très  fréquente  de  \'o  en  a  devant  une  nasale. 


243 


impossible,  en  effet,  de  ne  pas  reconnaître  dans  la  première  Lime- 
ray,  dans  la  seconde  Cangy  ou  Cangev,  et  dans  la  troisième 
Fleuray,  qui  étaient  toutes  trois,  avant  la  Révolution,  des 
paroisses  de  l'élection  d'Amboise  et  de  l'archidiaconé  d'Outre- 
Loire,  sauf  Fleuray,  qui  faisait  partie  du  diocèse  deBlois.  Aujour- 
d'hui, par  suite  de  la  réunion  de  Fleuray  à  Cangy,  exécutée  en 
1822,  elles  ne  constituent  plus  que  deux  communes  de  l'arron- 
dissement de  Tours  et  du  canton  d'Amboise.  Ces  trois  localités 
forment  une  sorte  de  triangle  dont  Fleuray  est  le  sommet,  et  dont 
Limeray  et  Cangy  occupent  les  deux  extrémités  de  la  base,  elle- 
même  parallèle  à  la  Loire. 

Pour  Limeray,  l'identification  ne  saurait  être  douteuse,  car 
nous  trouvons  exactement  la  forme  Limeriacum  dans  plusieurs 
chartes  du  xii"  siècle  de  l'abbaye  de  Fontaines-les-Blanches,  qui 
était  voisine.  Au  xiii'  siècle,  on  rencontre  Limereium  conjointe- 
ment avec  Linieriacum.  Pour  Cangy,  d'autres  chartes  du 
xif  siècle  de  cette  même  abbaye  de  Fontaines-les-Blanches 
donnent  la  forme  Cangeium,  mais  cette  abréviation  du  nom  pri- 
mitif n'a  rien  qui  doive  arrêter,  et  l'on  vient  de  voir  qu'à  la  même 
époque  L«nermci«»  avait  subi  une  modification  analogue.  Quant 
à  Fleuray,  il  me  semble  impossible  de  ne  pas  le  reconnaître  dans 
Floriacum.  C'est  là  une  identification  tout  à  fait  conforme  aux 
lois  de  la  philologie. 

Resterait  à  déterminer  la  localité  désignée  par  ces  mots  : 
potestas  Sancti  Martiîii  de  CashHs,  quinous  apprennent  qu'elle 
était  une  propriété  ou  au  moins  une  dépendance  de  la  collégiale 
de  Saint-Martin,  sans  nous  dire  sous  quel  nom  elle  était  connue. 
J'avoue  que,  jusqu'ici,  je  n'ai  pas  pu  arriver  à  résoudre  d'une  façon 
un  peu  satisfaisante  cette  question  d'une  importance  secondaire, 
du  reste,  car  les  éléments  que  nous  possédons  suffisent  amplement 
pour  fixer  avec  certitude  l'emplacement  occupé  en  Touraine  par 
la  viguerie  Anguliacensis.  Je  noterai  seulement  que  Téghse  de 
Cangy  est  placée  depuis  fort  longtemps  sous  l'invocation  de 
saint  Martin,  ce  qui  pourrait  bien  provenir  de  ce  que  la  puis- 
sante collégiale  avait  des  possessions  dans  le  voisinage.  Cette 
supposition  me  paraît  d'autant  plus  fondée  que,  dans  la  charte 
d'Ursmar,  citée  plus  haut,  ce  prélat  mentionne  comme  étant  dans 
la  viguerie  Anguliacensis  une  villa  ai)pelée  villa  Martini. 

Enfin,  et  ceci  'ne  paraît  capital,  j'ai  retrouve  la  localité  de 
Vilers.  Elle  a  changé  de  nom,  il  est  vrai,  et  s'appelle  aujourd'hui 


244 

le  Grand-Cottereau,  mais  seulement  depuis  le  xvf ,  ou  peut-être 
le  xv^  siècle.  Cette  propriété  de  Saint- Julien,  qui  avait  le  titre 
de  seigneurie,  était  considérable  ;  car  un  document  du  xvni«  siècle* 
lui  donne  encore  à  cette  époque  une  étendue  de  près  de  quatre 
cents  arpents.  Sa  situation  dans  la  partie  nord  de  la  commune  de 
Limeray,  à  peu  près  au  centre  du  triangle  formé  par  les  trois 
paroisses  précitées,  répond  exactement  à  celle  qu'indique  notre 
charte. 

Reste  à  prouver  la  transformation  de  nom  dont  je  viens  de  par- 
ler. Or,  dans  l'inventaire  des  titres  de  la  Chambrerie  de  Saint- 
Julien,  conservé  aux  Archives  d'Indre-et-Loire  (H  509),  on  lit, 
à  la  page  465,  la  mention  suivante  :  «  Déclaration  rendue  par 
«  frère  François  Cartier,  religieux  chambrier  de  l'abbaye  de  Saint- 
«  Julien,  au  bailly  d'Amboise,  du  fief,  terre  et  seigneurie  de  Cotte- 
«  reau,  anciennement  appelé  Villiers,  situé  paroisse  de  Limeray. . . . 
«  daté  du  20  avril  1541.  »  Page  555  du  même  registre,  on  lit 
encore  :  «  Papier  terrier  du  ôefet  seigneurie  du  Grand-Cottereau, 
«  anciennement  appelé  Villiers,  dépendant  de  l'office  claustral  de 
«  la  Chambrerie  de  Saint-Julien  et  daté  de  1529  à  1543.  »  Un 
plan  de  1752  (H  566)  a  pour  titre  :  «  Plan  géométrique  del'éten- 
«  due  du  fief  et  seigneurie  du  Grand-Cottereau-Villiers ,  » 
associant  ainsi  les  deux  noms,  l'ancien  et  le  récent.  Il  serait  facile 
de  multiplier  ces  citations,  mais  je  pense  que  la  démonstration 
est  complète,  car  on  ne  saurait  être  arrêté  par  la  légère  différence 
que  présentent  Vilers  et  Villiers. 

La  vicaria  Anguliacensis  occupait  donc  l'angle  formé  par 
la  Loire  et  la  Brenne,  et  l'on  remarquera  que,  parmi  toutes  les 
vigueries  de  Touraine  connues  jusqu'à  ce  jour,  aucune  ne  se 
trouvait  dans  cette  région  dont  l'étendue  était  cependant  plus  con- 
sidérable que  celle  de  la  plupart  des  autres  subdivisions  de  la 
province.  Il  y  avait  là  une  lacune  que  notre  pièce  vient 
combler. 

Au  dos  de  la  charte,  en  vieilles  capitales  :  Carta  Giroii  de 
Vilers.  Une  cote  plus  moderne  traduit  Anguliacensis  par 
Angoulesme  ! 

Cette  charte  est  inédite,  on  n'en  connaissait  que  l'analyse  que 
nous  avons  citée. 

XP.  Ecclesiae  sanctse  fidelis  devotione  subvenire  ejusque  utilitati- 

1.  Archives  d'Indre-et-Loire,  H  475. 


^45 

bus  pio  amore  concurrere,  juslarum  est  mentium,  quia  exinde  caeles- 
tium  gaudiorum  credunl  percipere  portionem.  Igitur  dum  vivimus, 
movemur  cL  sumus,  considerarc  debcmus  quia  de  lerra  sumus  cL  in 
terra  ibimus.  Proinde,  ego  Girous,  considcrans  inmensa  peccalorum 
meorum  pondéra,  simulque  pertrcmiscens  ultimi  judicii  dicni,  in 
qua  unusquisquc  pro  id  quodgcssit  reddituruseslrationem,  cogitare 
coepi,  quod  piuni  rectumque  erat,  ut  plus  Dominus  veniam  meorum 
peccaminum  mibi  donare  dignetur,  de  rébus  [mea3  projprietatis  ali- 
quid  ad  coenobium  Sancti  Juliani  quod  domnus  Teotolo,  quondam 
archiepiscopus,  ad  communem  mullorum  uli]ita[tem   in]  sul)urbio 
ïuronicae  urbis  construxit,  in  speliales  usus  monacliorum  ibidem 
Domino  famulantium,  cum  conscn[su  uxoris  mese  nomJineGervis,  nec- 
non  lliii  nostri,  vocabulo  Arduini,  reliquorumque  parentum  meo- 
rum superslitum,  dono  donatumque  in  perpetuum  esse  voio  :  hoc 
est  alodum  meum,  viilam  nuncupantem  Vilers,  sitam  inpago  Angu- 
liacensim  (,v«f),  quod  mihi  ex  parentum  meorum  possessione  jure  here- 
ditario  contigit,  cum  terris  cultis  et  incultis,  cum  silvis,  vineis,  pratis, 
pascuis  et  cum  omnibus  meis  consuetudinibus,  et  perviis  et  exitibus, 
Haec  omnia  predicta,  sicuti  mea  videtur  esse  possessio,  de  meo  jure 
et  dominatione,  in  jus  et  potestatem  Sancti  Juliani,  in  spetiales 
usus  monachorum,  domno  videlicet  Euvrardo  abbati,  ceterisque 
monachis  in  ecclesia  ejusdem  Sancti  Juliani  Domino  dévote  famulan- 
tibus,  caedo,  trado,  transfundo  perpetualiter  ad  habendum.  Adjacet 
autem  prefixus  alodus  inter  viilam  Limeriacum  et  viilam  Congiacum 
necnon  et  viilam  Floriacum,  atque  potestatem  Sancti  Martini  de  Gas- 
tris.  Si  vero  fuerit  post  hune  diem  qui  [conjtra  banc  donationem 
quampro  remedio  animae  meae,  ac  conjugis  suprascriptae  atque  filii 
nostri  jam  prelîxi,  ceterorumque  parentum  meorum,  viventium  sive 
mortuorum,  Deo  et  Sancto  Juliano  fecimus,  aliquam  calurapniam 
inferre  temptaverit,  nos  ipsi  aut  uUus  ex  heredibus  ac  pro  heredibus 
nostris,  primitus  iram  Domini  nostri  Jhesu  Ghristi  ac  ipsius  marty- 
ris  Juliani  incurrat,  etasocietate  sanctorum  aUenus  existât,  et  insil- 
per  auri  ad  purum  recocti  libras  xxx,  multatus  exsolvat,  suaque 
repcticio  nuUum  obtincat  effectum.  Et  ut  haec  donatio,  nostris  noslro- 
rumque  parentum  et  aliorum  nobilium  virorum  manibus  roborata, 
omni  tempore  firma  et  stabilis  permaneat ,  cum  stipulatione  sub- 
nixa,  bis  presentibus  et  videntibus  acta  fuit. 

t  Signum  Domni  Hugonis  Francorum  ducis.   Signum  Odonis 
comitis.  Signum  G  luzfredi  comitis.  Signum  Gualterii  comitis. 
Signum  Giroi  qui  hanc  donationem  fecil.  Signum  Gyrvis  uxoris 


246 

ejus.  Signum  Arduini  filii  eorum.  Signum  Gorbonis,  senioris  eorum. 
Signum  Arduini  fratris  ejus.  Signum  Arduini  archiepiscopi.  Signum 
Arvei  tesaurarii  beati  Martini.  Signum  Arnulfi  episcopi.  Signum 
Lisierni  episcopi.  Signum  Arvei  comitis.  Signum  Ugonis  comilis. 
Signum  Fulconis.  Signum  Burchardi  comitis.  Signum  Tethbaldi  vassi 
dominici.  Signum  Bernardi  vicecomitis.  Signum  Gunfredi.  Signum 
Anselmi.  Signum  Gualteri.  Signum  Rotberti.  Signum  Ingelardi. 
Signum  Uddonis.  Signum  Letboldi.  Signum  Tbeoderici.  Signum 
Willelmi.  Signum  Begonis.  Signum  iVymonis.  Signum  Telboldi.  Sig- 
num Amalrici.  Signum  Gadalonis.  Signum  Hervici.  Signum  Gua- 
lonis.  Signum  Hugonis.  Signum  Gerrici.  Signum  Drogonis.  Signum 
Odonis.  Signum  Odonis  levitae.  Signum  Balduini  levitae.  Signum 
Riculfipresbyteri.  Signum  Landrici  levitse.  Signum  Rainaldi.  Signum 
Gozfredi.  Signum  Fulconis. 


XXVIII. 

DONATION   A  SAINT -JULIEN  PAR  GUANDALBERT  DE  VIGNES,    PRES 
l'abbaye.  —  979. 

Haut.  0M75'"'".  —  Larg.  0'»265">'". 

Charte  entière,  à  laquelle  il  manque  seulement  quelques  signa- 
tures; en  quatre  fragments,  dont  un  très  grand  comprenant 
tout  le  corps  de  la  pièce  et  les  trois  premières  signatures.  Guan- 
dalbert  était  neveu  de  l'archevêque  Ardouin,  d'après  une  pièce 
analysée  par  Gaignières,  p.  51  du  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
nationale,  n"  17047,  ancien  Gaignières  n**  179^,  et  ceci  explique 
que  notre  charte  ait  été  donnée  sur  la  table  de  ce  prélat  et  porte 
sa  signature.  Ensuite  viennent  les  noms  de  Guandalbert  vassal, 
de  Corbon  vassal,  d'Ardouin  son  frère  et  de  divers  seigneurs 
l&ïques,  sans  autre  note  tironienne  que  celle  de  subscripsit.  Il 
est  très  probable  que  le  Corbon  vassal  que  nous  trouvons  ici  est 
le  personnage  que  nous  avons  rencontré  avec  cette  même  qualité 
dans  la  charte  de  970,  et  qu'il  était  fils,  ainsi  que  son  frère 
Ardouin,  du  Corbon  qui  figure  avec  sa  femme  Senehildis  dans  la 
pièce  de  941.  Ce  dernier  se  trouverait  également  être  le  père  de 
l'archevêque  Ardouin,  puisqu'en  970  ce  prélat  est  dit  frère  de 
Corbon  qui  signe  avec  lui.  La  date  est  ainsi  :  anno  ah  incarna- 
tione  Domini  DCCCCLXXVIIII,  in  quo  Hlotharius  reoc 


247 

Ludovicum  filium  suum  regem  constituit.  C'est  bien  en  effet 

en  979  que,  selon  les  Bénédictins,  Lothaire  associa  au  trône  son 

fils  Louis,  alors  âgé  de  dix  ans. 

Au  dos,  en  petites  capitales  anciennes  :  Carta  de  III quarte- 

riis  de  vinea  qiiam  7'eddit  Guandalbertus  Sancto  Juliano... 

Jidiani. 

Pièce  inédite. 

Bibl.  nat.,  ms.  lat.  n^  5443,  fol.  40.  Extrait. 

XP.  Dum  vivimus,  movemur  et  sumus  et  adhuc  mortali  carne 
clrcumdamur,  cogitare  deb[emus]  quia  de  terra  sumus  et  in  tcrram 
ibimus  et  cum  vennibus  et  serpenlibiis  lerram  bereditabim[us.]  Nec- 
quiquam  boni  exeuntes  de  hoc  seculo  nobiscum  portabimus,  nisi 
quod  pic,  juste  ac  recte  opcrali  fuerimus.  Quapropter,  dum  adhuc 
a  domhio  inducias  nobis  permlLtentc  in  bac  vita  expectamur,  dignum 
est  ut  ex  caducis  œlerna,  ex  Lransitoriis  manentia  mercemur  gaudia. 
Quod  ego  Guandalbertus,  mecum  reputans,  simulque  facinorum 
meorum  sarcinam  metuens,  aLque  clementiam  Omnipotentis  Dei 
mihi  placabilem  fieri  concupiscens,  pro  remedio  animaî  meaî  et  geni- 
loris  mei  aliorumque  parentum  meorum,  dono  donatumque  imper- 
petuum  esse  volo,  monasterio  Sancti  Juliani  monachisque  eundem 
incolentibus  locum,  res  quasdam  juris  mei,  quas  pater  meus  juste 
vel  injuste  adquisivit,  possedil  ac  tenuit,  mihique  eas  heredilario 
jure  reliquit;  id  est,  quarterios  in«^  de  vinea,  ut  habeant  ipsi  mona- 
clii  unde  apud  Deum  pro  me  juste  intercédant.  Sunt  autem  ipsi 
supradicti  m  quarterii  non  longe  a  muro  ejusdem  Sancti  Juliani,  vide- 
licet  intra  clausum  ipsius  quod  est  ante  portam  monasterii,  de  cujus 
potestatis  alodo  et  ipsi  sunt,  sicut  multorum  testimonio  compro- 
bavimus.  Tcrminatur  vero  ipsa  vinea,  a  duobus  frontibus  viis  publi- 
as ;  a  tercia  vero  parte  vinea  Fulconis,  Beati  Martini  canonici;  a 
quarto  autem  latere  vinea  scpe  scripti  Sancti  Juliani.  Infra  istas 
autem  terminationes,  eo  modo  cedo  eis,  dono  vel  reddo  eandem 
vineam^  ut  ab  hodierno  die  et  infra,  décimas  ejus  quas  actenus  minime 
habuerant,  ex  inlegro  rccipiant.  Et  ego,  diebus  quibus  vixero,  si 
mihi  placueril,  in  usus  proprios  eam  retinebo.  Post  obitum  vero 
meum,  cum  omni  emelioratione  et  integritate,  absque  uUius  repe- 
lione  aut  contradictione,  eam  recipiant,  nemine  inquiétante  vel  con- 
tradicente.  Ut  autem  ipsa  cessio,  donatio  vel  redditio  firmior  habea- 
tur,  ccrliusque  a  nobis  facta  crcdatur,  manu  propria,  sub  signe 
sanctœ  crucis  eam  subterfirmavi,  raanibusque  seniorum  aliorumque 
fideliura  meorum  corroborari  rogavi. 


248 

XP.  Arduinus  gratia  Dei  Turonorum  archiepiscopus  huic  manu- 
firmse  subscripsit. 

f  Signum  sanctae  crucis  Gandalberti  vassalli,  qui  hanc  donationem 
libenti  animo  fecit. 

Signum  Gorbonis  vassalli. 

Signum  Arduini  fratris  ejus. 

Signum  Ratherii  vassalli. 

Signum  Seiardi  vassalli. 

Mainerius  clericus  subscripsit. 

Signum  Ervei. 

Data  simulque  corroborata  mense  julio,  in  civitate  Turonus,  super 
mensam  Domni  Arduini  archiepiscopi,  anno  ab  incarnatione  Domini 
DCGGGLXXVIIII,  in  quo  Hlotharius  rex  Ludovicum  filium  suum 
regem  constituit. 

Evrardus,  licet  indignus  diaconus,  presens  fui  et  jussu  Domni 
Arduini  archiepiscopi  scripsi  et  subscripsi. 

XXIX. 

CONCESSION  PAR  l' ARCHEVEQUE  ARDOUIN  A  ARNAUD  ET  A  SA 
FEMME  AMALBERGUE  DE  DEUX  ARPENTS  ET  DEMI  DE  TERRE, 
DANS  LA  VILLA  VEROTIO,  SITUEE  VIGUERIE  DE  MONTLOUIS.  — 
OCTOBRE  983. 

Haut.  0™415"'"'.  —  Larg.  0™249'"'". 

Cette  pièce  est  en  trois  fragments;  l'un  très  grand,  contenant 
tout  le  corps  de  la  charte  et  la  plupart  des  signatures,  et  les  autres 
donnant  le  reste  des  signatures,  la  date  et  le  nom  du  scribe.  Elle 
était  très  effacée,  mais  on  a  pu  en  faire  revivre  suffisamment 
l'écriture. 

La  villa  Verotio  était  jusqu'ici  inconnue  dans  la  viguerie  de 
Montlouis  ;  nous  croyons  la  retrouver  dans  la  localité  actuelle  de 
Véretz,  voisine  de  Montlouis,  quoique  l'église  de  Véretz  soit 
dédiée  à  Notre-Dame  *,  et  que  saint  Saturnin  soit  indiqué  dans 
notre  charte  comme  patron  de  l'église  de  la  villa  Verotio  ;  mais 
un  changement  de  patronage  a  pu  se  produire  depuis  le  x'  siècle. 

Les  notes  tironiennes  qui  accompagnent  presque  toutes  les 
signatures  sont  encore  très  nettes  et  bien  formées. 

1.  Habille,  Divisions  territoriales  de  la  Tour  aine,  p.  189. 


249 

La  charte  est  datée  du  mois  d'octobre,  l'an  de  l'Incarna- 
tion 983,  ou  la  27"  du  règne  de  Lothaire,  ce  qui  est  une  façon  de 
compter  les  années  de  ce  prince  différente  de  celles  que  nous 
avons  rencontrées  précédemment.  En  effet,  le  mois  d'octobre  de  la 
21"  année  de  Lothaire  ne  correspond  h  983  qu'en  faisant  com- 
mencer le  règne  au  12  novembre  956,  point  de  départ  dont 
M.  Bruel  fournit  du  reste  cinq  exemples*. 

Cette  date  de  983  prouve  que  la  carrière  de  l'archevêque 
Ardouin,  qui  est  le  donateur,  s'est  prolongée  au  delà  de  980, 
époque  où  le  Gallia  en  fixe  la  fin.  Il  est  à  remarquer  d'ailleurs  que 
jusqu'à  présent,  on  ne  connaît  aucun  acte  d'Archambauld,  suc- 
cesseur d' Ardouin,  qui  soit  antérieur  à  985;  rien  ne  s'oppose 
donc  à  ce  qu' Ardouin  ait  été  en  fonction  jusqu'en  983,  et  peut- 
être  au  delà,  et  nous  croyons  qu'il  faut  rectifier  dans  ce  sens  la 
date  donnée  par  le  Gallia'^. 

Au  dos,  on  lit,  en  anciennes  capitales  :  Carte  due  de  Verotio, 
ce  qui  indiquerait  une  autre  pièce  sur  le  même  sujet,  ou  au  moins 
sur  la  même  localité. 

Cette  charte  était  jusqu'ici  inconnue. 

XP.  In  nomine  summi  Salvatoris  Dei,  Arduinus,  misericordia  Dei 
sanctœ  Turonicac  sedis  archiepiscopus,  nolum  immo  et  pcrcognitum 
esse  volumus,  cunctis  fideUbus  sanctœ  Dei  ecclesiae,  presentibus  sci- 
Hcet  ac  futuris  precipueque  successoribus  nostris,  quoniara  depre- 
catus  est  nos  quidam  clericus  et  canonicus  nosLrae  malris  ecclesiae, 
nomine  Ascclinus,  uti  ex  rébus  presbiterii  sancti  Saturnini  ecclesiae 
quae  est  sila  in  villa  Verotio,  quam  ipse  de  fideli  nostro  Gauzfrido 
vicecomiti  tenere  ac  regere  videtur,  hoc  est  arpennes  ri  et  médium 
de  terra  arabih,  cuidam  homini  nomine  Arnaldo,  et  uxori  suae  nomine 
Amalbergae,  sub  institutione  censusannuatim  reddendum,  per  hujus 
noslraeauctorilatistestamentumconcederemus.Gujusdeprecalionem, 
una  cum  assensu  et  voluntate  prefato  Gauzfrido  vicecomiti  atque 
fldeh  nostro,  bénigne  recipientes,  concessimus  Jam  diclo  Arnaldo  et 

1.  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  t.  XLI,  p.  337. 

2.  Vers  la  fin  de  la  notice  placée  en  tête  de  cette  collection  de  chartes,  un 
véritable  lapsus  calami,  qu'il  serait  trop  long  d'expliquer,  a  fait  substituer  au 
nom  d'Ardouin  celui  de  Joseph  II,  l'un  de  ses  prédécesseurs,  et  non  le  plus 
immédiat.  Le  lecteur  est  instamment  prié  de  corriger  cette  erreur,  que  la  pré- 
sence dans  le  texte  des  laies  de  l'épiscopat  d'Ardouin  rendait,  du  reste,  bien 
facile  à  reconnaître. 


230 

uxori  suœ  Amalbergae  prefixos  arpennes  ii  et  médium  de  terra 
arabili,  sitos  in  pago  Turonico,  in  vicaria  Montislaudiacensi,  in  villa 
Verotio.  Terminantur  de  tribus  partibus  terra  ex  nostro  episcopatu 
ex  beneficio  jam  dicto  Gauzfrido  fideli  nostro,  quarta  parte  via 
publica.  Eo  etiam  modo  concedimus  eis,  ut  liabeant  licentiam  desuper 
œdificandi,  plantandi,  construendi  et  quicquid  melius  elegerint  eme- 
liorandi,  soiventes  exinde  annis  singulis,  ad  festivitatem  sancti 
Saturnini,  quœ  colitur  m  kal.  decembris,  Ascelino  clerico,  sive  suc- 
cessoribus  suis,  censum  dr.  x  et  eis  amplius  non  requiratur  aut  exi- 
gatur,  sed  sub  tali  censu  libère  ac  quiète  teneant  et  possideant,  nemine 
inquiétante  atque  contradicente.  Et  si  de  eodem  censu  tardi  aut 
neglegentes  reperti  fuerint,  id  ipsum  emendant  et  quod  tenuerint  non 
ideo  amitant.  Habeantque  licentiam,  tam  invitaquam  et  admortem, 
aut  vendere  aut  ad  unum  ex  propinquioribus  parentibus  vel  amicis 
quem  maelius  maluerint,  prefatam  terram  sub  prescripto  censu,  cum 
omni  emelioratione  relin[quere].  Ut  autem  haec  auctoritas  firmior  sit 
et  firma  permaneat,  manu  propria  eam  subterfirmavimus,  manibus- 
que  fidelium  nostrorum  in  synodali  conventu  adfirmari  rogavimus. 

XP.  Arduinus,  misericordia  Dei  Turonorum  arckiepiscopus,  scripsit 

et  subscripsit. 
XP.  Ascelinus  decanus  hanc  manumfirmam  fieri  deprecatus  est, 

subscripsit. 
XP.  Froterius  archipresbyter  atque  archidiaconus  subscripsit. 
XP.  Boso  archidiaconus  subscripsit. 
XP.  Ingelbertus  archidiaconus  subscripsit. 
Aimericus  ?  subscripsit. 

(Paraphe  initial.)  Sicbardus ^res&î/^er  atque  precentor  subscripsit. 
(Paraphe  initial.)  Mainerius  clericus  atque  abbas  subscripsit. 
(Paraphe  initial.)  Otbertus  diaconus  subscripsit. 
Ermenfridus  presbijter  subscripsit. 
Christianus  presbyter  subscripsit. 
SQgienus  presby ter  subscripsit. 
Guarnerius  presbyter  subscripsit. 
Dodaldus  presbyter  subscripsit. 
Gyrardus  diaconus  subscripsit. 
Rotbertus  diaconus  subscripsit. 
Aganus  diaconus  subscripsit. 
Martinus  diaconus  subscripsit. 
Berne  diaconus  subscripsit. 


254 

Gunbertus  diaconus  subscripsit. 

Odilo  clcricus  subscripsit. 

Uolbertus  clcricus  subs£ripsit. 

Guido  cfericîts  subscripsit. 

Raimbaldiis  clcricus  subscripsit. 

Lcolardus  clcricus  subscripsit. 

Ilem  Guido  clericus  subscripsit. 

Vulgrimnus  clericus  subscripsit. 

Fredricus  clericus  subscripsit. 

Hugo  clericus  subscripsit. 

Signum  Gauzfridi  vicecomitis,  ad  cujus  beneficium  pertinerc  vidctur. 

Ebrardus  arcbipresbiler  subscripsit. 

Odo  arcbipresl)iler  subscripsit. 

Alcberius  presbyter  subscripsit. 

Guaniiicus  presbyter  subscripsit. 

Olberlus  presbyter  subscripsit. 

Rainardus  presbtjter  subscripsit. 

Rainaldus  arcbipresbiler. 

Bernardus  presbyter  subscripsit. 

Signum  Gelduini.  Signum  Plastulfi.   Signum  Adraldi.    Signum 

RoLberti.  Signum  Rainaldi.  Signum  0 di.  Signum  item  Rot- 

berti.   Signum  Arduini.   Signum  item   Rainaldi.   Signum  Siardi. 
Signum  Odonis. 

Data  mense  octobrio,  in  civitate  Turonus,  in  plena  synodo,  anno 
dominicse  incarnationis  DCGGGLXXXIII,  sive  anno  XXVII  régnante 
Lotbario  rege. 

XP.  Durannus  licet  indignus  sacerdos  presens  fui  et  rogitus  ab 
[Ingelberto  antigrafo  ?]  scripsi  et  subscripsi. 

XXX. 

UN  CHEVALIER,  NOMME  CORBON,  REMET  A  SAINT-JULIEN  DIVERS 
DROITS  qu'il  PERCEVAIT  DANS  LES  VILLAS  DE  MERE  ET  DE 
SAUNAY. —  984. 

Haut.  0'»274'^'".  —  Larg.  0«>212'"'°. 

Cette  charte  est  la  seule  de  ce  recueil  qui  ne  provienne  pas  des 
reliures  de  Tétat  civil;  mais  comme  elle  concerne  Saint-Julien, 
qu'elle  est  inédite  et  qu'elle  manque  dans  la  Notice  des  chartes 


2S2 

antérieures  à  fan  mil,  publiée  par  M.  Delà  ville  le  Roulx,  nous 
croyons  ne  devoir  pas  la  laisser  de  côté. 

Le  Corbon  qui  figure  ici  me  paraît  être  le  père  de  celui  qui 
donna,  en  999,  à  l'abbaye  de  Bourgueil,  des  biens  sis  à  Lerné*  ; 
la  femme  du  premier  est  morte  et  s'appelait  Milesinde,  tandis  que 
celle  du  second  est  vivante,  puisqu'elle  signe  la  donation  et  a 
nom  Aldesinde.  Je  ne  pense  pas  qu'on  puisse  voir  ici  une  simple 
variante.  En  comptant  le  Corbon  de  la  pièce  de  mai  941  (n°  iv), 
dont  la  femme  est  nommée  Senehildis,  nous  avons  dans  nos 
chartes  trois  générations  de  Corbon,  c'est-à-dire  deux  degrés  de 
plus  que  n'en  connaissait  Chalmel,  qui  ne  remonte  pas  au  delà  du 
personnage  de  999  ^  Cette  famille  féodale  nous  apparaît  dès  l'ori- 
gine comme  l'une  des  plus  considérables  de  la  province.  Ceux  de 
ses  membres  que  nous  rencontrons  au  x«  siècle  sont  qualifiés  che- 
valiers, et  nous  avons  vu,  n°  xxn,  que  l'archevêque  Ardouin  était 
le  propre  frère  du  Corbon  de  941.  Or,  à  cette  époque,  l'épiscopat 
tourangeau,  comme  les  autres,  du  reste,  ne  se  recrutait  guère  que 
dans  la  classe  qui  allait  devenir  et  était  déjà,  à  beaucoup  d'égards, 
la  haute  noblesse. 

Mairiacus  est  Meré,  hameau  de  la  commune  deSaunay,  can- 
ton de  Châteaurenauld,  qui  au  moyen  âge  s'est  appelé  Mairy  et 
que  nous  avons  déjà  trouvé  en  977  sous  la  forme  Massiacus. 
Sulnacus  est  Saunay,  canton  de  Châteaurenauld,  qu'on  écrit 
Sonnay  du  xv^  au  xvn^  siècle.  Gaudiacus  pourrait  être  Joué, 
commune  du  canton  de  Tours-Sud  ;  cependant,  cette  terre  était 
dès  l'année  900  donnée  au  chapitre  de  Saint-Martin  par  Charles 
le  Simple  et  avait  une  autre  importance  que  celle  d'un  simple 
mansile  ;  il  s'agit  probablement  ici  d'une  autre  localité  du  même 
nom,  dont  la  situation  nous  est  inconnue. 

Au  dos  de  la  charte,  on  lit,  en  vieilles  capitales  mêlées  d'on- 
ciales  :  Hœ  sunt  consuetudines  quas  dimisit  Corho,  miles, 
de  Mairiaco  villa. 

Plus  bas,  en  écriture  du  xv®  siècle  :  «  Remise  de  quelques  cou- 
tumes que  debvoit  le  monastère  de  Saint- Julien,  par  le  seigneur 
de  Mairy.  » 

Enfin,  une  main  du  xvii®  siècle  a  écrit  :  chap.  2,  liasse  I, 

1 .  Notice  sur  les  chartes  originales  relatives  à  la  Touraine,  antérieures  à 
l'an  mil,  par  M.  Delaville  le  Roulx,,  p.  40. 

2.  Histoire  de  Touraine,  tome  III,  p.  212. 


253 

chartre  5,  et  plus  haut,  Sonnay.  Ces  indications  répondent  à  l'in- 
ventaire de  la  Chambrerie  de  Saint- Julien,  conservé  dans  les 
archives  d'Indre-et-Loire,  sous  la  cote  H  509,  p.  275. 

Cette  pièce  est  inédite  ;  on  n'en  connaît  aucune  copie  ancienne. 

XP.  Notitia  rei  gestœ  qualiler  anno  Incarnationis  dominiese 
D  cccc  Lxxxirir  venil  quidam  miles,  nomine  Corbo,  in  monaslerium 
Sancli  Juliani,  et  propria  duclus  voluntate,  pro  amore  omnipotentis 
Uci  et  pro  redemplione  animœ  patris  sui  et  malrissuœceteroi'umque 
lidelium  raorum,  et  precipui  Milescndis  dilectœ  uxoris  suœ,  quosdam 
redditus  quos,  vel  juste  vel  injuste  ex  potestate  Saneti  Juliani  exige- 
bat,  remisit  et  induisit  eidem  Sanclo  Juliano  et  servientibus  sibi 
Monachis,  ita  ut  ab  hodierno  die  et  deinceps,  ex  villa  Mairiaco,  vel 
ex  potestate  de  Sulnaco,  nullum  servitutis  obsequim,  aut  ipse  auL 
aliquis  sibi  subjectus  exigat  vel  requirat.  Quod  si  vero  in  diebus  cjus 
aut  posl  eum  cxtiterit  aliquis  qui  eundem  beneficium  promerueriL  et 
banc  remissionis  obsequii  vel  donationis  notitiam,  quolibet  modo 
infringere  lemptaverit,  in  primis  iram  omnipotentis  Dei  el  Saneti 
Juliani  omniumque  sanctorum  ofTensam  incurrat,  suaque  repetitio 
nullum  efTectum  obtineaL,  sed  in  perpetum  hœc  notitia  manibus  viro- 
rum  bonorum  corroborata,  fr-ma  et  stabilis  omni  tempore  vigeat  et 
permaneal.  Simili  modo,  pro  amore  Dei,  promisit  et  concessit  jam 
dictus.  Corbo,  ut  supra  scripli  monachi  Saneti  Juliani  mansile  suum 
vocabulo  Gaudiacum,  quod  est  juxta  silvam  ipsius  Gorbonis  excole- 
rent  et  cultores  habundanter  illuc  introducerent,  nemine  eis  contra- 
dicente  vel  resistente.  Si  vero  exinde  aliquis  eis  contrarius  extiterit, 
contrarius  sibi  Deus  omnesque  saneti  ejus  existant,  nisi  cito  resipue- 
rit  et  ad  emendationem  pervenerit.  Et  ut  hœc  omnia  firmitate  et  sta- 
bilitate  obtineant,  manu  propria  ea  firmavimus,  manibus  que  fide- 
lium  nostrorum  affirmari  rogavimus. 

f  Signum  Gorbonis  qui  hanc  notitiam  fîeri  jussit  et  ipse  manu 
propria  eam  firmavit. 

XXXI. 

DONATION  A  SAINT-JULIEN  d'uN  ALEU  APPELÉ  TAXNEGIAS  ET  SITUÉ 
DANS  LE  PAGUS  DU  MANS,  SUR  LA  RIVIERE  DE  LA  DEME.  —  984. 

Haut.  0™360'»"\  —  Larg.  inconnue. 
Une  bande  horizontale  qui  ne  donne  que  la  moitié  des  deux 


254 

premières  lignes,  et  quatre  bandes  verticales  dont  deux  sont 
très  incomplètes;  il  en  manque  au  moins  deux  autres. 

Du  nom  de  ]a  Dême,  il  ne  reste  plus  que  quelques  lettres,  mais 
il  nous  est  donné  en  entier  par  une  très  ancienne  cote  écrite  au 

dos  de  la  charte  et  où  nous  lisons  :  De  alodo super  Dimi- 

diam  flumen,  et  la  date  984  que  l'on  trouve  dans  la  première 
ligne. 

La  localité  appelée  Taxnegias  était  jusqu'ici  inconnue,  je  crois. 
On  pourrait  l'identifier  avec  les  Tasineres  ou  Tasnieres,  ancien 
fief  de  la  paroisse  de  Chemillé-sur-DêmeS  laquelle  fait  aujour- 
d'hui partie  du  département  d'Indre-et-Loire,  mais  appartenait 
autrefois  à  la  province  du  Maine.  Il  faudrait  pouvoir  lire  Tax- 
nerias,  mais  la  terminaison  gias  est  indubitable  ;  je  ne  puis  donc 
présenter  qu'une  simple  conjecture. 

Le  nom  de  Geila,  qui  occupe  le  premier  rang  dans  les  signa- 
tures, se  retrouve  dans  le  martyrologe-obituaire  de  Saint -Julien^. 
On  en  faisait  mémoire  le  2^des  ides  de  novembre,  sans  doute 
comme  de  l'une  des  bienfaitrices  de  l'abbaye.  Pas  trace  de  notes 
tironiennes  dans  cette  charte,  qui  est  inédite,  et  dont  on  ne  connaît 
ni  copie  ni  analyse. 

Incarnationis  dominicae  DGGGCLXXXIIII 

ut  locum  societatis  vel  fraternitatis  acci[piat?]. 

Cujus  rei  g[est3e sit  eidera  mona[sterio] 

vel  injuste  te[n cum  omnibus  ut 

ita  ut  ab  hodier[na  die  et  dejinceps  nullus  suc[cessor] 

aliquod  servitutis  obsequium  inde  exigat....,  unde  etiam  idem 

notitiam  fier)  jussit.  Sed  quia  urgente  i antequam  firma 

tam  uxor  ejus  quam  omnes  fllii  ahique  fidel[es  am]ici  pro  amore  [Dei] 
et  ut  portionem  et  partem  habeant  in  or[aliones]  quse  in  eodem 

mon[asterio] 
a  servis  Dei  eam  libentissime  firmaverunt....  roborare  studu[eruRt]. 
Est  autem  ipsum  alodum  situm  in  pago  [Ginnomanjico  super  fluvio- 

[lum  Dimid-] 
iam,  vocatur  que  Taxnegias.  Hanc  autem  [donationem]  amore  orani- 

poten[tis  Dei  factam] 

1.  Bibl.  de  Tours,  ms.  n"  1428,  Roole  des  fiefs  de  Touraine,  fol.  239. 

2.  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  Touraine,  t.  XXIII,  2*^  fascicule, 
p.  296. 


255 

siquis  infringcrc  aut  violare  temptaver[it  imprimis]  iram  Domini 

Jhesu  Ghristi 
offensam  incurral,  suaque  rcpetilio  nullum  e[frectum  oblinjeat,  sed 

insuper  h[œc  aucloritas] 
manibus  lidelium  corroborata,  firma  [eL  inviolata]  semper  et  ubique 

perm[aneal] 
[Sign]um  Geila\  S[ignum]  Guidonis  clc[rici]. 

[Sigiium]  Alcherii.  [Signum]  Gclduini. 

[Signum]  Ervei. 


XXXII. 

CONCESSION  PAR  l'ABBÉ  EVRARD,  A  BERNARD  ET  A  SON  FRERE,  d'uN 
ARPENT  DE  TERRE  DANS  LA  VIGUERIE  DE  CHANCEAUX.  —  989 

OU  990. 

Hauteur  et  largeur  inconnues. 

Trois  bandes  verticales  incomplètes  ;  il  en  manque  au  moins 
deux.  Cette  charte,  dont  certaines  parties  étaient  fort  effacées, 
et  n'ont  pu  être  ravivées  au'imparfaitement,  est  une  concession 
d'un  arpent  de  terre,  par  l'abbé  Evrard,  à  deux  frères  dont  l'un 
s'appelait  Bernard;  du  nom  de  l'autre,  il  ne  reste  que  la  dernière 
syllabe,  lo.  La  concession  est  faite  à  eux  et  à  deux  de  leurs  suc- 
cesseurs, moyennant  un  cens  annuel  dont  le  cliifîre  manque.  C'est 
donc  un  bail  à  trois  vies,  sans  aucune  particularité  qui  le  dis- 
tingue des  actes  de  cette  nature.  Les  signatures  fort  mutilées  ne 
nous  offrent  pas  d'autres  notes  tironiennes  que  celles  des  mots 
sacey^dos  et  suhscripsit.  Le  mot  monachus,  qui  est  assez  fré- 
quent, est  simplement  écrit  en  abrégé  et  en  caractères  ordinaires. 
On  sent  que  l'usage  des  notes  tironiennes  va  bientôt  disparaître. 

Cette  pièce  est  inédite  ;  on  la  trouve  seulement  mentionnée, 
d'après  le  Monasticon  Benedictinum,  dans  le  Gallia  chris- 
tiana\  où  elle  est  datée  de  989;  une  cote  au  dos  donne  990.  La 
portion  de  la  charte  qui  contenait  la  date  étant  perdue,  il  est  bien 
difficile  de  décider. 

XP.  In  nomine  [summi  Salvatoris  noslri],  nos  quidem  [l'h'rardus 
abbas]  coenobii  [SancLi  Juliani,  notuni]  immo  cl  percognilum  osse 

1.  Gallia  chrisiianu .  t.  XIV,  col.  241. 


256 

volu[mus  cimctis  fidelibus]  sanctae  Dei  ecclesiœ,  presentibus  scilicet 
et  [futuris  precipueque  succ]essoribus  nostris,  quoniam  deprecati 

sum[us] bo  videlicet  et  Bernardo,  uti  ex  re[bus  dicto 

coenobio  per]tinentibus  aliquid  eis  [et]  duobus  suce[essoribus  suis, 
per  huJLis]  nostrae  auctoritatis  [tesjtamenlum  c[oncederemus,  sub 

institjutione  census  annuatim  [redjdendum,  id  est 

....  ad  vineam  plantandam precario  inde 

concessimus  jam  dictis  fratribus. 

Benardi  et [et  duobus  successojribus  post  eos 

predictum  [arpen.]  de  terra  [arabili] a  situm  in  pago  Turonico 

[in  vicaria]  Gancellace[nse] Eo  autem  modo  concedimus 

[predictam]  terram  [ut  habeant  licentiam]  œdificandi,  plantandi, 
[construenjdi  et  quicquid  [melius  voluerint  emejliorandi,  et  si  necesse 
[ftierjit  etiam  ve[ndendi.  Vejrum  tamen  ad  ipsam  potestatem  [sol- 
vant] exinde,  ann[is  singulis,  ad  festivitatem]  Sancti  Juliani  quse 

celebratur  [v  kal.  septem]bris,  census [et  eis  am]plius 

non  requiratur  [aut  exi]gatur.  Et  s[i  de  eodem  censu  tardi  a]ut 
négligentes  exstiterint  [id]  ipsum  eis  em[endare  liceat  et  quod  ten]ue- 
rint  non  ideo  perdant.  [Ut  autem  h]aec  auctori[tas  certior  habeatur] 
manu  propria  eam  [firmavijmus  raanibus[que  fratrum  nostrorum] 
affirmari  rogavimus.  [Termin]atur  vero  ipsa  [terra  ex  omnibus  par- 
tibus  terra]  ipsius  potestatis. 

[Dom]nus  Evra[rdus  humilis  abbas  huic  manui]firmœ  subscripsit. 

V  colonne  :  huit  souscriptions  dont  il  ne  reste  plus  que  les  der- 
nières lettres  et  les  notes  tironiennes  répondant  à  sacerdos  subscripsit. 

2«  colonne  :  Signum  Manfredi  monachi. 
Signum  Cristiani  monachi, 
[Signum]  Arnulfî  monachi. 

Cinq  autres  souscriptions  de  moines,  dont  on  ne  lit  plus  que  le  mot 
monachi,  en  abrégé  mchi. 

XXXIII. 

CONCESSION  PAR  L'ABBÉ  EVRARD,  A  CONSTANTIUS,  d'dN  QUARTIER  DE 
TERRE  DANS  LA  VIGIjERIE  DE  CHANCEAUX.  —  990. 

Haut.  0^340'""^?  —  Larg.  0™200'°'"? 

Six  bandes  verticales  dont  une  est  incomplète,  il  en  manque 
deux.  Cette  pièce  est,  comme  la  précédente,  un  bail  à  trois  vies, 


257 

mais  cette  fois  consenti  à  un  seul  individu,  nommé  Constantius. 
Le  quartier  de  terre  coucédè  était  situé  dans  le  pagus  de  Tours, 
dans  une  viguerie  du  nom  de  laquelle  il  ne  reste  plus  que  la  pre- 
mière et  les  deux  dernières  lettres,  mais  que  nous  pensons  être 
Chanceaux,  et  dans  une  villa  dont  le  nom  manque  totalement,  ce 
qui  enlève  à  cette  charte  une  partie  de  son  intérêt.  Elle  offre 
d'assez  nombreuses  signatures  et  a  conservé  les  portions  essen- 
tielles de  sa  date.  Pas  d'autres  notes  tironiennes  que  celles  de 
suhscripsit  et  des  deux  mots  humilis  abhas. 

A  noter  le  nom  du  moine  Caïman,  qui  a  une  physionomie 
hébraïque  bien  marquée.  Celui  du  maître-école,  qui  a  écrit  la 
pièce,  fait  défaut. 

Cette  charte  est  inédite  ;  on  n'en  a  ni  copie  ni  analyse. 

XP.  [In  nomine  Summi  Salvatoris  noslri,  nos  quidem  Evrjardus, 
abbas  coe[nobii  Sancti  Juliani,  notum  immo  et]  percog[uilum  esse 
volujmus  cunctis  fidelibus  sanctœ  Dei  ecclesiaî,  presen[tibus  scilicel] 
et  futuris  [precipueque]  successoribus  nostris,  quoniam  deprecatus 
est  nos  qui[dam  homo,]  nomine  GGn[slanlius,  u]ti  ex  rébus  Sancti 

Juliani,  quse  nostro  stipendiarlio]  ta3  sunt,  ar[pen.  i  et]  quarle- 

rium  unum  de  terra  arabili  ad  vi[tas sibi  et  du[obus 

successojribus  suis,  per  hujus  nostrse  auctoritatis  testa[mentum  con- 
cede]remus,  sub  in[stitutione  cejnsus  annualim  reddendum.  Cujus 
dcp[recationem  benjigne  recipie[ntes  conce]ssimus  jam  dicto  Cons- 
tanlio  cl  duobus  succ[essoribus  suis  pre]fixum  arpen.  [et  quar]tarium 

unum,  sites  in  page  Turonico,  invicaria  C[ancellacen]se,  in  villa 

Terminatur  vero  ipsa  terra  ex  omnibus  par[tibus  terra  e]x  ipsa 
potes[tate.  Eo  aute]m  modo  concedimus  eis  predictam  terram  ut 
habeant  l[icentiain  desuper]  edificandi,  p[lantandi,  conjstruendi  et 

quicquid  melius  voluerint  emeliorandi bi  fuerit  et  v[en- 

dendi]  vel  dimittendi;  verumtamen  ad  ipsam  potestatem  solventes 
[exinde  anni]s  singulis,  ad  [festivitatem]  Sancti  Juliani  quae  celebra- 

lur  V  kal.  septembris,  ad  usus  nostros,  c[ensum] et  eis  amplius 

[non  requirajtur  aut  exigatur;  et  si  de  eodem  censu  tardi  aut  neg[le- 
gentes  exsjlilerint  idip[sum  eis  emendarje  liceat  et  quod  tenuerint 
non  ideo  perdant.  Ut  aulem  haec  auctorita[s  cerlior  habjeatur,  manu 
[propria  eam]  firmavimus  manibusque  fratrum  nostrorum  affirmari 
rogavira[us.] 

Evrardus  conob[ii  Sancti  Juliajni  humilis  abbas  [huic  manujifir- 
mae  subscripsit. 


258 

'1''^  colonne.  Rotbertus  monachus  et  d[ecanus]  [subscripsit .]  Ghris- 
tianus  monachus  [subscripsit\  Rainaldus  I  monachus  [subscripsit.] 
Bertramnus  monachus  [subscripsit.]  Andréas  primus  monachus  [sub- 
scripsit.] Gauzbertus  3editu[us  subscripsit.]  Ingeh^ardus  s[acerdos 
subscripsit.]  Adalulfus  sac[erdos  subscripsit.]  Adraldus  sac[erdos 

subscripsit.]  Durandus  laicus  et  [subscripsit.]  Item  Durandus 

le[vita] [subscripsit.]  Gumbertus  lev[ita  subscripsit.]  Boso  levit[a 

subscripsit.]  Rainaldus  II  le[vita  subscripsit.] 

2"  colonne.  [AJndreas subscripsit.  [Is]ambert[us] subscrip- 
sit.  Hucbaldus  subscripsit.   [E]rlebald[us] subscripsit. 

[T]ethbald[us]  subscripsit.  [H]ucbaldu[s] subscripsit.  [Jo]- 

hannes subscripsit.  (Six  autres  souscriptions  dont  il  ne  reste 

que  la  note  tironienne  de  subscripsit.) 

Z^  colonne.  Godolbertus  levila  et  monachus  subscripsit.  Girardus 
sacerdos  et  monachus  subscripsit.  Amalbertus  sacerdos  et  monachus 
subscripsit.  Ervicus  subdiaconus  subscripsit.  Maingaudus  subdiaco- 
nus  subscripsit.  Fulbertus  subdiaconus  subscripsit.  Pontius  subdia- 
conus subscripsit.  Girbertus  puer  subscripsit.  Hugo  puer  subscripsit. 
—  Constantinus  sacerdos  et  monachus  subscripsit.  Caïman  mona- 
chus subscripsit. 

Data  m[en]se  ap[rili  anno  incarnationis]  Dominice  DGGGGXG 

Hujgone  anno 

mag[istro] scolae. 

XXXIV. 

CONCESSION  A  SAINT-JULIEN  PAR  EUDES,  COMTE  DE  TOURS,  DE  DEUX 
ARPENTS  DE  VIGNE,  AUX  ENVIRONS  DE  TOURS,  PRÈS  LE  LIEU 
APPELÉ  VILLENEUVE.  —  20  MAI  994. 

Cette  charte  bien  conservée  est  en  trois  fragments,  dont 
deux  avaient  été  trouvés  par  M.  Gauthier  sur  les  registres  de 
l'état  civil  conservés  au  greffe  de  Loches  et  publiés  par  M.  Dela- 
ville  Le  Roulx,  en  complétant  le  texte  à  l'aide  d'une  bonne  copie  de 
Gaignières*.  Le  troisième  fragment,  qui  est  le  plus  considérable 
et  donne  environ  les  deux  tiers  de  la  pièce  avec  de  nombreuses 
signatures,  a  été  recueilli  par  nous. 

l.  Bibl.  nat.,  ms.  lat.  5443,  p.  39,  et  aussi  dans  le  fonds  Baluze,  t.  LXXVII, 
fol.  73. 


259 

La  localité  nommée  Villeneuve,  qui  était  dans  la  Varenne 
s'étendant  sous  les  murs  de  l'ancien  Tours,  n'a  laissé  aucune 
trace  ;  elle  a  probablement  été  absorbée  dans  les  développements 
successifs  de  la  ville. 

La  chapelle  de  Saint-Sauveur  était  située  dans  l'intérieur  de 
la  cité,  infra  étant  ici  pris  dans  le  sens  àHntra,  mais  rien  n'in- 
dique son  emplacement  précis;  en  tout  cas,  il  ne  faudrait  pas  la 
confondre  avec  la  chapelle  Saint-Sauveur  qui  était  près  du  Cher, 
à  peu  près  où  se  trouve  aujourd'hui  le  pont  qui  porte  ce  nom. 

Notre  pièce  a  été  écrite  par  Adalgerius,  remplaçant  le  scribe 
en  titre  de  la  cathédrale  appelé  Ingelbertus,  dont  le  nom  se  trouve 
au  bas  de  la  charte  de  l'archevêque  Robert,  donnée  en  927 
(n°  1).  S'il  n'a  pas  existé  dans  ce  siècle  deux  scribes  delà  cathé- 
drale portant  le  même  nom  et  se  succédant  l'un  à  l'autre,  cela  fait 
une  bien  longue  carrière.  Il  est  vrai  que  l'Ingelbertus  mentionné 
en  994  devait  être  fort  âgé,  car  depuis  plus  de  cinquante  ans 
nous  le  voyons  suppléé  dans  ses  fonctions,  d'abord  par  Erbernus, 
qui  a  écrit  nos  chartes  de  Téotolon  de  940,  de  941  et  d'avril  943, 
et  celle  de  Frotier  de  959,  puis  par  Durannus,  que  nous  trouvons 
en  976  (n°  24),  enfin  par  Adalgerius,  qui  paraît  en  991  ^  La  sup- 
pléance d'Erbernus  semble  n'avoir  été  qu'accidentelle ,  car  Ingel- 
bertus écrit  la  charte  de  Téotolon  de  942  et  fonctionne  encore  en 
968-;  mais  Durannus  et  surtout  Adalgerius  durent  le  remplacer 
habituellement  dans  son  extrême  vieillesse.  Cependant  ni  l'un 
ni  l'autre  ne  paraît  avoir  recueilli  sa  succession,  car,  en  999,  le 
scribe  ou  antigraphe  de  la  cathédrale  se  nommait  Fredericus^. 
Il  est  à  remarquer,  du  reste,  qu'Ingelbertus  ne  prend  pas  cette 
qualité  au  bas  des  chartes  écrites  par  lui  ;  il  se  dit  modestement 
indignus  sacerdos  et  le  titre  dUantigraplius  ne  lui  est  donné 
que  par  les  scribes  qui  sont  chargés  de  le  remplacer. 

La  concession  a  été  faite  le  jour  de  la  Pentecôte,  au  mois  de  mai 
994.  En  cette  année,  la  Pentecôte  tombait  le  20  mai,  qui  ne  se 
trouve  dans  la  huitième  du  règne  d'Hugues  Capet  qu'en  faisant 
remonter  l'avènement  de  ce  prince  à  une  époque  antérieure  au 
20  mai  987,  supposition  très  permise,  car,  si  le  jour  du  sacre  à 


1.  Delaville  Le  Rouix,  Charles  antérieures  à  l'an  mil,  p.  27. 
1.  Archives  de  Maine-et-Loire,  R()le  des  chartes  de  Saint-Florent,  intitulé  : 
Touraine,  pièce  n"  6. 
3.  Delaville,  p.  'lO. 


260 

Reims  peut  être  fixé  au  3  juillet,  on  ignore  l'époque  précise  de 
l'élection  du  roi  dans  l'assemblée  de  Noyon. 

XP.  In  nomine  sum[mi  Salvatoris]  Dei,  Odo  gratia  omnipotentis  Dei 
Turonorum  cornes,  notum  immo  et  percognitum  esse  volumus  cunc- 
tis  fidelibus  Sanctae  Dei  ecclesiae,  presenlibus  scilicet  ac  futuris  pre- 
cipueque  successoribus  nostris,  quoniam  deprecatus  est  nos  quidam 
vassallus  ac  fidelis  nosler,  nomine  Gualterius,  uti  ex  rébus  beneficii 
sui  quod  de  nobis  tenere  videtur,  ex  comitatu  Turonicae  urbis  per- 
tinentem,  videlicet  de  illa  catena,  hoc  est  arpn.  ii  de  vinea  quos 
Vivianus  ad  monachos  Sancti  Juliani,  qui  consistunt  in  suburbio 
Turonice  urbis,  contulit  perpetualiter  ad  habendum  sub  institu- 
tione  census  annualim  reddendum,  per  hujus  nostrœ  auctoritalis 
testamentum,  concederemus.  Cujus  deprecationem  bénigne  reci- 
pientes  concessiraus  jam  dictis  monachis  supralibati  Sancti  Juliani 
prefixos  arpn.  ii  de  vinea,  sitos  in  page  Turonico,  in  illis  varenis 
quae  conjacent  in  circuitu  Turonicae  urbis,  non  longe  a  loco  quge 
dicitur  Villa  Nova.  Terminantur  de  una  parte,  terra  ipsius  potesta- 
tis-,  et  de  altéra  parte,  terra  Sancti  Hilarii,  ex  bénéficie  Guandalberti  ; 
et  de  duabus  aliis  partibus  terra  Sancti  Salvatoris,  cujus  capella  est 
sita  infra  muros  Turonicae  civitatis,  quam  tenet  Ingelbertus  prepo- 
situs.  Eo  etiam  modo  concedimus  eis  praenominatos  arpn.  ii  de 
vinea  ad  jamdictos  Sancti  Juliani  monachos,  ut  habeant  licentiam 
desuper  aediflcandi,  plantandi,  construendietquicquid  melius  elege- 
rint  emeliorandi,  solventes  exinde  annis  singulis  ad  festivitatem 
Sancti  Briccii,  quae  celebratur  idus  novembris,  Gualterio  fideli  nos- 
tro,  sive  successoribus  suis,  qui  eandem  terram  de  illa  prselibata 
catena  in  manu  sua  tenuerit,  censum  dr,  xii,  et  eis  amplius  non 
requiratur  aut  exigatur  -,  sed  sub  tali  censu  libère  ac  quiète  teneant 
et  possideant  nemine  inquiétante  atque  contradicente.  Et  si  de  eodem 
censu  tardi  aut  neglegentes  reperti  fuerint,  id  ipsum  emendare  stu- 
deant,  et  quod  tenuerint  non  ideo  amittant;  habeantque  licentiam 
dandi,  vendendi,  relinquendi,  et  quodcumque  mehus  voluerint, 
faciendi.  Ut  autem  haec  auctoritas  firmior  sit,  firmiorque  permaneat, 
manu  propria  eam  subterfirmavimus,  manibusque  fidelium  nostro- 
rum  adfirmare  rogavimus. 

Odo  Turonorum  comes  hoc  signum  confirmationis  fecit  f .  Signum 
Guilelmi  comitis,  nepotis  ejus. 

Signum  Gualterii,  qui  hanc  auctoritatem  fieri  deprecatus  est  et 
ipse  firmavit. 


26^ 

Signum  Hucberli.  Signum  Alonis.  Signum  Gelduini.  SignumGui- 
cherii.  Signum  Rolberli.  Signum  item  Rotberti.  Signum  Amalrici. 
Signum  Acfridi,  fralris  ejus.  Signum  ErbcrrU.  Signum  Solionis. 
Signum  Corbonis.  Signum  Guarnerii.  Signum  Aimerici.  Signum 
Gauzfridi.  Signum  Odulgerii.  [Signum  Erjvei.  Signum  Odonis. 
Signum  Hugonis.  Signum  Theoderici.  Signum  Ardradi.  Signum 
[Drogonis.]  Sigimm  Guarini.  Signum  Geilonis.  Signum  item  Hugo- 
nis. Signum  Guarnaldi.  Signum  Frodonis.  Signum  Helgodi.  Signum 
item  Hugonis. 

Data  mense  maio ,  die  Pentecostes,  in  civilate  Turonus,  anno 
incarnationis  Dominicae,  DGGGGXCniI,  sive  anno  VIII  régnante 
Hugo  [sic]  rege. 

XP.  Adalgcrius  indignus  sacerdos  rogitus  ab  Ingelberto  antigrafo 
scripsi  et  subscripsi. 

XXXV. 

DIPLOME    DU    ROI   ROBERT    EN    FAVEUR    DE   l' ABBAYE    DE   SAINT- 
MAGLOIRE  DE  PARIS.  —  VERS  997. 

La  dernière  de  nos  pièces  antérieures  à  l'an  mille  ne  concerne 
pas  Saint-Julien,  ni  même  la  Touraine.  C'est  un  diplôme  du  roi 
Robert  en  faveur  de  Saint-Magloire  de  Paris,  dans  lequel  il  renou- 
velle et  confirme  les  donations  faites  par  son  père  et  son  aïeul. 
On  sait  que  cette  abbaye,  promptement  tombée  en  décadence,  fut 
réunie  à  celle  de  Marmoutier  par  le  roi  Pliilippe  r%  en  1093  ^ 
époque  à  laquelle  les  archives  de  Saint-Magloire  durent  être  trans- 
férées à  Marmoutier.  Ce  diplôme  ayant  été  publié  trois  fois, 
d'abord  par  D.  Martène,  Thésaurus,  t.  I,  col.  107,  et  par 
Mabillon,  Ann.  Bened.,  t.  VI,  p.  595,  puis  par  D.  Bouquet, 
dânsles  Histonens  de  Frmice,  t.  X,  p.  575,  et  devant  paraître 
très  prochainement  dans  le  Cartulaire  de  Paris,  par  les  soins  de 
notre  honorable  confrère  M.  le  comte  Robert  de  Lasteyrie,  nous 
nous  abstiendrons  de  le  reproduire.  Mais,  en  considération  de 
l'importance  de  ce  document,  et  des  doutes  pouvant  s'élever  sur 
son  authenticité,  nous  croyons  devoir  décrire  avec  quelques 
détails  les  portions  que  nous  avons  pu  en  recueillir. 

1.  Histoire  de  Marnouiier,  par  D.  Martène,  publiée  par  Mgr  Chevalier,  t.  I, 
p.  500.  {Mém.  de  la  Soc.  archéol.  de  Tour.,  t.  XXIV.) 


262 

Nous  avons  retrouvé  de  ce  diplôme  deux  exemplaires,  l'un 
entier  et  l'autre  fort  incomplet. 

L'exemplaire  entier  est  une  copie  qui  paraît  du  xi"  siècle,  et  est 
en  deux  moitiés  d'une  largeur  totale  de  0^545'"'"  et  d'une  hau- 
teur de  0™375°"".  Elle  est  d'une  minuscule  diplomatique  assez 
effacée  par  endroits  et  écrite  sur  parchemin  rayé  à  la  pointe 
sèche.  La  première  ligne,  qui  Ta  jusqu'aux  mots  cum,  ncibi- 
lissima  uœore  Berta  exclusivement,  est  en  caractères  allon- 
gés imités  de  l'écriture  des  têtes  de  diplômes  du  x''  siècle. 

Cinq  autres  fragments  de  dimension  fort  inégale  proviennent 
d'un  exemplaire  évidemment  plus  ancien  que  le  précédent,  et  qui 
pourrait  être  l'original. 

Le  premier,  de  0'°350'"'"  de  largeur  et  de  0™180°>'"  de  hauteur, 
donne  tout  l'angle  supérieur  de  droite  du  diplôme,  c'est-à-dire 
environ  la  moitié  des  huit  premières  lignes.  Il  est  sur  beau  par- 
chemin rayé  à  la  pointe  sèche,  les  lignes  étant  espacées  entre  elles 
de  vingt  millimètres  ;  l'écriture  est  bien  celle  des  diplômes  de  la  fin 
des  Carlovingiens  et  du  commencement  des  Capétiens.  La  pre- 
mière ligne,  en  caractères  allongés  de  vingt-quatre  millimètres  de 
hauteur,  se  termine  par  les  mots  intervenientibus  reginis, 
Adélaïde^.  Un  court  fragment  horizontal  nous  donne  le  commen- 
cement de  cette  ligne  et  contient  les  mots  consistentis  in  uni- 
tate  deitatis;  mais  suinmœ  et  incomprehensibilis  font  défaut, 
et  notre  grand  fragment  ne  reprend  qu'à  Trinitatis. 

Trois  autres  morceaux,  qui  appartiennent  à  l'angle  supérieur 
de  gauche,  nous  donnent  environ  le  quart  des  quatrième,  cin- 
quième et  huitième  hgnes,  et  près  de  la  moitié  des  sixième  et 
septième;  ce  qui  nous  permet,  en  ajoutant  cette  portion  à  celle 
que  nous  avons  déjà  dans  le  grand  fragment,  de  reconstituer  ces 
deux  hgnes  entières  et  de  connaître  ainsi  la  largeur  totale  du 
diplôme  qui  est  de  0'^551""". 

La  hauteur  ne  saurait  être  indiquée,  même  approximativement  ; 
les  huit  premières  lignes  contenaient  bien  environ  le  tiers  du 
diplôme,  mais  il  se  trouvait  au  bas  un  blanc  plus  ou  moins 
considérable,  pour  placer  le  sceau  du  roi  dont  la  présence  est 
annoncée  à  la  fin  du  texte  publié  par  D.  Martène,  et  qui  devait 
être  plaqué,  selon  la  coutume  du  temps. 

1 .  Voici  cette  ligne  dans  son  entier  :  «  Consistentis  in  unitate  deitatis,  summae 
et  incomprehensibilis  Trinitatis  in  nomine,  Rotbertus,  Francorum  rex  Augustus, 
disponente  praelibatcB  divinitatis  clementia,  intervenientibus  reginis,  Adelaide...  » 


263 

Quant  à  la  date,  ou  elle  n'a  jamais  existé,  ou  elle  manquait 
déjà  lorsque  D.  Martène  a  copié  cette  pièce  dans  les  archives  de 
Marmoutier,  car  il  ne  la  donne  pas,  bien  qu'il  dise  avoir  fait  cette 
copie  sur  un  original  {ex  autographo).  Le  savant  Bénédictin 
place  ce  diplôme  vers  999,  mais  il  semble  qu'on  doive  un  peu  recu- 
ler cette  date.  Nous  remonterons  donc  à  997,  nous  rapprochant 
ainsi  de  l'opinion  de  M.  Pfister  qui,  dans  son  catalogue  des  actes 
du  roi  Robert',  pense  que  cette  pièce  a  été  donnée  entre  les  années 
996  et  1000. 


APPENDICE. 


XXXVI. 


CONCESSION  d'une  VIGNE  A  LEDTHARDUS,  PAR  AUSTRENUS,  ABBÉ 
DE  SAINT-JDLIEN.  —  847. 

Haut,  inconnue.  —  Larg.  environ  C^léO""™. 

Cette  charte,  qui  vient  ici  à  la  fin  de  notre  recueil,  aurait  dû 
être  placée  la  première,  car  elle  est  antérieure  de  près  d'un  siècle 
k  la  plus  ancienne  de  celles  que  nous  avons  publiées.  Mais  nous 
n'en  possédions  d'abord  que  de  trop  rares  fragments,  qui  même  ne 
se  suivaient  pas  les  uns  les  autres  et  dont  il  nous  était  impossible 
de  tirer  un  sens  acceptable. 

Au  cours  de  l'impression,  une  heureuse  trouvaille  a  mis  entre 
nos  mains  quelques  nouveaux  fragments,  ayant  la  même  origine 
que  les  premiers  et  qui,  sans  nous  donner  encore  la  pièce  entière, 
nous  en  font  connaître  cependant  le  sujet,  ainsi  que  les  noms  des 
personnages  contractants,  et  contiennent  même  une  portion  de 
la  date.  Dans  l'état  actuel,  nous  possédons  cinq  fragments  verti- 
caux formant  trois  bandes,  qui  nous  donnent  à  peu  de  chose  près 
le  corps  de  la  charte,  plus  trois  autres  fragments,  contenant 


1.  Ch.  Pfister,  Études  sur  le  règne  de  Robert  le  Pieux.  Paris,  Wieveg,  1885; 
64°  fascicule  de  lu  Bibi>otIièque  de  l'École  des  hautes  études 


264 

quelques  souscriptions  et  une  partie  de  la  date.  Au  dos  d'un  de 
ces  derniers,  on  lit  en  anciennes  capitales  mêlées  d'onciales  : 

[pojstulavit  Leota[rdus] 

abbatiam. 

Au-dessus,  d'une  écriture  du  xvif  siècle,  où  nous  croyons 
bien  reconnaître  la  main  du  savant  bénédictin  dom  Anselme  Le 
Michel  : 

Austrenus  ahh 

Leotardo.... 

et  plus  bas,  d'une  autre  main,  mais  également  moderne  : 

Anno  7°  Karo... 

Quant  au  parchemin  et  à  l'écriture  elle-même,  rien  ne  s'oppose 
à  ce  qu'ils  remontent  au  milieu  du  ix**  siècle.  C'est  bien  la  minus- 
cule diplomatique  carlovingienne,  et  les  notes  tironiennes  qui 
accompagnent  les  souscriptions  sont  correctes  et  bien  formées. 
Le  sujet  lui-même  est  tout  simplement  la  concession  d'une  vigne 
faite  par  Austrenus,  abbé  de  Saint-Julien,  à  un  homme  nommé 
Leuthardus.  Il  semble  donc  tout  naturel  de  classer  cette  pièce 
en  tête  du  chartrier  de  cette  abbaye,  car  nous  verrons  tout  à 
l'heure  que  le  Charles  mentionné  dans  la  date  ne  peut  être  que 
Charles  le  Chauve,  dont  la  septième  année  correspond  à  847. 
Mais  plusieurs  objections  peuvent  être  présentées. 

On  sait  d'abord  que  l'abbaye  de  Saint- Julien,  fondée  à  l'époque 
mérovingienne  et  dont  parle  Grégoire  de  Tours,  fut  entièrement 
détruite  par  les  Normands  en  853  et  ne  se  releva  de  ses  ruines 
qu'environ  quatre-vingts  ans  plus  tard,  parles  soins  de  Téotolon. 
Toutes  les  chartes  venues  jusqu'à  nous  et  toutes  celles  copiées  ou 
analysées  parBaluze,  Gaignières  et  les  Bénédictins,  ne  remontent 
pas  au  delà  de  l'époque  de  cet  archevêque.  Dans  le  Gallia  chris- 
tiana,  les  Bénédictins  disent  formellement  ne  connaître  aucun  des 
abbés  qui  ont  régi  le  monastère  détruit  par  les  Normands,  et  cepen- 
dant notre  charte  nomme  Austrenus,  ahba  ex  cellula  beati  ynar- 
tiris  Juliani,  qu'ils  auraient  dû  au  moins  mentionner.  Tous  ces 
savants  chercheurs  n'auraient  donc  pas  connu  notre  charte,  elle 
aurait  même  échappé  à  dom  Le  Sueur,  qui  était  moine  et  digni- 
taire de  Saint-Julien  et  qui  n'en  parle  pas  dans  les  analyses  qu'il 
nous  a  laissées  des  plus  anciennes  chartes  de  l'abbaye.  Ou  bien 
l'auraient -ils  mise  de  côté  comme  entachée  de  fausseté?  De 


265 

nombreux  exemples  tendraient  cependant  à  prouver  qu'ils  n'étaient 
pas  aussi  difficiles  qu'on  l'est  aujourd'hui  sur  ces  questions  d'au- 
thenticité, et  d'ailleurs  ils  l'auraient  toujours  mentionnée  comme 
très  ancienne  copie. 

On  s'explique  difficilement  que  cette  pièce  ait  pu  échapper  à  des 
chercheurs  aussi  laborieux  et  aussi  intrépides,  surtout  à  dom  Le 
Sueur,  qui  avait  certainement  toutes  les  archives  de  l'abbaye  à 
sa  disposition.  Il  est  vrai  qu'au  xvn"  siècle,  époque  de  ces 
recherches,  Saint-Julien  sortait  à  peine  de  l'état  de  désordre  et 
d'abandon  où  l'avaient  jeté  les  guerres  de  religion  et  la  détestable 
administration  des  abbés  commendataires.  Doit-on  penser  que  la 
conhision  était  arrivée  dans  le  chartrier  à  un  point  tel  qu'une  pièce 
de  cette  ancienneté  eût  pu  s'égarer?  Nous  savons  cependant  que 
le  premier  effet  de  l'introduction  de  la  réforme  de  saint  Maur,  en 
1637,  fut  de  rétablir  l'ordre  dans  le  temporel  comme  dans  le  spi- 
rituel de  l'abbaye,  et  que  de  nombreux  inventaires,  dont  plusieurs 
sont  venus  jusqu'à  nous,  furent  bientôt  commencés  et  continués 
pendant  une  partie  du  xviii''  siècle.  Or,  aucun  de  ces  inventaires 
ne  fait  mention  de  cette  charte.  Mais  nous  sommes  loin  de  les 
avoir  tous,  et  d'ailleurs,  ces  travaux  ont  été  exécutés,  non 
dans  un  intérêt  historique,  mais  au  point  de  vue  purement  doma- 
nial. On  a  voulu  surtout  classer  et  analyser  les  documents  concer- 
nant les  divers  offices  claustraux,  ainsi  que  les  domaines  et  les 
droits  qui  y  étaient  afférents.  Notre  modeste  charte  ne  rentrant 
dans  aucune  de  ces  catégories  aura  sans  doute  été  négligée. 

Quoi  qu'il  en  soit,  son  existence  actuelle  est  incontestable, 
puisque  nous  en  possédons  environ  les  quatre  cinquièmes,  et  sa 
provenance  de  l'ancien  chartrier  de  Saint-Julien  ne  nous  semble 
pas  pouvoir  être  mise  en  doute.  En  effet,  les  mots  posiulavit 
Leotardus,  en  vieilles  capitales  mêlées  d'onciales,  sont  de  la 
même  forme  et  très  probablement  de  la  même  main  que  d'autres 
cotes  écrites  au  dos  de  nos  plus  anciennes  chartes  de  Saint-Julien. 
Il  y  a  là  comme  l'estampille  du  vieux  chartrier.  Notons  encore 
les  mots  Austrenus  abb.  eiLeotm^do,  qui  faisaient  partie  d'une 
cote  plus  récente  et  sont  de  la  main  de  dom  Anselme  le  Michel, 
savant  bénédictin  qui  séjourna  longtemps  en  Touraine  et  y 
recueillit  un  grand  nombre  de  copies  et  d'analyses  de  pièces 
aujourd'hui  conservées  à  la  Bibliothèque  nationale  et  à  celle  de 
Tours.  Il  est  vrai  que  ses  ivd  »'aux  ont  particulièrement  pour  objet 
l'abbaye  de  Marmoutier,  mais  celle  de  Saint-Julien,  qui  était 

48 


266 


Yoisine,  appartenait  également  à  la  famille  bénédictine,  et  l'on 
s'explique  parfaitement  que  dom  Le  Michel  ait  eu  accès  dans  ses 
archives,  d'autant  mieux  qu'en  1641  le  père  général  donnait  à 
ce  religieux  la  mission  d'explorer  les  différentes  abbayes  de 
France  pour  rassembler  les  matériaux  nécessaires  à  l'histoire  de 
l'ordre  de  Saint-Benoît. 

Enfin,  et  ceci  est  capital,  notre  charte  a  été  connue  et  vue 
dans  le  chartrier  de  Saint-Julien  par  dom  Housseau  qui,  au 
XVIII''  siècle,  fut  chargé  par  sa  congrégation  de  continuer  le 
recueil  de  documents  relatifs  à  l'histoire  de  Touraine,  d'Anjou 
et  du  Maine,  commencé  par  dom  Augustin  Cossard  et  dom 
Lefebvre  Deschamps.  On  sait  que  les  nombreuses  copies  ras- 
semblées par  dom  Housseau  sont  aujourd'hui  à  la  Bibliothèque 
nationale,  où  elles  forment  vingt-neuf  volumes.  Or,  dans  le  trei- 
zième de  ces  volumes,  on  lit,  sous  le  numéro  8540,  une  analyse 
ainsi  conçue  :  Charta  quœ  metnorat  donationem  factam 
ciddam  nomine  Leuthardo,  àb  Austreno  dbhate  ex  cellula 
Sancti  Juliani  martiris,  tempore  Actardi  Turonorum  epis- 
C02oi,  anno  7"  Caroli  régis.  Il  s'agit  bien  ici  assurément  de  notre 
pièce,  et  l'on  remarquera  même  que  l'auteur  de  l'analyse  devait 
l'avoir  sous  les  yeux,  car  certaines  expressions  sont  identiques  des 
deux  parts.  Quant  à  la  mention  tempore  Actardi,  Turonorum 
episco2n,  ajoutée  au  texte,  elle  constitue  une  erreur,  Actard 
n'ayant  occupé  le  siège  de  Tours  que  de  871  à  874.  Mais  ce  pré- 
lat était  depuis  843  pourvu  de  celui  de  Nantes,  dont  il  fut  chassé 
et  obligé  de  se  réfugier  à  Tours,  où  nous  le  rencontrons  en  847  *  et 
où  il  se  trouvait  probablement  à  l'époque  de  la  rédaction  de  cette 
charte.  Peut  être  même  son  nom  figurait-il  parmi  les  souscriptions 
dont  un  très  petit  nombre  seulement  est  parvenu  jusqu'à  nous. 

Cette  pièce  avait  déjà  passé  sous  les  yeux  de  dom  Martène,  qui, 
dans  son  histoire  de  l'abbaye  de  Marmoutier,  conservée  à  la 
Bibliothèque  nationale,  s'exprime  ainsi  au  sujet  des  premiers  temps 
de  l'abbaye  de  Saint-Julien  :  ^<  La  perte  que  l'on  a  faite  de  ces 
«  anciens  monuments  dans  sa  ruine,  causée  premièrement  par  les 
«  Sarrazins  du  temps  de  Charles  Martel,  et  ensuite  par  les  Nor- 
«  mands  l'an  853,  nous  ôte  la  connaissance  des  abbés  qui  succé- 
«  dèrent  à  saint  Antoine  ;  nous  trouvons  seulement  un  Estrenus 
«  {sic)  dans  un  vieux  titre  de  l'an  7  du  règne  de  Charles  le 

1.  Hist.  de  MarmoMiier,  par  D.Martène,  publiée  par  Mgr  Chevalier,  t.  I,p.  171. 


267 

Chauve ^  »  Evidemment,  ce  «  vieux  titre  de  l'an  7  du  règne  de 
Charles  le  Chauve  »  ne  peut  être  que  notre  charte,  et  il  s'agit 
bien  ici  d'Austrenus,  malgré  la  légère  différence  des  noms.  Plu- 
sieurs princes  carlovingiens  ont  porté,  il  est  vrai,  le  nom  de 
Charles,  mais  l'abbaye  de  Saint-Julien,  détruite  par  les  Normands 
en  853,  ne  fut  rétablie  par  Téotolon  qu'à  partir  de  937,  et,  depuis 
cette  dernière  époque,  nous  possédons  la  liste  des  abbés,  sur 
laquelle  ne  figure  pas  le  nom  d'Austrenus.  Il  a  donc  été  eu  fonc- 
tion avant  853,  et  le  Charles  dont  il  s'agit  doit  être  cherché  à  une 
époque  antérieure  à  cette  date.  Nous  n'avons  plus  à  choisir 
qu'entre  Charlemagne  et  Charles  le  Chauve.  La  septième  année 
du  règne  de  Charlemagne  nous  reporterait  au  viii"  siècle,  époque 
que  ne  permettent  pas  d'admettre  les  caractères  paléographiques 
de  notre  pièce  ;  reste  seulement  Charles  le  Chauve,  dont  les  années 
partent  généralement  du  20  juin  840.  Cette  opinion  est  du  reste, 
comme  on  l'a  vu,  celle  de  dom  Martène  et  de  dom  Housseau. 

Quant  au  fait  de  la  conservation  et  pour  ainsi  dire  de  la  survi- 
vance de  ce  frêle  morceau  de  parchemin  à  la  ruine  totale  et  pro- 
longée de  l'ancienne  abbaye  de  Saint-Julien,  il  n'a  rien  qui  doive 
nous  arrêter,  tout  invraisemblable  qu'il  puisse  paraître  au  pre- 
mier abord.  Il  nous  serait  facile,  en  effet,  de  citer  plusieurs  chartes 
de  Marmoutier  et  de  Saint-Martin  qui  avaient  échappé  à  la  des- 
truction de  ces  établissements  religieux  par  les  Normands  et  qui, 
avant  la  Révolution,  étaient  conservées  dans  leurs  chartriers.  On 
dira  peut-être  que  ces  pièces  n'étaient  que  de  faux  documents, 
fabriqués  après  la  restauration  des  abbayes,  comme  cela  est  arrivé 
parfois  ;  mais  cette  objection ,  que  rien  ne  justifie  du  reste ,  né 
saurait  atteindre  le  diplôme  de  Louis  le  Débonnaire,  de  l'an- 
née 837,  que  possèdent  encore  les  archives  d'Indre-et-Loire,  et 
qui  provient  de  l'abbaye  de  Cormery,  elle  aussi  détruite  par  les 
Normands  au  milieu  du  ix""  siècle.  La  parfaite  authenticité  de  cette 
belle  pièce,  qui  a  conservé  son  sceau  plaqué,  n'a  jamais  été  mise 
en  doute  et  ne  saurait  l'être.  L'état  fragmentaire  dans  lequel  nous 
est  parvenue  la  charte  de  847  ne  permet  peut-être  pas  de  se 
montrer  aussi  affîrmatif  à  son  égard  ;  cependant,  nous  croyons, 
tout  bien  considéré,  qu'elle  ne  saurait  être  rejetée  et  qu'il  y  a  lieu 
de  lui  donner  place  dans  nos  arcliives  départementales,  immédia- 

1.  nisioire  de  Marmovtier,  par  dom  Martène,  partie  I,  tome  I,  p.  213.  Bibl. 
nationale,  ras.  lat.  12876,  ancien  résidu  Saint-Germain,  paquet  96,  n"  4. 


268 

tement  après  le  diplôme  de  Louis  le  Débonnaire,  dont  elle  n'est 
séparée  que  par  un  intervalle  de  dix  années. 

[XP.  In  nomijne  Dei  aeterni,  Austrenus,  abba  ex  cel- 
[lula  beati  mjartiris  Juliani  notum  fore  cupimus  omnibus 
[fîdelibus]  sancte  Dei  ecclesie  quia  postulavit  nos  quidam 
[homo,  nomijne  Leuthardus,  vineam  que  est  sita  super  flu- 

tei  ad  censum e  deberemus  quod 

scilicet deprecante  fran... 

do  habet  in  longum  predicta  vinea  dextros 

runs  versus  dextros  xii,  ab  alia  fronte... 

. .  .  [Terjminantur  de  duobus  lateribus 

vie  publiée,  una  cum  per  viam  Ligeris,  ab  alia  f[ronte] 

Saneti  Vincentii.  Inter  istas  lerminationes  jus  desuper 

mus  edificandi  piantandi,  vel  quicquid 

[meliuselegeritemelijorandi.  Eo  scilicet  modo  ut  annis  singulis, 
[ad  missam]  Saneti  Juliani  martiris_,  censum  persolvat  denar.  XII 

ut  si  tardus  aut  neglegens  de  predicto 

defaciat  et  ob  hoc  ipsud  rem  perdat 

[concjedimus  illi  cuicumque  voluerit  parentum 

Girbertus  ? 

Ansbertus  humilis  presbijter  subscripsit. 
....  1,  presb^jter  subscripsit.  Girbertus. 
Bertradus,  indignus  levita  subscripsit.  G... 
....  Subdiaconm  subscripsit.  Ala.  .  .  . 

mense  kalen.  .  .  . 

VU  Garolo  reg. 

XXXVII. 

CONCESSION  A  SAINT-JULIEN  PAR  LE  COMTE  FOULQUES  LE  BON, 
ABBÉ  DE  CORMERY,  d'uN  DROIT  DANS  LA  RIVIERE  DE  LA 
VEUDE.    —  MARS  944. 

Haut,  inconnue.  —  Larg.  0'°250°"". 

Nous  ne  possédions  d'abord  de  cette  pièce  que  quatre  bandes 
verticales  fort  incomplètes,  ne  donnant  que  quelques  mots,  dont 
plusieurs  étaient  à  peine  lisibles,  et  quelques  signatures.  Il  nous 
était  impossible  de  déterminer  le  sujet  de  la  charte,  dont  l'écriture 


209 

cependant  indique  bien  le  milieu  du  x"  siècle.  Heureusement,  une 
demi-bande  horizontale  est  venue  nous  donner  le  cœur  même  de 
la  date,  qui  est  ainsi  formulée  :  Data  in  mense  Marcio, 
anno  VIII  régnante  Lodovico  rege;  ce  qui,  d'après  la  façon 
habituelle  de  compter  les  années  de  Louis  IV,  répond  k  9 14.  Elle 
porte  même  au  dos,  en  ces  vieilles  capitales  mêlées  d'onciales,  qui 
sont  comme  l'estampille  de  l'ancien  cliartrier  de  Saint-Julien,  une 
cote  où  nous  lisons  :  Concessio  Fulconis  comitis  ad  mo7iachos 
Sancti  Juliani,  de  Vosda. 

Cette  précieuse  indication  nous  permet  de  reconnaître  une 
charte  de  Foulques  le  Bon,  comte  d'Anjou,  qui  fut  abbé  laïque  de 
Cormery,  charte  dont  Baluze  nous  a  conservé  une  copie.  Les 
pièces  émanées  de  ce  personnage  sont  extrêmement  rares,  surtout 
en  original,  celle-ci  mérite  donc  grandement  d'être  recueillie, 
d'autant  mieux  qu'elle  est  la  seule  où  Foulques  soit  mentionné 
comme  abbé  de  Cormery.  Nous  en  donnons  le  texte,  d'après 
Baluze,  en  mettant  en  itahques,  dans  le  corps  de  la  charte,  les 
quelques  mots  ou  portions  de  mots  écrits  sur  nos  fragments. 

Baluze  n'indique  pas  d'autres  signatures  que  celle  de  Foulques  ; 
elles  étaient  cependant  assez  nombreuses,  car  elles  remplissaient 
au  moins  trois  lignes.  Pas  d'autres  notes  tironiennes  que  celle  qui 
représente  le  mot  subscripsit. 

La  Vende,  Vosda,  Veda,  Fer(c?em,  est  une  rivière  qui  prend 
sa  source  près  d'Avrigny  (Vienne),  entre  un  peu  avant  Jaulnay 
dans  le  département  d'Indre-et-Loire,  où  elle  baigne  Razines, 
Chaveignes  et  Champigny,  et  se  jette  dans  la  Vienne  entre  Anché 
et  Rivière. 

Bibl.  nat.,  Baluze,  t.  76,  f°  77.  Ms.  lat.  n»  5443,  p.  44.  Extrait. 

Morem  prgecedentium  patrum  videmur  sequi,  si  res  nobis  a  Deo 
concessas  jure  ordinamus.  Idcirco,  ego  Fulco,  abba  atque  rector  ex 
cœnobio  Gormaricensis  ecclesiœ,  notum  sit  omnibus  (fidelibus,  prse- 
cipue(]ue)  nostris  successoribus,  quoniam  deprecatus  est  nobis  Geor- 
gius  abba  (atque  omnis)  congregatio  monachorum  Sancti  Juliani,  ut 
eis  aliquid  ex  nostra  potestate  concederemus,  more  censili,  quod  et 
fecimus,  cum  assensum  omnium  monachorum  in  jara  nuncupato 
monasterio  Deo  et  Sancto  Paulo  servientium,  ;  scilicet  nostram  por- 
tionem  quam  habemus  in  flumine  qui  vocalur  vosda,  ea  duntaxat 
ratione  ut  annuatim  in  hsWvitate  Sancti  Pauli  reddant  in  censu  dena- 
rlos  très.  Si  vero  fuerit  aliquis,  quod  minime,  credo,  qui  contra  banc 


270 

hauctorilatem  aliquam  calumniam  inferre  conaverit,  non  vindicet, 
sed  hœc  omni  tempore  firma  et  swahilis  permaneat.  Et  ut  certior  et 

fîrmior  ab  omnibus credatur,  ego  Fulco  sub  signo 

sanctse  crucis  corroboravi. 

decanus  et  monac[hus] Simon?  Subscripsif.  .  .  . 

.  .  ,  .tus  monachus  subscripsit Ingelgerius  monachus  sub- 
scripsif. Rotbertus  subscripsit Teutfredus  subscripsit. 

Data  in  mense  marcio,  anno  VIII  régnante  Lodovico  rege. 

XXXVIII. 

DONATION   A   UN  DIACRE,    PAR    LE    CHAPITRE    DE    SAINT-MARTIN, 
d'un  MANSE,  in  BANIOLIS  SITO.  —  948  ou  949. 

Haut.  0"'440'"'^?—  Larg.  0™265""^i. 

Nous  avons  été  assez  heureux  pour  retrouver,  au  cours  de  l'im- 
pression de  ces  articles,  la  presque  totalité  de  la  charte  n°  XII,  dont 
nous  ne  possédions  d'abord  que  de  courts  fragments,  contenant  la 
date  et  le  nom  du  scribe.  Nous  avons  pu  y  joindre  huit  bandes  et 
demie,  verticales,  qui  donnent  le  corps  même  de  la  pièce  presque  en 
entier;  il  manque  environ  trois  bandes.  Il  s'agit  bien  d'un  manse 
situé  dans  le  voisinage  de  la  villa  Baniolis,  et  la  donation  émane 
du  chapitre  de  Saint-Martin,  mais  elle  n'est  point  faite  à  l'abbaye  de 
Saint-Julien,  comme  nous  l'avions  conjecturé.  Le  donataire  est  un 
diacre  dont  le  nom  fait  défaut,  mais  qu'on  peut  supposer  avoir  été 
moine  de  Saint- Julien,  à  moins  que  ce  manse  ne  soit  entré  posté- 
rieurement, par  acquisition  ou  par  échange,  dans  les  possessions 
de  l'abbaye.  Nous  croyons,  en  eifet,  que  ces  huit  bandes  verti- 
cales doivent  être  jointes  aux  quatre  bandes  horizontales  précé- 
demment recueillies ,  elles  sont  du  même  temps  et  de  la  même  écri- 
ture et  le  parchemin  est  semblable. 

La  provenance  de  cette  pièce  nous  paraît  mise  hors  de  doute 
par  la  cote  inscrite  au  dos  de  l'un  des  fragments  horizontaux,  qui 
est  en  capitales  mêlées  d'onciales,  et  d'une  écriture  que  nous  retrou- 
vons sur  la  plupart  des  plus  anciennes  chartes  de  Saint-Julien. 
Cette  cote,  comme  nous  l'avons  dit  au  n"  XII,  est  ainsi  conçue  : 
de  mansello,  in  Baniolis  sito.  Le  territoire  désigné  s'étendait 
au  sud  de  Tours  et  de  la  Martinopole  et  est  devenu  la  châtellenie 
des  Bains. 


274 

La  treizième  année  de  Louis  d'Outremer  correspond  à  948  ou 
949,  selon  que  la  charte  a  été  donnée  avant  ou  après  le  19  juin. 
Au  dos  de  l'un  de  nos  fragments,  on  lit  la  date  de  948,  qui  sem- 
blerait, au  premier  abord,  trancher  la  question;  mais  nous  avons 
eu  souvent  l'occasion  de  constater  qu'il  ne  faut  se  fier  que  médio- 
crement à  ces  anciennes  cotes.  Les  biens  de  la  Porterie  de  Saint- 
Martin,  d'où  dépendait  le  manse  concédé,  furent,  d'après  la  pièce 
n'^  CXI  de  la  Pancarte  noirci  restitués  au  chapitre  par  l'abbé 
Hugues,  le  7  janvier  941 .  Notre  document  doit  donc  être  posté- 
rieur h  cette  date,  mais  d'assez  peu  d'années  cependant,  car  nous 
trouvons  dans  les  chartes  qui  vont  de  940  à  954  les  noms  de  la 
plupart  des  signataires,  notamment  de  Nefingus,  doyen,  de  Gun- 
telraus,  archiclavis,  ou  trésorier,  d'Arbertus,  préchantre,  d'Er- 
nulfus,  d'Erilannus,  d'Odilardus,  etc. 

Voici,  aussi  entière  que  possible,  cette  charte,  qui  est  inédite  et 
dont  on  ne  connaissait  même  ni  copie  ni  analyse. 

XP.  [In  nomine  D]ci  aetern[i  et  salvjatoris  nostri  Jehsu  Ghristi, 

nos  quidem  fratres  gregis  beali  [Martini,] 
[Nefingus  laevita]  et  sacerd[os  atque  decjanus,  Gunlelmus  etiam  lae- 

vita  alque  archiclavis,  ca[nonici  ?] 
[Notum  fo]rc  cupimus  omnibus  successoribus  nostris,  aliisque  con- 

fratribus,  quoniam  deprecat[us  est] 
[nos,  quidam  nos] tri  gregi[s,  lœvitja  et  prepositus  Sancti  Martini  por- 

tarise,  Bernardus  nomi[ne] 
num  infr[a] situm,  ex  ipsa  portaria  sui  ministe 

rii  pertinentem,  cum  ar[pen.] 
et  médium.  .  .  uUa  mar sub  census  institutione,  noslra  con- 

cederemus  auctor[itate.] 
[Cujus  deprecationem]  non  sper[nentes,  co]ncessimus  ei  jam  dictum 

raanselium  terrge  arabihs  cum  arp[en.] 
et  med[ium,  in  p]ago  Turonico,  inter  alveum  Ligeris  et  fluvium 

Caris,  non  muUum  longe  a  Sa[ncti  Martini] 
castel[lo tis  scilic[et] arborera  rotundam  et  vil- 

lam  Baniohs,  prefati  vero  arpe[n.] 
pralo siti;  ter[minantur]  ab  una  parte  ipsa  villa,  ab  altéra 

vero  Caris  fluvio.  .  .  . 
etiam arta  ins onis  clerici  prato;  inter  istas  ter- 

minaliones  prescriptum  ma[nsellum] 

1.  La  Pancarte  noire  de  Saint-Martin,  restituée  par  Emile  Mabille,  p.  125. 


272 

et  pra[tum  con]cessimus.  .  .  .  diacono,  ea  quidem  ratione  ut  habeat 

licentiam  ibi  labor[andi 
....  et quicquid  [melius  volu]erit  operandi.  Studeat  insu- 
per exinde  reddere  in  usus  fr[atrum,] 
scilicet  un  [idus  novembjris,  annu[atira  ad  mijssam  Sancti  Martini 

autumnalem,  censura  sol...  et  sicquandiu  vixe- 
rit  ipsam  ter[ram  et  pjratum  eu eat  emelioratione  ^  sit 

vero  ei  licitum  ex  ipsa  te 

rit  vendere benifit[ium pos]t  ipsius  quoque  obitum 

duobus  successoribus  ex  parentibus  suis, 
subpresignatoce[nsudi]mittend[i  licentiajm  habeat.  Si  veroexpres- 

cripto  censu,  ipse  vel  aliquis  illius  [succès] 
sor,  tardus  a[ut  de]  quo  negli[gens  f]uerit,  ipsum  emendet  et  quod 

tenuerit  nullatenus  amittat. 
Ut  vero  huju[s  auctor]itatis  ma[nusfirm]a  per  successura  tempora 

inviolabilis  valeat  perman[ere,] 
manibus  pro[priis  ea]m  subscri[psimus  et]  confratres  nostros  eam 

subscribere  precati  sumus. 
Nefm[gus]  sacerdos  [et  de]kanus  5w6scr^ps^Y.  Odilardus  sacerdos  subs- 

cripsif. 
Guntel[mus]  levita  [et]  archiclavis  subscripsit.  Otbertus  levita  subs- 

cripsit. 
[Farmann[us] subscripsit presbyter  subscripsit. 

Gerardus  diaconus  subscripsit.  Gimno  levita 

Erilannus subscripsit levita  subscripsit.  Salaco  dia- 
conus subscripsit.  Ivo  levita 

Adalber[tus] subscripsit.  A[rbe]rtus  sacerdos  atque  precentor 

firmavit. 
Ernulfus subscripsit levita  subscripsit.  iohdi,nnQa 

diaconus  subscripsit. 

Ernulfus 

Data  est  autem  hujus  manusfirmae  auctoritas Turonis,  cas- 

tello  scilicet  Sancti  Martini  in  pleno  fratrum  capitulo,  annoXIII 

regni  Hludovici  régis. 
Ego  Âdalmarus  Sancti  Martini  lœvita  et  ejudem  sancti  scolse  rainis- 

ter,  rogitus  scripsi  et  subscripsi. 

Dans  la  note  qui  précède  ce  recueil,  nous  annoncions  trente- 
quatre  chartes  antérieures  à  l'an  mille  ;  pendant  l'impression , 
nous  sommes  parvenu  à  porter  ce  nombre  à  trente-sept,  le 


273 

numéro  XXXVI  n'étant  que  le  numéro  XII  complété.  Des  trois 
pièces  ajoutées,  l'une  est  du  milieu  du  ix"  siècle,  les  deux  autres 
de  celui  du  x^^  ;  nous  espérons  que  les  curieux  de  documents  car- 
lovingiens  ne  se  plaindront  pas  de  cette  addition,  bien  qu'elle 
vienne  déranger  l'ordre  chronologique  que  nous  avions  adopté 
dans  cette  publication. 

Ch.  DE  Grandmaison, 

Archiviste  d'Indrc-el-Loire. 


INSCRIPTIONS  CHRETIENNES 

DU  VIVARAIS 


En  1853,  nous  avons  publié,  dans  la  Bibliothèque  de  V École 
des  chartes^,  une  série  d'inscriptions  chrétiennes,  se  succédant 
en  dates  depuis  le  v®  siècle  jusqu'au  xiv%  et  recueillies  au  Bourg- 
Saint- Andéol  (Ardèche)  et  aux  environs.  Quelques  pièces  du 
même  genre  et  de  la  même  région  nous  sont  tombées  sous  la  main. 
Elles  vont  faire  l'objet  d'une  publication  qui  complétera  la  pre- 
mière. 

I.  —  XII''  SIÈCLE. 

Et  d'abord  nous  rééditons  l'inscription  n°  vi,  afin  de  la  donner 
plus  exactement.  Cette  inscription  est  en  vers  hexamètres  léonins, 
et,  quant  au  mot  habils,  il  faut  le  hre  habilis,  avec  l'insertion 
d'un  petit  i  dans  l'L.  Nous  distançons  les  hémistiches  rimes  de 
chaque  vers  : 

Nona  dies  habilis  mensis  rutilabat  aprilis, 

Cum  fuimus  certi  leto  Stephani  Gariberti. 

Omia  pro  Christo  loculo  dimisit  in  isto. 

Sic  bonus  ipse  bonis  dédit  hic  sua  cuncta  colonis. 

Canone  canonicis  viventibus  ista  Chalonis 

Donat  et  ut  donis  faniulent_ur  ibi  racionis. 

Donet  XPS  ei  donum  sce  reqiei.  Amen. 

Sans  être  une  charte  lapidaire  proprement  dite,  cette  inscrip- 
tion est  l'attestation  lapidaire  de  la  donation  du  domaine  et  de  la 
localité  de  Chalon  (canton  et  forêt  de  Bourg-Saint-Andéol)  aux 
chanoines  de  Saint-Ruf  (établis  déjà  en  cette  ville  en  1108),  par 
Etienne  Garibert,  dont  la  mort  fat  connue  le  9  avril,  sans  date 

1.  3^  série,  t.  IV,  p.  592-608. 


275 

d'année.  Ce  Garibert  paraît  être  décédé  en  pays  lointains,  pro- 
bablement dans  la  première  croisade.  Il  avait,  préalablement  à 
son  départ,  disposé,  par  testament,  des  biens  indiqués  ici,  en 
sorte  que  la  nouvelle  officielle,  fuivaus  certi,  de  sa  mort  déter- 
minait l'effet  de  sa  donation.  Les  chanoines  de  Saint-Ruf  élevèrent 
en  cet  endroit  une  chapelle  et  établirent  un  prieuré  pour  desservir 
la  banlieue  de  ce  côté  qui  s'étendait  sur  tout  le  vaste  plateau  des 
bois  du  Lôou'.  Le  domaine  a  passé  en  des  mains  laïques,  le 
prieuré  est  ruiné;  la  chapelle  debout  et  agrandie  attire  un  grand 
concours  de  fidèles  le  8  septembre  et  dans  le  mois  de  mai.  Le  nom 
de  Garibert  se  retrouve  près  de  Bourg-Saint- Andéol,  en  sortant 
de  la  ville  même,  au  monticule  dit  Galibert. 

Cette  inscription,  en  lettres  onciales,  a  toujours  été  placée  sur 
la  façade  de  la  chapelle.  Elle  y  figure  encore  parfaitement  con- 
servée. 

IL  —  Fin  du  xii"  siècle. 

Nous  avons  remarqué  que  l'inscription  précédente,  qui  est  celle 
de  la  fondation  du  prieuré  et  de  la  chapelle  de  Chalon,  n'avait  pas 
de  date  d'année.  Il  en  est  de  même  de  la  suivante,  gravée  en 
mêmes  lettres  onciales,  sur  une  pierre  qui  est  à  la  base  extérieure 
de  l'abside  du  chevet.  C'est  l'obit  du  fondateur  lui-même  : 

-j-  III  •:  ID^  i  F 
OBIIT  i  BARN 
P'M^  :  p'OR  •:  ET  FV 
DATOR  :  HvP  i  ECcL 

Ainsi  le  3  des  ides  de  février  (10  février)  mourut  Barn(uinus) 
ou  Berarn(us)  (car  il  semble  y  avoir  une  traverse  à  la  haute  boucle 
du  B),  premier  prieur  et  fondateur  de  cette  chapelle. 


1.  Le  Lôou,  telle  est  aujourd'hui  la  prononciation  du  nom  de  cette  vaste 
région  boisée.  L'orlliographe  en  a  été  défigurée  dans  les  documents  administratifs 
modernes  :  on  écrit  le  Lavoult,  contrairement  à  la  prononciation;  Or  nous 
avons  la  dénomination  primitive  et  véritable  dans  la  donation  même  de  ce  bois 
par  Dona  Vierna  de  Baladuno,  datée  de  1221,  où  se  trouve  ce  passage  :  «  In 
bosco  et  toto  tenemento  A'Ouol  à  Rivo  Morenco  »  (Rieuraorenc)  ;  Ouol,  avec 
l'article  l'Ouol,  avec  la  coiiraction  VOuàou-,  et,  en  redoublant  l'article,  le  Louoou 
ou  le  Lôou. 


276 


m. —1140. 

Mais  voici  une  troisième  inscription  du  même  genre,  encastrée 
sur  la  façade  de  la  même  chapelle,  et  parfaitement  datée  : 

Anno  ab  incarnaci 
one  dni  nri . . .  xri  mc 

XL  XVI  k  obiit 

Willem  et 

L'année  est  bien  1140.  Tout  porte  à  croire  que  la  chapelle 
avait  été  construite  quelques  années  auparavant. 

IV.  —  Xlf  SIÈCLE. 

Nous  terminons  la  liste  des  inscriptions  de  la  chapelle  de  Cha- 
lon  par  celle-ci,  fort  courte,  et  en  lettres  du  même  genre.  Les 
deux  h  sont  minuscules  barrés  : 

PETRUS  b'NARDI  C. 
ET  Pb'T  S'  R' 

Pierre  Bernardi,  chanoine  et  prêtre  de  Saint-Ruf.  Il  y  a  au 
Bourg-Saint- Andéol  une  famille  de  Bernardi,  originaire  du  com- 
tat  Venaissin. 

V.  —  1283. 

Les  chanoines  réguliers  de  Saint-Ruf  ont  été  les  grands  archi- 
tectes et  les  grands  épigraphistes  de  la  vallée  du  Rhône,  dans  la 
région  du  Vivarais,  du  Valentinois,  du  comtat  Venaissin,  de 
rUzège.  Ils  ont  bâti  un  grand  nombre  de  chapelles  foraines.  Ils 
les  ont  desservies  et  ils  y  ont  laissé  des  documents  lapidaires.  Le 
type  de  l'écriture  qu'ils  employaient  était  la  belle  onciale  dont 
nous  avons  de  nombreux  exemples. 

Voici  une  inscription  bien  datée  (7  septembre  1283),  qui  orne 
le  mur  intérieur  de  l'ancien  cloître  du  Bourg-Saint-Andéol, 
aujourd'hui  sacristie,  où  nous  avons  relevé  plusieurs  pièces  du 
même  genre  : 


277 

Anno  ;  Dni  :  MCCLXXXIII 
III  I  id»  •;  Septemb  ]  obiit  \  Odilo  i 
de  i  Gorda  i  Garini  i  p'or  ;  de  \  Me 

Icorio  i  pb'r  i  c'^  •  Sci  i  Rufi  '. 

rr  cuf  •;  anv'sario  j  débet  [  cPcurari  \ 

9vët^  i  cnicoR/  i  hvj^  j  ecc-  i  viii  i  sol  ! 

Melcorio  nous  paraît  être  Mercuer  (Ardèche),  ou  Mercœur 
(Haute-Loire). 

Cette  pierre,  fort  bien  gravée,  garantit  au  couvent  des  cha- 
noines de  Saint-Ruf  du  Bourg  huit  sous  pour  l'anniversaire 
d'Odilon  de  Gorda  Garini,  prieur  de  Mercœur  ou  Mercuer,  prêtre 
et  chanoine  de  cette  congrégation,  décédé  le  7  septembre  1283. 

Nous  citons  ici  une  autre  inscription,  déjà  publiée,  qui  se 
trouve  dans  la  maison  des  sœurs  de  Saiiit-Vincent-de-Paul,  à 
Valence  (Drôme),  ancienne  maison  de  Saint-Félix,  prieuré  des 
chanoines  de  Saint-Ruf  en  cette  ville.  On  sait  que  la  maison-chef 
desdits  chanoines,  fondée  en  1039,  à  Avignon,  s'était  retirée 
devant  les  Albigeois  et  réfugiée  à  Valence,  en  1140. 

II  id  augus 

ti  obiit  Guigo  de 

Monteli  canoni 

eus  Sci  Felicis  qui 

dédit  huic  Ecclie  cP  an 
niv'sario  suo  ccc  sol. 

Ici  donc  il  s'agit  aussi  d'un  anniversaire,  dont  l'honoraire  est 
de  trois  cents  sous,  donné  à  l'église  Saint-Félix  par  Gui  de  Mon- 
teil  ou  de  Montélimar,  le  11  août,  sans  date  d'année. 

On  voit  combien  ces  honoraires  d'anniversaire  pouvaient  varier. 
C'est  pourquoi  il  ne  faudrait  pas  croire  qu'il  s'agît  toujours  d'une 
fondation  d'anniversaire  à  perpétuité,  mais  quelquefois  seulement 
de  l'honoraire  du  premier  anniversaire.  Néanmoins,  ces  chanoines 
défunts  faisant  partie  de  la  communauté,  on  peut  admettre  qu'à 
cause  des  services  rendus,  l'anniversaire  était  assuré  pour  tou- 
jours, malgré  la  modicité  de  l'offrande  première. 

VI.  —  1456. 
Voici  un  des  plus  beaux  et  des  plus  considérables  échantillons 


278 

de  ces  sortes  d'actes  lapidaires  et  de  cette  belle  capitale  gothique 
usitée  dans  la  région  qui  nous  occupe.  Chose  vraiment  remar- 
quable, elle  mentionne  une  donation  de  l'an  1456,  elle  est  donc 
au  moins  de  la  fin  du  xv^  siècle,  de  cette  époque  pleinement 
gothique  et  même  du  stjlé  gothique  final.  Et  cependant  lettres, 
ponctuations,  abréviations,  encadrements,  etc.,  tout  est,  à  peu  de 
détails  près,  exécuté  en  la  manière  des  inscriptions  précédentes 
des  xif  et  xiif  siècles.  Voilà  une  preuve,  entre  plusieurs  autres, 
de  ce  principe  qu'il  faut  appliquer  à  chaque  instant  en  archéologie 
dans  cette  région  de  la  vallée  du  Rhône,  à  savoir  que,  sauf  quelques 
restaurations  de  détails  qui  greffèrent  accidentellement  le  gothique 
sur  le  roman,  les  guerres  des  Albigeois  et  les  autres  bouleverse- 
ments qui  désolèrent  ce  pays  empêchèrent  le  style  gothique  d'y 
fleurir  et  même  d'y  apparaître  avec  suite  et  ensemble,  d'y  faire 
époque,  comme  ailleurs,  en  sorte  que,  entre  les  monuments  romans 
et  ceux  de  la  Renaissance,  il  y  a  là  une  lacune  à  peu  près  com- 
plète dans  l'art  religieux  ;  les  écoles  d'architecture  et  d'accessoires 
lapidaires  continuèrent,  sans  grandes  modifications,  le  faire  des 
écoles  de  l'époque  romane. 

Ici  donc  les  caractères  sont  très  bien  formés,  tous  allongés  en 
hauteur.  Les  R  ont  leur  boucle  très  petite  et  nouée  très  haut  au 
point  d'où  part  le  jambage  oblique.  Les  D,  quand  ils  sont  en  capi- 
tale, gardent  en  bas  leur  large  panse  et  s'effilent  en  pointe  par  le 
haut.  Les  lettres  sont  souvent  accolées  ensemble  ou  insérées  les 
unes  dans  les  autres.  La  ponctuation  est  invariablement  marquée 
par  un  losange  très  net  à  la  hauteur  de  la  moitié  des  lettres. 
Signalons  à  la  dixième  ligne  le  signe  abréviateur  en  forme  de  8 
avec  un  point  dans  chaque  boucle  et  que  nous  avons  interprété 
sque,  s  avec  la  conjonction  finale. 

La  pierre  de  cette  inscription  sert  de  marche  dans  la  maison  de 
M.  Coulon,  bouclier,  place  de  la  Tour.  Elle  nous  fut  signalée  par 
M.  Vaschalde,  de  Vals-les-Rains,  et  l'estampage  nous  fut  envoyé 
par  M.  Baussan,  inspecteur  des  monuments  diocésains.  Mais, 
suivant  la  remarque  clairvoyante  de  M.  de  Lasteyrie,  professeui' 
à  l'École  des  chartes,  si  eUe  est  complète  sur  le  côté  gauche,  qui 
porte  du  reste  l'encadrement  (deux  barres  rectilignes  parallèles 
à  0'"01  de  distance),  il  faut  admettre  que  la  cassure  de  droite  a 
fait  perdre  la  moitié  ou  une  partie  considérable  de  l'inscription. 
Nous  transcrivons  en  italiques  les  abréviations  et  nous  plaçons 


279 

entre  crochets  les  textes  supposés,  que  nous  ne  garantissons  nul- 
lement. 

fanno  Domini  mgcg  ....   obiit.  . 


prior  ?  quondam  presen] 

tis  ecclesie  et  fuit  sepultus  ant[e  altare?  capelle  in  ho] 

norem  Omnium  Sanctovum  fundate.  D[edit ] 

pro  una  raissa  celebranda  [quotannis,  in  die...,  per] 
priorem  et  canonicos  regula/'es  de  '&anc[to  Rutb  sicut  c] 
onstat  instrwmewto  et  per  notam  su[scriptam  per  magistrum] 
Petrum  Riffardi  notariu?n  presentis  [ville  Burgi  Sancti  Andeoli] 

anno  Dommi  mcccclvi  [die mensis ] 

ipse  prior  decoravit  scilicei  (?).  ...] 
quodam  brachio  argenii  pa[nnis...] 
almaticis  pannisque  (?)  veluti  [...] 

chasublia  et  almaticis  [ ] 

coloris  ac  de  alia  c[hasubUa...  cro] 
ceis  damacii  nigri  figur[ati....] 

figurati  albi  ac  de  p[anno ] 

damacii  viridi  figura[ti...         flgu] 

rati  rubey  necnon  devo[vit ] 

alia  bona  p^eseuii  eccle^ie  l[ibens dédit] 

Orate  Deum  pro  ip5o  dicendo.... 

La  rédaction  de  cette  inscription  nous  reporte  à  un  acte  passé 
chez  maître  Pierre  Riffard  ou  Riffardi,  notaire  très  connu  de  cette 
époque.  Nous  nous  consolions  de  la  mutilation  de  la  pierre,  espé- 
rant découvrir  l'acte  susdit  dans  les  minutes  de  quelqu'une  des 
diverses  étades  du  pays.  Nos  recherches  n'ont  pas  abouti  :  les 
vieux  dossiers  du  successeur  de  Riffardi  ne  sont  plus  complets. 
Nous  avons  dû  nous  rabattre  sur  le  système  des  investigations 
indirectes,  et,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Arthur  de  Boislisle, 
membre  de  l'Institut,  nous  possédons  les  noms  et  la  succession  de 
trois  prieurs  des  chanoines  réguliers  de  Saint-Rut'  du  Bourg, 
parmi  lesquels  l'un  des  deux  premiers  est  peut-être  le  donateur 
défunt,  mais  dont  le  troisième  est  certainement  le  prieur  vivant 
en  1456.  Ces  trois  prieurs  sont  :  Barthélémy  d'Herville ,  signalé 
en  mars  1438;  Jean  Gauteyron,  en  1442,  et  Raymond  Balditi 
(Baudit?),  qui  débute  en  1454  et  donne  sa  démission  en  1475,  en 


280 

faveur  de  Jean  Balditi  (son  parent  ?) .  Une  pièce  mutilée  du  registre 
H  203*  (fol.  1  v°)  des  archives  de  Nicolay  porte  ceci  : 

....  neamente  gloriosissimi 
.  .  .  .  is  martiris  beati  Andeoli 
dicti  loci  Burgi,  Yivariensis  diocesis, 
facta  per  honorabilem  et  religiosum 
virum  dominum  Raymundum  Balditi,  priorenr. 
predicte  ecclesie  Burgi. 

VII.  —  ix*"  SIÈCLE  ^ 

L'analogie  qui  existe  entre  deux  inscriptions  placées  autrefois, 
à  cause  de  l'énorraité  de  leurs  blocs,  comme  pied-droit  et  en  linteau 
sur  la  porte  méridionale  de  l'église  Saint-Andéol,  nous  oblige  de 
les  reproduire  ici  côte  à  côte,  quoique  l'une  d'elles,  la  première, 
ait  été,  de  notre  part,  dans  l'article  précité  de  1853  (n''  3),  l'objet 
de  commentaires  à  peu  près  complets  et  l'occasion  de  fixer  une  date 
importante  pour  la  chronologie  des  évêques  de  Viviers. 

1.  2. 

■\-  IC  inveni 
tur  tumulos 
B'nuini  epi 
qui  invenit 
corpus  beati  An 
deoli  marti 
ris  et  anc  do 
mu  et  fundam 
tu  erexit 
rexit  ecclesi 
a  Vivariens 
em  annos 
XXIII  et  obi 
it  pacifiée  i 
D  decimbris 
V. 

1.  Voir  M.  l'abbé  Rouchier,  Histoire  religieuse,  civile  et  politique  du  Viva- 
rais  (1861),  et  M.  l'abbé  Mirabel,  Vie  de  saint  Andéol  (1869). 


XP. 

Signum 

XPI 

et  tumu 

los  Aure 

liani 

epi 

hic  qvoq  requiescit 
jam  dictus  Aurelianus 
pie  recordacionis  qui  vie 
sit  in  omi  scitate  cas 
to  corpore  *  annos 
Lxxxv  //////  et  obiit 
VII  klendaru  febroa 
riarum 


28i 

La  première  inscription  est  celle  de  Bernoin,  si  célèbre  par  la 
découverte  du  corps  de  saint  Andéol  et  par  l'érection  de  l'église 
de  ce  saint,  en  858.  Elle  nous  a  appris  que  son  épiscopat  dura 
vingt-trois  ans  (de  850  à  873). 

La  seconde  inscription  est  celle  du  tombeau  à'Aurélien,  évêque 
de  pieuse  mémoire,  modèle  de  sainteté  et  de  chasteté,  décédé 
à  l'âge  de  85  ans,  le  7  des  kalendes  de  février  (24  janvier)  *. 
Le  bloc  sur  lequel  elle  est  gravée  a  2™  de  haut,  O'^GS  de  large  et 
une  épaisseur  d'environ  0™30.  Elle  se  divise  en  deux  parties  à 
peu  près  égales.  La  partie  liante  figure  un  arceau  porté  sur  deux 
colonnes  à  chapiteau  et  à  socle,  le  tout  grossièrement  sculpté,  en 
bas-relief,  rappelant  les  arceaux  et  colonnettes  de  la  face  carlo- 
vingienne  du  tombeau  de  saint  Andéol.  Sous  cet  arc  une  croix, 
supportée  elle-même  par  le  cartouche  carré  qui  renferme  les 
quatre  premières  lignes,  entre  les  montants  des  colonnettes.  Le 
reste,  qui  est  à  proprement  parler  l'inscription  tumulaire  en  huit 
lignes,  tient  toute  la  largeur  de  la  pierre  :  la  croix  ici  était  en 
tête  ;  elle  était  en  bas  dans  l'inscription  de  Bernoin  :  l'une  et  l'autre 
ont  été  mutilées  avec  la  précaution  de  ne  pas  toucher  à  tout  autre 
détail.  Ces  détériorations  doivent  remonter  à  une  époque  anté- 
rieure à  celle  où  la  porte  méridionale  fut  remaniée,  puisque  cette 
pierre  d'Aurélien  y  avait  été  placée  en  linteau  à  une  hauteur  et 
sous  une  couche  de  chaux  qui  la  dérobèrent  depuis  à  tous  les 
regards.  Nous  estimons  que  ce  remaniement  de  la  porte  et  par 
conséquent  cette  nouvelle  destination  de  la  pierre  enlevée  à  sa 
première  place  tumulaire  eurent  lieu  après  les  ravages  des  calvi- 
nistes. 

Les  caractères  de  cette  inscription  sont  très  semblables,  sinon 
identiques,  à  ceux  de  l'épitaphe  de  Bernoin,  ils  appartiennent 
h  la  même  belle  et  grosse  capitale  carlovingienne.  Les  lettres 
ont  0"'07  de  hauteur.  On  3^  retrouve  les  G  et  les  G  carrés,  les 
mêmes  insertions  de  lettres  entre  elles ,  les  mêmes  onciales  et 
minuscules  encore  rares,  les  Q  soit  2  soit  q,  les  h,  le  même  terme 
tuYiiidos  pour  tumulus.  Il  faut  cependant  noter,  comme  une 

t.  M.  Mirabel  en  a  publié  le  texte  imparfait  dans  la  Vie  de  saint  Andéol 
(Palmé,  1869).  Cet  ouvrage,  ayant  paru  plusieurs  années  après  le  volume  de 
M.  l'abbé  Rouchicr,  a  bénéficié  des  découvertes  qu'amenèrent  les  réparations  de 
l'église  de  Saint-Andéol,  les  premières  fouilles  de  l'église  et  de  la  crypte  de 
Saint-Polycarpe,  et  les  dépositions  par  lesquelles  les  derniers  témoins  des 
anciennes  traditions  éclairaient  nos  investigations. 

49 


282 

particularité,  entre  corpore  et  annos,  le  signe  emprunté  à  l'épi- 
graphie  antique  païenne  qui  ressemble  à  un  double  cœur  sur- 
monté de  trois  pistils,  terminé  en  bas  par  deux  jambages  en  angle 
aigu  séparés  par  un  point  :  ce  signe  a  été  gravé  en  imitant  celui 
qui  se  trouve  dans  l'inscription  païenne  du  tombeau  de  saint 
Andéol. 

Le  mot  le  plus  intéressant  est  celui  que  nous  avons  lu  quoque. 
La  gravure  de  ce  mot  est  défectueuse.  L'artiste  avait  précipitam- 
ment sculpté  QVI,  il  se  ravisa  et  voulut  transformer  i'I  en  0,  ce 
qui  amena  une  sorte  de  D,  c'est-à-dire  un  I  tangent  à  un  0,  10. 
De  prime  abord,  on  serait  porté  à  lire  qudque.  L'inspection  atten- 
tive de  la  pierre  nous  fit  bientôt  découvrir  la  faute  et  la  correc- 
tion du  graveur,  et  notre  leçon  quoque  a  pour  elle  l'autorité  que 
lui  valut  sur  place  l'approbation  de  M.  Jules  Quicherat  visitant 
le  Vivarais.  Elle  corrobore  la  ressemblance  paléographique  des 
deux  inscriptions,  leur  contemporanéité  et  la  proximité  des  empla- 
cements des  deux  tombes  épiscopales,  car  ce  mot  signifie  que  là 
où  se  trouvait  le  tombeau  de  Bernoin,  là  aussi  se  trouvait  le  tom- 
beau d'Aurélien. 

Il  nous  paraît  impossible  de  quitter  cette  inscription,  déjà  si 
remarquable  au  point  de  vue  paléographique,  sans  signaler  le 
problème  de  chronologie  ecclésiastique  et  de  nomenclature  épis- 
copale  qu'elle  soulève. 

Qui  est  cet  évêque  du  nom  d'Aurélien  ?  Ni  Viviers,  ni  les  sièges 
épiscopaux  des  églises  répandues  sur  les  deux  versants  du  Rhône 
n'ont  eu  un  évêque  de  ce  nom.  Il  faut  aller  jusqu'à  Lyon  pour 
rencontrer  un  Auréhen,  qui  siégea  de  875  à  895. 

Deux  explications  ont  été  fournies  concurremment. 

L'une,  très  contestable  et  que  nous  ne  donnons  que  pour 
mémoire,  consiste  à  admettre  que  l'évêque  de  notre  inscription 
est  l'Aurélien  de  Lyon,  parce  que  :  1°  la  contemporanéité  des 
deux  prélats  est  patente,  ce  qui  justifie  la  similitude  et  la  corré- 
lation des  deux  épitaphes  ;  2°  les  notes  par  lesquelles  l'inscription 
recommande  l'évêque  défunt  et  celle  de  la  biographie  d'Aurélien 
de  Lyon,  telle  que  la  donne  la  Gallia  ehristiana,  paraissent 
textuellement  coïncider  ;  3°  cette  biographie  affirmant  l'incerti- 
tude de  l'époque  et  du  lieu  de  la  mort  d'Aurélien,  on  peut  présu- 
mer qu'il  finit  ses  jours  en  un  pays  lointain  et  obscur;  4°  le  prélat 
ayant  eu  des  difficultés  politiques  (élection  de  Bozon)  et  cano- 
niques (ordination  d'un  évêque)  put  quitter  ses  fonctions  à  l'avè- 


283 

nement  du  pape  Etienne  VI  (c'est  l'avis  de  Baluze)  ;  5°  en  de  telles 
conditions,  Aurélien,  ancien  archidiacre  d'Autun  (dont  les  apôtres 
saint  Andoche  et  saint  Thyrse  avaient  été  les  compagnons  de 
saint  Andéol),  successeur  à  Lvon  de  saint  Irénée  (chef  de  la  mis- 
sion desdits  apôtres),  parvenu  à  une  extrême  vieillesse  et  fatigué 
du  poids  des  affaires,  aurait  pris  sa  retraite  auprès  du  tombeau 
de  saint  Andéol,  dont  la  découverte  récente  par  Bernoin  avait  été 
si  glorieusement  divulguée  et  attirait  un  grand  concours  de 
peuples. 

L'autre  explication  soutient  que  tout  évêque  dont  on  ne  désigne 
pas  le  siège  est  Tévêque  du  pays,  et  que,  s'il  s'agissait  d' Aurélien 
de  Lyon,  qui  fut  un  des  plus  éminents  prélats  de  son  temps,  on 
n'aurait  pas  manqué  de  mentionner  au  moins  la  qualité  d'arche- 
vêque, ce  qui  était  déjà  la  pratique  générale.  Dans  cette  hypo- 
thèse, Aurélien  est  un  évêque  de  Viviers  omis  dans  les  nombreuses 
lacunes  des  neuf  catalogues  de  cette  église,  avant  l'année  815. 
Sa  première  tombe  aurait  pu  se  trouver,  soit  dans  les  dépendances 
de  l'une  des  deux  paroisses,  Saint-Polycarpe  et  Saint-Michel, 
existant  alors,  soit  dans  une  chapelle  qui  aurait  occupé  l'empla- 
cement primitif  de  l'église  Saint-Andéol  ;  on  aurait  relevé  le  corps 
après  la  mort  de  Bernoin  et  on  l'aurait  placé  à  côté  du  fondateur 
de  la  nouvelle  église,  près  du  sépulcre  du  martyr.  De  là  les  deux 
épitaphes,  d'une  part,  le  invenitur  tumulus  Bernuiiii  epis- 
copi,  et  de  l'autre,  Tumulus  Aureliani  episcopi  et  hic  quoque 
requiescitjam  dictus  Aurelianus. 

Nous  avons  dit  que  la  chronologie  des  évêques  de  Viviers  est 
favorable  à  cette  seconde  explication.  Il  y  a,  en  effet,  dans  le  cata- 
logue même  rectifié,  entre  les  années  740  et  815,  une  lacune 
énorme,  que  la  présence  un  peu  problématique  d'Eribaldus  ne 
suffit  pas  à  combler,  et  dans  laquelle  il  y  a  place  pour  plusieurs 
évêques  :  nous  y  compterons  Aurélien  ^ 

VIII.  —  Vers  870. 

L'inscription  que  nous  allons  donner  est  bien  courte.  Elle  est 
en  trois  lignes  : 

Sce  Andeole  in 
tercede  pro 
nobis 

t.  Rouchier,  Histoire  du  Vivarais,  p.  556,  el  tableau,  p.  574. 


284 

En  réalité,  cette  inscription  est  un  graffite  gravé  à  la  pointe 
sur  une  pierre  de  l'ancienne  église  Saint-Polycarpe  à  Bourg- 
Saint-Andéol.  Elle  appartient  à  la  capitale  carlovingienne,  et 
paraît  contemporaine  des  deux  inscriptions  précédentes  :  mêmes 
majuscules  romaines,  mêmes  insertions  de  lettres  ;  rien  d'oncial. 
Les  premières  syllabes  des  trois  petites  lignes  sont  assez  frustes. 
Elles  ont  été  d'abord  assez  mal  exécutées  et  puis  comme  éraflées 
par  un  outil  tranchant,  qui  a  laissé  sur  elles  des  traces  de  lignes 
parallèles  obliques.  C'est  une  invocation  au  saint  martyr  écrite 
dans  un  moment  de  loisir  et  de  transport  pieux. 

Ce  gratSte  vient  confirmer  ce  que  les  récits  nous  disent,  soit  de 
l'emplacement  primitif  du  tombeau  de  saint  Andéol,  soit  de  l'an- 
cienneté de  l'église  Saint-Polycarpe. 

Tous  les  documents,  joints  à  la  tradition  populaire,  s'accordent 
à  dire  que  Bernoin  trouva  le  tombeau  dans  ce  qu'ils  appellent  la 
crypte  ou  la  crota  de  l'église  Saint-Polycarpe.  Mais  cette  crypte 
n'est  pas  la  crypte  actuelle,  celle-ci  ayant  été  totalement  bâtie  à 
neuf  avec  l'église  actuelle  de  Saint-Polycarpe  sous  les  Carlovin- 
giens.  Cette  dernière  affecte  la  forme  de  ces  petites  basiliques  à 
trois  absidioles  que  M.  de  Bossi  a  découvertes  dans  la  voie  Ardéa- 
trice,  dans  la  voie  Appienne,  etc.,  et  qui  remontent  à  l'époque 
constantinienne.  La  crypte  où  fut  trouvé  le  tombeau,  en  858, 
devait  avoir  cette  forme,  mais  elle  fut  sans  doute  dévastée  et  rui- 
née par  les  invasions,  ce  qui  explique  qu'on  en  ait  perdu  les 
traces  ;  les  architectes  de  l'église  romane  de  Saint-Polycarpe  ne 
firent  que  la  reproduire  en  renouvelant  les  matériaux. 

Cette  église  Saint-Polycarpe  était  fort  étroite,  à  une  seule  nef. 
Pour  communiquer  du  sanctuaire  et  de  l'autel,  placés  sur  la 
crypte,  avec  la  nef  et  la  crypte  elle-même  en  contrebas,  on  pra- 
tiqua à  droite  et  à  gauche  dans  l'épaisseur  des  murs  de  la  première 
travée  de  très  petits  escaliers,  éclairés  par  une  fenêtre  en  meur- 
trière. C'est  sur  la  pierre  de  taille  qui  constitue  le  côté  intérieur 
de  cette  fissure  à  jour  que  l'on  a  trouvé  le  graffite  ;  cette  pierre 
qui  porte  ainsi  le  cri  des  pèlerins  est  polie  par  le  frottement  de 
leurs  mains  qui  s'appuyaient  à  la  descente,  comme  aussi  leur  pas- 
sage fréquent  a  usé  presque  complètement  les  petites  marches. 

Cette  inscription  est  gravée  sur  une  pierre  qui  a  sa  place  essen- 
tielle et  inamovible  dans  le  monument;  d'après  ses  caractères 
paléographiques,  elle  est  contemporaine  de  Bernoin  :  elle  prouve 
donc  que  l'église  Saint-Polycarpe  existait,  c'est-à-dire  fut  bâtie, 


285 

à  la  même  époque  ;  elle  semble  même  indiquer  ou  qu'elle  fut  tracée 
avant  la  translation  du  tombeau  dans  l'église  nouvelle  de  Saint- 
Andéol,  ou  que,  après  cette  translation,  les  pèlerins  ne  cessèrent 
d'affluer  à  cette  crypte  dans  laquelle  le  corps  avait  séjourné  six 
cent  cinquante  ans.  Une  chose  est  certaine,  c'est  que,  jusqu'à  la 
Révolution,  les  générations  qui  nous  ont  précédé,  et  celle  que  nous 
avons  pu  questionner  et  entendre  maintes  fois,  appelaient  cette 
crypte  la  sainte  Roumèle  ou  sainte  Romaine,  conservant  à  ce 
monument  le  souvenir  de  la  bienheureuse  Tullie  qui  avait  secrè- 
tement recueilli  le  corps  du  martyr,  l'avait  déposé  dans  ce  tom- 
beau de  famille  et  caché  dans  sa  maison  ou  dans  le  praedium 
adjacent,  devenus  l'emplacement  de  la  crypte  et  de  l'église  Saint- 
Polycarpe^ 

Nous  venons  de  mettre  en  évidence  trois  monuments  lapidaires 
qui  sont  contemporains  et  solidaires  entre  eux.  Pour  compléter  le 
rapprochement,  il  est  opportun  de  mentionner  ici  les  sculptures  et 
les  inscriptions  de  la  face  chrétienne  du  sarcophage  de  saint  Andéol, 
qui  ont  avec  eux  plusieurs  traits  de  ressemblance.  Mais  paléogra- 
phiquement  ces  inscriptions,  complètement  onciales,  sont  nota- 
blement postérieures  aux  trois  documents  précités.  11  est  à  pré- 
sumer que  toute  cette  face  chrétienne  du  tombeau  fut  gravée  à 
peu  près  à  l'époque  où  l'évêque  de  Viviers  Leodegarius  confia 
aux  chanoines  de  Saint-Ruf  la  possession  et  le  service  de  l'église 
Saint-Andéol  et  la  garde  du  tombeau,  par  un  acte  du  28  no- 
vembre 1108,  que  nous  avons  encore.  Ces  chanoines  s'inspirèrent 
à  la  fois  des  deux  pierres  tombales  ;  à  celle  de  Bernoin  ils  emprun- 
tèrent les  ornements  entrelacés;  à  celle  d'Aurélien,  les  deux  arcs 
portant  sur  colonnettes  et  servant  de  niches  aux  statues  en  bas- 
relief  de  saint  Polycarpe  et  de  saint  Bénigne.  On  peut  même 
remarquer  que  ces  colonnettes  et  leurs  arceaux  rappellent  les 
dispositions  de  l'arcature  intérieure  du  chevet  de  l'église,  qui  fut 
remanié  précisément  sous  Leodegarius-. 

IX.  —  XIV*'  SIÈCLE. 

Le  fragment  suivant  a  été  trouvé,  en  1874,  à  la  fin  de  décembre, 

1.  Voir  MM.  Rouchier  cl  Mirabel  sur  les  éclaircissements  développés  qu'ils 
ont  donnés  au  sujet  du  tombeau,  de  la  crypte  et  de  l'intervention  de  Tullie. 

2.  Tréambule  de  l'inventaire  des  reliques  trouvées  dans  ce  chevet  par  Leode- 
garius (Archives  communales  de  Bourg- Saint-Andéol,  sac  2). 


286 

dans  les  matériaux  de  démolition  de  l'église  de  Saint-Laurent  à 
Viviers.  Nous  en  devons  la  communication  à  M.  l'abbé  Bourg, 
vicaire  général  : 

is  :  de  j  terra  |  de  |  f 

oudinie  \  de  •  quo 

dam  •  Castro  |  v 

ocato  ':  Bonne  \  et 

C'est  la  capitale  gothique  très  belle  que  nous  avons  déjà  signa- 
lée dans  notre  premier  article  de  1853,  en  publiant  les  inscrip- 
tions du  xiv^  siècle.  Les  lettres  sont  fermées  et  liées  par  des  traits 
surabondants  qui  partent  de  leurs  extrémités.  Du  reste,  nous 
avons  fait  connaître  autrefois  l'inscription  de  fondation  de  cette 
église  Saint-Laurent,  dont  un  archevêque  d'Auch,  originaire  du 
diocèse  de  Viviers,  posa  la  première  pierre  en  1381. 

Il  s'agit  d'une  terre  de  carrière  ou  de  mine,  foudinie;  quant 
au  nom  de  lieu,  château  de  Bonne  ou  de  Bonnere,  il  nous  est 
totalement  inconnu. 

Voici  les  noms  recueillis  dans  la  série  des  inscriptions  chré- 
tiennes du  Vivarais  {Bibliothèque  de  V École  des  chartes, 
années  1853  et  1886)  : 

496.  Domnolus,  jac  (pour  diac.  ?). 

—  Alaric  II,  rex. 
vi^  s.  Severus,  lector. 

—  Pascasius,  presb. 

IX®  s.  Ingiranus,  laicus  (pas  d'onciales). 

873.  Bernuinus,   episc.   (  /„„.!„„„„  onciales^ 

895.  Aurelianus,  episc.  )  ^^     ^  '' 

xii°  s.  Stephanus  Garibertus  (onciale).  S.  Ruf. 

—  Chalon,  localité. 
1140.  Willem...  S.  R. 

XII®  s.  Petrus  Bernardi,  presb.  et  c.  S.  R. 

—  Barn..  ou  Berarn.,  prior  S.  R. 
1207.  Giraudus  Audigerii,  c.  S.  R. 
xiii®s.  Yldricus,  c.  S.  R. 

1245.  Guillelmus  de  Gordav...,  mUes  S.  R. 
xni®s.  Bertrandus  de  Chalancone,  familiaris  S.  R. 

—  Guillelma,  ucxor  Andrée  de  Alesto,  familiaris  S.  R. 


287 

xui*  s.  Andréas  de  Alesto. 

—  Bertrandiis  de  Malo  Consilio,  S.  R. 

—  Alazaïs  de  Monte  Claro,  familiaris  S.  R. 
1261.  Bertrandus  de  Monteclaro,  domicellus  S.  R. 

—  Campus  de  Sausea,  localité. 

1266.  Raimundus  de  Borriano,  levita,  c.  S.  R. 
1270.  Eraclii...  rda,  presb.  c.  S.  R. 
1273.  Alberto  de  Blanac,  Saint-Montan.  S.  R.  (?) 
1278.  Monclaressa,  uxor  Teobaldi  de  Petralapta,  S.  R. 

—  Teobaldus  de  Petralapta,  Pierrelatte. 
1283.  Odilo  de  Gorda  Garini,  prior,  c.  S.  R. 

—  Melcorio,  prieuré  S.  R. 

XIII' s.  Guigode  Monteli,  S.  R.  (Valence). 

—  ,..tia,...  atii,...  abas.  S.  R. 

1293.  Humbertus  de  Monteclaro,  miles  S.  R. 

1310.  Poncius  Balbi  (Vivariis). 

—  Confratria  de  Plâtra,  Crota  (Vivar.). 
1362.  Bertrandus  Meineti,  c'  (Vivar.). 

—  ...Traderii,  lathomus  (Vivar.). 
1381.  Joh.  Flandrini,  arch.  Auxitan. 

—  Ecclesia  beati  Laurentii  (Vivar.). 

—  Terra  de  foudinie.  Castrum  Bonne  ou  Bonnere. 
1456.  Petrus  Riffardi,  notar.  Burgi  S'  Andeoli. 

En  terminant  la  publication  des  inscriptions  chrétiennes  que 
nous  avons  recueillies  dans  le  bas  Vivarais  et  aux  bords  du  Rhône, 
qu'il  nous  soit  permis  de  souhaiter  que  ces  monuments  soient  pré- 
servés de  la  destruction  et  pour  cela  de  formuler  un  vœu  qui, 
élargissant  la  question,  tende  à  obtenir  la  création  à  Paris  d'un 
musée  où  s'échelonneraient  chronologiquement  les  moulages  des 
inscriptions  les  plus  remarquables  qui  contiennent  les  divers  types 
et  caractères  de  nos  écritures  lapidaires,  à  partir  de  l'époque 
romaine  jusqu'à  la  Renaissance. 

Auguste  Paradis. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Codices  manuscripti  Palatini  grœci  bibliothecœ  Vaticanse,  descripti 
preeside  J.  B.  cardinal!  Pitra...  Recensuit  et  digessit  Henricus 
Stevexsox  senior,  ejusdem  biblioLliecse  scriptor.  Romee,  ex  typo- 
grapheo  VaLicano,  -1885.  ln-4°,  xxxvii-336  pages. 
La  fondation  de  la  bibliothèque  Palatine  de  Heidelberg  remonte  à  la 
fin  du  xv=  s.,  et  probablement  à  l'année  1482.  C'est  l'électeur  Philippe 
(1476-1508)  qui  en  décida  l'établissement  sur  les  conseils  de  son  chan- 
celier, l'évêque  de  Worms,  Jean  de  Dalburg,  et  de  Rodolphe  Agricola, 
que  Jean  de  Dalburg  venait  de  décider  à  se  fixer  à  Heidelberg.  Le  pre- 
mier noyau  de  la  bibliothèque,  formé  de  manuscrits,  la  plupart  rap- 
portés d'Italie  par  Agricola,  s'accrut  bientôt  de  la  riche  collection  de 
l'un  de  ses  fondateurs,  l'évêque  de  Worms.  Un  des  successeurs  de  Phi- 
lippe, l'électeur  Othon-Henri  (1556-1559),  ne  négligea  rien  pour  enrichir 
la  bibliothèque  Palatine,  nous  en  avons  un  témoignage  dans  un  passage 
de  la  vie  de  Nicolas  Kistner  qui,  par  ordre  de  l'électeur,  recherchait  des 
manuscrits  jusque  dans  l'ouest  de  la  France  :  «  Rupellam,  Santonum 
portum,  adiit;  bibliothecas  in  illis  regionibus  prœcipuas  inquisivit  dili- 
genter,  ita  jubente  et  petente  electore  Othone  Henrico  Palatino,  qui 
libris  raris  antiquitatisque  venerandse  Palatinam  bibliothecam  instruc- 
turus,  nuUi  sumptui,  nuUi  labori  pepercit'.  »  Enfin,  à  quelques  années 
de  là,  en  1584,  le  Mécène  de  Henri  Estienne,  Ulrich  Fugger,  léguait  à 
l'électeur  Frédéric  IV  sa  magnifique  bibliothèque  qui  venait  se  joindre 
aux  trésors  déjà  réunis  à  Heidelberg,  mais  qui  n'y  devaient  pas  rester 
longtemps. 

On  sait  comment  au  commencement  du  xvn^  siècle,  en  1623,  la 
bibliothèque  Palatine  fut  offerte  par  le  duc  de  Bavière,  Maximilienl«r, 
au  pape  Grégoire  XV;  presque  tous  les  manuscrits  palatins  portent  un 
ex-lil^ris  gravé  qui  l'indique  :  Sum  de  bibliotheca,  quam  Heklelherga 
capta,  spolium  fecil,  et  P.  M.  Gregorio  XV.  Irophxum  misit  Maximilianus , 
utriusque  Bavarix  dux,  etc.  S.  R.  I.  archidapifer  et  princeps  elector  ; 
suivent  les  armes  de  Bavière  et  la  date  :  Anno  Chrisli  cia.  loc.  xxm. 

1.  Vita  Nicolai  Cisneri,  dans  Melchior  Adam,  VUx  Germanorum,e[c.  {Uei- 
delberg,  1620,  in-8°,  p.  256).  Cf.  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  1876, 
t.  XXXVII,  p.  472. 


289 

Le  bibliothécaire  du  pape,  Leone  Allaci,  fut  chargé  d'aller  chercher  les 
manuscrits  à  Heidelbcrg  et  do  les  faire  transporter  à  Rome  ;  c'est  à  ce 
moment  que  bon  nombre  de  volumes  ont  perdu  leur  état  civil,  dépouil- 
lés, pour  les  alléger,  des  reliures  que  leur  avaient  fait  mettre  les  élec- 
teurs. 

Jusqu'à  la  fin  du  xvni^  siècle,  la  bibliothèque  Palatine  fut  conservée 
intacte  parmi  les  autres  collections  du  Vatican  ;  mais,  eu  1797,  à  la 
suite  du  traité  deTolentino,  parmi  les  cinq  cents  manuscrits  remis  au 
gouvernement  français  par  le  souverain  pontife,  se  trouvèrent  vingt-six 
manuscrits  grecs  du  fonds  Palatin.  Ces  volumes  restèrent  à  Paris,  à  la 
Bibliothèque  nationale,  jusqu'en  1815,  avec  les  autres  manuscrits  du 
Vatican.  A  la  suite  du  traité  de  Paris,  le  commissaire  général  autri- 
chien, baron  d'Ottenfels,  réclama  au  nom  du  gouvernement  pontifical 
les  manuscrits  de  la  bibliothèque  Vaticane  transportés  à  Paris;  ces 
volumes  lui  furent  remis  le  28  octobre  1815.  En  même  temps,  le  gou- 
vernement prussien  demandait  que  les  vingt-six  manuscrits  Palatins 
compris  dans  cette  réclamation  fissent  retour  à  l'université  de  Heidel- 
bcrg, ainsi  que  tous  les  autres  volumes  du  fonds  Palatin  restés  à  Rome. 
Après  différentes  négociations,  Pie  VII  consentit  à  la  cession  des  vingt- 
six  manuscrits,  qui,  en  quittant  Paris,  prirent  le  chemin  de  Heidel- 
bcrg, et,  pour  conserver  la  propriété  des  autres  manuscrits  Palatins, 
offrit  encore  les  volumes  allemards  du  même  fonds,  au  nombre  de  huit 
cent  quarante-huit. 

Telle  est,  rapidement  esquissée,  l'histoire  des  vicissitudes  de  la  biblio- 
thèque Palatine.  Dès  ^817,  Fr.  Wilken  l'avait  narrée  tout  au  long; 
depuis,  les  polémiques  ont  été  nombreuses  à  son  sujet,  et,  après  Wil- 
ken, M.  H.  Stevenson,  dans  l'introduction  mise  en  tête  du  Catalogue 
des  manuscrits  grecs  du  fonds  Palatin,  a  savamment  traité  à  nouveau 
dans  ses  moindres  détails  l'histoire  de  la  bibliothèque  de  Heidelberg. 

Le  premier  catalogue  de  la  bibliothèque  Palatine  est  l'œuvre  de  Fré- 
déric Sylburg;  il  fut  dressé  en  1584,  après  l'entrée  des  manuscrits  de 
Fugger,  et  forme  aujourd'hui  le  ms.  Palat.  lat.  429  Ms.  Le  dernier 
bibliothécaire  de  la  Palatine,  Jean  Gruter,  y  ajouta  des  numéros  que 
n'avait  pas  mis  Sylburg  ;  c'est  ce  catalogue  qui  a  été  publié  par  Mieg, 
dans  les  Monumenta  pietatis  et  literaria  (Francfort,  1702,  in-4°).  A  la 
fin  du  xvne  siècle,  sous  l'administration  d'Emmanuel  de  Scheelstrate, 
fut  rédigé  à  Rome  un  second  catalogue  tout  en  grec,  qui  n'est  en  réa- 
lité qu'une  nouvelle  rédaction  du  catalogue  de  Sylburg,  à  laquelle  sont 
ajoutés  l'indication  des  feuillets  auxquels  commencent  les  articles  d'un 
même  manuscrit  et  les  incipit  de  ces  articles  donnés  tout  au  loug  indif- 
féremment. 

On  peut  dire  que  le  catalogue  publié  aujourd'hui  par  M.  H.  Stevenson 
est  définitif.  Il  met  plei  lement  en  lumière  les  riche«?es  du  fonds  Pala- 
tin et  nous  fait  connaître  dans  leurs  moindres  détails  les  432  manus- 


290 

crits  grecs  qu'il  contient  ;  c'est  un  modèle  également  éloigné  de 
l'abondance,  souvent  inutile,  de  plusieurs  anciens  catalogues  et  de  la 
sécheresse,  quelquefois  obligée,  d'un  inventaire. 

A  la  suite  de  la  description  des  432  volumes  grecs  du  fonds  Palatin, 
sont  placés  différents  index  des  manuscrits  datés  (depuis  897  jusqu'en 
1599),  des  noms  des  copistes,  des  anciens  possesseurs,  en6n  un  très 
complet  Index  nominum  rerumque  (terminé  par  uae  table  des  vies  de 
saints)  dans  lequel  l'emploi  de  chiffres  gras  de  même  corps  que  les 
autres  caractères,  pour  désigner  les  numéros  des  manuscrits,  fait  le  plus 
heureux  effet. 

M.  H.  Stevenson  fils  doit  traiter  complètement,  dans  un  prochain 
volume,  l'histoire  des  anciennes  bibliothèques  monastiques  ou  privées 
qui  ont  contribué  à  former  la  bibliothèque  Palatine.  C'est  un  travail 
qui  ne  manquera  pas  de  jeter  une  vive  lumière  sur  l'histoire  littéraire 
du  xv°  et  du  xvp  siècle  et  que  salueront  avec  reconnaissance  tous  les 
érudits  qui  s'intéressent  à  l'histoire  de  la  Renaissance. 

On  me  permettra,  en  attendant,  de  présenter  quelques  notes  à  propos 
de  la  liste  des  anciens  possesseurs  des  manuscrits  grecs  du  fonds  Palatin. 
Plusieurs  des  bibUothèques  particulières  dont  on  rencontre  des  volumes 
isolés  dans  cette  collection  sont  aussi  représentées  dans  le  fonds  grec 
de  la  Bibliothèque  nationale  ou  dans  différentes  autres  grandes  biblio- 
thèques : 

Aristobule  (Arsène)  Apostolios,  archevêque  de  Monembasie  (1465-1535), 
sur  lequel  on  peut  consulter  la  Bibliographie  hellénique  de  M.  E.  Legrand 
(I,  cLxv-GLxxiv),  a  possédé  les  quatre  manuscrits  Palat.  gr.  139,  149, 
356  et  358.  On  pourrait  aussi  citer  au  Vatican  plusieurs  manuscrits  qui 
lui  ont  appartenu  et  on  en  retrouve  aujourd'hui  bon  nombre  d'autres 
dispersés  dans  différentes  collections.  A  Paris,  la  Bibliothèque  natio- 
nale possède  trente-deux  manuscrits  grecs  provenant  d'Aristobule 
Apostolios;  il  y  en  a  encore  à  Berne  (B.  48),  à  Bruxelles  (n°s  74,  83, 
90,  95),  à  Leyde  (Voss.  gr.  mise.  22),  à  Londres  (Arundel,  530,  et  Addit. 
ms.  5108),  à  Madrid  (N.  13),  à  Moscou  (n°  10),  à  Turin  (n°  4),  à  Vienne 
(Theol.,  34,  93,  195;  Hist.  eccles.,  22,  61),  etc. 

Estienne  (Henri).  L'index  des  possesseurs  mentionne  le  ms.  Palat. 
gr.  421,  qui  contient  la  première  partie  de  la  Bibliothèque  de  Photius, 
comme  ayant  appartenu  peut-être  à  Henri  Estienne.  Un  autre  exem- 
plaire de  la  Bibliothèque  de  Photius,  possédé  par  Henri  Estienne,  est 
maintenant  à  Londres  (Harley,  5591-5593);  et  différents  manuscrits 
qui  ont  appartenu  au  célèbre  typographe  parisien  se  trouvent  encore  à 
Paris  (Suppl.  gr.,  328),  à  Leyde  (Voss.  gr.  4°,  18  et  20),  à  Londres  (Old 
Royal,  16.  G.  XI)  et  à  Turin  (n»  11). 

Froben.  Le  ms.  Palat.  gr.  402  provient  de  la  bibliothèque  des  Domi- 
nicains de  Bàle  et  a  plus  tard  appartenu  à  l'imprimeur  Froben.  On  sait 
que  la  plupart  des  mss.  grecs  des  Dominicains  de  Bâle  (aujourd'hui  à 


29i 

la  bibliothèque  de  l'Université  de  cette  ville)  proviennent  du  legs  du 
cardinal  Jean  de  Raguse  (f  1443).  Je  citerai  encore  un  ms.  de  Jérôme 
Froben  à  Oxford  (Mise.  gr.  27). 

Georges  Corinthios  (le  comte),  originaire  de  Monembasie  et  neveu 
d'Arsène  Apostolios  (E.  Legrand,  op.  cil.,  I,  252),  possédait  une  riche 
bibliothèque,  dont  plusieurs  volumes  avaient  précédemment  appartenu 
au  Cretois  Marc  Mamounas.  Sa  bibliothèque,  comme  celle  de  son  oncle, 
est  aujourd'hui  dispersée  un  peu  partout.  M.  Stevenson  mentionne 
comme  provenant  de  lui  les  deux  manuscrits  Palat.  gr.  362  et  369  ;  il 
faut  pout-étre  y  joindre  les  n»»  204  et  208  qui  ont  appartenu  à  Marc 
Mamounas.  On  a  à  Paris  cinq  mss.  grecs  de  la  bibliothèque  de  Georges 
Corinthios,  un  autre  est  à  Londres  (Add.  ms.  '18232),  un  à  Naples  (IL 
A.  M),  trois  à  Oxford  (Barocci,  4, 155,  231),  dix-huit,  et  peut-être  plus, 
à  Vienne. 

Guarin  de  Vérone.  La  bibliothèque  du  célèbre  humaniste  n'est  repré- 
sentée que  par  un  seul  ms.  grec  dans  le  fonds  Palatin  (n"  106).  Je  signa- 
lerai d'autres  mss.  grecs  de  Guarin  de  Vérone  à  Paris  (ms.  grec  2772), 
à  Vienne  (Philos.,  37),  à  Wolfenbûttel  (n°^  536,  936-938,  940  et  941). 

Marc  Musurus  (E.  Legrand,  op.  cit.,  I,  cvm-cxxiv)  a  possédé  les  mss. 
Palat.  gr.  261  et  287.  On  retrouve  encore  les  débris  de  la  bibliothèque 
du  grand  helléniste,  qui  a  si  puissamment  contribué  à  la  renaissance 
des  lettres  grecques,  dans  plusieurs  bibliothèques,  sans  parler  de  diffé- 
rents manuscrits  conservés  dans  d'autres  fonds  de  la  bibliothèque 
V^aticane.  Les  mss.  grecs  2799,  2810,  2858,  2915  et  2947  de  Paris  ont 
appartenu  à  Marc  Musurus,  de  même  que  le  ms.  gr.  127  de  Modène. 

Michel  Sophianos,  fils  de  Georges  (f  1564),  fut  l'ami  des  principaux 
humanistes  du  xvi^  siècle  :  J.-V.  Pinelli,  Pierre  Nunez,  Pierre  Vettori, 
Joachim  Camerarius,  Henri  Estienne,  Paul  Manuce,  etc.  (E.  Legrand, 
op.  cit.,  II,  168-176).  On  a  un  ms.  grec  de  lui  dans  le  fonds  Palatin 
(n"  403)  ;  j'en  citerai  d'autres  à  Paris  (gr.  545  et  1750),  à  Munich  (gr.  50, 
81,  88),  à  Vienne  (Philos.,  53,  Hist.  eccles.,  27). 

Pacius  (Jules),  de  Beriga.  Sur  ce  célèbre  jurisconsulte,  on  peut  con- 
sulter, outre  la  iVo<î!cc  de  M.  Berriat-Saint-Prix,  publiée  en  1840  dans  la 
Revue  étrangère  et  française  de  législation  (tirée  à  part,  avec  additions), 
un  récent  travail  de  M.  Ch.  Revillout,  le  Jurisconsulte  Jules  Pacius  de 
Beriga  (Montpellier,  1882,  in-4''),  et  le  compte  rendu  de  cet  ouvrage  par 
M.  Ph.  Tamizey  de  Larroque  dans  la  Revue  des  questions  historiques 
(octobre  1883).  Douze  mss.  grecs  ayant  appartenu  à  Pacius  entrèrent  en 
1592  dans  la  bibliothèque  Palatine  (Stevenson,  Introduction,  p.  xxvm). 
Un  catalogue  des  mss.  grecs  de  Pacius  se  trouve  à  Carpentras  parmi 
les  papiers  de  Peiresc. 

Philelphe  (François).  On  conserve  dans  le  fonds  palatin  (n"  282)  un 
ms.  grec  qui  a  appartenu  au  célèbre  humaniste.  La  meilleure  partie  des 
mss.  grecs  de  la  bibliothèque  de  Philelphe  est  aujourd'hui  à  Florence; 


292 

je  citerai  encore  trois  mss.  grecs  de  Paris  (11"^  2110,  2623  et  2978),  un 
ms.  de  Leyde  (Scaliger,  26),  et  un  ms.  de  Wolfenbiittel  (n"  393),  qui  ont 
fait  partie  de  sa  collection. 

Le  catalogue  des  manuscrits  latins,  qui  viennent  à  la  suite  des  manus- 
crits grecs  dans  le  fonds  Palatin,  est  en  grande  partie  imprimé  et  la 
mise  en  vente  du  premier  volume  est  déjà  annoncée  ;  viendront  ensuite 
les  manuscrits  grecs  des  fonds  de  la  reine  de  Suède,  de  Pie  II  et  d'Ur- 
JDin,  dont  M.  H.  Stevenson  a  aussi  rédigé  les  catalogues.  Ces  volumes, 
on  a  tout  lieu  de  l'espérer,  ne  se  feront  pas  longtemps  attendre.  Ils  ne 
le  céderont  pas  en  intérêt  à  la  description  des  manuscrits  grecs  du  fonds 
palatin  qui  ouvre  la  nouvelle  série  des  catalogues  du  Vatican,  dont  la 
publication,  interrompue  depuis  plus  d'un  siècle,  est  ainsi  très  heureu- 
sement reprise  sous  la  haute  direction  de  notre  éminent  compatriote, 
le  cardinal  J.-B.  Pitra,  comme  un  gage  nouveau  de  la  protection 
accordée  aux  lettres  par  le  souverain  pontife. 

H.  Omont. 


Mittheilungen  des  Instituts  fur  oesterreichische  Geschichtsforschung. 
Unter  Mitwirkung  von  Th.  Sickel,  etc.,  redigirt  von  E.  Mûhl- 
BiCHER.  V.  Band,  -1884;  VI.  Band,  -1885  5  I.  Erganzungsband , 
•1885.  Innsbruck,  Wagner.  In-8o,  3  vol. 

Grâce  à  la  création  des  fascicules  supplémentaires,  qui  paraissent 
depuis  deux  ans  à  époques  variables  et  forment  une  série  distincte,  le 
nombre  des  volumes  de  la  revue  de  l'Institut  historique  viennois, 
publiés  en  1884  et  1885,  s'élève  à  trois  :  les  tomes  V  et  VI  de  la  série 
ordinaire  et  le  premier  volume  supplémentaire  ou  Erganzungsband. 
La  plupart  des  articles  concernent  l'histoire  de  l'Empire  ou  celle  des 
divers  États  allemands.  Voici  l'indication  sommaire  de  ceux  qui  ont 
une  portée  plus  générale  ou  un  intérêt  plus  direct  pour  les  lecteurs 
français. 

Diplomatique  pontificale.  —  M.  E.  Kaltenbrunner  étudie  successive- 
ment les  registres  des  bulles  pontificales  au  xni^  siècle  (vol.  V,  p.  213),  un 
cartulaire  du  saint-siège,  le  Liber  rubeus,  commencé  par  ordre  de  Pie  II, 
à  Sienne,  en  1460  (V,  618),  et  les  plus  anciens  registres  des  brefs,  qui 
ne  remontent  qu'au  xv«  siècle  (VI,  79).  —  M.  E.  v.  Ottenthal  donne 
des  notions  sommaires  sur  les  registres  pontificaux  des  années  1304 
à  1308  (V,  128),  une  description  détaillée  de  ceux  de  Martin  V  et  d'Eu- 
gène IV,  papes  de  1416  à  1447  (Erg.,  I,  401),  et  des  remarques  sur  les 
registres  de  la  chambre  apostolique  au  xv  siècle  (VI,  614).  —  M.  Em. 
Werunsky  présente  des  observations  sur  les  registres  de  Clément  VI  et 
d'Innocent  VI,  1342-1362  (VI,  140).  —  M.  J.  v.  Pflugk-Harttung  étudie 
un  caractère  des  bulles  originales  de  Léon  IX  (1049-1054)  et  de 
quelques-uns  de  ses  successeurs,  le  comma,  signe  de  forme  variable. 


293 

placé  après  le  monogramme  qui  représente  les  mots  Dene  valete  (V, 
434).  _  M.  W.  Dickamp  décrit  une  bulle  de  Léon  IX  pour  Andlau, 
n»  3194  de  Jaffé,  retrouvée  en  original  aux  archives  de  la  ville  de  Stras- 
bourg (V,  141). 

France  :  Mérovingiens.  —  On  sait  la  grande  place  que  tiennent  les 
Syriens  dans  les  récits  de  Grégoire  de  Tours.  11  est  évident  que  les 
hommes  do  cette  nationalité  étaient  très  nombreux  en  Gaule  à  l'époque 
mérovingienne.  M.  Scheffer-Boichorst  montre  qu'ils  n'étaient  pas 
moins  répandus  dans  tout  le  reste  du  monde  romain,  où  ils  faisaient  un 
commerce  étendu  (VI,  521).  Peut-être  n'étaieut-ils  guère  moins  nom- 
breux que  les  Juifs.  Il  en  fut  ainsi  jusqu'à  la  conquête  de  la  Syrie  par 
les  Musulmans,  qui  mit  fin  aux  relations  commerciales  entre  ce  pays  et 
l'Occident  chrétien. 

France  :  Carolingiens.  —  M.  Scheffer-Boichorst  soumet  à  un  exa- 
men critique  le  récit  contenu  dans  la  vie  du  pape  Adrien  I",  sur  la 
promesse  de  donation  de  territoires  étendus  en  Italie,  faite  au  saint- 
siège  par  Pépin  et  renouvelée  par  Charlemagne  en  774  (V,  193).  Il 
conclut  à  l'authenticité  de  ces  promesses  et  à  l'exactitude  des  faits 
racontés  par  le  biographe  du  pape.  Il  croit  seulement  que  l'indication  des 
limites  des  territoires  promis  a  été  falsifiée  après  coup.  —  M.  Miihl- 
bacher  publie  une  série  de  diplômes  inédits  des  souverains  allemands  du 
ix«,  du  xe  et  du  xf  siècle,  et,  en  tête,  deux  diplômes  de  Louis  le  Pieux 
pour  le  monastère  itaUen  de  Montamiata,  17  novembre  816  et  27  octobre 
821  iV,  378). 

Alsace-Lorraine.  —  M.  Al.  Schulte  étudie  les  annales  écrites  dans 
divers  couvents  d'Alsace  à  l'épociue  des  Ilohenstaufen  (V,  513).  Il  n'ac- 
corde pas  aux  Annales  Argentinenses  l'importance  qu'a  voulu  leur  donner 
leur  premier  éditeur,  Grandidier;  loin  d'y  reconnaître,  avec  celui-ci, 
la  source  de  toutes  les  chroniques  alsaciennes  de  cette  époque,  il  y  voit 
une  compilation  de  plusieurs  ouvrages,  dont  quelques-uns  sont  aujour- 
d'hui perdus.  Quant  à  la  chronique  connue  sous  le  nom  à'Amiales 
Marbacenses,  il  repousse  l'opinion  de  ceux  qui  la  croient  écrite,  soit  à 
Marbach,  près  de  Golmar,  soit  au  monastère  de  la  Trinité  de  Stras- 
bourg, et  il  l'attribue,  avec  Bohmer,  au  monastère  cistercien  de  Neu- 
bourg,  près  de  llaguenau. 

Histoire  des  découvertes.  —  M.  Fr.  Wieser  publie,  d'après  l'original 
conservé  à  la  bibliothèque  de  Saint-Marc  à  Venise,  une  dépêche  ita- 
lienne de  Gaspar  Contarini,  datée  de  Valladolid,  le  24  septembre  1522; 
c'est  l'un  des  plus  anciens  documents  oii  se  trouve  relaté  le  voyage  de 
Magellan  autour  du  monde  (V,  446). 

Histoire  des  arts.  —  M.  Simon  Laschitzer  traite,  d'une  façon  complète, 
en  plus  de  cinquante  pages  de  texte  serré,  des  meilleures  méthodes  à 
suivre  pour  la  rédact""on  des  catalogues  d'estampes  et  de  gravures 
(V,  565).  —  M.  K.  WencU  traite  des  inventaires  du  trésor  des  papes  au 


294 

xiii^  et  au  xiv  siècle  et  publie  le  catalogue  des  livres  de  Benoît  XI, 
dressé  en  13H  (VI,  270).  —  M.  E.  v.  Ottenthal  publie  quelques  notes 
tirées  des  registres  du  saint-siège  sous  Martin  V  et  Eugène  IV,  de 
1421  à  1441;  ces  notes  peuvent  servir  à  compléter  les  renseignements 
donnés  par  M.  Mûntz  dans  ses  études  sur  les  Arts  à  la  cour  des  impes 
(V,  440).  —  M.  Thausing  confirme  l'attribution  à  Michel  Wolgemut 
d'un  grand  nombre  de  pièces  dessinées  ou  gravées,  qui  sont  signées  d'un 
W,  et  dont  on  a  fait  honneur,  à  tort,  à  Wenceslas  d'Olmiitz  (V,  121). 
Il  publie  en  même  temps  une  pièce  qui  montre  Wolgemut  intéressé 
commercialement  dans  une  entreprise  de  librairie,  la  publication  d'un 
ouvrage  illustré,  la  Chronica  mundi  de  Hartmann  Schedel. 


Eine  Augustin  fdlschlich  beilegte  Homilia  de  sacrilegiis,  aus  einer 
Einsiedeler  Handschrift  des  achlen  Jahrhunderts  herausgegeben 
und  mit  kritischen  und  sachlichen  Anmerkungen  ^  sowie  mit 
einer  Abhandlung  begleitet  von  D''  G.  P.  Gaspari.  Christiania, 
Jacob  Dybwad,  ^886.  In-8%  73  pages. 

Le  sermon  que  M.  le  D'"  Gaspari  vient  de  tirer  d'un  manuscrit  de 
l'abbaye  d'Einsiedeln,  copié  en  caractères  mérovingiens,  est  rempli  de 
renseignements  les  plus  curieux  sur  les  superstitions  populaires.  Les 
commentaires  que  l'éditeur  y  a  joints  en  augmentent  encore  l'intérêt. 

iEiVEAE  SiLVii  PiccoLOMiivi  Seuensis  qui  postea  fuit  Pins  II  Pont.  Max. 
opéra  inedita.  Descripsit  ex  codicibus  Chisianis  vulgavit  notisqiie 
illustravit  Josephus  Gugnoxi,  Ghisianae  Bibliotheca3  prsefectus. 
[Atti  délia  R.  Accademia  dei  Lincei.  Anno  GCLXXX-1 882-83. 
Série  terza.  Memorie  délia  classe  di  scienze  morali  storiche  et  filo- 
logiche.  Volume  VIII.  Roma,  1883.) 

^Eneas  Silvius  Piccolomini,  élevé  au  trône  pontifical  en  1458,  et  qui 
prit  le  nom  de  Pie  II',  a  laissé  de  nombreuses  lettres,  divers  écrits  en 
prose  et  une  certaine  quantité  de  pièces  de  poésie^.  Si  tous  ces  mor- 
ceaux n'ont  pas  une  égale  valeur,  ils  témoignent  du  moins  d'une  véri- 
table érudition,  d'une  conviction  ardente,  mais  trop  fréquemment 
aussi  d'une  violence  excessive.  Les  curieux  et  nombreux  fragments  que 

1.  Né  le  19  octobre  1405,  il  mourut  le  14  août  1464. 

2.  L'édition  des  œuvres  de  Pie  II  dont  s'est  servi  M.  J.  Cugnoni  est  celle 
de  Bàle{l  vol.  in-fol.,  1551).  Il  a  naturellement  employé  aussi  les  lettres  décou- 
vertes et  éditées  par  G.  Voigt  {Archiv  fur  Kunde  oesterreicMscher  Geschichis- 
quellcn,  vol.  XVI,  1856).  M.  J.  Cugnoni  signale  enfln  dans  la  bibliothèque 
Chigi  un  précieux  exemplaire  des  œuvres  de  Pie  II  (édition  de  Nuremberg,  1481) 
et  qui  porte  en  marge  des  observations  de  la  main  de  Pie  III. 


295 

M.  J.  Cugnoni  a  mis  au  jour  ne  font  que  confirmer  l'opinion  que,  sur 
ce  point,  on  avait  déjà  de  Pic  II. 

Le  nouvel  éditeur  a  fourni  un  très  important  complément  à  ce  qu'on 
connaissait  des  œuvres  de  ce  pape  ;  on  s'en  convaincra  en  remarquant 
que  ses  additions  occupent  307  pages  du  volume  VIII  des  Mémoires  de 
l'Académie  de  Lincei.  Un  fac-similé  de  l'écriture  d'iEneas  Silvius 
accompagne  les  textes  inédits '. 

Mais,  comme  l'a  fait  remarquer  M.  Cuguoni  dans  sa  préface,  il  a 
réuni  les  matériaux  d'une  nouvelle  édition,  plutôt  qu'il  ne  l'a  faite;  en 
effet,  il  s'est  borné  à  publier  les  fragments  inédits  sans  les  relier  les 
uns  aux  autres  par  les  parties  déjà  connues.  Ce  plan  rend  assez  difficile 
l'usage  de  ces  documents,  car  il  faut  continuellement  se  reporter  aux 
éditions  antérieures  pour  ce  qui  a  été  précédemment  publié. 

Une  table  onomastique  eût  été  vraiment  indispensable;  on  peut 
également  regretter  la  rareté  des  notes,  qui  ne  tiennent  pas  toujours  ce 
que  la  préface  semble  promettre. 

Enfin,  pour  en  finir  avec  les  critiques  de  détail,  il  est  tout  à  fait 
fâcheux  de  voir  l'éditeur  s'obstiner  dans  l'étrange  méthode  qui  con- 
siste à  ne  signaler  par  des  majuscules  que  les  noms  propres  qui  en  ont 
dans  les  manuscrits  ;  or,  chacun  sait  combien  l'usage  de  cette  nature  de 
lettres  a  été  arbitraire  au  moyen  âge  :  il  s'en  suit  une  véritable  confu- 
sion dans  les  textes  imprimés  2. 

Les  manuscrits  utilisés  par  M.  Cugnoni  appartiennent  tous  au  dépôt 
dont  la  garde  lui  est  confiée;  ils  sont  au  nombre  de283.  A  leur  descrip- 
tion, véritablement  bien  rapide,  succède  un  catalogue  des  manuscrits 
composant  la  bibliothèque  d'iEneas  Silvius,  et  qui  passèrent  en  partie 
dans  la  collection  particulière  d'Alexandre  VII  (Fabio  Chigi). 

Quant  à  la  raison  qui  a  fait-omettre  dans  les  anciennes  éditions  un  si 
grand  nombre  de  pièces,  c'est  l'intention  même  de  Pie  II,  lequel  dans 
le  manuscrit  F  a  fait  suivre  les  passages  à  supprimer  des  mots  : 
«  dimittc,  —  dimitte  banc,  —  dimittatur,  —  dimitte  totum''*.  » 

La  publication  de  M.  Cugnoni  ajoute  à  la  fois  aux  lettres,  aux  dis- 
cours, aux  «  narrationes  »,  enfin  aux  autres  œuvres  de  Pie  II.  Parmi 


1.  M.  J.  Cugnoni  avertit  très  loyalement  ses  lecteurs  qu'il  s'est  servi  d'un  cata- 
logue des  œuvres  éditées  et  inédites  de  Pie  II,  catalogue  qui  avait  été  rédigé  par 
le  comte  Scipione  Borghesi,  de  Sienne. 

2.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  regrettable,  c'est  que,  page  327,  M.  Cugnoni  considère 
la  rareté  des  majuscules  comme  un  des  mérites  de  son  édition. 

3.  Parmi  ces  manuscrits,  nous  en  citerons  deux  remarquables.  Le  premier, 
cité  par  l'éditeur  sous  la  lettre  F,  et  qui  est  coté  K  \'I.  208,  contient  les  cor- 
rections originales  de  l'auteur;  le  second,  désigné  par  la  lettre  R,  et  coté  I.  VU. 
251,  est  autographe  dans  plusieurs  de  ses  parties. 

i.  Voir  la  note  précédeiue. 


296 

ses  lettres  inédites,  il  en  est  quelques-unes  qui  intéressent  tout  par- 
ticulièrement l'histoire  de  France. 

Mais,  si  la  plupart  de  ces  documents  n'ont  pas  été  publiés,  il  en  est 
un  au  moins  dont  il  paraît  difficile  de  justifier  l'insertion  dans  un  recueil 
consacré  exclusivement  aux  œuvres  de  Pie  II;  il  est,  de  plus,  déjà 
connu.  C'est  la  lettre  par  laquelle  Sigismond,  duc  d'Autriche,  demande  à 
Charles  VII,  au  nom  de  la  solidarité  qui  doit  lier  les  princes  entre  eux, 
de  l'aider  dans  la  répression  de  la  révolte  des  Suisses*.  M.  de  Beau- 
court  a  signalé  l'original  2  et  en  même  temps  une  impression  de  cette 
pièce  dans  VAlsatia  diplomatica  de  Schœpflin^. 

Les  autres  lettres  publiées  par  M.  J.  Cugnori  traitent  de  graves 
matières  ecclésiastiques. 

Le  premier  de  ces  documents  qui  ait  rapport  à  la  France'*,  daté  du 
26  juin  1457,  et  adressé  par  Calixte  III  à  Charles  VII"',  apour  objet  les 
plaintes  que  le  pape  formule  contre  divers  arrêts  du  Parlement  de  Paris, 
qui  s'était  immiscé  dans  une  affaire  purement  ecclésiastique.  Il  s'agis- 
sait d'un  chevalier  Jean  d'Albiest,  du  diocèse  de  Nantes,  qui,  après  avoir 
été  excommunié  par  son  évêque  Guillaume  de  Malestroit*'  pour  avoir 
porté  la  main  sur  un  clerc,  avait  voulu  porter  l'affaire  au  Parlement; 
celui-ci  s'était  empressé,  malgré  son  incompétence,  de  la  retenir  et  de 
condamner  sévèrement  le  prélat ''. 

Le  pape  résume  ainsi,  avec  une  grande  clarté,  les  griefs  que  prétend 
avoir  Charles  VII  : 

1°  Le  roi  soutient  que  le  temporel  du  siège  de  Nantes  relève  de  lui- 
même,  ce  que  conteste  l'évêque.  De  son  côté,  le  duc  de  Bretagne 
réclame  ce  droit  pour  lui  s. 

1.  P.  386. 

2.  Chronique  de  Mathieu  d'Escouchy,  t.  I,  p.  9,  note  1. 

3.  Schœpilin  a  publié  en  même  temps  la  lettre  que  le  roi  des  Romains  écrivit 
aussi  à  Charles  VII  (t.  II,  p.  371  et  372).  La  date  donnée  par  l'original  (B.  N., 
Franc.  6963,  n°  1)  est  celle  du  21  août  1443.  M.  J.  Cugnoni  donne  la  date  du 
22  août. 

4.  LIX,  p.  442. 

5.  La  lettre  est  suivie  de  la  mention  «  diclata  per  Eneam  cardinalem  Senensem.  » 

6.  Par  suite  d'une  faute  d'impression  sans  doute,  M.  Cugnoni  imprime  Guil- 
laume de  Malêboit  (p.  442,  noie  3).  Sur  cet  évêque,  voir  Gallia  christiana, 
i.  XIV,  col.  829.  Jean  d'Albiest  était  probablement  au  service  du  duc  de  Bretagne. 

7.  Jîneas  Silvius,  alors  cardinal  du  titre  de  Sainte- Sabine,  avait  été  chargé  par 
le  pape  d'écouter  les  explications  du  commissaire  royal  et  des  procureurs  de 
l'évêque  de  Nantes. 

8.  La  question  du  temporel  des  églises  de  Bretagne  provoqua  sous  Louis  XI 
des  réclamations  assez  vives;  à  ce  sujet,  Pie  II  envoya  en  France  le  légat  Jean 
Cesarini,  qui  fut  arrêté  par  ordre  du  roi.  Voir  sur  ces  questions  :  le  Cardinal 
Jean  Jouffroij  et  son  temps,  1412-1473,  par  M.  Fierville  (Coutances,  1874,  in-8°). 


297 

2»  Il  veut  que  le  pape  fasse  lever  la  sentence  d'excommunication 
prononcée  par  l'évèque  de  Nantes. 

A  ces  prétentions,  le  pape  répond  qu'il  ne  peut  être  question  do  laisser 
décider  au  Parlement  si  lo  temporel  de  l'évèché  de  Nantes  relève  ou 
non  du  roi  do  France.  Aussi,  il  propose  de  s'en  remettre  à  la  décision 
d'une  commission  arbitrale.  Dès  que  Charles  YII  aura  adhéré  à  cette 
offre,  le  saint-père  désignera  un  prélat  du  royaume  qui  sera  chargé 
d'absoudre  les  excommuniés. 

Une  des  lettres  suivantes'  nous  reporte  à  quelques  années  plus  tard 
(1463).  ^Enoas  Silvius  a  été  élu  pape  et  Louis  XI  a  succédé  à  son  père. 
Louis  XI  venait  d'abroger  la  Pragmatique  Sanction.  A  défaut  de 
témoignage  plus  effectif  de  reconnaissance,  Pie  II  l'avait  vivement  féli- 
cité et  remercié;  il  avait  même  consenti  à  donner  le  chapeau  à  Jean 
Jouflroy,  d'abord -évêque  d'Arras,  et  qui  allait  échanger  ce  siège  pour 
celui  d'Albi.  Mais  Louis  XI,  qui,  lorsqu'il  n'était  que  dauphin, 
avait  eu  des  obligations  particulières  à  Jouffroy,  voulut  lui  faire  avoir 
en  outre  l'archevêché  de  Besançon  et,  dans  ce  but,  vanta  au  pape  la 
part  que  l'évoque  d'Arras  avait  eue  dans  l'abrogation  de  la  Pragma- 
tique. Mais  le  pape,  déjà  fort  hostile  au  conseiller  de  Louis  XI,  refusa 
énergiquement  de  donner  deux  églises  cathédrales  à  un  même  prélat; 
et  c'est  là  l'objet  de  la  lettre  que  nous  venons  d'analyser. 

Dans  une  autre  lettre-,  datée  du  6  octobre  1463,  Pie  II  reproche  au 
roi  les  termes  dont  il  s'est  servi  à  son  égard-'.  En  outre,  les  attaques 
contre  Jean  Jouffroy  prennent  un  caractère  particulier  d'âpre  té  :  «  Dicis 
«  quod  placet,  et  quod  perversi  suggerunt  homines...  Impie  agit  qui 
a  talibus  artibus  venatur  gratiam  tuam.  »  Enfin,  le  saint-père  réclame 
contre  larrestation  de  Jean  Cesarini,  son  légat  pour  les  allaires  do  la 
régale  en  Bretagne'^,  demande  la  punition  de  ceux  qui  l'ont  saisi  et 
proteste  qu'il  n'a  voulu  en  aucune  façon  attenter  aux  droits  du  roi.  En 
dernier  lieu,  il  ajoute  à  l'adresse  du  cardinal  d'Albi  :  «  Studendum  est 
«  ut  viri  boni  sint,  qui  nos  inter  et  te  negotia  tractent.  » 

Vers  la  fin  de  l'année  1463  ou  les  premiers  mois  de  1464,  la  dignité 
de  trésorier  de  l'église  d'Angers  et  un  canonicat  de  l'église  de  Paris 
ayant  été  déclarés  vacants,  Louis  XI  pria  Pie  II  d'en  investir  son  con- 
seiller Jean  Balue;  en  même  temps,  il  annonçait  au  pape  que  l'intéressé 
avait  été  mis  en  possession  par  l'autorité  ordinaire,  et  qu'il  le  soutien- 
drait envers  et  contre  tous. 


1.  LXII,  p.  450. 

2.  LXIII,  p.  451. 

3.  ff  Ex  Ambosia  scripsisli  nobis  que  voluisti.  » 

4.  Voir  plus  haut.  —  Cependant  il  fut  assez  rapidement  relilclié;  car  pen- 
dant qu'il  écrivait  cette  lellre,  le  pape  savait  que  Jean  Cesarini  revenait  à 
Rome. 

20 


298 

Pie  II,  dans  une  lettre  <  datée  du  4  avril  1464,  refusa  pour  trois 
raisons  :  1°  parce  qu'il  a,  par  grâce  expectative,  disposé  de  la  succession 
à  la  dignité  de  trésorier  de  l'église  d'Angers  ;  2"  parce  que  Jean  Balue, 
ayant  mis  la  main  sur  des  bénéfices  réservés  au  saint-siège  et  s'y  ins- 
tallant comme  un  intrus,  s'est  rendu  indigne;  3°  parce  que  le  roi 
prétend  défendre  cette  intrusion  envers  et  contre  tous.  Si  le  roi  veut 
agir  ainsi  qu'il  le  dit,  pourquoi  demander  au  pape  ce  qui  ne  dépend 
que  du  pouvoir  royal  :  «  Si  quis  tibi  dixerit  :  da  mihi  hoc  castellum, 
«  aut  ego  vi  captum  retinebo;  scimus  non  ferres  animo  equo.  »  Tel  est 
pourtant  le  raisonnement  tenu  par  le  roi,  ou  plutôt  par  un  conseiller 
assez  peu  spirituel,  «  cujus  non  est  sufficienti  sale  conditus  animus.  » 
En  conséquence,  le  pape  refuse  et  engage  le  roi  à  se  calmer. 

On  vient  de  voir  quelle  était  en  style  officiel  l'opinion  de  Pie  II  sur 
Jean  JouÊfroy;  lorsqu'il  écrivait  en  son  particulier,  le  pape  se  croyait 
tenu  à  moins  de  modération.  Dans  la  partie  de  ses  «  narrationes,  »  qui 
était  restée  inédite  jusqu'à  la  publication  de  M.  J.  Cugnoni^,  on  ren- 
contre fréquemment  des  phrases,  dont  la  moins  choquante  est  celle-ci  : 
«  Fuit  enim  vorax  et  vini  potor  immoderatus,  quo  postquam  incaluit, 
«  nuUum  sui  servavit  imperium.  »  Il  nous  paraît  inutile  de  continuer 
des  citations,  dont  quelques-unes  seraient  scandaleuses,  d'autant  que 
l'opposition  de  Jean  Jouffroy  à  divers  projets  de  Pie  II  ne  saurait  jus- 
tifier de  pareils  écarts  de  langage.  On  comprendra  aisément  d'ailleurs 
que,  sans  accepter  aveuglément  l'opinion  de  M.  Fierville,  l'historien  de 
Jean  Jouffroy,  et  qui  nous  semble  peut-être  un  peu  partial  pour  son 
personnage,  on  ne  puisse  adopter  comme  démontrées  les  honteuses 
accusations  que  Pie  II  a  portées  contre  lui. 

H.  MORANVILLÉ. 


F.  DE  MÉLY.  Le  Trésor  de  Chartres,  ^3^  0-1773.  Paris,  Picard,  1886. 

ln-80,  XLix-136  pages. 
L.   Palustre   et  X.  Barbier   de  Montault.  Le   Trésor  de  Trêves. 

30  planches  en  phototypie  par  P.  Albert- Dujardin.  {Mélanges  d'art 

et  d'archéologie.  Première  année.)  Paris,  Picard,  -1886.  In-4'', 

viii-60  pages. 

Le  premier  de  ces  ouvrages  a  pour  objet  principal  la  publication  d'un 
inventaire  dressé  en  1682  par  un  des  chanoines  de  la  cathédrale  de 
Chartres,  à  l'époque  où  le  trésor  était  dans  tout  son  éclat.  Mais  ce  n'est  point 
une  simple  nomenclature,  brève  et  aride,  que  l'éditeur  nous  présente. 
Les  actes  capilulaires  du  chapitre,  qui  faisait  à  époque  fixe  des  relevés 
de  ses  reliques  et  de  ses  richesses  artistiques  (ces  registres  sont  à  la 

1.  LXX,  p.  460. 

2.  P.  546. 


299 

bibliothèque  de  la  ville)  ;  le  nécrologe  consignant  les  noms  des  dona- 
teurs; les  inventaires,  les  pièces  originales  ou  les  travaux  anciens  rela- 
tifs à  l'histoire  de  la  cathédrale,  et  conservés  aux  archives  d'Eure-et- 
Loir,  tous  ces  documents  ont  été  pour  M.  de  Mély  l'occasion  d'un 
commentaire  descriptif  et  historique  aussi  utile  qu'abondant. 

Une  quinzaine  de  gravures  obtenues  par  le  procédé  héliographique 
apportent  un  intérêt  do  plus  à  l'étude  des  principaux  objets,  parmi  les- 
quels il  faut  citer  le  calice  de  vermeil  à  fleur  de  lys,  donné  par  Henri  III 
en  1582;  la  navette  à  encens,  en  nacre  garnie  d'orfèvrerie  ciselée,  don- 
née par  Mr  Miles  d'IUiers  en  1540;  la  précieuse  étoffe  dite  voile  de  la 
Vierge;  le  grand  camée  de  Charles  V,  aujourd'hui  à  la  Bibliothèque  natio- 
nale; enfin  la  châsse  de  saint  Aignan.  Ce  splendide  morceau  d'émail- 
lerie  du  xni«  siècle  n'est  entré  au  trésor  que  depuis  la  Révolution,  mais 
l'auteur  n'a  pas  cru  devoir  l'omettre  dans  la  copieuse  introduction  qui 
précède  l'inventaire,  et  où  il  présente  au  lecteur  toute  la  chronique  du 
trésor,  avec  de  curieux  détails  sur  les  présents  apportés  par  les  rois  et 
les  princes.  Chartres,  en  effet,  a  attiré  do  tout  temps  de  nombreux  pèle- 
rinages, et  c'est  dans  sa  cathédrale  que  Henri  IV  se  fit  sacrer. 

La  Révolution  accomplit  là  comme  ailleurs  son  œuvre  habituelle  de 
profanation  et  de  ruine;  mais  plusieurs  pièces  d'un  grand  intérêt 
artistique  ont  été  sauvées  et  sont  conservées  aujourd'hui  dans  des 
musées;  l'auteur  a  eu  le  soin  de  les  replacer  au  rang  qu'elles  occupaient 
autrefois.  Une  table  exacte,  mais  qu'on  voudrait  un  peu  plus  complète, 
termine  le  volume,  que  distingue  une  impression  tout  à  fait  élégante. 
Il  serait  à  souhaiter  que  des  publications  analogues  nous  donnassent, 
pour  les  trésors  importants  de  nos  cathédrales,  un  guide  et  un  répertoire 
aussi  commode  et  aussi  soigneusement  préparé. 

Le  plan  du  volume  de  MM.  Palustre  et  Barbier  de  Montault  est  diffé- 
rent du  précédent.  Ils  ont  pris  dans  le  trésor  de  Trêves  et  dans  quelques 
autres  églises  de  la  même  ville  une  série  d'œuvres  importantes,  les  ont 
fait  reproduire  en  un  album  de  trente  planches  et  se  sont  appliqués  à 
les  éclaircir  chaque  fois  d'un  commentaire  spécial.  Ce  trésor  est  peu 
connu  et  d'une  composition  particulière;  les  pièces  y  sont  peu  nom- 
breuses, mais  originales  et  en  quelque  sorte  exceptionnelles.  Plusieurs 
sont  d'une  haute  importance.  Des  ivoires,  des  émaux,  de  l'orfèvrerie, 
des  miniatures  de  manuscrits  révèlent  à  Trêves,  au  x^  siècle  même,  une 
période  de  progrès  et  de  rénovation;  du  reste,  ni  vêtements  sacerdotaux, 
ni  grandes  châsses,  ni  vases  sacrés,  comme  la  plupart  des  trésors  d'église 
en  offrent  tant. 

Les  auteurs  ont  pris  soin,  disent-ils,  de  rechercher  les  provenances, 
le  procédé  d'exécution,  l'atelier  de  l'artiste;  «  la  description  a  été  faite, 
moins  pour  renseigner  'es  archéologues,  qui  savent  voir,  que  pour 
apprendre  aux  personnes  studieuses  mais  novices  la  méthode  d'obscr- 


300 

vation  et  d'investigation,  »  et  ils  ont  appelé  à  l'aide  «  la  liturgie  et  le 
symbolisme,  pour  la  vivifier.  » 

Je  m'empresse  d'ajouter  qu'il  n'y  a  pas  beaucoup  de  symbolisme  dans 
le  volume,  heureusement.  Cette  étude,  très  amusante  pour  certains 
esprits  ingénieux ,  est  bien  dangereuse  à  proposer  à  des  «  personnes 
novices.  »  Il  faut  être  tout  à  fait  fort  pour  jouer  avec  impunément. 
Le  symbolisme  ne  demande  pas  seulement  une  science  profonde  et 
exacte,  mais  un  jugement  sûr  et  un  sens  critique  impitoyable.  Encore 
est-il  toujours  bon  de  se  métier,  parce  qu'on  ne  sait  jamais  où  cela 
mènera.  L'œil  se  fait  au  demi-jour  des  hypothèses  et  découvre  des  clar- 
tés nouvelles  dans  ce  qui  n'est  au  fond  qu'une  fantaisie  isolée  ou  un 
fait  parfaitement  usuel.  Aussi  n'y  a-t-il  peut-être  pas  de  branche  de 
l'archéologie  qui  provoque  de  la  part  des  inhabiles  des  découvertes  ou 
des  renseignements  plus  naïfs  ou  plus  extravagants. 

La  grosse  critique  que  l'on  peut  adresser  au  Trésor  de  Trêves,  c'est 
l'insuffisance  des  planches.  Du  moment  qu'on  voulait  leur  donner  une 
place  d'honneur,  mieux  valait  en  réduire  le  nombre,  se  contenter  de 
vingt,  de  quinze  au  besoin,  bien  choisies,  et  reproduites  par  les  vrais 
procédés  de  photogravure  dont  on  dispose  aujourd'hui,  et  qu'emploie, 
dans  le  même  format,  la  Gazette  archéologique  par  exemple.  Il  est  juste 
de  dire  que  l'accès  de  ce  trésor  est  difficile;  il  est  probable  que  le  jour 
était  mauvais  et  les  photographies  difficiles  à  prendre.  Mais  il  est  regret- 
table que  pour  telle  ou  telle  pièce,  comme  l'ivoire  latin  du  v'  s.  (?  pi.  1), 
l'encensoir  d'argent  repoussé,  tin  xi-^  s.  (pi.  8),  dont,  paraît-il,  «  l'idée 
surtout  est  éminemment  symbolique,  »  le  reliquaire  aux  porteurs, 
xiv^  s.,  un  cuivre  doré.  (pi.  17),  la  couverture  du  Liber  aureus,  xv«  s. 
(pi.  21),  le  camée  antique  (pi.  27),  le  coffret  oriental  du  xn^  s.  (pi.  15), 
couvert  de  filigranes  délicats,  les  planches  soient  à  peine  capables  de 
donner  une  idée  générale  des  objets  que  le  texte  voisin  décrit  en  détail. 
Celles  du  tableau  de  la  vraie  croix,  du  xni^  s.  (pi.  21-25),  œuvre  bien 
connue,  chargée  d'émaux,  d'intailles,  de  fiUgranes,  avec  le  revers  de 
cuivre  gravé  ou  doré,  ne  sont  que  passables  :  c'est  dommage,  car  le 
monument  est  hors  ligne  et  certainement  un  des  spécimens  les  plus 
achevés  de  l'art  de  son  siècle. 

Yoici  quelques  planches  qui  valent  mieux  :  l'étui  du  saint  Clou, 
d'abord  (pi.  2),  ouvrage  allemand  du  x*"  siècle,  en  or  émaillé  et  cloisonné, 
une  des  plus  belles  pièces  du  trésor,  sans  contredit;  une  couverture 
d'évangéliaire,  xii^  s.  (pi.  14),  en  argent  doré,  avec  des  pierres  et  les  ani- 
maux des  évangélistes  en  relief  de  cuivre  doré,  d'un  dessin  très  vigou- 
reux; une  crosse,  xni«  s.  (pi.  16),  élégant  travail  de  Limoges.  Enfin,  je 
citerai  encore,  malgré  de  graves  défauts,  une  couverture  d'évangéliaire 
du  xn^  s.  (pi.  11),  avec  bordure  de  filigranes  à  pierres  et  plaques  émail- 
lées,  et  au  centre  une  crucifixion,  dont  les  trois  personnages,  qui  peuvent 
remonter  au  xi''  s.,  sont  très  intéressants;  le  triptyque  de  saint  André 


3o^ 

(pi.  9),  en  cuivre  doré  et  émaillé,  xir  s.,  comprenant  au  centre  une 
petite  statuette  xvi«  s.,  et  sur  les  côtés  six  précieux  petits  panneaux 
émaillés  avec  inscriptions;  enfin,  l'autel  portatif  du  x«  s.  (pi.  3-5),  pièce 
capitale,  ornée  d'une  riche  décoration  de  découpure  d'or,  de  perles, 
de  filigrane!.,  d'émaux,  d'intailles  et  de  pierres  précieuses  de  toute  sorte. 

H.   DE  CURZON. 


Les  Frères  Prêcheurs  en  Gascogne  au  XI II"  et  au  XI V^  siècle,  docu- 
ments inédits  publiés  pour  la  Société  historique  de  Gascogne,  par 
G.  Douais,  chanoine  honoraire  de  MoiiLpellier,  professeur  à  Tlns- 
tilut  calholique  de  Toulouse.  (Fascicules  vii"=  et  viii-^  des  Archives 
historiques  de  la  Gascogne.)  Paris,  Champion,  ^885.  In-8% 
509  pages. 

Nous  félicitions  naguère  M.  l'abbé  Douais  de  l'heureuse  idée  qu'il 
avait  eue  en  publiant  son  Essai  sur  l'organisation  des  études  dans  l'ordre 
des  Frères  Prccheurs,  exposé  très  net  et  très  complet  des  procédés  d'en- 
seignement usités  chez  les  Dominicains  contemporains  de  saint  Tho- 
mas. Le  même  auteur  n'a  pas  reculé  devant  la  transcription  intégrale 
d'un  grand  nombre  des  documents  dont  il  avait  précédemment  tiré  si 
bon  parti.  Il  remplit  aujourd'hui  deux  fascicules  des  Archives  histo- 
riques de  la  Gascogne  d'une  série  de  textes  latins  dont  voici  la  nomencla- 
ture :  les  actes  des  chapitres  généraux  des  Frères  Prêcheurs  tenus  à 
Bordeaux  en  1-277,  en  1287  et  en  1324;  les  actes  de  vingt  chapitres 
provinciaux  de  la  première  province  de  Provence  et  de  la  province  de 
Toulouse;  des  règlements  relatifs  à  l'Infjuisition  de  Toulouse  et  de 
Carcassonne;  un  état  des  visiteurs  et  lecteurs  des  deux  couvents  de  Mar- 
ciac  et  de  Port-Sainte-Marie;  un  accord  entre  les  religieuses  de  Prouilles 
et  la  province  de  Toulouse;  enfin,  l'histoire  de  la  fondation  et  la  liste 
des  prieurs  de  treize  couvents  de  Gascogne,  tirées  de  l'ouvrage  encore 
inédit  de  Bernard  Gui  et  de  ses  continuateurs. 

Le  travail  personnel  de  l'éditeur  ajoute  beaucoup  à  la  valeur  de  cette 
volumineuse  copie.  Des  sommaires  précèdent  les  textes;  les  subdivi- 
sions abondent;  les  notes  se  multiplient  au  bas  des  pages.  Une  série 
de  notices  rangées  par  ordre  alphabétique  donne,  sinon  la  biographie, 
au  moins  la  liste  des  fonctions  et  des  résidences  successives  de  cinq 
cent  douze  frères  prêcheurs.  Ces  notices  sont  môme  rédigées  à  l'aide  de 
documents  empruntés  pour  la  plupart  à  des  œuvres  inédites  de  Gérard 
de  Frachet  et  de  Bernard  Gui  :  dépouillement  considérable  qui,  s'il  n'a 
pas  toujours  conduit  à  d'importantes  découvertes,  témoigne  du  moins 
de  l'activité  et  de  la  patience  de  M.  l'abbé  Douais. 

Et,  cependant,  il  manque  à  cet  ouvrage  un  complément  indispen- 
sable. L'auteur,  sans  doute,  ne  méconnaît  pas  l'utilité  des  tables  :  il  en 


302 

a  même  imprimé  quatre.  Une  seule  nous  suffirait,  pourvu  qu'elle  fût 
complète. 

Mais  conçoit-on  que  les  frères  prêcheurs ,  dont  l'histoire  seule  fait 
l'objet  de  cette  vaste  publication,  et  dont  les  noms  reviennent  vingt  fois 
à  toutes  les  pages  du  volume,  aient  été  exclus  systématiquement  de  la 
table  des  noms  de  personnes  (Index  nominum  ad  ordinem  Fratrum 
Prsedicatorum  non  pertinentium)  ?  Les  cinq  cent  douze  notices  qui  pré- 
cèdent les  tables  sont  loin  de  contenir  les  noms  de  tous  les  frères  prê- 
cheurs cités  dans  le  corps  de  l'ouvrage.  Elles  ne  renvoient  même  pas  aux 
pages  du  vol.  Cependant,  ce  premier  travail  achevé,  M.  Douais  a  pensé 
être  quitte  envers  l'ordre  de  Saint-Dominique  :  il  s'est  dit  que  personne 
après  lui  ne  recommencerait  l'enquête  à  laquelle  il  s'était  livré,  que  le 
lecteur  n'avait  que  faire  des  Dominicains  sur  lesquels  il  n'avait  pu 
recueillir  aucun  renseignement  précis,  et  que,  par  conséquent,  une 
table  générale  des  frères  prêcheurs  nommés  dans  le  corps  de  l'ouvrage 
était  de  surérogation.  Singulier  raisonnement!  Si  les  notices  rédigées 
par  M.  Douais  contiennent  tout  ce  qu'il  y  a  dans  le  volume  d'inté- 
ressant sur  les  frères  prêcheurs,  M.  Douais  pouvait  se  contenter  de 
publier  ses  notices.  Si  au  contraire  les  documents  édités  par  le  même 
auteur  sont  destinés  à  être  lus,  s'ils  sont  appelés  à  rendre  quelque  ser- 
vice en  permettant  soit  de  compléter,  soit  de  contrôler  le  travail 
personnel  de  M.  l'abbé  Douais,  il  fallait  alors  mettre  le  lecteur  à  môme 
de  les  utiliser.  Une  bonne  table  pouvait  seule  répondre  à  ce  besoin. 

D'ailleurs,  nous  ne  ferons  pas  à  M.  Douais  l'injure  de  croire  qu'il 
a  lui-même  donné  tous  ses  soins  à  la  rédaction  des  tables  de  son 
ouvrage.  Elles  sont  aussi  confuses  qu'incomplètes.  Le  même  personnage 
y  figure  successivement  aux  noms  de  Guillclmus  et  de  Willelmus;  sous 
une  même  rubrique,  Eduardus,  rex  Anglie,  se  rencontrent  pêle-mêle 
Edouard  I^f,  Edouard  II,  et  même  Edouard,  le  prince  Noir,  qui  n'a 
jamais  été  roi  d'Angleterre.  Si,  par  la  faute  du  scribe,  ou  de  l'éditeur, 
un  nom  se  trouve  estropié  dans  le  corps  du  volume,  on  peut  être  sûr 
que  les  tables  reproduisent  consciencieusement  le  barbarisme.  Helionors, 
comilissa  Umdocinensis  et  Prohcryninias  liber,  tels  sont  les  articles  qu'on 
y  lit  aux  pages  491  et  503  :  cependant  M.  l'abbé  Douais  connaît  aussi 
bien  que  nous  Éléonore  de  Montfort,  comtesse  de  Vendôme  (Vindocinen- 
sis)  et  le  Hepi  ip\Lt)vslac,  d'Aristote. 

Il  est  regrettable  que  tant  de  précipitation  dépare  un  recueil  destiné 
à  rendre  de  grands  services  à  l'histoire  littéraire  et  religieuse  du  xin^et 
du  xiv''  siècle. 

N.  Valois. 


303 


Les  Écoliers  de  la  nation  de  Picardie  et  de  Champagne  à  r  Univer- 
sité d'Orléans,  par  Eug.  Bimbenet,  membre  de  la  Société  archéo- 
logique et,  historique  de  l'Orléanais.  Orléans,  Herluison,  i886. 
In-S",  -182  pages. 
r  Université  d'Orléans  pendant  sa  période  de  décadence,  d'après  des 
documents  récemment  découverts^  par  J.  Loiskleur,  bibliothécaire 
de  la  ville  d'Orléans.  Orléans,  Herluison,  1886.  In-8^  80  pages. 
Les  deux  brochures  que  nous  réunissons  sous  le  même  compte  rendu 
sont  toutes  deux  intéressantes  et  chacune  apporte  un  certain  nombre  de 
faits  nouveaux  sur  l'histoire  de  l'université  orléanaise. 

M.  Bimbenet,  qui  a  publié  naguère  une  très  bonne  Histoire  de  Vuni- 
versité  de  lois  d'OrUans,  complète  cet  ouvrage  par  des  études  de  détail 
sur  le  même  sujet.  Aujourd'hui,  il  fait  l'histoire  des  écoliers  de  la  nation 
de  Picardie  et  de  Champagne  d'après  l'unique  registre,  rédigé  par  les 
procurateurs  de  la  nation,  qui  soit  parvenu  jusqu'à  nous.  Il  tire  de  ce 
précieux  document  tous  les  renseignements  possibles  sur  la  vie  inté- 
rieure de  la  nation,  ses  statuts,  ses  droits,  ses  privilèges  et  les  actes  de 
ses  procurateurs.  Le  plus  curieux  des  droits  de  la  nation  de  Picardie 
était  la  redevance  de  la  «  maille  d'or  de  Florence  »  que  le  seigneur  de 
Beaugency  devait  remettre,  chaque  année,  au  procurateur,  le  jour  de  la 
fête  de  saint  Firmin,  patron  de  la  nation;  M.  Bimbenet  consacre  à  ce 
droit  deux  intéressants  chapitres.  Le  volume  se  termine  par  un  appen- 
dice contenant  les  noms  des  procurateurs  de  la  nation,  de  1590  à  1631, 
et  l'indication  de  leurs  armoiries. 

La  brochure  de  M.  Loiseleur  est  faite  d'après  des  papiers  provenant 
de  la  succession  d'Aymon  Proust  de  Ghambourg,  professeur  à  l'univer- 
sité d'Orléans  au  milieu  du  siècle  dernier.  Ces  papiers  se  rapportent  à  la 
fin  du  xvne  siècle  et  à  la  première  moitié  du  xvni^  ;  ils  font  connaître 
exactement  l'état  de  décadence  dans  lequel  était  tombée  l'université 
orléanaise,  par  suite  de  la  diminution  progressive  du  nombre  des  élèves. 
M.  Loiseleur  racoute  d'abord  les  querelles  amenées  parmi  les  professeurs 
par  la  création  de  la  chaire  de  droit  français  ;  puis,  après  avoir  établi 
très  ingénieusement  le  montant  des  revenus  et  celui  des  dépenses  de 
l'université,  il  dévoile  les  abus  innombrables  qui  s'étaient  glissés  dans 
le  corps  universitaire,  l'élévation  arbitraire  du  prix  des  grades,  les  mar- 
chandages, la  collation  de  la  licence  ou  du  doctorat  à  des  ignorants 
moyennant  finance,  etc.  La  décadence  alla  en  s'accentuant  jusqu'à 
la  Révolution,  et  la  suppression  de  l'université  ne  fit  que  prévenir  de 
quelques  années  la  dissolution  définitive  qui  attendait  fatalement  cette 

institution  si  florissante  au  moyen  âge, 

Léon  Lecestre. 


304 


Armoriai  général  de  l'Anjou^  par  M.  Joseph  Denais.  Angers,  Ger- 
main et  G.  Grassin,  ^885.  3  vol.  in-S»,  avec  planches. 

Le  travail  que  M.  Denais  livre  au  public  érudit  est  le  fruit  de  dix 
années  de  constants  efforts;  on  ne  saurait  trop  louer  l'auteur  de  la 
persévérance  qu'il  a  déployée  dans  une  œuvre  difficile  et  aride.  On  con- 
sultera journellement  V Armoriai  d'Anjou,  sans  songer  qu'il  représente 
une  somme  considérable  de  patientes  recherches.  Quelques-uns,  peut- 
être,  regretteront  que  l'Armoriai  ne  soit  pas  un  nobiliaire  ;  la  vanité  de 
plusieurs  en  sera  froissée;  d'autres  s'indigneront  de  n'y  pas  figurer;  les 
érudits  seuls  sauront  gré  à  M.  Denais  de  s'être  limité  aux  familles  dont 
l'existence  ancienne  lui  a  été  révélée  sur  pièces  dignes  de  foi.  Ils  sau- 
ront qu'ils  peuvent  se  fier  au  nouveau  répertoire,  et  se  faire  une  opi- 
nion personnelle  sur  les  familles  auxquelles  ils  s'intéressent  en  remon- 
tant aux  sources  indiquées  par  l'auteur. 

M.  Denais  a  donc  fait  preuve  de  prudence  et  d'érudition;  chaque 
mot,  dans  son  livre,  est  appuyé  de  la  source  à  laquelle  il  l'a  emprunté; 
ce  sera  au  lecteur  d'apprécier  le  degré  de  créance  que  mérite  tel  ou  tel 
nobiliaire  ou  document  employé  par  M.  Denais;  personne  n'acquerra 
de  piano,  en  figurant  dans  l'armoriai  nouveau,  un  certificat  de  noblesse 
analogue  à  celui  qu'on  s'est  trop  souvent  de  nos  jours  habitué  à  chercher 
dans  d'Hozier. 

L'ouvrage  débute  par  un  vocabulaire  héraldique;  il  se  termine  par 
une  table  des  devises  et  un  répertoire  des  armoiries  et  des  meubles  ;  de 
nombreuses  planches  facilitent  l'explication  de  blasons  en  les  faisant 
voir  au  lecteur.  Ce  sont  là  d'excellents  et  utiles  compléments,  dont  on 
doit  remercier  l'auteur. 

Il  y  a  cent  ans,  nous  dit  M.  Denais,  dans  sa  préface,  qu'un  projet 
d'armorial  d'Anjou  avait  été  conçu.  Si  nous  avons  pu  regretter,  avant 
l'apparition  du  livre  de  M.  Denais,  que  la  réalisation  de  ce  projet  se 
soit  fait  attendre  pendant  un  siècle,  nos  regrets  n'ont  plus  d'objet 
aujourd'hui  :  tout  vient  à  point  à  qui  sait  attendre. 

J.  Delà  VILLE  Le  Roulx. 


Ville  de  Romorantin.  Inventaire  sommaire  des  archives  commu- 
nales antérieures  à  J790,  rédigé  par  M.  Fcrnand  BouRNo^f,  archi- 
viste du  département.  Biois_,  imprimerie  Moreau  et  G''',  -IS84.  In-^". 

L'inventaire  des  archives  de  Romorantin,  dressé  par  notre  confrère 
M.  F.  Bournon,  fait  partie  de  V Inventaire-sommaire  des  arcJiives  commu- 
nales, publié  sous  la  direction  du  ministre  de  l'instruction  publique  et  des 
beaux-arts.  Il  est  divisé  en  neuf  séries  qui  forment  un  ensemble  de 


305 

3,351  pièces  et  de  122  registres,  et  dont  chacune  est  cnn sacrée  à  une 
catégorie  spéciale  de  documents  :  actes  constitutifs  et  politiques  de  la 
commune,  —  administration  communale,  —  impôts  et  comptabilité,  — 
propriétés  communales,  —  affaires  militaires,  —  procédure,  justice, 
police,  —  cultes,  instruction,  assistance  publique,  —  agriculture,  com- 
merce, industrie,  —  documents  divers,  inventaires,  objets  d'art.  A  l'ex- 
ception de  la  charte  constitutive  de  la  commune,  avec  ses  confirmations 
et  ses  développements  (1196-1255),  toutes  les  pièces  sont  postérieures  à 
l'année  1434,  et  celles  qui  sont  comprises  entre  les  années  1434  et  1500 
sont  très  peu  nombreuses.  M.  Bournon  n'a  donc  pas  entièrement  raison 
lorsqu'il  dit,  dans  son  Introduction,  que  cet  inventaire  réunit  et  prépare 
tous  les  matériaux  d'une  bonne  histoire  locale.  Il  aurait  pu  nous  faire 
connaître  brièvement  les  sources  principales  de  cette  histoire  au  moyen 
âge,  et  nous  dire,  par  exemple,  si  les  archives  départementales  peuvent 
suppléer  en  quelque  mesure  aux  lacunes  du  dépôt  communal. 

Dans  la  première  série  (AA),  outre  les  actes  constitutifs,  on  trouvera 
diverses  pièces  intéressant  l'histoire  générale  :  entrées  de  François  I"  et 
de  Claude  sa  femme  en  1517,  de  Henri  II  en  1550,  de  Madame  de  Savoye 
en  1559;  avis  officiels  des  principaux  événements  politiques  (1710- 
1755).  —  Dans  la  deuxième  série  (BB)  sont  comprises  toutes  les  pièces 
concernant  l'élection  des  quatre  échevins  et  l'assemblée  des  habitants, 
admis  à  donner  leur  avis  dans  1er  affaires  importantes.  Cette  série  ren- 
ferme également  les  arrêts  du  conseil  d'État  et  les  édits  royaux  rela- 
tifs aux  offices  municipaux  ;  des  documents  divers  sur  ces  offices  ;  les 
correspondances  du  maire  et  des  échevins.  —  La  troisième  série  (CC) 
est  à  la  fois  l'une  des  plus  considérables  et  des  plus  intéressantes  ;  les 
comptes  de  la  ville  ne  se  composent  pas,  en  effet,  d'une  sèche  énumé- 
ration  des  recettes  et  des  dépenses  ;  ils  donnent  des  explications  très 
circonstanciées  et  fournissent  ainsi  de  curieux  renseignements  sur 
l'histoire  des  mœurs,  du  commerce  et  de  l'industrie.  —  La  quatrième 
série  (DD)  contient,  outre  les  titres  de  propriété  de  la  commune,  les 
actes  relatifs  aux  travaux  publics,  reconstruction  du  mur  d'enceinte  au 
xvn^  siècle,  ponts,  voirie,  château,  pépinière  royale,  etc.  On  y  trouve, 
en  particulier  (p.  44) ,  le  procès-verbal  d'une  délibération,  rendue  le 
28  août  1572  (4  jours,  par  conséquent,  après  la  Saint-Barthélémy),  par 
les  habitants,  en  présence  du  châtelain,  «  pour  adviser  que  la  ville  ne 
«  soit  surprise  et  n'advoienne  aulcunes  séditions,  saccagemens  et 
«  pilleries,  attendu  les  bruicts  qui  courent.  »  —  Dans  la  cinquième  série 
(EE)  prend  place  tout  ce  qui  regarde  le  recrutement  des  soldats,  les 
étapes  et  le  logement  des  troupes  en  marche,  les  contributions  aux  frais 
de  guerre.  —  La  sixième  série  (FF),  très  peu  importante,  ne  contient 
que  les  pièces  d'un  procès  perdu  par  la  ville  en  1786,  touchant  un  four 
banal,  avec  l'historique  le  la  question  depuis  l'année  1503.  —  La  sep- 
tième série  (GG)  nous  oflVe,  dit  M.  Bournon,  «  la  suite  complète  des 


306 

actes  de  l'état  civil  depuis  1621.  »  L'expression  d'actes  de  l'état  civil 
n'est  pas  absolument  exacte,  puisqu'il  ne  s'agit  pas  d'actes  enregistrés 
par  l'administration  civile,  mais  seulement  de  registres  des  baptêmes, 
mariages  et  décès,  tenus  par  les  curés.  A  côté  des  événements  relatifs 
aux  familles,  ces  registres  contiennent  des  mentions  d'un  autre  genre  : 
«  Les  curés,  surtout  au  xvn«  siècle,  comme  le  fait  remarquer  M.  Bour- 
«  non,  relataient  volontiers  sur  leurs  registres  tous  les  événements 
«  locaux  qu'ils  jugeaient  dignes  d'intérêt,  et  l'on  doit  faire  grand  cas  de 
«  ces  récits  qui  forment  la  chronique  de  la  ville  et  qu'on  ne  saurait 
«  trouver  ailleurs  :  réparations  à  l'église,  bénédictions  de  cloches,  cou- 
«  ronnements  de  rosières,  débordements  de  la  rivière.  »  —  Enfin,  dans 
les  deux  dernières  séries  (HH  et  II),  on  peut  signaler  une  liasse  de 
pièces  relatives  à  l'industrie  des  draps  et  une  circulaire  de  l'intendant 
pour  l'établissement  du  service  des  incendies. 

Le  travail  de  M.  Bournon  est  fait  avec  beaucoup  de  soin  et  de  compé- 
tence. L'auteur  résume  avec  clarté  les  pièces  qu'il  analyse,  et  les  extraits 
qu'il  donne  des  plus  importantes  d'entre  elles  sont  judicieusement  choisis. 
Une  bonne  table  des  matières  termine  le  volume  et  supplée  à  ce  qu'il  y  a 
parfois  d'inévitablement  arbitraire  dans  la  classification  des  documents. 
Que  M.  Bournon  me  permette  toutefois  de  lui  adresser  un  petit  reproche  ; 
c'est  de  ne  s'être  pas  toujours  donné  la  peine  d'identifier  les  noms  de  per- 
sonnes et  de  lieux  qu'il  avait  à  transcrire,  et  cela  même  dans  des  cas  où 
l'identification  était  des  plus  simples.  Je  relève  trois  exemples  de  ce  fait 
dans  les  documents  de  la  première  série  :  p.  3,  il  n'eût  pas  été  inutile 
d'indiquer  le  nom  exact  de  ce  cardinal  «  Alexandre,  »  qui  passe  à  Romo- 
rantin,  au  mois  de  février  1572,  et  qui  est  généralement  connu  sous  le 
nom  de  cardinal  Alexandrin.  C'était  un  petit-neveu  du  pape  Pie  V  ;  il 
s'appelait  en  réalité  Michel  Bonelli^.  P.  4,  les  noms  de  Philisbourg 
et  Guartalle  représentent  sans  doute  les  localités  bien  connues  de  Phi- 
lipsbourg,  sur  le  Rhin,  près  de  Spire,  et  de  Guastalla,  sur  le  Pô.  Des 
imperfections  de  ce  genre,  si  légères  soient-elles,  sont  toujours  regret- 
tables dans  une  œuvre  aussi  minutieuse  que  doit  l'être  un  inventaire 
d'archives. 

Charles  Kohler. 

Jean-Baptiste  Tavernier,  écuyer^  baron  cfAubonne,  chambellan  du 
Grand  Électeur^  d'après  des  documents  nouveaux  et  inédits,  par 
Charles  Joret,  professeur  à  la  faculté  des  lettres  d^Aix.  Paris, 
E.  Pion,  Nourrit  et  G'^  ^886.  In-8°,  443  pages. 
Tavernier,  le  premier  en  date  des  grands  voyageurs  français  du 

1.  Petit-fils  de  Gardine  Ghislieri,  sœur  du  pape.  Il  fut  promu  au  cardinalat  en 
1567.  Ce  titre  de  cardinal  Alexandrin,  porté  tout  d'abord  par  Pie  V  (en  religion 


307 

xvn«  siècle,  est  surtout  connu  par  quelques  vers  que  Boileau  lui  a  con- 
sacrés et  qui  sont  dans  toutes  les  mémoires.  On  ne  lit  plus  guère  le 
récit  de  ses  six  voyages  en  Orient,  en  Perse,  aux  Indes,  de  1630  à  1668, 
et  personne  encore  n'avait  fait  de  ce  récit  l'objet  d'une  étude  appro- 
fondie et  vraiment  critique.  C'est  cette  lacune  que  ^ient  de  combler 
M.  Joret.  Grâce  à  des  recherches  étendues  et  persévérantes  et  à  la 
connaissance  familière  qu'il  possède  des  principales  langues  de  l'Eu- 
rope, il  a  pu,  non  seulement  profiter  de  ce  que  l'on  avait  écrit  à  l'étran- 
ger sur  Tavernier,  mais  encore  mettre  en  lumière  un  grand  nombre  de 
faits  nouveaux  et  rectiQer  des  erreurs  accréditées.  Pour  ne  citer  que 
quelques  exemples  de  ces  rectifications,  M.  Joret  a  parfaitement 
démontré  que  le  premier  départ  pour  le  Levant  du  célèbre  voyageur 
français  se  rapporte  à  l'année  1630,  et  non,  comme  on  le  lit  dans  toutes 
les  biographies,  à  l'année  1636.  De  même,  tandis  que  des  érudits  aussi 
bien  informés  d'ordinaire  que  les  frères  Haag  font  mourir  Tavernier  à 
Copenhague,  l'auteur  de  l'ouvrage  dont  nous  rendons  compte,  utihsant 
un  travail  publié  en  1885  dans  la  revue  russe  le  Bibliographe,  établit 
que  le  baron  d'Aubonne  est  décédé  en  1689  à  Moscou,  où  son  tombeau 
a  été  retrouvé  en  1876,  dans  le  cimetière  protestant,  par  M.  Tokmakof. 

Le  livre  I"  de  M.  Joret ,  consacré  à  l'exposé  critique  des  six 
voyages  accomplis  par  Tavernier  en  Orient,  et  le  livre  IL  intitulé 
Tavernier  et  Louis  XIV,  offrent  donc  un  vif  intérêt  et  une  sérieuse 
valeur  scientifique.  Toutefois,  la  partie  capitale  de  son  travail  est  le 
livre  m,  relatif  au  voyage  de  Tavernier  à  Berlin  en  1684  et  à  ses  rap- 
ports avec  le  grand  électeur  Frédéric  Guillaume.  Pendant  toute  la  durée 
de  ce  voyage,  le  baron  d'Aubonne  avait  consigné  ses  dépenses  et  aussi 
ses  réflexions  sur  un  journal,  dont  le  manuscrit,  copie  probablement 
unique  d'un  original  perdu,  est  conservé  à  la  bibliothèque  Méjanes  à 
Aix.  C'est  la  découverte  de  ce  curieux  manuscrit  qui  a  été  le  point  de 
départ  de  toutes  les  recherches  de  M.  Joret  et  qui  lui  a  permis  de 
restituer  ce  que  l'on  peut  appeler  le  premier  chapitre  de  l'histoire  colo- 
nieile  de  la  Prusse,  chapitre  complètement  inconnu,  du  moins  en  France. 
On  a  là  une  nouvelle  preuve  de  la  persévérance  et  de  l'esprit  de  suite 
que  cette  nation,  aussi  patiente  que  tenace,  apporte  dans  toutes  ses 
entreprises.  A  ce  point  de  vue,  le  nouvel  ouvrage  du  savant  professeur 
d'Aix  n'est  pas  indigne  d'attirer  l'attention  des  hommes  politiques,  en 
même  temps  qu'il  éclaire  d'un  jour  nouveau  l'histoire  des  progrès  de 
nos  connaissances  géographiques  au  xvn^  siècle. 

Dans  un  appendice  placé  à  la  fin  du  volume,  M.  Joret»nous  donne  le 
texte  de  deux  lettres  adressées  par  Melchior  Tavernier  à  Saumaise  et  à 
sa  femme  en  1641  et  1644,  les  lettres  d'anoblissement  octroyées  par 

frère  Alexandrin^  avant  sor  élection  à  la  papauté,  fut  transmis  à  son  pelit-nevea, 
non  pas  oflBciellement,  mais  par  le  public. 


308 

Louis  XIV,  en  février  1669,  à  Jean-Baptiste  Tavernier,  la  nomination 
du  célèbre  voyageur  comme  chambellan  de  Frédéric  Guillaume,  le 
4  août  1684  (en  allemand),  enfin  divers  actes  relatifs  à  la  vente  du 
domaine  d'Aubonne,  ainsi  qu'aux  dernières  années  de  la  vie  de  Taver- 
nier. Une  bibliographie  très  complète  des  éditions  et  des  traductions 
des  Voyages  termine  cette  consciencieuse  publication. 

Siméon  Luce. 


Spicilegium  Brivatense.  Recueil  de  documents  historiques  relatifs  au 
Brivadois  et  à  V Auvergne ,  par  Augustin  Chassaing,  archiviste 
paléographe,  juge  au  tribunal  civil  du  Puy,  etc.  Paris,  imprimerie 
nationale,  Alph.  Picard,  éditeur,  -1886.  In-4°,  75-1  pages. 

L'utilité  des  recueils  de  textes  pour  l'histoire  en  général  et  pour 
l'histoire  provinciale  en  particulier  n'a  pas  besoin  d'être  démontrée. 
Celui  que  nous  proposons  de  faire  connaître  à  nos  lecteurs  est  le  plus 
considérable  et  le  plus  varié  qui  ait  paru  pour  l'Auvergne  depuis  les 
travaux  de  Baluze,  en  mettant  à  part  les  cartulaires  de  Brioude  et  de 
Sauxillanges,  qui  ne  concernent  chacun  qu'un  seul  établissement. 

C'est  en  préparant  d'autres  travaux,  et  notamment  le  Dictionnaire  topo- 
graphique de.  la  Haute-Loire,  que  M.  Chassaing,  s'inspirant  des  meilleures 
traditions  des  bénédictins,  a  eu  l'idée  de  publier  les  actes  les  plus  inté- 
ressants qu'il  avait  réunis.  Ces  documents  ne  concernent  pas  seulement, 
comme  le  titre  latin  semblerait  l'indiquer,  le  Brivadois,  c'est-à-dire  la 
ville  et  l'arrondissement  actuel  de  Brioude,  mais  encore  la  totalité  de 
l'Auvergne  et  la  partie  du  Gévaudan  qui  dépendait  de  la  sirerie  de 
Mercœur  et  qui  est  aujourd'hui  comprise  dans  le  département  de  la 
Haute-Loire,  arr.  du  Puy,  canton  de  Saugues.  L'intérêt  en  est  donc 
assez  étendu.  Pour  former  ce  recueil,  l'auteur  a  puisé  à  des  sources 
diverses  :  il  a  mis  à  contribution  les  archives  départementales  de  la 
Haute-Loire,  du  Puy-de-Dôme  et  de  la  Lozère;  les  Archives  nationales 
et  le  dépôt  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale  à  Paris;  enfin, 
quelques  collections  particulières,  telles  que  celle  de  M.  l'abbé  Souligoux 
à  Brioude. 

Le  Spicilegium  Brivatense  ne  comprend  pas  moins  de  211  documents, 
de  l'année  874  à  l'année  1709,  la  plupart  inédits,  les  autres,  en  petit 
nombre,  revus  sur  les  originaux  ou  sur  d'anciennes  copies,  toutes  les 
fois  que  cela  a  été  possible. 

L'ouvrage  est  précédé  d'une  préface,  dans  laquelle  l'éditeur  a  groupé 
les  documents  d'après  leur  objet  principal  et  a  résumé  d'une  mam'ère 
à  la  fois  rapide  et  complète  les  notions  nouvelles  qu'ils  apportent  à  la 
science  historique;  nous  ne  saurions  mieux  faire  que  de  lui  emprunter 
les  traits  principaux  qui  peuvent  donner  idée  de  l'importance  et  de 
l'utilité  de  cette  précieuse  publication. 


309 

Ces  documents  sont  relatifs  à  la  géographie,  à  l'histoire,  aux  institu- 
tions, au  droit  et  à  l'histoire  du  droit;  quelques-uns  pourront  servir 
aux  études  philologiques  ;  d'autres  renferment  des  curiosités  historiques  ; 
enfin  quelques-uns  concernent  surtout  certains  établissements  religieux 
de  l'Auvergne.  Nous  passerons  rapidement  en  revue  chacune  de  ces 
divisions. 

Au  point  de  vue  de  la  géographie,  l'auteur  a  réuni  un  grand  nombre 
de  chartes  donnant  des  noms  de  lieux  et  servant  pour  la  plupart  à  cons- 
tater l'entrée  dans  l'histoire  de  certains  centres  de  population;  par  la 
comparaison  avec  l'état  actuel,  elles  permettent  de  se  rendre  compte  des 
changements  survenus  sur  quelques  points  du  territoire,  et  notamment 
de  constater,  dans  la  plaine  de  Brioude,  sur  les  bords  de  l'Allier,  la 
disparition  de  plusieurs  groupes  do  population,  due  à  la  mobilité  du  lit 
de  la  rivière. 

L'organisation  administrative  de  la  Basse-Auvergne,  indiquée,  mais 
d'une  manière  incomplète,  par  Chabrol,  au  tome  IV  de  ses  Coutumes 
d'Auvergne,  nous  est  révélée  par  un  compte  de  fouage  de  1401,  dressé 
par  Berthon  Sannadre;  ce  compte  nous  montre  la  division  du  bas  pays 
en  11  prévôtés  et  en  634  paroisses.  Cette  organisation  est  celle  qui  a  été 
remplacée  au  xvi^  siècle  par  l'établissement  des  quatre  élections  de  Cler- 
mont,  Riom,  Issoire  et  Brioude.  Le  compte  d'une  aide  imposée  en  1402 
sur  les  treize  bonnes  villes  complète  le  précédent  et  fait  connaître  l'im- 
portance relative  de  ces  villes. 

Les  comptes  des  baillis  d'Auvergne,  Jean  de  Trie  (1293-1294)  et 
Gérard  de  Paray  (1299),  sont  une  précieuse  source  d'informations  pour 
l'histoire  administrative  de  l'Auvergne  au  xin"^  siècle;  on  y  trouve, 
entre  autres  faits  intéressants,  une  statistique  presque  complète  des 
commanderies  des  Templiers  et  des  Hospitaliers  en  Auvergne.  Mais  le 
document  le  plus  remarquable  de  cette  série  est  relatif  à  la  modification 
des  limites  des  bailliages  d'Auvergne  et  du  Velay;  question  restée  inso- 
luble jusqu'à  présent.  M.  Chassaing  a  été  assez  heureux  pour  retrouver 
le  procès-verbal  même  de  la  délimitation  nouvelle  qui  eut  lieu  en  1321 
et  qui  explique  comment  six  mandements  de  la  frontière  occidentale 
du  Velay  en  furent  détachés  et  incorporés  au  bailliage  d'Auvergne. 

Le  Spicileyium  donne  des  renseignements  nombreux  sur  une  période 
de  notre  histoire,  dont  les  particularités  locales  sont  encore  bien  peu 
connues  ;  nous  voulons  parler  de  la  guerre  de  cent  ans  qui  a  agité  peu 
de  provinces  plus  que  l'Auvergne.  On  y  trouvera  des  montres  et  des 
revues  de  1351  et  1353;  le  traité  conclu  en  1364  entre  les  états  d'Au- 
vergne et  Séguin  do  Badefol  pour  l'évacuation  de  Brioude  ;  le  texte 
d'un  emprunt  de  3,000  tlorins  contracté  par  le  chapitre  de  Saint-Julien 
pour  sa  contribution  dans  la  rançon  de  la  même  ville;  et  enfin  diverses 
lettres  de  rémission  accordées  soit  à  des  particuliers,  soit  aux  popula- 
tions qui  avaient  eu  des  rapports  de  commerce  avec  les  Anglais.  La 


guerre  dite  de  la  Marche,  du  nom  d'un  chevalier  de  la  maison  de  Lusi- 
gnan  qui  s'était  fait  Anglais  et  n'avait  pas  pris  moins  de  dix-sept  châ- 
teaux aux  environs  de  Brioude,  est  un  épisode  inédit  de  la  guerre  des 
Anglais  en  Auvergne,  sur  lequel  on  lira  ici  pour  la  première  fois  de 
curieux  documents. 

Les  archéologues  consulteront  avec  fruit  des  chartes  qui  font  con- 
naître, avec  dates  précises,  les  réparations  des  forteresses  et  des  villes 
pendant  cette  période  néfaste,  notamment  à  Brioude,  à  Blesle,  à  Mer- 
cœur  près  Saint-Privat,  etc. 

A  l'histoire  des  institutions  se  rattachent  les  documents  suivants  : 
un  rôle  des  vassaux  du  comte  Alfonse  en  Auvergne,  du  milieu  du 
xni«  siècle  :  les  422  vassaux  qui  figurent  dans  ce  rôle  avec  leurs  posses- 
sions ont  formé  le  personnel  des  cinquième  et  sixième  croisades,  ce 
qui  a  donné  à  l'auteur  l'occasion  de  publier  trois  de  ces  chartes  dites 
«  de  croisades  »  ;  des  hommages  émanés  de  seigneurs  laïques  ou  ecclé- 
siastiques; des  ordonnances  relatives  à  l'établissement  de  foires  et  de 
marchés  au  xv^  siècle  dans  les  villes  ou  bourgs  d'Auzon,  de  Saint- 
Ilpize,  etc.,  enfin  des  documents  relatifs  à  l'industrie,  tels  que  celui  qui 
prouve  l'existence  d'une  verrerie  près  de  Desges,  en  1588. 

Les  jurisconsultes  et  les  historiens  du  droit  sauront  gré  à  notre  con- 
frère d'avoir  publié  des  chartes  de  coutumes  seigneuriales  du  xni^  siècle, 
celles  d'Auzon  (encore  inédite),  de  Léotoing  et  de  la  Roche  près  Brioude  ; 
des  chartes  de  paréage,  notamment  celui  de  Philippe  le  Long  avec  les 
prieurés  de  Faulhaguet  et  de  la  Bajasse  en  1316;  des  accords  ou  traités 
entre  seigneurs  pour  la  justice,  à  propos  desquels  l'auteur  signale  les 
efforts  faits  par  le  sire  de  Mercœur  pour  substituer  le  droit  coutumier 
au  droit  écrit,  qui  était  seul  en  vigueur  dans  la  sénéchaussée  de  Beau- 
caire;  enfin  deux  consultations  de  professeurs  de  droit  d'Avignon,  dont 
l'une  est  relative  à  un  procès  intenté  à  un  chanoine  de  Brioude,  en  1256, 
pour  fabrication  de  fausse  monnaie. 

On  sait  combien  les  chartes  en  langue  romane  de  l'Auvergne  sont 
rares  et  combien  ces  textes  sont  importants  pour  les  études  philolo- 
giques; les  philologues  liront  avec  intérêt  quatre  chartes  en  langue  vul- 
gaire des  années  1271,  1353,  1354  et  1375. 

Parmi  les  documents  que  l'éditeur  a  insérés  à  titre  de  curiosités  his- 
toriques, nous  en  citerons  deux  seulement,  l'excommunication  lancée 
au  commencement  du  xm^  siècle  par  le  chapitre  de  Saint-Julien  contre 
le  voleur  du  G  de  Gharlemagne,  c'est-à-dire  du  reliquaire  ayant  la  forme 
de  cette  lettre,  donné  par  ce  prince  à  l'abbaye  de  Brioude;  et  la  note 
d'un  tabellion  de  Saint-Ilpize  sur  le  point  de  départ  de  l'année  en 
Auvergne  au  moyen  âge. 

Enfin,  pour  terminer  cette  longue  énumération,  nous  mentionnerons 
les  documents  relatifs  à  des  établissements  religieux  de  l'Auvergne, 
savoir  :  pour  le  chapitre  Saint-Julien  de  Brioude,  deux  actes  du  xni"'  siècle 


su 

relatifs  aux  démêlés  du  chapitre  avec  les  bourgeois;  pour  la  Voûte,  le 
prieuré  de  Gluny  le  plus  important  de  la  Haute-Loire,  la  charte  de  fon- 
dation du  monastère  en  1025  ;  pour  la  grande  abbaye,  chef  d'ordre,  de 
la  Chaise-Dieu,  outre  les  chartes  les  plus  anciennes  relatives  à  ses 
prieurés,  M.  Ghassaing  a  public  et  annoté  un  document  d'ensemble  de 
grande  valeur,  nous  voulons  parler  d'une  pancarte  des  redevances  dues 
au  sacristain  mage  (1381)  qui  relate  plus  de  250  prieurés  disséminés 
dans  25  diocèses  de  France  ou  de  l'étranger;  il  nous  donne  encore  pour 
l'abbaye  de  Pébrac,  autre  chef  d'ordre,  un  curieux  accord  de  1365  entre 
l'abbé  et  les  religieux;  des  bulles  et  autres  documents  concernant  trois 
monastères  de  femmes  nobles,  Blesle,  les  Chazes  et  la  Vaudieu;  enfin, 
pour  le  prieuré  conventuel  de  chanoines  augustins  de  la  Bajasse,  un 
contrat  d'union  de  1327  avec  la  léproserie  du  même  nom  fondée  en  1161 
par  Odilon  de  Chambon,  chanoine  de  Brioude. 

Une  planche  spéciale  est  consacrée  à  la  reproduction  par  la  photo- 
gravure de  six  sceaux,  dont  trois  inédits.  Parmi  ces  derniers,  nous 
devons  signaler  le  sceau  de  la  paix  des  chevaliers  brivadois,  le  seul 
monument  qui  nous  révèle  l'existence,  à  Brioude,  vers  la  fin  du  xii«  siècle, 
d'une  sorte  de  confédération  de  chevaliers  dirigée  soit  contre  les  Gapu- 
chonnés,  confrérie  fondée  au  Puy,  vers  1182,  pour  la  destruction  des 
Routiers,  soit  contre  les  Routiers  eux-mêmes.  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces 
conjectures  du  savant  éditeur,  qui  nous  paraissent  tout  à  fait  vraisem- 
blables, le  type  des  quatre  chevaliers  armés  et  galopant  est,  suivant  la 
remarque  de  M.  Ghassaing,  très  remarquable  et  môme  unique  en  sigil- 
lographie. 

L'ouvrage  se  termine  par  un  Index  chronologique  des  documents, 
donnant  la  date  et  la  cote  sommaire  de  chaque  pièce,  et  par  une  table 
alphabétique  des  noms  de  personnes  et  de  lieux,  qui  ne  comprend  pas 
moins  de  147  pages  à  deux  colonnes. 

Par  ce  qui  précède,  nos  lecteurs  peuvent  se  rendre  compte  de  la 
variété  et  de  l'intérêt  des  documents  qui  forment  le  Spicilegium  Briva- 
tense.  Ce  que  nous  ne  saurions  trop  louer,  c'est  le  soin  scrupuleux  avec 
lequel  les  textes  ont  été  établis  par  l'éditeur;  travailleur  infatigable, 
érudit  profond  et  sagace,  M.  Ghassaing  a  élucidé  toutes  les  difficultés 
de  sa  publication,  et,  s'il  reste  quelques  points  obscurs,  on  peut  être 
assuré  qu'il  a  fait  tous  les  efforts  possibles  pour  les  éclairer.  Les  identi- 
fications de  noms  de  lieux,  soit  au  bas  des  pages,  soit  dans  la  table,  ont 
été  l'objet  de  recherches  nombreuses,  approfondies  et  presque  toujours 
couronnées  de  succès,  grâce  à  la  connaissance  parfaite  que  possède  notre 
confrère  de  la  géographie  et  de  l'histoire  de  l'Auvergne.  Nul  n'était  plus 
à  même  que  le  savant  éditeur  des  chroniques  de  Médicis,  de  Jacmon  et 
de  Burel  de  former  et  de  publier  un  semblable  recueil  de  documents. 
Le  Spicilegium  Drivatense,  ainsi  que  son  sympathique  éditeur,  méritait 
à  tous  égards  la  faveur  de  l'impression  gratuite  à  l'imprimerie  natio- 


3^2 

nale,  et  il  justifiera  amplement  cette  faveur  par  les  services  qu'il  est 
appelé  à  rendre,  comme  nous  avons  essayé  de  le  montrer,  à  diverses 
branches  de  l'érudition  nationale. 

A.  Bruel, 


L.  SoDLicE.  Catalogue  de  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Pau  :  His- 
toire locale.  Pau,  impr.  Véronèse,  -1886.  In-8°,  394  p. 
Le  catalogue  publié  par  le  savant  bibliothécaire-archiviste  de  la  ville 
de  Pau  est,  à  proprement  parler,  une  bibliographie  très  complète  des 
ouvrages  concernant  la  Navarre,  le  Béarn  et  le  pays  basque  dans  les 
temps  anciens  et  modernes.  Rien  ne  peut  mieux  aider  à  combler,  soit 
par  dons,  soit  par  achats,  les  lacunes  d'une  collection  spéciale  comme 
celle-ci  que  l'impression  du  catalogue.  M.  Soulice,  en  rendant  service 
aux  travailleurs,  a  donc  fait  une  œuvre  éminemment  utile  au  dépôt 
qu'il  dirige  avec  tant  de  compétence  et  de  zèle.  Nous  ne  saurions  entrer 
dans  l'examen  détaillé  de  ce  volume.  Signalons  toutefois  la  notice  pré- 
liminaire contenant  l'historique  de  la  bibliothèque  de  Pau,  la  table 
alphabétique,  très  détaillée  et  très  commode,  enfin  la  liste  sommaire  des 
manuscrits  conservés  à  Pau.  L'inventaire  détaillé  de  ces  volumes  est 
réservé  au  catalogue  général  des  manuscrits  des  bibliothèques  publiques 
des  départements,  que  prépare  en  ce  moment  le  ministère  de  l'instruc- 
tion publique.  L'impression  du  catalogue  de  la  bibliothèque  de  Pau  fait 
honneur  aux  presses  de  M.  Adolphe  Véronèse,  et  les  exemplaires  tirés 
en  petit  nombre  sur  papier  de  Hollande  sont  de  nature  à  satisfaire  les 
bibliophiles  les  plus  délicats. 

J.-J,   Gr. 


LIVRES    NOUVEAUX. 


SOMMAIRE  DES  MATIÈRES. 

Sciences  auxiliaires.  —  Épigraphie,  235.  —  Paléographie,  179,  205, 
220.  —  Diplomatique,  205.  —  Bibliographie,  U4,  271,  273,  297,  321, 
322;  bibliothèques,  200,  309,  334;  manuscrits,  143,  160,  202,  203,  216, 
231,  250,  257,  278,  287,  294;  imprimerie,  librairie,  229,  244. 

Sources,  279,  342.  —  Historiens,  223,  234.  —  Lettres,  270.  —  Archives, 
183,  200,  225,  258,  343;  cartulaires,  145,  157,  163,  297;  obituaire,  296; 
documents  divers,  133,  137,  156,  164,  166,  311. 


3^3 

Biographie  et  généalogie,  133,  156,  190,  2H,  217,  225,  243,  298,  308. 
—  Alain  de  Lille,  230  ;  Anglade,  320  ;  Boylesve  (Boileau),  151  ;  Chabot, 
317;  Charles  VII,  192;  Chasteuil-Gallaup,  160  ;  Coesmes,  123  ;  Damions, 
255;  Douët  d'Arcq,  147;  Durer,  307;  Grégoire  VII,  330;  Hierosme, 
214;  Korsauson,  241;  Koberger,  229  ;  Louis  XI,  270;  Malvoisin,  215; 
Marcillat,  213;  Orléans,  312;  Paléologue,  137;  saint  Paterne,  275; 
G.  de  Rais,  148,  149;  San  Gallo,  210,  252;  Stralloria,  13S;  Sully,  290; 
saint  Taurin,  339;  Théodebert  I",  180  ;  saint  Vaast,  128;  Vanssay,  207  ; 
Versoris,  337. 

Géographie,  topographie,  119,  167,  169,  202,  222,  277,  310. 

Droit,  153,  172,  17G,  184,  209,  248,  293,  299,  301,  311,  325,  326. 

Institutions,  136,  150,  151,  166,  187,  189,  197,  236,  269,  274,  335. 

MœuRs  ET  coutumes,  155,  189,  201.  —  Instruction,  129, 134,  237,  319, 
322,  329.  —  Sciences,  264. 

Religions.  — Judaïsme,  322.  —  Catholicisme,  177,  184,  273;  reliques, 
131;  prédication,  125;  Église,  144,  318;  papauté,  129,  200,  330,  343; 
diocèses,  120,  127,  201,  227,  282,  290;  églises,  195,  254,  291,  316  ;  ordres, 
174,  324;  monastères,  140,  157,  163,  174,  191,  203,  223,  232,  258,  296, 
332. 

Archéologie,  152,  182,  199.  —  Architecture,  216,  252,  261,  315;  édi- 
fices civils  et  militaires,  141,  155,  171,  238,  239,  257,  285,  306;  édifices 
religieux,  159,  168,  193,  195,  201,  204,  206,  212,  224,  226,  235,  260, 
305,  338,  339,  341.  —  Sculpture,  253,  314.  —  Peinture  et  vitraux,  161, 
213,  249,  303,  307,  308.  —  Mobilier,  130,  263,  283,  288.  —  Costume, 
240.  —  Numismatique,  180.  —  Théâtre,  300. 

Langues  et  littératures.  —  Langues  orientales,  333.  —  Grec,  220.  — 
Latin,  177,  196,  273.  —  Langues  romanes,  222  :  français,  218,  247,  276, 
286,  289,  295,  300,  313,  340;  italien,  122,  165,225,251,278;  portugais, 
268;  provençal,  160,  173.  —  Langues  germaniques,  124-126,  135,  245, 
246. 

SOMMAIRE  GÉOGRAPHIQUE. 

Allemagne,  301,  342,  343.  —  Alsace-Lorraine,  158,  186,  208,  243, 
250.  —  Bade,  285,  329.  —  Brunswick,  233.  —  Prusse,  232, 233.  —  Saxe, 
344. 

Autriche,  222,  236,  242,  301,  310,  323. 

Belgique,  185. 

Fr.^nce,  130,  219,  267,  335.  —  Auvergne,  164;  Berry,  247;  Cham- 
pagne, 304  ;  Languedoc,  181  ;  Lorraine,  212,  288  ;  Maine,  156,  255;  Nor- 
mandie, 286,  298,  315.  —  Ain,  303,  336;  Aisne,  254,  266,  280;  Ariège, 

21 


3^4 

190,  195,  331;  Bouches-du-Rhône,  133;  Charente-Inférieure,  132;  Gor- 
rèze,  198;  Gôte-d'Or,  141,  223,  269,  341;  Drôme,  120;  Eure,  338,  339; 
Garonne  (Haute-),  187, 189,  326  ;  Gers,  320;  Gironde,  139,  319  ;  Hérault, 
326;  lUe-et- Vilaine,  227,  228;  Indre,  296;  Indre-et-Loire,  156,  179; 
Jura,  303;  Loire  (Haute-),  164;  Loiret,  162,  172,263;  Lot,  265;  Maine- 
et-Loire,  156,  183,  191,  239;  Manche,  194;  Marne,  152,  159,  224,  281, 
282;  Mayenne,  140,  199,  238,  256,  316;  Meurthe-et-Moselle,  131,  169, 
214,  226;  Meuse,  146,  277  ;  Nièvre,  150;  Nord,  171, 185,  203,  204;  Oise, 
178,  201  ;  Orne,  193;  Pas-de-Calais,  155,  163,  234,  260;  Puy-de-Dôme, 
197,  217;  Pyrénées  (Hautes-),  157;  Rhône,  257,  284;  Saône-et-Loire, 
174,  333;  Sarthe,  123,  206,  237,  258,  259,  291,  332;  Seine,  143,  151, 
153,  166,  170,  221,  278,  287,  290,  325,  327,  337;  Seine-et-Marne,  263, 
275,  328  ;  Seine-et-Oise,  261';  Seine-Inférieure,  145,  305  ;  Sèvres  (Deux-), 
262;  Somme,  175,  302;  Tarn-et-Garonne,  130,  292;  Var,  168,283,314; 
Vaucluse,  200,  257;  Vendée,  188;  Vienne,  156;  Vienne  (Haute-),  211; 
Yonne,  240. 

Grande-Bretagne.  —  Angleterre,  315.  —  Iles  de  la  Manche,  194. 

Italie,  144,  202,  216,  249,  271,  299.  —Emilie,  182,  225,  321,  330; 
Ligurie,  121,  137,  138,  210;  Lombardie,  119,  196;  Naples  et  provinces 
napolitaines,  154,  272,  274;  Rome,  etc.,  127,  200;  Toscane,  142,  235; 
Vénétie,  225,  306.  —  Sicile,  183. 

Pays-Bas,  293. 

Slaves,  176. 

Turquie,  137. 

Amérique,  167. 

119.  Agnelli  (Giov.  ).  Dizoniario  storico -  geograiîco  del  Lodigiano. 
Lodi,  tip.  éditrice  délia  Pace,  1886.  In-4'',  viii-328  p.  6  1. 

120.  Albanès  (l'abbé  J.-H.).  Histoire  des  évêques  de  Saint-Paul-Trois- 
Châteaux  au  xiv'^  siècle  ;  corrections  et  documents.  Montbéliard,  impr. 
Hoffmann.  In-8%  102  p. 

121.  Alfieri  (Alb.).  L'Ogdoas.  Episodî  di  storia  genovese  nei  primordî 
del  secolo  xv  pubblicati  dal  dott.  Antonio  Cerruti.  Genova,  tip.  Sordo- 
muti,  1886.  In-4'',  68  p.  (Extrait  des  Atti  délia  Società  ligure  di  storia 
pallia,  2"  série,  vol.  XVII.) 

122.  ALiGmERi  (Dante).  La  Vita  nuova,  con  introduzione,  commento 
e  glossario  di  Tommaso  Casini.  Firenze,  G.  C.  Sansoni,  1885.  In-16, 
xxxxi-231  p.  2  1.  20  c. 

123.  Alouis  (Victor).  Les  Coesmes,  seigneurs  de  Lucé  et  de  Pruillé. 
Première  partie  :  de  1370  à  1508.  Mamers,  Fleury  et  Dangin.  In-B», 
340  p.  (Extrait  de  la  Revue  historique  et  archéologique  du  Maine,  1884.) 

124.  Altdeutsche  (die)  Exodus  mit  Einleitung  und  Anmerkungen 


3J5 

herausgegeben  von  Ernst  Kossmann.  Strassburg,  Trùbacr,  1886.  In-8°, 
v-149  p.  (Quellen  und  Forschungen,  etc.,  57.)  3  m. 

125.  Altdeiitsche  Predigten.  Herausgegeben  von  Anton  E.  Schunbacli. 
I.  Band  :  Texte.  Graz,  Styria,  1886.  In-S",  xx-531  p. 

126.  Altnordische  Texte  herausgegeben  von  E.  Mogk.  Nr.  I.  Gunn- 
laugssaga  Ormstungu.  Mit  Einleitung  und  Glossar.  Halle,  Nicmeyer, 
1886.  In-8",  xx-58  p. 

127.  Ambrosi  Magistris  (R.  de).  A  proposito  dell'  opuscolo  :  Cenni  sto- 
rici  sulla  città  e  chiesa  di  Anagni.  Lettera  aperta  al  canonico  teologo 
Biagio  Verghetti.  (Suivi  de  :  Série  dei  vescovi  di  Anagni.)  Roma,  tip. 
Forzani,  1886.  In-8%  37  p. 

128.  Arbellot  (l'abbé).  Dissertation  sur  le  lieu  de  naissance  de  saint 
Yaast,  suivie  de  l'ancienne  Vie  du  saint.  Paris,  Haton.  In-8",  75  p. 

129.  AzAÏs  (l'abbé).  Une  École  de  village  fondée  par  un  pape  au  xiv®  s. 
Nîmes,  Gervais-Bedot.  In-8°,  6  p.  (Extrait  du  Bulletin  du  Comité  de  l'art 
chrétien.) 

130.  Barbier  de  Montault  [Ms^  Xavier).  Le  Fer  à  hosties  de  Marsac 
(Tarn-et-Garonne).  Montauban,  impr.  Forestié.  In-8°,  11  p.  (Extrait  du 
Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Tarn-et-Garonne .) 

131.  Barbier  de  Montault  (M&r  Xavier).  Le  Saint  Clou  à  la  cathédrale 
de  Toul.  Nancy,  impr.  Crépin-Leblond.  In-8°,  31  p.  et  planche.  (Extrait 
des  Mémoires  de  la  Société  d'archéologie  lorraine,  1885.) 

132.  Barbot  (Amos).  Histoire  de  la  Rochelle.  Publiée  par  M.  Denys 
d'Aussy.  Saintes,  M^^  Mortreuil;  Paris,  Picard.  Tome  I.  In-8°,  524  p. 
(Extrait  des  Archives  historiques  de  la  Saintonge  et  de  l'Aunis,  t.  XIV. 
Publication  de  la  Société  des  Archives  historiques  de  la  Saintonge  et 
de  l'Aunis.) 

133.  Barthélémy  (le  D"").  Documents  inédits  sur  divers  artistes  incon- 
nus de  Marseille  et  d'Aix,  du  xiv^  au  xvi«  siècle.  Paris,  imprimerie 
nationale.  In-S",  92  p.  (Extrait  du  Bulletin  archéologique  du  Comité  des 
travaux  historiques  et  scientifiques,  1885.) 

134.  Barthélémy  (Gh.).  Erreurs  et  Mensonges  historiques.  13'=  série. 
De  la  prétendue  ignorance  de  la  noblesse  française  au  moyen  âge  ;  la 
Vérité  sur  l'abbé  Trublet;  le  Dossier  de  Nonote  ;  les  Mœurs  du  cardi- 
nal de  Richelieu,  etc.  Paris,  Blériot.  In-18  jésus,  261  p.  (Collection 
Blériot.) 

135.  Bartsch  (Karl).  Beitrâge  zur  Quellenkunde  der  altdeutschen  Lite- 
ratur.  Strassburg,  Triibner,  1886.  In-S",  v-392  p.  6  m. 

136.  Beauchet  (Ludovic).  Histoire  de  l'organisation  judiciaire  en 
France  :  époque  franque.  Paris,  Rousseau.  In-8°,  viii-503  p. 


316 

137.  Belgrano  (L.  t.).  Ginque  Documenti  genovesi-orientali.  Genova, 
tip.  del  R.  Istituto  sordo-muti,  1885.  In-8%  31  p.  (Extrait  des  Atti  délia 
Società  ligure  di  storia  patria,  1"  série,  vol.  XVII.  Concernant  les  rela- 
tions de  Gênes  avec  les  Paléologues  et  l'empire  byzantin,  1262-1351.) 

138.  Belgrano  (L.  T.).  La  Lapide  di  Giovanni  Stralleria  e  la  famiglia 
di  questo  cognome.  Memoria  letta  alla  sezione  di  archeologia  délia 
Società  ligure  di  storia  patria  nella  tornata  del  17  lugUo  1885.  Genova, 
tip.  de!  R.  Istituto  sordo-muti,  1885.  In-8°,  28  p.  (Extrait  desi^it  délia 
Società  ligure  di  storia  patria,  2"  série,  vol.  XVII.) 

139.  Bellemer  (l'abbé  E.).  Histoire  de  la  ville  de  Blaye,  depuis  sa  fon- 
dation par  les  Romains  jusqu'à  la  captivité  de  la  duchesse  de  Berry. 
Ouvrage  enrichi  d'un  plan  de  la  ville  ancienne.  Bordeaux,  Feret  ;  Blaye, 
Mme  Loustau.  In-8°,  xxiv-749  p.  10  fr. 

140.  Bénédictines  (les)  du  couvent  de  Sainte-Scholastique  de  Laval 
(1621-1795).  Mamers,  Fieury  et  Dangin.  In-8°,  78  pages  avec  plan. 
(Extrait  de  la  Revue  historique  et  archéologique  du  Maine.) 

141.  Bergeret  (Emile).  Le  Ghâteau-Renaud  et  les  légendes  nuitonnes. 
Dijon,  impr.  Darantière.  In-12,  28  p. 

142.  BiAGiONi  (Bart.).  Il  Gomune  di  Gavorrano.  Genni  storico-geogra- 
fico-statistici.  Grosseto,  tip.  Enrico  Gappelli,  1885.  In-8°,  128  p. 

143.  BiNDi  (Vinc).  A  S.  E.  il  ministro  délia  pubblica  istruzione. 
S.  Clémente  a  Casauria  e  il  suo  codice  miniato  eeistente  nella  Biblio- 
teca  nazionale  di  Parigi.  Napoh,  tip.  de  Angelis,  1885.  In-8°,  63  p. 

144.  Blanc  (Joseph).  Bibliographie  italico-française  universelle,  ou 
Catalogue  méthodique  de  tous  les  imprimés  en  langue  française  sur 
l'Italie  ancienne  et  moderne  depuis  l'origine  de  l'imprimerie  :  1475-1885. 
Vol.  I  :  Rome,  Église,  Italie.  Milan,  l'auteur,  1886.  In-8°,  1038  colonnes. 
15  1. 

145.  BoDiN  (dom).  Histoire  civile  et  militaire  de  Neufchâtel-en-Bray, 
suivie  de  remarques,  additions  et  cartulaire.  Publiée  pour  la  première 
fois  d'après  le  texte  original,  avec  introduction,  notes  et  appendices, 
par  F.  Bouquet.  Rouen,  Métérie.  In-8%  xxvi-217  p.  (Publication  de  la 
Société  de  l'histoire  de  Normandie.) 

146.  BoNNABELLE  (CL).  Notes  et  Documents  sur  Condé-en-Barrois. 
Bar-le-Duc,  impr.  Philipona.  In-8°,  32  p. 

147.  BoRDiER  (H.-L.).  Douët  d'Arcq,  chef  de  la  section  historique  aux 
Archives  nationales  (1808-1883),  notice  biographique  et  bibliographique. 
Paris,  Picard.  In-8°,  24  p.  et  portrait.  (Extrait,  revu  et  corrigé,  de  la 
Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  année  1885,  t.  XL VI.) 

148.  BossARD  (l'abbé  Eugène).  Gilles  de  Rais,  maréchal  de  France, 


sa 

dit  Barbe-Bleue  (1404-14'iO),  d'après  des  documents  inédits.  Paris,  Cham- 
pion, 1885.  In-S",  viii-4ir)  p.  et  tableau  généalogique. 

149.  BossAun  (l'alibé  Eugène).  Gilles  de  Rais,  maréchal  de  France, 
dit  Barbe-Bleue  (1401-1440),  d'après  les  documents  inédits  réunis  par 
M.  René  de  Maulde.  2e  édition.  Paris,  Champion,  1886.  In-S»,  CLxxxvn- 
428  p.  et  planches. 

150.  BouTiLLiER  (l'abbé).  La  Verrerie  et  les  Gentilshommes  verriers 
de  Nevers,  avec  un  appendice  sur  les  verreries  du  Nivernais.  Nevers, 
impr.  Vallière.  In-8°,  x-167  p.  et  planches. 

151.  BoYLESVE  (le  P.  Marin  de).  Tout  pour  Justice.  Etienne  Boylesve, 
prévôt  de  Paris  sous  le  règne  de  saint  Louis.  Coup  d'œil  sur  les  corpo- 
rations. Paris,  Haton.  Petit  in-18,  76  p. 

152.  Brunette  (N.).  Souvenirs  archéologiques  et  Notes  relatives  à 
l'état  de  la  ville  de  Reims.  Meaux,  impr.  Destouches.  In-8'',  186  p. 

153.  BucHE  (H.).  Essai  sur  l'ancien  coutumier  de  Paris  aux  xm'=  et 
xiv^  siècles.  Paris,  Larose  et  Forcel.  In-8o,  137  p.  (Extrait  de  la  Nou- 
velle Revue  historique  de  droit  français  et  étranger.) 

154.  Campori  (Ces.).  Notizie  storiche  del  Frignano.  Opéra  postuma. 
Modena,  tip.  légale,  1886.  In-8°,  344  p.  (Publié  par  G.  Campori,  frère 
de  l'auteur.) 

155.  Cardevagqde  (A.  de).  Notice  sur  les  vieilles  enseignes  d'Arras. 
Arras,  impr.  De  Sède.  In-4°,  39  p. 

156.  Carré  DE  Busserolle  (J.-X.).  Catalogue  analytique  d'aveux  de 
fiefs  rendus  par  des  familles  de  la  Touraine,  de  l'Anjou,  du  Maine  et 
du  Loudunois  (xvn"  et  xvni^  s.).  Tours,  Suppligeon.  In-8°,  ni-214  p. 

157.  Cartulaire  des  Hautes-Pyrénées.  L  Cartulaire  de  l'abbaye  des 
bénédictins  de  Saint-Savin  en  Lavedan  (945-1175),  publié  par  Charles 
Durier.  Tarbes,  Vimard;  Paris,  Champion.  In-8o,  vni-50  p. 

158.  Castex  (Maurice  de).  Histoire  de  la  seigneurie  lorraine  de  Tan- 
viller  en  Alsace.  Paris,  Berger-Levrault.  In-8'',  vi-247  p.,  eaux-fortes. 

159.  Cerf  (l'abbé).  Notes  sur  la  cathédrale  de  Reims.  Paris,  imprime- 
rie nationale.  In-8%  23  p.  (Extrait  du  Bulletin  archéologique  du  Comité 
des  travaux  historiques  et  scie?itifiques,  1885.) 

160.  Chabaneau  (Camille).  Notes  sur  quelques  manuscrits  provençaux 
perdus  ou  égarés,  suivies  de  deux  lettres  inédites  de  Pierre  de  Chasteuil- 
Gallaup,  publiées  et  annotées.  Paris,  Maisonneuve  et  Leclerc.  In-8°, 
112  p.  (Extrait  de  la  Revue  des  langues  romanes.) 

161.  Champigneulle  (Charles).  Le  Vitrail,  conférence  faite  au  palais 
de  l'Industrie,  le  26  octobre  1885.  Paris,  impr.  de  Borniol. 

162.  Champion.  Viliemoutiers  (Loiret).  Orléans,  Herluison.  In-S»,  77  p. 
(Extrait  des  Annales  de  la  Société  historique  et  archéologique  du  Gdtinais.) 


Sis 

163.  Chartes  (les)  de  Saint-Bertin,  d'après  le  grand  cartulaire  de  dom 
Charles-Joseph  Dewitte,  dernier  archiviste  de  ce  monastère,  publiées 
ou  analysées,  avec  un  grand  nombre  d'extraits  textuels,  par  M.  l'abbé 
Daniel  Haigneré.  Tome  I  (648-1240).  Saint-Omer,  impr.  D'Homont. 
ln-4%  Lvin-471  p.  (Publication  de  la  Société  des  antiquaires  de  la 
Morinie.) 

164.  Chassaing  (Augustin),  Spicilegium  Drivatense.  Recueil  de  docu- 
ments historiques  relatifs  au  Brivadois  et  à  l'Auvergne.  Paris,  Picard, 
1886.  In-4",  xvii-756  p.  18  fr. 

165.  Clerici  (Graziano  Paolo).  Alcune  Osservazioni  sul  testo  e  sulla 
interpretazione  délia  Divina  Commedia  di  Dante  Alighieri.  Parma,  tip. 
Ferrari  e  Pellegrini,  1886.  In-8'',  93  p.  Ne  se  vend  pas. 

166.  Collection  de  documents  pour  servir  à  l'histoire  des  hôpitaux  de 
Paris,  commencée  sous  les  auspices  de  M.  Michel  Môring,  continuée 
par  M.  Charles  Quentin,  directeur  de  l'administration  générale  de  l'as- 
sistance publique;  publiée  par  M.  Brièle,  archiviste  de  l'administration. 
Tome  IV.  Fin  des  comptes  et  dons  et  legs  faits  avant  1789  aux  hôpi- 
taux et  hospices.  1"  fascicule.  Paris,  Picard.  In-4°  à  2  col.,  p.  1  à  200. 

167.  CoRÂ  (G.).  I  Precursori  di  Cristoforo  Colombo  verso  l'America. 
Conferenza  tenuta  alla  Società  geograiica  italiana  il  30  marzo  1885. 
Roma,  la  Società,  1886.  In-8°,  17  p.  (Extrait  du  BoUettino  délia  Società 
gcografica  italiana,  décembre  1885.) 

168.  CoRTEz  (M. -F.).  Date  de  l'achèvement  de  l'église  de  Saint-Maxi- 
min  (Var),  d'après  des  documents  inédits.  Paris,  imprimerie  nationale. 
In-8°,  12  p.  (Extrait  du  Bulletin  archéologique  du  Comité  des  travaux  his- 
toriques  et  scientifiques,  1885.) 

169.  Courbe  (Ch.).  Les  Rues  de  Nancy  du  xvi«  siècle  à  nos  jours. 
Tableau  historique,  moral,  critique  et  satirique  des  places,  portes,  rues, 
impasses  et  faubourgs  de  Nancy.  Recherches  sur  les  causes  et  les  ori- 
gines des  vocables  qui  leur  ont  été  appliqués  depuis  le  xvi<'  siècle.  Tome  I, 
Nancy,  imprimerie  lorraine.  In-8°,  359  p. 

170.  Cousin  (Jules).  La  Conférence  historique  des  conseillers  de  ville  au 
xvme  siècle.  Nogent-le-Rotrou,  impr.  Daupeley-Gouverneur.  In-8°,  7  p. 
(Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  de  Paris  et  de  V Ile-de-France, 
novembre-décembre  1885.) 

171.  CoussEMAKER  (Ignace  de).  Le  Carillon  de  la  ville  de  Bailleul.  Lille, 
impr,  Lefebvre-Ducrocq.  In-8'',  24  p.  avec  figure  et  musique,  (Extrait 
des  Annales  du  Comité  flamand  de  France.) 

172.  Coutumes  de  Lorris,  publiées  d'après  le  registre  du  parlement  de 
Paris,  par  Ad.  Tardif.  Paris,  Picard.  In-8o,  xvi-78  p.  (Recueil  de  textes 
pour  servir  à  l'enseignement  de  l'histoire  du  droit.) 


319 

173.  Crampon  (le  chanoine  A.).  Girart  de  Roussillon,  chanson  de  geste. 
Amiens,  impr.  Douillet,  In-S",  30  p.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société 
des  antiquaires  de  Picardie,  t.  XXIX.) 

174.  CucHERAT  (F.).  Cluny  au  xiVsiècle,  son  influence  religieuse,  intel- 
lectuelle et  politique.  '4'=  édition,  précédée  d'une  introduction  inédite 
sur  les  premières  origines  de  Gluny.  Autun,  Dejussicu.  In-16,  280  p. 

175.  Danicoort  (Fabbé  Ernest).  Notice  sur  Saint-Léger-lez-Authie, 
extraite  de  l'histoire  d'Authie.  Ham,  impr.  Garpentier,  In-8°,  36  p. 
et  plan. 

176.  Dareste  (R.).  Svod  zakonuv  slovanskych  :  Codex  legum  Slavonica- 
rum,  publié  par  Hermenegild  Jiretchek.  Paris,  imprimerie  nationale. 
In-4»,  54  p.  (Extrait  du  Journal  des  Savants,  1885  et  1886.) 

177.  De  imitatione  Christi  libri  quatuor.  Novis  curis  edidit  et  ad  fidem 
codicis  Aronensis  recognovit  Petrus  Eduardus  Puyol.  Paris,  Retaux- 
Bray.  In-1»,  Lvin-514  p. 

178.  Deladreue  (l'abbé  L.-E.).  Berneuil,  notice  historique  et  archéo- 
logique. Beauvais,  impr.  Père.  In-8°,  89  p. 

179.  Delisle  (Léopold).  Mémoire  sur  l'école  calligraphique  de  Tours 
au  ixe  siècle.  Paris,  imprimerie  nationale.  In-4'',  32  p.  et  5  pi.  (Extrait 
des  Mémoires  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  t.  XXXII, 
l^e  partie.) 

180.  Deloche.  Des  monnaies  d'or  au  nom  du  roi  Théodobert  I^"";  des 
causes  de  leur  abondance,  de  leur  titre  élevé  et  de  la  substitution,  sur 
ces  monnaies,  de  la  légende  royale  à  la  légende  impériale.  Paris,  impri- 
merie nationale.  In-4°,  19  p.  (Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres,  t.  XXXII,  l''^  partie.) 

181.  Devig  (dom  Cl.)  et  Vaissette  (dom  J.).  Histoire  générale  du  Lan- 
guedoc, avec  des  notes  et  les  pièces  justificatives.  Édition  accompagnée 
de  dissertations  et  notes  nouvelles.  Tome  X.  Toulouse,  Privât.  In-4°, 
vi-2499  col. 

182.  DiEHL  (Charles).  Ravenne,  études  d'archéologie  byzantine.  Paris, 
Rouam.  In-4'',  84  p.  avec  gravure. 

183.  Diplomi  (i)  angioini  dell'  archivio  di  Stato  di  Palermo  [1354- 
1357],  raccolti  e  pubblicati  per  cura  del  socio  dottor  Giuseppe  Travail. 
Palermo,  tip.  Michèle  Amenta,  1885.  In-8%  80  p.  (Documcnti  pubbli"- 
cati  dalla  Società  siciliana  per  la  storia  patria,  vol.  VIII,  fasc.  1.) 

184.  Documenta  generalia  et  specialia  ad  universam  theologiam  spec- 
tantia,  seu  décréta  aliquot  de  rébus  fidei  et  morura  quaî  a  Romanis 
pontificibus,  conciliis  œcumcnicis  et  congregationibus  Romanis  pro- 
mulgata  sunt  a  saîcul.  xiv  ad  sœcul.  xix.  Paris,  Lethielleux.  In-18 
Jésus,  295  p. 


320 

185.  Documents  pour  servir  à  l'histoire  politique,  administrative  et 
commerciale  de  la  Flandre  maritime,  recueillis,  annotés  et  publiés  par 
M.  A.  Bonvarlet.  Lille,  impr.  Lefebvre-Ducrocq.  In-8°,  64  p.  (Extrait  des 
Annales  du  Comité  flamand  de  France.) 

186.  Documents  sur  le  siège  de  Metz  en  4552,  publiés,  d'après  les 
registres  du  bureau  de  la  ville  de  Paris,  par  François  Bonnardot.  Paris. 
In-S",  36  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  de  Vhistoire  de  Paris  et  de 
r  Ile-de-France,  1885.) 

187.  DuBÉDAT.  Histoire  du  parlement  de  Toulouse.  Paris,  Rousseau, 
1885.  2  vol.  in-8°,  xvi-760,  736  p.  20  fr. 

188.  DuBois-GucHAN  (Gaston).  Une  Visite  à  Luçon  en  1885.  Le  Mans, 
impr.  de  l'Union  de  la  Sarthe,  In-i2,  23  p. 

189.  Du  Bourg  (Antoine).  Tableau  de  l'ancienne  organisation  du  tra- 
vail dans  le  midi  de  la  France  ;  corporations  ouvrières  de  la  ville  de 
Toulouse  de  1270  à  1791.  Toulouse,  impr.  Saint-Cyprien.  In-18,  vi-237  p. 

190.  DucLOS  (H.).  Histoire  des  Ariégeois  (comté  de  Foix,  vicomte  de 
Couserans,  etc.).  De  l'esprit  et  de  la  force  intellectuelle  et  morale  dans 
l'Ariège  et  les  Pyrénées  centrales.  Tome  V.  Archéologues  de  l'Ariège, 
tome  I  :  descripteurs,  géologues,  historiens.  Paris,  Perrin.  In-8°, 
Lxxn-915  p.  et  grav. 

191.  DucouDRAv  (le  R.  P.  fr.  Marie-Bernard).  L'Ancien  Couvent  des 
Frères  prêcheurs  à  Angers.  Angers,  Germain  et  Grassin.  In-8°,  23  p. 
(Extrait  de  la  Revue  de  l'Anjou.) 

192.  Du  Fresne  de  Beaugourt  (G.).  Histoire  de  Charles  VH.  Tome  IH  : 
le  réveil  du  roi  (1435-1444).  Paris,  Société  bibliographique.  In-8°,  548  p. 

193.  DuMAiNE  (l'abbé  L.-V.).  Notre-Dame  d'AIençon,  ses  parties  remar- 
quables, ses  curés  depuis  1060,  ses  récentes  restaurations,  avec  le  dis- 
cours prononcé  à  la  cérémonie  d'inauguration  des  nouvelles  verrières. 
Mamers,  Fleury  et  Dangin.  In-12,  47  p.;  2"  édition,  48  p. 

194.  Dupont  (Gustave).  Histoire  du  Gotentin  et  de  ses  îles.  Tome  IV 
(et  dernier).  Caen,  Le  Blanc-Hardel.  In-8'',  692  p. 

195.  DupuY  (le  P.  L.).  Le  Sanctuaire  de  Notre-Dame  de  Sabart  près 
Tarascon  (Ariège).  Histoire  et  monographie  du  vieux  monument  depuis 
son  origine  jusqu'à  nos  jours.  Sabart  près  Tarascon-sur-Ariège,  les 
missionnaires  gardiens  du  sanctuaire.  In-32,  182  p.  avec  vignette. 

196.  Ennodi  (Magni  Felicis)  Opéra.  Recensuit  Frid.  Vogel.  Berolim, 
Weidmann,  1885.  In-4%  lxii-418  p.  (Monumenta  Germaniae  historica. 
Auctorum  antiquissimorum  tomus  VH.)  13  m. 

197.  Everat  (Edouard).  La  Sénéchaussée  d'Auvergne  et  siège  présidial 
de  Riom  au  xviu^  siècle,  étude  historique  d'après  les  papiers  et  docu- 


321 

ments  inédits  de  MM.  Jacques  Chabrol,  Guillaume-Michel  de  Chabrol 
et  Gaspard-Glaude-Frannois  de  Chabrol,  avocats  du  roi  et  licutcuant 
général  criminel  audit  siège.  Paris,  Thorin.  In-S",  xi-420  p. 

198.  Fage  (René).  Le  Vieux  Tulle.  N"  2  :  les  Fortifications.  Avec  un 
plan  exécuté  par  M.  Ducros,  d'après  Tripon.  Tulle,  impr.  Crauffon. 
In-8»,  30  p. 

199.  Faucon  (A.).  Notes  archéologiques  sur  Saint-Denis-de-Gastines 
(Mayenne).  Le  Mans,  impr.  Monnoyer.  In-8%  16  p.  et  planche.  (Extrait 
du  Bulletin  de  la  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  la  Sarthc.) 

200.  Faucon  (Maurice).  La  Librairie  des  papes  d'Avignon,  sa  forma- 
tion, sa  composition,  ses  catalogues  (1316-1420),  d'après  les  registres  de 
comptes  et  d'inventaires  des  archives  vaticanes.  Paris,  Thorin.  Tome  I. 
In -8°,  xxi-268  p.  et  planches.  (Bibliothèque  des  Écoles  françaises 
d'Athènes  et  de  Rome,  fasc.  43.) 

201.  Fête  (la)  de  l'Assaut  à  la  cathédrale  de  Beauvais  (1472).  Beau- 
vais,  impr.  Père.  In-S",  23  p. 

202.  Fischer  (Theobald).  Sammlung  mittelalterlicher  Welt-  und  See- 
karten  italienischen  Ursprungs  und  aus  italionischen  Bibliotheken  und 
Archiven.  Yenedig,  Ferdinand  Ongania,  1886.  ^1-8",  v-254  p. 

203.  Flahault  (l'abbé  R.).  Deux  Manuscrits  de  l'abbaye  Saint-Winoc 
à  Bergues.  Lille,  impr.  Lefebvre-Ducrocq.  In-8°,  8  p.  (Extrait  des 
Annales  du  Comité  flamand  de  France.) 

204.  Flahault  (l'abbé  R.).  Notes  relatives  à  la  chapelle  Saint-Bona- 
venture  au  hameau  de  la  Cloche  (paroisse  de  Zegers-Cappel).  Lille, 
impr.  Lefebvre-Ducrocq.  In-8%  18  p.  (Extrait  des  Annales  du  Comité 
flamand  de  France.) 

205.  Flandina  (Antonino).  Programma  per  una  scuola  di  paleografia 
e  diplomatica  in  Palermo.  Palermo,  tip.  lo  Statuto,  1885.  In-16,  30  p. 

206.  Fleury  (Gabriel).  Notices  historiques  sur  Mamers  :  l'église  Saint- 
Nicolas.  Mamers,  Fleury  et  Dangin.  Gr.  in-8%  59  p.  avec  figures  et 
planches,  (Extrait  de  la  Revue  historique  et  archéologique  du  Maine.) 

207.  Froger  (Loui.s).  Philbert  de  Vanssay.  Mamers,  Fleury  et  Dan- 
gin. In-8%  24  p.  (Extrait  de  la  Revue  historique  et  archéologique  du  Maine.) 

208.  FuGHS  (J.),  Meyer  (Emmanuel)  et  Kauffjiann  (P.).  Le  Livre 
d'or  de  l' Alsace-Lorraine.  Tableau  historique  en  150  dessins  hors  texte 
et  300  dans  le  texte.  Reproduction  des  monuments  gallo-romains, 
armoiries,  monnaies,  vues  des  villes  au  moyen  âge,  documents  relatifs 
à  son  apport  coopératif  aux  sciences,  aux  lettres,  aux  arts  et  aux  pro- 
grès de  la  civilisation  à  travers  les  siècles.  Paris,  impr.  Chamerot.  Petit 
in-fol.  (L'ouvrage  formera  50  livraisons  mensuelles,  à  4  fr.) 


322 

209.  FusTEL  DE  CouLANGES.  Étude  sur  le  titre  :  De  migrantibus,  de  la 
loi  salique.  Paris,  Thorin.  In-8°,  36  p.  (Extrait  de  la  Revue  générale  du 
droit.) 

210.  Gandoglia  (Bern.).  La  CittàdiNoli  :  monogratia storica.  Savona, 
tip.  Bertolotto  e  Isotta,  1885.  In-S",  382  p.  3  1, 

211.  Gens  (les)  de  qualité  en  Basse -Marche.  Études  et  documents 
généalogiques.  Limoges,  Ducourtieux;  Poitiers,  Blanctiier;  le  Dorât, 
Surenaud.  (Paraît  par  livraisons  de  52  p.  à  2  fr.  chacune.) 

212.  Germain  (Léon).  Anciennes  Cloches  lorraines.  Nancy,  impr. 
Crépin-Leblond.  In-8°,  74  p.  (Extraits,  avec  additions,  du  Journal  de  la 
Société  d'archéologie  lorraine,  août  1885.) 

213.  Germain  (Léon).  Guillaume  de  Marcillat,  peintre  lorrain.  Nancy, 
impr.  Crépin-Leblond.  In-8%  11  p. 

214.  Germain  (Léon).  Pierre  tombale  de  deux  fils  de  Charles  Hierosme 
à  Dieulouart.  Nancy,  impr.  Crépin-Leblond.  In-8°,  15  p. 

215.  Germain  (Léon).  Une  Correction  au  Nobiliaire  de  dom  Pelletier  : 
les  familles  de  Malvoisin-Malvoisin  et  Conreux  de  Malvoisin.  Nancy, 
impr.  Crépin-Leblond.  In-8°,  10  p. 

216.  Geymûller  (le  baron  de).  Documents  inédits  sur  les  manuscrits 
et  les  œuvres  d'architecture  de  la  famille  de  San  Gallo,  ainsi  que  sur 
plusieurs  monuments  de  l'Italie.  Paris.  In-8%  31  p.  (Extrait  des  Mémoires 
de  la  Société  nationale  des  antiquaires  de  France,  t.  XLV.) 

217.  GoNDELON  (Louis).  Biographie  des  personnages  historiques  ou 
dignes  de  mémoire  de  la  ville  de  Riom.  Riom,  impr.  Jouvet.  In-8°,  54  p. 

218.  Grangier  (Louis).  Histoire  abrégée  et  élémentaire  de  la  littéra- 
ture française  depuis  son  origine  jusqu'à  nos  jours.  Ouvrage  rédigé 
d'après  les  meilleurs  critiques.  7*  édition,  revue.  Leipzig,  Brockhaus, 
1885.  In-16,  x-349  p.  3  m.  50  pf. 

219.  Graule  (l'abbé  Henri).  Histoire  de  Lescure,  ancien  fief  immédiat 
du  saint-siège,  et  de  ses  seigneurs.  Paris,  Palmé.  In-8°,  764  p.  et  pi. 

220.  Gregory  (Caspar-René).  Les  Cahiers  des  manuscrits  grecs.  Paris, 
imprimerie  nationale.  In-8°,  12  p.  (Extrait  du  Compte  rendu  des  séances 
de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  1885.) 

221.  Gregory  d'Ierni  (Francesco).  Paris  en  1596  vu  par  un  Italien. 
Publié  par  Gaston  Raynaud.  Paris.  In-8°,  7  p.  (Extrait  du  Bulletin  de 
la  Société  de  l'histoire  de  Paris  et  de  l'Ile-de-France.) 

222.  Grienberger  (Theod.  von).  Ueber  romanische  Ortsnamen  in  Salz- 
burg.  Salzburg,  Dicter,  1886.  In-8'',  62  p. 

223.  Grignard  (le  D''  Fr.).  L'Abbaye  de  Flavigny,  ses  historiens  et  ses 
histoires.  Autun,  impr.  Dejussieu.  In-8'',  vii-7I  p. 


323 

224.  Grignon  (L.).  Église  cathédrale  de  Chàlons,  renseignements 
historiques  inédits.  Ghàlons-sur-Marne,  impr.  Martin.  In-8%  39  p. 

225.  GuALANDi  (Ang.).  Accenni  aile  origini  délia  lingua  c  délia  poesia 
italiana,  e  di  alcuni  rimatori  e  prosatori  in  lingua  volgare  hologuesi  c 
veneziani  dei  secoli  xni  e  xiv,  con  appendice  di  documenti  e  tavola. 
Spigolature  dagli  archivi  di  Stato  di  Bologna  e  di  Yenezia.  Bologna, 
Carlo  Ramazzotti,  1885.  In-4%  51  p.  2  1. 

226.  Guillaume  (l'abbé).  Église  des  Cordeliers,  chapelle  ducale  et  tom- 
beaux des  princes  de  la  maison  de  Lorraine,  description  historique  et 
sommaire,  Nancy,  le  gardien  de  l'église  des  Cordeliers.  In-32,  31  p. 

227.  GuiLLOTiN  nE  Corson  (l'abbé).  Études  historiques  sur  la  Bretagne; 
l'Église  de  Rennes  à  travers  les  âges.  Nantes,  Forest  et  Grimaud.  In-8', 
44  p.  (Extrait  de  la  Revue  de  Bretagne  et  de  Vendée.) 

228.  Hamon  (J.-M.).  Saint-Malo,  son  passé,  le  tour  de  ses  remparts. 
Saint-Malo,  impr.  veuve  liaize.  In-8°,  75  p.  1  fr.  25  c. 

229.  Hase  (Oscar).  Die  Koberger.  Eine  Darstellung  des  buchhiindle- 
rischen  Geschàftsbetriebes  in  der  Zeit  des  Ueberganges  vom  Mittelalter 
zur  Neuzeit.  2«  neu  bearbeitete  Auflage.  Leipzig,  Breitkopf  uud  Hàrtel, 
1885.  In-8°,  vni-462-CLiv  p.,  4  annexes.  10  m. 

230.  Hauréau  (B.).  Mémoire  sur  la  vie  et  quelques  œuvres  d'Alain  de 
Lille.  Paris,  imprimerie  nationale.  In-4°,  27  p.  (Extrait  des  Mémoires 
de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  t.  XXXII,  l""^  partie.) 

231.  Hauréau  (B.).  Notice  sur  le  numéro  3203  des  manuscrits  latins 
de  la  Bibliothèque  nationale.  Paris,  imprimerie  nationale.  In-4°,  14  p. 
(Extrait  des  Notices  et  Extraits  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale, etc.,  t.  XXXI,  2°  partie.) 

232.  Heidemann  (Julius).  Die  Beguinenconventen  Essens.  Nach  den 
Urkunden  bearbeitet.  Essen,  Bàdeker,  1886.  In-12,  196  p.  (Beitràge 
zur  Geschichte  von  Stadt  und  Stift  Essen.  9^^  heft.)  1  m.  50  pf. 

233.  Heinemann  (Otto  von).  Geschichte  von  Braunschweig  und  Han- 
nover.  IL  Gotha,  F.  A.  Perthes,  1886.  In-8%  iv-499  p.  9  m. 

234.  Histoire  de  la  ville  de  Béthune,  tirée  des  anciennes  chroniques 
de  Flandre  et  d'Artois.  Manuscrit  inédit,  publié,  avec  une  table  des 
ma,tières,  par  L.  Quarré-Reybourbon.  Lille,  Quarré.  In-12,  72  p. 

235.  Iscrizioni  (le)  délia  chiesa  di  S.  Pietro  Somaldi  raccolte  l'anno 
MDCCLX  da  Bartolommeo  Baroni.  (Publié  par  Bernardino  Baroni.) 
Con  l'appendice.  Lucca,  tip.  Giusti,  1886.  In-8°,  23  p. 

236.  J^GER  (Alb.).  Die  Blùthezeit  der  Landstande  Tirols  von  dem 
Tode  desHerzogs  Friedrich  mit  der  leeren  Tasche  1439  bis  zum  Tode 
des  Kaisers  Maximilian  I  1519.  Innsbruck,  Wagner,  1885.  In-8°, 
vn-539  p.  (Geschichte  der  landstandischen  Verfassung  Tirols.  Il,  2.) 


324 

237.  JouBERT  (André).  Le  Collège  de  Requeil  d'après  des  documents 
inédits  (1676-1793).  Mamers,  Fleury  et  Dangin.  In-8°,  14  p.  (Extrait  de 
la  Revue  historique  et  archéologique  du  Maine.) 

238.  JouBERT  (André).  La  Démolition  des  châteaux  de  Craon  et  de 
Château-Gontier,  d'après  les  documents  inédits  (1592-1657).  Mamers, 
Fleury  et  Dangin.  In-8°,  39  p.  (Extrait  de  la  Revue  historique  et  archéo- 
logique du  Maine.) 

239.  JouBERT  (André).  La  Restauration  artistique  de  l'hôtel  de  Pincé. 
Angers,  Germain  et  G.  Grassin,  1886.  In-S",  16  p.,  4  pi.  (Hôtel  sis  à 
Angers,  bâti  de  1523  à  1533,  restauré  de  nos  jours.) 

240.  JuLLiOT  (G.).  Notice  sur  des  ornements  pontificaux  donnés  à  la 
cathédrale  de  Sens  par  Mm«  la  comtesse  douairière  de  Bastard  d'Estang. 
Paris,  imprimerie  nationale.  In-S»,  15  p.  avec  fig.  et  3  planches 
coloriées. 

241.  Kersauson  (J.  de).  Histoire  généalogique  de  la  maison  de  Ker- 
sauson.  Nantes,  impr.  Forest  et  Grimaud.  In-4'',  xn-352  p.  et  planches 
héraldiques. 

242.  Kerschbaumer  (Anton).  Geschichte  der  Stadt  Krems.  Krems 
a.  D.,  Oesterreicher,  1885.  In-8»,  xvi-651  p.,  16  planches. 

243.  KiNDLER  VON  Knobloch  (J.).  Das  goldene  Buch  von  Strassburg. 
I.  Strassburg,  Trùbner,  1885.  In-8°,  192  p.,  23  planches.  10  m. 

244.  KiRCHHOFF  (Albrecht).  Die  Entwickelung  des  Buchhandels  in 
Leipzig  bis  in  das  zweite  Jahrzehnt  nach  Einfùhrung  der  Reformation 
(1539).  Eine  geschichtliche  Skizze.  Leipzig,  1885.  In-8'',  88  p. 

245.  Kluge  (Friedrich).  Nominale  Stammbildungslehre  der  germa- 
nischen  Dialecte.  Halle,  Niemeyer,  1886.  In-8°,  xn-108  p.  (Sammlung 
kurzer  Grammatiken  germanischer  Dialecte.  Ergànzungsreihe  L) 
2  m.  60  pf. 

246.  KocK  (Axel).  Sprâkhistoriska  Undersokningar  om  svensk 
akcent.  H.  Lund,  Gleerup,  1885.  In-8o,  iv-524  p. 

247.  Labonne  (le  D""  H.).  Recueil  de  mots  et  expressions  qui,  employés 
par  Rabelais,  sont  encore  en  usage  dans  le  Berry.  Châteauroux,  impr. 
Majesté.  In-S",  19  p.  (Extrait  de  la  Revue  du  Ceiitre.) 

248.  La  Bouillerie  (Sébastien  de).  Petite  Chronique  d'autrefois.  Pre- 
mière partie  :  la  Répression  du  blasphème  dans  l'ancienne  législation. 
Mamers,  Fleury  et  Dangin.  In-8°,  20  p.  (Extrait  de  la  Revue  historique 
et  archéologique  du  Maine.) 

249.  Lafenestre  (Georges).  La  Peinture  italienne.  I.  Depuis  les  ori- 
gines jusqu'à  la  fin  du  xv^  siècle.  Paris,  Quantin.  ln-8%  360  p.  avec 
gravures.  (Bibliothèque  de  l'enseignement  des  beaux-arts.)  3  fr.  50  c. 


325 

250.  Lallemand  (Paul).  Un  Manuscrit  retrouvé  :  guerre  de  Metz 
en  1324.  Nancy,  impr.  Grépin-Leblond.  (Extrait  du  Journal  de  la  Société 
d'archéologie  lorraine.) 

251.  LASiNio(Fausto).  Délie  voci  italiane  di  origine  orientale.  Firenze, 
Le  Monnier,  1886.  In-8°,  16  p.  (Réimpression  publiée  par  G.  Levantini- 
Pieroni.) 

252.  Laurière  (Jules  de)  et  Mùntz  (Eugène).  Giuliano  da  San  Gallo 
et  les  monuments  antiques  du  midi  de  la  France  au  xv  siècle.  Paris. 
In-S",  36  p.  et  planches.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  nationale 
des  antiquaires  de  France,  t.  XLV.) 

253.  Le  Blant  (Edmond).  Les  Sarcophages  chrétiens  de  la  Gaule. 
Paris,  imprimerie  nationale.  Li-4°,  xxiv-171  p.  et  59  planches.  (Collec- 
tion de  documents  inédits  sur  l'histoire  de  France,  publiés  par  les  soins 
du  ministère  de  l'instruction  publique.) 

254.  Ledouble  (l'abbé).  Les  Origines  de  Liesse  et  du  pèlerinage  de 
Notre-Dame.  Soissons,  l'auteur.  In-8%  39  p.  et  2  planches.  1  fr.  25  c. 

255.  Ledru  (l'abbé  Ambroise).  Damiens  dans  le  Maine.  Mamers, 
Fleury  et  Dangin.  In-8°,  14  p.  (Extrait  de  la  Revue  historique  et  archéo- 
logique du  Maine.) 

256.  Ledru  (l'abbé  Ambroise).  Un  Paroissien  de  la  Selle-Craonnaise 
au  xvie  siècle.  Mamers,  Fleury  et  Dangin.  In-8°,  14  p. 

257.  Lefort  (F.).  Sur  un  manuscrit  du  xni«  siècle  relatif  à  la  cons- 
truction des  premiers  ponts  sur  le  Rhône  à  Avignon  et  à  Lyon.  Étude 
historique  et  critique.  Reims,  impr.  Monce.  In-8",  24  p. 

258.  Legeay  (F.).  Les  Archives  de  la  Sarthe;  le  Couvent  des  Jacobins 
du  Mans.  Le  Mans,  Leguicheux.  In-S»,  15  p. 

259.  Legeay  (F.).  Recherches  historiques  sur  Ghemiré-le-Gaudin.  Le 
Mans,  impr.  Monnoyer.  In-8'',  53  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société 
d'agriculture,  sciences  et  arts  de  la  Sarthe.) 

260.  Le  Gentil  (G.).  Églises  Saint-Nicolas-sur-les-Fossés  en  Arras 
(ville),  xne  siècle  à  1885.  Arras,  impr.  De  Sède.  In-8°,  217  p. 

261.  Legrand  (Maxime).  Les  Ruines  romaines  et  les  Mosaïques  de 
Souzy-la-Briche,  arrondissement  d'Étampes  (Seine-et-Oise).  Orléans, 
Herluison.  In-8°,  39  p.  et  planche.  (Extrait  des  Annales  de  la  Société 
historique  et  archéologique  du  Gâtinais.) 

262.  Lévrier  (Antonin).  Histoire  des  Deux-Sèvres.  Niort,  Glouzot. 
In-18  Jésus,  473  p. 

263.  Lhuillier  (Th.).  La  Tapisserie  dans  la  Brie  et  le  Gâtinais, 
mémoire  lu  à  la  Sorboi.ne  le  8  avril  1885.  Paris,  Pion.  In-8°,  31  p. 

264.  Liber  (der)  trium  fratrum  de  geometria.  Nach  der  Lesart  des 


326 

Codex  Basileensis  F.  II.  33  mit  Einleitung  und  Gommentar  herausgege- 
ben  von  Max  Curtze.  Mit  in  denTexL  gedruckten Holzschnitten.  Halle; 
Leipzig,  Engelmann,  1885.  In-4»,  63  p.  (Nova  Acta  der  kais.  Leop.- 
Carol.  deutschen  Akademie  der  Naturforscher,  XLIX,  2.) 

265.  LiMAYRAC  (Léopold).  Étude  sur  le  moyen  âge  :  histoire  d'une 
commune  et  d'une  baronnie  du  Quercy  (GasteInau-de-Montratier). 
Gahors,  Girma.  In-S",  li-654  p.  et  planches.  7  fr. 

266.  Livre  de  comptes  de  Glaude  Rohault,  curé  de  l'église  Saint- 
Quentin  de  Misery-en-Garnois  d'Holnon  (années  1659  à  1664).  Publié 
par  M.  Gh.  Poette.  Saint-Quentin,  impr,  Poette.  In-8%  61  p. 

267.  LizERAY  (Henri).  Origines  franques.  Paris,  Fauteur,  20,  place 
Denfert-Rochereau.  In-8°,  28  p. 

268.  LoisEAu  (A.).  Histoire  delà  littérature  portugaise  depuis  ses  ori- 
gines jusqu'à  nos  jours.  Paris,  Thorin,  1886.  In-18  jésus,  vni-409  p. 

269.  LoRY  (Ernest-Léon).  Ordonnance  concernant  les  droits  qu'avait 
anciennement  l'exécuteur  de  la  haute  justice  de  la  ville  de  Dijon 
(année  1452).  Dijon,  impr.  Jobard.  In-4'',  24  p.  (Extrait  des  Mémoires 
de  la  Commission  des  antiquités  de  la  Côte-d'Or.) 

270.  Louis  XI,  roi  de  France.  Lettres,  publiées  d'après  les  originaux, 
pour  la  Société  de  l'histoire  de  France,  par  Joseph  Vaesen  et  Etienne 
Gharavay.  Tome  II.  Lettres  de  Louis  XI  (1461-1465),  pubhées  par 
Joseph  Vaesen.  Paris,  Loones.  In-8%  vn-402  p. 

271.  Lozzi  (Garlo).  Biblioteca  storica  dell'  antica  e  nuova  Italia.  Sag- 
gio  di  bibliografia  analitico  comparato  e  critico.  Vol.  I.  Imola,  Galeati, 
1886.  In-8%  493  p. 

272.  Lupo  (Marco).  Monografia  storica  di  Mottola.  Seconda  edizione. 
Taranto,  tip.  Ruggiero  Parodi,  1885.  In-8'',  154  p.  1  1.  75  c. 

273.  Madden  (J.-P.-A.).  Lettres  d'un  bibliographe,  suivies  d'un  essai 
sur  l'origine  de  l'Imitation.  6«  (et  dernière)  série.  Paris,  Leroux.  In-S», 
xxm-310  p.  et  atlas  in-4°. 

274.  Majetti  (Raff.).  Associazioni  di  arti  e  mestieri  per  diritto  romano. 
Gorporazioni  di  arti  e  mestieri  napoletani  dal  xiv  al  xix  secolo.  Napoli, 
Garlo  La  Gava,  1885.  In-16,  57-89  p.  (Extrait  de  la  Gazzetta  del  procura- 
tore,  20^  année.) 

275.  Mangod  (l'abbé  Eug.).  Saint  Paterne,  martyr,  patron  de  Saint- 
Sauveur-lez-Bray.  Bray-sur-Seine,  impr.  Golas.  In-8°,  iii-81  p.  et  pi. 

276.  Marie  de  France.  Die  Lais.  Herausgegeben  von  Karl  Warnke. 
Mit  vergleichenden  Anmerkungen  von  Reinhold  Kohler.  Halle,  Nie- 
meyer,  1885.  In-8°,  lv-276  p.  (Bibliotheca  Normannica.  Herausgegeben 
von  Hermann  Suchier.  III.)  ÎO  m. 


327 

277.  Maxe-Werly  (Léon).  Étude  du  tracé  de  la  chaussée  romaine 
entre  Ariola  et  Fines,  documents  à  consulter  dans  la  recherche  des  voies 
antiques  du  pagus  Barrensis.  Bar-le-Duc,  impr.  Philipona.  In-8°,  39  p. 
et  carte. 

278.  Mazzatinti  (Giuseppe).  Inventario  dei  manoscritti  italiani  délie 
biblioteche  di  Francia.  Vol.  I  :  manoscritti  italiani  délia  Bihlioteca 
nazionale  di  Parigi.  Roma,  1886.  In-8"',  clxxxii-2o6  p.  (Miuistero  délia 
pubblica  istruzione  :  indici  e  cataloghi,  n»  5.) 

279.  Mélanges  historiques.  Choix  de  documents.  Tome  V.  Paris, 
imprimerie  nationale.  In-4°,  644  p.  (Collection  de  documents  inédits 
sur  l'histoire  de  France,  publiés  par  les  soins  du  ministère  de  l'instruc- 
tion publique.) 

280.  Michaux  (Alexandre),  Histoire  de  Villers-Cotterets,  la  ville,  le 
château,  la  forêt  et  ses  environs.  Illustrée  par  Charles  Montpellier. 
2«  édition,  augmentée  et  mise  au  courant  des  événements  jusqu'en  1886. 
Paris,  Marchai  et  Billard.  In-4°  à  2  colonnes,  210  p.  et  planches. 

281.  MiLLARD  (l'abbé  A.).  Histoire  de  Somsois.  Arcis-sur-Aube,  Fré- 
mont.  In-8°,  268  p. 

282.  MiLLARD  (l'abbé  A.).  Histoire  ecclésiastique  et  féodale  de  l'archi- 
diaconé  de  Margerie.  Histoire  de  Chapelaine-sous-Margerie.  2^  édition. 
Ghâlons-sur-Marne,  Denis.  In-8'',  95  p. 

283.  MiREUR.  Inventaire  de  la  boutique  d'un  orfèvre  de  la  ville  de 
Draguignan  en  1498.  Paris,  imprimerie  nationale.  In-8'',  12  p.  (Extrait 

du  Bulletin  archéologique  du  Comité  des  travaux  historiques  et  scienti" 
fiques,  1885.) 

284.  MissoL  (le  D'  Léon).  La  Famine  et  l'Épidémie  de  1709  dans  le 
Beaujolais,  d'après  les  archives  de  la  commune  et  de  l'Hôtel-Dieu  de 
Villefranche.  Lyon,  impr.  Mougin-Russand.  (Extrait  de  la  Revue  lyon- 
naise.) 

285.  Mittheilungen  zur  Geschichte  des  Heidelberger  Schlosses.  Heraus- 
gegeben  vom  Heidelberger  Schlossverein.  Heft  1.  Heidelberg,  Groos, 
1885.  In-8»,  34  p.,  2  planches.  1  m. 

286.  MoisY  (Henri).  Dictionnaire  du  patois  normand,  indiquant  par- 
ticulièrement tous  les  termes  de  ce  patois  en  usage  dans  la  région  cen- 
trale de  la  Normandie,  pour  servir  à  l'histoire  de  la  langue  française, 
avec  de  nombreuses   citations,  etc.  Caen,  Le  Blanc- Hardel.  In-8°, 

GLXVI-711  p. 

287.  MoLiNiER  (Auguste).  Catalogue  des  manuscrits  delà  bibliothèque 
Mazarine.  Tome  I.  Paris,  Pion.  In-8°,  xxvii-534  p.  (Ministère  de  l'ins- 
truction publique,  des  beaux-arts  et  des  cultes.  Catalogue  général  des 
manuscrits  des  bibliothèques  publiques  de  France.) 


328 

288.  MoLiNiER  (Emile).  Notes  sur  les  tapisseries  des  ducs  de  Lorraine. 
Paris,  imprimerie  nationale.  In-8°,  H  p.  (Extrait  du  Bulletin  archéolo- 
gique du  Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques,  1885.) 

289.  Mort  (la)  Aymeri  de  Narbonne,  chanson  de  geste,  publiée,  d'après 
les  manuscrits  de  Londres  et  de  Paris,  par  J.  Couraye  du  Parc.  Paris, 
Firmin-Didot.  In-8%  li-248  p.  (Publication  de  la  Société  des  anciens 
textes  français.) 

290.  MoRTET  (Victor).  Une  Élection  épiscopale  au  xn«  siècle  :  Mau- 
rice de  Sully,  évêque  de  Paris  (1160).  Paris,  Leroux.  In-8»,  13  p. 
(Extrait  des  Annales  de  la  faculté  des  lettres  de  Bordeaux,  année  1885.) 

291.  MouLARD  (P.).  Recherches  historiques  sur  la  châtellenie  et  la 
paroisse  d'Assé-le-Boisne  (canton  de  Fresnay-sur-Sarthe).  Le  Mans, 
Lebrault.  In-8o,  vii-519  p. 

292.  MouLENQ  (François).  Documents  historiques  sur  le  Tarn-et- 
Garonne  :  diocèses,  abbayes,  chapitres,  commanderies,  églises,  seigneu- 
ries, etc.  Tome  lEL  Montauban,  impr.  Forestié.  In-8%  518  p. 

293.  MuLLER  (S.).  De  Middeleeuwsche  Rechtsbronnen  der  stad  Utrecht. 
Inleiding.  Haag,  Nijhoff,  1885.  In-8°,  xvi-426  p.  (Werken  der  Yeree- 
niging  tôt  uitgave  der  bronnen  van  het  oude  vaderlandsche  recht, 
gevestigd  te  Utrecht.  1^  reeks.  N"  3.) 

294.  Notices  et  Extraits  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale 
et  autres  bibliothèques,  publiés  par  l'Institut  national  de  France,  faisant 
suite  aux  Notices  et  Extraits  lus  au  comité  établi  dans  l'Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres.  Tome  XXXI.  Paris,  imprimerie  nationale. 
In-4%  326  p. 

295.  Nyrop  (Cristoforo) .  Storia  dell'  epopea  francese  nel  medio  evo. 
Prima  traduzione  dell'  originale  danese,  di  Egidio  Gorra,  con  aggiunte 
e  correzioni  fornite  dall'  autore,  con  note  del  traduttore  e  una  copiosa 
bibliografia.  Firenze,  tip.  G.  Garnesecchi,  1886.  In-8°,  xvn-495  p.  6  1. 

296.  Obituaire  du  couvent  des  cordeliers  de  Ghâteauroux  (1213-1782), 
publié,  d'après  l'original  conservé  aux  archives  du  département  de 
l'Indre,  avec  introduction,  notes  et  table  alphabétique,  par  Eugène 
Hubert.  Paris,  Picard.  In-8°,  84  p. 

297.  Oesterley  (Hermann).  Wegweiser  durch  die  Literatur  der 
Urkunden-Sammlungen.  I^""  Theil.  Berlin,  G.  Reimer,  1885.  In-8'', 
vi-574  p.  12  m. 

298.  OuRSEL  (N.-N.).  Nouvelle  Biographie  normande.  Tome  I  (A-K). 
Paris,  Picard.  In-8°,  xv-515  p. 

299.  Papa-d'Amico  (L.  ).  Titoli  di  credito  di  antichi  mercanti  ita- 
liani  (dalla  Biblioteca  nazionale  di  Parigi).  Relazione  a  S.  E.  il  mini- 


329 

stro  di  agricoltura,  industria  e  commercio.  Roma,  tip.  eredi  Botta,  1885. 
In-S",  28  p.  (Ministero  d'agricoltura,  etc.  Annali  del  crédite  e  délia  pre- 
videnza.  13.) 

300.  Petit  de  Julleville  (L.).  Histoire  du  théâtre  en  France  :  les 
Comédiens  en  France  au  moyen  âge.  Paris,  Cerf.  In-18  jésus,  368  p. 

301.  Plischke  (Max).  Das  Rechtsverfahren  Rudolf's  von  Ilabsburg 
gegen  Ottokar  von  Bohmen.  Bonn,  Cohen,  1885.  In-8°,  78  p.  1  m.  20  pf. 

302.  Prarond  (E.).  Abbeville  :  une  occupation  militaire  au  xv«  siècle 
(1470-1477),  note  lue  à  la  Société  d'émulation.  Paris,  Champion.  In-8% 
31  p. 

303.  Prost  (Bernard).  Notice  sur  les  anciens  vitraux  de  l'église  de 
Saint-Julien  (Jura),  et  incidemment  sur  ceux  de  Notre-Dame  de 
Brou  (Ain).  Planches  dessinées  et  lithographiées  par  Louis  Clos.  Lons- 
le-Saunier,  impr.  Declume.  In-4%  26  p.,  6  pi. 

304.  Recueil  des  plaquettes  historiques  champenoises  du  xvi^  siècle, 
publiées  et  annotées  par  le  comte  Edouard  de  Barthélémy.  Paris, 
Champion.  Petit  in-8°,  181  p. 

305.  Renaud  (l'abbé  Edmond).  Rouen,  église  Saint- Vincent,  mono- 
graphie archéologique  et  descriptive.  Illustrations  et  photogravures 
d'E.  et  A.  Marguery.  Rouen,  Métérie.  In-4°,  m-182  p. 

306.  Revelli  (&.  B.  Alb.).  Mura  antiche  di  Verona  e  loro  vicende. 
Brève  cenno  storico-miUtare.  Verona,  G.  Drezza,  1885.  In-S",  87  p., 
carte.  1  1. 

307.  Ribbe  (Charles  de).  Les  Livres  de  raison  en  Allemagne  et  le 
Tagebuch  d'Albrecht  Durer.  Paris,  Levé.  In-8°,  32  p.  (Extrait  de  la 
Réforme  sociale.) 

308.  Richard  (Jules-Marie).  Notes  sur  quelques  peintres  des  pre- 
mières années  du  xiv^  siècle.  Paris,  imprimerie  nationale.  In-8°,  48  p. 
(Extrait  du  Bulletin  archéologique  du  Comité  des  travaux  historiques  et 
scientifiques,  1885.) 

309.  RiGHOu  (Gabriel).  Traité  de  l'administration  des  bibliothèques 
publiques.  Historique,  organisation,  législation.  Paris,  P.  Dupont. 
In-8%  vm-422  p.  (Répertoire  du  droit  administratif.) 

310.  RiGHTER  (Ed.).  Untersuchungen  zur  historischen  Géographie  des 
ehemaligen  Hochstiftes  Salzburg  und  seiner  Nachbargebiete.  Innsbruck, 
Wagner,  1885.  In-8%  152  p.,  1  carte. 

311.  Roman  (J.).  Chartes  de  libertés  ou  de  privilèges  de  la  région  des 
Alpes.  Paris,  Larose  et  Forcel.  In-8o,  43  p.  (Extrait  de  la  Nouvelle 
Revue  historique  de  droit  français  et  étranger.) 

312.  Roman  (J.).  Compte  des  obsèques  et  du  deuil  de  Charles,  duc 

22 


330 

d'Orléans- Valois.  Paris.  In-S»,  23  p.  (Extrait  de  V Annuaire-Bulletin  de 
la  Société  de  l'histoire  de  France.) 

313.  Romans  (li)  de  Carite  et  Miserere  du  Rendus  de  Moiliens, 
poèmes  de  la  fin  du  xn^  siècle.  Édition  critique,  accompagnée  d'une 
introduction,  de  notes,  d'un  glossaire  et  d'une  liste  de  rimes,  par  A.  G-. 
Van  Hamel.  Paris,  Vieweg.  2  vol.  in-8%  ccni-145,  244  p.  (Bibliothèque 
de  l'École  des  hautes  études  :  sciences  philologiques,  historiques,  etc., 
61°  et  62«  fascicules.) 

314.  RosTAN  (L.).  Le  Chœur  de  l'église  de  Saint-Maximin  (Var); 
sculptures  sur  bois  du  xvn^  siècle.  Dessins  par  feu  M.  Ph.  Rostan. 
Paris,  Pion.  Petit  in-foUo,  35  p.  et  25  pi. 

315.  RuPRiGH- Robert  (V.).  L'Architecture  normande  aux  xi«  et 
xii^  siècles  en  Normandie  et  en  Angleterre.  Paris,  Des  Fossez.  Grand 
in-4°  avec  planches.  (Paraît  par  livraisons.) 

316.  Saint-Pierre  de  Senonnes,  diocèse  de  Laval.  Monographie  parois- 
siale. Mamers,  Fleury  et  Dangin.  In-S»,  55  p.  (Extrait  de  la  Revue  his- 
torique et  archéologique  du  Maine.) 

317.  Sandret  (L.).  Histoire  généalogique  de  la  maison  de  Chabot. 
Nantes,  impr.  Forest  et  Grimaud.  In^",  xn-386  p.  et  planches  héral- 
diques. 

318.  ScHMiDT  (Charles).  Précis  de  l'histoire  de  l'Église  d'Occident 
pendant  le  moyen  âge.  Paris,  Fischbacher,  1885.  In-8'',  xi-452  p. 

319.  Schola  Aquitanica.  Programme  d'études  du  collège  de  Guyenne 
au  xvi"  siècle,  réimprimé,  avec  une  préface,  une  traduction  française  et 
des  notes,  par  Louis  Massebiau.  Paris,  Hachette.  In-S»,  xv-77  p. 
(Mémoires  et  Documents  scolaires,  publiés  par  le  Musée  pédagogique.) 

320.  SoLON  (Jules).  Notice  historique  et  généalogique  de  la  famille 
d'Anglade,  d'Auch  (1450-1855),  dressée  d'après  les  actes,  contrats  et 
titres  originaux  conservés  et  communiqués  par  M.  Augustin  d'Anglade. 
Auch,  impr.  Thibault.  In-8°,  39  p.  et  tableau  généalogique. 

321.  SoRAGNA  (Raimondo  di).  Bibliografia  storica  e  statu taria  délie 
provincie  parmensi.  Fasc.  L  Parma,  tip.  Luigi  Battei,  1886.  In-S-, 
253  p.  (Publication  de  la  R.  Deputazione  di  storia  patria  per  le  provincie 
parmensi.)  5  1. 

322.  Strassburger  (B.).  Geschichte  der  Erziehung  und  des  Unterrichts 
bei  den  Israeliten.  Von  der  talmudischen  Zeit  bis  auf  die  Gegenwart. 
Mit  einem  Anhang  :  Bibliographie  der  jûdischen  Pàdagogie.  Stuttgart, 
Levy  und  Mùiler,  sans  date.  In-8°,  xv-310  p.  5  m. 

323.  Strnadt  (JuL).  Die  Geburt  des  Landes  ob  der  Enns.  Eine  rechts- 
historische  Untersuchung  ûber  die  Dévolution  des  Landes  ob  der  Enns 
an  Oesterreich.  Linz,  Ebenhôch,  1886.  In-8%  125  p. 


334 

324.  Tamizey  de  Larroque  (Philippe).  Ueliquix  bénédictine,  documents 
inédits.  Auch,  impr.  Foix.  In-8%  42  p.  (Extrait  de  la  Revue  de  Gascogne.) 

325.  Tanon  (L.).  L'Ordre  du  procès  civil  au  xiv*  siècle,  au  Châtelet  de 
Paris.  Paris,  Larosc  et  Forcel.  In-8°,  175  p. 

326.  Tardif  (Ad.).  Le  Droit  privé  au  xnr  siècle,  d'après  les  coutumes 
de  Toulouse  et  de  Montpellier.  Paris,  Picard.  In-8%  113  p. 

327.  Teyssier  (Georges).  Le  Plessis- Piquet,  ancien  Plessis-Raoul 
(1112-1885).  Paris,  Hachette.  In-4o,  127  p.  avec  grav,  et  portraits. 

328.  Thoison  (Eugène).  La  Roche  au  Diable  et  les  Caves  de  Larchant. 
Fontainebleau,  impr.  Bourges.  In-8°,  19  p. 

329.  Toepke  (Gust.).  Die  Matrikel  der  Universitiit  Ilcidelbcrg  von 
1386-1662.  Nebst  Anhàngen.  Heidelberg,  Winter,  1884-1886.  2  vol. 
in-8°,  Lxxvi-697,  622  p.  50  m. 

330.  ToNONi  (A.  G.).  Gregorio  VII  e  i  Piacentini.  1046-1085.  Memo- 
ria.  Piacenza,  Fr.  Solari,  1885.  ^1-8°,  105  p. 

331.  Toulouse-Lautrec  (le  comte  de).  Souvenirs  du  comté  de  Foix  : 
Montségur.  Lyon,  impr.  Pitrat.  Grand  in-8°,  16  p. 

332.  Triger  (Robert).  Un  Bénédictin  do  Saint-Vincent  du  Mans, 
amateur  d'art  et  collectionneur,  en  1647.  Mamers,  Fleury  et  Dangin. 
In-S»,  22  p.  (Extrait  de  la  Revue  historique  et  archéoloriique  du  Maine.) 

333.  Un  ancien  Glossaire  latin-arménien,  publié  et  annoté  par 
A.  Carrière.  Paris,  imprimerie  nationale,  1886.  In-8'',  19  p.  (D'après  la 
publication  de  M.  Omont,  tirée  du  manuscrit  17  a  du  grand  séminaire 
d'Autun,  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  XLIII,  1882,  p.  563.  Publié 
par  l'École  des  langues  orientales  vivantes,  pour  le  jubilé  cinquante- 
naire de  M.  J.-B.  Émine,  professeur  à  l'Institut  LazarelT  des  langues 
orientales.) 

334.  Valentini  (Ern.).  Manuale  del  bibliotecario,  ove  sono  regolc 
pratiche  per  ordinarc ,  dirigere  e  conservare  le  biblioteche.  Roma, 
E.  Perino,  1886.  In-8%.52  p. 

335.  Valois  (Noël).  Le  Conseil  de  raison  de  1597.  Paris.  In-8%  9  p. 
(Extrait  de  V Annuaire-Bulletin  de  la  Société  de  V histoire  de  France.) 

336.  Varax  (Paul  de).  Simple  Histoire  d'un  étang  de  la  Dombcs  : 
l'étang  du  Mine  en  la  paroisse  de  la  Peyrouze.  Bourg,  impr.  Ville- 
franche.  In-8o,  34  p. 

337.  Versorts  (Livre  de  raison  de  maître  Nicolas),  avocat  au  parle- 
ment de  Paris  (1519-1530).  Publié  par  G.  Fagniez.  In-8°,  128  p.  (Extrait 
des  Mémoires  de  Ir  Société  de  l'histoire  de  Paris  et  de  l'Ile-de-France, 
t.  Xn,  1885.) 

338.  Veuclin  (E.).  Les  Antiquités  de  la  ville  de  Bernay  :  l'église 


332 

Sainte-Croix,  histoire  et  description.  Bernay,  impr.  "Veuclin.  In- 16, 
36  p.  (Extrait  de  l'Histoire  de  la  ville  de  Bernay.) 

339.  Veuclin  (E.).  Saint  Taurin  et  sa  coudre  à  Saint- Aubin  de  Gisai. 
Bernay,  impr.  Veuclin.  In-8°,  40  p.  et  planche. 

340.  ViLLEMAN  (J.).  Étymologie  du  mot  français  Alouette.  Clamart 
(Seine),  l'auteur.  In-18,  22  p.  50  cent. 

341.  Visite  au  clocher  de  Saint-Bénigne,  cathédrale  de  Dijon,  par 
A.  D.,  maître  sonneur.  Dijon,  impr.  Jobard.  In-16,  55  p.  et  gravures. 

342.  Wattenbach  (W.).  Deutschlands  Geschichtsquellen  im  Mit- 
telalter  biszurMitte  des  13.  Jahrhunderts.  II"  Band.  5«  umgearbeitete 
Auflage.  Berlin,  Hertz,  1886.  In-S",  iv-SSO  p.  9  m. 

343.  Werunsky  (Emil).  Auszùge  atis  den  Registern  der  Pâpste 
Glemens  VI  und  Innocenz  VI  zur  Geschichte  des  Kaiserreichs  unter 
Karl  IV.  Innsbruck,  Wagner,  1885.  In-8'',  vi-170  p. 

344.  WusTMANN  (Gustav).  Aus  Leipzig's  Vergangenheit.  Gesammelte 
Aufsâtze.  Leipzig,  Grunow,  1885.  In-8%  ni-472  p.  (Schriften  des  Vereins 
fiir  die  Geschichte  Leipzigs.  Nr.  3.)  6  m. 


CHRONIQUE  ET  MÉLANGES. 


Le  29  avril  188G,  la  Société  de  l'École  dos  chartes  a  procédé  à  l'élection 
du  bureau  et  des  commissions  de  la  Société  pour  l'année  1886-1887.  Ont 
été  élus  : 

Président  :  M.  de  Montaiglon. 

Vice-président  :  M.  d'Arbois  de  Jubainville. 

Secrétaire  :  M.  Guilhiermoz. 

Secrétaire-adjoint  :  M.  Delachenal. 

Archiviste-trésorier  :  M.  A.  Tuetey- 

Membres  de  la  commission  de  publication  :  MM.  Delisle,  de  Las- 

teyrie,  Omont. 
Membres  adjoints  de  cette  commission  :  MM.  Julien  Havet  et 

Valois. 
Membres  de  la  commission  de  comptabilité  :  MM.  Bruel,  Roc- 
quain  et  Morel-Fatio. 

—  Nous  avons  la  douleur  d'annoncer  la  mort  d'un  de  nos  confrères, 
M.  l'abbé  Lebeurier,  qui  a  fait  beaucoup  d'honneur  à  l'École  des  chartes 
par  de  nombreuses  publications  historiques  et  surtout  par  ses  travaux 
aux  archives  du  département  de  l'Eure. 

Nous  empruntons  au  Courrier  de  l'Eure  un  article  dans  lequel  sont 
exactement  indiqués  les  principaux  traits  de  la  vie  de  notre  regretté 
confrère  : 

«  Pierre-François  Lebeurier  était  né  à  Villedieu  (Manche),  le  5  juil- 
let 1819.  Après  avoir  été  élève  à  l'École  dos  chartes,  il  fut  nommé,  le 
!«••  novembre  1844,  professeur  suppléant  de  dogme  à  la  faculté  de  théo- 
logie de  Bordeaux,  et,  quatre  ans  après,  professeur  titulaire  de  cette 
chaire,  qu'il  conserva  jusqu'au  1"  mai  1851. 

«  Appelé  aux  fonctions  d'archiviste  du  département  de  l'Eure,  il  arri- 
vait à  Évreux  le  12  du  même  mois.  Il  occupa  ces  fonctions  avec  le  zèle, 
l'assiduité  et  la  compétence  que  l'on  sait,  jusqu'au  5  novembre  1875. 

«  En  môme  temps,  il  remplissait  les  charges  pastorales  de  sa  profes- 
sion ecclésiastique.  D'abord  curé  de  Huest,  du  l*""  août  1852  au 
20  décembre  1853,  il  reçut  à  cette  date  l'administration  de  la  paroisse 
de  Gravigny,  don;  il  resta  chargé  pendant  dix-sept  ans.  Mgr  Grolleau 
le  nomma  ensuite  chanoine  titulaire  de  sa  cathédrale.  Orateur  distin- 


334 

gué,  il  se  fit  souvent  entendre  dans  la  chaire  de  Notre-Dame  d'Évreux, 
et  sa  parole  était  goûtée. 

«  Le  3  mars  1882,  M.  l'abbé  Lebeurier  donna  sa  démission  de  ses 
fonctions  de  chanoine  et  quitta  le  diocèse  pour  se  retirer  à  Mantes,  où, 
en  qualité  de  supérieur  des  Dames  Bénédictines,  il  se  consacra  entière- 
ment à  la  réformation  et  à  l'administration  de  cette  importante  maison. 
Il  resta  chanoine  honoraire  d'Évreux  et  de  Versailles. 

«  M.  Lebeurier  était  depuis  de  longues  années  correspondant  du 
ministère  de  l'instruction  publique  pour  les  travaux  historiques,  membre 
de  la  Société  libre  de  l'Eure  dont  il  présida  longtemps  la  section  de  lit- 
térature, membre  de  la  Société  de  l'École  des  chartes,  de  la  Société  des 
antiquaires  de  Normandie,  etc.  Il  était,  en  outre,  officier  de  l'instruc- 
tion publique. 

«  Parmi  les  nombreuses  publications  qu'il  a  laissées,  et  qui  toutes 
attestent  beaucoup  de  sagacité  et  d'érudition,  nous  tenons  à  citer  les 
suivantes  : 

«  Compte  de  la  châtellenie  de  Breuîlpont  (1852);  —  Coutumes  de  Vernon 
au  XI I"  siècle  (1855);  —  De  la  découverte  d^ un  prétendu  cimetière  mérovin- 
gien à  la  chapelle  Saint-Éloi,  rapport  fait  à  la  Société  libre  de  l'Eure 
(1855);  —  Rôles  des  taxes  de  l'arrière-ban  du  bailliage  d'Évreux  en  1562, 
avec  une  introduction  sur  l'histoire  et  l'organisation  du  ban  et  de  l'ar- 
rière-ban  ; 

«  Notices  historiques  sur  les  communes  d'Aclou,  Acon,  Acquigny, 
Aigleville,  Ailly,  Aizier,  Ajou,  Alisay,  Ambenay,  Amécourt  (Annuaire 
du  département  de  l'Eure,  de  1862  à  1869);  la  notice  sur  Acquigny, 
tirée  à  part,  a  obtenu  une  mention  très  honorable  de  lAcadémie  des 
inscriptions  et  belles-lettres; 

«  Recueil  des  arrêtés  préfectoraux  sur  la  police  des  rivières  et  cours  d'eau, 
avec  appendice  contenant  les  documents  antérieurs  à  1790  (Annuaire, 
1863,  1864  et  1865);  —  le  Mémorial  historique  des  évêques,  ville  et  comté 
d'Évreux,  écrit  au  xvn^  siècle  par  Le  Batelier  d'Aviron,  publié  pour  la 
première  fois  et  annoté  (Annuaire,  1866);  — État  des  anoblis  en  Nor- 
mandie de  1545  à  1661,  avec  un  supplément  de  1398  à  1687  (Annuaire, 
1869);  —  Notice  sur  l'abbaye  de  la  Croix-Saint- Leiifroy  (1866);  — 
Recherche  de  la  noblesse  de  l'élection  d'Évreux  en  1523  (Annuaire,  1868); 

«  Histoire  d'Évreux  (Almanach  d'Évreux,  1867)  ;  —  Description  de  la 
cathédrale  d'Évreux  (Almanach  d'Évreux,  1868)  ;  —  Description  de  l'église 
Saint-Taurin  (Almanach  d'Évreux,  1869); 

«  Vie  de  la  révérende  mère  Saint-Joseph,  fondatrice  de  la  congrégation 
des  soeurs  de  Saint-Joseph  de  Bordeaux  (1869); 

«  Enfin  divers  articles  historiques  dans  V Almanach  historique  et  litur- 
gique  du  diocèse  d'Évreux. 

«  Rappelons,  en  terminant,  que  M.  l'abbé  Lebeurier  avait  fondé,  en 
1872,  avec  le  concours  de  quelques  amis,  le  Conservateur  de  VEure, 


335 

revue  hebdomadaire  de  la  politique  générale  et  des  intérêts  moraux  et 
matériels  du  département.  Ce  journal,  imprimé  chez  Ernest  Quettier, 
a  eu  52  numéros,  de  juillet  1872  à  juillet  1873.  » 

—  Par  décret  du  29  juin  1886,  notre  confrère  M.  Didier  Neuville, 
sous-chef  de  bureau  au  ministère  de  la  marine,  a  été  nommé  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur.  La  distinction  accordée  à  M.  Neuville  est 
motivée  par  cette  mention  :  «  Services  exceptionnels  rendus  à  l'occa- 
sion de  la  réorganisation  des  archives  de  la  marine.  Auteur  de  l'inven- 
taire des  archives  de  la  marine.  » 

—  Par  arrêté  du  30  avril  1886,  notre  confrère  M.  Charles  de  Beaure- 
paire  a  été  nommé  officier  de  l'instruction  publique. 

Par  arrêté  du  même  jour,  nos  confrères  MM.  Emile  Molinicr  et 
Henri  Stein  ont  été  nommés  officiers  d'académie. 

—  Notre  confrère  M.  Hanotaux  a  été  élu  député  du  département  de 
l'Aisne. 

—  Par  décret  du  30  juin  1886,  notre  confrère  M.  Hanotaux,  député 
de  l'Aisne,  a  été  nommé  membre  de  la  commission  supérieure  des 
archives  de  la  marine. 

—  Dans  sa  séance  du  18  mai  1886,  le  conseil  d'administration  de  la 
Société  de  l'histoire  de  Paris  et  de  l'Ile-de-France  a  appelé  aux  fonc- 
tions de  président  de  la  Société,  pour  l'année  1886-1887,  notre  confrère 
M.  Charles  Tranchant,  vice-président. 

A  PROPOS  DES  DÉCOUVERTES  DE  JÉRÔME  VIGNIER. 

Dans  un  mémoire  inséré  au  dernier  volume  de  ce  recueil,  je  me  suis 
efforcé  d'établir  qu'un  certain  nombre  de  documents  relatifs  à  l'histoire 
ecclésiastique  du  v«  et  du  vi"  siècle,  publiés  pour  la  première  fois 
dans  le  Spicilegium  de  L.  d'Achery  et  souvent  réimprimés,  sont  apo- 
cryphes et  ont  été  fabriqués  par  Jérôme  Vignier,  prêtre  de  l'Oratoire, 
mort  en  1661^. 

De  deux  côtés,  cette  thèse  vient  d'être  confirmée  et  complétée  d'une 
façon  aussi  heureuse  qu'inattendue.  M.  l'abbé  Pierre  Batiffol,  à  Paris, 
et  M.  W.  Wattenbach,  à  Berlin,  ont  signalé  deux  autres  documents 
apocryphes,  dont  la  composition  peut  être  attribuée  avec  vraisemblance 
à  Jérôme  Vignier.  Les  deux  auteurs  ont  bien  voulu  autoriser  la  repro- 
duction de  leurs  articles  dans  la  Bibliothèque  de  l'École  des  cJiartes.  Voici 

le  texte  de  l'un  et  la  traduction  de  l'autre. 

Julien  Havet. 


1.  Questions  meroiingiennes,  II,  les  Découvertes  de  Jérôme  Vignier,  dans  la 
Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  t.  XLVI,  1885,  p.  205-271. 


336 

«  l'ÉPÎTRE   de   THÉONAS  a  LUCIEN.  —  NOTE   SUR   UN   DOCUMENT  CHRÉTIEN 
ATTRIBUÉ   AU   III^   SIÈCLE''. 

«  On  a  dénoncé  ces  derniers  temps  certaines  pièces  toutes  modernes 
que  Luc  d'Achery,  avec  une  parfaite  bonne  foi  d'ailleurs,  avait  admises 
dans  son  spicilège.  Tel  était  le  cas  d'un  testament  de  Perpétue,  évêque 
de  Tours,  d'un  diplôme  de  Clovis,  de  lettres  d'évêques  et  de  papes  du 
v  siècle,  etc.,  tous  documents  fabriqués,  assure-t-on,  par  le  P.  Jérôme 
Vignier,  de  l'Oratoire  2.  J'ai  été  amené  à  mon  tour  à  concevoir  des 
doutes  sur  un  autre  document  du  même  spicilège,  venu,  lui  aussi,  de 
l'Oratoire,  VÉpitre  de  Théonas  à  Lucien^  :  ce  document  est  donné  comme 
de  la  fin  du  me  siècle,  et  il  est  rédigé  en  latin. 

«  L'évêque  Théonas  écrit  à  Lucien,  préfet  des  «  chambellans  »,  une 
lettre  de  direction  sur  les  devoirs  d'état  des  «  chambellans  »  et  sur  la 
manière  dont  s'en  doit  acquitter  un  chrétien.  Qu'en  toutes  choses  ils 
soient  désintéressés  et  craignant  Dieu  ;  que  le  trésorier  du  prince  tienne 
ses  comptes  avec  une  irréprochable  et  éclatante  probité  ;  que  le  conser- 
vateur du  vestiaire  et  du  garde-meuble  fasse  de  fréquentes  inspections; 
que  le  bibliothécaire  ait  un  soin  éclairé  de  ses  livres;  que  les  officiers 
de  la  chambre  impériale  soient  réguliers  et  empressés.  Lucien  enfin 
devra  faire  de  pieuses  recollections,  de  pieuses  lectures,  car  cet  exer- 
cice sert  beaucoup  et  on  doit  le  pratiquer  souvent,  etc. 

«  L'importance  d'un  pareil  document  est  évidente.  On  admet,  en 
effet,  qu'il  est  de  Théonas,  évêque  d'Alexandrie  de  288  à  300.  Lucien 
devient  ainsi  un  officier  de  Dioclétien.  Quel  jour  ouvert  sur  la  vie  de  la 
cour  à  Nicomédie  !  Quelle  bonne  fortune  pour  les  historiens  de  cette 
époque  mal  connue  ! 

«  Jusqu'à  ce  jour,  personne,  à  ma  connaissance,  n'a  soupçonné  l'au- 
thenticité de  cette  épître.  D'Achery,  qui  avait  quelques  scrupules  sur 
l'identité  de  Théonas,  n'a  aucun  doute  sur  l'antiquité  de  sa  lettre.  Les 
Bénédictins  qui  ont  donné  la  seconde  édition  du  spicilège  n'en  ont  pas 
davantage.  Le  sévère  Tillemont  ne  croit  même  pas  avoir  à  la  discuter. 
Les  Bollandistes  la  réimpriment  sous  le  nom  de  l'évêque  d'Alexandrie 
et  réfutent  les  hésitations  de  d'Achery  sur  la  personne  de  son  auteur. 
Routh  l'introduit  dans  ses  Beliquise  sacrse  anieniccBnw  avec  autant  de 
confiance  que  Galland  dans  sa  Bibliotheca  Patrum,  ou  Migne  dans  sa 
patrologie  grecque.  A  la  voir  citée  par  les  historiens  du  haut  empire 

1.  Bulletin  critique,  VII,  15  avril  1886,  p.  155-160,  et  à  part  en  une  bro- 
chure in-8°. 

2.  JuUen  Havet,  les  Découvertes  de  Jérôme  Vignier  (Bibliothèque  de  l'École 
des  chartes,  t.  XLVI).  Nous  citerons  ce  travail  d'après  le  tirage  à  part.  Cf.  Bul- 
letin critique,  t.  VI,  p.  408. 

3.  Spicilegium  (éd.  de  1675),  t.  XII,  p.  545  et  suiv. 


337 

comme  par  les  archéologues,  on  peut  dire  qu'elle  a  acquis  un  droit  de 
cité  indiscuté  dans  la  littérature  du  ni«  siècle <. 

«  Contrairement  à,  cette  longue  et  grave  unanimité,  je  crois  pouvoir 
tenir  la  lettre  de  Théonas  à  Lucien  pour  apocryphe  et  moderne. 

«  En  premier  lieu,  l'origine  en  est  suspecte.  D'Achery  l'a-t-il  emprun- 
tée à  un  manuscrit  ?  Point,  c'est  le  P.  Qucsnel  qui  la  lui  a  communi- 
quée :  Comirwnicavit  R.  P.  Pachasius  Quesnel,  oratorii  D.  I.  Prcsbytcr, 
et  d'Achery  n'en  sait  pas  davantage 3.  Eu  possède- t-on  actuellement 
quelque  manuscrit  où  Quesnel  ait  pu  la  copier  ?  Non.  Avant  Quesnel 
connaissait-on  cette  épître  de  Théonas  ?  Non  encore.  Eusèbe,  si  bien 
renseigné  sur  Alexandrie,  sur  l'histoire  littéraire  d'Alexandrie,  Eusèbe 
cite  Théonas,  mais  il  ne  dit  point  qu'il  ait  écrit  quoi  que  ce  soit.  Saint 
Jérôme,  qui,  dans  son  Do  viris,  a  écrit  l'histoire  littéraire  de  l'antiquité 
ecclésiastique,  d'après  Eusèbe,  il  est  vrai,  mais  aussi  d'après  des  infor- 
mations personnelles,  saint  Jérôme,  qui  a  séjourné  à  Alexandrie  et  qui 
a  lui-même  écrit  tant  d'épîtres  dans  le  goût  de  l'épître  à  Lucien,  saint 
Jérôme  ne  la  connaît  pas.  Personne  ne  l'a  signalée  avant  d'Achery,  et, 
si  elle  a  jamais  existé  en  manuscrit,  d'Achery,  ou  plutôt  Quesnel,  est, 
par  une  rencontre  inouïe,  le  premier  et  le  dernier  à  l'avoir  vue^. 

«  Les  personnages  qui  figurent  dans  l'épitre  ne  sont  pas  historiques. 
Théonas,  en  effet,  n'est  identifié  avec  l'évêque  d'Alexandrie  que  par 
conjecture,  et  Lucien,  à  qui  la  lettre  est  adressée,  est  entièrement 
inconnu.  Certainement  il  y  a  eu  à  la  cour  des  empereurs,  bien  long- 
temps avant  Constantin,  des  officiers,  des  eunuques  qui  ont  été  chré- 
tiens; on  en  connaît  plusieurs  et  par  leurs  noms  qui  furent  martyrisés 
à  Nicomédie  en  303;  c'étaient  bien  des  pao-iXixo^  uaiSEç,  comme  dit  Eusèbe, 
des  cubicularii,  comme  disent  leurs  actes,  et  leurs  noms  ont  été  des 
plus  célèbres  dans  l'antiquité  chrétienne-'.  Mais  Lucien,  qui  aurait  dû 

1.  D'Achery,  Spicilegium  (1675),  t.  XII,  p.  xx  et  suiv.  —  Id.  (édit.  de  1723), 
t.  III,  p.  297.  Cf.  la  note  des  nouveaux  éditeurs  (Baluze,  Martèiie  et  de  la 
Barre).  —  Tilleniont,  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  ecclésiastique  (1698), 
t.  V,  p.  7.  —  Acta  Sanciorum,  au  23  août.  —  Routli,  t.  III,  p.  439-4'i5.  —  Gal- 
land,  Veterum  Patrum  Bibliotheca,  t.  IV.  —  Mignc,  Patrolog.  Grsec,  t.  X, 
1>.  1567  et  suiv.  —  Duruy,  Histoire  des  Romains  (in-4°),  t.  VI,  p.  592.  — 
Kraus,  Real-Encijclopddie  der  christUchen  Alterthilmer ,  t.  I,  p.  337.  — 
Smilh  and  Wace,  Dictionarij  of  Christian  biography,  f.  III,  p.  749,  et  t.  I", 
p.  834. 

2.  Spicilegium  (1675),  t.  XII,  p.  xxix. 

3.  Eusèbe,  Hist.  eccl.,  vu,  32  (n"  30)  (édit.  Heinichen,  p.  371).  Cf.  Baroaius, 
Ann.  eccl.,  ad  ann.  285,  vu,  et  300,  ii. 

4.  De  Rossi,  Biill.  archéol.,  1867,  p.  14  (édit.  fr.).  Kraus,  loc.  cit.,  article 
Cubicularius  Aug.  Cf.  Eusèbe,  H.  E.  viii,  7.  Lactance,  De  morte  Persecut.,  xv. 
RuUd,  h.  E.  vni,  6.  ^Icéphore,  H.  E.  vu,  5.  Ruinart,  Acta  Sincera,  p.  317. 
Tillemont,  op.  cit.,  t.  V,  p.  180  et  655,  not.  1.  Acta  Sanctorum,  au  12  mars  et 
au  9  septembre.  —  Les  noms  des  martyrs  de  Nicomédie,  Dorothée,  Gorgonios, 


338 

être,  comme  l'a  fort  bien  conjecturé  Tillemont,  le  supérieur  et  le  maître 
des  martyrs  de  303,  Lucien,  ce  prwfectus  cubiculariorum,  en  situation 
de  recevoir  d'Alexandrie  l'épître  que  l'on  sait,  Lucien  n'a  été  connu  de 
personne. 

«  En  ce  qui  regarde  le  détail,  je  n'insisterai  pas  sur  le  caractère  qui 
est  prêté  à  Dioclétien,  ni  sur  la  politesse  que  l'on  attribue  à  sa  cour, 
mais  sur  un  petit  nombre  d'erreurs  ou  d'impropriétés  plus  significatives. 

«  Le  prince  n'est  nulle  part  appelé  Auguste,  toujours  princeps,  et,  ce 
qui  est  une  grave  inexactitude,  il  est  une  fois  appelé  César.  —  Ce  César 
Dioclétien  nous  est  donné  pour  «  un  prince  qui  n'est  pas  encore  chré- 
«  tien.  »  A-t-on  jamais  pensé  qu'il  dût  le  devenir  ?  —  L'impératrice  a 
une  suite  composée  de  comités  et  de  pedisequse  :  le  terme  de  comités  est 
inacceptable,  étant  donné  le  sens  officiel  et  exact  de  ce  mot,  à  l'époque 
où  Ton  veut  placer  la  rédaction  de  notre  texte.  —  Lucien  est  prœpositus 
cubiculariorum,  titre  dont  on  ne  trouve  aucune  trace  ni  dans  les  auteurs, 
ni  dans  les  inscriptions.  —  Les  fonctions  sont  confusément  indiquées  : 
Lucien  a  pour  toute  mission  de  diriger  et  de  former  les  autres  cubicu- 
larii  (Potens  es  omnes  regtilare  et  instrueré),  et  c'est  tout^.  A  ce  titre, 
Lucien,  semble-t-il,  eût  dû  avoir  quelque  autorité  sur  le  pcedagogium 
où  s'élevaient  tous  les  paatXtxol  TraîSsç.  Mais  il  n'y  est  fait  aucune  allu- 
sion 2.  —  Pour  les  autres  cubicularii  (1°  qui  privatas  pecunias  principis 
detinet;  2°  qui  vestes  et  imperialia  ornamenta  detinet;  3°  cui  crédita  sunt 
vasa  argentea,  aurea,  chrystallina  vel  murrhina,  escaria  velpotoria;  4°  qui 
corpus  principis  curare  habet),  rien,  ni  dans  les  inscriptions  du  haut 
empire,  ni  dans  la  Notitia  dignitatum,  ne  correspond  exactement  aux 
charges  mal  définies  qu'on  leur  attribue  ici.  Leur  hiérarchie,  en  outre, 
et  leur  nombre  n'impliquent  rien  que  de  très  simple  et  de  très  restreint 3, 
conception  factice  et  contraire  à  ce  que  nous  savons  de  la  pompe  et  de 
la  complication  des  services  palatins,  surtout  à  dater  de  Dioclétien.  — 
On  nous  parle  enfin  d'une  bibliothèque  et  d'un  bibliothécaire  du  prince  : 
or,  il  n'a  jamais  dû  exister  au  palais  autre  chose  que  des  archives  sous 
la  direction  d'un  magister  scriniorum;  si  des  empereurs,  en  effet,  comme 
Tibère,  Trajan  ou  Vespasien  ont  fondé  des  bibliothèques,  c'a  été  pour 
le  public-''. 

etc.,  figurent  dans  le  martyrologe  hiéronymien,  dans  le  martyrologe  syriaque, 
dans  celui  d'Adon  et  dans  celui  d'Usuard. 

1.  Comparez  dans  Willmanns,  Exempla  inscript,  latin.,  iv  2098,  ce  qui  est 
dit  de  Narsés,  et,  n"  1285,  l'épitaphe  de  Prosénés,  l'un  prsepositus  sacri  palaiii, 
l'autre  a  cubiculo  Aug.,  etc. 

2.  M.  de  Rossi,  Bull,  arch.,  1867,  p.  75  (édit.  fr.),  a  consacré  une  note 
importante  à  l'école  des  pages,  au  pxdagogium,  d'après  des  graffiti  récemment 
découverts  au  Palatin. 

3.  Comparez  le  train  de  maison  d'un  simple  agent  du  fisc,  Willmanns,  n»  386. 

4.  Wattenbach,  Bas  Schriftwesen  in  Mittelalter  (1875),  p.  507.  —  Grë- 
fenhain,  Geschichte  der  Idassischen  Philologie  im  Altertum  (1850),  t.  IV,  p.  40 
et  suiv.  —  Cf.  Willmanns,  n"  389,  407,  555,  457,  2646. 


339 

«  J'ose  dire  que  les  observations  qui  précèdent  n'ont  été  faites  ni  par 
d'Achery,  ni  par  Tillemont,  car,  pour  déclarer  authentique  l'épîtrc  de 
Théonas,  on  s'est  fié  à  la  seule  couleur  de  son  style.  On  y  a  vu  la  tra- 
duction latine  d'un  original  grec  :  ce  qui  est  gratuit,  car  on  n'y  relève- 
rait pas  un  hellénisme.  —  On  y  a  vu  une  version  latine  «  très  ancienne  », 
alors  que  la  facilité  élégante  et  redondante  du  style  est  le  contraire  du 
style  gêné  que  l'on  trouve  dans  toute  version,  et  de  la  latinité  qui  est 
celle  des  traducteurs  anciens  du  grec  en  latin,  de  Ruûn  à  Denys  le 
Petit.  —  Par  contre,  on  n'a  pas  remarqué  que  dans  cette  «  version  très 
«  ancienne  »  les  citations  scripturaires  procèdent  directement  de  la  Vul- 
gate  hiéronymienne,  —  et  enfin  qu'un  passage  de  Théonas  pourrait  bien 
dépendre  d'un  passage  célèbre  de  saint  Jérôme.  Tout  le  monde  connaît, 
en  effet,  cette  courte  phrase  de  la  préface  du  Commentaire  sur  Job,  où 
saint  Jérôme  s'élève  contre  les  éditions  de  luxe  :  sur  ce  point,  il  est  le 
premier  des  Pères  à  avoir  parlé  de  manuscrits  pourpres  :  Habeant  qui 
volunt  veteres  libros  vel  in  membranis  purpureis  aura  argentoque  descrip- 
tos  vel  uncialibus  ut  ruUjo  aiunt  litteris,  onera  magis  exarata  quam 
codices.  Théonas,  dans  un  passage  de  son  épître,  qui  est  un  hors-d'œuvre, 
Théonas,  lui  aussi,  s'élève  contre  les  éditions  de  luxe,  contre  les  manus- 
crits pourpres,  contre  les  lettres  d'or,  et  cela  dans  les  mômes  termes 
que  saint  Jérôme  :  Veteres  codices  ressarciri  procuret  ornetque  non  tan- 
tum  ad  superstitiosos  sumptus  quantum  ad  utile  ornam,entum  :  itaque 
scribi  in  purpureis  membranis  et  litteris  aureis  totos  codices...  non  affectet*. 

«  Comme  dernière  considération,  je  signalerai  la  parenté  qu'il  me 
semble  reconnaître  entre  le  latin  de  Théonas  et  celui  du  faussaire 
dénoncé  par  M.  Havet,  Jérôme  Vignier.  Voici  le  début  de  la  lettre  pré- 
tendue de  saint  Loup  à  Sidoine  Apollinaire,  et  le  début  de  la  lettre  de 
Théonas  : 

THÉONAS.  VIGNIER  2. 

GRATIAS    AGO   OMNIPOTENTI   DEO   ET  GRATIAS    AGO    DOMINO    DEC    NOSTRO 

DOMINO  JESU  GHRISTO  QUI  fidem  SUam        JESU  CHRISTO   PER   SPIRITUM   SANCTUM 

per  universum  orbem...  manifes-  Qui  te  in  hac  generali  titubatione 
tare  ac  etiaw.  in  tyrannorum  per-  et  pressura  dilectissimx  sponsss 
sccutionibus  ampliare  non  destitit,  ecclesix  suse  ad  ejiis  sustentation 
immo...  ejiis  veritas  magis  ac  magis  nem  et  consolationem  in  saccrdotem 
splenduit,  ut  jam  pace  per  bonum  vocavit,  ut  sis  iucerna  in  Israël,  et 
principem  ecclesiis  concessa,  Chris-  sicut  ambitiosos  honores  mundanw 
lianorum  opéra  etiam  coram  infi-  militis  cum  summa  laude  exequu- 
delibus  luceant,  ETglorificetur...etc.       tus  es,  ita  militix  cœlestis  operosa 

munia  et  humilia  ministeria  ala- 
criter  percurras,  neg  rétro...  etc. 

1.  Hieron.  Praef.  in  Job  (Migne,  P.  L.,  t.  XXVIII,  p.  1083).  Cf.  Watten- 
bach,  op.  cit.,  p.  108  et  suiv.,  où  l'on  verra  rapprochés  les  diflérenls  textes 
anciens  sur  le  sujet. 

2.  Voy.  Havet,  p.  52. 


340 

«  Dans  les  deux  pièces,  nous  retrouvons  avec  le  même  début  la  même 
contexture  de  période.  —  Ce  style  nombreux  et  cicéronien,  «  qui  attache 
«  le  lecteur  et  surprend  agréablement  l'érudit,  peu  habitué  à  rencontrer 
«  ce  mérite  littéraire  dans  les  documents  d'une  pareille  date,  »  comme 
aussi  «  ces  exhortations  banales,  introduites  toujours  de  la  même 
«  façon  ^,  »  en  un  mot  ces  tours,  cette  manière  que  l'on  a  signalés  dans 
la  rhétorique  du  P.  Vignier,  tout  cela  se  retrouve  dans  Théonas.  Vignier 
fait  l'éloge  de  saint  A  vit  en  le  comparant  à  Cicéron  :  Avitus...  ut  erat 
alter  Tullius...^;  et  Théonas  écrit  :  Laudandi  sunt  poetse  in  magnitudine 
ingenii,  in  inventorum  acumine,  in  expressionis  (!)  proprietate  et  eloquen- 
tia  summa  (?)  ;  laudandi  oratores,  laudandi  philosophi  in  génère  suo  ; 
laudandi  historici  qui  gestarum  rerum  seriem,  majorum  mores  et  instituta 
nobis  explicant,  qui  vivendi  normam  ex  antiquorum  gestis  ostendunt. 
Ailleurs  c'est  le  retour  d'expressions  identiques  : 

VIGNIER  3.  THÉONAS. 

Absit,  0  rex,  ut  plures  deos  cola-  Ahsit  a  vobis  ut  aditum  ad  prin- 

mus  !  cipem  pretio  vendatis  ! 

«  Et  encore  : 

...Ut  sic  affectus  qui  inter  tuam  ...  Ut  per  id  plurimum  Christi 

sanctitatem  et  nos  jamdiu  coaluit,  nomen   glorificetur  et   illius   fides 

in  Domino  corroboretur  et  de  cetero  quotidie  augeatur. 
augeatur. 

«  Il  n'y  a  pas  jusqu'à  certaines  gaucheries  de  Vignier  qui  ne  se 
retrouvent  dans  Théonas  :  Vignier  s'est  trahi  dans  la  formule  de  salu- 
tation de  la  lettre  du  pape  Gélase'',  et  Théonas  en  fait  autant  par  la 
façon  dont  il  salue  Lucien  :  Vale  féliciter  in  Christo,  mi  domine  Luciane. 
Ces  sortes  à.''explicit,  en  effet,  sont  très  rares  chez  les  Pères  grecs  ;  l'ex- 
pression que  lui  donne  Théonas  est  inusitée  aussi  bien  chez  les  Grecs 
que  chez  les  Latins;  plus  encore,  l'expression  mi  domine  Luciane,  abso- 
lument singulière  dans  la  littérature,  inadmissible  dans  la  bouche  d'un 
évêque  s'adressant  à  un  fidèle,  a  toutes  les  apparences  d'un  pur  gal- 
licisme. 

«  En  résumé,  l'épître  de  Théonas  à  Lucien  ne  se  rattache  à  rien  dans 
l'antiquité  chrétienne;  elle  présente  des  confusions  et  des  emprunts  qui 
compromettent  son  autorité  intrinsèque;  on  n'a  donc  aucune  raison  de 
la  tenir  pour  authentique,  tout  au  contraire.  Faut-il  lui  assigner  la 
même  origine  qu'aux  pièces  fabriquées  par  Vignier  ?  Peut-être.  Elle  ne 
saurait  être,  en  toute  hypothèse,  qu'un  exercice  élégant  d'un  humaniste 
moderne. 

«  Pierre  Batiffol.  » 

1.  Expressions  de  M.  Julien  Havet. 

2.  J.  Havet,  p.  37, 

3.  Id.,  p.  35,  51. 

4.  Id.,  p.  56. 


344 

«    LA    OENEALOGIA   KAROI.ORUM^. 

«  M.  G.  Waitz  a  publié  dans  les  Monumenta  Germaniae  {Scriptores, 
t.  XIII,  p.  245)  une  généalogie  dont  la  dernière  phrase  indique  qu'elle 
a  été  écrite  sous  le  régne  de  Pépin.  Toutefois,  dans  sa  préface  (p.  240), 
il  fait  valoir  quol(jues  motifs  do  douter  de  ce  point  :  le  texte  men- 
tionne les  ancêtres  de  saint  Arnoul,  qui  sont  inconnus  à  Paul,  et  pré- 
sente d'autres  traits  où  l'on  reconnaît  généralement  des  interpolations 
provenant  de  Saint- Wandrille,  qui  ne  peuvent  remonter  plus  haut  que 
la  fin  du  ix"  siècle.  M.  Waitz  admet,  en  conséquence,  que  ce  document 
est  plus  récent  que  la  date  qu'il  porte.  Pourtant  il  le  croit  du  moyen 
âge,  car,  dit-il,  le  premier  éditeur,  Dominicy,  ne  saurait  être  soupçonné 
de  faux;  plusieurs  autres  pièces  publiées  par  lui  ont  été  retrouvées 
dans  les  manuscrits,  ce  qui  en  prouve  l'authenticité.  Mais  celle-ci,  pré- 
cisément, ne  se  trouve  dans  aucun  manuscrit  ;  elle  avait  été  communi- 
quée à  Dominicy  par  le  P.  Vignier^.  Après  la  découverte  de  M.  Julien 
Havet,  que  nous  avons  fait  connaître,  en  son  temps,  à  nos  lecteurs,  il 
faut  sans  aucun  doute  ajouter  la  pièce  en  question  à  la  liste  des  pro- 
ductions de  ce  faussaire. 

a  W.  Wattenbagh.  » 

ACTE  DE  BAPTÊME  DE  ROGER  DE  GAIGNIÈRES. 

Notre  confrère  M.  H.  de  Flamare,  archiviste  de  la  Nièvre,  a  trouvé 
dans  les  registres  paroissiaux  d'Entrain  (Nièvre)  la  date  de  la  naissance 
de  François-Roger  de  Gaignières.  Nous  nous  empressons  de  publier  un 
acte  aussi  important  pour  la  biographie  d'un  homme  qui  a  rendu  tant 
et  de  si  grands  services  à  l'histoire  et  aux  antiquités  de  la  France. 

«  Le  trentiesmc  jour  de  mars  mil  six  cent  quarante-trois,  j'ay,  Sul- 
pice  Bourgoing,  curé  de  Nostre-Dame  d'Entrain,  soubsigné,  certiffié 
que  Françoys-Koger  de  Gannière,  fils  légitime  de  noble  homme  Edme 
de  Gannière,  escuier  et  secrétaire  de  Monseigneur  le  duc  de  Bellegarde, 
et  de  damoiselle  Jacqueline  de  Blanchefort,  ses  père  et  mère,  est  né  et 
venu  au  monde  le  trentiesme  du  moys  de  décembre  dernier  et  par  moy 
undoyé  le  mesme  jour  sur  le  soir,  et  de  plus,  que  le  reste  des  cérémo- 
nies de  l'église  touchant  le  baptesme  dudit  Françoys-Roger  de  Gannière 
furent  faictes  en  laditte  église  cedit  jour  trentiesme  de  mars.  Et  furent 
ses  parain  et  maraine  hault  et  puissant  seigneur  Messire  Roger  duc  de 

1.  Neues  Archiv  der  Gesellsckaft  fier  àitere  deutscke  Geschichtskunde ,  XI 
p.  631. 

2.  M.-A.  Domiaicy,  Ansberti  Familia  rediviva  (Paris,  1648, 10-4""),  appendice, 
p.  5. 


342 

Bellegarde,  paire  (sic)  de  France,  etc.  (sic),  et  dame  Estiennette  Olivier, 
femme  de  Messire  Françoys  de  Blanchefort,  sieur  et  baron  d'Asnois, 
lesquelz  ont  signé,  de  ce  requis. 

«  Roger  DE  Bellegarde,  —  Et.  Olivyer. 

«    S.   BOURGOING.    J 


MANDEMENT  DE  CHARLES  V  CONSERVÉ  A  NUREMBERG. 

Lors  de  mon  passage  à  Nuremberg  au  mois  d'août  1885,  un  journal 
quotidien,  le  Fraenkischer  Kurier,  m'apprit  l'acquisition  faite  quelques 
jours  auparavant,  par  le  Germanisches  Muséum,  de  la  pièce  suivante,  dont 
je  dois  la  communication  à  l'obligeant  empressement  de  M.  Boesch, 
secrétaire  du  Musée. 

F.  Gerbâux. 

«  Charles,  par  la  grâce  de  Dieu,  roys  de  France,  au  viconte  du  Pont- 
de-l' Arche  ou  à  son  lieutenant,  salut.  Comme  par  noz  autres  lettres 
nous  eussions  mandé  au  receveur  de  Meleun  que  à  Guillaume  Bourgois, 
demeurant  à  Neuf-Marchié^,  il  paiast  la  somme  de  seze  reaulx  d'or 
trois  quars  et  demi,  en  quoy  icelli  Guillaume  disoit  nous  lui  estretenuz 
du  temps  que  nous  estions  duc  de  Normandie  et  dalphin  de  Viennois, 
pour  cause  d'ostelaige,  de  fructaige  et  de  certaines  autres  choses,  si 
comme  il  disoit  apparoir  par  cedules  ou  escrits  passés  et  vérifiés  en  et 
par  la  chambre  de  noz  comptes,  et  dont  aucune  satifaction  n'a  esté  faite 
audit  Guillaume  de  la  somme  dessusdite,  ja  soit  ce  qu'il  ait  grandement 
fraie  et  despendu  et  pourchacié  son  paiement,  et  fauroit  qu'il  y  fraiast 
encore  et  plus  que  ladite  somme  ne  monte  avant  que  satifaction  lui  en 
fust  faite,  considérée  la  distance  des  lieux,  si  comme  il  dit,  si  nous  a 
humblement  supplié  lui  estre  sur  ce  par  nous  pourveu  de  competant 
remède.  Pour  quoy  nous,  eue  considération  à  ce  que  dit  est,  te  man- 
dons que  de  tout  ce  qui  t'apperra  par  lesdites  cedules  ou  escrits  estre 
deu  audit  suppliant  à  la  cause  dessusdite,  tu  li  faces  plaine  et  briefve 
satifaction,  si  et  par  telle  manière  que  ledit  suppliant  n'ait  cause  de 
recommencer  pour  ce  plus  par  devers  nous,  et  tout  ce  qui  ainsi  paie  li 
aura  esté  nous  voulons  et  mandons,  par  rapportant  lesdites  lettres  adre- 
cées  sur  ce  audit  receveur  de  Meleun,  lesdites  cedules  ou  escrits,  ces 
présentes  et  lettres  de  recognoissance  sur  ce  dudit  suppliant,  estre 
alloué  en  tes  comptes  et  rabatu  de  ta  recepte  par  noz  amez  et  feaulx  les 
gens  de  noz  comptes  à  Paris  sanz  aucun  contredit,  nonobstant  quel- 
conques ordonnances,  mandemens  ou  défenses  à  ce  contraires. 

«  Donné  à  Paris,  en  nostre  hostel  lez  l'église  Saint-Pol,  le  xix«"'<'  jour 

1.  Seine-Inférieure,  arrondissement  de  Neufchâtel-en-Bray,  canton  de  Gournay. 


343 

de  février  l'an  de  grâce  mil  trois  cenz  soixante  six,  et  de  nostre  règne 
le  tiers. 
«  Par  le  roy,  en  ses  requestes. 

«  J.  Clerici.  » 


SOCIÉTÉ  DE  L'HISTOIRE  DE  LA  RÉFORMATION. 

La  Société  de  l'histoire  de  la  Réformation  (  Vercin  filr  lieformations- 
Geschichte),  qui,  fondée  il  y  a  trois  ans,  compte  aujourd'hui  pkis  de 
six  mille  membres,  a  tenu  sa  première  assemblée  générale  ordinaire  le 
28  avril,  à  Francfort-sur-le-Mein.  Parmi  les  publications  qui  doivent 
paraître  sous  les  auspices  de  la  Société,  nous  signalerons,  d'après  le 
rapport  du  comité  de  rédaction,  un  travail  du  professeur  Lcchler,  de 
Leipzig,  sur  Jean  Huss,  un  autre  du  professeur  Karl  MûUer,  de  Halle, 
sur  les  Vaudois,  une  étude  du  professeur  Nippold,  d'Iéna,  sur  la  situa- 
tion de  la  papauté  au  xvi^^  siècle,  et  deux  travaux  sur  les  tentatives  de 
réformation  en  Italie  et  en  Espagne,  l'un,  du  professeur  Benrath,  de 
Bonn,  l'autre,  du  professeur  Wilkens. 

GAIGNIÈRES  ET  SON  DESSINATEUR. 

La  lettre  suivante  nous  a  paru  mériter  d'être  publiée.  Elle  nous  fait 
bien  connaître  le  caractère  de  Gaignières  et  les  rapports  qu'il  entrete- 
nait avec  l'artiste  qui  l'a  si  utilement  aidé  à  former  ses  collections ^. 

Cette  lettre  doit  avoir  été  adressée  au  chanoine  Hermant,  l'historien 
de  l'église  de  Beauvais.  Elle  a  fait  partie  de  la  collection  de  M.  Briquet 
aux  Cousteaux,  vendue  en  avril  1855  (article  137)  et  de  la  collection  de 
M.  Mathon,  vendue  en  décembre  1885  (article  46). 

or  A  Paris,  ce  l*""  janvier  1693. 

«  Je  vous  souhaite  la  bonne  année,  Monsieur,  et  vous  demande  la  con- 
tinuation de  vos  bonnes  grâces.  J'ay  receu  votre  lettre.  J'attendois  tou- 
jours celuy  qui  l'a  aportée,  qui  avoit  dit  qu'il  reviendroit.  Je  vous  suis 
fort  obligé  de  toutes  vos  honnestetez.  Je  suis  bien  fasché  que  l'on 'vous 
refuse  quelque  chose  pour  votre  ouvrage.  Les  soins  que  vous  prenez 
vous  devroient  aplanir  toutes  difûcultez.  Vous  estes  bien  louable  de  ne 
vous  pas  rebuter  ;  c'est  aussi  comme  il  faut  faire  pour  réussir.  Je  n'ay 
rien  sceu  de  votre  accident.  Je  vous  en  aurois  tesmoigné  mon  des- 
plaisir. 

«  Je  vous  feray  un  petit  mémoire  pour  votre  voyage  et  vous  l'enverray 
avant  le  caresme.  Je  ne  sçay  rien  de  ce  que  vous  me  demandez,  mais 
je  m'en  informeray  et  vous  y  respondray  avec  soin. 

1.  'Voyez  Delisle,  le  Cabinet  des  manuscrits,  t.  I,  p.  336. 


344 

«  Pour  ce  qui  est  des  Vaux  de  Gernay,  je  n'y  ay  point  esté,  et  ne  sçay 
pas  mesme  si  j'iray,  parce  que  je  ne  fais  de  ces  voyages  que  lorsque 
l'envie  de  me  pourmener  à  la  campagne  me  prend  et  que  je  n'ay  rien 
à  faire  à  Paris,  où  j'ay  plusieurs  choses  qui  m'empeschent  de  m'occu- 
per  à  la  curiosité,  à  quoy  je  ne  m'amuse  que  pour  m'empescher  de 
m'ennuyer.  Je  ne  crois  pas  sortir  si  tost  de  Paris. 

«  Pour  le  sieur  Boudan  dont  vous  me  parlez,  il  ne  manque  pas  de  bonne 
volonté.  Je  crois  que  celuy  qui  l'avoit  engagé  de  graver  le  plan  de 
Beauvais  doit  avoir  receu  une  lettre  qu'il  donna  en  ma  présence  à 
M.  Vilain,  chanoine  de  Beauvais.  Vous  sçaurez  qu'après  mes  voyages 
où  il  avoit  fatigué,  il  a  esté  malade  et  a  eu  depuis  une  fluxion  sur  les 
yeux,  si  grande  que  l'on  croioit  qu'il  les  perdroit.  Il  luy  en  est  resté  une 
telle  foiblesse  qu'il  ne  peut  graver,  la  veue  fatiguant  beaucoup  plus  que 
pour  dessiner.  J'en  suis  bien  fasché,  car  je  luy  avois  procuré  une 
planche  qu'il  n'a  peu  achever  et  qu'il  a  rendue  avec  la  mesme  sincérité 
qu'il  est  prest  de  rendre  le  plan  qu'on  luy  a  donné,  et  l'argent  qu'il  a 
receu,  en  luy  rendant  son  billet.  Cela  est  fascheux  quand  on  souhaite 
quelque  chose,  mais  on  ne  peut  pas  exiger  davantage  de  lui  que  ce  qu'il 
offre.  Il  y  perd  assez,  le  pauvre  garson,  car  mesme  ce  que  je  luy  fais 
dessiner  n'est  plus  comme  il  estoit,  J'estois  bien  aise  qu'il  gravast  ce 
plan  là,  car  nous  en  aurions  peu  avoir  à  bon  prix,  quoyque  je  sois  moins 
curieux  des  plans  que  des  cartes.  Il  n'y  a  point  de  finesse  de  sa  part,  le 
pauvre  garson;  mais  à  l'impossible  on  ne  peut  estre  tenu.  Il  perd  assez 
à  cette  afliction  que  Dieu  luy  envoyé.  Encor  est  il  bien  heureux  d'en 
estre  quite  à  ce  prix  là,  s'il  ne  luy  arrive  pis.  Ainsy,  Monsieur,  comme 
j'ay  conoissance  de  son  procédé,  je  puis  vous  assurer  qu'il  est  sincère. 
Cela  me  fasche,  car  j'ay  mille  choses  qu'il  m'a  mesme  commencé  à  des- 
siner, que  je  ne  sçay  quand  il  les  achèvera. 

«  Voilà  vous  parler  lontemps  du  sieur  Boudan  ;  il  est  temps  que  je  vous 
parle  de  moy  et  que  je  vous  asseure,  Monsieur,  que  je  suis  avec  beau- 
coup d'estime  vostre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

«  De  Gaiqnières. 

e  II  faut  mettre  simplement,  s'il  vous  plaist,  sur  mes  lettres  :  A  M.  de 
Gaignières,  à  l'hôtel  de  Guise,  à  Paris.  Rien  que  cela,  s'il  vous  plaist.  » 


ÉTUDE  SUR  LE  CHŒUR 

DE  L'ÉGLISE 

DE  SAINT-MARTIN-DES-CHAMPS 

A  PARIS 


L'architecture  religieuse  du  xii''  siècle  n'est  plus  représen- 
tée à  Paris  que  par  cinq  monuments ,  l'église  de  Saint-Julien- 
le-Pauvre,  le  chœur  de  Saint-Germain-des-Prés,  l'abside  de 
Notre-Dame,  le  sanctuaire  de  Saint-Pierre  de  Montm.artre  et  le 
chœur  de  l'ancienne  église  de  Saint-Martin-des-Chanîps,  qui  est 
englobé  dans  les  bâtiments  du  conservatoire  des  arts  et  métiers. 
Cette  dernière  construction,  malgré  l'intérêt  qu'elle  présente  au 
point  de  vue  archéologique,  n'a  pas  été  jusqu'ici  l'objet  d'une 
étude  approfondie,  et  l'on  n'est  pas  d'accord  sur  l'époque  où  elle 
a  dû  être  élevée.  C'est  ce  point  que  nous  nous  proposons  surtout 
d'éclaircir,  après  avoir  donné  la  description  détaillée  du  chevet  de 
l'édifice. 

L'église  de  Saint-Martin-des-Champs  se  compose  d'une  nef 
dépourvue  de  bas-côtés  et  d'un  chœur  en  hémicycle  entouré  d'un 
double  déambulatoire  qui  est  flanqué  de  six  petites  chapelles 
rayonnantes  et  d'une  grande  chapelle  en  forme  de  trèfle.  Un  clo- 
cher latéral,  dont  le  soubassement  est  resté  intact,  se  trouve  adossé 
au  côté  méridional  du  chœur.  Le  plan  de  ce  sanctuaire  est  très 
original  ;  il  ne  peut  pas  être  comparé  à  celui  des  chœurs  de  Saint- 
Germain-des-Prés,  de  Notre-Dame  de  Senlis,  de  Saint-Germer, 
de  Saint-Leu  d'Esserent  et  de  Notre-Dame  de  Noyon,  car  il  s'en 
distingue  par  la  largeur  de  la  travée  centrale,  par  la  seconde 
galerie  du  déambulatoire  et  par  la  disposition  particulière  de  la 
chapelle  du  chevet,  qui  fait  une  saillie  très  prononcée  sur  le  mur 

23 


346 

de  l'abside,  comme  les  chapelles  rayonnantes  situées  dans  l'axe 
de  la  plupart  des  cathédrales  du  xiii°  siècle. 

La  nef,  qui  n'est  pas  voûtée,  est  éclairée  par  vingt  fenêtres  dont 
le  remplage  se  compose  d'un  meneau  central  et  d'une  rosace  à  six 
lobes.  Elle  remonte  au  milieu  du  xiif  siècle  et  communique  avec 
le  chœur  par  un  doubleau  en  tiers-point  orné  de  tores  et  de  bâtons 
brisés.  Cet  arc  s'appuie  de  chaque  côté  sur  trois  colonnettes  cou- 
ronnées par  deux  groupes  de  chapiteaux  d'un  style  bien  différent. 
Les  chapiteaux  inférieurs,  couverts  de  feuilles  d'acanthes,  appar- 
tiennent au  xif  siècle,  mais  ceux  qui  les  surmontent  n'ont  été 
sculptés  qu'au  xni''  siècle.  Pour  expliquer  ce  remaniement,  il 
faut  supposer  que  le  doubleau  primitif  était  fortement  surhaussé 
et  que  l'architecte  du  xiif  siècle  jugea  nécessaire  d'allonger  le  fût 
des  colonnettes,  afin  de  donner  plus  d'élégance  à  l'arc  triomphal. 

La  voûte  du  sanctuaire  est  soutenue  par  huit  branches  d'ogives 
et  par  des  arcs  formerets  en  cintre  brisée  Chacune  des  nervures, 
décorée  d'une  arête  entre  deux  tores,  retombe  sur  une  mince 
colonnette.  Les  sept  travées  du  chœur  reposent  sur  des  arcades 
en  tiers-point  dont  les  claveaux  sont  garnis  d'un  gros  boudin, 
de  deux  baguettes  et  de  deux  tores  qui  viennent  s'appuyer  sur  des 
piliers  flanqués  de  douze  colonnettes.  Cette  décoration  est  com- 
plétée sur  le  grand  arc  en  plein  cintre  de  la  travée  centrale  par  un 
rang  de  bâtons  brisés.  Les  piles  isolées  sont  au  nombre  de  six,  et 
les  colonnettes  qui  les  cantonnent  supportent  les  retombées  des 
grands  arcs,  des  petits  doubleaux  du  déambulatoire,  des  branches 
d'ogives  du  chœur  et  des  arcs  formerets.  Les  chapiteaux  de  toutes 
les  colonnes  se  distinguent  par  leur  grande  variété  ;  leur  corbeille 
est  couverte  de  feuillages  et  de  tiges  entrelacées,  et  leur  tailloir 
se  compose  d'un  filet,  d'un  tore  et  d'un  biseau.  Quant  aux  bases, 
elles  ont  été  refaites  en  grande  partie,  mais  on  peut  être  certain 
qu'elles  se  composaient  anciennement  d'une  gorge  entre  deux 
tores  et  qu'elles  étaient  toutes  pourvues  de  griffes.  La  partie  supé- 
rieure du  sanctuaire  est  éclairée  au  moyen  de  sept  fenêtres  dont 
l'archivolte  est  très  légèrement  brisée.  Leurs  claveaux,  ornés 
d'un  gros  tore,  reposent  sur  deux  colonnettes  engagées  dans  des 
retraits.  La  baie  qui  se  trouve  dans  l'axe  du  chœur  est  beaucoup 
plus  large  que  les  autres,  et  son  arc  en  plein  cintre  est  un  peu 
surbaissé. 

1.  L'arc  formeret  de  la  travée  centrale  est  en  plein  cintre. 


3n 

Le  déambulatoire  est  formé  de  deux  galeries  en  hémicycle  dont 
la  largeur  n'est  pas  identique.  En  effet,  tandis  que  la  première 
présente  une  largeur  de  3'"50,  la  seconde  est  un  simple  couloir 
large  de  0'"90  environ.  Les  piles  qui  les  séparent  ne  sont  pas  pla- 
cées sur  le  prolongement  des  lignes  dirigées  vers  le  centre  du 
chœur.  Il  est  facile  d'en  comprendre  la  raison.  Comme  l'archi- 
tecte avait  résolu  d'employer  des  voûtes  d'arête  pour  recouvrir  cette 
partie  de  l'église,  il  fut  conduit  à  chercher  le  moyen  d'obtenir  des 
espaces  à  peu  près  carrés  pour  les  établir.  S'il  avait  disposé  ses 
piliers  intermédiaires  d'une  autre  l^açon,  il  eût  obtenu  des  surfaces 
en  formes  de  trapèzes  qui  ne  se  seraient  pas  prêtées  à  la  construc- 
tion des  voûtes  d'arête.  Chacune  des  piles  se  compose  d'un  nombre 
variable  de  colonnettes  disposées  assez  irrégulièrement  autour 
d'un  massif  central.  Leurs  chapiteaux  et  leurs  tailloirs  offrent  le 
genre  de  décoration  déjà  signalé  dans  la  description  du  chœur. 

La  première  galerie  du  déambulatoire  est  recouverte  de  dix 
voûtes  d'arête  et  d'une  voûte  sur  croisée  d'ogives  placée  au- 
dessus  de  la  travée  qui  précède  la  grande  chapelle  centrale. 
Toutes  ces  voûtes  sont  séparées  les  unes  des  autres  par  des  dou- 
bleaux  en  tiers-point  ornés  d'un  tore  et  de  deux  baguettes,  profil 
également  appliqué  sur  les  nervures  de  la  croisée  d'ogives. 
Leurs  dispositions  méritent  d'être  étudiées,  car  elles  dénotent 
les  nombreux  tâtonnements  d'un  architecte  qui  ne  savait  pas 
résoudre  encore  avec  assurance  le  problème  de  la  construction 
d'une  voûte  au-dessus  d'un  déambulatoire.  En  effet,  comme  la 
direction  prise  par  les  doubleaux  n'est  pas  très  régulière,  les 
voûtes  d'arête  sont  établies  tantôt  sur  des  parallélogrammes, 
tantôt  sur  des  espaces  triangulaires.  Il  en  résulte  que  les  compar- 
timents de  remplissage  sont  très  irréguhers,  et  que  la  taille  de 
leurs  voussoirs  manque  complètement  de  précision.  Quant  à  la 
seconde  galerie,  elle  forme  en  avant  des  chapelles  rayonnantes 
un  étroit  passage  encadré  par  de  grands  arcs  en  cintre  brisé* 
du  côté  du  déambulatoire,  et  traversé  par  un  arc  en  tiers-point 
au  droit  des  piles  isolées.  Les  six  petites  chapelles  du  chevet 
sont  surmontées  de  voûtes  d'arête  irrêgulières  qui  se  relient  à 
celles  du  déambulatoire.  Chacune  d'elles  est  éclairée  au  moyen 
de  deux  fenêtres  en  plein  cintre  dont  l'archivolte  est  garnie  d'un 
gros  tore  et  soutenue  par  des  colonnettes. 

1.  Les  claveaux  de  ces  arcs  sont  ornés  d'un  gros  boudin  et  de  deux  petits  tores. 


348 

La  grande  chapelle  qui  se  trouve  dans  l'axe  de  l'abside  affecte 
la  forme  d'un  trèfle  dont  les  deux  lobes  inférieurs  sont  séparés  par 
un  large  passage  recouvert  d'une  voûte  sur  croisée  d'ogives.  C'est 
une  disposition  tout  à  fait  exceptionnelle,  car  elle  ne  se  rencontre 
en  France  que  dans  une  seule  autre  église  du  xir  siècle,  celle  de 
la  GascineS  près  de  Laval,  dont  le  chœur  est  bâti  sur  le  même 
plan^  Cette  chapelle  est  voûtée  au  moyen  de  six  branches  d'ogives 
réunies  à  une  clef  centrale.  Chacune  des  nervures,  ornée  de  trois 
tores  accouplés,  s'appuie  sur  une  mince  colonnette.  Les  compar- 
timents de  remplissage  se  distinguent  par  l'absence  d'arête  centrale 
et  par  leur  forme  bombée,  qui  rappelle  celle  d'une  coupole.  L'in- 
térieur de  la  chapelle  est  éclairé  par  neuf  fenêtres  en  plein  cintre  : 
celles  qui  s'ouvrent  dans  le  chevet  des  trois  hémicycles  sont 
encadrées  par  un  tore,  un  cordon  de  feuillages  et  deux  colonnes. 
Au-dessous  de  leur  appui,  on  remarque  des  arcatures  cintrées 
garnies  de  moulures  :  elles  reposent  sur  des  colonnettes  isolées. 

Toutes  les  chapelles  rayonnantes  sont  épaulées  à  l'extérieur 
par  des  contreforts  qui  se  composent  alternativement  de  massifs 
carrés  et  de  grosses  colonnes  couronnées  par  une  pierre  en  forme 
de  cône^.  Leurs  fenêtres  en  plein  cintre  sont  entourées  d'un  gros 
tore  et  d'un  cordon  de  plantes  aroïdes,  mais,  tandis  que  celles  des 
petites  chapelles  sont  dépourvues  de  colonnes,  celles  de  la  grande 
chapelle  centrale  sont  décorées  d'un  tore  qui  se  continue  sur  les 
pieds  droits  et  d'une  archivolte  soutenue  par  des  colonnettes.  Les 
chapelles  se  trouvent  reliées  les  unes  aux  autres  dans  leur  partie 
supérieure  par  des  arcs  destinés  à  supprimer  les  angles  rentrants 
qui  auraient  pu  nuire  à  l'établissement  du  chéneau''.  Au-dessus 
des  baies  du  déambulatoire  s'ouvrent  les  sept  fenêtres  du  chœur. 

1.  Cette  église,  qui  n'a  jamais  été  terminée,  se  trouve  sur  le  territoire  de  la 
commune  de  Forcé  (Mayenne). 

2.  On  pourrait  également  rapprocher  du  plan  de  cette  chapelle  celui  de  la  cha- 
pelle de  Montraajour  (Bouches-du-Rhùne),  qui  se  trouve  flguré  dans  le  Diction- 
naire d'architeclure  de  VioUet-le-Duc,  t.  II,  p.  445,  mais  c'est  un  édicule  isolé. 
Il  est  intéressant  de  faire  remarquer  que  la  basilique  de  Tébessa,  en  Algérie, 
et  la  basilique  découverte  récemment  à  Damous-Karita,  près  de  Carthage,  se 
terminent  par  des  salles  en  forme  de  trèfle. 

3.  On  peut  voir  des  contreforts  de  ce  genre  encore  intacts  à  l'extérieur  des 
églises  de  Saint-Étienne  de  Beauvais,  de  Saint-Germer,  de  Morienval,  de 
Saint-Étienne-lez-Pierrefonds  (Oise),  de  Breny  et  de  Chavigny  (Aisne). 

4.  Cette  disposition  fut  également  adoptée  par  la  plupart  des  architectes 
normands  du  xm"  siècle  dans  les  églises  entourées  d'un  déambulatoire. 


349 

Leur  archivolte  est  en  cintre  brisé  et  leurs  claveaux,  ornés  d'un 
tore,  d'une  gorge  et  d'un  cordon  d'étoiles,  reposent  sur  des  colon- 
nettes  engagées  dans  des  retraits.  Entre  chacune  des  fenêtres, 
on  distingue  une  colonne  surmontée  d'un  chapiteau  qui  joue  le 
rôle  de  contrefort.  Les  corniches  de  l'abside  se  composent  d'un 
simple  entablement  soutenu  par  des  modillons  à  têtes  grimaçantes. 
Au  point  de  rencontre  de  la  nef  et  du  sanctuaire,  du  côté  méri- 
dional, s'élève  un  clocher  dont  il  ne  reste  plus  que  le  soubasse- 
ment. Il  est  percé  sur  chacune  de  ses  faces  de  deux  baies  en  plein 
cintre  encadrées  par  deux  boudins  et  par  quatre  colonnettes. 

C'est  toute  la  partie  du  monument  que  nous  venons  de  décrire 
qui  a  été  attribuée  au  xi"  siècle  par  plusieurs  archéologues.  L'abbé 
Lebeuf  a  soutenu  cette  opinion  dès  le  xviif  siècle.  «  L'église  de  Saint- 
Martin,  dit-il,  conserve  le  sanctuaire  et  le  fonds  de  l'ancien  édifice 
du  xi«  siècle.  La  tour  des  grosses  cloches  est  pareillement  du  genre 
de  construction  en  usage  du  temps  du  roi  Henri  ou  de  Philippe*.  » 
Jules  Quicherat  s'est  associé  au  sentiment  de  l'abbé  Lebeuf,  comme 
en  témoigne  la  phrase  suivante  empruntée  à  l'une  de  ses  études 
archéologiques  :  «  Il  est  impossible  de  ne  pas  voir  dans  le  sanc- 
tuaire de  notre  église  de  Saint-Martin-des-Champs  l'ouvrage 
consacré  avec  tant  de  solennité  en  1067  2.  »  Viollet-le-Duc  est  du 
même  avis,  car  il  admet  que  le  chœur  de  l'église  bâtie  au  xf  siècle 
à  Saint-Martin-des-Champs  existe  encore  aujourd'hui^. 

L'opinion  émise  par  l'abbé  Lebeuf,  par  Jules  Quicherat  et  par 
A^iollet-le-Duc  s'appuie  sur  une  charte  qui  fait  mention  de  la  dédi- 
cace d'une  église  dans  le  prieuré  de  Saint-Martin-des-Champs  en 
1067'*.  Aucun  autre  texte  ne  fait  allusion  à  la  reconstruction  pos- 
térieure de  l'édifice  ;  néanmoins,  il  nous  paraît  impossible  de  faire 
remonter  l'abside  de  l'église  actuelle  à  une  époque  aussi  reculée. 
Les  raisons  suivantes  feront  comprendre  pourquoi  nous  ne  croyons 
pas  devoir  partager  sur  ce  point  les  idées  des  trois  archéologues 
précédents. 

Si  le  chœur  de  Saint-Martin-des-Champs  avait  été  bâti  au 
xie  siècle,  il  ne  serait  pas  recouvert  de  huit  branches  d'ogives. 
Sans  doute,  la  voûte  sur  croisée  d'ogives  n'était  pas  absolument 

1.  Histoire  de  la  ville  et  de  tout  le  diocèse  de  Paris,  t.  I,  p.  306  et  307. 

2.  Revue  archéologique,  t.  VII,  1850,  p.  7'j. 

3.  Dictionnaire  d'arcaitecture,  t.  V,  p.  164. 

4.  Cette  charte  est  imprimée  dans  le  Gallia  christiam,  t.  VII,  Instrumenta 
ecclesiœ  Parisiensis,  col.  35. 


350 

inconnue  des  architectes  du  xi""  siècle,  puisque  certains  édifices  en 
présentent  des  exemples,  mais  les  constructeurs  de  cette  époque  en 
firent  un  usage  très  restreint,  et  ils  n'employèrent  les  voûtes  de 
ce  genre  que  pour  recouvrir  des  surfaces  peu  étendues,  comme  à 
Morienval  (Oise),  tandis  qu'ils  continuaient  à  se  servir  de  la  voûte 
en  cul-de-four  au-dessus  du  chœur.  En  outre,  ils  donnèrent  inva- 
riablement à  leurs  nervures  le  profil  d'un  énorme  boudin.  Cette 
moulure  fut  même  uniquement  appliquée  sur  les  croisées  d'ogives 
pendant  la  première  moitié  du  xif  siècle,  ainsi  qu'on  le  constate  en 
examinant  les  voûtes  qui  recouvrent  la  nef  de  Cambronne  et  les 
bas-côtés  des  églises  de  Saint-Etienne-de-Beauvais  et  de  Béthisy- 
Saint-Pierre  (Oise).  A  Saint-Martin-des-Champs,  au  contraire, 
les  nervures  sont  garnies  tantôt  d'un  triple  boudin,  tantôt  d'une 
arête  entre  deux  tores,  profils  très  répandus  dans  les  voûtes  du 
XII®  siècle  et  qui  ne  se  montrent  jamais  antérieurement  à  cette 
époque.  Le  second  point  sur  lequel  nous  ferons  porter  la  discus- 
sion, c'est  sur  la  forme  des  arcs  doubleaux  du  déambulatoire  et 
des  grands  arcs  du  chœur.  La  courbe  de  tous  ces  arcs  est  brisée  ; 
or,  si  l'arc  en  tiers-point  se  rencontre  dès  le  xi*"  siècle  dans  un 
grand  nombre  d'églises  du  centre  et  du  midi  de  la  France,  telles 
que  celles  de  Vaison,  de  Cavaillon,  de  Saint-Front  de  Périgueux, 
de  Maguelonne,  d'Ainay,  à  Lyon,  de  Saint-Amable  de  Riom  et 
de  Notre-Dame  de  Cunault,  en  Anjou,  il  n'apparaît  pas  à  la 
même  époque  dans  les  édifices  religieux  du  nord  de  la  France. 
Les  églises  de  Morienval,  de  Montmille,  de  Rhuis,  de  Ginqueux, 
de  Saint-Remy-l' Abbaye  (Oise),  d'Oulchy-le-Château,  de  Res- 
sons-le-Long  et  de  Berny-Rivière  (Aisne),  qui  sont  antérieures 
au  mf  siècle,  n'en  offrent  aucun  spécimen  ^  En  outre,  si  les  arcs 
brisés  de  Saint-Martin-des-Champs  étaient  contemporains  du 
xi°  siècle,  ils  ne  seraient  pas  ornés  de  moulures,  et  leur  profil 
serait  formé  d'un  simple  méplat  accompagné  de  deux  ressauts 
comme  celui  des  premiers  arcs  en  tiers-point  appareillés  au  début 
du  xii°  siècle  à  Villers-Saint-Paul,  à  Cambronne  (Oise),  à  Vaux- 
rezis  et  à  Laffaux  (Aisne).  Si  l'on  examine  la  décoration  descha- 

1.  Dans  son  article  sur  l'ogive  publié  dans  la  Revue  archéologique  en  1850, 
Jules  Quicherat  a  émis  l'opinion  que  les  églises  de  Bury,  de  Villers-Saint-Paul, 
de  Saint-Étienne  de  Beauvais  et  de  Saint-Germer,  où  l'on  remarque  des  arcs 
brisés,  appartenaient  au  xi^  siècle,  mais  cette  Ihéorie  ne  pourrait  plus  être  sou- 
tenue aujourd'hui,  puisque  l'on  s'accorde  à  faire  remonter  ces  quatre  édifices 
au  xn"  siècle. 


354 

piteaux,  on  n'y  trouvera  pas  trace  de  ces  figures  grossières  et  de 
ces  ornements  géométriques  gravés  en  creux  qui  donnent^  un 
caractère  si  particulier  à  la  sculpture  des  chapiteaux  du  xi«  siècle 
qui  ornent  les  églises  de  Saint-Germain-des-Prés  S  de  Berneuil- 
sur-Aisne,  de  Morienval  (Oise),  d'Oulchy-le-Château,  de  Chivy 
et  de  Saint-Thibauld-de-lîazoches  (Aisne).  Le  profil  des  tailloirs 
ne  se  compose  pas  d'un  chanfrein  en  biseau  surmonté  d'un  méplat, 
suivant  la  disposition  invariablement  adoptée  au  xi*^  siècle.  Enfin 
les  moulures  des  bases  sont  beaucoup  plus  délicates  que  celles  dont 
l'usage  était  général  à  la  même  époque  et  les  cordons  placés  autour 
des  baies  du  sanctuaire  ne  sont  pas  garnis  de  billettes,  bien  que 
ce  genre  d'ornement  soit  répandu  à  profusion  sur  les  claveaux 
des  fenêtres  du  xf  siècle  dans  le  nord  de  la  France. 

Si  le  chœur  de  Saint-Martin-des-Champs  ne  porte  pas  l'em- 
preinte d'un  stjle  aussi  primitif  que  celui  du  xf  siècle,  il  faut 
nécessairement  en  reporter  la  date  à  une  période  moins  éloignée, 
comme  nous  allons  essayer  de  le  démontrer.  La  construction  qui 
présente  la  plus  grande  analogie  avec  l'abside  de  Saint-Martin- 
des-Champs,  c'est  le  chevet  de  l'église  de  Saint-Germer,  dont  les 
piliers  sont  bâtis  sur  le  même  modèle.  On  remarque  dans  les  deux 
édifices  un  système  de  voûtes  identiques  pour  recouvrir  le  chœur 
et  l'emploi  de  l'arc  en  tiers-point  dans  tous  les  doubleaux.  En 
outre,  les  moulures  appliquées  sur  les  grandes  arcades,  les  archi- 
voltes des  fenêtres  hautes,  les  contreforts  en  forme  de  colonnes 
qui  épaulent  la  partie  supérieure  des  murs  offrent  des  dispositions 
tout  à  fait  semblables.  Il  est  donc  fort  légitime  d'admettre  que  ces 
deux  absides  ont  dû  être  élevées  vers  la  même  époque,  puisqu'elles 
sont  conçues  dans  le  même  style.  On  se  trouve  donc  amené  ainsi 
à  fixer  la  construction  du  chœur  de  Saint-Martin-des-Champs  à 
l'année  1130  environ.  D'autres  observations  viennent  encore  à 
l'appui  de  notre  opinion.  Les  nervures  des  croisées  d'ogives  sont 
décorées  d'une  arête  entre  deux  tores,  et  ce  profil  se  rencontre 
dans  les  voûtes  des  églises  de  Bury,  de  Noël-Saint-Martin,  de 
Clielles  (Oise),  de  Poissy  et  d'Hardricourt  (Seine-et-Oise),  qui 
appartiennent  à  la  première  moitié  du  xn"  siècle. 

Pour  démontrer  que  les  fenêtres  basses  remontent,  comme  les 

1.  On  sait  que  les  a-iciens  chapiteaux  de  Saint-Gerinain-des-Prés  sont  dépo- 
sés dans  la  salle  des  Thermes,  au  musée  de  Cliiny,  et  que  tous  les  chapiteaux 
actuels  de  la  nef  de  l'église  ont  été  refaits  à  l'époque  moderne. 


352 


voûtes,  au  second  quart  du  xiP  siècle,  il  suffit  de  faire  observer 
que  leur  archivolte  est  entourée  d'une  gorge,  d'un  tore  et  d'un 
cordon  de  fruits  de  plantes  aroïdes.  Or,  toutes  les  baies  des  églises 
de  l'Ile-de-France  antérieures  à  cette  époque  n'étaient  jamais 
ornées  de  moulures  analogues,  et  les  sculpteurs  ne  cherchèrent 
pas  à  reproduire  les  fruits  de  l'arum  avant  le  xif  siècle,  comme 
le  prouve  l'examen  des  nombreux  chapiteaux  dont  ils  forment  la 
décoration ^  Quant  aux  baies  supérieures  du  sanctuaire,  elles 
sont  accompagnées  d'un  cordon  d'étoiles  comme  celles  du  chœur 
de  Saint-Gerraer,  et  l'on  sait  que  ce  genre  d'ornements  fut  exclu- 
sivement employé  pendant  le  xif  siècle.  Les  chapiteaux  portent 
également  l'empreinte  des  caractères  particuliers  au  style  de 
la  première  moitié  du  xii^  siècle.  En  effet,  à  l'époque  où  ils  furent 
taillés,  les  sculpteurs  ne  faisaient  pas  encore  un  usage  continuel 
de  la  feuille  d'acanthe  pour  couronner  les  fûts  des  colonnes , 
mais  ils  avaient  déjà  renoncé  à  se  servir  de  ces  larges  feuilles 
d'eau  qui  garnissent  les  chapiteaux  de  la  plupart  des  églises 
bâties  dans  le  nord  de  la  France  au  commencement  du  xif  siècle, 
telles  que  celles  de  Cambronne,  de  Saint-Étienne-de-Beauvais, 
de  Catenoy,  de  Caufry  et  de  Fitz-James  (Oise).  Tous  les  chapi- 
teaux du  chœur  de  Saint-Martin-des-Champs  sont  couverts  de 
tiges  entrelacées  qui  se  terminent  par  des  fleurs  d'iris  épanouies. 
Cette  ornementation,  beaucoup  plus  élégante  que  celle  du  xi*^  siècle, 
se  retrouve  sur  les  cliapiteaux  des  églises  de  Bury,  de  Foulangues 
et  de  Villers-Saint-Paul  (Oise),  qui  appartiennent  à  une  époque 
quelque  peu  antérieure  au  milieu  du  xii''  siècle.  L'examen  des 
tailloirs  peut  également  permettre  de  prouver  que  le  xif  siècle 
n'était  pas  encore  bien  avancé  quand  le  sanctuaire  de  l'église  de 
Saint-Martin-des-Champs  fut  reconstruit.  En  effet,  ils  se  com- 
posent d'une  baguette  encadrée  par  un  filet  et  par  une  doucine. 
Ce  type  de  profil  servit  de  transition  entre  la  lourde  abaque  du 
xr  siècle,  dont  l'arête  était  simplement  abattue,  et  le  tailloir  élé- 
gant garni  d'un  méplat,  d'une  gorge  et  d'un  tore  qui  fut  adopté 
par  les  sculpteurs  à  partir  de  l'année  1140  environ.  On  rencontre 
des  tailloirs  analogues  à  ceux  de  Saint-Martin-des-Champs  dans 
les  églises  de  Bonneuil-en-Valois,  de  Cambronne,  de  Catenoy,  de 

1.  Iconographie  des  plantes  aroïdes  figurées  au  moyen  âge  en  Picardie,  ^^av 
le  D'  Eugène  Woiliez,  article  inséré  clans  les  Mémoires  de  la  Société  des  anti- 
quaires de  Picardie,  t.  VIII,  p.  245. 


353 

Crouy-en-Tlielle,  de  Cauvigny,  de  Canly,  de  Bury  (Oise)  et  de 
Poissy  (Seiue-et-Oise),  qui  doivent  être  attribuées  à  la  première 
moitié  du  xii^  siècle.  Ainsi  la  méthode  de  comparaison  que  nous 
avons  appliquée  aux  voûtes,  aux  grands  arcs,  aux  fenêtres,  aux 
chapiteaux  et  aux  tailloirs  fournit  des  indications  dont  il  faut 
savoir  tenir  compte. 

Il  est  intéressant  d'établir,  d'autre  part,  que  le  chœur  de  Saint- 
Martin-des-Champs  n'a  pu  être  élevé  après  1150,  en  montrant  la 
différence  qui  existe  entre  cotte  partie  de  l'édifice  et  les  monuments 
religieux  de  la  seconde  moitié  du  xif  siècle.  Si  l'on  essaye  de  rap- 
procher ces  dispositions  de  celles  du  sanctuaire  de  Saint-Germain- 
des-Prés,  consacré  en  1103*,  on  reconnaîtra  facilement  que  cette 
construction  porte  l'empreinte  d'un  style  beaucoup  plus  avancé  que 
la  précédente.  En  effet,  on  observe  à  Saint-Martin-des-Champs 
l'emploi  simultané  de  la  voûte  à  nervures  et  de  la  voûte  d'arête, 
tandis  qu'à  Saint-Germain-des-Prés,  la  voûte  sur  croisée  d'ogives 
est  adoptée  d'une  manière  exclusive.  Le  sanctuaire  de  cette  der- 
nière église  est  entouré  d'une  série  d'arcs-boutants  ;  celui  de 
Saint-Martin-des-Champs  fin  est  dépourvu.  Enfin,  dans  le  chœur 
de  Saint-Germain-des-Prés,  la  forme  des  fenêtres,  dont  l'archi- 
volte est  en  tiers-point,  la  sculpture  des  chapiteaux,  les  profils  des 
bases  et  des  tailloirs  dénotent  un  art  bien  plus  perfectionné  que 
celui  dont  le  sanctuaire  de  Saint-Martin-des-Champs  porte  l'em- 
preinte. On  arriverait  à  des  conclusions  analogues  en  comparant 
l'édifice  qui  fait  l'objet  de  cette  étude  avec  l'abside  de  la  cathé- 
drale de  Senlis,  commencée  vers  1156. 

Avant  de  résumer  la  théorie  que  nous  venons  de  soutenir,  nous 
tenons  à  prévenir  les  objections  qui  peuvent  nous  être  faites. 
En  effet,  on  pourrait  être  tenté  de  croire  que  l'abside  de  Saint- 
Martin-des-Champs,  simplement  remaniée  vers  1130,  ren- 
ferme encore  quelques  débris  de  l'église  consacrée  en  1067.  Les 
archéologues  qui  croiraient  devoir  adopter  une  semblable  opi- 
nion ne  manqueraient  pas  de  prétendre  que  les  voûtes  d'arête 
du  déambulatoire  sont  d'un  siècle  antérieures  aux  voûtes  sur 
croisée  d'ogives  de  la  chapelle  centrale,  et  que  les  piliers,  les 
fenêtres  basses  et  les  grands  arcs  du  rond-point  appartiennent  à 
l'église  du  xi«  siècle.  En  outre,  ils  seraient  portés  à  faire  obser- 

1.  Histoire  de  la  ville  et  de  tout  le  diocèse  de  Paris,  par  l'abbé  Lebeuf,  1. 1, 
p.  424. 


354 

ver  que,  comme  le  chœur  de  Saint-Martin-des-Champs  présente  à 
l'intérieur  le  système  de  construction  d'une  église  gothique  et  au 
dehors  l'aspect  d'une  église  romane ,  cette  dijQférence  de  style 
implique  nécessairement  l'idée  d'un  remaniement. 

A  la  première  de  ces  objections,  nous  répondrons  que  l'exis- 
tence de  voûtes  d'arête  et  de  voûtes  sur  croisée  d'ogives  dans  le 
même  édifice  religieux  n'implique  pas  que  les  unes  soient  plus 
anciennes  que  les  autres.  En  effet,  l'église  de  Poissy,  bâtie  vers 
l'année  11.30,  suivant  l'opinion  admise  par  un  grand  nombre 
d'archéologues,  offre  précisément  l'emploi  simultané  de  la  voûte 
d'arête  dans  le  déambulatoire  et  de  la  voûte  d'ogives  au-dessus 
du  chœur  ^  Il  ne  serait  pas  exact  de  prétendre  que  cet  exemple  est 
une  exception  et  que  les  architectes  du  Nord  de  la  France  n'ap- 
pareillaient plus  aucune  voûte  d'arête  au  xif  siècle,  car  les  églises 
de  Saint-Germer,  d'Allonne,  de  Tracy-le-Val  et  de  Catenoy 
(Oise),  construites  pendant  la  première  moitié  de  cette  période, 
en  renferment  des  spécimens  bien  conservés.  Les  fenêtres  basses, 
les  grands  arcs  et  les  piHers,  qui  présentent  une  très  grande  ana- 
logie avec  les  baies,  les  arcades  et  les  piles  du  chœur  de  Saint- 
Germer,  ne  peuvent  pas  non  plus  être  regardés  comme  des  frag- 
ments de  réghse  dédiée  en  1067,  pour  les  raisons  déjà  exposées 
plus  haut.  La  dernière  objection  ne  doit  pas  nous  arrêter  long- 
temps. En  effet,  l'aspect  si  différent  que  présente  le  sanctuaire  de 
Saint-Martin-des-Champs  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur  s'explique 
facilement,  quand  on  sait  que  l'arc  brisé  apparut  dans  les  dou- 
bleaux  et  dans  les  grandes  arcades  des  églises  de  l'Ile-de-France 
près  d'un  demi-siècle  avant  d'être  appliqué  à  l'archivolte  des 
fenêtres,  comme  on  peut  le  remarquer  à  Bury,  à  Cuise,  à  la  Vil- 
letertre  (Oise),  à  Chars  (Seine-et-Oise),  à  Laffaux,  à  Courmelles, 
à  Glennes  et  à  Berzy-le-Sec  (Aisne).  Quant  au  clocher  latéral 
dont  le  premier  étage  est  encore  intact,  on  ne  saurait  prétendre 
que  c'est  la  tour  de  l'église  primitive.  Les  claveaux  de  ses  baies 
sont  ornés  de  deux  tores  accouplés,  tandis  que  ceux  des  clochers 
du  xf  siècle  n'étaient  jamais  garnis  de  moulures  dans  la  région 
du  Nord  de  la  France  ^  Ce  genre  de  décoration  ne  fut  pas  adopté 
par  les  constructeurs  avant  le  second  quart  du  xif  siècle. 

1.  On  remarque  la  même  particularité  dans  le  sanctuaire  de  l'église  de  Saint- 
Lauraer,  à  Blois,  qui  fut  bâti  vers  le  milieu  du  xii'^  siècle. 

2.  On  peut  reconnaître  la  vérité  de  cette  assertion  en  examinant  les  clochers 


355 

Si  nous  nous  refusons  k  faire  remonter  aucune  partie  du  chœur 
de  Saint-Martin-des-Champs  au  xi''  siècle,  nous  ne  croyons  pas 
cependant  que  la  reconstruction  du  sanctuaire  au  xif  siècle  ait 
été  faite  d'un  seul  jet.  A  notre  avis,  les  travaux  ont  dû  être  inter- 
rompus quelque  temps  au  niveau  de  l'appui  des  fenêtres  supé- 
rieures, et,  quand  ils  furent  repris,  l'architecte  apporta  quelques 
modifications  au  projet  primitif.  Il  n'est  pas  difficile  de  constater, 
par  exemple,  que  Ton  n'avait  pas  eu  tout  d'abord  l'intention 
d'établir  des  arcs  formerets  dans  la  voûte  du  chœur,  car  les 
colonnettes  qui  les  soutiennent  sont  formées  d'assises  indépen- 
dantes du  reste  de  la  construction,  et  quelques-unes  d'entre  elles 
reposent  gauchement  sur  les  tailloirs  des  chapiteaux  qui  cou- 
ronnent les  piles  isolées  du  déambulatoire.  En  outre,  l'archivolte 
des  fenêtres  hautes  est  légèrement  brisée,  tandis  que  celle  des 
baies  inférieures  décrit  une  courbe  en  plein  cintre.  Enfin  les  com- 
partiments de  remplissage  de  la  grande  voûte  sont  pourvus  d'une 
arête  centrale  ;  ceux  des  croisées  d'ogives  de  la  grande  chapelle 
affectent  au  contraire  une  forme  très  irrégulière.  Comme  tous  ces 
détails  indiquent  une  différence  de  style  assez  marquée  entre  les 
parties  basses  et  les  parties  hautes  du  monument,  il  est  probable 
que  l'arrêt  des  travaux  dut  se  prolonger  pendant  plusieurs  années. 
Cette  absence  d'unité  avait  frappé  Viollet-le-Duc,  qui  considérait 
la  grande  voûte  du  chœur  de  Saint-Martin-des-Champs  comme 
une  œuvre  de  la  fin  du  xii^  siècle*,  mais  nous  pensons  qu'il  a 
beaucoup  trop  reculé  la  date  de  sa  construction.  En  examinant 
le  profil  de  ses  nervures  et  de  ses  formerets,  nous  sommes  porté 
à  croire  qu'elle  n'est  pas  postérieure  au  milieu  du  xif  siècle. 

L'opinion  que  nous  avons  cherché  à  faire  prévaloir  dans  cette 
étude  est  d'accord  avec  celle  de  M.  deGuilhermy,  qui  n'avait  pas 
cru  pouvoir  partager  le  sentiment  de  l'abbé  Lebeuf  sur  la  date  de 
l'église  ^  Elle  s'appuie  sur  les  caractères  archéologiques  de  l'édi- 
fice et  ne  se  trouve  pas  en  contradiction  avec  le  texte  auquel  nous 
avons  fait  allusion  plus  haut.  En  eâ"et,  nous  admettons  parfaite- 
ment qu'une  église  fut  consacrée  en  1067  à  Saint-Martin-des- 
Champs,  mais  nous  sommes  persuadé  que  son  abside  fut  rebâtie 

des  églises  de  Rhuis,  de  Saint-Gervais-de-Pontpoint,  de  Morienval  (Oise),  de 
Retheuil  et  d'Oulchy-le-ChAteau  (Aisne),  (pii  appartiennent  au  xr  siècle. 

1.  Dictionnaire  d'architecture,  t.  V,  p.  164,  note  1.    • 

2.  Description  archéologique  des  monuments  de  Paris,  p.  241. 


356 

dans  le  second  quart  du  xii^  siècle.  Cet  édifice  subit  une  trans- 
formation analogue  à  celle  de  l'église  de  Saint-Germain-des-Prés, 
dont  le  chœur  primitif  fut  démoli  au  milieu  du  xif  siècle.  Au 
moment  où  le  sanctuaire  de  Saint-Martin-des-Champs  fut  agrandi, 
la  nef  du  xi"  siècle  existait  encore;  elle  ne  disparut  qu'au  milieu 
du  xuf  siècle  pour  faire  place  au  large  vaisseau  que  nous  voyons 
encore  aujourd'hui.  Comme  aucun  texte  ne  mentionne  cette  der- 
nière reconstruction,  qui  est  cependant  un  fait  indéniable,  il  n'est 
pas  surprenant  que  l'histoire  ne  nous  ait  transmis  aucun  rensei- 
gnement sur  l'époque  où  le  chœur  fat  rebâti.  C'est  ce  que  Jules 
Quicherat  a  fait  très  justement  observer,  en  disant  que  nous  pos- 
sédons souvent  les  détails  les  plus  circonstanciés  sur  la  fondation 
de  certains  édifices  à  une  époque,  tandis  qu'on  ignore  la  date  des 
reconstructions  qui  leur  ont  donné  beaucoup  plus  d'importance  ^ 
Le  chœur  de  Saint-Martin-des-Champs  est  donc,  à  notre  avis, 
contemporain  de  l'abside  des  églises  de  Poissj  et  de  Saint-Ger- 
mer.  Les  caractères  particuliers  de  son  architecture  ne  per- 
mettent pas  d'en  reculer  la  date  jusqu'au  xf  siècle,  et  c'est 
entre  les  années  1130  et  1150  qu'il  dut  être  élevé,  comme  nous 
croyons  l'avoir  prouvé  en  le  comparant  avec  d'autres  édifices 
religieux  de  l'Ile-de-France  bâtis  pendant  la  même  période 2. 

Eugène  Lefèvre-Pontalis. 


1.  L'Age  de  la  cathédrale  de  Laon  :  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes, 
t.  XXXV  (1874),  p.  254. 

2.  On  trouvera  le  plan,  la  coupe  et  l'élévation  du  chœur  de  Saint-Martin- 
des-Champs  à  la  fln  du  t.  I  de  la  Statistique  monumentale  de  Paris,  dressée 
sous  la  direction  de  Lenoir. 


VOYAGE 


DES 


DÉPUTÉS  DE  BOURGOGNE  A  BLOIS 

(1483) 


ÉLECTION  DES  DÉPUTÉS  DE  LA  BOURGOGNE 
AUX  ÉTATS  GÉNÉRAUX  DE  1484. 


LA  BOURGOGNE  AUX  ÉTATS  GÉNÉRAUX  DE  U84. 

^-=.f=.^= 

La  Bibliothèque  nationale  possède,  sous  le  n°  i6248  du  Fonds 
français  (Saint-Germain,  Harlai,  n°  3),  un  volume  in-folio,  intitulé  : 
Estais.  Ce  manuscrit,  de  459  feuillets,  renferme  les  textes  suivants  : 

^°  Estais  généraux  tenus  à  Paris  du  règne  du  roy  Jean,  ^335, 
fol.  1  à  42. 

2°  Le  procez-verbal  des  Estats  généraux  assemblez  à  Tours,  l'an 
^483,  compilé  par  M^  Jean  Masselin,  fol.  42  à  4^^. 

3°  Le  procès-verbal  de  l'abbé  de  Giteaux  de  deux  voyages  par 
lui  faits  comme  député  de  la  province  de  Bourgogne,  l'un  vers  le 
roi  Charles  VIII,  lors  de  son  avènement  à  la  couronne,  l'autre  aux 
États  de  Tours,  fol.  4^3  et  suivants. 

Au  milieu  de  ce  dernier  procès-verbal  est  intercalée,  au  folio  440, 
la  pièce  suivante  écrite  dune  autre  main  :  «  C'est  l'ordre  d'assister 
gardé  es  trois  estats  généraux  de  France.  » 

Bernier  a  publié  en  grande  partie  cette  dernière  pièce  [Journal  de 
Masselin,  p.  737).  Il  s'est  contenté  de  mentionner  en  note  le  procès- 
verbal  de  l'abbé  de  Gieaux  :  il  aurait  pu  le  joindre  à  celui  de  Masse- 
lin.  Pour  combler  cette  lacune,  nous  nous  proposons  de  publier  ici 


358 

la  narration  des  voyages  de  l'ambassade  bourguignonne  à  Blois  et  à 
Tours- 

Au  commencement  du  mois  de  septembre  ^483,  Jean  d'Amboise 
et  le  maréchal  de  Bourgogne,  lieutenants  du  roi  dans  la  province, 
avaient  convoqué  les  notables  à  Beaune  pour  les  instruire  de  la  mort 
de  Louis  XI  et  les  inviter  à  envoyer  une  députation  au  nouveau  roi. 
Sur  la  réponse  de  Jean  de  Cirey,  abbé  de  Giteaux,  que  les  notables 
n'avaient  pas  pouvoir  de  députer  au  nom  de  la  province,  les  états  de 
Bourgogne  furent  appelés  à  se  réunir  à  Beaune  le  25  du  même  mois. 
Ce  fut  là  que  l'on  arrêta  d'envoyer  auprès  de  Charles  VIII  une  ambas- 
sade conduite  par  Jean  de  Cirey,  l'orateur  de  la  province,  ayant  avec 
lui  l'abbé  de  Saint-Benigne  de  Dijon  ^  Philippe  Pot,  seigneur  de  la 
Roche,  le  sire  d'Épery,  M^  Jean  Rolin,  abbé  commendataire  de  Saint- 
Martin  d'Autun,  Pierre  Bouffeau  de  Dijon  et  plusieurs  autres.  Les 
députés  emportaient  les  instructions  suivantes  :  féliciter  le  roi  de 
son  avènement  à  la  couronne  ;  obtenir  la  confirmation  des  privilèges 
du  pays  et  la  suppression  de  certaines  charges  nouvellement  impo- 
sées, soit  pour  la  construction  des  châteaux  de  Dijon,  de  Beaune  et 
de  Ghalon,  soit  pour  payer  les  gages  du  Parlement  de  Bourgogne. 

Partie  le  8  octobre,  l'ambassade  se  rendit  d'abord  à  Paris,  puis  à 
Blois,  résidence  de  la  cour,  où  elle  arriva  vers  le  25.  Le  lendemain 
eut  lieu  la  séance  royale  dont  on  trouvera  le  récit  dans  le  procès- 
verbal  de  l'abbé.  Nous  n'avons  pas  cru  devoir  donner  le  texte  du  dis- 
cours de  Jean  de  Cirey  :  c'est  une  amplification  fastidieuse,  bourrée 
de  citations  tirées  des  écrivains  sacrés  et  profanes,  dont  les  personnes 
familières  avec  la  littérature  du  xv«  siècle  se  feront  parfaitement 
l'idée.  Si  nous  en  croyons  le  procès-verbal,  le  roi  et  les  assistants 
furent  enchantés  de  l'éloquence  du  Bourguignon.  On  eut  la  patience 
de  l'écouter  jusqu'au  bout,  grand  témoignage  d'admiration,  paraît-il, 
car  d'ordinaire,  en  pareil  cas,  après  les  premiers  mots  de  l'exorde, 
les  auditeurs  avaient  coutume  de  causer  entre  eux  ou  de  se  prome- 
ner, voire  même  d'inviter  bruyamment  l'orateur  à  se  montrer  bref. 
Si,  au  dire  de  Jean  de  Cirey,  la  députation  n'obtint  pas  tout  ce  qu'elle 
eût  souhaité;  du  moins  le  roi,  par  ordonnances  datées  du  5  novembre, 
confirma  les  privilèges  de  la  province  et  abolit  les  taxes  de  six  et 
quatre  blancs  par  feu  que  ses  officiers  levaient  en  Bourgogne  au  pré- 
judice des  franchises^. 

1.  L'abbé  de  Saint-Bénigne  ne  figure  pas  sur  la  liste  que  donne  le  procès- 
verbal,  mais  il  est  nommé  dans  la  harangue  de  son  collègue  au  roi. 

2.  Par  une  autre  ordonnance  en  date  du  4  novembre,  Charles  VIII  restitue  à 


359 

De  retour  à  Beaune,  l'abbé  rendit  compte  de  l'ambassade  aux  trois 
états  de  la  province  convoqués  à  cet  effet  pour  le  8  décembre.  Son 
discours  ne  dura  pas  moins  de  trois  heures.  On  passa  ensuite  à  la 
question  du  jour,  réleclion  des  députés  aux  états  généraux.  Ici  une 
double  question  se  posait  :  devait-on  envoyer  ou  non  aux  états?  Si 
oui,  l'élection  se  ferait-elle  par  bailliages,  ainsi  que  le  prescrivaient 
les  lettres  royales,  ou  bien  par  les  suffrages  réunis  des  trois  ordres  ? 
Après  quatre  jours  passés  en  discussion,  ce  dernier  avis,  qui  était 
celui  de  l'abbé  de  Citeaux,  l'emporta  :  preuve,  dit  M.  G.  Picot,  que 
le  besoin  d'assurer  aux  députés  une  plus  grande  autorité  avait  con- 
duit les  provinces  pourvues  d'états  à  ne  pas  renvoyer  aux  bailliages 
le  soin  de  choisir  leurs  mandataires,  comme  l'aurait  souhaité  le  pou- 
voir royaP.  Cette  fois  encore,  Jean  de  Gircy  fut  chargé  de  prendre 
la  parole  au  nom  de  la  province,  bien  que  l'évêque  de  Ghalon  figurât 
au  nombre  des  élus. 

Le  mandat  imposé  aux  députés  de  la  Bourgogne  peut  se  résumer 
ainsi  :  -1°  demander  que  les  frais  du  parlement  de  Dijon  retombent  à 
la  charge  du  roi  et  non  plus  à  celle  de  la  province  ;  tout  au  moins 
qu'ils  soient  acquittés  sur  le  produit  des  amendes  et  d'une  gabelle 
levée  par  les  commis  des  états  durant  la  session  parlementaire; 
2°  faire  cesser  les  pillages  des  gens  de  guerre-,  3°  réformer  la  justice 
et  mettre  bon  ordre  à  la  monnaie. 

Les  textes  que  nous  publions  ici  d'après  le  manuscrit  ^6248  sont  : 
^°  la  narration  du  voyage  des  députés  de  Bourgogne  à  Blois  en 
octobre  -1483;  2°  \e  procès- verbal  de  l'élection  des  députés  aux  états 
généraux,  élection  qui  eut  lieu  à  Beaune  le  -12  décembre;  3**  le  texte 
du  mandat  qui  leur  fut  donné  par  l'assemblée  de  Beaune.  Le  manus- 
crit 16248  est  une  copie  des  premières  années  du  xyii*^  siècle  :  l'écri- 
ture en  est  assez  fautive  et  souvent  peu  lisible. 

Philippe  Pol  la  seigneurie  de  Rouvres  que  Louis  XI  avait  donnée  à  Jacques 
Coictier  (Arch.  de  la  Cùte-dOr,  B  1302).  Quelques  jours  après,  le  13  novembre, 
il  écrit  aux  trois  états  de  Bourgogne  pour  les  prier  de  mettre  l'abbé  de  Citeaux 
et  le  sire  de  la  Roche  au  nomijrc  des  députés  qui  seront  envoyés  à  Orléans. 
La  lettre  est  donnée  par  Bernier,  p.  740. 
1.  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences  morales,  187-i,  t.  II,  p.  214. 


360 


Procès-verbal  de  Vabbé  de  Cîteaux  de  deux  voyages  par 
lui  faits,  comme  député  de  la  province  de  Bourgogne, 
Vun  vers  le  roi  Charles  VIII,  lors  de  son  avènement  à 
la  couronne,  Vautre  aux  états  de  Tours. 

Legationes  fratris  Johannis  abbatis  Cistercii  ad  dominum  Caro- 
lum  regem  Francie  octavum  pro  rébus  ducatus  Burgundie,  ad 
instantissimam  supplicationem  omnium  statuum  patrie,   anno 
Domini  M°  CCCC°  LXXX°  tercio,  in  capite  mensis  septem- 
bris.  Dominus  Johannes  de  Ambrosia  et  patria  Lingonensis,  et 
dominus  marescallus  Burgundie,  quasi  locumtenentes  régis  in 
Burgundia,  certifficati  de  morte  domini  Ludovici  XI,  régis  Fran- 
cie, manda  verunt  apud  Belnam  nonnullos  de  notabilioribus  patrie, 
quibus  exposuerunt  obitum  ejusdem  régis,  hortantes  ut  filio  suo 
vellent  esse  fidèles  sicut  fuerant  patri,  et  persuadentes  ut  pro 
bono  patrie  mitterent  diligenter  suos  oratores  ad  novum  regem. 
Qui  in  unum  congregati,  per  organum  ejusdem  domini  Cistercii, 
responderunt  eos  non  esse  sufficienter  congregatos  ad  mittendum 
quoscumque  nomine  totius  patrie  ad  regem  ;  et  idcirco  dicti  locum- 
tenentes mandaverunt  status  ad  xxv^™  ejusdem  mensis,  quibus 
ibidem  eadem  die  congregatis,  post  multas  rationum  altercationes 
concluserunt  mittere  ad  regem  notabilem  ambasiatara,  magnis 
precibus  compellentes  eumdem  dominum  Cistercii  ut  onus  princi- 
pale bujus  legationis  assumere  vellet,  sibi  adjungendo  dominum 
Philippum  Pott,  dominum  de  Rupe,  dominum  de  Pery,  magistrum 
Johannera  Rolini ,  commandatarium  Sancti  Martini  Eduensis , 
magistrum  Petrum  Bouffeau  de  Divione,  advocatum  regium  et 
nonnullos  alios  de  bonis  villis,  dando  ipsis  memorialia  :  1°  ad 
faciendum  debitum  honorera  régi  et  congratulandum  sue  exalta- 
tioni  ;   2°   ad   laborandum    super   conflrmatione   privilegiorum 
patrie  ;  3°  ad  extinguendum  seu  totaliter  demittendum  onus  seu 
exactionem  per  officiarios  regios  noviter  impositum  super  pro- 
vinciam  de  sex  albis  super  quolibet  foco  bone  ville  et  opidorum 
(ubi  et  forum  erat),  et  quatuor  alborum  super  quolibet  foco  villa- 
giorum  ;  quam  quidem  (exactionem)  seu  servitutem  homines  regii 
dicebant  factam  ad  constructionem  castrorum  que  rex  manda ve- 
rat  fieri  Divione,  Belne  et  Cabilone,  pro  securitate  patrie  ;  que 
quidem  exactio,  sicut  multi  (asserebant),  pro  minori  ascendebat 
per  annumad  summam  quadraginta  quinque  millium  francorum, 


364 

licet  plures  affirmarent  eam  ascendere  ad  multo  majorem  sum- 
mam  et  ad  tantam  quantam  volebat  dominus  generalis  qui  pro 
sua  voluntate  quolibet  anno  eam  taxabat  et  imponebat  ac  levare 
faciebat,  eratque  communis  rumor  quod  décima  prima  hujus 
summe  non  applicabatur  constructioni  dictorum  castrorum,  sed 
solucioni  pensionum  régis,  super  qua  exactione  erat  mirabilis 
murmur  et  confusio  in  tota  patria.  Item  homines  régis  imposue- 
rant  quatuor  solidos  super  quolibet  onere  salis  pro  solutione  par- 
lamenti,  ut  dicebant,  que  ascendebat  ad  summam  quinque  vel  sex 
millium  francorum  quolibet  anno,  ut  dicebatur.  Item  ad  relevan- 
dum  4ampna  mercatorum  salis  que,  ut  dicebant,  erant  excessiva 
propter  raalas  vias  ex  nimiis  pluviis,  imposuerant  super  quolibet 
onere  salis  quatuor  albos  ;  de  quibus  rex  solvebat  duo  et  provin- 
cia  alios  duos.  Item  commiserunt  eis  laborare  quod  Rex  exdena- 
riis  propriis  solveret  parlamentum  sicut  prius  eis  proraiserat  illud 
instituendum.  Item  multa  alia  similia  eis  injunxerunt. 

Qui  quidem  oratores  patrie  octava  mensis  octobris  de  provincia 
exiverunt  et  dilligenter  se  Parisius  xv^  ejusdem  mensis  reddide- 
runt,  ubi  apud  domum  Cistercii  in  coîlegio  suo  sancti  Bernardi 
se  congregaverunt,  simul  concludentes  de  modo  agendi  et  proce- 
dendi,  tuncque  rogaverunt  eumdem  dominum  Cistercii  ut  coram 
rege  pro  patria  vellet  proponere. 

Inde  précédentes  circa  xxv^n^  ejusdem  mensis,  cum  magna  dif- 
ficultate  bospicii  propter  multitudinem  dominorum  concurrentium, 
se  apud  Blaisi  receperunt  sabbato  de  nocte. 

In  crastino  autem,  hora  septima,  nunciatum  est  eis  quod  rex 
volebat  eos  audire  hora  nona,  et  sic  cum  festinatione  ascenderunt 
ad  castrum  ubi  honoriâce  fuerunt  recepti  tanquam  oratores 
patrie,  maxime  medio  quorundam  amicorum.  Inter  octavam  et 
nonam  advenit  dominus  rex  cum  comitatu  regio  qui  eos  hilariter 
recepit  in  aula  sui  concilii.  Inde,  pergens  admissam,  reversusest 
et  sedit  in  sede  regia  eos  auditurus,  stipatus  et  circumdatus  uni- 
versis  principibus  sui  sanguinis,  excepto  domino  Borbonii  qui 
propter  podagram  erat  in  caméra  inferiori.  Astabant  innumera- 
biles  episcopi,  comités,  milites,  baroues,  nobiles,  conciliarii  et  alii 
in  tanto  numéro  ut  non  solum  aula  plena  esset,  sed  etiam  omnes 
nimia  pressura  quasi  gravarentur.  Omnibus  igitur  ita  existenti- 
bus  et  jubente  rege  in  suis  ordinibus  residentibus,  ad  insinuatio- 
nem  nobilis  et  magniâci  viri  domini  Guillelmi  de  Rocheforte, 
utriusque  juris  doctoris  solenpnissimi,  cancellarii  Francie,  dictas 

24 


362 

dominus  de  Rupe,  seu  de  Rocha,  prout  inter  eos  fuerat  conclu- 
sum,  praesentavit  régi  literas  patrie  credentiales.  Quibus  lectis, 
mandavit  Rex  ut  dicerent  quid  velient.  Tune  dominus  Cistercii 
stans  coram  rege,  in  suppremo  loco  aliorum  oratorum  patrie  ita 
orsus  est  in  effectu.  {Suit  le  discours  de  l'abbé  de  Cîteauœ, 
fol.  414  v°.) 

Quam  quidem  orationem  Rex  cum  universo  cetu  placentissime, 
hillariter  et  multum  attente  audiverunt,  licet  duraverit  ultra  spa- 
cium  unius  hore,  et  hora  erat  tarda  pro  prandio  régis,  qui  postea 
interrogatus  a  multis  si  fuisset  attediatus,  respondit  quod  non, 
quamvis  satis  fameret,  niliilominus  nunquam  audiverat  tantura 
sibi  gratam,  et  libenter  diutius  audivisset,  eratque  sibi  novum 
audire  monachum  proponentem,  quia  necdum  aliquis  monachus 
coram  eo  proposuerat,  dixitque  se  habiturum  perpétue  memo- 
riam  istius  monachi;  sic  enim  pre  quadam  admiratione  universi 
qui  erant  in  curia  eum  vocabant,  et  non  abbatem  Cistercii, 
nisi  raro. 

In  hac  audiencia  Rex  multum  honora  vit  Burgundiam  multipli- 
citer  :  1°  in  hoc  quod  absque  mora  sedit  ;  2°  quod  sedens  audivit  : 
quotquot  enim  audiverat,  illos  stans  et  non  sedens  audiverat; 
3°  in  hoc  quod  constantissime  extensis  vultibus  ad  proponentem 
quasi  immobiles  audiverunt,  nisi  in  certis  punctis  ubi  pre  admira- 
tione applaudere  videbantur.  Solebant  autem  ad  illos  qui  ante  pre 
regibus,  principibus,  patriis  et  civitatibus  proposuerant,  statim 
post  exordium  vel  ad  invicem  conferre,  vel  per  aulam  bini  aut 
terni  ambulare,  vel  recedere,  vel  pre  abbreviatione  proponentem 
intestare.  Sed  hic  omnino  aliter  actum  est,  ita  ut  per  multos  dies 
hujus  orationis  laudes  ubique  proponerent,  ex  quo  factum  est  ut 
Burgundie  nomen  quod  apud  multos  viluerat  propter  guerras 
gloriosum  redderetur. 

Posthac  deputati  sunt  nonnuUi  ex  principibus  et  concihariis 
qui  nos  super  premissis  articulis  communibus  prius  audiverunt  et 
nonnullos  qui  magna  bénéficia  a  Burgundis  receperant  et  in  actu 
recipiebant,  qui  nihilominus  hbertatibus  nostris  pertinaciter  con- 
tradicebant,  impedientes  quantum  poterant  ne  introducte  servi- 
tutes  predicte  revocarentur,  contra  quos  sepius  ad  principes  recur- 
rimus,  et  tandem  post  multos  labores  privillegia  que  sequuntur 
obtinuimus. 

Super  alliis  articulis  non  potuimus  habere  plenariam  expeditio- 
nem,  tum  propter  moltitudinem  innumerabilem  ex  omni  parte  regni 


363 

recurrentem  ad  novitatem  régis,  tum  propter  hoc  quod,  ut  nobis 
dictum  est,  dominus  rex,  consilio  principum  sui  sanguinis  et 
aliorum,  mandabat  et  congregabat  de  proximo  générales  status 
regni  sui  ubi  dicte  materie  seu  articuli  melius  et  congruencius 
expediri  possent  ;  obtinuimus  tamen  mandatum  ad  congregandum 
statum  patrie  pro  relatione  nostra  facienda  et  aliud  pro  stipendiis 
nostris  recuperandis,  si  necesse  foret. 

Antequam  vero  exiremus  de  lUois  fuit  prefinitum  tempus  in 
quo  omnes  se  in  provincia  reciperent  ad  vitandum  expensas 
superfluas  aliquorum  qui  non  multum  festinabant  in  regressu. 

Igitur  octava  die  decembris,  ad  mandatum  omnium  nostrorum, 
status  fuerunt  velut  congregati  quibus  nos,  dictus  abbas  Gister- 
cii,  fecimus  amplam  relationem  omnium  que  facta  et  inventa  fue- 
rant  in  hac  legatione,  quam  prefati  omnes  et  singuli  gratissimam 
habere  visi  sunt ,  multipliées  gratiarum  actiones  multiplicare 
nobis  ofFerentes  et  laborem  nostrum  eximie  commendantes. 

Iterum  quoniam  eodem  tempore  litere  régis  super  congregatione 
statuum  ad  mittendum  oratores  ad  congregationem  universorum 
statuum  Francie  in  eodem  tempore  et  in  eisdem  statibus,  rursum 
fuimus  coacti  accipere  onus  legationis  hujus,  prout  inferius  ple- 
nius  dicetur. 

Postmodum  eodem  tractu,  per  suplicationem  totius  provincia 
portavimus  dicta  privilégia  Divione  ad  dominos  parlamenti  et 
camere  compotorum  ut  ea  reciperent  et  interinarent,  sicutetreve- 
renter  multum  fecerunt  et  ad  instantiara  nostram  promulgaverunt 
et  divulgaverunt,  universis  tam  minoribus  quam  majoribus  nobis 
aplaudentibus.  Deogratias^ 


Procès-verbal  de  l'électi07i  des  députés  de  la  Bourgogne 
aux  états  généraux  de  1484;  instructions  qui  leur  sont 
données  (fol.  434  sq.). 

Octava  mensis  decembris  immédiate  sequentis,  per  eosdera 
oratores  rursum  fuerunt  mandati  très  status  ducatus  lUirgundie 
apud  Belnam  virtute  litterarum  regiarum  ad  faciendum  relatio- 
nem sue  dicte  legationis,  ubi  in  aula  publica  omnibus  congregatis 

1.  Le  procès-verbal  de  l'entérinement  des  lettres  royaux  est  du  23  décembre. 
Voir  le  texte  des  lettres  dans  le  Recueil  des  Ord.,  t.  XIX,  p.  168. 


364 

prefatus  abbas  Cistercii  fere  per  spacium  trium  horarumetamplius 
recitavit  more  solito  ea  que  facta  fuerunt.  Et  quia  prefatus  Rex, 
consilio  principum  sui  generis  et  aliorum  consiliariorum,  miserat 
litteras  clausas  et  patentes  per  universum  regnum  suum  ad  con- 
gregandum  omnes  status  regni  apud  se  Aurelianis,  volens  eorura 
consilio  agenda  regni  tractare,  super  que  misse  fuerant  litere  ad 
singulos  ballivos  ducatus,  ut  congregantes  status  sui  ballivatus 
miterentur  très  scabini  de  quolibet  statu.  Et  quia  dicti  oratores 
in  curia  régis  satis  intellexerant  intentiouem  multorum  de  regno 
(cupientium)  omnibus  modis  reducere  Burgundiam  ad  servitutem 
talliarum,  sicut  residuum  regni,  ad  resistendum  et  ad  conser- 
vandum  patriam  in  antiquis  libertatibus,  dictus  abbas  Cistercii 
eadem  oratione  introducens  materiam  istam  ad  longura  disputan- 
dam  (in)  très  partes,  prudenter  ad  eas  comonefaciens  Burgundoset 
eos  inducens  ut  non  solum  antiqua  previllegia  patrie,  sed  pocius 
naturalem  et  inviolatam  libertatem  servare  contenderent,  quam 
eorum  predecessores  laudabiliter  conservarunt  usque  in  presens  ; 
posuitque  in  médium  ad  deliberandum  si  vellent  mittere  ad  dictos 
status,  vel  non,  et  si  sic,  ut  vidèrent  quid  magis  congrueret 
patrie  sue,  mittere  sparsim  per  baillivatus,  prout  litere  régis  sonare 
videbantur,  vel  mittere  ex  parte  tocius  ducatus ,  quum  virtus 
unita  forcior  seipsa  dispersa  videbatur  ad  resistendum,  etc.  Mul- 
taque  allia  tune  agenda  proposuit  in  médium  que  vix  quatuor  die- 
rum  spacio  propter  diificultates  et  opinionum  varietates  terminari 
potuerunt.  Tandem  omnes  in  hanc  venerunt  sententiam  quod  de 
quolibet  statu,  non  per  baillivatus  sed  per  congregationem  sta- 
tuum,  de  quolibet  statu  mitterentur  très;  et  quia  dominus  episco- 
pus  Gabilonensis  mitti  non  solum  cupiebat  sed  etiam  laborabat, 
inter  missos  fuit  nominatus  occasionaliter  tantum  ;  nam  genera- 
liter  omnium  non  solum  ecclesiasticorum  sed  etiam  aliorum  quo- 
rumlibet,  dictus  abbas  Cistercii  primus  et  primo  loco  fuit  nomina- 
tus ;  deinde  ab  ecclesiasticis  prefatus  magister  Johannes  Rolun, 
abbas  commendatarius  Sancti  Martini  Eduensis,  et  ubi  ipse  vacare 
non  posset,  dominus  Cabilonensis  ab  ecclesiasticis  fuit  nomina- 
tus. Dictus  autem  abbas  Cistercii  nullis  precibus  electioni  de  se 
facte  consentire  volebat,  et  in  hac  opinione  perseveravit  usque 
ad  finem  dictorum  statuum,  ubi  omnes  universaliter  instantissime, 
allii  precibus,  allii  minis  et  indignatione  ipsum  compulerunt 
acceptare  onus  hujus  legationis  ubi  haberet  omnia  proponere  et 
conducere,  non  obstanti  primo  loco  predictum  dominum  Cabilo- 


3G5 

nensem  propter  reverentiam  dignitatis  occupando.  Et  sic  dictus 
abbas  Cistercii,  amicorum  condescendens  consiliis,  tantum  onus 
acceptavit,  ubi  postmodum,  variis  factionibus  intervenientibus, 
pro  ecclesia  {illisible)  fuit  nominatus  magister  Joliannes  Cha- 
ruet,  prepositus  ecclesie  Sancte  Marie  Eduensis,  consiliarius  par- 
lamenti;  pro  nobUibus,  dominusde  Rupe,  sive  de  Rocha,  dominus 
de  Pery,  dominus  Simon  de  Longet,  miles;  pro  bonis  vilis, 
magister  Guido  INIargueron,  Reginaldus  Cambret  et  alii  très  vel 
quatuor  quibus  fuerunt  data  memorialia  quorum  ténor  sequitur  : 

C'est  ce  qui  semble  à  nosseigneurs  des  trois  estats  du  duché  de 
Bourgogne  que  l'on  peult  ou  doibt  alléguer  et  mettre  par  escript 
es  instructions  et  mémoires  de  messieurs  les  ambassadeurs  esleus 
par  les  trois  estats  du  duché  de  Bourgogne  pour  aller  devers  le 
Roy,  touchant  les  deux  poincts  que  monsieur  de  Citeaulx  a  pro- 
posé au  retour  de  son  ambassade  devant  lesdits  des  trois  estats 
assemblés  en  la  ville  de  Beaulne  l'an  mil  CCGG''''  et  trois,  c'est 
assavoir  tant  de  faict  du  parlement  souverain,  comme  de  ceulx 
que  l'on  vouldroit  envoyer  au  premier  jour  de  janvier  en  la  ville 
d'Orléans,  où  les  trois  estats  de  ce  royaulme  sont  mandés. 

Et  premièrement,  en  tant  que  touche  ledit  parlement,  doibt 
estre  requis  par  lesdits  ambassadeurs  que,  en  assurant  l'octroi  et 
accord  faict  par  le  Roy  derrenier  trespassé,  confirmé  par  le  Roy 
qui  est  aujourd'hui  et  octroyé  de  nouvel,  que  nulles  charges  ne 
seroient  mises  sur  le  pays  de  Bourgogne,  mais  seroit  ledit  pays 
entretenu  en  tel  estât,  prééminence  et  prérogative  qu'il  estoit  au 
temps  de  monsieur  le  bon  duc  Philippe  ;  que  le  bon  plaisir  du  Roy 
soit  descharger  ledit  pays  de  ce  qui  a  esté  mis  dessus  pour  le  faict 
et  entretenement  dudit  parlement  souverain,  considéré  aussi  que 
tous  princes  ont  accoustumé  de  fere  et  administrer  justice  à  leurs 
subjects  et  stipendier  leurs  officiers,  et  sur  ce  insister  le  plus 
avant  que  bonnement  fere  se  pourra. 

Et  se  ainsy  estoit  que  par  le  Roy  et  nosseigneurs  de  son  sang 
et  de  son  conseil  fut  dict  et  déclaré  ausdits  ambassadeurs  que  le 
Roy  n'entend  point  que  ce  soit  à  sa  cliarge,  mais  à  celle  dudit 
pays  de  Bourgogne,  en  ce  cas  et  que  le  reffusen  seroit  totallement 
faict,  les  dessusdits  requerront  et  suplieront  que  le  bon  plaisir  du 
Roy  soit  d'estre  coc  tant  que  ledit  parlement  se  paye  le  plus  avant 
que  fere  se  pourra  sur  les  exploicts  et  amandes  de  la  justice  venant 
dudit  parlement,  et  si  lesdits  exploicts  ne  peuvent  fournir,  qu'il 


366 

plaise  au  Roy  de  octroyer  par  ses  lettres  patentes  ausdits  du  pays 
que  le  surplus  qui  restera  du  payement  de  ceulx  dudit  parlement 
se  prenne  sur  le  sel  par  la  forme  et  manière  qu'il  s'est  prins  des- 
puis que  ledit  parlement  est  en  office,  pourveu  qu'il  n'y  sera  levé 
sinon  au  temps  et  en  tant  que  ledit  parlement  durera,  et  sy  avant 
que  ledit  reste  montera,  et  que  ledit  reste,  outre  lesdits  exploicts, 
soit  levé,  par  le  bon  plaisir  du  Roy,  par  les  commis  et  depputez 
des  trois  estatz  dudit  pays,  et  de  ce  avoir  lettres  patentes  du  Roy. 

Item,  sy  le  bon  plaisir  du  Roy  est,  il  semble  à  ceulx  dudit  pays 
qu'il  souffiroit  assez  de  le  tenir  quatre  ans  en  sa  duché,  et  encores 
s'il  n'y  avoit  assez  de  causes  pour  empescher  ceulx  dudit  parle- 
ment, qu'il  surcit  une  autre  année,  auquel  temps  de  ladite  sur- 
céance  lesdits  du  parlement  ne  prendront  aulcuns  gaiges,  et 
semble  bien  que  durant  ledit  temps  lesdits  exploictz  monteront  à 
grand  somme  de  deniers  pour  mieulx  et  plus  avant  fournir  que 
qui  le  tiendra  continuellement. 

Et  en  tant  que  touche  les  lettres  envoyées  par  le  Roy  à  ceulx 
de  Bourgogne  d'eulx  assembler  par  bailliage,  il  a  semblé  à  ceulx 
dudit  pays  que  se  seroit  contre  la  coustmne  et  usance  qui  a  esté  tou- 
jours entretenue  en  icelluy  et  aussi  contre  les  privillèges  octroyés 
par  le  roy  que  Dieu  pardoint  et  par  le  roy  qui  est  aujourd'hui  tout 
nouvellement,  en  ensuyvant  lesquelz  on  a  toujours  accoustumé 
assembler  tous  lesdits  trois  estats  dudit  duché  en  ung  mesme  lieu, 
et  aussi  que  ce  ne  seroit  pas  pour  le  bien  des  matières  qu'ils 
veullent  traicter,  selon  le  contenu  des  lettres  dudit  seigneur, 
d'estre  assemblés  par  bailliaiges. 

Et  à  ceste  cause  lesdits  des  estats  ont  esleu  et  choisi  de  chacun 
estât  :  assçavoir  de  Testât  de  l'église  monsieur  de  Clialon,  mon- 
sieur de  Citeaulx  et  maître  Jean  Charuet  ;  de  Testât  des  nobles, 
monsieur  de  la  Rouche,  monsieur  d'Espery  et  messire  Simon  des 
Lorges,  chevaliers  ;  maistre  Guy  Margueron  pour  le  bailliage  de 
Dijon,  maistre  Regnault  Lambert  pour  le  bailliage  d'Ostun,  Pierre 
Martin  ou  Joly  de  Chaulmont  pour  le  bailliage  de  Ghalon, 
maistre  Gaultier  Brocart  ou  Jean  de  Moreaut  pour  le  bailliage 
d'Auxonne,  et  maistre  Jean  Régnier  ou  maistre  Jean  Remont 
pour  le  bailliage  de  la  Montagne,  ausquels  ils  ont  baillé  charge  et 
puissance  de  besongner  à  ladite  journée,  selon  le  contenu  des 
mémoires  et  instructions  qui  pour  ce  fere  leur  ont  esté  baillés, 
désirant  de  tout  leur  pouvoir  complaire,  obéir  et  servir  le  Roy 
autant  que  possible  leur  est,  et  aussy,  en  ensuyvant  lesdites 


367 

lettres,  lui  donner  avis  et  conseil,  tant  pour  le  bien  de  sa  personne 
que  pour  le  proffict  de  son  royaulme  en  toutes  les  lassons  que 
leur  sera  possible. 

Item,  aussy  diront  et  reraonstreront  par  très  humbles  remons- 
trances  audit  seigneur,  à  monsieur  le  duc  de  Bourbon,  conestable, 
et  aux  aultres  princes,  à  monsieur  le  gouverneur  de  Bourgogne 
et  autres  où  besoing  sera,  le  très  grant  regret  que  ont  ceulx  des- 
dits pays  aulx  garnisons  y  estans  et  non  sans  cause,  au  moyen 
des  grandes  duretés,  foules  et  domaiges  qu'ils  en  ont  et  souffrent 
ceulx  des  bonnes  villes  et  plat  pays,  en  suppliant  d'en  estre 
déchargez,  s'il  est  possible.  Et  pour  ce  que,  tant  par  les  ordon- 
nances que  par  lettres  patentes  du  feu  roy,  a  esté  et  estoit  mandé 
aulx  baillis  desdits  duché  et  comté  de  Charrolois  eulx  informer 
desdits  excès,  foulles  et  domaiges,  et  desdits  fere  punition  selon 
l'exigence  des  cas,  ce  que,  obstant  l'absence  de  plusieurs  cappi- 
taines  et  desdits  bailHs,  leurs  lieutenans  n'osent  entreprendre,  il 
plaise  audit  seigneur  et  à  mesdits  seigneurs  les  conestable,  gou- 
verneur et  autres  qu'il  semblera  nécessaire  à  mesdits  sieurs  les 
ambassadeurs  de  requérir,  commettre  et  depputer  aulcun  notable 
personnaige  audit  pays  vers  lequel  lesdits  subgectz  desdits  pays 
puissent  avoir  recours  et  réparacion  desdits  domaiges. 

Item,  feront  lesdits  ambassadeurs  les  remonstrances  et 
doléances  qu'ils  sçauront  et  verront  estre  nécessaires  pour 
l'adresse  et  conduicte  des  justices  des  bailliages,  cours  de  chan- 
cellerie et  autres  jugemens  inférieurs  desdits  pays. 

Item,  pour  ce  que,  par  essay  et  expérience,  l'on  trouve  plu- 
sieurs grandes  décheutes  et  faucetez  de  monnoye  blanche  et  noire, 
l'on  supplie  au  Roy  y  fere  pourveoir  et  mettre  bon  ordre. 

Item,  soient  advertis  lesdits  ambassadeurs  de  requérir  de  par 
les  estats  dudit  pays  que  réformacion  soit  faicte  sur  le  parlement 
au  temps  que  la  réformacion  généralle  se  fera  sur  les  autres  par- 
lemens  du  royaulme  de  France. 

Ces  présentes  mémoire  et  instructions  ont  esté  ainsy  faictes, 
consenties ,  accordées  et  conclues  par  nos  seigneurs  des  trois 
estats  de  ce  duché  de  Bourgogne  assemblés  en  la  ville  de  Beaulne 
le  douziesme  jour  de  décembre  l'an  mil  CGCG  IV''''  trois. 

Les  gens  d'église,  nobles  et  gens  de  bonne  ville  et  estât  com- 
mun, faisans  et  rej  résentans  les  trois  estats  du  duché  de  Bour- 
gogne et  terres  royaulx  y  enclavées  es  eslections  de  Langre, 
Ghalon,  Maçon  et  Ostun,  présentement  assemblés  en  ceste  ville 


368 

de  Beaulne  par  vertu  et  autorité  des  lettres  patentes  du  Roy 
notre  souverain  seigneur,  à  tous  ceulx  qui  ces  présentes  lettres 
verront  salut.  Sçavoir  faisons  que,  comme  icelluy  seigneur  dési- 
rant entretenir  en  union,  paix  et  tranquilité  les  pays,  peuples  et 
subjects  de  son  royaulme  et  y  mettre  et  entretenir  bon  ordre  et 
police  au  bien  de  lui  et  de  sesdits  subjects,  eust  ordonné  assembler 
en  la  ville  d'Orléans  les  gens  des  estats  de  sondit  royaulme  au 
premier  jour  de  janvier  prochainement  venant  et  ayt  faict 
escripre  aulx  gens  d'église,  nobles  et  du  commun  estât  des  bonnes 
villes  de  cedit  duché,  eulx  assembler  et  eslire  notables  person- 
naiges  de  tous  et  chacun  desdits  estats  pour  estre  et  comparoir  à 
ladite  assemblée,  avecq  pouvoir  de  consentir  et  accorder  ce  que 
par  tous  les  estats  dudit  royaulme  sera  conclud  et  délibéré  au  bien 
d'icelluy  seigneur  et  de  sesdits  pays  et  subjects.  Par  quoy,  en 
obtempérant  au  bon  voulloir  et  plaisir  dudit  seigneur,  nous,  d'un 
commun  accord,  vouloir  et  consentement,  avons  nommé  et  esleu 
nos  députez  pour  aller  et  comparoir  pour  nous  esdits  estats  à 
icelle  assemblée  d'Orléans,  ledit  premier  jour  de  janvier  prochai- 
nement venant ,  ou  ailleurs  où  ladite  assemblée  sera ,  et  pour  y 
assister  avecq  les  autres  depputez  dudit  royaulme  les  nommés 
cy  après,  asçavoir  :  pour  les  estats  de  l'église  et  des  nobles,  révé- 
rends pères  en  Dieu,  messire  Andrieu  de  Poupet,  évesque  deCha- 
lon,  messire  Jean  de  Cirey,  docteur  en  théologie,  abbé  de  Gis- 
teaulx,  noble  et  puissant  seigneur  messire  Phihppe  Pot,  chevalier, 
sieur  de  la  Roche  et  de  Castelneuf,  grand  sénéchal  de  Bourgogne  ; 
nobles  seigneurs  Hugues  Rabutin,  seigneur  de  Puer  (?)  et  Nully, 
messire  Simon  de  Loges,  chevalier,  seigneur  dudit  lieu  et  de  la 
Bouloye,  conseiller  et  chambellan  dudit  seigneur,  et  vénérable  et 
syantifîque  personne  maistre  Jean  Charuet,  licencié  en  loix  et 
décrets,  prévost  de  l'église  collégiale  de  Notre-Dame  d'Ostun;  et 
pour  Testât  des  bonnes  villes  et  commun  estât,  honnorable  homme 
et  saige  maistre  Guy  Margueron,  Regnault  Lambert,  Gaultier 
Brocart,  Jean  Raymond,  tous  licenciés  en  loix  et  décrets,  con- 
seillers d'icelluy  seigneur,  et  Pierre  Martin,  bourgeois  de  Chalon, 
ausquels  nous  avons  donné  et  donnons  par  ces  présentes  plein 
pouvoir,  faculté,  puissance  et  auctorité  de  comparoir  pour  et  en 
nom  de  nous  à  icelle  assemblée  desdits  estats  d'icellui  royaulme 
ledit  premier  jour  de  janvier  prochainement  venant  et  à  toutes 
autres  journées  ensuy vantes,  selon  qu'il  sera  expédient  et  qu'il 
plaira  à  icellui  seigneur  les  assigner  et  continuer,  soit  audit 


369 

Orléans  ou  ailleurs,  et  de  consentir,  passer  et  accorder  avecq  les 
autres  de  sesdits  pays  et  subjects  ce  que  conclud  y  sera,  en  ensuy- 
vant,  entretenant  et  gardant  les  previlleiges,  franchises  et  liber- 
tés d'icellui  duché  de  Bourgogne.  En  tesmoin  de  ce,  nous  avons 
requis  et  obtenu  le  seel  aulx  contracta  de  ladite  cliancellerie 
dudit  duché  et  le  seing  manuel  de  Jean  le  Féaut,  clerc  des 
esleus  en  icelluy  duché,  notaire  juré  de  la  cour  de  ladite  chancel- 
lerie, estre  mis  à  cesdites  présentes  lettres  faictes  et  passées  et 
accordées  en  ladite  ville  de  Beaulne  le  unziesme  jour  dudit  mois 
de  décembre,  l'an  mil  quatre  cent  quatre  vingt  trois.  Ainsi  signé 
J.  Lefi'anc,  et  au  repliz  desdites  lettres  par  le  tabellion  Porteur,  et 
plus  bas  est  escript  :  Copie  collacionnée  aulx  lettres  de  procura- 
tion par  nous,  Martin. 

P.    PÉLICIER. 


=4«= 


LES  HUISSIERS 


DU 


PARLEMENT  DE  PARIS 

1300-1420. 


Au  xiii"  siècle,  il  n'y  eut  au  Parlement  que  deux  huissiers 
appelés  portiers*.  Le  7  février  1337,  Philippe  VI  en  fixe  le 
nombre  à  huit,  qui  seuls  pouvaient  porter  la  verge  en  exerçant 
leurs  fonctions  ^  L'année  suivante,  avec  l'assentiment  de  ces 
huit  officiers,  il  permit  à  Pierre  Hérivier,  que  lui  recommandait 
son  clerc  et  conseiller  Fremin  de  Coquerel,  de  garder  l'office 
d'huissier  qu'il  exerçait  depuis  plusieurs  mois.  Il  y  avait  donc 
neuf  huissiers,  mais  le  roi  déclara  que  pareil  fait  ne  se  repré- 
senterait plus^  et  il  rendit  le  2  janvier  1339  une  ordonnance 
confirmant  sa  décision  du  7  février  1337.  Les  candidats  aux 
places  vacantes  qui  avaient  reçu  des  lettres  de  don  les  conserve- 
raient, sans  toucher  d'appointements,  afin  que  le  peuple  ne  fût 
pas  davantage  grevé  d'impôts  *. 

Plusieurs  années  après,  le  nombre  des  huissiers  fut  porté  à 
douze,  y  compris  le  portier  du  palais,  l'huissier  de  la  Chambre 
des  enquêtes  et  celui  de  la  Chambre  des  requêtes^.  Quand  la 

1.  Lenain,  grande  Table,  tome  XV,  fol.  8.  Bibl.nat.Mss.  fonds  français,  n°  21309. 

2.  Archives  nationales,  registres  du  greffe  du  Parlement,  XIa  8846,  fol.  166. 
Parmi  les  candidats  à  la  première  place  vacante,  on  remarque  Pierre  le  Diable, 
Pierre  Hérivier,  Pierre  le  Blont,  Girard  de  Troyes  et  Tbibaud  Clément. 

3.  XIa  8847,  fol.  1  V». 

4.  Ibid.  et  XIa  9,  fol.  82,  25  février  1340  :  «  Dictum  fuit  per  arrestum  quod 
«  nullus  dictorum  Pétri  et  Karoli  babebit  officium,  sed  solum  erunt  septem 
«  hostiarii  cum  Petro  Heriverii  juxta  ordinationem  nos  tram  predictam.  » 

5.  Ordonnance  du  27  janvier  1360,  article  14,  Ordonn.,  t.  III,  p.  386.  Guil- 


374 

faction  bourguignonne ,  maîtresse  de  Paris ,  retrancha  du  Par- 
lement les  membres  qui  lui  étaient  iiostiles  et  les  remplaça  par 
ses  partisans,  elle  établit  un  huissier  de  plus^  Ces  huissiers 
avaient  à  leur  tète  l'un  d'entre  eux,  qui  prenait  le  titre  de  pre- 
mier huissier  2.  Il  était  chargé  d'appeler  les  causes  à  l'audience 
d'après  le  rôle,  portait  une  robe  rouge  et  un  chapeau  de  drap  d'or 
fourré  avec  la  plume  garnie  de  perles.  Quand  il  entrait  au  Parle- 
ment et  quand  il  parlait  aux  présidents,  il  restait  couvert.  Ce 
privilège  lui  fut  retiré  le  18  janvier  1452  ^. 

Un  arrêt  de  règlement  du  21  novembre  1405  décida  que  désor- 
mais ceux-là  seuls  prendraient  le  titre  d'huissiers  qui  étaient 
attachés  comme  tels  au  Parlement^.  Lorsque  le  Parlement  délé- 
guait aux  Grands  Jours  de  Troves  une  partie  de  ses  membres, 
un  des  huissiers  les  accompagnait  ^ 

La  charge  d'huissier  n'était  pas  incompatible  avec  de  hautes 
fonctions,  car  nous  trouvons  Michel  du  Bois  gardien  de  l'abbaye 
de  Saint-Denis  en  1347  «.  Dès  1339,  le  committhnus  et  les 
autres  privilèges  et  exemptions  du  Parlement  sont  accordés  aux 
huissiers.  Ils  sont  sous  la  sauvegarde  royale  ^  Le  Parlement  avait 
toute  autorité  sur  eux  ;  il  pouvait  les  suspendre  pour  un  certain 
temps  et  même  au  besoin  demander  au  roi  leur  destitution  ^  S'ils 


laiinie  le  Marié  était  huissier  de  la  Chambre  des  enquêtes  le  11  mars  1340 
(XIa  9,  fol.  85  v°),  en  1373  (samedi  '21  mai),  Jean  le  Moine  est  huissier  de  la 
Chambre  des  requêtes  (XIa  1470,  fol.  19  v),  J.  du  Castel  Celait  le  4  juillet  1397 
elle  13  août  1404  (XIa  4784,  fol.  370  r"  ;  X  4786,  fol.  377  v°). 

1.  4  août  1418.  Ordonn.,  t.  X,  p.  464. 

2.  Le  18  juillet  1355,  le  premier  huissier  est  Héiie  Anlelme  ou  Anteaume 
(XIa  16,  fol.  62)  ;  le  6  février  1373,  cette  charge  est  remplie  par  Jean  Fauvel 
(XIa  23,  fol.  37). 

3.  Papon,  Recueil  des  arrêts  notables,  livre  IV,  litre  6,  n°  14. 

4.  XIa  1478,  fol.  239  v». 

5.  Ibid.,  fol.  75  v".  Mercredi  2  août  1402,  Raoul  Lenoir  est  désigné  pour  aller 
à  Trojes;  s'il  est  empêché,  Thomas  Raat  le  remplacera. 

6.  XIa  12,  fol.  56  v"  et  57,  3  février. 

7.  XIa  4785,  fol.  355  v°,  356,  lundi  22  mai  1402. 

8.  XIa  13,  fol.  61.  21  juin  1351.  Pierre  le  Blont,  suspendu  de  sa  charge,  est, 
à  la  demande  du  Parlement,  destitué  par  le  roi,  qui  nomme  à  sa  i)lacc  Raoul 
de  Nesles,  familier  de  son  cliambellan  Robert  de  Lorris.  —  XIa  17,  fol.  27  v°, 
20  septembre  1361.  Toussaiii  de  Maunbeville  est  destitué  pour  infamie  et  rem- 
placé par  Renaud  de  tavclincourl,  valet  de  chambre  du  roi.  —  XIa  18, 
fol.  120  r°.  L'huissier  Jean  Boileau,  accusé  de  mauvaises  mœurs  et  d'usure  par 
le  procureur  général,  est  absous  par  arrêt  du  Parlement,  auquel  le  procès,  porté 


372 

ne  sont  pas  à  leur  poste,  sans  excuse  légitime,  à  l'heure  régle- 
mentaire, une  amende  leur  est  infligée*.  Quand  ils  devaient 
s'absenter,  même  à  raison  de  leurs  fonctions,  ils  en  demandaient 
l'autorisation  au  Parlementa  En  retour,  celui-ci  veillait  à  ce 
qu'on  les  respectât  et  le  procureur  général  poursuivait  ceux  qui 
les  maltraitaient^. 

Gages  des  huissiers.  —  En  1349,  l'huissier  de  la  Chambre 
des  enquêtes  recevait  12  deniers  par  jour  K  Un  texte  du  9  mai  1354 
prouve  que  les  huissiers  du  Parlement  recevaient  des  robes^  Puis 
leurs  gages  furent  fixés  à  2  sous  par  jour,  plus  100  sous  pour 
l'achat  de  leurs  robes.  Ces  gages  étaient  payés  par  le  receveur 


d^abord  devant  les  Réformateurs  généraux,  était  revenu.  Boileau  avait  été  trente- 
quatre  ans  sergent  au  Châtelet  (30  avril  1364).  —  XIa  1470,  fol.  19  v.  Samedi 
21  mai  1373.  Jean  Le  Moine,  huissier  des  requêtes  du  palais,  est  condamné  à 
faire  amende  honorable  à  un  conseiller  qu'il  avait  insulté  et  est  suspendu  jus- 
qu'à la  Saint-Martin  d'hiver. 

1.  XIa  4789,  fol.  221  v,  vendredi  12  février  1412. 

2.  XIa  4785,  fol.  379  v»,  vendredi  16  juin  1402.  —  XIa  1477,  fol.  79,  samedi 
28  février  1402. 

3.  XIa  12,  fol.  175  v%  16  février  1348.  Michel  du  Bois  avait  été  insulté  et 
maltraité  en  exécutant  un  arrêt  du  Parlement.  Le  procureur  du  roi  le  soutint 
dans  son  instance  et  le  coupable  fut  condamné  à  payer  au  roi  une  amende  de 
250  livres  tournois  et  à  l'huissier  une  autre  de  50  livres  tournois  ;  en  outre,  il 
fut  déclaré  inhabile  à  toutes  fonctions.  —  XIa  4787,  fol.  49  v°.  Raoulet  Grisou, 
clerc  du  roi  et  du  maréchal  de  Rieux,  s'était  «  défendu  de  fait  et  rebellé  »  à 
«  rencontre  des  huissiers  »  du  Parlement,  qui,  sur  l'ordre  des  commissaires, 
l'emmenaient  à  la  Conciergerie  «  pour  tenir  prison.  »  Il  ne  fut  relâché  qu'après 
«  qu'il  se  fust  repenti  plusieurs  foiz  en  pleurant  et  disant  qu'il  estoit  abuvréz 
«  de  vin,  »  il  vint  à  l'audience,  «  et  à  deulx  genoulx  a  en  pleurant  crié  mercy 
«  à  la  court  à  mains  joinctes  en  suppliant  qu'elle  lui  voulust  pardonner  son 
«  meffait,  et  aussy  en  suppliant  audit  huissier  pardon  ;  pourquoy  la  court  a 
«  remiz  au  conseil  la  taxe  de  l'amende  »  (mardi  20  janvier  1405).  —  Mardi 
15  mai  1405,  le  Parlement  envoie  prisonnier  au  Châtelet  le  receveur  de  l'ordi- 
naire de  Paris  qui,  en  refusant  de  payer  les  gages  des  huissiers  du  Parlement, 
les  avait  menacés.  De  plus,  deux  sergents  mangeurs  sont  installés  à  son  hôtel. 
Le  vendredi  18  mai,  il  vint  demander  pardon  au  Parlement  «  humblement  à 
«  genoulx,  »  disant  qu'il  avait  méfait  par  ignorance  et  que  désormais  il  paiera 
le  plus  tôt  possible  les  huissiers  (XIa  1478,  fol.  110  v  et  111  v°).  —  Cf.  Tue- 
tey,  Journal  de  Nicolas  de  Baye,  t.  I,  p.  60,  61,  et  XIa  4788,  fol.  454  v%  cité 
par  H. -François  Delaborde,  le  Procès  du  chef  de  saint  Denis  en  1410,  dans 
les  Mémoires  de  la  Société  de  l'Histoire  de  Paris  et  de  l'Île-de-France,  1884, 
page  329. 

4.  XIa  12,  fol.  303,  10  mai. 

5.  XIa  15,  fol.  222. 


373 

de  Paris,  aux  termes  habituels*.  Quelquefois  le  roi  permettait  à 
un  huissier  de  prendre  sur  l'argent  qui  provenait  de  l'exécution 
des  arrêts  pour  payer  les  gages  arriérés  d'un  de  ses  collègues  ". 
L'huissier  en  mission  pour  le  service  du  Parlement  recevait 
8  sous  par  jour,  d'après  l'ordonnance  du  3  mars  1357^;  en  1341, 
il  avait  droit  k  deux  chevaux  et  à  20  sous  tournois  par  jour^ 
D'ailleurs,  ces  honoraires  spéciaux  étaient  débattus  lors  de  la 
taxation  des  dépens.  Ainsi,  Etienne  de  Trois-Moulins ,  après 
avoir  fait  deux  voyages  pour  exécuter  un  arrêt  relatif  à  la  suc- 
cession de  Guillaume  de  Cherchemont,  demanda  pour  le  premier 
voyage  177  livres  et  130  pour  le  second,  plus  16  livres  pour  les 
écritures;  les  enfants  du  défunt  :  Jean,  Marie  et  Isabelle,  vou- 
lurent une  diminution.  L'huissier  avoua  aux  commissaires  nom- 
més par  le  Parlement  pour  vérifier  ses  comptes  qu'il  avait  touché 
1,085  livres,  plus  500  1.  remises  par  lui  à  Jean  Ghauvet,  au  pro- 
fit de  qui  se  faisait  l'exécution,  et  qu'il  avait  reçu  comme  hono- 
raires 175 1.  et  30  pièces  de  vin;  naturellement,  les  commissaires 
les  déduisirent  du  total  de  ce  qui  lui  était  dû  pour  ses  voyages  et 
ses  écritures  ^. 

En  1373,  les  huissiers  du  Parlement  ne  pouvaient  recevoir 
plus  de  2  sous  parisis  par  jour,  et  le  portier  du  palais  avait 
12  deniers  parisis  ^.  Quant  aux  «  courtoisies  »  qui  leur  étaient 
accordées,  ils  devaient  se  les  partager.  Il  leur  était  défendu  de 
«  vendre  l'entrée  du  Parlement  »  ou  de  la  refuser  «  pour  cause 
«  de  ce  que  on  ne  leur  fourre  la  paume  '.  » 

Nomination  des  huissiers.  —  A  l'origine,  cette  nomination 
appartenait  au  chancelier,  mais  le  roi  se  réserva  bientôt  ce  droit. 
Par  ses  lettres,  il  promettait  aux  nombreux  candidats  la  pre- 
mière place  vacante,  ce  qui  amenait  bien  des  contestations  quand 
arrivait  une  vacance.  Chacun  présentait  des  lettres  et  niait  les 
titres  de  ses  concurrents.  Le  25  février  1340,  Pierre  le  Diable  et 
Charles  de  Navarre  briguaient  la  charge  de  Simon  du  iJoucher, 

1.  XIa  13,  fol.  39,  17  mai  1351. 

2.  XIa  12,  fol.  284,  19  novembre  1348. 

3.  Ordonnances,  t.  III,  p.  124.  Isambert,  t.  IV.  p.  282. 

4.  XIa  9,  fol.  212  v%  22  septembre  1341. 

5.  XIa  14,  fol.  109  à  111  v",  22  février  1354. 
G.  XIa  23,  23  juin  1373. 

7.  Ordonn.  du  11  mars  1344.  —  Ordonn.,  t.  II,  p.  225.  —  Isambert,  t.  IV, 
p.  505. 


374 

décédé;  tous  deux  faisaient  valoir  les  lettres  qu'ils  avaient  eues 
du  roi*.  Le  Parlement  n'en  reçut  aucun,  parce  que  la  mort  de 
Simon  ramenait  à  huit  le  nombre  des  charges  d'huissiers  ^.  Peu 
après,  Pierre  Baron  fut  reçu  huissier  ;  Pierre  le  Diable  de  se 
plaindre  :  le  Parlement  a  lésé  ses  droits,  le  roi  lui  avait  promis 
cette  place.  Baron  avait  été  reçu  au  mépris  de  l'ordonnance  du 
2  janvier  1339.  A  cela  Baron  répliquait  :  le  roi  pouvait  revenir 
sur  une  ordonnance,  cette  place  lui  avait  été  aussi  promise  par 
lettres  royaux,  celles  de  Pierre  le  Diable  étaient  subreptices. 
Alors  survint  un  nouveau  prétendant  :  Jean  d'Orgeret.  Outre  les 
lettres  du  roi,  il  alléguait  que  Baron,  natif  du  Hainaut,  était 
étranger  et  ne  pouvait  être  reçu.  Enfin,  le  6  mai  1340,  le  Parle- 
ment déclara  par  arrêt  que  les  lettres  de  Pierre  le  Diable  et  celles 
de  Jean  d'Orgeret  étaient  subreptices  ;  Baron  fut  renvojé  et 
l'ordonnance  de  1339  fut  respectée^.  Pierre  Baron  ne  se  tint  pas 
pour  battu;  Jean  d'Orgeret  ayant  obtenu  une  charge  l'année 
suivante,  il  la  lui  disputa.  Le  roi  intervint,  et,  sur  son  ordre, 
d'Orgeret  fut  maintenu  ■*.  Un  candidat  pouvait  être  désigné  par 
le  roi  comme  le  successeur  d'un  huissier  encore  vivant,  et  les  pré- 
sidents du  Parlement  lui  promettaient  de  le  recevoir  en  vertu 
d'un  simple  arrêt  de  la  Grand'Chambre.  C'est  ce  qui  arriva  pour 
Pierre  le  Blont,  auquel  le  roi  avait  donné,  «  more  solito  et  ad 
«  vadia  consueta,  »la  charge  de  Simon  de  Vaudouaire,  qui  vivait 
encore.  Un  arrêt  du  Parlement  le  nomma,  malgré  l'opposition  de 
Nicolas  le  Gal^,  peu  de  jours  après  la  mort  de  Simon. 

La  lettre  du  roi  nommant  un  huissier  au  Parlement  contenait 
l'ordre  de  le  recevoir  et  de  l'instituer,  et  de  plus  enjoignait  au 
receveur  de  Paris  de  lui  payer  les  gages  accoutumés  ^. 

Pour  être  reçu,  il  fallait  ne  pas  être  étranger',  avoir  été 
reconnu  capable  après  examen  et  jouir  d'une  bonne  réputation  ; 
ce  dernier  point  était  constaté  par  enquête  ^  ;  il  fallait  encore  être 

1.  XIa  9,  fol.  82.  Simon  du  Boucher  était  de  Cambrai.  Cf.  ibid.,  fol.  96  v°. 

2.  Voir  plus  haut. 

3.  XIa  9,  fol.  96  V  à  97  v°. 

4.  D'Orgeret  était  en  charge  dès  le  19  mars  1341,  ibid.,  fol.  139  v.  Il  fut  main- 
tenu le  18  janvier  1343,  ibid.,  fol.  414  v". 

5.  XIa  12,  fol.  167  v°,  19  janv.  1348. 

6.  XIa  13,  fol.  39,  17  mai  1351. 

7.  XIa  9,  fol.  96  v«. 

8.  XIa  12,  fol.  303,  10  mai  1349,  pour  la  nomination  de  Ligier  Warou,  cou- 
sin du  conseiller  Jean  le  Bescot.  —  XIa  15,  fol.  164  v,  176.  —  XIa  18,  fol,  120. 


373 

exempt  de  certaines  maladies  graves,  la  lèpre  par  exemple ^ 
L'ordonnance  de  décembre  1355  (art.  22)  rappelle  en  partie  ces 
conditions  et  impose  en  outre  aux  huissiers  entrant  en  charge 
l'obligation  de  fournir  un  cautionnement,  sur  le  montant  duquel 
la  partie  qui  aurait  à  se  plaindre  de  leur  négligence  pourrait  pré- 
lever des  dommages-intérêts-.  Les  recommandations  ne  nuisaient 
pas  pour  obtenir  la  charge  d'huissier  au  Parlement  :  Ravesson 
Duchesne,  protégé  du  chancelier,  fut  tout  de  suite  reçu;  Jean  de 
Leauvais  dutsa  nomination  à  la  recommandation  du  ducd' Athènes, 
et  Thibaud  Yves  fut  redevable  à  Robert  de  Lorris,  seigneur  d'Er- 
menonville, chambellan  du  roi  Jean,  d'être  le  successeur  de  Jean 
des  Fontaines^. 

Les  résignations  de  charges  étaient  fréquentes.  Si  le  roi  agréait 
celui  en  faveur  de  qui  était  faite  la  résignation,  il  en  avertissait 
le  Parlement,  qui  recevait  le  résignataire  si  l'examen  et  l'enquête 
lui  avaient  été  favorables.  Aces  formalités  furent  soumis  Alplionse, 
clerc  du  roi,  neveu  de  l'huissier  Raoul  de  Nesles,  qui  avait  rési- 
gné en  sa  faveur ^  Jean  des  Vignes,  auquel  Jean  Sarrazin, 
devenu  vieux  et  malade,  avait  cédé  sa  charge  %  et  Pierre  Augus- 
tin, neveu  de  Pierre  Baron  ''. 

Quelquefois  le  roi  permettait  à  un  liuissier  de  résigner  et  se 
chargeait,  lui  ou  les  maîtres  de  ses  requêtes,  de  désigner  le  rési- 
gnataire; ainsi,  lorsque  Jean  du  Pré  se  retira,  après  de  longues 
années  de  service,  le  roi  lui  permit  de  résigner  aux  mains  des 
maîtres  des  requêtes  de  l'hôtel,  qui  fixèrent  leur  choix  sur  Geof- 
froi  Gofin,  dont  la  réception  eut  lieu  en  présence  de  Jean  du  Pré''. 
Trois  ans  auparavant,  le  roi  avait  permis  à  Ravesson  Duchesne 
«  de  transporter  en  quelcunque  personne  qu'il  lui  plaira,  en  pre- 
«  nant  tel  prouffit  comme  il  en  puisse  avoir,  »  pourvu  que  la 
personne  fût  capable  et  honnête  (9  mai  1354).  Dix  jours  après, 
Duchesne  déclara  devant  les  notaires  jurés,  Nicolas  de  Dammart 
et  Raoul  Levevant,  qu'il  avait  vendu  sa  charge  à  Oudart  Fer- 

1.  XIa  13,  fol.  105  et  r,  25  juin  1351. 

2.  Picot,  Histoire  des  états  généraux,  t.  I,  pp.  119,  120. 

3.  XIa  13,  fol.  105.  —  XIa  15,  fol.  176,  28  janvier  1354. 

4.  XIa  13,  fol.  61,  28  juillet  1351. 

5.  XIa  16,  fol.  346  V,  2  septembre  1357. 

6.  XIa  15,  fol.  164  V,  21  novembre  1353. 

7.  XIa  16,  fol.  304.  La  jierraission  de  résigner  est  clu22  janvier  1357,  la  nomi- 
nation du  résignataire  du  8  février  et  sa  réception  du  13. 


376 

mique  Barbier,  familier  de  l'évêque  de  Laon,  et  qu'il  en  avait 
reçu  le  paiement,  c'est-à-dire  220  deniers  d'or  à  l'écu*.  Cette 
vente  de  charge  me  semble  un  fait  exceptionnel  à  cette  époque. 
Souvent  la  résignation  était  faite  par  un  père  pour  son  fils. 
Hugues  de  Besançon,  dont  le  fils  Hiiguenin  n'était  pas  en  âge 
d'exercer  la  charge  qu'il  venait  de  lui  céder,  demanda  au  roi  que 
la  charge  fût  confiée  en  attendant  à  un  autre,  mais  le  roi  permit 
au  jeune  Huguenin  d'entrer  en  fonction,  bien  qu'il  n'eût  pas  encore 
quinze  ans  et  nonobstant  l'opposition  des  autres  huissiers.  Il  lui 
donna  en  outre  la  charge  de  portier  du  palais,  que  le  père  avait 
exercée  conjointement  avec  celle  d'huissier.  Huguenin  fut  investi 
des  deux  charges  du  consentement  des  huissiers,  qui  deman- 
dèrent seulement  que  ce  fait  ne  leur  portât  pas  préjudice  2.  Douze 
ans  plus  tard,  Jean  de  la  Porte,  qui  cumulait  aussi  ces  deux 
offices,  les  résigna  tous  les  deux  aux  mains  du  chancelier  en 
faveur  d'Etienne  Lefèvre,  clerc  de  l'avocat  général  du  roi  Jean 
PastoureP. 

Contre  ces  présentations  de  parents  ou  d'amis,  les  oppositions 
ne  manquaient  pas  de  surgir.  Raoul  de  Nesles  s'était  opposé  à  ce 
que  Louis  de  Bruges  succédât  comme  huissier  à  son  père,  Etienne 
de  Bruges,  qui  venait  de  mourir^.  D'autres  fois,  l'opposant 
demandait  à  être  entendu  par  le  Parlement  avant  que  la  personne 
présentée  ne  fût  reçue^.  Quand  l'opposition  venait  des  huissiers, 
le  candidat  devait  soutenir  contre  eux  un  procès;  c'est  ce  qui 
arriva  en  1401  à  R.  de  Guerges.  L'arrêt  rendu  le  7  septembre 
lui  donna  gain  de  cause  ^. 

Une  fois  reçu,  le  nouvel  huissier  prêtait  serment'''  et  recevait 
alors  l'investiture  «  per  traditionem  virge  hostiarii*^.  »  H  pouvait 
être  investi  en  la  personne  de  son  procureur  avec  la  même  céré- 
monie®. 


1.  XIa  15,  fol.  222.  Daumartou  Darapmart,  Seine-et-Marne,  canton  de  Lagny. 

2.  XIa  17,  fol.  27  v«,  11  août  13G1. 

3.  XIa  23,  fol.  93  V,  23  juin  1373. 

4.  XIa  12,  fol.  422  v°,  30  janvier  1350. 

5.  XIa  8302,  fol.  77  v°,  jeudi  6  novembre  1416.  L'opposant,  Pierre  Buffière, 
conseiller  à  la  Grand'Chambre,  retira  son  opposition. 

6.  XIa  1478,  fol.  35. 

7.  XIa  15,  fol.  164  v°.  —  XIa  23,  fol.  93  v°. 

8.  XIa  13,  fol.  61,27  juin  1351.  —  XIa  15,  fol.  164  V. 

9.  XIa  10,  foi.  363  v,  4  mai  1346. 


377 

Fonctions  des  huissiers.  —  Lenain  résume  ainsi  les  fonctions 
des  liuissiers  du  Parlement  :  ce  sont  des  personnes  établies  pour 
garder  la  porte  de  la  chambre  du  Parlement,  appeler  les  parties 
ou  leurs  procureurs  à  la  porte  des  chambres  de  l'audience,  faire 
les  exploits  et  ajournements  en  vertu  des  arrêts  de  la  cour'  ; 
entrons  dans  les  détails. 

Depuis  l'ordonnance  du  27  janvier  1360,  les  huissiers  servent 
à  tour  de  rôle  tous  les  deux  mois  et  six  à  la  fois  :  deux  gardaient 
les  portes  delà  Grand'Chambre,  deux  les  guichets  du  parc  et  deux 
faisaient  la  police.  Ces  derniers  avaient  ordre  de  conduire  en  pri- 
son quiconque  troublait  l'audience,  d'empêcher  les  clercs  des 
avocats  et  des  procureurs  de  faire  leurs  écritures  à  la  Grand'- 
Chambre. Aucun  huissier  ne  devait  entrer  dans  la  chambre  où  le 
Parlement  siégeait  au  conseil  ^  Le  premier  huissier  était  chargé 
de  faire  payer  aux  avocats  retardataires  les  amendes  auxquelles 
les  condamnait  le  Parlement^.  Les  huissiers  qui  négligeaient  leur 
service  payaient  une  amende  de  vingt  sous  parisis.  En  1411,  le 
produit  de  cette  amende  était  affecté  à  l'entretien  de  la  chapelle 
de  la  salle  du  Palais ^ 

Quand  ils  s'acquittaient  mal  de  leurs  fonctions  et  outrepassaient 
les  ordres  reçus,  la  peine  infligée  était  plus  grave.  Gautier  le 
Sénéchal  fut  emprisonné  au  Châtelet,  privé  de  ses  émoluments 
du  27  mars  1392,  à  la  Saint-Jean-Baptiste  suivante,  et  condamné 
au  remboursement  des  dépenses  faites  par  le  prévôt  de  Péronne, 
qu'il  avait  ajourné  devant  le  Parlement,  pour  avoir  enlevé  à  ce 
prévôt  des  prisonniers  réclamés  par  l'abbaye  de  Saint-Martin- 


1.0/).  cit.,  fol.  17. 

2.  L'ordonnance  du  11  mars  1344  parle  aussi  de  ce  service  alternatif,  mais  je 
ne  crois  pas  qu'il  y  eût  déjà  douze  huissiers.  Ordonn.,  t.  II,  p.  225,  XIa  1473, 
fol.  5.  —  Les  huissiers  de  service  en  juin  et  juillet  1380  sont  :  Pierre  Burnout, 
Pierre  Belle,  Richard  Picot,  Jean  Fauvel,  Etienne  le  Fèvre  et  Guillaume  Nar- 
jot  (XIa  1471,  fol.  333).  On  les  retrouve  encore  en  novembre  1385  (XIa  1473, 
fol.  5).  En  août  1411,  sont  de  service  :  Adam  des  Vignes,  Aleaume  Cache- 
marée,  Simon  Fouquaud,  Raoul  de  Guerges  et  Thomas  Raat  (XIa  1479, 
fol.  169  v).  En  février  1412,  ce  sont  :  Guillaume  de  Buymont,  Guillaume 
de  Lépine,  J.  DainvJUer,  Nicolle  Romain,  Pierre  Belle  et  Jean  Mainsnier. 
Les  huissiers  de  service  devaient  donner  leurs  noms  au  Parlement  (XIa  1473, 
fol.  5). 

3.  XIa  4790,  fol.  213  v°,  jeudi  28  février  1415. 

4.  XIa  1479,  fol.  1G9  v  ,  19  août.  Cette  amende  fut  levée  par  le  premier 
huissier  Robert  Chaure. 

25 


378 

des-Champs  et  les  avoir  placés  dans  la  prison  du  prieur  de  cette 
abbaye,  sans  en  avoir  reçu  l'ordre  i. 

Le  soin  du  chauffage,  de  l'éclairage,  des  tapis  et  des  salles  du 
Parlement  était  confié  aux  huissiers  2.  Lorsque  le  roi  devait  venir 
à  une  audience,  un  huissier  avait  la  garde  des  tentures  et  des 
meubles  qui  servaient  à  la  réception  et  devait  les  faire  placer^. 

L'huissier  du  Parlement  avait  le  droit  d'instrumenter  dans 
toute  la  France,  mais  il  devait  respecter  les  terres  des  seigneurs 
haut  justiciers  et  s'y  faire  accompagner  d'un  sergent  de  la  sei- 
gneurie^. Pendant  le  procès  relatif  au  chef  de  saint  Denis,  en  1410, 
Adam  des  Vignes,  chargé  d'exécuter  un  arrêt  rendu  contre  l'abbé 
de  Saint-Denis,  fut  accusé  de  négligence  pour  avoir  oublié  de 
montrer  ses  lettres  et  n'avoir  pas  pris  justice  du  heu,  c'est-à-dire 
de  n'avoir  pas  signifié  ses  léHres  au  prévôt  de  Saint-Denis  et  de 
ne  pas  s'être  fait  accompagner  par  lui  quand  il  voulut  les  mettre 
à  exécution  ^.  C'est  en  vertu  de  lettres-royaux  qu'ils  ajournaient 
les  parties  '^  ;  ces  lettres  étaient  délivrées  sur  un  ordre  écrit  ou 
verbal  du  Parlement  ^.  Les  parties  qu'ils  citaient  aussi  à  compa- 
raître pouvaient  leur  demander  copie  de  l'acte  d'ajournement^. 
Quand  leur  affaire  arrivait  à  l'audience,  un  huissier  venait  appe- 
ler les  plaideurs  et,  s'ils  ne  se  présentaient  pas,  il  avertissait  le 
Parlement,  qui  prononçait  le  défauts 

1.  Quœstio  CCLXXVII  Joaanis  Galli. 

2.  «  Aujourd'ui  a  la  court  commis  Pierre  Belle,  huissier  de  ceaos,  au  gouver- 
«  nement  et  administration  des  11  chambres  de  céans  sur  la  provision  aviser  et 
«  faire  ou  faire  faire  de  huches,  chandoilles,  torches,  nestoier  les  tapis  et 
«  chambres  et  autres  choses  aparlenans  ou  lieu  que  avoit  Pierre  Noé,  jadis 
«  huissier.  »  (XIa  1478,  fol.  37,  jeudi  19  janvier  1408,  cité  parTuetey  :  Journal 
de  N.  de  Baye,  t.  I,  pp.  211,  212.) 

3.  XIa  1469,  fol.  146  v%  152,  22  juillet  et  2  septembre  1366. 

4.  H.  Lot,  Frais  de  justice  au  XIV  s.,  dans  la  Bibliothèque  de  l'École  des 
chartes,  an.  1872,  p.  561. 

5.  XIa  4788,  fol.  454  V,  et  H.  François  Delaborde,  op.  cit.,  p.  329. 

6.  1"  registre  du  greffe,  fol.  234  v%  22  avril  1325.  —  XIa  9,  fol.  492,  8  avril 
1343  ;  cf.  XIa  8847,  fol.  34. 

7.  «  De  mandate  curie  uostre  Helye  Antiaume  orethenus  facto  ad  instantiam 
«  Johannis  de  Corraellis,  »  2  mai  1345,  XIa  8848,  fol,  197  v°,  et  ibid.,  fol.  194, 
à  Thomas  de  Choques,  et  XI  a  16,  fol.  283,  6  mai  1356. 

8.  «  Nicolas  Romain,  huissier  du  Parlement,  a  intimé  messeigneurs  doyen  et 
«  chapitre  (de  Notre-Dame)  à  la  requeste  de  l'abbé  et  couvent  de  Saint-Denis 
«  appellans  aux  jours  de  Paris  en  Parlement,  et  ont  demandé  messeigneurs 
«  copie  et  relacion.  »  H.  François  Delaborde,  op.  cit.,  p.  377. 

9.  XIa  4786,  fol.  148,  mardi  26  juin  1403.  -  XIa  4789,  fol.  260  v»,  lundi 
25  avril  1412. 


379 

Les  huissiers  signifiaient  encore  les  arrêts  rendus*  ou  les  évo- 
cations au  conseil  du  roi  2. 

L'exécution  des  arrêts  leur  était  souvent  confiée  de  préférence 
aux  sergents.  Il  arrivait  fréquemment  que  ceux  qui  étaient  con- 
damnés à  des  amendes  ou  aux  dépens  ne  voulaient  pas  les  payer  à 
l'huissier  envoyé  par  le  Parlement.  Celui-ci  avait  alors  le  droit 
de  les  contraindre  par  la  saisie  de  leurs  biens ^.  S'il  y  avait  oppo- 
sition, l'huissier  assignait  l'opposant  au  Parlement  et  lui  fixait 
un  jour^  C'est  encore  lui  qui  apposait  la  main  du  roi  sur  les 
immeubles  en  litige  et  les  administrait  pendant  la  durée  du 
procès  ^. 

Au  mandement  autorisant  l'huissier  à  agir,  le  roi  joignait  un 
ordre  à  tous  les  officiers  royaux  de  lui  prêter  main -forte  au 
besoin  :  «  Dantes  in  mandatis  omnibus  justiciariis  et  subditisnos- 
«  tris,  quatinus,  in  premissis  et  ea  tangentibus,  vobis  et  vestrum 
«  cuilibet  prestent  auxilium  et  favorem^.  » 

Comme  je  l'ai  déjà  dit,  les  huissiers,  à  l'exemple  des  sergents, 
devaient,  en  accomplissant  ces  divers  actes,  montrer  leurs  lettres- 
royaux  et  les  arrêts  du  Parlement  aux  juges  des  lieux  et  obtenir 
d'eux  une  lettre  ordonnant  qu'on  leur  obéisse'''.  En  certains  cas, 
le  bailli  était  chargé  de  faire  l'exécution  avec  l'huissier^. 

La  surveillance  des  ventes  et  des  criées  ordonnées  par  le  Par- 
lement regardait  les  huissiers °.  De  même  l'accomplissement  de 
certaines  obligations.  Le  jeudi  5  janvier  1405,  le  Parlement 
décida  que  les  1,500  francs  reçus  par  Alexandre  Desmares  du 
chevalier  Charles  de  Savoisy,  et  qui  devaient  être  affectés  à  la 
fondation  d'une  chapelle  pour  l'université  de  Paris,  seraient  déli- 
vrés à  ce  chevalier  afin  qu'avec  cette  somme  il  pût  acheter  des 
rentes.  Aleaume  Cachemarée  fut  choisi  pour  assister  à  l'achat  et 

1.  XIa  4786,  fol.  377  v°,  mercredi  13  août  1404. 

2.  H.  François  Delaborde,  op.  cit.,  p.  311. 

3.  XIa  7,  fol.  39  v,  27  mai  1335,  et  XIa  9,  fol.  158,  1"  aoiit  1341. 

4.  XIa  10,  fol.  429  v»  et  430,  24  mars  1346.  Exécution  à  l'hôtel  des  Trois- 
Rois  de  Cologne  (les  rois  mages),  dans  la  grande  rue  Saint-Jacques.  —  XIa  10, 
fol.  24,  23  mars  1344. 

5.  XIa  9,  fol.  360,  10  déc.  1342;  fol.  367  v%  14  février  1343.  —  XIa  13, 
fol.  71,  15  décembre  1347. 

6.  XIa  10,  fol.  48  V  et  49,  17  juillet  1344. 

7.  Ordonnance  du  14  août  1374.  Ordonn.,  t.  VI,  p.  22,  et  Isambert,  t.  V, 
p.  411. 

8.  XIa  10,  fol.  374  v»,  20  mai  1346. 

9.  Id.,  ibid. 


380 

empêcher  les  notaires  du  Châtelet  J.  Hures  et  Miles  du  Breuil  de 
remettre  au  chevalier  le  montant  des  rentes  sans  autorisation 
préalable  du  Parlement  K 

On  trouve  des  enquêtes  et  des  expertises  confiées  à  des  huis- 
siers, et  pour  lesquelles  ils  faisaient  un  rapport  2.  Dans  les  exper- 
tises, ils  pouvaient  s'adjoindre  un  homme  honnête  et  capable,  et 
ils  rendaient  une  sentence  si  le  Parlement  leur  en  avait  donné  le 
droit  3.  On  les  rencontre  encore  comme  exécuteurs  testamentaires 
nommés  par  le  Parlement  quand  ceux  qu'avait  désignés  le  testa- 
teur renonçaient  à  l'exécution^. 

Les  estimations  des  immeubles  litigieux,  avec  experts,  et  sui- 
vies d'un  rapport  au  Parlement  ^  les  inventaires  des  biens  d'une 
succession^  et  la  garde  de  ces  biens''',  la  remise  chez  les  chan- 
geurs, ou  aux  personnes  auxquelles  elles  étaient  destinées,  des 
sommes  déposées  au  grefie  du  Parlement^,  rentraient  dans  leurs 
attributions.  Le  mardi  18  avril  1402,  le  Parlement  envoie  un 
huissier  déposer  chez  un  changeur  de  Paris  l'argent  qu'un  débi- 
teur avait  apporté  pour  être  rerais  à  son  créancier.  L'huissier  fit 
un  rapport^.  Ces  dépôts  entraînaient  des  opérations  compliquées, 
à  une  époque  où  les  variations  monétaires  étaient  si  fréquentes, 
quand  il  fallait  ramener  les  sommes  à  un  taux  déterminé.  Le 
13  novembre  1348,  Hélie  Anteaume  fut  chargé  par  la  cour  de 
constater  si  l'argent  qu'elle  avait  fait  déposer  par  des  plaideurs 
au  change  de  Jean  de  Senlis,  bourgeois  de  Paris,  était  en  mon- 

1.  XI A  4787,  fol.  46. 

2.  XIa  9,  fol.  234,  12  février  1342,  à  propos  de  vignes  situées  à  Nanlerre,  et 
XIa  4785,  fol.  323  v,  jeudi  9  mars  1402. 

3.  XIa  9,  fol.  234,  12  février  1342  :  a  Quare  tibi  committimus  et  mandamus 
«  quatinus  de  prediclis  dampnis,  adjuncto  tecum,  ut  preinittitur,  aliquo  probo 
«  viro,  vocatis  evocandis,  inquiras  summarie  et  de  piano  cum  diligenlia  veri- 
«  tateni,  et  super  hiis  et  aliis  juxta  ordinationem  predictam  causam  seu  deba- 
«  tum  dictarum  parcium  détermines  et  décidas.  Ab  omnibus  autem  justiciariis 
«  et  subditis  nostris  libi  et  adjuncto  tuo  in  bac  parte  pareri  volumus  et  man- 
((  damus.  » 

4.  XIa  1469,  fol.  115,  vendredi  13  février  1366.  Il  s'agissait  de  l'exécution 
testamentaire  de  Jacques  la  Vache,  ancien  président  ;  l'huissier  désigné  fut  Jean 
Warou. 

5.  XIa  9,  fol.  234  v°,  26  mars  1342. 

6.  XIa  1471,  fol.  5,  mardi  29  déc.  1377. 

7.  XIa  4789,  fol.  201,  28  janvier  1413. 

8.  XIa  12,  fol.  284  v,  285,  18  novembre  1348. 

9.  XIa  4785,  fol.  345  V. 


38^ 

naie  courante  à  l'époque  où  les  déposants  avaient  contracté  leur 
obligation,  c'est-à-dire  le  15  juin  1340.  Il  devait  le  ramener  à  ce 
taux  s'il  n'y  était  pas.  La  somme  était  de  153  livres  8  sous  et 
6  deniers  parisis  ;  Anteaume  la  ramena  à  148  livres  10  sous  tour- 
nois pour  se  conformer  aux  instructions  du  Parlement;  en  outre, 
il  fit  un  rapport  après  la  lecture  duquel  le  Parlement  donna  quit- 
tance aux  déposants'.  C'était  en  la  présence  d'un  huissier  que  le 
dépositaire  remettait  la  somme  d'argent  à  celui  auquel  un  arrêt 
l'avait  adjugée 2. 

Quelquefois,  c'est  un  huissier  qui  verse  à  un  conseiller  les  gages 
que  lui  ont  délivrés  les  trésoriers  du  roi^. 

Les  huissiers  devaient  empêcher  les  parties  de  mettre  à  exécu- 
tion leurs  lettres  de  renvoi  avant  que  le  Parlement  l'eût  ordonné'*. 
Ils  transmettaient  aux  chambres  les  lettres  de  la  chancellerie 
royale  ^  C'est  à  eux  que  le  prévôt  de  Paris  confiait  les  prisonniers 
du  Châtelet  renvoyés  par  le  Parlement  à  une  autre  juridiction*^. 
Comme  les  sergents,  ils  menaient  les  prisonniers  à  la  conciergerie 
du  palais ''^  ou  les  mettaient  en  liberté*. 

Les  huissiers  du  Parlement  portaient  sur  eux  un  sceau  pour 
sceller  les  actes.  Quand  ils  en  changeaient,  ils  avertissaient  le 
Parlement  et  faisaient  enregistrer  leur  déclaration^. 

Félix  AUBERT. 

1.  XIa  12,  foi.  284  v%  285  r. 

2.  XIa  4785,  fol.  317,  jeudi  2  mars  1402.  En  présence  de  Thomas  Raat,  Colin 
Alexandre,  bourgeois  de  Paris,  remet  les  1,500  francs  déposés  chez  lui  à  M.  Ray- 
mond Géraudon,  procureur  de  Raymond  de  Turenne,  auquel  le  comte  de  Beau- 
fort  les  réclamait. 

3.  XIa  1470,  fol.  28,  jeudi  4  août  1373.  Léger  Warou  remet  à  W  Foucaud 
de  Dol  les  gages  qui  lui  sont  dus. 

4.  XIa  8301,  fol.  513  v%  samedi  19  août  1413. 

5.  V.  H.  Lot,  op.  cit.,  loc.  cit.,  p.  561. 

6.  Boutaric,  Actes  du  Parlement,  22  mai  1322,  n"  6837  à  6840. 

7.  XIa  4787,  fol.  49  v%  mardi  20  janvier  1405. 

8.  XIa  15,  fol.  22  V,  5  juin  1355. 

9.  XIa  8301,  fol.  20  v°,  jeudi  30  juillet  1405.  Les  sceaux  des  huissiers  du 
Parlement  :  Guillaume  Narjot  (5  juin  1388),  Enguerrand  de  la  Porte  (2  avril 
1410)  et  Geofl'roi  de  Moulins  (4  déc.  1423),  sont  dans  le  recueil  de  Douët  d'Arcq, 
Inventaire  des  sceaux,  t.  II,  n"'  4415  à  4417. 


382 


PIÈGES  JUSTIFICATIVES. 


25  février  •1340  (n.  st.).  Arrêt  du  Parlement  maintenant  à  huit  le 
nombre  des  charges  d'huissiers  au  Parlement. 

Cum  Petrus  dictus  Le  Dyable  ac  eciam  Karolus  de  Navarra  quili- 
bet  eorumdem  peleret  se  admitti  et  recipi  virtute  litterarum  nostra- 
rum  eisdem  super  hoc  concessarum  ad  offîcium  hostiarii  parlamenti 
nostri  cum  vadiis  que  ibidem  defunctus  Symon  du  Boucher  obtinere 
solebat,  et  ad  hoc  se  opposuissent  alii  hostiarii  parlamenti  jam 
recepti,  certas  ordinaciones  pretendendo  per  nos  factas  et  éditas 
super  certo  numéro  observando  hostiariorum  predictorum  :  ipsis 
partibus  super  hoc  auditis,  visisque  litteris  super  dicto  officio  dictis 
Petro  et  Karolo  concessis,  necnon  ordinatione  nostra  predicta,  dictum 
fuit  per  arrestum  quod  nullus  dictorum  Pétri  et  Karoli  predictum 
habebit  officium,  sed  solum  erunt  septem  hostiarii  cum  Petro  Heri- 
verii  juxta  ordinacionem  nostram  predictam. 

(Jugés,  X^»  9,  fol.  82  r».) 

Samedi  2-1  mai  1373.  Huissier  du  Parlement  suspendu  de  sa  charge 
et  condamné  à  V amende  pour  avoir,  dans  un  écrit,  accusé  un  con- 
seiller de  déni  de  justice  et  de  corruption. 

Ce  jour,  Jehan  le  Moine,  huissier  ou  sergent  des  requestes  du 
palais,  ploia  en  la  main  de  la  court  et  aussi  à  messire  Jehan  de  Ravi- 
gny,  l'un  des  seigneurs  de  Parlement,  l'amende  honorable  a  quoy  il 
avoit  tantost  esté  condampné  par  arrest  dudit  Parlement  pour  ce 
qu'il  avoit  baillé  une  supplicacion  devers  la  court  contenant  paroles 
injurieuses  au  dit  messire  Jehan  de  Ravigny,  qu'il  avoit  refusé  à 
faire  droit,  qu'il  avoit  volu  avoir  devers  lui  une  cinlure  d'argent  qui 
estoit  du  dit  sergent,  etc.,  et  avec  ce,  par  le  dit  arrest,  le  dit  sergent 
fut  suspendu  de  son  dit  office  jusques  à  la  festede  saint  Martin  d'iver 
prochain  venant. 

(Conseil,  Xi--"  1470,  fol.  19  v°.) 

4  mai  -1346.  La  charge  de  Jean  Rose,  destitué  et  banni  pour  ses 
méfaits,  ayant  été  donnée  par  le  roi  à  Jean  de  Bucy,  écuyer^  le 


383 

Parlement  lo  reçoit  et  rinsiitue  huissier  du  Parlement  en  la 
personne  de  Jean  Boursier,  son  procureur. 

Notum  facimus  quod  curia  nostra  Johannem  Burserii  procurato- 
rem,  el  procuralorio  noniine,  Johannis  de  Bucyaco,  armigcri  etfami- 
liaris  dilecli  et  fidclis  Symoiiis  de  Bucyaco  militis  et  consiliarii  nos- 
tri,  ad  officium  hosUarii  parlamenti  noslri  quod  Johanhes  Rose,  suis 
exigenlibus  dcnierilis  a  rcgno  nosLro  baniillus,  quoudam  Lcnere  et 
exercere  solebal,  per  nos  diclos  Johanni  de  Bucyaco  coUatum,  prout 
in  lilteris  noslris  super  collatione  hujusmodi  confectis  plenius  appa- 
rebal,  recepit  et  admisil  ;  visis  per  eam  litteris  antediclis,  procurato- 
remque  predictum,  nornine  quo  supra,  per  traditioneni  virge  hostia- 
rii  dicti  parlamenti  in  officio  instituit  supradicto. 

(Jugés,  X^»  10,  fol.  363  v».) 

Samedi  28  février  ^  405.  Aleaume  Cachemarée,  obligé  de  s'absenter 
pour  aller  exécuter  un  arrêta  demande  qu'il  soit  enregistré  que 
c''est  avec  la  permission  du  Parlement. 

Aleaume  Cachemarée  a  requis  qu'il  soit  enregistré  que  du  congié 
et  auctorité  de  la  court  il  va  au  paiz  de  Pons  de  Gardilhac  pour  exé- 
cuter l'arrest  de  la  court,  ce  qui  lui  a  esté  octroyé. 

(Matinées,  X^^  4787,  fol.  79.) 

49  novembre  4348.  Mandement  du  roi  à  Thomas  de  Choques,  huis- 
sier du  Parlement  ;  il  devra  payer  à  son  collègue  Guillaume  Bote- 
veau  ce  qui  lui  est  dû. 

Thome  de  Ghoquis  hostiario  etc.,  ad  supplicationem  Guillelmi 
Boterelli,  hostiarii  dicti  parlamenti,  mandamus  tibi  quatinus  per  dic- 
tam  manum  noslram  solvas  eidem  Guillelmo  quicquid  sibi  dcberi 
constiterit  a  tempore  quo  premissa  fuerunt  ad  dictam  manum  nos- 
tram  posita  propter  debatum  motum  inter  procuratorem  ducis  et 
ducisse  Brilanniae  nepotis  et  nepte  nostrorum  nomine  ipsorum  ex 
una  parte,  el  Aliéner  Dervalle  ex  altéra,  de  vadiis  per  diem  que  ipse 
ex  assignatione  per  ducem  quondam  Britannie  sibi  facta  super  reddi- 
tibus  et  pertinentiis  dicli  caslri  percipit,  scu  percipere  habet,  et  quic- 
quid eidem  debebitur  de  vadiis  predictis  quandiu  lu  tcnebis  prcdicla 
ad  manum  nostram  predictam,  solvas  eidem  terminis  consuetis,  et 
referendo  quitanciam  de  hiis  que  solverisde  predictis  de  tua  recepla 
faciemus  tibi  deduci  et  in  tuis  compotis  allocari. 

(Jugés,  Xf3  12,  fol.  284  v°.) 


384 

Ghanteloup,  27  avril  ^35^.  Lettres  patentes  du  roi  Jean  nommant 
Jean  de  Beauvais  huissier  du  Parlement  à  la  place  de  Louis  de 
Bruges^  décédé.  —  Réception  du  nouveau  titulaire  le  \'J  mai 
suivant. 

Johannes  Dei  gratia  Francorum  rex,  universis  présentes  litteras 
inspecturis  salutem. 

Notum  facimus  quod  nos,  contemplacione  carissimi  et  fidelis  con- 
sanguine! nostri  ducis  Athenarum,  oficium  [sic]  hostiarii  parlamenti 
nostri  Parisius  vacans  ad  presens  per  mortem  Ludovici  de  Brugis 
Johanni  de  Belvaco  exhibitori  presencium  damus  et  concedimus  per 
présentes  ad  vadia  et  emolumenta  consueta  quandiu  nostre  placuerit 
voluntati-,  mandantes  dilectis  eL  fidelibus  gentibus  nostris  presens 
parlamentum  nostrum  tenentibus  ut  dictum  Johannem  adiilud  offi- 
cium  recipiant,  et  more  soiito  instituant  in  eodem,  sibique  in  hiis  que 
ad  dictum  spectant  offîcium  tanquam  hostiario  dicti  nostri  parlamenti 
pareri  faciant  etintendi,  et  de  emolumentis  solitis  responderi.  Damus 
autem  presentibus  in  mandatis  receptori  nostro  Parisius,  qui  nunc 
est  et  pro  tempore  fuerit,  ut  sibi  dicta  solvat  vadia  terminis  consue- 
tis  sine  difflcultate  qualibet  et  alterius  expectatione  mandat!  que, 
cum  soluta  fuerint  per  ostencionem  transcript!  presencium,  cum  lit- 
teris  quitancie  in  ipsius  receptoris  compotis  allocari  volumus  et  man- 
damus  sine  contradictione  quacumque.  In  cujus  rei  testimonium 
sigillum  nostrum  presentibus  litteris  duximus  apponendum. 

Datum  apud  Gantumlupi ,  die  xxvif  aprilis  anno  Domini  mille- 
simo  CGC"  quinquagesimo  primo. 

Quibus  litteris  visis,  dicte  gentes  nostre  prefatum  Johannem  ad 
dictum  offîcium  receperunt  et  instituerunt  more  soiito  in  eodem. 
Prestito  ab  ipso  Johanne  de  exercendo  fideliter  dictum  offîcium  jura- 
mento;  sibique,  in  hiis  que  ad  dictum  spectant  offîcium,  tanquam 
hostiario  dicti  parlamenti  pareri  mandaverunt  et  intendi  et  de  emo- 
lumentis solitis  responderi.  Datum,  etc.,  xviFdie  maii. 

(Jugés,  Xia  13,  fol.  39.) 

3  mars  ^344.  Mandement  du  roi  à  un  huissier  du  Parlement,  lui 
ordonnant  de  saisir  la  terre  de  Dongon  (?) ,  d'en  mettre  la  basse 
et  moyenne  justice  sous  séquestre,  et  de  la  faire  administrer  durant 
le  procès. 

Mandamus  et  committimus  tibi  quatinus  de  predictis  dictam  ter- 


385 

ram  Dongonni  ressaisias,  oX  poslea  ipsius  mediam  et  bassam  jiisLi- 
ciam  ad  maiium  noslram  Lanquam  suporiorem  ponas,  et  eam, 
durante  lite,  régi  facias  et  gubernari  secuiiduni  oïdinacioiiem  pre- 
dictam;  tibi  autem  in  hiis  pareri  volumus  ab  omnibus  et  man- 

damus. 

(Jugés,  Xia  10,  fol.  23  v°^) 

Mercredi  28  février  -f38().  Négligence  des  huissiers.  A  l'ave?iir  ils  se 
partageront  les  bénéfices  que  leur  valent  les  commissions  dont  ils 
se  chargent  et  les  actes  qu'ils  accomplissent. 

Au  jour  d'ui  pour  les  faulles  et  négligences  que  les  huissiers  ont 
festes  et  font  chascun  jour  en  leurs  offices,  et  pour  les  inconve- 
niens  qui  en  sont  advenu  parce  que  souvantefoix  est  advenu  que  on 
ne  trouvoit  aucun  huissier  qui  fust  ou  parc  pour  appeler,  ne  aucun 
qui  fust  à  l'entrée  du  parc  pour  garder  le  guichet,  ne  aucun  aussy 
qui  fust  à  l'entrée,  c'est  assavoir  au  premier  huys  de  Parlement, 
dont  est  avenu  que  la  court  souvantefoix  a  eu  grant  noise  ou  parc,  la 
court  a  mandé  les  diz  huissiers  et  leur  a  commandé  et  enjoint  par 
leurs  sermens  que  d'ores  en  avant  il  exercent  leurs  offices  bien  et 
dihgemment  et  plus  que  n'ont  fait  ou  temps  passé,  ou  autrement  la 
court  les  en  pugnira  griefment,  tellement  que  l'onneur  de  la  court  y 
sera  gardé  et  sera  exemple  à  tousjours.  Et  pour  ce  que  aucuns  d'eulx 
se  douloient  en  disant  que  il  se  tenroient  volentiers  au  premier  huis 
de  la  dicte  chambre  et  la  garderoient  bien  diligemment,  tellement  que 
aucune  noise  ou  tumulte  n'y  seroit,  ne  aultre  inconvénient  ne  s'en- 
suirait  de  leur  povoir,  mais  que  la  court  leur  pourveust,  c'est  assa- 
voir que  tous  les  prouffis  qui  leur  pevent  competer  de  commande- 
mens  a  eulx  fais  ou  commissions  a  eulx  ordenées  ou  parc  en  la  dite 
chambre  feussent  communs  entre  eulx.  La  court,  tout  considéré,  a 
fait  jurer  les  diz  huissiers  et  chacuns  d'eulx  que  d'ores  en  avant  ils 
diviseront  entre  eulx  raisonnablement  et  égaulment  tous  les  prouffis 
et  courtoisies  dessusdictes,  et  ainsi  l'ont  juré  les  diz  huissiers  à  gar- 
der d'ores  en  avant  sans  enfraindre. 

(X<M473,  fol.  202  v»2.) 


1.  Quelquefois  le  mandement  s'adresse  au  premier  huissier  venu  :  «  Primo 
«  ostiario  parlamenti  rostri  ad  quem  présentes  littere  nostre  pervenerint.  » 
6  mai  1348.  —  XIa  12,  fol.  104  y. 

2.  L'article  7  de  l'ordonnance  du  11  mars  1344  avait  déjà  ordonné  ce  partage. 


386 

-18  janvier  UiS.  Inventaire  de  la  vaisselle  d'argent  appartenant  à 
Pierre  de  Quesnes,  seigneur  de  Gaunes,  et  confiée  à  la  garde  de 
l'huissier  Robert  Chaure. 

C'est  Tinventoire  de  la  vaisselle  d'argent  trouvée  ou  chastel  de 
Rogy<  par  le  bailli  d'Amiens,  appartenant  à  messire  Pierre  de  Quesnes, 
seigneur  de  Gaunes,  et  apportée  à  Paris  par  Giles  de  la  Croix  et 
Colart  Blondel,  sergent  du  Roy  ou  dit  bailliage  d'Amiens,  devers  mes- 
seigneurs  les  commissaires. 

\.  Primo,  un  estuy  de  cuir  ou  quel  avoit  un  dragoir  d'argent 
armoyé,  aux  armes  des  Quesnes,  avec  une  cuiller  d'argent  pesant 
deux  mars  et  demi,  deux  onces  et  xv  esterlins  d'argent. 

2.  Item  un  autre  petit  dragoir  d'argent  armoyé  comme  dessus  sanz 
estuy  et  sans  cuUier,  pesant  deux  mars  et  une  once  d'argent. 

3.  Item  un  calice  d'argent  avec  la  platene  et  le  cuiller  sans  estuy, 
pesant  i  marc,  une  once  demie  et  cinq  esterlins. 

4.  Item  I  hanap  a  pie,  a  couvescle  doré,  ouvré  de  poinchonerie  et 
a  I  esmail  de  fleur  de  bourrache,  sans  estuy  et  sans  armoirie,  pesant 
III  mars  xv  esterlins. 

5.  Item  XII  gobeles  verez  sans  estuy  et  sans  armoirie,  pesans 
VIII  mars  et  une  once  d'argent. 

6.  Item  xviii  tasses  d'argent,  sans  estuy,  pesans  xiiii  mars,  lonce 
et  demie  et  v  esterlins  d'argent. 

7.  Item  I  gobelet  doré  a  couvescle  couronné,  ouvré  de  entailleure, 
et  esmaillé  au  fons  de  la  gesme  Notre-Dame,  sans  estuy,  pesant  deux 
mars  une  once  et  xv  esterlins. 

8.  Item  deux  salières  d'argent,  sans  estuy  et  sans  armoieure, 
pesant  vi  onces  vu  esterlins. 

9.  Item  une  esguière  dorée  de  plain  ouvrage,  non  armoyée,  en 
I  estuy  de  cuir,  non  armoyé,  pesant  un  marc  et  demi  et  xv  esterlins. 

^0.  Item  XXIII  cuilliers  et  une  fourquette  d'argent  sans  estuy, 
pesant  ii  marcs  ii  onces  et  demie. 

\  \ .  Item  I  gobelet  doré,  esmaillée  et  entaillé  d'encolies  au  fons  et 
1  couvescle  là  où  il  a  esmaillé  une  biche  qui  sault  d'un  bois,  estant 
en  I  estuy  de  cuir  comme  de  calice,  non  armoyé,  pesant  m  mars  et 
demi  once. 

-12.  Item  1  autre  gobelet  à  couvescle  doré,  entaillé  à  couronnes  et 

1.  Rogy  (Somme),  commune  du  canton  d'Ailly-sur-Noye,  arrondissement  de 
Monldidier. 


387 

esmaillié  au  fons  de  diverses  fleurs  et  de  diverses  couleurs,  en  un 
estuy  de  cuir  non  armoyé,  pesant  ii  mars  m  onces  et  xiii  esterlins. 

43.  iLem  i  hanap,  a  pic  et  à  couvescle  doré  et  poinchonné,  esmaillé 
a  fleurs  d'encolies,  en  i  estuy  de  cuir  armoyé  des  armes  des  Quesnes, 
pesant  m  mars  demi  et  v  esterlins. 

i/f.  Item  I  autre  hanap  à  couvescle  couronné,  doré,  ouvré  de 
poinchonnerie,  esmaillié  au  fons  de  un  capellet  de  fleurs  de  ne  m'ou- 
bliez nue,  en  i  estuy  de  cuir  armoyé  aux  armes  des  Quesnes,  pesant 
III  mars  et  demi  et  xiii  esterlins  d'argent. 

io.  Item  I  gobelet,  à  couvescle  doré,  de  simple  ouvrage,  ou  cou- 
vescle duquel  avoit  i  glant  doré,  en  i  estuy  de  cuir  non  armoyé, 
pesant  i  marc  m  onces  et  xv  esterlins  d'argent. 

16.  Item  I  autre  hanap  à  pié  doré,  d'ouvrage  de  poinchonnerie, 
sans  esmail,  en  i  estuy  de  cuir  non  armoyé,  pesant  m  mars  ii  onces 
et  V  esterlins  d'argent. 

Autres  biens  receus  du  bailli  d'Amiens  : 

4  7,  Une  saincture  de  perles  menues,  de  façon  ancienne,  et  de  petite 
value. 

\S.  Une  patrenostres  de  gest  blanc  ou  jaune  eni  laz  à  houppes 
rouges. 

-19.  Une  bourse  rouge  brodée,  vieille,  à  boutons  d'argent. 

20.  Un  fermeillet  d'argent,  garni  de  perles  et  de  verrières. 

21 .  Un  detier  où  il  a  i  annel  à  i  dyamant. 

22.  Un  autre  annel  d'or  où  il  a  i  ballaisseau  carré. 

23.  Un  autre  annel  ou  il  a  une  truquaise  et  y  fault  une  pierre. 

24.  Une  verge  d'or  garnie  de  menues  perles. 

25.  Une  autre  verge  d'or  eschiquetée. 

26.  Un  autre  annel  d'or  à  i  petit  balaisseau  sur  le  rond. 

27.  Une  autre  petite  verge  d'or  foible  et  vieille. 

Despense  faicte  par  Andri  d'Esparnon,  receveur  général,  etc.,  par 
l'ordonance  et  command  de  messeigneurs  les  commissaires  : 

Premièrement  à  trois  sergens  d'Amiens  qui  ont  prins  et  fait  ame- 
ner les  biens  vni  1.  viii  s.  parisis 
Item  au  bailli  d'Amiens  xi  1.  vni       — 
Somme.                                                  xix  1.  xvi        — 
La  vaisselle  et  joyaulx  dessus  dicts,  déposez  devers  la  court,  par 
ordonnance  d'icelle,  par  x\ndry  d'Esparnon,  ont  esté  baillez  en  garde 
quousque  à  Robert  Chaurre,  huissier  de  la  dicte  court,  du  consente- 
ment des  parties.  Le  xviii^  jour  de  janvier  M  GCGG  XII. 

(Matinées,  X<>  4789,  fol.  201.) 


388 


24  mai  ^354.  31andement  du  Parlement  ordonnant  à  l'huissier  Jean 
de  Beauvais  de  louer  les  ?naisons  appartenant  à  Henri  Guillaume 
ou  à  sa  fetnme,  et  de  les  réparer  avec  les  revenus  du  loyer. 

De  par  les  genz  tenant  le  Parlement  du  Roy,  nostre  sire,  à  Jehan 
de  Biauvez,  huissier  dudit  Parlement,  salut. 

Nous  vous  mandons  et  commettons  que  toutes  les  maisons  appar- 
tenans  à  Henri  Guillaume  et  a  sa  famé,  ou  a  l'un  d'eulx,  vous  louez 
par  la  main  de  la  court  aus  personnes  qui  vous  les  requerront  et  que 
vous  verrez  que  bon  sera;  et  les  deniers  des  louiers  que  d'ycelles 
vous  recevrez,  mettez  es  reparacions  nécessaires  d'icelles  maisons  ce 
qu'il  sera  de  nécessaire  ;  et  se  aucun  demeurant  y  a  avec  tous  les  arré- 
rages, se  aucuns  en  sont  deuz,  tenez  les  en  la  main  de  la  dicte  court 
pour  tourner  et  convertir  où  il  appartendra  en  lessant  et  tenant 
quittes  ceuls  qui  les  loueront  par  vous,  paiant  les  diz  louiers  que 
louez  les  aurez. 

Escript  soubz  le  seignet  dudit  Parlement  le  xxiiii^  jour  de  mai. 

(Jugés,  X<^  15,  fol.  214.) 

5  juin  -1355.  Mandement  du  roi  à  Jean  de  Chezy,  huissier  du  Par- 
lement, pour  quHl  aille  à  Laon  mettre  en  liberté,  sous  caution^ 
Ermengarde  de  Ordelières,  retenue  dans  les  prisons  de  Vévêque 
de  Laon. 

Johanni  de  Ghesiaco,  hostiario  parlamenti  nostri,  salutem. 

Ex  ordinacione  curie  nostre  tibi  committimus  et  mandamus  quati- 
nus  apud  Laudunum  personaliter  te  transferas,  et  Ermengardim  de 
Ordeleriis,  alias  de  Roseriis,  in  carceribus  dilecti  et  fîdeUs  consiliarii 
nostri  episcopi  Laudunensis  detentam,  capias,  ipsamque  cum  cau- 
cione  abire  permittas  ;  damus  autem  presentibus  in  mandatis  omni- 
bus subditis  et  justiciariis  nostris  ut  tibi  in  premissis  pareant  et  inten- 
dant, prestentque  tibi  consihum  et  juvamen  si  sit  opus.  v»  die  Junii. 

Haies. 
(Jugés,  X<=i  15,  fol.  22  vo.) 


389 


Pbincipacx  Huissiers  du  Parlement  de  ^292  a  4420. 

Simon  de  Mantes,  huissier  de  la  chambre  des  plaids  en      déc.  A  292  ^ 

Pierre  de  Bucy,  22  mai  i  822 

Collynet  de  Bellaymont,  —      — 

Jean  d'Orléans,  —      —     ^ 

Pariset,  40  juin  4322 

Guillaume  l'Arbalétrier,  —      —     ^ 

Nicolas  de  Cayeu  exerçait  sa  charge  dès  le  23  déc.  4329  ^ 

Jean  de  Paris  n'clail  plus  en  exercice  20  déc.  4334 

Thomas  de  Choques  lui  succède  20  déc.  4  334  ^ 

Etienne  de  Trois-Moulins,  25  juin  4337  « 

Etienne  de  Bruges,  —       —    ^ 

Jean  de  Fontaines,  —       —    ^ 

Thomas  de  Choques,  —       —    ^ 

Pierre  Hérivier,  4338^*^ 

Thibaud  Clément  et  Etienne  de  Bruges,  47  et  4  8juill.  4  039  <^ 
Guillaume  le  Marié,  huissier  d^laChambredesenquètes,  4  4  mars  4  340  '^ 

Simon  du  Boucher,  décédé  avant  le  25  fév.  4  340^^ 

Pierre  Baron,  reçu  en  4  340  ^^ 

Jean  d'Orgeret,  reçu  en  4344  avant  le  49  mars^^. 

1.  L.  Delisle,  Restitution  d'un  volume  des  Olim,  n"  823.  Dans  l'ouvrage  de 
Géraud,  Paris  sous  Philippe  le  Bel,  on  trouve,  pp.  12,  21  et  30,  les  noms  de 
quatre  huissiers;  étaient-ils  huissiers  du  Parlement? 

2.  Boutaric,  Actes  du  Parlement,  n"  6837  à  6840. 

3.  Boutaric,  op.  cit.,  n"  6855. 

4.  Jugés  XIa  6,  fol.  73.  Il  exerçait  encore  le  27  mars  1340  (XIa  8,  fol.  89  v«). 

5.  XIa  7,  fol.  10  v". 

6.  XIa  7,  fol.  182.  Etienne  était  mort  avant  le  31  mars  1351  (XIa  13,  fol.  24  v), 
il  devait  à  l'Hotcl-Dieu  de  Paris  12  1.  10  s.  de  rente  annuelle  pour  une  maison 
de  la  rue  des  «  Provoires.  » 

7.  XIa  7,  fol.  182.  Etienne  de  Bruges  était  décédé  en  janvier  1350,  son  fils 
Louis  de  Bruges  lui  succéda  (XIa  12,  fol.  422  v). 

8.  XIa  7,  fol.  182  r".  Il  exerçait  encore  le  14  février  1346  (XIa  10,  fol.  340). 

9.  XIa  7,  fol.  182.  Il  exerçait  encore  le  19  novembre  1348  (XIa  12,  fol.  188  v"). 

10.  Registres  du  greffe,  XIa  8847,  fol.  1  y". 

11.  XIa,  fol.  14  \\  15. 

12.  XIa  9,  fol.  85  V. 

13.  XIa  9,  fol.  82. 

14.  XIa  10,  fol.  181. 

15.  XIa  9,  fol.  96  v. 


390 

Simon  de  Vendouaire,  22  juin  -1342  ^ 

Jean  Rose,  22  mars  1 344  ^ 

Hélie  Antéaume  ou  Autelme  3-1  mars  -13453 

Michel  Dubois,  30  déc.  J345^ 

Jean  de  Bucy  remplace  Jean  Rose,  destitué  le  4  mai  -1346    ^ 

Pierre  le  Blont,  nommé  le  -19  janv.  -1348  " 

JeandeGhézy,  -18  févr. -1348^ 

Guillaume  Boterel,  'l9nov.  1348^ 

Léger  Warou,  ^0  maH349  " 
Louis  de  Bruges  remplace  son  père  Etienne,  décédé  en  janvier  4350^» 

Jean  des  Prés,  4  ^  mars  ^  330 ^  < 

Denis  Herivier,  -18avriH340^2 

Pierre  Burnout  exerçait  le  ^  0  juill.  1 330  '•'^ 

Jean  de  Beauvais  remplace  Louis  de  Bruges,  -J7  mai  -133^'-' 

Raoul  de  Nesles  remplace  Pierre  le  Blont,  destitué  le  27  juin  ^33^  ^•' 

Alphonse  Clerc  succède  à  son  oncle  Raoul  de  Nesles  28  juill.  ^  33i  ^^ 

1.  XIa  9,  fol.  247.  On  trouve  un  hameau  de  la  Vandoire  (Seine-el-Oise),  com- 
mune de  Sartrouville,  et  un  autre,  Vaudouer,  dans  la  Manche,  commune  de 
Marcilly. 

2.  XIa  10,  fol.  24.  Destitué  le  4  mai  1346  et  remplacé  par  Jean  de  Bucy 
(XIa  10,  fol.  363  v°). 

3.  XIa  10,  fol.  184  r».  11  fut  premier  huissier  (voir  plus  haut);  il  était  mort 
avant  le  26  juin  1365  (XIa  20,  fol.  32);  sa  femme  Jeanne  était  sœur  de  Gilles 
Troussevache.  —  Cet  huissier  avait  une  maison  à  Paris,  rue  Saint-Jacques, 
après  le  Petit-Pont,  contiguë  à  celle  de  M"  Jean  Roger  et  à  celle  de  Richard  Con- 
vers  (XIa  17,  fol.  246,  6  mai  1362). 

4.  XIa  8848,  fol.  324. 

5.  XIa  10,  fol.  363  v°. 

6.  XIa  12,  fol.  182  V.  Il  fut  destitué  et  remplacé  par  Raoul  de  Nesles, 
27  juin  1351  (XIa  13,  fol.  61). 

7.  XIa  12,  fol.  92  \\ 

8.  XIa  12,  fol.  284. 

9.  XIa  12,  fol.  303. 

10.  XIa  12,  fol.  422  v». 

11.  XIa  12,  fol.  374  V  et  392  v\  Il  se  retira  le  22  janvier  1357  (XIa  16, 
fol.  304). 

12.  XIa  12,  fol.  390  v°. 

13.  XIa  12,  fol.  392  v°.  Il  exerçait  encore  le  2  septembre  1379  (XIa  1471, 
fol.  245  v°). 

14.  Louis  de  Bruges  était  mort  (XIa  13,  fol.  39). 

15.  XIa  13,  fol.  61.  Aux  requêtes  du  palais,  Jean  de  Lépine  avait  succédé 
comme  huissier  à  son  père,  appelé  aussi  Jean  {ibid.,  fol.  12  v°). 

10.  XIa  13,  fol.  105.  Raoul  de  Nesles  avait  résigné  sa  charge  en  sa  faveur. 


394 

Ravesson  Duchesne,  31  janv.  i  352  ^ 

Pierre  Augustin  succède  à  son  oncle  Pierre  Baron,  21  nov.  1353^ 

Thibaud  Yves  succède  à  Jean  des  Fontaines  le  28  janv.  4354^ 

Ravesson  Ducliesne  vend  sa  clmrge  le  9  mai  4354 

à  Oudart  Fernique  Barbier. 

Jean  de  Ghambli,  —       —    ■• 

GeolTroi  Gofin,  successeur  de  Jean  Dupré,  8  février  1357^ 

Pierre  Dubois,  27juill. -1357^ 

Jean  Sarrazin  résigne  au  profit  de  Jean  des  Vignes,  2  sept.  -1 357  ' 

François  dVVunay,  3f  mai  '1358  ^ 
Hugues  de  Besançon  résigne  au  profit  de  son  fils  Hugue- 

nin,  le  i\  août  \3(i\^ 

Toussain  de  Maunbeville,  destitué  le  20sept.  -136-1  ^" 

Renaud  de  Bavelincourt  le  remplace,  —       — 

Jean  Garpenlier,  7  mars  -1 362  '  ^ 

Pierre  Auguier,  8  août  i  362  ^^ 

Jean  dit  Bethléem,  24  fév.  4  364  <  ' 

Jean  Boileau,  30  avril  1 364  ^  ^ 

JeanWaure,  -13  fév. -1366^5 

Jean  Fauvel,  27  août  -1 367  <  « 

Jean  Chevalet,  22  avril -1368^^ 

Jean  le  Moine,  huissier  de  la  Chambre  des  requêtes,  21  mai  -1373^^ 


1.  XI A  13,  fol.  207  y°. 

2.  Son  oncle  Baron  avait  résigné  sa  charge  en  sa  faveur  (XIa  15,  fol.  164  v°). 

3.  XIa  1G,  fol.  155  v°. 

4.  XIa  15,  fol.  176. 

5.  XIa  16,  fol.  304.  Il  fut  reçu  le  13  février. 

6.  XIa  16,  fol.  324  v°. 

7.  XIa  16,  fol.  346  v\ 

8.  XIa  10,  fol.  471  v". 

9.  XIa  17,  fol.  27  v°. 

10.  Id.,  ibid.  Il  était  en  fonction  avant  le  7  octobre  1360  (XIa  14,  fol.  287  v). 

11.  XIa  17,  fol.  241  v». 

12.  XIa  17,  fol.  144. 

13.  XIa  18,  fol.  225  v°. 

14.  XIa  18,  fol.  120. 

15.  XIa  1469,  fol.  115. 

16.  XIa  21,  fol.  51.  Fut  premier  huissier  en  1373.  Son  testament  fut  enregistré 
au  Parlement  le  26  mars  1408.  V.  Tueley,  Index  chronologique  des  testaments 
enregistrés  au  Parlement  de  Paris  sous  le  règne  de  Charles  VI. 

17.  XIa  21,  fol.  357  \  . 

18.  XIa  1470,  fol.  19  v°. 


392 

Jean  de  la  Porte  résigne  au  profit  d'Etienne  le  Fèvre,  23  juin  -1373  ' 

Robert  Ghaure,  8  juin  1374    ^ 

Guillaume  Narjot,  ^8  mai  1375  ^ 

Michel  Gobin,  huissier  des  requêtes  du  palais,  S  cet.  ^377    •* 

Richard  Picot,  je'  juin  -1380^ 

Pierre  Belle,  -l^^juin  ^380 

Gaucher  le  Sénéchal,  14  nov.  ^382^ 

Jean  Lasne,  25  nov.  ^382^ 

Guillaume  de  Lépine,  4  déc.  ^382    ^ 

Aleaume  Cachemarée,  nommé  en  ^393     ^ 

Jacques  Hémon,  huissier  des  requêtes  du  palais,  9  fév.  1396   i» 

Raoul  Lenoir,  24  avril  1 397" 

Jean  Duchatel,  huissier  des  requêtes  du  palais,  4juillet^392l- 

Gobin  des  Ponts,  2^  juin  -139813 

Raoul  de  Guerges,  reçu  le  7  sept.  -140i  ^^ 

Thomas  Raat,  2  mars  1401  «^ 

Guillaume  de  Buymont,  22  avril  i  402  ^^ 


1.  XI A  23,  fol.  93  V.  Le  Fèvre  mourut  avant  le  24  avril  1397  (XIa  4784, 
fol.  335). 

2.  XIa  23,  fol.  309.  Fut  premier  huissier  en  1401  (XIa  48,  fol.  59). 

3.  XIa  24,  fol.  57  v». 

4.  XIa  27,  fol.  138. 

5.  XIa  1473,  fol.  5.  Belle  exerçait  encore  le  12  février  1412  (XIa  4789, 
fol.  2-21  v). 

6.  XIa  32,  fol.  1  v°. 

7.  XIa  32,  fol.  8. 

8.  XIa  37,  fol.  184. 

9.  Cachemarée  avait  été  procureur  du  roi  au  bailliage  de  Caen,  en  1385,  et 
clerc-criminel  au  Châtelet  de  Paris  (24  juillet  1389)  ;  il  mourut  en  mai  1426 
(Ant.  Thomas,  les  Étais  provinciaux  de  la  France  centrale  sous  Charles  VII. 
3"  partie,  notices  biographiques.  Paris,  Champion,  1879,  in-8'').  (Duplès  Agier, 
Introduction  au  registre  criminel  du  Châtelet  de  Paris  du  6  septembre  1389 
au  18  mai  1393). 

10.  XIa  4784,  fol.  55  v°. 

11.  XIa  4784,  fol.  335. 

12.  XIa  4784,  fol.  370. 

13.  XIa  45,  fol.  161. 

14.  XIa  1478,  fol.  35.  Après  la  résignation  de  Colin  Fournier,  Raoul  eut  aussi 
la  charge  de  portier  de  la  première  porte  du  Palais.  Ses  prédécesseurs  avaient 
été  :  Hugues  de  Besançon,  son  fils  Huguenin,  Jean  de  la  Porte,  Etienne  le  Fèvre, 
Jean  Baillet,  Jean  Moreau  et  Colin  Fournier  (XIa  48,  fol.  234). 

15.  XIa  4785,  fol.  317. 

16.  XIa  4786,  fol.  106. 


393 

Jean  Mainsnier,  22  mai  U.02  ^ 

Pierre  Ëigart,  .             2^  juill.  ^14022 

Pierre  Noe,  23  mai  4406  3 

Enguerrand  de  la  Porte,  2  avril  \AiO  ^ 

Adam  des  Vignes,  44iO  ^ 

Simon  Foucaud,  \ 9  août  UH'^ 

Nicolas  Romain,  vendredi  \2  fév.  4442' 

J.  Danviller,  —        — 

Guillaume  Yaloe,  samedi  40  déc.  4412^ 

Jacques  de  Buymont,  samedi  20  janv.  J  4  <  4  '^ 

Golart  du  Ru,  ordonnance  du  4  août  U\H  ^^ 

Geoffroi  de  Moulins,  ordonnance  du  4  août  \AiS 

Jacques  de  Gremery,  —      — 

Denis  des  Guez,  —      — 

Guillaume  le  Vuk,  —      — 

Jacques  Raat,  —      — 

1.  XIa  4785,  fol.  355.  On  trouve  aussi  les  formes  Maisnier  (XIa  8302, 
fol.  232  v)  et  Maignier. 

2.  XIa  49,  fol.   168. 

3.  XIa  1478,  fol.  314.  Il  était  mort  avant  le  19  janvier  1408  (XIa  1478,  fol.  37). 

4.  Douët  d'Arcq,  Inventaire  des  sceaux,  n"  4416. 

5.  H. -François  Delaborde,  op.  cit. 

6.  XIa  1479,  fol.  169  v°. 

7.  XIa  4789,  fol.  221  v°.  Jean  Danviller  fut  premier  huissier  le  4  août  1418, 
quand  la  faction  bourguignonne  reconstitua  le  Parlement  (Ordonn.,  t.  X,  p.  464). 

8.  XIa  4789,  fol.  359  V. 

9.  XIa  4790,  fol.  33.  11  avait  un  frère,  Robert  de  Buymont,  sergent  à  cheval 
du  ChAtelet  [Ibid.).  Le  4  août  1418,  il  fut  établi  huissier  de  la  Chambre  des 
enquêtes. 

10.  Ordonn.,  t.  X,  p.  464. 


26 


UN  ADVERSAIRE  INCONNU 

DE  SAINT  BERNARD 


ET 


DE  PIERRE  LOMBARD 

NOTICE 

SUR  UN  MANUSCRIT  PROVENANT  DE  LA  GRANDE -CHARTREUSE. 


I. 

Les  historiens  de  la  philosophie  scolastique  ont  fait  à  plus  d'une 
reprise  le  récit  de  la  lutte  qu'engagea,  vers  le  milieu  du  xif  siècle, 
saint  Bernard  contre  le  célèbre  évéque  de  Poitiers  Gilbert  de  la 
Porrée^  Cette  controverse  fameuse  ne  doit  être  considérée  que 
comme  un  incident  assez  ordinaire  dans  la  vie  de  l'Église  catho- 
lique :  on  sait,  en  effet,  qu'à  diverses  époques  des  esprits  distin- 
gués ,  pour  expliquer  le  mystère  de  la  Trinité ,  ont  franchi  les 
limites  de  l'enseignement  chrétien  et  que  l'autorité  doctrinale  a 
dû  les  y  ramener.  Les  uns,  frappés  davantage  de  l'idée  d'unité, 
avaient,  comme  jadis  Sabellius,  nié  la  distinction  des  personnes  ; 
d'autres,  avec  Arius,  plutôt  que  d'admettre  l'égalité  des  personnes, 
avaient  fait  du  Père  le  Dieu  suprême  et  ne  considéraient  le  Fils 
que  comme  le  premier-né  de  toutes  les  créatures  :  Gilbert,  qui 
passait  pour  l'un  des  hommes  les  plus  cultivés  de  son  siècle^, 

1.  Voir  en  particulier  B.  Hauréau,  Histoire  de  la  philosophie  scolastique, 
première  partie,  p.  447. 

2.  Voir  le  térnoigaage  d'un  contemporain,  auteur  de  l'Historia  pontificalis, 
Pertz,  XX,  522. 


395 

n'avait  évité  ces  erreurs  que  pour  tomber  sur  un  autre  écueil  : 
exagérant  l'idée  de  trinité  aux  dépens  de  l'idée  d'unité,  il  fut 
amené  à  enseigner  un  système  que  l'on  accusa  à  bon  droit  d'être 
tritliéiste,  sinon  en  un  certain  sens  polythéiste. 

Une  Divinité  qui  ne  se  confondrait  pas  avec  Dieu  ;  des  personnes 
divines  si  complètement  distinctes  les  unes  des  autres  qu'elles  ne 
s'uniraient  que  par  une  forme  commune,  tirée  de  la  Divinité  ;  ces 
personnes  elles-mêmes  distinctes  de  leurs  perfections,  tels  étaient 
les  points  principaux  de  l'enseignement  de  Gilbert  ;  il  n'était  point 
difficile  d'y  reconnaître  l'application  de  la  théorie  réaliste  qui  dis- 
tinguait Dieu  de  la  Divinité,  comme  elle  avait  distingué  l'homme 
de  l'immanité.  Pas  n'est  besoin  de  longs  discours  pour  montrer 
le  péril  que  de  telles  propositions  faisaient  courir  au  dogme  du 
Dieu  unique  et  personnel  qui  est  la  base  du  christianisme.  Certes 
il  n'eût  pas  fallu  s'avancer  loin  dans  cette  voie  pour  que  la  doc- 
trine chrétienne  se  trouvât  transformée  en  une  théorie  philoso- 
phique assez  semblable  à  ces  systèmes  compliqués  et  obscurs  que 
l'Orient  n'a  jamais  cessé  d'engendrer  :  tout  au  moins  eût-on  dis- 
tingué en  Dieu  quatre  clioses,  la  substance  et  les  trois  personnes  ; 
peut-être,  grâce  à  la  distinction  réelle  que  l'on  établissait  entre 
Dieu  et  ses  perfections,  serait-on  arrivé  à  enseigner  l'existence, 
non  seulement  d'une  quaternité,  mais,  suivant  l'expression  de 
saint  Bernard,  d'une  centénité^ 

L'abbé  de  Clairvaux,  qui  jadis  n'avait  point  ménagé  Abélard, 
ne  se  laissa  arrêter  ni  par  la  science  ni  par  l'autorité  de  Gilbert  ; 
il  le  poursuivit  jusqu'à  ce  qu'il  eût  réussi  à  obtenir  la  condamnation 
de  ses  doctrines  lors  de  la  tenue  du  concile  réuni  à  Reims  en  1148, 
sous  la  présidence  du  pape  Eugène  III.  Les  divers  récits  qui  nous 
ont  été  conservés  ne  sont  pas  d'accord  sur  la  portée  des  décisions 
de  cette  assemblée^  ;  le  document  que  je  signale  plus  loin  contient, 
comme  on  le  verra,  la  version  des  partisans  extrêmes  de  l'évêque 
de  Poitiers.  Gilbert  discuta  savamment  ;  théologien  d'une  érudi- 
tion consommée,  il  tira  parti  de  toutes  ses  ressources  ;  politique 
habile,  il  profita  des  sentiments  de  jalousie  qu'inspirait  à  une  frac- 

1.  0  Verbi  causa  ilicimus  magaum,  bonuni,  jusUira  et  iiinuraera  talia,  sed  nisi 
oninia  unum  in  Deo  cl  cuin  Deo  considères,  liabebis  muitiplicem  Deuni.  »  S. 
Bernard,  De  consideratione,  V,  7.  Et  encore,  dans  ce  chapitre  :  «  Multa  dicun- 
tur  esse  in  Deo...  scd  m^ilta  unum.  Alioquin,  si  diversa  putamus,  non  quaterni- 
latem  habemus  sed  centenilatem.  » 

2.  Cf.  Hauréau,  op.  cit.,  pp.  474  et  ss. 


396 

tion  du  clergé,  notamment  à  la  majorité  des  cardinaux,  l'ascen- 
dant de  saint  Bernard  sur  le  pape  et  sur  l'Eglise  de  France.  Il  sut 
ainsi  se  disculper  d'imputations  fausses  et  atténuer  la  gravité  du 
coup  dont  il  était  menacé  ;  il  finit  d'ailleurs  par  se  rallier  à  une 
profession  de  foi  rédigée  sous  l'influence  de  saint  Bernard  et 
observa  jusqu'à  sa  mort,  survenue  en  1154,  le  silence  qui  lui  avait 
été  imposé  sur  ces  questions. 

Toutefois,  les  partisans  de  Gilbert  (ils  étaient  plus  ardents  que 
nombreux)  ne  prirent  pas  facilement  leur  parti  de  la  condamna- 
tion de  leur  maître.  Saint  Bernard,  dans  un  de  ses  sermons  sur 
le  Cantique  des  Cantiques,  leur  rappelle  les  décisions  qui 
réprouvent  l'enseignement  de  Gilbert  :  «  A  Dieu  ne  plaise  que 
l'Eglise  catholique  consente  jamais  à  admettre  une  chose  par 
laquelle  Dieu  soit  et  qui  ne  soit  pas  Dieu.  »  Le  saint  abbé  conti- 
nue en  ces  termes  :  «  Je  ne  parle  pas  contre  l'évêque  de  Poitiers, 
car  dans  ce  concile  il  s'est  humblement  soumis  à  la  sentence  des 
évêques  et  a  lui-même  formellement  condamné  ces  propositions 
et  d'autres  dignes  de  censure.  Je  parle  pour  ceux  qui,  contraire- 
ment à  l'interdit  apostolique  promulgué  dans  cette  assemblée, 
copient  et  lisent  ce  livret  s'obstinent  à  suivre  cet  évêque  en  des 
idées  qu'il  a  abandonnées  et  préfèrent  en  lui  le  maître  qui  enseigne 
l'erreur  au  maître  qui  leur  apprend  à  se  corriger*.  » 

La  petite  église  des  disciples  de  Gilbert  de  la  Porrée  devait 
survivre  à  son  chef  comme  à  saint  Bernard  ;  elle  existait  encore 
à  la  fin  du  xii""  siècle  et  n'avait  point  cessé  de  lutter  pour  esquiver 
les  condamnations  doctrinales  dont  elle  avait  été  frappée  et  pour 
renvoyer  à  ses  adversaires  l'accusation  d'hérésie.  Les  preuves  de 
ce  fait  étaient  maigres  et  rares  ;  le  hasard  des  recherches  que  j'ai 
été  appelé  à  faire  dans  les  manuscrits  de  la  Grande-Chartreuse, 
déposés  à  la  bibliothèque  de  Grenoble,  m'a  révélé  un  témoignage, 
que  je  crois  encore  inconnu,  de  l'activité  et  de  l'obstination  des 
partisans  de  l'évêque  de  Poitiers.  Si  l'on  veut  bien  se  rappeler  de 
quelle  importance  ont  été  les  controverses  trinitaires  pour  déter- 
miner la  notion  de  Dieu,  on  trouvera  peut-être  qu'il  n'était  point 
inutile  de  signaler  l'existence  de  ce  document  :  les  maîtres  de 
l'histoire  de  la  philosophie  diront  si  cette  publication  ajoute 

1.  Sans  doute  le  commentaire  de  Gilbert  sur  le  traité  De  Trinitate  du  pseudo- 
Boèce.  Cf.  Pairol.  Latina,  LXIV, 

2.  In  cantic,  sermo  LXXX. 


397 

quelques  lumières  à  celles  que  nous  possédons  sur  le  mouvement 
intellectuel  et  les  préoccupations  théologiques  du  xii°  siècle. 

IL 

On  conservait  au  xvii"  siècle  à  la  Grande-Chartreuse  un  manus- 
crit contenant,  entre  autres  choses,  plusieurs  œuvres  de  Florus, 
le  diacre  lyonnais  contemporain  de  Charles  le  Chauve,  notam- 
ment son  traité  de  la  messe  et  son  commentaire  sur  les  épîtres  de 
saint  Paul,  qui  n'est  qu'une  compilation  d'extraits  empruntés 
aux  Pères  de  î'Eghse.  Sirmond,  qui  dès  1612  entretenait  des  rela- 
tions scientifiques  avec  les  religieux  de  la  Chartreuse,  avait  tiré  de 
ce  manuscrit  des  fragments  de  saint  Avit  de  Vienne  qu'il  avait  le 
premier  hvrés  au  puhlic^  Plus  tard,  en  une  circonstance  qu'il  ne 
m'a  pas  été  possihle  de  préciser,  Sirmond  vint  en  Chartreuse,  étudia 
le  manuscrit  de  plus  près  et  exprima  le  désir  de  le  posséder.  C'est 
alors  que  les  chartreux  se  décidèrent  à  lui  faire  hommage  du 
précieux  texte;  dom  Juste  Perrot,  prieur  de  la  Grande-Char- 
treuse, fit  détacher  du  manuscrit  les  œuvres  de  Florus  qu'il  adressa 
au  savant  jésuite  par  l'intermédiaire  du  prieur  de  la  Chartreuse 
de  Vauvert.  Sirmond  y  trouva  des  fragments  inédits  de  saint 
Fulgence  qu'il  publia  en  1643  sous  ce  titre  :  Eoccerpta  Fui- 
gentil  contra  Fahianum^. 

Qu'est  devenu  le  manuscrit  de  Florus  ?  Je  laisse  aux  érudits  le 
soin  d'en  rechercher  le  sort  ;  il  ne  me  paraît  pas  figurer  dans  le 
catalogue  des  manuscrits  qui  formaient  une  part  si  importante  de 

1.  Cf.  Bellarmin-Labbe,  De  scripioribus  ecclesiasiicis ,  I,  170  (édition  de 
Paris,  1660). 

1.  Une  note  écrite  par  un  chartreux  sur  la  première  garde  de  la  partie  dii 
manuscrit  demeurée  à  la  Chartreuse  nous  apprend  f[ue  le  P.  Sirmond  «  avoit 
demandé  ce  manuscrit  lorsqu'il  vint  en  Chartreuse  au  temps  que  le  Roy  vint  à 
Grenoble.  Cela  est,  ajoute  l'annotateur,  dans  une  des  lestres  du  R.  P.  D.  Juste 
Perrot.  »  Ce  renseif^nement  ne  s'accorde  pas  facilement  avec  les  faits  :  Louis  XIII 
vint  à  Grenoble  en  1629  et  1630,  mais  alors  Sirmond,  n'étant  pas  sou  confes- 
seur, ne  suivait  sans  doute  pas  la  cour.  Il  était  vraisemblablement  confes- 
seur du  roi  en  16i'2,  quand  Louis  XIII  revint  par  la  vallée  du  Rhône  de  l'ex- 
pédition de  Catalogne.  Est-ce  alors  que  Sirmond  quitta  le  cortège  royal  à  Valence 
ou  à  Lyon  pour  venir  en  Chartreuse?  Cela  coïnciderait  bien  avec  la  date  de 
l'édition  des  Excerpta  Fulgeniit,  publiée  en  1643,  mais  il  ne  parait  pas  que  le 
roi  soit  venu  à  Grenoble  a  cette  époque.  On  voit  la  difficulté,  peut-être  causée 
par  une  méprise  de  l'annotateur  chartreux. 


398 

la  bibliothèque  des  jésuites  du  collège  de  Clermont  ;  on  sait  que 
cette  collection  fut  vendue  lors  de  la  suppression  de  l'ordre.  L'autre 
partie  du  manuscrit,  qui  n'avait  pas  été  envoyée  à  Sirmond,  figura 
jusqu'à  la  Révolution  dans  la  bibliothèque  de  la  Grande-Char- 
treuse sous  le  n"  173;  elle  constitue  maintenant  le  n°  1085  des 
manuscrits  de  la  bibliothèque  de  Grenoble  ^ .  Le  premier  des  traités 

1.  Écriture  du  xiii"  siècle.  Parchemin,  135  feuillets,  plus  à  la  fin  dix  feuillets 
en  papier  blanc  remplaçant  évidemment  des  feuillets  coupés  :  on  voit  aussi  que 
des  feuillets  ont  été  enlevés  au  début  du  manuscrit;  212  sur  150  millimètres; 
initiales  à  l'encre  rouge,  rubriques  pour  l'indication  des  chapitres  et  les  noms 
des  auteurs  cités.  Reliure  en  basane,  du  xvii'  siècle.  Sur  la  première  garde,  on 
trouve  des  notes  des  bibliothécaires  de  la  Chartreuse  au  xvii"  siècle,  et  en  écri- 
ture du  xiii-^  siècle,  très  analogue  à  celle  du  manuscrit,  la  lettre  suivante,  d'où 
l'on  peut  inférer  que  le  ms.  appartenait  déjà  aux  Chartreux  au  xiii^  siècle. 
«  Dilectissimo  suo  dulcissimo  G.  pauperculo  Cartusie  novicio  frater  A.,  jugum 
Christi  suaviter  sentire  et  onus  ejus  usque  ia  finera  portare  cum  araore.  Sit 
nomen  Domini  benediclum,  qui  vos  vocavit  ia  admirabile  lumen  suum.  Quid 
retribuetis  Domino  pro  omnibus  que  retribuit  vobis  ?  Cum  enim  seculum  vobis 
rideret,  quis  posuit  in  visceribus  vestris  ut  risum  deputaretis  errorem  et  gau- 
dio  diceretis;  quid  frustra  decipis?  Quis  fuit  ductor  itineris  vestri  ut  vos 
adduceret  in  montera,  nisi  spiritus  Domini?  Ille  namque  veraciler  ascendit  in 
montera,  qui  vitara  proponit  arduam  tenere  et  propter  verba  Dei  vias  duras 
custodire.  Sit  igitur  apud  vos  gloriosum  pariter  et  jocundum  abjeclum  esse  in 
domo  Dei  vestri  et  recumbile  in  novissirao  loco,  ut  cum  veneril  qui  vos  voca- 
verit  dicat  vobis  :  Amice,  ascende  superius.  Sapienter  fugit  naufragia  qui  tendit 
ad  hurailitatis  portum.  Et  quid  opus  est  plura  dicere?  Benedictio  Domini  super 
caput  vestrum,  qui  enim,  credimus,  ante  vos  Deum  et  post  tergura  posuistis  secu- 
lum; et  vestris  oralionibus  nos  pariter  coramendamus.  »  Un  chartreux  du  xvii°  s. 
suppose  que  cette  lettre  a  pu  être  écrite  par  Armand ,  profès  de  Portes  ou  de  quelque 
maison  de  Bourgogne,  qui  fut  ensuite  prieur  de  la  Chartreuse  de  Silignac,  où  il 
mourut  en  1220,  après  avoir  été  l'ami  de  saint  Hugues  de  Lincoln.  Je  n'ai  ni  à 
défendre  ni  à  combattre  cette  hypothèse  ;  au  surplus  celle  lettre  me  semble  ne 
fournir  aucun  renseignement  sur  l'auteur  du  Liber  de  vera  philosophia. 

Le  Liber  de  vera  philosophia  commence  au  fol.  3  de  la  pagination  actuelle  : 
«  Incipit  liber  de  vera  philosophia.  Vila  cujus  libet  est  summum  bonum,  sicut 
mors  cujuslibet  est  sumraura  malum  ;  »  tel  est  le  début  du  prologue.  L'ouvrage 
comprend  douze  parties,  qui  seront  énumérées  ci-dessous;  la  douzièrae  est  le 
résuraé  de  la  Colleciio  auctoritatum,  dont  j'aurai  occasion  de  parler.  Suit,  au 
fol.  100  v°,  une  autre  collection  d'extraits  des  Pères  sur  la  Trinité,  qui  semble 
ajoutée  au  Liber  ;  elle  commence  brusquement  par  ces  mots  :  «  Itéra  Flores 
prime  partis  collecte.  Boetius  libro  de  Trinitate;  in  universalibus  pars  dici  non 
potest...  »  La  seconde  partie  de  cette  collection  s'ouvre,  au  fol.  102  r",  par  ces 
mots  :  «  Flores  ultime  partis  collecte  ;  Rabanus  super  Genesim.  In  principio 
Genesis  primitus  misterium  Trinitatis  agnoscilur...  »  Les  feuillets  110  et  111 
sont  remplis  de  citations  sans  ordre  apparent,  d'une  autre  écriture.  A  partir  du 
feuillet  112,  le  manuscrit  ne  comprend  plus  que  des   sermons  anonymes,  sans 


399 

que  l'on  y  trouve  est  une  œuvre  anonyme,  intitulée  Liber  de 
vera  philosojjhia,  transcrite  par  un  scribe  qui  écrivait  vers 
l'an  1200.  C'est  sur  ce  traité  que  je  voudrais  attirer  l'attention  du 
lecteur  :  c'est  pourquoi  j'essaierai  de  donner  quelques  renseigne- 
ments tant  sur  l'auteur  anonyme  que  sur  les  caractères  de  son 
œuvre. 

m. 

L'auteur  de  cet  ouvrage  est  évidemment  un  supérieur  ecclé- 
siastique, probablement  un  abbé  qui  écrit  pour  l'instruction  de 
ses  moines  ;  en  effet,  il  nous  l'indique  par  ces  mots  : 

«  Omnis  homo  semper  débet  tota  mente  exquirere  quis  eum 

fecerit,  et  ad  quid  et  de  quo ;  unde  prelatis  omnibus  ecclesia- 

rum  precipue  a  Deo  injunctum  estquod  rudes  semper  hec  doceant 
et  prudentes  ad  hec  exerceant.  Inde  est  quod  sic  facere  modo  et 
nos  licet  minus  periti,  intendimus^  » 

L'œuvre  a  été  écrite  après  1179,  date  du  concile  de  Latran,  qui 
y  est  mentionné  en  un  passage  que  j'aurai  l'occasion  de  citer  plus 
bas  2.  L'auteur  nomme  comme  des  contemporains  les  écrivains  du 
XII''  siècle,  Abélard,  saint  Bernard,  Guillaume  de  Couches,  Pierre 
Lombard  ;  il  connaît  l'histoire  des  doctrines  de  cette  époque  ;  on 
peut  donc  conjecturer  qu'il  appartient  à  la  génération  arrivée  à 
la  maturité  au  plus  tard  vers  1160  et  qu'il  a  dû  écrire  entre  1180 
et  1190,  plutôt  au  commencement  qu'à  la  fin  de  cette  période. 

A  quelle  région  appartenait  notre  auteur?  Là-dessus  nous  avons 
quelques  indices  :  dans  l'énumération  des  faits  surnaturels  qu'il 
invoque  à  l'appui  du  dogme  de  la  présence  réelle,  il  semble  pré- 
férer ceux  qui  se  sont  produits  dans  le  Midi,  par  exemple  à  Saint- 
Gilles  et  à  Narbonne  ;  de  plus,  il  nous  apprend  qu'il  était  en  rela- 
tions d'amitié  avec  un  chanoine  de  Saint-Ruf  ;  enfin  il  voyagea 
en  Espagne  et  fut  aux  environs  de  Valence  témoin  d'un  miracle 

ordre  méthodique.  Voici  Yincipit  du  premier  :  «  Diligite  jusliciara  qui  judica- 
tis  terram.  Quid  est  diligere  justiciam  nisi  diligere  Christum...?  »  Voici  l'incipit 
du  dernier  :  «  Sioii  in  judicio  redimetur  et  reducent  eam  in  justiciam.  Syon 
ea  est  que  apeculari  debemus,  alla,  profunda  et  dulcia  Dei...  » 

Au  Liber  de  vera  pliilosophia  ont  été  ajoutés  dans  les  marges  et  dans  les 
blancs  de  très  nombreux  renvois  et  de  nombreuses  notes  en  une  écriture  du 
xiii°  siècle. 

1.  Fol.  31  r. 

2.  Voir  ci-dessous  page  415. 


400 

eucharistique*.  Il  paraît  donc  légitime  de  conclure  que  l'écrivain 
inconnu  était  un  abbé  de  la  Provence,  ou,  plus  vraisemblable- 
ment encore,  du  Languedoc. 

A  coup  sûr,  il  était  très  savant  ;  on  en  peutjugerpar  la  variété 
de  ses  citations.  S'il  connaissait  bien  les  lettres  profanes,  il  n'était 
pas  moins  versé  dans  l'étude  de  la  littérature  sacrée.  Ses  péré- 
grinations dans  les  pays  d'Orient  l'avaient  mis  en  contact  avec 
les  Grecs,  de  l'opinion  desquels  il  se  préoccupe  toujours;  aussi 
cite-t-il  saint  Athanase,  saint  Ghrysostome,  Didyme,  saint  Gré- 
goire de  Nazianze,  Théodoret,  Sophronius,  saint  Jean  Damas- 
cène,  à  côté  des  Pères  de  l'Eglise  latine,  saint  Augustin,  saint 
Grégoire,  saint  Jérôme,  saint  Hilaire,  saint  Ambroise,  saint 
Léon ,  saint  Fulgence ,  Boèce  ,  Cassiodore  ,  Bède  le  Vénérable , 
etc.;  il  n'ignore  d'ailleurs  ni  les  lettres  des  papes,  ni  les  décisions 
des  conciles  ;  il  connaît  la  polémique  que  soutint  au  commence- 
ment du  xn''  siècle,  contre  les  docteurs  de  Byzance,  l'archevêque 
de  Milan,  Pierre  GrosulanS  au  sujet  de  la  procession  du  Saint- 
Esprit.  Toutefois,  malgré  cette  immense  érudition,  il  tient  en 
défiance  la  science  humaine,  surtout  la  science  contemporaine. 
S'il  dit  en  un  passage  :  «  Religionis  et  fidei  sectande  caput  est 
historia  et  philosophia^,  »  il  ne  manque  pas,  en  d'autres  endroits, 
de  rabattre  les  tendances  rationalistes  de  la  science  mondaine  : 
«  Sapientia  hujus  mundi  stulticia  est  apud  Dominum  ;  item  pru- 
dentia  carnis  mors  est,  quia  naturas  rerum  sequitur,  et  nichil 
putat  Deum  posse  prêter  quod  in  naturis  rerum  videt"*.  »  Au  sur- 
plus, c'est  un  esprit  vigoureux,  mais  étroit^  ;  il  s'est  enfermé  dans 

1.  Fol.  52  r°. 

2.  Fol.  79  r. 

3.  Fol.  29  T". 

4.  Fol.  8  y. 

5.  Il  donne  parfois  de  singuliers  arguments,  qui  décèlent  une  pensée  originale. 
En  voici  un  exemple  :  quand  il  distinguait  de  Dieu  les  attributs  divins,  on  lui 
objectait  :  Dieu  n'a  donc  pas  été  seul  de  toute  éternité,  puisque  ses  attributs 
existaient  avec  lui.  Voici  ce  qu'il  répond  :  «  Ego  autem  miror  viros  sapientes 
hanc  impericiam  pro  ratione  posuisse,  quia  si  hoc  est  verum  quod  dicunt,  nichil 
est  solum  in  mundo  tolo,  nec  fuit,  nec  erit  unquam.  Unde  secundum  eos  men- 
tiraur  quoties  dicimus  religiosos  solitarios  solos  habitare  in  cellulis  quia  soli- 
tarii  dicuntur,  quia  forte  catus,  vel  mus,  vel  aragnes,  vel  pulex,  vel  pediculus, 
vel  verrais  in  ventre,  vel  vestis  in  dorso,  vel  capilli,  vel  cicalrix,  vel  corona, 
vel  calviciura,  vel  pes,  vel  albedo  in  oculo,  vel  aliquis  lapis,  vel  ligna,  vel 
tegule,  vel  ostium,  vel  proprietas  aliqua  sive  sua  sive  cellule  sue  sive  cujuslibet 
alterius  est  in  dorao  cura  eis.  »  Fol.  77  r°. 


404 

une  petite  école  qui  n'a  point  d'avenir  et  accepte  sans  hésiter  l'ex- 
trémité où  il  se  trouve  réduit  de  frapper  d'anathème  l'immense 
majorité  des  hommes  de  sa  génération. 

IV. 

Le  but  qu'il  se  propose  avant  tout,  c'est  de  faire  connaître  la 
vraie  foi  tombée  dans  un  oubli  presque  universel.  Là-dessus  il 
s'expUque  nettement  dans  son  prologue. 

Après  avoir  étabh l'importance  delà  philosophie,  qui,  en  faisant 
connaître  Dieu,  assure  aux  hommes  la  vie  éternelle,  il  continue  en 
ces  termes  :  «  In  hac  ergo  vita  a  nobis  cognoscendus  est  Deus, 
saltem  perfidemcum  non  possimus  per  speciem.  Quare  et  in  hac 
philosophia  semper  omnes  debemus  intendere  si  mortem  eternam 
volumus  evadere  et  vitam  eternam  acquirere,  quam  nullo  modo 
aliter  possumus  obtinere.  Hoc  autem  cum  aliqnibus  familiaribus 
meis  diligentissime  persuaderem,  responderunt  hoc  verum  esse, 
sed  vix  aut  numquam  fieri  posse  ut  fidem  rectam  aliquis  de  Deo 
possit  habere,  et  non  recta  facit  hereticum  et  sacrilegum  esse. 
Nam  de  fide  recta  nulli  sanc'.orum  adhuc  leguntur  seriatim  scrip- 
sisse  quicquid  fuerat  nobis  necesse*.  » 

Sans  doute,  on  a  bien  écrit  des  traités  sur  des  sujets  particu- 
liers, mais  ils  sont  trop  nombreux  pour  que  les  fidèles  puissent 
trouver  le  temps  de  les  lire  ou  triompher  de  l'ennui  qu'ils  inspirent. 
Ce  qu'il  faut,  c'est  un  abrégé  solide  de  la  doctrine.  On  a  tenté  de 
l'écrire,  mais  en  vain  :  «  Hoc  tamen  nonnulli  modernorum  conati 
sunt  facere,  quorum  quidam  non  satis  exercitati,  in  multis  con- 
vincuntur  errasse,  tum  ex  eo  quod  ex  suo  multa  suspitiosa  visi 
sunt  addidisse,  tum  ex  eo  quod  dicta  sanctorum  ahter  quam  se 
haberet  intellectus  auctorum  creduntur  interprétasse  ;  unde  tan- 
tum  scisma  inter  ipsos  modernos,  etiam  Latinos,  exortum  est,  ut 
alii  ahos  ad  invicem  scribendo  improbent  hereticos.  His  igitur 
obstaculis  a  fide  recta  prepedimur,  et  cui  parti  favere  debeamus 
penitus  ignoramus^.  » 

L'auteur  a  donc  formé  le  projet  d'écrire  un  livre  court  et  pré- 
cis qui  soit  une  réponse  à  tant  d'âmes  qui  se  demandent  :  où  est 
la  vraie  foi?  que  faut-il  croire?  Déjà  le  prologue  manifeste  une 
défiance  profonde  à  l'égard  des  opinions  généralement  reçues  et 

1.  Fol.  3  r». 

2.  Ibid. 


402 

des  doctrines  émises  par  les  contemporains  dans  leurs  écrits. 
Cette  tendance,  comme  on  le  verra,  ne  fera  que  s'accentuer 
dans  la  suite  du  traité. 

V. 

L'œuvre  est  divisée  en  douze  parties.  Voici  en  quels  termes  le 
plan  est  indiqué  dans  le  prologue  : 

Petimus  ergo  (ce  sont  les  disciples  qui  parlent)  ut...  nos  instruas 
quo  modo  Deus  est  trinus  et  unus  (i)  ;  indè  de  Incarnatione  Verbi  (ii)  ; 
indè  de  corpore  de  sanguine  Domini  (m)  ;  deindè  ne  sophiste  garruli 
nos  in  alique  conturbent,  si  que  aucloritates  predicte  doctrine  videan- 
tur  obviare,  eas  addas  et  per  alias  auctoritates  ad  concordiam  com- 
pendiose  reducas  (iv  :  de  concordia  contrarietatum  predictarum). 
Postea  modernis  ex  senlentia  sua,  non  ex  auctoritatibus  sanctorum 
recte  fidei  resistentibus  auctoritates  eos  redarguentes  opponas  ;  pre- 
terea  ipsas  auctoritates  quibus  ad  fovendum  errorem  suum  abutun- 
tur  ipsi  moderni  ponendo  per  alias  auctoritates  exponas  et  errorem 
eorum  aperiendo  destruas  (v  :  ulrum  natura  divina  sit  persona)  ; 
manifestatio  Sabelliane  lieresis,  que  hodie  ferè  ubique  régnât,  et  explo- 
ratio  auctoritatum  que  imperitis  videntur  eis  favere  (yi).  Inde  Grecis 
mentienlibus  quod  Spiritus  Sanctus  non  procedit  a  Filio,  qualiter 
obviemus  non  pretermitlas  (vu  :  de  processione  Spiritus  Sancti 
contra  Grecos).  His  quoque  qualiter  Judeis  opponamus  vel  respon- 
deamus  inseras  ;  ad  cautelam  quoque  nostram  docere  ne  différas  quid 
sit  hereticum  esse  (vin  :  quomodo  sit  disputandum  cum  paganis, 
.Tudeis,  Manicheis,  Arrianis,  Sabellianis)  ;  (ix  :)  que  et  quot  sunt  here- 
ses.  Moderni  quoque  si  qua  docuerint  que  possint  slmplicitatem 
fidei  in  aliquo  lurbare,  rogamus  ut  ea  quoque  ne  différas  notare  (x  : 
que  videntur  suspitiosa  in  scriptis  modernorum).  Post  modum  vero 
de  membris  Domine  subjungas  (xr  :  de  membris  Domini,  contra 
antropomorphitas).  Ad  ultimum,  quia  copia  librorum  ex  quibus  pre- 
dicte auctoritates  sumpte  sunt  non  facile  potest  legi  vel  etiam  haberi, 
ne  vim  alicui  aucloritati  videaris  fecisse,  compendiosamcollectionem 
aliquarum  auctoritatum  predictam  doctrinam  corroborantium  con- 
cordando,  more  librorum  jurisperitorum,  rogamus,  adnectas  (xii  : 
de  coUectione  auctoritatum)  •  et  sic  per  xii  partitiones  omnia  isla 
discernas,  ut,  cumin  qualibet  earum  querere  necesse  videatur,  facile 
inveniatur  ^ , 

1.  Fol.  3  r°el  v. 


403 

VI. 

On  a  pu  le  voir  par  quelques  expressions,  l'auteur  est  hanté 
par  cette  idée  que  partout  l'hérésie  sabellienne  triomphe  et  que 
bientôt  elle  fera  disparaître  la  véritable  foi.  Ecoutez-le  plutôt  : 

Sabellius  enim  jam  resuscitatus  modo  ubique  fere  régnât,  qui  ab 
orbe  universo  quasi  Icprosus  olim  ejcctus  fucral,  quod  heresim  sce- 

leslissimam  predicabal ;  modernis  vero  temporibus...  suscilavit 

SabelhuQi  diabolus  et  dcdit  ei  rogna  omnia  mundi  ut  sua  confusione 
ubique  predicando  et  incessanler  omnes  secum  trahal  ad  Tarlara... 
Inde  est  quod  Judei  facti  sunt  Sabelliani,  sic  et  gentiles  ctiam  uni- 
versi  necnon  omnis  fere  Ghristianus,  et  ut  videtur,  speciaUter  omnes 
Latini-,  quod  ut  iterum  complealur  quod  scriptum  est  :  Confundam 
sapientes  in  sapientia  sua,  omnes  fere  qui  huic  mundo  videnlur  esse 
sapientes  diabolus  venenala  sue  potionis  confusione  inebriavit;  quod 
nisi  confusionem  Sabellii,  cum  de  fide  Dei  agatur,  nullus  fere  eorum 
docere  vel  loqui  novit.  Inde  etiam  est  ad  cumulum  confusionis  tocius 
generis  humani  quod  facti  sunt  hoc  tempore  universi  SabelUani,  cura 
olim  non  nisi  unus  fuerit  qui  banc  zizaniam  superseminaveril^  que 
et  semen  et  messem  Dei  pêne  totam  hoc  tempore  sufFocat  ne  fruclus 
débites  reddat;  hn  enim  etsi  non  sint  Sabellius  in  persona,  sunt 
in  spiritu  et  in  hercsi  Sabelliana.  Inde  quoque  et  illud  est  malorum 
omnium  pessimum  quod  si  quis  forte  perrarus  est  catholicus,  pre 
muUitudine,  pré  polencia,  pre  mundana  scientia  non  audet  eiseciam 
in  verbo  uno  obviare,  timens  ne,  si  eis  dispUceat,  graciam  eorum  et 
etiam  forte  se  ipsum  amiltat,  plus  metuens  homines  aut  verens  quam 
Deum^. 

Aussi,  s'il  combat  juifs,  manichéens  et  ariens,  c'est  aux  sabel- 
liens  que  notre  écrivain  inconnu  réserve  tout  le  poids  de  sa  polé- 
mique; il  accable  d'invectives  les  philosoplies  et  les  savants  qui, 
d'après  lui,  sont  conjurés  pour  propager  cette  hérésie.  Il  leur 
reproche  de  falsifier  les  écrits  des  saints  Pères  pour  appuyer  leurs 
erreurs  ;  voyez  avec  quelle  vivacité  il  s'en  prend  aux  auteurs,  si 
nombreux  au  xii^  siècle,  de  livres  de  Sentences  : 

In  hac  secta  discipulos  erroris  gignunt  qui  et  ipsi  magislri  hujus 

1.  Allusion  qui  parait  r.e  rapporter  à  Abélard. 

2.  Fol.  62  f  el  v°. 


404 

erroris  fere  omnes  hodie  sunt;  errorem  enim  suum  nomine  Sententie 
palliant,  qui  olim  a  sanctis  doctoribus  heresis  et  secta  et  scisma  et 
supersticio  dicebatur;  sicque  périt  orbis  universus  propler  negli- 
gentiam  inquirende  veritatis  dominice  fidei  que  ex  culpa  nascitur 
magistrorum  populi  :  qui  cum  lux  debentesse  episcopi,  fuerint  ténèbre. 
Nam  omnes  pêne  tam  ceci  facti,  omnes  cecos  factos  post  se  trahunt; 
unde  omnes  précipites  in  foveam  cadunt  ^ . 

C'est  pour  porter  remède  à  cette  lèpre  répandue  partout  que 
l'auteur  tente  de  montrer  l'identité  des  erreurs  modernes  avec 
l'hérésie  sabellienne  ;  il  espère  ainsi  rappeler  à  la  raison  et  à  la 
foi  ceux  qui,  par  ignorance  ou  par  calcul,  ne  cessent  de  s'en  éloi- 
gner. A  vrai  dire,  tel  est  le  but  réel  de  son  œuvre. 

Après  avoir  exposé  les  croyances  des  sabelliens  de  l'antiquité, 
il  résume  à  sa  manière  la  doctrine  des  modernes  : 

Moderni  multi  jam  scripserunt  permulla  et  prolixa  valde  volumina 
quod  tota  Trinitas,  scilicet  Pater  et  Filius  et  Spiritus  Sanctus,  est  una 
numéro  substantia  simplex,  et  quod  natura  divina,  scilicet  Divinitas, 
que  una  tantum  numéro  est,  Deus  est;  et  quod  hec  eadem  est  Pater 
et  Filius  et  Spiritus  Sanctus.  Item  scripserunt  quod  Pater  et  Filius 
et  Spiritus  Sanctus  est  unum  numéro,  et  quod  unus  Deus  est  et  Pater 
et  Filius  et  Spiritus  Sanctus,  et  quod  una  substantia  est  et  Pater  et 

Filius  et  Spiritus  Sanctus Item  scripserunt  quod  très  persone 

non  sunt  tria,  et  quod  proprietates  quibus  ipse  persone  distinguun- 
tur  a  se  invicem  sunt  ipse  persone.  Item  scripserunt  quod  divina 
natura  que  una  est  numéro  est  Pater  et  Filius  et  Spiritus  Sanctus, 
et  quod  hec  est  incarnata;  item  sicut  Deus  est  ita  et  unus  est^  item 
quod  quidquid  est  in  Deo  Deus  est ^. 

VII. 

L'auteur  du  Liber  de  veraphilosophia  s'acharne  à  combattre 
toutes  ces  propositions  comme  liérétiques  ;  cependant  il  ne  peut 
écarter  de  son  souvenir  les  décisions  de  Reims,  ouvertement  con- 
traires à  sa  propre  opinion,  et  la  profession  de  foi  de  saint  Ber- 

1.  Ibid. 

2.  Fol.  63  r.  Cette  dernière  proposition  :  Quicquid  est  in  Deo  Deus  est,  est 
celle  que  l'auteur  combat  avec  le  plus  d'énergie  et  qui  lui  semble  résumer  l'en- 
semble de  doctrines  qu'il  appelle  sabelliennes. 


405 


nard  et  des  évêques  français,  si  manifestement  favorable  aux  doc- 
trines qu'il  réprouve.  Aussi,  pour  paralyser  l'argument  qu'en 
peuvent  déduire  ses  adversaires,  il  raconte  à  sa  manière  le  concile 
de  1148  et  la  condamnation  de  Gilbert  de  la  Porrée.  Après  avoir 
fait  allusion  au  fameux  principe  sur  lequel  se  fondent  ses  adver- 
saires :  Quicquid  est  in  Deo  Deus  est,  il  ajoute  : 

Super  verbo  quippe  islo,  contra  quemdam  episcopum  qui  hoc 
verbum  non  concedebat  (cet  évêque  est  évidemment  Gilbert  de  la 
Porrée),  mota  fuit  aliquando  questio  inRemensi  concilie  coram  papa 
Eugenio;  cui  judicio  ejusdem  domini  pape  in  codem  concilie  Domi- 
nus  tantam  sapientiam  conlulerat  quanlam  nulli  contulerat  tempo- 
ribus  illis;  de  qua  post  multos  dies  inler  solos  episcopos  sufficlenter 
disputatum  est;  sed  prorsus  nicbil  inde  diffinitum  est;  quia  omnino 
sine  judicio,  prudenti  tamen  consilio,  dimissa  est  in  dubio.  Hoc 
enim  verbum  lune  manutenebat,  bonis  clericis,  ut  dicebalur,  semper 
invidiosus,  quidam  sub  quo  fuerat  monachus  papa  tercius  Eugenius 
(évidemment  saint  Bernard)  et  aiii  quamplures  tum  favore  istorum, 
tum  invidia  episcopi  et  suorum,  tum  quia  non  erant  in  bac  doctrina 
diu  exercitati,  sicut  sepe  contigit,  ut  in  confessione  Berengarii  patet 
coram  Nicolao  papa  in  Romano  concilie,  et  in  Boetie  de  Trinitate, 
un  questione.  Qui  cum  vidèrent  episcopum  non  solum  rationibus 
jrrefragabilibus,  sed  etiam  expressis  auctorilatibus  per  omnia  viriliter 
resistentem,  auctoritates  tam  multas  non  ausi  dampnare,  ne  sic  ipsi 
se  ipsos  manifeste  probarent  herelicos  ;  si  autera  et  quod  dixerant 
ipsi  hue  usque  contra  eum,  dampnarent,  qued  vix  aliquis  facil,  simi- 
li ter  se  ipses  evidentissime  estenderent  hereticos  fuisse-,  quaprepter 
médium  iter  ulrumque  tenentes,  nicbil  prorsus  inde  diffmiendo 
utramque  partem  prorsus  reliquerunt  intaclam,  rogantes  episcopum 
ut  infirmis  mentibus  prefunda  Dei  profunde  non  predicaret,  sed  cen- 
descendens  humilibus  prout  oportere  videret  sapientiam  suam  ut 
preficeret  sapienter  temperaret.  Si  enim  dominus  papa  et  concilium 
super  hoc  abquid  decrevissent,  sicut  alla  eorum  décréta  scribuntur 
sic  scriberetur  et  islud  et  sub  pena  observanda  preciperetur  ^ 

Tel  est  le  récit  que  donne  notre  anonyme  du  concile  de  Reims  ; 
à  l'entendre,  il  n'y  a  pas  eu  à  proprement  parler  de  condamna- 
tion régulière  en  la  forme  contre  l'évêque  de  Poitiers  ;  très  embar- 
rassés de  sa  résistance  énergique,  les  prélats  prièrent  poliment 


1.  Fol.  90  \\ 


406 

Gilbert  de  garder  le  silence  sur  ces  matières,  afin  de  ne  s'exposer 
point  à  scandaliser  les  faibles  et  les  ignorants. 

Ce  récit  doit  être  rapproché  de  divers  témoignages  contempo- 
rains, celui  de  Geoffroi  d'Auxerre,  celui  d'Otton  de  Freisingen 
et  celui  de  l'auteur  anonj^me  de  Y Historia  pontificalis ,  qui  lui- 
même  assistait  au  concile  de  Reims  ^  Si  quelque  érudit  se  livre  à 
ce  travail,  je  serais  fort  étonné  qu'il  n'en  tirât  point  les  conclu- 
sions suivantes  : 

1°  Une  profession  de  foi  en  quatre  articles,  contraire  à  la  doc- 
trine de  Gilbert,  fut  rédigée  par  Geoffroi  d'Auxerre,  le  secrétaire 
de  saint  Bernard  ;  au  premier  abord,  elle  fut  assez  mal  accueillie 
par  les  cardinaux,  qui  y  virent  une  tentative  de  l'abbé  de  Clair- 
vaux  et  de  l'Eglise  gallicane  en  vue  d'imposer  à  l'Église  romaine 
une  déclaration  doctrinale  ; 

2"  Cependant  cette  profession  de  foi  fut  solennellement  publiée 
à  Reims,  dans  la  salle  de  l'archevêché  dite  salle  du  Tau-; 

3°  La  régularité  en  la  forme  de  cette  déclaration,  qui  valait 
condamnation  des  principales  propositions  de  Gilbert  de  la  Por- 
rée,  fut  contestée  par  les  partisans  de  l'évêque  de  Poitiers.  Ils  la 
considérèrent  comme  suspecte,  parce  qu'elle  ne  se  retrouvait  ni 
dans  les  actes  du  concile  ni  dans  le  registre  d'Eugène  III  ;  là-des- 
sus Y  Historia  pontificalis  s'accorde  avec  le  théologien  inconnu 
dont  je  viens  de  citer  le  témoignage.  VHistoria  pontificalis 
ajoute  que  la  déclaration  ne  fut  publiée  que  quinze  jours  après  la 
fin  du  concile,  en  présence  seulement  d'un  certain  nombre  de 


1.  Geoffroi  d'Auxerre  fut  secrétaire  de  saint  Bernard  et  est  naturellement  son 
partisan  dévoué.  Consulter  son  Libellus  contra  Gilbertum  Porret  et  sa  lettre  à 
Albinus,  cardinal  d'Albano.  Patrol.  Latina,  CLXXXV,  col.  595  et  587.  On  trou- 
vera ces  deux  autres  récits  dans  Perlz,  XX,  379  et  ss.,  522  et  ss.  Ces  récits 
sont  plutôt  favorables  à  l'évêque  de  Poitiers.  Cf.  Ilauréau,  oj).  cit. 

2.  Historia  pontificalis,  p.  525.  Cf.  GeofiFroi  d'Auxerre,  Libellus,  col.  617. 
Otton  de  Freisingen  dit  qu'une  seule  proposition  fut  condamnée  par  le  pape 
(p.  384)  :  «  Ne  aliqua  ratio  inter  naturam  et  personnam  divideret,  neve  Deus 
divina  essenlia  diceretur  ex  sensu  ablativi  tantum,  sed  etiam  nominativi.  »  Sur 
les  autres  points,  Gilbert  n'aurait  pas  été  condamné.  Avec  deux  témoins  oculaires, 
Geoffroi  d'Auxerre  et  l'auteur  de  Y  Historia  pontificnUs,  je  crois  que  la  déclara- 
tion en  quatre  articles  qui  condamnait  Gilbert  fut  solennellement  publiée  par  le 
pape.  L'auteur  du  Liber  de  vera  philosophia,  il  faut  le  remarquer,  conteste  la 
validité  et  non  l'existence  de  la  condamnation,  tandis  qu'Otton  semble  considé- 
rer la  condamnation  comme  anodine  ;  à  mon  avis,  c'est  le  récit  d'Otton  qui  doit 
être  écarté. 


407 

prélats  de  diverses  provinces  retenus  à  Reims  pour  terminer  cette 
affaire  :  cette  circonstance  explique  que  la  profession  de  foi  ne 
figure  point  dans  les  actes  conciliaires.  Mais  elle  n'en  fut  pas 
moins  pleinement  sanctionnée  par  le  pape,  assisté  d'un  certain 
nombre  d'évêques;  notre  auteur  est  donc  inexact  quand  il  tient 
cette  condamnation  pour  non  avenue  ;  si  l'autorité  ecclésiastique 
ne  se  prononça  point  pendant  le  concile,  elle  se  prononça  ouver- 
tement quelques  jours  après  la  dissolution  de  cette  assemblée  ; 

4°  Gilbert  adhéra  à  la  déclaration  de  saint  Bernard,  accepta  de 
corriger  ses  ouvrages  pour  les  mettre  en  harmonie  avec  cette 
déclaration,  et  désormais  garda  le  silence  sur  ces  questions.  Tel 
est  le  témoignage  de  VHistoria  pontificalis  * ,  de  Geoffroi 
d'Auxerre^  et  de  saint  Bernard  lui-même^. 

En  résumé,  saint  Bernard  rencontra  une  résistance  plus  vive 
que  peut-être  il  ne  s'y  attendait  ;  s'il  finit  par  obtenir  la  victoire, 
son  adversaire  ne  fut  point  écrasé  ;  sa  défaite  ne  fut  point  une 
déroute  ^  Mais  les  disciples  et  les  partisans  de  Gilbert  trans- 
forment les  événements  au  gré  de  leurs  sympathies  quand  ils 
représentent  l'issue  de  la  lutte  comme  indécise. 


VIII. 

Au  surplus,  les  survivants  des  disciples  de  Gilbert  ne  sont  à  la 
fin  du  xrf  siècle  qu'un  petit  groupe  isolé  au  milieu  des  évêques  et 
des  docteurs  contemporains.  Notre  auteur  s'en  rend  fort  bien 
compte  ;  mais,  cédant  à  la  tendance  ordinaire  des  esprits  obstinés 
et  orgueilleux,  il  se  cantonne  dans  ce  petit  groupe  auquel  il  attri- 
bue le  monopole  de  l'orthodoxie.  Il  reste  à  montrer  comment  il 
jeta  l'anathème  sur  les  noms  les  plus  connus  de  la  théologie  du 
xif  siècle.  C'est  le  travail  auquel  il  se  livre  dans  le  chapitre  inti- 
tulé :  Que  videntur  suspUiosa  esse  171  scriptis  moderyiorum'" . 

Ce  chapitre  s'ouvre  ainsi  : 

1.  p.  525. 

2.  Epistola  ad  Albinum.  Migne,  CLXXV,  592. 

3.  In  Cantica  Canticonim,  sermo  LXXX,  in  fine. 

4.  Voir  dans  VHistoria  pontificalis,  p.  526,  la  très  curieuse  appréciation  des 
deux  adversaires,  saint  Bernard  et  Gilbert  de  la  Porrée  ;  celui-là  représenté  comme 
un  de  ces  hommes  d'aclio'i  et  de  gouvernement  dont  l'Église  u'a  jamais  man- 
qué, celui-ci  comme  un  érudit,  un  savant  et  un  lettré. 

5.  Fol.  88  r°. 


408 

Moderni  similiter,  quia  multa  docuerunt  et  in  scriptis  et  etiam  sine 
scripto  que  fldei  simplicitatem  possent  a  veritate  deviare,  necesse 
foret  ea  qualicumque  modo  signare.  Sed  tôt  et  tanta  sunt  quod  indi- 
gent per  se  volumine  ;  nec  etiam  libros  omnium  possumus  habere 
nec  ad  notitiam  nostram  omnes  pervenere.  Sed  ne  videamur  ista 
prorsus  omittere,  multis  pretermissis,  signemus  aliqua  aliquorum 
opéra Ex  hoc  autem  quod  quedam  verba  quorum- 
dam  volumus   notare multos   credimus   nobis   fore 

iratos.  Sed  si  hominibus  ex  toto  placerem,  Ghristi  servus  non  essem. 

Deus  autem  Trinitas  cujus  causam manuteneo  ;  in  que 

solo  confîdens  nullum  hostem  timebo,  eripiet  me  de  ore  leonis  et  de 
manu  bestie,  ne  me  possint  unquam  in  aliquo  ledere  ;  nec  ego  vim 
facio  alicui  istam  legem  vel  errorem  suum  relinquere,  sed  tantum 
precor  unumquemque  errores  aliorum  vel  etiam  suos  saltem  pro  Deo 
vitare,  et  moneo  etiam  ut  meos  caritative  corrigat,  ita  quod  dilectio- 
nem  Dei  et  proximi  non  offendant.  Superflua  igitur  vel  etiam  carenda 
credimus  que  sequuntur. 

Après  ce  début,  assez  menaçant  pour  les  théologiens  du 
xif  siècle,  l'auteur  distribue  ses  critiques  et  ses  anathèmes  aux 
plus  importants  de  ses  contemporains.  Il  cite  d'abord,  par  son 
nom,  Guillaume  de  Couches  : 

Quidem  dictus  magister  W.  de  Conchis  librum  composuit  quem 
Philosophiam  nominavit,  in  quo  se  ipso  teste  multum  erravit  contra 
fidem  catholicam;  sed  quia  ipse  in  alio  libro  quem  simihter  fecit 
illum  plene  correxit  ^ ,  superfluum  esset  amodo  ipsum  notare. 

Après  le  tour  de  Guillaume  de  Gonches  vient  celui  d'Abélard  : 

Quidam  quoque  alius  magister,  homo  satis  subtilis  ingenii,  viam 
incognitam  sine  ductore  ingressus  est;  unde  currens,  lassatus, 
moramque  faciendo  solus  obdormiens  in  solitudine  inter  alia  corri- 
genda  scribendo  sopniavit  quod  Deus  Pater  est  in  Fiiio  sicut  genus 
in  specie;  unde  quia  propter  hec  et  hujusmodi  perpetuo  silencio 
dapnatus  est,  non  est  opus  araplius  eum  notare^. 

1.  Sur  la  rétractation  de  Guillaume  de  Couches,  mort  en  1154,  cf.  Hauréau, 
op.  cit.,  p.  441.  Il  avait  été  poursuivi  par  Guillaume  de  Saint-Thierry  et  Gau- 
tier de  Conches,  qui  furent  aussi  deux  adversaires  de  Gilbert  de  la  Porrée. 

2.  Sur  cette  doctrine,  voir  rintroduction  de  M.  Cousin  à  son  édition  des 
ouvrages  d'Abélard  (Paris,  1836,  in-4''),  p.  cxcviii.  Les  assertions  d'Abélard  se 
trouvent  dans  son  Introduction  à  la  théologie  et  dans  sa  Théologie  chrétienne. 


409 

Saint  Bernard  *  n'est  naturellement  pas  plus  ménagé  que  son 
adversaire.  Il  ne  faut  pas  s'en  étonner  ;  nul  plus  que  l'abbé  de 
Clairvaux  ne  devait  être  antipathique  aux  partisans  de  Gilbert  de 
la  Porrée.  Notre  anonyme  conserve,  vis-à-vis  de  saint  Bernard, 
l'attitude  de  méprisant  dédain  qu'aflfectait  déjà  l'évêque  de  Poi- 
tiers'. Voici  le  passage  qui  le  concerne  ;  le  ton  en  est  suffisam- 
ment impertinent ,  aussi  bien  pour  le  saint  abbé  que  pour  ses 
partisans  au  concile  de  Reims  ;  à  entendre  notre  sectaire,  la  décla- 
ration en  quatre  articles  aurait  été  préparée  dans  une  réunion 
d'un  caractère  assez  peu  ecclésiastique  : 

Fuit  alius  vir  vite  venerabilis;  cura  esset  bene  potus  in  nocte  cura 
paucissimis  fainiliaribus  suis  in  ospicio  suo,  decrevit  credi  quod  ali- 
quid  unum  numéro  est  Pater  et  Filius  et  Spiritus  Sanctus,  et  quod 
très  persone  non  sunt  tria,  et  alia  quedam  inferioribus  similia.  Quod 
quia  non  scripsit  in  volumine,  non  est  necesse  amplius  notare. 
PoLuit  autem  in  bis  sicul  in  aliis  quibusdam  que  scripsit  soUempniler 
errare.  Hic  namque  spatiose  scripsit  quod  milites  Templarii  Jeroso- 
limitani,  pro  antiquis  turibulis  et  urceolis  et  aliis  inslrumentis  veteris 
legis,  dépendent  tempore  isto  in  Templo  Domini,  de  quo  Dominus 
ejecit  vendentes  et  émeutes,  sellas  et  frena  sua  et  lanceas  et  alia 
milicie  sue  instrumenta  necessaria,  quod  falsissimum  est,  quia  nec 
Templum  in  poteslate  illorum  est^. 

Le  lecteur  n'aura  pas  de  peine  à  faire  la  part  des  exagérations  de 
la  rancune  théologique  à  laquelle  s'abandonne  l'écrivain  ;  la  répu- 
tation de  saint  Bernard  est  au-dessus  de  ces  atteintes.  Elles  ne  font 

1.  Entre  AbélarJ  et  saint  Bernard,  notre  auteur  mentionne  encore  parmi  les 
hérétiques  un  évèque  qui  d'ailleurs  n'a  pas  laissé  d'écrits  :  «  Quidam  simili- 
ter  alius  magne  dignitatis  homo,  veniens  ab  universali  quondam  concllio,  non 
bene  inlelligens  que  ibi  dicta  fucrant,  inter  alia  predicavit  in  sinodo  sua  quod 
in  personis  sancte  Trinitatis  nulla  esset  dififerentia  nisi  in  nominibus  tantum. 
Sed  quia  nec  hec  nec  alia  scripsit,  nec  hune  duximus  dignum  amplius  signare.  » 

2.  Bistoria  pontificalis,  p.  52G. 

3.  Allusion  à  un  passage  de  l'œuvre  de  saint  Bernard  intitulée  :  De  laude 
militiae  TempU,  chap.  v.  Patrol.  Latina,  CLXXXII,  c.  927.  Ce  passage  s'ap- 
plique à  l'ordre  du  Temple  et  non  à  l'ancien  temple  des  Juifs,  dont  saint  Ber- 
nard le  rapproche  par  un  simple  procédé  de  rhétorique  :  «  Ornalur  lamen  hujus 
faciès  Templi  sed  armis,  non  gemmis;  ...  pro  candelabris,  thuribulis  atque 
urceolis  donius  undique  frenis,  sellis  ac  lanceis  comraunitur...  »  Il  suffit  de 
jeter  les  yeux  sur  cet  écrit  pour  voir  que  notre  auteur  impute  à  saint  Bernard 
une  grossière  confusion  qull  n^a  pas  commise.  Cela  montre  le  peu  de  valeur  de 
ses  accusations  contre  l'abbé  de  Clairvaux. 

27 


4^o 

d'ailleurs  que  nous  donner  une  preuve  nouvelle  de  la  haine  que 
les  disciples  de  Gilbert  de  la  Porrée  vouèrent  à  la  mémoire  de 
l'abbé  de  Clairvaux^ 

L'auteur  entend  n'épargner  aucun  des  grands  noms  de  la  phi- 
losophie contemporaine  ;  maintenant  il  expose  les  propositions 
dangereuses  enseignées  par  Hugues  de  Saint-Victor^,  qu'il  ne 
nomme  pas  plus  que  saint  Bernard ,  mais  que  les  citations  ne 
permettent  pas  de  méconnaître  : 

Fuit  vero  alius  multa  bona  scribendo  faciens  qui  scripsit  inter  cetera 
hec  sequeutia  verba  :  capitule  primo,  de  fide  : 

Quod  sapientibus  hujus  temporis  oporteat  credere  in  obscuris 
scripturis. 

Quod  tota  Trinitas  est  una  substantia  simplex  (capitule  iii°)  ^. 

Quod  sicut  Deus  est  ita  et  unus  est  secundum  rationem,  ut  unum 
sit  principium. 

Exordium  fidei  ab  unitate  incipit,  non  a  Trinitate. 

Dicitidem  Augustinum  dixisse;  quod  quicquid  est  in  Deo  Deus  est; 
quod  nec  unus  nec  aliquis  sanctorum  legitur  unquam  dixisse,  quia 
omnia  sunt  in  Deo,  nec  sunt  Deus  ^. 

Idem  capitulo  nir°  quod  humana  mens  vestigium  est  Trinitatis. 

Quod  Deus  Trinitas  est  Pater  et  Sapientia  quam  habet  sine  qua 
nunquam  fuit,  et  Amor  quo  semper  eam  dilexit,  que  sunt  très  per- 
sone  -,  sicut  mens  humana  et  ejus  sapientia  et  ejus  amor  sunt  tria, 
que  tamen  non  sunt  persone,  quia  sunt  alTectiones  circa  animam,  et 
quod  sapientia  Dei  est  Deus  et  una  substantia  vel  una  natura  est  ille 
très  persone,  Pater  et  Filius  et  Spiritus  Sanctus^. 

Idem  capitulo  vr  ;  quod  omnia  que  secundum  substantiam  dicun- 

1.  Cbemin  faisant,  l'auteur  signale  encore  un  hérétique  qui  n'a  pas  laissé 
d'écrits  dangereux  :  «  Alius  quoque  homo  valde  iitteratus  in  magna  sinodo, 
presentibus  multis  bonis  clericis,  inter  alla  predicavil  se  mirari  stulliciam 
simplicium  Christianorum  eo  quod  non  intellit^ebant  quomodo  Pater  et  Filius 
et  Spiritus  Sanctus  essent  tria  et  unum,  asserens  très  istas  personas  sancle  Tri- 
nitatis esse  unum  subjecto  sed  tria  ratione,  sicut  Socrates  cum  sit  unus,  tamen 
est  albus,  cripus,  musicus,  Sopbronisce  tilius  ;  quare  unum  subjecto  est,  ratione 
vero  diversa.  Sed  nec  ipsum,  quia  hec  non  scripsit,  visum  est  nobis  amplius 
notare  necesse.  » 

2.  Hugues  de  Saint- Victor,  Summa  senlentiarum,  I,  c.  8  (cf.  Migne,  Patrol. 
Latina,  CLXXVI). 

3.  Ibid.,  c.  9. 

4.  Ibid.,  c.  6. 

5.  Ibid.,  c.  6. 


444 

tur  de  tribus  personis  predicantur  singulariter,  non  pluraliter,  nisi 
persona. 

Idem,  cum  persona  secunduni  substantiam  dicatur\  secundum 
Auguslinum,  quod  non  esl  verum  Auguslinum  dixisse,  et  cum  hec 
sit  diffinilio  persone  :  persona  est  rationabilis  substantie  individua 
natura,  quod  non  est  verum,  non  audemus  dicere  de  Filio  quod  sit 
alia  rationabilis  substantia  a  Pâtre,  cum  sit  alia  persona:  nec  de  tri- 
bus personis  (juod  sint  très  ralionabiles  substantie,  cum  non  dicitur 
Filius  est  alia  persona,  id  est,  discretus  per  aliam  proprietatem  ;  Pater 
et  FiHus  et  Spiritus  Sanctus  sunt  très  persone,  id  est,  discreti  per 
très  proprielales.  Sicut  enim  cum  dicitur  :  Filius  est  Deus,  non 
distinguitur  a  Pâtre,  sed  cum  additur  Filius  est  Deus  de  Deo,  jam 
fit  distinctio  ;  ita  cum  dicitur  :  Pater  est  persona,  Filius  est  persona, 
nondum  fit  distinctio;  sed  cum  additur  alia  persona,  vel  plurale  très 
persone,  jam  distinctio  notatur. 

Hoc  nomen  Trinitas  non  est  substantiale,  sed  pluralitatem  désignât 
personarum  ^. 

Hec  nomina  Pater,  Filius,  Spiritus  Sanctus,  translata  sunt  a  crea- 
turis  ad  Greatorem.  Sed  ne  videantur  in  Deo  signifîcare  quod  in  nobis 
significant,  attribuitur  Patri  potentia,  Filio  sapientia,  Spiritui  Sancto 
benignitas  ^. 

Idem  capitulo  viii.  Idem  dicit  Augustinum  dixisse  quod  quidquid 
est  in  Deo  Deus  est,  quod  est  dicere;  sicut  Pater  Deus  est,  ita  pro- 
prietas  Patris  est  ipse  Pater.  Quid  enim  est  proprietas  Patris  et  Filii 
et  Spiritus  Sancti  nisi  persone  ipse  inter  se  distincte  et  discrète  '  ? 

Notre  auteur  poursuivant  son  travail  énumère  jusqu'à  seize 
propositions  inutiles  ou  suspectes  de  Hugues  de  Saint- Victor  ;  la 
dernière  est  ainsi  conçue  : 

Furtum  et  bomicidium  et  cetera  non  inputantur  posteris  prêter 
concupiscentiam,  quia  non  fit  generatio  ipsa  secundum  effectus  illo- 
rum,  scilicet  motum  de  illis  venientem. 

Toutefois  Hugues  de  Saint-Victor  a  rétracté  toutes  ses  erreurs  : 
«  Iste  vero  postquam  ista  et  raulta  alia  in  hune  modum  scripsit, 
aliud  quoque  magnum  volumen  scribendo  composuit  quod  senten- 

1.  Ibid.,  c.  8  et  9. 

2.  Ibid.,  c.  10. 

3.  Ibid.,  c.  10. 

4.  Ibid.,  c.  11. 


412 

fie  ejus  dicitur  et  liber  ejus  de  sacramentis  intitulatur,  in  cujus 
prologo  se  confîtetur  multa  scripsisse  que  postulat  lectorem  secun- 
dum  sententiam  hujus  voluminis  corrigere,  in  que  nichil  horum 
scripsit.  »  Cette  rétractation  semblera  assez  peu  formelle  à  qui 
lira  avec  attention  le  prologue  du  De  sacrameiitis  de  Hugues  de 
Saint-Victor  ^ 

Notre  inconnu  n'abandonne  Hugues  de  Saint-Victor  que  pour 
attaquer  Pierre  Lombard.  Il  relève  dans  ses  sentences  trente- 
huit  propositions,  dont  voici  quelques-unes  : 

Fuit  quoque  alius  magne  dignitatis  homo  in  multis  eum  (Hugues 
de  Saint- Victor)  imitatus,  primo  similiter  docens  unitatem  Trinitatis 
quam  Trinitatem  unitatis. 

Quod  hoc  nomen  Heioy  plurale  est  nominis  Helyi  ^. 

Quod  idem  volens  probare  quod  non  quecque  sunt  in  Dei  scientia 
sunt  in  Dei  essentia,  ait  Augustinus,  inquit  :  Omnia  antequam  fièrent 
erant  et  non  erant  ;  erant  in  Dei  scientia  et  non  erant  in  sui  naturà. 

Quod  prescientia  Dei  non  est  causa  rerum,  quia  sic  esset  causa 
malorum  ^. 

Quod  unum  solum  est  Deus  Trinitas  ^. 

Quod  nomine  consorcii  vel  pluralitatis  parcium  non  ponitur  ali- 
quid  sed  removetur  ^. 

Idem  capitulo  xxxi,  quod  illa  tria,  scilicet  très  persone,  non  sunt 
unius  Dei  sed  summus  Deus  ^. 

Idem  capitulo  XLnii,  quod  necessaria  questio  est  utrum  Pater 
genuit  se  Deum  vel  ahum  Deum. 

1.  Voici  le  texte  du  prologue  du  traité  De  sacramentis  fidei  christianse  de 
Hugues  de  Saint- Victor,  auquel  l'auteur  fait  allusion  :  «  Librum  de  sacramentis 
Christianae  fidei  studio  quorumdam  scribere  compulsus  sura  :  in  quo  noniiulla 
quœ  antea  sparsim  dicta veram  inserui.  Hoc  autera  magis  me  movet  quod  cum 

haec  eadem  prius  negligentius  dictassem passim  trauscribenda  exposui...  Sed 

quiapostmodum  cum  eademhujus  operi  textui insererem, quœdam  inipsis  mutare, 
quœdam  vero  adjicere  vel  detrahere  ratio  postulabat.  Lectorem  admonitum  esse 
volo,  ut  sicubi  ea  extra  hujus  operis  seriem  aliud  aut  aliter  aliquid  habentia 
invenerit,  liane  diversitatis  causam  esse  sciât,  et  si  quid  forte  in  eis  emendan- 
dum  fuerit,  ad  hujus  operis  formam  componat.  » 

2.  Pierre  Lombard,  Distinctio  ii,  n"  6.  Migne,  Patrol.  Latina,  CXCIL 

3.  I,  Dist.  XXXVIII,  c.  2. 

4.  I,  Dist.  II,  c.  2  et  passim. 

5.  I,  Dist.  II,  c.  5. 

6.  I,  Dist.  III,  c.  17. 


4^3 

Idem  capitulo  XLiiir,  quod  nec  Pater  genuit  divinam  essentiam  nec 
diviiia  essenlia  genuit  essentiam  nec  Filium'.  Quia  si  hoc  esset 
divina  essentia  relative  diceretur,  et  Pater  esset  Pater  sibi  et  Filius 
Pater  et  eadem  res  se  generaret  ^. 

Idem  Lxxir,  quod  non  est  in  Deo  aliquid  quod  non  sit  Deus,  et 
quod  liabetur  hic  est  nisi  persona  que  ad  alteram  relative  dicitur,  et 
quod  in  Deo  non  est  numerus,  cum  tamen  in  divina  natura  sit  per- 
sonarum  Trinitas^. 

Idem  capitulo  lxxxvii,  quod  caritas  aliquando  refertur  ad  substan- 
tiam  que  communis  est  trium  personarum  et  tota  in  singulis^  ali- 
quando specialiter  ad  personam  Spiritus  Sancti;  sicut  sapientia  Dei 
aliquando  pro  substanlia  divina  ponitur,  aliquando  proFilio  proprie; 
et  quod  Spiritus  Sanctus  est  caritas,  vel  amor,  vel  dilectio  Patris  et 
Filii  qua  se  invicem  et  nos  diligunt  et  nos  Deum  ''. 

Idem  ex  capitulo,  quod  Spiritus  Sancti  gemina  est  processio-, 
eterna  a  Pâtre  et  Fiiio,  et  temporalis  qua  ad  sanctiflcandam  creatu- 
ram  procedit,  que  donatio  dicitur  ^. 

Idem  capitulo  clxxiii,  quoû  in  Deo  non  est  numerus;  quod  cum 
dicimus  plures  esse  personas  singularitatem  et  solitudinem  excludi- 
mus,  nec  multiplicitatem  ibi  ponimus.  Quod  cum  dicimus  très  per- 
sonas, non  quanlitatem  in  Deo  ponimus-,  et  quod  idem  significalur 
cum  dicitur  :  Deus  est  Deus,  et  cum  dicitur  :  Deus  est  persona  ;  et  ita 
idem  significat  persona  quod  Deus,  et  quod  nomine  persone  essentia 
inlelligitur  ^. 

Idem  capitulo  ccxxxiii,  quod  proprietates  personarum  sunt  ipse 
persone  et  Deus  et  divina  essentia  ^. 

Idem  capitulo  ccxxxiiri,  quod  natura  est  persone,  et  quod  eadem 
essentia  est  Patris  et  Filii  et  Spiritus  Sancti,  et  quod  Deus  habitavit 
in  Ghristo  non  per  graliam  adoptionis  sed  per  gratiam  unionis  ^. 

On  sait  combien  vivement  les  doctrines  de  Pierre  Lombard 

1.  I,  Dist.  IV,  c.  1. 

2.  I,  Dist.  V,  c.  1  et  12. 

3.  I,  Dist.  Yiii,  c.  9. 

4.  I,  Dist.  X,  c.  3. 

5.  I,  Dist.  XIV,  c.  1. 

6.  I,  Dist.  XXIV  et  xxv. 
7. 1,  Dist.  xxxui. 

8.  I,  Dist.  XXXIV. 


4U 

au  sujet  de  l'Incarnation  furent  attaquées ,  sous  le  pontificat 
d'Alexandre  III,  pai^  Gautier  de  Saint-Yictor  et  Jean  de  Gor- 
nouaiUes.  Notamment  Gautier,  dans  son  livre  Contra  quatuor 
lahijrinthos  Franciœ\  avait  poursuivi  des  critiques  les  plus 
véhémentes,  non  seulement  Abélard  et  Gilbert  de  la  Porrée,  mais 
encore  Pierre  de  Poitiers  et  Pierre  Lombard  ;  ces  dénonciations 
répétées  avaient  éveillé  l'attention  d'Alexandre  III,  qui  dut  s'en 
occuper  au  concile  de  Tours  et  au  concile  de  Latran  -.  Or,  ce  qu'on 
reprochait  à  Pierre  Lombard,  c'était  la  négation  de  l'humanité 
du  Christ  ;  pour  lui,  la  nature  humaine  n'existe  pas  réellement 
en  Jésus-Christ,  elle  n'est  que  le  vêtement  de  la  Divinité.  Tel  est 
le  sens  de  la  fameuse  proposition  imputée  à  l'évêque  de  Paris  : 
Christus  secundum  quod  est  homo  non  est  aliquid.  Sur  ce 
point,  notre  inconnu  s'empresse  de  faire  écho  aux  ennemis  de 
Pierre  Lombard  : 

Idem,  capitule  cxxx  (libri  m),  quod  humanitas  non  est  in  Christo 
natura,  sed  habitus,  sicut  vestis  vestito.  Quod  Christus  carnem  et 
animam  habuit,  sicut  homo  quilibet  vestem.  Quare  secundum  quod 
homo  non  potest  dici  Christus  esse  aliquis  occasione  illius  Apostoli  : 
habitu  inventus  ut  homo  ^. 


IX. 

On  le  voit,  c'est  principalement  à  saint  Bernard  et  à  Pierre 
Lombard  que  s'en  prend  l'auteur  inconnu  du  Liber  de  vera  phi- 
losophia;  il  apporte  dans  sa  polémique  contre  eux  la  violence 
trop  fréquente  dans  les  controverses  théologiques  de  son  temps. 
Au  surplus,  il  ne  se  borne  pas  à  combattre  les  doctrines  d'autrui  ; 
comme  beaucoup  de  ses  contemporains,  il  allègue  en  faveur  de 
ses  opinions  de  nombreuses  citations  des  Pères.  La  tâche  lui  avait 
été  singulièrement  facilitée  par  le  travail  d'un  de  ses  amis,  cha- 
noine de  Saint-Ruf,  dont  il  nous  révèle  l'activité  littéraire  : 

Fuit  temporibus  nostris  quidam  magister  A.  dictus  Sancti  Ruplii 
canonicus,  homo  magnus  etate  sed  multo  major  scientia  et  religione 

1.  Patrol.  Latina,  CXCIX. 

2.  Voir  aussi  la  lettre  adressée  par  lui  à  Guillaume,  archevêque  de  Sens,  puis 
de  Reims.  Cf.  Hefelé,  Eistoire  des  conciles  (traduction  française),  VII,  512  et  ss. 

3.  Cf.  III,  dislinctio  vi,  vu,  et  la  discussion  à  laquelle  se  livre  Piene  Lom- 
bard sur  l'Incarnation. 


445 

el  dignitale,  qui  a  consilio  Remensi  apapaEugcnio  celebrato,  exquo 
ceperunl  hujusmodi  noviLates  crebrescere,  usque  ad  concilium  1ère 
Romanum  ab  Alcxandro  papa  celcbralum  non  cessavit  sLudiosissime 
ciim  omni  diligentia  inquirere  pcr  infinilas  ccclesias  et  monasteria 
Galliarum  et  Hispaniarum  et  Italie  et  cliam  Grecie,  universos  sapien- 
tes  interrogando,  et  legendo  et  relegendo  innumerabilia  volumina 
quecumque  de  sancta  Trinitate  et  ejus  unitate  dicebantur  aliqui  inli- 
mare  ulrum  scilicet  verbum  istud  :  Quicquid  est  in  Deo  Deus  est, 
esset  alicubi  ab  aliquo  sancto  scriptum  vel  aliud  aliquod  verbum 
unde  istud  posset  perpendi.  Videbatur  enim  sibi  istud  verbum  esse 
causa  et  origo  fere  omnium  novitatum  ex  quibus  videbatur  horesis 

Sabelliana  procul  dubio  ressuscitari Cum  igitur  hoc  predictum 

verbum  predictus  A.  per  xxx  annos  et  eo  amplius  querendo  fatigatus 
nec  per  se  nec  per  alios  unquam  posset  invenire,  nec  ei  equi pollens, 
nec  auctoritatem  nec  rationem  quibus  hoc  posset  probari  vel  tueri, 
visum  est  sibi  perutile  ex  tôt  voluminibus  que  lociens  perlegerat 
auctoritales  aiïquas  eligendo  colligere  quas  vidit  ad  doclrinam  Sancte 
Trinitatis  et  ejusdem  unitatis  et  Verbis  Incarnationis  et  corporis  et 
sanguinis  Domini  necessarias  fore.  Quarum  in  volumine  composi- 
tionem  vocavit  Collectionem  quam  distinxit  per  xxiiii  distinctiones. 
Qua  per  multas  transcripta,  unam  dédit  Rome  Eugenio  [sic  :  lire 
Alexandro)  predicto  Pape  qui  eam  suscepit  cum  multa  gratiarum 
actione,  et  eam  didicit  ab  ipso  predicto  A.  tanquam  discipulus  sine 
omni  pudore  :  alium  quoque  librum  ejusdem  collectionis  dédit  Maga- 
lone;  alium  Psalmodiensi  abbatie';  alium  misit  Alemannie;  alium 
dédit  Valentie,  ecclesie  Sancti  Ruphi,  cum  alio  tractatu  de  Trini- 
tate; alium  et  michi  quem  Jerosolimis  reliqui.  Ex  hac  itaque  collec- 
tione  visum  est  et  mihi  aliquas  auctoritates  in  fine  hujus  opuscuH 
ponere  quibus  possint  predicta  muniri  et  minus  dicta  suppleri  ita  ut 
nichil  videatur  ibi  ni  si  ejus  auctoritate  tractari  ^. 

L'ouvrage  se  termine  par  un  résumé  de  chacune  des  distinctions 
qui  forment  la  Collectio  du  chanoine  de  Saint-Ruf^  Voici  l'in- 
dication des  sujets  de  chacune  : 

Prima  distinctione  commendant  Ilarium  Hieronymus  et  Augusti- 
nus  contra  eos  qui  eum  abhorrent. 

1.  Abbaye  de  Psalmodie,  au  diocèse  de  Nîmes. 

2.  D'après  des  renseignemenls  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  l'abbé  Ulysse 
Chevalier,  ce  manuscrit  n'existe  plus  à  Valence. 

3.  Fol.  90  y. 


4^6 

IF  distiiictione  continetur  quod  non  homini,  sed  soli  Deo  creden- 
dura  sit  de  Deo. 

III*  distinctio  dicit  quod  raultis  modis  dicitur  natura  et  essentia  et 
substantia,  et  quid  sit  natura  et  quid  persona  et  quod  inter  se  dif- 
ferunt. 

iV^  distinctio  signât  distincte  personas  a  natura. 

v""  distinctio  docet  quod  hoc  nomen  substantia  positum  est  in  desig- 
natione  persone,  non  nature. 

vi^"  distinctio  ostendit  quod  hoc  nomen  substantia  positum  est  in 
designatione  nature,  non  persone. 

VII"  distinctio  docet  quod  hoc  nomen  natura  positum  est  in  desig- 
natione persone,  non  nature. 

mi^  distinctio  ostendit  quod  hoc  nomen  natura  positum  est  in 
designatione  nature,  non  persone. 

ix''  distinctio  ostendit  quod  hoc  nomen  essentia  positum  est  in 
designatione  persone,  non  nature. 

X*  distinctio  docet  quod  hoc  nomen  essentia  positum  est  in  desig- 
natione nature,  non  persone. 

Distinctio  xi-^  docet  quod  persone  natura  et  substantia  et  essentia 
dicitur,  et  genus,  et  quahtas  et  species  et  proprietas. 

xii"  distinctio  ostendit  et  aperit  Sabellianam  et  Arrianam  heresim. 

xiiF  distinctio  docet  exordium  fidei  constituendum  a  Trinitate  et 
non  ab  unitate. 

xiva  distinctio  ostendit  quod  hec  tria  nomina,  Pater  et  Fihus  et 
Spirilus  Sanctus,  unam  rem  solitariam  non  nominant,  sed  unum- 
quodque  nominat  suam  rem  singulariter  subsistentem. 

XV"  distinctio  docet  quare  Pater  nominetur  Pater,  et  Filius  Fihus, 
et  Spiritus  Sanctus  Spiritus  Sanctus  et  quarc  Filius  nominetur  Ver- 
bum  et  Sapienlia  et  Virtus. 

Distinctio  xvi"  docet  quod  Pater  et  Fihus  et  Spirilus  Sanctus  a  sua 
communi  natura  hoc  nomen  suscipiunt  :  Deus. 

Distinctio  xvir'  docet  quod  hoc  nomen  Deus  sic  est  Patris  et  Fihi 
et  Spiritus  Sancti  ut  quandoque  Patrem  tantum  nominet,  quandoque 
Filium  tantum  nominet ,  quandoque  Spiritum  Sanctum  tantum , 
quandoque  simul  sine  distinctione  hos  1res  nominet. 

Distinctio  xviii"  docet  cum  unus,  una,  unum,  rem  solitarie  singu- 
larem  significet,  quando  et  quare  plures  nominet  personas. 

Distinctio  ixx»  docet  quibus  rationibus  Pater  et  Fihus  et  Spiritus 
Sanctus,  hcet  très  sint  in  numéro  discreti,  dicantur  esse  unum  et 
unus  Deus. 


447 

Distinctio  xx™  ostendit  quod  si  quis  pcr  unus  Deus  rem  soli tarie 
singularem  supponit  el  eidem  hec  tria  nomina  Pater,  Filius  et  Spi- 
ritus  Sanctus  attribuit,  Sabellianam  heresim  incurrit. 

Distinctio  xxi^  docet  ex  quo  sensu  Pater  et  Filius  et  Spirilus  Sanc- 
tus unum  et  unus  Deus  intelligi  debeanl. 

Distinctio  xxif  docet  quod  cum  dicitur  :  Pater  genuit  quod  ipse 
est,  per  istud  quod  non  refertur  subsistons  sed  subsistentis  natura 
quam  genus,  proprielatem  et  qualitatem  nominant. 

Distinctio  xxiii^  docet  Deum  idco  simplicem  esse  quod  ci  non  inest 
multitudo  naturarum,  nisi  una  sola  tantum,  quam  sancti  nominant 
ejus  esse  et  habere  et  velle  et  audire,  et  videre,  et  posse  et  vivere  et 
facere. 

Distinctio  xxiiii-^  docet  quid  de  singulis  singulorum  Patrls  el  Filii 
et  Spiritus  Sancti  proprietatibus  intellexerunt  sancti. 

X. 

En  résumé,  le  ms.  1085  de  Grenoble  fait  connaître  : 

1"  L'œuvre,  composée  à  la  fin  du  xif  siècle,  d'un  partisan  de 
Gilbert  de  la  Porrée,  qui  est  en  même  temps  un  ennemi  acharné 
de  saint  Bernard  et  de  Pierre  Lombard  ;  cette  œuvre  contient  un 
récit  nouveau  de  la  condamnation  de  Gilbert  de  la  Porrée  au 
concile  de  Reims. 

2"  Le  résumé  d'un  recueil  de  citations  extraites  des  Pères  par 
un  chanoine  de  Saint-Ruf,  qui  écrivait  k  la  même  époque. 

On  est  en  droit  d'en  conclure  qu'un  petit  groupe  de  théologiens 
conservait  encore  en  ce  temps  la  tradition  des  doctrines  hétéro- 
doxes que  Gilbert  avait  enseignées  sur  la  Trinité  :  ces  doctrines, 
rejetées  par  l'immense  majorité  de  l'Eglise,  n'allaient  à  rien  moins 
qu'à  ébranler  la  notion  de  l'unité  divine.  C'est  au  nom  de  telles 
doctrines  que,  poussés  par  la  plus  intolérante  rancune,  des  théo- 
logiens obscurs  lançaient  l'anathème  sur  les  hommes  les  plus 
savants  et  les  plus  respectés  de  l'Église  de  France. 

Quelle  influence  exerça  ce  petit  groupe  sur  le  développement 
des  hérésies  populaires  répandues  à  cette  époque  dans  le  midi  de 
la  France,  c'est  une  question  qu'il  serait  intéressant  de  résoudre 
et  qui  mériterait  d'attirer  l'attention  des  savants. 

Paul  FOURNIER. 


DE  L'ENCEINTE 


DU 


FAUBOURG   MERIDIONAL   DE   PARIS 

ANTÉRIEURE  A  CELLE  DE  PHILIPPE- AUGUSTE. 


J'ai  tenu  à  ce  que  le  titre  de  cette  dissertation  rappelât  celui 
du  mémoire  que  Berty  publiait,  il  y  a  plus  de  trente  ans,  et  dans 
lequel  il  étudiait  les  témoignages  d'une  enceinte  construite  au  nord 
de  Paris  avant  celle  qui  fut  élevée  au  commencement  du 
xiif  siècle*.  Mes  recherches  ont,  en  effet,  outre  l'analogie  du 
sujet,  plus  d'un  point  commun  avec  celles  de  mon  savant  devan- 
cier. Dans  les  deux  cas,  des  preuves  matérielles,  fournies  par  les 
remaniements  du  sous-sol,  font  défaut,  aussi  bien  que  des  docu- 
ments écrits  qui  seraient  directement  relatifs  à  ces  anciennes  cons- 
tructions ;  dans  les  deux  cas,  les  arguments  sont  empruntés  à  des 
textes  sans  lien  entre  eux,  comme  ils  sont,  par  nature,  étrangers 
à  notre  objet.  Enfin,  pour  compléter  la  comparaison,  j'ajouterai 
que  la  thèse  de  Berty  a  été  fort  controversée  et  que  la  mienne  a 
déjà  contre  elle  l'autorité  du  seul  archéologue  qui  ait  étudié  à  fond 
ces  questions. 

M.  Bonnardot,  dans  son  remarquable  livre  sur  les  enceintes  de 
Paris ^,  s'est  efforcé,  en  effet,  de  démontrer  que  les  faubourgs  du 
midi,  —  que  plus  tard  on  appela  l'Université,  pour  les  distinguer 
de  la  ville  et  de  la  cité,  —  n'avaient  jamais  été  protégés  par  une 
enceinte  avant  celle  dont  les  dota  Philippe-Auguste,  vers  l'an- 

1.  De  l'enceinte  du  faubourg  septentrional  de  Paris  antérieure  à  celle  de 
Philippe-Auguste,  dans  la  Revue  archéologique,  t.  XI  (1854-55),  j».  513-19. 

2.  Dissertations  archéologiques  sur  les  anciennes  enceintes  de  Paris,  par 
A.  Bonnardot,  Parisien.  Paris,  1852,  in-4°. 


I 


/H  9 

née  1210.  Pour  faire  cette  démonstration,  il  présente  en  premier 
lieu  des  considérations  générales,  puis  expose  et  combat  les  argu- 
ments déjà  produits  en  faveur  de  l'opinion  que  je  vais  de  nouveau 
défendre. 

J'examinerai  d'abord  les  considérations  générales,  qui  se 
réduisent  à  ceci  :  jusqu'au  commencement  du  xnf  siècle,  la  région 
du  midi  était  peu  commerçante,  peu  habitée  même  ;  d'immenses 
clos  en  culture  la  couvraient  ;  çà  et  là,  à  peine  quelques  églises 
ou  chapelles;  les  collèges  et  les  couvents  ne  s'y  multiplièrent 
qu'au  xiif  et  au  xrv^  siècle. 

Pour  être  très  accréditée,  cette  opinion  n'en  est  pas  moins  le 
contre-pied  même  de  la  réalité.  On  a  la  preuve  que,  dès  l'époque 
romaine,  un  vaste  faubourg  couvrait  la  rive  gauche  du  fleuve  et 
s'étageait  sur  les  flancs  du  mont  Lucotitius.  Est-il  besoin  de  rap- 
peler l'existence  de  ce  circus  restauré  par  Chilpéric  —  et  qui,  ces 
temps  derniers,  a  si  fort  retenu  l'attention  sous  le  nom  d'Arènes 
de  la  rue  Monge,  —  ou  du  palais  des  Thermes,  dont  les  ruines 
sont  encore  debout,  —  ou  du  vaste  cimetière  romain  que  révéla 
le  percement  delà  rue  Nicole?  Ce  n'est  pas  tout  :  les  fouilles  qu'a 
nécessitées  l'ouverture  des  rues  Soufflot,  Gay-Lussac,  des  Ecoles, 
pour  n'en  citer  que  quelques-unes,  ont  partout  décelé  d'irrécu- 
sables vestiges  de  constructions  romaines  ;  il  suffit,  pour  s'en  per- 
suader, de  lire  le  mémoire  auquel  le  maître  regretté,  Jules  Qui- 
cherat,  travaillait  quand  la  mort  est  venue  l'interrompre  ^ . 

D'autres  faits  viennent  prouver  que  ce  faubourg  ne  disparut 
pas  à  l'époque  franque  :  c'est  sur  la  rive  gauche  qu'étaient,  au 
Vf  siècle,  les  maisons  des  négociants  et  la  synagogue  des  juifs-; 
là  s'élevèrent,  au  même  temps,  les  deux  grandes  abbayes  de 
Saint-Germain-des-Prés  et  de  Saint-Pierre  (Sainte-Geneviève), 
autour  desquelles,  cela  n'est  pas  douteux,  vint  se  grouper  toute 
une  clientèle  de  colons  et  de  serfs. 

M.  Bonnardot  n'a  eu  raison  que  pour  les  collèges  et  les  cou- 
vents, car,  dès  le  vii*^  siècle,  les  églises  étaient  nombreuses  dans 
cette  région  :   Saint-Julien,  Saint-Séverin ,  Notre -Dame- des- 

1.  Les  Vestiges  romains  de  la  rive  gauche  de  la  Seine  à  Paris,  dans  les 
Mélanges  d'archéologie  et  d'histoire  :  antiquités  celtiques,  romaines  et  gallo- 
romaines,  p.  460-7. 

2.  Grégoire  de  Tours,  iiist.  Franc,  VI,  17,  22:  VIII,  33.  Voy.  aussi  dans  les 
Me'ni.  de  l'Académie  des  inscriptions,  XV,  056,  une  dissertation  de  Bonamy  : 
Recherches  sur  la  célébrité  de  la  ville  de  Paris  avant  les  ravages  des  Normands. 


420 

Champs,  Saint-Bache,  devenu  Saint-Benoît,  Saint-Etienne-des- 
Grès,  et  l'on  imagine  malaisément  tant  d'églises  pour  si  peu  de 
fidèles. 

Yeut-on  une  dernière  preuve,  qui  ne  sera  pas  la  moins  con- 
vaincante? Le  premier  hôtel  de  ville  des  Parisiens  était,  lui  aussi, 
de  ce  côté  de  la  rivière;  si  ses  origines  sont  insaisissables,  du 
moins  est-il  certain  qu'il  existait  bien  avant  Philippe- Auguste, 
et  c'est  encore  à  M.  Quicherat  que  je  renvoie  pour  les  renseigne- 
ments si  nouveaux  qu'il  donne  à  cet  égard  dans  son  mémoire  sur 
la.  Rue  et  le  château  Haute  feuille  à  Paris^.  J'y  reviendrai, 
d'ailleurs. 

J'espère  avoir  établi  que,  de  tout  temps,  le  quartier  de  la  rive 
gauche  ne  fut  rien  moins  qu'un  désert;  j'arrive  maintenant  aux 
arguments  qu'on  avait  produits  en  faveur  d'une  antique  enceinte 
et  que  M.  Bonnardot  a  pensé  ruiner.  Il  en  cite  trois  que  je 
vais  tout  d'abord  énumérer  :  le  premier  est  emprunté  à  un  pas- 
sage de  la  prétendue  charte  de  Childebert  pour  Saint-Germain- 
des-Prés  en  558  ;  la  nouvelle  église  y  est  dite  :  «  Prope  muros 
civitatis  ;  »  à  quoi  M.  Bonnardot  répond  qu'il  s'agit  d'une 
muraille  de  la  cité  ;  le  second  argument  est  tiré  de  la  vie  de  saint 
Martin  par  Sulpice  Sévère,  où  il  est  rapporté  que  le  saint,  venant 
de  Tours  à  Paris,  rencontra,  à  Ventrée  de  cette  ville,  un  lépreux 
qu'il  guérit  en  lui  donnant  un  baiser.  M.  Bonnardot  déclare  qu'il 
n'en  résulte  pas  qu'une  porte  constituât  cette  entrée.  La  troi- 
sième preuve  est  la  plus  sérieuse  ;  elle  est  empruntée  à  une  ancienne 
Vie  de  sainte  Geneviève  et  c'est  Tabbé  Lebeuf  qui  l'a  mise  en 
avant^;  sainte  Geneviève,  dit  l'hagiographe ,  est  inhumée  «  in 
basilica  in  monte  sitajuœta  nove  mœnia  Parisii  nomine  Luco- 
ticio.  »  Ici,  je  dois  citer  textuellement  la  réplique  de  M.  Bonnar- 
dot :  «  Toute  la  valeur  de  ce  document  repose  sur  l'époque  pré- 
cise du  manuscrit;  or,  cette  époque  est  sujette  à  controverse. 
Lebeuf  lui-même  avoue  qu'à  en  juger  par  les  caractères,  il  était 
du  xf  siècle.  Je  n'ai  jamais  vu  ni  cherché  à  voir  le  texte  ori- 
ginal, supposé  qu'il  existât  encore,  mais  je  l'ai  vu  imprimé 
dans  Y  Office  et  la  Vie  de  sainte  Geneviève,  in -8°,  1697. 
Autant  que  je  puis  en  juger  par  l'analogie  avec  d'autres  textes, 

1.  Mémoires  de  la  Soc.  des  antiquaires  de  France,  1882,  et  loc.  cit.,  p.  440-59. 

2.  Dissertation  sur  le  viens  Catolocensis  des  actes  de  sainte  Geneviève,  au 
tome  I,  p.  1-39,  des  Dissertations  sur  l'histoire  ecclésiastique  et  civile  de  Paris, 
1739,  3  in- 12. 


421 

le  latin  m'a  paru  trop  correct  pour  remonter  au  xi''  siècle...  » 
Qu'on  me  permette  maintenant  de  discuter  à  mon  tour  cette 
argumentation  en  partie  double.  La  charte  de  558  ne  prouve  rien 
pour  le  Vf  siècle,  pas  plus  pour  les  murs  de  la  cité  que  pour  ceux 
du  faubourg,  car  la  démonstration  de  sa  fausseté  a  fait  le  sujet  de 
la  plus  remarquable  peut-être  des  études  critiques  de  Quicherat  ^ . 
Je  fais  peu  de  cas  aussi  du  passage  de  la  Vila  S.  Martini  :  il 
peut  en  effet  s'agir  de  l'entrée  de  la  cité  ou  de  l'entrée  de  la  ville  ; 
toutefois  je  ferai  observer  que  saint  Martin  y  est  donné  comme 
venant  de  Trêves,  non  de  Tours,  mais  que  le  texte  parle  très 
positivement  d'une  porte  :  «  Apud  Parisius  vero,  dum  portam 
civitatis  illius,  magnis  secum  turbis  euntibus,  introiret,  lepro- 
sum  miserabili  facie ,  horrentibus  cunctis ,  osculatus  est  atque 
benedixit,  qui  statim  ab  omni  malo  emundatus  esl^.  »  Etant  donné 
que  les  lépreux  n'avaient  pas  alors  le  droit  de  pénétrer  dans  les 
villes,  ce  passage  prouve  que  la  porte  était,  au  plus  près,  située  à 
l'extrémité  du  pont,  vers  le  faubourg. 

J'ai  hâte  d'en  venir  au  troisième  témoignage,  celui  que  nous 
fournit  la  Vie  de  sainte  Geneviève.  Ce  n'est  pas  la  seule  fois 
que  M.  Bonnardot  ait  donné  à  entendre  sa  répugnance  pour  l'exa- 
men des  textes  manuscrits;  chez  lui,  c'était  un  parti  pris  et  il  a 
déclaré,  en  tête  de  ses  dissertations  sur  les  enceintes,  que  le  déchif- 
frement des  vieilles  écritures  lui  causait  une  fatigue  de  nature  à 
paralyser  toute  sa  bonne  A'olonté.  Un  pareil  sentiment  est  sur- 
prenant de  la  part  d'un  archéologue  ;  il  est  surtout  regrettable, 
car  il  nous  a  valu  un  bon  livre  seulement,  au  lieu  d'un  livre 
excellent.  Si,  dans  l'espèce,  M.  Bonnardot  eût  fait  violence  à  ses 
répulsions,  voici  ce  qui  se  serait  produit  :  il  aurait  consulté,  à  la 
bibliothèque  Sainte-Geneviève,  le  manuscrit  H,  2,  L,  qui  contient 
la  Vie  en  question,  et,  ne  s'en  fiant  plus  au  latin  rajeuni  du  texte 
imprimé  en  1697,  il  se  serait  trouvé  en  présence  d'un  document 
du  x"  siècle  ;  au  surplus,  il  aurait  constaté  que  le  passage  dont  il 
s'agit  n'a  été  l'objet  d'aucune  interpolation,  d'aucune  correction 
ultérieure.  Ainsi  aurait-il  encore  donné  tort  à  Lebeuf,  mais  tout 
autrement,  car  il  aurait  reculé  au  delà  du  xf  siècle  la  date  d'un 
texte  qu'il  a  cru  plus  récent. 


1.  Critique  des  deux  plu-,  anciennes  chartes  de  l'abbaye  de  Saint- Germain- 
des-Prés,  dans  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  1865,  pp.  513-55. 

2.  Sulpice  Sévère,  dans  Migne,  Patrologia  Latina,  XX,  170. 


422 

La  Vie  de  sainte  Geneviève  a  d'ailleurs  été  étudiée  par  notre 
confrère  M.  Ch.  Kohler,  dans  un  mémoire  qui  est  un  modèle  de 
critique  des  textes  hagiographiques ^  M.  Bonnardot  n'a  malheu- 
reusement pu  profiter  pour  son  livre  des  conclusions  de  cette 
savante  étude  :  elles  auraient  suffi  à  le  persuader  et  il  y  aurait, 
en  outre,  trouvé  les  preuves  que  ce  document,  —  ou  plutôt  le 
remaniement  où  a  été  introduite  la  mention  des  nove  menia,  — 
ne  saurait  être  postérieur  à  la  fin  du  ix**  siècle  ^ 

Yoilà  donc  trois  nouveaux  faits  constatés  et  acquis  du  même 
coup,  grâce  à  ces  trois  mots  :  juxta  nove  menia;  l°un  rempart 
existait  à  l'extrémité  du  faubourg  méridional  ;  2"  il  était  proche  de 
l'église  où  fut  inhumée  sainte  Geneviève  ;  3°  enfin  sa  construction 
était  récente  vers  l'époque  des  invasions  normandes.  Les  deux 
derniers  points  surtout  sont  importants  et  je  ne  m'explique  pas 
que  Lebeuf  n'en  ait  su  mieux  tirer  parti.  Le  savant  abbé  conclut 
en  effet  que  «  ces  murs...  ne  passoient  pas  au  delà  de  l'endroit  où 
sont  les  Carmes,  Saint-Yves  et  la  rue  du  Foin,  et  rabbatoient 
ensuite  jusqu'aux  environs  du  pont  Saint-Michel,  »  —  ce  qui 
revient  à  faire  passer  la  muraille  au  bas  du  coteau,  là  où  est  main- 
tenant la  place  Maubert.  Outre  qu'on  ne  voit  guère  l'utilité  d'une 
pareille  clôture,  qui  aurait  circonscrit  un  si  petit  espace  en  se 
laissant  dominer  par  la  colhne,  il  est  certain  que,  s'il  en  eût  été 
ainsi,  le  rédacteur  de  la  Vie  de  sainte  Geneviève  n'aurait  pas 
employé  le  moi  juoota.  Comme  l'abbaye  de  Sainte-Geneviève  fut 
reconstruite  sur  les  fondations  mêmes  de  la  basilique  que  les  Nor- 
mands avaient  brûlée,  il  demeure  avéré  que  le  rempart  élevé  dans 
le  voisinage  passait  par  le  sommet  du  mont  Lucotitius. 

Il  me  reste  à  rendre  raison  du  nove  menia,  et  c'est  mainte- 
nant que  je  suis  forcé  d'entrer  dans  le  domaine  de  l'hypothèse. 
Si  les  invasions  normandes  prirent,  dans  la  plupart  des  cas,  les 
populations  au  dépourvu,  il  ne  faut  pas  croire  que  les  villes 
n'aient  pas  fait  du  moins  quelques  tentatives  pour  se  mettre  à 
l'abri  et  sur  la  défensive.  Entre  autres  preuves,  je  citerai,  pour 
Paris,  ce  paragraphe  du  capitulaire  de  877  :  «  De  civitate  Pari- 
sius  et  de  castellis  super  Sequanam  et  Ligerim  ex  utraque  parte 
qualiter  et  a  quibus  instaurentur,  specialiter  etiam  de  castello 

1.  Étude  critique  sur  la  Vie  latine  de  sainte  Geneviève  de  Paris.  Paris,  1881, 
in-8%  48*=  fasc.  de  la  Bibliothèque  de  l'École  des  hautes  études. 

2.  Ibid.,  p.  XXVI  et  suiv. 


423 

Sancti  Dyonisii^  »  M.  Quicherat  a  tiré  de  ce  texte  l'un  de  ses 
arguments  contre  l'authenticité  de  la  charte  de  Saint-Gerraain- 
des-Prés  ;  il  en  cite  un,  plus  concluant  encore,  emprunté  à  la  chro- 
nique d'Adon,  où  Charles  le  Chauve  est  dit  positivement  avoir 
construit  les  deux  Cliâtelets  de  Paris  :  «  Positis  in  utrisque  capi- 
tibus  castellis  artiflciosissime  fundatis,  in  quibus  ad  custodiam 
regni  praesidia  disposuit^.  »  Il  n'est  pas  là  question,  je  le  vois,  d'une 
autre  fortification  que  de  celle  des  ponts  de  Paris,  mais,  puisque 
nous  savons  d'autre  part  que  les  remparts  du  faubourg  méridio- 
nal étaient  nouveaux  à  la  fin  du  ix*^  siècle,  il  paraît  vraisemblable 
d'imaginer  pour  la  même  époque  la  construction  de  tout  un  sys- 
tème de  défense  contre  les  incursions  des  Normands. 

Je  dis  construction,  sans  vouloir  parler  d'achèvement,  car  aucun 
document  ne  nous  permet  d'affirmer  que  la  clôture  embrassa,  dès 
'^^tte  époque,  tout  le  périmètre  des  faubourgs  du  sud,  et  il  serait 
peut-être  téméraire  de  déduire  cette  conséquence  des  deux  faits 
qu'il  me  reste  à  rapporter. 

En  1061,  Philippe  ?'"  céda  à  l'abbaye  de  Saint-Germain-des- 
Prés,  en  échange  du  village  de  Combs  (Combs-la-Ville,  près  de 
Melun),  qu'elle  avait  autrefois  possédé,  la  terre  de  Bagneux.  La 
charte  consacrant  cet  échange  est  bien  connue  ;  elle  a  été  plu- 
sieurs fois  publiée 3  et  oâ"re  tous  les  caractères  de  l'authenticité; 
mais  on  n'y  a  pas  encore  relevé  ce  trait  curieux  que  Bagneux  y 
est  qualifiée  sitam  prope  mœnia  Parisiace  urîis. 

A  la  vérité,  une  semblable  désignation  a  de  quoi  surprendre, 
car  Bagneux  était  à  une  distance  de  six  kilomètres  au  moins 
de  l'enceinte  que  j'essaye  de  reconstituer  ;  mais  l'abbé  Lebeuf  a 
remarqué^  que  «  tout  ce  canton-là  avoit  été  nommé  Bcmniola  ou 
Banniolœ,  parce  que  c'étoient  les  limites  de  l'étendue  aujourd'hui 
appelée  Banlieue.  »  Sans  qu'il  soit  besoin  d'accepter  cette  étymo- 
logie,  on  admettra  qu'un  territoire  de  la  banlieue  ait  pu  être  dit 
près  des  murailles  de  la  ville.  Or,  une  ligne  droite  tracée  de  ce 
point  vers  Paris  viendrait  aboutir  à  peu  près  dans  le  jardin  du 
Luxembourg,  et  la  preuve  me  paraît  faite  que  l'enceinte  anté- 

1.  Baluze,  Capitul.,  II,  267. 

2.  Critique  des  deux  plus  anciennes  chartes,  etc.,  loc.  cit.,  p.  523. 

3.  Galiia  christiaaa,  t.  VII,  col.  3-i,  des  Instrumenta,  et  J.  Tardif,  Monu- 
ments historiques  (cartons  des  rois),  n"  284. 

4.  Histoire  de  la  ville  et  de  tout  le  diocèse  de  Paris,  t.  III,  p.  573  de  la 
récente  édition  en  5  volumes  in-8°. 


424 

rieure  à  Philippe- Auguste  s'étendait  vers  l'ouest  et  ne  se  bornait 
pas  à  défendre  le  sommet  de  la  colline. 

Enfin,  si  l'on  médite  attentivement  les  observations  présentées 
par  M.  Quicherat,  dans  son  mémoire  sur  la  Rue  et  le  château 
Haute  feuille^  à  propos  des  fouilles  de  la  rue  Soufïiot,  on  se  per- 
suadera qu'à  l'endroit  où  cette  rue  rejoint  le  boulevard  Saint- 
Micliel,  se  dressait  un  édifice  très  fortifié,  flanqué  d'un  donjon 
carré,  bien  avant  que  Philippe-Auguste  eût  construit  la  muraille 
qui  passa  par  ce  point.  C'était  précisément  le  Parloir  aux  Bour- 
geois ,  ou ,  pour  mieux  dire ,  c'est  dans  cette  forteresse  que  la 
hanse  des  marchands  de  Paris  avait  le  siège  de  sa  juridiction.  A 
cette  époque  surtout,  les  délibérations  municipales  n'avaient  pas 
besoin,  pour  se  produire,  de  l'abri  d'un  tel  château  fort;  il  faut 
donc  reconnaître  que  le  bâtiment  avait  été  construit  pour  un 
autre  objet,  et  cet  objet  ne  peut  être  que  la  fortification  même  de 
Paris. 

Telles  sont  les  preuves  que  j'ai  pu  réunir  :  je  ne  me  dissimule 
pas  ce  qu'elles  ont  d'incomplet  ;  mais,  si  je  n'ai  pu  suivre  dans 
tout  son  tracé  l'enceinte  méridionale  antérieure  à  Philippe- 
Auguste,  j'espère,  du  moins,  en  avoir  établi  la  réelle  existence, 
l'avoir  constatée  sur  plusieurs  points  et  peut-être  même  avoir 
donné  la  date  et  le  motif  de  sa  construction. 

Fernand  Bodrnon. 

1.  Loc.  cit.  Voy.  notamment  pp.  450-5. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Sommario  brevissimo  délie  lezîoni  di  paleografia,  tenute  nella  nuova 
scuola  Vaticana,  Vanno  ^885,  dal  can.  Isidore  CiRiNi,  soUoarclii- 
visla  délia  S.  Sede.  Fasc.  \.  Scritture  varie.  Scrittura  lalina. 
Roma,  tipografia  Vaticana,  iSSti.  In-S",  86  pages. 

Ce  fascicule  contient  un  résumé  du  cours  professé  par  l'auteur. 
M.  Carini  dit,  au  début,  quelques  mots  des  écritures  idéographiques  et 
des  anciens  alphabets  italiotes.  Il  distingue  ensuite  trois  âges  de  l'écri- 
ture au  moyen  âge  :  romano-barbarico,  du  y^  au  xn«  siècle;  golico  o 
monacale,  du  xni«  au  xv"  s.;  moderno,  depuis  le  xyi«  s.  Il  serait  difficile 
d'analyser  ce  programme;  l'auteur  paraît  être  au  courant  des  plus 
récents  travaux  français  et  allemands  ;  peut-être  toutefois  prend-il  trop 
au  pied  de  la  lettre  l'expression  d'écritures  nationales,  employée  souvent 
pour  désigner  les  écritures  lombardique,  visigothique,  anglo-saxonne, 
etc.  Ne  serait-il  pas  plus  prudent  de  faire  de  ces  écritures  particulières 
le  produit  d'écoles  particulières  d'écrivains,  plutôt  que  d'y  chercher  les 
traces  du  génie  national  des  différents  peuples  ?  M.  Carini  fait  d'ailleurs 
dériver  ces  différents  systèmes  d'écritures  de  la  cursive  romaine.  Pour- 
quoi alors  maintenir  ces  appellations  bizarres,  qui  ont  le  tort  grave  de 
laisser  supposer  que  jamais,  hors  de  l'Espagne,  on  n'a  employé  l'écri- 
ture visigothique  et  que  l'écriture  mérovingienne  n'a  jamais  franchi  les 
Alpes? 

Auguste    MOLINIER. 

Unedirte  Diployne  III.  (Signé  :  E.  Muhlbacber.)  S.  1,  n.  d.  In-8°, 
25  pages.  (Extrait  des  Mittheilungen  des  Instituts  fur  oesterrei- 
chische  Geschichtsforschung,  vol.  VII,  fasc.  3.) 

La  rédaction  des  Mittheilungen  publie  de  temps  en  temps  des  diplômes 
inédits  des  anciens  souverains  allemands,  recueillis  par  ses  collaborateurs 
dans  divers  dépôts  de  l'Allemagne  et  des  autres  pays.  Les  deux  premiers 
articles  de  cette  série  ont  paru  en  1881  et  en  1884  (voy.  Bibliothèque  de 
l'École  des  chartes,  XLJ,  1881,  p.  584,  et  XLVII,  1886,  p.  293).  Le 
n*  III,  qui  vient  de  paraître  et  qui  a  été,  comme  les  précédents,  tiré  à 
part,  contient  quatre  diplômes  de  Louis  le  Pieux,  dont  trois  intéressent 

28 


426 

directement  la  France.  Nous  nous  empressons  de  les  signaler  à  nos  lec- 
teurs : 

1°  Aix-la-Chapelle,  9  septembre  814,  pour  la  cathédrale  de  Langres 
(d'après  une  copie  du  x«  siècle,  conservée  aux  archives  de  la  Haute- 
Marne)  ; 

2°  Aix-la-Chapelle,  30  août  815,  franchise  de  tonlieu  pour  douze 
barques  de  l'abbaye  de  Saint-Martin  de  Tours,  sur  les  diverses  rivières 
de  l'empire  (d'après  plusieurs  copies  de  la  Bibliothèque  nationale)  ; 

3°  Sans  date,  concession  d'immunité  pour  la  même  abbaye  (même 
provenance)  ; 

4"  Aix-la-Chapelle,  27  avril  819,  pour  la  cathédrale  de  Plaisance 
(vidimus  du  xm^  siècle,  à  Plaisance). 

Viennent  ensuite  trois  diplômes  italiens  de  Charles  le  Gros,  avant  son 
avènement  en  France  (881  et  882).  Enfin,  la  pièce  17  et  dernière  est  un 
diplôme  de  Henri  IV,  roi  de  Germanie,  qui  donne  à  la  cathédrale  de 
Verdun  curtim  nomine  Diuram  in  pago  Rurgouue;  les  éditeurs  ne  pro- 
posent aucune  identification  pour  ce  nom.  L'acte  est  daté  de  Kaisers- 
"werth,  le  26  avril  1057.  L'original  est  conservé  au  Musée  germanique, 
à  Nuremberg. 

Recherches  historiques  et  diplomatiques  sur  les  premières  années  de 
la  vie  de  Louis  le  Gros  (^08^-^^00),  par  Achille  Ldchaire,  chargé 
de  l'enseignement  des  sciences  auxiliaires  de  l'histoire  à  la  Faculté 
des  lettres  de  Paris.  Paris,  A.  Picard,  ^886.  In-S",  3^  pages. 

Les  chroniqueurs  contemporains  ne  rapportent  que  peu  de  chose  sur 
l'enfance  de  Louis  VI  ;  l'époque  précise  de  la  naissance  de  ce  prince 
nous  est  même  inconnue.  Suger  parle  en  termes  assez  vagues  des 
premières  années  de  son  héros,  et,  pour  mieux  dater  les  événements 
qu'il  rapporte,  M.  Luchaire  n'a  pas  jugé  inutile  de  contrôler  et  d'éclai- 
rer le  récit  de  l'abbé  de  Saint-Denis  à  l'aide  des  autres  chroniqueurs 
contemporains  et  des  chartes  du  temps.  Le  rapprochement  de  tous  ces 
textes  lui  a  permis  de  mettre  en  pleine  lumière  la  figure  très  sympa- 
thique de  Louis  le  Gros,  le  premier  grand  homme  qu'ait  compté  la 
dynastie  capétienne.  On  le  voit,  dès  l'âge  de  seize  ans,  déployer  une 
activité  extraordinaire,  se  montrer  ce  qu'il  fut  toute  sa  vie,  entreprenant 
et  audacieux.  Le  mémoire  de  M.  Luchaire,  écrit  avec  précision  et  clarté, 
est  une  utile  contribution  à  l'histoire  de  la  dynastie  capétienne  et  n'est 
pas  indigne  de  l'auteur  des  Institutions  monarchiques  et  des  Actes  de 
Louis  VIL 

Auguste   MOLINIER. 


427 


Observations  on  the  parentage  of  Gundreda,  countess  of  Warenne, 
by  sir  George  F.  Duckeït,  Bart.  [^886.]  In-8%  \7  p.  (Extrait  du 
Yorkshire  Arclixological  Journal^  IX,  42i-437.) 

Gondrée,  femme  de  Guillaume  !«■■,  comte  de  Warenne  et  de  Surrcy, 
passe  généralement  pour  avoir  été  la  fille  de  Guillaume  le  Conquérant 
et  de  la  reine  Mathilde.  M.  Staplcton  lui  a  donné  une  autre  origine  :  il 
a  conjecturé  qu'elle  était  lille  d'un  avoué  flamand,  lequel  aurait  été  le 
premier  mari  de  la  princesse  Mathilde.  Ainsi  s'expliquerait  lo  passage 
oii  Orderic  Vital  (éd.  Le  Prévost,  II,  221)  dit  que  Gondrée  avait  pour 
frère  un  Flamand  nommé  Gherhodus. 

Sir  George  F.  Duckett  combat  le  système  de  Stapleton  ;  il  pré- 
tond que  Gherbodus  était  simplement  le  frère  de  lait  de  Gondrée.  La 
dissertation  qu'il  a  écrite  à  ce  sujet  mérite  d'être  prise  en  considération 
par  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  l'histoire  généalogique  de  la  famille 
des  ducs  de  Normandie  et  des  rois  d'Angleterre. 

L.    DELtSLE. 

Simon  de  M  ont  fort,  comte  de  Leicester,  sa  vie  (-1 20  ?-^  265) ,  soti  rôle 
politique  en  France  et  en  Angleterre.  Thèse  présentée  à  la  faculté 
des  lettres  de  Paris,  par  Charles  BémOx\t.  Paris,  Alphonse  Picard, 
^S84.  In-8°,  xxvii-387  pages. 

Avant  de  former  une  thèse  de  doctorat  es  lettres,  le  travail  de  notre 
confrère  M.  Bémont  sur  Simon  de  Montfort,  comte  de  Leicester,  avait 
été  présenté  comme  thèse  de  sortie  à  l'École  des  chartes ^.  L'auteur,  à 
la  soutenance,  avait  obtenu  de  ses  juges  les  éloges  les  plus  flatteurs. 
Malgré  cet  encouragement,  il  n'a  pas  voulu  livrer  à  l'impression  un 
ouvrage  composé  sur  les  bancs  de  l'École.  Il  s'est  appliqué  sans  relâche 
à  le  compléter  par  de  nouvelles  recherches,  à  en  perfectionner  la  rédac- 
tion, et  ce  n'est  qu'au  bout  de  huit  ans  qu'il  s'est  décidé  à  soumettre  à 
la  faculté  des  lettres,  puis  au  public,  le  beau  volume  que  nous  avons 
aujourd'hui  entre  les  mains. 

Le  sujet  était  vaste,  compliqué,  difficile  à  saisir  dans  toutes  ses  par- 
lies.  Il  touche  à  la  fois  à  l'histoire  de  deux  pays.  Le  héros,  Simon  de 
Montfort,  était,  par  sa  naissance,  un  Français  ;  c'était  le  troisième  fils 
de  l'heureux  aventurier  à  qui  la  défaite  des  Albigeois  valut,  pour  un 
moment,  une  fortune  si  surprenante.  Mais,  avant  sa  trentième  année, 
une  réclamation,  fondée  sur  les  droits  de  sa  grand'mère  et  favorablement 
accueillie,  le  mit  en  possession  d'une  des  premières  seigneuries  anglaises, 
et,  peu  après  (1238),  Henri  III  lui  donna  en  mariage  sa  propre  sœur, 

1.  Positions  des  thèses  présentées  par  les  élèves  de  la  promotion  1870,  p.  3. 


428 

Aliéner,  veuve  du  comte  Guillaume  de  Pembroke.  Depuis  ce  moment 
jusqu'à  sa  mort  (4  août  1265),  le  comte  de  Leicester  passa  presque  toute 
sa  vie  soit  en  Angleterre,  soit  dans  les  domaines  français  de  Henri  III, 
tantôt  au  service  de  son  royal  beau-frère,  tantôt  en  opposition,  puis  en 
révolte  ouverte  contre  lui.  Sa  vie  appartient  donc  à  l'histoire  d'Angle- 
terre plus  qu'à  l'histoire  de  France.  En  s'aventurant  sur  ce  terrain  étran- 
ger, notre  confrère  a  fait  preuve  d'une  audace  que  le  succès  a  justifiée. 
Son  ouvrage  a  été  apprécié  par  les  critiques  de  la  Grande-Bretagne,  et, 
de  leur  aveu,  l'historien  français  a  su  mieux  comprendre  et  mieux 
éclairer  que  ses  devanciers  un  des  épisodes  les  plus  importants  de  l'his- 
toire de  la  constitution  anglaise. 

On  a  beaucoup  exagéré  la  portée  des  réformes  constitutionnelles 
attribuées  au  comte  de  Leicester.  On  est  allé  jusqu'à  faire  de  lui  le  créa- 
teur de  la  chambre  des  communes''.  M.  Bémont  repousse  cette  opinion 
et  s'attache  à  remettre  les  choses  sous  leur  vrai  jour.  Simon  de  Montfort 
fut  le  chef  d'une  révolte,  non  le  fondateur  d'un  régime.  En  appelant  les 
représentants  des  communes  au  parlement  de  1265,  il  ne  songeait  pas  à 
créer  une  institution  régulière  et  durable;  il  ne  vit  dans  cette  mesure 
qu'un  expédient  temporaire,  motivé  par  des  circonstances  exception- 
nelles. L'innovation  dont  on  a  voulu  lui  faire  l'honneur  ne  s'accomplit 
réellement,  selon  notre  confrère,  que  trente  ans  après  sa  mort  :  «  La 
représentation  des  communes,  dit-il,  qui,  en  1213  et  en  1265,  n'avait  été 
qu'un  expédient,  devint  la  règle  depuis  1295...  Le  véritable  créateur  de 
la  chambre  des  communes,  c'est  le  politique  Edouard  le"",  ce  n'est  pas 
le  révolutionnaire  Simon  de  Montfort.  » 

L'étude  de  la  vie  du  comte  de  Leicester  a  été  pour  l'auteur  l'occasion 
d'entrer  dans  bien  des  détails  divers  et  de  faire  connaître  nombre  de 
particularités  nouvelles  et  curieuses.  Pendant  six  ans  (1248-1254),  Simon 
gouverna  la  Gascogne  au  nom  de  Henri  IH.  Son  administration  fut 
despotique,  et  sa  conduite  rigoureuse  à  l'égard  des  malheureuses  popu- 
lations de  la  province  s'accorde  mal  avec  les  tendances  ou  les  préten- 
tions libérales  dont  il  dut  faire  montre  plus  tard,  quand  il  fut  le  chef 
de  l'opposition  des  barons  contre  l'autorité  du  roi.  A  propos  du  comté 
de  Leicester,  dont  il  obtint  la  restitution  en  1231,  M.  Bémont  décrit  la 
constitution  d'une  grande  seigneurie,  l'organisation  de  la  féodalité,  le 
régime  des  biens  et  des  personnes  dans  les  villes  et  les  campagnes  en 
Angleterre  au  xuV  siècle.  Ce  sont  là  des  questions  mal  connues,  du 
moins  chez  nous;  notre  confrère  en  a  fait  une  étude  approfondie,  et  les 
lecteurs  curieux  de  s'en  instruire  consulteront  avec  proiït  les  pages  dans 
lesquelles  il  a  exposé,  avec  beaucoup  de  clarté,  le  résultat  de  ses  recherches. 

1.  Un  des  derniers  biographes  de  Simon,  M.  R.  Pauli,  a  intitulé  son  livre  : 
Simon  von  Montfort,  Grafvon  Leicester,  der  Schôpfer  des  Bauses  des  Gemei- 
nen  (Tiibingen,  1867). 


42!) 

M.  Bémont  n'a  épargné  aucun  soin  pour  recueillir  des  (locuments 
nouveaux  sur  la  vie  privée  et  publique  de  son  héros.  Il  est  allé  à  plu- 
sieurs reprises  explorer  les  bibliotliéques  et  les  archives  de  la  Grande- 
Bretagne.  Les  cinquante-quatre  pièces  justificatives  qui  terminent  le 
volume,  et  qui  étaient  pour  la  plupart  inédites,  sont  tirées  des  Archives 
nationales  et  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris,  du  Musée  britan- 
nique de  Londres,  de  la  Bodléiennc  d'Oxford  et  même  des  archives  de 
la  ville  de  Leicester.  Parmi  ces  pièces,  on  remarque  le  testament  ori- 
ginal du  comte,  écrit  de  la  main  de  son  fils  Henri,  que  notre  confrère 
a  eu  la  bonne  fortune  de  découvrir  à  la  Bibliothèque  nationale,  et  dont 
il  a  donné  la  primeur,  il  y  a  quelques  années,  à  notre  recueil^. 

Julien  Ha  VET. 


Les  Œuvres  de  Hugues  de  Saint-Victor.  Essai  critique^  par  B.  Hau- 
RÉAu.  Nouvelle  édition.  Paris,  librairie  Hachette,  \  886.  In-8'',  ix  et 
238  pages. 

Ce  livre  est  la  refonte  et  le  développement  du  travail  que  l'auteur 
avait  publié  en  18592  et  qui,  au  jugement  des  meilleurs  critiques,  avait 
jeté  une  lumière  inattendue  sur  l'authenticité  des  œuvres  composées 
par  le  fondateur  de  l'école  de  Saint- Victor,  ou  à  lui  attribuées  soit  par  les 
copistes  du  moyen  âge,  soit  par  les  bibliographes  anciens  et  modernes. 
La  nouvelle  édition  aboutit  à  peu  près  aux  mêmes  résultats  que  la  pre- 
mière; mais  les  renseignements  y  sont  encore  plus  abondants,  et  les 
conclusions  en  sont  justifiées  par  des  observations  toujours  plus  nom- 
breuses et  parfois  encore  plus  décisives.  M.  Hauréau  a  merveilleuse- 
ment rempli  son  programme,  qu'il  a  résumé  en  quelques  lignes. 

«  L'authenticité  des  ouvrages  attribués  à  l'illustre  écolàtre,  dit-il,  était 
depuis  longtemps  une  question  pleine  d'embarras  pour  les  historiens. 
On  avait  recueilli  des  présomptions  et  même  des  preuves  contre  plu- 
sieurs de  ces  attributions,  et  de  là  s'étaient  élevés  des  doutes  légitimes 
sur  l'ensemble  et  les  diverses  parties  de  la  collection  formée  par  les 
chanoines  de  Saint-Victor.  Si  nous  avons  proposé  d'enlever  à  cette  col- 
lection un  certain  nombre  d'écrits  jusqu'alors  réputés  authentiques, 
nous  croyons  avoir  démontré  que  plusieurs  autres,  contestés  à  notre  doc- 

1.  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  XXXVIII,  1877,  p.  333.  —  Dans  la 
pièce  XXIX,  p.  326  du  livre,  au  Heu  de  :  dampnum  pupli,  cum  ut  predictum 
est,  il  faut  lire  :  dampnum  pupliciim,  ut,  etc.,  et  supprimer  la  note.  — 
Pièce  XXXI,  p.  329,  ligne  6  du  bas,  supprimer  le  mot  sic  et  la  noie.  —  P.  58, 
ligne  19,  au  lieu  de  :  «  ui  poulet  de  cent  sous  »  (quel  poulet  Lors  de  prix!), 
lire  :  «  un  poulain  de  cent  sous  »  [pullum  precil  c  solidorum). 

2.  Hugues  de  Saint-Victor.  ISouvel  examen  de  l'édition  de  ses  œuvres,  par 
B.  Hauréau.  Avec  deux  opuscules  inédits.  Paris,  1859,  in-S". 


430 

teur,  lui  doivent  être  rendus.  On  avait  aussi  beaucoup  grossi  la  liste  de 
ses  ouvrages  inédits.  Nous  l'avons  considérablement  réduite,  et  néan- 
moins nous  avons  fait  connaître  plusieurs  opuscules  qui  sont  demeurés 
dans  les  manuscrits,  ignorés  ou  négligés  par  tous  les  éditeurs.  Quand 
on  n'admettrait  pas  toutes  nos  conclusions,  on  serait,  pensons-nous, 
convaincu  que  l'histoire  littéraire  du  xn^  siècle  n'est  pas  achevée,  qu'elle 
offre  encore  des  points  bien  obscurs,  et  qu'il  est,  en  conséquence,  très 
imprudent  de  juger  un  auteur  de  ce  temps-là  sur  tout  ce  qui  a  été  copié 
ou  même  imprimé  sous  son  nom.  » 

Le  volume  que  nous  annonçons  épuise  les  questions  d'attribution 
que  soulèvent  les  œuvres  de  Hugues  de  Saint- Victor  ;  on  y  trouve, 
jusque  dans  les  moindres  détails,  le  plan  d'une  nouvelle  édition  de  ces 
œuvres.  Gela  suffirait  amplement  pour  lui  assurer  une  place  dans  les 
bibliothèques  consacrées  à  la  littérature  philosophique  et  religieuse  du 
moyen  âge.  Une  autre  raision  le  recommande  spécialement  à  l'attention 
des  lecteurs  de  notre  recueil.  Il  faut  lire  les  dissertations  de  M.  Hau- 
réau  pour  se  familiariser  avec  les  procédés  d'après  lesquels  il  convient 
de  conduire  aujourd'hui  une  enquête  sur  les  points  contestés  de  l'his- 
toire littéraire  du  xn^  siècle. 

L.  Delisle. 


Bibliographia  liturgica.  Catalogus  missalium  ritus  latini  ah  anno 
M  CCCC  LXXV  impressorum,.  Gollegit  W.  H.  Jacobus  Weale. 
Londini,  apud  Bernardum  Quaritch,  ^886.  In-8°,  xii-296  pages. 

La  meilleure  recommandation  qui  puisse  être  faite  d'un  tel  livre , 
c'est  d'en  indiquer  l'objet  et  d'ajouter  que  l'auteur,  après  en  avoir  judi- 
cieusement arrêté  le  plan,  n'a  rien  épargné  pour  en  rendre  l'exécution 
parfaite. 

M.  Weale,  qui  s'intéresse  passionnément  aux  livres  liturgiques,  a 
visité  la  plupart  des  bibliothèques  de  l'Europe  et  a  dépouillé  tous  les 
répertoires  bibliographiques  pour  dresser  la  liste  des  missels  du  rite 
latin  qui  ont  été  imprimés  depuis  l'année  1475.  Il  en  a  trouvé  près  de 
2,000,  dont  il  a  donné  méthodiquement  l'indication  dans  le  volume  que 
nous  annonçons  et  dont  l'usage  est  fort  commode. 

L'ouvrage  est  divisé  en  deux  parties  :  la  première  consacrée  aux  mis- 
sels diocésains,  y  compris  ceux  de  l'Église  romaine  ;  la  seconde  aux 
missels  des  ordres  religieux.  Chaque  église  et  chaque  ordre  sont  l'objet 
d'un  chapitre,  où  sont  rangés  chronologiquement  les  missels  imprimés 
pour  l'égUse  ou  pour  l'ordre.  Les  notices  sont  courtes  ;  mais  l'expérience 
de  l'auteur  lui  a  permis  de  présenter  sous  une  forme  brève  tout  ce  qui 
est  nécessaire  pour  caractériser  une  édition  et  pour  en  coUationner  les 
exemplaires.  La  plupart  des  notices  se  terminent  par  l'indication  de 
plusieurs  dépôts  dans  lesquels  le  livre  est  conservé  et  par  un  renvoi  aux 


43^ 

ouvrages  dans  lesquels  il  est  cité.  L'auteur  a  pris  soin  d'imprimer  en 
caractères  italiques  la  notice  des  missels  qu'il  n'a  pas  eu  l'occasion 
d'examiner  lui-même. 

On  aura  une  idée  de  la  richesse  du  sujet  en  voyant  que,  pour  l'église 
de  Paris,  M.  Weale  n'énumère  pas  moins  de  60  missels,  dont  10  impri- 
més au  xv«  siècle,  25  au  xvi»,  10  au  xvii%  40  au  xvni®  et  5  au  xix«. 

La  matière  n'est  pas  encore  épuisée,  et  M.  Weale  est  le  premier  à 
provoquer  les  investigations  qui  amèneront  à  la  lumière  les  missels  qui 
ont  échappé  à  ses  recherches  :  «  Ut  demum,  dit-il,  hocopus  alios  quam 
plurimos  excitet  ad  inquirendum,  immo,  ad  colligendum  et  describcn- 
dum  libros  liturgicos,  ne  tandem  penitus  périrent,  hic  finis  mihi  pro- 
positus,  hoc  unum  desiderium  et  laborum  vera  et  optatissima  corona.  » 

Les  suppléments  que  recevra  la  Bibliotheca  lilurgica  pourront  avoir 
une  certaine  étendue  ;  mais,  tel  qu'il  est  aujourd'hui,  le  répertoire  dressé 
par  M.  Weale  rend  très  facile  l'étude  d'une  catégorie  de  volumes  infi- 
niment précieux  pour  l'étude  de  l'histoire  ecclésiastique  et  des  anti- 
quités typographiques.  Il  répond  parfaitement  au  vœu  exprimé  en  1862 
par  Brunet  à  la  fin  de  l'article  Missale  dans  le  Manuel  du  libraire  : 
«  Gomme  tous  les  vieux  livres  de  liturgie  sont  aujourd'hui  fort  recher- 
chés et  se  paient  même  assez  cher,  il  serait  utile  que  quelqu'un  en  don- 
nât un  catalogue  raisonné,  aussi  complet  que  possible  ;  mais,  pour  qu'un 
pareil  travail  eût  une  véritable  valeur  bibliographique,  il  faudrait  que 
celui  qui  aurait  le  courage  de  l'entreprendre  put,  autant  que  possible, 
avoir  sous  les  yeux  la  plus  grande  partie  des  livres  qu'il  décrirait.  » 

L.  Delisle. 

Histoire  de  la  verrerie  et  de  l'emaillerie,  par  Edouard  Gauxier, 
auteur  de  l'Histoire  de  la  céramique,  ancien  attaché  au  musée  de 
Sèvres.  Tours,  Mame,  4886.  Gr.  in-8°,  vii-573  p.,  nombreuses fig. 
et  planches. 

Voici  un  livre  de  vulgarisation  qui  rendra  évidemment  au  grand 
public,  auquel  il  s'adresse,  de  véritables  services.  Il  a  été  édité  avec  un 
soin  et  un  luxe  au-dessus  de  tout  éloge.  De  nombreuses  planches  et 
figures,  plusieurs  en  chromolithographie,  éclairent  le  texte.  L'auteur 
a  su  très  heureusement  choisir  ses  exemples  parmi  des  monuments 
pour  la  plupart  inédits,  et  son  talent  de  dessinateur  les  a  rendus  avec 
une  perfection  tout  à  fait  remarquable.  Les  musées  du  Louvre  et  de 
Gluny,  à  Paris,  le  musée  de  Munich,  le  Musée  britannique  à  Londres, 
les  riches  collections  Spitzer,  Bing,  Stein,  Mannheim  et  bien  d'autres, 
publiques  ou  particulières,  lui  ont  fourni  un  grand  nombre  de  spéci- 
mens des  plus  curieux  de  l'un  et  de  l'autre  art.  On  peut  pourtant 
regretter  que  M.  Garnier  ait  réuni  en  un  seul  volume  deux  sujets  dont 
chacun  l'eût  pu  aisément  remplir  à  lui  tout  seul. 


Î32 

L'histoire  de  la  verrerie  est  divisée  en  trois  parties  principales  :  l'an- 
tiquité, le  moyen  âge,  les  temps  modernes,  du  xv'  au  xix^  s.  Les  deux 
premières  parties  ne  sont  peut-être  pas  assez  développées  en  comparai- 
son de  la  dernière.  Il  faut  dire  que,  pour  celle-ci,  les  documents  abondent, 
tandis  que  la  seconde  principalement,  abstraction  faite  de  la  peinture 
sur  verre  que  l'auteur  a,  à  dessein,  écartée  de  son  sujet,  en  est  remarqua- 
blement pauvre,  La  verrerie  dans  l'antiquité  est  assez  bien  connue, 
grâce  à  la  coutume  qu'avaient  les  anciens  de  renfermer  dans  les  tom- 
beaux une  grande  quantité  de  vases  que  la  terre  nous  a  conservés  et 
que  l'on  retrouve  encore  fréquemment.  Cet  art,  à  en  juger  par  les 
modèles  qu'on  en  a  retrouvés,  était  très  avancé,  au  point  même  que 
plusieurs  de  ses  procédés  sont  aujourd'hui  perdus.  Il  est  regrettable  que 
M.  Garnier  ne  se  soit  pas  étendu  davantage  sur  la  verrerie  gallo-romaine, 
dont  on  découvre  à  chaque  instant  sous  notre  sol  de  si  intéressants  et  si 
beaux  échantillons.  Dans  sa  dernière  partie,  il  étudie  séparément  chacun 
des  grands  centres  de  fabrication  du  verre,  et  en  tête  Venise  et  Murano, 
le  plus  ancien  et  le  plus  renommé  de  tous;  puis  la  France  avec  les 
gentilshommes  verriers,  sur  lesquels  l'auteur  donne  des  documents  fort 
curieux,  mais  peut-être  un  peu  sujets  à  caution,  et  successivement 
l'Allemagne  et  les  célèbres  verreries  de  Bohême,  les  Pays-Bas,  l'Angle- 
terre, l'Espagne,  les  pays  orientaux;  enfin,  il  termine  par  quelques 
notions  sur  la  fabrication  des  glaces  et  sur  différentes  manières  de  traiter 
le  verre  :  verre  filé,  strass,  verre  églomisé,  etc.  Dans  chacune  de  ces 
subdivisions,  on  rencontre  de  nombreux  renseignements  techniques  très 
utiles,  mais  que  M.  Garnier  aurait  peut-être  rendus  plus  clairs  en  éla- 
guant de  son  texte  une  quantité  de  citations  souvent  un  peu  trop  longues. 
S'il  s'est  fait  d'excellents  travaux  de  détail  sur  l'émaillerie  et  les 
émailleurs,  nous  manquons  d'un  bon  traité  d'ensemble  sur  la  matière. 
Faut-il  le  dire?  la  lacune  est  loin  d'être  comblée  par  M.   Garnier. 
Suivant  de  près  Labarte,  à  qui  il  fait  de  trop  fréquents  emprunts,  il 
reproduit  ses  théories  les  plus  contestables  et  n'apporte  pas,  en  revanche, 
grand'chose  de  nouveau.  Après  avoir  donné  une  idée  des  principales 
sortes  d'émaux,  l'auteur  étudie  d'abord  l'émaillerie  dans  l'antiquité,  en 
essayant  de  démontrer  que  les  Égyptiens  ont  connu  et  pratiqué  l'émail- 
lerie proprement  dite,  ainsi  que  les  Étrusques,  taudis  que  les  Romains 
l'auraient  ignorée.  C'est  surtout  lorsqu'il  aborde  le  moyen  âge  qu'on 
pourrait  adresser  de  nombreuses  critiques  à  l'ouvrage  de  M.  Garnier. 
Il  fait  une  part  exagérée  à  l'émaillerie  byzantine  et  à  son  influence, 
et,  entre  les  deux  grandes  écoles  occidentales  de  cette  époque,  il  donne 
une  trop  grande  importance  à  l'école  rhénane  aux  dépens  de  celle 
de  Limoges.   Ainsi,  pour  ne  citer  qu'un    seul  exemple,  il  attribue 
sans  hésiter  à  l'école  germanique  tous  les  émaux  champlevés  et  princi- 
palement les  Christs  dans  lesquels  les  figures  des  personnages  creusées 
dans  le  métal  sont  émaillées  de  couleurs  nuancées.  S'il  s'était  rappelé  le 


/.33 

Christ  appartenant  à  M.  V.  Gay,  qui  l'a  reproduit  dans  son  Glossaire 
archéologique,  et  qui  porte  la  signature  do  «  Johannis  Garnerius  Lemo- 
vicensis,  »  il  eût  peut-être  été  moins  al'firmatif.  Il  est  regrettable  que 
M.  Garnier  ait  préféré  le  néologisme  d'émaux  champlevés,  qui  a  l'incon- 
vénient d'être  en  partie  inexact,  puisque,  dans  un  grand  nombre 
d'émaux,  c'est  au  contraire  le  champ  qui  est  émaillé,  au  terme  plus 
exact  d'émaux  en  taille  d'épargne,  nom  qu'on  leur  a  donné  jusqu'à  la 
Renaissance.  Le  xvi"  siècle  et  les  émaux  peints  fournissent  une  troisième 
partie  un  peu  courte,  ce  semble,  pour  une  époque  qui  nous  a  laissé  tant 
de  merveilles.  Les  xvn"  et  xvni«  siècles  nous  donnent  les  émaux  dits  des 
peintres,  c'est-à-dire  la  peinture  sur  émail.  Enfin  deux  courts  chapitres 
sur  l'émaillerie  en  Orient  et  l'émaillerie  en  France  au  xix*'  siècle  ter- 
minent le  volume. 

G.  Durand. 


Inventaire  des  meubles  existant  dans  les  châteaux  de  La  Rochefou- 
cauld, de  Verteuil  et  de  la  Terne,  à  la  mort  de  François  VIII  de 
la  Rochefoucauld  (^728),  publié  d'après  l'original  des  Archives  de 
la  Charente,  par  P.  de  Fleury.  x\ngoulême,  <886.  Pet.  in-4°  de 
139  pages  (tiré  à  lOO  ex.). 

L'inventaire  publié  dans  ce  volume  fut  dressé,  après  la  mort  du  duc 
François  VIII,  par  ordre  de  ses  fils  Alexandre,  duc  de  la  Rochefoucauld 
et  de  la  Rocbeguyon,  et  Guy,  comte  de  la  Rochefoucauld,  de  concert 
avec  Madeleine-Charlotte  Le  Tellier  de  Louvois,  leur  mère.  Il  contient 
au  grand  complet  la  liste  de  tous  les  objets,  meubles,  tentures,  effets  et 
ustensiles  divers  renfermés  dans  les  trois  châteaux  de  la  succession, 
châteaux  probablement  inhabités  depuis  longtemps.  L'éditeur,  qui  a 
jugé  nécessaire  de  moderniser  le  texte  en  en  corrigeant  l'orthographe 
défectueuse,  n'a  rien  voulu  retrancher  à  la  minute  originale.  Une  seule 
partie  toutefois  a  été  laissée  de  côté  :  le  catalogue  des  1,069  ouvrages  de 
la  bibliothèque  du  château  de  Verteuil,  dont  le  noyau  a  été  l'ancienne 
bibliothèque  d'Anne  de  Polignac  à  laquelle  M.  L.  Delisle  a  consacré 
jadis  une  notice  savante.  Les  indications  se  trouvent  être,  paraît-il,  tel- 
lement sommaires  et  tellement  fautives  qu'elles  sont  souvent  méconnais- 
sables; seuls  les  manuscrits,  dont  plusieurs  sont  connus  aujourd'hui, 
ont  été  conservés. 

Pourtant  la  publication  n'eût  pas  perdu,  ce  nous  semble,  à  être  aussi 
intégrale  ici  que  pour  le  reste  et  il  n'y  a  pas  lieu  de  penser  qu'elle  eût 
offert  moins  d'intérêt,  si  l'éditeur  avait  pris  le  parti  d'y  joindre  quelques 
notes  indispensables,  ce  qu'il  a  généralement  négligé  de  faire. 

Rien  n'est  intéressant  et  précieux,  pour  connaitre  les  usages  du  temps 
ou  la  distribution  intérieure  des  châteaux,  comme  ces  inventaires  de 
mobilier  que  l'on  exhume  de  nos  jours.  Il  est  malheureusement  trop 


434 

rare  que,  dressés  comme  ils  sont  par  un  notaire  ou  un  clerc  peu  lettré, 
ils  s'attachent  à  décrire  les  objets  qu'ils  enregistrent,  de  manière  qu'il 
soit  possible  de  s'en  faire  une  idée  aujourd'hui.  Ici,  par  exemple,  nous 
n'avons  qu'une  simple  estimation  des  plus  banales.  Il  faut  s'en  prendre 
à  l'état  de  vétusté  où  se  trouvait  le  mobilier  en  question.  Sans  doute, 
un  ou  deux  siècles  plus  tôt,  on  eût  trouvé  plus  à  dire,  mais  à  cette  date 
de  1728  la  formule  qui  accompagne  presque  invariablement  chaque  article 
est  puisée  dans  la  nomenclature  suivante  :  «  Fort  usé,  troué  en  plu- 
sieurs endroits  et  fort  passé,  fort  vieux,  fort  mauvais,  bosselé,  rompu, 
percé,  taché,  cassé,  pourri,  déchiré,  gâté,  hors  d'usage.  »  Aussi  les  prix 
sont-ils  d'ordinaire  assez  misérables. 

Il  y  a  pourtant,  comme  toujours,  des  choses  curieuses.  Ainsi  on  trou- 
verait à  noter  parmi  les  rares  œuvres  d'art  un  certain  nombre  de  por- 
traits :  des  La  Rochefoucauld  d'abord,  François,  premier  duc,  seul  et 
aux  pieds  de  la  Vierge;  Henry- Achille  enfant;  Marie-Catherine,  fille 
de  François  VI;  le  baron  d'Estissac  ;  le  cardinal  et  le  prince  de  la 
Rochefoucauld  ;  Silvia  Pica  de  la  Mirandole,  qui  avait  épousé  Fran- 
çois III;  puisM-^es  de  Puisieux,  de  Sillery,  de  Guiercheville  ;  l'abbesse 
de  Poissy  ;  le  comte  de  la  Mirandole  ;  M.  et  M.>^^  de  Liancourt.  Un  por- 
trait de  Louis  XIII,  un  autre  de  Louis  XV  ;  un  portrait  de  la  Pucelle 
d'Orléans.  Puis  des  tableaux  de  piété,  des  Christs,  des  Vierges,  des 
Madeleines,  saint  Jérôme,  saint  Grégoire,  saint  Jean  ;  des  paysages,  un 
Prométhée,  une  Joconde,  etc.  Il  faut  dire  qu'il  y  avait  une  cliambre  des 
tableaux  au  château  de  la  Rochefoucauld,  et  l'inventaire  note  en  bloc, 
à  quinze  sous  la  pièce,  cent  petits  tableaux  sur  bois  «  représentant  des 
têtes  d'hommes  et  do  femmes  illustres.  » 

Plusieurs  tapisseries  sont  désignées  comme  d'après  leur  étiquette  : 
les  plus  fréquentes  sont  celles  dites  «  de  Monplaisir  »  ;  puis  les  tapisse- 
ries «  d'Actéou,  des  Vendangeurs,  des  Grands  Personnages,  des  Bûche- 
rons, des  Comtes  de  Flandre,  de  Jérusalem,  de  Restions,  des  Satins 
verts,  de  la  Licorne,  des  Travaux  d'Hercule,  des  Moralistes,  des  Cros- 
tets,  des  Pots  à  fleurs,  des  Quatre  Saisons,  des  Sibylles,  l'histoire  de 
Latone,  Holopherne  et  Judith,  »  enfin  «  l'histoire  de  Jacob  ou  l'histoire 
de  saint  Consistant.  » 

N'oublions  pas  de  signaler  deux  charmantes  vues,  reproduites  par 
l'héliogravure  Dujardin,  des  châteaux  de  la  Rochefoucauld  et  de  Ver- 
teuil  :  c'est  le  principal  attrait  du  volume,  d'ailleurs  imprimé  avec 
un  soin  et  un  luxe  typographique  qui  en  font  vraiment  un  livre  de 
bibliophile. 

H.   DE  CURZON. 


435 


LIVRES    NOUVEAUX. 


SOMMAIRE  DES  MATIERES. 

Mélanges,  372,  401,  413. 

Sciences  auxiliaires.  —  Épigraphie,  365.  —  Diplomatique,  451,  452. 

—  Bibliographie,  385;  manuscrits,  356,  390,  399,  411,  435,  438. 
Sources,  300,  443.  —Historiens,  386,  429,  431,  456.  —  Mémoires,  463. 

—  Correspondances,  400.  —  Archives,  369,  381,  388,  403,  421.  —  Car- 
tulaires  et  documents  divers,  379,  380,  416,  437,  442,  461,  462. 

Biographie  et  généalogie,  359,  437.  —  Sainte  Alberte,  426  ;  Baque- 
lier,  385;  Beldomandi,  389;  Christine  de  Pisan,  407;  Ennodius,  419; 
Este,  351;  Grégoire  VU,  424  ;  Guillaume  III  de  Juliers,  382;  Henri  IV, 
400;  Ibn  Tibbon,  418;  saint  Jean  de  Réomé,  456;  Louis  IX,  410;  Man- 
fred,  428;  Marcos,  354;  Otton  II,  451,  452;  Pétrarque,  435;  Priscillien, 
448;  Ruinart,  404;  Saint-Chamans,  362;  Sichaire,  431;  Van  Pradelles, 
463;  Waitz,  431. 

Géographie,  topographie,  386,  398. 

Droit,  371,  384,  391,  393,  394,  405,  417,  425,  431,  436,  453,  454,  458, 
459. 

Institutions,  357,  402,  414,  429. 

Religions.  —  Paganisme,  346,  433.  —  Judaïsme,  418.  —  Catholi- 
cisme, 422;  hagiographie,  410,  426,  456;  liturgie,  356, 41 1  ;  papauté,  424  ; 
diocèses,  368,  398,  439  ;  églises  locales,  363,  366  ;  confréries,  monastères, 
355,  363,  378.  —  Protestantisme,  345. 

Sciences,  389. 

Arts,  359,  373,  375,  377, 422,  437.  —  Architecture,  350,  455  ;  édifices 
civils  et  militaires,  349,  412,  430;  édifices  religieux,  383,  440.  —  Sculp- 
ture, 370.  —  Mobilier,  374,  397,  445,  449.  —  Sceaux,  355.  —  Monnaies 
et  médailles,  361,  414,  432,  457.  —  Escrime,  427. 

Langues  et  littératures.  —  Grec,  386,  438,  460.  —  Latin,  352,  395, 
396,  399,  448.  —  Langues  romanes  :  français,  353,  407;  italien,  347, 
435,  444.  —  Langues  celtiques,  348.  —  Langues  germaniques,  318,  364, 
365,  392,  408,  417,  434,  446,  450. 

SOMMAIRE  GÉOGRAPHIQUE. 

Allemagne,  372,  382,  405,  406,  412,  415,  433,  441,  451-453,455,  461, 
462.  —  Alsace-Lorraine,  440. 


436 

AuTRicHE-HoNGBiE.  —  Hongrie,  442. 

Belgique,  377,  420,  439. 

Espagne,  391, 

Frange,  357,  386,  403.  —  Dauphiné,  385;  Picardie,  373;  Provence, 
345.  —  Ain,  360;  Ariège,  400;  Aude,  388,  416;  Bouches-du-Rhône, 
418;  Calvados,  402,  423;  Gorrèze,  387;  Gôte-d'Or,  456;  Dordogne,  376; 
Drôme,  349,  368;  Eure-et-Loir,  378;  Garonne  (Haute-),  426;  Gironde, 
429;  Hérault,  371;  lUe-et- Vilaine,  398;  Indre-et-Loire,  366;  Landes, 
457;  Loire,  360;  Maine-et-Loire,  381;  Marne,  355;  Meurthe-et-Moselle, 
390;  Nord,  363;  Pas-de-Galais,  374,  375;  Rhône,  360;  Saône-et-Loire, 
380;  Seine,  403,  438;  Seine-et-Marne,  358,  370,  430;  Seine-Inférieure, 
350,  383;  Var,  409;  Vaucluse,  368;  Vosges,  367. 

Grande-Bretagne,  380. 

Italie,  369,  421,  428.  —  Lombardie,  419;  Marche,  393;  Naples,  etc., 
381,  447;  Rome,  359,  379;  Vénétie,  454. 

Pays-Bas,  382,  443. 

Scandinaves  (pays),  346,  365,  436,  446. 

Suisse,  432. 

Orient,  449. 

Amérique,  354. 

345.  Albanès  (J.-H.).  Nouvelles  Pièces  concernant  le  protestantisme 
en  Provence  (1533-1538).  Paris,  imprimerie  nationale.  In-8°,  16  pages. 
(Extrait  du  Bulletin  historique  et  philologique  du  Comité  des  travaux  his- 
toriques et  scientifiques,  1885.) 

346.  Anderson  (R.-B.).  Mythologie  Scandinave  :  légendes  des  Eddas. 
Traduction  de  M.  Jules  Leclerc.  Paris,  Leroux.  In-18  jésus,  293  p. 

347.  Antiche  (le)  Rime  volgari  secondo  la  lezione  del  codice  vaticano 
3793,  pubblicate  per  cura  di  A.  d'Ancona  e  D.  Gomparetti.  Vol.  IV. 
Bologna,  Romagnoli,  1886.  In-8%  422  p.  (GoUezione  di  opère  inédite  o 
rare  dei  primi  tre  secoli  délia  lingua,  etc.)  9  I. 

348.  Arbois  de  Jubainville  (H.  d').  Geltes  et  Germains,  étude  gram- 
maticale. Paris,  imprimerie  nationale.  In-8'',  12  p.  (Extrait  des  Comptes 
rendus  des  séances  de  V Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.) 

349.  Arnaud  (E.).  Histoire  et  Description  de  la  tour  de  Grest  en  Dau- 
phiné. Paris,  Grassart.  In-8°,  64  p.  avec  vignette-frontispice. 

350.  Arras  (P.  d').  Réflexions  sur  la  conservation  des  monuments  à 
Rouen.  Rouen,  impr.  Lapierre.  In-16,  15  p. 

351.  Atto  di  matrimonio  di  Ercole  I  d'Esté  con  Eleonora  d'Aragona. 
Treviso,  Mander,  1886.  In-8°,  14  p.  (Tiré  des  archives  de  Modène  et 
publié  par  Luigi  Olivi,  pour  le  mariage  Ricca  Saierno-Gosta.) 


437 

352.  Baebler  (J.  J.).  Beitràge  zu  einer  Geschichte  der  lateinischen 
Grammatik  im  Mittelalter.  Halle,  Waisenhaus,  1885.  In-8°,  vir-'206  p. 
3  m.  60  pf. 

353.  Baïf  (lan  Antoine  de).  Euvres  en  rime.  Avec  une  notice  biogra- 
phique et  des  notes  par  Gh.  Marty-Laveaux.  Tome  III.  Paris,  Lemerre. 
Petit  in-8%  399  p. 

354.  Bandeliek  (A. -F.).  La  Découverte  du  Nouveau-Mexique  par  le 
moine  franciscain  frère  Marcos,  de  Nice,  en  1539.  Paris,  Leroux.  In-4o, 
48  p.  (Extrait  de  la  Revue  d'ethnographie.) 

355.  Barbier  de  Montault  (X.).  Le  Grand  Sceau  de  Raoul  du  Fou, 
trente-cinquième  abbé  de  Saint-Thierry.  Reims,  impr.  Monce.  In-8", 
11  p. 

356.  Barbier  de  Montault  (X.).  Livres  d'heures  retrouvés  de  l'an- 
cienne collection  Mordret.  Angers,  Germain  et  Grassin.  In-8°,  30  p. 
(Extrait  de  la  Revue  de  l'Anjou.) 

357.  Bellog  (Alexis).  Les  Postes  françaises,  recherches  historiques 
sur  leur  origine,  leur  développement,  leur  législation.  Paris,  Firmin- 
Didot.  Gr.  in-8°,  xix-783  p. 

358.  Benoist  (L.).  Notice  historique  et  statistique  sur  Grouy-sur-Ourcq 
et  le  duché-pairie  de  Gesvres,  avec  gravures  et  carte.  Meaux,  impr.  Des- 
touches. In-8°,  209  p. 

359.  Bertolotti  (A.).  Artisti  francesi  in  Roma  nei  secoli  xv,  xvi  e 
XVII.  Ricerche  e  studi  negli  archivi  romani.  Mantova,  G.  Mondovi,  1886. 
In-8%  255  p. 

360.  Bibliothèque  historique  du  Lyonnais.  Mémoires,  notes  et  docu- 
ments pour  servir  à  l'histoire  de  cette  ancienne  province  et  des  provinces 
circonvoisines  de  Forez,  Beaujolais,  Bresse,  Dombes  et  Bugey,  publiés 
par  MM.  G.  et  Georges  Guigue.  Tome  I.  Lyon,  Vitte  et  Perrussel,  Georg. 
In-8°,  vii-72  p. 

361.  Blancard  (Louis).  Théorie  de  la  monnaie  romaine  au  ui<^  siècle 
après  Jésus-Christ.  Paris,  imprimerie  nationale.  In-8'',  12  p.  (Extrait  des 
Comptes  rendus  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.) 

362.  BoMBAL  (Eusèbe).  Notes  et  Documents  pour  servir  à  l'histoire  de 
la  maison  de  Saint-Chamans.  Paris^  Lechevalier,  1885.  In-8°,  143  p. 

363.  Bonvarlet  (A.).  Notes  et  Documents  pour  servir  à  l'histoire  des 
maisons  religieuses  et  hospitalières  et  des  églises  de  la  Flandre  mari- 
time. Lille,  impr.  Lefebvre-Ducrocq.  In-8°,  23  p.  (Extrait  des  Annales 
du  Comité  flamand  de  France,  t.  XV.) 

364.  Bragi  Boddascn.  Kvœdha-Brot  Braga  cns  gamla  Boddasonar. 
Bruchstiicke  von  Brages  des  Alten  Gedichten  herausgegeben  von  Hugo 
Gering.  Halle,  Niemeyer,  1886.  In-8%  31  p. 


438 

365.  BuRG  (Fritz) .  Die  àlteren  nordischen  Runenschriften,  Eine  sprach- 
wissenschaftliche  Untersuchung.  Berlin,  Weidmann,  1885.  In-S",  176  p. 
4  m. 

366.  Carré  de  Busserolle  (J.-X.).  Notice  sur  la  ville  et  la  collégiale 
de  Cande  (Indre-et-Loire).  Tours,  Suppligeon.  In-S",  16  p. 

367.  Chapelier  (l'abbé  Ch.).  Les  Origines  d'Épinal.  Saint-Dié,  impr. 
Humbert.  In-8o,  29  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  ijhilomatique 
vosgienne,  année  1885-1886.) 

368.  Chevalier  (Jules).  Notes  et  Documents  pour  servir  à  l'histoire 
des  évéques  d'Avignon  et  de  Valence  dans  la  seconde  moitié  du 
iii«  siècle.  Valence,  impr.  Jules  Céas,  1886.  In-8°,  31  p. 

369.  CoLACi  Di  Alfio  (G.).  L'Archivio  ed  il  ProtocoUo  dei  comuni 
rurali.  Lecce,  tip.  Garibaldi,  1886.  Li-8°,  25-11  p.  80  c. 

370.  CouRAjoD  (Louis).  La  Diane  de  bronze  du  château  de  Fontaine- 
bleau. Paris,  Leroux.  In-8°,  10  p.  avec  dessins  et  planche.  (Extrait  de 
la  Revue  archéologique.) 

371.  Coutumes  (les)  de  Lunel,  texte  de  1367,  pubUé  par  Edouard  Bon- 
durand.  Paris,  Alphonse  Picard,  1886.  In-S",  46  p. 

372.  Dahlmann  (F.  C. )'s  kleine  Schriften  und  Reden.  Stuttgart, 
Gotta,  1886.  In-8°,  xiv-484  p.  6  m. 

373.  Danigourt  (Alfred).  Étude  sur  quelques  antiquités  trouvées  en 
Picardie.  Paris,  Leroux.  In-8°,  45  p.  avec  25  figures. 

374.  Desghamps  de  Pas.  Inventaire  des  ornements,  reliquaires,  etc., 
de  l'église  de  Saint-Omer  en  1557.  Paris,  imprimerie  nationale.  In-8o, 
23  p.  (Extrait  du  Bulletin  archéologique  du  Comité  des  travaux  historiques 
et  scientifiques,  année  1886.) 

375.  Deseille  (Ernest).  Les  Antiquités  du  pays  boulonnais.  Paris, 
Alphonse  Picard,  1886.  In-8'',  36  p. 

376.  Dessalles  (Léon).  Histoire  du  Périgord.  Péri  gueux,  impr.  Delage 
et  Joucla,  1883-1885.  In-8%  3  vol.,  xxi-398,  467,  163  p.  Tomes  I  et  II, 
chacun  3  fr.  50  c;  t.  III,  1  fr.  50  c. 

377.  Devillers  (Léopold).  Le  Passé  artistique  de  la  ville  de  Mons. 
Édition  illustrée,  publiée  sous  le  patronage  du  Cercle  archéologique  de 
Mons.  Mons,  Hector  Manceaux.  In-8°,  160  p.  2  fr. 

378.  Dion  (A.  de).  Le  Puiset  au  x\^  et  au  xii^  siècle,  châtellenie  et 
prieuré.  Chartres,  impr.  Garnier.  In-S",  53  p.  (Extrait  des  Mémoires  de 
la  Société  archéologique  d'Eure-et-Loir.) 

379.  Documenti  per  la  storia  ecclesiastica  e  civile  di  Roma.  (Publiés 
par  Th.  v.  Sickel.)  Roma,  tipografia  Vaticana,  1886.  In-4°,  24  p.  (Extrait 
des  Studi  e  Documenti  di  storia  e  diritto,  anno  VII.) 


439 

380.  DuGKETT  (sir  G.  F.).  Record  -  Evidences ,  among  archives  of 
ancient  abbey  of  Gluni,  from  1077  to  1534  ;  illustrative  of  tlic  history  of 
some  of  Dur  early  kings  ;  and  many  of  its  English  afflliated  founda- 
tions.  Références  to  records  and  descriptions  from  Delisle's  catalogue 
of  the  National  Library  of  France.  Sans  lieu,  l'auteur,  1886.  In-8%  64  p. 

381.  DuRRiEU  (Paul).  Les  Archives  angevines  de  Naples,  étude  sur  les 
registres  du  roi  Charles  I"  (1265-1285).  Tome  I.  Paris,  Thorin.  In-8'>, 
328  p.  (Bibliothèque  des  Écoles  françaises  d'Athènes  et  de  Rome, 
46«  fascicule.) 

382.  Ernsino  (Rud.).  Wilhelm  III  von  Jùlich  als  Herzog  von  Geldern 
(1372-1393).  Paderborn,  Schuningh,  1885.  In-8'',  104  p.  (Mùnsterische 
Beitràge  zur  Geschichtsforsclmng.  Herausgegeben  vonTheod.  Lindner. 
8.)  2  m. 

383.  EsTAiNTOT  (comte  d').  Fouilles  et  Sépultures  mérovingiennes  de 
l'église  Saint-Oucn  de  Rouen  (décembre  1884-féYrier  1885).  Paris,  Picard. 
In-8o,  51  p.  avec  dessins. 

384.  Etabhssements  (les)  de  saint  Louis,  accompagnés  des  textes  pri- 
mitifs et  de  textes  dérivés,  avec  une  introduction  et  des  notes,  publiés 
pour  la  Société  de  l'histoire  de  France  par  Paul  VioUet.  Tome  IV  : 
notes  (suite  et  fin)  ;  table-glo^>saire.  Paris,  Laurens.  In-8%  xn-401  p. 
9  francs. 

385.  Études  de  bibliographie  dauphinoise.  V.  Notice  historique  et 
bibliographique  sur  Antoine  et  Pierre  Baquelier,  citoyens  de  Grenoble, 
et  les  ouvrages  qu'ils  ont  publiés  au  xv«  et  au  xvi^  siècle,  par  un  vieux 
bibliophile  dauphinois.  Grenoble,  impr.  Allier.  In-8°,  57  pages. 

386.  Extraits  des  auteurs  grecs  concernant  la  géographie  et  l'histoire 
des  Gaules.  Texte  et  traduction  nouvelle,  publiés  pour  la  Société  de 
l'histoire  de  France  par  Edm.  Gougny.  Tome  V.  Paris,  Laurens.  In-8°, 
x.xvii-506  p.  9  fr. 

387.  Fage  (René).  Le  Vieux  Tulle.  N°  1.  Les  origines  de  Tulle.  Tulle, 
impr.  Crauffon.  In-8%  22  p. 

388.  Faure  (Hippolyte).  Notes  et  Documents  sur  les  archives  des  hos- 
pices et  sur  les  résultats  comparés  de  l'assistance  hospitalière  à  Nar- 
bonne  et  dans  une  partie  de  l'Europe.  Tome  I.  Narbonne,  impr.  Gaillard. 
In-8o,  ix-383  p. 

389.  Favaro  (Ant.).  Appendice  agli  studî  intorno  alla  vita  ed  aile 
opère  di  Prosdocimo  de'  Beldomandi,  matematico  padovano  del  secolo  xv. 
Roma,  tip.  délie  Scienze  matematiche  e  fisiche,  1886.  ln-4°,  21  p.  (Extrait 
du  Bulleilino  di  hibliogvafia  e  di  storia  délie  scienze  matematiche  e  fisiche, 
t.  XVIII,  1885.) 

390.  Favier  (J.).  Catalogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  publique 
de  Nancy.  Paris,  Pion.  In-S»,  196  p. 


440 

391.  FiCKER  (Julius).  Ueber  die  Usatici  Barchinonae  und  deren 
Zusammenhang  mit  den  Exceptiones  legum  Romanorum.  lansbruck, 
Wagner,  1886.  In-8»,  40  p.  (Extrait  des  Mittheilungen  des  Instituts  fur 
ôsterreichische  Geschichtsforschung,  Ergànzuagsb.  II.) 

392.  Floris  and  Blancheflur.  Mittelenglisches  Gedicht  aus  dem  13. 
Jahrhundert  nebst  literarischer  Untersuchung  und  einem  Abriss  ûber 
die  Verbreitung  der  Sage  in  der  europàischen  Literatur.  Herausgegeben 
von  Emil  Hausknecht.  Berlin,  Weidmann,  1885.  In-S",  251  p.  (Samm- 
lung  englischer  Denkmàler  in  kritischen  Ausgaben.  V.)  6  m. 

393.  FoGLiETTi  (Raff.).  Opuscoli  di  storia  del  diritto.  1.  Le  Constitu- 
tiones  marchiae  Anconitanae.  2.  Genni  storici  suU'  università  di  Mace- 
rata  da  prima  del  1290  al  1620.  3.  Genni  storici  sul  tribunale  superiore 
di  Macerata.  4.  Il  catasto  di  Macerata  del  1268.  Macerata,  Bianchini, 
1886.  In-4°,  xv-270  p. 

394.  Formulae  Merowingici  et  Karolini  aevi.  Accedunt  ordines  judi- 
ciorum  Dei.  Edidit  Karolus  Zeumer.  Hannoverae,  Hahn,  1886.  In-4°, 
xx-782  p.,  3  pi.  (Monumenta  Germaniae  historica.  Legum  sectio  V.) 

395.  FoRTUNATi  (Venanti  Honori  Glementiani)  presbyteri  Italie!  Opéra 
pedestria.  Recensuit  et  emendavit  Bruno  Krusch.  Berolini,  Weidmann, 
1885.  In-4%  xxxiv-144  p.  (Monumenta  Germaniae  historica.  Auctorum 
antiquissîmorum  tomi  IV  pars  posterior.) 

396.  Goelzer  (Henri).  Étude  lexicographique  et  grammaticale  de  la 
latinité  de  saint  Jérôme.  Paris,  Hachette.  In-8%  xn-472  p.  7  fr.  50  c. 

397.  GuiFFREY  (Jules).  Inventaire  général  du  mobilier  de  la  couronne 
sous  Louis  XIV  (1663-1715),  publié  pour  la  première  fois,  sous  les  aus- 
pices de  la  Société  d'encouragement  pour  la  propagation  des  livres  d'art. 
Deuxième  partie.  Paris,  Rouam.  Gr.  in-S",  xv-480  p.  avec  61  gravures. 
25  fr. 

398.  GuiLLOTiN  DE  GoRSON  (l'abbé).  Pouillé  historique  de  l'archevêché 
de  Rennes.  Tome  VI  (et  dernier).  Paris,  Haton.  In-8°,  ix-841  p.  15  fr.; 
pour  les  souscripteurs,  7  fr.  50  c. 

399.  Hauréau  (B.).  Notice  sur  le  numéro  14886  des  manuscrits  latins 
de  la  Bibliothèque  nationale.  Paris,  imprimerie  nationale.  In-4°,  21  p. 
(Extrait  des  Notices  et  Extraits  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale, 
etc.,  t.  XXXI,  2«  partie.) 

400.  Henry  IV.  Lettres  inédites  à  M.  de  Pailhès,  gouverneur  du 
comté  de  Foix,  et  aux  consuls  de  la  ville  de  Foix  (1576-1602).  Publiées 
pour  la  Société  historique  de  Gascogne  par  le  vicomte  Gh.  de  la  Hitte. 
Paris,  Ghampion.  In-8o,  98  p.  (Publication  des  Archives  historiques  de 
la  Gascogne.  10<=  fascicule.) 

401.  HovYN  de  Tranchère  (J.).  Les  Dessous  de  l'histoire  :  curiosités 


judiciaires,  administratives,  politiques  et  littéraires.  Tome  I.  Paris, 
Leroux.  In-8%  vm-iSS  p.  L'ouvrage  complet  en  2  volumes,  18  fr. 

402.  IIuET  (l'abbé  L.).  Histoire  de  l'Hôtel-Dieu  de  Vire.  Gaen,  impr. 
veuve  Domin.  ln-8°,  72  p. 

403.  Inventaire  des  archives  de  la  marine.  Série  B.  Service  général. 
Tome  I«'-,  fascicule  2.  Paris,  Baudoin.  In-S»,  p.  193  à  423. 

404.  Jadart  (Henri).  Dom  Thierry  Ruinart  (1657-1709),  notice  suivie 
de  documents  inédits  sur  sa  famille,  sa  vie,  ses  œuvres,  ses  relations 
avec  D.  Mabillon.  Paris,  Champion.  In-S",  vni-190  p.  et  gravures. 

405.  Kaluzniacki  (Emil).  Die  polnische  Recension  der  Magdeburger 
Urtheile  und  die  einschlagigen  deutschen,  lateinischen  und  czechischen 
Sammlungen.  Wien,  Gerold's  Sohn,  1886.  In-8°,  220  p. 

406.  Keussen  (Hermann).  Die  politische  Stellung  der  Reichsstâdte 
mit  besonderer  Beriicksichtigung  ihrcr  Reichsstandschaft  unter  Konig 
Friedrich  III,  1440-1457.  Inaugural-Dissertation  (Berlin).  Bonn,  Garl 
Georgi,  1885.  In-8%  75  p. 

407.  KocH  (Friedrich).  Leben  und  Werke  der  Christine  de  Pizan. 
Goslar,  Koch,  1885.  In-S",  82  p.  2  m. 

408.  Kriiger  (Aug.).  Sprache  und  Dialektder  mittelenglischen  Homi- 
lien  in  der  Handschrift  B.  14.  52.  Trinity  Collège,  Cambridge.  Erlan- 
gen,  Deichert,  1885.  In-S»,  74  p.  1  m.  50  pf. 

409.  Lambert  (le  D''  Gustave).  Histoire  de  Toulon.  Première  partie  : 
depuis  les  origines  de  la  ville  jusqu'à  la  réunion  définitive  de  la  Pro- 
vence à  la  France  (1487).  Tomel'"'.  Toulon,  impr.  du  Var.  In-8»,  xxni- 
379  p.  et  planche.  (Publié  par  l'Académie  du  Var.) 

410.  Langlois  (Ch.-V.).  Saint  Louis.  Paris,  Hachette.  In-18  jésus, 
192  p.  et  gravure.  1  fr. 

411.  Langlois  (Ernest).  Le  Rouleau  d'£a;u/iei  de  la  bibliothèque  Casa- 
natense.  Rome,  impr.  de  la  Paix,  1886.  In-8o,  17  p.,  2  pi.  (Extrait  des 
Mélanges  d'archéologie  et  d'histoire,  publiés  par  l'École  française  de  Rome, 
t.  VI.) 

.  412.  Lasius  (Otto).  Das  friesische  Bauernhaus  in  seiner  Entwickelung 
wahrend  der  letzten  vier  Jahrhunderte,  vorzugsweise  in  der  Kiistenge- 
gend  zwischen  der  AVeser  und  dem  Dollart.  Mit  38  Holzschnittcn. 
Strassburg,  Trùbner,  1885.  In-8'',  viii-34  p.  (Quellen  und  Forschungen 
zur  Sprach-  und  Culturgeschichte  der  germanischen  Vôlker.  55.)  3  m. 

413.  Laugel  (Auguste).  Fragments  d'histoire  :  Philippe  II;  Catherine 
de  Médicis  ;  Coligny  ;  d-  a  Juan  d'Autriche  ;  Alexandre  Farnèse  ;  Gus- 
tave-Adolphe et  Richelieu.  Paris,  Lévy.  In-S»,  441  p. 

414.  Laverrenz  (G.  ).   Die   Medaillen  und  Gedàchtnisszeichen  der 

29 


442 

deutschen  Hochschulen.  Ein  Beitrag  zur  Geschichte  aller  seit  dem  xiv. 
Jahrhundert  in  Deutschland  errichteten  Universitàten.  I.  Theil.  Mit 
8  Ansichten  und  16  Tafeln  Medaillenabbildungen.  Berlin,  Mittler,  1885. 
In-8°,  xn-493  p.,  24  planches.  20  m. 

415.  Leroux  (Alfred).  Essai  sur  les  antécédents  historiques  de  la  ques- 
tion allemande.  Paris,  Alphonse  Picard,  1886.  In-S",  59  p. 

416.  Livre  vert  de  l'archevêché  de  Narbonne,  publié  par  Paul  Lau- 
rent. Paris,  Alphonse  Picard,  1886.  In-8°,  xlv-160  p. 

417.  LizERAY  (Henri).  Explication  des  gloses  malbergiques  contenues 
dans  la  loi  salique.  Fascicule  L  Paris,  Thorin.  In-S»,  24  p. 

418.  LoEB  (Isidore).  Un  Procès  dans  la  famille  des  Ibn  Tibbon  (Mar- 
seille, 1255-1256).  Paris,  Lévy.  In-S»,  18  p.  (Extrait  de  VAn7mai7^e  des 
Archives  Israélites,  3^  année.) 

419.  Magani  (Fr.).  Ennodio.  Pavia,  tip.  frat.  Fusi,  1886.  In-8%  3  vol., 
xxxii-386,  323,  444  p. 

420.  Manet  (A. -G.  de).  Recherches  historiques  sur  la  ville  et  la  sei- 
gneurie de  Fontaine -l'Évèque.  Mons,  Dequesne-Masquillier.  In -8°, 
391  p.,  viii  planches.  15  fr. 

421.  Marini  (Annibale).  L'Archivio  nei  comuni  rurali.  Foligno,  Feli- 
ciano  Campitelli,  1886.  In-8°,  93  p.  2  1. 

422.  Martin  (l'abbé  G.).  La  Passion  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ, 
au  point  de  vue  historique  et  archéologique.  Paris  et  Lyon,  Delhomme 
et  Briguet.  In-18,  xii-400  p. 

423.  Martin  (l'abbé  J.).  Le  Rosaire  et  ses  confréries  dans  le  diocèse 
de  Bayeux  et  Lisieux  (xiii«-xixe  siècle),  monographie  historique.  Gaen, 
impr.  Valin.  In-16,  viii-280  p. 

424.  Mattheis  (Luigi  de).  San  Gregorio  VII  e  il  pontificato  romano. 
Siena,  tip.  S.  Bernardino,  1886.  In-16,  693  p.  4  1. 

425.  Mayer  (Ernst).  Zur  Entstehung  der  Lex  Ribuariorum.  Eine 
rechtsgeschichtliche  Untersuchung.  Mijnchen,  Gustav  Himmer,  1886. 
In-8°,  vii-182  p. 

426.  Melet  (l'abbé).  Le  Trésor  de  l'église  de  Venerque,  ou  Rapport  sur 
l'invention  du  corps  de  sainte  Alberte,  suivi  d'une  notice  sur  les  saints 
dont  on  y  possède  des  reliques.  Toulouse,  Sislac  et  Boubée;  Venerque, 
M,  Pons-Jaubart  ;  Lardenne,  l'auteur.  In-18  jésus,  238  p.  et  grav. 

427.  Mérignag  (Emile).  Histoire  de  l'escrime  dans  tous  les  temps  et 
dans  tous  les  pays.  Tome  II  (moyen  âge,  temps  modernes).  Paris, 
Rouquette.  In-8%  603  p.,  avec  eaux-fortes  de  Malval  et  dessins  de 
M.  Récipon,  Dupuy,  etc.  20  fr. 

428.  Merkel  (Carlo).  Manfredi  I  e  Manfredi  II  Lancia.  Gontributo 


443 

alla  storia  politica  e  letteraria  italiana  dell'  epoca  sveva.  Torino,  Ermanno 
Loeschor,  1886.  la-S»,  xii-lS8  p.  (Pubblicazioni  délia  scuola  di  magistero 
doUa  r.  università  di  Torino,  facoltà  di  Ictlero.  o  lilosofia.)  5  1. 

429.  Métivier  (Jean  de).  Chronitjuc  du  parlement  de  Bordeaux,  publiée 
par  Arthur  de  Brezetz  et  Jules  Delpit.  Tome  I.  Bordeaux,  Société  des 
bibliophiles  de  la  Guyenne.  In -8»,  xxxiv-527  p.  (Publication  de  la 
Société  dos  bibliophiles  de  la  Guyenne.) 

430.  MoLiNiER  (Emile).  Les  Architectes  du  château  de  Fontainebleau. 
Paris,  A.  Lévy,  1886.  In-4'',  13  p.  (Extrait  de  la  Gazette  archéologique, 
1886.) 

431.  MoNOD  (Gabriel)  et  TmcvENiN  (Marcel).  A  la  mémoire  de  M.  le 
professeur  Georges  Waitz,  1813-1886.  Hommage  respectueux  de  ses 
anciens  élèves.  Paris,  1886.  In-8%  3  part,  en  1  vol.  :  Georges  Waitz, 
par  G.  Monod.  H  p.  —  Marcel  Thévenin  :  Études  sur  la  propriété  au 
moyen  âge.  La  «  propriété  «  et  la  «  justice  »  des  moulins  et  fours.  20  p. 
—  Les  Aventures  de  Sichaire.  Commentaire  des  chapitres  xlvii  du 
livre  VII  et  xrx  du  livre  IX  de  l'Histoire  des  Francs  de  Grégoire  de 
Tours,  par  G.  Monod.  34  p. 

432.  MoTTA  (Ém.).  Le  Origini  délia  zecca  di  Bellinzona  (1503).  Gomo, 
tip.  Carlo  Franchi,  1886.  lu -8°,  24  p.  (Extrait  de  la  Gazzetta  numi- 
smatica.} 

433.  MiJLLER  (Wilhelm).  Mythologie  der  deutschen  Heldensage.  Heil- 
bronn,  Henninger,  1886.  In-8°,  vni-260  p.  4  m.  50  pf. 

434.  Niederdeutsches  Reimbiichlein.  Eine  Spruchsammlung  des  16. 
Jahrhunderts,  herausgegeben  von  W.  Seelmann.  Norden,  Soltau,  1885. 
In-16,  xxvm-122  p.  (Drucke  des  Vereins  fiir  niederdeutsche  Sprachfor- 
schung.  II.)  2  m. 

435.  NoLHAC  (P.  de).  Le  Canzionere  autographe  de  Pétrarque,  com- 
munication faite  à  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.  Paris, 
Klincksieck.  In-18  jésus,  30  p. 

436.  Norges  gamle  Love  intil  1387.  4.  Bind,  indeholdende  Supplemen- 
ter  til  de  tre  foregaaende  Bind  samt  Haandskriftbeskrivelse  med  Fac- 
similer,  udgivet  ved  Gustav  Storm.  Christiania,  Grœndahl,  1885.  10-4", 
x.\vi-797  p.,  19  pi.  de  fac-similés. 

437.  Nouvelles  Archives  de  l'art  français,  recueil  de  documents  iné- 
dits publiés  par  la  Société  de  l'histoire  de  l'art  français.  2=  série,  t.  VI, 
année  1885  (I2<-'  volume  de  la  collection).  Scellés  et  inventaires  d'artistes, 
publiés  par  Jules  Guitïrey  (troisième  et  dernière  partie),  1771-1790. 
Paris,  Charavay.  In-8°,  xin-384  p. 

438.  Omont  (Henrii.  Inventaire  sommaire  des  manuscrits  grecs  de  la 
Bibliothèque  nationale.  Première  partie  :  ancien  fonds  grec.  Théologie. 
Paris,  Alphonse  Picard.  In-8°,  vi-301  p. 


444 

439.  Onufrius.  Mémoire  du  légat  Onufrius  sur  les  affaires  de  Liège 
(1468),  publié  par  M.  Stanislas  Bormans.  Bruxelles,  Hayez,  1886.  In-8°, 
xxxiv-202  p. 

440.  Prost  (Aug.).  La  Cathédrale  de  Metz.  Étude  sur  ses  édifices 
et  sur  ceux  qui  les  ont  précédés  ou  accompagnés  depuis  le  \"  siècle. 
Metz,  impr.  Even,  1885.  In-8°,  483  p.,  pi.  (Extrait  des  Mémoires  do  la 
Société  d'archéologie  et  d'histoire  de  la  Moselle^  t.  XVL) 

441.  Ranke  (Leopold  von).  Weltgeschichte.  YI.  Zersetzung  des  karo- 
lingischen,  Begriindung  des  deutschen  Reiches.  1^  und  2"  Abtheilung. 
1^  bis  3<^  Auflage.  Leipzig,  Duncker  und  Humblot,  1885.  In-8o,  vi-337p. 
17  m. 

442.  Rechnungen  aus  dem  Archiv  der  Stadt  Kronstadt,  L  Rechnun- 
gen  aus  1503-1526.  Kronstadt,  Zeidner,  1886.  In-8",  xi-769  p.,  2  pi. 
(Quellen  zur  Geschichte  der  Stadt  Kronstadt  in  Siebenbiirgen.  I.) 

443.  RicHTHOFEN  (Karl  Freiherr  von).  Die  àlteren  Egmonder  Ge- 
schichtsquellen.  Berlin,  Hertz,  1886.  In-S",  ni-219  p.  7  m. 

444.  Rimatori  napoletani  del  quattrocento,  con  prefazione  e  note  di 
Mario  Mandalari,  dal  cod.  1035  délia  Biblioteca  nazionale  di  Parigi, 
per  cura  dei  dottori  Giuseppe  Mazzatinti  ed  Antonio  Ive.  Caserta, 
A.  laselli,  1885.  In-8%  xl-198  p.  10  1. 

445.  Rivières  (le  baron  de).  Cloches  et  Clochettes,  à  propos  d'une 
nouvelle  clochette  de  Johannes  à  Fine.  Montauban,  impr.  Forestié. 
In-8",  11  p.  et  planche.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de 
Tarn-et-Garonne.) 

446.  Saga  (de)  van  Thorwald  Kodransson  den  Bereisde.  Eene  bladzijde 
uit  de  geschiedenis  der  christelijke  zending  in  de  tiende  eeuw  uit  het 
oud-islandsch  vertaald  en  toegelicht  door  E.  H.  Lasonder.  Utrecht, 
C.  E.  H.  Breijer.  In-8»,  xvi-207  p.  3  11.  50  c. 

447.  Salvo  (Ant.  de).  Notizie  storiche  e  topografiche  intorno  Metau- 
ria  e  Tauriana.  Napoli,  G.  de  Angehs,  1886.  ln-8°,  135  p.,  1  pi.  5  1. 

448.  ScHEPSs  (Georg).  Priscillian,  ein  neuaufgefundener  lat.  Schrift- 
steller  des  4.  Jahrhunderts.  Yortrag  gehalten  am  18.  Mai  1886  in  der 
philologisch-historischenGesellschaftzu  Wtirzburg.  Wùrzburg,  A.  Stu- 
ber,  1886.  In-8°,  26  p.,  1  fac-similé. 

449.  ScHLUMBERGER  (G.).  Trols  Joyaux  byzantins  sur  lesquels  sont  ins- 
crits les  noms  de  personnages  historiques  du  ix^  siècle.  Paris,  impri- 
merie nationale.  In-8°,  8  p.  avec  fig.  (Extrait  des  Comptes  rendus  de 
l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.) 

450.  Sghweitzër  (Ph.).  Geschichte  der  altskandinavischen  Literatur 
von  den  iiltesten  Zeiten  bis  zur  Reformation.  Leipzig,  Friedrich.  In-S", 
xxni-226  p.  (Geschichte  der  Weltliteratur  in  Einzeldarstellungen.  VIIL) 
4  m. 


■451.  SicKEL  (Th.  V.).  Erlautcrungon  zu  don  Diplomen  Otto  II. 
Innsbruck,  Wagnor,  1S86.  In-8%  121  p.  (Extrait  dos  MiUhcilimtjen  des 
Insliluts  fur  oslerreickischc  Geschichtsfonchunf/,  p]rgiinzungsh.  II.) 

452.  SrcKEL  (T.  v.).  L'Itinorario  di  Ottono  II  nell'  anno  982  stahilito 
colla  scorta  do'  diplomi.  Gonrorenza  inauguralo  dol  corso  di  mctodolo- 
gia  doila  sturia  (anno  II)  tcnuta  il  di  18  febbraio  1886.  (R.  Società 
romana  di  storia  patria.  Corso  pratico  di  metodologia  délia  storia. 
Fasc.  II.) 

453.  SiEGEL  (Hoinrich).  Deutsche  Rechtsgeschichtc.  Ein  Lehrbuch. 
Berlin,  Vahlen,  1886.  In-S",  xii-474  p.  9  m. 

454.  Statuti  del  comune  di  Vicenza,  mcglxiv,  pubblicati  da  Fedele 
Lampertico.  Venezia,  1886.  In-4'*,  Lxn-321  p.  (Monumenti  storici  pu- 
blicati  dalla  r.  deputazione  veneta  di  storia  patria,  série  2-'',  vol.  I.) 

455.  Steinbrecht  (C).  Thorn  im  Mittelalter.  Ein  Beitrag  zur  Bau- 
kunst  des  deutschen  Ritterordens.  Mit  14  Tafeînund  39  i.  d.  Textgedr. 
Abbildungen.  Berlin,  Springer,  1885.  In-fol.,  yi-45  p.  24  m. 

456.  Stôber  (Fritz).  Zur  Kritik  der  Vita  S.  Johannis  Reoraaensis. 
Eine  kirchengeschichtliche  Studie.  Wien,  Gerold,  1885,  In-8°,  82  p. 

457.  Taillebois  (Emile).  La  Fontaine  d'or  :  découverte  à  Pontenx-les- 
Forges  (Landes)  de  quarante-cinq  pièces  en  or  et  de  quatre  mille  cent 
seize  pièces  en  argent  de  la  période  anglo-française,  description.  Dax, 
impr.  Justère.  In-8»,  23  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  de  Borda.) 

458.  Tamassia  (Giov.).  De  ordine  iudiciorum,  opéra  inedita  di  Gio- 
vanni Bassiano.  Notizia.  Padova,  tip.  Francesco  Sacchetto,  1886. 
In-8%  8  p. 

459.  Thévenin  (Marcel).  Études  sur  la  propriété  au  moyen  âge.  Les 
«  communia.  »  Paris,  F.  Vieweg,  1886.  In-S",  24  p.  (Extra.it  des  Mélanges 
Renier.)  —  Voy.  aussi  ci-dessus,  n°  431. 

460.  TouGARD  (l'abbé  A.).  L'Hellénisme  dans  les  écrivains  du  moyen 
âge,  du  vn«  au  xn^  siècle.  Paris,  Lecoffre.  Gr.  in-8°,  70  p. 

461.  Urkunden  zur  Geschichte  der  Stadt  Speyer.  Gesammelt  und 
herausgegeben  von  Alfred  Hilgard.  Strassburg,  Trùbner,  1885.  In-4'', 
xn-565  p.,  1  pi.  25  m. 

462.  Urkundenbuch  der  Stadt  Ilildesheim.  Herausgegeben  von 
D--  Rich.  Doebner.  IL  1347-1400.  Hildesheim,  Gerstenberg,  1886.  In-8°, 
vn-762  p.  16  m. 

463.  Van  Pradelles  (Nicolas).  Livre  de  raison  (1564-1637).  Edité  par 
M.  Ignace  de  Gousseuiaker.  Lille,  impr.  Lefebvre-Ducrocq,  1886.  In-16, 
2-xLvni-48-23  p. 


CHRONIQUE  ET  MÉLANGES. 


Les  examens  de  fin  d'année,  à  l'École  des  chartes,  ont  eu  lieu  du  15 
au  20  juillet  1886. 

Première  année. 

Épreuve  orale. 

1»  Texte  latin  à  lire  d'après  un  ms.  de  la  bibliothèque  de  l'Arsenal, 
dont  les  candidats  devaient  approximativement  déterminer  la  date  : 

Contra  divites. 

Fuit  quidam  pauper  faciens  festum  cotidie  cantando  juxta  ignem.  Quod 
audiens  vicinus  ejus,  qui  valde  erat  dives,  mirabatur,  quia  ipse  non 
poterat  ita  letari.  Quodam  mane,  apposuit  bursam  ad  ostium  pauperis 
magnam,  plenam  nummis.  Ille  vero  exiens  de  domo  invenit  nummos, 
et  ivit  ad  laborandum  sicut  consueverat.  Sed  cogitans  cum  uxore  per 
•très  dies  quid  faceret  de  illis  nummis,  amittebat  gaudium  suum.  Quod 
videns  dives  recognovit  quod  hoc  erat  propter  nummorum  soUicitudi- 
nem,  et  repetiit  illos,  et  tune  iterum  cepit  gaudere  pauper  sicut  con- 
sueverat. 

2°  Question  de  chronologie  : 

Indiquer  la  date  de  l'avènement  au  trône  des  différentes  branches  de 
la  dynastie  capétienne. 

Le  texte  latin  à  traduire  était  les  «  Littene  capituli  Rothomagensis 
ad  Ludovicum  Franciae  regem,  »  etc.  (27  août  1256),  empruntées  aux 
Layettes  du  trésor  des  chartes,  t.  III,  n°  4281. 

3°  Charte  française  à  lire  d'après  l'original  : 

Accordé  est  par  devant  nosseigneurs  de  parlement  entre  maistre 
Raoul  Pinçon,  d'une  part,  et  Pierre  Scatisse,  d'autre  part,  que,  comme 
ledit  Pierre  eust  receu  de  maistre  Guillaume  Pinçon  sept  cens  escuz 
d'or  et  se  fust  obligiez  par  lettres  de  chastelet  a  les  rendre  a  Avignon 
a  la  Chandeleur  derrainement  passée  audit  maistre  Guillaume  ou  audit 
maistre  Raoul  et  non  a  autre,  se  il  n'avoit  quictance  d'eulz  et  les  dictes 
lectres  obligatoires,  et  ledit  maistre  Raoul  ait  requis  a  avoir  ladicte 
somme  en  ceste  ville  pour  envoler  audit  maistre  Guillaume  a  paier  sa 


447 

raençon  a  certains  chevaliers  qui  le  tiennent  pris  et  arresté  on  Alemaigne 

pou/ le  fait  du  roy,  etc.,  ledit  maistre  Raoul  a  confessé  et  confesse  avoir 

ou  lesdiz  .vii.<=  escuz  dudit  Pierre  par  la  main  de  Barthelemi  Espiephane, 

marchant  de  Lucques,  et  a  voulu  que  les  dictes  ohligacions  et  la  lettre 

que  ledit  Berthélemi  avoit  fait  de  paier  led.  argent  a  Avignon  [soient 

rendues]  audit  Pierre  et  a  ses  gens  ou  Jehan  Espiephane,  frère  dud. 

Berthélemi,  dedans  Pasques  prochain  venans.  Ce  fu  fait  a  Paris,  le 

.XXII.  jour  de  février  Fan  XL  VU. 

Concord.   per  partes  predictas  présentes   xxini^»  die  febr.  M-  CGC» 

XLVII»  (1348). 

Garriaut. 

Goncordiaintermagistrum  Rodulphum  Pinçon  clericum  et  consilium 
régis  et  Petrum  Seat. 

4°  Question  sur  la  matière  du  cours  de  langues  romanes  : 

Spécifier  les  caractères  linguistiques  du  texte  suivant  et  indiquer  à 
quel  pays  il  appartient  : 

Li  visitares  devra  contar  et  paier  chacuna  semana  a  toz  les  ovriers 
qui  en  la  dita  ovra  aront  travailla,  et  mètre  en  escript  la  quantita  et  lo 
pris  de  les  choses  et  de  cuy  sunt  prises,  tant  cum  distinguir  et  esclarzir 
se  porra  bonament  sens  confusion  de  paroUes. 

Epreuve  écrite. 

1°  Texte  latin  à  transcrire  d'après  le  fac-similé  en  héliogravure 
n»  277  du  fonds  de  l'École  : 

Ego  Ludovicus  Del  gratia  Francorum  rex.  Notum  facimus  omnibus 
futuris  sicut  et  presentibus  quod  fidelis  noster  Gilo  de  Soiliaco  alodia 
quedam  que  in  terra  sua  homines  sui  habere  dicebantur  recepit  a  nobis 
cum  alio  feodo  suo  et  nos  concessimus.  Hase  autem  sunt  que  subscri- 
buntur  :  Humbertus  Caprarius  recipit  a  Gilone  et  Gilo  a  nobis  nemus 
de  Monte  Perrer  et  xv  familias  hominum  cum  possessionibus  suis  et 
terram  quam  habet  ad  Gierneium  extra  burgum.  Item  recipit  a  nobis 
Gilo  domum  de  Podio  Narjoti  de  S.  Gundone.  Item  domum  Bernardi  de 
insula  de  Spineto  et  totam  terram  quam  habet  Bernardus  in  castellania 
Soliacensi  praiter  terram  de  Vannis  et  totam  terram  quam  habet  in 
castellania  de  Argento.  Item  vn  feoda  militum  casatorum  ad  Curconcel- 
lium  que  tenet  Burdinus  Monacus.  Item  quicquid  ipse  Gilo  habet  in 
alodio  apud  Anorde.  Item  totum  nemus  de  Signi  quod  est  Girardi  de 
Blancafort.  Item  nemus  de  Morenz  et  terram  in  qua  manent  lx  homi- 
nes vel  eo  amplius,  que  tenet  Malguinus  de  Aiis  de  G.  Monaco  et  Girar- 
dus  tenebat  pro  alodiij.  Alla  etiam  omnia  feoda  Gilo  recipit  a  nobis  que 
homines  sui  tenent  pro  alodiis. 

Quod  ut  notum  sit  scribi  fecimus  et  sigillé  nostro  signari.  Actum 


448 

Parisius  anno  incarnati  verbi  M  GLXVIII.  Data  per  manum  Hugonis 
cancellarii  < . 

2°  Texte  provençal  à  transcrire  d'après  le  fac-similé  en  héliogravure 
n»  254  du  fonds  de  l'École  : 

Per  Dieu  amor,  ben  sabes  veramen 
Con  plus  deissen,  plus  pueja  humelitatz, 
Et  ergueilhs  chai,  on  plus  aut  es  pojatz  ; 
Don  dei  aver  gaug  e  vos  espaven 
C'ancsem  mostras  ergueilh  contra  mezura, 
E  brau  respos  a  mas  humils  chansos; 
Per  qu'es  semblans  que  l'ergueilhs  caja  jos, 
Qu'après  bel  jorn  ai  vista  nueg  escura. 

Mai  vos  non  par  puscatz  far  failhimen  ; 
Pero,  quan  failh  sel  qu'es  pros  ni  prezatz, 
Tan  com  val  mais,  tan  n'es  plus  encolpatz  ; 
Qu'en  la  valor  puejal  colp'  e  deissen; 
E  cant  hom  tôt  perdonal  forfaitura, 
Ja  del  blasme  noilh  sera  faitz  perdos, 
Quel  (sic)  sel  rema,  eilh  mala  sospeissos, 
Qu'a  mains  met  sel  qui  vas  un  desmezura. 

Blasme  n'a  hom  e  cascus  sela  s'en 
Per  que  n'es  plus  en  l'engan  enganatz 
Aisel  quel  fai,  que  sel  qu'es  enganatz  ; 
Donc  vos,  amor,  per  c'o  faitz  tan  soven 
Con  plus  vos  ser  cascus  plus  s'en  rancura. 
E  de  servir  tanh  calsque  guiszardos, 
Pretz  ho  amicx,  meilhuramens  ho  dos, 
Meins  d'un  d'aquetz  es  fols  qui  s'i  atura. 

3°  Texte  latin  imprimé  à  traduire  : 

Alexander  cpiscopus  servus  servorum  Dei  venerabilibus  fratribus  P. 
Narbonensi  archiepiscopo  et  Nemausensi  Uticensi  Mimatensi  et  Maga- 
lonensi  episcopis  salutem  et  apostolicam  benedictionem.  Susceptis  lit- 
teris  quorumdam  ex  vobis  et  débita  benignitate  perlectis  gratum  admo- 
dum  acceptumque  tenuimus  quod  vos  sicut  earum  nobis  ténor  expressit 
super  pedagiorum  enormitate  toUenda  studiosi  et  invigilantes  existitis 
et  laudabiliter  circa  id  ofûcii  vestri  sollicitudinem  exercetis.  Inde  utique 
fuit  quod  nobili  viro  B.  comiti  Merguliensi  qui  se  super  his  juxta  monita 

1.  Cette  pièce  est  pubUée  dans  les  Lay elles  du  trésor  des  chartes,  sous  le 
n°  215,  mais  avec  des  fautes  assez  graves,  qui  ont  passé  dans  la  notice  que 
M.  Luchaire  a  donnée  de  la  même  pièce. 


449 

vestra,  corrigere  contradicit  scripta  nostra  sine  uUa  tamen  salutacione 
direximus  monentos  oum  attentius  atque  mandantes  quatinus  tam  super 
novis  pedapiis  amovondis  quam  super  voterum  incremento  tollondo 
vestris  mandatis  ac  monitis  acquiesçât  ot  in  liujusmodi  deinceps  mali- 
tia  nullius  unquam  tam  nelarii  questus  cupidilate  persistât  alioquin 
sententiam  quam  tu  in  eum  frater  arcliiepiscope  protulisti  ratam  liabe- 
mus  eamque  usque  ad  dignam  satistactionem  firmitcr  observari  manda- 
mus  adjicientes  equidem  et  vestro  fraternitati  mandantes  quatinus  in 
\'illa  Alest  et  in  omni  terra  ejus  intordicta  suis  sepultura  continue  et  in 
omnibus  aiiis  locis  quandiu  in  eis  ipse  presens  fuerit  divina  prohibea- 
tis  officia  celebrari.  Dat.  Senonis  .xvj.  kal.  februarii. 

4°  Texte  provençal  imprimé  à  traduire  : 

In  nomine  Domini  nostri  Jhesu  Christi.  Anno  Domini  M°  GC'  XL°  VI", 
iiij°  kal.  junii.  Sia  conoguda  causa  que  eu  na  Finas  maire  d'en  Sycart 
Alaman  per  mi  e  per  totz  los  meus  et  per  Sicart  mo  filb  meteis  e  per 
totz  mes  successors  ab  cosselh  et  ab  voluntat  et  ab  autrejamen  d'en  W. 
de  S.  Alari  e  d'en  Joban  Ragambert  ei  establidas  e  messas  costumas  a 
totz  aquels  homes  et  a  totas  aquelas  femmas  que  aras  so  el  castel  de 
Pueg  Beguo  ni  per  adenant  i  serau  ni  els  apertenemcns  del  castel  sobre- 
dich  dins  ni  déferas.  E  las  costumas  so  aitals  : 

Que  totz  hom  e  tota  femna  que  laore  el  castel  de  Pueg  Beguo  ni  els 
apertenemens  ab  araire  complit  que  aia  el  araire  de  .ij.  buous  tro  en 
.iiij.  donc  cadans  a  la  festa  de  Nadal  .iij.  sols  a  la  dona  na  Finas  sobre- 
dicha  0  ad  aquels  que  per  liei  i  serau.  E  totz  hom  que  laore  ab  parelh 
de  bestias  cavalinas  el  castel  sobredich  o  e  la  honor  que  done  cadans 
.iij.  sols  a  Nadal.  E  totz  hom  e  tota  femna  heretatz  del  castel  de  Pueg 
Beguo  qualque  mestier  fassa,  done  .ij.  s.  e  .iij.  d,  cadans.  E  totz  hom 
que  non  aura  maio  ni  heretat  es  logara  e  gasanhara  ab  son  cors  done 
cadans  .viiij.  d.  a  la  dona  na  Finas  o  ad  aquels  que  per  liei  i  serio.  E 
totz  homs  0  tota  femna  que  venga  estar  el  castel  sobredich  o  e  la  honor 
que  sio  franc  dels  .ij.  ans  e  passatz  los  .ij.  ans  que  dono  segon  que  li 
autre  dovo  donar  desus.  E  se  nulhs  hom  ni  nulha  femna  s'en  volia  anar 
vas  autra  part  deu  o  far  saber  a  la  dona  na  Finas  o  ad  aquels  que  per 
liei  i  serio  .viij.  dias  enant  et  elh  devo  los  guidar  ab  tôt  lor  aver  et  ab 
totas  lor  bestias  et  ab  totas  lor  causas  una  jornada.  E  totz  hom  del  cas- 
tel  que  aucira  home  es  encorregutz  de  cors  e  d'aver.  E  totz  hom  que 
fassa  sancfoio  coste  .Ix.  s.  e  l'emenda  al  sancfoizonat.  E  de  las  viltenen- 
sas  dels  homes  se  s'apelo  trachors  ni  falses  ni  desliais  ni  bocapudens 
ni  mezels  paguo  .iiij.  s.  E  de  tôt  clam  de  .G.  s.  o  de  .G.  s.  a  essus  aia 
la  cort  .viij.  s.  d'aquel  que  sera  vencutz. 

5°  Questions  tirées  d..  cours  de  bibliographie  : 

I.  Faire  sommairement  l'histoire  des  Gallia  christiana  et  indiquer  le 
plan  des  deux  dernières  rédactions. 


450 

II.  Rédiger  les  articles  par  lesquels  devrait  être  représenté,  dans  un 
catalogue  de  bibliothèque,  le  volume  dont  la  description  suit  : 

In-S»  étroit  de  47  feuillets  en  six  cahiers  de  8  feuillets,  sans  titre,  signa- 
tures, réclames,  ni  pagination,  de  26  lignes  à  la  page,  sans  interlignes  ni 
ponctuation,  caractère  gothique  arrondi  avec  caractères  abréviatifs,  petites 
capitales  dans  le  texte.  La  place  des  grandes  lettres  initiales  laissée  en 
blanc.  Composé  de  trois  traités,  deux  de  saint  Bonaventure  et  un  de 
saint  Méthode.  Le  premier  commence  :  «  Incipit  libellus  qui  appellatur 
regimen  conscientie,  vel  parvum  bonum  editus  a  Fratre  Bonaventure 
cardinalis.  »  Le  second,  cahier  3,  feuillet  4  :  «  Incipit  Epistola  Sancti 
Methodii  episcopi  Parasensis  (pour  Patarensis)  de  regnis  gentium  et 
novissimis  temporibus  certa  demonstratio  cristiana.  »  Le  troisième, 
cahier  5,  feuillet  5  :  «  Incipit  tractatus  de  preparacione  ad  missam  domini 
Seraphici  Johannis  Bonaventure.  »  Le  volume  est  indiqué  dans  Grœsse, 
IV,  p.  507,  et  est  attribué  à  Ulrich  Zell  de  Cologne,  entre  les  années  1467 
et  1470. 

Deuxième  année. 

Épreuve  orale. 

1°  Texte  à  lire  sur  l'original  : 

Hujus  diei  gloria 
Det,  Christe,  mundo  gaudia 
Qua  junctus  est  celestibus 
Frater  Johannis  Jacobus. 

Qui,  vocantem  de  litore 
Prompte  secutus  pectore. 
In  navi  patrem  liquerat 
Et  cuncta  quœ  possederat. 

Vivons  adhuc  in  corpore 
Formam  conspexit  gloriœ, 
Qua  te  post  finem  seculi, 
Videbunt  lucis  filii. 

Fundendo  pro  te  sanguinem 
Idem  bibebat  calicem  ; 
Quam  tu  gustaras,  hostia, 
Nostrœ  salutis  gratia^. 

1.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  13090,  fol.  71  bis. 


45  f 

Les  candidats  ont  eu  à  déterminer  l'àpe  de  l'écriture  de  ce  texte. 
20  Questions  de  diplomatique  : 

I.  Quel  est  le  genre  d'acte  désigné  en  diplomatique  sous  le  nom  de 
bref?  —  Quels  en  sont  les  caractères  particuliers  ?  —  A  quelle  époque 
remontent  les  plus  anciens  brefs  ? 

II.  Quelles  modilications  la  Convention  a-t-elle  apportées  au  calen- 
drier? —  Pendant  quelle  période  le  calendrier  républicain  a-t-il  été  en 
usage? 

30  Questions  d'histoire  des  institutions  : 

Quelles  ont  été  les  principales  divisions  administratives  de  la  France  : 

De  1190  au  xiv<^  siècle  ; 

Du  XI v°  siècle  à  1790  ; 

De  1790  à  1800  inclus? 

40  Questions  tirées  du  cours  des  sources  de  l'histoire  de  France  : 

I.  Rappeler  très  brièvement  les  circonstances  de  la  vie  de  Nithard 
qui  sont  de  nature  à  accroître  l'autorité  de  son  témoignage. 

II.  Quelles  sont  les  dates  extrêmes,  les  divisions  de  son  œuvre  et  à 
quelle  date  a-t-elle  été  rédigée  ? 

III.  Quelle  est  la  valeur  absolue  de  l'Histoire  de  Nithard  et  quelle  est 
sa  valeur  relative  si  on  la  compare,  par  exemple,  à  la  Vita  Ludovici  de 
l'Astronome? 

5°  Question  tirée  du  cours  de  classement  d'archives  : 
Des  comptes  de  l'argenterie  et  des  comptes  de  l'hôtel. 

Épreuve  écrite. 

1"  Texte  latin  à  transcrire  d'après  le  fac-similé  no  287  du  fonds  de 
l'École  : 

Excellentissimo  et  reverendissimo  semper  domino  suo  Alfonso,  filio 
rogis  Francie,  comiti  Pictavensi  et  Tholosano  et  marchioni  Provincie 
illustri,  devotus  et  minimus  ejus  Theobaldus  de  Stampis  capellanus,  se 
semper  ad  beneplacita  et  servicia  promptum  et  paratum.  Super  negociis 
mihi  a  vestra  dominacione  impositis  vobis  facio  manifestum  : 

<^uod,  ego,  magistro  P.  de  Vicenobrio  transcriptum  litterarum  papa- 
lium  sigillo  domini..  Garpentoracensis  episcopi  sigillatum  traddidi  manu 
propria  in  domo  eiusdem  magistri;  item,  quod,  apud  ÏMalaucene  in 
Venesino,  prima  obdomada  Quadragesime,  fuit  lata  sentcntia  contra 
xxn  vel  plus  Valdenses  hereticos,  de  quibus  duo  fuerunt  condempnati 
ad  murum  et  alii  portabunt  crucem  vel  cruces; 

Item,  pênes  dominum  J.  Govion,  castellanum  Belli  Quadri,  habetis 
ducentas  et  quinquaginta  libras  turonensium  de  deposito  domini  J.  de 
Grazano  delfuncti,  et  illas  non  reddet  sine  vcstris  litteris; 


432 

Item,  sciatis  quod  adhuc  multum  parum  inveni  de  cibis  vestris  in 
Venesino  nec  alibi,  prêter  id  quod  dictus  J.  congregaverat  de  vinteno  ; 

Item,  sicut  mihi  dixit  dominus  R.  senescallus  vester..  electus  Valan- 
cie,  contra  probibicionem  ipsius  senescalli,  vult  et  intendit  se  ponere  in 
dominio  de  Montolio  Aymardi  et  jam  intravit  et  posuit  se  in  dominio 
de  Lavote  contra  inhibicionem  eiusdem  senescalli. 

2°  Texte  latin  imprimé  à  traduire  : 

Robertus  primogenitus  illustris  Jérusalem  et  Sicilie  régis  dux  Gala- 
brie  ejusque  in  regno  Sicilie  ac  in  comitatibus  Provincie  et  Forcalquerii 
vicarius  generalis  olïîcialibus  curie  régie  Dignensis  presentibus  et  futu- 
ris  devotis  suis  salutem  et  dilectionem  sinceram.  Per  sindicos  univer- 
sitatis  hominum  Digne  devotorum  nostrorum  et  nomine  universitatis 
ejusdem  fuit  nuper  expositum  coram  nobis  quod  cum  plures  Judei  moran- 
tes  in  civitate  ipsa  possideant  certas  possessiones  in  dicta  civitate  et  ejus 
territorio  ac  etiam  in  locis  circumstantibus  et  emant  cotidie  pro  quibus 
illi  a  quibus  dicti  Judei  dictas  possessiones  acquisiverunt  solvere  et 
contribuere  usi  erant  cum  ceteris  civibus  Digne  in  talliis  et  quistis  que 
inibi  tempore  imponuntur  pretextu  tallie  quam  annuatim  ipsi  Judei 
curie  régie  facere  tenentur  solvere  et  contribuere  indebite  contradicunt. 
Nostre  igitur  provisionis  remedio  suppliciter  implorato  volumus  vobis- 
que  expresse  jubemus  quatenus  ipsos  Judeos  ad  solvendum  et  contri- 
buendum  in  ipsis  talliis  et  quistis  cum  ceteris  civibus  Digne  pro  modo 
possessionum  predictarum  cohercitione  débita  compellatis  excusatione 
dicte  tallie  quam  curie  dicti  Judei  annuatim  exsolvunt  in  aliquo  non 
obstante.  Présentes  autem  litteras  post  earum  inspectionem  congruam 
restitui  volumus  presentanti  et  pendenti  sigillo  nostro  jussimus  com- 
muniri.  Dat.  Aquis  anno  Domini  M.  CGC.  VI.  die  xix  martii  iv  ind. 

3"  Texte  imprimé  à  analyser  : 

Philippus  Dei  gratia  Francorum  rex  senescallo  Pictavensi  ac  custo- 
dibus  regalium  regni  nostri  et  eorum  cuilibet  salutem.  Scire  vos  volu- 
mus quod  nos  manum  nostram  in  bonis  temporalibus  episcopatus  Pic- 
tavensis  ex  quacumque  causa  appositam  ex  nunc  amovemus  omnino 
hoc  nobis  salvo  quod  si  pro  tempore  constare  poterit  quod  episcopus 
Pictavensis  nobis  fidem  facere  teneatur  quodque  regalia  habeamus  in 
episcopatu  predicto  quod  dictus  episcopus  fidem  nobis  faciat  et  fructus 
regalie  nobis  restituât  si  ut  premittitur  inveniatur  eumdem  episcopum 
ad  premissa  teneri.  Eapropter  vobis  tenore  presentium  mandamus  qua- 
tinus  dilectum  nostrum  episcopum  Pictavensem  dictis  bonis  suis  tem- 
poralibus et  aliis  gaudere  libère  permittatis;  ac  queciimque  occasione 
regalium  bac  vice  percepta  sunt  de  episcopatu  predicto  prout  ad  vos  et 
vestrum  quemlibet  pertinet  restituatis  et  restitui  faciatis  eidem  sine 
difficultate  quacumque.  Datum  Parisius,  die  vicesima  octava  decem- 
bris  anno  Domini  M»  GGG"  septimo. 


453 

4°  Questions  de  diplomatique  : 

I.  Expliquer  ce  que  l'on  entendait  aux  derniers  siècles  de  la  monar- 
chie par  lettres  du  grand  sceau  et  lettres  du  petit  sceau.  — Quels  étaient 
à  la  même  époque  les  caractères  particuliers  des  Lettres  patentes  en  forme 
de  chartes  ?  —  Quels  étaient  les  principaux  genres  de  documents  que 
l'on  expédiait  sous  cette  forme  ? 

IL  Dire  à  quel  genre  de  documents  doit  appartenir  la  date  suivante  : 
Data  XVI  kalendas  augustas,  anno  VIII  Ghristo  propitio  impcrii  nostri 
et  XL  anno  regni  nostri  in  Francia  et  XXXV  in  Italia,  indictione  prima. 
Actum  Aquisgrani,  palacio  nostro.  In  Dei  nomine  l'eliciter.  Amen. 

Ramener  cette  date  à  notre  manière  de  compter  en  expliquant  cha- 
cun des  éléments  qui  la  composent. 

5°  Questions  d'histoire  des  institutions  : 

I.  Quelle  différence  y  avait-il  entre  les  requêtes  de  l'Hôtel  et  les  requêtes 
du  Palais? 

IL  Qu'entendait-on  par  subdélégations  et  quelles  étaient  les  attribu- 
tions des  subdélégués? 

III.  Quels  sont  les  divers  modes  de  recrutement  de  l'armée  de  1790  à 
1800? 

Troisième  année. 

Épreuve  orale. 

1°  Texte  à  lire  sur  l'original  : 

Woertus  Ambianensis  officialis  domini  Remensis  presbitero  de  Peille 
salutem.  Auctoritate  domini  Remensis  vobis  mandamus  quatinus 
peremptorie  citetis  presbiterum  de  Marval  et  uxorem  Stephani  ut  feria 
tercia  post  Cantate  Remis  veniant  Thome  de  Parvi  responsuri  cum  super 
hoc  alias  in  curia  Remensi  fuerit  litigatum. 

(Bibl.  nal.,  lat.  13090,  fol.  73  v.) 

Les  candidats  ont  eu  à  déterminer  l'âge  de  l'écriture  de  ce  morceau 
et  d'un  autre  texte  transcrit  sur  le  même  feuillet. 

2°  Question  d'histoire  du  droit  : 

Indiquer  la  date  approximative,  l'objet,  la  valeur  scientifique,  l'édition  : 

I.  Des  sentences  du  Parloir  aux  Bourgeois  ; 

II.  Des  coutumes  notoires  du  Chàtelet; 

III.  Des  décisions  dites  de  Jean  des  Mares. 
3°  Questions  d'archéologie  : 

Donner  des  explications  sur  les  pièces  caractéristiques  du  costume 
des  principaux  personnages  qui  figurent  dans  deux  miniatures  d'un  ms. 
français  du  xni'=  siècle  contenant  la  Vie  de  saint  Thomas  de  Cantorbéry, 
et  dater  ces  miniatures. 


434 


Épreuve  écrite. 

!•  Texte  à  transcrire  d'après  le  fac-similé  en  héliogravure  n°  293  du 
fonds  de  l'École  : 

Pro  altercatione  scribit  Romanis,  confutans  modo  Gentiles,  modo 
Judeos,  docens  eos  humiliari  ut  omnia  attribuant  gratie  Dei. 

Paulus  hebraice,  quietus  grece,  modicus  latine,  prius  Saulus  a  Saule 
persecutore.  Gommendat  personam  et  negocium  et  auctorem  negocii  in 
quibus  congrue  captât. 

Servus  :  nomen  humilitatis  ut  ad  eam  provocet. 

Apostolus  :  «  Ecce  de  humili  altus,  non  a  se,  sed  a  Deo  vocatus,  vel 
vocatus  ab  hominibus  »  dictus  privilegio  nominis. 

Segregatus  a  doctrina  Phariseorum  (hoc  contra  Judeos  dictum)  vel  ab 
aliis  apostolis,  unde  «  Segrsegate  mihi  B.  et  P.  » 

Evangelium  :  bona  adnuntiatio  est  que  ad  salutem  ;  ea  vero  est  de  bis 
que  ad  fidem  et  mores. 

Dei,  non  ab  homine  inventum. 

Quod  ante  completionem,  non  subitum  ;  unde  in  hoc  verbum  verum 
est  «  quia  alius  est  qui  seminat  et  alius  qui  metit.  » 

Per  Prophetas  :  unde  Jheremias  :  «  Ecce  dies  veniunt  etconsummabo 
testamentum  novum.  » 

Idem  et  alii  :  «  Factus  etsi  infectus,  »  tanta  est  unio  utriusque  nature 
ut  totum  dicatur  Deus,  totum  homo,  et  vicissim  Deus  homo  et  homo 
Deus,  quod  non  in  substantiis  hominum. 

Ex  semine  David  :  quia  Maria  de  David.  Facta  est  promissio  Abrahe 
et  David  ;  sed  maluit  hic  dicere  David  qui  et  criminosus  non  Abrahe 
justi,  ut  non  pro  merito,  sed  gratia  natus  de  eo  putetur,  et  ut  ex  rege 
secundum  carnem,  sicut  rex  ex  Deo. 

2°  Questions  d'histoire  du  droit  : 

Le  testament  au  xvi^  s.,  dans  les  pays  dits  de  droit  coutumier. 

I.  Formes.  —  JI.  Quotité  disponible.  —  III.  Exécution.  —  IV.  Juri- 
diction compétente  pour  connaître  des  difficultés  que  pouvaient  soule- 
ver les  testaments. 

3°  Question  d'archéologie  : 

Décrire  sommairement  les  dispositions  principales  que  présentent  en 
plan  et  en  élévation  le  chœur  et  le  transept  de  la  cathédrale  de  Chartres 
(crypte  comprise). 

4°  Question  tirée  du  cours  des  sources  de  l'histoire  de  France  : 
Quels  sont  les  titres,  quelle  est  la  date  de  rédaction  et  la  valeur  cri- 
tique des  ouvrages  et  opuscules  historiques  de  Suger? 


455 

A  la  suite  des  examens  et  par  arrêté  ministériel  en  date  du  27  juillet 
1886,  ont  été  admis  à  passer  en  deuxième  année  (ordre  de  mérite)  : 

MM.     1.  Travers. 

2.  Léonardon. 

3.  RiCUEBÉ. 

4.  Mautouchet. 

5.  SOUCHON. 

6.  PORTAL. 

7.  Hérold. 

8.  Michel. 

9.  Enlart. 

10.  ECKEL. 

11.  Trudon  des  Ormes. 

12.  Nerlinger. 

13.  Batiffol. 

Et  hors  rang,  à  titre  étranger,  M.  Aubert,  qui,  s'il  eût  été  classé, 
l'aurait  été  au  4^  rang. 

Ont  été  admis  à  passer  en  troisième  année  (ordre  de  mérite)  : 
MM.     1.  Bourgeois. 

2.  Jacqueton. 

3.  Ebel. 

4.  FiNOT. 

5.  VlARD. 

6.  Desplanque. 

7.  Dupont-Ferrier. 

8.  BONIN. 

9.  De  Berthou. 

10.  Spont. 

11.  Picard. 

12.  Ledos. 

13.  Renvoisé. 

Ont  été  admis  à  subir  l'épreuve  de  la  thèse  (ordre  alphabétique)  : 

MM.     Bonnier. 
goyegque. 
Dallemagne. 

DuCOM. 

Froment. 

Grandjiaison  (de). 

Jarry. 

Lajjrouche. 

Laloy. 

Lhermitte. 


456 

MM.    Manneville  (de). 

SOUILLIÉ. 

TOURNOUER. 

ViREY. 

—  Un  érudit,  un  homme  de  cœur  et  de  bien,  M.  Jourdain,  que  des 
liens  étroits  rattachaient  à  l'École  des  chartes  et  qui  lui  avait  rendu  de 
grands  services  comme  directeur  au  ministère  de  l'instruction  publique 
et  comme  membre  du  conseil  de  perfectionnement,  a  succombé  le 
20  juillet  1886  à  la  maladie  qui  minait  ses  forces  depuis  plusieurs  années. 
Nous  reproduisons  les  discours  qui  ont  été  prononcés  sur  sa  tombe  par 
nos  confrères  M.  G.  Paris,  au  nom  de  l'Académie  des  inscriptions  et 
belles-lettres,  M.  L.  Delisle,  au  nom  de  l'École  des  chartes  et  du  Comité 
des  travaux  historiques,  et  M.  le  comte  de  Mas  Latrie,  au  nom  de  la 
Société  de  l'histoire  de  France  : 

DISCOURS   DE   M.  G.    PARIS. 

«  Messieurs, 

«  La  nouvelle  de  la  mort  de  M.  Jourdain,  qui  nous  est  parvenue  il  y 
a  cinq  jours,  et  que  j'ai  communiquée  hier  à  l'Académie,  nous  a  causé 
moins  de  surprise  que  d'affliction.  Depuis  plusieurs  mois,  la  santé  de 
notre  cher  et  savant  confrère  était  profondément  atteinte,  et  plus  d'une 
fois  nous  avions  cru  le  terme  fatal  près  d'arriver.  Il  y  avait  eu  dans  son 
mal  quelques  rémittences,  qui  auraient  pu  nous  rendre  un  peu  d'espoir, 
comme  à  ceux  qui  le  soignaient  avec  tant  d'anxiété;  nous  l'avions  même 
vu  à  l'Académie,  où  son  retour  passager  nous  avait  causé,  ainsi  qu'à 
lui,  une  vive  émotion  ;  mais  nous  savions  combien  était  frêle  le  fil  qui 
le  rattachait  encore  à  la  vie,  et  lui-même  il  pressentait,  avec  la  tristesse 
bien  naturelle  d'un  père  et  la  résignation  d'un  chrétien,  l'imminence  du 
coup  qui  allait  le  séparer  de  tout  ce  qu'il  aimait.  Il  s'est  éteint  douce- 
ment, entouré  des  aflections  qu'il  avait  si  bien  méritées  et  soutenu  par 
les  consolations  d'une  religion  à  laquelle  son  cœur  avait  toujours  été 
aussi  attaché  que  son  esprit  lui  était  soumis. 

«  C'est  une  vie  bien  remplie  que  celle  qui  vient  de  se  terminer.  Fils 
d'un  savant  de  mérite,  dont  les  travaux  ont  conservé  une  valeur  durable, 
Charles  Jourdain  le  perdit  avant  de  l'avoir  connu.  Il  fut  élevé  par  une 
mère  d'un  esprit  distingué  et  d'un  caractère  sérieux,  sous  les  yeux  d'un 
oncle  ecclésiastique ,  dans  un  milieu  assez  austère ,  où  se  mêlaient, 
comme  dans  certains  groupes,  respectables  entre  tous,  de  la  vieille  bour- 
geoisie parisienne,  les  traditions  d'une  piété  de  tournure  un  peu  jansé- 
niste et  celles  d'un  libéralisme  tenace.  Dès  son  enfance,  il  manifestait 
sa  vocation  pour  les  travaux  de  l'intelligence,  et  l'aspiration,  qu'il  pro- 
clamait déjà,  à  l'honneur  d'être  un  jour  membre  de  l'Institut  le  stimu- 


457 

lait  dans  ses  études,  qu'il  fit  solides  et  brillantes.  A  vingt  et  un  ans, 
déjà  licencié  en  droit,  il  était  docteur  es  lettres,  agrégé  à  vingt-trois,  et 
bientôt  il  entrait  dans  l'enseignement  de  la  i)hilosophie,  à  Reims  d'abord, 
puis  à  Paris.  Il  en  sortit  par  hasard.  En  1849,  M.  de  Falloux,  devenu 
ministre,  entendit  parler  du  jeune  maître  du  collège  Stanislas,  qui  avait 
dirigé  pendant  un  an  la  Revue  de  l'instruction  publique  et  s'était  fait 
remarquer  par  des  articles  où  il  s'efforçait  d'accorder  un  réel  attache- 
ment pour  l'Université  avec  les  idées  de  réaction,  à  la  fois  libérale  et 
catholique,  qui  prévalaient  alors  contre  le  monopole  de  l'État  enseignant. 
Il  prit  M.  Jourdain  pour  son  chef  de  cabinet,  et  celui-ci  eut  une  grande 
part  à  l'élaboration  de  la  fameuse  loi  de  1850.  M.  de  Falloux  quitta  le 
ministère;  son  chef  de  cabinet  y  resta,  mais  à  un  autre  titre.  Il  entra 
dans  la  division  de  la  comptabilité  générale,  dont  il  devint  chef  en  1852. 
Nommé,  en  1869,  inspecteur  général  de  l'enseignement  supérieur,  il  fut 
chargé,  en  1871,  par  M.  Jules  Simon,  qui  appréciait  ses  qualités  d'ad- 
ministrateur, de  contrôler  l'état  des  établissements  d'instruction  publique 
dans  les  départements  envahis;  il  prit  plus  tard  aux  innovations  qu'in- 
troduisit ce  ministre  une  part  qui  démontra  qu'il  n'était  pas  obstiné- 
ment attaché  aux  traditions  de  l'époque  antérieure.  Sous  le  ministère 
de  M.  Wallon,  son  ami,  il  fut  secrétaire  général;  il  reprit  ensuite  ses 
fonctions  d'inspecteur.  Mais  on  sait  quels  changements  brusques,  quels 
revirements  complets  a  présentés  depuis  quinze  ans  le  gouvernement 
de  l'instruction  publique  en  France.  Quoique  très  conciliant  et  disposé 
toujours  à  faire  fidèlement  son  service  sur  le  navire  qui  changeait  si 
souvent  de  pilote,  M.  Jourdain  avait  manifesté  des  opinions  et  des  pré- 
férences qui  rendaient  sa  situation  administrative  assez  difficile  sous  la 
direction  qui  semblait  décidément  prévaloir.  Il  fut  mis  à  la  retraite  en 
1879  ;  il  en  fut  froissé,  bien  qu'il  s'y  attendît,  et  son  opposition  aux  idées 
régnantes  ne  fit  naturellement  que  s'accroître.  Pendant  trente  ans,  il 
avait  rendu  les  plus  grands  services  à  l'administration  et  il  avait  profité 
de  sa  situation  pour  en  rendre  d'autres  à  la  science.  L'Institut,  à  son 
grand  profit,  a  toujours  compté  parmi  ses  membres  de  ces  hommes  qui 
sont  à  la  fois  des  administrateurs  et  des  savants,  qui  font  pénétrer  dans 
les  conseils  des  gouvernements  la  notion  des  besoins  de  la  science,  et 
qui  apportent  dans  les  corps  savants  une  expérience  des  affaires  et  une 
sagesse  pratique  dont  ceux-ci  ont  souvent  besoin.  Aussi  M.  Jourdain 
avait-il  parmi  nous  une  autorité  considérable  dans  les  questions,  sou- 
vent délicates,  qui  touchent  à  nos  rapports  avec  l'État,  et  le  nommions- 
nous  tous  les  ans,  à  l'unanimité,  membre  de  notre  commission  admi- 
nistrative. Son  séjour  au  ministère  a  laissé,  d'ailleurs,  une  durable  trace 
dans  les  deux  volumes  qu'il  a  publiés  sur  le  budget  de  l'instruction 
publique  et  le  budget  ùos  cultes,  documents  importants  pour  une  des 
parties  les  plus  intéressantes  de  notre  histoire  contemporaine. 

«  Mais  il  réservait  pour  l'étude  tous  les  loisirs  que  lui  laissaient  ses 

30 


458 

fonctions.  Attiré  dès  sa  première  jeunesse,  tant  par  son  éducation  reli- 
gieuse et  l'exemple  même  des  travaux  de  son  père  que  par  l'influence 
de  l'éclectisme,  dans  ce  qu'il  a  eu  de  meilleur,  vers  l'histoire  de  la  phi- 
losophie chrétienne,  il  concourut  avec  empressement,  en  1857,  pour  le 
prix  que  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques  avait  proposé  à 
l'auteur  du  meilleur  mémoire  sur  la  philosophie  de  saint  Thomas 
d'Aquin,  et  il  obtint  ce  prix  par  deux  volumes  consciencieusement  éta- 
blis, bien  compris  et  clairement  écrits.  Il  était  bon  que  la  Somme  théo- 
logique,  cette  imposante  et  vaste  cathédrale  de  la  pensée  catholique,  fût 
expliquée  par  quelqu'un  qui  joignît  un  pieux  respect  à  une  solide  pré- 
paration philosophique  :  on  ne  comprend  bien,  au  moins  dans  un  cer- 
tain sens,  que  ce  qu'on  aime.  En  se  plaçant  à  un  point  de  vue  différent, 
on  peut  faire  quelques  réserves  sur  le  beau  livre  de  M.  Jourdain  ;  on 
peut  y  relever  une  certaine  tendance  à  présenter  les  choses  sous  le  jour 
qui  plaît  le  plus,  à  atténuer  les  différences,  à  voiler  les  difficultés,  à  con- 
cilier ce  que  d'autres  trouveraient  inconciliable  ;  mais  on  ne  saurait  y 
méconnaître  une  discussion  sincère  et  éclairée,  une  connaissance  réelle 
du  sujet  et  de  ses  alentours,  et  une  constante  élévation  de  pensée.  La 
Philosophie  de  saint  Thomas  d'Aquin  fut  un  des  principaux  titres  qui, 
en  1863,  firent  admettre  Charles  Jourdain  dans  notre  compagnie. 

«  Un  autre  fut  sa  continuation  de  V Histoire  de  l'université  de  Paris.  Il 
n'entreprit  pas,  et  on  peut  le  regretter,  de  reprendre  par  les  bases 
l'énorme  et  indigeste  ouvrage  de  Du  Boulay,  de  le  refaire  avec  plus  de 
critique,  d'indépendance  et  de  lumière,  comme  il  l'aurait  pu  mieux  que 
personne  ;  il  le  compléta  de  deux  manières.  D'une  part,  reprenant  l'his- 
toire de  l'université  au  point  où  l'avait  laissée  son  prédécesseur,  il  en 
raconta  les  annales  aux  xvn^  et  xvni^  siècles,  et  il  sut  rendre  intéres- 
santes ces  annales  d'un  temps  de  décadence,  triste  et  trouble,  malgré 
quelques  beaux  jours  et  le  doux  éclat  du  nom  de  RoUin.  D'autre  part, 
il  rendit  à  l'histoire  de  l'ancienne  université  le  plus  grand  service  par 
son  Index  chronologique  des  chartes  qui  la  concernent,  dans  lequel  (pro- 
fitant d'ailleurs  des  matériaux  rassemblés  par  M.  Taranne,  mort  sans 
les  avoir  mis  en  œuvre)  il  dépassa  de  beaucoup  les  promesses  du  titre, 
signala  bien  des  actes  inconnus  à  Du  Boulay  et  en  publia  un  grand 
nombre  in  extenso  pour  la  première  fois.  Serviteur  dévoué  de  l'univer- 
sité de  France,  qui  se  rattache  au  moins  par  le  nom  à  l'université  de 
Paris,  plein  de  sympathie  pour  la  philosophie  et  la  théologie  scolas- 
tiques,  M.  Jourdain  était  naturellement  porté  à  étudier  l'histoire  de  la 
grande  institution  où  ces  sciences  du  moyen  âge  trouvèrent  durant  des 
siècles  leur  foyer  le  plus  brillant  et  d'où  elles  rayonnèrent  sur  l'Eu- 
rope entière. 

«  Pendant  vingt-deux  ans,  M.  Jourdain  a  été  un  des  membres  les  plus 
laborieux  de  notre  Académie.  Il  a  pris  part  à  la  publication  du  dernier 
volume  des  Historiens  de  la  France;  il  a  enrichi  nos  recueils  de  plu- 


459 

sieurs  mémoires  importants,  parmi  lesquels  on  remarque  surtout  celui 
qui  concerne  l'instruction  des  femmes  au  moyen  âge,  et  qui  seront  par 
des  mains  pieuses  réunis  et  publiés  ensemble.  Il  prenait  un  intérêt  tou- 
jours actif  aux  élections;  nos  concours  n'avaient  pas  déjuge  plus  atten- 
tif. Il  intervenait  souvent  dans  les  délibérations;  il  y  apportait  dans  les 
questions  scientifiques  uue  large  instruction  et  une  mémoire  précise, 
dans  les  questions  d'un  autre  ordre  une  remarquable  habileté,  sachant 
faire  à  propos  des  concessions,  gagnant  souvent  à  ses  vues  ceux  qui  les 
combattaient  d'abord  par  la  souplesse  de  sa  dialectique  et  son  visible 
désir  d'entente.  Ses  convictions  ne  l'avaient  nullement  amené  à  l'into- 
lérance; bien  au  contraire,  persuadé  que  la  polémique  libre  et  ouverte 
devait  aboutir  à  mettre  en  lumière  ce  qu'il  regardait  comme  la  vérité, 
il  ne  redoutait  pas  la  discussion;  il  l'encourageait  plutôt  et  s'y  livrait 
volontiers,  mais  toujours  avec  une  courtoisie  exempte  d'amertume  qui 
lui  permettait  de  compter  d'excellents  amis  parmi  ceux  dont  il  ne  par- 
tageait pas  les  principes. 

«  La  vie  de  M.  Jourdain  fut  celle  d'un  sage  et  d'un  homme  de  bien  :  il 
la  consacra  tout  entière  au  travail  et  à  la  famille.  Elle  eût  été  parfaite- 
ment heureuse  s'il  n'eût  perdu  prématurément,  après  une  longue  mala- 
die, une  compagne  aimée.  Elle  lui  laissait  des  filles  qui  ont  rempli  sa 
tâche,  et  dont  la  respectueuse  tendresse  a  charmé  son  âge  mùr  et  adouci 
les  tristesses  de  ses  derniers  jours.  Il  laisse  de  profonds  regrets  dans  le 
cercle  intime  qui  appréciait  en  lui  les  vertus  privées  et  dans  le  cercle 
plus  étendu  où  s'exerçait  son  active  et  intelligente  charité;  il  en  laisse 
d'unanimes  dans  cette  famille  plus  large  qui  est  l'Académie,  oîi  il  était 
aimé  comme  confrère,  estimé  comme  savant  et  oiî  sa  mémoire  restera 
toujours  honorée.  » 

DISCOURS   DE   M.    LÉOPOLD    DELISLE. 

«  Messieurs, 

«  Le  Comité  des  travaux  historiques  et  l'École  des  chartes  s'associent, 
l'un  et  l'autre,  au  deuil  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 
M.  Jourdain  appartint  longtemps  à  ces  deux  corps,  et  les  services  qu'il 
leur  rendit  ne  sauraient  être  ici  entièrement  passés  sous  silence.  Le 
Comité  et  l'École  des  chartes  ont  largement  profité  de  sa  science,  à  la 
fois  sûre  et  étendue,  de  son  dévouement  à  toute  épreuve,  de  sa  perspi- 
cacité à  débrouiller  les  affaires  les  plus  compliquées. 

«  Au  Comité,  vous  l'avez  toujours  trouvé  prêt  à  lire  et  analyser  les 
mémoires  et  les  communications  qui  se  rattachaient  à  ses  études  de  pré- 
dilection, toujours  exact  k  donner  des  avis  mûrement  motivés  sur  les 
affaires  soumises  à  son  examen,  toujours  empressé  à  faire  valoir  les  tra- 
vaux dignes  d'encouragement. 

«  A  l'École  des  chartes,  il  n'était  pas  moins  zélé  pour  l'accomplisse- 


460 

ment  des  devoirs  que  lui  imposait  son  titre  de  membre  du  Conseil  de 
perfectionnement.  Il  se  plaisait  à  nos  réunions,  où  il  comptait  autant 
d'amis  que  de  collègues.  Il  applaudissait  aux  succès  de  l'École,  soute- 
nait les  professeurs  par  de  chaudes  sympathies  et  encourageait  par  d'af- 
fectueux conseils  tous  les  élèves  studieux.  Son  concours  ne  nous  faisait 
jamais  défaut,  ni  pour  suivre  tous  les  détails  des  examens,  ni  pour  dis- 
cuter ou  juger  les  thèses  de  fin  d'année. 

«  Dans  ces  derniers  temps,  alors  qu'il  était  déjà  sous  le  coup  de  la  ter- 
rible maladie  qui  l'a  emporté,  nous  l'avons  vu  s'obstiner  à  remplir  ses 
fonctions  d'examinateur,  moins  par  le  désir  de  se  faire  illusion  sur  le 
déclin  de  ses  forces  que  pajr  la  crainte  de  porter  préjudice  aux  candidats 
dont  il  avait  lu  les  travaux. 

«  Vous  reconnaissez  là,  messieurs,  l'amour  de  la  justice,  la  passion  du 
devoir  et  le  désir  de  faire  le  bien,  tout  le  fond  du  caractère  de  M.  Jour- 
dain. 

«  Nous  ne  jouirons  plus,  messieurs,  de  ces  éminentes  qualités  de  notre 
ami  ;  mais  elles  nous  serviront  d'exemples,  et  le  souvenir  en  restera 
gravé  dans  nos  âmes.  Ce  souvenir  pourra  seul  adoucir  les  amertumes 
d'une  séparation  si  cruelle  pour  tous  ceux  qui  l'ont  connu  et  qui  ont 
aujourd'hui  à  lui  adresser  l'adieu  suprême.  » 

DISCOURS   DE   M.    LE   COMTE   DE   MAS   LATRIE. 

«  Messieurs, 

«  La  Société  de  l'histoire  de  France  ne  peut  laisser  fermer  cette  tombe 
sans  adresser  à  l'homme  supérieur  dont  elle  va  renfermer  les  restes 
périssables  l'hommage  ému  de  son  affectueuse  estime  et  de  ses  ineffa- 
çables regrets.  La  perte  qu'elle  vient  d'éprouver  est  de  celles  qui  ne 
s'oublient  jamais. 

«  En  vous  parlant  de  M.  Jourdain,  je  n'ai  pas  à  vous  rappeler  les  qua- 
lités éminentes  du  savant  et  de  l'administrateur. 

«  Des  travaux  littéraires  et  philosophiques  du  plus  haut  mérite  lui 
ont  ouvert  les  portes  de  l'Institut,  après  des  succès  les  plus  enviés  dans 
l'enseignement  et  dans  les  concours.  Les  facultés  d'organisation  et  de 
direction  dont  il  était  doué  lui  firent  confier  les  plus  importantes  fonc- 
tions de  l'instruction  publique  par  trois  ministres  successifs. 

«  Ces  merveilleuses  qualités  de  l'érudit  consommé  et  du  parfait  admi- 
nistrateur, M.  Jourdain  les  mit  tout  entières  au  service  des  intérêts  de 
notre  Société,  dont  il  a  été,  pendant  plus  de  vingt  ans,  un  des  membres 
les  plus  zélés  et  les  plus  dévoués. 

«  Il  n'a  attaché  son  nom  à  aucune  des  publications  spéciales  que  la 
Société  consacre  à  la  propagation  des  monuments  de  notre  histoire  natio- 
nale. S'il  l'eût  voulu,  il  lui  eût  été  facile  d'éclairer  de  sa  fine  critique  et 
de  porter  à  la  perfection  l'édition  de  telle  ou  telle  chronique  du  x«  ou 


46^ 

du  xiii"  siècle.  Il  était  aussi  bien  préparé  pour  l'une  que  pour  l'autre 
entreprise.  Il  a  donné  dans  notre  Bulletin  nne  page  intéressante  sur 
l'université  de  Paris  au  temps  de  l'occupation  anglaise  et  des  observa- 
tions sur  la  royauté  française  et  le  droit  populaire  au  moyen  ;ige,  qui 
méritent  d'être  conservées.  Il  n'a,  comme  commissaire  responsable,  sur- 
veillé et  amélioré  l'impression  que  d'un  ou  deux  des  volumes  de  notre 
collection. 

«  Et  néanmoins  on  peut  dire  que  sa  collaboration  aux  travaux  généraux 
de  notre  Société,  soit  dans  la  commission  de  comptabilité,  soit  dans  la 
conduite  mensuelle  des  affaires  de  l'association,  soit  dans  les  discussions 
qu'amenait  le  choix  des  œuvres  proposées  pour  la  publication,  sa  colla- 
boration a  été  des  plus  actives,  des  plus  suivies,  des  plus  fécondes. 

«  Aussi,  quand  la  Société  perdit  l'homme  éminent  entre  tous,  qui 
l'avait  fondée,  l'homme  dont  le  nom  sera  l'éternelle  gloire  d'une  famille, 
M.  Jourdain  eut-il  l'honneur  insigne  de  succéder  à  M.  Guizot,  comme 
président  de  notre  Société. 

«  Il  eût  trouvé,  s'il  en  eût  eu  besoin,  dans  cette  haute  marque  d'estime  un 
nouveau  motif  de  rechercher  avec  une  incessante  sollicitude  tout  ce  qui 
pouvait  accroître  la  prospérité,  le  renom  et  le  développement  de  la  Société. 
Une  pensée  élevée  inspirait  son  attachement  à  notre  œuvre.  Il  espérait 
que  la  scrupuleuse  sincérité  apportée  à  nos  publications  permettrait  de 
juger  avec  impartialité  les  temps  passés  et  que  les  défauts  inhérents  aux 
hommes  et  aux  institutions  humaines  n'empêcheraient  pas  de  recon- 
naître à  travers  des  époques  de  prospérité  ou  de  défaillance  les  progrès 
continus  de  la  grande  œuvre  de  l'unité  et  de  la  constitution  définitive 
de  la  France,  telle  que  nous  l'avons  connue. 

«  Assidu  à  toutes  nos  séances,  prenant  intérêt  à  toutes  nos  questions, 
il  exposait  son  avis  sur  toutes  choses  avec  élégance  et  clarté.  Il  y  avait 
toujours  avantage  à  écouter  les  conseils  de  son  expérience  et  de  son 
savoir. 

«  Jamais  la  Société  ne  fit  en  vain  appel  à  son  concours.  Il  le  témoigna 
de  nouveau,  voilà  deux  ans  à  peine,  dans  une  circonstance  assez  mémo- 
rable pour  nous. 

«  Quand  la  Société  de  l'histoire  de  France  voulut  marquer  par  la  publi- 
cation d'un  volume  exceptionnel  la  cinquantième  année  de  sa  création, 
on  pria  M.  Jourdain  de  réunir  les  épis  épars  de  ce  spicilège  historique 
par  un  exposé  général  des  travaux  et  des  publications  de  l'association. 
Il  répondit  sur-le-champ  à  nos  désirs  et  nous  donna  cette  préface  diserte 
et  savante,  nourrie  de  fines  appréciations  littéraires  et  de  résumés  de 
comptabilité.  Notre  regretté  confrère  a  eu  la  délicate  pensée  de  couron- 
ner cette  introduction  par  l'éloge  du  savant  vénéré  que  nous  aimons  à 
considérer  toujours,  et  cela  depuis  1833,  comme  le  secrétaire,  aujour- 
d'hui honoraire,  de  notre  association. 

«  Après  la  fête  du  cinquantenaire,  M.  Jourdain  fut,  comme  autrefois, 


462 

présent  à  toutes  nos  réunions,  utile  à  toutes  nos  discussions  financières 
ou  scientifiques.  Il  eût  voulu  l'être  toujours,  même  quand  les  forces 
venaient,  par  intermittence,  lui  faire  défaut, 

«  Depuis  quelques  mois  cependant,  sa  santé  s'était  plus  gravement  alté- 
rée. Les  soins  les  plus  tendres  et  les  plus  assidus  d'une  famille  admirable 
de  dévouement  ne  pouvaient  conjurer  les  progrès  du  mal.  Lui-même, 
sans  se  plaindre,  sentait  empirer  la  situation.  Il  s'est  résigné  et  n'a  pas 
été  abattu.  Il  n'a  pas  faibli  un  moment,  et  il  a  vu  arriver  la  fin  des 
choses  d'ici-bas  avec  une  sereine  et  calme  confiance.  Il  avait  souvent 
répété  ces  paroles  d'espérance  que  l'Église  a  si  sagement  placées  dans 
ses  prières  pour  les  morts  :  Dominus  illuminatio  mea  et  salus  mea,  quem 
timebo  ?  » 

—  Au  concours  des  antiquités  nationales  de  l'année  1886,  quatre  de 
nos  confrères  ont  obtenu  des  récompenses  pour  les  ouvrages  qu'ils  avaient 
soumis  au  jugement  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 

M,  Schlumberger,  dans  un  rapport  lu  à  l'Académie  le  2  juillet,  a  rendu 
compte  dans  les  termes  suivants  des  travaux  qui  ont  valu  à  MM.  Dur- 
rieu  et  Delaborde  la  deuxième  et  la  quatrième  médaille,  à  MM.  Moran- 
villé  et  Prou  la  première  et  la  troisième  mention  honorable.  Nous 
reproduisons  aussi  le  paragraphe  du  rapport  relatif  aux  ouvrages  qui 
ont  été  l'objet  de  la  deuxième  mention  honorable  et  auxquels  ont  colla- 
boré deux  de  nos  confrères,  MM.  Guigue,  père  et  fils  : 

«  Seconde  médaille.  —  M.  Paul  Durrieu,  qui  obtient  la  seconde 
médaille,  est  bien  connu  de  vous.  Il  s'est  déjà  fait  remarquer  par 
un  excellent  travail  sur  le  connétable  d'Armagnac,  qui  a  été  hono- 
rablement mentionné  devant  l'Académie.  Celui  qu'il  a  soumis  au 
concours  de  cette  année  est  intitulé  :  les  Gascons  en  Italie,  éludes 
historiques.  Ce  n'est  point  un  gros  livre,  mais  ici  qualité  rachète 
bien  quantité.  M.  Durrieu  a  raconté  dans  ce  petit  volume,  extrê- 
mement bien  fait  et  qui  complète  à  certains  égards  le  précédent, 
les  récits  des  hauts  faits  en  Italie  de  quatre  capitaines  gascons  aux 
XHie  et  xiv^  siècles  :  Jourdain  IV,  seigneur  de  l'Isle-Jourdain,  qui 
prit  part  à  la  conquête  du  royaume  de  Naples  ;  Jean  III  d'Armagnac, 
qui  mourut  à  la  bataille  d'Alexandrie  ;  Bernardon  de  la  Salle,  chef  de 
compagnie  qui  se  mit  au  service  de  Jean-Galéas  Visconti,  que  le  comte 
d'Armagnac  tint  pour  un  traître  et  qui  périt  tragiquement  au  passage  des 
Alpes;  enfin  Bernardon  de  Serres,  un  autre  routier  qui  servit  en  Italie 
et  qui,  quoique  placé  au  premier  rang  après  Bernardon  de  la  Salle,  était 
jusqu'ici  demeuré  dans  l'ombre.  Ce  récit  est  d'un  intérêt  très  grand  et 
attirera  des  lecteurs  bien  au  delà  du  champ  ordinaire  des  publications 
de  cet  ordre.  L'histoire  de  la  brillante  campagne  du  comte  d'Armagnac, 
si  brusquement  terminée  sous  les  murs  d'Alexandrie,  et  celle  de  l'extra- 
ordinaire carrière  du  routier  Bernardon  de  la  Salle  constituent  les  deux 


463 

chapitres  les  plus  étendus.  Ces  très  complètes  monographies  font  bien 
voir  un  côté  de  cette  étrange  vie  militaire  du  xiv^  siècle.  Le  récit  tout 
entier  est  puisé  aux  sources,  non  seulement  aux  meilleures  sources 
imprimées,  mais  aux  sources  manuscrites  des  archives  de  France  et 
d'Italie,  dont  les  principales  sont  publiées  à  la  lin  du  volume,  au  cha- 
pitre des  pièces  justificatives.  La  narration  est  pleine  de  vie,  très  cap- 
tivante. Le  style  est  sobre,  correct,  élégant.  L'auteur  ne  se  laisse  jamais 
entraîner  au  delà  de  ce  qui  est  rigoureusement  établi.  Toutes  ses  affir- 
mations sont  basées  sur  les  documents  les  plus  sérieux.  La  publication 
de  ce  livre  et  celle  du  précédent  sur  le  connétable  d'Armagnac  justifient 
donc  pleinement  la  récompense  que  votre  commission  a  décernée  à 
M.  Durrieu,  en  nous  donnant  la  preuve  de  l'extrême  souplesse  de  son 
esprit  et  de  la  parfaite  connaissance  qu'il  possède  des  textes  italiens. 

«  Quatrième  médaille.  —  M.  François  Delaborde  a  obtenu  la  qua- 
trième médaille.  Dans  les  deux  volumes,  imprimés  pour  la  Société  de 
l'histoire  de  France,  qu'il  a  envoyés  au  concours  des  antiquités  natio- 
nales, il  a,  tout  comme  M.  Durrieu,  fait  preuve  d'excellente  critique, 
bien  qu'il  ne  soit  peut-être  pas  arrivé  à  des  résultats  aussi  saisissants 
et  d'un  intérêt  aussi  général. 

«  M.  François  Delaborde  a  soumis  à  un  examen  nouveau  et  approfondi 
les  compositions  en  prose  et  en  vers  qui  nous  ont  conservé  sous  sa  forme 
primitive  l'histoire  officielle  du  règne  de  Philippe-Auguste.  Ces  compo- 
sitions sont  au  nombre  de  trois  :  le  récit  en  prose  de  Rigord,  celui  de 
Guillaume  le  Breton  et  le  grand  poème  de  la  Philippide  du  môme  chro- 
niqueur. 

«  L'examen  minutieux  et  intelligent  des  manuscrits  a  eu  pour  premier 
résultat  l'établissement  d'un  texte  plus  correct  que  celui  des  précédents 
éditeurs.  Il  a  de  plus  suggéré  à  M.  Delaborde  des  observations  très 
justes  sur  les  conditions  dans  lesquelles  ont  travaillé  Rigord  et  Guil- 
laume le  Breton,  sur  les  formes  successives  par  lesquelles  ont  passé 
leurs  ouvrages,  sur  le  degré  de  confiance  qu'il  convient  de  leur  accorder. 
La  longue  notice  de  cent  pages  d'un  texte  serré  qui  est  en  tête  de  la 
publication  forme  deux  excellents  chapitres  d'histoire  littéraire,  qui 
n'avaient  pas  encore  été  traités  avec  l'ampleur  et  l'exactitude  que  méri- 
tait le  sujet.  Les  détails  biographiques  fournis  sur  les  deux  auteurs  sont 
fort  curieux.  Des  recherches  tout  à  fait  neuves  sont  présentées  sur  les 
variantes  des  textes  de  Guillaume  le  Breton,  et  cette  question  très  obs- 
cure a  été  résolue  par  M.  Delaborde  autant  qu'elle  peut  l'être  actuelle- 
ment. Jusqu'ici  les  différents  manuscrits  des  Annales  n'avaient  pas  été 
examinés  avec  autant  de  soin.  Les  éditions  modernes  étaient  toutes  plus 
ou  moins  la  reproduction  de  celle  de  Pithou.  M.  Delaborde  a,  le  pre- 
mier, recherché  les  manuscrits  de  Guillaume  dispersés  en  Italie,  en 
France,  en  Angleterre  et  ailleurs.  Cette  comparaison  lui  a  fourni  des 


464 

observations  fort  précieuses  et  lui  a  permis  de  classer  chronologique- 
ment tous  ces  manuscrits  d'une  façon  qui  donne  la  raison  de  toutes  les 
différences,  qui  résout  presque  toutes  les  difficultés  et  explique  l'emploi 
du  récit  de  Guillaume  le  Breton  par  les  auteurs  subséquents.  Tout  ce 
travail  de  critique  est  aussi  ingénieux  qu'utile.  Le  texte,  nous  le  répé- 
tons, a  été  établi  avec  le  plus  grand  soin;  il  est  fort  lisible;  de  nom- 
breuses erreurs  de  noms  des  éditions  précédentes  ont  disparu. 

«  Il  n'y  a  également  que  des  éloges  à  donner  aux  notes  très  nombreuses 
et  très  substantielles  qui  accompagnent  ce  texte,  et  dont  la  matière  a 
été  empruntée  aux  documents  les  plus  variés  d'origine  française  ou 
étrangère.  L'éditeur  n'a  laissé  passer  aucune  obscurité  sans  essayer  de 
l'éclaircir,  et  presque  toujours  il  y  a  réussi.  Il  s'est  attaché  à  identifier, 
à  peu  près  sans  exception,  tous  les  noms  d'hommes  et  de  lieux.  Il  en 
est  bien  peu  qui  n'aient  pas  été  étudiés  par  lui  avec  toute  l'exactitude 
indispensable  aux  textes  diplomatiques,  exactitude  qui  nous  avait  fait 
défaut  jusqu'ici  pour  ces  historiens.  La  chronologie,  qui,  dans  les  récits 
de  Rigord  et  de  Guillaume  le  Breton,  est  souvent  fautive  ou  incertaine, 
a  été  presque  toujours  fixée  à  l'aide  de  textes  habilement  interprétés. 

«  La  table  des  noms  et  des  matières  est  prolixe,  mais  elle  a  été  rédigée 
avec  beaucoup  de  méthode  et  est  d'un  usage  commode.  En  un  mot, 
M.  Delaborde  nous  a  semblé  avoir  parfaitement  rempli  la  tâche  que  lui 
avait  confiée  la  Société  de  l'histoire  de  France.  Il  nous  a  donné  une 
édition  définitive  des  historiens  officiels  de  Philippe-Auguste.  C'est  une 
œuvre  considérable  qui  peut  servir  de  modèle,  et  votre  commission, 
cette  fois  encore,  a  estimé  qu'une  bonne  édition  d'un  auteur  du  moyen 
âge  constituait  un  titre  suffisant  à  une  des  premières  récompenses  dont 
elle  disposait. 

«  Première  mention  honorable.  —  M.  H.  Moranvillé  a  envoyé  au 
concours  la  Biographie  de  Jean  le  Mercier,  mémoire  manuscrit  de 
200  pages  in^»,  pour  lequel  il  a  obtenu  la  première  mention  hono- 
rable. Cette  biographie  fort  étendue  est  composée  entièrement  à  l'aide 
de  documents  authentiques,  la  plupart  inédits.  Elle  nous  révèle  toutes 
les  circonstances  de  la  vie  d'un  homme  encore  à  peu  près  inconnu, 
mais  dont  le  nom  est  appelé  à  prendre  une  grande  place  dans  les 
histoires  des  règnes  de  Charles  V  et  de  Charles  VI.  Jean  le  Mercier 
fut,  en  effet,  l'un  des  ministres  qui  prit  la  part  la  plus  active  aux 
réformes  administratives  et  financières  de  cette  époque.  Il  s'est  mêlé 
avec  un  zèle  et  une  activité  vraiment  admirables  à  beaucoup  d'opéra- 
tions fiscales  du  règne  de  Charles  V  en  particulier.  Le  travail  de 
M.  Moranvillé  est  exécuté  avec  une  diligence  accomplie  ;  il  est  rempli 
de  faits  ;  à  peine  pourrait-on  lui  reprocher  d'en  trop  contenir.  L'auteur 
commence  par  bien  faire  connaître  l'organisation  financière  et  comptable 
de  la  Normandie;  puis,  il  suit  pas  à  pas  Jean  le  Mercier  dans  toutes  les 
opérations  auxquelles  il  a  pris  part  ;  il  note  toutes  les  quittances,  tous 


465 

les  mandats  où  son  nom  intervient.  Ce  travail  peut  paraître  minutieux 
et  manquer  de  vues  d'ensemble,  mais  des  rccherclies  de  ce  genre  sont 
cependant  tout  à  fait  nécessaires  pour  éclaircir  les  parties  les  moins 
connues  de  l'histoire  financière  du  pays,  et  celles  de  M.  Moranvillé 
forment  un  chapitre  important  des  événements  de  la  première  période 
de  la  guerre  de  cent  ans.  Toutes  les  citations  que  nous  avons  pu  véri- 
fier sont  d'une  exactitude  scrupuleuse,  et  à  ce  point  de  vue  la  Biographie 
de  Jean  le  Mercier  mérite  toute  confiance.  Ce  mémoire  est  certainement 
comparable,  comme  rigueur  de  méthode  et  comme  nouveauté  de  résul- 
tats, aux  meilleurs  travaux  de  ce  genre. 

«  Deuxième  mention  honorable.  —  La  deuxième  mention  honorable  a 
été  décernée  à  M.  le  comte  de  Charpin-FeugeroUes,  ancien  député  de  la 
Loire,  et  à  M.  C.  Guigue,  archiviste  du  département  du  Rhône,  pour  les 
quatre  magnifiques  volumes  in-'i"  qu'ils  ont  publiés  en  collaboration  :  le 
Grand  Cartulaire  de  l'abbaye  d'Ainay,  en  2  volumes,  1885,  le  Cartulaire 
des  francs  fiefs  du  Forez,  1882,  le  Cartulaire  du  prieuré  de  Saint- Sauveur- 
en-Rue  [Forez],  1881.  Le  Grand  Carkilaire  de  V abbaye  d'Ainay,  qui,  par  sa 
date,  rentrait  absolument  dans  les  conditions  du  concours,  a  tout  spécia- 
lement attiré  l'attention  de  votre  commission.  On  connaissait  depuis  long- 
temps un  petit  et  très  ancien  car'ulaire  de  cette  célèbre  abbaye  lyonnaise, 
conservé  à  la  Bibliothèque  nationale  et  dont  le  texte  a  été  publié  par 
M.  Auguste  Bernard  à  la  suite  du  cartulaire  de  Savigny  dans  la  Collec- 
tion de  documents  inédits.  Mais  on  n'avait  guère  employé  deux  autres 
cartulaires  qui  en  sont  la  suite  et  le  complément  indispensables  :  l'un, 
rédigé  en  128G,  a  été  récemment  découvert  aux  archives  du  Rhône; 
l'autre,  rédigé  en  1341,  fait  partie  du  fonds  Goste  à  la  bibliothèque  de 
Lyon.  A  ces  deux  cartulaires  s'ajoutaient  cinquante  chartes  dont  les 
originaux  sont  aux  archives  du  Rhône. 

«  Telle  est  la  source  des  420  chartes  environ  du  xii«,  du  xiii«  et  du  com- 
mencement du  xiv"  siècle  que  renferment  les  deux  volumes  envoyés  au 
concours  par  M.  le  comte  de  Charpin-Feugerolles  et  M.  Guigue.  C'est 
un  recueil  très  intéressant,  rempli  de  renseignements  fort  curieux,  même 
en  dehors  des  études  de  topographie  et  d'histoire  locales.  Pour  ne  citer 
qu'un  exemple,  nous  signalerons  beaucoup  d'actes  qui  ajoutent  quelques 
faits  nouveaux  à  la  biographie  d'un  jurisconsulte  français  du  xiir  siècle. 
Jean  de  Blanot  figure  souvent  dans  les  actes  de  l'abbaye  d'Ainay,  en 
qualité  d'official  de  Lyon. 

«  On  ne  saurait  donc  trop  remercier  et  féliciter  M.  le  comte  de  Charpin- 
Feugerolles,  qui  a  eu  l'idée  de  cette  belle  publication,  qui  l'a  dirigée  et 
qui  en  a  supporté  tous  les  frais.  Il  mérite  d'autant  mieux  nos  éloges  que 
nous  lui  devons  déjà  j  iusieurs  autres  volumes  d'anciens  textes  diplo- 
matiques, en  outre  de  ceux  mentionnés  plus  haut,  et  qu'il  se  prépare  à 
nous  donner  un  grand  cartulaire  de  l'abbaye  de  l'Ile-Barbe.  Avec  une 
générosité  qui  rappelle  les  habitudes  du  duc  de  Luynes,  il  assure,  par 


466 

de  magnifiques  publications,  la  conservation  indéfinie  des  monuments 
essentiels  de  l'histoire  de  son  pays. 

«  L'exécution  même  du  travail  n'a  peut-être  pas  toujours  répondu  aux 
intentions  et  aux  efforts  de  celui  qui  le  dirigeait.  La  maladie  de  son 
principal  collaborateur,  M.  Guigue  père,  nous  a  privés  de  l'introduction 
et  des  éclaircissements  qu'on  était  en  droit  d'attendre  d'un  archiviste  si 
actif  et  si  familier  avec  l'histoire  de  Lyon,  du  Lyonnais  et  des  provinces 
voisines.  D'autre  part,  la  notice  que  M.  Vachez  a  écrite  sur  l'abbaye 
d'Ainay  se  réduit  à  peu  près  à  un  catalogue  des  abbés  et  à  une  liste 
des  possessions  du  monastère.  Mais,  malgré  ces  imperfections,  les  textes 
qui  remplissent  les  deux  volumes  suffisent  amplement  pour  recom- 
mander l'ouvrage  ;  ils  ont  été  copiés  généralement  avec  beaucoup  d'exac- 
titude par  M.  Guigue  fils,  et  les  dates  sont  d'ordinaire  convenablement 
établies. 

«  Les  tables  sont  moins  satisfaisantes.  La  table  chronologique  n'est 
guère  que  la  reproduction  matérielle  des  rubriques  mises  en  tête  des 
actes  par  les  rédacteurs  primitifs  des  cartulaires.  Un  double  reproche 
peut  aussi  être  adressé  à  la  table  des  noms  de  lieux  et  de  personnes. 
D'abord,  il  n'y  a  aucune  identification  des  noms  de  lieux,  ce  qui  est 
d'autant  plus  regrettable  que  les  textes  ne  sont  accompagnés  d'aucune 
note.  Ensuite,  on  n'a  même  pas  tenté  de  distinguer  les  différents  indi- 
vidus qui  ont  porté  le  même  nom.  Par  exemple,  les  mentions  relatives 
à  Philippe  le  Bel  et  Philippe  de  Valois  sont  confondues  pêle-mêle  dans 
la  table  à  l'article  Philippus  Francorum  rex. 

«  Malgré  ces  défauts,  votre  commission  n'a  pas  hésité  à  attribuer  à  ce 
grand  travail  sa  seconde  mention  honorable.  Il  lui  a  semblé  impossible 
que  l'Académie  ne  donnât  pas  un  témoignage  de  sympathie  à  la  patrio- 
tique entreprise  de  M.  le  comte  de  Gharpin-Feugerolles. 

«  Troisième  mention  honorable.  —  M.  Maurice  Prou,  auquel  votre 
commission  a  accordé  la  troisième  mention,  est  un  ancien  élève  de 
l'École  des  chartes  et  ancien  membre  de  l'École  de  Rome,  aussi  intel- 
ligent que  laborieux.  Il  est  aujourd'hui  attaché  au  cabinet  des  médailles 
de  la  Bibliothèque  nationale.  M.  Prou  a  envoyé  au  présent  concours 
une  édition  du  De  ordine  palatii  d'Hincmar  avec  traduction  et  anno- 
tations. Cette  édition  de  ce  texte  célèbre  a  été  élaborée  en  commun 
dans  la  conférence  de  M.  Gabriel  Monod  à  l'École  des  hautes  études, 
mais  la  partie  vraiment  importante  de  l'œuvre  est  bien  personnelle 
à  M.  Prou.  Trois  choses  sont  à  considérer  dans  ce  petit  volume  : 
le  texte,  les  notes,  la  préface.  Pour  le  texte,  on  n'a  jamais  connu 
qu'un  manuscrit,  celui  de  Spire,  dont  s'est  servi  en  1602  le  pre- 
mier éditeur,  le  jésuite  Jean  Buys.  Ce  manuscrit  a  depuis  disparu  et 
toutes  les  éditions  postérieures  ont  en  conséquence  été  la  simple  repro- 
duction de  la  première.  Il  n'a  pu  en  être  autrement  de  l'édition  actuelle; 


467 

tout  ce  que  M.  Prou  a  pu  modifier,  ce  sont  quelques  mots  évidemment 
défectueux  qu'il  a  corrigés.  La  traduction  avait  été  faite  en  partie  par 
M.  Guizot  et  M.  Le  Huërou  ;  elle  offrait  du  reste  peu  de  difficultés.  Les 
notes,  par  contre,  sont  très  nombreuses  dans  cette  édition  et  constituent 
la  part  évidente  de  la  conférence  et  surtout  de  M.  Prou.  Il  en  est 
quelques-unes  qui  auraient  pu  disparaître,  mais  la  plupart  sont  excel- 
lentes, essentielles,  très  précises,  très  complètes.  Il  faut  signaler  parti- 
culièrement celles  qui  concernent  toute  l'organisation  ecclésiastique  de 
la  cour  et  de  l'empire  des  Carlovingiens ,  l'organisation  judiciaire  et 
administrative,  la  tenue  des  assemblées  de  printemps  et  d'automne,  la 
confection  et  la  promulgation  des  lois  et  des  capitulaires,  les  titres  et 
les  fonctions  des  principaux  officiers  du  palais.  On  se  prend  seulement 
à  regretter  que  tant  de  renseignements  précieux  se  trouvent  relégués 
sous  forme  de  notes  à  propos  des  mots  apocrisiaire,  comle  du  palais, 
capitulaires,  par  exemple,  au  lieu  d'être  présentés  dans  l'introduction 
sous  forme  doctrinale  et  méthodique.  Nous  avons  laissé  pour  la  fin  de 
parler  de  cette  introduction,  parce  que  c'est  assurément  la  portion  entiè- 
rement personnelle  du  travail  de  M.  Prou.  L'unité  de  pensée  et  de  style 
y  est  évidente  ;  c'est  un  morceau  remarquable  dans  lequel  sont  sobre- 
ment, mais  très  complètement  exposés  le  caractère  et  la  nature  de  la 
royauté  carolingienne,  les  principes  sur  lesquels  reposait  son  organisa- 
tion, ainsi  que  les  idées  d'Hincmar  qui  n'étaient  d'ailleurs  que  le  résumé 
des  idées  de  son  époque.  M.  Prou  a  bien  établi  le  caractère  essentielle- 
ment religieux,  théocratique  de  la  monarchie  sous  la  seconde  race  et  la 
forme  tout  aristocratique  du  gouvernement.  Nui  n'a  posé  avec  plus  de 
netteté  qu'Hincmar  le  principe  du  droit  divin.  Le  pouvoir  du  roi  émane 
de  Dieu.  Avant  tout  il  faut  obtenir  la  protection  divine  et  pour  l'obtenir 
il  faut  se  concilier  celle  de  l'Église.  Mais  cette  protection  divine  ne 
s'exerce  pas  directement  et  Dieu  se  contente  d'inspirer  le  choix  du 
peuple  et  du  clergé,  choix  que  le  sacre  vient  déhnitivement  consacrer. 
Toutes  ces  considérations  de  la  préface  sont,  nous  le  répétons,  rédigées 
en  termes  excellents.  » 

—  Par  arrêté  du  12  juillet  1886,  notre  confrère  M.  Claude-Marie 
Guigne  a  été  nommé  officier  de  l'instruction  publique. 

—  Par  arrêté  en  date  du  même  jour,  nos  confrères  MM.  Bouchot  et 
Charles  Mortet  ont  été  nommés  officiers  d'académie. 

—  Notre  confrère  M.  Paul  Meyer  a  publié,  dans  le  journal  le  Temps 
du  9  mai,  la  lettre  suivante,  qu'il  nous  prie  de  reproduire  : 

«  7  mai  1886. 
«  Monsieur  le  rédacteur  en  chef, 
«  Dans  son  livre  récent  la  Finance  juive,  M.  Drumont,  à  qui  il  plaît  de 
m'appeler  Maijer,  affirme  que,  si  en  1883  l'Académie  des  inscriptions  et 
belles-lettres  m'a  proposé  pour  le  prix  biennal,  c'est  parce  que  j'étais  le 


468 

fils  d'un  juif  allemand;  et,  après  un  récit  dramatique  de  ce  qui  se  serait 
passé  à  cette  occasion  dans  le  sein  de  la  compagnie,  il  représente  les 
académiciens  se  précipitant  hors  de  la  salle  «  pour  avoir  l'honneur  d'an- 
«  noncer  les  premiers  au  fils  de  l'Allemand  qu'il  avait  la  grande  récom- 
«  pense  qui  aurait  fait  la  joie  de  tant  de  travailleurs  français,  honnêtes, 
a  modestes  et  pauvres.  » 

«  Je  vous  demande  la  permission  de  déclarer  ici  que  tout  dans  ce  récit, 
sauf  le  fait  que  le  prix  biennal  m'a  été  décerné,  est  controuvé.  La  scène 
si  brillamment  décrite  par  M.  Drumont  aurait  pu  difficilement  avoir 
lieu,  car  le  jour  du  vote  (13  juillet  1883)  j'étais  dans  le  département  de 
l'Isère,  et  la  cause  de  mon  succès  ne  doit  pas,  j'imagine,  être  cherchée 
dans  le  motif  allégué,  puisque  je  suis  né  à  Paris,  de  parents  français  et 
catholiques. 

«  Veuillez  agréer,  monsieur  le  rédacteur,  l'assurance  de  ma  parfaite 
considération. 

«  Paul  Meyer.  b 

CHARTE  FRANÇAISE  DE  JOINVILLE. 

M.  Sandret  veut  bien  nous  communiquer  une  charte  française  du  sire 
de  Joinville  qu'il  a  copiée  d'après  l'original  conservé  aux  archives  du 
château  d'Arlay,  dans  le  Jura.  Cette  charte,  datée  du  20  juillet  1268  et 
dont  le  sceau  a  disparu,  paraît  se  rapporter  au  règlement  de  la  succes- 
sion de  Jean  de  Chalon,  beau-père  d'Alix  de  Méranie,  comtesse  de  Bour- 
gogne, lequel  était  mort  en  1267.  Le  sire  de  Joinville  dut  être  désigné 
comme  arbitre  :  il  était  neveu  de  Jean  de  Chalon,  et  il  l'appelle  le  conte 
de  Chalon,  mon  oncle,  dans  le  passage  de  son  livre  où  il  raconte  qu'il 
alla  lui  rendre  visite  aussitôt  après  son  retour  de  la  croisade. 

«  Nos  Jaham,  seignor  de  Joinvile,  seneschaut  de  Champaigne,  à 
madame  la  contesse^,  por  ses  emfanz,  bailluns  nos  davantage,  outre  lor 
partage,  Montmaioz  ^  et  les  appendises  et  trois  cenz  livrées  de  terre  ou 
puiz  de  Salins,  en  tel  manière  que  nos  retenuns  que  nos  puissiuns 
eschaingier  a  nostre  volunté  Montmaioz  contre  l'Estoile  au  partage  faire. 
Et  avec  ce  lor  bailluns  nos  Chastial  Guion  ^  et  les  termes  de  Chastel 
Guion  ensi  cum  li  cuens-^  les  i  mist,  et  la  maisum  don  puis  de  Salins, 
et  retenuns  tôt  le  pooir  que  nos  bavons  par  la  [lettre]  de  la  mise  sor  les 
diz  partages,  sauf  l'avantage  que  nos  havuns  fait,  lequel  nos  voluns  que 
lor  soient  délivré  a  remanant.  En  tesmoing  de  laquel  chose,  nos  bavons 
feit  mètre  le  seel  le  seneschaut  de  Champaigne  a  cest  présent  escript, 

1.  Alix  de  Méranie,  comtesse  de  Bourgogne. 

2.  Monlmahoux,  Jura. 

3.  Chàtel-Guyon,  Jura. 

4.  Hugues  de  Chalon,  fils  de  Jean  de  Chalon,  mari  d'Ahx  de  Méranie. 


469 

c'est  a  savoir  nos  Estienes  sires  d'Oiselet,  Richars  de  Montbeliart  et 
Symons  de  Jainvile.  Ce  fu  fait  en  l'an  de  grâce  M.  GG.  et  LX  oit  anz, 
le  vainredi  devant  la  Mazelaine.  » 

LA  NOUVELLE  ÉDITION  DES  REGESTA  PONTIFIGUM 
ROMANORUM. 

Au  moment  même  où  le  regretté  Philippe  Jaffé  faisait  paraître  les 
Regeslapontificuin  Romanorum,  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes  (i"  série, 
t.  III,  p.  479)  se  fit  un  devoir  et  un  honneur  de  signaler  l'importance 
exceptionnelle  de  cet  ouvrage  pour  toutes  les  études  qui  portent  sur  les 
douze  premiers  siècles  de  l'ère  chrétienne.  Elle  ne  doit  pas  laisser  ache- 
ver la  seconde  édition  du  même  recueil  sans  féliciter  les  courageux  tra- 
vailleurs qui  ont  marché  sur  les  traces  de  Jaffé  et  sans  applaudir  au 
succès  de  leur  entreprise. 

La  nouvelle  édition  des  Regesta  j)ontificurn  Romanorum  ah  condita  eccle- 
sia  ad  aimum  1198,  dirigée  par  le  docteur  Guillaume  Wattenbach,  a  été 
confiée  à  trois  érudits  dont  les  travaux  jouissent  d'une  légitime  célé- 
brité :  Ferdinand  Kaltenbrunner,  Paul  Ewald  et  S.  Loewenfeld.  Sans 
s'écarter  du  plan  primitif,  ils  ont  en  réalité  rédigé  un  travail  entière- 
ment nouveau  et  qui  répond  à  toutes  les  exigences  de  la  critique  con- 
temporaine. 

Un  chiffre  fera  toucher  du  doigt  le  progrès  qu'a  fait,  dans  les  trente- 
cinq  dernières  années ,  la  connaissance  des  lettres  des  papes.  Pour  la 
période  antérieure  à  1180,  Jaffé  avait  réuni  environ  8,800  pièces  ;  il  y  en 
a  environ  13,700  analysées  dans  le  nouveau  recueil.  L'augmentation  est 
donc  d'au  moins  55  o/o.  Une  notable  partie  des  accroissements  a  été 
procurée  par  l'exploration  des  bibliothèques  et  des  archives  de  la  France, 
et  c'est  par  centaines  qu'il  faut  compter  les  documents  importants  pour 
notre  histoire  dont  la  notice  est  donnée  pour  la  première  fois  dans  le 
recueil  que  nous  annonçons. 

Les  onze  livraisons  qui  ont  paru  conduisent  la  série  des  lettres  pon- 
tificales jusqu'à  l'année  1180.  Dans  quelques  mois  nous  jouirons  de  l'ou- 
vrage complet,  formant  deux  gros  volumes  in-4°.  Dès  maintenant  nous 
pouvons  le  recommander  comme  un  recueil  dont  ne  saurait  se  passer 
aucune  des  bibliothèques  consacrées  aux  études  historiques. 

Terminons  cette  simple  annonce  par  une  remarque  sur  la  façon 
dont  doit  être  citée  la  nouvelle  édition  des  Regesta  pontificum  Roma- 
norum. Il  est  de  toute  équité  d'associer  intimement  au  souvenir  de  Jaffé 
le  nom  des  trois  collaborateurs  qui,  tout  en  respectant  l'œuvre  de  leur 
devancier,  l'ont  si  comolètement  et  si  heureusement  transformée.  Kal- 
tenbrunner a  refondu  la  première  partie,  antérieure  à  l'année  590; 
Ewald,  la  partie  intermédiaire,  jusqu'en  882  ;  Loewenfeld,  la  dernière 
partie,  qui  est  de  beaucoup  la  plus  considérable,  puisqu'elle  répond  à 


470 

plus  des  trois  quarts  de  l'ensemble.  Quand  on  renvoie  à  la  nouvelle  édi- 
tion des  Regesta  pontiftcum  Romanorum,  il  convient  donc  de  citer  Jaffé- 
Kaltenbrunner,  pour  les  articles  1-1065,  Jaffé-Ewald,  pour  les 
articles  1066-3386,  et  Jaffé-Loewenfeld,  pour  les  articles  3387  et  sui- 
vants i.  Ce  mode  de  citation  est  généralement  adopté  en  Allemagne.  Il 
y  aurait  avantage  à  s'y  conformer  en  France.  —  Je  hasarderai  encore 
une  observation  sur  la  manière  de  citer  les  Regesta  pontificum  Romano- 
rum. Pour  les  articles  qui  jfigurent  déjà  dans  la  première  édition,  il 
serait  bon  de  renvoyer  à  la  fois  et  aux  numéros  qu'ils  portent  dans  la 
nouvelle  édition  et  à  ceux  sous  lesquels  ils  sont  enregistrés  dans  la  pre- 
mière, et  que  MM.  Kaltenbrunner,  Ewald  et  Loewenfeld  ont  toujours 
reproduits  entre  parenthèses  à  côté  des  nouveaux  numéros. 

L.  Delisle. 

LE  NOUVEAU  RECUEIL  DU  CARDINAL  PITRA. 

Aux  recueils  d'anecdotes  si  connus  sous  les  titres  de  Spicilegium 
Solesmense  et  à'Analecta  sacra,  Son  Éminence  le  cardinal  Pitra  vient 
d'ajouter  un  volume  d'un  caractère  très  original  qu'il  a  intitulé  ina/ecte 
novissima,  Spicilegii  Solesmcnsis  altéra  continuatio,  tomus  1,  de  epistolis 
et  registris  Romanorum  pontificum  (Paris,  Roger  et  Chernowitz,  1885; 
grand  in-S»).  Un  long  article  suffirait  à  peine  pour  indiquer  les  princi- 
pales matières  qui  y  sont  traitées  avec  autant  de  verve  que  d'érudition. 
Le  temps  nous  a  jusqu'à  présent  manqué  pour  le  soumettre  à  la  minu- 
tieuse analyse  dont  il  est  digne  à  tous  égards.  Nous  nous  reprocherions 
cependant  de  différer  davantage  à  l'annoncer  dans  la  Bibliothèque  de 
l'École  des  chartes.  C'est  un  gros  volume  où  le  très  savant  et  très  aimable 
bibliothécaire  de  l'Église  romaine  a  entassé  une  masse  énorme  de  textes 
nouveaux  et  d'observations  judicieuses.  Il  n'y  faut  pas  chercher  une 
exposition  complète  et  méthodique  de  la  diplomatique  pontificale  ;  ce 
sont  plutôt  les  souvenirs  d'une  longue  carrière,  au  cours  de  laquelle  les 
circonstances  les  plus  favorables  ont  permis  à  l'auteur  de  faire  de  nom- 
breuses trouvailles  et  de  songer  à  d'ingénieux  rapprochements  dont  per- 
sonne avant  lui  n'avait  eu  l'idée.  Les  textes  et  les  commentaires  sont 
également  intéressants  et  jettent  du  jour  sur  une  foule  de  points  de 
l'histoire  civile  et  ecclésiastique. 

Tout  en  portant  un  titre  latin,  le  livre  est  écrit  en  français;  il  trahit 
à  chaque  page  la  plus  sympathique  sollicitude  pour  les  intérêts  histo- 
riques de  la  France.  Il  sera  donc  accueilli  dans  notre  pays  avec  une  vive 
reconnaissance,  et  nous  profitons  d'une  aussi  bonne  occasion  pour  remer- 

1.  Si  ces  formes,  qui  s'écartent  un  peu  de  nos  habitudes,  ne  paraissaient  pas 
suffisamment  claires,  on  pourrait  adopter  la  locution  Jaffé,  partie  refondue 
par  Kaltenbrunner,  —  par  Ewald,  —  par  Loewenfeld. 


Â7\ 

cier  publiquement  Son  Éminence  le  cardinal  Pitra  de  la  protection  dont 
il  a  toujours  entouré  nos  confrères  de  l'École  de  Rome  et  de  la  bien- 
veillance dont  il  ne  cesse  d'honorer  leurs  personnes  et  leurs  travaux. 

L.  Delisle. 

GOLLEZIONE  FIORENTINA  DI  FAG-SIMILI. 

La  Bibliothèque  de  VÉcole  des  chartes,  dans  la  deuxième  livraison  de 
l'année  1884  (t.  XLV,  p.  225),  a  annoncé  l'apparition  du  premier  fascicule 
de  la  Collezione  fiore?itina  di  fac-simili  paleografici  greci  e  latini.  Nous 
venons  de  recevoir  à  la  fois  le  fascicule  II  et  la  première  partie  du  fas- 
cicule III  de  cette  publication,  qui  continue  à  faire  le  plus  grand  hon- 
neur aux  professeurs  Girolamo  Vitelli  et  Gesare  Paoli.  La  collection  con- 
tient maintenant  30  fac-similés  de  textes  grecs  et  30  fac-similés  de  textes 
latins,  français  ou  italiens.  Elle  intéresse  plus  particulièrement  les  études 
qui  ont  pour  objet  l'antiquité  classique  et  la  littérature  ou  l'histoire  de 
l'Italie;  mais  elle  rendra  de  grands  services  à  toutes  les  personnes  qui 
cultivent  la  paléographie  et  la  diplomatique.  Il  n'y  a,  en  effet,  que  des 
éloges  à  donner  aux  éditeurs  pour  le  choix  des  morceaux,  pour  la  fidé- 
lité des  reproductions  et  pour  l'exactitude  des  notices  explicatives. 

Les  planches  XIX  et  XXIV  de  la  série  latine  nous  ont  paru  devoir 
être  spécialement  signalées  à  nos  lecteurs.  La  première  nous  offre  une 
page  d'une  très  belle  Bible  latine  (n°  1  du  fonds  de  Fiesole  à  la  Lauren- 
tienne),  qui  est  française  d'origine.  L'écriture  et  les  ornements  en  sont 
absolument  semblables  à  l'écriture  et  aux  ornements  de  la  Bible  n°  11935 
du  fonds  latin  de  la  Bibliothèque  nationale,  laquelle  est  datée  de  l'an- 
née 1327.  Notre  Bible  w  11935  et  la  Bible  de  Fiesole  sont  de  magnifiques 
exemples  de  la  calligraphie  parisienne  de  la  première  moitié  du  xiv^  siècle. 
—  Sur  la  planche  XXIV,  nous  avons  la  copie  notariée  de  deux  articles 
d'un  livre  de  comptes  de  l'année  1301  relatifs  à  des  paiements  qui 
devaient  se  faire  aux  foires  de  Saint- Jean  de  Troyes  et  de  Lagni-sur- 
Marne  pour  le  compte  de  la  compagnie  florentine  de  Ghino,  Bâte  et 
Lapo  Davanzi. 

Formons  des  vœux  pour  le  succès  de  la  Collezione  ftorentina,  dont 
chaque  fascicule  de  24  planches  sera  désormais  divisé  en  deux  parties, 
paraissant  l'une  au  mois  de  décembre,  l'autre  au  mois  de  juin. 

L.  Delisle. 

ENGORE  LES  DÉGOUVERTES  DE  JÉRÔME  VIGNIER. 

Le  R.  P.  Ingold,  de  .'Oratoire,  a  fait  paraître  dans  le  Bulletin  cri- 
tique du  15  septembre  1886,  p.  358,  l'entrefilet  suivant,  que  nous  nous 
empressons  de  reproduire  : 


472 

«  M.  Julien  Havet,  s'il  a  le  premier  prouvé  sans  réplique  que  les 
découvertes  du  P.  Vignier  sont  apocryphes  (cf.  Bulletin,  VI,  p.  408),  n'a 
pas  été  le  premier  à  les  tenir  suspectes,  comme  il  le  croit,  au  moins 
pour  la  Vie  de  sainte  Odile.  Me  trouvant  récemment  en  Alsace  et  occu- 
pant mes  loisirs  de  vacances  à  faire  quelques  recherches  sur  les  sources 
de  l'histoire  de  sainte  Odile,  j'ai  parcouru  un  travail  fort  curieux  du 
professeur  Roth,  de  l'Université  de  Bâle,  puhlié  dans  VAlsatia  de  1856, 
p.  65  et  seq.  M.  Roth  soutient  nettement  que  la  biographie  de  sainte 
Odile,  extraite  du  prétendu  manuscrit  du  xni^  siècle  communiqué  à 
Vignier  par  Pistor  le  Bègue,  lui  paraît  devoir  être  renvoyée  mit  Haut 
und  Haaren  au  xvn"  siècle.  La  thèse  du  professeur  Roth,  qui  cherche  à 
établir  que  toute  la  légende  de  la  patronne  de  l'Alsace  repose  sur  des 
documents  de  la  valeur  de  celui  du  P.  Vignier,  a  été  plusieurs  fois  soli- 
dement réfutée,  notamment  par  M.  Levrault  (Bulletin  de  la  Société  des 
monuments  historiques  de  l'Alsace,  1858,  p.  147).  N'empêche  que  l'on  ne 
devra  plus  s'appuyer  désormais  sur  le  fragment  de  Vignier,  et  qu'au 
moins  sur  ce  point,  le  critique  moderne  a  raison  contre  Schœpflin, 
Grandidier  et  tous  nos  anciens  historiens  d'Alsace. 

«  A.  I.  » 

Le  travail  du  professeur  K.-L.  Roth  se  trouve  dans  VAlsatia  d'Aug. 
Stœber,  année  1856-1857,  p.  65-118;  il  avait,  paraît-il,  été  commu- 
niqué à  la  Société  archéologique  de  Bâle  dès  1850. 

On  y  lit,  à  propos  de  Jérôme  Vignier,  ces  mots  (p.  95)  :  «  L'éditeur  du 
fragment  (de  la  Vie  de  sainte  Odile),  Vignier,  déjà  mal  famé  pour  ses 
découvertes,  telles  que  celle  du  mariage  de  la  Pucelle  d'Orléans  sept 
ans  après  son  procès  »  {phnehin  anrûchig  durch  seine  Funde,  z.  B.  betref- 
fend  die  Verheirathung  der  Jungfrau  von  Orléans  sieben  Jahre  nach  ihrem 
Jnquisitionsprocess) . 

Ces  mots  contiennent  contre  Vignier  une  accusation  injuste.  Sa 
mémoire  est  déjà  assez  chargée  ;  prenons  garde  de  lui  imputer  plus  de 
méfaits  qu'il  n'en  a  commis.  Il  est  vrai  qu'il  a  recueilli  et  contribué  à 
répandre  un  récit  fabuleux  sur  Jeanne  d'Arc.  Mais  il  n'a  pas  inventé 
ce  récit;  il  l'a  trouvé  dans  une  ancienne  chronique  de  Metz.  Il  s'agit, 
en  réalité,  d'une  fausse  Jeanne  d'Arc,  qui  se  montra  à  Metz  en  1436  et 
y  fit  des  dupes.  Voyez  le  Mercure  de  France,  février-mars  1725,  p.  241  et 
492,  et  J.  Quicherat,  Procès  de  Jeanne  d'Arc,  t.  V,  p.  321. 

Julien  Havet. 


GERMAIN  DEMAY 


Demay  (Jean-Germain)  naquit,  le  15  janvier  1819,  à  Aiguillon 
(Lot-et-Garonne),  où  son  père,  doué  d'une  adresse  de  main 
extraordinaire  et  d'une  rare  aptitude  pour  les  arts  mécaniques, 
exerçait  le  métier  d'entrepreneur  de  charpente.  Située  au  con- 
fluent du  Lot  et  de  la  Garonne,  pourvue  d'un  château  dont  les 
seigneurs  avaient  porté  aux  âvii"  et  xviif  siècles  un  titre  ducal, 
la  petite  ville  d'Aiguillon  possédait  alors  un  collège  communal,  où 
le  jeune  Demay  commença  ses  études  classiques,  qu'il  termina 
dans  un  établissement  du  même  genre,  à  Miramont  d'Ajmet. 
Reçu  bachelier  à  seize  ans,  au  mois  d'août  1834,  il  vint  à  Paris 
suivre  les  cours  de  la  Faculté  de  médecine.  Dès  son  arrivée  dans 
la  capitale,  il  fréquenta  un  petit  cercle  d'étudiants  qu'un  instinct 
irrésistible  poussait  vers  la  culture  des  arts  et  des  lettres.  Intro- 
duit dans  ce  cénacle  par  son  compatriote  Chaudesaigues,  il  y  fit 
la  connaissance  de  Gustave  Planche,  qui  venait  alors  de  débuter 
avec  éclat  à  la  Revue  des  Deux-Mondes  et  auprès  duquel  il 
remplit  pendant  quelque  temps  les  fonctions  de  secrétaire.  Le 
milieu  à  la  fois  artistique  et  littéraire  où  il  vivait  dès  lors  lui  four- 
nit l'occasion  d'entrer  en  relations  avec  Barye,  que  les  expositions 
de  1834,  de  1835  et  de  1836  avaient  mis  hors  de  pair  entre  tous 
les  maîtres  de  la  sculpture  à  cette  époque.  Tel  fut  l'ascendant 
exercé  par  le  grand  animalier  sur  le  jeune  étudiant  d'Aiguillon 
que  celui-ci,  vers  1839,  après  quatre  années  d'études  un  peu 
interrompues  et  entremêlées  de  quelques  excursions  dans  le 
domaine  encore  nouveau  de  l'homéopathie,  prit  le  parti  de  renon- 
cer définitivement  à  la  médecine  pour  s'adonner  à  la  sculpture. 

31 


474 

Il  ne  tarda  pas  à  devenir  l^n  des  élèves  préférés  et  bientôt  l'un 
des  auxiliaires  de  Barye,  qui  l'employa  notamment  dans  la  con- 
fection de  ces  précieux  dessins  anatomiques  cotés  que  l'on  conserve 
aujourd'hui  à  l'Ecole  des  beaux- arts.  Des  œuvres  de  Demay 
figurèrent  aux  expositions  publiques  ou  particulières  pendant 
les  années  1844, 1845  et  1846.  L'une  de  ces  œuvres,  un  jaguar, 
attira  l'attention  des  connaisseurs  et  mérita  les  éloges  de  la  cri- 
tique. Ces  années  furent  heureuses  de  tout  point  pour  le  jeune 
sculpteur.  Un  frère  cadet,  dont  il  avait  dirigé  et  stimulé  les 
efforts,  se  fit  alors  admettre  à  l'Ecole  polytechnique.  Ce  frère 
cadet,  aujourd'hui  général  d'artillerie,  pleure  dans  la  personne 
de  son  aîné  Germain  un  second  père. 

La  Révolution  de  1848  vint  clore  brusquement  la  carrière 
artistique  de  Demay  au  moment  où  elle  ne  faisait  que  s'ouvrir.  Ne 
pouvant  vivre  de  son  art  ni  obtenir  aucune  sorte  de  commandes, 
le  jeune  sculpteur  dut  regagner  son  lieu  natal  et  rentrer  sous 
le  toit  paternel.  La  réserve  un  peu  fîère  de  Demay  souffrit  beau- 
coup de  cette  épreuve,  qui  contribua  sans  nul  doute  à  lui  faire 
prendre  en  dégoût  la  noble  et  ingrate  profession  qu'il  avait 
embrassée.  Aussi,  lorsque,  revenu  à  Paris  en  1853,  l'élève  de 
Barye  se  vit  offrir  par  M.  de  Chabrier,  son  compatriote  et  son 
ami,  les  fonctions  de  mouleur  aux  Archives,  il  s'empressa  d'ac- 
cepter cette  proposition. 

La  collection  des  moulages  ou  empreintes  de  sceaux,  entre- 
prise en  1842  par  M.  Auguste  Lallemand  sous  la  haute  direc- 
tion de  MM.  Letronne  et  Natalis  de  Wailly,  s'était  enrichie, 
dans  l'espace  de  dix  ans,  de  8,392  empreintes,  quelques-unes  en 
soufre,  la  plupart  en  plâtre.  Naturellement,  on  avait  reproduit 
d'abord  les  sceaux  les  mieux  conservés,  ceux  dont  le  moulage 
présentait  le  moins  de  difficultés,  sans  procéder  avec  une  méthode 
absolument  rigoureuse  et  sans  trop  tenir  compte,  soit  du  plus  ou 
moins  de  rareté  des  types,  soit  de  l'importance  des  personnages 
représentés.  Pour  combler  une  aussi  grave  lacune,  Demay  s'atta- 
cha avec  une  sorte  de  prédilection ,  dès  qu'il  fut  entré  aux  Archives, 
à  reproduire  les  sceaux  altérés,  brisés,  dont  on  avait  jusqu'alors 
ajourné  le  moulage.  La  double  éducation,  scientifique  à  la  Faculté 
de  médecine,  artistique  dans  l'atelier  de  Barye,  qu'il  avait  reçue 
le  mit  en  mesure  de  triompher  de  toutes  les  difficultés.  Un 
savant  archiviste  belge,  Alexandre  Pinchart,  avait  eu  l'heureuse 


475 

idée  d'imbiber  les  moules  ou  matrices  de  sceaux  d'une  certaine 
préparation  d'huile  grasse,  afin  d'en  assurer  la  conservation. 
Demay,  secondé  par  son  zélé  auxiliaire  M.  Carteaux,  introduisit 
de  tels  perlectionnements  dans  ce  procédé  que  l'opération  du  mou- 
lage, loin  d'altérer  plus  ou  moins  les  originaux  comme  autrefois, 
devint  entre  ses  mains  ingénieuses  un  moyen  de  les  conserver, 
tout  en  tirant  de  ces  originaux  un  nombre  indéfini  d'empreintes 
en  plâtre  aussi  bien  qu'en  soufre.  La  collaboration  d'un  si 
habile  artiste  ne  fut  pas  d'un  médiocre  secours  au  regretté  Douët 
d'Arcq,  qui  nous  a  donné  en  trois  volumes  in-4°,  de  1863  à  1868, 
l'inventaire  descriptif  des  sceaux  conservés  aux  Archives.  Le 
jeune  sculpteur  et  le  vieux  savant  se  lièrent  dès  lors  d'une  étroite 
amitié  qui  ne  devait  pas  se  démentir  un  seul  jour.  Ce  fut  Demay 
qui  créa,  avec  le  concours  des  dessinateurs  et  des  graveurs  de 
l'Imprimerie  Nationale,  les  sept  séries  de  caractères  au  moyen 
desquelles  on  reproduisit  pour  la  première  fois,  avec  une  fidélité 
au  moins  très  approximative,  les  légendes  des  sceaux  des  diverses 
époques,  depuis  le  Yf  siècle  jusqu'à  nos  jours.  Il  dressa  en  outre 
une  table  par  pièces  héraldiques  des  monuments  sigillographiques 
dont  se  compose  la  collection  des  Archives,  et  ce  travail  difficile 
fut  à  vrai  dire  son  début  dans  le  domaine  de  l'érudition  propre- 
ment dite,  où  il  était  entré  sous  les  auspices  de  l'ami  qui  fut  en 
ce  nouvel  apprentissage  son  véritable  maître,  l'excellent  Douët 
d'Arcq. 

Sur  ces  entrefaites,  M.  de  Laborde,  qui  avait  succédé  en  1857 
à  M.  de  Chabrier  comme  directeur  général  des  Archives,  entre- 
prit de  faire  mouler  tous  les  sceaux  conservés  dans  les  dépôts 
des  départements.  11  chargea  Demay,  qui  lui  «  avait  donné  des 
preuves  de  son  talent  comme  artiste ,  de  sa  sagacité  comme 
archéologue  et  d'une  érudition  très  solide  acquise  par  dix  années 
d'études  persévérantes  S  »  de  l'exécution  de  cette  grande  entre- 
prise. Il  lui  prescrivit  pour  chaque  dépôt  d'archives  :  1°  de 
rechercher  dans  tous  les  fonds  les  actes  scellés  ;  2°  de  faire  choix 
des  sceaux  manquant  à  la  collection  des  Archives  ou  dont  il 
rencontrerait  des  exemplaires  mieux  conservés  que  ceux  de  cette 
collection  ;  3°  de  faire  l'analyse  du  document  auquel  chaque 

1.  Collection  de  sceaux  des  Archives  de  l'Empire.  Paris,  1863,  in-4%  I,  pré- 
face, p.  46. 


476 

sceau  serait  attaché;  4°  de  constater  sur  une  fiche  l'état  de 
ce  sceau  et  ensuite  d'en  prendre  le  moule  en  ayant  soin  d'attri- 
buer un  numéro  courant  au  moule  et  de  répéter  ce  numéro  sur 
la  fiche  jointe  au  document,  de  teUe  sorte  qu'on  pût  connaître 
dans  quel  état  se  trouvait  le  sceau  lorsqu'on  l'avait  moulé  et  le 
numéro  sous  lequel  son  moule  figurerait  dans  la  grande  collec- 
tion des  Archives  générales  où  l'on  en  délivrerait,  moyennant 
une  très  modique  rétribution,  des  épreuves  à  tous  ceux  qui  les 
demanderaient.  Demay  se  mit  aussitôt  en  campagne  et,  de  1861 
à  1868,  explora  à  fond,  au  point  de  vue  sigiUographique,  tous  les 
départements  correspondant  aux  anciennes  provinces  de  Picar- 
die, d'Artois,  de  Flandre  et  de  Normandie.  Au  cours  de  cette 
exploration,  le  zélé  sigillographe  recueillit  plus  de  quinze  mille 
moules,  qui  ont  singulièrement  accru  l'importance  numérique  en 
même  temps  que  l'intérêt  historique  et  la  valeur  artistique  de  la 
collection  des  Archives.  Le  départ  de  M.  de  Laborde,  remplacé  le 
2  mai  1868  dans  les  fonctions  de  directeur  général  par  M.  Alfred 
Maury,  et  surtout  les  cruels  événements  de  1870-1871  vinrent 
interrompre  une  entreprise  si  heureusement  commencée.  Demay 
se  mit  alors  en  devoir  de  publier  des  inventaires  descriptifs  de 
tous  les  sceaux  qu'il  avait  moulés.  En  1873,  il  fit  paraître  en  deux 
volumes  in-é"  l'inventaire  des  sceaux  de  la  Flandre  où  l'on  trouve 
la  description  de  1,689  monuments  sigillographiques  extraits  soit 
des  archives  du  département  du  Nord,  soit  des  archives  commu- 
nales et  hospitalières  de  Lille,  de  Douai  et  de  Valenciennes,  soit 
enfin  d'une  dizaine  de  collections  particulières.  Dans  la  courte  et 
substantielle  préface  qu'il  mit  en  tête  de  cette  publication,  l'au- 
teur s'attacha  et  réussit  à  en  montrer  l'importance,  non  seulement 
pour  la  généalogie  des  familles  nobles  ou  roturières,  mais  encore 
pour  l'histoire  générale  de  la  Flandre  et  la  connaissance  appro- 
fondie des  institutions  et  des  mœurs  de  cette  province.  «  L'im- 
portance qu'ont  les  gens  du  commun  dans  les  villes  marchandes 
des  Flandres,  faisait  remarquer  judicieusement  Demaj-,  devient 
palpable  quand  vous  comptez  les  soixante-huit  sceaux  appendus 
à  l'acte  de  soumission  des  habitants  de  Grammont  qui  avaient  en 
1380  suivi  le  parti  des  Gantois.  Le  sceau  collectif  de  la  commune 
n'avait  pas  été  jugé  une  garantie  suffisante,  et  la  marque  de  ces 
communiers  inspirait  plus  de  confiance.  Une  autre  fois,  en  1407, 
ce  sont  les  cinquante-quatre  métiers  de  Bruges  qui  scellent  une 


477 

offre  au  comte  de  Flandre  du  septième  des  revenus  de  la  ville*.  » 
A  côté  de  ces  sceaux,  où  les  institutions,  les  mœurs  flamandes 
ont  en  quelque  sorte  marqué  leur  empreinte,  il  en  est  d'autres  qui 
offrent  un  intérêt  plus  étroitement  technique,  mais  non  moins  réel. 
Par  exemple,  le  moulin  à  vent  figuré  sur  le  sceau  des  meuniers 
de  Bruges,  le  compas  et  la  doloire  des  tonneliers  ou  cuveliers,  la 
table  à  tréteaux,  le  couteau  à  découper  des  poissonniers,  l'arçon 
ou  archet  à  battre  la  laine  des  foulons  de  la  même  ville,  le  har- 
pon des  baleiniers  de  Biarritz,  toutes  ces  représentations  sigillo- 
graphiques  et  une  foule  d'autres  qu'il  serait  trop  long  d'indiquer 
se  recommandent  d'elles-mêmes  à  l'attention  des  historiens  de 
l'industrie,  du  mobilier,  du  costume  et  même  du  commerce  et  de 
la  navigation  au  moyen  âge.  Quelques-uns  de  ces  sceaux  sont  en 
outre,  au  point  de  vue  purement  artistique,  de  véritables  chefs- 
d'œuvre.  On  peut  citer  notamment  le  magnifique  sceau  équestre 
de  Charles  le  Téméraire,  au  sujet  duquel  Demay  a  écrit,  avec  un 
accent  et  un  coloris  dont  il  n'est  pas  coutumier,  «  qu'en  contem- 
plant sur  ce  sceau  la  sombre  figure  du  Téméraire,  on  retrouve 
bien  là  le  guerrier  farouche  dont  les  loups  disputeront  le  cadavre 
aux  marais  glacés  de  Nancy-.  »  Une  publication  de  cette  impor- 
tance ne  pouvait  manquer  d'être  favorablement  accueillie.  Douet 
d'Arcq  en  fit  un  compte-rendu  aussi  développé  que  flatteur  ^  et 
l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  décerna  à  l'Inven- 
taire des  sceaux  de  la  Flandre,  l'année  même  où  cet  ouvrage 
avait  paru,  la  première  médaille  du  concours  des  antiquités 
nationales. 

U Inventaire  des  sceaux  de  V Artois  et  de  la  Picardie,  qui 
parut  en  1877  et  qui  forme  un  fort  volume  in-4"  de  plus  de  six 
cents  pages,  contient  la  description  de  4,475  sceaux,  2,942  pour 
l'Artois,  1,533  pour  la  Picardie,  dont  les  originaux  sont  conser- 
vés, d'abord  dans  les  archives  départementales  du  Pas-de-Calais, 
de  la  Somme,  de  l'Aisne  et  de  l'Oise,  ensuite  dans  les  archives 
communales  et  hospitalières  d'Arras,  de  Saint-Omer,  d'Amiens, 
de  Laon,  de  Chauny  et  de  Beauvais,  enfin  dans  une  vingtaine  de 
collections  particulières  de  ces  quatre  départements.  On  remarque 

1.  Inventaire  des  sceaux  de  la  Flandre,  1.  préface,  p.  11. 

2.  Ibid. 

3.  Bibliothèque  de  l'Ecole  des  Chartes,  XXXIV,  98-110. 


478 

surtout  dans  ce  volume  une  suite  très  riche  de  sceaux  des  comtes 
d'Artois  et  des  officiers  de  l'hôtel  de  ces  grands  feudataires,  ainsi 
qu'une  série  fort  curieuse  de  monuments  sigiUographiques  éma- 
nant de  gens  des  métiers  où  les  attributs  de  chaque  métier  ont 
été  gravés  avec  une  délicatesse  remarquable.  Comme  beau- 
coup de  sceaux  de  l'Artois  et  de  la  Picardie  reproduisent  des 
intailles  antiques,  Demay  a  fait  précéder  l'inventaire  de  ces  sceaux 
d'une  étude  sur  les  pierres  gravées  employées  dans  les  sceaux  du 
moyen  âge,  où  il  donne,  avec  cette  sobriété  précise  qui  était 
comme  la  marque  distinctive  de  son  talent,  un  résumé  lumineux 
de  l'état  de  la  science  sur  une  question  tout  à  fait  neuve  et  non 
moins  intéressante  pour  la  glyptique  que  pour  la  sigillographie. 
L'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  estima  que  ce  nou- 
veau travail  méritait  la  même  récompense  dont  elle  avait  déjà 
honoré  Y  Inventaire  des  sceaux  de  la  Flandre;  et,  au  con- 
cours de  1877  comme  à  celui  de  1873,  l'heureux  Demay  fut  jugé 
digne  de  remporter  la  première  médaille  des  Antiquités  natio- 
nales. «  Les  deux  ouvrages,  disait  avec  raison  le  rapporteur  du 
concoui's,  notre  éminent  confrère  M.  E.  de  Rozière,  ont  été  conçus 
sur  le  même  plan  et  exécutés  avec  le  même  soin.  Dans  l'un  comme 
dans  l'autre,  on  trouve,  à  côté  des  monuments  sigiUographiques 
qui  appartiennent  en  propre  à  la  Flandre,  à  l'Artois  et  à  la  Picar- 
die, la  description  des  sceaux  de  toute  origine  que  les  relations 
extérieures  ont  fait  entrer  dans  les  archives  de  ces  provinces. 
Dans  l'un  comme  dans  l'autre,  la  nature,  la  date  et  la  provenance 
de  la  pièce  à  laquelle  le  sceau  est  attaché  sont  indiquées  avec  une 
précision  qui  permet  de  contrôler  la  lecture  des  légendes  et  sou- 
vent même  en  facilite  le  déchiffrement.  Dans  l'un  comme  dans 
l'autre,  enfin,  il  existe  à  la  fois  des  tableaux  systématiques  qui 
reproduisent  l'ensemble  des  subdivisions  adoptées  par  l'auteur,  et 
des  tables  alphabétiques  au  moyen  desquelles  on  retrouve  aisé- 
ment chacun  des  monuments  qu'il  a  décrits  ^  » 

Les  missions  sigiUographiques  accomplies  par  Demay  en 
Flandre,  en  Artois  et  en  Picardie,  c'est-à-dire  dans  la  seule 
région  de  l'Europe  occidentale  qui  réussit,  au  moyen  âge,  à  dis- 
puter aux  villes  de  l'Italie  du  Nord  le  sceptre  de  la  grande  fabri- 
cation industrielle,  l'avaient  mis  en  mesure  d'étudier  le  premier 

1.  Bibliothèque  de  l'École  des  Chartes,  XXXIX,  130  et  131. 


479 

sur  une  large  échelle  toute  une  série  de  sceaux  dont  on  s'était  peu 
occupé  jusqu'alors,  les  sceaux  des  métiers  et  des  artisans  des  cor- 
porations urbaines.  Une  mission  du  même  genre  dont  il  fut  chargé 
en  Normandie  lui  permit  d'enrichir  sa  science  de  prédilection 
d'une  suite  de  sceaux  encore  plus  neuve  que  la  précédente,  les 
sceaux  de  ces  hommes  francs,  de  ces  paysans  libres  que  l'on  dési- 
gnait d'ordinaire,  dans  le  plantureux  pays  qui  s'étend  des  rives 
de  la  Seine  à  celles  du  Couesnon,  sous  la  dénomination  de  vavas- 
seurs.  Dans  le  cours  de  ces  études  si  spéciales,  Demay  fut  amené 
à  faire  une  remarque  qui  mérite  d'attirer  l'attention  de  l'obser- 
vateur, c'est  que  les  Normands  du  moyen  âge,  cette  race  la  plus 
fièrement  aristocratique  peut-être  que  le  monde  ait  vue,  «  ne 
paraissent  avoir  attaché  aux  titres  de  noblesse  qu'une  importance 
tout  à  fait  secondaire.  On  rencontre  fréquemment  des  actes  où 
des  chevaliers  reconnus  ne  prennent  aucune  qualification,  et  l'on 
trouve  des  types  offrant  le  mot  tniles  à  la  légende  et  dont  l'ima- 
gerie convient  plutôt  au  sceau  d'un  simple  paysan.  D'ordinaire,  le 
chef  de  la  famille  porte  seul  des  armoiries*.  »  \J Inventaire  des 
sceaux  de  la  Normandie,  dont  les  éléments  avaient  été  ras- 
semblés dès  1868,  ne  parut  qu'au  commencement  de  1881  en  un 
volume  in-4°  de  quatre  cents  pages.  Outre  les  archives  départe- 
mentales, communales  et  hospitalières  des  cinq  départements  de 
la  Seine-Inférieure,  du  Calvados,  de  l'Eure,  de  la  Manche  et  de 
l'Orne,  l'auteur  avait  compris  dans  son  dépouillement  la  biblio- 
thèque et  le  musée  d'antiquités  de  Rouen,  le  musée  des  anti- 
quaires de  Normandie ,  la  collection  de  l'évêché  d'Evreux , 
l'hospice  de  Vernon,  le  musée  de  Saint-Lô  et  une  dizaine  de 
collections  particulières.  Ce  qui  donne  un  prix  particulier  à  cette 
belle  publication,  où  l'on  trouve  la  description  de  3,187  types, 
dont  1 ,026  ou  un  tiers  environ  sont  des  sceaux  de  vavasseurs  ou 
de  paysans  libres,  c'est  une  introduction  de  quarante  pages,  con- 
sacrée à  ce  qu'on  peut  appeler  la  paléographie  sigillographique, 
en  d'autres  termes  au  déchiffrement  des  légendes  inscrites  sur  les 
sceaux.  Demay  y  trace  avec  autant  de  clarté  que  d'autorité  les 
règles  qui  doivent  présider  à  ce  déchiffrement  et  donne  une  liste 
alphabétique,  en  caractères  archaïques,  delà  plupart  des  abrévia- 
tions qui  figurent  dans  les  légendes  des  sceaux  suivie  de  la  lec- 

1.  Inventaire  des  sceaux  de  la  Normandie,  introduction,  p.  11. 


480 

ture  de  ces  abréviations.  On  indiquera  d'un  mot  la  haute  valeur  de 
cette  introduction,  si  l'on  ajoute  que  le  travail  du  patient  sigillo- 
graphe  doit  être  considéré  désormais  comme  le  complément  à  peu 
près  indispensable  des  chapitres  si  nouveaux,  lorsqu'ils  furent 
rédigés,  où  le  savant  et  vénéré  M.  Natalis  de  Wailly  a  traité  le 
même  sujet  dans  ses  Éléments  de  paléographie. 

D'ailleurs,  il  ne  faudrait  pas  croire  que  les  missions  sigillogra- 
phiques,  entreprises  de  1861  à  1868  dans  quelques-unes  de  nos 
anciennes  provinces  à  l'instigation  de  M.  de  Laborde,  n'ont  eu 
d'autre  résultat  utile  que  les  précieux  inventaires  dont  nous 
venons  de  parler.  Aie  bien  prendre,  l'auteur  de  ces  inventaires, 
en  initiant  les  archivistes,  les  collectionneurs  du  nord  et  de  l'ouest 
de  la  France  à  l'étude  méthodique  des  sceaux  ainsi  qu'aux  pro- 
cédés les  plus  perfectionnés  du  moulage  de  ces  petits  monuments, 
n'a  guère  moins  servi  la  science  que  par  ses  publications  per- 
sonnelles. 

Des  œuvres  d'aussi  longue  haleine  n'empêchaient  pas  Demay  de 
publier,  dans  les  recueils  des  sociétés  savantes  dont  il  faisait  partie 
ou  dans  des  revues  spéciales,  des  mémoires  plus  ou  moins  étendus 
sur  divers  points  de  la  sigillographie.  C'est  ainsi  qu'il  fit  paraître 
en  1877  dans  la  i?evMe  archéologique  une  étude  singulièrement 
neuve  et  originale  sur  le  type  naval*  d'après  les  sceaux.  Elu 
le  2  avril  1873  membre  résidant  de  la  Société  des  antiquaires  de 
France,  il  publia  en  1876  dans  le  tome  XXXVI  des  Mémoires 
de  cette  compagnie  savante  le  seul  peut-être  de  ses  travaux  qui 
ne  se  rapporte  pas  à  la  sigillographie,  sous  le  titre  suivant  : 
De  la  peinture  à  V huile  en  France  au  commencement  du 
XI V°  siècle '.  Il  y  donna  le  texte  d'un  marché  passé  en  1320 
entre  Mahaut  d'Artois  et  un  peintre  parisien  nommé  Pierre  de 
Bruxelles;  c'est  aux  archives  du  Pas-de-Calais  qu'il  avait 
découvert  ce  document,  où  on  lit  ces  mots  :  «  Et  seront  toutes 
ces  choses  faites  à  huille  et  des  plus  fines  couleurs  que  l'en 
pourra.  »  Il  signala  en  outre  plusieurs  articles  de  compte  extraits 
de  divers  registres  conservés  aux  Archives  Nationales,  où  l'on 
trouve  des  mentions  de  peintures  à  l'huile  exécutées  dans  le  nord 
de  la  France  entre  1299  et  1344.  L'année  suivante,  il  enrichit  le 

t.  Tirage  à  part  de  7  pages  in-S".  Paris,  librairie  Didier. 
2.  Dissertation  tirée  à  part  et  formant  11  pages. 


484 

tome  XXXVII  de  la  même  collection  d'un  mémoire  beaucoup 
plus  étendu  que  le  précédent,  intitulé  :  Le  Blason  d'après  les 
sceaux  du  moyen  àge^.  Les  principales  conclusions  de  cette 
étude  sont  que  les  premiers  blasons  ont  fait  leur  apparition  dans 
le  dernier  tiers  du  xii°  siècle,  se  produisant  sur  l'écu,  tantôt 
brusquement,  tantôt  après  s'être  déjà  montrés  en  germe  dans  le 
champ  du  sceau,  que  la  fleur  de  lys  en  particulier  n'a  pris  un 
caractère  héraldique  que  sous  Philippe- Auguste,  que  les  cimiers 
apparaissent  seulement  à  la  fin  du  xiif  siècle,  les  supports  vers 
le  milieu  du  xiv«,  enfin  que  les  armoiries  se  sont  posées  sur  l'écu 
avant  d'envahir  le  harnais  du  cavalier  et  le  harnachement  du 
cheval. 

Au  commencement  de  1875,  Demay  était  devenu  l'un  des  plus 
actifs  collaborateurs  de  la  Gazette  des  beaux-arts.  Il  fit  paraître 
alors  dans  cette  revue  six  articles  ^  consacrés  à  l'examen  appro- 
fondi de  la  collection  sigillographique  des  Archives  Nationales.  La 
réunion  de  ces  six  articles  ne  constitue  rien  de  moins  qu'une  his- 
toire du  costume  des  diverses  classes  de  la  société  au  moyen  âge, 
d'après  les  sceaux.  Pour  que  cette  histoire  fût  complète,  il  n'y 
manquait  qu'un  chapitre  concernant  le  costume  sacerdotal.  Ce 
chapitre  parut  dans  la  livraison  de  décembre  1877  de  la  Gazette 
des  beaux-arts^.  Le  beau  volume  illustré  que  Demay  publia 
en  1880  à  la  librairie  Dumouhn,  sous  ce  titre  :  Le  Costume 
au  moyen  âge  d'après  les  sceaux*,  n'est  guère,  en  réalité, 
sauf  quelques  additions  et  certaines  modifications  de  détail  néces- 
sitées par  ce  mode  nouveau  de  publication,  qu'une  simple  réim- 
pression des  articles  mentionnés  ci-dessus.  Cette  réimpression, 
dont  un  imprimeur  habile  avait  su  faire  un  chef-d'œuvre  typo- 
graphique, fournit  à  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
une  occasion  de  décerner  à  l'auteur  la  plus  haute  récompense 
de  ses  concours,  le  premier  prix  Gobert.  Le  jugement  porté  sur 
l'ouvrage  de  Demay  par  cette  compagnie  savante  fut  résumé  en 
ces  termes  par  son  président  annuel,  M.  Edmond  Le  Blant  : 

1.  Tirage  à  part.  Paris,  1877,  in-S»,  52  pages. 

2.  Gazette  des  beaux-arts,  2'  période,  VIII,  337  el  541  ;  IX,  242;  XII,  231  ; 
XIII,  730;  XIV,  307. 

3.  Ce  dernier  article  seii  a  été  tiré  à  part  dans  le  format  in-8°.  Paris,  iinpr. 
Claye,  1877,  23  images. 

4.  Paris,  libr.  de  D.  Dumoulin  et  C'%  1880,  gr.  in-8"  de  496  pages. 


482 

«  M.  Demay  a  su  montrer  comment,  en  comparant  entre  eux  les 
monuments  sigillographiques,  en  détachant  par  des  dessins  fermes 
et  bien  compris  les  détails  qu'on  veut  faire  connaître,  on  pouvait 
jeter  une  vive  lumière  sur  de  nombreuses  questions  d'archéologie. 
Assurément,  Y  Histoire  du  costume  de  M.  Quicherat  est  moins 
circonscrite  et  par  là  même  plus  intéressante  ;  il  en  est  de  même 
des  articles  que  M.  Viollet-le-Duc  a  écrits  sur  les  armes;  mais 
les  jalons  posés  par  M.  Demay  rectifient  beaucoup  de  détails  et 
précisent  avec  une  rigueur  inconnue  jusqu'à  présent  l'époque  et  le 
pays  où  commencèrent  à  se  produire  les  changements  dans  le  cos- 
tume et  dans  l'armure.  L'ouvrage  que  nous  couronnons  est  le 
fruit  de  toute  une  vie  de  travail  et  montre  quelles  ressources  un 
esprit  sagace,  secondé  par  un  crayon  intelligent,  peut  tirer  d'une 
classe  de  monuments  qui  couraient  risque  de  disparaître  si 
M.  Demay  n'avait  entrepris  de  les  mouler,  de  les  décrire  et, 
dans  un  livre  devenu  presque  populaire,  d'en  faire  ressortir  l'in- 
térêt*. » 

Toutefois,  l'auteur  de  ce  beau  livre,  entraîné  parle  titre  même 
de  sa  publication ,  avait  peut-être  un  peu  oublié  que  les  types  des 
sceaux,  s'immobilisant  jusqu'à  un  certain  point  et  se  transmettant 
parfois  sans  grand  changement  de  génération  en  génération 
comme  ceux  des  monnaies,  n'ont  pu  toujours  suivre,  du  moins 
en  matière  aussi  changeante  que  certains  détails  de  la  toilette, 
par  exemple,  les  brusques  variations  de  la  mode.  D'où  il  faut 
conclure  que  les  données  de  la  sigillographie,  si  précieuses  qu'elles 
soient,  ont  besoin  d'être  contrôlées,  complétées,  précisées  ou  même 
rectifiées  par  l'étude  des  textes  pour  fournir  une  base  suffisam- 
ment solide  aux  historiens  du  costume.  C'est  ce  contrôle  qui  fait 
parfois  défaut  dans  l'ouvrage  de  Demay  et  qui  ne  permet  d'ad- 
mettre qu'avec  réserve  quelques-unes  de  ses  assertions. 

La  Société  de  l'histoire  de  Paris  et  de  l'Ile-de-France,  fondée 
en  1874,  s'était  empressée  de  faire  entrer  l'auteur  de  tant  de 
publications  considérables,  d'abord  dans  son  conseil  d'administra- 
tion, puis,  en  1881,  dans  son  comité  de  publication,  en  rempla- 
cement de  l'illustre  archéologue  Adrien  de  Longpérier.  Les  col- 
lègues du  laborieux  archiviste  ne  pouvaient  mieux  témoigner  que 

1.  Comptes -rendus  des  séances  de  V  Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres,  année  1880,  4-^  série,  tome  VIII.  Paris,  1881,  p.  372. 


483 

par  ce  dernier  choix  en  quelle  estime  ils  tenaient  ses  travaux.  De 
1874  à  1883,  Demay  fit  quatre  communications,  — en  1881,  une 
première  communication  relative  à  un  épisode  de  la  vie  d'un  étu- 
diant au  XVII®  siècle*,  —  en  1882,  une  seconde  communication 
concernant  des  matrices  de  sceaux  du  xiii®  siècle  trouvés  dans  la 
Seine  par  M.  Vacquer-.  Dans  le  cours  de  l'année  suivante,  il  mit 
au  jour  et  commenta  le  texte  d'un  marché  passé  en  1408  pour 
l'exécution  d'un  lutrin  en  forme  d'aigle  destiné  à  l'église  Saint- 
Martin-des-Champs^,  ainsi  qu'une  série  de  pièces  relatives  aux 
cloches  de  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés  en  1771  ■*  et  enfin 
un  texte  du  26  février  1396  (n.  st.)  décrivant  l'écrin  où  l'on 
renfermait  le  grand  sceau  de  Louis,  duc  d'Orléans,  frère  de 
Charles  VP. 

Les  dix  dernières  années  de  la  vie  de  Demay  ont  été  absorbées 
par  un  grand  travail  que  seul  peut-être  en  Europe  il  était  capable 
d'entreprendre  et  de  mener  à  bonne  fin,  l'inventaire  descriptif  des 
sceaux  de  la  collection  formée  à  la  fin  du  xvif  siècle,  ainsi  que 
pendant  la  première  moitié  du  siècle  suivant,  par  Pierre  Clairam- 
bault  et  conservée  aujourd'hui  à  la  Bibliotlièque  Nationale.  Cette 
collection  se  compose  d'environ  dix  mille  types  et  par  conséquent 
de  dix  mille  pièces  originales,  car  il  importe  de  faire  remarquer  à 
l'honneur  de  Clairambault  que  ce  généalogiste  avait  eu  l'heureuse 
inspiration  de  ne  point  séparer  les  sceaux  des  documents  auxquels 
ils  étaient  attachés.  Le  travail  entrepris  par  notre  regretté  col- 
lègue, à  l'instigation  de  MM.  Delisle  et  Maury,  consista,  non  seu- 
lement à  faire  mouler  ces  dix  mille  sceaux,  afin  d'en  assurer  la 
conservation,  mais  encore  à  relever  sur  fiches  et  à  ranger  par 
ordre  alphabétique  les  noms  des  personnages  de  qui  émanent  les 
sceaux,  à  faire  suivre  chaque  nom  des  titres  et  qualités  mention- 
nés dans  l'acte  ainsi  que  de  la  description  précise  et  rigoureuse- 
ment technique  du  sceau,  à  indiquer  aussi  brièvement  que  pos- 
sible la  nature  et  le  contenu  de  la  pièce  scellée  et  aussi  l'année,  le 
mois,  le  jour,  le  lieu,  du  moins  toutes  les  fois  que  cela  est  possible, 
où  cette  pièce  a  été  délivrée,  enfin  à  joindre  à  chaque  article  un 

1.  Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  de  Paris  et  de  l  Ile-de-France,  VIII,  55. 

2.  Ibid.,  IX,  109. 

3.  Jbid.,  X,  39. 

4.  Ibid.,  X,  145. 

5.  Ibid.,  X,  154. 


484 

renvoi  au  volume  et  à  la  page  de  la  collection  Clairambault  où  se 
trouve  le  document  dont  le  sceau  est  décrit.  Au  commencement 
de  1882,  l'inventaire  des  sceaux  de  la  collection  Clairambault  était 
assez  avancé  pour  que  Demay  fût  en  mesure  d'en  solliciter  l'im- 
pression dans  la  collection  des  documents  inédits.  La  section 
d'histoire,  d'archéologie  et  de  philologie  du  Comité  des  travaux 
historiques  renvoya  la  demande  de  l'infatigable  sigillographe 
à  l'examen  d'une  commission  composée  de  MM.  Chabouillet, 
Robert  de  Lasteyrie  et  de  celui  qui  écrit  ces  lignes,  et  les  membres 
de  cette  commission  furent  unanimes  à  donner  un  avis  favorable*. 
L'auteur  était  si  complètement  prêt  que  le  premier  volume  de 
sa  pubhcation,  contenant  la  description  de  6,619  sceaux,  put 
paraître  dès  les  premiers  mois  de  1885.  Quant  au  second  volume, 
qui  renferme,  outre  des  notices  sur  plus  de  trois  mille  sceaux  (6620 
à  9709),  trois  cent  trente-sept  pages  de  tables,  Demay,  comme  s'il 
avait  pressenti  sa  fin  prochaine,  en  poussa  l'impression  avec  une 
telle  ardeur  qu'il  a  pu  être  informé  que  l'Imprimerie  Nationale,  dont 
le  personnel  lui  avait  toujours  prêté  un  si  dévoué  concours,  avait 
tiré  la  couverture  et  les  errata  de  son  livre  quelques  heures  seule- 
ment avant  de  rendre  le  dernier  soupir.  Travailleur  consciencieux 
et  acharné,  il  ne  s'est  pas  vu  du  moins  refuser  cette  suprême  joie 
qu'il  avait  si  bien  méritée.  Il  faut  être  un  érudit  de  profession  pour 
apprécier  à  leur  juste  valeur  l'exposé  chronologique  sommaire, 
le  tableau  sj'stématique  et  la  table  héraldique  qui  terminent  le 
second  volume  de  Y  Inventaire  des  sceaux  de  la  collection 
Clairambault.  Cette  dernière  table  surtout,  qui  remplit  plus  de 
cent  cinquante  pages  à  trois  colonnes,  vient  s'ajouter  heureusement 
à  celle  que  l'auteur  avait  déjà  faite  vingt  ans  auparavant  pour 
la  collection  sigillographique  des  Archives  Nationales,  et  la  réu- 
nion de  deux  catalogues  d'une  richesse  aussi  variée  forme  sans 
contredit  l'appoint  le  plus  considérable  que  l'on  ait  apporté  de 
notre  temps  à  cette  science  du  blason,  aujourd'hui  trop  délaissée, 
dont  les  progrès  n'intéressent  pas  seulement  les  généalogistes 
proprement  dits,  mais  aussi  dans  une  certaine  mesure  les  archéo- 
logues voués  à  l'étude  du  moyen  âge.  L'exposé  chronologique,  si 
sommaire,  si  incomplet,  si  peu  méthodique  qu'il  soit  à  cause  de 

1.  Bulletin  du  Comité  des  travaux  historiques,  section  d'bistoire,  d'archéo- 
logie et  de  philologie,  année  1882,  n"  1,  pp.  50  à  55. 


485 

la  distribution  des  matières  par  provinces  adoptée  pour  tout  ce 
qui  touche  aux  opérations  militaires,  n'en  permettra  pas  moins 
aux  érudits  de  se  faire  quelque  idée  des  ressources  nouvelles  que 
peut  offrir,  surtout  pour  l'histoire  des  xiv%  xv  et  xvi''  siècles,  la 
précieuse  collection  de  titres  scellés  rassemblée  par  les  soins  de 
Pierre  Clairambault. 

Au  mois  de  mars  1883,  lorsqu'un  remaniement  nouveau  du 
Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques  établi  près  le 
ministère  de  l'instruction  publique  amena  le  rétablissement  d'une 
section  distincte  d'archéologie,  Demay  fut  appelé  à  faire  partie  de 
cette  section,  et  à  partir  de  ce  moment  toutes  les  communications 
des  correspondants  du  ministère  relatives  à  la  sigillographie  furent 
renvoyées  à  son  examen.  Dans  la  séance  du  15  mai  qui  suivit  sa 
nomination,  il  donna  lecture  d'une  notice*  sur  quarante-sept  ma- 
trices de  sceaux  appartenant  à  M.  Rousset,  à  Uzès.  Le  11  juin  sui- 
vant, il  fit  un  rapport" sur  une  communication  de  M .  Jules  Gauthier, 
archiviste  du  Doubs,  relative  à  un  inventaire  des  armures  de  Jean 
de  Ghalon,  comte  d'Auxerre  et  de  Tonnerre,  dressé  en  1333.  Le 
19  novembre,  il  rendit  compte  d'un  intéressant  travail  de  M.  Phi- 
lippe de  Bosredon  sur  la  Sigillographie  du  Bas-Limousin-^. 
Le  10  décembre,  il  signala  à  l'attention  des  arcliéologues  trois 
inventaires  des  reliquaires,  joyaux  et  ornements  de  l'église  Saint- 
Jacques  de  Montauban  en  1542,  copiés  dans  un  des  registres  des 
archives  de  cette  ville  par  M.  le  chanoine  Pottier''.  Dans  le  cours 
de  l'année  1884,  la  contribution  de  1  eminent  sigillographe  aux 
travaux  de  la  section  d'archéologie  consista  en  cinq  rapports,  le 
premier  sur  trois  sceaux  ecclésiastiques  communiqués  par  M.  Bar- 
bier de  Montault^  le  second  sur  des  empreintes  de  sceaux  du 
xviif  siècle  adressées  au  Comité  par  le  même  savant*^,  le  troisième 
sur  un  compte  de  1550  découvert  par  M.  Jules  Finot,  archiviste 
du  département  du  Nord,  concernant  les  sommes  dépensées  pour 
le  transport  de  Nanc}'  à  Luxembourg  des  restes  mortels  de  Charles 

1.  Bulletin  de  la  section  d'archéologie  du  Comité  des  travaux  historiques  et 
scientifiques,  annôe  1883,  n"  1,  pp.  68,  69  à  73. 

2.  Ibid.,  pp.  84  et  85. 

3.  Ibid.,  p.  141. 

4.  Ibid.,  p.  194.     . 

5.  Ibid.,  année  1884,  pp.  15,  57  à  59. 

6.  Ibid.,  p.  119. 


486 

le  Téméraire*,  le  quatrième  sur  une  dissertation  de  M.  Boucletde 
Préville  ^  consacrée  aux  ordres  de  chevalerie,  le  cinquième  enfin 
sur  un  compte  de  l'équipement  d'un  chevalier  de  Saint-Jean-de- 
Jérusalem  en  1457,  trouvé  par  M.  le  docteur  Barthélémy  dans  les 
archives  d'un  notaire  de  Marseille^. 

Les  membres  de  la  section  d'archéologie  donnèrent  à  Demay  des 
témoignages  de  haute  estime  en  le  nommant,  dans  la  séance  du 
20  avril  1885,  membre  de  la  commission  chargée  de  préparer  le 
programme  du  Congrès  delà  Sorbonne  pour  1886^  et,  dans  la 
séance  du  14  décembre  suivant,  l'un  des  trois  membres  de  la 
commission  de  publication  du  Bulletin^.  La  compétence  de  notre 
laborieux  collègue  était  appréciée  de  plus  en  plus  par  ses  con- 
frères auxquels  il  lut,  dans  le  courant  de  cette  même  année  1885, 
trois  rapports  importants  à  des  titres  divers,  l'un  sur  l'entier 
achèvement  en  1532  de  la  célèbre  église  de  Saint-Maximin  en 
Provence'',  l'autre  sur  l'inventaire  après  décès  des  biens  d'un 
orfèvre  de  Draguignan  en  1498',  le  troisième  sur  des  sceaux  de 
Humbert  I",  dauphin  de  Viennois,  et  de  Jean,  son  fils  et  son  suc- 
cesseur, communiqués  par  M.  Roman  ^.  C'est  sur  un  rapport^  de 
Demay,  lu  dans  la  séance  du  18  janvier  1886,  que  l'on  a  inséré 
dans  le  dernier  numéro  paru  du  Bulletin  archéologique^^  le 
curieux  inventaire  des  reliques,  joyaux  et  ornements  appartenant 
en  1557  à  l'éghse  collégiale  de  Saint-Omer,  communiqué  par 
M.  Deschamps  de  Pas. 

Demay  était  si  bien  reconnu  comme  le  grand  maître  et  l'arbitre 
souverain  de  la  sigillographie  que  les  éditeurs  et  les  auteurs 
s'empressaient  à  l'envi  de  solliciter  son  concours  pour  toutes  les 
entreprises  de  librairie  où  l'étude  et  la  reproduction  des  sceaux 
occupaient  une  certaine  place.  Aussi,  l'avons-nous  vu  pendant 

1.  Bulletin  de  la  section  d'archéologie  du  C omité  des  travaux  historiques  et 
scientifiques,  année  1884,  pp.  273,  274. 

2.  Ibid.,  p.  453. 

3.  Ibid.,  pp.  453,  465  et  466. 

4.  Ibid.,  année  1885,  p.  218. 

5.  Ibid.,  p.  528. 

6.  Ibid.,  p.  256. 

7.  Ibid.,  p.  479. 

8.  Ibid.,  pp.  526,  527. 

9.  Ibid.,  année  1886,  pp.  2  et  3. 

10.  Ibid.,  pp.  78  à  98. 


487 

les  quinze  dernières  années  de  sa  vie  prêter  généreusement  sa 
collaboration  à  quelques-unes  des  plus  importantes  publications 
illustrées  de  ce  temps,  au  Joinville  de  M.  de  Wailly  en  1874, 
au  Charlemagne  de  M.  Vétault  en  1877,  au  Saint  Louis  de 
M.  Wallon  en  1879. 

Comme  la  plupart  des  grands  travailleurs,  Demay  aurait  dédai- 
gné de  recourir  à  l'intrigue  pour  obtenir  les  récompenses,  hono- 
rifiques ou  autres,  que  méritait  son  immense  et  obstiné  labeur.  Dès 
1867,  à  la  suite  de  ces  missions  en  Picardie,  en  Flandre,  en  Artois 
et  en  Normandie,  d'où  il  avait  rapporté  une  si  abondante  moisson 
sigillographique,  il  se  vit  décerner,  sans  avoir  eu  besoin  de  la 
solliciter,  sur  la  proposition  de  M.  le  marquis  de  Laborde,  direc- 
teur général  des  Archives,  la  croix  de  la  Légion  d'honneur. 
Promu  sous-chef  de  la  section  liistorique  le  l*^""  janvier  1878,  il 
remplaça,  quatre  ans  plus  tard,  comme  chef  de  cette  section,  le 
savant  si  laborieux  et  si  serviable  qui,  non  content  de  lui  avoir 
enseigné  la  paléographie  et  de  l'avoir  initié  aux  mystères  du  bla- 
son, lui  avait  tendu  sa  main  loyale  pour  l'élever  graduellement 
de  la  situation  de  simple  moulear  au  rang  d'archiviste,  le  cheva- 
leresque Douët  d'Arcq.  Du  l'""  février  1882  au  4  octobre  1886, 
date  de  sa  mort,  Germain  Demay  a  dignement  occupé  ce  fauteuil 
de  la  section  historique  où  se  sont  assis  des  hommes  tels  que  Jules 
Michelet,  Natahs  de  Wailly,  A.  de  Beauchesne  et  L.  Douët  d'Arcq. 
Inférieur  par  le  talent  ou  la  science  à  quelques-uns  de  ses  prédé- 
cesseurs, il  l'emporte  certainement  sur  plusieurs  d'entre  eux  et 
peut  soutenir  la  comparaison  avec  tous  au  point  de  vue  du  travail 
et  de  la  conscience  professionnelle.  Pour  ne  citer  que  l'un  des 
résultats,  le  plus  important,  il  est  vrai,  de  son  passage  dans  le 
grand  établissement  auquel  il  vient  d'être  enlevé,  le  musée  sigil- 
lographique qu'il  avait  trouvé  au  moment  de  son  entrée  aux 
Archives  pourvu  de  moins  de  dix  mille  empreintes,  il  le  laisse 
riche  d'environ  cinquante  mille  moulages.  Plus  éloqueraraent  que 
toutes  les  paroles,  ces  chiffres  disent  l'étendue,  l'importance  des 
services  rendus  par  notre  si  regretté  collègue  au  dépôt  dont  il  a 
travaillé  pendant  trente-trois  ans,  et  avec  tant  de  succès,  à 
accroître  les  richesses.  Mais  ce  que  des  chiffres  ne  sauraient  dire, 
c'est  la  sincérité  des  regrets  que  la  perte  d'un  tel  collaborateur 
inspire,  non  seulement  à  une  éhte  d'amis  intimes,  mais  encore  à 
tout  le  personnel  des  Archives  qui  savait  apprécier  dans  l'éminent 


sigillographe  une  droiture  de  caractère,  une  distinction  de 
manières,  une  finesse  d'esprit,  une  pureté  de  goût  égales  à 
l'amour  du  travail  et  à  la  conscience  professionnelle.  Marié  deux 
fois  et  devenu  veuf  de  nouveau  au  commencement  de  cette  année, 
Demay  n'a  pas  eu  la  force  de  résister  à  ce  dernier  coup.  Il  s'est 
éteint  à  Paris  le  4  octobre  dernier  après  de  longues  souffrances 
et  repose  avec  les  siens  dans  le  cimetière  de  la  petite  ville  d'Ai- 
guillon, qui  l'avait  vu  naître  et  où  il  aurait  voulu  mourir. 

Siméon  Luge. 


=>*-= 


RELATIONS 


DE 


CHARLES  VI  AVEC  L'ALLEMAGNE 

EN  1^00. 


La  questioTi  des  rapports  de  la  France  avec  l'Empire  à  la  fin 
du  xW  s.  est  assez  difficile  à  étudier  en  raison  de  la  rareté  des 
documents.  Cette  pauvreté  est  particulièrement  regrettable  :  car 
le  rôle  considérable  joué  en  Allemagne  parles  Valois,  à  plusieurs 
reprises,  mérite  de  frapper  d'autant  plus  l'attention  que  les  pré- 
tentions des  empereurs  paraissaient  peu  compatibles  avec  leur 
propre  faiblesse  et  la  puissance  des  rois  de  France. 

Lorsque  Charles  V  reçut  à  Paris,  en  1378,  l'empereur 
Charles  IV  avec  Wenceslas  son  fils,  il  sut,  tout  en  lui  prodiguant 
les  témoignages  de  l'iiospitalité  la  plus  généreuse,  lui  faire  com- 
prendre qu'il  entendait  le  traiter  sur  un  pied  d'égalité  absolue. 
Cette  fois  la  prétendue  suprématie  de  l'empereur  sur  les  autres 
souverains  reçut  une  grave  atteinte.  Sous  le  règne  de  Charles  VI, 
des  circonstances  imprévues  ajoutèrent  encore  à  cet  échec  :  le  roi 
des  Romains  Wenceslas  fut  réduit  à  implorer  l'appui  du  roi  de 
France;  il  ne  dut,  il  est  vrai,  qu'à  son  impéritie  d'en  être  arrivé 
à  ce  degré  d'affaiblissement. 

Quant  aux  petits  potentats  allemands,  ils  avaient  pu  voir  le 
déploiement  de  la  puissance  de  Charles  VI  lors  de  l'expédition  de 
1388  contre  le  duc  de  Clèves  et  Juliers;  on  sait,  en  effet,  que  ce 
prince  avait  vu  ravager  ses  Etats  jusqu'au  delà  de  Kœrrenzich 
par  le  roi,  à  la  tête  de  près  de  100,000  hommes,  et  avait  été  con- 
traint d'implorer  le  rc:!tablissement  d'une  paix  témérairement 
rompue.  Il  est  certain  que,  grâce  au  soin  que  prit  le  duc  de  Bour- 
gogne de  ménager  les  terres  dont  il  devait  un  jour  hériter  et  de 
faire  passer  l'armée  par  les  forêts  des  Ardennes  au  prix  de  fatigues 

32 


490 

excessives,  le  résultat  fut  médiocre,  surtout  si  on  jette  les  yeux 
sur  le  traité  conclu  avec  le  duc  de  Gueldre  et  qui  termina  la  cam- 
pagne. Malgré  tout ,  il  semble  que  le  respect  et  la  crainte  que 
devait  inspirer  aux  Allemands  le  voisinage  d'un  prince  en  état 
de  jeter  chez  eux  une  armée  pareille  ne  furent  pas  étrangers  à  la 
déférence  que  l'on  témoigna  depuis  à  Charles  VI. 

Après  la  mort  de  l'empereur  Charles  IV  qui  s'éteignit  à  son 
retour  de  France,  les  électeurs  choisirent,  suivant  les  prévisions 
de  tous,  son  fils  Wenceslas.  Celui-ci,  qui  ne  ceignit  pas  à  Rome 
la  couronne  impériale,  témoignant  par  là  de  bien  peu  de  pré- 
voyance, continua  à  entretenir  pendant  peu  de  temps  avec 
Charles  V  et  surtout  avec  Charles  VI  d'étroites  relations,  comp- 
tant bien  s'appuyer  sur  la  France,  en  cas  de  mécontentement  de 
la  part  des  princes  allemands.  Il  est  juste  d'ajouter  qu'il  fit  tout 
pour  provoquer  contre  sa  personne  une  vive  hostilité. 

M.  Th.  Lindner*  a  montré  de  quelle  inconcevable  apathie  Wen- 
ceslas faisait  preuve  en  face  des  symptômes  les  plus  menaçants 
pour  sa  couronne.  Il  résidait  continuellement  dans  son  royaume 
de  Bohême  et  ne  pouvait  se  décider  à  venir  en  Allemagne  où  les 
électeurs  et  les  villes  réclamaient  impérieusement  sa  présence. 

Telle  était  la  situation,  quand  divers  princes  et  parmi  eux  les 
archevêques  de  Trêves,  de  Mayence  et  de  Cologne,  et  Robert  de 
Bavière,  comte  palatin  du  Rhin  2,  prirent  l'initiative  de  plusieurs 
assemblées  où  serait  convoqué  le  roi  des  Romains  ;  ils  savaient 
d'avance  que  celui-ci  ne  pourrait  se  décider  à  quitter  la  Bohême. 
Leur  calcul  se  trouva  juste  et  ils  purent  faire  constater  par  tous 
à  quel  point  Wenceslas  poussait  l'insouciance  à  l'égard  des  inté- 
rêts de  l'Empire.  Cette  démonstration  faite,  ils  attaquèrent  avec 
d'autant  plus  de  sécurité  la  question  principale  objet  de  leur 
accord,  c'est-à-dire  la  déposition  du  roi  des  Romains,  que  celui- 
ci  paraissait  de  plus  en  plus  incapable  de  secouer  son  incroyable 
torpeur. 

En  même  temps  qu'ils  sondaient  les  villes  sur  le  point  de  savoir 

1.  Geschichte  des  Deutschen  Reiches  unter  Kœnig  Wenzel.  —  Braunschweig, 
1880,  t.  II. 

2.  Le  duc  Robert  était  parent  du  duc  de  Bourgogne  par  la  maison  de  Hai- 
nault.  Le  duc  de  Bourgogne,  que  sa  haine  pour  son  neveu  d'Orléans  rapprochait 
d'Isabeau  de  Bavière,  se  trouva  naturellement  porté  à  soutenir  les  prétentions  du 
duc  Robert  à  l'Empire.  Mais,  malgré  ses  efforts,  il  ne  put  acquérir  à  son  can- 
didat les  sympathies  de  Charles  VI,  qui,  comme  le  duc  d'Orléans,  se  montra 
toujours  favorable  à  son  cousin  Wenceslas. 


494 

si  elles  les  suivraient  dans  une  voie  qui,  après  tout,  était  celle  de 
la  révolte,  ils  jugèrent  avec  raison  qu'il  était  habile  d'isoler  Wen- 
ceslas  en  essayant  de  détacher  de  lui  Charles  VI.  Ce  désir  de 
mêler  le  roi  à  une  question  purement  allemande  montrerait  à  lui 
seul  quelle  était  alors  l'influence  morale  de  la  France,  et  il  est 
permis  d'y  voir  un  des  effets  et  non  pas  l'un  des  moins  prévus  de 
l'expédition  de  1388. 

On  notera  qu'au  moment  môme  où  l'avenir  de  l'Empire  était  en 
jeu,  la  situation  de  l'Eglise  devenait  de  plus  en  plus  critique,  tout 
faisant  craindre  une  prolongation  indéfinie  du  schisme.  On  s'ex- 
plique donc  aisément  que  la  discussion  des  affaires  religieuses  ait 
toujours  occupé  une  place  prépondérante  dans  les  assemblées 
importantes  de  la  fin  du  xiv*"  s.,  et  en  particulier  dans  les  diètes 
impériales.  Dès  lors  la  présence  dans  ces  réunions  de  députés  de 
corps  tels  que  l'Université  de  Paris,  qui  à  deux  reprises  différentes 
envoya  quelques-uns  de  ses  membres  à  des  assemblées  réunies  en 
réalité  pour  les  affaires  de  l'Empire,  n'a  rien  que  de  très  naturel  ^ 
C'est  donc  l'intérêt  religieux  qui  explique  l'arrivée  de  trois  repré- 
sentants de  l'Université  de  Paris  à  l'assemblée  de  Francfort  (mai 
1400),  011  devaient  se  traiter  des  questions  temporelles,  plus 
encore  que  des  matières  ecclésiastiques-. 

Mais  ces  envoyés  ne  pouvaient  parler  qu'au  nom  de  leurs 
commettants  et  non  pas  de  Charles  VI  ;  celui-ci  choisit  comme 
ambassadeurs  le  patriarche  d'Alexandrie,  Simon  de  Cramaud^, 
l'abbé  du  Mont  Saint-]\Iichel,  Pierre  Le  Roy^  et  Guillaume  de 
Tignonville,  chambellan  ^.  A  ces  personnages  furent  adjoints  Gille 
Deschamps  ^  et  Jean  Courtecuisse',  enfin  les  ambassadeurs  du  roi 


1.  Ces  diètes  furent  tenues  en  mai  et  juillet  1397,  dates  que  propose  très  jus- 
tement M.  Weizsaecker  {Deutsche  Reichstogsakien,  t.  III,  p.  181,  note  1). 

2.  Deutsche  Reichstagsakten,  t.  III,  p.  181,  n"  134. 

3.  Sur  Simon  de  Cramaud,  alors  évéque  de  Poitiers,  voir  Gallia  Christ.,  t.  II, 
col.  1194,  et  t.  IX,  col.  133. 

4.  Il  fut  emi)loyé  plusieurs  fois  par  Charles  VI  dans  des  négociations  relatives 
au  schisme  [Gallia  Christ.,  t.  XI,  col.  52G). 

5.  Deutsche  Reichstagsakten,  t.  III,  p.  201,  n»  153. 

6.  Gille  Deschamps  était  maître  en  théologie  et  conseiller  du  roi.  Le  20  mars 
1396,  il  avait  été  envoyé  par  Charles  VI  auprès  des  rois  de  Castille,  d'Aragon  et 
de  Navarre  pour  des  négociations  relatives  au  schisme.  Il  en  revint  le  24  sep- 
tembre (Bibl.  nat.,  Cab.  des  Titres,  Pièces  orig.,  vol.  607,  dossier  15581,  pièce 
n"  3  signée).  Confesseur  de  Charles  VI  et  cardinal,  il  mourut  évéque  de  Coutances. 

7.  Pièces  justif.,  n°  I.  —  Jean  Courtecuisse  est  beaucoup  plus  connu  que  Gille 
Deschamps.  Néanmoins  on  paraît  avoir  ignoré  son  rôle  à  la  date  qui  nous  occupe. 


492 

de  Castille  à  la  tête  desquels  se  trouvait  l'èvêque  de  Zamora.  Il 
faut  dire  qu'en  France  on  ne  se  doutait  nullement  du  but  véritable 
de  la  réunion.  On  croyait  toujours  à  des  assemblées  où  l'union  de 
l'Eglise  serait  seule  en  jeu.  D'autre  part,  Wenceslas,  qui  avait 
promis  d'assister  à  la  diète  de  Francfort  (26  mai),  avait  trompé 
également  les  villes  impériales  ;  il  était  explicable  que  Charles  VI 
tombât  dans  la  même  erreur  :  aussi  les  lettres  de  créance  don- 
nées aux  ambassadeurs  français  sont-elles  adressées  à  Wences- 
las*. D'ailleurs  elles  ne  pouvaient  être  adressées  à  nul  autre  qu'au 
roi  des  Romains.  Quoique  Charles  VI  y  marquât  le  désir  de  voir 
résoudre  les  difficultés  religieuses,  il  insistait  davantage  sur  ce 
souhait  dans  la  lettre  de  créance  de  ses  ambassadeurs  au  frère  de 
Wenceslas,  à  Sigismond,  roi  de  Hongrie^.  Enfin  il  profitait  de 
l'occasion  qui  s'était  offerte  à  lui  d'envoyer  une  mission  dans  des 
régions  relativement  éloignées,  pour  l'accréditer  auprès  de  divers 
princes  qui  régnaient  sur  les  pays  d'outre-Rhin  ;  ainsi  il  lui  donna 
des  lettres  de  créance  pour  le  roi  de  Pologne^,  mais  nous  ignorons 
si  elle  en  fit  usage.  Du  moins  nous  savons  qu'elle  passa  par  la 
Flandre,  traversa  Liège  et  conféra  peut-être  avec  les  magistrats 
de  la  cité  pour  lesquels  elle  avait  des  lettres  de  créance";  aussi 
bien  que  les  précédentes,  elles  montrent  que  le  seul  but  auquel 
tendait  Charles  VI  était  la  paix  de  l'Eglise. 

De  Liège  l'ambassade  partit  pour  Cologne,  où  elle  arriva  peu 
avant  le  18  mai.  Après  avoir  remis  ses  lettres  de  créance  à  l'ar- 
chevêque de  Cologne  S  le  patriarche  d'Alexandrie  expédia,  le 
18  mai,  un  message  à  la  ville  de  Francfort,  priant  ses  magistrats 
de  faire  préparer  des  logements  pour  lui  et  ses  collègues  en  même 
temps  que  pour  les  ambassadeurs  de  Castille  et  la  suites  Cepen- 
dant l'assemblée  se  réunit  le  26  mai^;  une  liste  des  assistants 
nous  a  été  conservée  et  l'on  y  relève  la  mention  des  ambassadeurs 
de  France  et  d'Espagne  : 

1.  Elles  sont  datées  du  12  avril  (Pièces  justif.,  n°  II). 

2.  Pièces  justif.,  n"  III. 

3.  Pièces  justif.,  n"  IV. 

4.  Pièces  justif.,  n°  V. 

5.  Pièces  justif.,  n"  VI. 

6.  Le  patriarche  d'Alexandrie  demanda  le  logement  nécessaire  pour  200  che- 
vaux {Deutsche  Reichstagsakten,  t.  III,  p.  182,  n"  135). 

7.  Voir,  Pièces  justif.,  n°  VU,  la  lettre  de  créance  des  ambassadeurs,  adres- 
sée à  la  diète. 


493 

«  llem  dez  Kuniges  von  Frankerich  patriarche. 

llem  mil  imme  zweine  gelerl  Pfalï'en. 

Item  der  bischof  von  Hyspanien. 

Und  mit  imme  ocli  zweine  gelerl  Pfaffen  ^ .  » 

C'est  ici  le  lieu  de  rappeler  que  les  deux  clercs  mentionnés 
comme  étant  à  la  suite  du  patriarche  d'Alexandrie  étaient  Gille 
Deschamps  et  Jean  Courtecuisse.  A  cette  liste  il  convient  d'ajou- 
ter la  mention  des  ambassadeurs  de  Wenceslas,  du  roi  d'Angle- 
terre et  enfin  de  l'Université  de  Paris.  Charles  VI,  en  se  faisant 
représenter  à  la  diète,  avait  pris  soin  d'accréditer  ses  ambassa- 
deurs auprès  de  chacun  des  princes  d'Empire,  et,  avant  tous, 
auprès  de  son  beau-père,  le  duc  Etienne  de  Bavière  ;  les  autres 
princes  reçurent  des  lettres  identiques  ^ 

L'assemblée  n'eut  aucun  résultat;  on  le  comprend  aisément, 
puisque  la  plupart  de  ses  membres  n'avaient  aucune  instruction 
de  leurs  commettants  pour  les  matières  qui  y  furent  traitées  et 
qui  concernaient  la  déposition  du  roi  des  Romains.  Aussi  n'est-il 
pas  étonnant,  comme  l'a  fait  ressortir  M.  Weizssecker,  le  savant 
éditeur  du  tome  III  des  Reichstagsakte,  que  la  réunion  n'aboutît 
pas  :  «  Tractarunt  ibi  pro  persona  eligenda  ;  in  nullura  concor- 
«  dare  potuerunt'^;  »  et  les  assistants  se  donnèrent  rendez- vous 
pour  le  II  août  à  Oberlahnstein ,  petite  ville  située  près  de 
Coblenz,  au  confluent  de  la  Lahn  et  du  Rhin  et  sur  la  rive  droite 
de  ce  fleuve  ;  l'empereur  devait  encore  y  être  convoqué,  mais,  en 
cas  d'absence  de  sa  part,  on  était  décidé  à  passer  outre.  Au  reste, 
les  électeurs  ne  tinrent  pas  à  mettre  les  représentants  des  villes 
impériales  au  courant  de  leurs  intentions.  Après  les  avoir  sondés, 
ils  refusèrent  malgré  leurs  réclamations  de  communiquer  par 
écrit  le  texte  des  propositions;  les  représentants  des  villes  furent 
réduits  à  en  faire  un  résumé  de  mémoire!  Bien  plus ,  ceux  de 
Strasbourg,  par  exemple,  paraissent  avoir  été  tenus  en  dehors  de 
tout  ce  qui  se  passait  :  c'est  ainsi  qu'en  rendant  compte  de  la 
réunion  du  26  mai  à  leurs  commettants ,  ils  racontent  que  les 
ambassadeurs  de  France  et  d'Espagne  ont  dû  traiter  la  question 
du  schisme  ;  mais  ils  ajoutent  qu'ils  ignorent  ce  que  les  princes 

l.  Deutsche  Reichstagi>akten,  t.  III,  p,  184,  n"  138. 
1.  Leurs  noms  nous  ont  été  conservés  (Pièces  justif.,  n"  IX). 
3.  Deutsche  Reichstagsakten,  t.  III,  p.  171,  n"  139  à  142. 
i.  Deutsche  Reichstagsakten,  t.  III,  p.  205,  n"  160. 


494 

ont  répondu  :  «  Wie  su  yn  aber  daruber  géant wortet  habent, 
«  daz  kunnen  wir  noch  nit  dervaren*.  » 

Cependant,  le  4  juin,  quelques  jours  après  l'assemblée  de  Franc- 
fort, les  électeurs,  comprenant  le  parti  qu'ils  pouvaient  tirer  de 
l'appui  de  Charles  VI,  résolurent  de  lui  envoyer  une  ambassade, 
à  laquelle  ils  donnèrent  comme  instructions  de  paraître  entrer 
dans  ses  vues  sur  la  question  du  schisme,  sans  cependant  prendre 
le  moindre  engagement  ;  puis  ils  annonçaient  leur  intention  de 
procéder  à  la  déposition  de  Wenceslas  et  faisaient  entrevoir  au 
roi  de  France,  dans  une  entente  avec  le  futur  empereur,  la  solu- 
tion des  difficultés  religieuses.  Enfin  ils  fixèrent  au  4  juillet  l'ar- 
rivée de  cette  mission  à  Paris  ^  Le  même  jour  (4  juin),  l'arche- 
vêque de  Cologne  donnait  des  lettres  de  créance  à  ses  trois  envoyés 
auprès  de  Charles  VI  :  c'étaient  Emichon,  comte  de  Lyningen, 
maître  Nicolas  Burgman,  docteur  en  décrets,  Jean  Kammerer^  dit 
Dalburg,  ses  conseillers^.  Ces  personnages  une  fois  arrivés  à 
Paris,  Charles  VI  tint  à  informer  Wenceslas  de  la  démarche  des 
princes  d'Empire  et  lui  annonça  en  même  temps  qu'il  avait  appris 
la  prochaine  venue  à  Paris  des  envoj^és  impériaux,  le  marquis  de 
Brandenburg,  le  patriarche  d'Antioche  et  l'un  des  plus  fidèles  et 
des  plus  actifs  agents  du  roi  de  Bohême,  Hubart  d'Eltern,  séné- 
chal de  Luxembourg  ;  il  assurait  en  même  temps  son  cousin  qu'ils 
recevraient  un  accueil  des  plus  favorables,  et  affirmait  une  fois 
de  plus  son  bon  vouloir  envers  lui^.  En  effet,  Wenceslas,  assez 
au  courant  malgré  son  inertie  des  menées  des  électeurs,  avait 
adressé,  le  19  juin,  une  lettre  à  Charles  VI  où  il  lui  expliquait 
qu'Hubart  d'Eltern  à  son  retour  de  Francfort  (26  mai)  lui  avait 
rapporté  que  les  électeurs  s'étaient  résolus  à  envoyer  une  ambas- 
sade en  France,  laquelle  avait  assurément  pour  but  de  lui  nuire. 
Enfin,  en  mémoire  de  feu  l'empereur  et  de  Charles  V  leurs  pères, 
il  le  priait  de  le  soutenir  dans  sa  situation  critique  :  en  dernier 
lieu,  il  lui  annonçait  l'arrivée  des  ambassadeurs  dont  nous  avons 
donné  les  noms  plus  haut*'.  Le  duc  de  Berry  ne  voulut  pas  rester 
étranger  aux  témoignages  d'intérêt  que  son  neveu  accordait  au 

1.  Deutsche  Ueichstagsakten,  t.  III,  p.  202. 

2.  Deutsche  Reichstagsakten,  t.  III,  p.  199,  n"  152. 

3.  Le  texte  porte  :  Johannem  Camerarii. 

4.  Deutsche  Reichstagsakten,  t.  III,  p.  200,  n"  153. 

5.  Pièces  justif.,  n"  X. 

6.  Deutsche  Reichstagsakten,  t.  III,  p.  224,  n"  184. 


495 

roi  des  Romains  :  il  lui  envoya  une  lettre  conçue  à  peu  près  dans 
les  mêmes  termes,  mais  pourtant  plus  gracieuse  encore;  il  annon- 
çait en  outre  à  Wenceslas  que  le  roi  se  disposait  à  faire  partir  de 
son  côté  une  mission  chargée  de  lui  remettre  une  missive  royale*. 
Cependant  l'ambassade  impériale  n'était  pas  arrivée  que  déjà 
celle  des  princes  avait  été  admise  devant  Charles  VI .  Celui-ci, 
avant  de  savoir  à  quel  parti  s'arrêter  et  avant  de  donner  une 
réponse  aux  envoyés  des  électeurs,  fut  obligé  d'écrire  à  Wences- 
las, dont  rien  ne  pouvait  secouer  l'apathie,  afin  de  l'inviter  à  hâter 
l'arrivée  du  marquis  de  Brandenburg  et  de  l'ambassade  dont  celui- 
ci  était  le  chef^. 

On  ignore  si  ces  personnages  arrivèrent  à  temps;  mais,  ce  qu'il 
y  a  de  sûr,  c'est  que  les  représentants  des  princes  d'Empire 
annoncèrent  au  roi  que,  le  lendemain  de  la  Saint-Laurent,  c'est- 
à-dire  le  11  août,  une  assemblée  se  réunirait  pour  discuter  les 
affaires  de  l'Empire  aussi  bien  que  celles  de  l'Eglise.  Le  heu  de 
convocation  était  Oberlahnstein  dont  nous  avons  déjà  parlé  ;  sou- 
vent aussi  on  trouve  que  c'était  Rayn  sur  le  Rhyn,  qui  est 
Rense  sur  la  rive  gauche  du  fleuve  et  presque  en  face  d'Ober- 
lahnstein. 

Jean  Jouvenel  a  noté  dans  son  Histoire  de  Charles  VI  l'in- 
tervention des  ambassadeurs  allemands  :  il  montre  que  leur  mis- 
sion eut  peu  de  résultats,  que  tout  se  borna  à  un  échange  de 
politesses;  mais  là  où  il  se  trompe,  c'est  quand,  en  racontant  la 
déposition  de  Wenceslas,  il  dit  :  «  Et  disoient  aucuns  que  c'es- 
«  toient  de  son  consentement^.  »  Il  convient  d'ajouter  que  cette 
erreur  pouvait  aisément  s'accréditer,  en  raison  du  peu  de  soin  que 
le  roi  des  Romains  mettait  à  se  défendre. 

Evidemment  les  seigneurs  allemands  tenaient  à  connaître  l'avis 
du  roi  de  France  et,  pour  se  le  rendre  favorable,  n'avaient  pas 
manqué  de  lui  faire  entrevoir  le  moyen  de  s'entendre  pour  la  paix 
de  l'Eglise  ;  aussi  s'étaient-ils  gardés  d'omettre  la  mention  des 
affaires  religieuses  à  l'ordre  du  jour  de  la  réunion  d'Oberlahnstein, 
tout  en  étant  parfaitement  décidés  à  ne  s'occuper  que  de  l'élection 
d'un  nouvel  empereur.  Ce  qui  le  prouverait  au  besoin,  c'est  que 
longtemps  ils  amusèrent  le  patriarche  d'Alexandrie  avec  un  feint 

1.  Pièces  justif.,  n"  XI. 
1.  Pièces  justif,  n»  XII. 
3.  P.  144  de  I  edit.  in-4''  de  l'imprinierie  du  Louvre,  1653. 


496 

acquiescement  à  la  voie  de  cession^  préconisée  par  Charles  VI ; 
et,  quand  plus  tard  on  les  pria  de  se  prononcer  d'une  façon  défi- 
nitive ^  ils  prétendirent  être  prêts  à  tout  faire  pour  l'union,  mais 
non  pas  par  la  voie  de  cession,  ce  qui  étonna  fort,  car  ils  assu- 
rèrent n'avoir  pas  tenu  d'autre  langage  à  Simon  de  Cramaud. 
Celui-ci  avait  été  joué,  le  roi  et  ses  oncles  le  disgracièrent^. 

Cependant  on  continuait  en  France  à  s'occuper  de  l'assemblée 
d'Oberlahnstein  et  Charles  VI  en  trouvait  la  date  bien  rappro- 
chée. Aussi  il  envoya  à  son  beau-père,  le  duc  Etienne  de  Bavière, 
une  lettre,  le  priant  d'intervenir  pour  obtenir  que  l'époque  en  fût 
reculée  ;  en  même  temps  il  lui  annonçait  que  l'un  de  ses  oncles  ou 
son  frère  le  duc  d'Orléans  désirait  s'y  rendre^.  Peut-être  le  duc 
de  Bourgogne  tenait-il  à  aller  soutenir  de  son  autorité  person- 
nelle les  prétentions  du  duc  Bobert,  pendant  que,  de  son  côté,  le 
duc  d'Orléans  paraît  avoir  eu  le  vif  désir  d'appuyer  auprès  des 
électeurs  la  cause  du  roi  des  Romains  ;  ce  qu'il  y  a  de  certain, 
c'est  qu'on  voit  là  un  épisode  de  la  rivalité  entre  Bourgogne  et 
Orléans . 

En  fin  de  compte,  et  malgré  l'annonce  qui  en  avait  été  faite, 
aucun  des  princes  français  ne  fut  chargé  de  représenter  le  gou- 
vernement royal  à  Oberlahnstein.  Les  personnages  désignés  furent 
Renier  Pot^,  chambellan  du  roi,  et  le  doyen  de  Rouen,  Hugue  Le 
Renvoisier''.  Le  30  juillet,  les  deux  ambassadeurs  n'étaient  pas 

1.  Ce  qui  voulait  dire  alors  que  chacun  des  papes  se  déineltrait  en  même  temps. 

2.  Cette  réponse  fut  obtenue  à  la  fin  de  l'année  1400  par  une  ambassade  com- 
posée de  l'archevêque  d'Aix,  de  Taupin  de  Chantemerle,  maître  d'hôtel,  et  Jean 
de  Monlreuil,  secrétaire  du  roi  (Dupuy,  TraUtéz  concernant  l'histoire  de  France, 
sçavoir  la  condamnation  des  Templiers  avec  quelques  actes ,  l'histoire  du 
schisme,  etc.  Paris,  1654,  p.  2G8). 

3.  Jean  Jouvenel,  Hist.  de  Charles  VI,  édit.,  1653,  p.  144. 

4.  Pièces  justif.,  n"  XIII. 

5.  Renier  Pot,  qui  avait  été  quelque  temps  chambellan  du  duc  d'Orléans,  fut 
un  des  rares  survivants  de  Nicopolis.  Dans  les  premières  années  du  xv"  s.  (1410), 
on  constate  qu'il  était  seigneur  de  la  Praugne,  de  la  Roche-de-Nolay  et  enfin 
gouverneur  du  Dauphiné  (Bibl.  nat.,  Pièces  orig.,  vol.  2349,  dossier  52873, 
pièces  n°"  3  à  8).  L'inventaire  de  ses  biens  après  sa  mort  est  conservé  à  la  Bibl. 
nat.,  Nouv.  Acquisit.  fr.,  n°  1365.  —  Quoiqu'il  ait  été  au  service  du  duc  d'Or- 
léans, il  devint  son  ennenii  et  dut  tremper  dans  son  assassinat.  Il  est  certain  qu'à 
l'époque  qui  nous  occupe,  il  s'était  attaché  déjà  au  duc  de  Bourgogne,  à  la  cour 
duquel  il  s'attardait.  L'envoi  de  ce  personnage  en  Allemagne  semble  donc  être 
une  victoire  du  duc  de  Bourgogne  sur  le  duc  d'Orléans. 

6.  C'est  ainsi  (|ue  son  nom  s'écrit  dans  une  quittance  signée  par  lui;  de  son 


497 

partis,  Renier  Pot  se  faisant  encore  attendre;  aussi  Charles  VI 
écrivait-il  à  son  oncle  de  Bourgogne  la  lettre  suivante  : 

De  par  le  Roy. 

Très  chier  et  très  amé  oncle,  pour  ce  que  le  jour  de  la  feste  Saint- 
Laurens  approche  fort,  à  l'endemain  duquel  le  conseil  de  l'I^lmpire 
doit  estre  assemblé  comme  l'en  dit  a  Rayn  sur  le  Ryn,  auquel  con- 
seil, comme  vous  savez,  nous  avons  ordené  envoier  de  noz  gens,  il 
est  nécessité  que  Renier  Pot  qui  est  ordené  y  aler  se  appareille  pour 
pai'tir  Dinicnche  prochain;  car  le  doyen  de  Rouen  qui  doit  aler 
avecques  lui  est  prest  pour  partir  lors.  Pour  quoy  dictez  audit  Renier 
Pot  qu'il  viengne  tost  par  deçà  pour  faire  ledit  voyage.  Et  ou  cas 
qu'il  ne  y  pourroit  aler,  signifiez  le  à  nostre  chancellier,  affm  qu'il  et 
noslre  conseil  avisent  ung  autre  chevalier  pour  faire  ledit  volage  des- 
susdii.  Donné  à  Paris,  le  xxx''  jour  de  Juillet. 

A  noslre  très  chier  et  très  amé  oncle  le  duc  de  Bourgongne  ' . 

En  même  temps  qu'il  envoyait  ces  personnages,  Charles  VI 
leur  donnait  des  lettres  de  créance  pour  plusieurs  princes  qui 
devaient  assister  à  la  réunion  d'Oberlahnstein.  Il  insistait  dans 
ces  lettres  sur  l'influence  que  devait  avoir  l'assemblée  sur  les 
affaires  de  l'Eglise.  Outre  sa  lettre  collective  aux  princes  d'Em- 
pire-, Charles  VI  en  fit  expédier  une,  conçue  à  peu  près  dans  les 
mêmes  termes,  au  duc  Etienne  de  Bavière,  son  beau-père^,  et  une 

côté,  M.  de  Beaurepaire  dit  qu'il  signait  Lenvoysie  (Chron.  de  P.  Cochon.  Soc. 
de  l'Histoire  de  Normandie,  p.  336,  note  4).  Il  succéda  à  Nicolas  Oresme  dans 
la  dignité  de  doyen  de  Rouen.  Le  ÎO  mars  138i  (n.  st.),  il  arriva  en  mission  à 
Avignon  avec  le  comte  de  Saint-Pol,  au  moment  où  le  duc  d'Anjou  allait  entre- 
prendre la  fatale  expédition  où  il  devait  périr  (Bibl.  nat.,  Journal  de  Jean  Le 
Fèvre,  évêque  de  Chartres,  Fr.  5015,  fol.  12  r").  —  En  1381,  il  était  «  l'un  des 
«  generaulx  gouverneurs  et  conseillers  sur  le  fait  de  l'aide  nouvellement  octroyée 
«  au  Roy  nostre  sire  en  pais  de  Normendie  pour  la  provision  et  deffense  de  son 
«  royaume.  »  (Bibl.  nat.,  Pièces  orig.,  vol.  2465,  dossier  55405,  pièce  n"  2.)  — 
En  carême  1389,  il  prêcha  devant  le  roi  à  Rouen  contre  deux  Jacobins  hérétiques 
(Chron.  de  P.  Cochon,  p.  183).  —  Le  2  septembre  1398,  à  la  suite  de  la  sous- 
traction d'obédience  opérée  par  Clîarles  VI  le  17  juillet  précédent,  il  fit  à  Rouen 
un  grand  sermon  en  présence  de  l'archevêque  et  de  plusieurs  seigneurs  et  prêcha 
pour  l'union  {Chron.  de  P.  Cochon,  p.  135).  —  Le  6  décembre  1411,  il  lut  à 
Rouen  le  texte  de  l'excommunication  prononcée  par  Urbain  V  et  confirmée  par 
Jean  XXH,  contre  ceux  qui  s'armeraient  pour  combattre  le  roi  [Chron.  de  P. 
Cochon,  p.  336). 

1.  Bibl.  nat.,  Fr.  14371,  fol.  129  r.  Protocole  de  la  fin  du  xv=  s. 

2.  Pièces  justif.,  n"  XIV. 

3.  Pièces  justif.,  n°  XV. 


498 

autre  à  l'archevêque  de  Mayence*.  Enfin  il  adressa  probablement 
au  duc  de  Bar,  le  10  août,  la  lettre  suivante ^  : 

De  par  le  Roy. 
Très  chiers  et  amé  cousin,  nous  envoyons  de  présent  es  parties 
d'Alemaingne  pour  certaines  besongnes  lesqueles  nous  avons  bien  à 
cuer,  nos  améz  et  feaulx  Renier  Pot,  nostre  chevalier  et  chambellan, 
et  maistre  Hugue  Renvoisier,  maistre  en  théologie  et  doyen  de  Rouen, 
noz  conseillers  ;  si  vous  prions  que  vous  le  faictes  conduire  seurement 
par  vostre  terre  et  par  voz  amis  leur  faictez  donner  seur  conduit  par 
leurs  terres,  si  que  ilz  puissent  accomphr  leur  voiage.  Et  en  ce  vous 
nous  fairez  bien  grant  plesir.  Donné  à  Paris,  le  x^  jour,  etc.^... 

Quant  aux  gages  de  Hugue  le  Renvoisier,  ils  furent  fixés  à  six 
francs  d'or  par  jour  et  on  décida  qu'il  lui  serait  fait  prêt  pour  six 
semaines.  Ces  gages  devaient  être  payés  sur  le  produit  du  dixième 
«  octroyé  par  le  clergié  de  nostre  royaume  pour  la  prosecution 
«  de  l'union  de  nostre  mère  saincte  Eglise'*.  » 

On  ignore  si  cette  ambassade  partit  en  Allemagne,  ou  si  le  duc 
de  Bourgogne,  dont  elle  semble  avoir  représenté  les  idées,  jugea 
que  son  départ  était  rendu  inutile  par  les  dispositions  nettement 
favorables  des  électeurs  pour  le  duc  Robert  ;  c'est  cette  seconde 
alternative  qui  paraît  se  rapprocher  le  plus  de  la  vérité,  d'autant 
que  ni  le  nom  de  Renier  Pot  ni  celui  d'Hugue  le  Renvoisier  n'ap- 
paraissent dans  les  actes  des  diètes.  Quoi  qu'il  en  soit,  si  Charles  VI 
avait  jugé  bon  de  se  faire  représenter  à  Oberlahnstein ,  ses 
envoyés  auraient  eu  assurément  le  temps  d'arriver.  En  effet,  la 
date  de  réunion  de  l'assemblée  fut  reculée  jusqu'au  20  août. 

On  a  cherché  l'explication  de  ce  retard  et  on  a  pensé  qu'il  avait 
eu  pour  cause  un  dernier  délai  accordé  à  Wenceslas  pour  compa- 
raître^. Mais  il  est  permis  d'hésiter  à  admettre  que  les  électeurs 
aient  voulu  attendre  plus  longtemps  le  roi  des  Romains,  alors  que 
tout  le  monde  savait  parfaitement  qu'il  ne  viendrait  pas.  Aussi  il 
semble  plus  simple  d'adopter  comme  la  véritable  raison  celle  qui 
a  été  révélée  par  une  des  pièces  déjà  citées,  c'est-à-dire  le  désir 

1.  Pièces  justif.,  n"  XVI. 

2.  C'est  à  M.  le  comte  A.  de  Circourt  que  je  dois  d'avoir  pu  ideatifier  avec  le 
duc  de  Bar  le  personnage  que  Charles  VI  appelle  son  cousin. 

3.  Bibl.  nat.,  Fr.  14371,  fol.  129  v°.  Protocole  de  la  fin  du  xV  s. 

4.  Pièces  justif.,  n"  XVII. 

5.  Deutsche  Reichstagsakien,  t.  III,  p.  229. 


499 

exprimé  par  le  roi  de  France  au  duc  de  Bavière  de  voir  reculer 
l'époque  de  la  diète. 

On  n'insistera  pas  sur  les  résultats  de  la  diète  d'Oberlahnstein 
ou  de  Rense  ;  elle  aboutit,  comme  c'était  chose  prévue,  à  la  dépo- 
sition de  Wenceslas  et  à  l'élection  du  duc  Robert  de  Bavière, 
comte  palatin  du  Rhin.  On  ne  suivra  pas  davantage  les  historiens 
allemands  qui,  d'un  côté,  ont  cherché  à  expliquer  et  à  excuser, 
d'autre  part,  à  incriminer  la  conduite  des  électeurs;  c'est  une 
question  bien  complexe  et  qui  présente  pour  la  France  peu  d'in- 
térêt. De  ces  faits  on  retiendra  deux  points  :  d'abord  que  l'élec- 
tion de  Robert  fut  un  succès  pour  le  duc  de  Bourgogne  et  un  échec 
pour  le  duc  d'Orléans*;  en  second  lieu,  que  la  question  religieuse, 
objet  constant  des  préoccupations  de  Charles  VI,  avait  été  com- 
plètement passée  sous  silence  dans  les  assemblées  où  il  s'était  fait 
représenter  ;  bien  mieux,  on  a  vu  qu'à  la  suite  de  l'ambassade  du 
patriarche  d'Alexandrie  la  question  s'était  encore  compliquée  : 
seuls,  Renier  Pot  et  Hugue  le  Renvoisier  avaient  été  chargés, 
outre  les  matières  religieuses;  de  s'occuper  de  l'élection  impériale, 
et  encore  est-il  bien  probable  qu'ils  ne  se  mirent  pas  en  route. 
Telle  a  donc  été  la  nature  des  rapports  entre  la  France  et  l'Alle- 
magne en  l'année  1400  :  elle  met  en  lumière,  de  la  façon  la  plus 
nette,  d'abord  une  manifestation  nouvelle  de  l'hostilité  du  duc 
de  Bourgogne  contre  son  neveu  d'Orléans  ;  ensuite  l'intérêt  que 
les  électeurs  attachaient  à  ce  qui  aurait  pu  paraître  une  approba- 
tion de  la  part  de  Charles  VI  ;  enfin  la  ténacité  si  légitime  que 
mettait  ce  prince  à  ne  vouloir  s'occuper  que  de  l'union  de  l'Eglise. 

H.    MOR  AN  VILLE. 


1.  S'il  était  nécessaire  d'avoir  une  nouvelle  preuve  de  l'appui  que  Louis  d'Or- 
léans prêtait  à  Wenceslas,  on  la  trouverait  dans  les  Documents  luxembour- 
geois à  Paris  concernant  le  gouvernement  du  duc  Louis  d'Orléans,  copiés  et 
rassemblés  par  M.  le  comte  Albert  de  Circourt,  mis  en  ordre  et  publiés  par  le 
JD'  IV.  Van  Werveke  (Extrait  des  publications  de  la  Section  historique  de  l'Ins- 
titut de  Luxembourg,  1886).  Dans  ce  recueil,  sous  le  n"  110,  M.  de  Circourt  a 
publié  une  pièce  curieuse  d'où  il  ressort  qu'au  mois  de  septembre  1400  le  bruit 
courait  d'un  prochain  voyage  en  Allemagne.  Les  gens  d'armes  devaient  se 
réunir  à  Grandpré  et  là  ceux  qui  étaient  déjà  arrivés  apprirent  que  ledit  voyage 
ne  se  tenait  pas.  Louis  d'Orléans  avait  donc  eu  un  instant  l'idée  d'une  inter- 
vention armée  en  faveur  de  Wenceslas. 


500 

PIÈGES  JUSTIFICATIVES. 

I. 

[Avril  UOO.] 

Serenissimo  principi  Wenceslao  régi  Romanorum  semper  Auguslo 
et  Boemie  régi  consanguineo  nostro  carissimo,  Karolus  eadem  gratia 
Francorum  rex  salutem  et  prosperorum  successuum  incrementa. 
Serenissime  princeps  consanguineo  carissime,  ad  excellentie  vestre 
presentiam  dilectos  et  fidèles  Symonem  patriarcham  Alexandrinum, 
Petrum  abbatem  monasterii  Montis  Sancli  Michaelis  decretorum  doc- 
torem,  Guillelmum  de  Tignonvilla  militera  et  cambellanum,  necnon 
magistros  Egidium  de  Campis  et  Johannem  Brevis  Coxe  in  sacra 
pagina  professores,  nonnullosque  alios  consiiiarios  nostros  exhibito- 
res  presentium  pro  negociis  unionem  sancte  matris  ecclesie  tangen- 
tibus,  super  quibus,  jam  pluries,  serenitati  vestre  mens  nostra  clare 
satis  innotuit,  mittimus  de  présent!.  Gum  quibus  eliam,  ambaxiato- 
res  serenissimi  principis  régis  Castelle  fratris  nostri  carissimi,  unio- 
nispredicte  ferundi  zelatoris,  accedunt  ad  eandem.  Quam  rogamus, 
affectuquopossumusampliori,  quatinus  utrosque  ambaxiatores  pre- 
dictos  cum  benignitate  suscipiens  dans  eorum  fidem  velit  credulam 
adhibere  et  eos  cum  expeditione  felici  voliva  reraittere  celeriter  expe- 
ditos,  nobis  etiam  fîducialiter  intimantes  que  grata  votis  libentibus 
impleturis.  Datum,  etc. 

(Bibl.  nat.,  Fr.  14371,  fol.  cxxxvi  V.  —  Protocole  de  la  fin  du  xv^  s.) 

IL 

'f  2  avril  [1400]. 
Serenissimo  principi  Wenceslao  Dei  gratia  régi  Romanorum  sem- 
per Augusto  et  Boemie  régi  consanguineo  nostro  carissimo,  Karolus, 
eadem  gratia,  Francorum  rex,  salutem  et  omnium  felicium  succes- 
suum incrementa.  Serenissime  princeps  et  consanguinee  carissime,  ad 
excellentie  vestre  presentiam  dilectos  et  fidèles  Symonem  patriarcham 
Alexandrinum  et  Guillelmum  de  Tigno[n]villa  militem  et  cambella- 
num, nonnullosque  alios  consiiiarios  nostros  exliibitores  presentium, 
ut  gratum  Deo  et  ecclesie  sancte  Dei  fructuosum  vestrum  responsum 
super  hiis  que  pluries  pro  facto  unionis  ipsius  ecclesie  per  scriptas 
et  alios  nuncios  nostros  vobis  inlimare  curavimus,  referre  nobis  valent 


5o^ 

sicuti  confidimus,  ista  vice  de  présent!  duximus  destinandos.  Quibus 
etiam  aliqua  super  hujusmodi  ncgocio  celsiludini  vestre  mandamus 
reseranda,  quam  quesumus  afïectuquo  possumus  ampliori,  qualinus 
dictorum  amhaxialorum  nostrorum  scrmonibus  fidem  adhibcns  cre- 
ditivam,  nobis  lam  in  votiva  super  hoc  responsionc,  quam  eliam  in 
eorum  expeditione,  céleri  velit  vestra  serenilas  complacere.  Et  insu- 
per fiduciab"ter  intimare  quecunque  voluerit  pro  ipsa  nos  facturos 
[etj  vobis  libentibus  impleturos.  Datum  Parisius  xri"  die  mensis 
Aprilis. 
(Bibl.  nat.,  Fr.  l'iSTI,  fol.  cxxxiv  v».  —  Protocole  de  la  tin  du  xv^  s.) 

III. 

[Milieu  d'avril  4400.] 
Serenissimo  principi  Sigismundo  Dei  gratia  régi  Ungarie,  consan- 
guineo  noslro  carissimo,  Karolus  eadem  gratia  Francorum  rex,  salu- 
tem  et  prosperorum  successuum  incrementa.  Serenissime  princeps 
consanguinee  carissime,  satis  credimus  celsitudinem  vestram  crebrius 
ordinasse  que  gesta  sunt  apud  nos  in  facto  sancte  matris  ecclesie,  ut 
gratia  Sancli  Spiritus  imperfectum  nostrum  supplente,  horribile  scisma 
quod  in  ea  tamdiu  viguit,  cito  valeat  extirpari.  Super  hoc  auteni  hac- 
tenus  serenissimum  principem  regem  Romanorum  et  Boemie  con- 
sanguineum  nostrum  carissimum,  per  ambaxiatores  nostros  sollicitare 
curavimus;  a  quo  votivum  in  brevi  speramus  habere  responsum.  Et 
quoniam  a  certo  novimus  excellenciam  vestram  in  hoc,  nedum  apud 
dictum  consanguineum  nostrum,  ymo  etiam  ex  se  ipsa  posse  operari 
multum,  quamobrem  ad  ipsius  excellencie  presentiam  dilectos  et  fidè- 
les Symonem  patriarcham  Alexandrinum  et  Guillclmum  de  Tignon- 
villa  militera  et  cambellanum,  nonnuUosque  alios  consiliarios  nos- 
tros exhibitores  presentium ,  duximus  de  presenti  destinandos  ; 
eandem  affectuose  precantes,  quatinus  dictis  ambaxiatoribus  nostris 
fidem  super  hiis  que  circa  hec  sibi  réfèrent  parte  nostra  lidem  dans 
creditivam,  ipsos  ad  nos  veUt  quam  cito  remittere  féliciter  expeditos, 
nobis  etiam  fiducialiter  intimantes  queque  grata  votis  libentibus 
impleturis.  Datum,  etc. 

(Bibl.  nat.,  Fr.  14371,  fol.  cxxxv  r».  —  Protocole  de  la  tin  du  xv"  s.) 

IV. 

[Milieu  d'avril  ^400.] 
Serenissimo  principi  régi  Polonie  et  Sarakonie  consanguineo  nostro 


502 

carissimo,  Karolus  eadem  gratia  Prancorum  rex  salutem  et  prospè- 
res ad  vota  successus.  Serenissime  prineeps  consanguinee  carissime, 
ecce  quod  ad  informandurn  celsitudinem  vestram  de  hiis  que  in  facto 
sancte  matris  ecclesie  hucusque  gesta  fuerunt  apud  nos,  ut  scisma 
pestiferum  quod  in  ea  diu  vlguit,  cito,  favente  Domino,  valeat  extir- 
pari,  et  ad  ipsam  celsitudinem  rogandum  et  hortandum,  ut  vias 
super  hoc  per  nos  tentas  insequendo  circa  unionem  in  dicta  Dei  eccle- 
sia  procurandam,  quam  quilibet  orthodoxe  fidei  zelator  et  potissime 
prineeps,  rejectis  ceteris  terrenis  negociis,  possethenus  avellare  tene- 
retur  velit  effectuaUter  interponere  partes  suas,  dilectos  et  fidèles 
Symonem  patriarcham  Alexandrinum  et  Guîllelmum  de  Tignonvilla 
militem  et  cambellanura,  nonnullosque  alios  consiharios  nostros 
exhibi tores  presentium  ad  excellencie  vestre  presentiam  duximus  des- 
tinandos,  eandera  afTectuose  precantes  quatinus  ipsorum  ambaxiato- 
rum  sermonibus  circa  hec,  parte  nostra  proferendis,  fîdem  dans  cre- 
ditivam,  ipsos  ad  nos  velit  remittere  quamcito  féliciter  expeditos, 
nobis  etiam  flducialiler  intimantes  quecumque  sibi  grata  votis  liben- 
tibus  impleturis.  Datum,  etc. 

(Bibl.  nat.,  Fr.  14371,  fol.  cxxxv  r».  —  Protocole  de  la  fin  du  xv^  s.) 

V. 

[Avril  UOO.] 
Charles,  etc.,  à  noz  chiers  et  bien  améz  les  maistres  jurez  et  con- 
seil de  la  cité  de  Liège,  salut  et  dilection.  Chiers  et  bien  améz,  nous 
envolons  de  présent  en  plusieurs  parties  d'Alemaigne  et  ailleurs  noz 
améz  et  feaulx  Symon,  patriarche  d'Alexandrie,  Pierre,  abbé  du  Mont 
Saint-Michiel,  et  Jehan  Courtecuisse,  maistres  en  théologie  et  aucuns 
autres  noz  conseillers  pour  poursuir  le  fait  de  l'union  de  nostre  mère 
saincte  église.  Auxquelz  nous  avons  enchargié  vous  dire  certaine 
chose  touchant  ceste  matière  5  auxquelz  nous  vous  prions  que  vous 
adjouxtez  pleine  foy,  et  nous  signifiez  feablement  se  aucune  chose 
avez  à  faire  par  deçà,  et  nous  le  acomplirons  de  bon  vouloir.  Donné, 

etc 

(Bibl.  nat.,  Fr.  14371,  fol.  cxxxvn  v°.  —  Protocole  de  la  fin  du  xv^  s.) 

VI. 

[Avril  aoo.] 
Karolus,  etc. ,  venerabili  patri  archiepiscopo  Coloniensi  amico  nos- 
tro  carissimo  salutem  et  dilectionis  aflectum.  Amice  carissime  sicuti 


303 

aliis  vicibus  iteratis  ambaxiatores  nostros  pênes  serenissimum  prin- 
cipem  Romanorum  et  Boemie  consanguineum  nostrum  carissimum, 
ceterosque  quamplurimos  reges,  principes  et  magnalestransmisimus, 
ad  ipsos  in  favorem  iîdei  Galholice  requircndum  et  hortandum,  ut 
circa  ea  que  factum  unionis  ecclesie  sancte  Dei  jam  per  tôt  annorum 
curricula  prothdolor  divise  concernunt,  partes  sue  solicitudinis  inter- 
ponere  satagercnt,  ad  vias  quas  in  sancta  hujusmodi  matura  delibe- 
ratione  predicta  obligamus  acceptandum.  Super  quo  quidem  nundum 
responsum  habuimus.  Ecce  quod  denuo  dilectos  et  fidèles  Symonem 
patriarcham  Alexandrinura ,  Petrum  abbatcm  monasterii  Montis 
Sancli  Micliaelis  decretorum  doctorem,  necnon  magistros  Egidium  de 
Gampis  et  Johannem  Brevis  Goxe  in  sacra  pagina  professores,  non- 
nuUosque  alios  consiliarios  nostros  exhibitores  presentium  ad  partes 
imperii  et  alibi,  ut  hujusmodi  negocii  complementum,  summe  ab 
omnibus  Ghristicolis  peroptandum,  apud  dictum  consanguineum  nos- 
trum, vosque  et  alios  ubi  expedire  viderint  possetenus  studeant  pro- 
curare, de  presenti  duximus  destinandos.  Gum  quibus  etiam  non- 
nuUi  ambaxiatores  serenissimi  principis  régis  Gastelle  fratris  nostri 
carissimi,  qui  vias  predictas  per  vos  electas  insecutus  est,  et  factum 
predictum  cum  omni  fervore  caritatis  amplectione  accedunt.  Hac  de 
causa,  amiciciam  vestram  affectuose  precantes,  quatinus  utrosque 
ambaxiatores  ipsos  in  omnibus  materiam  istam  tangentibus,  velit 
dirigere,  consulere  et  juvare,  ipsisque  in  dicendis  circa  hec  credulam 
dare  fîdem,  et  ut  cito  redeant  féliciter  expediti  sedulas  interponere 
partes  suas,  nobis  etiam  quecumque  sibi  grata  fiducialiter  intimando. 

Datum  Parisius 

(Bibl.  nat.,  Fr.  14371,  fol.  cxsxvii  r°.  —  Protocole  de  la  fin  du  xv«  s.) 

VIL 

^2avril[^400]. 
Karolus,  etc.,  venerabilibus  patribus  magnificisque  principibus  et 
viris  in  concilio  apud  Frankefordiam  proxime  celebrando  congregan- 
dis  araicis  nostris  carissimis,  salutem  et  dilectionis  affectum.  Amici 
carissimi,  sperantes  de  fado  ecclesie  sancte  Dei  pro  quibus  alios 
ambaxiatores  nostros  apud  serenissimum  principem  regem  Romano- 
rum et  Bohemie  consanguineum  nostrum  carissimum,  vosque  cete- 
ros  principes  jam  pluries  transmisimus ,  in  diclo  concilio  divina 
favente  clementia  responsum  habere  iînalem  et  votivum ,  nunc  ad 
ipsum  concilium  dilectos  et  fidèles  Symonem  patriarcham  Alexan- 


304 

drinum,  Petrum  abbatem  monasterii  Sancti  Michaelis  decretorum 
doctorem,  Guillelmum  de  Tigno[n]villa  mililem  eL  cambellanum, 
necnon  magistros  Egidium  de  Campis  et  Johannem  Brevis  Goxe  in 
sacra  pagina  professores,  nonnuUosque  alios  consiliarios  nostros  exhi- 
bitores  presentium,  duximus  destinandos.  Gum  quibus  etiam  non- 
nulli  ambaxialores  serenissimi  principis  régis  Gastelle  fratris  nostri 
carissimi  faclorum  predictorum  fervidi  zelatoris  accedunt;  hac  de 
causa  vos  affectuose  rogantes  quatinus  utrorumque  ambaxiatorum 
predictorum  sermonibus  vobis  per  eos  super  hiis  et  aliis  materiam 
istam  tangentibus  reserandis,  fidem  dantes  creditivam  circa  hec  sicuti 
confidimus,  et  prout  toti  Gtiristianitati  expedit  affectualiter  laborare, 
ita  quod  ambaxiatores  ipsi  cito  redire  valeant,  vestro  mediante  juva- 
raine,  féliciter  expediti;  queque  vobis  grata  nobis  fiducialiter  inti- 
mantes. Datum  Parisius  xii*  mensis  Augusti'.  Amen. 

(Bibl.  nat.,  Fr.  14371,  fol.  cxxxvi  v°  et  cxxxvnro.  —  Protocole 
de  la  fin  du  xv«  s.) 

VIII. 

13  [avril  1400]. 
Karolus,  etc.,  magniflco  principi  Stephano  duci  Bavarie  carissimo 
socero  nostro  salutem  et  tocius  prosperitatis  augmentum.  Magnifiée 
princeps  socer  carissime,  dilectis  et  fîdelibus  Syraoni  patriarche 
Alexandrino,  Petro  abbati  monasterii  Montis  Sancti  Michaelis  doctori 
decretorum,  Guillelmo  de  Tignonvilla  militi  et  cambellano,  necnon 
magistris  Egidio  de  Campis  et  Johanni  Brevis  Goxe  in  sacra  pagina 
professoribus ,  nonnuUisque  aliis  consiliariis  nostris  exhibitoribus 
presentium,  quas  sicuti  per  nostras  alias  litteras  vestram  magnifî- 
cenciam  jam  latuit  aul  latebit  apud  serenissimum  principem  regem 
Romanorum  et  Boemic  consanguineum  nostrum  carissimum,  vosque 
et  ceteros  principes  imperii  pro  prosecutione  ecclesie  sancte  Dei  des- 
tinamus  aliqua  injunximus  eidem  magniflcencie  nostra  parte  rese- 
randa  que  utrique  domorum  nostre  videlicet  et  vestre,  favente  Domino, 
cedere  poterit,  ut  speramus,  commodo  et  honori.  Super  quibus 
ambaxiatoribus  nostris  prefatis  fidem  velitis  adhibere  creditivam  et 
nobis  fiducialiter  intimantes  quecumque  vobis  grata  fuerint  votis  liben- 
tibus  impleturis.  Datum  Parisius  xiif  die,  etc. 
(Bibl.  nat.,  Fr.  14371,  fol.  cxxxvii  v°.  —  Protocole  de  la  fin  du  xv^  s.) 

t.  Cette  date  est  nécessairement  inexacte,  la  diète  s'étant  réunie  le  26  mai; 
c'est  avril  et  non  aotit  qu'il  faut  lire. 


505 


IX. 


Lettres  pour  le  voyage  d' Alemaigne  sur  le  fait  de  V Eglise. 

Lettres  closes  comme  elles  sont  faictes  dessus  : 

Au  Roy  des  Romains, 

Au  Roy  de  Honguerie, 

Aux  Roys  de  Poulaine  et  de  Danemerche. 

Aux  Electeurs,  c'est  assavoir  : 

L'archevesque  de  Mayance, 

L'archevesque  de  Colongne, 

L'arche vesque  de  Trêves, 

Au  duc  Ruppert  de  Raviere, 

Au  duc  de  Saxone, 

Au  duc  Estienne  de  Raviere,  père  de  la  Roynne  de  France, 

Au  duc  Loys  de  Raviere,  frère  d'elle, 

Au  duc  Arneste  de  Raviere, 

Au  duc  Clément  de  Raviere,  son  frère, 

Au  duc  Guillaume  dWutheriche, 

Au  duc  Leopol  dWutheriche, 

Au  duc^ 

Au  burgrave  de  Neuremberche, 

Au  joinne  burgrave  de  Neuremberche, 

Au  conte  de  3Iasso, 

Au  marquis  de  Mice, 

Au  marquis  Josse  de  Morave, 

Au  marquis  Procop,  son  frère, 

Au  patriarche  d'Aquilée, 

Aux  villes  de  Couloingne, 

De  Mayence,  de  Francquefort, 

De  Rrucelle,  de  Lovain, 

De  Malignes,  d'Utrait,  d'Aes, 

De  Liège,  de  Huy,  de  Dynant, 

De  Saint  Tron. 

(Bibl.  nat.,  Fr.  14371,  fol.  cxl  r».  —  Protocole  do  la  fin  du  xv^  s.) 

1.  Lacune  dans  le  manuscrit. 

33 


506 


Lettre  close  de  par  le  Roy  au  Roy  des  Romains. 

^0  [juillet  4  400]. 

Serenissimo  principi  domino  Wenceslao  Dei  gratia  régi  Romano- 
rum  semper  Auguste  et  Boemie  régi  consanguineo  nostro  carissimo, 
Karolus  eadem  gratia  Francorum  rex  salutem  et  quorumeumque 
prosperorum  successuum  incrementa.  Serenissime  princeps  consan- 
guinee  carissime,  ad  nos  nuper  accesserunt  arabaxiatores  solennes 
nonnullorum  principum  imperii  vestri,  nobis  plura  tam  pacem  eccle- 
sie  sancte  Dei  quam  statum  dicti  imperii  concernentia  nunciantes; 
de  quibus  serenitatem  vestram  optamus  ad  plénum  informari.  Et 
idcirco  ad  ipsius  presentiam  certos  nostros  solennes  nuncios  intendi- 
mus  in  brevi  destinare,  jam  ad  iter  se  préparantes  per  quos  intentio 
nostra  liquidis  scriptis  eidem  serenitati  poteritappareri.  DatumPari- 
sius  x''  die,  etc. 

Serenissime  princeps  consanguinee  carissime  serenitatis  vestre  lit- 
teras  per  manus  latoris  presentium  recepimus,  adventum  apud  nos 
carissimi  consanguinei  nostri  marchionis  Brandeburgensis,  necnon 
patriarche  Antiocheni  et  Huwardi  de  Altari  ambaxiatorum  vestrorum 
continentes,  quos  tam  ob  mittentis  honorem  quam  propter  magnitu- 
dinem  mittendorum,  dum  venerint,  intendimus  recipere  grato  vultu, 
et  ad  exauditionem  illorum  que  nobis  pro  parte  celsitudinis  vestre 
réfèrent  favorabiliter  intendere,  ut  tenemur.  Eliam  serenissime  prin- 
ceps, etc.  (ut  in  littera  precedenti  de  domino  Biturie',  etc.). 

(Blbl.  nat.,  Fr.  14371,  fol.  cxxviii  r»  et  v°.  —  Protocole 
de  la  fin  du  xv^  s.) 

XI. 

Lettre  close  de  par  le  duc  de  Berry  adreçant  à  V empereur. 

10  [juillet  1400]. 

Serenissime  princeps  domine  et  consanguinee  carissime,  per  vestre 

celsitudinis  apices  nuper  per  manus  presentium  portatoris  michi 

porrectas,  intellexi  serenitatem  vestram,  magnificum  dominum  mar- 

chionem  Brandeburgensem  et  cura  ipso  patriarcham  Anthiochenum 

1.  Voir  ci-après  Pièce  justif.  n-  XI. 


507 

et  dominum  Hawardum  de  Al  tari  militem,  apud  dominum  meum 
regem  pro  certis  vestris  arduis  negociis  deslinare,  quos  scio  par 
ipsum  dominum  meum  regem  fore  dum  venerint  grato  vulLu  reci- 
piendos.  (iirca  quorum  expedicionem  feliccm  lotis  nisibus,  uL  leneor, 
elTeclualiter  laborabo.  Etiam  serenissime  princeps  et  domine  solennes 
ambaxiatores  pro  parte  nonnullorum  principum  imperii  vesLri,  nunc 
ad  ipsius  domini  mei  régis  presentiam  fueruntdestinati,  piurapacem 
ecclesie  et  sanclum  Dei  imperium  tangencia  eorum  sermonibus  expo- 
nentes,  quod  ut  plane  ad  vestram  noticiam  deducantur  ipse  dominus 
meus  rex  nuncios  suos  apud  eamdem  serenitalem  vestram  disposuit 
eeleriter  destinare,  tenentes  indubie  quod  ad  ea  que  honorem  et  sta- 
tum  vestre  majestatis  aspiciunt,  idem  dominus  meus  rex  afîectatur 
et  merito,  et  nos  omnes  de  génère  suo  in  hoc  cum  insequimur  toto 
nisu  sicuti  per  ipsos  nuncios  prefata  vestra  serenitas  liquidius  scriplis 
cite  poterit  informari.  Serenissime  princeps  domine  et  consanguinee 
carissirae,  prefalam  serenitatem  vestram  conservet  Altissimus  cum 
omnium  successuum  felicium  incrementis.  Scriptum  Parisius  x-^,  etc. 

Serenissimo  principi  tali,  Dei  gratia  Roraanorum  et  Boemie  régi 
domino  et  consanguineo  meo  carissimo. 

Dux  Biturie  et  Avernie,  comes  Pictavie,  Stamparum  Alvernie  et 
Bolonie. 

(Bibl.  nat.,  Fr.  14371,  fol.  cxxviii  r".  —  Protocole  de  la  fin  du  xv^  s.) 

XII. 

Lettre  close  adreçant  au  Roy  des  Romains. 

U  [juillets 400]. 
Serenissimo  principi  domino  Wenceslao  Dei  gratia  régi  Romano- 
rum  semper  Augusto  et  Bohemie  régi  consanguineo  nostro  caris- 
simo, Karolus  eadem  gratia  Francorum  rex  salutem  et  sincère  dilec- 
tionis  mutuum  incrementum.  Serenissime  princeps  consanguinee 
carissime,  per  vestras  scriptiones  nobis  nuper  innotuit  quod  magni- 
ficum  principem  Judocum  Brandeburgensem  et  Moravie  marchionem 
consanguineum  nostrum  carissimum,  necnon  palriarcham  Anthio- 
chenum  ad  nos  vestra  serenitas  jam  ad  iter  expeditos  disposuit 
destinare;  quorum  quamquam  hucusque  quotidie  prestolamus 
adventum,  tamen  quia  posl  dictarum  receptionem  scripturarum- 
eidem  serenitati  scripsimus,  quod  ad  intimandum  sibi  nonnulla 
statum  majestatis  sue  tangencia,  nobis  nuper  pro  parte  aliquorum 


508 

magnatum  imperii  per  eorum  ambaxiatores  declarata,  cerlos  nostros 
nuncios  ad  ipsam  raajestatem  ordinaveramus  transmittere,  nobis 
facerent  dubium  ne  accessus  dictorum  ambaxiatorum  vestrorum 
hujusmodi  occasione  deferatur;  et  quoniam  serenissime  princeps, 
certis  de  causis  vestre  celsitudinis  ymo  et  totius  Ghristianitatis  com- 
modum  et  honorem  multimode  tangentibus,  celeritatem  adventus 
jamdictorum  ambaxiatorum  vestrorum  affectamus,  quorum  retarda- 
tionem  in  negociis  hujusmodi  quam  plura  possent  subsequi  nocu- 
menta,  prefatam  serenitatem  vestram  affectuose  rogamus  quatinus 
dictorum  nunciorum  nostrorum  missione  non  obstante,  iter  mar- 
chionis  et  patriarche  predictorum  quantum  fieri  poterit  accelerare 
mandelis,  de  hiis  que  circa  predicta  négocia  concepimus  cum  eis 
valeamus  habere  colloquia,  et  ea  quantum  expediens  et  possibile 
fuerit,  posslnt  quam  tocius  effeclui  demandari,  nobis  semper  fidu- 
ciahter  intimantes  queque  grata  votis  Ubentibus  impleturis.  Datum 
Parisius  xi**  die  mensis  Julii. 

(Bibl.  nat.,  Fr.  14371,  fol.  cxxix  et  cxxx  v».  —  Protocole 
de  la  fin  du  xv°  s.) 

XIII. 

Lettre  close  de  par  le  Roy  adreçant  à  ung  duc  de  Bavière. 

JO  [juilleH400]. 
Karolus,  etc.,  magnifico  principi  Stephano  duci  Ba varie  carissimo 
socero  nosfcro  salutem  et  dilectionem.  Magnifiée  princeps  socer  caris- 
sime,  pro  parte  venerabilium  patrum  Magontinantis,  Trevensis,  et 
Coloniencis  archiepiscoporum,  necnon  magnifîci  et  potentis  Ruperti 
duels  Bavarie  comitis  Palateni  Reni  consanguine!  nostri  carissimi, 
cum  credencialibus  litteris,  utrorumque  nuncii  solennesadvenerunt. 
Ex  quorum  verbis  sensimus  conciUum  in  crastinum  festi  beati  Lau- 
rencii  proxime  futuri,  per  principes  Imperli  teneri  fuisse  ordinatum, 
ut  tune  de  negociis  tam  ecclesiam  sanctam  Del  quam  etiam  reforma- 
tionem  status  dicti  tangentibus  pertractetur,  sane  cum  eo  quod  Ipsius 
ecclesie  pacem  et  ejus  unlonis  celeritatem  cordl  precipue  habeamus, 
etiam  et  que  ad  bonum  regimen  ipsius  imperli  tendere  videremus 
amplecti  vellmus,  affectu  quo  possumus  ampllori.  Ad  Ipsum  conci- 
lium  unum  de  inclltis  princlplbus  patruls  aut  germanis  nostris  ut  per 
nostrum  médium  in  negociis  hujusmodi  allquld  boni  operls  subsequi 
valeat,  intendlmus  quam  totius  destlnare,  verumtamen  socer  caris- 


509 

simc  quia  tempus  usque  ad  diem  qua  concilium  hujusmodi  leneri 
ordinalum  est,  ut  prefertur,  tam  certum  est  et  tam  brève,  quod  ille 
dictorum  paternorum  ac  germani  nostrorum  per  nos  ibidem  desti- 
nandos  commode  non  valeat  intéresse,  et  speramus  quod  propter 
ejus  presentiam  negotium  ecclesie  et  cetera  que  tune  habebunt  inibi 
Iractari  poterunt  in  melius^  auxiliante  Domino,  prospcrari  magnifi- 
cenciam  veslrani  sinceris  afîectibus  deprecamur  quatinus  ut  conci- 
lium predictum  dictorum  patrui  aut  germani  nostrorum  poUeat 
dictum  terminum  usque  ad  alium  seculurum  competentem  prorogari 
procuretis,  in  his  quascumque  poteritis  nostro  favore  interponentes 
partes  vestras,  ut  ita  quod  vestris  mediantibus  auxib"is,  nullam  in 
hiis  que  pro  tanto  bono  querimus  sicuti  de  vestra  precipue,  et  dicto- 
rum aliorum  principum  imperii  gratuitate  confidimus,  habcamus 
pati  repuisam.  De  quaquidem  et  de  ejus  termino  intérim  certificari 
quesumus  parte  vestra  in  accessu  alterius  patruorum  aut  germani 
nostrorum  predictorum  ad  ipsum  concilium  nuUus  possit  aut  debeat 
inlervenire  defectus,  in  hoc  profecto  nobis  non  modicum  placituri. 
Datum  Parisius  x-'  die  mensis  Octobris  ^ . 

Magnifico  principi  Stephano  duci  Bavarie,  carissimo  socero  nos- 
tro, etc. 

(Bibi.  nat.,  Fr.  14371,  fol.  cxxvui  v°.  — Protocole  de  la  fin  du  xv^  s.) 

XIV. 

[Juillet  1400.] 
Karolus,  etc. ,  venerabilibus  et  magnificis  principibus  sacri  Imperii 
Romani  electoribus,  et  aliis  in  concilio  apud  Rayn  supra  Renum  in 
proximo,  sicut  fertur,  celebrando  congregandis  amicis  nostris  caris- 
simis,  salulem  et  dilectionis  efectum.  Venerabiles  patres  et  principes 
magnifici,  ad  vestram  nunc  presentiam  dilectos  et  fidèles  Renerum 
Pot  mililem  et  cambellanum,  necnon  magistrum  Hugonem  Renvoi- 
sier  in  sacra  pagina  professorcm  decanum  ecclesie  Rothomagensis 
consiliarios  nostros,  pro  certis  negociis  que  multum  cordi  gerimus, 
universitati  vestre  per  eos  exponendis  duximus  destinandos,  amici- 


1.  La  date  est  nécessairement  fausse  et,  en  dehors  des  raisons  que  l'on  peut 
tirer  de  faits  extrinsèques  à  la  pièce,  il  y  en  a  une  qui  nous  est  fournie  par  le 
contexte  même.  Charles  V!  y  dit  que  la  Saint-Laurent  (10  août)  est  prochaine, 
or  il  n'aurait  pu  tenir  ce  langage  au  mois  d'octobre.  Cet  argunieut  est  assez 
péreniploire  pour  qu'il  soit  inutile  d'insister.  On  a  vu  déjà  plus  haut  qu'une 
erreur  dans  le  nom  du  mois  s'était  produite  pour  un  autre  de  nos  documents. 


510 

cias  vestras  affectuose  rogantes,  quatinus  hec  que  nostra  parte  réfè- 
rent et  que  nobis  videntur  toti  Christianitati  non  modicum  accom- 
moda effîcaciter  attendentes,  dictis  eorum  fîdem  velint  adhibere 
creditivam.  Datum,  etc. 

(Bibl.  nat.,  Fr.  14371,  fol.  cxxix  v.  —  Protocole  de  la  fin  du  xv«  s.) 

XV. 

[Juillet  UOO.] 
Karolus,  etc.,  magnifico  principi  Stephano  duci  Bavarie  et  comiti 
palatino  Reni  socero  nostro  carissimo  salutem  et  sincère  dilectionis 
affectum.  Magnifiée  princeps  socer  carissime,  pro  certis  negociis, 
quorum  aliqua  vobis  precipue,  et  alla  vobis  et  ceteris  principibus  impe- 
rii  in  concilio  de  proximo  apud  Raym  supra  Renum,  ut  dicitur,  cele- 
brando  congregandis  proponi  velimus,  dilectos  et  fidèles  Renerum 
[Pot]  militem  et  cambellanum,  necnon  magistrum  Hugonem  Renvoi- 
sier  in  sacra  pagina  professorem  decanum  ecclesie  Rolhomagensis, 
consiliarios  nostros  ad  vestram  et  dictorum  principum  duximus 
principaliter  destinandos  ;  magnificentiam  vestram  attente  rogantes, 
quatinus  exponendis  per  eosdem  nuncios  nostros,  fldem  dantes  credi- 
tivam, circa  eorum  exauditionem  velit  eadem  magnificentia  sicuti 
confldimus  solertitas  interponere  partes  suas ,  ita  quod  vestris 
mediantibus  auxiliis,  que  per  prefatos  nostros  nuncios  exponenturet 
petentur,  votivum  consequamur  efectum.  Datum,  etc. 

(Bibl.  nat.,  Fr.  14371,  fol.  cxxix  r\  —  Protocole  de  la  fin  du  xv«  s.) 

XVI. 

Lettre  de  créance  adreçant  à  un  evesque. 

[Juillet  1400.] 
Karolus,  etc.,  venerabili  patri  archiepiscopo  Magontinensi  amico 
nostro  carissimo,  salutem  et  dilectionis  affectum.  Amice  carissime, 
ad  vestram  et  aliorum  principum  imperii  in  concilio  de  proximo 
apud  Rayn  supra  Renum,  sicut  fertur,  celebrando  congregandorum 
presencium,  dilectos  et  fidèles  Renerum  Pot  militem  et  cambellanum, 
necnon  magistrum  Hugonem  Renvoisier  in  sacra  pagina  professorem 
et  ecclesie  Rothomagensis  decanum  consiliarios  nostros,  pro  certis 
negociis  vobis  et  prefatis  aliis  per  eos  explicandis  presencialiter  des- 
tinamus  ;  quorum  verbis  quesumus  fîdem  dantes  circa  illorum  exau- 


5^^ 


dicionem  que  per  ipsos  noslra  parte  inibi  relata  fuerint,  velit  amicicia 
vestra  solercitas  interponere  partes  suas,  ita  quod,  vcstro  mediaiite 
juvamine,  nuncii  nostri  predicti  ad  nos  cito  remeare  valcanl  féliciter 
expedili.  Datum  Parisius,  etc. 

(Bibl.  nat.,  Fr.  14371,  foi.  cxw  r».  —  Protocole  de  la  fin  du  xv<=  s.) 

XVII. 

Mandement  pour  tauxation  de  gaiges  pour  ambaxateurs. 

[Juillet  l/^OO.] 
Charles,  etc.,  à  noz  améz  et  feaulx  consellliers  les  prelas  ordenéz 
à  la  conservation  et  distribution  des  deniers  du  disieme  octroyé  par 
le  clergié  de  nostre  royaume  pour  la  proseculion  de  l'union  de  nostre 
mère  Saincte  Eglise,  salut  et  dilection.  Il  a  esté  ordené  que  pour 
certaines  besoingnes  touchans  le  bien  de  la  dite  union  nostre  amé  et 
féal  maistre  Hugue  Renvoisier,  doyen  de  Rouen,  aille  de  présent  es 
parties  d'Alcmaigne  devers  les  esliseurs  et  aucuns  autres  seigneurs 
de  l'Empire  et  qu'il  ait  pour  chascun  jour  qu'il  vaquera  oudit  volage 
en  alant  demeurant  et  retournant  seix  frans,  et  que  prest  luy  soit 
fait  audit  pris  de  six  sepmaines.  Si  luy  faictez  bailler  et  délivrer 
promptement  ledit  prest  par  le  receveur  ordené  à  recevoir  les  arre- 
raiges  deues  à  cause  dudit  disieme,  et  en  son  retour  paiement,  etc. 
(Bibl.  nat.,  Fr.  14371,  foi.  cxxx  r^.  —  Protocole  de  la  lin  du  xv*  s.) 


UN  EPISODE 

DES  RAPPORTS 

D'ALEXANDRE  VI  AVEC  CHARLES  VIII 


LA  BULLE  PONTIFICALE 
TROUVÉE  SUR  LE  CHAMP  DE  BATAILLE  DE  FORNOUE 


«  Nous  avons  appris,  écrivait  un  chroniqueur  ferrarais  quelques 
«  jours  après  la  bataille  de  Fornoue,  que  les  Vénitiens  ont  fait 
«  des  feux  de  joie  à  l'occasion  de  la  défaite  qu'ils  viennent  de  subir, 
«  afin  de  donner  à  croire  à  leurs  sujets  qu'ils  ont  été  victorieux  et 
«  pour  ne  pas  manquer  à  leur  coutume  qui  a  été,  qui  est  et  qui 
«  sera  toujours  d'allumer  des  feux  de  joie,  de  sonner  les  cloches 
«  et  d'ordonner  des  réjouissances  lorsqu'ils  ont  fait  quelque  perte 
«  ou  reçu  de  mauvaises  nouvelles  ^  » 

Cette  fois  d'ailleurs  les  sujets  de  la  Seigneurie  pouvaient  sans 
trop  de  crédulité  accepter  la  prétendue  victoire  des  confédérés  ita- 
liens. Les  Estradiots  au  service  de  Venise  ne  considéraient  la 
guerre  que  comme  une  opération  lucrative  ;  avant  la  bataille,  ils 
avaient  mis  leurs  loisirs  à  profit  en  coupant  des  têtes  de  Français 
isolés  que  les  provéditeurs  leur  payaient  un  ducat  la  pièce  ^.  Au 
moment  du  choc,  plutôt  que  de  perdre  leur  temps  à  empêcher  l'ar- 
mée française  de  passer  sur  le  corps  de  la  chevalerie  italienne,  ils 

1.  Diario  ferrarese,  dans  Muratori,  Scriptores,  XXIV,  311  c. 

2.  Sanuto,  La  spedizione  di  Carlo  VIII,  p.  450. 


343 

se  ruèrent  sur  les  bagages,  taillèrent  en  pièces  les  piétons  italiens 
qui  avaient  eu  la  mauvaise  idée  de  les  suivre  et  quittèrent  le 
champ  de  bataille  sans  s'occuper  autrement  des  ennemis*.  Tou- 
tefois, s'ils  contribuèrent  ainsi  à  l'échec  des  confédérés,  le  butin 
qu'ils  avaient  fait,  les  ornements  de  la  chapelle  de  Charles  VIII, 
ses  armes  de  parade,  ses  joyaux,  jusqu'au  portrait  du  petit  dau- 
phin, raclietés  par  la  Seigneurie-,  furent  présentés  au  peuple 
vénitien  comme  les  dépouilles  du  roi  vaincu  et  donnèrent  quelque 
vraisemblance  aux  bruits  de  victoire. 

Il  y  avait  de  tout  dans  ce  butin,  des  livres,  «  des  paintures  de 
«  diverses  façons  et  devises  »  exécutées  par  l'un  des  peintres  qui 
avaient  suivi  Charles  VIII,  «  des  quartes  marines  et  autres  nou- 
«  velles  choses  de  par  dellà  ^  ;  »  il  y  avait  aussi  une  partie  des 
archives  du  roi .  L'estradiot  qui  s'en  était  emparé  goûtait  sans  doute 
peu  la  prise  qu'il  avait  faite,  mais  la  Seigneurie  de  Venise,  toujours 
curieuse  des  affaires  d'autrui,  ne  négligea  pas  une  semblable 
aubaine.  «  Il  est  arrivé  à  Crema,  raconte  Malipiero,  un  estradiot 
«  avec  un  chariot  français,  et  dans  l'un  de  ses  coffres  on  a  trouvé 
«  beaucoup  d'écritures  ayant  appartenu  au  roi  Charles.  Dans  le 
«  nombre,  Dominique  Benedetti,  podestat  et  capitaine  de  ce  pays, 
«  a  pris  une  bulle  apostolique  du  pape  Alexandre  adressée  au  roi 
«  de  France,  bulle  dans  laquelle  le  pontife  donne  son  assentiment 
«  au  projet  d'expédition  contre  les  Turcs,  approuve  que  le  roi 
«  vienne  en  Italie  et  lui  offre  le  passage  et  les  vivres  dans  les 
«  Etats  de  l'Eglise.  II  a  pris  aussi  une  lettre  ducale  que  Domi- 
ne nique  Trevisan  et  Antoine  Loredan  ont  jadis  présentée  audit 
«  roi  ^  et  il  les  a  envoyées  toutes  deux  au  Conseil  des  Dix.  Car  c'est 
«  en  se  fondant  sur  ces  lettres,  surtout  sur  celle  du  pape,  que  le 
«  roi  de  France  justifie  son  passage  en  Italie  et  qu'il  se  prétend 
«  offensé  par  le  pape  et  par  la  Seigneurie  qu'il  accuse  de  lui  avoir 
«  manqué  de  parole  =. . .  »  L'annaliste  vénitien  a  pris  soin  de  trans- 
crire la  bulle  en  question  à  la  suite  du  passage  que  l'on  vient  de 
lire.  Elle  est  ainsi  datée  :  «  Datum  Romae  apud  Sanctum  Petrum, 

1.  Ibidem,  p.  478,  490,  etc. 

2.  Malipiero,  Annali  veneti,  Archivio  storico  italiano,  VII,  partie  1,  p.  371. 

3.  Giroiamo  d'Adda,  Indagini...  sulla  libreria Visconteo-Sforzesca, II, p.  99-100. 

4.  Cette  lettre  est  évidemment  celle  par  laquelle  la  Seigneurie  engagea,  dès 
1484,  Charles  VIII  à  faire  valoir  ses  droits  sur  Naples,  lettre  qui  a  été  publiée 
par  M.  Buser,  Die  Beziehungen  der  Mediceer  zu  Frankreich,  p.  509. 

5.  Malipiero,  p.  402-404. 


5U 

«  anno  Dominicae  Incarnationis  M  CCCG  XCIIII,  cal.  feb » 

Or,  deux  jours  avant  le  l'^'"  février  1494,  le  pape  avait  encou- 
ragé Ludovic  le  More  à  prendre  le  parti  du  nouveau  roi  de  Naples, 
Alfonse  ^  ;  à  la  fin  du  même  mois,  il  donnait  à  l'ambassadeur  napo- 
litain des  marques  publiques  de  bienveillance  au  moment  même 
où  il  venait  de  renvoyer  les  ambassadeurs  français  qui  étaient 
venus  solliciter  l'investiture  de  Naples 2.  Il  y  avait  donc  une  con- 
tradiction évidente  entre  la  bulle  saisie  par  le  podestat  de  Crema 
et  la  conduite  tenue  par  Alexandre  VI  pendant  le  mois  de  février 
1494.  Presque  tous  les  historiens,  depuis  M.  de  Cherrier  ^  jusqu'à 
M.  Gregorovius*,  ont  pris  texte  de  cette  contradiction  pour  faire 
ressortir  la  duplicité  du  pape.  Tout  en  s'associant  au  jugement  porté 
par  ses  prédécesseurs,  M.  Agenore  Gelli  fait  remarquer  que  nous  ne 
possédons  aucune  preuve  de  l'authenticité  de  la  bulle  pontificale^ 
Seul  M.  de  l'Epinois  a  cru  résoudre  la  question  en  supposant  que 
la  pièce  du  l^»"  février  nous  était  parvenue  tronquée  ;  il  l'iden- 
tifie avec  un  bref  que  le  pape  lut  au  consistoire  du  22  mars  1494, 
bref  dans  lequel  on  distinguait  deux  parties.  Dans  la  première, 
celle  que  Malipiero  aurait  transcrite,  Alexandre  VI  exhortait 
Charles  VIII  à  persévérer  dans  son  dessein  de  marcher  contre  le 
Turc;  dans  la  seconde,  il  cherchait  à  le  dissuader  de  son  entre- 
prise contre  Naples  et  se  déclarait  hors  d'état  de  dépouiller  Alfonse, 
légitimement  investi  du  trône ^  Mais,  outre  que  le  texte  de  la 
bulle  ne  présente  aucune  apparence  de  mutilation,  il  eût  été  bien 
étrange  que  le  pape  ne  communiquât  aux  cardinaux  que  le 
22  mars  un  document  expédié  cinquante  jours  plus  tôt. 

D'ailleurs,  toutes  les  difficultés  seraient  tombées  d'elles-mêmes 
si  l'on  avait  lu  en  entier  la  date  de  la  pièce  qui  nous  occupe.  On 
y  trouve  en  efi'et,  non  seulement  la  mention  de  l'année  de  l'Incar- 
nation, l'indication  du  jour,  mais  aussi  celle  de  l'année  du  ponti- 
ficat inscrite  en  toutes  lettres,  pontificatus  nostri  anno  tertio. 
Alexandre  VI  ayant  été  élu  le  11  août  1492  et  couronné  le  26 
du  même  mois,  la  troisième  année  de  son  règne  se  trouve  com- 
prise entre  le  26  août  1494  et  le  25  août  1495.  Une  bulle,  portant 

1.  Archivio  itorico  italiano,  3^  série,  t.  XVI,  p.  398. 

2.  Gregorovius,  édition  italienne,  torae  VII,  p.  398. 

3.  Histoire  de  Charles  VIII,  I,  p.  346  et  384. 

4.  Loco  citato. 

5.  Archivio  storico  italiano,  3'  série,  t.  XVI,  p.  398. 

6.  Revue  des  questions  historiques,  t.  XXIX,  p.  408. 


515 

la  date  du  1®"^  février  de  la  troisième  année  du  pontificat  et  de  Tan 
1494  de  l'Incarnation,  a  donc  été  datée  suivant  le  style  florentin 
de  l'Annonciation,  c'est-à-dire  qu'elle  a  été  expédiée  le  1"  février 
1495,  suivant  le  style  moderne ^  On  s'explique  d'autant  moins  que 
l'on  ait  pu  accepter  sans  discussion  la  date  du  l*'"'  février  1494 
que,  dans  le  corps  même  de  l'acte,  il  est  fait  une  allusion  fort  peu 
équivoque  au  séjour  de  Charles  VIII  à  Rome^  séjour  qui  dura, 
comme  on  le  sait,  du  31  décembre  1494  au  28  janvier  1495. 

Nous  avons  la  preuve  qu'une  bulle  analogue  fut  concédée  par 
Alexandre  VI  au  moment  où  le  roi  de  France  vint  prendre  congé 
de  lui.  «  Le  pape,  dit  Sanuto,  s'avança  dans  le  lieu  où  étaient  les 
«  cardinaux  en  tenant  une  buUe  à  la  main.  Sacrée  Majesté,  dit- 
«  il,  voici  la  bulle  souscrite  par  tous  les  cardinaux,  et  ils  déclarent 
«  l'approuver.  Cette  buUe  portait  que  le  pape  et  les  cardinaux 
«  assuraient  au  roi  le  libre  passage  dans  toutes  les  terres  et 
«  châteaux  de  l'Église  et  commandait  qu'on  lui  rendît,  etc.-''.  » 
Il  est  vrai  que  la  scène  rapportée  par  Sanuto  se  passait  le  28  jan- 
vier et  que  notre  bulle  est  datée  du  l*""  février.  Mais  l'annaliste 
vénitien  ne  dit  pas  que  le  document  que  le  pape  tenait  à  la  main 
ait  été  immédiatement  remis  à  Charles  VIII.  On  peut,  du  reste, 
admettre  qu'Alexandre  VI  en  ait  envoyé  le  1"  février  une  seconde 
expédition  peut-être  plus  solennelle,  car  il  avait  ce  jour-là  même 
le  plus  grand  intérêt  à  donner  au  roi  des  gages  de  sa  fidélité. 

Le  29  janvier,  en  effet.  César  Borgia,  cardinal  de  Valence,  qui 
devait  accompagner  l'armée  française  en  quahté  de  légat,  s'était 
subrepticement  échappé  de  Velletri  où  logeait  alors  Charles  VIII. 
Celui-ci  crut  à  quelque  trahison  concertée  avec  le  Saint-Père.  Il 
envoya,  le  31  janvier,  à  Rome  deux  hérauts  chargés  de  porter 
une  demande  d'explications  conçue  dans  les  termes  les  plus  mena- 
çants. «  Le  pape  s'excusa  en  disant  qu'il  ne  savait  rien,  qu'il 
«  ignorait  où  se  trouvait  le  cardinal,  en  faisant  montre  d'une 
«  grande  douleur  et,  pour  se  justifier,  il  envoya  deux  légats  à 


J.  Les  auteurs  de  VArt  de  vérifier  les  dates  (édition  de  1783,  t.  I,  p.  329) 
avaient  déjà  fait  remarquer  que  «  ce  pape  commençait  l'année  dans  ses  grandes 
a  bulles  au  25  mars.  » 

2.  «  Sane  cum  carissimus  in  Christo  filius  noster,  Carolus  Francorum  rex  chris- 
«  tianissimus,  zelo  catholice  fidei  accensus,  dimisso  proprio  regno...,  ad  almam 
«  urbem  nostram  personaliter  se  cum  dicto  cxercilu  contulerit...  » 

3,  Marino  Sanuto,  La  spedizione  di  Carlo  VIJI  in  Italia,  p.  195-196. 


nu» 

«  Velletri^  »  Il  est  donc  vraisemblable  que  ce  furent  ces  deux 
légats  qui  remirent  à  Charles  VIII  la  bulle  trouvée  cinq  mois  plus 
tard  sur  le  champ  de  bataille  de  Fornoue. 

Il  serait  superflu  de  reproduire  ici  le  texte  de  ce  document  qui 
ne  nous  est  parvenu  que  par  la  transcription  de  Malipiero^,  mais 
ceux  qui  seront  curieux  de  s'y  reporter  remarqueront  assurément 
l'habileté  avec  laquelle  il  a  été  rédigé.  Sans  doute  on  y  trouve  la 
concession  à  Charles  VIII  du  libre  passage  sur  les  terres  de 
l'Eglise  et  l'engagement  de  ne  porter  aucun  secours  à  ses  ennemis, 
faveurs  qui  pouvaient  à  la  rigueur  passer  pour  des  encourage- 
ments et  donner  au  roi  de  France  un  semblant  de  satisfaction  ; 
mais  on  n'y  découvrirait  pas  un  mot  qui  soit  relatif  à  Naples  et, 
quoi  qu'en  dise  Malipiero,  le  pape  s'y  garde  «  d'approuver  que  le 
«  roi  vienne  en  Italie.  »  En  cela,  d'ailleurs,  Alexandre  VI  s'était 
conformé  à  la  politique  qu'il  avait  toujours  suivie.  Dans  les  cir- 
constances même  où  le  soin  de  sa  sûreté  l'avait  obligé  à  recourir 
aux  Français,  il  s'était  personnellement  abstenu  de  tout  ce  qui 
aurait  pu  être  considéré  comme  une  excitation  directe  à  tenter 
l'entreprise  de  Naples,  et  il  avait  pris  ses  mesures  de  manière  à 
pouvoir  toujours  désavouer  ses  intermédiaires.  En  1493,  par 
exemple,  menacé  à  la  fois  par  les  Napolitains,  par  les  Orsini  et 
par  le  cardinal  La  Rovere,  maître  d'Ostie,  il  se  vit  contraint  de 
rechercher  la  protection  de  Charles  VIII.  Mais  il  n'eut  garde  de 
s'adresser  directement  à  lui.  Ce  fut  le  cardinal  Savelli  qui,  au 
nom  et  avec  l'approbation  d'Alexandre  VI,  écrivit  au  roi  de 
France  pour  l'exhorter  à  tenter  l'entreprise  de  Naples. 
Alexandre  VI  ne  souhaitait  assurément  pas  voir  une  armée 
étrangère  envahir  l'Italie  ;  mais,  ainsi  que  le  dit  un  contempo- 
rain, «  s'il  avait  fait  écrire  en  ce  sens,  ce  n'était  pas  qu'il  espérât 
«  la  venue  du  roi  Charles  ;  mais  il  pensait  mettre  à  profit  la  ter- 
«  reur  du  nom  français  comme  l'avaient  fait  beaucoup  d'autres 
«  papes,  entre  autres  le  très  prudent  Paul  II  ^.  »  En  France,  on 
prit  naïvement  la  chose  au  pied  de  la  lettre  et  le  roi  résolut  d'en- 

1.  Ibidem,  197-198. 

2.  Malgré  quelques  inexacUtudes  dans  les  transcriptions  des  noms  des  cardi- 
naux, on  en  peut  facilement  identifier  dix-huit  sur  dix-neuf.  Cependant  nous 
n'avons  pas  pu  reconnaître  le  prince  de  l'Église  que  désigne  cette  signature  : 
Ego  A.  TU.  Sancii  Georgii  Crim.  (?). 

3.  Sigismondo  dei  Conti,  Storia  dei  suoi  tempi,  II,  60.  Roma,  1883,  in-4°.— 
Voyez  aussi  Trinchera,  Codice  Aragonese,  II,  n°  325. 


5n 

voyer  un  agent  très  versé  dans  les  affaires  italiennes,  Perron  de 
Baschi,  réclamer  l'investiture  au  pape. 

Lorsque  le  représentant  de  Charles  VIII  vint  quelques  mois 
plus  tard  demander  au  pontife  s'il  était  réellement  disposé  à  la 
concéder  et  à  favoriser  une  expédition  française,  Alexandre  VI 
lui  répondit  par  des  défaites  et  par  des  assurances  générales 
d'amitié.  «  Néanmoins,  disait  Perron  en  racontant  cette  entrevue 
«  au  cardinal  Ascagne  Sforza,  des  yeux,  de  la  bouche,  de  toute 
«  la  physionomie,  le  pape,  bien  qu'il  ne  me  le  dît  pas,  me  faisait 
«  signe  que  le  roi  devait  tenter  l'entreprise,  envoyer  des  troupes 
'<  et  compter  sur  son  concours.  »  Et,  comme  le  négociateur  insis- 
tait, le  pape  ajouta  en  le  congédiant  :  «  Allez  donc  parler  aucar- 
«  dinal  Savelli  ;  nous  avons  longuement  discuté  ces  matières  avec 
«  lui.  /> 

L'entretien  de  Perron  avec  ce  cardinal  fut  des  plus  encoura- 
geants. «  Le  nouveau  pontife  a  déclaré,  lui  fut-il  dit  en  propres 
«  termes,  que,  si  le  roi  très  chrétien  tentait  l'entreprise,  Sa  Sain- 
«  teté  se  montrerait  favorable  à  ses  desseins.  »  L'envoyé  fran- 
çais croyait  la  partie  gagnée  ;  mais  Ascagne,  plus  habitué  à  ces 
finesses,  lui  fit  remarquer  que,  malgré  tout,  il  n'avait  pas  arra- 
ché la  moindre  promesse  au  pape  et  que,  quelle  que  fût  la  bonne 
foi  du  cardinal  Savelli,  Alexandre  pourrait  toujours  désavouer  les 
propos  que  celui-ci  avait  répétés  ^ . 

Il  paraît  assez  naturel  toutefois  que  Charles  VIII  ait  cru  jusqu'à 
la  mort  du  roi  Ferrand  que  le  pape  était  dans  une  certaine  mesure 
favorable  à  ses  desseins.  Nous  allons  d'ailleurs  exposer  combien 
la  conduite  d'Alexandre  VI  sur  ce  point  avait  été  habile,  en 
racontant  dans  quelles  circonstances  a  été  rendu  le  bref  que  M.  de 
l'Épinois  avait  cru  pouvoir  identifier  avec  celui  du  l^""  février  1495. 


IL 


La  situation  d'Alexandre  VI  pendant  ses  querelles  avec  le  roi 
Ferrand  de  Naples  n'avait  rien  d'enviable.  Il  lui  répugnait  d'ac- 
cepter les  conditions  des  Napolitains  qui ,  grâce  à  leur  alliance 
avec  les  Orsini,  le  tiendraient  pour  ainsi  dire  entre  leurs  mains 


1.  Ascagne  à  Ludovic  le  More.  Rome,  13  août  1493.  Archives  de  Milan,  Potenze 
estere,  Roma. 


5^8 

et  pourraient  l'écraser  en  un  moment  s'il  adressait  aux  Français 
le  moindre  encouragement  ^ .  D'un  autre  côté,  le  pape  se  disait  que 
le  mécontentement  de  Charles  VIII  n'était  pas  moins  à  redouter 
et  que  le  fils  de  Louis  XI,  réconcilié  avecMaximilien,  était  assez 
puissant  pour  en  appeler  à  un  concile.  Afin  de  n'avoir  pas  à  se 
prononcer,  il  fallait  rendre  l'expédition  de  Naples  impossible.  On 
croyait  qu'elle  dépendait  de  l'alliance  alors  existante  entre  Ludo- 
vic le  More  et  Charles  VIII,  et,  comme  Alexandre  n'avait  pas 
réussi  à  rompre  cette  alliance  en  rapprochant  le  duc  de  Bari  de 
Ferrand,  il  voulut  brouiller  le  roi  de  France  avec  Ludovic.  Pour 
y  parvenir  sans  se  compromettre,  le  plus  sûr  était  de  bercer  le 
jeune  souverain  par  de  belles  promesses  ;  puis,  celui-ci  une  fois 
mis  en  confiance,  on  lui  ferait  entendre  que  Ludovic  le  trompe- 
rait dès  que  les  Français  seraient  en  Italie. 

Un  carme  espagnol,  Gratien  de  Villanova,  à  qui  Alexandre  VI 
s'en  remit  pour  l'accomplissement  de  cette  mission,  paraissait  avoir 
toutes  les  qualités  requises.  Il  passait  pour  «  un  homme  savant, 
«  très  avisé,  double  et  expert  en  fraudes  ^  »  Mais  il  tenta  si 
maladroitement  d'effrayer  Ludovic  en  faisant  à  Belgiojoso,  son 
ambassadeur  en  France,  des  confidences  menaçantes  que  celui-ci 
l'eut  bientôt  percé  à  jour.  Pour  regagner  quelque  crédit  auprès 
des  puissants  favoris  de  Charles  VIII,  Briçonnet,  évêque  de  Saint- 
Malo,  et  Etienne  de  Vesc,  sénéchal  de  Beaucaire,  Villanova  dut 
exagérer  les  dispositions  de  son  maître  à  favoriser  Charles  VIII  et 
à  concéder  le  chapeau  de  cardinal  ambitionné  par  Briçonnet^.  II 
partit  au  bout  de  quelques  jours  chargé  d'offrir  au  pape  les  plus 
riches  établissements  pour  ses  fils,  s'il  se  déclarait  en  faveur  du 
roi  de  France  ^  En  outre,  l'évêque  de  Saint-Malo  pensait  à  le 
suivre  à  Rome  où  il  ferait  plus  en  un  jour,  disait-il,  qu'un  autre 
en  un  mois.  Charles,  pour  rassurer  Alexandre  VI  du  côté  du  roi 
de  Naples,  demandait  à  Ludovic  de  lever  sans  plus  tarder  des 
troupes  italiennes  auxquelles  MM.  d'Esquerdes  et  de  Baudri- 

1.  Triachera,  Codice  Aragonese,  II,  2''  partie,  p.  424. 

2.  Villanova  entra  le  13  janvier  1494  à  Tours.  Desjardins,  Négociations  diplo- 
matiques de  la  France  avec  la  Toscane,  l,  269. 

3.  Voyez  trois  dépêches  de  Belgiojoso  à  Ludovic  datées  de  Tours  ;  deux  sont  du 
18  janvier,  la  troisième  est  du  20  janvier  1494.  Archives  de  Milan,  Potenze  estere, 
Francia. 

4.  Post-scriptum  non  daté  d'une  lettre  de  Belgiojoso  qui  doit  appartenir  à  la 
fin  de  janvier  1494.  Ibidem. 


5^9 

court  iraient  porter  l'argent  nécessaire  dès  que  le  roi  serait  à 
Lyon*.  Il  avait  aussi  chargé  Villanova  d'annoncer  au  pape  que 
le  roi  des  Romains  et  les  souverains  espagnols  étaient  favorables 
à  l'entreprise  de  Naples^. 

Ferrand  ne  pouvait  pas  ignorer  ces  pratiques.  Il  désespérait  de 
conserver  l'alliance  du  pape  qui  saisissait  tous  les  prétextes  d'élu- 
der l'exécution  du  traité  par  lequel  leurs  querelles  avaient  pris 
fin.  Le  roi  de  Naples  le  croyait  gagné  à  la  cause  française  par 
Ludovic  le  More.  Cependant  il  suppliait  les  souverains  espagnols 
d'intervenir  auprès  d'Alexandre  VI,  de  même  qu'il  comptait  sur 
Maximilien  pour  agir  auprès  du  duc  de  Bari  ;  il  réclamait  aussi 
les  bons  offices  de  Venise^.  Enfin  il  s'adressait  directement  à 
Ludovic  et  mêiwe  à  Charles  VIII  à  qui  il  dépêchait  Camille  Pan- 
done^.  Celui-ci  était  porteur  d'une  grosse  somme  d'argent  qu'il 
devait  employer  à  gagner  les  conseillers  du  roi^.  Mais,  à  son  arri- 
vée à  Moulins,  il  trouva  un  secrétaire  du  roi  chargé  de  le  recon- 
duire à  la  frontière^;  afin  de  rendre  la  rupture  complète,  on  avait 
également  congédié  les  ambassadeurs  napolitains  qui  étaient  venus 
plusieurs  mois  auparavant  sous  prétexte  de  négocier  un  mariage 
entre  la  fille  de  Don  Frédéric  et  le  roi  d'Ecosse,  et  qui  se  trou- 
vaient encore  en  France'^. 

Cependant  le  vieux  roi  Ferrand  s'occupait  sans  relâche  de 
mettre  son  royaume  en  état  de  défense,  lorsqu'il  expira  tout  à 
coup  le  25  janvier  1494.  Une  courte  maladie  l'avait  emporté  en 
trois  jours  au  moment  même  où  il  méditait  un  hardi  coup  de  main 
qui  eût  rendu  beaucoup  plus  difficile  l'exécution  des  projets  de 
Charles  VIII.  Avant  que  l'armée  française  eût  passé  les  monts,  il 
voulait  se  transporter  en  Romagne  de  manière  à  cerner  les  Etats 
pontificaux  et  à  contraindre  le  pape  à  s'unir  à  lui.  Delà,  il  comp- 
tait passer  en  Lombardie  et,  fort  du  concours  moral  et  matériel 


1.  Belgiojoso  à  Ludovic.  Tours,  20  janvier  1494.  Ibidem. 

2.  Du  même  au  même.  Tours,  20  janvier  1494.  Ibidem. 

3.  Codice  Aragonese,  n"  DCCXVIII  et  DCCXXII. 

4.  Ludovic  à  Belgiojoso.  Vigevano,  3  janvier  1494.  Arcliives  de  MiVdn,  Potenze 
estere,  Francia.  —  Codice  Aragonese,  p.  379. 

5.  Le  cardinal  Ascagne  Sforza  à  Ludovic.  Rome,  29  janvier  1494.  Archives  de 
Milan,  Poten:,e  estere,  Rona. 

6.  Belgiojoso  à  Ludovic.  Tours,  4  février  1494.  Archives  de  Milan.  Potenze 
estere,  Francia. 

7.  Du  même  au  même.  Tours,  14  janvier  1494.  Ibidem. 


520 

de  Florence,  chasser  Ludovic  de  la  place  qu'il  avait  usurpée 
auprès  de  son  neveu  ^ 

Alfonse  de  Calabre  n'avait  que  les  vices  de  son  père  sans  en 
avoir  les  talents  et  ne  paraissait  pas  un  adversaire  bien  redoutable. 
Cependant  la  mort  de  Ferrand  allait  mettre  dans  l'organisation 
de  la  défense  un  trouble  dont  il  importait  de  profiter  et  qui  devait 
être  pour  le  roi  de  France  un  motif  de  presser  encore  plus  les 
préparatifs  de  l'entreprise  :  «  Mon  cousin,  écrivait  Charles  VIII 
«  au  duc  de  Bari,  le  8  février,  j'ay  esté  adverty  du  trespas  du 
«  roy  Ferrand  et  avecquesla  voulenté  quej'avoye  de  poursuivre 
«  l'emprise  de  mon  royaume  de  Naples  moyennant  votre  bonne 
«  aide,  conseil  et  conduite,  elle  m'est  à  cueur  de  augmenter  en 
«  telle  manière  que  j'espère  en  deux  ou  trois  jours  de  avoir  donné 
«  ordre  en  mes  affaires  de  par  deçà  et,  le  plus  diligentement  que 

«  pourray,  m'en  aller  à  Lyon Et  afin  que  n'y  aie  faulte  à 

«  ladite  emprise  et  que  plus  brief  elle  puisse  estre  exécutée  à  votre 
«  désir  et  intencion  et  au  mien,  suis  délibéré  y  aller  en  personne, 
«  vous  priant  que  semblablement  de  votre  part  le  vueilliez  faire 
«  pour  estre  ensemble  particijDans  audit  affaire,  en  délibéracion 
«  que  ce  sera  pour  aller  plus  avant  et  faire  quelque  grant  service 
«  à  Dieu,  à  l'Église  et  à  l'exaltacion  de  la  foy  catholicque  qui  est 
«  la  chose  en  ce  monde  que  plus  j'ay  à  cueur  et  me  semble  que, 
«  quant  nous  serons  assemblés,  que  le  tout  ne  pourra  que  bien 
«  aller  2.  » 

En  même  temps  Charles  VIII  communiquait  à  son  allié  les 
instructions  qu'il  adressait  à  ses  ambassadeurs  à  Rome,  pour 
signifier  au  pape  «  son  vouloir  et  intencion  de  ladite  emprise.  » 
Outre  ses  agents  permanents  à  Rome,  il  faisait  partir  l'évêque  de 
Fréjus  et  maître  Benoît  de  Saint-Moris.  Une  fois  arrivés,  ceux-ci 
devaient  demander  à  être  entendus  en  consistoire  et  proclamer 
l'intention  où  était  leur  maître  de  rendre  les  terres  occupées  par 
les  Turcs  à  la  foi  chrétienne,  moyennant  le  concours  de  tous  ses 
amis  et  aUiés,  notamment  du  saint-siège.  «  Pour  sa  part,  por- 
«  taient  les  instructions,  ledit  seigneur  est  décidé  à  risquer  sa 
«  personne,  son  royaume  et  tous  ses  biens.  »  Loin  d'obéir  à  un 
motif  d'ambition  qui  eût  été,  après  tout,  légitime,  jugeant  que  la 

1.  Post-scriptuni  d'une  lettre  de  Belgiojoso  à  Ludovic.  Amboise,  8  février 
ii9L  Ibidem. 

2.  Charles  VIII  à  Ludovic.  Montils-Iez-Tours,  8  février  [1494].  Ibidem. 


521 

possession  du  royaume  de  Naples  constituait  le  plus  sûr  moyen  de 
mener  à  bien  son  entreprise,  Charles  VIII  s'était  arrêté  à  la  réso- 
lution de  reconquérir  ce  royaume  qui  lui  appartenait  de  droit.  En 
conséquence,  comme  le  fils  du  roi  Ferrand  réclamerait  peut-être 
l'investiture  pontificale,  le  pape  et  les  cardinaux  étaient  priés  de 
la  lui  refuser  en  attendant  que  Charles  vînt  lui-même  à  Rome 
visiter  Alexandre  VI  et  lui  faire  connaître  ses  droits.  «  Enfin,  si 
«  ce  fils  du  roi  Ferrand  tentait,  comme  c'est  son  habitude,  de  faire 
«  violence  à  la  sainte  Eglise  et  si  celle-ci  se  trouvait  contrainte 
«  d'opposer  la  force  à  la  force,  les  ambassadeurs  devaient  faire 
«  entendre  au  Saint-Siège  que  le  roi  viendrait  en  personne  et  avec 
«  si  bonne  et  si  grosse  compagnie  que  ledit  fils  ne  pourrait  user 
«  ni  de  force  ni  de  violence  ^  »  Mais,  comme  Cliarles  VIII  pré- 
voyait qu'Alexandre  VI  pourrait  bien  se  montrer  favorable  à 
Alfonse,  il  avait  muni  ses  ambassadeurs  d'une  seconde  instruction 
très  menaçante  qu'il  avait  tenu  à  signer  de  sa  propre  main  :  «  En 
«  ce  cas,  disait-il,  appelez-en  pour  nous  et  en  notre  nom  à  ceux 
«  à  qui  nous  devons  avoir  recours,  c'est-à-dire  au  concile  général 
«  de  l'Eglise  universelle 2.  » 

Alexandre  VI  avait  déjà  pris  son  parti.  En  vertu  de  l'hommage 
reçu  par  Innocent  VIII,  Alfonse  se  trouvait  ipso  facto  investi 
du  royaume  de  Naples  et  le  pape  ne  ressentait  point  à  s'accom- 
moder avec  le  fils  les  répugnances  qui  lui  faisaient  éviter  jadis  un 
accord  avec  le  père.  S'aUier  à  Ferrand,  c'eût  été  se  donner  un 
maître;  se  réconcilier  avec  Alfonse,  c'était,  —  du  moins  le  pape 
l'espérait,  —  trouver  un  instrument  docile.  Uni  à  Naples  et  à 
Florence,  le  Saint-Siège  formerait  le  noyau  d'une  ligue  à  laquelle 
Milan  et  Venise  seraient  sans  doute  forcés  de  se  rallier.  En  tout 
cas,  il  n'y  avait  plus  lieu  de  leurrer  Charles  VIII  en  lui  laissant 
croire  que  le  Saint-Siège  soutiendrait  un  jour  ses  prétentions  ni 
d'encourager  chez  lui  des  espérances  dont  le  pape  était  le  premier 
à  redouter  la  réalisation.  îl  fallait  se  hâter  d'y  mettre  un  terme. 
Dès  les  premiers  jours  de  février,  Pierre  Alamanni  écrivait  de 
Rome  à  Pierre  de  Médicis  que  le  souverain  pontife  inclinait  à 

1.  Instructions  de  l'évéque  de  Fréjus  et  de  Lodève  et  de  maître  Benoît  de 
Saint-Mauris.  Amboise,  10  février  t49i  (n.  st.).  —  Copie  contemporaine, 
Archives  nationales,  K.  1710.  —Traduction  italienne,  Archives  de  Milan,  Potenze 
estere,  Borna. 

2.  Seconde  instruction  aux  mêmes.  Même  date.  Tradnction  italienne,  Archives 
de  Milan,  Potenze  estere,  Rovia. 

34 


522 

s'accorder  avec  Alfonse'.  Quelques  jours  plus  tard,  Alexandre  VI 
adressait  à  Charles  VIII  une  longue  bulle  dans  laquelle  il  expri- 
mait l'étonnement  qu'il  ressentait  à  voir  le  roi  de  France  sur  le 
point  d'attaquer  une  puissance  chrétienne,  tandis  que  l'union  de 
tous  les  princes  n'était  pas  de  trop  pour  faire  face  aux  Turcs  mena- 
çants. Ne  pouvait-on  pas  craindre  que  le  roi  de  Napies  en  fût 
réduit  à  demander  secours  aux  infidèles?  Si  Charles  se  croyait 
des  droits  sur  Napies,  il  n'avait  qu'à  les  soumettre  au  pape  qui 
offrait  son  arbitrage.  En  terminant,  Alexandre  VI  le  mettait  en 
garde  contre  ceux  qui  lui  conseillaient  l'entreprise  en  vue  de  l'af- 
faiblir et  qui  pourraient  bien  le  trahir,  «  ainsi  que  cela  arrive 
«  souvent  parmi  les  Italiens,  lorsqu'ils  changent  leurs  batteries  2.  » 
Tout  Espagnol  qu'il  fût,  le  pape  donnait  en  ce  moment  même 
l'exemple  d'un  de  ces  revirements  subits  qu'il  reprocliait  aux  Ita- 
liens. Pour  justifier  la  contradiction  qui  existait  entre  les  termes 
de  la  bulle  et  le  langage  récemment  tenu  aux  ministres  de 
Charles  VIII  par  Gratien  de  Villanova,  langage  qui  ne  pouvait 
passer  que  pour  un  encouragement  à  l'entreprise,  on  s'avisa  d'un 
subterfuge  plus  ingénieux  que  légitime  :  ce  fut  d'antidater  la  bulle. 
Bien  qu'elle  n'ait  été  expédiée  que  le  10  février,  époque  à  laquelle 
l'envoyé  pontifical  avait  déjà  quitté  la  cour,  on  l'adressa  à  Vil- 
lanova comme  s'il  se  fût  encore  trouvé  en  France,  et  on  affecta 
d'y  parler  du  roi  Ferrand  comme  s'il  eût  encore  été  vivant.  On 
donnait  à  croire  ainsi  que  Gratien  avait  agi  sans  instructions 
et  que  les  véritables  intentions  du  pape  avaient  toujours  été  con- 
formes à  la  buUe.  Le  messager  avait  ordre  de  faire  toute  dili- 
gence, de  feindre  l'étonnement  en  apprenant  le  départ  de  l'envoyé 
pontifical  et  de  remettre  le  document  dont  il  était  porteur  à 
l'évêque  de  Saint-Malo.  On  croyait  en  effet  qu'il  serait  facile 
d'amener  Briçonnet  à  faire  différer  l'entreprise  en  lui  donnant 
l'espoir  d'obtenir  enfin  le  chapeau,  «  Sa  Sainteté  jugeant  que  cet 
«  évêque  a  un  tel  désir  de  devenir  cardinal  qu'il  ne  manquera  pas 
«  de  la  satisfaire  sur  ce  point  ^.  »  Tout  cela  avait  été  fait  dans  le 
plus  grand  secret  pour  que  Ludovic  le  More  n'en  eût  pas  connais- 

1.  Cité  par  A.  Gelli,  Archivio  storico  italiano,  3'=  série,  XVI,  p.  398,  n°  4. 

2.  «  Ut  sxpenumero  apud  Halos  accidit  niutata  velificatione »  Cette 

bulle  est  évidemment  la  pièce  sans  date  publiée  par  Baluze,  Miscellanea,  éd. 
Mansi,  III,  122. 

3.  Ascagne  à  Ludovic.  Rome,  14  février,  15  et  18  mars  1494.  Archives  de 
Milan,  Potenze  estere,  Roma.  —  Desjardins,  I,  280. 


523 

sance.  Mais  le  cardinal  Ascagne  avait  des  moyens  d'informations 
particuliers;  quatre  jours  après  le  départ  du  courrier,  il  con- 
naissait déjà  toute  l'intrigue,  et  il  pouvait  même  expédier  à  son 
frère  une  copie  de  la  bulle  antidatée.  Ludovic  se  hâta  de  tout 
révéler  à  Cliarles  VIII. 

Celui-ci  était  déjà  fort  mécontent  de  la  lettre  du  pape  qui, 
disait-il,  n'aurait  pu  être  plus  favorable  au  roi  de  Naples  si  c'eût 
été  ce  prince  lui-même  qui  l'eût  composée.  Le  passage  où  le 
pape  le  mettait  en  garde  contre  ceux  qui  lui  conseillaient  l'entre- 
prise l'avait  particulièrement  blessée  Ce  fut  bien  pis  lorsque 
l'on  connut  le  détail  de  l'antidate.  Gratien,  que  le  pape  avait 
renvoyé  en  France,  paya  d'audace  et  prétendit  que  Ludovic 
et  Ascagne  étaient  au  fond  de  l'affaire.  Les  amis  des  Milanais 
lui  dirent  sans  détours  qu'il  en  avait  menti,  et  la  manœuvre  du 
pape  produisit  un  effet  tout  contraire  à  son  dessein  2.  Une  «  aigre 
«  réponse  »  fut  expédiée  par  le  retour  du  courrier  à  Rome  où  elle 
parvint  le  9  mars^. 

Alexandre  VI  était  déjà  un  peu  moins  résolu;  bien  qu'il  eût 
d'abord  refusé  d'entendre  les  ambassadeurs  français  *,  il  leur  avait 
permis  quelques  jours  après  d'exposer  l'objet  de  leur  mission  en 
consistoire.  Toutefois,  il  déclara  ne  vouloir  leur  répondre  qu'une 
fois  qu'il  saurait  comment  Charles  VIII  aurait  accueilli  son  bref. 
Le  lendemain  du  jour  où  il  reçut  la  lettre  du  roi  de  France,  il 
lui  adressa  un  simple  accusé  de  réception  par  lequel  il  ajournait 
une  réponse  définitive,  lui  conseillant  de  méditer  encore  les  avis 
contenus  dans  son  bref,  ainsi  que  les  communications  que  lui  ferait 
Villanova^.  Cette  réponse  définitive  est  contenue  dans  la  bulle 
lue  au  consistoire  du  22  mars,  bulle  dont  M.  de  l'Epinois  a  cru 
voir  un  extrait  dans  le  document  trouvé  à  Fornoue.  EUe  n'était, 
pour  la  plus  grande  partie,  qu'une  répétition  du  premier  bref 
du  Saint-Père  ;  on  y  avait  seulement  ajouté  sur  la  question 
de  l'investiture  que,  celle-ci  ayant  été  déjà  donnée  par  Inno- 
cent VIII  à  Alfouse  lorsqu'il  était  duc  de  Calabre,  le  pontife 

1.  Belgiojoso  à  Ludovic.  Moulins,  22  février  1494.  Archives  de  Milan,  Potenze 
ester e,  Francia. 

2.  Du  même  au  même.  Moulins,  28  février  1494.  Ibidem. 

3.  Desjardins,  I,  280. 

4.  Gregorovius,  édition  italienne,  Vil,  398. 

5.  Alexandre  VI  à  Charles  VIII.  Rome,  10  mars  1494.  Archives  nationales, 
K.  1710,  n°  10. 


324 

actuel  n'avait  pas  le  droit  de  la  lui  retirer.  Alexandre  VI  se 
déclarait  donc  à  peu  près  formellement  en  faveur  des  Aragonais, 
puisqu'il  ne  proposait  plus  à  Charles  VIII  d'examiner  ses  droits 
au  trône  de  Naples  '.  Néanmoins,  le  cardinal  de  Naples,  ne  trou- 
vant pas  encore  ce  langage  assez  ferme,  proposait  de  menacer  le 
roi  de  France  des  censures  ecclésiastiques.  C'est  que  l'accord  avec 
Alfonse  n'était  pas  encore  conclu.  Le  pape  exigeait  pour  ses  fils, 
le  duc  de  Gandia  et  Don  Geoffroi,  des  établissements  si  exorbi- 
tants que  les  pourparlers,  engagés  par  l'intermédiaire  de  Virginio 
Orsini  et  du  cardinal  de  Valence,  n'avaient  pas  encore  aboutie 
Cependant  tout  s'arrangea  selon  ses  vœux;  le  18  avril,  dans  un 
consistoire  qui  dura  plus  de  huit  heures,  le  souverain  pontife  pro- 
clama le  fils  de  Ferrand  roi  de  Naples,  et,  malgré  les  protestations 
des  envoyés  français  qui  en  appelaient  au  futur  concile,  il  chargea 
le  cardinal  de  Monreale,  Jean  Borgia,  d'aller  couronner  Alfonse 
en  son  nom^. 

A  cette  nouvelle,  Charles  VIII  dut  perdre  les  dernières  illu- 
sions qu'il  avait  pu  conserver  sur  les  dispositions  du  Saint-Siège 
à  son  égard.  On  n'est  guère  en  droit  de  s'étonner  après  cela  qu'il 
soit  entré  dans  Rome  la  lance  sur  la  cuisse  et  dans  l'appareil 
menaçant  d'un  envahisseur.  Mais  la  bulle  du  l*""  février  1495 
montre  que  ni  cette  attitude,  ni  la  grande  peur  qu'il  causa  au  pape 
ne  lui  servirent  de  rien.  Alexandre  VI  parvint  à  le  jouer,  alors 
même  que  les  lances  françaises  étaient  encore  en  vue  du  Vatican. 

H. -François  Delaborde. 


1.  Ascagne  à  Ludovic.  Rome,  22  mars  1494.  Archives  de  Milan,  Potenze  estere, 

Roma.  —  Un  extrait  de  cette  lettre  a  été  donné  par  Rosraini,  Dell'  isioria 

di  Gian-Jacopo  Trivulzio,  II,  201. 

2.  Du  même  au  même.  Rome,  17  mars  1494.  Ibidem. 

3.  Infessura  dans  Muratori,  III,  part.  2,  col,  1251-1252. 


*»  O-^a 


VALEUR  HISTORIQUE 

DE   LA 

CHRONIQUE  D'ARTHUR  DE  RICHEMONT 

CONNÉTABLE  DE  FRANCE,  DUC  DE  BRETAGNE 

(1393-1458) 
Par  GUILLAUME  GRUEL 


La  chronique  d'Arthur  de  Richemont  étant  l'unique  source  de 
toutes  les  notices  biographiques  consacrées  au  connétable,  il  est 
facile  de  comprendre  l'utiUté  d'une  étude  approfondie  sur  la 
valeur  historique  de  l'œuvre  de  Guillaume  Gruel.  Dès  le  commen- 
cement de  ce  siècle,  pour  ne  pas  remonter  plus  haut,  M.  A,  de 
FranchevilleS  plus  tard,  MM.  Mazas^,  Cayot-Délandre^,  Guyot- 
Jomard^  VaUetde  Viriville^,  Bougeault*^,  L.  Bigot'',  dans  leurs 
brochures  ou  leurs  articles,  ne  font  guère  que  nous  en  présenter 
des  abrégés  dépourvus  de  toute  critique  sérieuse,  sans  tenir  compte 
de  l'avertissement  donné  par  quelques  éditeurs.  Les  historiens  du 
règne  de  Charles  VII  l'utilisent  également  dans  une  large  mesure, 
mais  avec  moins  de  confiance.  En  effet,  la  nationalité  du  chroni- 

1.  Annuaire  du  Morbiiian,  1838,  in-S",  p.  108. 

2.  Vies  des  grands  capitaines  français,  1845,  3°  édit.,  in-8'',  t.  V. 

3.  Notice  dans  la  Biographie  bretonne  de  P.  Levot,  185-2,  gr.  in-S",  I,  44-50. 

4.  Arthur  de  Bretagne,  comte  de  Richemont...,  1877,  in-8°  de  88  pp.  Nous 
comprenons  que  l'auteur  qui  a  consacré  à  Richemont  une  notice  d'une  cinquan- 
taine de  pages,  éditée  chez  Lefort  (Lille  et  Paris,  1879,  in-8°),  n'ait  pas  jugé 
utile  de  la  signer. 

5.  Dans  la  Nouvelle  biographie  générale  de  Didot,  1861,  in-8»,  t.  III,  391. 

6.  Article  publié  dans  V Investigateur,  t.  LU,  1881,  in-S",  p.  213-225. 

7.  Le  Connétable  de  Richemont,  1883,  2'  édit.  in-12. 


326 

queur,  les  liens  qui  l'attachent  au  connétable  et  le  ton  général 
de  son  récit  font  supposer  tout  d'abord  qu'il  avait  intérêt  «  à 
présenter  les  faits  sous  les  couleurs  qu'il  leur  prêtée  »  Nous 
avons  voulu  voir  si  cette  hypothèse  était  exacte  en  examinant 
soigneusement  l'œuvre  de  Gruel,  après  avoir  établi,  par  un  long 
travail  préliminaire,  un  texte  sûr  qui  pût  servir  de  base  à  notre 
études 

I. 

JUGEMENTS   DIVERS   SUR   LA   CHRONIQUE   DE   GRUEL. 

La  chronique  de  Gruel  nous  est  parvenue  accompagnée  de 
jugements  qui  sont  loin  de  justifier  les  fréquents  emprunts  que  lui 
font  les  historiens.  La  sévère  appréciation  de  Fontanieu,  qui  la 
qualifie  dédaigneusement  de  panégyrique  3,  a  été  reproduite  par 
la  plupart  des  érudits  qui  se  sont  occupés  jusqu'à  ces  dernières 
années  du  connétable  de  Richemont  et  de  l'histoire  militaire  du 
règne  de  Charles  VII,  et,  chose  singulière,  tous,  y  compris  Fon- 
tanieu lui-même,  utilisent  l'œuvre  de  Gruel  dans  des  proportions 
considérables  et  le  citent  au  même  titre  que  Berry,  Jean  Ghar- 
tier,  Monstrelet,  Mathieu  d'Escouchy  et  les  autres  principaux 
chroniqueurs  de  cette  époque.  Le  P.  Lelong,  reproduisant  dans 
sa  Bibliothèque  historique'^  mie  note  empruntée  au  Catalogus 
Bibliothecœ  Harleianœ^,  prétend  que  Gruel  rapporte  des  choses 
singulières^.  Quelques  années  plus  tard,  le  P.  Griffet,  dans  ses 

1.  Cf.  Principes  de  la  critique  historique,  par  le  P.  Ch.  de  Smedt,  1883,  ia-12, 
p.  123. 

2.  Les  citations  de  la  chronique  de  Gruel,  contenues  dans  le  présent  travail, 
sont  faites  d'après  le  texte  que  nous  avons  préparé  et  dont  nous  avons  proposé 
la  publication  à  la  Société  de  l'histoire  de  France.  Pour  rendre  le  contrôle  pos- 
sible, nous  renvoyons  dans  les  notes  à  l'édition  de  Buchon  dans  le  Panthéon 
littéraire,  et  aussi  au  chapitre  de  notre  texte  manuscrit  (indiqué  par  Ms.), 
auquel,  grâce  à  ce  système,  on  pourra  se  reporter  lorsqu'il  aura  été  imprimé. 
Les  erreurs  chit)nologiques  et  autres,  qui,  dans  les  éditions,  proviennent  de 
manuscrits  défectueux,  ont  été  corrigées  dans  notre  texte  et  n'ont  par  suite 
donné  lieu  ici  à  aucune  discussion. 

3.  Histoire  de  Charles  VU,  à  la  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  10449,  Avertissement,  p.  6. 

4.  Édit.  1771,  t.  III,  n°  31426. 

5.  Tome  II,  512. 

6.  Celte  vague  appréciation  se  retrouve  dans  la  Biographie  bretonne  de 
P.  Levot  (I,  849)  à  l'article  Gruel,  réédité  dans  la  Nouv.  biographie  générale. 


527 

observations  sur  le  connétable  de  Richemont,  placées  à  la  suite 
de  V Histoire  de  France  du  P.  Daniel',  signale  en  tout  deux  de 
ces  singularités  :  la  première  a  trait  à  la  manière  peu  loyale  dont 
Richemont,  prisonnier  des  Anglais,  reprit  sa  liberté;  la  seconde 
concerne  sa  première  entrevue  avec  Jeanne  d'xVrc,  et,  dans  ce 
dernier  cas,  le  P.  Griffet  semble  même  donner  pleine  créance  à 
la  biographie  du  connétable^,  qui  a  cependant  excité  sur  ce  point 
la  légitime  défiance  de  M.  J.  Quicherat^.  L'éditeur  de  la  Collec- 
tion des  Mémoires  particuliers  relatifs  à  V Histoire  de 
France  cherche  à  relever  la  chronique  de  Richemont  du  dis- 
crédit auquel  l'avait  condamnée  Fontanieu.  Selon  lui,  il  faut  se 
défier  des  éloges  prodigués  par  G.  Gruel  à  son  maître,  «  qui, 
dit-il,  fut  comme  un  autre  dominé  par  l'ambition,  »  et  laisser  de 
côté  certains  contes  populaires  auxquels  le  chroniqueur  paraît 
ajouter  foi  ;  mais  le  fond  même  du  récit  est  d'accord  avec  celui 
des  historiens  du  temps  ^.  Petitot,  qui  s'inspire  évidemment  de 
la  notice  que  nous  venons  de  résumer  en  quelques  lignes,  fait 
à  peu  près  les  mêmes  remarques,  et  nous  met  en  garde  contre  les 
assertions  de  Gruel  «  toutes  les  fois  que  la  gloire  du  connétable 
ou  des  Bretons  peut  être  éclipsée  par  celle  des  guerriers  fran- 
çais. »  L'éditeur  se  croit  dispensé  par  cette  observation,  d'ailleurs 
fort  sage,  de  l'obligation  d'ajouter  à  son  texte  des  notes  «  qui 
auroient  exigé  de  longues  dissertations^.  » 

Après  ces  appréciations  générales,  plus  ou  moins  défavorables, 
qui  émanent  de  personnes  dont  le  jugement  ne  pouvait  se  laisser 
égarer  par  un  sentiment  de  patriotisme  étroit  et  inconsidéré, 
viennent  celles  de  deux  biographes  modernes  du  connétable,  qui 
sont  loin  de  porter  la  même  empreinte  d'impartialité.  MM.  Guyot- 
Jomard  et  L.  Bigot  ont  dans  la  chronique  de  G.  Gruel  la  plus 
grande  confiance,  puisqu'ils  en  font  la  base  fondamentale  de 
leurs  deux  publications.  Le  premier  déclare  en  outre  n'avoir  pu 
découvrir  les  singularités  et  les  exagérations  signalées  par  ses 
devanciers^.  Le  second  n'a  pas  été  plus  clairvoyant  :  il  n'aime 


1.  Édit.  1755,  t.  vil,  p.  339  et  s. 

2.  Ibid.,  p.  341  et  347. 

3.  Procès  de  Jeanne  d'Arc,  IV,  315. 

4.  Collection  citée,  1785,  l.  VII,  p.  225  et  ss. 

5.  Collection  Petitot,  VIII,  p.  405  et  ss. 

6.  Arthur  de  Bretagne,  comte  de  Richemont,  connétable  de  France  sous 


528 

pas,  il  est  vrai,  les  recherches  approfondies*  et  ne  fait  guère 
que  paraphraser  quelques-uns  des  récits  de  Gruel,  renchérissant 
ici  sur  ses  éloges,  intercalant  ailleurs  quelque  violente  diatribe 
contre  Charles  VIP  et  montrant  le  plus  grand  étonnement 
quand  il  constate  que  des  écrivains  de  talent  ne  pensent  pas 
comme  lui  ^.  La  chronique  de  Gruel  est  un  panégyrique  bien  pâle 
à  côté  de  ces  deux  brochures  ;  aussi  ne  faut-il  pas  s'étonner  du 
jugement  si  favorable  que  leurs  auteurs  portent  sur  elle. 

Le  dernier  historien  de  Charles  VII,  M.  le  marquis  de  Beau- 
court,  tout  en  reconnaissant  et  l'importance  de  la  biographie  du 
connétable  et  aussi  son  caractère  de  panég_}Tique,  a  soin  de  véri- 
fier toutes  les  assertions  du  chroniqueur,  et  bien  lui  en  a  pris, 
car  il  a  déjà  signalé  un  certain  nombre  d'erreurs  que  nous  indi- 
querons en  leur  lieu^. 

En  somme,  tous  les  critiques,  vraiment  dignes  de  ce  nom, 
s'accordent  à  reconnaître  d'une  manière  générale  un  caractère 
apologétique  à  l'œuvre  de  Gruel  ;  mais,  après  un  avertissement 
préalable,  chacun  d'eux  recule  devant  la  difficile  tâche  de  mon- 
trer exactement  jusqu'à  quel  point  cette  assertion  est  vraie,  en 
faisant  la  part  que  l'on  doit  attribuer  à  l'imagination  d'un  servi- 
teur trop  dévoué  et  celle  qui  appartient  à  l'histoire.  A  l'aide  des 
notes  et  des  longues  dissertations  qui  avaient  efirayé  Petitot, 
nous  allons  essayer  de  servir  de  guide  aux  historiens  obligés  de 
recourir  au  travail  de  G.  Gruel. 

Si  l'on  considère  la  biographie  du  connétable  de  Ricliemont  au 
point  de  vue  des  renseignements  nouveaux  qu'elle  fournit,  soit  à 
l'histoire  générale,  soit  à  l'histoire  locale,  on  y  distingue  six 
parties,  dont  nous  examinerons  successivement  la  valeur  histo- 
rique, afin  de  déterminer  ensuite  le  caractère  général  de  l'œuvre 
de  Gruel  et  le  rang  qu'elle  doit  occuper  dans  la  série  des  sources 
de  notre  histoire  nationale  au  xv''  siècle. 

Charles  VII,  de  1424  à  1457.  Étude  biographique,  par  Al.  Guyot-Jomard 
(Vannes,  1877,  in-S",  88  pp.),  pp.  78-79. 

1.  Le  Connétable  de  Richemont,  par  M.  L.  Bigot  (2^  édit.,  Paris,  1883,  in-12, 
141  pp.),  p.  89,  note  1,  et  p.  100,  note  1. 

2.  Ibid.,  pp.  78-79. 

3.  Ibid.,  p.  67. 

4.  HisL  de  Charles  VII,  t.  I,  p.  lviii. 


529 
IL 

JEUNESSE  d'ARTHUR   DE   RICHEMONT. 

(1393-1425.) 

Gruel  ne  nous  eût  pas  indiqué  lui-même  la  source  où  il  a  puisé 
le  récit  des  événements  de  cette  période  qu'il  eût  été  facile  d'y 
reconnaître  l'œuvre  d'un  auteur  écrivant  sous  la  dictée  d'autrui. 
La  sobriété  des  détails,  les  erreurs  flagrantes,  les  appréciations 
fausses,  les  lacunes  considérables,  enfin,  le  manque  de  propor- 
tions entre  cette  partie  de  la  chronique  et  les  parties  suivantes 
nous  eussent  montré  jusqu'à  l'évidence  que  G.  Gruel  consigna 
par  écrit  à  une  époque  assez  tardive  des  événements  dont  il 
n'avait  pas  été  le  témoin  oculaire,  et  sur  lesquels  il  ne  possédait 
que  des  renseignements  assez  vagues,  sans  lien  entre  eux.  11  est 
vrai  que  celjte  période  correspondant  à  la  première  jeunesse  de 
Ricliemont,  il  n'y  a,  par  suite,  à  noter  dans  sa  vie  qu'un  petit 
nombre  d'événements  présentant  quelque  importance,  surtout 
jusqu'à  la  bataille  d'Azincourt. 

Les  indications  chronologiques,  d'ailleurs  assez  rares,  sont 
loin  d'être  toujours  exactes.  On  s'étonne  de  ne  pas  trouver  les 
dates  de  la  mort  de  Jean  le  Vaillant,  duc  de  Bretagne,  de  l'expé- 
dition entreprise  par  Richemont  contre  les  rebelles  de  Saint- 
Brieuc  et  de  la  guerre  qui  suivit  l'assassinat  du  duc  d'Orléans. 
La  parenté  des  maisons  de  Bourgogne  et  de  Bretagne  n'attribuait 
pas  de  droit,  comme  paraît  le  croire  notre  chroniqueur,  la  tutelle 
des  enfants  de  Jean  le  Conquérant  à  Philippe  le  Hardi;  mais 
celui-ci  avait  été  nommé  régent  par  une  disposition  testamentaire 
du  feu  duc,  disposition  qui  fut  en  outre  approuvée  par  le  roi  de 
France^.  Il  est  regrettable  de  constater  que  G.  Gruel  est  moins 
bien  informé  sur  ce  point  que  Monstrelet^.  11  ignore  également 
que,  le  24  mars  1401,  le  jeune  duc  Jean  VI,  après  avoir  fait  la 
veille  son  entrée  solennelle  à  Rennes,  conféra  à  son  frère  Arthur 

1.  Cf.  note  de  M.  A.  de  la  Borderie  dans  son  édition  de  la  Chronique  de  Jean 
de  Saint-Paul,  éd.  1881,  p.  127;  D.  Plancher,  Hist.  de  Bourgogne,  III,  p.  186. 

2.  Édit.  Douët-d'Arcq,  I,  p.  34. 


530 

l'ordre  de  la  chevalerie  qu'il  venait  de  recevoir  lui-même  des 
mains  d'Olivier  de  Clisson*.  La  rivalité  entre  les  Blois  et  les 
Montfort  n'était  pas  encore  complètement  terminée;  Marguerite 
de  Clisson,  veuve  de  Jean,  comte  de  Pentllièvre^  ayant  essayé 
de  soulever  la  Bretagne  en  faveur  de  son  fils,  le  jeune  comte  de 
Richement,  prit  une  part  active  à  la  guerre  qui  éclata^.  Si  Gruel 
garde  le  silence  sur  ce  fait,  ce  n'est  pas,  croyons-nous,  par  igno- 
rance ;  mais  il  lui  répugne  sans  doute  de  rappeler  les  fréquentes 
et  sanglantes  divisions  qui  éclataient  dans  le  sein  de  la  famille 
ducale;  il  craint  de  diminuer  par  là  le  prestige  des  princes 
bretons  et  agit  en  sujet  fidèle  et  dévoué,  mais  non  pas  en  his- 
torien. 

Le  rôle  d'Arthur  de  Bretagne  dans  la  guerre  que  les  ducs 
d'Orléans  et  de  Berry  firent  au  roi  et  au  duc  de  Bourgogne  sous 
les  murs  de  Paris,  en  1410-1411,  et  sous  ceux  de  Bourges,  l'an- 
née suivante,  n'est  pas  présenté  sous  son  véritable  jour.  En 
prenant  part  à  ces  deux  campagnes,  Richement,  refusant  d'obéir 
aux  ordres  du  roi^  allait  contre  le  désir  du  duc  son  frère,  qui 
avait  reçu  des  sommes  considérables  de  Charles  VP.  Le  princi- 
pal événement  de  cette  guerre,  le  siège  de  Bourges  par  le  roi  de 
France  et  le  duc  de  Bourgogne,  placé  par  Gruel  en  1413,  est 
de  1412.  Commencé  dans  les  premiers  jours  de  juin'',  il  fut  levé 
et  la  paix  conclue  le  15  juiUet  suivant^.  Si  Richemont  «  obtint 
ce  qu'il  demanda*  »  au  duc  de  Bretagne,  son  frère  Gilles  trouva 
également  des  ressources,  et,  sans  les  circonstances  qui  retinrent 
Arthur  dans  le  Maine,  U  eût  pu  avoir  à  se  reprocher  un  fratri- 


1.  D.  Lobineau,  Preuves  de  l'hist.  de  Bretagne,  II,  872;  P.  Anselme,  Hist. 
généalogique,  1726,  I,  459. 

2.  Mort  le  16  janvier  1404  à  Lamballe  (auj.  canton,  Côtes-du-Nord,  arrondis- 
sement de  Sainl-Brieuc).  Cf.  Alain  Bouchard  :  Les  Grandes  Chroniques  de  Bre- 
taigne.  Paris,  1514,  fol.  228  v. 

3.  Mazas,  Vies  des  grands  capitaines  français,  V,  p.  6. 

4.  Cf.  lettre  de  Charles  VI  au  sire  de  Montfort,  chevalier,  dans  les  Preuves 
de  D.  Morice,  II,  c.  867. 

5.  Cf.  Monstrelet,  II,  pp.  94-95;  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  20405,  pièces  17,  18,  21. 

6.  Le  samedi  11  juin,  d'après  le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  éd.  Tue- 
tey,  p.  24,  Monstrelet,  II,  p.  271,  et  la  Geste  des  nobles,  éd.  Vallet  de  Viri- 
ville,  p.  142.  —  Cf.  les  Mémoires  de  P.  de  Fénin,  édit.  Buchon,  p.  552. 

7.  Monstrelet,  II,  287;  Geste  des  nobles,  p.  143;  Chronique  de  Pierre 
Cochon,  p.  417. 

8.  Ms.,  ch.  VII,  Buchon,  p.  356. 


534 

cide,  car  Gilles  mourut  d'une  maladie  contractée  pendant  le 
siégea  La  guerre  que  Richemont  faisait  dans  le  Maine  n'était 
pas  d'ailleurs  beaucoup  plus  loyale.  Le  chroniqueur  essaie  de 
cacher  tout  ce  qu'il  y  avait  de  répréhensible  dans  sa  conduite  en 
disant  qu'il  voulait  réduire  à  l'obéissance  les  vassaux  rebelles  du 
duc  d'Alençon  ;  mais  c'est  là  un  faux  prétexte  :  Sillé-le-Guil- 
laume  et  Beaumont  appartenaient,  non  pas  au  duc  d'Alençon, 
mais  à  Louis  II,  duc  d'Anjou,  roi  de  Sicile,  qui  s'empressa  de 
venir  au  secours  de  ses  places  S  tandis  que  le  comte  de  Saint- 
Paul,  connétable  de  France,  marchait  contre  le  duc  d'Alençon^. 
Après  la  conclusion  de  la  paix,  Richemont  ne  fut  pas  attaché 
immédiatement  à  la  maison  du  duc  de  Guyenne,  il  se  rapprocha 
d'abord  du  roi,  qui,  le  22  janvier  1414,  le  retint  à  son  service 
et  le  mit,  le  31  mars  suivant,  sous  les  ordres  directs  du  dauphin 
Louis  *. 

Le  voyage  de  la  duchesse  Jeanne  à  la  cour  de  France  eut  lieu, 
non  en  1413  ^  mais  beaucoup  plus  tard  après  la  campagne  d'Ar- 
ras.  Jean  VI,  sortant  de  ses  longues  hésitations,  se  décida,  vers 
la  fin  d'octobre  1414,  à  répondre  aux  invitations  réitérées  d'Isa- 
beau  de  Bavière  ;  le  départ  fut  fixé  après  la  fête  de  la  Toussaint». 
Il  faut  rapporter  à  la  même  époque  le  voyage  du  duc  de  Guyenne 
et  de  Richemont  à  Bourges'.  Gruel  a  confondu  ensemble  deux 
voyages  que  le  duc  Jean  (et  non  la  duchesse)  fit  à  Paris  en  1413 
et  en  1414;  dans  le  premier,  qui  eut  lieu  en  septembre,  il  reçut 
de  la  reine  Isabeau  deux  diamants  dont  un  pour  la  duchesse»  ; 
mais  c'est  seulement  à  la  fin  de  1414  que  celle-ci  alla  pour  la 
première  fois^  vers  la  reine  Isabeau,  voyage  annoncé  dans  l'acte 
édité  par  D.  Morice  :  le  5  janvier  1415,  les  deux  princesses 

1.  Gilles  mourut  le  25  juillet  1412  (D.  Lobineau,  HisL  de  Bretagne,  II,  p.  366; 
Monstrelet,  II,  p.  290). 

2.  Monstrelet,  II,  p.  248. 

3.  Mémoires  de  P.  de  Fénin,  éd.  Buchon,  p.  552. 

4.  Preuves  de  D.  Morice,  II,  c.  902  et  904. 

5.  Ms.,  ch.  X,  Buchon,  p.  356. 

6.  Preuves  de  D.  Morice,  II,  c.  894-895. 

7.  Monstrelet,  III,  p.  53. 

8.  Cf.  Arch.  nat.,  KK  48,  fol.  122  V;  le  18  septembre,  le  duc  Jean  donnait,  à 
Paris,  quittance  à  Jean  Le  Vavasseur,  receveur  dos  aides  à  Évreux,  pour  une 
somme  de  100  fr.  à  prendre  sur  un  don  de  50,000  fr.  à  lui  fait  par  le  roi  (Bibl. 
nat.,  ms.  fr.  20495,  pièce  22)  ;  cf.  Monstrelet,  II,  403,  et  Geste  des  nobles,  p.  150. 

9.  Arch.  nat.,  Mémoriaux  de  la  Chambre  des  comptes,  P  2298,  p.  73. 


532 

étaient  à  Melun,  où  le  dauphin  vint  les  visiter.  C'est  ce  second 
voyage  qui  coïncida  avec  celui  du  duc  de  Guyenne  et  de  Riche- 
mont  à  Bourges  ^ 

Gruel  semble  placer  la  restitution  de  Saint-Malo  au  duc  de 
Bretagne  en  1413  ou  1414^;  cependant,  le  roi  de  France  ne  res- 
titua cette  place  que  beaucoup  plus  tard,  par  acte  donné  à  Rouen 
au  mois  d'octobre  (probablement  le  19)  14153,  c'est-à-dire 
presque  à  la  veille  de  la  bataille  d'Azincourt.  Cette  générosité, 
bien  que  restée  inutile,  était  d'un  habile  pohtique,  et,  si  Riche- 
mont  fut  pour  quelque  chose  dans  cette  restitution,  ce  qui  est  au 
moins  douteux,  il  faut  avouer  qu'il  avait  choisi  un  moment  favo- 
rable pour  présenter  sa  requête.  Mais  le  chanoine  Lebaud  et 
Alain  Bouchard  disent  que  le  roi  consentit  à  rendre  Saint-Malo 
en  faveur  de  la  duchesse  sa  fille  ;  Gruel  prétend  au  contraire  que 
ce  fut  grâce  à  l'influence  de  Ricbemont.  La  première  assertion  est 
beaucoup  plus  vraisemblable  ;  car  nous  possédons  la  requête 
adressée  par  Jeanne  au  roi  en  janvier  1415,  et  relative  à  la  res- 
titution de  cette  ville  et  de  plusieurs  autres  terres^.  Tous  ces  évé- 
nements ne  sont  donc  pas  rangés  à  leur  place  chronologique  dans 
l'œuvre  de  Gruel. 

Richement  était  à  peine  rentré  dans  les  bonnes  grâces  du  roi 
que  la  guerre  éclatait  de  nouveau  entre  les  princes  du  sang.  Il 
prit  alors  part  aux  conseils  royaux  et  fut  l'un  de  ceux  qui  conseil- 
lèrent de  marcher  contre  le  duc  de  Bourgogne,  dans  une  assem- 
blée de  princes  et  de  prélats  tenue  le  2  mars  1414  à  Paris  ^. 
Le  31  de  ce  mois,  il  était  retenu  au  service  du  roi  pour  la  cam- 
pagne suivante^.  Les  troupes  royales  n'ouvrirent  pas  les  hostilités 
par  le  siège  de  Soissons,   comme  l'avance  GrueP  :  elles  prirent 


1.  Cf.  Monstrelet,  III,  p.  53  et  55. 

2.  Ms.,  ch.  XI,  Buchon,  p.  356. 

3.  Orig.  aux  archives  de  la  Loire-Inférieure,  E  160,  cass.  63,  publié  dans  les 
Preuves  deD.  Morice,  II,  c.  924;  on  trouve  dans  ces  jP/euws  une  lettre  du  roi, 
en  date  de  Rouen,  19  octobre,  ordonnant  au  chapitre  de  Saint-Malo  d'obéir 
désormais  au  duc  de  Bretagne. 

4.  Compilation  des  cronicques...  des  Bretons,  par  P.  Lebaud,  à  la  Bibl.  nat., 
ms.  fr.  8266,  fol.  340  recto,  col.  2;  Alain  Bouchard,  les  Grandes  Annales  de 
Bretagne,  éd.  1541,  fol.  151  r"  et  v  ;  Arch.  nat.,  Mémorial  P  2298,  p.  73. 

5.  D.  Plancher,  Uist.  de  Bourgogne,  III,  p.  396;  Monstrelet,  II,  p.  463. 

6.  Preuves  de  D.  Morice,  II,  c.  304. 

7.  Ms.,  cb.  XII,  Buchon,  p.  357. 


533 

d'abord  Compiègne  au  commencement  de  mai*  ;  le  10  de  ce  mois, 
elles  étaient  devant  Soissons  et  prenaient  ensuite  Bapaumes; 
poursuivant  leurs  succès,  elles  arrivent  vers  le  20  juillet  devant 
Arras,  où  elles  restent  jusqu'au  4  septembre  1414  2.  Mais  ce  n'est 
pas  dans  notre  chronique  qu'il  faut  chercher  des  détails  précis  et 
circonstanciés  sur  cette  campagne,  à  laquelle  Richement  prit 
pourtant  une  part  active.  On  ne  peut  comparer  le  récit  écourté 
de  Gruel  avec  la  narration  si  riche  de  Monstrelet,  ni  même  avec 
celle  de  Cousinot  le  chancelier  ou  du  Bourgeois  de  Paris. 

C'est  peu  de  temps  après  son  retour  à  Paris,  où  il  se  trouvait 
à  la  fin  d'octobre,  que  Richemont  accompagna  le  duc  de  Guyenne 
à  Bourges,  tandis  que  la  duchesse  Jeanne  de  Bretagne  s'achemi- 
nait vers  la  capitale^. 

Outre  le  désordre  et  les  erreurs  que  nous  venons  de  signaler 
dans  l'exposé  des  faits,  on  remarque  quelques  omissions  que  l'on 
doit  attribuer,  soit  à  l'ignorance  du  chroniqueur,  soit  au  désir  de 
montrer  l'ingratitude  des  rois  de  France  vis-à-vis  de  son  maître^. 
Cependant,  la  belle  conduite  de  Richemont  dans  la  campagne 
de  1414  lui  valut  la  faveur  royale  :  on  commença  par  lui  donner 
de  l'argent  pour  payer  ses  hommes  d'armes  bretons,  dont 
quelques-uns  reçurent  des  récompenses  spéciales  le  24  octobre  ^  ; 
puis,  le  19  décembre  suivant,  il  fut  nommé  gouverneur  du  duché 
de  Nemours,  retiré  au  roi  de  Navarre,  et  reçut  ses  lettres  de  pro- 
vision le  23  du  même  mois^.  Vers  la  même  époque,  il  se  vit 
donner  le  comté  de  Tonnerre'. 

Gruel  n'est  pas  plus  explicite  sur  le  rôle  que  joua  Richemont 
auprès  du  duc  de  Guyenne  ;  depuis  qu'il  fut  attaché  à  la  maison 

1.  Monstrelet,  III,  p.  5;  Geste  des  nobles,  éd.  Vallel  de  Viriville,  p.  151; 
Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  éd.  Tuetey,  p.  151  et  note  1. 

2.  Monstrelet,  lil,  p.  23  et  24,31  et  32;  Bourgeois  de  Paris,  p.  51-53;  Geste 
des  nobles,  p.  152-153.  La  paix  fut  alors  signée,  Richemont  et  son  frère  le  duc 
de  Bretagne  sont  au  nombre  des  seigneurs  qui  s'engagèrent  en  février  1415  à 
faire  exécuter  ces  conventions.  Cf.  Monstrelet,  VI,  p.  173,  et  une  copie  du  traité 
aux  Archives  nat.,  P  2298,  p.  145-148. 

3.  Preuves  de  D.  Morice,  II,  c.  909  ;  cf.  ci-dessus  p.  531-532. 

4.  Cf.  Ms.,  ch.  Lxxxix,  Buchon,  p.  404. 

5.  Preuves  de  D.  Morice,  II,  c.  909. 

6.  Arch.  nat.,  Mémorial  P  2298,  p.  117  et  ss.  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  21408, 
fol.  49  v.  On  trouve  une  copie  de  ces  lettres  dans  le  ms.  lat.  90i8,  Bibl.  nat., 
fol.  8  V»,  avec  la  date  du  29  décembre. 

7.  Boutiot,  Hist.  de  Troyes,  1872,  II,  p.  344. 


534 

de  ce  dernier,  il  l'accompagna  constamment  et  le  servit  même 
dans  des  affaires  d'un  caractère  tout  privée  Le  roi  ayant  confié 
à  son  fils  la  garde  spéciale  de  la  bastille  Saint-Antoine  à  Paris, 
le  dauphin  s'en  déchargea  sur  Richemont  le  10  avril  1415'''.  Un 
mois  plus  tard,  le  14  mai,  le  duc  de  Guyenne,  après  avoir  reçu 
en  don  les  terres  confisquées  sur  Jean  Larchevêque,  seigneur  de 
Parthenay,  qui  avait  embrassé  la  cause  bourguignonne,  confia 
l'exécution  delà  sentence  de  confiscation  au  comte  de  Richemont, 
et,  pour  l'intéresser  au  bon  résultat  de  cette  entreprise,  lui  trans- 
mit tous  ses  droits  ^.  Dès  le  commencement  de  juin,  celui-ci  réunit 
ses  hommes  d'armes  et  se  fit  donner  de  l'argent  pour  leur  soldée 
Gruel,  qui  signale  les  succès  militaires  remportés  dans  la  cam- 
pagne qui  suivit,  ne  dit  rien  des  intérêts  directs  que  Richemont 
avait  dans  cette  affaire,  et  cependant  il  devait  lui  être  facile  de 
se  procurer  des  renseignements  sur  la  seigneurie  qui  devint  la 
résidence  habituelle  du  connétable.  Il  ne  faut  pas  lui  demander 
non  plus  des  détails  bien  circonstanciés  sur  les  préliminaires  si 
intéressants  et  en  même  temps  si  tristes  de  la  bataille  d'Azin- 
court.  Monstrelet  est  beaucoup  mieux  informé  que  lui  sur  la  par- 
ticipation de  Richemont  à  cette  campagne  qui  devait  aboutir  à 
une  déroute  complète^.  Gruel  ignore  même  la  date  exacte  de  ce 
fait  qui  avait  pourtant  si  vivement  impressionné  ses  contempo- 
rains. Il  dit,  en  effet,  que  les  deux  armées  se  trouvèrent  en  pré- 
sence le  25  octobre,  logèrent  le  soir  même  l'une  près  de  l'autre 
et  engagèrent  le  combat  le  lendemain  au  point  du  jour,  c'est-à- 
dire  le  26,  un  vendredi  d'après  notre  chroniqueur^.  Or,  il  y  a  là 
une  double  confusion  :  le  combat  eut  lieu  le  25  octobre,  et  cette 


1.  Cf.  dans  Monstrelet,  III,  p.  70,  le  récit  du  départ  de  la  cour  d'Isabeau  et 
de  la  dauphine  Marguerite,  la  future  comtesse  de  Richemont. 

2.  Preuves  de  D.  Morice,  II,  c.  902. 

3.  B.  Ledain,  Hisl.  de  Parthenay,  1858,  p.  207  ;  Arch.  de  la  Loire-Inférieure, 
E  105,  3'' pièce,  renfermant  un  vidimus,  du  16  octobre  1428,  de  la  cession  faite 
par<Charles  VII  à  Richemont  des  droits  qu'il  avait  acquis  sur  les  domaines  de 
Jean  Larchevêque.  Cet  acte  prouve  que  la  première  donation  à  Richemont  fut 
faite  par  le  duc  de  Guyenne,  et  non  directement  par  le  roi,  comme  le  disent 
l'auteur  du  Chronicon  Briocense  {Preuves  de  D.  Lobineau,  II,  c  886),  MM.  Le- 
dain {loc.  cit.)  et  Vallet  de  Viriville  {Hist.  de  Charles  Vil,  t.  I,  p.  46). 

4.  Arch.  du  Calvados;  occupation  anglaise,  fonds  Danquin,  carton  «  Caen,  » 
à  la  date. 

5.  Monstrelet,  III,  pp.  96-120. 

6.  Ms.,  eh.  XIV,  Buchon,  p.  357. 


535 

date  tomba  un  vendredi  et  non  un  jeudi,  comme  le  laisse  entendre 
le  texte  de  Gruel^  Le  récit  de  la  bataille  présente  néanmoins 
quelques  points  nouveaux,  notamment  pour  ce  qui  concerne  le 
roi  d'Angleterre  et  les  Bretons  tués  ou  faits  prisonniers  dans  le 
combat^.  Mais,  bien  mal  renseigné  sur  l'importance  des  troupes 
en  présence,  il  va  jusqu'à  prétendre  que  le  roi  d'Angleterre  avait 
deux  mille  hommes  de  plus  que  ses  adversaires,  quand  les  chro- 
niqueurs contemporains  sont  unanimes  pour  affirmer  que  les 
forces  françaises  étaient  de  beaucoup  supérieures  ^  Peut-être 
veut-il,  par  un  subterfuge  puéril,  amoindrir  la  honte  de  la 
défaite;  car  nous  trouverons  d'autres  occasions  de  lui  faire  un 
semblable  reproche''.  Richemont,  fait  prisonnier,  suivit  son  vain- 
queur en  Angleterre,  où  il  retrouva  sa  mère,  Jeanne  de  Navarre, 
veuve  depuis  1413  de  Henri  IV,  qu'elle  avait  épousé  après  la 
mort  de  Jean  le  Vaillant^.  Gruel  nous  a  laissé  de  la  première 
entrevue  de  la  mère  et  du  fils  un  récit  intéressant.  Celui-ci 
demeura  en  Angleterre  jusqu'au  mois  de  juillet  1420.  Que  son 
biographe  ait  manqué  de  renseignements  sur  le  séjour  de  son 
maître  à  l'étranger,  qu'il  ignore  les  démarches  que  Richemont  fit 
en  mai  1419  pour  fixer  le  chiffre  de  sa  rançon  et  recouvrer  sa 
liberté  ^  on  l'admet  aisément  ;  mais  peut-être  eût-il  pu  signaler 
au  moins  la  guerre  qui  se  continua  dans  le  Poitou  jusque  vers 
juillet  1417  entre  les  hommes  d'armes  de  Richemont  et  ceux  de 
Jean  Larchevêque  qu'on  voulait  déposséder  de  ses  seigneuries  : 

1.  On  ne  peut  traduire  «  vespre  »  par  «  veille;  »  outre  que  le  contexte  s'y 
oppose,  il  n'a  jamais  cette  signification  qu'au  pluriel,  «  vespres  d'un  tournois;  » 
d'ailleurs,  Gruel  emploie  habituellement  ce  mot  dans  le  sens  de  «  soir.  »  Diction- 
naire hist.  de  l'ancien  langage  français,  par  La  Curne  de  Sainte-Palaye,  éd. 
Favre,  1882,  t.  X,  p.  157;  cf.  Ms.,  ch.  lxxxiii,  Buchon,  p.  393,  où  vespre  a 
incontestablement  cette  dernière  signification. 

2.  Gruel  dit  que  le  roi  d'Angleterre  eut  sa  couronne  brisée  en  défendant  son 
frère  le  duc  de  Clarence;  Monslrelet  prétend  qu'alors  il  voulait  relever  son 
oncle,  le  duc  d'York,  blessé  à  mort  (Monstrelet,  III,  119).  Edouard,  duc  d'York, 
était  cousin  de  Henri  V  et  non  son  oncle  (note  de  M.  Hellot  dans  les  Cronicques 
de  ISormendie,  p.  16  et  note  51). 

3.  Monstrelet,  III,  p.  103  et  ss.;  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  p.  64; 
Mémoires  de  Pierre  de  Fénin,  édit.  Buchon,  p.  559,  col.  1. 

4.  Cf.  notamment  Ms.,  ch.  lxii,  Buchon,  p.  379,  et  Monstrelet,  V,  119  et  ss., 
pour  le  nombre  des  Anglais  qui  assiégèrent  Gerberoy  fortifié  par  Polon  et  La 
Hire. 

5.  Ms.,  ch.  IV.  Buchon,  p.  355. 

6.  J.  Delpit,  Documents  français  en  Angleterre,  1847,  p.  226,  n"  351. 


536 

le  dauphin  Charles  dut  intervenir  et  signera  Angers,  avec  le  duc 
de  Bretagne,  un  traité  qui  attribuait  au  frère  de  ce  dernier, 
Arthur,  la  châtellenie  de  Ghâtelaillon,  traité  qui  ne  mit  pas  fin  à 
la  guerre ^ 

Le  13  février  1420,  le  duc  Jean  VI  tombait  par  trahison  au 
pouvoir  de  ses  ennemis  mortels,  les  Penthièvre.  Il  faut  remar- 
quer que  Gruel,  dont  la  version  diffère  de  celle  de  Monstrelet,  ne 
fait  aucune  allusion  à  la  participation  directe  du  dauphin  à  cet 
événement,  sur  lequel  il  passe  d'ailleurs  assez  rapidement;  plus 
tard,  il  en  attribuera  toute  la  responsabilité  aux  conseillers  de 
Charles^.  Bien  qu'il  ne  fasse  pas  ressortir  suffisamment  l'activité 
que  déployèrent  en  cette  circonstance  la  duchesse  et  la  noblesse 
de  Bretagne,  il  présente  néanmoins  les  faits  sous  leur  véritable 
jour  en  montrant  d'un  côté  les  Bretons  prêts  à  tous  les  sacrifices 
pour  obtenir  la  délivrance  de  Richemont,  et  de  l'autre  le  désap- 
pointement du  roi  d'Angleterre  apprenant  la  mise  en  liberté  de 
Jean  YI.  Henri  V,  qui  avait  espéré  profiter  des  embarras  surve- 
nus en  Bretagne  pour  s'assurer  définitivement  le  secours  du  duc 
et  de  Richemont,  n'abandonna  pas  ce  projet  si  favorable  à  sa 
politique  et  consentit  à  rendre  au  comte  Arthur  une  liberté  rela- 
tive, à  condition  qu'il  embrasserait  la  cause  anglaise  et  la  servi- 
rait de  tout  son  pouvoir.  Gruel,  qui  lui  donne  tant  d'éloges  pour 
avoir  tenu  les  premiers  engagements  qu'il  avait  pris  vis-à-vis 
d'Henri  V^,  se  garde  bien  de  nous  faire  connaître  le  traité  du 
22  juillet  1420,  qui  rendait  au  comte  breton  une  liberté  achetée 
au  prix  de  l'honneur  et  assurait  au  roi  anglais  un  allié  de  plus. 
Par  ce  traité,  sur  lequel  nous  aurons  à  revenir  bientôt,  Riche- 
mont promettait  de  ne  prêter  aucun  appui  au  dauphin  ou  à  ses 
partisans  et  devenait  l'homme  de  Henri  V  et  le  défenseur  de  sa 
politique.  Il  le  comprit  si  bien  que,  plus  tard,  il  jugea  nécessaire 
de  se  faire  dispenser  de  tout  service  militaire  contre  le  duc  de 
Bretagne  en  cas  de  guerre  entre  les  deux  princes^.  En  réalité,  ce 
n'est  plus  un  prisonnier  qui  prend  part  avec  l'armée  anglaise  aux 

1.  B.  Ledain,  Gâtine  historique  et  monumentale,  1876,  p.  196;  Table  des 
mss.  de  D.  Fontenau,  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  de 
l'Ouest,  1839,  IV,  p.  323. 

2.  Monstrelet,  IV,  p.  29;  cf.  Hist.  de  Charles  VII,  par  M.  de  Beaucourt,  I, 
pp.  202-208;  Ms.,  ch.  xxvi,  Buchon,  p.  362. 

3.  iiifs.,  ch.  XVII,  Buchon,  pp.  358-359. 

4.  Preuves  de  D.  Morice,  II,  1101. 


537 

sièges  de  Melun  et  de  Meaux,  c'est  Arthur  de  Bretagne,  allié 
de  Henri  V  et  son  vassal  pour  le  comté  d'Ivry*.  MaisGruel  n'a, 
comme  son  maître,  de  dévouement  que  pour  la  Bretagne,  et  son 
patriotisme  étroit  n'a  pas  été  choqué  de  cette  indigne  conduite.  Il 
ne  faut  donc  lui  demander  ni  trop  de  détails  sur  ces  événements 
déplorables,  ni  la  sévère  appréciation  que  l'on  doit  porter  sur  eux. 

Les  premières  négociations  entreprises  pour  le  mariage  de 
Richement  et  de  M'"''  de  Guyenne  sont  racontées  avec  des  déve- 
loppements qu'on  chercherait  vainement  ailleurs,  et  qui  viennent 
de  bonne  source  '.  Mais,  à  en  croire  notre  chroniqueur,  l'affection 
mutuelle  que  se  portaient  le  duc  de  Bourgogne  et  le  comte  de 
Richement  était  le  seul  motif  qui  leur  fît  désirer  cette  alliance, 
alors  que  des  raisons  politiques  de  premier  ordre  tendaient  à  les 
unir  étroitement.  Richemont,  dans  la  fausse  position  qu'il  s'était 
faite,  avait  tout  intérêt  à  se  rapprocher  du  duc  de  Bourgogne,  si 
puissant  auprès  du  gouvernement  anglais,  et  Philippe  le  Bon 
pouvait  espérer,  en  lui  donnant  sa  sœur  en  mariage,  faire  sortir 
le  duc  de  Bretagne  de  la  neutralité  derrière  laquelle  il  se  retran- 
chait constamment  et  le  détacher  à  jamais  du  parti  du  dauphin . 
M'"''  de  Guyenne  ayant  déclaré  qu'elle  n'épouserait  pas  un  pri- 
sonnier, on  dut  ajourner  les  pourparlers  engagés,  et  Richemont, 
alors  en  Bretagne,  fut  obligé  de  se  contenter  de  cette  réponse, 
peu  propre  à  le  rendre  «  bien  content  ^ .  » 

La  confusion  que  nous  avons  signalée  dans  cette  partie  de  la 
chronique  n'a  pas  encore  disparu.  Ainsi,  bien  que  les  sièges  de 
Melun  et  de  Meaux  et,  par  suite,  les  premières  entrevues  du  duc 
de  Bourgogne  et  de  Richemont,  aient  eu  lieu  avant  le  voyage  de 
celui-ci  en  Bretagne,  et  la  reconstruction  des  tours  et  murailles 
de  Rennes,  on  trouve  ces  derniers  faits  mentionnés  aVant  la 
demande  en  mariage  de  M""^  de  Guyenne  adressée  par  Richemont 
au  duc  de  Bourgogne.  Ici,  le  chroniqueur  prend  soin  de  nous 
avertir  de  l'interversion  apportée  par  lui  dans  son  récit  *  ;  néan- 
moins, il  y  a  là  une  transposition  regrettable.  De  plus,  le  voyage 

1.  Ms.,  ch.  XIX,  Buchon,  p.  359;  Cronicques  de  Norme ndie,  éd.  Hellot,  p.  64; 
Monstrelet,  IV,  p.  81.  —  Ivry,  auj.  Ivry-la-Bataille,  corara.,  Eure,  arr.  d'Évreux, 
cant.  de  Saint-André. 

2.  Notre  chroniqueur  a  connu  ces  détails  par  son  frère  Raoul  Gruel,  qui  fut 
chargé  d'une  mission  relative  à  ce  mariage. 

3.  Ms.,  ch.  XIX,  fin,  Buchon,  p.  360. 

4.  Ms.,  ch.  XIX,  Buchon,  p.  359  :  «  Et  paravant  ce...  » 

33 


538 

que  Richemont  fit  en  Bretagne  pour  empêcher  ses  compatriotes 
de  se  mettre  au  service  du  dauphin,  qui  venait  de  faire  assiéger 
Cosne,  eut  heu,  non  en  1421,  mais  au  mois  de  juin  1422,  date  de 
ce  siégea  C'est  vraisemblablement  un  mois  ou  deux  plus  tard 
qu'on  entreprit  d'entourer  d'une  enceinte  fortifiée  la  viUe  neuve 
de  Rennes.  Que  Richemont,  alors  dans  cette  ville,  ait  conseillé 
cette  mesure,  cela  est  fort  possible,  quoique  aucun  document  ne 
le  dise  d'une  manière  formelle  ;  mais  il  ne  faut  pas  lui  en  attri- 
buer tout  le  mérite.  Bertrand  d'Argentré  affirme  que  ce  fut  Henri 
de  Villeblanche,  seigneur  de  Broon,  capitaine  de  Rennes,  qui 
dirigea  ces  travaux^  ;  commencés  en  1422,  ils  ne  marchèrent  pas 
aussi  promptement  que  le  prétend  notre  chroniqueur,  puisqu'ils 
n'étaient  pas  encore  complètement  terminés  en  1448,  ni  même 
beaucoup  plus  tard  en  1486^.  Il  commet  une  erreur  grossière 
lorsqu'il  place  la  mort  du  roi  d'Angleterre  en  octobre  1421  ;  cet 
événement  eut  lieu,  comme  on  sait,  le  31  août  1422;  le  mois 
indiqué  fait  penser  qu'il  a  confondu  la  date  de  la  mort  de  Henri  V 
avec  celle  du  décès  de  Charles  VI,  qui  arriva  le  21  octobre 
suivante 

Richemont  put  alors  recouvrer  l'espoir  d'une  prochaine  union 
avec  M™^  de  Guyenne.  Sans  s'arrêter  aux  solennelles  promesses 
qu'il  avait  faites  dans  le  traité  du  22  juillet  1420,  il  se  déclara 
libre  et  reprit,  avec  la  cour  du  duc  de  Bourgogne,  des  négocia- 
tions un  instant  interrompues.  Gruel  ne  se  permet  pas  de  criti- 
quer une  telle  conduite,  et  dit  aussi  «  que  homme  n'avoit  plus 
que  lui  demander^.  »  Cette  assertion,  déjà  rejetée  au  siècle  der- 


1.  Ms.,  ch.  xvm,  Buchon,  p.  359;  Vallet  de  Viriville,  Hist.  de  Charles  VII, 
I,  p.  328-329. 

2.  D'Argentré,  Hiat.  de  Bretagne,  éd.  1618,  p.  797. 

3.  P.  de  la  Bigne- Villeneuve,  Cartulaire  de  l'abbaye  de  Saint-Georges  de 
Rennes,  Prolégomènes,  p.  53;  ibid.,  Appendice,  pp.  338,  264-208;  Inventaire 
des  archives  d'I Ile-et-Vilaine,  série  C,  tome  I,  257;  Preuves  de  D.  Morice,  III, 
c.  538. 

4.  Arch.  nat.,  XIa  1480,  fol.  257  v  et  259  v,  textes  imprimés  par  D.  Félibien, 
Hist.  de  Paris,  t.  IV,  587.  D'autres  chroniqueurs  contemporains  fixent  à  des 
dates  inexactes  la  mort  du  roi  d'Angleterre,  par  exemple  Cousinot  le  chance- 
lier, qui  indique  le  dimanche  29  aoiit  (éd.  Vallet  de  Viriville,  p.  186),  et  l'auteur 
de  la  Chronique  du  Mont  Saint-Michel,  qui  place  cet  événement  en  septembre 
(éd.  donnée  par  M.  S.  Luce,  p.  23). 

5.  Ms.,  ch.  XX,  Buchon,  p.  300.  M.  Vallet  de  Viriville  adopte  sans  discussion 
l'opinion  de  Gruel  [Hist.  de  Charles  VII,  t.  I,  p.  428). 


o39 

nier  par  le  P.  Griffet,  est  complètement  fausse,  et  il  n'est  pas 
besoin,  pour  la  réduire  à  néant,  d'invoquer  les  lois  de  la  guerre 
alors  pratiquées  ou  l'exemple  du  duc  d'Orléans,  qui  ne  se  crut 
pas  délié  de  ses  promesses  par  la  mort  de  Henri  V*  ;  il  suffit  de  se 
reporter  au  texte  du  traité  du  22  juillet,  dans  lequel  Richeraont 
jurait  de  comparaître  en  personne  à  Londres  le  jour  Saint-Michel 
(29  septembre)  de  l'année  1422  et  de  se  rendre  prisonnier  [pri- 
sonarium  prout  extat  de  prœsenti. . .)  au  roi  d'Angleterre  ou  à 
son  héritier,  et,  en  cas  d'absence,  à  leur  lieutenant  en  Angle- 
terre, au  chancelier,  ou  au  maire  de  Londres 2.  Le  prince  anglais 
avait  bien  pris  ses  précautions,  et,  si  le  duc  de  Bedford  ne  fit 
aucune  protestation  officielle,  c'est  que  Ricliemont,  devenu  libre, 
pouvait  désormais  prétendre  à  la  main  de  Marguerite  de  Bour- 
gogne, et  que  ce  mariage  semblait  assurer  à  l'Angleterre  l'appui 
de  la  Bretagne.  Gruel  n'a  pas  jugé  à  propos  d'approfondir  cette 
question;  cependant,  il  ne  devait  pas  ignorer  les  raisons  pour 
lesquelles  «  on  se  fust  bien  passé  »  de  la  présence  du  régent 
anglais  aux  conférences  d'Amiens.  Nul  doute  que  Bedford  n'ait 
rappelé  au  comte  de  Richemont  ses  engagements  antérieurs  et 
n'ait  profité  de  l'influence  que  celui-ci  exerçait  alors  sur  son  frère 
pour  l'amener  à  l'entrevue,  contre  l'avis  des  Etats  de  son  duché, 
et  lui  faire  signer  la  triple  alliance  conclue  le  17  avril  1423^.  Il 
est  évident  que  le  chroniqueur  qui  se  trompe  pour  la  date  de  ce 
traité  ne  dit  pas  tout  ce  qu'il  sait,  et,  ce  qui  est  plus  grave,  il 
dénature  les  événements  lorsqu'il  représente  Richemont  subis- 


1.  observations  du  P.  GriCfet,  à  la  suite  de  l'Hist.  de  France  du  P.  Daniel, 
t.  VII,  p.  341. 

2.  Preuves  de  D.  Morice,  II,  1034-1035. 

3.  Preuves  de  D.  Morice,  II,  1125-1128,  1136-1138;  D.  Plancher,  Hist.  de 
Bourgogne,  IV,  p.  27,  n°  XXIII.  Les  États  détournèrent  vivement  le  duc  d'en- 
treprendre le  voyage  d'Amiens,  et  nous  ne  voyons  pas  ce  qui  a  porté  M.  de 
Beaucourt  à  révoquer  en  doute  l'assertion  de  Gruel.  Si  l'on  n'y  trouve  pas  une 
désapprobation  formelle,  connncnl  faut-il  interpréter  ce  passage  de  la  déclara- 
lion  des  états  du  31  décembre  1422  :  «  Et...  pour  double  que  aucun  inconvé- 
nient peust  advenir  par  ses  ennemis  en  sa  personne...,  qu'ils  n'entrassent  en 
son  dit  pays^  lui  absent...,  ont  les  dits  Estais  supplié  à  nostre  dit  seigneur  qu'il 
lui  plust  pour  le  présent  demeurer  en  son  pays,  et  faire  procéder  es  cas  dessus 
dits  par  mon  dit  seigneur  de  Richemont  ou  par  autres  ambaxeurs.  »  (Cf.  Hist. 
de  Charles  VU,  par  M.  de  Beaucourt,  t.  II,  p.  332,  note  4;  D.  Morice,  Preuves, 
II,  1126  pass.;  M.  de  Beaucourt  cite  la  déclaration  des  États  d'après  ïllist.  de 
Bourgogne  de  D.  Plancher,  t.  III,  Preuves,  page  319,  n°  CCCXIV.) 


540 

sant,  malgré  lui,  l'intervention  du  duc  de  Bedford  dans  cette 
affaire  et  redoutant  même  de  tomber  au  pouvoir  des  Anglais. 
Sur  le  point  de  devenir  le  beau-frère  du  régent,  qui  allait  épouser 
Anne  de  Bourgogne,  sœur  deM"""  de  Guyenne,  engagé  de  plus  en 
plus  dans  l'alliance  étrangère,  il  avait  plus  à  redouter  du  dau- 
phin, qui  était  en  droit  de  le  traiter  en  ennemi  déclaré,  que  des 
hommes  d'armes  anglais. 

Le  voyage  que  fit  alors  Richemont  en  Bretagne  n'eut  pas  lieu 
en  1423,  mais  bien  l'année  suivante  ^  11  se  passa  certainement, 
à  cette  époque,  quelque  événement  grave  qui  lui  donna  d'autres 
pensées  et  d'autres  espérances.  Gruel  ne  s'est  pas  demandé,  ou 
du  moins  il  ne  nous  dit  pas  ce  que  signifie  cette  retraite  de  Riche- 
mont,  bientôt  suivie  d'un  cliangement  complet  dans  sa  politique. 
Est-ce  ignorance  ou  parti  pris?  On  serait  assez  porté  à  admettre 
la  seconde  liypothèse,  en  présence  des  exphcations  fournies  par 
les  autres  chroniqueurs.  Gruel  devait  nous  faire  connaître  les 
motifs  de  ces  revirements  soudains,  dans  l'intérêt  même  de  celui 
dont  il  écrivait  l'histoire.  Que  penser  d'un  personnage  politique 
que  l'on  voit  aller  d'un  parti  à  l'autre,  si  l'on  n'est  pas  mis  à 
même  d'apprécier  à  leur  juste  valeur  les  raisons  d'une  conduite 
aussi  singulière?  L'abandon  par  Richemont  de  la  cause  anglaise, 
qu'il  avait  juré  à  plusieurs  reprises  de  défendre  envers  et  contre 
tous,  «  esmerveilla  »  ses  contemporains  eux-mêmes,  et,  en  vérité, 
l'événement  était  de  nature  à  exciter  la  surprise 2.  Aussi,  quand, 
en  pareil  cas,  un  serviteur  aussi  dévoué  que  Gruel  ne  donne 
aucune  explication  plausible,  on  pense  tout  naturellement  que,  ses 
raisons  n'étant  pas  avouables,  il  a  préféré  les  laisser  dans 
l'ombre.  C'est  le  système  qu'il  a  suivi,  aussi  bien  pour  le  traité 
de  l'élargissement  de  Richemont,  du  22  juillet  1420,  dont  il  n'in- 
dique aucune  clause,  que  pour  le  traité  d'Amiens,  du  17  avril  1423. 
Richemont  n'avait  pas  alors  pour  déserter  le  drapeau  anglais  des 
motifs  d'un  ordre  bien  relevé,  et,  selon  nous,  il  ne  faut  pas  voir 

1.  Preuves  de  D.  Morice,  t.  II.  1147  et  ss.  Divers  mandements  et  d'autres 
actes  nous  indiquent  les  principales  étapes  de  ce  voyage;  Richemont,  parti  de 
Montbard  au  commencement  de  février,  se  rend  à  Gyé-sur-Seine,  puis  à  Troyes, 
où  il  est  le  7  ;  il  va  ensuite  à  Paris,  et,  le  23  du  même  mois,  à  Amiens,  mais 
c'est  seulement  le  6  octobre  que  nous  le  trouvons  à  Nantes  (Arcb.  de  la  Côte- 
d'Or,  B  6403,  fol.  35  x";  B  4943,  fol.  22  v»,  25  r%  26  r»  ;  B  6403,  fol.  9  r°.  Arch. 
nat.,  XI A  1480,  fol.  290  r",  291  V). 

2.  Monstrelet,  IV,  195. 


541 

dans  cet  acte  l'apparition  d'un  sentiment  qu'il  n'avait  guère 
éprouvé  jusqu'alors  :  le  patriotisme.  Humilié  et  méprisé  peut-être 
par  le  régent  Bedford,  qui  refusa  de  lui  confier  le  commandement 
des  troupes  destinées  à  la  défense  des  environs  de  la  capitale, 
dépossédé  du  comté  d'Ivry,  qui  venait  de  lui  être  enlevé  par 
Giraud  de  la  Pallière,  Richemont.  voyant  le  vide  se  faire  autour 
de  lui  et  ses  ambitieuses  espérances  déçues,  tourna  pour  la 
première  fois  ses  regards  vers  celui  qu'on  appelait  encore  le  roi 
de  Bourges  \  Grueln'a  pas  voulu  nous  montrer  son  maître  obéis- 
sant à  un  vulgaire  sentiment  de  vanité  froissée,  lorsqu'il  vint 
chercher  fortune  à  la  cour  de  Charles  VII  ;  cependant,  sa  cons- 
cience d'historien  impartial  eût  dû  l'emporter  sur  toute  affection 
personnelle.  Mais  n'est-ce  pas  beaucoup  exiger  d'un  chroniqueur 
que  l'attachement  et  la  reconnaissance  aveuglent  parfois?  malgré 
tout,  peut-être  faut-il  lui  savoir  gré  de  n'avoir  pas  remplacé  les 
renseignements  que  nous  lui  demandons  par  une  sorte  de  plai- 
doyer, forcément  aussi  mauvais  que  la  cause  elle-même,  tel,  par 
exemple,  que  celui  de  Cousinot  de  Montreuil,  prétendant  que 
Richemont  servait  de  corps  le  roi  d'Angleterre,  mais  que  «  ses 
volontés  et  courage  estoient  toujours  à  la  couronne  de  France^.  » 
Voici  donc  Richemont  entré  en  rapports  avec  Charles  VII  ;  ils 
ont  à  Angers  une  entrevue  dans  laquelle  le  comte  breton  fait  sa 
soumission.  Gruel  rapporte  avec  une  sorte  de  fierté  toutes  les 
concessions  qui  furent  faites  à  son  maître,  auquel  on  livra  en 
otages  quatre  places  fortes  et  deux  des  principaux  capitaines 
français,  pour  le  décider  à  venir  à  cette  conférence;  cependant, 
ces  précautions  ne  servent  guère  qu'à  faire  ressortir  la  l'ausse 
position  de  Richemont,  qui,  après  avoir  changé  tant  de  fois  de 
camp  et  de  parti,  ne  se  trouvait  plus  en  sûreté  dans  aucun  d'eux. 
Mais  les  circonstances  favorisaient  l'exécution  de  ses  projets  : 
Charles  VII  avait  besoin  d'hommes  d'armes,  et  il  espérait  con- 
quérir l'appui  des  Bretons  en  faisant  un  connétable  de  France  du 
frère  de  leur  duc;  Richemont,  que  cette  offre  comblait  de  joie, 
subordonna  néanmoins  son  assentiment  à  l'approbation  de  Philippe 
le  Bon  et  d'Amédée  de  Savoie.  En  lisant  la  chronique,  on  croirait 

1.  Hist.  de  Charles  VII,  par  Vallet  de  Viriville,  I,  428;  Geste  des  nobles,  éd. 
Vallet  de  Viriville,  p.  ^OG;  la  ville  et  le  château  d'Ivry,  assiégés  ensuite  par  le 
duc  de  Bedford,  lui  furent  rendus  le  lundi  12  août  1424  (Arch.  nat.,  XIa  1480, 
fol.  305  T"). 

2.  Chronique  de  la  Pucelle,  éd.  Vallet  de  Viriville,  p.  231. 


542 

que,  après  avoir  fait  si  bon  marché  de  ses  engagements  avec  les 
Anglais,  il  veut  à  tout  prix  rester  fidèle  à  ceux  qu'il  a  pris  vis- 
à-vis  de  son  beau-frère.  Mais,  eu  agissant  ainsi,  il  ne  s'arrêtait 
pas  à  des  considérations  de  ce  genre  ;  il  avait  des  raisons  spé- 
ciales pour  ne  pas  rompre  trop  ouvertement  avec  le  duc  de  Bour- 
gogne. Tous  les  domaines  dont  les  revenus  composaient  la  dot  de 
M'"^  de  Guyenne  se  trouvaient  dans  les  états  de  Philippe  le  Bon, 
qui,  d'un  moment  à  l'autre,  pouvait  les  replacer  sous  sa  domina- 
tion directe,  et,  malgré  les  ménagements  gardés  envers  lui,  c'est 
ce  qui  arriva  le  15  février  1425  ^  Richemont,  ne  voulant  pas, 
pour  ces  motifs,  séparer  sa  cause  de  celle  du  duc  de  Bourgogne, 
entreprit  alors  de  le  détacher  de  l'alliance  anglaise.  A-t-il 
employé  dans  la  suite  les  moyens  peu  avouables  qu'on  lui  a  prê- 
tés? La  question  est  difficile  à  résoudre,  Gruel  ne  faisant  aucune 
allusion  au  fameux  projet  d'assassinat  de  Philippe  le  Bon  par 
Bedford,  ni  au  rôle  joué  par  Richemont  dans  cette  ténébreuse 
affaire  que  l'on  n'est  pas  encore  parvenu  à  éclaircir  d'une 
manière  satisfaisante ^  Quoi  qu'il  en  soit,  le  duc  de  Bourgogne 


1.  Arch.  de  la  Côte-d'Or,  B  4849,  fol.  45  r;  B  297,  liasse  5,  cote  11  ;  B  6403, 
fol.  1  r°.  En  reprenant  ces  domaines,  le  duc  de  Bourgogne  s'engageait  à  payer 
régulièrement  les  6,000  livres  de  rentes  qu'il  avait  promises  à  sa  sœur,  mais 
c'était  là  une  assurance  bien  aléatoire.  Cf.  Lettres  de  Philippe  le  Bon,  du 
1"  mars  1425,  portant  mandement  de  payer  à  sa  sœur  Marguerite  1,000  livres  en 
déduction  des  6,000  livres  de  rente  à  elles  promises  dans  son  contrat  de  mariage 
(Arch.  de  la  Côte-d'Or,  B  297,  liasse  5,  cote  16). 

2.  M.  Desplanque,  qui  a  étudié  à  fond  la  question,  incline  visiblement  à 
admettre  la  culpabilité  des  princes  anglais  {Projet  d'assassinat  de  Philippe  le 
Bon  par  les  Anglais,  1867,  in-4'',  cf.  notamment  p.  55).  MM.  Kervyn  de  Let- 
tenhove  et  de  Beaucourt  tendent  à  faire  retomber  sur  Bicheraont  toute  la  res- 
ponsabilité de  cette  intrigue.  II  nous  semble  que  pour  formuler  une  accusation 
aussi  grave,  il  faut  l'appuyer  «  sur  une  démonstration  rigoureuse,  »  et  non  pas 
sur  la  déposition  d'un  personnage  tel  que  Guillaume  Benoit,  qui  se  reconnaît 
lui-même  pour  faussaire.  M.  de  Beaucourt  dit,  dans  une  noie  supplémentaire 
qui  termine  le  second  volume  de  son  Histoire  de  Charles  VII  (p.  600)  :  «  Si 
l'on  admet  la  véracité  des  déclarations  faites  par  G.  Benoit...,  il  est  difficile  de 
décharger  Richemont  de  la  responsabilité  qui  pèse  sur  sa  mémoire.  »  (Cf. 
le  Caractère  de  Charles  VII,  par  M.  de  Beaucourt,  extrait  de  la  Revue  des 
questions  historiques,  1873-1875,  p.  53,  note  5.)  Mais  prouver  «  la  véracité 
des  déclarations  faites  par  G.  Benoît,  »  c'est  là  toute  la  question,  et  tant  qu'elle 
ne  sera  pas  résolue,  la  mémoire  de  Richemont  n'aura  rien  à  souffrir  de  celte 
affaire.  Ou  a  bien,  il  est  vrai,  des  preuves  évidentes  que  Richemont  ne  reculait 
devant  rien  pour  arriver  à  son  but,  et  nous  ne  prétendons  pas  donner  à  son 
caractère  une  haute  valeur  morale,  mais  de  ce  qu'il  a  parfois  pratiqué  la  ma.\ime 


o43 

parut  d'abord  céder  aux  instances  de  son  beau-frère,  qui  put 
accepter,  le  7  mars  1425,  l'épée  de  connétable. 

Nous  venons  de  faire  de  la  première  partie  de  notre  chronique 
une  critique  que  l'on  trouvera  peut-être  empreinte  d'une  trop 
grande  sévérité.  A  vrai  dire,  la  tâche  du  clironiqueur  était  des 
plus  difficiles  à  remplir  :  pendant  toute  cette  période,  Richemont 
change  constamment  de  parti,  et  depuis  son  retour  d'Angleterre, 
quand  il  n'est  pas  ouvertement  l'allié  des  Anglais,  il  mène  une 
conduite  plus  qu'équivoque  ;  l'on  comprend  que  son  biographe 
n'ait  pu  saisir  tous  les  secrets  d'une  politique  aussi  peu  stable. 
Néanmoins,  dans  certains  cas,  où  il  est  difficile  d'invoquer  en  sa 
faveur  une  ignorance  involontaire,  il  se  montre  beaucoup  trop 
réservé;  on  chercherait  vainement,  dans  ces  premiers  chapitres 
de  l'œuvre  de  Gruel,  une  appréciation  personnelle,  reliant  entre 
eux  les  événements  les  plus  divers,  et  atténuant  par  une  expli- 
cation quelconque  les  variations  politiques  de  Richemont.  Gruel 
ne  semble  aucunement  surpris  de  le  voir  porter  ainsi  le  secours 
de  son  bras  au  plus  ofirant,  sans  souci  de  ses  engagements  anté- 
rieurs. Son  principal  défaut  consiste  dans  un  silence  obstiné  sur 
certains  faits  qui  auraient  pu  entaclier  la  mémoire  du  connétable. 
Si  l'on  se  rappelle  la  confusion  que  nous  avons  signalée  dans 
l'ordre  chronologique  du  récit,  les  rapprochements  que  nous 

que  la  fin  justifie  les  moyens,  ce  n'est  pas  une  raison  suffisante  pour  lui  attri- 
buer toutes  les  infamies  qui  se  commettent  autour  de  lui  et  en  son  nom,  sur- 
tout quand  celui  qui  l'accuse  est  loin  d'avoir  droit  à  notre  estime  et  à  notre 
confiance.  En  résumé,  il  y  a  un  point  généralement  admis,  c'est  que  Bedford,  Glo- 
cesler,  SufFolk  et  Salisbury  avaient  de  nombreux  griefs  contre  le  duc  de  Bour- 
gogne, et  qu'ils  ont  effectivement  songé  à  se  défaire  de  lui.  En  second  lieu,  ce 
qui  n'est  pas  plus  douteux,  le  complot  étant  venu  à  la  connaissance  du  duc  de 
Bretagne  et  de  Richemont,  ceux-ci  voulurent  profiter  de  cette  circonstance  pour 
engager  le  duc  de  Bourgogne  à  rompre  définitivement  avec  les  Anglais.  Jusqu'ici 
l'intervention  des  princes  bretons  n'a  rien  que  de  très  légitime.  Pourquoi  accu- 
ser Richemont,  sur  la  déposition  d'un  faussaire,  d'avoir  forgé  des  documents 
pour  induire  eu  erreur  son  frère  le  duc  de  Bretagne?  Celui-ci  était  par  ses  ren- 
seignements personnels  bien  au  courant  du  complot,  puisqu'on  lit  dans  ses  ins- 
tructions au  chancelier  de  Bretagne  «  que  le  comte  de  Suffolk  dit  à  nions,  de 
Bretagne  en  sa  ville  de  Rennes...  que  la  manière  est  toute  pourveue,  pour  avoir 
briesveraent  fait  de  mon  dit  seigneur  de  Bourgogne.  »  Le  plus  sur  est  de  s'en 
tenir  à  cette  simple  conclusion,  à  savoir  que  le  projet  d'assassinat  a  réellement 
été  formé  par  les  prin  es  anglais,  mais  il  ne  faut  pas  prêter  graluilcment  k 
Richemont  des  manœuvres  véritablement  machiavéliques.  (Cf  Desplanque,  op. 
cit.;  Hist.  de  Charles  VII,  par  M.  de  Beaucourt,  11,  p.  658;  D.  Plancher,  Hist. 
de  Boui'gofjne,  t.  IV,  Preuves,  n°  LIX.) 


avons  faits  avec  les  autres  chroniques  contemporaines,  on  recon- 
naîtra que  la  comparaison  n'a  pas  été  favorable  à  Gruel,  et  que, 
pour  l'histoire  générale,  aussi  bien  que  pour  l'histoire  spéciale  de 
Richemont,  cette  première  partie  est  une  pauvre  ressource  :  à 
peine  y  trouve-t-on  quelques  renseignements  nouveaux  sur  la 
part  prise  par  les  Bretons  aux  événements  mihtaires  des  pre- 
mières années  du  xv**  siècle. 

m. 

PRÉPONDÉRANCE   DU   CONNÉTABLE   DE   RICHEMONT. 

(1425-1429.) 

Pendant  la  période  que  nous  allons  étudier,  Richemont,  devenu 
connétable  de  France,  se  trouve  mêlé  activement  aux  événements 
militaires  et  dirige  en  maître  souverain  la  politique  royale.  Son 
histoire  ne  consiste  plus  seulement  dans  le  récit  de  quelques  faits 
isolés  ou  d'intérêt  local,  elle  se  confond  avec  l'histoire  de  la 
guerre  contre  les  Anglais  et  devient  par  suite  une  source  dont 
on  ne  peut  méconnaître  l'importance.  D'un  autre  côté,  Gruel, 
entré  au  service  du  connétable,  est  plus  à  même  de  consigner  des 
faits  dont  il  a  presque  toujours  été  le  témoin  oculaire.  Aussi  le 
caractère  de  la  chronique  change-t-il  complètement  :  la  séche- 
resse et  la  confusion  qui  régnent  dans  les  premiers  chapitres  dis- 
paraissent peu  à  peu  :  les  détails  deviennent  plus  abondants,  le 
chroniqueur  précise  davantage  les  dates,  non  sans  se  tromper 
quelquefois. 

Richemont,  tout-puissant  à  la  cour,  a  la  haute  main  dans  la 
direction  des  affaires  royales  ;  il  s'est  posé  en  réformateur  des 
abus  si  nombreux  dans  l'entourage  de  Charles  VII  ;  il  a  promis 
de  réconcilier  le  roi  de  France  avec  le  duc  de  Bourgogne  et  de 
chasser  les  Anglais  ;  on  attend  beaucoup  de  lui.  Gruel  ne  manque 
pas  de  mettre  en  relief  cette  prépondérance  et  la  valeur  de  l'ap- 
pui que  Richemont  apportait  au  roi,  qui  nous  apparaît,  sous  la 
plume  de  Gruel,  comme  un  élève  indocile  et  récalcitrant  que  son 
maître  a  grand'peine  à  faire  sortir  de  son  inertie  et  à  débarrasser 
de  ses  perfides  conseillers^. 

1.  Ms.,  ch.  xxvii,  Buchon,  p.  362. 


545 

Cependant,  au  début  de  cette  période,  la  situation  politique  de 
Richemont  n'est  encore  ni  bien  nette,  ni  bien  tranchée,  et  par 
suite  la  tâche  du  chroniqueur  continue  d'être  assez  délicate.  Il 
nous  montre  son  maître  arrivé  au  pouvoir  avec  le  consentement 
des  ducs  de  Bourgogne  et  de  Savoie,  exigeant  formellement  le 
renvoi  de  la  cour  des  conseillers  «  qui  avoient  esté  cause  de  la 
mort  de  monseigneur  de  Ijourgoingne  et  consentans  de  la  prinse 
du  duc  Jehan  de  Bretaigne.  »  Que  Charles  VII  se  soit  engagé  à 
faire  droit  à  cette  réclamation,  le  fait  ne  semble  pas  douteux; 
c'est  sans  doute  à  cette  promesse  que  Richemont  fait  allusion 
dans  la  lettre  qu'il  écrit  de  Bourges  aux  Lyonnais,  le  2  juin  1425, 
quand  il  parle  de  «  certains  articles  »  accordés  par  le  roi,  lors- 
qu'il accepta  l'épée  de  connétable'.  Gruel  n'est  pas  au  courant 
des  négociations  ouvertes  à  ce  sujet  ;  Richemont,  en  effet,  par 
une  duplicité  singulière,  promettait,  d'un  côté,  à  son  frère,  aux 
ducs  de  Savoie  et  de  Bourgogne  d'obtenir  le  renvoi  des  anciens 
conseillers  de  Charles  VII,  tandis  que,  de  l'autre,  il  s'engageait 
vis-à-vis  de  ces  derniers  h  user  de  tout  son  crédit  pour  les  main- 
tenir au  pouvoir  envers  et  contre  tous^  Mais  les  ducs  de  Bour- 
gogne et  de  Bretagne  ne  l'entendaient  pas  ainsi,  et,  dès  le 
25  mars  1425,  n'obtenant  pas  satisfaction,  ils  formaient  une 
alhance  plus  étroite  qui  mettait  le  nouveau  connétable  en  demeure 
de  remplir  ses  premiers  engagements^.  Il  comprit  la  portée  de  ce 
traité  et  rompit  ouvertement  avec  la  cour.  Gruel  donne  alors  des 
renseignements  d'une  haute  importance,  puisés  aux  meilleures 
sources  et  complètement  inconnus  des  chroniqueurs  contempo- 
rains, même  du  héraut  Berry,  un  des  mieux  renseignés  sur  les 
événements  qui  amenèrent  l'éloignement  définitif  du  président 
Louvet,  de  Guillaume  d'Avaugour,  de  Pierre  Frotier  et  de  Tan- 
guy Du  Chastel.  Ce  dernier  fit  peu  de  difficultés  pour  abandonner 
le  pouvoir,  et  Gruel  cite  de  lui  une  parole  qui  lui  fait  honneur  et 
que  l'on  retrouve  également  dans  la  chronique  de  Berry^. 

1.  Lettre  publiée  par  M.  de  Beaucourt  dans  la  Bévue  d'histoire  nobiliaire, 
directeur  M.  Sandre!,  188'2,  p.  453.  Cependant,  M.  de  Beaucourt  n'admet  pas 
l'assertion  de  Gruel  (cf.  Hist.  de  Charles  VII,  t.  II,  p.  82,  note  3). 

2.  Cf.  l'acte  du  8  mars  1425,  publié  par  M.  de  Beaucourt,  Hist.  de  Charles  VII, 
t.  II,  p.  86-87,  notamment  le  paragraphe  4. 

3.  Preuves  de  D.  Morice,  II,  c.  1168,  ou  Hist.  de  Bourgogne,  par  D.  Plan- 
cher, t.  IV,  Preuves,  p.  49. 

4.  Cf.  Ms.,  ch.  XXVIII,  Buchon,  p.  362,  et  Chronique  de  Berry,  éd.  D.  Gode- 
froy,  Hist  de  Charles  VII,  pp.  373-374. 


546 

Nous  ne  savons  si  M""^  de  Guyenne  fit  un  voyage  à  Bourges  en 
juin  1425,  mais  il  est  bien  certain  que  ce  ne  fut  pas  à  cette 
époque  que  le  roi  fixa  le  douaire  qui  lui  revenait  en  qualité  de 
veuve  du  dauphin  Louis  de  Guyenne  :  les  lettres  qui  lui  attri- 
buaient Montargis,  Gien,  Dun-le-Roy  et  Fontenay-le-Comte 
remontaient  au  mois  de  mars  précédent*.  Gruel  fait  bientôt 
oublier  cette  inadvertance  en  donnant  des  détails  très  circons- 
tanciés sur  l'entrevue  du  roi  de  France  et  de  Jean  VI  à  Saumur, 
au  commencement  d'octobre  1425;  ces  précieux  renseignements 
sont  confirmés  par  deux  lettres  d'un  envoyé  de  Lyon,  Roulin  de 
Mascon,  datées,  l'une  du  30  septembre,  et  l'autre  du  12  octobre^. 
Il  est  regrettable  pourtant  qu'il  n'ait  pas  mis  une  date  précise  à 
chacune  des  étapes  de  l'itinéraire  qu'il  dresse  dans  ce  passage  ; 
il  eût  été  plus  aisé  d'en  vérifier  la  complète  exactitude.  En  outre, 
il  s'étend  avec  une  complaisance,  que  l'on  peut  cependant  lui 
pardonner  sans  trop  de  peine,  sur  la  belle  «  compaignie  »  du  duc 
et  sur  les  honneurs  qui  furent  alors  rendus  par  le  roi  et  la  reine  à 
M'"''  de  Guyenne.  Mais  pourquoi  n'a-t-il  pas  su  découvrir  ce  que 
Charles  VII  et  Jean  VI  «  apoiutèrent  ensemble  »  dans  cette 
entrevue,  qui,  selon  toute  apparence,  devait  assurer  à  la  cou- 
ronne de  France  l'appui  du  duc  de  Bretagne^?  Que  de  fois  n'au- 
rons-nous pas  à  faire  un  semblable  reproche  à  Gruel,  qui  résume 
presque  toujours  ainsi  les  conférences  et  les  traités  les  plus  impor- 
tants :  «  Et  apoiutèrent  ce  que  bon  leur  sembla  ;  »  ces  termes 
révèlent,  il  faut  bien  l'avouer,  un  esprit  sans  vues  larges,  choi- 
sissant trop  souvent  le  côté  le  plus  futile  dans  les  actes  diploma- 
tiques d'une  importance  considérable!  Mais,  s'il  est  resté  complè- 

1.  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  18585,  fol.  16  v°. 

2.  Hist.  de  Charles  VU,  par  M.  de  Beaucourt,  t.  III.  Pièce  just,,  p.  502-507, 
cf.  Ibid.,  t.  II,  p.  111  et  112.  Comparer  la  relation  étendue  de  Gruel  avec  le 
récit  du  héraut  Berry  (dans  Godefroy,  p.  374)  et  avec  les  sèches  mentions  de 
Cousinot  le  chancelier  et  de  Cousinot  de  Montreuil  (édit.  Vallet  de  Viriville, 
pp.  199  et  236),  Notre  chroniqueu/  est  évidemment  le  plus  exact  et  le  plus 
complet. 

3.  Cf.  le  traité  de  Saumur,  conclu  le  7  oct.  1425,  dans  les  Preuves  de  D. 
Morice,  II,  1180-1182,  et  aussi  les  instructions  données  par  le  duc  de  Bretagne 
aux  ambassadeurs  envoyés  par  lui  au  duc  de  Bourgogne,  ibid.,  pp.  995-996.  Cet 
acte,  sans  date,  placé  par  D.  Morice  entre  une  pièce  du  6  mai  1419  et  une  autre 
du  mois  de  février  1420  (n.  s.),  est  bien  postérieur,  puisqu'il  y  est  fait  mention 
de  l'entrevue  de  Saumur  et  de  ses  résultats  politiques;  le  contenu  de  cette  pièce 
montre  qu'elle  n'est  pas  antérieure  à  la  fin  de  1425. 


547 

tement  étranger  aux  conférences  et  aux  traités  qui  eurent  lieu  à 
Saumur,  il  se  retrouve  bientôt  sur  un  terrain  qui  lui  est  plus 
familier,  lorsqu'il  nous  fait  assister  au  siège  de  Saint-James  de 
Beuvron,  et  reprend  l'avantage  sur  les  autres  chroniqueurs 
contemporains.  Outre  qu'il  entre  dans  plus  de  détails,  il  nous  fait 
seul  connaître  la  véritable  cause  de  la  panique  qui  s'empara  des 
Bretons,  prenant  pour  une  troupe  d'Anglais  un  détachement 
chargé  par  le  connétable  de  surveiller  les  abords  de  la  place.  Il 
rectifie  ainsi  une  erreur  de  Monstrelet  et  de  Gousinot  de  Mon- 
treuil,  qui  paraissent  avoir  commis  la  même  méprise  que  les 
Bretons  eux-mêmes*.  Ceux-ci,  malgré  les  injonctions  réitérées 
de  leur  chef,  abandonnèrent  le  siège  pendant  la  nuit  qui  suivit 
l'assaut.  Gruel  s'est  fait  l'écho  du  bruit  qui  courait  sur  le  motif  de 
cette  brusque  retraite,  en  rapportant  que  le  chancelier  de  Bre- 
tagne, Jean  de  Malestroit,  évêque  de  Nantes,  avait  reçu  de  l'ar- 
gent des  Anglais  pour  faire  lever  le  siège.  Cette  accusation  ne 
semble  pas  dénuée  de  tout  fondement,  car  Richemont  rappelle 
évidemment  la  conduite  équivoque  du  chancelier  dans  ses  ins- 
tructions à  Jean  de  Chénery  et  au  prieur  de  la  Celle,  députés  vers 
le  duc  de  Bourgogne^  Vraie  ou  fausse,  elle  a  trouvé  crédit 
auprès  de  quelques  autres  annalistes  de  cette  période^. 


1.  Ms.,  ch.  XXXIV,  Buchon,  p.  364.  D'après  le  récit  de  Gruel,  les  Anglais  ne 
«  saillirent  »  par  la  poterne  voisine  de  l'étang,  qui  se  trouvait  sous  les  murs 
de  Saint-James,  qu'en  voyant  les  Bretons  se  débander  sous  l'empire  d'une  folle 
terreur.  La  narration  beaucoup  plus  étendue  de  Monstrelet  dilYère  notablement 
de  celle  de  Gruel.  Monstrelet  prétend  que  l'armée  bretonne  tenta  un  premier 
assaut  dès  son  arrivée  sous  les  murs  de  la  place  ;  il  dit  que  Richemont,  informé 
de  la  déroute  des  siens,  «  fist  sonner  la  relraicte,  »  et  ne  fait  d'ailleurs  aucune 
allusion  à  la  trahison  du  chancelier  de  Bretagne.  Mais  le  récit  plus  orné  de 
ce  chroniqueur  nous  parait  d'autant  moins  digne  de  confiance  qu'il  rapjiorte  ces 
événements  à  1427,  c'est-à-dire  un  an  après  leur  date  véritable  (éd.  Douët  d'Arcq, 
t.  IV,  284-286).  Gousinot  de  Montreuil  (éd.  Vallet  de  Viriville,  p.  240)  est,  après 
Gruel,  le  mieux  renseigné. 

2.  Cf.  Hisi.  de  Bourgogne,  par  D.  Plancher,  t.  IV,  Preuves,  n»  LX,  notam- 
ment cet  alinéa  :  «  Item  que  naguerres  mon  dit  seigneur  le  connestable  le  fit 
prendre  [le  chancelier]  pour  ol)vier  aux  mauvaises  entreprises  qu'il  faisoit  et 
tendoit  faire  au  proufllt  des  dits  Anglois  et  ou  préjudice  du  roy  et  de  monsei- 
gneur de  Bretaigae.  » 

3.  Geste  des  nobles,  p  199;  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  p.  207;  ce  der- 
nier ne  nomme  pas  l'évéque  accusé  de  trahison  ;  en  outre,  il  se  trompe  en 
disant  que  les  Bretons  restèrent  devant  Saint-James  de  Beuvron  jusqu'après 
Pâques  [31  mars]  1426. 


548 

Le  chancelier,  décidé  à  reconquérir  la  confiance  du  duc  son 
maître,  accepta  la  difficile  mission  de  négocier  la  paix  auprès  de 
Philippe  le  Bon.  Mais  Gruel  reste  complètement  étranger  à  cet 
événement  diplomatique  d'une  si  grande  importance,  et  ne  fait 
que  l'indiquer  en  passant.  Néanmoins,  cette  courte  mention  nous 
permet  d'attribuer,  avec  toute  probabilité,  la  date  de  1426  à 
l'acte  renfermant  les  instructions  données  alors  au  chancelier  par 
le  duc  Jean  YP,  et,  par  suite,  de  déterminer  d'une  manière  plus 
précise  l'époque  de  la  conspiration  dans  laquelle  on  a  impliqué  le 
connétable  de  Richemont^.  Celui-ci  faisait  alors  de  pressantes 
démarches  auprès  de  Philippe  le  Bon  pour  le  détacher  de  l'al- 
liance anglaise,  et  Gruel,  en  gardant  le  silence  sur  ces  négocia- 
tions, perd  une  occasion  de  rendre  un  hommage,  bien  mérité 
cette  fois,  sinon  à  l'habileté  diplomatique  de  son  maître,  au 
moins  à  l'activité  qu'il  déploya  en  cette  occasion  ;  il  faut  recon- 
naître, en  effet,  que  Richement  fit  bien  alors  tout  ce  qui  dépen- 
dait de  lui  pour  hâter  la  réconciliation  si  désirée  de  Charles  VII  et 
de  Philippe  le  Bon  3.  Mais  Gruel  est  privé  par  sa  modeste  situa- 
tion de  toute  intelligence  dans  les  conseils  des  princes,  et,  par 
conséquent,  il  n'a  pu  suivre  le  connétable  dans  ces  négociations, 
qui,  d'ailleurs,  échouèrent  complètement  devant  la  résistance  du 
duc  de  Bourgogne. 

Il  nous  a  laissé,  de  la  prise  et  de  l'exécution  du  sire  de  Giac, 
un  récit  qui  est  de  beaucoup  le  plus  intéressant  et  le  plus  complet 
de  ceux  que  nous  possédons^.  Nous  reprocherons  à  Gruel  de 
mettre  uniquement  en  scène  le  connétable,  alors  qu'il  est  fort 
probable  que  La  Trémoille  et  le  sire  d'Albret  l'aidèrent  de  tout 
leur  pouvoir  et  de  leur  personne,  comme  le  rapporte  le  héraut 
Berry.  Dans  notre  chronique,  La  Trémoille  n'apparaît  qu'au 
second  plan,  et  il  n'est  cité  qu'après  l'enlèvement,  alors  qu'il  sui- 
vit à  Bourges  le  connétable;  cependant,  nous  possédons  des 


1.  D.  Plancher,  Hist.  de  Bourgogne,  IV,  Preuves,  n"  LIX. 

2.  Cf.  ci-dessus,  p.  542. 

3.  Cf.  InstrucUons  de  Richemont  à  Geoffroy  et  à  Philibert  de  Vaudré,  envoyés 
vers  le  duc  de  Bourgogne,  dans  D.  Plancher,  IV,  Preuves,  n°  LVIII  ;  instructions 
du  même  à  d'autres  ambassadeurs,  ibid..  Preuves,  n»  LX;  Mémoire  adressé  le 
19  janvier  1427  (n.  s.)  aux  conseillers  du  duc  de  Bourgogne  par  les  comtes  de 
Clermont  et  de  Richemont,  ibid.,  n"  LIV. 

4.  Cf.  Chronique  de  Berry,  dans  D.  Godefroy,  Hisi.  de  Charles  VII,  p.  374; 
Cousinot  de  Montreuil,  p.  238-239;  Cousinot  le  chancelier,  p.  200. 


549 

lettres  du  5  mars  1438,  émanant  de  Charles  VII  et  relatives  k 
cette  affaire,  d'après  lesquelles  l'initiateur  et  le  directeur  de  l'en- 
treprise aurait  été  La  Trémoille  et  non  Richemont'.  Le  premier 
avait,  en  effet,  de  fortes  raisons  pour  s'intéresser  au  succès  de 
cette  affaire,  puisque,  quelques  mois  à  peine  après  la  mort  du  sire 
de  Giac,  la  veuve  de  ce  dernier,  Catherine  de  l'Isle-Bouchard, 
consentait  à  épouser  celui  qui  avait  été  «  cause  et  principal  de 
faire  mourir  son  dit  mary^  »  c'est-à-dire  La  Trémoille  lui- 
même.  11  n'est  fait  aucune  mention  de  Richemont  dans  l'acte  du 
3  mars  1438,  mais  il  n'y  a  pas  lieu  de  s'en  étonner,  et  le  récit  de 
Gruel,  quoique  trop  exclusif,  n'en  conserve  pas  moins  un  réel 
intérêt,  cette  omission  s'expliquant  facilement,  si  l'on  se  reporte 
à  l'époque  où  furent  écrites  les  lettres  que  nous  venons  de  citer  : 
en  1438,  le  roi  ne  pouvait  rappeler  des  entreprises  que  le  conné- 
table cherchait  à  faire  oublier  par  ses  services.  Du  reste,  Gruel 
eût  pu  se  dispenser  de  revendiquer  pour  son  maître  la  responsa- 
bilité de  ce  meurtre,  commis  bien  plutôt  par  suite  des  mesquines 
intrigues  qui  troublaient  l'entourage  de  Charles  VU  que  pour  les 
raisons  poHtiques  alléguées  par  le  chroniqueur.  A  quoi  aboutirent 
l'exécution  du  sire  de  Giac  et  celle  du  Camus  de  Beaulieu,  qui 
suivit  bientôt?  A  augmenter  la  division  dans  le  sein  du  parti 
français  et  à  faire  naître  dans  le  cœur  de  Charles  Vil  un  profond 
ressentiment  pour  celui  dont  le  bras  frappait  si  près  de  la  demeure 
royale  ;  carRichemont  a  beau  écrire  aux  Lyonnais,  le  7  mars  1427, 
que  le  roi  «  touchant  le  fait  de  feu  Giac  est  bien  appaisié  et  est 
bien  content^,  »  il  est  assez  difficile  d'admettre  que  de  pareils  abus 
de  pouvoir  ne  laissent  pas  un  long  souvenir  dans  le  cœur  d'un  sou- 
veraine Cependant,  à  cette  époque,  Richemont,  malgré  l'activité 
que  nous  lui  avons  vu  déployer,  n'était  pas  plus  heureux  dans  ses 

1.  Cf.  extrait  des  lettres  du  3  mars  1438,  publiées  par  M.  de  Beaucourt  dans 
son  étude  sur  le  Caractère  de  Charles  VII,  p.  50,  note  4. 

2.  Lettres  citées,  Ibid. 

3.  Lettres  de  Richemont  aux  Lyonnais,  des  11  février  et  7  mars  1427,  dans 
la  Revue  d'histoire  nobiliaire,  direct.  M.  Sandret,  1882,  p.  465  et  467. 

4.  «  Le  salut  de  la  France,  dit  M.  Bigot  dans  son  étude  sur  le  Connétable 
de  Richemont  (p.  67),  peut  exiger  certaines  exécutions  rapides,  et  la  mort  d'un 
favori  n'est  pas  celle  d'un  bon  Français.  »  Le  sire  de  Giac  et  Le  Camus  de 
Beaulieu  ne  sont  assurtinent  pas  des  personnages  dignes  d'intérêt,  et  l'histoire 
a  confirmé  le  jugement  sévère  que  Gruel  porte  sur  eux,  mais  il  n'appartenait 
pas  à  Richemont  de  les  juger,  et  nous  ne  voyons  pas  comment  ce  double  assas- 
sinat a  pu  procurer  même  indirectement  le  salut  de  la  France. 


550 

expéditions  militaires  que  dans  ses  négociations  diplomatiques. 
Depuis  son  arrivée  à  la  cour,  il  n'avait  encore  rien  fait  qui  pût 
lui  mériter  la  faveur  royale  et  le  triste  résultat  de  la  campagne 
qu'il  entreprit  pour  défendre  Pontorson  contre  les  Anglais  n'était 
pas  de  nature  à  lui  gagner  la  confiance  de  Charles  VIL 

«  L'emparement  de  Pontorson,  »  que  Gruel  place  à  la  fin  de 
septembre  1426,  est  par  suite  antérieur  de  plus  de  quatre  mois  à 
la  prise  du  sire  de  Giac*  dont  nous  venons  de  parler.  Il  y  a  sur 
cet  événement  deux  versions  tout  à  fait  différentes.  Suivant 
l'une,  le  connétable,  au  lieu  de  fortifier  Pontorson,  aurait  détruit 
cette  place  de  fond  en  comble,  après  s'en  être  emparé  de  vive 
forcée  La  seconde  version,  la  seule  exacte,  est  celle  de  notre 
chronique  :  Richemont,  voulant  mettre  fin  aux  incursions  des 
Anglais  en  Bretagne,  entreprit,  dans  les  derniers  mois  de  1426, 
de  leur  opposer  une  barrière  infranchissable  en  établissant  ses 
hommes  d'armes  à  Pontorson  3,  Cousinot  de  MontreuiP,  l'auteur 
de  la  chronique  du  Mont  Saint-Michel ^  Monstrelet'',  qui  ont 
consigné  cet  événem.ent  à  des  dates  diverses,  sont  loin  d'être 
aussi  bien  renseignés  que  Gruel,  qui  a  su  grouper  dans  sa  narra- 
tion des  mentions  qui  sont  ou  complètement  inconnues  aux 
premiers,  ou  éparses  dans  leurs  chroniques.  Seul  avec  Mons- 
trelet,  il  parle  de  la  victoire  remportée  alors  par  les  Bretons 
dans  un  premier  engagement  près  du  Mont  Saint-Michel.  Bien 
qu'il  n'ait  pas  l'habitude  de  ménager  les  éloges  aux  Bretons,  il  ne 
paraît  cependant  pas  attacher  à  cette  bataille  une  aussi  grande 
importance  que  Monstrelet,  qui  en  fait  «  ung  terrible  et  grand 
rencontre'.  »  C'est  encore  à  Gruel  qu'il  faut  demander  des  détails 

1.  Pierre  de  Giac  fut  arrêté  le  8  février  1427.  Ms.,  ch.  xxxvi,  Buchon,  p.  364. 

2.  Cf.  Chronique  de  Berr/j,  p.  374;  Cousinot  de  Montreuil,  p.  237;  ce  même 
chroniqueur  parle  tout  autrement  de  cette  affaire  dans  un  autre  passage,  dont 
nous  allons  nous  occuper. 

3.  Cf.,  dans  les  pièces  diverses  publiées  par  M.  Luce  à  la  suite  de  la  Chro- 
nique du  Mont  Saint-Michel  (I,  p.  253),  un  mandement  de  Henri  VI,  du  11  jan- 
vier 1427,  où  il  est  dit  que  la  ville  de  Pontorson  a  été  «  de  nouvel  emparée  » 
par  les  ennemis  du  roi  d'Angleterre. 

4.  Édition  Vallet  de  Viriville,  p.  253. 

5.  Éditée  par  M.  Luce,  p.  28. 

6.  Il  parle  de  ce  même  siège  de  Pontorson  à  deux  reprises  différentes;  cf. 
édit.  Douët  d'Arcq,  IV,  278  et  286-288. 

7.  Édit.  Douët  d'Arcq,  IV,  p.  275.  La  Chronique  du  Mont  Saint-Michel  ne 
mentionne  pas  ce  fait. 


55^ 

précis  sur  l'expédition  entreprise  par  les  Bretons  à  la  fin  de  1426, 
aux  environs  d'Avranches,  expédition  dans  laquelle  le  sire  de 
Rostrenen  fut  fait  prisonnier  par  les  Anglaise  Mais  pourquoi 
suspendre  le  récit  des  événements  militaires  de  cette  campagne 
pour  signaler  l'exécution  du  Camus  de  Beaulieu,  qui  n'eut  lieu 
qu'au  milieu  de  l'année  suivante,  après  la  prise  de  Pontorson  par 
les  Anglais  -  ?  Le  chroniqueur  a  évidemment  commis  une  méprise  ; 
sachant  que,  après  l'emparement  de  Pontorson,  et  avant  la  red- 
dition de  la  place,  Richemont  revint  à  la  cour  de  France,  où  sa 
présence  fut  signalée,  au  mois  de  février  1427,  par  le  renverse- 
ment d'un  favori,  il  a  confondu  avec  l'exécution  du  sire  de  Giac, 
qui  eut  lieu  à  celte  époque,  celle  du  Camus  de  Beaulieu,  posté- 
rieure de  plusieurs  mois.  Mais,  revenons  à  la  ville  de  Pontorson, 
qui  avait  été,  nous  dit  le  chroniqueur,  fortifiée  «  le  mieux  que 
faire  se  povoit,  »  sans  «  qu'elle  valist  guères^'.  »  Cette  remarque 
sur  la  faiblesse  de  la  place  est  sans  doute  uniquement  destinée  à 
atténuer  l'abandon  dans  lequel  elle  fut  laissée  par  le  connétable 
et  surtout  par  le  duc  de  Bretagne^  ;  car,  à  voir  les  levées  de  fonds 
et  de  troupes,  les  préparatifs  considérables  faits  par  le  roi  d'An- 
gleterre avant  d'y  envoyer  mettre  le  siège,  on  n'eiit  pas  cru  la 
défense  de  Pontorson  aussi  difficile^  D'après  notre  chronique, 
les  troupes  d'Henri  VI  étaient  sous  les  murs  de  la  place  dès  le 
27  février  1427.  Les  termes  employés  par  Gruel  ne  permettent 
pas  d'affirmer  que  le  siège  ne  commença  qu'à  cette  date,  d'ail- 
leurs fort  controversée.  Comme  M.  deBeaucourt,  nous  ne  savons 
pourquoi  M.  Vallet  de  Viriville  fixe  au  10  février  le  début  du 
siège ^  ;  mais  il  est  clair  que  la  date  du  11  janvier  proposée  par  le 
dernier  historien  de  Charles  VII  n'est  pas  exacte  ;  il  suffit,  pour 
s'en  convaincre,  d'examiner  attentivement  la  pièce  même  qu'il 
cite  à  l'appui  de  son  opinion^  Gruel  a  évidemment  de  vives  sym- 

1.  Cf.  Chronique  de  Cousinot  de  Montreuil,  p.  253. 

2.  Cf.  Histoire  de  Charles  VII,  par  M.  de  Beaucourt,  II,  p.  141. 

3.  Ms.,  ch.  xxxviii,  Buchon,  p.  366. 

4.  On  doit  constater  cependant  que,  si  Richeraoat  ne  fut  pas  en  personne  au 
secours  de  Pontorson,  il  envoya  des  subsides  aux  défenseurs  de  la  place 
{Preuves  de  D.  Morice,  II,  1166). 

5.  Cf.  les  Pièces  publiées  par  M.  Luce  à  la  suite  de  la  Chronique  du  Mont 
Saint-Michel,  l,  a"  85,  86,  87. 

6.  Hist.  de  Charles  VU,  par  M.  Vallet  de  Viriville,  I,  p.  480;  cf,  Hist.  de 
Charles  Vil,  par  M.  de  Beaucourt,  II,  p.  25,  note  6. 

7.  La  date  du  1 1  janvier  est  celle  d'un  mandement  de  Henri  VI  à  ses  Iréso- 


352 

pathies  pour  les  vaillants  défenseurs  de  Pontorson  qui  avaient 
promis  de  tenir  pour  le  connétable,  alors  que  le  duc  de  Bretagne 
complotait  de  livrer  la  place  aux  Anglais  ou  aux  Bourguignons^ 
Il  a  beaucoup  de  peine  à  ne  pas  reprocher  à  Jean  VI  sa  coupable 
inaction,  et  trouve  singulier  qu'il  ait  levé  le  ban  et  l'aiTière-ban 
pour  s'arrêter  ensuite  à  des  scrupules  aussi  peu  avouables  que  la 
crainte  d'exposer  à  des  dangers  inutiles  la  noblesse  de  Bretagne. 
La  levée  du  siège  de  Montargis,  cette  brillante  action  militaire, 
qui  commença  la  réputation  du  bâtard  d'Orléans  et  rendit  célèbre 
le  nom  de  La  Hire,  revêt  sous  la  plume  de  Gruel  un  tout  autre 
caractère.  Le  récit  de  ce  dernier  tend  visiblement  à  un  double 
but  :  il  veut  rapporter  au  connétable  l'initiative  et  toute  la  gloire 
de  cette  entreprise,  puisque,  sans  sa  générosité,  les  gens  d'armes, 
non  soldés,  eussent  refusé  de  marcher  en  avant;  en  second  lieu, 
l'affaire  elle-même  perd  beaucoup  de  son  importance,  car, 
semble-t-il,  les  Anglais  surpris  dans  leur  repos  ne  tentèrent 
aucune  résistance.  Mais  la  précaution  même  qu'il  prend  de  nous 
faire  connaître  les  motife  peu  plausibles  qui  empêchèrent  le  con- 
nétable de  prendre  part  à  cette  glorieuse  expédition  nous  révèle 
le  dépit  que  celui-ci  éprouva  d'avoir  laissé  perdre  une  occasion 
d'effacer  le  souvenir  de  ses  récentes  défaites'.  Cependant,  il 
s'empressa  de  communiquer  cett«  heureuse  nouvelle  aux  Lyon- 
nais dans  une  lettre  datée  de  Jargeau,  6  septembre,  document 
fort  intéressant  qui  prouve  que  Richemont  attachait  à  cet  événe- 
ment une  tout  autre  importance  que  son  biographe  3.  En  effet, 

riers  généraux,  publié  par  M.  Luce  {op.  cit.,  p.  253-254);  mais  il  faut  remar- 
fjuer  que  dans  cette  pièce  le  roi  parle  continuellement  au  futur  (cf.  p.  254, 
lignes  11,  16,  25,  27)  ;  en  outre,  il  est  dit  que,  «  pour  ycelluy  siège  [de  Pontor- 
son] mettre  et  tenir  »  (ibid.,  lig.  5),  le  comte  de  Warwich  devait  avoir,  suivant 
les  ordres  du  roi,  600  iiommes  d'armes  et  1,800  hommes  de  trait;  or,  les  troupes 
dont  il  disposait  le  11  janvier  n'atteignant  pas  ce  chiffre,  le  comte  recevra 
3,000  livres  tournois  pour  engager  à  son  service  des  capitaines  qui  seront  soldés 
pour  un  mois  d'avance  «  au  jour  de  leurs  monstres  qu'ilz  feront  pour  aler 
assiège?'  la  dicte  place.  » 

1.  Ms.,  ch.  xLi,  Buchon,  p.  366.  Cf.  D.  Plancher,  Hist.  de  Bourgogne,  t.  IV, 
Preuves,  n°  LUI. 

2.  Cf.  Chronique  de  Berry,  éd.  Godefroy,  p.  374. 

3.  Le  connétable  annonce  en  outre  aux  Lyonnais  la  prise  des  places  de  Mar- 
chesnoir  et  de  Monldoubleau,  «  auquel  lieu  de  Montdoubleau  a  esté  gaigné 
l>elle  artillerie,  laquelle  les  Angloys  y  avoient  lessée,  esperans  mectre  le  siège 
à  Vendosme  »  (Lettre  publiée  par  M.  de  Beaucourt,  dans  la  Bévue  d'hist.  nobi- 
liaire, direct.  M.  Sandret,  1882,  p.  472). 


553 

la  délivrance  de  la  ville  ne  s'opéra  pas  aussi  facilement  qu'on  le 
croirait  enlisant  notre  chronique  :  cette  victoire,  qui  eut  un  très 
grand  retentissement  et  ranima  le  courage  des  troupes  royales, 
ne  fut  pas  remportée  au  mois  de  juillet  1426,  mais  le  vendredi 
5  septembre  1427,  quelque  temps  après  une  première  tentative 
de  ravitaillement  qui  échoua,  et  dont  Gruel  fait  seul  mention 
avec  Monstrelet*.  Les  Anglais  reprirent  bientôt  l'avantage,  et 
notre  chronique  résume  fidèlement  l'histoire  de  leurs  succès  dans 
le  Maine.  La  garnison  de  la  Gravelle,  assiégée  par  le  comte  de 
Fastolf,  ayant  promis  de  se  rendre  si  elle  n'était  pas  secourue 
dans  un  certain  délai-,  Richemont  envoya  une  troupe  d'archers 
pour  la  défense  de  la  place,  de  sorte  que,  au  jour  dit,  les  assiégés 
refusèrent  de  se  rendre.  A  cette  occasion,  on  a  porté  contre  le 
connétable  une  accusation  de  déloyauté  qui  ne  nous  semble  pas 
fondée^. 

Cependant,  Richemont,  qui  voyait  le  pouvoir  lui  échapper  et 
passer  dans  les  mains  de  La  Trémoille,  ourdissait  contre  ce  der- 
nier une  conspiration  dont  Gruel  n'a  pu  ignorer  l'existence  et  le 
but;  néanmoins,  il  se  garde  bien  de  nous  montrer  tout  ce  qu'il  y 
avait  d'odieux  dans  la  conduite  du  connétable  se  révoltant  contre 
l'autorité  royale,  alors  que  les  Anglais  envoyaient  en  France  de 
nouvelles  troupes,  et  fait  retomber  la  responsabilité  de  cette 
affaire  sur  La  Trémoille.  Il  la  raconte  d'ailleurs  avec  beaucoup 
d'habileté,  passant  sous  silence,  et  les  prétentions  exagérées  de 
son  maître,  et  les  alliances  qu'il  ne  cessait  de  contracter  et  de 
renouveler  avec  les  comtes  de  Clerraont  et  de  Pardiac*.  Le  con- 
nétable n'est  pas  en  guerre  ouverte  avec  Charles  VII,  mais  avec 
son  perfide  conseiller  qui  «  avoit  paour  de  perdre  son  gouverne- 

1.  Ms.,  ch.  xLii,  Buchon,  p.  367;  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  p.  221, 
et  ibid.,  note  2;  Chronique  de  Monstrelet,  p.  271-275,  passim;  Chronique  de 
Cousinot  de  Montreuil,  p.  245;  l'hypothèse  émise  dans  la  note  1,  par  laquelle 
M.  Vallet  de  Viriviile  place  la  levée  du  siège  à  la  fin  de  juillet,  est  erronée.  — 
Cf.  Hist.  de  Charles  VII,  par  M.  de  Beaucourt,  II,  p.  28. 

2.  Ms.,  ch.  xLin,  Buchon,  p.  367;  cf.  Cousinot  de  Montreuil,  p.  249. 

3.  Hist.  de  Charles  VII,  par  M.  de  Beaucourt,  II,  p.  29. 

4.  Le  connétable  et  le  comte  de  Clermont  (celui  que  Gruel  appelle  monsei- 
gneur de  Bourbon)  conclurent  un  premier  traité  d'alliance  le  4  août  1427  (orig. 
aux  Arch.  nat.,  P  1372^,  cote  2113,  imprimé  dans  D.  Morice,  Preuves,  II, 
c.  1199).  Le  30  janvier  1428,  ces  deux  princes  et  le  comte  dePardiac  signèrent 
de  nouveaux  engagements  (Archives  de  la  Loire-Inférieure,  E  ISl'',  cassette  76). 

36 


354 

ment,  »  crainte  très  justifiée  d'ailleurs  ^  ;  c'est  La  Trémoille  qui 
fait  interdire  par  le  roi  au  connétable  l'entrée  des  places  fran- 
çaises; c'est  La  Trémoille  qui,  par  sa  défiance,  met  obstacle  à 
tout  appointement  ;  enfin,  c'est  avec  La  Trémoille  et  avec  ses 
partisans  que  Richemont  a  bientôt  «  de  grandes  brouilleries  et 
guerres  particulières.  »  Gruel  emploie  là  un  bien  misérable  sub- 
terfuge, et  Richemont,  dont  l'unique  but  était  de  reconquérir  le 
pouvoir  qui  lui  avait  été  si  habilement  enlevé  par  son  rival,  n'est 
pas  moins  coupable  d'avoir  suscité  une  guerre  civile  pour  satis- 
faire ses  mesquines  revendications  que  de  s'être  révolté  contre 
l'autorité  du  roi,  alors  que  la  défense  nationale  exigeait  le  secours 
de  tous  les  bras  dévoués  au  salut  de  la  France.  D'ailleurs,  ce 
conflit,  en  rendant  de  plus  en  plus  difficile  la  résistance  aux 
Anglais,  ne  pouvait  qu'amoindrir  le  prestige  des  deux  adversaires. 
La  Trémoille  le  comprit  bien  et  s'emploj^a  de  tout  son  pouvoir  à 
la  conclusion  de  la  paix  avec  les  seigneurs  coalisés^.  Gruel  pré- 
tend à  tort  que  le  connétable  ne  fut  pas  compris  dans  le  traité  ; 
nous  possédons  en  effet  la  lettre  de  rémission  accordée  par  le  roi, 
le  17  juillet  1428,  aux  comtes  de  Glermont,  de  Richemont  et  de 
Pardiac,  qui  avaient,  malgré  ses  ordres,  occupé  de  vive  force  la 
ville  de  Bourges^. 

Malgré  les  fausses  couleurs  que  Gruel  donne  à  sa  narration, 
et  qui  d'ailleurs  sont  aisées  à  faire  disparaître,  elle  n'en  reste  pas 
moins  la  source  la  plus  précieuse  et  presque  unique  à  consulter 
sur  les  tristes  démêlés  qui  ensanglantèrent  pendant  plusieurs  mois 
le  Poitou  et  le  Berry^.  Cependant,  il  est  présumable  que  Gruel 
possédait  sur  «  les  grandes  brouilleries  »  du  connétable  et  de  La 
Trémoille  beaucoup  d'autres  renseignements  qu'il  n'a  pas  jugé 
utile  de  transmettre  à  la  postérité,  la  vénération  sans  limites 
qu'il  professe  pour  son  maître  n'ayant  pu  lui  empêcher  de  cons- 
tater la  conduite  équivoque  de  ce  dernier.  Si  Charles  VII  avait 


1.  Ms.,  ch.  xLiv,  Buchon,  p.  368;  cf.  Hist.  de  Charles  VII,  par  M.  de  Beau- 
court,  II,  p.  158,  note  1,  où  est  rapporté  un  extrait  d'une  lettre  royale,  conte- 
nant la  mention  d'une  tentative  d'enlèvement  faite  en  1427  sur  la  personne  de 
La  Trémoille,  alors  dans  son  château  de  Gençay,  en  Poitou. 

2.  Ms.,  ch.  XLvi,  Buchon,  p.  3G9  ;  Chronique  de  Cousinot  de  Montreuil,  p.  251. 

3.  Orig.  aux  Archives  nationales,  P  1358^,  cote  574  ;  analysé  par  M.  Lecoy  de 
la  Marche  dans  l'Inventaire  des  titres  de  la  maison  de  Bourbon,  II,  n"  5327. 

4.  Cf.  Berry,  p.  375;  Cousinot  de  Montreuil,  p.  250. 


555 

pardonné  la  révolte  de  Richemont,  il  ne  lui  avait  pas  rendu  sa 
confiance,  et  le  connétable  ne  put  reparaître  à  la  cour.  Sa  dis- 
grâce éloigna  sans  doute  du  théâtre  des  événements  militaires 
notre  chroniqueur  qui  devient  d'une  sobriété  extrême.  Il  résume 
en  quelques  lignes  la  campagne  des  Anglais  dans  l'Orléanais*, 
suivie  bientôt  de  l'arrivée  de  Jeanne  d'Arc  à  la  cour,  et  ne 
reprend  véritablement  son  récit  qu'au  moment  où  le  connétable 
reparaît  de  nouveau  sur  la  scène.  Ce  passage  oiî  est  racontée  la 
première  entrevue  du  connétable  et  de  Jeanne  d'Arc  a  suscité  de 
vives  critiques  révoquant  en  doute,  et  non  sans  motif,  la  véracité 
de  ce  témoignage.  Gruel  et  Cousinot  de  Montreuil  font  de  cette 
entrevue  deux  récits  tout  différents  et  qui  paraissent  empreints 
l'un  et  l'autre  d'une  singulière  exagération  :  le  premier  nous 
montre  la  Pucelle  aux  genoux  du  connétable  ^  tandis  que, 
d'après  le  second,  celui-ci  «  se  mist  en  toute  humilité  devant  la 
dicte  Pucelle^.  »  D.  Godefroy  et  D.  Lobineau  refusèrent  d'ad- 
mettre cette  dernière  assertion  qu'ils  regardèrent  comme  invrai- 
semblable «  et  préjudiciable  à  la  mémoire  d'un  si  grand  person- 
nage. »  Le  P.  Griffet  se  mit  de  son  côté  à  étudier  la  question  et 
arriva  à  peu  près  aux  mêmes  conclusions ^  Nous  avons  quelque 
peine  à  nous  représenter  l'impérieux  connétable  de  Richemont  aux 
pieds  de  Jeanne  d'Arc  ou  de  La  Tréraoille,  son  plus  mortel  ennemi, 
dont  il  devait  assez  connaître  l'égoïsme  jaloux  pour  comprendre 
l'inutilité  d'une  aussi  humiliante  démarche,  faite  précisément  à  une 
époque  où  le  concours  surnaturel  de  Jeanne  rendait  ses  services 
moins  nécessaires.  D'un  autre  côté,  nous  ne  croyons  guère  à  la 
prétendue  hostilité  que  la  Pucelle  aurait  d'abord  montrée  vis-à- 
vis  du  connétable.  Elle  avait  été  certainement  mise  en  défiance 
par  La  Trémoille  et  son  entourage,  et  le  passé  de  Richemont  l'au- 
torisait à  user  de  circonspection  avec  un  allié  dont  le  secours, 
déjà  refusé  par  le  roi,  pouvait  paraître  suspect  ;  mais  il  n'entrait 
pas  dans  les  vues  de  la  Pucelle,  si  pressée  de  conduire  le  roi  à 
Reims,  d'engager  une  guerre  particulière  avec  le  connétable,  s'il 
était  véritablement  animé  de  bonnes  dispositions.  D'ailleurs,  le 


1.  Ms.,  ch.  xLvii,  Buchon,  p.  369. 

2.  Ms.,  ch.  L,  Buchon,  ]>.  369. 

3.  Chronique  de  la  Pucelle,  p.  304. 

4.  Observations  sur  le  connétable  de  Richemont,  par  le  P.   Griffet,  dans 
VHist.  de  France,  du  P.  Daniel,  1755,  in-4°,  t.  VII,  p.  347. 


536 

récit  de  Gruel  présente  plusieurs  contradictions  et  inexactitudes 
qui  doivent  nous  mettre  en  garde.  N'est-il  pas  singulier  de  voir 
Jeanne  d'Arc,  qui  engageait  d'abord  ses  hommes  d'armes  à  com- 
battre le  connétable,  se  jeter  ensuite  à  ses  pieds  dès  qu'ils  sont  en 
présence?  En  outre,  Richemont  était-il  bien  alors  dans  une  situa- 
tion qui  lui  permît  de  prononcer  les  fières  paroles  que  Gruel  met 
dans  sa  bouche?  Est-ce  bien  le  ton  avec  lequel  devait  parler  le 
connétable,  formellement  banni  de  la  cour  et  désireux  de  ren- 
trer en  grâce  auprès  du  roi,  sur  lequel  Jeanne  exerçait  une 
influence,  qu'il  pouvait  utiliser  à  son  profit  et  opposer  à  celle  de 
La  Trémoille?  Gruel  semble  avoir  laissé  libre  carrière  à  son  ima- 
gination pour  donner  quelque  relief  au  rôle  joué  par  son  maître 
dans  cette  entrevue.  Si  Richemont  prononça  les  paroles  que  son 
écuyer  lui  prête,  il  est  à  présumer  qu'elles  n'intimidèrent  pas  la 
Pucelle  ;  car  il  ressort  clairement  des  récits  de  Gruel  et  de  Cou- 
sinot  de  Montreuil  qu'elle  se  montra  très  réservée  et  prit  toutes 
sortes  de  précautions  pour  s'assurer  de  ses  bonnes  dispositions  ^ 
Le  premier  nous  apprend,  avec  beaucoup  de  ménagements,  que 
son  maître  fut  réduit  à  faire  le  guet  sous  les  murs  de  Beaugency, 
et  il  ne  manque  pas  d'ajouter,  pour  atténuer  ce  qu'il  pourrait  y 
avoir  d'humiliant  dans  cet  aveu,  que  «  les  nouveaux  venuz 
doyvent  le  guet.  »  Il  oublie  qu'en  règle  cette  obligation  ne  con- 
cernait ni  le  connétable  de  France,  ni  les  gens  de  sa  maison^. 
Que  l'arrivée  de  Richemont  au  camp  français  ait  achevé  de 
démoraliser  les  troupes  anglaises  ;  qu'il  se  soit  mis  avec  ardeur 
à  leur  poursuite  pour  les  rejoindre  et  les  battre  complètement  à 
Patay,  personne  ne  le  contestera  ;  mais  il  est  impossible,  dans  les 
circonstances  où  s'opéra  sa  jonction  avec  l'armée  royale,  de  lui 
attribuer  exclusivement,  et  l'initiative  de  la  marche  sur  les 
Anglais,  et  l'honneur  de  la  victoire  qui  revient  à  Jeanne  d'Arc, 
dont  le  duc  d'Alençon  suivait  les  conseils.  Selon  nous,  la  vérité 
est  que  Richemont  fut  accueilli  avec  une  défiance  bien  légitime 
par  les  troupes  royales,  et  que  Jeanne  attendit  pour  se  prononcer 
qu'il  eût  prouvé  ses  bonnes  intentions  :  l'occasion  se  présenta  à 
Patay,  où  le  connétable  et  ses  Bretons  se  comportèrent  vaillam- 
ment; alors  la  Pucelle,  se  rendant  à  son  désir,  présenta  en  sa 
faveur  une  requête  qui  fut  repoussée  par  le  roi,  grâce  à  l'influence 

1.  Chronique  de  la  Pucelle,  p.  305. 

2.  Anselme,  Hist,  généalogique,  1730,  I,  233. 


557 

pernicieuse  que  La  Trémoille  exerçait  alors  à  la  cour.  Gruel,  tou- 
jours trop  porté  à  placer  son  maître  au  premier  rang,  a  cru 
ajouter  à  sa  gloire  en  diminuant  celle  de  Jeanne  d'Arc ,  et  il 
nous  donne  du  caractère  des  deux  personnages  et  des  circons- 
tances dans  lesquelles  ils  se  trouvèrent  en  présence  une  peinture 
peu  fidèle  et  dépourvue  de  toute  apparence  d'authenticité.  L'éloi- 
gnement  du  connétable  fut  un  acte  contraire  à  la  bonne  politique 
qui  eût  dû  inspirer  le  conseil  royal,  mais  il  n'eut  pas  les  fâcheuses 
conséquences  dont  parle  Gruel*;  car,  si,  peu  après,  le  duc  de 
Bedfort  offrit  la  bataille  au  roi,  il  refusa  ensuite  de  sortir  de  ses 
retranchements  lorsque  Charles  VII,  répondant  en  toute  hâte  à 
son  appel,  vint  l'attendre  en  rase  campagne  près  de  Montépilloy, 
le  15  août  14292. 

L'examen  attentif  que  nous  venons  de  faire  des  chapitres  xxvi 
à  Li  de  notre  chronique  montre  l'importance  considérable  de  cette 
partie  qui  contient  en  réalité  l'histoire  militaire  de  l'ouest  de  la 
France  depuis  l'arrivée  de  Richemont  au  pouvoir  jusqu'à  sa  dis- 
grâce. Les  Anglais,  voulant  punir  le  duc  de  Bretagne  des  bonnes 
dispositions  qu'il  montrait  pour  la  cause  de  Charles  VII,  surtout 
depuis  l'entrevue  de  Saumur,  trouvèrent  un  excellent  moyen  de 
le  détacher  de  l'alliance  française  en  menaçant  d'envahir  ses 
états,  et  ils  portèrent  de  ce  côté  tous  leurs  efforts.  Richemont 
commença  par  couvrir  les  frontières  de  la  Bretagne,  qu'il  enten- 
dait avant  tout  préserver  des  liorreurs  de  la  guerre.  Le  théâtre 
des  principaux  événements  se  trouvant  ainsi  déplacé,  Gruel,  en 
sa  qualité  de  Breton  et  d'écuyer  du  connétable,  est  plus  à  même 
que  tout  autre  chroniqueur  de  nous  en  faire  un  récit  exact,  et, 
malgré  les  défauts  que  nous  avons  signalés,  on  peut  dire  qu'il  n'a 
pas  failli  à  sa  tâche.  Sans  avoir  la  prolixité  et  la  confusion  qui 
caractérisent  parfois  la  chronique  de  Monstrelet,  ni  l'exposition 
plus  méthodique  de  l'œuvre  de  Berry,  les  chapitres  de  la  biogra- 
phie du  connétable  que  nous  venons  d'étudier  offrent  sous  une 
forme  plus  concise  des  renseignements  qui  complètent  ou  recti- 


1.  Ms.,  ch.  L,  (in,  Buchon,  p.  370. 

2.  InvesUgaieur  (1881),  p.  300.  Rapport  de  M.  E.  Marbcau  sur  l'histoire  de 
Montépilloy,  publiée  par  M.  Carra  de  Vaux  dans  la  Bévue  de  Go6le;d.  Cousi- 
not  de  Montreuil,  p.  329  ci  s.;  Monstrelet,  IV,  344-347.  Ce  dernier  prétend  que 
Charles  VII  avait  alors  «  très  grant  multitude  de  gens,  trop  plus  sans  compa- 
raison qu'il  n'y  avoit  en  la  compaignie  des  Anglois.  » 


558 

fient  les  données  des  autres  chroniqueurs.  Par  son  contenu,  cette 
partie  appartient  entièrement  à  l'histoire  générale  :  Gruel  est 
obligé  de  suivre  son  maître  partout  où  les  nécessités  de  la  guerre 
l'appellent^  et,  le  connétable  dirigeant  alors  effectivement  toute 
l'action  militaire  et  même  les  relations  diplomatiques,  c'est  vers 
lui  que  doit  se  porter  l'attention  de  l'historien.  Pendant  cette 
période,  Gruel  devait  nous  montrer  dans  son  maître  le  guerrier, 
le  premier  ministre  et  le  diplomate.  Il  nous  a  fait  suivre  avec  un 
soin  minutieux  la  carrière  militaire  du  connétable.  L'échec  de 
Richemont  sous  les  murs  de  Saint-James  de  Beuvron,  l'empare- 
ment  et  le  siège  de  Pontorson ,  la  délivrance  de  Montargis  et 
même  la  victoire  de  Patay  sont  racontés  dans  des  pages  qui, 
malgré  des  inexactitudes,  soutiennent  avantageusement  la  com- 
paraison avec  les  chroniques  les  plus  importantes  du  xv*^  siècle, 
et,  si  Gruel  passe  rapidement  sur  la  guerre  que  se  firent  dans  le 
Poitou  les  partisans  du  connétable  et  ceux  de  La  Trémoille,  il  n'en 
est  pas  moins  vrai  qu'on  trouverait  difficilement  ailleurs  de  plus 
amples  détails.  Il  nous  a  laissé  entrevoir  assez  clairement  les 
intrigues  qui  s'agitaient  autour  de  Charles  VII,  ne  perdant  pas 
une  occasion  de  faire  ressortir  le  «  bon  vouloir  »  et  l'énergie  du 
connétable,  les  obstacles  que  lui  suscitaient  l'indolence  du  roi 
et  l'insatiable  cupidité  de  ses  favoris,  qu'il  n'hésitait  pas  à  faire 
disparaître,  jusqu'au  jour  où  il  rencontra  sur  sa  route  un  rival 
plus  heureux.  Le  difierend  du  connétable  avec  le  président  Lou- 
vet  et  les  anciens  conseillers  de  Charles  dauphin,  l'enlèvement  et 
la  prise  deGiac,  l'exécution  du  Camus  de  Beaulieu,  enfin  la  riva- 
lité entre  La  Trémoille  et  le  connétable  tiennent  une  large  place 
dans  la  narration,  et  cette  partie  n'est  pas  moins  féconde  en  ren- 
seignements complètement  nouveaux.  Par  contre,  Gruel  n'est 
pas  au  courant  des  relations  diplomatiques  qu'entretenait  sans 
cesse  le  connétable  avec  la  cour  de  Bourgogne,  et,  à  ce  point  de 
vue,  il  y  a  une  lacune  considérable  dans  son  œuvre.  Lors  même 
qu'il  signale  les  conférences  si  nombreuses  à  cette  époque,  il  s'at- 
tache surtout  à  nous  décrire  l'appareil  extérieur  de  l'entrevue,  ce 
que  nous  appellerions  volontiers  le  décorum  :  c'est  ce  qu'il  fait, 
par  exemple,  pour  la  conférence  tenue  à  Saumur  par  le  roi  et  le 
duc  de  Bretagne,  mais  jamais  il  n'aborde  le  côté  politique  de  la 
question  et  nous  lui  demanderions  vainement  la  teneur  plus  ou 
moins  complète  des  traités. 


559 

IV. 

LE   CONNÉTABLE  PENDANT   SA   DISGRACE. 

(1429-1434.) 

Gruel,  après  la  vaine  tentative  faite  par  le  connétable  de  Riche- 
mont  pour  rentrer  en  faveur  auprès  du  roi,  le  suit  maintenant 
dans  sa  retraite.  Tandis  que  la  marche  victorieuse  de  Jeanne 
d'Arc  sur  Reims  déplace  brusquement  le  théâtre  des  grands  faits 
militaires,  le  connétable  disgracié  reprend  la  route  du  Poitou,  où 
son  écuyer  nous  conduit  dans  cette  partie  de  son  récit.  C'est  assez 
indiquer  le  changement  opéré  dans  le  caractère  de  la  chronique  : 
l'auteur  perd  forcément  le  titre  d'historiographe  de  France,  qu'il 
pouvait  revendiquer  dans  les  chapitres  précédents,  pour  se  ren- 
fermer dans  son  rôle  plus  modeste  de  simple  biographe  du  comte 
de  Richemont ,  le  seul  qu'il  ait  d'ailleurs  ambitionné.  Est-ce  à 
dire  que  son  œuvre  perde  tout  l'intérêt  que  nous  aimions  à  signa- 
ler dans  notre  dernier  paragraphe?  Certes  non;  cependant,  il 
n'est  plus  que  secondaire,  puisque  les  événements  qui  se  passèrent 
dans  l'Ouest  sont  peu  importants  et  complètement  efîiicés  par  la 
brillante  campagne  entreprise  dans  l'Orléanais,  l'Ile-de-France 
et  la  Champagne.  Gruel  n'a  plus  à  enregistrer,  dans  les  hmites 
étroites  où  il  se  confine,  des  sièges,  des  combats  ou  des  confé- 
rences qui  décident  du  sort  de  la  royauté  ;  il  assiste  maintenant 
non  aux  péripéties  de  la  lutte  contre  l'Angleterre,  mais  à  une  misé- 
rable querelle  de  partisans,  résultat  de  la  rivalité  du  connétable 
et  de  La  Trémoille,  deux  ennemis  acharnés  qui  consacrent  à  une 
guerre  stérile  et  criminelle  des  forces  qu'ils  auraient  pu  employer 
à  l'expulsion  de  l'étranger.  Tous  les  chroniqueurs  du  xv'^  siècle 
ont  suivi  l'armée  royale  dans  le  voyage  du  sacre,  et  il  est  pro- 
bable que  Gruel  n'eût  pas  ajouté,  le  cas  échéant,  beaucoup  de 
détails  nouveaux  à  ceux  qui  nous  ont  été  transmis  à  ce  sujet, 
tandis  que,  contraint  par  les  circonstances,  il  a  dû  rapporter  les 
événements  qui  se  passaient  sous  ses  yeux,  et  qui  ont  pour  la 
plupart  échappé  aux  investigations  des  autres  annahstes.  C'est 
surtout  l'insuffisance  et  l'inexactitude  des  détails  fournis  par  les 
chroniques  sur  l'état  des  provinces  de  l'Ouest,  pendant  la  période 


560 

que  nous  allons  étudier,  qui  donnent  à  cette  partie  de  l'œuvre  de 
Gruel  une  valeur  incontestable. 

Cependant,  s'il  fallait  en  croire  Monstrelet,  la  biographie  du 
connétable  offrirait  en  cet  endroit  une  lacune  portant  sur  un  fait 
d'un  grand  intérêt;  il  s'agit  d'une  prétendue  campagne  faite  par 
le  connétable  dans  la  haute  Normandie,  aux  environs  d'Evreux^ 
Mais  le  silence  gardé  sur  cette  campagne,  non  seulement  par 
Gruel,  mais  aussi  par  les  Cronicques  de  Nonnendie^  et  la 
Chronique  du  Mont-Saint-MicheP ,  nous  fait  révoquer  en 
doute  cette  assertion.  A  la  fin  d'août  1429,  le  duc  de  Bedford 
quitta  effectivement  Paris  pour  aller  mettre  la  Normandie  en  état 
de  défense,  non  contre  les  troupes  du  connétable,  mais  contre  une 
expédition  de  l'armée  royale^.  Il  n'est  pas  présumable  que  Gruel, 
qui  paraît  n'avoir  pas  quitté  son  maître,  ait  omis  un  fait  de  cette 
importance,  et,  s'il  eût  réellement  existé,  tout  à  l'honneur  de 
Richemont.  Il  en  est  autrement  des  intrigues  ténébreuses  aux- 
quelles celui-ci  se  trouvait  alors  mêlé,  et  dont  Gruel  ne  se  préoc- 
cupe pas.  Chassé  de  l'armée  royale,  abandonné  par  son  propre 
frère  le  duc  de  Bretagne,  dont  la  conduite  politique  subissait 
l'heureuse  influence  des  succès  remportés  par  Jeanne  d'Arc  depuis 
la  levée  du  siège  d'Orléans ^  Richemont  paraît  avoir  renoué  des 
relations  avec  le  duc  de  Bourgogne,  qui  comptait  sur  son  appui 
et  se  proposait  d'en  faire  un  connétable  de  Henri  VP.  Cependant, 
ce  projet  n'eut  pas  de  suite,  sans  doute  à  cause  des  négociations 
entamées  d'un  autre  côté  avec  le  roi  et  La  Trémoille.  Ces  dernières 
seules  ont  attiré  l'attention  de  Gruel  qui,  après  avoir  signalé  la 
généreuse  conduite  du  connétable  envers  un  émissaire  envoyé  par 
La  Trémoille  pour  l'assassiner,  parle  d'ouvertures  qui  furent 
faites  au  roi,  alors  à  Poitiers''.  La  découverte  d'un  complot, 
auquel  Richemont  n'était  sans  doute  pas  resté  étranger,  vint  don- 
ner un  autre  cours  aux  négociations  *,  mais  elles  ne  furent  pas 

1.  Monstrelet,  IV,  p.  353. 

2.  Cf.  édit.  Hellot,  p.  77. 

3.  Cf.  édit.  donnée  par  M.  Luce,  p.  31. 

4.  Chronique  de  Cousinot  de  Montreuil,  p.  332. 

5.  Le  4  septembre  1429,  Charles  VII  promettait  au  duc  de  Bretagne  de  traiter 
honorablement  son  lils  aîné,  qui  se  disposait  à  se  rendre  auprès  du  roi  (Arch. 
de  la  Loire-Inférieure,  E  105). 

6.  Hist.  de  Charles  VU,  par  M.  de  Beaucourt,  II,  415. 

7.  Ms.,  ch.  Li,  Buchon,  p.  371. 

8.  Il  n'est  peut-être  pas  téméraire  d'avancer  que  le  connétable  est  rofiicier  de 


564 

rompues,  comme  le  dit  Gruel,  seulement  le  connétable  fut  tenu  à 
l'écart  ;  La  Trémoille  en  effet  se  montrait  aussi  peu  disposé  à  se 
rapproclier  de  son  rival  qu'il  mettait  d'empressement  à  gagner  à 
sa  cause  le  duc  de  Bretagne,  avec  lequel  il  signa  un  traité  d'al- 
liance le  22  février  1431*.  Les  fauteurs  du  complot  auquel  nous 
venons  de  faire  allusion  étaient  les  seigneurs  de  Thouars,  de 
Lezay  et  de  Vivonne  qui,  obéissant  à  des  griefs  personnels  et  à 
une  impulsion  étrangère,  venant  sans  doute  de  Richement  lui- 
même,  avaient  formé  le  projet  de  s'emparer  de  La  Trémoille,  et 
même  de  la  personne  royale.  Mais  le  favori  menacé  sut  les  pré- 
venir à  temps  et  les  fit  arrêter.  Le  procès  qui  suivit  dut  avoir 
assez  de  retentissement  pour  qu'on  s'explique  difficilement  l'as- 
sertion de  Gruel  prétendant  qu'ils  furent  enlevés  par  trahison  et 
condamnés  sans  jugement  ;  nous  possédons  plusieurs  originaux  et 
copies  de  l'arrêt  en  date  du  8  mai  1431,  portant  la  peine  de  mort 
contre  les  trois  conjurés  ;  les  seigneurs  de  Lezay  et  de  Vivonne 
furent  exécutés,  le  vicomte  de  Thouars  dut  la  vie  à  la  recomman- 
dation de  La  Trémoille  lui-même'. 

Gruel,  en  prenant  parti  pour  les  conjurés,  a  oublié  son  rôle 
d'historien  pour  embrasser  la  querelle  de  son  maître,  dont  ils 
avaient  servi  la  politique  ténébreuse.  Madame  de  Thouars,  chas- 
sée des  villes  de  son  mari,  vint  implorer  le  secours  du  connétable 
contre  leur  ennemi  commun,  et  la  lutte  recommença  avec  une 
nouvelle  ardeur.  Gruel  est  peut-être  le  seul  à  signaler  les  événe- 
ments de  cette  guerre,  qui  désola  pendant  une  année  entière  le 
Poitou,  l'Aunis  et  la  Saintonge  et  ne  se  termina  qu'au  commen- 
cement de  1432  par  un  traité  en  date  du  5  mars,  dont  notre  chro- 
nique reproduit,  par  exception,  trois  clauses  portant  restitution 
de  Chàteaulaillon  au  connétable,  de  Gençay  à  La  Trémoille  et 
remise  de  Mauléon  à  la  garde  de  Prégent  de  Coetivy^.  Mais  le 
chroniqueur  ne  fait  qu'indiquer  les  principales  phases  de  la  lutte 


grande  autorité  visé  dans  l'arrêt  du  8  mai  1431,  qui  fut  prononcé  contre  les 
conjurés  et  dont  M.  de  Beaucourt  cite  quelques  passages  {Hist.  de  Charles  VII, 
t.  II,  p.  270). 

1.  Arch.  de  la  Loire-Inférieure,  E  181,  p.  4  Muni  d'un  sauf-conduit  que  le 
duc  de  Bretagne  lui  accorda  le  5  décembre  1430  (Archives  de  la  Loire-Infé- 
rieure, E  93,  pièce  6),  La  Trémoille  n'hésita  pas  à  se  rendi'e  à  une  conférence 
où  fut  signé  le  traité  du  12  février  suivant. 

2.  Hist.  de  Charles  VII,  par  M.  de  Beaucourt,  II,  273. 

3.  Arch.  nat.,  J  245,  n">  102. 


562 

sans  s'étendre  avec  complaisance,  comme  il  le  fait  habituellement, 
sur  les  belles  escarmouches  et  les  prouesses  des  hommes  d'armes. 
Faut-il  conclure  de  l'extrême  concision  de  cette  partie  du  récit 
que  Gruel  ne  prit  aucune  part  à  la  lutte,  ou  bien  qu'il  resta  con- 
finé à  la  garde  de  l'une  des  places  de  Richemont?  Nous  ne  le  pen- 
sons pas;  si  l'on  admettait  la  seconde  hypothèse,  Userait  surpre- 
nant qu'il  n'ait  pas  donné  sur  cette  place  des  détails  plus 
circonstanciés  qui  nous  eussent  révélé  sa  présence,  et  nous  ne 
remarquons  aucune  disproportion  entre  les  différentes  parties  de 
la  narration,  qui  revêt  partout  l'apparence  d'un  sommaire  assez 
bref,  il  est  vrai,  mais  très  exact.  Gruel,  comprenant  bien  que  ces 
mesquines  querelles  portent  atteinte  à  la  gloire  de  son  maître  et 
déshonorent  également  les  deux  adversaires,  reste  insensible  aux 
joies  de  la  victoire  comme  à  la  honte  de  la  défaite.  Il  ne  s'émeut 
guère  de  la  reddition  aux  gens  du  roi  de  Marans,  de  Benon  et  de 
Ghâteaulaillon  et  signale  à  peine  la  prise  de  Gençay  par  les  par- 
tisans du  connétable.  On  fît  l'appointement  «  tel  quel,  »  dit-il. 
Richemont,  avant  la  conclusion  de  ce  traité,  profita  d'une  suspen- 
sion momentanée  des  hostilités  pour  se  rendre  à  l'appel  du  duc 
son  frère,  qui  le  conviait  au  mariage  du  comte  de  Montfort  et  de 
Yolande,  fille  de  la  reine  de  Sicile*.  Il  semble  que  ce  grand  événe- 
ment et  les  fêtes  qui  l'accompagnèrent  auraient  dû  faire  sortir 
notre  chroniqueur  de  sa  réserve,  et  cependant  il  n'y  consacre 
guère  qu'une  simple  mention.  Il  eût  pu  facilement,  même  en  sup- 
posant qu'il  n'ait  pas  accompagné  son  maître  dans  ce  voyage,  se 
procurer  des  notions  plus  étendues  sur  cette  solennité.  Mais  Gruel 
n'est  pas  un  peintre  aimant,  comme  tant  d'autres  parmi  ses  con- 
temporains, à  reproduire  les  fêtes  et  les  tournois  ;  les  mouve- 
ments de  deux  armées  en  présence,  les  péripéties  d'un  siège  lui 
offrent  seuls  de  l'attrait,  et,  quand  il  sort  du  cadre  qu'il  s'est 
imposé,  il  fait  preuve  d'une  inexpérience  facile  à  constater. 

Des  préparatifs  de  guerre  remplacèrent  bientôt  à  la  cour  de 
Bretagne  les  fêtes  célébrées  à  l'occasion  du  mariage  de  François 
de  Montfort.  En  effet,  le  duc  d'Alençon,  mécontent  de  n'avoir  pu 
obtenir  de  son  oncle  Jean  VI  les  sommes  d'argent  qu'il  lui  récla- 
mait, c'est  au  moins  ce  qu'avance  Monstrelet^  ne  trouva  rien  de 
mieux  à  faire  que  de  se  dédommager  aux  dépens  du  chancelier  de 

1.  Ms.,  ch.  LU,  Buchon,  p.  371. 

2.  Monstrelet,  V,  p.  11. 


b63 

Bretagne,  qu'Q  fit  enlever  près  de  Nantes  et  emmena  prisonnier 
à  Pouancé.  Le  duc,  vivement  courroucé  de  l'emprisonnement  de 
son  chancelier,  mit,  dès  le  mois  de  janvier  1432,  le  siège  devant 
la  place  où  Jean  de  Malestroit  était  détenu,  après  avoir  enrôlé 
dans  son  armée  des  hommes  d'armes  anglais  qui  se  trouvaient 
alors  à  Vannes  :  le  connétable  vint  lui-même  se  joindre  aux  assié- 
geants à  la  tête  de  quinze  hommes  d'armes  et  de  quinze  archers  ^ 
On  ne  saurait  reprocher  à  Gruel  de  n'avoir  pas  fait  mention  de 
la  mise  au  pillage  du  Plessis-Guerrif ,  fait  qui  ne  tient  qu'une  place 
minime  dans  un  épisode  où  le  connétable  lui-même  n'apparaît 
qu'au  second  plan 2.  Mais  est-il  bien  certain  que  celui-ci  s'em- 
ploya aussi  activement  que  l'aifirme  son  biographe  à  la  conclu- 
sion de  la  paix?  Cette  intervention,  bien  naturelle,  n'aurait  pas 
lieu  d'être  mise  en  doute,  si  l'on  ne  connaissait  les  tendances  de 
Gruel  à  nous  montrer  toujours  son  maître  sous  le  jour  le  plus 
favorable  ;  il  est  singulier  en  effet  qu'il  n'y  soit  fait  aucune  allu- 
sion dans  la  teneur  du  traité  de  paix,  signé  le  19  février  1432,  et 
ratifié  par  Marie  de  Bretagne,  duchesse  douairière  d'Alençon,  le 
3  avril  1433  3.  N'est-il  pas  aussi  vraisemblable  de  penser,  avec 
Monstrelet,  que  le  duc  d'Alençon,  voyant  la  mauvaise  tournure 
que  prenait  l'aS'aire,  et  craignant  pour  sa  femme  alors  en  couches 
dans  la  ville  assiégée  le  danger  d'une  pareille  situation,  jugea  pru- 
dent de  s'humilier  et  de  satisfaire  les  exigences  de  son  puissant 
rival?  Gruel  omet  une  des  principales  clauses  du  traité  qui  fut  alors 
conclu,  car  le  duc  d'Alençon  consentit,  non  seulement  à  rendre  la 
liberté  au  chanceher  de  Bretagne,  mais  aussi  à  livrer  au  duc  la 
place  de  la  Guierche"*.  Le  traité  de  Bennes  du  5  mars  1432,  dont 
Gruel  a  précédemment  parlée  ne  mit  pas  complètement  les  places 
du  connétable  à  l'abri  des  attaques  de  ses  ennemis  qui  cherchaient 
toujours  à  s'en  emparer,  soit  par  trahison^  soit  de  vive  force. 

1.  Arch.  de  la  Loire-Inférieure,  E  178;  Preuves  de  D.  Morice,  II,  1234-1235, 
Extrait  du  compta  d'Aufroij  Guijnot. 

2.  Voir  sur  la  dévastation  de  cette  place  une  lettre  par  laquelle  Jean  VI 
dédommage  Jacques  Bonenfaiit  des  pertes  qu'il  a  essuyées  dans  cette  affaire 
{Preuves  de  D.  Morice,  II,  1252). 

3.  Preuves  de  D.  Morice,  II,  1248;  Archives  de  la  Loire-Inférieure,  E  178. 

4.  Sarthe,  arrondissement  du  Mans,  canton  de  Ballon. 

5.  Cf.  ci-dessus,  p.  561. 

6.  Voir  la  condamnation  d'un  traître  qui  avait  promis  de  livrer  la  place  de 
Mervent  (Bibl.  nat.,  ms.  fr.  8819,  fol.  51  r"). 


564 

Mervent,  enlevé  par  La  Hire  le  8  juin  1432,  fut  rendu  aux  troupes 
de  Richemont  quelques  jours  plus  tard.  Gruel  prit  sans  doute  une 
part  personnelle  à  cet  événement,  soit  parmi  «  les  gens  de  l'os- 
tel,  »  soit  parmi  «  les  nobles  des  terres  du  dit  seigneur*.  »  Cepen- 
dant, les  deux  partis  commençant  à  se  fatiguer  d'une  lutte  sans 
terme,  la  guerre  cessa  peu  à  peu,  et  notre  chronique  ne  signale 
aucun  acte  d'hostilité  pendant  la  fin  de  l'année  1432.  Richemont, 
revenant  à  ses  premiers  projets,  essaya  d'en  finir  avec  son  ennemi 
en  recourant  à  la  ruse.  Gruel,  qui  avait  jugé  bon  de  passer 
sous  silence,  sans  doute  à  cause  de  leur  mauvais  résultat,  les  pre- 
mières tentatives  d'enlèvement  dont  La  Trémoille  avait  été  vic- 
time, revendique  maintenant  pour  son  maître  l'honneur  d'avoir 
dirigé  le  complot  qui  amena  la  chute  du  favori 2, 

Le  connétable,  n'ayant  plus  à  lutter  contre  un  ennemi  person- 
nel, va  désormais  retourner  ses  armes  contre  les  Anglais,  en  face 
desquels  nous  ne  l'avons  pas  vu  depuis  la  journée  dePatay.  Nous 
avons  signalé  ailleurs  les  causes  que  nous  attribuons  à  la  conci- 
sion qui  règne  dans  les  chapitres  li  à  lv^;  ces  causes  dispa- 
raissent par  la  cessation  des  hostilités  contre  La  Trémoille;  le 
connétable  de  Richemont  va  reprendre  la  place  que  son  titre  lui 
assigne  à  la  tête  des  armées  françaises  ;  dès  lors,  le  caractère  et  la 
forme  du  récit  subissent  une  heureuse  modification  ;  à  la  conci- 
sion et  à  la  réserve  succèdent  l'ampleur  et  cette  abondance  de 
détails  que  nous  avons  pu  remarquer  dans  les  chapitres  xxvi  à  l. 

Le  chroniqueur,  débarrassé  des  scrupules  qui  l'ont  empêché  de 
s'étendre  plus  longuement  sur  les  fâcheux  démêlés  auxquels  son 
maître  avait  pris  une  trop  large  part  depuis  son  éloignement  de 
la  cour,  semble  plus  à  l'aise  et  tout  heureux  de  pouvoir  montrer 
ce  que  «  monseigneur  le  connestable...  sçavoit  faire.  »  Il  saisit 
avec  empressement  l'occasion  que  lui  fournit  la  tentative  faite  par 
ce  dernier  pour  s'opposer  à  la  reddition  de  Sillé-le-Guillaume  aux 
Anglais,  et  lui  consacre  un  long  chapitre  dont  le  héraut  Berry  ne 
nous  donne  qu'un  résumé  bien  succinct^.  Si  Gruel  n'avait  consi- 
déré que  le  résultat  de  cette  campagne,  résultat  bien  peu  appré- 
ciable, puisque  Sillé-le-Guillaume  tomba  néanmoins  au  pouvoir 


1.  Ms.,  ch.  LUI,  fin,  Buchon,  p.  372. 

2.  Cf.  ci-dessus,  p.  561  et  s,;  Ms.,  ch.  liv,  Buchon,  p.  372. 

3.  Cf.  ci-dessus,  p.  562. 

4.  Hist.  de  Charles  VII,  dans  D.  Godefroy,  p.  387. 


565 

de  l'ennemi,  il  ne  lui  aurait  pas  accordé  une  si  grande  attention  ; 
mais  c'est  Richeraont  qui  commande,  c'est  lui  qui  dirige  l'entre- 
prise ;  elle  prend  alors  aux  yeux  de  son  écuyer  une  tout  autre 
importance,  et  il  nous  la  fait  connaître  jusque  dans  ses  moindres 
détails.  Cette  expédition,  conduite  avec  une  lenteur  et  une  indé- 
cision qui  permirent  aux  Anglais  d'occuper  presque  tout  le  Maine, 
n'est  pas  de  nature  à  donner  une  haute  idée  des  talents  militaires 
du  connétable,  et  il  n'a  pas  encore  conquis  la  réputation  qu'on 
lui  a  faite,  mais  le  voici  rallié  une  fois  de  plus  à  la  cause  royale  et 
en  mesure  par  conséquent  de  montrer  son  habileté. 

Pour  résumer  le  caractère  et  la  valeur  de  notre  chronique  dans 
les  chapitres  que  nous  venons  de  passer  en  revue,  nous  dirons 
que  Gruel  n'avait  plus  à  y  écrire  l'histoire  d'un  connétable  de 
France  combattant  pour  la  délivrance  de  son  pays,  mais  celle  du 
comte  de  Richemont  soutenant  une  guerre  civile  contre  un  des 
principaux  conseillers  de  la  couronne  et  contre  le  roi  lui-même. 
L'intérêt  de  la  chronique  est  pour  ainsi  dire  amoindri  et  localisé, 
et  ne  se  trouve  plus  concentré  que  sur  quelques  rencontres  de  par- 
tisans. Cependant,  considérée  à  ce  point  de  vue,  elle  conserve  une 
importance  incontestable,  et  nous  en  sommes  réduits,  par  l'ab- 
sence de  toute  autre  source  historique  plus  complète,  à  regretter 
la  réserve  que  Gruel  s'est  imposée  volontairement.  La  campagne 
de  Sillé-le-Guillaume  forme  une  transition  heureuse  entre  la  par- 
tie antérieure  du  récit  et  les  passages  qui  suivent. 

Achille  Le  Vavassedr. 
{A  suivre.) 


BIBLIOGRAPHIE. 


Fouilles  et  Sépultures  mérovingiennes  de  V église  Saint -Ouen  de 
Rouen,  décembre  iH8A- février  -1883,  par  le  comte  d'Estaintot. 
Paris,  Alphonse  Picard,  ■1886.  In-S",  50  p.  avec  figures. 

Les  fouilles  relatées  dans  ce  volume  ont  été  exécutées  sous  la  direc- 
tion de  M.  Sauvageot,  architecte  diocésain,  en  présence  de  plusieurs 
membres  de  la  commission  départementale  des  antiquités  de  la  Seine- 
Inférieure.  Ceux-ci  en  ont  dressé,  pour  la  commission,  un  procès-ver- 
bal détaillé.  M.  le  comte  d'Estaintot  s'est  proposé  de  résumer  et  de 
mettre  en  lumière  les  principaux  résultats  acquis. 

Un  grand  nombre  de  sarcophages  mérovingiens  ont  été  découverts. 
Ils  ont  fourni  des  armes  et  des  bijoux.  Ces  objets  ont  été  donnés  par  la 
fabrique  de  Saint-Ouen  au  musée  départemental.  M.  d'Estaintot  décrit 
les  plus  curieux  et  en  donne  des  dessins.  On  remarquera  surtout  un 
grand  fauchard  ou  fer  tranchant  courbé  en  forme  de  faucille,  de  0™65  de 
longueur,  destiné  à  être  monté  à  l'extrémité  d'une  hampe  de  bois,  et  un 
style  à  écrire,  d'argent,  revêtu  d'une  feuille  d'or.  On  n'a  trouvé  aucune 
inscription.  Selon  la  tradition,  plusieurs  princes  et  princesses  de  la  pre- 
mière race  auraient  été  ensevelis  à  Saint-Ouen.  Ces  dernières  fouilles 
ne  nous  apprennent  là-dessus  rien  de  nouveau. 

Au  point  de  vue  historique,  la  découverte  la  plus  intéressante  a  été 
faite  dans  une  autre  partie  du  terrain  fouillé  et  ne  concerne  pas  l'époque 
mérovingienne.  C'est  celle  de  la  sépulture  d'un  abbé  de  Saint-Ouen  du 
xne  siècle,  Rainfroid,  mort  en  1150.  Son  épitaphe  était  gravée  sur  une 
lame  de  plomb.  Elle  avait  neuf  lignes  ;  les  trois  dernières  sont  entière- 
ment effacées,  les  six  autres  se  lisent  encore  en  partie  : 

t  HIC  REQVIESCIT  PIE  MEMORIE  DO 
NNVS  RINFREDVS  MO///CHVS  ET  ABB'S  HVIVS 
LOCI  QVI  ECCLESIAM  ISTAM  POST 
COMBUSTIONE  ///////////////////////////////  AVIT  MV 
RO  CINSIT  /////////////////////////////////////  ET  ALIIS 
BONIS  ///////////////////////////////////////////////////////////// 

Julien  Ha  VET. 


567 


Les  Coutumes  de  Lorris  et  leur  propagation  aux  XII^  et  XIIP  siècles, 
par  Maurice  Prou,  archiviste  paléographe,  élève  de  l'École  des 
hautes  études.  Paris,  Larose,  •ISS/*.  In-8°,  -176  pages.  (Extrait  de 
la  Nouvelle  Revue  historique  de  droit  français  et  étranger.) 

«  Dès  la  première  moitié  du  xii^  siècle,  les  habitants  de  la  paroisse 
«  de  Lorris  avaient  obtenu  du  roi  Louis  VI  une  cliarte  de  coutumes, 
«  devenue  rapidement  célèbre.  Les  registres  de  la  chancellerie  royale 
«  nous  ont  conservé  la  confirmation  de  Louis  VII,  datée  d'Orléans  en 
«  1155.  Un  incendie,  survenu  à  Lorris  pondant  un  séjour  de  Philippe- 
«  Auguste,  détruisit  la  ville  presque  entièrement  et  consuma  l'original 
«  de  la  charte,  déposé  aux  archives  de  la  communauté.  »  Le  roi  accorda 
aux  bourgeois  un  nouveau  diplôme,  de  même  teneur  que  celui  de  1155 
(Bourges,  1187,  entre  le  29  mars  et  le  31  octobre).  Ces  privilèges,  aux- 
quels M.  Prou  a  consacré  l'ouvrage  que  nous  analysons,  ont  été  encore 
confirmés  par  Charles  VII  en  1448  et  par  Louis  XIII  en  1625. 

La  charte  de  Lorris  obtint  un  immense  succès  :  elle  devint  au  xii«  et 
au  xiii^  siècle  la  loi  d'un  grand  nombre  de  villages  du  centre  de  la 
France.  M.  Prou,  après  avoir  étudié  en  elle-même  la  charte  de  Lorris, 
la  suit  de  proche  en  proche  dans  le  domaine  royal,  dans  les  domaines 
des  maisons  de  Gourtenay  et  de  Sancerre,  en  Champagne.  Il  a  dressé 
avec  soin  une  liste  chronologique  des  chartes  copiées  en  totalité  ou  en 
partie  sur  les  coutumes  de  Lorris  et,  pour  faciliter  les  recherches,  il  a 
donné  ensuite  une  liste  alphabétique  des  villes  et  des  villages  dont  les 
chartes  dérivent  des  coutumes  de  Lorris. 

Le  texte  même  de  la  coutume  de  Lorris,  édité  avec  grand  soin,  et  des 
pièces  justificatives  fort  bien  choisies  terminent  le  volume. 

On  ne  pouvait  souhaiter  sur  la  charte  de  Lorris  un  meilleur  travail  : 
cette  monographie  est  excellente. 

Paul    ViOLLET. 


Chevalier  (l'abbé  Ulysse).  Compte  de  Raoul  de  Louppy.,  gouverneur 
du  Dauphiné  de  i  30 1  à  \  3ij\) .,  publié  d'après  l'original  des  archives 
de  la  préfecture  de  V Isère.  Romans,  octobre  'iSSO.  In-8o. 

Le  compte  de  Raoul  de  Louppy,  publié  par  M.  l'abbé  U.  Chevalier, 
se  divise  en  deux  parties  :  la  première  comprenant  les  recettes  et  les 
dépenses  faites  par  Raoul  pendant  qu'il  fut  gouverneur  du  Dauphiné, 
c'est-à-dire  depuis  le  7  octobre  1361  jusqu'au  10  décembre  1369;  la 
seconde  partie  comprenant  les  recettes  et  les  dépenses  faites  du  8  octobre 
1373  au  31  mars  1376  par  le  même  personnage,  comme  administrateur 
des  chàtellenies  de  Clermont-en-Argonne,  Vienne-le-Chàteau  et  Gué- 
menières,  possessions  de  la  comtesse  de  Bar.  Le  premier  compte  fut 


568 

entendu  à  Paris,  en  la  chambre  des  comptes,  le  12  avril  1375  et  le 
19  janvier  1376;  le  second,  le  28  avril  1376. 

Ce  document  nous  est  parvenu,  pour  partie  du  moins,  en  double 
exemplaire.  L'un  de  ces  exemplaires  est  aujourd'hui  à  la  bibliothèque 
du  Vatican,  dans  le  fonds  de  la  reine  Christine,  où  il  porte  le  n°  1247  <. 
C'est  un  rouleau  composé  de  treize  peaux  de  parchemin  et  mesurant 
environ  8"14  de  longueur,  sur  une  largeur  qui  varie  entre  0'^25  et  0™26. 
La  fin  du  rouleau  a  disparu.  Le  texte  du  compte  s'arrête  avec  les  mots 
dont  il  chiet,  qui  se  trouvent  à  l'article  120  2,  ligne  25  de  la  page  56  dans 
l'édition  de  M.  l'abbé  Chevalier. 

L'autre  exemplaire  est  complet,  sauf  quelques  lacunes  au  commence- 
ment. Il  est  conservé  à  Grenoble,  dans  les  archives  départementales  de 
l'Isère,  sous  la  cote  B3173.  C'est  un  rouleau  formé  de  vingt-cinq  peaux 
de  parchemin,  long  d'environ  14  mètres,  sur  une  largeur  moyenne  de 
0°^27  1/2. 

M.  l'abbé  Chevalier  a  reproduit  le  rouleau  de  Grenoble;  quant  à 
celui  du  Vatican,  il  ne  paraît  pas  l'avoir  examiné.  Il  estime,  en  effet, 
que  ces  deux  exemplaires  d'un  même  compte  sont  les  deux  copies  sur 
parchemin  auxquelles  il  est  fait  allusion  à  l'art.  123  (p.  59),  et  qui, 
d'après  lui,  ont  été  coUationnées  avec  le  compte  original  le  10  janvier 
1382  (1383,  n.  st.,  art.  138).  Cette  hypothèse  admise,  on  comprend  que 
l'éditeur  ait  préféré  au  texte  incomplet  du  Vatican  le  texte  complet  de 
Grenoble.  Mais  je  ne  saurais  souscrire  à  son  opinion.  Je  crois  que  le 
rouleau  de  Grenoble  a  été  copié  sur  celui  du  Vatican,  et  que  ce  dernier, 
par  conséquent,  n'est  autre  qu'un  fragment  considérable  de  l'original 
dont  il  est  parlé  à  la  fin  du  texte  des  archives  de  Grenoble. 

Le  texte  du  compte  de  Raoul  de  Louppy  est  accompagné  de  notes 
marginales,  qui  constituent  les  observations  des  auditeurs  de  la 
chambre  de  Paris  commis  à  examiner  ce  compte.  Or,  toutes  les  notes 
marginales  qui  figurent  sur  le  rouleau  du  Vatican  ont  été  reproduites 
sur  le  rouleau  de  Grenoble.  Mais,  tandis  que,  sur  le  premier,  elles  ont 
le  caractère  d'additions  dues  à  des  mains  diverses,  sur  le  second,  au 
contraire,  elles  sont  toujours  de  la  même  écriture  que  le  texte  de  l'ar- 
ticle auquel  elles  correspondent.  Quelques  observations  mises  en  marge 
du  rouleau  de  Grenoble  ne  se  trouvent  pas  sur  le  rouleau  du  Vatican  ; 

1.  Ce  manuscrit  m'a  été  signalé  en  décembre  1884  par  mon  confrère  et  ami 
M.  Ernest  Langlois,  membre  de  l'École  française  de  Rome. 

2.  J'adopte  la  numérotation  des  articles  telle  qu'elle  a  été  établie  par 
M.  l'abbé  Chevalier,  bien  qu^elIe  ne  me  semble  pas  exacte.  Ainsi,  l'art.  36  doit 
être  divisé  en  deux  articles,  et  Fart.  37  devrait  porter  le  n°  38.  L'art.  61  devi-ait 
être  numéroté  60,  parce  que  le  paragraphe  qui  précède  (art.  60)  ne  constitue 
pas  un  article,  mais  un  titre,  comme  le  prouvent  les  mots  Primus  articulus 
écrits  sur  le  rouleau  du  Vatican,  en  face  de  l'article  qui  ouvre  le  chapitre  de 
la  dépense,  c'est-à-dire  l'art.  61  de  l'édition  de  M.  l'abbé  Chevalier. 


569 

il  est  probable  qu'elles  ont  été  ajoutées  par  les  gens  des  comptes  du 
Dauphiné  sur  cette  copie  que  leur  avait  envoyée  la  chambre  des  comptes 
de  Paris.  De  plus,  certaines  additions  faites  en  pleine  ligne  à  la  iin  des 
articles  sur  l'exemplaire  du  Vatican  ont  passé  sur  celui  de  Grenoble, 
sans  qu'on  puisse  les  distinguer  du  texte  primitif.  Par  exemple,  à  la 
suite  de  l'article  3'i,  on  a  ajouté  sur  le  rouleau  du  Vatican  :  «  Capiun- 
tur  ut  immédiate,  valent  ni^  iiiixx  y  flor.  v  groz  petiz.  »  Ces  mots,  sur  le 
rouleau  de  Grenoble,  sont  de  la  même  main  que  le  reste  do  l'article.  Le 
même  fait  se  reproduit  à  l'art.  53.  Et  encore,  dans  le  chapitre  de  la 
dépense,  toutes  les  conversions  de  florins  de  bon  poids  en  florins  del- 
phinaux  ou  de  petit  poids,  qui  terminent  la  plupart  des  articles,  ont  été 
ajoutées  sur  le  rouleau  du  Vatican  ;  le  scribe  de  l'exemplaire  de  Gre- 
noble les  a  reproduites  sans  les  distinguer  de  la  rédaction  première. 
Quant  aux  passages  complètement  barrés  sur  le  rouleau  du  Vatican,  le 
copiste  a  toujours  négligé  de  les  reproduire  sur  le  rouleau  de  Grenoble. 
Ainsi,  à  la  fin  de  l'art.  62,  on  avait  d'abord  écrit  :  «  vic  lxiii  flor.  ix  groz 
petit  poiz  »  ;  les  mots  Lxnt  flor.  ix  groz  petit  poiz  »  ont  été  rayés  et  rem- 
placés par  ceux-ci  :  «  xxxi  flor.  demi  »  ;  le  copiste  du  rouleau  de  Grenoble, 
tenant  compte  de  cette  correction,  a  écrit  :  «  vie  xxxi  flor.  et  demi.  »  A 
l'article  63,  le  texte  du  Vatican  portait  d'abord  :  «  cvni  florins  et  demi 
de  petit  poiz  »  ;  à  la  suite,  les  auditeurs  des  comptes  ont  fait  ajouter  : 
«  Dont  il  chiet  pour  ses  gaiges  ordinaires  par  les  m  jours  dessus  diz 
xxnn  florins  ix  groz  i  tiers,  demeure  ini^x  m  florins  viii  groz  n  tiers  »  ; 
en  même  temps  qu'ils  expliquaient  cette  réduction  par  la  note  margi- 
nale :  «  Deducantur  ut  supra  pro  vadiis  suis  xxini  flor.  ix  groz  i  tiers,  quia 
infra  Dalphinatum  deducuntur  ut  supra'.  »  Toutes  ces  corrections  ont 
perdu,  je  le  répète,  sur  le  rouleau  de  Grenoble  le  caractère  d'additions. 
Le  dernier  exemple  que  j'ai  cité,  —  et  j'en  pourrais  donner  beaucoup 
d'autres  analogues,  —  suffirait  à  montrer  que  le  texte  du  Vatican  est 
l'original  du  compte  qui  fut  conservé  dans  les  archives  de  la  chambre 
des  comptes  de  Paris,  et  sur  lequel  les  auditeurs  avaient  consigné  leurs 
observations.  Une  dernière  remarque  achèvera  de  démontrer  que  le 
rouleau  de  Grenoble  a  été  copié  sur  celui  du  Vatican.  A  la  fin  de  la 
première  feuille  de  parchemin  du  rouleau  du  Vatican,  le  scribe  a  mis 
en  marge  le  total  des  recettes  portées  sur  cette  feuille  ^  :  «  Summa  n"" 
vue  iiiixx  vn  flor.  x  gross.  i  tiers.  »  Cette  somme  a  été  reproduite  au 
même  endroit  du  compte,  sur  le  rouleau  de  Grenoble  3,  bien  qu'elle  n'y 

1.  Le  gouverneur  du  Dauphiné  était  tenu  de  pourvoir  avec  ses  gages  ordi- 
naires aux  frais  des  voyages  qu'il  faisait  dans  les  limites  de  son  gouvernement. 

2.  Les  comi)tables  actujls  ne  font  pas  autrement  quand  ils  inscrivent  au  bas 
d'une  page  la  somme  totale  des  recettes  ou  dépenses  contenues  dans  cette  page. 

3.  On  la  trouvera  imprimée  à   la   suite   de   l'article   18   dans  l'édition  de 
M.  l'abbé  Chevalier. 

37 


o70 

eût  plus  aucune  raison  d'être,  puisque  les  feuilles  de  parchemin  des 
deux  rouleaux  ne  sont  pas  de  même  longueur. 

Je  crois  donc  que,  pour  la  partie  qui  est  commune  aux  deux  exem- 
plaires encore  existants  du  compte  de  Raoul  de  Louppy,  l'éditeur  eût 
mieux  fait  de  suivre  le  texte  du  rouleau  du  Vatican  ;  l'emploi  de  carac- 
tères spéciaux  pour  les  additions  eût  rendu  le  document  qu'il  publie 
plus  intelligible,  et  surtout  eût  mieux  mis  en  lumière  la  façon  dont  les 
auditeurs  procédaient  à  l'examen  des  comptes. 

La  comparaison  que  j'ai  faite  du  rouleau  du  Vatican  avec  celui  de 
Grenoble  me  permet  de  proposer  quelques  corrections  au  texte  publié 
par  M.  l'abbé  Chevalier  ^. 

Le  début  lacéré  dans  Gren.  peut  être  restitué  par  Vat.  :  «  Compte  de 
Raoul,  sire  de  Louppy,  chevalier,  jadiz  gouverneur  du  Dalphiné  de 
Viennois,  des  receptes  et  mises  par  lui  faites  tant  pour  cause  de  plu- 
sieurs et  divers  veages  et  chevauchées  par  lui  faiz  à  armes  et  autrement, 
tant  par  le  paiz  du  dit  Dalphiné,  pour  la  nécessité,  reconfort,  visitacion, 
detfense  et  seurté  d'icellui,  comme  en  Avignon,  en  Savoye,  Arle,  Lan- 
guedoc, en  France  et  en  plusieurs  autres  lieux,  tant  de  commandement 
de  bouche...  »  —  Page  1,  hgne  17  :  «  en  est  à  plain.  »  Vat.  :  «  en  est 
plus  à  plain.  »  —  Art.  2,  en  marge  de  Vat.,  on  lit  :  «  Compotus  dicti 
Philippi,  »  ce  qui  explique  la  note  marginale  de  Gren.  reproduite  dans 
Edit.,  p.  2,  note  2  :  o  Capiuntur  per  iiiium  computum;  ibi  corrigitur.  » 
Il  s'agit  du  quatrième  compte  de  Philippe  Gillier.  —  Art.  3,  Edit.  : 
«  Guillaume  de  la  Parrete,  »  Vat.  :  «  Guillemin  de  la  Perretere.  »  — 
Art.  4,  Edit.  :  «  33  gelines  23  gros  1  tiers  2,  »  Vat.  :  «  xxxiii  gelines  pri- 
siées  xxni  groz  i  tiers.  »  —  Art.  4,  Gren.  :  «  xi  florins,  v  groz,  i  tiers 
petiz,  »  Vat.  :  «  x  florins,  v  groz,  i  tiers  petiz.  »  —  Art.  6,  Gren.  porte 
une  addition  marginale  qui  ne  se  trouve  pas  sur  Vat.,  mais  elle  est 
d'une  autre  main  que  le  texte  et  les  autres  notes  ;  elle  est  reproduite 
dans  Edit.,  p.  3,  n.  2,  mais,  au  lieu  de  :  «  in  computo  Bellivisus  Fro 
Machori,  »  il  faut  lire  :  «  in  computo  Bellivisus  finito  MCCGLXII  »  ;  de 
plus,  je  crois  que  la  virgule  placée  avant  citra  doit  être  reportée  après 
ce  mot,  et  que  arra  doit  être  lu  corri{gere)  ou  corri(gitur).  —  A  l'art.  H, 
je  pense  que  l'abréviation  mons.  doit  être  lue  monseigneur  plutôt  que 
monsire.  —Art.  20,  Edit.  :  «  et  en  argent  comptant  4  (=  80)  flor.  9  gros 
et  demi.  »  Je  ne  comprends  pas  la  correction  de  4  en  80.  —  Art.  22, 1.  6, 
Edit.  :  «  et  23  sommes  et  demie  de  vin,  »  Vat.  :  «  en  xxni  sommes  et 
demie  de  vin.  »  —  Art.  24,  à  la  fin,  Edit.  :  a  en  may  1363,  »  Vat.  :  «  en 
may  GGGLXIIIL  »  —  Art.  30,  Edit.  :  «  Michel  Ailloust,  »  Vat.  :  «  De 

1.  Je  désignerai  par  Vat.  le  rouleau  du  Vatican,  par  Gren.  celui  de  Grenoble, 
et  par  Edit.  la  publication  de  M.  l'abbé  Chevalier. 

2.  M.  l'abbé  Chevalier  a  partout  substitué  aux  chiffres  romains  de  Gren.  des 
chiffres  arabes. 


574 

Michel  Ailloust.  »  —  La  note  marginale  de  l'art.  35,  Edit.,  p.  10,  n.  1, 
s'applique  également  aux  articles  36,  37  et  38,  comme  l'indique  une 
accolade  sur  Val.  — Art.  30,  Edit.  :  «  que  il  recout  de  Pierre  Arnoul  dit 
Gaiet,  »  Vat.  :  «  que  il  reçut  par  la  main  de  Pierre  Ernoul  dit  Gayet.  » 

—  Art.  43,  Vat.  porte  cette  note  marginale  :  «  Declaret  cujus  ponderis, 
et  ad  quam  summam  ascendit  dicta  composicio,  et  habeatur  residuum.  » 
Cette  note  ne  figure  pas  dans  Edit.,  et  je  crois  cependant  qu'elle  a  été 
transcrite  sur  Gren.  —  P.  12,  après  l'article  45,  Edit.  :  «  Summa  relicte,  » 
corrigez  :  «  Summa  recepte.  »  —  P.  12,  n.  2,  Edit.  :  «  pars  cadit,  »  Vat.  : 
«  pars  cadat  »  ;  Edit.  :  «  et  ideo  ordinatum  quod,  »  Vat.  :  «  et  idco 
ordinatum  fuit  quod  »  ;  Edit.  :  «  quod  mittat  copias,  »  Vat.  :  «  quod 
mittant  copias  »  ;  la  seconde  partie  de  la  note  2  de  la  page  12  ne  se  rap- 
porte pas  à  l'art.  46,  mais  à  l'art.  47  ;  à  la  fin  de  la  note,  Edit.  :  «  dic- 
tam  accusationem,  »  Vat.  :  «  dictam  excusationem.  »  —  Art.  47,  p.  13, 
1.  1,  Edit.  :  i  fais  deux  fois,  »  Vat.  :  «  fais  par  n  foys  »  ;  même  article, 
Edit.  :  «  317  florins,  »  Vat.  :  «  iiic  xn  flor.  »  —  Art.  48,  1.  2,  Edit.  : 
«  rendi,  »  Vat.  :  «  rendu.  »  —  P.  14,  n.  1,  1.  2,  au  lieu  de  :  «  Lune 
xxnntanovembris,  »  j'ai  lu  sur  Gren.  et  sur  Vat.  :  «  Hinc  xxmitanovem- 
bris  »  ;  mais  cette  lecture  n'est  pas  certaine.  —  Art.  59,  à  la  fin,  Edit.  : 
«  14956  flor.  ponderis  Dalphinatus,  »  Vat.  :  xmi™  ixc  lvi  flor.  petiz  pon- 
deris Dalph[inatus].  »  —  Art.  61,  1.  10,  Edit.  :  «  enjointes,  audit  lieu 
d'Avignon,  »  Vat.  :  «  enjointes  faire  audit  lieu  d'Avignon.  »  — Art.  62, 
outre  la  note  marginale  reproduite  p.  19,  n.  1,  dans  Edit.,  il  y  a  dans 
Vat.  une  autre  note,  placée  en  face  les  premières  lignes  de  l'article  et 
ainsi  conçue  :  «  Totum  infra  Dalpbinatum  et  sic  debent  deduci  vadia  sua 
qui ascendunt par  XXXV] dies,  adestimacionemutsupra,  Ile  IIII^x  XVII  flor. 
m  gros  II  tiers  et  ideo  radere  ipso  domino  présente.  »  Le  passage 
imprimé  ici  en  italiques  a  été  rayé  sur  Vat.  et  n'a  pas  été  reproduit 
dans  Gren.  —  Art.  64,  p.  21,  1.  9,  Edit.  :  «  et  tout  le  conseil,  »  Vat.  : 
«  atout  le  conseil.  »  —  P.  22,  note  3,  cette  note  devrait  être  placée  à 
la  p.  21,  avec  renvoi  au  mot  chevaux,  à  la  ligne  19.  —  P.  22,  1.  1,  Edit.  : 
«  et  trois  chevaliers,  »  Vat.  :  «  et  nu  chevaliers.  »  —  P.  31,  note  1,  au 
lieu  de  loquitur,  je  crois  qu'il  faut  lire  loquatur.  —  Art.  73,  avant-der- 
nière ligue,  Edit.  :  «  18  florins  4  quins,  »  Vat.  :  «  xvni  florins  ini  quars.  » 

—  La  note  de  la  p.  33,  ainsi  indiquée  :  En  m.  du  n»  73,  se  rapporte  aux 
art.  73  et  74,  comme  l'indique  une  accolade  sur  Vat.  —  La  note  1  de  la 
p.  34  se  rapporte  à  l'article  75  a.  —  Art.  76,  Edit.  :  «  demeure  68  flor. 
11  gros,  »  Vat.  :  «  demeure  lxviii  florins  ix  groz,  »  qui  est  la  bonne 
leçon.  —  P.  37,  n.  2,  Edit.  :  «  ibi  dora,  procuratorem,  »  Vat.  :  «  ibidem 
dictum  procuratorem.  »  — Art.  85,  1.  4,  Edit.  :  «  les  choses  couchées,  » 
Vat.  «  les  choses  touchées.  »  —  Art.  87,  p.  41,  1.  4,  Edit.  :  «  24  che- 
vaux, »  Vat.  :  «  xxxim  chevaux.  »  —  P.  42,  après  l'art.  89,  on  lit  sur 
Vat.  cette  note,  qui  a  été  rayée  :  «  Summa  diorum  vic  xlui,  a  vni  flor. 
II  groz  demi  et  i/xn^  per  diem,  valent  v"»  me  ix  flor.  »  —  Art.  90,  1.  4, 


572 

Edit.  :  «  comme  concernans,  »  Vat.  :  «  comme  autrement.  »  —  P.  43, 
1.  9,  Edit.  :  «  et  7  s.  pour  15  escuier,  »  Vat.  :  «  et  vu  s.  pour  escuier.  » 

—  P.  44,  1.  2,  Edit.  :  a  1362,  »  Vat.  :  «  GCCLXIII.  »  —  La  note  2  de 
la  p.  47  se  rapporte  aux  art.  99  et  100.  —  La  note  2  de  la  p.  48,  sine 
lictera,  qu'il  vaut  mieux  lire  sine  licteris,  s'applique  aux  art.  103, 104  et 
105.  —  Art.  112,  3e  ligne  avant  la  fin  du  texte  de  la  p.  52,  Edit.  :  «  95  flo- 
rins 5  gros,  »  Vat.  :  «  viii^s  xv  florins  v  groz.  »  —  P.  53,  1.  2,  Edit.  : 
«  83  flor.  3  gros,  »  Vat.  :  «  vi^*  m  flor.  m  groz.  »  —  Art.  113,  4^  ligne 
avant  la  fin  de  l'article,  Edit.  :  «  129  florins  6  groz,  »  Vat.  :  «  vi^^^  xix  flo- 
rins V]  groz.  »  —  La  note  1  de  la  p.  54  se  rapporte  aux  articles  115, 116 
et  117.  —  P.  55,  1.  16,  Edit.  :  «  que  son  retour  fut  à  Grenoble,  pour 
chascun  jour  2  florins,  »  Vat.  :  «  que  son  retour  fut  à  Grenoble  par 
devers  ledit  gouverneur,  par  xim  jours,  pour  chascun  jour  deux  florins.  » 

—  P.  55,  n.  2, 1.  3,  Edit.  :  «  de  contentis  in  série,  »  Vat.  :  «  de  conten- 
tis  hic  in  série.  » 

M.  l'abbé  Chevalier  a  pris  soin  de  dresser  l'itinéraire  de  Raoul  de 
Louppy,  depuis  le  7  octobre  1361  jusqu'au  10  décembre  1369,  à  l'aide 
des  renseignements  que  lui  ont  fournis  le  compte  même  de  Raoul,  les 
archives  de  l'Isère  et  celles  de  la  Drôme,  les  archives  communales 
d'Embrun  et  celles  de  Romans,  et  les  documents  publiés  en  divers 
ouvrages.  Deux  pièces  originales  du  cabinet  des  titres  à  la  Bibliothèque 
nationale  permettent  d'ajouter  deux  dates  à  cet  itinéraire.  Le  23  juillet 
1364,  Raoul  de  Louppy  était  à  Romans  ^,  et,  le  3  novembre  de  la  même 
année,  il  se  trouvait  à  Grenoble 2. 

1 .  Quittance  par  laquelle  Raoul  de  Louppy  reconnaît  avoir  reçu  de  Jean  du 
Pont,  trésorier  du  Dauptiiué,  75U  florins  de  poids  deiphinal  à  lui  dus  sur  ses 
gages  de  gouverneur  (cabinet  des  litres,  vol.  1760), 

2.  Mandement  de  Kaoul  de  Louppy,  donnant  ordre  à  Jean  du  Pont  de  payer 
à  Raynaud  Raymond,  juge  mage  des  appels,  procureur  général  el  avocat  liscal 
du  Uaupldné,  la  somme  de  lOU  llorins  de  poids  deiphinal  à  lui  due  sur  ses 
gages  de  l'année  commencée  le  1"  juillet  précédent  (cabinet  des  titres,  même 
volume).  —  Je  saisis  l'occasion  qui  se  présente  à  moi  de  signaler  quelques 
autres  actes  originaux  de  Raoul  de  Louppy  conservés  au  déparlement  des 
manuscrils  de  la  Bibliothèque  nationale.  —  Paris,  13  avril  1355.  Raoul,  sire  de 
Louppy,  chevaUer  el  conseiller  du  roi,  mande  à  Roland  Pogery,  receveur  de 
Pans,  de  payer  24  hvres  parisis  à  Garnier  de  Saint-Denis,  sergent  d'armes,  qui 
avail  reçu  Tordre  d'arréler  la  comlesse  de  Longueville  (collection  Glairambault, 
titres  scellés,  vol.  (37,  fol.  5199,  n»  4505).  —  2  juin  1355.  Raoul  de  Louppy 
reconnaît  avoir  reçu  33  livres  6  sous  8  deniers  tournois  de  Garin  de  Moret, 
receveur  de  Champagne,  à  valoir  sur  le  don  à  vie  de  lUO  livres  de  terre  qu'il 
prend  annuellement  en  la  recette  de  Champagne  (ibid.,  fol.  5199,  n"  45U6).  — 
Grenoble,  4  juin  1364.  Raoul  de  Louppy,  gouverneur  du  Dauphiné,  reconnaît 
avoir  reçu  de  Jean  du  Pont,  trésorier  du  Dauphiné,  42  llorins  de  poids  deiphi- 
nal à  lui  dus  sur  ses  gages  de  gouverneur  (cabinet  des  litres,  vol.  1760),  —  La 
Cote-Saint-Aiidré,  31  juillet  1364.  Raoul  de  Louppy  mande  au  trésorier  du  Dau- 


573 

Tous  les  historiens  qui  font  de  l'administration  royale  au  xiv«  siècle 
l'objet  de  leurs  études  sauront  gré  à  M.  l'abbé  Chevalier  d'avoir  imprimé 
un  document  aussi  précieux.  Ils  pourront  regretter  toutefois  que  l'édi- 
teur n'ait  tenu  aucun  compte  du  manuscrit  conservé  au  Vatican. 

Maurice  Prou. 

Histoire  des  états  cjénérnux  et  des  libertés  publiques  en  Franche- 
Comté,  par  M.  le  président  Clerc.  Besançon,  Marion,  ^882.  In-8°, 
2  vol.,  404  et  420  pages. 

Suivant  M.  Clerc,  les  états  remontent,  en  Franche-Comté,  à  Philippe 
le  Hardi,  fils  du  roi  Jean,  lequel  fut  duc  de  Bourgogne  en  1364  et  comte 
de  Bourgogne  vingt  ans  plus  tard.  Ils  seraient,  au  dire  de  l'auteur,  plus 
anciens  dans  le  duché  que  dans  la  comté  de  Bourgogne;  M.  Clerc  croit 
pouvoir  fixer  à  l'année  1384  la  première  réunion  des  états  de  Franche- 
Comté. 

L'auteur  a  écrit  l'histoire  des  états  de  cette  province  depuis  1384  jus- 
qu'à leur  abolition  en  iG74  :  il  étudie  leur  rôle  politique,  session  par 
session,  plutôt  qu'il  ne  décrit  leur  organisation  ;  j'eusse  souhaité  des 
renseignements  plus  abondants  sur  le  régime  électoral  et,  en  général, 
sur  les  diverses  questions  qui  touchent  à  l'ordre  administratif. 

Les  états  de  Franche-Comté,  qui  jouèrent,  dans  diverses  circons- 
tances, un  rôle  considérable,  ont  eu,  jusqu'en  1662,  le  droit  de  voter  et 
d'asseoir  sur  la  province  des  impositions  pour  faire  face  aux  besoins 
locaux. 

Parmi  les  actes  qui  accusent  le  plus  nettement  l'importance  politique 
des  états,  je  relève  :  en  1451,  les  réclamations  des  deux  Bourgognes,  qui 
arrachèrent  au  duc  Phihppe  le  Bon  la  suppression  d'un  droit  dit  de 
tréhu  sur  les  vins,  imposé  sans  le  consentement  des  états;  en  1517,  la 
décision  quasi-souveraine  des  états  de  la  Franche-Comté,  qui,  mécon- 
tents des  ordonnances  de  la  duchesse  Marguerite,  nommèrent  d'autorité 
des  commissaires  chargés  de  reviser  cette  législation;  en  1662,  les  récla- 
mations contre  la  vénalité  des  charges;  en  1666,  les  conditions  rigou- 
reuses mises  à  la  délivrance  à  l'Espagne  du  don  gratuit  ' . 

Paul   ViOLLET. 

phlné  de  délivrer  à  Jean  de  Sommericourt,  procureur  de  Nicolas  de  Toiiis-sur- 
Marne,  prévôt  de  l'église  de  Reiras  et  conseiller  delphinal,  la  somme  de  50  llorins 
pour  un  quart  des  gages  annuels  dus  audit  Nicolas  (ras.  français  20,006,  pièce 
n"  42).  —  20  mai  1374.  Raoul  de  Louppy,  conseiller  du  roi,  reconnaît  avoir  reçu 
de  Gille  Billet,  grenetier  du  grenier  du  sel  à  Paris,  200  fjorins  Vl'or  francs  en 
diminution  d'une  soiiime  plus  grande  à  laquelle  le  roi  était  tenu  envers  lui 
pour  un  voyage  fait  en  Boliênie  et  en  Hongrie  (coll.  Clairambault,  titres  scellés, 
vol.  67,  fol.  5199,  n"  4507). 
1.  Voyez  t.  I",  pp.  25,  40,  54;  t.  II,  p.  163. 


574 

La  Vie  agricole  dans  le  Haut-Maine  au  XIV^  siècle^  d'après  le  rou- 
leau inédit  de  if""^  d'Olivet  (^33D-^342),  par  M.  André  Joubebt. 
Mamers,  Fleury  et  Dangin,  éditeurs,  -J886.  In-8°,  55  p. 

La  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes  a  déjà  rendu  compte  plusieurs  fois 
des  ouvrages  de  M.  André  Joubert.  La  nouvelle  étude  qu'il  vient  de 
publier  ne  fait  pas  moins  d'honneur  que  les  précédentes  au  zèle  du  fécond 
auteur.  Le  rouleau  inédit  qui  en  a  fourni  la  matière  mesure  9™50  de  long 
sur  0™25  de  large;  il  a  été  communiqué  à  M.  Joubert  par  notre  con- 
frère M.  A.  de  la  Borderie.  On  y  trouve  une  série  de  baux  et  de  comptes 
se  rapportant  à  diverses  métairies  du  comté  de  Laval.  M.  Joubert  a  su 
tirer  de  ces  documents,  compris  entre  les  dates  de  1335  et  de  1342,  des 
détails  nombreux  et  instructifs  sur  la  vie  agricole  dans  le  Haut-Maine 
au  xive  siècle.  Après  quelques  observations  générales  sur  l'état  de 
l'agriculture  en  France  un  peu  avant  la  guerre  de  cent  ans,  l'auteur 
reproduit  les  passages  les  plus  intéressants  des  baux^,  dont  il  élucide 
les  termes  obscurs.  L'ensemble  de  ces  renseignements  concorde  avec  ce 
que  disent  de  la  situation  favorable  du  royaume  à  ce  moment  les  savants 
les  plus  autorisés;  et  M.  Joubert  cite  fort  justement  à  ce  propos  les 
savants  travaux  de  MM.  Lecoy  de  la  Marche  et  Siméon  Luce.  La  pré- 
sente publication  constitue,  en  somme,  une  nouvelle  contribution  à 
l'histoire  économique  du  Maine  et  on  doit  féliciter  M.  Joubert  d'utiliser 
aussi  bien  les  loisirs  dont  il  dispose.  p  Bonnassieux. 

Lettres  et  Mémoires  inédits  de  M.  d'Étigny,  Intendant  de  la  généra- 
lité d'Auch  et  de  Pau,  de  \Ti\  à  noT,  publiés  par  Paul  Parfouru, 
archiviste  du  Gers,  correspondant  du  ministère  de  l'instruction 
publique,  officier  d'Académie.   Auch,   Cocharaux,  ^885.  In-8°, 

3^  p. 

Dans  cette  petite  brochure,  dont  le  contenu  ne  répond  guère  au  titre 
vraiment  trop  large  et  qui  est  extraite  de  V Annuaire  du  Gers  pour  1885, 
notre  confrère  M.  Parfouru  publie  quelques  lettres  et  notes  de  M.  d'Éti- 
gny  relatives  :  1"  à  la  suppression  des  écoles  de  village  ;  2»  à  la  révo- 
cation du  premier  secrétaire  de  l'intendance;  3°  à  l'affaire  du  parlement 
de  Pau  (mai  1765)  et  à  la  disgrâce  de  l'intendant. 

Ces  trente  pages  offrent  un  réel  intérêt,  les  premières  surtout,  qui 

1.  Ces  détails  sont  présentés  au  lecteur  dune  manière  qui  ne  nous  satisfait 
pas  coniplètemeiit.  L'ordre  méthodique  nous  eût  semblé  préférable,  à  défaut 
d'une  publication  intéj^rale  du  texte  ;  l'auteur  aurait  ainsi  relevé  tour  à  tour 
les  divers  prix  des  bœufs,  vaches,  brebis,  etc.,  du  Haut-Maine  de  1335  à 
1342,  la  composition  moyenne  des  troupeaux  des  diverses  métairies  au  même 
moment,  etc. 


575 

se  rapportent  à  la  suppres?ion  des  écoles  de  village.  M.  Parfouru 
nous  entretient  là  d'une  question  aussi  curieuse  qu'importante.  Est-il 
vrai  que,  vers  le  milieu  du  xvni«  siècle,  le  gouvernement  ait  cherché  à 
détruire  l'enseignement  primaire  dans  les  campagnes?  Nous  avons  vai- 
nement cherché  k  nous  renseigner  sur  ce  point.  Les  papiers  d'archives, 
mémoires  ou  correspondances  que  nous  avons  pu  consulter  ne  nous 
ont  rien  appris  à  ce  sujet.  Nous  sommes  tort  tenté  de  croire  que  la  con- 
duite de  M.  d'Étigny  a  été  dictée  par  des  convenances  ou  des  exigences 
locales  et  que  peu  d'intendants  ont  écrit  comme  lui,  dans  une  corres- 
pondance officielle  :  «  Dans  les  campagnes,  rien  n'est  moins  nécessaire 
au  paysan  que  de  sçavoir  lire  »  (v.  p.  H).  La  tendance  constante  du  pou- 
voir royal  au  xvm''  siècle  parait,  en  efïet,  avoir  été  favorable  à  la  diffu- 
sion de  l'instruction  dans  le  pays^. 

La  brochure  de  notre  confrère  ne  comporte  pas  d'analyse  étendue. 
Elle  est  bien  courte  et  nous  regrettons  que  l'auteur  n'ait  pas  fait  de 
plus  larges  emprunts  aux  douze  registres  in-folio  que  remplit,  aux 
archives  du  Gers,  la  correspondance  de  M.  d'Étigny.  Il  y  aurait  trouvé 
sans  doute  plus  d'un  utile  éclaircissement. 

Pourquoi  aussi  n'identifie-t-il  pas  le  nom  d'un  des  principaux  person- 
nages qu'il  cite,  M.  de  Courteille?  Il  s'agit  évidemment  de  M.  de  Bar- 
berie  de  Courteille,  conseiller  d'État  semestre  et  intendant  des  finances. 
Pourquoi  ne  donne-t-il  nulle  part  à  M.  d'Étigny  son  nom  patronymique 
de  Mégret?  Le  «  seul  des  intendants  dont  le  nom  soit  encore  connu 
dans  tout  le  Midi 2  »  méritait  assurément  qu'on  le  désignât  sous  son 
vrai  nom,  Mégret  d'Étigny. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  pièces  publiées  par  M.  Parfouru  font  connaître 
plusieurs  détails  curieux  de  la  vie  administrative  en  province  sous  l'an- 
cien régime.  On  doit  se  féliciter,  en  somme,  de  leur  mise  au  jour. 

P.  BONNASSIEUX. 

Relations  et  Commerce  de  V Afrique  septentrionale  ou  Magreb  avec 
les  nations  chrétiennes  au  moyen  ûye,  par  le  comte  L.  de  Mas 
Latrie.  Paris,  Didot,  1886.  In-^2,  550  pages. 
Le  comte  de  Mas  Latrie  joint  à  une  science  indiscutable  le  don,  de 

1.  Si  on  a  pu,  au  milieu  du  xvni"  siècle,  provoquer,  dans  l'ordre  de  l'ensei- 
gnement secondaire,  la  suppression  de  certains  collèges  inutiles,  on  a  du  moins 
conservé  assez  de  ces  établissements  pour  répondre  aux  besoins  du  pays.  De 
1763-1765  ont  été  maintenus  et  conservés,  par  exemple,  les  collèges  de  Roanne, 
Fontenay-le-Comte,  Angouléme,  Orléans.  Auxerre,  Tours,  Blois,  Clermont-Fer- 
rand,  la  Flèche,  Sens,  Reims,  Billom,  Mauriac,  Charleville,  Châlons,  etc.  (V.  aux 
Arch.  nat.,  coll.  Rondonneau,  série  chronolog.,  années  1763-1765.) 

2.  Voy.  P.  Raymond,  Inv.  des  arch.  dép.  des  Basses- Pyrénées,  séries  C.-D., 
p.  37-38. 


376 

plus  en  plus  rare  chez  les  érudits,  de  savoir  composer  et  écrire  un  livre. 
Le  troisième  volume  de  son  Histoire  de  Chypre,  dont  la  suite  est  atten- 
due avec  impatience  par  tous  les  amis  des  études  médiévales,  est,  par 
la  réunion  de  ces  trois  qualités,  l'une  d'analyse,  l'érudition,  l'autre  de 
synthèse,  la  méthode,  et  la  troisième  tout  artistique,  le  style,  un  véri- 
table modèle  de  composition  historique. 

A  cette  œuvre  capitale  il  ajoute,  presque  chaque  année,  quelque  étude 
destinée  au  grand  public,  mais  dont  le  sujet  est  puisé  dans  ses  travaux 
antérieurs  de  publication  de  textes. 

Aujourd'hui,  c'est  à  son  grand  recueil  de  Traités  conchis  au  moyen 
âge  entre  les  chrétiens  et  les  Arabes  de  l'Afrique  (Paris,  1866  et  1872,  in-4o) 
qu'il  emprunte  la  matière  du  petit  volume  qu'il  consacre  à  l'histoire  du 
commerce  méditerranéen.  Ce  sera  un  complément  indispensable  à  la 
belle  Histoire  du  commerce  du  Levant  de  Heyd  que  M.  Raynaud  vient  de 
traduire  dans  notre  langue  ;  mais  c'est  avant  tout  une  œuvre  patriotique 
et  française.  Au  moment  où  peu  à  peu  notre  drapeau  national  s'étend 
sur  les  côtes  de  l'ancienne  Mauritanie,  il  fallait  connaître  les  origines 
de  ces  longues  relations  commerciales  qui,  en  Afrique  comme  dans 
d'autres  régions,  ont  insensiblement  préparé  la  conquête. 

Un  fait  général  ressort  d'une  façon  lumineuse  des  récits  attachants  de 
M.  de  Mas  Latrie,  c'est  le  caractère  absolument  néfaste  de  l'invasion 
turque  dans  ces  parages.  On  a  tort  d'identifier  les  Turcs  et  l'Islam.  En 
Afrique  et  dans  vingt  autres  contrées,  l'Islam  a  laissé  fleurir  les  lettres, 
les  arts,  l'agriculture,  a  donné,  soit  aux  chrétiens  indigènes,  soit  aux 
commerçants  occidentaux,  de  longues  périodes  de  paix  et  de  richesse. 
L'Arabe  vivait  ainsi  côte  à  côte  avec  le  chrétien,  dont  le  sort  était  cer- 
tainement préférable,  en  certains  pays  musulmans,  à  celui  des  Irlan- 
dais ou  des  Polonais  d'aujourd'hui. 

Mais  le  Turc  arrive  comme  la  sauterelle  et,  avec  lui,  la  dévastation  et 
la  persécution  ;  les  pays  les  plus  fertiles  deviennent  des  déserts  ;  la  pira- 
terie tue  le  commerce;  les  monuments  s'effondrent  et  le  chrétien  indi- 
gène n'a  plus  que  le  choix  entre  l'apostasie  ou  le  martyre. 

Dans  le  Magreb,  ce  n'est  que  de  l'invasion  turque  que  date  l'état 
d'hostilités  qui  fit  de  la  Méditerranée  tout  entière,  dans  les  trois  der- 
niers siècles,  un  véritable  repaire  de  brigands,  et  qui  ne  se  termina  que 
par  la  glorieuse  conquête  d'Alger,  présent  d'adieu  de  notre  ancienne 
monarchie. 

Avant  l'arrivée  des  Turcs,  il  en  était  tout  autrement;  on  est  tout  sur- 
pris de  voir,  au  moyen  âge,  se  succéder  en  paix  la  série  des  évoques 
latins  du  Maroc  ;  des  gardes  chrétiennes,  recrutées  en  Espagne,  entou- 
rer les  califes,  les  marchands  d'Italie  vaquer  en  paix  dans  tous  les  ports 
aux  affaires  de  leur  négoce  et  trouver  souvent  auprès  des  tribunaux 
musulmans  plus  de  justice  que  de  l'autre  côté  de  la  Méditerranée. 

Je  viens  de  prononcer  le  mot  d'évêques  latins  ;  ceux  du  Maroc  étaient 


377 

des  évoques  missionnaires  institués  au  xiii^  siècle  par  le  saint-siège; 
mais  en  Afrique  il  y  eut  aussi,  longtemps  encore  après  la  conquête 
arabe,  un  clergé  et  des  fidèles  indigènes  ;  la  question  de  la  disparition 
lente  de  cette  malheureuse  église  est  aussi  intéressante  que  peu  étudiée; 
c'est  un  de  ces  sujets  qui  devraient  tenter  les  jeunes  érudits.  M.  de  Mas 
Latrie,  qui  n'avait  qu'à  reftleurer,  a,  il  est  vrai,  solidement  résumé  le 
peu  que  nous  en  apprennent  Léon  l'Africain,  les  recueils  de  Morcelli  et 
de  Sanchey  et  quelques  brochures  comme  la  Tunisie  chrétienne (^qM..  de 
Sainte-Marie,  qui  dérivent  uniquement  de  ces  trois  sources.  Mais,  en 
prenant  pour  point  de  départ  ces  premières  indications,  il  ne  serait  pas 
impossible  de  trouver  des  matériaux  nouveaux,  soit  dans  l'épigraphie 
locale,  soit  dans  les  textes  occidentaux  et  surtout  dans  la  correspondance 
des  papes.  Ce  serait,  à  la  fois,  rendre  hommage  à  l'antique  église  que 
le  cardinal  Lavigerie  vient  do  faire  renaître  à  Carthage  et  donner  une 
base  à  l'apostolat  qu'il  a  su  si  vigoureusement  organiser. 

Je  reviens  au  livre  de  M.  de  Mas  Latrie,  que  je  ne  veux  point  quit- 
ter sans  en  signaler  le  côté  le  plus  pratique  et  le  plus  actuel.  L'auteur 
s'étend  longuement  sur  la  partie  technique  de  son  sujet;  les  pages  qu'il 
consacre  à  ces  renseignements  commerciaux  revêtent  une  importance 
particulière,  si  l'on  se  reporta  <à  ce  que  je  viens  de  dire  plus  haut;  en 
effet,  avant  les  Turcs,  la  Mauritanie  était  ce  que  nous  cherchons  à  la 
faire  redevenir  :  un  pays  de  production  agricole  par  excellence. 

Les  données,  très  précises,  très  exactes,  qui  sont  réunies  ici  sur  les 
ressources  qu'offraient  ces  contrées  au  commerce  européen,  à  une  époque 
où  elles  n'étaient,  ni  desséchées  ni  déboisées,  ni  réduites  on  vaine  pâture, 
sont  de  nature  à  fournir  au  commerce  français  les  éléments  les  plus 
propres  à  apprécier  l'avenir  de  notre  France  d'outre-mer,  de  nature  aussi 
à  indiquer  à  nos  administrateurs  la  direction  à  donner,  dans  chaque 
partie  de  ces  vastes  territoires,  aux  essais  de  cultures  nouvelles. 

Je  ne  formulerai,  sur  le  livre  de  M.  de  Mas  Latrie,  qu'une  critique, 
qui  sera  un  regret  :  les  nombreux  renseignements  qu'il  contient  eussent 
demandé,  à  mon  sens,  à  la  suite  de  la  table  chronologique  très  com- 
plète qui  termine  le  volume,  un  index  alphabétique,  dont  l'absence  dimi- 
nue l'utilité  de  l'ouvrage. 

Comte  Riant. 


La  Chaire  française  au  moyen  âge,  spécialement  au  XIII^  siècle, 
d'après  les  manuscrils  contemporains^  y)ar  A.  Lecoy  de  la  Marche, 
archiviste  aux  Archives  nationales,  membre  de  la  Sociélé  des  Anti- 
quaires de  France.  Deuxième  édition,  corrigée  et  augmentée.  Paris, 
Renouard,  ^886.  In-8°,  xviii-o49  pages. 

L'ouvrage  de  notre  confrère  a  remporté  dès  le  premier  jour  un  suc- 
cès trop  complet,  il  est  encore  aujourd'hui  trop  consulté  et  trop  goûté 


578 

pour  que  nous  ayons  besoin  de  rappeler  les  services  qu'il  a  rendus  à  la 
littérature  et  à  l'histoire.  Utile,  non  seulement  par  les  conclusions  qu'il 
tire,  mais  par  les  recherches  qu'il  facilite,  il  a  donné  la  clef  des  nom- 
breux recueils  de  sermons  que  nos  bibliothèques  possèdent  :  œuvres  par- 
fois piquantes,  plus  souvent  indigestes,  rebutantes  en  tout  cas  par  leur 
multiplicité  et  qui  réclamaient  depuis  longtemps  un  triage  définitif.  Après 
avoir  donné  la  mesure  de  son  érudition  dans  le  classement  de  tous  ces 
essais  de  rhétorique  sacrée  et  dans  l'identification  du  nom  de  tous  ces 
orateurs,  M.  Lecoy  de  la  Marche  a  groupé,  dans  un  ordre  excellent  et  avec 
un  talent  remarquable,  les  détails  relatifs  au  débit,  à  la  composition  et  à 
la  reproduction  des  sermons,  de  même  que  les  renseignements  fournis 
par  les  prédicateurs  sur  les  diverses  classes  de  la  société  au  xm^  siècle. 
11  en  est  résulté  un  mémoire  savant  qui  a  le  mérite  d'être  en  même 
temps  un  livre.  Le  public  apparemment  lui  a  tenu  compte  de  cet  avan- 
tage :  c'est  ce  qui  a  rendu  nécessaire  une  seconde  édition.  Elle  se 
distingue  de  la  première  par  un  certain  nombre  de  remaniements, 
d'additions  et  de  discussions  sur  des  questions  controversées.  Les  rema- 
niements, peu  importants  du  reste,  prouvent  que  la  science,  sur  ce  point, 
n'est  pas  demeurée  stationnaire  et  que  les  travaux  récents  de  MM.  Paul 
Meyer,  Hauréau  et  Bourgain  méritaient  d'être  pris  en  considération. 
Les  additions  sont  dues,  pour  la  plupart,  au  dépouillement  de  quelques 
manuscrits  nouvellement  acquis  par  la  Bibliothèque  nationale  ou  signa- 
lés par  les  savants.  Quant  aux  polémiques,  elles  ont  surtout  pour  objet 
de  maintenir  un  des  principes  fondamentaux  de  l'ouvrage  de  M.  Lecoy, 
à  savoir  que  le  style  dit  macaronique  n'était  point  de  mise  au  xni^  siècle, 
et  que  les  sermons  adressés  au  peuple  étaient  prêches  en  langue  vul- 
gaire, alors  même  qu'ils  nous  ont  été  transmis  sous  la  forme  latine.  Le 
public  érudit  admettra,  sans  doute,  cette  manière  de  voir  et  il  saura 
certainement  gré  à  notre  savant  confrère  d'avoir  remis  en  circulation  et 
amélioré  sur  plusieurs  points  un  ouvrage  que  le  développement  des 
études  littéraires  sur  le  moyen  âge  rend  plus  que  jamais  indispensable. 

N.  Valois. 


Notices  et  Extraits  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale  et 
autres  bibliothèques,  publiés  imr  V Institut  national  de  France. 
Tome  XXXIL  Première  partie.  Paris,  imprimerie  nationale,  -J886. 
In-40,  3U  pages. 

Ce  demi-volume  contient  trois  morceaux,  savoir  : 

1°  (P.  1-120.)  Notice  sur  des  manuscrits  du  fonds  Libri  conservés  à 
la  Laurentienne,  par  M.  Léopold  DeHsle. 

2"  (P.  121-252.)  Notice  sur  les  deux  lettres  arithmétiques  de  Nicolas 
Rhabdas  (texte  grec  et  traduction),  par  M.  Paul  Tannery. 


579 

3°  (P.  253-314.)  Notice  sur  le  n"  1544  des  nouvelles  acquisitions  (fonds 
latin),  à  la  Bibliothèque  nationale,  par  M.  llauroau. 

La  première  et  la  dernière  de  ces  notices  se  recommandent  particu- 
lièrement à  l'attention  de  nos  lecteurs. 

M.  Hauréau,  dans  l'analyse  qu'il  a  donnée  du  ms.  latin  1544  des 
nouv.  acq.,  a  fait  connaître  avec  une  grande  érudition  bibliographique 
beaucoup  de  poésies  métriques  ou  rythmiques,  dont  plusieurs  étaient 
inédites  et  dont  les  autres  n'étaient  connues  que  par  des  éditions  plus 
ou  moins  fautives. 

La  notice  de  notre  confrère  M.  Delisle  a  été  annoncée  dans  les  termes 
suivants  par  un  des  rédacteurs  de  la  Revue  crUique  d'histoire  et  de  litté- 
rature {W  du  4  octobre  1886,  p.  247)  : 

«  Nous  avons  exposé  (Revue  critique,  1884, 1,  497)  dans  quelles  condi- 
tions le  gouvernement  italien  a  fait  l'acquisition  d'une  partie  considé- 
rable de  la  collection  Libri,  appartenant  à  M.  le  comte  d'Ashburnham.  Les 
manuscrits  revendiqués  par  la  France,  comme  ayant  été  volés  dans  nos 
bibliothèques,  sont  restés  entre  les  mains  du  propriétaire,  et  le  reste  a 
été  transporté  à  Florence  et  déposé  à  la  Laurentienne.  M.  Delisle,  à  qui 
revient  le  mérite  d'avoir  suscité  et  justifié  d'une  façon  irréfutable  les 
réclamations  du  gouvernement  français,  n'avait  eu  que  trois  jours 
(7-9  mars),  en  1883,  pour  examiner  les  mss.  Libri,  alors  déposés,  pour 
la  plupart,  mais  non  pas  tous,  au  Musée  britannique.  Depuis  lors,  le 
savant  administrateur  de  la  Bibliothèque  nationale  a  pu,  à  Florence, 
reprendre  à  loisir  son  enquête,  et  il  nous  donne  les  résultats  de  ses  nou- 
velles recherches  dans  un  mémoire  compris  dans  le  tome  XXXII, 
l^e  partie,  des  Notices  et  Extraits  des  manuscrits.  Dans  ce  travail, 
M.  Delisle  rend  un  compte  détaillé  de  la  formation  de  la  collection 
Libri.  Il  a  réussi  à  trouver  l'origine  de  la  plupart  des  mss.  dont  elle  se 
compose,  soit  à  l'aide  de  notes  saisies  chez  Libri  en  1848,  et  qui  sont 
actuellement  déposées  à  la  Bibliothèque  nationale,  soit,  surtout,  en 
dépouillant  exactement  les  catalogues  de  toutes  les  ventes  où  Libri  a 
fait  des  acquisitions,  depuis  1834  jusqu'en  1847,  époque  où  la  collection 
entière  fut  vendue  au  comte  d'Ashburnham.  Comme  le  dit  justement 
M.  Delisle,  ce  travail  ne  servira  pas  seulement  à  l'histoire  de  la  collec- 
tion Libri  :  il  donnera  l'idée  de  la  masse  de  manuscrits  qui  se  trou- 
vaient sur  le  marche  il  y  a  quarante  ou  cinquante  ans  et  du  commerce 
dont  ils  étaient  alors  l'objet.  On  remarquera  notamment  les  recherches 
consacrées  à  l'importante  bibliothèque  GianClippi,  qui  avait  recueilli 
une  partie  considérable  de  la  collection  Saibante,  illustrée  par  les  tra- 
vaux de  Scipion  Maffei. 

«  Les  nouvelles  investigations  de  M.  Delisle  confirment  en  général  et 
aggravent  même  sur  certains  points  les  conclusions  présentées  à  la  suite 
du  rapide  examen  fait  en  1883.  A  la  vérité,  M.  Delisle  reconnaît  que 
six  manuscrits  dont  il  avait  jadis  suspecté  l'origine  (n»^  1200, 1229, 1438, 


5S0 

1SÎ9.  1M3.  lS4t4'  ont  été  ou  ont  pu  être  acquis  légitimement  par  Libri; 
mais,  en  revanche,  il  établit  péremptoirement  l'origine  frauduleuse  de 
seize  manns.::rits  qu'il  n'ayaii  pu  examiner  en  1883  et  qui  sont  mainte- 
nant la  légitime  propriété  du  giouvemement  italien.  Le  mémoire  con- 
tient, comme  on  devait  s"y  anendre.  nombre  d'observations  dont  la 
science  paleosraphique  et  l'histoire  littéraire  tireront  profit.  » 


C.  Batft.  Prieis  (f  histoire  de  farf.  Bibliothe<îue  de  renseignement 
des  beain-arîs.  Paris,  Qaantin.  In-8=,  330  pages. 

Qu'U  me  soit  permis  de  signaler  aux  lectetirs  de  la  Bibliothèque  de 
rz  '  '  irtes  ce  petit  volume,  qui  est  dans  son  genre  un  des  plus 
Si!--  -  -  latéressante  eoUe»Ttion  dont  ii  fait  partie.  L'auteur  y  a  su, 
avec  ime  rare  dextérité  et  dans  un  style  plein  d'agrément,  résumer  tout 
ce  qu'il  est  nécessaire  de  savoir  pour  se  bien  fixer  dans  l'esprit  les 
grandes  lignes  de  l'histoire  de  l'art.  Un  pareil  Livre  est  utile,  quand  il 
est  bien  fait,  pour  coordonner  les  nombreuses  monographies  que  com- 
p3rte  un  aussi  vaste  sujet.  Sans  doute,  il  y  a  peu  sur  chaque  chose, 
beaucoup  de  points  sont  à  peine  effleurés,  des  personnalités  éminentes 
ne  sont  caraciérisées  que  par  tm  mot  qui  n'est  pas  toujours  rigoureuse- 
ment Juste.  Mais  combien  n'est-il  pas  souvent  plus  difficile  en  ces 
matières  de  dire  deux  Lignes  que  de  dire  deux  pages?  La  bibUographie 
spécialement  n'est  pas  assez  nourrie.  H  est  vrai  qu'il  faudrait  y  consa- 
crer un  volume  tout  entier  si  l'on  voulait  la  traiter  sérieusement.  Au 
moins  l'auteur  parait  au  courant  de  tout,  et,  quand  il  choisit,  ne  pou- 
vant tout  dire,  il  choisit  bien. 

Ainsi,  pour  l'archéologie  du  moyen  âge,  il  ne  cite  que  deux  noms, 
mais  ce  sout  ceui  de  Viollet-le-Dac  et  de  J.  Quicherat.  C'est  la  première 
fois,  à  ma  Ojnnaissance.  que  Quicherat  est  placé  à  son  rang  dans  un 
ouvrage  de  vulgarisation.  On  en  pourrait  presque  dire  autant  de  l'art 
même  dTi  moyen  âge.)  Et  plusieurs  passages  caractéristiques  des  deux  cha- 
pitres réservés  a  l'art  roman  et  à  Fart  gothique  montrent  que  ses  princi- 
pales théories  ont  été  comprises  et  franchement  adoptées.  Je  reprocherai 
sefulement  à  >£.  Bayet  de  n'avoir  pas  insisté  un  peu  davantage  sur  les 
caractères  des  écoles  romanes.  Il  serait  impossible  à  quelqu'un  qui 
n'aurait  pas  étudié  et  comparé  par  lui-même  les  principales  églises 
qui  nous  restent  de  cette  période  de  s'en  former  une  idée  nette  d'après 
l^s  quelques  mots  qui  leur  sont  ici  consacrés.  C'est  pourtant  un  point 
assez  important  et  qui  méritait  d'être  établi  avec  plus  de  solidité.  Une 
note  substantielle  aurait  pu  au  moins  suppléer  à  ce  que  le  texte  a  de 
vague  et  d'incomplet. 

Du  reste,  il  faut  louer  la  clarté  avec  laquelle  les  principes  élémentaires 
de  l'architecture  gothique  ont  été  exposés.  Cela  est  net  et  précis,  mérite 


S8^ 

rare.  Les  premiers  développements  de  cet  art  et  ses  transformations  sont 
décrits  aussi  avec  justesse  et  modération. 

Enfin  l'illustration  est  presque  partout  très  réussie;  et  ce  n'est  pas  un 
éloge  banal,  car  il  s'en  faut  bien  que  tous  les  volumes  de  cette  élégante 
Bibliothèque  des  Beaux-Arts  soient  complètement  satisfaisants  sous  ce 
rapport  :  quelques-uns  môme  sont  tout  à  fait  manques. 

H.  DE  GURZON. 


Étude  sur  Didys  de  Crète  et  Darès  de  Plirygie,  par  E.  Gollilieux, 

agrégé  des  lettres,  professeur  au  lycée  de  Grenoble.  Grenoble,  Dre- 

vel,  iScSe.  In-8°,  \\\  pages. 

Dictys  de  Crète  était  un  compagnon  d'Idoménée  au  siège  de  Troie  ; 
Darès  le  Phrygien  était  un  prêtre  de  Vulcain  dans  cette  ville.  A  une 
époque  ancienne,  mais  mal  déterminée  encore,  deux  faussaires  imagi- 
nèrent de  publier,  sous  les  noms  supposés  de  ces  témoins  oculaires, 
deux  relations  en  prose,  que  nous  possédons,  des  événements  de  la 
guerre  de  Troie.  La  supercherie  réussit  ;  les  récits  apocryphes  de  Dictys 
et  de  Darès  furent  acceptés  comme  authentiques  ;  le  moyen  âge  s'en 
empara  avec  un  empressemeit  aveugle  et  délaissa  pour  eux  Homère, 
persuadé  que  ce  poète  n'avait  fait  que  les  mettre  en  œuvre  en  les  déna- 
turant. Jusqu'au  xvi^  siècle,  et  sans  que  le  moindre  soupçon  vînt  ébran- 
ler leur  autorité,  le  faux  Dictys  et  le  faux  Darès  jouirent  d'une  vogue 
immense.  C'est  à  cette  source  que,  soit  directement,  soit  par  l'intermé- 
diaire du  fameux  auteur  du  Roman  de  Troie,  le  trouvère  Benoit  de  Sainte- 
More,  tous  les  conteurs  de  Destructions  de  Troie  du  moyen  âge  ont  puisé 
leurs  inspirations.  Là  est,  avec  leur  principal  intérêt  pour  nous,  le  plus 
clair  du  mérite  de  Dictys  et  de  Darès. 

On  s'accorde  en  effet  à  reconnaître  que  la  valeur  du  premier  est 
mince,  celle  du  second  tout  à  fait  nulle.  Malheureusement,  sur  les  autres 
questions  relatives  à  ces  imposteurs,  on  cesse  de  s'entendre.  A  quel 
siècle  faut-il  les  rapporter?  Quelle  était  leur  patrie?  Possédons-nous, 
dans  les  deux  textes  latins  qui  nous  sont  parvenus  sous  leurs  noms, 
leurs  œuvres  originales,  ou  bien  ces  textes  ne  sont-ils  point  plutôt  des 
traductions  d'originaux  grecs  disparus,  ou  peut-être  môme  de  simples 
résumés  d'ouvrages  plus  étendus?  Autant  de  diflicultés  que  la  critique 
a  soulevées  et  que,  depuis  une  vingtaine  dannées  surtout,  elle  a  fréquem- 
ment agitées,  mais  qu'elle  n'a  pas  résolues. 

M.  E.  CoUilieux  les  aborde  de  nouveau,  dans  une  brochure  par  laquelle 
«  le  sujet  se  trouve  renouvelé  »  et  qui  va,  pense-t-il,  faire  avancer  d'un 
grand  pas  la  questic.i,  sinon  la  résoudre.  Voyons  jusqu'à  quel  point  nous 
devons  l'espérer. 

Le  livre  se  compose  de  deux  parties.  Dans  la  première,  l'auteur  passe 
en  revue  les  diverses  opinions  qui  ont  été  émises  avant  lui,  analysant 


582 

les  ouvrages  où  elles  sont  exposées,  en  quelque  sorte  page  par  page, 
suivant  une  méthode  qui  met  en  avant  des  apparences  d'exactitude, 
mais  qui  manque  de  netteté  et  plus  encore  d'intérêt.  Chemin  faisant, 
il  réfute,  non  toujours  victorieusement,  selon  nous,  les  systèmes  qui 
seront  en  contradiction  avec  le  sien  ou  le  rendront  inutile  en  donnant 
raison  plus  simplement  de  certaines  difficultés. 

M.  Collilieux  le  prend  de  haut  avec  ses  devanciers.  Voici,  par  exemple, 
M.  G.  Kœrting,  qui  a  soutenu  ^  avec  de  très  bons  arguments  que  le  Dic- 
tys  que  nous  avons  n'est  qu'un  résumé  latin  fait  vers  l'an  400,  par  Sep- 
timius,  d'un  livre  grec  plus  étendu  composé  au  n«  siècle,  que  notre 
Darès  n'est  également  qu'une  condensation  latine  d'une  compilation 
grecque  plus  ancienne.  Cette  conjecture  très  raisonnable  et  qui  permet 
d'éclaircir  plus  d'un  point  obscur  a  formé  un  courant  d'opinion.  M.  Col- 
lilieux affecte  de  la  considérer  comme  plusieurs  fois  ruinée  et  à  jamais 
discréditée  (ce  sont  à  peu  près  ses  termes).  En  conséquence,  parlant  du 
critique  allemand,  «  je  me  contenterai,  écrit-il,  de  résumer  son  livre 
sans  le  réfuter.  »  On  aimerait  moins  de  dédain  et  plus  de  discussion. 
Oui,  il  aurait  fallu  réfuter,  car  la  chose  n'est  pas  faite  encore.  Elle  l'est 
si  peu  que  Teuifel  (4«  édition,  p.  994  et  1117),  après  avoir  exposé  le  pour 
et  le  contre,  c'est-à-dire  le  système  de  Kœrting  et  le  système  adverse 
qui  tient  pour  le  Dictys  (ou  le  Darès)  latin  original,  déclare  qu'il  est 
impossible,  en  l'état  actuel,  de  rien  conclure.  D'autres,  tels  que  Lùbker 
(Reallexicon,  5^  éd.,  p.  301),  se  rangent  purement  à  l'avis  de  Kœrting. 

Pour  de  nouvelles  et  plus  fortes  raisons,  voici  encore  M.  Gaston  Paris, 
qui,  avec  une  grande  vraisemblance,  regarde  notre  Darès  «  comme  un 
très  mauvais  abrégé,  écrit  sans  doute  au  v^  siècle,  d'un  ouvrage  plus 
étendu  qui  pouvait  être  du  m^s.  »  Nous  croyons  que  M.  Collilieux  n'a 
pas  affaibli  les  arguments  sérieux  sur  lesquels  se  fonde  cette  opinion. 
Mais  peu  lui  importe  sans  doute;  l'autorité  de  M,  G.  Paris,  en  dehors 
«  de  notre  littérature  romane,  qui  est  comme  sa  province,  »  en  impose 
peu  à  l'auteur.  Il  est  convaincu  que,  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  le 
savant  membre  de  l'Institut  «  ne  connaissait  l'historique  de  son  sujet  que 
par  un  ouvrage  de  vulgarisation,  soit  un  dictionnaire  biographique,  soit 
une  histoire  de  la  littérature  latine.  »  Ignore-t-il  que  M.  G.  Paris  a 
publié  une  chronique  inédite,  de  la  famille  de  celle  de  Darès  ?  Non,  il 
ne  l'ignore  pas,  mais  il  le  laisse  ignorer  (nous  ne  savons  dans  quel  but) 
à  son  lecteur  qui  croira,  d'après  lui,  que  ce  résumé  n'est  pas  encore 
sorti  de  la  bibliothèque  de  Montpellier. 

Passons  maintenant,  avec  la  seconde  partie  du  livre,  aux  opinions 
personnelles  de  l'auteur  sur  Dictys  et  Darès. 

1.  Bïktijs  und  Dures,  éin  Beitrag  zur  Geschichte  der  Troja-Sage.  Halle,  1874. 

2.  Ro7nania,  1874,  p.  131.  Cf.  le  même,  Revue  critique  d'histoire  et  de  litté- 
rature du  9  mai  1874. 


583 

Et  d'abord,  Dictys.  Cet  imposteur  a  placé  en  tête  de  son  livre  un  pro- 
logue où  il  expose  les  circonslancos  qui  auraient  fait  découvrir  le  manus- 
crit du  compagnon  d'Idoménée,  dont  il  ne  se  donne  que  pour  l'éditeur. 
A  l'aide  de  rapprochements  assurément  très  ingénieux,  mais  quelque 
peu  forcés,  M.  CoUilieux  s'efforce  d'établir  que  ces  circonstances  sont 
calquées  sur  celles  de  la  découverte  du  corps  de  saint  Barnabe.  L'inven- 
tion des  reliques  de  ce  saint  ayant  eu  lieu  en  -478,  après  avoir  affirmé 
que  le  faux  Dictys  en  a  «  certainement  »  eu  connaissance,  on  conclut 
qu'il  est  postérieur  à  cette  date.  Ce  nest  pas  tout.  Dictys  était  chrétien  : 
le  seul  choix  qu'il  fait,  dans  sa  fiction,  de  l'an  13  de  Néron  comme  date 
du  tremblement  de  terre  qui  aurait  mis  au  jour  le  manuscrit  du  vrai 
Dictys  est  une  allusion  involontaire  à  la  superstition  toute  chrétienne 
qui  attache  au  nombre  13  des  idées  funestes;  elle  fait  déjà  pressentir  le 
chrétien.  Mais  nous  avons  des  preuves  que  Fauteur  de  VEpJiemeris  l'était 
«  certainement.  »  Ne  remarque-t-on  pas,  dans  son  récit,  qu'il  éprouve 
une  sorte  de  gène  à  nommer  les  divinités  du  paganisme?  En  deux  ou 
trois  passages  d'ailleurs,  sa  science  de  la  liturgie  païenne  semble  n'être 
pas  aussi  complète  qu'on  pourrait  le  désirer;  on  croit  du  moins  le  remar- 
quer. Mais  quoi!  Bientôt  on  découvre  qu'il  a  imité  un  verset  de  la  Genèse 
et  un  autre  de  Jérémie.  Cet  historiographe  de  la  guerre  de  Troie  con- 
naissait donc  la  Bible  ?  Oui,  et  il  la  lisait  dans  le  texte  original,  car  il 
savait  l'hébreu  :  on  n'en  peut  douter,  puisqu'il  a  inventé  (?)  trois  noms 
propres  dans  lesquels  se  retrouvent  des  radicaux  sémitiques.  Cette  con- 
naissance de  la  langue  hébraïque  chez  Dictys,  qui  possédait  en  outre  le 
grec  et  le  latin,  doit  d'autant  moins  nous  surprendre  que  ce  chrétien 
était  prêtre  :  il  y  a  dans  son  livre  des  tendances  qui  trahissent  cette  pro- 
fession. Quel  autre  qu'un  prêtre  peut  exalter  comme  il  le  fait  (?)  la  caste 
sacerdotale  ?  Quel  autre  pour  attacher  tant  d'importance  aux  cérémonies 
du  culte,  pour  mentionner  si  volontiers  les  temples  (il  en  cite  jusqu'à 
douze  !),  quand  il  reste  muet  sur  les  palais  ?  On  est  tenté,  il  est  vrai,  de  se 
demander  comment  un  chrétien  qui  montre  tant  de  répugnance  à  nom- 
mer les  dieux  des  gentils  peut  en  même  temps  professer  une  si  grande 
considération  pour  leurs  prêtres,  parler  si  fréquemment  de  leurs  temples, 
s'arrêter  si  complaisamment  à  l'idée  des  sacrifices  que  leur  offrent  des 
idolâtres.  Mais  M.  CoUilieux,  moins  indiscret  que  nous,  ne  se  pose  pas  la 
question.  Une  dernière  preuve,  pour  lui,  que  l'auteur  de  ÏEphemeris  était 
un  prêtre  chrétien,  c'est  que  ses  ambassades  se  composent  presque  inva- 
riablement de  trois  personnes,  juste  le  nombre  des  légats  du  pape  dans  les 
conciles  généraux  :  «  Je  l'ai  vérifié,  nous  affirme  M.  CoUilieux,  depuis  le 
premier  concile  général  de  Nicée  jusqu'au  vni"  siècle.  »  Ailleurs  encore, 
Dictys  laisse  percer  son  goût  pour  le  nombre  trois.  Cette  prédilection 
singuUère  n'a  pu  naître  chez  lui  qu'au  service  de  l'Église,  qui  «  procède 
volontiers  par  triades,  b  Enfin  on  nous  montre  que  Dictys  savait  le  grec 
et  qu'il  était  d'origine  grecque,  vraisemblablement  cypriote.  Donc,  s'écrie 


584 

le  lecteur  impatienté,  il  est  bien  probable  qu'il  a  écrit  son  ouvrage  en 
grec  et  qu'un  Latin  l'aura  traduit  plus  tard,  comme  le  veut  Kœrting. 
Encore  une  fois,  non,  lui  riposte-t-on,  car  alors  le  Latin  qui  a  mis  en 
tète  une  lettre-préface  où  il  reproduit  la  fiction  du  prologue  aurait 
repris  pour  son  compte  la  supercherie;  sur  deux  hommes  doux  faus- 
saires, c'est  trop.  Évidemment,  c'est  beaucoup  ;  mais,  outre  qu'on  peut 
invoquer  la  bonne  foi  du  traducteur,  M.  Collilieux  ne  comprend-il  pas 
que,  si  ce  dernier  avait  dit,  comme  il  prétend  qu'un  traducteur  l'eût 
fait  :  «  J'avertis  mon  lecteur  que  la  relation  soi-disant  contemporaine 
de  la  guerre  de  Troie,  que  je  traduis,  est  apocryphe,  »  il  lui  eût  du 
coup  enlevé  tout  son  prix  aux  yeux  des  naïfs? 

Nous  nous  étendrons  moins  sur  ce  qui  concerne  Darès.  A  propos  de 
ce  second  abréviateur,  l'argumentation  de  M.  Collilieux  tombe  dans  des 
puérilités.  La  dissertation  qu'il  nous  donne  sur  les  longs  cous,  les  longs 
doigts  et  les  longues  mains,  dans  laquelle  les  anciens  sont  cités  à  côté 
des  modernes  et  même  des  contemporains  (Flaubert,  Rollinat,  Baude- 
laire, etc.),  serait  un  bavardage  aimable  s'il  n'était  pédantesque.  Si 
Darès  reproduit  l'idéal  byzantin  de  la  beauté  féminine,  ce  qu'il  est  bien 
téméraire  de  conclure  d'un  portrait  qui  tient  en  moins  d'une  ligne^, 
n'est-ce  pas  encore  une  raison  de  croire  qu'il  était  Grec  et  que  nous 
n'avons  de  lui  qu'une  traduction?  Mais  M.  Collilieux  n'en  veut  rien 
entendre.  Pour  lui,  l'auteur  de  l'Excidium  Trojae  est  un  Latin  et  un 
chrétien  de  Rome,  qui  a  vécu  du  vi«=  au  ix«  siècle,  toutefois,  croit-il,  plus 
près  du  ixe  que  du  vi",  et  qui  a  imité  Dictys.  Nous  ne  relèverons  dans 
toute  cette  discussion  qu'une  erreur,  parce  que  c'est  un  exemple,  parmi 
plusieurs,  de  la  défiance  que  doit  inspirer  l'érudition  encombrante,  mais, 
nous  le  craignons,  hâtive,  de  l'auteur  de  cette  brochure.  Pages  91  et 
92,  il  tire  un  argument,  en  faveur  de  Darès  chrétien,  d'une  prétendue 
allusion  à  une  institution  juridique  romaine  qu'il  connaît  mal  évidem- 
ment, nous  voulons  parler  du  concubinat.  Il  est  certain  qu'un  païen 
pouvait  et  devait  tenir  le  langage  de  Darès,  car,  si  Priam,  qui  se  trouve 
ici  en  cause,  eût  vécu  sous  l'empire  des  lois  romaines,  ses  enfants  nés 
de  concubines  fussent  restés  des  bâtards  et  de  condition  inférieure,  par 
la  raison  qu'il  avait  des  épouses  légitimes  et  que  le  concuhUiat  romain, 
en  tant  qu'institution,  a  toujours  été  incompatible  avec  le  mariage'^;  c'est 
du  reste  ce  qui  en  faisait  la  moralité.  C'est  aussi  pour  cela  qu'il  n'y  avait 
pas  lieu  de  le  faire  intervenir  ici. 


1.  Du  moins  dans  M.  Collilieux  (p.  95),  car  dans  le  texte  (éd.  Meister,  p.  16) 
il  y  a  cinq  lignes.  Mais  M.  Collilieux  néglige  généralement  les  détails  de  texte 
qui  rentreraient  mal  dans  son  système. 

2.  A  l'appui  d'un  fait  connu,  il  est  presque  inutile  de  citer  des  textes  ou  des 
autorités.  On  peut  voir  cependant  le  code  de  Justinien,  V,  26,  et  Accarias, 
Précis  de  droit  romain,  3°  éd.,  t.  I,  p.  223. 


585 

En  résumé,  M.  CoUilieux  a  cherché  à  établir  une  double  thèse  neuve 
et  originale,  mais  difficile  à  soutenir,  faute  d'arguments  solides.  Il  n'y 
en  a  pas  un  seul,  dans  tous  ceux  qu'il  produit,  qui  emporte  la  convic- 
tion ;  tout  leur  effet  vient  de  l'habileté  avec  laquelle  ils  sont  présentés. 
Car,  si  l'érudition  dont  l'auteur  fait  grand  étalage  paraît  plus  étendue 
que  profonde,  nous  nous  plaisons  cependant  à  reconnaître  que  son  livre 
est  la  preuve  d'un  réel  et  incontestable  talent. 

Edouard  André. 

Pix  Cantiones.  Sancta  Trinitas,  Jésus  Christus,  sanctus  Spirilus, 
sancia  Maria.  Collectiomim.  îiostri  œvi  supplemenium  e  fontibus 
Sueticis  depromtum.  Holmige,  excudebant  P.  A.  Norsledt  et  filii, 
typographi  regii,  -1886.  In-^6,  ■192  pages. 

L'an  dernier  ^,  nous  annoncions  une  petite  collection  d'hymnes  et  de 
séquences  en  l'honneur  des  saints  de  la  Suède.  Encouragé  par  l'accueil 
fait  à  son  premier  essai,  l'éditeur,  M.  Klemming,  a  formé  un  nouveau 
recueil  dont  le  roi  Oscar  II  a  accepté  l'hommage.  C'est  un  charmant 
petit  volume,  non  moins  bien  composé  que  le  précédent.  Les  anciens 
livres  liturgiques  de  la  Suède,  imprimés  ou  manuscrits,  ont  fourni 
à  l'éditeur  environ  cent  vingi  pièces,  se  rapportant  aux  fêtes  de  la  Tri- 
nité, de  Notre-Seigneur,  du  Saint-Esprit  et  de  Notre-Dame.  Les  ama- 
teurs d'ancienne  poésie  liturgique  sauront  gré  à  M.  Klemming  d'avoir 
mis  à  leur  portée  une  série  de  textes  dont  l'étude  amènera  de  curieux 

rapprochements. 

L.  Delisle. 


LIVRES    NOUVEAUX. 

SOMMAIRE  DES  MATIÈRES. 

Sciences  auxiliaires.  —  Paléographie,  591.  —  Diplomatique,  578.  — 
Bibliographie,  bibliothèques,  564,  585,  631,  658;  manuscrits,  482,  522, 
540,  557,  589,  602,  615,  635;  imprimés,  466,  519,  521,  539,  552,  606. 

Sources.  —  Chroniques,  499,  549,  553.  —  Mémoires,  514.  —  Lettres, 
584.  —  Archives,  468,  524,  535,  538,  541,  634,  654,  659.  —  Cartulaires, 
etc.,  503,  504,  620,  053. 

1.  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  t.  XLVI,  p.  698. 

38 


386 

Biographie  et  généalogie,  510,  511.  —  S^e  Alpais,  651;  L.  d'Anjou 
489  ;  Aubry,  537  ;  Aubusson,  587  ;  Auxais,  568  ;  Batarnay,  582  ;  s*  Ber- 
nard, 559;  Boyer,  492;  Charlemagne,  507;  Chaudot,  537;  FesseJer,  547; 
Foucault,  638;  s^  Geminiano,  467;  st  Germain,  657;  Gozlin,  697;  R.  de 
Habsbourg,  529;  J.  Hachette,  513;  Henri  IV,  empereur,  565;  Jeanne 
d'Arc,  512,  577,  638;  s'  Jouvin,  516;  s*  Julien,  607;  La  Noue,  610  ;  Le 
Camus,  476;  Lenoir,  515;  Louis  VI,  578;  Louise  de  Savoie,  609; 
Et.  Marcel,  644  ;  Marguerite  de  Valois,  584  ;  Mathilde,  648  ;  Maurocor- 
dato,  571;  Merle,  611;  Montferrat,  526;  Oihenart,  560;  Orgemont,  613; 
Pagan,  493;  Pennafort,  518;  Plantin,  519;  Reilhac,  623;  Richier,  544, 
548;  Vassé,  640;  Winkelried,  480,  497,  551,  636  (cf.  555,  624). 

Droit,  496,  588,  601,  631,  647. 

Institutions,  471,  475,  487,  508,  533,  558,  574,  579,  613,  627,  654. 

Religions. —Judaïsme,  473. —  Catholicisme,  542;  liturgie,  490,  491, 
649;  prédication,  570;  clergé,  601;  papauté,  524,  569,  591,  648;  dio- 
cèses, 464,  470,  500,  528,  575,  586,  628;  égUses  locales,  527,  573,  629; 
ordres,  518,  559,  621  ;  monastères,  502,  549,  550,  561,  585,  596.  — 
Croisades,  619.  —  Protestantisme,  618,  639. 

Archéologie,  465,  506,  515,  525,  556,  576,  622,  642.  —  Architecture, 

505,  580,  593,  599;  édifices  civils  et  militaires,  .534,  597,  598;  édifices 
religieux,  527,  532,  623.  —  Sculpture,  etc.,  478,  510,  544,  548,  590,640. 

—  Peinture,  etc.,  489,  659.  —  Gravure,  531. —  Mobilier,  etc.,  472,  546. 

—  Blason,  513,  530,  543.  —  Sphragistique,  469,  613.  —  Numismatique, 
474,  507.  —  Sciences,  566. 

Langues  et  littératures.  —  Hébreu,  473.  —  Grec,  490,  491,  614.  — 
Latin,  539,  657.  —  Français,  635;  provençal,  588.  —  Langues  germa- 
niques, 482,  567. 

SOMMAIRE  GÉOGRAPHIQUE. 

Allemagne,  529,  565,  627.  —  Alsace-Lorraine,'  528,  624.  —  Bade, 
620.  —  Lippe,  658.  —  Prusse,  564. 

Autriche,  650. 

Belgique,  519,  592,  604. 

France,  507,  508,  554,  593,  601,  654.  —  Bretagne,  530,  579;  Dau- 
phiné,  618;  Limousin,  470;  Lorraine,  600;  Maine,  475,  595;  Picardie, 

506.  —  Ain,  484,  653;  Aisne,  465,  642;  Allier,  615;  Ardèche,  643 
Ardennes,   645,  656;  Aude,  535;  Calvados,  501;   Corrèze,  534,   637 
Côte-d'Or,  541,  606,  646;  Creuse,  514;  Doubs,  505,  659;  Drôme,  488 
Gard,  471,  495  ;  Loire,  484  ;  Loiret,  479  ;  Lot-et-Garonne,  466,  498,  647, 
Maine-et-Loire,  475,  509;  Manche,  568,  632;  Marne,  494,  502;  Marne 
(Haute-),  628;  Mayenne,  550,  562;  Meurthe-et-Moselle,  516,  545,  546, 


587 

600;  Meuse,  486,  548,  572,  576,  617;  Nord,  573;  Oise,  477,  513,  581, 
608;  Pas-de-Calais,  525;  Puy-de-Dôme,  580;  Pyrénées  (Basses-),  639; 
Pyrénées-Orientales,  496,  533,  649;  Rhône,  484,  517,  629;  Saône-et- 
Loire,  469  ;  Sarthc,  503,  586,  607  ;  Savoie  (Haute-),  596;  Seine,  557,  558, 
574,  589,  605,  623,  630;  Seine-Inférieure,  549;  Seine-et-Marne,  483, 
597;  Seine-et-Oise,  481,  504,  585,  022;  Tarn-et-Garonne,  588,  594; 
Vaucluse,  464;  Vendée,  612;  Vienne,  472;  Vosges,  532,  575,  577,638; 
Yonne,  651. 

Grande-Bretagne,  626,  641. 

Grèce,  536. 

iTALre,  474.  —  Emilie,  467;  Marches,  659;  Naples,  etc.,  633;  Pié- 
mont, 520,  563;  Rome,  538;  Toscane,  520,  522;  Vénétie,  468,  485,  499, 
500,  527,  561.  —  Sicile,  523. 

Russie,  634. 

Suisse,  487,  552,  583,  598,  599,  603,  625.  —  Bataille  de  Sempach, 
480,  497,  551,  555,  624,  636. 
Orient,  619. 

464.  Albanès  (l'abbé  J.-H.).  Problèmes  d'histoire  ecclésiastique  con- 
cernant Avignon  et  le  Comtat -Venaissin,  avec  leur  solution  et  les 
preuves.  Avignon,  Seguin.  In-8°,  83  p. 

465.  Album-Caranda  (suite)  :  les  Fouilles  de  Nampteuil-sous-Muret 
(Aisne)  et  fin  de  celles  d'Aiguisy,  1885.  Sépultures  gauloises,  gallo- 
romaines  et  mérovingiennes  ;  explication  des  planches.  Extraits  du  jour- 
nal des  fouilles.  Saint-Quentin,  impr.  Poette.  In-4o,  33  p.  avec  fig.  et 
11  planches  en  couleur. 

466.  Andrieu  (Jules).  Histoire  de  l'imprimerie  en  Agenais  depuis 
l'origine  jusqu'à  nos  jours.  Agen,  Michel  et  Médan;  Paris,  Picard. 
In-S»,  172  p.  5  fr. 

467.  Antiche  Vite  di  S.  Geminiano,  vescovo  e  protettore  di  Modena, 
con  appendici  e  illustrazioni  di  P.  Bertolotti.  Modena,  G.  T.  Vincenzi, 
1886.  In-4o,  132  p.,  2  planches. 

468.  Antichi  Archivi  e  Biblioteca  comunale  di  Verona.  Inventario 
délie  carte  appartenenti  alla  arciconfraternità  délie  sacre  stimmate  di 
S.  Francesco  in  Verona.  Verona,  1886.  In-8%  21  p. 

469.  Arbaumont  (Jules  d').  Note  sur  un  sceau  de  justice  de  l'ancienne 
châtellenie  de  la  Motte-Saint-Jean.  Dijon,  impr.  Jobard.  In-4%  10  p.  et 
planche.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Commission  des  antiquités  de  la 
Côte-d'Or,  t.  X.) 

470.  Arbellot  (l'abbé).  Les  Ermites  du  Limousin.  Limoges,  Ducour- 
tieux.  In-8%  34  p. 


588 

471.  Balincourt  (E.  de).  Le  Budget  de  la  viguerie  d'Aiguesmortes  en 
1460,  d'après  le  manuscrit  original  inédit  du  viguier  Châtelain.  Nimes, 
impr.  Clavel  et  Ghastanier.  In-S»,  34  p.  (Extrait  des  Mémoires  de  V Aca- 
démie de  Nimes,  année  1885.) 

472.  Barbier  de  Montault  (Mgr  X.).  Un  Agnus  de  Grégoire  XI 
découvert  dans  les  fondations  du  château  de  Poitiers.  Poitiers,  impr. 
Biais.  In-S",  63  p.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  de 
VOuest,  t.  VIII,  1885.) 

473.  Baumgartner  (Ant.-J.).  Notes  historiques  et  littéraires  sur  la 
poésie  gnomique  juive,  depuis  la  clôture  du  canon  hébreu  jusqu'au 
vi<=  siècle.  Genève,  H.  Georg,  1886.  In-8%  45  p.  2  fr.  50  c. 

474.  Bazzi  (G.),  Santoni  (M.).  Vade-mecum  del  raccoglitore  di  monete 
italiane,  ossia  Repertorio  numismatico  che  ne  coutiene  i  motti  e  gli 
emblemi,  i  signori,  i  feudatarî  e  loro  zecche,  la  bibliografia  ed  altre 
moite  indicazioni.  Gamerino,  Mercuri,  1886.  In-8°,  vii-215  p.  4  1. 

475.  Beautemps-Beaupré  (C.-J.).  Les  Juges  ordinaires  d'Anjou  et  du 
Maine  (1371-1508).  Angers,  impr.  Lachèse  et  Dolbeau.  In-8°,  52  p. 

476.  Bellet  (l'abbé  Gharles).  Histoire  du  cardinal  Le  Gamus,  évêque 
et  prince  de  Grenoble.  Paris,  Picard.  In-8°,  xx-500  p. 

477.  Bellou  (A.).  Notice  historique  et  archéologique  sur  le  bourg  de 
Formerie  (Oise).  Beauvais,  impr.  Père.  In-S»,  72  p.  et  6  planches. 

478.  Bénezet  (Bernard).  Histoire  de  l'art  méridional  au  moyen  âge 
et  à  l'époque  de  la  Renaissance.  Première  partie.  De  la  formation  des 
écoles  de  sculpture.  Toulouse,  impr.  Ghauvin.  In-4'',  41  p.  (Extrait  des 
Mémoires  de  la  Société  archéologique  du  midi  de  la  France.) 

479.  Bernois  (l'abbé).  La  Seigneurie  de  Gourcelles-le-Roi.  Orléans, 
Herluison.  In-8o,  31  p.  (Extrait  des  Annales  de  la  Société  historique  et 
archéologique  du  Gâtinais.) 

480.  Bernoulli  (Aug.).  Winkelrieds  That.  Eine  kritische  Untersu- 
chung.  Basel,  G.  Detloff.  Gr.  in-8%  39  p.  1  fr. 

481.  Bertrand  y-Lac  AB  ANE.  Essais  et  Notices  pour  servir  à  l'histoire 
du  département  de  Seine-et-Oise.  Brétigny-sur-Orge  ;  Marolles-en-Hure- 
poix;  Saint-Michel-sur-Orge.  Première  partie  :  Brétigny-sur-Orge. 
Versailles,  impr.  Gerf.  In-4°,  376  p. 

482.  BeriihmteHandschriften  des  Mittelalters  in  phototypischer  Nach- 
biidung.  I.  Das  Nibelungenlied  nach  der  Hohenems-Miinchener  Hand- 
schrift  (  A  )  in  phototypischer  Nachbildung  nebst  Proben  der  Hand- 
schriften  B  und  C.  Mit  einer  Einleitung  von  Ludwig  Laistner.  Mûnchen, 
Verlagsanstalt  fur  Kunst  und  Wissenschaft  vormals  Friedrich  Bruck- 
mann,  1886.  In^»,  48  p.,  126  pi. 

483.  Besoul  (A.).  Recherches  historiques  sur  la  commune  de  Favières- 


589 

on-Brie  (Seine-et-Marne),  ses  antiquités,  ses  seigneuries,  ses  fiefs, 
l'abbaye  d'Hermières  et  le  prieuré  de  Saint-Ouen,  etc.,  et  quelques 
aperçus  sur  Tournan.  Melun,  Drosne;  Favières,  l'auteur.  In-S",  161  p. 

AS\.  Bibliothèque  histori([ue  du  Lyonnais.  Mémoires,  notes  et  docu- 
ments pour  servir  à  l'histoire  de  cette  ancienne  province  et  des  pro- 
vinces circonvoisines  de  Forez,  Beaujolais,  Bresse,  Bombes  et  Bugey, 
publiés  par  MM.  C.  et  Georges  Guigue.  N°  2.  Lyon,  Vitte  et  Perrussel; 
Georg.  In-8»,  p.  73  à  152  et  carte.  (Paraît  tous  les  deux  mois  par  livrai- 
sons à  3  fr.) 

485.  BoNciNELLi  (Eug.).  Storia  di  Vico  Auserissola  (Vicopisano)  n  suo 
distretto.  Disp.  I.  Venezia,  M.  Fontana,  1886.  In-8'',  32  p. 

i86.  BoNNADELLE  (CI.).  Le  Département  de  la  Meuse,  géographique, 
statistique,  historique,  nobiliaire.  IL  (Beurey,  Fromeréville,  Géry, 
Guerpont,  Mussey,  Nançois-le-Petit,  Noyers,  Nonsard,  Verdun-sur- 
Meuse.)  Bar-le-Duc,  impr.  Contant-Laguerre.  In-S",  191  p. 

487.  BoNNASsiEu.x  (Pierre).  Études  sur  l'histoire  administrative  de  la 
France.  I.  L'administration  d'un  département  sous  le  Directoire.  Lettre 
de  François  de  Neufchâteau,  ministre  de  l'intérieur,  aux  administra- 
teurs du  département  du  Léman.  Nancy  et  Paris,  Berger-Levrault. 
In-8%  27  p. 

488.  Bordas  (Joseph).  Notice  sur  la  chapelle  de  Saint-Joseph  de  Vais, 
canton  de  Saint- Vallier  (Drôme).  Valence,  impr.  valentinoise.  In-8'', 
8  p.  (Extrait  du  journal  le  Messager  de  Valence.) 

489.  Bouchot  (Henri).  Le  Portrait  de  Louis  II  d'Anjou,  roi  de  Sicile, 
à  la  Bibliothèque  nationale.  Paris,  A.  Lévy,  1886.  In-4%  10  p.,  2  pi. 
(Extrait  de  la  Gazette  archéologique.) 

490.  BouvY  (le  R.  P.  Edmond).  Poètes  et  Mélodes,  étude  sur  les  origines 
du  rythme  tonique  dans  l'hymnographie  de  l'Église  grecque.  Nîmes, 
maison  de  l'Assomption.  In-8'>,  xiv-386  p. 

491.  BouvY  (le  R.  P.  Edmond).  La  Prose  syn tonique  chez  les  Grecs 
et  les  Origines  du  rythme  des  mélodes.  Nîmes,  impr.  Lafare.  In-S», 
48  pages. 

492.  BoYER  (Journal  de  voyage  de  dom  Jacques),  religieux  bénédictin 
de  la  congrégation  de  Saint-Maur,  dans  les  diocèses  de  Clermont,  le 
Puy,  Bourges,  Autun,  Lyon,  Viviers,  Mende,  Tulle,  Limoges,  Cahors, 
Montauban,  Toulouse,  Sarlat,  Périgueux,  Angoulême,  Bordeaux, 
Saintes,  la  Rochelle,  Luçon,  Angers  et  Poitiers  (1710-1714).  Publié  et 
annoté  par  Antoine  ^.'ernière.  Clermont-Ferrand,  Thibaud.  In-S",  543  p. 
et  planche. 

493.  Breghot  du  Lut  (F.).  Les  Pagani  et  les  Pagan,  étude  généalo- 
gique. Lyon,  impr.  Mougin-Rusand.  In-8°,  68  p. 


590 

494.  Brouillon  (Louis).  Les  Comtes  de  Dampierre-en-Astenois  (Dam- 
pierre-le-Gliâteau,  Marne).  Ghâlons-sur-Marne,  impr.  Martin.  In-8% 
62  pages. 

495.  Brugnier-Roure  (Louis).  Notions  générales  sur  la  viguerie  du 
Pont-Saint-Esprit,  suivies  d'une  étude  sur  la  viabilité  et  les  premiers 
monuments  chrétiens  du  pays.  Avignon,  Seguin,  1885.  In-S»,  64  p.  et 
2  planches. 

496.  Brutails  (Auguste).  Étude  sur  l'esclavage  en  Roussillon  du  xin^ 
au  xvne  siècle.  Paris,  Larose  et  Forcel.  In-8%  44  p.  (Extrait  de  la  Nou- 
velle Revue  historique  de  droit  français  et  étranger.) 

497.  BiiRKLi  (Karl).  Der  wahre  Winkelried.  Die  Taktik  der  alten 
Urschweizer.  Ein  Beitrag  zur  SOOjàhrigen  Feier  der  Schlacht  oh  Sem- 
pach.  Zurich,  J.  Schabelitz.  In-8o,  196  p.  1  fr.  50  c. 

498.  Gabannes  (l'abbé  L.-E.).  Notice  historique  sur  la  ville  de  Gastel- 
moron-sur-Lot.  Agen,  impr.  Lamy.  In-80,  44  p. 

499.  Gandido  (Em.).  Gronaca  udinese  dal  1554  al  1564,  trascritta  ed 
annotata  da  V.  Joppi.  Udine,  tip.  del  Patronato,  1886.  In-80,  30  p. 
(Pubblicata  da  Francesco  Florio,  per  le  nozze  di  Maria  Beretta  con 
Pietro  Someda.) 

500.  Ganonici  délia  cattedrale  di  Vicenza  dal  secoloxai  giorni  nostri. 
Vicenza,  tip.  di  G.  Rumor,  1886.  In-8°,  18  p. 

501.  Garel  (Pierre).  Une  Émeute  à  Gaen  sous  Louis  XIII  et  Riche- 
lieu (1639).  Épisode  de  la  révolte  des  Nu-Pieds  en  Basse-Normandie. 
Documents  inédits.  Gaen,  impr.  Valin.  In-S",  127  p. 

502.  Garré  (l'abbé  J.-B.-E.).  Notice  historique  sur  le  prieuré  de  Géri- 
gny,  de  l'ordre  de  Prémontré,  au  diocèse  de  Reims  (1130-1789),  avec 
plan  et  pièces  justificatives  inédites.  Reims,  Michaud.  In-8'',  ni-169  p. 

503.  Gartulaire  de  l'abbaye  de  Saint-Vincent  du  Mans  (ordre  de 
Saint-Benoit),  publié  et  annoté  par  l'abbé  R.  Gharles  et  S.  Menjot 
d'Elbenne.  Tome  I  (572-1184).  1"  fascicule.  Le  Mans,  Pellechat.  In-4o 
à  2  col.,  239  p. 

504.  Gartulaire  de  l'Hôtel-Dieu  de  Pontoise,  publié  avec  des  notes, 
d'après  les  originaux,  par  J.  Depoin.  Pontoise.  In-4o,  vn-i36  p.  (Docu- 
ments publiés  par  la  Société  historique  du  Vexin.) 

505.  Castan  (Auguste).  Les  Arènes  de  Vesontio  et  le  Square  archéo- 
logique du  canton  nord  de  Besançon.  Besançon,  impr.  Dodivers.  In-8°, 
38  p.  et  planche.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  d'émulation  du 
Doubs.) 

506.  Catalogue  de  l'exposition  archéologique  de  la  Société  des  anti- 
quaires de  Picardie  (cinquantenaire  de  sa  fondation).  Notice  des 
tableaux,  objets  d'art,  d'antiquité  et  de  curiosité  exposés  dans  les  gale- 


594 

ries  du  musée  de  Picardie  du  l^r  juin  au  4  juillet  1886.  Amiens,  impr. 
Douillet.  Petit  in-S°,  xyi-191  p.  1  Ir.  50  c. 

507.  Gerexhe  (Michel).  Les  Monnaies  de  Gharlemagne.  l''^  partie. 
Description  des  pièces.  Gand,  impr.  de  S.  Leliaert.  In-8",  132  pages. 
7  fr.  50  c. 

508.  Challamel  aîné  (Augustin).  Histoire  de  la  liberté  en  France 
depuis  les  origines  jusqu'en  1789.  Tome  I.  Paris,  Jouvet.  ^1-8°,  500  p. 
7  ir.  50  c. 

509.  Chamard  (le  R.  P.  dom  François).  Les  Premiers  Seigneurs  de 
Cliolet.  Nantes,  impr.  Forest  et  Grimaud.  In-8°,  36  p.  (Extrait  de  la 
Revue  historique  de  l'Ouest.) 

510.  Champeaux  (A.  de).  Dictionnaire  des  fondeurs,  ciseleurs,  mode- 
leurs en  bronze  et  doreurs,  depuis  le  moyen  âge  jusqu'à  l'époque 
actuelle.  Paris,  Rouam.  In-16,  361  p. 

511.  Ghantelauze  (R.).  Portraits  historiques  :  Philippe  de  Com- 
mynes,  le  Grand  Condé,  Mazarin,  Frédéric  II,  Louis  XV  et  Marie- 
Thérèse,  2"  édition.  Paris,  Perrin,  1887.  In-16,  vni-421  p. 

512.  Ghapellier  (J.-Gh.).  Étude  sur  la  véritable  nationalité  de  Jeanne 
d'Arc.  Nancy,  impr.  Grépin-Leblond.  (Extrait  du  Journal  de  la  Société 
d'archéologie  lorraine,  1885.) 

513.  Gharvet  (Ernest).  Le  Drapeau  de  Jeanne  Hachette  et  les  Armes 
de  Beauvais.  Beauvais,  impr.  Père,  1885.  In-S",  44  p.  et  2  planches. 

514.  Ghorllon  (J.-B.-A.),  Histoire  de  la  Marche.  Mémoires  du  prési- 
dent Ghorllon  (1634-1685).  Ouvrage  inédit,  publié  d'après  le  manuscrit 
original,  avec  notes  et  introduction,  par  F,  Autorde.  Guéret,  impr, 
Amiault.  In-8',  Yn-238  p. 

515.  GouRAJOD  (Louis).  Alexandre  Lenoir,  son  journal  et  le  musée 
des  monuments  français.  Tome  IL  Paris,  Ghampion,  In-8°,  xlvi-275  p. 
avec  grav, 

516.  GouRBE  (Gh.).  Les  Rues  de  Nancy  du  xvi"  siècle  à  nos  jours. 
Tableau  historique,  moral,  critique  et  satirique  des  places,  portes,  rues, 
impasses  et  faubourgs  de  Nancy.  Recherches  sur  les  causes  et  les  ori- 
gines des  vocables  qui  leur  ont  été  appliqués  depuis  le  xvi'  siècle. 
Tome  H.  Nancy,  Thiébaut.  In-8%  335  p. 

517.  GucHERAT  (F.).  Les  Origines  du  Beaujolais  et  l'Autel  d'Avenas, 
étude  historique,  géographique  et  archéologique,  puisée  pour  la  pre- 
mière fois  dans  le  cartulaire  de  Saint-Vincent  de  Mâcon,  Lyon,  impr. 
Mougin-Rusand.  In-8o^  60  p.  et  carte. 

518.  Danzas  (Antonin).  Études  sur  les  temps  primitifs  de  l'ordre  de 
Saint-Dominique.  2«  série.  Saint  Raymond  de  Pcnnafort  et  son  époque. 
Tome  I".  Paris,  H.  Oudin,  1885.  In-8%  xiv-597  p. 


592 

519.  Degeorge  (Léon).  La  Maison  Plantin  à  Anvers  :  monographie 
complète  de  cette  imprimerie  célèbre,  documents  historiques  sur  l'im- 
primerie, liste  chronologique  des  ouvrages  imprimés  par  Plantin  de 
1555  à  1589.  3«  édition,  donnant  la  généalogie  de  la  famille  Plantin- 
Moretus,  le  portrait  et  la  marque  du  grand  imprimeur,  d'après  Wie- 
riex.  Paris,  Firmin-Didot.  In-8°,  ix-230  p.  avec  8  dessins  de  M.  Mau- 
rice Degeorge. 

520.  Del  Carlo  (Torello).  Studî  storici  iucchesi.  Lucca-Livorno, 
Grocolo,  1886.  ln-16,  310  p.  3  1. 

521.  Delisle  (Léopold).  Instructions  pour  la  rédaction  d'un  inven- 
taire des  incunables  conservés  dans  les  bibliothèques  publiques  de 
France.  Lille,  impr.  Danel.  In-8%  39  p. 

522.  Delisle  (Léopold).  Notice  sur  des  manuscrits  du  fonds  Libri 
conservés  à  la  Laurentienne  à  Florence.  Paris,  imprimerie  nationale. 
In-4%  124  p.  (Extrait  des  Notices  et  Extraits  des  manuscrits  de  la  Biblio- 
thèque nationale,  etc.,  t.  XXXII,  l^'''  partie.) 

523.  Dell'  Agli  (A.).  Ricerche  storiche  su  Giarratana.  Vittoria, 
G.  B.  Velardi,  1886.  In-8%  270  p. 

524.  Denifle  (Heinrich).  Die  pàpstlichen  Registerbânde  des  13.  Jhs. 
und  das  Inventar  derselben  vom  J.  1339.  Berlin,  Weidmann,  1886. 
In-S",  105  p.  (Extrait  de  VArchiv  fiir  Litteratur-  und  Kirchenge- 
schichte,  II.) 

525.  Deseille  (Ernest).  Les  Antiquités  du  pays  boulonnais.  Paris, 
Picard.  In-8°,  36  p. 

526.  Desimoni  (Gornelio).  Il  Marchese  di  Monferrato  Guglielmo  il 
Vecchio  e  la  sua  famiglia  secondo  gli  studî  recenti,  con  una  appendice 
sui  trovatori  genovesi.  Genova,  tip.  dell'  istituto  sordomuti,  1886.  In-8'', 
38  pages. 

527.  Document!  per  la  storia  dell'  augusta  ducale  basilica  di  San 
Marco  in  Venezia  dal  nono  secolo  alla  fine  del  decimottavo.  Venezia, 
Ferdinando  Ongania,  1886.  In-fol.,  xxx-300  p.,  planche.  (Préface  de 
B.  Gecchetti.) 

528.  DoERiNG  (Oscar).  Beitraege  zur  aeltesten  Geschichte  des  Bisthums 
Metz.  Mit  einer  Karte.  Innsbruck,  Wagner,  1886.  In-S",  v-150  p. 

529.  Dorer  (E.).  Rudolf  von  Habsburg  in  Ghronik  und  Dichtung. 
Dresden,  v.  Zahn  und  Jânsch.  Gr.  in-8°,  36  p. 

530.  Du  Breil  de  Pontbriand  (le  vicomte  P.).  Un  Armoriai  breton 
du  xvne  siècle.  Nantes,  Forest  et  Grimaud.  In-S",  17  p.  (Ektrait  de  la 
Revue  historique  de  V Ouest.) 

531.  Duplessis  (Georges)  et  Bouchot  (Henri).  Guide  du  collectionneur. 


393 

Dictionnaire  des  marques  et  monogrammes  de  graveurs.  A-F.  Paris, 
Rouam.  In-16,  vii-127  p. 

532.  Durand  (Georges).  Église  de  Relanges  (Vosges).  Nancy,  impr. 
Grépin-Leblond.  In-8%  15  p.  et  4  planches,  (Extrait  des  Mémoires  de  la 
Société  d'archéologie  lorraine,  1885.) 

533.  Durant  des  Aulnois  (Albert).  Les  Clefs  d'Orthez,  épisode  de  la 
vie  municipale  aux  xvu'  et  xviii"  siècles.  Reims,  Michaud.  In-8%  41  p. 

534.  Fage  (René).  Le  Vieux  Tulle.  N"  2  :  les  fortifications.  Avec  un 
plan  exécuté  par  M.  Ducros,  d'après  Tripon.  2"  édition,  revue  et  aug- 
mentée. Tulle,  impr.  GrauUbn.  In-8°,  43  p. 

535.  Faure  (Hippolyte).  Notes  et  Documents  sur  les  archives  des  hos- 
pices et  sur  les  résultats  comparés  de  l'assistance  hospitalière  à  Nar- 
bonne  et  dans  une  partie  de  l'Europe.  Tome  II.  Narbonne,  impr.  Gail- 
lard. In-8»,  xi-394  p. 

536.  FiNCATi  (vice-ammiraglio  L.).  La  Perdita  di  Negroponte,  luglio 
1470.  Roma,  tip.  Forzani,  1886.  In-8°,  49  p.  (Extrait  de  la  Rivista 
marittima.) 

537.  FouROT  (l'abbé  A.).  Notice  sur  les  familles  Aubry  d'Osches  et 
Glaudot  de  Robert -Espagne.  Bar-le-Duc,  impr.  Gontant-Laguerre. 
In-8°,  30  p. 

538.  François  (Achille).  Elenco  di  notari  che  rogarono  atti  in  Roma 
dal  secolo  xiv  ail'  anno  1886.  Roma,  tip.  dcUa  Pace  di  Filippo  Gug- 
giani,  1886.  In-S",  vn-154  p. 

539.  Fromm  (E.).  Die  Ausgaben  der  Imitatio  Ghristi  in  der  Kôlner 
Stadtbibliothek.  Bibliographisch  bearbeitet.  Kôln,  M.  Du  Mont-Schau- 
berg,  1886.  In-8°,  xvi-129  p.  (Verôffentlichungen  der  Stadtbibliothek 
in  Kôln.  2.)  5  m. 

540.  Gabrielli  (A.).  Il  Godice  «  Mss.  Varia  4  »  délia  Biblioteca  nazio- 
nale  di  Roma  descritto.  Roma,  alla  biblioteca  Vallicelliana ,  1886. 
In-8°,  47  p.  (R.  Società  romana  di  storia  patria.  Gorso  pratico  di  meto- 
dologia  délia  storia.  Fasc.  III.  —  Extr.  de  VArchivio  de  la  Société,  IX.) 

541.  Garnies  (J.).  Inventaire-sommaire  des  archives  départementales 
de  la  Gôte-d'Or  antérieures  à  1790.  Archives  civiles.  Série  G.  États  du 
duché  de  Bourgogne,  comtés  et  pays  adjacents.  Tome  III.  Dijon,  impr. 
Ghabot-Gharny.  In-4o  à  2  col.,  418  p. 

542.  Gebhart  (Emile).  Recherches  nouvelles  sur  l'histoire  du  joachi- 
misme.  Nogent-le-Rotrou,  impr.  Daupeley-Gouverneur.  In-80,  18  p. 
(Extrait  de  la  Revue  historique.) 

543.  Gelre.  Wapenboeck  ou  Armoriai  de  1334  à  1372,  contenant  les 
noms  et  armes  des  princes  chrétiens,  ecclésiastiques  et  séculiers,  suivis 
de  leurs  feudataires,  selon  la  constitution  de  l'Europe  et  particulière- 


394 

ment  de  l'empire  d'Allemagne,  conformément  à  l'éditde  1356  appelé  la 
Bulle  d'or;  précédé  de  poésies  héraldiques.  Publié  pour  la  première 
fois  par  Victor  Bouton,  peintre  héraldique  et  paléographe.  Tome  IV  et 
dernier.  Armoriai.  Paris,  Victor  Bouton.  Grand  in-4°,  166  p. 

544.  Germain  (Léon).  La  Chapelle  de  Dom  Loupvent  et  les  Richier. 
Nancy,  impr.  Crépin-Leblond.  In-8%  12  p. 

545.  Germain  (Léon).  La  Croix  de  Laxou  (1586).  Nancy,  impr.  Cré- 
pin-Leblond. In-8'',  15  p.  et  planche. 

546.  Germain  (Léon).  Legs  de  pièces  de  céramique  par  M.  Cl.  Migette 
au  Musée  historique  lorrain.  Nancy,  impr.  Crépin-Leblond.  In-8°,  7  p. 
(Extrait  du  Journal  de  la  Société  d'archéologie  lorraine,  1886.) 

'547.  Germain  (Léon).  Recherches  sur  la  famille  Fesseler,  alias  Fas- 
celet,  Fasselet,  etc.,  Wisse  et  de  Visse  (Barrois,  xv^-xyi^  siècles). 
Nancy,  impr.  Crépin-Leblond.  In-8%  16  p. 

548.  Germain  (Léon).  Le  Retable  d'Hattonchatel  et  Ligier  Richier. 
Nancy,  impr.  Crépin-Leblond.  In-8'',  12  p. 

549.  Gesta  abbatum  Fontanellensium.  Recensuit  S.  Loewenfeld. 
Hannoverae,  Hahn,  1886.  In-8°,  60  p.  (Scriptores  rerum  Germanicarum 
in  usum  scholarum  ex  Monumentis  Germaniae  historicis  recusi.) 

550.  GiLLARD  (l'abbé  J.).  Recherches  historiques  sur  les  bénédictines 
de  Lassay.  Mamers,  impr.  Fieury  et  Dangin.  In-8'>,  116  p. 

551.  Girard  (Adrian).  Die  rettende  That  Arnolds  v.  W^inkelried. 
Studie  mit  Schlachtplan  und  einer  Abbildung.  Solothurn,  Zepfel. 
In-8»,  99  p. 

552.  Gisi  (M.).  Verzeichniss  der  Incunabeln  der  Kantonsbibliothek 
Solothurn.  I^  Hâlfte  (A-G).  Beilage  zum  Jahresbericht  der  Kantons- 
schule.  Solothurn,  Jent,  1886.  In-8°,  vi-72  p.  4  fr. 

553.  Glaber  (Raoul).  Les  cinq  livres  de  ses  Histoires  (900-1044), 
publiés  par  Maurice  Prou.  Paris,  Picard,  In-8%  xv-143  p.  (Collection 
de  textes  pour  servir  à  l'étude  et  à  l'enseignement  de  l'histoire.) 

554.  Hanotaux  (Gabriel).  Études  historiques  sur  le  xvi«  et  le  xvii^  siècle 
en  France.  Paris,  Hachette,  1886.  In-8°,  vii-351  p. 

555.  Hartmann  (Otto).  Die  Schlacht  bel  Sempach.  Historisch-kritische 
Studie.  Frauenfeld,  J.  Huber.  In-8'',  60  p. 

.556.  Hasenclever  (Adolf).  Der  altchristliche  Grâberschmuck.  Ein 
Beitrag  zur  christlichen  Archàologie.  Braunschweig,  C.  A.  Schwetschke, 
1886.  In-8%  264  p. 

557.  Hauréau.  Notice  sur  le  numéro  1544  des  nouvelles  acquisitions 
(fonds  latin)  à  la  Bibliothèque  nationale.  Paris,  imprimerie  natio- 
nale. In-40,  66  p.  (Extrait  des  Notices  et  Extraits  des  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  nationale,  t.  XXXH,  l''^  partie.) 


595 

558.  Histoire  générale  de  Paris.  Registres  des  délibérations  du  bureau 
de  la  ville  de  Paris,  publiés  par  les  soins  du  service  des  travaux  histo- 
riques. Tome  II  (1527-1539).  Texte  édité  et  annoté  par  Alexandre  Tue- 
tey.  Paris,  Champion.  In-4°  à  2  col.,  xxvn-467  p.  30  fr. 

559.  HiJFFER  (Georg).  Der  heilige  Bernard  von  Glairvaux.  Eine  Dar- 
stellung  seines  Lebens  und  Wirkens.  I  :  Vorstudien  zu  einer  Darstel- 
lung  des  Lebens  und  Wirkens  des  heiligen  Bernard  von  Glairvaux. 
Munster,  AschendorÊf,  1886.  In-S»,  xv-247  p. 

560.  Jauroain  (J.-B.-E.  de).  Arnaud  d'Oihenart  et  sa  famille.  Paris, 
H.  Champion,  1885.  ln-8°,  86  p.  (Extrait  de  la  Revue  de  Béarn,  Navarre 
et  Latines,  III.) 

561.  Joppi  (Vincenzo).  Dell'  Abbazia  di  Moggio  nel  secolo  xv.  Nuovo 
documento.  Udine,  tip.  del  Patronale,  4886.  In-8%  18  p.  (Pour  le 
mariage  de  Guido  Tessitori  et  Rosina  Vernier-Romano.) 

562.  JouBERT  (André).  La  Vie  agricole  dans  le  Haut- Maine,  au 
xiv^  siècle,  d'après  le  rouleau  inédit  de  M™e  d'Olivet  (1335-1342). 
Mamers,  G.  Fleury  et  A.  Dangin,  1886.  In-8%  55  p. 

.563.  JuNius.  La  Vallée  d'Aoste  au  moyen  âge  et  à  la  Renaissance. 
Essai.  Turin,  J.  Tarizzo,  1886.  In-16,  128  p.  1  1.  50  c. 

564.  Keyser  (Ad.).  Die  Stadtbibliothek  in  Coin,  ihre  Organisation 
und  Verwaltung.  Beitrâge  zu  ihrer  Geschichte.  Mit  2  Tafeln.  Coin,  Du 
Mont-Schauberg,  1886.  In-8°,  vni-109  p.  (Veroffentlichungen  der  Stadt- 
bibliothek in  Coin.  1.)  4  m. 

565.  KiLiAN  (Eugen).  Itinerar  Kaiser  Heinrichs  IV.  Nach  den  Quel- 
len  bearbeitet.  Heidelberg,  Koester,  1886.  In-8",  xi-152  p.  2  m. 

566.  Kopp  (Hermann).  Die  Alchemie  in  altérer  und  neuerer  Zeit.  Ein 
Beitrag  zur  Culturgeschichte.  Heidelberg,  Winter,  1886.  In-S",  2  vol., 
xvii-260,  vi-425  p.  16  m. 

567.  Kormaks-Saga  herausgegeben  von  Th.  Môbius.  Halle,  Waisen- 
haus,  1886.  In-8°,  208  p.  4  m. 

568.  Labbey  de  La  Roque  (P.-E.-M.).  Recherches  historiques  sur  le 
siège  du  Mont  Saint-Michel  par  les  Anglais  en  1423-1424.  2«  édition, 
augmentée  de  notes  et  de  documents  concernant  la  maison  d'Auxais, 
réunis  par  le  vicomte  Maurice  d'Auxais,  arrière-petit-fils  de  l'auteur. 
Valognes,  Luce.  In-16,  64  p. 

569.  Langlois  (Ernest).  Les  Registres  de  Nicolas  IV,  recueil  des 
bulles  de  ce  pape,  publiées  ou  analysées  d'après  les  manuscrits  origi- 
naux des  archives  du  Vatican.  Fascicule  I.  Paris,  Thorin.  Grand  in-4'' 
à  2  col.,  p.  1  à  136.  (Bibliothèque  des  Écoles  françaises  d'Athènes  et  de 
Rome.)  10  fr.  20  c. 

570.  Lecoy  de  La  Marche  (A.).  La  Chaire  française  au  moyen  âge, 


596 

spécialement   au   xiii=  siècle,  d'après  les  manuscrits  contemporains. 
2"  édition,  corrigée  et  augmentée.  Paris,  Laurens.  In-S",  xvi-549  p.  8  fr. 

571.  Legrand  (Emile).  Généalogie  des  Maurocordato  de  Constanti- 
nople  et  autres  documents  concernant  cette  famille.  Paris,  impr. 
Lahure.  In-S",  xn-76  p.  avec  6  grav.  hors  texte,  dont  5  portraits  et 
tableau. 

572.  Lemaire  (P.-Aug.).  La  Commune  de  Triaucourt  dans  le  bailliage 
deBeaulieu-en-Argonne.  Bar-le-Duc,  impr.Philipona.  In-S^xxni-lSO  p. 

573.  Leroy  (l'abbé  André).  Notice  sur  Notre-Dame  de  Waziers,  con- 
nue vulgairement  sous  le  nom  de  Notre-Dame  Marchette  et  honorée  à 
Waziers  depuis  l'an  1400  environ.  Douai,  impr.  Dechristé.  In-32,  30  p. 

574.  Lespinasse  (René  de).  Les  Métiers  et  Corporations  de  la  ville  de 
Paris.  I.  (xiv^-xvni^  siècles.)  Ordonnances  générales,  métiers  de  l'alimen- 
tation. Paris,  imprimerie  nationale.  In-4'',  vin-717  p.  avec  84  fig.  (His- 
toire générale  de  Paris.  Collection  de  documents  publiés  sous  les  aus- 
pices de  l'édilité  parisienne.) 

575.  L'HoTE  (l'abbé  E.).  Études  historiques  sur  le  diocèse  de  Saint- 
Dié  :  Notre-Dame  de  Saint-Dié.  Saint-Dié,  impr.  Humbert.  In-S», 
99  pages. 

576.  LiÉNARD  (Félix).  Archéologie  de  la  Meuse.  Description  des  voies 
anciennes  et  des  monuments  aux  époques  celtique  et  gallo-romaine. 
Tome  III  (partie  nord  du  département).  Verdun,  impr.  Laurent,  1885. 
In-4°,  146  p.  et  atlas  de  40  planches.  (Publication  de  la  Société  philo- 
matique  de  Verdun.) 

577.  LucE  (Siméon).  Jeanne  d'Arc  à  Domremy,  recherches  critiques 
sur  les  origines  de  la  mission  de  la  Pucelle,  accompagnées  de  pièces 
justificatives.  Paris,  Champion.  In-8%  cccxv-420  p. 

578.  LucHAiRE  (Achille).  Recherches  historiques  et  diplomatiques  sur 
les  premières  années  de  la  vie  de  Louis  le  Gros  (1081  à  1100).  Paris, 
Picard.  In-8°,  51  p. 

579.  Magé  (Albert).  La  Dernière  tenue  des  États  de  Bretagne.  Nantes, 
impr.  Forest  et  Grimaud.  In-S",  57  p.  (Extrait  de  la  Revue  de  Bretagne 
et  de  Vendée.) 

580.  Magttot  (le  D'E.).  Contribution  à  l'histoire  archéologique  de  l'Au- 
vergne. La  Cité  souterraine  de  Combperet  (Puy-de-Dôme).  Paris,  impr. 
Chaix.  In-S",  10  p.  (Association  française  pour  l'avancement  des  sciences, 
congrès  de  Grenoble,  1885.) 

581.  Malinguehen  (R.  de).  Blicourt,  notice  historique  et  archéologique. 
Beauvais,  impr.  Père,  ln-8%  90  p. 

582.  Mandrot  (Bernard  de).  Ymbert  de  Batarnay,  seigneur  du  Bou- 
chage, conseiller  des  rois  Louis  XI,  Charles  VIII,  Louis  XII  et  Fran- 


597 

çois  !«■"  (1438-1523).  Paris,   Picard.  In-8",  ix-iU4  p.  et  tableau  généa- 
logique. 

583.  Marghioli  (Dan.).  Storia  délia  valle  di  Poschiavo.  Sondrio,  tip. 
Emilio  Quadrio,  1886.  In-S",  2  vol.,  353,  273  p.  5  1. 

584.  Marguerite  de  Valois.  Lettres  inédites,  tirées  de  la  Bibliothèque 
impériale  de  Saint-Pétersbourg  (1579-1606),  publiées  pour  la  Société 
historique  de  Gascogne  par  Philippe  Lauzun.  Paris,  Champion,  1886. 
In-S",  vi-57  p.  (Extrait  des  Archives  historiques  de  la  Gascogne,  11^  fas- 
cicule.) 

585.  Martin  (Henry).  Inventaires  des  biens  et  des  livres  de  l'abbaye 
des  Vaux-de-Gernay  au  xii"  siècle.  Nogent-le-Rotrou,  impr.  Daupeley- 
Gouverneur.  In-S",  11p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire 
de  Paris  et  de  l'Ile-de-France,  mars-avril  1886.) 

586.  Martonne  (A.  de).  Deux  nouveaux  Évoques  du  Mans.  Nantes, 
impr.  Forest  et  Grimaud.  In-8'',  14  p.  (Extrait  de  la  Revue  historique  de 
l'Ouest.) 

587.  MiGNATON  (Paul).  Histoire  de  la  maison  d'Aubusson.  Paris, 
Picard.  In-18  jésus,  vi-374  p. 

588.  MiLA  de  Gabarieu.  Règlement  du  corps  de  ville  de  Saint-Anto- 
nin,  au  diocèse  de  Rodez,  sur  la  fabrication  des  draps,  du  7  août  1351, 
en  langage  du  pays.  Montauban,  impr.  Forestié.  In-8'',  20  p.  (Extrait 
du  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Tarn-et-Garonne .) 

589.  MoLiNiER  (Auguste).  Catalogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque 
Mazarine.  Tome  H.  Paris,  Pion.  In-8°,  540  p.  (Catalogue  général  des 
bibliothèques  publiques  de  France.) 

590.  MoLiNiER  (Emile).  Les  Bronzes  de  la  Renaissance  :  les  Pla- 
quettes, catalogue  raisonné,  précédé  d'une  introduction.  Tome  L  Paris, 
Rouam.  In-8°,  xl-216  p.  avec  82  grav.  (Bibliothèque  internationale  de 
l'art,  sous  la  direction  de  M.  Eugène  Muntz.) 

591.  MoNACi  (A.).  SuUa  influenza  bizantina  nella  scrittura  délie  antiche 
bolle  pontificie.  Roma,  R.  Società  romana  di  storia  patria,  1886.  In-8'', 
6  p.  (Extrait  de  VArchivio  de  la  Société,  IX.) 

592.  MoNOYER  (Jules).  Histoire  populaire  des  environs  du  Rœulx. 
in  :  Mignault.  Mons,  Hector  Manceaux.  In-8°,  31  p.  (Extrait  des 
Annales  du  cercle  archéologique  de  Mons,  t.  XX.) 

593.  Monuments  historiques  de  France.  Collection  de  phototypies  par 
G.  Peigné  (de  Tours),  avec  un  texte  explicatif  et  des  notices  par  Henri 
du  Cleuziou.  (l''^  livraison.)  Paris,  Monnier.  In-folio,  18  p.  et  6  planches. 
(Paraît  par  livraisons  mensuelles.  Il  paraîtra  12  livraisons  à  10  fr.  par 
année.) 

594.  MoNziÈs  (François).  Quelques  Pages,  inédites  peut-être,  del'his- 


598 

toire  de  Montauban.  Une  sédition  en  1559.  Montauban,  impr.  Forestié. 
In-S",  23  p.  (Extrait  du  Recueil  de  l'Académie  des  sciences,  belles-lettres 
et  arts  de  Tarn-et-Garonne.) 

595.  MouLARD  (P.).  Enquête  sur  les  principes  religieux  et  la  rési- 
dence des  gentilshommes  dans  le  diocèse  du  Mans  en  1577.  Le  Mans, 
impr.  Monnoyer.  In-S",  55  p. 

596.  MuGNiER  (F.).  Histoire  documentaire  de  l'abbaye  de  Sainte- 
Catherine  (près  d'Annecy),  abbaye  de  Bonlieu  (appendice).  Ghambéry, 
impr.  Ménard.  In-S",  326  p.  (Extrait  du  t.  XXIV  des  Mémoires  et  Docu- 
ments de  la  Société  savoisienne  d'histoire  et  d'archéologie.)  3  fr. 

597.  MiïNTz  (Eugène)  et  Molinier  (Ém.).  Le  Château  de  Fontainebleau 
au  xvii^  siècle  d'après  des  documents  inédits.  Paris.  In-S»,  108  p. 
(Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  de  l'histoire  de  Paris  et  de  Vlle-de- 
France,  t.  XII,  1885.) 

598.  Naeher  (F.).  Le  Château  de  la  Sarraz.  Histoire  de  son  architec- 
ture dès  [sic]  sa  fondation.  Avec  un  supplément  :  les  châteaux  de  Gou- 
moëns-la- Ville,  de  Saint-Barthélémy,  d'Ouchy,  etc.  Avec  46  dessins 
d'après  nature.  Lausanne,  B.  Benda.  In-4%  32  p.  5  fr. 

599.  Naeher  (F.).  Schlôsser,  Burgen  und  Klôster  der  romanischen 
Schweiz.  Ein  Beitrag  zur  Landeskunde.  Lausanne,  Benda.  In-4'',  avec 
9  pi.  5  fr. 

600.  Nancy  et  la  Lorraine,  notice  historique  et  scientifique.  Nancy, 
impr.  Berger-Levrault.  In-12,  505  p.  avec  tableaux  et  vignette.  (Quin- 
zième congrès  de  l'Association  française  pour  l'avancement  des 
sciences.) 

601.  NissL  (Anton).  Der Gerichtstanddes Clerus  im  frânkischen  Reich. 
Innsbruck,  Wagner,  1886.  In-8%  xv-247  p. 

602.  Notices  et  Extraits  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale 
et  autres  bibliothèques,  publiés  par  l'Institut  national  de  France,  fai- 
sant suite  aux  Notices  et  Extraits  lus  au  comité  établi  dans  l'Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres.  Tome  XXXII,  l^e  partie.  Paris,  impri- 
merie nationale.  In-4°,  314  p. 

603.  Oechsli  (Wilh.).  Quellenbuch  zur  Schweizergeschichte.  Ziirich, 
Fr.  Schulthess.  In-8°,  576  p. 

604.  Ouverleaux  (Emile).  Notice  historique  et  topographique  sur 
Leuze.  Bruxelles,  impr.  V^  Gh.  Vanderauwera.  In-8'',  55  p.,  1  plan.2fr. 

605.  Paris  (le)  du  xvip  siècle,  plan  monumental  de  la  ville  de  Paris, 
dédié  et  présenté  au  roi  Louis  XIV  (1653).  Paris,  Chamerot.  In-8°, 
75  p.  et  plan. 

606.  Pellechet  (M.).  Catalogue  des  incunables  de  la  bibliothèque 
publique  de  Dijon.  Dijon,  Lamarche.  In-8%  viii-179  p. 


599 

607.  Persigan  (l'abbé).  Recherches  sur  l'apostolat  de  saint  Julien, 
premier  évêque  du  Mans.  Le  Mans,  impr.  Leguichoux.  In-S",  xi-288  p. 
5  francs. 

608.  PiHAN  (le  chanoine  L.).  Histoire  de  Saint-Just-cn-Ghaussée  (Oise), 
étude  historique  et  archéologique.  Beauvais,  impr.  Père.  In-8°,  490  p. 
et  lithographies.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  académique  de  VOise, 
années  1882,  1883,  1884  et  1885.) 

609.  PiOLiN  (le  R.  P.  Paul).  Louise  de  Savoie,  comtesse  du  Maine 
(1515-1534).  Mamers,  Fleury  et  Dangin.  In-8%  23  p.  (Extrait  de  la 
Revue  historique  et  archéologique  du  Maine.) 

610.  Poli  (le  vicomte  Oscar  de).  Précis  généalogique  de  la  maison  de 
La  Noiio.  Paris,  conseil  héraldique  de  France.  In-18  jésus,  256  p. 

611.  PoNTBRiANT  (le  comto  A.,  de).  Guerres  de  religion  :  le  capitaine 
Merle,  baron  de  Lagorce,  gentilhomme  du  roi  de  Navarre,  et  ses  des- 
cendants, avec  lettres  et  documents  inédits  d'Henry,  roi  de  Navarre, 
d'Henry,  prince  de  Gondé,  de  François,  duc  d'Aleuçon  et  d'Anjou,  etc. 
(1574-1582),  d'Henry,  duc  de  Rohan  (1622-1628),  lettres  patentes 
d'Henry  IH,  d'Henry  IV,  de  Louis  XHL  Paris,  Picard,  1886.  In-8% 
308  p.  et  carte. 

612.  PoNTDEviE  (l'abbé).  Saint-Gilles-sur- Vie,  la  châtellenie  et  ses 
seigneurs.  La  Roche-sur- Yon.  In-8°,  48  p.  (Extrait  de  VAnnuaire  de  la 
Société  d'émulation  de  la  Vendée,  32^  année,  1885.) 

613.  Préau  (Gharles).  Étude  sur  la  Trésorerie  en  France,  à  propos 
d'un  jeton  de  Gharles  d'Orgemont,  trésorier  de  France  en  1465.  Paris, 
Blanpain.  In-S",  15  p. 

614.  PsiCHARi  (Jean).  Essais  de  grammaire  historique  néo-grecque  : 
l'article  féminin  pluriel  au  moyen  âge  et  de  nos  jours,  et  la  première 
déclinaison  moderne.  Première  partie.  Paris,  Leroux.  In-8°,  xxni-305  p. 

615.  Quarré-Reybourbon  (L.).  La  Ville  de  Gannat  et  son  évangé- 
liaire  du  x«  siècle.  Lille,  Quarré.  In-8o,  11  p.  et  planche. 

616.  Recherches  historiques  sur  saint  Jouvin,  étude  historique  sur 
sa  naissance  et  sa  vie  ;  chapelles  et  prieuré  sous  son  vocable  à  Bricque- 
ville-la-Blouette  et  à  Brix  ;  ses  fêtes  et  ses  prérogatives  ;  souvenirs  his- 
toriques des  environs  :  Brix  et  Sottevast,  par  L.  M.,  de  plusieurs 
sociétés  savantes.  Bricquebec,  impr.  Mahaut.  In-12,  34  p.  75  c. 

617.  Recueil  de  documents  inédits  et  de  pièces  rares  sur  Verdun 
et  le  pays  verdunois,  publié,  avec  introduction  et  notes,  par  l'abbé 
N.  Frizon.Tome  II:  I.  Histoire  verdunoise  au  temps  de  Nicolas  Psaulme, 
par  Mathieu  Husson  l'Escossais  (première  partie,  1548-1561);  II.  Gharte 
touchant  l'ordre,  règlement  et  ordonnance  de  la  cité  de  Verdun,  1574. 
Verdun,  Laurent.  In-12,  208  p.  et  planche.  (Petite  Bibliothèque  verdu- 
noise.) 


600 

618.  Recueil  de  documents  relatifs  à  l'histoire  politique,  littéraire, 
scientifique,  à  la  bibliographie,  à  la  statistique,  etc.,  du  Dauphiné. 
2«  fascicule.  Émigrés  protestants  dauphinois  secourus  par  la  Bourse 
française  de  Genève  de  1680  à  1710.  Liste  publiée  pour  la  première  fois 
par  E.  Arnaud.  Grenoble,  Allier.  In-8°  à  2  col.,  67  p. 

619.  Recueil  des  historiens  des  croisades  publié  par  les  soins  de 
l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.  Historiens  occidentaux. 
Tome  V,  première  partie.  Paris,  imprimerie  nationale.  In-fol.,  343  p. 

620.  Regesta  episcoporum  Constantiensium.  Regesten  zur  Geschichte 
der  Bischôfe  von  Constanz  von  Bubulcus  bis  Thomas  Berlower  517- 
1496.  Herausgegeben  von  der  badischen  historischen  Commission. 
I.  Band.  I.  Lieferung.  Unter  Leitung  von  D'  Friedrich  von  Weech 
bearbeitet  von  D"-  Paul  Ladewig.  Innsbruck,  Wagner,  1886.  In-4°, 
80  p.  4  marks. 

621.  Règle  (la)  du  Temple,  publiée  pour  la  Société  de  l'histoire  de 
France  par  Henri  de  Gurzon.  Paris,  Laurens.  In-S»,  xxxvii-368  p. 

622.  Régnier  (Louis).  La  Renaissance  dans  le  Vexin  et  dans  une 
partie  du  Parisis,  à  propos  de  l'ouvrage  de  Léon  Pallustre  :  la  Renais- 
sance en  France.  Pontoise,  impr.  Paris.  In-4'',  105  p.  et  planche. 

623.  Reilhag  (le  comte  de).  La  Chapelle  Notre-Dame  de  Reilhac,  fon- 
dée au  xiv«  siècle,  en  l'église  Saint-Médard-lès-Paris,  par  Clément  de 
Reilhac,  et  quelques  autres  sépultures  de  la  même  famille.  Nogent-le- 
Rotrou,  impr.  Daupeley-Gouverneur.  In-8°,  36  p.  (Extrait  des  Mémoires 
de  la  Société  de  l'histoire  de  Paris  et  de  V Ile-de-France,  t.  XII,  1885.) 

624.  RrsTELHUBER  (P.).  L'Alsace  à  Sempach,  étude  historique  publiée 
à  Toccasion  du  cinquième  centenaire  de  la  bataille  de  ce  nom.  Paris, 
Leroux,  1886.  In-8%  48  p.  et  2  pi.  d'armoiries. 

625.  RiTTER  (K.).  Die  Politik  Zûrichs  in  der  zweiten  Hàlfte  des 
14.  Jahrhunderts.  Ein  Beitrag  zur  Entstehungsgeschichte  der  schwei- 
zerischen  Eidgenossenschaft.  Ziirich,  S.  Hôhr.  In-8%  104  p.  1  fr.  00  c. 

626.  RoDGERs  (James  E.  Thorold).  Six  Centuries  of  work  and  wages. 
The  history  of  English  labour.  New  édition,  revised,  in  one  volume. 
London,  Swan  Sonnenschein,  1886.  In-8°,  591  p. 

627.  RoTH  VON  ScHRECKENSTEiN  (Karl  Heinrich,  Freiherr).  Die  Ritter- 
wiirde  und  der  Ritterstand.  Historisch-politische  Studienùber  deutsch- 
mittelalterliche  Standesverhàltnisse  auf  dem  Lande  und  in  der  Stadt. 
Freiburg  i.  B.,  Paul  Siebeck,  1886.  In-8%  735  p.  18  m. 

628.  Roussel  (l'abbé).  Étude  historique  sur  les  premiers  évêques  de 
Langres.  Langres,  Rallet-Bideaud.  In-8",  150  p.  1  fr.  50  c. 

629.  Sachet  (l'abbé  A.).  Le  Grand  Jubilé  séculaire  de  Saint-Jean  de 
Lyon  (1451-1546-1666-1734).  Lyon,  Waltener.  Petit  in-4%  lv-510  p. 


604 

avec  8  héliogravures,  5  plans  et  vues  de  Lyon  et  100  grav.,  têtes  de 
page,  culs-de-lampe  et  lettres  ornées. 

630.  Saint-Julien  (A.  de)  et  Bienaymé  (G.).  Les  Droits  d'entrée  et 
d'octroi  de  Paris,  depuis  le  xii"  siècle.  Paris,  imprimerie  nationale. 
ln-8°,  xiii-148  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  statistique  et  de  législation 
comparée,  année  1885.) 

631.  Salvioli  (Gius.).  I  Libri  giuridici  nelle  biblioteche  medioevali. 
Notizia.  Città  di  Gastello,  tip.  S.  Lapi,  1886.  In-8",  4  p.  (Extrait  de  la 
Rivista  italiana  per  le  scienze  giuridiche,  vol.  II.) 

632.  Sauvage  (Hippolyte).  La  Ligue  dans  le  Mortainais  et  ses  consé- 
quences (1588-1626).  Mortain,  Mathieu,  1885.  In-12,  56  p.  et  planche. 
(Mortainais  historique  et  monumental,  XXI.) 

633.  Sgaduto  (F.).  Stato  e  Ghiesa  nelle  Due  Sicilie,  dai  Normanni  ai 
giorni  nostri  (sec,  xi-xix).  Palermo,  Andréa  Amenta,  1887.  In-8°,  vni- 
802  p.  12  \. 

634.  ScHiEMANN  (Theod.).  Historische  Darstellungen  und  archivalische 
Studien.  Beitrâge  zur  baltischen  Geschichte.  Hamburg,  Behre,  1886. 
In-8%  vii-264  p.  2  m. 

635.  ScHWAN  (Eduard).  Die  altfranzôsischen  Liederhandschriften,  ihr 
Verhâltniss,  ihre  Entstehung  und  ihre  Bestimmung,  eine  litterarhisto- 
rische  Untersuchung.  Berlin,  Weidmann,  1886.  In-8°,  vm-275  p.  8  m. 

636.  Secretan  (Euj  ).  Sempach  et  Winkelried.  Publié  par  les  soins 
de  la  Société  d'histoire  de  la  Suisse  romande.  Avec  une  carte  du  champ 
de  bataille  de  Sempach.  Lausanne,  Georges  Bridel.  In-8%  32  p.  50  c. 

637.  Serre  (Jean  et  Jean-Baptiste-Henri).  Histoire  de  Brive  ancienne. 
Brive,  impr.  Verlhac,  1885.  In-8°,  163  p. 

638.  SoREL  (Alexandre).  La  Maison  de  Jeanne  d'Arc  à  Domremy. 
Orléans,  Herluison;  Paris,  Champion.  In-8%  102  p.  avec  vues  et  plan. 
2  fr.  50  c. 

639.  Soulice  (L.).  L'Intendant  Foucault  et  la  Révocation  en  Béarn. 
Pau,  impr.  Veronese,  1885.  In-80,  155  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la 
Société  des  sciences,  lettres  et  arts  de  Pau,  1^  série,  t.  XIV.) 

640.  Stein  (Henri).  Le  Sculpteur  Louis-Claude  Vassé,  documents 
inédits.  Paris,  impr.  Pion.  In-8°,  15  p. 

641.  Stubbs  (William).  Seventeen  Lectures  on  the  study  of  médiéval 
and  modem  history  and  kindred  subjects,  delivored  at  Oxford,  under 
statutory  obligation,  in  the  years  1867-1884.  Oxford,  Clarendon  press, 
1886.  In-8%  vii-399  p. 

642.  Table  des  principaux  objets  reproduits  dans  l'Album-Caranda, 
aux  époques  préhistorique,  gauloise,  romaine  et  franque,  provenant 

39 


602 

des  nécropoles  explorées  dans  le  département  de  l'Aisne  de  1873  à  1(S85 
inclusivement.  Paris,  Quantin.  In-4o,  23  p.  avec  fig. 

643.  Tallon  (Marins).  Histoire  civile,  politique  et  religieuse  d'une 
ville  du  Languedoc.  Les  Vans.  Tome  I,  des  origines  à  1721  ;  tome  II,  de 
1721  à  1789.  Privas,  impr.  du  Patriolc,  1884-1885.  In-12,  xxv-207,  344  p. 

644.  Tessier  (Jules).  La  Mort  d'Etienne  Marcel,  étude  historique. 
Paris,  Dupont.  In-8°,  40  p.  (Extrait  de  la  Revue  de  l'enseignement  secon- 
daire et  de  l'enseignement  supérieur.) 

645.  Thellier  (Emile).  Histoire  populaire  de  Mézières-Gharleville  et 
de  leurs  environs.  Gharleville,  Colin.  In-18,  84  p. 

646.  Theuriet  (Charles).  Histoire  de  Nuits-sous-Beaune.  Dijon,  impr. 
Damongeot.  In-S»,  xv-479  p. 

647.  Tholin  (G.).  Ville  libre  et  Barons.  Essais  sur  les  limites  de  la 
juridiction  d'Agen  et  sur  la  condition  des  forains  de  cette  juridiction 
comparée  à  celle  des  tenanciers  des  seigneuries  qui  en  furent  détachées. 
Paris,  Picard.  In-8o,  xvi-264  p.  et  planche. 

648.  TosTi  (don  Luigi),  benedettino  cassinese.  La  Contessa  Matilde  e 
i  romani  Ponteûci.  Roma,  tip.  délia  caméra  dei  deputati,  1886.  In-8°, 
xvn-403  p.  (Opère  complète  di  Luigi  Tosti,  édite  da  Loreto  Pasqualucci, 
vol.  I.)  4  1.  50  c. 

649.  Tourret  (G-.-M.).  Les  Anciens  Missels  du  diocèse  d'Elne.  Nogent- 
le-Rotrou,  impr.  Daupeley-Gouverneur.  In-8o,  66  p.  (Extrait  des  Mémoires 
de  la  Société  nationale  des  antiquaires  de  France,  t.  XLVI.) 

650.  Traditionsbiicher  (Die)  des  Hochstiftes  Brixen  vom  10.  bis 
14.  Jahrhundert.  Herausgegeben  von  D''  Oswald  Redlich.  Innsbruck, 
Wagner,  1886.  In-8°,  Lni-356  p.  (Acta  Tirolensia.  Urkundliche  Quellen 
zur  Geschichte  Tirols.  I.) 

651.  Tridon  (l'abbé  L.-H.).  La  Vie  merveilleuse  de  sainte  Alpais  de 
Cudot,  vierge  et  bergère,  au  xn«  siècle,  écrite  pour  la  première  fois, 
d'après  les  monuments  authentiques  et  les  traditions  locales.  Avignon, 
Seguin  ;  Paris,  Téqui.  In-8o,  677  p. 

652.  Vaissier  (A.).  Les  Mosaïques  du  clos  Saint-Paul,  à  Besançon, 
Dessins  par  A.  Ducat.  Besançon,  impr.  Dodivers.  In-8",  11  p.  et 
2  planches.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  d'émulation  du  Doubs, 

1884.) 

653.  Valentin-Smith  et  Guigue  (M. -G.).  Bibliotheca  Dumbensis,  ou 
Recueil  de  chartes,  titres  et  documents  pour  servir  à  l'histoire  des 
Dombes.  Trévoux,  impr.  Jeannin,  1854-1885.  In-4o,  2  vol.,  xi-764,  813  p. 

654.  Valois  (Noël).  Archives  nationales.  Inventaires  et  documents 
publiés  par  la  direction  générale  des  Archives  nationales.  Inventaire  des 


603 

arrêts  du  conseil  d'État  (règne  de  Henri  IV).  Tome  I.  Paris,  impri- 
merie nationale.  In-4°,  clii-487  p.  (Ministère  de  l'instruction  publique, 
des  cultes  et  des  beaux-arts.) 

655.  Valois  (Noël).  Etude  historique  sur  le  conseil  du  roi.  Introduc- 
tion à  l'inventaire  du  conseil   d'État.   Paris,   imprimerie   nationale. 

^1-4",  CL  p. 

656.  ViLLET  (J.-Gh.).  Notice  sur  Sedan.  (Description  de  la  principauté  ; 
le  Siège  présidial  ;  les  Grands  Jours  ;  la  Salle  des  antiques,  etc.)  Char- 
leville,  impr.  Pouillard.  ln-16,  54  p. 

657.  Vita  (la)  e  i  Miracoli  di  S.  Germano,  vescovo  di  Parigi,  descritti 
in  versi  da  un  anonimo  del  secolo  ix  e  pubblicati  per  la  prima  volta 
coir  epitaffio  del  vescovo  Gozlino  da  Augusto  Gaudenzi,  Bologna,  tip. 
Azzoguidi,  1886.  In-S»,  24  p. 

658.  Weerth  (0.)  et  AnemIiller  (E.).  Bibliotheca  Lappiaca.  Ueber- 
sicht  iiber  die  landeskundliche  und  geschichtliche  Literatur  des  PiJr- 
stenthums  Lippe.  Detmold,  Hinrichs,  1886.  In-S»,  vi-88  p.  1  m.  50  pf. 

659.  ZoNGHi  (can.  Aurelio).  Repertorio  dell'  antico  archivio  comunale 
di  Fano.  Dispensa  I.  Fano,  1886.  In-4»,  80  p.  2  1.  50  c. 


CHRONIQUE  ET  MÉLANGES. 


—  Le  samedi  4  décembre  4886  s'est  éteint,  à  l'âge  de  quatre-vingt-un 
ans,  M.  Natalis  de  Wailly,  l'un  des  hommes  qui  ont  le  mieux  servi  l'École 
des  chartes  et  qui  ont  exercé  la  plus  salutaire  influence  sur  le  dévelop- 
pement de  l'érudition  historique  en  France.  Nous  rendrons  prochaine- 
ment dans  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes  l'hommage  du.  à  une 
mémoire  aussi  chère  et  aussi  vénérée.  Aujourd'hui  nous  insérons  les 
paroles  émues  que  notre  confrère  M.  Gaston  Paris,  président  de  l'Aca- 
démie des  inscriptions  et  belles-lettres,  a  prononcées,  le  10  décembre, 
en  ouvrant  la  séance,  qui  a  été  immédiatement  levée  en  signe  de  deuil  : 

«  Messieurs, 

«  Les  inquiétudes  que  je  vous  exprimais  vendredi  étaient  trop  fon- 
dées. Le  lendemain,  4  décembre,  à  huit  heures  du  matin,  M.  de  Wailly, 
doyen  de  cette  compagnie,  était  enlevé  à  la  science,  à  sa  famille,  à  notre 
affection  et  à  nos  respects.  Malgré  ses  quatre-vingt-un  ans,  la  maladie  qui 
l'a  emporté  en  quelques  jours  l'avait  atteint  en  pleine  vigueur  physique  et 
morale,  en  pleine  vie  d'esprit  et  de  cœur.  Nous  le  possédions  encore 
tout  entier,  nous  le  perdons  tout  d'un  coup,  et  le  vide  qu'il  laisse  ne 
sera  pas  aisément  comblé.  Par  la  droiture  de  son  caractère,  la  rectitude 
de  son  jugement,  la  netteté  de  ses  vues,  la  ferme  simplicité  de  son  lan- 
gage, autant  que  par  son  droit  d'ancienneté,  il  jouissait  d'une  autorité 
incontestée  parmi  nous.  Le  poids  que  jetait  dans  une  discussion  sa  sobre 
parole  était  le  plus  souvent  décisif.  La  crainte  de  mériter  le  blâme  de 
M.  de  Wailly  faisait  hésiter  et  réfléchir  plus  d'un  d'entre  nous,  surtout 
de  ceux  qui  étaient  assis  au  bureau.  Rien  n'avait  plus  de  prix,  en 
revanche,  que  l'expression,  peu  prodiguée,  mais  toujours  sincère,  de 
son  approbation.  Il  était  vraiment  ici  ce  que,  d'après  un  voyageur  italien 
du  xiv^  siècle,  était  le  sire  de  Joinville  dans  ses  derniers  jours  à  la  cour 
de  France,  le  dépositaire  des  traditions,  consulté  sur  tout,  écouté  et 
respecté  de  tous.  Que  de  fois  il  nous  arrivera  encore,  au  moment  d'une 
décision  à  prendre,  de  tourner  instinctivement  nos  regards  vers  la  place 
où  ils  étaient  accoutumés  à  chercher  les  siens,  espérant  une  adhésion, 
même  tacite,  qui  seule  nous  rassurait  pleinement! 

«  M.  de  Wailly,  il  y  a  huit  ans  déjà,  avait  déposé  au  secrétariat  un 
pli  où  il  déclarait  sa  volonté  expresse  qu'aucun  discours  ne  fût  prononcé 


605 

sur  sa  tombe.  Mardi  dernier,  les  larmes  des  parents  qui  l'entouraient 
d'une  tendre  vénération,  la  tristesse  de  ses  confrères  et  de  ses  amis, 
l'affliction  des  pauvres,  la  présence  des  auxiliaires  et  des  objets  de  son 
active  charité  le  louaient  assez  haut.  En  vous  parlant  de  lui  aujourd'hui, 
je  ne  veux  qu'esquisser  rapidement  la  figure  de  l'homme  de  bien  et  du 
savant  éminent  que  nous  venons  de  perdre  ;  je  n'ai  nullement  la  pré- 
tention de  présenter  de  sa  vie  et  de  son  œuvre  un  tableau  complet,  pour 
lequel  le  temps  et  la  compétence  me  manqueraient,  et  que  notre  secré- 
taire perpétuel  se  fera  certainement  un  devoir  et  un  honneur  de  tracer 
devant  vous  d'une  main  autorisée. 

«  Nous  avons  connu  M.  de  Wailly  comme  un  savant  exact  et  cons- 
ciencieux, comme  un  chrétien  sincère^  comme  un  esprit  grave  et  pru- 
dent, comme  un  caractère  élevé,  droit  et  sûr,  d'une  tenue  correcte  et 
digne,  d'un  abord  un  peu  froid.  Les  traits  principaux  de  cette  physio- 
nomie ont  dû  toujours  être  à  peu  près  les  mêmes  ;  mais  pour  le  retrou- 
ver tel  qu'il  fut  plus  jeune,  tel  qu'il  était  souvent  encore,  il  faut  ajouter 
que  la  gaieté  ne  lui  était  nullement  étrangère,  que  sa  gravité  n'avait 
rien  de  morose,  que  sa  réserve  n'excluait  ni  la  familiarité  ni  l'expansion, 
et  que  sa  froideur  apparente  cachait  un  cœur  très  bon,  très  tendre  et 
très  chaud.  La  sévérité  habituelle  de  son  attitude  et  de  sa  vie  en  est 
elle-même  une  preuve.  Tout  jeune,  il  fut  atteint  par  une  douleur  qui 
marqua  son  cœur  d'une  empreinte  ineffaçable,  montrant  par  là  com- 
bien ce  cœur  avait  été  profondément  pénétré  de  l'affection  qui  lui  était 
ravie.  Il  perdit  en  même  temps  sa  jeune  femme  et  l'enfant  qu'elle  venait 
de  lui  donner.  Depuis  lors,  pendant  cinquante  ans  et  plus,  il  a  vécu 
dans  ce  souvenir,  auquel  il  joignit  celui  de  sa  mère,  quand  elle  fut 
enlevée,  il  y  a  seize  ans  seulement,  au  culte  dévoué  qu'il  lui  rendait. 
La  blessure  qu'il  avait  reçue  en  1834  était  restée  si  sensible  qu'il  était 
interdit,  même  à  ses  parents  les  plus  proches  et  les  plus  chers,  de  lui 
parler  jamais  de  ce  passé.  La  douleur  raviva  dans  son  âme  les  senti- 
ments religieux,  qui,  pendant  un  temps,  y  avaient  sans  doute  été  moins 
dominants  ;  car  nous  le  voyons,  collaborateur  du  Globe  et  du  National, 
entrer  aux  Archives,  derrière  Daunou  et  avec  Michelet,  à  la  suite  de 
la  révolution  de  1830.  Frappé  dans  sa  vie  la  plus  intime,  il  se  tourna 
vers  la  seule  source  où  il  crût  pouvoir  puiser,  sinon  la  consolation,  au 
moins  la  résignation  et  la  force  ;  mais  de  son  passage  dans  un  milieu 
différent  il  conserva  des  amitiés  et  des  admirations  qui  prouvent  que 
sa  religion  n'était  pas  intolérante.  Je  n'en  veux  d'autre  témoignage  que 
sa  belle  notice  sur  Benjamin  Guérard,  monument  durable  d'une  inti- 
mité où  il  se  donnait  modestement  la  seconde  place  et  qui  les  honore 
également  l'un  et  l'aatre. 

«  Attiré  de  bonne  heure  vers  l'histoire,  il  alla  droit,  dès  qu'il  travailla 
pour  lui-même,  aux  documents  de  première  main,  aux  sources  directes, 
et  les  étudia  de  près.  En  1838,  il  exécuta  de  la  façon  la  plus  satisfai- 


606 

santé  la  tâche  qu'il  avait  acceptée  de  rédiger,  surtout  pour  servir  à  la 
publication,  nouvellement  inaugurée,  des  Documents  sur  l'histoire  de 
France,  des  Éléments  de  paléographie  qui  contiennent  un  véritable  cours 
de  diplomatique,  habile  et  clair  résumé  des  travaux  des  bénédictins  ;  il 
y  joignit  sur  la  sigillographie  des  vues  toutes  nouvelles,  fruit  de  recherches 
propres,  et  qui  ont  été  singulièrement  fécondes.  Appelé  en  1841  dans 
le  sein  de  l'Académie,  il  se  consacra  presque  entièrement  à  la  publica- 
tion des  Historiens  de  France,  dont  il  a,  de  concert  avec  MM.  Guigniaut, 
Jourdain  et  Delisle,  préparé  les  tomes  XXI,  XXII  et  XXIII.  Les 
nombreux  travaux  qu'il  inséra  pendant  vingt  ans  dans  nos  Mémoires  ou 
dans  d'autres  recueils  se  rattachent  en  général  aux  études  nécessitées 
par  cette  publication.  Ils  se  distinguent  tous  par  une  excellente  méthode, 
une  grande  clarté,  une  remarquable  précision  ;  l'objet  en  est  nettement 
déterminé,  prudemment  poursuivi,  sûrement  atteint;  l'imagination  ne 
joue  aucun  rôle  dans  la  recherche  ;  aussi  les  résultats  acquis  sont  pour 
la  plupart  définitifs.  Cet  ensemble  de  travaux  suUirait  pour  assurer  à 
M.  de  Wailly  un  rang  très  honorable  parmi  nos  historiens. 

«  Il  devait  toutefois  produire  des  œuvres  plus  distinguées  encore  et 
d'un  caractère  scientifique  plus  personnel.  Il  lui  était  réservé,  tant  son 
esprit,  son  jugement  et  sa  méthode  s'étaient  sagement  et  constamment 
développés,  de  donner  dans  sa  vieillesse  les  meilleurs  fruits  de  son  tra- 
vail. Il  avait  plus  de  soixante  ans  quand  il  publia  sa  première  édition 
de  Joinville,  qu'il  devait  à  trois  reprises  renouveler  et  perfectionner. 
Poussé  vers  l'aimable  biographe  de  saint  Louis  par  une  sympathie  natu- 
relle et  par  ses  études  sur  le  xiii^  siècle,  il  voulut  se  rendre  un  compte 
exact  de  la  tradition  manuscrite  d'une  œuvre  dont  l'authenticité  plénière 
avait  été  révoquée  en  doute  de  différents  côtés.  Il  réussit  à  classer  en 
famille  les  trois  seuls  manuscrits  connus,  appliquant  ainsi  pour  la  pre- 
mière fois  à  un  texte  français  du  moyen  âge  ces  procédés  sûrs  et  déli- 
cats qui  devaient  après  lui  être  si  souvent  mis  en  œuvre.  En  restaurant 
par  ce  moyen  les  leçons  de  l'original  perdu,  il  reconnut  qu'aucun  des 
manuscrits  parvenus  jusqu'à  nous,  tous  diversement  rajeunis,  ne  pré- 
sentait les  formes  de  langage  qu'avait  dû  employer  Joinville,  et  qu'in- 
diquait souvent  la  divergence  même  des  altérations.  Pour  les  retrouver, 
il  se  livra  à  un  genre  de  travail  qui  n'était  pas  seulement  tout  nouveau 
pour  lui,  dont  il  était  en  réalité  le  premier  à  donner  l'exemple  en  pra- 
tique, bien  qu'on  l'eût  souvent  recommandé  en  théorie.  Il  dépouilla 
avec  la  plus  scrupuleuse  exactitude  les  chartes  émanées  de  la  chancel- 
lerie de  Joinville,  pour  en  tirer  une  orthographe  et  une  grammaire  ;  il 
employa  pour  cela  une  méthode  qu'il  s'était  faite  à  lui  seul,  qui  offrait 
sans  doute  des  lacunes  et  des  imperfections,  mais  qui  avait  l'avantage 
d'être  claire  et  intelligible  à  tous  et  de  présenter  des  garanties  de  nature 
à  convaincre  les  plus  sceptiques.  Cette  orthographe  et  cette  grammaire 
ainsi  conquises,  il  n'hésita  pas  à  les  introduire,  en  leurs  traits  essentiels, 


607 

contre  tous  les  manuscrits,  dans  le  texte  de  sa  troisième  édition.  C'était 
là  une  hardiesse  qu'alors  bien  des  savants  plus  jeunes  n'auraient  pas 
eue  :  ce  défenseur  des  traditions  ne  reculait  devant  aucune  innovation, 
quand  une  recherche  menée  en  dehors  de  tout  parti  pris  lui  en  avait 
démontré  la  légitimité.  On  le  trouva  pourtant  encore  un  peu  timide, 
dans  l'école  philologique  qui  se  formait;  on  lui  demanda  de  régulariser 
l'orthographe  phonétique  aussi  bien  que  l'orthographe  grammaticale  .: 
il  s'y  refusa,  mais  seulement  après  avoir  justifié  à  ses  propres  yeux,  par 
une  nouvelle  et  minutieuse  étude,  la  circonspection  qu'il  croyait  devoir 
cette  fois  observer.  Attentif  d'ailleurs  à  toute  critique,  reconnaissant  de 
toute  suggestion  utile,  il  déférait,  après  en  avoir  soigneusement  vériûé 
le  bien  fondé,  aux  observations  que  lui  soumettaient  des  confrères  en 
érudition  qui  étaient  loin  d'avoir  son  âge  et  son  autorité.  Il  prit  de  plus 
en  plus  goût  à  ces  exercices  de  critique  philologique,  auxquels  il  appor- 
tait, avec  la  prudence  d'un  maître,  l'ardeur  d'un  débutant,  et  il  traita  le 
livre  héroïque  de  Villehardouin  et  les  charmants  récits  du  Ménestrel  de 
Reims  comme  il  avait  fait  des  mémoires  de  Joinville.  Récemment 
encore,  s'attachant  à  la  vérification  d'idées  qui  le  préoccupaient,  il  nous 
communiquait  des  recherches  sur  le  système  graphique  employé  par 
les  notaires  ou  «  amans  »  messins.  Mais  Joinville  resta  son  travail  de 
prédilection,  auquel  il  revenait  toujours  pour  en  améliorer,  soit  le  texte, 
soit  le  commentaire  ;  c'est  aussi  celle  de  ses  publications  qui,  sous  ses 
diverses  formes,  accompagnée  de  la  traduction  fidèle  qu'il  a  trois  fois 
revue,  a  justement  valu  à  son  nom  le  plus  de  réputation  dans  le  monde 
savant  et  le  plus  de  notoriété  dans  le  grand  public. 

«  M.  de  Wailly  avait  quitté  en  1871  la  haute  situation  occupée  par  lui 
pendant  seize  années  à  la  Bibliothèque  nationale  ;  quand  il  eut  soixante- 
dix  ans,  après  que  l'Académie  venait  de  lui  conférer  le  rare  honneur 
d'une  seconde  présidence,  il  manifesta,  avec  sa  fermeté  ordinaire,  son 
désir  de  ne  plus  faire  partie  d'aucune  commission.  Il  n'en  remplit  pas 
moins  ses  devoirs  d'académicien  avec  la  plus  constante  assiduité,  et  il 
fut  jusqu'à  son  dernier  jour  une  des  lumières  de  la  compagnie.  Dans  sa 
retraite  paisible,  il  travaillait  d'ailleurs  toujours,  poursuivant  sans 
relâche,  par  des  investigations  dont  il  ne  livrait  au  public  qu'une  bien 
petite  partie,  la  vérité  dans  ses  nuances  les  plus  fines  ;  il  consacrait  le 
reste  de  son  temps  aux  bonnes  œuvres  et  à  quelques  fidèles  amitiés. 
Dans  ces  dernières  années,  il  s'occupait  avec  prédilection  d'un  travail 
qui  satisfaisait  merveilleusement  toutes  ses  aspirations  :  il  voulait  don- 
ner une  nouvelle  édition  de  l'Imitation  de  Jésus-Christ,  et  il  avait  entre- 
pris, pour  s'y  préparer,  une  de  ces  séries  de  recherches  ingénieusement 
méthodiques  où  il  excellait.  C'est  dans  la  méditation  de  ce  beau  livre 
que  la  mort  est  venue  le  prendre,  non  le  surprendre  :  il  l'attendait,  il  ne 
lui  a  point  résisté  et  il  s'est  endormi  doucement  dans  la  sérénité  de  sa 
conscience  et  dans  la  certitude  de  sa  foi.  » 


608 

—  Dans  la  journée  du  22  octobre  1886,  notre  confrère  M.  René  Bis- 
son  de  Sainte-Marie  a  été  victime  d'un  malheureux  accident  à  la  Mon- 
naie, où  il  était  attaché,  et  le  soir  même  il  succombait  sans  avoir  repris 
connaissance. 

Aux  funérailles,  qui  ont  eu  lieu  le  24,  M.  Louis  Farges,  archiviste 
paléographe,  a  prononcé  sur  la  tombe  les  paroles  suivantes  : 

«  Je  crois  être  l'interprète  de  tous  ceux  qui  ont  connu  René  Bisson 
de  Sainte-Marie  à  l'École  des  chartes  en  venant  ici  lui  dire  un  suprême 
adieu. 

«  Il  n'était  pas  de  ceux  qui  recherchent  le  bruit  et  la  foule  et,  comme 
s'il  avait  eu  le  pressentiment  de  sa  fin  prématurée,  sa  timidité  naturelle 
était  encore  voilée  d'une  habituelle  mélancolie.  On  aurait  dit  qu'il  savait 
combien  pour  lui  la  vie  devait  être  courte  et  que,  par  avance,  il  en 
dédaignait  et  les  luttes  et  les  misères. 

«  Mais  quand  il  fallait  rendre  service  à  ses  camarades,  avec  quelle 
bonne  grâce  il  consentait  alors  à  se  départir  de  sa  réserve  et  à  faire  effort 
sur  sa  modestie!  Ceux  qu'il  obligeait  ainsi  devenaient  bientôt  ses  amis, 
car  ils  appréciaient  bientôt  toutes  ses  qualités.  Esprit  fin,  délicat,  ori- 
ginal, il  s'était  senti  entraîné  vers  l'histoire  si  curieuse  de  l'Orient'latin, 
et,  dans  sa  thèse  sur  le  duché  d'Athènes  et  la  baronnie  d'Argos,  il  avait 
suivi  avec  une  curiosité  passionnée  cette  épopée  des  barons  chrétiens  au 
pays  classique  des  héros  et  des  demi-dieux. 

«  Nous  espérons  que  ce  livre  sera  publié  et  qu'il  sauvera  son  nom  de 
l'oubli,  mais  alors  même  qu'il  n'en  serait  pas  ainsi,  le  souvenir  de 
René  Bisson  de  Sainte-Marie  ne  s'effacera  pas  du  cœur  de  ceux  qui  l'ont 
connu.  Nous  n'oublierons  jamais  qu'il  nous  a  été  donné  de  connaître  en 
lui  un  des  esprits  les  plus  sincèrement  épris  du  vrai  et  du  beau,  un  des 
cœurs  les  plus  affectueux  qui  se  puissent  rencontrer,  une  de  ces  âmes 
enfin  foncièrement  honnêtes  et  pures,  pour  lesquelles  faire  le  bien  est 
quelque  chose  de  naturel  et  d'inné. 

«  En  envoyant  à  sa  mère  et  à  sa  famille  la  respectueuse  expression  de 
nos  douloureux  regrets,  nous  pourrons  du  moins  lui  offrir  cette  triste, 
mais  bien  sincère  consolation,  c'est  que  la  vie  de  celui  que  nous  pleu- 
rons avec  elle  sera  pour  nous  plus  qu'un  souvenir,  elle  restera  un 
exemple.  » 

—  Par  arrêté  du  17  novembre  1886,  ont  été  nommés  élèves  de  l'École 
des  chartes,  dans  l'ordre  de  mérite  suivant,  les  candidats  ci-après 
dénommés,  savoir  : 

MM. 

1.  Guillaume  (Joseph-Jean-Rémy),  né  à  Paris,  le  17  septembre  1866. 

2.  SoEHNÉE  (Henri-Alexis-Frédéric),  né  à  Paris,  le  31  mars  1866. 

3.  Lot  (Victor-Henri-Ferdinand),  né  au  Plessis-Piquet  (Seine),  le 
20  septembre  1866. 


609 

4.  Réville  (André),  né  h  Rotterdam  (Pays-Bas),  le  28  janvier  1867. 

5.  PoËTE  (César-Marcel),  né  à  Rougemont  (Uoubs),  le  10  octobre  186G. 

6.  Petit  (Charles-Edmond),  né  à  Saint-Nazaire  (Loire-Inférieure),  le 
26  janvier  1866. 

7.  Walcivenaer  (André-Marie),  né  à  Lisieux  (Calvados),  le  24  juil- 
let 1867. 

8.  Delzons  ( Marie-François- Amédée- Alphonse),  né  à  Aurillac  (Can- 
tal), le  18  janvier  1863. 

9.  De  Roux  (Auguste-.Toseph-Henri),  né  à  Hyères  (Var),le28  août  1867. 

10.  Plista  (Louis- Joseph- Achille),  né  à  Bourgogne  (Marne),  le 
31  décembre  1863. 

11.  Labande  (Honoré -Lambert),  né  à  Orrouy  (Oise),  le  17  sep- 
tembre 1867. 

12.  Clément  (Maurice-Auguste),  né  à  Enghien-les-Bains  (Seine-et- 
Oise),  le  26  juin  1865. 

13.  Vernier  (Jules-Josoph),  né  àNogent  (Haute-Marne),  le  3  avril  1866. 

14.  Lacaille  (Henri-Marie),  né  à  Paris,  le  7  septembre  1862. 

15.  Mazerolle  (Fernand-Joseph),  né  à  Paris,  le  24  mars  1868. 

16.  Lequatre  (Georges-Joseph),  né  à  Cepoy  (Loiret),  le  10  octobre  1865. 

17.  Planchenault  (Adrien-Charles- Félix  ) ,  né  à  Angers  (Maine-et- 
Loire),  le  m  mai  1862. 

18.  Meunier  (Georges-Élie),  né  à  Guingamp  (Côtes-du-Nord),  le 
9  octobre  1865. 

19.  Lemoine  (François-Henri-Marie),  né  à  Limoges  (Haute- Vienne),  le 
30  avril  1864. 

20.  Bloch  (Camille),  né  à  Thillot  (Vosges),  le  17  juillet  1865. 

—  Par  arrêté  du  23  octobre  1886,  notre  confrère  M.  Cadier  a  été  nommé 
membre  de  l'École  française  de  Rome  pour  l'année  scolaire  1886-1887. 

—  Par  arrêté  du  19  décembre  1886,  notre  confrère  M.  Salone,  profes- 
seur en  congé  d'inactivité,  a  été  délégué  dans  les  fonctions  de  secrétaire 
particulier  du  ministre  de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts. 

—  Par  décret  du  29  décembre  1886,  notre  confrère  M.  Gaston  Paris 
a  été  promu  officier  dans  l'ordre  de  la  Légion  d'honneur. 

—  Par  décret  du  même  jour,  notre  confrère  M.  Paul  Lacombe  a  été 
nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

—  Par  décret  du  31  décembre  1886,  notre  confrère  M.  le  baron  Cerise 
a  été  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

—  Par  arrêté  du  30  décembre  1886,  nos  confrères  MM.  Brièle  et 
Henry  Martin  ont  été  nommés  officiers  de  l'instruction  publique. 

—  Par  arrêté  du  même  jour,  notre  confrère  M.  Hiélard  a  été  nommé 
officier  d'académie. 


6^0 

—  L'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  a  tenu  sa  séance 
annuelle  le  vendredi  19  novembre  1S86.  Nous  reproduisons  le  discours 
d'ouverture  qu'a  prononcé  notre  confrère  M.  Gaston  Paris. 

«  Messieurs, 

«  En  ce  jour  où  nous  nous  réunissons  pour  jeter  un  coup  d'œil  sur 
l'année  qui  vient  de  s'écouler  et  rendre  compte  au  public  d'une  partie 
de  notre  œuvre  commune,  notre  pensée  se  tourne  naturellement  d'abord 
vers  ceux  qui,  l'année  dernière,  étaient  parmi  nous  et  que  nous  avons 
la  douleur  de  n'y  plus  voir.  Ce  sentiment  s'impose  surtout  aujourd'hui 
à  votre  président  :  je  reviens  à  peine  d'accompagner  à  sa  dernière 
demeure  celui  qui  occupait  cette  place  avant  moi,  avec  un  zèle  et  une 
bonne  grâce  qui  ne  semblaient  pas  lui  coûter  les  efforts  qu'il  s'imposait. 
Il  me  semble  l'entendre  saluer  en  votre  nom  les  morts  qui  venaient  de 
nous  quitter,  ou  qui  plutôt,  disait-il,  étaient  encore  présents  parmi 
nous.  Il  avait  raison  :  le  souvenir  est  une  vie  posthume  qui  se  prolonge 
d'autant  plus  qu'on  laisse  après  soi  plus  d'amis,  et  dans  des  compagnies 
comme  la  nôtre,  qui  sont  des  fraternités  d'élection,  cette  survivance  est 
longue  et  fidèle.  Nous  n'oublierons  pas  Ernest  Desjardins,  ni  les  deux 
confrères  qui  l'ont  précédé  dans  la  tombe  :  le  savoir  solide,  la  curiosité 
variée,  l'esprit  fin  d'Emmanuel  Miller,  le  sens  droit  et  élevé,  les  con- 
naissances étendues,  les  rares  facultés  pratiques  de  Charles  Jourdain 
ont  marqué  ici  une  trace  profonde  qui  conservera  longtemps  leur 
mémoire. 

«  Mais  la  palme,  qui  est  notre  emblème,  remplace  aussitôt  par  de  nou- 
veaux rameaux  ceux  dont  le  temps  la  dépouille.  Qu'il  me  soit  permis, 
après  avoir  dit  adieu  à  ceux  qui  sont  partis,  de  souhaiter  la  bienvenue 
à  ceux  qui  arrivent,  aux  trois  nouveaux  confrères  que  nous  avons 
accueillis  cette  année,  MM.  Gaston  Boissier,  Héron  de  Villefosse  et 
Longnon.  Nous  avons  besoin  de  ces  auxiliaires  nouveaux  et  zélés  pour 
continuer  à  remplir  dignement  la  tâche  qui  nous  est  confiée,  et  par 
l'Etat  et  par  les  particuliers.  Sans  parler  des  lectures  qui  occupent  nos 
séances,  des  travaux  qui  forment  les  volumes  de  nos  mémoires,  des 
grandes  publications  que  nous  sommes  chargés  de  poursuivre,  nous 
avons  à  juger  chaque  année  des  concours  de  plus  en  plus  nombreux, 
et  dont  la  variété,  croissante  aussi,  exige  une  égale  variété  de  compé- 
tences. Cette  année  même  une  importante  fondation,  d'un  caractère 
tout  nouveau,  vient  de  mettre  à  notre  disposition  des  ressources  qui 
demanderont,  pour  trouver  leur  meilleur  emploi,  nos  réflexions  les  plus 
attentives.  M.  Benoît  Garnier,  d'abord  drogman,  puis  chargé  d'une 
importante  mission  à  Madagascar,  enfin  consul  de  France  à  Bangkok, 
à  Batavia  et  à  Shanghaï,  aimait  la  science  et  la  patrie.  En  mourant,  il 
y  a  trois  ans,  il  a  laissé  à  l'École  des  langues  orientales  la  riche  biblio- 
thèque qu'il  avait  formée,  et  il  a  fait  à  notre  compagnie  un  legs  qui 


644 

nous  met  aujourd'hui  en  possession  d'une  somme  de  près  de  quatre 
cent  mille  francs.  Les  intérêts  de  ce  capital  doivent  être  employés,  non 
à  fonder  un  prix,  mais  à  subventionner  des  voyages  d'exploration  scien- 
tifique dans  l'Afrique  centrale  ou  dans  les  régions  de  la  haute  Asie.  En 
chargeant  notre  Académie  de  tracer  le  programme  de  ces  expéditions, 
M.  Garnier  a  indiqué  quel  en  doit  être  le  caractère  :  l'archéologie,  la 
géographie  historique,  la  linguistique,  l'ethnographie,  eu  formeront 
l'objet  essentiel.  Je  suis  heureux  de  signaler  à  la  reconnaissance 
publique  le  nom  désormais  impérissable  de  l'homme  à  qui  la  science 
devra  bientôt  de  nouveaux  progrès  et  la  France  de  nouvelles  gloires. 

«  Le  sujet  du  prix  ordinaire  pour  1886  était  le  suivant  :  Faire  d'après 
les  textes  et  les  monumenls  figurés  le  tableau  de  l'éducation  et  de  l'instruc- 
tion que  recevaient  les  jeunes  Athéniens  aux  F*  et  F/"  siècles  avant  J.-C. 
jusqu'à  l'âge  de  dix-huit  a7is.  Si,  dans  un  coin  de  terre  vraiment  élu,  à 
une  époque  privilégiée,  a  pu  s'épanouir  une  des  plus  belles  fleurs  de 
l'humanité,  c'est  grâce  à  une  sage  et  libre  culture  autant  qu'à  de  rares 
faveurs  du  ciel  ;  rien  ne  peut  intéresser  plus  que  de  retrouver,  à  l'aide 
des  nombreux  documents  qui  témoignent  de  l'attention  passionnée 
qu'y  apportaient  les  Athéniens  eux-mêmes,  cette  culture  et  cette  florai- 
son. Aussi  avons-nous  reçu  quatre  mémoires,  dont  trois  au  moins  sont 
le  fruit  d'un  sérieux  travail.  Le  prix  a  été  obtenu  par  le  mémoire  de 
M.  Paul  Girard,  ancien  membre  de  l'École  d'Athènes,  maître  de  confé- 
rences à  la  faculté  des  lettres  de  Paris.  C'est  une  étude  excellente,  où 
la  solidité  et  l'étendue  des  recherches  sont  mises  en  pleine  valeur  par 
une  heureuse  composition,  une  exposition  claire,  un  style  d'une  élé- 
gante simplicité.  On  pourrait  souhaiter  que  l'auteur  eût  donné  plus  de 
développement  à  la  partie  générale,  à  la  conclusion  ;  mais  c'est  ce  qu'il 
ne  manquera  pas  de  faire  quand  il  reverra  son  travail  à  loisir,  sans 
être  enfermé  dans  les  étroites  limites  du  temps  fixé  pour  un  concours. 

«  Pour  la  quatrième  fois  depuis  quelques  années,  nous  nous  sommes 
vus  dans  l'heureuse  nécessité  de  demander  au  ministère  de  l'instruction 
publique,  qui  a  bien  voulu  nous  l'accorder,  une  médaille  supplémen- 
taire en  dehors  des  trois  médailles  que  comporte  régulièrement  le 
concours  des  antiquités  de  la  France. 

«  La  première  médaille  est  attribuée  à  M.  Fichot,  pour  sa  Statistique 
monumentale  du  département  de  l'Aube  (en  cours  de  publication). 
M.  Fichot  est  un  artiste,  devenu,  par  l'expérience  et  l'étude,  un  excel- 
lent archéologue.  Depuis  longtemps,  il  s'était  appliqué  à  mettre  dans 
ses  reproductions  graphiques  d'objets  archéologiques  cette  minutieuse 
exactitude  qu'on  obtient  si  rarement  des  dessinateurs,  et  qui  peut  seule 
contenter  les  savants.  Maintenant,  il  s'est  donné  pour  mission  de  con- 
naître et  de  faire  connaître  tout  ce  que  le  département  de  l'Aube  con- 
tient de  monuments  anciens,  en  prenant  le  mot  monument  dans  son 
sens  le  plus  large.  Après  de  longues  années  d'exploration  méthodique, 


6^2 

il  a  commencé  en  1881  la  belle  publication  qui  compte  aujourd'hui  près 
de  cinquante  livraisons.  Ses  descriptions,  pour  lesquelles  il  a  judicieu- 
sement utilisé  ce  qui  avait  été  fait  avant  lui,  sont  rédigées  avec  simpli- 
cité, mais  dans  une  bonne  langue  archéologique,  agréables  à  lire  et 
faciles  à  comprendre  ;  elles  sont  accompagnées  d'une  énorme  quantité 
de  figures,  toutes  exécutées  par  lui  d'après  ses  principes  de  rigoureuse 
fîdéhté.  Il  ne  parle  de  rien  qu'il  n'ait  vu,  et  rien  n'échappe  à  sa  perspi- 
cacité. Il  ne  néglige  ni  les  pierres  à  moitié  frustes  auxquelles  il  arrache 
quelque  blason  ou  quelque  reste  de  bas-reliefs,  ni  les  débris  de  ver- 
rières dont  il  reconnaît  le  style  et  les  sujets  sous  des  amas  séculaires 
de  poussière,  ni  les  objets  mobiliers,  souvent  d'une  réelle  valeur, 
enfouis  dans  des  sacristies  de  village  et  sauvés  par  lui  de  risques  de  tout 
genre.  En  proclamant  le  mérite  et  l'utilité  de  l'œuvre  de  M.  Fichot, 
nous  souhaitons  vivement  qu'il  trouve  des  imitateurs  dans  chacun  de 
nos  départements  :  la  richesse  artistique  de  la  France  sera  ainsi  tout 
entière  mise  en  lumière  et  en  valeur. 

«  La  seconde  médaille  est  donnée  à  M.  Paul  Durrieu,  pour  son 
volume  aussi  agréable  que  neuf  sur  les  Gascons  en  Italie.  «  Semez  des 
«  Gascons,  disait  Henri  IV  à  ses  jardiniers  découragés  d'essais  infruc- 
«  tueux  :  ils  prennent  partout.  »  Il  faut  interpréter  cette  saillie  par  le 
mot  d'un  autre  grand  Gascon,  mis  par  M.  Durrieu  en  tête  de  son  livre  : 
«  La  Gascogne,  dit  Montluc,  est  un  magasin  de  soldats,  la  pépinière  dos 
«  armées,  la  fleur  et  le  choix  de  la  plus  belliqueuse  noblesse  delà  terre, 
«  et  l'essain  de  tant  de  braves  guerriers  qui  peuvent  contester  l'honneur 
«  de  la  vaillance  avec  les  plus  fameus  capitènes  grecs  et  romains.  » 
Dès  le  xui»  et  le  xiv«  siècle,  ces  hardis  «  cadets  »  firent  parler  d'eux  au 
delà  des  Alpes.  Le  récit  de  leurs  exploits,  tiré  des  chroniques  et  des 
archives  de  France  et  d'Italie,  attirera  des  lecteurs  en  dehors  même  de 
la  sphère  oii  se  renferment  habituellement  les  publications  de  cet  ordre. 
M.  Durrieu,  tout  Gascon  qu'il  est  lui-même,  ne  se  laisse  jamais  entraî- 
ner au  delà  de  ce  qui  est  rigoureusement  établi  ;  si  sa  narration  est 
vivante,  son  style  est  sobre  et  correct.  Les  deux  morceaux  les  plus 
étendus  et  les  plus  intéressants  du  livre  sont  l'histoire  de  la  brillante 
campagne  de  Jean  II[  d'Armagnac,  si  brusquement  terminée  en  1391 
sous  les  murs  d'Alexandrie,  et  celle  de  l'extraordinaire  carrière  du  rou- 
tier Bernardon  de  la  Salle,  qui  finit  par  se  mettre  au  service  de  Jean 
Galéas  Visconti,  et,  devenu  un  traître  aux  yeux  du  comte  d'Armagnac, 
fut  tué  par  ses  ordres  dans  cet  étonnant  passage  des  Alpes,  où  deux 
armées  presque  entièrement  gasconnes,  marchant  parallèlement  pour 
rejoindre  deux  partis  contraires,  se  massacrèrent  l'une  l'autre.  La 
récompense  accordée  à  M.  Durrieu  pour  ce  volume  atteint  aussi  son 
livre  sur  le  connétable  d'Armagnac,  mentionné  à  l'un  de  nos  précé- 
dents concours. 

«  Depuis  longtemps,  à  ces  concours,  nous  distinguons  les  travaux  de 


643 

M.  l'abbé  Albanès,  qui  s'est  donné  pour  tâche  principale  de  reconsti- 
tuer l'histoire  ecclésiastique  de  la  Provence.  Ses  publications  déjà  nom- 
breuses montrent  en  lui  un  savant  original,  laborieux,  à  la  fois  ingé- 
nieux et  prudent  :  nous  rappellerons  surtout  son  importante  édition  de 
la  Vie  de  sainte  Douceline  (1879)  et  sa  notice  sur  le  Couvent  de  Saint- 
Maximin  (1881).  Cette  année,  il  nous  a  envoyé  plusieurs  dissertations 
dans  lesquelles  il  s'est  proposé  de  réformer  les  catalogues  épiscopaux 
contenus  dans  le  tome  I«'"  de  la  Gallia  christiana.  L'insuflisance  de 
cette  partie  du  grand  ouvrage  des  Bénédictins  était  connue;  mais  on 
n'avait  pas  exactement  déterminé  les  points  faibles  du  travail  et  mesuré 
l'importance  des  erreurs  historiques  qui  en  ont  été  la  conséquence.  Il 
est  aujourd'hui  démontré  que  les  listes  des  évêques  et  des  abbés  des 
provinces  d'Aix,  d'Arles  et  d'Avignon  ne  doivent  être  consultées 
qu'avec  la  plus  grande  précaution,  tant  elles  présentent  de  fautes, 
d'anachronismes  et  de  lacunes.  Non  content  d'avoir  signalé  le  mal, 
M.  l'abbé  Albanès  a  montré  comment  on  peut  le  réparer.  Autant  il  a 
employé  de  sagacité  et  de  critique  à  reconnaître  la  nature  et  l'origine 
des  erreurs  qu'il  avait  à  relever,  autant  il  a  mis  de  patience  à  recueil- 
lir, dans  les  archives  locales  et  surtout  dans  les  registres  du  Vatican, 
les  documents  à  l'aide  desquels  les  listes  vraies  pourront  être  rétablies  : 
ce  double  mérite  le  recommandait  à  nos  suflYages. 

«  C'est  pour  M.  François  Delaborde  que  nous  avons  demandé  notre 
quatrième  médaille.  En  publiant  de  nouveau  les  ouvrages  en  prose  et 
en  vers  qui  nous  ont  conservé  l'histoire  officielle  de  Philippe-Auguste, 
—  le  récit  de  Rigord,  celui  de  Guillaume  le  Breton,  et,  du  même,  le 
poème  de  la  Phihppide,  —  M.  Delaborde  a  rendu  un  important  service  à 
l'étude  de  notre  histoire.  L'examen  minutieux  des  anciennes  copies  n'a 
pas  eu  seulement  pour  résultat  l'établissement  d'un  meilleur  texte  :  un 
travail  de  critique  ingénieux  a  permis  de  classer  les  manuscrits  des 
Annales  de  Guillaume  le  Breton,  d'en  expliquer  les  différences  et  de 
faire  comprendre  l'emploi  divers  de  cet  ouvrage  par  les  auteurs  subsé- 
quents. Le  texte  rectifié  est  accompagné  de  notes  nombreuses  et  subs- 
tantielles, dans  lesquelles  l'éditeur  s'est  spécialement  attaché,  avec  un 
succès  presque  constant,  à  l'identification  souvent  malaisée  des  noms 
d'hommes  et  de  Ueux,  et  à  la  détermination  rigoureuse  de  la  chrono- 
logie. La  longue  notice  préliminaire  forme  deux  excellents  chapitres 
d'histoire  littéraire;  tout  l'ensemble  de  cet  intelligent  et  utile  travail 
méritait  assurément  une  distinction  de  premier  ordre. 

«  Nous  aurions  voulu  pouvoir  en  attribuer  une  aussi  à  M.  Moranvillé, 
qui  a  obtenu  la  première  mention  honorable  avec  sa  biographie  manus- 
crite de  Jean  Le  ^'^ercier.  Quand  M.  Moranvillé  aura  publié  ses 
recherches,  ce  nom,  presque  inconnu  jusqu'ici,  prendra  une  place 
importante  dans  l'histoire  des  règnes  de  Charles  V  et  de  Charles  VL 
Jean  Le  Mercier  fut,  en  effet,  l'un  des  ministres  qui  eurent  le  plus  de 


6U 

part  aux  réformes  administratives  et  financières  de  cette  époque;  il 
déploya  dans  l'accomplissement  de  sa  tâche  un  zèle  et  une  exactitude 
vraiment  admirables,  et  on  peut  dire  que  son  biographe  a  montré  les 
mêmes  qualités  en  le  suivant  dans  tous  les  détails,  souvent  difficiles  à 
comprendre  et  à  exposer,  de  son  activité.  Pour  la  rigueur  de  la  méthode 
et  pour  la  nouveauté  des  résultats,  ce  mémoire  est  certainement  com- 
parable aux  meilleurs  travaux  du  même  genre. 

«  L'édition  du  Grand  Cartulaire  de  l'abbaye  d'Ainay  a  mérité  la  seconde 
mention  honorable.  Ce  recueil  très  intéressant,  formé  à  l'aide  de  deux 
anciens  manuscrits  et  de  cinquante  chartes  originales,  ne  comprend 
pas  moins  de  quatre  cent  vingt  pièces,  la  plupart  du  xn"  et  du 
xni^  siècle;  il  est  rempli  de  documents  fort  curieux,  même  en  dehors 
des  études  de  topographie  et  d'histoire  locale.  M.  le  comte  de  Charpin- 
Feugerolles,  auquel  on  doit  l'initiative  de  cette  magnifique  publication, 
dont  il  a  supporté  tous  les  frais,  comme  il  l'a  déjà  fait  et  comme  il 
s'apprête  encore  à  le  faire  pour  d'autres  du  même  genre,  a  droit  pour 
son  intelligente  et  savante  libéralité  à  toute  notre  reconnaissance.  Les 
quelques  imperfections  ou  lacunes  qu'on  peut  relever  dans  l'exécution 
sont  excusées  par  des  circonstances  particulières,  et,  pour  ce  qui  est 
essentiel,  M.  de  Gharpin-Feugerolles  a  trouvé  dans  ses  collaborateurs, 
MM.  Guigues  père  et  fils  et  Vachez,  de  précieux  auxiliaires. 

«  Après  de  somptueux  in-folio,  c'est  un  bien  mince  volume  que 
nous  avons  à  mentionner.  Le  traité  de  Hincmar  De  Ordine  sacri  palatii 
est  un  document  de  premier  ordre  pour  notre  histoire  sous  les  succes- 
seurs de  Gharlemagne.  M.  Prou  en  a  donné  une  édition  nouvelle,  une 
bonne  traduction  et  un  commentaire  où  abondent  des  renseignements 
exacts,  précis  et  complets.  Ce  commentaire  a  été  préparé  dans  les  con- 
férences de  l'École  des  hautes  études,  sous  l'habile  direction  de  M.  Gabriel 
Monod;  mais  M.  Prou  y  a  pris  une  part  prépondérante,  et  l'introduc- 
tion est  bien  son  œuvre  personnelle.  C'est  un  morceau  remarquable,  où 
sont  fort  bien  exposés  les  principes  sur  lesquels  reposait  la  royauté 
carolingienne,  ainsi  que  les  idées  de  Hincmar,  qui  ne  faisait  d'ailleurs 
que  résumer  énergiquement  les  idées  de  l'époque.  Jamais  on  n'a  posé 
avec  plus  de  netteté  le  principe  du  droit  divin  :  le  pouvoir  du  roi  émane 
de  Dieu;  pour  l'exercer,  il  doit  avant  tout  mériter  la  protection  divine, 
c'est-à-dire  se  concilier  celle  de  l'Église.  A  cette  conception  théocra- 
tique  de  la  légitimité  se  joint  une  forme  tout  aristocratique  de  gouver- 
nement, fortement  manifestée  par  les  institutions.  Ces  considérations, 
présentées  en  termes  excellents,  donnent  un  haut  intérêt  à  la  publica- 
tion de  M.  Prou. 

«  Celle  de  M.  Hellot,  Chronique  parisienne  inédite  du  XIV^  siècle,  pré- 
sente l'attrait  d'une  découverte,  et  d'une  découverte  bien  mise  en 
œuvre.  Dans  un  manuscrit  de  Rouen,  contenant  en  apparence  un 
exemplaire  d'une  chronique  souvent  publiée,  M.  Hellot  a  reconnu  pour 


6^5 

les  années  1316-1339  une  œuvre  tout  à  fait  nouvelle  et  fort  intéressante. 
C'est  un  véritable  journal,  écrit  par  un  anonyme,  sans  doute  homme 
de  loi,  qui  habitait  Saint-Denis  jusqu'en  1329  et  ensuite  Paris.  Nous 
lui  devrons  la  connaissance  de  bon  nombre  do  faits  nouveaux,  en 
mémo  temps  que  des  renseignements  précieux  sur  l'état  social  et  les 
mœurs  de  la  bourgeoisie  parisienne  au  xiv^  siècle.  L'auteur  de  ce  jour- 
nal ouvrira  désormais  la  série  des  chroniqueurs  parisiens  ayant  écrit 
en  français  ;  aussi  est-ce  la  Société  de  l'histoire  de  Paris  qui  a  tenu  à 
publier  ce  document,  que  l'éditeur  a  enrichi  de  notes  nombreuses  et 
fort  bien  faites. 

«  Dans  les  conditions  les  plus  pénibles,  alité  depuis  de  longues 
années,  M.  Grignon  a  eu  le  courage  et  trouvé  le  moyen  d'achever  les 
deux  volumes  qu'il  nous  a  envoyés  sur  l'église  de  Notre-Dame-en- 
Vaux  de  Ghàlons.  Cette  église,  un  des  plus  beaux  monuments  de  l'ar- 
chitecture romane  dans  l'est  de  la  France,  n'avait  pas  encore  été  l'objet 
d'un  travail  d'ensemble.  M.  Grignon  en  donne  la  description  très 
détaillée  et  très  consciencieuse,  puis  il  en  écrit  l'histoire.  C'est  le 
résumé  fidèle  d'une  grande  quantité  de  documents,  bien  compris  et 
bien  utilisés,  et  dont  les  principaux  sont  publiés  en  appendice;  ils  ont 
fourni  des  renseignements  précieux  sur  la  topographie  et  l'organisation 
du  vieux  Châlons  ;  çà  et  là  même,  dans  cette  étude  toute  spéciale,  on 
peut  relever  des  traits  qui  offrent  un  intérêt  supérieur.  En  attribuant 
la  cinquième  mention  à  l'œuvre  de  M.  Grignon,  fruit  de  tant  de  zèle  et 
de  persévérance,  la  commission  a  voulu  encourager  ces  laborieux  éru- 
dits  qui,  à  force  de  recherches  patientes,  parviennent  à  réaliser  des 
progrès  vraiment  considérables  dans  la  connaissance  de  l'histoire  et  de 
l'archéologie  locales. 

«  C'est  à  un  travail  sur  l'antiquité  classique  de  notre  pays  que  nous 
avons  attribué  notre  sixième  mention.  Sous  le  titre  de  Fastes  de  la 
Narbonnaise,  M.  Lebègue  nous  présente  un  tableau  chronologique  de 
l'histoire,  surtout  administrative,  de  la  province  de  ce  nom.  S'il  n'a  pas 
eu  à  sa  disposition  de  documents  nouveaux,  il  a  rectifié  sur  divers 
points  les  travaux  où  il  a  puisé  les  éléments  du  sien.  Une  des  parties 
les  plus  neuves  et  les  plus  intéressantes  de  l'ouvrage  est  formée  par  le 
catalogue,  accompagné  d'une  savante  dissertation,  des  principaux 
monuments  qui  renferment  des  inscriptions  de  la  Gaule  narbonnaise. 
M.  Lebègue  a  fait  une  œuvre  utile,  qui  a  demandé  une  étude  sérieuse; 
votre  commission  l'a  distinguée  avec  plaisir. 

«  Le  prix  de  numismatique  fondé  par  M™e  Duchalais  devait  être  attri- 
bué cette  année  à  la  numismatique  du  moyen  âge.  L'Académie  le  par- 
tage également  entre  feu  M.  Gariel,  pour  son  livre  sur  les  Monnaies 
royales  de  France  sous  les  Carolingiens,  et  M.  A.  Heiss,  pour  la  continua- 
tion de  sa  publication  sur  les  Médailleurs  de  la  Renaissance.  C'est  au  milieu 
de  longues  et  cruelles  souffrances  que  M.  Gariel  poursuivit  et  put  ter- 


6^6 

miner  son  grand  et  magnifique  ouvrage,  qui  nous  donne  un  catalogue 
et  une  description  exacte  des  monnaies  royales  de  la  seconde  race, 
fournissant  ainsi  une  base  solide  aux  recherches  subséquentes;  quelques 
imperfections  de  détail  ne  sauraient  ôter  sa  haute  valeur  à  un  travail 
si  considérable  et  si  méritoire.  L'œuvre  magistrale  de  M.  Heiss  est 
appréciée  depuis  longtemps  :  il  fait  revivre  les  grands  artistes,  naguère 
encore  si  mal  connus,  auxquels  on  doit  ces  beaux  portraits  à  revers 
emblématiques  qui  sont  l'orgueil  des  collections;  à  des  reproductions 
fidèles  des  médaillons,  il  joint  un  très  riche  commentaire  historique  et 
archéologique.  Le  fascicule  qu'il  nous  soumettait  cette  année  avait  pour 
nous  un  intérêt  particulier  :  il  est  consacré  aux  médaillons  attribués  à 
Spinello,  qui  représentent  tous  des  personnages  illustres  de  France,  à 
commencer  par  le  roi  Charles  VIIL 

«  Les  prix  fondés  par  le  baron  Gobert  ont  dans  nos  concours  une 
place  de  première  importance.  Cinq  ouvrages,  outre  ceux  qui  étaient 
en  possession,  se  les  disputaient  cette  année.  Nous  avons  sans  hésita- 
tion attribué  le  premier  prix  à  M.  du  Fresne  de  Beaucourt  pour  les 
trois  premiers  volumes  de  sa  belle  Histoire  de  Charles  VIL  M.  de  Beau- 
court  a  consacré  sa  vie  entière  à  cette  œuvre,  et,  pour  l'exécuter  comme 
il  l'avait  conçue,  il  n'a  épargné  ni  temps  ni  peine.  Il  a  fouillé  toutes  les 
archives  et  toutes  les  bibliothèques,  interrogé  tous  les  historiens  fran- 
çais et  étrangers,  pesé  tous  les  témoignages,  étudié  de  près  toutes  les 
questions.  Le  résultat  auquel  il  est  arrivé  est  digne  de  tant  d'efforts,  et 
le  sujet  auquel  il  les  a  appliqués  en  valait  la  peine.  La  période  qu'il  a 
fait  revivre,  dans  une  forme  simple,  claire,  attachante  par  la  plénitude 
et  la  précision  des  renseignements,  est  à  la  fois  une  des  plus  saisis- 
santes et  des  plus  importantes  de  nos  annales.  Elle  a  vu  la  reconstitu- 
tion de  la  France  sur  de  nouvelles  bases  :  diplomatie,  administration, 
finances,  institutions  politiques,  société,  tout  a  subi  une  transformation 
dont  l'historien  a  pu  saisir  et  exposer  le  caractère  à  la  suite  d'études 
aussi  serrées  que  pénétrantes,  malgré  leur  complexité.  Au  centre  de  ce 
vaste  tableau,  la  figure  du  personnage  principal,  malgré  les  efforts  et  le 
talent  du  peintre,  présente  encore  des  côtés  obscurs  et  des  traits  énigma- 
tiques.  Né  d'un  père  déjà  dément,  haï  par  sa  mère,  qui  lui  préfère 
l'étranger,  poursuivi  par  la  crainte  d'une  sinistre  hérédité  ou  par  un 
doute  affreux  sur  sa  naissance,  Charles  voit  à  dix-sept  ans  massacrer 
devant  lui  son  oncle  de  Bourgogne  et  se  rallumer  ainsi  avec  fureur  les 
haines  intestines  qui  déchiraient  sa  famille  et  son  pays.  Renié  par  son 
père,  le  dauphin  prend  le  titre  de  régent,  et  se  montre  d'abord,  M.  de 
Beaucourt  le  prouve,  à  la  hauteur  de  sa  tâche  ;  mais  à  peine  la  mort 
de  Charles  VI  l'a-t-elle  fait  roi  que  les  difficultés  grandissantes,  les 
dégoûts  et  les  déceptions  de  toutes  sortes,  les  revers  honteux  et  presque 
simultanés  de  Cravant  et  de  Verneuil  le  jettent  pour  de  longues  années 
dans  le  découragement  et  la  torpeur.  Rien  n'est  plus  triste,  sous  la  gaieté 


417 


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6^8 

nérer  la  France.  Voilà  la  vérité,  telle  que  M.  de  Beaucourt  nous  permet 
de  la  voir  :  elle  est  plus  belle  et  plus  haute  que  la  fable,  et  la  France 
aime  mieux,  n'est-il  pas  vrai  ?  devoir  sa  renaissance  à  Jeanne  d'Arc 
qu'à  Agnès  Sorel. 

«  C'est  la  biographie  d'un  ancêtre  de  Charles  VII,  du  bon  roi  Robert, 
par  M.  Pfister,  qui  a  obtenu  le  second  prix.  Nous  voyons  avec  une  vraie 
joie  rendre  justice  de  toutes  parts  à  ces  premiers  Capétiens,  si  mal- 
traités jusqu'à  présent  par  l'histoire,  parce  qu'ils  étaient  mal  connus,  et 
qui  ont  joué  un  rôle  si  essentiel  dans  notre  évolution  nationale.  La 
royauté  parisienne  a  été  le  pimctum  saliens  autour  duquel  s'est  orga- 
nisée la  France,  et  cette  royauté  avait,  bien  plus  qu'on  ne  l'a  cru,  cons- 
cience de  sa  mission  et  de  ses  destinées.  I^e  livre  de  M.  Pfister  est  le 
fruit  d'une  étude  très  consciencieuse,  dirigée  par  une  sévère  méthode. 
Certains  points  restent  obscurs,  et  le  personnage  principal  ne  se  dégage 
pas  lui-même  avec  une  netteté  complète  ;  la  faute  en  est  aux  documents, 
si  rares,  souvent  si  énigmatiques,  parfois  contradictoires.  Tout  ce  qu'on 
peut  faire  pour  les  éclairer,  les  comprendre,  les  interpréter  avec  une 
ingénieuse  et  prudente  pénétration,  M.  Pfister  l'a  fait.  Il  ne  s'est  pas 
borné  d'ailleurs  à  raconter  les  faits  ;  il  a  essayé  de  faire  revivre  devant 
nous  le  milieu  social,  moral,  intellectuel,  dans  lequel  ils  se  sont  dérou- 
lés :  c'est  ce  qui  donne  à  son  livre  une  valeur  supérieure  à  celle  qu'au- 
raient les  simples  annales  d'un  règne.  Il  a  fait  une  œuvre  originale, 
personnelle,  trop  personnelle  peut-être  en  certains  points.  L'auteur  a 
des  idées  à  lui,  ce  qui  est  excellent;  on  lui  a  reproché  d'en  vouloir  à 
ceux  qui  ne  les  avaient  pas  dès  le  xi^  siècle,  ou  parfois  de  les  leur 
prêter.  N'insistons  pas.  Les  défauts  de  M.  Pfister  sont,  en  bonne  partie, 
des  défauts  de  jeunesse  :  il  s'en  corrigera;  mais  il  montre  des  qualités 
et  des  aptitudes  qu'il  ne  perdra  pas.  Nous  sommes  certains  de  retrouver 
le  débutant  que  nous  récompensons  aujourd'hui. 

«  Par  suite  de  différentes  remises,  nous  avions  cette  année  à  décerner 
trois  fois  le  prix  Bordin,  pour  les  études  concernant  l'antiquité,  l'Orient 
et  le  moyen  âge.  La  première  question,  sur  la  numismatique  de  l'île  de 
Crète,  n'a  provoqué  qu'un  seul  mémoire,  qui  ne  l'a  pas  entièrement 
résolue  :  la  partie  descriptive  est  exacte  et  complète  ;  la  partie  compa- 
rative fait  défaut.  L'Académie  ne  décerne  pas  de  prix,  mais  elle  accorde 
à  M.  Svoronos,  à  titre  d'encouragement,  une  récompense  de  deux  mille 
cinq  cents  francs. 

«  C'est  à  peu  près  au  même  résultat  qu'elle  est  arrivée  pour  le  prix 
destiné  aux  études  orientales,  dont  le  sujet  était  l'histoire  des  sectes 
dualistes  de  l'Orient  musulman.  Le  seul  mémoire  qui  nous  ait  été 
envoyé  a  de  sérieux  mérites,  et  on  y  apprécie  notamment  l'emploi  d'un 
texte  important  et  inédit;  mais  l'auteur  a  fait  usage  de  documents  trop 
peu  nombreux  et  n'a  pas  essayé  de  pénétrer  assez  à  fond  dans  le  sujet. 


619 

Le  prix  n'est  pas  décerné,  mais  une  somme  de  deux  mille  francs  est 
accordée  à  M.  Clément  Huart  à  titre  d'encouragement. 

«  La  question  proposée  pour  le  moyen  âge,  une  étude  critique  des 
sources  de  la  chronique  de  Normandie,  étant  pour  la  seconde  fois  restée 
sans  réponse,  l'Académie  la  proroge  à  l'année  1888. 

«  Le  prix  qu'a  fondé  notre  savant  confrère  Stanislas  Julien  en  faveur 
du  meilleur  ouvrage  relatif  à  la  Chine  est  accordé  cette  année  au 
P.  Séraphin  Couvreur,  pour  son  Dictionnaire  français-chinois,  œuvre 
tout  à  fait  nouvelle  et  originale,  qui  s'applique  à  la  langue  parlée,  si 
différente  de  la  langue  écrite,  et  dont  tous  les  matériaux  ont  été 
recueillis  directement  par  l'auteur  ou  lui  ont  été  fournis  par  des  colla- 
borateurs chinois. 

«  L'Académie  avait  à  décerner  deux  fois  le  prix  fondé  par  M™"  Dela- 
lande-Guérineau  ;  elle  avait  décidé  d'attribuer  un  de  ces  prix  aux  études 
orientales,  l'autre  aux  études  du  moyen  âge.  Les  trois  ouvrages  qui  lui 
ont  été  soumis  pour  ce  dernier  concours  ne  remplissaient  pas  les  con- 
ditions du  programme.  Pour  le  premier,  elle  accorde  le  prix  au  livre  de 
M.  Paul  Regnaud,  professeur  à  la  faculté  des  lettres  de  Lyon,  la  Rhé- 
torique sanscrite  exposée  dans  son  développement  historique  et  son  rapport 
avec  la  rhétorique  classique,  œuvre  ingénieuse  et  savante,  que  l'auteur 
rendra  parfaite  en  y  ajoutant  les  vues  d'ensemble  qui  ont  paru  y  occu- 
per trop  peu  de  place. 

«  Comme  Stanislas  Julien,  notre  confrère  le  marquis  de  la  Grange  a 
voulu  fomenter  après  sa  mort  les  études  qu'il  avait  aimées  pendant  sa 
vie.  Il  a  fondé  un  prix  en  faveur  de  la  publication  d'une  œuvre  inédite 
des  anciens  poètes  de  la  France  ;  à  défaut  d'une  telle  publication,  le  prix 
peut  être  donné  au  meilleur  travail  sur  d'anciens  poèmes  déjà  publiés. 
Le  lauréat  de  cette  année,  M.  Camille  Chabaneau,  réunissait  ces  deux 
titres.  L'année  dernière,  il  publiait,  d'après  un  manuscrit  de  Montpellier, 
le  roman  en  vers  de  Fanucl,  étrange  légende,  d'origine  certainement 
orientale,  sur  les  ancêtres  de  la  Vierge  Marie,  et  en  môme  temps  il  don- 
nait une  édition  des  biographies  des  troubadours,  accompagnée  d'un 
commentaire  bien  conçu  et  d'une  très  utile  bibliographie  de  tous  les 
monuments  de  l'ancienne  littérature  méridionale.  M.  Chabaneau  s'est 
d'ailleurs  acquis  une  juste  réputation  par  des  travaux  déjà  nombreux, 
dans  le  domaine  de  la  philologie  française  et  provençale,  où  se  montrent 
partout  une  érudition  de  première  main,  une  grande  sagacité  critique, 
un  goût  fin  et  un  esprit  judicieux.  Nous  sommes  heureux  d'avoir  une 
occasion  de  lui  témoigner  publiquement  notre  estime. 

«  En  même  temps  qu3  nous  couronnons  les  efforts  de  savants  dont  la 
plupart  ne  sont  pas  nouveaux  dans  la  carrière,  nous  avons  l'agréable 
mission  de  signaler  au  public  les  premiers  fruits  que  nous  recueillons 
de  nos  deux  pépinières  scientifiques,  l'école  d'Athènes  et  l'école  de 


620 

Rome.  Sous  l'habile  et  zélée  direction  des  deux  maîtres  que  notre  Aca- 
démie a  mis  à  leur  tête,  elles  nous  donnent  chaque  année  des  résultats 
qui  sont  déjà  mieux  que  des  promesses.  D'Athènes  nous  avons  reçu 
quatre  mémoires.  Celui  de  M.  HoUeaux  (4«  année),  sur  les  fouilles  qu'il 
a  exécutées  en  Béotie  dans  le  temple  d'Apollon  Ptôos,  nous  a  vivement 
intéressés  par  la  nouveauté  des  découvertes,  l'importance  de  quelques- 
unes,  comme  celle  de  la  statue  du  dieu,  et  la  bonne  méthode  à  laquelle 
on  les  doit.  —  Nous  avons  retrouvé  la  même  méthode  dans  le  mémoire 
de  M.  Durrbach  (3«  année)  sur  Oropos  et  le  sanctuaire  d'Amphiaraos  : 
l'étude  attentive  et  intelligente  des  documents  httéraires  et  épigraphiques 
a  permis  à  l'auteur  d'éclairer  d'une  manière  nouvelle  la  topographie, 
l'histoire  et  le  culte  d'une  ville  dont  Athènes  et  Thèbes  se  disputèrent 
constamment  la  possession.  —  M.  Cousin  (S^  année)  a  rassemblé  tous 
les  renseignements  que  fournissent  les  inscriptions  sur  les  magistra- 
tures grecques  dans  les  villes  de  second  et  de  troisième  ordre  ;  il  a  fait 
avec  beaucoup  de  soin  cet  utile  travail  pour  la  Grèce  propre;  il  se 
propose  d'étendre  ses  recherches  au  monde  grec  tout  entier,  et  nous 
savons  qu'il  est  capable  de  mettre  un  jour  en  œuvre  les  matériaux 
si  patiemment  amassés.  —  M.  Radet  (2«  année),  dans  un  voyage  en 
Caramanie,  a  recueilli  des  monuments  épigraphiques  nombreux  et  inté- 
ressants inconnus  jusqu'à  lui,  relatifs,  en  majeure  partie,  à  l'époque 
romaine. 

«  Cinq  mémoires  nous  sont  venus  de  Rome.  M.  Fabre  (4^  année)  a  fait 
sur  le  Liber  censuum  ecclesiss  romans;,  ce  document  d'une  si  haute  impor- 
tance, une  élude  très  forte,  très  approfondie  et  riche  en  précieux  résul- 
tats. —  M.  Langlois  (3«  année)  poursuit,  avec  une  patience  méritoire  et 
une  scrupuleuse  exactitude,  son  utile  catalogue  des  manuscrits  en  langue 
d'oïl  et  en  langue  d'oc  qui  existent  dans  les  bibliothèques  de  Rome.  — 
M.  Lécrivain  (2«  année)  a  traité,  avec  beaucoup  de  méthode,  un  sujet 
difficile  et  obscur,  l'histoire  du  domaine  impérial  depuis  Auguste  jusqu'à 
Dioclétien.  —  M.  Prou  (2^  année),  que  nous  avons  récompensé  ailleurs, 
a  étudié  les  relations  du  pape  Urbain  V  (1362-1370)  avec  les  rois  de 
France.  Il  a  su  fondre  habilement  avec  les  récits  des  chroniqueurs  les 
données  importantes  et  nouvelles  que  lui  ont  fournies  les  pièces  diplo- 
matiques. —  L'étude  de  M.  Pératé  (2«  année)  sur  les  célèbres  miniatures 
du  Terence  du  Vatican  aborde  un  sujet  fort  curieux;  la  comparaison 
attentive  de  ces  scènes,  peintes  d'après  des  modèles  plus  anciens,  avec 
le  texte  du  poète,  jette  du  jour  sur  la  mise  en  scène  si  mal  connue  du 
théâtre  romain.  —  Mentionnons  enfin  M.  André  Berthelot,  quoiqu'il  soit 
resté  hors  du  cadre  officiel  de  l'École.  Il  a  exploré  avec  le  plus  grand 
soin  treize  manuscrits  grecs  relatifs  à  l'alchimie  que  contient  la  biblio- 
thèque du  Vatican.  Il  les  a  comparés  avec  leurs  congénères  de  Paris,  de 
Florence,  de  Gotha,  de  Weimar,  de  Leipzig,  de  Vienne,  qu'il  a  tous 
examinés  sur  place;  le  jeune  auteur  s'est  ainsi  associé  aux  beaux  tra- 


624 

vaux  sur  les  origines  de  l'alcliimie  que  poursuit  depuis  quelque  temps 
son  illustre  père. 

a  Toutes  ces  recherches,  si  diverses  en  apparence,  que  nous  poursui- 
vons nous-mêmes,  que  nous  dirigeons,  que  nous  encourageons,  con- 
vergent, messieurs,  vers  un  hut  unique  :  la  reconstruction,  à  l'aide  des 
documents  de  tout  genre,  de  l'histoire  intellectuelle,  esthétique  et  morale 
de  l'humanité.  L'étude  du  passé  ne  serait  qu'une  curiosité  vaine,  indigne 
d'occuper  des  esprits  sérieux,  si  cette  grande  pensée  ne  la  soutenait  tou- 
jours. Mais,  dès  qu'ils  en  sont  pénétrés,  les  travaux  de  ce  qu'on  appelle 
vulgairement,  et  parfois  un  peu  dédaigneusement,  l'érudition,  prennent 
une  haute  et  large  portée.  L'homme  sera  toujours  pour  l'homme  à  la 
fois  le  plus  grand  des  mystères  et  le  plus  attachant  des  spectacles. 
Pendant  que  d'autres  cherchent  à  saisir  les  lois  du  monde  physique  oiî 
il  se  meut  et  à  découvrir  les  lois  du  monde  moral  qui  vit  en  lui,  nous 
travaillons  à  retrouver,  à  tous  les  âges  et  sous  tous  les  cieux,  l'ondoyante 
évolution  de  son  génie  et  de  sa  conscience.  L'histoire  proprement  dite 
nous  fournit  les  faits  extérieurs  et  les  points  de  repère  fixes  auxquels  se 
rattachent  les  autres  recherches;  l'histoire  comparative  des  institutions 
et  du  droit  nous  fait  voir  comment  les  rapports  nécessaires  des  sociétés 
s'expriment  dans  les  lois  et  comment  du  conflit  des  intérêts  se  dégage 
progressivement  la  justice  ;  l'histoire  des  mœurs  et  des  coutumes  nous 
initie  à  la  vie  intime  des  siècles  passés;  la  géographie  historique  nous 
permet  de  situer  avec  précision  les  phénomènes  qu'il  s'agit  d'observer; 
la  linguistique  historique  fait  revivre  les  pensées  éteintes  par  l'empreinte 
où  elles  se  sont  moulées,  et  applique  aux  civilisations  disparues  sa 
puissante  analyse  qui,  d'après  les  plus  faibles  indices,  discerne  dans  un 
ensemble  complexe  la  provenance  et  la  proportion  des  éléments  qui  le 
composent;  l'archéologie  nous  montre,  dans  les  monuments  laissés  par 
les  peuples,  dans  leurs  arts  les  plus  nobles  ou  les  plus  familiers,  cet 
étonnant  besoin  de  beauté  en  dehors  de  toute  utilité,  cette  faculté  de 
créer  un  beau  humain  à  l'aide  mais  au  delà  du  beau  naturel,  qui  font 
de  l'homme,  dès  qu'il  a  pris  possession  de  lui-même,  un  être  à  part 
entre  tous  les  habitants  de  sa  planète  ;  l'histoire  des  lettres  suit  la  même 
tendance  dans  un  autre  domaine,  et  nous  rapproche  plus  directement 
que  toute  autre  étude  du  génie  même  et  du  cœur  des  sociétés  abolies  ; 
l'histoire  des  sciences  nous  rappelle  les  longs  tâtonnements,  les  échecs 
touchants,  les  succès  de  plus  en  plus  répétés  et  féconds  de  l'être  débile 
et  désarmé  qui  arrive,  à  force  de  volonté,  à  connaître,  à  comprendre,  à 
dominer  enfin  la  nature  ;  l'histoire  de  la  philosophie  nous  raconte  le  per- 
sévérant effort  de  la  raison  pour  conformer  à  ses  postulats  harmoniques 
les  apparences  confus'îs  et  incohérentes  des  choses  ;  l'histoire  des  reli- 
gions nous  fait  assister  à  la  douloureuse  et  sublime  aspiration  de 
l'homme  vers  une  cause  première  et  une  source  de  justice  absolue. 
Toutes  s'appuyant  l'une  sur  l'autre,  toutes  s'empruntant  ce  que  cha- 


622 

cune  a  trouvé,  ces  muses  de  l'histoire  gravissent  ensemble  les  sommets 
qui  s'abaissent  insensiblement  devant  elles,  et  d'oii  elles  voient  toujours 
mieux,  toujours  plus  loin,  mais  d'où  elles  ne  verront  jamais  tout,  — 
car  le  spectacle  s'élargit  à  mesure  qu'elles  montent,  —  et  dont  elles 
n'atteindront  jamais  la  cime  suprême,  —  car  l'homme  n'arrive  à  tou- 
cher ni  l'origine  première  ni  la  fin  dernière  des  choses.  Mais  l'ascension 
en  elle-même  est  une  conquête  et  une  joie  suffisante,  et  ceux-là  seuls 
la  trouvent  rebutante  qui  n'en  ont  pas  éprouvé  les  vives  et  toujours 
nouvelles  voluptés.  L'amour  du  vrai  a  cela  d'admirable  et  d'unique  que 
tout  effort  qu'il  dicte  est  déjà  une  jouissance  en  même  temps  qu'un 
ennoblissement  ;  mais  il  réserve  à  ceux  qui  en  sont  possédés  d'incom- 
parables récompenses.  Se  trouver  tout  à  coup,  par  une  découverte 
imprévue  ou  par  de  patients  rapprochements,  par  une  intuition  soudaine 
ou  par  une  concentration  obstinée  sur  un  seul  point,  en  présence  d'une 
vérité  historique  inconnue  ou  méconnue  ;  restituer  par  une  conjecture 
certaine  le  sens  d'un  passage  incompris  ;  rendre  sa  vraie  forme  à  une 
pensée  défigurée  ;  rassembler  avec  sûreté  les  débris  épars  d'un  monu- 
ment ou  en  retrouver  le  caractère  et  le  sens  ;  pénétrer  le  mécanisme 
d'une  institution,  le  génie  d'une  langue,  l'enchaînement  logique  d'une 
série  de  faits  ;  voir,  à  la  suite  d'un  travail  longtemps  et  passionnément 
poursuivi,  surgir  devant  l'œil  intérieur  la  vision  de  choses  que  le  soleil 
n'éclaire  plus  depuis  des  siècles  ;  sentir  à  certains  moments,  comme  par 
une  soudaine  effusion  de  sympathie,  son  âme  passer  dans  l'âme  des 
hommes  d'autrefois  tout  en  gardant  sa  pleine  conscience  :  quels  ravis- 
sements profonds  !  quels  purs  triomphes  I  Dans  ces  méditations  déli- 
cieuses, les  heures  des  jours  et  des  nuits  passent  sans  même  effleurer 
de  leur  aile  ;  on  en  garde  souvent  comme  une  ivresse,  et  on  puise  dans 
la  douceur  du  souvenir  qu'elles  laissent  après  elles  le  mépris  facile  de 
tout  ce  qui  fait  l'objet  des  communes  ambitions.  Notre  ambition  à  nous 
est  d'autant  plus  noble  qu'elle  est  absolument  désintéressée  :  l'érudit 
ressemble  à  l'artiste  en  ce  que  ses  travaux  ne  sont  susceptibles  d'aucune 
application  immédiate.  Mais  l'importance  qu'ils  ont  pour  l'accroisse- 
ment de  la  valeur  morale  d'un  peuple  est  considérable.  C'est  le  souvenir 
historique  qui  distingue  le  sauvage  du  civilisé  :  plus  ce  souvenir  est 
étendu  et  précis,  plus  il  marque  la  supériorité  de  ceux  qui  le  cultivent. 
Ignorer  ce  qui  s'est  passé  dans  le  monde  avant  nous,  dit  Cicéron,  c'est 
rester  toujours  enfant.  L'étude  sérieuse,  impartiale  et  profonde  du  passé 
est  peut-être  la  plus  sûre  marque  de  la  virilité  d'un  peuple. 

«  Le  centre  de  cette  étude  sera  longtemps  encore,  toujours  peut-être, 
l'étude  de  l'antiquité  classique.  Non  pas  que  les  vieilles  civilisations  de 
l'Afrique  et  de  l'Orient,  le  merveilleux  monde  indien,  cette  Egypte 
vivante  qui  s'appelle  la  Chine,  le  moyen  âge  byzantin  et  occidental,  les 
rudiments  même  de  culture  que  nous  trouvons  chez  tant  de  peuples 
dont  la  science  moderne  ne  dédaigne  aucun,  ne  nous  offrent  pour  notre 


623 

grande  tâche  de  précieux  éléments  de  recherche  et  de  comparaison. 
Mais  là  même  où  la  Grèce  n'a  pas  été  le  modèle  direct  des  autres  civi- 
lisations, elle  fournit  à  notre  esprit,  formé  par  elle,  le  canon  d'après 
lequel  nous  les  mesurons  et  nous  les  jugeons.  Si  l'étude  de  l'antiquité 
grecque  et  romaine  venait  à  dépérir,  toutes  les  autres  études  historiques 
tomberaient  du  même  coup,  sachons-le  bien,  dans  la  langueur  ou  dans 
la  futilité.  C'est  d'ailleurs  pour  arriver  à  la  reconstruction  du  monde 
antique  dans  son  ensemble  qu'a  été  mise  en  œuvre  pour  la  première 
fois,  au  xvi«  siècle  et  en  France,  cette  grande  méthode  d'investigation 
simultanée  que  j'ai  essayé  de  caractériser.  Fondée  par  Guillaume 
Budé,  développée  par  les  Estienne,  les  Cujas,  les  Muret,  les  Casaubon, 
elle  a  trouvé  dans  le  grand  Joseph  Scaliger  son  maître  incontesté,  qui 
du  premier  coup  l'a  embrassée  tout  entière  avec  une  profondeur  et  une 
puissance  incomparables.  «  Plus  qu'aucun  autre  avant  ou  après  lui,  dit 
«  son  biographe  allemand,  il  s'est  approché  de  l'idéal  d'une  compréhen- 
«  sion  complète  de  la  vie  antique,  idéal  vers  lequel  la  philologie 
«  moderne  ne  cesse  de  tendre.  »  A  la  fois  historien,  géographe,  épigra- 
phiste,  grammairien,  linguiste,  archéologue,  versé  dans  l'antiquité  chré- 
tienne et  dans  les  langues  orientales,  n'ignorant  pas  le  moyen  âge,  Sca- 
liger aurait  presque  pu,  à  lui  seul,  représenter  toute  une  Académie  : 
nous  nous  partageons  aujourd'hui  la  besogne,  devenue  d'ailleurs  bien 
plus  vaste  et  plus  complexe,  à  laquelle  il  ne  se  serait  pas  senti  infé- 
rieur. Mais  sa  vraie  grandeur  est  d'avoir  compris  la  solidarité  de  toutes 
ces  connaissances,  et  de  s'être  placé  d'emblée  au  point  de  vue  élevé  qui 
seul  leur  donne  leur  pleine  valeur.  Nous  ne  pouvons  mieux  faire,  dans 
la  mesure  de  nos  forces,  que  de  nous  inspirer  de  son  esprit  :  c'est  celui 
qui  a  dirigé  les  maîtres  de  la  science  moderne  ;  c'est  celui  qui  doit  tou- 
jours animer  nos  travaux.  J'éprouve  un  singulier  plaisir,  en  ce  jour  où 
j'ai  l'honneur  de  parler  au  nom  de  l'Académie  des  sciences  historiques 
•et  philologiques  française,  à  rendre  un  hommage  public  à  ce  grand 
Français,  trop  peu  connu  des  siens,  et  je  mets  sous  son  patronage  les 
quelques  réflexions  que  cette  solennité  m'a  suggérées,  et  qui  s'appuient 
en  grande  partie  sur  ses  préceptes  et  sur  son  exemple.  » 

—  Sur  le  programme  des  concours  ouverts  par  l'Académie  pour  l'an- 
née 1888,  nous  devons  signaler,  au  chapitre  de  la  fondation  Bordin, 
trois  sujets  qui  se  rattachent  à  l'étude  du  moyen  âge  : 

«  I.  Exposer  méthodiquement  la  législation  politique,  civile  et  religieuse 
des  capitulaires. 

«  Les  concurrents  devront  compléter  cet  exposé  au  moyen  des  diplômes 
et  des  chartes  de  la  période  carlovingienne. 

«  Ils  devront  en  outre  indiquer,  d'une  part,  ce  que  la  législation  des 
capitulaires  a  retenu  du  droit  romain  et  du  droit  mérovingien,  et  d'autre 
part  ce  qui  s'est  conservé  du  droit  carlovingien  dans  les  plus  anciennes 
coutumes.  » 


624 

«  II.  Étudier  l'histoire  politique,  religieuse  et  littéraire  d'Édesse  jusqu'à 
la  première  croisade. 

«  m.  Étude  critique  sur  les  ouvrages  en  vers  et  en  prose  connus  sous 
le  titre  de  Chronique  de  Normandie. 

«  Les  mémoires  devront  être  déposés  au  secrétariat  de  l'Institut  le 
31  décembre  1887.  —  Chacun  des  prix  est  de  la  valeur  de  3,000  francs.  » 

—  M.  Henri  "Weil  a  lu  à  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres, 
dans  les  séances  du  17  et  du  24  décembre  1886,  le  rapport  de  la  com- 
mission des  Écoles  d'Athènes  et  de  Rome,  sur  les  travaux  de  ces  deux 
écoles  pendant  l'année  1886.  Ce  rapport  mentionne  en  ces  termes  les 
travaux  de  deux  de  nos  confrères,  M.  Maurice  Prou  et  M.  E.  Langlois  : 

«  Les  recherches  de  M.  Prou  sur  les  Relations  du  pape  Urbain  V  avec 
les  rois  de  France,  depuis  13^2  jusqu'en  1370,  ont  abouti  à  des  résultats 
importants.  L'auteur  a  consulté  avec  grand  profit  un  compte  du  gou- 
verneur du  Dauphiné,  dont  un  double  exemplaire  se  trouve  dans  le 
fonds  de  la  reine  de  Suède  et  aux  archives  du  département  de  l'Isère, 
les  registres  pontificaux  du  Vatican  et  diverses  collections  de  la  Biblio- 
thèque nationale.  Le  résumé  qu'il  a  fait  de  tous  ces  documents  forme 
un  chapitre  intéressant  de  l'histoire  du  règne  de  Jean  le  Bon  et  de 
Charles  V.  Les  données  que  fournissent  les  pièces  diplomatiques  y  sont 
habilement  fondues  avec  les  récits  des  chroniqueurs,  que  M.  Prou 
interprète  avec  beaucoup  d'aisance  et  de  critique.  Le  travail  qui  nous 
a  été  soumis  prouve  que  l'étude  des  registres  pontificaux  du  xiv«  siècle 
ne  sera  pas  moins  fructueuse  pour  notre  histoire  que  l'étude  des  registres 
du  xnie  siècle. 

«  M.  Langlois  est  resté  fidèle  aux  recherches  qui  l'avaient  occupé  en 
1885.  Il  remit  l'an  dernier  une  notice  sur  quatre-vingts  manuscrits  en 
langue  d'oïl  ou  en  langue  d'oc  faisant  partie  du  fonds  de  la  reine  de 
Suède.  Il  a  continué  en  1886  ce  travail  de  patience  méritoire  et  de  scru- 
puleuse exactitude.  Il  faut  louer  le  soin  avec  lequel  ce  jeune  savant  a 
relevé  tout  ce  qui  peut  servir  à  l'identification  des  ouvrages  ou  à  l'histoire 
des  manuscrits  ;  toutefois  nous  croyons  qu'en  général  les  notices  sont  trop 
longues  et  que  beaucoup  de  citations  devraient  être  réduites  considérable- 
ment. Il  était  inutile  de  transcrire  des  pages  du  roman  de  Sydrac  ou  du 
Trésor  de  Brunet  Latin,  puisqu'on  possède  de  ces  ouvrages  un  grand 
nombre  de  copies  qui  valent  mieux  que  celles  du  Vatican.  Il  n'était  peut- 
être  pas  indispensable,  pour  les  manuscrits  postérieurs  au  commence- 
ment du  xv«  siècle ,  de  donner  les  premiers  mots  du  deuxième  feuillet, 
à  moins  qu'on  ne  supposât  que  ces  manuscrits  ont  pu  appartenir  à  des 
bibliothèques  princières,  où  ce  moyen  d'identification  était  employé.  Il 
y  avait  peu  d'intérêt  à  reproduire  des  listes  de  manuscrits  qui  avaient 
déjà  été  données  par  les  éditeurs;  mais  il  faut  dire  que  M.  Langlois 
n'avait  pas  à  sa  disposition  des  renseignements  bibliographiques  suffi- 
sants, et  que  dans  le  doute  il  lui  pouvait  sembler  plus  sage  d'en  donner 


625 

trop  que  d'en  donner  trop  pou.  Ainsi  s'explique  aussi  l'erreur,  en 
quelque  sorte  inévitable,  où  il  est  tombé  en  croyant  avoir  découvert 
quelques  ouvrages  jusqu'ici  non  signalés.  Nous  devrons  cependant  aux 
dépouillements  de  M.  Langlois  la  connaissance  d'un  assez  grand 
nombre  de  particularités  intéressantes,  parmi  lesquelles  il  convient  de 
signaler  l'analyse  d'une  traduction,  jusqu'ici  inconnue,  do  la  Consola- 
tion de  Boëce,  C'est  grâce  à  M.  Langlois  que  le  nom  du  traducteur, 
maître  Pierre  de  Paris,  prendra  place  dans  nos  annales  littéraires  de 
la  fin  du  xni«  siècle  ou  du  commencement  du  xiv«.  » 

—  Notre  confrère  M.  Gustave  Desjardins  a  obtenu  de  l'Académie 
française  l'un  des  prix  de  la  fondation  Marcelin  Guérin.  Le  secrétaire 
perpétuel,  M.  Camille  Doucct,  apprécie  dans  ces  termes  le  livre  de 
M.  Desjardins  intitulé  le  Petit  Trianon  : 

«  Comme  pour  le  prix  Thérouanne  et  pour  le  prixThiers,  l'Académie 
s'est  vue  dans  la  nécessité  de  distribuer,  entre  un  grand  nombre  de  con- 
currents, les  sommes  affectées  au  prix  Bordin  et  au  prix  Marcelin  Guérin. 

«  S'élevant  ensemble  à  huit  mille  francs,  ces  deux  prix  sont  décernés 
à  huit  ouvrages,  par  fractions  égales  de  mille  francs  chacune. 

«  Par  une  singuhère  coïncidence,  tandis  que  M.  le  comte  de  Reiset, 
ancien  diplomate,  présentait  au  concours  Bordin  un  superbe  ouvrage, 
en  deux  grands  volumes,  sur  les  Modes  et  Usages  au  temps  de  Marie- 
Antoinette,  de  son  côté,  M.  Gustave  Desjardins,  ancien  élève  de  l'Ecole 
des  chartes,  soumettait  à  l'Académie,  pour  le  concours  Marcelin  Guérin, 
un  très  beau  volume  intitulé  le  Petit  Trianon,  traitant  à  peu  près  le 
même  sujet  et  rappelant  les  mêmes  souvenirs. 

«  Ce  n'était  pas  une  raison  pour  que  l'un  de  ces  livres  fût  sacrifié  à 
l'autre,  quand  tous  deux  méritaient  que  l'Académie  les  récompensât. 

«  Ayant  retrouvé  les  notes  et  les  mémoires  de  M™e  Éloffe,  marchande 
de  modes  de  la  cour,  M.  le  comte  de  Reiset  s'en  est  habilement  servi 
pour  recomposer  par  le  menu,  pour  vivifier,  en  animant  sa  physiono- 
mie, la  société  brillante  qui  entourait  la  jeune  reine.  «  Ceux  qui  n'ont 
«  pas  connu  ce  temps,  disait  M.  deTalleyrand,  n'ont  pas  connu  ladou- 
«  ceur  de  vivre.  »  Parmi  les  grandes  dames,  naïvement  frivoles,  dont 
M.  de  Reiset  esquisse  si  agréablement  le  portrait,  combien  devaient 
connaître,  à  leur  tour,  la  douleur  de  mourir  dans  toute  la  force  de  la 
jeunesse,  dans  tout  l'éclat  de  la  beauté  !  Le  jour  des  épreuves  ne  les  prit 
pas  au  dépourvu.  Au-dessus  de  toutes  s'élève  la  noble  figure  de  la  reine, 
qui,  donnant  toujours  l'exemple,  après  avoir  été  la  première  par  la 
grâce,  se  trouve  encore,  dans  le  malheur,  la  première  par  le  courage. 

«  Si  M.  le  comte  de  Reiset  pouvait  être  soupçonné  de  quelque  préven- 
tion favorable,  il  est  constant,  au  contraire,  que  M.  Gustave  Desjardins 
avait  commencé  son  travail  sous  la  pression  de  sentiments  pour  le  moins 
très  peu  sympathiques.  Mieux  éclairé  à  son  tour  par  une  étude  appro- 
fondie des  faits  et  des  caractères,  devenant  dès  lors  d'autant  plus  juste 


626 

qu'il  avait  voulu  être  plus  sévère,  il  n'hésite  pas  à  reconnaître  que,  d'un 
certain  ensemble  d'habitudes  légères  et  de  préoccupations  mondaines, 
il  sort  néanmoins  un  mouvement  d'esprit  favorable  aux  arts  et  qu'une 
pensée  sérieuse  se  dégage  d'un  milieu  qu'on  juge  superficiellement  quand 
on  prétend  qu'il  n'était  que  frivole.  Nul  témoignage  ne  fait  plus  d'hon- 
neur à  l'infortunée  souveraine  et  ne  plaide  mieux  en  sa  faveur  que  celui 
d'un  historien  équitable  qui,  se  reprenant  sur  lui-même,  finit  bientôt 
par  admirer  à  son  tour  des  vertus  dont,  avant  de  subir  leur  charme,  il 
avait  un  moment  douté. 

«  De  ces  deux  ouvrages,  que  tout  rapprochait  d'avance  et  que  je  ne 
pouvais  pas  séparer,  le  premier,  dû  à  la  plume  élégante  de  M.  le  comte 
de  Reiset,  a  été  placé  en  tête  de  ceux  que  récompense  le  prix  Bordin. 

«  Au  second,  dont  M.  Gustave  Desjardins  est  l'auteur,  une  égale  faveur 
assigne  le  premier  rang  parmi  les  cinq  élus  du  concours  Marcelin  Guérin.  » 

LES  TROPES  DE  M.  LÉON  GAUTIER. 

La  présente  livraison  était  déjà  à  peu  près  entièrement  imprimée 
quand  a  paru,  aux  librairies  de  Victor  Palmé  et  d'Alphonse  Picard,  un 
volume  qui  sera  accueilli  avec  le  plus  sympathique  empressement  et  la 
plus  vive  satisfaction  par  tous  les  lecteurs  de  la  Bibliothèque  de  l'École 
des  chartes.  Notre  confrère  M.  Léon  Gautier  nous  y  donne  une  notable 
partie  de  cette  histoire  de  la  poésie  liturgique  du  moyen  âge  latin,  sur 
laquelle  il  s'essayait  déjà  avec  succès,  il  y  a  plus  de  trente  ans,  dans  une 
thèse  dont  l'École  a  gardé  le  souvenir. 

L'élégant  volume  dont  nous  tenons  à  saluer  des  premiers  la  publica- 
tion *  porte  uniquement  sur  les  tropes  ;  l'auteur  y  fait  connaître  dans  les 
plus  menus  détails  la  nature,  l'origine  et  les  vicissitudes  de  ces  morceaux 
d'office  auxquels  est  intimement  liée  l'histoire  de  la  poésie  latine,  de  la 
musique  et  du  théâtre  au  moyen  âge.  Sans  jamais  sortir  du  sujet,  notre 
confrère  a  abordé  plusieurs  questions  de  genres  très  variés  et  les  a 
amplement  traitées,  d'après  des  recherches  tout  à  fait  originales,  avec 
une  chaleur  d'exposition  dont  il  a  le  secret  et  qu'il  sait  allier  à  une  scru- 
puleuse exactitude.  Le  livre  qu'il  a  composé  forme  une  œuvre  d'érudi- 
tion aussi  instructive  qu'intéressante. 

Ce  qu'il  faut  surtout  louer  dans  le  livre  que  nous  annonçons,  c'est  le 
talent  dont  M.  Léon  Gautier  a  fait  preuve  en  montrant  quelles  ressources 
les  monuments  liturgiques  ^ous  offrent  pour  apprécier  l'esprit  et  les 
habitudes  de  la  société  religieuse  du  moyen  âge,  surtout  à  partir  du 
IX'  siècle.  Nous  lui  savons  un  gré  particulier  des  longues  notes  dans  les- 

1.  Histoire  de  la  poésie  liturgique  au  moyen  âge.  Les  Tropes.  I.  Paris,  V. 
Palmé  et  k.  Picard,  1886.  la-S"  de  viii  et  280  pages,  avec  de  nombreux  fac- 
similés  dans  le  texte. 


627 

quelles  il  a  analysé  avec  une  remarquable  compétence  quarante  tro- 
paires  conservés  à  Paris,  à  Saint-Gall,  à  Vienne,  à  Munich,  à  Berlin, 
à  Rome,  à  Londres  et  à  Oxford.  A  elles  seules,  ces  descriptions  suffi- 
raient pour  recommander  le  livre  de  M.  Gautier  et  pour  lui  assurer  une 
place  distinguée  dans  toutes  les  bibliothèques  consacrées  à  la  paléogra- 
phie et  à  la  littérature  du  moyen  âge. 

Léopold  Delisle. 

LE  CODEX  AUREUS  DE  TRÊVES. 

La  Société  de  l'histoire  du  Rhin  {Gesellschaft  fur  rhcinische  Geschichts- 
kuncle)  a  décidé  de  publier,  en  recourant  aux  procédés  de  l'impression 
en  couleur,  l'évangéliaire  carolingien  conservé  à  la  bibliothèque  de  la 
ville  de  Trêves,  connu  sous  le  nom  de  Codex  aureus.  L'introduction  de 
cette  publication  est  confiée  aux  professeurs  Menzel  et  Kekulé,  de  l'uni- 
versité de  Bonn,  qui  mettront  en  lumière  l'importance  paléograpbique 
du  manuscrit  et  la  valeur  artistique  de  ses  miniatures, 

ÉVANGÉLL\IRE  GÉORGIEN. 

On  a  donné  récemment  à  la  Bibliothèque  impériale  de  Saint-Péters- 
bourg deux  feuillets  de  parchemin  qui  paraissent  appartenir  à  un  évan- 
géliaire  géorgien  du  xn^  ou  du  xni*  siècle  :  l'un  des  feuillets  représente 
saint  Luc,  peint  en  rouge  et  or,  assis  et  écrivant  la  parole  divine,  l'autre 
représente  le  Sauveur;  les  physionomies  ont  le  type  géorgien  très  carac- 
térisé, les  ornements  sont  traités  dans  le  style  byzantin.  Ces  deux  feuillets 
peuvent  prendre  place  dans  la  bibliothèque  de  Saint-Pétersbourg  à  côté 
des  miniatures  de  l'évangéliaire  de  Pizunda  du  xn^  siècle  et  de  celles  d'un 
autre  évangéliaire  géorgien  de  la  même  époque. 

L'ABBÉ  ADERALDUS. 

Dans  les  comptes  rendus  de  l'Académie  impériale  des  sciences  de 
Vienne  (CXIl,  281),  M.  le  D"-  W.  von  Hartel  vient  de  publier  un 
petit  poème  latin  du  xi«  siècle,  que  feu  Gustav  Loewe  avait  copié  dans 
un  manuscrit  de  l'église  de  Tolède,  aujourd'hui  conservé  à  la  Biblio- 
thèque nationale  de  Madrid  (Exposition  de  saint  Augustin  sur  les 
cinquante  premiers  psaumes).  Nous  croyo*  devoir  reproduire  ce  mor- 
ceau, qui  a  sans  doute  une  origine  française.  Il  a  été  composé  par  un 
moine  appelé  Osbernus,  qui  a  tracé  son  nom  en  caractères  grecs  et  qui 
a  fait  un  pompeux  éloge  de  son  abbé  Aderaldus. 

On  s'est  demandé  s'il  s'agissait  là  d' Aderaldus,  archidiacre  de  Troyes, 
mort  au  commencement  du  xi^  siècle ,  dont  les  actes  sont  dans  le 


628 

recueil  des  Bollandistes  (octobre,  VIII,  980).  Mais  ce  personnage  ne 
paraît  pas  avoir  eu  le  titre  d'abbé.  Ne  faudrait-il  pas  plutôt  y  voir  un 
abbé  de  Saint-Nicolas  d'Angers,  nommé  Aderaldus,  qui  vivait  au  milieu 
du  xi^  siècle  et  sur  lequel  M.  Hauréau  a  donné  d'amples  renseignements 
dans  la  Gallia  christiana  (XIV,  670)? 

Voici  les  vers  dont  nous  devons  la  connaissance  à  MM,  Loewe  et  von 
Hartel  : 

Metrum  Saphicum,  constans  ex  trocheo  spondeo  dactilo,  ultimus 
indifferenter  ponitur,  quod  quidam  cecinit  in  hylaritate  mentis  suse 
infra  portas  filise  Syon  coram  fratribus. 

Dum  cibis  corpus  modicis  fovetur, 
Pinguis  arvina  stomacus  macrescit, 
Dumve  non  pinsat  puteal  palati 
Grapula  putris, 

Gordis  ignescat  generosus  ardor, 
Mentis  excrescat  pia  fortitudo, 
Longius  prisca  tetrici  fugata 
Griminis  obba. 

Mittis  (sic)  ut  frondes  zepbirus  virentes 
Veris  accessu  revehit  tepentis, 
Seu  velut  tellus  liquefacta  sulcis 
Gignit  orexim  : 

Mollibus  sic  nos  moderans  habenis, 
Suggérât  vires  vitio  carentes, 
Dedat  et  fletus  nimios  ocellis 
Spiritus  almus. 

Hoc  Agustini  studui  volumen, 
Dum  rudis  normse  modulis  docerer, 
Tum  pia  fratres  Aderaldus  abbas 
Lege  regebat. 

Ac  regat  glisco  dinturnus  sevo. 
Bis  mori  pro  quo  paterer  libenter, 
Si  vel  undenps  sibi  lucis  auctor 
Adderet  annos. 

Gui  Deus  fidum  socians  alumnum, 
Quem  piae  sorti. conivet  priorem, 
Gorrigens  segnes,  pietate  mittes 
Tempérât  omnes. 


629 

Qualis  aurorœ  rutilans  ab  ortu 
Phebus  albescit  radio  micanti, 
Noctis  incusas  spetiosus  alas 
Rumpere  curât  : 

Talis  est  hujus  pénétrai  libelli, 
Inter  augustum  recreans  ocellum, 
Luminis  pulpa)  scabiem  fugantis 
Dote  salubri. 

Flaetibus  largis  avet  immolari 
Intimum  cujus  liber  hic  vibravit, 
Sepia  nexus  habiles  notavi 
Sirmatis  ampli. 

Hune  tenens  Iota  ab  manibus  podagra 
Fratris  coCbHPNy  meinor  hortor  adsis 
In  tui  saltim  precibus  cubihs 
Fletibus  apti. 

Ut  Dei  cernas  sabaoth  tribunal, 
Gœtibus  sacris  mereare  jungi, 
Gum  quibus  possis  pie  dytirambis 
[Pneumjatis  uti.  Amen. 
Les  3«,  5«  et  11'  strophes  sont  accompagnées  de  neumes. 

MANUSCRIT  DE  L'HISTOIRE  ECCLÉSIASTIQUE  DE  BEDE 
COPIÉ  PAR  ORDERIC  VITAL. 

Dans  un  article  de  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  en  1873 ^, 
M.  L.  Delisle  a  signalé  un  certain  nombre  de  manuscrits,  copiés  dans 
l'abbaye  de  Saint- Évroult,  de  la  main  d'Orderic  Vital,  et  qui  sont 
aujourd'hui  dispersés  à  Paris,  à  Rouen  ou  à  Alençon.  «  L'écriture 
(d'Orderic  Vital,  disait  M.  Delisle)  est  ferme  et  nette  ;  elle  a  toujours 
un  caractère  particulier  et,  pour  ainsi  dire,  individuel,  qui  permet  de  la 
distinguer  dans  la  foule  des  écritures  de  la  même  époque;  nombre  de 
traits  y  dénotent  une  main  calme  et  très  exercée,  qui  s'était  habituée  à 
un  système  rigoureux  et  constant  de  lettres  et  de  signes  abréviatifs,  et 
qui  cependant  n'arrivait  pas  à  donner  à  l'ensemble  de  l'ouvrage  cette 
merveilleuse  uniformité  qui  rend  tant  de  manuscrits  du  xii^  siècle  com- 
parables à  des  livres  'mprimés.  Entre  autres  particularités,  vous  y  pour- 

1.  P.  267  et  suivantes.  Lettre  à  M.  Jules  Lair  sur  un  exemplaire  de  Guil- 
laume de  Jumièges  copié  par  Orderic  Vital. 


630 

rez  remarquer  la  lettre  g,  la  conjonction  et,  la  façon  dont  la  syllabe  rum 
est  abrégée  à  la  fin  des  mots  et  le  signe  qui  tient  lieu  des  lettres  us  ou 
ue  dans  lés  mots  terminés  en  bus  ou  en  que^.  » 

Le  manuscrit  U.  43  de  la  bibliothèque  de  Rouen  présente  tous  ces 
caractères,  et,  si  l'on  rapproche  l'écriture  de  ce  manuscrit  de  celle  des 
fac-similés  que  M.  Delisle  a  pris  soin  de  joindre  à  sa  notice,  il  n'y  a 
plus  aucun  doute  qu'on  se  trouve  en  présence  d'un  nouveau  volume 
copié  par  Orderic  Vital.  Le  manuscrit  contient  VHistoire  ecclésiastique 
de  Bède,  avec  différents  autres  textes  hagiographiques  ;  c'est  sans  doute 
le  même  qu'on  trouve  cité  dans  l'ancien  catalogue  de  Saint-Bvroult, 
rédigé  vers  le  milieu  du  xn^  siècle  2,  et  auquel  Orderic  Vital  a  fait  allu- 
sion dans  le  chapitre  xlvu  du  livre  XII  de  son  Histoire^. 

Orderic  n'a  pas  copié  en  entier  le  ms.  U.  43  de  Rouen  ;  depuis  le 
fol.  1  jusqu'à  la  sixième  ligne  du  fol.  33  v»,  où  se  terminent  les  Gesta 
Salvatoris,  on  trouve  l'écriture  impersonnelle  et  plus  grosse  d'un  copiste 
contemporain.  Orderic  a  revisé  cette  première  partie  du  manuscrit  et 
noté  dans  les  marges  ou  entre  les  lignes  différentes  corrections''*.  A  par- 
tir de  ce  feuillet,  il  a  continué  et  terminé  la  copie  du  manuscrit,  et  l'on 
ne  voit  reparaître  la  main  du  premier  écrivain  qu'aux  six  premières 
lignes  et  demie  du  fol.  75,  au  commencement  d'un  cahier,  dans  le  cha- 
pitre XX  du  livre  III  de  l'Histoire  ecclésiastique  de  Bède. 

Le  ms.  U.  43  de  Rouen  est  un  volume  in-folio,  sur  parchemin,  de 
186  feuillets,  mesurant  0™310  sur  0™210;  après  avoir  été  conservé  à 
Saint-Évroult,  il  est  entré  au  xvii®  siècle  dans  la  bibliothèque  de  l'ab- 
baye de  Saint-Ouen  de  Rouen.  Voici  la  description  détaillée  de  son 
contenu  : 

Fol.  1.  «  Sermo  de  dedicatione  aecclesise.  Quid  significent  duodecim 
candele.  Morem  quem  sanctaœcclesia  tenet  in  solennidomus  Dominicae 
consecratione...  ( —  Quare  super  liminare  ter  percutitur  et  Fax  huic 
domui  dicitur.  —  Quid  significet  quod  sacerdos  alphabetum  in  pavi- 
mento  scribit.  —  Gur  aqua  sali  cinerique  miscetur  et  super  aquam  ex 
sale  et  cinere  ter  crux  figitur.  —  Quid  sit  quod  sacerdos  per  nn'"'  altaris 
cornua  digito  crucem  facit.  —  Quid  significet  aquae  effusio  ad  basim 
altaris.  —  Quid  signetur  in  varia  unctione  altaris.  —  Quid  innuat  trans- 
latio  reliquiarum  etconditio  earum  inaltari.)  —  ...  Etsicut  per  prophe- 
tam  dicitur  :  Lseticia  sempiterna  erit  eis.  » 

Fol.  10.  «  Incipit  expositio  in  celebratione  misse  a  Remigio  Autisio- 
dorensi  édita,  et  sanctorum  patrum  sententiis  et  auctoritate  confirmata. 


1.  P.  270. 

2.  Publié  par  M.  L.  Defisle  dans  sa  Notice  sur  Orderic  Vital  (1855).  Édition 
de  la  Société  de  l'histoire  de  France,  p.  x. 

3.  Même  édition,  t.  IV,  p.  487. 

4.  Voyez  aux  fol.  5,  10,  12,  13  v,  18  v,  23  v%  24,  25  V,  27,  29  et  V,  32  v. 


631 

Gaelebratio  missse  in  commeraorationem  passionis  Ghristi...  —  ...  a 
Domino  esse  recepta.  » 

Fol.  23.  «  In  nomine  Dei  summi,  incipiunt  Gesta  Salvatoris  domini 
nostri  Jesu  Ghristi,  quse  invcnit  Tiieodosius  mugnus  imperator  in  Jéru- 
salem, in  pra3torio  Pontii  Piiati,  in  codicibus  publicis.  Factum  est  in 
anno  nono  decimo  imperii  Tyberii...  quœ  gesta  sunt  de  Jesu  in  pra3to- 
rio  meo.  Expliciunt  Gesta  Salvatoris.  » 

Fol.  33  v°.  Distinctiones  theologicte.  «  Domine,  ante  te  est  omne  desi- 
derium  meum.  Quattuor  vero  desideria  sunt  animaî  pœnitentis...  » 

Fol.  34.  JBedae  presbyteri  Historiae  Anglorum  libri  V.  (Migne,  Patr. 
lat,  t.  95,  col.  21-290.) 

Fol.  121  y".  «  Gonquestus  de  abjectione  et  desolatione  sanctae  Dei 
aeclesiœ, 

«  Sponsa  Dei  miseranda  jacens  possessa  dolore...  » 

«  Die  caro  mortalis,  die  de  putredine  vermis...  b 

«  Sicut  ad  omne  quod  est  mensuram  ponere  prodest...  » 

Fol.  122. 

«  Gives  cœlestis  patrise  régi  regum  concinite...  » 

Fol.  122.  Distinctiones  theologicœ.  «  Decem  speties  bonœ  intentionis 
sunt...  —  (De  superbia  et  ramis  ejus.  —  De  itinere  Ghristi  et  provectu 
animse.  —  De  quadruplici  alphabeto  Jeremiae.  —  Quid  signilicent  xv 
anni  Ezechyœ  additi.)  » 

Fol.  130.  Vita  sancti  Martini  Turonensis,  auctore  Sulpicio  Severo. 
(Migne,  Patr.  lat.,  t.  20,  col.  159-176.) 

Fol.  139  Y».  Sulpicii  Severi  epistolae  très.  (Ibid.,  col.  175-184.) 

Fol.  142  v°.  «  Item  de  transitu  sancti  Martini.  Archadio  vero  et  Hono- 
rio  imperantibus  sanctus  Martinus...  —  (Fol.  143.)  Item  unde  supra. 
Beatus  autem  Severinus,  Colonensis  episcopus...  —  (Fol.  143  v^.)  Item 
de  transitu  sancti  Martini.  Eo  nanque  tempore  beatus  Ambrosius  cujus 
hodie  flores  eloquii  —  (Ibid.)  Quando  corpus  ejus  translatum  est.  Operse 
precium  est  enim  etiam  illud  inserere  lectioni...  » 

Fol.  144.  Sulpicii  Severi  dialogi  très.  (Migne,  ibid.,  col.  183-222.) 

Fol.  162.  «  Adbreviatio  Alcuini  phylosophi  de  vita  et  virtutibus 
sancti  Martini.  »  (Migne,  Patr.  lat.,  t.  101,  col.  657-664.) 

Fol.  163  v».  «  Liber  miraculorum  sancti  Martini,  editus  a  sancto 
Gregorio  episcopo  scilicet  suo.  »  —  Le  manuscrit  ne  contient  que  le 
livre  I^""  et  les  24  premiers  chapitres  du  livre  II  des  Miracles.  (Migne, 
Patr.  lat.,  t.  71,  col.  91-952.) 

Fol.  177.  a  Passio  sanctorum  martyrunr  Romani  monachi,  Ysicii 
palatini  et  Baralae  infantis.  Tempore  illo,  sub  Dioclitiano  et  Maximiano 
imperatoribus,  cum  esset  persecutio  in  partibus  Orientis...  » 

Fol.  178  v».  «  Passio  sanctorum  geminorum  Speusippi,  Eleusippi  et 
Meleusippi,  quae  est  xvi  kl.  i'ebr.  Sub  Aureliano  imperatore,  Lingonis, 
très  pueri  fratres...  » 


632 

Fol.  181  v».  «  Passio  sanctorum  Gosmœ  et  Damiani.  Tempore  illo 
erat  quœdam  mulier  timens  Deum,  nomine  Theodora...  » 

Fol.  184  v°.  «  Passio  sancti  Benigni  presbiteri  etmartyris.  Aurelianus 
imperator  quondam  ad  castrum  cui  nomen  est  Divione...  » 

Fol.  186.  Lettre  du  prêtre  Jean  à  l'empereur  Manuel,  a  Johannes 
presbiter  potentia  et  virtute  Christi  et  Dei  rex  regum  et  dominus 
dominantium  precelso  amico  suo  Manuel!  Romano  gubernatori  salu- 
tem...  Nunciabatur  aput  me  quia  diligebas  me...  —  ...  gerit  in  manu 
ingentem  et  amplum  rubitium.  » 

CÉDULE  RELATIVE  A  LA  CONSÉCRATION  D'UN  AUTEL 

EN  1200. 

On  a  récemment  découvert  dans  l'église  de  Valcabrère  (Haute- 
Garonne),  sous  la  table  de  l'autel,  une  cédule  de  parcbemin  écrite  en 
1200,  au  moment  de  la  consécration  de  cet  autel  par  Raimond,  évèque 
de  Comminges.  Nous  allons  en  reproduire  le  texte,  d'après  un  fac-similé 
inséré  dans  le  Bulletin  monumental,  à  l'appui  d'une  relation  de  la  décou- 
verte par  M.  Bernard,  de  Luchon  : 

«  Audi,  Israël.  Dominus  Deus  tuus  unus  est.  Non  accipies  nomen  Dei 
tui  in  vanum.  Observa  diem  sabbati.  Honora  patrem  tuum  et  matrem 
tuam.  Non  occides.  Non  mecaberis.  Non  furtum  faciès.  Non  fausum 
testimonium  dices.  Non  concupices  (sic)  rem  proximi  tui.  Non  desidera- 
bis  uxorem  ejus. 

«  Initium  sancti  euangelii  secundum  Matheum  :  Liber  generationis 
Jhesu  Gbristi,  filii  David,  filii  Abraham. 

«  Initium  sancti  euangelii  secundum  Marcum  :  Ecce  ego  mitto  ange- 
lum  meum. 

«  Initium  sancti  euangelii  secundum  Lucam  :  Fuit  in  diebus  Hero- 
dis  régis  sacerdos  nomine  Zacariam  (sic). 

«  Initium  sancti  euangelii  secundum  Johannem  :  In  principio  erat 
verbum,  et  verbum  erat  apud  Deum. 

«  Anno  ab  incarnatione  Domini  Mo  GG",  régnante  Philippo  rex  {sic) 
Francorum,  mensis  octobris,  hoc  majus  altare  est  consecratum  in 
honore  sancti  Stephani  protomartyris  et  sanctorum  martyrum  Justi  et 
Pastoris,  a  domno  R.  Gonvenarum  episcopo.  » 


LE 


SUFFIXE  «  -lACUS,  -lACA  » 


A  l'époque  mérovingienne  et  à  l'époque  carlovingienne,  il  y 
avait  un  suffixe  -iacus,  -iaca  qui  servait  à  former  des  noms 
de  lieu.  Ces  noms  de  lieu  étaient  dérivés  de  noms  d'homme;  tel 
est  par  exemple,  dans  un  diplôme  de  l'année  864,  le  nom  de 
Corbmiacus,  aujourd'hui  Corbigny,  qui  tirait  son  nom  de 
Corho,  Corbonis  :  «  Qui  a  Corbone  viro  inclito  Corbiniacus 
dicitur^  » 

Nous  trouvons  vers  la  même  époque  la  même  doctrine  dans  la 
vie  apocryphe  de  saint  Domitien,  fabriquée,  pour  servir  de  cadre  à 
un  acte  faux,  probablement  par  un  moine  de  l'abbaye  de  Saint- 
Rambert-de-Joux.  On  imagina  que  les  droits  de  propriété  des 
moines  de  Saint- Rambert  sur  l'emplacement  de  leur  abbaye 
avaient  pour  fondement  une  donation  faite  par  un  certain 
Latinus,  l'an  premier  d'un  empereur  Valentinien.  Et  pourquoi 
choisit-on  ce  nom  de  donateur  ?  Parce  que  près  de  Saint-Rambert 
il  y  avait  un  village  appelé  Latmiacus,  aujourd'hui  Lagnieux. 
Saint-Rambert  et  Lagnieux  sont  deux  chefs-lieux  de  canton  de 
l'arrondissement  de  Belley  (Ain).  Voici  donc  la  fable  inventée  par 
l'auteur  de  la  vie  apocryphe  de  saint  Domitien  :  «  Il  y  avait  un 
homme  du  nom  de  Latinus.  Il  habitait  une  propriété  qui  lui 
appartenait  et  qui  s'était  appelée  d'abord  Calonia,  tirant  ce  nom 
d'une  fontaine  appelée  elle-même  Calomia.  Mais  cet  homme,  qui 
était  puissant  et  illustre,  voulut  que  la  fontaine  et  sa  propriété 
prissent  son  nom;  l'une  devint  donc  le  fons  Latinus,  l'autre  la 
villa  Latiniacus,  et  ces  noms  subsistent  encore  aujourd'hui-.  » 

1.  Gallia  christiana  nova,  t.  IV,  instrumenta,  col.  58  C. 

2.  Erat  praeterea  quidam  vir  Latinus  nomiae,  secundum  saecularem  polen- 
tiam  nobilissimus,  in  praedio  suo  quod  dicebatur  pridem  Calonia  a  fonte,  qui 

44 


634 

Il  est  vraisemblable  que  ces  lignes  ont  été  écrites  au  ix^  siècle  : 
le  plus  ancien  martyrologe  qui  parle  de  saint  Domitien  est  celui 
d'Adon,  archevêque  de  Vienne,  mort  en  874,  et  Adon  s'est  sans 
doute  inspiré  de  la  vie  apocryphe  fabriquée  dans  l'intérêt  des 
moines  de  Saint-Rambert  ^  De  la  charte  de  864,  citée  plus  haut, 
et  dont  nous  rapprochons  la  vie  de  saint  Domitien,  il  résulte  que 
dans  le  monde  lettré  du  ix*"  siècle  on  croyait  à  l'existence  d'un 
suffixe  iacus,  à  l'aide  duquel  les  noms  d'homme  se  transfor- 
maient en  termes  géographiques. 

Cette  doctrine  remonte  plus  haut.  On  la  trouve  déjà  à  l'époque 
mérovingienne.  Elle  est  supposée  par  un  passage  du  traité  écrit 
par  Grégoire  de  Tours  en  l'honneur  des  confesseurs  :  In  gloria 
confessorum.  La  piété  des  clercs  de  Tours  expliquait  par  le 
nom  de  leur  grand  évêque  Martin  celui  du  petit  village  voisin 
qu'on  appelait  alors  Martiniacus,  aujourd'hui  Martigny  (Indre- 
et-Loire).  On  croyait  que,  si  on  appelait  ainsi  ce  village,  c'était 
parce  que  l'illustre  évêque  y  allait  souvent  prier 2.  Nous  connais- 
sons quelques-uns  des  faits  sur  lesquels  cette  doctrine  s'appuyait. 
Les  documents  de  l'époque  mérovingienne,  comme  ceux  de  la 
période  carlovingienne,  nous  font  connaître  des  noms  de  lieu  for- 
més par  la  combinaison  du  suffixe  -iacus  avec  des  noms  d'homme 
francs.  Nous  connaissons  par  les  monnaies  mérovingiennes  le 
nom  des  villages  appelés  Teodeberciacus  et  Teodoriciacus^, 
qui  dérivent  des  noms  d'homme  Theudobercthuset  Theudericus. 

Calonna  vocabatur,  trahens  vocabulum.  Sed  hic  vir,  cum  esset  potens  et  incli- 
tus,  voluit  a  nomine  suo  fonti  et  villae  trahi  vocabulum,  id  est  a  Latino  fons 
Latinus,  iude  et  villa  Latiniacus,  quœ  nomiaa  usque  in  hodiernum  diem  et  fons 
et  villa  retinent.  Voyez  les  BoUandistes,  tome  I  de  juillet,  p.  51,  col.  2;  p.  52, 
col.  1.  Cf.  J.  Quicherat,  De  la  formation  française  des  anciens  noms  de  lieu, 
p.  34. 

t.  On  trouvera  le  passage  du  martyrologe  d^Adon  (écrit  vers  858),  qui  concerne 
saint  Domitien,  chez  Migne,  Patrologia  latina,  t.  CXXIII,  col.  295  B.  Du  mar- 
tyrologe d'Adon,  saint  Domitien  a  pénétré  dans  celui  d'Usuard,  écrit  vers  859 
ou  860  (voy.  Migne ,  Patrologia  latina,  t.  CXXIV,  col.  213-214  B),  et  dans  le 
martyrologe  de  Notker,  écrit  vers  875  (Migne,  t.  CXXXI,  col.  1114).  Il  n'est  pas 
question  de  saint  Domitien  dans  le  martyrologe  de  Raban  Maur,  vers  845  (Migne, 
t.  ex,  col.  1154  AB). 

2.  In  villa  Martiniacensim  in  quo  célèbre  ferebatur  saepius  orasse  Martinum. 
Grégoire  de  Tours,  Liber  in  gloria  confessorum,  c.  8  ;  édition  donnée  par 
W.  Arndt  et  Br.  Krusch,  p.  753,  1.  16-17. 

3.  A.  de  Barthélémy,  dans  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  6^  série, 
t.  I,  p.  462,  n-  634,  635. 


635 

Un  diplôme  de  709  mentionne  une  localité  appelée  une  fois  Chil- 
driciagas  avec  un  p,  qui  montre  comment  se  prononçait  alors  en 
Gaule  le  c  médial  latin,  et  deux  fois  Childriciaegas  avec  un  ae, 
où  l'on  voit  que  déjà  Va  tonique  latin  fléchissait  en  e^  Ce  nom 
de  lieu  dérive  du  nom  d'homme  bien  connu  Childericus.  Un 
diplôme  du  même  siècle,  mais  de  la  période  carlovingienne,  puis- 
qu'il appartient  à  l'année  768,  nous  offre  Popiniagas-,  dérivé 
de  Popo,  nom  d'homme  hypocoristique  qui  se  rencontre  sou- 
vent dans  la  race  germanique  et  dont  le  plus  ancien  exemple 
paraît  nous  être  donné  par  un  duc  des  Frisons  en  734,  comme 
nous  l'apprend  un  continuateur  de  Frédégaire  ^  Dans  le  siècle 
suivant,  un  diplôme  sans  date  de  Louis  le  Débonnaire,  814-840, 
nous  apprend  le  nom  de  la  finis  Dodiniaca*  dérivé  de  Dodo, 
autre  nom  hypocoristique  très  fréquent  qu'on  trouve  déjà  chez 
Grégoire  de  Tours  ^  De  ces  exemples,  il  faut  rapprocher  le  Cor- 
bmiacus,  aujourd'hui  Corbigny,  dérivé  du  nom  d'homme  Corbo, 
-onis,  suivant  une  charte  de  l'année  864  déjà  citée. 

On  ne  peut  donc  contester  qu'aux  époques  mérovingienne  et 
carlovingienne  on  ait  en  France  formé  des  noms  de  lieu  en 
développant  au  moyen  du  suffixe  -iacus  un  certain  nombre  de 
noms  d'homme.  Non  seulement  ce  fait  se  produisait,  mais  l'exis- 
tence de  ce  fait  grammatical  avait  été  constatée  dans  le  monde 
lettré  contemporain.  On  ne  procédait  pas  ainsi  à  l'époque  romaine. 
A  cette  époque,  la  désinence  -i-acus  dans  les  noms  de  lieu  se 
décomposait  en  deux  éléments  :  le  dernier  était  le  suffixe  -âcus 
d'origine  celtique;  le  premier,  i,  était  une  notation  du  suffixe 
-io-s  caractéristique  du  gentilice  romain.  Le  Latiniacus  de  la 
Vie  apocryphe  de  saint  Domitien  est  dérivé,  non  pas  du  surnom 
romain  Latinus,  mais  àxx^euiWxceLatinius,  dont  les  inscriptions 
nous  offrent  de  nombreux  exemples.  Le  Martiniacus  de  Gré- 
goire de  Tours  a  été  ainsi  dénommé,  non  pas  à  cause  des  pieuses 
oraisons  de  l'illustre  saint  Martin,  mais  parce  qu'il  a  eu  à  une 
date  reculée  un  obscur  propriétaire  appelé  Martinius;  et  ce 

1.  Tardif,  Monuments  historiques,  n"  43,  lignes  4,  8,  11,  16,  p.  36;  cf.  Perlz, 
Diplomatum  imperii  (omus  pritnus,  n°  76,  p.  G7,  1.  37,  43;  p.  68,  1.  1,  8. 

2.  Tardif,  Monuments  historiques,  n°  62,  p.  52. 

3.  Dom  Bouquet,  l.  II,  p.  455  c. 

4.  Tardif,  Monuments  historiques,  n"  132,  p.  92. 

5.  Gondesigilura  Sanctonicum  comitem,  cognomine  Dodonem.  Grégoire  de 
Tours,  livre  VIII,  c.  22;  éd.  Arndt,  p.  339,  1.  32. 


636 

gentilice  n'est  pas  imaginaire  :  plusieurs  inscriptions  l'attestent  ^ 
Le  suffixe  iacus  doit  sa  création  à  l'analogie.  En  Gaule,  à 
l'époque  de  la  conquête  barbare,  la  très  grande  majorité  des  noms 
de  lieu,  étant  des  noms  de  fundi  dérivés  de  gentilices  romains 
en  -lus,  se  terminaient  en  iacus.  Mais,  à  cette  date,  il  n'existait 
plus  de  gentilices,  par  conséquent  on  ne  comprenait  plus  bien  le 
mode  de  formation  usité  dans  la  période  classique,  et,  quand  les 
Francs,  qui  donnèrent  leurs  noms  à  leurs  propriétés,  voulurent 
imiter  le  procédé  romain,  ce  fut  le  groupe  iacus  qu'ils  ajoutèrent 
à  leurs  noms,  tandis  qu'ils  auraient  dû  emprunter  une  lettre  de 
moins,  la  lettre  z,  aux  noms  qui  leur  servirent  de  types,  et  suivre 
les  vieux  exemples  tels  que  Turnacus  de  Turnus^,  Eburacus 
d'Eburus^,  Avitacus  d'Avitus^. 

H.  d'Arbois  de  Jdbainville. 


1.  Brambach,  Corpus  inscriptiomim  rhenanarum,  n"'  904,  1130,  1330;  Cor- 
pus inscripiionum  latinarum,  t.  VII,  n"  353. 

2.  Turnus  n'est  pas  seulement  le  roi  légendaire  des  Rutules,  que  tout  le 
monde  connaît  par  Virgile  et  Tite-Live.  Parmi  les  correspondants  de  Sidoine 
Apollinaire  se  trouvait  un  certain  Turnus,  auquel  est  adressée  la  lettre  xxiv  du 
livre  IV  des  Epistolae.  Cela  prouve  que  le  cognomen  Turnus  existait  en  Gaule 
au  v"  siècle.  Ce  cognomen  remonte,  dans  le  monde  romain,  au  i"  siècle  au 
moins,  puisqu'il  était  porté  par  un  aftVanchi  influent  à  la  cour  de  Titus  et  de 
Vespasien,  et  qui  dut  à  ses  satires  une  certaine  célébrité.  Voir  les  textes  réunis 
par  Teuffel,  Geschichte  der  rœmischen  Literatur,  323,  2,  3"  édition,  p.  733. 

3.  Des  exemples  de  ce  cognomen  ont  été  réunis  par  Vincent  de  Vit,  Totius 
latinitatis  onomasticon,  t.  II,  p.  687.  Du  gentilice  dérivé  Eburius,  ibidem, 
p.  686,  est  venu  Eburiacus  [fundus]. 

4.  Sur  le  cognomen  Avitus  et  sur  le  gentilice  dérivé  Avitius,  d'où  Avitiacus 
[fundus],  voir  De  Vit,  ibid.,  p.  591. 


BIBLE  DE  CHARLES  V 

ET 

AUTRES  MANUSCRITS  DU  CHAPITRE  DE  GIRONE 


La  magnifique  Bible  gardée  aux  archives  du  chapitre  de 
Girone  a  été  signalée  à  plusieurs  reprises  ;  elle  a  même  fait  l'objet 
de  notices  intéressantes.  Récemment  encore,  M.  le  chanoine 
Carini  a ,  dans  son  rapport  sur  les  dépôts  d'archives  de  l'Es- 
pagne, appelé  de  nouveau  l'attention  des  érudits  sur  ce  manuscrit, 
et,  dans  le  fascicule  de  la  Revista  de  Gerona  du  mois  de  décembre 
dernier,  M.  Girbal  a  consacré  un  article  à  ce  même  sujet.  Il  y  a 
place  néanmoins,  si  je  ne  me  trompe,  pour  une  étude  descriptive 
de  ce  volume  précieux  qui  appartient  à  la  France  par  son  histoire, 
sinon  par  son  origine. 

Une  note  autographe  de  Charles  V,  dont  le  texte  est  donné 
plus  loin,  indique,  en  effet,  que  la  Bible  de  Girone  a  fait  partie  de 
la  bibliothèque  de  ce  souverain  ;  il  l'avait  achetée  au  couvent  de 
Saint-Lucien  de  Beauvais  et  la  prêta  à  l'évêque  de  cette  ville, 
Jean  de  Dormans  ;  après  la  mort  de  cet  évêque,  survenue  en  1373, 
la  Bible  fit  retour  à  la  fameuse  librairie  du  Louvre*.  Plus  tard  elle 
passa  au  duc  de  Berry  :  elle  était  entre  ses  mains  en  1383  et 
1384.  Elle  fut  donnée  au  xv^  siècle  à  l'archevêque  de  Saragosse, 
Dalmace  de  Mur,  qui  avait  été  envoyé  en  ambassade  à  la  cour 
de  France  par  le  roi  d'Aragon.  Ce  prélat  avait  occupé  le  siège 
épiscopal  de  Girone;  il  légua  la  Bible  à  son  ancienne  cathé- 
drale et  le  chapitre  entra  en  possession  de  ce  trésor  artistique  le 
10  octobre  1456  2. 

J.  Ces  détails  nous  sont  connus  par  un  article  de  la  bibliothèque  de  Charles  V, 
communiqué  par  M.  Deiislc  à  II.  Meyer  et  publié  par  ce  dernier  dans  la  Revue 
critique,  d'histoire  et  de  littérature,  n"  du  15  juin  1868.  Voy.  aussi  le  Cabinet 
des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale  de  M,  Delisle,  1,  pp.  35  et  43. 

2.  Voy.  Girbal,  loc.  cit.,  et  dans  VEspaha  sagrada,  t.  XLIII,  le  procès- ver- 
bal de  la  remise  de  la  Bible  au  chapitre. 


638 

La  Bible  de  Girone  est  écrite  sur  vélin  ;  elle  a  535  feuillets, 
plus  deux  feuillets  de  garde  en  parchemin  au  commencement  et 
autant  à  la  fin.  Les  feuillets  mesurent  0°'424  de  hauteur  sur 
0°'243  de  largeur.  Elle  est  reliée  en  velours  rouge  et  maintenue 
fermée  au  moyen  de  quatre  pattes  de  la  même  étoffe  terminées 
par  des  fermaux  d'or  ciselé,  ornés  eux-mêmes  d'une  plaque 
d'émail  bleu  semé  de  France  ;  cette  plaque  est  percée  d'un  trou 
rond  dans  lequel  on  engage  un  ardillon  planté  sur  le  premier  plat 
du  volume.  La  reliure  primitive  était,  paraît-il,  de  damas  bleu  ; 
c'est  avec  une  couverture  pareille  que  le  manuscrit  est  signalé 
dans  un  inventaire  de  1470.  En  1629,  on  le  revêtit  de  velours 
vert.  La  date  de  la  reliure  actuelle  est  inconnue*.  Jusqu'au 
folio  493  verso  inclusivement,  les  pages  sont  occupées  par  deux 
colonnes  de  0"080  sur  0"275.  Du  folio  494  au  folio  535,  les  pages 
sont  divisées  en  trois  colonnes.  Au  folio  493  verso,  première 
colonne,  on  relève  les  mentions  suivantes  :  «  Explicit  Biblia.  » 
Et  plus  bas,  en  majuscule  onciale  :  «  Magister  Bernardinus  de 
Mutina  fecit.  »  Au  bas  de  la  colonne,  en  lettres  dont  les  hastes 
sont  fort  allongées  :  «  Laus  tibi  sit,  Christe,  quoniam  liber  expli- 
cit iste.  »  Au-dessous  de  ce  vers  se  lit  la  signature  du  roi 
Charles  V  (Charles),  qui  a  tracé  de  sa  main,  au  haut  de  la 
seconde  colonne,  les  sept  lignes  suivantes  : 

Geste  Bible  est  a  nous 
Charles  le  V«  de  notre 
nom,  roy  de  France,  et 
l'achetâmes  de  Saint 
Lusien  de  Biauvez,  l'an 
mil  CGC  LXX  VIII.  Escrit 
de  notre  main. 

Je  ne  m'étendrai  pas  sur  le  contenu  du  volume.  Les  premiers 
livres  de  l'Ancien  Testament  occupent  jusqu'au  folio  212  recto  ; 
viennent  ensuite  les  psaumes  (212-238  recto).  Le  texte  s'arrête 
à  la  première  colonne  de  cette  dernière  page  pour  ne  recommencer 
qu'au  folio  240.  Le  livre  des  Proverbes,  l'Ecclésiaste,  etc.,  sont 
suivis  des  Prophètes  (275  verso)  et  des  Machabées  (368  verso), 
des  Evangiles  (390)  et  des  Epîtres  (438),  des  Actes  des  apôtres 
(467)  et  des  Epîtres  canoniques  (480  verso),  enfin  de  l'Apoca- 
lypse (487).  Le  volume  est  terminé  par  des  «  Interpréta tiones 
hebraicorum  nominum  super  totam  bibliothecam.  » 

1.  Voy,  Girbal,  loc.  cit. 


«39 

Le  folio  238  et  le  folio  493,  ce  dernier  surtout,  paraissent 
avoir  formé,  à  une  certaine  époque,  la  fin  du  volume.  La  première 
colonne  du  folio  238  s'arrête  au  milieu  ;  l'encre  est  altérée  par 
le  frottement;  le  texte  ne  reprend  qu'au  folio  240.  Au  verso  du 
folio  493,  l'altération  de  l'encre,  la  niaculation  de  la  page  sont 
plus  sensibles  encore;  les  notes  que  j'ai  données  plus  haut  ne 
laissent  pas  de  doute  :  le  manuscrit  a  dû  se  terminer  à  ce  point. 
Les  hiterpretationes  qui  suivent  m'ont  paru  d'ailleurs  devoir 
être  attribuées  au  même  scribe. 

En  général,  l'encre  de  la  lîible  a  pâli  sensiblement,  à  ren- 
contre du  vermillon  des  rubriques,  qui  a  gardé  tout  son  éclat. 
Jusqu'au  folio  494  exclusivement,  chaque  colonne  de  texte  est 
accompagnée,  dans  la  marge  de  gauche,  d'une  ligne  de  fioritures 
rouges  et  bleues  très  ténues  qui  se  prolongent  dans  la  marge 
inférieure. 

Les  initiales  des  chapitres  sont  alternativement  rouges,  agré- 
mentées de  traits  bleus  très  légèrement  filés  au  pinceau,  et  bleus 
avec  traits  rouges.  Le  numéro  du  chapitre  est  marqué  en  carac- 
tères rouges  et  bleus,  alternant  dans  une  même  série.  Les  indi- 
cations des  chapitres,  en  tète  des  pages,  sont  de  même  en  deux 
couleurs  :  une  lettre  vermillon,  une  d'azur. 

L'ornementation  de  la  Bible  consiste  surtout  en  des  miniatures 
qui  accompagnent  les  initiales  de  chaque  livre.  Presque  toujours, 
ces  miniatures  sont  disposées  suivant  un  plan  identique  :  une  scène 
est  peinte  dans  la  panse  de  la  lettre  initiale  ;  deux  autres  remplissent 
des  médaillons  au  fond  de  la  page  ;  le  tout  est  relié  par  des  ara- 
besques, des  feuilles  roulées  en  volutes,  etc.  Sur  quelques  pages, 
les  scènes  sont  placées  de  façon  à  former  un  ensemble  géomé- 
trique et  peintes  sur  un  fond  presque  uni,  or  ou  azur.  Ce  genre 
de  décoration,  qui  rappelle  davantage  certains  manuscrits  du 
XIII®  siècle,  est  d'un  aspect  plus  riche  et  satisfait  mieux  le  regard  ; 
en  effet,  les  arabesques  sur  fond  blanc  ont  beau  être  dessinées 
avec  art,  elles  ne  remplissent  pas  suffisamment  la  marge  et  leurs 
lignes  paraissent  grêles.  Dans  le  second  genre  de  décoration,  que 
je  viens  de  signaler,  la  page  la  plus  remarquable  est  celle  qui 
commence  la  Genèse.  Elle  renferme  dix-sept  médaillons  de  0'"037 
posés  sur  un  fond  bleu  foncé  tirant  sur  l'indigo,  plus  une  repré- 
sentation du  ciel  avec  les  bons  et  les  mauvais  anges,  dont  le  ton 
général  est  également  bleu  foncé,  et  enfin  quelques  tiges  garnies  de 
feuilles.  Cette  page,  avec  ses  lignes  nettement  dessinées  et  sa 


640 

coloration  intense,  est  d'un  efifet  décoratif  puissant.  Elle  est  mal- 
heureusement dans  un  assez  mauvais  état. 

Le  sujet  des  peintures  se  rapporte  ordinairement  au  texte 
qu'elles  accompagnent.  Les  sept  premiers  médaillons  en  tête  du 
livre  de  la  Genèse  représentent  les  sept  jours  de  la  Création.  Le 
motif  de  quelques  miniatures  est  une  combinaison  géométrique 
de  lignes  droites  et  d'arcs  de  cercles  généralement  renfermés  dans 
une  circonférence  ;  ces  médaillons  sont  frappants  par  leur  origi- 
nalité et  l'harmonie  de  leurs  couleurs.  Au  fond  du  folio  249  recto, 
le  peintre  a  mis  une  roue  de  fortune  montée  sur  un  axe  coudé 
qui  porte  sur  deux  fourches  verticales  et  que  la  Fortune,  assise  et 
les  yeux  bandés,  tourne  à  la  façon  d'une  broche. 

On  constate  souvent  que  le  peintre  a  intentionnellement  donné 
à  ses  persomiages  et  à  ses  tableaux  un  caractère  archaïque.  Les 
autels  sont  parfois  surmontés  d'un  èdicule,  d'un  ciborium,  par 
exemple  en  tête  du  livre  des  Nombres  (folio  49)  et  de  l'Evangile 
de  saint  Luc  (folio  412).  Dans  l'A  qui  commence  le  livre  de 
Judith,  nous  voyons  l'héroïne  juive  et  sa  suivante  rentrant  à 
Béthulie  ;  les  soldats  qui  viennent  au-devant  des  deux  femmes  et 
ceux  qui  gardent  la  ville  sont  coiâes  d'un  heaume  conique  à  nasel 
et  portent  une  ventaille  de  mailles,  une  cotte  d'étoffe,  un  gantelet 
de  mailles  ;  l'un  d'eux,  dont  on  aperçoit  les  jambes,  a  les  genoux 
garantis  par  des  lanières  tombantes,  comme  les  soldats  romains. 
On  retrouve  ces  ajustements  en  cuir  découpé  en  façon  de  lanières 
au  bas-ventre  et  aux  genoux  d'un  autre  guerrier  peint  au  livre 
des  Machabées,  qui  est  presque  entièrement  vêtu  à  l'antique,  avec 
une  cuirasse  et  des  épaulières  formées  de  plaques  de  métal.  Le 
folio  390  nous  présente  un  évêque  avec  une  mitre  très  basse,  que 
l'on  dirait  du  commencement  du  xiii®  siècle.  Enfin  les  édicules, 
qui  sont  assez  nombreux,  n'ont  aucun  des  caractères  de  l'archi- 
tecture gothique;  leurs  baies  sont  en  plein  cintre  et  leurs  toits 
écrasés.  C'est  le  cas  de  rappeler  la  souscription  de  Bernardinus 
de  Mutina,  Bernardin  de  Modène,  «  souscription  qui  s'accorde 
avec  le  caractère  purement  italien  de  l'écriture  et  de  l'ornemen- 
tation du  manuscrite  » 

Le  dessin  des  miniatures  est  bon,  quelquefois  même  excellent. 
Il  y  a,  au  folio  213,  un  buste  d'ange,  vu  de  face,  qui  est  réelle- 
ment admirable.  Quelques  petits  personnages  debout  sont  égale- 

1.  p.  Meyer,  loc.  cit. 


ment  d'une  simplicité  de  facture  et  d'une  majesté  frappantes. 
C'est  surtout  par  les  plis  des  vêtements  que  pèche  le  dessin  ;  ils 
sont  trop  souvent  maniérés  et  invraisemblables. 

Les  nus,  et  les  personnages  nus  sont  nombreux  dans  la  Bible  de 
Girone,  sont  traités  suivant  des  données  anatomiques  uniformes  : 
les  lignes  des  clavicules  et  du  sternum  sont  très  accentuées,  de 
façon  à  faire  ressortir  les  seins  qui  s'enlèvent  en  relief  sur  des 
contours  fortement  ombrés  ;  le  sternum  est  strié  de  lignes  hori- 
zontales ;  l'estomac  et  le  ventre  portent  régulièrement  deux  traits 
se  coupant  en  croix.  Le  coloris  est  d'une  finesse  exquise,  d'un 
éclat  et  d'une  conservation  parfaits.  Les  fonds  sont  généralement 
bleu  foncé,  relevés  de  dessins  blancs  filés  h  peine  perceptibles; 
ils  sont  quelquefois  d'or  brillant.  Certaines  lettres,  dont  la  panse 
bleue  forme  le  fond  d'une  scène,  sont  elles-mêmes  placées  sur 
fond  or.  La  couche  d'or  a  une  épaisseur  sensible  et  elle  est  sou- 
vent gravée,  notamment  pour  la  représentation  des  auréoles. 
Sur  ces  ors  brillants,  le  miniaturiste  a  quelquefois  posé  des  vola- 
tiles, par  exemple  en  bas  de  la  préface  du  livre  de  Job,  et  le  plu- 
mage jaune  ou  vert  de  ces  oiseaux  éclairé  de  blanc  se  fond  avec 
l'or  en  un  ensemble  d'une  délicatesse  merveilleuse.  Les  clairs  sont 
très  souvent  obtenus  au  moyen  de  blanc  opaque  appliqué  sous 
forme  de  fines  hachures  ou  de  teintes  dégradées  ;  c'est  ainsi  que 
les  armures  d'acier  sont  rendues  sur  les  fonds  d'azur  ;  ainsi  encore 
les  pieds  de  froment  sont  peints  en  blanc  sur  bleu  dans  la  scène 
de  Ruth.  On  ne  trouve  pas  de  clairs  produits  par  un  procédé 
semblable  au  mo}en  de  l'or,  qui  n'était  probablement  pas  assez 
fluide  pour  ce  travail  délicat. 

Au  point  de  vue  du  coloris,  les  chairs  sont  traitées  avec  moins 
de  bonheur  que  les  accessoires  ;  le  côté  éclairé  est  indiqué  par  un 
reflet  verdàtre;  les  parties  saillantes  sont  en  blanc;  les  ombres, 
en  terre  de  Sienne  quelquefois  trop  foncée.  En  somme,  l'aspect 
des  nus  est  terreux  et  peu  agréable  à  l'œil. 

Certaines  figures  sont ,  comme  on  le  pense,  microscopiques  ; 
l'artiste  les  a  peintes  avec  un  soin  et  une  sûreté  de  touche  inima- 
ginables; j'ai  surtout  admiré  à  ce  point  de  vue  un  moine  lisant, 
qui  est  enfermé  dans  un  T,  sur  le  verso  du  folio  77. 

Je  dois  ajouter  enfin  que  quelques  couleurs,  des  gris  pâteux 
notamment,  ont  traversé  le  vélin  ;  cet  accident  s'est  produit  dans 
certains  médaillons  retraçant  la  vie  du  Clirist  au  bas  d'un  arbre 
de  Jessè  délicieux,  en  tête  de  l'Évangile  selon  saint  Mathieu. 


642 

Le  chapitre  de  Girone  possède,  en  outre  de  sa  Bible,  plusieurs 
documents  et  manuscrits  de  grand  prix. 

Ce  sont  d'abord  deux  bulles  pontificales  en  papyrus,  du  ixe  siècle. 
La  première,  émanée  de  Formose,  est  celle  qui  a  été  rapportée  à 
la  date  de  892  dans  les  Regesta  pontificum  Romanorum 
(n°  2677  de  l'édition  de  Jafifé  ;  n°  3484  de  l'édition  de  Loewenfeld). 
La  fin  du  document,  y  compris  la  date,  a  disparu  à  partir  des  for- 
mules d'imprécations.  La  seconde  bulle  est  du  pape  Romain,  en 
date  du  mois  d'octobre  897  ;  elle  est  insérée  dans  les  Regesta 
pontificum  Romanorum,  au  n°  2702  de  l'édition  de  Jaffé  et  au 
n"  3516  de  l'édition  de  Loewenfeld. 

Les  deux  bulles  sont,  on  le  voit,  remarquables  par  leur  anti- 
quité. Toutes  deux  ont  été  étudiées  et  publiées  par  M.  Girbal  dans 
l'un  des  derniers  fascicules  de  la  Revista  de  Gerona^. 

Les  archives  du  chapitre  renferment  encore  le  commentaire  de 
Beatus  sur  l'Apocalypse.  Dans  le  travail  qu'il  a  consacré  à  divers 
exemplaires  de  cet  ouvrage,  M.  Delisle  cite  celui  de  Girone  et 
donne  d'après  ViUanueva  des  indications  relatives  à  la  date 
de  ce  manuscrit  :  «  Inveni  portum  volumine  vi  feria,  n  nonas 
Julias.  In  is  diebus  erat  Fredenando  Flagini  et  Avillas  Toleto 
civitas  ad  devellando  Mauritanie  discurrente  era  millesimaXIIP.  » 
M.  Delisle  a  fait  remarquer  qu'en  l'an  975  de  notre  ère,  qui  cor- 
respond à  l'an  1013  de  l'ère  d'Espagne,  le  6  juillet  {11°  nonas 
Julias)  tomba  un  mardi  et  non  un  vendredi  (  VI  feria) .  Dans  la 
transcription  que  j'ai  faite  de  ces  quelques  lignes,  je  ne  trouve 
rien  de  relatif  à  la  feria  VI^.  Voici  d'ailleurs  la  date  telle  que 
je  l'ai  relevée,  un  peu  rapidement,  je  l'avoue  :  «  Inveni  portum 
volumine  vu  nonnas  Juhas.  In  is  diebus  erat  Fredenando  Flagi- 
nius  (?)  a  villas  Toleta  civitas  ad  devellando  Mauritanie,  discur- 
rente era  millesima  XIIP.  »  Le  manuscrit  mesure  0"'26  sur0'"40 
et  contient,  outre  une  mappemonde  que  l'on  trouve  généralement 
dans  les  exemplaires  de  ce  livre,  nombre  de  peintures.  Si  ces 
peintures  n'ont  pas  autant  de  mérite  que  celles  de  l'Apocalypse  de 
Saint -Sever,  qui  est  conservée  à  la  Bibliothèque  nationale  ^ 
elles  n'en  sont  pas  moins  curieuses  par  l'étrangeté  de  leur  com- 

1.  Mars  1886. 

2.  Mélanges  de  paléographie  et  de  bibliographie,  p.  124. 

3.  Les  continuateurs  de  VEspana  sagrada  (XLV,  12)  ont  lu  :  «  Inveni  portum 
volumine,  VII  nonas  Julias,  »  etc. 

4.  L.  Delisle,  op.  cit.,  pp.  127-130. 


643 

position,  que  la  simplicité  et  la  grossièreté  de  l'exécution  rendent 
plus  frappante  encore. 

Après  l'Apocalypse  de  Beatus,  je  citerai  un  ancien  recueil  de 
conciles  qui  a  été  utilisé  par  1).  Francisco  Antonio  Gonzalez  dans 
sa  Collectio  canonum  ecclesiœ  Hispance^ .  Le  dos  de  la  reliure, 
qui  est  moderne,  porte  un  titre  inexact  :  «  Antiquissimus  eccle- 
sise  Hispaniaî  liber  canonum.  »  Au  commencement  et  à  la  fin  se 
trouve  une  note  ainsi  conçue  :  «  Nota.  Este  codice  es  de  la  santa 
Iglesia  deGerona,  de  cuyo  archivo  se  ha  sacado  para  cotejarlo 
con  otros.  Es  el  mismo  de  que  habla  el  P"  Codorniu'  en  sus  car- 
tas  a  S.  C.  » 

Les  feuillets,  en  parchemin,  qui  sont  numérotés  1-365,  mesurent 
0'"276  sur  0™350,  Le  folio  1  est  un  peu  plus  petit  et  porte  une 
«  confirmatio  treuge  Domini  sive  pacis.  »  Le  folio  2  donne  le 
nombre  des  provinces  ecclésiastiques  de  l'Espagne  (six),  ainsi  que 
des  évêchés  sufFragants  de  Tarragone  (quatorze)  et  de  Narbonne 
(sept).  Même  folio,  verso  :  «  Incipit  in  nomine  Domini  dialagon 
epigramatum  in  hbro  canonum.  »  Du  folio  3  verso  jusqu'au 
folio  11,  cinquième  ligne,  est  une  table.  Viennent  ensuite  une  pré- 
face, une  liste  des  conciles  de  Grèce,  d'Afrique,  de  Gaule,  d'Es- 
pagne, et  enfin,  à  partir  du  fond  du  verso  du  folio  11,  les  canons 
de  ces  mêmes  conciles,  à  commencer  par  celui  de  Nicée.  Le 
folio  364,  deuxième  colonne,  renferme  les  actes  d'un  synode  tenu 
à  Girone  en  1068,  suivis  à  partir  du  recto  du  folio  365  d'un 
autre  synode  célébré  dans  la  même  ville  dix  ans  plus  tard.  Ces 
deux  documents  sont  d'une  autre  écriture  que  le  corps  du  livre. 
Le  verso  du  folio  365  est  occupé  en  partie  par  le  commencement 
d'une  bulle  adressée  aux  évêques  de  la  province  de  Tarragone  par 
le  pape  V[ictor?]. 

Ce  recueil  de  conciles  n'offre  pas,  au  point  de  vue  paléogra- 
phique, l'intérêt  des  manuscrits  précédents.  Il  est  néanmoins  écrit 
avec  soin.  Les  rubriques  sont  en  vermillon  ;  les  pages  sont  divi- 
sées en  deux  colonnes  et  raj^ées  au  moyen  d'une  pointe.  Il  m'a 
paru  que  ce  volume  était  non  du  x*^  siècle,  comme  le  prétend 

1.  Espaha  sagrada,  t.  XLV,  p.  13. 

2.  Le  P.  Aiitoiae  Cordoniu,  jésuite,  né  à  Barcelone  en  1699,  mort  à  Ferrare 
ett  1770,  professa  la  thf  ilogie  à  Girone  et  fut  chargé  de  rechercher  dans  les 
archives  de  cette  ville  les  documents  se  rapportant  à  l'histoire  ecclésiastique 
et  civile  de  l'Espagne.  (Torres  Amat,  Diccionario  critko  de  los  escritores  cata- 
lanes, pp.  181-182.) 


644 

M .  Carini,  mais  du  xf  siècle  ;  il  est  sensiblement  postérieur  à  l'Apo- 
calypse, qui  date,  comme  on  l'a  vu,  de  975. 

Il  me  reste  à  parler  d'un  Evangéliaire  qui  est  surtout  curieux 
par  sa  reliure.  Les  deux  plats,  de  0^205  sur  0™29  et  de  0™018 
environ  d'épaisseur,  sont  en  cèdre  et  sculptés  ;  le  premier  porte 
une  crucifixion.  Le  Sauveur,  droit  et  raide ,  juponné  jusqu'aux 
genoux,  est  posé  sur  la  croix  ;  les  deux  pieds  sont  attachés  sépa- 
rément au  subpedane.um.  Deux  anges  issants  apparaissent  au- 
dessus  des  bras  de  la  croix;  au-dessous,  la  sainte  Vierge  et  saint 
Jean  se  tiennent  debout.  La  scène  est  entourée  d'un  encadrement 
formé  de  rinceaux  un  peu  lourds,  mais  d'un  dessin  heureux,  enfer- 
més entre  deux  baguettes.  Sur  l'autre  plat,  qui  est  brisé,  est  un 
Dieu  de  Majesté  dans  une  gloire  elliptique  enlevée  par  quatre 
anges;  l'encadrement  est  le  même  que  pour  le  premier  plat.  La 
pose  compassée  des  personnages,  les  plis  serrés  des  vêtements,  le 
style  des  rinceaux  annoncent,  si  je  ne  me  trompe,  le  xn''  siècle. 

Les  feuillets,  en  parchemin,  ont  O'^IOQ  de  largeur  et  0'°280  de 
hauteur. 

Le  texte  débute  par  une  formule  de  serment  :  «  Promitto  ego 
obedientiam  Deo  et  sancte  Marie  et  huic  sancte  sedi  et  B.  Gerun- 
densi  episcopo  et  successoribus  ejus  quamdiu  vixero  per  hoc 
quatuor  Evangelia.  »  Folio  3  :  serment  de  Bernard  Guillelm, 
sacristain  de  Castellon.  Cet  évangéhaire  était  un  de  ces  livres 
juratoires  sur  lesquels  on  prêtait  serment,  quatuor  evangeliis 
corporaliter  tactis.  Folio  4  et  suivants  :  indication  de  l'évangile 
de  chaque  jour  et  concordance  des  Evangiles.  Ces  tables  de  con- 
cordances ou  canons  sont  divisées  par  des  colonnettes  réunies  par 
en  haut  au  moyen  d'arcs,  de  façon  à  former  une  décoration  archi- 
tecturale, comme  on  en  trouve  souvent  dans  les  anciens  manus- 
crits espagnols  et  dans  la  plupart  des  anciennes  copies  des  Evan- 
giles. Les  quatre  Évangiles  sont  ensuite  transcrits  dans  l'ordre 
habituel  :  saint  Mathieu,  saint  Marc,  saint  Luc  et  saint  Jean.  Les 
huit  dernières  pages  contiennent  le  serment  du  viguier  royal  de 
Girone,  d'abord  en  latin,  ensuite  traduit  en  langue  vulgaire,  «  ad 
laycam  seu  vulgarem.  »  Cette  dernière  partie  est  du  xv"  siècle. 

L'exécution  de  l'Evangéliaire  n'est  pas  des  plus  riches  ;  les 
enluminures  des  rubriques  et  des  initiales  sont  grossières  ;  elles 
se  réduisent  à  ces  combinaisons  mesquines  de  traits  jaunes,  bleus 
et  rouges  que  les  scribes  espagnols  de  l'époque  employaient  si 
fréquemment. 


645 

Je  dois  avouer  que  j'ai  inutilement  demandé  et  cherché  à  Girone 
le  Trésor  àe  Brunetto  Latini,  que  M.  Carini  a  signalé  dans  cette 
ville.  Ce  manuscrit  ne  serait-il  pas  ailleurs  et  n'y  aurait-il  pas 
eu  quelque  interversion  dans  les  notes  du  savant  professeur  du 
Vatican  ? 

Je  me  fais  un  devoir,  en  terminant  cette  note,  d'exprimer  ma 
gratitude  à  M.  Alfonso  Gelabert,  agent  consulaire  de  France,  qui 
est  aussi  un  lettré  et  un  archéologue  distingué,  et  à  M.  le  doyen 
du  chapitre  de  Girone,  pour  la  rare  bienveillance  avec  laquelle  ils 
m'ont  accueilli  et  aidé  de  leurs  indications  et  de  leurs  conseils 
éclairés. 

Auguste  Brut  AILS. 


INVENTAIRE 


DU 


TRÉSOR  DU  SAINT  SIÈGE 

sous  BONIFAGE  VIII 

(1295). 

(Suite  K) 
LXIII. 

PAN\I   MAGNI    PRO   CORONATIONE   ET   CE.\A   DOMINI. 

^173.  —  Item,  unum  pannum  magnum  in  cujus  fundo  est  histo- 
ria  cène  Domini  et  circura  circa  habet  vites  ad  aurum^. 

U7A.  —  Item,  duos  pannos  magnos,  junctos  simul,  cura  rôtis  in 
quibus  sunt  equi  cum  alis  viridibus. 

U7^.  —  Item,  unum  pannum  in  cujus  medio  est  figura  Majestatis 
média  cum  angelis,  et  figura  apostolorum  Pétri  et  Pauli,  et  in  cir- 
cuitu  est  operatus  ad  figuras  liominum  et  bestiarum  ad  aurum. 

-H76.  —  Item,  alium  pannum  rubeum  ad  arbores  et  vites  ad 
aurum  brodatas  de  cultra  viridi. 

M  77.  —  Item,  alium  pannum  magnum  album  cum  imaginibus 
episcoporum. 

1.  Voyez  années  1882,  p.  276  et  626;  1884,  p.  31  ;  1885,  p.  16. 

2.  Les  articles  1173-1180  ont  été  publiés  par  M.  E.  Muntz,  Histoire  générale 
de  la  Tapisserie,  par  J.  Guiffrey,  E.  Miintz  et  Pinchart;  Tapisserie  en  Italie, 
p.  6,  note  5.  L'auteur  incline  à  penser  que  ces  tentures  n'étaient  pas  de  véri- 
tables tapisseries,  mais  des  broderies. 


647 

^ns.  —  Item,  alium  pannum  tartaricum  cum  figuris  arcium  ad 
aurum. 

•H79.  —  Item,  alium  pannum  hispanicum  rubeum  ad  rosas  de 
serico  ialdo  ;  et  sunt  omnes  predicti  panni  ad  usum  coronationis  et 
cène  Domini. 

USO.  —  Item,  alium  pannum  tartaricum  ad  prediclum  usum 
coronationis  et  cène,  cum  arcubus  magnis  in  rôtis. 


LXIV. 


PANNI    DE   ROMANIA 


^^8^.  —  item,  unum  pannum  rubeum  de  Romania  cum  rôtis  in 
quibus  est  unus  leo, 

'Il 82.  —  Item,  alium  pannum  rubeum  de  Romania  cum  rôtis  in 
quarum  qualibet  sunt  duo  leones. 

^^83.  —  Item,  unum  pannum  rubeum  de  Romania  ad  aves  et 
bestias  et  arbores  ad  aurum. 

4484.  —  Item,  unum  pannum  rubeum  de  Romania  cum  rôtis  in 
quarum  qualibet  sunt  duo  leones. 

•H 85.  —  Item,  unum  pannum  rubeum  de  Romania  cum  rôtis  in 
quarum  qualibet  sunt  duo  grifones. 

^'ise.  —  Item,  alium  pannum  violaceum  de  Romania  cum  rôtis  in 
quarum  qualibet  est  unus  leo  sive  grifo. 

4  ^  87.  —  Item,  alium  pannum  violaceum  de  Romania  cum  rôtis  in 
quarum  qualibet  sunt  duo  grifones. 

-H88.  —  Item,  alium  pannum  violaceum  de  Romania  cum  rôtis  in 
quarum  qualibet  est  unus  grifo. 

4189.  —  Item,  alium  pannum  violaceum  de  Romania  cum  rôtis 
in  quarum  qualibet  est  j.  leo  parvus. 

>H  90.  —  Item,  unum  pannum  rubeum  de  Romania  cum  rôtis  albis 
in  quarum  qualibet  sunt  duo  leones. 

•H9I.  —  Item,  alium  pannum  violaceum  de  Romania  sine  auro 
cum  rôtis  ad  cathenas  in  quarum  qualibet  est  grifo  albus  ad  caput 
equi. 

'I'l92.  —  Item^  unum  pannum  violaceum  de  Romania  cum  rôtis 
in  quarum  qualibet  sunt  duo  leones  ad  aurum. 

1.  Tentures  de  Romanie,  c'est-à-dire  provenant  de  l'Empire  d'Orient. 


648 


LXV. 


XAMITA 


^^93.  —  Item,  unum  xamitum  rubeum  ad  rotas  cathenatas  in 
quamm  qualibet  est  grifo  ad  capud  equinum,  de  auro  filato  de  opère 
Romanie. 

U9Â.  —  Item,  aliud  xamitum  iallum  ad  rotas  in  quibus  suntleo- 
nes  et  grifones  ad  aurum  fîlatum  de  opère  Romanie. 

4^95.  —  Item,  aliud  xamitum  violaceum  ad  lilia  aurea  de  opère 
Romanie. 

•H96.  —  Item,  unam  petiam  de  xamito  rubeo  recenti. 

^'^97.  —  Item,  duo  alia  xamita  rubea  sine  aliquo  opère,  foderala 
de  tela. 

-H98.  — Item,  aliud  xamitum  ex  una  parte  violaceum  et  ex  altéra 
nigrum. 

^^99.  —  Item,  unam  petiam  de  xamito  albo. 

^200.  —  Item,  aliud  xamitum  bene  antiquum  iallum, 

^20'l .  —  Item,  unam  petiam  de  xamito  nigro. 

4202.  —  Item,  unam  petiam  de  xamito  fusco. 

LXVI. 

PANNl    HISPANICI^. 

-1203.  —  Item,  duos  pannos  hispanicos  pulcros  ad  rosas  et  alia 
laboreria  ad  aurum. 

1204.  —  Item,  duos  alios  pannos  hispanicos  ad  bestias  per  longum 
rubeas  et  albas  in  quibus  sunt  leones  et  castella  ad  aurum. 

-1205.  —  Item,  iiij.  pannos  hispanicos  cum  leonibus  in  campo  albo, 
et  castellis  in  campo  rubeo  et  aquilis  nigris  in  campo  ad  aurum. 

1.  Le  texte  ne  dit  pas  s'il  s'agit  ici  de  tentures,  mais  il  est  permis  de  supposer 
que  ces  pièces  de  soie  servaient  à  cet  usage.  Sur  l'usage  des  tentures  de  soie, 
voyez  F,  Michel,  Recherches  sur  les  étoffes  de  soie,  I,  p.  108  et  suiv. 

2.  On  a  déjà  mentionné  à  l'article  925  le  pannum  hispanicum  ;  ici,  il  s'agit 
évidemment  d'étoffes  de  soie  ;  on  remarquera  que  plusieurs  de  ces  étoflfes  portent 
comme  décoration  des  pièces  d'armoiries,  des  lions  et  des  châteaux,  Léon  et 
Castille;  il  est  permis  de  supposer  que  ces  élotfes  avaient  été  envoyées  en  pré- 
sent au  pape. 


649 

1206.  — Item,  duos  pannos  hispanicos  cum  rolis  ad  quarleria  in 
quibus  sunt  duo  leones  violacci  eL  duo  castella  et,  in  campo,  aquile 
nigre. 

1207.  —  Item,  duos  alios  pamios  hispanicos  ad  spinam  piscis  de 
serico  rubeo  et  albo. 

1208.  —  Item,  unum  pannum  hispanicum  ad  spinam  piscis  de 
serico  viridi  et  auro. 

•1209.  — Item,  iij.  pannos  hispanicos  ad  scacheria  alba  et  rubea  in 
quibus  sunt  leones  et  castra  ad  aurum, 

1 21 0.  —  Item,  unam  purpuram  ^  de  Hispaniarubeam  cum operibus 
minutis  de  serico  diversorum  colorum. 

1211.  —  Item,  unum  pannum  de  Hispania  ad  quarteria  alba. et 
rubea  in  quibus  sunt  leones  nigri  et  castra  ialla. 

1212.  —  Item,  unum  pannum  de  Hispania  coloris  celestis  ad  rose- 
tas  ad  aurum. 

1213.  —  Item,  duaspurpurellas  subtiles  de  Hispania  coloris  celestis. 

1214.  —  Item,  très  alias  purpurellas  viles  et  nullius  coloris. 

1215.  —  Item ,  unum  pannum  de  Hispania  rubeum  ad  pinielas 
aureas^. 

LXVII. 

PANNI   LUCANI^. 

1 21 6.  —  Item,  xvj .  pannos  virides  lucanos  magnos,  ad  arma  domini 
comilis  Carlan''. 

1217.  —  Item,  xiij.  alios  pannos  rubeos  ad  predicta  arma. 

1218.  —  Item,  duos  pannos  lucanos  rubeos  cum  rôtis  in  quarum 
qualibet  sunt  duo  grifones,  et  in  circuiti  sunt  scuta  ad  arma  Sabel- 
lorum  ^. 


1.  La  pourpre  d'Aumarie  (Almeria)  est  citée  dans  la  Chanson  d'Ayen  la  bêle 
d'Avignon  : 

«  ...  Et  remest  ou  bliaul  de  pourpre  d'Aumarie.  » 
(Fr.  Michel,  Recherches  sur  les  étoffes  de  soie,  II,  p.  8.) 

2.  De  petites  pommes  de  pin  d'or. 

3.  Sur  les  étoffes  de  Lucques,  centre  de  fabrication  et  d'exportation  des 
étoffes  de  soie  au  moyen  âge,  voyez  Fr,  Michel,  Recherches,  II,  p.  259  et  suiv. 

4.  Peut-être  faut-il  lire  :  Caetanensis,  Gaetani,  c'est-à-dire  la  famille  même 
de  Boniface  VIII.  Les  armoiries  des  Gaetani  sont  d'or  aux  deux  ondes  jumelles 
d'azur  en  bande. 

5.  Pour  les  armes  des  Savelli,  voyez  la  note  de  l'article  823. 

42 


650 

-1249.  —  Item,  quinque  pannos  rubeos  ad  leopardos  de  auro. 

4220.  —  Item,  sex  pannos  virides  lucanos  ad  rosas  rubeas. 

4224.  —  Item,  viij.  pannos  violaceos  ad  arma  Sabelencia. 

^  222.  —  Item,  centum  xij.  pannos  lucanos  et  veneticos  cum  auro  et 
sine  auro  ad  diversa  opéra,  computatis  novis  et  veteribus. 

4  223.  —  Item,  unum  alium  pannum  sine  auro  cum  rôtis  in  qua- 
rum  qualibet  sunt  duo  grifones  ialli. 

4  224.  —  Item,  unum  pannum  de  serico  diversorum  colorum  cum 
rôtis  in  quarum  qualibet  sunt  due  aves  ad  aurum. 

4  223.  —  Item,  unum  alium  pannum  sine  auro  cum  rôtis  in  qua- 
rum qualibet  sunt  duo  grifones  albi. 

4226.  — Item,  duos  pannos  santasmos\  unusrubeus,  alter  celes- 
tis,  cum  laboreriis  ad  aurum. 

4  227.  —  Item,  unum  pannum  sine  auro  cum  rôtis  in  quarum  qua- 
libet sunt  duo  grifones  ialli. 

4228.  —  Item,  v.  pannos  lucanos  ad  undas  albas  et  endicas. 

4229.  —  Item,  unum  diasprum  lucanum  endicum  ad  aves  rubeas 
in  rôtis,  cum  capitibus  et  pedibus  ad  aurum. 

Lxvm. 

FRUSTRA   PANNORUM    HISPAIVICORUM.  Rubvica. 

4230.  — Item,  j.  frustrum  de  panno  hispanico  rubeo  ad  piniolas 
auri,  longum  deiiij.  brachiis. 

4234 .  —  Item,  unum  aliud  frustrum  de  eodem  panno  de  ij.  palmis 
et  dimidia. 

4232.  —  Itéra,  unum  frustrum  de  panno  hispanico  rubeo  ad  vir- 
gas  auri  dissipatas,  longum  de  quinque  brachiis. 

4233.  —  Item,  v.  petiolas  intégras  de  panno  hispanico  albo,  sci- 
licet  zendatum^  cum  virgis  ad  aurum. 

4234.  —  Item,  j.  listam  de  panno  hispanico  albo  virgatam  ad 
aurum. 

1.  Du  Cange  (v°  Santasmum)  identifie  ce  mot  avec  Sarantasmum  dans  \eq\ie\ 
il  reconnaît  une  corruption  pour  Saracenismum  ou  Saracenicum ;  cependant, 
les  exemples  qu'il  donne  à  l'appui  de  sa  conjecture  ne  sont  pas  absolument 
concluants,  et  il  a  fort  bien  pu  exister  une  étoffe  de  soie  particulière  appelée 
Santasmmn  ou  Sarantasmuin  et  n'ayant  rien  de  commun  avec  une  étoffe 
sarrazinoise . 

2.  Ceadal. 


654 

4  235.  —  lleni,  unum  frustrum  de  xamito  albo  de  v.  brachiis. 

4236.  —  Ilem,  unum  fruslrum  de  xamito  albo  antiquo,  longum 
de  iiij.  brachiis. 

4237.  —  Item,  unum  frustrum  de  xamito  rubeo  antiquo,  longum 
de  tribus  brachiis. 

4238.  —  Item,  j.  frustrum  de  xamito  endico  longum  de  iiij.  bra- 
chiis. 

4239.  —  Item,  unum  frustrum  de  xamito  violaceo  longum  de  uno 
brachio. 

4240.  — Item,  j.  aliud  frustrum  de  xamito  violaceo  longum  de 
iiij.  palmis. 

■1241.  —  Item,  unum  frustrum  de  xamito  albo  de  iiij.  palmis,  et 
est  média  tela. 

4  242.  —  Item,  j.  frustrum  de  xamito  albo  pro  copertura  unius 
coxini. 

J243.  —  Item,j.  frustrum  de  xamito  nigro,  longum  de  iiij.  palmis. 

4244.  —  Item,  j.  frustrum  de  diaspro  de  Anth[iocia]  '  longum  de 
V.  palmis. 

4245.  —  Item,  j.  frustrum  de  diaspro  lucano  albo  longum  de 
vij.  palmis;  et  ambo  ista  sunt  pro  mitris. 

4246.  —  Item,  unum  frustrum  de  panno  de  Romania  longum  de 
iiij.  palmis,  et  amplum  de  duobus. 

4247.  —  Item,  tria  frustra  de  santalino  de  uno  palmo. 

4248.  —  Item,  xviiij.  brachia  de  panno  tartarico  rubeo  antiquo 
vilissimo  in  iiij.  frustris. 

4249.  —  Item,  j.  frustrum  de  venetico  panno  de  iiij.  palmis. 

4  250.  —  Item,  aliud  frustrum  de  panno  venetico  de  v.  palmis. 
4254.  —  Item,  aliud  frustrum  de  v.  palmis. 
4  252.  —  Item,  aliud  frustrum  longum  de  iiij.  palmis,  et  amplum 
de  tribus. 

4253.  —  Item,  aliud  frustrum  longum  de  iiij.  palmis  et  amplum 
de  duobus. 

4254.  —  Item,  aliud  frustrum  longum  de  vj.  et  amplum  de  tribus. 

4255.  —  Item,  j.  frustrum  de  panno  lucano,  longum  de  quinque 
palmis  et  amplum  de  uno. 


1.  L'article  1262  mentionne  également  le  déaspre  d'Antioche.  Dans  l'inventaire 
du  trésor  de  Saint-Pol  de  Londres  (1295),  on  trouve  également  celte  élofl'c  avec 
la  même  provenance.  Voy.  F.  Michel,  Recherches  sur  tes  étoffes  de  soie,  I, 
p.  230,  note  2. 


652 

^236.  —  Item,  j.  frustrum  longum  de  tribus  palmis,  et  amplum 
de  duobus. 

4257.  —  Item,  duo  frustra  de  panno  viridi  lucano;  et  fuerunt  de 
quadam  manica. 

•J258.  —  Item,  unum  frustrum  de  panno  venetico  longum  dequin- 
que  palmis  et  amplum  de  uno. 

4239.  —  Item,  duos  pannos  januenses  albos. 

4  260.  —  Item,  unum  frustrum  de  xamito  violaceo  cum  figura 
Majestatis  et  tabernaculo,  et  vj.  aliis  circa  eam  de  auro  filato. 

^126-1.  —  Item,  duos  pannos  rubeos  de  lana,  quorum  unus  est 
foderatus. 

4262.  — Item,  V.  frustra  de  diaspro  albo  de  Antiocia,  que  fuerunt 
de  quadam  dalmatica  que  fuit  restricta  et  due  gramite  de  panno  de 
Romania,  et  fuerunt  de  predicta  dalmatica. 


LXIX. 

FRUSTRA  PANNORUM  TARTARICUM  ET  ALIORCM  PANNORUM. 

4  263,  —  Item,  frustra  de  panno  tartarico  albo  ad  folia  aurea,  de 
duobus  brachiis. 

4264.  —  Item,  unum  frustrum  de  panno  tartarico  quasi  cinericio, 
de  uno  brachio. 

4  263,  —  Item,  unum  frustrum  de  panno  tartarico  rubeo  ad  folia 
deaurata,  de  tribus  brachiis. 

4266.  —  Item,  unum  frustrum  de  panno  tartarico  canceo  coloris 
celestis,  de  tribus  brachiis  et  dimidio  ;  nec  est  integer  ex  una  parte. 

4267.  — Item,  unum  frustrum  de  canceo  viridi  longum  de  duobus 
brachiis. 

4268.  —  Item,  unum  frustrum  de  panno  tartarico  rubeo  ad  folia 
aurea  'de  ij.  brachiis  et  dimidio,  amplum  uno  pede. 

4  269.  —  Item,  unum  frustrum  de  panno  tartarico  rubeo  ad  aurum, 
longum  uno  brachio,  et  amplum  uno  palmo. 

4270.  —  Item,  duas  listas  de  panno  tartarico  ad  aurum,  longas 
de  iiij.  palmis  et  amplas  de  uno. 

4274.  —  Item,  unum  frustrum  de  panno  tartarico  albo  ad  folia 
parva,  de  sex  brachiis  et  dimid. 

4272.  —  Item,  unum  frustrum  de  panno  nigro  tartarico  ad  folia 
aurea  tartarica,  longum  de  iiij.  palmis,  et  amplum  de  uno. 


653 

^273.  —  Item,  listam  de  panno  tartarico  ad  aurum  cum  duobus 
leonibus  de  argenlo. 

•1274.  —  Item,  unum  frustrum  de  panno  tarlarico  viridi  atabi  cum 
lilteris  el  leonibus  albis. 

-127».  —  Item,  vj.  listas  de  canceo  tartarico  virides;  una  quarum 
est  coloris  cclestis  ad  diversa  laborcria  ad  aurum. 

-1276.  —  Item,  j.  frustrum  de  panno  tarlarico  velluto  iallo,  longum 
de  tribus  bracbiis,  et  amplum  de  uno  pede. 

-1277.  —  Item,  unum  frustrum  deeodem  panno  longum  de  ij.  pal- 
mis,  et  amplum  de  uno  palmo. 

-1278.  —  Item,  unum  frustrum  de  panno  tartarico  rubeo  ad  folia 
aurea,  longum  et  latum  de  uno  pede. 

-1279.  —  Item,  unam  listam  de  panno  tartarico  cum  duobus  leo- 
nibus de  argento. 

-1280.  —  Item,  j.  frustrum  de  panno  tartarico  rubeo  longum  et 
latum  de  uno  palmo. 

^  281 .  —  Item,  unum  frustrum  de  panno  Cyprensi  rubeo  ad  aurum, 
longum  et  latum  de  uno  palmo. 


LXX. 

AURIFfilXIA   IIVTEGRA   ET   FRUSTRA.  RubriCtt. 

-1282.  —  Item,  unum  frixium  quod  fuit  de  planeta,  cum  campo  ad 
aurum  et  canullatum^  et  laqueos  de  perlis  in  quo  sunt  xxxv.  balasci, 
unus  granatus  et  unus  amatista  et  iiij.  praxine  et  unus  periodus  et 
V.  zaffiri. 

-1283.  —  Item,  alia  pars  ejusdem  frixii,  de  quo  sunt  amoti  omnes 
lapides. 

-1284.  —  Item,  xij.  castones  de  isto  frixio  inquibus  sunt  xij.  balassi. 

-1285.  — Item,  xij.  balassi  sine  castonibus  et  j.  castonus  cum  uno 
zaffîrello,  et  j.  zaffirellum  sine  castone,  et  ij.  praxinas  in  castonibus, 
et  duas  sine  castonibus,  et  j.  amatista. 

-1286.  —  Item,  titulum  ejusdem  frixii,  in  quo  sunt  viij.  balasci  et 
vij.  zaffiri,  et  v.  praxine. 

-1287.  —  Item,  duo  frixia  de  Venetiis  cum  xxxiiij.  rosetis  de  argento 

l.  Le  mot  canuUutum,  dérivé  de  canulum,  lige,  est  ici  absolument  incom- 
préhensible, à  moins  qu'il  ne  s'agisse  non  d'un  ornement  d'or  brodé  ou  tissé, 
mais  d'une  véritable  décoration  d'orfèvrerie  sur  laquelle  sont  disposées  des 
perles  encadrant  des  pierres  précieuses. 


654 

in  quibus  sunt  xxxiij.  granatelli  et  urxus  vitrus,  ornate  (sic)  perlis  et 
praxinellis. 

-1288.  —  Item,  unum  frixium  antiquum  ad  rosas  de  perlis,  et 
médias  imagines  de  auro  tractitio, 

-f  289.  —  Item,  unum  frixium  ad  aurum  cyprense  cum  mediis  ima- 
ginibus  in  rotulis  de  perlis. 

4290.  —  Item,  unum  frixium  de  serico  rubeo  cum  nodis  ad  aurum 
et  perlas. 

4  29-1 .  —  Item,  j.  frixium  ad  rmagines  ad  aurum  in  campo  de  serico 
rubeo  et  celesti. 

1292.  —  Item,  duo  frixia  anglicana  ad  aurum  et  sericum  diver- 
sorum  colorum. 

1293.  —Item,  unum  frustrum  de  frixio  anglicano amplum de uno 
palmo  et  longum  de  decem. 

1294.  —  Item,  duo  frustra  de  frixio  anglicano  longum  quodlibet 
de  iiij.  palmis  et  amplum  de  uno. 

1295.  —  Item,  unum  aliud  frustrum  longum  de  duobus  palmis 
et  amplum  de  uno. 

1296.  —  Item,  j.  frustrum  de  frixio  anglicano  amplo  de  uno 
semissa,  et  longum  de  vj.  palmis. 

1297.  —  Item,  aliud  frustrum,  non  ita  amplum,  longum  de 
xij.  palmis. 

1 298.  —  Item ,  aliud  frustrum ,  non  ita  amplum ,  longum  de 
xj.  palmis. 

1299.  —  Item,  aliud  frustrum  simile  predicto,  de  vj.  palmis. 

1300.  —  Item,  aliud  frustrum  longum  de  iiij.  palmis. 

1 301 .  —  Item,  aliud  frustrum  de  frixio  amplo  de  uno  palmo  et 
longum  de  v. 

1 302.  —  Item,  aliud  frustrum  de  uno  semisso  amplum  et  longum 
de  iiij.  palmis. 

1303.  —  Item,  duo  frustra  de  frixio  anglicano  quodlibet  longum 
de  iiij .  palmis. 

1304.  —  Item,  iiij.  frustra  de  frixio  anglicano  ampla  de  duobus 
digitis  et  longum  quodlibet  de  iiij.  palmis. 

1303.  —  Item,  aliud  frustrum  de  duobus  palmis. 

1306.  —  Item,  unum  frustrum  de  frixio  Alamanie,  amplum  de 
iiij.  digitis  et  longum  de  xiiij.  palmis. 

1307.  —  Item,  unum  frustrum  ad  argentum  tractitium  deaura- 
tum,  longum  de  vij.  palmis  et  amplum  de  iij.  digitis. 

1308.  —  Item,  aliud  frustrum  de  eodem  frixio,  de  vj.  palmis. 


655 

i309.  —  iLem,  aliud  fruslrum  de  frixio  de  Romaniade  xij.  palmis 
ad  aquilas  de  serico  rubeo. 
-^3^0.  —  Item,  aliud  fruslrum  de  eodem,  ejusdem  longitudinis. 
'I3^^.  —  Ilem,  aliud  fruslrum  de  eodem  el  ejusdem  longitudinis. 

4342.  —  Item,  iiij.  frustra,  quorum  sunt  duo  de  appendiciis  mitre, 
aliud  est  capucinus  pluvialis  et  aliud  pro  pugnali,  ad  aurum  et  perlas. 

4 34 3.  —  Item,  aliud  fruslrum  de  eodem  de  ix.  palmis. 

-1314.  —  Item,  unum  fruslrum  de  frixio  de  Romania  de  duobus 
digitis  amplum  et  longum  de  xij.  palmis. 

4 34  5.  —  Item,  aliud  fruslrum  de  decem  palmis. 

4  31 6.  —  Item,  aliud  fruslrum  de  eodem,  longum  de  decem  palmis. 

4317.  —  Item,  unum  fruslrum  de  frixio  de  Venetis,  longum  de 
vij.  palmis. 

434  8.  —  Item,  aliud  fruslrum  de  vij.  palmis. 

4349.  —  Item,  unum  frustrum  de  medio  frixio  de  Alamania  ad 
bestias,  [longum]  de  vj.  palmis  et  amplum  de  iiij.  digitis. 

1320.  —  Item,  aliud  frustrum  simile  predicto. 

4324.  —  Item,  unum  frustmm  de  frixio  Alamanie  de  uno  pede. 

4  322.  —  Item,  duo  frustra  de  frixio  laboralo  ad  accum  cumimagi- 
nibus  ad  aurum,  unum  longum  de  vij,  palmis,  et  aliud  de  viij. 

4323.  —  Item,  unum  frixium  ad  aurum  et  sericum  diversorum 
colorum  longum  de  Iiij.  palmis. 

4324.  —  Item,  aliud  frixium  ad  argentum  tractitium  de  xvj.  pal- 
mis, et  de  duobus  digitis  amplum. 

4  325.  —  Item,  aliud  frixium  quasi  simile  predicto  de  xxj.  brachiis. 

4326.  —  Item,  j.  frixium  anglicanum  de  uno  digito  amplum. 

4  327.  —  Item,  unum  frixium  laboratum  ad  accum  super  xamito 
rubeo  cum  xiij.  imaginibus  integris. 

4  328.  —  Item,  duo  frustra  laborata  super  zendato  endico  cum  rose- 
tis  de  argento  deaurato,  in  quibus  sunt  granatilli  et  turchisii. 

4329.  —  Item,  unum  frustrum  laboratum  super  zendato  rubeo 
cum  xvj.  imaginibus  in  tabernaculis,  et  una  imagine  Majeslatis  ab 
uno  capite. 

4  330.  —  Item,  aliud  frustrum  de  eodem  cum  viij.  imaginibus. 

4  334 .  —  Item ,  unum  frustrum  laboratum  super  xamito  coloris 
celestis  cum  v.  imaginibus  ad  argentum  filatum. 

4  332.  —  Ilem,  dro  frustra  laborata  super  zendato  rubeo  cum 
x.  angelis  et  duobus  cherubinis. 

4  333.  — Item,  unum  [frustrum]  de  frixio  antiquo  cum  liistoria 
Passionis,  de  vj.  palmis. 


656 

i  334 .  —  Hem,  unum  frixium  de  lista  panni  venetici ,  de  iiij .  palmis. 

i  335.  —  Item,  duo  frustra  de  frixio  laborato  ad  vites  de  auro  super 
zendato  rubeo,  longum  quodlibet  de  iiij.  palmis,  et  aliud  frustrum 
pro  pectorali,  de  uno  palmo. 

-1336.  —  Item,  duo  alia  frustra  de  eodem,  longum  quodlibet  de 
tribus  palmis. 

^337.  —  Item,  unum  frustrum  de  frixio  laborato  ad  aurum  super 
zendato  rubeo  cum  x.  imaginibus. 

4  338.  —  Item,  aliud  frustrum  de  eodem  cumviij.  médis  imagini- 
bus et  aliud  frustrum  cum  duobus  imaginibus. 

4339.  — Item,  unum  frustrum  laboratum  super  zendato  nigro  ad 
rosas  et  vites  auri,  de  vj.  palmis. 

-1340.  —  Item,  unum  frustrum  pro  cruce  unius  planète  cum  ima- 
gine Majestatis  et  litteris  de  perlis. 

4  344 .  —  Item,  aliud  frustrum  pro  simili  opère  cum  média  Majestate. 

4342.  —  Item,  j.  frustrum  de  frixio  cum  floribus  de  auro  tractitio 
farsitum  de  serico  rubeo,  longum  de  tribus  palmis. 

4343.  —  Item,  unum  frustrum  laboralum  de  opère  cyprensi  lon- 
gum de  xiiij.  palmis,  et  amplum  de  uno  digito. 

4  344.  —  Item,  duo  frustra  de  eodem  frixio,  longa  de  viij.  palmis 
inter  ambo. 

4345.  —  Item,  unum  frixium  strictum  de  medio  digito  ad  aurum 
et  sericum,  longum  de  xij.  palmis,  in  duobus  frustris. 

4  346.  —  Item,  j.  frustrum  ad  aurum  tractitium  super  xamito 
endico. 

4347.  — Item,  aliud  frustrum  de  eodem  frixio,  farsitum  de  serico 
diversorum  colorum  longum  de  v.  palmis,  pro  una  mitra. 

4348.  —  Item,  duo  frustra  laborala  super  zendato  quasi  rubeo  de 
argento  tractitio,  quodlibet  amplum  et  longum  de  uno  pede,  et  in  uno 
est  Ghristus  descendens  ad  inferos,  et  [in]  alio  Virgo  in  partu. 

4349.  —  Item,  unum  frustrum  laboratum  ad  lilia  super  pannoalbo. 
4  350.  —  Item,  unum  frustrum  cum  iij.  imaginibus  ad  aurum  trac- 
titium. 

4  354 .  —  Item,  unum  frustrum  ad  aurum  cum  Grucifixo  in  medio. 

4352.  —  Item,  duo  frustra  pro  pugnali. 

LXXI. 

FiMBRiE.  Rubrica. 

4353.  —  Item,unamfîmbriam  de  serico  rubeo  longam  de  xij.  palmis. 


657 

•1354.  —  lLem,aliam  fimbriam  de  serico  diversorum  colorum  cum 
auro,  de  xv.  palmis. 

-1355.  —  Item,  duo  frustra  de  serico  iallo  et  endico,  de  viij.  pal- 
mis ambo. 

^356,  _  Item,  aliam  fimbriam  de  quinque  palmis. 

-1357.  —  Item,  unum  laqueum  pro  capello^  cum  appcndiciis  et 
boltonibus  ad  aurum. 

^358.  —  iLem,  unum  laqueum  de  rubeo  sine  auro. 

4359.  —  Item,  unum  laqueum  de  serico  violaceo  cum  appcndiciis 
et  bottonibus  ad  aurum. 

1360.  —  Item,  decem  panni  ornaculorum ^  pro  libris  ad  aurum  et 
sericum. 

iSOl.  —  Item,  xiij.  bursas  de  serico  diversorum  colorum. 

-1362.  —Item,  aliam  fimbriam  cum  frixio  de  serico  violaceo  ad 
aurum,  de  xij.  palmis. 

4363.  —  Item,  aliam  fimbriam  de  serico  albo. 

\3U.  —  Item,  vij.  imagines  ad  aurum  filatum  laboratum  super 
tela  alba. 

4365.  —  Item,  viij .  rotulas  laboratas  ad  aurum  tractilium  et  perlas. 

LXXIl. 

PERLE,    ARGENTUM   TRACTITIUM   ET   AUROM   FILATDM. 

-1366.  —  Item,  xx.  marchas  de  perlis,  inter  grossas,  médiocres  et 
minutas,  et  antiquas,  et  récentes.  [En  marge  :]  De  illo  ante  posuimus 
in  fîmbriis  pro  camice^,  iij.  une. 

4367.  —  Item,  iiij.  marchas  et  très  uncias  argent!  tractitii 
deaurati. 

4368.  —  Item,  très  uncias  et  très  quartones  argenti  tractitii  albi. 

4369.  —  Item,  xv.  marchas  auri  cyprensis  filati. 

4370.  _  Item,  viij.  une.  argenti  filati.  [En  marge  :]  Item,  de  isto 
argento  posuimus  in  supradictis  fimbriis  v.  uncias. 

1.  Un  cordon  pour  allacber  le  chapeau  sous  le  menton. 

2.  Sic.  Peut-être  s'ag>t-il  ici  d'enveloppes  de  soie  et  d'or  destinées  à  recouvrir 
des  livres. 

3.  Pour  camiso.  Voyez  n"  1002  et  suiv. 


658 
LXXIII. 

AMPULLE   CUM   BALSAMO   ET   TYRIACLA. 

\37i.  —  Item,  vj.  ampullas  que  videntur  plene  balsamo^ 

4372.  —  Item,  iiij.  alias  ampullas  parvas  plenas  balsamo. 

4373.  —  Item,  unum  cornicellum ^  plénum  balsamo. 

4374.  — Item,  x.  ampullas  plenas  balsamo  usque  ad  médium 
quasi,  et  alique  sunt  minus  quam  medie. 

4373.  — Item,  iiij.  ampullas  in  quarum  quolibet  est  parum  de 
balsamo. 

4376.  —  Item,  duo  vasa  de  stagno  plena  thiriaca^. 

4377.  —  Item,  unum  vasculum  de  opère  lemovicensi  cum  thiriaca. 

LXXIV. 

CORTINE    ET    TOBALEE^'    DE    ALAMA^1A    ET    LOMBARDIA,    ET    ALIE    TOBALEE 
SERICE  AD    DIVERSA   LABORERIA,    ET   TELE   REMENSES   ET   PISANE. 

4378.  —  Item,  sex  cortinas  de  Alamania  cum  anulis  et  laboreriis 
in  rôtis,  et  sunt  fracte  et  antique. 

4379.  — Item,  xliij.  tobaleas  de  Alamania,  inter  magnas  et  parvas, 
et  intégras,  et  fractas. 

4380.  —  Item,  unum  frustrum  de  cortina  de  Alamania. 

1.  11  s'agit  ici  du  baume  de  Judée,  très  renommé  dans  l'antiquité  et  au 
moyen  âge.  On  peut  lire  dans  le  voyage  de  Willibald  en  Terre  Sainte  le  subterfuge 
employé  par  ce  voyageur  pour  rapporter  du  baume  de  Judée,  dont  l'exportation 
était,  paraît-il,  sévèrement  défendue.  Voyez  SancUmonialis  He>jdenheimensis 
hodœporicon  S.  Willibaldi,  c.  xxviii,  dans  les  limera  Hierosolymitana, 
éd.  T.  Tobler  et  A.  Molinier,  t.  1,  2'^  partie,  p.  271. 

2.  Une  petite  corne. 

3.  La  thériaque,  dont  on  attribuait  l'invention  à  un  médecin  de  Néron,  Andro- 
maque,  était  une  drogue  composée  qui  passait  pour  préserver  et  guérir  de  l'ac- 
tion de  tous  les  poisons. 

4.  Dans  ce  chapitre,  semblent  être  confondus  les  rideaux  de  lit  (cortine)  (par 
exemple  le  n°  1383)  et  les  rideaux  destinés  à  cacher,  pendant  le  canon  de  la 
messe,  le  célébrant  à  la  vue  des  fidèles  (voyez  V.  Gay,  Glossaire  archéologique, 
V  Courtine)  ;  il  en  est  de  même  des  touailles  {tobalee)  dont  quelques-unes 
peuvent  être  des  nappes  d'autel,  tandis  que  d'autres  sont  certainement  des 
nappes  ou  des  serviettes  à  l'usage  domestique. 


659 

^1381.  —  Item,  iiij.  camisias  de  Alomania. 

>I382.  —  Item,  unam  cortinam  de  Alamania  cum  frixio  ex  una  parle 
de  serico  rubeo  et  iallo. 

1383.  —  Item,  unam  cameram  scu  cortinam  ex  tribus  partibus 
lineam,  et  ex  quarta  sericam,  ad  tenendum  super  et  circa  Icctum. 

•1384.  —  Item,  unam  cameram  de  cortina  de  Alamania  cum  una 
lista  a  pede  et  uno  capucio  a  capite  de  zendato  rubeo. 

-1385.  —  Item,  duos  falsetos  de  boccaramine'. 

1386.  — Item,  xxvj.  tobaleas  de  lino  laboratas  in  capitibus  ad 
imagines  et  figuras  bestiarum  et  aurum  et  alia  laboreria,  compu- 
tatis  magnis,  et  parvis,  bonis  et  malis. 

1387.  —  Item,  unam  tobaleam  magnam  cumvirgisdc...  brachiis. 
■1388.  —  Item,  unam  tobaleam  conlextam  super  serico  nigro  cum 

rosulisad  aurum. 

-1389.  —  Item,  unam  tobaleam  contextam  super  serico  rubeo  cum 
similibus  rosulis  ad  aurum. 

-1390.  —  Item,  unam  pulcram  tobaleam  de  opère  racamato  labora- 
tam  per  totum  ad  aurum  et  aericum  rubeum  et  endicum  cum  una 
fimbria  in  quolibet  capite. 

1391.  —  Item,  unam  tobaleam  ad  serviendum  de  mitra  laboratam 
in  capitibus  de  opère  racamato  ad  aurum  et  sericum  diversorum 
colorum. 

1392.  —  Item,  unam  tobaleam  cum  novem  listis  et  unam  circum 
circa  de  opère  racamato  ad  aurum  et  sericum  rubeum  et  endicum. 

1393.  — Item,  unam  tobaleam  laboratam  per  totum  ad  folia  et  flo- 
res ad  aves  et  bestias  cum  una  vite  circum  circa  de  auro  et  serico 
diversorum  colorum  de  opère  racamato. 

1394.  —  Item,  j.  tobaleam  cum  tribus  listis  a  quolibet  capite  de 
opère  racamato  ad  aurum  et  sericum  diversorum  colorum. 

1395.  —  Item,  unam  tobaleam  de  serico  lislatam  per  totum  listis 
de  serico  albo  storto  cum  nodis  per  totum  de  auro  et  serico  nigro  et 
rubeo  de  opère  racamato. 

1 396.  —  Item,  unam  tobaleam  longam  et  strictam  cum  capitibus  ad 
aurum  et  sericum  diversorum  colorum  de  opère  racamato  anliquo. 

1 397.  —  Item,  unam  tobaleam  curtam  et  amplam  cum  capitibus  ad 
aurum  et  sericum  diversorum  colorum  de  opère  racamato. 

1.  Deux  fauteuils  ou  mieux  deux  couvertures  de  fauteuil  de  bougran.  Sur  le 
bougran,  étoffe  de  toile  1res  fine,  voy.  V.  Gay,  Glossaire  archéologique, 
v»  Bougran. 


660 

J398.  —  Item,  vj.  tobaleas  parvas  cum  capitibus  ad  aurumet  seri- 
cum  diversorum  colorum  de  opère  racamato. 

-1399.  —  Item,  duas  tobaleas  de  lino  cum  virgis  de  auro  et  serico 
diversorum  colorum  per  longum. 

UOO.  —  Item,  unam  tobaleam  de  lino  antiquam  cum  virgis  nigris 
et  rubeis  per  totum. 

^40^.  —  Item,  iiij.  tobaleas  de  Lombardia  ad  usum  mense  cum 
capitibus  endicatis. 

-(402.  —  Item,  unam  tobaleam  reraensem  pro  mensa. 

i403.  —  Item,  v.  tobaleas  de  Lombardia  ad  manus  tergendas  cum 
capitibus  endicatis. 

^(404.  —  Item,  unam  tobaleam  de  Lombardia  cum  virgis  de  serico 
diversorum  colorum. 

4405.  —  Item,  j.  tobaleam  de  lino  crudo  cum  tribus  costis  sericis  a 
quolibet  capite. 

4406.  —  Item,  xij.  tobaleas  de  tela  pisana  cum  capitibus  de  filo 
endico. 

] 407.  —  Item,  iiij.  tobaleas  ad  radendum  cum  foraminibus in medio 
ad  mittendum  ad  collum,  cum  auro  et  serico  diversorum  colorum. 

4408.  —  Item,  quinque  petias  de  boccaramine  et  unam  petiamde 
lana  et  bombace  ^  alba  cum  una  virga  nigra  ab  uno  capite. 

4409.  —  Item,  ix.  brachiatas  de  tela  remensi  in  pluribus  frustris 
non  equalibus  nec  in  mensura  nec  in  subtilitate.  [En  marge  :] 
Die  XV.  septembris,  expendimus  viij.  brachiatas  pro  tobalea  pro  altari, 
etj.  amictu. 

44-10.  —  Item,  xx.  brachiatas  de  tela  pisana. 

-144-i.  —  Item,  xliij.  brachiatas  de  cortina  tincta  in  endico, 

H\2.  —  Item,  xlvj.  brachiatas  de  panno  canapacio  rubeo. 

LXXV. 

SCARLATA   RUBEA   ET   ALBA^. 

-14-13.  —  Item,  xl.  brachiatas  de  scarleto  rubeo.  [En  marge  :]  Die 
xij  septembris,  recepimus  de  Caméra  domini  per  manus  Gilroni 
xxxj.  brachiatas  scarlati  rubei.  —  Item,  xlij.  brachiatas  de  scarlato 
albo  per  manus  Tucij. 

1.  De  coton. 

2.  Comme  on  l'a  remarqué  maintes  fois,  le  mot  écarlate  désignait  autrefois 
une  étoffe  et  non  une  couleur;  il  y  avait  de  Vécarlate  de  toutes  les  nuances. 


66^ 

-1414.  —  Hem,  iiij.  manlellos  de  scarleto  rubeo  qui  fuerunt  pape 
Nicolai  iiij''.  [En  note  ;]  Die  xiiij.  septembris,  cxpendimus  xxxj.  brach. 
de  scarleto  rubeo  pro  duobus  mantellis  et  una  capa  pro  Domino, 
pcr  manus  Tucij.  —  Die  xv.  ejusdcm  mensis,  cxpendimus  pro  robis 
Domini,  per  manus  Tucii,  de  scarlato  aibo  xxviij.  uncias, 

LXXVI. 

PELLES. 

A^\^.  —  Item,  unum  copertorium  de  flancis  variorum  purgatorum  ' 
foderatum  de  scarleto. 

-^4^(>.  —  Item,  duo  copertoria  de  grissiis  foderata  de  scarleto. 

\AM.  —  Item,  duo  copertoria  de  grisiis  sine  fodera. 

^4^8,  — Item,  duas  pelles  de  flancis  variorum  purgatorum  pro 
mantellis.  [En  marge  ;]  Die  xij.  posuimus  unam  de  istis  pellibus  in 
uno  pluviali  ad  perlas. 

^4'I9.  —  Item,  v.  pelles  de  grisiis  pro  mantellis  cum  dimid. 

1420.  —  Item,  unam  pellem  pro  mantellis  non  completam  de  ermi- 
lina^. 

\hl{.  —  Item,  unam  pellem  de  ermilina  antiquam  pro  mantello, 

4422.  —  Item,  unam  pellem  albam  antiquam  pro  mantello  de 
Anglia. 

4423.  —  Item,  duas  pelles  de  agnis  nonatis^  antiquas. 
-1424.  —  Item,  unam  foderaturam  de  grisiis  pro  guarnichiis. 
4425.  —  Item,  duas  pelles  pro  guarnichiis  de  variis  rubeis. 
•1426.  —  Item,  v.  foderaturas  de  foxettis  variorum. 

4427.  — Item,  v.  foderaturas  pro  guarnichiis  de  afflllaturiis. 
\  428.  —  Item^  duas  foderas  pro  foderaturis  cappuciorum  de  flancis 
variorum  purgatorum. 

4429.  —  Item,  iij.  foderas  de  grisiis  pro  capuciis. 

1430.  —  Item,  viij.  foderas  de  capuciis  de  foxetis  variorum. 

1431.  —  Item,  quatuor  foderas  pro  capuciis  de  affilaturiis  \ 

1.  Nous  ne  savons  au  juste  ce  qu'il  faut  entendre  par  le  qualificatif  «  purga- 
torum »  appliqué  à  ces  fourrures;  peut-êire  a-t-on  voulu  dire  par  là  que  celle 
couverture  était  composée  seulement  de  la  fourrure  du  dos  de  l'animal,  c'est-à- 
dire  de  couleur  grise,  sans  le  mélange  de  poil  blanc  ([ue  l'on  remarque  sur  la 
fourrure  du  ventre. 

2.  Hermine. 

3.  Pour  non  nalis.  mort-nés. 

4.  C'est-à-dire  de  bandes  de  fourrure. 


662 
LXXVII. 

SUPRALECTI. 

^432.  —  Item,  unum  supralectum  de  panno  de  Romania  ad  bestias 
ad  aurum  bordatum  de  xamito  viridi  cum  scutis  ad  arma  comilis 
Gasertarum  ^ . 

^433.  —  Item,  unum  supralectum  cum  fundo  de  panno  tartarico 
viridi  ad  cathenas  aureas,  brodatum  de  xamito  rubeo  et  foderatum  de 
tela  endica. 

-1 434.  —  Item,  unum  supralectum  de  panno  tartarico  viridi  ad  folia 
aurea,  brodatum  xamito  iallo,  foderatum  de  tela  endica. 

•1435.  —  Item,  unum  supralectum  de  panno  tartarico  rubeo  ad 
rosas,  et  folia  aurea,  brodatum  de  canzeto  viridi,  foderatum  de  tela 
endica. 

-1 436.  —  Item,  unum  supralectum  de  panno  tartarico  viridi  ad  folia 
aurea  brodatum  de  xamito  rubeo,  foderatum  de  tela  endica. 

^437.  —  Item,  unum  supralectum  de  panno  venetico  rubeo  ad  figu- 
ras Sansonis  in  rôtis  de  auro,  brodatum  de  zendato  tripolatino  iallo. 

>1438.  —  Item,  unum  supralectum  de  panno  venetico  sive  lucano 
rubeo  ad  leoncellos  ad  aurum,  brodatum  de  canceo  viridi. 

^439.  —  Item,  unum  supralectum  de  panno  tartarico  viridi  ad  folia 
aurea,  brodatum  de  xamito  rubeo. 

i440.  —  Item,  unum  supralectum  de  panno  de  Venetiis  ad  rotas 
albas  in  quibus  sunt  aves  duplices,  brodatum  de  xamito  rubeo. 

LXXVIII. 

CULTRE   ET   COPERTORIA. 

-1 44^ .  —  Item,  unam  cultrams  magnam  de  xamito  rubeo  antiquam 
et  fractam,  foderatam  de  tela  endica. 

-1442.  —  Item,  quinque  cultras  magnas  de  zendato  rubeo  ex  utra- 
que  parte. 

-1443.  —  Item,  unam  cultramsubtilem  de  zendato  rubeo  ex  utraque 
parte,  sutam  de  opère  minuto. 

1.  Peut-être  le  comte  de  Caserte,  beau-frère  de  Manfred. 

2.  Couverture  doublée  et  fourrée  de  plumes,  et  par  extension,  rnatelas;  ici 
il  ne  paraît  s'agir  que  de  couvertures. 


663 

ViU.  —  Item,  unam  cultram  parvam  antiquam  de  zendato  rubeo 
ex  utraque  parle. 

■1445.  —  Item,  unam  cultram  parvam  de  zendato  rubeo  ex  una 
parte,  et  ex  alia  de  panne  viridi,  sutam  de  opère  minuto. 

1446.  —  Item,  unam  cultram  parvam  de  zendato  rubeo  ex  una 
parte  et  alia  de  tela  endica. 

■1447.  —  Item,  unam  cultram  antiquam  et  vilem  de pannovenetico 
ad  aurum,  brodalam  de  zendato  rubeo  cum  avibus  nigris. 

■1448.  —  Item,  duodecim  cultras  albas  de  bucaramine  et  tela. 

4449.  —  Item,  unam  cultram  de  panno  nigro,  ex  utraque  parte. 

-1450.  —  Item,  unum  copertorium  de  tela  alba  operatumadacum. 

4451.  —  Item,  unum  copertorium  parvum  etantiquum  de  scarleto 
albo. 

LXXIX. 

MATARATIA. 

-1452.  —  Item,  duo  mataratia^  de  xamitello  rubeo. 

■J453.  —  Item,  j.  mataratium  parvum  de  xamilo  pro  carreta^, 

4454.  —  Item,  j.  mataratium  parvum  cataxamito. 

4455.  —  Item,  vj.  mataratia  de  scarleto,  computatis  magnis  et  par- 
vis, antiquis  et  novis. 

4456.  —  Item,  xxvij.  mataratia  de  guarnello,  computatis  magnis  et 
parvis,  antiquis  et  novis. 

LXXX. 

CARPITE,   TAPPETIA   ET   QUEDAM   ALIA. 

4457.  —  Item,  quinque  carpitas^  longas  virgatas. 

4458.  —  Item,  iiij.  carpitas  ad  scacheria  antiquas. 

4459.  —  Item,  vij.  carpitas  minoris  forme  virgatas. 

4460.  —  Item,  ij.  carpitas  ad  bestias. 
4464.  —  Item,  ij.  carpitas  albas  parvas. 

4462.  —  Item,  j.  carpitam  viridem  ad  rosas  rubeas. 

4463.  —  Item,  j.  carpitam  nigram  ad  virgas  albas  in  capite. 

4464.  —  Item,  unam  parvam  antiquam  pilosam  et  fractam. 

1.  Matelas  ou  coussins. 

2.  Coussin  pour  placer  dans  un  char  ou  une  litière. 

3.  Tapis. 


664 

-1465.  —  Item,  viij.  bancalia^ 

-1466.  —  Item,  c.  viiij  tappetia,  computatis  magnis  et  parvis. 

-1467.  —  Item,  duo  coria  magna  antiqua  cum  diversis  laboreriis 
ad  auripellum. 

-1468.  —  Item,  iiij.  copertas  de  corio  pro  coxinis. 

-1469.  —  Item,  xiiij.  bulcias^  de  corio  pro  libris. 

-1470.  —  Item,  v.  bonectas  magnas  de  lino. 

•i471.  —  Item,  j.  par  copertarum  de  zendato  iallo  pro  equo. 

-1472,  —  Item,  j.  [parjplactinarum^  copertarum  de  xamito  rubeo. 

-1473.  —  Item,iij.loricas,j.parcaiigarum,  j.gorgerium  etij.  cyro- 
thecas  de  t.... 

4474.  —  Item,  j.  concam  magnam  de  ère. 

4475.  —  Item,  ij.  alias  concas  minores. 
-1476.  —  Item,  ij.  alias  adhuc  minores. 

4477.  —  Item,  j.  cocomum-*  ad  aquam  calefaciendam. 

4478.  —  Item,  j.  orilogium. 

4479. — Item,  j.   par  bilanciarum   magnarum   cum  marchis , 
xxxij.  mar. 
4480.  —  Item,  ij.  par  bilanciarum  parvarum. 
4484.  —  Item,  ij.  stateras^. 

LXXXI. 

cuLTELLi.  Rubrica. 

-(482.  ~  Item,  duos  magnos  cultellos  pro  mensa  cura  manubriis  de 
ebore  in  uno  quorum  est  imago  régis,  et  in  alio... 

4483.  —  Item,  ij.  alios  cultellos  cum  manubriis  de  ebore  in  quo- 
rum quolibet  est  Abraam  et  fîlius  cum  angelo  tenente  ense. 

4484.  —  Item,  ij.  cultellos  cum  manubriis  de  ebore  in  quorum  uno 
est  imago  mulieris  cum  filio,  et  in  alio  imago  mulieris  et  bominis  ex 
una  parte  et  alla  imago  hominis  tenentis  ensem  in  ore  leonis,  cum 
uno  leone  et  uno  cane  in  summitate. 

1.  Tapis  pour  mettre  sur  des  bancs. 

2.  Pour  bursas,  bourses  de  cuir  à  mettre  des  livres. 

3.  Du  Cange  traduit  j}latina  par  gant  composé  de  lames  de  fer,  de  plates;  ce 
sens  Hous  paraît  admissible,  puisque  ces  gants  de  fer  sont  rapprochés  des  armures 
de  corps  ou  hauberts  décrits  à  l'article  suivant. 

4.  Coquemard. 

5.  Poids. 


665 

^485.  —  Item,  J.  cuUellura  cum  manubrio  de  ebore  inquo  est  rex 
tenens  virgam  in  manu. 

^486.  —  Item,  j.  cuUellum  acutum  cum  manubrio  aibo  et  verola 
de  auro  nigellato. 

■1487.  —  Item,  j.  cultellum  cum  manubrio  de  cristallo  cum  verola 
de  argento  nigellata. 

HHS.  —  Item,  ij.  cultellos  cum  manubriis  de  corallo  cum  verolis 
de  argento  nigellalis. 

-1489.  —  Item,  j.  cultellum  cum  manico  de  corallo  et  verola  de 
argento  nigellata. 

i490.  —  Item,  j.  cultellum  cum  manubrio  de  corallo  et  verola 
de  argento  nigellata  deaurata. 

^1491.  —  Item,  ij.  cultellos  cum  litteris  aureis  et  manubriis  de  san- 
dalis,  et  verolis  de  argento  nigellatis. 

^492.  —  Item,  j.  cultellum  cum  manubrio  de  jaspide  et  verolis  de 
argento  ad  nigellum  deauratis. 

\A93.  —  Item,  j.  cultellum  acutum  cum  manubrio  de  jaspide  et 
verolis  de  argento  nigellatis. 

^494.  —  Item,  ij.  magnos  cultellos  cum  manicis  de  lapide  lazuli. 

LXXXII. 

PECTINES,    CORNDA   ET   POTENTIE. 

^495.  —  Item,  quinque  pectines  de  ebore  albosamplos  et  subtiles. 
1490.  —  Item,  ij.  pectines  longiores  et  grossiores. 
^497.  —  Item,  j.  pectinem  minorem  predictis. 

4498.  —  Item,  j.  pectinem  de  ebano. 

4499.  —  Item,  iiij.  cornua  unicorniorum  longa  et  retorta. 

4500.  —  Item,  ij.  cornua  de  benianim(?),  quorum  unum  est  guarni- 
tum  de  argento  cum  catenella  sua. 

4  501.  —  Item,  duo  calamaria  de  ebore  in  modum  cassedularum. 

4502.  —  Item,  j.  calamare  de  ebano. 

4503.  —  Item,  j.  spatulam  de  ebore. 

4504.  —  Item,  j.  ramusculum  de  cristacorallo  guarnitum  de 
argento  nigellato  cum  uno  laqueo  serico. 

4505.  —  Item,  viij.  frustuncula  de  corallo. 

4506.  —  Item,  unamootentiam^  de  ebore  cum  animalibus  depictis 
ad  aurum  et  basculo  de  sandalis. 

1.  Canne. 

43 


666 

•1507.  —  Item,  unam  potentiam  de  ebore,  et  ebano  cum  baculo, 
laboratam  de  opère  minuto,  cum  baculo  ad  spinam  piscis  guarnitam 
de  argento  in  juncturis. 

-1508.  — Item,  j.  potentiam,  que  est  sicut  una  manica  cultelli, 
cum  baculo  curto  de  sandalis. 

•1509.  —  Item,  j.  potentiam  de  ligno  aloes  guarnitam  de  argento 
cum  baculo  de  sandalis. 

^5^0.  —  Item,  crociam  j.  de  ebore  cum  Agnus  Dei,  et  baculo  de 
ebore  de  pluribus  frustris. 

-^5^^.  —  item,  j.  una  manica  pro  potentia  cum  duobus  capitibus 
retortis. 

•15-12.  —  Item,  iiij.  frustra  de  ebore  de  uno  suntarno^  velut  depicta 
ad  aurum  et  unum  ipsorum  habet  j.  caudam  pilosam. 

-1513.  — Item,  unum  facistorium  parvum  de  ebano  quod  jungitur 
simul  sicut  una  tabula. 

LXXXIII. 

FLABELLA   DE    CARTA^.  RubriCtt. 

^Mâ.  —  Item,  j.  flabellum  de  carta  aurata  cum  repositorio  et 
baculo  de  ebore. 

■15-15.  —  Item,  iij.  flabella  de  carta  rotunda  depicta,  cumreposito- 
riis  et  manicis  de  ligno. 

-15-16.  —  Item,  duo  flabella  de  pennispavonum,  rotunda  et  magna. 

15-17.  —  Item,  j.  rostalorum  parvum,  quadrum,  de  pennis  pavo- 
num. 

-1518.  —  Item,  j.  rostaroUum  de  carta  depicta  ad  aurum  et  diver- 
sorum  colorum. 

-1519.  —  Item,  j.  rostaroUum  operatum  de  serico  diversorum  colo- 
rum cum  modico  [manico]  argenteo  et  botoncellis  de  perlis. 

1.  Sic,  peut-être  pour  scintorio,  siège,  ou  plutôt  cinctorio,  ceinture. 

2.  Les  n°'  1514-1521  ont  été  publiés  par  M.  de  Linas  dans  son  travail  sur  les 
Disques  crucifères,  le  flabellum  et  l'umbella,  p.  84.  Dans  les  n"  1514-1515, 
M.  de  Linas  reconnaît  des  flabella  tels  que  ceux  dont  les  éventails  de  Monza  et 
de  Tournus  nous  ont  conservé  le  type  :  un  disque  pliant  en  papier,  en  étoffe  ou 
en  parchemin  se  renfermant  dans  une  petite  boîte  d'ivoire  munie  d'un  long 
manche.  Le  n"  1516  décrit  ces  grands  éventails  en  plumes  de  paon  qui  se  portent 
devant  le  pape  à  certaines  cérémonies.  Enlin  les  rostarola  ne  paraissent  pas 
être  des  meubles  liturgiques,  mais  des  ustensiles  de  la  vie  civile,  des  éventails 
au  sens  moderne  du  mot. 


667 

^520.  —  Item,  j.  roslarolum  laboralum  ad  imagines  de  opère 
cyprensi  super  xamilo  rubco. 

ih2i.  —  Item,  unum  rostalorum  laboratum  ad  imagines  de  opère 
cyprensi  super  xamilo  violaceo. 

^1522.  —  Item,  ij.  magna  frustra  de  ligno  alocs  multum  antiqua. 

•1523.  — Item,  aliqua  quantitas  de  frustunculis  parvis  de  ligno 
aloes. 

Emile  Molinier. 
fA  suivre.) 


BIBLIOGRAPHIE. 


Codices  palatini  latini  bibliothecx  Vaticanœ  descripti  prseside  J.  B. 
cardinali  Pifra,  episcopo  Portueni,  sanctx  Romanx  ecclesix  biblio- 
themrio.  Recensuit  et  digessit  Henricus  Stevenson  ^Mwzor,  recog- 
novit  J.-B.  DE  Rossi,  ejusdem  bibliothecx  acriptores.  Prxit  com- 
mentatio  J.-B.  de  Rossi  de  origine^  historia,  indicibus  scrinii  et 
bibliothecx  sedis  apostolicx.  Tomus  I.  Romae,  ex  typographeo 
Vaticano.  In-4"  de  cxxxii  et  330  pages. 

Le  fonds  latin  des  manuscrits  palatins  conservés  au  Vatican  jouit 
depuis  longtemps  d'une  légitime  réputation.  L'apparition  du  présent 
volume,  qui  inaugure  dignement  la  publication  des  catalogues  des 
manuscrits  latins  du  Vatican  \  marquera  parmi  les  événements  litté- 
raires de  l'année  1886.  Ce  catalogue  est  appelé  à  rendre  d'immenses  ser- 
vices à  tous  ceux  qui  travaillent  sur  les  textes  latins  de  l'antiquité  et 
du  moyen  âge.  Il  fera  le  plus  grand  honneur  à  tous  les  savants  qui  ont 
concouru  à  la  préparation  et  à  la  publication  d'un  tel  ouvrage  :  au  car- 
dinal Pitra,  qui  en  a  pris  l'initiative,  au  commandeur  J.-B.  de  Rossi, 
qui  a  surveillé  le  travail,  et  à  M.  Henri  Stevenson,  junior,  qui  a  rédigé 
toutes  les  notices  descriptives. 

Le  plan  du  catalogue  est  très  simple  :  mentionner  tous  les  articles 
contenus  dans  chaque  volume  ;  distinguer  par  des  guillemets  les  indica- 
tions littéralement  empruntées  aux  titres  des  manuscrits  ;  suppléer  à 
l'absence  ou  à  l'insuffisance  des  titres  par  tous  les  moyens  dont  peut 
disposer  un  bibliographe  exercé  ;  s'arranger  pour  mettre  en  tête  les  noms 
des  auteurs  ;  reproduire  les  premiers  mots  des  ouvrages  anonymes  ou 
dont  l'attribution  est  douteuse;  commencer  chaque  article  par  une  note 
très  brève,  mais  très  claire,  qui  fait  connaître  la  matière,  le  format,  la 
date  et  le  nombre  des  feuillets  du  manuscrit,  telles  étaient  les  condi- 
tions imposées  à  M.  Henri  Stevenson.  Il  les  a  acceptées  avec  la  plus 
entière  soumission  et  les  a  observées  avec  une  intelligence  et  une  saga- 
cité dont  lui  sauront  gré  tous  les  savants  qui  consultent  son  catalogue. 


1.  Voyez  plus  haut,  p.  288,  un  compte  rendu  du  Catalogue  des  mss.  grecs  du 
fonds  palatin  par  M.  Henri  Stevenson  senior. 


669 

Il  s'est  abstenu  de  toute  digression  et  ne  s'est  pas  même  donné  le  plai- 
sir de  divulguer  ses  remarques  sur  l'origine  et  l'histoire  des  manuscrits. 
Il  sera  dédommagé  de  cette  scrupuleuse  réserve  le  jour  où  il  lui  sera 
donné  de  tracer  un  tableau  de  la  formation  du  fonds  latin  de  la  biblio- 
thèque Palatine. 

Un  catalogue  dressé  sur  le  plan,  d'ailleurs  très  sage,  qui  a  prévalu 
dans  les  conseils  du  Vatican  est  nécessairement  aride.  La  lecture  des 
notices  de  M.  Stevenson  offre  cependant  un  très  vif  intérêt.  Il  est  impos- 
sible de  les  parcourir  sans  y  relever  beaucoup  d'informations  neuves  et 
curieuses  sur  les  sujets  les  plus  variés.  Le  fonds  palatin,  dont  l'origine 
est  essentiellement  allemande,  attirera  surtout  l'attention  de  nos  voisins 
d'outre-Rhin  ;  mais  nos  compatriotes  y  trouveront  aussi  beaucoup  de 
textes  dont  ils  auront  à  tirer  parti.  C'est  ainsi  qu'en  feuilletant  le  volume 
récemment  publié,  j'y  ai  relevé,  entre  autres  détails  utiles  pour  notre 
histoire,  les  indications  suivantes  : 

Au  fol.  207  du  ms.  192  :  Magistri  Nicolaide  "VYachenheim  «  tractatus 
seu  opusculum  contra  errores  quorumdam  juvenum  masculorum,  »  qui 
catervatim  ad  Beati  Michaelis  archangeli  limina,  in  finibus  Franciaî 
constituta,  peregrinabantur,  compositus  anno  145S.  — Traité  important 
sur  les  pèlerinages  d'enfants  au  Mont-Saint-Michel. 

Au  fol.  94  du  ms.  199  :  Carmen  de  episcopis  Rothomagensibus,  eadem 
manu  usque  ad  Willelmum  (anno  HIO);  incipiens  Dator  apostoUcus 
eterni  régis  amicus;  postea  continuatum,  manu  sœc.  xn,  usque  ad 
Rotroldum  (anno  1183)  et,  manu  saec.  xiir,  usque  ad  Robertum  cogno- 
mine  Pullum  (anno  1222)  ;  item,  varia  manu  saec.  xiv,  post  verbum 
abrasum  usque  ad  Guillermum  (anno  1306).  —  Cet  exemplaire  du  cata- 
logue en  vers  des  archevêques  de  Rouen  n'a  point  été  connu  de  l'auteur 
d'un  article  sur  les  anciens  catalogues  des  évêques  des  églises  de  France, 
inséré  dans  le  dernier  volume  de  V Histoire  littéraire  de  la  France  (XXIX, 
416). 

Au  fol.  169  du  ms.  288  :  Summa  Parisiensis,  id  est  Gratiani  Decre- 
tum  in  epitomam  redactum  Parisiis  anno  1195. 

Au  fol.  110  du  ms.  391  :  «  Magistri  Thome  de  Anglia,  ordinis  Pre- 
dicatorum,  totum  corpus  manipuli  florum,  »  cum  indice  rerum  ordine 
alphabetico,  scriptum  anno  1458. 

Au  fol.  18  v  du  ms.  769  :  «  Magistri  Arnulphi  canonici  Par(isiensis) 
summa  que  appellatur  Ut  nos  minores  super  processu  ordinis  judicia- 
rii,  »  imperfecta. 

Dans  le  ms.  790  :  «  Dictata  in  nonnullos  librorum  Pandectarum  titu- 
los  a  domino  Eguinario  Barone,  jureconsulto  clarissimo  apud  Bituriges 
ordinario,  excepta  anno  salutis  1546.  » 

Le  volume  que  nous  annonçons  comprend  la  notice  des  920  premiers 
numéros  du  fonds  latin  palatin,  presque  tous  relatifs  à  la  théologie,  au 
droit  et  à  l'histoire.  Il  s'ouvre  par  un  long  mémoire  dans  lequel  M.  le 


670 

commandeur  de  Rossi  a  éclairci  avec  son  érudition  habituelle  les  points 
les  plus  obscurs  des  annales  de  la  bibliothèque  et  des  archives  du  saint- 
siège.  Il  s'est  principalement  attaché  à  la  période  ancienne  ^,  pour 
laquelle  les  renseignements  avaient  jusqu'ici  fait  à  peu  près  complète- 
ment défaut.  Toutes  les  parties  de  cette  élégante  dissertation  mérite- 
raient d'être  citées  comme  des  modèles  de  recherches,  d'exposition  et 
de  discussion.  Signalons  seulement  le  chapitre  ix,  qui  porte  sur  une 
découverte  paléographique  de  premier  ordre. 

L'un  des  manuscrits  les  plus  célèbres  de  nos  bibliothèques  est  la  Bible 
amiatine  de  la  Laurentienne,  en  tête  de  laquelle  se  lit  une  inscription 
tracée  en  onciales  : 

GENOBIVM  AD  EXIMII  MERITO 

VENERABILE  SALVATORIS 
QVEM  CAPVT  ECGLESIAE 

DEDIGAT  ALTA  FIDES 
PETRVS  LANGOBARDORVM 

EXTREMIS  DE  FINIE.  ABBAS 
DEVOTI AFFEGTVS 

PIGNORA  MITTO  MEI 
MEQVE  MEOSQ.  OPTANS 

TANTI  INTER  GAVDIA  PATRIS 
IN  GAELIS  MEMOREM 

SEMPER  HABERE  LOGVM. 

Les  lignes  1,  2  et  5  de  cette  inscription  ont  été  anciennement  l'objet 
de  retouches  et  de  surcharges,  qui  ont  brisé  la  mesure  du  premier  et  du 
troisième  vers.  Au  siècle  dernier,  Bandini  avait  proposé  de  rétablir  ces 
deux  vers  ainsi  : 

Culmen  ad  eximii  merito  venerabile  Pétri. 
Servandus  Latii  extremis  de  fiiiibus  abbas. 

La  première  restitution  de  Bandini  paraît  incontestable;  mais  la 
seconde  soulevait  de  graves  objections,  et  le  savant  abbé  Anziani  avait 
reconnu  que  les  mots  effacés  à  la  ligne  5  se  composaient  de  plus  de 
quatorze  lettres.  Partant  de  cette  donnée,  M.  de  Rossi  s'est  demandé  si 
l'expression  extremis  de  finibus  ne  devait  pas  éveiller  l'idée  de  la  Grande- 
Bretagne  ;  il  a  en  même  temps  constaté  que  les  cinq  premières  lettres 
grattées  devaient  être  GEOLF.  Il  a  été  ainsi  amené  à  proposer  de  lire  au 
troisième  vers  de  l'inscription  : 

Ceolfridus  Britonum  extremis  de  finibus  abbas. 

De  cette  lecture  il  résulte  que  la  Bible  amiatine  est  un  manuscrit  dont 


1.  Pour  les  temps  postérieurs  au  pontificat  de  Boniface  VIII,  M.  de  Rossi 
renvoie  aux  travaux  de  nos  compatriotes  MM.  Maurice  Faucon  et  E.  Muntz, 
auxquels  il  rend  pleine  justice,  ainsi  qu'à  ceux  des  RR.  PP.  Denifle  et  Ehrle. 


67^ 

l'histoire  nous  a  été  conscrvéo  par  le  vénérable  Bèdc.  L'ablié  Ccolfridus, 
qui  avait  rapporté  do  Rome  une  ancienne  version  de  la  Bible,  ût  faire 
trois  exemplaires  de  la  nouvelle  version,  et  dans  sa  vieillesse  il  se  mit 
en  route  pour  offrir  à  Saint-Pierre  de  Rome  l'un  de  ces  exemplaires; 
mais  la  mort  le  surprit  en  chemin,  dans  la  ville  de  Langres,  au  cours 
de  l'année  716,  et  ce  furent  ses  disciples  qui  olVrirent  ecdesix  SancH 
Pétri  pandedem  a  bcato  Hicronymo  in  latinum  ex  hebrxo  vel  grxco  fonte 
translation. 

Combien  d'autres  révélations  curieuses  nous  apportent  et  nous  pro- 
mettent les  patientes  et  ingénieuses  recherches  de  MM.  J.-B.  de  Rossi 
et  Henri  Stevenson! 

Remercions  donc  de  tout  cœur  les  savants  dont  les  efforts,  —  si  heu- 
reusement combinés,  —  mettent  en  pleine  lumière  les  trésors  amassés 
au  Vatican  par  les  Souverains  Pontifes  depuis  plus  de  quatre  cents  ans, 
et  faisons  des  vœux  pour  que  rien  n'arrête  une  aussi  utile  tentative,  qui 
donnera  un  nouvel  éclat  à  une  bibhothèque  dont  la  formation  et  l'ad- 
ministration sont  une  des  gloires  de  la  papauté. 

L.  Delisle. 

Cartulaire  de  Vahhatje  de  Cysolng  et  de  ses  dépendances,  par  M.  Ignace 
DE  GoussEMAKER,  membre  de  la  Commission  historique  du  Nord. 
Lille,  Société  de  Saint-Augustin,  sans  date.  In-8°,  xii-1024  pages. 

Parmi  les  abbayes  de  second  ordre  de  la  Flandre  française  se  trouvait 
celle  de  Gysoing,  située  dans  l'Ostrevant  et  à  proximité  de  Lille.  «  Occu- 
pée par  des  chanoines  réguliers  de  l'ordre  de  Saint- Augustin,  cette 
abbaye  avait  été  fondée  au  ix^  siècle  par  saint  Evrard,  duc  de  Frioul, 
et  Gisèle,  sa  femme,  sœur  de  Charles  le  Chauve  et  petite-fille  de  Char- 
lemagne.  »  Elle  était  érigée  en  l'honneur  de  saint  Calixte.  Rodolphe, 
fils  du  fondateur,  en  fut  le  premier  abbé  par  droit  héréditaire.  Quand 
l'abbaye  sort  de  l'obscurité  qui  enveloppe  ses  premiers  siècles,  c'est 
pour  recevoir  en  1125  des  chanoines  réguliers  envoyés  par  l'archevêque 
de  Reims.  A  la  fin  du  xni«  siècle,  l'abbaye  était  écrasée  de  dettes  et 
soumise  à  la  curatelle  du  comte  de  Flandre.  Au  commencement  du  xv^, 
en  1429,  le  duc  Philippe  le  Bon  fut  obHgé  de  mettre  le  temporel  de 
l'abbaye  sous  la  surveillance  de  ses  officiers  et  le  contrôle  de  la 
chambre  des  comptes  de  Lille.  De  l'abbaye  de  Cysoing  dépendaient  : 
1°  le  prieuré  de  Beaurepaire,  situé  en  Ostrevant,  et  2°  celui  de  Sainte- 
Gertrude  de  Heertsberghe,  près  d'Oostcamp,  à  proximité  de  Bruges.  Elle 
avait  des  maisons  de  refuge  à  Bruges,  à  Tournai  et  à  Lille.  Si  nous 
avons  rappelé  brièvenr.ent  ces  souvenirs  historiques,  c'est  pour  montrer 
en  quels  lieux  l'éditeur  avait  à  chercher  ses  documents,  et  il  n'y  a  pas 
manqué. 

Les  chartes  de  l'abbaye  avaient  été  transportées  à  la  chambre  des 


672 

comptes  de  Lille  au  commencement  du  xv«  siècle.  Denis  Godefroy  en 
fit  dresser  un  inventaire  en  1678.  Mais  il  en  restait  encore  à  Cysoingen 
1790;  elles  sont  maintenant  aux  archives  du  Nord,  à  Lille,  et  com- 
prennent 6  cartons  renfermant  178  diplômes,  chartes  et  bulles  du  xn^ 
au  xv^  siècle,  13  registres  et  un  cartulaire  de  171  pièces,  qui  apparte- 
nait au  prieuré  de  Beaurepaire.  Le  fonds  de  la  chambre  des  comptes 
de  Lille  possède  14  chartes  de  1177  à  1289  ayant  trait  à  l'abbaye  de 
Cysoing.  Les  archives  municipales  de  Lille  conservent  quelques  pièces 
des  xvie  et  xvii^  siècles  dans  les  titres  recueillis  par  Denis  Godefroy.  La 
bibliothèque  de  la  ville  de  Lille  possède  24  manuscrits  provenant  de 
l'abbaye,  y  compris  le  Registrum  canonicorum  ecclesise  Cisoniensis,  ms. 
du  xv"  siècle,  à  la  fin  duquel  se  trouvent  insérés  des  actes  du  xvi'^. 

La  bibliothèque  de  la  ville  de  Douai  a  recueilli  un  ms.  de  1675  inti- 
tulé :  Régula  necnon  constitutiones  cœnobii  Cisoniensis ,  et  renfermant 
entre  autres  pièces  :  Epistola  Joannis  Salembien.  abb.  Cison.  de  cœnobii 
régula,  necnon  constitutionibus  ;  Nomina  religiosorum  Cyson.,  1674- 
1675,  pièces  reproduites  dans  l'appendice  de  notre  cartulaire. 

A  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris,  le  fonds  Colbert,  vol.  73,  a 
fourni  quelques-unes  des  189  copies  faites  en  1673  et  certifiées  conformes 
par  Denis  Godefroy. 

L'ancien  dépôt  de  Rupelmonde,  fusionné  avec  celui  des  archives  de 
l'État  à  Gand,  a  donné  12  pièces  de  1279-1290. 

L'éditeur  nous  présente  comme  une  source  inépuisable  de  documents 
le  cartulaire  de  cette  abbaye,  qui  se  trouve  aux  archives  de  l'État  à 
Tournai.  Dressé  au  xvi^  siècle  par  les  religieux  de  Cysoing,  sur  l'auto- 
risation de  Charles-Quint,  alors  roi  de  Gastille  et  comte  de  Flandre,  et 
collationné  sur  les  originaux  déposés  à  cette  époque  à  la  chambre  des 
comptes  de  Lille,  le  cartulaire  a  été  donné  à  Tournai  en  1872  par  M.  le 
comte  Barthélémy  du  Mortier,  qui  le  tenait  du  dernier  survivant  des 
moines  de  Cysoing  (ms.  106  bis  de  Tournai).  L'éditeur  le  décrit  ainsi  : 
c'est  un  volume  grand  in-folio  de  272  feuillets,  d'une  écriture  assez  uni- 
forme du  xv  siècle  (?)  ;  il  renferme  329  copies  de  pièces  tant  latines  que 
françaises  et  flamandes.  Chaque  pièce  est  collationnée  par  deux  notaires 
apostoliques.  Il  renferme  27  actes  qui  ne  se  trouvent  pas  aux  archives 
du  Nord. 

La  majeure  partie  des  archives  du  prieuré  de  Hertsberghe  se  trouve 
au  dépôt  des  archives  de  l'État  à  Bruges.  Elles  comprennent  30  numé- 
ros, parmi  lesquels  un  cartulaire  d'une  écriture  du  xvi^  siècle. 

Enfin  la  collection  de  M.  Goethals  Vercruysse  de  Courtrai  comprend 
sous  le  no  23  un  volume  in-fol.  en  papier,  que  M.  de  Coussemaker  a 
publié  en  entier  à  cause  de  son  intérêt  pour  l'histoire  de  Cysoing.  Il  est 
intitulé  :  Dissertation  historique  et  critique  sur  les  titres  et  les  qualités  de 
saint  Evrard,  fondateur  du  monastère  de  Cysoing,  etc.,  par  M.  Martin, 
religieux  bénédictin  et  prévôt  de  Saint- Arnaud,  à  Goartray,  1752. 


673 

C'est  en  puisant  à  ces  sources  variées  et  d'inégale  valeur  que  l'éditeur 
a  formé  son  ouvrage.  Le  cartulaire  proprement  dit  (pages  1  à  650)  com- 
prend 434  actes  de  867  à  1783.  Chaque  pièce  est  accompagnée  de  la  date 
et  du  titre  en  français  et  suivie  de  l'indication  des  sources  manuscrites 
et  imprimées  et  même  des  simples  mentions  d'actes,  comme  celles  qui 
se  trouvent  dans  les  Tables  des  diplômes  de  Bréquigny  pour  la  France 
et  de  Wauters  pour  la  Belgique.  La  première  charte^en  français  est  du 
mois  d'avril  1219  (n°  LXXVIl).  Elle  avait  déjà  été  publiée  par  Tailliar, 
Actes  en  langue  romane,  p.  61.  La  plus  ancienne  charte  en  flamand 
publiée  par  M.  de  Coussemaker  est  de  1440  (n"  CCLXIV).  Quelques 
notes  biographiques  ou  historiques  accompagnent  les  actes. 

Un  appendice  (pages  651-922)  comprend  53  documents  du  xn®  au 
xvni«  siècle,  mais  qui  ne  sont  pas  rangés  dans  l'ordre  chronologique. 
On  y  remarque  :  un  obituaire  de  l'abbaye  de  Cysoing,  des  années  1468- 
1679  (n»  XXXVIII);  des  extraits  de  l'histoire  manuscrite  de  Cysoing, 
du  xvin''  siècle  {n°  XLIII)  ;  la  dissertation  relative  à  saint  Evrard  indi- 
quée ci-dessus  (n"  XLIV)  ;  une  curieuse  lettre  d'un  rehgieux  de  Cysoing 
en  1792  (n°  XLVI);  l'adjudication  de  l'abbaye  comme  domaine  natio- 
nal en  1795  (n°  XL VII)  ;  une  histoire  de  l'abbaye,  en  latin,  écrite  au 
xvi"^  siècle  (n°  L),  et  enfin  un  inventaire  analytique  et  descriptif  dressé 
par  l'éditeur  de  27  mss.  du  xiii"  au  xvm^  siècle,  ayant  appartenu  à  l'ab- 
baye (p.  877  à  910).  A  la  fin  du  volume,  après  la  table  dont  nous  allons 
parler,  l'éditeur  a  ajouté  une  sentence  arbitrale  de  1532,  entre  le  séné- 
chal de  Hainaut  et  les  abbé  et  couvent  de  Cysoing,  d'après  un  imprimé 
(pages  992-1024). 

On  voit  par  ce  qui  précède  que  ce  cartulaire  ne  se  distingue  pas  par 
un  classement  rigoureux  des  actes,  car  on  ne  s'explique  pas  bien  pour- 
quoi certaines  pièces  figurent  dans  l'appendice  plutôt  que  dans  le  corps 
même  de  l'ouvrage.  D'autre  part,  le  titre  véritable  de  ce  volume  serait  : 
«  Recueil  de  chartes  et  autres  actes  pour  servir  à  l'histoire  de  l'abbaye 
de  Cysoing.  »  L'auteur  y  a  inséré,  en  effet,  beaucoup  de  documents  qui 
ne  font  pas  partie  ordinairement  des  cartulaires,  tels  que  des  lettres 
(n°s  LV,  LVI,  LVIII,  LIX);  des  extraits  de  comptes  du  prieuré  de  Beau- 
repaire  (n°  CCLXXXIJ  ;  la  généalogie  de  la  famille  de  saint  Evrard 
(n»CCCXVIII);  l'inventaire  des  meubles  d'un  abbé,  1606  (n°  CCGLXXXI); 
des  pièces  de  procédure  (n°s  CGCCXIII  et  CCCCXV),  etc. 

Les  textes  nous  paraissent  bien  publiés,  le  latin  des  chartes,  suivant 
la  remarque  de  l'éditeur,  se  distingue  par  sa  pureté  presque  classique; 
les  actes  eux-mêmes  sont  d'un  grand  intérêt  pour  les  idées,  les  cou- 
tumes et  les  institutions  du  moyen  âge  dans  la  Flandre.  L'éditeur  fait 
l'éloge  des  religieux  de  l'abbaye  et  notamment  du  P.  Wartel,  poète,  du 
P.  de  la  Roque,  architecte,  et  du  P.  Wastelain;  mais  il  a  laissé  à  un 
autre  la  tâche  d'écrire  l'histoire  de  l'abbaye,  se  contentant  d'en  avoir 
recueilli  les  matériaux. 


674 

La  table  unique  des  matières  du  cartulaire  nous  semble  suffisamment 
complète;  elle  est  rédigée  en  français,  les  noms  de  lieu  sont  distingués 
par  leur  impression  en  lettres  capitales,  la  traduction  des  noms  latins 
est  donnée;  mais  on  désirerait  plus  d'ordre  dans  le  classement  des  divers 
mots  d'un  même  article  (voyez  par  exemple  le  mot  Hornaing).  Nous 
avons  aussi  vainement  cherché  une  liste  des  abbés  de  Cysoing  complé- 
tant celle  de  la  Gallia  christiana.  Quelques  fautes  d'impression,  notam- 
ment dans  les  dates,  ont  échappé  à  l'éditeur.  Page  269  :  1298,  lisez  : 
1296;  page  271  :  1199,  lisez  :  1299,  etc. 

Nous  terminerons  par  quelques  observations  sur  la  diplomatique  de 
ce  cartulaire  et  sur  certains  faits  historiques  tirés  des  chartes. 

A  Valenciennes,  l'année  commençait  à  Pâques  au  xv"  siècle.  Nous 
trouvons,  en  effet,  sous  le  n°  LXJX,  une  charte  d'Agnès  de  Bailleul, 
dame  de  Fenaing,  qui  est  rapportée  dans  un  vidimus  ainsi  daté  :  «  Datum 
et  actum  Valencenis  in  ecclesia  nostra  predicta,  sub  anno  Domini  mil- 
lésime quadringentesimo  tricesimo  primo,  7nore  Gallicano,  indictione 
décima,  die  vero  mensis  aprilis  sexta,  pontificatus  sanct.  domini  nostri 
dom.  Eugenii  pape  quarti  anni  secundi,  »  ce  qui  revient  non  à  1431, 
comme  le  dit  l'éditeur,  mais  au  6  avril  1432.  Du  reste,  les  années  sont 
tantôt  ramenées  au  nouveau  style,  tantôt  datées  de  l'ancien,  sans  aucun 
avertissement.  (Cf.  16  mars  1219,  lisez  :  1220,  en  corrigeant  férié  ii  ; 
26  février  1220  (1221),  n»  LXXXIII;  mars  1228  (1229),  n"  XGI,  etc. 

Les  actes  royaux  ne  sont  pas  nombreux  ;  nous  avons  noté  cependant 
des  lettres  de  Philippe  le  Bel  de  1302  (CGXVIII)  et  de  Charles  VI,  de 
1409  et  1418  (n°'  CGXLV  et  CCXLIX). 

Parmi  les  pièces  intéressantes,  nous  citerons  encore  une  lettre  d'Etienne 
de  Tournai  à  Guillaume,  archevêque  de  Reims,  dont  il  implore  la 
protection  en  faveur  d'Ingeburge  de  Danemark,  épouse  de  Philippe- 
Auguste,  réfugiée  au  monastère  de  Cysoing,  après  sa  répudiation  (1193) 
(noLV)  ;  un  dénombrement  des  biens  de  l'abbaye  en  1286  (n^GLXX  VIII); 
une  reconnaissance  du  seigneur  de  Cysoing  relative  au  privilège  de  jus- 
tice de  l'abbaye  en  1290  (CXGVI)  et  la  loi  de  la  commune  de  Hornain, 
c'est-à-dire  les  coutumes  qui  lui  furent  accordées  par  l'abbé  de  Cysoing 
(11  mai  1455). 

Ce  volume,  imprimé  sur  beau  papier,  en  caractères  d'une  grande  net- 
teté, fait  honneur  aux  presses  de  la  Société  de  Saint- Augustin  à  Lille. 

A.  Bruel. 

La  Mort  (T Etienne  Marcel^  étude  historique,  par  Jules  Tessier,  ancien 
élève  de  l'École  normale  supérieure,  professeur  d'histoire  à  la 
Faculté  des  lettres  de  Gaen.  (Extrait  de  la  Revue  de  renseignement 
supérieur.)  Paris,  Paul  Dupont,  ^1886.  In-8°,  40  pages. 

Le  29  avril  1886,  M.  Tessier,  professeur  d'histoire  à  la  Faculté  des 


675 

lettres  de  Caen,  communiquait  au  congrès  des  Sociétés  savantes  une 
découverte  très  curieuse.  Tous  les  historiens  avaient  fait  fausse  route, 
paraît-il,  en  racontant  la  mort  d'Etienne  Marcel.  Le  fameux  prévôt  des 
marchands  ne  se  disposait  pas,  le  jour  où  il  fut  tué,  à  livrer  les  portes 
de  Paris  à  Charles  le  Mauvais,  roi  de  Navarre;  ce  crime,  le  plus  grave 
de  ceux  qui  lui  ont  été  reprochés,  n'est  qu'une  calomnie  odieuse,  trop 
longtemps  reproduite  par  les  écrivains  même  les  plus  favorables  à  Mar- 
cel. Cédons  la  parole  à  M.  Tessier  :  «  Le  prétendu  traître  n'a  été  en 
réalité  qu'une  victime,  et  ceux  qui  l'avaient  tué  l'ont  odieusement 
calomnié.  Voilà  plus  de  cinq  cents  ans  que  l'accusation  pesait  sur  sa 
mémoire.  Il  est  temps  que  justice  lui  soit  enfin  rendue  et  que  la  légende 
fasse  place  à  l'histoire  »  (p.  38). 

On  peut  conclure  d'une  phrase  de  M.  Tessier  (p.  5|  que  le  congrès 
accueillit  cette  communication  avec  une  certaine  froideur.  L'auteur  en 
appelle  maintenant  au  jugement  du  public  et  il  dédie  son  mémoire  aux 
professeurs  d'histoire,  qui  ont  contribué,  comme  lui,  jusqu'à  présent  à 
propager  la  vieille  erreur,  mais  sur  lesquels  il  compte  tout  particulière- 
ment pour  le  seconder  dans  son  œuvre  de  réhabilitation.  Nous  ajoute- 
rons que  la  thèse  de  M.  Tessier  a  d'autant  plus  de  chances  de  séduire 
les  esprits  éclairés  qu'elle  semble  rédigée  en  dehors  de  toute  préoccupa- 
tion politique  et  uniquement  fondée  sur  un  examen  sérieux  des  sources 
du  XIV'  siècle.  C'est  assez  dire  que  les  arguments  employés  par  l'au- 
teur méritent,  à  leur  tour,  d'être  de  notre  part  et  vont  être,  en  effet, 
l'objet  d'un  examen  sérieux.  Nous  suivrons  pas  à  pas  M.  Tessier  dans 
son  explication  des  textes  de  Froissart,  de  Jean  de  Venette  et  des 
Gravides  Chroniques;  il  voudra  bien  seulement  nous  pardonner  si  nous 
tirons  aussi  quelque  parti  de  trois  chroniques  contemporaines  dont  il 
ne  paraît  même  point  avoir  soupçonné  l'existence  :  la  Chronique  de  Jean 
le  Bel,  publiée,  en  1863,  par  M.  Polain,  la  Chronique  des  quatre  pre- 
miers Valois,  publiée,  en  1862,  par  M.  Siméon  Luce,  la  Chronique  nor- 
mande du  XIV'  siècle,  publiée,  en  1882,  par  MM.  Auguste  et  Emile 
Molinier. 

Nous  avions  toujours  cru  jusqu'ici  qu'Etienne  Marcel,  à  bout  de  res- 
sources et  sentant  la  popularité  lui  échapper,  s'était  jeté,  de  guerre  lasse, 
dans  les  bras  du  roi  de  Navarre  ;  les  Parisiens,  dont  les  soupçons  étaient 
éveillés  depuis  quelque  temps,  ne  doutèrent  plus  de  son  intention  de 
livrer  Paris  aux  Navarrais,  quand  ils  le  virent,  dans  la  journée  du 
31  juillet,  s'emparer  des  clefs,  congédier  les  postes,  confier  à  ses  affidés 
la  garde  des  murailles.  De  là  le  soulèvement  dans  lequel  Jean  Maillart 
et  Pépin  des  Essarts  jouèrent  le  principal  rôle;  de  là  le  coup  de  hache 
qui  étendit  Marcel  aux  pieds  de  son  ancien  «  compère,  »  devant  la  porte 
Saint-Antoine. 

M.  Tessier  a  changé  tout  cela  :  suivant  lui,  cet  incident  des  clefs  enle- 
vées, des  gardiens  congédiés  et  les  altercations  qui  s'ensuivirent  sont 


676 

des  contes  à  dormir  debout,  imaginés  par  le  régent,  puis  débités,  sous 
une  autre  forme,  par  le  chroniqueur  officiel,  pour  «  désiionorer  »  Mar- 
cel. Sur  quoi  s'appuie  cette  conjecture?  Sur  une  contradiction  que  M.Tes- 
sier  prétend  relever  entre  une  lettre  du  régent  et  le  récit  des  Grandes 
Chroniques.  Pour  en  avoir  le  cœur  net,  mettons  les  deux  textes  en  regard. 
Voici  ce  que  le  régent  écrit  au  comte  de  Savoie,  à  la  date  du  31  août  : 
«  Et  desjà  avoit  esté  ordené  par  le  dit  prevost  et  autres  traîtres  que  nulles 
«  portes  ne  seroient  fermé  celle  nuit,  ne  nulles  chaînes  tendues;  et 
«  desjà  avoit  le  dit  prevost  osté  les  clefs  des  portes  de  la  ville  à  celx  qui 
«  les  avoient  en  garde,  et  les  avoit  baillées  et  livrées  aux  genz  du  dit 
«  roy,  et  mis  gardes  aux  portes  autres  qu'il  n'y  avoit,  lequelx  gardes 
«  qu'il  mist  estoient  consentant  de  la  dicte  traïson...  Mais  le  bon  peuple 
«  et  commun  de  Paris,  qui,  ce  jour  dont  ceste  traïson  devoit  estre  faicte 
«  par  nuit,  se  apparent  de  ce  par  la  grâce  de  Dieu,  qui  ne  voult  souffrir 
«  que  celle  horreur  fust  perpétrée,  se  assembla  et,  avec  aucuns  de  noz 
«  bons  amis  de  la  dicte  ville,  ala  par  devers  le  dit  prevost;  et  se  mut 
«  sur  ce  certaine  rumeur  entre  eulx...  » 

Passons  au  récit  des  Grandes  Chroniques  :  «  Le  mardi  darrenier  jour 
«  du  moys  de  juillet,  le  prevost  des  marchans  et  pluseurs  autres  avec 
«  luy,  tous  armés,  alerent  [avant]  <  disner  à  la  bastide  Saint  Denis.  Et 
«  commanda  ledit  prevost  à  ceux  qui  gardoient  ladite  bastide  que  il 
«  baillaissent  les  clefs  à  Joseran  de  Mascon,  qui  estoit  trésorier  du  roy 
«  de  Navarre.  Lesquels  gardes  desdites  clefs  disrent  que  il  n'en  baille- 
«  roient  nulles.  Dont  le  prevost  fu  moult  courroucié,  et  se  mut  riote  à 
«  ladite  bastide  entre  ledit  prevost  et  ceux  qui  gardoient  lesdites  clefs, 
«  tant  que  un  bourgois  appelle  Jehan  Maillart,  garde  de  l'un  des  quar- 
«  tiers  de  la  ville,  de  la  partie  de  vers  la  bastide,  oï  nouvelles  dudit  débat, 
«  et  pour  ce  se  traist  vers  ledit  prevost  et  luy  dist  que  l'en  ne  bailleroit 
«  point  les  clefs  audit  Joseran.  Et,  pour  ce,  eust  pluseurs  grosses  parolles 
«  entre  ledit  prevost  et  ledit  Joseran,  d'une  part,  et  ledit  Jehan  Mail- 
«  lart,  d'autre  part...  Et,  durant  ces  choses,  ledit  prevost  vint  à  la  bas- 
«  tide  Saint  Anthoine...  » 

M.  Tessier  insiste  beaucoup  sur  ce  qu'il  n'est  question  dans  les  Grandes 
Chroniques  que  d'une  tentative  de  Marcel  pour  se  rendre  maître  de  la 
porte  Saint-Denis,  tandis  que  la  lettre  du  régent  suppose  une  ronde 
générale  faite  par  le  prévôt  des  marchands  autour  de  l'enceinte  de  Paris  : 
«  La  lettre,  dit-il,  affirme  que  Marcel  a  visité  toutes  les  portes  de  la  ville, 
que  partout  il  a  changé  les  gardiens,  fait  remettre  les  clefs  aux  gens  du 
roi  de  Navarre  »  (p.  27).  Entendons-nous!  Le  texte  que  nous  avons 
reproduit  d'abord  dit  que  Marcel  avait  «  osté  les  clefs  des  portes  de  la 
ville ,  »  mis  des  gardes  «  aux  portes  »  de  Paris  ;  il  ne  dit  pas  :  «  à  toutes 

1.  C'est  M.  Tessier  qui  propose  cette  correction,  en  s'appuyant  sur  la  leçon 
du  manuscrit  français  n"  2813  de  la  Bibliothèque  nationale  (p.  8,  n.  1). 


677 

les  portes  ;  »  ce  détail  a  bien  son  importance.  D'ailleurs  l'emploi  du 
pluriel  est  suffisamment  justifié  par  la  double  démarche  d'Etienne  Mar- 
cel aux  portes  Saint-Denis  et  Saint-Antoine.  Puis  un  plaidoyer  poli- 
tique (la  lettre  au  comte  de  Savoie  n'est  guère  autre  chose)  ne  saurait 
présenter  les  qualités  d'exactitude  et  de  précision  qu'on  est  en  droit  d'exi- 
ger de  la  relation  d'un  chroniqueur.  Il  faut  toujours  rabattre  un  peu  des 
assertions  d'un  récit  fait  ah  irato.  M.  Tessier  lui-même  a  reconnu  le 
caractère  emphatique  de  plusieurs  parties  de  cette  lettre.  Quand  le  régent, 
au  lieu  d'indiquer  exactement  le  nombre  et  la  portée  des  tentatives  de 
Marcel,  aurait  à  dessein  employé  une  expression  un  peu  vague  pour 
donner  à  son  correspondant  une  idée  plus  saisissante  de  la  trahison  du 
prévôt,  il  n'y  aurait  rien  là  de  bien  perfide,  il  n'y  aurait  rien  là  surtout 
que  de  parfaitement  conforme  aux  lois  du  genre  oratoire.  Nous  admet- 
tons donc  que,  comparé  au  texte  des  Grandes  Chroniques,  le  récit  du 
régent  paraisse  empreint  d'une  certaine  exagération  ;  mais  qui  dit  exa- 
gération ne  dit  pas  contradiction.  Ce  sont  les  mêmes  faits  que  contiennent 
les  deux  récits  qu'on  vient  de  lire  ;  seulement  le  premier  est  l'œuvre  d'un 
prince  de  vingt  et  un  ans,  encore  ému  du  péril  auquel  il  vient  d'échap- 
per et  désireux  de  faire  partager  à  un  allié  sa  manière  de  voir;  la  seconde 
est  l'œuvre  d'un  chroniqueur  envisageant  les  événements  à  la  distance 
et  avec  le  sang-froid  nécessaires  pour  les  apprécier  exactement.  Rien 
n'autorise  donc  M.  Tessier  à  affirmer  que  la  lettre  contient  «  la  première 
version  de  la  calomnie,  gauche  encore  et  maladroite  dans  son  improvi- 
sation hâtive,  »  tandis  que,  dans  les  Grandes  Chroniques,  la  calomnie 
apparaît  «  sous  une  forme  nouvelle,  étudiée  et  remaniée  »  (p.  28). 

Après  avoir  lu  M.  Tessier,  ne  dirait-on  pas  vraiment  que  cette  tenta- 
tive de  Marcel  pour  s'emparer  des  portes  est  rapportée  seulement  par  le 
régent  et  par  son  aller  ego,  Pierre  d'Orgemont?  Mais  que  lisons-nous 
dans  la  Chronique  normande?  «  Le  prevost  des  marchans  et  ses  alliez 
«  avoient  fait  leur  attrait,  et  ne  voulurent  que  on  veillast  en  celle  nuit  aux 
«  portes  ne  aux  murs.  Mais  à  Paris  avoit  un  bourgois  nommé  Jehan 
«  Maillart,  qui  estoit  garde  par  le  gré  du  commun  d'un  quartier  de  la 
«  ville,  qui  estoit  ordonnée  par  ini  cappitaines.  Cil  Jehan  Maillart  ne 
«  voult  mie  que  cil  qui  estoient  ordonnez  en  son  quartier  pour  veil- 
«  1er  laissassent  leur  garde;  dont  Phelippe  Giffars  et  autres  qui  estoient 
«  allez  à  la  trahison  le  blasmerent,  et  voulurent  avoir  les  clefz  de  la 
«  porte  de  sa  garde  et  retraire  ses  gens  et  leur  garde  laissier.  Lors  ce 
«  Jehan  Maillart  s'apparceut  bien  de  trahison...  »  M.  Tessier  nous  répon- 
dra qu'il  ne  connaît  pas  cette  chronique;  mais  il  a  lu  Jean  de  Venette, 
il  sait  quelle  est  la  sympathie  de  ce  continuateur  de  Nangis  pour  le  pré- 
vôt des  marchands,  romment  n'est-il  pas  frappé  de  ce  que  le  récit  de  ce 
chroniqueur  concorde  sur  tous  les  points  avec  celui  du  régent  et  avec 
celui  des  Grandes  Chroniques  ?  «  Praepositus  mercatorum  et  pauci  bur- 
«  genses  qui  in  castris  et  negotiis  civitatis  Parisiensis  secum  adstabant 


678 

«  accesserunt  simul  ad  portas  civitatis  clara  die,  et  voluerunt  de  custo- 
«  dibus  aliquos  amovere  et  ad  sua  hospitia  remittere,  dicentes  quod  suf- 
«  ficiebant  pro  custodia  pauciores  :  amoventes  de  facto,  tanquam  guber- 
«  natores  rei  publicae,  claves  portarum,  et  eas  aliis  quos  ordinaverant 
«  committentes.  Et,  accedentes  ad  portam  novam  seu  bastillam  quse  ten- 
«  dit  ad  S.  Antonium,  voluerunt  facere  similiter.  Quod  videntes  aliqui 
«  solemnes  burgenses,  qui  jamdiu  dictam  portam  et  claves  in  custodiam 
«  habuerant,  mirabantur  quare  sic  de  novo  praepositus  mercatorum  et 
«  illi  qui  cum  eo  erant  volebant  sic  ab  eis  aufferre  noviter  claves  illas 
«  et  custodiam  portarum  et  tradere  aliquibus  non  ita  sufficientibus, 
«  prout  eis  liquide  videbatur.  Ex  hac  igitur  causa  statim  suspicio  in 
«  animo  dictorum  custodum  portarum  et  clavium  de  malo  et  proditione 
«  non  modica  exstitit  generata  super  praepositum  prœdictum  et  super 
«  illos  qui  illuc  modo  vénérant  cum  eodem...  »  Comment,  après  avoir 
lu  ces  mots,  M.  Tessier  ose-t-il  bien  imprimer  que  «  la  prétendue  scène 
entre  Maillart  et  Marcel  à  propos  des  clefs  de  la  porte  Saint-Denis  est 
une  pure  invention  du  chroniqueur  officiel  »  (p.  17)? 

Après  avoir  écarté  de  la  sorte  un  incident  gênant,  M.  Tessier  se  met 
en  devoir  de  reconstituer  à  sa  manière  le  drame  du  31  juillet  et  de  prou- 
ver qu'il  y  a  eu,  non  pas  tentative  de  Marcel  pour  livrer  la  ville  au  roi 
de  Navarre,  mais  simplement  complot  des  partisans  du  régent  pour 
assassiner  Marcel  (p.  10).  Il  trouve  une  preuve  de  ce  complot  «  évidente, 
indéniable  »  dans  la  phrase  suivante  des  Grandes  Chroniques  :  «  Si  monta 
«  ledit  Jehan  Maillart  à  cheval  et  prist  une  bannière  du  roy  de  Erance, 
«  et  commença  à  hault  crier  :  Montjoie  Saint  Denis  au  roy  et  au  duc  ! 
«  tant  que  chascun  qui  le  veoit  aloit  après  et  crioit  à  haulte  voix  ledit 
«  cri...  Et  ledit  Jehan  Maillart  demeura  vers  les  halles.  Et  un  cheva- 
«  lier  appelé  Pépin  des  Essars,  qui  rien  ne  savoit  de  ce  que  ledit  Jehan 
«  Maillart  avoit  fait,  prist  assez  tost  après  une  autre  bannière  de  France 
«  et  crioit  semblablement  comme  Jehan  Maillart:  Montjoie  Saint  Denis!  » 
M.  Tessier  s'égaie  beaucoup  sur  cette  «  prétendue  coïncidence  fortuite  » 
qui  fait  que,  le  même  jour,  à  la  même  heure,  deux  hommes  se  sentent 
pris  du  même  désir  de  promener  par  les  rues  une  bannière  de  France, 
au  même  cri  de  :  Montjoie  saint  Denis  (p.  17)!  Il  pense,  et  nous  pen- 
sons aussi,  qu'il  dut  y  avoir  entente  préalable  entre  Maillart  et  Pépin 
des  Essarts.  Nous  ajouterons  même  que  personne,  parmi  les  historiens 
modernes,  ne  paraît  avoir  attaché  grande  importance  à  ces  mots  :  «  Qui 
«  rien  ne  savoit  de  ce  que  ledit  Jehan  Maillart  avoit  fait.  »  Mais,  une  fois 
l'entente  admise,  il  resterait  à  fixer  le  moment  auquel  elle  s'établit  ;  il 
resterait  à  prouver  que  le  projet  de  lever  bannière  et  de  tuer  Marcel 
fut  concerté  entre  Maillart  et  des  Essarts  avant  l'incident  de  la  porte 
Saint-Denis,  par  conséquent  avant  la  découverte  de  la  trahison  du 
prévôt  :  c'est  ce  que  ne  fait  pas  M.  Tessier.  La  tentative  de  Marcel  pour 
s'assurer  des  portes   reste  donc,  jusqu'à  nouvel  ordre,   et    en   dépit 


679 

de  M.  Tessier,  la  cause  déterminante  du  soulèvement  des  Parisiens. 
Il  est  vrai  que  M.  Tessier  tient  en  réserve  une  seconde  preuve  «  abso- 
lument décisive  »  (p.  18)  :  c'est  une  lettre  de  rémission  de  1368,  impri- 
mée en  partie  par  Secousse,  citée  par  M.  Perrens,  mais  dont  personne, 
paraît-il,  n'avait  su  voir  l'importance.  Voici,  en  deux  mots,  les  faits  qui 
ressortent  de  cette  pièce.  Le  31  juillet.  Pépin  des  Essarts,  avant  de 
gagner  l'hôtel  de  ville  et  d'y  déployer  la  bannière  royale,  avait  com- 
mencé par  se  diriger  sur  l'hôtel  de  Josseran  de  Màcon,  situé  près  de 
l'église  Saint-Eustache ;  il  était  accompagné  de  Martin  des  Essarts, 
de  Jacques  de  Pontoise  et  de  plusieurs  autres,  résolus,  comme  lui,  à  en 
finir  avec  le  gouvernement  du  prévôt.  La  maison  était  vide  :  Josseran 
de  Màcon  échappa,  pour  cette  fois,  à  la  mort.  Les  moins  scrupuleux  de 
la  troupe  se  dédommagèrent  en  emportant  sept  ou  huit  pièces  d'argen- 
terie. Là-dessus,  M.  Tessier  triomphe  :  voilà  ie  complot  prouvé  !  a  Ce 
que  la  bande  de  Pépin  des  Essarts  allait  faire  à  Saint-Eustache,  d'autres, 
celle  de  Maillart,  par  exemple,  avaient  dû  se  charger  de  le  faire  ailleurs... 
Poursuivie  ou  non  en  commun,  la  tâche  était  nettement  indiquée  et  fut 
scrupuleusement  accomplie.  Il  s'agissait  de  tuer  le  prévôt  et  ses  com- 
plices, et  Pépin  des  Essarts  s'était  à  dessein,  pour  ladite  besogne,  entouré 
de  bons  compagnons  sur  lesquels  il  savait  pouvoir  compter  »  (p.  20). 
Fort  bien  !  mais  nous  ne  comprenons  plus  quand  M.  Tessier  ajoute, 
avec  la  même  conviction  :  «  Que  nous  voilà  loin  de  la  légende  des  clefs 
exigées  et  refusées,  loin  du  flagrant  délit  prétendu  de  trahison  »  (p.  21)  ! 
Comment  ?  l'expédition  tentée  contre  la  maison  de  Josseran  de  Màcon 
prouve  qu'Etienne  Marcel,  le  matin  même,  n'avait  pas  cherché  à  s'em- 
parer des  portes  de  Paris  ?  Mais  Josseran  de  Màcon,  Ion  s'en  souvient, 
est  précisément  ce  complice  de  Marcel  à  qui  le  prévôt  voulait  faire 
remettre  les  clefs  de  la  porte  Saint-Denis.  Or,  cette  partie  du  récit  des 
Grandes  Chroniques,  loin  d'être  démentie  par  les  lettres  de  1368,  trouve 
dans  cette  pièce  une  confirmation  nouvelle  et  tout  à  fait  inattendue.  Si 
la  colère  des  royalistes  s'est  portée  tout  d'abord  sur  Josseran  de  Màcon, 
c'est  qu'il  venait,  le  matin  même,  de  se  montrer  comme  un  des  instru- 
ments de  la  trahison  du  prévôt.  Quelle  contradiction  y  a-t-il  donc  entre 
le  récit  des  Grandes  Chroniques  et  la  charte  de  Charles  V?  M.  Tessier 
voudrait-il  que  les  lettres  de  rémission  fissent  mention  de  la  scène  de  la 
bastille  Saint-Denis?  qu'elles  dissent  positivement  :  Pépin  des  Essarts 
a  pris  les  armes  sur  la  nouvelle  qui  lui  fut  apportée  de  la  trahison 
d'Etienne  Marcel  ?  Mais,  dans  ces  lettres,  il  n'est  question  que  de  la 
peccadille  reprochée  à  Jacques  de  Pontoise,  l'enlèvement  de  ces  quelques 
hanaps  et  de  cette  cuiller  d'argent  pour  lequel  il  sollicita,  en  1368,  le 
pardon  de  Charles  V  ;  si  quelques  circonstances  d'mtérêt  général  sont 
relatées  dans  la  pièce,  c'est  tout  à  fait  par  hasard  et  en  tant  qu'elles 
peuvent  servir  de. circonstances  atténuantes  au  même  Jacques  de  Pon- 
toise. Tout  ce  qu'il  est  permis  de  conclure  du  silence  de  la  charte  au 


680 

sujet  de  la  bastille  Saint-Denis,  c'est  que  l'huissier  d'armes  Jacques  de 
Pontoise  n'a  pris  aucune  part  au  débat  soulevé,  le  matin,  entre  Marcel 
et  Jean  Maillart.  Cette  conclusion  ressemble  peu  à  celle  de  M.  Tessier. 
Toutefois,  en  cherchant  bien,  nous  croyons  pénétrer  la  pensée  de 
l'ingénieux  auteur.  Il  s'est  dit  que  l'expédition  contre  la  maison  de  Jos- 
seran  de  Mâcon,  la  marche  sur  l'hôtel  de  ville,  puis  sur  la  bastille  Saint- 
Antoine  ont  dû  demander  plusieurs  heures,  et,  comme  elles  ont  précédé 
la  mort  d'Etienne  Marcel,  qu'il  est  assez  disposé  à  placer  vers  le  matin, 
il  en  conclut  que  Pépin  des  Essarts  a  pris  les  armes  avant  d'avoir  pu 
recevoir  la  nouvelle  de  la  trahison  du  prévôt.  Tout  dépend,  comme  l'on 
voit,  de  l'heure  à  laquelle  on  fixe  le  meurtre  de  Marcel  :  c'est  sans  doute 
là  le  secret  de  l'insistance  que  met  M.  Tessier  à  démontrer,  contraire- 
ment à  l'opinion  commune,  que  le  prévôt  des  marchands  fut  tué  avant 
la  chute  du  jour.  Malheureusement  ses  arguments  n'ont  pas  plus  de  force 
ici  qu'ailleurs,  et,  sur  ce  point  comme  sur  d'autres^  M.  Tessier  n'a  que 
faire  de  déplorer  l'aberration  «  étrange,  presque  inexplicable,  »  des  his- 
toriens ses  devanciers  (p.  8).  Les  Grandes  Chroniques ,  suivant  lui, 
affirment  que  Marcel  a  été  tué  vers  l'heure  du  dîner,  ou  de  «  l'avant 
dîner,  »  c'est-à-dire  dans  la  matinée  du  31  juillet.  Non!  elles  disent 
simplement  que,  vers  l'heure  du  dîner,  Marcel  est  venu  à  la  bastille 
Saint-Denis  ;  sa  mort  eut  lieu  beaucoup  plus  tard.  Poursuivons  :  Jean  de 
Venette,  au  dire  de  M.  Tessier,  rapporte  que  Marcel  fut  tué  «  clara  die  » 
ou  a  lucescente  die,  »  au  point  du  jour.  Encore  une  fois  non  !  Jean  de 
Venette  se  borne  à  dire  que  le  prévôt  commença  la  visite  des  portes  au 
point  du  jour.  Enfin  M.  Tessier  affirme  qu'aux  termes  de  la  lettre  du 
régent,  le  peuple  tua  Marcel  avant  la  nuit,  pendant  le  jour.  Mais  non  I 
pour  la  troisième  fois.  La  lettre  dit  seulement  que  la  trahison  du  prévôt 
fut  découverte  pendant  le  jeur.  C'est-à-dire  que,  si  nous  voulions  faire 
ici  œuvre  de  plagiaire,  nous  pourrions  retourner  contre  M.  Tessier  cette 
phrase  qu'il  applique  à  tous  ses  devanciers  :  «  Nous  ne  connaissons  pas 
d'exemple  plus  frappant,  plus  curieux  de  l'inconvénient  des  idées  pré- 
conçues en  matière  de  recherches  historiques  »  (p.  8). 

Poursuivi  par  son  idée  fixe,  M.  Tessier  voit  partout,  dans  le  récit  de 
Pierre  d'Orgemont,  des  «  invraisemblances  ridicules  et  choquantes.  » 
Si  la  chronique  porte  que  Jean  Maillart  demeura  dans  la  région  des 
Halles,  M.  Tessier  s'étonne  qu'il  ne  soit  pas  plutôt  retourné  à  la  porte 
Saint-Denis.  Quand  le  chroniqueur  raconte  qu'Etienne  Marcel  refusa  de 
montrer  des  lettres  du  roi  de  Navarre  ou  du  régent  qu'il  portait  sur  lui 
au  moment  de  sa  mort,  M.  Tessier  trouve  l'invention  très  drôle  (p.  30). 
Notez  que  cet  incident  est  rapporté  en  termes  à  peu  près  semblables 
dans  la  Chronique  normande  du  XI V^  siècle.  Etienne  Marcel  a  essayé  de 
congédier  les  gardiens  des  portes  dans  la  matinée  du  31  juillet  :  M.  Tes- 
sier aurait  préféré  qu'il  attendît  jusqu'à  la  nuit  (p.  32).  A  la  page  15, 
M.  Tessier  justifie  Etienne  Marcel  d'avoir  délivré,  le  27  juillet,  des  pri- 


68i 

sonniers  anglais  ;  il  fait  observer  que  la  foule  voulait  les  écharper,  qu'il 
n'y  avait  pas  d'autre  moyen  de  leur  sauver  la  vie,  et  il  félicite,  à  ce  pro- 
pos, le  prévôt  des  marchands  d'avoir  courageusement  rempli  «  son  devoir 
d'honnête  homme  ;  »  mais,  à  la  page  33,  M.  Tessier  ne  comprend  plus 
comment  Marcel  n'a  pas  retardé  de  quatre  jours  la  délivrance  de  ces 
Anglais.  Il  rejette  un  renseignement  fourni  par  Jean  de  NoyaH,  sous 
prétexte  que  sa  chronique  n'a  été  compilée  qu'en  l'année  1388  (p.  33)  ; 
mais  il  ignore  que  Jean  de  Noyai  avait  emprunté  ce  passage  à  la  Chro- 
nique  normande,  rédigée  près  de  vingt  ans  plus  tôt.  Il  montre  le  peu  de 
garanties  qu'offrait  au  prévôt  des  marchands  l'alliance  du  roi  de  Navarre; 
mais  il  n'ajoute  pas  que  Marcel  n'avait  plus  le  choix  des  alliances.  Ses 
arguments  ne  portent  pas  mieux  contre  l'excellente  dissertation  que 
M.  Luce  a  jointe  au  texte  du  traité  conclu  entre  Edouard  III  et  le  roi 
de  Navarre. 

De  ce  que  le  régent  a  prononcé,  quatre  jours  après  le  meurtre,  un  dis- 
cours violent  contre  Marcel,  il  ne  s'ensuit  pas  que  cette  harangue  soit 
l'unique  source  des  récits  défavorables  au  prévôt  qu'ont  reproduits  les 
chroniqueurs  (p.  24). 

De  même,  pour  démontrer  que  les  complices  de  Marcel  n'ont  pas  fait 
les  aveux  rapportés  dans  la  lettre  du  régent,  il  ne  suffit  pas  de  faire 
remarquer  le  silence  que  garde  à  ce  sujet  le  rédacteur  des  Grandes  Chro- 
niqties  (p.  26). 

Il  faudrait  ainsi  reprendre  une  à  une  toutes  les  phrases  de  M.  Tessier. 
Bornons-nous  à  une  seule  remarque.  La  trahison  d'Etienne  Marcel  est 
affirmée  par  le  régent  et  par  l'auteur  des  Grandes  Chroniques;  mais  ces 
témoignages  peuvent  passer  pour  suspects.  Elle  est  affirmée  de  plus  par 
Jean  le  Bel,  contemporain  dont  les  informations  sont  d'ordinaire  pui- 
sées aux  sources  anglaises.  Elle  est  affirmée  par  Froissart.  Elle  est 
racontée  tout  au  long  dans  la  Chronique  normande.  Ce  qu'il  y  a  de  plus 
remarquable,  elle  n'est  niée  par  aucun  des  chroniqueurs  ouvertement 
favorables  à  la  cause  populaire.  Ainsi  Jean  de  Venette  paraît  trouver 
l'accusation  bien  fondée  (M.  Tessier  en  convient  presque,  p.  33),  la 
reproduit  tout  au  long,  se  garde  de  la  réfuter  et  nous  apprend  qu'Etienne 
Marcel  et  ses  principaux  complices  en  étaient  venus  à  ne  plus  songer 
qu'aux  moyens  de  sauver  leurs  têtes  :  «  Timentes  ne  deteriuseis  forsitan, 
«  utputamors,  ûnaliter  contingeret,  cogitaverunt  ut  secrète  de  sua  sainte 
«  diligentius  pertractarent.  »  Quant  à  WniQwv  àaldi  Chronique  des  quatre 
premiers  Valois,  malgré  ses  sympathies  navarraises,  il  nous  montre  la 
terreur  des  Parisiens  à  la  seule  pensée  que  leur  ville  pourrait  être  livrée 
à  Charles  le  Mauvais  et  à  son  frère  ;  il  parle  de  «  l'emprinse  »  des 

1.  Qu'il  cite  d'après  un  article  de  Lacabane.  Il  ignore  la  publication  faite,  en 
1883,  par  M.  Aug.  Molinier  dans  V Annuaire-Bulletin  de  la  Société  de  l'his- 
toire de  France. 

U 


682 

Navarrais,  de  leurs  espérances  déçues,  du  mécontentement  et  de  la 
retraite  des  Anglais  «  pour  ce  qu'ilz  avoient  failli  à  leur  proye  de  Paris,  » 
et  il  remercie  Dieu  d'avoir  sauvé  cette  ville  d'une  destruction  et  d'un 
pillage  qui  paraissaient  inévitables.  Qui  donc  conteste  la  trahison  du 
prévôt  des  marchands?  M.  Tessier,  lui  seul;  malgré  le  talent  qu'il  met 
au  service  de  cette  cause,  son  opinion  ne  nous  semble  pas  devoir  con- 
trebalancer le  témoignage  unanime  des  chroniqueurs  du  xiv"  siècle. 

Que  l'on  joigne  à  ces  quelques  remarques  les  nombreux  éclaircisse- 
ments que  M.  Siméon  Luce  a  donnés  dans  ses  divers  ouvrages,  avec 
autant  de  science  que  d'impartialité,  et  l'on  demeurera  convaincu  qu'il 
ne  reste  rien  ou  bien  peu  de  chose  de  la  thèse  de  M.  Tessier. 

Cet  ouvrage  témoigne  de  l'adresse  et  de  la  sincérité  de  l'auteur.  II 
prouve  également  la  puissance  de  son  imagination  et  sa  connaissance 
par  trop  sommaire  des  sources  de  notre  histoire.  Nous  avons  dit  en 
commençant  que  M.  Tessier  avait  voulu  faire  œuvre  d'historien  impar- 
tial; nous  n'avions  peut-être  pas  alors  présents  à  la  mémoire  certains 
traits  qui  tendraient  à  faire  croire  le  contraire.  Le  dauphin,  dans  sa 
lettre  au  comte  de  Savoie,  affirme  à  deux  reprises  que  le  meurtre 
d'Etienne  Marcel  s'est  accompli  à  son  insu.  Que  M.  Tessier  refuse  de  le 
croire  sur  parole,  rien  de  plus  légitime  !  Mais  il  ne  s'en  tient  pas  là. 
«  Cette  insistance  à  nier  toute  participation  au  meurtre  »  lui  semble 
«  quelque  peu  louche.  »  «  De  pareilles  précautions,  dit-il,  vont  souvent 
droit  contre  le  but  que  se  proposent  leurs  auteurs.  Ici  elles  ont  presque 
le  caractère  d'une  véritable  révélation,  d'un  véritable  aveu  »  (p.  22).  Cette 
phrase  et  quelques  autres  pourraient  faire  confondre,  bien  à  tort,  M.  Tes- 
sier avec  ces  écrivains  passionnés  pour  lesquels  les  préférences  tiennent 

lieu  de  preuves  et  le  parti  pris  de  conviction. 

N.  Valois. 


Inventaires  et  Documents  publiés  par  la  direction  générale  des 
Archives  nationales.  Inventaire  des  arrêts  du  conseil  d''Etat 
(règne  de  Henri  IV),  par  M.  Noël  Valois,  archiviste  aux  Archives 
nationales.  Tome  I.  Paris,  imprimerie  nationale,  4886.  In-4'', 
cxLviii-482  pages. 

L'administration  des  Archives  nationales  vient  d'ajouter  un  nouveau 
volume  à  la  collection  de  ses  inventaires  et  documents  :  ce  volume  est 
le  premier  de  l'inventaire  des  arrêts  du  conseil  d'État  au  temps  de 
Henri  IV;  l'auteur  en  est  M.  Noël  Valois  ^. 

On  y  trouve  l'analyse  de  5,712  arrêts  empruntés,  soit  aux  collections 
des  Archives,  soit  à  seize  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale.  Ces 
arrêts  correspondent  à  la  période  de  1592  à  1599  ;  ils  sont  disposés  par 

1.  Le  travail  avaK  été  commencé  par  MM.  Gorré  et  Robert  de  Lasteyrie. 


683 

ordre  chronologique.  Chaque  article  comprend,  après  l'indication  de  la 
date  de  temps  et  de  lieu,  un  sommaire  indiquant  l'objet  de  la  pièce, 
et,  «  quand  il  y  a  Jieu,  les  circonstances  les  plus  notables  mentionnées, 
soit  dans  l'exposé,  soit  dans  le  dispositif.  »  Une  table  très  développée 
facilite  les  recherches  dans  ce  recueil.  C'est  à  la  fois  une  table  alpha- 
bétique des  noms  de  personnes,  que  l'éditeur  a  pris  soin  de  ramener, 
autant  que  possible,  à  leur  véritable  forme,  souvent  altérée  dans  les 
documents  ;  une  table  alphabétique  des  noms  de  lieux,  que  l'éditeur  ne 
manque  jamais  d'identifier,  quand  cela  lui  est  possible;  enfin  une  table 
des  matières,  «  groupant  tous  les  renseignements  fournis  par  les  ana- 
lyses d'arrêts  sur  l'histoire,  les  mœurs  et  les  institutions  de  l'époque.  » 

Comme  on  peut  bien  le  penser,  ces  renseignements  sont  aussi  variés 
que  nombreux.  Ils  portent  d'abord,  et  avant  tout,  sur  la  compétence  et 
les  attributions  du  conseil;  mais,  en  même  temps,  on  peut  dire  qu'ils 
portent  sur  tous  les  points  de  l'organisation  administrative  et  financière 
du  pays  et  sur  tous  les  événements  de  l'histoire  dont  ils  sont  contem- 
porains. On  y  voit  fonctionner  les  innombrables  rouages  qui  forment 
la  machine  compliquée  de  l'administration  royale;  on  y  prend  sur  le 
vif  les  rapports  du  gouvernement  central  avec  les  provinces,  les  villes 
et  les  communautés.  A  toutes  les  pages,  il  est  question  de  créations, 
de  provisions  ou  de  suppressions  d'offices,  des  gages  des  officiers,  de 
leur  compétence  et  des  conflits  qui  les  divisent;  on  rencontre  parfois 
des  décisions  intéressantes  pour  l'histoire  de  l'instruction  publique  : 
par  exemple  l'arrêt  du  16  mai  1595,  ordonnant  le  paiement  de  la  pen- 
sion de  trente  écoliers  entretenus  par  le  roi  au  collège  de  Navarre  ^.  Je 
ne  puis  songer  à  indiquer,  même  de  loin,  tous  les  renseignements  que 
fournira  ce  recueil  sur  les  institutions  du  temps  d'Henri  IV;  mais  je 
tiens  à  signaler  le  grand  nombre  d'informations  qui  permettront  de 
préciser  tous  les  incidents  des  guerres  de  cette  époque  :  arrêts  concer- 
nant les  levées  et  les  mouvements  des  troupes,  l'approvisionnement  des 
armées,  les  travaux  de  fortification  ou  de  démantèlement,  les  remises 
d'impôts  motivées  par  les  excès  des  gens  de  guerre,  l'exécution  des 
capitulations  consenties  par  le  roi  en  faveur  de  ceux  de  ses  adversaires 
qui  posaient  les  armes,  et  mille  autres  détails  importants  pour  l'histoire 
de  la  guerre  contre  la  Ligue  ou  l'Espagne. 

Quelle  que  soit  la  richesse  de  ces  renseignements,  le  service  qu'a 
rendu  M.  Valois  aux  études  historiques  vaut  peut-être  moins  encore 
par  cette  masse  énorme  d'informations  que  par  la  belle  introduction  dont 
elle  est  précédée.  M.  Valois  y  débrouille  l'histoire  enchevêtrée  du 
conseil  avant  Henri  IV  ;  d'une  main  ferme  et  sûre,  il  en  trace  définiti- 
vement les  grandes  lignes,  jusqu'ici  fort  inconnues;  quand,  sur  sa 
route,  il  rencontre  une  erreur  ou  une  légende,  il  en  fait  impitoyable- 

1.  N»  2232. 


684 

ment  justice.  On  ne  saurait  essayer  de  résumer  ici  chacun  de  ses 
chapitres  ;  qu'il  me  soit  permis  au  moins  d'en  signaler,  avec  quelques- 
uns  des  résultats  les  plus  nouveaux,  quelques-unes  des  conclusions  les 
plus  importantes. 

A  vrai  dire,  la  grande  institution  de  l'ancienne  monarchie,  c'était  le 
roi,  ou  plutôt  la  tradition  de  l'autorité  royale  transmise  dans  la  famille 
capétienne.  La  théorie  constitutionnelle  de  l'ancienne  France  était  en 
somme  très  simple  :  «  Si  veut  le  roi,  si  veut  la  loi.  »  Toutefois,  ce 
principe  n'avait  souvent  qu'une  valeur  théorique  :  car,  en  fait,  il  était 
tempéré  par  mille  contrepoids,  par  mille  obstacles  qu'il  serait  difficile 
de  déterminer  avec  précision,  mais  qui,  dans  leur  ensemble,  faisaient 
la  différence  (et  elle  était  profonde)  entre  la  royauté  française  et  le  des- 
potisme oriental.  En  tout  cas,  c'est  de  l'idée  de  son  pouvoir  absolu  que 
la  royauté  tira  tous  les  organes  du  gouvernement  qu'elle  substitua  aux 
organes  du  gouvernement  féodal;  or,  le  réservoir  où  elle  puisa  les 
forces  nécessaires  pour  créer  ces  organes,  ce  fut  le  conseil  du  roi.  C'est 
dire  que  l'histoire  du  conseil  est  dans  une  large  mesure  l'histoire  de  la 
constitution  de  la  France. 

A  toutes  les  époques,  le  conseil  fut  composé  des  auxiliaires  que  se 
choisissait  le  roi  pour  l'aider  dans  le  gouvernement  du  royaume.  De 
temps  en  temps,  un  groupe  de  ces  auxiliaires  s'est,  qu'on  me  passe  l'ex- 
pression, d'abord  spécialisé,  puis  détaché  :  l'histoire  du  conseil  se  con- 
fond avec  celle  de  ces  démembrements. 

C'est  de  lui,  nul  ne  l'ignore,  que  sont  issues  de  bonne  heure  les  deux 
cours  souveraines  les  plus  anciennes,  le  parlement  et  la  chambre  des 
comptes.  Cette  origine  commune  explique  les  relations  intimes  qu'en- 
tretinrent jusqu'au  xvn«  siècle  ces  deux  assemblées  avec  le  conseil 
royal  :  à  ces  relations,  M.  Valois  consacre  un  très  intéressant  chapitre. 
Il  y  rappelle  les  réunions  plénières  où  se  retrouvaient  parfois  le  conseil 
et  l'une  ou  l'autre  des  deux  cours.  Ces  réunions  auraient  été  très  nom- 
breuses, s'il  fallait  entendre  à  la  lettre  ces  mentions  si  fréquentes  : 
«  Par  le  conseil  estant  dans  la  chambre  du  parlement.  Par  le  conseil 
estant  en  la  chambre  des  comptes;  »  mais  M.  Valois,  contrairement  à 
l'opinion  de  ses  devanciers,  prouve  que  ces  formules  désignent  simple- 
ment le  parlement  ou  la  chambre  des  comptes.  Pour  croire  à  une 
réunion  plénière  de  deux  ou  trois  de  ces  assemblées,  on  exigera  donc 
une  mention  plus  complète,  indiquant  par  exemple  la  composition  de  la 
réunion.  M.  Valois  signale  ensuite  les  cas  nombreux  où  le  conseil  fut 
complété  au  moyen  de  députations  envoyées  au  conseil  par  le  parle- 
ment ou  la  chambre  des  comptes  ^  ;  il  fait  connaître  les  circonstances 

1.  Aux  exemples,  donnés  par  M.  Valois,  d'arrêts  dus  à  la  collaboration  de 
conseillers  au  parlement  et  de  membres  du  conseil,  je  puis  ajouter  un  arrêt 
rendu  dans  un  procès  célèbre  qui  fut  jugé  en  1400  entre  le  gouverneur  du  Dau- 


685 

où  des  magistrats,  choisis  individuellement,  furent  appelés  au  conseil 
et  où  réciproquement  des  conseillers  d'État  siégèrent  dans  les  cours 
souveraines;  il  passe  en  revue  les  conflits  auxquels  donnèrent  lieu  les 
prétentions  des  uns  et  des  autres. 

Après  un  chapitre  où  l'auteur  traite  do  l'histoire  du  conseil  sous  les 
derniers  Capétiens  et  les  premiers  Valois,  il  en  vient  à  la  formation  de 
la  cour  souveraine  connue  sous  le  nom  de  grand  conseil. 

Sur  ce  point,  l'introduction  de  M.  Valois  jette  une  vive  et  abondante 
lumière.  Avant  lui,  tous  les  auteurs  (sauf  peut-être  Pardessus)  étaient 
d'accord  pour  considérer  l'ordonnance  du  2  août  1497  comme  la  charte 
fondamentale  du  grand  conseil  :  «  Charles  VIII  agissant,  dit-on,  sous 
l'inspiration  des  États,  aurait,  en  une  ordonnance  unique,  posé  les 
assises  de  cette  institution.  »  L'examen  attentif  des  documents  a  con- 
duit M.  Valois  à  une  tout  autre  conclusion.  Il  fait  remarquer  que,  dès 
le  xiv^  siècle,  à  côté  et  au-dessus  du  parlement,  le  conseil  royal,  qu'on 
appelait  souvent  le  grand  conseil ,  exerce  un  véritable  pouvoir  judi- 
ciaire. Or,  sous  Louis  XI,  le  parlement  se  fit  l'adversaire  irréconci- 
liable de  l'ordonnance  qui  révoquait  la  pragmatique  sanction;  alors,  en 
matière  bénéficiale,  une  divergence  profonde  se  produisit  entre  sa  juris- 
prudence et  celle  du  conseil.  «  Le  roi  n'eut  d'autre  moyen  de  faire 
triompher  sa  politique  que  d'attribuer  la  connaissance  des  matières 
religieuses  à  des  conseillers  au  grand  conseil,  non  suspects  de  galli- 
canisme. »  A  compter  de  la  première  année  du  règne  de  Charles  VIII 
(1483),  des  registres  conservés  jusqu'à  nos  jours  nous  montrent  le  grand 
conseil  fonctionnant  comme  un  tribunal  distinct,  indépendant  du 
conseil  et  pourvu  d'un  ministère  public  ;  il  s'en  faut  donc  de  beaucoup 


phiné  et  l'archevêque  de  Vienne  ;  il  s'agissait  des  suites  de  l'une  des  conti- 
nuelles entreprises  de  l'administration  delphinale  contre  la  souveraineté  de  l'ar- 
chevêque. L'arrêt  fut  préparé  au  parlement  sous  la  direction  du  premier 
président  Jean  de  Popincourt.  Mais  ce  magistrat  ne  voulut  pas  le  rendre  sans 
lassentiment  du  conseil  :  «  Et  nolebat  idem  presidens,  ut  dicebat,  dictum 
arrestum  pronunciare,  nisi  dictis  dubiis  primitus  in  nostra  (c'est  le  roi  qui 
parle)  presencia  discussis.  »  La  discussion  eut  lieu  en  effet  au  conseil  et  la  con- 
clusion en  fut  que  Jean  de  Popincourt  reçut  du  roi  l'ordre  de  prononcer  l'arrêt 
tel  qu'il  avait  été  préparé  au  parlement  (13  octobre  1400.  Archives  de  l'Isère, 
archevêché  de  Vienne,  G.  9).  Quelques  années  après,  nouveau  procès  entre  les 
mêmes  parties  :  l'instruction  est  confiée  à  deux  présidents  au  parlement,  Jacques 
de  Rully  et  Imbert  de  Boissy  (1404)  ;  ils  y  appellent  plusieurs  des  maîtres  des 
requêtes  de  l'hôtel  «  et  des  messieurs  du  parlement  et  des  enquêtes,  »  afin  de 
«  visiter  »  le  procès  pour  préparer  la  décision.  La  cause  fut  tranchée,  en 
octobre  1404,  par  un  arrêt  rendu  au  conseil  par  le  chancelier  et  les  membres 
du  parlement  et  du  conseil  appelés  à  siéger  dans  l'affaire.  (Archives  de  l'Isère, 
chambre  des  comptes,  Liber  tercius  copiarum  Vienne  et  terre  Turris,  p.  16 
et  suiv.) 


686 

qu'il  ait  été  créé  par  l'ordonnance  de  1497.  Dès  1483,  le  grand  conseil 
est  en  possession  de  sa  juridiction,  assez  mal  délimitée,  mais  qui 
comprend  surtout  les  procès  en  matière  de  bénéfices  et  d'offices;  dès 
cette  époque,  il  sait  la  défendre  contre  les  attaques  du  parlement  et  des 
états  généraux.  C'est  donc  au  règne  de  Louis  XI  qu'il  faut  reporter  la 
création  du  grand  conseil,  ou  plutôt,  ainsi  que  le  dit  M.  Valois, 
l'épanouissement  de  ce  rameau,  qui  se  sépare  du  tronc  commun, 
comme  jadis  s'en  sont  séparés  la  chambre  des  comptes  et  le  parlement. 

Là  ne  s'arrêtera  pas  la  fécondité  de  cette  vieille  souche  qui  s'appelle 
la  curia  régis;  cependant,  les  sections  qui  désormais  s'en  détacheront, 
au  lieu  de  se  transformer  en  cours  souveraines,  constitueront  des  con- 
seils spéciaux  qui  ne  seront  jamais  considérés  comme  définitivement 
séparés  du  conseil.  Nous  allons  assister  à  la  formation  des  conseils  des 
affaires,  des  finances  et  des  parties. 

Le  conseil,  tel  qu'il  était  organisé  à  la  fin  du  xv«  siècle,  était  trop 
nombreux  pour  discuter  les  grandes  affaires  de  l'État.  Depuis  le 
xiv'^  siècle  (on  le  constaterait  au  xni''  siècle  si  les  documents  le  permet- 
taient), les  rois  ont  manifesté  une  tendance  marquée  à  restreindre  à  un 
petit  nombre  de  conseillers  la  préparation  des  affaires  politiques  :  de 
là  est  issue  une  assemblée  peu  nombreuse,  composée,  suivant  les 
besoins  du  moment,  des  conseillers  intimes;  c'est  le  conseil  des  affaires 
qui,  sous  François  le»",  se  sépare  du  conseil  proprement  dit.  M.  Valois 
en  suit  les  vicissitudes  jusqu'à  Henri  IV  et  nous  fait  prévoir  les  hautes 
destinées  de  cette  assemblée  qui,  un  jour,  sous  le  nom  expressif  de 
conseil  d'en  haut,  aidera  Louis  XIV  à  diriger  les  destinées  politiques 
de  la  France. 

Le  conseil,  représentant  du  roi,  l'assistait  dans  la  direction  et  l'ad- 
ministration de  ses  finances.  C'était  là  un  domaine  qui  devait  bientôt 
lui  être  contesté.  M.  Valois  montre  clairement  que,  pendant  le 
xvi«  siècle,  l'administration  supérieure  des  finances  oscille  entre  un 
surintendant  et  un  conseil  des  finances  distinct  du  conseil  d'État. 
L'auteur  nous  fait  assister  à  toutes  les  péripéties  de  cette  lutte  entre  la 
direction  unique  et  la  direction  multiple,  lutte  qui  paraît  un  instant 
se  décider  à  l'avantage  de  Sully,  surintendant  des  finances.  Mais  bien- 
tôt le  conseil  spécial  des  finances  est  réorganisé  (en  1611);  il  devait 
jouer  encore,  plus  d'une  fois,  «  un  rôle  prépondérant  dans  l'adminis- 
tration centrale.  » 

Ainsi  le  conseil  royal  a  perdu  la  direction  de  la  politique,  et  en 
partie  du  moins  celle  des  finances.  Il  semble  réduit  aux  affaires  de  pure 
administration;  mais  voici  qu'en  ce  même  xvi^  siècle,  il  recouvre  une 
partie  du  terrain  perdu.  Dès  le  milieu  du  siècle,  cinquante  ans  à  peine 
après  l'organisation  définitive  du  grand  conseil,  il  avait  retrouvé  des 
attributions  judiciaires  :  non  seulement  il  remplit  un  rôle  analogue  à 


687 

notre  cour  de  cassation  (règlements  de  juges,  cassation,  etc.),  mais  il 
connaît  de  procès  ordinaires,  entre  parties  privées,  «  pour  matières  qui 
se  doivent  décider  dans  un  chàtclet  de  Paris  ou  une  cohue  de  Rouen.  » 
Tant  il  est  vrai  que,  d'après  la  constitution  intime  de  la  monarchie,  le 
roi  ne  peut  irrévocablement  détacher  de  lui  le  pouvoir  judiciaire,  tant 
il  est  vrai  aussi  que  l'autorité  suprême  a  besoin  d'avoir  à  sa  disposition 
des  juges  moins  indépendants  que  les  membres  des  cours  souveraines! 
La  compétence  indéfinie  et  la  juridiction  élastique  du  conseil  sont 
comme  des  soupapes  de  sûreté  destinées  à  parer  aux  dangers  qui  pour- 
raient naître  de  la  trop  complète  autonomie  des  cours  de  justice  : 
ajoutez  à  cela  que  ces  institutions  découlent  naturellement  de  la  théorie 
constitutionnelle,  d'après  laquelle  toute  justice  émane  du  l'oi.  Pour 
s'acquitter  de  ces  fonctions,  le  conseil  possède,  dès  Henri  U,  une  sec- 
tion judiciaire  qui,  peu  à  peu,  sous  le  nom  de  conseil  des  parties, 
devient  un  nouveau  tribunal  dont  la  compétence  est  illimitée  et  dont 
la  procédure  est  réglée  avec  soin.  Toutefois,  si  à  cette  époque  le  conseil 
des  parties  se  sépare  du  conseil  d'État,  la  royauté  ne  renouvelle  pas 
pour  cela  la  faute  commise  par  elle  lors  de  l'établissement  du  grand 
conseil.  Elle  se  garde  bien  de  rompre  les  derniers  liens  qui  rattachent 
ce  conseil  au  conseil  d'État  et  n'en  fait  pas  une  cour  souveraine.  Le 
conseil  des  parties  «  continua  de  suivre  la  cour,  et  ses  membres  ne 
furent  jamais  pourvus  en  titres  d'office.  » 

Le  conseil  d'État  survivait  cependant  à  tous  ses  démembrements  ;  il 
gardait  des  attributions  toujours  variables,  qui,  pour  avoir  été  singu- 
lièrement limitées,  n'en  conservaient  pas  moins  une  certaine  impor- 
tance. Le  conseil  connaissait  de  certaines  affaires  de  gouvernement 
intérieur  et  de  contentieux  administratif,  et  surtout  d'affaires  finan- 
cières :  telle  était  sa  principale  occupation  à  la  fin  du  xvi^  siècle.  Aussi 
l'appelle-t-on  souvent  le  conseil  d'État  et  des  finances.  Cependant,  il  ne 
fait  pas  double  emploi  avec  le  conseil  spécial  des  finances  :  «  Il  nous 
semble,  dit  M.  Valois,  que  ce  dernier  se  plaçait  de  préférence  au  point 
de  vue  du  gouvernement,  le  premier  au  double  point  de  vue  du  gouver- 
nement et  des  particuliers  :  l'un  n'avait  guère  d'autre  mission  que  de 
remplir  la  caisse  publique,  l'autre  se  préoccupait  plutôt  de  concilier 
l'intérêt  du  prince  avec  celui  des  sujets  et  d'exercer  dans  le  domaine 
fiscal  une  justice  administrative.  » 

La  place  me  manque  pour  suivre  M.  Valois  dans  l'étude,  toujours 
claire,  précise  et  intéressante,  qu'il  fait  de  toutes  les  questions  intéres- 
sant le  conseil  d'État  :  nombre,  qualité  et  réception  des  conseillers, 
leurs  privilèges,  les  officiers  et  les  séances  du  conseil,  ses  écritures  et 
ses  archives.  Je  veux  seulement  attirer  l'attention  du  lecteur  sur  un  des 
points  les  plus  nouveaux  de  cette  partie  de  l'introduction. 

En  temps  normal,  les  conseillers  étaient  purement  et  simplement 


688 

les  instruments  du  roi  ;  ils  n'avaient  aucun  pouvoir  propre.  Le  prince 
qui  les  nomme  peut  les  briser;  en  tout  temps,  «  il  a  l'œil  sur  eux,  et 
au  premier  écart  il  intervient.  » 

En  fut-il  toujours  ainsi?  Ne  peut-on  pas  citer  certaines  périodes  où 
l'influence  du  souverain  sur  le  conseil  fut  atténuée,  sinon  anéantie. 
Les  états  n'essayèrent-ils  pas  d'exercer  une  influence  sur  le  choix  des 
chefs  du  gouvernement?  En  d'autres  termes,  l'histoire  de  France  ne 
nous  présente-t-elle  pas,  à  diverses  reprises,  des  tentatives  de  gouver- 
nement parlementaire?  M.  Valois,  après  avoir  examiné  la  question, 
arrive  à  cette  conclusion  «  qu'on  a  sensiblement  exagéré  l'influence 
exercée  par  les  états  sur  la  composition  des  conseils.  Non  seulement, 
ajoute-t-il,  ils  ne  sont  intervenus  que  lorsque  le  roi,  prisonnier  ou 
mineur,  réduit  à  l'impuissance  par  sa  jeunesse  ou  accablé  par  les  diffi- 
cultés, abandonnait  forcément  une  part  de  ses  prérogatives  ;  mais  ils 
ont  remporté,  en  somme,  d'assez  médiocres  avantages.  » 

Il  faudrait  tout  citer  de  cette  dissertation  où  sont  refaits  plusieurs 
chapitres  de  l'histoire  de  France.  Qu'il  me  soit  au  moins  permis  d'en- 
registrer les  conclusions  de  M.  Valois  sur  le  plus  ancien  et  le  plus 
récent  de  ces  chapitres. 

L'opinion  unanime  des  historiens  enseigne  qu'après  la  bataille  de 
Poitiers,  en  1356-1357,  les  états  généraux  ont  imposé  à  la  royauté  un 
conseil  souverain,  élu  par  les  représentants  des  trois  ordres,  «  sorte  de 
régime  populaire  substitué  en  plein  xiv^  siècle  à  la  monarchie  tradi- 
tionnelle, »  et,  pour  quelques-uns,  sorte  de  proclamation  anticipée  de  la 
république.  Déjà,  dans  un  article  fort  remarqué,  M.  Valois  avait 
rabattu  l'exagération  de  cette  légende  ;  de  nouveau,  il  justifie  sa  con- 
clusion qu'il  formule  en  ces  termes  :  «  Des  hommes  furent  écartés,  un 
élément  électif  furtivement  introduit  dans  le  conseil;  mais  ce  fut  tout  : 
rien  de  changé  pour  l'avenir,  ni  dans  le  mode  de  recrutement,  ni  dans 
le  titre  essentiellement  révocable  des  conseillers  du  roi.  » 

S'il  est  un  épisode  célèbre  dans  l'histoire  populaire  de  Henri  IV, 
c'est  cette  assemblée  des  notables  de  Rouen  entre  les  mains  desquels 
le  Béarnais  avait  promis  de  se  mettre  en  tutelle.  D'après  l'opinion 
générale,  cette  assemblée  avait  été  invitée  par  le  roi  à  nommer  un 
conseil,  dit  conseil  de  raison,  qui,  au  bout  de  trois  mois,  dut  décliner 
une  mission  trop  lourde  pour  ses  forces.  M.  Valois  montre  très  bien 
que  cette  opinion,  quelque  appui  qu'elle  trouve  dans  les  Économies 
royales  de  Sully,  n'est  nullement  conforme  aux  témoignages  contem- 
porains. Les  notables  réunis  à  Rouen  ne  sollicitèrent  même  pas  le  droit 
d'élire  un  nouveau  conseil,  et  c'est  Henri  IV  qui  composa  lui-même  la 
commission  financière  dite  conseil  de  raison. 

Je  crois  en  avoir  assez  dit  pour  être  en  mesure  de  déterminer  en 
quelques  mots  la  portée  de  l'œuvre  de  M.  Valois;  il  a  renouvelé  l'his- 


689 

toire  du  conseil  royal  avant  Henri  IV,  et,  chemin  faisant,  il  a  mis  à 
néant  plusieurs  des  légendes  les  plus  accréditées  de  l'histoire  de  ce 
conseil.  El  me  semhle  que  la  constatation  de  ces  résultats  est  le  plus 
bel  éloge  que  je  puisse  faire  de  l'étude  perspicace,  sobre  et  élégante 
placée  par  M.  Valois  en  tête  de  sa  nouvelle  publication. 

Paul  FOURNIER. 


Souvenirs  d'Eure-et-Loir,  eaux -fortes  par  P.  Gillard,  avec  lexle 
explicatif  par  A.  Gillard.  Première  et  deuxième  séries.  Chartres, 
impr.  Ed.  Garnier,  'I876-'I885.  In-4°,  44  p.  et  42  planches. 

L'intérêt  qui  s'attache  à  toute  reproduction  archéologique  et,  d'autre 
part,  le  peu  de  réclame  fait  jusqu'ici  à  cette  intéressante  publication 
m'engagent  à  signaler  ici  les  monuments  et  objets  d'art  qui  en  font 
l'objet.  Les  voici  dans  l'ordre  de  leur  apparition  : 

Première  série. 
^     1.  Frontispice. 

2.  Pierre  tumulaire  provenant  de  l'abbaye  de  Coulombs  ("aujourd'hui 
dans  l'église,  elle  représente  l'abbé  Philippe,  mort  en  mai  1272). 

3.  Gavée  de  Coulombs  (où  se  trouvait  l'ancien  pressoir  des  religieux). 

4.  Poutres  en  bois  sculpté  à  Aunay-sous-Auneau  (du  xv°  siècle,  pro- 
viennent de  l'église  Saint-Rémi  d'Auneau). 

5.  Pierre  tumulaire  dans  l'église  d'Aunay  (représente  un  nommé 
Clément,  prêtre,  du  xni^  siècle). 

6.  Tour  de  l'ancienne  église  de  Lormaye  (tout  ce  qui  reste  de  ce 
monument  démoli  vers  1830). 

7.  Ivoire  provenant  de  la  crosse  d'un  évêque  de  Chartres  (du  xni°  s., 
recueilli  à  Fontaine-la-Guyon). 

8.  Poterne  du  château  d'Auneau  (tout  ce  qui  reste  de  ce  curieux 
manoir). 

9.  Pierre  tumulaire  dans  l'église  de  Gallardon  (représente  Antoine 
Jaret,  huissier  au  chàtelet,  et  sa  famille). 

10.  Armoiries  des  verrières  de  l'église  de  Nogent-le-Roi. 

11.  Plaque  de  serrure  de  la  Renaissance,  provenant  de  Nogent-le-Roi. 

12.  Pilori  du  moine,  à  Roinville-sous-Auneau  (ancien  prieuré  dépen- 
dant de  Saint-Martin-des-Champs). 

13.  Pierre  tumulaire  dans  l'église  d'Auneau  (représente  Guy  Miche- 
net,  procureur  fiscal  de  la  chàtellenie  dudit  lieu,  et  sa  famille). 

14.  Un  coin  du  vieux  Nogcnt[-le-Roi]. 

15.  Verrous  prov>  nant  du  château  d'Anet  (appartiennent  à  l'auteur). 

16.  Pierre  tumulaire  provenant  de  l'abbaye  de  Coulombs  (représente 
un  chevalier  de  la  famille  de  Thony?). 

17.  Restes  de  l'ancien  château  de  Levainville. 


690 

18.  Soufflet  du  xviie  siècle,  trouvé  aux  environs  de  Dreux. 

19.  Clefs  de  voûte  dans  l'église  de  Nogent-le-Roi. 

20.  Pierre  tumulaire  dans  l'église  de  Gallardon  (représente  Mathurin 
Levacher,  lieutenant  général  au  bailliage  de  Gallardon,  et  sa  femme). 

'il.  Croix  de  carrefour  du  xvi^  siècle,  à  Croisilles. 

Deuxième  série. 

22.  Frontispice  (d'après  une  reliure  du  xvni^  siècle). 

23.  Manoir  de  Ruflin  (disparu  depuis  quelques  années). 

24.  Pierre  tumulaire  dans  l'église  de  Mesnil- Simon  (xvi®  siècle, 
représente  Jean  du  Bec,  seigneur  de  ce  lieu,  et  sa  femme). 

25.  Paix  en  cuivre  du  xv^  siècle,  provenant  de  Saint-Piat.  —  Pions 
de  table  à  jouer  du  xn^  siècle,  en  ivoire  (analogues  à  ceux  que  possède 
le  musée  du  Louvre;  ils  appartiennent  à  l'auteur). 

26.  Portail  de  l'église  d'Anet. 

27.  Pierre  tumulaire  dans  l'abbaye  de  Bonneval,  aujourd'hui  asile 
départemental  des  aliénés  (représente  Nicolas  de  Frécot,  archidiacre  du 
Dunois  au  xin'  siècle). 

28.  Bénitier  en  cuivre  doré  du  xvii^  siècle,  provenant  du  Boulay- 
Thierry. 

29.  Clocher  neuf  de  la  cathédrale  de  Chartres,  d'après  une  aquarelle 
inédite  de  Deroy  (1829). 

30.  Plat  en  faïence  rouennaise  du  xvn^  siècle,  trouvé  à  Faverolles. 

31.  Pierre  tumulaire  dans  l'église  de  Saint-Léger-des-Aubées,  aujour- 
d'hui brisée  (représente  la  veuve  et  la  fille  de  Jean  Dumaitz,  seigneur 
dudit  lieu  au  xvi^  siècle). 

32.  Abside  de  l'église  de  Santeuil  (romane). 

33.  Épernon,  d'après  la  gravure  de  Claude  Chastillon. 

34.  Pierre  tumulaire  dans  l'église  d'Oinville-sous-Auneau  (représente 
Mgr  Jehan  de  Chartres  et  sa  femme,  xiv'  siècle). 

35.  Vitrail  du  xvi^  siècle  trouvé  à  Chartres  (représentant  Charlemagne 
empereur). 

36.  Restes  de  l'entrepôt  de  la  navigation  à  Nogent-le-Roi. 

37.  Aumônière  en  velours  noir  brodée  et  armoriée  du  xviiie  siècle. 

38.  Pierre  tumulaire  dans  l'église  de  Prunay-le-Gillon. 

39.  Porte  Morard  à  Chartres  (disparue  depuis  plusieurs  années). 

40.  Sceau  de  1653  (gravé  par  Collier)  et  sa  cassette,  objets  recueillis 
au  Boullay-Thierry. 

41.  Pierre  tumulaire  dans  l'église  de  Conie  (représente  Jean  Vaillant 
de  Guélis,  décédé  en  1574,  et  sa  mère). 

42.  Ancienne  place  des  halles  à  Nogent-le-Roi. 

Cette  aride  nomenclature  suffira  néanmoins  à  montrer  l'idée  qui  a 
présidé  à  la  constitution  de  ce  recueil.  Cette  suite  d'eaux-fortes,  faites 


694 

avec  soin  et  dessinées  avec  une  scrupuleuse  fidélité,  doit,  dans  la  pen- 
sée de  l'artiste,  sauver  de  l'oubli  les  nombreuses  richesses  archéolo- 
giques que  le  sol  beauceron  peut  ou  pouvait  encore,  il  y  a  peu  d'années, 
nous  livrer.  M.  Gillard  ne  peut  qu'en  être  loué.  Le  texte  explicatif  qui 
accompagne  chaque  planche  a  le  mérite  de  la  sobriété;  il  est  toujours 
clair  et  instructif.  On  regrettera  seulement  de  n'y  pas  trouver  l'expli- 
cation des  armoiries  qui  ornent,  par  exemple,  les  voûtes  de  l'église  de 
Nogent-le-Roi  (n»  19)  et  le  plat  en  faïence  de  Houen  (n»  30). 

Si,  comme  sa  préface  semble  l'indiquer,  M.  Gillard  travaille  à  une 
troisième  série  de  Souvenirs,  les  archéologues  de  l'avenir  lui  sauront  gré 
de  reproduire,  à  l'aide  de  son  habile  burin,  les  curieux  vestiges  du 
Perche  et  du  Dunois  qui  existent  encore  (Brou,  Frazé,  Frétigny,  la 
Bazoche-Gouët,  etc.),  et  l'ancienne  église  Saint-André,  à  Chartres, 
aujourd'hui  convertie  en  magasin  à  fourrages. 

H.  Stein. 


="§« 


CHRONIQUE  ET  MÉLANGES. 


—  Le  28  janvier  1887,  notre  confrère  M.  VioUet  a  été  élu  membre  de 
l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 

—  Nous  avons  la  douleur  d'annoncer  la  mort  d'un  de  nos  jeunes 
confrères,  M.  Charles-Marie-Clément  Durier,  archiviste  des  Hautes- 
Pyrénées,  décédé  le  25  janvier  1887,  dans  sa  trente-troisième  année. 

—  La  soutenance  des  thèses  des  élèves  de  l'Ecole  des  chartes  a  eu 
lieu  le  24,  le  25  et  le  26  janvier.  Voici  le  sujet  des  travaux  des  can- 
didats : 

Étude  de  linguistique  à  propos  des  chartes  en  langue  romane  de 
Douai  au  xiii«  siècle,  par  Gh.  Bonnier. 

L'Hôtel-Dieu  de  Paris  au  moyen  âge,  par  Ern.  Goyecque. 

Essai  sur  l'histoire  de  la  corporation  des  serruriers  et  description  de 
quelques-uns  de  leurs  ouvrages,  par  H.  d'Allemagne. 

Étude  sur  l'histoire  et  l'organisation  de  la  commune  d'Agen  jusqu'au 
traité  de  Brétigny,  par  A.  Ducom. 

Les  appels  de  Guyenne  devant  le  parlement  de  Paris  sous  Edouard  I^r 
et  Edouard  H,  par  A.  Dupond. 

Contributions  à  la  vie  de  Philippe  de  Maizières  (1327-1405),  par 
A.  Froment. 

Geoffroy  H,  dit  Martel,  comte  d'Anjou ,  par  L.  Loizeau  de  Grandmaison. 

Antoine  de  Chabannes,  comte  de  Dammartin,  grand  maître  de  France, 
par  A.  Isnard. 

Louis,  duc  d'Orléans  (1372-1407),  par  E.  Jarry. 

États  souverains  de  Basse-Navarre  (xvi«  siècle),  par  P.  Labrouche. 

Essai  sur  le  cardinal  Georges  d'Amboise,  par  E.  Laloy. 

Essai  sur  la  condition  des  juifs  dans  le  domaine  royal  au  xm^  siècle, 
par  L.  Lazard. 

Roscelin  et  Guillaume  de  Champeaux,  par  H.  de  Manneville. 

Géographie  et  topographie  féodales  du  Perche,  par  0.  de  Romanet. 

Gaston  VUI,  vicomte  de  Béarn  (122*-1290),  par  J.-J.  Tissier. 

Monographie  de  la  cathédrale  de  Séez,  par  H.  Tournoiier. 

Les  églises  romanes  de  l'ancien  diocèse  de  Màcon,  par  J.  Virey. 

—  Par  arrêté  ministériel  du  1«''  février,  sur  la  proposition  du  conseil 
de  perfectionnement,  ont  été  nommés  archivistes  paléographes  : 


693 

1°  Dans  l'ordre  de  mérite  suivant  : 
MM.  DE  Manneville, 

COYECQUE, 

LoiZEAu  DE  Grandmaison, 
Jarry, 

ViREY, 

D'Allemagne, 
Froment, 
Laloy, 
tournouer, 
Labrouche ; 
2°  Hors  rang,  comme  appartenant  à  des  promotions  antérieures  : 
MM.  DupOND, 

ISNARD, 

Lazard, 

De  Romanet. 

EXPOSITION  DE  LIVRES  LITURGIQUES  A  LONDRES. 

A  l'exposition  musicale  qui  eut  lieu  à  Londres  en  1885,  une  place 
avait  été  réservée  pour  les  livres  liturgiques,  manuscrits  ou  imprimés. 
M.  W.-H.-James  Weale,  l'un  des  principaux  organisateurs  de  cette 
exposition,  en  a  fixé  le  souvenir  dans  un  volume  qui  sera  fort  recherché 
des  bibliographes  et  qui  est  intitulé  :  Historical  Music  Loan  Exhibition, 
Albert  Hall,  London.  June-October  1885.  A  Descriptive  Catalogue  of  rare 
manuscripts  and  printed  books,  chifley  liturgical,  exhibited  by  lier  Majesty 
Qucen  Victoria;  the  universities  of  Cambridge,  Cracow  and  Oxford;  the 
national  Hungarian  Muséum,  Buda-Pest;  the  archbishop  of  Mechlin;  the 
earl  of  Ashburnham,  earl  Spencer,  W.  H.  Cummings,  A.  H.  Littleton, 
J.  E.  Matthew,  etc.  (London,  Bernard  Quaritch,  November  1886.  In-S" 
de  XV  et  191  pages.) 

Ce  catalogue  renferme  la  description  détaillée  d'environ  deux  cents 
volumes  d'une  insigne  rareté,  dont  plusieurs  étaient  jusqu'à  présent 
inconnus.  De  bons  fac-similés  accompagnent  les  principales  notices. 
L'ouvrage  est  composé  avec  la  science  et  le  soin  auxquels  nous  ont 
habitués  les  précédents  travaux  de  l'auteur.  On  y  trouve  des  obser- 
vations neuves  et  importantes  sur  beaucoup  de  questions  relatives  à 
l'histoire  de  la  liturgie,  de  la  musique,  de  la  miniature  et  de  l'imprimerie. 

Nous  citerons  en  particulier  la  description  du  psautier  imprimé,  en 
1457,  par  Jean  Fust  et  Pierre  Schoffer  (p.  27-45).  La  minutieuse  compa- 
raison des  exemplaires  conservés  au  Musée  britannique,  au  château  de 
"Windsor  et  au  château  d'Althorp  a  suggéré  à  M.  Weale  des  remarques 
très  curieuses  sur  la  façon  dont  a  été  exécuté  un  livre  qui  tient  l'un  des 
premiers  rangs  parmi  les  plus  anciens  monuments  de  la  typographie. 

L.  Delisle. 


694 

PRÊT  D'UN  ROMAN  DE  CÉSAR  EN  1457. 

Nous  devons  à  notre  confrère  M.  Gélestin  Port  la  communication  d'un 
texte  relatif  à  un  exemplaire  du  roman  de  César  ^  que  l'abbé  de  Saint- 
Florent  de  Saumur,  Jean  du  Bellay,  prêta  le  13  mars  1457  à  Bertran 
de  la  Haye,  seigneur  de  Mallelièvre.  Il  l'a  trouvé  en  rangeant  le  fonds  de 
Saint-Florent  aux  archives  de  Maine-et-Loire,  dans  la  liasse  Abbés,  sous 
la  cote  provisoire  H.  4163. 

Par  l'acte  dont  il  s'agit,  Bertran  de  la  Haye,  seigneur  de  Mallelièvre, 
reconnaît  «  avoir,  à  cause  de  prest,  de  révérant  père  en  Dieu  Mons'" 
«  l'evesque  de  Frejus  et  abbé  de  Saint-Florent  ung  romand  de  Julius 
«  Gesar,  commansant  ou  premier  chapitre  :  Chascun  homme  a  qui  Dieu 
«  a  donné  sens  et  entendement;  et  ou  segond  chapitre  Grant  estrive- 
«  ment;  et  ou  penultime  chapitre  Lors  se  mist  César,  etc.;  et  ou  dar- 
«  rain  :  Puys  puijs  fut  H  fans  ordonnes  ou  chauxs,  etc.  » 

VERS  LATINS  DE  CLAUDE  DE  BÈZE. 

Un  Diurnal  cistercien,  formant  un  petit  volume  in-octavo  de  192  feuil- 
lets, en  caractères  gothiques,  nous  a  conservé  douze  vers  latins  compo- 
sés par  le  dernier  abbé  régulier  de  l'abbaye  de  Froimont,  au  diocèse  de 
Beauvais.  Ces  vers  sont  imprimés  sur  le  second  feuillet  du  volume,  avant 
le  calendrier.  En  voici  la  rubrique  et  les  premiers  mots  : 

«  Duodecim  gradus  humilitatis  ex  régula  sancti  Bene  ||  dicti  duode- 
cim  versibus  conscripta  a  domino  II  Claudio  de  Besze  abbate  Frigi  || 
dimontano.  ||  Judicium  Domini  semper  time  cuncta  videntis...  » 

La  mort  de  Claude  de  Bèze  est  fixée  au  13  juillet  1553  par  les  auteurs 
de  la  Gallia  christiana  (IX,  833),  qui  n'indiquent  aucune  composition  lit- 
téraire de  cet  abbé.  L'exemplaire  du  Diurnal  cistercien  que  nous  avons 
eu  sous  les  yeux  était  dépourvu  de  son  titre;  il  nous  avait  été  commu- 
niqué par  M.  Rosenthal,  libraire  à  Munich. 

UN  NOUVEAU  CATALOGUE  DES  MANUSCRITS  GRECS 
DU  VATICAN  AU  XVI^  SIÈCLE. 

Dans  les  travaux  récemment  publiés  sur  l'histoire  de  la  bibliothèque 
du  saint-siège-,  il  n'est  pas  fait  mention  d'un  catalogue  des  manuscrits 

1.  Notre  confrère  M.  Paul  Meyer,  dans  le  tome  IV  de  la  Remania,  a  fait 
l'histoire  de  la  compilation  historique  connue  sous  le  titre  de  :  les  Faits  des 
Romains  ou  le  Livre  de  César. 

2.  G.-B.  de  Rossi,  la  Bibiioteca  délia  Sede  apostolica  ed  i  catalogi  dei  suai 
manoscritti.  Rome,  1884,  in-4°.  —  Eug.  Mûntz,  la  Bibliothèque  du  Vatican  au 
XVP  siècle,  notes  et  documents.  Paris,  1886^  in- 12.  —  J.-B.  de  Rossi,  De  ori- 
gine, historia,  indicibus  scrinii  et  bibliothecse  sedis  apostolicae  commentatio. 
Rome,  1886,  in-4°. 


695 

grecs  du  Vatican  qui  se  trouve  à  la  bibliothèque  Vallicellane  de  Rome  '. 
L'index  des  manuscrits  grecs  de  cette  bibliothèque,  publié  en  1606  à  la 
suite  de  l'Appai^atus  sacer  de  Possevin,  le  cite  cependant,  mais  sous  un 
titre  qui  ne  permettait  guère  de  le  reconnaître  :  «  Index  librorura  grae- 
corum  bibliotheccc  régis  Francorum^.  » 

Ce  manuscrit,  aujourd'hui  encore  coté  F.  7,  forme  un  volume  petit 
in-4'',  relié  à  nouveau  en  parchemin  et  composé  de  i09  feuillets  de 
papier,  mesurant  0'"240  sur  0'°172.  Il  porte  le  titre  suivant,  calligra- 
phié au  xvne  siècle  :  «  Index  librorum  graecorum  bibliothecœ  régis 
Gallorum,  qui  usui  fuit  card.  Baronio  in  contexendis  Annalibus  eccle- 
siasticis.  »  En  tête  du  premier  feuillet,  on  lit  cette  autre  note,  d'une  écri- 
ture un  peu  plus  ancienne  :  «  Indice  de  libri  greci  nella  libraria  del  re  di 
Francia.  »  Le  texte  du  catalogue  débute  :  'ATtTCtavoO  xviç  ka)>ixîii;  laToptaç 
PiêXt'a  itévTe...  et  se  termine  par  :  'Qpiyhovç  ex  tûv  et;  to  xa-raxOaîov  {sic) 
sOafyeXsov... 

Les  premiers  et  derniers  mots  qu'on  vient  de  lire  du  manuscrit  de  la 
Vallicellane  suffisent  pour  montrer  que  ce  n'est  pas  un  catalogue  de  la 
bibliothèque  de  Fontainebleau  sous  François  I^r  ou  Henri  II.  C'est  un 
nouvel  exemplaire  du  catalogue  alphabétique  des  manuscrits  grecs  delà 
bibliothèque  Vaticane,  rédigé  sous  la  direction  d'Agostino  Steuco, 
bibliothécaire  du  saint-siège  de  1538  à  1548  3,  et  qui  semble  avoir  été 
transcrit  par  l'un  des  principaux  copistes  de  la  Vaticane  à  cette  époque, 
Giovanni  Onorio  d'Otrante-^.  H.  0. 

MANUSCRIT  DE  SAINT-ÉLOI  DE  NOYON. 

M.  Morgan,  libraire  à  Paris,  a  bien  voulu  nous  communiquer  un 
manuscrit  venu,  selon  toute  apparence,  de  l'abbaye  de  Saint-Éloi  de 
Noyon  et  dont  nous  sommes  heureux  de  pouvoir  donner  ici  la  notice  : 

Volume  de  73  feuillets  de  parchemin,  hauts  de  0°^360  et  larges  de 
0™253.  Écriture  du  xiv^  siècle,  à  deux  colonnes  sur  les  fol.  1-47,  à 
longues  lignes  sur  les  feuillets  suivants. 

Il  contient  :  1°  la  vie  de  saint  Éloi,  attribuée  à  saint  Ouen,  telle  que 
dom  Luc  d'Achery  l'a  publiée  (Spicilegium,  éd.  in-folio,  t.  U,  p.  76-123); 
dans  le  manuscrit,  cette  vie  est  divisée  en  trois  livres,  tandis  qu'elle  est 
coupée  en  deux  dans  l'édition; 

2°  La  relation  d'une  découverte  de  reliques  faite  en  1183  dans  l'ab- 
baye de  Saint-Éloi  de  Noyon,  relation  dont  les  passages  les  plus  inté- 
ressants sont  publiés  dans  la  Gallia  christiana,  t.  IX,  col.  1058  et  1059; 

1.  Les  manuscrits  de  'a  Vallicellane  sont  aujourd'hui  confiés  à  la  Reale  Società 
romana  di  storia  patria. 

2.  Page  28,  ligne  19  du  bas  de  l'édition  de  1606;  p.  22, 1.  14  du  bas  de  l'édi- 
tion de  1608. 

3.  Voy.  Eug.  Mùntz,  la  Bibliothèque  du  Vatican  au  XVI'  siècle,  p.  88,  89. 

4.  Voy.  sur  ce  personnage,  ibid.,  p.  101  et  suivantes. 


696 

3"  Les  vers  inscrits  sur  une  croix  dont  on  rapportait  l'exécution  à 
saint  Éloi  et  que  l'auteur  de  la  relation  précédente  désigne  par  ces 
mots  :  «  Crux  vetustissima,  auro  gemmisque  operata,  que  de  opère 
manuum  ipsius  esse  ferebatur  »  ; 

4°  Un  long  office  noté  de  saint  Éloi. 

Voici  l'indication  exacte  de  ces  différents  morceaux  : 

Fol.  1.  Incipit  prologus  in  vitam  sancti  Eligii,  episcopi  Noviomi,  édita 
a  beato  Audoeno,  Rotomagensi  archiepiscopo.  Gum  gentiles  poète  stu- 
deant... 

Fol.  2.  Incipiunt  capitula  primi  libri. 

Fol.  2  -v".  Incipit  liber  primus.  De  prosapia  sancti  Eligii  et  loco  nati- 
vitatis  ejus.  Igitur  Eligius  prope  Lemovecas... 

Fol.  45.  Incipit  prologus  in  libro  secundo.  Domino  propiciante  vitam 
beati  confessoris  Eligii... 

Fol,  15  v°.  Incipiunt  capitula  libri  secundi. 

Fol.  15  v°.  Incipit  liber  secundus.  De  beresi  symoniaca  Gallias  per- 
vagante.  (Fol.  16.)  Eligius  itaque  olim  jam  in  pallacio  militaverat... 

Fol.  26  v».  Incipit  prologus  in  librum  tercium.  Quia  igitur  per  alter- 
nas temporum  vices  discurrens... 

Fol.  26  v».  Incipiunt  capitula  libri  tertii. 

Fol.  27.  Incipit  liber  tercius.  Ubi  obitum  suum  dudum  predixit.  Fac- 
tura est  autem  in  diebus  illis  postquam  Eligius  cuncta  mundi  hujus 
ad  versa... 

Fol.  42.  Epistola  Dadonis  ad  Rodobertum  papam. 

Fol.  42.  Rescriptum  ad  Dadonem  a  Rodoberto.  —  Fol.  42  v.  ...ora- 
tionum  vestrarum  supplex  queso  suffragium,  domine,  semper.  Dado. 
Explicit  vita  sancti  Eligii  episcopi  Noviomi. 

Fol.  42  v».  Incipit  relatio  quomodo  sancti  Eligii  pera  cum  quibusdam 
aliis  reliquiis  manifestata  est,  et  que  miracula  in  ipsa  manifestacione 
facta  sunt.  Gum  omnipotens  Deus  profusiorem  graciam  sanitatum  et 
curacionum...  —  Fol.  47  v".  Explicit  relacio  de  pera  sancti  Eligii. 

Fol.  47  \°  [versus]  : 

Bis  furtim  sublata  fui,  bis  ecce  relata, 
Et  sum  Remigio  pâtre  restaurata  studente. 
Horum  dentés  sunt  Quintini  martiris  almi 
Eligiique  simul  venerandi  jure  reguntur  (teguntur?). 
Sancte  sub  ruseo  Godoberte  dens  amet  (sic)  isto. 
Hec  imputribilis  crux  stipite  nexa  cypressi 
Splendide  reliquiis  dicta  (ditata  ?)  nitet  pretiosis. 
Portio  vivifiée  crucis  in  medio  bujus  habetur, 
Hii  versus  scripti  sunt  in  cruce  presulis  almi. 

Fol.  48-72.  Office  noté  de  saint  Éloi,  précédé  (fol.  47  v°)  de  cette 
rubrique  :  «  In  deposicione  beati  Eligii  episcopi  et  confessoris,  ad  ves- 
peras,  super  psalmos  anthifona.  » 

Le  volume  est  orné  de  buit  petites  miniatures,  sur  les  fol.  1, 2  v",  15, 
16,  26  vo,  27,  42  v°  et  48. 


LISTE  DES  SOUSCRIPTEURS 


BIBLIOTHEQUE  DE  L'ECOLE  DES  CHARTES 
POUR  l'année  1886. 


-O.Û-'ÇXft*'»- 


Le  ministre  de  l'instruction  pu- 
blique et  des  beaux-arts. 

Le  garde  des  sceaux,  ministre  de 
la  justice. 

Académie  (l')   des  inscriptions  et 

BELLES-LETTRES,  à  Paris. 

—  IMPÉRIALE        DES        SCIENCES 

(classe    philosophico- histo- 
rique), à  Vienne. 

—  ROYALE  DES  LiNCEi,  à  Rcme. 
American  (the)  journal  ofarch,eo- 

LOGY,  à  Baltimore. 
Archives  (les)  de  Genève. 

—  DE  Toscane,  à  Florence. 

—  DÉPARTEMENTALES    DE    l'A- 

veyron,  à  Rodez. 

—  —  DES  Bouches-du-Rhône,  à 
Marseille. 

DE  LA  Creuse,  à  Guéret 

DU  Doues,  à  Besançon. 

DE  l'Indre,  à  Ghâteauroux. 

DU  Loiret,  à  Orléans. 

DU  Nord,  à  Lille. 

DU  Puy-de-Dôme,  à  Cler- 

mont-Ferrand. 

DE  LA  Haute-Saône,  à  Ve- 

soul. 

DES  Deux-Sèvres,  à  Niort. 

DU  Tarn,  à  Albi. 

DU  Var,  à  Draguignan. 

DE  LA  Vendée,  à  la  Roche- 
su  r-Yon. 


Archives  départementales  desVos- 
ges, à  Epinal. 

—  DU  Vatican,  à  Rome. 

—  MUNICIPALES,  à  Marseille. 

—  NATIONALES,  à  Paris. 
Athénée  (l')  barcelonais,  à  Bar- 
celone. 

BÉNÉDICTINS  (les  RR.  PP.),  à  So- 
lesmes  (Sarthe). 

Bibliographie  (la)  de  la  France, 
journal  général  de  l'imprimerie 
et  de  la  librairie,  à  Paris. 

Bibliothèque  (la)  cantonale,  à 
Lausanne. 

—  centrale,  à  Bukarest. 

—  DE  l'Archevêché,  à  Lyon. 

—  DE  l'Arsenal,  à  Paris. 

—  DE  l'École   Sainte-Gene- 
viève, à  Paris. 

—  de  l'Lmstitut  catholique,  à 
Lille. 

à  Lyon. 

à  Paris. 

—  de  l'Ordre  des  Avocats, 
à  Paris. 

—  DE  l'Université,  à  la  Sor- 
bonne,  à  Paris. 

—  DE  l'Université  de  Berne. 
de  Gênes. 

d'Innsbruck. 

DE  PiSE. 

—  DE  la  Chambre  des  députés, 
à  Paris. 


l.  Ceux  de  messieurs  les  souscripteurs  dont  les  noms  seraient  mal  orthogra- 
phiés, les  titres  omis  ou  inexactement  imprimés,  sont  instamment  priés  de  vou- 
loir bien  adresser  leur^  réclamations  à  M.  Alphonse  PICARD,  libraire  de  la 
Société  de  l'École  des  chartes,  rue  Bonaparte,  82,  à  Paris,  afin  que  les  mêmes 
fautes  ne  puissent  se  reproduire  dans  la  quarante-huitième  liste  de  nos  sous- 
cripteurs, qui  sera  publiée,  suivant  l'usage,  à  la  fin  du  prochain  volume  de  la 
Bibliothèque. 

45 


698 


Bibliothèque  de  l\  Cour  d'appel, 
à  Paris. 

—  DE  LA  Faculté  de  droit,  à 
Lyon. 

à  Paris. 

à  Toulouse. 

—  DE  LA  ville  d'ArRAS. 

DE  BaYEUX. 

DE  BaYONNE. 

DE  BlOIS. 

DE  Boulogne-sur-Mer. 

DE  Brème. 

DE  Cognac. 

DE  Genève. 

DU  Mans. 

DE  Marseille. 

DE  Metz. 

DE  MonTAUBAN. 

DE  Nancy. 

DE  Nantes. 

de  Nice. 

d'Orléans. 

DE  Pau. 

DE  Poitiers. 

DE  Reims. 

DE  Rennes. 

DU  Rio  de  Janeiro. 

DE  LA  Rochelle. 

DE  Rouen. 

DE  Saintes. 

DE  SaINT-ÉtIENNE. 

DE  SoiSSONS. 

DE  Tours. 

DE  VaLENCIENNES. 

—  DES  Sociétés  savantes,  au 
ministère  de  l'instruction 
publique,  à  Paris. 

—  du  Sénat,  à  Paris. 

—  Mazarine,  à  Paris. 

—  Méjanes,  à  Aix. 

—  nationale,  à  Paris  (dépar- 
tement des  imprimés). 

(départ,  des  manuscrits). 

—  Peabody,  à  Baltimore. 

—  universitaire,  à  Aix-en- 
Provence. 

à  Alger. 

à  Besançon. 

à  Bordeaux. 

à  Glermont-Ferrand. 

à  Douai. 


Bibliothèque  universitaire,  à  Lyon. 

à  Montpellier. 

à  Rennes. 

—  Victor-Emmanuel,  à  Rome. 
Cercle  agricole  (le),  à  Paris. 
Directeur  (le)  de  l'enseignement 

supérieur,  au  ministère  de  l'ins- 
truction publique,  à  Paris. 

—  DU  secrétariat  et  de  la  comp- 
tabilité, au  ministère  de  l'ins- 
truction publique,  à  Paris. 

Ecole  (l')  française  de  Rome. 

—  Massillon,  à  Paris. 

—  nationale    des    chartes,   à 
Paris  (2  ex.). 

—  SUPÉRIEURE   DE   DIPLOMATIQUE, 

à  Madrid. 
English  (the)  Historical  Review, 

à  Londres. 
Institut  (l')  de  France,  à  Paris. 
Jésuites  (les  RR.  PP.),  à  Paris. 

à  Toulouse. 

Bollandistes,  à  Louvain. 

Ministère    (le)    de    l'instruction 

PUBLIQUE,  à  Paris  (60  ex.). 
Mittheilungen  des  Instituts  fïjr 

OESTERREICHISCHE  GeSCHICHTSFOR- 

scHUNG,  à  Vienne  (Autriche). 
Revue  (la)  archéologique,  à  Paris. 

—  HISTORIQUE,  à  Paris. 

SOCIETA  (la)   ROMANA   DI    STORIA   PA- 

TRiA,  à  Rome. 
Société  (la)  ARCHÉOLOGiQxra;  de  Bé- 

ZIERS. 

—  BIBLIOGRAPHIQUE,  à  Paris, 

—  d'agriculture  d'Angers. 
de  Douai. 

—  d'archéologie  d'Avranches. 

—  DE  LA  Diana,  à  Montbrison. 

—  DE     NUMISMATIQUE     DE     BEL- 
GIQUE, à  Bruxelles. 

DES  ANTIQUAIRES  DE  l'OuEST, 

à  Poitiers. 

DE  la  Morinie,  à  St-Omer. 

DE  Picardie,  à  Amiens. 

Université  (l')  de  Vienne  (Autriche) . 

MM. 

*Alaus,  à  Montpellier  ^. 
*André  (Edouard),  à  Paris. 


l.  Les  noms  précédés  d'un  astérisque  sont  ceux  des  membres  delà  Société  de 
l'École  des  chartes. 


699 


*  André  (Francisque),  archiviste  de 

l'Aube,  à  Troyes. 
Antonin  (le  R,  P.),  à  Lyon. 
Appert,  à  Fiers. 

*ARBOtS    DE     JuBAINVILLE     (H.    d'), 

membre  de  l'Institut,  profes- 
seur au  Collège  de  France,  à 
Paris. 
Arc  (Pierre  d')  ,  à  Aix-en-Pro- 

vence. 
AsHER  ET  C'»,  à  Berlin  (7  ex.). 
* Aubert  ,  surnuméraire  à  la  Bi- 
bliothèque Sainte  -  Geneviève , 
à  Saint-Mandé  (Seine). 
*AuBiNEAu  (L.),  à  Paris. 
*Aubry-Vitet  (Eug.),  à  Paris. 
"Audren  de  Kerdrel,  sénateur,  à 

Paris. 
*AuGER  (Ernest),   conseiller  à  la 

cour  de  cassation,  à  Paris. 
*  AuvRAY,  membre  de  l'École  fran- 
çaise de  Rome. 
AzAÏs,   secrétaire  de  la    Société 

archéologique,  à  Béziers. 
*Babelon,  sous-bibliothécaii'e  à  la 
Bibliothèque  nationale,  à  Paris. 
Baer  et  C'<^,  à  Paris  (5  ex.). 
*Baillet  (Aug.),  à  Orléans. 
Barante  (le  baron  de),  à  Paris. 
*Barbier  de  la  Serre  (Rog.),  con- 
seiller-référendaire à   la  Cour 
des  comptes,  à  Paris. 
*Barroux,  à  Paris. 
'*^ Barthélémy  (A.  de),  membre  du 
Comité  des  travaux  historiques, 
à  Paris. 
Barthès  et  Lowell,  libraires,  à 
Londres  (2  ex.). 
*Bataillard  (Paul),  à  Paris. 
*Baudon  de  Mony,  à  Paris. 

Bazin,  à  Paris. 
*Beaugorps  (Maxime  de)  ,   à  Or- 
léans. 
Bèaugourt    (le   marquis   de),  à 
Paris. 
*Beaurepaire  (Charles  de),  corres- 
pondant de  l'Institut,  archiviste 
de  la  Seine-Inférieure,  à  Rouen. 
Beghin,  à  Lille. 

Belhatte  et  Thomas,  libraires,  à 
Paris. 
*Bellemain,  à  Paris. 
BELLET(rabbé),àlaTeppe(Drôme). 
*Bémont,  à  Paris. 


Bénard,  professeur  au  lycée,  à 

Orléans. 
Benon  (G.),  à  Saintes. 
*Berger  (Klie),  archiviste  aux  Ar- 
chives nationales,  à  Paris, 
*Berthelé,  archiviste  des  Deux- 
Sèvres,  à  Niort. 

*  Bertrand  de  Brossillon  (Arthur), 

au  Mans. 

*  Bertrandy-Lagab ANE ,  archiviste 

de  Seine-et-Oise,  à  Versailles. 
Bilot  de  Chateaurenault,  à  Paris. 
*BissoN  de  Sainte-Marie,  à  Paris. 
Blâcas  (de),  à  Paris. 
*Blangard,  archiviste  des Bouches- 
du-Rhône ,    correspondant   de 
l'Institut,  à  Marseille. 
Blanchard,  à  Nantes. 
Blanche,  libraire,  à  Bruxelles. 
BocGA,  libraire,  à  Turin  (4  ex.). 
BoissiEu  (de),  à  Saint-Galmier. 
Bon,  libraire,  à  Vesoul. 
*Bonnardot  (François),  sous-ins- 
pecteur des  travaux  historiques 
de  la  ville  de  Paris. 
*Bonnassieux,  archiviste  aux  Ar- 
chives nationales,  à  Paris. 
*BoNNAULT  d'Houet  (Xavier  de), 
au  château  d'Hailles,  par  Mo- 
reuil  (Somme). 
*BoRDiER(Henri-L.),  bibliothécaire 
honoraire  à  la  Bibliothèque  na- 
tionale, à  Paris. 
*BoREL,  à  Paris. 
BoRRANi,  libraire,  à  Paris. 
Bottée  de  Toulmon,  à  Paris. 
Bougher-Lamey   (M™«),  à   Cher- 
bourg. 
*BoucHOT,  sous-bibliothécaire  à  la 
Bibliothèque  nationale,  à  Paris. 
*BouGENOT,  à  Paris. 
*  Bourbon  (G.),  archiviste  del'Eure, 

à  Évreux. 
*BouRMONT  (le  comte  A.  de),  attaché 
à  la  Bibliothèque  nationale,  à 
Paris. 
*BouRNON  (F.),  à  Paris. 
Bouygues,  libraire,  à  Aurillac. 
Braçhet  ,    ancien    professeur    à 
l'École  polytechnique,  à  Paris. 
Bréard  (Ch.),  à  Paris. 
*Briéle,  archiviste  de  l'Assistance 
publique,  à  Paris. 


700 


Brockhaus,  libraire,  à  Leipzig. 
Brôlemann,  à  Paris. 
*Bruel  (L.-A.),  sous-chef  de  sec- 
tion aux  Archives  nationales,  à 
Paris. 
Brunetière,  à  Paris. 
*  Brutails  ,  archiviste  des  Pyré- 
nées-Orientales, à  Perpignan. 
*BucHE,  à  Paris. 
BucK,  libraire,  à  Luxembourg. 
Bull,  libraire,  à  Strasbourg. 
Cabié,  à  Roquesserrière  (Haute- 
Garonne). 
*Cadier,  à  Pau. 
Caillier  de  Villepréaux  (Geor- 
ges), à  Villepréaux  (Creuse). 
*Galmettes  (Fern.),  à  Paris. 
*Campardon  (Emile),  chef  de  sec- 
tion aux  Archives  nationales, 
à  Paris. 
*Gasati,  conseiller  à  la  Cour  d'ap- 
pel, à  Paris. 
*Castan,  correspondant  de  l'Insti- 
tut, bibliothécaire,  à  Besançon. 
Castro  (F.  de),  libraire,  à  Ma- 
drid. 
Cauvet,    président    de   chambre 

honoraire,  à  Montpellier. 
*Cauwès,  professeur  agrégé  à  la 

Faculté  de  droit,  à  Paris. 
*Gerise  (le  baron  G.),  à  Paris. 
*CESSAa     (de),     au    Mouchetard 

(Creuse). 
Chabaneau,  professeur  à  la  Fa- 
culté des  lettres,  à  Montpellier. 
Chaix  de  Lavarène  (l'abbé),  curé 
de  la  cathédrale,  à  Clermont- 
Ferrand. 
*Chambure   (de),   au    château    de 
Montmartin  (Nièvre). 
Champion,  libraire,  à  Paris. 
*Charavay  (Et.),  à  Paris. 
Chardon  (H.),  vice-président  de 
la  Société  historique  du  Maine, 
au  Mans. 
Charles,  professeur,  à  Pontlevoy 
(Loir-et-Cher). 
*Chassaing  (A.),  juge,  au  Puy-en- 

Velay  (Haute-Loire). 
*Chatel  (È.),  à  Paris. 
*Chauffier  (l'abbé),  à  Vannes. 
Chauffour  (J.),  avocat,  à  Colmar. 
Chaverondier  (Aug.),  archiviste, 

à  Saint-Étienne. 
Gherbuliez,  libraire,  à  Genève. 


Chevalier  (l'abbé  J.),  à  Romans 

(Drôme). 
Chevalier  (l'abbé  U.),  à  Romans 

(Drôme). 
*CiGiLE,  à  Mont-de-Marsan. 
*Glédat,  professeur  à  la  Faculté 

des  lettres,  à  Lyon. 
Cloquet,  à  Lille. 
Golojibier,  à  Paris. 
Conchon,  à  Lyon. 
CoNDAMiN  (le'D''),  à  Lyon. 

*  Goppinger,  à  Paris. 

*  Corda,  stagiaire  à  la  Bibliothèque 

nationale,  à  Paris. 
Corroyer,  architecte,  à  Paris. 

*CouARD-LuYs,  archiviste  de  l'Oise, 
à  Beauvais. 

*GouDERc,  à  Paris. 

*GouRAjoD  (L.),  conservateur-ad- 
joint au  musée  du  Louvre,  à 
Paris. 

*  Goura YE  du  Parc,  sous-bibliothé- 

caire à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, à  Paris. 

Courbet,  à  Paris. 

CouRCEL  (Valentin  de),  à  Paris. 

GoussEMAKER  (Ignacc  de),  à  Bail- 
leul  (Nord). 

*  CoviLLE,  maître  de  conférences  à 

la  Faculté  des  lettres,  à  Caen. 

Gressag,  à  Cahors. 

Cruz  et  C'«,  à  Lisbonne. 
*Gugheval-Glarigny,  membre  de 
l'Institut,    conservateur   à    la 
bibliothèque  Sainte-Geneviève, 
à  Paris. 

CuMONT  (le  marquis  de)  ,  à  la  Rous- 
sière,    près  Coulanges  (Deux- 
Sèvres). 
*CuRZ0N  (de),  archiviste  aux  Ar- 
chives nationales,  à  Paris. 

Daguin,  avocat,  à  Paris. 
*Daiguson  (Maurice),  ancien  ma- 
gistrat, à  Châteauroux. 

Dalloz  (P.),  à  Paris. 

Danzas  (le  R.  P.),  dominicain,  à 
Lyon. 

Darcel  (Alfred),  directeur  du  Mu- 
sée de  Cluny,  à  Paris. 
"Dareste  (Rodolphe),  membre  de 
l'Institut,  conseiller  à  la  Cour 
de  cassation,  à  Paris. 

Dartige,  à  Poitiers. 

*  David  (Louis),  conseiller  maître 


701 


honoraire  à  la  Cour  des  comp- 
tes, à  Paris. 
Decq    et    DuHENT ,    libraires ,  à 

Bruxelles  (2  ex.). 
Dehaisnes  (l'abbé),  ancien  archi- 
viste du  Nord,  à  Lille. 
Deighton,  Bell   et  G'^^  à  Cam- 
bridge (Grande-Bretagne). 
*Delaborde  (H. -François),  archi- 
viste aux  Archives  nationales, 
à  Paris. 
*Delachenal,  à  Paris. 
*Delahaye,  à  Tours. 
Delaune  ,  avocat ,  à  Romorantin 

(Loir-et-Cher). 
*Delaville  Le  Roulx,  à  Paris. 

*  Delisle  (L.)  ,  membre  de  l'Institut, 

administrateur  général    de    la 
Bibliothèque  nationale,  à  Paris. 
Deloghe,  membre  de  l'Institut,  à 
Saint-Maurice  (Seine). 
*Deloye    (A.),    conservateur    du 
musée  Calvet,  à  Avignon. 
Delpech  (Henri),  à  Montpellier. 
*Demaison  (Louis),  à  Reims. 
*Demante  (Gabriel) ,  professeur  à 
la  Faculté  de  droit,  à  Paris. 
Denifle  (le  R.  P.),  dominicain, 
archiviste  au  Vatican,  à  Rome. 
Denis  (l'abbé),  à  Meaux. 
Depoin,  à  Pontoise. 
*Deprez,  bibliothécaire  à  la  Bi- 
bliothèque nationale ,  à  Paris. 

*  Desjardins,   chef  du  bureau  des 

archives  au  ministère  de  l'ins- 
truction publique,  à  Paris. 

Desnoyers  (Jules) ,  membre    de 
l'Institut,  bibliothécaire  du  Mu- 
séum   d'histoire   naturelle,    à 
Paris. 
*Digard,  à  Paris. 

Dion  (Adolphe  de),  à  Montfort- 
l'Amaury. 

*  Dolbet,  archiviste  de  la  Manche, 

à  Saint-Lô. 

Douais  (l'abbé),  professeur  d'his- 
toire à  l'École  supérieure  de 
théologie,  à  Toulouse. 

Douvre,  ancien  juge  de  paix,  à 
Rouen. 

Drême,  premier  président  de  la 
Cour  d'appel,  à  Agen. 

*  Dubois-Guchan  (Gaston),  à.  Sées 

(Orne). 


Du  Boys  (Emile),  avocat,  à  Paris. 

*  Dughemin,  archiviste  de  la  Sarthe, 

au  Mans. 

"Du  Chêne,  à  Baugô  (Maine-et- 
Loire). 

*DuF0UR  (Th.),  directeur  des  Ar- 
chives du  canton,  à  Genève. 

*DUF0URMANTELLE,  à  Ajaccio. 

*Dufresne  de  Saint-Léon,  attaché 
à  la  Bibliothèque  Mazarine,  à 
Paris. 
Du  Mesnil,  conseiller  d'État,  à 

Paris. 
DuMOLARD,  à  Milan. 
Dumoulin,    professeur,    à    Gler- 
mont-Ferrand. 

*Dunoyer  de  Segonzag,  archiviste, 
à  Vesoul. 

*Duplès-Agier  (Henri),  à  Ver- 
sailles. 

"Dupont  (Edmond),  chef  de  sec- 
tion aux  Archives  nationales, 
à  Paris. 

*  Durand,  archiviste  de  la  Somme, 

à  Amiens. 
DuRiER,  archiviste  des   Hautes- 
Pyrénées,  à  Tarbes. 

*  DuRRiEu ,  attaché  au  musée  du 

Louvre,  à  Paris. 
Duruy,  membre  de  l'Institut,  à 

Paris. 
*DuvAL    (Louis) ,    archiviste    de 
l'Orne,  à  Alençon. 
Dybwad,  à  Christiania. 
Engelgke,  libraire,  à  Gand. 
EsNAULT  (l'abbé),  au  Mans. 
*EsTiENNE,  archiviste,  à  Vannes. 
Faesy,  libraire,   à  Vienne    (Au- 
triche). 
*Fagniez  (Gust.),  à  Meudon. 
Fanna  (le  R.   P.   Fidèle  de),  à 
Turin. 
*Faugon  (Maurice),  à  Escolore,  par 

Billom  (Puy-de-Dôme). 
*Favre  (Camille),  à  Genève. 
*FiNOT,  archiviste,  à  Lille. 
Flach,  professeur  au  Collège  de 

France,  à  Paris. 
*Flamare  (de),  archiviste  de  la 

Nièvre,  à  Nevers. 
*Flammermont,  maître  de  confé- 
rences à  la  Faculté  des  lettres, 
à  Douai. 

*  Fleury  (de),  archiviste  de  la  Cha- 

rente, à  Angoulême. 


702 


*Flourac   (Léon),   archiviste  des 

Basses-Pyrénées,  à  Pau. 
*FoNTENAY  (H.  de),  à  Autun. 
*FouRNiER  (Marcel),  à  Paris. 
*FouRNiER  (Paul),  professeur  à  la 

Faculté  de  droit,  à  Grenoble. 
Fournier-Latouraille,   avoué,  à 

Brioude. 
Franck  (Félix),  à  Paris. 

*  François  Saint-Maur,  ancien  pré- 

sident de  chambre  à  la  Cour 
d'appel,  à  Pau. 
*Fréminville   (de),   archiviste,   à 
Ajaccio. 

Frick,  libraire,  à  Vienne  (Au- 
triche). 

Fromann,  libraire,  à  léna. 
* Funck-Brentano  (Franz),  àParis. 
*Furgeot,  archiviste  aux  Archives 

nationales,  à  Paris. 
"Gaillard,  professeur  au  collège 
Stanislas,  à  Paris. 

Gama-Barros  (de),  à  Lisbonne. 

Gap  (Lucien),  instituteur,àRoaix 
(Vau  cluse). 

*Gardet,  à  Paris. 

Garnier,  libraire,  au  Rio  de  Ja- 
neiro. 

Gatteyrias,  à  Paris. 

Gauban  (Oct.),  avocat,  à  la  Réole 
(Gironde). 

Gauthier  ,   libraire ,    à   Moscou 

(3  ex.). 
"Gauthier    (Jules),  archiviste  du 
Doubs,  à  Besançon. 

*  Gautier  (Ed.),  archiviste,  à  Li- 

moges. 
Gautier  (J.),  professeur  au  lycée, 
à  Vannes. 

*  Gautier  (Léon),  sous-chef  de  sec- 

tion aux  Archives  nationales , 
professeur  à  l'École  des  chartes, 
à  Paris. 
Gay,  à  Paris. 
*Gerbaux,  archiviste  aux  Archives 

nationales,  à  Paris. 
Germain,  membre  de  l'Institut,  à 

Montpellier. 
Gerold  et  Ci«,  à  Vienne. 
*Giraudin  (l'abbé),  à  Bordeaux. 
*GiRY   (A.),  professeur  à  l'École 
des  chartes,  à  Paris. 
Gloria,  juge  suppléant,  à  Mâcon. 
*GossiN  (L.),  sous-chef  de  bureau 


au  chemin  de  fer  d'Orléans,  à 
Paris. 

*  GouGET,  archiviste  de  la  Gironde, 

à  Bordeaux. 
Gourjault  (le  comte  de),  à  Mé- 
zières. 

*  Grand  (Daniel),  à  Paris. 
*Grandjean,  à  Paris. 

■*  Grandmaison  (Charles  de),  archi- 
viste d'Indre-et-Loire,  à  Tours. 
Grandval  (le  marquis  de),  corres- 
pondant du  ministère  de  l'ins- 
truction publique,  à  Saint-De- 
nis-Maisoncelles  (Calvados). 

*Grassoreille,  à  Paris. 

*Gréa  (l'abbé  A.),  à  Saint-Claude 
(Jura). 

*GuÉRm  (Paul),  archiviste  aux  Ar- 
chives nationales,  à  Paris. 

"GuiFFREY  (Jules),  archiviste  aux 
Archives  nationales,  à  Paris. 

*Guignard  (P.),  bibliothécaire,  à 

Dijon. 
Guigné  (de),  à  Madras  (Indes). 

*GuiGUE  (M.-C),  archiviste  du  dé- 
partement du  Rhône  et  de  la 
ville  de  Lyon. 

*  GuiLHiERMoz ,  sous-bibliothécaire 

à  la  Bibliothèque  nationale,  à 

Paris. 
Guillaume  (l'abbé),  archiviste,  à 

Gap. 
GuzzY  (le  R.  P.),  bibliothécaire 

des  Pères  Jésuites,  à  Toulouse. 
Hachette,  libraire,  à  Paris. 
Haessel,  libraire,  à  Leipzig. 
Hahn  (Alex.),àLuzarches  (Seine- 

et-Oise). 
*Hanotaux,  député,  à  Paris. 
Harrassowitz  (Otto),  libraire,  à 

Leipzig. 
Haseler,  libraire,  à  Kiel. 
Hauréau,  membre  de  l'Institut, 

à  Paris. 

*  Ha  VET  (Julien),  bibliothécaire  à  la 

Bibliothèque  nationale,  à  Paris. 
Heinrichs,  libraire,  à  Leipzig. 
*Helleu  (Joseph),  à  Paris. 

Henneguy,  à  Paris. 
*Herbomez  (A.  d'),  à  Paris, 
Héricourt  (le  comte  d'),  consul 

de  France,  à  Stuttgart. 
Herluison,  libraire,  à  Orléans. 
*Hervieu,  à  Avallon. 


703 


Heude-Lepine  ,   à   Montfort-rA- 

maury. 
*HiMLY  (A.),  membre  de  l'Institut, 

doyen  de  la  Faculté  des  lettres, 

à  Paris. 
HiNOJOSA  (don  Ed.),  à  Madrid. 
Hoche,  à  Paris. 

Hubert,   archiviste,  à   Château- 
roux. 
Jacob,  archiviste,  conservateur  du 

musée,  à  Bar-le-Duc. 
JouBERT  (André) ,  aux  Lutz-de- 

Daon ,   par   Ghâteau-Gonthier 

(Mayenne). 

*  JouoN  (Frédéric),  à  Rennes. 
Jourdain,  membre  de  l'Institut, 

à  Paris. 

JuiGNÉ  (de),  à  Madras  (Inde). 
*Kaulek  (J.),  attaché  aux  archives 
du  ministère  des  Affaires  étran- 
gères, à  Paris. 

Kemminck,  libraire,  à  Utrecht. 

Kerjiaingant  (de),  à  Paris. 

Koehler,  libraire,  à  Leipzig. 
*KoHLER  (Ch.),  à  Paris. 

Kramers,  libraire,  à  Rotterdam. 

Kruger,  chez  Hartgé  et  Lesoudié. 

Kymmel    (N.) ,    libraire,   à   Kiev 
(2  ex.). 
*Laborde  (le  marquis  Joseph  de), 
ancien  archiviste  aux  Archives 
nationales,  à  Paris. 
*Laborde  (Th.),   chef-adjoint   du 
service  sténographique  du  Sé- 
nat, à  Paris. 
*La  Borderie  (Arthur  de),  corres- 
pondant de  l'Institut,  à  Vitré 
(lUe-et-Vilaine). 

Lachenal,  receveur  des  finances, 
à  Brioude. 

La  Cour  de  la  PijardièrejL.  de), 
archiviste  de  l'Hérault,  à  Mont- 
pellier. 

*  Lair,  directeur  de  la  Compagnie 

des  entrepôts  et  magasins  géné- 
raux, à  Paris. 

*Lalanne  (Lud.),  sous-bibliothé- 
caire de  l'Institut,  à  Paris. 
Lameere,  procureur  général,  à 
Gand. 

*Lamotte  (A.  Bessot  de),  à  Avi- 
gnon. 

*Langlois  (Gh.-V.),  maître  de  con- 


férences à  la  Faculté  des  lettres, 

à  Montpellier. 
*Langlois    (Ernest),    membre   de 

l'École  française  de  Rome. 
La  Rochebrochard  (de),  au  châ- 
teau de  Boissoudan,  parChamp- 

deniers  (Deux-Sèvres). 
Lasghenais  (de),  au  château  de  la 

Salle  (Saône-et-Loire). 
Lasgombe  (A.),  au  Puy-en-Velay. 
*Lasteyrie  (Robert  de),  professeur 

à  l'École  des  chartes,  à  Paris. 
Lastig  (le  C*"  de),  à  Paris. 
*Laudy,  archiviste  aux  Archives 

nationales,  à  Paris. 
Laurens,  libraire,  à  Paris. 

*  Laurent,  archiviste  de  l'Aude,  à 

Carcassonne. 

*Lebeurier  (l'abbé),  ancien  archi- 
viste, à  Mantes. 

*Lecaron,  sous-bibliothécaire  à  la 
Bibhothèque  nationale,  à  Paris. 

*  Lecestre,  archiviste  aux  Archives 

nationales,  à  Paris. 

Lechevallier,  libraire,  à  Paris. 
*Lecoy  de  la  Marche,  archiviste 
aux    Archives    nationales ,    à 
Paris. 

Lefebvre,  avoué,  à  Neuichâtel-en- 
Bray. 

Lefeuvre,  à  Nantes. 

Le  Feuvre,  libraire,  à  Jersey. 

Lefèvre,  rédacteur  du  Constitu- 
tionnel, à  Paris. 

*  Lefèvre  (André),  à  Paris. 

*  Lefèvre -Pontalis    (Eugène),   à 

Paris. 

*  Lefèvre- Pontalis   (Germain),  à 

Paris. 
*Lefoullon,  avoué,  à  Paris. 
*Lefranc,  à  Noyon  (Oise). 
Legoyt,  ancien  chef  de  division 
au  ministère  des  travaux  pu- 
blics, à  Paris. 
*Legrand  (Léon),  à  Paris. 
Legros  fils,  à  Fécamp. 
*Lelong,  archiviste  aux  Archives 
nationales,  à  Paris. 
Lemaire  (Emile),  à  S. -Quentin. 
Lemaître, libraire,  àValenciennes. 
Le  Mire  (Noël),  avocat,  à  Mire- 
vent. 
Lemoigne,  libraire,  à  Paris  (6  ex.). 
*Lemonnier  (H.),  professeur  d'his- 


704 


toire  à  l'École  des  beaux-arts, 
à  Paris. 

*Lempereur,  archiviste  de  l'Avey- 
ron,  à  Rodez. 

Léotard,  sous-bibliothécaire  de 
la  ville  de  Montpellier. 

*L'Éplnois  (H.  de)  ,  à  Limeray 
(Indre-et-Loire), 

Le  Queu  d'Entremeuse,  à  Nantes. 
*LERoax  (Alfred),  archiviste  de  la 
Haute-Vienne,  à  Limoges. 

Leroux  (Ernest),  libraire,  à  Paris. 

Le  Soucier,  à  Paris  (6  ex.). 
*Lespinasse  (René  de),  à  Paris. 
*Le  Vavasseur,  à  Paris. 

Levêque,  abbaye  Sainte-Made- 
leine, à  Marseille. 

Lévis-Mirepoix  (le  duc  de),  au  châ- 
teau de  Léran. 
*Lex,    archiviste   de    la    Haute- 
Saône,  à  Vesoul. 

LiÉNARD,  secrétaire  de  la  Société 
philomatique,  à  Yerdun-sur- 
Meuse. 

LiMMiNGHE  (le  comte  de),  au  châ- 
teau de  Gesves  (Belgique). 

LoEB  (Isidore),  à  Paris. 

LoRENz  (Alf.),  libraire,  à  Leipzig. 

LoRiFERME  (l'abbé),  curé,  à  Saint- 
Aubin-Châteauneuf  (Yonne). 
*LoRiQUET,  archiviste  du  Pas-de- 
Calais,  à  Arras. 
*LoTH,  à  Paris. 

*LuGE  (Siméon),  membre  de  l'Ins- 
titut, chef  de  section  aux  Ar- 
chives nationales,  à  Paris. 

LuDLOw  (Ïh.-W.j,  à  New-York. 

*  Maître  (L.),  archiviste  de  la  Loire- 

Inférieure,  à  Nantes. 
*Mandrot  (B.  de),  à  Paris. 

*  Marais,  à  Paris. 
Margus,  libraire,  à  Bonn. 

*Marsy  (Arthur  de),  conservateur 
du  musée,  à  Compiègne. 

*Martin  (Henry),  à  la  bibliothèque 
de  l'Arsenal,  à  Paris. 

*  Martineau,  à  Paris. 
*Marty-Laveaux  (Ch.),  à  Paris. 

Mascré,  ancien  notaire,  au  Havre. 
*Mas  Latrie  (L.  de),  membre  de 
l'Institut,  à  Paris. 


*Mas  Latrie  (René  de),  chef  de 
bureau  au  ministère  de  l'ins- 
truction publique,  à  Paris. 
Massip,  archiviste,  à  Privas. 
Masson,  à  Amiens. 
*Maulde  (de),  à  Paris. 
Maumus,  avocat,  à  Mirande. 
Maury  (Alfred),  membre  de  l'Ins- 
titut, directeur  général  des  Ar- 
chives nationales,  à  Paris. 
Mayolez,  libraire,  à  Bruxelles. 
Meilheurat  (V.),   à   Montcom- 

broux  (Allier). 
Métérie,  libraire,  à  Rouen. 
*  Meunier   du    Houssoy    (Ern.),  à 
Paris. 
Mévil  (M°ie  Sainte-Marie),  à  Yié- 
ville  (Haute-Marne). 
*MEYER(Paul),  membre  de  l'Insti- 
tut ,   directeur  de  l'École  des 
chartes,  à  Paris. 
Michel,    directeur  de  l'enregis- 
trement, à  Périgueux. 
Millard,    curé,  à  Reuves,  par 

Sézanne  (Marne). 
Millescamps  (G.),  à  Paris. 
Miotat,  à  Paris. 
Mireur,    archiviste   du   Var,   à 

Draguignan. 
MoiNDROT,  libraire,  à  Romoran- 
tin. 
*MoLARD     (Fr.) ,     archiviste     de 

l'Yonne,  à  Auxerre. 
*MoLiNiER    (Auguste),    conserva- 
teur à  la  bibliothèque  Sainte- 
Genevièye,  à  Paris. 
*MoLiNiER  (Emile),  attaché  au  Mu- 
sée du  Louvre,  à  Paris. 
MoNERY  (L.),  à  Roanne. 
MoNLÉoN  (de),  à  Menton. 
MoNOD  (Gabriel),  à  Paris. 
*MoNTAiGLON  (A.  DE),  profcsseur  à 

l'École  des  chartes,  à  Paris. 
*MoRANViLLÉ,  stagiaire  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  à  Paris. 
MoRÉ  (M™«),  libraire,  à  Paris. 
*Morel-Fatio,  secrétaire  de  l'École 

des  chartes,  à  Paris. 
*Moris,  archiviste  des  Alpes-Mari- 
times, à  Nice. 
*Mortet  (Ch.),  bibliothécaire  à  la 
Bibliothèque  Sainte-Geneviève, 
à  Paris. 


705 


*MoRTET  (Victor),  bibliothécaire  à 
la  Bibliothèque  universitaire,  à 
Bordeaux. 

MuLÇAY,  libraire,  à  Chalon-sur- 
Saône. 

MuQUARDT,  libraire,  à  Bruxelles. 

*  Neuville  (Didier),  à  Paris. 
NiJHOFF,  libraire,  à  la  Haye. 
NiLssoN,  libraire,  à  Pans  (6  ex.). 
NoLEVAL  (Alfred),  à  Paris. 

*  Normand  (Jacques),  à  Paris, 
Olivier  (Ém.),  à  la  Société  géné- 
rale, à  Lyon. 

*  Omont    (  Henri  ) ,  sous-bibliothé- 

caire à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, à  Paris. 

Ongania  et  Ci%  à  Venise. 

Ortmans,  à  Paris. 

*  Paillard,  ancien  préfet,  à  Charly, 

près  Cluny. 
*Pajot  (Léon),  à  Paris. 
Paoli  (Cesare),  archiviste,  à  Flo- 
rence. 

*  Paradis  (l'abbé  Aug.),  à  Paris. 
Parent  de  Rozan,  à  Paris. 

*Parfouru,  archiviste  du  Gers,  à 

Auch. 
*Paris  (Gaston),  membre  de  l'Ins- 
titut, professeur  au  Collège  de 

France,  à  Paris. 
*Pasquier,  archiviste  de  l'Ariège, 

à  Foix. 
*Passy  (Louis),  député,  à  Paris. 
*Pécoul  (A.-L.),  à  Draveil. 
*Pélicier    (J.) ,    archiviste    de   la 

Marne,  à  Châlons-sur-Marne. 
*Pelletan    (Camille),    député,    à 

Paris. 
*Périn  (Jules),  avocat,  docteur  en 

droit,  à  Paris. 

*  Perret,  à  Paris. 
*Philippon  (Georges),  à  Paris. 

Picot,  à  Paris. 
*PoNTAL,  rédacteur  au   ministère 
de  l'intérieur,  à  Paris. 

Porée  (l'abbé),  curé  de  Bournain- 
viile. 

PoRQUET,  libraire,  à  Paris. 
*PoRT  (Célestin),  correspondant  de 
l'Institut,  archiviste  de  Maine- 
et-Loire,  à  Angers. 

Pottier  (l'abbé),  au  Mans. 


*PouoiN  (P.),  à  Paris. 
Prévost,  à  Evreux. 
*Prost    (Bernard)  ,  rédacteur  au 
ministère  de  l'instruction  pu- 
blique, à  Paris. 
*Prou,  stagiaire  à  la  Bibliothèque 

nationale,  à  Paris. 
*Prudhomme,  archiviste  de  l'Isère, 
à  Grenoble. 
Qu.\.ntin,  imprimeur,  à  Paris. 
QuARRÉ,  libraire,  à  Lille. 

*  Raguenet  (Octave) ,  au  château 

de  Soulaire,  par  Orléans. 
Rancogne  (P.  de),  à  Angoulême. 
Râtyk  (G.),  au  château  d'Escanin 

(Bouches-du-Rhône) . 
Rault  (l'abbé),  au  Mans. 
*Raunié,  à  Paris. 
*Raynaud    (Gaston),    sous-biblio- 
thécaire à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, à  Paris. 
*Rébouis,  à  Paris. 
Reinwald,  libraire,  à  Paris  (6  ex.) . 

*  Rendu  (Armand),  à  Paris. 
*Reynaud  (F.),  archiviste  adjoint 

des  Bouches-du-Rhône,  à  Mar- 
seille. 
Riant  (le  comte),  membre  de  l'Ins- 
titut, à  Paris. 

*  Richard   (Alfred),  archiviste   de 

la  Vienne,  à  Poitiers. 
*RicHARD  (J.-M.),  à  Laval. 
Richard  (L.),  à  Paris. 
RicHEMOND  (de),  archiviste  de  la 
Charente-Inférieure,  à  la  Ro- 
chelle. 
*RiGHOu,  conservateur  de  la  biblio- 
thèque de  la  Cour  de  cassation, 
à  Paris. 
Ripé,  libraire,  à  Vendôme. 
'Ripert-Monclar  (François,  mar- 
quis  de),    consul   général,    à 
Amsterdam. 
Ristelhuber  (P.),  ancien  biblio- 
thécaire, à  Strasbourg. 
*RivAiN,  archiviste  aux  Archives 
nationales,  à  Paris. 

*  Robert  (Ulysse),   inspecteur  gé- 

néral dos' bibliothèques  et  ar- 
chives, à  Saint-Mandé  (Seine). 
Rociiambeau  (le  marquis  de),  à 
Rochambeau,  près  Vendôme. 


706 


*RocQUAiN  (F.),  chef  de  section 
aux    Archives    nationales ,    à 
Paris. 
RosEROT,  à  Troyes. 
RosNY  (de),  à  Boulogne-sur-Mer. 
Rothschild  (la  bibliothèque  du 
baron  de),  à  Paris. 
*RoucHON,  archiviste  du  Puy-de- 
Dôme,  à  Clermont-Ferrand. 
*RoY  (Jules),  professeur  à  l'École 

des  chartes,  à  Paris. 
*RoziÈRE  (Eugène  de),  membre  de 
-    l'Institut,  sénateur,  à  Paris. 
Ruble  (le  baron  de),  àBeaumont- 

de-Lomagne. 
Ruef,  libraire,  à  Anvers. 
*Saige  (G.),  conservateur  des  ar- 
chives et  de  la  bibliothèque,  du 
palais,  à  Monaco. 
*  Sainte- Agathe  (de),  à  Besançon. 
Salesses,  capitaine  du  génie,  à 

Briançon. 
Salin  (Patrice), _  chef  de  section 

au  Conseil  d'État,  à  Paris. 
Sassenay  (le  marquis  de),  à  Paris. 
*ScuLFORT,  industriel,  à  Maubeuee 
(Nord). 
Séguenot,  à  Paris. 
Seigneur  (l'abbé),  à  Paris. 
Senemaud,  archiviste,  à  Mézières. 
*Senneville  (de),  conseiller  réfé- 
rendaire à  la  Cour  des  comptes, 
à  Paris. 
*Sepet  (Marins),  bibliothécaire  à 
la  Bibliothèque   nationale,    à 
Paris. 
Servaux,  chef  de  division  adjoint 
honoraire  au  ministère  de  l'ins- 
truction publique,  à  Paris.  ' 
*Servois  (G.),  inspecteur  général 
des  bibliothèques  et  archives ,  à 
Paris. 
Sigkel   (Th.    von),  professeur   à 
l'Université   de   Vienne  (Au- 
triche). 
SiDOT,  libraire,  à  Metz. 
*SoEHNÉE,  à  Paris. 

SouLLiER,  à  Paris. 
*Soury  (Jules),  sous-bibliothécaire 
à  la  Bibliothèque  nationale,  à 
Paris. 
Spithover,  libraire,  à  Rome. 


*Stein,    archiviste  aux  Archives 

nationales,  à  Paris. 
Stevens,  à  Paris. 
*Tardieu  (Amédée),  bibliothécaire 

de  l'Institut,  à  Paris. 

*  Tardif    (Adolphe),    professeur  à 

l'École  des  chartes,  à  Paris. 
'Tardif  (E.-J.),  avocat,  à  Paris. 
Techener  (Léon),  libraire,  à  Paris. 
*Teilhard,  à  Sarcenat,  par  Cler- 
mont-Ferrand (Puy-de-Dôme). 
Tempier,  archiviste  des  Côtes-du- 
Nord,  à  Saint-Brieuc. 

*  Terrât,    professeur   à   l'Institut 

catholique,  à  Paris. 
"*Teulet,  archiviste  aux  Archives 

nationales,  à  Paris. 
*Tholin  (Georges) ,  archiviste  de 

Lot-et-Garonne,  à  Agen. 
Thomas,  libraire,  à  Paris. 

*  Thomas    (Antoine) ,    maître    de 

conférences  à  la  Faculté  des 
lettres,  à  Toulouse. 

Thorin,  libraire,  à  Paris  (2  ex.). 

Tieurny,  à  Hernicourt  (Pas-de- 
Calais). 

Tournouer  (Henri),  à  Paris. 

*  Tranchant  (Charles),  ancien  con- 

seiller  d'État,    administrateur 

des  messageries  maritimes  et 

des  mines  de  la  Loire,  à  Paris. 
"Travers,    ancien    conseiller    de 

préfecture,  à  Caen. 
Trépagne,  à  Paris. 
Treuttel  et  AVurtz  ,  libraires ,  à 

Strasbourg  (2  ex.). 
Triger,  au  Mans. 
Trubner,  libraire,  à  Strasbourg 

(2  ex.). 
"Tuetey  (A.),  sous-chef  de  section 

aux    Archives    nationales,    à 

Paris. 
'*Vaesen,  à  Lyon. 
Vallet   de   Viriville    (M™«)  ,    à 

Paris. 

*  Valois  (Noël),  archiviste  aux  Ar- 

chives nationales,  à  Paris. 
Vaney,  à  Paris. 
Vauvilliers,  avoué,  à  Dijon. 
Vauzelles  (de),  à  Orléans. 
"Vayssière,  archiviste  de  la  Cor- 

rèze,  à  Tulle. 


707 


*  Yétault  ,    bibliothécaire  -  archi- 

viste, à  Rennes. 
*Veyrier  du  Muraud  (l'abbé),  vi- 
caire à  Saint-Georges  de  Belle- 
ville,  à  Paris. 

Viewect,  libraire,  à  Paris. 

ViGNAT,  à  Orléans. 

*  ViLLEFOssE  (  Ant.  Héron  de),  mem- 

bre de  l'Institut,  conservateur 

au  musée  du  Louvre,  à  Paris. 
"ViLLEFOssE   (Etienne  Héron  de), 

ancien  archiviste  de  la  Nièvre, 

à  Nevers. 
*^^iOLLET  (Paul),  bibliothécaire  et 

archiviste  delà  Faculté  de  droit, 

à  Paris. 
ViREY,  à  Paris. 


Wagner,  libraire,  à  Innsbruck. 

Wailly  (Natalis  de),  membre  de 
l'Institut,  à  Paris. 

Wallon  (H.),  secrétaire  perpétuel 
de  l'Académie  des  inscriptions 
et  bcUos-lettres,  à  Paris. 

Watteville  (le  baron  de),  direc- 
teur honoraire  au  ministère  de 
l'instruction  publique. 

Welter,  libraire,  à  Paris. 
'  Welvert,  rédacteur  au  ministère 
de    l'instruction    publique,    à 
Paris. 

Wescher,  conservateur  adjoint 
à  la  Bibliothèque  nationale,  à 
Paris. 


TABLE  DES  MATIÈRES'. 


Pages 
Une  charte  française  de  Jean,  sire  de  Joinville ,  en  double 

exemplaire  scellé,  par  G.  Saige 5 

Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  d'Etienne  Martellange,  archi- 
tecte des  jésuites  (1569-1641),  d'après  des  documents  inédits 
conservés  au  cabinet  des  estampes  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale, par  Henri  Bouchot 17 

Petite  chronique  de  Guyenne  jusqu'à  l'an  1442,  publiée  par 

Germain  Lefèvre-Pontalis 53 

La  série  des  registres  pontificaux  du  xiii^  siècle,  par  Georges 

Digard 80 

Poésies  latines  du  ms.  add.  A.  44  de  la  Bodléienne  ....  88 

\  Inventaire  de  la  bibliothèque  de  Saint-Gildas  en  Berry,  par 

Ch.  Kohîer 98 

Une  réception  au  Temple.  Alexandre  de  Vendôme,  1^'  février 

1604,  par  H.  de  Curzon 106 

^  Le  premier  catalogue  des  manuscrits  grecs  de  la  bibliothèque 
de  Fontainebleau  sous  Henri  H.  Notice  du  ms.  Nani,  245,  de 
Venise,  par  H.  Omont 201 

Catalogue  des  dessins  d'Etienne  Martellange,  architecte  des 
jésuites  (1605-1634),  précédemment  attribués  à  François 

1.  Résolution  adoptée  par  la  Sociélé  de  l'École  des  chartes,  dans  la  séance  du 
24  juin  1886  :  «  A  partir  du  volume  actuellement  en  cours,  tome  XLVII, 
année  1886,  chaque  volume  de  la  Bibliothèque  aura  deux  tables  :  la  première 
comprendra  les  titres  des  articles  de  fonds,  dans  l'ordre  de  leur  publication,  et 
les  titres  des  autres  parties  du  recueil  {Bibliographie,  Livres  nouveaux,  Chro- 
nique et  Mélanges,  Liste  des  souscripteurs);  dans  la  seconde  table  trouveront 
place,  dans  un  seul  ordre  alphabétique,  les  titres  des  articles  de  fonds,  insérés 
à  leurs  mois  caractéristiques,  les  ouvrages  analysés  dans  la  Bibliographie  et  le 
dépouillement  de  la  Chronique  et  des  Mélanges. 

«  La  liste  des  souscripteurs  sera  placée  avant  les  tables.  » 


709 

Stella,  conservés  au  cabinet  des  estampes  de  la  Bibliothèque 
nationale,  par  Henri  Bouchot 208 

Fragments  de  chartes  du  x"  siècle,  provenant  de  Saint-Julien 
de  Tours,  recueillies  sur  les  registres  d'état  civil  d'Indre-et- 
Loire,  par  Gh.  de  Grandmaison  (suite  et  fin) 226 

Inscriptions  chrétiennes  du  Vi  varais,  par  l'abbé  Auguste  Paradis  274 

Étude  sur  le  chœur  de  l'église  de  Saint-Martin-des-Champs  à 

Paris,  par  Eugène  Lefcvre-Pontalis 345 

Voyage  des  députés  de  Bourgogne  à  Blois  (1483);  élection  des 
députés  de  la  Bourgogne  aux  états  généraux  de  1484;  la 
Bourgogne  aux  états  généraux  de  1484  ;  par  P.  Pélicier  ,     .  357 

Les  huissiers  du  parlement  de  Paris,  1300-1420,  par  Félix 
Aubert 370 

Un  adversaire  inconnu  de  saint  Bernard  et  de  Pierre  Lombard. 
Notice  sur  un  manuscrit  provenant  de  la  Grande-Chartreuse, 
par  Paul  Fournier 394 

De  l'enceinte  du  faubourg  méridional  de  Paris  antérieure  à  celle 
de  Philippe-Auguste,  par  Fernand  Bournon 418 

Germain  Demay,  par  Siméon  Luce 473 

Relations  de  Charles  VI  avec  l'Allemagne  en  1 400,  par  H.  Moran- 
villé 489 

Un  épisode  des  rapports  d'Alexandre  VI  avec  Charles  VIII. 
La  bulle  pontificale  «trouvée  sur  le  champ  de  bataille  de  For- 
noue,  par  H. -François  Delaborde 512 

Valeur  historique  de  la  Chronique  d'Arthur  de  Richemont,  con- 
nétable de  France,  duc  de  Bretagne  (1393-1458),  par  Guil- 
laume Gruel.  Étude  critique,  par  Achille  Le  Vavasseur  .     .  525 

Le  suffixe  -iacus,  -iaca,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville  .     .     .  633 

Bible  de  Charles  V  et  autres  manuscrits  du  chapitre  de  Girone, 
par  Auguste  Brutails 637 

Inventaire  du  trésor  du  saint-siège  sous  Boniface  VIII  (1295), 
publié  par  Emile  Molinier  (suite  et  fin) 646 

Bibliographie 118,  288,  425,  566,  668 

Livres  nouveaux 160,  312,  435,  585 

Chronique  et  mélanges 171,  332,  446,  604,  692 

Liste  des  souscripteurs 697 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  \ 


Abbaye  d'Ainay,  465,  614;  de  Corbie,  196;  de  Cysoing,  671  ;  de  Saint- 
Éloi  de  Noyon,  695  ;  de  Saint-Gildas,  98  ;  de  Saint-Julien  de  Tours, 
226;  de  Saint-Ouen  de  Rouen,  566. 

Académie  (officiers  d'),  180,  335,  467,  609. 

Académie  des  inscriptions  :  antiquités  de  la  France,  462,  611;  écoles 
d'Athènes  et  de  Rome,  180,  619,  624  ;  élection  de  M.  Héron  de  Vil- 
lefosse,  179;  de  M.  VioUet,  692;  programme  des  concours,  623;  séance 
annuelle,  610;  M.  Jourdain,  456;  M.  de  Wailly,  604. 

Académie  des  se.  morales  :  élection  de  M.  Gucheval-Glarigny,  179. 

Académie  française  :  prix  décernés  à  MM.  Bémont,  181;  Glédat,  181; 
Desjardins,  625. 

Adéraldus,  abbé,  627. 

Adversaire  de  saint  Bernard,  394. 

Affaires  étrangères  :  archives,  129, 

Afrique  septentrionale,  575. 

Agen  :  commune,  692. 

Agnès  Sorel,  617. 

Agricole  (vie)  dans  le  Haut-Maine,  574. 

Ainay  :  cartulaire,  465,  614. 

Albanès  :  évêques  de  Provence,  613. 

Alexandre  VI  et  Charles  VIH,  512. 

Alishan  :  Sissouan,  etc.,  155. 

Allemagne  :  Réformation,  443;  relations  avecGharles  VI,  489. —  Ber- 
lin, 193;  Francfort,  196;  Nuremberg,  342;  Trêves,  298,  627. 

Allemagne  (H.  d'),  archiviste  paléographe,  693;  thèse,  692. 

Ambassadeurs  en  Angleterre,  129. 

Amboise  (Georges  d'),  692. 

Amiens  :  nécrologe,  137;  pontifical,  135. 

Analecta  novissima,  470. 

1.  Voy.  ci-dessus,  p.  708,  note  1, 


7^^ 

André  (Ed.),  archiviste  paléographe,  175  ;  thèse,  174.  — Compte-rendu  : 
Dictys  et  Darès,  581 . 

Angleterre  :  ambassadeurs,  129  ;  Edouard  1^'  et  II,  692.  —  Leicester, 
181,  427;  Londres,  693;  Oxford,  88. 

Anjou  :  armoriai,  304;  Geoffroy  Martel,  692. 

Antipape  :  P.  de  Gorvara,  173. 

Antiquités  (concours  des)  de  la  France,  462,  611. 

Appels  de  Guyenne,  692. 

Arbois  de  Jubainville  (H.  d'),  vice-président  de  la  Société  de  l'École  des 
chartes,  333.  —  Le  suffixe  -iacus,  -iaca,  633. 

Arc  (Jeanne  d'i,  122,  472,  617. 

Archives  des  affaires  étrangères,  129;  de  Francfort,  196;  de  Loir-et- 
Cher,  180;  de  la  marine,  335;  nationales,  170,  182;  du  Poitou,  139; 
de  Romorantin,  304;  du  Vatican,  80,  180. 

Archivistes  paléographes,  175,  692. 

Arménie  :  Sissouan,  etc.,  155. 

Armoriai  d'Anjou,  304. 

Arrêts  du  conseil  d'État,  682. 

Art  (histoire  de  1'),  580. 

Athènes  (écoles  d')  et  de  Rome,  180,  609,  619,  624. 

Athéniens  :  éducation,  611. 

Aube  :  statistique  monumentale,  611. 

Aubert  (F.).  —  Huissiers  du  parlement,  370. 

Auch  :  lettres  de  M.  d'Étigny,  574. 

Augustin  (homélie  attribuée  à  saint),  294. 

Autel  (consécration  d'un),  632. 

Autriche  :  Mittheil.  des  Inst.,  292.  —  Vienne,  157. 

Autun  :  collège,  174. 

Auvergne  :  Spicilegium  Brivatense,  308. 

Avignon  :  librairie  des  papes,  158. 

Avocats  au  parlement,  131. 

Barbier  de  Montault  :  trésor  de  Trêves,  298. 

Barthélémy  (Anatole  de).  —  Compte-rendu  :  sceau  de  Hoja,  144. 

Batiffol  (l'abbé).  —  Épitre  de  Théonas,  336. 

Baudon  de  Mony  (Gh.),  archiviste  paléographe,  175;  thèse,  172. 

Bayet  :  histoire  de  l'art,  580. 

Béarn  :  états,  171;  Gaston  VIII,  692. 

Beaucourt  (G.  de)  :  Charles  VII,  118,  616. 

Beaurepaire  (Gh.  de),  officier  de  l'instruction  publique,  335. 

Beauvillé  (V.  de)  :  pontifical  d'Amiens,  135. 

Bède  :  ms.  copié  par  Orderic  Vital,  629. 

Bellemain  (A.),  archiviste  paléographe,  175  ;  thèse,  174. 

Belsheim  (J.)  :  codex  Vindobonensis,  epistulz  Paulinx,  157. 

Bémont  (Gh.)  :  S.  de  Montfort,  181 ,  427.  —Compte-rendu  :  Roumains,  145. 


7^2 

Berlin  :  bibliothèque  royale,  193. 

Bernard  (saint)  :  un  adversaire,  394. 

Bernham  (David  de)  :  pontifical,  142. 

Berry  :  Saint-Gildas,  98. 

Bèze  (Claude  de),  694. 

Bible  de  Charles  V  à  Girone,  637. 

Bibliografla  délia  mon.  di  Savoia,  143.  —  Bibliographia  liturgica,  430. 

Bibliothèque  de  Berlin,  193  ;  Bodléienne,  88  ;  de  Gorbie,  196;  nationale, 

17,  208;  de  Pau,  312;  de  Rome,  181,  288,  668;  de  Saint-Gildas,  98; 

Sainte-Geneviève,  179.  —  Bibliothèques  universitaires,  180. 
Bimbenet  :  écoliers  à  Orléans,  303. 
Bisson  de  Sainte-Marie  (R.),  608. 
Blois  :  voyage  des  députés  de  Bourgogne,  357. 
Bodléienne  (bibliothèque)  :  poésies  latines,  88. 
Boniface  VIII  :  trésor,  646. 
Bonnassieux  (P.).  —  Comptes-rendus  :  lettres  de  M.  d'Étigny,  574  ;  vie 

agricole  dans  le  Haut-Maine,  574. 
Bonnier  (Ch.)  :  thèse,  692. 
Bordin  (prix),  618. 

Borel  (F.-A.),  archiviste  paléographe,  176;  thèse,  173. 
Bouchot  (H.),  officier  d'académie,  467.  —  Martellange,  17,  208. 
Bourgogne  :  cour,  174;  députés  aux  états,  357;  écorcheurs,  173. 
Bournon(F.)  :  arch.de Romorantin,  304.  —  Enceinte  mérid.  deParis,  418. 
Bretagne  :  Arthur  de  Richemont,  172,  525. 
Breton  (Guillaume  le),  463,  613. 
Brièle,  officier  de  l'instruction  publique,  609. 
Brioude  :  spicilegium  Brivatense,  308. 

Bruel  (A.),  membre  de  la  commission  de  comptabilité,  333.  —  Comptes- 
rendus  :  cartulaire  de  Cysoing,  671  ;  Jeanne  d'Arc,  122;  spicilegium 

Brivatense,  308. 
Brutails  (A.),  officier  d'académie,  180.  —  Bible  de  Charles  V  et  autres 

mss.  de  Girone,  637. 
Bulle  trouvée  sur  le  champ  de  bataille  de  Fornoue,  512. 
Bureau  de  la  Société  de  l'École  des  chartes,  333. 
Cadier  (L.),  archiviste  paléographe,  175;  membre  de  l'École  de  Rome, 

609;  thèse,  171. 
Cantiones  (piae),  585. 
Capitulaires,  623. 

Cardinal  :  Georges  d'Amboise,  692. 
Carini  :  paleografia,  425. 

Carolingiens  :  Genealogia,  341  ;  monnaies,  615. 
Cartulaires  d'Ainay,  etc.,  465,  614;  de  Cysoing,  671. 
Gaspari  :  Augustin  beilegte  Homilia,  294. 
CastiUon  (de)  :  correspondance,  129. 


743 

Catalogne,  172. 

Catalogue  de  la  bibliothèque  de  Pau,  312.  —  Voy.  Manuscrits. 

Cathédrale  de  Sées,  692. 

Cédule  relative  à  la  consécration  d'un  autel,  632. 

Cerise  (le  baron),  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  609. 

César  (roman  de),  694. 

Chabaneau  :  prix  de  la  Grange,  619. 

Chabannes  (Antoine  de),  692. 

Chaire  française  au  moyen  âge,  577. 

Châlons-sur-Marne  :  Notre-Dame-en-Vaux,  615. 

Champagne  (nation  de)  à  Orléans,  303. 

Champeaux  (Guillaume  de),  692. 

Chapitre  de  Girone,  637  ;  de  Vincennes,  174. 

Charente  :  la  Rochefoucauld,  etc.,  433. 

Charles  IV,  173  ;  V,  342,  637  ;  VI,  489  ;  VII,  118,  616  ;  VIII,  512. 

Charpin-Feugerolles  (de)  :  cartulaires,  465,  614. 

Chartes  de  Douai,  692  ;  de  Joinville,  5, 468  ;  de  Saint-Julien  de  Tours,  226. 

Chartres  :  trésor,  298. 

Chartreuse  (Grande-)  :  un  ms.,  394. 

Chassaing  (A.)  :  spicilegium  Brivatense,  308. 

Châteaux  :  la  Rochefoucauld,  etc.,  433. 

Châtelain  :  paléographie  des  classiques  latins,  200. 

Chevalier  (U.)  :  compte  de  R.  de  Louppy,  567. 

Chinois  (dictionnaire),  619. 

Chœur  de  Saint-Martin-des-Champs,  345. 

Chronique  d'Arthur  de  Richemont,  172,  525;  de  Guyenne,  53;  de  Nor- 
mandie, 619,  624;  parisienne,  614. 

Cilicie  arménienne,  155. 

Clédat  (L.)  :  prix  à  l'Académie  française,  181. 

Clerc  :  états  de  Franche-Comté,  573. 

Codex  aureus,  627;  Vindobonensis,  157.  —  Codices  mss.  Palatini  grxci, 
288;  latini,  668. 

Collège  d'Autun,  174. 

Collezione  fiorentina  di  facsimili,  471 . 

Collilieux  :  Dictys  et  Darès,  581. 

Commissions  de  la  Société  de  l'École  des  chartes,  333. 

Commune  d'Agen,  692;  de  Noyon,  173. 

Compte  de  R.  de  Louppy,  567. 

Connétable  :  Richemont,  172,  525. 

Consécration  d'un  autel,  632. 

Conseil  d'État  :  inventaire  des  arrêts,  682. 

Corbie  :  manuscrits,  196. 

Corporation  des  serruriers,  692. 

Correspondance  de  Castillon  et  Marillac,  129. 

46 


TU 

Corvara  (Pierre  de),  173. 

Gouderc  (G.),  archiviste  paléographe,  175;  thèse,  173. 

Goussemaker  (I.  de)  :  cartulaire  de  Gysoing,  671. 

Coutumes  de  Lorris,  567. 

Gouvreur  :  dictionnaire  chinois,  619. 

Goyecque  (E.),  archiviste  paléographe,  693;  thèse,  692. 

Grète  :  Dictys,  581;  numismatique,  618. 

Gucheval-Glarigny,  membre  de  l'Académie  des  sciences  morales,  179. 

Gugnoni  :  Aeneas  Sylvius,  294. 

Gurzon  (H.  de).  —  Une  réception  au  Temple,  Alexandre  de  Vendôme, 

106.  —  Gomptes-rendus  :  arch,  hist.  du  Poitou,  139;  hist.  de  l'art, 

580;  meubles  de  la  Rochefoucauld,  433;  tapisserie,  140;  trésors  de 

Ghartres,  de  Trêves,  298. 
Gysoing  :  cartulaire,  671. 
Dammartin  (A.  de  Ghabannes,  comte  de),  692. 
Darès  de  Phrygie,  581. 
Dauphiné,  567. 

Découvertes  de  J.  Vignier,  335,  471. 
Delaborde  (Fr.)  :  Rigord  et  G.  le  Breton,  453,  613.  —  Alexandre  VI  et 

Gharles  VIII,  512. 
Delachenal  (R.)  :  avocats  au  parlement,  131;  secrétaire  adjoint  de  la 

Société  de  l'École  des  chartes,  333. 
Delalande-Guérineau  (prix),  619. 

Delaville  le  Roulx  (J.).  —  Gompte-rendu  :  armoriai  d'Anjou,  304. 
Delisle  (L.),  membre  de  la  commission  de  publication,  333.  —  Mss. 

de  Gorbie,  196;  M.  Jourdain,  459;  thèses,  171.  —  Gomptes-rendus  : 

analecta,  470  ;  bibliogr.  liturgica,  430  ;  codex  Vindob.,  epist.  Paulinae, 

157;  codices  Palatini,  668;  exposition  liturgique,  693  ;  fac-simili,  471; 

Gundreda,  427;  Hugues  de  Saint- Victor,  429;  piae  cantiones,  585; 

pontifical  d'Amiens,  135;  de  S.-André,  142;  regesta,  469;  tropes,  626. 
Demay  (Germain),  473. 
Denais  :  armoriai  d'Anjou,  304. 
Députés  de  Bourgogne  à  Blois,  357. 
Desjardins  (G.)  :  Petit-Trianon,  625. 
Dictys  de  Grète,  581. 

Digard  (G.)  :  travaux  à  Rome,  180.  —  Registres  pontif.  du  xm^  s.,  80. 
Diplomatique  pontificale,  80,  180. 
Diplôme  (unedirte),  425. 
Domaine  royal  :  condition  des  juifs,  692. 
Dominicains,  301. 
Douai  :  chartes,  692. 

Douais  :  Frères  prêcheurs  en  Gascogne,  301. 

Drumont  :  France  juive,  467.  JÊ 

Dualistes  musulmans,  618.  ^ 


715 

Duchalais  (prix),  615. 

Duckett  :  Gundreda  of  Warenne,  427. 

Ducom  (A.)  :  thèse,  692. 

Du  Fresne  de  Beaucourt  :  Charles  VII,  H 8,  616. 

Dupond  (A.),  archiviste  paléographe,  693  ;  thèse,  692. 

Dupont  (Edm.),  176. 

Durand  (G.) .  —  Comptes-rendus  :  nécrologe  d'Amiens,  1 37  ;  verrerie,  ^31 . 

Durier  (C),  692. 

Durrieu  (P.)  :  Gascons  en  Italie,  462,  612. 

Écoliers  à  Orléans,  303. 

École  des  chartes  :  archivistes  paléographes,  175,  692  ;  élèves  nouveaux, 

608;  examens,  446;  Société,  333;  thèses,  171,  692. 
Écoles  d'Athènes  et  de  Rome,  180,  609,  619,  624. 
Écorcheurs  en  Bourgogne,  173. 
Ecosse  :  Saint-Andrews,  142. 
Édesse,  624. 
Edouard  l"  et  II,  692. 
Église  Notre-Dame-en-Vaux  de  Ghâlons,  615  ;  Saint- Martin-des-Champs 

de  Paris,  345;  Saint-Nizier  de  Lyon,  174;  Saint-Ouen  de  Rouen,  566. 

—  Églises  romanes  du  diocèse  de  Mâcon,  692. 
Élection  épiscopale  au  xii«  siècle,  131. 
Émaillerie,  431. 

Enceinte  méridionale  de  Paris,  418. 
Énigme  historique  :  les  Roumains,  145. 
Epistulae  Paulinae,  157. 

Espagne  :  Catalogne,  172;  Girone,  637;  Hoja,  144. 
Estaintot  (d')  :  fouilles  de  Saint-Ouen,  566. 
État  civil  (registres  d')  d'Indre-et-Loire,  226. 
États  de  Basse-Navarre,  692;  de  Béarn,  171  ;  de  Franche-Comté,  573; 

généraux,  357. 
Étigny  (d')  :  lettres  et  mémoires,  574. 
Eure-et-Loir,  689.  —  Chartres,  298. 
Évangéliaire  géorgien,  627. 
Évangiles  :  codex  Vindobonensù,  157. 
Évêques  :  de  Paris,  131  ;  de  Provence,  612. 
Ewald  :  regesla,  469. 
Examens  de  l'École  des  chartes,  446. 
Exposition  de  livres  liturgiques,  692. 
Fac-similés  :  collezione  fiorentina,  471. 

Farges  (L.)  :  corresp.  de  Castillon,  129;  officier  d'académie,  180. 
Fastes  de  la  Narbonnaise,  615. 
Faubourg  méridional  de  Paris,  418. 
Faucon  (M.)  :  libraire  des  papes,  158. 
Féodale  (géographie)  du  Perche,  692. 


7^6 

Fichot  :  statistique  monumentale  de  l'Aube,  6H. 

Flamare  (H.  de).  —  Acte  de  baptême  de  Gaignières,  341. 

Fleury  (P.  de)  :  meubles  de  la  Rocbefoucauld,  433. 

Florence  :  collez,  di  fac-simili,  471. 

Foires  de  Genève,  173. 

Foix  :  comtes,  172. 

Fontainebleau  :  mss.  grecs,  201. 

Forez  :  cartulaire  des  francs-fiefs,  465,  cf.  614. 

Fornoue  (bataille  de),  512. 

Fouilles  de  Saint-Ouen  de  Rouen,  566. 

Fournier  (P.).  —  Un  adversaire  de  saint  Bernard  et  de  P.  Lombard, 
394.  — Comptes-rendus  ;  élection  de  Maurice  de  Sully,  131;  inven- 
taire des  arrêts  du  conseil,  682. 

Français  :  chaire,  577  ;  chartes,  5,  468,  692  ;  grammaire,  181  ;  mss.  à 
Rome,  181,  624  ;  Société  des  anciens  textes,  182. 

France  juive,  467. 

Francfort-su r-le-Mein  :  archives,  196. 

Franciscains,  173. 

Franche-Comté  :  états,  573. 

Fréminville  (J.  de),  archiviste  paléographe,  175;  thèse,  173. 

Frères  mineurs,  173;  prêcheurs,  301. 

Froment  (A.),  archiviste  paléographe,  693  ;  thèse,  692. 

Gaignières  (R.  de)  :  acte  de  baptême,  341  ;  son  dessinateur,  343. 

Gariel  :  monnaies  carolingiennes,  615. 

Garnier  (B.)  :  fondation,  610, 

Garnier  (Ed.)  :  verrerie,  431. 

Gascogne  :  Frères  prêcheurs,  301.  —  Gascons  en  Italie,  462,  612. 

Gaston  VITE  de  Béarn,  692. 

Gautier  (Ed.),  archiviste  paléographe,  175;  sa  thèse,  174. 

Gautier  (L.)  :  tropes,  626. 

Genealogia  Karolorum,  3H. 

Genève  :  foires,  173. 

Geoffroy  Martel,  692. 

Géographie  du  Perche,  692. 

Géorgien  (évangéliaire),  627. 

Gerbaux  (F.),  officier  d'académie,  180.  — Mandement  de  Charles  V,  342. 

Gers  :  Auch,  574. 

Gillard  :  souvenirs  d'Eure-et-Loir,  689. 

Girard  (P.)  :  prix  à  l'Institut,  611. 

Girone  :  mss.,  637. 

Gobert  (prix),  616. 

Gondrée  de  Warenne,  427. 

Grammaire  de  la  vieille  langue  française,  182. 

Grand  (E.-D.),  archiviste  paléographe,  175;  thèse,  174. 


717 

Grand  maître  :  A.  de  Ghabannes,  692. 

Grandmaison  (Gh.  de).  —  Ghartes  du  x^  siècle,  provenant  de  Saint- 
Julien  de  Tours,  226. 

Grandmaison  (L.  Loizeau  de),  archiviste  paléographe,  693  ;  thèse,  692. 

Grecs  (mss.)  de  Fontainebleau,  201  ;  du  Vatican,  288,  694. 

Grignon  :  Notre-Dame-en-Vaux  de  Ghâlons,  615. 

Gruel  (Guillaume)  :  chronique  d'Arthur  de  Richement,  172,  525. 

Guiffrey  (J.)  :  tapisserie,  140.  —  Gomptes-rendus  :  catalogue  de  la 
bibliothèque  de  Pau,  312;  Renaissance  en  France,  125. 

Guigue,  père  et  fils  :  cartulaires,  465,  614. 

Guigue  (Cl.-M.),  officier  de  l'instruction  publique,  467. 

Guilhiermoz  (P.),  secrétaire  de  la  Société  de  l'École  des  chartes,  333. 

Guillaume  le  Breton,  463,  613. 

Gundreda  of  Warenne,  427. 

Guyenne  :  appels,  692;  chronique,  53. 

Hanotaux  (G.),  député,  335;  membre  de  la  commission  des  archives  de 
la  marine,  335. 

Hauréau  :  Hugues  de  Saint- Victor,  429. 

Havet  (J.),  membre  adjoint  de  la  commission  de  publication,  333.  — 
Découvertes  de  J.  Vignier,  3?5,  471.  —  Gomptes-rendus  :  fouilles  de 
Saint-Ouen  de  Rouen,  566;  Simon  de  Montfort,  427  (cf.  181). 

Heiss  :  médailleurs,  615. 

Hellot  :  chronique  parisienne,  614;  Héricourt-en-Caux,  138. 

Henri  H,  201  ;  IV,  682. 

Héricourt-en-Caux,  138. 

Héron  de  Villefosse,  membre  de  l'Académie  des  inscriptions,  179;  con- 
servateur au  Louvre,  179. 

Heuzey  (L.)  :  écoles  d'Athènes  et  de  Rome,  180. 

Hiélard,  officier  d'académie,  609. 

Hincmar  :  de  ordine  palatii,  466,  614. 

Histoire  d'Agen,  692  ;  de  l'art,  580;  des  avocats,  131;  de  Charles  VH, 
118,  616;  ecclésiastique  de  Bède,  629;  des  états  de  Franche-Comté, 
573;  des  serruriers,  692;  de  la  tapisserie,  140;  de  la  verrerie,  431. 

Hoja  :  sceau,  144. 

Hôtel-Dieu  de  Paris,  692. 

Huart  (Cl.)  :  sectes  musulmanes,  618. 

Hugues  de  Saint- Victor,  429. 

Hugues  (A.-J.-B.),  archiviste  paléographe,  175;  thèse,  174. 

Huissiers  du  parlement,  370. 
-lacus,  -iaca,  633. 

Image  du  monde,  174. 

Indre  :  Saint-Gildas,  98. 

Indre-et-Loire  :  registres  d'état  civil,  chartes  de  S. -Julien  de  Tours,  226. 

Ingold  :  J.  Vignier,  471. 


7^8 

Inscriptions  du  Vivarais,  274. 

Institut,  voyez  Académie. 

Instruction  publique  :  officiers,  180,  335,  467, 609;  secr.  du  ministre,  609. 

Inventaire  des  arch.  des  aff.  étrangères,  129;  des  Arch.  nat.,  arrêts  du 

conseil  d'État,  682;  des  arch.  de  Romorantin,  304;  de  la  bibl.  de 

Saint-Gildas,  98;  des  meubles  de  la  Rochefoucauld,  422;  du  trésor 

du  saint-siège,  646. 
Isère  :  Grande-Chartreuse,  394. 
Isnard  (A.),  archiviste  paléographe,  694  ;  thèse,  692. 
Italie  :  bibliographie,  143  ;  Gascons,  462,  612.  —  Florence,  471  ;  Fornoue, 

512.  —  Voy.  Rome. 
Itinéraire  de  Wissant  à  Lyon,  197. 
Jaffé  :  regesta,  469. 

Jarry  (E.),  archiviste  paléographe,  693  ;  thèse,  692. 
Jean  XXII,  173. 
Jeanne  d'Arc,  122,  472,  617. 
Jésuites  :  architecte,  17,  208. 
Joinville  :  chartes  françaises,  5,  468. 
Joret  :  Tavernier,  306. 
Josse  :  pontifical  d'Amiens,  135. 
Joubert  :  vie  agricole  dans  le  Haut-Maine,  574. 
Jourdain  (Charles),  456. 
Jubainville  (d'Arbois  de),  voyez  Arbois. 
Juifs  du  domaine  royal,  692.  —  La  France  juive,  467. 
Julien  (prix  Stanislas),  619. 
Kaltenbrunner  :  regesta,  469. 

Kaulek  :  correspondance  de  Castillon  et  Marillac,  129. 
Klemming  :  piae  catitiones,  585. 

Kohler,  sous-bibliothécaire  à  Sainte-Geneviève,  179.  —  Inventaire  de 
la  bibl.  de  S.-Gildas,  98.  —  Compte-rendu  :  arch.  de  Romorantin,  304. 
Labrouche  (P.),  archiviste  paléographe,  693  ;  thèse,  692. 
Lacombe  (P.),  chevaUer  de  la  Légion  d'honneur,  609. 
La  Grange  (prix  de),  619. 

Laloy  (E.),  archiviste  paléographe,  693  ;  thèse,  692. 
Langlois  (Ch.-V.).  —  Itinéraire  de  Wissant  à  Lyon,  197. 
Langlois  (Ernest)  :  travaux  à  Rome,  181,  620,  624. 
La  Rochefoucauld  (François  VIII  de),  433. 
Lasteyrie  (R.  de),  membre  de  la  commission  de  publication,  333. 
Latines  (poésies),  88,  694. 
Latins  (mss.)  du  Vatican,  668. 
Lazard  (L.),  archiviste  paléographe,  693;  thèse,  692. 
Lebègue  :  Narbonnaise,  615. 
Lebeurier  (l'abbé),  333. 

Lecestre  (L.).  —  Comptes-rendus  :  Charles  Vil,  118;  université  d'Or- 
léans, 303. 


719 

Lecoy  de  la  Marche  :  chaire  française,  577. 

Lefèvre-Pontalis  (Eugène).  —  Chœur  de  Saint-Martin-des-Champs,  345. 

Lefèvre-Pontalis  (Germain)  :  corresp.  de  Gastillon  et  Marillac,  129.  — 

Petite  chronique  de  Guyenne,  53. 
Lefranc  (Abel),  archiviste  paléographe,  175;  thèse,  173. 
Légion  d'honneur,  180,  335,  609. 
Législation  des  capitulaires,  623. 

Le  Grand  (Léon).  —  Itinéraire  de  Wissant  à  Lyon,  197. 
Leicester  (Simon  de  Montfort,  comte  de),  181,  427. 
Le  Mercier  (Jean),  172,  464,  613. 
Léon  I^""  d'Arménie,  155. 
Lettres  de  M.  d'Étigny,  574. 
Le  Vavasseur  (A.),  archiviste  paléographe,  177;  thèse,  172.  —  Valeur 

de  la  chronique  d'Arthur  de  Richement,  525. 
Librairie  des  papes,  158. 
Linguistique  :  chartes  de  Douai,  692. 
Liturgie  :  bibliographie,  430  ;  exposition,  692. 
Livres  nouveaux,  160,  312,  435,  585. 
Loewenfeld  :  regesta,  469. 

Loir-et-Cher  :  archiviste,  180,  —  Blois,  357;  Romorantin,  804. 
Loir  :  Saint-Sauveur,  465,  cf.  613. 
Loire  (Haute-)  :  Brioude,  308. 
Loiret  :  Lorris,  567;  Orléans,  303. 
Loiseleur  :  université  d'Orléans,  303. 
Loizeau  de  Grandmaison,  voy.  Grandmaison. 
Lombard  (P.)  :  un  adversaire,  394. 
Londres  :  exposition  liturgique,  693. 
Loriquet,  officier  d'académie,  180. 
Lorris  :  coutumes,  567. 
Lot-et-Garonne  :  Agen,  692. 
Louis  le  Gros,  426. 
Louis  d'Orléans,  198,  692. 
Louppy  (R.  de),  gouverneur  du  Dauphiné,  567. 
Louvre  :  M.  Héron  de  Villefosse,  conservateur,  179. 
Luc  (saint)  :  codex  Vindobonensis,  157. 

Luce  (Siméon).  —  G.  Demay,  473.  —  Compte-rendu  :  Tavcrnier,  306. 
Luchaire  :  Louis  le  Gros,  426. 
Lyon  :  itinéraire,  197;  Saint-Nizier,  174. 
Mâcon  :  églises  romanes  du  diocèse,  692. 
Magreb,  575. 

Maine  (Haut-)  :  vie  pgricole,  574. 
Maizières  (Philippe  de),  692. 

Manneville  (H.  de),  archiviste  paléographe,  693;  thèse,  602. 
Manno  :  bibliog)\  délia  mon.  di  Savoia,  144. 


720 

Manuscrits  de  Corbie,  196;  de  Fontainebleau,  201  ;  de  Girone,  637;  de 
la  Grande-Chartreuse,  394;  de  Noyon,  695;  de  Rome,  181,  288,  624, 
669,  694;  de  Rouen,  copié  par  0.  Vital,  629;  de  Venise,  201.  — 
Notices  et  extraits,  578. 
Marc  (saint)  :  codex  Vindobonensis,  157. 
Marcel  (Etienne),  674. 
Maréchal  :  Saintrailles,  174. 
Marillac  (de)  :  correspondance,  129. 
Marine  :  archives,  335. 

Marlet  (L.),  archiviste  paléographe,  175;  thèse,  174. 
Marne  :  Ghâlons,  615. 
Martel  (Geoffroy),  692. 
Martellange  (Etienne),  17,  208. 
Martin  (H.),  officier  de  l'instruction  publique,  609. 
Marty-Laveaux.  —  Discours  à  la  Société  des  anciens  textes,  182. 
Mas  Latrie  (L.  de)  :  relations  de  l'Afrique  avec  les  nations  chrétiennes, 

575.  —  M.  Jourdain,  460. 
Maulde  (R.  de).  —  Portrait  de  Louis  d'Orléans,  198. 
Maury  (A.).  —  M.  Dupont,  176. 
Médailleurs,  615. 
Mellon  (saint),  139. 

Mély  (F.  de)  :  trésor  de  Chartres,  298. 
Mercier  (Jean  le),  172,  464,  613. 
Méridional  (faubourg)  de  Paris,  418. 
Mérovingiennes  (sépultures),  566. 
Meubles  de  la  Rochefoucauld,  433. 
Meyer  (P.).  —  Lettre  au  Temps,  467  ;  rapport  à  la  Société  des  anciens 

textes,  186. 
Mineurs  (Frères),  173. 

Ministère  des  aff.  étr.,  129;  de  l'instr.  publ.,  609  ;  de  la  marine,  335. 
Missels  :  bibliographie,  430. 
Mittheilungen  d.  Inst.  f.  ôsterr.  Gesch.,  298. 
Molinier  (Auguste).  —  Comptes -rendus  :  Héricourt-en-Gaux ,    138; 

Louis  le  Gros,  426  ;  paleografta,  425. 
MoUnier  (Emile),  officier  d'académie,  335.  —  Inventaire  du  trésor  du 

saint-siège  sous  Boniface  VIII,  646. 
Monnaies  carolingiennes,  615. 

Montaiglon  (A.  de),  président  de  la  Société  de  l'École  des  chartes,  333. 
Montfort  (Simon  de),  181,  427. 
Montgomery  (Gabriel  de),  174. 

Moranvillé  (H.),  archiviste  paléographe,  175;  J.  Le  Mercier,  172,  464, 
613.  —Relations  de  Charles  VI  avec  l'Allemagne,  489.  —  Compte- 
rendu  :  Aeneas  Sijlvius,  214. 
Morel-Fatio  (A.),  membre  de  la  commission  de  comptabilité,  333. 


724 

Mort,  voy.  Nécrologie.  —  Mort  d'Etienne  Marcel,  674. 

Mortet  (Ch.),  officier  d'académie,  467. 

Mortet  (V.)  :  élection  épiscopale  au  xn«  s.,  131. 

Mûhlbacher  :  Mitth.  d.  Instituts,  292;  unedirtc  Diplôme,  425. 

Musée  du  Louvre,  179. 

Musulmanes  (sectes),  618. 

Narbonnaise  :  fastes,  615. 

Navarre  (Basse-)  :  états,  692. 

Nécrologe  d'Amiens,  137. 

Nécrologie  :  MM.  Bisson  de  Sainte-Marie,  608;  Demay,  473;  Dupont, 

176;  Durier,  692;  Jourdain,  456;  Lebeurier,  333;  de  Wailly,  604. 
Neuville  (D.),  chevalier  do  la  Légion  d'honneur,  335. 
Nord  ;  Gysoing,  671  ;  Douai,  692. 
Normandie  :  chronique,  619,  624. 
Notices  et  extraits  des  mss.,  578. 
Notre-Dame-en-Vaux  (église)  de  Châlons,  615. 
Noyon  :  commune,  173  ;  manuscrit,  695. 
Numismatique  (prix  de),  615;  de  Crète,  618. 
Nuremberg  :  mandement  de  Charles  V,  342. 
Oc  (langue  d')  :  mss.  à  Rome,  181,  624. 
Odile  (sainte),  472. 

Officiers  d'académie  et  de  l'instruction  publique,  180,  335,  467,  609. 
Oïl  (langue  d')  :  mss.  à  Rome,  181,  624. 
Oise  :  Noyon,  173,  695. 
Olivet  (M-^e  d')  :  rouleau,  574. 
Omont  (H.),  membre  de  la  commission  de  publication,  333.  --  Mss. 

grecs  de  Fontainebleau,  201  ;  du  Vatican,  694.  —  Compte-rendu  : 

mss.  grecs  du  Vatican,  288. 
Orderic  Vital  (ms.  copié  par),  629. 
Ordine  (de)  paLatii,  466,  614. 
Orléans  :  université,  303. 
Orléans  (Louis  d'),  198,  692. 
Orne  :  Sées,  692. 
Oxford  :  Bodléienne,  88. 
Palatii  (de  ordine)^  466,  614. 
Palatins  (mss.),  288,  668. 
Paleografia  (sommario  di),  425. 
Paléographie  des  classiques  latins,  200. 

Palustre  (L.)  :  Renaissance  en  France,  124;  trésor  de  Trêves,  298. 
Papes  :  diplomatique,  180;  librairie,  158;  regesta,  469;  registres,  80; 

trésor,  646.  —  Alexandre  VI,  412;  Boniface  VIII,  648;  Jean  XXII, 

173;  P.  de  Corvara,  antipape,  173;  Urbain  V,  624. 
Paradis  (l'abbé  A.).  —  Inscriptions  du  Vivarais,  274. 
Parfouru  :  lettres  de  M.  d'Étigny,  574. 


722 

Paris  :  Arch.  nat.,  176,  682;  Bibl.  nat.,  17,  208;  chronique,  614; 
enceinte,  418;  évêque,  131  ;  Hôtel-Dieu,  692  ;  Louvre,  179;  Et.  Marcel, 
674;  parlement,  131,  370,  692;  Saint-Germain-des-Prés,  157;  Saint- 
Martin-des-Ghamps,  345;  Sainte-Geneviève(bibliothèque),  179;  Société 
de  l'histoire  de  Paris,  335. 

Paris  (G.),  officier  de  la  Légion  d'honneur,  609.  —  M.  Jourdain,  456; 
M.  de  Wailly,  604;  séance  annuelle  de  l'Acad.  des  inscriptions,  610. 

Parlement  :  appels  de  Guyenne,  692;  avocats,  131  ;  huissiers,  370. 

Pas-de-Calais  :  Wissant,  197. 

Pau  :  bibliothèque,  312;  généralité,  574. 

Paul  (saint)  :  epistulae,  157. 

Pauvreté  du  Christ,  173. 

Pélicier  (P.).  —  Voyage  des  députés  de  Bourgogne  à  Blois,  357. 

Perche  :  géographie,  692. 

Pfister  :  le  roi  Robert,  618. 

Philippe- Auguste  :  enceinte  de  Paris,  418  ;  historiens,  463,  613. 

Philippe  le  Bon,  duc  de  Bourgogne,  174. 

Phrygie  (Darès  de),  581. 

Piae  cantiones,  585. 

Picardie  (nation  de)  à  Orléans,  303. 

Piccolomini  (Énéas  Sylvius),  Opéra,  294. 

Pie  II,  Opéra,  294. 

Pitra  :  analecta  novissima,  470. 

Poésies  latines  de  la  Bodléienne,  88  ;  de  Claude  de  Bèze,  694. 

Poitou  :  archives  historiques,  139. 

Pontifical  dAmiens,  135;  de  Saint-André  en  Ecosse,  142. 

Port  (C).  —  Prêt  d'un  roman  de  César,  694. 

Portrait  de  Louis  d'Orléans,  198. 

Prêcheurs  (Frères),  301. 

Prêt  d'un  roman  de  César,  694. 

Promis  :  bibliogr.  délia  mon.  di  Savoia,  143. 

Prou  (M.)  :  coutumes  de  Lorris,  567;  Hincmar,  466,  614;  travaux  à 
Rome,  620,  624.  —  Compte-rendu  :  compte  de  R.  de  Louppy,  567. 

Provençaux  (mss.)  à  Rome,  181,  624. 

Provence  :  évêques,  612. 

Pyrénées  (Basses-)  :  Pau,  312,  574.  —Cf.  Béarn,  171,  692;  Navarre,  692. 

Réception  au  Temple  :  Alexandre  de  Vendôme,  106. 

Réformation  (Société  de  l'histoire  de  la),  343. 

Registres  d'état  civil,  226;  pontificaux,  80. 

Regnauld  :  rhétorique  sanscrite,  619. 

Renaissance  en  France,  125;  médailleurs,  615. 

Rhône  :  Ainay,  465,  614;  Lyon,  174,  197. 

Riant  (comte).  —  Comptes-rendus  :  Afrique,  575;  Sissouan,  155. 

Richard  (L.),  archiviste  paléographe,  175;  thèse,  173. 


723 

Richement  (Arthur  de),  172,  525. 

Rigord,  463,  613. 

Robert,  roi  de  France,  618. 

Rochefoucauld  (la)  :  château,  433. 

Rocquain  (F.),  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  180;  membre  de  la 

commission  de  comptabilité,  333.  —  M.  Dupont,  179. 
Rois  d'Angleterre  :  Edouard  I.«'-  et  II,  672.  —  Roi  d'Arménie  :  Léon  I", 

155.  —  Rois  de  France  :  Carolingiens,  341,  615;  Charles  IV,  173; 

Charles  V,  342  ;  Charles  VI,  489  ;  Charles  VII,  118,  616  ;  Charles  VIII, 

512;  Henri  II,  201  ;  Henri  IV,  674;  Louis  VI,  426;  Philippe  II,  418, 

463,  613;  Robert,  618. 
Roman  de  César,  694. 
Romane  (chartes  en  langue)  de  Douai,  692. 
Romanes  (églises)  du  diocèse  de  Mâcon,  692. 
Romanet  (0.  de),  archiviste  paléographe,  693;  thèse,  692. 
Rome  :  archives,  80,  180;  bibliothèques,  181,  288,  624,  669,  694;  école 

française,  180,  609,  620,  624.  —  Voy.  Papes. 
Romorantin  :  archives,  304. 
Roscehn  et  G.  de  Champeaux,  692. 
Rossi  (de)  :  mss.  du  Vatican,  668. 
Roth  :  sainte  Odile,  472. 
Rouen  :  Saint-Ouen,  566. 
Roumains  au  moyen  âge,  145. 
Roussel,  archiviste  de  Loir-et-Cher,  180. 
Roze  :  nécrologe  d'Amiens,  137. 
Russie  :  Saint-Pétersbourg,  157. 
Sacrilegiis  (de),  attribué  à  saint  Augustin,  294. 
Saige  (G.),  —  Charte  de  Joinville,  5. 
Saint- .\ndrews  :  pontificale,  142. 
Saint-Éloi  de  Noyon  :  ms.,  695. 
Saint-Germain-des-Prés  :  codex  Sangermanensis,  157. 
Saint-Gildas  en  Berry  :  bibliothèque,  98. 
Saint- Julien  de  Tours  :  chartes,  226. 
Saint-Martin-des-Champs  :  chœur,  345. 
Saint-Nizier  (égUse)  de  Lyon,  174. 
Saint-Ouen  (église)  de  Rouen,  566. 
Saint-Pétersbourg  :  codex  Pelropolitanus,  157. 
Saint-Sauveur-en-Rue  :  cartulaire,  465,  cf.  613. 
Saint-siège,  voy.  Papes. 
Saint- Victor  (Hugues  de),  429. 
Sainte-Geneviève  (bibliothèque)  :  M.  Kohler,  179. 
Saintrailles  (Poton  de),  174. 

Salone,  secrétaire  du  ministre  de  l'instruction  publique,  609. 
Sandret.  —  Charte  de  Joinville,  468. 


724 

Sanscrite  (rhétorique),  619. 

Saône-et-Loire  :  Autun,  174;  Mâcon,  692. 

Savoie  :  biUiogr.  délia  monarchia,  143. 

Scaliger  (Joseph),  623. 

Sceau  de  Hoja,  144. 

Schlumberger  :  concours  des  antiquités  de  la  France,  462. 

Sectes  musulmanes,  618. 

Sées  :  cathédrale,  692. 

Seine  :  Vincennes,  174.  —  Voy.  Paris. 

Seine-et-Marne  :  Fontainebleau,  201. 

Seine-et-Oise  :  Petit-Trianon,  625. 

Seine-Inférieure  :  Héricourt-en-Gaux,  138;  Rouen,  566. 

Sepet  (Marins)  :  Jeanne  d'Arc,  123. 

Sépultures  de  Saint-Ouen  de  Rouen,  566. 

Serruriers,  692. 

Servois  (G.),  officier  de  l'instruction  publique,  180. 

Sigillographie,  voy.  Sphragistique. 

Simon  de  Montfort,  181,  427. 

Sissouan,  155. 

Société  de  l'École  des  chartes,  333  ;  de  l'histoire  de  la  Réformation,  343; 

de  l'histoire  de  Paris,  335;  des  anciens  textes  français,  182. 
Somme  :  Amiens,  135,  137;  Gorbie,  196. 
Sorel  (Agnès),  617. 

Soulice  :  catalogue  de  la  bibliothèque  de  Pau,  312. 
Soutenance  des  thèses,  171,  692. 
Souvenirs  d'Eure-et-Loir,  689. 

Sphragistique  :  le  sceau  de  Hoja  et  la  sigillographie  pittoresque,  144. 
Spicilegium  Brivatense,  308. 
Stein  (H.),  officier  d'académie,  335.  —  Gomptes-rendus  :  bibliogr.  délia 

mon.  di  Savoia,  143;  correspondance  de  Gastillon,  129;  souvenirs 

d'Eure-et-Loir,  689. 
Stella  (François),  208. 

Stevenson  :  codices  Palat.  grsBci  Vatic,  288  ;  latini,  668. 
Suffixe  -iacus,  -iaca,  633. 
Suisse  :  Genève,  173. 
Sully  (Maurice  de),  évêque  de  Paris,  131. 
Svoronos  :  numismatique  de  Grète,  618. 
Tapisserie,  140. 

Tardif  (J.).  —  Compte-rendu  :  avocats  au  parlement,  131. 
Tausserat,  archiviste  paléographe,  175;  thèse,  174. 
Tavernier  (J.-B.),  306. 

Temple  :  réception  d'Alexandre  de  Vendôme,  106. 
Terne  (la)  :  château,  433. 
Tessier  :  mort  d'Etienne  Marcel,  674. 


I 


725 

Textes  français  (Société  des  anciens),  182. 

Ttiéonas  :  épître  à  Lucien,  336. 

Thèses  de  l'École  des  chartes,  171,  692. 

Tissier  (J.-J.)  :  thèse,  692. 

Topographie  du  Perclie,  692. 

Tournoùer  (H.),  archiviste  paléographe,  693  ;  thèse,  692. 

Tours  :  Saint- Julien,  226. 

Tranchant  (Ch.),  président  de  la  Soc.  de  l'hist.  de  Paris,  335. 

Travers  (Ém.)  :  sceau  de  Hoja,  144. 

Trésor  de  Chartres,  298  ;  du  saint-siège,  646  ;  de  Trêves,  298. 

Trêves  :  codex  aureus,  627;  trésor,  298. 

Trianon  (Petit-),  625. 

Tropes,  626. 

Tuetey  (A.),  archiviste-trésorier  de  la  Soc.  de  l'École  des  chartes,  333. 

Université  d'Orléans,  303. 

Urbain  V,  624. 

Vachez  :  cartulaire  d'Ainay,  466,  614. 

Valeur  de  la  chronique  de  Gruel,  525. 

Valois  (N.),  membre  adjoint  de  la  commission  de  publication,  333  ; 
inventaire  du  conseil  d'État,  682.  —  Comptes-rendus  :  chaire  fran- 
çaise, 577  ;  Frères  prêcheurs  en  Gascogne,  301  ;  librairie  des  papes 
d'Avignon,  158;  mort  d'Etienne  Marcel,  674. 

Vatican  :  archives,  80,  180;  bibliothèque,  288,  668,  694. 

Vaucluse  :  Avignon,  158. 

Vayssière,  ofiicier  d'académie,  180. 

Vendôme  (Alexandre  de),  106. 

Verem  flir  Reformationsgeschichte,  343. 

Verrerie,  431. 

Vers  de  Claude  de  Bêze,  694. 

Versailles  :  Petit-Trianon,  625. 

Verteuil-sur-Gharente  :  château,  433. 

Vie  agricole  dans  le  Haut-Maine,  574. 

Vienne  (Autriche)  :  codex  purpur eus,  157. 

Vignier  (Jérôme),  335,  471. 

Villefosse  (Héron  de),  voy.  Héron. 

Vincennes  :  chapitre,  174. 

VioUet  (P.),  membre  de  l'Académie  des  inscriptions,  692.  —  Comptes- 
rendus  :  coutumes  de  Lorris,  567  ;  états  de  Franche-Comté,  573. 

Virey  (J.),  archiviste  paléographe,  693;  thèse,  692. 

Vital  (ms.  copié  par  Orderic),  629. 

Vivarais  :  inscriptions,  274. 

Voyage  des  députés  de  Bourgogne  à  Blois,  357, 

Wailly  (Natalis  de),  604. 

Warenne  (Gondrée  de),  427. 


726 


Wattenbach  :  regesta,  469.  —  Genealogia  Karolorum,  341. 

Weale  :  bibliogr.  liturgica,  430;  exposition  liturgique,  693. 

Weil  :  écoles  d'Athènes  et  de  Rome,  624. 

Wissant  (de)  à  Lyon,  197. 

Wordsworth  :  pontificale  S.  Andreae,  142. 

Xénopol  :  les  Roumains,  145. 


Nogent-Ie-Rotrou,  imprimerie  Daupeley-Gouverneur. 


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